COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
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HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS,
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE D'ACADÉMIE
EN DATE DU 13 JUILLET 1835,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CENT-SOIXANTE-ET-ONZIÈME.
JUILLET — DÉCEMBRE 1920.
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS et C*, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1920 | SRI
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 JUILLET 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
VULCANOLOGIE. — Une éruption du volcan Karthala, à la Grande Comore,
en août 1918. Note de M. A. Lacroix.
L'ossature principale de l'ile de la Grande Comore est constituée par le
volcan de Karthala, qui dresse sa cime à 2560" d'altitude. De ce volcan,
sont partis dans toutes les directions des flots de lave basaltique, aujour*
d'hui recouverts, à l'exception des plus ETETE par une luxuriante végé-
tation tropicale. -
Bien que des éruptions du Karthala aient été fréquentes au siècle dernier
et qu'il s’en soit produit une en 1904 ('}), aucun détail précis n’est connu
sur le dynamisme de ce volcan; aussi me paraît-il utile de signaler à Aca-
démie et d'interpréter des documents que j'airéunis sur un dernier paroxysme
(1) A. Lacroix, Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 213.
6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
datant d'août 1918. J'en ai eu connaissance par M. Ch. Legros, habitant
depuis de longues années Nioumbadjou, sur le flanc sud-ouest du Karthala,
et qui a tenu un journal des événements dont il a été le témoin. En me
communiquant ses notes, M. Legros a bien voulu les compléter par des
indications verbales, des photographies et des échantillons lithologiques.
Le Karthala est essentiellement formé par l’accumulation de coulées; il
est couronné par un majestueux cratère de lave. La description qu’en a
publiée en 1906 le voyageur A. Voeltzkow (') et les indications fournies par
M. Legros permettent d'apprécier les modifications apportées par l’éruption
récente. Ce cratère estirrégulier; il présente des étranglements lui donnant
vaguement l’aspect d’une feuille de trèfle; il mesure 4" de plus grand
diamètre, du Nord au Sud. Il est bordé par des falaises à pic de lave noire,
dominant de 150" à 200" un fond plat couvert de coulées horizontales,
fragiles, se débitant superficiellement en grandes dalles. La lave incandes-
cente est donc venue jadis baigner le pied même de ces falaises. Si on
laisse de côté tous les détails qui ne sont pas indispensables à la com-
préhension de ce qui suit, il suffira d'ajouter qu’au début d’août 1918, cette
plaine de lave était creusée en son milieu d’un gouffre mesurant environ
: oo" de diamètre et 100" de profondeur. Ce gouffre, aux parois verticales,
était entaillé dans da lave, son fond garni par une nappe de lave horizon-
tale semblable à celle du fond du grand cratère : c’est là un type de cratere-
citerne (pit crater); on n’y distinguait pas trace d'activité. Il me reste à
signaler qu’il n’est possible de pénétrer dans le grand cratère du Karthala
que par une échancrure ouverte dans sa paroi septentrionale et par laquelle
s’est épanchée, en 1860, une grande coulée qui est descendue jusqu’à la
mer, par Boboni, vers Itsandra.
Arrivons à l’éruption de 1918. Elle a débuté brusquement, sans indices
prémonitoires notables, dans la nuit du 11 au 12 août, Le 11, à 22"30™,
d’intenses phénomènes lumineux, observés sur le flanc nord de Karthala,
annonçaient louverture d’une bouche éruptive, à l’altitude de 1980",
à environ 600 au-dessus de celle de l’éruption de 1904 (Msirontsouzi).
Pendant 3 jours, la lave s’est écoulée, longeant du côté de PEst la
coulée de 1904, c’est-à-dire suivant à peu près une direction Nord-Sud; une
branche s’est dirigée à l'Est vers Idjikoundzi, Trois petits cônes de lave,
d’une dizaine de mètres de hauteur, jalonnent la fente, qui ne présente pas
(t+) Die Comoren. Z. d. Gesellsch. f. Erdkunde zu Berlin, n° 6, 1906, p. 621.
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 7
plus de 0",80 de largeur. Ces diverses ouvertures n’ont pas fourni de
cendres, mais seulement quelques scories irisées, très légères et surtout des
larmes de verre, fragiles et sonores, qui sont parfois restées accrochées aux
branches des bruyères arborescentes du voisinage, incomplètement carbo-
nisées. Cette description rappelle ce que j'ai vu aux alentours des fissures du
sommet du Piton de la Fournaise à la Réunion: elle ne laisse aucun doute
sur le caractère hasvaien de cette émission tranquille de lave : il semble que
l’éruption de 1872 lui ait été comparable à ce point de vue, tandis que lexis-
tence de cônes de scories jalonnant les fentes des éruptions de 1857, 1858,
1859, 1862, 1880, 1904, sans parler de celles de nombreuses éruptions non
datées, montre que ces paroxysmes ont été accompagnés TUT ET
sitona
La coulée elle-même présente deux aspects distincts : la surface dé sa
partie occidentale est formée par des accumulations de blocs scoriacés,
c’est la forme en gratons (‘); ailleurs, elle est constituée par des dalles
légères, souvent redressées pour avoir chaviré dans le courant qui les
entraiînait (¿saho des Comoréens).
Jusqu'alors le cratère central était resté muet; dès le début de l’épan-
chement de lave, de petites secousses sismiques inoffensives avaient été
constatées sur les flancs du volcan ; elles se sont répétées jusqu'au 23 août;
ce jour-là, à 9" 15", une secousse violente a été ressentie dans toute l'ile et
au delà, jusque dans File de Moheli ; le 25, le phénomène s’est renouvelé,
sous forme de secousses plús prolongées ( 1”, 5°, T Arom, nran), puis, à
7"30", une énorme colonne de cendres d’un noir bleuâtre, aux volutes
épaisses et rapides, sortait du cratère central et, pendant 10 minutes, prenait
une ampleur de plus en plus grande. Une chute de cendres très fines ne
tardait pas à saupoudrer un large secteur limité, à l’ouest-nord-ouest du
volcan (Boboni, Mvouni, Moroni). Le 26, à 16"25®, le phénomène se
répétait ; la hauteur de la colonne de cendres a été estimée à deux fois la
hauteur du volcan, c’est-à-dire à plus de 5000"; de mémoire d'homme, pareil
spectacle n'avait été vu dans l'ile. A 18"30®, dës éclairs sillonnaient la nuée
et des détonations jetaient l épouvante dans le pays. Le phénopient avait
o ) Dei les travaux de J. Dana, l'usage s'est introduit de designie ce type 4
coulée sous le nom de pahoe-hoe, d’un nom local utilisé par les ne hentses d'Havaï; il
me paraît plus logique d'employer l'expression de graton, en usage à la Réunion
depuis le xvm siècle et utilisée, en 1802, par Bory de Saint-Vincent dans sa descrip-
tion du volcan de cette île. , ;
8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cessé à 20”; à 21/30", le sommet de la montagne était dégagé et, au clair
de la lune très brillante, on pouvait voir le nuage de cendres quitter la
montagne, entraîné vers le Nord-Ouest. L’érûption était terminée, sauf
quelques secousses de tremblement de terre qui se répétèrent jusqu’à la fin
du mois. Pendant la durée de ces phénomènes explosifs, la fissure et les
petits cratères de lave des flancs du volcan n'avaient donné que quelques
vapeurs.
Il me reste à interpréter ces phénomènes explosifs.
Le caractère des explosions au cratère central est incontestablement vul-
canien ; la forme des nuées le prouve, aussi bien que l'étude minéralogique
des cendres ; mais dans l’ordre de succession des événements, il s’est pro-
duit quelque chose d’assez différent de ce qui s’observe d'ordinaire dans les
éruptions de ce genre. En général, le magma très fluide monte tout d’abord
jusque dans le cratère central ; celui-ci devient le siège d’explosions strom-
_boliennes ou de fontaines de lave hawaïennes, puis, lorsque la pression
hydrostatique exercée par la colonne magmatique est suffisante, les parois
de la montagne cèdent en quelque point de moindre résistance et le magma,
aidé par sa haute température, se fraie un chemin à l'extérieur; une coulée
latérale se produit; ce n’est que plus tard, lorsque la cheminée a été vidée
de son magma neuf, que les phénomènes vulcaniens apparaissent dans le
cratère central. Telle a été la marche de la grande éruption du Vésuve en
1906 et de beaucoup d'autres. Ici, il semble bien que le magma neuf ne
soit pas parvenu jusqu’au cratère central, l'examen des matériaux projetés,
aussi bien que l'aspect du cratère après l’éruption, le montrent et il me
paraît vraisemblable qu'il faille attribuer ces explosions vulcaniennes à
l’action d’eau superficielle. Sous un climat où les précipitations atmosphé-
riques sont aussi intenses qu'aux Comores, l’eau pluviale a dù s’accumuler
dans les canaux souterrains du volcan, puis être volatilisée par le magma
incandescent en voie d'ascension avant que celui-ci ait pu arriver jusqu’au
faite de la montagne. C'est là un des cas particuliers dans lesquels je crois
possible d'accepter les vues défendues par M. Brun.
M. Legros a fait en octobre l'ascension du cratère, et les Certes
qu’il y a recueillies sont intéressantes. La végétation des bords du cratère
et celle, peu intense (bruyères arborescentes), développée sur les coulées
suffisamment anciennes, était détruite seulement à partir du cratère-
citerne, dans un secteur compris entre le Nord et le Sud-Ouest : là
seulement se trouvaient des matériaux projetés. Dans cetterégion, les bords
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 9
extérieurs du cratère étaient creusés d’un nombre considérable de trous, au
fond desquels se trouvaient de gros projectiles lancés par le volcan. Daai
tout le reste du grand cratère, la végétation était intacte et les bombes
absentes. Cette localisation des produits de projection doit être attribuée à
une double cause. En août, dans l’océan Indien, le régime des vents est très
stable; les alizés du Sud-Est s'étendent du sud de Madagascar jusque vers
l'équateur, où ils se raccordent progressivement à la mousson de Sud-Ouest
qui souffle sur toute la partie septentrionale de l'Océan. C’est à cet alizé
qu'est due la localisation de la cendre non seulement au voisinage du cra-
tère, dans les conditions qui viennent d’être relatées, mais dans un secteur
de l’île limité à la même direction, seul il a été dévasté par l'éruption, mais
il y a plus. Le 25 août, des cendres sont tombées à Mayotte, qui se trouve
à 250" au sud-est de la Grande Comore. C’est la répétition d’un phéno-
mène que j'ai observé à la Martinique, lors de l’éruption de la Montagne
Pelée ('); toutes les fois que les explosions étaient peu intenses, leurs cendres
fines étaient entraînées par l’alizé vers le large, dans une direction voisine
de l'Ouest. Mais quand ces explosions étaient assez violentes pour per-
mettre à la nuée volcanique d’atteindre et de dépasser l’altitude d’environ
4000", une partie de la cendre était entraînée par le contre-alizé dans
la direction de l'Est-Sud-Est. La cendre retombait ensuite peu à peu dans
les parties basses de l’atmosphère, où elle était reprise par l’alizé et trans-
portée vers l'Ouest. Après un trajet plus ou moins long à haute altitude,
cette cendre, partie du nord de la Martinique, arrivait ainsi sur le sud de
l’île, comme si elle avait élé émise d’un point situé à l'opposé du volcan,
L'action du vent ne saurait être admise pour expliquer la localisation des
bombes à l’ouest de la bouche de sortie du Karthala. Cette disposition ne
peut être interprétée que par la position de l’orifice qui a émis les projectiles
et qui n’était pas dirigée verticalement. J'ai longuement discuté, à l’occa-
sion de la Montagne Pelée, la réalité de ces projections à trajectoire oblique,
qui a été parfois contestée, et qui me semble avoir un caractère de grande
fréquence dans nombre de volcans, surtout dans le cas où les phénomènes
explosifs sont de courte durée.
Il me reste à signaler une modification topographique intéressante sur-
venue dans le cratère-citerne comme conséquence des explosions. Ses
dimensions ont été au moins sextuplées ; il a pris une forme elliptique aveto
grand axe dirigé Nord-Sud ; son bord oriental touche roa la falaise” :
(28 Meniaghi Pelée et ses éruptions, 1904, p. 336.
10 ACADÉMIE DES SCIENCES.
du grand cratère; son fond est nivelé par des débris. En outre, une nouvelle
bouche, indépendante, s’est ouverte un peu plus au Nord.
Quelques mots suffiront pour spécifier les produits de celte éruption.
Les échantillons de lave à aspect cordé recueillis au voisinage de la fente
sont très vitreux et ne présentent pas de particularités remarquables.
L'analyse a, due à M. Raoult, jointe à celle (b) d’un échantillon recueilli
jadis dans le cratère et que j'ai publiée antérieurement ('), montre que le
magma du Karthala n'offre que de faibles variations chimiques d’une
éruption à une autre; il s’agit d’un basalte andésitique renfermant un peu
de néphéline virtuelle et apparenté par suite aux basanites.
L'analyse c est celle de la cendre fine recueillie sur la côte, elle est un
peu moins siliceuse, alumineuse et sodique que la lave récente, mais elle
s’en distingue surtout en ce qu’elle est riche en eau et qu’elle contientde
l'acide carbonique ; en outre, une partie de son fer est peroxydé. Il est
évident que ce n’est pas de la lave récente pulvérisée, mais le résultat de la
trituration de laves plus anciennes de composition analogue, en partie alté-
rées et provenant de la cheminée du volcan. Telle est d’ailleurs la carac-
téristique des cendres vulcaniennes de tous les volcans, quand on les
compare à leurs produits pyroclastiques émis par des phénomènes strom-
boliens.
Analyses. se dé la lave de 1918, HI.5.'3. 4; D, d’un bloc de lave
plus ancienne du cratère, e a c, de la cendre vulcanienne
de 1918.
«a. ; B; e.
S a I 48,76 46,50 43,22
APOR one Z 12,31 14,66 11,41
aa PT nn Due 2,954 3,69 7,66
FEOT RE A nee 10,58 9,32 2,27
MNEUH ER a 5,43 6,04 5,08
Os ne 12,32 12,00 11,64
NaO oaa n 3,44 - 3533 ERAGI
C in 1,27 Teea E
DO o ea aa 3,16 2,29 OT
POP cri 0,39 0,41 0,79
RO Eroon 0,11 0,16 2,82
D pire alu » 0,10 2,71
CR is ne À » » 1,99
100,91 99,58 100,14
(1) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 218.
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 11
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Obtention biochimique du sucre de canne à partir
. du gentanose. Note (') de MM. Em. Bourquezor et M. Briper.
On sait que le gentianose est un trisaccharide formé de l'union de deux
molécules de glucose 4 et d’une molécule de lévulose d avec élimination de
deux molécules d’eau.
Pour hydrolyser biochimiquement le gentianose en ses trois composants,
il faut faire intervenir deux ferments : l’invertine et la gentiobiase. L’inver-
tine libère la molécule de lévulose et laisse les deux molécules de glucose
combinées sous forme de gentiobiose; celui-ci est alors hydrolysé en ses deux
molécules de glucose par la gentiobiase, ferment existant dans l'émulsine
des amandes. i
Ces réactions successives sont représentées par les équations suivantes :
(F) C'8H%015 + HEO == CH2 08 + C'2H2011,
gentianose lévulose gentiobiose
(11) CEH#OU + HO = C‘H05 + Cs H!O..
gentiobiose glucose glucose
°
Dès qu’on eut découvert ce qui précède, on s’est demandé si l'hydrolyse
totale du gentianose ne pourrait pas se faire dans l’ordre inverse, en
employant la gentiobiase d’abord, puis l’invertine, le premier de ces fer-.
ments libérant une molécule de glucose pour laisser une molécule de
saccharose (combinaison du glucose avec le lévulose) qu'hydrol yserait
ensuite l’invertine.
S'il pouvait en être ainsi, et en ne faisant agir que la gentiobiase sur le
gentianose en solution dans l’eau, on devrait observer, dans les propriétés
de cette solution, les changements suivants :
Supposons une solution aqueuse de gentianose renfermant, pour LOT
58,04 de ce sucre (le centième de la molécule); le pouvoir rotatoire “
gentianose étant + 31°,5, la solution accusera au tube de oa ï une rota-
tion ng
b,04 X 15% 31,9
4 pam E S 17.
100
Sous l’action de a gentiobiase, ces 55,04 de gentianose donneront 15, 8o < -
de glucose et 35,42 de res et la solution P à la api de la
A Sikuco du 28 juin 1920.
12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
réaction, pour ¿= 2, une rotation de
1:60 9 SEn
glucose a = + 19,89,
42% 93.< 60,6 PARU
saccharose a EL SAR IT.
100
c'est-à-dire + 6°,44. La rotation de la solution aura donc un peu plus que
doublé, et il se sera formé 1*,80 de sucre réducteur pour 100°".
Une telle hydrolyse Pattie par la gentiobiase a été envisagée comme
possible, dès 1900, par MM. Bourquelot et Hérissey qui émirent l'opinion
qu’elle expliquerait la présence s'multanée du saccharose et du gentianose
dans la racine fraiche de gentiane jaune, qu’ils venaient de découvrir (').
Ces auteurs ont essayé, quelque temps après, de la réaliser in vitro en
faisant agir, à la température du laboratoire, une solution d’émulsine sur
une solution de gentianose. Après 94 heures, l'essai a été arrêté et l’on a
constaté qu'il s'était produit une faible augmentation de la rotation droite
du liquide, et que celui-ci était devenu réducteur (°).
Ces résultats étaient d'accord avec un début d’hydrolyse dans le sens
supposé; ils permettaient de penser qu’en prolongeant l'expérience, on
arriverait, peut-être, à mettre en liberté une quantité de saccharose suffi-
sante pour qu'on pùt l’extraire et le caractériser. Mais la provision de
gentianose se trouvant alors presque épuisée, on dut abandonner cette
recherche.
En 1910, ayant eu l’occasion de préparer de notables quantités de
gentianose, nous avons fait un nouvel essai en prolongeant considérablement
l’action du ferment.
On a mélangé 50% de solution de gentianose à 106,5 pour 100
(x = + 6°36° pour l=: 2) et 5o°" d’une coin d’émulsine à 45 pour 100°®
(a = —1°48" pour ¿= 2). Ce mélange, abandonné à la température du
laboratoire, a accusé successivement les rotations suivantes (l= 2) :
Rotation initiale (7 juin 19310) Sites ce rte + 2024!
ee après pes Joors (24 Pru ed ess -+ 2°58
(7 juillet) RAS NE De Eyo
» 18 » (29 Jeth. min. e a + 3940!
Io Da De CrO SORY eaer ar + 332
C) Sur la présence simultanée du saccharose et du gentianose dans la racine
fraiche de gentiane (Comptes rendus, t. 131, 1900, p. 750).
(°) Ew. Bourquecor et H. Hémissey, Recherches sur le gentianose (Ann. P Chim.
et de Phys., 7° série, t. 27, novembre 1902).
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 13
Sous l’action de l’émulsine, il s’est donc fait une augmentation de la
rotation droite de 1°r16° en 48 jours, ce qui indique que la gentiobiase doit
hydrolyser directement le gentianose.
* La diminution de rotation qu’on a observée à la fin de l'expérience est
vraisemblablement due à l’action, sur le saccharose formé, des traces
d’invertine qui existent presque toujours dans l’émulsine.
Si l’hydrolyse par la gentiobiase eût été complète, la rotation aurait dû,
d’après les calculs exposés plus haut, se rapprocher de + 5248", On voit
qu'on est resté loin de cette valeur.
On a essayé néanmoins d'extraire le saccharose des produits d’hydro-
lyse. Par des traitements successifs avec des alcools éthyliques de différents
titres, on a obtenu plusieurs produits cristallisés. Aucun d’eux n’était homo-
gène. Ils présentaient tous le phénomène de la multirotation. Un seul
avait un pouvoir rotatoire stable supérieur à celui du glucose; il était
de + 54°,20 : ce produit pouvait donc renfermer du saccharose.
Cette expérience, sans donner de résultat concluant, avait cependant
confirmé l'indication de la première. Elle apprenait, en outre, que si l’on
voulait réussir, il était nécessaire, d'une part, d'employer une émulsine
sans invertine, celle-ci même à l’état de traces, devant finir, dans une opé-
ration longtemps prolongée, par détruire une grande partie du saccharose
formé; d'autre part, de trouver un procédé qui, sans dédoubler ce dernier
sucre, permit d'éliminer le glucose libéré dont la pire devait être un
duels à à son extraction à l’état de pureté.
Nous avons donc recommencé l'expérience en 1920, en tenant compte de
ces enseignements. Ainsi, nous avons employé de l’émulsine préparée
spécialement avec un lot d'amandes débarrassées de toutes celles qui pré-
sentaient la moindre trace d’altération ('), et, pour enlever le glucose,
nous avons eu recours au procédé que nous avons décrit récemment, qui
consiste à faire passer ce glucose à l’état de méthylglucoside 6 à l’aide de |
l’émulsine (°). | :
On a mélangé 73°" d’une solution de gentianose à 135, 4426 pour 100".
(x = + 812! pour l= 2) avec 73°" d’une solution d'émulsine à SA —
(1) On aurait pu se débarrasser de l'invertine plus iimpiemni í en laissant Pémul-
sine en contact, pendant quelques heures, avec l'alcool méthylique à 70 pour 100, So
alcool qui détéuit, le premier de ces ferments sans toucher au second Es. BOURQUELOT a
et M. BripeL, Action de l'invertine sur le sucre de canne dans des alcools méthy a
et éthylique de différents titres (J. de Ph. et de Ch., 7° série, t. 9, 1914, p 821)
(°) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 631. Fe
14 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour 100% (x = — 1°24). Le mélange accusait au départ, pour /—2,
une rotation de + 3°24 et ne réduisait pas la liqueur cupro-potassique
(25 janvier 1920).
Théoriquement, pour une hydrolyse complète par la gentiobiase, la
rotation devait passer à + 7°54’ et il devait se former 25, 4004 de glucose
pour 100" : soit une augmentation de 4° 30’ correspondant à un indice de
réduction de 533, l'indice du gentiobiose étant de 478.
26 jours après ee HER la rotation s'était élevée à
augmenté de 3°2/4/ et il s'était fait 25,9705 de sucre réducteur pour 100°
c'est-à-dire plus que ne le prévoit la théorie. Malgré les précautions ré
l’émulsine employée renfermait donc encore de l’invertine, laquelle, sans
doute, avait hydrolysé un peu du saccharose formé.
On a laissé l’action se prolonger encore 26 jours; mais pendant cette
nouvelle période, la rotation a diminué de 56’, le sucre réducteur ayant
augmenté de 0%,5572 pour 100%, ce qui correspond à un indice de 597,
c'est-à-dire à l'indice du saccharose (indice théorique = 603). Par consé-
quent, l’invertine seule avait agi en hydrolysant 05,5293 du saccharose
formé, et il fallait se hâter d’arrêter l'expérience.
On a fait tomber le liquide fermentaire dans 500°" d’alcool à 95° bouil-
lant, et l’on a maintenu l’ébullition pendant 20 minutes. On a filtré et l’on
a évaporé le liquide à sec sous ‘pression réduite. L’extrait résiduel a été
repris par de l’alcool méthylique à 70 pour 100 en poids, en quantité suffi-
sante pour faire 100%. La solution méthylique accusait une rotation
de + 9°10 et renfermait 485,5076 de sucre réducteur pour 100", On a
ajouté 18 d’émulsine,
Sous l'influence du ferment, le glucose s “est combiné à l'alcool méthy-
lique pour former du méthylglucoside 8 et, à la fin de la réaction, la rota-
tion de la solution avait passé de + 9° 10’ + 3° 10 et la proportion de sucre
réducteur était tombée à 18,6024 pour 100% : 28,9052 de glucose s'étaient
combinés à l'alcool.
On a filtré et distillé à sec sous pression réduite; on ‘a épuisé le résidu
par l’éther acétique hydraté bouillant, de façon à enlever le méthylgluco-
side 5. On a traité ensuite, à l’ébullition, le produit insoluble dans l’éther
acétique par de l'alcool absolu, puis par de l’alcool à 95°. Par refroidissement,
le sucre de canne a cristallisé dans les deux dissolvants. On en a obtenu 25,08
que l’on a fait recristalliser dans l’alcool à 95°. Ce produit séché à l'air pré-
sentait un pouvoir rotatoire de «p = + 66°, 23.
On en a fait une solution aqueuse à 25, 1546 pour 100%, à laquelle on a
à + 6°48' ayant
z
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 15
ajouté un volume égal de solution d’invertine à 4 pour 100. La rotation à
passé en 20 RETR de + 1°26’ à — 26' et il s’est fait 16, 134 de sucre réduc-
teur pour 100, ce qui correspond à un indice de 607 (déplacement de 112
pour 18, 134 de sucre interverti formé).
Le produit obtenu,était donc bien du sucre de canne.
En résumé, il est aujourd’hui démontré que, comme on l'avait primitive-
ment pensé, l’hydrolyse totale du gentianose peut être effectuée en faisant
agir d’abord l’émulsine (gentiobiase), puis l’invertine. Avec l’émulsine, il
se fait du glucose, qui a été séparé à l’état de méthylglucoside B, et du
saccharose qu’on a pu retirer à l’état pur et cristallisé. Si l'on n’a pas réussi,
il y a vingt ans, à réaliser cette réaction, c'est, qu'à cette époque, nous
hésitions à prolonger les actions fermentaires, et que, précisément l’hydro-
lyse du gentianose (du gentiobiose combiné) par la gentiobiase est beau-
coup plus lente que celle du gentiobiose libre. On retrouve ici un phénomène
du même ordre que celui que nous avons observé en étudiant l’action de
l’invertine sur le saccharose combiné et sur le saccharose libre : l’invertine
agit bien plus lentement sur le premier (dans le gentianose par exemple)
que sur le second (").
OPTIQUE. — Sur l'application des méthodes interferentielles
aux mesures astronomiques. Note (°) de M. A.-A. Micaezsox.
Un article publié dans le Philosophical Magazine de juillet 1896 décrit
une méthode de mesure de la grandeur apparente d'objets astronomiques,
tel que le diamètre des planétoïdes, des satellites, la distance apparente des
astres doubles, etc., même quand ces mesures sont hors de la capacité des
plus grands télescopes. Et même il ne semblait pas tout à fait impossible
que, par une telle méthode, on puisse mesurer le diamètre des astres fixes.
En quelques mots, le procédé consiste à utiliser séulement deux parties
d’un grand objectif aux extrémités d’un diamètre. Les franges d'interfé-
rence au foyer seront, en ce cas, une série de bandes nee qui ont
leur maximum de netteté lorsque la source ne présente qu ‘un angle infini- —
tésimal. a
Pour un-objet de ua apparente 7 la netteté est moindre F
(') Em. Bovrgueror et M. Briet, Action de l'invertine sur tos nya e
dérivés du lévulose (Comptes rendus, t. 152, 1911, p. 1060).
(*) Séance du 21 juin 1920,
16 ACADÉMIE DES SCIENCES
et peut même devenir zéro, la relation exacte étant exprimable aussitôt
que l’on connaît la distribution d'intensité de la source. Réciproquement,
étant donnée la netteté ou la visibilité V des franges d’interférence, on peut
calculer la distribution.
Ainsi, soient 2(x) dx l'intensité d’une bande de la source de largeur angu-
laire du, s la distance entre les deux fentes qu’on applique devant l'objectif :
P= (x) da,
s
C= fs (a) da cos2r Ta et S= fola +) da sinam > a.
La visibilité est donnée par l'expression
VC? +5:
v=
Par exemple pour un astre binaire, dont l'intensité des éléments est dans
le rapport de 1 à r et dont l'écart angulaire est z,
5
FT + 2/7 COS2T — a
Yo à
Fero
Pour des intensités égales, cette expression se réduit à V = COST a, et
devient nulle pour a = L, À étant la longueur moyenne d'onde de la
lumière de la source.
Par conséquent, un angle & peut être mesuré avec une précision considé-
rable, même quand le télescope dont on se sert sépare à peine des astres
“déibles qui présentent un angle deux fois plus grand.
De plus, par une comparaison de la visibilité au maximum V, et au
minimum V,, on déduit la luminosité relative des composants
Pour un disque uniforme
1
V J Vı—0? cosno do,
0
n étant égal à q : 2, el æ étant le diamètre apparent de l’astre.
Pour un tel objet, les franges disparaissent pour 4 = 1,22 i
5S
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 17
Une série d'observations des satellites de Jupiter faite au Lick Obser-
vatory confirma complètement l’exactitude de la méthode et la possibilité
de l’appliquer.
Il est évident que, br toutes probabilités, les astres fixes présentent un
diamètre inférieur à + de seconde, et qu’il serait impossible de mesurer
des quantités de cet ordre, même avec l'aide du plus grand télescope; car,
pour résoudre un tel angle, un objectif de 10" serait indispensable (').
Quoiqu’un télescope d’une telle grandeur soit tout à fait hors de ques-
tion, l pa re disposé comme il est figuré dans l’article cité, pourrait
servir, puisqu'il n’y a pas de limite théorique de l'efficacité de l’instru-
ment.
En pratique, une limite peut exister, dépendant des irrégularités atmo-
sphériques.
Pour mettre à l'épreuve l'effet de ces perturbations, il fut décidé de se
servir du réfracteur de 100°" appartenant au Yerkes Observatory, muni de
deux fentes aux extrémités d’un diamètre. Le résultat fut très satisfaisant;
les franges d’interférence restant remarquablement fixes, même quand les
conditions de netteté pour les observations usuelles étaient relativement
inférieures (2 à 3 sur une échelle notant 5 pour excellent).
Sur l'invitation du D" George Hale, l'essai fut répété au Mount Wilson
Observatory, premièrement avec un réflecteur de 15o°%, puis avec le grand
réflecteur de 250o°",
Les deux expériences confirmèrent largement celles faites au Yerkes
Observatory.
Avec le télescope de 150°®, comme aussi avec celui de 100%, les fentes
étaient appliquées directement devant l'objectif; mais, au lieu de suivre ce
procédé dans le cas du télescope de 250°", il était plus commode et égale-
ment efficace de placer un écran avec deux fentes près de l’oculaire; la dis-
tance et l'orientation étant ainsi mieux contrôlées, la grandeur et la
séparation des deux faisceaux de lumière interférents restant les mêmes.
Les franges d’interférence, dans les deux expériences, restaient ne
quablement fixes et claires, tandis que les images très agrandies de l'astre
bouillaient excessivement, la visibilité (seeing) étant or de l ordre
de 2 sur une échelle de 10.
(') Cependant il serait possible d'observer une diminution de visibilité dés: franges a
avec un objectif de 2" de diamètre.
C. R., 1920, 2° Semestre. T 151, N° 1.) À a -3
-e
18 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Même quand la visibilité n’est que 1 sur 10 (les observations usuelles
sont alors inutiles), les franges restent encore bien visibles.
Voici un résumé des résultats obtenus, par ce procédé, par M. J. A. An-
derson, de l'Observatoire Mount Wilson :
Résultats d'observations de Capella avec l’interféromètre. de Michelson.
Date Angle
de l'observation. de position. Distance.
1919, Décembre: 30rd, ere a 148,0 0,0418
| HD20 Fevrier et nerve 5,0 0,0458
» » R E E ie is: 1,0 0,041
» » A Re da 356,4 0,0443
» Mars AR EN EN T 242,0 0,0905
Les constantes de lellipse apparente qui satisfont à ces observations sont
les suivantes :
Demi-grand'axe.. 0550 AP ES CC
Peppel ABS Duran ras es 0",0417
Angle de position du grand axe....... 49°,2
L’orbite spectroscopique étant pratiquement un cercle (e = 0,016),
langle du plan de l'orbite et du plan tangent à la sphère céleste est 35° (ou
mieux 145°, puisque le mouvement est rétrograde).
Parallaxe de Capella un peu inférieure à.......... o0",050
Il faut conclure de ces résultats qu’on peut compter sur un degré d’exac-
titude de de seconde d’arc avec une base de 250",
Dans ces observations, la distance entre les fentes était fixe, la disparition
des franges étant déterminée par l'orientation. La disparition des franges
dans les observations sur Capella est une preuve de l'égalité des compo-
sants; autrement on observerait un minimum, dont on pourrait déduire le
rapport des Iluminosités des composants, comme il a été nai à propos
de l'expression de r.
Pour cela cependant, il faut mesurer la visibilité, ou du moins l’estimer
à l’œil préalablement accoutumé à ce genre de mesures.
De telles mesures pouvaient être effectuées par le réglage de la grandeur
relative de deux fentes auxiliaires, ce qui donnerait la visibilité d’un astre de
comparaison (ou de l’astre binaire dans une direction perpendiculaire au
plan des composants).
Quand la visibilité des deux systèmes est égale, pọ étant le rapport des
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 19
grandeurs des fentes,
D'autres problèmes qui exigent la comparaison de deux astres, tels que
la mesure des parallaxes stellaires, du mouvement propre, de la variation
de latitude, etc., peuvent être attaqués par une modification de la méthode
interférentielle. Pour cela, deux prismes ou deux couples de prismes sont
placés, orientés de la même façon, devant les fentes, le plan de réfraction
étant parallèle à celui qui passe par les deux fentes et l’axe. Ce plan est
tourné de façon à coïncider avec le plan des astres.
La réfraction des prismes est réglée (par rotation des prismes simples dans
le même plan, ou par rotations égales et opposées des éléments des couples
de prismes) jusqu'à superposition des deux systèmes de franges. Un chan-
gement de position relative des astres est accusé par une altération corres-
pondante de l’apparence des franges, qu’on ramène à l’état initial par rota-
tion des prismes; et de cette rotation on déduit le mouvement relatif.
Des préparatifs sont en progrès à Mount Wilson pour essayer cette
méthode avec un interféromètre de 5®,50 à 6" de base, et, si les résultats
sont suffisamment encourageants, on continuera des essais sur une échelle
encore plus grande.
GÉOLOGIE. — Sur l'existence et les faciès de divers étages jurussiques dans
la province de Tarragone (Catalogne). Note (') de MM. W. Ruus
et P. Farror (°). :
L 2
à
Le D" M. Faura y Sans, directeur du Service de la Carte géologique de
Catalogne, a bien voulu nous communiquer des lots de fossiles provenant
des terrains jurassiques de la province de Tarragone, et recueillis par le
regretté chanoine Almera, par M. Faura y Sans lui-même, ainsi que pes ses
élèves, les D" Bataller et Vilaseca.
1 Bes gisements jurassiques étudiés se répartissent tous dans la bande mon-
(1) Séance du 28 juin 1920.
(2?) Les déterminations ont été faites au Laboratoire de Géologie, à l'Université de :
Grenoble, par MM. W. Kilian et P. Fallot; la comparaison avec les matériaux
recueillis par ce dernier aux îles Baléares a permis de préciser nie ve les conclu-
sions de cette étude. +
20 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tagneuse qui sépare le bassin tertiaire de l’Ébre de la côte de la Méditer-
ranée. L'un, celui du cap Salou, est situé à quelques kilomètres au sud-
ouest de Tarragone; les autres sont groupés aux abords du cours de l’ Èbre,
entre la Sioa de Condé et Tortosa (Sierra de Tivissa, Tivenys, Car-
lades, etc.).
L'examen des intéressants matériaux provenant de ces diverses localités
nous a permis de distinguer les faunes suivantes :
I. Sierra De Tivissa : Cadomites Humphriesianus Sow. sp., Garantia Garantiana
d'Orb. sp., Strenoceras Niortense d'Orb. sp., Strigoceras Truellei d'Orb. sp.,
Lissoceras Oolithicum d'Orb. sp.
Cette faune bajocienne est accompagnée de Brachiopodes (Magellania resupinata
Sow. sp., Terebratula subpunctata Sow.) qui, appartenant au Lias à « faciès epe
gnol » (Choffat), proviennent sans doute d’un niveau inférieur.
IL A Mas Ramt (Capsaxes) : Witchellia cf. laeviuscula Sow. sp., Cadomites Bigoti
Mun.-Chalm. sp., Cadomites turgidulus Quenst sp., C. pyritosus Quenst sp., C. pin-
guis Quenst sp., C. planula Quenstsp.; C. Humphriesianus Sow.sp.,C.Braikenridgei
Sow. sp., Sonninia cf. Sowerbyi Miller sp., S. cf. corrugata Sow. sp. (non Douv.),
Hyperlioceras sp., Lioceras concavum Sow. sp., Belemnites sp., représentent le
Bajocien avec ses divers niveaux.
Cette faune est accompagnée d’un lot de Brachiopodes et de Bivalves du Lias à
« faciès espagnol » qui proviennent de gisements voisins et parmi lesquels nous pouvons
citer : Rhynchonella tetraedra Sow. sp., Magellania Cor Lmk sp., M. resupinata
Sow. sp., M. Moorei Sow. sp., M. indentata Sow. sp., Terebratula punctata Sow. sp.,
T. subpunctata Sow. sp., T. subovoides Roem. sp., Modiola Thiollerei Dum. et
Font., Harpax pectinoides Lmk sp., Pinna inflata Sow. sp., Pecten acutiradiatus
Munst., Pholadomya Idea d'Orb., Pholadomya Murchisoni Sow., Mytilus cf. gry-
phoides Schloth; Cardium cucullatum Goldf. ; enfin un exemplaire isolé de Hecti-
coceras punctatum Stahl sp. prouverait que le Callovien est aussi représenté dans
ce gisement.
II. A Carno : les savants espagnols ont recueilli : Sphaeroceras BrongniartiSow.
sp., Garantia baculata Sow. sp., G. Garantiana d'Orb. sp., Cadom. Brakenridgei
Sow. sp., Patoceras annulatum d'Orb. sp., Lissoceras colithicum d'Orb. sp., Lis-
soceras cf. psilodiscus Schloenb. sp., Oppelia subradiata Sow. sp.
A ce Bajocien bien individualisé fait suite un Bathonien où nous avons reconnu
Oppelia fusca Waag. sp., puis du Callovien caractérisé par Macrocephalites cf.
tumidus Rein. sp., Perisph. gr. de P. patina Neum. qui se trouve au Coll de Cardo.
Par contre, le Lias à Brachiopodes n’est représenté dans la Sierra de Cardo que par
quelques exemplaires de Rhynchonella cf. Deffneri Opp.
IV. Tivexys : Bajocien avec Cadomites cf. Broodiaei Sow. sp., Garantia Garantiana
Orb. sp., Cosmoceras sp., Patoceras sp., F ar Bphinoká Martinsi d'Orb. sp., Posi-
donomya cf. Hog A. Gras, Astarte sp.
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 21
V. Tortosa : Reineckeia Revili Par. et Bon., R. cf. Straussi Weïth., R. anceps Rein
sp., Sphaeroceras platystoma Rein. sp., Perisph. gr. de funatus Opp., Stepheoceras
coronatum Brug sp., Phylloceras sp. Cette faune est nettement callovienne. Au
Coll de l’Arila on retrouve le Lias avec Mag. resupinata Sow. sp., Rh. curviceps
Quenst sp., RA. gryphitica Quenst sp. et Rh. tripartita Quenst sp.
Des listes qui précèdent on peut tirer les conclusions suivantes :
A. Lias. — Le Lias est représenté dans la région de Tortosa par des
marnes à Brachiopodes. C’est le « Faciès espagnol », de Choffat, qui se
retrouve dans les Montes Universales, dans la province de Logroño et
Jusque dans la région cantabrique, alors que dans la chaîne bétique il est
remplacé, soit par Fe calcaires blancs zoogènes à Pygope Aspasia (') Mgh.
sp., soit par des calcaires analogues à ceux del’ Ammonitico rosso, d'Italie. On
trouve, dans ces derniers, de rares Brachiopodes d'un type très spécial
CHagellanta) Partschi Opp. sp., M. Hierlatzica Opp. sp., Pygope Aspasia
Mgh. sp. (*) ainsi que des Ammonites telles que Hildoc. Lavinianum Mgh.,
var. conjungens Fuc., Harp. celebratum Fuc., Lytoc. cf. fimbriatum Sow.
sp. Quant à Majorque et Minorque, on sait depuis Hermite que le
Lias y est représenté, dans des localités peu étendues, sous son faciès à
- Brachiopodes. Mais, dans ces îles, la majeure partie des assises, que leurs
fossiles permettent d'identifier avec le Jurassique inférieur, sont des marno-
calcaires aaléniens où abondent Haplopleuroceras subspinatum Buck.,
Ludwigia cf. rudis Buck., Ludw. attenuata Buck., L. litterata Buck.,
Ludwigia cornu Buck., Lioc. concavum Sow. sp. Poecilomorphus infernensis
Roman, Sonninia dominans Buck, etc. Ce Lias. à Ammonites de Majorque
semble du reste appartenir, ainsi que la observé l’un de nous, à des
éléments tectoniquement supérieurs à ceux qui comportent du Lias à
Brachiopodes.
B. Buocex. — La faune très homogène, mentionnée dans les divers
gisements énumérés ci-dessus, correspond à une remarquable unification
du faciès à Céphalopodes qui se fait sentir dans l’Oolithique inférieur en
de nombreux points de la région thyrrénienne, de la péninsule espagnole,
de Majorque et de l'Afrique septentrionale qui se traduit par l'association
C) Kian et Bertran, Mission d'Andalousie (Mém. Acad. des Sciences, Le
à 419). ar
(°) Danies Jeuexez pe Cisxenos, Sobre la existencia en España de la Zeilleria
Hierlatzica (Opp. Bol. Real Soc. Esp. Hist. nat., t. 19, 1919, p. 348). ;
22 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de formes Ammonitidés de Souabe et de Normandie avec des types médi-
terranéens des Basses-Alpes.
C. Barnoniex. — Si, aux environs de Tortosa, le Bathonien montre égale-
ment son faciès à Céphalopodes, un remarquable épisode néritique à Brachio-
podes rappelant le type jurassien se présente à sa partie supérieure au cap
de Salou. Le fait mérite d'autant plus d’être signalé que, généralement, ce
niveau n’est représenté que par son type à Ammonites, soit dans la chaîne
Bétique, soit dans les Montes Universales.
D. Cazrovrex. — Les faunes variées à Céphalopodes du cap Salou et de la
Font de Carlades correspondent à celles que Dereims avait reconnues vers
Jabaloyas, Noguerra et Albarracin. Ce n’est par contre que d’une façon
incertaine que cet étage a été signalé dans les Baléares.
E. JURASSIQUE SUPÉRIEUR. — Le gisement de la Font de Carlades atteste
lexistence des étages supra-)j ques de l’Oxfordien au Séquanien, avec un
faciès à Céphalopodes rappelant le type classique de la montagne de Crussol.
Le Kimméridgien et le Tithonique (Portlandien) ne sont pas représentés
dans les séries de fossiles qui nous ont été soumises.
PHYSIQUE. — Observations à une Note récente sur l'expérience de Michelson.
Note (') de M. Aveusre Rien.
Dans la séance du 17 mai, M. Bouty a présenté à à Académie une Note
dans laquelle son auteur, M. Villey, après avoir reconnu l’exactitude des
formules et de la théorie que j'ai données pour expliquer l'expérience de
Michelson, croit pouvoir déduire de cette même théorie la conclusion, que
le déplacement de franges égal à 2/2? : À fois leur intervalle doit avoir
lieu, si l’on a incliné d’un angle y. un des miroirs B, à partir de l'orientation
exacte,
Pour arriver à cette curieuse conséquence, M. Villey a dù introduire
des approximations illicites, comme celle de supposer parallèles les deux
images virtuelles de la source fonctionnant comme sources conjuguées pour
la formation des franges d'interférence; ce qui constitue une erreur
équivalente à celle commise par Michelson et Morley, lorsqu'ils ont admis
que la déviation, due à la translation, du rayôn réfléchi par la lame inclinée
(1) Séance du 14 juin 1920.
j
SÉANCE DU 5. JUILLET 1920. 23
est o et non p + = p?. C’est à cela que tient la diversité entre les prévisions
de Michelson et Morley et la mienne sur l'effet que doit produire la rotation
de 90° dans l'expérience classique. En effet suivant la théorie que je juge
exacte, ce qui fait disparaitre le déplacement 2 / 2? : À c'est précisément
linclination mutuelle des deux images, qui dans la théorie de Michelson
n'existe pas. Cette inclination produit un effet qui compense exactement
celui de la différence de marche entre les deux ondes interférentes. Pour
plus de clarté, le lecteur peut consulter ma Note du 22 avril 1919, celle-là
même que cite M. Villey.
En outre, ce physicien croit pouvoir admettre que la différence de
phase entre les ondes interférentes dans le cas où un des miroirs B, a été
déplacé conserve la valeur qu'elle avait lors de l'orientation juste des
miroirs; et cela n’est pas. Mais il est juste de noter que c’est là à peu près
ce qui à été fait jusqu'ici par la plupart de ceux qui ont voulu rendre
compte de la prévision de Michelson,
Enfin, je dois rappeler avoir démontré des formules particulières
servant à calculer le déplacement des franges dans le cas où un des miroirs
B, a été déplacé d’un angle u, et avoir montré comment on peut instituer
ainsi des expériences décisives. Le déplacement ainsi évalué dépend de »,
mais plus encore de u, et n’a rien à faire avec la valeur prévue par
Michelson.
C’est presque à regret que je présente c ces objections à M. Yaltey, qui a si
favorablement accepté ma théorie. i
M. E. Ars fait hommage à l'Académie d'un fascicule qu'il vient de
publier sous le titre : Thermodynamique. Propriétés générales des fluides.
€
CORRE SPONDANCE a
M. le Secrérame pereéroeL signale, parmi les pièces imprimées to la
Correspondance :
1° Leçons sur les fonctions automorphes : fonctions aol ten de :
n variables; fonctions de Poincaré, par Georces GIRAUD.
2° Contributions à l'étude de la vie vertébrée insulaire dans la région midi:
terranéenne occidentale et particulierement en Sardaigne et en Co me
E.-G. Deuaur. ee ne E.-L. Bouvier.) `
24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
THÉORIE DES ENSEMBLES. — Sur les ensembles mesurables B.
Note (') de M. W. Srerpixsktr.
Le but de cette Note est de démontrer l’invariance topologique des
classes des ensembles mesurables B. Plus précisément, 1l s’agit de démon-
trer (pour une classification convenable des ensembles mesurables B) que
toute transformation biunivoque et bicontinue trans forme tout ensemble mesu-
rable B de classe x en un ensemble de méme classe (quel que soit æ).
Il existe, comme on sait, plusieurs classifications des ensembles mesu-
rables B. Nous prendrons ici celle de M. Hausdorff (°).
Les ensembles ouverts (c’est-à-dire ceux qui ne contiennent aucun point
de leurs frontières) dans l’espace euclidien à un nombre quelconque de
dimensions constituent la classe 1.
Si æ est un nombre ordinal pair (z = 28), la classe x est formée de tous
les ensembles qui ne sont pas de classes inférieures à æ et qui sont produits
d’une infinité dénombrable d'ensembles de classes < a.
Si æ est un nombre ordinal impair (æ = 26 +1) >>1, la classe æ est
formée de tous les ensembles qui ne sont pas de classes inférieures à « et
qui sont sommes d’une infinité dénombrable d’ensembles de classes < g.
L'invariance topologique des ensembles ouverts est démontrée par
M. Brouwer (°). H suffira donc de démontrer notre théorème pour a > 1.
Les ensembles de classe 2 dans notre classification sont connus sous
le nom d'ensembles Gz ct ont été étudiés sous plusieurs aspects par
MM. W. H. Young, Hausdorff et Mazurkiewicz. Ce dernier a démontré
que les ensembles homéomorphes avec les ensembles G; sont des en-
sembles G3(). C'est une modification et une généralisation convenables du
raisonnement de M. Mazurkiewicz qui permettra de démontrer notre
théorème.
_ Soit g un nombre ordinaire donné > r. Il est bien évident Avon peut
obtenir tout ensemble de classe x en effectuant, suivant une loi déter-
minée ne dépendant que de «, une infinité dénombrable d’additions ou de
(1) Séance du 3r mai 1920.
(2) Math. Ann., t- TT, 1916, p: 430. Onant aux autres classifications, nous les trai-
terons dans un Mémoire qui paraîtra dans un autre Recueil,
(3) Math. Ann., t- IF, 1912,
(+) S. Mazurkiewicz, Bulletin de l’Académie des Sciences de Cracovie, 1916-
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 25
multiplications à partir des ensembles ouverts. Plus précisément, il existe
pour tout nombre ordinal & >> rune fonction d’une infinité dénombrable de
variables, ®,(G,,G,,(,,....), qui donne tout ensemble de classe © à si l’on
substitue à G, des ensembles ouverts convenables, et qui ne donne que
les ensembles de classe © x (ou des énsembles vides) quand les G, sont des
ensembles ouverts quelconques ('). De plus, pour « > 1 nous pouvons sup-
poser la fonction ®, telle que tout point p qui appartient à l’ensemble
E — DC, Ge, trs: ARE À
appartient à une infinité des ensembles Gz.
On voit aussi sans peine que si
PE et dE Ga 5h Q = dell hs est)
et si, p étant un point de P, g est un point qui appartient à F pour tout
indice k pour lequel p appartient à G4, ne g est m por! de Q.
Soit maintenantP—®,(G,,G,,G,,....)un declassez > 1,
Q son image biunivoque et PEET Nôus désignerons respectivement
par 2(p), © (M) les images dans Q du point p de P, et du sous-ensemble
M e P, et par 4 (g), À (NV les images inverses. |
Soit À un indice due p un point de PG4, g = 2(p). La correspondance
entre P et Q étant bicontinue et p étant en à G, (puisque G; est un
ensemble ouvert contenant p), il existe une sphère E de rayon < #-",ayantp
pour centre et telle que l’ensemble (QE) est contenu dans une sphère
(fermée) S contenue dans G,. Soit T, la somme d’intérieurs de toutes les
sphères X correspondant ainsi aux points p de PG, : ce sera donc un ensemble
ouvert. Posons Fa
E= Dr Le: ie TE
ce sera un ensemble de classe <. Nous démontrerons que ia Q.
Soit q un point de Q, # un indice donné tel que p = 4 (q) appartient
à G}. Il résulte immédiatement de la définition de F, que q appartiendra
à T}. Le point g appartient donc à Fx si p appartient à G}; p= $ (g) étant
un point de P = ®, (G,, G,,...), il en résulte, comme nous savons, que g
est un point de E = #,(T,, T2, ...). Donc tout point de Q appartient à E.
Soit maintenant g un point de E, £ un nombre positif donnė. EA a
(1) Nous ne savons pas d’ altiu déterminer une loi d'après se à toul nombre 4 >
correspondrait une telle fonction 4.
LA
26 | ACADÉMIE DES SCIENCES.
la proprièté de ®,, le point g appartenant à E, appartient à une infinité d’en-
sembles l,. Il existe donc un indice # tel que ke < 1 et que g appartient
à Fx. Or il résulte de la définition de T, que g est intérieur à une sphère È
de rayon < 4°! dont le centre g est un point de Q. La distance entre g et g
sera donc < €. Donc g est un point d’accumulation de Q. Il existe diii
une suite infinie q, de poini de Q convergente vers g. Posons p, = Ÿ(q,).
Je dis me la suite p, est bornée. En effet, soit Æ un Re tel que g appar-
tient à la, E une sphère de rayon < 4", dont g est un point intérieur.
Pour n suffisamment grand, les points gn qui convergent vers g) seront
donc intérieurs à E, et par suite les points pa, = Y (qn) seront contenus dans
une sphère S (contenue dans. G;). Il en résulte que la suite p, est bornée.
On peut donc extraire de la suite p, une suite convergente : soit p'a celte
suite et posons p = lim p}, qa = 9 (p,). La suite q, sera évidemment extraite
de la suite q, et nous aurons lim g' = g. Je dis que p est un point de P.
hi
En effet, soit Æ un indice tel que g appartienne à F}, X une sphère .
dont g est un point intérieur, telle que l’ensemble Ÿ (QE) soit contenu dans
une sphère S contenue dans G, (l’existence d’une telle sphère résulte de la
définition de F,). Le point g étant intérieur à E, les points g, aux indices
suffisamment grands appartiendront à E, donc à QE, et par suite les points
correspondants p, à S. Donc (S étant fermé) p = lim p, sera un point de
S, donc aussi de G4. :
Le point p appartient donc à G}, si g appartient à F}; g étant un point
de E—®,(T,,F,,...)il en résulte que p est un point de P—®,(G,,G;,...).
D’après lim p, = pel lim ọ öp.) = lim 2 Qn = = g, la fonction ọ étant continue
dans P, il mali aus. gg o (p): dont g est un point de Q. Nous avons
donc démontré que tout point de EÈ appartient à Q.
Donc Q = E. Par conséquent Q est un ensemble de classe © z.
Nous avons ainsi démontré que la classe de l’ensemble Q n’est pas supé-
rieure à celle de P. De même on pourrait démontrer que la classe de P n’est
pas supérieure à celle de Q. Donc Q est de même classe que P. Notre
théorème est ainsi démontré.
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 27
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur l'apphcabrlité projective des surfaces (1).
Note (°) de M. E. Cartan, présentée par M. E. Goursat.
J'ai indiqué dans une précédente Communication les principaux résultats
auxquels je suis arrivé dans l'étude de la déformation projective des surfaces
non réglées. Avant de passer à ce qui concerne les surfaces réglées, j'ai
quelques remarques complémentaires à ajouter relativement aux surfaces
non réglées.
La forme différentielle fractionnaire de M. Fubini peut toujours se mettre
sous la forme eite, où w, et w, désignent deux expressions différentielles
1
linéaires. Le numérateur et le dénominateur de cette expression sont des
invariants projectifs absolus de la surface.
On peut se proposer de chercher toutes les surfaces admettantune forme
quadratique 2w,w, donnée à l'avance. Ces surfaces existent toujours et
dépendent de cinq fonctions arbitraires d’un argument; les caractéristiques
du système différentiel qui les définit sont, sur chaque surface intégrale,
les lignes asymptotiques et les lignes conjuguées des lignes de Darboux-Segre.
Au contraire, le problème qui consiste à chercher toutes les surfaces admet-
tant une forme cubique w? + w3 donnée à l’avance, est en général impossible
et, quand il est possible, il revient au fond au problème de la déformation
projective. Enfin, on peut se proposer de chercher toutes les surfaces pour
lesquelles l'équation différentielle A
(1) ; 6? + 03 —O
des lignes de Darboux-Segre est donnée à l'avance. Ces surfaces existent
toujours et dépendent de cinq fonctions arbitraires d’un argument : les
caractéristiques, sur chaque surface intégrale, sont les lignes asympiotiques
et les lignes de Darboux-Segre. Une classe particulière remarquable est for-
mée dex surfaces pour lesquelles l'équation (1) est réductible à la forme
dé + dn? = o : ce sont les surfaces que M. G. Fubini appelle asymptotico-
isothermes ; chacune d’elles admet +° transformations, conservant les lignes
de Darboux-Segre (et les lignes asymptotiques). :
Ce qui caractérise les surfaces qui admettent æ° réseaux conjugués de défor-
eme ere
(:) Comptes rendus, t. 170, 1920, p: 1439. “5
(°) Séance du 28 juin 1920.
28 | ACADÉMIE DES SCIENCES.
mation projective, c’est : 1° leur double propriété d’être asymptolico-1sothermes ;
2° de posséder une forme quadratique 2w,w, de courbure constante; cette
courbure est égale à 2(2c —1},où c est la constante qui figure dans les
équations que j’ai données de ces surfaces.
J'arrive maintenant au problème de la déformation projective des sur-
faces réglées. Il y a à distinguer les surfaces n non développables et les sur-
faces dévelappeblée.
Toute surface réglée non développable admet une infinité de déformées
projectives, dénehtlgne d’une fonction arbitraire d’un argument. Étant
données deux surfaces applicables, la correspondance ponctuelle qui réalise
l’application est, pour deux génératrices correspondantes, projective. Il y a
exception pour une classe particulière de surfaces réglées, celles dont les
génératrices appartiennent à une congruence linéaire. Toutes ces surfaces
sont applicables les unes sur les autres, et l'application se réalise de la
manière suivante :
Toute surface dont les génératrices appartiennent à une congruence
linéaire peut être ramenée à avoir, en coordonnées non nee une
équation de l’une des formes
VE, y= zst ZL,
où Z désigne une fonction arbitraire de z. Posons, dans le premier cas
(conoïdes), |
3 Z: A A 3 Z,"2
rar 2
"tte ur)" e V S AES
dans le second cas,
I TFM
Ex + z n= | VI dz.
On définit ainsi un système de coordonnées curvilignes normales. Les
formules qui réalisent l'application projective de deux de ces surfaces sont
É CE +4, TEE LD,
_ avec trois constantes arbitraires, a, b, c.
SURFACES DÉVELOPPABLES. — Deux surfaces développables quelconques sont
toujours projectivement applicables lune sur l’autre, et la correspondance
ponctuelle qui réalise l'application dépend encore de trois fonctions arbitraires
d'un argument. On peut faire correspondre suivant une loi arbitraire les
>
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 20
génératrices de la première aux génératrices de la seconde; de plus on peut
faire correspondre à deux courbes données sur la première, deux courbes
arbitrairement choisies sur la seconde; la correspondance ponctuelle entre
les deux surfaces est alors parfaitement déterminée par la double propriété
d’être projective sur deux génératrices correspondantes et de faire corres-
pondre entre eux les points caractéristiques de ces deux génératrices.
Il est à remarquer que si deux surfaces non développables sont projective-
ment applicables, il en est de même de leurs transformées par polaires
réciproques. Cette propriété disparaît naturellement dans le cas des surfaces
développables.
Les hypersurfaces de l’espace à n > 3 dimensions. Dans le cas de n24
dimensions, les hypersurfaces non développables à n — 1 dimensions sont
toutes projectivement indeformables, contrairement à ce que semble croire
M. G. Fubini. Au contraire, deux hypersurfaces développables sont en
général projectivement applicables, la correspondance qui réalise l’appli-
cation dépendant encore de deux fonctions arbitraires d'un argument (au
lieu de trois dans l’espace à 3 dimensions).
CHIMIE MINÉRALE. — Production de chlorures par réactions amorcees. Note
de M. Erxesr Bercer, présentée par M. Georges Lemoine. ;
La présente Note a pour objet les réactions amorcées (') relatives au
déplacement mutuel des corps simples de leurs chlorures et, plus spéciale-
ment, la production des chlorures à partir des métaux et des composés
ionia du carbone; je mentionnerai, en outre, l'application pendant la
guerre des réactions précédentes à la production des nuages de fumée.
I. Il est classique que l'aluminium déplace un certain nombre de métaux,
non seulement de leurs oxydes, mais de leurs chlorures, par réaction
amorcée ; on fait souvent l'expérience d'allumer un mélange de chlorure de
plomb et d'aluminium, par exemple, avec du siliciure de calcium mêlé de
salpêtre ; je n’en connais pas l’auteur. Des réactions de déplacement
analogues peuvent être étendues à de nombreux chlorures de métaux ou de
étallordes et à d’autres corps simples que l'aluminium. Les chaleurs de
formation, dont quelques-unes sont rappelées ci-dessous, p = o
prévoir ces réactions: —
(') Voir Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1492.
30 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cal cal
18,9 pour + CCI | 25,7 pour +Cu CP
D : 9 ACOE 33,1. ar A fe UE
2130. a FOr 42 » 4PbCP
i > 23,9 Ne FP GP ; 48,7 i iTo GRA
a T : M ATLE A 0 3 w al
SE 23,8 » ` ASCE Livres | 56,3 -r MnCl?
Joa a ASDEP 54 » AICP
| 32 » 1+SiClit 95,9 » +MeCP
F 40,5.» +SaCr 9,2 » +CaClP
Exemples : L’aluminium en poudre mélangé à PCF s'enflamme sponta-
nément ; il réagit par amorçage sur FeCl’, Cu Cl, SbCl? ; le magnésium
est encore plus actif; le manganèse décompose Pb CF et Cu CF. Le mélange
de silicium et de PEI’ brûle lentement en donnant (Si Cl‘ =+ PCF). Le sili-
ciure de calcium réagit par ses deux éléments sur PCI*; par son calcium
seulement sur PbCP et Cu CP, etc. ~
IL. Les composés chlorés du carbone, étant données leurs faibles chaleurs
de formation, leur bas prix et la grande quantité de chlore qu’ils contiennent
(92,2 pour 100 pour CCI), étaient indiqués pour la production des
chlorures par réactions amorcées, mais leur volatilité et leur état liquide
fréquent semblaient faire obstacle à leur emploi. Les premiers essais ont
montré que C* Cl, qui est solide, réagit bien sur de nombreux métaux ;
j'ai rendu ensuite pratique l'emploi des chlorures liquides en ajoutant un
absorbant (kieselguhr, ou sciure de bois sèche). Par exemple : en mélangeant
du zinc en poudre avec du tétrachlorure de carbone et 10 à 15 pour 100 de
kiéselguhr, on obtient une pdte qui s'enflamme bien par l’amorce indiquée
et brûle en dégageant des vapeurs de Zn CE (').
Ces réactions vives entre composés chlorés du carbone et métaux sont
très nombreuses. J’ai employé les chlorures de carbone CCI*, C?CI°, C° CI
et, contenant en outre de l'hydrogène, le tétrachloréthane C? H? CI* et le
chloroforme CH CF ; M. Grignard, à qui ces réactions avaient été commu-
niquées en 1916, a employé avec succès le benzène hexachloré C° H° CI.
J'ai vérifié l’action d’un grand nombre de métaux (Ca, Mg, Al, Mn, Cr, Zn,
Sn, Fe). La combustion du calcium, mêlé de deux fois son poids de CCI" et
d'un peu de kieselguhr, constitue une superbé expérience : en opérant dans
un creuset en tôle, celui-ci est entièrement fondu ; le calcium brûle vive-
(!) Une partie de CCF échappe ou agit incomplètement., En opérant en atmosphère
close, on caractérise de l’hexachloréthane C?CT°, produit par action incomplète de Zn
(expérience exécutée avec M. Dubrisay).
-
SÉANCE DU 5 JUILLET 1020. 31
ment avec une flamme orangée, son chlorure est volatilisė en partie ; avec
excès de calcium, il y a formation d’un peu de carbure, ce qu'on reconnait
en traitant par Loue le résidu ('). La combustion du magnésium est aussi
très vive ; celle de Al, Mn, Cr, Zn est régulière. Au contraire, l’étain et le
fer brülent difficilement dans CCI“ et s'éteignent dans C? H? Cl’ ; ils donnent
surtout, même avec un excès de CCI“, les chlorures au minimum ; je l'ai
vérifié en condensant le chlorure d’étain volatilisé ; avec le fer, la vapeur
du chlorure Fe Cl est nettement verte au sortir du creuset, elle brunit à
l'air en s’oxydant.
En amorçant avec le kieselguhr, un mélange de CCI: et de phosphore
rouge, ou d'arsenic, ou d’antimoine, on constate que la réaction commence,
puis s'arrête. On peut l’entretenir et obtenir les chlorures PCI, As CI,
SbCl’, en ajoutant un peu d’aluminium qui fournit le complément de
chaleur nécessaire.
Le silicium ne réagit pas sur CCl‘ ; par contre, l’action de Ca Si? est très
vive, la chloruration du calcium entraine celle da silicium.
II. Applications. — On connaissait, au début de la guerre, comme chlo-
rures fumigènes, les chlorures liquides volatils : stannique, titanique,
arsenique, etc. ; ils ont été utilisés à la production de nuages, soit seuls, soit
associés à l’ammoniac.
Au moyen des réactions sus-indiquées, qui les préparent en vapeurs, j'ai
montré (1916), que les chlorures de métaux communs (Al, Sn, Fe, Zn,etc.)
jouissent des mêmes propriétés. On peut créer, par don SRE de mé-
langes, des nuages opaques et persistants. Ces nuages ont été utilisés par
les services de la Marine et de la Guerre. On s’est surtout servi de CCI’ ou
C? H? CI mélangés avec le zinc en poudre et le kieselguhr; on aurait pu
employer l'aluminium, la fumée produite est du même ordre de grandeur ;
des raisons d'opportunité ont fait préférer le zinc. ;
Les engins de la Marine, appareils à flotteur, de 42*8 de ces Dites fumi-
gènes, destinés à être employés à la surface de la mer, de façon à rendre le
navire indépendant du point d'émission du nuage, ont été construits avec
le concours de l'ingénieur d'artillerie navale Guilbert. Ils ont été employés :
efficacement dans la lutte contre les sous-marins po es au canon,
par la France, l'Angleterre et l'Italie.
Les engins fabriqués par le ER de la Guerre ont été apies À
te mom mm
(') À propos de ces réactions, je rappelle que M. Matignon (Comptes rendus,
t. 145, 1907, p. 679) a préparé le carbure Al C? en chauffant en iade oi à 225°,
un mélange de C5 CI et d'aluminium.
~
32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
principalement par le sérvice de la défense contre avions, au camouflage
par fumées. Toutefois, au début de 1918, l'extension de la fabrication et la
pénurie des produits chlorés m'ont conduit à employer le chlorure de zinc
en nature vaporisé par addition du mélange thermique (salpêtre avec
siliciure de calcium); à l’armistice on fabriquait 16 tonnes par jour de ces
fumigènes.
C’est pour l'application à la défense nationale des réactions décrites dans
la présente Note, que l’Académie a bien voulu me décerner, en commun
avec l'ingénieur Guilbert, la moitié du grand prix de la Marine de 1918.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'oxydation des houilles.
Note de M. Marcer Gopcuor, présentée par M. A. Haller.
I. Dans ces dernières années, nombreux sont les chimistes qui ont
entrepris des recherches en vue d'apporter quelques faits nouveaux pouvant
servir à établir la constitution des houilles, et il semble admis aujourd’hui
que la houille renferme trois constituants, qui sont des composés ligno-
cellulosiques, des protéines et des résines ('). On sait également que la
pyridine ne dissout que le constituant résineux.
D'autre part, les travaux de MM. Fayol (°), Mahler (°), Boudouard (*),
Charpy et Godchot (*) ont montré qu’une houille s’oxyde lentement à froid,
plus rapidement à 100°, en augmentant de poids et en perdant en outre la
propriété de se cokéfier. Les recherches de M. Boudouard lui ont permis
d'attribuer vraisemblablement le pouvoir cokéfiant d’un charbon à une
substance ou à un groupe de substances capables de s'oxyder pour se trans-
former en produits humiques, solubles dans la potasse en donnant une
solution brune. Mais, suivant certaines théories récentes, cette oxydation
ne se produirait que grâce à l’action de bactéries spéciales qui amorceraient
la réaction (°). La présente Note a pour but de faire connaître certains faits
pouvant, dans une certaine mesure, apporter quelques éclaircissements
dans le mécanisme encore peu connu de l'oxydation des houilles.
(1) Jones et Wurecer, Chemical Society, t. 107, p. 1318.
(°?) Bull. Industrie minérale, 1879.
(*) Bull. Soc. d'Enc. à l'Ind. nationale, 1892, p. 319.
(+) Bull. Soc. chimique, 4° série, t. 5, p. 365.
(5) Comptes rendus, t. 163; 1916, p. 745.
(5) Sroxrasa, Ennesr, Cnocexsky, Zeit. phys. Chem., t. 50, p. 303.
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 33
II. La houille, ayant servi de matière première pour ces recherches,
provenait des mines de Blanzy (puits des Alouettes). Je tiens à exprimer
ici tous mes plus vifs remerciments à M. Moreau, ingénieur aux mines de
Blanzy et à son chef de laboratoire, M. Cottin, pour les précieux services
qu'ils m'ont rendus au cours de ces recherches. Cette houille renfermait 37,40
pour 100 de matières volatiles, 58,60 pour 100 de carbone fixe et 4 pour 100
de cendres. Abstraction faite des cendres, elle a donné, à l’analyse, les
chiffres suivants : C pour 100, 83,59; H pour 100, 5,78; O + N pour 100,
10,67. Abandonnée dans une étuve réglée à 100°, elle s’oxyde peu à peu et,
au bout d’un mois, l'augmentation de poids était égale à 3,15 pour 100.
Epuisée par la pyridine bouillante, en suivant les précieuses indications
données récemment par M. Wahl ('), la houille primitive fournit un extrait
pyridique sous forme d’une poudre brune et amorphe; 100$ de houille
donnent 228,63 d'extrait et ce dernier, analysé, présentait la composition
suivante : C pour 100, 83,45; H pour 100, 5,84; O + N pour 100, 10,51. Si
l’on Compare cette composition avec celle indiquée plus haut pour le chat
naturel, on constate que la houille et l'extrait qui en provient possèdent une
composition sensiblement identique. Ce fait assez curieux avait déjà été
signalé par M. Wahl et par MM. Parr et Hadley (°).
Enfin, la houille, dépouillée de son extrait, ne se cokéfie plus; mais, en
la remélangeant avec l'extrait de façon à reconstituer la houille primitive,
cette dernière redonne bien, par chauffage, un coke aggloméré pareil à
celui du charbon naturel.
IMI. Étant en possession d’une certaine quantité de houille dépouillée de
son extrait et d'extrait, nous avons abandonné pendant un mois, et sépa-
rément, ces deux produits dans une étuve chauffée à 100° et nous avons
constaté qu’ils subissaient tous les deux une augmentation de poids; la
houille, dépouillée de son extrait, avait augmenté de 1,99 pour 100 et
lextrait de 1,22 pour 100.
La même expérience portant sur la houille, reconstituée par mélange en
proportions convenables de charbon privé de l'extrait avec l'extrait qui en
provient, nous a montré que cette houille reconstituée subissait également
une augmentation de poids qui s’est élevée à 3,20 pour 100, c’est-à-dire
une augmentation sensiblement identique à celle ilgiai plus haut pour la
houille naturelle.
(*) Bull, Soc. chimique, 4° série, t. 34, p. 96.
(°) Soc. Chemic. Ind., 1915, p. 213.
.C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 1.) 3
34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces trois produits oxydés provenant respectivement de la houille recons-
tituée, de la houille dépouillée de son extrait et de l'extrait, donnent avec
la potasse une coloration brune.
IV. De l’ensemble de ces faits, on peut tout d’abord conclure qu’il est
difficile d'admettre que le phénomène de l’oxydation des houilles résulte
d’une action microbienne provenant de bactéries préexistant dans la houille,
car il est probable que la pyridine aurait joué vis-à-vis de ces dernières le
rôle d’un antiseptique.
Il semble en outre que la pyridine a scindé la houille en deux parties
oxydables séparément, mais inégalement, l’une jouant peut-être le rôle de
transporteur d'oxygène vis-à-vis de l’autre, car la houille naturelle et la
houille reconstituée s’oxydent plus vite et en plus grandes proportions que
chacune de ces deux parties prises séparément.
Quoi qu’il en soit, il apparaît une fois de plus que l’oxydation des
houilles constitue un phénomène assez complexe sur l'interprétation
duquel il faut se garder de conclure d’une façon définitive.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des hydrazines substituées sur les dicétones 1.4
acycliques. Note de M. E.-E. Bzaise, présentée par M. A. Haller.
Jai montré, dans une Note récente, que l’action de l’hydrazine sur ces
mêmes dicétones fournit des dérivés pyridaziniques et tétrahydropyri-
daziniques, et j’ai été amené à rechercher si les hydrazines substituées
donneraient des résultats analogues ('). Knorr, partant soit de l’éther diacé-
tylsuccinique, soit de l’acétonylacétone, a déjà obtenu, par action de la phé-
nylhydrazine, un corps qu’il paraît nommer indifféremment diméthylphé-
nylpyridazine ou diméthylanilinopyrrol, sans d’ailleurs apporter aucune
preuve en faveur de l’une ou l’autre constitution. J’ai donc repris cette
étude, en opérant sur le dipropionyléthane symétrique.
En traitant cette dicétone par 2™° de phénylhydrazine, en solution dans
l'acide acétique étendu et à froid, on obtient, au bout de 24 heures, une masse
cristalline qu’on purifie par cristallisation dans l'acide acétique étendu. Ce
corps forme de belles aiguilles fusibles à 65°,5; ses vapeurs colorent en
rouge bordeaux un copeau de sapin humecté d'acide chlorhydrique et sa
solution acétique se colore en violet par addition d’une trace de bichromate
(:) Knorr, Berichte, t. 18, p: 1568, et t. 22, p. 170.
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 35
alcalin. Sa composition est celle d'une phényldiéthyldihydropyridazine ou
d'un diéthylanilinopyrrol. Il ne se forme pas de diphénylhydrazone. Dans
le cas actuel, une dihydropyridazine devrait être stable, cependant le corps
obtenu est bien de nature pyrrolique. J'ai vérifié le fait, d’une part, en
employant une hydrazine disubstituée dissymétrique et, d’autre part, en
hydrogénant le diéthylanilinopyrrol et réalisant la synthèse de la diéthyl-
pyrroline qui se forme dans ces conditions.
La méthylphénylhydrazine dissymétrique réagit sur le droite
comme la phénylhydrazine elle-même et il est évident que, dans ce cas, un
dérivé pyrrolique peut seul prendre naissance :.
CH? — CO — GH’ ” ‘CH=C(C'H)
+ HN N(CH)CHS — YN- N(CH) C'H.
CH?— CO — C'H CH =C (CH5)
Le N-méthylanilinodiéthylpyrrol est liquide et bout à 162°, sous 16™™,
La réduction du diéthylanilinopyrrol a été réalisée au moyen du zinc et de
l'acide chlorhydrique en milieu acétique, et en veillant à ce que la tempé-
rature se maintienne entre 4o° et 50°. On ajoute alors un excès de potasse
et l'on entraîne par un courant de vapeur d’eau. Le liquide passé à l’entrai-
nement est neutralisé par l'acide chlorhydrique et épuisé à l’éther. Ce der-
nier enlève de l’aniline, qui a été caractérisée à l’état d'acétanilide. L'addi-
tion de potasse dans la solution aqueuse détermine la séparation d’une base
que Fon sèche sur la potasse fondue et qu’on distille. L’xx’-diéthylpyrroline
ainsi obtenue est un liquide incolore à forte odeur basique, bouillant à 154°
sous la pression atmosphérique, et à 62° sous 28"®, Elle donne un chloro-
platinate, noircissant vers 170° et fondant vers 180°, avec décomposition.
Le chloraurate cristallise en belles tables jaunes, fondant à 100°-101°, enfin
le picrate forme des lames jaunes fondant à 97°-98°.
Le diéthylpyrrol nécessaire à la préparation synthétique de cette base
a été obtenu en chauffant le dipropionyléthane avec de l’ammoniaque
alcoolique, à 140°, pendant 2 heures. Le rendement atteint 70 pour 10o0et
le corps est pur, de premier jet. L’ax’-diéthylpyrrol est un liquide incolore,
légèrement visqueux, bouillant à 100°, sous 29™™, Il paraît avoir été déjà
obtenu par Kurt Hess et Wissing ( haiche, t. 47, p. 1424) dans l’action
du bromure d’éthyle sur le dérivé bromo-magnésien du pyrrol. Toutefois,
l'identité des deux corps ne me parait pas certaine, car ces auteurs ont
obtenu, par action de l’hydroxylamine, une dioxime fondant à 169°, alors
36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que la dioxime que j'ai moi même préparée à partir du dipropionyléthane
fond à 155°.
La réduction du diéthylpyrrol s'effectue dans d'excellentes conditions au
moyen du zinc et de l’acide chlorhydrique, en milieu aqueux. Il suffit de
veiller à ce que la température ne dépasse pas 45°. La diéthylpyrroline est
isolée en suivant la méthode indiquée à propos de la réduction du diéthyl-
anilinopyrrol et le rendement atteint 7 pour 100. La base ainsi obtenue
est de tous points identique à celle qu’on obtient en partant du diéthyl-
anilinopyrrol et, par suite, la constitution de ce dernier est établie avec cer-
` titude.
Il résulte donc de ces faits que, tandis que l’hydrazine donne, avec les
dicétones 1.4 acycliques, un mélange de dérivés pyridazinique et tétrahy-
dropyridazinique, les hydrazines substituées fournissent, au contraire,
avec ces dicétones, des dérivés pyrroliques.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le sulfure d'éthylène C°S.
Note de M. Marcer Derérixe, présentée par M. A. Haller.
En 1916, Grichkévitch-Trokhimovsky et ses élèves (') ont préparé une
série de sulfures cycliques ayant une chaîne à 3, 4, 5 et6 atomes de carbone,
tels que :
CH:.CH?.CH?, CH?.CH:.CH°.CH!,
RE ESS Loa g aaa
mais, jusqu'ici, les tentatives pour obtenir la chaîne la plus simple, celle
du sulfure d’éthylène rt SE correspondant à l’oxyde connu a Re
ont échoué, à ce ne que le savant russe considère Ac à trois
chainons, dont un de soufre, comme ne pouvant exister.
On sait, en effet, que les réactions qui pourraient engendrer le sulfure déthylène,
telles que celle des dérivés dihalogénés de l’éthane, chlorés et bromés, sur les sulfures
alcalins, ne donnent qu’une masse amorphe, blanche, qui a été l'objet de divers
travaux. Nous avons, en outre, M. Ville et moi, dans un travail qui doit paraître au
Bulletin de la Société chimique, montré que . les iodure, chloro et bromo-iodure
d’éthylène avaient une réaction différente, ils ne conduisaient pas davantage au but :
ét) E. GRICHKÉVITCH- TROKHIMOYSEY, Journ. Soc. phys.” chim. russe, t. 48, 1916,
p- 880 à 974. ;
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 37
il y a dégagement d’éthylène et dépôt de soufre, comme si le sulfure d’éthylène se
décomposait.
L’obtention de ce sulfure présentait donc un intérêt théorique indiscu-
table. Je l’ai réalisée en voulant répéter sur le chlorosulfocyanate d’éthy-
lène, considéré comme un sulfocyanate de chloro-éthyle ENSCH: CH Ci;
une réaction connue depuis fort longtemps ('). Löwig, en 1846, a montré
que le sulfure de potassium décompose l’éther sulfocyanique en sulfocyanate
de potassium et sulfure neutre d'éthyle [réaction (A )]; la même réaction
“appliquée au sulfocyanate de chloro-éthyle aurait dù donner le sulfure
neutre ‘correspondant [réaction (B)|], c'est-à-dire le sulfure d’éthyle
66-dichloré : ” i
GNS. CH% CH? CH2.CH:
E SK ens ci = cie Cr
GNS.CH*?.CH° CI _ ./CH?.CH?CI
CNS.CH:.CH:CI TT NCH. CH:CI
+ 2CNSK,
(B) SN a? + + 2CNS Na.
Or si l’on agite ensemble le chlorosulfocyanate d’éthylène et une solution
aqueuse de sulfure de sodium, on observe bien une transformation; l’odeur
piquante du chlorosulfocyanate fait place à une odeur plus douce; le sulfure
alcalin est remplacé par du sulfocyanate, mais le chlore est arraché simul-
tanément et l’on peut extraire, par un courant de vapeur, un liquide très
volatil qui n’est autre que le sulfure d’éthylène engendré en vertu de la
réaction
GNS. CH CH Ce ONS CH—CH CI
E PSE E a a e
Na
L'opération exige quelques précautions, à cause de la facile polymérisation du sul-
fure d'éthylène. Le mécanisme de la réaction consiste sans doute dans la formation
préalable du composé CNS.CH?.CH?.SNa qui perd 1°! de sulfocyanate; vraie ou
non, cette hypothèse m'a suggéré l’emploi du disulfocyanate d’éthylène au lieu de
chlorosulfocyanate; les résultats sont également bons.
Le sulfure d’éthylène est un liquide incolore, d’odeur assez forte, spéciale, non
alliacée, rappelant celles des éthers sulfurés neutres; il est insoluble dans l’eau, soluble
dans les solvants organiques usuels; il bout à 55°-56°; densité ä 0/4°, 1,0368 pour celui
préparé avec le chlorosulfocyanate et 1,0342 pour celui préparé avec le disulfocya-
nate; ni = 1,4914 pour le premier; #°,—:1,49001 pour le second, ce qui conduit à
la RM = 17, 16, soit pour le soufre une réfraction atomique de 7,93, qui est celle du
soufre simplement lié, Toutes ces propriétés sont bien celles que l'on doit attendre,
? ` r Fu sp . ; ý i:
d’après mes observations antérieures sur les propriétés physiques des composés sul-
furés. -
(C) C, LôwiG, Ann. der Physik und Chemie, t. 67, 1846, p. 101. :
38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le sulfure d’éthylène conservé en flacon bouché se trouble au bout de quelques
semaines, même dans l'obscurité ; le dépôt augmente avec le temps. Un grand nombre
de substances rendent cette polymérisation plus rapide : les acides chlorhydrique,
azotique, sulfurique la provoquent instantanément, avec bruit et chaleur; lacide acé-
tique ne forme de flocons qu'après environ une heure; la soude concentrée, après un
quart d'heure ; l’ammoniaque aqueuse, en quelques minutes; l’ammoniaque alcoolique,
un peu plus lentement. Toutes ces réactions engendrent un solide blanc. Il est remar-
quable que la pyridine, qui donne une résine brun foncé avec l’oxyde d’éthylène, a le
même effet sur le sulfure. Le brome se combine au sulfure d’éthylène en formant une
masse colorée visqueuse. l
Le nitrate d'argent, le chlorure mercurique, le chlorure platinique, le chloroplatinite
de sodium, le chlorure aurique et sans doute d’autres sels encore, donnent des préci-
pités contenant du métal.
L’acide nitrique à chaud donne à la fois de l'acide sulfurique et un acide sulfoné.
Le permanganate donne aussi de l’acide sulfurique.
L’iodure de méthyle fournit une combinaison cristallisée, soluble dans l’eau, ayant
tous les caractères des iodures de sulfiniums : formation d’un chlorure critallisé par le
chlorure d’argent et production d’un chloroplatinate avec ce chlorure.
Bref, il ne fallait que les conditions exceptionnellement douces que j'ai
fortuitement employées, pour atteindre le sulfure d’éthylène C?H'S, qui
avait jusqu'alors échappé aux diverses tentatives de préparation. Son exis-
tence prouve qu'il y a des chaines fermées à 2°! de carbone et à 1° de soufre.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les iodamidines.
Note de MM. J. Boueauzr et P. Rosin, présentée par M. Ch. Moureu.
Nous avons montré précédemment que l'hydratation des cyaphénines
par l'acide chlorhydrique fournit, entre autres composés, des amidines.
Au cours de l’isolement et de la caractérisation de ces derniers composés,
nous leur avons reconnu une propriété curieuse qui a retenu notre attention.
Lorsque, à une solution de benzamidine, prise comme exemple, on ajoute
de la soude et de l’iode, on obtient, même en solution diluée, un précipité
jaune soufre cristallisé, constitué par un dérivé de substitution iodé de la
benzamidine auquel l'analyse assigne la formule globale CT HS IN°.
Mais en examinant les propriétés de ce corps, on reconnaît que l’iode y
est engagé sous la forme d’acide hypoiodeux, car, ajouté à de l’iodure de
potassium acide, il se dégage de l’iode suivant l'équation
C'H3IN°+HCI+KI = CHN? + KCL+ al.
Ce résultat ne peut être interprété qu’en admettant que l’iode est en
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 39
relation directe avec l’azote et non pas substitué dans le noyau benzénique,
d’où deux formules de constitution possibles :
PAL NI
6 5 v D Lu
Nous ne possédons pas encore de raisons suffisantes pour fixer notre choix.
Quoi qu’il en soit, les composés de ce nouveau type doivent être rappro-
chés du très petit nombre de composés iodés où l’iode est également fixé
sur l’azote et fonctionne comme acide hypoiodeux. Les principaux d’entre
eux sont des iodures d’azote, l’iodure de cyanogène, les amides hypoiodeux
de M. Boismenu ('), et enfin l’iodantipyrine que l’un de nous (°) a montré
récemment être un dérivé hypoiodeux, bien que la formule actuelle de ce
corps se prête mal à la représentation de cette nouvelle propriété.
Nous désignons les corps que nous faisons connaître aujourd’hui sous le
nom générique d’iodamidines, qui rappellera que l’iode est en relation
directe avec le groupement amidine.
.
Voici quelques détails sur l’un d’eux, la bénziodamidine.
Préparation. — A 16 de chlorhydrate de benzamidine dissous dans 50°% d’eau on
ajoute 2°%° de lessive de soude, puis peu à peu, en agitant, 6°% de solution d'iode
(I + KI) au {Il se forme instantanément un précipité en paillettes jaune soufre que
l’on recueille et sèche; on obtient ainsi 18,20 du composé cherché.
Propriétés. — La benziodamidine fond à 117° en se colorant. Elle est insoluble
dans l’eau, soluble dans l'alcool, l’éther, le beuzène, le chloroforme.
Elle est très stable à l'air, se différenciant par là des amides hypoiodeux de
M. Boismenu éminemment instables. Même en solution, sa stabilité est encore assez
grande; on peut, par exemple, la faire cristalliser dans le benzène bouillant sans
qu’elle s’altère notablement.
La benziodamidine est attaquée par la plupart des composés susceptibles de réagir
sur l’iode. C’est ainsi que la soude en excès donne de l’hypoiodite de soude en régé-
nérant l'amidine; il y a également régénération de l’amidine avec l’hyposulfite de soude,
tandis que celui-ci est oxydé par l'acide hypoiodeux libéré et transformé en sulfate.
Analyses. — Le our du carbone et del’ hydrogène a donné les résultats suivants : ;
Trouvé. Calculé pour C’ Hê IN?.
Hydrogène pour 100.............. 3,20 2,88
Carbone Nu ue “Rte 4,9 a HIA
(*) Journ. Phar. et Ch., 7° série, t. 5, 191, p: 432,
(?) J BouGauzr, Journ: Phar. et Ch., 7° série, t. 20, 1919, p. 245.
4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
l’iodure de potassium en présence d’acide chlorhydrique, et en n’attribuant à la
benziodamidine que la moitié de l’iode libéré, a donné :
Tone Calculé pour C'HSI N°.
tolé pour IQ. Aa a 51,70 51,62
Nous avons constaté que l’anisamidine et la pipéronamidine donnent, dans les
conditions ci-dessus, des iodamidines cristallisées et possédant les propriétés générales
de la benziodamidine,
Nous pensons que cette réaction, en dehors de l'intérêt présenté par les
nouveaux composés qu’elle permet de préparer, sera de quelque utilité
dans la caractérisation et l'isolement des amidines.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une réaction de l’acidé benzoïque fondee sur sa
diazotation; son application à la recherche toxicologique de l’atropine, de
la cocaïne et de la stovaine. Note de M. Marcer GUFRBET, présentée par
M. E. Bourquelot.
Les réactions analytiques de l’acide benzoïque sont assez peu nombreuses
et ne sont pas très sensibles; la suivante est au contraire d’une très grande
sensibilité; elle peut être facilement réalisée sur de très petites quantités de
matière et se montre encore très brillante avec un dixième de T
d'acide benzoïque.
Elle s'applique non seulement à cet acide lui-même et aux benzoates,
mais encore aux composés qui, comme la cocaïne ou la stovaïne, con-
tiennent dans leur molécule le radical benzoyle et à ceux qui, comme
latropine, fournissent l'acide benzoïque par oxydation.
Elle est fondée sur la série de transformations suivantes. L’acide ben-
zoïque, traité par l'acide azotique fumant, donne le mélange des trois
acides o-m-p-nitrobenzoïques NO? — C’ H* — CO? H. Ces acides, chauffés
avec une solution de chlorure stanneux, se transforment par réduction
en acides o-m-p-aminobenzoïques qui, traités en solution aqueuse chlor-
hydrique par l'acide nitreux, fournissent les chlorures de diazoïques
correspondants par la réaction :
CO? H — CS H'— NH? + NOH + HCI = COtH— CS H°—N = NCI + 2H°0.
Enfin, ces chlorures de diazoïques, copulés en solution ammoniacale avec
le naphtol 8, donnent, sous la forme d’un précipité rouge orangé, le
mélange des trois isomères ortho, mėta, para, de l’acide 6-naphtolazoben-
x
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 41
zoïque
CO? H —C' H! — N =NGI + C H1. OH = COH — CHEN =N — Ci His, OH + HCI.
Malgré leur complexité apparente, ces réactions conduisent en quelques
minutes à la caractérisation de l’acide benzoïque.
_ Qu'il s'agisse d’ailleurs de cet acide, de ses sels, de la cocaïne, de la
stovaine ou de l’atropine, l'opération s'effectue toujours de la même
manière.
Quelques parcelles de la matière, un dixiéme de milligramme d’acide
benzoïque par exemple, placées sur un verre de montre, sont additionnées
de trois à quatre gouttes d’acide nitrique fumant (D = 1,49). On évapore
à sec au bain-marie et l’on reprend le résidu par une goutte de solution au
dixième de chlorure stanneux; après deux ou trois minutes de chauffage,
les acides nitrobenzoïques se trouvent transformés en acides amino-
benzoïques. On laisse alors refroidir l'essai et on l’additionne de deux
gouttes d’une solution de nitrite de soude au centième. L’acidité du mélange
est suffisante pour que l’acide nitreux, mis en liberté, transforme immédia-
tement les acides aminobenzoïques en chlorures de diazoïques; enfin
l'addition de trois à quatre gouttes de solution au centième de B-naphtol
dans l’âmmoniaque au dixième produit le mélange des acides B-naphtol-
azobenzoïques, qui apparaissent sous la forme d’un précipité fortement
coloré en rouge orangé.
Cette réaction, déjà très nette, peut être confirmée de la manière
suivante : si l’on ajoute à l'essai 1°” environ d’acide sulfurique concentré,
le précipité se dissout en donnant un liquide limpide, fortement coloré en
rouge violacé; enfin, ce liquide, versé dans un verre d’eau, la colore en
Jaune orangé.
Les diverses phases de cette réaction, sauf la dernière, s’effectuent
successivement sur le même essai et sur le même verre de montre; elles
peuvent être réalisées très facilement sur les extraits d'organes fournis par
la méthode de Stas, qui est habituellement suivie en toxicologie pour la
recherche des alcaloïdes; elles permettent de contribuer, plus efficacement
que ne peuvent le faire les autres réactions de l'acide benzoïque, à l’identifi-
cation de l’atropine, de la cocaïne et de la stovaine. Un dixième de milli-
gramme de ces alcaloïdes donne, en effet, la réaction avėc la plus grande
netteté, :
42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les courants de convection dans l'atmosphère
dans leur rapport avec le vol à voile et certaines formes de nuages. Note de
M. P. Iprac, présentée par M. Deslandres.
Dans une Note publiée aux Comptes rendus du 2 février 1920, où j expo-
sais mes travaux en Afrique concernant le vol à voile, j’attribuais à une
cause indéterminée l'existence, dans l’atmosphère de ces régions, de zones
variables où le vent avait une composante verticale, ascendante ou descen-
dante.
Il m’a semblé possible que ces zones soient dues à l'existence de courants
de convection locaux dus à des différences de température ('). Nous avons,
pour tenter d’éclaircir la question, entrepris au laboratoire une étude sur
les courants de convection d’une couche d’air en mouvement relatif par
rapport à deux couches, l’une inférieure, à température plus élevée, l’autre
supérieure, à température plus basse.
Pour cela, au moyen d’un ventilateur convenablement réglé, on produi-
sait un courant horizontal entre deux plaques, dont l’une, inférieure, était
maintenue à température élevée au moyen d’un bain de sable convenable-
ment chauffé, et dont l’autre était en contact avec une couche d’eau froide.
Dans ces conditions, lorsque la température est uniformément répartie
sur les deux plaques et si le courant d’air est parfaitement régulier, on
observe (par exemple en rendant les filets d’air visibles au moyen d’une
fumée légère) la formation de tourbillons à axes horizontaux, ces axes
étant des droites parallèles à la vitesse relative du courant d’air par rapport
aux couches adjacentes (*). Le sens de rotation est alternativement
dextrorsum et sinistrorsum, comme dans une série de cylindres engrenant
les uns avec les autres par une de leurs génératrices.
Si, au contraire, la température n’est pas uniformément répartie et si le
courant d'air n'est pas absolument régulier, les tourbillons se déplacent et
se déforment irrégulièrement. C’est évidemment le cas dans les couches
basses de l’atmosphère, au voisinage du sol, et ceci rend compte de ces
déplacements irréguliers signalés dans la Note précitée.
(!) Comme ceux qui se produisent également dans les liquides et ont été étudiés
d’une façon si remarquable par M. Bénard,
= (?) Ou à la vitesse moyenne relative, si les couches supérieure et inférieure n’ont
pas la même vitesse.
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 43
Mais dans les hautes couches de l’atmosphère, il ne doit plus en être
ainsi et l'on devrait, semble-t-il, retrouver souvent les tourbillons réguliers
obtenus en laboratoire. Or on sait que les cirrus se présentent fréquem-
ment sous l'aspect de bandes régulièrement espacées comme les vagues de
la mer. Ils pourraient, semble-t-il, n'être que la partie supérieure de sem-
blables tourbillons rendus visibles par la condensation de la vapeur d’eau,
condensation due à la diminution de pression. Or, une autre théorie a été
souvent mise en avant pour expliquer cette forme de nuages : c’est la
théorie des vagues atmosphériques qui, d’après les travaux d'Helmholtz,
peuvent se produire dans certaines circonstances.
Remarquons, pour décider entre les deux théories, que, dans le premier
cas (tourbillons de convection), la direction des bandes doit être parallèle
à celle de la vitesse relative des couches d’air en contact (autrement dit au
gradient vertical du vent); dans le deuxième cas, au contraire (vagues
atmosphériques), elle doit lui être perpendiculaire.
Or M. Besson (') a comparé la direction des bandes de cirrus avec leur
vitesse par rapport au sol. Il a, sur 240 cas, calculé la fréquence en pourcen-
tage de 30° en 30° des différentes valeurs de l'angle æ de la direction des
bandes de cirrus avec celle de leur vitesse relative au sol (°).
Il a trouvé les nombres suivants :
Valeurs de a. 0. 30°. 60°. 90°.
Fréquences correspondantes. ......... 26 43 21 10
D'un autre côté, d’après 250 observations de sondages à deux théodolites
relative à une altitude comprise entre 7000" et 9500" (altitude des cirrus),
j'ai fait le même travail que M. Besson en ce qui concerne l'angle 8 du gra-
dient vertical de la vitesse du vent avec la vitesse du vent par rapport au sol.
Or, en nous reportant aux nombres de M. Besson, si nous avons affaire,
dans le cas des cirrus, à des vagues atmosphériques, nous devrions trouver
pour ĝ les fréquences suivantes (gradient perpendiculaire à la direction des.
bandes) : |
Valeurs de B. 0. W ne 90°.
Fréquences correspondantes.......... 10 21 43 26
(1) Besson, Sur les RNeReR de nuages (Ann. de la Soc. mét. de France
avril 1909).
(?) Les nombres es à pour æ s jedani à à un espace da 15° de pent q d'autre de à
leur valeur moyenne. Smp 60° signifie de 45° à 75°.
+
$
44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si, au contraire, nous avions affaire à des courants de convection, nous
devrions trouver ( gradient parallèle à la direction des bandes) :
Valeurs de £. 0. 30°. 60°. 90°.
Fréquences correspondantes. ......... 26 43 21 10
Or le résultat de notre relevé a donné
Valeurs de £. 0. 30°. 60°. gps.
Fréquences correspondantes. ....... Ve RO 4o 27 10
Ces valeurs, étant donné surtout le petit nombre des observations de
M. Besson et des nôtres, paraissent bien favoriser la théorie des courants
de convection.
Remarquons d’ailleurs qu’une faible différence de température doit suf-
fire pour produire des courants de convection atmosphériques : dans le cas
de nos expériences de laboratoire les différences de température entre les
filets d’air ascendants et descendants des tourbillons étaient de l’ordre de 3°
à 4° environ (elles étaient évaluées par un procédé optique analogue à celui
utilisé dans la mesure de l'indice des gar pir déplacement de franges d’in-
terférences).
Des mesures directes sont nécessaires pour se rendre compte si les diffé-
rences de température sont du même ordre dans les courants de convection
atmosphériques. C’est un des buts que nous nous proposons lors de notre
prochain voyage dans les régions tropicales.
CHIMIE AGRICOLE, — Sur le pouvoir absorbant de la terre vis-à-vis du
manganese. Note de M. P. Norris, présentée par M. Lindet.
Dans une Note parue en 1912 ('), j'avais montré que la terre arable pos-
sède la propriété de fixer le manganèse des sels manganeux, avec mise en
liberté de chaux qui remplace le manganèse dans la combinaison saline.
Des recherches nouvelles me au de préciser certains points restés
obscurs.
= Si l’on compare le pouvoir ooit de la terre à celui du terreau ou de
la tourbe, on constate que ces dernières substances réagissent avec beaucoup
plus d'intensité que la terre; par contre, comme je l'ai indiqué antérieu-
(:) Norris, Etude agrologique du manganèse (Comptes rendus, t. 155, 1912,
p. 1167).
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 45
rement, le terreau, débarrassé de chaux par lavage à l’eau acidulée, n’a
plus aucune action sur la solution d’un sel manganeux.
En mettant un même poids de matière sèche (108) au contact d’une solu-
tion titrée de sel manganeux, et en dosant, après contact, la chaux et le
manganèse dans la liqueur, on peut calculer la chaux dissoute cédée par la
terre ou le terreau, et, par différence, le manganèse fixé par la terre ou le
terreau :
CaO contenue
dans 108 Proportion
e Mn?’ O+ fixé Ca O de
matière sèche. par 106. dissoute. chaux dissoute
£ g g pour 100
Terre de jardin (Paris).... 1,50 0,240 0,090
Terre du Maroc... =... 1,99 0,024 0,023 1,7
Terre de Seine-et-Marne... 0,05 0,028 0,016 32,0
Terre de Roye (ne fait pas
effervescence})........... 0,07 0,039 A 0,025 35,7
Terreau de jardinier (Seine-
ER Uise}, ES non dosé 0,200 O,1II »
Terreau de feuilles, exempt “
de Ere: ER 0,14 0,117 0 ,u58 41,4
Ce Tableau montre que le calcaire- de la terre est bien peu attaqué,
tandis que la chaux, qui n’est pas à l’état calcaire, réagit avec intensité.
D'autre part, lorsque j'avais voulu constater l'influence du calcaire sur le
pouvoir absorbant du sol, j'avais utilisé des carbonates précipités vendus
par le commerce : certains d’entre eux cédaient 5o et 60 pour 100 de leur
chaux à la solution des sels manganeux, d’autres restaient absolument
inattaqués dans les mêmes conditions.
Il était donc nécessaire de poursuivre une étude systématique de cette
réaction, d’autant plus qu’elle est indiquée par de Senarmont et par ,
Boussingault, tandis qu’elle est déclarée impossible par Liebig et par
Barreswill (* J
J'ai préparé un très grand nombre d'échantillons de carbonate de chaux,
en variant les conditions de préparation; j’ai déterminé par la réaction de
Meigen (emploi du sous-nitrate de cobalt}, si le produit est de la calcite ou
de l’aragonite, et j'ai mesuré l'intensité de l’attaque par les sels manganeux,
en dosant le manganèse et la chaux en solution dans la liqueur, avant et
après contact. ar
(1) De Sesarmont, Comptes rendus, t. 28, 1849, p. 693. —- Lune, Mag. . Pharm.,
t. 35, 1831, p. 114. — BarreswiL, Ann. Ch., Ph, 3% série, t, 47; eur 53. ;
46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
De cette étude, il résulte que les échantillons inattaquables à froid sont
de la calcite obtenue : 1° par mélange à froid de solutions concentrées ou
diluées de CaCl? et de CO? Na? ou CO NaH; 2° par évaporation à froid
d’une solution de bicarbonate de chaux; 3° par précipitation à 100° de
solutions concentrées de Ca Cl? et de CO? Na? ou GO’ Na H; 4° par satura-
tion de l’eau de chaux bouillante au moyen du gaz carbonique.
Les échantillons, attaquables par les sels manganeux à froid, sont de
l’aragonite, et proviennent de la réaction à 100° de solutions très diluées
de CaCl? et de CO*Na? ou CO'NaH, ou encore, de la décomposition
à 100° des solutions de bicarbonate de chaux. Au-dessous de roo’, on
obtient un mélange dans lequel l’aragonite disparaît très rapidement.
, Proportion in ë
Température de formation à froid par Mn CP
du CO Ca. 0. Réaction de Meigen.
OU us dr EDR 92 positive
do ER LP te 20 et 31 faible
garo re ri o nulle
Des échantillons de całcite, d’aragonite et de ktypéite naturelles m’ont
été remis par M. Lacroix. Après 9 jours de contact avec une solution
à 1 pour 100 de MnCl’, 0,5 de, ces calcaires ont fourni les résultats
suivants :
Proportio
Mn? 0‘ fixé. Ca O dissoute. de CO, Ca attaquée >
? pour 100.
; g g
balete n. er De 0,000 0,000 o
, Aräponite 12>: 0,113 0,114 40,7
'Ktypéilte.. r. De © 0, E. 0,134 47,8
Le broyage de ces minéraux ne fournissant pas des grains aussi fins que
_ ceux des précipités, on peut conclure que la calcite est inattaquable à froid
par les sels manganeux, tandis Fe l’aragonite et la ktypéite réagissent dans
les mêmes conditions.
Le mélange de la calcite ou de l’aragonite avec la terre végétale ne
modifie pas leurs Mae respectives
Attaque
Mn? O‘ fixé. Chaux dissoute. du CO? Ca ajouté
pour 100.
Terre ne | TOE LEIT, aee come ro $: 039 . ô a =
faisant pas ©‘ 108 terre + 08,5 colete, ie 0,007 0,028 1,0
effervescence | 108 terre + 05,5 aragonite.. 0,390 0,228 81,4
Terre í Serre cocur error 0,024 0,009 =
très 18 terre + 08, F oaleite,. 0,044 0,071 y,
calcaire l 18 terre + 08,5 Srogoniio.. 0,316 0,232 0820
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 47
Le calcaire de la terre arable est donc de la calcite, puisqu'il ne réagit pas
avec les sels de manganèse. La petite quantité de chaux qui se dissout
pourrait provenir d’un peu d’aragonite, dont la présence dans le sol serait
bien difficile à expliquer; il est plus vraisemblable d'admettre que les sels
manganeux attaquent certains silicates et surtout les humates de chaux qui
existent dans la terre et qui constituent le terreau.
Au point de vue agricole, l’action des sels manganeux sur la terre permet
de doser une chaux très assimilable dont l’action, sur la végétation, doit être
différente de celle du calcaire. . i
TÉRATOLOGIE. — Une lig nee de Giroflées à anomalies multiples et héréditaires.
Note de M. Garrau», présentée par M. Costantin.
Dans la Giroflée (Cheiranthus Cheiri L.) les monstruosités sont assez fré-
quentes et affectent plusieurs organes. On en a signalé déjà un grand nombre,
mais ces études ont le plus souvent été faites sur des exemplaires uniques
ou, s’il s’agit de nombreux exemplaires, sans ‘qu’on ait précisé leurs rela-
tions de parenté, ni étudié leur descendance.
Ayant trouvé, par hasard, un pied fortement aberrant, j'en ai semé les
graines et étudié trois générations successives. J’ai obtenu ainsi, à partir
d’une seule plante, un grand nombre d’anomalies, certaines déjà connues,
d’autres que je crois nouvelles, tout au moins pour le Cheiranthus. Pour
des causes diverses, mes semis ont été restreints, mais je suis persuadé que
des cultures plus étendues feront apparaître de nouvelles anomalies.
1° Embryons pluricotylés. — Tous les semis men ont donné avec un
pourcentage s’élevant parfois à 7 pour 100. Les embryons sont à 1, 3, 4
ou 5 cotylédons distincts, certains d’entre eux plurilobės.
2° Anomalies végpétatives. — Les feuilles à plusieurs pointes ou à expan-
sions latérales acuminées sont assez fréquentes. Beaucoup sont ondulées et
fortement gaufrées. Quelques pieds montrent une tendance à la fasciation
avec rameaux élargis et aplatis et une augmentation notable dans la densité
des feuilles.
3° Fleurs doubles proli feres no — Après un calice normal on
trouve un premier verticille de pétales, puis l'axe de la fleur s'allonge un
peu et porte une couronne de 10 ou 11 pièces pétaloïdes en deux verticilles
serrés; vient ensuite un nouvel pe de de l'axe et une nouvelle cou-
48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ronne pétaloïde, la même succession se répétant jusqu’à six fois sans qu'il y
_ait formation d’étamines ou de pistil. Toutes les fleurs du pied sans excep-
tion sont doubles et stériles. Le pourcentage de ces pieds doubles atteint
parfois 10 pour 100 ().
4° Fleurs doubles par prolifération du pistil. — Dans ce deuxième type de
fleurs doubles les sépales, les pétales ét les étamines se forment normale-
ment, mais le pistil évolue en une nouvelle fleur emboîtée dans la première.
Le pistil de deuxième ordre évolue à son tour en une fleur de troisième
ordre et ainsi de suite. Ici encore foutes les fleurs du pied anormal sont
doubles.
5° Fruuts plurivalves. — Certains pieds ont des fruits pluricarpellaires
donnant 3, 4 ou 5 valves avec des stigmates à 3, 4 ou 5 lobes. Ici la varia-
tion est moins complète et ne porte pas sur tous les fruits du pied aberrant
qui fournit des graines fertiles, même dans les fruits pluricarpellaires.
6° Fleurs intracarpellaires. — L'’anomalie se manifeste dès les premières
fleurs par la présence de trois ou quatre carpelles dans le pistil, muni de
trois ou quatre lobes stigmatiques. Ces pistils évoluent normalement et
donnent des fruits ayant plus de deux valves à graines bien constituées et
capables de germer. Les fleurs plus âgées du milieu de l’inflorescence ont
des pistils également à plus de deux carpelles, mais l'ovaire se renfle en
un point. Il s’y forme une véritable fleur intracarpellaire. Elle est attachée
plus ou moins haut sur le placenta qui porte au-dessus et au-dessous des
ovules atrophiés mais bien reconnaissables. La fleur intracarpellaire
provient donc du développement anormal d’un ovule. La fleur, très petite,
‘est complète avec sépales, pétales, étamines et pistil très bien formés. La
disposition et la forme, sinon toujours le nombre des pièces, sont normaux.
Les étamines, souvent au nombre de six dont deux plus petites, sont
dépourvues de pollen. Le petit pistil a toujours plus de deux carpelles et
renferme des ovules visibles bien que rudimentaires. L’un de ces ovules,
au lieu d’être arrondi, montre trois ou quatre mamelons latéraux et il est
très probable que si l’espace et la nourriture ne lui faisaient défaut, il évo-
luerait en une troisième fleur intracarpellaire emboitée dans les deux précé-
dentes. L’anomalie persiste jusque dans les dernières fleurs de l'inflores-
cence, toutes les fleurs de ces pieds sont donc anormales.
= (t) Des cas analogues de proliférations ae ont été signalés dans les Cruci-
fères, notamment dans la Cardamine.
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 49
Ces anomalies multiples (et quelques autres encore à l'étude), se pro-
duisant dans des directions et sur des organes très variés, apparaissant
plus ou moins développées à chaque génération, montrent qu'il existe
dans cette lignée de Giroflées un affolement général et très intense. Je me
propose d’en rechercher la cause et de vérifier dans quelle mesure ces
variations partiellement héréditaires peuvent se fixer.
ANTHROPOMÉTRIE. — Étude de 344 romanichels. Note de MM. A. Marie
et L. Mac-Auurre, présentée par M. Edmond Perrier.
D'une étude en cours sur ces étranges vagabonds que les Français
appellent romanichels, bohémiens ou tziganes et .que les autres peuples
dénomment de termes variés (gitanos en Espagne, zingari en Italie,
gypsies en Angleterre, zigouner en Allemagne, charami en pays arabes),
termes qui tous veulent dire voleurs, nous pouvons déduire dès aujourd’hui
quelques renseignements intéressants.
Au dire des historiens, les romanichels vinrent pour la première fois en
France au début du xv* siècle; ils appartiennent à une race orientale dont
l'origine est obscure; or, depuis cinq siècles, ainsi que le prouvent les
mensurations relevées par le Service d’Identité judicare; cette race n’a
pas été assimilée.
Nous avons étudié 344 romanichels arrêtés sur notre territoire, savoir :
145 hommes et 100 femmes, dont l’état civil atteste la naissance en Les
et 96 romanichels nés à l’étranger.
Les seules mensurations d'individus de cette catégorie qui dent élé
publiées jusqu’à ce jour sont indiquées dans les célèbres Tableaux de Deniker;
elles concernent 35 hommes tziganes de Hongrie, et l'indice céphalique
moyen a été trouvé de 79,9; nous observons sur nos 145 romanichels
français un indice céphalique presque analogue : 79: 16. Les romanichels
françaises présentent un indice généralement très voisin : 80,21. D'autre
part, l’indice des 99 romanichels étrangers est de 80,49 [la majorité de
ceux-ci étaient nés en Russie (31 sujets), en Belgique (22), en Spee (19)
et en Autriche (19 )|.
Les romanichels présentent donc comme caractères craniens s dominants
une mésocéphalie ou une sous-brachycéphalie très prononcée.
L'indice céphalique de la population française oscille, au contraire, entre
82,35 et 85,75, c'est-à-dire entre une D LS un élevée et
c. R., 1920, 2* Semestre. (|T. 171, N° 1.) 4
50 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'hyperbrachycéphalie. Mais les romanichels ont aussi d’autres caractères
ethniques qui les différencient de notre population : leurs yeux sont
fortement pigmentés (80,6 fois pour 100 pour les hommes; 67,02 pour
les femmes; moyenne française : 38,87 pour 100). Leurs cheveux vont
surtout du châtain foncé au noir pur (78,2 pour 100 chez les romanichels,
27,51 pour 100 chez les Français). Les cheveux d’un noir pur, qui sont
exceptionnels chez les Français(1,83 pour 100) sur 6335 individus, existent
(26 fois 6 pour 100) chez les romanichels français. La coloration rousse qui
doit être envisagée, sans doute, comme dérivée de l’albinisme et dégéné-
rative, est d’une fréquence quasi égale dans les différentes races euro-
péennes; on la rencontre 5 fois pour 100 chez les romanichels français,
4,03 pour 100 sur 6335 Francais.
Enfin, comme l’a montré Pittard, dans les races peu métissées, la taille
paraît influencer la valeur de l'indice céphalique; nos statistiques confirment
le fait pour les romanichels rires dont la taille s'élève en raison directe
de l’allongement du crâne.
Quant aux autres caractères somatiques, ils distinguent pen les roma-
nichels de l'ensemble de notre population.
= Voici les principaux chiffres fournis par les mensurations :
Dimensions moyennes des romanichels nés en France.
(Les chiffres entre parenthèses indiquent les moyennes des Français et Françaises
de même taille.)
Hommes. Femmes.
m > m
Fae a o a T 1,66 se f; ï
Bale a. RE 0,88 (0,88) 0,83 (o,827)
MINOR PES a dr ui. de 1,70 (1,689) 1,50: (1,556)
Coude. es 0,448 (0,4503) 0,413 (0,409)
MENUS ane: LE 0,114 (0,1133) 0,106 (0,104)
AOC di sounds .. 0,089 (0,0880) 0,082 (0,080)
A RS ee EE 0,259 (0,2576) 0,238 (0,234)
Longueur de tête... ....... 0,192 (0,1871) 0,182 (0,180)
Largéur de têtes, ano... 0,152 (0,1541) 0,146 (0,147)
Longueur de l'oreille, ...... 0,063 (0, 0640) 0,059 (0,958)
Pour les indices céphaliques, z pourcentage est le suivant :
Hommes Français Femmes
pour 100. pour 100. pour 100.
Dolichocéphales.. 724453 LE 2,68 2
Mésocéphales... 1455 40,6 23,28 37
Brachycéphles i... mea. bryg 50,14 57
Hyperbrachycéphales. , re 2,7 23,90 4
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 51
ENTOMOLOGIE. — Mode d'action du trioxyméthylène en poudre, sur la larve
d’Anophèle. Note de M. E. Rousaup, présentée par M. E.-L. Bouvier.
Dans une précédente Note ('), jai indiqué les conditions d'emploi de la
poudre de trioxyméthylène pour la destruction spécifique de la larve
d'Anophèle. Je préciserai ici les intéressants effets physiologiques sur les
organismes en question de ce produit qui me parait appelé à jouer un rôle
important dans la pratique antipaludique.
Ce sont les vapeurs de formaldéhyde, émises par les particules de poudre,
qui agissent sur les larves. La dissolution dans l’eau de ces vapeurs, au
cours d’un mouillage de quelques instants, rend la poudre inactive. Il faut
donc ne compter sur l'efficacité de la poudre qu'au moment de son emploi.
Une poudre inactive ou ingérée en quantité par trop insuffisante nen-
traîne pas la mort des larves, mais, au contraire, provoque leur immunisa-
tion, Des larves soumises par deux ou trois reprises à des ingestions ineffi-
caces parviennent à supporter des doses de poudre active plus de 5 fois
supérieures aux doses mortelles initiales. Mais cette immunisation rapide
n'est pas durable. Remises à une alimentation normale et soustraites à
- l'action de la formaldéhyde, les larves reprennent au bout d’une semaine
leur sensibilité première. Dans la pratique, on devra donc se garder de
renouveler trop fréquemment les pulvérisations larvicides; un délai maxi-
mum de 8 jours entre deux pulvérisations pourra être observé le plus avan-
ltageusement.
Dans la nature, d'ailleurs, des atteintes même légères aboutissent à peu
près sûrement à la mort des larves, parce qu'elles les mettent en infériorité
notoire dans la lutte contre leurs ennemis. Des larves ne manifestant qu’une
torpeur légère deviennent très rapidement la proie des insectes carnassiers,
toujours très répandus dans les mares, et dont elles n’évitent normalement
les attaques que dans la plénitude de leurs réactions motrices.
Les effets produits sur les larves par l’ingestion de la poudre de trioxymé-
thylène sont de deux sortes : une action neurotoxique, qui détermine très
rapidement la paralysie totale, et une action conservatrice, post mortem,
qui protège les tissus contre les bactéries de la putréfaction. Les larves
(*) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1521.
ea
52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mortes gardent, en effet, sensiblement l’aspect de la vie; elles peuvent
se conserver pendant des semaines sans que leurs tissus se décomposent :
on assiste simplement à l’autolyse partielle des éléments, à la pycnose des
noyaux, à la condensation du corps protoplasmique qui perd sa réfrin-
gence. L'action préservatrice réside, au moins au début, dans le milieu
intérieur de la larve, non dans les tissus eux-mêmes, car le lavage de ces
derniers, par une endosmose obtenue par submersion, amène une décom-
position microbienne rapide.
L'action paralysante s'explique par l'accumulation des particules de
poudre dans la région initiale de l'intestin moyen, au niveau de la grosse
masse ganglionnaire thoracique. Peu après l’ingestion, la larve s’engourdit,
cesse de manger, ne répond plus aux excitations et se laisse dériver par le
courant ou couler à pic. Malgré son état de mort apparente, la larve
demeure cependant vivante pendant un temps prolongé : les pulsations du
cœur, qui sont le seul indice extérieur de l'état de vie, restent percep-
tibles pendant au moins 12 heures. Le début de la mort réelle échappe à
l'observation.
La larve d'Anophèle paralysée, puis tuée par la poudre de formaline
ingérée, se trouve donc être dans un état curieusement comparable à celui
des proies que les Hyménoptères paralyseurs donnent en pâture à leurs
larves. J’ai déjà insisté ailleurs sur le double aspect neurotoxique et conser-
vateur du venin de ces Hyménoptères, et rapporté à l'existence de l'acide
formique dans ce venin la possibilité d’une action bactéricide. Les faits ci-
dessus s’accordent remarquablement déjà avec cette manière de voir : j'en
donnerai une confirmation directe dans un prochain travail.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — L’excrétion des colorants vitaux et la dégénérescence
chez les Ascidies. Note de M. Jean Durrexoy, présentée par M. Yves
Delage.
Les Ascidies vivent facilement 24 heures dans l’eau de mer colorée par
les bleus de iméthylène, de toluidine, de naphtylène, ou le violet dahlia,
mais elles y sont lentement intoxiquées.
I. La dégénérescence pigmentaire, rouge ou verte, des amœæbocytes,
s'exagère : les Ascidies des solutions colorées acquièrent une coloration
tégumentaire plus vive que les témoins.
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 53
IT. Les cellules se colorent vitalement, selon un mode électif, spécifique
de chaque feuillet :
Le bleu de toluidine colore les cellules (ectodermiques) de la paroi
péripharyngienne par de petites inclusions violettes, les grandes vacuoles
restant incolores (fig. 1, ect.); il colore les cellules endodermiques, en
particulier celles du bulbe anal, par l'agglomération d'un grand nombre
d’inclusions bleu verdâtre ( fig. 1, b, end.).
La coloration porte surtout sur les amæbocytes, en sorte que la branchie
paraît colorée comme par une injection du schizocæle. Des vacuoles vio-
lettes grandissent, se fusionnent en une grosse vésicule qui refoule le cyto-
plasme à la périphérie de l’amæbocyte gonflée en outre (‘). Le bleu de
naphtylène colore moins bien les cellules vivantes, mais peut cependant
teindre en bleu clair le cytoplasme, en bleu foncé quelques inclusions
cellulaires, et imprégner post-mortem la chromatine nucléaire; enfin, il-
colore électivement les tentacules ocellaires d’Anurella simplex H. de L.-D.
Contrairement à la tunique des Salpes, que le bleu de toluidine colore en
rose métachromatique sur l'animal vivant après quelques minutes, la
tunique des Ascidies ne s’est jamais colorée : elle ne contient pas de pento-
sanes que nous avons montré être ailleurs la cause de la métachromasie (?).
HI. Dans le schizocæle branchial (°) de Molgula ampulloides colorée
vivante, nous avons vu les amæbocytes colorés et vacuolisés devenir la proie
d'appareils ou Urnes ciliés.
Les « corpuscules petits... d’où partent en tous sens des filaments déli-
cals, >, figures par H. de Lacaze-Duthiers dans son Mémoire (*), gran-
dissent jusqu’à mesurer 6o” X 90% et, par une suite de transformations
(fig. U,, U,, U,,...), acquièrent la forme d’un entonnoir courbe : la
grande extrémité porte une rampe de cils qui font tourbillonner le liquide
cœlomique ; la petite extrémité se termine par une membrane ondulante,
(') TI existe d’ailleurs normalement une dégénérescence vacuolaire formant les
« grandes cellules claires à noyau latéral » de H. de Lacaze-Duthiers (loc. cit., p. 629)
homologues aux « vésicules énigmatiques des Siponcles » formées de même par dégé-
nérescence vacuolaire d’amæbocytes. d
Éd. Durrexoy, Bull. Ac. Méd., décembre 1919.
(*) Y. Derace et Hérouard; Traité Zool. concr., t. 8, ~
(*) H. pe Lacaze-Durmenrs, Les Ascidies aapi des ne 5 France (Arch: Zool. .
~ Bep, A 3, fig. T X).
54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
doublée d’une collerette de cils, qui aspire les amæbocytes vacuolisés dans
l’intérieur, où ils fondent en magma globuleux.
Ces « Urnes » apparaissent donc au faible grossissement comme des
amas intensément colorés, de même que se montrent vivement colorées en
bleu par un amas d’amæbocytes agglomérés les Urnes infiniment plus
Cellules de Molgüle colorées vitalement par le bleu de toluidine.
i j hom. ;L Stiassnie, Oc. comp.
"A amæœbocyt es; v, vacuole violet ; m, magma d'antan dasi une urne; U,, Urne jeune
(stade corpuscule de H. de Diese Die U,, Up U, Urnes âgées, vue DO AE de profil
et de face; f, e, cils de la rampe spirale; f’, cils de la pétite extrémité; ond., membrane ondu-
lante; ect., cellules péribranchiales: v.v, inclusions intra-cytoplasmiques viélettess = vacuoles
RE Nii end., cellules du fectum; b, inclusions bleu påle; F, mode d'insertion des c
grosses des Synapta rat que nous on vivre dans de l’eau de mer
colorée par le bleu de méthylène (')
Les Urnes des Siponculides agglomèrent, par leurs cils, les seuls amœæ-
bocytes dégénérés et pigmentés; les « Urnes » des Molgules, sous une forme
très peu différente, travaillent à débarrasser le cælome des amæbocytes usés,
que doit éliminer le foie. En effet, les frottis humides de foie d’Anurella
£1) Cf. Cuéxor, Bull. Stat. Biol. Arc., t91 1-1912, pegi.
Ț
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 55
simplex montrent des « Urnes » déformées, bourrées de granulations, et si
le foie ne se colore pas, c’est sans doute que les colorants y sont rapidement
réduits.
PROTISTOLOGIE. — Sur un complexe xéno-parasitaire morphologique et
physiologique, Neresheimeria catenata chez Fritillaria pellucida. Note de
M. EnouarD Cuarrox, présentée par M. Yves Delage.
Lohman (1896) a le premier signalé et Neresheimer (1904) a décrit,
sous le nom de Lohmanella catenata, devenu depuis Neresheimerta catenata,
un très singulier parasite des Appendiculaires du genre Fritillaria, aux
glandes génitales desquelles il se substitue.
Dans les Fritillaires parasitées on voit, à la place des gonades, dans la
moitié postérieure du corps, en arrière des poches intestinales, une formation
métamérique, à symétrie axiale, et dont l’axe coïncide avec celui de la
Fritillaire. Son article proximal, antérieur ou « céphalique » porte une
couronne de pseudopodes, ou mieux de rhizoïdes très ramifiés, qui enserrent
l'estomac comme en une sorte de corbeille. Il est creux, mais à paroi épaisse.
‘ Les articles suivants sont plus étroits, sbèthériues et également creux.
Leur paroi est formée d’un 'ivplatne semé de noyaux ovoïdes vésiculeux,
à gros caryosome central, entre lesquels Neresheimer avait cru voir un
clivage cytoplasmique, mais qui est toujours continu. La structure de
l'article dit « céphalique » est plus complexe : il est formé de deux zones
Concentriques, l’interne, constituée comme la paroi des autres articles,
l’externe, portant les rhizoïdes, également plasmodiale, mais à noyaux
massifs, très gros et de forme irrégulière (noyaux dits « pseudopodiaux »).
Les articles, en nombre variable, se multiplient en s’étranglant en leur
milieu. Les postérieurs sont libérés sous forme de sphères creuses, plasmo-
diales, immobiles.
De cette formation, Neresheimer a fait, en 1904, le type g un aiies
nouveau de mésozoaires, les Blastuloidea, caractérisés par leur structure
monoblastique et la forme blastuléenne de leurs larves. Mais, en 1908, il
éleva des doutes sur la validité de ce groupe, sans d’ailleurs modifier sa
conception du parasite. Entre temps, Hartmann (1907) tentait, d’après les
documents de Neresheimer, de représenter Meresheimerta comme l'évolution
asexuée d’un Orthonectide. V. Dogiel (1908), au ini saen ; : |
4
56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Neresheimeria des autres mésozoaires et l’annexait à ses Catenata, dont le
genre type, Haplozoon, est, comme je le montre par ailleurs, un Péridinien
très modifié par le parasitisme.
J'ai repris, au Laboratoire Arago à Banyuls-sur-Mer, l’étude de
Neresheimeria chez les Fritillaires, et suis arrivé à une conception de la
structure et de la nature des formations décrites sous ce nom, toute diffé-
rente de celles de mes prédécesseurs.
Chez les Fritillaires normales, pourvues de leurs glandes génitales, il
existe entre les deux processus furcaux postérieurs, là où le testicule affronte
le tégument, un organe spécial, passé jusqu'ici inaperçu, et que j'appellerai
_« plaque syncytiale ». C’est une masse cytoplasmique comprimée entre le
testicule et la paroi et qui joue sans doute un rôle dans l’évacuation du
sperme. Elle porte des rhizoïdes d'aspect identique à ceux de l’article cépha-
lique de Neresheimeria, mais bien moins développés. Elle est plasmodiale
comme lui et ses noyaux sont exactement du type des noyaux pseudopodiaux
de sa zone externe. Elle existe chez tous les Fritillaires indemnes et fait
défaut chez celles qui sont parasitées.
Comme l’a bien vu Neresheimer lui-même, lorsque la Neresheimeria en est
encore réduite à son article céphalique, il y a dans celui-ci une discontinuité
très nette entre la sphère interne à noyaux vésiculeux et la sphère externe à
noyaux massifs. Celle-là apparaît alors comme un corps étranger inclus dans
celle-ci. Ce n’est que plus tard que s'établit la continuité, et en même temps
s’accroissent les rhizoïdes,. |
Je considère Neresheimerta, telle qu’elle a été comprise jusqu'ici, comme un
complexe formé de la plaque syncytiale, organe de l'hôte, et d’un plasmode
‘parasite de structure uniforme, mais creux et bourgeonnant. Nettement
intracellulaire au début de son développement, il le reste dans la suite; la
file des articles est contenue dans un étui en continuité avec la zone à noyaux
pseudopodiaux, et qui porte aussi au pôle opposé quelques rhizoïdes non
accrus. Cet étui, qui représente la plaque syncytiale réduite à une mince
paroi, ne se rompt que sous la poussée des articles près de se libérer.
Je wai pu suivre complètement la destinée des sphères libres. Elles
continuent à se scinder, probablement jusqu’à la formation d'éléments
` uninucléés, sexuės on asexués. Cette évolution suggère un rapprochement
avec les Paradinium, C ryptomonadines cime parasites des Copé-
` podes pélagiques.
Il y a une autre lacune dans l'étude du cycle évolutif, qui comprend
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 57
l’infestation même de la plaque syncytiale et sa migration jusqu’à l'estomac.
Je pense que cette migration s'effectue en rapport avec la régression des
glandes génitales qui entraînent la plaque syncytiale parasitée. Celle-ci
n’accroit ses rhizoïdes qu’arrivée au contact de l’estomac.
La plaque syncytiale est devenue dès lors la nourrice du parasite, et subit
de ce fait une hypertrophie fonctionnelle de sa masse et de ses rhizoïdes.
Elle est non seulement exploitée, mais asservie par lui. Elle devient elle-
même parasite de l’organisme auquel elle appartient, intermédiaire actif
entre lui et l'intrus. Il y a là tout autre chose que le parasitisme intracellu-
laire banal, où le parasite ne fait qu’épuiser la cellule, le tissu, l'organe où
il siège.
Le complexe ainsi formé est si intime qu'il apparaît morphologiquement
et physiologiquement comme un tout indivis, comme un organisme auto-
nome, dont la connaissance du développement seule peut montrer la
dualité.
Neresheimeria n’est pas le premier exemple d’une semblable association.
Les lymphocytes des Oligochètes infestées de microsporidies (Mrazek), les
cellules intestinales des herbivores et des marsupiaux parasitées par les
Gastrocystidées (Chatton, Gilruth et Bull) en sont d’autres, où l’on voit
non seulement la cellule s’hypertrophier, mais édifier de toutes pièces des
brosses ou des chevelus de filaments, puissants organes d'absorption. De
récents travaux soulèvent la question de savoir si les microsporidies poly-
porulées et même les sarcosporidies ne seraient pas, elles aussi, de semblables
complexes xéno-parasitaires.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur l'épuration des eaux d’égout :
par les boues activées. Note de M. R. Causrer, présentée par M. Schlæsing.
Les boues activées contiennent une notable proportion de fer à l’état de
sulfure, qui contribue à leur donner leur coloration foncée. Lorsque, pour
une raison quelconque, leur activité vient à diminuer ou à disparaître, il.
n’est pas rare d'observer qu'elles prennent une coloration rougeâtre due à
la présence d'hydrate ferrique. Toutes les causes qui tendent à détruire le `
sulfure de fer ou à modifier son état physique (acidité du milieu, chaleur, |
agents coagulants, etc.) tendent également à à détruire l’activité des boues.
J'ai donc été conduit à rechercher si l'addition de sulfure de fer à des
+
58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
boues peu actives ne suffirait pas à rétablir leur propriété épuratrice ou leur
pouvoir nitrificateur.
L'expérience suivante porte sur deux échantillons A et B de boues (provenant de
l'usine de Colombes) devenues à peu près inactives tant au point de vue de leur pro-
priété de fixer l’ammoniaque qu’à celui de la nitrifier. Ces boues ( 300%") étaient
mises chaque jour en contact avec de l’eau d’égout fraîche (11) et aérées pendant
14 heures. À un moment donné, on y a ajouté environ 458 de sulfure de fer, soit en
nature à l’état fraîchement précipité, soit à l’état de précipité formé au sein même de
„la boue en y versant goutte à goutte et simultanément des solutions équimoléculaires
de sulfate ferreux et de sulfhydrate d’ammoniaque. Les chiffres suivants, relatifs
à l’eau après traitement, sont comme d'habitude exprimés en milligrammes d’azote
(ammoniacal ou nitrique) par litre.
I (boue A). II (boue A). HI (boue B).
RE A" A —
Az Hè. Az OH. AzH5, Az OH. AzH5. Az OH.
Mars :-
Du 3au12... pasdefixation o pas de fixation © pas de fixation ©
Du 12 au 13. . » o » o » I
Du 13 au 14... » o » i3 pr. 3
Da r4-au 19... » o » 2 » 3
Du 15 au 16... traces 30 » 2 » A
Du 16 au 15... » 18 traces 80 fixat. partielle 8
Du 17 au 19... » 13 » 20 fixat. pr.totale 22
Du 19 au 20... » ETE, » 17 3 28
Du 20 au 21... » 20 » 18 traces 26
Nota. — I (boue A): le 15, addition de SO* Fe + Az Ht SH. — IT (boue A) : le 16,
addition de SO*Fe+AzH*SH. — HI (boue B): le 15, addition de FeS en nature.
On voit que la réactivation de la boue a coïncidé très exactement avec
l'introduction du sulfure de fer, aussi bien en ce qui concerne la fixation de
l’ammoniaque qu’en ce qui concerne la nitrification ultérieure de celle-ci.
Les chiffres élevés d'acide nitrique observés avec la boue A tiennent à ce
que, d’après la manière d’opérer, une certaine quantité de sulfate d’ammo-
niaque a été introduite en même temps que le sulfure de fer, et cette
quantité supplémentaire s’est trouvée fixée et nitrifiée en même temps que
l’ammoniaque de l’eau d’égout.
Une autre expérience a été faite avec des hones P également de
l'usine de Colombes) fixant bien l’ammoniaque, mais ne nitrifiant que très
faiblement; ces boues étaient rougeâtres. Dans l'essai I ci-après, je me suis
-borné à ajouter à ces boues un peu de sulfhydrate d’ammoniaque pour
»
m
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 59
Là
ramener, à l’état de sulfure, le fer qu’elles contenaient normalement ; dans
les essais IT et HI, on a ajouté, comme ci-dessus, quelques gouttes de solutions
équimoléculaires de sulfate de fer et de sulfhydrate d’ammoniaque, de
manière à former environ 45™s de FeS au sein même de la boue.
ARE Dr rh II. i
Az H?. Az OH, Az H3. AzOSH, Az Hi. Az OH.
Du 26 au 27 avril..... traces 7 traces 6 traces 2
D ds | Addition de Addition de Addition de
| AzH:SH SO*Fe + AzH*SH SO: Fe + AzH*SH
Du 27 au 28 avril. .... traces 80 traces 55 traces D)
Du 28au29 » ..... » 17 » 14 n 13
Di sgag 86: + So » 13 » 8 » B
Du 30 avril au 1°" mai. » 17 » 10 » 8
Do tiu Piper: » 18 » 5 » NRC
De 3 ooh rooi. » 13 » 13 » 2
Cette fois encore, l'apparition du pouvoir nitrificateur a coïncidé avec
l'apport du sulfure de fer dans la boue. Je me suis d’ailleurs assuré par
l'expérience suivante que le sel ammoniacal introduit en même temps que
le sulfure de fer n’avait sur les mêmes boues aucune action excitante :
Az H’. Az OH.
Ha o ad 7 Jun 00 . traces 3
Dar an Sin rec n 6
Du 8 au CE PR Tr yas » 3
DO OIE cise a a Addition de 28”s d'azote ammoniacal par litre d'eau
Da -9 fa to juin... traces 5
US NAT PT TR Or » 2
Diek B0 m soon D. » ; I
J'ai constaté enfin que l’eau d’égout, additionnée de sulfure de fer, en
l'absence de boues actives, ne subit aucune épuration. Dans ces conditions,
l’ammoniaque n’est pas oxydée par le courant d'air, bien que la petite
‘Juantité de sulfure de fer introduite soit intégralement transformée en
hydrate ferrique. : aion
La présence de la boue paraît donc nécessaire, soit que cette boue (ana-
logue à l’humus de la terre végétale) constitue avec l’ammoniaque un com-
plexe plus aisément oxydable que cette ammoniaque elle-même, soit que
60 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le fer y trouve des conditions favorables pour récupérer, au fur et à mesure
de son travail catalytique, l’état de sulfure ferreux (').
Quoi qu’il en soit, le sulfure de fer contenu normalement, ou artificielle-
ment introduit dans la boue, paraît être un important facteur de l’action
épurante et nitrifiante que cette boue présente à l’égard de l’eau d’égout.
TOXICOLOGIE. — Acton physiologique de l’éther diméthylique dichloré
symétrique. Note de MM. Axpré Maver, L. Pranreros et A. Touaxay,
_ présentée par M. Henneguy.
Plusieurs éthers-oxydes halogénés sont des composés nocifs par l’irri-
tation des voies respiratoires et les lésions du poumon qu'ils déterminent.
Mais parmi eux l'éther diméthylique dichloré symétrique (?) mérite de
retenir l’attention par une autre propriété. Il fournit, on va le voir, un
exemple très curieux de spécifité pharmacologique.
l. ACTION IRRITANTE ET TOXIQUE DE L'ÉTHER DIMÉTHYLIQUE DICHLORÉ. —
Lorsqu'on place un sujet dans un mélange d'air et de vapeurs d’éther
diméthylique dichloré, on constate que ce corps est un peu irritant pour les
yeux sans être à proprement parler lacrymogène. Il n’est pas vésicant.
Mais il est irritant et pour les premières voies respiratoires et pour les voies
respiratoires profondes. Si on laisse des chiens ou des chats pendant
30 minutes dans le mélange d’air et de vapeurs, on constate que les ani-
maux meurent dans les cinq jours qui suivent l’inhalation, si la dose de
vapeurs atteint 25 par mètre cube d'air pour le chien, moins de 18 par mètre
cube d’air pour le chat. La mort est due à l’apparition d’un œdème pulmo-
naire qui peut être massif. L’éther diméthylique dichloré se range a la
catégorie des corps suffocants.
(*) Il existe des exemples de substances qui ne sont pas oxydables directement par -
l'air, mais qui le deviennent en présence d’une autre substance elle-même facilement
oxydable. C’est ce qu’on a appelé catalyse induite ou réaction parentraînement. Ainsi,
l'arsénite de sodium en solution aqueuse ne s'oxyde qu'avec une extrême lenteur
_sous l’action de lair seul; il se transforme rapidement en arséniate si l’on opère en
présence de sulfite de du m, lui-même très oxydable.
(°) Les échantillons qui ont servi à nos recherches ont été préparés à l’état de
pureté par M. Kling.
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. Gt
IT. ACTION SPÉCIFIQUE DE L'ÉTHER DIMÉTHYLIQUE DICHLORÉ. — Les chiens
à qui l’on a fait inhaler le mélange nocif ne présentent tout d’abord
rien d'autre qu’un peu de gène respiratoire et quelquefois un léger trem-
blement, de la salivation, des vomissements. Ce sont là des faits banaux
après l’inhalation de produits irritants. Mais environ 2 heures après l’inha-
lation, quand les animaux ont été placés dans le mélange à 25 par mètre
cube et plus tôt si la dose inhalée a été plus forte, les chiens abandonnés à
eux-mêmes commencent à présenter des phénomènes singuliers. Il s’agit de
troubles neuromusculaires très particuliers, que nous avons étudiés avec
M. A. Tournay. A certains moments, sans que l’on soit averti par rien
d’apparent, l'animal, jusque-là couché, est surpris par un mouvement brusque
et irrésistible. Ce mouvement est généralement un mouvement de rétropul-
sion du tronc, analogue à celui du chien qui cherche à se relever. Moins
fréquemment on observe des mouvements de latéropulsion, mais toujours
brusques et ne paraissant pas soumis à la volonté de l’animal. Quand le
chien est debout et essaie de marcher, sa démarche est interrompue par des
mouvements des membres très brutaux, et exagérés. Il semble que ces
mouvements aient pour objet de rattraper l'équilibre, qui se trouve violem-
ment dérangé par les mouvements impulsifs du tronc. Après quelques essais
de marche, l’animal tombe, ou bien il vient s’accoler à une paroi contre
laquelle il demeure appuyé. Chaque fois que l’animal essaie de se déplacer,
on assiste aux mêmes phénomènes : mouvements irrésistibles, perte de
l'équilibre. Ces troubles durent 2 ou 3 heures et les animaux après ce temps
paraissent complètement épuisés. Ils demeurent couchés, immobiles.
Pendant toutle temps qu’on peut observer les troubles que nous venons de
décrire, existe simultanément un phénomène frappant. Les animaux pré-
senlent un nystagmus extrémement marqué. Chez tous ceux que nous avons
vus, le nystagmus était vertical. L'abaissement des yeux se faisait très
brusquement, et l’élévation un peu moins, sans être cependant très lente.
Après 20 heures, tous ces symptômes disparaissent. Le.
Fait remarquable, nous ne les avons observés que sur les chiens. Les
chats ne présentent rien d’ analogue. Les lapins montrent des phénomènes
convulsifs (couvulsions toniques puis cloniques) mais qui ne sont pas compa- |
rables aux symptômes que nous venons de décrire.
Ainsi l’éther diméthylique dichloré symétrique provoque chez le chien |
des troubles très particuliers de l’équilibration, accompagnés de nystag-
mus. Ce EE Le parait donc avoir, dans cette espèce animale, une action
62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
spécifique sur l'appareil nerveux central assurant l'équilibration, et peut-être
même, plus précisément, sur l'appareil labyrinthique.
M. C. M. Dasrowsxi adresse un Mémoire intitulé : Essai de définitions
axiomatiques des notions fondamentales de la Géométrie, celle-ci n’étant
traitée que comme un chapitre de la Théorie des ensembles.
A 16 heures et quart, l'Académie se forme en Comité secret:
q ;
La séance est levée à 16 heures et demie.
SÉANCE DU 5 JUILLET 1920. 63
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES DE MARS 1920.
Science and Learning in France with a survey of opportunities for american
students in french universities. À n appréciation by american scholars. The Society
for american fellowships in french universities, 1917. Chicago, Donnelley and sons,
ENEP VOI. 29%,
Précis de Botanique forestière et biologie de l'arbre, par L. CaancergL. Paris-
Nancy-Strasbourg, 1920; 1 vol. 24%, 5. (Présenté par M. Gaston Bonnier.)
Traité pratique de Sylviculture; exploitation forestière et boisement, par LUcIeN
CnancereL. Paris, Sr rareViUArS; 1920; 1 vol. 25%, (Présenté par M. Gaston Bon-
nier.)
Flore forestière du globe, par Lucien CuancereL. Paris, Gauthier-Villars, 1920;
1 vol. 25%, (Présenté par M. Gaston Bonnier.)
La guerre des gaz et les travaux des services chimiques français, par le Colonel
Vmer. Paris, Chimie et industrie, 1920; 1 fasc. 27,5. (Présenté par M. Moureu.)
De quoi s'agit-il, en somme, dans la gymnastique respiratoire d’après le docteur
Édouard Maurel, par Louis Morrez. Rennes, imprimeries Oberthür, 1920; 1 fasc. 27°.
Les richesses économiques de Alsace-Lorraine, par Epmonn Tnéry. Préface du
général R. Bourceors. Strasbourg, Imprimerie strasbourgeoise et Paris, hi
européen, 1920; 1 vol. 17%. (Présenté par M. A. Haller.)
Causeries philosophiques, par A. Bavourgau. Paris, Gauthier-Villars, 1920; 1 vol.
22°%,5. (Présenté par M. Lecornu.)
Bulletin de la Société de Pathologie exotique, tome XII, 1919. Paris, Masson, 1919;
1 vol, 25%, (Présenté par M. Laveran.}
Catalogue des mouvements propres de 5671 étoiles, par M. Josern Bossenr, ouvrage -
posthume publié par L. Scmurnor, suivi de deux Notes de L. ScauLuor (sous presse);
I voL : :
Aux Dardanelles, à Lemnos, sur les bords du Vardar; souvenirs de guerre,
1915-1916-1917, par Peaupereu. Nice, s. d.; 1 vol. 18%,
The Theory of the Imaginary in Geometry together with the Pagony of
the Imaginary, par J.-L.-L. Harron. Cambridge, University Press, 1920; 1 vol. 240.
6à ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du 28 juin 1920.)
Note de MM. Lespieau et Bourguel, Production des carbures acétylé-
niques vrais à partir de l’épidibromhydrine :
Page 1585, ligne 2, au lieu de Vépidibrombydrine a, CH?Br.CBr = CH Br, lire
l’épidibromhydrine æ, CH? Br.CBr = CH?.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 12 JUILLET 19920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le P:ag£simexr annonce que la séance publique annuelle de l’Académie
des Sciences aura lieu le 20 décembre prochain.
CHIMIE. — Action catalytique des sels de cuivre sur l'oxydation à l'air
des composés ferreux. Note de MM. L. Maquexne et E. Deuocssy.
Suivant leur degré d’oxydation, les sels de fer agissent comme réducteurs
ou comme oxydants : au minimum, ils réduisent tous les oxydants en se
transformant en sels ferriques ; ; au maximum, ils sont réduits par la pispart
des corps très oxydables, minéraux ou organiques, qui les ramènent à l'état
de sels ferreux. La première de ces deux réactions s'effectue de préférence
en milieu alcalin, ce qui montre qu’elle est attribuable surtout à l'hydrate
ferreux résultant de la décomposition du sel employé; la seconde se produit
au mieux en liqueur acide. C’est ainsi que les sels ferreux précipitent de
l’oxyde cuivreux des solutions alcalines de cuivre et que, inversement, les
sels ferriques, en solution dissolvent l’oxyde cuivreux en FEpR à-
létat de sels ferreux. |
Le sens du phénomène étant ainsi sous la dépendance de la réaction dé
milieu, il doit, parmi toutes ces réactions, en exister une pour laquelle il se .
produit. entre les deux effets contraires dont nous venons de parler, va
équilibre mobile qui pourra être rompu par tout changement accidentel de
la composition des liqueurs, la précipitation, par cuciiole, d’un de leurs ;
composants, d’où activation de la réaction Ea sms qui est ici
D
C. R., 1920, 2° Semesire. (FT, DULE 29)
:
66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la peroxydation du fer. C’est précisément ce qui a lieu et ce qui explique
les curieux effets de catalyse que nous avons vus se produire dans les
mélanges de sels de cuivre et de sels ferreux exposés à lair. L'étude de
cette question était pour nous particulièrement intéressante parce qu'on
peut la compter au nombre de celles qui s’'accomplissent naturellement dans
le sol, grâce au cuivre qu’il renferme toujours, et quelquefois, comme nous
l'avons fait voir récemment, en grande quantité (").
L’addition de sulfate de cuivre à un sel ferreux renfermant un acide fort,
comme le sulfate de fer ordinaire, reste à peu près sans effet; c’est à peine
si, du jour au lendemain, TTL de sulfate de cuivre augmente un peu le:
léger louche que prend à l’air une solution au millième de sulfate ferreux.
Mais les choses se passent tout autrement avec un sel à acide faible, facile-
ment hydrolysable, comme l’acétate de fer ou, ce qui revient au même, un
mélange de sulfate ferreux et d’acétate de sodium : une trace de sulfate de
cuivre donne alors lieu, dans l’espace de quelques heures, à une précipita-
tion beaucoup plus abondante que celle qui se produit sans cuivre, et le
titrage du fer resté au minimum montre que cette précipitation est corréla-
üve d’une oxydation également plus rapide.
L'expérience suivante est relative à une solution renfermant par décilitre
100" de sulfate ferreux cristallisé et différentes doses d’acétate de sodium,
le tout additionné ou non de o"8,2 de sulfate de cuivre (supposé anhydre,
comme dans tout ce qui va suivre). Les chiffres indiquent, en milligrammes,
les poids du fer qui a été suroxydé après un ou deux jours de repos.
10027 C? Pe Na ohi Si HO? Na 5007s C? H0? Na
> M An a " ss
D sans Cu. avec Co: sans Cu. avec Cu. sans Cu. avec Ci.
Ee wg mg mg mg - mg mg
Après 24 heures... 2,4 Dp 3,9 6,5 6,9 739
Après 48 héures... 3,1 0 se 7,9 737 8,9
Dans les trois cas le cuivre a favorisé l'oxydation du fer, d'autant plus
énergiquement que les liqueurs renfermaient moins d’acétate; on sait d’ail-
leurs que l’acétate ferreux est beaucoup plus altérable que le sulfate.
L'addition préalable au mélange d’une seule goutte d’acide acétique suffit
à retarder notablement la réaction, ce qui tient à ce que le coefficient
d'hydrolyse de l’acétate ferreux est alors abaissé. Celle d’un acide fort pro
duit naturellement le même effet, avec plus d'intensité.
Certaines des fonctions acides de l'acide phosphorique étant assimilables
(1) Magouenne et Deuoussy, Comptes rendus, t. 169, 1919, p: 937.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 67
à celles des acides faibles, il était à présumer que les phosphates solubles
agiraient dans le même sens que l’acétate de sodium, c’est-à-dire en favo-
risant l’oxydation du fer, qui alors doit se précipiter à l’état de phosphate
ferrique, plus rapidement en présence de cuivre que sans cuivre. C’est bien
ce qui a lieu, et nos recherches ont porté surtout sur des mélanges de sulfate
de fer et de phosphate monopotassique, composés qui, éventuellement,
peuvent se trouver en présence dans la terre. |
L'action est exactement la même et plus nette encore qu'avec l’acétate de
sodium. Le Tableau suivant fait connaître les poids du fer oxydé après 1,
2 et 3 jours d'exposition à l'air dans des solutions renfermant 3 2"* de cuis
ferreux et 80™!: ou 320% de phosphate acide de potassium ponr 100", avec
ou sans LEk de sulfate de cuivre.
Après 24 heures Après 48 heures Après 12 heures
o ŠM a_a
Sans Cu: Avec Cu. Sans Cu. Avec Cu: Sans Cu. Avec Cu.
Se mg mg mg mg mg Ee.
80% PO*KH2..... 0,9 1,2 0,8 27 0,8 5,9
3205 PO:KH°?..... 1,2 4,3 1,5 5,0 1,9 F4
Avec un grand excès de phosphate, allant jusqu’à 25 fois le poids du
sulfate de fer employé, les résultats sont encore les mêmes: l'addition
de o™s, 2 de sulfate de cuivre à 100°" d’une dissolution renfermant 40% de
sulfate de fer et 1 de phosphate monopotassique suffit à doubler la quantité
de fer oxydé dans l’espace de 24 heures.
La présence d’un excès, même très faible, d'acide diminue encore consi-
dérablement la vitesse de la réaction; c’est ce que montre l'expérience
suivante, relative à des solutions renfermant 406 de sulfate de fer, 200"
de phosphate monopotassique et 0%, 2 de sulfate de cuivre pour 100%, plus
les quantités d’acide sulfurique réel indiquées ci-après.
Fer oxydé
m après 24 heures.
Sans PRG D'ACTE or o vo o +0 A a us 3,6
Avec LES AE Sins Re on 3,3
Avie W a a a PAP A RCE den À es 2,1 r
eec ga ae ie aa a 1,4 X
On voit ue l'effet retardateur de l’ acide nn est déjà sensible à à la ;
dilution de re
Dans les opidi normales, c'est- à-dire sans excès d acide, la vitesse, :
de réaction dépend à la fois des quantités de phosphate et de sulfate de +
Cuivre mis en œuvre; avec une liqueur contenant par litre 400" de sulfate
68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de fer (exactement 79"8,1 de fer métallique), 258 de phosphate et 08,2 ou
o™s 8 de sulfate de cuivre, on a obtenu les résultats suivants :
m
Fer oxydé après
bs
— 222222222000" à
1 jour. 2? jours. 3 jours. 5 jours. 7 jours. 16 Jours:-25 jours.
x mg mg mg mg mg mg m
DanS CUIVrE yen 8,6 12,0 9,9 I 18,9 29, ,
3,8
Avec 08,23 CuSO*. 20,6 23,8 31,0 Sen 36,1 49,9
Avec o"8,8 CuSO*. 36,1 44,7 49,9 99-0 60,0 68,8
Après 25 jours, avec la plus forte dose de cuivre, l'oxydation a porté sur
les 0,93 du fer initial, tandis que sans cuivre elle n’en avait atteint que
les 0,37. Le cuivre a ainsi par sa seule présence provoqué l'oxydation d'un
poids de fer 56 fois supérieur au sien; à dose 4 fois moindre il en avait
ox ydé proportionnellement 2,5 fois plus.
La vitesse d’oxydation diminue, comme on le voit, très vite, non set-
lement à cause de l’appauvrissement des liqueurs en fer soluble, mais aussi
par suite de leur enrichissement en acide libre, agissant, ainsi que nous
l’avons dit plus haut, comme rétardateur. Au début, cette vitesse est assez
grande pour donner lieu, après un quart d'heure seulement, à un trouble
qui va en s’accentuant de plus en plus. Ce trouble ne tarde pas à se
convertir en un précipité floconneux blanc jaunâtre qui présente sensi-
blement la composition de l’orthophosphate ferrique PO‘Fe, 2H20 (fer
dosé 28,2 pour 100), avec seulement des traces de cuivre; celui-ci reste à
peu près entiérement en dissolution, ce qui lui permet de poursuivre son
rôle de catalyseur. Celui-ci se manifeste à des doses extraordinairement
faibles, ainsi qu'en témoigne l'expérience suivante, faite avec 100°" d’une
solution renfermant 68,4 de fer métallique, à l'état de sulfate, 28 de phos-
phate monopotassique et une très petite quantité de sulfate de cuivre.
N Fer oxydé
. après ? jours.
mg
Sans Calia ooa its ea tres 0,4
Avec 06, 002 de Go (melal Run ere ka
Avec o™Ss, oio 9 RE D AU 1,3
D'après cela, la limite de dilution à laquelle le cuivre commence à agir
serait voisine de +, c'est-à-dire du même ordre que celles où l'on
voit les diastases et leurs coenzymes produire leur premier effet. Nous avons
dit précédemment que, de même encore que les diastases, le cuivre est
éminemment sensible, dans ses actions catalytiques, à la réaction du milieu;
»
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 69
si nous ajoutons qu'il est également influencé par la température on ne
pourra s'empêcher de voir entre le phénomène que nous venons de décrire
et les actions diastasiques une analogie profonde qu’il importe de signaler
et qui pourra peut-être rendre compte de certains effets produits par le
cuivre sur les organismes vivants. De ce qui précède il résulte déjà que
son action sur les sels ferreux, bien que d'ordre exclusivement chimique,
est aussi sensible que celle qu'il exerce sur la végétation.
Il est remarquable que le manganèse, dans les mêmes conditions, ne
donne rien de semblable. Dans le vide, comme avec les oxydases, il ne se
produit naturellement aucune réaction, non plus qu'entre liqueurs bouil-
lantes et préalablement privées d'air.
En résumé, il ressort de cette étude que :
1° Les sels de cuivre exercent sur les composés ferreux une action cata-
lytique qui a pour effet de favoriser leur oxydation à l'air;
2° Cette action activante, appréciable déjà aux plus extrêmes dilutions
et sensible aux moindres changements de composition du milieu, est dans
une certaine mesure spécifique (') et par conséquent comparable à celle
des diastases, dont elle ne diffère qu’en ce qu’elle s’exerce en l’absence de
toute matière organique ; |
3° L'effet dont il s’agit se manifeste dans des solutions assez étendues
pour que l’on puisse admettre ‘que la dissociation électrolytique des sels
ferreux et cuivriques qui s’y trouvent est totale; il est donc indépendant du
degré d’ionisation de leur mélange; par contre, de ce qu'il porte surtout sur
les sels de fer à acide faible, il faut conclure qu'il est en rapport direct avec
leur dissociation hydrolytique.
CYTOLOGIE VÉGÉTALE.— Vacuome, plastidome et sphérome dans l Asparagus |
verticillatus. Note (°) de M. P.-A. are:
Je me propose dans cette Note de décrire la constitution cellulaire dans
l Asparagus verticillatus en utilisant les notions nouvelles que j'ai introduites
en histologie végétale. :
(!) Parmi les autres matières minérales seħsibles à la même influence, on peut p-
les sulfites alcalins, dont la solution s’oxyde rapidement à l'air en présence d’ une trace.
de cuivre; c’est une des causes d’altération bien connue des bains de développement
eà photographie.
(*) Séance du 5 juillet 1920.
70 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il est important de bien spécifier tout d’abord que les trois systèmes
indépendants que j'ai caractérisés dans la cellule végétale, vacuome, plasti-
dome et sphérome peuvent être aperçus, sur le vivant, sans l’aide d'aucun
réactif : l'emploi de méthodes histologiques perfectionnées permet simple-
ment de mieux suivre ces éléments dans leur évolution, de les reconnaître
dans la profondeur des tissus et de mieux préciser teuts diverses transfor-
mations et leur rôle.
Ainsi, en examinant les cellules des écailles d’un jeune turion, on voit
nettement : 1° les plastes ou plastides qui ont la forme de corpusculés
réfringents et qui sont d'ordinaire locälisés à la surface du noyau central ;
2° les métachromes ou vacuoles élémentaires, ordinairement sphériques,
plus ou moins nombreuses et dispersées dans le cytoplasme; 3° des sphé-
rules brillantes, plus petites, disséminées entre les plastes et les vacuoles
“élémentaires (fig. 1-2).
Ce sont bien là les éléments de nos trois systèmes et l'existence du
vacuome, du plastidome et du sphérome étant ainsi mise hors de doute par
l'observation directe, il s’agit maintenant de les étudier en détail, en s’aidant
de toutes les ressources dont on peut disposer : on arrivera ainsi à suivre
l’évolution de chacun d'eux et à préciser leur rôle.
1° Le vacuome. — Les premiers stades d'évolution du vacuome peuvent
être observés facilement soit en se servant d’un colorant vital, soit en exami-
nant celles des jeunes cellules qui produisent de l’anthocyane.
S'il s'agit de cellules incolores, comme celles du point de végétation, la
métachromatine des vacuoles élémentaires ou métachromes se colore en
bleu, en violet ou en rouge: à l’intérieur, apparaît un corpuscule métachro-
matique (fig. 3); parfois, il s’en produit deux : ce sont ces vacuoles élé-
mentaires qui, dans les cellules plus âgées, s’allongent en bâtonnets, se
réunissent en un fin résean (fig. 4), se groupent aux deux extrémités de
la cellule, souvent réunis d’un pôle à l’autre par des formes filamenteuses,
avant de se fusionner pour donner les vacuoles ordinaires ( fig. 5).
Si l’on observe des cellules produisant l’anthocyane de très bonne heure,
il n’est pas nécessaire d'employer un colorant vital : l’anthocyane coloré
les vacuoles élémentaires en rouge et l’on voit avec la plus grande netteté
le passage de la forme sphérique, À la forme en bätonnet, à celle de fila-
ments plus ou moins allongés et plus ou moins flexueux qui s'unissent
généralement en un beau réseau avant de donner naissance aux vacuoles
ordinaires ( fig. 6).
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 71
L'acide osmique, agissant sur ces vacuoles à anthocyane, précipite à leur
intérieur un grand nombre de corpuscules et de granulations de couleur
noire qui se groupent de façon variable, soit en amas, soit en chai-
nettes = 7); le nombre de ces granulations est naturellement en rapport
avec le volume des vacuoles; il arrive parfois que les plus petites vacuoles
prennent en entier uñe teinte brune, sans qu’il y ait précipitation de gra-
nules.
Le vacuome de l Asparagus Gerketllalas renferme donc comme partout -
ailleurs une solution à l’état colloïdal de métachromatine qui peut être
précipitée par différents réactifs en corpuscules métachromatiques : ici,
le suc qui reste après la nee des corpuscules conserve en pe
une teinte rose. n
L'évolution du vacuome se fait ainsi chez Pem. suivant ri mode
que j'ai découvert chez un grand nombre de plantes et qui a certainement 5
un caractère de grande généralité; p me e perai ieir era er o
deux points :
72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1° Les vacuoles élémentaires ou métachromes n'ont rien à voir avec les
plastes; tout corpuscule métachromatique précipité de sa solution dans
une spore ou dans un kyste, par déshydratation, peut, lors de la germi-
nation avec l'arrivée de l’eaù, donner une vacuole nouvelle : ainsi s'établit
d'ordinaire la transmission du vacuome d’une génération à l’autre; comme
ces corpuscules de métachromatine, de toute évidence, ne sont pas des
éléments vivants, il en résulte que les métachromes ou vacuoles élémen-
taires qui en dérivent sont aussi eux-mêmes dépourvus de vie propre. Cette
origine n'implique pas nécessairement l’absence d’une sécrétion directe de
métachromatine au sein du cytoplasme, donnant naissance à des vacuoles
nouvelles n'ayant aucun lien avec les anciennes; sur ce point je ne saurais
être affirmatif.
2° Le second point sur lequel il y a lieu d'appeler à nouveau l'attention
est celui-ci : Partout, l'anthocyane apparaît dans le vacuome (Rosier,
Vigne, Hêtre, fleurs de très nombreuses plantes); c’est tantôt à un stade
très jeune de l’évolution de ce système, comme dans l’Asparagus, lantôt à
un stade plus âgé : c'est donc au système vacuolaire, et non aux plastes de
quelque nom qu'on les désigne, qu'il faut attribuer la formation d’antho-
cyane, ainsi que je l’ai établi depuis longtemps.
Le plastidome. — L'évolution de ce système présente chez l’Asparagus
ve ticillatus les caractères suivants :
Si l’on traite par l’iodure de potassium les cellules du point de végétation
d’un turion, on voit des corpuscules qui sé colorert en jaune : ce sont les
jeunes plastes qui se multiplient en même temps que les cellules dans le
méristème terminal.
Ces plastes se colorent en noir foncé par l'hématoxyline ferrique après
fixation par le formol, le bichromate de potasse ou mieux le fixateur de
Laguesse : ils sont disposés en général autour du noyau; mais on les ren-
contre également disséminés dans le cytoplasme environnant : ils sont tantôt
sphériques, tantôt en forme de bâtonnets (fig. 8-9); leur substance se
colore d’abord uniformément : mais un peu plus tard, une partie du plaste
soit à l’intérieur, soit sur le côté, reste incolore : le mitoplaste du début est
devenu un amyloplaste avec grain d’amidon incolore ( fig. 10).
On rencontre ces amyloplastes en grand nombre dans toutes les cellules
d’une jeune tige : le grain d'amidon formé dans chacun d'eux est parfois
très gros; la partie superficielle du plaste qui persiste et qui se colore en
noir se présente sous l'aspect d’un croissant ou d’un arc de cercle ( fig. 10
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920 73
et12); comme l’amidon reste incolore, l’aspect de ces amyloplastes est celui
de filaments incurvés ou recourbés de façon variable.
Si l’on étudie des cellules sous-épidermiques d'une jeune feuille verte, on
voit que les plastes ont augmenté de volume et qu’ils se sont imprégnés de
chlorophylle : ce sont des chloroplastes; ils sont alors disposés au contact
de la paroi interne des cellules, alors que les vacuoles élémentaires sont
plus rapprochées du noyau.
Il est intéressant d'examiner la forme différente des plastes sur les écailles
incolores d’une jeune pousse qui sort de terre; les plastes des cellules épi-
dermes se colorent en entier (fig. 15, A); ils sont arrondis ou allongés en
bâtonnets plus ou moins longs et plus ou moins recourbés; ils ne montrent
pas d'amidon : ce sont des mitoplastes; au contraire, les plastes du méso-
phylle sont presque complètement transformés en amidon : ce sont des
amyloplastes ( fig. 15, B).
Les transformations les plus intéressantes sont celles que l’on observe
dans les jeunes vaisseaux du bois et du liber; c’est principalement dans les
cellules du liber que lon peut suivre la transformation d’amyloplastes
arrondis, contenant parfois plusieurs grains d'amidon, en gros filaments
toruleux qui peuvent s'étirer considérablement tout en se colorant forte-
ment et uniformément (fig. 13-16); à cet état, il m'a été parfois impos-
sible à la limite de distinguer ces formations de certaines fibrilles nom-
breuses qui semblent de nature cytoplasmique. :
in résumé, chez l Asparagus verticillatus, comme dans les exemples déjà
étudiés précédemment, le plastidome se compose de plastes ayant une
même origine; dans les cellules du point de végétation, les plastes encore
homogènes sont des mitoplastes; ceux-ci en se différenciant donneront
bientôt de l'amidon; s'ils restent incolores, ce sont des amyloplastes; s'ils
produisent de la chlorophylle, ce sont des chloroplastes.
à Le sphérome. — Les microsomes, qui constituent ce troisième système
indépendant, présentent chez l’Asparagus verticillatus leurs caractères ordi-
naires : ce sont des sphérules réfringentes qui, sauf dans les cellules tout à fait
Jeunes, peuvent circuler activement à l’intérieur du cytoplasme (fig. 1,2,6).
Jai noté que ces microsomes arrivent à parcourir dans certains cas 10°
en 1 seconde, c’est-à-dire six ou sept fois leur diamètre; en se déplaçant
ainsi, ils se réunissent momentanément en chaïneltes, en amas, en groupes
de deux; puis ils se séparent et repartent souvent dans des directions diffé-
rentes. | Ce
74 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les microsomes de l’Asparagus ne m'ont fourni aucune notion nouvelle
sur leur origine et leur nature et je n’insisterais pas davantage si une ques-
tion importante ne se posait à leur sujet.
Lorsqu'on examine les tissus de cette plante, après fixation au liquide
de Laguesse, de préférence, et coloration à l’hématoxyline ferrique, on arrive
à mettre en évidence un peu partout des sphérules colorées en noir qui
comme nombre, comme dimension et comme répartition, rappellent tout
à fait les microsomes de la cellule vivante (Æg. 11, 13, 14, 16) : si les pré-
parations sont bien réussies, toutes les cellules en présentent, même celles
du point de végétation.
J'ai la conviction que ces sphérules de la cellule fixée et colorée sont
identiques aux microsomes observés sur la cellule vivante : en suivant les
progrès du fixateur sur celle-ci, le doute ne semble pas permis, car même
avant l’emploi du colorant, les microsomes bien conservés, prennent déjà
une teinte brune, sous l’action de l’acide osmique du fixateur ; d'autre part,
sur les préparations, il est possible de retrouver les fibrilles cytoplasmiques
avec ces sphérules disposées comme les microsomes. |
S'il devenait prouvé cependant par la suite que, malgré les apparences,
ces sphérules ne correspondent pas aux microsomes, il faudrait les com-
prendre dans un système à part, différant à la fois du plastidome et du
sphérome; elles n’ont en effet aucun rapport d’origine soit avec les plastides,
soit avec les métachromes du système vacuolaire avec Data on a dû
facilement les confondre.
PHYSIOLOGIE. — Possibilité de provoquer la crise hémoclasique par injection
intra-veineuse du sang portal recueilli pendant la période digestive. Action
du foie sur les protéides de désintégration incomplète provenant de la diges-
tion et charriés par la veine porte. Note de MM. F. Wipaz, P. Agraui et
M. N. Éaxcovesco.
Les recherches effectuċes-par les physiologistes pour élucider la question
de savoir sous quel état sont absorbés les matériaux protéiques de l’alimen-
tation sont très nombreuses; mais elles n'ont pas encore abouti à une
conclusion décisive. Tandis que Friedländer, puis Linossier et Lemoine,
Ascoli, Minet et Leclercq admettent que la muqueuse intestinale peut
absorber des albumines intactes, tandis que Ellinger, Embden et Knoop,
Langtein, Nolf concluent qu’elle se laisse également traverser par les albu-
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 75
dJ
moses et les peptones, la plupart des physiologistes, au contraire, adoptent
la conception défendue surtout par Abderhalden et ses élèves, d’après
laquelle seuls les produits abiurétiques de la protéolyse, les acides aminés,
sont capables de franchir la barrière intestinale et de pénétrer dans le sang.
La plupart de ces expériences sont basées soit, comme celles d’Abder-
halden, sur l'analyse chimique des produits de la digestion intestinale, soit,
comme celles de Nolf, sur l'étude de l’absorption des solutions de peptone
déposées dans une anse intestinale isolée.
Une série d’expériences, que nous avons entreprises sur le chien,
semblent bien démontrer qu'après un repas de viande, des protéides de
désintégration incomplète sont absorbés par l’intestin. Ces expériences
établissent, d'autre part, qu’au foie incombe la mission d’agir sur ces pro-
téides qui lui sont amenés par la veine porte, en les transformant ou en les
fixant. Nous avons pu, en effet, pendant la digestion, mettre er évidence
dans le sang portal la présence de corps se comportant comme des albu-
mines ASÉoRAnES ou des peptones, alors que, pendant le même temps,
nous n'avons pu, par les mêmes procédés d'examen, révéler leur présence
dans la circulation générale.
Kour nus ie passage, dans la veine porte, de substances protéiques
in désintégrées, nous n'avons pas cherché à caractériser chimi-
quement ces He Depuis les travaux contradictoires de Langstein
et Von Bergmann; d’une part, de Cohnheim et d’ Abderhalden, d’autre
part, les physiologistes ont renoncé à cette méthode, sujette à de trop nom-
breuses causes d'erreur. Nous avons recherché simplement si le sang portal,
pendant la digestion d’un repas carné, ne donnait pas les réactions biolo-
giques des dinibies hétérogènes et des peptones.
On sait, depuis les cles les anciennes de Schmidt Mülheim, en quoi
consiste k réaction dite de peptone. Lorsqu’on injecte brusquement, dans
la circulation générale d’un chien, une certaine quantité de peptone com-
merciale, qui est surtout, comme on le sait, un composé d’albumoses et de
Peptones, on détermine une crise vasculo-sanguine immédiate, caractérisée
essen tiellement par de la leucopénie, par une chute de la pression artérielle
et par des troubles de la coagulation, qui, avec de faibles doses, se traduisent
par de l’ hypercoagulabilité, et avec des doses plus fortes, par de l'incoagu-
labilité. Avec la peptone commerciale dont nous disposons dans notre
laboratoire, cette crise très particulière est déterminée régulièrement
par l'injection de 08,005 par kilogramme d’arimal. Quand uH B agit
d'albumines moins désintégrées que les DR la crise pest se
76 ACADÉMIE DES SCIENCES.
produire avec l’emploi de doses plus faibles encore. Au contraire, avec les
acides aminés, elle nécessite, comme l’a montré Nolf, l'injection de doses
considérables, supérieures à 5o‘# par kilogramme. Cette crise vasculo-
sanguine, à laquelle nous avons donné le nom de crise hémoclasique,
représente donc un réactif des plus sensibles de la présence, dans un liquide
déterminé, de faibles quantités d’albumines hétérogènes ou de peptones.
Nous avons donc recherché si le sang portal d’un chien en période diges-
tive est capable de provoquer cette crise hémoclasique, quand on le fait
pénétrer dans la circulation générale du même chien.
A cet effet, nous avons pratiqué tout d’abord la derivation du sang de la
veine porte dans la veine cave inférieure, en abouchant momentanément les
deux vaisseaux par un procédé-analogue à celui de la fistule d’Eck. Nous
n'avons pas cherché à effectuer l’anastomose permanente des deux troncs
veineux ; le résultat que nous voulions observer, c’est-à-dire l'apparition
d'une crise hémoclasique, étant une réaction immédiate, qui suit presque
instantanément la pénétration dans le sang veineux des produits protéiques
non désintégrès, il nous suffisait de réaliser une dérivation porto-cave de
courte durée. Après ligature de la veine porte à son entrée dans le foie et
obturation temporaire de la veine cave à son origine, nous relions les deux
vaisseaux par un gros drain, muni à chacune de ses extrémités soit d’une
canule de verre paraffinée, soit mème d’un court trocart de gros calibre.
L'opération était pratiquée sur des chiens qui, après un jeûne de
24 heures, avaient absorbé, 1 heure ou r heure et demie avant l’interven-
tion, un repas exclusivement carné composé de 5008 de viande cuite. Aus-
sitôt après avoir laparotomisé l'animal qui avait été endormi à l’éther, et
avant de procéder à la dérivation porto-cave, nous établissions l'équilibre
vasculo-sanguin (leucocytose, temps de coagulation et index réfracto-
métrique du sérum) par examen du sang périphérique à la veine saphène.
Puis, l'opération sitôt effectuée, des prises de sang successives, faites à la
saphène, nous renseignaient sur les variations de Péquibbre vasculo-
sanguin.
Chez trois chiens ainsi traités, l’expérience a fourni des résultats iden-
tiques, et qui nous paraissent démonstratifs. Quelques minutes déjà après
que le sang portal a pénétré dans la veine cave, on assiste à une crise hémo-
clasique manifeste. Le chiffre des leucocytes s'abaisse de plus de moitié; le
sang devient hypercoagulable; en même temps on constate une diminution
de l'indice réfractométrique du sérum, phénomène qui, comme nous
l'avons montré, paraît constant au cours des crises hémoclasiques.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. : 77
Bien entendu, nous nous sommes assurés que chez des chiens à jeun, la
dérivation porlo-cave, effectuée dans les mêmes conditions que précédem-
ment, ne produit aucune modification de l'équilibre vasculo-sanguin.
Il ressort donc de cette première série d'expériences que, pendant les
premières heures qui suivent un repas azoté, il passe de l’intestin dans la
veine porte des substances protéiques qui, injectées dans la circulation
générale, donnent la réaction dite de peptone.
Ces expériences ne nous renseignent, toutefois, nisur la quantité approxi-
mative de ces substances, ni sur.leur nature véritable. Pour élucider le pre-
mier point, nous avons cherché à évaluer la quantité minima de sang
portal capable de provoquer la crise hémoclasique. A cet effet, chez des
chiens laparotomisés en pleine digestion d’un repas de viande (5o08 de
viande donnés 1 heure, 1 heure et demie ou 2 heures et demie avant l'expé-
rience), nous avons prélevé à la seringue, le plus rapidement possible,
des quantités variables de sang portal, et ce sang était aussitôt réinjecté
dans la circulation générale. Chez deux chiens ainsi opérés, l'injection de
™ de sang portal dans la veine fémorale est restée sans effet sur l’équi-
libre Tono Ego; il en fut de même chez deux autres avec 20°" ; avec
30°", un chien n’a présenté aucune crise; un autre eut, avec la mème dose,
une crise hémoclasique nette, bien qu’atténuée (chute des globules blancs,
de 24000 à 18000); par contre, chez trois autres, l'injection de hom de
sang portal a provoqué une crise hémoclasique manifeste. |
Ici encore, nous nous étions assurés, au préalable, que les injections de
sang portal Sréleté chez des animaux témoins, en dehors de la période
digestive, ne donnent pas lieu à cette crise hémoclasique. Chez trois chiens
à jeun, qui reçurent 40°% de leur sang portal dans la circulation générale,
par la voie fémorale, nous n'avons constaté aucune modification de on
libre vasculo-sanguin.
Il était important de rechercher si le sang portal conserve ce pouvoir.
bémoclasique pendant toute la durée de la penade digestive. Il semble
bien qu’il n’en soit pas ainsi, et que les substances protéiques capables de
provoquer le choc ne passent en quantité suffisante dans la veine porte que
durant la première phase seulement de la digestion. Tandis que chez
quatre chiens, l'injection dans la veine cave de 40°" de sang portal prélevé
une heure, une heure et demie ou deux heures et demie après le repas a,
Comme nous venons de le voir, déterminé la crise hémoclasique, celle-ci a
été seulement ébauchée chez un chien opéré dans les mêmes conditions
trois heures après le repas ;elle a fait complètement d défaut a un chien , —
#
78 ACADÉMIE DES SCIENCES.
examiné après quatre heures et chez un autre examiné après cinq heures.
C'est donc pendant les deux premières heures environ qui suivent un
repas carné de 5008 que passent, de l'intestin dans la veine porte, des pro-
téides incomplètement désintégrés.
Les expériences qui viennent d’être relatées permettent de se faire une
idée approximative de la quantité de ces produits protéiques charriés par la
veine porte au cours de la période digestive. Sil faut injecter dans la veine
périphérique d’un chien au moins 30°" de son sang portal pour provoquer
l’hémoclasie, on peut admettre que ce sang renferme à ce moment l’équi-
valent de 35,30 de peptone commerciale par litre, chiffre important si l'on
songe au débit circulatoire qui se fait dans le foie, par le courant continu
qui lui vient de l'intestin. Les produits protéiques présents dans le sang de
la veine porte pendant la digestion et qui donnent la «réaction de peptone»
ne sont certainement pas les acides aminés, dont il faut, nous l'avons vu,
des quantités considérables pour produire l’hémoclasie; peut-être même
s'agit-il de substances moins désintégrées encore que les peptones et dont
des quantités minimes peuvent suffire à déclancher la crise vasculo-san-
guine. Il n’est pas sans intérêt, à cet égard, de remarquer que c’est seulement
pendant la phase initiale de la digestion que le sang portal fournit la réaction
d'hémoclasie, par conséquent, au moment où l'intestin contient surtout les
produits de l'évacuation gastrique, c’est-à-diré un mélange d’albumines,
d’albumoses et de peptônes, alors que la réaction fait défaut avec le sang
portal prélevé aux stades terminaux de la digestion lorsque l'intestin ren-
ferme principalement un mélange d’acides aminés. Cette constatation vient
à l'appui de l'opinion défendue par Nolf, pour qui le passage d’albumines
imparfaitement désintégrées, au travers de la muqueuse intestinale, s’effec- :
tuerait surtout pendant le premier temps de la digestion. Au point de vue
qui nous occupe, cette détermination de la nature exacte des substances en
cause est secondaire; le fait important qui ressort des expériences qui
viennent d'être rapportées, c’est que le sang portal renferme, pendant la
période de digestion, des protéides incomplètement désintégrés, dont la
pénétration ditecte dans la circulation générale, suffirait, à doses Spo
vement faibles, à provoquer la crise hémoclasique.
Des constatations parallèles permettent de se rendre compte qu’à l'état
normal, ces substances ne dépassent pas le foie, sous la forme qu’elles
revêtent dans la veine porte ; et que cet organe exerce sur elles une action
évidente, soit en les fixant, soit en les modifiant. Cette conclusion se dégage
déjà de ce fait, établi depuis longtemps, et que nous avons vérifié d’ailleurs
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 79
nous-mêmes : que chez le chien normal, le repas de viande n’est pas suivi
de crise hémoclasique et que ce que l’on constate par l'examen du sang,
dans les heures qui suivent le repas, ce n’est pas de la leucopénie, mais au
contraire de la leucocytose. Donc, au moment où la veine porte contient
des substances capables de provoquer la « réaction de peptone », la circu-
lation générale n’en renferme pas, ou du moins n’en contient pas de quan-
tités correspondantes. C’est en supprimant fonctionnellement le foie par la
fistule d'Eck, ou en transportant directement le sang portal dans la veine
cave, qu'on voit seulement se manifester la crise vasculo-sanguine.
En résumé, les recherches expérimentales dont nous venons de rapporter
les résultats montrent qu’à l’état normal, la digestion des matières albumi-
noïdes s'accompagne de l'absorption, par la muqueuse gastro-intestinale,
non seulement d'acides aminés, comme on l’admet généralement à l'heure
actuelle, mais de produits protéiques non encore désintégrés jusqu’à ces
termes ultimes de la protéolyse; ces produits se retrouvent dans la veine
porte en quantité suffisante pour que l'injection de 40°" de sang portal, ou
la dérivation de ce sang dans la veine cave inférieure, déterminent une crise
hémoclasique typique. Cette crise, témoin de l’insuffisante élaboration des
substances azotées de la digestion, se produirait donc constamment au
cours des repas, si le foie, interposé entre l'intestin et le reste de l'orga-
nisme, ne protégeait celui-ci en arrêtant ces produits nocifs, soit en les
fixant, soit en les transformant. Il s’agit donc là d’une fonction spéciale de
la cellule hépatique, fonction « protéopexique » ou « . proteophyiarique »,
comparable par certains côtés à celle qu’elle exerce à l'égard d’un grand
nombre de poisons venus de l'intestin, et dont on peut mesurer l’impor-
tance à la gravité des troubles que provoque parfois la pénétration directe
- dans la circulation générale, des albumines non désintégrées ou de leurs
Premiers produits d'élaboration.
Tout portait à penser, en présence de ces résultats, que ce rôle protec-
teur du foie pouvait se montrer déficient au cours des altérations si diverses
et si fréquentes que la maladie fait subir à cet organe, et que le médecin
trouverait dans l'étude systématique de cette insuffisance de fonction, mo
nouveau moyen d’apprécier l’adultération hépatique. Les recherches que
nous avons entreprises en ce sens sur de nombreux sujets, et que nous
exposerons en détail dans une prochaine ee établissent, on le vērra, le
bien-fondé de cette manière de voir. i
80 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE. — Influence du Rocking-Chaïr américain sur la respiration.
Note de M. H. pe Cuarpoxnner.
Les études présentées avec tant de lucidité par M. d’Arsonval (') à
propos de l'influence des attitudes de l’homme sur la respiration, m'ont fait
entrevoir la réponse à une question que je m'étais posée en visitant l'A mé-
rique. Partout on y trouve les hommes de bureau installés sur leur Rocking-
Chair : je me demandais s’il n’y avait là qu’une mode ou une manie, ou
bien si ce meuble national recélait quelque vertu cachée.
Or, ce fauteuil permet de conserver, dans toutes les attitudes, les posi-
tions respectives de la nuque et de la colonne vertébrale, soit que l'occupant
incline son siège en avant pour écrire, soit qu'il se renverse en arrière pour
réfléchir ou pour fumer son cigare.
Quand on est assis droit, comme sur une chaise ordinaire, le corps est en
équilibre instable, ce qui est fort désagréable pour ceux qui n’en ont pas
l'habitude.
Je fais cette remarque à titre k7 simple AR AS me permettant de la
signaler aux physiologistes, seuls compétents pour en tirer des conclusions,
s'il y en a.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — De l'emploi économique des alliages d acter
dans la construction des ponts. Note de M. J.-A.-L. W appriL.
On peut arriver à réaliser des économies, dans la construction des ponts
métalliques, en substituant des aciers spéciaux à Pacier ordinaire au car-
bone. Pour savoir si la substitution, à ce dernier acier, d’un alliage spécial
est susceptible de procurer une économie, il faut recourir à un calcul dont
la solution dépend des trois éléments ou facteurs suivants :
1° Le rapport R des prix unitaires des deux métaux considérés;
2° Le rapport inversé R’ des limites élastiques de ces deux aciers;
3° Le type de construction considéré (longueur des travées, etc. );
OnaR >1etR<Creéten substituant l’alliage spécial à l'acier ordinaire
dans les éléments (barres ou tiges), on réalise fe chaque élément une
(1) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1603, 1604, 1607.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 81
économie si le produit RR’ est plus petit que 1 et au contraire un excédent
de dépense s’il est plus grand que 1.
Il n'en est pas toutefois absolument ainsi pour les arcs formés de pièces
assemblées, car les rapports existant entre les limites élastiques pour des
éléments composants, diffèrent beaucoup de ceux que donne le calcul pour
la section globale de l’ensemble, par les éléments y travaillant les uns à la
compression, les autres à la tension. |
D'autre part, une certaine partie du métal entrant dans une construction
donnée ne se trouve nullement affectée si l’on fait varier les efforts et les
conditions du travail d'ensemble.
Enfin les conditions d'économie ou de non-économie, indiquées plus haut,
ne tiennent pas compte de la réduction qui résulte de la charge due au poids
même du pont, du fait qu’il doit entrer moins de métal lorsqu'on utilise
l'acier de qualité supérieure.
De ces trois éléments d'influence, le premier et le second sont de sens
opposé par rapport au troisième, et il tend à s'établir entre eux une certaine
compensation. Toutefois, l'influence prépondérante appartient, sauf dans
le cas des portées exceptionnellement grandes, aux deux premiers facteurs
et j'ai trouvé que la condition d'économie, pour de très courtes portées, se
résume approximativement à RR'< 0,85.
Au contraire, dans le cas de très grandes portées, il peut être écono-
mique d'employer le meilleur alliage, alors même que le produit RR’
serait égal ou supérieur à l’unité, attenda que la charge due au poids
même du pont est alors considérable par rapport à la surcharge mobile,
même si cette dernière est majorée de façon à tenir compte des chocs.
D'autre part, l'emploi de l’alliage permet de réduire la charge due au
poids propre de la structure qu’il constitue ct, par conséquent, la charge que
doivent porter les poutres principales du pont. Il y a donc d'autant plus
d'économie à adopter un acier spécial, que les portées sont plus grandes.
J'ai déterminé, à l’aide de diagrammes, les valeurs économiques respec-
tives limites, du produit RR’, pour les ponts de chemins de fer à vapeur à
arche unique et pour les ponts de type « cantilever ». |
Nous citerons trois exemples des résultats que l’on peut ainsi obtenir.
En employant un acier standard au nickel ayant une limite élastique
de 40!8 par millimètre carré et coûtant au kilogramme, après assemblage,
un prix de 1™,25, au lieu d’un acier au carbone, dont la limite élastique est
de 24k8 par millimètre carré et le prix de 0!",85 au kilogramme, et appli-
quant ce métal à la construction d’un arc simple, de 50" d'ouverture et à
- 6
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N°2.)
82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
double voie de chemin de fer, on trouve pour RR’ la valeur 0,882 et pour
limite la valeur 1,015, ce qui montre qu'il y a économie à employer dans ce
cas l'acier spécial.
Si l’on cherche, au contraire, à établir un pont de chemin de fer du type
cantilever à trois arcs, ayant une ouverture principale de 480", et si l’on
veut le construire à l’aide d'un alliage spécial, d’une limite élastique de 55*8
par millimètre carré, qui coùterait, tout assemblé, 1,50 par kilogramme,
tandis que l’acier ordinaire au carbone, dans les mêmes conditions, revien-
drait à 0,63 le kilogramme, on trouve pour RR’ la valeur 1,038. La valeur
limite de ce produit étant, d'autre part, 1,023, il n’y a pas avantage écono-
mique à employer dans ce cas l'acier spécial.
Les évaluations ont été faites, dans ces deux cas, en partant des études
que j'ai faites, il y a un certain nombre d’années, et qui ont été publiées
dans deux Mémoires de l’ American Society of scool engineers, parus en 1999
et 1915. Ces Mémoires ont pour titre Nickel steel for bridges et The possibi-
lies for bridge construction by use of high alloy steels. .
Elles s'appliquent à des poids calculés pour des ponts entièrement
étudiés et ralionnellement proportionnés.
Dans un troisième exemple, j'ai utilisé des courbes, correspondant au
poids de métal des ponts cantilever, prolongées bien au delà des limites
fournies par des calculs précis, à l’aide d’une méthode spécialement fixée
dans ce but. J’ai pu envisager ainsi des ponts cantilever ayant des porteri
principales dépassant les plus longues portées établies jusqu'ici, c'est-
à-dire la longueur, de 550", du pont de Québec.
En faisant l'application de ces courbes à un acier spécial au nickel, pa
une limite élastique de 40*8 par millimètre carré et coûtant, assemblé et en
place, un prix de 1,28 par kilogramme, comparé à un acier alliage, ayant
une limite élastique de 56"s par millimètre carré et valant, assemblé et en
place, 1,69 par kilogramme, le pont à construire étant à trois-arches, de
type cantilever à ouverture principale de 780", on trouve, pour le pro-
duit RR’, la valeur 0,91.
Ce rapport étant plus petit que l'unité, l alliage spécial est plus écono-
mique que l'acier nickel ordinaire et l’économie réalisée serait d'environ
g pour 100.
Toutes ces évaluations ont été faites en prenant pour bases les prix des
aciers tels qu'ils étaient pratiqués avant la guerre. L'importance qu'ont
prises les demandes d'acier au nickel pour la fabrication des blindages et
des cuirasses des navires, ainsi que les besoins nouveaux qu’a provoqués la
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 83
guerre, viennent modifier la situation et ont prohibé l'emploi de ces aciers
pour la construction des ponts métalliques.
Divers autres alliages ont été proposés pour le remplacer. Tels sont
l'acier « Mayari » qui est un acier de grande dureté fabriqué électrique-
ment; l'acier à l'aluminium, l'acier au vanadium et l'acier au silicium;
mais ces alliages n’approchent, pas plus que l'acier au nickel, des condi-
tions idéales cherchées pour l'acier qui peut convenir le mieux à la cons-
truction des grands ponts métalliques.
Un nouvel acier au molybdène, qui s’est montré de grande valeur pour
la construction du matériel de guerre, et aussi pour celle des automobiles,
sera peut-être susceptible de donner la solution cherchée. J’ai pu, à laide
de diagrammes spéciaux, établis sur le type de ceux que j'ai précédemment
employés, déterminer l’économie comparative d’aciers variés : aciers au
carbone, aciers au nickel, aciers au chrome, aciers chrome-vanadium,
aciers chrome-nickel, additionnés ou non de molybdène. L’ecier qui paraît
devoir donner les meilleurs résultats serait celui au chrome et molybdène
comprenant aussi, suivant l'habitude, du manganèse, et dont la compo-
sition serait : carbone 0,25 pour 100, manganèse 0,75 pour 100, chrome
0,75 pour 100 et molybdène 0,75 pour 100. L'étude des diagrammes
établis montre que pour la construction des ponts, malgré le prix encore
élevé du molybdène aux États-Unis, comparativement aux prix du chrome
et du nickel, il y a économie croissante à employer ce métal jusqu’à la
Proportion de 0,75 pour 100 et même au delà.
L'acier chromo-molybdène dont il s’agit pourrait être dénommé acier
chromol.
CHRONOMÉTRIE. — L’anomalte d'élasticité des aciers au nickel; réalisation
d'un élinvar et son application à la chronometrie. Note (') de M. Cu.-En.
GUILLAUME.
La suite des coefficients thermo-élastiques des aciers au nickel révèle une
anomalie qui présente, avec celle des dilatabilités, la plus étroite analogie.
Le coefficient de la variation thermique des modules d’élasticité est repré-
senté, en effet, en fonction de la teneur en nickel, par une courbe telle
que 1 (fig. 1), qui, partant d’une valeur négative pour les premiers alliages
ane pnea nee ee BASRE SAE
(1) Séance du 5 juillet 1920.
84 ACADÉMIE DES SCIENCES.
réversibles, monte rapidement, franchit, vers 29 pour 100 Ni, la valeur
nulle, passe vers 36 pour 100 par un maximum accusé, puis redescend
régulièrement pour rejoindre la valeur relative au nickel; la seconde valeur
nulle du coefficient se produit au voisinage de 45 pour 100 Ni.
dE
dé
Fig. r. — Valeurs, à 20°, du coefficient de variation thermique du module d’élasticité
ns les aciers au nickel en fonction du nickel.
Courbe x : Allicge pur
Courbe 2 : Alliage pur contenant une proportion d’additions équivalentes à 12 pour 100 de chrome
Ces faits, connus depuis plus de vingt ans, ont conduit à de nombreuses
applications, notamment à l'établissement de spiraux qui, associés à des
balanciers monométalliques, réduisent dans des proportions considérables
les écarts de marche des montres observés dans les mêmes conditions
lorsqu'elles sont munies de spiraux d’acier.
Cependant, la solution du problème de la compensation de la montre
par l'emploi d’un spiral à coefficient thermo-élastique nul, dans les condi-
tions rappelées ci-dessus, n’est pas complète. D'une part, en effet, la
variation du coefficient au voisinage de sa valeur nulle est extrêmement
rapide en fonction de la teneur en nickel, de telle sorte que les plus petites
erreurs de dosage dans les coulées, et même les défauts d'homogénéité,
sensibles dans les très faibles quantités de matière constituant les spiraux,
se manifestent par des écarts appréciables du coefficient de marche de
montres munies de spiraux issus d’une même coulée. D'autre part, l'appli-
cation de la règle des états correspondants montre que les deux valeurs
nulles du coefficient thermo-élastique ne sont autre chose que le maximum
et le minimum de la courbe 1 (fig. 2), qui représente la suite des modules
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 85
d’un même alliage en fonction de la température ; les courbures étant con-
sidérables dans la région du maximum et du minimum, l'erreur secondaire
atteint une valeur élevée, de l’ordre de 25 secondes par 24 heures, dans
l'intervalle o° à 30°.
E
@
Fig. 2. — Valeurs du module d’élasticité dans un même acier au nickel
en fonction de la température.
Courbes 1 et 2 : comme ci-contre.
Malgré ces défauts, le spiral compensateur a apporté, à la marche des
montres ordinaires, une amélioration telle, que le nombre de ses applica-
tions se chiffre annuellement par plusieurs millions.
Les études entreprises sur les aciers au nickel ternaires m'ont permis
d'amener à la solution complète du problème de la compensation par le
spiral. L'examen des dilatabilités de ces alliages a montré, en effet, que
toute addition d’un troisième constituant dune l’anomalie, en relevant
progressivement le minimum ('); et l'analogie des anomalies de dilatabilité
et de thermo-élasticité rendait certaine la possibilité de la réalisation d’un
alliage tel que la valeur nulle du coefficient thermo-élastique se présentât au
maximum d’une courbe telle que 2 (fig. 1); même, l'étude des dilatabilités
permettait de localiser déjà assez étroitement les alliages remplissant cette
condition. La règle des états correspondants permettait aussi de prévoir que
cette valeur nulle était représentée par le palier de la courbe 2 (fig. 2).
Les études ont été entreprises avec la coopération des Aciéries d’Imphy
Pour la réalisation des alliages, et de la Société des Fabriques de Spiraux
(') Action des additions métallurgiques, etc. (Comptes rendus, t. 170, 1920,
P. 1433). n a
86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Réunies pour l'obtention des spiraux et l’observation de la marche des
montres. [l était nécessaire, en effet, pour atteindre directement le but
essentiel de cette recherche, de la diriger vers des alliages à la fois réali-
sables en quantités industrielles, et permettant la fabrication de spiraux
doués de toutes les qualités (aspect, limite élastique, etc.) exigées des
régleurs.
Diverses additions faites aux aciers au nickel peuvent échanger, pour
l'obtention d’un coefficient thermo-élastique nul, leurs effets entre certaines
limites; mais les meilleurs résultats pratiques ont été obtenus avec des
alliages dont la principale addition est constituée par du chrome, auquel
viennent s'ajouter de petites quantités de manganèse, de tungstène et de
carbone, et dont l'action est équivalente à 12 pour too Cr.
Ces résultats sont extrêmement satisfaisants. En effet, soit par les soins
de la Société des Fabriques de Spiraux Réunies, soit par des chronomè-
triers très expérimentés, notamment de M. Paul Ditisheim, des réglages
ont été obtenus, grâce auxquels une montre munie d’un spiral compensa-
teur suivant la nouvelle formule, actionnant un balancier monométallique,
ont donné des marches qui, tout en ne présentant entre o° et 30° qu’une
différence totale de quelques secondes par 24 heures, étaient, à une demi-
seconde près, une fonction linéaire de la température. On ne dépend donc
plus, pour la compensation complète, que de l'association au spiral d’un
balancier fait en un métal convenablement choisi pour sa dilatabilité, de
telle sorte que le changement de son moment d'inertie avec la température
annule les actions de la dilatation du spiral et du petit reste du changement
de son coefficient thermo-élastique.
Il convient de remarquer, en effet, que l'indication donnée ci-dessus
d’une valeur nulle du coefficient thermo-élastique était destinée surtout à
simplifier l’exposé. Ce qu'il faut chercher en réalité, c’est un alliage doué
d'un coefficient thermo-élastique à variation linéaire très faible et de valeur
telle que son action, associée à la somme des effets de la dilatation, agissant
en sens contraire, du spiral et du balancier ('), amène à la parfaite égalisa-
tion de marche des chronomètres dans tout l'intervalle de température de
son emploi. En fait, dès le premier essai exécuté par M. Paul Ditisheim, le
chronomètre muni du spiral qui lui avait été confié a donné des marches
dont l'écart total, entre o° et 30°, était de deux secondes, quantité que l'on
(1) La dilatation du spiral produit, contrairement à une opinion très répandue, une
asance de la montre au chaud.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 87
corrige en modifiant la dilatabilité du balancier de 0,7. 10~®, dont l’ordre de
grandeur est celui des écarts entre la dilatabilité des laitons riches ou
pauvres en zinc.
La possession d’un élinvar permet ainsi de prévoir l'extension aux très
bonnes montres, et même aux chronomètres, du balancier monométallique,
dont l’emploi était jusqu'ici limité aux montres ordinaires.
S. A. S. le Prince Arverr pe Moxaco présente le fascicule LIV des
Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht.
AI
Dans ce fascicule, consacré par M. Joux à l'étude des Céphalopodes
recueillis par le Prince de Monaco de 1898 à 1910, le professeur signale les
particularités suivantes :
Ces animaux proviennent de pr sfogdeurs. qui varient entre la surface de
l'Atlantique et la profondeur de 5000" dans le même océan, et les animaux
décrits forment un groupe de 52 espèces réparties entre 39 genres.
Sur les seize planches sont figurés notamment le Welanoteuthis lucens,
espèce nouvelle bathypélagique trés singulière. L'animal est noir et porte
sur le dos deux gros organes funsiieus C’est la première fois que l’on
trouve de tels organes chez un Céphalopode octopode, et c’est le premier
Céphalopode qui en porte sur le dos, alors que les organes lumineux sont
toujours ventraux chez les Invertébrés et chez les poissons r marins. Aussi le
cas est-il très remarquable.
Un autre animal fort curieux est une jeune spirule sortant de l'œuf.
C’est la première fois qu'on trouve un de ces animaux non adulte. Et même
on n'avait recueilli jusqu'ici qu’un très petit nombre de spirules adultes,
tandis que leurs coquilles sont abondantes sur certaines plages.
NOMINATIONS.
M. Cu. Mourez est désigné pour faire une lecture dans la séance ppuan
des cinq Académies, qui aura lieu le 25 octobre prochain.
#
83 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDANCE.
L'Écore p’axraropozoGie invite les membres de l’Académie à prendre
part à la réunion qui aura lieu à Paris du 9 au 14 septembre prochain pour
préparer la fondation d’un Institut international d'anthropologie.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les surfaces projectivement applicables.
Note de M. G. Fussi.
Dans une Note récente ('), M. Cartan étudie la déformation projective
d’une surface en adoplant la définition que j'ai donnée dans un de mes
Mémoires de Géométrie projective différentielle. I1 semble affirmer que la
méthode employée par moi ne permet pas de trouver les surfaces appli-
cables sur une autre surface. Mais dans mes Notes (°) jai démontré que
celte recherche est équivalente à l’étude du systeme suivant d'équations
différentielles.
ee Ms e eh)
BM,+25,M+6,,—yL, +27 L + Yau
Si l’on veut trouver tous les cas possibles de surfaces applicables, il suffit
de considérer L, M comme inconnues et de trouver les valeurs de 6, y telles
que le système cité puisse admettre deux systèmes de solutions
Lor M= M Et oa
En posant :
nie iieb =L, B= Mi M,
on aura
A0, = 0: Buo + 28, pb = yÀ, Ayn
En changeant les paramètres ų, v des lignes asymptoliques, on peut sup-
poser que À, y soient égales à o ou à r. Il n’est pas difficile de trouver les
valeurs correspondantes de 6, y et aussi de L, M. On trouve ainsi toutes les
surfaces projectivement applicables; cette étude a été l’objet d’une disser-
tation pour le doctorat de Me Stipa, élève de l'Université de Turin. On en
peut déduire aussi l'étude analogue pour les hypersurfaces.
(1) Voir Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1439.
(?) Fondamenti della geometria,etc.(fiend. della R. Acc. dei Lincei, juillet1918).
Voir aussi Fondamenti di geom. proiett-difer. (Rend. del Cire. di Palermo, t. 43).
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 39
GÉOMÉTRIE. — Enumeration des classes de représentations d'une sur face
sur une autre surface. Note de M. L.-E.-J. Brouwer, présentée
par M. Paul Appell.
Soit O un point de la surface z, d'ordre de connexion fini, F le groupe
des courbes cgatinnes fermées de + par O (considérées comme identiques
par rapport à F, lorsqu'elles peuvent être ramenées les unes aux autres au
moyen de déformations continues laissant invariant le point O ), N une base
normale de F,se composant des courbes 4,,«a,,...,4,, 4,,,,..., 44, rangées
dans l’ordre indiqué. Dans le cas où 7 est bilatérale, les courbes de cette
base normale satisfont à la relation fondamentale
1 yi = 1 des
Aida A3 ln, Anaia aa Anys t Auym— Vs
dans le cas où + est unilatérale, à la relation fondamentale
r i E PE US relie ta
Soit O’ un point de la surface pọ, également d'ordre de connexion fini,
G le groupe des courbes continues fermées de pọ par Oʻ, M une base normale
de G, se composant des courbes b,,b,,..., b,
Une représentation uniforme et continue c de + sur p transformant QO
en O', par conséquent transformant chaque a, en une courbe a’, par Q:
donne. lieu à un systéme de formules de HORS DERANOR
(x) dy = prés, 6) PP ras
les © désignant des produits. ‘
Soit (b,....,b,) un élément quelconque de G, le système de formules
M À CD En Der... nm)
que nous appellerons semblable à (a), correspond lui aussi, comme système
de formules de transformation, à des représentations de + sur p transformant
O en O’. Ces dernières représentations sont de la même classe que o. Récipro-
quement, toute représentation de + sur o transformant O en O’, et appar-
tenant à la classe de +, donne lieu à un sy stème de formules de transforma-
tion semblable à (æ). S
onc, toute classe de représentations de + sur p (moyennant les re
Senlations transformant O en O’, qu’elle contient) détermine un ensemble
e Systèmes de formules de rate alu semblables entre eux, ensemble
qui sera app2lé image formelle de la classe en question.
90 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Sous quelles conditions deux classes de représentations de + sur o possédant
la même image formelle sont-elles identiques ?
Pour être à même de formuler la réponse à cette question (réponse dont
la déduction détaillée se trouve dans un Mémoire qui paraîtra dans un autre
Recueil) je construis par O un sys/èmecanonique de rétrosections R conforme
à la base normale N et divisant z en une région simplement connexe (dont
la frontière gse confond avec R, tout en pouvant parcourir certains segments
de R deux fois) et m régions cylindriques, limitées chacune par un bord
de 7 et le lacet de R enveloppant ce bord. Dans le cas où p est un plan pro-
jectif, je choisis sur 2 une ligne droite / par O’ avec un sens de parcours À,
et j'appelle représentation normale de z sur 5 toute représentation par
laquelle chaque rétrosection de R est transformée soit en O’, soit en /, dans
ce dernier cas biuniformément et dans le sens de parcours À la première fois
qu'elle figure dans g.
Cela posé, voici les rapports des classes de représentations de x sur o avec
leurs images formelles :
A chaque image formelle. T correspond une seule classe :
1° Si la surface simplement connexe superposée à o est ouverte.
2° Si r est ouverte.
Sio e possédant la connexion du plan projectif et x étant unilatérale et
fermée, au moins une rétrosection unilatérale de + est représentée bilatéra-
lement, tandis que les représentations correspondant à I sont impaires.
A chaque image formelle I correspondent deux classes :
1° Si ọ possédant la connexion de la sphère, 7 est unilatérale et fermée,
les deux classes sont caractérisées par la parité de leurs représentations.
2° Si ọ possédant la connexion du plan projectif et + étant bilatérale et
fermée, au moins une rétrosection de + est représentée unilatéralement,
les deux classes sont caractérisées par la parité des degrés de leurs repré-
sentations normales mesurés sur le dédoublement bilatéral de o.
3° Si p possédant la connexion du plan projectif et + étant unilatérale et
fermée, au moins une rétrosection unilatérale de + est représentée bilaté-
ralement, tandis que les représentations correspondant à I sont paires, les
deux classes sont caractérisées par la parité des aires de leurs représenta-
tions normales mesurées sur le dédoublement bilatéral de o.
A chaque image formelle I correspond une infinité de classes :
1° Si ọ possédant la connexion de la sphère, + est bilatérale et fermée,
les classes sont caractérisées par le degré de leurs représentations.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. O1
2° Si p possédant la connexion du plan projectif et 7 étant bilatérale et
fermée, Lot rétrosection de x est représentée bilatéralement, les classes
sont caractérisées par la valeur absolue des degrés de leurs représenta-
tions mesurés sur le dédoublement bilatéral de 5
3° Si ọ possédant la connexion du plan projectif et z étant unilatérale
et fermée, toute rétrosection unilatéral de x est représentée unilatérale-
ment, les classes sont caractérisées par la valeur absolue des degrés des
représentations correspondantes du dédoublement bilatéral de + sur le
dédoublement bilatéral de o
MÉCANIQUE. — Sur l'application des équations de l’élasticité aux dé formations
d'un ressort en hélice. Note de M. Gazsrux, présentée par M. G. Kœnigs.
Les équations de l’élasticité relatives aux déformations d’une tige mince
expriment, que chaque position infiniment petite de la tige, limitée par
deux sections normales à la fibre neutre, est en équilibre sous l’action des
forces extérieures d’une part, et d'autre part d’une force et d’un couple
agissant sur les extrémités du petit élément considéré. Dans le cas étudié
ici, les seules forces extérieures, agissant sur le ressort, de masse supposée
négligeable, sont appliquées à ses extrémités; trois des équations d’équi-
libre s'intègrent alors immédiatement, et la force agissant sur chaque
section de la tige déformée est égale à la force appliquée à l'extrémité.
Pour écrire les trois autres équations, il est commode de considérer
chaque point M de la fibre neutre, comme le sommet d’un trièdre Mz, y, z,
dont l’axe de z est la tangente à l hilic, laxe de æ la normale principale,
laxe de y la binormale; à l’état naturel, ces deux dernières directions sont
supposées axes de symétrie de la section. La position du trièdre Mz, y, 3,
est définie au moyen des trois angles d’Euler : 0, ©, Ÿ, par rapport à un
trièdre fixe, dont l'axe Oz est parallèle à l'axe du cylindre portant l’hélice,
fibre neutre; les trois composantes de la force agissant aux extrémités,
suivant les axes de ce trièdre fixe sont G,, G»,
Quand on PE que la déformation de Thëkte est telle, que- es
variations 0, ĝọ, 4e nai des infiniments petits du premier ordre, ainsi
G> B =, de telle sorte que la composante G, parallèle à
laxe du a est grande par rapport à G, et G,, on constate que les
trois équations forment un système à cœæfficients constants pour l’hélice
tracée sur un cylindre circulaire.
*
92 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le système se ramène à l’équation
(1) Le o) + 00 (1 + bM + b? N)+ bH,(L + M + bN)
— hO + bM + BEN) —o.
. Dans cette équation, la variable indépendante L est l’angle, dont tourne
le point M autour de l'axe du cylindre, quand il décrit l’hélice; de plus :
Pie G
H, = — G. sin} + G cos d.
La quantité b dépend de la force G,,
tte
7 Ecsin?8
R étant le rayon du cylindre; s la surface de la section de la tige; E le coef-
ficient d’élasticité.
Les quantités L, M, N sont données par les formules
L=cos5( 5 + à); M = cos9( 2 +
cos 2 ÿ 2 sin? cos?
X À 2 3 TE >?
où x°, À? sont les rayons de giration autour de M,, M,, 3° la quantité ana-
logue relative à M.. Enfin /, est une première constante d'intégration.
' Dans les conditions de la pratique, la quantité breste petite par rapport à
Rice ie T ` 5 -
l'unité: de plus l'angle 0 est assez voisin de -; les racines de l'équation carac-
? 2
téristique de (1) sont alors, soit de la forme
Hp a), EA 2x): ysa=—B+i(i— a),
: po aaia)
avec z
B= Vo EN), a= &b(L—M),
quand G, est posiuf, c'est-à-dire correspond à une traction; soit de la
forme
Ye 2, p= iub — a), J= 1158 —«),
yp =— i (1—8 — a)
+
avec
B= VEM), a= 5b(L—M ),
quand G, est négatif, c'est-à-dire correspond à une compression du ressort.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 9
L'expression de 09 est donc de la forme
09 =la — H+ fiH)
avec
JG) = hett et + L ett al, ett.
Ainsi le ressort ne se comporte pas de la même façon à la compression
et à la traction; dans le premier cas ne s’introduisent, dans f (4), que des
fonctions trigonométriques; dans le second, f(ẹ}) contient desexponentielles
à exposants réels. Pour se rendre compte de l'importance que peut
avoir cette différence, il faut introduire les conditions aux limites, qui
permettent de calculer les constantes L,, l, &, h, 43 ce calcul exige celui
des expressions ĝo, 0Ÿ et des trois quantités èp, ôq, èr, variations des
rotations du trièdre Mx, y, z.
Ces dernières se simplifient notablement; car la quantité æ reste petite
par rapport à 8 et, en les limitant à leurs parties principales, il est possible
d'obtenir des formules donnant les déplacements des extrémités du res-
sort en fonction de G,, G,, G,, aussi bien dans le cas où les sections exté-
rieures sont encastrées que dans celui où elles sont libres de pivoter autour
de leur centre.
MÉCANIQUE PHYSIQUE. — Étude de l’élasticité de torsion des aciers au nickel
à haute teneur en chrome. Note (') de M. P. Cuevexamp, présentée par
M. H.Le Chatelier.
L’analogie constatée entre les anomalies de dilatabilité et d'élasticité des
aciers au nickel a conduit M. Guillaume à prévoir l'existence d'un élinvar
(alliage à module d'élasticité invariable), et même d’en donner par avance
la composition. Le succès qui a couronné ses efforts est un témoignage
indiscutable de la sécurité avec laquelle on se meut aujourd'hui au travers
des questions complexes que soulève l’'anomalie de ces singuliers alliages
De mon côté, j'ai entrepris, au laboratoire des Aciéries d’Imphy, de la
Société de Commentry-Fourchambault et Decazeville, une étude détaillée
de l’élasticité de torsion des alliages de fer et de nickel fortement additionnés
de chrome, et tracé des réseaux étendus des changements du module, en
fonction à la fois de la température et de la composition. La méthode expé-
rimentale a été rappelée dans une Note récente.
Je me suis limité au domaine de l’anomalie réversible, en étudiant trois
Donne comes PRE TORRES i
(') Séance du 5 juillet 1920.
t
94 ACADÉMIE DES SCIENCES.
séries de ferro-nickels contenant des quantités de chrome respectivement
très voisines de 5, 10 et 15 pour 100; ces alliages ont été préparés au four
électrique; afin de rendre possible le forgeage il a fallu incorporer des pro-
portions de manganèse atteignant jusqu’à 1,2 pour 100, dans les alliages
les plus chromés,
Vu.
ve
AT:
Lo0o0!E-
0.950!
0,900! —- a HST
Te ne ve - SU
om. Le
=el `
0,850
400
Fig. 1. — Traits et Valeurs relatives du module de torsion de trois alliages de fer
de nickel contenant environ 10 pour 100 de chrome.
ricks. et points : Coefficients de la variation thermique du module.
Les résultats principaux se rapportent aux alliages recuits à 800°. La
figure 1, reproduite à titre d'exemple, montre la marche du module (traits
pleins) et celle du coefficient thermo-élastique vrai (traits et points) pour
trois alliages recuits appartenant à la série 10 pour 100 Cr. On voit que,
pour le premier d’entre eux, la valeur du module reste pratiquement cons-
tante sur un intervalle qui, partant de o°, atteint près de 180°.
Les diagrammes (fig. 2 et 3) résument les résultats relatifs aux deux
dernières séries d’alliages; ces résultats ont été préalablement élaborés de
manière à correspondre aux teneurs exactes 10 et 15 pour 100 Cr, alors que
les teneurs individuelles des alliages présentent de petits écarts par rapport
à ces quantités.
En rapprochant ces diagrammes de celui qui a été reproduit dans une
précédente Note, on peut suivre l’abaissement graduel de l’anomalie, dont
-109
5 oo
F
FA Fee V: 7 ne Es :
j Valeurs du coefficient de variation thermique du module de torsion dans les aciers
au nickel additionnés de 10 pour 100 de chrome.
50016°
ti
$
ik J. a Vilep : RES
8. 3. — Valeurs du coefficient de variation
au nickek additionnés de 15 pour r00 de chrome,
thermique du module de torsion dans les aciers
96 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le maximum, très élevé dans les alliages purs, se trouve légèrement au-
dessus de l’axe des abscisses pour les alliages à 10 pour 100 Cr, et tombe
au-dessous pour ceux à 15 pour 100 Cr ; c’est entre ces deux séries, au
voisinage de 12 pour 100 Cr, que le maximum est tangent à l'axe zéro, et
que se trouve, en conséquence, réalisé un alliage à élasticité parfaitement
constante sur un large intervalle de température (élinvar absolu).
Le coefficient thermo-élastique des alliages chromés, comme celui des
ferro-nickels purs, est modifié notablement par les interventions thermiques
et mécaniques (la trempe augmente l'amplitude de l’anomalie alors que
l’écrouissage la diminue). On tire parti de cette propriété, dans la fabrica-
tion de l’élinvar de torsion, pour compenser, par un traitement conve-
nable, l'influence des petits écarts de composition.
Un autre résultat de l'addition du chrome est d'élever la température de
rapide croissance du décrément. C'est grâce à cette particularité que j'ai
pu déterminer les valeurs du coefficient thermo-élastique jusqu’à 400° pour
les alliages à 15 pour 100 Cr, alors que, pour les alliages binaires, les
expériences n'auraient FRERE au-delà de 300°, qu’à des résultats illu-
soires,
AÉRODYNAMIQUE. — Remarques sur les lois de la résistance des fluides.
Note (') de M. E. Joueur, présentée par M. Hadamard.
4. Dans un rapport publié aux Comptes rendus du 25 février 1920,
M. Hadamard a signalé Îles importants travaux de balistique poursuivis
pendant la guerre par MM. Darrieus, Langevin et Vessiot et a fait con-
naître qu'ils étaient fondés sur une forme particulière de la loi de la résis-
tance de Pair, déduite par M. Darrieus de la théorie cinétique des gaz et
rattachée par M. Langevin à des considérations de similitude. |
Sans entrer ici dans les questions de balistique, je voudrais présenter,
sur l'application des considérations de similitude à l'étude de la forme de
la loi de la résistance des fluides, quelques indications historiques et, en
même temps, rappeler et compléter quelques résultats que j'ai donnés moi-
même dans divers écrits publiés depuis 1605 (°).
(*) Séance du 5 juillet 1920. !
(2) Voir notamment La résistance de l'air et les expériences sur les modèles
réduit ( Revue de Mécanique, janvier 1913). On trouvera dans cet écrit les rensei-
gnements bibliographiques qui ne sont pas donnés ici. Quelques-unes des indications
de la présente Note sont en outre PRES dans un Mémoire rédigé en 1919 et
qui paraîtra prochainement.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 97
2. Il résulte d’un théorè.ne de Helmholtz généralisé que, dans les mou-
vements lents des fluides, la viscosité et la conductibilité ont un rôle consi-
dérable, la compressibilité un rôle faible et que c’est l'inverse dans les
mouvements rapides. On est donc conduit, pour étudier la résistance des
fluides aux mouvements lents d’un solide, à les considérer comme incom-
pressibles et visqueux. C’est ce qu'ont fait Stokes et ses continuateurs. Les
théories de ces auteurs supposent les carrés des vitesses négligeables et
donnent une résistance proportionnelle à la vitesse,
Cette approximation ne suffit plus quand les vitesses ne sont pas très
petites. Profitant de la faiblesse de la viscosité de nombreux fluides
naturels, on peut rechercher ce qu'est la résistance pour un fluide incom-
pressible non visqueux. Cette recherche a été entreprise dès le xvrr® siècle
par le P. Pardies, Huygens et Mariotte, dont les raisonnements étaient
de véritables considérations de similitude. Elle a été poursuivie par les
savants modernes (Reech, Froude). L'homogénéité conduit à considérer
la résistance comme proportionnelle à la surface, à la densité et au carré de
la vitesse,
$
3. C'est Newton qui a appliqué le premier la théorie de la similitude
aux fluides compressibles. Mais ses raisonnements sont fondés sur des hypo-
thèses moléculaires. L'introduction de cette théorie dans l'hydrodynamique
moderne des gaz est due à Bertrand, Stokes, Helmholtz, Smoluchowski. Je
me suis occupé moi-même de cette question. J'ai fait voir notamment que
la présence des ondes de choc ne trouble pas les raisonnements fondés sur-
la similitude et que les lois des gaz parfaits peuvent remplacer, dans cer-
tains raisonnements de Newton, les hypothèses moléculaires de cet auteur.
En ce qui concerne l'application à la loi de la résistance de Pair, il faut
mentionner spécialement MM. Bairstow et Booth qui, en 1910, à propos de
recherches sur la navigation aérienne, ont montré que la résistance des gaz
parfaits est proportionielle à la surface, à la densité et au carré de la vitesse,
à la condition qu’on opère à des vitesses qui soient dans le rapport des
vitesses du son. C’est là en somme la loi donnée par MM. Darrieus, Langevin
et Vessiot pour la balistique où le problème se complique de l'existence
d'ondes de choc. Je ne connais malheureusement le travail de Bairstow et
Booth que par une citation de lord Rayleigh, et je ne puis comparer en détail
leur démonstration à celle des trois savants français (*). M. Langevin a, en
de F. ï $ 3
(*) On trouvera, dans mon Mémoire précité, une démonstration du résultat de
`
Bairstow et Booth en l'absence d'onde de choc. L'extension au cas des ondes de chce
résulte immédiatement de la remarque que je viens de rappeler plus haut.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N°2) a 2o
98 ACADÉMIE DES SCIENCES.
outre, vérifié expérimentalement la nouvelle loi par une méthode très
ingénieuse.
II faut mentionner aussi le beau théorème par lequel Newton a démontré
que, aux grandes vitesses, la résistance des fluides compressibles tend à
devenir proportionnelle à la densité, à la surface et au carré de la vitesse.
J'ai montré que les hypothèses moléculaires sur lesquelles est fondé le rai-
sonnement de Newton peuvent être remplacées par les lois des gaz parfaits
et de leurs ondes de choc; que, notamment, un certain fluide auxiliaire con-
sidéré par Newton dans sa démonstration est équivalent à un gaz parfait au
zéro absolu. Le théorème de Newton est donc exact pour les gaz parfaits et
l'étude faite par Hugoniot du mouvement d’un piston qui provoque des
ondes planes le confirme dans un cas particulier,
À la place des gaz parfaits, on peut envisager une famille de gaz qui suivent
la loi des états correspondants. Il y a deux manières, pour des gaz, de suivre
cette loi. Dans la première, les états correspondants de deux gaz quelconques
de la famille sont semblables au point de vue de la statique et des mouve-
ments isothermes. Dans la seconde, ils le sont aussi au point de vue des mou- -7
vements adiabatiques. La seconde manière est réalisée par les groupes de
gaz qui suivent, avec la loi proprement dite de Van der Waals, celles
d’Amagat et de Leduc. Bornons-nous à ces groupes, et comparons la résis-
tance que les divers gaz d’un même groupe exercent sur des solides. Cette
résistance est de la forme f(x, y, s) So V?, en désignant par x et y la densité
et la température réduites, par s le rapport de la vitesse V à la vitesse du
son dans l’état critique, par S la surface du solide dont la vitesse est V, par 4
la densité du fluide.
4. Mais les considérations de similitude ne fournissent pas une théorie
de la résistance : elles ne donnent qu’un cadre pour une telle théorie. Elles
ne font connaître des propriétés de la résistance qu’à la condition que cette
résistance exisie. Elles doivent être complétées en montrant comment on
peut échapper au paradoxe de d’Alembert, en vertu duquel la résistance
d’un fluide non visqueux est nulle si le mouvement est nul à l'infini.
Pour les fluides incompressibles, on trouvera une discussion des moyens
proposés pour obtenir ce résultat dans un Mémoire publié en janvier 1913
dans la Revue de Mécanique. Pour les fluides compressibles aux vitesses
supérieures à celle du son, l’échappatoire est fournie par la présence de londe
de choc, constatée par l'expérience. Du moment qu'il existe une onde de
choc, se propageant dans la matière, il résulte d’un théorème dé Duhem (')
_(t) Comptes rendus, t. 159, 1914, p. 592.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 99
que le mouvement n’est pas nul à l’infini et par suite que le paradoxe de
d’Alembert n’a pas à intervenir.
On peut remarquer aussi que l’onde de choc ne peut exister que parce
que le mouvement est rapide. Dans les mouvements rapides, en effet, la
viscosité joue. un rôle faible, et Duhem a montré qu’une viscosité faible
était nécessaire pour l’existence d’une quasi-onde d'épaisseur faible, assi-
milable à une onde.
Rappelons enfin qne les considérations de similitude ont été employées
pour étudier la résistance des fluides visqueux par les savants anglais (').
PHYSIQUE. — Les deux mécaniques simultanées et leurs liaisons réelles ().
Note de M. G. Sacxac, présentée par M. Lippmann.
L'Éther réel révélé par la relativité newtonienne et statistique. — Avec
Bernoulli, Maxwell, Clausius, etc., l'Atomisme a considéré les lois expéri-
mentales de la statique des gaz et de la thermodynamique comme des lois
extérieures, de pures moyennes ou de probabilités, dues au mécanisme
intérieur de superposition des fluctuations des molécules. Par ces liaisons
statistiques, ont été réunies la mécanique de la matière en masse et celle
des molécules; la première ayant fourni la base expérimentale, les lois des
liaisons ont fait découvrir la mécanique moléculaire. >
De même, toutes les hypothèses arbitraires sur les ondes de l’Éther étant
écartées, la mécanique classique en révèle les lois avec précision et évi-
dence, en partant de la base expérimentale que représentent les invariants
newtoniens de la matière : l’espace de référence solide en translation S, et
le temps universel des horloges matérielles.
L'énergie totale de chaque élément sinusoïdal de radiation est entraînée
réellement avec la matière de la source lumineuse et son système de réfé-
rence S,,; elle a dans S, une vitesse réelle C, constante fondamentale de la
relativité réelle. Re
Le flux lumineux d'aspect continu, superposition réelle d’un nombre
considérable d'éléments sinusoïdaux de diverses fréquences dans $,, tota-
lise exactement les éléments d'énergie indépendants (loi statistique de
Gouy) et participe à l'entrainement complet qui rend le champ de radia-
p Voir Scientific Papers de lord Rayleigh, vol. 5. Voir aussi mon Mémoire pré-
Cité.
C) Voir Comptes rendus, 1. 169, 1919, et t. 170, 1920.
100 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tion indépendant de la translation rectiligne et uniforme (lor de relativité
newtonienne de l'énergie totale).
Ainsi, la loi de Gouy résulte de la statistique des petits mouvements
superposés des divers éléments sinusoïdaux, newtoniens chacun dans son
énergie totale.
La relativité newtonienne de chaque élément de radiation n’est elle-
même que le dernier aspect de cette relativité, et dès que l’on examine la
mécanique intérieure de cet élément, formé d’une suite liée de nom-
breuses ondes, on doit franchir tout d’un coup le passage jusqu'ici insoup-
çonné qui, de l’énergie totale entrainée exactement dans la translation de
la source 5, et du champ S,, aboutit aux ondes de l'Éther non entrainées.
La transformation mutuelle des deux mécaniques simultanées. — C’est la
pure mécanique de superposition des petits mouvements qui précise cette
étonnante transformation, prévue dès 1893 par notre intuition : la genèse
d’une énergie totale exactement entraînée avec la matière de la source
lumineuse est réellement compatible avec la superposition d’ondulations
non entrainées et il n'y a aucune hypothèse arbitraire à postuler. Au
contraire, il faut laisser aux lois ondulatoires l’indétermination complète
que feront cesser les deux conditions de liaison imposées par les deux
invariants newtoniens de l’énergie, celui du temps de lumière et celui de
l’espace optique (expérience de Michelson et Morley).
1° La vitesse C est constante dans S, pour chaque élément d'énergie
lumineuse, élément sinusoïdal concevable idéalement comme dans la
théorie de superposition découverte par Gouy, à la suite de l’'étonnante
_ théorie de Fourier, qui a permis de représenter un ébranlement les
quelconque du mouvement lumineux.
En recherchant ce qu’il y avait de commun à tous les milieux “hou
éther immobile ou matière, nous avons trouvé la loi générale de transfor-.
mation de la vitesse des ondes en vitesse de l'énergie totale sous la forme
qui utilise un battement sinusoidal de deux ondulations de longueurs p
et (p + du), de vitesses V et (V + 4V + dv) dans le même système de
référence. La seconde ondulation est due à une image de la première
source, entraînée avec la vitesse supplémentaire radiale de; en donnant à
lun des deux miroirs de l’interféromètre de Michelson une vitesse d
parallèle à son plan, il suffit d'observer au foyer d’uhe lunette le centre des
anneaux d’interférence, qu’on verra briller périodiquement. Nous repro-
duisons ici notre première liaison des ondes de l’éther et de la relativité
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. LOI
newtonienne de l'énergie totale ('):
n
I 2 bonnes me
() 9 C—V dN = de?
i d
I ORNE E PA ire
(ke) GE SAUT O eN
C’est l'énergie totale contenue dans chacun des battements complets
successifs d’un nombre suffisamment grand d’ondulations qui est évidem-
ment transportée avec une vitesse définie C, en liaison avec la vitesse de
glissement relatif (dV + de) des deux'séries d'ondes; celles-ci forment une
sorte de vernier en translation et leur coïncidence est l'indicateur de la
vitesse de l’énergie.
On voit que, sous la seconde forme (I bis), interviennent non plus dans
le champ S,, mais dans le système de référence universel, les vitesses
radiales C' où (C + v) de l'énergie et V’, ou (V + v) des ondes.
Il y a analogie analytique de (I bis)avec la loi de dispersion de sir G. Stokes
(ondes capillaires dont la vitesse est, à la surface de l’eau, les deux tiers de
celle du groupe d'ondes) ou celle de Gouy et de lord Rayleigh dans les
milieux optiques, vérifiée par les expériences de Michelson sur le sulfure
de carbone, et par celles de Gutton sur les ondes électriques. Mais aucune
dispersion, fonction de la fréquence N, de la source au repos, n’existe ici
dans les champs S, isotropes et immobiles (u = o), ni dans les champs S
2° D’absence d'influence de toute variation de vitesse purement trans-
versale est justifiée par la seconde loi de liaison des deux mécaniques
simultanées de la radiation (?) (loi de l’espace optique) :
(H) f= = P(E) cie.
Combinée à la première, elle donne finalement
u g
J=1+ — cosa —1+-.
c c
La loi de la fréquence réduite achève la solution Ho 6
Oon Ta
e N, T
baad e a D +
(*) Comptes rendus, 1. 169, 1919, p. 460.
(*) Loc. cit., p. 529.
102 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans ces lois rigoureuses, la longueur d’onde u ne dépend que de la
vitesse radiale ? de la source s„et du champ, dans le système de référence
universel £, réunion de tous les champs S, ondulatoirement isotropes.
Les variations de v sont l’origine générale de toutes les liaisons vibratoires
dues à la translation de S, dans ¥,. D'autre part, g(u?) varie exactement
en raison de la loi simple qui identifie du? avec dọ? lorsque v seule varie.
Nous avons vu comment la vitesse relative (C — V) ou (C — V') des
ondes et de l'énergie, déduite exactement de la valeur C € de V, définit
pratiquement la valeur même de v, vitesse radiale du système entier, la
Terre par exemple, dans le système universel X. Dans le sens de ç, les
ondes propagées reculent par rapport à l'énergie. C’est dire que les ondes
sont emportées par un vent d’éther de vitesse (— v). La T. S. F., devançant
la théorie sans le savoir, a découvert en 1895-1902 le mouvement relatif
des ondes et de l'énergie que les expérimentateurs, non avertis, ont apprécié
comme un simple effet d’interférence, effet réellement impossible dans
les conditions régulières utilisées sur mer (*).
C’est donc à la mécanique elassique qu’appartient de nouveau la puis-
sance de recherche du réel caché.
PHYSIQUE. — Étude du rapport des retards absolus dans le sulfure de carbone
pour des durées de charge croissantes. Apparition de l'électrostriction.
Note (?) de M. Paurnenter, présentée par M. J. Violle. :
Lorsque la durée de charge du condensateur de Kerr (*) dépasse nota-
blement le millionième de seconde, le rapport des retards dans le sulfure de
carbone ne reste plus égal à — 2. z
Nous avons conservé au circuit de Kerr la même constante de temps,
d’ailleurs très petite, que dans nos recherches antérieures. Pour augmenter
l'intervalle de temps qui sépare la charge du condensateur de l'instant très
court, où on lui envoie de la lumière, il suffit de faire croître la résistance
du circuit d'éclairage. Nous avons utilisé, dans ce but, une colonne d’eau de
longueur variable, convenablement refroidie.
La résistance du condensateur de Kerr est de l’ordre de 700 mégohms.
(0) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1239.
(?) Séance du 5 juillet 1920.
(5) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 101, 803 et 1576.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 103
Il est donc possible d'augmenter considérablement la durée de charge sans
être gèné par l'effet Joule.
Nous distinguerons dans les phénomènes deux périodes.
PREMIÈRE PÉRIODE. — La durée de charge 0 est inférieure à 8,1.107* seconde.
— Nous désignerons les déplacements des franges par A, (vibrations per-
pendiculaires au champ) et A, (vibrations parallèles au champ). Ils sont
comptés positivement dans le sens d'un retard (vers le haut du champ),
négativement dans le sens d’une avance (vers le bas du champ), et évalués
en divisions du tambour.
Un interfrange (franges jaunes) correspond à 30 divisions.
Les résultats sont résumés par le Tableau suivant, et représentés par la
courbe de la figure 1.
0 (en millionièmes de seconde). 0,65. 4,3: 2, 4,9. 4 8,1.
D ri SU is.” sic et 13,5 —13 — 9 wh o
Ms on + +24 +27 +31, +35,5 +42 +45
À, à i
p= TA A EN doses — 2,0 — 2,0 — 2,4 — 3,7 —10,6 —o
pranm H EEE pen
RES HE a
up Erem Siis HHHH E
DRE
HE HE HH
FHH
SUCRE - ASRUGEN
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PT
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LELLI He CELITIERBELTIYLEEITITEELELEL IEEE]
MARS TRS RUN ARERAAT SERRES MREES ELIITI pre Lpi
ER E E A H e H E ANER:
Heepet LLLI ÉAÉRÉR EEE g
CLES LELELLELEL — —— BERG
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HeH HHHH am: irt e
LHH ELITET ETÉCLEPLITEIIIITEIT HIT II HS LUE iuri US et ht
TEE ETTITELELITETIITITIVTENLELILILEN
HH TE HHHH EE asua ME]
saute HH LLLI am PELLLLELLLI PL HE
4 50
Fig. i.
Nous voyons apparaître l'influence! de l’électrostriction, oukcontraction o
d’un liquide sous l'effet du champ électrique. Cette contraction produit —
une augmentation isotrope d'indice qui agit bien dans le sens d'un retard.
La croissance progressive de ð permet de suivre la variation du ae ns ee.
dans le temps. - RARES 0 à
Lorsque 4 = 8,1.10-° seconde, l'elfet d'électrost be ipene exacte-
104 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment la biréfringence pour les vibrations perpendiculaires au champ, pri-
mitivement avancées : les franges correspondantes paraissent alors échapper
complètement à l’action du champ.
On vérifiera sur le Tableau précédent que la différence des deux déplace-
ments reste sensiblement égale à 45 divisions, sauf pour les temps très
courts, parce qu'alors le condensateur de Kerr n’est pas encore complète-
ment chargé au moment de l’étincelle.
DEUXIÈME PÉRIODE. — Durées de charge supérieures à 8,1.107% seconde. — Les
franges dues aux vibrations perpendiculaires au champ se déplacent
maintenant vers le haut du champ, dans le sens d’une avance : la valeur
instantanée de l’électrostriction au moment de l’étincelle continue d’abord
à grandir.
Le déplacement A, passe par un maximum, puis décroît jusqu’au voisinage
de zéro. Ensuite, il recommence à croître très légèrement, diminue à
nouveau et reste ensuite constant, positif et très faible, lorsque 0 continue à
grandir : l’électrostriction a pris alors sa valeur statique.
Les observations sont résumées par le Tableau suivant :
6 (en millionièmes de seconde).
de D ie is + A ds ie un ei
Åz... +52 +62 +60 +51 +44 +49 +49,5 +46 +47
La différence des deux déviations reste encore sensiblement constante et
égale à 45.
On peut mettre en évidence une quantité E, proportionnelle à l'effet de
LE à ue. i , 2 "+2 RTE à
lélectrostriction, nulle pour p' = — 2, en posant p' = d’où l’on
tire
da a
E=
Les variations de E sont données par le Tableau ci-dessous et repré-
sentées par la courbe de la figure 2.
8 (millionièmes de seconde). 0,65. 1,3. 2,5. 4,9. sa gi 9,8. 12,3.
Monet STORE R o 0,12 0,36 0,74 1 1,4 a
0 (millionièmes de seconde). 20. 25. 30,7. 33,7: 41,7. 49. 65,6.
SR A D EUR Ur 2 1,47 I 1,26 iya t,i iyi
Les oscillations de E montrent que le liquide, brusquement aspiré entre
les armatures, ne prend sa position d'équilibre qu'après quelques vibrations.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 105
La méthode permet de saisir leurs diverses phâses, du moins tant que
l'amplitude n’est pas devenue trop petite.
HS
HE
ii
x e TT
RES
HHHH HH
=
TS
S
EH
HE
HH
HH
HH
è
S
Li
CZ [I
453
HSE EA
pi 7
CEITECTTS
EEEN EEEH
NEH
Fig. 2.
Le système oscillant est, à vrai dire, fort complexe de nature et de forme.
Toutefois, il convient de noter qu’une perturbation qui se propage dans le
-sulfure de carbone avec la vitesse du son, soit 116% à la seconde, mettrait
17.107 sec pour parcourir les 2° qui séparent les bords du centre du
champ. Or le temps d'établissement du premier maximum est justement
du même ordre. o ue
Alors que la valeur statique de A, est de plus d’un interfrange et demi,
les déplacements statiques A, sont à peine perceptibles. Nos résultats sont
donc pleinement d'accord sur ce point avec ceux de Kerr et de Mac Comb.
Par des méthodes statiques, donnant un déplacement de franges inférieur à
un interfrange, ces expérimentateurs ont conclu, en effet, que la composante
parallèle au champ est seule influencée par le champ. ae
I se trouve en effet que, dans le cas particulier du sulfure de carbone,
l'électrostriction compense presque exactement, en champ uniforme, l'effet
de la biréfringence pour les vibrations perpendiculaires au champ. —
D'une manière générale, il était donc absolument nécessaire d'opérer
ant l'établissement de l'électrostriction pour contrôler que le rapport des
retards absolus est bien égalà — 2, conformément à la théorie de l'orientation.
106 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉLECTRICITÉ. — Sur le contact rectifiant galène-métal. Sensibilisation artifi-
celle et remarques diverses. Note de M. C. Frorissox, présentée par
M. Villard.
En 1913 j'ai trouvé, un peu fortuitement, qu'on peut sensibiliser des
échantillons de galène, naturellement non sensibles, en les chauffant dans
une flamme de soufre (').
Je résume ici l'étude que je viens de faire de ce phénomène. J’étudie
successivement les différents facteurs qui ont pu intervenir.
Pour l’examen électrique des échantillons, je me base sur cette remarque :
Les échantillons de galène naturelle, trouvés non sensibles pratiquement,
présentent trés généralementune trés faible rectification dans le sens pointe-
cristal (sens A); dans le cas des échantillons sensibles naturellement, il y a
rectification dans le sens cristal-pointe (sens B). La sensibilisation artificielle
fait apparaître la rectification B (utilisable pratiquement en T. S. F.) dans
les échantillons de galène à faible rectification primitive À. Un examen des
cristaux, par la méthode des caractéristiques, avant et après le traitement
chimique, indique donc s’il y a eu modification.
Le métal utilisé pour le contact est le platine.
1° ACTION DE LA CHALEUR. — Les échantillons de galène sont chauffé; dans l'azote et
les températures sont mesurées à l’aide d’un couple platine-platine rhodié,
Il n’y a, en général, aucune sensibilisation. Mais certains échantillons, assez rares,
fournissant à l’état vierge une certaine proportion de contacts à rectification B très
faible (et non utilisable dans la pratique), deviennent nettement et pratiquement rec-
tifiants B par l’action de la chaleur seule.
2° ACTION DE L'AIR A HAUTE TEMPÉRATURE : // n'y a jamais sensibilisation. — Il y a
oxydation superficielle de la galène en sulfate de plomb formant une lame mince qui
donne la suite des colorations de l'échelle de Newton lorsque son épaisseur croît; cette ;
lame est soluble dans les solutions de tartrate d'ammonium.
Dans le cas des cristaux sensibles ou sensibilisés, le grillage à l'air détruit la rectifi-
cation B : il y a retour à la très faible rectification A.
3° ACTION DE SO* PUR ET SEC A HAUTE TEMPÉRATURE. — À partir d’une certaine tempé-
rature minimum (voisine, en général, de 350°) il y a sensibilisation B, mais très irré-
gulière, I y a, comme dans le cas précédent, oxydalion du sulfure en sulfate; la
lame mince formée, isolante, n’a aucun rôle dans la rectification. Comme il y a, dans
ce cas, oxydation à partir d’un milieu contenant S et O, je fis a priori l'hypothèse que
(1) A propos de ce procédé je n'ai rien trouvé de signalé dans les publications
scientifiques. Je ne sais s’il était déjà connu en 1913.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 107
la réaction probable était la suivante :
PbS=+ 28502? — SO*Pb— 285,
déduisant de là que le facteur amenant la rectification ÉTAIT LE SOUFRE; d’où l'étude
de l’action du soufre.
4° ACTION DU SOUFRE A HAUTE TEMPÉRATURE. — Les fragments de galène sont traités par
la vapeur de soufre dans un courant d'azote. Zl y a très généralement sensibili-
sation B excellente de toute la surface de l'échantillon (sensibilité équivalente à celle
des échantillons naturellement sensibles) et non modification de l’aspect des cristaux.
y a encore existence d’une température minimum nécessaire, variable avec les
échantillons traités; mais tous les échantillons traités subissent une modification. On
obtient donc, selon l'échantillon traité, des contacts dont la rectification est comprise
entre la faible rectification A primitive et la rectification B, la meilleure donnée par
les échantillons naturellement sensibles.
Ce procédé de sensibilisation est extrêmement pratique, car les cristaux à sensibili-
sation pratique possible sont très répandus. La décrépitation à la chaleur est souvent
un obstacle pour certains échantillons.
5° AGTION DU SÉLÉNIUM PUR, À HAUTE TEMPÉRATURE (conditions d'expérience identiques
aux précédentes). — Il y a sensibilisation B; l’action est identique à celle du soufre
quant au sens de la rectification (B) et à la régularité des résultats obtenus, mais la
reclification est très faible et non utilisable dans la pratique. Les fragments traités
ainsi, d'aspect inchangé, dégagent une forte odeur de sélénium lorsqu'on les chauffe.
6° MODIFICATION SUPERFICIELLE APPORTÉE PAR LES TRAITEMENTS PRÉCÉDENTS. — Il y a
sûrement formation d'une couche superficielle particulière, contenant probable-
ment plus de soufre que PbS, combinaison ou solution solide et non simplement
une modification physique. Il m’a été, jusqu'ici, impossible de déterminer la nature
exacte de cette couche superficielle.
Par un grillage ménagé à lair, il y a oxydation de la surface abir avec produc-
tion, encore ici, de la lame mince de S O* Pb à colorations. Lorsque cette lame atteint
une certaine épaisseur, la destruction de la rectification B est complète, il y a retour à
la très faible rectification primitive A. En me basant sur cette remarque et sur les
Propriétés optiques des lames minces, j'ai rés que l'épaisseur minimum as la
Couche superficielle est approximativement de zoro de millimètre.
Cette couche superficielle particuliere produite artificiellement existe sur les
galenes naturellement sensibles, à la surface des cristaux élémentaires (la
masse même de ces cristaux présente la rectification A faible) avec des
propriétés absolument identiques (aspect, sens de la rectification, forme
des caractéristiques, destruction par Re par sublimation dans |
l'azote, même épaisseur minimum, etc.).
Cette analogie parfaite permet de proposer l'hypothèse ee pour
l'interprétation de l'existence de galène naturellement sensible :
108 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lors des dépôts de galène, par cristallisation de solutions de Pb S dans
des eaux chargées de H?S sous pression, il a dû, dans certains cas, se
déposer des traces de soufre dans la masse en cristallisation, élément qui a
réagi ultérieurement (sans doute par échauffement du filon), produisant à
la surface des cristaux élémentaires la couche mentionnée plus haut. Dans
d’autres cas, ce soufre déposé a dù rester libre et peut réagir actuellement
par chauffage des échantillons qui en contiennent (voir n° 1). Enfin les
échantillons non sensibles et non sensibilisables par la chaleur seule ne
contiendraient pas ces traces de soufre.
J'ai remarqué que l'effet thermo-électrique du contact galène-métal est
. modifié par la formation de cette couche superficielle.
On sait que R. Goddard (Physical Review, 1912) a montré que la rectifi-
cation, dans le cas des contacts métalliques, n’apparaissait que lorsque
Poxygène, ou un gaz actif, était introduit sur le contact. Dans le cas présent,
le soufre jouerait un rôle identique à celui de l’oxygène dans ces expé-
riences, rôle d’ailleurs inconnu pour le moment.
$ s
CHIMIE PHYSIQUE. — Les constituants formés par pénétration réciproque |
du zinc et du puvre à une température où ces deux métaux el tous
leurs alliages sont à l’état solide ('). Note de M. H. Weiss, présentée
par M. H. Le Chatelier.
La pénétration du cuivre par le zinc au-dessous de 419° température de
fusion de ce dernier, a déjà été mise en évidence par de nombreux auteurs,
entre autres par Spring (°) au moyen de l'analyse chimique, par Masing (°)
par analyse thermique et micrographie, plus récemment par MM. Guillet
et Bernard (*). Nous avons repris l'étude de ce phénomène dans le but d’en
déterminer avec précision l’ordre de grandeur et la nature.
Pour cela, on mettait en contact deux échantillons de cuivre ou de laiton
(1) Séance du 5 juillet 1920. :
(2?) Serre, Sur l'apparition dans les solides des propriétés des tiquides et des gaz
(Bull. Acad. Roy. Belg., t, 28, 189%, p. 23).
< (5) Masing, Uber die Bildung von Legierungen durch Druck und über die
Reactionfähigkeit der Metale im festen Zustande té für anorg. Chem.,
i 63, p. 265).
(*) Guurer et Bernarn, Les réserves en cémentation et la diffusion des solides
(Rev. Métallurgie, 1914, p. 792).
SÉANCE DU 2 JUILLET 1920. 109
et de zinc; on les chauffait un certain temps à une température constante
inférieure à celle de fusion du zinc (qui fond plus bas que tous les laitons).
On faisait une coupe perpendiculaire à la surface de contact et on l'exa-
minait par réflexion au microscope.
Le contact était obtenu de deux façons : soit par refroidissement rapide,
après immersion du cuivre ou du‘laiton dans le zinc fondu, sous une couche
de chlorure de zinc; soit en forant un trou dans un cylindre de cuivre
et y forçant et écrasant, au marteau, un cylindre de zinc entrant dans le
trou à frottement doux.
La première méthode a l’inconvénient de produire d'avance une très
mince couche de laiton entre les deux métaux purs, mais l’expérience a
montré que l’on pouvait indistinctement employer l’une ou l’autre méthode
selon les commodités, le résultat final étant le même. |
Le chauffage à température constante était obtenu par une étuve à soufre
bouillant sous pression réduite. L'appareil était combiné de manière que
les diverses causes de changement de la pression intérieure ne produisent
pas des variations de cette dernière, d'amplitude supérieure à 1°" de mer-
cure, ce qui permettait d'obtenir avec certitude pendant toute la durée de
l'expérience (jusqu’à 10 jours), les températures voisines de 410° à moins `
de 1° près. Ce détail était important, car une élévation accidentelle de
température, atteignant le point dè fusion du zinc, aurait fait manquer les
expériences toujours longues.
Le sciage et le polissage des échantillons finalement obtenus sont rendus
délicats par la dureté et la fragilité du constituant y formé : la scie le brise
en morceaux et la lime lui arrache des petits cristaux, ce qui lui donne un
aspect spongieux à l'examen micrographique.
Les attaques des surfaces polies sont difficiles à- it d’une façon
satisfaisante, les réactifs convenant aux laitons riches en cuivre étant mé-
diocres pour ceux riches en zinc et réciproquement. De plus, au voisinage
des lignes de séparation des divers constituants, une petite bande de ces
derniers est protégée contre l'attaque, sans doute par des phénomènes élec-
triques dus à la pile formée par les deux constituants en contact. Ce phéno-
mène est visible sur la figure 2, où le constituant y, irrégulièrement noirci,
est bordé d’une bande blatislie qui a été protégée contre l'attaque. Le
réactif qui a dongé les meilleurs résultats est une solution, étendue faible-
ment, chlorhydrique de perchlorure defet. .
Fe constituants qui ont été mis en évidence par cette méthode, sen un ?
chauffage de deux j jours à 400°, sont les suivants : ;
110 ACADÉMIE DES SCIENCES.
° Le zinc pur ou sa solution solide »;
Fig. 1. — Gr. 25.
2° Le constituant £; épaisseur environ o"",2. Au polissage, il ne se dis-
Fig. 2, — Gr. 170.
tingue pas du précédent, mais l’ man is le différencie très bien en colorant
le premier en noir;
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 111
3° Le constituant y; épaisseur environ 1™™, facilement reconnaissable
par sa fragilité au polissage. La figure r montre la région de ces trois
constituants ;
4° Une très fine zone de constituant 3;
5° Le cuivre ou sa solution solide g.
Cette méthode n’a pas permis de déceler de différences de composition
d’un point à l’autre d’un même constituant. g
Le constituant ß a été identifié de la manière suivante : l'expérience a été
reprise en remplaçant le cuivre par du laiton à deux constituants æ + B. La
figure 2 montre, à un fort grossissement, la fine zone grise de ß se raccor-
dant aux taches de 8 du laiton se détachant sur le fond plus clair de solu-
tion solide saturée «.
Une augmentation de la durée de l'expérience (10 jours) a produit une
augmentation de l'épaisseur de la zone s (1,2) et y (1,5) sans varia-
tion appréciable de la zone 3. Il ne s’est point formé de zone d’alliage à
deux constituants, contrairement à ce qui se produit dans les filiations
obtenues par superposition des deux métaux fondus.
La formation de tous ces constituants et la variation évidemment discon-
tinue de composition, d’une zone à l’autre, semble indiquer que cette péné-
tration réciproque est due à des réactions chimiques, donnant naissance à
des composés définis qui se dissolvent entre eux et diffusent les uns à tra-
vers les autres. Le constituant 6 serait, d’après ces expériences, non pas un
eutectoïde non résolu sous le microscope, mais un constituant de la même
nature que y ou €.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les phénylrropines.
Note de MM. Lespreau et GARREAU, présentée par M. Haller.
rure de benzyle sur l’acétylène monosodé au sein de l’ammoniaque
liquéfiée, Et M. Picon, qui a étudié cette action, a en effet obtenu un pro-
duit brut qui présente les réactions des carbures acétyléniques vrais. Mais
il ne paraît pas que le carbure en question forme une quantité importante
de ce produit, car dans le vide d’une trompe à mercure il n’a fourni que
X Eeg a : ; eo ra I T
23 pour 100 de distillat, constitué d’ailleurs uniquement par l'isomère
$
112 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CH5.C=C.CH*. L'acétylène monosodé paraît avoir ici provoqué une
migration de la triple liaison, comme le fait si souvent la potasse alcoolique.
Cela nous a poussés à essayer la méthode indiquée par MM. Lespieau
et Bourguel (‘). Dans ce but nous avons fait agir l’épidibromhydrine
CH? = CBr.CH?Br sur le bromure de phénylmagnésium. Nous avons
obtenu ainsi, avec un bon rendement, le composé CSH°.CH?.CBr=— CH,
liquide incolore bouillañt à 102° sous 17"%, et fondant à — 12°,5; sa den-
sité à o° égale 1,39 (brome pour 100 trouvé, 40,41; poids moléculaire par
cryoscopie acétique, 214).
L'attaque de ce corps par la potasse alcoolique à 110° a bien eu pour
résultat l'enlèvement d’une molécule d’acide bromhydrique, mais en
même temps la triple liaison a migré, on est arrivé au phénylpropine
CH5.C=C.CH, avec les propriétés que lui a reconnues Nef. C’est un
liquide incolore, mais qui devient rapidement jaunâtre à la lumière; il
bout à 75° sous 16%", et à 181° sous la pression normale, mais alors il se
Mine en partie pendant la distillation. Son odeur est aromatique et
non désagréable, contrairement à l'opinion de Körner.
Nous avons alors cherché à obtenir le produit d’addition de deux atomes
de brome sur le phénylpropine acétylénique vrai. A cet effet nous avons
fixé deux atomes de brome sur le composé C°H°.CH®.CBr = CH}, ce qui
-nous a donné le tribromure C$H%.CH?.CBr?.CH°Br, liquide bouillant
à 175°-196° sous 18™ (brome pour 100 trouvé, 67,20; poids moléculaire
cryoscopique, 366), mais le rendement a été faible, car il s’est fait une
notable quantité de produits de substitution.
L'attaque de ce tribromure par le sodium dissous dans l'alcool à 95° nous
a donné un liquide d’où, probablement par insuffisance de matière, il ne
nous a pas été possible d'extraire un corps défini; néanmoins les portions
de ce liquide qui bouillent aux environs de-145° sous 17"", traitées par le
zinc et l'alcool, fournissent un corps qui précipite le nitrate d’argent alcoo-
lique et le chlorure cuivreux dissous dans l’ammoniaque.
Ce résultat nous a conduits à modifier un peu la méthode : au lieu de
bromer le produit de l’action de lé épidibromhydrine sur le magnésium,
pour enlever ensuite une molécule d’acide bromhydrique, nous avons fait
ces opérations au préalable sur l’épidibromhydrine, et c’est alors le tri-
bromure CH Br = C Br. CH? Br que nous avons fait agir sur le bromure
de EEEE On évite ainsi les substitutions possibles, et les
_ (1) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1584.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 113
À
départs d'hydracides s’effectuant à une place autre que celle désirée.
Le résultat a été toutefois un peu différent que celui que nous attendions;
le composé acétylénique vrai que nous cherchions s’est produit ici en quan-
tité notable, alors que nous pensions obtenir seulement son dibromure.
Quant à ce dernier, il se produit aussi, semble-t-il, car les liquides passant
vers 145° sous 17", formés dans cette réaction, se comportent comme
ceux dont il a été question plus haut vis-à-vis de la poudre de zinc, mais
nous n'avons pas pu les purifier.
L'expérience précédente nous a conduits à faire réagir le propylène tri-
bromé sur un peu plus de trois molécules de bromure de phénylmagné-
sium. 150$ de ce tribromure nous ont alors fourni 255 de phénylpropine
C°H5.CH?.C = CH à peu près pur, soit un rendement de 40 pour 100 du
rendement théorique. On a purifié ce carbure par distillation dans le vide.
Le phénylpropine C°H5.CH°.C=CH est un liquide incolore, d’une
odeur à la fois aromatique et acétylénique, d’une saveur brûlante, ne jau-
nissant pas à la lumière, bouillant à 70°-71° sous 20". Sous la pression
normale il distille partiellement à 166°, mais une forte quantité se polymé-
rise en même temps et il reste dans le ballon une résine jaune, fluide à
chaud, et douée d’une belle fluorescence violette. Le corps fraichement
distillé répond à la formule CH (cryoscopie acétique, 116,4; ‘analyse
C, 92,37; H, 6,98).
Ce rasé précipite abondamment les réactifs des composės acétylé-
niques vrais. Avec le nitrate d'argent alcoolique on obtient des cristaux
répondant à la formule C*H°.CH?.C=— GAg, NO? Ag (argent p 100:
trouvé, 54,36).
Le précipité cuivreux obtenu comme 4 ‘habitude se produit sans qu'on
retrouve aucun carbure non combiné, soit dans les liquides d'essorage,
soit dans l'alcool de lavage, ce qui exclut la présence de l’isomère non acé-
tylénique vrai. Ce précipité cuivreux traité par un excès d'iode fournit un
triodure CP = CI. CH°.CSH, blanc, mais rougissant à la lumière avec
une extrême rapidité et qui, après s'être pécipie cristallisé: par refroidis- - de
sement de sa dissolution dans l'alcool chaud, fond à E eo > ao
trouvé 76,32 pour 100 d'iode.
ne
C. R., 1920,2* Semestre, (T. 171, N° 2.)
11/4 ACADÉMIE DES SCIENCES
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l’hydrogénation catalytique des nitriles, méca-
nisme de la formation des amines secondaires et des amines tertiaires.
Note de M. Gronces Mienoxac, présentée par M. Ch. Moureu.
Par hydrogénation catalytique, effectuée en milieu liquide et sensible-
ment anhydre, en présence de nickel, on peut mettre en évidence le
mécanisme de la réduction des oximes et la formation intermédiaire
d’imine ('). Il m'a paru intéressant de chercher à réaliser d’une manière
semblable l’hydrogénation partielle des nitriles (RC = N), en vue d'isoler
soit les imines correspondantes (RCH — NH), soit leurs produits de conden-
sation, soit enfin ces produits de condensation partiellement hydrogénés.
Je parlerai dans cette Note de la réduction des nitriles aromatiques
que j'ai tout d’abord étudiée parce que, dans ce cas, la réaction doit
présenter la plus grande netteté ; les imines étant plus stables et donnant
des produits de andanan d’ RCA moins complexe que le résidu suppor-
tant la fonction imine est plus électronégatif.
La fixation de l'hydrogène sur les nitriles en milieu liquide et neutre a
fait l’objet de quelques travaux. Brünner et Rapin (°), en utilisant un alliage
facilement décomposable par l’eau (magnésium activé, alliage Devarda),
ont réduit, en milieu hydro-alcoolique, un certain nombre de nitriles. A côté
de l’amine primaire, ils ont observé la formation de l’amine secondaire,
d'ammoniac et d’une certaine proportion d’aldéhyde. Un peu plus tard,
Paal et Gérum (*) ont appliqué au benzonitrile leur méthode générale
d’hydrogénation par le palladium colloïdal en milieu hydro-alcoolique. Ces
auteurs ont obtenu un mélange de benzylamine de dibenzylamine d’ammo-
niac et d'un peu d’aldéhyde benzoïque. Dans ces deux réactions, on voit
apparaitre l’aldéhyde dont la formation est due à à l’hydrolyse de limine
(RCH = NH) tout d’abord formée. Paal et Gérum sont les premiers qui
se soient préoccupés de l’origine de la dibenzylamine ; ils admettent que
l’aldéhyde benzoïque réagissant sur l’ammoniac issu de l'hydrolyse de
limine donne l’hydrobenzamide ; l'hydrobenzamide hydrogénée conduit
à un mélange de benzylamine et de dibenzylamine, ainsi que l’a montré
O. Fischer (+).
(°) G. Micsoxac, Comptes rendus, t. 170, 1929, p. 936.
(2) Brünntk et Rapix, Schw. voch. chem. pharm., t. k6, 1908, p. 435.
(#) PxiL et Gérum, Ber., t. b2, 1908, p. 1554. k
(+) O. Fiscaer, Ann. der Chem., 1. 2h41, p. 328.
+
SÉANCE DU 12 JUILLET 1020. 115
J’ai repris l'étude de l'hydrogénation du benzonitrile, mais en présence de
nickel (catalyseur moins actif en milieu liquide que le palladium ou le
platine) en opérant en milieu anhydre (alcool absolu, éther anhydre) à la
température ambiante et suivant la technique déjà décrite (*). L’absorption
de lhydrogène a lieu très régulièrement; l'opération est interrompue
quand on a fixé un volume de gaz correspondant à une molécule d’hydro-
gène pour une molécule de nitrile. La solution possède une forte odeur
d'’ammoniaque; après avoir chassé le solvant, on sépare, de l'excès de
nitrile, 1 partie de benzylamine et 2 à 2,5 parties de benzalbenzylamine
(CSHSCH = N — CH? C*H*). En continuant l'hydrogénation, la benzal-
benzylamine est transformée en dibenzylamine. On obtient sensiblement
les mêmes résultats en effectuant la réduction soit dans l'alcool absolu,
soit dans l’éther anhydre. On voit que pour cette expérience l'hypothèse de
Paal ne permet plus d'expliquer la formation de l’amine secondaire, la
réaction étant effectuée en milieu anhydre il n’y a plus, en effet, forma-
tion d’aldéhyde benzoïque.
Mais si l’on admet que le premier terme de l’hydrogénation du nitrile est
la benzaldimine
COHC=NS HS C'HCH=NH
[la formation de benzaldimine ne peut être mise en doute, car en effectuant
la réduction dans les mêmes conditions, mais en présence d'eau (15 pour 100
d’eau}, on retrouve une forte proportion d’aldéhyde benzoïque], on est
conduit à penser que la benzalbenzylamine résulte de l'hydrogénation d’un
produit de condensation de l’imine. Or, il est un fait général : les composés
iminés se condensent très facilement avec élimination de gaz ammoniac.
Précisément à cause de cette condensation rapide, Busch (°), qui a préparé.
le chlorhydrate de benzaldimine, n’a pu isoler la base à l’état libre. H a-
constaté qu’aussitôt mise en liberté celle-ci dégageait du gaz ammoniaé
et donnait naissance à de l'hydrobenzamide
6 H5 a TU p
Pe EAE
3C'H'CH = NH = NES- CC GNA
; ir i ; jks NU, Re
D'autre part, pour les cétimines possédant, au voisinage immédiat de aio-
fonction imine, 1° de carbone porteur d'hydrogène, nous avons retrouvé, -o
M. Moureu et moi (5), la même aptitude à la condensation, mais ici
(1) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 936.
(*) Busca, Ber., t. 29, p. 2197. | nn a
(*) Cu. Moureu et G. Migxoxac, Comptes rendus, t. 158, 1914, p- 1399. zo
ESE à
$
116 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quelque peu atténuée. A température peu élevée la réaction est, en effet,
limitėe à 201:
RC CP R = NH +R'CH— REA CHR”.
NH R “k
La benzalbenzylamine formée dans l’hydrogénation du benzonitrile doit
donc résulter de la réduction de l’hydrobenzamide issue de la condensation
de l’imine.' Si l’on soumet, en effet, dans les mêmes conditions que le
nitrile, l'hydrobenzamide à l’action de l'hydrogène, on retrouve sensible-
ment les mêmes proportions de benzylamine et de benzalbenzylamne:
Avec le nitrile mere D on obtient, à côté de la
méthylbenzylamine, la 1.1-diméthyll Ibenzylamine, Eb. 150°-171° sous
9m lé NPE PAE chat à la paraméthylbenzylamine et à la
4.4 diniéihy Ib lbenzylamine. Cristaux incolores, fondant à 83°-84°.
Éb. 160° sous 30m, 5,
Si l’on rapproche ces résultats de ceux qui ont été obtenus par M. Sa-
batier et Senderens (') dans l’hydrogénation des nitriles, on peut établir
que la formation de l’amine secondaire en quantité prépondérante, attribuée
par ces savants à une action dédoublante du métal, est due, en réalité, à
une hydrogénation fractionnée du nitrile, avec formation intermédiaire
d'imine. L’imine, sous l'influence de la température élevée qui règne dans
le tube (env. 200°), se condense immédiatement avec élimination de gaz
ammoniac; le produit de condensation par hydrogénation se con-
duit à l’amine secondaire et même à l’amine tertiaire.
Il paraît surprenant qu’en présence d’un catalyseur aussi actif que le
nickel, dans les conditions indiquées par MM. Sabatier et Senderens,
l'hydrogénation puisse avoir lieu par étape. Mais l’action de l'hydrogène
sur les nitriles, en presente de nickel, à température AN est une PEE
Ra que l’on peut écrire
RC =N + H? RCH = NH + H= RCH? NH.
En effet, par déshydrogénation des amines sur le asclat. MM. Sabatier et
Gapdion |. ) d’une part, MM. Mailhe et de Godon (*)de l’autre, ont montré
qu'on pouvait revenir aux nitriles. Dans quelques cas (benzhydrylamine,
(1) Sagarien et SENDERENS, Comptes rendus, t. 140, 1905, p. 482.
(€) P. Saparier et G. Gavnion, Comptes rendus, t. 165, 1917, p. 224.
C) A. Maine et pe Gopon, Bull. Soc, chim., 4° série, t. 24, p. 278.
t
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 117
butylamine, benzylamine), j'ai pu mettre en évidence la formation d’imine
par déshydrogénation d’une amine sur le nickel; j'aurai l’occasion de
revenir sur cette transformation des amines en imines. Je l'indique simple-
ment pour mieux préciser les consutæants qui peuvent à un moment
donné se trouver en équilibre.
GÉOLOGIE. — Sur la constante proportionnelle reliant la fréquence sismique
à la fréquence des chutes pluviales. Note de M. G. Zer, présentée par
M. H. Douvillé.
Dans nos Notes (') précédentes nous avons montré que la lente évolution
de l’écorce terrestre était périodiquement troublée par des réajustements,
lithosphériques entraînant d’une part la brusque élévation des hauts vous-
soirs et d’autre part le brusque affaissement des bas voussoirs terrestres.
La soudaineté de ces réajustements et le mécanisme de leurs ascensions
antagonistes réunissent si complètement les modalités et les propriétés des
tremblements de terre tectoniques que nous avons été conduit à considérer
ceux-ci et nos réajustements comme un seul et même phénomène.
S'il en est ainsi, les tremblements de terre tectoniques devront se diviser
en tremblements de terre centrifuges, dus au rééquilibre instantané de vous-
soirs lthosphériques préalablement déséquilibrés par la décharge érosive,
puis en tremblements de terre centripetes, dus au rééquilibre également ins-
tantané de voussoirs lithosphériques préalablement déséquilibrés par la
surcharge alluvionnaire où éruptive. Quand, par suite de leur situation
géographique réciproque, un voussoir centripète et un voussoir centrifuge
voisins s'équilibreront synchroniquement, on se trouvera alors en présence
d'un tremblement de terre antagoniste, qui ne sera en somme que la combi-
naison de deux sismes d’ascensions inverses.
Dans un Mémoire récent (?) nous avons montré que les diverses modalités
des tremblements de terre actuels répondaient bien à notre classification,
et nous allons maintenant, en discutant la relation qui unit la sismiçité aux
chutes pluviales, confirmer le rôle que jouent l'érosion et l’alluvionnement
dans la genèse des tremblements de terre. in
Si l’on compare le planisphère des régions sismiques dressé par Montessus
($) G. Zek, Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 1406, et t. 170, 1920, p. 597
07. T ;
C) G. Zeit, Les mouvements ascensionnels de l'écorce terrestreet les tremblements —
de terre tecloniques (Bull. Soc. géol. de France). -
118 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de Ballore (') au planisphère indiquant la répartition annuelle des chutes
pluviales, on sera frappé des analogies qu'ils présentent. On verra que les
deux fréquences, celle des chutes pluviales et celle des sismes évoluent
parallèlement et suivant un rapport constant. Entre mille autres exemples,
on constatera que dans l’Assam, où il pleut le plus (11",70 par an à Cherra-
pounji), c'estégalement là que la terre tremble le plus fréquemmentet leplus
violemment. On verra également que sur les côtes dalmates et sur la côte
Est de Madagascar, où les pluies atteignent une forte moyenne, se trouvent
localisées les aires sismiques les plus importantes des deux régions consi-
dérées. En revanche, dans le bassin de l Amazone, nous constaterons une
anomalie à la règle de proportionnalité que nous venons d’établir ; en effet,
dans cette région, la fréquence des chutes pluviales est for te alors que celle
des sismes y est faible. Il s’agit là d’une pseudo-anomalie qui doit être attri-
buée au régime tabulaire et à la couverture forestière qui s'opposent à une
rapide dénudation et par suite à une rapide décharge superficielle. Cette
exception à notre règle de proportionnalité en confirme donc le bien-fondé.
Masó et Smith (?) montrent qu'aux Philippines, c’est la vallée de l’Agus-
san (côte Est de Mindano) qui est la région la plus sismique de l’Archipel.
C’est aussi là qu'il pleut le plus ; la moyenne annuelle des pluies y dépasse
27,00, alors que dans le reste de l’Archipel cette moyenne oscille entre 1°
erot.
Kolderup (°), retraçant l’histoire des tremblements de terre norvégiens,
déclare que « la Norvège occidentale est la plus souvent et la plus fortement
ébranlée ; viennent ensuite le Nordland et les abords du fjord de Kristiania ;
‘la région bonigucusi centrale et les préfectures de Tromsö et du Finmark
présentent le plus de stabilité ». En Norvège, la moyenne des pluies atteint
1,50 dans la Norvège occidentale, 0,95 à Christiania et o”, 2 à Tromsö
et dans le Finmark.
Davison (*), résumant ses observations sismiques faites en Gaie
tagne de 1888 à 1909, écrit «que sur 20 tremblements de terre, 2 se pro-
(1) F. Mosrtessus ve BaLtore, Les tremblements de terre, cartes Lit I.
(2) MiGuez Saperr« Maso and Warexo D. Smita, The Relation of Seismic Dis-
turbances in the Philippines to the Geologic Structure. (Cité par Ann. de Géog.
Bibliog., 1913-1914, n° 1156.)
(°) Cart Fren Korverur, Norges jordskjæle med serlig hensy n til deres utbre-
delse. (Cité par Ann. de Géog. Bibliog., 1913-1914, n° 801.)
(+) Caarces Davisox, The Caracteristies of British Earthquakes. (Cité par Ann.
de 7 Bibliog., 1910, p. 141.)
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 119
duisent en Angleterre, 7 au Pays de Galles, 11 en Ecosse ». La moyenne
annuelle des pluies atteint o™,5o en Angleterre, 1",50 au Pays de Galles et
2,50 en Ecosse. Le quotient commun (0,04) de ces divers rapports numé-
riques (+, =, =) permet de conclure à la réalité de la constante propor-
tionnelle que nous signalons à l’Académie et confirme en même temps le
caractère ascensionnel des réajustements lithosphériques ainsi que celui des
tremblements de terre tectoniques.
GÉOLOGIE. — Sur la constitution géologique du Djebel Tselfat {Maroc
occidental). Note de M. René Agsranp, présentée par M. Emile Haug.
Le Djebel Tselfat constitue, à l’est de Fort-Petitjean, un massif monta-
gneux, culminant à 806", à peu près perpendiculaire, dans sa direction
générale, à celui du Zerhoun, plus méridional.
J'ai pu, au cours d’un récent voyage au Maroc, étudier en détail la partie
de ce massif située au nord de Sidi-Bou-Tinine et recueillir d'importants
documents paléontologiques qui me permettent de donner des indications
précises sur là constitution de cette région.
Le Tselfat est un anticlinal déversé vers l’ ENE, qui s'élève au travers d
marnes : marnes bariolées gypso-salines triasiques, à l'Est et au Nord,
marnes grises néogènes, à l'Ouest, dont il est difficile de préciser l’âge, car
elles ne fournissent que quelques empreintes indéterminables de Mol-
lusques. Il est néanmoins vraisemblable, étant donné leur position, de les
considérer comme helvétiennes.
Le noyau de cet anticlinal est constitué par des assises dé Jurassique
inférieur, surtout marneuses, surmontées par des grès burdigaliens à Pecten
Josslingi Smith, Pecten cf. Tournali M. de Serres, Flabellipecten sp. z
Cette couverture burdigalienne est assez continue sur les flancs ouest et
nord; au contraire, sur le flanc est, les couches jurassiques sont largement
tonus. Enfin, au-dessus du Bucdigalion et formant bordure, s ‘observent -
les couches de Bede mar, ensemble de calcaires marneux blancs ou bleuâtres
et de marnes blanches, que l’on voit, à la source sulfureuse Aïn Kebrit,
reposer en concordance sur les grès burdigaliens; il est probable qu'elles
constituent la base de l’Helvétien ; elles s’observent surtout sur le versant
nord et forment partout ailleurs une bande plus ou moins Foie
À cette vue d'ensemble, j’ajouterai une étude plus approfondie du Jur
sique, sur lequel ont surtout porté mes recherches.
> du Juras- à :
pami r
120 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce Jurassique du Tselfat montre une succession très intéressante, allant
du Toarcien moyen au Bajocien.
Le Toarcien moyen est constitué par des calcaires marneux et des marnes
bleues à Ammonites ferrugineuses. J’y ai rencontré :
Dactylioceras commune Sow., Lytoceras sp., Phylloceras cf. frondosum
Reyn., Phylloceras aff. dubium Fucini, Harpoceras sp., Belemnites niger
Lister, Belemnites breviformis Voltz, Harpax Parkinsoni Bronn.
Les individus appartenant aux genres Phylloceras et Lytoceras comptent
pour + dans le nombre total des Ammonites recueillies.
Le sômmet de l'étage est un ensemble de marnes et de calcaires marneux -
renfermant :
Haugia variabilis d'Orb., Cœloceras acanthopsis d'Orb., Neritopsis aff.
plulea d'Orb., Turbo subduplicatus d'Orb., Astarte sp., Terebratula aff.
Edwardsi Dav., Pentacrinus jurensis Quenst., Thecocyathus mactra Goldf.
Cette faune témoigne d’une mer moins profonde que celle où s’est déposé
le Toarcien moyen.
L’Aalenien repose sur les couches précédentes ; il est constitué par un `
grès souvent ferrugineux, renfermant une faune des plus intéressantes, que
j'ai déjà signalée dais une précédente Note ; les espèces les plus impor-
tantes sont : |
Lytoceras rasile Vac., Phylloceras tatricum Pusch, Harpoceras Murchisonæ
Sow., Hammatoceras af. climacomphalum Vac., POLOREN subspina-
tum Buckm., Cæloceras longaleum Vac.
-J'ai insisté sur les rapports extrêmement étroits de cette faune avec celle
du cap San Vigilio, sur le lac de Garde.
Les couches jurassiques les plus supérieures sont constituées, au Tselfat,
par des marnes blanches et des calcaires marneux bien lités. En certains
_ points, par exemple au col au-dessus d’Ain Slafta, les marnes sont bleuâtres.
Les fossiles autres que les tronçons de Bélemnites sont très rares dans cet
ensemble ; j'y ai rencontré dans les couches blanches Sphæroceras polymerum
Waag., et dans les marnes bleuâtres du col cité plus haut :
‘Stepheoceras aff. subcoronatum Opp., Sonninia sp. (deux individus de
très petite taille), Belemnites terminalis Phillips. ’
Cette formation doit donc être rapportée au Bajocien. Elle repose en
concordance sur l’Aalenien et supporte directement le aire rs Sur le
flanc ouest, lorsque la couverture burdigalienne fait TER est toujours
- Le cet me qui apparait,
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 121
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Une maladie bactérienne du Lierre
(Hedera Helix L.), Note de M. G. Anrnau», présentée par M. L. Mangin.
Le 24 juin dernier nous avons eu l’occasion d'observer, aux environs de
Paris, une maladie du Lierre commun causée par une bactérie, le Bacterium
Hederæ n. sp. Les maladies des plantes causées par des bactéries, et bien
caractérisées comme telles, sont assez peu nombreuses pour que chacune
mérite d’être relevée.
La maladie en question présente de si grandes analogies avec celle que
l’on appelle en France la « Graisse du Haricot » et qui est identique à
l'affection causée, en Amérique, par le Pseudomonas Phaseolt Smith qu'il
est à peine perai d’en décrire les caractères.
Sur les feuilles, la bactérie s'étend par les méats en provoquant la forma-
tion de taches ns ou moins arrondies, d'environ 5™™ de diamètre, qui sont
de couleur un peu plus sombre que le reste du limbe, quand elles sont vues
par réflexion, et plus claire, quand elles sont vües par transparence ; elles
présentent ainsi l'apparence de taches d'huile ou de graisse. Cet aspect est
assez caractéristique pour qu'il ait valu son nom à la maladie du Haricot ;
il est dû à une augmentation de l’homogénéité des tissus (au point de vue
optique), Homageneits qui facilite la pénétration de la lumière dans la
feuille ; en effet, la bactérie détruit les chloroleucites et, en même temps,
remplit les méats d’une matière, d'apparence gommeuse, formée par ses
propres éléments et par les débris des éléments cellulaires de l'hôte. Dans
les tissus plus altérés, il se produit un brunissement irrégulier. Les tissus
morts ont, à l’état sec, l'aspect d’une mince lame de corne brun clair, mar-
brée de brun plus ne tout autour, les tissus moins altérés forment une
Zone ayant l'aspect des ma jeunes ; enfin, on trouve souvent une auréole
extérieure vert clair non atteinte directement par le parasite, mais où la
chlorophylle est altérée par contre-coup. A l’état humide les parties mortes ee
Sont molles, visqueuses. Sur les rameaux, il se forme des taches brunes de
quelques centimètres de long ; sur les feuilles elles peuvent atteindre 2 Fos
diamètre. $
L'aspect des altérations, et surtout la transparence maridi dés de
mortes, est caractéristique et permet de distinguer à l'œil nu les maladies.
bactériennes des feuilles, de ce type, des maladies dues à des Fo à
(Phyllosticta, etc. )
122 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les bactéries de la « Graisse » du Lierre et de celle du Haricot montrent
peu de tendance à suivre le cours des vaisseaux du bois, tandis que chez des
maladies pose (maladie bactérienne du Mürier, maladie d'Oléron de
la Vigne), c’est la forme vasculaire qui domine.
Les variétés du Lierre ne paraissent pas également sensibles, la forme
dite « Lierre des bois » était la plus atteinte dans le cas considéré, plusieurs
milliers de jeunes plants ont été fortement altérés et, parfois, tués; le Lierre
à grande feuille ou « Lierre d'Ecosse » était beaucoup moins atteint.
Le développernent de la maladie semble favorisé par l'humidité venant
du sol; les plants de Lierre relevés en pyramide autour d’un tuteur étaient
peu attaqués. |
PHYSIOLOGIE. — Le lait et la fièvre aphteuse.
Note de M. Cu. Porcuer, présentée par M. E. Roux.
Les variations de la composition chimique du lait au cours des maladies
ont fait l’objet de nombreux travaux desquels il est difficile de tirer des
conclusions générales parce que, ignoré jusque-là des auteurs, intervient un
phénomène qui suffit, à lui seul, à donner la raison desdites variations :
c’est la rétention lactée. Selon l'importance de celle-ci, l'analyse chimique
du lait signale des troubles plus ou moins marqués et cela nous permet de
comprendre les contradictions observées dans les résultats des différents
auteurs, contradictions apparentes et non réelles, puisqu'elles ne sont que
dans LA et qu’elles s’effacent lorsqu'on fait jouer la rétention
lactée.
Tous ceux qui se sont occupés de l'analyse du lait, au cours de la fièvre
aphteuse, ont fourni les chiffres les plus discordants, mais sans chercher à
rattacher à leur véritable cause les oscillations des taux des composants du
lait. J'ai émis l'opinion que, dans le cas où ceux-ci étaient déficients, la
rétention lactée avait joué, à la suite d’une traite suspendue ou restreinte,
en raison de lésions sur les trayons. J’en apporte aujourd’hui la démonstra-
tion expérimentale avec des conséquences qui débordent de beaucoup
l'unique observation que je vais maintenant exposer.
J'avais, depuis peu de jours, une vache laitière dans mon Laboratoire,
lorsqu'elle vint à prendre la fièvre aphteuse. L'évolution de la maladie fut
tout à fait typique : température élevée pendant 48 heures, aphtes d’abord
dans la bouche, puis sur les trayons. Le trayon A. G. ayant commencé par
_ présenter des aphtes, j'ai décidé de ne pas le traire, voulant déterminer chez
SÉANCE DU 12 JUILLET 1420. 123
lui de la rétention lactée, tout comme la pratique peut la réaliser, mais sans
songer à ses conséquences. Les autres trayons n’ayant pas tardé à leur tour
à se couvrir d’aphtes, j'ai néanmoins procédé à la traite sur les quartiers
correspondants, estimant, a priori, que le lait ne marquerait aucune modi-
fication importante; pendant deux jours, jai même fait trois traites. Le
tableau joint à ma Note donne des résultats sur lesquels j ppa toute
l'attention.
Voici les conclusions que je puis tirer des données PA A qu'il ras-
semble :
1°: La rétention effectuée sur le quartier A. G. pendant deux jours, m'a
fourni des résultats qui sont en concordance parfaite avec ceux que j'ai
antérieurement produits : diminution du lactose, augmentation des matières
salines, constance de l’abaissement cryoscopique, forte diminution de l’in-
dice de réfraction, augmentation notable de la conductibilité. Ces derniers
documents analytiques ne peuvent prendre place dans cettè Note.
2° Lorsqu'on a provoqué de la rétention sur un quartier, la sécrétion
lactée ne revient que-lentement au niveau qu’elle avait antérieurement. On
aurait pu, a priori, croire. le contraire et admettre que la voie d’excrétion
étant ouverte à nouveau, la sécrétion redeviendrait rapidement ce qu’elle
était auparavant. |
Dég. Obser-
Jour. Heure. Quartiers. Q juantité, M.G. Ext. Loes? vations.
h m cm?
C Sr Les quatre 7000 44,9 e 03,6 52,2
l 19.30 » 6250 38,2 93,8 51,8
fr à -d 7.80 p 7000 39 93,6 92,0
18 » 5000: 47,75 91,35 48,9 (A)
Bonoa | 7 » 4000 52,3 93,10 52,6 30,5 (BE
18 » 4750. 43 92 4,4. 00,7
VE A 7 » _ 4500 44 QI 044 a ja
ME.) » 5000 56,45 092,80 52,2 39,2
SES z 7 » hooo 45,52 92,5 52,6 39,9
18 A 4o00o 42,3 03,85 59,2. 40,6
5 » 4006 -40,65 gé,08 Gr go n e
+55 à 11 A.D.+P.D.+P.G. 17950 56,75 90,45 J3 Honor
-k Ero 1300 -32,0 91:233. 9 388
P.D 65 -36,3 ‘9,0. (D)
6 {A-D.+P.G 2756: 42,15 g4,05 H 38,8
LP 1250 34,6 : 94,35. 53
16 :+ | LÉ D. + P.G 1200 47,79 93,40 Si ;
| Po -o 620 42,25 99509 ,3LS o oo
A.D. + P.G. 800 30,45 092,90 51,8. 3a-
18.30 | h Ne ar
124 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dég. Obser-
Jour. Heure. Quartiers. Quantité. M.G. Ext. Lactose, vations.
( A.D. +P.G. 9730. 20A. 08,80 AnI O 00,4
6.504 P.D. 1300 "19,07. 93,00 : 91
tae VAG. 1600 32,2 91,05 37,6 (E)
11 A.G. LAB TEST O0 UT Jra
18 des +P.D.+P.G. 4goo 35,1 94,3 5i 38,9
\ À.G. 100. 99,90: 87:90 230,4
| 6.30 A.D.+P.D.+P.G, 4900 33,85 93,85 51,8 38,7
es A.G. 300 86,40 87,60 36,3
| 18 A.D.+P.D.+P.G. 4500 7190: e 02:00 J09 9020
A.G. hoo 74,55 88 38
6 30 IAD- FPD PG. 4000‘ 29,05 p 02,09 - 60,7: 38,7
a “rl AG: | 600 57,30 89,15 40,4
à ASE 18 | ADER D EEG 3900 30,3: 91,89 -49,3
A.G. 500 48,10 90,10 43,10
Het | 6.30 Les quatre Goda 32,35 90,65 , 49,6
as » opo -29:99 92730 — 50,7
6.30 52 Hood. 9E J0 0.40: 00,9
ae ts » 5200 38,70 92,79 48,9
Observations. — (A) Éclosion de la maladie; (B) Aphtes dans la bouche; (C) On
ne trait pas le quartier A.G. (rétention); (D) doii sur le trayon. On tsi néan-
moins; (E) On cesse la rétention qui a duré 48 heures.
3° Quand on procède, au contraire, à la traite, lors même que les trayons
présentent des lésions aphteuses, d’abord on recueille un lait de compo-
sition normale, ensuite on entretient la sécrétion par l'excitation méca-
nique qui accompagne la mulsion et, en dépit de létat fébrile, on arrive
à récolter une quantité de lait peu inférieure, bien moins toutefois que si
les traites avaient été diminuées, espacées ou suspendues en raison des
lésions aphteuses des trayons, à ce qu’elle était avant l’éclosion de la
maladie. Le 10 mai, veille de celle-ci, l'animal donnait 13!,25 de lait;
le 21, il en donnait 11!,75. La conclusion majeure que je crois pouvoir
tirer des deux paragraphes précédents, au point de vue de l’économie de la
production du lait, c’est que, au cours de la fièvre aphteuse, qu’il y ait ou
non des lésions sur les trayons, il importe de procéder aux traites comme
à l'ordinaire, voire même de les multiplier au point d’en faire trois et
même quatre par jour.
La gymnastique fonctionnelle ainsi intensifiée de la glande, au cours de
la maladie, permettra à la sécrétion d'approcher de près le taux qu’elle avait
auparavant, et ceci, second avantage non moins important, plus rapi-
dement.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 129
Sans nier, sans amoindrir le rôle encore mal défini de la maladie sur la
sécrétion lactée au point de vue quantitatif, je ne suis pas loin de penser
que le déchet observé dans la production laitière serait de beaucoup
diminué si, et je crois bon de le répéter, on procédait à la traite comme à
l'ordinaire, avec encore plus d’application.
BIOLOGIE. — Sur la reproduction des Planaires et sur la signification de
la fécondation chez ces animaux. Note de M. A. Vanpez, présentée
par M. Y. Delage.
Mes cultures de Planaires m'ont amené à certaines conclusions d’ordre
général qui seront développées tout au long dans un travail ultérieur, mais
dont je signale ici les principaux points :
1. Les phénomènes de reproduction asexuée ne se manifestent, en
Europe, que chez quatre espèces de Triclades paludicoles : Planaria vitta
Dugès, PL. subtentaculata Draparnaud, PL. alpina Dana (et les formes poly-
pharyngiennes qui s’y rattachent) et Polycelis cornuta Johnson. Les pro-
cessus de fissiparité signalés chez d’autres espèces sont des phénomènes
pathologiques, et les fragments qui résultent de cette scission meurent ou
ne régénèrent pas.
2. Le phénomène de scission se produit de la même manière chez les
quatre espèces ci-dessus signalées. La scission résulte de la fixation très
ferme de la partie postérieure au substrat, tandis que la partie antérieure
continue à avancer. Ce processus est extrêmement rapide; il dure à peine
quelques secondes. Dans le cas de fission normale il y a régénération rapide
des deux fragments. J'ai pu observer ce phénomène chez PL. alpina; s'agit
là d'un processus normai et non pathologique, comme l'ont prétendu cer-
tains auteurs [Voigt (1894), Steinmann (1906; 1907)]. Mais la scission est
cependant moins fréquente chez cette espèce que chez Pol. cornuta. Il s'agit
dans tous les cas d’un simple arrachement mécanique analogue à celui qui,
dans les Planaires bi- ou tricéphales, arrive tôt ou tard à séparer les diffé-
rentes tètes les unes des autres. Toutes mes observations me permettent
d'affirmer qu’il n’y a pas deux ou plusieurs zoïdes prédéterminés, comme le
suppose Child (1906; 1910), par analogie avec ce qui a lieu chez les
habdocoeles. ; | | ï
3. Le plan de fission n’est pas déterminé de façon rigoureuse. Le point de
126 ACADÉMIE DES SCIENCES.
déchirure se produit au hasard, entre la partie antérieure et la partie posté-
rieure. Chez Pol. cornuta, le plan de scission passe, dans la majorité des
cas, par le milieu de la cavité pharyngienne; parfois 1l se trouve en arrière
de la bouche, et d’autre fois, au contraire, en avant de la base du pharynx.
La durée qui sépare une scission de la suivante n’est soumise à aucune
règle fixe.
4. Le phénomène de scission est fonction de deux facteurs :
a. De la résistance des tissus : Les individus sexués, comme je l’ai indiqué
dans une précédente Note ('), ne se coupent jamais.
b. De l’état physiologique de l’animal : la scission reconnaît pour cause
originelle un manque de corrélations entre les différentes parties de l'animal
qui est lui-même en rapport avec une diminution du système de com-
mande et un affaiblissement physiologique de l'individu.
5. J'ai observé dans un très grand nombre de cas le passage de la repro-
duction asexuée à la reproduction sexuée. Il n’y a pas, comme le soutient
Voigt (1900), un arrêt de la reproduction asexuée, puis développement des
organes génitaux, mais les deux processus s’intriquent l’un dans l’autre; il
y a d’abord développement des gonades ; l'animal continue à se couper tant
que les organes copulateurs ne sont pas complètement développés ; une fois
les glandes génitales arrivées à maturité, il y a une régénération très rapide
des organes copulateurs, comme je l’ai indiqué dans une étude précé-
dente (?); ceux-ci étant bien constitués, la reproduction asexuée cesse,
comme il a été dit au paragraphe 4 a.
6. J'ai obtenu également un animal sexué à partir d’un individu dont
l'origine m'était connue et qui provenait d’un fragment postérieur produit
par scissiparité (cet individu s’était coupé une fois avant de devenir sexué).
Ce fragment ne contenait pas au début d'éléments génitaux : a. parce que
l’animal souche n’était lui-même pas sexué; b. parce que la partie posté-
rieure des Triclades ne contient pas, ou très peu, de cellules germinales ;
c. enfin, parce que les phénomènes de réduction et de réorganisation qui
accompagnent la régénération du fragment auraient sûrement détruit les
cellules germinales, s’il y en avait eu. Il semble donc qu'il y ait eu, dans
ce cas, régénération des cellules germinales à partir de tissus somatiques.
(1) Comptes rendus, t. 408, 1919, p. 1128.
(2) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 249.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 127
7. Inversement, les animaux sexués peuvent devenir asexués. On sait
que, chez les Planaires, l’affamement fait disparaître les organes génitaux.
J'ai pu, d'autre part, obtenir chez des Pol. cornuta, bien nourris, mais soumis
à une température de 21°, une dégénérescence rapide de ces mêmes organes.
Ces animaux, privés d'organes copulateurs et affaiblis physiologiquement,
sont capables de se couper.
8. Le même individu peut donc passer successivement par les deux états,
sexué et asexué ; il n’y a pas deux races distinctes présentant chacune un
mode particulier de reproduction. Cependant, il existe à l’origine une diffé-
rence bien marquée entre les deux sortes d'individus, nés soit par voie
sexuée, soit par voie asexuée : les jeunes Vers issus de cocons ne se coupent
Jamais, mais acquièrent très rapidement des organes génitaux, et cela, même
à une température peu favorable (16°-17°). On aperçoit déjà des rudiments
d'organes copulateurs chez des Vers mesurant 7""-8"® de long et sortis du
cocon depuis 30 à 60 jours seulement. Ces faits ont été constatés à la fois
chez Pol. cornuta et Pl. alpina. [ls ne nous permettent plus d'admettre,
comme l'avaient fait von Graff (1899) et Curtis (1902), que la reproduc-
tion asexuée a pris naissance chez de jeunes individus n'ayant pas encore
acquis d'organes génitaux; la seule origine possible de la reproduction
asexuée doit être recherchée chez des animaux âgés, soumis à de mauvaises
conditions. Au contraire, les Jeunes individus produits par voie aseæuée se
coupent toujours et cela de façon très précoce (chez Pol. cornuta les individus
qui se recoupent n’ont parfois que 3™,25 et ceci déjà 24 jours après la
séparation de la souche).
9. Ce contraste entre les deux catégories d'individus permet de nous
rendre compte de la signification de la fécondation chez les Planaires : a. la
fécondation agit d’abord pour régulariser la taille et la forme de l'animal;
chez les individus produits par voie asexuée, celles-ci se modifient de la
façon la plus variable suivant les caprices de la scission ; on obtient ainsi
des individus nains et de formes très diverses; les individus nés par voie
sexuée, ne se coupant pas, évoluent beaucoup plus régulièrement et attei-
gnent assez rapidement la taille normale; b. si l’on se rappelle, comme je
, 4 . . p j 3
Pai dit au paragraphe 4 b, que la scission est en rapport avec un manque de
corrélations produit par un affaiblissement physiologique, on est conduit à
admettre que les jeunes produits par voie sexuée possèdent un état physio-
logique très élevé, tandis que les jeunes issus de la reproduction asexuée
ont conservé l’état physiologique amoindri de la souche, état amoindri qui ;
128 ACADÉMIE DES SCIENCES.
n’a pu être compensé par les phénomènes de réorganisation qui accom-
pagnent la régénération. Il sc produit donc dans la fécondation et dans les
phénomènes ultérieurs qui se déroulent à sa suite, un rajeunissement con-
sidérable de l'organisme. Ce rajeunissement qui peut être ici constaté d’em-
blée, sans qu’il soit besoin de procéder à de longues cultures prêtant tou-
jours le flanc à de sérieuses critiques, est loin d’épuiser toute la signification
de la fécondation. La fécondation a certainement un rôle complexe et
multiple, mais les résultats résumés ci-dessus montrent que sa fonction
rajeunissante, niée par bien des auteurs, existe réellement chez certains
= Métazoaires. :
BIOLOGIE. — Analogies et différences d'actions biologiques des diverses
radiations du spectre solaire. Note de M. Mimamonp DE LAROQUETTE, prê-
sentée o M. Laveran.
On connaît de aoaea différences d'action entre les diverses parties
du spectre : les rayons infrarouges et les rayons ultraviolets sont obscurs;
lës rayons intermédiaires sont lumineux et de diverses couleurs. Les
rayons jaunes, orangés, rouges et infrarouges sont peu ou pas actiniques
mais très calorifiques. Les rayons bleus, indigos, violets et ultraviolets sont
peu calorifiques, mais agissent fortement sur les sels d'argent. Avec les
rayons ultraviolets, a pu être réalisée la synthèse de l’aldéhyde formique
je Dern
exactes que soient ces données, permettent-elles d'attendre des diverses
en des effets biologiques et thérapeutiques très distincts ou même
opposés? Question théoriquement et pratiquement importante, à laquelle
on tend actuellement à répondre par l’affirmative.
Des observations personnelles (!) et des expériences poursuivies depuis
plus de 10 ans, sur les plantes, les bactéries, les animaux, et sur l’homme,
nous ont montré que les hs radiations du spectre ont dans leurs
(5) FR DE LAROQUETTE, Érythème “is el pigmentation (Congrès inter-
national de Radiologie: Prague, 1912); Actions-des bains de lumière (A. F. A. S.,
1912); Lumières de couleur ( Paris- Médical, juillet 1912); Action biotique de la
lumière. Cure solaire des blessés (Bull. Ac. de Méd., novembre 1915); Action bac-
téricide de la lumière solaire (Annales de L'Institut Paster. avril 1918); La vie des
plantes en lumières de couleur (La Nature, 22 février 1919).
f
£
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 129
actions sur les tissus vivants moins peut-être de différences que d’ana-
logies. Pour des intensités égales d'énergie rayonnante absorbée par un
même tissu, les effets sont sensiblement identiques, quelle que soit la nature
des radiations en jeu. Celles-ci paraissent surtout se différencier par leur
degré variable de pénétration, et conséquemment par leur niveau d’absorp-
tion et d’action dans les tissus.
Sur les organismes morts, l’action des radiations se traduit surtout par
des effets de déshydratation et d’échauffement. Sur les tissus vivants, les
mêmes effets physiques s’observent, mais modifiés plus ou moins par des
réactions fonctionnelles locales et générales :
Sous une intensité modérée, les rayons ont des effets d’excitalion vrai-
semblablement d'ordre énergétique. Le protoplasme (végétal et animal)
paraît recevoir du rayonnement absorbé une charge dynamique utile aux
diverses fonctions vitales (circulation, sécrétions, propriétés cellulaires).
Sous une intensité plus forte, les rayons ont sur l'animal des effets d'in-
flammation qui rappellent les processus normaux de défense de l’organisme :
hypérémie, hyperthermie, ædème, phagocytose.
Sous une intensité exagérée, les tissus sont frappés de mort; le proto-
plasme est coagulé. Ce sont des effets destructeurs ou d'explosion de la
matière vivante. 5
Ces trois degrés d'action s’observent, mais dans des conditions différentes
avec les rayons infrarouges, les rayons lumineux et les rayons ultraviolets.
lls sont proportionnels à l'intensité du raonament absorbé, mais non
du rayonnement incident.
Les rayons ultraviolets ne pénètrent pas dans les tissus organiques au ù delà
de quelques dixièmes de millimètre; leurs actions sont donc superficielles ;
leurs effets abiotiques, bactéricides et chimiques paraissent liés à leur immé-
diate et complète absorption. Une quantité relativement faible de rayons
ultraviolets peut ainsi provoquer des réactions locales intenses; et sur les
tissus vivants comme sur les sels d’ argent, des effets d’explosion.
Les rayons infraroug ges ont une pénétration directe limitée et mal déter-
minée. Ils paraissent se disperser, se diffuser dans les tissus, sans doute en
raison de la teneur en eau du protoplasme; il en résulte que pour une même
quantité d'énergie incidente, les effets sont bien moins intenses et moins
. localisés. Pour produire des effets destructeurs, bactéricides ou autres, une
intensité plus grande de rayonnement incident est nécessaire.
Les rayons lumineux sont relativement pénétrants ; surtout les rayons
jaunes rangés et rouges dont une certaine quantité s se décèle sur l'homme ;
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 2.) | | 9 |
130 ACADÉMIE DES SCIENCES.
au delà de 4°® à 5°" de profondeur : Les rayons verts, bleus, indigos et vio-
lets ne vont pas au delà de quelques millimètres; ils sont absorbés par le
derme et sang des capillaires superficiels.
La perception lumineuse paraît liée à la pénétration des radiations : Les
_ rayons obscurs, infrarouges et ultraviolets, n'arrivent pas à la rétine de
l’homme ; ils sont retenus par le cristallin et le corps vitré qui, par contre,
sont transparents pour tous les rayons lumineux.
L'observation des plantes dans des serres de couleur montre que la végé-
tation est plus intense dans le jaune que dans toutes les autres lumières par-
tielles. Le bleu et le rouge sont à peu près à égalité; le vert est très proche
du noir même pour les plantes à xantophylle.
Des signes d’étiolement s’observent dans toutes les lumières de couleur,
et la lumiere blanche totale est de beaucoup supérieure. Les diverses radia-
tions ont donc, les unes vis-à-vis des autres, et au moins pour les plantes,
des effets complémentaires utiles.
Sur les bactéries, les moisissures, les champignons, tous les rayons du
spectre peuvent avoir, sous de faibles intensités et pour de courtes irradia-
tions, des effets excitants ou biotiques; tous avec des doses plus fortes attei-
gnent rapidement l’action destructive qui, en l'espèce, nécessite d’autant
moins d'intensité que le rayonnement est plus absorbé.
Les rayons chimiques et surtout l’ultraviolet ont donc pratiquement des
effets bactéricides bien plus marqués; mais ces effets sont superficiels;
il n’y a pas d'action bactéricide des rayons solaires dans la profondeur des
tissus vivants.
Sur la peau humaine, les rayons calorifiques et les rayons chimiques
ont des effets en apparence très différents, bien que très comparables
en soi. Les rayons chimiques agissent sur | nn (pigmentation) et pro-
duisent rapidement des effets destructeurs (desquamation, érythème,
phlyctène). Les rayons calorifiques agissent surtout sur le derme et les tissus
sous-jacents; ils y produisent, suivant l'intensité, des effets d’excitation et
d’inflammation particulièrement utiles en thérapeutique ; ils provoquent
l'hypérémie et les sécrétions sudoripares et sébacées qui rendent l’épi-
derme plus résistant aux actions des rayons chimiques. La peau est en
effet plus fragile quand elle est sèche ou anémiée par le froid (coup de
soleil des glaciers). Il ne s’agit pas là d’ailleurs de neutralisation des rayons
chimiques par les rayons calorifiques; mais seulement de réactions parti-
culières de tissus différents et superposés : Une onction de la peau avec un
corps gras à pour l’'épiderme un effet protecteur analogue.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 131
Les données ci-dessus et l’observation clinique montrent que les actions
biologiques et thérapeutiques des rayons ultraviolets sont relativement
restreintes. Pour l'animal et pour l’homme comme pour les plantes ils ne
constituent pas une forme supérieure d'énergie. Les rayons lumineux
chimiques et surtout calorifiques sont bien plus importants parce qu’ils
sont pénétrants et portent assez profondément dans les tissus leurs actions
énergétiques, utiles ou nuisibles suivant l’intensité.
Ces réserves faites, on doit retenir que les diverses radiations du spectre
ont toutes une part dans les actions biologiques de la lumière solaire et
que le plus souvent leurs effets s'additionnent et se complètent.
ZOOLOGIE. — Sur un Cryptoniscien nouveau, Enthylacus trivinctus n. g.,
n. sp., parasite intrapalléal d’une Sacculine ; un cas de parasitisme au troi-
sieme degré. Note de M. Cnarces Pérez, présentée par M. E.-L. Bouvier.
J'ai fait connaître, dans une Note récente, un Bopyrien parasite sous-
abdominal de l’Ostracotheres spondyli Nob., Crabe commensal lui-même du
Spondylus gaederopus L. Ce Pinnothérien héberge aussi, soit côte à côte
avec son Bopyrien, soit à l’état de parasite solitaire, une Sacculine, que l’on
peut, au moins d’une façon provisoire, considérer comme suffisamment
définie par son hôte, et que je me contenterai de signaler ici sous le nom de
Sacculina ostracotherts n. sp. | |
La Sacculine, à son tour, héberge un Cryptoniscien de la famille des
Liriopsidés, qui constitue ainsi un parasite au troisième degré. Ce parasite,
entièrement enfermé dans la cavité palléale de son hôte, y vit à l’état gré-
gaire; on rencontre côte à côte plusieurs femelles adultes, un grand nombre
de mâles cryptonisciens, et éventuellement des stades de transition, corres-
pondant à la phase évolutive où le mâle se transforme en jeune femelle.
C'est un nouvel exemple de cet hermaphrodisme protandrique que des
travaux antérieurs ont montré être la règle chez les Cryptonisciens ( Caul-
lery et Mesnil, Hemioniscus; Caullery, Liriopsidés; Ch. Pérez, Crinoniscus).
La femelle adulte (7""-8"") se présente sous la forme d’un sac chitineux,
d’une allure générale fusiforme, incurvé en croissant dont la concavité cor-
respond à la face ventrale de l'animal (fig. 1 et 2). Une segmentation,
marquée par des constrictions transversales, par la distribution régulière
de diverses tubérosités, par le trajet de nervures renforçant la chitine,
parait correspondre à la métamérie primitive de l’Isopode, surtout dans ao
132 ACADÉMIE DES SCIENCES.
moitié antérieure, qui répond sans doute au thorax; une sorte de rostre
proëémine dans la concavité, et deux taches pigmentaires, vestiges persis-
tants des yeux, permettent d'y reconnaître la tête (z). Les deux extrémités
du croissant portent des expansions mousses, comme des cornes obtuses,
variables d’un individu à l’autre et plus ou moins dissymétriques, à droite
tin trivinctus : 1, raie face itak Z; femelle, profil x 12,5; 3 — 6, premier,
3e, 6°, 7° péréiopodes du mâle € a aan rare à T — 10, premier, 5°, 6° péréiopode et uro-
podes de la larve épiaridienne.
et à gauche, dans lé même individu. A part quelques vestiges d’organes,
presque tout le volume interne de la femelle est occupé par une vaste cavité
incubatrice ; dans la moitié antérieure du corps, la ligne médioventrale est
occupée par une sorte de raphé (r) où viennent s'affronter les bords de la
cavité incubatrice, et qui représente la ligne de déhiscence destinée à
s'ouvrir pour laisser sortir les embryons à terme. La cavité incubatrice est
parcourue par un courant respiratoire dont l’orifice inhalant est situé en
dessous du rostre céphalique, lorifice exhalant, munis d’une grille de
quatre digitations, occupant l’ extrémité postérieure du raphé.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 133
Le måle (1™™,25) a la forme cryptoniscienne typique; muni de deux
yeux volumineux, il présente la disposition habituelle des deux testicules et
de l'ampoule pigmentée de l'intestin terminal. Les deux premiers péréio-
podes sont courts et trapus (fig. 3); les suivants, plus déliés ( fig. 4), pré-
sentent surtout un allongement plus accentué du propodite et du dactylo-
podite; le sixième (fig. 5) se termine par une longue et forte soie ensi-
forme; le septième, beaucoup plus court, a la forme d’un stylet incurvé
(Jig. 6). Les pléopodes, biramés, portent à chaque rame cinq soies plu-
meuses inégales. Par l’ensemble de ses caractères, ce mâle rappelle beau-
coup celui des Danalia.
La larve épicaridienne (350 x), aveugle, présente les caractères ordi-
naires de ce stade dans la famille des Liriopsidés. Les cinq premiers péréio-
podes se terminent par une main préhensible, dont le propodite s'allonge
progressivement au fur et à mesure qu'on passe d’un segment au suivant
(fig. 7, 8) ; le sixième (fig. 9) annonce déjà la forme caractéristique de cet
appendice dans le stade cryptoniscien. Les pléopodes sont biramés; les uro-
podes (fig. 10), géniculés, ont leur endopodite terminé par deux fortes
griffes aiguës. Il y a un tube anal bien développé, comme dans le stade
homologue des Liriopsis. 5
Le parasite que je viens de décrire est bien probablement analogue,
sinon même génériquement, identique à celui que Kossmann a autrefois
signalé dans la cavité palléale de la Sacculina pisiformis Koss., parasite du
Chorinus aries Latr. des Philippines, et auquel il a donné le nom d'Eumetor
liriopides. Kossmann n'ayant d’ailleurs reconnu la présence du parasite
qu'après avoir débité l’hôte en coupes, il n’a pu reconstituer sa forme ni en
donner aucune figure ni description précises. Le nom générique d’'Eumetor
doit donc être provisoirement réservé comme nomen nudum, jusqu’à ce que
l'on observe à nouveau ce type, que la connaissance de son hôte permettra
de retrouver. Je me crois autorisé à proposer, en attendant, un nom géné-
rique nouveau pour le parasite qui fait l’objet de cette Note, et que j'appel-
lerai Enthylacus trivinctus.
134 - ACADÉMIE DES SCIENCES.
EMBRYOGÉNIE. — Histogenèse et époque d'apparition des différents tissus
pulmonaires chez le Mouton ('). Note (°) de MM. J. Draco et Fauré-
Fremer, présentée par M. Henneguy.
I. Tissu musculaire. — Le tissu musculaire apparaît de très bonne heure
aux dépens de cellules conjonctives, embryonnaires, qui se trouvent
appliquées à la surface du tube épithélial, comme Stieda (1878) l’a observé
sur un fœtus de Mouton de 23°".
Chez le fœtus de 2° de long, ces cellules sont en division très active.
Elles donnent naissance à de grands éléments polygonaux et plus colorables,
montrant un noyau rond : les myoblastes. Ceux-ci sont disposés en une
seule couche et forment autour des canaux épithéliaux des anneaux complets,
moins rapprochés les uns des autres à mesure que l'on s'éloigne du
hile du poumon. De nouvelles cellules vont s'ajouter à la face externe
des anneaux, à mesure que le poumon s'accroît, tandis que les premières
cellules s’allongent, deviennent fusiformes et s’accolent pour former des
fascicules de fibres musculaires lisses.
Pendant le développement du chorion bronchique, les anneaux muscu-
laires s'éloignent du tube épithélial et s'interrompent pour laisser libre
passage aux glandes bronchiques qui commencent à apparaître. La diffé-
renciation est complète au milieu de la vie fœtale; les fibrilles sont alors
colorables par la fuchsine : en section transversale, elles apparaissent sous
forme de points dans le cytoplasme cortical autour du Dra en section
longitudinale, elles parcourent toute la fibre.
Dans les régions inférieures et superficielles du poumon, les myoblastes
sont plus rares; leur différenciation s’accomplit après le développement
complet des canaux alvéolaires et des alvéoles.
U. Tissu cartilagineux. — Ce tissu apparaît après la formation des myo-
blastes et avant la stratification de l’épithélium bronchique. Chez un fœtus
de 3°®,6 de long, les sections transversales et longitudinales de la bronche
principale montrent tous les stades de son développement. Les cellules
conjonctives du chorion bronchique forment en différents points, au sein
de ce tissu, des amas globuleux; elles se disposent concentriquement et
(1) Travail fait à l’aide d’une subvention sur le fonds Bonaparte.
(2) Séance du 28 juin 1920.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. | 135
l’adjonction à leur périphérie d’autres cellules conjonctives à mesure du
développement du poumon entraîne la constitution des nodules et des
segments disposés autour des anneaux musculaires et à une distance variable
de ceux-ci.
Les cellules centrales (de 16” à 18” de diamètre) de ces amas se divisent,
s'écartent les unes des autres, deviennent globuleuses ou polyédriques et
laissent entre elles des espaces occupés par une substance hyaline. Le pro-
toplasme se vacuolise à mesure que cette substance s'accroît en quantité,
et il se réduit, quand se forme la capsule, à une couche très mince autour
du noyau ou à un réseau cytoplasmique très vacuolisé, à bord festonné,
renfermant toujours des inclusions graisseuses.
Le développement des segments et des noyaux cartilagineux, sur la tota-
lité de l'arbre bronchique, s’achève à la fin de la vie fœtale.
IH. Élément élastique. — Les premiers éléments élastiques apparaissent
dans les artérioles, entre l’endothélium vasculaire et les myoblastes péri-
théliaux, sous la forme de granulations disposées en files et qui vont se
fusionner en fibrilles pour former les limitantes avant même que l'élément
musculaire ne soit différencié.
Autour des tubes épithéliaux ils ERA en même temps que la
différenciation du chorion, et forment un riche réseau dont les mailles sont
disposées RTE
-~ Autour de quelques nodules et segments cartilagineux, on trouve des
élastoblastes (fœtus de 12°" de long) disposés concentriquement à leur
périphérie et envoyant des fibres qui pénètrent jusqu’à une certaine dis-
tance dans la substance hyaline (*). :
Autour des alvéoles pulmonaires, les fibres élastiqt j Lvers
la fin de la vie fœtale (fœtus de 45°" de long), CORTE RODENL à l'affirmation
de Linser ( 1900). Ces fibres forment des cravates fibrillaires à la base des
évaginations, des bosselures, et sur les canaux alvéolaires, comme nous
avons pu les voir par la coloration de Weigert et par l’orcéine à cette
époque du développement. es pe
IV. Glandes bronchiques. — Ces glandes apparaissent dans les ba
dont l’épithélium présente des cils, sous forme de os Le q sé
a AAG
(+) Nous n'avons pas observé, chez le fœtus de Moutes: a présencs d'aide
au sein de la substance hyaline, non plus que l’origine chondroblastique de ceux-ci -
Constatée, par de Kervilly (1910), chez le fœtus numai,
136 ACADÉMIE DES SCIENCES.
forment aux dépens des cellules basales de l’épithélium bronchique. Celles-
ci se multiplient, s'orientent concentriquement et forment des petits
nodules sous-épithéliaux qui refoulent la membrane basale. Ces bourgeons
s’allongent, pénètrent dans le chorion, traversent les espaces des anneaux
musculaires, forment des tubes ramifiés et contournés situés à la face
interne des segments cartilagineux et même entre ces segments. Les
bourgeons primitifs se creusent d’une lumière autour de laquelle les cellules
sont disposées sur un rang. Mais à l’origine du tube glandulaire, les cellules
épithéliales cylindriques et ciliées pénètrent pour former, sur une petite
longueur, l’épithélium interne du col. Sur le reste du tube il se forme
une deuxième couche externe des cellules myoépithéliales aux dépens de
cellules primitives invaginées.
Ces glandes sont d’abord du type séreux; chez le fœtus de 40°" quelques-
unes de leurs cellules prennent le type muqueux; elles sont volumineuses
et leur différenciation coïncide avec celle des mêmes cellules dans lépi-
-thélium-cilié des bronches.
V. Tissu congonctif. — Chez le jeune fœtus de 15°" à 30°" de long, ce
“tissu présente une disposition particulière autour des vaisseaux (artère
pulmonaire et ses ramifications) ; les cellules conjonctives se disposent avec
leurs prolongements transversalement autour de ces vaisseaux. Elles forment
une adventice épaisse de 120Ÿ à 150”, tandis que l'épaisseur même des parois
propres des vaisseaux ne dépasse pas 25". Dans le tissu conjonctif on
trouve en nombre très restreint Chez les petits fœtus, très abondants, au
contraire, chez les grands fœtus, des Mastzellen ou cellules à engrais, les
unes avec une substance protoplasmatique bien délimitée, d’autres avec
un protoplasma désagrégé (Clasmatocytes).
VI Eléments étrangers. — Dans les canaux aériens et dans les aala
pulmonaires primitives ét définitives, sur des fœtus extraits après l'abatage
de la mère,on trouve différents éléments étrangers.
L’asphyxie par arrêt de la circulation maternelle et placentaire excite le
bulbe du fœtus et détermine des mouvements prématurés du thorax, du
diaphragme, etc., comme Balthazard (1920) et différents auteurs lont
montré pour le fætus humain. Le liquide amniotique pénètre alors dans les
voies aériennes et y entraîne les différents emeni qu'il contient en
suspension.
La centrifugation du liquide amniotique de divers fætus donne un dépôt
abondant de cellules identiques à celles que nous trouvons dans les
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 137
cavités du poumon : cellules épithéliales de la poche amniotique, desqua-
mées, gonflées et altérées par un séjour plus ou moins prolongé dans le
liquide amniotique.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — La chloropicrine agit-elle sur les ferments solubles ?
Note de M. Gasriez Berrranp et de M™° Rosengart, présentée par
M. E. Roux.
|
Les propriétés énergiques de la chloropicrine à l'égard des espèces
vivantes, animales et végétales, peuvent-elles s'expliquer par une action
directe sur les ferments solubles ou diastases ? Y a-t-il destruction, inhibi-
tion définitive ou temporaire de ces réactifs si fragiles, mais indispensables
à l’accomplissement des processus biochimiques ? C’est ce que nous avons
cherché.
Les expériences dont nous donnons ici un compte rendu succinct ont été
entreprises en faisant agir une série assez variée de diastases comparative-
ment dans l’eau et dans une solution saturée ou presque saturée de chloro-
picrine. Nous rappelons que la chloropicrine est soluble dans l’eau à raison
de 18,7 environ par litre à la température ordinaire. Nous avons pris la
précaution de laver cette substance, d’abord à l’eau faiblement alcalinisée,
jusqu’à neutralisation complète à l’hélianthine, puis à l’eau pure, avant de
nous en servir.
Expériences avec la sucrase. — Ces expériences ont été réalisées avec la
sucrase de la levure et avec la sucrase de l’Aspergillus niger. A l'emploi
près de la chloropicrine, nous avons suivi exactement la technique décrite
par nous il y a quelques années, en collaboration avec M. Rosenblatt (').
Les dosages de sucre hydrolysé ont eu lieu après un séjour de 24 heures
cm* +
dans une étuve à la température de +28°. Nous avons trouvé pour 100" :
Saccharose hydroly$é
en l'absence de en présence de
Origine de la sucrase. chloropicrine. chloropicrine.
m
Levure (extraite de 5% de cellules).............. 56 66
Ni » 50 » Vs th iiaest DU 618
Mo "00 » ilot (08e 610
Aspergillus (extraite de 20% de mycélium)......... 597 640.
r ( » 50 » Liu D 1530
() Ann. Inst. Past., t. 26, p- 321 et 932, et Bull. Soc. chim., 4° série, t, 11, 1912,
P. 196 et 464.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N°2) =
138 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Expériences avec l’amy gdalinase. — Nous avons introduit 5" de prépa-
ration diastasique, retirée des amandes, dans 5o™ de solution d’amygdaline
à 2 pour 100. Après 24 heures d'action à la température de + 33°, l'acide
cyanhydrique libéré a été dosé par distillation et titrage à largent. Nous
avons trouve :
En l’absenc En présence
de ee de chloropicrine,
ONI inc a 9™8,9 178,8
Expériences avec l'uréase. — En faisant agir la diastase retirée de la graine
de Soja hispida sur une solution d’urée => suivant un mode opératoire
décrit d’autre part ('), il s’est produit dans 10°" de solution, après une
demi-heure à + 35°, les quantités d’ammoniac suivantes :
) ; En l'absence En présence
Expériences. de chloropicrine. de ue eti
ee a E a a 178 Oo,
D a al see DS 1508,8 gmg e
Expériences avec la catalase. — Nous avons opéré avec de la catalase de
foie de veau et avec de la catalase de panne de porc (°). Nous avons fait
agir les deux préparations sur de l’eau oxygénée à 2 pour 100, obtenue en
diluant du perhydrol, soit dans l’eau pure, soit dans une solution saturée
de chloropicrine. La décomposition de l’eau oxygénée et le dégagement
g’ oxygène ont été suivis par titrage au permanganate. Voici les quantités
d'oxygène dégagées par 10°* de mélange, après 30 minutes d’action à la
température du laboratoire :
si Origine En l’absence ent
Expériences. de la catalase. de chloropicrine. de chloropicrine.
Li mg mg
i. Foie ki ei T N 8,6 9,1
M te Me dus je (und 18,7 1),
T. Panne de s ea 16,7 | 10,7
M de. 28,3 22,8
Expériences avec la zymaze. — De la levure desséchée selon la méthode
de Lebedeff a été mise à macérer comparativement dans l’eau pure et dans
une solution aqueuse de chloropicrine au millième. Après 4 heures de séjour
à l’étuve à + 35°, on a filtré, ajouté 28,5 de saccharose en poudre à 25°* de
chacun des Édité et laissé nier + 17°39. Les bulles de CO? ont
(1) G. Bertran et Tuomas, Guide pour les manipulations de Chimie biologique,
Paris, 3° édition, 1919, p. 334.
(?) /bid., p. 351.
SÉANCE DU 12 JUILLET 1920. 139
commencé à se dégager après environ 5o minutes, un peu moins activement
toutefois en présence de chloropicrine. Après 24 heures, on a trouvé :
En l’absence de En présence de
chloropicrine. chloropicrine.
Saccharose disparu..:........ 28,04 18,85
Expériences avec la laccase. — En ajoutant de la laccase de l'arbre à lique
ou de la macération glycérinée de champignon (de Russule, de Psalliote) à
du gayacol en solution à 1 pour 100, soit dans l’eau pure, soit dans leau
saturée de chloropicrine, la coloration rouge et la précipitation de
tétragayacoquinone se sont produites à peu près avec la même vitesse en
présence et en l’absence de chloropicrine. La combinaison chlorée s'est
plutôt montrée un peu favorable.
La réaction avec la résine de gayac n’a pas été utilisée, car la chloropi-
crine seule donne déjà une coloration bleue.
a
Expériences avec la tyrosinase. — En introduisant des quantités égales de
tyrosinase de Russula Queletit dans des solutions de tyrosine à 0,5 pour 1600,
préparées avec de l’eau pure ou avec de l’eau saturée de chloropicrine, on
a constaté que l'oxydation, caractérisée par une coloration rouge grenadine,
devenant brun acajou puis noire, avec dépôt de mélanine, s’est accomplie
avec la même vitesse en présence et en l'absence de chloropicrine.
Tous ces résultats démontrent que la chloropicrine ne possède qu'une
faible action inhibitrice sur les ferments solubles. C’est donc sans doute
dans un autre phénomène qu'il faut chercher l'explication de sa haute
toxicité pour les cellules vivantes.
Si l’on remarque, d'autre part, que d’après nos expériences antérieures,
il a suffi de moins de 50" de chloropicrine par litre pour arrêter lout
développement microbien, même dans des liquides très nutritifs, on est
conduit à regarder cette substance comme nn des meilleurs réactifs dont
nous disposions pour séparer les transformations diastasiques d'avec les
transformations cellulaires. |
À 16 heures, l’Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 16 heures et quart.
x
140 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES D'AVRIL 1920.
Utilisation des algues marines, par Camitze SAUVAGEAU. Paris, Octave Doin, 1920;
f vol. 18°%,5
Zoologie des Invertébrés (Achordata), par ÉmiLe Yuna. Ouvrage terminé par
E. Guyéxor. Genève-Paris, Atar, s. d.; 1 vol. 26%. (Présenté par M. Delage.)
` Manuel de Chimie analytique. Tome I : Analyse qualitative, par F.-P. TREAD-
WELL, édition revue par Marcet Bort. Paris, Dunod, 1920; 1 vol. 20™,5.
Recherches anatomo-cliniques sur les névromes d'amputations douloureux. Nou-
velles contributions à l'étude de la régénération nerveuse et du neurotropisme, par
G. Marmesco. Extrait des Philosophical Transactions of the Royal Society of
London, séries B, vol. 209, p. 229-304, 1919; 1 fasc. 30°%,5. (Présenté par M. Roux).
Lectures on the theory of plane curves, by SURENDRAMOHAN GanGuüLr. Calcutta, Uni-
versily, 1919; 2 vol. 22°m,5.
Service hydrographique de la Marine. Liste des bâtiments de la Marine française
arrétée le 1e janvier 1920. Paris, Imprimerie nationale, 1920; 1 fasc. 24%,
Service hydrographique de la marine, Phares de et signaux de brume : Série J :
Océan Pacifique est; — Série K : Océan Pacifique ‘ouest; — Série L : Océan Indien
et Mer Rouge. Paris, Imprimerie nationale, 1920; 3 vol. 24°,
Service hrdrogtae ane de la marine, Instructions nautiques : Mer Méditerranée;
— Mer des Antilleset Golfedu Mexique. Paris, Imprimerie nationale, 1919; 2 vol. 24°.
Le problème de l'Univers, par A. A. pe Moraes Carvarno. Lisbonne, Eeprerie
= Diario de Noticias, 1920; 1 vol. 23%,
A Guide to the Old Observatories at Delhi, Jaipur, Ujjain, Benares, by G. R.
Kave. Calcutta, Superintendent Government printing, 1920; 1 vol. 21%
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 19 JUILLET 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Hexrt DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. — Résistance d’un fluide à la translation hori-
sontale d'un corps fuselé, ou sphérique, en immersion pro fonde. Note de
M. k.-E. Fourier.
1. Supposons qu’un corps fuselé, de surface X, et de sections transver-
sales circulaires, par exemple, se transporte horizontalement, suivant son
axe de figure, avec une vitesse V, dans un flaide, en immersion profonde,
c'est-à-dire l’enveloppant, en tous sens, sur une étendue assez grande pour
acquérir la propriété d’équilibrer, par ses réactions extérieures, toutes les
impulsions translatoires que le mobile débite en s’y frayant passage, par ses
Tugostiés frotlantes superficielles et par les poussées dénivellatrices de ses
reliefs latéraux. |
’
2. La somme totale, R,, de ces impulsions translatoires est alors em-
ployée, sous les réactions extérieures du milieu, à équilibrer les résistances
passives de la viscosité du fluide, s’y multipliant par remous tourbillonnaires
etentre-choquements moléculaires, dans l’ensemble du cycle récupérateur
de ses déplacements relatifs. Celles de ces réactions qui s’exercent ainsi
verticalement y mettent obstacle à toute dénivellation ; et les autres y
assurent : d’une part, le débit rétrograde, dans l’espace libre environnant la
surface X, de la portion du fluide re foulée par sa proue; et, d'autre part,
Son replacement, en poupe fluide, à l'arrière de cette surface. 7.
Mais, ce mode de récupération sous les réactions extérieures du milieu,
perpendiculaires à la direction de la translation, entretient, par les entre-
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 3.) ; te ao
142 ACADÉMIE DES SCIENCES.
choquements moléculaires en résultant, des oscillations transversales d’une
intensité proportionnelle au carré de la vitesse translatoire V et, dans une
mesure d'autant plus considérable, à valeurs égales de V, que la convexité
de la surface, », est plus grande et que la viscosité des oiévates oscillantes
entrave moins leurs réactions élastiques.
3. La suppression de cette viscosité dans le milieu où se transporte ainsi
un corps fuselé ou sphérique, en immersion profonde, aurait, on le voit,
pour conséquences d'y mettre fin, du même coup : à ses drivellations: à
son entrainement en proue el en poupe fluides, à ses remous tourbillonnaires
ainsi qu’à la résistance totale R, qu'il oppose à la translation, de vitesse V,
de ce mobile ; tandis qu’elle y éléverait, au contraire, à son maximum absolu,
dans le cas d’un corps sphérique, l'intensité, proportionnelle à V°, du régime
oscillatoire transversal, entretenu dans le champ de récupération du fluide
par les réactions du milieu, perpendiculaires à la direction de cette vitesse
translatoire V.
4. Si donc les astres ne rencontrent aucune résistance à leur transla-
tion, c'est qu’elle a lieu : soit dans un vide absolu; soit dans un fluide,
l'éther, sans viscosité et d'une élasticité parfaite, nécessaire pour assurer sa
récupération intégrale derrière chacun de ces astres, sous les seules réac-
tions extérieures du milieu, perpendiculaires à la direction de sa vitesse
translatoire V, y entretenant un champ d'oscillations transversales, d’une
intensité red be à +.
Or, la Terre, par exemple, y gravitant autour du Soleil, avec une
is G, re suivant les lois de la Mécanique céleste, passe, chaque
année, par deux positions relatives où sa viesse translaloire N est parallèle
à la projection V,, sur le plan de l’écliptique, de celle de cet astre : De
mémes sens, dans l’une, où V':= V,+ G'; et de sens opposés, dans l’autre,
où V'= V,— G”, de façon que la récupération de l’éther derrière notre
globe terrestre y entretient un champ d’oscillations transversales d’ une
intensité proportionnelle à V?=(V,+ G)? d ans le premier cas, et à
V'=(V,— G’}, dans le deuxième cas.
5. Dans ces conditions, si l'observation révélait que les oscillations trans-
versales de l’éther, se renouvelant sans cesse entre ces deux limites sur la
face arrière de la Terre, y troublent manifestement la transmission des ondes
de la télégraphie sans fil la contournant, à l'époque de chaque révolution
diurne, où ses ondes sont émises dans le champ de ces oscillations pertur-
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 143
batrices, ne pourrait-on en tirer : une preuve expérimentale de l'existence de
l’éther dans les espaces planétaires, ainsi que la confirmation de son mode
de récupération oscillatoire en arrière des globes célestes, et déduire enfin,
des mêmes observations, des évaluations approchées, nouvelles, de la direc-
tion et de la grandeur de la vitesse de translation, V,, de notre système
solaire?
6. Quoi qu’il en soit, pour en revenir au but principal de cette Note, le
fait, ressortant des considérations précédentes, que la suppression de la visco-
sité dans un fluide peut, seule, annuler la résistance R, qu’il oppose à la
translation horizontale d’un corps fuselé suivant son axe de figure, en
immersion profonde, implique que le coefficient caractéristique n de cette
viscosité, dont les valeurs numériques sont, par exemple, à la température
moyenne de 15°, n = 0,01 1 503, pour l’eau, et n = 0,000 1783, pour l'air,
doit figurer, en principe, en facteur commun, dans toute expression générale
de R,, à une puissance, à déterminer expérimentalement.
Jai utilisé, pour cette détermination, les observations, dans l'air, de
M. Fabien ati; à Göttingen, et de M. G. Eifrel, à Auteuil, avec celles, dans
l’eau, de M. le capitaine Costanzi, à Rome, et, en représentant par L la
[ngii de la surface E d’un corps fuselé dost la section droite circulaire
B— T de largeur principale /, est à la distance à de l’extrémité de la
proue, où l’inclinaison du profil vertical de cette surface E, sur l'axe de
figure, atteint son maximum Í, j'ai trouvé en effet que l'expression géné-
rale et complète de R, est pa Ai
=sin l
mg hin
0,06 V? cL ’
(OR LE pe fe ne E a(i) +o( 7)
2g 1o,03564 (F) 7
: SP TE
avec: la constante des frottements f= 0,00306; le poids du mètre cube du
fluide, ©, et une constante de forme ;
oa 0): a
(2) o= 0,4439| $ (5-5) sinz (T) — 0,09268],
dont le maximum est atteint pour F = et = i.
-= : t : l ; 2 ee.
1. Mais sur les corps fuselés où I strne dépassent guère 45 eta lex-
pression (1) se réduit à une forme pro à plus de (= plus
144 ACADÉMIE DES SCIENCES.
simple, (5) d’où disparait y :
(3) R= fV?
2g
8. Enfin, dans le cas limite où la surface E revêtla forme sphérique,
l'expression de R, redevient complète sous le type
; Sy ; 10088
(4) be Eee (a)
inédit comme les précédents, quand le régime est devenu permanent, et,
au moins jusqu à la vitesse de 4o" à la seconde qu’elle n’a pas dépassée dans -
les expériences.
`
CHIMIE ORGANIQUE. — Bromhydrines et dérivés bibromés obtenus en partant
des alcoylallylacétophénones
JÈ 7È
CSH5— CO — CH—CH? — CH = CH? et CSH5CO — E Taa CH = CE,
R;
Note de M. A. Harrer et Me Ramarr-Lucas.
Le caractère non saturé des allylacétophénones préparées par l’un de
nous, et le regretté Ed. Bauer ('), nous a conduits à essayer l'action du
brome sur ces cétones mixtes arborescentes.
Nous avons opéré, dans cette étude, sur les composés suivants, dans
lesquels la liaison éthylénique se trouve en position y vis-à-vis de la fonc-
tion cétonique :
Ti tl HS D RU f S
me J J i nl
C
Gii CO — CeCi CH = Che:
NCH?
Diéthylallylacétophénone,
| , CH
CSH5— CO — CCH? — CH = CH’;
NoHs
AA A. Harrr et En, Bauer, Comptes rendus, t. 158, 1914, p. 825.
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 145
Méthylbenzylallylacétophénone,
CH |
C: H: — CO — CCH? — CH = CH2;
LH CH?
Méthylallylacétophénone,
JCH?
C: H5 — CO CH—CH?— CH = CH”,
Remarquons encore que si les trois premières cétones peuvent être
considérées comme des trialcoylacétophénones, la quatrième n’est qu'une
dialcoylacétophénone. Comme on le verra dans la suite, cette différence de
constitution influe sur la stabilité du dérivé bromé qui prend naissance ._
dans l’action directe de l’halogène sur la cétone.
Préparation des dérivés bromés. — Cette préparation a été effectuée en
ajoutant à une solution de la cétone dans le chloroforme la quantité de
brome théorique, sous la forme d’une liqueur normale de l’halogène dans
le chloroforme. On peut aussi faire l'opération avec une solution chloro-
formique quelconque de brome et arrêter l’addition quand la liqueur ne se
décolore plus. D'une façon générale, la réaction se fait à froid avec
échauffement de la liqueur, mais dans le cas de la méthylallylacétophénone
il faut chauffer légèrement au bain-marie pour favoriser l’addition.
Les liqueurs ainsi obtenues, abandonnées à elles-mêmes, ne tardent pas
à dégager de l'acide bromhydrique et à laisser déposer, peu à peu, des
cristaux plus ou moins colorés et imprégnés de liquides visqueux qu’on
Sépare en étalant la matière sur des assiettes poreuses. Le produit est
finalement mis à cristalliser dans un mélange d'éther et d’éther de pétrole.
A part le composé obtenu avec la méthylallylacétophone, tous les dérivés
Sont constitués par des bromhydrines engendrées par l’action de l’humidité
de l'air sur les bibromures qui se forment passagèrement. =
; de
CéH5.CO.CL CH: — CH Br — CH? Br + H20
zR;
R
= © H5,CO.CÊ CH: — CHOH.CH? Br (1)
R;
R
se. C'HsCO,CL CHE — CH?Br.CH°OH (II).
R’ A .
146 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous optons pour la formule (I) en raison de la facilité avec laquelle les
bromures secondaires sont hydrolysés et aussi par analogie, d’une part,
avec les faits observés par Hæœring (') dans son étude sur l’anéthol et liso-
safrol et, d’autre part, avec ceux publiés par Barker et lowet (°) sur l’action
de l’acétone aqueuse sur les 3.4-méthylènedioxyphényl-r, &-6-dibromo-
éthane et 3.4-diméthoxyphényl-1.4-5-dibromoéthane, qui sont respective-
ment transformés en leurs bromhydrines,
LS D opita Re CEBO m o S
Ko7t H5— CHOH — CH?’ Br et cHo/7 € H? — CHOH.CH? Br,
bromhydrines qui ont servi aux savants anglais à faire la synthèse des
éthers méthylénique et méthylique de l’adrénaline.
Bromhydrine obtenu avec la ira MA EAk z EG 2-benzoyl-
o-méthyl, 5:bromo-h i-pentanol C H*CO. e
Zet CHOH.CH?Br. — Obtenu
H2
d’abord par la méthode générale signalée plus haut, nous avons encore
préparé ce composé en ajoutant peu à peu de l’allyldiméthylacéto-
phénone, dissoute dans de l’acétone, à une solution aqueuse de la même
cétone et de brome. Dans ces conditions, il se forme instantanément de la
bromhydrine se séparant du liquide, sous la forme d’une masse blanche et
solide qu’il suffit de recueillir sur un entonnoir à essorer et de faire cristal-
liser ensuite dans un mélange d’éther et de pétrole. Ce procédé a l’inconvé-
nient de fournir de l’acétone bromée, à odeur piquante, qu’il est facile de
séparer. Les cristaux retiennent en outre de petites quantités de cétone non
saturée qu'on retrouve dans les liquides mères.
Le dérivé bromé se présente sous la forme de beaux cristaux blancs, très
solubles dans la plupart des solvants organiques, et fondant nettement à
106°. Si l’on chauffe le produit au-dessus de 106°, il s'étale sur le mercure,
en même temps qu'il se forme une pellicule opaque qui se décompose peu
à peu tout en se volatihisant. Avec l’alcool éthylique, il se forme une
combinaison cristallisée fondant vers 54° sur r laquelle nous reviendrons dans
la suite.
1) Hær, D. ch. Ges., t. 38, 1905, p. 2296. °
(o)
(2) Barker et lower, Chem. Soc.; t. 87, 1905, p. 967.
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 147
Bromhydrine de l'allyldiethylacétophénone-3 -benzoyl-3-éthyl-6 -bromo-
„C H’
5-hexanol CSH5.CO.C< CH? CHOH. CH? Br, — Préparé au sein du chloro-
G B?
forme, ce composé ne prend naissance que très lentement. Ce n’est qu’au
bout de quelques mois que nous avons obtenu une masse noire que nous
avons purifiée, d'abord au moyen de la porcelaine poreuse, puis par de
nombreuses cristallisations dans le mélange éther et éther de pétrole. On
obtient finalement des aiguilles blanches, molles et fondant peu nettement
entre 84° et 88°. Exposé à la lumière, ce produit jaunit rapidement en se
ramollissant.
Un dosage de brome a fourni 24,94 de brome au lieu de 25,55 qu'exige
la théorie. ee
Bromhydrine de l’allylméthylbenzylacétophénone-2-benzoyl-2-benzyl-5-
6H5
; ~ rs ` r , EES ;
bromòpentanol-4 C°H5 E E EN OH.CR?Br. — Préparé au sein du
CH
chloroforme, ce composé a mis quelque temps à se former. Sa purification
s’est effectuée comme celle du dérivé diéthylé.
Il se présente sous la forme de cristaux durs et blancs fondant nettement
à 125°-126°, et est soluble dans la plupart des solvants organiques.
Bibromure de l'allylméthylacétophé 2-benzoyl-2-méthyl-4.5-Libromo-
CH?
pente Ct HX COC Oii og Breii
tions que les bromhydrines, en ayant soin de chauffer légèrement la solution
chloroformique, ce dérivé se dépose, après évaporation du solvant, sous la
forme de cristaux grenus, durs, bruns et souillés d’un liquide de même
couleur. Après purification, on obtient des petits cristaux blancs fondant
vers 128° en crépitant. Si l’on chauffe davantage, le liquide fondu s'étale
sur la surface du bain de mercure, devient subitement opaque pour, finale-
ment, se décomposer en un liquide brun qui disparaît à une plus haute
température. e
Peu soluble dans l’éther de pétrole, ce composé se dissout facilement
dans l’éther et dans le benzène. | ot.
L'analyse élémentaire, ainsi que le dosage du brome, permettent de con-
sidérer le corps comme un dérivé dibromé. Il en est de même de la déter-
mination du poids moléculaire par cryoscopie. Faite au sein du benzène,
A
scondi-
wo Préparéd les
148 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cette détermination a conduit au P. M. = 344, alors que la formule
CH DO = JJ.
En résumé, tandis que les allyldialcoylacėtophėnones du type
AR
cE. CO a “0H
R 1:
fournissent, avec du brome, des bromhydrines, la méthylallylacétophénone
donne, dans les mêmes conditions expérimentales, un dérivé dibromé
stable, répondant à la formule
CH?
A
C! Hë#.CO. CH CR?.CH Br — CH? Br.
Nous poursuivons l'étude de ces composés et de leurs analogues.
MÉDECINE. — Dintelse de l’hémoclasie digestive dans Vétude de l'in-
suffisance hépatique. Note de MM. F. Wipar, P. Asram et
N. laxcovesco.
Par une série de recherches expérimentales, exposées dans une Note
précédente ('), nous avons montré que pendant les premières heures qui
suivent l'absorption d’un repas azoté, des substances protéiques incom-
plètement désintégrées pénètrent de l'intestin dans la veine porte, et que le
foie exerce, à l'état normal, sur ces subtances, une action d’arrèt manifeste,
Les recherches cliniques dont nous résumons aujourd'hui les résultats
généraux montrent que l'étude de ce pouvoir protéopexique du foie fournit
un moyen d’une extrême sensibilité, pour dépister l'insuffisance fonction-
nelle de cet organe. Lorsque le foie est altéré, il devient incapable de
s'opposer au passage dans la circulation générale des protéides insuffi-
samment désintégrés, et ce passage se traduit immédiatement par une crise
hémoclasique. La recherche de cette crise, après un repas d’épreuve azoté,
constitue donc un procédé d’exploration très DR et en même temps trés
rigoureux, de l’insuffisance hépatique.
Voici comment nous avons réglé, pour le moment, la technique de cette
épreuve de l'hémoclasie digestive. Le sujet à examiner est à jeun depuis la
veille au soir. Ce détail est des plus importants; car, si l'absorption d’eau
(1) F. Wima, P. Agram et N. laxcovesco, Comptes rendus, t. 111, 1920, p. 74-
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 149
ou de tisanes dans les heures qui précèdent ne prête pas à causes d’erreur;
par contre, l’ingestion d’une quantité même minime d’un aliment azoté peut
suffire, ainsi que nous le verrons, à fausser les résultats de l’expérience.
Après avoir établi son équilibre vasculo-sanguin, on fait absorber au sujet
l’aliment d'épreuve, et l’on poursuit l'examen du sang de 20 en 20 minutes,
pour rechercher la crise hémoclasique. Dans la plupart des épreuves systé-
matiques que nous avons entreprises, nous avons tenu compte de tous les
éléments étudiés en pareil cas : leucocytose, formule leucocytaire, pression
artérielle, coagulabilité sanguine, indice réfractométrique du sérum, et nous
avons poursuivi ces recherches pendant les trois heures qui suivent le
repas. Dans la pratique, les résultats utiles au diagnostic sont acquis en
1 heure 30 minutes au maximum et l’on peut se contenter d'enregistrer les
variations de la leucocytose : la leucopénie caractéristique de la crise
hémoclasique est suffisamment nette pour ne laisser place à aucun doute.
Quant à la composition du repas d’épreuve, elle est des plus simples : un
verre de 2008 de lait, correspondant à une dose de 8f à peine d’albumine.
A la suite d'essais comparatifs nombreux, effectués avec la viande, les
œufs et divers autres aliments, nous avons fixé notre choix sur le
lait, aliment toujours facilement accepté des malades, et dont la dose
de 2005 dépasse largement, nous allons le voir, la quantité nécessaire à
mettre en évidence l'insuffisance protéopexique du foie.
D'autre part, nous nous sommes assurés que, dans le lait, ce sont bien
les substances azotées qui déterminent l’hémoclasie digestive; car, chez des
sujets qui présentaient après l’ingestion de ce liquide la crise hémoclasique
Caractéristique, ni l'absorption des hydrates de carbone (150$ de sirop de
sucre), ni celle de graisse (30% de beurre essoré), n’ont produit la moindre
altération de l'équilibre hématique. Par contre, après absorption de 75,50
de caséine sèche, dose correspondant à celle contenue dans 200$ de lait,
on obtient une réaction très intense et particulièrement précoce.
Avant d'exposer les résultats fournis chez les hépatiques par cette
épreuve de l’hémoclasie digestive, disons tout de suite qu'elle se montre
négative, non seulement chez les individus normaux, mais dans les
états pathologiques où le fonctionnement du joie reste suffisant. Chez
I 1 sujets normaux, soumis à l'absorption soit de 150$ de viande et 2 œufs,
Soit de 2008 à 4008 de lait, soit d’un repas ordinaire varié, les modifications
de l'équilibre vasculo-sanguin ont toujours été inverses de celles qui carac-
térisent la crise hémoclasique ; la digestion provoque de la leucocytose, une
élévation légère de la pression et une augmentation de l'indice réfractomé-
150 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trique du sérum. La notion de la leucocytose digestive, depuis longtemps
classique, suffisait d’ailleurs à faire prévoir ces résultats.
Il en est de même chez les individus atteints des maladies les plus diverses,
aiguës ou chroniques, dans lesquelles toute détermination hépatique fait
défaut : {uberculose pulmonaire (6 cas) ; néphrites chroniques à forme chloru-
rémique (3 cas), hypertensive (2 cas); thyroidite (1 cas); syringomyélie
(1 cas); ¿abes (2 cas); encéphalite léthargique (1 cas); polyomyélite (1 cas);
hémaplégie syphilitique (1 cas); hémoglobinurie paroæystique (1 cas). Tous
ces malades, chez lesquels il n’y avait pas à soupçonner de lésion hépa-
tique, ont réagi à l'épreuve de l'hémoclasie digestive absolument comme des
sujets normaux.
Hl était particulièrement important d'effectuer la même recherche de
contrôle chez des malades atteints d'affections du tube digestif. On aurait
pu supposer en effet que, chez eux, l’insuffisante élaboration des aliments
azotés, au cours de la digestion gastrique ou intestinale, pouvait permettre
un passage plus facile, au travers de la muqueuse oiie d’albumines
incomplètement diie et provoquer de la sorte une crise hémo-
clasique, en forçant la limite de tolérance du foie. Il n'en est rien. Trois
sujets atteints d’entéro-colite chronique avec hypochlorhydrie et évacua-
tion gastrique très rapide; un autre, atteint d’entérite tuberculeuse avec
diarrhée profuse, deux malades en pleine évolution de dysenterie ami-
bienne sans localisation hépatique se sont comportés, après absorption du
repas d’épreuve, comme des sujets normaux. Íl en a été de même chez deux
sujets atteints d’anémie pernicieuse avec anachlohydrie et apepsie presque
absolues et chez une femme présentant, au contraire, une byperpepsie très
intense avec hyperchlorhydrie.
Enfin, mêmes constatations négatives ont été faites dans un cas d'ictere
hémolytique acquis, montrant que, dans cette maladie, la fonction protéo-
pexique n’est pas plus altérée que ne le sont, ainsi que nous l’avons soutenu
jadis, les autres fonctions du foie.
Il en va tout autrement dès que l’ E hépatique est en cause. Nous
rapporterons tout d'abord les résultats MoN es des sujets atteints de
maladies hépatiques avérées, dont les altérati lles sont évidentes,
à la fois par l'examen clinique et par l'exploration chimique (recherche des
pigments biliaires, de l’urobiline, de la réaction de Hay, du rapport azoté-
mique ).
Nous avons pris comme sujets d'étude : des cirrhotiques, des cancéreux
hépatiques, des ictériques, des sujets atteints de foies PR
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 11
Un cas de cirrhose atrophique du type Laënnec, trois cas de cirrhose
hypertrophique mixte, alcoolo-syphilitique avec ictère, une cirrhose
hypertrophique graisseuse tuberculeuse, une cirrhose alcoolique hyper-
trophique chez un diabétique; enfin une cirrhose pigmentaire diabétique
chez un paludéen, au total, sept cas de crrhoses hépatiques ont été
. soumis à l'épreuve de l’hémoclasie digestive. Nous avons examiné en outre
deux cas de cancers du foie étendus, l’un concernant un cancer nodulaire,
l’autre un sarcome diffus; de même nous avons soumis à l’épreuve trois cas
d'ictère catarrhal, un ictère aigu spirochétosique, deux ictères chroniques,
l’un consécutif à un cancer du pylore avec sténose incomplète, l’autre, de
cause indéterminée; deux cas d’ictère toxique par néosalvarsan; enfin
quatre cas de fore cardiaque; en tout, par conséquent, vingtet un cas d'affec-
tions hépatiques certaines.
Chez tous ces malades, à l'exception d’un seul, sur le cas duquel nous
allons revenir, l'épreuve de l’hémoclasie digestive, répétée à plusieurs
reprises, a fourni des résultats d’une netteté remarquable. Dans les deux
heures qui suivent l'absorption des 200$ de lait, on assiste à l’évolution
d'une crise hémoclasique intense. Le taux des globules blancs, après s'être
quelque temps maintenu à son chiffre initial, s'abaisse dans des proportions
progressivement variables, jusqu'à atteindre les trois quarts, la moitié,
parfois le tiers, ou même le quart de ce chiffre; en mème temps, on voit se
constituer l’inversion de la formule leucocytaire; la pression artérielle
tombe de 2m, 3em quelquefois davantage; le sang devient plus rapide-
ment coagulable; enfin l’indice réfractométrique du sérum subit une baisse
notable. Après 1 heure, 1 heure et demie en moyenne, tous les chiffres
Précédents accusent une correction en sensinverse ; une phase de leucocytose
avec hypertension légère succède à la crise hémoclasique.
Dans la presque totalité des cas, tous les éléments qui constituent cette
Crise suivent des évolutions parallèles et synchrones. Parfois cependant,
On peut assister à des crises dissociées, dans lesquelles la leucopénie ne
s'accompagne pas d’hypotension artérielle ni de modifications nettes dela
Coagulabilité sanguine; parfois également, la crise, au lieu d'évoluer en une
courbe continue, s'effectue par échelons, et l'on voit se produire une série
r . è p j> À 7 + ; a ; k A y MR AN
d’alternatives de diminution, puis d'augmentation du taux des globules
d “ p . . i 7 de nes:
blancs. Ces éventualités restent exceptionnelles; nous ne les avons notées
Minimes d'aliments azotés. ee de do
La crise d'hémoclasie digestive débute rapidement : c'est en général au
que quatre fois, éhez des sujets à qui nous avions fait prendre des doses
152 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bout de 20 à 4o minutes, une heure tout au plus après le repas d’épreuve
qu’elle devient évidente. Cette constatation est importante; elle vient à
l'appui des expériences que nous avons relatées dans notre précédente Note,
pour montrer que c’est pendant le stade initial de la digestion que des
protéides incomplètement élaborés franchissent la muqueuse intestinale.
Le fait de voir, chez nos malades, l’hémoclasie succéder à l'absorption
de 200$ de lait, c’est-à-dire de 85 environ d'albumine, suffirait à prouver
que les substances qui traversent le foie et déclanchent la crise vasculo-
sanguine sont bien des produits protéiques de désintégration incomplète,
et non des acides aminés. Ceux-ci, comme l’a montré Nolf, ne provoquent
cette crise qu’à doses très élevées, supérieures à 08,50 par kilogramme.
Bien plus, des expériences comparatives que nous avons entreprises, en vue
d'apprécier le degré de l'insuffisance protéopexique du foie chez nos
malades, nous ont montré qu'avec des doses d’albumine ingérée bien plus
faibles encore, on peut néanmoins provoquer la crise d'hémoclasie digestive.
Si tous nos malades ont réagi à l’absorption de 2008 de lait, chez cinq
d’entre eux il a suffi de 100$ et, chez deux autres, de 50f, pour déterminer
la crise. Un sujet, atteint d’ictère catarrhal prolongé, présentait
encore cette crise, après ingestion de 158 de lait. Il y a, à cet égard, entre
les divers malades, et suivant les périodes de l'affection, des différences
qu'il est intéressant de souligner, dans le degré de l'insuffisance protéo-
pexique du foie.
Une autre constatation vient également à l’encontre de l'hypothèse que
la crise d'hémoclasie digestive pourrait être produite par les acides aminés,
c’est que cette crise donne lieu à une « immunité temporaire » évidente,
absolument comme pour les albumoses et les peptones, et contrairement à
ce qui s’observe avec les acides aminés. Si, après avoir fait prendre à une
-de nos malades le repas de 2008 de lait qui provoque l’hémoclasie, on lui
administre un repas identique dans les heures qui suivent, on constate que
la première prise de lait a produit un état d’immunité qui persiste pendant
3 heures environ; effectuée 1 heure, 1 heure et demie et 2 heures après
le premier repas, une ingestion nouvelle d’albumine ne provoque plus de
crise hémoclasique; après 3 heures, l’immunité est presque nulle; au delà,
la crise se répète une nouvelle fois. Indépendamment de son intérêt théo-
rique, un fait pareil présente une importance pratique qui mérite d’être
mis en évidence. Chez une femme atteinte de cirrhose hypertrophique avec
ictère, l'épreuve de l’hémoclasie digestive, effectuée une première fois, se
montre, à notre étonnement, très alténuée. Or, en interrogeant cette
- malade, nous avons appris que, dans les heures précédentes, elle avait,
>
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 153
malgré nos recommandations, absorbé un peu de lait. Depuislors, l'épreuve
effectuée chez elle à jeun, à plusieurs reprises, s'est toujours montrée très
fortement positive. On comprend la nécessité, sur laquelle nous avons
insisté plus haut, d'exiger des malades une abstinence azotée complète,
avant l'épreuve de l’hémoclasie digestive.
Il était intéressant de reprendre à cet égard les essais de préservation
contre certains accidents de choc anaphylactique d’origine digestive, à
l’aide de l’ingestion de petites doses de peptone, méthode dont on doit la
connaissance aux travaux de MM. Pagniez et Pasteur Vallery-Radot.
Nous avons donc recherché si, chez les hépatiques qui présentent le phéno-
mène de l'hémoclasie digestive, après ingestion de 2008 de lait, l'absorption
d’un cachet de peptone, de o8, 5o, une heure auparavant, ne créerait pas
également l’état d'immunité temporaire, et ne mettrait pas ces sujets à l'abri
de la crise hémoclasique. Le résultat de l'expérience s’est montré décisif ; la
petite quantité de peptone ainsi administrée a sufñ à empêcher la crise.
Cette immunité, qui est complète lorsque la peptone est ingérée 1 heure
ou 1 heure et demie avant le repas d’épreuve, est déjà moins parfaite au
bout de 2 heures; elle disparaît au bout de 3 heures.
Recherchée systématiquement chez tous les hépatiques avérés qu'il nous
a été donné d’observer, l'épreuve de l’hémoclasie n’a fourni de résultat
négatif qu’une seule fois. Il s'agissait d’un cas de cirrhose pigmentaire, chez
un diabétique paludéen ; l'hémoclasie, recherchée une première fois après
ingestion de 200$ de lait, une seconde fois après absorption de 1 508 de viande
et deux œufs, a fait défaut. Ces deux expériences ont été, il est vrai, effec-
tuées peu de jours avant la mort, et l’on peut se demander si leur caractère
négatif ne tient pas soit au défaut d'absorption des aliments ingérés par un
tube digestif en état de collapsus, soit à un état d’hyperhépatie, qui a été
invoqué, on le sait, dans ces formes spéciales de diabète pigmentaire.
Les résultats si précis fournis par l’épreuve de l'hémoclasie digestive chez
les sujets atteints d’affections évidentes du foie nous ont engagés à effectuer les
mêmes recherches chez des malades dont l'atteinte hépatique ne se révélait
que par des signes urologiques frustes (légère urobilinurie, réaction de Hay),
1 A ; SR ° x ARE ME
Ou, en l’absence même de tout symptôme, restait seulement probable, Nous
avons pu nous convaincre, de la sorte, que cette épreuve est même parfois
capable de déceler l'insuffisance hépatique, alors que les autres épreuves.
+
classiques peuvent se montrer négatives. Grâce à sa sensibilité extrême,.
elle permet de dépister en clinique des tares hépatiques latentes, qui, sans
ce procédé d'exploration, passeraient inaperçues. Nous reviendrons en
détail sur ces faits dans une prochaine Note.
#
154 ACADÉMIE DES SCIENCES.
THERMODYNAMIQUE. — Determination de la dernière des trois fonctions qui
définissent l'équation d’état de l’éther. Note (') de M. E. Aniës.
Ayant déterminé dans notre dernière Communication (°) les fonctions æ
et ®, c'est-à-dire deux des trois fonctions de la température qui définissent
l’équation d'état de l’éther, il nous restait à déterminer la fonction a qui
rentre dans les formules
(1) ME gp CH)
(2) De = pe e F(A Hya).
x et P étant des fonctions connues, ces formules donnent, pour chaque
température, les volumes moléculaires de l’éther dans ses deux états de
saturation, à la condition de connaître la fonction a. Réciproquement, à
toute température pour laquelle ¢, ou v, est donné par l'expérience, corres-
pond la valeur de a que l’on tire de l’une de ces deux formules. On peut donc
avec les données de M. Sydney Young, pour l’état liquide, par exemple,
calculer les valeurs numériques de a de 10° en 10°, et chercher ensuite
une forme qui représente convenablement cette fonction. :
-La forme
1—7)’
(3) ; - aaun k =E
nous a paru la plus simple répondant à ce but, © étant un polynome du
i troisième degré en t :
P | = > z2 3
o ti Re O T Br ET Dr:
La valeur a, de la fonction a à la température critique s'obtient en faisant
= 1 dans l’une des formules (1) ou (2). On a alors x = Ọ = 1, y, = Y: = 2,
ce qui donne | :
RL
Pom 3T, (% +7);
d’où l’on tire, “après les valeurs des éléments critiques,
= 0,09809.
(1) Séance du 12 juillet 1920.
(*) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 871.
Des valeurs que prend la fonction, et, par suite, le polynome @ aux tem-
pératures 20°, 50°, 120° et 170°, on déduit :
À —0,19260,
Tous les éléments des formules (1) et (2) étant entièrement connus, on
en déduit les volumes moléculaires v, et ¢, occupés par l’éther à toute tem-
pérature. Les résultats obtenus par ce calcul sont consignés dans le Tableau
suivant. On y voit que les valeurs calculées de ç, et de p, s'accordent avec
les données de M. Sydney Young autant qu’il était permis de l’espérer dans
= B = 0,69943,
une première étude de l’éther.
Éther.
— 0,86586,
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920.
D = 0,37802.
(T= 466,9, P.= 2706, v, —0,28240, © — 74,08, R —0,0821.)
ss...
SRE RS LE DE TE
se 5 5e se + à»
Pare Ne SSL Ne US
TEVENS ARS 8 a
Rasa ter er plier eme "sh le Ut
VOTRE dre NS SN
PINS RS D SAT Se
FD n E Se 0
A tm PCF ONE RU E E
OS sd a en +
Volumes moléculaires du fluide saturé (en litres).
État de vapeur (6,).
o ao
Form. (1). So Young.
90,8834 89,5627
59,0275 38,5972
39,7199 39,6106
27,6983 27 ,6763
19,8248 19,8535
14,7015 14,5862
10,8528 10,9416
8,27322 8,20437
3,97044 3,96698
3,17152 3,15388
2,54943 3,52907
2,05844 2,03645
1,66440 1,65000
1,94102 1,33425
1,06781 1,07194
o, 83911 o, 84822
o, 63346 0,65302
0,41534 o, 45722
État liquide (v,).
©"
Form. (2).
0,10442
0,10413
0,10385
0,10916
0,10712
0,10933
0, 11128
0,11342
0; 115909
0,11847
0,12134
0,12472
0,12853
0,13364
0,13920.
o, 14542
0,19219
0,15900
0,17493
0,20364
S. Young.
0, 10062
0,10221
0,10385
o, 10454
O, 10745
0,10052
0,11127
0,11342
0,11971
0,11823
0,12134
0,12473
0,12853
9,13279
"0,13757
0,1430
; 0,14972
0,15905
o,1 7357
o »20224
Les fonctions x, eta ataie complètement He trois fonctions : spa
et 5 Le rentrent de l'équation d’état
RT
E PET
A
TER
156 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en vertu dés relations suivantes :
D —0,—) y=a+B—y a= ya = y, <a, Be Set à)
î p D 4 Q è à p )
27 R?T? AT
e
Do, .
TR RL FE TEP.
On a, d’ailleurs, pour l’éther :
Ye= 0, 1346, NÉS yedi == 0, 0133; Beya — a.) —o,1ai4.
On voit, par cet exemple, combien il était nécessaire de modifier l’équa-
tion de Van der Waals, comme l’a fait Clausius, en introduisant au
dénominateur du second terme le covolume 6, lequel varie d’ailleurs avec
la température comme le covolume x, et devient, pour l’éther, à la tempé-
rature critique, neuf fois plus grand que le covolume & de Van der Waals.
NOMINATIONS.
M. Berconté est désigné pour représenter, le 25 juillet, l'Académie à
l'inauguration du monument élevé, au Castéra-Verduzan, à la mémoire de
M. Lannelongue.
CORRESPONDANCE.
M. le SECRÉTAIRE PERvÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance : :
-~ 1° E. Coqumé, Amélioration des plantes cultivées et du bétail. (Présenté
par M. Viala.)
2° Les maîtres de la pensée scientifique : Lazare SPALLANZANI, Observations
et expériences faites sur les animalcules des infusions; — ANTOINE-LAURENT
Lavoisier, Mémoires sur la respiration et la transpiration des animaux.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions automorphes.
Note de M. G. Fun.
Dans ses belles Leçons sur les fonctions automorphes, M. Giraud parle de
beaucoup de problèmes intéressants et en particulier des groupes qui, dans
SÉANCE DU 1Q JUILLET 1920. 157
la théorie des courbes de genre deux, jouent le rôle que le groupe modu-
laire joue pour les courbes de genre un, ou plus généralement des groupes
provenant de la considération de formes quadratiques à n + 2 variables,
décomposables en z carrés d’un même signe et deux de l’autre signe.
Qu'il me soit permis de rappeler ma Note Nuove ricerche sui gruppi dis-
continui (Rend. del Circ. Matem. di Palermo, t. 21) et mon Livre : Intro-
duzione alla teoria dei gruppi discontinut e delle funzione automorfe ( Pisa,
Spoerri, 1908).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le module et les zéros des fonctions analy-
tiques. Note de M. Grorçées-J. Rémounnos, présentée par M. Appell.
1. Cette Note fait la suite de ma Communication précédente ('); je me
propose de faire connaître ici d’autres résultats, qui n'avaient pas de place
dans mes Notes antérieures : extensions aux fonctions multiformes de théo-
rèmes importants et bien connus.
I. Soient a,, a,, ..., a, y nombres quelconques et d'autre part 2y valeurs
quelconques Ug, u,,u,,...,u,,_..
Toutes les fonctions f (z) qui prennent à l'origine z=o les valeurs a,,
@,..., Ay et sont algébroïdes à y branches finies dans un cercle |z|SR, dans
a
lequel elles ne prennent aucune des valeurs ug, u,, Uz, ..…., u,,_,, forment une
famille bornée en module dans le cercle | = < vs et, par conséquent, forment une
S » P q
Hilo dan Ta néne ele d rayon 2 Il en est de même dans le
cercle|:|£0R, oùo <0 < 1.
H. Len est de même des fonctions f(z) qui prennent en z = o des valeurs
de module in férieur à un nombre fixe y, pourvu que le nombre des valeurs
exceptionnelles soit 3y, au lieu de 29 (°).
UI. Soi f(z) une fonction algébroide à y branches finies dans un
OMmaine connexe D, dans lequel elle ne prend pas 3y valeurs Jinies u,,u,,
A E E a F , PR
a
(1) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1557. | |
(H Butention d'un théorème analogue sur les fonctions uniformes. Voir, par
exemple, H. Bonn und E. Lannau, Ueber das Verhalten von E(s) und &(s) inder `
Nähe der Geraden 5 — 1 (Nachrichten der K. Gesellschaft der Wissenchaften su
Göttingen, 1910, p. 309). i f a
C. R., 1920,2* Semestre. (T. 111, N° 3.) a S
+
158 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tag ses ibr Us Uyo y Us Si les valeurs|f(z,)| en un point 35 intérieur
à D sont inférieures à un nombre +, le | f(=)| est, dans tout domaine D, inte-
rieur à D, inférieur à une star ne dépendant que des valeurs excep-
tionnelles des domaines D et D,, et de la position du point z, relalivementi
au contour des domaines D et D.
L'application de ce théorème à une couronne circulaire comprise entre
les cercles [z| eA et [z| = 32k. (par exemple) donne pour IFE une
limite supérieure Q (v,Y,u,,u,,..., ivir Uir U,,..., U) ne dépendantni
PRE ; 3R
du rayon R | dans une couronne intérieure comprise entre les |z| = =
R E
ets — e (par exemple). |
IV. Une fonction analytique u =f (z2), ayant un nombre An ini y de branches :
dans le voisinage d'un point singulier transcendant isolé z = a, prend dans
ce voisinage toutes les valeurs, er 3v au pue, l'infini compris. La grande
importance de ce théorème est évidente : c’est l'extension aux fonctions
multiformes du célèbre théorème de M. Picard, par lequel l'éminent géo-
mètre a perfectionné le théorème classique de Weierstrass sur l’indétermi-
nation d’une fonction uniforme dans le voisinage d’un point singulier
essentiel isolé. C’est là un résultat qui avait échappé aux méthodes par
lesquelles, dans mes anciens travaux sur les fonctions multiformes, j'ai
établi l'extension du théorème de M. Picard aux fonctions qui sont algé-
broïdes dans tout le plan [n'ayant que l'infini comme point singulier trans-
cendant ('}|.
Je pense que la limite 3v peut bien s'abaisser à 2v, mais, jusqu'ici, je n'ai
_ obtenu cet abaissement que dans des cas particuliers, que j'indiquerai dans
mon Mémoire étendu; il y a là un petit défaut du résultat (°).
YVES
(1) + k dsl).
une suite de fonctions algébroïdes à v branches finies dans un domaine
è
(') Voir, par exemple, G. Rémouxnos, Sur les séros d’une classe de fonctions
transcendantes (Thèse de doctorat, Paris, 1905, et Annales de la Faculté des
Sciences de Toulouse, 2° série, t.
(2) Nous pouvons, d’ailleurs, remplacer le ue 3v par zv? afin que notre théo- n
rème IV comprenne comme cas particulier celui de M. Picard (» = 1).
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 159
connexe D, dans lequel elles ne prennent pas 3y valeurs exceptionnelles, Si
celte suite converge en une infinité de points ayant un, au moins, point de
condensation situé à l’intérieur du domaine D, elle converge, dans tout
domaine D, intérieur à D, vers y branches-limites algébroiïdes et finies dans D,.
C’est une extension d’un théorème de MM. Carathéodory et Landau sur
les séries de fonctions holomorphes dans un domaine.
Je dois signaler le fait que la théorie des familles de fonctions analytiques
de M. Montel m'a été très utile dans mes recherches en question (*).
GÉOMÉTRIE. — Sur la représentation sphérique des surfaces el la corres-
pondance par plans tangents parallèles. Note de M. A. Prror,
présentée par M. Appell.
Quand les éléments F et f de Gauss sont nuls en tout point d'une surface,
on sait qu’il en est de même pour la somme N 00 22) y mais que la réci-
; du dv à
proque n’a pas toujours lieu nécessairement. Cela fait prévoir qu'il doit
exister en général}, entre ces trois éléments différentiels, une relation de la
forme :
(1) S AR PT UE à
\ du dr ) eei
où D et W sont deux expressions à détérminer. Paie
Effectivement, en partant des f les(8)et(9) données par M. Darboux
dans le paragraphe 698 de ses Leçons sur les surfaces, et en dirigeant les
calculs, à cause du théorème de Bonnet sur la représentation conforme des
Surfaces minima, de manière à mettre en évidence dans l'expression W un
= I \ a i : é k š
facteur tel que (r+) » S’annulant en chaque point de ces surfaces, on
obtient la relation |
(2) = ER 2 a)
SES 2 D R M
q™ est bien de la forme annoncée. Elle montre pourquoi, dans le cas des >
S ne i s * ui s: ; PER Co
urfaces minima, un système orthogonal quelconque a toujours pour repré
de an
t b Fe i asna : se z > : Fri ss : ra ; P
(*) Voir Moster, Sur les familles de fonctions analytiques qui admettent des
AL ee
np
val i we ie É ye Re e A ; D d H DA S X
EuTs exceptionnelles dans un domaine (Annales de l'École Normale, Paris,
*"oRPFS 1913).
160 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sentation sphérique un système également orthogonal; ce fait particulier
se trouve ainsi rattaché à une propriété générale des surfaces.
Des calculs analogues donnent ces deux autres relations :
+/00\" E 1 I
X SG) = n tR +E)’
dc \? G` G Te
a SG) = nitel +R)
où la courbure totale et la courbure moyenne de la surface considérée
interviennent de la même manière que dans la précédente.
Si l’on combine ensuite les relations (3), (2) et (4) de manière à en
déduire le carré de l’élément linéaire de la sphère, on obtient la suivante :
(5) de py + le due af du de + g de’) (ne + pe)»
RR’ KR
qui donne, en particulier, le théorème d'Enneper sur la torsion des lignes
asymptotiques.
Ces résultats, où l’on considère une surface quelconque S et la sphère de
Gauss, s'étendent immédiatement au cas où cette sphère serait remplacée
par une deuxième surface quelconque S,. De là quelques théorèmes que,
pour simplifier, nous réunissons dans un même énoncé :
« Si l’on établit entre deux surfaces quelconques une correspondance
par plans tangents parallèles, et si, en outre, les deux systèmes de coordon-
nées (u, ») se correspondent, les quatre expressions _
=E : 1 F I I G e
de Kta) —mt/(pte). eh R
ds?
— REF oi + 2 f du de + ed) (g+ w)
prennent chacune des valeurs égales en deux points correspondants quel-
conques de ces surfaces. » :
Ces relations se simplifient beaucoup dans le cas des surfaces minima, et
aussi quand la surface S est rapportée à ses lignes asymptotiques; elles per-
mettent de retrouver intuitivement certains résultats connus, en montrant
de quels théorèmes généraux ils sont des expressions particulières. On en a
déjà vu un exemple pus haut, nous allons en donner brièvement quelques
autres.
La formule (5) met en évidence ce fait que, sur une surface quelconque,
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 161
le rapport = varie en chaque point avec la direction de l’élément ds, et qu’il
y a seulement exception pour les surfaces minima, où il reste égal, quelle
que soit la direction considérée, à V , et ne varie que d’un point à un
— f
RR’
eutre ; c’est donc là une propriété caractéristique de ces surfaces. -
Quand S et S, sont toutes deux des surfaces minima, se correspondant
par plans tangents parallèles, on a
(7) Ene a
il y a donc conservation des angles, comme dans le cas de la représentation
sphérique des surfaces minima. En outre, si les courbures totales sont
égales aux points correspondants, on voit que les deux surfaces sont appli-
cables l’une sur l’autre, ce qui est une réciproque du théorème sur les sur-
faces minima associées.
D'autre part, quand la surface S est quelconque, mais rapportée à ses
lignes asymptotiques, on a
2F
d a a
Si alors S, est une surface minima, il vient À
a si
(8) ds? — (E, du? + G, de?— 2 F, du dv AL ,
| RiR;
relation de même forme que celle donnée par M. Darboux (t. 4, p. 30)
pour la représentation sphérique des lignes asymptotiques.
Ici s’est posée, en vue de l'interprétation concrète des résultats précé-
dents, la question de savoir quelle est la grandeur géométrique représentée
par l'expression
e du? + 2 f du dv + gdo.
Vas ; r -r ` r
Je l'ai seulement étudiée dans le cas des surfaces à courbures opposées; on
trouve alors |
(9) e du? + 2 f du dv + gd = + PRE sin a sine,
isi désig nant par æ eta’ les angles de l'élément ds avec les directions asymp-
totiques. Le signe du second membre dépend du sens considéré comme
positif sur la normale à la surface; j'iñndiquerai dans un Mémoire plus
détaillé comment on doit le déterminer.
162 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Remarques sur la détente des vapeurs saturées. Note de
M. G. Brunar, présentée par M. J. Violle.
PENTE DES ADIABATIQUES EN UN POINT DE LA COURBE DE SATURATION. — Si C’ et €’
sont les chaleurs spécifiques du gaz, p = f(v, T) son équation d'état, la
pente de son adiabatique, donnée par les formules
Gr)
Of T AJE
S y er ur t me Frs RL
(1) Ce ds AW 5, C'— c'— Ig ;
i de
peut se mettre sous la forme
ds Je:
(2) cotb = — ——
T T( DAS e
La pente de l’adiabatique du mélange se déduit de la formule
uv du’
(3) oa e a a e:
A laide des relations
: Too pue Tadu dd de,
GE beyem MR PR SR ITR D 4e.
elle peut se mettre sous la forme
i aido o 1 Je of du'\?
49 en A (APN Le aT
De ces formules on déduit la réfraction de Se
ie ae du'
T PIT af ra m’?
of
ONCE ra
o , . , sé
Comme č et C sont essentiellement positifs, et i nécessairement négatif, |
(6) COL — cota = —
l'équation (5) montre que, dans la détente adiabatique de la vapeur saturée,
z est toujours négatif. L'équation (6) montre que, en valeur absolue, ladia-
P z
batique du gaz fait toujours un angle plus petit avec l'axe des pressions que
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 163
l’adiabatique du mélange. On sait que ces deux faits sont des conséquences
des lois générales de la stabilité et du déplacement de l'équilibre (*).
ETUDE DE L’ADIABATIQUE CRITIQUE. — Au point critique, les formules <5)
s i NAA Se ð du- 2
et (6) deviennent indéterminées, A devenant nul, et TT infini. Cette
indétermination peut se lever, en admettant que la fonction /, ses dérivées
partielles, et la chaleur spécifique à volume constant c sont continues
au point critique, et calculant à l'aide des développements en série par
rapport à e— uw —1 (?). On trouve, en supposant les valeurs critiques
prises comme unités :
Gr) |
de OT ee:
(7) cota = — TIA Deer à , cotB —— at
OT ) de (7 j
Ch)
dv d1
8 RS Sr i
(8) col — cota — — 3 (7 rgf
JT) dv?
L’adiabatique critique fait un angle fini avec la cour be de saturation. el
subit une réfraction finie (°).
VALEUR DE 77! LOIN pu poixr cRtrique. — En assimilant la vapeur à un gaz
parfait (pv = RT) de chaleurs spécifiques constantes, négligeant le volume
du liquide, et employant les relations (“) :
(9) Cu en Lars er f CaT,
les relations (4) donnent : :
fl Cak
(10) moo Co e
eA E A A N S TF
(') Dunen, Traité de Mécanique chimique, Livre IV, Chap. V.— Ravun, Comptes a
rendus, t. 148, 1909, p- 767. P
(*) Brumar, Comptes rendus, t. 470, 1920, p. 1173. . o
C) Raveau, Journ. de Phys:, 3° série, tI, 1892, p- 461. M. Raveau a pit à .
montré que la réfraction de l’ adiabatique dépendait du fait que = OT n'était pas nul o
(Comptes rendus, t. 142, 1906, p. 1305). Gan o
(*) Praxcx, A édit. franç., P- a
164 ACADÉMIE DES SCIENCES.
0
Pour T = 0, m =— æ; m croit avec T et s’annule pour T — 0 si f Gar
atteint la valeur L,. On a alors L, — C’0.
Pour l’anhydride sulfureux, 0 — 370,5; C = 0,154; C0 = 57; Li 58.
Pour le chloroforme, 0. —353::5 C0, 156: C6 —=355; Le 59:
Si de plus on suppose C constant, la formule (10) donne :
g
(11) m=c(1—7)
Pour le benzene, C = 0,414; 0 = 374°. On obtient :
Pairan 273. 343. 413. 483.
m'culculé, riii aa —0,155 —0,037 * —+0,039 +0 ,093
m'-0bsetvé.. 5% 0,153 —0,038 +0,048 +0, 014
On voit que la formule (10) représente bien la variation de m' jusqu'au
caen du point d’inversion inférieur.
ratio DES PE T AUX E BASSES TEMPÉRATURES. — En y rem-
Eg
plaçant m’ par — T et E H par era la formule (6) donne :
~“ i wa u c
(12) cotB — cota = r=50-6)
i JCT C
La pente de la courbe de saturation T est, à un infiniment petit près, celle
. ; f , , .
de l'isotherme du gaz (coty = — = ; langle de réfraction est du. même
ordre que langle de T et de Ov. D'ailleurs l’adiabatique du mélange est
symétrique de l'isotherme du gaz par rapport à F.
ÉLECTRICITÉ. — Sur la propagation dans leau d'oscillations électriques
entretenues, et sur la constante diélectrique de l’eau. Note (') de
M. M. Sauzix, transmise par M. A. Blondel.
Les oscillations bertiiéfiiés non amorties, entretenues par une lampe à
trois électrodes (°), donnent lieu à des phénomènes de résonance extrême-
ment nets qui permettent d’obtenir, lors des mesures de longueurs d'onde,
(1) Séance du 12 juillet 1920.
(2) Waite, General Electric Review, t. 49, pr — Gurrox et Toury, Vompies
rendus, t.168, 1919, p. 271. — BALTE VAN per Por, Philosophical Magazine, t.38, 1919.
= x
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 165
une très grande précision. Toutes les complications qui résultent de
l'amortissement disparaissent. J’ai utilisé ces oscillations pour la détermi-
nation de la constante diélectrique de l’eau.
Le circuit oscillant d’un appareil à ondes courtes, décrit par MM. Gutton
et Touly, est couplé d’une façon très lâche, avec une ligne formée de deux
fils de cuivre parallèles, de 1"®,5 de diamètre, distants de 8%, et reliés à
leurs extrémités par deux points. Le pont le plus éloigné de l'appareil
générateur d'oscillations est coupé par une soudure fer-constantan à fils de
o™, 5, De part et d'autre de la soudure, ces fils sont reliés aux bornes d’un
galvanomètre à cadre. Le pont disposé à l’origine de la ligne est parallèle à
l’un des côtés du circuit oscillant générateur; il est coupé par un conden-
sateur d’une capacité de = de microfarad. Cette capacité est assez grande
pour transmettre intégralement les ondes de 444% et de 242°" qui ont été
utilisées. Elle évite que la soudure thermo-électrique soit mise en court
circuit par la ligne et par ce pont. |
Pour une longueur quelconque non résonante du rectangle formé par les
fils de ligne et les ponts, les oscillations qui y sont induites conservent une
intensité à peu près nulle et le galvanomètre ne dévie pas. Mais les lon-
gueurs de ligne pour lesquelles la résonance est réalisée, donnent lieu à
une grande intensité d’oscillations qui permet de les déterminer à moins
d’un millimètre près. Pour faire varier la longueur de la ligne et réaliser
exactement la résonance, on dispose le pont portant la soudure entre les
extrémités de deux tubes en laiton dans lesquels coulissent les fils de ligne.
On trouve ainsi, successivement, une série de longueurs résonantes qui
diffèrent entre elles d’une demi-longueur d'onde.
Il n’a pas été observé d’harmoniques dans les oscillations de générateurs
d'ondes, fonctionnant dans les conditions de plus grande intensité, très
près du couplage minimum entre les circuits de grille et de plaque (').
L'appareil réglé à la résonance est si sensible à une modification de la
vitesse de propagation, qu’on observe une très grande variation de l’inten-
sité du courant dans le galvanomètre lorsqu'on place entre les fils une
plaque de paraffine. Une feuille de papier approchée de la ligne accordée
suffit déjà à produire un effet nettement visible. :
Pour étudier la propagation dans l’eau, on a disposé la partie de la ligne
la plus éloignée du générateur d'ondes dans une cuve en bois paraffinée,
dont la largeur et la profondeur étaient 15°". Ces dimensions sont suffi-
PP ps
C!) Cf. Gurrow, Revue générale de l Électricité, t. 5 et 6, 1919.
166 ACADÉMIE DES SCIENCES.
santes pour que la propagation ne soit pas troublée par l’approche d’une
plaque métallique à l'extérieur de la cuve.
Pour éviter que la réflexion des ondes à l'entrée dans l’eau ne produise
en avant de la cuve un système d'ondes stationnaires supplémentaire, on
s’est toujours arrangé de telle sorte que les fils pénètrent dans l’eau en un
point qui correspond à un ventre de courant. En ce point les fils de ligne
étaient he par un troisième pont coupé par un condensateur d’une capa-
cité de —— de microfarad. On reconnaît que le réglage est réalisé exacte-
ment, lorsque l'intensité des oscillations pour les longueurs de ligne réso-
nantes est maximum. La position à donner à la cuve pour satisfaire à celte
condition se détermine au millimètre près.
La mesure des longueurs pour lesquelles la ligne est en résonance lors
de la propagation dans l’air, puis lors de la propagation dans l’eau,
fournit le rapport des longueurs d'ondes et par suite la constance diélec-
trique K de l’eau.
D'autre part, la mesure des intensités des oscillations pour les longueurs
de ligne en résonance, permet d'obtenir l’amortissement dû à la conducti-
vité x de l’eau. Cet amortissement a toujours été trouvé trop faible pour
pouvoir altérer la valeur de la longueur d'onde ; les internœuds successifs
ont été trouvés égaux entre eux.
De la valeur trouvée pour le facteur d'amortissement «, on déduit la
conductivité de l'eau : s. L'expérience ne donne æ qu'avec peu de pré-
cision. |
Les nombres trouvés dans une série d'expériences ont été les suivants :
Demi-longueur d'onde des oscillations dans l’air............ 201,6
à 2
26°", 1
Longueur des internœuds successifs dans l’eau distillée à 15.0 / 26%, 1
20,9
$ 1’
Valeur moyenne de la demi-longueur d'onde dans l’eau..... Se 26
Constante diélectrique. ii... Vi rte nu,
Coeffciest d'amortissement: ,. 5,5... un. à —0,004
Conductivité (en unités électro-magnétiques et l’unité dci ré—
sistance étant obm.. 2, nieis ases ER E O Crea T 3° M
Trois autres séries d’ expériences sur Fna distillée ont donné les résultats
suivants :
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 167
2 =. K. A F,
222,0 23,9 137 » »
121 14,2 72,6 » »
124,2 14,1 1337 0,003 3:70
Des mesures faites pour la mise au point des appareils avéc de l’eau de
Moselle des conduites de la ville de Nancy ont donné, comme constante
diélectrique, 75. L'’amortissement était plus grand : a = 0,007.
La valeur trouvée pour la constante diélectrique de l’eau distillée est
ainsi 73, à une unité près environ. Une telle précision ne peut être atteinte
par l’emploi d'ondes amorties produites par des étincelles.
Cette valeur est plus faible que la valeur moyenne 80, généralement
admise. Cette différence peut être attribuée non seulement à la plus grande
précision des mesures, mais encore au fait que l'emploi des ondes entrete-
nues permet d'opérer dans des champs électriques très faibles, or la cons-
tante diélectrique des isolants imparfaits ne paraît pas avoir une grandeur
bien définie indépendante de l'intensité du champ ('). Cette question
pourra être étudiée ultérieurement en se servant d’oscillations d'intensité
encore plus faible.
CHIMIE PHYSIQUE. — Nouvelles recherches sur l’action des gaz extrémement
divisés. Note de M. C. Zeveneus, présentée par M. Charles Moureu.
Dans une Note précédente (°) j'ai montré que, par l'extrême division des
gaz, on peut arriver à des réactions très vives. À
Après de nouvelles expériences, j'ai acquis la certitude de la justesse de
l'explication alors donnée. J’ ai étudié de plus près certaines réactions
obtenues, notamment la réduction del ’anhydride carbonique sentir a
gène. Je vais exposer ici les principaux résultats.
IL. Réduction de l’anhydride carbonique. — J'ai opéré de la même icon
que précédemment(*). L’hydrogène était purifié par une série de flacons
laveurs contenant du bichromate de po acidulé, de la soude ger Fe
C) Vorcr, Magneto-und Elektrooptik, 1908, p. 359. — Rarrowikr, Verh. ao o
Physik. bé 1913, p: 407. — Desve, Phys. Zeits., t: 43/2012, ps Ms en. |
Comptes rendus, t. 158, 1914, p- 621. 2
C) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 883.
(3) Loc. cit.
168 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et du nitrate d’argent. Les premiers distillats du produit de la réduction
étaient examinés à froid avec une solution ammoniacale d'argent, préparée
d’après Tollens, et avec la fuchsine décolorée par l’anhydride sulfureux.
Quant à la formation du sucre, en plus des autres réactions (réduction de
la solution .-ammoniacale, odeur de caramel), j'ai fait la réaction de
l’osazone.
De ces expériences il résulte que l’eau bouillie et exempte d'oxygène,
dans laquelle on fait agir un mélange d’anhydride carbonique et d’hydro-
gène, sous une légère pression, à la température ordinaire (20°-30°), se
réduit en quelques heures, en formant surtout de l’aldéhyde formique,
dont la plus grande partie se polymérise en sucre.
Les premiers distillats ont toujours réduit la solution ammoniacale et
donné d’abord une légère coloration à la fuchsine décolorée, laquelle
s’'accenluait progressivement. Le résidu donna toujours la réaction de
l’osazone et, fortement chauffé, répandait l’odeur du caramel.
On peut suivre la marche de la réaction par la vitesse des bulles d’hy-
drogène dans les flacons laveurs, qui représentent exactement l'hydrogène
absorbé. Je m'assurais, avant chaque expérience, de la parfaite fermeture
de l'appareil. Ainsi, dans une de ces expériences (500 d’eau), une bulle
d'hydrogène était absorbée toutes les 4o secondes environ le premier jour,
toutes les minutes le deuxième jour, toutes les 120-150 secondes, et ainsi de
suite. Le dixième jour, l’ absorption a presque totalement cessé.
Dans une seconde expérience ( 700 d'eau), une bulle d'hydrogène était
absorbée chaque 40 secondes le premier jour, chaque minute le deuxième
jour, chaque 120 secondes le troisième, chaque 180-210 secondes le
sixième, chaque 15-18 minutes le dixième. Ceci prouve qu'il existe une
limite vers laquelle tend la réaction dont l'équilibre chimique dépendrait
surtout de la pression.
IL. Influence de la lumiere. — Cette réduction, à travers les pores du
papier de diffusion, rappelle beaucoup la formation des hydrocarbures à
travers les membranes de cellules des plantes. Cette dernière s’y accomplit
seulement en présence de la lumière. Il était donc intéressant de chercher
quelle pouvait être l'influence de la lumière dans notre cas.
J'ai donc fait une série d'expériences, autant que possible dans les mêmes
conditions, en opérant pendant 8 heuresen même temps : (A) à l'obscurité
totale de la chambre noire ; (B) aux rayons intenses du soleil (15 juin), et
(C) aux rayons ultraviolets. J'ai procédé, comme dans les autres cas, en
me servant d’un ballon de 500°" qui contenait 400" d’eau.
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 169
Pour les rayons ultraviolets je me suis servi d’un ballon en verre Uviol
et d’une lampe à mercure. Les conditions étaient les mêmes, excepté la
température. La température de l’eau de la chambre était 31°; la lampe à
mercure, qui se trouvait tout près du ballon, chauffa peu à peu l’eau
contenue, dont la température, à la fin de l'expérience, monta à 40°. C’est à
cette même température que s'éleva peu à peu l’eau du ballon exposé au
soleil, pour descendre à 37° à la fin de l'expérience (7").
C’est à cause de cela que je répétai le lendemain l'expérience de la
chambre noire (d) en tenant l’eau du ballon à la température de 40°. Les
résultats obtenus furent les suivants: dans les quatre cas, les premiers
distillats donnèrent une légère réaction avec le réactif ammoniacal et la
fuchsine.
Elles étaient toutes plus ou moins de la même intensité, sauf celle de l’eau
du ballon (b) exposé aux rayons du soleil, qui donna la réaction de lal-
déhyde évidemment plus forte. Les résidus de distillation étaient aussitôt
évaporés à sec dans un bain-marie, et chauffés dans des capsules en platine
à 100° pendant une demi-heure, puis pesés.
Poids des résidus.
Ballon (a) exposé aux rayons airavioléls. : 54.44.41 6:0146
(10) » » du soleils russes ha 0,0096
+ : (elde la chambre noire darn 0 aie. 0,0014
3» eH) » » AS e NOR PS 0,0019
Il résulte de ceci que les rayons lumineux, et surtout les rayons ultra-
violets, favorisent et accélèrent beaucoup la réaction, qui se fait néanmoins,
US € us ` 7 Puo ;
à l'obscurité totale. L'influence de la température ne vient qu’en second
rang.
IMI. Réduction de l’anhydride carbonique par l'hydrogène à l’état nais-
sant. — Dans ce sens j'ai d’abord travaillé avec une solution alcaline en
décomposant l’eau à froid par le calcium métallique. Le calcium était par-
tiellement enveloppé de paraffine, dans des tubes de verre très courts, de
Sorte que la réaction s’accomplissait lentement et régulièrement. De temps
en temps, j’ajoutais de nouveaux tubes. L'hydroxyde de calcium, aussitôt
formé, se transformait, par un courant continu d’anhydride carbonique, en
bicarbonate. Le résidu, soumis à la distillation sèche, donna un distillat
également acide, tandis que le résidu se décomposait en produisant des
Yapeurs noires et suffocantes. a oon o
Pai constaté de l'acide formique dans le distillat et du formiate de calcium
dans le résidu. En travaillant dans un milieu acide par la décomposition
io ACADÉMIE DES SCIENCES.
du zinc par l'acide sulfurique $ N, jai obtenu très peu d’aldéhyde et
50
aucun produit de polymérisation ou autre.
IV. Action des gaz en solution. — Quand un gaz se trouve en solution,
il se dissémine sur une grande surface et par conséquent les chances d’un
choc entre les corps agissants sont plus grandes. C’est justement pour cette
cause que je suis parvenu à la synthèse de l'ammoniac, à partir de ses
éléments, en travaillant dans une solution colloïdale de platine, de palla-
dium, rhodium, etc. (‘) à basse température.
J'ai donc essayé cette action dans les deux cas suivants :
A’. La réduction de l’anhydride carbonique par l'hydrogène dans leg
mêmes conditions que précédemment, mais en supprimant le corps poreux
intermédiaire ; c’est-à-dire par l’action directe de l’anhydride carbonique et
de l'hydrogène dissous dans l'eau. J’ai obtenu absolument les mêmes pro-
duits; c'est-à-dire, l’aldéhyde et le sucre. L'’intensité de la réaction n’était
pas EER plus faible.
B'. La synthèse de ammoniac. Un flacon de 11! contenait 6! d'un
mélange de 3%” d’ ane et 1% d'azote, et une solution d’acide sulfu-
rique adaniomé de 10% N par litre, qui communiquant avec un récipient
placé 2" plus haut. Le ob de gaz diminuait peu à peu par la forma-
tion de sulfate d’ammoniaque.
Après six jours je déterminai, par une distillation avec la potasse,
lammoniaque produite; il se TRA 5,3 + N d’ammoniaque. Si l’on opère
avec de l’eau nôn acidulée, on n'arrive qu à des traces d’ammoniaque.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur le recuit du fer électrolytique.
Note (°) de M. Jeax Courxor, transmise par M. Le Chatelier.
Différents auteurs ont signalé que le fer électrolytique contient, au
sortir du bain d’électrolyse, des quantités importantes d'hydrogène que le
recuit sépare aisément.
J'ai cherché à préciser les conditions de recuit nécessaire au départ de
l'hydrogène, sachant, d'une part, que ce gaz forme un hydrure facile à
_ déceler au microscope (*), et que la présence de ce constituant est accusée
d'autre part par une augmentation de dureté.
1) Comptes rendus, t. 162, 1916, p- gi
) Séance du 12 juillet 1920.
} Guaillet-Portevin,
(
%
ae
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 171
Mes expériences ont été faites en faisant varier le temps et la tempéra-
ture du recuit, et en opérant sur de petits échantillons carrés de 3°" de
côté, découpés dans une tôle de 6"" d'épaisseur, obtenue directement au
bain d’électrolyse. Les recuits ont été effectués soit en bains salins, soit dans
un four chauffé au gaz; dans les deux cas, les résultats sont identiques et les
courbes se raccordent parfaitement. Le Tableau suivant résume les résultats
obtenus dans l'essai de dureté (chiffre de Brinell, bille de ro, pres-
sion 10008) :
Temps des recuits.
Température RTE a T
des recuits. 0". 10". 2U- 40E. LP 2a. ia 6"
o a o pa a
LOTS E OA 104: To a 61.159 + +95 » »
De ee ve 264. : 299: er (00 OA l4bs 160 50
BOO th à NC 104 FO FR AE 107 9 92 »
SET ÉTRS 164 ::103 -100 96 88 84 » »
Saen a E 164 83 85 84 83 83 » »
Micrographie. — Les divers échantillons, après recuit de 1- heure, ont
été polis et attaqués, pendant 20 secondes , par la dissolution d'acide nitrique
à 4 pour 100 dans l'alcool éthylique. D’une façon générale, on a une struc-
ture polyédrique, la grosseur des grains allant en croissant de l’état brut
aux températures élevées de recuit. De plus, à à l’état brut, on observe des
macles à l’intérieur des grains: à 650° et 750°, ces macles s’effacent peu à
peu pour disparaitre tout à fait à 850° et aux températures supérieures.
_ Ces résultats montrent :
° Une température de 950° après un temps de 2 heures, ou de. 1050°
Lu un temps de 1 heure, est nécessaire pour obtenir le recuit Le
-~ 2 À une température d'au plus 850°, le recuit n’est jamais Re
même lorsque la durée de l'opération atteint 4 heures.
3 La structure caractéristique de la présence de l’hydrure existe encore
après recuit à 650° et 750°; mais elle disparait après un recuit de 1 heure
à 850°, bien que cependant la dureté n’ait pas atteint son minimum.
De nouvelles expériences permettront sans doute de préciser la relation
exacte entre la structure et le recuit complet.
172 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIQUE. — Quelques nouvelles recherches sur les laitons spéciaux.
Note (') de M. L. Gutter, transmise par M. Le Chatelier.
Les recherches que je poursuis depuis de nombreuses années sur la
question des laitons spéciaux et qui ont déjà fait l’objet de plusieurs
Notes (?), m'ont conduit à quelques résultats nouveaux que je me propose
de résumer brièvement :
Laitons au cobalt. — Il était intéressant de rapprocher le rôle du cobalt
de celui du nickel. On sait déjà que ces éléments ne se comportent pas
du tout de la même façon vis-à-vis des alliages fer-carbone.
Le cobalt n'entre en solution dans les constituants normaux des alliages
culvre-zinc que dans une faible proportion ; il s isole ensuite sous forme
d'une des solutions solides que l’on rencontre dans les alliages cuivre-
cobalt.
Lorsque la constitution est normale, on note un titre fictif nettement
supérieur au titre réel; mais la valeur du coefficient d’ A loss varie
dans des limites assez larges de — 0,1 à — 1,5.
Voici quelques propriétés intéressantes de ces alliages (°) :
Essai
Composition. Titre fictif. Essai de traction. Essai de choc. de dureté.
AE ART di DE ie a ao Da =
Gu! Co =. Cup 00- R. A p. 100. 2 6. Angle. À.
60,34 0,64 Gt 32,8 49,0 57,5 19,1 106 72
60,50 2,97 62 5,2 97,0 54,6 11,9 116 71
60,48 4,81 Gi 93,9 38,0 937,7 7; 150 107
55,46 0,78 26,9 393,7 16,0 30,7 9,0 138 117
59,6% 2,42 50 : 40,6 32,0 38,9 11,2 134 104
53.46 4,98 Gr 44,6 39,0 54,6 14,0 140 129
On retrouve encore ici l'influence nocive du constituant spécial et la
relation entre le titre fictif et les propriétés mécaniques. Toutefois, celles AI
ne sont pas supérieures à celles des laitons au nickel et les laitons au cobalt
ne peuvent intéresser l’ industrie.
(1) Séance du 12 juillet 1920.
(?) Comptes rendus, 1. 1k3, 1906, p. 1047; t. 155, 1912, p- 1512; t. 170, 1920,
p. 460.
(3) Déterminées dans les mêmes conditions que les propriétés mécaniques indiquées
dans les Notes précédentes.
(*) 62 + constituant spécial.
SÉANCE DU 19 JUILLET -1920. 173
+ Laitons au chrome. — Depuis fort longtemps, je me préoccupe de trouver
une méthode d'introduction du chrome dans les alliages de cuivre. Ces
corps sont partiellement non miscibles à l’état liquide et totalement non
miscibles à l’état solide.
Les alliages de nickel et de chrome, devenus industriels pendant la
guerre, sont formés d’une seule solution solide; de plus, leur liquidus
présente un minimum assez accusé (température de 1290°). J'ai donc
cherché à introduire le chrome au moyen d’alliages de nickel et de chrome
préparés au four électrique. Les résultats sont à peu près négatifs, une
partie du chrome entre bien en solution dans les constituants des laitons,
mais une autre partie forme un constituant spécial, probablement du
chrome métal, lequel diminue la valeur du métal, comme le prouve le
résultat suivant :
L’alliage a pour composition : ;
Ca: 13C La 78; N = 5,0;
Cr (soluble dans AzO? H) — 0,32; Cr insoluble = 1,20.
R =28,3; A pour 100 = 13; Desto B; 0 istay A 580;
micrographie : Cu — 61,5 + constituant spécial,
Laos à l'argent et à l'or. — J'ai montré précédemment que les métaux
donnant un titre fictif supérieur au titre réel formaient avec le cuivre des
solutions plus étendues que la solution æ des alliages cuivre et zinc. Il était
intéressant de voir, d’une part, l’action de l’argent qui forme une solution
très peu étendue avec le cuivre, et, d'autre part, l’action de l’or qui dore,
avec le cuivre, une solution variant de o à 100 pour 100.
Les quelques Pi nieee faites montrent bien la différence d'action des
deux métaux :
En effet, un laiton ayant pour composition
e Cu = 37, 10; Zo = 4i 67; Agar
a pour titre fictif 58; |
Cu = 56:13; Zn 43;80; AUS
à pour titre fictif 57,5.
L'argent ma donc pas d’action très po sur la structure de
Pallia ge.
réel
C. R., 1920, 2° Semestre. (LA NET. ee i 2 no a ; S o a
L'or, au contraire, donne donc un titre fictif nettement pe au titre ne ‘
174 , ACADÉMIE DES SCIENCES.
F2
CHIMIE MINÉRALE. — Oxydalon de l’anhydride arsénieux en milieu alcalin
en présence de sulfate ferreux. Note de M. G. Gire, transmise par
M. H. Le Chatelier.
Manchot et Glaser (') ont étudié l'influence du sulfate ferreux sur
l’oxydation de l’anhydride arsénieux en milieu alcalin. Ces auteurs ont
prétendu que le mélange As?0° + KOH + SO'Fe fixe à peu près le double
de l'oxygène nécessaire au passage de l’état ferreux à l’état ferrique.
Nous avons cherché à déterminer dans l'oxydation de tels systèmes,
l'influence de l’alcalinité du milieu et de la teneur en fer.
`
4o™ du mélange à étudier étaient mis en présence d'oxygène libre, à pression
constante, dans un récipient de 175% communiquant avec une burette graduée
- remplie d'oxygène et immergée dans l’eau. Pour chaque volume de gaz absorbé un
même volume d’eau pénètre dans la burette par un tube capillaire placé à sa partie
supérieure (?). L’oxydation était ainsi suivie de minute en minute.
Le mélange était régulièrement agité par un mouvement de translation entretenu
électriquement (150 déplacements doubles à la minute).
Les solutions alcalines d’anhydride arsénieux s’oxydent à Pair libre.
Dans chaque expérience nous avons suivi parallèlement l’oxydation de la
solution arsénieuse en présence de sels ferreux et de la solution arsénieuse
seule.
L’oxydation due au fer est très rapide (3 à 5 minutes), han elle est
terminée l'oxydation ultérieure devient alors identique à celle de la solution
arsénieuse seule.
Chijs sotia à oxyder, représentant toujours 4o°%, contenait 21 millimolécules
de As?O? et 0,5 milliatome de fer avec des teneurs croissantes en soude exprimées
dans le Tableau suivant. L'oxydation était conduite pendant un quart d'heure et de
l'oxygène total disparu était retranché celui absorbé pendant le même temps par la
solution arsénieuse sans fer, `K
Oxygène absorbé . ARA Sye nécessaire
._Soude en pour Fe’O*
en millimolécules. milliatomes. 7 en milliatomes
re ei e ae 0,97 ve 0,22
Sr dit vie “040 0,25 '
k2 (As?0?, en a 0,42 0,25
53,25 HS Se D ee nu Mob d O, 37 0,29
099....4:; NIET es 0,40 0,25
1) Maxcnor et GLASER, Zeit. für anorg. Chem., t. 27, p. 240. ~
La
(2) Ce dispositif est à peu près celui employé par Manchot.
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 175
Oxygène absorbé Oxygène nécessaire
Soude our Fe? 0?
en millimolécules. milliatomes,. en milliatomes.
RE SU OP E e A 0,92 0,29
Se (AO 2N9°0).,.:, 0,60 0,25
LL PCR OR EN El a 0,60 0,2)
LS Re D CU CR TPE 0,62 0,29
Midi TT 0,65 0,25
Ru se UV eo 0,65 0,29
D; À PE PRE T EE aS 0,65 0,25
La quantité d'oxygène absorbé passe par un minimum pour une teneur
en soude un peu supérieure à celle correspondant à l’arsénite monobasique
(As*0*, Na*O). Ce minimum est inférieur au double de l'oxygène néces-
saire pour passer au stade ferrique (0,37 au lieu de 0,50) (').
Pour le mélange correspondant à l’anhydride bibasique, le double
oxygène est nettement dépassé (0,60 au lieu de 0,50). A ce moment
la variation de l’alcalinité n’a plus qu’une influence très faible, qui devient
nulle à partir d’une teneur de 144,5 millimolécules de soude.
Il semble que l’oxydation soit en relation avec la nature des sels formés
par le mélange As?O° et Na OH en différentes proportions.
D'autre part, dans les liqueurs obtenues, le fer est masqué à ses réactifs
habituels; on est donc en présence de corps complexes, vert clair pour de
basses teneurs en soude, puis. jaunes et.enfin rougeâtres pour le mélange
correspondant à 1’arsénite bibasique. Pour des teneurs en soude supérieures
le complexe s’hydrolyse, l’hydrate ferrique se dépose d’autant plus abon-
damment et rapidement que la teneur en soude est plus grande. Cette
décomposition marque l'oxydation maxima du mélange. As
Nous avons également fait varier la teneur en fer du mélange et cela pour
des teneurs en soude différentes : 69,5, 84 et 219,5 millimolécules. Le
mélange contenait toujours 21 millimolécules d’anhydride arsénieux.
Voici quelques résultats obtenus dans les deux premiers cas: .
As?O%— 21 millimolécules, Na OH = 69,5 millimolécules. š
a Oxygėne absorbé Oxygène
en pour Fe? 0?
-en milliatomes. milliatomes. en milliatomes,
o ; Phares deu dis os CR o , I 3 a o ? 05 i
(A E a a a 0,18 Oo,
"2e RASE CT PT en in 0,22 0,15
+
o 5] CHR NN NRC TER 0, 3 I o ? 2
1 Fr. ss ‘p X
(1) La précision de la mesure est de o,01 milliatome d'oxygène.
176 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Oxygène absorbé Oxygène
en pour Fe20*
en milliatomes. milliatomes. en milliatomes.
Be TERRE PT SERIE RE Et UE 0,40 0,29
Ra SEE Pete 0,48 0,39
Ne ds en TR à VENS 0,64 0,2
RS RS CN Ce Re 0,91 0,75
RS De du EO N ete ; t,i I
As?03— 21 millimolécules, Na OH — 84 millimolécules (arsénite bibasique).
Oxygène absorbé Oxygène
en our Fels
en milliatomes. i milliatomes. en milliatomes.
OR RP CS M BAG ES: 0,32 0,1
DD Ni Craie LS oi 0,38 0.15
NE Le SU EL 0,49 0,2
OR NS IA IU 0,60 0,2)
La quantité de l’oxygène absorbé est proportionnelle à la quantité de fer.
Le coefficient de proportionnalité étant défini par la teneur en soude.
Dans aucun cas cependant, même pour les mélanges où l'oxydation
dépasse 1% d'oyygène pour 1** de fer, ce coefficient n’est supérieur à 1
(coefficient qui caractériserait, pour chaque teneur en fer, la fixation d’une
quantité d'oxygène double de celle nécessaire pour atteindre le stade
ferrique).
Le stade ferrique est toujours dépassé. Est-ce en vertu d’une oxydation
secondaire due à la formation d’un peroxyde intermédiaire?
Manchot le prétend et admet la formation de FeO? instable. N'ayant fait
varier l’alcalinité et la teneur en fer que dans des limites très restreintes, ses
résultats permettent cette interprétation qui ne semble pas due avec
- les chiffres que nous avons obtenus.
Le complexe formé s’oxyderait-il en une ale fois, la quantité d’ oxygène
absorbé variant avec la composition de ce complete? C’est une opinion que
seule une c systématique de ces complexes ee confirmer.
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 177
CHIMIE ANALYTIQUE. — L’acide iodique réactif microchimique caractéristique
de l’ammoniac gazeux. Note (') de M. Gror6es Denicës, présentée par
M. Charles Moureu.
Tandis que l'acide iodique insolubilise les solutions, même très diluées,
des sels de la série calcique, en formant, comme nous l’avons montré (?),
des iodates spontanément cristallisés et fort peu solubles, ce n’est qu'avec
des solutions très concentrées des sels du groupe du potassium qu'il peut
amener des précipitations d’iodates, d’ailleurs aussi cristallisés, mais dont
la formation, sauf dans des cas très particuliers d'identification de sels
solides, ne peut être utilement appliquée à la microchimie.
Il en est de même avec les sels d’ammonium, dont le chlorure, par
exemple, et grâce à une sursaturation très opiniâtre de l’iodate correspon-
dant (cependant peu soluble), ne fournit de précipité cristallin par mélange
d'acide iodique avec sa solution que lorsque la teneur en sel de cette der-
nière atteint, au moins, 15 à 20 pour 100.
Au contraire, le même réactif iodique, mis en présence de quantités
extrêmement faibles de gaz ammoniac, produit immédiatement des cristaux
quadratiques, aplatis, agissant sur la lumière polarisée, d’iodate d’ammo-
mum. C’est ainsi qu'une gouttelette. très minime d’une solution d'acide
iodique à 10 pour 100 (concentration la plus favorable), exposée pendant
quelques secondes à peine au-dessus du goulot débouché d’un flacon d'am-
moniaque des laboratoires, se recouvre aussitôt d’un enduit de ces cristaux,
très facilement reconnaissables au microscope lorsqu'on les y examine après
avoir porté la gouttelette sur une lame de verre. :
La figure ci-après reproduit l'aspect de ces cristaux.
La réaction est caractéristique [aucune amine volatile (°) ne la donnant], elle est
immédiatement applicable ; de plus, elle est très sensible.
(*) Séance du 5 juillet 1920. | =
(2) G. Denicès, L'acide todique réactif microchimique des combinaisons solubles
el insolubles du calcium, du strontium et du baryum (Comptes rendus, t. 170,
1920, P. 996). ; a —
(1) Nous avons trouvé, au contraire, qu’en milieu neutre, l'iodate de sodium à —
10 pour 100 donnait des combinaisons spontanément cristallisées et de formes toute do
Ta avec des amines primaires, notamment la monométhylamine, qui fournit
ansi de longues aiguilles, le plus souvent groupées autour d’un centre commun.
Er
178 ACADÉMIE DES, SCIENCES.
Lorsqu'on veut l’employer à la recherche et à l'identification de l’ammoniaque sali-
fiée, dans une solution, une eau potable, etc., on en évapore une certaine quantité à
un petit volume (1°% par exemple) qu’on introduit, avec oë, 50 de magnésie calcinée,
dans un tube de verre court (3™ à 4™ au plus de longueur) de 15" à 16" de diamètre
et à rebords évasés, de façon à pouvoir le faire tenir droit dans un poudrier dont le
goulot permette son introduction mais non le passage de son orifice et fasse ainsi office
Cristaux=d’iodate d’ammonium.
de support, D’autre part, on dépose avec un agitateur, sur le milieu d'une lame de
verre porte-objet, une fine gouttelette ne dépassant pas 2"® à 3mm de diamètre, et
plutôt à ménisque aplati que trop convexe, de réactif iodique, et l’on couvre le tube
avec cette lame, la gouttelette regardant l’axe de ce tube, On abandonne le tout à lui-
même pendant un certain temps et on l’examine au microscope.
Quand le résidu liquide soumis à l'essai renferme 1"8 seulement d'ammoniaque
salifiée, des cristaux apparaissent en quelques minutes; en moins d’une demi-heure
avec 06,2, au bout d’une heure environ avec 08,1. Dans ces divers cas, les cristaux
se forment d’abord et surtout sur les bords de la gouttelette.
Bien que, par ses propriétés cristallographiques, identiques à celles que Marignac
a décrites (!}), il fùt déjà certain que le sel ainsi obtenu était bien l’iodate neutre
(1!) MariGxac, An. Min., 5° série, t. 9, 1856, p. 1.
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 179
I0? NH*, il nous a paru utile de nous assurer, vu les conditions de formation de nos
cristaux en présence d’un grand excès d'acide iodique, qu'il ne s’agissait ni du biiodate,
ni du triiodate de Ditte (1) et Blomstrand (°). Or, les préparations massives que nous
avons faites de nos cristaux, soit en milieu rigoureusement neutre, soit en présence
+ d’un excès d’acide iodique ou d’ammoniaque, nous ont toujours conduit aux mêmes
formes quadratiques et à une composition chimique coïncidant exactement avec la
formule 103 NH,
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur l'incineration des matières organiques en vue
de l’analyse des éléments minéraux qu’elles contiennent; application à
l'analyse du sang. Note de MM. A. Deserez et J. Meunier, présentée
par M. Moureu.
L'incinération des matières organiques s'effectue, dans la plupart des
laboratoires, au moyen de fours à moufle chauffés au gaz ou au coke; c’est
ainsi que les analystes procèdent pour détruire les filtres et calciner les
précipités recueillis pour les dosages. Nos études particulières du méca-
nisme de la combustion nous ont conduits à modifier cette manière de faire
et à adopter un procédé qui, mis entre les mains de nos élèves non encore
exercés, leur permet d'obtenir d'excellents résultats.
incinération comporte deux phases : la première est celle où les
matières volatiles se dégagent et brûlent sous forme de flamme, en laissant
un résidu charbonneux ou coke; la seconde est celle de la combustion de
ce résidu, par incandescence. Cette seconde phase est la plus délicate; sa
réussite dépend de la température à laquelle la première a été effectuée.
Il est essentiel de ne pas chauffer ou de ne chauffer que le moins possible,
tant que la flamme se produit. Le filtre desséché, disposé sur le récipient,
Capsule ou creuset, où l’incinération doit avoir lieu, étant simplement
enflammé, on écarte la lampe tant qu'il y a flamme, et l’on soulève au
besoin la matière enflammée un peu au-dessus du récipient, pour permettre
l'accès de lair. Ordinairement, quand la flamme s’est éteinte, on voit
l Incandescence se propager sur le résidu charbonneux, on laisse ce phéno-
mène s'achever et l’on ne chauffe qu'ensuite à la lampe, le récipient étant
Penché de telle sorte que louverture soit tout à fait en dehors de la flamme;
autrement, l'accès de l'air comburant serait fermé. Les goudrons qui se
s. Dire, Ann. de Ch. et de Phys., 6° série, t. 21, 1890, p- 147. à
) Buousrraxv, J. prakt. Chem., 2° série, t. 40, 1889, p. 335.
180 | ACADÉMIE DES SCIENCES.
sont déposés sur la paroi intérieure du récipient se consument progressi-
vement et laissent celle-ci absolument nette, bien avant qu'elle ait atteint
la température du rouge naissant; de même, les parcelles charbonneuses
deviennent brusquement incandescentes et, en s’éteignant, laissent un
squelette de cendres blanches.
Les propriétés catalytiques de ce charbon obtenu à basse température se
montrent ainsi d'une manière certaine; C'est-à-dire qu'il attire mécani-
quement l’oxygène qui l'entoure, tout comme le platine ou le cuivre,
préparé dans les conditions que nous avons indiquées, attirent les mélanges
gazeux et manifestent l’incandescence. Cette propriété catalytique est
altérée et plus ou moins annihilée par la présence de certains sels, les sels
alcalins et ammoniacaux en particulier, avivée au contraire par d’autres,
spécialement par le sulfate de chaux en petite quantité ('). Il est donc
essentiel, tous les analystes lont reconnu, d'éliminer à fond, par des
lavages, les sels alcalins qui, employés comme réactifs, imprègnent les
filtres, pour que ceux-ci brûlent facilement.
Nous avons généralisé ces principes en les appliquant à l’incinération des
matières d’origine animale. Nous avons opéré d'abord sur le sang, aussi
bien sur le sérum que sur le sang total du cheval. Ces liquides sont
disposés en couches minces sur des assiettes ou sur des plats bien dégraissés
et placés sur le bain-marie pour l'évaporation. La coagulation se produit et
la matière, quand elle est sèche, se détache par plaques. Après l'avoir
concassée, on l’incinère dans une capsule de porcelaine ou même dans un
têt, moins susceptible de se briser, en procédant comme il suit. Sur la
surface du produit, on dirige un jet de chalumeau qui détermine l’inflam-
mation et le boursouflement de la couche supérieure. La matière étant
“mauvaise conductrice de la chaleur, cette couche se soulève et se détache
de la couche sous-jacente, qui demeure à une température plus basse. Il en
résulte un charbon poreux, léger, que l’on enlève d’une pièce. La matière
qui se trouvait au-dessous, ainsi mise à nu, apparaît comme un goudron,
en partie fondue. On l’enflamme par un nouveau jet de chalumeau et ces
opérations sont continuées jusqu’à ce que le récipient soit vide.
Le charbon volumineux, tassé dans une capsule de porcelaine, est chauffé
modérément sur un fourneau à gaz ordinaire. Il suffit que le fond de la
capsule atteigne une température qui n'est guère supérieure à 300°, pour
qu’à l’intérieur, la masse charbonneuse devienne incandescente et brûle
-(*) Comptes rendus, t. 149, 1909, p. 924 ; t. 152, 1911, p: 194.
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 181
spontanément, tandis que la surface, refroidie par le contact de l'air, reste
noire. Plus la masse est considérable, mieux se font lesopérations ci-dessus,
et mieux se manifeste la propriété catalytique du charbon obtenu à basse
température.
Les cendres du sang ou du sérum sont riches en sels alcalins ; par suite,
il est indiqué, quand la combustion catalytique se ralentit, de lessiver, à
l’eau chaude, là masse encore charbonneuse. La presque totalité des sels
solubles dans l’eau se sépare ainsi, et la solution évaporée fournit successi-
vement des cristaux de chlorures, carbonates, sulfates et phosphates alcalins
sur l'étude desquels nous reviendrons.
Le résidu charbonneux, recueilli pour sa séparation sur un filtre à vide,
est desséché etincinéré comme ci-dessus dans une capsule de porcelaine ;
l’incinération est bientôt complète. Les cendres contiennent quelques traces
de sels solubles, éliminables par l’eau. Dans le cas du sang total, elles sont
en majeure partie formées d'oxyde de fer, de phosphates de calcium, de
magnésium, etc., de silice et d’un peu d’alumine. Ces substances, sauf
l'oxyde de fer, se retrouvent dans le sérum. Pour 1" de sang total, nous
avons trouvé 15,130 d’insoluble, tandis que pour 1*8 de sérum, nous n’avons
eu que 06,450. La différence est due à l'oxyde de fer, dont la quantité
correspond à 06,475 environ de fer métal par kilogramme de sang.
Sans indiquer en détail les résultats de l’analyse, nous tenons à signaler
la présence du cuivre, du manganese et du lithium dans le sang de cheval,
éléments que nos analyses mettent hors de doute. Le cuivre est séparé à
l'état de sulfure et la proportion en est de 1™8 à 25 par kilogramme de
sérum. ; De.
T Le manganèse est caractérisé, de la manière la plus évidente, sous forme
d acide permanganique, la proportion par kilogramme en est de quelques
Centièmes de milligramme seulement. Enfin, le lithium est caractérisé par
ses raies rouges À 6704 et À 6114, qui sont obtenues sur les spectro-
rammes, en même temps que les raies de Na et de K. Nous employons
Pour cela la méthode d'entrainement dans la flamme de l'hydrogène que
nous avons décrite ailleurs, et qui nous permettra de fixer très approxima-
tivement la proportion du Li à celles des deux autres alcalins, détermi-
nables par des dosages directs. . a e
n résumé, la méthode que nous venons de décrire permet d’incinérer,
avec le matériel le plus ordinaire, des quantités de matière aussi considé-
rables que l’on veut, ce qui présente de grandes difficultés pratiques par a
les autres méthodes. A la basse température où elle a lieu il ne se produit
182 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pas de réaction des substances minérales entre elles, telle que la formation
des silicates ou silico-phosphates dans lesquels les éléments existant en
petite quantité sont masqués. Enfin, elle est d’une exécution rapide et peu
' absorbante ; et par elle nous comptons pouvoir rechercher s'il n'existe pas
dans le sang d’autres éléments que ceux que nous venons signaler et
reconnaître comment ils se localisent et se séparent. Nous l’appliquerons
également à l'étude d’autres sangs et, d’une manière générale, à celle des
tissus normaux ou pathologiques.
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouveaux éléments catalytiques pour la trans formation
des combinaisons diazotées. Note de MM. A. RorczyNskr, W. Maoziiser
et W. Vizav, présentée par M. A. Haller.
La réaction de Sandmeyer n’a pas encore été exactement examinée
étant donnée son importance. On s’est surtout trop peu occupé du cataly-
sateur. Hantzsch (') a réussi à saisir à une basse température la combi-
naison du bromure de diazobenzène avec le bromure de cuivre
(Cu?Br?) CSH5SN?Br. Cu Br
et dans les mêmes conditions Waentig et Thomas (*) ont obtenu la combi-
naison du chlorure de diazobenzène avec le chlorure cuivreux. Le méca-
nisme de la décomposition de la combinaison diazotée s'explique de la
manière suivante :
Le catalysateur, qui est, dans ce cas, le chlorure ou le bromure cuivreux, s'unit à la :
combinaison diazotée en provoquant la décomposition du chlorure ou du bromure
de diazobenzène suivant le schéma suivant :
à Po G CH: CI CHS OI C5 HCI
, | | | | Tr éve ds
N=N+ ue. N=— + N=—N + N2
| ; | AN E + se 6 + e1+, 2
CI Cu ere Cu Cu CI Cu CI
De semblables combinaisons seraient obtenues par l'introduction d’autres groupes
tels que CN, SCN, etc.
~
Hantzsch (°) s’est déjà préoccupé de savoir si le cui vre seul possède une
(1) Berichte d. d. chem. Gesellschaft, t. 33, p. 2544.
(2) Berichte d. d. chem. Gesellschaft, t. k6, p. 3923.
(3) Berichte d.'d. chem. Gesellschaft, t. 28, p. 1734. a
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 183
action spécifique dans cette réaction, et ila examiné les effets des chlorures
d'or (Au Cl) et de mercure Hg CI comme étant, à son avis, des combi-
naisons analogues au chlorure cuivreux. Il est arrivé à la conclusion que
seuls les sels de cuivre peuvent déterminer la réaction de Sandmeyer.
En partant du principe que l'action catalytique serait dans ce cas une
fonction du poids atomique, nous avons employé dans nos recherches les
sels des métaux dont les poids atomiques diffèrent peu de celui du cuivre,
par conséquent les sels de fer, de cobalt, de nickel et de zinc, nous propo-
sant ensuite d'étendre ces recherches sur les corps dont les poids atomiques
sont exprimés par des nombres égaux à un multiple entier des poids ato-
miques des métaux cités plus haut. Nous avons constaté que le cobalt et le
nickel ainsi que leurs sels sont aptes à remplacer les sels de cuivre; toute-
fois l’action de ces corps montre une certaine gradation. |
Ainsi, par exemple, le cyanure double de potassium et de nickel déter-
-mine facilement la formation des nitriles, à la température de l’eau
bouillante, avec un rendement presque égal à celui de cyanure double de
potassium et de cuivre. Nous avons ainsi obtenu le benzonitrile, le para-
tolunitrile et le parabromobenzonitrile; mais nous avons constaté que le
cobalt n’est pas apte à donner cette réaction.
Par contre, le cobalt est un médiateur parfait pour la transformation de
la combinaison diazotée en rhodanure. Dans ce dernier cas, nous avons
réussi à séparer la combinaison double du rhodanure de cobalt et de diazo-
benzène, analogue aux combinaisons moléculaires du chlorure ou de bro-
mure déjà mentionnées avec les sels de diazobenzène. Ce rhodanure
manifeste une stabilité beaucoup plus grande que ces derniers et fournit
par suite des résultats plus exacts à l'analyse. On peut expliquer ce phéno-
mène par l'aptitude spéciale que possède le cobalt à former des combinai-
sons moléculaires, On obtient cette combinaison de la manière suivante :
On dissout une molécule-gramme d’aniline dans une quantité calculée d’acide
chlorhydrique dilué, ou la diazote à o° avec NO?Na, puis on verse la liqueur dans
une solution refroidie d’une molécule-gramme de chlorure de cobalt CoCl et de trois
molécules-grammes de rhodanure de potassium. La poudre cristalline, d’un vert
de malachite, qui se sépare, est recueillie sur filtre, séchée rapidement sur des
plaques froides d'argile poreuse et dans l’exsiccateur à 0°. | e
L’anal yse a fourni des chiffres correspondant à la formule o
. [CSHSN?SCN]J: Co[SCNP.
~
Le restant du dépôt formé est distillé dans un courant de vapeurs d'eau
184 ACADÉMIE DES SCIENCES,
et finalement épuisé avec de l’éther. Après dessiccation de la solution éthérée
sur du chlorure de calcium et élimination du solvant on obtient le rhoda-
nure qui passe entre 230° et 235°.
Le rhodanobenzène bout à la température de 232°-233° (1).
En employant le sel de cobalt le rendement est meilleur qu'avec le sel de
cuivre. On a exécuté la même opération avec le sel de nickel. Le rendement
est alors plus petit qu'avec le cuivre; on ne peut non plus saisir la combi-
naison moléculaire du catalysateur avec le composé diazoté.
La transformation du chlorure et du bromure de diazobenzène en chlor-
benzène et en brombenzène a lieu aussi par l'emploi des halogénures de Ni
et dé Co, bien qu'avec un très faible rendement. Elle se réalise seulement à la
température de l’eau bouillante et donne 10 pour 100 de composé halogéné.
On sait que si dans une solution de chlorure du diazobenzéne, nous ver-
sons une solution de chlorure de cuivre, c'est-à-dire nous exécutons une
opération inverse à la réaction de Sandmeyer, il se forme, à côté du chlor-
benzène, du diphényle. Nous avons constaté que dans ces conditions ni le
nickel ni le cobalt ne provoquent la formation du diphényle.
Parmi les autres sels métalliques employés dans nos recherches (sels de
zinc et de fer) aucun d'eux n’a révélé d'action catalytique.
Toutefois, en employant les sels d'uranium, nous avons obtenu de petites
quantités de certains produits, dont nous rendrons compte dans un travail
- ultérieur. Le fait que les sels d'uranium produisent des actions semblables
à celles décrites plus haut nous a conduits à la conclusion, qu’il existe une
relation entre le poids atomique du métal et l’activité catalytique de leurs
sels.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau colorant indigoïde, le 5-[dioxy-2.4-
pyrimidine|-2-1ndolindigo. Note de MM. J. Marniwer et O. Donner,
présentée par M. A. Haller.
L’alloxane (1) possède un système de trois doubles liaisons conjuguées
croisées. On sait que, si trois atomes consécutifs sont tels qu’à chacun d'eux
aboutit une double liaison et une seule, l’ensemble forme un système de
doubles liaisons conjugüées croisées. Dans un tel système, la double liaison
médiane représente un point particulier de non-saturation ; elle a, par suite,
une grande aptitude réactionnelle qui se manifeste dans la formation d’hy-
(1) Süpersôcx, Annalen d. Chemie, t. h49, p. 217.
s
auteurs, que ces deux corps sont nettement différents.
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 185
s . 4 .
drates et de nombreux composės de condensation à partir de l’alloxane, des
éthers mésoxaliques, dicétobutyriques, etc.
Nous avons donc pensé que l’alloxane se condenserait facilement avec
l’indoxyle à la manière des isatines. En fait, nous avons obtenu un indi-
goïde auquel nous attribuons la formule (IL), et qui présente des analogies
avec les indirubines :
|
/N==C=0 D AT an GC dE
AU a
O= C7 — O amm YS G E
` * cer | KL AN
Sierre 0 NN Cð }
|
H H H
(I). a CH)
Il suffit de projeter dans une solution acétique d’alloxane, chauffée au
bain-marie, de la fondue technique d’indoxyle, gracieusement mise à notre
disposition par la Compagnie nationale des Matières colorantes. La liqueur
se colore'en rouge brun, puis en violet, et au bout de quelques minutes
de chauffage, se prend en une bouillie cristalline violette, que l’on essore,
lave à l’eau chaude et à l'alcool et que l’on peut purifier par sublimation.
MM. Felix et Friedländer (') en condensant en milieu anhydride acétique
l’anilide de l’isatine avec l'acide barbiturique obtiennent un produit auquel
ils attribuent la même formule. Nous avons répété leurs expériences et
avons pu constater, comme le faisait prévoir la description donnée par les
Le Tableau ci-après permet de se rendre compte de cette différence.
Le produit de condensation de Falloxane et de l’indoxyle possède donc
les caractères d’un colorant indigoïde. Il se présente sous la forme d'ai-
guilles foncées ; sa cuve teint la laine et la soie en héliotrope eta même pour
le coton une certaine affinité. Le dérivé sulfoné, qui teint directement
la laine et la soie en nuances violettes, possède également une faible affinité o ;
Pour le coton. ;
; Le produit de condensation de l’anilide de l'isatine avec l’acide barbitau-
rique, au contraire, se présente sous la forme de cristaux transparents. IlL ——
ne donne pas de cuve et il nous a été impossible d'obtenir un dérivé sulfoné
doué de propriétés tinctoriales.
E anaa N ESE A,
(') A. Feux et P. FRIEDLÄNDER, Monast. f. Chemie, 1910, (a) p. 55. .
186
Produit de condensation de l’anilide
de l’isatine avec l'acide barbiturique.
1° Couleur. — Cristaux rouge pâle trans-
parents au microscope.
2° Action de la chaleur. — Charbonne
au-dessus de 300°.
3° Solubilité. — Très peu soluble dans
les solvants à points d’ébullition élevé,
comme le nitrobenzène, le benzoate d’é-
thyle, en leur communiquant une très
légère teinte jaune orangé.
4 Action de la potasse. — La potasse
concentrée et froide donne une solution
bleu violacé, par chauffage la dissolution
du produit s'accélère en colorant la liqueur
en jaune vert.
5° Action de l’ammoniague. — Un peu
soluble à chaud en rouge Mere puis
jaune rouge.
6° Ve donne pas de cuve avec l'hydro-
sulfite. ;
7 Action de l'acide sulfurique. —
Donne une solution rouge violacé qui,
étendue d’eau, devient rouge orangé, puis
se décolore.
8° Action de l'acide chlorhydrique. —
Donne une solution cramoisi. ;
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Produit de condensation de lindoxyle
avec l’alloxane. %
1° Couleur. — Aiguilles violettes com-
plètement opaques.
2° Action de la chaleur. — Se sublime
au-dessus de 300° en aiguilles rouge vio-
lacé. i
3° Solubilité. — Quoique assez peu
soluble dans ces solvants leur communique
une teinte violette intense,
4° Action de la potasse. — Très peu
soluble même à chaud en colorant la
liqueur en jaune vert.
5° Action de l’ammoniaque. — Un peu
soluble à chaud en rouge.
. 6° Donne avec une grande facilité une
cuve jaune vert.
7° Action de l'acide sulfurique. —
Donne une solution violette qui, étendue
d’eau, ne change pas de teinte. :
| t
8° Action de l'acide chlorhydrique. —
Donne une solution bleu violacé: 4
L 2
De ces considérations, il bis donc résulter que c’est au produit de
condensation de l’alloxane et de l’indoxyle qu’on doive réserver la for-
mule (I) et il est possible que le produit de MM. Felix et Friedländer
réponde à la formule (HI) analogue à celle de l’anilide de l’isatine (IV)
0
H2
HS A; D
E
NC Ner
(IIL).
E A RE ES
CE
An DE ne
E ; (IY).
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 187
En effet, ces deux derniers produits traités par le sulfure d'’ammonium,
puis réox ydés à l’air, fournissent tous deux de l’indigo.
LITHOLOGIE. — Nouveaux phénomenes de contact des diabases
en Afrique occidentale française. Note (') de M. Hexrx Huserr.
Les phénomènes de contact des diabases signalés antérieurement au
Fouta-Djalon (°) s’observent aussi dans les régions soudanaises voisines
qui sont également caractérisées par d'importants épanchements diaba-
siques (°). Au cours de nouvelles missions en Guinée et au Soudan, j'ai
eu l’occasion de remarquer d’autres types de contact, en particulier avec
les calcaires. On peut les diviser en trois groupes distincts. eo
I. Contacts sans production de minéraux indépendants (type du gisement
de la rivière Kiomma, près dď'Idia, Guinée française). — A une dizaine
de mètres environ du contact, la diabase dont la structure était normale
acquiert la faculté de se débiter en prismes, sans que l’ordre de grandeur
des cristaux se modifie d’une façon appréciable. Puis, à 5" du contact, la
diabase devient microlitique, en même temps que le délit prismatique
s'exagère. L'examen microscopique montre des transformations identiques
à celles décrites dans ma Note de 1913.
Quant au calcaire, qui devient très cristallin, il est remarquable par
l'abondance de cristaux microscopiques de quartz bipyramidé qu'on y
observe. «
Ce calcaire est surmonté par des roches rappelant les adinoles du Harz.
Elles accusent un enrichissement exceptionnel en silice. Au microscope
elles se montrent surtout constituées par une pâte ou des éponges quart-
Zeuses, mais un essai microscopique permet d'y déceler en abondance de
la soude, On y trouve en outre un peu d’épidote, et, dans certaines d’entre
elles, la trace d’un minéral rhomboédrique disparu, sans doute la dolomite,
pseudomorphosée en produits micacés. rt
Ces adinoles sont à leur tour recouvertes de jaspes zonés contenant un
peu d’épidote. à : A
Un contact assez analogue est celui rencontré sur la hauteur située à
!) Séance du 12 juillet 1920.
g H. Hurerr, Comptes rendus, t. 16%, 1917, p- 434-437.
O) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 666-668.
188 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2500" de Sélikégny, sur la route de Farako Haut- Sénégal ı et Niger). Ici la
puissance de la couche calcaire est d’une cinquantaine de mètres. La
principale modification est celle subie par cetie roche, rendue assez peu
cristalline dans sa masse, mais traversée par une série de cassures où se
sont développés du quartz, de l’albite, de l’orthose, de l’augite, de l’épidote
et un peu de grenat biréfringent.
Le gisement voisin d’Yarkada montre simplement une transformati ondu
calcaire en marbre au contact de la diabase (*).
Il. Contacts avec amas indépendants de magnétite (type gîte de Siracoro,
Haut-Sénégal et Niger). — Schématiquement, le gîte de Siracoro est cons-
titué par une croupe formée par la superposition d'un calcaire sur un grès (°),
qui repose lui-même sur des jaspes et des quartzites. ~
Le principal pointement de diabase se trouve au centre de la croupe et,
par suite, au milieu des calcaires, mais la roche éruptive s’observe égale-
ment au milieu des grès et des jaspes. On ne constate pas d’autre modifi-
cation lithologique que la transformation des calcaires en marbres (marbres
zonés, marbres blancs) et celle des diabases en un type microlitique banal.
Par contre, au milieu des grès et des calcaires, parfois au contact même
de la diabase, se sont individualisés de puissants amas de magnétite (°). Il
s’est produit ainsi un phénomène assez commun au contact des roches
éruptives et des calcaires.
Des phénomènes analogues doivent être Lee dans la région consi-
dérée. Il est vraisemblable que les amas de magnétite de Samantara et de
Salaké sont dús à des contacts semblables, comme l'indique le voisinage
des diabases et des calcaires, mais ces contacts ne sont pas visibles.
II. Contacts avec production de silicates (type gîte de Bendougou, Haut-
Sénégal et Niger). — Ce gîte est constitué par une lentille de marbre d’une
centaine de mètres de long, incluse au milieu de grès siliceux. Sur toute la
——
me
(1) A ce type doivent être rattachés sans doute les gîtes de calcaires très cristallins,
avec développement exceptionnel de silice (calcédoine, jaspe, quartz bipyramidé),
qui sont distants parfois de plusieurs kilomètres des affleurements de diabase, mais
qui ont dù être antérieurement en contact avec celles-ci : Digui, Toukoto, Yélimané,
Dinguira. Dans ces deux derniers gîtes, on trouve de puissants filons de barytine.
(2) Sur ces grès se sont déposés localement des travertins.
=- (5) Celle-ci est tantôt compacte, tantôt scoriacée, et, dans ce dernier cas, parfois
imprégnée iia calcédoine.
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 189
partie visible en projection horizontale, cette lentille est entourée par la
diabase.
Les transformations observées sont les suivantes : ;
a. Au milieu des grès, individualisation de filonnets de calcite dans les
cassures; transformation locale de la roche en quartzite feldspathique;
b. Aux dépens du calcaire, transformation en marbre;
c. Aux dépens de la diabase, passage à un type microlitique, avec indi-
vidualisation de la roche aplitique de différenciation décrite antérieu-
rement.
En outre, dans les fentes des calcaires, il y a eu formation de grenatite,
souvent en blocs très volumineux. Parfois aussi il y a eu individualisation
de minéraux en gros éléments : prehnite, en masses mamelonnées de
plusieurs kilogrammes; grossulaire et mélanite (celui-ci rare), avec les
faces a°, b'; épidote (faces p, a', A', e', m, b?, avec m dominant); calcé-
doine et quartz.
À Doualé, on trouve plusieurs gîtes analogues ; dans le plus important
d’entre eux le calcaire fait défaut, mais tout porte à croire qu'il a été enlevé
par l'érosion. A signaler aussi en ce point entre les diabases et les aplites
la présence d’un chloritochiste à pyroxène (avec clinochlore pauvre
en fer).
A Sibindi, on observe à partir des diabases des auréoles successives,
d’abord de pegmatite et d’aplite, puis de diabase et de calcaire, enfin de
marbre et de grenat. Les mêmes minéraux qu’à Bendougou se rencontrent
en abondance.
Il résulte des observations précédentes que les modifications de contact
dues à des diabases sont, dans certaines parties de l’Afrique occidentale,
beaucoup plus fréquents que partout ailleurs, et qu’il peut se produire, du
fait de ces Contacts, des minéraux analogues à ceux qu’on rencontre dans les
Contacts de roches acides.
BOTANIQUE. — Sur une petite Algue verte aérophile (Prasiola leprosa Kütz).
Note (') de M. A. pe Puymary, présentée par M. L. Mangin. .
J.-B. Petersen (°) a décrit, sous le nom de Pleurococcus calcarius n. sp.,
une petite Algue verte du Danemark, que j'ai maintes fois rencontrée dans
C) Séance du 12 juillet 1920. An | n — Fe
i ) J.-B, PETERSEN, Studier over Danske aërofile Alger (D. Kgl. Danske Vidensk, Fe
elsk. Skrifter, 7 Roekke, naturv. og mathem. Afd., t. 42, 1915, n° T). `
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 3.) n
190 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les environs de Bordeaux. Ici, ses stations sont les mêmes qu’en Danemark:
elle forme, sur roches calcaires et dans des endroits ombreux, une sorte
d’enduit crustacé, vert très foncé, bien différent des revêtements poudreux
d’un vert clair jaunâtre, offerts habituellement par les Protococcus. Je dis
Protococcus et non Pleurococcus, car, Wille ayant établi identité du Pleuro-
coccus vulgaris des auteurs modernes et du Protococcus viridis authentique
de l’herbier Agardh, le nom de Pleurococcus doit être abandonné et l’Algue
nouvelle décrite par Petersen devrait être dénommée Protococcus calcartus.
Toutefois, comme la présente Note va le montrer, cette intéressante
espèce est, en réalité, un Prasiola.
Sans doute, au premier abord, ses agrégats paucicellulaires, par leur
disposition, rappellent à s'y méprendre ceux d’un Protococcus; mais leurs
cellules possèdent un grand chromatophore médian, multilobé-étoilé, d’un
vert intense, pourvu d’un gros pyrénoïde central trés apparent, même sur le
vivant; de plus, le contenu de bon nombre d’entre elles est divisé en cor-
puscules arrondis, qui sont des aplanospores. Ces caractères cytologiques
et cette fréquence d’aplanospores laissent déjà penser que la plante n’est
pas un Protococcus. Au sein de ces matériaux protococcoïdes, en effet, j'ai
rencontré de petits thalles membraneux entiers, dont les cellules offraient
exactement la même structure. Il s'agissait donc d’un Prasiola. Petersen,
d’ailleurs, a hésité avant d'établir son Pl. calcarius : « Il n’est pas tout
à fait impossible, dit-il, que l'espèce sus mentionnée soit identique aux
acinètes de multiplication du Prasiola crispa.... Cependant, ajoute l’auteur,
je mai jamais pu observer la moindre apparence d’une formation de
filaments chez Pl. calcarius... ». Or, parmi les nombreux échantillons
que j'ai examinés, j'ai bien trouvé quelques rudiments de filaments
(composés de 3 ou 4 cellules), mais si rares que je les interprète comme
des malférmations. La plante n’en appartient pas moins au genre Pra-
siola. Dans ce genre, en effet, comme Imhäuser (') l’a démontré, le
stade filamenteux du début du développement n’a pas chez toutes les
espèces la même importance : chez Pr. furfuracea (FI. dan.) Menegh.,
par exemple, il peut être réduit à 2 ou 3 cellules; chez le Prasiola leprosa
Kütz, étudié par Wille (°), il est exceptionnel et toujours rudimentaire,
Re
(1) L. Iuwiuser, £atwicklungsgeschichte und Formenkreis von Prasiola (Flora,
vol. 72, 1889, p. 233-290, pl. X-XIII).
(C) N. Wire, Algologische Untersuchungen an der biologischen Station in
Drontheim : 1. Ueber die Entwicklung von Prasiola furfuracea (Fl. dan.) Menegh.
(Det Kgl. norske Vidensk. Selsk. Skrifter, 1906, n° 3).
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 191
les cellules reproductrices formant d'emblée un thalle membraneux.
C’est également le cas de la plante que j'ai observée.
Par suite de la gélification des lamelles moyennes riches en matières
pectiques, on trouve, en toutes saisons, de nombreux thalles décomposés
en groupes paucicellulaires (le plus souvent formés de 2 à 4 cellules). On
ne peut donc attribuer une telle dissociation à des causes intrinsèques,
parmi lesquelles la sporogenèse joue un rôle prédominant. Les spores, en
effet, toujours absentes dans les thalles entiers, ne se présentent que
dans les cellules provenant de sa dissociation; toutes celles-ci paraissent
capables de produire des spores. Si quelques-unes d’entre elles se com-
portent en acinètes et reproduisent la plante par voie végétative, je tiens
ce derniér mode de reproduction comme secondaire, dérivé, à cause de
la grande fréquence des aplanospores(‘). Je considère, il est vrai, comme
telles la plupart des cellules isolées, plus ou moins ellipsoïdales et à mem-
brane mince. On rencontre, en effet, trois catégories de cellules isolées :
les plus petites, étant données leurs faibles dimensions (5 à 6 p sur 3 à 4 u)
et la ténuité de leur membrane, représentent sans aucun doute de jeunes
aplanospores. Les cellules isolées de taille plus grande sont plus difficiles à
interpréter. Certaines, contenant parfois des aplanospores, sont évidem-
ment des cellules provenant de la dissociation des thalles âgés; mais le plus
grand nombre ressemblent aux plus petites cellules citées précédemment
et dont elles ne paraissent constituer que des stades plus âgés, plus
développés. Wille, d’ailleurs, au sujet de la croissance des aplano-
spores, s'exprime ainsi : « Finalement, elles (aplanospores) prenaient
les mêmes dimensions et le même aspect que les acinètes... ». Il est donc
fort probable que dans beaucoup de cas où les auteurs ont parlé d’acinètes
ils ont eu sous les yeux des aplanospores ayant subi un commencement
de croissance. Chez cette Algue, par conséquent, la reproduction par
aplanospores constitue, à mon avis, le mode de reproduction normal. | |
Par l’ensemble de ses caractères, la plante en question correspond au.
Pr. leprosa Kütz. de Jessen (2) et de Rabenhorst (°), qui n'aurait été
(C) Chez Pr, mexicana B quitensis, de Lagerheim [Ueber die For ipflanzung von E.
Prasiola (Ag.) Menegh. (Ber. d. deutsch. bot. Gesellsch., t. 10, 1892, p. 366-374, “
pl. XX)] a con
staté que les aplanospores étaient également beaucoup plus abondantes
que les acinêtes, on EE n
x C. Jessex, Prasiolæ generis algarum monographia (Diss. inaug., Kiliæ, 1848)
(}L. Ragenuorsr, Flora europæa algarum aquæ dulcis et submarinæ (sect. H, =
Lipsiæ, 1868, p. 309). |
192 ACADÉMIE DES SCIENCES.
observé en France que par Lenormand et de Brébisson, dans les environs
de Falaise. Or, cette espèce, étant assez commune aux alentours de
Bordeaux, se trouve vraisemblablement dans d’autres régions de la
France, mais son habitat la dissimule aux regards non particulièrement
attentifs et ses groupes protococcoïdes, toujours présents, ont dû, dans
nombre de cas, la faire prendre pour un Protococcus, d'autant plus que les
thalles entiers sont microscopiques et généralement clairsemés.
La plupart des auteurs modernes confondent Pr. leprosa Kütz. et Pr.
furfuracea (Fl. dan.) Menegh. Or, mes spécimens de Pr. leprosa, com-
parés aux Pr. furfuracea distribués par Desmazières (Crypt. de France, 2,
fasc. 7, 1856, n° 304) en diffèrent par les caractères suivants : (a) le
thalle, dépourvu d’un véritable stipe (*) comparable à celui du Pr. fur-
{uracea, a une polarité moins marquée et un contour plus irrégulier, limité
par une marge membraneuse moins épaisse; (b) au lieu d’être subdivisé en
aréoles par des cloisons plus ou moins épaisses, il offre habituellement des
membranes, de même épaisseur, délimitant des cellules distribuées sans
ordre ou suivant des lignes divergeant vers le bord supérieur, finement
émarginé; (c) enfin, ses dimensions (longueur et largeur) se sont mon-
trées toujours inférieures à 200 u, par conséquent bien plus petites que
celles du Pr. furfuracea, qui mesure couramment 1™™ à 2" en tous sens.
Il semble difficile de considérer Pr. leprosa comme un état jeune de
Pr. furfuracea : on comprendrait mal qu'un thalle à constitution très
régulière, comme celui de Pr. furfuracea, eût pour stade de jeunesse
un thalle de forme et de structure beaucoup moins régulières vu même
tout à fait irrégulières. L’inverse serait plutôt admissible. En outre, si,
dans certaines stations, ces deux Prasiola se trouvent, comme Imhäuser
le déclare, intimement mélangés, je n’ai jamais observé, pour ma part, un
tel mélange.
CYTOLOGIE. — Sur les OEnocytoides et les Tératocytes.
Note de M. A. Paizror, présentée par M. P. Marchal.
Dans une Note (?) sur la « cytologie du sang des chenilles de Macrolé-
pidoptères », nous avons décrit et nommé les deux types d'éléments les
plus on : les Micronucléocytes et les Macronucléocytes; en ce qui
(1) Les dessins de WILLE (loc. cit.) également n’en font pas mention,
(?) Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 202,
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 193
concerne les autres éléments du sang, nous avons adopté la nomenclature
courante ; mais ainsi que Hollande vient de le relever dans une Note récente
à l’Académie ('), nous avons assimilé à tort les OEnocytoïdes, nommés par
Poyarkoff, aux OEnocytes de Wielowievski. Pour les raisons données par
Hollande, OEnocytes et OEnocytoiïdes constituent bien deux catégories dis-
tinctes d'éléments; les derniers seuls se trouvent dans le sang circulant.
En ce qui concerne les Tératocytes, Hollande dit que ces cellules anor-
males trouvées par lui dans le sang de chenilles parasitées par les Micro-
gasters « ont peut-être été déjà vues par quelques auteurs, mais elles n’ont
été encore ni décrites, ni étudiées ». Or, dans une Note à la Société de Bio-
logie sur « Perezia legeri nov. sp. Microsporidie nouvelle parasite des che-
nilles de Pieris brassicæ », nous avons décrit assez longuement ces éléments,
à l’état frais et après coloration. Nous avons émis l'hypothèse que ces cel-
lules géantes, auxquelles nous n’avons pas cru devoir donner un nom parti-
culier, représentaient un stade hypertrophié de certains éléments du sang.
« Peut-être, disions-nous, y a-t-il un rapport entre elles et les larves
d’Apanteles » et cette opinion nous avait été suggérée par M. Marchal qui
avait déjà eu l’occasion d'observer l'existence de cellules géantes dans le sang
d’Insectes parasités. Nous n'avons pu reprendre en détail l’étude de lori-
gine de ces cellules géantes que nous avons rencontrées depuis dans le sang
d’autres chenilles parasitées, les Vers gris en particulier, mais nous persistons
à croire qu’elles résultent de l'hypertrophie d'éléments du sang, peut-être
des Macronucléocytes.
CYTOLOGIE, — Caracteres atypiques dans la mitose somatique chez Corethra
plumicornis. Note de M. Armano Denonxe, présentée par M. Yves
Delage,
Une description des principaux stades de la mitose somatique chez ce
Diptère a déjà été faite par moi l'an dernier (°). J’effectuais alors mes
recherches sur des larves montées in toto, procédé qui avait permis d'établir
avec le maximum de certitude le nombre des chromosomes qui est trois.
De nouvelles observations, entreprises cette fois sur des coupes, complètent
cette première étude.
E
(') Comptes rendus, t, 170, 1920, p. 1431:
(?) Archives de Zoologie expérimentale, 1919 (Notes et Revue), L. 58. Voir, a
outre, Association française pour l'avancement des Sciences (Compte rendu de
la 43e session, Le Havre, 1914).
X
194 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les mitoses observées se trouvent dans les disques imaginaux de l'ab-
domen larvaire, dans les tissus ovariens et dans les conduits génitaux en
pleine croissance.
Au début de la prophase, les cordons spirémateux sont d’abord grêles
et fort contournés et l’on ne distingue aucune trace de fente selon leur
longueur; à ce stade leur numération exacte n’est pas encore possible. Ils
se raccourcissent en s’épaississant, mais toujours sans montrer d'indice de
dualité dans leur constitution, et deviennent bientôt des rubans en forme
d’anses aux branches d’égale importance, pareillement développés à lin-
térieur du sphéroïde nucléaire. On peut alors établir leur nombre; ils sont
trois. Leur structure n’est pas homogène à proprement parler; ils donnent
plutôt l'impression de nattes ou de bandes réticulaires dont le réticulum
extrêmement fin serait très serré, ou bien encore celle de cordes légère-
ment détordues ou gonflées par endroits. Ils rappellent ainsi curieusement
certains aspects d’anses pachytènes. Puis le raccourcissement fail appa-
raître une fente longitudinale irrégulière et les rubans précédents forment
maintenant trois anses trapues orientées de telle sorte que les extrémités
libres siègent du même côté du noyau. Des deux extrémités de chaque
anse, l’une présente assez souvent un aspect particulier; elle est entaillée
profondément de manière à constituer une sorte de fourche à fortes dents
plus ou moins recourbées. Je n'avais pas encore rencontré celte particu-
larité dans les chromosomes somatiques des autres espèces, mais elle a été
décrite dans les anses pachytènes des spermatocytes 1 de Dr de
Sabellaria, etc.
Bientôt les limites du noyau disparaissent e et en même temps s'organise
le fuseau. Or, pendant la mise au fuseau, les anses subissent une.suite de
contractions qui ont pour résultat d'approfondir la fente longitudinale de
façon inattendue. En effet, chaque anse raccourcie et fendue se transforme
en ce moment en une paire de chromosomes nettement séparés l’un de
l’autre. Or, nous ne sommes encore que tout au début de la métaphase et
pourtant nous avons déjà, non pas trois anses simplement clivées, ce qui
serait le cas si Corethra répondait en ce point au schéma, mais bel et bien
six chromosomes parfaitement individualisés. Ceux-ci sont simplement
disposés par paires, où ils sont parallèles et jamais croisés l’un sur
l’autre. :
Un tel début dans la métaphase est tout à fait exceptionnel, Devons-nous
considérer l'apparition des paires simplement comme une anticipation
particulière de la division longitudinale ?
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 195
Il ne semble pas possible de le faire; car cette disposition est de courte
durée. En effet, les chromosomes de chaque paire; fait singulier, se rap-
prochent ensuite étroitement en perdant encore de leur longueur; finale- `
ment, l'écart qui les sépare s’annule. La plaque équatoriale est alors
formée de trois masses chromatiques en forme de tête de flèche où la fente
longitudinale ne se reconnaît même plus.
L'anaphase commence dans ces conditions et l’on s’attendrait à ce
qu'elle comportât la présence de trois chromosomes simples de part et
d'autre du plan équatorial. Il en va autrement. En effet, dès le décollement
des moitiés, ces dernières commencent à se cliver; de sorte que, pendant
l’achèvement de l’anaphase, on trouve, en réalité, trois paires d’anses du
côté de chaque pôle. Cette anaphase est donc également atypique et sa
singularité est du même ordre que celle de la métaphase précédemment
décrite.
Enfin, l’étude de la télophase, assez difficile sur ce matériel, montre
qu'au moment de la reconstitution des noyaux fils, les petites anses de
chaque paire ne restent pas individualisées; elles fusionnent, si bien que
chaque paire anaphasique entrant au repos se comporte comme un chro-
mosome unique soumis aux conditions d’alvéolisation et peut-être de
liquéfaction partielle ordinaires à ce stade. 3 |
Des faits semblables à ceux que je viens d'étudier ont été signalés dans
la mitose somatique chez diverses espèces de Drosophila, du moins en ce
qui concerne la métaphase. Chez ces Diptères, le noyau comprend des
autosomes, des microsomes et des hétérochromosomes, catégories qu'on
ne rencontre pas chez Corethra. En outre, l'apparition de paires de chro-
Mmosomes au début de la métaphase est un peu plus précoce et l’écartement
de ces derniers dans chaque paire est plus prononcé que chez Corethra.
En résumé, dans la mitose somatique Coretkra, si l’on pratique les
_Numérations de chromosomes à la prophase et à la fin de la métaphase, on
compte trois; si on le fait au début de la métaphase et à l’anaphase, on
Compte six. Pareil fait ne se produit dans les matériels bien connus :
Ascaris, Salamandre, Oignon; et le schéma classique ne permettait pas de
Prévoir une télle particularité, peut-être répandue. La numération des _
chromosomes est donc une chose plus délicate encore qu’on le croyait.
: En outre, les trois chromosomes spirémateux de la prophase rappellent
à plus d’un titre les anses pachytènes des cytes I du type ordinaire. Enfin,
la présence de paires au début de la métaphase et surtout pendant taoi o
Phase sont des manifestations qu’on croyait devoir appartenir en propre
196 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à la mitose hétérotypique; la mitose somatique de Corethra se rapproche
ainsi par quelques côtés de cette dernière. Peut-être les caractères aty-
piques que révèle l'étude de la mitose somatique chez quelques Diptères
sera-t-elle de nature à modifier certaines notions aujourd’hui reçues con-
cernant l’existence du chromosome.
CHIMIE VÉGÉTALE, — Sur la présence du cuivre dans les plantes et particu-
lièrement dans les matières alimentaires d’origine végétale. Note de
M. B. Guériraauzr, présentée par M. L. Maquenne.
En 1911 j'ai fait connaître les résultats que j'avais obtenus dans la
recherche et le dosage du cuivre chez les végétaux ('). Ce sujet faisait
partie d’un programme d’études sur les infiniment petits chimiques tracé
par M. G. Bertrand depuis ses belles recherches sur le manganèse. La
question du cuivre a depuis longtemps attiré l'attention des analystes.
Bien que plusieurs savants se soient occupés de la recherche du cuivre chez
les êtres vivants (*), je consigne dans cette Note les résultats acquis par
moi-même; ils tirent une part de leur intérêt dans le soin minutieux que
j'ai mis à les obtenir.
Jai suivi pour cela la méthode classique, consistant en : incinération,
traitement des cendres par l'acide chlorhydrique, séparation du cuivre
sous forme de sulfure, transformation du sulfure en nitrate, électrolyse et
enfin dosage du cuivre par pesée directe ou par 2a après addition
d’ ammoniaque à sa solution nitrique.
J'ai opéré sur une quantité de substance variant entre 2008 et 1*8; lin-
cinération était faite dans un four à moufle chauffé au charbon de bois.
Avant l'épuisement les cendres étaient traitées d’abord par l'acide chlorhy-
drique au demi, évaporées à sec, reprises par l’acide chlorhydrique pur et
évaporées à sec de nouveau. Ces évaporations étaient faites à l’aide d’un
bain-marie spécial en aluminium, avec rondelles en porcelaïne.
Cette méthode exige des manipulations très longues, mais son exacti-
ee
(1) Bull. des Sciences pharmacologiques, novembre 1911,
(2) Maquenwe et Demoussy, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 87.— FLeurenr et Lévi,
Bull. Soc. chim. de France, t. 27, 1920, p. 440 et 44r.
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 197
tude est très grande; le Tableau ci-après résume une série des résultats
obtenus (').
Cendres
pour 100 Cuivre Cuivre
Matière de pour 100 par kilog. de matière
sèche matière de ie
pour 100. fraiche. cendres. sèche. fraiche.
. mg g mg
Seile (fewa esr, a a 8,7 1,17 20,7 27,9 2,4
PEUT TE DRE PRE A EEE 9,5 2,02 9,0 18,3 1,8
Laitue Rite. 5,5 tI 18,0 36,3 2,0
Carottes (racines). .…, ..:..... 12,5 1,21 18,0..:..17,0 13
Navets D ni out pa 10,1 0,98 36 29,7 3,0
Radis RS EN A ,2 1:19 33 92,7 3,8
Salsifis RE D OL A. voue 14,1 0,83 19,2 22,6 3,2
Poireaux D M er ro 11 0,92 27,9 22,7 2,9
Betterave DL RAR ee 13 io 26,6 24,9 3,2
Cresson (feuilles et tiges)... .... 8,2 1,42 10,7 18,1 1,9
Poireaux (feuilles). .......:... 9,2 1,00 50 54,3 9,0
Céleri MR ai de Ro 9,1 1,28 15,6 21,9 259
Oignon (bulbe)... .4:.: 12,9 0,75 - 36 23,2 2,9
Pommes de terre (tubercule)... 24,5 1,20 15 77 1:9
GOFHICHON (EE) o ù,3 1,29 22 52,8 2,8
Conéombre a Sono 4,6 0,04 42 50 2,3
Hariċots verts o o "ce T5 0,83 21,6 16,3 1,8
Potro Chat}: 10,05 0,86 12 10,9 Foi
Tomate CE re LR ES 6,2 0,99 * 33 32,1 a:
FORMES LU 16,12 0,52 11:5 7,4 1,2
Poires Eo ea de ren 7 0 + 0,06 19,6 129 2,2
' Cerises NU re 10,2 0,62 25,8 15,6 1,6
RE ER Re: 5 PAT 0,94 22,2 9,9 1,2
Orana sn 0 ; 14,1 0,61 5o 21,9. +
Olives Me A A 33,4 06 rpg Ses
Banin as Do cr re, 15,1 10.04) 29,8 8,7 2,2
Dattes » RE io hou 7 i I TANS 13,9 3,0 5 2,4 a:
Onia ignes sn cor t 62,2 3,12 10,2 5,1 S
Lentilles Jorm) ae a à n 2,68 24,6 1 6,6 :
Haricots NA E ra a nas "n ' 3,02 25. A # : 10,0
Pois a a e
Soja te 1 FIN a PIS ct
-Froment » E eo A 18 HR RE o
(') Les prodeit: analysés provenaient du marché parisien. Pour certaines s substances, re
Comme les graines, qui ne renferment plus que leur humidité by
et sont pratiquement considérées comme sèches, on n'a pas dosé l'eau; les chiffres se
"apportent alors à 1k8 de matière telle qu ’elle est t livrée à à la consommation, nt .
198 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cendres
pour 100 Cuivre Cuivre
Matière de pour 100 par kilog. de matière
sèche matière de e > ——
pour 100. fratche. cendres. sèche. fraiche.
mg mg mg
meibio (taines). rieur: m 3,89 19,3 n 7,9
rge D CE EST TON AS 4 4,45 14 6 n 6,9
Avoine » EA fis 7 Jigi 24;2 n A,
Maïs MER BLEE ET n 5,73 12,3 " 6,8
Rie débortiqus. rl les " 5,00 12,8 v 6,4
Cresson:{graines).., 1:43: r 8,66 13 " tia
Radis » CT NE BED n 6,83 8,7 7 6
Noix (amandes).........; Ferre 0 Eh 62,8 " 11,2
Nörsettos 5 ie ere v 2,67 44,9 " 12
Amandes douces............... n 2,20 63,6 " 14
Amandes amères.:.::......... RUE 2,96 25,0 " 13
Ce Tableau confirme et étend les données que j'avais précédemment
établies. Le cuivre est un élément constant des substances alimentaires
d’origine végétale et sans doute de tous les végétaux, comme l'ont récem-
ment montré MM. Maquenne et Demoussy. Les proportions, dans mes
expériences, oscillent de 8%6,7 à 63%6,6 pour 1008 de cendres et de 175,1 à
17%6,1 par kilogramme de matière fraiche. Les graines se sont montrées
particulièrement riches en cuivre.
Je me propose de montrer quelles conséquences ces faits présentent au
point de vue de la teneur en cuivre des e animaux et au point de
vue du ròle biochimique du cuivre.
EMBRYOGÉNIE. — Les dernieres phases du développement des organes endo-
dermiques métamérisés de la larve des Anthozoaires et lachevement du
pharynx. Note de M. Anuaxo Kremer, présentée par M. Yves Delage.
Les massifs épithéliaux métamérisés de la larve de Pocillopora cespitosa,
dont j'ai fait connaître le mode de formation à l’intérieur de l’ Archenteron
encore complètement clos et dont j'ai pu fixer l’origine à partir d'éléments
indifférenciés de l’endoderme archentérique, vont par leur développement
donner naissance au pharynx et à ses dépendances. Chez la forme que
j'étudie plus particulièrement ici, ils évoluent avec assez de lenteur pour
qu'il soit possible de saisir et d'analyser les phases successives de irar
poeformalions.
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 199
De très bonne heure chacune de ces ébauches endodermiques diflérenciées se
trouve partagée par un plan perpendiculaire à l'axe oro-aboral de l'embryon, en
deux portions que, par suite de leur situation respective par rapport aux deux pôles
de la larve, nous nommerons orale et aborale. Disons que la portion orale de chacune
Évolution individuelle de l’ébauche segmentaire de nature endodermique désignée dans cette Note
ras e nom d'Entérotoxelle, Ces organes embryonnaires, répétés métamériquement dans chacun |
es segments a, B, y, donnent naissance au pharynx par leur portion orale, or, et aux entéroïdes
Par leur portion aborale, ab. Nora
de ces formations est sensiblement moins développée que sa portion aborale ; en outre :
le point de Jonction de ces deux régions anatomiques se trouve marqué par un étran-
glement réalisant un col qui restera perceptible pendant presque toute la durée d
l'évolution de ces organes embryonnaires. | de oo NH Aer
La présence de ce dernier détail de structure achève de conférer à l’ensemble d
200 ACADÉMIE DES SCIENCES.
celte entité SER une physionomie originale que reproduisent les figures
ci-jointes.
Nous nous trouvons donc en présence d'une série de formations endodermiques
impaires, médianes, répondant à chacun des foyers d'activité des segments æ, P, y-
Chacune de ces formations va subir le sort réservé à tous les organes impairs et
médians de la larve : elle va se cliver dans le plan dorso-ventral. De ce clivage résulte
son dédoublement : la figure ci-contre en représente les stades successifs. Avant que
le dédoublement de cette formation ne soit achevé elle passe par une phase dont la
durée est particulièrement longue et pendant laquelle elle réalise la forme d’un
arceau encore pourvu d'un étranglement sensible au niveau de la séparation de sa
portion orale et de sa portion aborale, Enfin dans un dernier stade qui répond à la
période de lextention dorsale de la fente buccale, ultime conséquence du clivage
dorso-ventral, cet arceau se trouve lui-même rompu à sa clef de voûte; de ce fait il
se scinde en deux éléments latéraux droit et gauche dont l'avenir va désormais se
trouver lié à celui des cloisons qui leur correspondent et au bord libre desquelles ils
sont soudés.
Je propose de reconnaitre par le terme d'Entéroxelle (roëov arc) la remarquable
individualité de cette formation dont la découverte éclaire d’un jour tout nouveau
l’origine et la morphologie du système entéroïdo-pharyngien des Anthozoaires. Cette
notion anatomique est applicable aux autres (:ælentérés supérieurs en particulier aux
Cténophores : j’en fournirai prochainement la preuve en étudiant l’embryogénie d’une
espèce nouvelle du genre Cæloplana.
Grâce à la connaissance que nous possédons maintenant de l'entité que je viens de
présenter sous le nom d'Æntérotoxelle, il devient possible de faire comprendre en
quelques mots la formation du pharynx chez les Anthozoaires. Il me suffira de rappeler
que chacun des foyers d'activité de la larve, æ dorsal, æ ventral, B dorsal et plus tard
y dorsal, présente une entérotoxelle conforme au type anatomique et évolutif précé-
demment décrit; que ces formations intéressées par le fléchissement ventral, par
l'édification corrélative de la gibbosité dorsale et enfin par la concrescence oro-dorsale,
se trouvent à la faveur de ce dernier phénomène rapprochées les unes des autres sur
la génératrice dorsale de la larve, comme chacun des éléments métamériques alpha,
bêta, gamma, constituant le scyphostrobile hexacorallien. Ce rapprochement ayant
mis en contact par leur portion orale, chacune des entérotoxelles, celles-ci se soudent
l’une à l’autre par cette même portion orale, dans l’ordre métamérique de leur forma-
tion. C’est à ce moment qu'avant d'ouvrir la fente buccale, dernière manifestation de
son activité, le clivage dorso-ventral intervient pour former la lumière du pharynx en
fendant, suivant leur plan médian dorso-ventral, les clefs de voûte, jusqu'ici respectées,
des portions orales des entérotoxelles métamériquement fusionnées suivant la généra-
trice oro-dorsale de la larve.
Ainsi, la large lumière du tube bayaa se trouve bien limitée par un épithélium
sitoderniias : venu de la profondeur de l'Archenieron après avoir parcouru les
différentes étapes que nous avons décrites, il représente l'ensemble concrescent des
portions orales des entérotoxelles æ dorsal, æ ventral, 8 dorsal, y dorsal. |
Quand à la portion aborale de ces mêmes organes embryonnaires elle ne participe
pas à la fusion qui englobe toutes leurs portes orales en un po unique; elle
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 201
conserve sa personnalité et demeure en quelque sorte flottante ‘dans la cavité
gastrovasculaire comme un long cordonnet simplement rattaché par une de ses géné-
ratrices au bord libre de la cloison musculaire qui lui correspond et dont elle constitue
l’entéroïde.
En résumé, on voit que chez les Anthozoaires le complexe entéroïdo-
pharyngien tout entier, considéré jusqu'ici comme d’origine ectodermique,
doit sa formation à la synthèse oro-dorsale desindividualités architectoniques
fondamentales que j'ai désignées sous le nom d’Æntérotoxelles et que nous
avons vu se développer, à partir d’'ébauches endodermiques disposées comme
tous les organes périodiques de l'embryon des Anthozoaires, en série méta-
mérique oro-aborale,
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — La palisporogenèse ou sporogenëse ütérative, mode
de reproduction spécial à certains Flagellés parasites. Son déterminisme.
Note de M. Enouarn Cuarrow, présentée par M. Yves Delage.
J'appelle palisporogenèse ou sporogenèse iterative un mode de repro-
duction que j'ai fait connaître (1906-1907) chez divers Péridiniens parasites
des Copépodes pélagiques et des Appendiculaires. V. Dogiel (1906-1908)
l’a observé chez les Haplozoon, autres Péridiniens parasites des Annélides,
et il se retrouve, quelque peu modifié, chez des parasites des Crustacés, à
affinités encore obscures, mais certainement du groupe des Flagellés, les
Ellobiopsidæ, étudiés par Caullery (1910), Coutière (1911), et B. Collin
(1913). |
Chez les Protistes, d'une manière très générale, l'individu végétatif, le
trophozoïte, qu'il se multiplie par simple scissiparité (tomogonie), ou par
schizogonie, produit des éléments tous morphologiquement semblables et
génétiquement équivalents, homodynames. :
Chez les formes palisporogénétiques, le trophozoïte, arrivé à sa taille
limite, se scinde en deux éléments hétérodynames : l’un continue de
s’accroître et de se nourrir (trophocyte 1), l’autre (gonocyte I) formé, par
une série de scissions cytoplasmiques et nucléaires précipitées, un grand
nombre de sporocytes qui évacués dans le milieu extérieur servent à lex-
Pansion du parasite. Le trophocyte I, revenu à sa taille maxima, se scinde
une seconde fois en un nouveau trophocyte (T. I) et un nouveau gonocyte
(G. Il), qui donne une nouvelle poussée sporale. Le phénomène se répète
ainsi périodiquement. L'existence du trophocyte et son fonctionnement
Palisporogénétique, théoriquement indéfinis, n’ont en fait d'autre limite
2%
202 ACADÉMIE DES SCIENCES,
que la capacité de l'hôte à subir cette exploitation d’ailleurs très ménagée.
J'ai pu établir que Blastodinium crassum, à Banyuls, en été, sporule ainsi
une fois par 24 heures pendant la nuit.
Intéressante du point de vue parasitisme, la palisporogenèse l’est aussi
du point de vue de la dynamique cellulaire : pourquoi des organismes
appartenant au groupe des Péridiniens, où l’on ne connaît chez les formes
libres qu’une scissiparité simple ou une sporogenèse à produits homody-
names, montrent-ils une hétérodynamie aussi accentuée ? La palisporoge-
nèse étant propre aux parasites, il est certain qu'elle est conditionnée par
le parasitisme. La question qui se pose est de savoir si cette hétérodynamie,
qui se manifeste aussitôt le clivage effectué, est déterminée avant ce clivage
par une hétérogénéité bipolaire du cytoplasme du trophocyte indivis, ou si
elle est la conséquence de conditions différentes dans lesquelles les deux
moitiés du trophocyte se trouveraient du fait de ce clivage. Y a-t- t-il bipola-
rité préétablie ou influence exclusive d’une cause actuelle ?
Lorsqu'on extrait de l'intestin de son hôte le trophocyte d'un Blastodinium, ou
lorsqu'on détache celui d’un Apodinium du tégument auquel il est fixé, on voit ce
trophocyte subir un premier clivage normal. Mais, au deuxième clivage du gonocyte
correspond un deuxième clivage du nouveau trophocyte. Il en est de même pour les
clivages successifs, Soustraits aux conditions de leur existence parasitaire, trophocyte
et gonocyte se segmentent symétriquement, ils se montrent homodynames jusqu'à la
formation des sporocytes et des dinospores.
Quelles sont donc les conditions qui, dans l'hôte, déterminent l’hétérodynamie ? Elles
sont particulièrement faciles à analyser chez les parasites tégumentaires ou intestinaux
fixés à leur hôte par des rhizoïdes absorbants. Le plan de clivage y est normal à l'axe
de fixation, Il sépare donc une cellule proximale qui reste en rapport avec l'hôte et
continue de se nourrir, et une cellule distale qui, privée de ses nutriments, ne pee
que s’enkyster, sporuler ou dégénérer. En fait elle sporule toujours.
Le cas des Blastodinium, parasites intestinaux sans rhizoïdes, non fixés à l'hôte et à
absorption uniforme, semblerait exclure pa reille i interprétation, Cependant la situation
très particulière du parasite dans l'intestin du Copépode place les deux cellules résul-
tant du premier clivage dans des conditions trophiques très inégales. Il s’y trouve
comme un projectile dans l’âme d’un canon, obstruant le Lube digestif de telle façon
que l'élément postérieur est privé d’une partie de ses nutriments et se segmente. Dans
les onze espèces de Blastodinium que j'ai fait connaître, c’est toujours la cellule anté-
rieure qui est le trophocyte. Autre fait : chez certains Blastodinium, le trophocyte
effectue toujours quelques divisions à produits hétérodynames, Il en résulte plusieurs
trophocytes, donc plusieurs parasites dans le même hôte. Ce sont des espèces grégaires;
d’autres sont toujours solitaires. Or, ce sont les espèces de petit calibre, qui n’obs-
truent qu'incomplètement l'intestin de a qui sont grégaires, les grosses étant
toujours solitaires.
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 203
En somme c’est l’inanilion qui détermine la sporulation, aussi bien dans
le trophocyte artificiellement séparé de l'hôte que dans le gonocyte. Les
Oodinium parasites tégumentaires des Appendiculaires nous en fournissent
encore une saisissante confirmation. Ils tirent leur aliment de l'hôte par une
riche arborisation de rhizoïdes. Mais ils s’en détachent toujours au maximum
de leur croissance, Aussitôt détachés ils sporulent, d’une manière homo-
dyname.
Cette analyse de la palisporogenèse, qui ne fait point intervenir l’état uni-
cellulaire ou pluricellulaire des organismes, est valable aussi pour les Ello-
biopsidæ, dont le plasmode se scinde en articles (trophomère, gonomères)
par clivages perpendiculaires à l’axe de fixation, et même à Neresheimeria
que J'ai étudiée dans une précédente Note, tous organismes à polarité
trophique.
Le fait que, seuls parmi les Rhizoflagellés (y compris les Sporozoaires),
les Péridiniens présentent des parasistes palisporogénétiques, est lié au
mode de scission normale à l'axe de locomotion et de fixation, propre à ces
Flagellés.
On conçoit, en effet, que si le clivage était longitudinal, les deux éléments
résultants seraient dans des conditions trophiques parfaitement égales. Si
la palisporogenèse ne s'observe pas chez les Ciliés, c’est que parmi ceux,
très rares, qui sporulent, il ne s’en trouve point à polarité trophique.
ENTOMOLOGIE. — Sur les jeunes colonies du Termite lucifuge. $
Note de M. J. Fevraun, présentée par M. P. Marchal.
J'ai montré dans une précédente Note (') que la rareté classique des rois
et reines vrais du Termite lucifuge (Leucotermes lucifugus Rossi) est plus
apparente que réelle. Les résultats de mes observations sur des imagos en
captivité (?) sont confirmés par les nouvelles études que je viens de faire
en pleine nature. ; ne -
Jai découvert, en effet, de nombreuses colonies jeunes, nettement fondées
par les essaimants et conservant pour la plupart, au bout de deux années, a.
leur couple fondateur, roi et reine typiques.
i
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1287. ao n
(J Fevraun, Fondation de colonies nouvelles par les sexués essaimants du
Termite lucifuge (C.R. Société de Biologie, 1910); Contribution à l'étude du Termite o :
lucif uge ( Archives d Anat. microsc., t 13, 1912).
204 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les meilleures conditions mont été offertes par les colonies occupant des
souches de coupe récente, dont l'écorce est seule atteinte et dont le bois est
encore dur : la population est presque toute étalée en surface dans la région
cambiale. Un peu plus tard, après creusement de galeries dans le cœur de
la souche, une bonne partie de cette population va devenir inaccessible.
L'observation des jeunes reines de mes élevages en tubes de verre montrait
un allongement insignifiant de l’abdomen pendant les 18 premiers mois
suivant l’essaimage, l’extension ne portant guère jusqu'alors que sur le
diamètre dorso-ventral ; leur ponte était d’ailleurs peu abondante au cours
de cette même période.
Or il semble qu’en pleine nature le développement des ovaires et l’exten-
sion consécutive de l'abdomen soient bien plus rapides que dans le milieu
confiné des tubes, puisque des colonies, que j'ai tout lieu de considérer
comme fondées depuis 24 mois, (‘) présentent des reines à gros abdomen
distendu, capables de pondre 106 œufs et plus par jour.
La longueur de ces reines varie, selon les individus et les moments,
de 10% à 14%%, dont 7™ à 1 1™ pour l’abdomen; la largeur, qui est de 1™
au niveau du thorax, comme au moment de l’essaimage, atteint 2"",5 au
niveau de l’abdomen es la reine mûre au stade considéré.
La position du couple, par rapport à l'axe de la souche, mérite aussi d'être
mentionnée; en mai-juin 1920, je l'ai presque toujours trouvé au Sud-Est,
beaucoup plus rarement au Sud-Ouest, exceptionnellement ailleurs; cette
orientation privilégiée porte sur un point à la fois réchauflé par le soleil et
garanti contre les intempéries (le vent dominant souffle de l'Ouest).
Les reines s’y trouvaient toujours à peu près au niveau de la surface
du sol.
C’est sur la même face de la souche, à un niveau plus élevé, que sont les
paquets d'œufs en incubation ainsi que les tout jeunes individus; la décou-
verte des uns et des autres est un symptôme important, guide précieux pour
la recherche des individus reproducteurs.
Les colonies de deux ans que je considère sont déjà populeuses. Il est
vrai que, dans la circonstance, il s’agit de souches sur lesquelles toute la
population s'étale en surface et s’éténd fort peu en profondeur. Mais il n’en
est pus moins vrai que les petits se comptent e centaines, et par centaines `
aussi les ouvriers et les soldats.
Bien que les soldats soient en minorité sensible, leur pourcentage par
(1) Sur les souches de Pins coupés au printemps de 1918.
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 205
rapport aux ouvriers est ici bien plus élevé que dans les vieilles colonies du
type courant, surtout aux abords du couple royal.
Toutes les colonies de ce genre présentèrent au printemps 1920 des
imagos ailées, fournissant un essaim vers le 8 mai, ce qui prouve que,
contrairement à ce que je supposais naguère, l’essaimage peut avoir lieu
dans des colonies très jeunes.
A la même époque les nymphes étaient fort rares. Il est donc probable
que l’essaimage des jeunes termitières n’est pas renouvelé tous les ans.
Déjà certaines de mes colonies ont perdu leur reine et pourvu à son
remplacement, la proportion était, dans un de mes champs de recherches,
de 1 sur 5 environ : sur 46 souches dans lesquelles j’ai découvert les indi-
vidus reproducteurs, 37 avaient de vraies reines et 9 des femelles néoté-
niques.
Ce remplacement, dont la fréquence augmentera sans doute beaucoup
au cours de la troisième année, doit être regardé comme avantageux pour
lavenir des termitières. Grâce à lui la reproduction, si surprenante déjà
sous le règne de la vraie reine, devient encore plus intense et la multiplica-
tion plus rapide : c’est par gros paquets et par milliers que j’ai recueilli les
œufs en incubation au mois de mai dans certaines colonies de déux ans
à sexués de remplacement, et j'ai trouvé dans une même souche jusqu’à
38 femelles de ce genre. à
On comprend dès lors comment une colonie nouvelle, fondée par un
simple petit couple d’imagos dàns un milieu favorable, peut, au bout de
quatre ou cinq ans, présenter une lation formidable et causer d'énormes
E dé
ravages. ý
La facilité et la fréquence avec lesquelles j’ai vu se créer des colonies de
cette sorte inspirent une autre remarque : beaucoup de rondins munis de
leur écorce, après un long séjour sur le sol de la forêt landaise, ont été
transportés dans le nord-est de la France, pour servir soit au boisement
des galeries de mines et des tranchées, soit à des constructions diverses; il.
ne Serait donc pas surprenant que des colonies de Termite lucifuge fussent
découvertes dans cette zone ; mais le climat ne leur permettrait sans doute
pas de s’y perpétuer. | ie
En résumé, mes recherches de mai-juin 1920 conduisent aux conclusions
Sulvantes : l r ; Fri
E La fondation de colonies nouvelles par les sexuės essaimants est un
fait courant chez le Termite lucifuge. Sur ce point, mes observations dans
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 3) o -15
206 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les conditions naturelles confirment et précisent celles de mes élevages en
tubes de verre ;
2° Les sexués essaimants peuvent fonder des colonies viables sur des
souches de pin de coupe toute fraîche ;
3° Deux ans après la fondation, la plupart de ces colonies possèdent
encore leur couple royal, au milieu d une population qui dépasse un millier
d'individus ;
4° Les os toaal représentés, y sont relativement beaucoup plus
nombreux que dans les colonies anciennes ;
5° L’essaimage a lieu pour la première fois à la fin de la deuxième année.
Il est probable qu’il n’est pas renouvelé chaque printemps ;
6° Le remplacement des rois et reines débute avant la fin de la seconde
année ; à ce moment, le nombre des femelles néoténiques occupant la place
d’une reine peut atteindre une quarantaine. Aussi ce remplacement repré-
sente-t-il un gros élément de prospérité pour la colonie.
BACTÉRIOLOGIE. — Coccobacillus insectorum n., sp., variété malacosomæ,
bacille pathogène du sang de la chenille Malacosoma castrensis L.
Note de MM. A.-Cu. Horae et P. Vernier, présentée par
M. Henneguy.
Les recherches de d’Hérelle (1911), Picard et Blanc (1913), Chatton
(1914), et surtout de Paillot (1913-1920) ont attiré l'attention sur les
microbes pathogènes des Insectes; ce sont pour la plupart des coccobacilles
mobiles, très pathogènes, qui se rencontrent dans le sang
En mai 1920, nous avons isolé du sang de chenilles encore vivantes d’un
Bombyx, le Malacosoma castrensis L., un coccobacille très pathogène pour
cet insecte. Les individus recueillis par nous, aux environs de Nancy,
vivaient sur les feuilles du Poterium sanguisorba L.; 5o pour 100 des
individus examinés étaient infestés. Après la mort, le corps de la chenille
était gonflé et exhalait une forte odeur randos ;
Dans le sang des chenilles le bacille est très mobile, allongé, et mesure de 3àa5 p;
souvent deux individus sont accolés bout à bout; le microbe ne prend pas le Gram,
Après coloration aux éosinates de bleu de méthylène (colorant de Hollande), les deux
extrémités du corps bactérien sont plus fortement colorées, Pas de formation de spores;
forme de coccobacille sur les milieux de culture,
Le coccobacille isolé pousse aussi bien à 37° qu’à la température du laboratoire. Le
microbe forme à la surface du bouillon gélosé un enduit blanchâtre; les colonies sont
SÉANCE DU 19 JUILLET 1920. 207
difficiles à isoler; vers le troisième jour, il apparaît une fluorescence verdâtre qui
s'étend, dans la suite, à toute la gélose nutritive; de petits cristaux incolores, en
lamelles ou en aiguilles, prennent naissance à la face postérieure de la culture.
Le bouillon ordinaire liquide se trouble uniformément; pas de voile, mais produc-
tion d’une mince collerette le long des parois du tube; la fluorescence se manifeste
seulement à la partie supérieure du tube (action de l'oxygène probablement néces-
saire). En eau peptonée, culture peu abondante ; pas de noircissement du papier
collodionné à l’acétate de plomb (‘) en bouillon ou eau peptonée, Le coccobacille fait
fermenter (avec souvent apparition de fines bulles de gaz) tous les sucres essayés :
glucose, lévulose, lactose, galactose, mannite, maltose, arabinose, sauf inuline. Il
réduit le rouge neutre en bouillon ordinaire ou glucosé ; il pousse lentement en bile
de bœuf pure, plus rapidement en bile diluée ; il n’y a pas production d’indol en eau
peptonée. La gélatine est liquéfiée ; le lait est coagulé ; il protéolyse le sérum gélifié
de cheval avec production d’odeur putride ; il pousse très bien sur gélose glucosée de
Sabouraud ; il peut être enfin anaérobie facultatif, car, ensemencé sur bouillon sous
huile de vaseline, il fournit une culture abondante.
Le coccobacille isolé n’est pas pathogène pour le cobaye en injection massive intra-
péritonéale (culture de 24 heures sur milieuSabouraud).
Les chenilles de Malacosoma castrensis L. et de Vanessa urticæ sont tuées dans
les 24 heures aussi bien per os (Culture de 24 heures versée sur les feuilles) que par
injection du coccobacille dans le sang. Les chenilles d'une espèce voisine, Malacosoma
neustria L. (Bombyx neustrien) sont tuées apa heures après injection du microbe
dans le sang ; per os, nous n'avons obtenu qu’une mortalité variant entre 30 et 63 pour
cent. Nous pensons néanmoins que ce coccobacille peut être an agent actif (exaltation,
au besoin, de la virulence par passage dans le sang) dans la lutte contre les chenilles
du Bombyx neustrien, qui ravagent si fréquemment les vergers en dévorant les feuilles
des arbres fruitiers.
La plupart des caractères culturaux que nous venons de signaler pour le
coccobacille du Malacosoma castrensis, se retrouvent chez les coccobacilles
pathogènes qui ont été décrits chez les Insectes. Nous ne ferons donc du
microbe que nous avons isolé qu’une simple variété d’une espèce type que
nous proposons d'appeler Coccobacillus insectorum, et dont les PRIE |
Caractères seraient, d’après nous, les suivants : :
« Bacille pur ou moins mobile, ayant une forme courte, plus allongée dia le sang
de l'insecte qu'en culture; à corps se colorant plus fortement aux deux extrémités;
réaction de Gram négative; production plus ou moins accentuée d’un pigment vert
fluorescent sur bouillon en présence de l'air; liquéfaction de la gélatine et protéolyse —
du sérum de cheval gélifié ; l'action diastasique sur les sucres et la virulence A
tel ou tel insecte pouvant varier suivant les races étudiées. » a
() Cf. Hortanne et BEAUVERIE, Comptes Panda Société de Biologie, Paris, 2 -
décembre 191. “ ne |
208 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On pourrait même être tenté d'admettre, comme le suggère Paillot, que
les principaux représentants de Coccobacillus insectorum ne sont que des
mutants d’un bacille commun dans les eaux, le Bacillus fluorescens lique-
faciens Flügge. Les études sérologiques (fixation du complément,
agglutinines, précipitines) que nous poursuivons avec ces microbes, nous
apporteront, sans doute, des données importantes à ce sujet.
En admettant pour l'instant la désignation que nous proposons, le cocco-
bacille des chenilles de Malacosoma castrensis devrait être désigné : Cocco-
bacillus insectorum, var. malacosome.
A 16 heures, l’Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 16 heures et quart.
A okr
- ERRATA.
(Séance du 28 qoi 1920.)
Note de MM. Pierre Thomas et André Chabas, Sur le PRES de la
tyrosine, etc. :
Page 1624, lignes 10 et 11, au lieu de très soluble, lire très peu soluble. “
(Séance du 12 juillet 1920.)
Note de M. Pauthenier, Étude du rapport des retards absolus dans le
sulfure de carbone pour des durées de charge croissantes, etc. :
1° Permuter les figures 1 et 2, interverties par suite d’une erreur de composition.
2° Page 105, ligne 5, au lieu de 116% à la seconde, lire 1160 à la seconde.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 26 JUILLET 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Après le dépouillement de la Correspondance, M. le Présinenr s'exprime
en ces termes :
Messieurs,
L'Académie a été frappée douloureusement la semaine dernière. Notre
illustre confrère, le Docteur Guyon s’est éteint doucement, comme une
lam pe qui a épuisé sa dernière réserve. Il ne s'était jamais bien remis d’une
chute grave qu’il avait faite il y a huit ans : sa constitution très robuste lui
à permis de se maintenir encore quelque temps; il est mort dans son domi-
cile à Paris, âgé de 88 ans.
. Le D" Guyon a été un des maitres les plus éminents de la Chirurgie con-
temporaine; il a été un grand chef d'école. Professeur à l’École de Méde-
cine, chirurgien de l'hôpital Necker, il a su grouper autour de lui de nom-
breux élèves; même il a organisé à Necker, à côté de son service d'hôpital,
un vrai centre scientifique, pourvu à ses frais de laboratoires, d’une biblio-
thèque et d'un grand musée d'anatomie pathologique. Ce centre est devenu
rapidement célèbre dans le monde entier. nka
Ses travaux originaux et ses découvertes sont multiples; ils se rapportent
a l'anatomie, à la Physiologie normale et pathologique, à l’asepsie et à
l’'antisepsie, aux questions les plus variées de la Chirurgie des divers
organes, et tout spécialement de l’appareil urinaire. és
Il a découvert que, dans l’effort prolongé, la circulation carotidienne est
arrêtée, NN roms
Il a signalé des faits aussi nouveaux qu'intéressants, relatifs à lurèthre,
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 4.) : 16
210 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à la vessie et au rein avec leurs applications à la pathologie et à la théra-
peutique.
Il a fait une étude complète du mécanisme de la mort dans les affections
urinaires; il a reconnu avec soin les effets de la rétention et en particulier
une réceptivité plus grande à l'invasion microbienne.
Il a poursuivi de nombreuses expériences sur le rein, sur sa sensibilité
spéciale et les effets consécutifs à sa tension.
Ses recherches sur l’asepsie et l’antisepsie sont aussi de première impor-
tance. Partisan convaincu des idées de Lister et de Pasteur, il a étudié avec
persévérance le rôle des microbes dans l'infection de l'appareil urinaire ;
il a proclamé la nécessité impérieuse de l’asepsie et l'importance de
l’antisepsie dans les maladies de cet appareil.
On peut dire que la pathologie de l'infection urinaire était inconnue avant
ses travaux et ceux de ses élèves; ila posé des règles sûres pour le diagnostic
de ce qu’il a appelé la cachexie urinaire.
Sa contribution aux autres branches de la pathologie externe est aussi
très notable ; on lui doit un grand volume sur les Déni chirurgicales
considérées dun leur’ensemble.
Le professeur Guyon à pu ainsi, appuyé sur ses belles recherches scienti-
fiques et cliniques, se spécialiser dans l Urologie chirurgicale et acquérir dans
ce domaine, à la fois comme savant et comme praticien, une situation excep-
tionnelle. Il a élevé très haut cette branche de la pratique médicale et lui a
donné le rang qu’elle mérite. Le professeur Verneuil, lui aussi membre de-
notre Académie, a pu écrire à ce sujet : « L'école française d’ Urologie est
actuellement une des gloires les plus incontestables et les moins contestées
de notre Pays.»
Les progrès que la Pathologie et la Thi apanta urinaires doivent à
M. Guyon et à ses blijer sat, en effet, considérables, et, en 1892, lorsqu'il
a été nommé membre de cette Académie, aucune branche de la chirurgie
n'en avait fait autant. Ces progrès sont exposés dans trois grands Ouvrages
et dans un nombre considérable de Mémoires et de Thèses.
- Un des plus notables est l’innocuité actuelle de la lithotritie, autre fois si
redoutable. Le D" Guyon a perfectionné l'appareil instrumental, simplifié
les manœuvres et réglé dans ses moindres détails l'application minutieuse
de l’antisepsie. La guérison du calculeux est maintenant la règle.
Le D" Guyon a prolongé ainsi la vie d’un grand nombre de ses contem-
RES et il doit être classé parmi les bienfaiteurs de l'humanité souffrante.
Li
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 211
~ Il était une des figures les plus belles et les plus nobles de notre Compa-
gnie ; il avait naturellement une dignité, une distinction et un calme remar-
quables, qui donnaient un grand poids à ses paroles et à son opinion. Ces
qualités précieuses ont été bien mises en relief pendant sa présidence en
1911; dans ces fonctions délicates, il a montré un tact, une bonne gràce,
une maitrise que nous avons tous admiré.
Toujours simple, il a exprimé le désir de n'avoir à ses obsèques ni
discours, ni délégation. L'Académie proclame hautement sa valeur - et
s'associe pleinement au deuil de ses enfants et petits-enfants.
M. A. Lacroix fait hommage à l’Académie d’une reproduction en hélio-
gravure d’un portrait de Rexé-Jusr Haüy dont l'original est conservé dans
son laboratoire du Muséum d'Histoire naturelle.
HYDRAULIQUE. — Un moyen économique d'utiliser la force des marées.
Note de M. G. Bicourpax.
Les marées sont une des sources les plus rene d'é énergie facilement
utilisable; et cette source, donnant ce qu'on appelle la houille verte, a
l'avantage d’être TITS tandis qu'on doit envisager le moment où
d’autres seront épuisées : tel est le cas du charbon de terre et surtout du
pétrole.
La France, où charbon et pétrole sont inestieanté est au contraire un
des pays les plus favorisés tant au point de vue de l'importance des marées
que de l'étendue des côtes où ce phénomène a une grande amplitude.
On peut donc voir là, pour lavenir de notre pays, un facteur capital,
d’ailleurs très bien placé, puisqu'il a son siège principalement sur nos côtes x > -
u Nord-Ouest, à opposé des sources de houille blanche des Alpes et des .
Sie ie
Enfin, plus que jamais, il i importe d'utiliser toutes nos forces naturelles. à
Aussi; je crois devoir rappeler le principe d’un moyen que j'ai :
en 1910 et décrit alors avec quelque détail pont utiliser cette force des a .
marées,
D'ailleurs les prix actuels du gba multiplie en quelque $ sorte sa o
valeur pratique. 7 ;
FH une cloche fixe yr son ouverture en z et a > ma-
212 - ACADÉMIE DES SCIENCES.
emprisonné dans la cloche va être comprimé, d’où résultera une force utili-
sable soit directement, soit pour élever d’autre eau, et créer une chute.
Ensuite, quand la mer descendra, il y aura une aspiration d’air, ce qui
pourra être utilisé encore pour élever de l’eau. Ainsi la cloche serait l'or-
gane fondamental d’une sorte de pompe dont le piston, actionné par le
Soleil et la Lune, ferait ie jour un peu plus de deux mouvements de
va-et-vient.
Ce moyen indirect berinetirest de transporter et d'utiliser la force des
marées à une certaine distance, soit en plan horizontal, soit en hauteur;
aussi présente-t-1il, sur les moyens directs et intermittents habituels, ce
triple avantage :
1° I réduit au minimum les parties exposées à l’action destructrice de
la mer;
2° H permet l'utilisation de réservoirs naturels, lacs ou étangs, situés à
des niveaux variés, et qui ne nécessiteraient que de minimes frais d’amé-
nagement et d'entretien ;
3° Il évite ainsi le grand inconvénient de l’intermittence et de l'inégalité
périodique des marées,
D'ailleurs toutes ses parties sont fixes, et la manœuvre se réduit à celle
de robinets ou de vannes équivalentes; il semble qu'une seule personne
suffirait pour son exploitation régulière, même sur une assez grande
échelle.
GÉOLOGIE. — Essai de coordination chronologique générale des temps
quaternaires. Note (') de M. Cu. DEPéRET.
J'ai décrit e ) les caractères de l'étage Sicilien ( Cromérien) du bassin de
la mer du Nord et de la Baltique, avec sa phase régressive du début
( Forest-bed ) et sa phase transgressive terminale (argiles d’eau profonde à
Yoldia myalis et arctica). Avant de coordonner les autres étages quater-
naires du Nord avec ceux de la Méditerranée, il est nécessaire d'analyser
la série complexe des événements géologiques dont ces contrées ont été le
théâtre. Je commencerai par les Iles Britanniques.
1. Après le dépôt des couches à Foldia myalis, intervient une notable
near mn ñ
(1) Séance du 28 juin 1920.
(2) Comptes rendus, t. 470, 1920, p. 159.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 213
régression marine : les lignes de rivage s'abaissent presque jusqu'au
niveau actuel. C’est ainsi que sur la côte sud du cap Flamborough, près
Sewerby (Yorkshire), Lamplugh a décrit (‘), cachée sous le Glaciaire
inférieur, une ancienne falaise crayeuse, au pied de laquelle se montre,
très peu au-dessus de la mer, une plage de galets, en partie exotiques, avec
coquilles marines actuelles. D’autres plages'de galets sur plates-formes litto-
rales, analogues à celle de Sewerby, d'âge également préglactaire, et
comme elle de très faible altitude (3"-8") ont été relevées sur de nombreux
points des côtes britanniques : à la péninsule de Gower (sud du Pays de
Galles), par Tiddeman (°) et Strahan (°); à l’île de Man, par Lamplugh;
en Irlande, sur les côtes de Meath, Dublin, Clare, Galway, et d’une façon
magnifique à la baie de Courtmacsherry et à Klonakilty (Cork), par
Wright et Muff (‘). On ne saurait douter de l'existence d’une ligne de
rivage très basse ayant précédé le maximum d'extension glaciaire des Îles
Britanniques. La faune marine de ces plages ne diffère pas de la faune bri-
tannique actuelle.
T
2. Cette régression préglaciaire s’accentue ensuite: à Sewerby, au-
dessus de la plage marine, sont des dépôts de ruissellement continentaux
qui descendent jusqu'au-dessous du rivage actuel; on y a trouvé des Mam-
mifères : Elephas antiquus, Rhinoceros Mercki, Hippopotamus amphibius,
Hyæna crocuta, Bison, Cervidés, c'est-à-dire une faune chaude, peu différente
de celle du Forest- Dee De même dans les grottes littorales de Gower
(Bacon Hole, Minchin Hole), on observe fu dessandis dépôts marins de ces
grottes,des dépôts bréchoïdes ossifères contenant les mêmes Mammifères (*)
qu'à Sewerby; deux crânes de Rhinoceros Mercki ont été recueillis dans le
sable marin de Minchin Hole. Il est évident que tous ces animaux n'auraient
pu parvenir dans les grottes, si la mer ne s’était retirée, laissant à res à
une plaine littorale assez étendue.
Bior
(3 LawPLucu, On the Dr ifi F Flamborough Head (Quart. gente geol. l. Soc.
London, t. 47, 1891, p. 384). ;
LS Todea, On the age of the sn, beach of southern Britain as seen in ”
Gower (Report british Assoc., Bradford, 1900; Geol. Magazine, t. T, 1900).
(*) Srramax, The country around Swansea, 1907 (Mem. geol. Sur veys Wales I
south coal Field, Part VIII). -
(*) Waniçnr et Mure, The preglacial raised beach of the fout coast of Ireland ue
(Proc. Royal Dublin Soc., t. 10, 1904, p. 250). Voir aussi e -i Arase sie
Ice Age, 1914, p: 107, pl. XI et XII. 2
(5) Estonie. Palæontological Memoirs and Mot . A 1808, p- ds.
214 ACADÉMIE DES SCIENCES.
3. C’est alors seulement que commence le Grand áge de la glace. Un
vaste inlandsis couvre les Iles Britanniques, sauf la région au sud de la
Tamise et du canal de Bristol. Il dépose sur toute la contrée une couche de
boue glaciaire à blocs et cailloux rayés, connue sous le nom général de
Boulder-clay inférieur, et portant parfois des noms locaux (Basement-clay et
Purple-clay de Cromer et d'Holderness, Till inférieur d'Écosse); c’est la
moraine de fond du maximum glaciaire Saxonien-Mindélien. On observe
dans ce Boulder-clay, surtout au voisinage des côtes, des coquilles marines
d'espèces souvent arctiques, rarement entières, presque toujours fragmen-
tées, et parfois striées, qui se présentent, de l’avis des géologues anglais
modernes, comme des éléments erratiques arrachés du fond de la mer par la
poussée de la glace, et entrainés sur la terre ferme à des altitudes variées.
Nous ne connaissons jusqu'ici aucun dépôt marin contemporain de ce
Boulder-clay inférieur.
4. Ensuite le climat s'adoucit et le grand glacier se retire. A cette phase
interglactaire appartiennent des sables et graviers, d'épaisseur variable,
intercalés entre les deux Boulder-clays inférieur et supérieur. Nous touchons
là Pun des points les plus discutés de l’histoire quaternaire des Iles Britan-
niques. Ces graviers intermédiaires contiennent en effet, plus encore que le
Boulder-clay, des coquilles marines, les unes arctiques, les autres britan-
niques. Ces gisements coquilliers s'élèvent à de grandes altitudes : dans le
Cheshire, à Macclesfield et Gloppa (380"); en Irlande, au Three Rock
Mountain (400%), et atteignent au célèbre gisement de Moël Tryfaen, au
pied du Snowdon, leur maximum d'altitude à 453". Les anciens géologues
anglais avaient admis l’origine marine de ces graviers et n’avaient pas reculé
devant l'hypothèse d’une submersion des Iles Britanniques jusqu'à une
altitude de près de 500%, Cependant Goodchild et Belt (dès 1874), puis
Lewis, Kendall, Bell, Blake, CI. Reid, Lamplugh, Cole, Wright, etc.;
ont démontré par des arguments solides (mélange de Mollusques pliocènes;
faciès faunique non conforme au faciès lithologique), que ces coquilles des
graviers élevés n'étaient que des éléments remantés de la moraine sous-
jacente par les cours d’eau interglaciaires. La légende de la grande submer-
sion anglaise avait vécu.
Toutefois, gràce à la retraite du glacier, la mer peut atteindre à nouveau
les côtes anglaises. Sur la côte d'Holderness, Prestwich dès 186r (!), puis
: (1) Presrwicu, Quarterly Journal geol. Society, t. 17, 1861, p. 446.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. ‘aS
CL. Reid (') ont décrit des graviers et des sables argileux marins compris
entre les deux Boulder-clays, c'est-à-dire interglaciaires. Ces couches
dessinent une ligne de rivage des plus nettes à l'altitude de 100 pieds (33™®),
et pénètrent en nombreux fiords dans le massif crayeux des Woolds; cette
ligne de rivage a été tracée par Cl. Reid (Loc. cit., carte, p. 65) sur près
de-100"", depuis le cap Flamborough jusque bien au sud de l'estuaire de
l'Humber.
La faune (61 espèces) est celle des mers britanniques actuelles, mais
avec quelques éléments de climat plus tempéré (Cytherea chione, Venus
gallina). Il faut signaler spécialement une coquille d’eau douce de climat
chaud, Corbicula fluminalis, abondante dans les deux gisements de Kelsey
et de Croxton, qui sont sans doute au débouché d'anciens estuaires. Je
rappelle que cette coquille se trouve aussi dans les dépôts de la ligne
de rivage de 30" du Sussex, avec une faune marine encore plus tempérée.
Au même horizon se rapporte, d’après CI. Reid, le dépôt coquillier, en
partie estuarien, qui se montre à 30" d'altitude à la falaise de Speeton,
au-dessous du Boulder-clay supérieur.
Plus au Sud, les gisements marins de Little Bytham et de March
(Fennland) dessinent, dans l'estuaire de l'Ouse, un autre golfe de la
même mer avec une faune identique, comprenant aussi Corbicula fluminalis.
Plus au Sud encore, près de Yarmouth (Norfolk), des sables et graviers
marins, dits middle sands, compris entre les deux Boulder-clays, s'élèvent
Jusqu'à l'altitude maximum de 33". D'après Wood et Harmer (°), leur
faune comprend 8o espèces, la plupart britanniques, mais quelques-unes
méditerranéennes ( Turritella incrassata, Limopsis pygmæa, Cardita corbis,
Cytherea rudis), dénotant une mer plus tempérée que les mers anglaises
actuelles. | 3 | ie FA
Des dépôts interglaciaires de sables, de graviers et d'argiles à coquilles
Marines existent également en Écosse (Tangy-Glen, Kilmaurs, île d'Arran, .
Paisley) et en Irlande (Kilkenny, Wexford), mais les auteurs discutent
encore s'il s’agit de dépôts marins ou seulement de coquilles remaniées de
la boue glaciaire sous-jacente. a R sue
3 , . sha . s : t A 4 + ESA
L'ensemble de ces dépôts interglaciaires marins à faune tempérée répond
Prenant ne NU A
C) CL. Rem, Geology of Holderness (Mem: geol. Survey, 1885). RATER a
(C) Woop et Haruer, Premier Supplement to the Crag Mollusca, Introduction:
Observation on the later tertiary Geology of East Anglia (Q. J. G. Sa t: 33, 1877,
216. ACADÉMIE DES SCIENCES
à n’en pas douter, à l'étage {yrrhénien de la Méditerranée avec une ligne de
rivage d'altitude identique (33" au maximum).
5. Après cette phase tempérée, le climat redevient glaciaire, et un vaste
inlandsis couvre à nouveau les Iles Britanniques. Cette glaciation polontenne-
rissienne s'avance toutefois un peu moins vers le Sud que la glaciation pré-
cédente. En Irlande et dans le pays de Galles, l'avancée des deux glaciaires
ne semble pas avoir été très différente ou du moins leurs limites n’ont pas
été bien nettement tracées. Mais dans le centre et dans l’est de l’ Angleterre,
la limite du Drift récent décrit une ligne sinueuse qui reste à une grande
distance au nord de la limite du Drift ancien. Le contraste topographique
est saisissant entre les surfaces monotones, aplanies et coupées de pro-
fondes vallées des plaines de Boulder-clay inférieur et le relief plus jeune,
parsemé de moraines et de drumlins du Boulder-clay supérieur.
6. Le glacier recule ensuite pour la seconde fois, laissant la contrée à nu
et permettant à la mer de baigner à nouveau les côtes britanniques. Les
géologues écossais Jamieson ('), Yack, Peach, Horne et J. Geikie (°) ont
insisté sur la constance, en Écosse, d’une terrasse marine de 100 pieds, super-
posée au Till supérieur, et pénétrant dans les fiords et dans les basses vallées
de la Clyde, du Forth, de la Tay, etc. La faune extrêmement arctique
(Pecten Groënlandicus, Yoldia arctica, Tellina myopsis) indique un refroidis-
sement intense des eaux marines.
La terrasse marine de 100 pieds semble spéciale aux côtes écossaises;
jusqu'ici on n’en connaît aucun témoin en Angleterre ni en Irlande.
S'appuyant sur ce fait, M. W. Wright (°) attribue l'altitude de cette terrasse
à une surélévation isostasique locale (due à la fonte du glacier rissien) et la
regarde pour cette raison comme contemporaine de l'argile à Yoldia de
Scandinavie. Une telle assimilation me semble inadmissible. La terrasse de
33% d'Écosse est plus ancienne que les dépôts de la mer à Yoldia, car elle est
ravinée, comme on va le voir, par les moraines würmiennes et qu’elle
répond, en conséquence, à l’interglaciaire entre Riss et Würm. De plus,
elle se maintient dans toute l'Écosse à une altitude constante et ne s'abaisse
pas vers le Sud comme les dépôts à Yoldia scandinaves. J’admettrai donc
me
C) Jamesos, On the History of the last geological changesin Scotland (Q.J. G.S.,
London, t. 21, 1865, p» 161).
(2) J. Grue, The great Ice Age, Chap. XXI.
(3) Wriçur, The quaternary Ice Age, 1914, Chap. XVI.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 217
qu'il faut la rattacher à une phase terminale de la ligne de rivage tyrrhe-
nienne.
7. Ensuite intervient une troisième phase glaciaire, bien moins étendue
que lès précédentes et limitée à quelques massifs des Highlands, des
Hébrides, des Grampians, du district des lacs, du pays de Galles et de
l'Irlande. C’est une époque de grands glaciers de vallées, souvent soudés
ensemble à leur débouché dans les plaines. La puissance et la fraicheur de
leurs moraines terminales rappelle celles des moraines baltiques et des
moraines würmiennes des Alpes.
L'attribution de ces glaciers à l’époque klenbourgien ;
admise par J. Geikie, se trouve confirmée par les observations de Whright
sur les côtes occidentales d'Écosse (loc. cit., p. 370) : la branche du glacier
qui débouchait du Loch Carron se termine par un cône fluvio-glaciaire qui
descend plus bas que la terrasse de 100 pieds voisine, et atteint le rivage à
Paltitude de 20™, Des faits identiques sont signalés au Glen Foras, dans l'île
de Mull, et par Maufe au Loch Linnhe (Argyll). On doit en tirer la conclu-
sion que la glaciation locale des Highlands est postérieure à la terrasse de 53"
et répond à une ligne de rivage de 20", c’est-à-dire à la ligne würmienne.
Il est logique d’attribuer à la même ligne de rivage la terrasse marine,
dite terrasse de 50-60 pieds, si répandue sur le pourtour des côtes écossaises,
et qui contient, avec beaucoup d'espèces britanniques, quelques coquilles
de climat plus septentrional. Cette terrasse pénètre dans les basses vallées
d'Écosse où elle se relie en amont à des terrasses fluviales dont les rapports
d’origine avec les moraines des Highlands n’ont pas été reconnus, et méri-
teraient d’être recherchés avec soin. Cette ligne de rivage de 15-20" n’est
pas spéciale à l'Écosse : c’est la ligne de rivage monastirienne dont j'ai
signalé la constance sur toutes les côtes de la Manche, de l'Atlantique et
de la Méditerranée. :
mn .
nnNnDO
EC VOULU TIECLTETEL
8. l ne reste plus à indiquer, après une période régressive ayant donné lieu
à la formation de tourbières et de forêts submergées, qu'une dernière
terrasse marine de 25 pieds, dont j'ai déjà noté la constance sur toutes les
côtes atlantiques et méditerranéennes. On y a trouvé en Écosse, avecune
aune marine actuelle, les premiers outils humains en pierre de l'extrême
début du Néolithique, analogues à ceux du Danemark et de la Scandinavie.
Mais nous sortons ici des temps quaternaires. = — ` eoo
Le Tableau suivant résume la coordination que je crois pouvoir proposer
entre les formations quaternaires des Iles Britanniques et celles de la Médi-
terranėe, l es nr
218 z ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lignes de rivage Formations quaternaires Lignes de rivage
méditerranéennes. des Iles Britanniques., britanniques.
Etage Monastirien { Terrasse marine de 5o pieds (Ecosse, Manche). |
127-201, } Glaciation des Highlands (Würmien)....... 19-20
/ Terrasse marine de 100 pieds (Écosse)........ SE
z : Sa Glaciation polonienne-rissienne.
Etage Tyrrhénien à mr ns RE i
3023 Graviers marins interglaciaires du Holderness,
| Yarmouth, Speeton, etc. Ligne de rivage de
DOM MS EL AT es edge E EN 33%
Étage Milazzien / i e |
z i Glaciation saxonienne-mindélienne ........... Inconnue
559-6on,
, . , > 3 raire r P 7 > m x
Régression pré- Plages préglacraires de Sewerby, de Gower et
a Fe 5 Am_Qm
‘1: e UE e a N e Nea de Sd in !
milazienne, d'Irlande . "+
Etage Sicilien l A
\r 5 r “à z Mm a
902. 1000, Argiles à Leda myalis du Norfolk............ . 90-100
Ré probablemetn
égression pré- 4 ; '
& P PU AR RE NS MP Te CON LAC 1 Ve Re Rs 6m-8m
sicilienne.
Si l’on accepte celte coordination, toute Fhistoire quaternaire des Îles
Britanniques s'explique sans être obligé d’invoquer le moindre mouvement
du sol, ni epeirogénique, ni même isostasique.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la toxicité du fer et les propriétés anti-
toxiques du cuivre vis-à-vis des sels ferreux. Note de MM. L. MaquEeNXE
et E. Demoussy. 5
:
En solution très étendue comme celles dont on fait usage dans les expé-
riences de culture, les sels de fer sont beaucoup trop. altérables Poe qu'il
soit possible de se rendre un compte exact de l’état dans lequel s’y trouve
le métal à un moment donné; les sels ferriques sont immédiatement hydro-
lysés, les sels ferreux s oxydent plus ou moins vite, suivant la composition
des liqueurs, et se changent ainsi finalement en sels ferriques qui s’hydro-
lysent à leur tour. Dans les deux cas le métal finit par se précipiter, à l'état
de peroxyde ou de sel basique, ce qui, en le rendant inassimilable, amoin-
drit ses propriétés vénéneuses, mais en même temps il y a mise en liberté
d’une certaine quantité d'acide qui, s’il n’est pas aussitôt neutralisé, agit,
au contraire, ne puissant toxique ('). On ne saurait donc, dans une
ne ) Maquexxe et Dewoussx, Comptes rendus, t. 166, 1918, p. 547.
Ca
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920.
219
solution nutritive contenant du fer, distinguer sûrement l'effet de ce métal
de celui des autres substances qui accompagnent.
C’est pourquoi nous n'avons pas compris le fer parmi les éléments dont
nous avons, dans une Communication antérieure, fait connaître l'influence
sur la germination ('); mais, ayant constaté que le fer et le cuivre exercent
Pun sur l’autre une action qui peut se traduire par une modification pro-
fonde de la composition et des propriétés physiologiques des liqueurs où
ils se trouvent mélangés, il devenait indispensable de reprendre l'étude par-
ticulière de cette question, au point de vue surtout de la différence d'action
des sels ferreux et des sels ferriques, employés seuls ou en présence de
chaux.
Comme sels ferreux on s’est servi indifféremment de sulfate de fer ordi-
naire ou de sel de Mohr, comme sel ferrique d'alun de fer ammoniacal.
. Le sulfate ferreux fraichement dissous est, comme on le savait d’ailleurs
déjà, éminemment toxique, peut-être même plus encore qu’on ne le suppo-
sait, car nos essais montrent que son action est comparable à celle du sulfate
de cuivre lorsqu'on l’emploie seul; comme dans tous les autres cas, la chaux
fonctionne à son égard comme antitoxique, sans pourtant parvenir à en
annuler complètement les effets. En présence de phosphate monopotassique
cette toxicité est notablement amoindrie, mais c’est qu'alors le sel ferreux
s’oxyde plus aisément et se change ainsi plus vite en sel ferrique moins
“actif.
Les expériences suivantes ont été faites avec des pois gris d'hiver, cultivés
sur sable en soucoupes, suivant la méthode que nous avons précédemment
décrite, Chaque germoir contenait 10 graines et 408 de sable, arrosé avec
cm? ’ . EUR +. . . 1 # ke ox s Te
10™ d'une solution renfermant les quantités de matières indiquées ci-après :
1° Sans phosphate.
SO Re JHO... eo eo E 0=s; 1.. Ome,2. Ome,4.
hacin ss sans Che. a. gano. oins e De 2 ggmm
f OnT GRSOG H gomm Gane opgoe p
2° Apec šos POKH? et 8™e CaSO.
STe, IO a.. 0m Que, pae.
; 10".
Racines
LCR Re PTE
Cette dernière expérience, dans laquelle on a poussé la min | alisation m -
'une solution étendue
liqui |
quide nourricier jusqu’à le rendre moins favorable qu
15e Qué, re
163m 149a IPn
orm Fag pam
Wre,
“40.
(C) Maquexxe et Demoussy, Comptes rendus, t. 165, 1917, P
frise
220 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de sulfate de chaux, montre, en même temps que l'influence antitoxique du
phosphate, l'impuissance de ce dernier sel à neutraliser complètement l'ac-
tion nocive qu'exerce le sulfate de fer lorsqu'on l’administre à dose un peu
forte.
Si maintenant nous comparons ja sels ferriques aux sels ferreux, nous
constatons qu'ils sont beaucoup moins vénéneux, ce qui était à prévoir
puisque la précipitation de leur métal est plus rapide.
L'expérience suivante a encore été exécutée en soucoupes, comparati-
vement avec le sel de Mohr et l'alun ferrico-ammonique auquel, par surcroit
de précaution, on a ajouté un poids de sulfate d'’ammoniaque tel que la
solution ferrique en contienne autant que la solution ferreuse.
{we 7 alun; 3"s,4alun, 8,6 alun;
Eau 16,4 sel 9,8 sel 7ves sel USE; 03 One, 47 158,17
pure. de Mohr. de Mohr. de Mohr. SO‘Am’, SOfAm’, SOfAm’.
Racines... 24mm 17m ppm pin 35m 3g%% ronn
La différence est aussi nette que possible; il arrive même que le sel
ferrique, à faible dose, exerce une action favorable par rapport à l’eau pure,
ce qui tient sans doute à la solubilisation du calcium des téguments par
l’acide sulfurique de l’alun. Avec le sel de Mohr ces téguments sont forte-
ment noircis, ainsi que le sable aux points où reposent les graines; avec
l’alun, à égalité de richesse en fer, la coloration est à peine visible.
Par la méthode de culture en tubes de quartz et en présence de chaux on
arrive aux mêmes résultats, avec cette seule différence que l'alun se montre
alors nuisible, tandis que précédemment, en l'absence de chaux, il avait
paru favorable. Ceci est conforme à toutes nos observations antérieures; il
paraît être, en effet, de règle générale que l’action des toxiques est plus sen-
sible en présence de chaux que sans chaux (').
Les nombres suivants sont relatifs à une expérience dans laquelle on a
fait usage d’une solution renfermant par litre 14,687 de nitrate de chaux
cristallisé et 8 de fer, à l’état ferreux, ferrique ou colloïdal (oxyde pré-
paré. par dialyse).
Sans fer. FesSOt, Alun. Fe*O*Colloïdal.
À mm mm mm mm
Racines. csie owsa r05 33 74 $ Je
Allongements...... 82 4 4i 58
ALES, a a 4 48 31 50 59 i
pire a
(1) Maguense et Demoussy, Comptes rendus, t. 166, 1918, p. 89.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 221
On voit que le fer à l’état colloïdal est moins vénéneux qu’à l’état de
solution vraie, ce qui prouve que sous cette forme il n’est que difficilement
assimilé ; peut-être, même, l’action toxique qu'il parait exercer encore est-
elle due à quelque trace d’impuretés contenues dans sa pseudosolution ;
en tout cas il ne noircit pas les racines comme le sulfate ferreux : il y dépose
seulement une couche ocreuse d’hydrate ferrique, coagulé à leur surface par
les acides qu’elles sécrètent. |
Dans les conditions indiquées ci-dessus les graines absorbent beaucoup
moins de fer dans les solutions ferriques que dans les solutions ferreuses :
après 9 jours de culture, en présence de nitrate de chaux, 5 graines de pois
ont pris 0%6,094 de fer au sel de Mohr et seulement 0"6,034 à l'alun.
Les sels ferriques étant moins nocifs que les sels ferreux, il est clair que
toute circonstance facilitant l'oxydation de ces derniers diminuera leur
toxicité; c’est le cas d’une addition de phosphate monopotassique et surtout
de sulfate de cuivre, dont nous avons tout récemment fait connaître l'in-
fluence catalytique sur l'oxydation des composés ferreux ('); d’où, comme
on va le voir, l’explication toute naturelle de l’effet, également signalé par
nous (*), qu’exerce le cuivre sur la végétation en présence de fer.
Nous avons dit plus haut qu’en présence de phosphate les graines tolèrent
une dose de sulfate ferreux qui leur est funeste dans l’eau pure ou addi-
tionnée de chaux; l'expérience montre que le cuivre agit exactement de
même et d’une façon plus efficace encore. Ce ne peut être que parce qu'il
augmente la vitesse de transformation du sel ferreux en sel ferrique, car il
reste sans effet dans les solutions qui contiennent de l’alun, c’est-à-dire dans
celles où le métal se trouve déjà au maximum d'oxydation.
La culture suivante a été poursuivie pendant neuf jours, en tubes de
quartz, dans une solution renfermant par litre 15,687 de nitrate de chaux
et 05,200 de phosphate monopotassique, plus les quantités indiquées de
sels de fer et de cuivre. ve
56s sel de Mohr 70% alun de fer
+- Sans Cuivre —- ~ + ~ á
ni fer. sans Cu. 0™s,2?CuS0‘. sans Cu. 07e, 2 Cu SO*.
+ mm mm mm um CU M
Rime is es 56 109 115: tibis 2e
Allongements....... 130 58 : 88 93 92
A D RO 105 56 77 gs-
- Dans une expérience semblable, portant seulement sur le sel de Mohr,
i ; ie ; ;
(1) MaQuexne et Demoussy, Comptes rendus, t. 1711, 1920, p. 65.
2 ù > y à $ En Eu
(7) MAQUENNE et Demoussy, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1542.
222 ACADÉMIE DES SCIENCES.
on a reconnu que les graines avaient absorbé la même quantité de fer, en
valeur absolue, soit o"£,3 pour cinq sujets, avec ou sans cuivre; mais les
racines avaient, dans le premier cas, un développement double des autres,
ce qui prouve que leur faculté d'assimilation pour le fer, alors en grande
partie précipité, avait été notablement affaiblie.
Dès lors, l’action favorable que nous avons reconnue au cuivre, agissant
en présence du sulfate de fer, résulte uniquement de ce fait que le sel
ferreux, très toxique par lui-même, se transforme rapidement à son contact
en sel ferrique, lequel, insolubilisé par hydrolyse et passage à l’état de
phosphate, échappe pour la plus grande partie à toute assimilation par les
racines. C’est une véritable influence antitoxique que le cuivre exerce ainsi
vis-à-vis du fer, gràce à ses propriétés catalytiques dont la puissance,
` comme nous l'avons fait voir, est au moins égale à celle de ses propriétés
vénéneuses.
Cette action antitoxique, portant surtout et peut-être uniquement sur le
milieu de culture, dont elle modifie la constitution dans un sens avantageux,
n'implique d’ailleurs en aucune facon la nécessité pour les racines d'ab-
sorber du.cuivre. La plante qui subit ses effets n’en profite donc, ainsi que
nous l'avions prévu, que d’une manière indirecte, et le rôle que le cuivre
peut jouer à l’intérieur des tissus yagólami: reste encore tout entier å déter-
miner.
. Ces résultats suggèrent l’idée Pine application nouvelle des sels de
cuivre en agriculture qu'il nous paraît bon de signaler. Certaines terres
reposant sur un sous-sol pyriteux renferment du sulfate de fer en quantité |
assez forte pour en gêner l'exploitation, quelquefois même pour les rendre
absolument stériles, On a alors recours à des chaulages énergiques qu
mettant l’hydrate ferreux en liberté, facilitent l’oxydation du métal nuisible;
mais cette pratique, comme du reste Pabus de tous les amendements, à
pour inconvénient d’épuiser à la longue les réserves naturelles du sol. Il est
probable qu'on arriverait au même résultat, sans courir le risque d'appau- .
vrir la terre, en introduisant dans-les fumures une forte dose de phosphates
facilement assimilables, mélangés avec une petite quantité de sulfate de
cuivre. Seule, l'expérience faite en grande culture permefes de voir si cette =
opinion est fondée.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. . 233
PHYSIOLOGIE. — L'épreuve de lhémoclasie di gestive et l'hépatisme latent.
Note de MM. F. Waipa, P. Arramı et N. Éancovesco.
Nous avons montré, dans une Note précédente, que chez les sujets
atteints de maladies de foie avérées, telles que cirrhoses de types divers,
ictères infectieux et toxiques, asystolie hépatique, cancers, l'épreuve de
lhémoclasie digestive permet de mettre en évidence, avec une grande net-
teté, l'insuffisance du foie à arrêter les produits protéiques incomplètement
élaborés qui, au cours de la digestion d'un aliment azoté, pénètrent de lin-
testin dans la veine porte. Dans ces cas, l'insuffisance protéopexique du
foie se superpose aux autres insuffisances fonctionnelles de cet organe;
chez les malades que nous avons étudiés, elle coïncidait soit avec l’insuf-
fisance biliaire totale ou incomplète, soit avec l'insuffisance uréogénique et
Pabaissement du rapport azotémique.
L'étude, longtemps poursuivie, d’un cas d'ictère aigu spirochètosique
nous à Cependant permis de constater qu’au cours de troubles hépatiques -
légers, on peut observer une dissociation entre l'insuffisance protéopexique
“et les autres insuffisances fonctionnelles du foie, et que la première peut
encore déceler des altérations hépatiques qui ne se traduisent par aucun
autre symptôme. Au déclin de l’ictère, en même temps que les urines de
ce malade renfermaient de l’urobiline et des acides biliaires, l’épreuve de
l’hémoclasie digestive était fortement positive; onze jours plus tard, alors
que la réaction de Hay avait disparu et qu’il n’existait plus que de l’urobi-
line très légère, l'absorption d’un repas azoté (1505 de viande et deux
œufs) produisait encore une crise ‘hémoclasique; cette même crise se
retrouvait neuf jours plus tard, atténuée mais cependant évidente. Après
1: : 3 z : Le ; :
l'ingestion de 200$ de lait, la leucocytose fléchissait de 15400 à 10800;
il n'existait plus, pourtant à ce moment, aucun autre vestige clinique ni
urologique des altérations hépatiques antérieures. C’est seulement sept
spurs plus tard que l'épreuve de l’hémoclasie digestive devenait à sontour
négative, ayant ainsi survécu de quinze jours à la disparition complète de
l'ictère et de sept jours à celle de l’urobilinurie. Elle constituait le dernier
temoin d'une insuffisance hépatique en voie de régression.
Un pareil fait, qui suffisait à montrer l'extrême sensibilité de cette
“Preuve et l'intérêt qui s'attache à la recherche systématique de l’hémo-
clasie digestive, pour apprécier le moment où disparaissent les altérations
224 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cellulaires du foie, nous a engagés à effectuer une série d’investigations en
ce sens.
Il est une classe de produits thérapeutiques qui permettent, on va le
voir, de poursuivre chez l’homme une étude véritablement expérimentale
de l'insuffisance hépatique à tous ses degrés : ce sont les arsénobenzènes.
Jusqu'ici on ne connaît en clinique que les grandes formes d’hépatites
produites par les injections d’arsénobenzol : jós ictères. Dans ces formes,
dont nous avons rapporté deux exemples dans notre précédente Note,
l'épreuve de l’hémoclasie digestive nous avait montré que l'insuffisance
biliaire se surajoute à l'insuffisance protéopexique du foie. Il était à penser
que l’ictère toxique ne représente qu'une étape déjà avancée de l'hépa-
tisme arsenical, qu’en dehors de tout ictère, de toute manifestation clinique
encore apparente, le novarsénobenzol doit produire des altérations hépa-
tiques légères, jusqu'alors latentes, impossibles à déceler cliniquement et
que l'épreuve de l’hémoclasie digestive pourrait aider à déceler. Le grand
nombre des sujets qui, dans les services hospitaliers, sont soumis au trai-
tement novarsénical, se prête à une étude rigoureuse de ces faits; il permet
non seulement de chercher le retentissement sur le foie des injections d'ar-
sénobenzènes, en pleine cure thérapeutique, mais de saisir l'insuffisance
hépatique à ses débuts, d'en suivre l’évolution parallèle à la répétition et à
l'augmentation des doses, et d’en évaluer la persistance, après cessation du
traitement.
- Grâce à l'épreuve de l’hémoclasie digestive, nous avons pu de la sorte
nous rendre compte que les altérations hépatiques sont constantes au cours
du traitement par le novarsénobenzol; qu'elles apparaissent d’une façon
très précoce, et avec l'emploi de très faibles doses; qu’elles sont suscep-
tibles de persister plusieurs semaines après la cessation des injections.
L'ictère, seul étudié jusqu'ici, ne représente que la forme la plus sévère et,
à vrai dire, exceptionnelle, de cette insuffisance hépatique créée par les
arsénicaux. Dans la règle, il s’agit d’un hképatisme latent. Il semble que, de
toutes les fonctions du foie, la fonction protéopexique soit une des plus
fragiles à l'égard de l’intoxication par le novarsénobenzol; si chez certains
sujets, en effet, nous avons constaté, en même temps qu'une hémoclasie
digestive, un certain degré d’urobilinurie, une réaction de Hay légère, ou un
abaissement du rapport azotémique, chez d’autres, par contre, ces derniers
signes faisaient défaut, et seule, l'existence de l'insuffisance protéopexique
témoignait d'une altération hépatique débutante ou, au contraire, rési-
duels |
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 225
Voici tout d’abord quelques exemples, qui permettent de se rendre
compte de la précocité avec laquelle débute l'insuffisance hépatique, au
cours du traitement novarsénical. Une malade, atteinte d’aortite chronique
syphilitique, reçoit 30 centigrammes de novarsénobenzol en injection intra-
veineuse. Avant l'injection, l'épreuve de l’hémoclasie digestive est néga-
tive; elle reste négative le lendemain; le surlendemain, elle devient
positive. Après absorption de 200% de lait, le chiffre des leucocytes tombe
de 12000 à 9600, puis à 6400, en même temps que la pression artérielle
s’abaisse de 13 à 11,5. Une autre malade tabétique, reçoit 20 centigrammes
de novarsénobenzol en deux fois, à trois jours d'intervalle. Négative avant
le début du traitement, l’épreuve de l’hémoclasie digestive se montre
Positive trois jours après la dernière injection. Un homme, tabétique
également, reçoit 20 centigrammes de novarsénobenzol en une fois, trois
jours plus tard, l'insuffisance protéopexique apparait. Enfin, chez un
hémiplégique spécifique, une première injection de 10 centigrammes ne
produit aucun trouble hépatique décelable; pendant les quatre jours
consécutifs, l’épreuve de l’hémoclasie digestive reste négative. On refait
alors une seconde injection de 10%, et, dès le lendemain, l'épreuve devient
positive.
De même que l'exploration de la fonction protéopexique du foie permet
aussi de dépister, dès ses débuts, l’adultération hépatique latente produite
par le novarsénobenzol, elle fournit le moyen d'en évaluer la durée. Celle-
Gi se montre naturellement variable, suivant les doses de médicament
Injectées. A la suite d’une injection unique de 30%, nous l'avons vu,
l'épreuve de l’hémoclasie digestive reste positive pendant treize jours, pour
evenir négative à ce moment. Par contre, chez les malades qui ont été
soumis à une cure thérapeutique tant soit peu intense ou prolongée, les
lésions cellulaires du foie sont beaucoup plus durables; on peut les déceler
encore plusieurs semaines, parfois même plusieurs mois, après la cessation
du traitement, ne Por
5 Les cas, aujourd’hui bien connus, d'ictères tardifs consécutifs aux injec-
tions arsenicales, permettaient de prévoir cette longue persistance de
ï A
l'insuffisance hépatique; dans les cas que nous avons récemment observés
et où l'épreuve de l’hémoclasie digestive était fortement positive, l'ictère
à a$ survenu r espectivement 25 jours et 45 jours après la fin des injections. o
C'est surtout dans les formes caractéristiques de l’hépatisme arsenical,
and aucun phénomène apparent ne vient attirer l'attention vers le foie,
que l'épreuve de l’hémoclasie digestive prend toute sa valeur, en montrant :
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 4.) a 1 o
226 _ ACADÉMIE DES SCIENCES.
la longue persistance de troubles hépatiques latents, chez les sujets anté-
rieurement traités par les arsenicaux. Nous l'avons de Ja sorte trouvée posi-
tive 20 jours après la cessation d’une cure de 15,50 de novarsénobenzol, en
onze injections, chez un malade atteint de néphrite syphilitique à forme azo-
témique, 18 et 23 jours après la cessation du traitement chez deux sujets
atteints de nephrite syphilitique à forme albuminurique. Elle faisait défaut
chez un dysentérique 2 mois après la fin d’une cure de 55,60; chez un tabé-
tique, 3 mois et demi après la fin d’une cure de 38,20. Par contre, nous
l'avons trouvée, dans un cas, fortement positive, 4 mois après la cessation
d'un traitement particulièrement intensif; sa constatation nous a alors
permis de rattacher à leur véritable cause des troubles dont la nature aurait
été, sans celte épreuve, impossible à établir. Il s'agissait d’un syphilitique
ancien, chez lequel, depuis plusieurs mois, était survenu un état de fatigue
et de dépression accentué, en même temps qu'un amaigrissement de 9"8 et
des troubles digestifs. Ayant appris que ce malade avait reçu 115,75 de
novarsénobenzol en seizé injections dont la dernière remontait à 4 mois,
nous avons pensé qu il pouvait être atteint d’hépatisme arsenical. Malgré
l'absence de tout signe objectif, l'épreuve de l’hémoclasie digestive se
montra très nettement positive. Les urines ne renfermaient que de l’urobi-
line; la réaction de Hay faisait défaut.
En présence des résultats si nets ainsi obtenus chez les sujets traités par
le novarsénobenzol, il était intéressant de rechercher si i l'épreuve de l'hémo-
clasie digestive ne pourrait servir à dépister une insuffisance hépatique
légère ou même latente, dans toute une série de cas où l’on a quelque
raison de soupçonner, en clinique, une altération de la cellule hépatique.
Il en est ainsi, tout d’abord, de certaines maladies infectieuses aiguës,
comme la scarlatine, la fièvre typhoïde, au cours desquelles l'atteinte du
foie ne se traduit souvent que par une urobilinurie légère ou, comme l’a
_montré Brulé, par une rétention des sels biliaires. Sur cinq scarlatineux
examinés à la période d'état, deux fois, l’épreuve de l’hémoclasie digestive
fut positive. Dans un cas, elle coexistait avec une réaction de Hay légère;
dans l’autre, cette réaction, qui était présente la veille, faisait défaut le jour
où fut constatée l’hémoclasie. Chez un troisième scarlatineux, c’est une dis-
sociation inverse qui fut observée : la réaction de Hay était positive, alors
que la fonction protéopexique du foie était suffisante.
Nous avons effectué les mêmes recherches chez neuf sujets atteints de
fièvre typhoide. Six d’entre eux étaient en pleine période d'état; les signes
d’une atteinte hépatique se traduisaient, dans deux cas, par la présence
+
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 227
d’une réaction de Hay, avec urobilinurie légère; dans les quatre autres, ils
faisaient entièrement défaut. L'épreuve de l’hémoclasie digestive ne fut
positive que chez un des deux malades, dont les urines contenaient des
acides biliaires et de l’urobiline. D'autre part, chez trois autres sujets
convalescents, le pouvoir protéopexique était normal.
Il est une autre classe de maladies, où l'exploration de la fonction pro-
téopexiqne du foie était intéressante à effectuer, en raison du rôle attribué
à l'insuffisance hépatique dans leur genèse : ce sont les maladies hémorragi-
pares. La fréquence bien connue des hémorragies dans les formes graves
des affections du foie, de même que l’action régulatrice exercée par cet
organe sur la coagulation du sang, ont faitincriminer, de tout temps, les
lésions hépatiques dans la production des syndrômes hémorragipares. IL
était donc indiqué de rechercher si l'épreuve de l'hémoclasie digestive ne
pouvait apporter un appoint en faveur de l’origine hépatique des troubles
observés. Dans les deux cas d'hémophilie où nous avons pu l’effectuer, cette
épreuve resta négative. Par contre, sur cinq cas de purpuras primitifs de
Cause inconnue, elle fut deux fois positive et particulièrement intense; il
s'agissait, d’une part, d’un purpura simple rhumatoïde, avec tendance
hémopbhilique, survenu chez une ancienne syphilitique, et, d'autre part,
d’un purpura chronique récidivant, avec une coagulation sanguine nor-
male, datant de quatre mois. Les urines de la première de ces deux malades
contenaient des sels biliaires. E
. Yn pouvait encore se demander si, dans certaines maladies de la nutri-
tuon, comme le diabète, où les troubles hépatiques sont fréquemment invo-
qués, l'étude du pouvoir protéopexique du foie ne montrerait pas, dans
certains cas, le déficit fonctionnel de cet organe. Il en est effectivement
ansi. L'épreuve de l'hémoclasie digestive, recherchée dans quatre cas de
diabète, fut positive deux fois. Chez un de ces malades, le foie était hyper-
trophié, et il existait une urobilinurie légère, avec réaction de Hay, mais
le rapport azotémique était normal. Chez l’autre, le foie était de volume
normal, mais le rapport azotémique était abaissé; les urines ne renfer-
maient ni urobiline, ni acides biliaires. EET `
Enfin, en l'absence de tout symptôme d'insuffisance hépatique objecti-
vement constatable, l'épreuve de l'hémoclasie digestive nous a permis de.
déceler encore l’adultération du foie chez un sujet atteint de néorite péri-
Phérique alcoolique, et chez un brightique chronique, azotémique, avec 15,70
_urée sanguine, dont le foie était légèrement hypertrophié. Dans ce der-
mer cas, c’est bien à l'insuffisance hépatique qu’il faut attribuer le carac- :
tëre positif de l'épreuve, car elle était complètement négative, chez trois
228 ACADÉMIE DES SCIENCES.
autres azotémiques, présentant l’un 15,60, le second 15,40 et le dernier :
18,92 d’urée dans le sang.
C'est au cours des processus d’origine toxique, Microbiélne; ou même
circulatoire que la fonction protéopexique de la cellule hépatique parait
le plus fortement touchée. C’est ainsi que dans tous les cas d'intoxication
arsenicale que nous avons étudiés, de même que dans les ictères infectieux
et dans l’asystolie hépatique, épreuve de l’hémoclasie digestive recherchée
chez le même sujet à différentes reprises au cours de l’évolution de l’affec-
tion s’est montrée remarquable par sa constance, par sa précocité et par
sa longue persistance. Au contraire, dans les cirrhoses de types divers que
nous avons observées, maladie$ où les lésions sont si marquées sur le tissu
conjonctif et où la cellule hépatique est moins profondément touchée,
l'insuffisance protéopexique n’a pas présenté la même fixité; recherchée
à diverses reprises chez le même malade, elle a montré parfois, dans son
évolution, des intermittences au cours desquelles elle s’atténuait jusqu'à
être seulement ébauchée, pour reprendre ensuite parfois d’un jour à l’autre
toute son intensité. Une cirrhotique, lors d’un premier examen, ne pré-
senta même aucune crise hémoclasique ; dans la suite, cette crise recherchée
plusieurs fois fut au contraire toujours manifeste et avec une grande
Intensité.
‘On voit, par tous ces exemples, l'intérêt que présente l'étude de l’hémo-
clasie digestive, qui réalise sur l’homme une véritable exploration expéri-
mentale absolument inoffensive. Il n’est pas d’épreuve dont les résultats
soient plus impressionnants à constater pour le médecin à qui il suffit de
faire absorber un simple verre de lait par un hépatique pour provoquer un
bouleversement de tout son équilibre vasculo-sanguin. La chute de la
pression artérielle, l’abaissement du nombre des globules blancs, l’inversion
de la formule leucocytaire, les troubles de la cogülation, la diminution du
taux des albumines du sang, sont, en effet, autant de phénomènes décelables
par le sphygmomanomètre ou les procédés de laboratoire, mais qui, cepen-
dant, se déroulent silencieusement, sans qu'aucun signe ne vienne révéler
au malade la perturbation qui s’opère dans l’état de sa circulation.
Cette épreuve de l’hémoclasie digestive fournit donc au médecin un
moyen de plus pour apprécier la valeur fonctionnelle du foie. L'insuffi-
sance protéopexique coïncide très souvent avec l’urobilinurie, la rétention
des acides biliaires, ou l'abaissement du rapport azotémique; dans bien des
cas, cependant, elle apparaît isolée et constitue alors le seul témoin d'un
hépatisme latent.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 229
M. ArrreD GRANDIDIER, en son nom et en ceux de ses collaborateurs,
MM. Hesri Fromevaux et Guiccaume Grandir, fait hommage à l'Aca-
démie du Tome IX de la Collection des Ouvrages anciens concernant Mada-
gascar : Histoire de la grande île de Madagascar, par Fiacourr (1642-1660),
seconde Partie, et Mémoires sur l'ile de Madagascar, par Fraxçors MARTIN
(1665-1668).
PLIS CACHETÉS.
M. Anoré BLonpez demande l'ouverture d’un pli cacheté reçu dans la
séance du 6 janvier 1919 et inscrit sous le n° 8608.
Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient le Mémoire sui-
vant : Nouvel appareil optique pour la mesure des oscillations de vitesse et des
écarts an gulaires.
CORRE SPONDANCE.
MM. Cuarzes Dovère, Fervaxn Gossor, Ferpivaxp Le Cerr adressent
des remerciments pour les distinctions que l’Académie a accordées à leurs
travaux.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Comparaison des longueurs d'onde d'une raie de
bande du cyanogéne dans la lumiere du Soleil et dans celle d'une source ter-
restre. Notede M. A. Prror, présentée par M. H. Deslandres. ;
M. Einstein a annoncé que, d’après la théorie de la relativité généralisée,
le rapport des périodes ou des longueurs d’onde d’une raie d’un corps,
mise par une source solaire et par une source terrestre devait être égal à
1#2.10, J'ai l'honneur de présenter à l’Académie le résultat de l'essai de
la vérification de cette conséquence sur la tête de la deuxième bande du
‘Yanogène, de longueur d'onde 4197 À. C
Du moment où, comme jelai trouvé antérieurement és J} la longueur
C) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 988:
230 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'onde de la raie terrestre n’est pas absolument indépendante de la pres-
sion, la vérification tentée parait à première vue très incertaine, car on ne
peut déterminer directement la pression dans la région du Soleil où se
trouve la vapeur absorbante ; toutefois la mesure de la longueur d'onde de
la radiation pour différentes régions du disque a montré qu’elle est affectée
par les causes de trouble révélées par les spectrohéliogrammes faits à
Meudon à l’aide des raies K, et K, du calcium par MM. d’Azambuja et
Burson. Dans mes expériences, la lumière d’une petite région du disque
(égale à $ de la surface totale) donne une longueur d’onde trop grande
quand cette région comprend une plage faculaire et une longueur d’onde
trop petite quand elle renferme une fraction de filament, ce qui correspond
bien aux mouvements descendants des plages faculaires etascendants des fila-
ments que M. Deslandres a trouvés antérieurement pour les couches élevées
du calcium ('). Ces variations de longueur d’onde montrent que la région
absorbante qui produit la raie ne se trouve pas dans les couches basses fà
forte pression de l'atmosphère solaire, et que par suite il y a lieu d'en com-
parer la longueur d’onde à celle des sources terrestres à basse pression.
Il ne semble pas d’ailleurs p la couche se trouve aux très hautes alti-
tudes pour la raison que voici : en comparant la longueur d'onde de la
région centrale à celle des régions voisines des pôles, à la latitude moyenne
de 46° (assez éloignées du bord pour que le déplacement vers le rouge iy
soit insensible), j J ai trouvé une prédominance de la longueur d'onde cen-
trale de 0,28. 107° en valeur relative, correspondant à une vitesse de chute
des centres absorbants de ol®,27 seulement, plus faible que celle des
métaux que j'ai étudiés antérieurement (?), la vapeur ne se trouverait pas
dans les couches très élevées.
La correction due au mouvement de descente des centres absorbants,
calculée en partant de ces données, atteint 0,63. 107°. `
Nécessairement, j'ai dû consulter les spectrohéliogrammes journaliers
pour discuter et interpréter les mesures faites.
La source terrestre était l'arc voltaïque entre charbons à la pression
atmosphérique, l'intensité était ro ampères et la lumière pre normale-
ment à l'arc. Pour ramener la source à être à basse pression, j'ai, toujours
en valeur relative, augmenté sa longueur d’onde de 1,6. 107".
31 mesures ont été faites de la différence entre la longueur d’onde solaire
nn e
(1) Annales de l'Observatoire de Meudon, t. 4.
< ) Comptes rendus, t. 152, 1911, p. 1367; t. 154, 1913; p- 326 et 1684.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 231
et celle de la source terrestre, 17 de l'écart entre la longueur d'onde du
centre et celle des régions voisines des pôles; elles ont été effectuées
du 8 mai au 29 juin de cette année à l’aide du spectroscope interférentiel
de l'Observatoire de Meudon. La lame argentée à faces parallèles avait 5m
d'épaisseur. L'image du Soleil, fournie par un miroir concave, se forme sur
une plaque de cuivre graduée au centre de laquelle est percé un trou circu-
laire. La lumière de la région projetée sur le trou pénètre dans le spectro-
scope: en déplaçant l’image solaire, on peut prélever la lumière de la partie
du Soleil sur laquelle on veut opérer. Un régulateur à main, placé contre
la plaque de cuivre, permet de substituer au faisceau solaire celui de l'arc
électrique.
Les régions de la surface solaire étudiées ont été : la région centrale,
désignée par la lettre C, deux régions dont les centres, situés sur le méri-
Ba central, sont à une distance du centre de l’image égale à 0,722 du
rayon; dés sont désignées par les lettres N et S, enfin deux régions
appelées O et E semblablement situées sur l’ équateur.
Les opérations principales ont toutes été photographiques; au milieu de
chaque pose l’épaisseur de l’étalon était repérés à à l’aide de la lumière de
larc au mercure dont les anneaux étaient mesurés avec une lunette micro-
métrique, ainsi que je lai indiqué antérieurement. Les diamètres des
anneaux photographiques ont été déterminés avec une lunette à oculaire
micrométrique ; M. Jelstrup a bien voulu m'aider dans ces opérations.
Les corrections dues au mouvement de la Terre relativement au Soleil
ont été faites par les formules usuelles.
Voici le détail des résultats obtenus :
Comparaison Soleil — Arc,
s NES Ore a z,
Dates, Gi BEET N. ; 2 C— i C—S.
O Wa 0: r r +1,29 r AA
a DE ! +2,00 " ! +0,96
AR D Vies vire i 4 # ; +1,12
Re a +2,00 +2,01 v +2,14 —0, 7
RS a v ” " 44-2431 n
"a S ness t90 +2,01 r r —o, 42
28 M eat G n +2,98 # i 4
D eoan +2,89 +2,71 n t r +0,36 5
RS DR +1,72 +1,68 " ” Fe +0,04
3 juin ET pat +2,76 r + +0,11
e de + n +2,54 " : i ==0,09
232 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Comparaison Soleil — Arc.
NES OHE Comparaison
Dates. 2 N. 2 G —N ou C—S.
G Pame A " +9,02 +2,64 m +0,22
RD m +1,76 M n 4
HOT AE te 1 n 7 ñ —0,54 5
TAAS E +1,88 1 7 i +o,52
5 Et MN ee +1,73 " m "n +0,12
DAE M se Bo res 1" i 1 4 20:20
AR DESTA m +2,21 2 ” ”
sa ee a +2,13 +2,14 " 1 —0,01
2 N'est " Fe , 88 m mr
gO: Mau. n +2,70 ” ” "
HN aa E aa e " +2,80 4-2 ,00 1r n
I a EN OR u +2,27 +3,20. " +0,24
2G P eigena " "+ 1307 fr m +1,00
. Moyennes.
Différence Soleil—Are ........ Es ob ES FRS 2,22
Différence C= Nou CS... ad en. ass 0,28
Les erreurs moyennes sont 0,10 pour la première série, o,11 pour la
seconde.
En résumé, la longueur solaire est plus grande que la longueur d’onde
terrestre, leur différence est en valeur relative (2,22 +o,10).107* ou
0,009 À en valeur absolue.
Si l’on tient compte du mouvement de descente des centres absorbants,
cette différence est ramenée à (1,6+0,3).10 * en valeur relative et
0,007 À en valeur absolue.
Le nombre d'Einstein est compris entre le nombre brut et le nombre
corrigé.
ASTRONOMIE. — Découverte et observations de la comète 1920 b (Schaumasse).
Note de M. A. Scuauwasse, présentée par M. B. Baillaud.
Cette comète fut découverte, dans la nuit du 18 juillet, avec l'équatorial
coudé de o™, 40 d'ouverture de l'Observatoire de Nice. Voici les premières
observations obtenues :
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 233
Nombre
Dates. Temps moyen de Log. fact. Déclinaison Log. fact.
1920. de Nice. AR. AD. comp. R Te parall. apparente, paral. %,
à ES. R DS 7 " = E E E E
Juill. 18.... 14. 6. 4 —2.99,81 L400 15:10 47.352,89 gobha —1.13.40,3 0,789 1
E I0i su 1490-37 =2,00,47. 221,98,4, 15110 145.56 48 9018 —1,13.47,7 0,901 1
# 19:..- 13.02. 9. —1.40,35 -22.10,8 19:10. -1:90:10,43 0,077» “-1.19.19,0 0709 2
D 20.... 13.09.56 —2.19,85 +6.33,6 15:10 1.52.46,72 9,578: —1.:16.55,4 0,789 3
Positions des étoiles de comparaison.
Réduction Réduction
XR moyenne au Déclin. moyenne au
*. Gr. 1920,0. jour. 1920,0. RE a cd Autorités.
h ns s o 1 1 n" D
As pie à 9,3 1,90:20,302 12,32 —1.12. 9,1 +14,8 Alg. ph. * 8 CL. 5-2°
E E 9,9 1.51.57,40 +9,37 =1.13.17,1 “+14,9 Alg.ph. # 21CI. 5-29
| ANA 4 F.. 4 ig. 4438 —1.23.44,0 ` +15,0 Alg. ph. * fond.
Remarques. — La comète de grandeur 11-11,5, est une nébulosité
diffuse, de 2’, 5 d'étendue, présentant, dans une région passant un peu avant
et audéssous du centre géométrique, une condensation qui ressort peu et
se pointe difficilement.
Des calculs rapides ont montré que cette comète était probablement la
seconde comète périodique de Tempel. Une éphéméride de cette dernière
avait été publiée dans la circulaire n° 4, du Bureau international des Télé-
grammes astronomiques, mais en s'écartant même beaucoup des positions
données, on l’avait vainement cherchée, notamment les 15 et 20 juin et le 3
14 mille:
ASTRONOMIE. — Identité probable de la comété 1920 b (Schaumasse)
avec la comète périodique Tempel,. Note de M. G. Faver, présentée
par M. B. Baillaud.
Au début de juin, un égraiiie transmis par l'Observatoire Ptit
(États- -Unis) faisait connaître que la comète périodique Tempel, avait étė
retrouvée le 25 mai, par M. Kudara, à Kyoto (Japon). L'objet, visible |
dans un petit télescope, se trouvait alors à la position RE ooo
R = 20h56m; décl. —-— 4°53".
La situation de l'astre était très différente de celle assignée par les cal- —
culs de prédiction : il fallait, pour expliquer cet écart, admettre une erreur — —
234 ‘ ACADÉMIE DES SCIENCES.
de 25 jours dans la date prévue pour le passage au périhélie et encore, en
acceptant cette correction vraiment anormale, ne parvenait-on à représenter
l'observation de M. Kudara que d'ane façon très imparfaite (229$ en A
et 18’ en décl.).
En outre, fait surprenant puisqu'il s'agissait d’un objet accessible aux
petits instruments, aucune autre observation n’est parvenue à notre con-
naissance depuis le télégramme d'Harvard.
Dans la nuit du 18 juillet, M. Schaumasse a trouvé, à l’aide de notre
équatorial coudé (de o™, 4o d'ouverture), une comète de onzième grandeur
et que l’on crut nouvelle puisqu'elle se trouvait à 40° de la position de la
comète Tempel calculée en partant de l'observation Kudara.
Malgré cela, il ma paru intéressant de rechercher s’il n'y avait pas
quelque erreur dans ce qui précédait, et j'ai essayé une identification entre
l’objet découvert par M. Schaumasse et la comète Tempel; en partant des
éléments publiés par M. Maubant (A. N., 183, p. 289) pour cette comète
périodique, il ma été possible, en admettant une avance de C,44 dans
l’époque du passage au périhélie du présent retour (ce qui revient à augmenter
le moyen mouvement de 1”,16) de représenter presque exactement, soit
à moins de 2’, l'observation faite à Nice le 18 juillet; en outre, les mouve-
ments géocentriques calculés et observés sont identiques. Il me semble
donc à peu près certain que la comète retrouvée par M. Schaumasse n'est
autre chose que la comète périodique en question.
Reste à expliquer l’observation faite à Kyoto :
Or, en admettant que l’objet trouvé à Nice est la comète Tempel, (c’est-
à-dire en acceptant, pour les éléments Maubant, la correction indiquée
précédemment), on trouve, qu’à la date du 25 mai, cette comète périodique
devait se trouver au voisinage de la position
A = 92h57; décl, = — 4°53”.
Ce sont précisément les nombres télégraphiés par l'Observatoire d'Har-
vard, avec une différence de deux heures dans l'ascension droite. Ainsi tout
serait expliqué par une erreur d’un chiffre dans la transmission.
Il n’en subsiste pas moins En Pr la découverte de mon collaborateur,
cette comète intéressante n'aurait pu être suivie pendant l'apparition
de 1920.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 235
ASTRONOMIE. — Observations de la comète périodique Tempel II (Schau-
masse) 1920 4, faites à l’équatorial coudé de l'Observatoire de Besançon.
Note de M. P. Cuorarper, présentée par M. B. Baillaud.
Nombre
Dates. Temps moyen de Ascension droite Log. fact. Dist. polaire . Log. fact.
1920. de Besançon. AR. ARE. compar. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe, %.
è h m s W.:3 r m h m s o t n
Juil, dö.. 13.46.50 220,02 = 6.359,38 05/05" 1.07.40;9D 99088: 01.16.09 4 0,819» 4
» 20., 14.25.14 —3.17,14 — 6.30,8 9: 6 1.52.40,43 6o09; Yl., 0,4 0,816, à
V2, 14. 0:20 —2,19,10 + 24057 K "6 "1209011509 0.530: : g1:18.04;1 08193 P
Positions moyennes des étoiles de comparaison.
Réduction Réduction
*. Gr. X 1920,0. au jour. O 1920,0. au jour. Autorités.
h m s s 0 r n ”
| RTE TE 8,4 1.59. 4,19 +2,38 91.23.46,2 —15,0 A.G. Nicolajew 393.
D (us, 8,5 RENE +2,40 91.16.19,4 —15,0 A.G, Nicolajew 4or .
Remarques, — La comète, estimée de 11° grandeur, a une condensation assez mal
définie située au SW de la chevelure, laquelle semble s'allonger à l'opposé
sur 1” à 1'.5 d'étendue.
THERMODYNAMIQUE. — Les isothermes au voisinage de létat critique.
La détente adiabatique des fluides saturés. Note de M. C. Raveav.
I. Reprenons les considérations de continuité si heureusement intro-
duites par M. G. Bruhat (') dans l’étude des environs de l'état critique.
Nous remarquerons d’abord ar la continuité de 2r, entraine, d’une Fi a
l'égalité de ce quotient et du relatif è à la tension de vapeur, d'autre s
la condition 2- = 0. Les variations de p, v, T à partir de l’état critique
dbéissent alors à E
Ap
aa TT. + Ado + 34) + | | a
La forme de l’isotherme ougat donne les conditions. æ <o, R> ooo
- C) G. Brunat, Les propriétés des fluides au voisinage du point S et les o
équations car actéristiques (Comptes rendut; t. 170, 1020, P- Lies nee si
nn
236 ACADÉMIE DES SCIENCES.
inclinaison de la tangente d'inflexion des isothermes, y < o; la position
du point d’inflexion, à > o.
PREMIÈRE APPROXIMATION. — Négligeons B et à. L’isotherme théorique
admet un point d'inflexion I d’abscisse de — o. La condition de Maxwell,
ou même ici la simple raison de symétrie, fait passer par ce point I la partie
rectiligne LV de l’isotherme expérimentale, qui s’y trouve divisée en deux
parties égales. La demi-longueur y de LV est, conformément à la première
équation (5) (p. 1174) de M. Bruhat,
(1) an + yÔT = o,
SECONDE APPROXIMATION. — L'introduction des termes 8 dv" et à dT dy? fait
varier l ordonnée du segment rectiligne LV et l’abscisse de son milieu.
Le terme à dT dy? entraîne un déplacement du point d'inflexion :
1° L’abscisse devient — at ou 5 TLE
2° L’ordonnée croît de — z: di oi
Le terme 8 de‘ impose au segment LV, par rapport au point d'inflexion,
trois déplacements:
3° La courbe est déformée de part et d’autre du point d'inflexion; les
Le i>e
4° Les aires limitées par la courbe et la transversale LIV s’accroissent de
points Let V subissent une variation d’abscisse r
la quantité É gs3 la condition de Maxwell exige que cette droite soit relevée
2 B 7° ;
de gion £L dI? > 0;
5° Ce relèvement entraine pour L et V une nouvelle variation d’abscisse
L ` I y
égale à (- ) (— E = EES.
2an
La somme des termes 1°, 3°, 5° nous fournit immédiatement la seconde -
équation (5) de M. Bruhat, avec sa signification géométrique.
Des termes 2° et 4? résulte la condition nouvelle
dp op P Pr
(HE Re ms) = ose Tr
C'est bien à cette forme simple que se réduirait, tous calculs effectués,
la relation (5) de M. Bruhat.
IT. Passons à la détente adiabatique. A partir d’un état quelconque par-
rot stable, on peut imaginer deux formes de détente adiabatiqué
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 237
réversible, qui respectent l’homogénéité de la température et de la pression.
Dans la détente métastable, tout changement d'état est suspendu, le titre æ
est invariable; dans la détente stable, ce changement peut se produire
librement.
Soient cotz’,cotf'les valeurs de % relatives à ces deux modes de détente.
Considérons deux états parfaitement stables A (p,T, x), B(p+dp,T+4T,x).
Passons de A à B par deux circuits réversibles composés chacun d’un seg-
ment d’isotherme et d’un segment d’adiabatique, le premier circuit ACB
étant stable, le second ADB métastable. Le cycle fermé réversible ACBDA
n'échange de chaleur avec l'extérieur qu'à la température T. Son aire est
nulle. Ainsi se trouve étendue à un cas général, avec une démonstration
plus simple, ce que j'ai appelé la réfraction des adiabatiques (*).
Appelons P le point d’intersection, purement géométrique, de BD et AC.
Les deux aires BCP, APD sont égales (°). La seconde est la moitié de l’aire
d'un cycle de Carnot de diagonale AP. Soient dQ la chaleur absorbée
de A à B, c’est-à-dire de A à D, dT’ la variation de température entre D
et P; l'égalité des aires s'écrit |
0 TE \_ J4QaT
Ip?(cot5"— cot g) = Poris TREX
Mais dQ est aussi la chaleur absorbée dans la transformation métastable
AP à pression constante. Posons dQ — T dT’, nous obtiendrons une formule
générale qui renferme l’équation (6) (p. 162) démontrée par M. Bruhat (°)
dans une Note récente.
Voici encore un autre moyen d'obtenir cette formule. Appelons u, — pa
la différence des potentiels (de Gibbs) des deux fluides, différence qui
reste toujours nulle dans une transformation stable. L’analogie avec l'ex-
Pression classique de C—c fournit immédiatement une expression de
cot’ — cota’ dont un calcul simple donne la valeur
(oem) ir RE (ER cer :
op NOP Jam a AN ddp) NAE FSi S a
(C) C. Raveav, Sur les propriétés calorimétriques d’un système de liquide et de z
vapeur (Journal de Physique, 3° série, t. 1, 1892, p. 461).
2
z ï A AE * . . . * . .. p - D e on
(*) Le signe de l’une de ces aires se déduit a priori de la considération de deux
Cycles triangulaires accouplés dont les éléments sont décrits en sens inverse [voir ma
Note Stabilité et déplacement de l'équilibre (Comptes rendus, t. 148, 1909, p. 767)]-
3 > è r v $ m Ab, A: F i jii E ka ` Fr
-(*) G. Brumar, Remarques sur la détente des vapeurs saturées ( Comptes rendus, de
t, 171, 1920, p. 162).
238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Au point critique, la relation (2) conduit au résultat sans qu’on ait à lever
d'indétermination. D'ailleurs en ce point les choses se passent simplement,
parce que, dans l'expression € dT + lde, c seul est discontinu et que l’on
peut poser immédiatement
We Je JC:
cot5 = ———— —— > CO
2 e VÉDN ES
+ 2e T "7
dI dT
c, étant la capacité calorique à volume constant à l’intérieur de la courbe de
saturation. |
J'ai fait connaitre (') la valeur de la différence c — c, en fonction de SU
il suffit alors de remplacer ce quotient par la valeur qu’en donne la
relation (1) pour retrouver l'équation (8) (loc. cita p. 163) de M. Brubat.
PHYSIQUE. — Sur le récepteur téléphonique auto-détecteur pointe-cristal ou
pointe-métal. Note de M. R. Doser, présentée par M. J. Violle.
i. Une tension électrique, appliquée aux bornes d’un contact pointe-
cristal ou pointe-métal, produit un courant qui a pour effet d’engendrer,
entre la pointe et le cristal ou le métal, une réaction élastique. Celle-ci
provoque, à son tour, la déformation du système des corps en contact.
Un changement déterminé de la tension électrique entraine une modifi-
cation correspondante de la réaction élastique et de la déformation.
Ces deux effets sont solidaires du courant dont ils suivent fidèlement et
sans retard les variations; leur importance dépend de la nature des corps
en contact et de l'intensité du courant. Suivant les circonstances, ils
peuvent présenter des écarts notables, se manifester avec force ou être
inappréciables.
IH. En 1913 j'observais, comme ont dù sans doute le faire beaucoup
d’autres, que le détecteur à galène, placé dans des conditions convenables,
rendait un son sous l’ ho Fa émissions radiotélégraphiques du poste
de la Tour Eiffel.
Je me suis proposé d'étudier ce phénomène et d’en amplifier les effets.
M. Brazier voulut bien m'aider dans ce travail. Nous avons procède à de
nombreuses expériences, dont les résultats ont été présentés à l’Académie
le 13 octobre 1913.
á
0) Comptes rendus, t. 142, 1906, p. 1305 (dans une Note de M. Amagat).
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 239
Nous avons réalisé, sur ce principe, un détecteur chantant, haut parleur,
composé d’une capsule de phonographe Pathé avec pavillon, dont la
plaque vibrante porte une pointe s'appuyant sur le métal oxydé ou sur la
galène, puis une sorte de téléphone, d'un maniement beaucoup plus
commode.
Ces instruments, qui jouissent des propriétés du téléphone ordinaire à
_ électro-aimant et sont auto-détecteurs, nous servent, depuis 1913, à recevoir
les signaux radiotélégraphiques.
Sur mon conseil, M. Brazier poursuivit cette étude, que la guerre le
forea à interrompre, non sans avoir reconnu, en août 1914, que, lorsque
l’on fait passer, à travers un contact, une pointe d’acier-galène sensible, un
courant d'intensité croissante à partir de o, la différence de potentiel entre
la pointe et la galène décroit d’abord progressivement, puis cesse brusque-
ment de décroître, après avoir atteint une valeur légèrement supérieure à
1 volt, et se maintient constante dans des limites assez larges de variation
de l'intensité. |
II. Récemment M. Fallou (') a apporté une contribution intéressante
sur ce sujet. D'autre part, M'e Collet (°) a annoncé que, dans un circuit
parcouru par des ondes entretenues de haute fréquence, un microphone à
charbon fait rendre au haut parleur pointe-galène un son renforcé et que la
parole ou le chant sont reproduits avec une parfaite netteté.
Ce résultat remarquable me parait se rattacher nettement au fait que le
téléphone pointe-galène ou pointe-métal est auto-détecteur, et, par suite,
capable de fonctionner dans les mêmes conditions que le téléphone à électro-
aimant associé à un détecteur.
J'ai constaté, dans le circuit pärcouru par un courant d'ondes entretenues
de haute fréquence, de 30 milliampères environ d'intensité efficace, que la
réception de Ja parole était nette, non seulement avec le téléphone pointe-
galène, mais aussi avec le téléphone pointe-métal. Cette observation
apparaît comme la conséquence directe des faits déjà constatés, le pouvoir
rectifiant du contact pointe-métal étant bien établi puisqu'il permet de
recevoir les signaux radiotélégraphiques sans le concours d’un détecteur
ordinaire. Muse PM
Jai opéré aussi en courant continu. Par le jeu d’un commutateur inver-
seur, il est possible de déterminer à tout instant l'influence de la polarité,
ve 1: Y
P3 Comptes rendus; t. 470, 1920, p: 1308.
\) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1375-
240 ACADÉMIE DES SCIENCES.
aux bornes du contact pointe-galène ou pointe-métal, sur l'intensité du
courant. Cette intensité dépend de la résistance du circuit et de la résistance
du contact; celle-ci varie dans des limites étendues suivant les conditions
du contact, elle peut atteindre et même dépasser une cinquantaine d’ohms,
J'ai constaté que le récepteur téléphonique pointe-galène réproduit fidèlement,
el avec une perfection remarquable, le timbre de la voix. Ici la: détection
n'intervient pas. On augmente le renforcement si l’on fait grandir I intensité
du courant.
Lorsque l’intensité devient trop forte, la netteté s’en ressent, la parole
se voile et des grésillements se produisent. Des manifestations analogues
ont lieu lorsqu'on augmente la force électromotrice. Dans le voisinage de
4 volts, avec un courant de l’ordre de 30 milliampères, on obtient de bons
résultats. Avec une galène sensible, le son est plus renforcé lorsque l’afflux
positif du courant va du cristal à la pointe que lorsqu'il chemine dans le
sens opposé. Cela tient à ce que, dans le premier cas, l'intensité du cou-
rant est notablement plus grande que dans le second. Par exemple, toutes
choses égales d’ailleurs, en renversant la polarité'on obtient, dans un sens,
puis dans l’autre : 30 et 4 milliampères, 65 et 6, puis 30 et 9, etc.
Le récepteur téléphonique pointe-métal substitué au précédent donne,
dans les mêmes conditions, une réception aussi parfaite; toutefois, pour
des intensités égales, le renforcement est moins accentué. On ne produit
pas de différence notable dans le courant ou le renforcement sonore si, au
moyen de l’inverseur, on change la polarité.
Conclusions. — Ces résultats ne contredisent pas les faits observés
récemment par M. Fallou, sur les contacts métalliques, par M'e Collet et
M. Florisson (') sur le contact rectifiant galène-métal. Ils conduisent à
penser qu’un courant variable provom. deux effets distincts au contact
des corps qu'il traverse. Le premier, qu’on pourrait appeler effet de réson--
nance, détermine une action élastique, dont la grandeur est liée à l'énergie
mise en jeu. C’est ce phénomène qui donne à notre recepit les propriétés
du récepteur téléphonique ordinaire. Le second, qu’on pourrait appeler
_effet rectifiant, est caractérisé par un afflux positif de la pointe au métal ou,
dans les cas de grandes énergies, de la pointe à la galène. Cet effet reste
aussi mystérieux que celui observé sur la galène sénsble, soumise à de
faibles énergies; l’afflux positif chemine alors du cristal à la pointe.
ps EEEE a
(1) Comptes rendus, t. 171, 1920, p.106.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 241
PHYSIQUE. — Correspondance des corps à l’état solide. Note (') de M. F&raix
Micuau», présentée par M. Daniel Berthelot.
1. Les surfaces caractéristiques des divers corps, construites en prenant
pour unités spécifiques les constantes critiques, sont superposables; c’est
cela qui constitue la loi des états correspondants. Ce n’est là toutefois,
comme on sait, qu'une loi approchée : les surfaces s’emboitent exactement
dans la région du point critique, mais se séparent lorsqu’on s’en éloigne,
et, dans la région du solide particulièrement, les écarts deviennent
énormes.
On a généralisé la loi des états correspondants en faisant coïncider non
plus les ‘points critiques, mais des points homologues quelconques (°), et -
prenant comme unités spécifiques les coordonnées de ces points. On peut
ainsi, en principe, obtenir une superposition parfaite des surfaces en une
région choisie arbitrairement, quitte à renoncer à la coïncidence exacte des
points critiques. En pratique, on se trouve arrêté par la difficulté de trou-
ver des points homologues susceptibles d’être repérés avec précision. Cette
difficulté n’est pourtant pas insurmontable, et M. Daniel Berthelot a signalé,
dans la région du gaz, trois points pouvant remplacer le point critique
comme centres de correspondance (°). L'objet de cette Note est de montrer
qu'il en existe un autre dans la région du solide, c’est-à-dire là où les écarts
avec la loi ordinaire des états correspondants rendent l'usage d’un tel point
particulièrement utile. |
2. On connaît maintenant, pour un certain nombre de corps, les valeurs
des chaleurs spécifiques aux très basses températures. Pour tous les corps
étudiés, la chaleur spécifique C tend vers zéro quand la température E, se
rapproche du zéro absolu, et il en est de même de la dérivée ee. Le quo-
“4 C * j à + : r i +;
uent + doit donc s’annuler pour T =o, et comme il tend vers zéro pour
To , il passe nécessairement par un maximum. C’est ce maximum mE ee
nous allons utiliser comme centre de correspondance et qui, comme nous
(*) Séance du 19 juillet 1920. :
(°y Curie, Archives des Sciences physiques et néturelles de Genève, i 26, 1891. < o
(*) Daxrez BerraeLor, Comptes rendus, 1. 128, 1899, p. 606; t. 130, 1990, p. 1379 o
Journal de Physique, 4° série, t. 2, 1905, p. 186.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 4) $ s
2o
242 ACADÉMIE DES SCIENCES.
allons le voir, peut jouer, pour l’état solide, un rôle analogue à celui que
joue le point critique pour l’état fluide.
La figure ci-dessous représente les courbes représentatives de re
(A = masse atomique) pour les cinq corps dont les chaleurs spécifiques
aux basses températures sont connues avec le plus de certitude. On voit
que chaque courbe présente bien le maximum prévu. On remarque en
outre que, par une circonstance heureuse, ce maximum est très accusé et
qu'il est facile, par conséquent, de le repérer avec quelque précision.
=- 3. Le Tableau ci-dessous contient, pour les cinq corps étudiés, les tepat
tures absolues T, des points en question. Dans les colonnes suivantes, se
trouvent les produits C.A aux températures Ty, 2T,, 37, 41 Onyon |
qu'ils sont très sensiblement les mêmes pour les cinq corps. Les valeurs nes
des produits C.A aux températures absolues 5o et 273, qui figurent à
côté des précédentes, présentent entre elles des écarts beaucoup plus coni-
dérables.
u. CAT, C.Aatu. C.Asre. CATa CAs C An S Ara S.A3Tu. S-A3u
Aluminium.. HS 30 5a 53 58 o8 35 HD. JE. 1 ;
Argent.: j 8,6 4,99 5,64 95,82 2,95 Go "229 D30 -J99 4 :
Cuivre... .:. , g3- 3,9 504 0,74: 5,97 ha ST 29 5,00 Jir.
Plomb. ...... 26 3,6. 4,964 5,44 5,7 hg 6,26 aa 5,29 74
— Dioc. in 65: 355. A191--8:46 90: 0 Ah RAS D
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 243
Ainsi, la loi de Dulong et Petit n’est exacte qu'à condition de prendre les
corps dans des états correspondants, — dans le nouveau sens que nous don-
nons ici à ce mot, — c’est-à-dire à des températures absolues proportionnelles
aux températures Ty. L’exactitude approchée de la loi de Dulong et Petit
aux températures élevées est due à ce que les chaleurs spécifiques sont alors
presque constantes. Les courbes donnant le produit C.A en fonction de T
coincident dans toute leur longueur si l’on prend pour chaque corps, comme
unité spécifique pour les abscisses, la temperature Ty.
4. D’après le principe de Nernst, l’entropie de tout corps solide est nulle
au Zéro absolu. L'intégrale
TC
est donc égale à lentropie du corps à la température T.
Il résulte alors de ce qui précède que les entropies atomiques, à des tempé-
ratures proportionnelles aux températures Ty, sont égales. C’est bien ce que
l’on a vérifié pour les températures T,, 2T,, 37, Les petits écarts que l’on
constate sont imputables, sans doute, aux difficultés de l'intégration gra-
phique effectuée en partant de données peu nombreuses et peu précises,
surtout aux basses températures.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la glucosane. Note de MM. Amé Prcrer
et Pierre Casrax, présentée par M. Emile Bourquelot.
Gélis a observé en 1860 (*) que, lorsqu'on chauffe le glucose à 170°, il
perd de l’eau et se convertit en une matière brune, amorphe, à peine sucrée,
et qui n’est plus fermentescible. Il admit que cette matière était formée,
Pour la plus grande partie, d’un anhydride du glucose possédant la for-
mule Ct H" Os, auquel il donna le nom de glucosane ; mais il ne réussit pas
à l’isoler à l’état de pureté. j : |
Depuis lors, cet anhydride n’a été l’objet d’aucune nouvelle recherche.
Nous en avons repris l'étude, et nous avons trouvé qu’on peut l'obtenirà
l’état chimiquement pur, et même cristallisé, en modifiant légèrement les | —
Conditions de l'expérience de Gélis. TI suffit pour cela de ne chaufferle
glucose qu’à la température de ı 50%- r59, et d'opérer sous une pression o
zt my y ; |
(£) Comptes rendus, i. 51, 1860, p- Ste o
244 ACADÉMIE DES SCIENCES.
alors très régulièrement et sans qu’il y ait oxydation ni décomposition
profonde; on obtient après refroidissement une masse solide et presque
incolore, que l’on pulvérise et que l’on chauffe quelques instants avec de
l'alcool absolu pour la débarrasser des traces de glucose qui auraient
échappé à la déshydratation. Puis on la dissout dans de l’alcool méthylique
absolu et on laisse la solution s’évaporer dans le vide à la température
ordinaire. I s’y dépose de petites paillettes incolores, fusibles à r08°-109°,
qui constituent la glucosane pure.
L'analyse et la cryoscopie leur assignent la formule Ct H'° O3. Le rende-
ment atteint 92 centièmes de la quantité théorique.
La glucosane attire avec avidité l'humidité de l'air et s’y liquéfie, mais
sans se retransformer en glucose. Elle n’est pas distillable sans décompo-
sition, même dans le vide. Elle est extrêmement soluble dans l’eau, assez
soluble dans l'alcool méthylique et dans l'acide acétique, peu soluble dans
l'alcool éthylique et insoluble dans les autres dissolvants organiques. Elle
est dextrogyre; son See) rotatoire, en solution aqueuse, est un peu plus
élevé que celui du glucose, et égal à + 69°,8 pour une concentration
de 3,84 pour 100. Sa saveur est amère. Sa molécule contient 3 oxhydriles
alcooliques (dérivé tribenzoylé). Elle réduit la liqueur cupro-potassique,
mais ne rougit pas la solution de fuchsine décolorée par l'acide sulfureux.
La propriété la plus remarquable de la glucosane réside dans la facilité
avec laquelle elle forme des produits d’addition avec les composés les plus
divers. Chauffée quelques instants à l’ébullition avec de l’eau, elle se
retransforme en glucose droit. Les acides chlorhydrique et bromhydrique
concentrés la dissolvent avec dégagement de chaleur; par évaporation dans
le vide, on obtient des corps halogénés qui sont très probablement un chlo-
roglucose et un bromoglucose.
La glucosane se dissout plus abondamment dans l'alcool méthylique
saturé de gaz ammoniac, que dans l’alcool méthylique pur. Sa solution
abandonne, par évaporation dans le vide, un corps cristallisé, de nature
basique, mais qui n’est identique ni à la glucosamine, ni à l'isoglucosamine.
Dissoute dans l'alcool méthylique saturé de gaz chlorhydrique, la gluco-
sane se convertit intégralement en méthylglucoside &. Enfin, elle donne à
la température ordinaire avec le bisulfite de soude un produit d’addition en
petites aiguilles incolores. i
Ces réactions distinguent nettement la glucosane de son isomère la lévo-
glucosane. Elles sont, en revanche, en tous points semblables à celles que
donne r oin d'éthylène. Il paraît naturel d'attribuer ce fait à une analogie
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 245
de constitution et de penser que la déshydratation pyrogénée du glucose a
donne lieu à la formation d’une chaîne fermée, contenant deux atomes de
carbone et un d'oxygène. Cette supposition s’est trouvée vérifiée par l’expé-
rience suivante :
Nous avons dissous, d'une part une molécule de glucosane dans de l'alcool
méthylique absolu, d'autre part un atome de sodium dans le même dissol-
vant, et nous avons mélangé les deux solutions. Il se forme un volumineux
précipité blanc, qui ne peut être autre chose que le composé sodique d’un
monométhylglucose. Après une rapide filtration à la trompe, nous avons
dissous ce précipité dans de l'acide sulfurique très étendu, neutralisé l'excès
d'acide par addition de carbonate de soude et évaporé le tout à sec au bain-
marie. En reprenant le résidu par l'alcool méthylique, et faisant a tee
de nouveau dans le vide, nous avons obtenu un sirop incolore, qui n’a
Pas cristallisé jusqu'ici, màis qui ne saurait être qu'un méthylglucose.
r ce corps réduit très facilement la liqueur cupro-potassique, mais il ne
fournit pas d’osazone lorsqu'on le traite, dans les conditions habituelles,
par la phénylhydrazine. Sa constitution ne peut donc être exprimée que
par la formule I, ce qui conduit à la formule Il pour la glucosane (cela
indépendamment de toute considération d'ordre stéréochimique) :
GCH? — O — CH CHOH
| |
BO = CH 0-— Fe — CHOH — CH’ OH.
CH -CHOH
NC 0: cH- = CHOH — CHOR:
Nous poursuivons létude des produits d'adéitios de la glucosane, et
nous espérons en tirer des indications précises sur la nn e des
glucoses « et #6 :
CHIMIE ORGANIQUE. — Hydratation catalytique des nitriles.
Note (') de M. A. Mans, transmise par M. P. Sabatier.
On sait que l'on peut préparer les ada par catalyse d'un mélange « Ta oa
$
acide et de gaz ammoniac, ; au contact d’un catal ira t tel que ao
la thorine ou l’alumine. La même réaction se e produit et avec les o
S D E do
(3 Peige du to juillet, 1920.
x
246 ACADÉMIE DES SCIENCES.
éthers-sels, dans lesquels le groupe CO perd son atome d’oxygène qui forme
de l’eau avec le gaz ammoniac.
Or, si un catalyseur permet d'accélérer la vitesse d’une réaction, il accé-
lère aussi la réaction inverse. On pouvait donc penser que les nitriles
subiraient l’hydratation catalytique au contact de thorine ou d’alumine et
se transformeraient ainsi en acides :
RCN + 2 H20 = R CO’ H + NH.
C’est en effet ce que l'expérience m’a démontré.
1° Bensonttrile. — Lorsqu'on dirige dans un tube contenant de la thorine,
chauffée vers 420°, un mélange de vapeur d’eau et de vapeurs de benzoni-
trile, on constate à la sortie un dégagement abondant de gaz ammoniac. Le
liquide condensé est formé d’une couche aqueuse et d’un produit surna-
geant, constitué en majeure partie par du benzonitrile non transformé. Si
on le sépare de la couche aqueuse, celle-ci, qui est alcaline au tournesol,
abandonne, après saturation par l’acide chlorhydrique, des paillettes
blanches, nacrées, fondant à 121°. Elles sont constituées par de l’acide
benzoïque.
Le nitrile s’est donc hydraté instantanément au contact du catalyseur
suivant la réaction i
C'H’ CN + 2 H1O = CH: CO? NH,
dont une portion s’est dédoublée en libérant du gaz ammoniac.
Le nitrile non transformé peut être hydraté en le dirigeant de nouveau
avec de l’eau sur la thorine, et cela jusqu’à ce qu’il soit changé totalement
en acide benzoïque.
L’alumine réagit comme la thorine ; mais, en raison de sa légèreté, elle
est entraînée en grande partie par la vapeur d’eau.
2° Nitrile métatoluique. — Les vapeurs de métatolunitrile, bouillant à
210°, dirigées en même temps que la vapeur d’eau sur la thorine, chauffée
à 420°, fournissent un dégagement de gaz ammoniac. L'eau recueillie,
saturée par l’acide sulfurique, laisse déposer immédiatement des cristaux
fondant à 109°-110°. C’est l'acide métatoluique. Le liquide surnageant
l’eau, soumis à la rectification, abandonne du tolunitrile non transformé ;
mais le thermomètre monte au-dessus de 210°, et vers 240°, le produit qui
passe à la distillation se prend en cristaux fondant à 110°. C’est de l’acide
métatoluique qui avait été dissous par le nitrile.
3° Nitrile paratoluique. — Dans les mêmes conditions que le précédent,
4
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 247
le paratolunitrile, qui bout à 217°, fournit, par action de la vapeur d’eau
sur la thorine, un liquide aqueux ammoniacal qui, saturé par de l’acide
chlorhydrique, abandonne instantanément un abondant précipité blanc
d'acide paratoluique, fondant à 177°. Le liquide, non miscible avec l’eau,
qui contient un peu de liquide inchangé, additionné d’acide chlorhydrique,
laisse déposer aussi des cristaux d’acide toluique para.
4° Nürile naphtoïque B. — Le nitrile B-naphtoïque est solide et fond
à 65°. Dissous dans un peu d'alcool, et la solution entraînée ensuite avec
de la vapeur d’eau sur la thorine ne fournit qu'un dégagement faible de
gaz ammoniac. Mais la liqueur aqueuse obtenue par condensation, addi-
tionnée d’acide chlorhydrique, fournit des cristaux qui fondent à 140°-
145°. Ils sont constitués par un mélange d’acide naphtoïque, fusible à 160°,
et de naphtonitrile qui, étant resté en émulsion dans l’eau, s’est solidifié.
C'est le mélange de ces deux corps qui n’a pas un point de fusion fixe.
5° Nitrile phénylacétique. — Ce nitrile, entraîné sur la thorine avec de la
vapeur d’eau, produit un dégagement de gaz ammoniac. Le liquide aqueux,
décomposé par HCI, ne donne rien. Mais si on l’agite avec de l’éther,
celui-ci décanté laisse déposer, après évaporation, des lamelles brillantes,
acides, fondant à 96°; c’est l'acide phénylacétique.
Le liquide qui surnage l’eau, rectifié, abandonne d’abord du nitrile non
transformé, et le thermomètre monte jusqu'à 330°. Dans cette dernière
portion, le réactif de Kutscheroff donne une réaction identique à celle de
la dibenzylcétone. Cette dernière a dû se former en petite quantité aux
dépens de l'acide formé par hydratation.
6° Nitrile hydrocinnamique. — Hydraté sur thorine à 420°-440°, il fournit
un liquide aqueux ammoniacal, qui, après saturation par HCI, a été agité
avec de l’éther. La solution éthérée, décantée et évaporée, fournit des
cristaux fondant à 47°. C’est l'acide kydrocinnamique.
7° Nitrile caproique. — À 380°, le nitrile caproïque s’hydrate et fournit | n
L . À à
l'acide Caproïque, donnant nettement un sel avec la potasse.
On voit qu'il est possible de transformer facilement les nitriles en acides ;
correspondants, par hydratation directe par voie sèche, à l’aide de la
vapeur d’eau, à une température d'environ 420°. Dans toutes ces expé-
` - : ie
riences, j'ai employé le mème catalyseur. La rapidité du passage du nitrile
3. m n é ai RE LR Lu Eu wi x 4 se, RS
fait qu'il en reste une certaine quantité non transformée; mais comme Lo
est aisé de le récupérer par condensation, il pourra être, en définitive,
entierement changé en acide. a nn
248 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Découverte d'un niveau fossilifère dans l'argile des
Flandres, à Watten (Nord). Note (') de M. G. Dusois, présentée par
M. Ch. Barrois.
Les couches sableuses ou argilo-sableuses qui constituent la partie supé-
rieure de l'étage Yprésien dans le nord de la France et en Belgique sont
généralement riches en fossiles : le couple Nummulites planulatus-elegans et
les Turritelles y abondent.
Au contraire, les fossiles sont toujours très rares dans l’épaisse masse
d'argile compacte qui, dans les Flandres, représente tout l’étage Yprésien,
sans qu'il soit possible, le plus souvent, d’y distinguer les zones reconnues
par Gosselet au nord et à l’est de Lille. En France, l'argile des Flandres
pure, compacte, n’a fourni jusqu’à présent des fossiles qu’à Bailleul, à
Hazebrouck et à Marck (près de Calais).
M. Flahault (2?) a observé autour de Bailleul des affleurements de glaise dans
laquelle il a recueilli, outre d’autres fossiles, des Turritelles, un Pecten « corné, lisse et
très fragile »; il n’y a pas trouvé une seule Nummulite.
Un forage a traversé à Hazebrouck (°) un banc d'argile bleuâtre compacte riche en
fossiles parmi lesquels ón peut remarquer Nummulites planulata, des Turritelles et
« Pecten corneus, Sow. » (M. Cayeux attribue cette couche au Panisélien). Plus bas. le
forage a traversé des bancs contenant tantôt des Nummulites, tantôt d’autres fossiles
parmi lesquels des Turritelles, des Lamellibranches, des Foraminifères.
À Marck, un forage a traversé un lit fossilifère constitué par une argile plastique
gris verdâtre parcourue de Veinules de sable fin. Le sable contenait des Turritelles et
des Nummulites, tandis que dans l’argile M. Leriche a reconnu Pholadomya marga-
ritacea Sow., de l'argile de Londres (+). | |
J'ai a ae récemment un LRO fossilifère dans l'argile des Flandres
à Watten dans ilière ouverte sur le flanc occidental du mont etalimen-
tant une tuilerie voisine Il est épais de o",50 environ et ne se distingue
par aucun caractère lithologique du reste de la masse argileuse ; c'est une
belle argile grise compacte dépourvue d'éléments sableux. Le banc est à 4”
environ au-dessus du sol de la carrière, situé lui-même à 6" environ RÉ
dessus des rives de l’Aa, lesquelles sont à l'altitude 6". La couche fossili-
aa E
(1) Séance du 12 juillet 1920.
(2) FLamauzr, Ann. Soc. Géol. N., t.42, 1913, p. 24-25.
(3) Cayzox, Ann. Soc. Géol, N.,1. 17, 1890, p. 272-283.
(+) Lericue, Ann. Soc. Géol. N., t. 3h, 1905, p: 32.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 249
fère est donc à l'altitude 16% environ. Les couches sableuses qui couronnent
l'argile yprésienne au sommet du mont de Watten débutent à l’altitude de
6o™ environ. Le niveau fossilifère étudié est donc éloigné de 40-45" du
contact des couches sableuses et de la masse argileuse.
J'y ai reconnu les espèces suivantes :
Pecten corneolus Wood. — Cette espèce est de beaucoup la plus abon-
dante; elle est fréquente dans l'argile de Londres, et connue dans les
sables de Cuise, dans les sables de Mons-en-Pévèle, dans l'argile d'Ypres
de certaines localités belges. Elle a été signalée à Bailleul et à Hazebrouck
(sous le nom de P. corneus).
Avicula papyracea J. Sow. — Variété différant de la forme typique,
commune dans l'argile de Londres, par sa taille exiguë. Très commune à
Watten, elle forme des lits dans Est elle se présente écrasée et souvent
Mons
Syndosmya splendens J. Sow. — Connue dans l'argile de Londres.
Syndosmya suessoniensis Deshayes. — Connue dans les sables de Cuise.
Cythera sp.
Thracia (nov. sp.?).
Leda sp.
Turritella Sp. — Un fragment indéterminable.
Cristellaria cultrata Montfort. — Ce petit Foraminifère rare à Watten a
été signalé dans l'argile des Flandres du forage d'Ostende (') (sous le nom
de C. calcar L., forme voisine, ou identique à ©. Peia: /
Il faut y ajouter une petite dent de Squale, vraisemblabl tde Lamna
Vincenti Woodward, et des débris d’écailles de Téléostéen que jen'aipu
conserver et qu'il y a lieu de rapporter à Halecopsis insignis Delvaux et
Ortlieb.
Malgré de longues recherches, je n'ai pu découvrir aucune Nummulite. ie
Cette faune diffère de celle des zones fossilifères de Bailleul par sa pau à
vreté en Turritelles. Elle diffère également de la faune de l'argile do
Roubaix et des sables de Mons-en Pévèle par sa pauvreté en Turritelleset
#
son manque absolu de Nummulites. Cette absence de Nummulites pnr a
ea a
a ) Dewaique, Bull. Ac. Roy. él. 2° verra, ho A5, ue 4, 1863, P 27-28.
F ou ie
250 ACADÉMIE DES SCIENCES.
T
comme à Bailleul et comme à Marck dans les lits à Pholadomya margari-
tacea, liée au facies argileux dominant du sédiment.
La faune de l'argile de Watten est d’ailleurs constituée comme à Marck,
par des espèces de l'argile de Londres et des espèces des sables de Cuise.
Elle confirme encore une fois l'identité stratigraphique de l'argile de
Londres, des sables des Cuise et de l'argile des Flandres.
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur quelques végétaux silicifiés des environs de
Sainte-Marie-aux-Mines (Alsace). Note (*) de M. ArrreD CARPENTIER,
présentée par M. Gaston Bonnier.
La localité du Val d'Ajol ( Vosges) est depuis longtemps célèbre pour
les végétaux à structure conservée qu’on y a recueillis. Dès 1885, Bernard
Renault a reconnu parmi ces fossiles d'âge permien : Calamodendron, Cala-
miles gigas, Sphenophyllum angustifolium, Psaronius, Callipteris conferta,
Medullosa stellata et Cordaites (?). Plusieurs localités de la vallée de Villé
(Bas-Rhin) et des environs de Sainte-Marie-aux-Mines ont également
fourni des fragments de plantes silicifiées de même âge(*). Vers 1880,
l’abbé N. Boulay a découvert près de Sainte-Marie, au lieu dit Blumenthal,
quelques silex dont certains présentent un grand intérêt scientifique.
D’après lexamen de nombreuses lames minces, nous signalerons dans ces
silex :
1. Des racines de Psaronius à étoile ligneuse comptant cinq faisceaux;
une stèle et des sporanges annelés (genre Pteridotheca) de Fihcinées, en
parfait état de conservation.
2. Un pétiole de Medullosa, ne mesurant que 8"" de diamètre, à faisceaux
scléreux hypodermiques semblables à ceux du Wyeloxylon Landrioti Renault,
à nombreux canaux gommeux et faisceaux ligneux à bois centripète bien
développé. ;
(*) Séance du 19 juillet 1920.
#
(2) B. Rexaucr in Cu. VéLain, Le Permien de la région des Vosges (Bull. Soc. g éol.
de France, 3° série, t. 13, 1885, p. 538-539).
(3) A. Mouceor, Note sur les végétaux fossiles du Grès Rouge (Congrès scienti- :
fique de France, XVII? session tenue à Nancy, sept. 1850, t. 1, 1851, p. 240); Essat
d'une flore du Nouveau Grès Rouge (Ann. Soc. d'Emulation du departement des
< Vosges, 1.7, 1851, p. 187).
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 251
A côté de ce pétiole, dans la même coupe, des feuilles larges de 3"® à 5mm,
à bords recourbés, à cellules de l’assise palissadique de taille relativement
élevée; l’épiderme inférieur de ces feuilles porte de longs poils pluricellu-
laires et montre sur certaines coupes tangentielles, des stomates épars entre
les nervules plusieurs fois dichotomes. Les cellules stomatiques réniformes
sont recouvertes par six cellules de bordure, constitution qui rappelle assez
bien celle des stomates chez certaines Cycadées ( Macrozamia Denisonii, par
exemple) ('). Des grains de pollen, dont il va être question, sont logés
dans des dépressions du limbe, comprises entre les ultimes divisions des
nervures. La structure de ces feuilles ressemble à celle des feuilles que
B. Renault a rapportées au genre A/ethopteris, dont les pétioles sont du type
Myeloxylon (2).
3. Des feuilles de Cordaitales, à hypoderme très scléreux, à faisceaux
diploxylés; dans leur voisinage, des radicelles, dont le diamètre ne dépasse
guère pmm, possèdent généralement deux faisceaux ligneux, un endoderme
net, à épaississements latéraux semblables à ceux des racines de Taxus, une
écorce à parenchyme non différencié, une assise de cellules périphérique à
membrane externe épaissie, subérifiée ; somme toute, une structure
d’Amyelon (A. radicans Williamson) (*). D’autres racines plus âgées
montrent, entourant le bois primaire, des séries radiaires de bois secondaire.
4. Des organes foliaires minuscules (largeur = 1°"), à bords révolutés,
dont l’assise palissadique est très développée et occupe presque toute l’épais-
seur du limbe. Deux petites feuilles offrent des grains de pollen dans des
sacs qui sont disposés symétriquement de part et d’autre de la nervure
médiane et qui sont protégés par le bord recourbé du limbe; la plupart de
ces feuilles, vraisemblablement fertiles (étamines), ont perdu leur pollen.
Les grains de pollen ressemblent à ceux des Cordaites, ont leur forme
ovoïde, une exine très fine et délicatement réticulée ; une masse cellulaire
Centrale est nettement délimitée par l’intine ; de chaque côté de cette masse
médiane, l’exine nous a paru, dans beaucoup de grains, constituer deux
(°) Cu. Hamsnaw Tomas and NeLLIE Bancrorr, On the cuticies of some recent and. ee
fossil Cycadean fronds (The Transactions of the Linnean Society of London, oo
2° Ais Bot., 1.8, 1913, p. 169, fig. 15). ; oo o > l
> . B. Reaucr, Cours de Botanique fossile, 3° année, t. 3, 1883, P. 159, pl. 7 ~ o
C) Cf. T. G. B. Ossonx, The lateral roots of Amyelon radicans Will., and their —
Mycorhiza (Annals of Botany, 1. 33, 1909, p. 604-611 ; pl. XLVI, XLVIB. ee.
252 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ballonnets ou ailes, comme on en remarque chez certaines Abrétacées
(g. Pinus, g. Abies) ou quelques Podocarpées (g. Podocarpus). L'espace central
délimité sr l'intine semble parfois cloisonné et subdivisé en plusieurs cel-
lules. Ces grains de pollen, dont le grand axe mesure au maximum 6o” et
le petit axe 40”, sont plus petits que les grains des PRE tels qu'ils nous
sont connus par les Ouvrages de B. Renault et de M. A. C. Seward ('). Il
convient de signaler la ressemblance de certains grains, vus de face, avec
d’autres que contient la chambre pollinique du Stephanospermum akenioides
Brongt(?). Rappelons aussi que M. Seward a découvert des grains de pollen
à deux ailes dans une tige fossile, provenant de la Terre Victoria du Sud,
et qu’il a nommée Antarcticoæylon Priestleyi, soulignant les affinités de cette
tige avec les Araucarinées actuelles et certaines Cordartales paléozoïques (°).
La partie supérieure de la série du gres de Beacon, qui a fourni ces fossiles
etdont l’âge estcontesté (fin du paláozótque ou mésozoïque inférieur?),peut
très bien appartenir au Permien.
í
BIOLOGIE VÉGÉTALE. — Hérédité et nature de la pélorie de Digitalis
purpurea L. Note de M. L. Brarıscnem, présentée par M. L. Guignard.
G. Vrolik a décrit (1842) une curieuse anomalie héréditaire de la Digitale
cultivée (D. purpurea, var.); répandue dans les jardins botaniques et les
cultures, elle s’est maintenue par le semis comme le prouvent de nombreuses
observations concordantes (*). L'espèce Digitalis purpurea est dichogame
protérandre, adaptée à la fécondation croisée par les insectes et presque
autostérile [Darwin (1877), Ludwig (1885)]; aussi est-il fort difficile de
s'assurer que la monstruosité, moins féconde pue le type, est complète-
ment héréditaire.
J'étudie, depuis 1908, l’hérédité de cette anomalie; elle consiste dans la
Re
(1) B. Revauzr, Cours de Botanique fossile, 1. 1, 1881, p. 96, 97 ; pl- XIV, fig. 6.
— À. C. SewarD, Fossil plants, t. 3, 1917, p. 269, 270; fig. ga. de
(2 Cf: H: Scorr, Studies in fossil Botany, 2° èd., 1909, p- 458, 459 ; fig. 173
el is
3) A. C. Sewar», Antarctic fossil plants; British Museum (Natural History):
British Antarctic «Terra Nova» expedition, 1910, Natural history report. Geology,
t.1, 1914, p. 17-24; pl. IV-VHI).
(*) Schlechtendal (1851), Gaspary (1860), Suringar (1865), Braun (1873), etc.
Hoffmann es l’a cultivée durant trois générations; Cf. O. Pesze, P/lanzente-
se ratologie, t: 2, p: 209.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 253
production de fleurs régulières, dressées, campanuliformes, à extrémité
des axes et des rameaux, fleurs qui s’épanouissent d’abord, alors que toutes
les fleurs latérales se comportent comme celles de la Digitale ordinaire,
pendantes, à floraison échelonnée de bas en haut. En 1910, j'ai croisé une
plante à pélorie axiale (corolle blanche à 16 lobes, 16 étamines et 6 car-
pelles), aussi régulière que possible et récessive probable quant à la couleur
des fleurs, avec un Digitalis purpurea L. à fleurs pourpres, prélevé dans
une colonie sauvage et homogène des coteaux qui dominent la Mayenne à
Juigné (Maine-et-Loire). Les fécondations croisées et réciproques furent
réalisées au Laboratoire de Physique végétale de Meudon, où l’expérience
est poursuivie en évitant l'introduction d’autres Digitales pourpres.
La première génération (1912-F,) renfermait 122 individus, sans pélorie
ni fascie, tous à fleurs rouges, de tons variables toutefois. La pélorie réap-
parut à la deuxième génération (1914-F,) avec 124 plantes normales pour
25 péloriées, soit 17 pour 100; les fleurs offraient une grande variété de
coloris allant du pourpre au blanc pur. Les fleurs péloriées sont stériles;
Jisolai dix inflorescences à pélorie terminale avec 10-12 fleurs latérales
fertiles, mais je n’obtins aucune graine. Pour continuer l'expérience, en
1918 (F,), j'utilisai les graines provenant de fruits fécondés par les
insectes; la troisième génération fleurit en-1919 et 1920, permettant d’ana-
lyser le caractère complexe de l’anomalie :
1° Couleur des fleurs (F,). — Trois plantes : W,, normale à fleurs rougés;
P3, péloriée rose; P}, péloriée blanche, ont donné respectivement les individus à
fleurs : 7
Rouges. Roses. Blanches. Total.
aS E NERO ET pas Re 97 7 76
Pe trose Ji. ire 6 67 14 87
Py (blang) aa Aeae: 11 26 17 54
- Les variations graduées des teintes des fleurs montrent que la pélorie blanche était
hétérozygote et il ne faut pas s'attendre à la vérification numérique des lois de
Mendel ; de plus, les tons pâles, roses et blancs sont plus fréquents dans la descendance
des plantes péloriées : les pélories franchement rouge
indices d’une liaison entre la couleur pâle et la pélorie.
s sont très rares (2 pour 20), —
2° Pélories et fascies. — Les pélories sont peu nombreuses mais existent dans À e
chaque descendance qui renferme, de plus, un grand nombre d'individus à tiges
fasciées ou tordues, anomalies que ne présentaient pas les ascendants. Pour les mettre ï
en relief, j'ai mesuré la compacité (!) (écartement moyen des 20 fruits inférieurs) des
grappes principales :
(C) Selon le procédé exposé dans L. BLaniNGuem, Mutation et traumatismes, 1907,
254 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Normales.
F; = ~ Fasciées. Péloriées.
CON PACE: ei. 4-5 6-7 8-10 11-25 co
SE SN PA D PE 33 17 9 12 5
e E a seen ss 28 21 10 19 9
se vrat Penser Let 17 13 11 7 6
La fréquence relative des grappes lâches, compactes, fasciées et enfin péloriées est
régulièrement graduée dans les trois descendances. Il n’y a pas de doute que la compa-
cité élevée et la fascie ne traduisent l’hérédité atténuée de la pélorie terminale des
axes.
3° Fleurs annexes stériles. — Les corolles c Cin panulilornies dressées ont de 8 à
20 lobes ; les étamines sont moins nombreuses (4 à 18) et les carpelles encore moins
(3 à 7); par contre, les bractées vertes et les sépales sont en nombre double, parfois
triple, de celui des lobes corollaires et portent à leur aisselle des languettes pétaloïdes,
étalées ou roulées en cornets, ou même soudées par leurs bords aux bractées. Toutes
ces pièces annexes sont stériles ; par contre, les fleurs soudées, dispersées çà et là sur
les axes fasciés ou tordus, sont fertiles. Enfin, je signale 4 plantes (3 issues de P»,
1 de P,) non péloriées ni fasciées, à fleurs roses, courtes, dressées et portées sur
des pédoncules quatre à six fois plus longs que les sépales, à étamines toutes vides et
à ovaires presque stériles (19 sur 20) malgré lapport répété de pollen normal; ce sont
des nova.
4° Variations de croissance. — Les plantes des trois descendances (F,) sont très
irrégulières de taille (30%-200%®), de vigueur, de précocité. Les plantes péloriées
sont basses et précoces ; l'épanouissement des fleurs terminales précède celui des
- fleurs latérales et arrête la croissance des axes. J'ai observé un seul individu (issu
de P,) portant une première grappe compacte (D — 10), conique, surmontée par
une seconde grappe identique, comme si la fleur péloriée qui aurait dû se développer
à son sommet s'était épanouie en une grappe complète et normale de Digitale pourpre.
. En résumé, la pélorie de Digitalis purpurea est un cas extrême de fascie
régularisée et héréditaire; dans son croisement avec D. purpurea sauvage,
la grappe normale donitéé la fascie avec retours partiels et gradués sur les
_ descendants de 2° et 5° Lin La stérilité partielle d'individus ou de
fleurs doit être notée.
EMBRYOGÉNIE VÉGÉTALE. — Embryogénie des Composées. Les premiers stades
du développement de l'embryon chez le Senecio vulgaris L. — Note de
M. René Souices, présentée par M. L. Guignard.
An travail assez récent de Carna fait table rase de toutes les observa-
o ns antérieurement publiées, sur l’embryogénie des Composées, par Fleis-
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 255
cher, Hegelmaier, Mottier, Schwere et Merrel ('). Il était indispensable de
savoir jusqu’à quel point l’auteur italien pouvait avoir raison contre tous
ses devanciers et de déterminer comment les faits qu'il a mis en lumière
pouvaient se rattacher à ceux qu’a déjà révélés l’histoire du développement
embryonnaire dans un certain nombre d’autres familles.
Carano, en outre, signale, entre les espèces qu'il a étudiées (Bellis peren-
nis L., Calendula arvensis L., Helianthus annuus L., Cichorium Intybus L.),
des différences importantes dans l’origine des tissus à l'extrémité radicu-
laire, dans le mode de construction du suspenseur et dans le nombre des
assises qui se différencient aux dépens de la partie cotylée. Ces différences
ne permettent pas de mesurer le degré de généralité des règles du dévelop-
pement, d'établir un type auquel on puisse aisément ramener les formes
divergentes offertes par la famille.
1
i
Ai KAONE aTa
e G: E
EE) EY te
Fig. 1 à 13. Senecio vulgaris L. — Figures schématiques montrant les principales étapes du déve-
loppement de l'embryon : ca, cellule apicale, et cb, cellule basale du proembryon bicellulaire ;
m, cellule intermédiaire, et ci, cellule inférieure de la tétrade; q, quadrants où partie cotylée ;
T w’, cellules filles de ci; o et p, cellules filles de n'; s, suspenseur; de, dermatogène; pe, pé-
riblème; pl, plérome; pr, péricycle; iec, initiales de l'écorce; co, coiffe; à et 8, cellules filles
d'un quadrant; y et à, cellules filles de & (en 7) ou de a (en 8). En 6, 7 et 8, coupes transversales
de l'étage 7 au stade de la figure 4 et au stade immédiatement suivant. En 9, schéma montrant
la position la plus générale de la cloison dans un quadrant. = PE
. L'embryon du Senecio vulgaris L. semble réaliser ce type général; il
Sédifie, dans les premiers stades, selon les lois théoriques qui président
AUX segmentations du proembryon chez les Angiospermes. L'histoire de —
son développement reproduit presque exactement celle de Y Helianthus.
Elle confirme, en même temps, les faits essentiels de l'embryogénie des
13 Voir E. Carano, Ricerche sull'embr) ge esi delle Asteracee (Annali di 0
mca, t. 13, 1915, p. 251). í Leu. à
256 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Composées : 1° la non-formation des octants; 2° l'édification de lhypoco-
tyle aux dépens de la cellule basale du proembryon bicellulaire.
La tétrade et le proembryon octocellulaire (fig. 1, 2, 3) se constituent
comme chez le WMyosurus ('). Le proembryon à seize cellules (fig. 4)se
produit par bipartition des éléments du proembryon octocellulaire. La
règle générale se trouve appliquée en ce qui concerne les segmentations
des trois étages inférieurs; mais dans l’étage supérieur q, il ne se forme pas
de cloison horizontale, la paroi de segmentation est oblique, elle prend
insertion sur le milieu de la paroi périphérique et vient tomber, au voisi-
nage de l’axe, sur la paroi horizontale inférieure (fig. 4, 6 et 9). Parfois
cette cloison s'insère sur l'axe, se rapprochant ainsi de la direction horizon-
tale; dans d’autres cas, sa direction est verticale, parallèle à l’une des deux
parois méridiennes ( fig. 8).
Les quadrants apparaissent ainsi divisés, à ce stade, en deux éléments
de forme et de dimensions dissemblables : l’un, plus aind généralement,
_ de section quadrangulaire, adjacent à l'axe, l’autre plus petit, de section
triangulaire, extérieurement placé. Ces deux éléments rappellent les deux
demi-octants qui se forment dans les octants supérieurs chez le Myosurus ;
on peut les désigner par les mêmes lettres « et B (fig. 4 à 9).
Chez le Senecio, comme chez toutes les Composées, et contrairement à
ce qui se produit chez les autres Angiospermes examinées jusqu'ici, les qua-
_drants n’engendrent donc pas des octants; ils jouent directement le rôle
des octants supérieurs. L’embryon à seize cellules du Senecio exprime, de la
manière la plus exacte, la loi générale signalée au sujet du Sagittaria (°),
à savoir que le nombre des éléments d'un étage est égal à la somme des
éléments des étages inférieurs. Dans le cas du Sagittaria, comme on sait, la
loi n’est vraie qu’à la condition de considérer comme faisant partie d’un
même étage l’ensemble des huit octants; chez cette dernière espèce, le
proembryon à seize cellules présente six étages, il en comprend seulement
cinq chez le Senecio. Les destinées et les processus des segmentations de
ces cinq parties de l'édifice proembryonnaire seront exposés ultérieure-
ment.
(+) R. Soukcss, Recherches sur l’'embryogénie des Renonculacées (Bull. Soc. bot. -
France, t: 58, 1911, p- 631).
(2) R. Souèces, Embryogénie des Alismacées. Développement du PrAROOE TER chez
le Sagittaria sagittæfolia Z. (Comptes rendus, t, 165, 1917, p. 716).
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 257
BOTANIQUE. — Sur les canaux secrêteurs gommifères des racines de Cycadacées,
et plus particulierement ceux du Stangeria paradoxa T. Moore. Note de
M. F. Currrcor, présentée par M. Guignard.
Les traités de botanique les plus récents, et à quelque nation qu'ils
appartiennent, en parlant des canaux secréteurs des Cycadacées, résument
la question à l’aide de l’une ou l’autre des deux phrases suivantes : « La
tige contient dans son écorce et dans sa moelle un grand nombre de canaux
sécréteurs, dont la racine est dépourvue » ou bien : « les Cycadacées
renferment des canaux sécréteurs dans l'écorce de leur tige et le paren-
chyme de leurs feuilles. ».
Dans un certain nombre de travaux, Matte (') qui a étudié l’anatomie
des plantules chez quelques genres de cette famille, affirme les faits suivants.
Dans la racine principale des plantules des genres Ceratozamia et Zamia,
les canaux gommifères se rencontrent dans la radicule, disposés en un
cercle cortical, et s'avancent jusqu'aux deux tiers de leur extrémité. ;
Chez les genres Dioon, Cycas, Encephalartos, les canaux gommifères de la
tige et de laxe hypocotylé pénètrent dans la racine, mais ne s'écartent
Jamais de leur base.
Faute de matériaux jeunes, nous n'avons pu vérifier les assertions de Matte; mais
ñous avons étudié les racines et les radicelles des genres et espèces ci-après : Cerato-
Samia mexicano Brg. a C. robusta Miq; Cycas revoluta Thb, C. circinalis æ, et
C. Micholitzii Dyer; Macrozamia spiralis Miq. Zamia muricata Walp; Dioon edule
'Ldl.; Encephalartos Altensteinii Lehm. et E. horridus Lehm var. trispinosus Hort.
Stangeria paradoxa T. Moore et Bowenia spectabilis Hoock.
Sauf dans les racines et radicelles de Stangeria paradoxa T. Moore, nous n’avons
Jamais trouvé de canaux gommifères.
ette dernière plante déjà curieuse par la présence, dans ses feuilles, de folioles à
- nervures dichotomes qui l’a fait appeler autrefois Lomaria coriacea Kzc., doit de
plus en plus, par la présence de canaux sécréteurs gnmmifères dans ses racines,
former un groupe spécial chez les Cycadacées. Are
La plante, sar laquelle nous avons étudié lappareil radiculaire, est formée d'ùn
tronc assez court et de 18 de diamètre que surmontent sept à huit feuilles pennées.
Du tronc, partent un groupe de grosses racines qui peuvent atteindre près de 20™™ de
ae ur ot ;
(C). H: Marré : a: Recherches sur l ‘appareil libéroligueux des Cycadacées (Thèse ~ i
de Doctorat, 1904); B. Note préliminaire sur. la germination des Cycadacées ——
h R AS. 1907, Reims, p. 430-433); y. Sur le dévelop, rphologiqu
“natomique de la germination des Cycadacées, 1908.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N°4) Dé Éd LS
258 * ACADÉMIE DES SCIENCES.
diamètre, avec un grand nombre de radicelles de tous ordres. Les radicelles ultimes
peuvent donner naissance à des formations coralloïdes, superficielles ou profondes,
comme on en rencontre chez la plupart des autres Cycadacées, sauf peut-être chez
les Zamia. Des coupes transversales de jeunes radicelles ne montrent pas encore, ni
dans le parenchyme cortical, ni dans le cylindre central, de canaux gommifères.
Dans des radicelles de 2®® de diamètre qui peuvent être tantôt bi, tantôt
tripolaires (t), les formations péridermiques péricycliques sont hâtives, ainsi que
les formations libéro-ligneuses secondaires. Celles-ci, très indépendantes, sont
séparées par de larges rayons médullaires. Si la racine est tripolaire, il existe, au-dessus
des faisceaux libéro-ligneux secondaires, et placés symétriquement, six canaux
sécréteurs gommifères. Ces canaux sont donc toujours endocèles, comme l’expriment
an Tieghem et Costantin (?) pour d’autres plantes.
Dans des racines plus âgées (5"® de diamètre), binaires ou ternaires, les formations
secondaires sont très accentuées; le bois secondaire forme un anneau, presque continu,
avec un nombre de pôles libériens variable. Les canaux. gommifères sont disposés
sur au moins deux rangs, sans régularité; des anastomoses peuvent s'effectuer, soit
_tangentiellement, soit radialement, entre 2, 4 et 5 canaux gommifères, formant ainsi,
dans le parenchyme secondaire, un arc gommifère très visible à l’œil nu, comme
d’ailleurs les canaux eux-mêmes.
De très grosses racines, 15 à 20™ de diamètre, montrent un nombre plus grand de
canaux avec les mêmes anastomoses que ci-dessus.
En résumé : de tous les genres de Cycadacées, seul le genre Stangeria
avec l'espèce S. paradoxa T. Moore étudiée, possède des canaux sécréteurs
gommifères dans toutes les parties de son système radiculaire, sauf dans
les très jeunes radicelles et dans les racines coralloïdes. Ces canaux, anas-
tomosės ou non, sont toujours endocèles. Ils se forment par voie schizo-
gène; mais dans les racines âgées, ils deviennent schizo-lysigėnes.
BOTANIQUE. — Notes biologiques sur les Acacias fournisseurs de gomme, dite
arabique, au Soudan égyptien. Note de M. Em. Perror, présentée pas
M. Guignard.. -
La gomme arabique du commerce est fournie, dans une rogor de
95 pour 100, par un petit arbre, l Acacia Verek Guill. et Perrott. (Ac.
Senegal Willd.). Le Soudan égyptien (Kordofan surtout) en exporte
annuellement près de 20000, tandis que la Mauritanie et le Sénégal n’en
m
(1) Van Tircnem et J. COSTANTIN, Éléments de boites, 1.2, 1918; p. 254- és
i ) Nous n'avons sen remarqué que le nombre des pôles devenait, comme le
veut Matte (loc. cit., . 44), de plus en plus grand à mesure qu’on se dirige vers
- l'extrémité de la ias |
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 259
donnent guère plus de 2000. Les autres espèces productrices de gomme
au Soudan sont l’Ac. Seyal Delile et Ac. Arabica var. nilotica.
Au cours d’une récente mission, en février-mars 1920, nous avons, avec
M. Allaud, ingénieur agronome, négociant importateur, étudié sur place,
au Kordofan, les conditions de végétation des Acacias gommiers, les mé-
thodes de récolte et le trafic de la gomme (*). -
_ L’Ac. Verek commence à faire partie de la brousse soudanienne dans la
région nord de Khartoum, et devient plus abondant au fur et à mesure
qu'on s'enfonce dans le sud, dans les provinces de Sennaar, Gedaref et
Kordofan, mais dans cette dernière principalement ; il apparaît alors, par
endroits, sous forme de peuplements naturels assez denses qui reçoivent le
nom de « guénénas », dont les arbres sont exploités par les indigènes.
Ceux-ci pratiquent, en saison sèche, un écorçage méthodique (tapping des
* Anglais), consistant à enlever avec une hache grossière (ferrar) un lam-
beau étroit d’écorce ; l’exsudation gommeuse est ainsi considérablement
augmentée.
i
Dans le pays du Kordofan, la saison des pluies dure de fin mai à mi- |
octobre et la quantité de pluie tombée est de 300%" à 400". Pendant cet
_hivernage, les feuilles tombent, l'atmosphère se dessèche à l’extrême, les
vents sont constants et la température dépasse 45° à l’ombre pour tomber
parfois, la nuit, à quelques degrés au-dessus de zéro.
La moindre craquelure de l'écorce peut donner lieu spontanément à la
production extérieure de masses arrondies, plus ou moins coloréés, dites
somme Wady (sauvage) ; d'autre part un insecte pique fréquemment
l'arbre au point d’intersection des jeunes rameaux, et il exsude alors de
petits bâtons contournés-qui sont recueillis et donnent la gomme dite ver-
Te A notre passage, les loges d'insectes étaient toutes vides de leur
ôte. ` a
-A la suite de l'écorçage, le long des lèvres de la blessure, on voit appa-
raître des masses également arrondies, molles, incolores, qui se dessèchent
rapidement et constituent la belle gomme blanche du Kordofan. On ne :
š explique guère pourquoi cette exsudation ne se fait pas tout le long dela
blessure en masses plus ou moins confluentes, et il faudrait étudier sur place
ce phénomène, à l’aide de coupes microscopiques. Ta
` A avei . a ur aeai Sa
… En cherchant à nous rendre compte des conditions les meilleures de Pex-
Sue
ms x +
) Toutes nos observations scientifiques et économiques sont consignées dans sa o
apport adressé à M. le Ministre du Commerce et à M. le Gouverneur général de o
PAfri .
Afrique occidentale française.
260 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sudation gommeuse, nous sommes arrivés à un certain nombre de conclu-
sions dont voici les principales :
Tout d’abord, il faut noter que la gomme n'apparaît à l’extérieur que
pendant la période la plus forte de sécheresse, de décembre à avril, où elle
est récoltée tous les 5 à 6 jours.
Les arbres situés dans les moindres vallées, ou simplement dans des
endroits où le sous-sol, par suite de fonds argileux, reste légèrement frais
ou humide, ne donnent que de rares marrons de gomme. D'autre part, si
la moindre petite pluie apparaît après un écorçage prématuré ou trop
tardif, la première ou la dernière récolte est compromise.
Nous avons remarqué également qu’un simple ameublissement du sol
pour tenter des cultures intercalaires réduisait, dans une notable proportion;
la production de la gomme.
On est donc amené à conclure, que la formation de la gomme doit avoir +
pour principal objet, par suite i la difficulté avèc laquelle elle abandonne
son eau, de conserver à la plante la quantité d’eau de constitution, nécessaire
à sa végétation, pendant cette période de sécheresse extrême où la dessica-
tion est véritablement extraordinaire.
Si l’on veut aménager les peuplements naturels, il faut tenir compte de
ce fait que, comme chez les autres espèces désertiques, le système radiculaire
est extrêmement développé en profondeur eten diamètre On ne devra donc
conserver qu’une densité ne dépassant pas 80 à 100 sujets à l’hectare, de
façon à n'avoir que très peu d'ombrage.
Si la gomme exsudant à l'extérieur cicatrise les blessures, mous considé-
rons ce rôle comme secondaire, car l'opération grossière de l’écorçage,
qui intéresse souvent aman au Save ne parait pas incommoder
autrement l'arbre.
Des échantillons d’Acacia Verek, écorcés pour la récolte de la gomme,
ont été envoyés par nos soins aux différents Musées .de nos Facultés et
Écoles de Pharmacie, et nous avons conservé, avec beaucoup d’autres
documents, une volumineuse partie d’un de ces arbres, au Musée de la -
Faculté de Pharmacie de Paris.
Dans notre colonie du Sénégal et en Mauritanie, sauf chez les Peulbs,
peuplade venue de l'Orient, la pratique de l’é écorçage est inconnue; il faut |
espérer qu’on lintroduira bientôt, car, nous le répétons, c’est seulement
‘ainsi, et avec une surveillance rigoureuse des achats, qu’on arrivera à une
production rt qui peut atteindre trois à cinq fois les rendements
actuels.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 261
BOTANIQUE. — Action de la pesanteur sur les végétaux. Note (') de
M. H. Rıcome, présentée par M. Gaston Bonnier.
On sait que les deux moitiés d’une tige fendue en long s’écartent l’une
de lautre en s’infléchissant vers l'extérieur, ce qui est dû à l’état de tension
des tissus : la région profonde est plus longue que la région externe. Or, le
même phénomène se produit lorsqu'on fend une tige de Fève incurvée
géotropiquement. La demi-tige supérieure accentue brusquement son
incurvation ; la demi-tige inférieure s’incurve en sens inverse, vers le bas,
comme si la courbure géotropique de l'organe intact était déterminée par
la moitié supérieure seule. Cependant, cette demi-tige inférieure réagit géo-
tropiquement au bout de quelques heures ; le géotropisme parvient diffici-
lement à triompher de l'excès de croissance du côté supérieur (de l’épiau-
xisme autonome), la courbure géotropique vers le haut est peu accentuée.
Si on ne supprime pas l’extrémité libre de la tige, le poids de cette der-
mère gêne la manifestation du géotropisme ; l'organe devient rectiligne,
s'oriente obliquement vers le bas, ou horizontalement, et se comporte en
somme comme un organe diagéotropique. Il s’agit cependant d’un géotro-
pisme négatif en lutte avec l’épiauxisme de l'organe et avec le poids sou-
lever. La direction prise est la résultante de ces trois facteurs : poids à
supporter (effet de la pesanteur), excès dé croissance du côté inférieur
(autre effet de la pesanteur), excès de croissance des tissus profonds cons-
Utuant le côté supérieur de la demi-tige considérée (mode de croissance
autonome de la tige). Ces phénomènes se manifestent dans l’air et dans
l’eau et ne sauraient être attribués à la perte d’eau ou à la réplétion aqueuse
des cellules. À |
Les résultats sont de même nature avec la tige pleine de la Belladone.
Si l’on fend longitudinalement une tige de Fève ou de Belladone et qu'on
la place horizontalement, en laissant subsister les deux moitiés ou une seule,
Chacune d’elles réagit comme il vient d’être dit. La courbure due à la crois-
sance autonome s’accentue ou s’atténue jusqu’à l'inversion sous l'effet de la
pesanteur, au gré de l’expérimentateur. Le résultat dépend de la position
qu’on donne aux organes. su: nn AR
Si comme nous le supposons, l’orientation est la résultante des trois facs 7
(') Séance du 19 juillet 1920. a BEA 5 ere
262 ACADÉMIE DES SCIENCES.
teurs mentionnés, on doit pouvoir obtenir des réactions analogues avec la
racine. C’est en effet ce que nous avons constaté avec la racine de la Fève.
Notons qu'ici ce sont les tissus externes qui sont plus longs que les externes,
en sorte que les deux *moitiés d’une racine fendue s’incurvent vers l’inté-
rieur et non vers l'extérieur comme dans le cas de la tige. Il n’y a donc pas
lieu de s'étonner de voir la demi-racine inférieure s’incurver vers le haut
sous l'effet de la pesanteur. La pesanteur détermine dans la racine, comme
dans la tige, un excès d’élongation du côté inférieur. Cet effet s'ajoute à
l'hypoauxisme autonome et la demi-racine s’incurve si fortement vers le
haut qu’en douze heures l'extrémité est devenue horizontale et couchée sur
la face supérieure de la portion intacte de la racine. Dans la demi-racine
supérieure, l’hypoauxisme géotropique est en opposition avec l’épiauxisme
autonome; ce dernier finit par déterminer une inflexion vers le bas. La
pesanteur exerce sur la racine le même effet que sur la tige: elle tend à
linfléchir vers le haut.
Si on laisse en place les deux demi-racines, elles se gênent mutuellement.
L'inférieure se relève plus énergiquement que la supérieure ne s'abaisse.
Elle prend une inflexion en S, le sommet buttant contre l’autre moitié
qui la dépasse parce que son inflexion est moins accentuée.
La façon dont se comporte une racine décapitée a fait croire que le
sommet seul était sensible à la pesanteur. Les faits ci-dessus montrent qu'il
n’en est rien et permettent d'expliquer les irrégularités constatées. |
Lorsqu'on supprime la moitié d’une racine en respectant l'intégrité du
sommet, les choses se passent comme ci-dessus, mais le sommet s’infléchit
vers le bas.
-Ilya donc une action de la pesanteur à la fois sur le sommet en voie de
cloisonnement et sur la région voisine en voie d’élongation. Il en est de
même pour la tige. Mais dans ce dernier cas, la présence de feuilles jeunes
empêche de se rendre compte des faits. Dans la Fève, la tige est continuée
par le pétiole d’une feuille; c’est ce pétiole qui-s’incurve d’abord géotro:
piquement, entraînant ou refoulant le sommet, suivant les cas. Le sommet
est soulevé passivement. Bien des tiges ont d’ailleurs leur sommet pendant.
= Nous conclurons ainsi : ;
1° Qu'il s'agisse de la tige ou de la racine, le changement d'orientation,
en créant de nouvelles conditions intra et extracellulaires, modifie le
cloisonnement des cellules dans le méristème apical ou subapical de façon
que le sommet de l'organe tend à s’infléchir vers le bas; il modifie le mode.
+
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 263
de croissance des cellules dans la région d’élongation qui tend à s’infléchir
vers le haut. ?
2° L'opposition si remarquable entre le géotropisme de la tige et celui
de la racine paraît tenir au fait que la région d’élongation est très courte
dans la racine, très longue dans la tige. L'effet de la pesanteur, bien que se
faisant sentir sur toutes les parties en voie de croissance, se manifeste exté-
rieurement dans la racine sur la région des cloisonnements (le sommet);
dans la tige sur la région d’élongation (les entrenœuds). Il en résulte
l'orientation verticale descendante de la racine, verticale ascendante de
la tige.
Le géotropisme dit oblique, ou transversal, des ramifications de la racine -
et de la tige, s'explique par la gène apportée à la manifestation du géotro-
pisme vertical par d’autres phénomènes dépendant en partie de ia distribu-
tion et de la circulation de l’eau dans la plante. Il suffit souvent de
supprimer l'axe principal pour rétablir l'équilibre normal et permettre la
pleine manifestation du géotropisme. Il est inutile d’ajouter que d'autres
causes interviennent dans l'orientation des organes et que certaines d’entre
elles sont sous la dépendance de la pesanteur.
3° Rien n’établit que les organes des végétaux soient doués d’une faculté
de perception de la pesanteur. Les expressions telles que irritation produite
par des statolithes, transmission d’une sensation, reflexes non nerveux, ne
répondent à rien de réel. C’est d’ailleurs là une per que nous traiterons
ailleurs.
BOTANIQUE. — Étude cytologique de la Sélaginelle.
Note (') de M. L. Eusrréer, présentée par M. Gaston Bonnier.
Au cours des recherches que nous poursuivons sur le chondriome de
Cryptogames vasculaires, nous avons abordé l'étude des Sélaginelles qui i repré-
sentent un type très spécial, et nous nous proposons de résumer nos résul-
tats. Cette étude a été abordée pa M. Dangeard, qui s’en est servi pour ~
appuyer sa théorie consistant à séparer les plastides des mitochondries
qu'il considère comme ne représentant pas une unité morphologique, mais
en partie comme des microsomes, en partie comme des formations se ap
prochant des jeunes stades du AES vacuolaire. bre a
nr ones
: (!) ue du 19 juillet 1920. + 4 i | À $ 3 : > i ; Ja = ur
264 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L’exemple choisi par M. Dangeard est très peu favorable parce que les
cellules des Sélaginelles sont très petites, et ont un système vacuolaire
rempli de produits précipitant à la fixation sous forme de grains se colo-
rant comme les mitochondries. C’est certainement l’exemple le plus défa-
vorable que nous connaissions. Néanmoins, une observation méthodique
des divers stades du développement au moyen de procédés de fixation et
de coloration diverses, aidée d’observations vitales, nous a permis de
pouvoir étudier la question en détail.
Dans le méristème de la tige (fig. 5) on constate dans chaque cellule un seul chlo-
`. roplaste (P) en forme de croissant coiffant le noyau. Celui-ci se divise en plusieurs
chloroplastes au fur el à mesure que la cellule vieillit de sorte que chacune d’elles en
contient à Ja fois six à huit, plus ou moins arrondis (fig. 6). Ce chloroplaste repré-
sente ici à lui seul les nombreux plastides en forme de chondriocontes qu’on observe
i Chondriome de Sélaginelle (variété cultivée).
dans les autres cryptogames vasculaires. Il est dans une certaine mesure comparable
au Vebenkern des spermatočytes de scorpion (* ) représentant le chondriome de ces
cellules, de même qu'au chloroplaste unique. d'Anthoceros étudié par Scherrer,
Sapehin, Mottier. On trouve, en dehors de ce chloroplaste, des mitochondries granu-
leuses ou en bâtonnets très courts susceptibles à certains stades de se transformer en
chondriocontes plus ou moins longs.
On voit donc ici, comme dans les Foust qu'il existe deux variétés distinctes,
a
(1) Wacsow, Proceedings of the national pre of Sciences es
Í
…
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 265
d'éléments mitochondriaux : l’une est représentée par un unique chloroplaste dans
les cellules les plus jeunes, et l’autre par des milochondries de formes PERREE es dont
l'existence ne peut faire aucun doute.
Le chondriome est très beau dans les tubercules foliaires, Dans les cellules formant
la base, on peut voir des chondriocontes très nets, en nombre prédominant sur les
autres mitochondries (fig. 1). Dans les assises supérieures, on constate des mito-
chondries granuleuses, des bätonnets et des chondriocontes, mais ces derniers ont ici
une taille un peu plus épaisse (fig. 2). Les cellules de la pointe ne contiennent que
des mitochondries granuleuses (fig. 3). Ces chondriocontes ne sont pas des fibrilles
Protoplasmiques, contrairement à ce qu’a admis M. Dangeard, les bonnes prépara-
tions obtenues par la méthode de Regaud permettant de les distinguer très nettement,
en noir foncé, du cytoplasme coloré en rose par l’éosine.
On daeta dans les éléments parenchymateux du cylindre central un plaste très
allongé, accompagné de mitochondries granuleuses et de chohdpionse tes Le même
cycle paraît se poursuivre dans la racine, y
Les observations sont très gênées par la présence, dans les vacuoles, d’un produit de
nature inconnue possédant sur le vivant un pouvoir électif pour la plupart des colo-
rants vitaux (rouge neutre, bleu de Nil). Les colorants bleus d’aniline le colorent en
bleu pâle, Il n'offre aucun des caractères histochimiques de la métachromatine des
champignons et l’on n’est pas autorisé à le désignér sous le nom de corpuscule méta-
chromatique comme le fait M. Dangeard. Ce produit paraît se transformer en com-
posé phénolique, Enfin il se colore après fixation par les méthodes mitochondriales
comme les mitochondries, ce qui est un autre caractère le distinguant de la métachro-
matine. Il se trouve toujours dans les vacuoles ce qui le distingue des mitochon-
dries ( fig, à 3, V). Dans les méristèmes de tige et de racine, il est difficile de distin-
guer ces CRE EN des mitochondries en raison de leurs colorations identiques et de
la petitesse des vacuoles ( fig. 5).
L'évolution du sporange est caractérisée par la présence constante d’un plaste (P)
„qui persiste même ZA la ners à côté de mitochondries en forme de grains, de
Courts bâtonnets (fig. 4
Enfin, à côté dés anasiri granuleuses, des plastides et des granulations des
vacuoles, on rencontre en outre les microsomes décrits par M. Dangeard. Ces micro-
somes, très peu nombreux, ne sont autre chose que des globules graisseux ou meee :
Ils brunissent par lacide osmique. Ils sont beaucoup plus réfringents. qüe las mios,
chondries très difficilement observables et sont entrainés plus rapidement, par ie
Courants photoplasmiques. En faisant des préparations par la méthode de Küll, on
retrouve les mitochondries ces en Ro et Re mais rarement, on araa
brunis par l'acide osmique, P
L existe donc dans les Sélaginelles : = n Polana n.
1° Des plastes, dont un seul. persiste dans la spore et une auiré: can de |
Mitochondries sous forme de grains, de bâtonnets ou de chondriocontes
2° Des microsomes de nature nn de ou u Hpoide nc a F
266 = ACADÉMIE DESŽ SCIENCES.
3° Un appareil vacuolaire renfermant une substance de constitution
inconnue n'ayant aucune relation avec la métachromatine des champi-
gnons.
BOTANIQUE. — Nouvelles observations cytologiques sur Saprolegnia. Note (')
de M. A. Guiciermoxp, présentée par M. Gaston Bonnier.
Nous avons exposé dans une Note antérieure les observations vitales que
nous avons pu réaliser sur le.chondriome d’une espèce de Saprolegria,
trouvée sur des cadavres de mouches. Nous avons montré que ce champi-
gnon constitue un des objets les plus favorables que nous connaissions pour
ce genre d’études, et laisse observer avec la plus grande netteté sur le frais
ses noyaux et son chondriome. Enfin, l’emploi des colorants vitaux nous a
_ permis en outre de suivre l’évolution du système vacuolaire qui renferme
une substance fixant énergiquement la plupart des colorants vitaux et
prenant avec les couleurs bleues d’aniline une teinte violacée comme la
métachromatine des autres champignons.
Depuis nous avons poursuivi nos recherches et nous nous proposons de
résumer ici les résultats obtenus.
L'étude du système vacuolaire à l’aide de colorants vitaux permet de
constater que dans les filaments très jeunes, ce système présente la forme
de longs canalicules qui s’anastomosent en un réseau ( fig. 1), lequel en se
gonflant et par fusion des canalicules qui le constituent finit par former une
grosse vacuole, sorte de large canal occupant tout laxe des filaments
(fig. 2et3). Les canalicules et le réseau sont remplis d’une substance à
l’état de solution qui se colore assez intensivement. Lorsque le canal central
est constitué, cette substance étant plus diluée se colore d’une manière
beaucoup plus pâle ( fg. 3). Le système vacuolaire renferme en outre, sauf
dans ses formes initiales, des corpuscules qui se colorent d’une manière
plus marquée que la substance dissoute dans le suc vacuolaire. Les uns ne
S. . « eo b . i # +
se voient qu'après coloration vitale ; ils sont fortement colorés et d'une
manière très métachromatique ( fig. 2 et 3). Les autres se présentent sous
forme de corpuscules, souvent assez gros, d’une réfringence assez accusée
et visibles sans coloration. L’acide osmique leur donne une teinte légèrement
grise. Les colorants vitaux ne les teignent gae faiblement. Après fixation à
a a Sn nee i
2.
(1) Séance du 19 juillet 1920.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 267
l'alcool ou au formol et coloration par le bleu de méthylène, le système
vacuolaire n’apparaît pas avec les caractères qu'il montrait sur le vivant.
Les vacuoles offrent un contenu incolore et montrent seulement de petits
grains fortement colorés en violet foncé et d’autres teints en bleu pâle.
L'hématéine ne colore pas les premiers et donne aux seconds une teinte
diffuse. Ces deux catégories de corpuscules, qui ne sont peut-être que des
1, 2,3, stades successifs du développement du système vacuolaire coloré par le rouge neutre;
» réseau vacuolaire; Ch, chondrioconte; V, vacuole; CM, corpuscule intravacuolaire; N,
RG Gg, globules graisseux. Dans 1, le chondriome n’a pas été dessiné; 4, filament traité par
a méthode de Regaud; 5 et 6, filament traité par la méthode de Benda.
états différents d’une même substance, ne présentent pas les caractères des
granulations désignées dans les champignons sous le nom de corpuscules
Métachromatiques a ee
se j . ý at z 3 i À NP
L'emploi des méthodes mitochondriales permet d'obtenir
excellentes
différenciations du chondriome qui apparaît avec l'allure qu’il présentait o
LE le vivant. Ces méthodes ne colorent pas le contenu du système vacuo-
aire, sauf dans des cas exceptionnels, lorsque la préparation est mal réussie.
es fixations au formol com mercial, suivies de coloration à l'hématoxyline
ferrique, mettent en évidence avec la plus grande netteté les noyaux etle
>» 5
chondriome ( fig. 4). Les méthodes de Benda et de Kull différencient en a
268 ACADÉMIE DES SCIENCES.
outre les granulations graisseuses qui apparaissent brunies par l’acide
osmique ( fig. 5 et 6). Avec toutes ces méthodes, le chondriome se montre
constitué par de nombreux chondriocontes de longueurs variables, qui
ressortent très nettement par leur coloration intense au sein du cytoplasme
à peine coloré. Ces éléments ont un contour si net qu’il est parfois difficile
de les distinguer des bactéries qui se trouvent parfois accolées à la mem-
brane du champignon. Dans certains filaments, les chondriocontes subissent
des modifications de formes que l’on constate également sur le vivant : ils
peuvent prendre la forme de bâtonnets courts et trapus, de fuseaux et même
se transformer en vésicules. Il est difficile de décider si ces formes sont en
relation avec le métabolisme cellulaire ou représentent des altérations du
chondriome. Le chondriome présente une plus grande résistance vis-
à-vis des fixateurs renfermant de l’acide acétique que les mitochondries en
général et que celles des autres champignons en particulier.
En résumé, on voit donc qu’il y a lieu de distinguer dans le Saprolegnia
que nous avons étudié : 1° un chondriome, nettement caractérisé et sem-
blable à celui des autres végétaux et des animaux ; 2° de petits globules
graisseux ; 3° un système vacuolaire rempli d’une substance douée d’un
pouvoir électif vis-à-vis des colorants vitaux, mais qui ne présente pas les
caractères de la métachromatine.
Le chondriome des Saprolégniacées a déjà été entrevu par divers auteurs.
Arthur Meyer observe sur le frais dans un Achlya de petits corps ronds ou
en forme de bâtonnets qu’il assimile à des leucoplastes. Rudolph a égale-
ment mis en évidence dans un Achlya des filaments visibles sur le vivant et
colorables par la méthode de Benda qu’il rapproche des mitochondries.
Plus récemment, M. Dangeard a consacré une étude détaillée au chon-
driome d’un Saprolegnia et a admis que ce chondriome correspondait au
système vacuolaire. Nos observations vérifient celles de A. Meyer et de
Rudolph, mais sont en désaccord avec celles de M. Dangeard.
CHIMIE AGRICOLE. — Étude comparée sur la microflore et la teneur en azote
des terres partiellement stérilisées par le sulfure de calcium. Note de
MM. G. Trerraur et N. Bezssonorr, présentée par M. L. Maquenne.
D'après nos observations ('), la flore bactérienne des terres traitées par
des mélanges à base de CaS contient en abondance un fixateur d'azote, le
(1) G. Taugraur et N. Bezssoxorr, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 168.
-
ty
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 269
Clostridium pastortanum et les principaux ammonifiants du sol (2. mycoides,
B. megatherium, etc.). ;
Devant une sélection microbienne aussi typique, l'étude de son influence
sur l’économie de l'azote du sol semblait s'imposer. Nous avons donc entre-
pris des dosages d'azote dans des terres partiellement stérilisées et dans les
mêmes terres non stérilisées, en établissant en même temps leur contrôle
bactériologique.
La première série d'expériences fut faite en serres dans des pots à fleurs
ordinaires, poreux, de 0",20 de diamètre, contenant chacun 3“ de terre.
Une série de ces pots reçut par kilogramme le mélange suivant : sulfure de
calcium, 1%; naphtaline, 15; sulfate de chaux, 3,46; phosphate de chaux 0‘,60.
La deuxième série fut conservée comme témoin.
Soixante-quinze jours après le traitement, le nombre des bactéries des
deux séries était redevenu égal. Fait remarquable, le nombre des pro-
tozoaires était aussi redevenu égal le même jour. Huit jours après le traite-
ment, les terres partiellement stérilisées continrent le maximum de bacté-
ries, 120 millions par gramme. A cette date, les terres témoin n’en
contenaient que 18 millions. Quatre-vingts jours après le début de l’expé-
rience, les terres témoin contenaient 6,19 d’azote par kilogramme, les
terres ayant subi la stérilisation partielle 55,51 (azote total sur terre sèche).
Quoi qu'il y eût peu de différence dans la teneur en azote, les terres
ayant subi la stérilisation partielle étaient un peu appauvries. Une autre
série d'expériences fut mise en route, toujours avec la même terre, toutes
conditions égales, mais dans cette expérience, des pavots furent repiqués
8 jours après l'application des corps partiellement stérilisants. Immédia-
tement après la floraison, les graines étant formées, les récoltes de pavots
furent pesées. La série témoin produisit 2708, la terre partiellement stéri-
lisée produisit 117058. | à
L'analyse de la terre faite immédiatement après cette récolte donna, en
Ce qui concerne l'azote, les résultats suivants : terre témoin 28,98 par kilo-
ramme el terre traitée 28,85. La différence entre la teneur en azote des
deux terres ci-dessus indiquées est plus faible que pour l'observation pré- ir
cédente, elle reste dans les limites d’une erreur expérimentale.
Considérant que le poids de la récolte sur la terre traitée dépasse de
333 pour 100 celle de la terre non traitée, on constate que la terre stérilisée
à certainement fixé une quantité supplémentaire d'azote. Il y a eu de ce
la terre, par rapport à la terre témoin, soit : | ppau
1
fait une exportation d’azote importante par les tissus des plantes sans que
LI ne n NIE EAA en a
270 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La première série rh Codes sans végétation ayant montré que là où
il n’y avait pas de plantes, il n’y avait aucun gain d'azote, il est probable
que l’excédent d’azote qui s’est manifesté dans la télé série d’expé-
riences s’est présenté sous forme de bases volatiles (ammoniaque, méthyl-
amines) susceptibles d’être captées Pas les plantes au fur et à mesure de
leur formation.
Nos observations faites en pleine terre semblent confirmer ce point.
Elles embrassèrent dans le premier cas une période de 14 mois entre la
stérilisation partielle du sol, les numérations bactériennes et les dosages
d'azote.
La première expérience en pleine terre (29 mars 1919) porta sur trois
parcelles : une non stérilisée, la deuxième ayant reçu par mètre carré un
mélange de 158 de sulfure de calcium pur, 155 de naphtaline brute essorée,
125,5 de phosphate de chaux, le restant du mélange (595,5) étant constitué
par du plâtre ; la troisième parcelle reçut un mélange analogue au premier
où la moitié de la nn ae était remplacee par du cymène (paraméthyl-
propylbenzène).
Dans le cours des années 1919-1920, trois cultures furent faites sur ces
parcelles : 1° blés, 2° scaroles, 3° navets. Le poids global de ces trois
récoltes pesées à l’état frais fut, par mètre carré, pour la parcelle témoin, de
. 3,294; pour la parcelle traitée sulfure-naphtaline, de 4K,464; pour la
panéille: traitée sulfure-cymène, de 5,919. z
Après la troisième récolte (6 avril 1920), les terres témoin contenaient,
un an après la stérilisation, 14 millions de bactéries au gramme etles terres F
ayant subi la stérilisation partielle 15 millions et demi. Les terres témoin
contenaient 16,90 d'azote pat kilogramme de terre à l’état normal, et les
terres ayantreçu le sulfure de calcium et cymène 25, 10.
Une nouvelle expérience en pleine terre, toujours sur les mêmes par-
celles, commença le 16 avril 1920 : une parcelle tenon, une parcelle traitée
par le mélange sulfure de calcium-naphtaline, mais à la dose de 150% du
mélange par mètre carré. Les deux parcelles furent ensemencées en carottes.
Les dosages d’azote effectués- après 63 jours montrèrent que la parcelle
témoin contenait 1#,70 d'azote par kilogramme de terre et la parcelle par-
tiellement stérilisée 25,37 d’azote par kilogramme de terre. Le nombre des
bactéries par gramme, 86 jours après le traitement, dans les terres stérili-
sées, était de 14 millions par gramme, 38 pour 100 de B. butyricus, et dans
les terres témoin de 8 millions par gramme, 17 pour 100 de B. butyricus
[en colonies symbiotiques]. Ainsi, malgré une exportation intense d’azote
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 271
causée par trois récoltes successives et une en végétation intense, les par-
celles de terre partiellement stérilisées ne se sont pas appauvries en azote,
au contraire.
Les résultats de ces trois séries d’expériences semblent démontrer :
1° Qu’en employant une dose forte du mélange sulfure-carbures aroma-
“tiques dans des cultures en pots poreux où les oxydations sont constantes,
ce milieu aérobie favorise les pertes d’azote ammoniacal par diffusion et est
défavorable au développement continu des races bactériennes anaérobies
telles que le Bacillus butyricus. - |
2° Quand, dans les mêmes conditions, les mêmes terres toujours conte-
nues en vases poreux portent des plantes, on constate que les pertes d’azot
sont plus faibles. Se
3° Dans les conditions de cultures en pleine terre et en employant une
quantité maxima de 150! de sulfure de calcium à l’hectare, on constate que,
malgré une forte exportation d'azote, la terre ne s’est pas appauvrie de
cet élément,
En ce qui concerne les colonies symbiotiques du Bacillus butyricus, nos
observations précédentes peuvent être complétées en ce fait que le pourcen-
tage dû Bacillus butyricus dans ces colonies est environ de 74 pour 100. Le
nombre des bacilles butyriques dans les terres partiellement stérilisées
dépasse souvent celui de toute autre race bactérienne prise isolément.
PHYSIOLOGIE. — Les vitamines sont-elles nécessaires au développement des
végétaux ? Note de M. Aveusre Lumière, présentée par M. Roux.
Quelques biologistes ont prétendu que les vitamines étaient nécessaires à
la croissance. des végétaux (') et cette opinion, généralement admise
, i tee 3 å
d’ailleurs, résulte d'expériences dont nous ne contestons nullement les
résultats, mais dont l'interprétation ne semble s'accorder ni avec d’autres |
faits, ni avec les nombreux essais personnels que nous avons poursuivis ,
dans ce domaine.
Cen et ne po.
GE e Ve
E) Borromcey, Proc. of the Royal Soc. of London Biol. Sciences, 1914, p- 237.— o .
Mocruertnce, Ibid., 1917, p. 508. -~ Acucuox et Leeroux, Comptes rendus, t. 167, w
P- 997. — Lixossier, Soc. de Biologie, avril 1919 et mars 1920.
e :
272 ; ACADÉMIE DES SCIENCES.
On sait qu’il est possible de cultiver certains microbes et certains cham-
pignons sur des milieux chimiquement définis et ne renfermant pas trace de
vitamines : non seulement la pullulation abondante de ces êtres inférieurs
est réalisée d’une façon parfaite dans des bouilions complètement dépourvus
de toute substance vitaminique, mais il est encore possible d’assurer la
croissance et le développement complet de végétaux supérieurs avec des.
solutions nutritives purement minérales. |
Mazé (') a montré que le maïs peut accomplir toute son évolution dans
une liqueur renfermant 15 corps simples, à l'exclusion de toute matière
organique. Il est difficile de concevoir que certains végétaux, depuis les
microbes jusqu'aux plantes les plus complexes, puissent s'accommoder de
milieux minéraux pour vivre et croître, alors que d’autres exigeraient des
vitamines pour se développer.
La notion de l'utilité de ces vitamines dans la culture des champignons
résulte du fait que les auteurs qui ont soutenu cette thèse ont eu recours à
des milieux très pauvrès, insuffisants, tel qu'un mélange de tartrate d’ammo-
niaque et de glycérine dans lequel on voit l’addition de quelques gouttes
d’une infusion de raisins secs, améliorer notablement la qualité nutritive du
bouillon.
Si la minime quantité de substance ainsi ajoutée renferme des vitamines,
elle contient en outre des sels, des matières protéiques, des hydrates de.
carbone, et il semble abusif de conclure a priori que l'effet constaté est dù à
lune plutôt qu'aux autres de ces substances.
Nous avons pu nous assurer qu’un grand nombre de produits chimiques
définis, minéraux el organiqués, étaient susceptibles, en proportions
minimes, de fournir les mêmes résultats que ceux qu’on obtient par cette
addition d’infusion de raisins secs et parfois même des résultats meilleurs;
tous ces matériaux ne sauraient être considérés comme des vitamines.
D'autre part, nous avons institué les expériences suivantes :
De la levure de bière fraiche, très riche en vitamines, susceptible de
guérir rapidement les accidents polynévritiques des pigeons carencés, est
chauffée à 135° pendant 1 heure. Par ce traitement, administre même en
grande quantité, elle a perdu toutes ses propriét butiques; les
vitamines qu’elle renfermait, actives pour “les animaux, semblent complé-
tement ne néanmoins cette levure- peut sérvir à préparer des-
ci crash RP
t ) Mazé, Annales de l’Institut Pasteur, mars 1919, p: 139. |
SÉANCE DU ,26 JUILLET 1920. 273
bouillons qui favorisent considérablement le développement des cham-
pignons cultivés sur les solutions pauvres à base de tartrate d'ammoniaque
et de glycérine.
En épuisant méthodiquement la levure par l'alcool, ou en précipitant son
extrait par l'acide phosphotungstique, on parvient à isoler les principes
vitaminiques et l’on peut ainsi obtenir, d’une part, la levure épuisée n'ayant
plus aucune propriété curative de la vitaminose et d’autre part, un extrait
renfermant les vitamines actives; ce dernier, évaporé et repris par l’eau,
n'améliore pas les propriétés nutritives des milieux artificiels convenables,
il est parfois plutôt nuisible à la végétation, tandis que la décoction de levure
résiduelle, chauffée à 135° et dépouillée de ses vitamines par ces traitements,
peut leur conférer des qualités qui permettent la végétation un peu plus
abondante des cultures.
En filtrant les liquides organiques sur de la terre à foulon qui retient les,
vitamines, on constate que le filtrat privé de ces substances est plus
favorable à la végétation des moisissures que ce liquide avant sa filtration. -
Enfin, nous nous sommes assuré aussi que les extraits organiques,
chauffés vers 250° jusqu'à carbonisation, conservaient leurs propriétés
fertilisantes lorsqu'on les ajoute au milieu tartro-glycérique, etil est difficile
d'admettre, dans ce cas encore, que les vitamines ont pu résister à cette
température,
Les vitamines sont des substances indispensables à la vie, ne pouvant pas étre
remplacées par des composés chimiques définis, précipitables par l'acide phos-
photungstique et les réactifs des alcaloïdes; elles sont retenues par filtration
sur la terre à foulon et détruites par la chaleur; or aucune de ces propriétés
ne se retrouve dans les substances qui sont susceptibles d'améliorer, pour
les végétaux, les qualités nutritives des milieux pauvres. Ces substances
ne semblent donc pouvoir être assimilées aux vitamines dont elles ne
possèdent aucune des propriétés caractéristiques.
CHIMIE PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Effets de l'osmose ie sur Fr tumeurs
Cancéreuses des rats. Note de MM. A. - H. Rorro et PIERRE Gran, pré-
sentée par M. Roux.
On peut réaliser à travers les interstices cellulaires des tissus vivants et
. . i * . p3 Re Ar i
irrigués des osmoses électriques ('). Le glissement, sous l’action d’un champ
a
meme je
(*) Prenre Girar et Mon it: Échanges liquides par osmose ne à travers des
tissus vivants (Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 818).
C. R., 1920, 2° Semestre. ( T. 171, N°4) . ge
t
274 ACADÉMIE .DES SCIENCES.
électrique, des veines liquides qui remplissent ces interstices, est conditionné
par l'existence d’une couche double d'Helmholtz, le long de leurs parois;
le sens du glissement (endosmose ou exosmose) dépendant de l’orientation
du champ et du signe des charges dont sont revêtues les veines liquides.
Les lois de l’électrisation de contact nous donnent, en outre, le moyen de
modifier à notre gré le signe de ces charges, et par suite pour une orienta-
tion donnée du champ qui assure le glissement des veines, de provoquer à
notre gré, selon la composition ionique de la solution électrolytique bai-
gnant l’assise cellulaire externe du tissu, des endosmoses quelle que soit
l'épaisseur du tissu et aussi des exosmoses.
IT était tout indiqué de se demander si les cellules vivantes qui constituent
les parois de ces interstices cellulaires, restaient les témoins indifférents du
glissement de ces veines liquides, ou bien, au contraire, si elles participaient
„Elles aussi au processus d'osmose électrique dont le tissu vivant est le siège.
Pour certains tissus, tout au moins, cette participation de la cellule au
| processus oimotique ne fait pas de doute. C’est l’endosmose cellulaire qui
se prête le mieux à l'analyse, Il s’agit d’ailleurs d'un gros phénomène gu
retient tout de suite l’attention.
L'un de nous (Roffo) en a observé les effets sur les cellules des tumeurs
épithéliales, et M. Fauré-Frémiet sur les cellules hépatiques ().
L’apparence la plus remarquable, très nette chez les cellules épithéliales,
mais encore plus, peut-être, chez la cellule hépatique, c’est «l'inondation »
des cellules ; très gonflées, de grosses vacuoles, sortes de lacs parfaitement
délimités, apparaissent dans le cytoplasme. Une investigation microchi-
mique systématique pourra seule révéler en détail quels éléments chi-
miques pénètrent, avec le flux endosmotique, dans les cellules inondées par
places. Ce que nous savons de l’inégale perméabilité de leurs parois aux
différents ions, rend vraisemblable qu'un « tri » doit s'effectuer au niveau
de ces parois; et nous avons des raisons de penser que ce « tri » est condi-
tionné, pour une part importante, par le signe et la densité des charges élec-
triques fixées à ces parois. Un intérêt particulier (du moins en ce qui con- -
cerne les cellules DORE s'attache à faire pénétrer, avec le flux liquide
envahissant le cytopl , des ions spécifiquement toxiques pour celui-ci.
L'effet qu’on en peut attendre doit être une destruction massivé et rapide.
Or les investigations de Wassermann et de ses élèves, de Gosio, de
Roffo, etc, établissent sans conteste la toxicité spécifique pour ces cellules
(1) Fauré-Frémier, P. Girard et Rorro, Communication au Congrès de Physiologie.
. g juillet 1920.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 275
des séléniates et des sélénites; le problème pratique consistait donc dans la
recherche des conditions, assurant par osmose électrique, la pénétration
dans leur cytoplasme d'ions négatifs complexes où le sélénium fut engagé.
Nous pensons avoir réalisé ces conditions par l'adoption du schème
expérimental suivant : le corps de l'animal étant relié au pôle négatif d’une
source électrique, et la solution électrolytique baignant la tumeur au pôle
positif, c’est la présence dans cette solution d'ions H+ ou d'ions polyvalents
positifs, qui ouvre à travers la paroi de la cellule épithéliale endosmosée, le
passage aux radicaux négatifs où figure le sélénium.
Les effets destructifs qu'on observe dans ces conditions sont considé-
rables : bien entendu, ils seront d'autant plus marqués qu’on laissera aux
effets cytolitiques ultérieurs le temps de se produire; mais-déjà sur une
tumeur épithéliale (grosse comme une cerise, par. exemple) détachée de
l'animal deux heures après qu’elle a subi une osmose électrique d’une durée
de 10 minutes, on observe les apparences suivantes : la section de la
tumeur laisse échapper un liquide brun provenant de la liquéfaction des
cellules ; sous l’enveloppe membraneuse de la tumeur, et dans la zone où
celte enveloppe a été baignée par la solution électrolytique, existe une
importante cavité; ce qui reste du tissu épithélial présente l’aspect d’une
pulpe friable, se deag goudi très aisément et dont les cellules, pour la
presque totalité, sont vacuolisées. Cette vacuolisation est le premier stade
d’une cytolise fatale, au bout de quelques heures ou de quelques jours.
Conclusions. — 1° Dans l’endosmose électrique de tissus vivants et irri-
gués, comme les tumeurs épithéliales, les cellules de ces tissus participent
au processus endosmotique.
2° Lorsque, à la faveur de ces endosmoses, nous pouvons Hit franchir
-
les parois des cellules à des éléments toxiques pour leur protoplasme, les
effets de destruétion observés sont particulièremeut i intenses.
EMBRYOGÉNIE. — La croissance du poumon fætal chez le Mouton et e
variations concomitantes de sa composition (')- Note (?) de MM. Fauré-
F REMIET, J. Draco, et Mie Du Vivier DE Sree done par
M. Hénneger.
I Courbe de croissance du poumon Jfœtal. — D avons end k o
poids frais de l'appareil pulmonaire (trachée non comprise) chez une ne
(°) Travail fait à l'aide d’une subvention sur le fonds Bonaparte.
(?) Séance du 28 juin 1920.
276 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quarantaine de fœtus de Mouton dont les longueurs étaient comprises entre
3°% et 5o™, L’âge de ces fœtus a été déterminé d’après les données de
Gurlt ('); celles-ci permettent de construire une courbe de variations de
longueur du fœtus en fonction du temps, courbe avec laquelle il est facile
de trouver approximativement, par interpolation, l’âge d’un fœtus de
dimension quelconque.
Inscrits en fonction du temps, les poids des poumons fœtaux se groupent
assez étroitement autour d’une courbe moyenne en S. Cette courbe montre
que l'accroissement propre du poumon dans l'unité de temps (accroisse-
ment journalier par exemple) est faible d'abord, puis augmente rapidement
entre la septième et la quatorzième semaine, reste sensiblement constant
jusqu’à la dix-septième pour diminuer progressivement entre la da
septième et la vingt-deuxième qui est celle de la naissance.
Brailsford Biberin a proposė pour les courbes de croissance de diffé-
rents organes, léquation
+
Log = =K (t — t),
dans laquelle x représente le poids de l’organe au temps ż, A le poids final
H A i man ,
et 4, le temps correspondant au poids Z- Cette équation s'applique à la
courbe moyenne de croissance du poumon fætal.
Le poumon fœtal constitue d’abord 2,6 pour 100 environ du poids du
corps (fœtus de 10°%), puis 5 pour 100 environ (fœtus de 18°). Cette
proportion se conserve assez régulièrement jusqu'à la naissance.
Nous avons étudié en fonction de l’âge, les variations de la teneur en
eau, cholestérine, acides gras, phosphore lipoïdique et glycogène. du
poumon fœtal.
Eau.— La quantité d’eau contenue dans le tissu one diminue pro-
gressivement pendant toute la durée de la vie fœtale. La septième semaine,
l’eau constitue 91 à 91,9 pour 100 du poids de poumon frais; mais on
remarque que les écarts dans les déterminations augmentent d’une manière
très sensible de la onzième à la treizième semaine, et peuvent atteindre
4 pour 100. L'observation histologique montre fréquemment à partir de ce
stade, et toujours, aux stades plus avancés, que le liquide amniotique
pénètre jusque dans le poumon à la suite de mouvements asphyxiques,
et la présence de ce liquide fausse les résultats. En effet, tandis que le
poumon adulte renferme environ 78 pour 100 d’eau, la courbe des chiffres
€: ) GurLT, Lehrbüch der Vergleichenden FRNOG RE Taug peny 1847-
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 297
maxima nous donne 89,7, à la 13° semaine, et 88,9 à la 22°, qui est celle
de la naissance.
La courbe des chiffres minima nous donne une décroissance beaucoup
plus marquée : gr pour 100 à la 7° semaine, 89,2 à la 10°, et 85,7 à la 12°;
nous devons admettre que toutes les déterminations portant sur les stades
ultérieures sont illusoires.
Cholestérine. — La cholestérine a été dosée par la méthode de Windhaus
soit après saponification totale, soit après extraction alcoolique ou acéto-
nique; dans ce cas, la digitonine précipite la totalité de la cholestérine,
comme après saponification; on peut donc admettre que dans le poumon
fœtal du Mouton, comme dans le poumon adulte, toute la cholestérine est
libre et non éthérifiée CS
Les dosages faits sur l'extrait alcoolique ou acétonique nous ont donné des
chiffres qui, calculés pour 100 parties de tissu sec, ne présentent autour de
la moyenne 1,38 que de faibles variations sans rapport avec la crois-
sance; on peut admettre que la proportion de cholestérine ne varie pas
pendant toute la durée du développement; sa quantité totale augmente
donc parallèlement à la masse du tissu pulmonaire. |
Acides gras. — La quantité d'acides gras, pour 100 parties de tissu sec,
augmente d’une manière continue pendant la vie fœtale, passant de
3,7 pour 100, à la 7° semaine $, à 7,1-pour 100 à la 22° semaine. Il n’y a
donc pas de constante lipocytique du tissu pulmonaire pendant la vie
fœtale puisque la cholestérine reste invariable.
L’accroissement de la quantité totale (°) des acides gras dans l'unité
de temps augmente pendant la première partie du développement et diminue
dans la seconde, mais suivant une courbe différente de celle du poids du
Poumon. |
Phosphore lipoïdique. — Le phosphore lipoïdique a été dosé volumétri-
quement sous la forme de phosphomolybdate à partir de l’extrait alcoolique.
Nous avons trouvé 0,174 de phosphore pour 100 parties de tissu sec dans z
la 19° semaine, 0,188 pour 100 dans la 15° et 0,288 pour 100 à la 22°. Aie
Il semble que l’augmentation du phosphore lipoïdique total dans l'unité” |
de temps soit constante. La quantité de phosphore pour 100 parties de
précipité acétonique des lipoïdes pulmonaires nous a donné dans deux cas
G
3,3 et 3,4.
Fan de nous et J, Weill pour le poumon de Cobaye. us
(*) Rapportées au poids du poumon entier. n7 |
RO LU DE NE TE RU , — = — mæ
(°) Ce fait a été mis en évidence par Verhague pour le poumon de Veau, et par
278 ACADÉMIE DES, SCIENCES.
Glycogène. — Le glycogène a été dosé par la méthode de Bierry et
Gruzewska. Par rapport au tissu pulmonaire, il constitue d’abord 2,16 à
2,36 pour 100 du poids sec (10° et 11° semaine), pour descendre ensuite
à 0,3 pour 100 (18° semaine).
On constate que, de la 10° à la 12° semaine, le glycogène total augmente
d’une manière continue, tandis qu’il subit une chute rapide dans la
12° semaine et jusqu'à la 15°. A partir de celle-ci il augmente à nouveau
légèrement.
Conclusions. La teneur du tissu pulmonaire en eau, lipoides et glyco-
gène varie continuellement pendant la vie fœyale.
L'augmentation de la masse pulmonaire dans l’unité de temps passe par
un maximum pendant la 14° semaine; il en est de même pour l’augmen-
tation de la quantité totale des acides gras.
D'autre part, nous constatons Seldi la 13° semaine :
1° Une diminution plus accentuée de la quantité d’eau;
2° Un maximum d’accroissemenht de la quantité de glycogène immédia-
tement suivie d’une diminution rapide et continue.
Nous pourrons donc admettre que la période comprenant la fin de la
13° semaine et le début de la 14° (fœtus de 3o°® à 35cm) popreeti une
période critique dans le développement du es fœtal.
BACTÉRIOLOGIE. — Culture du bacille tuberculeux sur milieu à base de levure
autolysée. Note de M. Roserr Sazerac, présentée par M. E. Roux. .
La levure autolysée a déjà été employée par plusieurs auteurs pour la
confection de milieux de culture qui se sont montrés favorables au dévelop-
pement de certains microbes. Vansteenberghe (') a étudié, sur de tels
milieux, le développement de la levure elle-même et du ferment lactique.
F. Diénert et A. Guillerd (°) ont obtenu, par un procédé de culture ana-
logue, pour le B. col, des résultats supérieurs à ceux que peuvent donner
les bouillons peptonés. K liger (*) a pu cultiver avec plus ou moins de succès,
dans les mêmes conditions, les bactéries suivantes : B. coli, B. dysenterie,
B. diphteriæ, streptocoques, staphylocoques.
Nous avons pensé que le bacille tuberculeux, en particulier, pourrait
ot en
(!) Ann. Institut Pasteur, t. 34, 1917, p. 6or.
(2) Comptes rendus, t. 168, 1919, p. 256.
(°) Journal of Bacteriology, t. h, p. 183.
e
4
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 279
trouver des conditions capables de favoriser son développement dans un
milieu renfermant des produits d’autolyse de la levure, parmi lesquels on
trouve notamment, en quantité notable, des acides aminés de nature variée.
Le liquide de culture que nous avons utilisé pour nos essais était préparé
comme il suit : 1008 de levure de boulangerie sont abandonnés à l’autodi-
gestion, durant 48 heures, à la température de 47°-48°. Au bout de ce
temps, la masse semi-liquide obtenue est agitée avec 10008 d’eau de source ;
on filtre; on ajoute 5 pour 100 de chlorure de sodium et l’on alcalinise
nettement; puis on ajoute encore 48 pour 100 de glycérine.
On chauffe à l’autoclave, dans la vapeur fluante, durant 30 minutes; il
se forme un léger dépôt; on filtre une seconde fois; puis le liquide est sté-
rilisé à 115° durant 15 minutes. On obtient ainsi un milieu très limpide,
qui présente tout à fait l'apparence et la coloration du bouillon de viande
ordinaire. Il donne un extrait sec correspondant à 168 par litre de matières
extractives. 100$ du produit d’autolyse renferment environ 28,12 d'acides
aminés et 06,18 de tryptophane. HT
Sur ce milieu, les bacilles tuberculeux d’origine humaine et d’origine
bovine, provenant d’une culture sur bouillon de viande glycériné, com-
mencent à se développer au bout de 4 à 5 jours, à la température de
37°-38°, et le voile microbien augmente ensuite régulièrement, pour
donner son maximum au bout de 15 à 20 jours. Nos cultures ont été effec-
tuées comparativement avec celles qui servent, à l'Institut Pasteur, pour
la préparation de la tuberculine. Nous avons observé des résultats presque
égaux, en ce qui concerne l'apparence du voile et le rendement en poids.
La moyenne des pesées a donné, avec le nouveau milieu, 08,496 de corps
microbiens pour 1008 de liquide, alors qu'on note, en général, un poids
voisin de 0£,500 pour la même quantité de culture sur bouillon de viande
glycériné. Il est à remarquer que ces premiers résultats concernent une
culture de premier jet sur un milieu où le bacille n’a pas encore végété et,
de ce fait, ils paraissent encourageants. L’accoutumance permettra sans
doute d'obtenir des cultures encore plus rapides et plus abondantes. a
Des expériences sont en cours dans le but de savoir si le liquide de
culture renferme une tuberculine active. AUS ER HR D de
; D'autre part, nous effectuons des dosages qui nous permettront de déter-
miner la Proportion des matières grasses contenues dans les corps micro-
biens développés sur le Bouillon de levure autolysée; et, en outre, nous
cherchons à obtenir des cultures assez abondantes du bacille sur le même
Milieu non additionné de glycérine. - | < es
280 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉDECINE. — Ostéogénese dans les greffes d'os mort. Note (‘)
de M. J. Nacsorrs, présentée par M. d’Arsonval.
La substance d’un greffon de cartilage mort provoque, comme je l'ai
montré (?), la métaplasie du tissu conjonctif ordinaire en tissu de moelle
osseuse, puis en os. La substance osseuse, dans les mêmes conditions, déter-
mine également l’apparition du tissu osseux à son contact. |
Pour étudier les greffes osseuses vivantes et mortes dans les conditions les
plus simples, je me suis adressé à des fragments de palette d’omoplate de
lapin introduits sous la peau de l'oreille d'animaux de même espèce. Les
pièces ont été prélevées, dans deux expériences, au bout de deux mois et,
dans une expérience, au bout de quatre mois et demi. Dans chaque expé-
rience cinq greffes avaient été faites sur chaque oreille.
En ce qui concerne les greffes vivantes, j'ai pu confirmer les résultats
obtenus par A. Barth (°) : un grand nombre de cellules osseuses meurent
malgré toutes les précautions prises et malgré la minceur des lamelles
greffées. Il ne subsiste que quelques cellules éparses ou groupées en plages
peu étendues et irrégulièrement réparties. Tout le reste du greffon ne
contient plus que des cellules mortes et, dans leur ensemble, les greffons
introduits vivants ne se comportent pas autrement que ceux qui ont été
traités par lľalcool.
`A ce point de vue, il y a un contraste absolu entre la vitalité des cellules
cartilagineuses, qui résistent même dans des conditions défavorables telles
que la conservation dans la solution de Ringer, et la fragilité des cellules
osseuses, qui supportent si mal une homotransplantation immédiate.
Les greffons osseux, qu’ils aient été introduits morts ou vivants, sont le
siège de phénomènes identiques et provoquent autour d'eux les mêmes
réactions.
Il se produit dans ces greffons, comme on l’observe dans l’os normal, des
érosions dans lesquelles s’installe un tissu médullaire qui peut être réduit à
an stroma conjonctif, mais qui peut aussi se garnir de petites cellules
mm a
(*) Séance du 19 juillet 1920.
(2) J. NaGeorre, Ostéogenèse dans les greffes de cartilage mort ( Comptes rendus,
t. 169, 1919, p. 737).
(3) A. Barta, Ueber histologische Befunde nach Knochenimplantationen (Langen-
beck’s Archiv f. klin. Chirurg., t. 4h, 1893); Zur Frage der Vitalität replantirter
Knochenstücken (Berl. kl. Wochschr., 1894).
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 281
arrondies. Souvent le processus va plus loin; il se forme des ostéoplastes
par métaplasie de cellules conjonctives et une pièce de tissu osseux vivant
vient remplir l’érosion en se soudant à la substance de l’os mort. Il peut aussi
se faire des pièces semblables à l’intérieur des cavités médullaires réhabitées,
lorsque le greffon comprend du tissu spongieux. Quels que soient les facteurs
élémentaires mis en œuvre, il est certain que la métaplasie résulte d’une
influence spécifique exercée sur les fibroblastes par la substance osseuse,
alors même qu’elle est privée des cellules vivantes qui l'habitent norma-
lement.
Mais les phènomènes consécutifs à l'introduction d'un greffon, mort
ou vivant, au sein d’un organisme vivant sont toujours complexes. Si la
qualité spécifique du tissu greffé joue un rôle important, comme je l'ai
montré, et si elle peut commander l'apparition de métaplasies dans un
sens déterminé, d’autres facteurs doivent aussi être pris en considération.
Par sa masse, le greffon amène nécessairement un changement dans len-
semble des conditions ambiantes au point où l'opération est faite. Il peut
en résulter des métaplasies qui sont en rapport, non plus avec une action
spécifique du tissu greffé, mais avec une perturbation apportée dans l’équi- :
libre statique de la région par l'introduction d'un élément nouveau, cons-
titué par un fragment de matière organisée. ; |
C’est ainsi par exemple qu’une pièce squelettique, dont la forme et les
rapports sont déterminés et qui peut être indifféremment cartilagineuse,
osseuse ou mixte, se forme par métaplasie dans l'oreille du lapin sous l'in-
fluence de greffons morts, quelle que soit la nature de leur tissu, carti-
lage ou fragments de tuniques artificielles.
Il importe de ne pas se laisser induire en erreur par ce phénomène, que
provoquent aussi, d'habitude, les greffons osseux en plus de l’ostéogenèse
par simple contact. Dans ce cas il apparaît une série de noyaux osseux ou
cartilagineux appliqués, sans érosion préalable, contre la face du greffon
tournée vers le cartilage de l'oreille. Ici, comme pour l’ostéogenèse au
contact du cartilage mort, la distinction entre l'influence régionale, due à la
masse du greffon, et l’action spécifique, en rapport avec la nature de son
tissu, est facile à faire, en tenant compte de la topographie des foyers de
Métaplasie observés ; mais il est manifeste que les deux influences peuvent
se renforcer en se superposant, et c'est un fait qu’il est bon de noter.
Il résulte de là que, pour interpréter correctement les résultats observés
à la suite de l'introduction d'un greffon osseux dans une région quelconque,
il faudra tenir compte : 1° des qualités propres du greffon, en tant que
C. R., 1920, 2* Semestre. (T. 171, N° 4.) +.
ane o ACADÉMIE DES SCIENCES.
t
substance capable de provoquer à son contact la métaplasie du tissu
conjonctif en os; 2° des changements que l'introduction du greffon peut
amener dans l’équilibre des tissus de l’hôte, soit en apportant un facteur
nouveau, comme je viens de le montrer, soit au contraire en favorisant,
par la reconstitution anatomique d’une région bouleversée, la réapparition
des conditions physiologiques normales. Quelle que soit exactement la
nature de ces changements, ils peuvent se traduire par une ostéogenèse, ~
qui vient s'ajouter à l’ostéogenèse due aux qualités spécifiques de la subs-
tance greffée.
Je dois faire remarquer, en terminant, que si les caractères spécifiques
du greffon semblent importer assez peu dans la production d'os par chan-
gement dans les conditions d'équilibre de la région où la greffe est intro-
duite, par contre, les caractères génériques de la matière organisée jouent
un rôle capital dans ce phénomène : les lamelles de substances non orga-
nisées, telles que collodion, ébonite, verre, argent, etc., introduites dans
l'oreille du lapin, sont parfaitement tolérées, mais elles ne déterminent
jamais la formation de cette pièce squelettique surnuméraire qui s'observe
habituellement à la suite de la greffe de tissus morts.
HYGIÈNE EXPÉRIMENTALE. — /nfluence de la présence de traces infinitést-
males de substances nutritives dans l'humilité de lair sur la conta gion. t. Note
de M. A. TrıLtar, présentée par M. E. Roux.
Les résultats de précédentes expériences (') ont fait ressortir le rôle
important de l'humidité dans la transmission d’une épidémie par l’intermé-
diaire de l'air. Je rappellerai que ces essais ont montré que dans le cas de
la contagion des souris par le B. paratyphique, la mortalité des animaux
exposés à une ambiance saturée d'humidité était DER plus élevée que
dans le cas de l'air sec.
On pouvait se demander si la composition de ceite humidité, comme par
exemple celle qui résulterait de la présence de traces infinitésimales d’ali-
ments, pouvait exercer à son tour une influence favorable sur la mortalité
des souris, influence qui se superposerait ainsi à la première. Envisagée
sous ce jour, cette quéstion n'est pas sans intérêt, car dans la réalité l’humi-
dité de l’air est rarement à l’état de pureté absolue, soit qu’elle est imprégnée
(1) Trizcar et Makiety, Comptes rendus, 1. 170, 1920, p. 1529.
SÉANCE DU 26 JUILLET 1920. 283
des gaz de la respiration ou des émanations du sol, soit qu’elle contienne
à l’état de dissolution une partie des matériaux divers qui constituent la
minéralisation de l'atmosphère.
Dans ce but, j'ai répété les expériences décrites dans ma Note précé-
dente, avec là même technique opératoire, en faisant intervenir ce facteur
nouveau. Sous deux cloches de même volume (2o litres), on pulvérise
dans la première 1°” d’eau distillée à 18° et, dans la seconde, la même quan-
tité d’eau additionnée d’une proportion infinitésimale de substance nutri-
tive représentée par l'addition de t à 2 gouttes de bouillon ordinaire dans
20% d’eau. La quantité de la matière nutritive après pulvérisation sous la
cloche d’essai a pu être évaluée à environ === par rapport au volume
d'air.
L'air humide de chaque cloche renfermant les lots de souris, ayant été
ensemencé avec une projection microbienne d’une émulsion aqueuse
extrêmement étendue de B. paratyphique, on laissait les animaux exposés
pendant 5 minutes à l'ambiance microbienne. Les souris étaient retirées
et observées pendant 1 mois. Après chaque décès, elles étaient autopsiées
et leur sang examiné. Voici à titre d'exemple Les résultats, exprimés pour
plus de clarté en pourcentage, fournis par trois séries d'expériences :
Tableau exprimant le pourcentage comparatif de la mortalité de souris exposées
dans les mémes conditions à l’action de nuages microbiens (paratyphique)
constitués par l'humidité pure (A) ou par l'humidité renfermant en suspension
des substances alimentaires.
Mortalité pour 100.
mm ~
tte
y Composition de Fair. i; - IL HL.
A. Air saturé d'humidité PTB s eean tea aa: 29 20 4o
B. Air i i LE
Aix humide renfermant 15550605 d’aliment.... .. 100 80 80
RL EP a E A e r ue MB D, 0
Ces résultats, vérifiés par d’autres essais dans lesquels on a fait varier les
conditions d'expériences, suffisent à démontrer que le rôle favorable de
l'humidité dans la contagion est encore notablement augmenté par la
Présence de traces infinitésimales de substances nutritives. D ee
Que de si faibles proportions de substances puissent avoir une action
Capitale sur la vitalité des germes, et, par suite, sur l'aggravation Un …
contagion, il n'y a rien là qui doive nous étonner : ces doses sont dans
l’ordre de grandeur des microbes. On a vu, d’ailleurs ('), que la vitalité se
(') Triizar et Fouasster, Comptes rendus, t. 155, 1912, p. 1184.
284 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des microbes en suspension dans l’air était extraordinairement sensible aux
agents physiques et chimiques, infiniment plus que dans le cas des bouillons
ordinaires. j
Si l’on interprète l’ensemble de ces résultats dans la pratique, on est
autorisé à conclure que le rôle favorisant de l'humidité dans la transmis-
sion des épidémies par les projections microbiennes est encore augmenté
quand cette humidité renferme des aliments solides ou gazeux. Or, cette
circonstance se présente dans une foule de cas, notamment lorsque l'air est
souillé par les produits gazeux de la respiration. Les brouillards dont la
composition chimique mériterait d’être mieux approfondie peuvent, à la
fois, présenter cette superposition de facteurs favorisants.
Botin, au point de vue application pour hygiène, cette étude fait ressortir
une fois de plus lutilitė de l’évacuation des buées respiratoires qui ren-
ferment tous les éléments propices à l’ensemencement et à la multiplication
rapide des microbes.
La séance est levée à 16 heures.
A Pr
ERRATA.
(Séance du 28 juin 1920.)
Note de M. Hames sons Vérification de la thermo-électricité du
mercure liquide : |
Page 1568, ligne 25, au lieu de la différence double de température 26, lire la dif-
férence double de température 2 At; ligne 26, au lieu de u8 (5), lire u = 8k(AT}:
Note de M. Andani, Contribution à l'é tude de létat critique de l'éther
éthylique :
Page 1573, au lieu de Audant, lire Andant.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 AOUT 19920.
PRÉSIDENCE DE M. Henr: DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
“ ; : $ ;
M. le Présinexr souhaite la bienvenue à M. Mourero, Membre de
3 r . , , . . ` r
l’Académie des Sciences de Madrid, qui assiste à la séance.
Après le dépouillement de la Correspondance, M. le Présipexr s'ex-
prime en ces termes :
Messieurs,
à
L'Académie est éprouvée par un nouveau deuil. Notre illustre mA pa ;
le D' Anruavn Gaurier, est mort la semaine dernière à Cannes après une
longue maladie. Il avait atteint sa 83° année.
Le D" Gautier a été un des plus grands chimistes de notre temps ; il a fait
de belles découvertes auxquelles son nom restera toujours attaché, et sa vie
scientifique est un modèle à présenter aux jeunes générations.
I s'était formé lui-même au contact de la nature et il aimait à le rappeler.
Son père, médecin à Montpellier, avait des idées larges sur l'éducation; `
il a laissé son fils croître en toute liberté à la campagne, sans lui imposer c de
longues stations à l’école : ; il a seulement guidé sa LEE RS fort
éveillée, vers les êtres et les choses de son entourage.
+ Nr di
Après avoir pensé un instant à l'Ecole Polytechnique, le jeune Cher
Suit la vocation qui l’entraine vers les études res et a en même
temps sa médecine.
Pendant cinq ans, à la Faculté de Montpellier, il reste attaché i à un labo- > Ne
ratoire de chimie, d'abord comme Res puis comme prépa-
C. R., 1920,2* Semestre. (T. 171, N° 53 ; 22
t
286 ‘ACADÉMIE DES SCIENCES.
rateur. Il apprend à manipuler et devient un très habile expérimentateur.
Fortement attiré par la théorie atomique et la grande idée simple qui :
est à sa base, il se rend à Paris pour suivre les cours du professeur Wurtz,
qui était l’apôtre de la nouvelle école.
En même temps, il complète son instruction théorique et, pendant deux
ans, suit des cours de mathématiques et de physique. Il entre alors au labo-
ratoire de Wurtz, étant bien mûr pour la recherche scientifique ; et, en
effet, l’année suivante, en 1866, il débute par un travail magistral qui le
place aussitôt au premier rang.
[I] découvre une classe nouvelle de corps importants, les carbylamines,
qui, produits en même temps que les nitriles, avaient échappé aux premiers
expérimentateurs. Íl arrive à les isoler et à déterminer nettement leur véri-
table constitution. Ge sont des isomères des nitriles, qui, ayant la même,
composition chimique, ont un arrangement différent des atomes et des
propriétés aussi très différentes.
Considéré par tous comme un maitre, il est nommé successivement, en
1869, agrégé à la Faculté de Médecine; en 1872, directeur du premier
laboratoire de Chimie biologique organisé en France; en 1884, à la mort de
Wurtz, professeur de Chimie médicale, et, en 1889, membre de notre
Académie.
En fait, pendant cinquante ans, il a poursuivi des recherches fécondes sur
les sujets les plus variés; son principal effort a porté sur la chimie biolo-
gique, qui, de toutes les branches de la Chimie, est peut-être la plus difficile.
Les résultats sont consignés dans plus de 600 Métbires: on ne peut LR
ici que les principaux.
En 1852, il découvre dans les matières des en putréfaction des
ieisiee nouveaux, appelés pomaines, et analogues à la nicotine; jus-
qu'alors ces corps particuliers avaient été trouvés seulement dans les
végétaux. Cette importante question l’a occupé pendant dix années; et,
‘finalement, il annonce que des corps analogues, les {eucomaïnes, se ren-
contrent daiis les tissus animaux, en pleine vie normale.
Plus tard, il annonce, contrairement aux idées reçues, la présence
constante de larsenic dans certains organes dès animaux, et il met en relief
le rôle e impor tant, jusqu'alors méconnu, de l'arsenic et aussi de l’iode dans |
notre organisme; ce qui le conduit à des médicaments ayant pour base
arsenic et aujourd’hui très employés.
Dans le règne végétal, il reconnait la a Fe de corps analogues.
-
\
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 287
à la catéchine; il découvre des différences notables dans les chlorophylles
retirées des divers végétaux; il fait une étude complète de la matière colo-
rante du raisin.
Une mention spéciale doit être réservée aux recherches longues et
étendues qu'il a poursuivies pour le Conseil d'hygiène et de salubrité sur
les impuretés de l’air dans les villes. L’oxyde de carbone, qu’on s'attendait
à trouver, manque absolument, mais deux faits nouveaux apparaissent :
Pair normal sur toute la Terre contient toujours une quantité sensible
d'hydrogène libre et des traces d’iode. Ce dernier élément est rapporté par
lui à des algues microscopiques; mais d’où vient l’hydrogène, qui, d'autre
part, est absorbé constamment par l’ozone atmosphérique? D’après
M. Gautier, il provient des roches primitives profondes; car ces roches,
chauffées à 300° dans son laboratoire, dégagent entre autres gaz de l’hydro-
gène. Même, les gaz émis ont la composition des gaz volcaniques; et il est
conduit, d’une part, à une théorie des volcans, adoptée plus tard par Suess,
et, d’autre part, à la division nécessaire des sources thermales en deux classes.
Une simple étude d'hygiène a été étendue, peu à peu, pour aboutir à des
conceptions nouvelles sur la Physique du globe.
Dans l’ensemble, le D" Gautier a été plus qu’un grand chimiste; il a été
un philosophe pénétrant qui a bien rapproché les phénomènes, et a émis
sur eux (les idées originales. Comme tous les vrais expérimentateurs, il s’est
laissé guider surtout par les faits; ses principales découvertes étaient
contraires aux théories régnantes.
Il avait l'amour profond de la Science, etil s’intéressait vivement à toutes
les découvertes, même à celles faites en dehors de la Chimie. Ayant la foi
avec un bel idéal, il était resté jusqu’à la fin jeune d'esprit et jeune de cœur.
L'Académie salue en lui un des hommes qui, par l'œuvre accomplie, par
le caractère, lui ont fait le plus d'honneur; et, fortement touchée elle-même,
elle adresse à sa famille de très vives condoléances.
a
#
THÉORIÉ DES NOMBRES. — Sur la représentation d'un entier par les formes
; i í ; | a as "po ons ee ER r *
d’ Hermite indéfinies, dans un corps quadratique imaginaire. Note (') de
. G. Houserr.
L. Dans une Note des Comptes rendus (t. 466, 1918, P- 870), j'ai indiqué .
cette proposition que toutes les formes d'Hermite #ndéfénies (a,b,b,,c), du
C) Séance du 26 juillet 1920.
$
288 ACADÉMIE DES SCIENCES.
corps i yP, [où P= 1, 2(mod 4)| proprement primitives, de déterminant
(positif) bb, — ac donné, D, appartiennent à une seule classe quand D n’a,
avec P, aucun diviseur impair (=> 1) commun et n’est pas multiple de 4.
La même proposition s'applique aux formes de l’anneau i yP, pour P=3
(mod 4) : ce sont celles où, a et c étant toujours des entiers ordinaires,
betb,sont des entiers conjugués, b, + ib, yP, de l'anneau, les formes d’une
classe se déduisant de l’une d’elles par les substitutions de déterminant +1,
à coefficients entiers de l'anneau.
+ La démonstration, pour P impair et D =1 ou 2(mod 4) est celle même
qui a été développée (loc. cit.) dans le cas de P = 1; les cas de P=32 et
D=1 ou 2(mod 4) se traiteraient d’une manière analogue.
Nous nous supposerons d’abord placés dans le cas indiqué [P et D pre-
miers entre eux, au facteur 2 près, et D <0o(mod4)], où les énoncés et les
formules sont plus simples; quelques mots suffiront ensuite pour le cas
P Pr EN P
général. H ;
On désignera, dans ce qui suit, par € le corps ou l'anneau i yP, selon
que P est congru à 1, 2 où à 3(mod 4); comme représentante des formes
proprement primitives de déterminant D, on choisira la forme
S = 2x5 — DY Yos
2. Groupe reproducteur de f. — Les substitutions sur æ, y de détermi-
nant + 1, à coefficients entiers dans €, qui reproduisent f (la substitution
conjuguée étant opérée sur %,, Y,) ont pour expression
(Re |z, y5x + Di, y, vx +hyl|, a
À et y étant des entiers de ©, de conjugués À, et v,, liés par
(2) ME À 5— Du, — T:
Les substitutions correspondant à une variable, à savoir les
(S) + arme Xe op Dos (TER),
forment un groupe automorphe, g, ayant le cercle principal C, d'équation
pe D |
admettant un domaine fondamental € à l'extérieur de C et un domaine
analogue, £’, à l’intérieur : les côtés de £ et de ', ares de cercle orthogo-
naux à C, sont portés respectivement par les mêmes circonférences. T
La méthode même de formation (') de @ et de & montre que ces do-
(1) Voir, par exemple, Comptes rendus, 1. 169, 1919, p. 205.
SÉANCE DU 2 AOÛT 1920. 289
maines, du moins pour P œx, sont symétriques par rapport aux axes OË,On.
Pour P = 1, la symétrie n'existe que par rapport à On et un côté de @
(et de 8”) est porté par O£.
Voici une remarque qui nous sera utile plus loin : pour que (S) soit ellip-
tique, il faut et il suffit, on le voit aisément, que À + à, soit nul; la période
est alors 2, et, en posant À = liyP, avec l'entier réel, les points doubles, Ÿ,
de (S) sont donnés, compte étant tenu de (2), par
ui = PE
a
Si donc P > 1, ce que nous supposerons, sauf avis contraire, { ne peut être
le quotient de deux entiers de €, c’est-à-dire que ® et @ n'auront aucun
sommet elliptique, $, qui soit du type 5 » avec x, y entiers de ©.
3. Représentations restreintes, par f. — Soit m un entier ordinaire positi f
et premier à 2 D; si Test un idéal de €, nous dirons que m admet une repré-
sentation par f, appartenant à I, quand il existe deux entiers, v, y, de I, tels
qu'on ait i |
*
(3) m = fa, T3; c'est-à-dire m =J{F T
dans nos notations habituelles. Nous supposerons toujours que I est un
idéal de base (q, g+1VP), associé à la forme binaire positive (q, g, r), de
discriminant gr — g” égal à P; la norme de I sera q; les entiers de I seront
les qu + (g +iyP)v, avec u, v entiers ordinaires, et f(x, y), si £, y sont
ue ce type, sera divisible par q.
La représentation (3) sera propre si les entiers de €,
ne Sont divisibles simultanément par aucun entier ordinaire (œ> 1).
Sir
. uomorphies (1) de f; les représentations propres, appartenant à I, de m
Par f, se répartissent donc en séries, et, si l’on reprend les raisonnements
on à une représentation propre, (3), de m par f, appartenant à I, on
en déduit une infinité d’autres en opérant sur x, y une quelconque des
ss * w
Ælo :FVo, LIe Ven
Rd in dl 7 “eur
TN RE &
4
faits par nous à propos des formes positives, on constate qu’ils s'appliquent
yý £ . a Se
au nombre de ces séries : on trouve ainsi, pour ce dernier, le nombre N défini
aux Comptes rendus (t 169, rörg, p 3t) |
On Peut aussi, au lieu de séries, parler de représentations proprement
dites : en vertu même de l'existence du domaine ®, d'une représentation
propre +, y appartenant à I, on déduit, par les automorphies de f, deux
290 ACADÉMIE DES SCIENCES.
es ne analogues distinctes, X, Y et — X, — Y, telles que le
point + À appartienne au domaine ®.
Nous appellerons restreinte toute représentation (1; X, Y) pour laquelle
le point X: Y appartient à ®, et, par ce qui précède, le nombre des repré-
sentations propres, restreintes, appartenant à I, de m par f, est égal à 2N.
Naturellement, on ne regarde, comme faisant partie du domaine £, que
la moitié des côtés et une partie des sommets, de telle sorte que, dans le
domaine ainsi compris, il y ait un et un seul point équivalent, dans g,
à un point donné. °
Si, pour une représentation, le point X : Y était un sommet elliptique ©
de ®, de période #, il faudrait ne compter la représentation, dans 2N, que
pour 1:#; mais ce cas singulier ne pons se produire (n° 2), du moins
pour P.> r.
Cela posé, en continuant à suivre pas à pas les raisonnements faits dans le
cas des formes positives, on arrive à la formule fondamentale suivante :
Ge Er o aO
Au second membre, n parcourt les entiers ordinaires premiers à 2D;
h est le nombre des réduites de Gauss, proprement primitives, positives,
de discriminant P; s est une quantité arbitraire > 2; le produit H s'étend à
tous les diviseurs premiers œ impairs (> 1) de P.
Au premier membre, 1,, [,,..., 1, désignent les idéaux (q, 8 EP},
de ©, associés aux À pediste de Gai (q, g, r) ci-dessus; c prend les
valeurs 1, 2, ...; h; c étant fixé, X et Y os tous les couples d’entiers.
de F, tels :
1° Que l'entier _ J (È T) soit positif et premier à Sr
2° (ue le point > appartienne au domaine Ẹ.
+ Pan
Remarque. — Avec m < o, on trouverait encore la formule (4), où l'on :
$ $ y > KA » 4 F SA y 3 |
écrirait |f] à la place de f, et en convenant que I E) doitêtre négatif, |
# > $ . A St . . a
premier à 2D, et que le point ẹ doit appartenir au domaine € .
wN e ’ > u
5, Corollaire I. — Le nombre N n’est nul (') que si m a, avec Pun ot,
F. RIRE ee
(} Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 314.
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 291
0 . ‘D 4
plusieurs facteurs premiers communs 6, tels que (2) = we A
1
quelques conséquences.
Dans les énoncés qui suivent, nous supposerons : 1° m positif ou négatif,
premier à 2D, et n'ayant avec P aucun facteur premier commun 5, tel
que (—)}——1; 2° P et D premiers entre eux (au facteur 2 près)
ne no). On se rappellera, de plus, que P n’a pas de diviseur
carré (> 1).
E Jais
m=z +Pe- D( u+ Pe?)
est soluble en nombres entiers z, £, u, ©.
2° De même, l'équation
m—A(=+Pe)—B(u+ Pre),
où À et B sont entiers, positifs et premiers entre eux, AB jouant le rôle
de D dans les hypothèses ci-dessus.
Cela tient à ce que les formes Axx, — By y, et xæ, — AByy, sont alors
de la même classe (n° 1).
3° De même, l'équation
(5) 5 m= (z, t)— Dolu, r),
où ọ(z, t) est une forme quadratique binaire quelconque, positive, propre-
ment primitive, de discriminant P, à coefficients entiers.
Car (5) est une représentation (3), où I serait l'idéal associé à p.
Conclusion analogue pon m= Aọ(z, 1)—Bọ(u, v), le produit ak
jouant le rôle de D.
6. Corollaire II. — La formule (4) donne facilement cette conséquence. .
Soit m un entier ordinaire > Zo, premier à 2DP; le nombre total des
représentations restreintes de m par f, appartenant auxidéaux L, Ip, <- wo
parj, app —
définis au n° 3, est 2h fois la somme des diviseurs de |m].
7. Cas de P = 1 . Bornons-nous, comme dans les Comptes rendus ( pr
t. 166, p. 581), à me > o. Il est possible (n° 2 ci-dessus) que, dans la Ses
sentation M = xx, — Dyy,, le point æ: y coïncide avec le point double, © ee
d’une substitution de g, à savoir le point (') = (l+ £): és où E ngg
+1, Žun entier réel et v un entier du corps y — 1, vérifiant `
(8) ; RaDa +
1 , . $ ij + res s W
(1) On a écrit v au lieu de v: i, pour simplifier. : ae `
292 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Supposons donc © donné et soit « le plus grand commun diviseur (dans le
corps) de /+e et de y; posons
(9) l+Eë = ah; Yo (A! et y’ premiers entre eux).
Si maintenant on pose
(10) m= NA —Dy,,
pour celte représentation de m par f, le point æ:7y, ici À':v', coïncide
avec €.
On a la même propriété pour les représentations suivantes de #66,
(où 5 est un entier quelconque du corps) :
HA se e 41 Aaron
MBBo—= BA" . Bado — Dr. Bavo
et il est clair que les m88, seront les seuls entiers positifs M pour lesquels,
dans une représentation M = xx, — Dyys, le point x : y coïncidera avec
Comme nous ne représentons que les entiers positifs, premiers à 2D, il
faudra nécessairement, pour que le cas puisse exister, que m soit lui-même
positif, et premier à 2D.
On tire facilement de (8), en tenant compte de (9), de (10) et de
ah = x, À, déduit de (9), la relation
(11) ; I AN aN.
Elle entraine » — 1. Car, m positif et impair, s’il dépasse 1, aura un
facteur premie impair, p, et-p, par (11), divisera À’, puis, par Go D il
divisera Dy'y,, donc y,, puisque y est premier à À’, et que D l'est à
Mais p, réel, divisant y, divisera aussi son conjugué, y’, ce qui est impossible
y’ étant premier à À. Done mesi.
À j ;
Alors on a € = > avec (10), écrit A'A, — Dyv», = 1, ce qui montre que s
~
KS- E
dans g, équivaut à æ, par la substitution z’ = ME. de g
Donc, enfin, le seul sommet de & à considérer est æ, qui est, en effet,
point double de la dea de période 2, z' = (i2): (— ï), dès lors on
devra compter seulement pour = une représentation M = xx, — Dyy, dans
laquelle y =o. On supprime Percepi en considérant, au lieu de ®, qui
admet l'axe réel pour un de ses côtés, l’ensemble de Ẹ et de son symé-
trique, ®,, par rapport à l’origine, soit ®+@,, et la formule (4) s'écrit
alors
G) DUREE
; a xY
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 293
Au second membre, n parcourt les entiers > 0, , premiers à 2D; au-
premier, X, Y sont les couples d’entiers du corps y— ı tels que f(X, Y)
soit r premier à 21), et que le point X:Y appartienne au
domaine ® + ®,.
C’est ainsi, en réalité, que nous avons opéré dans les exemples de la
Note de 1918 citée plus haut; toute difficulté relative aux sommets
elliptiques de ® a disparu. Naturellement, € est défini (n° 3) avec la suppres-
sion de certains côtés ou sommets; ®, l'est avec la suppression des côtés ou
sommets symétriques des précédents par rapport à l’origine, d'où la défini-
tion de € + ẹ,. De plus, la portion d’axe réel, symétrique par rapport à o,
qui formait frontière entre € et ®,, est considérée comme appartenant zout
entière à ® + @,, dont elle n’est plus un côté.
Donc, en vertu de LIIS
Le nombre des représentations de m, entier, positif premier à 2 D, par la
Jorme quaternaire. réelle x? + y? — D(=?+#), sous la condition que le
point (x + ty) (= + tt) appartienne à ®+@, est quatre fois la somme des
diviseurs de m.
CORRESPONDANCE.
MM. Rent Barre, Azserr BERTHELOT, ALBERT BORDEAUX, Érie Carras,
Ravwoxn Corxuserr, Orzrvrer Courron, Hexrr Hérissey, ALPHONSE
Maraquix, Rexé Risser adressent des remerciments pour les distinctions
que l Académie a accordées à leurs travaux.
ASTRONÔMIE. . — Observations de la comète périodique Tempel I, faites w
l Observatoire de Marseille, equatorial Eichens d’ ouverture. de Note
de M. Micaxovrréx. ;
res Sao moyen rene | ra à : na on 1 oi
: “U. de Greenwich. AR. Að. comp. œ apparente. parall. ®@ apparente. pas
ml ! ! RE Rae o.
; Le se 22 + 0.46,83 2 53,5 18:10 +. 52.416,55 1:972n Tae n
; à 19:84:29 018,44 7 F9 18:10. 1.52.46,26 hé ar
RS A en me eu
» i pan —0.27,46 +o 10! 6 I. ma 52,46 dote Sas e se" Ve a
906. ED 7.60: < +4:80;27: 102 g FOES 1:549n ee Ep
1805.06 29, 6,40 —Grab,t: 16272 55.14, 63 1,545, m
294 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Etoiles de comparaison.
mètre égal à 5° ou 65, La comète est de grandeur 10,2. Le noyau, assez bien défini,
brille par moments comme une étoile 9",8. Beau ciel, images belles,
ASTRONOMIE. — Contribution à l'étude des images télescopiques. Note
de M. R. Jarry-Desroces, présentée par M. Bigourdan.
Depuis une quinzaine d’années, j'ai eu l’occasion de faire des observa-
tions astronomiques et des recherches sur la qualité des images télesco-
piques, dans un assez grand nombre de stations, d’altitudes diverses, et
situées les unes en France, les autres en Algérie. Quoique la qualité des
images ait été notée uniformément, ce n’est pas sans une certaine hésitation
que je donne ici les résultats trouvés, car pour se rendre bien compte dé la
_ qualité des images télescopiques, qui varie de mois en mois dans toutes les
stations, il serait nécessaire de procéder à une étude détaillée qui ne peut
être entreprise ici ('). -
4
On rencontre en outre de grandes difficultés pour grouper en un tableau
les cotes qualitatives données aux images télescopiques trouvées à des alti-
tudes différentes; ces images, en effet, ne sont pas comparables entré elles.
Jai toujours constaté qu'à de hautes altitudes, c’est-à-dire au-dessus
de 500", les images télescopiques paraissent en général plus ondulantes
que dans les basses couches de l'atmosphère. Néanmoins, malgré cette
agitation plus grande, la netteté et le nombre des détails planétaires aperçus
était incomparablement supérieur dans certaines de ces stations par rapport.
à ce que l’on constatait dans les basses couches de l’atmosphère, même
par des images d’un calme parfait comme on en avait parfois à Toury.
nn arm tr E eee ET ET
(:) On trouvera certaines précisions pour quelques stations dans les Tomes 1, 2,3,
de mes Observations des surfaces planétaires, 1908, 1911, 1913. Gauthier-Villars-
R moyenne, Réduction ® moyenne, Réduction
x. Gr. 1920, 0. au jour. 1920,0. au jour. Autorités-
h He rs s o r mn ” j
Pose: 033 1.01.97,90 , +2,40 — 1.13,18,4 +195;2 Alger phot. CI. 29,56
Se à Vous 9,3 1.92,0%,28 : +0,99 — 1.24.1:8,4::,+10,1 Alger phot. CI. 29, 60
a LOS ER 9,8 1.531702 +2,30 41914 20,9 + +15,1 . Alger phot- Gham 0
RAT E "18,5 1.09. 4,92 +2,41 —.1.23.45,2 +15,1 Alger phot Cl." 1570, 5%
ner Te 10,0 1.99.18,40 +2,4r —-1,12.54,8 <+15,1 Alger phot. CI. 1570, 58
Description de la comète. — La nébulosité de la comète paraît circulaire, de dia-
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 209
Les cotes de qualité aux diverses altitudes ne sont donc pas comparables ;
et la cote de Sétif, la même que celle de Paris, n'indique pas que les images
dans ces stations soient comparables entre elles; c’est même tout le
contraire; par contre, cette cote de Sétif est comparable à celle donnée dans
les stations françaises et algériennes d’altitude à peu près similaire, car il
ne m'a pas semblé y avoir, entre goo™ et 1500" d'altitude, une grande diffé-
rence de qualité dans les images télescopiques.
J'ai donc divisé les résultats trouvés en trois Tableaux : 1° stations fran-
çaises de basse altitudė; 2° et 3° stations françaises et algériennes de haute
altitude. Dans ces Tableaux je n’ai indiqué que les stations où les études
ont été faites au moins pendant trois nuits consécutives, et avec mes réfrac-
teurs dont le diamètre est indiqué en centimètres. Le nom des observateurs
est donné ainsi par des initiales :
G NE ne EU G. Fournier A RCE DM PAPE V. Fournier
SPRL ADN PR EEE Va P. Briault. de Dir OEL Jarry-Desloges
Les cotes qualitatives sont comptées de o à 10, la cote o étant la a piye
mauvaise.
Ouverture
des instruments Cote de
Stations. en centimètres. qualité. Observateurs. Remarques.
Stations françaises d'altitude inférieure à 150".
Remilly (Ardennes) ........... 1, 197) 209 10, 10, 3-4 JD: L
js de Reims (Marne). r.. 16 3-4 Gr.
E E LA à 80,39, 20, T6 5-8. JD GE, H
Vaiges (Mayephe), ssi eisses. 26 LS J. D.
Nantes (Loire-Inférieure) ..... re 16 S G. F.
RS À wf Dy 2 3 u
Oury (Eure-et-Loir)........... | 37 7-8 nn
Bourges CORTE ie ou. . 16 5-8 “G.F.;:3:D; IV.
Menton (Alpes-Maritimes) ...... FREE SET CE J. D. h
Stations françaises de haute altitude.
Revard (Savoie), 1550m,..,...:. 37,29, 26,16 8-9 QEFI D. i V:
St-Chély-d’A pcher (Lozère),1000®. 46 2-3 G:F.
de (EPG F yi
Massegros (Lozère), 900%: aa 29, 16 Fe I FTD PR
Langogne (Lozère), 1000 . ..... 16 Lea G.F.
Stations algéri iennes de haute altitude. i : >
ACE, PP l oa
Sétif (Constantine), 1115® ...... - Dd; 37, 10 7-8 7 10. FL. io
Batna (Constantine), 1150 :.... 10 | EP EE
Laghouat (Alger), 735%, : 29; 16 4-5 d: DV: Fe x Hi
Aïn-Beida (Constantine), 10007. a HT P. B. ma
x
296 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Remarques. — I. Vagues parfois très fortes. — If. Images particulièrement calmes
et régulières. — IH. Images irrégulières, parfois d’un calme absolu. — IV. Images
calmes, régulières, bonne transparence atmosphérique. — V. Images bonnes en
satisfaisantes, — VII. Images en général satisfaisantes pendant les six mois frais ; moins
favorables par temps chaud. — VII. Images moins favorables pendant les mois frais
que pendant les mois tempérés.
Outre les observations indiquées plus haut, d’autres, plus sommaires,
ont été faites sur les Hauts Plateaux algériens, approximativement entre
1000 et 1150" d'altitude dans les régions suivantes : Djelfa, Guelt-Es-Steel,
Aumale, Médéa, etc. Toutes ces stations m'ont paru plus ou moins défa-
vorables comme conditions atmosphériques, et il en a été de même dans
l'oasis de Bou-Saada, à 500" d’altitude.
La supériorité des stations algériennes de haute altitude, par rapport à
celles de France d’une altitude similaire, ne provient donc pas de la qualité
meilleure des images télescopiques qu’on y rencontre, mais du fait que le
ciel, plus souvent serein, permet d’y jouir d’un nombre supérieur de nuits
plus ou moins claires, et permettant d’ailleurs d'y faire des observations
fructueuses. Cette proportion varie suivant les stations. A Sétif, on peut
compter sur environ 250 nuits, permettant de faire des observations plané-
taires. À Laghouat, ce nombre devrait être très augmenté encorè.
ASTRONOMIE. — Détermination de la différence de long citude Greenswich-Paris
par transport du temps en avion. Note de M. Pix PRRISAERE, présentée
par M. 2
#”
L'organisation d’un service régulier par avion, entre Londres et Paris,
m'a éngagé à tenter un nouvel essai de détermination de la différence de
longitude par transport de chronomètres, afin d'établir la limite de préci-
sion que permettent d'atteindre les procédés actuels, dans lesquels l'inter-
valle entre les comparaisons horaires aux stations extrêmes est réduit au
minimum possible.
Pour cette expérience, j'ai mili un groupe de 12 chronomètres de
bord, de 63"™ à 66"" de diamètre extérieur, réglés au temps moyen
opido boat watches), d'un modèle robuste et hamable, munis d'é chappe-
ments à ancre, semblables à ceux qui m'avaient déjà servi dans des expé-
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 297
riences analogues ('). Tous ces chronomètres venaient d'être simulta-
nément étudiés, pendant 43 jours, au National Physical Laboratory, à
Teddington, suivant le programme d'épreuves de la classe A. Le meilleur
d’entre eux a obtenu le nombre de classement 96,9, nombre non encore
réalisé jusqu'ici; pour l’ensemble, le nombre moyen atteint 94,9. Les épreuves
étant achevées, les chronomètres furent observés encore, pendant 10 jours,
à Teddington, dans la position horizontale, à 18°,7, et dans une orientation
qui a été conservée, autant que possible, dans toutes les opérations ulté-
rieures. Transportés à Greenwich, il furent soumis, pendant une semaine,
à des comparaisons quotidiennes, en s'aidant du chronographe enre-
gistreur. :
Le 18 mai dernier, les 12 chronomètres furent placés à bord d’un
avion couvert, en partance de l'aérodrome Weddon Croydon. Ils étaient
calés dans leurs boites de transport, soigneusement calfeutrés et entourés
de couvertures de laine; le tout fut enfermé dans une valise, que pendant
tout le voyage je m'efforçai, à l’aide d’un niveau, de maintenir horizontale,
bien que les observations aux positions, faites à Teddington, eussent révélé
des écarts très faibles. Tous les chronomètres étant munis du balancier
Guillaume, leur erreur secondaire est négligeable; en plus, erreur propor-
tionnelle moyenne était inférieure à o°,o15 par degré.
Ën raison du mauvais temps et du manque d'essence, ce premier voyage
fut d'une durée anormale; pour quatre voyages ultérieurs, effectués
du 21 au 27 mai, la durée moyenne du parcours aérien fut de
2 heures 45 minutes seulement; le double voyage Paris-Greenwich put
même être accompli une fois dans la même journée. Le transport entre les
aérodromes de Weddon Croydon et du Bourget et les bins pi o.
Greenwich et Paris a été fait en automobile. à |
Dans tous les voyages, les températures et les pressions furent relevées i
au départ et à l’arrivée; un altimètre placé dans la valise ns la
courbe des ascensions. |
Les observations ont été faites, à Greenwich par M. Bowyer; à Paris n
par M. Lancelin, qui a bien voulu effectuer l'ensemble des calculs. Les |
épreuves de Feddaigtoa et les comparaisons étal nt les € SN 3 » ont tte
exécutées par M. Constable. Fins a
Voici les résultats déduits de la moyenne pénésale des 61 opérations a
e ffectuċes : E
Ven
Différence de longitude Greenwich-Paris : 9" 20°,947 +o, 027.
(o Padé Difoar Essai d'une determination de Det tee de longitude par _ ~
transport de l'heure (Comptes Lies t 138, 70h r 1927
298 amey ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'erreur probable est du même ordre de grandeur que celles relevées
dans les déterminations faites par les signaux télégraphiques ordinaires.
Comme différence des longitudes mesurées en 1902, MM. Bigourdan
et Lancelin ont publié, aux Annales de l Observatoire de Paris, le chiffre
9™20°,994, tout en faisant remarquer qu'il serait légitime de supprimer
trois séries d'observations extrêmement discordantes des autres, et pour
lesquelles existait une erreur manifeste.
En supprimant ces trois séries, on a le chiffre 9" 20°,972.
Du côté anglais, MM. Dyson et Hollis avaient obtenu 9" 20°, 932.
La moyenne de ces déterminations donne donc 9"20°,952, dont le
résultat actuel ne diffère que de o, 005.
Bien que, en raison des progrès de la télégraphie sans fil, le procédé de
détermination des longitudes par transport de l’heure, autrefois très employé,
ait aujourd'hui perdu beaucoup de son importance, il était encore intéres-
sant d'établir, par une expérience directe, le degré de précision qu'elle
permet qg’ atteindre, et qui sera précieuse dans les cas où l'on ne pourrait
avoir recours à la radiotélégraphie. _
PHYSIQUE. — Sur l'application de la méthode de Righi à la discussion
de expérience de Michelson. Note de M. J. Virer.
La mort imprévue de M. Auguste Righi, qui a si brusquement privé la
science physique d’un des artisans les plus actifs et les plus originaux de ses
progrès récents, a coupé court à un échange de vues dans lequel je lui pier
cisais divers arguments susceptibles d’écarter les objections qu il m'a
faites ( ') en réponse à une Note récente : la présente Communication a
pour but de résumer ces arguments.
Qu'il me soit permis de rectifier d’abord une erreur d'interprétation, :
sans doute due à une rédaction insuffisamment explicite de ma Note (°).
: M. Righi, qui a défini par une analyse remarquablement claire les calculs
à faire pour appliquer le principe d'Huygens à la discussion de l'expé-_
rience de Michelson, a montré combien ces calculs précis deviennent com-
pliqués lorsqu'on introduit les déréglages angulaires qui créent un champ
de franges visibles : Ces calculs ne peuvent donc pas conduire immédiate-
C) Comptes rendus, t, 174, t920, P. 12:
(?) Oid., t- 170, 1920, p. 1179.
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 299
ment à un déplacement transversal des franges exactement égal à rE x £
dans l'expérience réelle (z étant intervalle entre franges), et je ne l'ai nul-
lement avancé. Le ‘raisonnement que j'ai présenté est au contraire le
suivant : Même en supposant le déréglage réduit à une rotation u. du
miroir B, (autour d’un certain axe dont il faudrait définir la position pré-
cise), les calculs complets sont compliqués, mars ils ne sont pas nécessaires
pour prévoir un déplacement appréciable des franges. Dans le cas du réglage
parfait, ils donnent très facilement la translation relative 2/5? des deux
ondes interférentes lorsque l'appareil passe de la première à la seconde
orientation principale; si, pour créer des franges, on fait alors tourner le
miroir B, d’un angle u croissant à partir de zéro, la translation relative
devra encore comporter ce terme 2/0° complété par des termes en u dont il
nous suffit de savoir qu’ils varient de façon continue avec u, et s'annulent
en méme temps que lui : s’il se trouvait qu'une certaine valeur de u (parmi
celles qui donnent un champ de franges observable) donne à la somme de
ces termes une valeur juste égale à (— 2/2?), annulant ainsi la translation
relative des deux ondes dans l'expérience, il suffirait de donner à x des
valeurs sensiblement plus petites, ou sensiblement plus grandes, ou de signe
contraire, autour du même axe de rotation, pour retrouver une translation
relative de l'ordre de 2/p?, à laquelle correspond un déplacement transversal
des franges de l’ordre de ai Xi. Ce raisonnement élude simplement les
calculs de la théorie de Righi et ne la contredit nullement. SA
Sur la discussion du phénomène dans le cas du réglage parfait, il y a au
H ntraire opposition entre la conception de Righi et le raisonnement que
jai présenté. Considérer alors les deux ondes conjuguées comme prati-
quement parallèles entre elles n’est pas une approximation illicite. Quand
l'appareil est dans l’une ou Vautre de ses orientations principales, l'écar-
tement des deux ondes synchrones M, O, N, et M,O,N,, égal à Zp? dans leur
région centrale, varie seulement de G -- £ e>) à (1+ Zas) dans la lar-
geur utile d du faisceau, qui est très petite par rapport à Z; Dans un plan
Situé dans la région M,O,N,, MO, N, (sur lequel la lunette d'observation
est mise au point), les deux vibrations s'ajoutent avec un décalage de phase
re . in? 2 : ; e oi. A S
qui varie de (Z SR à à (£ T e) d'un bord à l’autre, et l’on a une
Plage lumineuse pratiquement uniforme comme dans le cas de deux ondes
exactement parallèles entre elles. Il est donc légitime de dire que l'effet de
À “e
300 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rotation relative des deux ondes est pratiquement négligeable devant l'effet
de translation; et, par cela même, nous rejetons comme inadmissible l’idée
émise par Righi d’une compensation de l’un des effets par l’autre.
Rien noblige d’ailleurs à imaginer une telle compensation : Dans le cas
du réglage parfait, si l’on fait tourner l'appareil d’une orientation princi-
pale à l’autre, l'intensité du champ lumineux doit, sans cesser d’être prati-
quement uniforme, revenir à une valeur finale égale à sa valeur initiale;
mais cela ne prouve pas que l'effet de translation relative des deux ondes
ait été compensé par un autre effet; cela provient simplement de ce que la
translation, en faisant varier de façon continue le retard géométrique d'une
onde sur l’autre, l’a amené à une valeur juste égale et de signe contraire à
sa valeur initiale.
Si nous résumons les deux raisonnements différents que Righi a successivement
invoqués pour expliquer le mécanisme de cette soi-disant compensation, nous pour-
rons d’ailleurs faire apparaître immédiatement les objections qu'ils soulèvent.
Dans la Note du 22 avril 1919 (t, 168, p. 841), le phénomène est supposé examiné
avec une lunette mise au point sur l'infini et séparant les deux images Q, et Q, des
deux ondes synchrones M,N, et MN, : l'effet angulaire, qui permute la position des
images Q, et Q,, compenserait l'effet de translation relative des deux ondes, qui ren-
verse le signe de leur retard géométrique relatif. En réalité, langle (g;— 94) des deux
ondes est si petit ( p?=— 107°) que les deux points Q, et Q, sont pratiquement confondus
en un seul dans le plan focal de l'objectif; s'ils étaient séparés, aucun phénomène
d’interférence ne pourrait d’ailleurs se produire dans ce plan focal. Enfin, dans le
cas où l’on réalise un champ de franges rectilignes, on doit, pour l'observer, mettre au
point sur son plan de localisation, situé dans la région M,N,, M,N,; c'est dans ce
plan qu’il est intéressant d'étudier le phénomène d’interférence pour en tirer des
„indications applicables à l'expérience de Michelson : En chaque point de ce plan,
l'intensité lumineuse est définie par le retard géométrique relatif des deux ondes qui
s'y superposent ; c’est donc bien la translation relative des deux ondes (évaluée paral-
lèlement à leur mrectHon générale de propagation), qui réglera Ja modification à
observer. |
La Note du 7 juin 1920 (t. 170, p. ee la compensation dans un phé-
nomène d’aberration, par la translation terrestre, sur le parcours de la lumière depuis
- la région MiN,, NN, jusqu’à l'œil de l'observateur (à la sortie de l'appareil) : mais
ce parcours virtuel mest que l'équivalent géométrique du parcours réel, et l’on a tenu
compte des effets de la translation terrestre sur les deux faisceaux dans tout leur
parcours réel jusqu’à leur sortie de l'appareil, pour calculer les positions des ondes
virtuelles M,N, et M,N,, d'où semblent venir les rayons sortant de l'appareil ; on ne
peut donc pas faire intervenir une seconde fois les effets de translation pos y
chercher une compensation des résnltats ainsi représentés géométriquement.
En résumé, la méthode de calcul de Righi, appliquée à l'expérience de
SÉANCE DU 2 AOUT 1920 Söt
Michelson dans l'hypothèse d’un éther mécanique immobile propageant de
façon isotrope les perturbations lumineuses, conduit bien à prévoir un effet
de translation relative des deux ondes (sans compensation par un autre
effet géométrique simultané), qui devrait donner des déplacements appré-
ciables de franges.
Le résultat négatif de l’expérience de Michelson amène donc bien, soit
à abandonner, avec Einstein, la notion d’éther élastique comme contradic-
toire avec les faits, soit à attribuer à l’éther, avec Sagnac, des propriétés
autres (au point de vue de la propagation des ondes) que celles des milieux
élastiques, et définies par les résultats mêmes des expériences de Michelson
et de Sagnac.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur le vieillissement des catalyseurs colloidaux
(platine, palladium). Note (') de M. Grecorio pe RocasoLano,
transmise par M. P. Sabatier.
Divers auteurs se sont occupés du vieillissement des catalyseurs col-
loïdaux et l’ont tous interprété en supposantque ce vieillissement commence
dès la formation du système, comparable au glissement d’un corps pesant
sur un plan incliné. Ainsi envisagé, ce vieillissement est analogue à celui
observé dans les catalyseurs solides où la décroissance d’activité est une
conséquence de leur altération progressive, et, comme tel, il se différen-
cierait de celui des êtres vivants, où la période de décroissance est précédée
d’une période de développement et d’activité croissante.
Au contraire, nos expériences sur les colloïdes minéraux (agissant sur
l’éau oxygénée) nous conduisent, non pas à une diminution immédiate et
progressive de l’activité, comme dans le cas des catalyseurs solides, mais
aussitôt après la formation du système, à un accroissement d’activité qui
passe par un maximum, pour décroître ensuite jusqu’à des mere non
encore déterminées.
En appliquant la formule es
Le Log —— 2e
(a étant la dose initiale d'eau oxygénée, ž celle ee au Pont. du
temps 2), pour définir la constante % qui mesure la vitesse x décomposition, .
(1) Séance du 26 juillet 1920.
C. R., 1920, 2* Semestre. (T. 171, N° 5)
3s
302 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous avons toujours trouvé, pour des systèmes identiques (quant à la masse
et à la concentration des colloïdes ainsi que de l’eau oxygénée) envisagés
pendant des temps égaux, des variations qui ne dépendent que de l’âge du
colloïde, c’est-à-dire du temps qui s’est écoulé entre sa préparation et le
moment de sa semence.
Pour un même électrosol de platine, ayant pour 100, 08,007 de platine,
appliqué dans les mêmes conditions à des âges différents, les valeurs cal-
culées pour # ont été :
Age du colloïde.
Temps (Es
de la mesure. Initřal, 8 jours. 28 jours.
00 Minmates ie 0,0004397 0,0007168
e a E 0,0002469 0,0004039 0,0002777
1440 D E E T 0,0002103 0,0002336 0,0001766
AOI E ruine e. -reL Q,00015097 0,0001758 070001279"
Des résultats analogues sont obtenus avec des électrosols moins concen-
trés contenant pour 100, 0$,001; 0f,002; 05 09> de platine. Les valeurs
de #, calculées après 1440 minutes, ont été :
Catalyseur
Concentration, Catalyseur neuf, agé de 13 jours.
O Oe Mr ae 0,0002363 0,0002886
O OUR e e ii E 0,000274I o , 0003465
DOS. SR ve 0,0003809 0,0006000
On voit que l’activité a croit avec l’âge; puis elle passe par un
maximum pour un certain âge, et décroit ensuite pour un vieillissement
plus avancé.
Les hydrosols de palladium donnent lieu à des phénomènes identiques.
Nous avons effectué une série d'expériences avec le palladium colloïdal
obtenu en réduisant le chlorure par l’hydrate d’hydrazine et stabilisé
par 0,1 pour 100, de lysalbinate sodique. On observe également un
accroissement d'activité avec l’âge du colloïde. Mais, dans les systèmes
stabilisés, la croissance de l’activité catalytique est plus lente. En outre, la
comparaison des courbes représentatives de la décomposition montre que
c’est dans les dédoublements de vitesse moyenne qu'apparaissent le mieux
les variations d’activité dues à l’âge du catalyseur.
in résumé, il se produit, dans les colloïdes catalyseurs, une évolution
| qui commence par un accroissement de leur activité, atteint un maximum,
puis se continue par une diminution très lente dont nous n’avons pu déter-
miner le terme. Cette évolution est commune aux colloides organiques aussi
complexes que l'incertase et aux colloïdes inorganiques très simples que
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 303
sont les électrosols de platine ou les hydrosols de palladium, et elle corres-
pond peut-être à un phénomène tout à fait général dont il faudra tenir
compte dans l'application des colloïdes en thérapeutique.
Quant à la causé de cette variation de l’activité catalytique, elle nous
parait être la variation de concentration de l'oxygène dans le colloïde de
platine ou de palladium. Ainsi que nous pensons l’avoir établi pour l’élec-
trosol de platine, celui-ci se forme avec absorption d'oxygène libre au
moment de la pulvérisation électrique du métal, donnant lieu soit à une dis-
solution solide d'oxygène dans le platine, soit à une combinaison instable. Le
colloïde s'agite sans cesse dans l’eau où on l’a dispersé, et, en présence de
l'oxygène dissous, la concentration en oxygène du système colloïdal varie,
accroissant le pouvoir catalytique : puis, inversement, le colloïde perd de
l'oxygène, parce qu'il tend vers la coagulation, et, dans cette période
de l’évolution, l’activité catalytique diminue.
Dans la décomposition catalytique de l’eau oxygénée par les colloïdes
considérés, il est hors de doute que l’on met au contact de cette substance
du platine ou du palladium très divisés unis à l'oxygène en systèmes très
instables. Ces systèmes perdent alors de l’oxygène qu'ils récupèrent en
partie en le prenant à l’eau oxygénée qui se détruit, diminuant ainsi la
concentration de l’eau oxygénée et aussi celle de l’oxygène dans le colloïde,
Jusqu'à une limite qui correspond à la période finale de la réaction devenue
alors monomoléculaire, ainsi que nous avons eu l'honneur de l'indiquer dans
une Note antérieure (').
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur l'entrainement de l'oxyde de cuivre et de l’oxyde
de nickel par les précipités d'oxyde ferrique. Note de M. Er. Tororescu,
présentée par M. H. Le Chatelier. |
Dans une Note précédente (°) je me suis occupé de l'étude méthodique
de l'entrainement de la chaux et de la magnésie par l’oxyde de fer; dans
cette Note je me propose d'étudier l’entrainement de l’oxyde de cuivre et
oxyde de nickel par l’oxyde de fer, afin de pouvoir nous rendre compte _
Par un certain nombre d'expériences de la grandeur des erreurs dans es.
dosages gravimétriques du fer. `
Les précipitations ont toutes été faites à la température ordinaire en
1 ; r
E) GREGORIO DE RocasoLaxo, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1902.
C) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1291.
À
j
304 ACADÉMIE DES SCIENCES.
: K
ajoutant, à 5o% de la solution saline à étudier, 5°" d'ammoniaque con-
centré, et laissant le précipité 3 heures au contact de la dissolution, car les
expériences nous ont montré qu'il faut tenir compte des mêmes facteurs que
dans le cas de l'entraînement de la magnésie par l’oxyde de fer, savoir : la
température de précipitation et la durée du contact de la dissolution avec
le précipité.
Il est nécessaire de mentionner que, en faisant varier la quantité d'am-
moniaque avec laquelle on fait la précipitation, l'entrainement de l’oxyde
de cuivre et de l’oxyde de nickel varie d’une quantité appréciable; ainsi
avec une solution renfermant 0,2948 pour 100 de Fe Cl’ et 0,3692 pour 100
de SO*Cu et avec une solution contenant 0,2948 pour 100 de FeCl’ et
0,611 pour 100 de NiC’, nous avons obtenu les résultats suivants :
Cu O NiO
3 Eeto Cu O. pour 100. NIO, pour 100. -
La précipitation faite avec :
em? : f
5 d’ammoniaque concentré... 0,0726 0,0128 17,7 0,02/41 335%
10 » e 0,0090 12,4 0,0137 18,8
20 » “x » 0,0073 10 » »
5o Ah s » 0,0044 6,6 » »
Entrainement de l oxyde de cuivre. — Les résultats sont obtenus en faisant
la précipitation dans les conditions ci-dessus mentionnées.
Composition Composition a
Précipité. Précipité.
Solution - = Solution l
SO‘Cu ’/ CuO. FeO. CuO’. SO“ Cu "h. Cu O, Fe0%. ‘CuO Tr
g È i g g
0,3692 0,010 0,0360 29,2 0,1846 0,0083 0,0726 11,4
i O L28: 0,0726 19,7 6, 3692 0,0128 » 176
» GOA 0,1339 153,1 0,9228 0,0150 » 20,6
+ _ 0,0206 0,2074 959 0,6182 0,0191 » 26,3
» 0,0229 6,2730 4 1,176 0,0270 » 37,1
On peut voir d’après ce Tableau que l'entrainement de l’oxyde de cuivre
par l’oxyde de fer va toujours en augmentant avec la concentration du
second sel, quand la concentration de l'un des deux (sulfate de cuivre ou
oxyde de fer) reste constant. En même temps, en regardant les proportions :
relatives de l’oxyde de cuivre entrainé, on peut concevoir comment on p5
peut pas se débarrasser complètement de l’oxyde de cuivre même, aprés
qu'on a fait la deuxième analyse du fer par précipitation avec de l'am-
moniaque. :
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 305
Tous les moyens essayés pour faire la séparation entre l’oxyde de fer
et l’oxyde de cuivre par lavage du précipité, par décantation, avec une
solution d’azotate d’ammonium, ou avec de l’ammoniaque concentré, ont
été insuffisants.
Entrainement de l’oxyde de nickel. — Les précipitations ont été faites
dans les mêmes conditions que les précédentes, mais au lieu d’avoir diffé-
rentes solutions de concentrations diverses, j'ai travaillé avec une seule
solution de chlorure de nickel 6, 11 pour 100 et une de chlorure de
fer 2,948 pour 100 en variant les proportions de manière à avoir tou-
jours 50°" de solution. La précipitation a été faite avec 5°" d’ammoniaque
concentré.
Composition, Composition.
Solution. Précipité. Solution. Précipité,
De tn EEEE TE S La
CPNi. CPFe, NiO. Fe20%.. NiO°/. CPNi. G Fe NiO. Fe20%. NiO!'/.
Ai cm? g g cm? cem? g g
5 5 0,0241.. 0,0726 : 33,2 2 5 0,0122 0,0726 16,8
pio 0,0282 O0,1422 19,8 4 » 0,0199 » 26,9
19. 00908. Oaa : 10:0 6 » o,0252 » 34,7.
#30 0,0433 o,2882 19 8 » 0,0443 » Gr
5 25 0,0499 o0,3614 13,8 10 » 0,088 » 80,9
F9 0,1024 » 141
20 » 0,1561 » 219
On voit que, pour une concentration fixe en oxyde de fer, les entraine-
ments de l’oxyde de nickel vont en augmentant et ne tendent pas vers une.
limite fixe, connue dans le cas des entrainements de la chaux et de la
magnésie,
Une seconde précipitation à l’ammoniaque ne suffit pas pour enlever
complètement l’oxyde de nickel. La séparation par lavage du précipité,
eri dans le cas de l'entraînement de l’oxyde de cuivre, n’a donné aucun
resultat. ;
GÉOLOGIE. — Sur la Bresse chalonnaise et ses terrasses quaternaires.
Note de (') MM. Cu. Dertrer et P. Mazeran. = >
Les études de révision de la carte géologique au 320000° nous ont
amenés à modifier profondément les idées acquises sur la structure de la
aiii
e) Séance du 19 juillet 1920.
306 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vallée de la Saône dans la région qui s'étend de Chalon à Chagny, ainsi
que dans la vallée affluente de la Dheune.
On avait admis, dans cette région, l’existence de deux terrasses d'âge pliocène
supérieur ; 1° La zerrasse des sables de Chagny, élevée d’une quarantaine de mètres
au-dessus de la Saône et caractérisée (à Chagny et dans les tranchées du chemin de
fer, au nord de Beaune) par la coexistence du Mastodon arvernensis avec les pre-
miers Éléphants et par un ensemble de Mammifères caractéristiques de l'étage
Villafranchien. ;
2° La terrasse des sables et argiles de Chalon-Saint-Cosme, située en contre-bas
de la terrasse de Chagny, soit à une vingtaine de mètres au-dessus de la Saône, et
rapportée à l'extrême fin du Pliocène (étage Saint-Prestien) en raison d’une faune de
Mammifères (Equus Stenonis, Trogontherium Cuvieri, Cervus megaceros) ana-
logue à celle de Saint-Prest.
D'après ces données, la Haute-Bresse serait presque entièrement pliocène
et le Quaternaire n’y jouerait qu'un rôle insignifiant, limité aux très basses
terrasses et aux alluvions récentes des cours d’eau.
Nos recherches nous ont amenés à la conclusion que les formations plio-
cènes sont, au contraire, très réduites dans cette région et que les terrasses
quaternaires y jouent le rôle prépondérant, avec des niveaux d'altitud
relative correspondant à ceux de la vallée du Rhône. |
i. Environs de Chalon-sur-Saône. — Au nord et à l’ouest de Chalon,
s'étend une large plaine d’alluvions où la Grosne, la Thalie et la Dheune
ont, à plusieurs reprises, creusé puis remblayé leur lit. On distingue (en
dehors d’une petite terrasse très constante de 5") une terrasse dont le rebord,
très net à Chalon, est à la cote 185", soit 17" au-dessus de la Saône.
Dans les éxploitations d'argile à tuiles de Chalon-Saint-Cosme, cette
terrasse, très aplanie, est formée presque entièrement de limon, mais on y
distingue, à la base, un lit irrégulier de petits galets et de concrétions cal-
caires qui ravine les sables fins et argiles contenant la faune rappelée plus
haut. Cette faune, qui avait été attribuée à la fin du Pliocène, nous parait
maintenant devoir plutôt être rattachée à l'extrême base du Quaternaire et
assimilée au Forest-bed anglais. Mais dans tous les cas, il y a indépendance
complète entre les sables et argiles exploités et la terrasse limoneuse qui se
rapporte, à n’en pas douter, à la terrasse de 15"-20" de la vallée du Rhône.
Les sables et argiles de Saint-Cosme qui ont été largement mis à décou-
vert en 1915-1916 par les travaux d’agrandissement de la gare de triage de.
Chalon, se retrouvent plus au Nord, à La Loyère, où les exploitations
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 307
d'argile permettent de constater leur ravinement par les éléments plus
grossiers et plus frais de la terrasse de 20".
Nous conclurons donc que les sables et argiles de Saint-Cosme ne repré-
sentent pas une terrasse, mais seulement un fond de terrasse, qui a été for-
tement décapée et ravinée par la terrasse quaternaire de 15™-20™,
Plus au Nord, on arrive, après La Loyère, à une autre terrasse dont le
rebord est à l'altitude de 198"-202", c’est-à-dire à 28-32" au-dessus de la
Saône. Cette terrasse, très nette dans la topographie, atteint une largeur
de 7", mais elle est couverte de prairies et de forêts qui rendent difficile
l'observation de ses éléments.
2. Région de Chagny. — Enfin, en continuant vers Chagny, on voit,
dominant les terrasses précédentes, des lambeaux étendus d’une terrasse
plus ancienne, très découpée par l'érosion, dont le replat se montre à l’alti-
tude moyenne de 230", soit à 6o" au-dessus de la Saône. Épaisse seulement
de 2™, 5o en moyenne, cette terrasse présente des éléments assez grossiers,
les uns cristallins et bien roulés, les autres plus anguleux, provenant des
massifs calcaires voisins. En la suivant jusqu’à Chagny, on la voit surmonter
la formation pliocène supérieure des sables de Chagny. Notamment, aux
carrières des Tuileries bourguignonnes de Bellecroix, nous avons observé,
formant le dessus du plateau, une zone de graviers de 2",50, jaunàtres,
avec galets plus ou moins roulés de calcaires, de silex, de granites et de
porphyres, ravinant en poches la surface du Pliocène. Ce dernier est cons-
titué de haut en bas, par : sable jaune fin, 1"; argile à tuiles, 3" ; sables
fins d'épaisseur inconnue. Les ossements fossiles se trouvent dans le sable,
un peu au-dessous de la couche d'argile exploitée.
Ici, de même qu’à Chalon-Saint-Cosme, le sommet du Pliocène a été
enlevé par la terrasse quaternaire de 60", Il ne saurait donc plus être ques-
tion d’une « terrasse » pliocène des sables de Chagny.
3. Vallée de la Dheune. — On retrouve des faits analogues en remontant
cette petite vallée latérale. Entre Santenay et Cheïlly, existe, sur la rive
gauche, un plateau d’alluvions à éléments calcaires passablement roulés,
dont le replat, dépourvu de limon, est à l'altitude de 243", ce qui permet
de le raccorder par pente régulière à la terrasse de 60" de Chagny (232”).
Le plateau de Cheilly (245%) est formé par les mêmes galets calcaires,
mais encore plus grossiers. Comme ces cailloutis à gros éléments ne se
retrouvent pas dans les terrasses situées plus en amont dans la vallée de la
Dheune, on doit admettre qu'ils babes, d’un affluent latéral, qui ne
308 ACADÉMIE DES SCIENCES.
peut être que le ruisseau de Nolay. Il est bien invraisemblable que les dents
d’Eléphants pliocènes trouvées à Cheilly soient « en place » dans cette ter-
rasse torrentielle. Elles doivent provenir de sables pliocènes, analogues
à ceux de Chagny, situés à la base de la terrasse et dont on voit un affleure-
ment à l'amont de la tranchée de la gare de Cheilly, vers la cote 225".
En amont de Cheilly, la terrasse de 60" devient presque entièrement
limoneuse, faisant contraste avec le caractère torrentiel de la région de
Cheilly-Santenay. Le replat très net de ce plateau de limon s’élève régu-
lièrement vers l'amont : 245% à Saint-Gilles, 260" près Nion, 266" à Saint-
Jean-de-Trézy.
A partir de cette dernière région, on observe des lambeaux d’alluvions
encore plus élevées, notamment à l’ouest de Percelles près Saint-Berain
(308") et enfin à Montchanin (325"). M. Chaput a attribué ces niveaux
élevés au passage, dans la vallée suivie par le canai du Centre, d’une Loire
pliocène qui devait se raccorder au débouché de Chagny, à une terrasse de
130”, Ce chiffre correspond vraisemblablement au niveau prie de la
formation des sables de Chagny dans le bassin de la Saône.
En résumé, nous avons retrouvé sur la rive droite de la Saône, comme
dans la vallée de la Dheune, trois terrasses de 15™-20™, de 30" et de 60”,
qui sont les niveaux classiques des terrasses quaternaires et une terrasse
pliocène de 150", qui représente le niveau probable du remblaiement
général de la véllée de la Saône à l’époque du Pliocène supérieur.
PALÉONTOLOGIE. — Découverte d’un squelette d'Elephas planifrons Falconer
dans les sables de Chagny, à Bellecroix près Chagny (Saône-et-Loire).
Note (') de MM. Luces Mayer, Pierre NuGue et J. DARESTE DE LA
Cravanxe.
La Société des Tuileries bourguignonnes exploite à Bellecroix, un peu à
l’est de Chagny, des argiles et des sables pliocènes de la base du Villafran-
chien : la formation type des sables de Chagny. Une Note de MM. Depéret
et Mazeran (voir ci-dessus) vient de préciser leur position stratigraphique.
Une faune abondante les date parfaitement : lessables de Chagny se parallé-
lisentavec les sables à Mastodontes de la région du Puy, avec les alluvions
de Perrier et probablement avec le Crag de Norwich. Ils sont de l’extrème
(1) Séance du 19 juillet 1920.
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 309
début du Pliocène supérieur. Les dépôts marécageux du cirque de Senèze
sont plus récents; les gisements classiques du Val d’Arno supérieur, du
bassin de Florence, des niveaux fluvio-lacustres de l’Astesan, sont du
même âge. Cet ensemble diffère de celui des gisements plus récents qui
appartiennent au Saint-Prestien : sables à E. meridionalis de Saint-Prest,
tufs volcaniques de Saint-Martial (Hérault), limons de Durfort, etc.
Dans ces graviers de Chagny-Bellecroix, fin mai dernier, a été découvert
un squelette incomplet d'éléphant : base du crâne (celui-ci très fragmenté,
dépourvu de sa moitié antéro-supérieure) avec deux molaires, M’; mandi-
bule avec deux molaires en place, M,, et une apophyse mentonnière bien
développée, deux défenses, atlas, omoplate, fémurs, côtes, etc. Ces
ossements ne justifieraient qu'imparfaitement la présente Note s'ils ne se
rapportaient à une espèce non encore identifiée parmi les éléphants plio-
cènes de l'Europe occidentale: Elephas planifrons Falconner. Les deux
arriêre-molaires supérieures sont d’un animal dans son âge mùr. De type
très brachyodonte, elles frappent par leur grande largeur, le petit nombre
de leurs collines transversales, l'épaisseur des lamelles d’émail dont l’usure
donne des cordons peu plissés, à festonnement irrégulier, sans expen-
sion centrale constante, enfin par la longueur des espaces cémentaires.
Il est intéressant de comparer au point de vue du rapport de la largeur
maxima à la longueur maxima de M” d’en haut, Les de la fréquence laminaire
(nombre de collines sur 10°" de longueur de la couronne dentaire) et de Ja
formule dentaire (nombre de collines par M}, non compris les talons x),
l'éléphant de Chagny avec d’autres éléphants pliocènes et quaternaires :
sx L Fréquence -
Espèces. Rapport =- ae Formule dentaire.
L — laminaire:
Z . £&—io— Tr
E. planifrons, CHABNT es er akaa: 2,28 4 ————
L—10— ZX
PR en nee. z£ —10— T
E. planifrons, Siwalik-Hills............... à a a9 4
gz —I0-11 — t
E. meridionalis, formes-types du Val d'Arno a
w — rois =a
a ae a à 6 S O A e irag 5-6
æ — ii-i — r
F4 i f à x p i 15-18 e
E. antiquus, bassin dé Paris.............. ISA AG 6-7 — +
æ — 16-19 — x
E. tro a Szi | D i6-21— x
4. trogontherii, S } 3 f 6-8
8 SN Der air. à = s
a x — 16-21 — 1-
E prin 1 r + . j ` p 5 s 2—86 — x AS
+ genius, type franco-italien........ 2,8:4 3,9 y -
5 > tY c talien ,8 ? F * w iR aum a
Les arriere-molaires inférieures, en place dans la mandibule, soht très
310 ACADÉMIE DES SCIENCES.
basses et ne dépassent le rebord alvéolaire que de 4°",5. Plus encore que
les M° supérieures, elles mettent en évidence la faible hauteur de la dent,
sa largeur relative (ici 108"" pour une longueur de 285""), la formule
réduite des collines et l'épaisseur du cément intercalaire, la fréquence lami-
naire minima, l'épaisseur et le festonnement irrégulier de l'émail. A la
partie antérieure de la dent, celui-ci, au lieu de constituer des marques
fermées, se contourne en S pour passer d’une colline à la suivante. [l en est
ainsi également sur les M, de Æ. planifrons des Siwaliks. Le menton se
prolonge par une apophyse longue de 160%", caractère important, existant
plus développé encore sur une mandibule d'éléphant de Senèze. Les
défenses, énormes, sensiblement cylindriques dans toute leur longueur, sans
courbure bien prononcée, tendent à se relever un peu en s'inclinant en
dehors. Mesurées sur le terrain, elles ont donné:
Défenses
A M ŇŘŮŘ——
droite. gauche.
Du m m
Longueur : arc médian.......,..... 1,01 2,10
» CU + ci ra a sin 1,90 1 ,92
Girconférénce moyenne. .:........,. 0,98 6,97
Nous pouvons rapprocher notre éléphant de Bellecroix de Elephas
planifrons du Pliocène moyen ét supérieur de l'Inde (Pinjor horizon,
st spé
Lab
même caractère de l'émail, même aspect mastodontoide de la mandi-
bule, du menton, des défenses, il y a identité des caractères spécifiques.
Avec E. meridionalis type, du Val d'Arno supérieur, et davantage
pour E. meridionalis plus évolué du Saint-Prestien, les différences
sont notables. On a a pour M? du Val d'Arno (Veithofer)
mi 5 Vaud P me C
pour M° d'Angleterre (Leith-Adams, Pontier) et un rap-
. $ : à EL A i
Siwalik-Hills) : même formule même couronne très basse,
x — 13-14 — T
et 7
5 sirami 0 Ba à À mars à oa
port y variant pour le M° entre 2,5 et 3, chiffres dépassés par certaines
dents d'E. meridionalis de la fin du Pliocène, plus allongées, à couronne
rétrécie; à collines moins basses et plus nombreuses d’une ou deux unités;
l'émail est plus plissé et présente une expansion médiane plus accusée que
celui des molaires de Ẹ. planifrons de Chagny. Celui-ci n’est pas seul de
son espèce à la base du Pliocène supérieur d'Europe: Une mandibule
avec M, en place, trouvée à Senèze (collection De Brun), est en tous points
comparable avec celle de Chagny. Le fragment de M? (probablement) des
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 311
sables à Mastodontes du Puy, par MM. Laurent et Broquin (') ne saurait
être attribué à E. meridionalis. De même, une série de pièces du sansino
du Val d'Arno supérieur et du Villafranchien d'Angleterre.
Une révision des Éléphants pliocènes d'Europe devient nécessaire, à la
suite de laquelle une partie des molaires regardées comme appartenant à
des formes archaïques d’£. meridionalis seront vraisemblablement consi-
dérées comme provenant de £. planifrons. La nécessité de cette révision a été
entrevue par d’éminents paléontologistes. La mise au jour dans les sables de
Chagny d’un X. planifrons l'impose. Déjà M™° Pavlow (?) a signalé son
existence dans le Pliocène récent de la Bessarabie et le D' Schlesinger (°)
dans celui de la Basse-Autriche, à Dobermannsdorf.
Dès maintenant, on est amené à regarder la migration des Éléphants
venus d'Asie en Europe à l'extrême début du Pliocène supérieur, comme
comprenant les représentants de deux rameaux phylétiques parallèles, ayant
d’évidentes affinités et peut-être même fusionnés à leur base : Un rameau
arrivé à son terme et qui ne dépassera guère le Villafranchien, celui de
Elephas planifrons; Un rameau plus jeune, ayant encore une certaine
carrière évolutve à parcourir, celui de Elephas meridionalis.
GÉOLOGIE. — Les tremblements de terre tectoniques et les variations de la
latitude. Note (‘) de M. G. ZxıL, présentée par M. H. Douvillé.
Nous avons écrit (*) que les tremblements de terre étaient centrifuges ou
centripètes, et nous avons montré que dans n'importe quel cas il s'agissait
toujours d’un déplacement ascensionnel d’un voussoir lithosphérique.
Ceci admis, nous allons voir qu’un tel déplacement déterminant une
nouvelle répartition de la masse lithosphérique, entraîne Sn une
inclinaison nouvelle de l’axe de rotation terrestre.
(*) Laurent et Broquix, Quelques observations nouvelles sur les terrains sédimen-
taires du Velay (Bulletin de la Société géolog ique de France, t. 7, 1907, p- 386).
(°) Marie Paviow, Les Eléphants fossiles de la Russie (Nouveaux Mémoires de
la Société impériale des Naturalistes de Moscou, t. Yi, p. 2 +
(°) Güvruern SCHLESINGER, Studien über die Stamens ohini des PRE D
(Jahrbuch der k. k. Geolog. Reichanstalt, Vienne, 1912, p. 87).
(*) Séance du 26 juillet 1920.
(*) G. Zur, Les mouvements ascensionnels de l'écorce terrestre et les tremblements
de terre tectoniques.
312 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans un cercle parallèle de l’ellipsoïde de révolution terrestre, les diverses
molécules lithosphériques s’équilibrent deux à deux à l'extrémité du
diamètre parallèle qui les joint; mais si l’une de ces deux molécules se
déplace sur ce diamètre, elle provoquera un mouvement de bascule de ce
diamètre qui fera s'incliner son extrémité modifiée au-dessus de son niveau
normal de rotation si elle se rapproche du centre du cercle parallèle, et
au-dessous si elle s’en éloigne. C’est dire que les tremblements de terre
centrifuges devront déterminer une inclinaison de l’axe polaire vers le
voussoir réajusté et qu’au contraire les tremblements de terre centripètes
devront déterminer une inclinaison du même axe en sens inverse de ce
voussoir. C’est dire également que par rapport à laxe moyen servant à.
mesurer la latitude, le tremblement de terre centrifuge provoquera une
augmentation de la latitude de l’aire ébranlée, et qu’au contraire le tremble-
ment de terre centripète provoquera une diminution de la latitude de l'aire
réajustée.
En citant très succinctement les conclusions des principaux auteurs qui
se sont occupés de la question traitée ici, nous allons constater que les faits
observés viennent bien corroborer notre manière de voir.
Dans sa Note à l’Académie des Sciences ('), Brillouin montre que les
variations périodiques de la latitude sont affectées « de mouvements produits
par des causes internes, agissant quelquefois d’une manière brusque, à des
époques trés variées ». Il attribue ces mouvements brusques, qu'il appelle
avec juste raison des lancés, à une origine sismique, et cite comme exemple
typique le lancé qui s’est produit lors du grand tremblement de terre
japonais du 28 octobre 1891. Brillouin signale également que les lancés
qu'il a étudiés étaient suivis de petites irrégularités à variations rapides qui
suggèrent l’idée d'un mouvement d'amortissement variable avec la modifi-
cation sismique.
Dans la Science sismologique(?) Montessus de Ballore qualifie de
unique la constatation de Brillouin. On sait que le tremblement de terre du
28 octobre 1891 a été le plus important que l’histoire ait enregistré; il n’y
a donc rien d’extraordinaire à ce que le lancé qu'il a produit ait été plus
aisément observé que ceux issus de tremblements de terre bien moins
importants. Le doute prudent de Montessus de Ballore est d’ailleurs tombé,
| AD
(1) Marcee Briccou, Mouvement du pôle à la surface de la terre (Comptes
rendus, t. 443, 1906, p. 437).
(2) F. Moxressus ne BarLore, La Science sismologique, p. 260.
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 313
du fait même que l'éminent sismologue accepte maintenant (') que les
tremblements de terre et les mouvements épirogéniques ne font qu’un seul
et même phénomène. |
Comme nous l’avons exposé dans notre récent Mémoire, «le voussoir qui
se réajuste dépasse son niveau d'équilibre et ne s’y établit finalement qu’à
la suite d’une série d’oscillations verticales amorties ». Il est donc normal
comme l'indique Brillouin que cet amortissement, d'ordre interne, inter-
vienne dans les ondulations de la spirale décrite par le pôle, et qu'il varie con-
séquemment avec l'intensité du sisme qui l’a provoqué.
Omôri (°) a étudié le problème pour les tremblements de terre observés
au Japon du 12 août 1895 au 17 décembre 1903, et il est arrivé à la conclu-
SION Suivante :
« Les tremblements de terre destructeurs ont tous eu lieu aux époques
ou près des époques de maximum ou de minimum de variation de latitude. »
Bien avant Omôri, Milne et Cancani avaient exprimé le même résultat
pour l'ensemble du globe.
Le fait, que les tremblements de terre observés au Japon ont eu lieu aux
époques des plus fortes et des plus faibles variations de la latitude, implique
d’une façon péremptoire que les sismes qui ont provoqué des effets con-
traires, étaient eux-mêmes différemment actionnés. Ils devaient être tantôt
centripètes et tantôt centrifuges ; cette hypothèse se trouve confirmée en ce
sens que nous avons montré qu’au Japon, les tremblements de terre à
vagues sismiques sont d’origine sous-marine et d'ordre centripète, alors
que ceux dépourvus de vagues sismiques intéressent surtout le continent et
sont d'ordre centrifuge. :
En terminant, il nous faut mettre en garde les observateurs de Pavenir
qui pourraient être conduits à signaler l'existence de tremblements de terre
importants et non accompagnés de variation de latitude sensible. C’est
qu’alors ils se trouveraient en présence de tremblements de terre antago-
nistes, dont les voussoirs voisins et de même charge seraient affectés
d’ascensions inverses. De tels réajustements seront toujours localisés, soit
le long des côtes marines abruptes, soit dans les dépressions continentales
dépourvues de communication avec la mer. 7 Woa
(9) F. Monressus pe Barore, Sur l’origine épirogénique probable des tremble-
j r TEE o rG Fr Ni PE a
ments de terre du détroit de Cook, Nouvelle-Zélande ( Comptes rendus, t. 158, wipe o
P. 1833 J y i à s; F $ F i
(°) Omôri, Note on the relation between earthquakes and changes in latitude.
314 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Tectonique du synclinal secondaire d’Amélie-les-Bains.
Note (') de M. Ocrave MexeerL, transmise par M. Emile Haug.
Le synclinal d’Amélie-les-Bains est constitué par les dépôts inférieurs et
supérieurs du Secondaire : le Trias et le Crétacé supérieur.
Le Crétacé repose en discordance sur le Trias, qui est lui-même discor-
dant sur un Primaire comprenant les calcaires marmoréens, dolomitiques
et ferrifères du Dévonien inférieur, les schistes métamorphiques du Silu-
rien, des micaschistes et des gneiss. Ce Primaire est injecté, principale-
ment sur le versant sud, de granite passant à un microgranite qui pointe
par places jusqu’en des psamnubes lustrés, violacés, avec bande de pou-
dingues à quartz blancs, représentant probablement le Permien parce que
concordants avec les schistes marneux rouges micacés de la base du Trias.
Au sud-est de Reynes et au sud du Mas Santol ce microgranite apparaît en
mince lame ayant l’aspect d’un filon-couche, dans le Crétacé de bordure
immédiate du Primaire, à peu près complètement remplacé par le micro-
granite. Il s’agit là d’un simple accident tectonique qui amène également le
Keuper gypseux à quartz bipyramidés entre les marnes noires et grès bruns
du Campanien et les marnes rouge jaunâtre du Danien.
Le Trias est dépourvu de fossiles; j'ai pu y établir, de bas en haut, la série suivante :
— 1. Schistes lie de vin, micacés, grès et marnes rouges, grès blancs, marnes jaunes,
vertes et noires. — 2. Dolomies compactes. — 3. Plaquettes dolomitiques, gris cendre,
marnes blanc jaunàtre avec lits argileux bariolés. — +. Calcaire bréchoïde, calcaire
compact veiné de calcite, calcaire à Siphonées (très typique), calcaire noir en pla-
quete Soana à des plaquettes blanc jaunâtre rubéfiées par places et de pius en
plus — 5. Cargneules, marnes blanc jaunâtre bariolées et à quartz bipyra-
midés, gypse rosé à nombreux quartz bipyramidés à la base, blanc et pauvre en
quartz au sommet. -
Le Crétacé, autant qu'on en puisse juger par des'fossiles très rarement en bon état,
va des grès du Turonien au Danien (Garumnien auct). Pas trace de Tertiaire, qui
recouvre cependant un Crétacé sensiblement le même à Coustanges, sur le versant
sud de la chaîne.
Au point de vue tectonique, le synclinal d'Amélie se décompose en deux
parties. La première va de Céret, par Canadeils, à la vallée du Tech (rive
droite ) entre Las Amas et le Mas Griffe; elle comprend en particulier tout
le Crétacé dont il vient d'être question, depuis le col de Bousseill jusqu’à
(1) Séance du 19 juillet 1920.
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 315
la route d'Amélie. La seconde partie, située sur la rive gauche du
Tech, se bifurque dans deux directions : l’une WNW, de Palalda à
Montbolo, l’autre NNW, de Palalda au Mas Sabé, vers Taulis. La première
partie, très comprimée et fortement étirée, par le fait du chevauchement
vers le sud du faisceau anticlinal primaire, Oms-Albères, sur le massif
cristallophyllien du Roc de France, entre lesquels elle est comprise,
est morcelée, par des failles transverses nombreuses, en compartiments
ayant joué en plan et en hauteur l’un par rapport à l’autre et ayant acquis,
en conséquence, chacun un caractère propre. La principale de ces failles
est celle de Canadeils, sou$ la lèvre orientale de laquelle a disparu, recou-
verte par des micaschistes et du granite empâtant des calcaires dévoniens,
une partie de l’aile sud du synclinal comprenant le Trias et le Crétacé
jusqu’au calcaire à Hippurites inclusivement, pendant que le reste de la
série crétacée, retroussée vers le nord, glissait sur le Keuper de l'aile
nord. Une source thermale (28°,7), fortement séléniteuse, mais non sul-
furée, qui sourd de schistes quartzeux gneissifiés dans le ravin de Canadeils,
dénote la présence sous-jacente du Trias ('). De Céret à Las Amas, le bord
nord est chevauché par les calcaires dévoniens, d’où émergent successi-
vement, en biseau, les formations triasiques précédemment indiquées sous
les numéros 4 (Capucins, près Céret), 5, 4, 3, 2, 1. La deuxième partie
est des plus intéressantes. Au droit de la dépression tectonique, épousée
par la vallée du Tech d’Arles à Las Amas, et résultant de la naissance de
laxe anticlinal du Canigou, entre le faisceau Oms-Albères et l’anticlinal du
oc de France, en recul vers le SW, les schistes et calcaires goth-
ando-dévoniens poussés du NE arrivèrent, après laminage des forma-
tons 1,2,3,4 de l’aile nord, au contact de la formation gypseuse 5,
sur laquelle ils glissèrent librement vers l’ouest, dans la direction de la
dépression, pour atteindre la formation 4 de l'aile opposée, sur laquelle ils
s'arrêtèrent en l’écrasant et se triturant avec elle, formant ainsi la my lonite
triasique et gothlando-dévonienne, l gtemps énigmatique quel’onrencontre
entre le Mas d'en Sori et Montbolo. Ce charriage vers l'ouest entraina
avec lui le substratum secondaire qui chevaucha, à son tour, le substratum
Primaire, en sorte qu'au SW de Montholo, le Grès Bigarré disparaît .
r3
(1) Cette faille parait avoir rejoué récemment, lors du tremblement de terre pyré-
néen du 28-29 novembre 1919, car deux fissures, visibles encore actuellement, avec
glissement du sol d'un pré et d’une vigne, ont été constatées le 29 au matin, par les
habitants des mas de cette région, qui furent réveillés vers minuit, par une secousse
accompagnée d’un bruit souterrain. De ee ne
316 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par étirement et ce sont les dolomies du Muschelkalk qui reposent sur le
microgranite et les schistes siluriens. Revenant à l’aile nord du synclinal,
de Palalda à Taulis, on voit alors le faisceau Oms-Albères buter contre les
terrains primaires du promontoire naissant du Canigou, obligeant les cal-
caires dévoniens à se redresser avec pendage de 70° vers le NNE. La
branche NNW du synclinal est alors écrasée entre ces calcaires et les
schistes siluriens, ne conservant que les schistes, grès et poudingues du
Permo-Trias, qui finissent par disparaître en amont du Mas Sabé.
= La tectonique de la branche Palada-Montbolo se complique d’un plis-
sement longitudinal EW vraisemblablement postérieur au charriage,
en sorte que les synclinaux partiels provoqués par ce plissement sont
remplis par les calcaires marmoréens et les schistes lustrés du Primaire sur
cuvette gypseuse. C’est ce qu'a nettement établi un travers-banc stérile,
parce que trop bas, effectué en vue de la recherche du minerai dans le
calcaire très ferrifère de la nappe. D'ailleurs, dans la région d’Oms ('),
j'ai également observé le croisement, ici à près de 90°, de deux directions
de plis, l’une de direction générale SSE-NNW, Pautre plus récente, de
direction ENE-WSW. C'est à cette direction, en effet, qu’appartient une
brèche de pente relevée de 60° à contre-pente et surplombant actuellement
la vallée.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sucre cristallisable et acides libres chez les végétaux.
Note de M. H. Cou, présentée par M. Em. Bourquelot.
Dans un grand nombre de fruits sucrés, le saccharose subsiste en pré-
sence d’acide libre à concentration plus que suffisante pour déterminer
l’inversion. Bien des auteurs ont signalé le fait avec étonnement. Pour
expliquer la passivité de l'acide citrique à l'égard du sucre, dans l'orange,
M. André (°) suggérait récemment l’idée que l'acide et le sucre pure
bien être « contenus dans des sacs spéciaux ».
La difficulté n’est pas particulière aux fruits; tous les sucs de plantes ont
un pouvoir hydrolysant inférieur à celui que laisserait sie leur concen-
tration en acide libre.
(1) Cette région est, comme celle d'Amélie, injectée de microgranite intrusif mon-
tant jusqu’au milieu environ du Dévonien inférieur; mais ici cette roche présente par
places des traces d’épanchement,
(2) G. Anpré, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 126 et 292.
`
SÉANCE DU 2 AOUT 1020. . 317
Il suffit, pour le vérifier, de faire agir parallèlement, sur une solution de
saccharose, le suc d'expression et l'acide, l’acidité étant exactement la
même dans les deux cas. On constate ainsi que les jus d'orange, de citron,
d’oseille, etc., sont moins actifs que les solutions d'acide citrique, d'acide
oxalique de même normalité. Si, par exemple, on introduit dans une solu-
tion de saccharose du suc d'orange ou de l’acide citrique de telle façon que
la teneur en sucre soit uniformément de 5 pour 100 et le titre acidimé-
trique =, au bout de 10 heures, à la température de 80°, l’hydrolyse est
terminée dans les liqueurs à acide pur, alors que le suc d'orange n’a encore
transformé que le tiers environ du saccharose.
Il est impossible d'interpréter ces faits sans tenir compte de la présence
constante, chez les végétaux, des sels alcalins des acides organiques; une
partie de l'acide citrique que renferment l'orange, le citron, s’y trouve en
combinaison avec la potasse; or les acides organiques faibles sont génés,
dans leur action hydrolysante, par leurs sels alcalins, et cela d'autant plus
que l’acide est plus faible; c’est ainsi qu’à dose équinormale, les citrates
alcalins paralysent à peu près complètement l’action de l'acide citrique.
On se méprend donc en mettant en parallèle les sucs végétaux et les
doses d’acide libre qu’ils renferment; la comparaison ne se justifie que si
l'acide est accompagné de son sel, sel et acide étant dans la proportion où
lun et l’autre se rencontrent dans le suc. Le Tableau suivant indique la
marche de l'hydrolyse, suivant qu’elle est déterminée par le j jus d'orange,
par l'acide citrique libre ou par l’ acide en res de citrate.
; ' EE UE Norc N
Solution de saccharose : 5 pour 100; acide citrique libre : — į; citrate : —;
; 120° 500
température d’hydrolyse : 8o°; température des lectures RTE RER z 10%
longueur du tube Ronan et ne
x ; Déviations.
MM ŘŘŘŘ
Temps en heures. | Jus ďorange. Acide citrique. Acide et citrate.
h o 1 o 1
O EAST NE RE RU es 6.45 6.44 6.40
BT E ue E T O 6.24 4.46 6. 6
= PATES nn mr E 5.30 1.24 5. 6
Gon PE ne a LA 4.10 —0.56 3,34
EE PRO TS CERN RO LE re 2.45 — 1.48 12
On voit aussitôt que le jus d'orange, ‘beaucoup moins ab que l'acide …
citrique libre, possède à peu près le même pouvoir hydrolysis: ye w
mélange d’acide citrique et de citrate. .
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 5.) ee 24 -
318 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'activité d’un suc végétal sur le saccharose, ou tout autre polyose, dépend
ainsi, non pas du titre acidimétrique pris isolément, mais des proportions
relatives d’acide libre et d'acide neutralisé par les bases; ce rapport, seul,
mesure la concentration du suc en ions H et, par conséquent, son pouvoir
inversif; il est égal à 5 environ dans lorange précédemment étudiée; il
s'élève à 15 dans le jus de citron, dont l’activité est très voisine de celle de
l'acide libre; dans les oranges douces indigènes, il peut descendre, à la
maturité, au-dessous de 2, et le suc de ces fruits est à peu près sans effet sur
le saccharose.
Si, néanmoins, le sucre s’intervertit dans les fruits, même lorsque les doses
d'acide libre et d'acide salifié sont voisines, cette transformation ne peut
être imputée qu’à la sucrase; l’hydrolyse est, en effet, beaucoup plus lente
dans les sucs préalablement portés à l’ébullition; elle progresse plus rapi-
dement dans les jus que dans les organes eux-mêmes, en raison du mélange
intime de l’enzyme et du saccharose dans les sucs d'expression.
ZOOLOGIE. — Les caracteres d'adaptation du rein du Phoque de Ross (Om-
matophoca Rossi Gray) aux conditions de la vie aquatique. Note de
MM. R. Anruovyx et J. Lrouvizse, transmise par M. Edmond Perrier.
ji ,
Le Phoque de Ross, que nous ne commençons guère à connaître que
depuis ces toutes dernières années, grâce aux résultats publiés des récentes
explorations antarctiques, est le plus spécialisé de tous les Pinnipèdes par
rapport aux conditions de la vie dans les eaux. Plus qu'aucun autre Phoque,
il tend vers le type d'adaptation générale que réalisent les Cétacés, notam-
ment par la régression très marquée que présentent, d’une part, ses ongles
(surtout aux extrémités postérieures) et, d'autre part, ses dents.
Ayant à notre disposition, au labořâtoire d’Anatomie comparée du
Muséum d'Histoire naturelle, un rein gauche de Phoque de Ross, recueilli
par l’un de nous au cours de la deuxième Expédition antarctique française
(1908-191 o), il nous a paru intéressant de rechercher quelles modifications
avait pu subir, chez cet animal, un organe que, généralement, remanient |
d’une façon si profonde les conditions de la vie dans les eaux.
Chez les Cétacés, où l’on observe le maximum de spécialisation morpho-
logique par rapport à ces conditions, le rein est lobulé ; divisé en rénicules
complètement individualisés et d’autant plus E OE que le volume
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 319
somatique de l’animal est plus grand, il offre l'aspect d’une grappe ('); il
est en outre, et surtout lorsqu'il s’agit des grandes espèces, plus allongé
par rapport à sa largeur que ne l’est celui des Mammifères terrestres ; son
hile, enfin, est dissocié, l'artère rénale l’abordant et la veine rénale princi-
pale en sortant, au niveau de l'extrémité antérieure, alors que l’uretère en
émerge à la face ventrale de son extrémité postérieure.
Chez les Otaries, les moins modifiés des Carnassiers pinnipèdes [ présence
d'oreilles externes, disposition des segments proximaux des membres les
rendant encore relativement aptes à la marche et à la station sur terre,
présence d’un scrotum externe (?}], le rein ne présente qu’une faible et
toute superficielle ébauche de lobulation. Chez le Phoca vitulina L., la
séparation en lobules est déjà plus marquée. Chez le Phoque de Ross
ainsi que chez le Phoque érabier (Lobodon carcinophaga Hombr. et
Jacq.), autre espèce exclusivement antarctique, le rein présente l'aspect
en grappe de celui des Cétacés ; ses lobules sont, comme chez les Céta-
cés, séparés par de profonds espaces où s ’insinuent des prolongements
de la capsule fibreuse périphérique. La seule différence à noter entre le rein
des Cétacés et celui des Phoques est Findividualisation encore incomplète
des rénicules, chez ces derniers.
Alors que le rein des Otaries présente encore la forme caractéristique de
celui des Carnassiers terrestres, le rein du Phoque de Ross rappelle par sa
forme générale, en particulier par son allongement, celui d’un Cétacé
du groupe des Delphinidés, par exemple. Le rein = Lobodon. tend déjà
vers cel aspect.
Enfin, le caractère de convergence le plus important à noter au point de
vue de la morphologie rénale, entre le Phoque de Ross et les Cétacés, est
-la dissociation du hile. Chez les Otaries, il existe une artère rénale unique
et une grosse veine rénale également unique, abordant le rein ou en sortant,
à angle droit, au milieu de son bord interne. L’uretère a son point d'émer-
$
gence exactement au même niveau que le point d’entrée ou de sortie des-
vaisseaux. [l existe donc, chez les Otaries, un hile rénal en tout compa-
rable à celui d’un Carnassier fissipède. Une légère indication de dissociation
du hile rénal s’observe déjà chez la Loutre (Mustélidé aquatique), mais
cette tendance ne s’accuse vraiment que chez les Phoques. Chez un
au RE
(+) Voir, à propos du mécanisme de cetté ee R. ANTHONY, Comptes rendus,
t. 169, 1919, p. 1174.
(
1) Voir, au sujet de l'ascension secondaire des tonticules chês les Mammifères
Marios; R. ANTuony, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 529.
320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
spécimen de Phoca vitulina L., nous avons vu l'artère rénale se diviser en.
deux branches distantes, et l’uretère émerger de ce rein entre les deux
branches de division de l’artère rénale. Chez le Lobodon carcinophaga
Hombr. et Jacq., et surtout chez l’'Ommatophoca Rossi Gray, la dissociation
du hile rénal atteint son maximum. Les veines rénales sont multiples et on
les voit émerger du rein le long de tout son bord interne au nombre de
cinq ou six. L’artère rénale est divisée en deux branches comme chez le
Phoca vitulina L., l’antérieure irriguant par ses subdivisions la partie -
céphalique et moyenne du rein, la postérieure, sa partie caudale. Chez le
Phoque de Ross, et seulement chez lui, la branche postérieure de l’artère
rénale émet, avant de pénétrer dans le rein, une longue branche secondaire
qui irrigue seulement sa pointe extrème. Le point d’'émergence de l’uretère
tend d'autre part, chez les Phoques antarctiques, à émigrer vers l'extrémité
caudale de l’organe et à passer sur sa face ventrale; cette tendance est
surtout accusée chez le Phoque de Ross.
En résumé, le rein du Phoque de Ross présente le maximum de caractères
de spécialisation, en rapport avec la vie dans les eaux, que l’on rencontre
parmi les Pinnipèdes. Il est assez comparable au rein des Cétacés de type
primitif, tels le Mesoplodon par exemple, dont, tout au moins, la dissociation
du hile n’est pas aussi complète que chez les Delphinidés.
…
HISTOLOGIE. — Sur l'existence de plaquettes chez l’ Astacus fluviatilis. Note
de M. L.-M. Bérancës, PEAR par M. as
L'existence de plaquettes sanguines n’a jamais été, jusqu'ici, constatée
que chez les Mammifères. Chez les Vertébrés inférieurs, sous le nom de
thrombocytes, on a mentionné l’existence de cellules appelées à remplir le
même rôle physiologique. Chez les Vers, les Mollusques, les Échinodermes
et les Crustacés, on a observé des cellules leucocytoïdes qui, au point de
vue physiologique, sont comparables aux plaquettes.
Les résultats de nos recherches chez l’Astacus diffèrent de ceux obtenus
par les auteurs qui, de 1824 à r918, ont étudié cette question. -
Nous avons trouvé chez ce Crustacé des microcellules qui nous ont paru
identiques, morphologiquement, aux thrombocytes des Vertébrés.
Sur des frottis de sang humides, plongés durant quelques minutes Pui une solution
de NaCl. ou de MgSO* à 7 ou 9 pour 1000, et que nous avons ensuite fixés et colorés
par le May-Grünwald-panchromo de Laveran ou de Pappenheim; nous avons vu ces
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 321
microcellules, mesurant de 4 à 7 x, constituées par un petit noyau sphérique ou ovale,
excentrique, coloré en rouge violacé et entouré d’un cytoplasma relativement abondant,
coloré en bleu plus ou moins intense. En règle générale il présente une grande vacuole
bordée, dans une portion de son étendue, par un segment du noyau ou encore plusieurs
vacuoles. D’autres fois, le cytoplasma est fragmenté ou encore amiboïde. Fréquemment,
aussi, nous avons rencontré ces éléments mesurant de 10 à 154, présentant dans leur
cytoplasma soit deux petits noyaux avec une seule vacuole, soit plusieurs noyaux avec
chacun une vacuole tangentielle [agglutination ou division directe ?].
En outre de ces formes très communes, nous avons encore constaté
l’existence de véritables agglutinats de plaquettes, de tout point iden-
tiques à ceux qu’on rencontre dans les frottis de sang des Mammifères, et
présentant un chromomère rouge violacé et un hyalomère rose ou bleu
très pâle. Dans certains cas aussi, ces agglutinats sont constitués par les
formes que nous avons précédemment décrites.
Après traitement par la solution élus fixation des frottis par l'alcool
absolu et coloration par le triacide, ou encore par le vert de méthyle-pyronine, nous
Observons les mêmes structures, maïs sans que le noyau soit nettement différencié du
cytoplasma. Les microcellules en question sont donc amphophiles.
Elles sont nombreuses dans les cellules des canaux déférents, dans ié sang des
cavités branchiales, et plus nombreuses encore dans les cellulês de la substance cor-
ticale de la glande verte. Les impressions sur lame de ces organes, traitées de la
même manière que prici» MRAnE nous ont permis de constater l'abondance de ces
éléments.
Nous avons fait dans ces mêmes organes, après fixation par l'alcool sublimé, des
coupes qui ont été colorées par les mêmes mélanges, et nous avons pu constater que
la forme et la chromophilie des microcellules différaient quelque peu de ce que nous
avons précédemment décrit. Notamment, les microcellules ou les agglutinats se pré-
sentent en masses, ou en granulations irrégulières, de même grandeur que celle que
nous avons donnée, avec la même structure, mais en prenant, le noyau et le cyto-
plasma, le même colorant. Il en est de même pour les frottis du rein ou du canal
déférent qui n’ont pas été traités par la solution physiologique, Ce n’est que très
rarement, en procédant de la sorte, que nous avons rencontré quelques. microcellules
avec leur noyau rouge et leur SEER: bleu påle.
Dans les frottis de sang, fixés et colorés après cogne il devient +.
impossible de différencier les microcellules.
L'examen du sang pur ou du sang dilué dans une goutte ra liquide P -
Ringer, celui du plasma glandulaire, pratiqué entre lame et lamelle, nousa
permis de constater, dans quelques cellules, un cytoplasma non homogène, a
et nous avons observé, après un délai de 15 à 25 minutes, qu 'il se gonflait Fo.
et donnait naissance à des petites de de dimensions variées, et Sela es
Pa. à
322 ACADÉMIE DES SCIENCES.
au moment précis de la coagulation. Les mêmes préparations, une fois fixées
et colorées, ne nous ont pas poron d'identifier toutes ces sphérules des
ailersdéllutes.
Dans la coloration vitale du sang par le mélange Demel ou le bleu bril-
lant, nous avons pu constater des granulations bleuâtres, violacées, et des
granulations soudanophiles dans quelques cellules, mais sans pouvoir non
plus les identifier aux thrombocytes.
En ce qui concerne leur origine, ces éléments ont été rencontrés par nous
soit libres, soit dans le cytoplasma de certaines cellules, chez des embryons
de l’Astacus. Ils se présentent communément sous la forme précédemment
décrite, c’est-à-dire avec un noyau rouge violacé et un cytoplasma plus
fortement basophile, homogène, rarement vacuolisé, et parfois avec un noyau
en voie de division directe. Dans ces microcellules, ainsi que dans quelques-
unes de celles d’Astacus adultes, nous avons observé, dans le cytopl f
L
quelques granulations ou encore un båtonnet chromatique rouge vif.
Mais bien que nous les ayons trouvées, chez des embryons ou chez l’animal
adulte, collées autour du noyau de certaines cellules et ressemblant à un
bourgeon nucléaire, il nous est impossible, jusqu’à présent, de pouvoir
affirmer qu’elles on&une origine caryogène.
Quant à leur rôle physiologique, ces microcellules sont très agglutinantes.
Chez des Astacus infectés, il nous a été donné de constater la présence de
microbes collés ou agglutinés sur leur périplasma ou même ayant pepon
à leur intérieur.
Si l’on vient à désarticuler une patte de l’animal, au sein du asie formé :
dans l'articulation on trouve une très grande abondance de ces microcellules.
Elles se rencontrent pereillement au sein du caillot constitué par le sang
recueilli dans un tube renfermant une petite que d’une solution de
MgSO".
En somme, ces éléments sont très Fe etse déforment très facilement.
Aussi très souvent rencontre-t-on ces éléments dans ur état où il devient
très malaisé de les différencier d'avec les débris nucléaires ou cytoplas-
miques.
Ces microcellules donc, par leur morphologie, par leur fragilité, par leur
pouvoir agglutinant; sont de tous points comparables aux thrombocytes
des Vertébrés.
+
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 323
BACTÉRIOLOGIE. — Sur une culture pyocyanique. Note de M. C. Gessann,
présentée par M. Roux.
Une culture pyocyanique, que j'ai due à l'obligeance de M. le D" Veil-
lon, offrait un certain intérêt au point de vue des récentes acquisitions
qu’a faites la biologie du bacille. Cette culture consistait en colonies sur
gélose, obtenues par repiquage de la première gélose ensemencée avec le
pus d’une articulation ouverte, où le bacille pyocyanique se trouvait presque
à l’état de pureté. Cette culnire n’était pas homogène, en ce sens que
les colonies qui la composaient n'étaient pas toutes formées des mêmes
germes, C’est aussi bien le cas ordinaire, et le défaut d’homogénéité des cul-
tures microbiennes est une notion ancienne, où notamment le bacille pyo-
cyanique, avec les travaux de Wasserzug, a fourni de bonne heure une
contribution importante. J’ai eu souvent l’occasion de le constater. Toute-
fois, je n’avais pas encore vu la dissemblance entre les divers germes d’une
même culture pyocyanique dépasser le degré où correspond la distinction
des races, soit úne variation quantitative des pigments que le bacille pro-
duit en bouillon. Alors qu'ils se différenciaient dans ce milieu, les germes
gardaient jusqu'ici une réaction pigmentaire commune dans l’eau peptonée,
où les variétés se distinguent : c’est-à-dire que, de „races différentes, ils
appartenaient à la même variété.
Ce fait s’est retrouvé dans la culture en question : avec des germes de
race À, qui font pyocyanine et vert fluorescent dans le bouillon, coexistaient
des germes de race F, qui ne font que du vert fluorescent dans ce milieu,
cependant que les uns et les autres donnaient de la pyocyanine en eau
Peptonée, s’avérant ainsi de la variété pyocyanogène Pe. Mais il y avait en
plus, dans une autre colonie, des germes qui, tuut en se‘comportant comme
les précédents en bouillon et faisant aussi comme eux de la pyocyanine sur
gélose-peptone glycérinée, ne donnaient en revanche aucun pigment en eau
peptonée : ils appartenaient donc à la variété achromogène O. Des germes
plus différents encore formaient une troisième colonie : incapables de faire
de la pyocyanine dans aucun milieu, ils se rangeaient parmi les bacilles que
jai appelés pyocyanoïdes (! J z
r, d'origine naturelle ou expérimentale, ces diverses catégories de :
(9 Technique d'identification des germes p Yocyaniques ( Ann. Inst. Pasteur, k i : .
1920, p. 88).
324 ACADÉMIE DES SCIENCES.
microbes ne s'étaient pas encore trouvées réunies, mais s'étaient manifestées
isolément dans des temps distincts. Les bacilles pyocyanoïdes entre autres,
dont à diverses reprises des cultures sont parvenues au laboratoire, n'étaient
jamais mélangés de germes de types différents. Au contraire, dans la
nouvelle culture, ces suprèmes aboutissants de la dégradation pigmentaire
progressive dont j’ai poursuivi l'étude, s’accompagnaient d’autres germes,
et ces germes reproduisaient les phases successives de cette dégradation,
laquelle se résume dans la récession graduelle de la fonction pyocyanogène
de nos divers milieux de culture : du bouillon d’abord, avec les germes de
la race F; de l’eau peptonée ensuite, avec les germes de la variété O; enfin,
de la gélose-peptone glycérinée, avec les bacilles pyocyanoïdes. En sorte
que, dans une expérience comparative de mise en culture parallèle et
simultanée de ces trois sortes de germes dans les trois milieux usuels, on
peut voir la pyocyanine exclue et un vert fluorescent sensiblement égal
dans la culture en bouillon pour les trois germes, tous trois effectivement
de race F; une seule eau peptonée colorée en bleu par le germe de la variété
Pe, qui est aussi cause de la coloration bleue de la gélose-peptone glycérinée
correspondante, l’autre gélose bleuie se rapportant à la variété O, cepen-
dant que l’absence de coloration de la troisième gélose-peptone glycérinée
coïncide avec une absence de coloration pareille des deux autres milieux
pour caractériser les bacilles pyocyanoïdes. Ces résultats peuvent être
rapprochés sous la forme du Tableau ci-dessous pour faire saisir d’un coup
d'œil les caractères de chaque germe au regard de chaque milieu, en même
temps que les variations de la fonction pyocyanogène, alternativement
positive (+) et nulle (— ) selon les germes et les milieux. C’est propre-
ment le tableau d’une évolution d'espèce, où le prototype, qui est inscrit
ici en première ligne, est le germe caractéristique de l'espèce, comme étant
le plus chromogène et celui qui, par ses dégradations pigmentaires succes-
sives, a donné naissance aux autres types, et dont au surplus des rèprésen-
tants se sont retrouvés à côté de ceux-ci dans la culture.
Germes. Milieux de culture. he
a e 3 ¢ ii
Variété. Race. Bouillon. Eau peptonée. Gél.-pept. glycer.
Pc À + + +
Po F — + +”
O F LE a F
Pyocyanoïdes F oo — 2 es
Ces divers germes liquėfient tous également la gélatine et montrent tous
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 325
une sensibilité égale au sérum spécifique que M. Launoy (') nous a appris
à préparer et qui est empéchant de cette liquéfaction. Rappelons que cette
réaction est la condition nécessaire et suffisante des bacilles pyocyanoïdes
et le lien par lequel, malgré leur transformation profonde, ils se rattachent
toujours à leur origine pyocyanique.
Il faut noter encore, qu'en plus de la nouveauté de cette association de
germes à divers degrés d'évolution où j'ai insisté, la culture de M. Veillon
nous fournit, parmi ces germes, un nouvel échantillon du type pyocyanoïde
récemment décrit (°) et un deuxième exemplaire naturel de la variété
achromogène (°), de création expérimentale à l’origine.
J'ajouterai une dernière remarque. La séparation des trois germes que
“J'ai distingués s’est trouvée réalisée avec les trois premières colonies qui
furent reportées de la gélose dans le bouillon, sans que le grand nombre de
colonies essayées par la suite vint révéler des germes différents. Le hasard
en fût cause. Le hasard eût pu faire qu’au contraire une réponse univoque
_résultät de trois ensemencements successifs: Quelle conclusion eût-on donc
pu attendre d’un essai unique? On ne saurait jamais se borner à l’ensemen-
cement d’une seule colonie. La non-homogénéité des cultures microbiennes
est la règle, et l’on doit toujours s’attendre à rencontrer, à côté des repré-
sentants légitimes de l'espèce en cause, les types de transformation qui
résultent du vieillissement et du nombre des générations sans cesse accru
que comporte toute culture, même peu âgée, mais qui n "est estimée telle
que d’après notre mesure.
BACTÉRIOLOGIE. — Atténuation des effets pathogènes de certains microbes
par des mélanges avec les mêmes microbes morts. Note de M. J. Danysz
et M™ Sr. Diiva, présentée par M. Roux.
+ j ; 4 e :
Expérience. — On prépare plusieurs tubes d’une culture de 24 heures
sur gélose d'un paratyphique D et l’on fait une émulsion de cette a ss
dans 5™ de bouillon ordinaire par tube.
s
(') Lauxoy, Les sérums protéasiques... (Ann. Inst. Pasteur, t. 3%, 1920, 2 ar
(?) Sur les bacilles pyocyanoides ( Comp rendus, t. 170, 1920, p. 298). a
(°) Variété achromogène du bacille pyoryanig (Comptes rendus, t. 168, 1919,
p. 1066). Au cours de cette étude, j'ai reçu de M. le D" Salimbéni un troisième ee
exemplaire achromogène (OF pur) qu'il a trouvé associé à des. das mé et -
staphylocoques blancs dans le pus d’une ostéomyélite.
C. R., 1920, 2° Semestre. ( T. 171, N°5.) ds o
t
326 ACADÉMIE DES SCIENCES.
|
Cette émulsion tue toutes les souris blanches par ingestion à la dose de
voss de centimètre cube en 3 à 5 jours.
Une partie de cette émulsion microbienne est mise en ampoules scellées
et chauffée à 70° pendant r heure.
Alors on donne à manger à 5 souris :
A la souris n° {, du pain imbibé de 0°%°,05 de l’émulsion vivante diluée dans 50%
de bouillon ;
À la souris n° 2, la même préparation avec en plus o°",1 de la culture chauflée ;
À la souris n° 3, la même préparation avec en plus o°%,5 de la culture chauffée ;
A la souris n° 4, la même préparation avec en plus 1°% de la culture chauffée ;
-À la souris n° 5, 0°"%,05 d’une émulsion préparée avec une culture de 24 heures sur
gélose ensemencée avec une goutte de la préparation n° 4, préalablement préparée et
conservée pendant quelques heures à l’étuve.
Résultats. — La souris n° 1 est morte en 4 jours, le n° 2 en 6 jours, le
n° 3 en 10 jours, le n° 4 a survécu pendant plus d’un mois, le n° 5 en
5 jours. La souris n° 4, contaminée de nouveau de la même façon par
0°%,05 de l’émulsion vivante, est morte en 5 jours; elle n’était donc pas
vaccinée, mais il est à noter que nous n’avons jamais pu parvenir à vacciner
les souris contre ce microbe, après avoir essayé toutes les méthodes de vac-
cination connues.
Conclusions. — Puisque la souris n° 4 a résisté à l’ingestion d'une dose
500 fois plus forte que la dose sûrement mortelle, que l’incubation de la
maladie a été sensiblement plus longue pour les souris n° 3 et n° 2, il faut
nécessairement en conclure que les effets de la contagion ne dépendent pas
seulement de la virulence, ni de la quantité des microbes ingérés, mais ausst
“
de la proportion des microbes vivants et des microbes morts, et puisque
la souris n° 5 est morte à peu près en même temps que le témoin, il faut en
déduire que l’action empêchante des microbes morts, sur les effets patho-
gènes des microbes vivants, s'exerce in vivo par l'intermédiaire d’une réac-
tion de l'organisme et non par une action directe des microbes morts sur les
microbes vivants, in vitro. On peut admettre que, pour certaines maladies
d’origine intestinale, le processus de vaccination par les microbes morts est
plus rapide que le processus pathogène par les microbes vivants.
On peut en déduire que, si dans les cas de contagion spontanée, un trés
petit nombre de microbes peut provoquer une maladie grave, c'est que,
j ed 7 » vi £ 2 r ? k « u-
dans ces cas, tous les microbes qui pénètrent dans l'organisme par les m
queuses ou par piqüres d'insectes doivent être vivants, condition que
ar
SÉANCE DU 2 AOUT 1920. 327
l'on ne réalise que rarement dans les expériences de laboratoire, parce qu’on
tue un grand nombre de microbes par les changements de milieu et les-
autres manipulations indispensables.
BACTÉRIOLOGIE, — Les microorganismes persistant dans le lait après la pas-.
teurisation : leur rôle sur la décomposition de l’eau oxygénée. Note de
M. M. Fovassıer, présentée par M. Roux.
Dans une précédente Note, j'ai exposé que certains germes (B. subtilis,
Tyrothrix tenuis), fréquemment rencontrés dans le lait pasteurisé, possé-
daient la propriété de décomposer activement l’eau oxygénée, en proportions
variables, lorsqu'ils étaient cultivés sur un milieu approprié.
J'ai étudié si cette action continuait à se manifester dans le lait : en outre,
j'ai déterminé l'influence que ces germes exerçaient, dans les mêmes condi-.
tions, sur la fermentation lactique en présence ou en l'absence du bioxyde
d'hydrogène.
Pour cela, une série de tubes à essais contenant une quantité égale de
lait stérilisé, les uns sans aucune addition, les autres additionnés de
I pour 100 d’eau oxygénée à 12"! sont ensemencés respectivement avec
le- B. subtilis, le Tyrothrix ou le ferment lactique d’une part, et avec
le mélange B. subtilis-ferment lactique ou Tyrothrix-ferment lactique
d’autre part. ;
Les ensemencements étaient effectués à l'aide de quelques gouttes d’une
émulsion aqueuse de culture microbienne.
Après 15 heures d'incubation à 30°, j'ai déterminé le pouvoir catalysant
sur une série de ces tubes et l’acidité lactique sur l’autre série.
Les résultats obtenus sont consignés dans le Tableau suivant :
19 heures après l’ensemencement. res
| Acidité lactique
de Ja culture
exprimée `
Décomposition en degrés Dornic. `
de FH?0? ajoutée Pouvoir - i
Culture, préalablement catalysant Addition
sur lait stérilisé, ose de de 1 p. 100 Sans
de de 1 p. 100. cultures, H:0%, addition. _
TE ` 3 3 ; 0 ; o
B. subrilis. ...... per totale 5,8* "108 Ut
ZRPOIRE RS ie, id, ‘2,9 ' aoa o wi
Ferment lacUgoe de ; id. MR. %0 Baro o ooo
B. subtilis + ferment lac ique.. id. 6,1 TAN Or
Tyrothrix + ferment lactique.. id, ss RO N |
Lait stérilisé témoin. .... isi nulle -w + 19,6 - Hs o Fe
328 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En ce qui concerne le pouvoir catalysant, on remarque que mes consta-
tations antérieures, sur milieu lactosé,se trouvent confirmées pour le
B. subtilis et le Tyrothrix, tandis que le pouvoir catalysant du ferment lac-
tique, précédemment nul dans ce même milieu, est maintenant suffisam.
ment accusé pour permettre la décomposition totale de l’eau oxygénée à la
dose de 1 pour 100. Quant aux associations microbiennes, on constate que
les pouvoirs catalysants des germes en présence se sont additionnés; l’eau
oxygénée a été de ce fait rapidement détruite.
-En considérant les chiffres d’acidité, on voit que le B. subtilis et le Tyro- .
thrix donnent sensiblement le même chiffre que le lait stérilisé témoin.
L'action acidifiante du ferment lactique a été totalement arrêtée, ainsi que
je men suis assuré par des déterminations, à intervalle régulier, tant que
son action catalysante n’avait pas entièrement décomposé H?O*.
Dans le cas des associations microbiennes, non seulement les chiffres
d’acidité sont très voisins les uns des autres, ce qui démontre combien le
rôle antiseptique de l'H? O? a été de peu de durée, mais encore ces chiffres
accusent une acidification beaucoup plus considérable que lorsque le fer-
ment lactique intervient seul dans les mêmes conditions. Cette action avait
du reste été déjà observée quant.au Tyrothrix.
On peut conclure que l’eau oxygénée, ajoutée après pasteurisation, aura .
une action antiseptique vis-à-vis les ferments lactiques que le lait collecte
pendant le temps variable qui précède sa consommation. Cette action sera
d'autant plus prolongée que le lait aura été tenu à labri des poussières
chargées de B. subtilis ou de Tyrothrir, comme celles des étables par
exemple. Les spores de ces germes résistant à la pasteurisation, ceux-ci
pourront, par la suite, proliférer dans le lait: par leurs propriétés cataly-
santes, ils contribueront pour une large part à la décomposition totale de
l'eau oxygénée, au cas où cet antiseptique aurait été employé; en outre, ils ;
activeront le développement des ferments lactiques en fournissant à ceux-ci
un élément plus facilement assimilable, grâce à l’action peptonisante qu'ils
exercent sur les albuminoïdes du lait.
La séance est levée à 16 heures.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 9 AOUT 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
'
M. le Présıpesrt annonce à l’Académie qu’en raison du caractère férié
attribué au lundi 16 août de cette année par la loi du 23 décembre 1904, la
prochaine séance hebdomadaire aura lieu le mardi i3.
M. le Présipexr annonce à l'Académie la mort de M. PIERRE MorarT,
Correspondant pour la Section de Médecine et Chirurgie.
MÉCANIQUE EXPÉRIMENTALE. — Nouvel appareil optique ou électrique pour
la mesure des oscillations de vitesse et des écarts angulaires. Note (') de
M. A. BLONDEL (o
Les appareils mécaniques qui ont été imaginés jusqu’à maintenant ri
étudier les oscillations des machines modernes à is vitesse (jusqu’à
1500 tours par minute, soit 25 tours par seconde) n’ont ni la fréquence
d’oscillation propre suffisante (qui devrait être d’au moins 500 vibrations
par seconde ), ni l'amortissement convenable, qui doit pouvoir être réglé
aux environs de l’amortissement critique (°). Pour supprimer toute inertie
(*) Séance du 26 juillet 1920.
(7) Extrait d’un pli cacheté reçu dans la séance du 6 janvier 1919, inscrit sous le
n° 8608 et ouvert dans la séance du 26 juillet 1920.
(*) CF. A. BLoxper, Les Tables générales 1881-1895 donnent : Conditions sarl r
que doivent remplir les instruments enregistreurs et PR js
rendus, t. 116, 1893, p. 748).
€. R., 1920, 3° Semestre. (T. Ti, N° 6.) 26 l
330 ACADÉMIE DES SCIENCES.
on a déjà proposé (') de recourir à l'enregistrement optique des écarts angu-
laires de l'arbre du moteur par rapport à un arbre réel ou fictif tournant à
une vitesse rigoureusement constante; mais ces méthodes sont restées com-
pliquées et péu précises.
Celle que je vais décrire n’exige que le montage d’un simple disque à
fentes, en carton noirci, sur le bout d'arbre de la machine, et l'emploi d’un
enregistreur photographique portatif, toujours le même, muni d’un arc
électrique ou d’un éclateur à étincelles périodiques très lumineuses.
Principe de la méthode. — La méthode a pour base l’enregistrement, sur
une préparation photographique (film ou papier) entrainée à une vitesse
uniforme, des déplacements angulaires d'un disque D (fig. r) fixé sur l'arbre
Fig. 1. — Disposition générale en élévation et en ipia d'un dipai pour enregistrement
optique par arc.
' D, disque à fentes calé sur Ds du moteur étudié; D,, disque à fentes radiales entrainé par le
moteur auxiliaire M; LA, lampe à arc; F, fente fixe dans un écran; M,, M,, miroirs; E r
cylindrique à ee PEOR L', lentille cylindrique à génératrices vertiotea L°
condensateur de Parc formant foyer conjugué sur F; O, objectif; Ph, chambre noire; T, ©
D un tambour tournant recouvert d’un film; M, moteur entrainant le tambour; P, aredi
suppor
de la machine en expérience. Ce résultat est obtenu en mesurant ces
déplacements angulaires du disque par le déplacement rectiligne d'un po
lumineux.
(1) Cf. notamment les méthodes de M. Sabios (Il Monitore Technico, 20 mai 1898) `
et surtout de mon regretté maître Cornu (Bulletin de la Soc. int. des Hate Dr
t. 1, 1901, p. 519), créateur des méthodes stroboscopiques,
SÉANCE DU 9 AOUT 1920, 331
A cet effet, le disque D est muni sur son pourtour ( fig. 2) d'une série de
fentes F équidistantes, découpées en développantes, et qui défilent devant
une fente lumineuse fixe ab pratiquée, par exemple, dans un écran E (') et
disposée tangentiellement au cercle c qui a servi de générateur aux dévelop-
Fig. 2. — Schéma de la disposition du disque D tournant et de l'écran fixe E.
F, fentes nobles: ab, fente fixe de l'écran E; QY, verticale menée par le centre Q du disque.
pantes. Cette fente est éclairée par un miroir M,, recevant lui-même la
lumière d’une source suffisamment puissante A. Le tambour T, qui entraine
le film ou papier photographique, est contenu dans une chambre noire, dont
l'objectif O projette sur la surface du papier l’image de la fente ab.
1. Supposons tout d'abord la fente ab constamment éclairée. Si le
disque D est entrainé à une vitesse rigoureusement constante, les inter-
sections de ab avec les fentes _F apparaissent comme des points lumineux
qui se déplacent avec une vitesse rectiligne constante. Ils ont, par rapport
au papier photographique, la vitesse résultant de la vitesse du dépla-
cement de l’image, et de la vitesse tangentielle v’ de la surface du tambour
et s'inscrivent sur le papier développé sous forme d’une série de droites
obliques, parallèles, dont le coefficient angulaire (tangente de l'angle formé
par la droite oblique avec la droite qui serait inscrite sur le tanrbour par na
point lumineux fixe) donne le rapport (5 ) de ces deux vitesses, |
sa a Ép
(*) On verra plus loin que, dans la réalisation, cet écran E est mappene. el sa fente
remplacée par une raie lumineuse.
ir
332 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2. Remplaçons maintenant la source lumineuse continue À par une
succession d’éclats lumineux brefs émis à des intervalles de temps égaux;
chaque courbe ou droite oblique sera remplacée par une succession de points.
Si le nombre des éclats est convenablement choisi (un par passage d’une
développante devant la fente ab), et si, d'autre part, la vitesse de la machine
est rigoureusement synchronisée avec celle de l’appareil producteur
d’étincelles, les points lumineux obtenus donneront une image fixe dans la
chambre noire. Leur enregistrement se fera donc suivant une succession de
points répartis sur une circonférence du tambour. Les oscillations de vitesses
se traduiront par des balancements proportionnels aux écarts angulaires de
la machine en expérience par rapport au mouvement d'entraînement de
l’appareil à étincelles.
Si, au lieu d’un balancement, il y a défilement continu de l’image des
points (image qu’on peut renvoyer sur un verre dépoli pendant le réglage
préliminaire), c’est que la vitesse de la machine restera plus grande ou plus
petite que celle du synchronisme; on modifiera la « fréquence » des éclats
jusqu’à obtenir sensiblement ce balancement (*).
De la courbe ainsi obtenue des écarts angulaires en fonction du temps,
on peut déduire facilement, par points, la courbe des variations de vitesses
angulaires (qui en est la dérivée. par rapport au temps).
Source de lumière intermittente. — La source de lumière qui produit les
éclats peut être soit unarc A occulté par un disque tournant D,, muni d’une
fente mince tournant devant la fente F d’un écran, soit, quand on veut
(1) I n’est d'ailleurs pas nécessaire de réaliser rigoureusement ce réglage; car,
même s’il subsiste un défilement lent des points, on peut encore obtenir sur le
tambour une inscription utilisable, en acceptant que la ligne représentant sur le film
une fois développé, la vitesse moyenne ne sera pas une ligne parallèle au bord du film,
mais oblique, Cette ligne oblique sort plus ou moins vite de la bande de papier photo-
graphique placée sur le tambour, mais elle est constamment remplacée par d’autres
lignes parallèles correspondant aux autres points qui se succèdent sur la fente hori-
zontale. > j
Il est possible théoriquement d'obtenir rigoureusement le parallélisme des lignes
moyennes par rapport au bord de la bande de papier en réunissant l'arbre du eme
étudié, par une transmission flexible, à l’arbre du producteur d'éclats. Mais slon 1
faut avoir soin d'ajouter à ce système d'entraînement un volant suffisant pour dre
que sa période d'oscillations propres produites par l'élasticité de torsion du flexible
soit du même ordre que les oscillations enregistrées. Ge dispositif présente seulement
des difficultés de réalisation pratique au moment de la mise en route.
SÉANCE DU Q AOÛT 1920. 333
réaliser des éclats plus brefs, une étincelle électrique provoquée par la
décharge d’un condensateur K, chargé par l’extra-courant que produit la
rupture brusque du courant primaire d’une bobine d’induction J ('); cette
étincelle est alors placée au-dessus de la lentille cylindrique L, représentée
sur la figure 1, et de façon qu’elle projette l’image conjuguée de l’étincelle
sur le disque D.
Artifices optiques. — Un écran diffusant par transparence pour éclairer la
fente ab n'aurait qu’un très mauvais rendement lumineux. On obtient une
image aérienne en forme de ligne mince ab beaucoup plus lumineuse, en
plaçant en L une première lentille cylindrique, à génératrices horizontales,
interposée entre le disque D et le disque D, (fig. 1), et calculée de manière
que l’image de la fente F par rapport à L se fasse sur le disque D après
réflexion sur deux miroirs M, et M,. Chaque point de la fente ab renvoie
alors sur O une image de F, et toute la lumière reçue par la fente est utilisée
pour l'éclairement de l’image.
Mais l’objectif O ne serait ainsi pas bien utilisé, parce qu'il ne recevrait
qu'une nappe lumineuse horizontale, émanant de la fente F et d’une ouver-
ture limitée par la hauteur même de la source A, qui est généralement très
faible. Un perfectionnement a donc consisté à interposer, entre la source A
et la fente F, une seconde lentille cylindrique L”, à génératrices horizontales
(perpendiculaires au tableau), et calculée de façon à former l’image de la
source À sur la fente F. Une troisième lentille L’ à génératrices verticales,
qui ne gène pas la marche des rayons dans le sens vertical, les fait converger
sur le centre optique de l'objectif : la nappe de lumière reçue par l'objectif
de la fente ab embrasse un angle horizontal correspondant à l'ouverture
oo mm» ne
(1) Cet extra-courant peut être provoqué : a, Ha
a. Par un interrupteur tournant ordinaire ou à mercure, entrainé à une vitesse
Constante par un moteur auxiliaire ordinairement synchrone; ati
b. Par un rupteur vibrant à électro-diapason. -
i La difficulté principale que l’on rencontre dans l'application des étincelles à lente-
SiStrement des vitesses, c’est d'obtenir les éclats instantanés de puissance lumineuse
suffisante. | |
Les étincelles peuvent bien être renforcées, autant qu'on le veut, par l'emploi du
condensateur placé en dérivation sur les bornes de l’éclateur, à condition d'employer
une bobine suffisamment puissante; mais il devient alors difficile de faire produire
Par celle-ci, lors de chaque rupture, des étincelles uniques et espacées Suivant une loi
de périodicité rigoureuse, On augmente aussi l'intensité lumineuse en faisant jaillir
les étincelles entre des électrodes de métaux spéciaux (magnésium, tungstène, etc.).
334 ACADÉMIE DES SCIENCES.
angulaire, non plus de la source, mais de la lentille L; elle est transformée
par la lentille L’ en une ligne verticale plus ou moins large qui se forme sur
la lentille antérieure de l'objectif.
L'ensemble de ces artifices réalise une concentration de lumière suffisante
pour lobtention d'excellentes photographies sur le tambour tournant T.
Application de la méthode. — Une application de cette méthode a été
faite en 1915 sur un petit moteur à explosion (type Panhard et Levassor,
Goo t : m) d’une puissance de quelques chevaux actionnant par courroie
une dynamo à courant continu, avec le concours de mon assistant M. Touly.
Le disque D placé sur le moteur avait 160"" de diamètre et portait 16 fentes
de 1" de largeur. Le disque D, avait un diamètre de 300%" et possé-
dait 8 fentes (*).
Enregistrement électrique. — Le dispositif représenté par la figure 5, qur
Fig. 3. — Schéma de l’enregistrement par étincelles électriques.
D, nes mobile ae sur l'arbre et muni de fentes perforées; mm, écran isolant muni d'une fente
zontale; C et R, pièces asie Hausse parallèles à la fente entre lesquelles jaillissent les étin-
pas J, O EE HAES K, condensateur,
est en cours de construction, consiste à remplacer la photographie d'un
point lumineux par l'effet colorant ou perforant d’une étincelle électrique
traversant une bande de papier quelconque.
La bande de papier défile sur le rouleau conducteur R: à proximité immé-
diate du disque D de matière isolante, dans lequel sont découpées des fentes
en développantes de cercle. Derrière ce disque, la fente lumineuse est rem-
| RON:
(*} Les courbes obtenues seront publiées dans un Mémoire détaillé qui va paraître
dans un autre périodique.
SÉANCE DU 9 AOUT 1920. 335
placée par un conducteur métallique C de section triangulaire, par exemple,
et placé en face du tambour R, parallèlement à ses génératrices.
Un interrupteur synchrone, à mercure ou à contacts frottants, agit sur
le primaire d'une bobine J dont le secondaire est relié d’une part à ce
conducteur C, d’autre part au tambour R. Les étincelles produites par cet
éclateur, ne pouvant jaillir qu'à l'intersection des fentes F et de l’électrode
horizontale C, reproduiront une succession de points qui donne ainsi une
représentation suffisamment nette et précise des écarts angulaires de la
machine étudiée, à condition que ces étincelles soient assez nourries et
jaillissent en ligne droite.
PLIS CACHETÉS.
M. Frep Vitès demande l'ouverture d’un pli cacheté reçu dans la séance
du 18 juin 1917 et inscrit sous le n° 8409.
Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient une Note intitulée :
Sur quelques propriétés spectrales de la toxine tétanique.
MM. Fervaxp et Ençarp Virar demandent l'ouverture d’un pli cacheté
déposé par feu L.-C.-Émile Vial, leur père, dans la séance du 16 mars 1896
et inscrit sous le n° 5192.
Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient une note Sur
la Création.
CORRESPONDANCE.
MM. Maurice Arraus, Léoxce Bartne, Fravies Boxxer-Roy, Hesry
CnaBaxier, Marius Cuanrier, Noëc Fiessixcer, Rogert DE ForcraND DE
Coiseier, Henri Gacur, Fraxcois Mauexov, Éwe-F. TerRoINE, ALBERT
Tersox, Cuarces Vaiczavr, Henri Viote adressent des remerciments
pour les distinctions que l’Académie a accordées à leurs travaux.
M. le Sens PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de Ía
Correspondance :
1° E. Barry, Géométrie synthétique des unicursales de troisieme classe et de
quatrieme ordre. r
336 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° PauL SrrooBaxr, Les progres récents de l’ Astronomie (VIII, année 1914)
et À propos de la prochaine disparition de l'anneau de Saturne. (Présentés par
M. H. Deslandres.)
GÉOMÉTRIE. — Extrait d'une lettre de M. Peror à M. Appell, transmise
par M. Appell.
En introduisant dans la formule (9) de ma Note sur la représentation
sphérique des surfaces (même Tome, p. 161), au lieu des angles x et g’ de
l’élément ds avec les directions asymptotiques, l’angle de ce même élément
avec l’une des directions principales, on obtient la suivante :
(10) e du? + 2 f du dv + gd? = z,
où p, désigne le rayon de courbure de la section normale dont la direction
est définie par les différentielles du, dv. Cette formule très simple a d’ailleurs
été donnée par M. Darboux dans le paragraphe 927 de ses Leçons, je ne
l'avais pas remarquée. Si l’on en tient compte, la relation (5) de ma Note
prend cette forme :
so R +R
(11) = RE 1 A E
où interviennent seulement des éléments géométriques, indépendants du
système de coordonnées (u, v), auquel la surface considérée S est rapportée.
Ce résultat s'étend en outre, comme les précédents, au cas où l’on établit,
entre deux surfaces quelconques, une correspondance par plans tangents
parallèles.
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur le nombre des représentations d’un nombre
par une forme cubique binaire à discriminant négatif. Note de M. Bonis
Deravsay, transmise par M. Hadamard.
4. Soit Ax? + Bæ? y + Czy? + Ey’ = (A, B, C, E) une forme à discri-
minant D négatif, c’est-à-dire n’ayant qu’une racine réelle. Selon Lagrange
(1768), la résolution de (A, B, C, E) = 5 se réduit au plus à la résolution de
c nouvelles équations (A;, B, C;, E;) = 1. Une telle équation, ou bien
n’a pas de solutions, ou bien, si l’on connaît une de ces solutions, peut se
réduire à la forme (1,7, —p,gq)—1. Nous allons étudier cette dernière.
SÉANCE DU 9 AOUT 1920. 337
2. Soit a — ng? + pa + q, alors on a
(æ+ay)(æ+ay)(z+ay)=1,
et tout revient à trouver toutes les unités de l'anneau |1, «, «°| = O(x) qui
sont binomes, c’est-à-dire n’ont pas de membre contenant &?. Puisque D <o
toutes les unités de O(x) sont des puissances à exposants positifs d’une
unité fondamentale o < £, < 1 et de l'unité inverse £". En définissant dans
l’espace les coordonnées ES hu An op ne {=w, où w est un
nombre de O(x), considérant la etii des unités (+ ņ?){ = 1 et le
plan binome § + By — Y = o, on reconnait qu il peut avoir seulement un
nombre limité de ETER entre les unités inverses, qu’on peut toutes
trouver. Soit "=æ + «y la plus grande des solutions inverses, si nous
. . T . N - i
transformons CE, n,—p,q) par la substitution k è où xò — y8 = l,
7
nous obtenons une nouvelle équation (1, n°, — p', q) = 1 dont les solutions
sont les solutions de (1, n, — p, q) = 1 divisées par £,” el qui, par contre,
n’a pas de solutions inverses.
3. Considérôns maintenant les puissances d’une unité binome
(ba+c m— M a? +Pa+Q; — Re DC Pai
m(m—1)(m—2) Fe 0
1.2 E
soit b, un diviseur premier de b plus grand que 3, alors | b? | > 4, |b} |> 5, etc.
et M=o est impossible. Si |b, | = 3, alors == si (mod 3), c=1,
ñn= 0 (mod 3) et M = o est impossible. Si |b |= 2, M = o est également
impossible. Nous voyons que si bÆ=Æ 1, aucune pr de l'unité
binome ba + c ne peut être binome.
4. Nous abordons maintenant la méthode qui nous conduira au but.
Nous appelons cette méthode « algorithme de rehaussement ». Soit
(aa? + ba + c)” = P; lies alors €!" — ef" P,(a/ — a”) et tous les P;
LA
sont donc divisibles par > — = — ax +b + an; si(a, b)= à, alors les P;
sont divisibles par x — SN (— aa + b+ an). Soit = 2x, alors nous
[#]
passons dans l'anneau O (x); toutes les unités de O (x) sont aussi puissances
L s pR 5 ' 2 e ` f
d'une unité fondamentale z, = £}, où v est diviseur de ọ(%°). Nous avons
\ Sn t Fy P, + + ‘1: |
(aa? + Ba + c)” =P;a+0,, où P;= Pia Nous répétons cette considė-
338 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ration et ainsi de suite jusqu’à ce qu’un certain A* = — a* a* + b* + a*n*
ne soit une unité, alors x* = 1 et l'algorithme s'arrête.
y a à distinguer trois cas: I. Si A* ne devient nulle part unité, l'équation
(4:72, —p,g)=1 n'a pas de solutions (à part x = 1, y —0}); IL.: Sid?
est + 1, alors a* = o, b* — + 1 et toutes les solutions doivent être puis-
sances de + a* + c* de la forme P;*2* + Q;, c'est-à-dire des puissances de
ka + c* de la forme P;4 + Q; (où k= xxx... Æ1 autrement que quand
le cas H se rencontre au début), ce qui est impossible d’après 3; il n’y a done,
dans ce cas, qu’une seule solution x = c*; y = k; M. — a*a* + b*+ a*n*
est une unité algébrique. Soit par exemple — ax + b + an une unité algé-
brique, c'est une unité binome, soit :}; e"+! est aussi binome. Si l'on
transforme (1, n, — p, q) par e**', on obtient une équation (1,n/, — p, q)
qui a les solutions &7' et sb! et dont la racine n = €7', c'est-à-dire que
n'est de la forme Py + Q. Nous voyons que si =a*a* + b* + a*n*
était une unité algébrique, alors n*#*'= Pn*+ Q, ce qui serait encore
impossible d’après 3, puisque 2* = ka, où k + 1 (autrement que le cas IH
arrive au début}, et par suite n* = #8 + c’. |
C'est-à-dire que — ax + b+ an dans notre algorithme ne peut être
unité algébrique que dès le début. Dans ce dernier cas notre équation peut
être ramenée à une équation de la forme (1, n, — p, 1) = 1 dont la racine
est £; nous nommons une telle équation réversible.
5. Soit z le premier exposant pour lequel A, = Sr n’est pas une
unité, s’il y a alors une solution telle qué #=—=r; (mod), nous transfor-
mons au moyen de cette solution et nous obtenons une nouvelle forme,
laquelle, à la place des solutions” = r;, admet des solutions telles que #=—0
(mod) et A. permet d’amorcer notre algorithme, et alors nous nous trou-
vons dans les cas I et IT; pour cette raison il n’y a pas plus de 2e — 1 solu-
tions. Une simple discussion montre qu’en général, pour les équations du
type III, 7 — 2 etles seuls cas où <> 2 se réduisent aux formes(1,0,1,1)7— 4
et (1, —1, 0, 1) 7 = 6 que nous avons examinées en détail. De tout cela nous
déduisons le théorème : L'équation (1, n, — p, q)=1 n'a pas plus d'une
ou deux solutions et seulement pour certaines équations il y en a 3 et 4, mais
pas plus de 4 solutions (la solution triviale æ —1, y= o non comptée).
Ceci nous fait voir que pour le nombre des solutions de l'équation (A, B,
C, E)= 5 (D< o)est ainsi assignée une limite qui dépend du nombre 3,
mais non des coefficients de la forme; elle est en général < 25,, où 5, est le
nombre des racines de la congruence A x° + Bæ? + Cæ + E=0 (mod 5):
SÉANCE DU 9 AOUT 1920. 339
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les zéros des séries de Dirichlet.
Note de M. Frrrz Carisox, transmise par M. Hadamard.
Soit (1) f(s) = Ea„n™ une série de Dirichlet convérgente pour c > o.
Désignons par N(ß, w) le nombre des zéros de f(s) dans la bande 526;
jo. MM. Bohr et Landau ont montré que (2) — N(= + 0, o) — o(w)
pour ò >o. D’autre part, pour tout à > o, on peut indiquer des séries (1)
pour lesquelles N (£ + 6, v) +Æ o(w). Donc si l’on veut préciser (1), il faut
tenir compte d’autres propriétés de /(s). C’est ce qu'ont fait MM. Bohr et
Landau pour {(s). En s'appuyant sur le développement 1 : (s) = MG pr),
ils ont obtenu N G + 6, o) — o(w). Je montrerai :
Tutortme I. — Pour (s) on a
I s E k
N (2 IEM Ò, ») ee OAE
` ~ .
Où, pour 0 `> 0 fixe, lim: = o.
W= æ
Le but principal de cette Note estde faire voir que ce théorème peut être
considéré comme une conséquence d’un théorème général sur les séries (1),
de sorte que ladite approximation et a fortiori celle de MM. Bobr et Landau
ne reposent pas sur des propriétés spéciales de Ų(s). |
Dans (1) supposons a,-£o. Alors le développement 1 : f(s) = Eb n™
existera et le nombre # = lim sup log | b, | : logn est fini. Je vais montrer:
Tuéorèwe IL — Pour f(s) on a
(3) N (: kE à. ») Lo D oi AHE,
2
` A fa .
Où, pour ò `> o fixe, lim € = o.
W = o ;
Remarque. — Soit g(s) = Za,n-* convergente pour 5 >o, a un nombre
quelconque différent de lim g(s). L’'inėgalitė (3) peut être appliquée au
, BAS |
nombre de racines de l'équation g(s) — a = o. g restant fixe, le nombre k
variera avec a. Il peut arriver que notre théorème ne donnera rien de nou-
veau pour certaines valeurs de a, par exemple si la bande envisagée tombe |
à l’intérieur du demi-plan où g reste bornée. .
340 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Démonstration. — Posons, z désignant un nombre positif,
A(s)- DH MFA ES A(s)f(5)=1+8 can"; Sea) She
3+1 *
A tout £ œ> o, > o on peut faire correspondre un z, tel que, pour = < zo
et pour 5 >h,
Waken st Pae EE Pour n S h 15%
i . 5 NE I 3 . . . x á
Premier cas : k+0 Sz +1: — Posons ( n >0 arbitrairement petit, n < w
Zn; 2k +28 — n y<1+n; a= o ktð, p= ws.
Cherchons des limites supérieures des intégrales
w Se .& M-E w co
$ m > CRT Ta, Í mt > nr dt: Î mi > Ch uaa
E e 2+1 ziy n EN p
oùpžŽn, ọ`œ>m et, dans la première intégrale, n -< m. En intégrant terme
à terme, dans la première intégrale directement, dans les deux dernières
après une sommation partielle faite à l’aide de la fonction sommatrice s,(Y);
on trouvera la borne supérieure w'—24+2%)4+224+tomte, En posant
G(s)=F(s)—r1, GOF-a cn,
S1
S G(y+:
Considérons l'intégrale I G(s)G(1 + + y — s)ds prise suivant le rec-
on en tirera
ri) a an k+È)+10n+€.
. i 3 I e —— . .
tangle qui a pour sommets y + wi, Hui + wt. Un calcul simple donnera
w
(4) 1 |E (o rij— ij dr < wt BHE
-5
uniformément pour + + k+È<o£1+ 1. Le nombre à et par suite la fonc-
tion F restant fixes, l'inégalité (4) sera valable aussi pour 5 >1+ 1. En
effet, les séries étant absolument convergentes, on peut approximer direc-
tement
wW
(5) a |F (o + ti)— 1| dr = 29W08 | cnp n= SSecn(mn) f (z dr.
—wW
SÉANCE DU Q AOUT 1920. 341
Deuxième cas : k + ò `> = + n. — Alors, dans la définition de F(s), on
doit prendre z = w. En évaluant les séries entrant dans (5) on aura
$
Fi J | F (o + ri)— iidr < ott,
uniformément pour 5 > = + k + ò
Il existe un nombre À tel que |F(o + 7i)|2Z B >o pour 52h et pour
toute valeur réelle de + (2 et B indépendants de w). Soient 7, un nombre
positif arbitrairement petit, « un nombre réel, H le domaine
t+Ô0—MN<T<2h + Sr [r| o+ h+ si
No No
Alors (C désignant une constante dépendant de n, mais non pas de w)
(7) N(a +ò, w) <C f f IF +i) — 1de dr,
H
N se rapportant aux zéros de F(s) (voir les Notes de MM. Bohr et Landau).
En tenant compte des inégalités (4) et (6), on en déduira (3).
Le théorème II ne s'applique pas directement à Ü(s), cette fonction ayant
un pôle dans s — 1. Il est facile de s’affranchir de cette difficulté. On peut,
par exemple, poser
F(s) ASAE F(s) =1 + (1 a) AlE) tN ean,
; 3+1
Toutes les approximations précédentes restent valables en particulier
l'inégalité (4) où doit être posé k= o. On a seulement à éliminer, dans
l'intégrale double (+), le facteur (1 — 2) de F — 1 pour arriver à Pap-
proximation de N énoncée dans le théorème I.
MÉCANIQUE. — Cause de la fréquence des ruptures de rails dans leurs extré-
mites éclissées. Note de M. Cuartes Frémonr, présentée par M. A.
Rateau. :
Les ruptures des rails de chemins de fer sont beaucoup plus fréquentes à à
leurs extrémités éclissées que dans le reste de la barre; or, si les ruptures
étaient également réparties dans toute la longueur du rail, il n y en aurait
qu’une aux joints pour 20 ou 30 entre les éclisses.
342 ` ACADÉMIE DES SCIENCES.
En outre, pour la majeure partie des ruptures en plein rail, on en trouve
l'explication par l'existence de la fragilité du métal et presque toujours par
la présence de la retassure du lingot initial, tandis que pour les ruptures
dans l’éclissage on constate assez souvent que l’acier est de qualité moyenne.
A l’examen de ces ruptures dans l’éclissage, on constate des fissures
multiples, anciennes et progressives; les unes à la périphérie des trous de
boulons et les autres aux congés du champignon et du patin; elles sont
toutes bien connues des agents des chemins de fer.
Une étude de ces fissures m’a permis d’en donner l'explication suivante :
La discontinuité du rail au joint éclissé constitue un point de moindre
résistance et, pour une charge donnée, occasionne une flexion élastique du
rail plus grande en ce point que dans le reste de la barre; par conséquent
la chute de la roue y est aussi plus grande et le choc plus intense, ainsi que
le perçoit bien le voyageur.
Ce choc produit un effort maximum instantané dont la distribution, au
lieu d’être répartie également dans toute la masse métallique du rail, est
plus ou moins localisée par suite de la discontinuité. Tantôt le choc agit
plus fortement sur un boulon et l'effort est en partie localisé à la péri-
phérie du trou sur un arc de l’intrados correspondant; parfois, c'est Péclisse
dont l’arête intérieure, en contact avec le congé du champignon et avec
celui du patin recevant le choc, en localise l'effort sur des points de ces
deux lignes, dans une direction parallèle à l'axe longitudinal du rail.
En résumé, le choc de la roue, beaucoup plus intense au joint éclissé
qu’en plein rail, par suite d’une plus grande flexion élastique, produit une
plus grande quantité de travail dont la distribution, au lieu d’être répartie
également, est localisée sur des portions de volume restreint; leffort par
unité élémentaire est ainsi beaucoup plus élevé et dépasse localement la
limite d’élasticité.
On sait que des efforts réitérés dans ces conditions détériorent le métal,
des fissures naissent et se propagent de grain à grain, d’autant plus facile-
ment que le métal est fragile et contient des impuretés, notamment des
inclusions non métalliques, et d'autant plus rapidement que l'effort résul-
tant du choc est plus élevé et plus souvent réitéré.
SÉANCE DU 9 AOUT 1920. 343
HYDRAULIQUE. — Sur l'expérience de Perrot relative au mouvement de
rotation de la Terre. Note de M. Joseren Rey, présentée par M. Rateau.
D'après Perrot (') lorsque, à partir d’un état de repos initial, un liquide
s'écoule par un orifice pratiqué en mince paroi au centre du fond d’un réci-
pient cylindrique, les molécules superficielles du liquide glissent d'abord
vers la verticale de l’orifice en décrivant des trajectoires infléchies à droite
du sens de leur mouvement; puis ces mêmes molécules tournent autour de
la verticale de l’orifice, conformément aux conséquences théoriques de la
rotation terrestre.
Des conclusions de Perrot, Babinet (°) tira des conséquences impor-
tantes pour l’ hydrodynamique fluviale, conséquences qu'il maintint malgré
les calculs critiques de Joseph Éerteand (J:
D'après F. Laroque (*), le mouvement giratoire observé par Perrot
n’est pas dû à un effet immédiat du mouvement diurne de la Terre.
La plupart des auteurs modernes reproduisent dans leurs Traités de
Mécanique ou d'Hydraulique les conclusions de Perrot, sans tenir aucun
compte des conclusions formellement contradictoires de Laroque; et de
nombreux géo-physiciens (° ) expliquent divers phénomènes d’érosiôn flu-
viale en partant des remarques de Babinet fondées sur les conclusions de
Perrot.
Sur le conseil de M. EE nous avons repris, en vue d’une conclu-
sion définitive, les expériences de Perrot et de Laroque. Nous nous sommes
entouré de quelques précautions élémentaires destinées à permettre l’écou-
lement de l'eau, à partir d'un état de repos initial, à l'abri de tout choc
perturbateur et da toute action thermiĝue localisée.
Nos premiers essais ont porté sur une masse d’eau de 25*s environ,
s’écoulant par un orifice en mince paroi, de 5"" de diamètre, percé au
centre du fond d’un récipient cylindrique, en zinc, de 45°" de diamètre. ie
Nous n avons constaté aucun mouvement gtralotre de la masse Le na
ERROT, Comptes rendus, t. k9, 1859, p. 637.
DABINET, Comptes rendus, t. 49, 1859, p- 638. o
Daris, Comptes rendus, t. 49, 1859, p. 658; — BABINET, TO p- ne
+ LAROQUE, Comptes rendus, t. 51, 1860, p. 758.
- et J. Brunues, Association fr ançaise pour l'avancement des Sciences, 1904,
~ a M A mM
a ue aT
Ni mn
344 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans une seconde série d’essais nous avons opéré sur une masse d’eau
de 4‘ environ, contenue dans une cuve en fer formée de tôles assemblées à
angles droits, et ne présentant ni plan, ni centre de symétrie. L’orifice
d'écoulement, de 4°" de diamètre, pratiqué dans le fond de la cuve pour
une première expérience, a été reporté, dans une autre expérience, à
20°" environ au-dessus du fond. Tant que la charge au-dessus de l orifice
d'évacuation a été de l’ordre de 15% d’eau, nous n'avons constaté aucun mou-
vement giratoire (ni aucun mouvement de translation) superficiel. Lorsque
la charge s’est abaissée au-dessous de 15°%, nous avons observé des mouve-
ments tourbillonnants, très localisés, tantôt dextrorsum, tantôt sinis-
trorsum, susceptibles de s’inverser, de s’accélérer, de se retarder en une
même région : nous attribuons ces mouvements giratoires à la présence de
dites sur le fond et sur les parois de la cuve.
Dans toutes nos expériences (récipient en zinc et cuve en fer), les trajec-
toires des molécules superficielles vers l’orifice d'écoulement ont été rigoureuse-
ment rectilignes pendant toute la durée de l'aspiration, qui commence à
l'instant où cé charge de l’orifice est suffisamment faible, et qui se poursuit
jusqu’au moment où l'écoulement prend fin. Le détail de ces expériences
sera publié prochainement, accompagné de photographies.
Nous estimons que les conclusions de Perrot sont erronées et que l'ap-
préciation de Laroque sur ces conclusions est pleinement confirmée par
nos recherches.
On peut d’ailleurs aisément calculer que l'intensité de la composante
horizontale de la force centrifuge composée due au mouvement diurne, est,
par 45° de latitude, de l’ordre du cent-millième de l'intensité de la pesan-
teur, lorsque la force centrifuge composée s'exerce sur un mobile animé
d’une vitesse apparente de l’ordre du mètre par seconde. Il semble évident,
a priori, que les frottements intérieurs des liquides en mouvement doivent
masquer les effets théoriques de la rotation terrestre.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète périodique Tempel LI, faites à
l'Observatoire de Bordeaux (équatorial de o",38). Note de M. H. GoparD,
présentée par M. Bigourdan.
+ — %. Nombre
Dates, © | _ de
1920. *. AR. AP, | comp. Gr.
m 5 ’ »}
Juillet 56.65 4 + 0.539,99 +5.13,3 24: 6 11,0
» 19... +0.44, 10 +1.34,4 2414 » *
» Asie, 8 sf. 9009 +1.19,3 16: 4 »
SÉANCE DU Q AOUT 1920. 345
Positions apparentes de la comète.
Dates. Temps moyen Ascens, droite og. fact. Dist. polaire Log. fact,
1920. de Bordeaux. apparente, parallaxe, apparente. parallaxe,
h m s h m s OLF n
Juillet 24... 13.42.13,7 $2 2 TT;0g 19747 01: 406 977 0,801;
» 294 1430: 1057 2. 431,78 T503; t br-20-a;t 0,803,
» Dai TS Sr, à 3.:8:55:;58 1,478 91.35.25,4 0,80,
Positions des étoiles de comparaison.
Ascens. droite Réduction Dist. polaire Réduction
j oyen jour.
Gr. moyenne, au jour. Autorités.
h sS s o r n n" . m, 5
0,3 2. 1. 8,60 +2,47 91.21. 5,1 —15,3. Cat. Abbadia (zone phot. d'Alger), n° 979-
4 { —1°, 214m, ét, 0
9,2 2. 3.45,20 +2,48 91.27.42,9 —15,3 Cat. phot. Alger : i aa
— 92°, 2hom, ét. 105
8,3 2.10,29,73 +2,50 91.34.21,2 —15,2 Cat. Abbadia (zone phot. d'Alger), n° 1047
Remarques. — Le 24 juillet, la comète est une nébulosité ronde de 40” de diamètre
environ, avec condensation légèrement excentrée; — le 25, observation gênée par les
nuages; — le 27, ciel voilé de cirrus ; la comète est très peu visible ; pointés difficiles,
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur les symétries du champ électromagnétique
et graifique. Note de M. A. Buuz, transmise par M. P. Appell.
M. Th. de Donder vient de publier une Théorie du champ électromagne-
tique de Maxwell-Lorentz et du champ gravifique d’Einstein (1920, Gauthier-
Villars) qui semble donner une forme définitive à la partie analytique de la
question. Il est d’ailleurs difficile de faire de ce beau travail un plus vif
éloge que celui venu de M. Joseph Larmor (Times, 7 janvier 1920).
Sans y rien ajouter, je voudrais montrer qu’à l’aide de divers procédés,
employés dans mes recherches sur la formule de Stokes et ses extensions,
on peut donner aux résultats de M. de Donder un aspect qui en fait encore
mieux ressortir l’admirable symétrie. | |
oit
AG Grel May I
: Orte “dues | Na à
Are
Ats Orta | Mon 3
4
Òt; Arty I Mo r :
On calculera cette expression en formant d’abord les mineurs de mêmes *.
C. R., 1920, 2° Semestre. (U. BI N° 6.) , i ; a
346 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lignes
(1)
A N
en Zi O> Ti
am Mi= My
À
M; J |
D oJ
0jTj 05%;
dont le second est d’un symbolisme immédiatement compréhensible. Les
déterminants tels que ce second mineur ne sont pas forcément nuls quand
ils ont deux colonnes identiques puisque zj diffère de ji. En ajoutant, tou-
jours positivement, les six produits de mineurs (1), on définit 21.
Soit encore l’expression
dsl Ot, À RME 31 GA NS a
n dds Ok | 120 39 32:42 | MS a
ae dia Om 8 18:38 42) MES
dy dry 14 24 34 44 | Mu 4
Elle est déduite de 21 en y intercalant le déterminant g des potentiels
gravifiques gx = gri, remplacés plus commodément par — ík. Le second
membre de la nouvelle égalité est, par définition, la somme des six produits
dont chacun a pour facteurs un premier mineur (1) et un déterminant
(cf. Tu. pe Donner, loc. cit., p. 13):
RATS 7 LE Mia (rt
EU me LE EN T2 Mt
Pin den Ji Me sp
i4 jh M 4
Ceci posé, on peut écrire les équations du champ électromagnétique de
Maxwell-Lorentz plongé dans le champ gravifique d'Einstein; elles forment
deux groupes de quatre équations qui peuvent tous deux se résumer dans
l'unique Tableau | :
20Vr, E 1 . Mio
| 2p Va "a 4M i
z = "200r, | -a & -M3w
29 | = # M
Ce Tableau a exactement la structure d’un déterminant. On en tire les
quatre équations du premier groupe en égalant les termes de la premiére
colonne à leurs mineurs pris avec les alternances de signe habituelles; le
SÉANCE DU 9 AOUT 1920. 347
double trait tient, si l’on veut, la place de quatre signes —. Quant aux
équations du second groupe, on les obtient en remplaçant, dans (2), les
termes de la première colonne par des zéros et les M de la quatrième par
des M*.
Passons maintenant aux identités fondamentales. Elles se résument en ce
que la somme, multipliée par y— g, des formes
[(DD*1} = E dx, + Fiort F da, t E ùy
ICE) I] a O ôt, + G Ôt, + G; dt, EG, Ty,
peut s'écrire (loc. cit., p. 24)
tMi s- I M és 1 Otr > M; Mi
va de Mio M de de, = Mi Moa
+- +
SA J 2 M 5 ds - Más Mn
de Mio z 4- Mock | oz; i Mo Mos
Il y a là trois déterminants. Le premier correspond au + du +, le second
au —, à condition, dans ce second déterminant, de reporter les astérisques
des M de la première colonne aux M de la troisième, ce qui est indiqué par
l’astérisque placé sous le signe moins. Quant au troisième déterminant, on
le calculera en remplaçant © par ¿ dans le mineur de dx. |
Il est à peine besoin de dire que ces symétries de déterminants, si remar-
quables pour le champ à la fois électrique, magnétique et gravifique, ne
Peuvent être considérées comme fortuites. Elles sont dues aux invariants
intégraux de l'Univers. Les formes intégrales employées par M. de Donder,
ou les différentielles symboliques de MM. Goursat et Cartan, ont l'analyse
des expressions engagées sous des intégrales multiples et cette analyse est
celle de déterminants jacobiens. : rs
… fci, pour retrouver de telles symétries, nous avons eu recours à deux
espèces de symbolismes. : Le
D'abord à celui qui, dans de véritables déterminants, remplace les
termes d’une ligne ou d’une colonne par des opérateurs de dérivation; il
est bien connu et transforme notamment les moments en tourbillons. Le
Second symbolisme, concernant les indices w, est moins employé mais fort
348 ACADÉMIE DES SCIENCES,
loin d’avoir été créé ici. On le rencontre, par exemple, dans l'expression
de volumes tournants étudiés par M. G. Kænigs (*).
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur l'influence du molybdate d'ammontum sur le pouvoir
rotatoire de acide malique. Note (°) de M. E. Darmois, présentée par
M. Haller.
Les acides tartrique et malique possèdent, en solution dans l’eau, un
pouvoir rotatoire relativement faible, d’ailleurs variable avec la concentra-
tion. Dans des recherches assez étendues(*), Gernez a montré qu’on aug-
mentait, dans des proportions considérables, le pouvoir rotatoire des
solutions en leur ajoutant certains sels minéraux tels que les molybdates et
tungstates alcalins. Į] attribua cette forte augmentation de l’activité optique
à la formation, au sein des solutions, de composés nouveaux résultant de
l'addition de l'acide et du sel. Ces recherches ont été continuées dans diffé-
rentes directions (*); à ma connaissance, on n’a retiré jusqu’à ce jour de
ces solutions aucun composé défini. J’ai eu l’occasion d'étudier à nouveau
les mélanges d'acide malique et de molybdate d’ammonium, et j'ai réussi à
isoler dans ces mélanges un composé cristallisé dont le pouvoir rotatoire
est suffisant pour expliquer l’accroissement d’activité constaté par l'ex-
périence.
Les mélanges d'acide malique (/-malique) et du molybdate ordinaire d'ammonium
ont été étudiés par Gernez en 1889 (°). IL opère de la façon suivante : dans un volume
constant (12%) il dissout : 1°un poids constant (18,117) d'acide malique ; 2° un poids P
variable (08 à 65,4) de molybdate. Pour chacune des solutions obtenues, il mesure
la rotation æ (raie D) sous une longueur constante (14,057). Pour les faibles poids de
molybdate, les rotations obtenues sont gauches avec un maximum pour P = 0,57».
: Pour les poids plus élevés, elles deviennent droites et très grandes, elles peuvent
atteindre 360 fois (en valeur absolue) la valeur qu’on devrait attendre si l'acide
malique était seul en solution, J'étudierai seulement ici les solutions correspondant à
ces rotations droites, Jai représenté sur la figure ci-contre ces rotations en fonction
de P htc I de la figure). La rotation augmente d’abord rapidement avec P, puis
ee
E Ÿ Cf. A. Bual, Bulletin des Sciences mathématiques, 1915. — Géométrie et and:
Die des intégrales doubles (Collection Scientia, Gauthier-Villars, 1020, p. 26):
(2) Séance du 26 juillet 1920.
(3) Voir Comptes rendus et Journal de Physique (1887 à 1891).
(*) Yoik èn parteuHier Rosexnem et [rzi6, Ber., t.33, 1900, p. 707 ; KLASON, Ber
t, 3%, 1901, pi 19
59 Comptes anti, t. 109, 1889, p. 151.
SÉANCE DU QG AOUT 1920. 319
devient presque constante. La courbe présente une cassure très nette vers P — 35,80
et g = 71°,8 ; à partir de ce point, la rotation ne varie plus que très lentement; la
courbe est très aplatie, un maximum de rotation égal à 72°,8 a lieu pour une valeur
F
de P assez incertaine. Gernez admet que l'acide malique et le molybdate donnent
plusieurs combinaisons moléculaires et que, en particulier, quand on observe le maxi-
mum de rotation, la solution contient la combinaison C+ H°! O5 + Mo’ O% Am5+ 4 H? O
dont les proportions correspondent à peu près à P — 5,15.
La conclusion de Gernez me semble reposer sur deux hypothèses : 1° le
maximum de rotation de la solution correspond à la présence dans cette
solution d’une combinaison définie; 2° la composition de cette combinaison
est la même que celle de la solution. Dans les idées actuelles, il semblerait
plus naturel de chercher le composé défini aux environs de la rotation
correspondant à la cassure dans la courbe. On peut, par un raisonnement
simple, prévoir un autre mode d'utilisation des résultats de Gernez. Si
l'acide et le sel se combinent pour former un seul composé et si, pour une
solution donnée, les deux composants sont completement combinés, la
solution renferme à ce moment le composé seul. Soient p son poids (poids
total des composants) dans 100%, (x) son pouvoir rotatoire; on a (x) = =
7 P
Ct
tp
une marche régulière; j'ai représenté ces quotients en fonction de P; on
obtient ainsi la courbe II de la figure. L’échelle de H a été réduiteconvena-
blement. (2) passe par un maximum très net pour P = 3,005 correspon-
dant à (a) = 175,2 (raie D). J'ai repris les expériences de Gernez et fait
des mesures pour trois raies du mercure : jaune (0,577), verte (0,546),
Il est alors indiqué de former les quotients = et de chercher s'ils suivent.
350 ACADÉMIE DES SCIENCES.
indigo (0,436); j'ai retrouvé des résultats exactement analogues. Le maxi-
mum de («) pour la raie jaune est 186°,0.
J'ai cherché alors à faire cristalliser les solutions ayant la composition
voisine de celle du maximum de (g). Ces solutions déposent toutes :
1° d’abord des cristaux très petits, inactifs, constitués par un molybdate
d’'ammonium peu soluble; 2° un autre corps beaucoup plus soluble, en
beaux cristaux transparents, atteignant un développement notable, qu'on
peut purifier par une nouvelle cristallisation dans l’eau et qui est très actif.
J'ai étudié son pouvoir rotatoire, dans les solutions aqueuses, pour des
concentrations allant de 0,4 à 4o, et pour les trois raies ci-dessus. Pour
une raie donnée (jaune par exemple), ce pouvoir rotatoire est constant
(au + près) de C—7 à C = 4o; il est + 219° pour la raie jaune du
mercure. On voit que ce composé a une activité nettement supérieure à
celle que ferait prévoir l'étude de la solution. Il est vraisemblable qu'il est
accompagné, dans la solution à (x) maximum, par d’autres corps de pou-
voir rotatoire plus faible. Le fait de l’obtention simultanée de ce corps et
d’un molybdate différent du molybdate ordinaire montre qu'il s’agit d’une
réaction certainement plus compliquée que ne le supposaient Gernez et ses
continuateurs. Je poursuis l’étude de la question. |
MÉTALLOGRAPHIE. — Similitudes d'aspect micrographique existant aux
divers états, entre les alliages fer-carbone (aciers), cuivre-étain (bronzes
d'étain), cuivre-zinc (lattons) et cuivre-aluminium (bronzes d 'aluminium).
Note (') de M. A. Porrevix, présentée par M. Henry Le Chatelier.
Nous avons montré antérieurement la similitude d’aspect microgra-
phique obtenu par revenu après trempe des alliages hypoeutectiques Fe-C,
Cu-Sn, Cu-Zn, Cu-Al (?). Il est intéressant de voir si l’on peut arriver
à trouver les mêmes analogies dans les divers traitements thermiques pour
ceux de ces alliages qui présentent, au point de vue constitution, le carac-
tère commun de former une solution solide existant à chaud et donnant
naissance à un eutectoïde lors du refroidissement.
E
(1) Séance du 2 août 1920. ;
(2) Sur le revenu des bronzes d'aluminium ( Comptes rendus, t. 154, 1912, p. 511);
Sur le revenu et le recuit après trempe des alliages cuivre-étain et cuivre-sin€
(Ibid., t.158, 1914, p. 1174); Effets du revenu sur la structure micrographique des |
aciers hypoeutectoides et des alliages de constitution similaire (Rev. Mét., t 16,
1919, p. 141).
SÉANCE DU 9 AOUT 1920. 351
Rappelons que pour les aciers (alliages fer-carbone) on note, dans l'ordre décrois-
sant des vitesses de refroidissement, les constituants suivants :
Austénite. — Solution solide stable à haute température, non transformée pendant
le refroidissement, et formée, comme toute phase unique, de grains cristallins juxta-
posés.
Martensite. — Résultant d’une transformation du den: et en général carac-
térisée par une structure aiguillée ou en fers de lance
Troostite. — Agrégat ultramicroscopique, caractérisé par sa colorabilité aux réac-
tifs supérieure à celle des autres constituants, et pouvant s’obtenir également sous le
nom de sorbite par réchauffage ou revenu des deux précédents constituants.
Perlite. — Agrégat eutectoïde résoluble au microscope, se présentant sous deux
variétés : en un conglomérat d’aspect lamellaire (perlite lamellaire) ou d'aspect gra-
nulaire ( perlite granulaire). Cette dernière résultant, soit d’un refroidissement plus
lent que celui aboutissant à la perlite lamellaire, soit de la coalescence de la perlite
lamellaire par séjour prolongé à une température inférieure à la température eutecloïde,
mais assez voisine,
1° Pour les bronzes d'étain (alliages cuivre-étain), les états austénitique
et martensitique ont été observés : ce sont les constituants dénommés 5 et
€ 5 strié » par Heycock et Neville ; la colorabilité plus grande, sans résolu-
tion au microscope, caractérisant la troostite, ne peut guère se remarquer
nettement que par revenu des précédents; l’eutectoïde se présente toujours
habituellement à l’état granulaire (constituant «ô complexe » d’Heycock et
Neville), mais nous avons pu observer opt les deux aspects
lamellaire (voir fig. 1) et granulaire.
2 Pour les bronzes d'aluminium (alliages cuivre-aluminium), létat
austénitique ne peut guère s’obtenir que par trempe, à partir de l'état
liquide, des bronzes d'aluminium spéciaux; létat martensitique a été
mentionné par divers auteurs ( Breuil, Guillet, Campbell et Mathews, etc.);
l’état troostitique, très colorable, par Robid, qui a fait remarquer l'analogie
de cet alliage avec les aciers. Les deux aspects de l’eutectoïde existent
Comme nous l'avons montré en signalant l’aspect lamellaire obtenu dani
certains cas (').
3° Les laitons (alliages cuivre-zinc). — La trempé correspondant à la
trempe à l’eau de petits échantillons est l’état austénitique, c’est le consti-
tuant 5 du diagramme ; par contre, par refroidissement lent ordinaire,
l’eutectique est irrésoluble au microscope, et l’on obtient le n même Th
mi hi a a
(!) Intern. Zeitsch. für Metallographie, t. 4, 1913, p- 257.
352 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que précédemment avec une plus grande colorabilité aux réactifs, c’est
l’état troostitique, le « 8 apparent » de Carpenter et Edwards. La visibilité
jue, PI f
b
Fig. 2. — x Goo. Fig. 3. — x bo.
au microscope des constituants de l’eutectoide n’a pu être obtenue par ces
derniers auteurs qu’au moyen de chauffages très prolongés au-dessous de
la température eutectoïde, en amorçant la naissance des constituants par
SÉANCE DU Q AOUT 1920. 353
contact avec un échantillon de laiton spécial renfermant a et y séparés. Il
nous manque donc dans la série l’eutectoïde et l'aspect martensitique.
a. Nous avons obtenu la résolution directe de l’eutectoiïde sous un aspect
plutôt lamellaire par refroidissement très lent (durée 75 heures depuis
l'état liquide jusqu’à 300°), c’est ce que représente la figure 2 (!).
Si l’on admet que les grosseurs respectives des éléments proeutectiques et
des éléments eutectiques varient dans les mêmes proportions lorsqu'on
modifie la rapidité du refroidissement, cela conduit à assigner aux éléments
eutectiques des laitons coulés en pièces moyennes, une épaisseur dont
l’ordre de grandeur est compris entre 0,1 et 0,01 u et par suite compa-
rable à celui des particules des solutions colloïdales.
b. Quant à l'aspect martensitique en aiguilles ou en fers de lance, on sait
que dans les aciers, en raison du changement de volume qui accompagne
la transformation austénite > martensite, l'aspect martensitique peut se -
voir à la surface des échantillons préalablement polis en raison des reliefs
produits. Or c’est ce que nous avons constaté avec M. Philippon sur un
échantillon de laiton à aluminium trempé, et il a été aussi possible de
révéler cette structure par attaque ( fig. 3).
Nous nous sommes attachés ici à faire ressortir uniquement les simili-
tudes, mais il serait dangereux ou tout au moins prématuré d'aller plus loin
dans cette voie de généralisation sur cette simple constatation.
CHIMIE ORGANIQUE. — Oxydation catalytique par les corps non saturés (huiles,
carbures, etc.). Note de MM. J. Boueaurr et P. Rosis, présentée par
“Em, Bourquelot.
C'est un fait d'expérience bien connu que les huiles non saturées ont la
propriété d’absorber l'oxygène; cette absorption est accompagnée d’un
dégagement d'acide carbonique et d'hydrogène, dont la quantité est d’ail-
leurs très inférieure à celle de l'oxygène absorbé (*). La plupart des
composés organiques non saturés jouissent des mêmes propriétés ; certains,
a aean a S AA
(') Le professeur Carpenter auquel une Area de l'échantillon avait
été envoyée est aussi d'avis que l’on est bien en présence de l’eutectoïde os au
cours du refroidissement.
(?) Parmi les nombreux auteurs qui ont étudié ces phénomènes, nous citerons
particulièrement : De Saussure, Ann. Chim. Phys., 2° série, t. 49, 1832, p. 225. —
Cuevreu, Ann. Chim. Phys., 3° série, t. 47, 1856. — Croëz, Comptes rendus,
t. 61, 1865, p. 321 et 981. — Marcrzux Berraerort, Ann. Chim. aie paseu?
Mémoires en 1860 et années suivantes. :
354 ACADÉMIE DES SCIENCES.
comme l'essence de térébenthine, à un haut degré, Marcellin Berthelot a
montré, de plus, que ce dernier composé pouvait, non seulement s’oxyder
pour son propre compte, mais jouer le rôle d'intermédiaire (de catalyseur)
dans l'oxydation d’autres corps relativement stables à l'air (l’indigo, l'acide
pyrogallique, etc.). Toutefois les produits de ces oxydations n’ont pas été
isolés ni caractérisés.
I. Au cours de recherches sur le sulfure d’éthyle dichloré (ypérite)
S (CH*CH*CI), nous avons eu l’occasion d'observer l'oxydation très
régulière de ce corps, par l'intermédiaire des huiles non saturées (olive,
coton, lin, ricin, œillette, foie de morue).
Si l’on dissout, par exemple, 18 d’ypérite dans 35 d'huile d'æillette, et
qu'on abandonne la solution au contact de l’air, on obtient au bout de 12
à 15 jours des lamelles cristallines, qui ne sont autre chose que le sulfoxyde
SO (CHE. CH?C1)?
correspondant au sulfure employé. Il y a donc eu fixation d'oxygène par
l'intermédiaire de l'huile d’œillette
S(CH?.CH?CI} + O — SO (CH. CH2Cl},
car l’ypérite ne subit pas cette oxydation, ni à l’état pur, ni en solution
dans une huile saturée (huile de vaseline).
L’essence de térébenthine, substituée à l'huile dans l'expérience précé-
dente, réalise la même oxydation avec une plus grande rapidité; voici une
expérience :
Nous avons dissous 50% d’ypérite dans 2508 d'essence de térébenthine et mis le
ballon, qui contenait ce mélange, en relation avec un récipient rempli d’ofygène. Au
bont de 2 jours, des cristaux de sulfoxyde commencaient à se déposer. L'opération
a été arrêtée après 56 jours, alors que l'absorption de l’oxygène semblait presque ter-
minée, L’essence de térébenthine a été alors décantée, et les cristaux de sulfoxyde
lavés à l’éther de pétrole, Le rendement était sensiblement théorique.
L’essence de citrons, le géraniolène, le cyclogéraniolène, le menthène
se comportent comme l'essence de térébenthine, et leur activité parait être.
du même ordre.
II. Pour réussir dans ces expériences et obtenir le produit d’oxydation
cherché, il paraît utile, sinon indispensable, que le liquide catalyseur rem-
plisse deux conditions : d’une part, qu'il dissolve le corps oxydable, et,
d'autre part, qu’il ne dissolve pas, ou très peu, le corps oxydé.. ,
Or, les carbures d'hydrogène et les huiles ont un pouvoir dissolvant très
SÉANCE DU Q AOUT 1920. 355. -
réduit. En particulier, ils métaient pas aptes à dissoudre le thiodiglycol
S(CH°.CH° OH} que nous désirions oxyder par le même processus.
Nous avons eu recours alors au citral, composé non saturé contenant de
l'oxygène dans sa molécule, et dont par suite le pouvoir dissolvant se
trouve plus étendu.
5s de thiodiglycol ont été agités avec 30 de citral et la liqueur décantée après repos,
car la dissolution était incomplète, le thiodiglycol n'étant pas absolument pur. Aban-
donnée à lair, la solution a commencé à déposer des cristaux après 20 jours, Au bout
de 2 mois et demi, nous avons recueilli 15,50 de cristaux constitués par le sulfoxyde
du thiodiglycol SO (CH?. CH? OH }?.
IMI. Les composés obtenus dans ces oxydations n'ayant pas été décrits,
à notre connaissance, nous en donnerons queues caractères permettant
leur identification.
Sulfoæyde de l'ypérite SO(CH?. CH? CI). — En dehors du mode de pré-
paration décrit ci-dessus, ce corps peut s’obtenir e action de l'acide
azotique (D = 1,30) sur l’ypérite.
Il fond à 112°. Il est peu soluble dans l’eau froide (15, 5o pour 100% en-
viron), plus soluble dans l'alcool et l’éther. La potasse aqueuse le saponifie
aisément en donnant le sulfoxyde du thiodiglycol SO(CH=. CHOH ¥.
Sul fone de l ypérite SO?(CH?.CH°CI)?. — L’oxydation du composé précé-
dent par le permanganate de potassium en liqueur acide donne quantitati-
vement la sulfone correspondante.
Cristaux incolores, fondant à 995°, présentant à peu sa les mêmes
solubilités que le faltóigde.
Sulfoxyde du thiodiglycol SO (CH? .CH?OH¥}. — Nous avons vu que ce
composé résulte de loxydation du thiodiglycol par l'intermédiaire du
citral; ainsi obtenu, il est identique au produit de la saponification alcaline
du nor yde de l’ypérite.
Cristaux incolores, très solubles dans l’eau et dans l'alcool, insolubles
dans l’éther, fondant à 111°.
En résumé, ce qui précède montre l'importance des réactions d’ oxydation
qui peuvent être réalisées à froid, par simple mélange avec des dissolvants
convenablement choisis jouant le rôle de catalyseurs. H n’est pas douteux
que ces réactions prennent part aux transformations que subissent les
né anges industriels où figurent les huiles non saturées, l’essence de téré-
benthine$ mais on peut penser aussi qu’elles peuvent jouer un rôle dans les
Processus vitaux, aussi bien chez les plantes que chez les animaux.
356 ACADÉMIE DES SCIENCES.
EMBRYOGÉNIE VÉGÉTALE. — Embryogénie des Composées. Les derniers stades
du développement de l'embryon chez le Senecio vulgaris L. Note de
M. Rexé Souèces, présentée par M. L. Guignard.
‘étage supérieur, g, du proembryon à seize cellules (fig. 4) () donne
naissance à la partie cotylée. Quand la cloison, séparant les deux cellules &
et 5, présente la disposition générale (fig. 6), c’est la cellule B qui se divise
la première par une paroi verticale radiale pour donner deux éléments
juxtaposés y et ô ( fig. 7). Quand la première cloison présente la disposition
- de la figure 8, une cloison verticale rectangulaire s'établit dans l’élément «
engendrant de même deux éléments y et ò (fig. 8). A ce moment le qua-
drant se trouve partagé en trois cellules, une centrale et deux périphériques.
Des cloisons tangentielles s’établissent dans ces trois cellules et séparent
définitivement le dermatogène (fig. 5). De nouvelles cloisons tangentielles
se forment, à deux reprises, dans les éléments les plus intérieurs, d’où
résulte la différenciation, dans toute la partie cotylée, de trois assises sous-
épidermiques. La cellule qui occupe le sommet interne du massif triangu-
laire issu de B reste toujours en relation directe avec les cellules les plus
internes du plérome (fig. 10à 13).
L'étage m donne naissance à l'axe hypocotylé tout entier. Les quatre
éléments qui le constituent dans la figure 4 se segmentent tangentiellement
à deux reprises et séparent d'emblée les trois histogènes, dermatogène, péri-
blème et plérome. Dans le plérome, après une ou deux cloisons transver-
sales, les premières parois verticales isolent extérieurement le péricycle
(fig. 11 à 13). Se ;
L’étage n donne les initiales de l’écorce. Les deux éléments qui le repré-
sentent dans la figure 4, par deux parois méridiennes, se séparent en quatre
cellules circumaxiales ; celles-ci se divisent encore verticalement, soit par
des cloisons tangentielles, soit par deux cloisons normales aux deux parois
méridiennes, pour donner naissance à quatre cellules internes et quatre à
huit cellules externes. Les premières fonctionnent comme initiales de
l'écorce; les autres se divisent radialement, puis tangentiellement, et
contribuent à la formation des parties latérales de la coiffe (fig. 10 à 13).
EE dE ER
(:) R. Souècrs, Embryogénie des Composées. Les premiers stades du développe-
. . E2
ment de l'embryon chez le Senecio vulgaris L. (Comptes rendus, t. 171, 1920, p- 254)-
Voir les figures schématiques qui accompagnent cette Note.
SÉANCE DU 9 AOUT 1920. 357
L’étage o engendre la portion centrale de la coiffe. Aux dépens de la cel-
lule unique que l’on voit dans la figure 4, il se différencie quatre cellules
circumaxiales, À des moments assez variables dans le développement, ces
quatre cellules, se segmentant tangentiellement, selon le processus indiqué
au sujet des Nicotiana ('), produisent les quatre rangées médianes de la
coiffe. Ce dernier tissu a donc une origine triple, puisque trois étages du
proembryon concourent à sa formation : l'étage o tout entier, pour la por-
tion centrale, les cellules périphériques de l'étage n et quelques cellules de
dermatogène de l’étage m, pour les portions latérales ( fig. 12 et 13).
Si l’on considère comme représentant le tissu hypophysaire l’ensemble
des éléments issus de l’étage o, on peut dire que l'hypophyse engendre,
chez les Composées, comme chez les Polygonacées et les Solanacées, la
portion médiane de la coiffe seulement. Mais si l’on considère comme
représentant le tissu hypophysaire tous les éléments provenant des deux
étages n et o, on peut dire que l’hypophyse, chez les Composées, comme
chez les Renonculacées et les Crucifères, engendre à la fois les initiales de
l'écorce et la portion médiane de la coiffe. Puisque cette double interpré-
tation est possible, on voit combien le terme d’hypophyse manque de
précision ; il ne possède pas de définition stable, fondée, soit sur ses
origines, soit sur ses destinées. Carano ne l’a pas employé dans son travail
et les raisons qu'il en donne sont, il faut le reconnaître, excellentes. Il est
évident que les notions d'hypophyse, de quadrants, d’octants, et même de
Suspenseur sensu lato, introduites dans la science à la suite des recherches
de Hanstein, ne peuvent s'appliquer dans la généralité des cas, Il est préfé-
rable de leur substituer celles d'étages proembryonnaires et de blastomères
constitutifs de ces étages, car tous ces blastomères, jusqu’au stade du
proembryon à seize cellules, apparaissent toujours nettement individualisés,
indépendants, homodynames et réalisent de la sorte des unités ontogé-
niques de valeur primordiale. :
Le suspenseur tire son origine de la cellule p (fig. 4) qui se cloisonne
transversalement pour donner deux cellules superposées ( fig. 5); celles-ci,
à leur tour, par de nouvelles segmentations, en général transversales, mais
parfois aussi longitudinales, dans la région voisine de l'étage o, donnent en
définitive naissance à un suspenseur filamenteux, composé de six à douze
éléments, n’offrant aucune différenciation spéciale.
nn nn D E
'(1) R. Soutess, Embryogénie des Solanacées. Développement de l'embryon chez
les Nicotiana (Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1125).
358 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Expériences utilisables en physiologie végétale,
sur l’osmose et sur l'aspiration due à l'évaporation. Note (') de M. Pierre
Lesace, transmise par M. Gaston Bônnier.
En répétant et variant les expériences courantes que l’on fait en physio-
logie végétale pour chercher à faire comprendre les mouvements des liquides
à l’intérieur des plantes, j'ai noté des faits qui me paraissent intéressants et
qui méritent d’être rappelés. Voici deux séries d'expériences qui ont amené
à quelques-uns de ces faits.
Dans la première série, j’ai répété l'expérience de Dutrochet sur l'os-
mose, avec des variations dans la membrane osmotique, dans les liquides
osmosants et dans la position de cette membrane par rapport à ces liquides.
Je ne décrirai pas l'expérience bien connue, je me contenterai, pour la rapi-
dité de l'exposé, de désigner l’osmomètre par A et, par B, le cristallisoir ou
récipient inférieur qui contient l’eau pure. Comme variations de la mem-
brane, j'ai utilisé la peau de vessie, l’acétocellulose, des gâteaux de ciment à
prise rapide et de plâtre à moulage. Dans ces deux derniers cas, je n’ai pas
eu de phénomène comparable à l’osmose. Dans le cas de l’acétocellulose,
l’osmose s’est produite et, avec des solutions de sucre, de sel marin avec
l'alcool à 94°, cette osmose a présenté des variations comparables à celles
qu’on obtient avec la peau de vessie : perméabilité pour l’eau, perméabilité
pour les produits dissous, mais plus faible et inégale. Il m'a semblé que
l’alcool modifie la membrane d’acétocellulose et la rend moins perméable
au sel marin (°). D'ailleurs je dois dire que la membrane d’acétocellulose
est infidèle, elle varie avec son origine et avec les manipulations qu'on lui
fait subir. `
L’osmose se produit de la même manière, qu’on immerge plus ou moins
profondément la membrane dans l’eau de B, ou qu'on la maintienne tan-
gente à ce liquide. Si on la soulève au-dessus de l'eau, il y a encore osmose
apparente; mais le niveau d’équilibre osmotique en A est vite atteint. Cela
tient à ce que, la membrane étant perméable au produit dissous, le système
se complique de telle sorte qu’en allant de A vers B, on trouve : solution
“forte, membrane, mince couche de solution faible, air humide, eau de B.
~ (1) Séance du 2 août 1920.
(2) Perre Lesage, Emploi de l'acétocellulose comme membrane osmotique (Bu
Soc. sc. et méd. de l'Ouest, séance du-5 mars 1920).
i.
SÉANCE DU 9 AOUT 1920. 359
Alors il y a de B à la solution faible inférieure, distillation et condensation
réglées par la différence des tensions de vapeur d’eau; et, de la solution
faible inférieure à la solution forte supérieure, osmose réglée par la diffé-
rence des concentrations de part et d’autre de la membrane. D'autre part,
des gouttes de la solution inférieure se détachent, par moments, et tombent
en B. J'ai observé ces faits, la membrane étant à 8°% ou 10°" au-dessus de
l’eau de B. J'ai encore remarqué que le niveau d’équilibre osmotique est,
dans l’appareil avec peau de vessie, moins élevé que dans un même appareil
avec membrane d’acétocellulose.
Dans la deuxième série, j'ai répété et varié l'expérience d’Askenasy par
laquelle on cherche à montrer que l'aspiration due à la transpiration des
feuilles est comparable à une aspiration due à l'évaporation d’un gâteau de
plâtre. Pour cela, j'ai employé le même appareil Dutrochet avec membrane
d’acétocellulose,, gâteau de ciment à prise rapide ou gâteau de plâtre à
moulage, en remplissant A d’eau pure ou même de solution sucrée à une
molécule-gramme au litre, et renversant sur du mercure contenu en B.
Avec le ciment, le mercure n’a pas été soulevé; avec le plâtre, le mercure a
été soulevé dans de tube étroit comme dans l'expérience d’Askenasy. Je ne
me suis pas arrêté davantage à ces deux cas. Mais cependant remarquons,
en passant, que le ciment n’osmose pas, n’aspire pas, tandis que le plâtre
n’osmose pas, mais aspire.
Avec la membrane d’acétocellulose, il y a eu aspiration lente et élévation
du mercure, élévation qui atteignait 220™™ quand j'ai arrêté l'expérience
pour la reprendre sous une autre forme qui a donné des résultats intéres-
sants. Dans cette nouvelle expérience, A, plein d’eau de source, est ren-
versé sur B qui contient une couche épaisse de mercure surmontée d’une
couche assez épaisse d’eau. Comme précédemment le mercure est aspiré
dans le tube où le niveau s'élève lentement. Après un certain temps, ce
niveau se trouvant à 55%, je fais écouler, avec un siphon, du mercure de B
Pour faire en sorte que l’extrémité du tube de A soit dans l’eau et à environ
2°” au-dessus du niveau du mercure resté en B. Dans ces conditions, la
colonne de mercure se maintient à 55™™ dans le tube et rejoint le mercure
de B par un cylindre libre sur ses côtés dans l’eau, sur une longueur d’envi-
ron 2™™, Les choses étant ainsi disposées, l'évaporation se poursuivant, le
mercure continue à monter dans le tube. Quand le niveau supérieur a
atteint 85mm, j’ai voulu enlever encore du mercure de B; mais la colonne
s’est affaissée. Alors j'ai remplacé le tube étroit de A ; il avait 5™™ de dia-
mètre, je lui ai substitué un tube de 2™™ de diamètre et j'ai recommencé la
même expérience. Quand la hauteur du mercure soulevé a atteint environ
360 ACADÉMIE DES SCIENCES.
8o™™, j'ai enlevé du mercure de B jusqu’à 2" au-dessous de l'extrémité
inférieure du tube de A ; la colonne mercurielle s’est maintenue dans le
tube et reliée au mercure de B par une partie libre dans l’eau comme pré-
cédemment. Mais, trois heures après, en voulant mesurer à nouveau la
hauteur, j'ai dû ébranler lesystème plus qu’il ne convenait; la colonne, sans
s'affaisser, s’est rompue à environ 3™™ au-dessus de l'extrémité du tube de A.
. J'ai laissé les choses en l’état jusqu’au lendemain; après 18 heures, rien ne
paraissait changé et cependant l’évaporation et l'aspiration avaient dù se
continuer comme auparavant. De la fuchsine mise dans l’eau de B m'a
éclairé à ce sujet; après moins d’une heure, l’eau s’est teintée en rouge au-
dessus de la colonne de mercure : l'aspiration due à l'évaporation de la
membrane d’acétocellulose fait glisser l’eau de B entre la paroi du tube et
la colonne de mercure qui reste suspendue sur une longueur de 80",
Je m'en tiens à ces indications sur ces expériences et les variations qu’elles
comportent, elles sont plutôt du domaine purement physique ; mais j'ai
pensé qu'il valait mieux les faire connaître que de les laisser confinées dans
mes notes jusqu’au moment où je pourrais les utiliser en physiologie. Car
s’il y a des applications connues, il en est encore à chercher, à préciser pour
mieux comprendre les mouvements de la vapeur d’eau, de l’eau liquide et
des matières solubles, dans les vaisseaux, dans les méats intercellulaires,
dans les massifs cellulaires tels que les nectaires, les renflements moteurs,
et même à la périphérie des plantes où l’étude de certaines formations
pourra être facilitée par la connaissance des modifications de la mem-
brane d’acétocellulose évaporant dans certaines conditions qu'il reste à
déterminer.
VITICULTURE. — De l’action des eaux météoriques sur les dépôts des
bouillies cupriques. Note de M. et M™! G. Vie, transmise
par M. Viala.
Les bouillies anticryptogamiques, employées actuellement en agricul-
ture, sont le plus généralement obtenues en versant dans une solution de
sulfate de Res soit un lait de chaux dilué, soit une solution de carbonate
de soude, jusqu’à ce que la réaction acide due au sulfate de cuivre soit
neutralisée; en général on va même jusqu’ à légère alcalinité en vérifiant le
terme de la réaction à l’aide d’un papier à la phtaléine ou au tournesol. On
a admis jusqu’à ce jour que les bouillies à préférer étaient le phis voisines
de la neutralité, ou plus justement celles SE ne possédaient qu’une légère
SÉANCE DU Q AOUT 1920. 361
alcalinité, bien que, comme le dit M. Pacottet dans son Traité Viticulture,
les bouillies acides ou alcalines soient plus actives que les neutres.
On admet également que l’oxyde de cuivre des bouillies bordelaises ou
l'hydrocarbonate de cuivre des bouillies bourguignonnes au contact de
l'acide carbonique et de l’ammoniaque contenus dans les eaux météoriques
peuvent se dissoudre à l’état de traces et venir ainsi en contact avec les
zoospores des champignons parasites qu’ils détruisent. La bouillie borde-
laise étant celle que l’on utilise le plus fréquemment, nous avons cru devoir
l’étudier particulièrement.
Ce qui se forme en réalité, lorsqu'on verse un lait de chaux dans une
solution de sulfate de cuivre, c’est du sulfate basique de cuivre SO‘Cu,
3Cu(OH}; si l'on met de la chaux en excès, on obtient le sulfate basique
de Smith SO‘Cu, 5Cu(OH}°. Ces faits sont connus; il suffit pour les
vérifier de verser lentement dans une solution de sulfate de cuivre de titre
connu, une solution titrée de chaux ou de soude; la neutralité est atteinte
dès qu’on a versé les trois quarts de ce qu’aurait exigé la totalité de l'acide
sulfurique en réaction. Si l’on filtre la liqueur à ce moment, on constate
que dans la liqueur filtrée il n’y a plus trace de cuivre et, dans le précipité
lavé, on retrouve l'acide sulfurique correspondant au sulfate restant. Ces
sulfates étudiés par Becquerel et Smith sont complètement insolubles dans
l’eau.
Le sulfate basique ou l’hydrocarbonate de cuivre (des bouillies bourgui-
gnonnes) se comportent d’ailleurs de même en présence de l’anhydride
carbonique et de l’ammoniac pris séparément ou mélangés. `
l Nous avons voulu vérifier quelle pouvait être l’action des eaux météo-
riques sur ces deux corps, bases des bouillies. Tout d’abord, nous nous
sommes reportés aux analyses des eaux météoriques et nous avons retrouvé
les chiffres fournis par Baumert, Peligot et Boussingault (Dictionnaire de
Wurtz, t. 2, p. 1201). Boussingault donne comme chiffre moyen à la cam-
pagne celui de oë, 0007 par litre pour l’ammoniaque et Peligot et Baumert
ceux de 0%, 6 et o™,45 par litre pour le gaz carbonique, ce qui correspond
en poids pour ce gaz à environ 08,003 et 0f,0008 par litre; ces chiffres
rapportés au volume du solvant sont à peine de l’ordre du millionième. |
.… Pour les bouillies acides, celles-ci contenant du sulfate de cuivre libre,
il ne saurait être question d'envisager l’action de si faibles doses de gaz
carbonique et d'ammoniaque. Il faut remarquer simplement que Pactivité
dangereuse de ces bouillies, même pour des organes bien défendus comme
la feuille tient à la nature même du sulfate de cuivre dont les trois quarts
de l'acide, ainsi que le montre l'expérience relatée plus haut, sont à l’état
C. R., 1920, 2* Semestre. (T. 171, N° 6.) 7.
362 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de quasi-liberté et peuvent être absorbés par les corps les moins alcalins et
même neutres comme le carbonate de calcium ('), jusqu’à production de
sulfate basique. Il suffit pour le vérifier de faire réagir l’un sur l’autre du
sulfate cuivrique et du carbonate de calcium en présence d’un peu d’eau,
el de constater le dégagement de CO?. Le sulfate de cuivre agit ainsi
comme une véritable source d’acide sulfurique et l’on n’a pas jusqu’à ce
jour, à notre connaissance, étudié l’action de cet acide sur les zoospores
des champignons. |
Pour vérifier la présence de traces de cuivre de l’ordre du millionième
nous avons utilisé la réaction directe du ferrocyanure de potassium de la
façon suivante : :
Type : A 100™ (volume constant d'opération) d’une solution au ==>
de sulfate de cuivre, contenant sensiblement 1 millionième de ce métal, on
ajoute une goutte (tube calibré) de ferrocyanure de potassium au +, puis
une goutte d'acide acétique. On verse dans un petit flacon dit d’Erlenmeyer
de 120° en verre blanc et par simple comparaison avec des flacons sem-
blables contenant pour 100°% d’eau distillée une goutte de ferrocyanure
et en se plaçant sur fond blanc, on perçoit nettement une teinte rose se
développant dans la solution de cuivre au millionième. On peut s'aider
d’un tube de verre blanc, assez long et entouré de papier noir, mais il est
inutile à notre avis.
. . 4
Dans l'étude des bouillies alcalines (en pratique culturale, les chimi-
prauq
quement neutres n'existent pas), que cette alcalinité soit due à la chaux
ou à la soude, il est évident que les traces d'acide carbonique des eaux sont
d’abord fixées par ces bases avant de pouvoir réagir sur le sulfate basique
ou l’hydrocarbonate de cuivre. Nous l'avons vérifié et nous avons constaté
qu’en présence Simplement du carbonate de calcium qui se rencontre
toujours dans les dépôts des bouillies bordelaises, le sulfate basique pur où
l’hydrocarbonate de cuivre pur exigeaient au moins o£, ro par litre (100 fois
la dose des eaux météoriques) de gaz carbonique pour commencer à donner
des solutions de cuivre atteignant à peine l’ordre du millionième. La
moindre trace de chaux, même la présence d’ammoniaque, empêchent
cette faible dissolution. Pour l’ammoniaque restant seule en question,
nous avons opéré de la façon suivante : A 100°%* d’une solution contenant
soit 08,07, soit 06,05, soit 08,07 de Az H’ par litre, nous avons ajouté x de
sulfate basique ou 28 d’hydrocarbonate de cuivre purs et secs. On agite et
après 20 ou 30 minutes de contact on filtre avec soin su
: Dr
(1) Becquerez, Comptes rendus, t. 3h, 1852, p. 573.
r un filtre serre;
#
SÉANCE DU 9 AOUT 1920. 363
à la liqueur filtrée on ajoute de l’acide acétique jusqu’à réaction acide et
une goutte de la solution de ferrocyanure : nous n’avons obtenu aucune
coloration appréciable; ces essais ont été répétés avec addition de chaux
sans plus de succès. °
Nous avons reconstitué des eaux météoriques contenant 10, 20, 5o
et 100 fois plus de gaz carbonique et d’ammoniaque que les eaux météo-
riques ordinaires, soit de 6% à 60% d’anhydride carbonique par litre et
de 08,007 à 05,07 d’ammoniaque; nous avons fait des essais nombreux
d’abord avec de l’eau de pluie normale, puis avec ces diverses solutions et
nous n'avons obtenu de coloration appréciable qu'avec une eau 100 fois
plus riche en acide carbonique et en ammoniaque que l’eau de pluie. Il
faut avoir soin dans ces opérations d'utiliser des produits bien lavés et secs
et de l’eau, distillée dans des appareils en verre, les eaux provenant d’alam-
bics en cuivre, même étamés, peuvent en effet renfermer des traces de
cuivre.
Étant donné qu'avec une eau correspondant à la composition d’une eau
météorique normale il est impossible de dissoudre des traces de cuivre de
l’ordre du millionième, nous croyons pouvoir conclure que rien n’autorise
à penser que dans les bouillies alcalines ce soit le cuivre soluble qui agisse
comme toxique vis-à-vis des zoospores du mildiou. Pourtant l’action
toxique de ces bouillies est indiscutable et leur réussite démontre leur effi-
cacité. Il y aurait peut-être lieu de rapprocher de leur action ce fait connu,
et qu'il nous a été donné de vérifier, qu’en général les spores des crypto-
games habitués à vivre en milieu acide ne se développent pas sur les milieux -
nettement alcalins; ils ne se développent pas non plus d’ailleurs sur des
milieux nettement sulfuriques, en si petites quantités qu'y existe l'acide
sulfurique libre et tous les anticryptogamiques (même par comparaison les
traitements au soufre) pourraient être envisagés comme n’agissant qu’en
modifiant la constitution chimique, en altérant la composition du proto-
plasma des zoospores avec lesquelles ils sont directement en contact, hypo-
thèse en accord avec l’activité reconnue des bouillies acides ou alcalines.
Nous nous proposons de continuer l’étude de cette question.
PHYSIOLOGIE. — Comment évaluer le rendement des ouvriers. — Note :
de M. Juces Amar, présentée par M. Laveran.
Nous avons montré, depuis une vingtaine d'années, que l'expression
fidèle de l'activité musculaire est dans la consommation d'oxygène.
30%: ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il y a lieu de rappeler ici que ce genre d'évaluation est exactement celui
que l’on applique aux moteurs thermiques ; mais avec cette différence que
l’on mesure le volume de ce comburant, et non le poids de combustible.
Pour les déterminations pratiques, nous avons toujours employé la
* - soupape respiratoire adaptée à la bouche, et sur laquelle une dérivation, par
tube de caoutchouc réuni à un tambour inscripteur, permet d'enregistrer
les inspirations et expirations nettement séparées.
L'intérêt de ce procédé, dont la rigueur ne peut plus se discuter, est
double :
D’une part, on connaît la quantité d'oxygène absorbée durantun travail,
soit sportif, soit professionnel;
D'autre part, on peut suivre, sur le graphique de la da re la régu-
larité ou les troubles de cette détpiére:
Alors on observe les faits que nous allons résumer très brièvement, €t
qui seront donnés dans un Mémoire étendu :
1° Quand un ouvrier effectue une opération professionnelle, sans surme-
nage, sans effort excessif ou accidentel, sa respiration est régulière, tant
pour la ventilation pulmonaire que pour l’aspect des courbes respiratoires.
2° La même opération, imposée à plusieurs ouvriers, révèle des diffé-
rences de consommation d'oxygène, lesquelles tiennent au degré d'habileté
manuelle, au maintien du corps, à l'installation de l’atelier, facteurs qui
varient suivant les personnes et les circonstances. |
' En matière d'apprentissage, l'économie respiratoire s'accroît avec le
niveau d'instruction des jeunes gens.
3° Toute maladresse dans le travail, toute simulation pour manifester un
excès de force ou une impotence, se madisen pir u trouble de la ven-
tilation, et les irrégularités du graphique. Il n’est pas possible de sy
méprendre.
4° Nous remarquerons inédilinent le cas des athlètes qui présentent,
d’une façon générale, une inspiration plus longue que d'habitude. Elle
empiète sur l'expiration, elle montre que l'organisme se pourvoit en oxy-
gène, chaque fois au delà de ses besoins, en prévoyance de l'effort possible.
Ce mécanisme, que certains athlètes nous ont dit s'être imposé volon-
tairement, nous parait être un de ces moyens de défense dont l’é conomie
animale est heureusement si riche. .
Et l’on doit en tirer cet enseignement que, dans l’ordre professionnel ou
sportif, l'éducation respiratoire a une vertu souveraine (*) : He ;
(1) Jures Amar, Les lois scientifiques de l'éducation respiratoire (Dunod, 1920).
SÉANCE DU 9 AOÛT 1920. 365
vice de l’hématose, de la vie cellulaire, l'oxygène nécessaire, sans le moindre
gaspillage.
EMBRYOGÉNIE. — La formation du squelette axial chez Eunicella (Gor-
gonia) Cavolinii Koch. Note (') de M. Axpré Micor, transmise par
M. Yves Delage.
Le squelette des Gorgones est actuellement considéré par la plupart des
auteurs après Koch comme le produit de la sécrétion d’une assise cellu-
laire qui ne serait autre chose que l’ectoderme pédieux refoulé. Le pre-
mier élément squelettique est une lame chitineuse sécrétée par l’ectoderme
pédieux entre lui et son support. Puis la sécrétion continuant, l'axe s'élève,
toujours entouré par l’assise ectodermique sécrétante refoulée en doigt de
gant. Il est donc morphologiquement extérieur à l’animal.
On sait que l’axe est constitué par des lames cornées très minces,
emboîtées en coupoles superposées et largement séparées au centre de
l’axe par une substance intermédiaire, molle, très abondante.
Latéralement, ces lames chitineuses se rapprochent et s’accolent pour -
former la partie dite corticale de l’axe, la partie médullaire étant formée
par les coupoles cornées et la substance intermédiaire. Alors que la subs-
lance cornée dure se colore en noir par l’hématoxyline, la substance inter-
médiaire, molle, ayant l'aspect de la mésoglée, se colore en rose par le
Picro-carmin.
Nos observations sur Eunicella Cavolinit Koch nous ont montré que les
lames cornées, en se rappröėlant latéralement pour former la zone corti-
cale, restent en réalité séparées par une mince lamelle de substance
intermédiaire en continuité morphologique avec celle qui est entre les
coupoles.
Il en résulte une ner de couches claires, rosées, et de E E
sombres noirâtres, bien visible sur la plupart des prepirata colorées
à l’hématoxyline ferrique-carmin.
La substance intermédiaire est entièrement remplie par un house de
filaments extrêmement fins, enchevêtrés, se colorant un peu comme les
lamelles chitineuses, mais d’une manière beaucoup moins intense.
Certains auteurs ont décrit des spirales calcaires à l’intérieur et dans
er ce du squelette axial. Nous n’en avons Jamais rencontré dans ‘
l’espèce étudiée, même sur les préparations non décalcifiées.
(1) Séance du 2 août 1920.
366 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quelle est l’origine de ce squelette et comment sont formées les deux
substances qui le composent? Classiquement, c’est un produit de sécrétion
de l’ectoderme invaginé.
Un fait à mettre en évidence, c’est que jamais on n’observe une couche
épithéliale continue autour de l’axe squelettique, comme semble le penser
Koch.
Les éléments que l’on observe autour du squelette et qui le séparent de
la mésoglée sont de deux sortes : 1° des cellules; 2° des éléments striés
spéciaux, très importants pour la formation du squelette, comme nous le
verrons tout à l’heure.
Les cellules, de petite taille, ont assez fréquemment sur les coupes la
forme d’un fuseau épais et court, pointu aux deux extrémités. Leur noyau
est très visible, se colore facilement et leur protoplasma est bourré de gra-
nulations très chromatiques.
Parfois quelques-unes de ces cellules fomnent une courte assise le long
du squelette, mais cette assise est discontinue et il y a alors fréquemment
deux ou trois épaisseurs de cellules séparées par une mince couche de
mésoglée.
Dans le cas le plus fréquent, on voit des amas plus cu moins volumineux
de cellules, pressées l’une contre l’autre, ayant en coupe une forme de fuseau
épais ou de cube. Ces amas existent en des points quelconques de la péri-
phérie de l’axe, mais plus particulièrement vers l'extrémité. Les cellules de
ces amas sont certainement en voie de multiplication active bien qu'on n'y
rencontre jamais de figures de caryocinèse. Mais c’est là un fait général chez
ces animaux où les cellules semblent se multiplier uniquement par divi-
sion directe. Les massifs cellulaires se continuent avec les cellules des
canaux endodermiques, rien ne permettant d’aill-urs de les en distinguer.
Enfin, entre les éléments striés, on trouve une ou deux cellules plus
petites, arrondies, mal limitées, dont les noyaux et les granulations se
colorent mal ; ce sont là des cellules en voie de dégénérescence.
Les éléments striés existent d’une façon absolument constante. Ils ont en
coupe la forme d’un sablier aux angles arrondis et très aplati. Leur hauteur
est à peu près celle d’une cellule, mais leur largeur est fréquemment double.
Ils sont nettement limités latéralement par leurs côtés concaves, mais du
côté opposé au squelette ils se continuent avec la mésoglée sans aucune
démarcation.
Du côté du squelette ils sont entièrement at contre celui-ci. Leur
contenu ne diffère en rien de la mésoglée; mais sur une bande adjacente au
squelette il est transformé en une sorte de bordure en brosse ‘constituée
SÉANCE DU g AOUT 1920. 367
par un grand nombre de petites striations parallèles et égales, dirigées per-
pendiculairement à la surface de l’axe et fortement colorées en noir par
l’'hématoxyline.
Ces stries, qui sont d’abord nettement séparées, finissent par se confondre
absolument avec la surface de l’axe, donnant à celui-ci un aspect finement
hérissé.
Puis cet aspect finit par s’atténuer, chaque bande de stries se transfor-
mant en une couche chitineuse qui s'ajoute au squelette.
Ces éléments striés sont parfois isolés, mais forment généralement de
longues files le long de l’axe. Les côtés concaves limitent entre eux de
petites lacunes arrondies contenant une de ces cellules dégénérées dont
nous avons parlé plus haut. Ils sont très comparables aux calicoblastes
striés de Heider et de Ogilvie et aux desmocytes de Bourne chez les Hexa-
oralliaires. Mais ces auteurs les considèrent comme des cellules transfor-
mées. Nous ne pensons pas qu’il en soit ainsi dans notre espèce.
En effet, jamais on n’observe d'intermédiaire entre leur structure et la
structure cellulaire; les cellules dégénérées sont toujours situées entre ces
éléments, dans les lacunes formées par leurs côtés concaves. Leur forme
particulière ne se rencontre jamais dans une cellule et ils sont, en général,
beaucoup plus larges que les cellules. Enfin, leur contenu se continue direc-
tement avec la mésoglée dont il ne se différencie pas. Nous pensons au
contraire que, à mesure que les cellules dégénèrent, ces éléments se consti-
tuent par élargissement progressif de la substance intercellulaire aux
dépens de la mésoglée. |
Quant à la substance molle, intermédiaire aux couches cornées, elle est
vraisemblablement sécrétée par les cellules granuleuses, qui sont particu-
lièrement nombreuses vers l'extrémité du squelette, là où cette substance
est la plus abondante. De plus, lorsque les éléments striés ont formé une
nouvelle couche squelettique, on a un développement pañticulier des
groupes de cellules granuleuses en voie de multiplication. |
n peut donc admettre deux temps successifs :
è
1° Multiplication des cellules granuleuses, sécrétion de la substance
intermédiaire par ces cellules; : :
2° Dégénérescence des cellules avec formation des éléments striés qui
donneront une couche chitineuse nouvelle.
=
Puis le premier temps recommence, gråce à la persistance de groupes de
cellules et ainsi de suite, cette alternance de phénomènes rendant compte
de l’alternance de couches signalées dans la constitution du squelette.
368 | ACADÉMIE DES SCIENCES.
EMBRYOGÉNIE. — La différenciation histochimique de l’épithélium pulmonaire
fœtal du Mouton (‘). Note (°) de MM. Fauré-Fremzær, J. Dracoiv
et M"? Du Vivier pe Srreez, présentée par M. Henneguy.
L’histogénèse du poumon fœtal du Mouton (*) montre comment la courbe
de croissance de cet organe doit être considérée comme l’expression globale
des phénomènes complexes et asynchrones de multiplication et de différen-
ciation des éléments épithéliaux d'une part, et des éléments conjonctivo-
vasculaires de l’autre; phénomènes qui assurent avant la naissance la
réalisation de la structure définitive de l'appareil pulmonaire.
Les variations morphologiques que subissent au cours de leur différencia-
tion les tissus du poumon fœtal s'accompagnent de modifications de leur
composition chimique, que nous avons pu mettre en évidence dans leur
ensemble en suivant les variations quantitatives globales de l’eau, des
lipoïdes, et du glycogène pulmonaires (*). ~
Il serait intéressant, au point de vue dela physiologie du développement,
de suivre les variations successives de la composition chimique d’un tissu
déterminé au cours de ses périodes de croissance et de différenciation. C'est à
ce que nous avons tenté pour l’épithélium pulmonaire à l’aide de pro-
cédés indirects. ;
Nous avons d’abord cherché un procédé de mesure des variations
quantitatives du tissu épithélial, puis nous avons cherché comment les
variations globales de la composition du tissu pulmonaire pouvait se répartir,
au cours du développement, entre ses-éléments épithéliaux et conjonctifs.
I. Variation quantitative du tissu epithelial. — L'emploi des méthodes
microchimiques montre que le glycogène du poumon fœtal est rigoureu-
sement localisé aux éléments épithéliaux. On pourrait donc admettre que
la quantité de cet hydrate de carbone varie proportionnellement à la masse
de tissu épithélial, si ces mêmes méthodes microchimiques ne montraient
un autre phénomène : la disparition du glycogène dans tous les éléments
épithéliaux en voie de différenciation.
(+) Travail fait à l'aide d'une subvention sur le fonds Bonaparte.
(2) Séance du 28 juin 1920. - sie
(3) J. Dracow et Fauré-FRemIET, Développement des canaux aériens et histogérese s
de lépithélium pulmonaire chez le Mouton (Comptes rendus, t., 170, 1920, P- 1617):
(+) Fauré-Fremier, J. Dragoi et Du Vivier ne SrreeL, La croissance du poumon
fœtal chez le Mouton et les variations concomitantes de sa composition (Comptes
rendus, t. 171, 1920, p. 275).
SÉANCE DU 9 AOUT 1920. 369
Nous avons donc cherché un autre procédé d’approximation des varia-
tions quantitatives de l’épithélium pulmonaire, et nous nous sommes arrêtés
à des mesures de surface et à des numérations permettant d'apprécier la
surface moyenne des éléments épithéliaux correspondants, pour un âge
donné à une surface donnée de tissu pulmonaire (‘). La surface épithéliale
trouvée et la surface pulmonaire correspondante, étant multipliées chacune
par sa racine carrée, nous pouvons estimer le volume épithélial par rapport
au volume pulmonaire; puis, admettant que la densité des tissus est peu
éloignée de celle de l’eau, nous pouvons traduire les volumes en poids. De
semblables déterminations ont un caractère essentiellement approximatif,
mais leur comparaison avec les données histologiques et chimiques précé-
demment exposées permettent de les considérer comme exprimant assez
bien l’ordre de grandeur des éléments épithéliaux par rapport au poumon
total aux divers moments de son évolution fœtale.
Les résultats donnés par ces calculs montrent que, entre la 4° et la
11° semaine, l’épithélium s’accroit plus vite que le tissu ace ; du
milieu de la 11° semaine au début de la 13°, l'accroissement propre des
deux tissus est sensiblement égal; du début de la 13° semaine jusqu’à la
naissance, le tissu conjonctif s'accroît beaucoup plus vite que le tissu épi-
thélial.
Si l’on calcule la masse épithéliale non plus par rapport à 100 parties de
tissu pulmonaire, mais,par rapport au poumon entier, on voit que, jusqu’à
la 12° semaine, l’épithélium pulmonaire s'accroît régulièrement et double
sa propre masse en un temps qui varie de 3 à 4 jours (après la 6° semaine),
à 7 à 8 jours (pendant la 12° semaine). Après la 12° semaine, on constale
non point une diminution relative de l’épithélium correspondant à un
ralentissement de sa croissance par rapport à celle du tissu conjonctif,
mais une diminution réelle et très considérable, en ce qui concerne, tout
au moins, les cellules nucléées non transformées par étalement, celles-ci
ne pouvant être estimées dans nos calculs. Si l’on compare la courbe
donnée par ces chiffres avec la courbe des variations quantitatives du
glycogène, on voit que, sans être superposables, elles se correspondent
très exactement et subissent, l’une et l’autre, au même temps de la vie
fœtale, une chute brusque.
Nous saisissons alors la signification de ce point ragas que a variations
globales de composition nous ont montré dans le dévelopf p
(1) Ces mesures ont été faites sur des coupes et sur des piewe iphie de
poumons fixés exactement dans les mêmes conditions. i
370 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vers la 13° semaine; il correspond à l'arrêt de croissance du tissu épithélial,
ou plus exactement à une régression apparente de ce tissu que l’analyse
histologique nous montre comme une différenciation profonde accompa-
gnée d’un rapide accroissement corrélatif du réseau vasculaire et de l'orga-
nisation conjonctive du parenchyme pulmonaire.
IT. Variations de composition du tissu épithélial. — Nous avons supposé :
1° Que la composition de la masse du tissu conjonctif varie très peu pen-
dant la première partie du développement tout au moins;
2° Que sa composition est analogue à celle de la gélatine de Wharton du
cordon ombilical. Celle-ci renferme jusqu’à 95 pour 100 d’eau et seulement
15 pour 100 de son poids frais d’extrait lipoidique total.
Si pour 100 parties de poumon fœtal, on partage proportionnellement la
quantité d’extrait lipoïdique total correspondant au stade étudié, entre la
masse épithéliale calculée et le tissu conjonctif restant, on voit que de
la 10° à la 12° semaine, le chiffre lipoïdique que l’on peut attribuer à l'épi-
thélium augmente légèrement, mais sensiblement moins que la masse épithé-
liale, alors qu'après la 12° semaine il demeure sensiblement constant, tandis
que la masse épithéliale diminue.
Il est donc évident que le chiffre lipoïdique, calculé pour 100 parties de
tissu épithélial, doit diminuer pendant toute la période de multiplication,
tandis qu’à partir de la 12° semaine, il doit s’accroître rapidement pendant
la période de différenciation.
L'étude histochimique confirme cette interprétation de point en point.
En dehors des corps gras qui peuvent leur appartenir, les cellules épi-
théliales renferment tout le glycogène pulmonaire; soit 11 à 18 pour 100
du poids épithélial humide. Corrélativement, la cellule épithéliale ainsi
chargée de glycogène et renfermant au début et à la fin de son évolution une
forte proportion de lipoïdes doit contenir une quantité d’eau relativement
faible, et celle-ci doit augmenter légèrement pendant la période de croissance
pour diminuer pendant la période de différenciation, ce que le calcul semble
vérifier.
Conclusion. — Les variations que nous venons d’esquisser se répartissent
inégalement entre les cellules appartenant à deux lignées épithéliales à
évolution distincte : la lignée bronchique et la lignée alvéolaire. Dans
celle-ci, la différenciation de la cellule granuleuse alvéolaire, dont le type
histochimique très particulier se maintient pendant toute la vie de l’adulte,
apparaît brusquement à un stade critique du développement du poumon
fœtal.
SÉANCE DU Q AOÛT 1920. 371
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur quelques propriétés de la sérine.
Note de MM. M. Prrrre et A. Via, présentée par M. Roux.
f
Comme suite à la méthode de séparation des protéines du sérum décrite
dans une Communication du t4 juin 1920, nous allons indiquer dans la
présente Note quelques-unes des plus importantes propriétés des produits
résultant de l’application de notre procédé.
I. Quand on reprend par l’eau distillée le précipité des protéines,
obtenu par l’action de l’acétone sur le sérum, on recueille une eau mère
renfermant 62 à 63 pour 100 de la sérine totale.
Saturée d'acide carbonique et filtrée, cette eau mère donne un liquide de
limpidité éclatante, d’un blond plus ou moins foncé suivant les sérums.
Les eaux mères suivantes ne contenant respectivement que 18 pour 100,
7,5 pour 100, 4 pour 100 de la sérine totale, et les derniers liquides des
lavages des protéines insolubles ne renfermant plus que des quantités mi-
nimes d'extrait, nous ne décrirons, pour simplifier, que le traitement de la
première eau mère, de beaucoup la plus riche en sérine.
L’addition lente, à cette eau mère, du tiers environ de son volume
d'alcool, accompagnée d'une vive agitation, donne un précipité blond
s’'agglomérant en caillot qui rapidement se rétracte et exsude presque
complètement son liquide. Si l’on achève d’égoutter en malaxant avec un
agitateur ou une spatule, on obtient une matière onctueuse, brillante,
lustrée, de coloration blonde. Ce produit perd à la dessiccation plus de -
50 pour 100 de son poids d’eau et d'alcool. |
La sérine de première précipitation, obtenue comme il vient d’être dit,
est rarement exempte de globuline entraînée en solution. On la purifie, une
ou plusieurs fois, par redissolution dans l’eau distillée, la globuline se
dépose en flocons faciles à éliminer. ;
Un des caractères remarquables de la sérine ainsi préparée est l’effet
sxerce par le froid sur ce produit et sur ses solutions à une température
Voisine de o°, ,
Précipitée à la température ordinaire à l'état de poix à reflets soyeux, la sérine
possède la propriété de se prendre au froid de la glacière en une masse solide gra-
nuleuse, de coloration blanc grisâtre. A la chaleur de la main cette masse se ramollit,
devient sirupeuse de teinte brun clair; replacée au froid, elle se solidifie de nouveau.
es solutions aqueuses de sérine additionnées d’alcool en quantité suffisante pour
approcher de la précipitation donnent; si elles sont soumises au froid, un trouble puis
un dépôt blanc, Examiné au microscope, ce dépôt est formé de grosses granulations
372. ACADÉMIE DES SCIENCES,
arron lies, isolées ou groupées. À douce chaleur elles se redissolvent pour se reformer
presque instantanément à 0°, comme s’il s'agissait d’un phénomène de cristallisation,
Cependant au cours de ces observations en chambre froide aucun effet bien net sur la
lumière polarisée n’a pu être constaté dans les conditions ordinaires. d'examen,
IL. Ilest possible de suivre la purification des protéines du sérum en se
basant sur la teneur en chaux des produits séparés.
La chaux totale dans le sérum normal varie chez le cheval de o8, 160 à 08,185 par
litre. Nous avons trouvé, à partir d’un sérum dans lequel on a dosé 08,170 de chaux
par litre qhe o8,057 de chaux passaient avec les corps gras et les sels dans la liqueur
hydro-acétonique, au cours de la précipitation des protéines par l’acétone. 08, 102 de
chaux ont été retrouvés dans les eaux mères des protéines solubles, alors que des
traces impondérables ont seulement pu être caractérisées dans les masses des protéines
-insolubles ou globulines, .
Dans le sang, 6o pour 100 de la chaux totale se trouvent donc particu-
lièrement localisés dans la fraction soluble des protéines, sans y être
cependant combinée d’une manière homogène.
Ou constate, en effet, en dosant cette base dans les diverses parties d’une précipi-
tation fractionnée par l'alcool, qu’elle s’accumule dans les queues de l'opération. C’est
ainsi que les précipités successifs d’un même fractionnement contenaient, le premier
08,12 de chaux pour roo de substance sèche; le second 08,19; le troisième 05,32; le
quatrième 08,75, Tout se passe donc comme si l’on se trouvait en présence d’un com-
plexe d’albumines possédant respectivement des capacités de saturation différentes
pour la chaux. š
III. Les deux groupes de protéines séparées se caractérisent nettement
par leurs propriétés physiques et chimiques.
La sérine est soluble dans l'eau, même après dessiccation dans le vide sułfu-
rique ou à l’étuve à 40°. Elle précipite de ses solutions aqueuses par l'acétone OU
l'alcool sous la forme décrite plus haut et des traces de bases alcalines ou alcalino-
ferreuses augmentent considérablement sa solubilité. -
La température de coagulation varie légèrement avec la concentration, elle débute
en général à partir de 52° sous l'aspect d'un trouble moiré; certaines fractions COM
mencent à 48°, d’autres seulement à 58°; elle se poursuit par palliers, en flocons blan-
châtres, jusqu'aux environs de 80°.
Composition chimique de la sérine.
C. H: N. Ph, $ Ca 0.
PE i et 50,71 6,47 15,10 traces 2,04 0,33
À OMR Dee nn 50,18 6-7 - 0,10 :
Pouvoir rotatoire spécifique en solution aqueuse
~
a
, An = — 57° à — 580.
SÉANCE DU 9 AOUT 1920. 373
La globuline est une matière blanche insoluble dans l’eau, granuleuse
à l’état frais, grisâtre et cornée après dessiccation. Encore humide, elle est
soluble dans les bases alcalines ou alcalines terreuses et dans les acides,
particulièrement dans les solutions acides acétique, formique, lactique, avec
lesquelles elles donnent en liqueur concentrée des gels transparents.
Composition chimique de la globuline.
C: H. N. P105. S. CaO.
Minas 49,90 6,31 14,30 0,13 0,82 traces <o,t!°h
PR res 50,22. 6,0 164 z
Pouvoir rotatoire spécifique en solution aqueuse acétique
d, =— 81° à — 83°.
Conclusion. — La protéine soluble obtenue par notre procédé, corres-
pondant à la sérine des auteurs, se différencie nettement de la globuline
par ses caractères physiques : solubilité, pouvoir rotatoire, propriété parti-
culière de se prendre en masse presque solide sous l’action du froid et, par
sa Composition chimique, notamment par sa teneur en soufre et en chaux.
PATHOLOGIE VÉTÉRINAIRE. — La virulence du lait dans la fièvre aphteuse.
Note de M. Cuarses Lesarix, présentée par M. Roux.
On connaît depuis longtemps la virulence du lait dans la fièvre aphteuse.
Cette virulence était attribuée à la présence d’aphtes sur les trayons, loca-
lisation très fréquente, et à la contamination du lait par rupture de ces
aphtes pendant la mulsion. On a signalé (Terni) l'élimination du virus
aphteux par le lait.
Les expériences suivantes prouvent que la virulence du lait est une
4 -
manifestation très précoce de la fièvre aphteuse.
Expérience 1. — Dans une ferme où la fièvre aphteuse vient de faire son apparition,
On choisit une vache dont la température atteint 40°,5 et qui présente, par ailleurs, `
Comme unique symptôme de maladie un aphte en voie de formation à la lèvre supé-
meure, 2008 de lait sont ‘recueillis à la sonde avec toutes les précautions
indispensables (sonde et récipient stérilisés, badigeonnage du trayon à la teinture
d'iode, ete), Trois jours après ce lait est injecté à la dose de 40% sous la peau de la
brebis F dont la température est de 39°,5. Au bout de 24 heures 40°,2, après 36 heures
419,8, aphtes buccaux, abattement, dyspnée, diarrhée, aphtes des espaces interdigités,
état grave, Température normale le huitième jour.
+
374 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Expérience 3. — La brebis G, température 39°,5 reçoit sous la peau 4o°% de lait
recueilli le jour même, avec les précautions indispensables, et provenant d’une vache
indemne d’éruption aphteuse, mais dont la température atteignait 40°,8. Au bout de
48 heures, la température de la brebis s'élève à 40°,2; après 72 heures à 41°, aphtes
ulcères de trois espaces interdigités, pas d’éruption buccale, fièvre aphteuse de gravité
moyenne, la température est redevenue normale le huitième jour. Les lésions des
pieds guérissent lentement.
Expérience 3.— La brebis G reçoit sous la peau 40%" de lait recueilli la veille, tou-
jours avec la même technique, sur une vache dont la température était de 40°,5 et
qui n’a eu des aphtes que 48 heures après le prélèvement de lait. La brebis C avait au
moment de l’inoculation 39°, 4, après 24 heures 40°,5, après 36 heures 41°,5; elle s’est
maintenue à ce degré pendant deux jours avec dyspnée, abattement, diarrhée, aphtes
de la bouche et des espaces interdigités, état général grave, la température redevient
normale le huitième jour.
Il ressort de ces observations qu'avant l'apparition d’aucun symptôme
de maladie, alors que la santé de l’animal ne paraît nullement altérée, son
lait est déjà virulent. Rien dans l’aspect extérieur ne peut le faire prévoir,
seul l'emploi du thermomètre permet de déceler le début de la maladie.
Le passage du virus dans le lait est la cause la plus importante de la
dispersion de la maladie et de la mort des jeunes animaux, il rend expli-
cables des faits en apparence mystérieux. Lorsqu'on visite les foyers
d’épidémie, il est impossible de ne pas être frappé par l'observation en appa-
rence paradoxale des premiers cas de fièvre aphteuse sur de jeunes veaux
enfermés dans des étables et ne sortant jamais. Les veaux sont atteints d'une
maladie à marche rapide et meurent subitement alors que la fièvre aphteuse
vient à peine d’être constatée sur les vaches laitières ou même ne sera
reconnue que le lendemain lorsque les aphtes apparaîtront. En eflet, cette
éruption, considérée habituellement comme un symptôme de début de la
maladie, indique en réalité un stade avancé et inaugure la période des
complications par infection secondaire. La même remarque s'applique aux
élevages de porcs. La grande quantité de virus introduite dans le tube
digestif par l’ingestion de lait explique l'allure suraiguë de la maladie chez
les jeunes animaux, et les cas de mort foudroyante avant même l’apparition
des aphtes. La virulence du lait est très précoce et parallèle à celle du sang
pendant la période d’ascension thermique.
La connaissance de ces faits permet d'interpréter les résultats découra-
=
geants obtenus par les éleveurs qui se sont astreints à faire bouillir le lait
destiné aux veaux et aux porcs, cette précaution excellente est toujours
prise trop tard.
SÉANCE DU 9 AOUT 1920. 375
Dans certaines fermes, on adopte une autre pratique dont les résultats sont
aussi déplorables : elle consiste à utiliser exclusivement le lait des vaches
non atteintes sans le faire bouillir, Or, lorsque la fièvre aphteuse se déclare
dans une exploitation, il y a toujours parmi les animaux en apparence
encore indemnes quelques sujets en période fébrile. Leur lait renferme le
virus qui possède à ce moment son maximum d'activité et contamine les
animaux auxquels il est distribué.
La mortalité si grande, qui sévit sur les veaux pendant les épidémies de
fièvre aphteuse, ne pourrait être enrayée que si l’on s’astreignait à dépister,
à l’aide du thermomètre, la maladie à son début et à stériliser par l’ébulli-
tion le lait et les récipiei ts.
BACTÉRIOLOGIE. — Quelques observations sur la culture du bacille tuber-
culeux en milieu non glycerine. Note de MM. E. Arnamre et E. FErNsacs,
présentée par M. Roux.
4
`
Depuis 1887, époque à laquelle Nocard et Roux (') ont montré les
avantages qu'il y avait à introduire de la glycérine dans les milieux de cul-
ture du bacille tuberculeux, presque toutes les expériences ont été faites
avec des microbes cultivés sur milieux glycérinés. Cependant ces savants
avaient appelé l'attention sur les modifications possibles du bacille en pré-
sence de ce corps.
À yant été amenés, il y a quelques années, à remplacer la glycérine par
de la gomme arabique, nous avions été surpris d'obtenir des cultures abon-
dantes. Il nous a donc paru intéressant de voir quelles modifications pour-
raient être apportées à la composition du bacille par un changement aussi
important de son milieu de culture.
Nos essais ont porté sur deux races de bacilles, l’une humaine, l’autre
bovine. Nous les avons cultivées comparativement : 1° sur bouillon glycé-
riné ordinaire 4 pour 100; 2° sur bouillon non glycériné; 3° sur bouillon
renfermant 4 pour 100 de gomme. Nous avons obtenu les poids moyens
suivants de microbes secs, sur lesquels nous avons fait le dosage des matières
grasses en les extrayant par un mélange de 2" de chloroforme pour 1°
‘éther. L’azote a été dosé par la méthode de Kjeldahl.
Les chiffres sont rapportés aux bacilles secs.
(*) Nocarp et Roux, Annales de l'Institut Pasteur, 1887.
910" ACADÉMIE DES SCIENCES.
Matières grasses
Poids moyen solubles dans
en le chloroforme-éther Azote
milligramimnes. (pour 100). (pour 100).
Bouillon glycériné....... 364,2 33 i 4,88
» non glycériné... 335,2 8,24 8,50
» DOM. L:...1: 1, - 268,5 8,38 8,11
Les dosages d’azote faits sur une série de cultures et rapportés aux
bacilles dégraissés ont fourni des chiffres très voisins : 7,17, 8,45 et 8,13
pour 100.
De l'examen de ces chiffres, il ressort que les bacilles cultivés en bouil-
lons non glycérinés et gommés sont beaucoup moins riches en matières
grasses et, par contre, beaucoup plus riches en azote; leur teneur en ces
éléments correspond tout à fait à celle indiquée par Nicolle et Alilaire pour
la plupart des microbes pathogènes (*).
Nous avons tenu à signaler ces premiers résultats parce que jusqu'ici les
bacilles tuberculeux analysés par différents savants (Hammerschlag,
Kressling, Aronson, Auclair et Paris, etc.) semblaient, par leur haute
teneur en matière grasse, se distinguer des autres bactéries. Peut-être le
bacille cultivé en l'absence de glycérine, très pauvre en matières grasses,
serait-il susceptible d’être résorbé facilement par l'organisme comme les
bacilles biliés de MM. Calmette et Guérin (°). Peut-être aussi, en raison
de sa teneur plus élevée en matière azotée, serait-il capable de donner des
anticorps en plus grande abondance. |
La séance est levée à 16 heures.
A. Lx.
(1) Nicoire et Arame, Annales de l’Institut Pasteur, juillet 1909.
(>) Cazuerre et GUuÉRIN, Comptes rendus, t. 151, 1910, p. 32.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MARDI 17 AOUT 19920.
PRÉSIDENCE DE M. Hexrı DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
THÉORIE DES NOMBRES. — Expression de laire non euclidienne du
domaine fondamental lié à une forme d’ Hermite indéfinie. Note (') de
M. G. Houserr.
1. Cette Note étend aux formes d'Hermite indéfinies, dans le corps
(ou lanneau) : yP, une formule que j'ai fait connaître (?) pour P =1.
Partons de l'équation (4) de ma dernière Note (°), où f(x, y) désigne
la forme zx, — Dyy, du corps i yP, P étant =1 ou 2 (mod 4), D positif,
sans facteur premier impair (> 1) commun avec P et non multiple de 4 :
(1) 2 (RL) /—(X, Y)=249 — De a[l pg Jsl;
faisons- -y $= 2 + o, multiplions les deux membres de (1) par p; et égalons
leurs limites quand ọ tend vers zéro, par valeurs positives.
Au second membre, le calcul est celui fait déjà pour les formes posi-
tives (*); la limite est
o REDAU
N | . . . . .
ô désignant tout diviseur premier impair (œ> 1) de D, et æ de P.
a nn — i
(') S'ance du 9 août 1920.
C) Comptes rendus, t. 166, 1918, p. 753.
(*) Comptes rendus, t. AT, 1920, p. 287.
(*) Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 407-
C R.. 1020, 2° Semestre. (T. 171, N° 7.) 29
353 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Au premier membre, prenons d’abord les termes qui répondent à c
donné; X et Y sont alors des entiers de l'idéal I, tels: 1° que /(X, Y): æl,
soit positif et premier à 2D; 2° que le point X : Y appartienne au domaine
de Picard, ®, du groupe g, qui correspond aux automorphies de f.
Grâce à la liberté que laisse le choix des I, (idéaux associés aux formes
réduites de Gauss binaires, positives, proprement primitives, de discrimi-
nant P, ou à des formes équivalentes), on peut supposer XI, premier à 5D.
Les entiers X, Y du corps ¿yP rendant /(X, Y) premier à 2D forment
AD? (2D) systèmes,
(3) X—4+92Dre, Y=y+2Dw,
æ et y fixes dans chaque système, et p, w entiers quelconques du corps i yP,
exactement comme dans le cas des formes positives (loc. cit. ). |
Mais il faut de plus que X, Y soient de l'idéal I., c’est-à-dire, si l’on veut,
en usant de la liberté que laisse le choix des æ, y, que ¢ et w soient eux-
mêmes de 1, (loc. eit.). Sil, = (q, gi VP), on a ainsi |
(4) o=qgzi+ (g +iVP)yn w=gai+(g +iVP)y
avec £i, Yı, Lay Ya entiers ordinaires quelconques.
Il faut enfin que f(X, Y) soit > o et que le point X : Y appartienne àa®,
celte dernière condition entrainant évidemment la précédente, puisque €
est extérieur à la circonférence ° + 7? — D = o, représentative de f.
Posons
(5) : Rs Re ré
fe wi
t étant une quantité positive; le point £ : y doit appartenir à @.
2. Considérons maintenant la somme, X’, des termes qui, au premier
membre de (1), correspondent à des valeurs fixes de c, « et y; la limite
de o¥', d’après les principes de Dirichlet, sera celle de (x, }° 2T : 2, où T
déstent le nombre des termes /(X, Y) au plus égaux à z, les X, Y étant
définis par (3) et (4).
Dans l’espace à quatre dimensions, les points (complexes) £, forment
un réseau, de maille infiniment petite (pour £ = +) dans tous les sens, et T,
pour £ = æ, est le volume V de la région + de cet espace occupée par les
points £, n, divisé par le volume de la maille.
Ce dernier (loc. cit. ) est 16D‘g° P : &; on a donc ainsi
1?
FORTE:
SÉANCE DU 17 AOÛT 1920. 379
tes ds V:
la limite de ọ¥', puisque Xl, = gq, est donc pmp et tout revient à cal-
8 PD‘
culer V.
Posons
(6) | x, tits; tr ee
on a
væ ff f fus. dx, dy; dy,
le champ © est défini : 1° par f(E, n)£1, qui exprime que f(X, Y) est au
plus égal à 4; 2° par les inégalités exprimant que le point £ : 7) est de Ẹ,
_ Prenons pour variables, au lieu de £ et n, les quantités n et =; en posant
z=% | n = z2, + íz;; le champ nouveau sera défini par y} + y, 21: (3,1).
et par les inégalités exprimant que le point analytique z appartient à ©: les
variables réelles sont maintenant y!, y!, z,,z,, et Pon a
V =f [ff id. dzidz (y+ y),
3 4 ` r i
d’où, après passage aux coordonnées polaires pour a ét Yyy
Ta
le champ de l'intégrale double en z,, z, étant maintenant Q.
3. On voit que V est indépendant de c, de x et de y. Or il y a À valeurs
pour c, et 4D°® (2D) systèmes de valeurs pour x, y, avec (loc. cit.)
I 2
PAaDi- Dar 5) IHC- or
Ô"
d' et à” désignant respectivement les diviseurs premiers impairs(>1)deD,
tels que
EP g
=) =+: et ( 57 jar
on en conclut que la limite du premier membre de (1) est.
I I dz, dz, :
pe HC T 5) IHC- ms): LE raD]
è à"
Egalant cette limite à celle (2) du second membre, on trouve :
4D Fa wi ce r) 117 | (2) zh
3 Jhr r H Et à ò }è Il “3 ©) ©
ô Les
N ” ;
° et © ayant la signification indiquée plus haut (n° 1).
380 ACADÉMIE DES SCIENCES.
. On trouverait la même formule dans le cas de l'anneau 2ÿP,
pour P=3 (mod 4).
4. Interprétation géométrique du premier membre. — VProjetons le
domaine ® sur la sphère §Ẹ? + n? + D =o, à partir du pôle sud
de celle-ci, l'équateur étant le plan {= o; soient, dans le plan {=o
et sur la sphère, æ, y, o et X, Y, Z deux points en correspondance,
ds et d£ deux éléments d’aire (euclidienne) correspondants autour de
ces points; on trouve facilement
do dE
Dar DT A
.
m étendue å la pro-
jection stéréographique à, de @, sur la sphère, c’est donc, puisque dE : Z? est
l'élément d'aire non euclidienne dans le demi-espace de Poincaré, Vaire non
euclidienne de R. Cette aire, d’ailleurs, si l’on désigne par x le nombre des
côtés du domaine R, par Xw la somme de ses angles euclidiens, est
(n — 2)r — Ew, et, comme les z et les w sont les mêmes pour & et pour &,
-on arrive à la formule finale
o asm e]
où à et & désignent respectivement les diviseurs premiers impairs (œ> 1)
de D et de P. Quant à &, il peut être regardé comme l'aire non euclidienne
du domaine Ẹ, et a aussi l'expression simple à = (n — 2)r — Ew, n étant.
le nombre des côtés de € et Ew la somme de ses angles euclidiens.
Le premier membre de (7) est ainsi l'intégrale 1 f
C’est l'extension, au corps ou à l’anneau i yP, de la formule donnée
pour P =: dans la Note de 1918, rappelée ci-dessus au commencement
du n° 1; elle s'applique également à 8’, domaine du groupe g à l’intérieur
du cercle £ + n?—D =o, car les n et w sont lès mêmes pour ® que
pour £. :
5. Extension du groupe des automorphies de f. — Au lieu des substitutions
|z, y; x + Dny, ve hoy h
qui sont les automorphies de xx, — Dy y,, nous considérerons des substi-
tutions symboliques, analogues à celles introduites dans nos Notes des
Comptes rendus (t. 170, 1920, p. 544 et 625),
w oN
À
ys serbe AE A
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 381
où l’on prend successivement pour A des idéaux ambigus, non équiva-
lents, de e (corps ou anneau i yP, selon que P =1, 2 ou 3 (mod 4) et où À
et y sont des entiers de A, tels que AA, — Dyv, = KA.
Remplaçant x et y par les quantités indiquées dans la forme xx, — Dy Yo,
et £a, Ya par les conjuguées, faisant ensuite au dénominateur A A, = IA,
on vérifie immédiatement que la forme se reproduit exactement.
Le groupe à une variable correspondant qui sera, si l’on veut, celui des
substitutions ordinaires
(a) Pe E A M 4),
À etv étant des entiers de l’un quelconque des idéaux choisis, A, et assu-
jettis à vérifier
(9) AA — Dyv = NA,
Les (c) forment un groupe que nous appellerons (y). |
Je dis qu’il y a des (5) pour chaque A, c’est-à-dire des à, y vérifiant (9).
Soit d’abord P = 2 ou 3 (mod 4); on pose P—r;r,,avecr, < ra, et lon
a pour les A (') l expression
A'=(r,, iVP) et DGA E Ti
d’où
Are + iÿP y; Y= rz- iy Pt,
avec x, y, z, t entiers ordinaires; et (9) s'écrit
rat? + ray? — D (r, +r t) =1,
equation soluble en nombres entiers (°) en vertu des hypothèses sur P et D.
Soit maintenant P = 1 (mod 4); outre les A’ ci-dessus, qui donnent lieu à
la même conclusion, on a à considérer aussi les A”, avec
Äi Ati larn rE yF} et JIA aris
d’où
k= irt (re iVP)rs yars + (i+ivP)4,
et (9) s'écrit, toutes réductions faites :
1117:
SE
Ti Fa dr OE,
y — Djar + 2r t+ Cidh
ar, x? y
(272 +072) + 2
qui est encore soluble en nombres entiers (tbid.).
(*) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 626.
C) Comptes rendus, t. 171, 1920, p: 287.
382 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le nombre des A étant 2", où £ désigne le nombre des facteurs pre-
miers (distincts) du pepe du corps 1VP, on en conclut que
(y) contient g comme sous-groupe d'indice 2^~'
6. Formules fondamentales pour le groupe re — Le groupe (y) a un
domaine fondamental £, et un domaine £, respectivement extérieur et
intérieur à E+ 9° — D = 0; on les obtient inphajémeut par la méthode
des circonférences (À,v); à chaque (5) correspond la circonférence de
centre À : v et de rayon VXA : w,, dite (A, v); £, et ® sont limités par de
telles circonférences.
La formule ( (4) sa la Note précédente (') subsiste, le second membre
‘étant divisé par 27". Aucune difficulté ne peut provenir des sommets ellip-
tiques de ®, ou de £, parce qu'aucun d'eux, €, n’est du type v=x: y,
æ et y entiers de €
De même, la formule (8) ci-dessus devient
no AO
æ, désignant l'aire non euclidienne de ®, (et de £|), et ayant d’ailleurs
1 8 , y
l'expression (n, — 2)7 — Sw, où n, est le ATAN des côtés, 2w, la
somme des angles euclidiens de &, (ou de ® ).
7. Remarque. — On ne trouve pas toujours, pour les angles de g ou
de Ÿ,, des parties aliquotes de z; mais il est possible d'obtenir directement
la valeur exacte de Zw ou de £w,, en étudiant la correspondance des côtés
de ces domaines et les cycles que forment leurs sommets.
Soient, par exemple, P = 15 et D = 1. La formule (10) donne
{15 | Ar Siar.
D'autre part, on trouve pour ® un polygone de n, = 26 côtés, ayant
six angles nuls. Aucun des sommets n’est point double de substitution
elliptique de (y); en étudiant la correspondance des côtés, on constate que
les côtés (À, v) et (— À,, Y) sont équivalents dans (+); on en déduit que les
vingt sommets d’angles non nuls se répartissent en siv cycles, dont deux
comprennent quatre sommets, et les quatre autres rois. La somme des
angles euclidiens, pour les sommets d’un même cycle, étant 27, on a ainsi
Zi 127, d'où (n — a)r — Žo 247 —127 —127;,
€
«conformément a (11).
(1) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 287.
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 383
M. Paur Sagarier fait hommage d’un Volume qu'il vient de publier
sous le titre : La catalyse en chimie organique.
CORRESPONDANCE
MM. Léon BourmzLon, Auveusre Cros, Épouarp Douecer, O. Dusosce,
Josepx Fravcmni, F. Gagnepaix, À. GULLET, JACQUES DE LAPPARENT,
L. Lécer, Roser Laiouviire, Jean Mascarr, Paur Sozcrier, JEAN VILLEY
adressent des remerciments pour les distinctions que l’Académie a accor-
dées à leurs travaux.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations integrales singulières à
noyau réel et symétrique. Note (') de M. T. Carreman, présentée par
M. E. Goursat.
Considérons des équations intégrales
b
(1) p(z)— 2 a K(x, y) (y)dy =f (2),
où le noyau réel et symétrique K (æ, y) jouit encore de la propriété qu'il y
a un nombre fini de points £,, £,, ..., En, tels que pour
getes Wae n N O
l'intégrale
ab À
K(æÿ= / K(x, y) dy
existe et représente une fonction bornée, quel que soit ô (°). Nous nous
proposons ici de faire voir que ces équations se groupent naturellement
en deux classes distinctes avec des propriétés très différentes.
Re EIE k |
(") Séance du 9 août 1920.
D . Le " - a T
(?) Si le domaine d'intégration est infini, il faut ajouter la condition |z| < Pa
de) à . + . pga
(?) Si a ou b est infini, nous ajoutons les conditions
lsa Die
384 ACADÉMIE DES SCIENCES,
-Dans ce qui suit, nous aurons à utiliser fréquemment le lemme suivant,
dù à M. F. Riesz.
benne. Soient ft), Ja E) rir Ja T), EAT) p,(2), 7.2, C3
deux suites de fonctions à carré intégrable qui tendent vers des limites /(x)
et g(x) presque partout. Alors on peut faire tendre n vers l'infini sous le
Ab
signe d'intégration dans l'intégration | f,(æ)g,(x)dx pourvu qu'il existe
une fonction A(x) à carré intégrable et une constante C tels que, pour toute
valeur de z, on ait ;
g b
ipana fmC,
On ne peut pas remplacer la première condition par
b
Í. (AT) Ae GC
Introduisons maintenant un noyau K;(æ, y) qui ne diffère de K(x, y) que
pour |e — £,| < è et pour|y — E,|<Ô(v—=71,2,...,n).
= Pour ces valeurs on aura par définition K;(+, y) = o. Si l’on remplace
dans (1) K (æ, y) par K;(x, y), on obtient une équation qui, pour
àì=a+iß (60),
admet une solution (x), satisfaisant, comme le montre un calcul facile,
à l'inégalité
(2) MEG |? dx < ferez.
Nous en obtenons, au moyen de l'équation intégrale, pour o3(æ) l’iné-
galité
os(x £ p|? £ : æ)ldx
Fos(æ)|< | LT La WI [f(æ)P dz.
Le second membre étant indépendant de à, on peut, par un procédé
connu, trouver une suite Ô,, 2, ..…, à, telle que lim ve (æ) = ọ (x) existe
pour æ Æ É, (u —1,2,...,n);@(æ)està carré intégrable et satisfait en vertu
du lemme R à l'équation (1). Donc : pour toute valeur non réelle de À et pour 3
toute fonction f(x) à carré intégrable, l'équation (1) admet une solution o( 2)
à carré intégrable. Supposons maintenant que pour une valeur complexe À
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 385
3r , 1
l'équation homogène
b
plz) — i f Kis, »e(ydr = 0
n'ait pas d'autre solution à carré intégrable que ọ(x) = o.
Désignons par T(/) l'unique solution, toujours existante, de (1)
pour À = à*. En introduisant le noyau K;(æ, y), on peut grâce au lemme R,
par un passage à la limite approprié, démontrer l'égalité
b „b
(3) [uaa] T (fa) fidt»
J, et fa étant deux fonctions à carré intégrable quelconque.
Nous disons que À est une valeur caractéristique de K (æ, y) s'il existe une
fonction ọ(æ) à carré intégrable non identiquement nulle ( fonction fonda-
b
mentale) qui satisfait à l'égalité o(x) — af K(x,y)ọ(y)dy =o.
Démontrons maintenant le théorème suivant : Ou bien toute valeur carac-
téristique du noyau K(x, y) est réelle, ou bien tout nombre non réel est une
valeur caractéristique pour K (æ, y). Supposons en effet qu’il y ait une valeur
complexe non caractéristique À’ et une autre valeur À à laquelle corresponde
une fonction fondamentale 5(x). On vérifie facilement qu’on a
(: ” + )T() y ce (: 4 =)TG)=7.
Donc en vertu de (3)
b
(4) 1 e ' RS E
% 7 @p dx — Tr oo dx;
se va 1 —""
À À
doU À — À, ce qui prouve le théorème. Il est commode de grouper les
noyaux considérés en deux classes I et II, suivant que la première ou la
seconde partie de l’énoncé précédent est applicable. L'exemple suivant nous
montre qu'il y a effectivement des noyaux qui appartiennent à la classe IT.
Définissons, comme il suit, un noyau K (x, y)
>
Kir Te pour Z<KT<n+I et TS En GE
LEE re » Nn—I<LY<L A H ATATA
| (RER NS doré)
K(x,y)—o partout ailleurs.
386 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il nous suffit de constater que les équations #,—1, æ,— Àax, = 0,
Pen Ad LT, Fa tr.) —=0 (n—1,2,...) définissent une suite %;,
Bys es Las - + telle que >% |æ,| est convergente pour À Æ 0.
y=1
Signalons encore le théorème suivant qui n’est qu'un cas particulier
d’une proposition plus générale : On ne change pas la classe d’un noyau en
lui ajoutant un noyau borné.
Pour les noyaux de la classe I, deux fonctions fondamentales qui corres-
pondent à des valeurs caractéristiques différentes sont orthogonales l’une à
l’autre, ce qui n’a pas lieu en général si le noyau est de la classe II.
MÉCANIQUE. — Déformation d’un ressort en hélice dont les extrémités sont
encastrées. Note (') de M. Garsrux, présentée par M. G. Kœnigs.
Un ressort, dont la fibre neutre à l’état naturel est une hélice circulaire,
éprouve, sous l’action d’une force parallèle à laxe du cylindre portant
l'hélice, de petites déformations, qui dépendent d’une équation différentielle
du quatrième ordre (°); en reprenant les notations d’une Note précédente,
la solution générale de cette équation s'écrit
(1) e ar A
avec
Jy Let Vid ett pette gert,
Dans le cas de la compression, on a
y= il +8 — a), y= — i(i +8 — a),
p=i ba), g= i= pa),
avec
B =V- +M), a=5b(L—M).
Dans le cas de la traction, on a
HEB + ay y2-= 8 —i(1— æ),
EE y=—6—i(1— a),
(1) Séance du 9 août 1920.
(?) Comptes rendus, t, 171, 1920, p. 191.
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 387
avec
B= VoL +M), a= 5 b(L— M).
Les quantités L et M, données par les formules indiquées précédemment,
ne dépendent que du pas de l’hélice et des trois rayons de giration; la
quantité b a pour expression
res
"Eewo
où G, est la composante parallèle à laxe du cylindre de la force agissant
sur l'extrémité du ressort; ses composantes G, et G, suivant deux axes
: x ‘ G
rectangulaires de la section droite sont telles que les rapports $, = Ẹ>
"3
h= ©, rest t tré i
>= g, restent très petits.
Le problème intéressant dans la pratique est de trouver les expressions .
des composantes ôx, dy, òz du déplacement de l’une des extrémités du
ressort par rapport à l’autre sous l’action de la force G,, Ga, G,; nous nous
plaçons ici dans le cas où ces extrémités, situées à l’état naturel sur une
même génératrice du cylindre, sont encastrées de telle sorte que les quan-
tités 20, ò 09, Y y sont constamment nulles.
Do remarques permettent de simplifier les calculs; la quantité best
dans la pratique assez petite pour que le module de #** ou ef? reste négli-
geable devant l’unité, tout le long de la fibre neutre pourvu que le nombre z
de spires du ressort ne soit pas trop considérable; pour la même raison,
On peut négliger les termes proportionnels à la seconde puissance de bet
aux puissances supérieures.
En écrivant que les expressions de à et õp ainsi simplifiées sont ne
pour 4 = o et Ÿ = 277, on obtient les expressions des quatre constantes :
d'intégration /,, Z, l, L, et l'on trouve dans le cas de la compression ;
Er 2 7
os aR an(s 2ang? )»
s8 cos lo — Ka y
| y = onr R e t anr RTS aR ET B p
y2 Ard Eeh Ba i
22? I — 2) +:
z =—2R KALE TETE TO UNET
de 3
| pai 5)
20?
388 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et dans celui de la traction
5 se
SEnr(i— Sl),
sin 9 < 7 2}
a cos 9
dy —=2nTrR = + 2nr RE + 2R
sin
| or ran pne 2R4, =
lo — ka
cos ÿ “n?,
re]
(2") | 1 sing 6
22 m3B (1, — k,)th t
F 2
ds =— 2R] nrh— -
| LS i re |
\T RS cor
| 5 Ka
avec
m= cos sin 0 ()?— 92), m= À? cos? 0 + Isin? 0, m= X sin? 0 +22 còs?0,
ao = lo( m, + b cos9) + b sin 6, I IRRP:
Ces expressions ne contiennent plus que la constante d'intégration /,;
pour la calculer on écrit que la différence des valeurs de òp pour =oet
Ÿ = 2n7 est nulle; on obtient alors les expressions (3) et (3°) :
ue cos 9 2 :
Loz antRki; (1—2 tansż),
y 2
sin ĝ
` o ÿ x ER
y a Saai 2 tang 2 Aoki ;
Compression"(3) ! 2 / 2j 2 mp
tB tins E EE A
` < aR banô xtp tangs > kap tang > :
ÒZ aea sin nT + Ta + 22 PU
3 ; M 7 £ m Ta 1+ Ms yg
\ Tes
i i l
òs = anr Rh (1—2 ht),
G ARE
` cos 9 ay } b cos R
; oy = ann Rk, “5 i——th# — 2th ———;
Traction (3) i Fra ie m2 6
2#BthÀ mo |
+ 2R + a 2
03 = — 4 bsinĝĵf nr — ! — 94?
lès k? l
ma( 1> ms ri HMS EF
? \ 7
A cet ordre d’approximation on trouverait les mêmes expressions en
supposant que, pour Ÿ = 277, la section droite du ressort peut tourner
autour de l’axe du cylindre, c’est-à-dire que la composante suivant cet axe
du couple agissant sur la section est nulle.
Les formules (3) et (3°) montrent que dans le cas où la force agissantsur
l'extrémité du ressort est parallèle à l'axe du cylindre (4, = k, =
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. | 389
l'extrémité se déplace dans le plan tangent au cylindre; de plus, quand le
t ? ` è > > T . L . NS
pas est petit, c'est-à-dire 0 voisin de =, la partie principale de ëz est
= aRnrb
O = 2 2
92
formule usuelle indiquée dans les Traités de Mécanique appliquée.
INSTRUMENTS DE MESURE. — Sur une nouvelle classe d'appareils de mesure
pour l'évaluation directe des grandeurs fonctions de deux variables. Note
de MM. L. Barsrcrion et M. Duerr, présentée par M. A. Rateau.
Les appareils à deux aiguilles rectilignes (wattmètres et fréquencemètres
Ferrié-Carpentier par exemple) réalisent, comme on le sait, pratiquement
et commodément, dans certains cas particuliers, la mesure directe d’une
fonction de deux variables.
L'erreur de parallaxe, l’indétermination du point d’intersection des deux
aiguilles rectilignes qui se coupent sous des angles variables, la répartition
des courbes isolignes sur le cadran, imposée par la forme de la fonction à
mesurer et les liaisons mécaniques de l’appareil, limitent nécessairement la
précision des lectures et la valeur des mesures.
Cette Note a pour objet la présentation d’une nouvelle classe d'appareils
à deux aiguilles. Ils se distinguent des précédents (instruments à deux
aiguilles rectilignes tournant autour d’axes distincts) par l'emploi, soit
de deux aiguilles curvilignes de formes particulières, soit d’un système
composé le plus généralement d'une aiguille curviligne et d’une aiguille
rectiligne. Les aiguilles tournent autour d’un axe commun.
L'erreur de parallaxe est considérablement atténuée. Les rotations des
aiguilles autour de l’axe commun ne sont plus nécessairement limitées à des
angles de valeurs déterminées pour sauvegarder la précision des mesures,
la possibilité des lectures et les dimensions des cadrans. |
On dispose, d'autre part, sans complication mécanique aucune, de la
forme et de la répartition des courbes isolignes.
Soit, en effet, |
(1) QÆ=FTA D)
une grandeur fonction de deux variables À et w. Proposons-nous de la
mesurer avec un instrument à deux aiguilles constituées par deux courbes
390 ACADÉMIE DES SCIENCES,
- matérielles C, et C, dont les équations en coordonnées polaires sont
Gi;
(27
Ces courbes tournent autour de leur pôle commun d’angles fonctions
de À et de u. De la sorte, les coordonnées des points d’intersection des
courbes CG, et C, satisfont à chaque instant aux équations suivantes :
o—©®(0,à,u),
(3) (Pr À, p)
ms, dé A:
L’élimination de À et u. entre l'équation (1) et les équations (3) donne
(4) Q—=0 (0, w),
lieu des points d’intersection des aiguilles pour chaque valeur de Q. Le
réseau des courbes Q constitue la graduation.
On peut disposer des fonctions fet g pour que l'intersection des ngaia
soit graphiquement bien déterminée et pour que le réseau des isolignes
comporte des courbes espacées le plus régulièrement possible.
L'emploi de deux arcs de spirales logarithmiques ou d’une droite et
d’une spirale logarithmique réalisent notamment des systèmes dans
lesquels sera parfaitement défini le point d’intersection des aiguilles.
En général, les courbes C, et C, sont telles que, pour des rotations com-
prises entre o° et 360°, elles se coupent toujours une seule fois dans le ges
du cadran.
Les appareils de cette classe s’accommodent fort bien de la forme circu-
laire ordinairement adoptée dans les appareils de mesure usuels. Ils ne
supposent aucune difficulté spéciale de construction. La réalisation d'axes
concentriques est d’un emploi courant en horlogerie.
Quant à la fabrication des aiguilles, c’est affaire de matrices de décou-
page ou de gabarits de mise en forme, soigneusement établie. Il est tou-
jours possible, d'autre part, de vérifier, à chaque instant, par des procédés
simples, la permanence de la forme des aiguilles. On peut les construire
très légères en employant le celluloïd, la fibre. Mais les aiguilles métal-
liques filiformes donnent de bons résultats
Nombreuses sont les applications de ce principe. Nous en citerons deux.
1° Appareil indicateur de vitesse relative pour aéronef. — Un organe
barométrique mesure la pression P, de l’atmosphère; un organe manomé-
trique la dépression P, — P, au col d’un ajutage de Venturi. Ces organes
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 391
commandent respectivement une aiguille curviligne (spirale logarithmique,
en général) et une aiguille rectiligne coaxiale. Les courbes isolignes satis-
font à la condition
| P,—P
?— const,
a
(P,— P, = KaV?, a densité de l'air, V vitesse cherchée, K constante
dépendant de l’ajutage ).
L'instrument réunit, sans confusion, sur le même cadran, les indications
suivantes :
1° Le produit aV? (aiguille rectiligne manométrique) ;
2° La pression barométrique (aiguille barométrique) ;
3° La vitesse relative, corrigée de l’erreur de densité, par la position de
l'intersection des deux aiguilles. R
Resterait, pour être rigoureux, à faire la correction de température. En
première approximation, on peut construire le rèseau des isolignes en
adoptant une loi moyenne de répartition des températures aux diverses
altitudes. Tant que la température, au moment de la mesure, ne s'écarte
pas en valeur absolue de plus de 5° C. de la température moyenne admise,
la correction à faire est inférieure au +4 de la lecture. Or, au-dessus de
2500%, les sondages ne révèlent pas plus de 5° C. pour de tels écarts.
Dans une évaluation au :45 près, la correction de température ne s’im-
pose qu'aux faibles altitudes. On peut la faire au moyen des tables à double
entrée établies en fonction des vitesses lues V et de la température. On l’a
aussi réalisée automatiquement en décalant convenablement l’une des deux
aiguilles par un mécanisme différentiel que commande un relais thermomé-
trique.
2° Contrôles de la carburation dans les moteurs à explosions. — Le bon
fonctionnement et le rendement normal du moteur à explosions exigent
que les proportions en poids d’air et d'essence du mélange explosif soient
définies et constantes.
. Le poids de l'air dépend de sa densité, le poids de l’essence de la dépres-
Sion sous laquelle elle est débitée. La condition de carburation constante
se traduit par une relation entre la pression extérieure P et la dépression
P,— P; sur l'essence.
L'indicateur de carburation est de tous points analogue à l'appareil pré-
cédent. Il combine, sur un même cadran, les indications d’un organe baro- -
métrique et celles d’un organe manométrique. Les aiguilles se croisent sur
392 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une courbe, tracée dans le plan du cadran, et représentant le lieu des points
d’intersection correspondant au dosage donné.
L’adjonction d’un connecteur sur la dépression au-dessus de l’essence
permet de modifier convenablement le dosage du mélange explosif, moyen
plus simple et plus sûr que l’automaticité, souvent illusoire, de la plupart
des carburateurs.
Remarque importante.— Si l’on admet que la vitesse d'écoulement de l'air
à travers un ajutage est inversement proportionnelle à la racine carrée de
la densité, les relations qui expriment les conditions de carburation cons-
tante sont indépendantes de la température extérieure.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur les pouvoirs absorbants des atmospheres des
étoiles. Methode permettant de les comparer et d'en déterminer les valeurs
numériques minima. Premiers résultats. Note (') de M. Cnarres Norpuanx,
présentée par M. Bigourdan.
On ne possède jusqu'ici aucune donnée sur les valeurs des pouvoirs
absorbants des atmosphères des étoiles.
Je me propose de montrer qu’on peut aborder ce problème et y obtenir
des données quantitatives en utilisant d’une part les résultats déjà obtenus
sur les températures effectives des étoiles, d'autre part l'expression que j'ai
donnée naguère (Comptes rendus, t. 156, 1913, p. 664), qui indique le ren-
dement lumineux du « corps noir » aux températures élevées, et enfin les
résultats expérimentaux récemment obtenus par M. Coblentz concernant le
rayonnement thermique de diverses étoiles (Lick Obs., Bull. n° 266).
Le rendement lumineux du « corps noir » aux températures élevées,
c'est-à-dire le rapport de son rayonnement lumineux à son rayonnement
total, peut, comme je l’ai montré (loc. cit.), être exprimé, à un facteur cons-
tant près, par
À 7
3 * (a — 1 ) T. #
4 t F 14600
où T est la température absolue et K = —>- = 27 000.
0,94
Si l’on construit une courbe représentative de R calculé par la formule (1)
*
et correspondant à diverses valeurs de T, on trouve que cette courbe
LAEE AE ,
(1!) Séance du 9 août 1920,
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 393
partant de zéro passe par un maximum correspondant à la température
effective du Soleil et redescend assez rapidement pour des températures
croissantes.
Le rendement lumineux du corps noir diminue donc assez rapidement
à mesure que la température s'élève au-dessus de celle du Soleil. Si les
étoiles étaient, au point de vue de la composition de leur rayonnement,
assimilables rigoureusement à des « corps noirs », il en serait de même.
pour elles. Or les mesures faites récemment par M. Coblentz sur certaines
étoiles au moyen du « Crossley Reflector » et d’une pile thermo-électrique
ultrasensible, permettent de voir à cel égard ce qu’il en est pour celles de
ces étoiles dont les températures effectives sont connues.
Si (comme l’a fait M. Frost, Popular Astronomy, vol. 24, p. 136) nous
ramenons Îles déviations de la pile thermo-électrique obtenues par
M. Coblentz pour les diverses étoiles étudiées à ce qu’elles seraient si toutes
ces étoiles avaient la mème grandeur stellaire, c’est-à-dire le même éclat .
apparent, on obtient des nombres qui sont inversement proportionnels au
rendement lumineux de ces étoiles.
La comparaison de ces rendements lumineux réels (que j'appellerai L
pour simplifier) avec les rendements lumineux du « corps noir » correspon-
dant aux températures effectives de ces étoiles, et que j'ai appelé R ci-dessus,
fournit des renseignements fort remarquables.
Tout d’abord cette comparaison montre que les valeurs de L diminuent
comme les valeurs de R en passant des étoiles du type solaire (type G de
Harvard) aux étoiles plus froides. La courbe figurative des L a pour ces
classes d'étoiles la même allure que la courbe des R. Il n'en est plus de
même lorsqu'on passe des étoiles du type solaire (G) aux étoiles plus
chaudes (type F, A, B de Harvard). En passant du type G au type B,le
rendement lumineux augmente en moyenne, alors qu’il devrait théorique-
ment diminuer. En fait donc, les étoiles du type solaire, comparées aux
étoiles plus chaudes, émettent proportionnellement moins de lumière et
plus de chaleur que si elles étaient assimilables à des radiateurs intégraux.
Or on a montré (') qüe le soleil, à cause de son atmosphère, n'émet pas
Œuantitativement le rayonnement qu'on calculerait d’après sa tempéra-
ture effective, mais un rayonnement plus grand. ;
Il est clair que, pareillement, ce sont les différences existant entre les
pouvoirs absorbants des atmosphères stellaires qui doivent être les causes
TR oanien ai a A a
(9) Comptes rendus, t. 150, 1910, p. 448.
C. R., 1920, 2° Semestre. (As FES EP T) 30
394 ACADÉMIE DES SCIENCES
principales, sinon exclusives, des différences constatées entre les valeurs
relatives des rendements lumineux réels et théoriques de ces étoiles.
Or l'absorption générale d’une atmosphère gazeuse peut être, comme
l’a montré lord Rayleigh, attribuée à la diffusion des rayons sur les molé-
cules. L'accord de la théorie avec les faits a été démontré dans le cas des
atmosphères terrestre et solaire et l’on peut la considérer comme bien établie.
Cette absorption générale atmosphérique (qui croit des petites aux grandes
longueurs d'onde) doit donc avoir les mêmes caractères dans les étoiles.
Etant donné d’ailleurs que l'absorption globale est plus faible que
l'absorption des rayons lumineux, ainsi qu’il a été constaté dans le cas des
atmosphères du Soleil et de la Terre, et conformément à la théorie de Ray-
leigh, il résulte des constatations précédentes, que l'absorption générale des
atmospheres des étoiles décroit, en moyenne, régulièrement, lorsqu'on passe
des étoiles solaires aux étoiles plus chaudes.
Sans entrer à cet égard dans des détails qui seront développés ailleurs,
les données suivantes, relatives à quelques étoiles particulières, montrent
comment on peut serrer quantitativement le problème de plus près encore.
Le Tableau suivant se rapporte à six des étoiles dont le rayonnement
global a été mesuré par M. Coblentz, et dont les températures effectives
mesurées par moi, puis (par une autre méthode) par M. Rosenberg, ont
fourni des nombres assez concordants, sauf pour «Lyre (*).
Dans ce Tableau, L indique (à un facteur près) le rendement lumineux
déduit des mesures de Coblentz, et Ry et R, les rendements lumineux théo-
riques déduits des températures effectives de Nordmann et de Rosenberg.
On a choisi l'unité arbitraire, utilisée dans ce Tableau, de manière sine les
valeurs de R et L concordent pour æ Cocher.
Température
ive.
effective
Nom ei — ——— = Rx + Be,
de lPétoile, Nordmann. Rosenberg. L. Rx Re
o o
8 Persée... Sa 18500 15500 62 21 36 28
6 Persée... 13300 12000 so 6 37 52
a Lyre e n 12200 22000 119 55 13 34
M Poe... Le 8300 6500 W 80: 00 86
æ Petite Ourse 8200 5200 165 84 75 7
y Crgne. ro ales] 5620 5r00 119 83 74 78
a Gober. cna 4720 4500 63 65 6i 63
(1) Comptes rendus, t. 156, 1913, p. 1315.
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. ÿ 395
On voit que si, en moyenne, le pouvoir absorbant des atmosphères
stellaires croit en passant des étoiles les plus chaudes aux étoiles solaires,
il y a des écarts individuels à cette règle.
Soient d'ailleurs L, et R,, L, et R, les valeurs respectives de Let R
r e . . FRÈRE. à Li L,
pour deux étoiles (des types stellaires considérés), et tels que R, pr à R
2
Désignons par n le rapport de = å K |
Soient p, le coefficient de transmission global de l'atmosphère terrestre
et py le coefficient de transmission de cette atmosphère pour les rayons
visuels. On voit facilement que l'atmosphère de la deuxième étoile équivaut,
au point de vue de son pouvoir absorbant, au minimum à un nombre æ
d’atmosphères terrestres, + étant donné par
logn = æ (log pr — log py).
CHIMIE ORGANIQUE. — Cas d’isomérie dans la série des a-cétoacides aroma-
tiques. Note (') de MM. H. Gavır et R. Weick, transmise par
M. Haller.
Nous avons montré, dans une Communication récente (°), que l’éther
phénylpyruvique peut être obtenu sous deux formes isomériques : l’une «
solide (F.— 51°), l’autre 8 liquide (E,;,—149°). Au cours de l'étude
approfondie de ces deux isomères, nous sommes parvenus, sous la simple
action d’une solution d’acétate de sodium sur l’éther liquide 6, à isoler une
troisième modification y. Le rendement en éther y ne dépasse d’ailleurs
pas 30 pour 100, la réaction fournissant simultanément une proportion
importante d’éther phénylbenzyl-cétobutyrolactone carbonique :
COOCH
CWCH GC ON
CH CH 60/7
L’éther y est solide (F. = 79°), stable à l’air, peu soluble dans l'alcool
éthylique à froid et, à la différence des éthers « et 5, n’est pas coloré par le
perchlorure de fer. Il fournit, par contre, les mêmes dérivés (phénylhydra-
zone, semicarbazone, combinaison bisulfitique) que ses deux isomères, et
(*) Séance du 9 août 1920.
Tei Comptes rendus, t. 170, 1g20, p. 1392.
396 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les déterminations analytiques ne laissent aucun doute sur sa constitution
élémentaire. Toutefois, contrairement à ce que nous avons observé dans le
cas des éthers æ et 5, les déterminations du poids moléculaire par voie
cryoscopique donnent, en milieu benzénique, des résultats anormaux : |
Cryoscopie dans l’acide acétique ............ 195
Gryoscopie dans le benzène................. 376, 364, 366
aicute DDR CR OM RS RS ETS 192
Il se produit donc, en milieu benzénique, une association moléculaire
certaine.
Les trois modifications «, B, y donnent lieu à toute une série de trans-
formations réciproques :
vs
(VI) ae
(l)et (IV): les éthers « et y se transforment en éther 8 par distillation
lente sous pression réduite; (I)et (V): les éthers B et y, en solution
éthérée, se transforment en éther z par agitation avec une solution de car-
bonate de sodium ; (IL) : l’éther 8 se transforme en éther y sous l’action
directe d’une solution d’acétate de sodium; (VI): nous n’avons pu réaliser
jusqu’à présent le passage (VI). `'
Nous avons entrepris d’établir la constitution réelle de ces trois formes
isomériques en nous adressant tout d’abord aux méthodes purement
chimiques.
Nous nous sommes en Dauer demandé, en nous basant sur la stabi-
lité relative des trois éthers et sur les phénomènes de coloration observés
avec le perchlorure de fer, si les formes « et ĝ, peu stables et donnant une
réaction positive, ne pourraient être considérées comme deux formes én0-
liques í isomères géométriques :
CSH5—C—H O Pre Gann
Il
C? H#0 OC — C — OH ; HO — C— COOCH
SÉANCE DU 17 AOÛT 1920. 397
la forme y très stable et donnant une réaction négative, ne serait autre,
dans ces conditions, que la forme cétonique :
CH5,CH?.C0.COO0CH.
Nous avons essayé de vérifier directement cette double hypothèse par
l'emploi de deux méthodes chimiques : action de l’isocyanate de phényle
et fixation du brome.
1° L'action de l’isocyanate de phényle ne nous a pas donné de résultat concluant :
nous n'avons pu isoler les phényluréthanes correspondants et il semble probable que
la chaîne carbonée se coupe.
2 L'action du brome sur les trois modifications æ, 5, y nous a, par contre, fourni
des indications positives.
a. Alors que le titrage direct par la méthode de K. Meyer semble difficilement
applicable, la bromuration des éthers æ et B (1) en solution sulfocarbonique à — 15°
conduit immédiatement, par contre, à un | dérivé d’addition dibromé, incolore et
parfaitement cristallisé (II).
Pendant toute la durée de la réaction, on n’observe aucun dégagement d'acide
bromhydrique. Ce dérivé dibromé fond vers 55°-60° en tube fermé. ll ne colore pas le
perchlorure de fer et ne fournit pas de phénylhydrazone. Il se décompose très rapide-
ment à température ordinaire en perdant de l'acide bromhydrique et en se transfor-
mant en un dérivé monobromé liquide bras (E= 184°) fournissant une phényl-
hydrazone (F= ro6)7,
Cette double réaction de fixation et de dédoublement successif, les dosages
de C, H; Br et la détermination du poids moléculaire nous conduisent à admettre le
cycle de réactions suivant :
=. a
CH CH =C = COOCH 3 CS H? — CH — C— COOC? H’
OH ie
(D. (11).
Br Be |
GH5—Cn — € - -Coon + C? H? — CHBr — CO — CO OC? H5
on
(iy. OI,
qui fournit une preuve directe à l'appui de la constitution énolique des formes x et 5.
La facilité avec laquelle on peut séparer, à basse température, le dérivé dibromé
correspondant (JI) est particulièrement intéressante : c’est, à notre nn le
Premier dérivé d’addition dibromé énolique qui ait pu être zaol
La bromuration des éthers æ et B en solution sulfocarbonique à température ordi-
naire conduit directement au dérivé monobromé liquide ( Es = 184°).
+ La bromuration de l'éther 7 en solution sulfocarbonique ne s'effectue ni à — 15°,
ni même à température ordinaire : il faut opérer à la température d’ébullition du
398 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sulfure de carbone, et, dans ces conditions, en même temps que l’on observe un abon-
dant dégagement d’acide bromhydrique, on obtient un dérivé bromé solide (F. = 151°)
ne colorant pas le perchlorure de fer, et qui n’est autre que l’éther bromophénylbenzyl-
cétobutyrolactone carbonique :
COUCH
|
CSH5 — CH? —
CH 6 — co”
5
Br
La constitution de ce dérivé ressort nettement de ses propriétés, des déterminations
analytiques (poids moléculaire, etc.), et enfin de sa préparation par bromuration
directe de l’éther cétolactonique.
La constitution que nous avons attribuée aux trois formes isomériques
de l’éther phénylpyruvique semble done démontrée par l'étude de leurs
propriétés chimiques fondamentales. Nous avons entrepris, d'autre part,
l'étude réfractométrique de cet éther.
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèse d'une deuxième diamide, l'oxamide, par
oxydation du sucre et de l’ammoniaque. Note de M. R. Fosse, présentée
par M. E. Roux.
1. Après avoir démontré que l’urée se forme dans cette expérience, S1
souvent discutée, de l'oxydation des protéiques, nous avons découvert que
ce produit d’excrétion des animaux et des végétaux prend aussi naissance
dans l'oxydation, en présence de l’ammoniaque, des autres principes car-
bonés contenus chez les êtres vivants : la glycérine, constituant des corps
gras; les Aydrates de carbone : glucose, lévulose, saccharose, dextrine, inuline,
amidon, cellulose, ainsi que leur générateur : l’aldéhyde formique (').
2. A ces synthèses de la diamide carbonique
H— CO — NH,
nous pouvons, Me ajouter celle de la diamide de l’acide oxalique,
NH: — CO —CO— NH,
réalisée en oxydant le sucre et lammoniaque par le permanganate de
calcium.
Se GIE ee
(1) R. Fosse, Annales de l'Institut Pasteur, 1916; Comptes rendus, t. 154, 1912;
. p- 1448.
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 399
Dans un ballon de 1!, contenant du saccharose (108), dissous dans de l'ammoniaque
concentrée (200%), on ajoute, en agitant et refroidissant, du permaganate de calcium
cristallisé en plusieurs fois, dans l'intervalle de ro à 30 minutes. Après destruc-
tion du caméléon, la mixture, étendue d’eau (100°"*), portée à l’ébullition, est essorée
à la trompe. Poids de matière pulvérulente, recueillie après 24 heures d'abandon du
filtrat à la glacière : 08,5 à 05,7,
L'analyse complète de ce corps, purifié par cristallisation dans l’eau
chaude, l’identifie à l’oxamide
Au contact de la soude et d’un sel de cuivre la matière donne la réaction
du biuret, découverte à l’oxamide par Schiff.
L'eau, sous pression, l’hydrolyse en acide oxalique et ammoniaque.
L’ammoniaque à 22°, étendue de son volume d’eau, la transforme, à
à l’ébullition au reflux, en acide oxamique, dont nous avons préparé et ana-
lysé les sels de calcium et de baryum.
3. Comment expliquer cette synthèse de l’oxamide?
Par le même mécanisme qui donne naissance à l’urée dans les mêmes
conditions.
L'étude de la formation de l’urée par oxydation des hydrates de carbone
et de l’ammoniaque nous a conduit à considérer comme termes précurseurs,
intermédiaires, instables de ce corps : l'acide cvanique (isolé et identifié par
l’analyse) et deux autres substances unicarbonées, auxquelles on attribue
un rôle capital dans les synthèses chez les végétaux : lucide cyanhydrique
et l'aldéhyde formique (*).
+NH3+0 +0 + NH
% CNH - CONH o
CH?:0O NNH”'
+ CO
La formation de l’oxamide aux dépens du cyanogène (°) (Liebig), de
l'acide cyanhydrique (*) (Attfeld), ou du ferrocyanure de potassium (*)
(Playfair) sont des faits depuis très longtemps connus. |
Nous avons, de notre côté, constaté que l'oxydation de l'acide cyanhy-
drique et de l’ammoniaque conduit à l’oxamide dans des conditions expé-
rimentales comparables à celles où le sucre et l’ammoniaque, oxydés, pro-
duisent cette diamide.
ON ENT + EA à ni rise
() R. Fosse, Comptes rendus, t. 168, 1919, p. 320, 908 et 1164; t. 169, p- 91.
(*) Lremig, Annalen, 1860, p- 146. — Scnminr et GLUTZ, Berichte, 1868, p. 66. —
RanziszewsKi, Berichte, 1885, p- 559. :
(°) ArtFELD, Journal of the Chem., t: 1, 1848, p- 94-
(*) Pravram, Jahresbericht, 1849, p. 293.
4oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
L’urée et l’oxamide, formées par oxydation du sucre et de l’'ammoniaque, -
dérivent d’une même source, l'acide cyanhydrique, qui provient, lui-même,
de l'oxydation de l’aldéhyde formique et de l’ammoniaque. Le mécanisme
qui les engendre est représenté par le schéma
+0 3 + NH HEF NT
7—+ CON + COQ,
co LE CN os
is ON mt cp CON
N nary aE oE
+10 ARON 2 CO—NH:
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la transposition hydrobenzoinique. Influence de la
nature du réactif. Note de MM. Tirrexeau et OnrÉknorr, présentée
par M. Moureu.
On sait que l’hydrobenzoïne C'H*. CHOH. CHOH. C’ H* et ses homo-
logues alcoylés (') CSH5.C(OH)(R).CHOH.CSH sont transformés,
sous l’action de l'acide sulfurique dilué à chaud, en diphénylacétaldéhyde
{CH}. CH. CHO et en homologues (C°H5}?.C(R).CHO.
Dans tous les cas, l’'oxhydrile persistant appartient à la fonction alcool
secondaire et la transposition peut être formulée comme suit :
E | GIP N
EC ce CH (PH
C'H G(R) CH COR E i ny
0
C(R) = CHO.
On sait, d’autre part, que l'acide sulfurique concentré transforme à froid
l’éthylhydrobenzoïne, non plus en aldéhyde, mais en une cétone isomère,
l'éthyldésoxybenzoïne, sans transposition (è). Il en est de même du
triphénylglycol, qui se transforme sans trarisposition en triphénylétha-
none (*). Dans ces deux réactions, c'est encore l’oxhydrile tertiaire qui est
le plus instable; mais, au lieu de s'éliminer avec l'hydrogène de l'oxhydrile
alcoolique voisin, il paraît s'unir à l’autre atome d'hydrogène.
CSHS(R).C(OH) —CHOH.CH5 —> C'H5(R).C = C(OH).C'H,
MNT A
(1) Tirreneau et Dorcencourr, Ann. de Chim. et de Phys., 8° série, t. 16, 1909»
237.
(2) Onéxsorr, Bull. Soc. chim., 4° série, t. 25, p. 9, 182.
(°) Orékmorr, Zbid., p. 186.
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 4ot
Il y a ainsi, vraisemblablement, formation d'alcool vinylique qui
s’isomérise en acétone correspondante.
Toutefois, dans le cas de l’éthylhydrobenzoïne, l’un de nous (') avait
signalé la présence, à côté de l’éthyldésoxybenzoïne, d’un composé indé-
terminé qu'on pouvait présumer être le même produit de transposition
aldéhydique que dans l’action de l’acide dilué.
Nous avons repris celte étude et nous avons constaté que le produit ainsi
obtenu n’est pas aldéhydique mais cétonique; c’est la diphényl-1.1-buta-
nonc-2 : C*H5.CO.CH(CH°). Il y a donc eu transposition phénylique,
mais ce n’est plus le même phényle qui a émigré, comme le montre le
schéma suivant :
| |
Ge Er a i a
cH5/€ Aa H5S — CH5— CO — CH(CH5).
O
|
On voit que, dans ce cas, c’est l’oxhydrile secondaire qui s’est éliminé,
tandis que l’oxygène persistant sous forme cétonique provient de l’oxhydrile
tertiaire. L'un de nous (°) a déjà rapporté deux exemples de cette particu-
larité dont nous avons nous-mêmes observé pareillement d’autres cas qui
seront relatés prochainement. - |
Ainsi, dans la déshydratation des alcoylhydrobenzoïnes, on obtient des
résultats différents suivant qu’on emploie l'acide sulfurique dilué ou
concentré (°); enfin la nature des radicaux alcoylés peut également modifier
la réaction fournie par un même agent, car, avec la méthylhydrobenzoïne,
l’acide sulfurique concentré ne nous a donné qu'un seul produit non trans-
posé, la méthyldésoxybenzoïne, alors que, comme nous venons de le voir,
l'éthylhydrobenzoïne fournit, dans les mêmes conditions, Péthyldésoxy-
benzoïne et un produit transposé, la diphényl-1.1-butanone-2. |
Etant donnée la formation de ce dernier produit de transposition, on
Pouvait se demander si la transformation du triphénylglycol en triphényl-
éthanone, réaction qui s’effectue aussi bien par SO‘ H? dilué que par SO*H?
Concentré, ne résulte pas d’une transposition (1) plutôt que d’une simple
(1) Oréknorr, Bull, Soc. Chim., 4° série, t. 25, p. 183.
(*) Orékuorr, bid., p. 108, 112.
(*) Un pareil fait a déjà été signalé pour certains glycols. La pinacone donne avec
es dilué à chaud la pinacoline et, avec SO*H® concentré à froid, du 2.3-diméthyl-
utadiène.
4o2 `: ACADÉMIE DES SCIENCES.
isomérisation par migration d'hydrogène (II),
SNS HET
CHEN, 6 H5 CHENE ~s H5
F. css 0 — CH — C H I. ciir C = COR; CRE
O
L'étude de divers homologues nous a conduit à admettre que, dans ce
cas, c’est la réaction IT qui a lieu.
En résumé, si nous exceptons le cas du triphénylglycol qui réagit de la
même façon aux divers agents de déshydratation et qui d’ailleurs n’est pas
une alcoylhydrobenzoïne mais une arylhydrobenzoïne, on peut conclure
que, suivant que le réactif (SO*H°) est employé à l’état concentré ou dilué,
la déshydratation des alcoylhydrobenzoïnes peut s'orienter dans plusieurs
sens différents et provoquer la migration de l’un ou l’autre des deux
radicaux phényles de ces hydrobenzoïnes.
MINÉRALOGIE. — Sur la nature du conglomérat diamanti fere
de Diamantina ( Brésil). Note (') de M. H.-A. Brouwer.
De très nombreux travaux ont été publiés sur l’origine des diamants du
Brésil. D'après les dernières publications consacrées à la région de Dia-
mantina (°), les gisements de diamant des hauts plateaux (conglomérats
de Diamantina) sont regardés comme des alluvions d'anciennes rivières,
dont les eaux auraient creusé un lit (atteignant jusqu’à 30" de profondeur)
dans un plateau constitué par des schistes anciens. Le but de cette Note
est de montrer que le conglomérat de Diamantina n’est pas un dépôt d’un
ancien stade de pénéplaine, mais qu’il est intercalé dans une série de
quartzites et de schistes dont l’âge est peut-être algonkien et que le gise-
ment primitif du diamant qu'il renferme doit être plus ancien, comme
celui de certains gisements du Transvaal où de petits diamants ont été
trouvés dans des conglomérats aurifères de ce même âge; ceci, en passant,
prouve qu’il a existé dans l'Afrique australe des gisements primitifs de
diamant beaucoup plus anciens que les cheminées de kimberlite dont l'âge
n’est certainement pas antérieur au Jurassique.
(1) Séance du 12 juillet 1920.
(2) E.-C. Harper and R.-F. Cuamserun, Journ, of Geology, t. 23, 1919, p- 371)
413-424, et J.-C. Branxer, Bull. geol. Soc. of America, t. 30, 1919, p- 332,
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 403
Au cours d'un récent voyage au Brésil, j'ai visité les exploitations de
Boa Vista, de Serrinho (près de Curallinho) à l’est, et de Sopa à l’ouest
de Diamantina. Dans tous ces gisements, il faut distinguer entre les dépôts
de graviers des plateaux, en couches horizontales qui s'étendent souvent
sur de grandes étendues et les couches inclinées ou presque verticales,
interstratifiées avec les schistes à séricite et les quartzites et qui com-
prennent des conglomérats à ciment sériciteux ou quartzeux. Ces conglo-
mérats sont très riches en blocs de dimensions inégales et de blocs anguleux.
Que ces conglomérats ne sont pas d’anciennes alluvions, déposées dans
des canaux creusés par les rivières dans la série algonkienne est déjà prouvé
parce que la plus grande dimension des blocs, plus ou moins aplatis, n’est
pas horizontale, mais inclinée ou même verticale. J'ai pu par places dis-
tinguer une stratification originelle dans les couches fortement redressées
et elle est sensiblement la même que celle des quartzites et des schistes du
voisinage. Comme ces quartzites présentent souvent une structure entre-
croisée, il ne faut pas s’attendre à trouver les dépôts à gros blocs de la
même série en concordance absolue avec eux. D'ailleurs la teneur en blocs
et galets des conglomérats présente beaucoup de variations. Le long du
chemin de Curhallinho à Diamantina, en haut de la traversée de la rivière
près de Curhallinho, des schistes à séricite inclinés vers l'Est passent brus-
quement dans la direction des couches à un conglomérat très riche en galets
avec un ciment sériciteux.
Des transitions de ce genre se voient aussi dans la mine de Sopa; elles
s'établissent dans la direction des couches ou dans une direction perpendi-
culaire à la stratification.
Le diamant se trouve dans ces conglomérats à l’état de minéral détri-
tique ; il est possible qu'il existe aussi dans les schistes dépourvus de galets
visibles; tel est peut-être le cas du gisement de Sao Jao da Chapada, à l'ouest
de Diamantina, où, d’après A. de Bovet ('), le diamant se trouve dans des
argiles interstratifiées dans les roches environnantes. Les photographies
des exploitations récemment reprises dans cette localité y montrent lexis-
tence de conglomérat à gros blocs. O.-A. Derby (°) a considéré le diamant
de ce gisement comme formé dans les schistes sous l'influence d’une roche
éruptive sous-jacente, mais cette théorie ne peut s'appliquer aux autres
exploitations de la région, là où la gangue est essentiellement congloméra-
mm ut
(') Ann. des Mines, 1884, p- 475.
(°) Journ. of Geology, 1898, p. 121-146.
*
4o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tique, et où rien ne peut faire supposer qu'il existe une roche éruptive pro-
fonde ; la présence à Sao Jao da Chapada de celle-ci n’a d’ailleurs pas été
O
En résumé, je considère le diamant comme détritique dans ces sėdi-
ments. Au point de vue de la genèse du conglomérat qui le renferme, il est
important de constater que la variation pétrographique dans la direction
des couches n'est pas spéciale aux roches reconnues comme diamantifères,
mais qu’elle caractérise toute la série des schistes et quartzites constituant
la région montagneuse de la Serra do Espinhaço. En outre, les couches
montrent en divers points de très rapides changements d'épaisseur.
Les variations de nature et de puissance d’un même banc, la stratification
entrecroisée, la disparition assez rapide d’un faisceau de bancs et les irré-
gularités de parallélisme de toutes ces formations montrent qu’elles résultent
d’un dépôt rapide sous l'influence de courants dont la violence et la direc-
tion ont varié dans de grandes limites.
;
GÉOLOGIE. — Sur la tectonique des Pyrénées Occidentales.
Note (') de M. P.-W. Sruarr-Menrearu, présentée par M. H. Douvillé.
Le dernier Boletin du Service géologique espagnol, rempli de révisions
du terrain spécial de mes recherches, me permet de compléter ma carte
tectonique des Comptes rendus de juin 1894.
Des Nummulites spécifiées et des dessins des Scolithia confirment l’exten-
sion normale et régulière de l’Évcène, depuis Biarritz jusqu'à Zumaya,
ainsi que la présence des Scolithes dans le Cénomanien de Lecumberri, au-
dessus du Jurassique, que j'y ai signalé. Le Gault est reconnu en plein
Sénonien de la nouvelle Carte, dans les mêmes conditions qu’à Jaxu, où
toute la série, depuis le Lias jusqu’au Cénomanien, est fossilifère sur une
épaisseur de 100", comme à Dax, Saint-Sébastien et auprès de Bayonne.
FERCE aux déterminations de M. Douvillé, on peut même insérer le Danien
à Campagnet sur la Nive, ainsi qu’à Yraeta, dans le pseudo-Trias gypsi-
fère. Des deux côtés de la chaîne, la succession normale est souvent ren-
versée contre le Paléozoïque, mais toujours transgressive dans le voisinage.
Parfois, le Flysch à Fucoïdes est rempli de cailloux roulés du gneiss, dont il
recouvre les couches verticales; que ces conglomérats ne sont pas des
SR ne a
(1) Séance du g août 1920.
SÉANCE DU 17 AOÛT 1920. 405
mylonites de friction est prouvé par les recherches à Hendaye et Argelès
sur leurs continuations incontestables. La réduction de l'épaisseur des for-
mations, depuis 1000" vers Argelès jusqu'à presque rien à l'Ouest n’est
pas un effet d’étirement, puisque les parties les plus fossilifères seraient
précisément les plus étirées. La concentration de tous les facies en quelques
mètres, et la difficulté d’en distinguer les limites montrent une succession
régulière des dépôts diminuant vers l’extrémité de la chaîne. C’est pourquoi
les observateurs exercés du Boletin ont classé en Aptien et même en Weal-
dien (de Logroño) des grès à Orbitolines, que j'ai attribués au Céno-
manien, entre Venta de Velate et Lecumberri. Leur carte à petite échelle
ne peut figurer les détails que, depuis 1871, j'ai dù relever au 20000°.
Il faut encore noter que, depuis Magnan, les preuves de la récurrence
des facies ont fait constater la présence constante du Vraconien en alter-
nance avec le Cénomanien ou l’Aptien. La théorie de Suess que j'ai formel-
lement adoptée dès 1886, m'a toujours parue inapplicable après une révi-
sion détaillée des meilleurs exemples cités. Le Boletin , pour les besoins du
raccordement, attribue au Cambrien de Jacquot un grès quartzeux au
nord de Roncevaux. En ouvrant des puits et galeries sur ces quartzites,
Jai constaté qu’ils sont surtout du Dévonien le plus typique, toujours en
alternance avec des calcaires fossilifères, et principalement représenté au
sud de Louhossoa et du Pas de Roland et à l’ouest d'Ossès. M. Barrois a
bien voulu réviser leurs fossiles, et ce sont les méprises de Jacquot, bien
reconnues aujourd'hui, qui ont fait supprimer ces preuves ici comme dans
le cas de l'Eocène. Un grès quartzeux inséparable du Cénomanien du
Couvent de Roncevaux paraît avoir fourni des Scolithes auxquels on n’a
accordé nulle valeur. Mais les quartzites du Dévonien, très différents de
ceux du Silurien et Carbonifère, sont continus au nord de Roncevaux et
dans tout le Paléozoïque arbitrairement subdivisé. Des lentilles de calcaires
fossilifères, des imprégnations constantes de cuivre et de fer carbonaté,
rendent la délimitation possible sur des plans détaillés.
Une erreur de ma carte de 1894 est un exemple du danger des raccorde-
ments. J'ai figuré le Crétacé du bassin de Sarre-Ainhoa comme se conti-
nuant dans le granitique de Louhossoa, où il est figuré dans quatre coupes
de M. Seunes; c'était par analogie avec son pincement vertical en travers
du granité de la Haya, à l’autre bout du bassin. Des révisions récentes
sur les plans de mines m'ont prouvé que ce Crétacé s'élève brusquement et
se termine par une butte fossilifère, entourée de Trias silicifié, à un kilo-
mètre plus au sud. Le calcaire confondu avec le Crétacé est criblé de
406 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pegmatite et d'ophite, touche le Dévonien ignoré au sud, et se répète jus-
qu’à dix kilomètres au nord en bandes synclinales, encore plus métamor-
phisées, autour de la montagne granitique Ursouia.
Comme à la Hay, le calcaire nettement synclinal a subi un métamor-
phisme variable et souvent intense, donnant douze mètres de grenat à la
Haya, des masses de chiastolite à l'Ouest de Louhossoa, et des amphibo-
lites à Mendionde et Articuza. A la Haya, le Boletin a dù déplacer le cal-
caire sur une mauvaise carte et l’a figuré comme du Trias reposant horizon-
talement sur du Silurien, bien qu'il soit nettement vertical et limité, des
deux côtés, par le Trias de Véra, nullement coupé par du Silurien.
Il est reconnu que le granite de la Haya et Louhossoa est un même mas-
sif, relié par les pointements intermédiaires que j'ai signalés. Les deux
présentent des pointements analogues de granite jusqu’à plusieurs kilo-
mètres de leur limite apparente. Le Gault est traversé et le Cénomanien
fractionné, mais le Flysch à Fucoïdes est transgressif et en renferme des
cailloux roulés.
Jusqu'à Argelès, Loucrup, et Salies du Salat j'ai réussi à la pe à faire
corriger les cartes faites hâtivement et dont les inexactitudes ont toujours
résuscité malgré leurs propres auteurs; tous les observateurs qui ont voulu
vérifier les points décisifs, ont dû renoncer à raccorder les cartes courantes.
Le Boletin a essayé une amalgamation impossible entre l'observation
réelle et les cartes précédemment publiées.
ÉCONOMIE RURALE. — Sur un traitement préventif de l'oidium. Note (')
de M. J. Ruxsrzer. (Extrait.)
Pour agir sur l’oïdium, on souffle de la fleur de soufre, en plein vent, sur
les parties menacées; quand l’atmosphère est agitée, cette opération devient
difficile et incertaine. Nous avons expérimenté une manière de faire
nouvelle, une sorte de traitement peu dispendieux, qui a produit les meil-
leurs effets.
Il ne s'agit pas, à vrai dire, d’un véritable traitement, dans le sens précis
du mot, mais plutôt d’une mesure préventive, pouvant dispenser de tout autre
traitement, mais ne mettant aucun obstacle à son application, si la néces-
sité s’en faisait sentir.
(+) Séance du g août 1920.
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 407
Comme premiers sujets d'expérience, nous avons choisi deux gros ceps
de vigne, cultivés en treilles, contaminés depuis de longues années et plus
où moins radicalement improductifs. Le soufrage à l’aide du soufflet ad hoc
avait été inefficace.
ôn hiver ou au printemps nous avons fait découvrir la base des ceps
malades jusqu’à une profondeur de 10°" à 20°" et répandre, tout autour de
ces pieds, une poignée de soufre en poudre. Après cela, les trous ont été
comblés avec de la terre.
L'oxydation du soufre dans le sol, dégageant des vapeurs sulfureuses,
celles-ci se répandent dans la terre ambiante, de manière à enrayer le
développement des germes infectieux. C’est, selon toute probabilité, cette
aclion purificative qui a suffi, dans nos expériences, à mettre obstacle aux
invasions malfaisantes.
Dans la pratique courante, il est assez malaisé de bien égaliser les doses
de soufre par pied de vigne. On favorise cette opération en mélangeant
intimement cet agent thérapeutique avec des poudres moins actives et
moins coûteuses, de façon que l’encerclement des pieds devienne plus
aisé et que le dosage soit plus régulier. Nous avons employé, notamment,
des cendres et de la chaux hydraulique, en fines poussières, substances qui,
par elles-mêmes, exercent une action favorable. On peut aussi enrober le
soufre dans des sortes de colles, par exemple dans de la résine bouillie
avec de l'huile, dont on badigeonne la base des ceps.
Du reste, il appartient au praticien de préciser la technique de cette
méthode, de la modifier selon la nature du sol et suivant les conditions
particulières des régions.
Weinmann et Depuiset (') se contentent de projeter le soufre sur le sol.
Mais, le vent et la pluie balayant la poudre de soufre et ses vapeurs, les
résultats de cette manière de faire sont insuffisants.
Nous avons fait d’autres tentatives, portant sur des substances capables
d'émettre des vapeurs, qui paraissent entrainer d’heureux résultats. La
question de la purification et de l’assainissement de la terre par les vapeurs.
Corrosives acquiert ainsi, à la fois, une portée plus grande et une extension
que l’on ne saurait bien délimiter. L'emploi du soufre, de l’iode, du
mercure, etc., ou de divers mélanges de composés de ces corps, évoque des
espérances légitimes. | |
ne ET
(1) Institut œnologique de Champagne.
4oë ACADÉMIE DES SCIENCES.
EMBRYOGÉNIE. — L'époque d'apparition et le mode d ‘extension de la sensi-
bilité à la sur face du tégument chez les Vertébrés anamniotes. Note (!) de
M. P. Waivrregserr, transmise par M. Y. Delage.
J'ai étudié l'apparition et l'établissement de l’excitabilité cutanée chez
divers embryons de Poissons et d’Amphibiens; parmi les premiers, j'ai
examiné Salmo fario, S. fontinalis, S. irideus, Carassius auratus, Perca flu-
çiatilis, Scyliorhinus canicula; j'ai observé, parmi les seconds, des Anoures,
Rana esculenta, R. temporaria, Bufo vulgaris, Hyla arborea, Alytes obstetri-
cans, À. cisternasi, Discoglossus pictus, et des Urodèles, Triton marmoratus,
T. alpestris, T. palmatus, T. vulgaris, Amblystoma tigrinum, A. punctatum.
La sensibilité apparait toujours dans la région antérieure du tronc; de là,
elle s'étend en avant et en arrière, mais beaucoup plus vite du côté caudal
que vers la tête; j'ai déjà signalé ce fait chez Amblystoma tigrinum et Rand
temporaria, en 1905 (°). Cependant l'accroissement des zones sensibles ne se
produit pas de la mème manière chez tous les Vertébrés inférieurs. Les
Poissons et certains Amphibiens, tels que Salamandra maculosa, Alytes
obstetricans et À. cisternasi, montrent une augmentation régulière et pro-
gressive des zones excitables, tandis que la majorité des Amphibiens, après
avoir présenté d'abord une extension graduelle de la sensibilité d'avant en
arrière sur les deux tiers antérieurs du tronc, deviennent brusquement et
sans transition excitables sur tout le reste du domaine cutané.
Nous classerons donc les embryons en deux groupes, suivant que lėta-
blissement de leur sensibilité suit une marche régulièrement progressive,
ou bien se produit en deux phases, la première de progression lente, l’autre
de généralisation brusque. -
I. Types d'embryons montrant une extension progressive de la sensibilité
cutanée : :
A. Poissons. — Je prendrai comme exemple un Sélacien : Scyliorhinuscant-
cula : La période nerveuse commence avec le stade K de Balfour. La distri-
bution des nerfs sensibles à la peau n’a été constatée qu'après le début de
la liaison neuro-musculaire (°). L’irritabilité aneurale des myotomes ka
E tte
(1) Séance du 9 août 1920.
(2) Wivrreserr, Nouvelles recherches sur la sensibilité primitive des Batractens
(Comptes rendus de la Société de Biologie), t. 59, 1905, p. 58.
(2) Winrresert, Comptes rendus, t. 165, 1917, p. 369.
(+) Wanrreserr, Comptes rendus de la Société de Biologie, t. 83, 1920, p. 1029»
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 409
empêche d'explorer le tégument qui les recouvre avec une sûreté suffisante
pour savoir s’il est seul en jeu dans la réponse obtenue. Le liséré cutané
dorsal présente, au contraire, toutes garanties s’il est piqué latéralement;
il devient sensible dans la région pédiculaire antérieure au stade K?, quand
cinq poches branchiales sont apparentes et la deuxième poche seule
ouverte. À l'étape K?’ (6 poches branchiales visibles; 2°, 1°, 3° ouvertes),
le liséré dorsal est sensible jusqu’à 1"" derrière le pédicule ; mais la partie
postérieure du tronc et la queue, en dehors des myotomes, la tête entière, le
pédicule vitellin et toutes les régions ventrales, placées au-dessous des
plaques musculaires latérales, sont inexcitables. Au commencement de
l'étape K* (4 fentes branchiales ouvertes), la tête, l'abdomen sont encore
insensibles, mais la sensibilité s'est avancée sur le limbe dorsal jusqu’à
moitié du segment post-pédiculaire. A la fin du stade K*, le limbe dorsal
n'est plus inexcitable que sur le sixième postérieur du corps, au niveau de
la crosse caudale inerte; l'abdomen, derrière le pédicule, est devenu sen-
sible; la tête sent sur les territoires sus-branchial et auriculaire; mais la
région des cerveaux antérieur et moyen est peu sensible et la piqüre de
l'œil est sans effet. Au stade L, la sensibilité a envahi la tête, le pédicule et
s’est avancée au-dessus de la boule vitelline sur une largeur de 1°" autour
de la base pédiculaire; cependant l’extrémité caudale, dans le huitième pos-
térieur du corps environ, reste encore insensible, la piqûre de l'extrémité
reste encore inefficace au stade M.
B. Amphibiens. — Prenons comme type un Urodèle : Salamandra
maculosa. Un embryon de 8™, 75, dont la queue a une longueur de 1™™, 25
et qui se contracte en U, sent, sur la région axiale du tronc, depuis la tête
jusqu’à o™™m, 75 au-devant de la queue; la zone sensible envahit déjà lab-
domen à 1"" en dehors de la région chordo-myotomique; dans la région
de la tête, le territoire du trijumeau (bosse frontale antérieure, œil, arc ;
mandibulaire) est excitable, mais les régions céphaliques ventrales, ainsi
que les branchie, sont insensibles. Un embryon plus âgé, long en tout de
9™, 5, dont 2% pour la queue, et se contractant en S, est excitable de la
tête entière, sauf des branchies; mais, en arrière, la sensibilité n’a pas
envahi toute la queue; elle cesse au-devant de l’extrémité, à o™, 5 du bout
caudal sur la région myotomique, à o™™,75 sur les limbes; la zone exci-
table abdomino-vitelline s'étend maintenant de chaque côté du tronc, sur
un arc de cercle qui, par ses extrémités, touche le cœur et la base de la
queue, et dont la flèche mesure 22,5.
De même, dans le genre Alytes, parmi les Anoures, la sensibilité s'étend
d'une façon graduelle, aussi bien sur la tête et la queue que sur le a |
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 7.) i
41o ACADÉMIE DËS SCIENCES.
IT. Types d’embryons résentant un développement de la sensibilité cuta née
d’abord lent et progressif, puis brusquement complet. — Tous les Amphibiens
examinés, sauf les deux genres signalés plus haut, montrent une générali-
sation soudaine de l’excitabilité à la surface du tégument, au moment où la
sensibilité, née derrière la tête, ne s’est encore étendue que sur le tronc,
jusqu’au voisinage de la queue.
Le bout caudal, longtemps insensible chez les embryons du premier
groupe, est ainsi précocement irritable chez ceux du second, et sa piqûre,
faite au début du croisement des extrémités, chez les embryons doués de
contraction tonique (Téléostomes, Amphibiens), est un excellent moyen
de connaître dans quelle catégorie ils doivent être rangés.
Conclusion. — La sensibilité cutanée, apparue chez tous les Vertébrés
anamnioles au niveau de la région antérieure du tronc, s'étend d’abord,
chez tous, graduellement vers la queue ; mais tandis que, chez les Poissons
et certains Amphibiens (Salamandra et Alytes), elle continue d’envahir
lentement et progressivement. le corps entier, elle se généralise soudain,
chez la plupart des Amphibiens, à toute la surface cutanée; cette extension
brusque des zones excitables est due à l'apparition d’une « hritabilité ecto-
dermique aneurale » que j'ai décrite précédemment (') et qui se superpose
à la sensibilité nerveuse dans les territoires où celle-ci est déjà développée:
S
MICROBIOLOGIE. — Tentative de culture du tréponème påle, en symbiose avèc
les éléments cellulaires. Note de M. C. Levanti, présentée par M. Roux.
Des expériences antérieures nous ayant mon tré qu'il est possible d’entre-
tenir la vitalité du virus de la poliomyélite et de la rage (°), et peut-être
même de cultiver ces virus, en s’adressant à la méthode des cultures cellu-
laires in vitro (Carrel), nous avons tenté des essais analogues avec le trépo-
nème de le syphilis. Nous nous sommes servi d’un virus syphilitique
dermotrope, conservé par des passages réguliers sur le lapin et qui provo-
quait, après inoculation intra-testiculaire, une orchite riche en spirochètes
et dépourvue de germes d'infection secondaire. `°
Technique. — Des petits fragments de testicule, contenant de nombreu
tréponèmes, étaient cultivés dans du plasma de lapin (boîtes de Gabri-
"AHONOST ES ARS
eux
(*) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. 57, 1904; p. 645, |
1905, p. 58. 9
(2) Levant, Comptes rendus, t. 157, 1913, p. 864, et t. 159, 1914, p- 284-
et t. 59,
s ` #7
+
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 4rt
tchewsky). Des passages étaient effectués tous les 4-5 jours, en ayant soin
d'ajouter de nouveaux fragments de testicule normal. On examinait fré-
quemment la pullulation cellulaire et l'état des spirochètes.
Constatations. — Premiere culture le 19 novembre 1919. Premier passage le
24 novembre : Multiplication intense des éléments cellulaires, sous forme
de rosaces constituées par des cellules conjonctives fusiformes. Nombreux
spirochètes très mobiles. Deuxième passage le 28 novembre : même pullulation
cellulaire, assez nombreux spirochetes immobiles. Troisième passage le
EYER S : pullulation cellulaire abondante, absence totale de trépo-
nèmes. Quatrième passage le 11 décembre : dans les deux boites restées non
contaminées, pullulation cellulaire marquée, absence totale de spirochètes.
On arrête l'expérience. Les fragments cultivés sont inoculés à deux lapins,
lun, n° 31, dans la chambre antérieure de l'œil; l’autre, n° 38, dans la
thanibie antérieure et dans le testicule. siuen, de ces animaux ne con-
tracte la syphilis. æ
Cette expérience, répétée à deux reprises, a fourni le même Feeultats
Conclusions. — Il résulte de ces essais que, placé dans des conditions qui
permettent la culture des éléments cellulaires conjonctifs ın vitro, le tréponème
pâle, contrairement au virus de la poliomyelite et de la rage, non seulement ne
cultive pas, mais perd rapidement sa vitalité et sa virulence. Les cellules
pullulaient encore le 26° jour, tingin que les spirochètes avaient cessé de
vivre le 9° jour déjà.
MICROBIOLOGIE. — Sur l'apparition de la levure alcoolique dans les dou
Note(') de M. F Minpaaos Grenser, présentée par M. E. Roux,
in l’année 1878, dans le er Obté q’ Arbois, Pasteur institua une
série d'expériences en grand qu'il projetait depuis longtemps et destinées
à répéter ses essais antérieurs et confirmer sr ga déni les résultats de
ses travaux sur les fermentations.
Parmi les faits latéraux signalés, il établit qu’à toute époque de l’année
On rencontrait des germes de moisissures sur les souches des vignes et dans
le sol, mais que la levure alcoolique apparaissait seulement au moment de
la maturation du raisin et n’existait pas dans le vignoble hors cette époque.
Quel est donc le mécanisme de cet apport? `
Ce Problème n'avait pas échappé à à Pasteur.
(") Séance du 9 août 1920.
412 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pendant bien des années, j'ai cherché à le résoudre, et je crois avoir
trouvé la cause principale, tout au moins, de cet apport de levures PR
liques dans les vignobles.
J'ai enfin trouvé un diptère porteur de ferment alcoolique, le Droso-
phila melanogaster : c'est une toute petite mouche, d'apparence fauve,
à ventre noir ; très ténue, elle passe inaperçue dans le vignoble, c’est ce qui
explique qu’elle n’a pas attiré l'attention sur elle.
Elle est tenace dans la mission qu’elle a à remplir, rien ne la rebute, elle
se faufile partout : par exemple, quelque précaution qu’on prenne, elle
vient retrouver le chimiste dans les chambres les mieux closes et troubler
ses liquides sucrés stérilisés alors qu'ils sont soumis à une filtration
ou à toute autre opération.
Elle est très petite, ai-je dit, mais quand elle s’est gorgée de jus de
raisin, elle gonfle et devient plus apparente au moment des vendanges; cer-
taines années, elle tourbillonne en essaims compacts sur les cuves de fer-
mentation; d’autres années, elle disparaît sans rendre visite aux chais.
Elle se présente au vignoble au moment de la maturation des grappes,
lors des exsudations des grains résultant des chocs produits par les vents, le
passage de l'homme et des animaux, les attaques des oiseaux et gros
insectes, etc. ; elle butine, dépose ses germes sur les grappes et les bois.
Pour dicatet sa présence et le jour de son arrivée, voici les dispositifs que
- l’on peut employer dans le vignoble : on filtre du moût stérilisé sur papier
stérilisé et l’on attend; au bout d’un temps plus ou moins long, on voit
apparaître une ou rer taches noirâtres sur le filtre mouillé; à la
loupe on reconnaît la petite mouche; le lendemain le moût est en fermen-
tation, car il faut noter que cette levure d’apport possède une grande acti-
vité; ou encore, sur un petit panneau en bois monté sur chevalet et dont
une ae de la surface est garnie d’un filet fin, on passe quelques couches
-de peinture blanche à l'huile et à l'essence, les petites mouches attirées par
l'odeur viennent y échouer et il est facile de les saisir; enfin, on peut
étendre au pinceau, sur un châssis tendu de toile, un liquide tiède ou
chaud (eau, vin blanc, vinaigre, eau-de-vie de marc, etc.). Si la peus
mouche est arrivée au vignoble, elle se rend également à ces pièges qu ‘on
lui tend.
=- Mais d’où vient cette petite mouche, de quelle contrée, de ‘quelle retraite
cachée, comment possède-t-elle cette levure alcoolique? je mai pu le
découvrir.
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 413
BACTÉRIOLOGIE. — Valeur de la réaction de fixation de Bordet dans,
le diagnostic de la peste. Note de M. E. Jorrran, présentée par
M. Roux.
On sait la difficulté qu’on éprouve à faire le diagnostic de la peste par
les méthodes bactériologiques lorsque la maladie affecte au début une allure
septicémique, avant l'apparition du bubon, après que le bubon a suppuré ow
pendant la convalescence. La méthode de sérodiagnostic, par la recherche
de l’agglutination, n’est pas d’une aussi grande utilité pratique qu’on pou-
vait l’espérer, en raison de l’agglutination spontanée fréquente des cultures
de bacilles pesteux. Ayant entre les mains un certain nombre de sérums
appartenant à des malades atteints de peste bubonique ou considérés comme
suspects, nous avons recherché la déviation du complément en prenant
comme antigène des cultures de bacilles de Yersin, les recherches ont été
poursuivies à l’Institut Pasteur dans le laboratoire de M. Dujardin-Beau-
metz qui a bien voulu s'intéresser à nos travaux et nous donner des émul-
sions de bacilles. Il a, dans presque tous les cas, recherché parallèlement la
séro-agglutination. Nous avons utilisé dans cette réaction comme antigène
des cultures fraiches et des cultures chauffées, celles-ci donnant des résultats
moins précis. Comme complément nous avons choisi celui du malade préa-
lablement dosé, et enfin nous avons toujours employé le sérum hémolytique
antihumain.
Voici les résultats que nous ayons obtenus. La réaction de fixation s’est
montrée nettement positive dans plusieurs cas confirmés bactériologique-
ment. Dans trois cas (BI et R, Rr), où la clinique ne pouvait seule affirmer
le diagnostic, la réaction de fixation a été positive. L’agglutination dans
ces trois cas se montrait également nettement positive au +, au ;; et au —.
Ces taux, on le sait, sont très élevés pour la peste. Dans quatre cas dou-
teux, au point de vue clinique, et dans lesquels l’agglutination se montrait
négative, la réaction de Bordet a été révélatrice. Nous devons ajouter que
le diagnostic a pu être confirmé ultérieurement. De même chez des indi-
vidus en contact avec des malades, et chez lesquels il était impossible de
reconnaître la maladie, en raison de ganglions présents dans laine ou
le cou, la réaction de fixation a répondu par la négative. Nous avons
recherché si l’on pouvait se servir de cultures chauffées, ce qui mettrait
immédiatement cette méthode aisée de sérodiagnostic, à la portée de tous,
»
414 * ACADÉMIE DES SCIENCES.
et pouvant être employée dans un certain nombre de laboratoires où l’on
ratique de façon courante des réactions de fixation. Bien que les résul-
tats paraissent moins nets et moins constants, il semble qu’un résultat
positif conserve toute sa valeur et donne à la méthode une réelle utilité
pratique.
Ajoutons enfin que jamais d’autres sérums, appartenant à des individus
normaux, des ictériques, des syphilitiques avec réaction de Wassermann
positive, des typhoïdiques, n’ont fixé le complément en présence des cul-
tures de bacilles pesteux.
Il y a donc là une méthode intéressante de diagnostic surtout rétro-
spectif pouvant rendre actuellement de grands services en cas de doute
chez les convalescents et quand la recherche du bacille ne peut donner de
réponse.
BACTÉRIOLOGIE. — Sous-races des bacilles pyoeyanoides.
Note de M. C. GEssarp, prengulke par M. Roux.
Les bacilles que j'ai appelés pyocyanoides (') sont, en dernière analyse,
des bacilles pyocyaniques seulement devenus incapables de faire de la
pyocyanine dans aucun milieu. Cette identification se fonde principalement
sur la propriété de liquéfier la gélatine que possèdent également les bacilles
pyocyaniques et les pyocyanoïdes, en même temps que les uns et les autres
montrent une égale sensibilité au sérum spécifique empêchant de cette
RH que nous devons à M. Launoy (°). Cette identification peut
encore s appuyer sur l'odeur bien connue des cultures pyocyaniques, qui
se retrouve aussi dans les cultures pyocyanoïdes. C'est aussi bien la pro-
priété directement perceptible, celle qu’il faut avoir constatée d’abord pour
penser à la mise en œuvre des réactions dansda gélatine.
Je me suis demandé si cette odeur des cultures pouvait disparaitre,
comme j'ai vu les pigments, et si, dans ce cas, subsisteraient les réactions
en question, qui deviendraient does le seul lien entre les deux sortes de
bacilles. En faisant servir les bacilles pyocyanoïdes à cette recherche, ji
(!) Sur les bacilles pjo anotda (Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 298).
(2) Lauxoy, Sur l’antiprotéase du bacille pyocyanique (C. R. de la Soc: de Biol.,
t. 82, 1919, p. 263); Les sérums protéasiques... (Ann. Inst. Pasteur, t. 3l, 1920!
p- ad
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 415
visé l'achèvement de la transformation de l'espèce par les mêmes germes
qui signifient déjà la perte de sa fonction chromogène essentielle.
J'ai pensé que, comme il arrive pour les pigments, la disparition de
l’odeur pourrait être un effet du vieillissement des germes. Dans ce cas,
une culture odorante un peu ancienne devrait offrir des échantillons de
cette dégradation. J'ai donc fait l'isolement de germes sur gélose à partir
de vieilles cultures des deux races de bacilles pyocyanoïdes que j'ai anté-
rieurement décrites, F qui fait du vert fluorescent et S qui est sans pigment
en bouillon.
J'ai reporté séparément leurs colonies espeëtivés dans des tubes de
bouillon. Je noterai ici, pour mémoire seulement et sans y attacher plus
d'importance, que, sur sept colonies de la race F (un plus grand nombre
de race S a été nocere hd ai obtenu une culture en bouillon dépourvue
d'odeur; et ce caractère s’est maintenu pour les germes ainsi modifiés de
l’une et l’autre origine dans la série des cultures qui en sont dérivées.
Voilà donc ce qu'est devenue, par dégradation progressive, une espèce
originairement productrice d’odeur et de pigments : réduite, avec les
descendants du germe pyocyanoïde S, à ne plus posséder ni pigment ni
odeur, à ne garder dès lors de son état primitif que la forme des orga-
nismes, dont la diagnose microbienne fait, comme on sait, le moins de cas.
En sorte que, si l’on rencontrait dans la nature des germes à ce point dégé-
nérés, sans mélange d’aucun de leurs ascendants resté intact, rien n’aver-
tirait de leur origine ni ne ferait soupçonner leur parenté, rien ne suggé-.
rerait de recourir à la réaction qui seule permet de les mettre à leur véri-
table rang. Et c'est une éventualité qui peut être envisagée d’après ce qui
s’est vu déjà pour des bacilles pyocyaniques authentiques, dont des cultures
naturelles, propagées dans le bouillon, s’y sont développées sans donner
’odeur.
f
Ces faits ont surtout un intérêt doctrinal et il ne semble pas qu’en dehors
de l'étude que je poursuis, il puisse y avoir quelque utilité à déterminer
expressément, par les réactions appropriées, ces descendants ultimes et
transfigurés de bacilles pyocyaniques, si l’idée s’en présentait en l'absence
de tout signe'anamnestique. C’est ici la condition même de l'expérience, et
la recherche de ces réactions où l'identité des germes. se vérifiât : pouvoir
gélatinolytique, sensibilité au sérum de Launoy, s'imposait en première
ligne. Les bacilles dépourvus d'odeur n’ont pas différé, à cette épreuve, des
germes odorants dontiils procèdent.
416 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ils sont donc bien des pyocyanoïdes, et l’on est par suite amené à distin-
guer désormais, dans chacune des races F et S des bacilles pyocyanoïdes,
deux sous-races : l’une odorante, l’autre dépourvue d’odeur dans les cul-
tures en bouillon.
Ce que j'ai dit plus haut de l’absence d’odeur chez des bacilles pyocya-
niques véritables laisse entrevoir que ceux-ci doivent prêter de même à de
pareilles subdivisions de leurs races.
MÉDECINE. — Sur l'emploi du silicate de soude en injections intraveineuses.
Effets physiologiques. Effets thérapeutiques. Note de MM. L. ScHerFLer,
A. Sarrory et P. Pezussier, présentée par M. Guignard.
La silice est très répandue dans la nature, elle existe dans presque tous
les organes des plantes et des animaux. Le corps humain en renferme plus
de 65, c’est-à-dire une quantité plus pote qu'il ne renferme de fer;
mais le rôle de la silice dans POPPRRS n rest pas encore exactement
déterminé. ;
Plusieurs auteurs, en France et en Allemagne, se sont attachés à l'étude de la silice
au point de vue physiologique et thérapeutique.
Gaube, du Gers, établit que les muscles de l’homme à l’état frais renferment 0,299
de silice pour 1000, et ceux de la femme 35 pour 100 de moins.
Les muscles du taureau en contiennent 0,40 pour 1000, tandis que ceux du bœuf
en contiennent seulement 0,114. Gaube émet alors l'hypothèse que la silice aurait
« pour action de chasser une partie de l'acide carbonique résultant de l’activité mus- `
culaire plus intense chez le mâle que chez la femelle ou les individus émasculés » et
il ajoute : « cette hypothèse n’a rien d’invraisemblable si l’on veut bien se rappeler
que l'acide silicique est le grand destructeur des carbonates au sein de la terre... »
En médecine interne, c’est le silicate de soude qui a été surtout employé. ;
Decène Ollivier insiste sur les propriétés antifermentescibles et « vivifiantes » du
silicate de soude et l'emploie contre l’artério- sclérose, la fièvre IPER Bodin, Pas-
ċaut l'utilisent dans les mêmes affections et dans certaines dyspepsie
Le Professeur Albert Robin insiste à différentes reprises sur l'utilité des silicates
dans la médication réminéralisatrice de la tuberculose.
L'un de nous, dans un travail publié en juin 1908 dans les Archives générales de
Médecine, attribuait la prédisposition à A nrnenoe chape à un défaut de silica, dans la
minéralisation organique.
« Le manque de silice dans re l’anémie siliceuse, si Pon peut employer
cette expression, se traduira donc par un travail de réduction insuffisant et une élimi-
nation réduite de CO?; il y aura donc une viciation relative de la nutrition cellulaire,
production anormale de toxine.
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 417
L'apport siliceux aurait donc pour résultat une élévation de la vitalité,
un perfectionnement des échanges organiques, un stimulus vital.
Tous les auteurs qui ont préconisé le silicate de soude contre l’artério-
sclérose lui reconnaissent des propriétés hypotensives.
Jusqu'à présent, le silicate de soude en médecine interne a été exclusive-
ment employé per os, à la dose de 15 à 35 par jour. -
Marq, étudiant dans le laboratoire du professeur Robin l'élimination du
silicate de soude, signale que, sur un gramme ingéré, l'intestin en rejette
0,80 et en absorbe o, 20 dont o, 10 sont éliminés par l’urine dès le premier
jour et 0,05 les jours suivants.
D'autre part, la quantité normale de silice contenue dans les urines de
24 heures est de 0,03 environ.
Ces dernières données nous ont amené à penser que si l’on pouvait intro-
duire le silice dans l organisme par voie intraveineuse, de très faibles doses
seraient suffisantes pour donner des résultats thérapeutiques marqués,
comme on l’observe avec les divers médicaments employés par voie intra-
veineuse.
C’est ainsi que nous avons été conduits à étudier la possibilité d’intro-
duire le silicate de soude dans l’économie par voie intraveineuse, bien que
cette méthode ait été considérée comme impossible ou dangereuse par tous
les auteurs qui en ont fait mention. ;
Nos expériences ont porté d’abord sur les animaux de laboratoire. Les
résultats moyens de ces expériences sont les suivants : Pour le cobaye, le
silicate de soude en injection intraveineuse est toléré sans aucun trouble à
la dose de o°8, 02 par kilogramme. Si l’on double la dose, soit 0‘#,04 par
kilogramme d'animal, l'injection est suivie d’amaigrissement pendant les
2 à 3 jours qui suivent. Le poids normal est repris en 4 à 5 jours.
Des phénomènes d'intoxication apparaissent à la dose de 0%,06 par
kilogramme d'animal.
La dose toxique et mortelle avoisine o°#,08 par kilogramme d'animal.
Le lavin est plus sensible à l’action des silicates. Pour cet animal, les
doses de o™8, or à 06,15 par kilogramme sont tolérées sans effet apparent.
À la dose de o‘#,o2 par kilogramme, des phénomènes d'intoxication
apparaissent : fièvre, hémoptysie ; mais après une période de 2 à 3 jours où
l’amaigrissement est très sensible, la santé revient complètement en 8 jours.
Sachant d’autre part que les doses de silicate de soude per os, de
2 à 3 grammes par jour et longtemps prolongées, sont inoffensives chez
l’homme, nous avons essayé, très prudemment, les injections intraveineuses,
d’abord à la dose de 0,001 jusqu’à 1°5 pro die.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 7.)
: 32
418 ACADÉMIE DES SCIENCES,
Nous n'avons jamais observé aucun accident ou inconvénient, ni immé-
diat ni éloigné.
Nous pratiquons l'injection intraveineuse avec la technique habituelle,
La solution que nous utilisons, ét que nous avons établie empiriquement,
représente 0"6,005 de silicate de soude par centicube. Elle n’altère pas le
globule sanguin. La dose que nous employons habituellement est de deux
centicubes, soit un centigramme de silicate pro die.
Nous trouvons plus avantageux, au point de vue de la persistance des
effets et de la durée du traitement (8-10 injections), de faire l'injection tous
les deux jours et nous débutons toujours par une dose de 0"#0605.
Cette médication est indiquée chez tous les malades susceptibles de béné-
ficier du traitement siliceux.
Nous l’avons employée utilement chez les artério-scléreux, les cardio-
rénaux, les angineux.
La tension artérielle baisse, la viscosité sanguine diminue ou augmente,
parfois, mais toujours pour tendre vers la normale, la dyspnée diminue, il
y a élévation de la vitalité générale.
Ce sont les artério-scléreux et les cardio-rénaux qui nous semblent avoir
‘ retiré le plus d'avantages de la méthode.
Dans certains cas de rhumatisme chronique et déformant, les résultats sont
très encourageants.
En ce qui concerne la tuberculose (réminéralisation) le traitement a pr
inoffensif, mais la question est encore à l’étude.
La présente Note a surtout pour but d’établir :
1° Que le silicate de soude peut être employé en injection Men
sans danger ou inconvénient aux doses indiquées;
2° Que cette méthode s'applique utilement au traitement des maladies
justiciables de la médication siliceuse;
3° La médication siliceuse peut donc bénéficier de toute la valeur théra-
peutique propre aux médications intraveineuses.
M. C.-M. Dasrowskr adresse une Note intitulée : Complément à à mon
essai de définitions axiomatiques des notions fondamentales de la géométrie.
La séance est levée à 15 heures trois quarts.
A © à
SÉANCE DU 17 AOUT 1920. 419
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages REÇUS DANS LES SÉANCES DE MAI 1920.
Les industries chimiques françaises, par Paue Baup. Extrait de la France de
Demain publiée par l'Association italo-française d'expansion économique. Paris, s. d.;
1 fasc. 23%., (Présenté par M. Haller.)
Observations vitales sur łe chondriome des végétaux et recherches sur l’origine
des chromoplastides et le mode de formation des pigments æanthophylliens et caro=
liniens, par A. Gurcciermonr. Paris, E. Orlhac, 1919; 1 vol. 25, (Présenté par
M. Gaston Bonnier.)
Histoire de la Chimie, par Maurice DeLacre. Paris, Gauthier-Villars, 1920; 1 vol. 23%,
(Présenté par M. Lemoine.)
Third annual report of the National advisory committee for aeronautics, 1917.
Washington, Government printing office, 1918; 1 vol. 25m.
A Naturalist in the Bahamas : John 1. Northrop, par HENRY FAIRFIELD OsBoRx.
New-York, the Columbia University Press, 1910; 1 vol. 24°,
Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht par Albert Ie, prince
Souverain de Monaco. Fascicule LII : Cirrhipèdes provenant des campagnes scien-
lifiques de S. A. S. le Prince de Monaco (1885-1913), par À. Gruvez. Monaco, 1920,
1 vol. 350m, 5, ( Présenté par S. A. S. le Prince de Monaco.) :
L'infection bacillaire et la tuberculose chez l'homme et chez les animaux, par
À. CaLerre. Paris, Masson, 1920; 1 vol. 25°, (Présenté par M. Calmette.)
Discours d'anvestare du quatrième congrès des Mathématiciens scandinaves à
Stockholm, 1916, par. G. Mrrrac-Lerrcer. Uppsala, Almquist et ra 1920;
1 fasc. 23m
Phosphore, arsenic, antimoine, par A, Bouraric et A. SE Paris, Gaston
Doin, 1920; 1 vol. 18%,
Catalogue raisonné et descriptif des collections d ’ostéologie du service d'ana-
tomie comparée du Muséum d'histoire naturelle, par R. ANTHONY : Mammifères,
fascicule XI : Edentata. Paris, Masson, 1920; 1 fasc. 23%, (Présenté par M. Edmon ond
Perrier.) -
Problèmes astronomiques, par le Lieutenant-Colonel DELAUNAY. re Gauthier-
Villars, 1920; 1 fasc. 25%, (Présenté par M. L. Mangin.) ,
420 ACADÉMIE DES SCIENCES.
FRRATA.
(Séance du 17 mai 1920.)
Note de M. Ph. Négris, Sur les alternatives des époques glaciaires et
interglaciaires durant la période quaternaire :
Page 1193, ligne 3, au lieu de plus basse, lire plus considérable.
(Séance du 14 juin 1920.)
Note de M. Stéphan Procopiu, Biréfringence et dichroïsme de la fumée
de chlorhydrate d’ammoniaque dans le champ électrique :
Page 1446, ligne 26, au lieu de 6. pour le rayon, lire oB,9 pour le rayon.
(Séance du 26 juillet 1920.)
Note de M. J. Nageotte, Ostéogenèse dans les greffes d’os mort :
Page 281, ligne 25, au lieu de tuniques artificielles, lire tuniques artérielles.
(Séance du 9 août 1920.)
Note de M. 4. Buhl, Sur les symétries du champ électromagnétique et
gravifique :
Page 346, ligne 3, au lieu de Min, lire M; ; ligne 10, au lieu de à,x, lire 02 La;
ligne 14, au lieu de par — ik, lire par ik.
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ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 23 AOUT 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MINÉRALOGIE. — Sur l'existence à Madagascar d'un silicate de scandium
et d’yttrium, la thortveitite. Note (') de M. A. Lacroix.
Le scandium est considéré comme un élément des plus rares, disséminé,
à l’état de traces, dans un petit nombre de minéraux. Lorsqu’en 1908,
Sir William Crookes se proposa de faire l’étude chimique des sels de
scandium, il ne put trouver qu’un seul minéral, la wiikite de Finlande, |
. dans lequel la teneur en scandium fut un peu supérieure à 1 pour 100
(1,2 pour 100). Mais en 1911, M. J. Schetelig a décrit (°), sous le nom de
thoriveitite, un minéral trouvé à Iveland en Norvège, et qui renferme
37 pour 100 de scandine. Sa composition répond à la formule (Se, Y)?’ Si? O7.
Ce minéral, resté fort rare, n'avait jusqu’à présent été retrouvé dans aucun
autre gisement. |
Au cours de l’étude d’un lot d'échantillons recueilli dans la pegmatite
de Befanamo, à l’est d'Ankazobé, que M. Rasamoel avait soumis à mon
examen, mon attention s’est arrêtée sur un minéral qui m'était inconnu.
La détermination de ses propriétés physiques m’ayant montré leur identité
avec celles du minéral décrit par M. Schetelig, jai demandé à mon
confrère et ami, M. de Gramônt, de vouloir bien donner à cette détermi-
nation une vérification spectrographique, en attendant une analyse plus
complète. Avec le concours de MM. Dureuil et Orcel, M. de Gramont a
obtenu, à l’aide de sa méthode des sels fondus dans l’étincelle condensée et
(1) Séance du 17 août 1920.
C) Centralbl. N. Jahrb. f. Miner., p. 721.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T 171, N° 8.) 33
422 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en employant comme fondant le Na? CO, un spectrogramme dans lequel le
spectre du scandium est prédominant, associé à celui de l’yttrium et du
néoytterbium, avec l'indication d’un peu de zirconium, d'aluminium et de
titane.
Les cristaux que j'ai examinés ne sont que des fragments et cependant,
certains d’entre eux atteignent 10°" suivant l'axe vertical, avec 3™ de
diamètre; tous résultent du groupement à axes plus ou moins parallèles
d'individus d’inégales dimensions.
Leurs propriétés optiques montrent qu’ils sont orthorhombiques : ils
sont réduits aux faces m(110), souvent éclatantes, mais ondulées, canne-
lées verticalement et ne fournissant par suite que de mauvaises mesures
[mm = 107°env.]. Aucun de ces cristaux n’est terminé par des faces dis- .
tinctes ; ils présentent généralement un mode de déformation que j'ai ren-
contré dans un certain nombre d’autres minéraux des pegmatites malgaches
(strüvérite, monazite, béryl) et qui a été signalé aussi par M. Brügger dans
quelques minéraux des pegmatites norvégiennes. Ils sont étirés en pointe, à
la façon de la célestite apotome des environs de Paris, mais sans qu'il soit
possible de définir la signification géométrique des plans qui les limitent.
Le minéral est translucide, d’un vert jaune, par place marbré de rouge
_ (inclusions d'hématite); par altération, il devient blanc et opaque.
Il existe un clivage imparfait ou plutôt des plans de séparation suivant
m (110); parfois, les faces prismatiques présentent des cannelures
rappelant les stries du clivage p des feldspaths tricliniques. L'examen en
lumière polarisée parallèle de sections perpendiculaires à l'axe ver-
tical fait voir qu'il s’agit là de macles polysynthétiques suivant m.
Le signe optique est négatif et la bissectrice est perpendiculaire à €,
le plan des axes optiques parallèle à g'(010). La biréfringence maximum
est voisine de 0,05.2V —6o° à 70°, n, = 1,80, n, = 1,75. La densité est
de 3,55 (3,57, Iveland). se
Toutes ces propriétés sont celles du minéral norvégien, mais il en existe
deux autres qui semblent spéciales aux cristaux de ce nouveau gisement.
J'ai rencontré fréquemment une macle binaire qui a lieu parallèlement
à g*; elle se traduit par une large gouttière formée par les faces du
prisme. = FENTE
Lorsqu'on examine devant une lumière l’une des extrémités brisées d un.
cristal, on voit miroiter des plans brillants, interrompus, faisant partie de
la zone ph' et dont l'angle avec l’axe vertical est d'environ 104° (angle
plan mesuré dans une section g'), ce qui, en partant des paramètres donnés
SÉANCE DU 23 AOUT 1920. 423
par M. Schetelig, conduit pour la notation de cet orthodome à a° (106).
L'examen microscopiqué fait voir qu'il s’agit de plansde séparation,
probablement d’origine secondaire, très répétés et accompagnés de macles
polysynthétiques qui rappellent les macles suivant p du pyroxène et
de l’amphibole.
Cette description sommaire sera complétée prochainement quand
j'aurai à ma disposition une quantité de matière plus considérable, mais
j'ai cru devoir dès à présent signaler ce minéral dont la présence à Mada-`
gascar complète les analogies si frappantes qui existent, au point de vue de
la composition minéralogique, entre certaines dés pegmatites malgaches et
beaucoup de celles du sud de la Norvège; à Iveland, la thortveitite est
accompagnée de monazite, euxénite, xénotime, ilmenorutile, béryl, magné-
tite, muscovite et béryl; à Befanamo, les mêmes minéraux se rencontrent,
à l’exception du xénotime et de l’euxénite, mais avec la fergusonite en
plus. La découverte de la thortveitile, qui existe sans doute en quantité
suffisante pour permettre l'extraction ultérieure d’une quantité d’oxydé de
scandium suffisante pour permettre d'entreprendre l'étude chimique plus
complète de ce métal, ma conduit à rechercher si le scandium n’existerait
pas dans d’autres minéraux de la région, et pour cela j'ai eu encore recours
à la compétence de M. de Gramont. Quelques résultats intéressants ont été
obtenus déjà; c’est ainsi que l'analyse spectrale a montré l'existence du
corps cherché dans un minéral dans lequel il n’a pas été signalé jusqu'ici,
dans la cymophane qui, dans un gisement peu éloigné de Befanamo, à
Miakanjovato, se rencontre en cristaux de dimensions insolites, dépas-
sant 10° de plus grande dimension.
CHIMIE VÉGÉTALE. -- Remarques sur la méthode. biochimique de recherche.
des glucosides hydrolysables par l'émulsine, à propos de la Note de
M. P. Delauney ('). Note de M. Em. BourgueLor. “us
La Note par laquelle M. P. Delauney signale deux espèces végétales
dont il a pu extraire, à l’état de pureté, un glucoside hydrolysable par
l’émulsine, m'amène à rappeler brièvement les résultats que la méthode
biochimique de recherche de ces glucosides a donnés depuis qu’elle a été su,
publiée, e aoo a
nm
(*) Voir ci-dessous, p. 435.
424 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A l’époque où j'ai fait connaître cette méthode, c’est-à-dire en 1901 ('),
le nombre de glucosides hydrolysables par l’émulsine retirés des végétaux
s'élevait à dix. Ils avaient été découverts par hasard au cours du xix° siècle,
le premier connu, la salicine, l'ayant été en 1829 par Leroux, qui l’a pré-
senté d’abord à l’Académie comme un alcaloïde (°). Les autres sont par
ordre chronologique de leur découverte : l’amygdaline (1830), l’esculine
(1831), la syringine (1841), l’arbutine mélangée de méthylarbutine (1850),
la coniférine (1861), la gentiopicrine (1862), la salicinéréine (1890) et la
picéine (1894).
La méthode biochimique a permis d’en découvrir et d’en isoler 14 nou-
veaux : aucubine (1902); sambunigrine et prulaurasine (1905); jasmi-
florine (1906); bakankosine et taxicatine (1907); verbénaline, oleuropéine
et érytaurine (1908); arbutine vraie (1910); méliatine (1911); hépatrilo-
bine (1912); loroglossine (1919) et scabiosine (1920), auxquels on peut
ajouter un polysaccharide, le verbascose dont la méthode a révélé indirec-
tement l'existence dans la racine de Molène (1910).
Elle a conduit en même temps à établir que beaucoup de ces glucosides
existent dans plusieurs espèces appartenant parfois à des familles très éloi-
gnées au point de vue botanique.
Ainsi la syringine, découverte dans le lilas, a été retrouvée dans diverses
espèces de Troëne ét de Jasmin; l’arbutine, dans toutes les variétés de
Poirier, dans la Pyrole à feuilles rondes, dans les feuilles de Grevillea
robusta et d’Hakea laurina; la gentiopicrine, qu’on n'avait retirée que de la
racine de Gentiane jaune, l’a été de la Chlore perfoliée, de la Swertie
vivace et de six autres espèces de gentiane; l’aucubine a été retrouvée dans
les espèces du genre Garrya et dans les Plantains; la prulaurasine, décou-
verte dans les feuilles de Laurier-cerise, a été isolée des feuilles de
Cotoneaster mucrophylla et enfin M. Delauney vient déjà d'établir que la
loroglossine du Loroglossum existe dans deux autres espèces d'Orchidées.
En fait, à l’aide de la méthode biochimique, des ÉD ont été
découverts dans 56 espèces de plantes et isolés.
Maïs cela n’est rien en présence de ce qui existe réellement.
(1) Recherche, dans les végétaux, du sucre de canne à l’aide de l'invertine et
des glucosides à l’aide de l’émulsine (Comptes rendus, t. 133, 1901, p. 690). — 947
la résheréhi, dans les végétaux, des glucosides hydrolysables par l ’émulsine
(Journ. de Ph. et de Ch., 6° série, t. 23, 1906, p. 369).
(2) Analyse des Séances del Acvdérie royale des Sciences (Ann. de Chim. et de
Phys., 2° série, t. #1, 1829, p. 295).
SÉANCE DU 23 AOUT 1920. 425
La méthode a été appliquée, jusqu'ici, dans mon laboratoire, à
281 espèces de plantes pretigas elle a révélé la présence de gluco- |
sides dans 205 de ces espèces, c’est-à-dire dans les trois quarts des espèces
examinées. Puisque ces glucosides ont été retirés de 56 de ces espèces,
nous connaissons donc dès maintenant 149 autres espèces dont le ou les
glucosides restent à isoler. Et si la proportion des espèces à glucosides se
maintient pour toutes les autres phanérogames, — et il n’y a pas de raison
pour qu'il en soit autrement, puisque les espèces étudiées ont été prises
un peu au hasard, — on voit qu'il y a là du travail pour plusieurs généra- `
tions de chimistes que, d’ailleurs, la méthode peut guider même dans le
choix des procédés d’extraction.
En tout cas, il serait difficile de soutenir aujourd’hui, comme on a pu le
faire alors qu’on ne connaissait que ro glucosides hydrolysables par l’émul-
sine, que ces principes ne jouent qu'un rôle secondaire dans la vie-des
plantes. Il me paraît plus probable que leur présence si générale tient,
comme celle du glucose et du saccharose, à des phénomènes nutritifs com-
muns à tous les végétaux. Il y a là encore, à résoudre, un problème phy-
siologique du plus grand intérêt.
M. Yves Derace fait hommage à l’Académie d’un Ouvrage qu'il vient de :
publier et qui a pour titre Le Réve. Le sous-titre, Étude psychologique, phy-
siologique et littéraire, indique qu aucun point de vue de cette vaste question
n’a été laissé de côté. Une analyse complète de l'Ouvrage exigerait des déve-
loppements incompatibles avec cette présentation. Nous nous bornerons donc
à l’énumération des Chapitres : I. Méthodes; IL. Caractères extrinsèques du
Rêve; IIT. Caractères intrinsèques du Rêve; IV. Hallucinations hypnago-
giques et lueurs entoptiques; V. Constitution des idées et base physiolo-
gique des processus psychiques; VI. Rêves représentatifs simples; VII. Les
Rêves complexes ; VIII. Les facultés de l’âme dans le Rêve; IX. Émotions
et sentiments; X. Processus psychiques particuliers; XI. Rêves catégorisés;
XII. Rêve du pere dit de Maury guillotiné et les illusions du temps dans le
rêve; XIII. Les grandes théories du Rêve; XIV. Le Rêve dans la méde-
cine; XV. Portée philosophique et valeur utilitaire du rêve; XVI. Le Rêve
dans la littérature; XVII. Résumé et conclusions.
Bien que ce Eise présente lexposė des faits sie et des théories
émises, il n’est point une simple compilation : à chaque page, Pauteur ~-
entre dans le débat, apportant « des observations inédites, des D
+
el tie
426 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nouvelles, des théories personnelles. Cet ouvrage représente un labeur de
trente années, les premières observations publiées par l’auteur sur ce sujet
remontant à 1891 (Rev. Scient., t. 48).
ASTRONOMIE. — Sur des étoiles dont le mouvement propre annuel total
est supérieur à 0,5. Note ¢') de M. Eueèxe Cosserar.
`
Un premier complément de caractère particulier, à apporter à ma
Note (*) du 1™ septembre 1919, consiste à prolonger le Tableau qu'elle
renferme de la façon suivante :
1, as œ u. ij w
m S S o Re "
8. 10. 7.52,09 —0 ,007 10. 6.20,5 —o, 54
Diners 9.240,29 0,074 10.55.26,2 —1,12
Les étoiles n° 8 et 9 correspondent respectivement aux désignations
VIL.76.275 = VIT. 77.143 = 2122 BD + 10°
VIL 10i 139 = 3735 Tou, — 2576 BD FIr;
elles ne paraissent pas avoir encore été signalées; elles ne font partie ni des
, 1053 étoiles mises en évidence, la plupart pour la première fois de 1915
à 1918, par M. Wolf, ni du me de J. Bossert, publié récemment o
par L. Schulhof.
CORRESPONDANCE.
MM. Frépéric Laporte, Juries Pevror, Pierre ne Vanssay pe BLAvoNS
adressent des remercìments pour les distinctions que l’Académie a aocor
dées à leurs travaux.
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur la réduction d’un problème de la Mécanique
rationnelle à une équation intégrale linéaire. Note de M. E. Frepnorm.
` i PU E rae ,
Dans sa conférence au Congrès de Rome en 1908, Poincaré a dit que l'on
devait pouvoir appliquer la théorie des équations intégrales linéaires à la
RCE
(1) Séance du 17 août 1920.
(2) Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 414. :
SÉANCE DU 23 AOUT 1920. 427
théorie des équations différentielles ordinaires. Un premier pas vers la
réalisation de l’idée de Poincaré serait la réduction du problème à une
équation intégrale linéaire. Voici comment on peut la faire pour un système
d'équations différentielles de la forme
du, ap
eur = Fps t ETET N
Considérons une solution de ce système correspondant aux valeurs
initiales u, = %,, v, = &, pour ¿=o et soit V une fonction des 4,,v,. En
considérant V comme fonction des x,, «,, V satisfait à l'équation de Lagrange
(2) OV + V a GAA 0y: kes Pre
NN Mr ee CODE o OA a > Ft
Poson so = 4,y,+...+4,y,, da = du,,.……, dx, et multiplions l'équation
(2) par eda et Eee l'intégration sur tout T espace des &, nous Asa
en posant
+ +
oaf of Ve da,
l’équation différentielle suivante pour U
U` dœU AU i
3 PREA E E CARIE T DU.
b. EE TA E ATE T N AaS
Pour être sûr de ran. Je U on peut nor de DATE que cette
fonction soit différent ér td mai
finies. On voit de même que l’on pourra supposer que U converge vers
zéro pour des valeurs infinies des £,, Yi
- Cela posé, observons que ;
i
1 (lait +TnYn) s
y= aF í Sa Yi.)
satisfait à l'équation différentielle
A ðU CU-
BU = i — + dasdÿr Us SPA TRES
et posons pour abréger
aU ðU o U
NEO Dardy, T Tenda
Si nous désignons par y la fonction
y(t—T, ah Ji Mie: },
428 ACADÉMIE DES SCIENCES.
‘nous aurons
JAU UB = (Xp +... +X,r,)U.
En multipliant cette équation par dtdx,...dy,— di dS et en intégrant
par rapport à 7, entre les limites o et ¿< 7T, et par rapport aux autres
variables, entre les limites — et + +, nous obtenons
T
i f Up as — f (Uy). dS sik [Zn + Xn Yn) Uy dr ds.
S S 0 S
Faisant maintenant tendre ż vers 7 on trouve facilement
Jim feu dS (akie U(t, Em).
STe S
L’autre intégrale, dans le premier membre, doit être considérée comme
une fonction connue soit (—27}"U,(+r,Ë,,..., Yn), et ainsi on est conduit
à une équation intégrale linéaire de seconde espèce pour U :
t T
ee J Ott Xaya) Urdd = Us.
L'état actuel de la théorie des équations intégrales ne paraît cependant
pas permettre une étude suffisamment approfondie de l’équation proposée. ne
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — La fonction Win, u (£o Las -e Ln)
Note (') de M. Pierre Huurerr, transmise par M. Appell.
Nous avons indiqué récemment (°) la définition et diverses propriétés de.
la fonction W,,,,(æ, y), qui est une généralisation à deux variables de la
confluent hypergeonetric junction W,,,(x) de M. Whittaker. On peut
également en donner une généralisation à n variables de la façon suivante :
Considérons les équations aux dérivées partielles du second ordre
auxquelles satisfait la fonction hypergéométrique à n variables (introduite
par M. Lauricella)
, 5 x
F,(&; Bi Ba, Re Ba: Yi» Y3; +.) ns Tis La; “y ns
js tnt PE
1) Séance du 17 août 1920.
(C)
(2) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 564, 832, 1152, 1482.
SÉANCE DU 23 AOUT 1920.
c’est-à-dire
429
d? s 2 g?
a ee ROM R nt e TES E DE AI, E ORO EiL
—...— LiL er, + |
D iEn dz: dx, Te. Yi
(1) (a
Biz, 2 Bi: 1 %i— pua |
o d H
— Biri Ti + —.— Prtn my — UA
|
Fe E E
Faisons alors a = p, + W +... Un — k+ >; y;= 2u; +1, les p; et k
étant des constantes, puis remplaçons +; par 7 et faisons tendre simul-
tanément tous les ĝ vers linfini. Dans le système que nous obtenons à la
limite, faisons le changement de fonction
mri m+ pa ES ARRET En
LR TR š z yA
pour obtenir finalement le système
s Ni E E et EF + di ES +i CE i
"ogsa h Sd a RES "dx, | à
(2) æ? Zi; ; i i
Sieg Gaia etes an) keit g bi = 9
a * (EI, Siren).
Pour ;
Pio
et
= Li- = Pi T oe r —0
i=. Mila la 7
~-
le système se réduit à l'équation différentielle unique de la fonction
Wi „Hi (z;).
Nous désignons par Wry
ps. m En Pri a de) la solution de ce système
qui, dans ces E se réduit à Win).
Siaucun des y n’est égal à — =) unesolution du ee ( D sera la fonction
M; h te ~ ; >
pti x Buts ee e (a+. AE Mit... + ma) ee.
=T; s.. Tn ze pa
(2p +1, My)... (2Pn +1, Mn)
Miss Mn $ ;
430 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et l’on aura 2” solutions indépendantes de ce système, en changeant dans
cette fonction le signe d’un ou plusieurs des u. La solution générale sera
une fonction linéaire de ces 2” solutions.
Parmi les applications de la fonction W à n variables, citons la suivante,
généralisation de l’une de celles que nous avons indiquées pour deux
variables. Le polynome Vm, m,....m, à n variables d'Hermite et Didon satis-
fait à un système (S, ) dont le système de Did'on est
(i æ Li T Eu LE Es Tir LE —
Fi. és dzz DE: dx;0x;_ re OT Otni
i £
g: Oz
RE ee de E il cu
(D, y| { OOE T;
dz àz ds dz
+ 2 M; SET FRS Te tiro E e +... + nr
amaai
0x,
E ms 1 RUE DT
En remplacant x; par 7 et faisant tendre les 7» vers l'infini, on obtient
M; a
le système
9e | ds
Dy rapeat
gz :
T +23 = 0 CAA TERANE I
nj .
ie est tà son tour le système de Didon du système
dy d or
(5: (2, Frs rot + RE) (mem) y = (121,2.
. . . # e
Far satisfait la fonction
“Aom EES EAU :
Eeri Ez Fee. En e ; W Mit... +My Nn—3 1 K aan, sn K
? 2 Rs A ï
ÉLECTRICITÉ. — Sur les surtensions créées par les harmoniques 3 de saturation
des transformateurs triphasés. Note (‘) de M. Swynespauw, transmise
par M. A. Blondel.
Considérons un transformateur triphasé alimenté par des forces électro-
motrices triphasées sinusoïdales, les trois bornes du circuit haute tension
étant connectées aux trois bornes du câble triphasé ; le point neutre de ces.
(1) Séance du 17 août 1920,
SÉANCE DU 23 AOUT 1920. 431
enroulements haute tension et l'enveloppe du câble connectés à la terre.
L’hystérésis et la saturation du fer du transformateur font naître, dans
chacun des enroulements de ce dernier, une force électromotrice harmo-
nique 3 de la force électromotrice d'alimentation. Ces harmoniques 3
créent une tension entre neutre et bornes du transformateur et, par suite,
des courants de capacité harmoniques 3 du courant fondamental s'établissent
dans les conducteurs du câble, quand le neutre est à la terre.
Considérons uniquement ces harmoniques 3.
1° Si le point neutre du secondaire du transformateur est isolé, la capacité
insérée entre les bornes et le neutre est formée par l'association en série de
la capacité des conducteurs du câble, par rapport à l'enveloppe, et de celle
du point neutre qui est négligeable devant la première. Puisque le courant
de capacité qui charge les deux capacités partielles est le même, la tension
entre conducteurs et enveloppe du câble est pratiquement nulle, et la force
électromotrice induite E, par l’harmonique 3 du flux fondamental est prati-
quement égale à la tension entre neutre et terre et peut être mesurée au
voltmètre.
2° Si le point neutre du transformateur est à la terre, cette force électro-
motrice harmonique 3 crée, entre conducteurs du cäble et enveloppe, une
tension U, harmonique 3 de ia fondamentale, mesurable également au
voltmètre,
D’après la théorie connue de la résonance, en considérant la capacité du
câble comme concentrée en un condensateur, le facteur de surtension c sera
donné par la relation
(1) ° E
0 == — — A ae di ne e]
E; VRH+E(XH—:}
dans laquelle H est égal au produit de la capacité par la pulsation ©, X au
produit de la self-induction du circuit secondaire du transformateur par w,
et R représente la somme des résistances effectives R, et R, du secondaire et
du câble, c’est-à-dire majorées respectivement des pertes par effet Joule,
Par hystérésis et par courants de Foucault d’une part, et par l'effet du
diélectrique d'autre part ('). -
Avec un transformateur de 12,5 kilovolts-ampères, on a obtenu la
résonance (s maximum) à environ 50 p: s; avec un câble de 100"" :
10000 volts de 31™ ou 4™ de long. rie,
dm E EE EO
(FIHX R sont directement mesurables aux voltmètre, ampèremètre, wattmètre.
432 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'expérience a montré (') que le maximum Spm, correspondant à la réso-
nance, dépend beaucoup de la cuve du transformateur, parce que le flux
créé par les harmoniques 3 se ferme à travers la cuve, tandis que le flux
principal se ferme à travers les noyaux du transformateur triphasé. Quand
celui-ci se trouve dans sa cuve de fonte, c„ atteint environ 2 pour la fré-
quence o: Avec le transformateur hors de sa cuve, cp atteint presque le
double.
m Varie linéairement avec la fréquence dans les limites de l'expérience ;
par extrapolation, on trouve que, pour 150 périodes, v,, atteint environ 3
pour le transformateur dans sa cuve et 5 s’il est hors de sa cuve.
Ces valeurs de c„ font prévoir des surtensions importantes des transfor-
mateurs à fer. Enfin, o,, croît avec la puissance du transformateur, et est
d’autant plus élevé que les pertes à vide sont plus faibles.
D’autre part, l’amplitude de l’harmonique 3 atteint jusqu’à 0,3 de la
force électromotrice fondamentale, si l’on fait travailler le fer à des induc-
tions maxima de 15000 gauss.:
Des conclusions pratiques importantes découlent de cette étude :
Dans le cas où les circuits secondaires haute tension du transformateur
triphasé sont associés en étoile et ont leur neutre connecté à la terre, les
circuits du primaire et de l'alternateur associés en étoile, dont une au moins
-est isolée, la résonance des harmoniques de saturation est possible et peut,
avec des transformateurs travaillant à forte saturation, donner des surten-
sions importantes avec les longueurs de câbles usuelles (quelques kilomètres
pour les transformateurs de grande puissance, quelques centaines de mètres
pour les transformateurs de petite puissance de quelques kiloyolts-ampères);
mais l’action des harmoniques 3 est surtout à craindre au moment de l'en-
clenchement ou du déclenchement du disjoncteur. On sait, en effet, que
lorsqu'on ferme un réseau sur le circuit haute tension d’un transforma-
teur, la tension entre phases atteint quelquefois 1,5 à 1,6 fois la tension
normale. Parsuite, pendantun petit laps de temps, le transformateur travaille
en surtension et le circuit magnétique se sature momentanément avec excès;
la force électromotrice de l’harmonique 3 atteint une valeur de 30 à 4o pour
100 de la force électromotrice fondamentale engendrée dans une phase.
nn es rh rE
. . , . , . 0 . ? r-
(1) J'ai fait une expérience schématique en alimentant les trois phases d’un transfo À
i 3 à sari e
- mateur triphasé par un courant monophasé donnant une force électromotric
r ` + pi A ; es
secondaire de même fréquence que l’harmonique 3 des courants triphasés employ
ensuite.
SÉANCE DU 23 AOUT 1920. 433
Étant donné que dans certains cas, en particulier pour des petits transfor-
mateurs de quelques kilovolts-ampères, et pour des tensions égales ou supé-
rieures à 10000 volts, le coefficient de surtension atteint jusqu’à 6 ou 7, on
se rend compte du rôle dangereux de l’harmonique 3 de saturation, au
moment de la manœuvre du disjoncteur.
La surtension de fermeture créant, entre phases, une tension de l’ordre
de 1,5 de la force électromotrice fondamentale normale pourra créer des
tensions égales à 0,3 X 6 ou 0,3 X 7, c’est-à-dire d'environ 2 fois la tension
normale, et qui se superposera à la première de façon à créer, entre masse et
phases, une tension instantanée atteignant et dépassant même (1,5 + 2) soit
3,5 fois la normale; l’harmonique 3 monte pour ainsi dire sur le dos de
l’onde fondamentale, surélevée elle-même par la surtension de fermeture
ou d'ouverture, pour atteindre un potentiel plus élevé qui lui permette de
percer l’isolant, entre masse et phase, à son aise (‘).
p
CHIMIE PHYSIQUE. — Le soufre colloïdal. Note de M. Pavut Bary,
transmise par M. Haller.
On peut obtenir des suspensions de soufre de deux sortes distinctes
qui ont été décrites et étudiées par Berthollet, Selmi, Debus, Engel,
Spring, Maillard, etc. rl ;
lles peuvent se présenter sous forme de liquides d'apparence laiteuse.
Ces liqueurs sont peu stables si le liquide est formé d’eau à peu près pure;
elles peuvent persister quelques semaines si le liquide contient un colloïde
hydrophile tel que gomme arabique, gélatine, etc. ; le dépôt qui se forme
dans tous les cas est du soufre amorphe qui se transforme peu à peu sous la
seule influence du temps en soufre octaédrique. e
La seconde variété de suspension de soufre est formée d’une liqueur
limpide, incolore ou légèrement jaune quand elle est concentrée; par
refroidissement, la liqueur d’abord claire se trouble et prend l’aspect des
Suspensions du premier type; l'effet se produit pour. des abaissements de
température d'autant plus faibles que la solution est plus concentrée. Quand
la température est suffisante, ces liqueurs sont absolument stables, même
Pour des concentrations qui peuvent atteindre 5o pour 100.
Dans le but de rechercher la forme sous laquelle le soufre existe dans ces
(1) Je donnerai plus de détails dans un Mémoire qui paraîtra prochainement dans
un autre recueil. : +
LA
434 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dernières suspensions, j'ai appliqué à ce cas la méthode décrite dans une
Note précédente (') qui permet de déterminer, par la mesure de la viscosité,
la valeur du gonflement des granules de la suspension. J'ai utilisé dans ce
but les résultats des expériences de M. Sven Odèn (°) qui a mesuré la
viscosité de suspensions de soufre de concentrations diverses et à diffé-
rentes températures. ;
Les suspensions employées par M. Sven Odèn contiennent, en outre du soufre
colloïdal, une petite quantité de chlorure de sodium (environ 6 à 8 pour 100 du soufre)
nécessaire à la stabilité.
Le calcul du coefficient de gonflement moyen a n’est naturellement applicable
qu'aux faibles concentrations; quand celle-ci varie de 7,68 à 1,28 pour 100,
le coefficient æ passe de la valeur 1,14 à 0,37 ; aux concentrations intermédiaires,
a décroît régulièrement.
Il ressort de ces résultats que les granules de suspensions de soufre contiennent
d'autant moins d’eau absorbée que la concentration est plus faible; c’est la même
conclusion que celle à laquelle j'étais arrivé précédemment pour les colloïdes hydro-
philes. On doit donc considérer que le soufre rentre dans cette catégorie et que la
diminution du gonflement provient de ce que les granules se subdivisent en granules
de plus en plus petits quand la dilution augmente.
La diminution de grosseur des granules est d’ailleurs confirmée par le fait que
Ja stabilité est d’autant plus grande au refroidissement que la concentration est plus
aible.
Le soufre colloïdal est donc un | corps susceptible d'abadrber l'eau en
quantité parfois assez grande ; cette absorption est favorisée par la présence
dans la solution de sels de métaux monovalents tels que H, K, Na, à faibles
doses, tandis qu’elle est empèchée par l’action des sels de métaux bivalents
Ba, Mg, Ca, etc. qui coagulent les suspensions ; le soufre coagulé ne con-
tient pas ou peu d’eau ; il est opaque et les granules : sont aisément visibles
à l’ultra-microscope, als que dans les suspensions stables de soufre, comme
dans les solutions de colloïdes organiques, les granules ne sont Lie Fe
visibles.
Le soufre des suspensions instables est comparable à un colloïde qui à
été pectisé par les agents de coagulation; sous cette forme, il a tendance
comme le soufre mou à reprendre l’état cristallin.
La différence entre le soufre gonflable et le soufre pois n'est pas seulement due à
une modification allotropique de ce corps ; de même qu’on l’a observé fréquemment
me ere PRE
(1) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1388.
(2) Nova acla Upsala, 4° série, t. 3, n° 4, 1913. t i
SÉANCE DU 23 AOÛT 1920. ` 435
pour l’hydrate ferrique, l’acide tungstique, lacide silicique, etc., le soufre colloïdal
est un acide ou un sel à radical condensé ; dans la préparation de ces suspensions par
l'action de l’hydrogène sulfuré sur l’anhydride sulfureux, le soufre colloïdal obtenu
est un acide polythionique. La dialyse prolongée permet de lui enlever progressivement
une grande quantité d’acide sulfurique en même temps que se déposent des quantités
croissantes de soufre plus ou moins profondément pectisé.
En préparant des suspensions de soufre opaque par l’action rapide du gaz sulfhy-
drique sur une solution faible d'acide sulfureux, j'ai remarqué qu'en obtenait des
suspensions laiteuses relativement stables tant qu'un excès d'hydrogène sulfuré pèr-
sistait dans la solution et qu'il suffisait de faire le vide au-dessus pour coaguler la
totalité du soufre, J'ai constaté également des modifications importantes dans laspect
de la suspension lorsqu'on ajoute avant le passage de l'acide sulfhydrique des quan-
_tités variables de magnésie ou de chaux. On obtient alors des liqueurs plus stables
qui, au lieu d’être blanches, sont bleutées, ou violacées, ou grises, suivant les cas ; la
coloration étant liée sans doute à la grosseur des granules en suspension.
Dans la préparation de suspensions laiteuses de soufre par dilution dans l’eau d’une
solution acétonique de soufre ordinaire, jai observé que des suspensions de faible con-
centration étaient stables tant que l’acétone restait dans la liqueur.
Tous ces faits conduisent à la conclusion suivante :
Le soufre colloïdal susceptible de fournir des solutions aqueuses n’est pas
du soufre pur, mais un composé contenant le soufre à l’état condensé ou
fortement polymérisé ; ces combinaisons de soufre polymérisé sont aisé-
ment dissociables et ne subsistent en milieu aqueux qu’en présence des élé-
ments qui peuvent limiter la décomposition.
Les acides polythioniques donnent des suspensions limpides par £ suite du
gonflement très grand de ces corps dans l’eau ; comme cela a lieu pour la
gélatine, les albuminoïdes, etc., ce sun est empêché ou favorisé,
suivant les cas, par l’action des électrolytes. Quand le gonflement devient
faible, les vraies perdent leur transparence, la liqueur prend l’aspect lai-
teux et elle perd de sa stabilité.
Les acides polysulfhydriques et les polysulfures alcalino-terreux, pré-
parés comme il est dit plus haut, ne sont que faiblement gonflables par-
l’eau et ne fournissent j jamais que des suspensions instables et d’ apparence
laiteuse.
”
CHIMIE VÉGÉTALE, — Extraction des glucosides de deux Orchidées indigènes;
identification de ces glucosides avec la Loroglossine. Note M. P. T i
présentée par M. Em. Bourquelot.
En 1914, MM. Bourquelot et Bridel, ayant ippliquë la née bioch .
mique de recherche des glucosides dédoublables ne l 'émulsine å à 18 rss
L
436 Fe. ACADÉMIE DES SCIENCES.
d’Orchidées indigènes, ont établi que toutes renferment un ou plusieurs de
ces principes (').
En 1919, les mêmes auteurs isolèrent de l’une de ces espèces, le Loro-
glossum hircinum Rich., un glucoside cristallisé, qu’ils nommèrent Loro-
glossine (°).
J'ai étudié quelques-unes des autres espèces qu’ils avaient examinées et jai
pu, jusqu’à présent, isoler de deux d’entre elles : l'Orchis Simia (*) Lam. et
l'Ophrys aranifera Huds., un glucoside, qui a été identifié avec la Loro-
glossine. |
Orchis Simia. — Les recherches, concernant cette espèce, ont été effectuées à partir
d’une teinture alcoolique, préparée en 1914 en traitant 1*8 de plante fraîche par l'al-
cool bouillant aussitôt après la récolte et conservée jusqu’à ces derniers temps.
Cette teinture a été distillée et le résidu de la distillation, filtré après un repos de
24 heures, a été évaporé sous pression réduite. L’extrait obtenu (358) a été repris par
son poids d’eau distillée chaude et la solution additionnée de 10 fois son volume
-d'alcool à go°, ce qui a déterminé la formation d’un précipité assez abondant. Après
repos de 24 heures, la liqueur, filtrée, a été distillée et l’évaporation terminée sous
pression réduite. L’extrait purifié, ainsi obtenu, a été épuisé par l’éther acétique
bouillant à reflux. Le glucoside étant assez peu solide dans ce véhicule, il n’a pas
fallu moins de 8 épuisements successifs, pour chacun desquels il a été employé o!, 500
d’éther acétique. Les liqueurs éthéro-acétiques résultant de ce traitement ont été
filtrées et distillées à sec. Le résidu a été repris par 125% d’eau distillée chaude. La
solution, assez fortement colorée, a été filtrée et épuisée par de l’éther éthylique rectifié
à 65°, qui a enlevé une matière colorante verdâtre ; elle a été ensuite évaporée à sec
sous pression réduite, après quoi le résidu a été dissous dans 100% d’alcool à 99°
bouillant. z
Le liquide alcoolique obtenu présentait encore une coloration brune assez accentuée,
Après repos de 24 heures et filtration, il a été soumis à une série de précipitations
fractionnées par l’éther éthylique. 11 a d’abord laissé déposer des extraits adhérant au
fond des récipients. Après plusieurs décantations, la liqueu ġźthéro-alcoolique clarifiée
a été amorcée au moyen d’un peu de loroglossine provenant du Loroglossum ; il s’est
produit une cristallisation assez importante, Les cristaux obtenus ont été repris à l’ébul-
lition par 40°% d’acétone anhydre. La solution acétonique, séparée des cristaux non
dissous (le glucoside étant assez peu soluble dans l’acétone) et filtrée aussitôt, a ête
amorcée et n’a pas tardé à laisser déposer d’abondantes aiguilles blanches, très légères,
(!) Ém. Bourqueror et M. BRIDEL, Application de la méthode biochimique, à l ‘étude
de plusieurs espèces d'Orchidées indigènes (Journ. Pharm. et Chim., 7° série, t. 10,
1914, p. 14-66). a
(2) Ém. BovrgueLór et M. Bripez, Application de la méthode biochimique à l'étude
de plusieurs espèces d'Orchidées indigènes. Découverte d’un glucoside nouveau, i
Loroglossine (Journ. Pharm. et Chim., 7° série, t. 20, 1919, p. 81-118).
(5) Essai biochimique inédit.
4
SÉANCE DU 23 AOUT 1920. 437
qui ont été recueillies, essorées et séchées à l’air libre. Le produit ainsi obtenu pré-
sentait les caractères suivants :
Point de fusion. — Chauffé en tube capillaire, comparativement avec
la loroglossine, ce glucoside s'est comporté comme cette dernière; les
deux produits ont commencé à se rétracter vers + 130° et ont fondu
vers + 137°-1/40°.
Pouvoir rotatoire. — Le pouvoir rotatoire a été trouvé égal à —41°,43
pour le produit séché à l'air libre (g= 15%, l= 2, p = 08,0724, a= —24').
MM. Bourquelot et Bridel avaient trouvé pour la loroglossine — 42°,97,
après dessiccation à + 110°.
Ce glucoside, comme la loroglossine, est coloré en rouge groseille par
l'acide sulfurique concentré. Il ne réduit pas la liqueur de Fehling. Il est
hydrolysé par l’acide sulfurique dilué et par l’émulsine.
Hydrolyse par l'acide sulfurique. — 5™ de solution glucosidique à 08,4826
pour 100%, additionnés de 5™ d’acide sulfurique à 5 pour 100, ont été
maintenus au bain-marie bouillant en tube scellé pendant 5 heures. Il s’est
séparé un produit rougeâtre, résinoïde, et la solution réduisait nettement la
liqueur cupro-potassique. -
Hydrolyse par lémulsine. — L'hydrolyse par l’émulsine a été réalisée de
même sur une solution à oë, 4826 pour 100°%. Il s’est séparé un précipité
blanc amorphe. Après 9 jours, le liquide présentait une rotation de + 10!
et réduisait la liqueur de Fehling.
. Rappelons que MM. Bourquelot et Bridel ont signalé comme caractéris-
tique de la loroglossine cette propriété de donner, en même temps qu’une
certaine quantité de sucre réducteur, un produit rouge dans l’hydrolyse
par l’acide sulfurique dilué et un précipité blanc dans l’hydrolyse par
l’émulsine (y.
Le produit est donc bien dé la loroglossine.
Ophrys aranifera. — L'opération a porté sur 2*8, roo de cet ophrys,
récoltés en mai 1920, qui ont été soumis à toute la série de manipulations
indiquées ci-dessus. Le glucoside obtenu présentait également les carac-
tères de la loroglossine : point de fusion, pouvoir rotatoire, réaction colorée
avec l’acide sulfurique concentré, hydrolyse par l’acide sulfurique étendu
et par l’émulsine.
Il est donc permis de conclure à l'existence de la loroglossine dans les
deux espèces examinées.
em >
PAPAS MP
(') Bourquezor et Bring, loc. cit.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 8.) à i 34
438 ACADÉMIE DES. SCIENCES.
ZOOLOGIE. — Sur un Cténophore planariforme nouveau, Cœloplana
gonoctena (nov. sp.). Note de M. Armann Kremer, présentée par
M. Yves Delage.
Les Platycténides sont des êtres rares et fort mal connus. On peut dire
que parmi les différents problèmes soulevés il y a 40 ans au moment de la
découverte du premier d’entre eux, par l'originalité de leur organisation,
les plus importants sont restés sans solution décisive.
J'ai découvert en juillet 1916 sur la côte d’Annam un riche gisement
d’une espèce nouvelle appartenant au genre le plus intéressant de ce groupe,
au genre Cæloplana. Je viens de terminer l'étude détaillée de mes récoltes
et j'en résume ici les conclusions.
Ge Gælentéré qui a l'apparence et le port d’une planaire vit sur les colonies encroû-
tantes d’une forme nouvelle d’Alcyonaire (Alcyonium Krempfi Hickson). Pendant la
plus grande partie de l’année, les rapports de ces deux êtres paraissent paisibles, mais
brusquement vers le milieu de l'été le commensalisme de Cæloplana 8 gonoclena se
transforme en un parasitisme redoutable pour le Coralliaire. Je suis porté à croire
qu’une telle modification de régime de la part du Cténophore est en relation avec le
développement de ses gonades femelles.
L'animal rampe avec une grande nonchalance sur sa face orale qui est ciliée et qui
présente en son centre un orifice buccal bien délimité, de forme ovalaire à grand axe
perpendiculaire au plan tentaculaire. Sur sa face aborale qui est dépourvue de toute
ciliation on observe : 1° un organe aboral privé de champs latéraux différenciés mais
muni de son otolithe et flanqué de deux pores latéraux; 2° huit rangées de papilles
saillantes ét érectiles contenant chacune un diverticule de la cavité gastro-vasculaire et
représentant morphologiquement le rudiment de la portion aborale des canaux
méridiens des Cténophores Cydippiens ; 3° huit rangées de petits pores (10 à 15 pores
pour chaque rangée environ) qui sont les orifices externes d'autant de follicules testi-
culaires distribués suivant les branches récurrentes des huit canaux méridiens; 4° aux
deux extrémités distales du grand axe de l'animal, les orifices des gaines des tentacules
caractéristiques des Cténophores.
Cæœloplana gonoctena est complètement dépourvue de palettes. Par contre, suivant
de ces
a
les lignes qu’il faudrait morphologiquement assigner à linsertion en série
organes, s'ils existaient, nous trouvons disposées les huit rangées d’ orifices sexuels
mâles que j'ai déja signalés : le nom spécifique de cette forme nouvelle rappellera ce
rapport que je considère comme remarquable et qui n’a jamais été saisi sur aucun
autre Platycténide.
Pour terminer l'étude de l’extérieur de cet animal, j’ajouterai que les huit rangées de
testicules se fusionnent deux à deux à droite et à gauche des orifices des gaines ten-
taculaires, ainsi que le font d ailleurs quelquefois les rangées de palettes chez les Gté-
nophores pélagiques : il résulte de cette fusion quatre masses testiculaires beaucoup
SÉANCE DU 23 AOUT 1920. 439
plus volumineuses que les autres. Ces quatre testicules de grande taille sont pourvus
chacun d’un canal qui débouche à l'extérieur au sommet d’une grosse papille rigide
‘fortement pigmentée, attirant immédiatemeut l'attention lorsqu'on fait l'examen d’un
mâle à maturité sexuelle.
Tube digestif et cavité gastro-vasculaire. — La bouche conduit dans une vaste
cavité aplatie de forme lenticulaire, qui représente le pharynx des Cténophores ordi-
naires, modifié par l'extrême réduction de son axe oro-aboral et par une expansion
compensatrice de sa surface dans un plan perpendiculaire à cet axe. C’est le véritable
tube digestif de l'animal : il présente, en relief sur sa paroi, et orientés suivant le plan
tentaculaire, de superbes ares ciliés dont j’ai pu étudier la morphologie et le dévelop-
pement. Ces structures sont homologues des organes embryonnaires d'origine endo-
dermique qui par leur concrescence constituent le pharynx des Anthozoaires. J'ai fait
connaître dans une Note précédente (!) l’évolution de ces derniers organes et leur rôle
morphologique essentiel : je les ai désignés sous le nom d'Æntérotoxelles, et j'ai montré
que chacune d’elle était formée par l'assemblage de deux arceaux accouplés, lun oral,
l’autre aboral : nous retrouvons ces Entérotoxelles chez Cæloplana gonoctena. Elles
s’y présentent avec une grande netteté et un beau développement, ce sont les arcs
ciliés du pharynx. Leur constitution, leur évolution et leurs rapports sont tels, que
l’homologie que je viens de présenter s'impose.
Il en résulte une conséquence importante : j'ai montré que les Entérotoxelles, élé-
ments constitutifs du complexe enteroïdo-pharyngien des Anthozoaires, étaient d'ori-
gine endodermique. On est conduit à penser qu’il doît en être de même pour les élé-
ments homologues des Cténophores; cette remarque jette donc un doute grave sur
l'interprétation de l’origine blastodermique du pharynx de ces animaux. Considéré
jusqu'ici, sans preuve rigoureuse et directe d’ailleurs, comme formé aux dépens de
lectoderme, le pharynx des Cténophores paraît donc être comparable, au point de
vue de ses origines, avec celui des Anthozoaires; il doit résulter, lui aussi, d'une diffé-
renciation de l’endoderme archentérique"se produisant chez la larve encore très jeune.
De la cavité pharyngienne, à fonctions exclusivement digestives, on passe dans la
cavité gastro-vasculaire par un étroit orifice en forme de fente allongée dans un plan
perpendiculaire au plan tentaculaire : c’est l’orifice de l’entonnoir. La cavité gastro-
vasculaire, malgré l'apparence troublante de son réseau complexe de canaux, se laisse
ramener au plan fondamental caractéristique de Cténophores pélagiques si l'on s'ins-
pire, dans la recherche des homologies, du dispositif ROUES véalisé chez les Lobés
et chez les Béroés.
De nombreuses rosettes ciliées se trouvent dans lé canaux du réseau : it ne sont
pas développées d’une manière égale chez tous les individus ; j'ai constaté à cet égard,
dans la statistique de leur répartition, d’un échantillon à l’autre, des variations
Curieuses qui restent pour moi inexplicables. Fu
En outre, certaines de ces rosettes présentent une disposition propre des lie inté-
ressantes : elles ne débouchent pas dans la cavité gastro-vasculaire ; bien que consti-
tuées en elles-mêmes comme des rosettes ciliées normales, elles sont recouvertes par
l'épithélium:à hautes cellules qui tapisse les parois de la cavité archentérique, En pré-
(1) Voir Comptes rendus, t. 71, 1920, p. 198.
440 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sence de ces petits organes pourvus d’une cavité close à l’intérieur de laquelle bat une
belle flamme vibratile, il est difficile de s’interdire un rapprochement avec l’ampoule
vibratile excrétrice caractéristique des Vers Plats, avec celle de l'appareil excréteur-
des Némertes en particulier.
L'appareil tentaculaire est bien développé chez Cœloplana gonoctena.
Il est construit comme celui des Cténophores ordinaires. J'ai cependant
à faire connaître et à présenter, à son sujet, des observations et des sugges-
tions nouvelles.
ENTOMOLOGIE ÉCONOMIQUE. — Sur la destruction des Termites par la chloro-
picrine. Note (*) de M. J. Fevrau», présentée par M. P. Marchal.
Le Termite lucifuge (Leucotermes luci fugus Rossi) commet des ravages
dans les édifices en s’attaquant aux planchers, aux boiseries, ainsi qu'aux
-diverses pièces de charpente. Il est difficile de l’y détruire à cause de la dif-
fusion des colonies. Au reste, l'étude de la biologie de cet insecte, pour’
leaner la création de sexuės néoténiques est un jeu, montre que la destruc-
tion n’a d'effets durables que si elle est à peu près complète.
Les vapeurs de chloropicrine ayant déjà donné d'excellents résulte
contre différents insectes (°), j'en ai fait l’essai contre les Termites.
Au cours d'expériences préliminaires, au laboratoire, j'ai traité sous de
grandes cloches de verre des fragments de souches de pin habités par ces
ravageurs. Les résultats s’établissent comme suit :
1° Essais de janvier-février, à une température voisine de 15°: Avec 20" de
chloropicrine par litre, tout est mort avant 2 heures d'exposition; avec 14"*
beaucoup d'individus ont péri dans le même délai et les autres sont paralysés ; avec
98, 3 heures sont nécessaires pour que tous les Termites soient tués ou paralysés
jusqu’au centre des fragments; avec 4®6,5, l'effet toxique, qui a commencé à se
faire sentir dès les premières heures, n’est général qu’au bout d’une demi-journée ;
après 24 heures, tous les insectes ne sont pas morts, mais ceux se vivent sont grave-
ment malades, sans rémission possible,
2 Essais de mai, à 20° environ : avec 16% de chloropicrine par litre, tout est
mort après 3 heures; avec 98, le résultat est le même, sauf pour quelques sujets,
qui sont toutefois atteints de paralysie mortelle; avec 6™s, après 3 heures, la moitié
A D en
(1) Séance du 17 août 1920. ' l
(2) Travaux de M. Gabriel Bertrand, en collaboration avec M™® Rosenblatt,
MM. poer poga et Dassonville (Comptes rendus, t. 168, 1919, p. 742 et 911;
t. 169, 1919, p. 441, 486, 880, 1059, 1428 ; t. 170, 1920, p. 345).
SÉANCE DU 23 AOUT 1920. 441
des sujets sont morts et les autres paralysés ; après 4 heures, les morts sont en ;
majorité; après 6 heures, l’hécatombe est générale; avec 46, 2 heures de traitement
provoquent la paralysie d’une partie des individus et l’intoxication se généralise
par la suite, de telle sorte qu'après 4 heures, tous sont atteints mortellement ;
avec 28, presque tous sont condamnés dans le délai de 6 heures, même au fond des
galeries; après 12 heures, tous sont irrémédiablement perdus.
Mes essais de laboratoire établissent donc la grande efficacité des vapeurs
de chloropicrine. Par une température de 20°, 2™8 par litre seraient suffi-
sants avec 12 heures d'exposition, et 5"$ avec 6 heures, pour obtenir une
mortalité générale parmi les Termites, soit en liberté sous la cloche, soit
à l’intérieur de fragments de bois de 10°" d'épaisseur. A cette tempéra-
ture, les vapeurs se répandent assez vite jusque dans la profondeur à
partir d’un ou plusieurs orifices de galeries.
L'analyse de ces diverses expériences permet aussi de se rendre compte
du mode d'action de la chloropicrine. Son effet sur les Termites se mani-
feste tout d’abord par une inquiétude, une agitation, une poussée vers le
dehors, qui expliquent l’accumulation des morts et des mourants au-dessous
des fragments de bois et la cohue qui règne dans les galeries, dont certains
carrefours ou couloirs sont encombrés par l’entassement des corps.
L’intoxication ne tarde pas en effet à briser l'élan des fuyards; leur
marche devient incoordonnée, ils chancellent, puis se renversent sur le dos,
agitant leurs appendices et incapables de reprendre pied même si on les
remet en attitude normale. Ils sont désormais dans un état de paralysie
durable, agités par moment de convulsions, de frémissements dès membres
locomoteurs et des antennes. Cet état morbide aboutit directement à la
mort si l’action des vapeurs se prolonge quelques heures; sinon, il dure
plusieurs jours. Jamais j je ne l’ai vu s’améliorer avec retour à la santé; je
considère donc la paralysie qui se déclare comme toujours fatale.
Pour anéantir une colonie de Termites lucifuges, il ne serait donc pas
indispensable d'obtenir au cours même du traitement la mort de tous les
individus, pourvu que l’on obtienne leur paralysie. Toutefois, pour avoir
un effet se sûr et pour parer aux difficultés de pénétration, qui aug-
mentent en raison de l'épaisseur du bois, je cherche dans la pratique à me
rapprocher le plus possible des conditions de doses et de temps qui assurent
sous cloche la mort immédiate. C’est ainsi que, dans mes essais sur les
' souches recouvertes d’une toile imperméable et sur des fragments de solives
enfermés dans un petit local, j'ai pris comme base minima une exposition
de 12 heures dans une atmosphère contenant 10° de chloropicrine par
litre; le résultat fut excellent dans ces conditions.
442 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La première application pratique de la méthode eut lieu, au début de
juillet, dans une villa de Saint-Jean-de-Luz, comprenant un rez-de-ehaus-
sée et deux étages. |
Le résultat des opérations (injections et pulvérisations de chloropicrine
après enlèvement ou décollement de plinthes ou de planches des parquets)
fut l'extinction de la grosse colonie qui minait la villa. Après 16 heures
d'exposition aux vapeurs de chloropicrine (155 par mètre cube), les solives
du rez-de-chaussée, qui contenaient la masse principale avec plus de
100 femelles néoténiques et d'énormes réserves d'œufs et de jeunes, en ont été
débarrassées. ll fut possible de contrôler le fait, tant sur des solives en place
que sur deux gros fragments témoins posés sur des plats à 1® de hauteur
dans l’une et l’autre pièces. Comme sous les cloches du laboratoire, je
constatai l'accumulation sur le support des Termites sortisen masse et l’en-
tassement des autres dans les galeries du bois.
Le résultat fut le même partout où nous avions fait agir les vapeurs de
chloropicrine. |
Il n’est donc pas téméraire de fonder de grandes espérances sur l'emploi
de ce produit pour la désinfection des maisons termitées. Sous réserve de
l'usage du masque pendant la mise en train et de l’apposition de papier sur
les joints des ouvertures, le procédé est commode et sans danger.
Il est bien entendu que, les vieilles colonies occupant dans les maisons
des trajets souvent fort complexes, la cure rationnelle exige une étude préa-
lable et comporte un ensemble de mesures adaptées à chaque cas particulier.
BACTÉRIOLOGIE. — Sur Coccobacillus insectorum Hollande et Vernier (‘).
Note de M. A. Paror, présentée par M. P. Marchal.
Dans une Note récente (°), sur Coccobacillus insectorum, Hollande et
Vernier ont émis, sur la systématique des microbes entomophytes, une
opinion qu'il ne nous est pas possible de partager. « La plupart des carac-
tères culturaux que nous venons de signaler pour le coccobacille de
Malacosoma castrensis, disent-ils, se retrouvent chez les coccobacilles
qui ont été décrits chez les Insectes », et ils groupent ces coccobacilles sous
un même nom pour en faire une espèce unique; dans la diagnose de
C. insectorum, l'unique espèce qui, d’après eux, engloberait tous les
coccobacilles décrits, on remarque les caractères suivants : production
M dede
(1) Séance du 17 août 1920.
(?) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 206.
SÉANCE DU 23 AOUT 1920. 443
plus ou moins accentuée de pigment fluorescent, liquéfaction de la gélatine,
protéolyse du sérum de cheval gélifié. Or, parmi les coccobacilles que
nous avons isolés au cours de ces dernières années, seul le B. pieris
fluorescens possède les caractères culturaux de C. insectorum; c’est le seul,
en effet, qui produise en culture à l'air un pigment vert fluorescent.
Parmi les autres, un certain nombre liquéfient la gélatine et protéolysent
le sérum de cheval coagulé, mais un non moins grand nombre aussi
jouissent de propriétés contraires. Ces derniers, comme d’ailleurs tous
ceux qui ne produisent pas de pigment fluorescent, ne peuvent être consi-
dérés comme des variétés de l’espèce créée par Hollande et Vernier. La
question de la systématique des coccobacilles entomophytes est donc loin
d’avoir été résolue par ces deux auteurs et, logiquement, elle ne pouvait
l'être maintenant, en raison de l'insuffisance de nos connaissances sur les
microbes parasites des Insectes. Nous croyons, d’ailleurs, que le seul
examen des caractères culturaux ne suffit pas pour établir une bonne
classification de ces microbes, et qu'il est indispensable de tenir compte
des caractères dus à leur vie parasitaire.
Nous relèverons, dans la dernière partie de la Note de Hollande et Ver-
nier, une interprétation inexacte que le texte de la Note de ces auteurs ten-
drait à nous faire partager : « On pourrait même, disent-ils, être tenté
d'admettre, comme le suggère Paillot, que les principaux représentants de
Goccobacillus insectorum ne sont que dèi mutants d’un bacille commun dans
les eaux, le B. fluorescens lique faciens Flügge. » Or nous n'avons jamais fait
une telle suggestion, au moins sous cette forme ; nous avons dit, en décri-
vant B. pueris fluorescens : « Ces propriétés de culture rapprochent le coc-
cobacille des chenilles de Piéride, d’une espèce saprophyte très répandue
dans la nature et qu'on retrouve souvent dans l’eau, l'air et les couches
supérieures du sol : B. fluorescens lique faciens Flügge. » Mais le rapproche-
ment que nous avons fait n’intéressait qu'une seule des espèces microbiennes
de Pieris brassicæ ; les quatre autres coccobacilles décrits n’ont rien de
Commun, en effet, avec B. fluorescens liquefaciens, non plus qr ceux du
Hanneton, de Lymantria dispar, etc.
La séance est levée à 16 heures.
444 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES DE JUIN 1920.
Théorie des hélices propulsives marines et aériennes et des avions en vol fe
par A. RarTeau. Paris, Gauthier-Villars, 1920; 1 vol. 24,5. (Présenté par M. Rateau.)
Notes ptér itotopijúk par le prince BONAPARTE. Fastisule IX. Paris, chez lau-
teur, 1920; 1 fasc. 22,5, (Présenté par Ms" le prince Bonaparte.)
Notice sur M. Jean Résal, par MM. Corson, Sésourné et Piceaun. Extrait des Annales
des Ponts et Chaussées, 1920. Paris, A. Dumas, 1920; 1 fasc. 24°m,5.
Bulletin des services de la Carte géologique de la France et des topographies
souterraines : Études sur le Plateau Central, par L. pe Launay. Paris et Liége,
Ch. Béranger, 1919; 1 fasc, 24%. (Présenté par M. de Launay.)
L'aluminium et ses alliages, par C. GRARD. Nancy-Paris-Strasbourg, Berger-
Levrault, 1920; 1 vol. 24,5. (Présenté par M. Charpy.)
La molécule chimique, par R. Lesrrau. Paris, Félix Alcan, 1920; 1 vol. 19°". (Pré-
senté par M. À. Haller.)
Pieux et AN ae par EDOUARD Noë et Louis Troca. Paris, Gauthier-Villars, 1920;
1 vol. 24cm,
La mort et son mystère, par CAMILLE FLAMMARION. Paris, Ernest Flammarion, 1920;
1 vol. 19°. |
ne phosphates, potasse, par R. be Bonaxp. Paris, Ch. Béranger, 1920;
vök a4% 5
Tables of the motion of the Moon, par Ernest W. Brown et Henry B. HEDRICK.
New Haren, Yale University Press, 1919; 3 vol. 44°"
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 50 AOUT 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Hewri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. A. Lacroix offre à l’Académie une brochure : Les industries minérales
non métallifères à Madagascar, dans laquelle sont étudiés les gisements de
graphite, de mica, de corindon, de minéraux de radium, uranium, cérium,
zirconium et titane exploités dans la Grande Île.
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur une liaison arithmétique entre les formes
quadratiques ternaires réelles et les formes d'Hermite indéfinies. Note (')
de M. G. Humserr.
1. Obj& de la Note. — La formule principale (8) de ma Note précé-
dente (*), exprimant laire du domaine fondamental lié aux automor-
phies de la forme gzz, — DyY,, dans le corps (ou l’anneau) iyP, a été
établie par des considérations empruntées exclusivement à la théorie des
formes d'Hermite. Je voudrais, cette fois, la rattacher à une autre, que j'ai
publiée antérieurement (è), et qui appartient à la théorie des formes
Quadratiques ternaires indéfinies.
Rappelons d’abord quelques résultats connus (‘).
2. Groupe automorphe lié aux substitutions semblables de Dx?— y? — P 2°.
(1) Séance du 23 août 1920.
(*) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 377.
(*) Comptes rendus, t. 167, 1918, p. 187.
(+) Fricke et KLEIN, Fonctions automorphes, t. 1, p. 533; voir aussi FRICEE, Math,
Annalen. 1. 38, p- 90;
35
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 131, N° 9.)
446 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Soit © la forme ternaire De? — y? — P=°, où l’on supposera P et D
positifs, impairs, premiers entre eux et sans diviseurs carrés autres que 1.
Au point +, y, z, non extérieur à la conique (C), d’équation
Dx— y?— Po,
faisons correspondre, dans le demi-plan analytique le point { = & + ïn,
défini par
$ Dax’ yA pi 7
(1) Élu qe A (n20).
æ VD zyP (æyÿD—2VP}
Des travaux de Poincaré et de ceux de M. Fricke, résulte ceci : il existe
un groupe automorphe, F, à coefficients réels, qui, si on lui adjoint la
symétrie par rapport à l'axe On (c'est-à-dire l'opération © = — Cs), donne
un groupe étendu T, tel que, quand +, y, z subit une substitution linéaire,
de déterminant +1, n’altérant pas la forme ©, le point correspondant ©
éprouve une opération de T, et réciproquement.
Un domaine fondamental, ®, de F peut être choisi symétrique par rapport
à On ; pour T, le domaine sera la moitié, ©, de ®, située à droite de On, et,
quand le point £, y reste dans @, le point x, y, z correspondant reste dans
ce que j'ai appelé le domaine V de Poincaré.
3. Relation entre les aires (non euclidiennes) de V et de ®. — Dans la Note
de 1918 mentionnée plus haut, jai nommé aire non euclidienne du
domaine V, 2e rapport à la conique © = o, et désigné aussi par V, la
quantité
l'intégrale double s'étendant au domaine V, eto(1, y, =) étant D — y? —P 2°.
Si, dans l'intégrale, on passe des variables y, z aux Ë, n, en posant,
conformément à (1),
Eee 4 CE = VD+:vP
RS E
VD — z P D ay E
on trouve, en observant que $, n décrit ®, quand (1, y, =) décrit V,
(3) - He v= i SE,
D
Or dé dny : n° est Pélément d'aire dans le demi-plan ; (3) exprime donc que
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 447
les aires (non euclidiennes) de V et de ® sont les mêmes, et l’on a dès lors
(4) Vs:
® est ici laire du domaine fondamental du groupe automorphe T, et a
aussi l'expression (n — 2)7 — Xw, où z désigne le nombre des côtés du
domaine @ et Xw la somme de ses angles euclidiens.
Mais, en appliquant aux formes ternaires indéfinies les raisonnements
faits par Stephen Smith pour les formes définies, j'ai obtenu (‘) uné for-
mule qui, dans le cas de la forme &, et à cause des hypothèses initiales (°)
sur P et D, donne
os R Ie (SN e]
Au second membre, à et & désignent respectivement les facteurs pre-
miers impairs (> 1) de D et de P; # et Z sont les nombres respectifs de ces
facteurs; E, enfin, est l’unite :
P —1
s FOBNTD RIT +
(6) e=(3) (p)=0 09? Coe 7,
Dès lors, en remplaçant V, dans (4), par sa valeur (5), on aura celle
de ®. Mais nous allons voir que, de cette expression de ®, on peut déduire
la formule (8) de notre dernière Note, ce qui mettra en évidence la liaison
intume entre les deux théories.
A. Sous-groupe principal du groupe F. — Plaçons-nous d’abord, pour
préciser, dans un cas particulier, en supposant P = D = 1 (mod4).
M. Fricke (°) a donné, dans le cas général, Yexpression des substitutions
de T; parmi elles, figurent celles d’un sous-groupe, (y), dit principal, et qui
sont les :
wi
2 (a+ 8VPD) ++ 2 (VP+5VD)
(7) s = - ;
1(aVD— yVP)2 + + (a — ByPD)
N e: Ë ai 7 r ! ,
% -.., 0 étant des entiers ordinaires, de méme parité, tels que le détermi-
nant de (7) soit +r.
a
(+) Note de 1918. : ;
(*) En vertu de ces hypothèses, les formes ternaires, de mêmes invariants et du
mème genre que ọ, appartiennent à une seule classe (théorème d'Arn. Meyer).
(°) Fonctions automorphes, t. 1, p. 533-537.
448 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si P=D=1(mod4), x, ..., à sont nécessairement tous pairs; dès lors,
avec des notations différentes, on peut dire que (y)est formé par les substi-
tutions de coefficients
(8) p—sÿPD —gyÿP —ryD
gVP=rVD p+sVPD
_P» 4 Tr, $ étant des entiers ordinaires, liés uniquement par
(9) p°+Pqg—D(r?+ Ps) —1.
Quel est maintenant l'indice du sous-groupe principal (y) dans le
groupe l’? D’après MM. Fricke et Klein (loc. cit., p. 538), ce serait 2°"!
(k et l'ayant la signification indiquée plus haut), si l’on pouvait démontrer
la solubilité en nombres entiers x, y, z, i, de chacune des deux équations
définies comme suit: on décompose P et D en deux facteurs (entiers > 0)
d’une manière quelconque P = p, pa; D — d,d,; les deux équations en
question sont respectivement
(10) P1d32?— pad:Y? + pidi? — pid = 4,
(11) Pi æ?— pad Y?+ pad; 5 — pidat = 2,
avec la condition que x, y, =, t, dans la premiére, doivent être de même
parité. Et la solubilité de (10), de même que celle de (11), doit avoir lieu
pour tous les systèmes de valeurs possibles des p; et d;.
[n’y a aucune difficulté pour la solubilité de (10) par des x, y, z, t, tous
pairs : nous avons en effet démontré, dans une Note précédente ('), que, si
o(x, z) désigne une forme quadratique positive, proprement primitive, de
PACS P, la forme quaternaire d,@(x,:)—d,o(t,y) peut repré-
senter 1, el, en prenant pour © la forme PT + Pa + on a précisément la
proposition à établir.
Passant maintenant à (11), on remplacera æ et z par ax et yæ (a et y
entiers indéterminés), et il suffira d'établir la solubilité en +, y, t, de
(12) dı (p12 + p:Ÿ jst — pad: y? — Burzy.
Le premier membre de (12) est une forme ternaire indéfinie, — f, réci-
proque d’une forme analogue, f, dont les invarrants Q et A sont
(13) A= dz; Q =— pı padi (Ppi + p:%*):
Si A et Q sont impairs et premiers entre eux, toutes les formes du même
RER EE E O |
(1) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 287.
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 449
genre que f équivalent à #; il résulte alors d’une proposition que j'ai donnée
antérieurement (') que f représentera — 2 si, pour tout diviseur premier,
w,, de A, c’est-à-dire de d}, on a
HAE — À pie ie ;
A EENS T A 6);
Tout revient donc, en vertu des hypothèses faites sur P et A, à montrer
qu'on peut choisir «& et y de manière que p,a«? + pay? soit impair, premier
à d.. ME Epy . ha Héd ,
a d,, et que | ————" ) soit, pour chaque w;, une unite donnée, €;.
W;
Supposons, pour fixer les idées, d, = w, w, ©; ; on prendra rt
A — Li 69 0)3 + Lo 03 04 + L3 O5 5 y = 10:03 + Ya 030) + Y30102;
et l’on devra d’abord choisir les entiers &;, y;, de manière à vérifier
k Eeti) FAR
6);
Cela est manifestement possible, la forme p,x° + p,s5° pouvant repré-
senter des entiers de tout caractère quadratique par rapport à un entier
premier, w, non diviseur de p, p».
Les æ;, y; étant ainsi choisis, p, 4° + p, y? sera premier à w,w,6,, et on le
rendra impair, si c’est nécessaire, en changeant « en g + d..
La conclusion est que (11) et (10) sont solubles, et que dès lors (y) est
sous-groupe de I, d'indice 2+#1,
9. Liaison avec les formes d’Hermite. — Nous avons appelé g le groupe
formé par les substitutions | :
(14) : FETE A E Dv
v + do
où À, y sont des entiers du corps (ou de l'anneau) 4 P, liés par
Àk — Dwi.
Soit |
À —p+ qiVP; y = r + siÿP;
posons
-> $
aux substitutions (14) sur Ÿ, répondent, sur z, les substitutions (8) du sous-
şroupe principal (y) : les groupes g et (y) sont donc transformés linéaires
? A i LL . x 7 ER
l’un de l’auire, et, dès lors, les aires non euclidiennes de leurs domaines
(') Comptes rendus, t. 167, 1918, p. 20.
450 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fondamentaux sont les mêmes, chacune de ces aires étant définie, si l’on
veut, par l'expression (n — 2)r — Xow.
Or l'aire du domaine de (y), sous-groupe d'indice 24+! de F', est 247+! fois
l'aire ® du domaine de T; celle du domaine @ de g a été déve par &
(Note précédente); on a donc, par (4)et (5), et en obser vant-que E est égal
à + 1, en vertu de P =D = 1: (mod 4),
Zaa 3 IT (8)e)
ce qui est précisément la formule (8) de la Note précédente, démontrée
ainsi par la théorie des formes ternaires.
6. Autres cas. — Nous avons supposé P == D = ı (mod 4); pour
P=3(mod4) et D impair, les mêmes raisonnements s'appliquent sans
modification, P et D étant toujours rai premiers entre eux et sans
diviseurs carrés.
Reste donc, pour P et D impairs, le cas de P=1, D= 3 (mod 4); la
théorie précédente subsiste avec les changements suivants.
Le groupe principal ty), de F, toujours défini par (7), contient des
substitutions où «, Br, à sont tous pairs, d’autres où {ous sont impairs : : les
- premières forment un groupe (y, ) qui est le transformé linéaire de g, et qui
est sous-groupe d'indice trois de (y). Quant à (y), il est véiiotts sous-
groupe de T, d'indice 277I, On en condat O23 1U, où O pet Wu:
jours 2V, et comme cette fois, par (6), E est — 1, on a, en vertu de (5),
Baak A zo 15 Er
ce qui redonne la formule LLO:
Il est à observer que l'expression de A, obtenue dans la Note précédente,
suppose simplement P et D sans diviseur commun impair (1), D non
multiple de 4 et P sans facteur carré autre que 1; elle s'applique donc à
des cas que n’atteint pas la théorie des formes ternaires, telle du moins que
nous l’avons employée (").
(*) Errata aux Contptes rendus, t- 170 et 171 É
Tome 170, page 484, ligne 23, au lieu de iy Ps, lire iyP yi; p age 544, ligne 4 en
remontant, au lieu de à un idéal I, lire aux idéaux I-; page 546, ligne 10 et 11; au
lieu de du corps, lire de l'anneau; page 546, ligne 5 en remontant, au lieu de idéaux,
lire idéaux de Panneau.
Tome 17t, page 289, ligne 8, au lieu de u§, lire y; page 293, ligne 16, au lieu
de (x +iy)(z+it), lire (x+ iy): (z+ it). ;
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 451
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur la reconnaissance dans les étoiles des couches
successives de leur atmosphere, et des variations périodiques de ces couches.
Note de M. H. Desranpres.
T. Les étoiles sont pour nous de simples points lumineux, qui, vus dans
une lunette même très grande, ne montrent aucun détail. Il semble a priori:
impossible de reconnaître et d'étudier les couches successives de leur atmo-
sphère.
L'analyse spectrale, déjà si féconde dans ses applications astronomiques,
permet d’aborder et de résoudre ce nouveau problème. Il se trouve que
certaines raies du spectre stellaire, bien nettes et distinctes avec une dis-
persion suffisante, correspondent à des couches différentes de l’atmosphère;
on peut ainsi, sur l'épreuve photographique du spectre, comparer les
couches entre elles et à la lumière de la surface ou photosphère. Jai signalé
le fait en juillet 1892 dans la lumière générale du Soleil, et aussi son appli-
cation aux étoiles, et j'ai développé ensuite la question dans plusieurs
Notes successives en 1893, 1894, 1910 et 1912 (').
La lumière générale du Soleil est celle que nous enverrait le Soleil, s’il
était aussi éloigné de nous que les étoiles; on obtient son spectre en dirigeant
un spectroscope quelconque sur le Soleil sans l'intermédiaire d’une len-
tille, de manière que tous les points de l’astre concourent à la formation.
Le dispositif à employer est très simple et est à la portée de tout le monde.
Lorsque la dispersion est assez forte (pouvoir de résolution environ 40000),
On aperçoit au milieu des larges raies noires H et K, attribuées au calcium
et les plus larges du spectre total, une raie brillante renversée, faiblement
brillante mais nette. ds
Pour la simplicité, dans ce qui va suivre, il sera question seulement de
la raie K, l’autre raie H ayant exactement les mêmes particularités. En
fait, la raie K du calcium offre trois raies superposées, de largeur décrois-
Sante, à savoir : la large raie noire ou relativement noire appelée K,, la
raie brillante double appelée K,, et la petite raie noire centrale appelée K,,
qui sont émises respectivement par la conche basse, la couche moyenne et
la couche supérieure de l'atmosphère solaire ou chromosphère.
a a
(') Comptes rendus, t. 115, 1892, p. 22; t. 116, 1895, p. 238; t 119, 1894; p- 457;
t. 151, 1910, p. 416; t. 154, 1912, p: 1321, et Annales de Meudon, t. 4, 1910, p. 104
à 108. | :
452 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On peut, avec un microphotomètre, mesurer les intensités des trois raies
précédentes (‘),et en même temps l'intensité d’une petite portion, toujours
la même, du spectre continu voisin; et comme le spectre continu est émis
par la surface, on a ainsi les variations, au moins relatives, de quatre
couches superposées, variations qui sont en accord avec la période solaire
de 11 ans +. Même les écarts par rapport à la valeur moyenne doivent être
plus grands avec les couches de l’atmosphère qu'avec la surface, et il est
plus facile avec elles de distinguer la période. On conçoit que la même
méthode, appliquée aux étoiles du type solaire ou d’un type voisin, puisse
déceler la période encore inconnue qui leur est propre, et d’une manière
générale, déterminer les rapports d'intensité entre les couches, rapports
assurément variables d’une étoile à l’autre.
Le Soleil est la seule étoile dont nous pouvons étudier séparément toutes
les parties; et sa reconnaissance complète est la base de toutes les recherches,
de toutes les déductions relatives aux atmosphères des autres étoiles. Sa
division en quatre couches, exposée ci-dessus, est le résultat d’une longue
étude poursuivie sur tous les points de l'astre, et en particulier sur les
points voisins du bord de chaque côté. On a objecté que la surface ne peut
être séparée de l'atmosphère, si, comme il est possible, le Soleil entier est
constitué par des gaz. Mais la surface est en réalité un fait d'expérience;
elle est la surface de discontinuité qui apparaît au bord, limitée d’une façon
bien nette et tranchée. La discontinuité est due à une cause physique, ou,
comme le supposent Schmidt et Julius, à une cause optique; en tout cas,
elle est aussi nette que possible; à l’intérieur du bord on a un spectre
continu très intense, et à l’extérieur un spectre continu beaucoup plus
faible. J'appelle atmosphere tout ce qui est extérieur au bord et en dehors
de la surface de discontinuité. 3
La division de l'atmosphère ou chromosphère en trois couches distinctes
a été reconnue de la façon suivante : en février 1892, j’annonce que la
raie K, du calcium est très brillante et même double et renversée sur les
facules de la surface; au même moment, Hale présentait le même résultat
sans signaler le renversement et obtient la première image des vapeurs K,
avec le spectrohéliographe. En juillet 1892, je retrouve dans la lumière
générale du Soleil la même raie K, double encore, mais faiblement bril-
RÉ
(+) Les raies dites noires sont en effet noires par contraste et ont un certain éclat.
Le microphotomètre est à employer aussi avec les étoiles qui n’ont pas de raies bril-
lantes; on mesuré les rapports d’éclat et les variations de ces rapports entre les rates
noires seules.
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 453
lante; et, quelques mois après, je reconnais la présence constante de cette
raie K,, toujours double et faiblement brillante, sur tous les points de
lastre. La formation de la raie K, de la lumière générale est alors bien
éclaircie; elle est la résultante, la moyenne de toutes les raies similaires
émises sur le disque entier. Mais on peut affirmer que les vapeurs corres-
pondantes sont bien dans l'atmosphère au-dessus de la surface; car les deux
composantes brillantes de K, traversent le bord sans offrir aucune solution
de continuité; les composantes extérieures au bord prolongent sans modifi-
cation les composantes intérieures, et elles s'élèvent au delà du bord à la
hauteur moyenne de 5” d’arc. Cette propriété, signalée par moi en 1894,
est un critérium qui permet de décider sur la position des vapeurs dans le
Soleil ('); elle est présentée aussi par la raie K, qui s'élève dans latmo-
Sphère jusqu’à 10” d'arc. Quant à la raie K,, elle n’a pas de saillie visible
au delà du bord, au moins avec les images du Soleil relativement petites
employées d'ordinaire, mais elle apparaît brillante et forte dans le spectre
éclair des éclipses, qui se rapporte à la couche basse de l'atmosphère, haute
de 1” d'arc, appelée aussi couche renversante. Finalement, les trois raies K,,
K., K, de la lumière générale représentent bien trois couches distinctes
sSuperposées, au-dessus de la surface (°).
Les résultats précédents ont été obtenus avec des spectrographes en bois
d’un modèle simple, sans l'emploi de spectrohéliographes et de spectro-
enregistreurs de vitesses automatiques. Cette remarque s'adresse surtout
aux jeunes astronomes qui se plaignent souvent de ne pas avoir de grands
instruments et les moyens d'investigation les plus parfaits. Il y a encore
beaucoup à faire avec les petits instruments de nos observatoires; et je
citerai à l’appui les belles recherches de Nordmann sur la température des
étoiles.
PEU OR
(*) D'autres preuves ont été aussi présentées à l'appui. A la même époque, Hale
plaçait les vapeurs K, au-dessous de la surface.
(*) Actuellement, les trois couches K,, Ka, K, sont photographiées chaque jour
à Meudon avec le spectrohéliographe; on peut juxtaposer aux trois images les trois
raies de la lumière générale, qui en représentent l'intensité moyenne. Mais, sur un
Point, le spectrohéliographe est en défaut: il a une seconde fente de largeur constante,
alors que la raie K, ou K, à isoler a une largeur variable; ce que l’on constate sur les
épreuves du spectroenregistreur des vitesses, faites aussi chaque jour à Meudon. En
Particulier, les deux composantes K, sont au bord plus fortes et plus écartées qu'au
centre. L'image de la vapeur correspondante doit donc être plus brillante au bord
qu’au centre: or l’image K, du spectrohéliographe a, en général, un éclat uniforme du
fond Sur tout le disque. Il en est de même avec l'image K;. L'intensité plus grande au
bord est à prévoir avec un gaz lumineux compris entre deux sphères concentriques.
454 ACADÉMIE DES SCIENCES. `
I. Le Soleil est donc une étoile à raies brillantes; et c'est en ces termes
que la découverte de la raie d'émission K, dans la lumière générale a été
présentée en 1892 par les écrivains anglais. On connaissait alors très peu
d'étoiles à raies brillantes ; depuis, leur nombre a augmenté, et Pickering,
dans un Tome récent des Annales d'Harvard, V'évaluait à 750; mais le
Soleil et les étoiles semblables (type G), telles que Capella, ne sont pas
compris dans sa liste. C’est que les appareils spectraux d'Harvard, employés
pour la reconnaissance générale, ont une dispersion relativement faible; ils
sont insuffisants pour la lumière générale du Soleil. Il reste donc beaucoup
à faire dans cette direction.
Avec le Soleil, une dipersion assez grande est nécessaire, parce que la
raie brillante K, est faible et doit se détacher sur un fond continu. Mais des
étoiles voisines peuvent avoir un rayonnement plus intense de leur chro-
mosphère moyenne, et j'ai pensé à l’étoile Arcturus, dont les raies noires H
et K sont plus larges que dans le Soleil, et qui a un spectre semblable à
celui des taches. La raie K, a été recherchée dans Arcturus avant la guerre
avec la grande lunette de Meudon, mais l'étoile est beaucoup moins bril-
lante dans le violet que dans le rouge, et l’astronome n’a pas poussé l'étude
assez loin; le résultat a été nul. à
Plus tard, en 1917, Schuarzschild et Eberhard ont pu photographier la
raie K, d’Arcturus avec une chambre prismatique de dispersion plutôt
faible; la raie est plus forte que dans le Soleil. En 1920, l’astronome assis-
tant Burson l'a retrouvée facilement avec la grande lunette de Meudon
dont il a la charge, el même il a découvert d’autres étoiles ayant la même
propriété, Les résultats seront présentés très prochainement par l'auteur
qui porte actuellement son effort sur la nouvelle étoile du Cygne.
La couche moyenne de la chromosphère s'annonce comme plus brillante
dans Arcturus que dans le Soleil, au moins pour un œil sensible au violet
seul. L’étude de ces raies chr phériques sera poursuivie à Meudon à la
fois avec le spectrographe à fente et le prisme objectif; car il importe de
reconnaître les périodes de plusieurs étoiles pour les comparer à la période
solaire. ue
Il importe aussi de compléter l’œuvre de Pickering; les 7950 étoiles à
raies brillantes, signalées par lui, appartiennent surtout aux premiers
types P, O, B, A et aux derniers types M et N de la classification d'Har-
vard; les types intermédiaires F, G qui comprend le Soleil, K qui com;
prend Arcturus, sont à peine représentés et les raies brillantes signalées
sont surtout les raies de l'hydrogène. Il y a une lacune à combler. Il faut
suivre pas à pas l’évolution des couches moyennes et supérieures de la chro-
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 455
mosphère dans les étoiles successives, et l'accroissement progressif du
calcium qui arrive à dominer l’hydrogène.
IE. L’illumination de la 'chromosphère solaire a été notée, en 1893,
comme ayant sûrement une origine électrique, et le phénomène a été rap-
proché de l’électricité atmosphérique terrestre. Sur la Terre, la surface a
une charge négative, et les couches d’air, à une certaine hauteur, sont posi-
tives. On admet généralement que le Soleil offre une succession analogue
de couches ionisées ; en particulier la couche moyenne K, de la chromo-
sphère solaire serait positive.
Or l’origine de l'électricité atmosphérique terrestre est éclairée d’un
jour nouveau par les recherches de Kohlhôrster sur l’ionisatior des gaz en
vase clos à des hauteurs différentes dans l’atmosphère, jusqu’à 9000", On
est conduit à admettre une radiation, émise par la Terre, analogue à la
radiation y du radium, mais beaucoup plus pénétrante, et une radiation de
même nature, émanée du Soleil, qui agit sur les couches supérieures de
notre atmosphère, La chromosphère solaire doit aussi subir les effets de
rayonnements semblables, et son noyau doit contenir des corps radioactifs;
ce qui est en accord avec la présence de l’hélium en quantité notable.
IV, J'ai rapproché aussi, en 1892, le Soleil de l’étoile nouvelle apparue
la même année dans la constellation du Cocher; le Soleil offre, avec les
raies K,, K, et K,, mais en très petit, le phénomène de la nouvelle étoile.
J’ai repris la question en 1912, en montrant les points faibles de l'explica-
tion ordinaire du phénomène; il est attribué au rapprochement de deux
corps célestes. Mais les faits s'expliquent mieux avec un astre unique, qui
est le siège d'énormes éruptions volcaniques ; et ces éruptions peuvent être
rapportées à des corps radioactifs, qui sont contenus dans le noyau, et
accroissent peu à peu la température (!). |
Le rapprochement avec le Soleil n’a pas été compris par tous, et je dois
préciser plusieurs points. Les raies K, et K, de la lumière générale ont les
Particularités suivantes : la raie K, est un peu déplacée vers le rouge, ce
qui annonce une descente générale de la vapeur; d'autre part, la raie K,
(*) Ces corps radioactifs, supposés semblables au radium, sont projetés hors du
noyau par l'explosion, et se répandent dans l'espace extérieur. Là ils poursuivent la
transformation qui leur est propre, en dégageant des gaz tels que l’hélium; ils 10n1sent
et illuminent l'atmosphère qui les entoure. On peut expliquer par eux les dernières
phases du phénomène, à savoir : la transformation en nébuleuse, et ensuite en étoile
Wolf-Rayet, Dans cet ordre d'idées, le nébulium, et d’autres gaz encore inconnus,
seraient un produit de leurs décompositions successives. Lou
456 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est un peu déplacée vers le violet et, par suite, ses deux composantes ont
une largeur inégale. Si l’on se reporte au disque solaire, les points ordinaires
ont les mêmes déplacements de K, et K,, plus ou moins accentués suivant
les cas. Mais, là où se trouvent un filament de la couche supérieure ou une
facule, les déplacements sont inverses ; sur le filament, la raie K, est portée
vers le violet, et parfois très fortement ; sur la facule, les raies K, et K, sont
déplacées vers le rouge, les deux composantes de K, étant fortes et égales.
` En fait, pour les déplacements, il y a antagonisme entre les points
ordinaires de l'astre d’une part, entre les filaments et facules d’autre part;
et l’on s'explique les aspects divers des composantes K, dans la lumière
générale ; le rapport de leurs largeurs est variable et lié évidemment aux
mouvements généraux des deux couches chromosphériques. |
Supposez maintenant un accroissement considérable des facules et surtout
des filaments, à la fois en nombre et en activité. La raie noire K, est élargie
et portée fortement vers le violet; la raie brillante K,, plus large et plus
brillante, est déplacée relativement vers le rouge, et vous avez les deux
raies principales, caractéristiques des étoiles nouvelles (').
Tous ces rapprochements montrent le grand intérêt d’une étude complète
z
et continue des radiations chr phériques dans les étoiles; on- peut
s'attacher d’abord aux Céphéides et aux groupes G et K d'Harvard.
THERMODYNAMIQUE. — Sur la chaleur spécifique des vapeurs saturées
aux basses températures. |Réponse à une Note (?) de M. G. Bruhat.]
Note de M. E. Anis.
M. G. Bruhat a récemment publié dans ce Recueil, sous le titre :
Remarques sur la détente des vapeurs saturées, une Note (°), d’ailleurs très
intéressante, dans laquelle il arrive à établir, sur la foi d’une formule
empruntée aux Leçons de Thermodynamique de M. Max Planck, que la cha-
leur spécifique m d’une vapeur saturée, très grande et négative aux basses
températures, tend vers — +, au zéro absolu.
Ce résultat, conforme à ce qui a été déjà dit par d’autres auteurs, diffère
considérablement de celui auquel je suis arrivé moi-même, à savoir que le
(+) Le spectre continu subsiste dans la nouvelle étoile, mais non la couche K, et la
coache renversante, qui disparaissent ainsi que dans certaines étoiles blanches.
(2) Séance du 23 août 1920.
(5) Voir Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 162.
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 457
coefficient m’, très petit et positif au voisinage du zéro absolu, s’annule
à celte température.
La démonstration que j'ai donnée dans ce même Recueil a pu souffrir
d’une faute de raisonnement qui m'avait échappé dans une Communication
antérieure ('). Dans un opuscule qui vient de paraître (°), j'ai rectifié cette
démonstration sur laquelle je ne veux pas revenir aujourd’hui. Je me bor-
nerai à en donner une nouvelle, basée sur les propres formules de
M. Brubat.
Il est d’abord facile de voir a priori, par une représentation de la courbe
de saturation et des adiabatiques, en prenant le volume et la pression
comme coordonnées, que le coefficient m ne peut être négatif aux basses
0 . pi Eed ? ` oS r
températures. Ce coefficient est, par définition, égal à To S étant une
fonction de la température seule, qui représente la valeur de l’entropie sur
la courbe de saturation. Or, au voisinage du zéro absolu, S croit nécessai-
, JS : Er.
rement avec la température, et JF est essentiellement positif. On s’en rend
compte aisément par l'impossibilité complète dans laquelle on se trouve de
concevoir une disposition des lignes adiabatiques de l’état gazeux venant
rencontrer la courbe de saturation, de façon à faire diminuer l’entropie sur
cette courbe, tout en faisant croitre la température à partir du zéro absolu.
g + + . r Re
T 5p c’est-à-dire m’, est donc positif.
La réfraction des lignes adiabatiques, à la traversée de la courbe de satu-
ration, tend à disparaître à mesure que la température s'approche du zéro
absolu, comme le montrent les formules (2) et (5) de M. Bruhat, en vertu
desquelles les angles « et B s’annulent à cette température limite. Mais, si
les cotangentes de ces angles deviennent infinies, la différence cot$ — cota
3 . . . + Le t
s annule aussi, ce qui n’est possible, d’après la formule (6), que si m = o,
RE d 7
puisque T et $ s'annulent au zéro absolu. :
On arrive à la même conclusion m= o0, par la seconde des trois for-
mules (4) de M. Bruhat en utilisant la formule qui donne la tension de la
vapeur saturée aux basses tempėratures. Réciproquement, la valeur limite
m = o étant admise, on déduit de la formule précitée de M. Bruhat celle
qui donne la tension de vapeur, et qui a une importance théorique considé-
eee im a S + ma <
(') Comptes rendus, t. 164, 1917, p. 343 et 986.
(°) E. Arts, Propriétés générales des fluides, p. 21 et 42. Paris, A. Hermann
et fils, 1920,
458 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rable. Il est permis d’espérer qu’on en puisse tirer, un jour, la valeur limite
du rapport des deux chaleurs spécifiques des gaz parfaits, valeur encore
bien incertaine, qu'il s'agisse des corps monoatomiques, diatomiques ou
d’une complexité moléculaire plus grande, puisque ce rapport varie, avec
la température, comme les chaleurs spécifiques elles-mêmes, contrairement
à ce que l’on admet trop souvent.
Je ferai enfin remarquer, en terminant, que la simple inspection de la
formule (10) de M. Bruhat établit pour ainsi dire sans démonstration deux
autres propositions aussi importantes que celles concernant la chaleur spé-
cifique et la tension de la vapeur saturée aux basses températures, et qui
paraissent être également bien peu connues, à savoir que :
1° La chaleur de vaporisation d’un liquide tend vers zéro, à mesure que
la température s'approche du zéro absolu, et non vers une valeur finie L,,
comme l’admet M. Max Planck;
2° L’entropie de la vapeur saturée émise par ce liquide, qui est l’entropie
minima du corps réduit à l’état de gaz parfait, tend vers la même valeur
que la chaleur spécifique à pression constante du gaz parfait, quand la tem-
pérature s'approche du zéro absolu.
CORRESPONDANCE.
Le Recreur pe L’Umvensiré pe Gôrriveur fait part du décès de M. le
professeur W. Vorer, Correspondant de l’Académie pour la Section de
Mécanique, survenue le 13 décembre 1919.
M. Lrouvize adresse des remerciments pour la distinction que l’Aca-
démie a accordée à ses travaux.
MÉCANIQUE ET CHRONOMÉTRIE. — Sur les organes réglants des chronometres.
Note de M. JULES ÅNDRADE.
Les problèmes mécaniques du réglage des chronomètres sont loin d'être
épuisés par les mémorables travaux de Villarceau, Phillips, Résal et Caspari ;
entrepris pour la justification des découvertes instinctives des artistes chro- -
nométriers du xvni’ siècle, ces travaux ont demandé à la théorie de la flexion
»
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 459
des ressorts tout ce qu’elle pouvait donner dans les divers problèmes chro-
nométriques envisagés par leurs auteurs.
Pour compléter leur œuvre, en ce qui concerne les organes réglants des
chronomètres, il faudra demain, d’une part une collaboration de géomètres,
capable d'adapter, avec l’approximation nécessaire, le problème de Saint-
Venant à la flexion et à la torsion simultanée des verges gauches, d'autre
part un contrôle expérimental des lois admises jusqu'ici, ouvertement ou
implicitement dans la technique du réglage des chronomètres.
Pour ce contrôle, j'ai indiqué une méthode fondée sur l'emploi des
balances spirales dont le fonctionnement, convenablement conduit, n’em-
prunte à la théorie de l’élasticité que les seules lois de symétrie ; une
méthode purement physique permet alors la graduation de ces balances
dont j'espère bientôt achever la construction avec la collaboration de
M. Simonet, mécanicien de précision.
De l'emploi de ces balances résulteront :
1° Un contrôle précis de la théorie de Résal sur les ressorts circulaires ;
2° L'analyse expérimentale des efforts longitudinaux et transverses trans-
mis par sa virole au balancier d’un chronomètre armé d’un spiral cylin
drique simple ;
3° L'analyse expérimentale des mêmes efforts pour le spiral plat.
De ces derniers contrôles sortira, soit la confirmation, soit la correction
des hypothèses énoncées jusqu’à ce jour sur la déformation des spiraux
plat ou cylindrique.
La première de ces hypothèses remplace la fibre moyenne du spiral
gauche par sa projection sur un plan transverse, c'est-à-dire perpendicu-
laire à l'axe du balancier ; elle ramène ainsi la première partie du problème à
une déformation plane de flexion simple, fournissant ainsi une évaluation
approchée des efforts transverses et par suite le moment mécanique trans-
Mis autour de l'axe d’un balancier par la virole. Fe
Comme les réactions longitudinales n'influent pas sur ce moment, on a
pu d’abord les passer sous silence; mais il n’en est plus de même dans
l'évaluation des frottements ; une réaction longitudinale sur la virole, non
seulement modifie la pression verticale du pivot de l’axe du balancier sur
son Support, mais encore produit des réactions nouvelles transverses sur les
appuis latéraux de l'axe du balancier et certes, à ce point de vue, elles ne
sont plus à priori négligeables, comme on l’admet quelquefois.
Toutefois, il est un cas oj, les pressions latérales ayant été évaluées sans
tenir compte des réactions longitudinales aux deux points d’attache de la
460 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fibre moyenne du ressort spiral, la correction peut se faire après coup par
la simple introduction d’un facteur constant dans le résultat final; c’est le
cas où l’on suppose que, le couple d'encastrement au piton, comme à la
virole, restant chacun dans un plan transverse, les forcesisolées supplémen-
taires agissant aux extrémités de la fibre moyenne doivent alors se réduire à
deux forces mutuelles ayant pour commune ligne d’action la corde de jonction
de ces points d’attache.
Cette Aypothese a évidemment cours dans certains milieux techniques
puisque je l’ai rencontrée dans des raisonnements relatifs à la discussion de
brevets.
Or sur cette hypothèse de techniciens les théories actuelles du réglage
sont muettes; en attendant que le contrôle expérimental en décide, l’hypo-
thèse mérite évidemment d’être prise en considération ; or nous allons voir
que le problème qu’elle soulève a une importance pratique et que le per-
fectionnement des chronomètres marins en dépend, tout au moins par sa
simplicité.
Dans ma théorie des spiraux associés j'ai montré que la production, par
des ressorts, d’un couple pur, en l'absence de toute hypothese spéciale, exige
4 ressorts associés, en sorte que si l’on veut en outre que le couple pur soit
proportionnel à l’écart angulaire u du balancier à son point mort, 8 ressorts
devaient être associés.
Mais, si l'on admet l'hypothése plus haut indiquée, deviendrait possible de
réaliser pratiquement les effets désirés avec deux spiraux Le Roy; deux
spiraux au lieu de hutt.
En effet, associons l'hypothèse des techniciens avec mon théorème sur
deux spiraux de Le Roy d'étendue angulaire (27 + 1) = p (1), mais en
spécifiant la coïncidence de leurs deux viroles; nous obtiendrons les deux
résultats suivants : .
1° Les deux composantes verticales de chaque réaction complémentaire
sur la virole commune se détruisent ;
2° L’assemblage des deux spiraux Le Roy à viroles confondues produit,
parla virole commune et sur le balancier, une pression transverse purement
radiale et dont la valeur à l'approximation de = est sensiblement propor-
n (=2),
P r
6) Comptes rendus, t. 153, 1911, p. 496,
tionnelle à
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 461
produit où la parenthèse facteur est susceptible de changer de signe avec la
parité de z.
On sait, d’ailleurs, que ce couple de spiraux Le Roy produit, abstraction
ea des ENE une vibration régulièrement sinusoïdale à l'ordre
de =r D'autre part, si Ÿ est le coefficient de frottement dù à la pression
radiale sensiblement constante, l’ordre de la variation D NE sera
celui de $ Le négligeable par conséquent vis-à-vis de —; les termes en u?
ont une haencé encore moindre, mais dépendante de amplitude.
En résumé, sous la condition de la validité de l'hypothèse des techniciens,
on pourrait SN avec deux spiraux Le Roy, les mêmes avantages
qu avec huit spiraux associés pour la production d’un couple mécanique
rigoureusement pur, et régulièrement sinusoïdal.
Ceci suffit pour nous permettre d'apprécier l'importance que présentera,
pour le perfectionnement des chronomètres marins, la vérification ou l'infir-
mation de l’hypothèse non encore contrôlée des techniciens.
MÉCANIQUE. — Sur les ondes de choc dans les corps solides.
Note de M. E. Joueur, transmise par M. L. Lecornu.
i. A notre connaissance, les formules qui régissent la propagation des
ondes de choc dans les corps solides n’ont pas été données jusqu'ici. Nous
nous proposons, dans la présente Note, de les établir. Pour que les ondes
de choc différent des ondes d'accélération, les déformations ne doivent pas
être simplement infiniment petites. Nous considérerons donc des déforma-
tions finies. D’une manière générale, nous adopterons les notations de
MM. Cosserat (Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse, t. 10, 1896),
sous la réserve, toutefois, que nous désignerons par a, b, c les variables de
Lagrange (escrdo aies dans l’état initial), par r la densité dans l’état initial,
Par x, y, z les variables d'Euler Las ar as dans l’état actuel), is k; Th 4
les Replacements,
2. Nous prendrons le potentiel interne sous la forme
(1) Ni da db de = Ñ r® da db de,
c'est-à-dire que nous négligerons, pour simplifier, les actions mutuelles dés :
divers éléments du corps. W et ® dépendent de la température absolue T
et des six fonctions € €, Eny Eyy Yas Yay Ya définissant la déformation.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 9.) Le `
462 ACADÉMIE DES SCIENCES.
~
Soit, dans l’espace des a, b, c, une surface d'onde S qui sera supposée
du premier ordre pour les ocre x, y, z. Au bout du temps A, la
surface S sera venue en S à une distance de S mesurée par AP sur la
normale. Nous considérerons trois parties dans le corps : la partie o
comprise entre S et S’, les parties 1 et 2 situées de part et d’autre, le sens de
la propagation étant de 2 vers 1.
Considérons, selon le procédé que nous avons employé autrefois pour les
fluides ('), une modification virtuelle où la température de chaque élément
reste constante. Désignons, pour l'unité de masse, par Ôc, le travail des
forces extérieures, par 27 celui des forces d'inertie, par ÔU la variation
d'énergie interne, par òQ la chaleur reçue. Nous écrirons
t+At
(2) { dt N ow — ôe — 0j)r da db de
Fa
t+ At :
+f de N 09 — 5€. — df) r da db de
t 2
t+ A1 ;
+ f dt NGU + 20 — 58, — of }r da db de — 0.
v t 0 À
Nous supposerons d’ailleurs At infiniment petit.
3. Le développement de (2) donne des équations relatives aux champs 1
et 2, des équations relatives aux surfaces limitant le corps et des équations
relatives à la surface S. Ne retenons ici que ces dernières. Soient /, m, n
les cosinus directeurs de la normale à S dirigée de 2 vers 1. Posons
- NV I oW
E EE A (A,B,C),=— 7. (A, B,C)= PE
TOE FE td À ns
dta; b, c) d(a, b, c) £ LE rie b,c)
(4) (F G HJ lA yo mb; RAC,
Si nous notons u, ¢, w les composantes de la vitesse, les équations rela-
tives à la surface S seront les suivantes (équations de la quantité de mouge-
ment) :
dP PF GG, _H—H,
i 2 — nt ct
de dt Us — Ur Fa — Vi Pa — W
4. Il faut joindre aux équations de la quantité de mouvement l'équation
de continuité et la relation supplémentaire. à
nid ed
z ) Sur la propagation des discontinuités dans les fluides (C omptes rendus, t. 132,
1901, p. 673).
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 463
Soient ọ la densité dans l’état actuel, ‘ le déterminant classique =. Posons
OA Em 0A Fo gA
d(E,n,C) DCE NE) O(E,n, €)
dc oc
(5) (L, M, N) =?
et remarquons que L, M, N sont sans discontinuité sur S. L'éguation de
continuité peut s'écrire, comme pour les fluides,
(1) r2—5 si = piltur) Mes 0) Na d
5. La relation supplémentaire, si l'on supposait les mouvements iso-
thermes, serait T, = T,. Mais il est plus satisfaisant de supposer les mou-
vements adiabatiques. La considération des déplacements réels, au lieu des
déplacements virtuels, et l'hypothèse dQ = o, permettent, au moyen de (2),
de démontrer la relation -
an) pd Y y p viteit wujowi
dt t . 2
= (Fu t Gn + How) — (Fous + Gars How).
Moyennant (1) et (IT), cette relation peut se remplacer par l’une quel-
conque des suivantes dont la dernière exprime la loi adiabatique d'Hugoniot
pour les corps élastiques :
1 3 dR? Š ee É
(HT) 2 A(T) (0: U jF G M E GM,
[L(F,—F,) + M(G,— G.) + N(H,— H,)] (Us U)
pa 01
(IL) à LPS
=F? + G? + H— F: GH,
6. Passons maintenant des variables de Lagrange à celles d'Euler. La
surface S devient une surface X dont la normale (de 2 vers 1) a pour cosinus
di £ Ap ‘ ds lop ma z r A , y z >
TEn 5 ps Y- Soient -7> — la célérité de londe X par rapport à la
matiere prise dans les états 1 ou 2. On sait que (')
e Po :
LCM N >
(6) L M N° yD M:+N"
i ds, 5 dos dP E
LUE dt dt Vir+ M? + N?
_ Introduisons d’ailleurs les tensions N,, Na, N; T,, Ts, T,. Elles sont
liées aux A, B, C par les équations (36) du Mémoire de MM. Cosserat
DO Net
(7) Sur la Propagation des réactions chimiques dans les gaz (Journal de Mathé-
n , . r A] 12 . w >
ratiques pures et appliquées, 6° série, t. 1, 1905).
464 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(p. T. 48) que nous ne reproduirons pas ici. Posons alors
(3) (3, GE) = a (Ni, Ts, T;) + B(Ts, Ne, Ti) + y (Te, Ti, NG
Les équations (6) et (7), avec les équations (36) de MM. Cosserat, trans-
forment les relations (1), (HT), (HIT), (IIT), (HIT”) en les suivantes :
do _ Fi À ps Ur à Jr Je
EF Ea man TA RTS R aaa O, E
1
$ dt dat; va — Pi ae Wi
01 Oo 2 3 3 3 2 3 2
er La (f, — #3) + B (Gi — G2) + y (I, — Ha) ] = Fi + GI + IC — Fi — Gr — IC.
27 Pi
Toutes ces formules sont analogues à celles que Duhem a trouvées pour
la propagation des ondes de choc dans les fluides visqueux lorsque les lois
de la viscosité sont telles qu’elles permettent cette propagation. Cette ana-
: logie pouvait évidemment être prévue a priori.
MÉCANIQUE. — Déformation d'un ressort en hélice.
Note de M. Garerux, présentée par M. G. Kænigs.
Dans une Note précédente (') j'ai indiqué comment on peut étudier les
petites déformations éprouvées par un ressort, dont la fibre neutre est à
l’état naturel une hélice circulaire, sous l’action de forces appliquées à ses
extrémités parallèlement à l’axe de l’hélice.
Quand les extrémités du ressort, situées sur une même génératrice du
cylindre portant l’'hélice, sont encastrées, la variation òs de leur distance a
pour expression, en reprenant les notations définies précédemment (°) :
7
i 2x? 6 tane =
m 2R : | nr bcosÜ ee”
(1) Compression ôs = eae Gsh N nra oii
2 i \
+ e
Ma map
! K,6 tang £
3
Rs
f yá
7 2
22° 6 th 7 k,8th£#
ARE. 2R à nrb cos? p 2 ; aP . 2
(2) Traction ðs = — | bn nr — ————— — ———— /]-2h3— tp
j Ma M Ma p P |
(1) Comptes rendus, t. 174, 1920, p. 191,
(2) Ces formules rectifient celles de la Note ent (Comptes rendus, t. iti,
1920, p. 388) dans lesquelles un terme avait été omis,
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 465
avec
x? ms.
P—=I+ PEN
Quand la force G, est relativement faible et que le pas de l’hélice est assez
petit pour que l’on puisse poser sin = 1, cos 0 = o, les expressions de àz
deviennent :
3) set,
formule employée habituellement.
Mais il n’en est plus de même, quand on se donne des conditions aux
limites différentes. Ainsi dans le cas où, les deux extrémités du ressort
pouvant se mouvoir autour de leur centre, les trois couples élastiqués y
sont nuls, on trouve
cos Ÿ
Le RAT,
(4) Compression { | annta + TE + 5 ta »g28 |
Le Ôz ie lb tang06tang t|;
os
> GNT,
(5) Traction ! R|anz 2 Fe dd nr—GthiB B|
Mı sin à
ra 2Rfnsh—tanss 8 |
avec
: y … bsinôm,
(6) Mi RE ÀA S?
~ e bsino am I (12—52) sin? 0
Ne un s=iþ(-)+ EE Te |
Quand G, est assez petit pour que l’on puisse confondre tang{ et thi Í avec
l argument % £ ; les formules donnant ôz deviennent :
(7)
O2
41
; 3- m 1
— oRnrbsin0| = — += rt
3 À232 a x
Pour une section circulaire on a 3°— 2x3; si 0 est voisin de
466 ACADÉMIE DES SCIENCES.
on a m, = À? ; la formule (7) devient : ;
< … ARATO I
(8) 03 — Sp (2— =)
2 G
en adoptant = pour valeur du rapport 5e
La variation de distañce des deux extrémités est donc presque le double
de celle que donne la formule (3) relative au cas de l’encastrement.,
Pour employer les formules (4) et (5) il convient de remarquer que pour
avoir le mouvement complet du ressort, il faut tenir compte de ce que le
trièdre auquel est rapportée l’hélice à l’état normal peut pivoter autour de
l'extrémité A, du ressort correspondant à la valeur nulle de l’angle 4. Les
quantités G,, G,, G,, 0x, òy, Ôs sont respectivement les projections de la
force et du déplacement de la seconde extrémité A, sur les axes de ce
irièdre mobile autour de A,. Supposons par exemple que l'extrémité A,
soit assujettie à se mouvoir sur la génératrice du cylindre portant l’hélice à
l’état naturel et passant par A, ; on a alors ĝx = ôy = 0; la force G, appli-
quée en A, suivant la normale à À, A, rencontrant l’axe du ressort est
nulle ; la force G, donnée par l'équation òy = o est telle que le rapport k,
reste de l’ordre de grandeur de b; elle a pour effet d’appliquer l’extré-
mité A, sur la paroi de la glissière A, A.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur le spectre de la nouvelle étoile du Cygne.
Note de M. »’Azamgeusa, présentée par M. Deslandres,
La présente Note résume les premiers résultats obtenus sur le spectre
de la nouvelle étoile, étudié avec les prismes-objectifs de l'Observatoire de
Meudon.
Deux appareils ont été employés :
A. Une chambre prismatique, constituée par un miroir concave de 0,75
de distance focale, associé à un prisme de flint ayant un angle réfringent
de 23° et o",25 d'ouverture. Cette chambre a fourni un bon cliché de la
partie visible du spectre, avec une pose de 2 minutes seulement.
B. Une seconde chambre prismatique, comportant un prisme de quartz
de Go° et de 0",06 d'ouverture, l’image du spectre étant formée par une
lentille simple, en quartz également, de 0,50 de distance focale, Ce second
appareil a donné, en 4o minutes de pose, une épreuve de la partie ultra-
violette du spectre.
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 467
L'observation, avec l'appareil A, a été faite le 25 août, à 21" 30",
L'étoile brillait alors d’un vif éclat, comparable à celui de y Cygne
(grandeur = 2,3).
L'épreuve fournie par l'appareil B a été obtenue le 28 août de 1" 25"
à 2" 5%, L'étoile avait diminué et son éclat semblait légèrement inférieur à
celui de ò Cygne (grandeur = 3,0).
Les spectres de comparaison ont été fournis par l'étoile & Cygne
(type A.,) voisine de la Nova étudiée. Les observations ont été fortement
gènées par la Lune, dont la présence a rendu impossibles les longues poses
et empêché, en particulier, la reconnaissance des parties peu réfrangibles
du spectre, accessibles seulement aux plaques orthochromatiques.
Les résultats sont les suivants : ;
Le spectre reconnu est compris entre 4861° (Hg) et 3060. De nom-
breuses raies y apparaissent, se détachant sur un fond continu assez intense.
Les principales d’entre elles peuvent être identifiées avec les raies consti-
tuant la première série secondaire de l'hydrogène, de Hg à Hy. Au delà
de H, (3798$), il n’y a plus coïncidence certaine entre les raies de l’hydro-
gène du spectre de comparaison, visibles jusqu’à H:(3704°) et celles de la
nouvelle étoile. A partir de 3650", le spectre paraît continu, avec quelques
Condensations, très diffuses et à peine marquées.
La courbe représentative de l'éclat du spectre n’est pas absolument iden-
tique à celle de & Cygne à laquelle la Nova a été comparée. La partie ultra-
violette semble relativement plus intense. La limite, À = 3060, est cepen-
dant sensiblement la même. Une pose plus forte l'aurait probablement
reculée quelque peu.
Les raies semblent toutes présenter, à des degrés divers, l’aspect caracté-
ristique déjà signalé dans des Novæ antérieures. Elles offrent une partie
brillante, large et diffuse, déplacée vers le rouge par rapport à la raie de
comparaison, et accolée à une partie sombre, large également, mais plus
nette, très fortement déplacée vers le violet. |
Ce fort déplacement peut être dù, en partie, à l'empiètement de l’une
des composantes sur l’autre. Les vitesses radiales réelles seraient ainsi plus
faibles que celles du Tableau ci-après, calculées d’après le déplacement
apparent, seul mesurable.
468 | ACADÉMIE DES
Nature des raies.
Observations. <
Triplet. — Les composantes
brillantes apparaissent seules.
| Peut-être double ou ren-
=e o
versée,
Hy
2 maxima brillants faisant
\ Suiteà la raie sombre (t) }
Triplet. — Moins net que le
triplet 4.445 — 4.398.
Même remarque sur les com-
posantes.
La composante brillante, seule, {
est nettement visible. )
Heet E iéalciomy oa on 0 |
lon
>
VI- Q9- Co O0
D Om N N
SCIENCES.
mesurées.
4.8684
Ee Es D DE ES
D Qa
Qt —
X g
En a E
oe
©
©
À
A SE
des tables.
4.86:
Vitesses radiales
par rapport à à Cygne
en km : sec.
€
+434
—992
+276
—897
+219
— 876
-+-300
— 400
+385
830
+231
—847
+158
— 790
(+) Ces maxima successifs ont déjà été notés dans le spectre de l'étoile nouvelle du
Cocher.
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 469
Vitesses radiales
À par rapport à x Cygne
Nature des raies. © en km :sec.
Observations. I mesurées, des tables, mmm. ~mm
FPS S ET RE SR PT S, LORS. 3.788 3.798 —790
n. acg 3.793
Composantes brillantes iavi- \n 2 9:727
Se E R lis A BS AE 3.714
ns 3.698
terra 3.683
CR TI a. Viet
l | NE 3.672
L 0 1 3.463
4 condensations brillantes, peu \ D- 54 3.146
UE TE PEN RO | | Doo 3:4a9
Disc 3.412
Les raies brillantes sont marquées b; les raies noires, n. Les intensités I
sont comptées de 7 à 10; 10 indiquant, ou une raie très brillante, ou une
raie très noire, selon que son indice est b ou s.
La faible dispersion des appareils employés et l’aspect diffus de la plupart
des raies n’ont pas permis de préciser les longueurs d’ondes à plus d’une
unité Angstrôm près. L’incertitude, sur les vitesses radiales, est ainsi
de + 75 km:sec environ, en moyenne. l
Plusieurs raies du Tableau, non identifiées, appartiennent peut-être à
des éléments connus, mais la complexité du spectre rend leur attribution
incertaine.
On peut seulement remarquer que le spectre de la nouvelle étoile du
Cygne présentait, les 25 et 28 août, l’aspect habituel des spectres des Novæ,
au cours du premier stade de leur évolution.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur le spectre de Nova Cygni. Note
de M. Bursox, présentée par M. Deslandres,
Etant chargé du service de la grande lunette double de l'Observatoire de
Meudon, je me suis proposé d’obtenir le spectre de la Nova Cygni avec le
Spectrographe à deux prismes de flint, qui est fixé à la lunette photogra-
phique; le spectre a une longueur de 88™ entre à 495 et A387.
L'étoile a été signalée le 21, et dans les jours qui ont suivi, le temps a été
”
470 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en général mauvais; aussi je n’ai pu obtenir que deux épreuves. La pre-
mière, du 25 août, a posé pendant deux heures, mais le ciel était brumeux;
la deuxième, avec une pose de trois heures par un beau ciel le 27 août, est
plus intense malgré la diminution d’éclat de l'étoile; elle montre plus de
détails que la précédente; et ces détails sont dus certainement en grande
partic à une transformation subie par l'étoile dans l’intervalle des épreuves.
Le spectre est dans son ensemble ie spectre classique des Novæ; il offre
les raies de la chromosphère solaire, dues à l'hydrogène et au calcium, très
larges et doubles; l’une des raies étant noire et déplacée fortement vers le
violet, et l’autre étant brillante et déplacée fortement vers le rouge par
rapport à la première; les deux raies apparaissent ainsi accolées.
Un spectre de comparaison du fer et du titane est juxtaposé au spectre
stellaire, et j'ai pu mesurer les déplacements des raies brillantes et noires
qui sont plutôt des bandes; les déplacements sont résumés dans le Tableau
ci-dessous ; mais il faut noter que la précision est faible, les raies brillantes
ayant une largeur moyenne de 234, 5 et les raies noires une largeur moyenne
de 6\,5; la mesure eùt été plus facile avec une dispersion moindre.
25 aoùt. 25 août,
kg kg
Calcium K 3032 raie noire large floue........... — 815 — 1040
9 raie brillante très large. ........ 7E ©
Calcium H 3068 raie nôire large floue.......,... —760 — 1000
3 raie brillante très large......... + 485
x aie noire large floue, . .......1. —738 —1008!
Hydrogène Hô son | ra A,
08 á raie brillante large............ #19
i ire large fote s. ooo ai — 828 — 980
Hydrogène Hy 4340 } raie siina . ere
y 3 | raie brillante larges: -set at, + 208
ï ire large DOue... oarn —-886 —1279
Hydrogène HG 4861 Ron e
ee na | raïe brillante large............. + 9 + 237
On a relevé le milieu de chaque bande noire ou brillante; dans la
deuxième épreuve chacune des bandes brillantes offre des RE
secondaires qui seront présentés plus tard.
La deuxième épreuve montre aussi d’autres maxima et minima de
lumière, assez nombreux et moins larges que les précédents, mais toujours
diffus, et d’ailleurs enchevêtrés. Le relevé, qui est difficile, est réservé pour
une Note ultérieure. Je signalerai seulement deux maxima bien nets, qui,
moins réfrangibles que Hg, ont les longueurs d'onde moyennes de 4925 et
ea
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 471
5019; corrigées de la vitesse radiale, elles semblent correspondre à des
raies du parhélium (')
De plus, les deux épreuves montrent deux raies vraiment fines que la
dispersion, déjà forte de l'appareil, permet de révéler, et qui apparaissent
dans les larges raies brillantes H et K du calcium précédemment signalées.
Ce sont deux raies d'absorption dues aussi au calcium; mais la vapeur est
à basse pression et est certainement distincte des vapeurs qui ont donné les
larges raies brillantes et noires du Tableau précédent (°); elles ont,
d'ailleurs, des vitesses différentes, indiquées ci-dessous :
25 août. 27 août,
kg kg
{ raie noire large floue.......... . —81à — 10/0
Calcium K 3933 | raie sombre très fine nette...... — 1Ù o
| raie brillante très large........, + 290
raie noire large floue........... —760 - —1000
Calcium H 3968 ? raie sombre très fine nette... ... Ce N, HEEJ
raie brillante très large......... + 485
THERMODYNAMIQUE. — Les propriétés thermodynamiques des fluides
au voisinage de l’état critique. Note de M. C. Raveau.
Les diverses relations touchant les adiabatiques et les isothermes aux
environs du point critique, qui figurent dans une Note précédente ( +}:
peuvent se démontrer simultanément et sans calculs. Il suffit pour cela de
considérer la variation d'énergie utilisable qui accompagne des change-
ments de, dT à partir du point critique.
. r . T es r 1
Dans la différentielle pdv— J Cilag; prenons T, égal à T, sé me.
(') Ces raies du parhélium sont en effet les plus intenses du gaz, dans la région
photographiée; mais ces mêmes raies ont été signalées déjà dans les précédentes
Novæ, et en particulier par Evershed qui les attribue à la vapeur de fer. Ces raies sont
trop diffuses pour qu’on puisse décider, ll semble naturel de les rapporter à l'hélium
qui est un gaz chromosphérique. A ši
(?) Ces mêmes raies fines du calcium existent sur les épreuves de la Nova Perséi
de toi, faites avec le même appareil; elles ont été signalées aussi dans la Nova
Aquilæ II de 1918. Enfin on les remarque avec le même caractère dans l'étoile à yes
et dans plusieurs étoiles doubles de la Voie lactée. Certains auteurs estiment qu’elles
annoncent des vapeurs du calcium toutes particulières, qui sont immobiles dans
l’espace, par rapport au système sidéral.
(°) Comptes rendus, È. 171, 1920, p. 239.
Į
472 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Imaginons qu'à partir de l’état critique la transformation s'effectue d’abord
à v constant, puis à T,+ dT constant. La diminution d'énergie utilisable
sera, pour le fluide supposé homogène et pour le système stable hétérogène
respectivement, au terme près en dy :
ò
Rs - dv aT + tdp? + 2 de? ) + JS at,
2 OT 3
= Ne = doè dT (S
dT (3 de + > : TE 11) —— To dT?,
Un point de la courbe de saturation peut être atteint par voie homogène
ou hétérogène; les deux expressions ont alors même valeur. En les égalant,
on remarquera que les deux dv relatifs, pour un même dT, aux états du
fluide saturé ont, au signe près, même valeur principale a de + + dT = 0
[condition (5), p. 1174, de M. Bruhat (')]. On doit annuler séparément
la somme des termes dT?, ce qui donne la valeur de c — c,, et celle des
termes en dT dv, d'T?de been ce qui conduit à la relation (2),
p. 236, de la Note citée.
On peut encore considérer une seconde différentielle qui se distingue e
la première par la substitution de — + dp à pdv. Pour intégrer —v dp à la
température T + dT, nous diviserons isotherme, à partir du point d’ab-
scisse nulle, en deux parties. L’une s'arrêtera au point A dont l’abscisse 1,
est rigoureusement déterminée par la condition (5) ci-dessous. Viendra
ensuite un segment dy) qui, vu la direction de la tangente, fournira à l'inté-
grale le terme 2y dT dq. Lorsque 1, + dn est l’abscisse du point V, figu-
ratif de l’état de vapeur saturée, 2dn est égal à n — € n ir Bruhat.
. Finalement, en laissant de côté légalité évidente de ? FF el de, on arrive
à la double formule
\ L Bn Fon'ar) | (E i a dr? )
o” 3 2
bas 288
= spa O (ne) ny dT :
d 9 J 5 r a sans r ta r
E(Fr dT + Lan) + (tar Za) =o,
dans laquelle on doit prendre simultanément les ligneset le signe supérieurs
aiaia
(*) Comptes rendus; t: 170, 1920, p: 1173.
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 473
ou inférieurs. Chacune des deux dernières parenthèses est nulle. La sous-
traction ligne par ligne dans les deux parties entre accolades exprime que
la droite A V a la direction qui convient. On arrivera aux formules défini-
tives en remplaçant dT par sa valeur (5).
Remarques. — La démonstration la plus directe de chacune des relations
résulte immédiatement de ce qui précède. Pour calculer c— c, on n’a à con-
sidérer que les termes de première approximation, en « et y. Pour les autres
quantités, on applique la condition de Maxwell en prenant successivement
pour expression du travail l'intégrale de pde et celle de — vdp. On peut
observer d’abord que les termes x et y disparaissent à leur tour; on en
fera abstraction complètement dans la première intégration, et entre les
valeurs + 7, dans la seconde. Dès lors on pourra se borner à considérer
seulement un demi-circuit dans lequel la variation du volume est >o.
Cette condition de Maxwell ne joue d’ailleurs aucun rôle nécessaire,
l'équation de l’isotherme T,-+ 4T ne contenant aucun Masters qui lui
soit propre. En utilisant les expressions classiques de let = > on retrouverait
la première variation écrite, par la considération d’un circuit entièrement
stable, à T, d’abord, puis à # + dy. En nous dispensant de faire appel à ces
expressions, nous les avons par là même démontrées, sans rien invoquer que
la conséquence la plus immédiate du principe de Carnot, la notion de tem-
pérature absolue et l'application du principe de l’équivalence au cycle de
Carnot seul. Il n’est aucunement besoin de parler d'énergie, d’entropie ni
de conditions d’intégrabilité.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la transposition hydrobenzoïinique. Influence
de la substitution paraméthoæylée sur la déshydratation des triaryk
glycols. Note (') de MM. Orékmorr et Tirrexeav, Pp par
M. Moureu. ;
On sait (°) qu’en déshydratant par l'acide sulfurique dilué à chaud les
alcoylhydrobenzoïnes, il y a transposition hydrobenzoïnique par migration
du phényle voisin de la fonction alcool secondaire et formation d’aldéhydes
trisubstitués dans lesquels l'oxygène aldéhydique est celui de l'oxhydryle
secondaire ;
C'H COH) (Ry CH(OHJ— GH (CPP = CON) — CHO.
rannan a E E E R
(') Séance du 23 août 1920.
(*) Tirrexeau et Doncexcourt, Ann. Chim. Phys., 8° série, t. 16, 1908, r 237.
474 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Or l’un de nous a montré (') què, dans la série des arylhydrobenzoïnes
(triarylglycols), la déshydratation de la phénylhydranisoïne par SO‘H°
dilué s'effectue comme ci-dessus :
(CH?0:C° Ho `e
GEH
CEO. n HEN%
E
(1) ps 7/0 (OH) — CHOH — CHOC — — CHO,
tandis que la transposition n’a pas lieu avec le triphénylglycol (?)
(11) (CH5}C(OH)—CHOH— CH: + (CHi CH -- CO — CH,
Dans les deux cas, il y a bien départ de l’oxhydryle tertiaire; mais, dans
le premier cas (I), celui-ci paraît s’éliminer avec mn (CHOH)
de l’oxhydryle secondaire, tandis que dans le second (II) c’est avec l’ hydro:
_ gène (CHOH) voisin de cet SET
CHO CHE Ÿ
|
CH cme gu — C'H:O CH,
O
|
(H) e, DA C°H5
LT CH: RS ( }— z
Cette différence: manifeste nous a incités à étudier systématiquement
les 5 triarylglycols à substitution para méthoxylée et nous avons fait les
constatations suivantes :
1°. — Cas dans lesquels le groupe ar ylé voisin de la fonction alcool secon-
daire est un C! Hë.
Dans les deux cas examinés (HIT et IV ) les triarylglycols se sont comportés
comme le triphénylglycol (IT); il y a eu formation de cétones sans transpo-
sition :
(I) (CH*O.CH:)C(OH)(C°H5) — CH (OH). C'H’
CHO C‘H:.CH(CSH5) — CO — CH,
(IV) (CH O.CSH*}?C(OH) — CH(OH) — C'H
-> (CHBO.CH:} CH — CO — C'H’.
Ainsi, lorsque les triarylglycols ont un C°H au voisinage du CH(OH)
-(!) Oréknorr, Bull, Soc. chim., 4° série, t. 25, 1919, p. 114.
(2) Ibid., p: 187.
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 475
(cas I, IH et IV), c’est toujours l’oxhydryle tertiaire qui s’élimine, mais
cette élimination s'effectue avec l'hydrogène non oxhydrylique dela fonction
alcool secondaire. Le radical phényle paraît donc renforcer la stabilité de
l'oxhydryle secondaire et diminuer celle de l'hydrogène voisin.
2°. — Cas dans lesquels le groupe arylé voisin de la fonction alcool secon-
daire est un radical p-anisyle (CH*O.C°H"). ; `
Dans les deux nouveaux cas examinés (V et VI), il y a, comme pour la
phénylhydranisoïne (1), migration du radical aromatique voisin de la
fonction alcool secoudaire et formation d’aldéhydes trisubstitués :
CHIEN
r SE Ei: Ce: A3 AT pe
(V) (CH) C(OH)—CH(OH) C H*.0CH: + co csp: 7C—CHoO,
CHS o i sye ` CHES
(I) cmo cop C(OH)—CH(OH)—GSH*.O CH > CO. cœn520 CHO,
(VI) (CH5O.CSH}C(OH)—CH(OH)—C$H:.0 CH: —+ (CHO. CHY C GHO.
Ainsi c'est toujours l’oxhydryle tertiaire, plus instable, qui s’élimine,
mais la présence du radical anisyle a rendu l'hydrogène de l’oxhydryle
secondaire moins stable que l’hydrogène voisin et l'élimination d’eau a lieu
suivant le type (T). |
Toutefois, c'est surtout dans le cas de la phénylhydranisoïne (1) et de
l’anisylhydranisoïne ( VI) que l’oxhydryle tertiaire est rendu comparative-
ment plus instable par suite de la présence d’un ou de deux groupes anisyles
au voisinage de la fonction alcool tertiaire. Par contre, dans lecas du diphé-
nylanisylglycol ( V), la stabilité des deux oxhydryles paraît se balancer, si
ien que, à côté de l’aldéhyde formulé dans la réaction ( V), il y a en outre
formation de cétone, provenant d’une transposition du radical phényle (et
non plus anisyle) d’après le mécanisme suivant :
CV bis) be — CHOCH + CHOCO CRC one
O
| j j
En résumé, sous l'action d’un même agent déshydratant, les triaryÿl-
glycols peuvent se transformer diversement, avec, ou sans transposition
moléculaire.
Lorsque la fonction alcool secondaire est à côté d’un radical phényle, il
n'ya pas transposition (formation de cétone); lorsque ce radical est un
anisyle, il y a transposition avec formation, tantôt d’un produit unique qui
476 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est un aldéhyde trisubstitué (migration de l’anisyle), tantôt du même
aldéhyde accompagné d’une cétone (migration du phényle). Ces réactions
transpositrices, simples et mixtes, dépendent de la position des oxhydryles
éliminés, et la stabilité de ces oxhydryles paraît elle-même conditionnée
par la nature des radicaux substituants.
GÉOLOGIE. — Les mouvements ascensionnels de l'écorce terrestre et les récur-
rences de l'érosion souterraine. Note de M. G. Zen, présentée par
M. H. Douvillé,
Dans le Chapitre IV de son Évolution souterraine ('), M. Martel, après
avoir montré que dans les régions attaquées par l'érosion interne, on cons-
tatait l'existence de cavernes étagées produites par les eaux souterraines,
écrit : « Si les activités hydrologiques ont varié selon l'époque, si même
elles ont eu de réelles récurrences, il me paraît indéniable que, dans l’en-
semble, leur intensité a fini par évoluer vers une diminution croissante. Les
causes actuelles sont, sans doute, les mêmes que les anciennes; mais leur
puissance est bien déchue. »
Nous allons constater, en discutant les ra;ustements successifs d’un haut
voussoir calcaire, donc susceptibles d’érosion interne, que la genèse de l’évo-
lution de ses cours d’eau souterrains cadre parfaitement avec les hypothèses
de M. Martel.
Au cours d’une phase de faux équilibre, sur un tel voussoir les eaux s’écou-
leront à la fois en surface et en profondeur. Avec le temps, en profondeur,
elles agrandiront les fissures préexistantes et finiront généralement par sor-
tir à la base d’une des falaises limitant le voussoir considéré (résurgence);
en surface, elles diminueront l’étendue et l'altitude géographiques du vous-
soir attaqué et diminueront par suite son rôle de condensateur des nuages
et sa surface de réceptivité pluviale. C’est dire que la capacité de l'érosion
superficielle et celle de l’érosion interne iront également en diminuant.
Quand surviendra le réajustement qui R le voussoir et abaissera
le niveau de base, la résurgence considérée sera surélevée, délimitant ainsi
un étage d’érosion interne compris entre les points d'absorption et de résur-
gence de la phase de faux équilibre précédente. Avec le réajustement
centrifuge qui augmente l'altitude géographique du voussoir et sa capacité
PS REC CURE Te un :
(1) E.-A. MarteL, L'évolution souterraine, 1908, p. 85 et suiv.
SÉANCE DU 30 AOUT 1920. 477
condensatrice, commence un nouveau cycle d’érosion : les eaux nouvelles,
plus abondantes, travaillent pour aboutir au pied nouveau de la falaise
surélevée, créant ainsi une ou plusieurs canalisations nouvelles et de
moindre ampleur que les canalisations supérieures, puisque celles-là
n'auront écoulé que les eaux d’un cycle, alors que celles-ci auront écoulé
les eaux d’au moins deux cycles.
La nouvelle résurgence atteinte, un nouvel étage d’érosion interne s’est
installé sous l'étage supérieur, de sorte que ces étages, comme les terrasses,
s’'échelonneront de haut en bas avec des âges de plus en plus récents.
D'autre part, comme nous l’avons montré dans notre récent Mémoire ('),
la surface terrestre tendant sans cesse à la régularisation absolue de ses
dénivellations actuelles, on comprend qu'avec la réduction de ces dernières,
se réduit synchroniquement la capacité condensatrice des hauts sommets,
donc l'intensité pluviale et partant l'importance des cours d’eau superficiels
et souterrains.
Si donc, comme à Mammoth Cave (°), on constate trois étages d’érosion
Interne successifs, c’est que le voussoir qui les contient a été réajusté au
moins trois fois. Nous écrivons «au moins trois fois», car si l’on tient
compte de la puissance des abrasions produites par les trois réajustements
constatés, on peut admettre que les parties disparues contenaient des traces
d’érosion plus anciennes. Au Tonkin, en levant au y la feuille de
Pho-Binh-Gia (topographie et géologie), nous avons observé à l’ouest du
poste du même nom et à 600" d'altitude, les restes d’un plancher stalagmi-
tique ayant appartenu à une caverne qui s'élevait à 200% au-dessus de celle
qui débouche actuellement en face le poste militaire qui a donné son nom à
la feuille. C’est dire que le massif de calcaire ouralo-permien qui porte ces
restes s'élevait bien au-dessus de ses sommets actuels (500! à 600").
M. Martel signale de nombreux restes de canalisations souterraines dont
les ouvertures actuelles dominent les massifs qui les portent. Ces engouffrotrs,
comme il les appelle, représentent en quelque sorte le négatif des dykes
volcaniques, dont les prééminences rocheuses nous indiquent un point de
Passage des évents aboutissant jadis beaucoup plus haut que leur altitude
actuelle,
Dans l'érosion interne, comme dans l'érosion superficielle, il faut donc
S
(') G. Zeil, Les mouvements de l'écorce terrestre et les tremblements de terre
tecloniques.
(CY EA. Marrez, Sur Mammoth Cave (Comptes rendus, t. 159, 1914, p. 1013).
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 9.) 7
478 ACADÉMIE DES SCIENCES.
admettre des récurrences érosives dont les effets s’échelonnent de haut en
bas, la plus récente étant la moins élevée, et dont la déchéance s’accentue
avec le temps.
Ces conclusions déductives tirées de notre théorie ascensionnelle et
celles que M. Martel a tirées de l'observation des faits étant identiques, se
corroborent mutuellement et permettent, une fois de plus, de confirmer la
réalité des réajustements périodiques de la lithosphère.
BACTÉRIOLOGIE. — Influence de la nature de l'aliment carboné sur l'utili-
sation de l'azote par le Bacillus subtilis. Note (') de M. E. Ausex,
transmise par M. Ch. Richet.
Le Bacillus subtilis (°) se développe convenablement sur le milieu :
g À
TERRE hd ii da du ee 6
Phasphate de ROLAND, cure de 1
Sulialé de Mangas... 214,5 ru ce Ce < 1
Rau CD M Delais ds ae pi Le bonus 1050
où l’asparagine représente à la fois la source de carbone et d'azote. Si, dans
un tel milieu, on fait varier la source de carbone, on constate des différences
marquées dans la quantité d’azote utilisée et dans le poids des récoltes.
Frouin (°) avait déjà constaté que le développement est plus facile et plus
abondant après adjonction de glycérine ou de glucose. Voici des résultats
obtenus après 8 jours d’étuve à 37° (NH? fournie par l’asparagine, 18,468):
‘ Acidité Ur Poids
Acidité Sörensen de NH? Poids
N N par litre
en soude — en soude — 3 des
10 10 correspondant NH: cultures
pour 5m pour 5em? à l'acidité TT ar litre.
de culture. de culture. Sörensen. trouvé. utilisé, P
em? i em? g g g ie
Témoin non ensemeneé ... 0,7 2,1 6,784 0,020 o
$ n o8 85 +05, 465 | 53 o 062
moi bosse +079 CHIC 2,5 0,850 1 : 0,1 ,
Témoin ensemencé 9 ( ) ; dans PO‘ NH*Mg í i
r og ad w À Ô
Culture sur glycérine...... 0,9 2,5 0,850 0,890 ur z x
» glucose....... 0,3 3 1,020 1,003 0,465 aus
5 xi ; A o
» lévulose...... 0,6 2,6 0,952 0,935 0,533 , i
n a
(1) Séance du 23 aoùt 1920. ` ”
(2) Les souches provenaient de l’Institut d'Hygiène de Strasbourg. Elles m'ont été
données par le Directeur, M. Dufourt, que je remercie.
(3) A. Frouw, Action du sulfate de lanthane sur le développement du Bacillus
subtilis (C. R. Soc. Biol., t. Tk, 25 janvier 1913, p. 196).
SÉANCE DU 30 AOÛT 1y20. 479
Les poids d'ammoniaque par litre, calculés d’après l'acidité Sörensen, et
les poids d’ammoniaque trouvés étant égaux, aux erreurs d'expérience
près, tout l’azote de l’asparagine (azote aminé et azote amidé) a été trans-
formé en sel ammoniacal dont une partie a été consommée par le microbe.
La glycérine donne donc un meilleur rendement que le lévulose, lui-même
supérieur au glucose (‘). Mais, en réalité, ce n’est pas à la glycérine qu’il
faut attribuer ces bons résultats. Celle-ci, en effet, donne dans les cultures
des produits réducteurs. Parmi ces produits, et de beaucoup le plus abon-
dant, il y a un acide, donnant la réaction de Legal, se combinant au
bisulfite de soude, ce qui permet de l’isoler, la phénylhydrazine, et la
p-nitrophénylhydrazine. Dans ce dernier cas, le produit purifié fondait à
216°. Nous pensons {des recherches en cours nous diront si cette hypothèse
est exacte) qu’il s'agit d'acide pyruvique. C’est ce que confirment, à notre
sens, les cultures sur pyruvate de soude à 5 pour 100, effectuées sur les
conseils de M. Terroine et appartenant à la sériè examinée plus haut :
AU). e na. ere .. +0,2 (réaction alcaline)
Acidité Sürensen............ 1°™ 5, soit 08,510 en NH? par Htre
NR? pat Hire ei dus 08,910:
Nues et 05,958 :
Poids des cultures par litre... 08,870
Il est vrai que le B. subtilis, cultivé sur saccharose, donne, d'après
Lemoigne (°), du 2.3-butylèneglycol, produit principal, et de lacétyl-
méthylcarbinol, qui en dérive par oxydation. Mais il parait bien que ces
produits dérivant de la dissociation du glucose ne jouent pas, vis-à-vis de
cet hexose, le rôle de l'acide pyruvique vis-à-vis de la glycérine. Ils sont
accumulés dans les cultures alors que l’acide pyruvique est consommé.
La fonction alcool donne des rendements inférieurs, ainsi qu'il résulte de
l'analyse des ballons ensemencés sur lactate de soude à 5 pour 100:
(!) Il est intéressant de rapprocher ces résultats de ceux publiés dernièrement par
Desgrez et Bierry (Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1209), FER ae
rats Soumis à un régime synthétique riche en albumine et en graisse par rapport au
Sucre perdent du poids vif et de l'azote. Si l’on abaisse l'apport en albumine et en
graisse et si l'on augmente le sucre, l'équilibre azoté est rapidement atteint. Et ce rôle
fonctionnel des sucres est rapidement manifesté, surtout dans le cas du lévulose.
(2) LEMOIGNE, Áss imilation du saccharose par les bactéries du groupe des subtilés
(Ann. 1. È., t. 21, p. 856),
480 ACADÉMIE DES SCIENCES.
E E oem? 8
Acidité Sôrensen...,.,........ 39% 2 soit 18,088 en NH? par litre
FOR par HE, lines 18,12
NH ohli re ie ce ia dut oiu o8, 348
Poids de culture par litre ...... 05,190
Dans les conditions où nous nous sommes placé, la nature de l’aliment
carboné exerce donc une influence nette sur l’utilisation de l'azote par le
bacille. La source carbonée donnant les meilleurs résultats était fournie par
les carbones cétoniques, puis venait le carbone aldéhydique et enfin les
carbones liés directement à l'hydrogène.
D'autre part, la comparaison de l’action du glucose et du lévulose nous
semble une nouvelle preuve apportée à l'appui de l'hypothèse formulée
autrefois et reprise par Lindet (') et plus récemment par Molliard (°) et
Colin (è), suivant laquelle le lévulose serait surtout un aliment de
construction.
La séance est levée à 16 heures.
À. Lx.
1) Linper, Ann. Agr., t, 26, 1910, P: 103.
ét à
(?) Mortar, Comptes rendus, t. 167, 1918, p. 1043.
(3) H. Cou, Comptes rendus, t. 168, 1919, p. 697.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 6 SEPTEMBRE 19920.
> PRÉSIDENCE DE M. Léon GUIGNARD.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MINÉRALOGIE, — Sur les groupements réguliers de deux minéraux différents
constituant certains fers titanés. Note (') de M. A. Lacroix.
La constitution des fers titanés a fait verser beaucoup d'encre; ces miné-
raux présentent de grandes variations, non seulement dans les proportions
relatives du titane et du fer, mais encore dans l’état d’oxydation de ce
dernier. D’après leur symétrie, ils peuvent être divisés en deux groupes :
les uns, en effet, sont rhomboëédriques, les autres cubiques; ils sont respec-
tivement désignés sous les noms d’i/ménite et de titanomagnétite.
Je m’occuperai tout d’abord du type rhomboédrique. Le composé TiO?Fe,
Correspondant à TiO?52,65, Fe47,35, est rarement réalisé à l’état de pureté
parfaite ; cependant, la crichtonite de l’Oisans, la kibdelophane d'Hofgastein
s'en rapprochent beaucoup. J’ai proposé autrefois (°) d'utiliser ce nom de
crichtonite, qui est le plus ancien, pour désigner ce composé, et c’est dans
ce sens qu'il sera employé plus loin. La découverte de variétés magné-
siennes dans lesquelles une partie du fer est remplacée par de la magnésie
(picrocrichtonite des gisements diamantiféres de l’Afrique australe), d'un
type exclusivement magnésien (gerkilite), puis d'un autre, exclusivement
Manganésifère (pyrophanite), est venu confirmer cette formule de la crich-
tonite.
Mais la plupart des ilménites ont une composition plus complexe, qui
(') Séance du 30 août 1920.
(3 Minéralogie de France et des Colonies, t. 3, 1901, p. 235.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 10.)
482 - ACADÉMIE DES SCIENCES.
peut être représentée (Rammelsberg) par T10°Fe.xFe 0, æ variant
dans des limites très étendues. Le Fe?O* est considéré comme existant soit
à l’état de mélange isomorphe avec le titanate (les angles des deux
minéraux sont très voisins, mais le premier est holoédrique, alors que le
second est parahémiédrique), soit à l’état de solution solide; quelques
auteurs ont pensé aussi à l’existence de mélanges isomorphes de Fe*0° et
de Ti? O’, bien que l’holoédrie de ces deux oxydes ne permit pas de com-
prendre la parahémiédrie de leur mélange éventuel.
L'étude de minerais titanifères de Madagascar m'a conduit à une inter-
prétation nouvelle qui fait plus particulièrement l’objet de cette Note.
Plusieurs tonnes de ces minerais ont été rencontrées à la surface des lepty-
nites d'Andongovato, entre Itrongay et Sohaninoka, et aussi à 5" au nord-
ouest d'Itrongay. Leur texture est coccolitique, c’est-à-dire qu’ils se divisent
par le choc en grains polyédriques de grosseur uniforme (0,5 à 1°,5 de
diamètre); ces grains présentent une sorte de clivage imparfait et un vague
aspect fibreux, dû à leur constitution hétérogène ; ils sont formés en effet
par l’interpénétration, en position parallèle, de lames irrégulières de deux
minéraux distincts. J’ai rencontré un échantillon brisé perpendiculaire-
ment à ce clivage et qui est resté longtemps exposé à lair; sa surface est
comme vernisste, zébrée de jaune (') et de noir. Si l’on taille un de ces
grains dans cette même direction, perpendiculaire au clivage, et qu'on la
polisse, on voit apparaître alors, même sans le secours du microscope, une
alternance de lames des deux minéraux composants, tous deux noirs, mais
d’un noir différent; cette distinction peut être faite sans le secours du mi-
croscope, car l’un des deux minéraux prend mieux le poli que l’autre. fl est
facile d’accentuer cette différence par une attaque à l'acide chlorhydrique
froid qui laisse en relief le minéral le plus brillant. Celui-ci est de la crichto-
nite, le minéral attaqué est de l’hématite. Un traitement suffisamment pro-
longé par l’acide chlorhydrique chaud permet de mettre complétement en
liberté la crichtonite dont la structure lamelleuse apparait alors d’une
façon fort nette.
Un examen plus approfondi des surfaces attaquées montre que les la-
melles de crichtonite ne sont pas toutes rectilignes ni toujours absolument
parallèles entre elles; elles sont parfois légèrement gauches, comme ployées,
; PT a
n peu
(1) Ge mince enduit est constitué par de l'acide titanique, probablement u 3
dati
hydraté; il me fait penser à lenduit blanc jaune, signalé par C.-W. Blomstran
suiface d’une ilménite altérée et qu’il a appelé hydroilménite (Minneskrifl. Fys.
Sällk. Lund, 1878, n° 3, p. 4).
SÉANCE DU 6 SEPTEMBRE 1920. 483
étirées en pointe, et ces déformations font penser à celles que l’on observe
dans les roches constituées par des minéraux inégalement plastiques et qui
ont été soumises aux actions mécaniques ; les roches voisines présentent
d’ailleurs des déformations de cet ordre. Une section parallèle à la base
montre, elle aussi, que les lames de crichtonite ne sont pas continues dans
toute l'étendue d’un même grain; elles forment comme des taches au milieu
de la magnétite. L'analyse suivante a été faite par M. Raoult sur un frag-
ment de densité 4,96 : TiO? 27,4r; FeO 23,99; MnO 0,22; MgO 0,25;
Fe? O* 47,95 = 99, 82. Cette composition correspond à 47,95 d’hématite et
51,87 pour 100 de crichtonite.
Les faits qui viennent d'être exposés font donc voir que dans les cas
étudiés, contrairement aux idées admises, le sesquioxyde de fer n'existe
dans le titanate ni à l’état de mélange isomorphe ni à celui de solution
solide; il constitue une association géométrique régulière, à axes parallèles,
de deux minéraux différents, qui, malgré leur analogie de forme, ne
constituent pas des cristaux zonés, mais des groupements qui peuvent être
comparés à la perthite des feldspaths potassiques et de l’albite, à celle des
pyroxènes monocliniques et rhombiques, à celle de la graftonite et de la
triphylite, avec cette différence toutefois que les deux composants possèdent
le même système cristallin.
Il sera nécessaire de rechercher dans quelle mesure une telle E ESN
peut être généralisée. Les quelques cristaux d’ilménite du pen originel
de Miask, dans l’Ilmen, (Ti O? = 45 à 48 pour 100) ne m'ont rien présenté
de semblable; ils semblent homogènes. Par contre, deux fers titanés, moins
riches en titane, d’autres gisements m'ont fourni des résultats concordants
avec ceux décrits plus haut. Dans la ashingtonite de Litchfield (Maine),
renfermant de 22 à 24 pour 100 de Ti O°, l'analogie avec le minéral mal-
gache est très grande, sous cette réserve que les lames de crichtonite sont
plus fines, plus serrées, à bords rectilignes, ce qui concorde avec l'inter-
Prétation donnée plus haut, car le minéral constitue des cristaux très
réguliers qui n’ont subi aucune déformation mécanique. Dans des cristaux
de Snarum (Norvège), ne renfermant que 6 à 10 pour 100 de TiO?, les
lames de crichtonite, au contraire, sont très clairsemées.
Il parait donc probable, mais ceci demande des cerbaro plus
complètes, que tant que dans un fer titané rhomboédrique renfermant du
sesquioxyde de fer, la proportion du titane est très élevée, il se produit des
cristaux homogene à forme de crichtonite, puis, lorsque la composition
s'approche de l'égalité entre les deux composants, chacun d'eux s'indivi-
484 ACADÉMIE DES SCIENCES
dualise pour former une perthite; dans les cas étudiés, l'édifice extérieur
prend la forme de l’hématite; la combinaison a'e?d'p de la washingtonite
n’a jamais été trouvée, à ma connaissance, dans des fers titanés riches en
titane et, par contre, elle n’est pas très rare dans lhématite pure. Au point
de vue de la nomenclature, on pourrait, au moins provisoirement, réserver
le nom d’ilménite aux types homogènes, et, puisque le nom existe, désigner
sous la qualification de washingtonite les associations perthitiques qui font
l'objet de cette Note. Leur densité croît en raison inverse de la proportion
de titane et en même temps leur poussière tire de plus en plus du noir
franc de la crichtonite au brun rouge foncé.
Restent maintenant les fers titanés octaédriques. La structure hétéfogine
de certains d’entre eux a déjà été mise en évidence ; ceux-ci constituent des
groupements de crichtonite et de magnétite; observés d’abord sur des
cristaux distincts, ils ont été retrouvés ensuite, par l'examen microscopique,
dans le fer titané de roches basiques et, plus récemment, par des procédés
métallographiques, dans des minerais ('). Dans tous les cas, ces groupe-
ments se font suivant la loi observée jadis dans ceux de magnétite et de
magnésioferrite; des lames de crichtonite sont disposées parallèlement aux
faces de l’octaèdre de la magnétite, de telle sorte que les deux minéraux ont
un axe ternaire en coïncidence et qu’en outre un axe binaire de l’un soit en
coïncidence avec un axe trapézoédrique de l’autre.
J'ai rencontré, avec une très grande fréquence, les groupements de ce
genre dans les gneiss et dans les pegmatites, les gabbros de Madagascar:
tantôt la magnétite y domine CHR en amont de Benenitra, par
exemple), tantôt, au contraire, c’est l'inverse qui a lieu (Vangoa, dans
le Betsiriry). Mais les minéraux malgaches possèdent parfois la particularité
de présenter ces associations visibles naturellement, grâce à des corrosions
qui ont rongé la magnétite et laissé en relief les lames de crichtonite avec
une délicatesse très supérieure à celle que l’on peut obtenir dans le labora-
toire avec le concours des acides. Les blocs sans contours géométriques des
environs de Sahaninoka pour de telles associations à grands éléments; les
éluvions des pegmatites à bastnaésite de la vallée de l’Imorona pour de gros
octaèdres à faces nettes, peuvent être cités comme exemple.
L'étude de ces associations m'a suggéré une comparaison avec la struc-
ao aaa
(1) SinGewarn, The titaniferous iron ores in the United States their composition
and economic value (Bureau of Mines, Washington, Bull. n° 6%, 1913). Dans cè
Mémoire se trouve la bibliographie de la question sur laquelle il me paraît inutile de
revenit plus longuement.
SÉANCE DU 6 SEPTEMBRE 1920. 485
ture de certains fers météoriques; quand, dans un de ces groupements de
magnétite et de crichtonite, le réseau de ce dernier minéral est continu, les
figures obtenues dans les sections perpendiculaires à un axe ternaire ou
quaternaire sont en tous points identiques aux figures de Widmanslätten
des fers météoriques, dits octaédriques. La crichtonite joue le rôle de la
kamacite et de la tænite, la magnétite celui de la plessite. Par analogie, il
est donc permis de se demander si tous les constituants des fers météoriques
sont véritablement cubiques, comme on l’admet actuellement, sans autre
raison, semble-t-il, que leur existence dans des assemblages réglés par la
symétrie de l’octaèdre. L'exemple qui vient d’être décrit montre que
cette raison n’est ni nécessaire, ni suffisante; la kamacite et la tænite
pourraient être rhomboédriques, la plessite leur fournissant le substratum
octaédrique.
Pour en revenir aux fers titanés octaédriques, à structure complere. on
voit qu’il n’est pas légitime de les appeler ttanomagnétites ; il faut parler
d'associations perthitiques de type octaédrique de crichtonite et de magné-
tite. Il semble bien, d'ailleurs, qu'il existe de véritables titanomagnétites,
les octaèdres à cassure vitreuse, les basaltes sen et de Madagascar
paraissant, en effet, homogènes.
En terminant, il me reste à signaler un RERS fait intéressant.
Dans liriorsha, les gros octaèdres de magnėtite renferment parfois,
couchés dans des plans octaédriques, des aiguilles de rutile d’un brun
rouge; ilest possible de démontrer qu'il ne s’agit pas là d’une orientation
primaire, ces cristaux de rutile résultent de la transformation secondaire de
la crichtonite dont il vient d’être question.
NAVIGATION. — Sur un petit sous-marin destiné aux travaux océanographiguét.
Note de M. Maxime Lauseur.
On ne se figure pas, en général, le sous-marin autrement que comme
navire de guerre. Nous croyons intéressant de signaler que des sous-marins
Peuvent être utilisés à des travaux pacifiques.
Un tonneau-plongeur de l'Añglais Lethbridge a été employé, dès ns au sauvelage
d'épaves
Le heur sous-marin de de Collonge a fait l'objet d’une Communication à
l'Académie des Sciences en 1855. Ce n’est pas un véritable sous-marin, parce qu'il
reste en communication avec la surface au moyen kuh tube,
+
486 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'Observatoire sous-marin de Bazin, construit dans le but de rechercher les
épaves des galions de Vigo, a été expérimenté en 1865.
La Taupe marine de Toselli (1872), la Boule nautique de Balsamello (1889)
étaient comme les précédents, dans l'impossibilité de se mouvoir par eux-mêmes et
restaient suspendus par des cordages. s
Au contraire, le Travailleur sous-marin de Piatti dal Pozzo, expérimenté en 1897,
en forme de sphère, comme la Boule de Balsamello, possédait trois hélices et un
gouvernail, De même le Travailleur de Pino, en forme d’ellipsoïde de 5" de grand
axe, 3" de petit axe, possède deux petites hélices latérales (1903).
Tous ces engins étaient destinés à la recherche des épaves.
L'abbé Raoul a fait construire vers 1903 un petit sous-marin pour la pêche des
éponges sur les côtes de Tunisie,
Je viens aujourd’hui présenter les données d’un avant-projet de petit
sous-marin que j'avais étudié en 1907 pour les travaux océanographiques.
PETIT SOUS-MARIN DESTINÉ À L'OCÉANOGRAPHIE.
(Avant-projet dressé en 1907.)
L'’exploration des couches d’eau sous-marines ne se fait actuellement que
d’une façon indirecte.
Nous pensons qu’on peut procéder à l’exploration directe, jusqu’à une
profondeur de 8o®% à 100% au moyen d'un bâtiment sous-marin, de petites
dimensions, spécialement construit pour cet emploi.
I. DESCRIPTION pu ATMENT. — Le sous-marin aurait les dimensions sui-
vantes :
LOPEUMUR 4 re Sri rite ets 18™, 80
B E ui, Re" ks om, 30
Déplacement... NN 5o'* environ
La coque est dé révolution, toutes les sections étant circulaires. La
membrure et le bordé sont calculés de facon à résister avec sécurité à la
pression qui correspond à une hauteur de 8o" ou 100" d’eau de mer.
Des précautions spéciales seront prises pour assurer l'étanchéité de
toutes les ouvertures faites dans la carène, même en cas d’accident : par -
exemple en cas de rupture d’une tige de thermomètre, un bouchon à vis
sera tout préparé pour obstruer louverture.
Pour les hublots, une tape métallique, serrée par des écrous à à oreilles
sera desserrée dogmati si le hublot en verre (glace de Saint-Gobain-
de 4o™™ d'épaisseur) était cassé, ou seulement fendu, on verrait passer
leau. Dans ce cas, on resserrerait la tape et l’on m'utiliserait pas ce
hublot.
SÉANCE DU 6 SEPTEMBRE 1920. 487
Le sous-marin sera muni de deux quilles lui permettant de bien s'asseoir
sur le fond.
Afin de pouvoir opérer dans les mers à marée sans être trop gèné par iis
courants, le sous-marin est pourvu de moyens de propulsion par accumu-
lateurs et moteur électrique.
Les accumulateurs, au nombre de 43, pèsent 188*8 chari Le moteur
peut donner une puissance effective de 5o chevaux environ à 420 tours,
sous 80 volts. ;
Dans ces conditions, la vitesse maximum du sous-marin serait d'environ
6 nœuds à la surface, 4°, 75 en plongée.
Son rayon d'action à demi-vitesse serait de :
6o milles à 3 nœuds à la surface;
50 milles à 2°, 5o en plongée.
Outre les tableaux de manœuvres, rhéostats, etc., destinés au fonction-
nement du moteur et des accumulateurs, les appareils suivants seraient
placés sur le bateau :
Une pompe centrifuge de 30° mue par le moteur principal.
Une pompe à piston de 3000! pouvant refouler à la pression de r08 avec
moteur électrique.
Un périscope pour la vision en marche à la surface, par mer agitée empê-
chant de se placer sur le brise-lames.
Cet appareil est indispensable pour que le sous-marin puisse retrouver
son convoyeur en remontant.
Deux treuils à bras : un pour le grappin, un pour le poids arrière.
Deux réservoirs d'air comprimé (environ 150' à 1204).
Un ventilateur électrique, nécessaire pour aérer le sous-marin dènt
le rechargement des accumulateurs.
Un compas. |
Un téléphone.
Eclairage électrique Si 12 lampes de 10 bougies, 80 volts).
Les trois caisses de réglage de l'assiette et de la fottabilité.
Un grappin de 80*8 et 160" de câbles en fil d’acier.
Un poids en plomb de 80*s et 160" de cäble en fil d'acier. :
IT. RÉGLAGE DE LA PROFONDEUR. — Les, opérations seraient possibles j jusqu’à
la profondeur de 80™ à roo™. De plus, on pourrait les faire à des PETNE co
bien réglées à volonté, par exemple de 10" en 10" ou de 5™ en 5™, |
Pour cela, un treuil à lavant et un treuil à l’ arrière servent à lever ou ao
amener le grappin de 80*8 à l'avant, le poit de 80s à] ‘arrière.
488 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En donnant au sous-marin une flottabilité positive de 5o'$ à Goks, on
mettra au fond le grappin et le poids et l’on enroulera sur les treuils la quan-
tité de fil nécessaire pour tenir le sous-marin à la profondeur désirée.
Cette profondeur sera lue sur un manomètre spécial à grand cadran,
gradué en mètres d’eau de mer de o à 80 et qui peut donner la profondeur
à o™, 20 pres.
ITI. OPÉRATIONS OCÉANOGRAPHIQUES. — 1° Prise d’échantillon de la couche
superficielle du fond. — Un appareil analogue aux dragues dites dragues à
mâchoires passerait dans un presse-étoupe au travers d’un couvercle. Quand
on aurait pris l'échantillon, on relèverait l’appareil qui se logerait dans
l’espace compris entre la vanne et le couvercle formant sas et l’on fermerait
la vanne ; on pourrait alors ouvrir une porte latérale et retirer l'échantillon.
2° Prise d'échantillon des couches du fond. — Un tube analogue aux
tubes employés pour des sondages à terre, tube terminé par une denture,
serait enfoncé en le tournant comme une tarière. Les échantillons des diverses
couches se logeront à l’intérieur du tube en se superposant. On pourrait
ensuite le retirer.
Ce tube serait logé dans le même système de sas que l'appareil précédent.
3° Prise d'échantillon d'eau. — Cet échantillon serait pris in situ, ce qui
est un grand avantage pour l'étude de la densité, de la salinité, de la tem-
pérature, etc.
Il serait prélevé au moyen d’un petit robinet en bronze placé à la partie
supérieure de la carène, de manière à ne pas pouvoir être bouché par la
vase du fond et à pouvoir être nettoyé, car il serait hors de l’eau quand le
sous-marin serait à sa position d'émergence.
4° Température. — La température serait prise au moyen de thermo-
mètres dont la boule se trouverait dans des poches placées sur la carène, et
dont la tige traverserait un presse-étoupe.
Du fait qu'une partie de l'instrument est à l’intérieur et qu'il touche la
coque, il y aura sans doute une correction à faire. Une table de correction
pourra être établie à l'avance.
Il y aurait plusieurs poches permettant de prendre la température à des
distances variables du fond, soit par exemple 1", 1",55, 2,50.
5° Transparence de l’eau. Intensité de la lumière à différentes profon-
deurs. — Un hublot supérieur permettrait de faire, au moyen d'appareils
à plaques sensibles, la mesure de la transparence de l’eau et de l'intensité
de la lumière.
6’ Observation directe du fond. — Un ou plusieurs autres hublots placés
SÉANCE DU 6 SEPTEMBRE 1920. 489
à la partie inférieure permettraient, au moyen d’un fort réflecteur avec
lampes à incandescence, de voir directement le fond,
7° Direction et vitesse des courants. — Une sorte de girouette placée à
l'avant sur la partie supérieure indiquerait la direction du courant. Un
hublot permettrait de voir la queue de la girouette et de repérer cette
direction par rapport au compas.
Un loch à moulinet Fleuriais donnerait la vitesse du courant.
8° Récolte du plankton. — Un robinet spécial et une caisse de 250! per-
mettraient le tamisage de la quantité d’eau qu’on voudra sur le filet fin de
soie à bluter, pour la récolte du plankton in situ. L'eau de la caisse serait
refoulée au dehors par la pompe électrique. Cette opération serait facile à
faire, étant sur le fond. Pour la faire à diverses hauteurs, de façon à avoir
le plankton in situ, il faudrait évacuer l’eau par la pompe au fur et à
mesure, sans lui laisser le temps de remplir la caisse, pour ne pas troubler
l'équilibre. Un compteur de tours placé sur la pompe, dont le débit sera
préalablement contrôlé, donnerait la mesure du volume d’eau tamisé.
Sans doute on pourra ajouter à ces opérations d’autres observations et
mesures. Je n’ai indiqué que les principales.
Une partie des opérations pourrait, comme je lai dit, se faire à des pro-
fondeurs variables.
Prix. — Le prix d’un tel bâtiment, coque, moteur, accumulateurs, avec
tous les appareils auxiliaires, les frais d'essais, mais sans compter les appa-
reils océanographiques : thermomètres, manomètrgs, etc., pouvait être
évalué à 190 000!" au moment où le projet a été dressé, en 1907. Íl faudrait
maintenant compter au moins 600000", et ce prix semble bien élevé.
Peut-être pourrait- -on le réduire en diminuant le nombre d'accumula-
teurs et la punis du moteur, et par suite le déplacement du bateau.
Je pense qu’un bâtiment de ce genre permettrait d'obtenir des résultats
importants pour l'étude si intéressante des fonds marins dans la région
comprise entre la surface et la profondeur de 80" à 100". Cette région au
point de vue pratique, est la plus importante puisque c'est celle où se fait
la pêche,
CORRESPONDANCE.
M. A. Mauszanc adresse des remerciments pour la distinction que r Aca-
démie a accordée : à sés travaux.
490 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. le Secréraie PERPÉTuEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Table de caractéristiques de base 30 030, donnant d’un seul coup d’œil les
facteurs premiers des nombres premiers avec 30030 et inférieurs à
9018009900, par Érnesr Lesox. Tome I, premier fascicule : Tableau
L1'= B# +1. Table des caractéristiques K < 30030, K variant de 1
à 4680.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions hypercylindriques.
Note de M. Pierre, Humserr,. |
I. Soit, dans l’espace à quatre dimensions, le changement de variables
æ psn sind,
y =p šin cos,
3 — ptos0,
ot à
s à l'axe
2
où les hypersurfaces o = const. sont des hypercylindres parallèle
des ¿, ayant pour base dans l’espace des xyz la sphère x? + y? -+ 3° =
équation de Laplace AU = o s'écrira dans ce nouveau système
Go AUTRE de DU Fo et ue
op? | pi 06 | prsinÿ OÙ | 28 p do pr ®
On pourra y satisfaire en posant
U = ektcosvd V(o, 0),
la fonction V à deux variables, que nous appellerons fonction de l'hyper-
cylindre sphérique ou plus simplement fonction hypercylindrique, étant
solution de l'équation
oy -d y 20y 4 cot OV in Ÿ PV
msi e — — — — — LL Dee en aasin
dpt p or D p ol p? sin?0
ou, en PERS cosè =
av oV y?
a mme Len : À G z u — V=o
() z S Tone VS + P 9p oa a I— w’
En faisant y — o, nous aurons l'équation à laquelle doit satisfaire la
SÉANCE DU Ô SEPTEMBRE 1920. 491
fonction hypercylindrique zonale, V'(o, ©),
SAY. PR LS OV' V
2 2 à CAS CUS
(2) p Jp Eiaa FAP T FRN =,
dont nous allons nous occuper tout d’abord,
II. Dans la fonction hypergéométrique à deux variables de M. due
Pia ar 5l,} 27) DD my (au aytb m)(b', G. 2" y
La (ym tn) mIn?
faisons == M, remplaçons y par $ X, puis faisons tendre M vers
linfini. Nous obtenons à la limite une E fonction
r : et (ar, m) (5, m) gn y”
SITY s, yy= (y m+n) min!
m
qui satisfait aux deux équations simultanées
œ(i—æ)r+ys+[y—(a+6+i)z]p—afs—o,
YI+xsS+yq—3—0,
et, par conséquent, à l'équation unique obtenue en éliminant s. Or, si dans
cette équation on fait le changement de variables et de fonction
I 3
(r ree pee a Egl
on obtient l'équation
Si dE 076 o% y S i
(1—¢?) r sH y e i wA R — Lin? {= 0,
identique è à l'équation (2) si l’on prend À = — Ee La fonction
V (p 04e
eA I pp?
cosĝ Uk iy 4
est donc une fonction hypercylindrique zonale.
IHI. On reconnaîtra sans peine que si l’on connait une solution V’ de
lé équation (2), on obtiendra une solution V de ee par e
frere :0
Ve, 6) >= Ho) n
492 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Une fonction hypercylindrique complète sera donc
; g” 1 19 I uap?
T à D: PR EE TEA dd PE E OUT € LAN NUE ea
AA d(cos@)" ENE 2 2° cos 4 J :
expression qu il est très facile de simplifier. On a en effet, en posant pour
z 2
I
æF me
y 2 I | Ado
=S b 3 w2 m+ n!
m n x > m -+n
abrėger — eh,
et
: `
A (2m +1, Y) $ ar
z V!
5 CD a SrA N.
EA m-+-y+-1 n!
($, m+n)
Par un calcul simple, on pourra mettre cette expression sous la forme
do” Adk on nl
\ /» I
pv’ (+ i m) É Ta: m) pa
ZAIT 2 2 Ç nl
— mn)!
2
Da PRN y y Yo.
= (— 1) PRE De ina TS. a aik
ce qui montre que la fonction
F __ tang”9 | Pt Ro pp?
TU T a(n teii iy b
est une fonction hypercylindrique, ou encore que l'équation de Laplace, où
l’on fait le changement de variables indiqué au début, admet des solutions
de la forme
U = eH! cosy} mpe
242
ue Peroa 1 + tang°9, LEE
14 a. p
£
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations de la nouvelle étoile du Cygne
faites au photomètre hétérochrome de l’ Obserçatoire de Paris. Note (3 z
M. Cuarres Norpuanx, présentée par M. Bigourdan.
\
Malgré le temps généralement défavorable la semaine dernière nous
avons pu faire un certain nombre d'observations de la Nova du Cygne dans les
nn
(1) Séance du 30 août 1920,
SÉANCE DU 6 SEPTEMBRE 1920. 493
nuits du 26 au 27, du 27 au 28 et du 29 au 30 août au photomètre hétéro-
chrome de l'Observatoire. C’est à notre connaissance la première fois qu’on
étudie la répartition quantitative de l'intensité dans le spectre visuel d’une
Nova.
Rappelons que dans cet appareil le rapport des intensités de l'astre étudié
et d’une étoile connue est mesuré dans diverses régions du spectre en
égalisant au moyen de nicols l'éclat de l'étoile considérée et celui d’une
étoile artificielle observées simultanément à travers un écran coloré. Celui-ci
ne laisse passer qu’une partie de leur spectre concentrée en une image
punctiforme. Rappelons également que nous utilisons actuellement trois
écrans colorés dont j'ai donné naguère la composition (') et qui laissent
passer respectivement chacun un des tiers du spectre visible : l’un la partie
comprise entre À — o”, 5g et o!,49, le second la partie située entre o”, 59
et le rouge extrême et le troisième la partie située entre 0",49 et le violet
extrème.
Le nombre total des pointés photométriques effectués le 26, le 27 et le
29 août est de 265. Ceux du 26 réalisés pendant une courte éclaircie ont
permis seulement, la Polaire servant d'étoile de comparaison, d'établir qùe
cette nuit-là vers 22! (t. s.) la Nova avait un éclat inférieur d'environ 6%", 17,
ce qui conduit à lui attribuer alors la grandeur stellaire 2,29. Le temps
nuageux et la difficulté d'observer dans une éclaircie donnent quelque
incertitude à ce résultat.
Voici maintenant les résultats des observations faites dans les nuits du
27 au 28 et du 29 au 3o août. On a pris comme étoile de comparaison
y Cygne qui est voisine de la Nova et qui offre cette particularité que sa
température effective déterminée par nous, puis par M. Rosenberg (?),
a fourni des nombres très concordants (5620° pour Nordmann, 5100° pour
Rosenberg).
Dans le Tableau ci-après, les colonnes B, V, R et BZ représentent
respectivement le demi-logarithme du rapport des intensités de y Cygne et
de la Nova observées à travers les écrans bleu, vert, rouge et blanc (c’est-
à-dire en lumière globale) de l'appareil, d’après la moyenne des pointés
faits aux dates indiquées. On a également indiqué l'heure sidéralé moyenne
des observations : Pour exprimer ces rapports d’intensités en différences de
grandeurs stellaires, il suffit de multiplier par 5 (formule de Dogton) les
demi-logarithmes indiqués dans ce Tableau : ai
mn
(1) Voir Bulletin astronomique, février 1909, etc.
(*) Voir Comptes rendus, t. 156, 1913, p. 1355.
494 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Heur
Date. (t. s.). B. v. R. BZ. KP.
Nuit du 25 au 28 août.. .. 20h30 0,201 0,209 0,227 0,223 0,026
Nuit du 29 au 30 août.... 1h 0,339 0,300 0,300 0,338 0,070
La comparaison des chiffres de ce Tableau, qui synthétise les résultats
des observations, permet d’en tirer les conclusions suivantes :
1° La grandeur stellaire de y Cygne étant 2, 32 (d’après Harvard, Revised
Photometry), on voit que la grandeur stellaire de la Nova était, le 27 août
au soir, 3,43, et le 29 août au soir, 4,o1 (l'erreur probable des détermina-
tions est, comme je l'ai indiqué jadis, d'environ + of',05). Il s'ensuit que
la Nova est dès maintenant assez rapidement décroissante.
2° Si l’on adopte pour y Cygne la température effective de 5620° (rappe-
lons que cette température est celle. d’un radiateur intégral qui émettrait
un rayonnement réparti comme celui de l'astre considéré), on trouve,
d’après les valeurs de R—B, et en appliquant la loi de Planck, que la tem-
pérature effective de la Nova était le 27 août au soir d'environ 6100° et le len-
demain d'environ 7800°. Quellé que puisse être la différence sur laquelle
nous avons insisté récemment, entre la température effective d'un astre et la
température réelle de sa photosphère, ces températures effectives relative-
ment faibles et notablement inférieures à celles des étoiles à hydrogène et
des étoiles à hélium semblent difficilement conciliables avec certaines des
théories des Novæ et notamment avec celles qui les attribuent à la colli-
sion de deux étoiles obscures. à
3° Il est un autre fait au premier abord inattendu, c’est que la empéra-
ture effective de l'étoile a augmenté du 27 au 29 août d’une quantité nota-
blement supérieure aux erreurs possibles d'observation, tandis qu’en même
temps l'éclat apparent de l'étoile diminuait d'au moins une demi-grandeur.
A priori on se serait attendu à voir les fluctuations de l'éclat suivre celles de
la température effective. L'interprétation du fait que le contraire a lieu doit
pour l’instant être réservée. Peut-être en trouvera-t-on l'explication, en
admettant, conformément aux théories des Novæ proposées par Huggins et.
par M. Deslandres, que l’évolution de la Nova l'entoure d’une masse
atmosphérique croissante, c’est-à-dire de plus en plus absorbante.
ASTRONOMIE. — Premières observations de la Nova Denning faites
à l'Observatoire de Lyon. Note de M. H. Grouizrer, transmise
par M. B. Baillaud.
Un télégramme de MM. Dyson et Lecointe est parvenu à l'Observatoire
, r . ?
de Lyon le 22 août 1920, signalant la découverte, par M. Denning, d'une
SÉANCE DU 6 SEPTEMBRE 1920. 495
étoile nouvelle d'environ 3° grandeur et occupant la position approchée
me
a — 19856", 0.089,90;
Le soir même, j'examinai le ciel dans la région indiquée, j'identifiai la
Nova et je dressai la carte de la région environnante; un voile de stratus,
survenant preguam it, vint rendre pour la nuit entière toute estimation
précise impossible : jai pu noter seulement que La de cette nouvelle
étoile était encore, alors, d'environ 3° grandeur.
Le lendemain, x août, jai commencé les observations précises et je
donne, ci-dessous, les résultats de 20 estimations par la méthode
d’Argelander, que nous avons effectuées depuis cette date, M" E. Bellemin
et moi.
Les étoiles auxquelles nous avons comparé la Nova sont : « Cygne,
x Petite Ourse, y Cygne, & Cygne, à Cygne, y Lyre et n Céphée. Les
éclats adoptés pour ces étoiles de comparaison sont ceux de la Connaissance
des Temps.
Observateurs.|
Temps moyen
l
ss Obser-
Date (1920). Greenwich. Grandeur, Notes. Mise
h m m
23-août...... 8.10 2,0. | ed
PR E 8. 22 2,0 | * | +
aies g 719 | La Lune gêne les comparaisons. 5
» Š 9.40 2,0 AEA
RO A AN 10. g 2,0 | 4 cs
pos AUS ne] He
24 août... 10.40 1,9 | Giel très nuageux au début | G
LE BOA tg de la séance d'observation. EL
29 80üt...... 8.42 2,3 | La Lune, la brume et des cirrus 7
PU SN VAL 12% J 2,4 k | gênent l'observation, S
26 août. E 8. 7 2,9 | | À
; si | s Lette 4 I La Lune gène les comparaisons. | B
AE TRE I2. 39 2:9 ; . <
sI gout o 8.30 3,3 e
DURS EN ere 8. 53 3, 2 | z |
PR 9.56 3,2 } La Lune gène les comparaisons. B
4. 10.15 3,3 | #
AS re ee 12.30 ae >
Il résulte de ces observations que l'éclat de la Nova a augm mentė jusqu’au
`
496 ACADÉMIE DES SCIENCES.
24 aoùt; il a passé par un maximum vers celte date, puis il a commencé à
décroître régulièrement et assez rapidement.
Le 23 août, à l’œil nu, la nouvelle étoile paraissait très blanche : sa colo-
ration était intermédiaire entre celle de « Cygne, qui était plus bleue, et
y Cygne, plus jaune. A l’équatorial coudé de 52°" d’ouverture elle pré-
sentait une teinte nettement bleuâtre. Les 26 et 27 août, cette coloration
bleue a paru s’être atténuée et, à l’œil nu, la Nova a présenté l'aspect d’une
étoile blanche légèrement verdige,
Un nouveau télégramme de MM. Fischer-Pétersen et Lecointe, parvenu
le 23 août à l'Observatoire de Lyon, a donné pour les coordonnées appa-
rentes précises de la Nova, le 21 août à 12", temps moyen de Copenhague :
HE T0 508 3ST, ee € be TUE 0 A
Cette position, reportée sur l’atlas de Dien, après l'avoir ramenée à 1860, -
place la Nova dans la constellation du Cygne. Elle est d’ailleurs facile à
identifier, à l'œil nu, car elle forme le quatrième sommet d’un Ron
gramme à peine déformé, dont les trois autres sommets sont les étoiles à,
et ò de la Croix du Cygne.
Enfin M'e C. Bac, à laide de quatre observations effectuées au cercle
méridien Eichens de 14 d'ouverture, a déterminé pour 1920, janvier 0, la
position moyenne suivante :
a = 19" 56243, 56 £ 05,01, DS aa0 601:
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'Obser-
` vatoire de Lyon, pendant le premier trimestre de 1920. Note de
M. J. Guisraume, transmise par M. B. Baillaud. |
Les observations dans ce trimestre se répartissent sur 68 jours (') et l’on
en déduit les principaux faits qui suivent :
Taches. — Le nombre des groupes enregistrés est le même que précédemment (?),
soit 50; mais, par suite de la formation de deux groupes importants, la surface tachée
a augmenté d'environ un tiers et au total on a 5303 millionièmes au lieu de 3951.
Les deux groupes qui viennent d'être mentionnés ont été visibles à l'œil nu; de
premier avait une longueur de 27° en longitude héliographique et la durée de son pas-
sage au méridien central a été 4 deux jours; le deuxième, avec les taches voisines à
nomment
(+) M'e Gauthier a largement participé aux observations de ce trimestre.
(2) Voir Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 723. Ë
SÉANCE DU 6 SEPTEMBRE 1920. 497
la même latitude, couvrait 42° de longitude et le passage de l’ensemble au même
méridien a duré 3,2 jours.
La latitude moyenne des taches s’est rapprochée de is au Sud, à —10°,9 au
lieu de — 13°,5 et au Nord elle est restée la même, à + r0°,5.
Les changements survenus dans leur répartition sont de 4 groupes en plus dans lhé-
misphère austral (28 au lieu de 24) et de 4 groupes en moins dans l'hémisphère
boréal (22 au lieu de 26).
Régions d'activité. — On.a | noté 109 groupes de facules avec une aire totale
de 122,5 millièmes, au lieu de 93 groupes et 93,9 millièmes.
Dans leur répartition de part et d'autre de l'équateur, il y a 6 groupes en plus au
Sud (56 au lieu de 50) et 10 groupes, en plus également, au Nord (53 au lieu de 43).
Tagceau I. — Taches.
Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes. Surfaces | Dates, Nombre Pass. Latitudes moyennes. jaar
extrêmes d’obser- au mér, =~- moyennes extrêmes d’obser- au mér. "mt ennes
d'obserr. vations. central, S. N. réduites, d'obserr. vations. central — S. N. er
Janvier 1920. — 0,00. Février (suite).
26- 3 6 1,9 —4 127 14-49: 10" 00,8 + 6 6r.
30 DES E +2 2 18-28 9 22,4 +17 83
31 1 3,3 —8 4 19-25 9 03,5 — 8 44
10 1 9,9 + 5 3 21-24 3 24,8 —11 7
9-16 J FFAG: +13 60 +28 r 25,0 5 4
9-19 G riS +II 31 23-28 5 27,8 : —15 14
9-20. 10. 14,8 +15 104 5 Li 28,7 717 28
14-1678; 19,9 270 4 24- 6 12 29,1 —10 179
12-22 TERA PE 3
a e es 0
20—28 8 23,4 —18 : 346 Mars. — 0,00.
te
22— 3 11 be 6 1 po Fc ne A o
y Z 7 9-13 5 30,6 —14 71
19] —11°,2 + 8°,8 II Pr dE ondes | à
À t 9-13 54132 + 7 1
' Février. — 0,00. 9 i kü 10 9
3 1 4,1 +2 21 17 1 15,8 —12 4
x i A i tA 3 af 5 | 396 16 14
Hs M des: mon à
Eh ; iaf Toe o 17-23 6 20,6 —12 83
11-19 8. ares 5 17-47; to 29 3 1218
9 T39 + 5 201 17-26 y db ri
ER Fa Me FT I 19-28. 11. 23,0 —.5 274
E $ h 14 ns 5 x 25-26 : 4: 954 +23 5
12-23 "160 18 4 à non e o a
49 50 ‘| asagi 5 wa mS a.
14-21 ” 18,5 +20 46 nada
Lan di 10,6 18 101 24]. AGA Hra
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 10.) | a -o
498
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tasceau Il. — Distribution des taches en latitude.
Sud Nord, Surfaces
~ © — ux totales
1920. 90°. 40° 30°." 20°. 10°. 0°. Somme. Somme. 0°. 10°. 20°. 30°. 40°, 90°. mensuels. réduites.
Janvier... .. s » + 9 6 8 4 4 Dp » 14 1909
Février; n + I Eion II 9 FER 5 » 20 1105
LE Ts RER NS + 9 » 5 6 If 5 Faf I » » 16 22389
VUE SOC NV (9 it 28 IF 433% Et: + » 50 5303
Tasceau Ill. — Distribution des facules en latitude.
Sud, Nord. Surfaces
A ŘÁD totales
1920. 90°. 40 30°. 20 10°, 0°. Somme Somme 0107. 020. : 20 A mensuels, réduites,
Janvier. .... ok ut ir 15 7 E Pt PAR a 32 36,3
Février. .... ME. 4: 18 16 a: DER CRIE GARE 34 38,3
ars Eo 152. 1850 23 20 TAN Sr 00 43 47:9
Kotani o r ag 90: 16 56 53 SES VU D OU 109 122,9
MÉTÉOROLOGIE. — Inversions de température dans les couches basses
de l'atmosphère dans l'Antarctique. Note (+) de M. J. Roues.
Pendant l'hivernage de l'expédition Charcot à l'île Petermann (lati-
tude, 65°10'S; longitude, 66°34’ W Paris), nous avons fait des observa-
tions simultanées de température à une altitude de 2" au-dessus de la mer,
auprès de Port-Circoncision, et à une altitude de 35" sur la colline des
Mégalestris. Les deux stations étaient séparées par une distance de 300"
à vol d'oiseau. Les thermomètres étaient installés dans des abris du modèle
anglais absolument identiques en haut et en bas et étaient lus simultané-
ment à 10", chaque matin. Nous avons pu réunir ainsi 202 observations
qui permettent d'étudier Ja variation de la température avec l'altitude.
1° Résultats généraux. — La différence moyenne de ces 202 observations
est de + 0°,04, le signe + correspondant aux températures de la station
supérieure plus hautes que les températures de la station inférieure.
Les différences moyennes pour chaque mois sont les suivantes :
Avril.
+ 00,13
Mai.
+ 0°,/45
Mars. Juin. Juillet. Août. Septembre. Octobre.
KA ea +0,34 -+0023 :—o°,r7 —0°,33 —0°,92
Sur les 202 observations, nous relevons 45 inversions, 48 fois aucune
Ts D diet
(+) Séance du 9 août 1920.
SÉANCE DU 6 SEPTEMBRE 1920. 499
différence de température, 109 fois une température plus basse à la station
supérieure.
La plus grande inversion fut de 5°,3 le 1®™ juillet, ce qui correspond
à une variation de + 1°,6 pour 10" de hauteur.
La plus grande différence négative observée est de — 1°,5 le 7 octobre.
2° Influence du vent. — Les inversions se produisent par calme ou par
vent faible. Le vent le plus fort est un vent de NE, de 20%™ à l'heure, pour
une inversion de + 0°,3.
A mesure qu’on s'élève, le thermomètre baisse en moyenne plus avec les
vents du quadrant Ouest qu'avec les vents des autres directions.
3° Influence de la température. — La grandeur de l'inversion est en raison
directe du froid, ainsi que le montre le Tableau suivant :
Température moyenne
de l'abri inférieur... —5°,6 —ci°,5 139,0 —139,4 —15,4 —16°,4
Valeur de l’inversion. o° à 1° 1° à 2° 2° à 3° 39 à 4° goa t 4x0
4° Influence de la nébulosité. — Les différences de température corres-
pondant aux diverses nébulosités sont les suivantes :
POIDS: 5,1 a rer où! 2à 3 ka 5 6a% 9339 10
Différence de température... <+1°,7 +0,6 +o°,) —Ho®,2 0,0 —0,3
Les inversions se produisent donc beaucoup plus par ciel découvert que
par ciel couvert. Sur 23 observations faites par brume on relève 5 inver-
sions. Sur 58 observations faites par neige, une seule donne une inversion
d’ailleurs faible (+ 0°, 2). se
5° Influence de la pression barométrique. — Les inversions se produisent
plutôt par pression supérieure à la moyenne, qui est d'environ 740% à l'ile
Petermann. Toutefois nous avons observé une inversion par baromètre
inférieur à 720%", 4 inversions par baromètre compris entre 720%"
et 730%%, 14 inversions par baromètre compris entre 730" et 740".
6° Observations des thermomètres enregistreurs. — De ce qui précède, il
résulte que les inversions se produisent surtout par ciel peu couvert, par
vent faible et qu’elles sont d'autant plus fortes que la température est plus
basse. Ces résultats sont confirmés par la comparaison des courbes des ther-
momètres enregistreurs des deux abris les jours de ciel peu couvert (nébu-
losité supérieure à 2L ne E Fr. ;
Les deux courbes ci-après donnent d'une part (courbe supérieure) la
500 : ACADÉMIE DES SCIENCES.
variation diurrié dé la température de l'abri inférieur les jours en question
(24 jours dans l’année) et d’autre part (courbe inférieure) la variation
h h h h h h
AO sell 12 E 24
a AN
| ‘5 VAN | PAS
À
a e | np
M
diurne de la différence des températures inférieures et supérieures les
mêmes jours. Ces deux courbes sont exactement inverses l’une de l’autre.
La séance est levée à 16 heures.
en
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 13 SEPTEMBRE 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Léox GUIGNARD.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. — Au sujet des déplacements apparents de
quelques étoiles, dans l'éclipse totale du Soleil du 23 mai 1919. Note de
F.-E. FourxiRr,
1. Le phénomène des interférences de la lumière et les découvertes de la
spectroscopie conduisent à considérer l’ensemble des constellations de
l'Univers comme enveloppé, en immersion profonde, par un fluide, l'Éther,
homogène, sans viscosité, et d’une élasticité parfaite.
Ce fluide gardant la température uniforme (—0°) du froid absolu de
l'espace vide qu’il remplit, sa densité oscillatoire moyenne s’y maintient
également, en tout point, à une valeur uniforme correspondante, À,; ce
qui explique que tous les corps s’y déplacent sans éprouver de résistance.
Il en est ainsi, du moins, jusqu'à l'enveloppe des atmosphères des globes
célestes où la température diminue toujours sur le prolongement de
chaque rayon de leur contour, jusqu’à son extrémité, à la limite de cette
atmosphère où elle atteint son minimum du froid absolu régnant uniformé-
ment au delà.
Dans l'atmosphère du Soleil surchauffée à plus de + Gcoo° sur son con-
tour intérieur, son tassement dans le prolongement des rayons de cet astre
et dont l'effet est d'augmenter sa densité jusqu'à son maximum extérieur,
À,, se fait, sous des impulsions éruptives de gaz, à d'énormes tensions, pré-
dominant d’abord sur les efforts antagonistes de leur refroidissement pro-
gressif et de l'attraction newtonienne de la masse solaire qui empêche,
finalement, leur dispersion dans l’'Éther environnant sur le contour exté-
rieur de rayon, R,, de cette atmosphère.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 11.) q9
502 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2. Dans ces conditions, lorsque le rayon lumineux d’une étoile quel-
conque conservant, à toute distance de son origine, la même densité oscilla-
toire moyenne, À,, et, par suite, la même direction rectiligne, tant qu’il se
meut, en espace libre, dans l’Éther où cette densité se maintient en tout
point, vient à pénétrer dans le rayon limite, R,, de l’atmosphère du Soleil,
dont la densité diminue sur le prolongement des rayons de cet astre, de cette
plus grande valeur, A,, à leur extrémité, jusqu’à sa plus petite, Ap, sur le
contour, de rayon Rs, de cet astre, il y subit nécessairement, dans le sens
de cette diminution, une déviation, à, d’autant plus grande, bien que mi-
nime, que sa direction primitive le conduit à passer à une plus courte dis-
tance, R, du centre du Soleil. |
La discussion des déviations de cette nature mesurées dans l’éclipse du
29 Mai 1910 sur plusieurs étoiles, à des distances du centre du Soleil rele-
vées sur l'échelle du plan accompagnant le très intéressant article de
M. le comte de la Baume Pluvinel dans le Bulletin de décembre 1919 de la
Société astronomique de France, m'ont conduit à reconnaître qu’elles satis-
font à la relation générale
5 Rı— R
à — : R, — R,
ms z - 224?
TEA OTE. NERE
4 R;—R;
dans laquelle
ds 1/70 et + emg à
ji (i
ce rapport donnant une première estimation de l'étendue relative
R; aiee R;
Ry
6,
de l’atmosphère du Soleil autour du rayon R, de son contour apparent.
On voit, par cette relation, que la déviation à diminue depuis sa plus
grande valeur, à, = 1”,75, jusqu’à la plus petite, à, — o, pendant que R aug-
mente de R, à R,, et qu’elle deviendrait imaginaire pour des valeurs deR
dépassant cette limite; ce qui doit être, en dehors du champ atmosphérique,
de la diminution des densités dont elle résulte.
3. Le tassement des masses gazeuses, à très hautes tensions, du Soleil,
sur leur contour extérieur concentrique à celui de cet astre, sous les impul-
sions éruptives, de vitesse V., a pour conséquence d’y entretenir, par réac-
tions élastiques, sur l'Éther environnant, de densité uniforme A,, des
impulsions oscillatoires de même vitesse V., que ce fluide transmet, inté-
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 503
gralement, à toute distance au delà, le long des rayons prolongés de ce
contour limite de l’atmosphère solaire. Ce sont ces impulsions oscillatoires
rayonnantes dont l'impression, sur les yeux de l’observateur, jouit de la
propriété de lui assurer la vision des points dont elles émanent directe-
ment, à la condition que leur vitesse V, soit au moins égale à celle V, de
la lumière, telle qu’elle a été déterminée expérimentalement sur notre
globe.
J'en ai déduit que l'éclat E des étoiles, perceptible à nos yeux, a pour
expression
NUS EE V.\°
mms (Lee (ie)
dont le minimum, E; = E,, pour V, = V, fixe en effet la limite.
4. Le Soleil et les étoiles projettent, en outre, sous Les mêmes impulsions
éruptives, des atomes de matières cosmiques, d’essences variées, traversant
lEther sans y subir, en espaces libres, aucune résistance et, de plus, sans
lui imprimer aucune impulsion oscillatoire dansla direction de leur transla-
tion. Ces projectiles cosmiques y restent donc invisibles; mais, quand ils
pénètrent dans notre atmosphère, où ils rencontrent la résistance croissante
de lair, s'ils ne contribuent pas à son éclairage ils y rayonnent du moins
de la chaleur par leurs impulsions oscillatoires.dans la direction de leur
translation, en même temps que ceux qui sont d’essences électriques ou
magnétiques, ou qui proviennent de rayons cathodiques, y entretiennent
les autres propriétés physiques nécessaires à sa conservation.
C’est la projection de ces atomes cosmiques invisibles par le Soleil,-sur
les corps célestes gravitant autour de lui, qui, en augmentant les forces
centrifuges de ces astres, déterminent un déplacement continu du périhélie
de leurs orbites, dont la mesure, sur la planète Mercure, a atteint seule-
ment 43” en un siècle.
Enfin, c'est à cette même projection éruptive du Soleil, que les comètes
doivent l'orientation constante de leur queue dans la direction du centre de
cet astre à celui de leur noyau.
5. Mais la vitesse éruptive du Soleil et des étoiles, provenant d’un
régime volcanique, est naturellement sujette à des variations accidentelles.
Lorsque ces variations ont pour effet de diminuer cette vitesse éruptive,
Vs momentanément, par un mouvement cyclonique, par exemple, au-
dessous de sa vitesse limite, V,, sur une portion restreinte de la surface du
Soleil, en la rendant ainsi invisible à nos yeux, il s’y produit une tache
sombre dont l'apparition est accompagnée, sur notre globe terrestre, de
504 ACADÉMIE DES SCIENCES.
z
perturbations plus ou moins sensibles dues, non à cette tache, mais à la
diminution qu’elle révèle, sur son étendue, de la vitesse de projection des
atomes cosmiques par le Soleil, dont le débit entretient l’état physique de
notre atmosphère.
Un abaissement accidentel de la vitesse éruptive d’ une étoile, se produi-
sant sur la totalité de sa surface, doit donc suffire à la ‘rendre subitement
invisible à nos yeux, quand il réduit cette vitesse V. à une valeur momdre
que V,; de même qu’une recrudescence générale de l’activité volcanique
d’une étoile invisible, amenant sa vitesse éruptive, primitivement moindre
que V;, à dépasser cette limite critique de sa visibilité, doit suffire à la faire
apparaître brusquement, comme la Nova.
Pour conclure : l’Éther est l’atmosphère inséparable de toutes les
constellations de l'Univers et, s’il venait à disparaître, les effets des projec-
tions volcaniques du Soleil et des étoiles, sur les globes célestes gravitant
autour d’eux, se produiraient encore, dans le vide, où tous les astres conti-
nueraient leurs cours réglés par la loi immuable de l'attraction universelle,
mais le Monde entier serait alors plongé dans les ténèbres.
ÉLECTRICITÉ. — Sur le calcul des lignes électriques par l'emploi de
fonctions vectorielles en notations réelles. Note (') de M. Aspré
Broxper.
Beaucoup d’électriciens reculent devant 1 emploi des quantités imagi-
naires dans le calcul des lignes électriques à haute tension, parce que le
symbole i imaginaire les effraie. 5
J’exposerai ci-dessous une démonstration rapide qui a les mêmes avantages |
que la méthode des imaginaires, mais qui n’utilise que des quantités réelles,
et sans recourir à l'emploi de laborieuses relations de récurrence (*).
Elle repose sur l'introduction de séries vectorielles, représentées par la
fonction e*, dans laquelle z sera un exposant vectoriel, et dont j'indiquerai
tout d’abord quelques propriétés.
I. Un vecteur, ou grandeur dirigée, peut être représenté simplement
par la formule nx|, dans laquelle nx indique la longueur du vecteur,
fr eu te eee te
(1) Séance du 6 septembre 1920.
(2) La méthode de récurrence a été exposée notamment par A. Blondel et C. Le Roy
(loc. cit.) et J.-B. Pomey (Introduction à la théorie des courants on Hé A Ha p.251.
Gauthier-Villars, éditeur).
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 505
et ò l’angle qu’il forme avec un axe de référence; d'autre part on sait que,
par convention, le produit de deux vecteurs de ce genre s’obtient en multi-
pliant les longueurs des vecteurs l’une par l’autre et en ajoutant leur angle
de référence. Cela posé, si dans la série
si a g. “ae
PTS RERO AIT ol
qui définit comme on le sait la fonction e7, on remplace = par l'expression
vectorielle næx|là, on obtient la série =
rA RE n?
en rp A +
I La
x?
p+ 2
.2
[+
qui représente un polygone dont les côtés successifs ont pour valeur
no A na>
a Aea Ra,
et font des angles successifs
e i 88
par rapport à l’axe d’origine. On sait qu’une série de ce genre est conver-
gente par le fait même que les longueurs des vecteurs (ou modules) forment
une série scalaire convergente (').
Cette série se reproduit par dérivation; sa dérivée par rapport à æ a en
effet pour expression (en supposant n et à indépendants de x)
d a 22 2 ` 8 `
de = nj? aje LPE + - 1 n|30 + me niet
sé I —— . MERT DS
Une fonction U de la forme
uU Ue”rx]è
aura aussi pour dérivées successives :
aU ce
a haet — |.
a - dx URT,
27!
(b) dU = Un i20
dx?
a a e e
(*) Voir, par exemple, H. Laurent, Traité d'Algèbre, t. 2, 1894, p- 97 et suiv.;
la question a été traitée d'une manière plus précise pour les séries représentant les
cosinus et an sinus hyperboliques par A. Blondel et C. Le Roy dans la Lumière élec-
trique, t. 7, 1910, p. 355 et 3875 t. 8, p. 99; 13r et 387. La mème démonstration
s'abbliqué e exactement à la série considérée ici.
506 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il. Appliquons ces remarques à l'étude de la propagation d’un courant
alternatif périodique sur une longue ligne présentant, par unité de lon-
gueur, une résistance r, une self-induction /, une perditance g et une capa-
cité c.
Si l’on appelle u et i respectivement la tension et le courant à un instant
quelconque t en un point M de la ligne située à une distance æ d’une extré-
mité, par exemple de l'extrémité d'arrivée, les équations différentielles
ordinaires qui représentent le régime instantané au point x de la ligne sont,
comme on le sait :
du : di
6) meie 0”
(2) di Sa du
de 8 GU LE air
Mais au lieu de considérer les valeurs instantanées č et u, on peut passer
immédiatement soit aux vecteurs d'amplitude correspondants, soit aux
valeurs efficaces, U et I de ces vecteurs en se servant des définitions connues
d’impédance et de l’admittance considérées comme grandeurs veclorielles.
En posant, w étant la pulsation,
Es - wl
aN FOTRE =z, avee tangit — ie
A i s
wC
P
w = /g?+ 00? Le ta te avec tang 0’ —
les deux équations différentielles (1) et (2) sont remplacées par les équa-
tions (3) et (4) entre les valeurs efficaces considérées désormais comme gran-
deurs vectorielles :
U ot
(3) TE = ajf x Let
Il ser Ra
(4) = wxU w U
En différentiant une seconde fois l'é équation (3) et en substituant dans le
second membre la valeur donnée par (4), on obtient l'équation différentielle
vectorielle
(3), da? w ) zew |9 +
dans laquelle ne figure plus qu’une seule variàble vectorielle t s
E a ad
(*) Cette équation se déduirait aussi de simples considérations physiques. En effet,
dans un élément dx de la ligne, la variation du courant égale à w U en négligeant les
infiniment petits d'ordre supérieur donne lieu à unewariation seconde de tension égale
és
àæmUz—z:wU0
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 507
Si l’on se reporte à la relation (b), on voit immédiatement que l’équa-
tion (5) est susceptible d’une solution
(6) E E vi sure
+ 0! N
= 0e et Vzw =n.
en posant 2
Cette RAS s'applique, dans le cas que nous avons considéré, où la
propagation du courant a lieu dans le sens des æ croissants; mais on peut
supposer tout aussi bien dans le cas général qu’un second courant va dans
le sens des x décroissants: de sorte que la solution complète doit s’écrire
q P
sous la forme (A, et A, étant des constantes vectorielles dans le cas le plus
général)
(7) UA Ut Aje TR,
Il y aurait une équation semblable pour l'intensité du courant; mais on
trouve avantage à introduire une relation entre I et U en chaque point au
moyen de l'équation différentielle (3), d'où l’on tire
— dU He 2 n |ò [A, e ayi Ta
=e z|
ou, en représentant par 72 l'expression VE et par y F angle —
7 nrọ + nrọ
(8) Y mgs e B__A,e LE
L'expression m étant homogène à une impédance reçoit le nom d'impé-
dance caractéristique.
Au contraire, l'expression nx = xyzw, qui est homogène à un simple
coefficient numérique, reçoit le nom de constante de propagation.
Les équations (3) et (8) donnent sous forme vectorielle, par des calcule
purement géométriques et sans l’ introduction d'aucune i imaginaire, les équa-
tions intégrales générales.
On peut les mettre sous une forme plus pratique en introduisant les sinus
et cosinus hyperboliques des quantités vectorielles définies suivant la défi-
nition ordinaire des fonctions hyperboliques, mais en remplaçant la
variable scalaire par une variable vectorielle, d’où : 5
nà 1è „>n xr |è Fi enrlè — e"xlè
chax|ô = ` a i sh nx|0 =
P. sa gr 3
508 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il est facile alors de voir que les solutions (7) et (8) peuvent s'écrire :
(9) U—Achnx|d + m|y B sh n |ò = Achnx + mBshnæx,
Te À A HOTTES er
(10) 1 = Bechan ejò + —shnzx|d = Bchnrx+ = shnæx.
; my- m
Les constantes A et B se déterminent par les conditions aux limites.
Supposons le régime à l’arrivée (x = o) donné : U,1,2,. Ona
A BETERA Ui,
BH 91;
d’où la forme suivante pour (9) et (10):
U—U, chax|d + m|y prl singo =U, chnag + ml shnz,
= à U š - U e
P=E|-ochnzr|à + =shazld = I chaa + = shna.
= p miy PR
Les sinus et cosinus hyperboliques imaginaires peuvent être aussi définis
géométriquement en partant de la définition géométrique de la fonction
exponentielle ev Il suffit, en effet, de tracer les vecteurs (') qui repré-
sentent en grandeur et en phase et" ate L et de composer ces vecteurs
géométriquement pour que la demi-somme géométrique représente
le chrzæ|2.
Inversement, le vecteur égal à la demi-différence géométrique
+8 Here
enxl0 6 nx|0
représente shnx|2. Chacune de ces deux lignes trigonométriques est
représentée ainsi par un vecteur, et l’on arrive à cette notion essentielle de
calcul vectoriel des lignes électriques que, à tout vecteur représentant l'arc
hyperbolique næ|ò correspond un autre vecteur représentant chacune des
fonctions hyperboliques vectorielles correspondantes shræ|è et chnæ È; il
en sera de même naturellement de leur rapport thnx|2.
La solution de (9) et (10) s'interprète aisément par la considération de
deux régimes particuliers : le régime à circuit fermé pour un courant même
SERRE ARTE RER EERE D US
(1) Ces vecteurs se tracent aisément, en utilisant les relations suivantes :
erx lê = ert 4 næ sind et e-nxlè— L—nx cos 4 — nxsind
où les arguments + næ sind seront exprimés en radians.
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 509
qu'en charge, et le régime à circuit ouvert pour une tension même qu’en
charge.
1° Quand la ligne est en court circuit à son extrémité d’arrivée, la ten-
sion U s’annule en ce point pris comme origine des distances x, et le
courant de court circuit est égal au courant Í.
On a donc
| U= U, chnzx|ô,
(11) es U À
| Ms —L shnzxlo.
| my =
2° Au contraire, lorsque la ligne est à circuit ouvert, le courant à l’extré-
mité d'arrivée est nul, et la tension en circuit ouvert est égale à U,; on a
donc, de nouveau,
| V= m|y — 9k shnæ|0,
| l = H|—o,chnx|0.
Ces deux groupes d'équations déterminent aussi les constantes et le
régime cherché en fonction du courant et de la tension à l’arrivée et éta-
blissent, sous une forme nouvelle, le théorème de la superposition des
régimes que j’ai exposé autrefois, avec plus de détails, par une méthode plus
compliquée (').
(12)
NOMINATIONS.
L'Académie charge MM. Emur Picaro, P. Appert, G. Kæœnxies et
E. Goursar de la représenter à l'Union internationale de Mathématiques
et au Congres international des Mathématiciens, dont les sessions se tien-
dront à Strasbourg du 20 au 30 septembre prochain. |
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre ne La Marine transmet le Rapport technique, rédigé par
M. le lieutenant de vaisseau Guerre, de la Mission radiotélégraplique de
l’Aldébaran.
DT EE e
(*) Cf. À BLONDEL, L'Éclairage électrique, t. #9, 1906, p. 121.
510 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cette mission avait pour but, en dehors de questions intéressant particu-
lièrement la Marine, d'étudier le rayonnement, en fonction de la distance,
des stations de Nantes et de Lyon, et de préciser par des mesures la concen-
tration, déjà soupçonnée par la théorie, de l'énergie rayonnée par un
poste, à l’antipode de ce poste.
M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Dmr A. Orau, Rôle du manganèse en agriculture. Son influence sur
quelques microbes du sol. (Présenté par M. Lindet.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques points de la théorie des équations
différentielles linéaires du second ordre et des fonctions automorphes.
Note (') de M. V. Suimxorr, transmise par M. Hadamard.
Étant donnée une équation différentielle
(1) Y'+p(a)r +gq(x)y =o
et en admettant que est le quotient de ses deux intégrales indépendantes,
la considération de x comme fonction de x sera appelée le problème d'in-
version de l'équation (1). Cela nous conduit à la fonction
(2) LE (nn)
en général multiforme. Un intérêt particulier s’altache aux cas d’unifor-
mité de cette fonction, quand elle est une fonction automorphe. Le groupe
de substitutions que subit sera le groupe de cette fonction automorphe
et nous l’appellerons le groupe de l'équation (r). Cette Note étudie le pro-
blème pour l'équation à quatre points singuliers et à intégrales régulières.
Nous examinerons le cas où la différence des racines de l'équation fonda-
mentale déterminante relative à chaque point singulier est égale à zéro.
L'équation en question peut être ramenée à la forme
is E [a(z a){r—1)y] + (+ 2)y =o,
où À est un paramètre arbitraire. En nous bornant au cas de réalité de a
Mes
(*) Séance du 6 septembre 1920.
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 511
et À ('), remarquons que pour cette équation, v) transforme la moitié du
plan æ en un quadrilatère K, dont les angles sont égaux à zéro, limité par
des arcs des cercles, et inversement à tout quadrilatère de ce genre corres-
pond une équation de la forme (3). Notre problème consiste à étudier la
fonction (2) et le groupe de l'équation (3) au point de vue de leur dépen-
dance par rapport au paramètre À. En utilisant, avec certaines modifications,
la méthode classique de Sturm, on peut établir les théorèmes d’oscillation
pour l’équation (3) (°). Cela nous fournit entre autres la démonstration de
l'existence d’une valeur À — À,, pour laquelle la fonction (2) sera une fonc-
tion fuchsienne avec circonférence limite. En étudiant les transformations
du quadrilatère K en fonction de À, nous obtenons les résultats suivants.
Ilexiste deux valeurs À = À, et À, telles que, si à, >> ou, >A D> Ais
la fonction (2) est une fonction kleinéenne avec domaine d'existence limité
par une courbe non analytique L. Si à —À_,ou À = À,, ce domaine sera limité
par des circonférences en nombre infini. À continuant à croître au delà de à,
ou à décroître au delà de À_,, les prolongements des deux côtés opposés du
quadrilatère K se couperont sous un angles. On peut démontrer que o est une
fonction monotone de À. Admettons, en effet, qu'à deux valeurs différentes
À AA ORNE Le corresponde une même valeur de ọ. Les prolongements
des côtés des deux quadrilatères correspondants forment deux triangles
aux angles o, o et ọ. Utilisant la formule », = s = 5 lun de ces triangles
peut être transformé en l’autre, et aux deux quadrilatères obtenus de la
sorte correspondront deux fonctions (2). En éliminant æ, nous obtenons
une fonction n,—%(n). En formant l'algorithme 4,(n) = Ÿ[Ÿ(n)|,
Y(n) = Y[L,(n)], on peut démontrer que (1) = — vy d’où suit la variation
monotone de o. Soient À — À!et À — À! les valeurs auxquelles correspond
er (nr = 1,,2,..). St À = À où À = À), da fonchon(2)-Sra.une
fonction fuchsienne sans circonférence limite. Si À = A”) ou À =; (n >1),
la fonction (2) sera kleinéenne, son groupe Ont des U ons
elliptiques de la période z. Les cas mentionnés épuisent tous les cas d’uni-
formité de la fonction (2).
Passons maintenant à l'étude du groupe de l'équation (3). Examinons
l'intervalle À_, LK< à, : en prolongeant les côtés de K, nous obtiendrons
(1) On peut supposer 0<a<1.
(?) Voir KôüniG, Math. Ann., t. 72.
5 F2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un autre quadrilatère auquel correspondra l’équation
ñ d E se 1 SATS
(51) we A SPP O A CRE LE RSA CUS ei Ds
à fonction (2) uniforme. Les équations (3) et(3,) auront des groupes iden-
tiques et les fonctions (2) correspondantes auront leurs domaines d’exis-
tence séparés par la courbe L. On peut prouver que ce sera une courbe de
Jordan limitant une aire quarrable. En profitant de cette circonstance et
en considérant pour les équations (3) et (3, ) la fonction inverse de la fonc-
tion (2), on peut prouver que, À croissant de À, à À,, b diminue de 1 à 0;
vu la circonstance que la ligne L est l’ensemble de tous les points singuliers
du groupe, il est permis d’affirmer que les équations (3) et (3,) sont les
seules équations de la forme (3) ayant le groupe susindiqué, la fonction (2)
étant uniforme.
En ce qui concerne les autres théorèmes sur le groupe de l'équation (3)
de même que l'étude du cas général de l'équation à quatre points singu-
liers, el les démonstrations détaillées, voir ma Thèse « Le problème d’in-
version d'une équation différentielle linéaire du second ordre avec quatre
points singuliers » (Pétrograd, 1918).
MÉCANIQUE. — Sur la célérité des ondes dans les solides élastiques.
Note (') de M. E. Joueurr, transmise par M. L. Lecornu.
1. Les formules des ondes de choc, données dans une précédente Note,
permettent de retrouver l'expression de la célérité des ondes ordinaires
dans les milieux peu déformés. C’est ce que nous allons montrer en
supposant que nous avons affaire à un milieux vitreux. W se met alors sous
la forme
I 3 doser À
(1) W=—a(a+et+e,) + p|: (yit 7i +73) Heite a + 2 (Het es
À, u, v sont des coefficients fonction de T.
Chacune des fonctions €, y est la somme de termes du premier degré
par rapport aux dérivées + .. et de termes du second degré. Par
„= à LINE Ÿ a (2Y (2Y
T à (5 Ft +) |
ON Vide
(1) Séance du 30 août 1920.
exemple,
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. AS
Dans l'expression de W., z, peut être remplacé par _ artout oùil estau
P sE P P P PA ‘à
second degré. Il n’en est plus de même dans le n — 2V(E, + €, + £).
Cette remarque est importante. On en déduit que
| ðE ot dn d
As=— arta) A S ; Z),
An O Oh
(2) o e er (AE)
1 o% dé OEN
Rene RS)
les B et ies C s'expriment par des formules analogues.
2. Considérons une onde de choc dans un tel milieu. La discontinuité dans
le champ 4, b, c peut se représenter, comme le fait M. Hadamard, par un
vecteur’, g, x:
ae [2 (£ ampar San 2f
da UT A5 Ea 5
(3) i 7 2 = (Si E h)
Aae 5
| PES T D
On peut supposer la surface d'onde perpendiculaire à Ox, c'est- à-dire
l=1, m= o0, n = o. Les équations de la quantité de mouvement deviennent
alors
dP AZ? — A4 AT A! A°— A!
(4) (TZ = 5 > —————
dt J g h
Pour que l'onde de choc tende vers une onde ordinaire, il faut supposer
J, 8, h infiniment petits. La discontinuité f, g, A est d’ailleurs accompa-
gnée sur S d’une discontinuité dans les températures 0 = T, — T, qui est
aussi infiniment petite.
Négligeons les quantités du second ordre en 0, f, g, o, h. pa équations (4)
peuvent s'écrire, grâce à (2), (3),
dt
w f dP 2
(3) { (D) e=tw-me,
ar x
| 7 (T) h=(p —27)h.
3. Deux cas sont maintenant à distinguer :
| = 26 + Gaga
514 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Premier cas. — Les mouvements sont isothermes. Il faut faire 0 =o et
les équations (5) donnent:
i dP À+ 2p — 2y ea
oubien 2- Ao et (S pr 4 ar 7 (ondes longitudinales),
a) (F 2 m2
ou bien f=o et = (ondes transversales).
Deuxième cas. — Les mouvements sont adiabatiques. La relation supplé-
mentaire (II) de notre précédente Note donne, par un calcul facile, en
désignant par c la chaleur spécifique sous volume constant :
2T dy
Cette relation transforme la première équation ( es en
z Hee du nya RRAN
dt }: Pare ATE dT L
Dés lors, on a
hy?
E
Fe
(3) | rt RÉ na he (%) = | f DAET, (ondes longitudinales),
ou bien f—0 et i ) =Ë A 22 (ondes transversales).
Les formules pour les mouvements isothermes sont les expressions clas-
siques de la célérité des ondes dans les solides élastiques, corrigées, comme
l’a indiqué Poincaré, pour s'appliquer au cas où l’état initial n’est pas un
état naturel à tensions nulles. Ce sont, sauf la différence des notations,
celles que ce savant a données au Chapitre I de sa Théorie de la lumière.
L'expression de la célérité dans le cas des mouvements adiabatiques a été
donnée, à ma connaissance, pour la première fois par Duhem, puis par
M. Roy. Les formules de ces auteurs diffèrent des formules (7) par l’absence
de — 2v au numérateur. C’est que Duhem a toujours raisonné, sans le dire
explicitement, en supposant y petit. Il lest en effet généralement dans les
solides élastiques. Mais cela n’est ni nécessaire ni vrai pour tous les milieux.
Quant à M. Roy, il s’est placé dans un cas où v est certainement petit,
comme il le remarque explicitement, ce quilui permet, dans er du
potentiel, de remplacer partout £,, £», € respectivement par s SE z
Il nous a paru intéressant de compléter les résultats de ces savants en
iraitant le cas de » fini.
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 515
4. Si y est positif et différent de zéro, l’état initial est comprimé. Tout
ce qui précède peut donc s'appliquer aux petits mouvements des gaz. Effec-
uvement, il est facile de vérifier que la première formule (5) contient,
comme cas particulier, la formule de Laplace pour la vitesse du son dans
les gaz.
. jer N :
Pour un gaz, le potentiel de l’unité de masse ® = z est une fonction de ọ
et de T. En développant ce potentiel pour des valeurs de ọ voisines de r, on
vérifie facilement qu’on obtient la forme (1) avec
0,94
ðr or?”
o
Esala
or
La première formule (7) donne alors, pour le carré de la célérité,
ae D Iose
Re a
C'est exactement ce que donne la formule de Laplace.
HYDRAULIQUE. — Sur la transmission de l'énergie par les vibrations de
l’eau dans les conduites. Note (') de M. C. Cawcuez, présentée par
M. A. Blondel.
M. Constantinescu a présenté à la Société Royale de Londres et publié
dans diverses Revues françaises et étrangères les procédés qu’il emploie
pour la transmission de l'énergie au moyen des vibrations de l’eau dans les
conduites.
Ses dispositifs dérivent de ceux que j'ai eu l’occasion de publier en 1915
et 1916.
Le problème comprend deux parties distinctes : 1° la production des
Vibrations dans les conduites; 2° leur utilisation.
1° En ce qui concerne la première question, j'ai montré (°) qu'il était
facile de faire produire à une conduite la vibration fondamentale et ses har-
Moniquesimpairs, par exemple, par l'emploi d’un robinet tournant (*) (sirène),
dont on règle convenablement la vitesse. J’ai indiqué qu’on peut utiliser,
') Séance du 6 septembre 1920.
D
omptes rendus, t. 161, 1915, p. 412, et t. 163, 1916, p. 150.
La Lumière électrique, t. 34, p. 246.
3
3
PNR pin,
)
)
)
516 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans le même but, d’autres procédés, par exemple le clapet automatique (*),
qui se compose d’une simple soupape convenablement équilibrée et
s’ouvrant de l'extérieur à l’intérieur. Ce clapet se synchronise sur la
conduite et la période T de son mouvement est égale à celle de la conduite
She»
«a
lorsque la conduite aboutit à son extrémité amont à une chambre d’eau et
que le clapet est placé à l'extrémité aval; dans cette formule, L désigne la
longueur de la conduite et a la vitesse de propagation de l'onde dans
celle-ci.
2° Pour l'utilisation de ces vibrations, j'ai réalisé un moteur auquel j'ai
donné le nom de moteur hydraulique synchrone (°) et qui est simplement
constitué par un piston sans soupape, se déplaçant à l’intérieur d’un
cylindre en communication avec la conduite. Ce moteur s'accroche comme
un moteur synchrone électrique; il réalise l'exemple le plus simple de syn-
chronisation hydraulique. Ce moteur est, de tous points, identique à celui
qu'emploie M. Constantinescu. La seule différence qu’on puisse signaler
est la suivante : au lieu d'employer le moteur monophasé, cet ingénieur a
construit un moteur triphasé, constitué par trois moteurs synchrones mono-
phasés dont les mouvements sont décalés de + de période; les conduites sont,
en outre, munies par M. Constantineseu de réservoirs d’eau destinés à
diminuer les pressions.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Dosage du calcium et du magnésium dans différents
milieux salins. Note (°) de M. E. Cawais, présentée par M. Guignard.
Cette Note a pour but de savoir si, en milieu acétique, la séparation du
calcium et du magnésium des précipités des sels de fer ou d'aluminium peut
mieux s effecte, qu ‘en milieu alcalin, cas examiné déjà par Quartaroli (*).
° Fer et magnésium. — La station de sulfate ferrique et de sulfate de
sen est additionnée de phosphate de sodium dissous, que l'on
RE À
1) La Lumière électrique, t. 3%, p. 271
) Comptes rendus, t. 163, 1916, p. 224, et Lumière électrique, t. 35, p-9:
3) Séance du 6 septembre 1920.
) Quarrarout, Gazs. chim. ital., t. hh, 1914, p. 418.
+
(
G
(
2
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 517
empêche de précipiter en ajoutant 2 gouttes d’acide sulfurique concentré
à la solution précédente. On provoque ensuite la précipitation en ajoutant
de l’ammoniaque jusqu’à réaction alcaline franche et l’on traite par l'acide
acétique, Le sel de fer est insoluble, seul le sel de magnésium doit se
dissoudre; on le dose dans la solution filtrée. Voici quelques résultats :
Résultats Théorie
Solutions, en P?0'Mg? en P?0' Mg’.
cm? p ;
10 te ;
Fi j 10 Me EE To 0,179 0,231
\ 5 PO: Na? H à iz |
10 Fe |
lI. | 5 Mg Pene. 0,067 0,11
| 5 PO NaH |
10 Fe
A Mg TS MST is 0,023 0,023
ra PO*Na? H |
On voit qu'au delà d’une certaine concentration le magnésium est
retenu par le précipité ferrique, en deçà le magnésium passe entièrement
dans la solution.
2° Aluminium et magnésium. — Ici encore, j'obtiens des résultats ana-
logues aux précédents (le sel d'aluminium utilisé est le sulfate).
CFO
ii
Lx
{ 10
ur. | D
ls
f 10
HE | I
Es
Solutions.
Al
Mg
PONa? H à
Al
Mg
PO:NaH
Al
Mg
PO' Na: H
Résultats
en P?0'Mz?,
LE a E EE 0,160
à)
\
een ere trié 0,100
0,022
Théorie
en P?0'Mg?,
0,023
L'emploi de solutions diluées est donc un moyen de séparation convenable
du magnésium des précipités des sels de fer et d'aluminium.
3° Fer et calcium. — Les résultats sont semblables à ceux obtenus avec
le magnésium.
- C. R., 1920, 2° Semestre. ( T. 171, N° 11.)
4x
518 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Résultats Théorie
Solutions. en CO Ca. en CO: Ca.
BN
| 10 Fe |
EL {46 Net E R 0,110 0,129
[5 POrNaHas |
| 1o Fe |
HI. 5 a ee 0,09) 0,0625
ES, PONa)
| 10 Fe |
HE, 1 ' Ca RE ee 0,012 0,012)
Î 5 POrNxH |
Avec M. Mangaladassou, un de mes collaborateurs habituels, nous nous
sommes facilement rendu compte qu’il n’y avait pas de combinaison stable
entre ces éléments. En effet, lorsqu'on ajoute à la solution du mélange -des
sels précédents, de l’ammoniaque jusqu’à complète précipitation, et que
l’on acidule par l'acide acétique goutte à goutte, en ayant soin d'aguter
fortement pendant quelques minutes, tout le magnésium et le calcium passent
dans la solution ainsi que le prouvent les résultats suivants : |
Résultats. Théorie.
a — ~
3 Ca Mg Ca Mg
A soma en CO®Ca. en P?0Mg. en CO*Ca. en P20*Mg?
10 Fe \ 3
10 Al
L i o 0,0 0,227 6,129 0,231
10 E ro » 12 74a ; ;
ro Mg ) n
Idem, sauf | à ;
! 5 119
H 5 Mg + 5m H20 Eee 0,12à Ü,179 0,129 0,
| Idem, sauf
1 Ca £
IH. < 4 0013 0,023 0,0125 0,023
/ I Mg ,
Crö- HO ) y
Conclusion. — Il est donc possible, dans les limites d'expérience envisagees
ci-dessus, de séparer complètement le calcium et le magnésium des sels de
fer et d'aluminium, en opérant en milieu acétique et agitant fortement au
moment du traitement par l'acide acétique.
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 519
GÉOLOGIE. — Du rôle des coraux constructeurs dans les réajustements
lithospheriques. Note de M. G. Zeil, présentée par M. H. Douvillé.
Considérés comme de simples sédiments surchargeant leur support, les
coraux constructeurs jouent le rôle de moteur centripète vis-à-vis de ce
dernier. Darwin et Dana, quand ils envisageaient seulement des supports
sous-marins (bas voussoirs) avaient absolument raison de conclure à leur
affaissement par saccades. Comme pour les épanchements volcaniques de
l'Islande ('), Pexcès de poussée gravifique exercée par ces coraux et leur
support l’emportant sur la résistance latérale des voussoirs d'encadrement,
coraux et support se réajustent périodiquement et brusquement en donnant
naissance à des couches coralliaires successives et d’autant plus élevées
qu'elles sont plus récentes. Cet étagement per descendum caractéristique des
mouvements centripètes est, comme l’a signalé A. de Lapparent (°); cer-
tainement exact pour la partie nord de la zone coralliaire du Pacifique.
En revanche, si l’on considère une île plus ou moins entourée de coraux
constructeurs, on se trouvera alors en présence d’un haut voussoir en
période d'érosion superficielle, donc de décharge. C’est dire qu’au cours de
chacun de ses réajustements centrifuges, le voussoir, en s’élevant, empor-
tera avec lui la partie interne de l’auréole coralliaire plaquée sur sesflancs.
Dans ce cas, une faille-bordière périphérique séparera l'ile centrifuge de
l’auréole coralliaire du large. Après plusieurs rééditions de ce réajustement,
l'observateur constatera l'existence d’une série de paliers coralliaires étagés,
séparés par des failles-bordières, dont les plus anciens seront les plus élevés.
Cet étagement per ascensum caractéristique des mouvements centrifuges,
comme l’a également signalé A. de Lapparent (°), s'applique à la partie
sud de la zone coralliaire du Pacifique.
Il pourra arriver que le réajustement centrifuge de l'ile (haut voussoir)
et que le réajustement centripète de son auréole coralliaire du large (bas
YOussoir) seront synchroniques; il se produira alors un réajustement
antagoniste, où les observateurs, comme Semper (*) aux iles Pélew, recon-
naitront « que tous les types de récifs sont superposés de telle sorte qu’il
PT ne mm in
') G. Zur, Comptes rendus, t. 170, 1920, p- 599
*) A -py LAPPARENT, Traité de Géologie, 5° édition, t. 4, p. 381
*) A. DE LAPPARENT, ouor. cit., p: 381.
‘) Cité par A. pe LAPPARENT, ouvr. cit., p. 382.
+
(
(
(
(
520 ACADÉMIE DES SCIENCES.
faudrait, pour les expliquer, imaginer une succession de mouvements ascen-
sionnels discordants ».
D'autre part, chaque réajustement, quel que soit son signe, nécessitant
toujours des failles-bordières pour se produire, il arrivera fréquemment
que des épanchements volcaniques issus de ces failles viendront, par leur
masse en surcharge, compliquer encore la nature des réajustements en
cours ou récents. Leur masse en excès pourra accentuer la descente des
casiers centripètes ou diminuer l’exhaussement des casiers centrifuges, ou
bien encore descendre pour leur propre compte.
. Les travaux de Masson ('), de Woolnough (') et d’Andrews (') ont
montré qu'aux Nouvelles-Hébrides et qu'aux Fidji des épanchements
andésitiques et basaltiques, issus de failles-bordières provoquées par les
réajustements de ces îles, sont tantôt interstratifiés dans les calcaires
coralliens et tantôt les recouvrent plus ou moins.
De ce rapide exposé, il ressort que les divers auteurs qui ont étudié les
mouvements ascensionnels des coraux constructeurs ont émis des opinions
généralisées ne s'appliquant qu’à des cas concrets, mais inopérantes pour
les autres cas. [ci encore comme pour de nombreux autres faits géologiques,
l'étude de chacune des deux séries de phénomènes opposés nés des ascensions
antagonistes a créé deux séries de théories adverses que notre concept des
réajustements lithosphériques nous permet de réunir en une seule et même
théorie, celle de l’équilibre ascensionnel des divers voussoirs de l'écorce
terrestre.
MÉTÉOROLOGIE. — Sur quelques rayons auroraux observës le 22 mars 1920
et atteignant l'altitude de 500%. Note de M. Carr Srórmer.
L’aurore boréale du 22-23 mars dernier, observée aussi à Paris, fut pho-
tographiée par mes assistants et moi-même sous les conditions les plus
favorables,
Nous avions en travail sept stations photographiques : Christiania,
Bygdó, Oscarsborg, Horsen, Kongsberg, Fredrikstad et Dombaas, toutes
reliées par téléphone et avec distances mutuelles variant de 264" à 244°°.
De ces stations, des photogrammes furent pris par ordre dans le téléphone,
de manière que la même aurore fùt photographiée simultanément soit de
(1) Voir figures 235, 236, 237 et 239, dans La Face de la Terre, trad. Em. de
Margerie.
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 521
deux stations, soit de trois stations à la fois. Comme l'heure fut observée
et les appareils furent fixés vers les mêmes étoiles, on a tous les éléments
nécessaires pour calculer l’altitude et la situation de l’aurore.
Nous obtinmes ainsi une collection unique de photogrammes; entre
7"7" et 16"13", temps de Greenwich, environ 620 photographies furent
prises, dont 73 photogrammes de deux, et 5o de trois stations et encore
185 photographies ordinaires, parmi lesquelles un grand nombre de cou-
ronnes d’aurore servant à déterminer le point de radiation avec une grande
exactitude ( ').
Jusqu'ici quelques-uns seulement de ces Sétoget rage a sont calculés.
Ils montrent pour les sommets des rayons auroraux des altitudes très grandes,
de l’ordre de 500*" au-dessus de la Terre.
BOTANIQUE APPLIQUÉE. — Sur l’originé des Pommiers & cidre cultivés en
Normandie et en Bretagne. Note de M. A. CHEVALIER, des par
M. L. Mangin.
Les Pommiers à cidre qui donnent lieu en France, à la suite des années
de bonne production, à un commerce annuel d'environ 500 millions de francs
sont loin d’avoir été étudiés avec autant de soin que les vignes. Pour le
nord-ouest de la France, depuis un siècle, on en a décrit ou signalé de 500
à 1000 variétés, chiffre très incertain, car la synonymie de ces variétés est
mal établie.
Suivant Truelle, Lecœur, Warcollier, etc., il en existerait en France
plusieurs milliers de variétés, mais beaucoup ont une faible valeur cidrière
et seraient à éliminer de nos vergers.
Leur origine est très mal connue. Jusqu’au siècle dernier on a admis qu'il
existait une seule espèce linnéenne de Pommier, le Malus communis Lamk.,
renfermant à la fois tous les Pommiers sauvages et tous les Pommiers cul-
tivés, en laissant de côté les Malus de l'Asie onena et de l’ Amérique du
Nard qui sont des espèces bien différentes.
Dans l’état actuel de nos connaissances, il nous paraît nécessaire de scin-
der le Malus communis en quatre espèces élémentaires susceptibles de s’hy-
brider entre elles, en produisant des races fertiles nombreuses, origine de
toutesles sortes cultivées. Ce sont: Malus acerba Mérat, M. dasyphylla Borkh.,
M. precox Borkh. (les deux réunis souvent sous le nom de M. pumila Mill.)
enfin M. prunifolia. L'espèce Malus acerba a été créée en 1815 par Mérat
[4 AS o ÿ >, . s e beos
(*) Voir Astronomische Nachrichten, n° 5047, juin 1920.
f
522 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour des Pommiers spontanés qui vivent dans les forêts de presque toute
l’Europe. Elle avait déjà été signalée antérieurement sous les noms de
M.spinosa Roussel, Fl. Calvados (1806) et M. sylvestris Miller, Gard, Dict.
(1729). C'est ce dernier nom, le plus ancien, qui doit être conservé.
Tous les auteurs français ont admis, en répétant une erreur de Mérat du
Prodrome de A. P. de Candolle, que nos Pommiers à cidre dérivent du
M. acerba et les Pommiers à couteau tireraient leur origine de M. dasyphylla
Borkh.
L'examen que nous venons de faire de nombreuses variétés de Pommiers
à cidre cultivés dans l'Ouest nous a amené à constater qu'aucun ne se rap-
porte au M. acerba, espèce bien caractérisée par ses feuilles et ses inflores-
sences glabres et par ses petits fruits très acerbes, mais qu’elles devaient
être rattachées, comme les variétés de nos jardins, au M. dasyphylla Borkh.
Le Malus acerba est spontané dans les forêts de presque toute l'Europe et il y
existe depuis la plus haute antiquité puisque c’est sans nul doute à cette espèce qu’il faut
rapporter le Malus de l'époque des tourbières trouvé dans les forêts submergées de
Belle-Ile-en-Mer (E. Gadeceau). Il était entretenu par les Celtes au milieu des forêts
et considéré par les druides comme un arbre sacré à légal du chêne ( Hoog). C'est le
Craib des Anglais, alors que le Pommier se nomme Apple tree. Dans le nord-ouest
de la France on le nomme Bocquet ou Suret; c'est la Pommate des paysans de
PAube. Dans aucune région il n’est cultivé pour ses pommes, au moins à l’état pur,
c'est-à-dire exempt d'hybridation, mais on le déterre souvent dans les bois pour en
faire un porte-greffe pour les Pommiers cultivés. C’est la raison pour laquelle il
est devenu rare ou a mème disparu de certaines forêts, 11 donne un cidre acerbe, pâle
et très médiocre. Jusqu'au xr° siècle, il semble que ce soit la seule espèce qui ait été
employée en France pour faire du cidre. On ne le cultivait pas, mais on en recueillait
les fruits dans les bois,
Saint-Guénolé, qui vivait de 464 à 532 à Landrevec près la rivière de
Chàteaulin en Bretagne, ne buvait, d'après une chronique, que de l'eau et
du jus de pommes sauvages. Au moine Robert Tortaire, habitué à boire du
vin, on présenta à Bayeux, au début du xn° siècle, du cidre fait avec des
pommes acerbes qui était très mauvais.
Enfin le sagace Léopold Delisle a retrouvé dans les archives normandes
des textes du moyen-âge réglant les obligations des usagers récoltant les
pommes sauvages dans les forêts. La boisson habituelle de la Normandie et
de la Bretagne était alors la cervoise et non le cidre.
C’est à la fin du x° siècle qu’il est question pour la première fois, dans
les textes, de cidre de qualité consommé en Normandie. Nous admettons,
avec l'abbé Rozier (1795), qu'au xr° siècle des greffes de bons Pommiers à
cidre furent apportées du nord de l'Espagne (Biscaye et Asturies). Ces
e
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 523
introductions durèrent longtemps puisqu’au xvi° siècle on importait encore
dans le Cotentin des greffes de Pommiers de la Biscaye (Julien Le Paul-
mier). C’est dans la période comprise entre le xiv° et le xvn° siècle que la
culture du Pommier s’étendit à une grande partie de la Normandie et de la
Bretagne. L'espèce introduite d’Espagne était le Malus dasyphylla Borkh.
originaire de l'Arménie et du Turkestan où lexplorateur G. Capus la
trouvée spontanée dans les forêts en 1881. Sa culture s'était répandue dès
la plus haute antiquité sur tout le pourtour du bassin méditerranéen et on
la trouve aujourd'hui subspontanée dans les bois de Sicile (Todare),
d’Espagne (Willkomm et Lange). Nous l'avons observée nous-même, crois-
sant dans des circonstances analogues dans le département des Alpes-Mari-
times vers 1000" d'altitude.
Cette espèce représentée dans sa patrie par de nombreuses races (M. mitis,
M. astracanica, M. Niedzwetzkyana, etc.) a été le point de départ des variétés
à fruits comestibles que l’on cultivait déjà en Egypte sous la 19° dynastie
(Joret) et dont certaines furent répandues dans les jardins romains (Pline)
et gallo-romains (Palladius). Elle a également fourni les variétés de
Pommiers à cidre à fruits aigres, doux ou amers, et c’est en Espagne, à une
époque reculée, que la culture de ces variétés a pris naissance.
Le Malus præcox Borkh. n’est autre chose que le Pommier Paradis ou Pommier
Saint-Jean, employé comme porte-grelle par les horticulteurs pour obtenir les Pom-
miers nains cultivés. dans les jar dins. Il est originaire du sud-est de la Russie et de
l'Asie Mineure et il parait avoir été apporté en Europe à la suite des Croisades. Au
xiv° siècle, sous Charles VI, on en vendait déjà des plants à Paris sur le quai du Pont-
au- Cheng (Sauval).
Enfin M. pruntfolia Borkh. est originaire de l’Asie centrale et sa culture s’est
répandue d'un côté vers la Sibérie et la Russie et de l’autre vers la Chine et le Japon
(Rehder),
Les quatre espèces que nous venons de citer et leurs diverses races encore
mal connues en se transformant par la culture ou en s’hybridant entre
elles à des degrés divers ont fourni les sortes très nombreuses de Pommiers
cultivés, Parfois, dans les pépinières, on voit réapparaître des récessifs
présentant les caractères presque purs des parents. En croisant les sortes
cultivées actuellement avec le M. baccata Borkh. ou avec d’autres espèces
microcarpes d'Asie, on obtient des sortes plus résistantes au froid dont la
culture tend à se pik au Canada; mais elle n’a pas encore été tentée
-~
dans le nord-ouest de la France ainsi que dans nos montagnes où elle
offrirait un grand intérêt,
e
coefficient K, =
524 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur quelques propriétés spectrales de la toxine
tétanique. Note (') de M. Frep Veès (°).
Nous avons pu effectuer sur la toxine tétanique une série de recherches
de spectrophotométrie ultraviolette. La méthode de travail suivie a été une
« méthode de différences » qui consiste essentiellement à établir, par
mesures spectrophotométriques, une première courbe de l'absorption du
complexe toxique (bouillon-toxine), courbe donnant, pour l’ensemble du
spectre ultraviolet et en fonction de la longueur d’onde, les valeurs d’un
colog [.
—7— (l et I étant les intensités de la radiation consi-
dérée à l’entrée et à la sortie du complexé, examiné sous une épaisseur ¿et
à une concentration c), puis à mesurer une seconde fois le même complexe,
‘mais après une action ou une réaction effectuées sur lui, et à exprimer une
seconde courbe K, du même coefficient. La courbe K, —K, = f (À), déduite
des deux précédentes, représente évidemment par différence le spectre de la
substance chimique éliminée ou de l’état physique modifié par les réactions
ensisagees. :
Nous avons pu ainsi étudier l’action sur le complexe toxique : 1° du chauf-
fage prolongé à 65°, qui annule ou atténue la propriété toxique de ce
complexe ; 2° de l’antitoxine spécifique (sérum antitétanique).
1° Chauffage. — La courbe K, est faite sur le bouillon toxique initial, la
courbe K, sur le même bouillon chauffé au bain-marie pendant une ou deux
heures. Le spectre de ce qui est éliminé par le chauffage présente des carac-
tères constants. Il est formé de trois minima photométriques qui constituent
trois bandes : l’une(B) sur 2854-2095", la seconde («), moins intense, vers
310% environ; la troisième (+) sur 275™¥-265™¥, Ces trois bandes ont, dans
les divers échantillons, des importances relatives inégales : æ et 8 ont des
variations corrélatives à peu près correspondantes, et les rapports photomé-
triques de leurs différentes régions restent numériquement d’un ordre de
grandeur comparable; il est possible qu’elles soient liées, La bande y, au
contraire, est tantôt beaucoup plus importante que les autres, tantôt presque
(1) Séance du 17 août 1920.
(?) Contenu d’un pli cacheté reçu dans la séance du 18 juin 1917, inscrit sous
le n° 8409 et ouvert dans la séance du 9 août 1920.
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 525
nulle : il semble qu’elle dépende des conditions expérimentales (durée du
chauffage). L'existence de bandes étroites dont les caractéristiques photo-
métriques ont des valeurs relativement constantes implique un phénomène
d'absorption supporté par des groupements moléculaires définis, et ne parait
pas pouvoir relever d’un autre phénomène optique qui serait indépendant
de la nature chimique du substratum. Un phénomène parasite de diffusion
ou de diffraction, par exemple, à variations provoquées par un effet secon-
daire de la réaction (augmentation de volume de granules colloïdaux, etc.)
produirait simplement une perturbation photométrique diffuse, portant sur
une très large plage spectrale. Nous sommes donc conduit à supposer que
le complexe toxique renferme à ce moment soit deux corps indépendants
45 et y en présence dans le bouillon et s’éliminant en quantités variables,
soit un corps gßy susceptible d'allier les deux sortes de groupements molé-
culaires en proportions diverses (suivant par exemple le cours d’une dislo-
cation progressive ).
2° Action de l'antitoxine. — Pour construire la courbe en K, on prend :
a. Le spectre du bouillon toxique initial, d’où un coefficient K’;
b. Le spectre du sérum antitoxique initial, d’où un coefficient K”.
On déduit de la courbe K, = K'+ K” la courbe K, obtenue sur le
mélange in vitro toxine + antitoxine (laissés en présence une heure pour réac-
tion, et ramenés à concentration convenable). Le corps éliminé par l'action
de l’antitoxine présente également un spectre avec les trois bandes g, 6, y
reconnaissables à leurs caractéristiques d'absorption. Mais æ et B sont ici
beaucoup plus fortes que dans le spectre du même échantillon altéré par
chauffage à 65°; +, au contraire, est, par rapport à ce témoin, plus réduite.
Nous retrouvons donc les grandes lignes du phénomène que nous avait
donné le chauffage.
Les résultats de l’action de la chaleur et de l’antitoxine sur le complexe
toxique sont donc vraisemblablement l'élimination de deux groupements |
moléculaires de ce complexe, élimination étant prise au sens le plus large
du mot et pouvant représenter aussi bien une simple séparation mécanique
(début de précipitation par exemple) qu’une réaction chimique susceptible
de modifier les caractéristiques spectrales des groupements tout en les
laissant en solution (rupture de liaisons par exemple). Seule, une action
physique du type de l’adsorption pure, amenant simplement l’enrobement
des molécules sans que ce fait ait pour conséquence leur précipitation ou
leur combinaison, ne doit pas entrer en ligne de compte.
Il y a lieu maintenant de se demander s’il ne peut pas exister de liaisons
526 ACADÉMIE DES SCIENCES.
entre l’un ou l’autre des groupements moléculaires servant de substratum
aux spectres d'absorption que nous venons de décrire, et les caractéristiques
toxiques dont la disparition est concomitante de l'élimination de ces grou-
pements. La seule démonstration, à défaut d’un isolement dans lequel la
spectrophotomètrie suivrait pas à pas les fractionnements d’une analyse,
consisterait à chercher un rapport quantitatif entre les caractéristiques
d'absorption des corps x, B et y et les propriétés toxiques du mélange;
mais il ne faut pas se dissimuler que cette démonstration, valable évidem-
ment si elle était positive, n’aurait pas de signification si elle était négative :
les groupements dont il s’agit pouvant être les chevilles d’une cons-
truction moléculaire beaucoup plus compliquée dont nous ne saisissons pas
l’ensemble, Cependant la toute première approximation laisse entrevoir
que, dans une évaluation grossière de la hauteur des bandes x et 5 au-dessus
du point le plus bas du spectre, ces hauteurs pourraient varier dans le sens
de la toxicité. Pour trois échantillons de toxines cotés par les bactériolo-
gistes : a= 10000, b= 20000, c= 30000, les bandes ont donné :
a,a—1,5, 8 — 3,8; b, a — 3,7, 8 —#4,4(chauffage); c; é — 8,5, p 11,5
(par antitoxine). La bande y obtenue par chauffage avait également dans
ce dernier échantillon une cote très forte, mais d'autre part la cote de b
était plus faible que celle de a.
Il serait difficile et prématuré de construire une théorie sur les quelques
indications précédentes; cependant il n’est peut-être pas inutile de chercher
à relier provisoirement, à titre de pure hypothèse de travail, les divers pro-
cessus auxquels nous venons d’assister. Nous pouvons le faire en suppo-
sant que les groupements «, 8 et y forment primitivement dans le bouillon
toxique un corps unique, construit par exemple à la manière d’une Pe
téide copulée; nous disons par exemple parce qu'aucun fait jusqu'ici ne
nous autorise nettement à cette interprétation. La seule remarque qui
puisse nous y inciter est que la bande y est très voisine d’occuper la place
classique de la bande correspondante dés matières protéiques (bande des
noyaux phényliques des acides aminés cycliques), mais d’autres groupe-
ments moléculaires que le groupement phényle (noyau pyrimidique de cer-
taines bases puriques, noyau indolique, etc.) pourraient aussi bien venir
occuper la même place.
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 527
ANTHROPOMÉTRIE. — Influence du milieu parisien sur la race. Note
de MM. A. Marr et Léos Mac-Auurre, présentée par M. Edmond
Perrier.
Les chiffres fournis dans cette Communication sont le résultat de léta-
blissement de statistiques commencées en 1914, avec l’aide précieuse de
M. Charles Prunier, inspecteur principal du Service d’Identité judiciaire.
Nous nous sommes posé les questions suivantes : le milieu parisien a-t-il
une action profonde sur l'organisme humain? Est-il capable de modifier
l'aspect morphologique de ceux qui y naissent? Existe-t-il des particularités
de la forme chez les Parisiens issus de Parisiens? Quelles sont ces parti-
cularités?
Nos observations n’ont porté que sur des Parisiens des classes pauvres ;
elles n’en ont peut-être que plus d'intérêt. Nous en avons étudié 1509 qui
se sont ainsi répartis :
Parisiens nés de parents provinciaux. 145 LIU... 850 cas
» d’un ascendant parisien et d’un ascendant provincial. 369 »
. f
» de parents parisiens s.r- uen: desde e 204 »
Nos statistiques montrent que les Parisiens nés d’ascendants exclusi-
vement parisiens sont plus petits, en moyenne, que ceux nés d’un ascen-
dant provincial et d’un ascendant parisien. Ceux-ci, à leur tour, sont plus
petits que ceux issus de parents provinciaux. La moyenne de la taille est
en effet dans le premier cas de 1™, 639; dans le second de 1,646; celle de
la troisième catégorie (1",654) n’est pas différente de celle des Français
en général dont les tailles les plus fréquentes sont comprises entre 1™, 6446
et 1™, 6606 (A. Bertillon). |
Chez les Parisiens issus de Parisiens, déjà petits par conséquent en
général, les hommes de très petite taille sont plus fréquents que chez les
Parisiens issus d’un ascendant parisien et d’un ascendant provincial.
Ceux-ci à leur tour présentent plus d'hommes très petits que leurs congé-
nères issus de parents provinciaux.
Les hommes de haute taille subissent au contraire une proportion
décroissante dans les trois- catégories, si l’on part des Parisiens issus de
provinciaux. La proportion est mathématique :
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Qt
©
Qo
Parisiens.
r M —
Nés d’un
Issus ascendant provincial Nés
de et d'un i
Parisiens. ascendant parisien. provinciaux.,
Au-dessous de 1",60 (pour 100})..... 30,49 55,27 20,80
Au-dessus de 1,699 ( » enoo F1 00 18,06 20,34
Nos statistiques confirment celles de Bertillon. Les Parisiens sont en
moyenne sous-brachycéphales (indice céphalique : 81,1). Les Parisiens
dont les parents sont exclusivement Parisiens tendent vers un type humain
assez voisin du type cérébral étudié par nous en 1912 ('), c'est-à-dire que
si la taille rapetisse, les diamètres craniens augmentent par rapport à la
taille, en même temps que les membres se raccourcissent, tandis que le
buste croit légèrement.
Mais cette augmentation de la capacité cranienne ne va pas sans déchets
etn’est pas absolue : les microcéphales sont plus nombreux chez les enfantsde
Parisiens que chez les Parisiens issus de provinciaux et les grandes largeurs
de tête suivent une proportion inverse :
Parisiens (taille de 1™,639 à 1,654).
Nés d'un
Issus ascendant provincial Nés
de et d'un e
À Parisiens. ascendant parisien. provinciaux.
Largeur de tête au-dessous de 0",146 (p.100). 9,5 10,9 0,0
Longueur de tête au-dessous deom,181( » ). 13,9 12,0 12,1
Largeur de tête au-dessus de 0",159( » }). 26,8 26,4 33,4
Le climat de Paris, sans doute la nébulosité de l'atmosphère (1597 heures
d’ensoleillement annuel en moyenne), déterminent chez les Parisiens une
faible pigmentation des yeux et des cheveux, qui tendent vers le blond. En
effet les yeux peu pigmentés (à iris bleu, jaune, orange) se rencontrent
58 fois pour 100 chez les Parisiens issus de provinciaux et chez ceux dont
l’un des ascendants est Parisien et l’autre provincial, chez les Parisiens nés
de Parisiens 59 fois pour 100, alors que la proportion d’yeux peu pigmentés
chez les Français n’est que de 42,52 pour 100. Au contraire, les yeux for-
tement pigmentés (à iris châtain ou marron) qui se rencontrent 38,87 fois
mnt
m" d
(©) A. Cmaiktos et L. Mac Avrirre, Morphologie médicale (Paris, Doin). Cf. aussi
Bulletin de la Société d’Anthropologie, 1910, etc.
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 529
pour 100 chez les Français en général ne s’observent plus que 23 fois
pour 100 chez les Parisiens nés de parents provinciaux, 20 fois pour 100
chez les Parisiens nés d’un ascendant provincial et d’un ascendant parisien
et 19 fois pour 100 seulement chez les Parisiens nés de Parisiens,
Le pourcentage des cheveux blonds est aussi bien intéressant :
Parisiens.
2 lM a
Nés ascendant provincial. Nés
de et d’un ançais
Parisiens. ascendant parisien. provinciaux. (6,652 observations).
Z
Blonds (pour 100). 33 23 17,9 34
Châtains ( » Ye 68 74 S1,5 85,10
Les cheveux roux, qui indiquent souvent une dégénérescence apparentée
à l’albinisme, se rencontrent plus fréquemment à Paris (1, 85 pour hat, que
dans l’ ensérble de la France (0,72 pour 100).
En résumé, le climat parisien et la vie urbaine créent des modifications
de la forme hot qui peuvent se définir ainsi : cheveux et yeux moins
pigmentés que dans le reste de la France en général, développement
cranien plus marqué par rapport à la taille, raccourcissement des
membres.
La multiplicité et la richesse des excitations nerveuses, la vie physique
moins intense, l'air confiné pourraient expliquer la création de ce type qui se
rapproche du type cérébral. Malheureusement les mêmes causes favorisent
une dégénérescence évidente qui se réflète dans l’augmentation proportion-
nelle des microcéphales, dans l’abaissement progressif de la taille et la
diminution corrélative de la fréquence des hommes grands.
Le Tableau suivant résume les moyennes obtenues dans les trois caté-
gories étudiées :
Parisiens.
Issus Nés d’ascendants Issus
de Parisiens parisien et provincial de Provinciaux
(294 cas). (365 cas). 50 cas).
š m m TAa m oy
Taller: a a ce: i e030 1,646 1,654
Buse is et 0,874 0,8758 o, 8797
Enverguré 4/44: 1,682 1,691 1,097
Tête : longueur..... 0,1874 0,1881 0,1882
DO Terbo Orn en 0,1923 0,1921 0,1535
Oreille droite... .... 0,0619 0,06248 0,0626
530 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ZOOLOGIE. — Le bourgeonnement chez les Antipathaires.
Note (') de M. J.-L. Dantan, transmise par M. Henneguy.
Les auteurs qui ont étudié les Antipathaires n’ont observé que la place
et la forme des bourgeons ; aucun n’a suivi le développement des diverses
parties du polype, ce qui est cependant d’un très grand intérêt puisque nous
ignorons complètement l’embryogénie de ces animaux : nous pouvons, en
elfet, admettre que la formation des blastozoïites RHONE les transforma-
tions que subit l'embryon pour donner l’oozoite.
L'édification des nouveaux individus parait se faire avec une extrême
rapidité, ce qui rend difficile la découverte des premiers stades; j’ai cepen-
dant pu les trouver dans deux espèces, le Parantipathes larix (Esper) et
l'Antipathella subpinnata (Ellis et Solander).
L'étude, au moyen de coupes verticales perpendiculaires à l'axe de la
branche, d’un très jeune bourgeon, dont aucun tentacule n’était encore
ébauché, montre d’abord une prolifération de l’endoderme soutenue, en
son milieu, par la mésoglée : c’est l'extrémité d’une des deux premières
entérotoxelles. Celle-ci va ensuite se renfler dans sa partie la plus interne
et, en même temps, la lame de mésoglée qu’elle contient se dilate à son
extrémité, puis se divise en deux branches. La différenciation des cellules
de cette région renflée s’effectue, elle aussi, peu à peu : elles deviennent
plus hautes, plus serrées et leurs noyaux sont alors plus petits, plus allon-
gés, plus LS ed re 2 que ceux de l’endoderme. La partie libre de l’enté-
rotoxelle s’est donc transformée en un entéroïde, tandis que sa partie basale,
peu modifiée, constitue l’ébauche d’une des cloisons latérales.
Cette cloison devient mieux distincte lorsque l’on se rapproche du centre
du bourgeon et, là, la partie interne renflée de l’entérotoxelle s’est aplatie,
étalée, creusée en gouttière pour former une des deux moitiés de l’actino-
pharynx ; toutefois le passage de l’entéroïde à l’actinopharynx se fait si gra-
duellement qu’il est impossible de préciser le point où commence l’un et
où finit l’autre.
La transformation de l’entérotoxelle du côté opposé ayant marché de
pair et les deux ébauches s'étant, en même temps, peu à peu soudées l'une
à l’autre, nous avons un actinopharynx semblable à celui des polypes
adultes, à cette différence près que ses cellules sont encore imparfaitement
RM oante.
(1) Séance du 6 septembre 1920.
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1920. 531
différenciées ; de plus, la mésoglée qui le soutient est soudée à celle, par-
fattement continue, de la paroi du corps, de sorte qu’il n’y a aucun rapport
entre les entérotoxelles et le feuillet externe. Ç
Je viens d'employer le terme d’entérotoæelles, créé par A. Krempf, pour
désigner ces formations méso-endodermiques aux dépens desquelles
prennent naissance non seulement, comme l’a montré ce naturaliste, les
entéroïdes et l’actinopharynx, mais aussi les cloisons. Ce sont là les trois
parties qu’elles forment dans leur état de différenciation le plus complet,
mais elles peuvent ne produire chacune qu'une cloison et un entéroïde
ou encore seulement une cloison ; tous ces cas se rencontrent chez les
Antipathaires et d’autres Cœlentérés.
Un autre bourgeon plus avancé, dont la bouche n’était pas encore
ouverte, bien que, ce qui n’est pas la règle, les tentacules fussent déjà
ébauchés, a montré les mêmes faits essentiels : l’apparition des deux enté-
rotoxelles principales et leur différenciation en cloisons latérales, entéroïdes
et actinopharynx. De plus, quatre nouvelles entérotoxelles se sont formées,
mais elles ne donnent, dans les espèces étudiées, que les cloisons sagittales
ou directrices. Enfin, dans la région où s'ouvrira la bouche, il y a amin-
cissement de la mésoglée de la paroi du corps et, là, les cellules de l’ectoderme
s'isolent du reste du feuillet pour constituer un bouchon qui sera expulsé,
lors de la formation de l’orifice buccal, par la prolifération de la paroi
interne de l’actinopharynx, où la multiplication des éléments est active,
comme le montrent de nombreuses figures de division karyokinétique.
Un bourgeon plus âgé permet de constater que les cellules de l’actino-
pharynx s'étalent sur tout le pourtour de la bouche, de sorte que ses lèvres
mêmes sont constituées par un tissu bien distinct de l’ectoderme.
Des cellules en voie de division indirecte nese rencontrent pas seulement,
Comme je viens de le dire, dans l’actinopharynx, on en trouve également
dans les parties superficielles des entéroïdes, de l’ectoderme et de l’endo-
derme, et l’on constate que leurs chromosomes sont volumineux, en forme
de V et au nombre de six, chez le Parantipathes larix.
Enfin, J'ai pu observer que ce sont les tentacules sagittaux, correspon-
dant aux loges directrices, qui se montrent les premiers et que leur appa-
rition suit toujours celle des cloisons.
Il résulte de ces observations :
1° Qu'il y a d’abord formation, aux dépens de l’endoderme, de deux
entérotoxelles ;
2° Que ces entérotoxelles se différencient pour donner les cloisons laté-
è
532 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rales, les entéroïdes et l’actinopharynx, et que, par suite, ces deux derniers
organes ne sont pas, comme on l’a admis jusqu'ici, d’origine ectodernuque ;
ce n’est que par un phénomène de convergence histologique qu’ils ont pris
un aspect se rapprochant davantage de celui du feuillet externe, dont ils
semblent n'être que la continuité, ce qui a fait croire aux auteurs qu'ils.se
formaient à ses dépens ;
3° Quele jeune bourgeon n’a d’abord que ses deux cloisons Frais puis,
qu’il apparaît, à peu près au moment où se forme la bouche, quatre autres
entérotoxelles qui ne donnent que les cloisons sagittales. Nous avons alors
le stade réalisé, chez l'adulte, dans les genres Cladopathes et Sibopathes ;
4° Que, contrairement à ce que l’on a observé chez les Hexactinidés, les
cloisons apparaissent au plafond de la cavité gastro-vasculaire ;
5° Que le développement des entéroïdes n’est pas, comme chez les
Hexactinidés, en retard sur celui des cloisons : leur différenciation se fait
en même temps, peut-être même un peu plus tôt;
6° Que la multiplication des cellules se fait par division indirecte, au
moins à la surface des feuillets, d’où il résulte qu'une partie des éléments
ne se forme pas dans la partie profonde des tissus.
La séance est levée à 15 heures trois quarts.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 20 SEPTEMBRE 19920.
PRÉSIDENCE DE M. Léon GUIGNARD.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
BOTANIQUE. — Les canaux sécréteurs radiaix du bots.
Note de M. Henr: LEcoure.
Les canaux sécréteurs contenus dans les tissus de la tige et de la racine
affectent le plus souvent une direction parallèle à la longueur de l'organe
et, dans ce cas, on peut les désigner sous le nom de canaux sécréteurs longi-
tudinaux.
La présente Note a pour objet de one qu’un système de canaux
sécréleurs radiaux peut, chez un grand nombre de plantes, se superposer au
premier et le compléter. ie Re
Des canaux sécréteurs radiaux avaient déjà été signalés par divers obser-
vateurs, mais au titre de dispositions exceptionnelles.
C’est ainsi que Trécul, dans son travail intitulé : Des vaisseaux propres
dans les Térébinthacées, avait montré l’existence de canaux sécréteurs dans
les rayons médullaires de Rhus viminalis Aït. : « J'ai trouvé de ces vaisseaux
propres, dépourvus de membrane, passant de l'écorce dans le bois, comme
dans les pe beaux exemples de laticifères munis d’une membrane parti-
culière ('). >
Dans son ema e d’ Anatomie EA (trad. franç., p. 130;
1886), Strasburger s'exprime de la façon suivante au sujet io bois de
Pinus sylvestris : « Dans les plus grands des rayons médullaires, nous voyons
courir horizontalement un canal sécréteur, et cette observation nous
(*) Ann. Sc. nat. Bot., 5° série, t. 7, 1867, p. 118.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 12.) : z ; i in s
534 ACADÉMIE DES SCIENCES.
permet de supposer que les canaux verticaux et les horizontaux commu-
niquent entre eux. »
A. Thil (Constitution anatomique du bois, Paris, 1900) fait une brève
allusion (p. 13) à l’existence de ces canaux radiaux, sans préciser d’ailleurs
les genres et les espèces présentant cette particularité et en émettant, en
outre, une explication erronée de leur mode de formation, car il les croit
simplement dus à la fonte des cellules.
Enfin, en 1909, Martin-Lavigne (Recherches sur les bois de la Guyane)
figurait (p. 89) des canaux sécréteurs dans les rayons médullaires d’un
bois attribué à une Burséracée, /cica altissima Aubl., dont la détermi-
nation reste douteuse.
L'existence de canaux radiaux contenus dans les rayons inéduliies
était donc, pour la première fois, mise en évidence par Trécul en 1867. Et
cependant, peu de temps après, van Tieghem, dans son important Mémoire
sur les canaux sécréteurs des plantes ('), avançait, au contraire, que chez
les Anacardiacées et Burséracées (réunies anciennement sous le nom de
Térébinthacées) les canaux sécréteurs ne se rencontrent que dans le liber
primaire ou secondaire et, pour quelques espèces, au pourtour de la
moelle. Cette assertion de van Tieghem, en opposition avec le fait avancé
par Trécul, était ensuite confirmée par Me Leblois (?).
Les faits précis concernant la présence de canaux sécréteurs dans les
rayons médullaires, se trouvaient donc réduits jusqu’à ce jour à deux ou trois
et pouvaient être considérés comme exceptionnels. C’est ce qui nous a
déterminé à grouper les observations que nous avons eu l’occasion de faire.
D'abord, en ce qui concerne les Conifères, nous avons rencontré des
canaux sécréteurs radiaux très nets, contenus dans les rayons médullaires,
chez les genres Pinus, Picea et Larix. Les espèces du genre Pinus chez les-
quelles nous avons trouvé des canaux sécréteurs radiaux sont : P. sylves-
tris L., P. Cembra L., P. Strobus L., P. Laricio Poir., P. halepensis Mill.,
P. mitis Michx., P. australis Michx., P. rigida Mill., P. bruttia Tenore,
P. Pinea L., P. insularis Endl., P. Merkusti Jungh. Le même faita été observé
par nous chez Picea eæcelsa Link et P. nigra Link et enfin dans le bois de
Larix europæa D. C.
Au contraire, les canaux radiaux nous ont paru faire complètement
défaut dans le bois de diverses espèces des genres Abies, Cedrus, Cunnin-
; 4
(1) Ann. Sc. nat. Bot., 5° série, t. 16, D 172.
(?) Zbid., 7° série, i. 6, p. 294, et tirés à Eure P- 48.
SÉANCE DU 20 SEPTEMBRE 1920. 535
ghamia, Thuya, Dacrydium, Araucaria, Podocarpus, Keteleeria, Phyllocladus,
Fookienia et Juniperus (').
En résumé on peut dire que chez les genres Pinus, Picea et Larix, il existe
toujours des canaux sécréteurs radiaux contenus dans les rayons du bois,
en même temps que des canaux sécréteurs longitudinaux.
L'examen du bois de diverses Anacardiacées nous a fourni l’occasion de
rencontrer des canaux sécréteurs radiaux chez Parishia Malabog Merr., des
Philippines; Melanorrhæa laccifera Pierre, d’fndochine; Swintonia Pierréi
Hance, d'Indochine; Spondias mangifera Willd., d'Indochine; Spondias
lakonensis Pierre, d'Indochine. |
Nous avons recherché en vain la même structure chez les diverses
espèces des genres Mangifera et Dracontomelum.
Certaines Licadiacéés possèdent donc des canaux radiaux et les
autres en manquent. Avec Rhus viminalis Ait., signalé par Trécul, le nombre
des espèces à canaux radiaux s'élève actuellement à six.
En ce qui concerne les Burséracées, nous devons reconnaître que si nous
avons observé des canaux sécréteurs radiaux dans deux bois de nos collec-
tions attribués à des Burséracées, mais dont nous n'avons pas eu la possibi-
lité de vérifier personnellement la détermination : Protium acuminatum W.
et À. et Bursera gummifera L., nous devons ajouter que ces canaux nous
Ont paru manquer chez plusieurs espèces de Canarium bien authentiques,
d'Indochine, de même que chez Aucoumea Klaineana Pierre, de la côte
d'Afrique.
Si la présence des canaux sécréteurs radiaux est indiscutable chez les
Anacardiacées, elle reste donc problématique chez les Burséracées.
Dans le tail signalé plus haut, Trécul ajoute au sujet de Rhus vimi-
nalis Ait. : « Ce qu’il y a de singulier, c’est que ces vaisseaux, dont il y a
quelquefois deux dans le même rayon médullaire, ne des à je pas
avec ceux de la moelle. »
Nous avons porté notre attention sur ce point, en particulier au sujet du
bois de Spondias lakonensis Pierre, dont nous avons todi des branches
de ņmm.gmm de diamètre.
Dans le bois de cette espèce, on peut constater d’ abord la présence de
canaux sécréteurs longitudinaux, les uns situés dans la partie extérieure du
liber primaire, les autres au pourtour de la non et ces deux groupes de
(*) Bien entendu, les résultats négatifs ne peuvent être considérés comme défini-
tifs, car les canaux peuvènt être rares et vie à l'observation.
536 ACADÉMIE DES SCIENCES.
canaux paraissent indépendants l’un de l’autre. Ils existent seuls, tant que
l'organe présente la structure primaire.
Au moment où s'établit la structure secondaire, se forment, dans le liber
secondaire, de nouveaux canaux sécréteurs longitudinaux situés en dedans
de ceux que possède le liber primaire et en général plus petits que ces
derniers. En même temps, il se développe, et par le même procédé schi-
zogène, des canaux dirigés horizontalement et situés dans quelques-uns
des rayons médullaires. Ces derniers canaux sont en communication avec
les canaux longitudinaux d’origine secondaire, mais ils ne communiquent
ni avec ceux de la moelle, ni avec ceux qui se sont développés les premiers
dans le liber primaire.
Les Anacardiacées peuvent donc posséder dans la tige des canaux sécré-
teurs qui sont les uns d’origine primaire, les autres d’origine secondaire.
Ces deux systèmes paraissent indépendants l'un de l’autre.
Les canaux sécréteurs d’origine secondaire comprennent toujours des
canaux formés dans le liber secondaire et affectant une direction parallèle à
laxe de l'organe. Chez les espèces signalées précédemment, ces canaux
longitudinaux se compliquent de ramifications transversales qui pénètrent
dans les rayons médullaires et n’ont aucune communication avec ceux de
la moelle.
L'indépendance signalée par Trécul entre les canaux des rayons et ceux
de là moelle pour Rhus viminalis Aït. se vérifie donc pour d’autres espèces
et constitue probablement la règle.
Il y a lieu, par conséquent, dans l’étude de la structure des tiges et des
racines, de tenir compte des canaux sécréteurs radiaux, qui peuvent exister
concurremment avec les canaux sécréteurs longitudinaux.
M. J. Costantis fait hommage à l’Académie du fascicule 6, Tome Il,
des Annales des Sciences naturelles : Botanique.
CORRESPONDANCE.
MM. Maurice Anraus, Paue Berrraxp et Cu. Duéré adressent des
remerciments pour les distinctions que l’Académie a accordées à leurs
travaux, n
SÉANCE DU 20 SEPTEMBRE 1920. 537
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Les fonctions hypercylhindriques dans l’espace
à n + 2 dimensions. Note (') de M. Perre Huuserr.
La fonction G(«, B, y,%,y) que nous avons définie dans notre dernière
Note (?) s’introduit également quand on cherche les fonctions hypercylin-
driques dans l’espace à n + 2 dimensions, c’est-à-dire des solutions de
l’équation de Laplace
FU- uU o? U
+... +
dx} dts Oits
RE ?
où l’on fait le changement de variables
æ, =p sin sing; Sing... SiN Qa- SIN Grii;
Æy =p sinh sing; sings. +. Sin Ọr—2 COS Ọr-is
i x, =p sin sing, sin Ch + + + COS Pr
RE PR E A RE Ra i
Za —=psin0 C030,
Lase 0 COSO,
Lir =t.
L’équation prend alors la forme
CA ES Fe
3 Le” sin”—16 sin*-20,...sino,- Z] + A [er sin#—#8sin"-?9,...sin®h à |
i=n 1 n
t 2 5 [pr sin" t0: smi to; s e sio” on 80 719; E La ET paag |
0 : i ‘+ ðU
+ ET Le" sin! 6 sin"-?9,...Sin®n + | TO
et l'on en cherchera des solutions du type
U- ATAOI je (Pat ) V(e, 4).
Indiquons, sans entrer dans le détail des calculs, le résultat qu’on peut
obtenir.
Si Aet u sont des nombres entiers, et y un nombre quelconque, désignons
par le symbole
Ci a(3)
AE A E 1
(*) Séance du 13 septembre 1920.
(?) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 490.
538 ; ACADÉMIE DES SCIENCES.
la fonction `
Yy
. Aa d| 3
{i— z’? Ter CA (2),
c’est-à-dire la fonction qui joue par rapport au polynome C} de Gegenbauer
le même rôle que la fonction adjointe de Legendre, Př, par rapport au
polynome P, de Legendre. Cette fonction C} „(z) vérifie l'équation diffé-
rentielle
d
u
Per Foye- -DPI Kanat
do’ 7 do |
y(u + 2v—1)
sin? 9
, Vi I
où cos = z, et se réduit à PẸ pour y = *
Rappelons enfin que nous avons posé
Cabra n= lin Pha M GM nen) DT rma aTa
On vérifiera alors que, les m, étant des entiers arbitraires, une solution de
Péquation de Laplace est |
1
n
—1
C2
U — ef cos MA Ọn—ı bel ml cos On—2) Ciz. rmik cos Das). Comines ( cos Q1)
x
A] Man PA Mait n—i n +1
2
— = 1 + tang?6, —E)
cost—18 me or 8
En faisant n = 2, nous retrouvons bien le résultat de notre dernière
Note.
La fonction hypersphérique zonale dans l’espace à n + 2 dimensions
s’obtiendra en annulant tous les m. Ce sera donc
V'(e, 8) =
a K292
(5 & + Le Pa 1 + tang?0, ——
e 2 4
aa 0
En particulier, si n = 1, nous sommes dans l’espace à trois dimensions et
nous aurons alors
K2 p’
E 5 CT un
ce qui s'accorde bien avec ce que l’on sait de la fonction cylindrique zonale.
V (p, 0) = (5 o, 1, 1
Eai
SÉANCE DU 20 SEPTEMBRE 1920. 339
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Remarques sur les ensembles de mesure nulle
à plusieurs dimensions. Note de M. S. Sroirow.
Les ensembles de points qui font partie d’un espace à un nombre quel-
conque de dimensions présentent certaines propriétés résultant de leur
grande variété de structure, dont les analogues, même quand elles existent,
sont beaucoup plus difficiles à saisir dans un ensemble linéaire. C’est ce fait
qui m'a conduit à l’idée de me servir des ensembles à plusieurs dimensions
pour essayer de classer les ensembles linéaires de mesure nulle d’une
manière indépendante de leur mode de formation (‘). Dans cette Note je
me propose seulement d’attirer l'attention sur une propriété des ensembles
de points situés dans un espace à un nombre quelconque (plus grand que 1)
de dimensions et dont la mesure (au sens actuellement adopté pour ce
terme, qui est celui de MM. Borel et Lebesgue) est nulle.
Pour plus de simplicité, je me bornerai aux ensembles situés us un
espace à deux dimensions ; il va de soi que des remarques toutes analogues
s'appliquent aux ensembles à un nombre quelconque de dimensions plus
grand que 2.
Soit donc E un ensemble de points situés dans un plan et DO par
leurs coordonnées cartésiennes x et y. Je supposerai cet ensemble borné et
de mesure super ficielle nulle. En général, les ensembles linéaires E, etE,,
qui sont les projections de E sur les deux axes de coordonnées (qui ne sont
d’ailleurs pas nécessairement rectangulaires), ne seront pas de mesure
linéaire nulle. Soient donc l, et l, leurs mesures extérieures (au sens
de M. Lebesgue). Nous allons faire bird à l’ensemble E une transformation
définie par
(rs: X=f(x,y) Y=e( y)
où f(x, y)eto(æ, y) sont supposées continues, ayant des dérivées conti-
nues, des deux premiers ordres au moins, et telles que la transformation
qu elles définissent soit biunivoque dans une région limitée du plan conte-
nant l’ensemble E. On pourra partager cette région en plusieurs autres
telles que dans chacune d’elles les dérivées premières de f(x, y) et deo(x, y)
gardent le même signe.
Considérons, en sierot celle de ces régions où J- et f; sont posi-
S
(') Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 766.
546.. ACADÉMIE DES SCIENCES.
tives, en supposant, pour fixer les idées, que f(x, y) soit telle qu’une
pareille région existe.
Envisageons maintenant une suite de parallélogrammes de côtés paral-
lėles aux axes,
o ENT Ae ne ay
et tels que chaque point de E, se trouve dans l’un au moins de ces parallé-
logrammes et désignons par
(2) 2%, æi et Yi yi
les coordonnées des sommets de a;, dë façon que
iit els Vies
On aura alors évidemment
ZX Xi 2 (ai t) fu Ay S y fi +L (ri mi) fins te.
en désignant par X;, X” et Y;, Y; les valeurs des seconds membres de (1)
pour les valeurs (2) des nb,
L'ensemble E, et donc E, a fortiori, étant de mesure superficielle nulle, on
pourra prendre les a; aussi petits que l’on voudra. On aura donc, à la limite,
en désignant par L, et L, les quantités analogues à l}, eti, 7 powe le transformé
de E,, l'inégalité- ete
Le SFA de [far `
les signes f ne les intégrales de Lebesgue prises le long des
ensembles E, et E,, ou les valeurs supérieures de ces intégrales dans le cas
où les ensembles E, et E, ne seraient pas mesurables.
Mais il est facile.de voir que cette relation est sn une égalité. On.
peut en effet prendre toujours les intervalles X°,,— X; assez petits pour
que la somme es
5 Xi — X;
soit aussi voisine que l’on voudra de L, et l’on obtiendrait alors l'inégalité
inverse. On a donc
(3) ; L= j: fide + J f:dy,
et évidemment pour L’ une égalité analogue.
Ceci est valable dans la région où f,et f, sont positives à la fois; on
SÉANCE DU 20 SEPTEMBRE 1920. 541
peut considérer la frontière de cette région comme en faisant partie; quant
aux autres régions, on pourra y changer x en — x ou y en — y; suivant le
cas, et y obtenir des égalités analogues à (3), aux signes près, pour les
autres parties de E.
De (3) il résulte iron détient que si un ensemble de points d’un plan
possède deux projections, suivant deux directions différentes situées dans
le plan, de mesure linéaire nulle, il en est de même de toutes les projections
des ensembles obtenues en transformant E par (1).
On voit ainsi, en particulier, que les ensembles superficiels de mesure
nulle peuvent être classés en deux grandes catégories : l’une contenant ceux
dont la projection suivant une seule direction au plus peut être de mesure -
linéaire nulle, l’autre contenant ceux dont toules les projections sont de
mesure linéaire nulle.
Ces derniers ensembles jouent un rôle i cr Ac dans la classification des
ensembles linéaires de mesure nue que j'ai indiquée dans la Note citée
plus haut.
vi : | . .
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Remarques sur la recherche des points singuliers
d'une fonction définie par un développement en série de Taylor. Note (')
de M. J. Soura.
1. Je considère deux séries de Taylor
S
æ æ
\ LT
> ner > DT
n=0 nv .
sa
«
dont les táyoüš de convergence ne sont ni Sas ni infinis. J’effectue le pro-
longement analytique de ces séries en suivant des chemins qui ne font le
tour d'aucun point singulier, et je définis ainsi deux fonctions analytiques
que je désigne respectivement par f(x) et (x).
Je considère ensuite le résultat de la combinaison LA ces deux fonctions
par l'opération de M. Hadamard, et je pose
H[f, o] Be an bn z”.
l pd i N
On sait que la nouvelle fonction, que je définis ainsi, sera régulière en
(1+) Séance du 16 septembre 1920.
5/42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tout point autre que les points d’affixe «ß, æ étant.un point singulier
de f(x) et B un point singulier de 9(x).
On sait que M. Borel (') a montré qu’un tel point æf n'est pas toujours
point singulier de H[f, ọ]. Le point «aß peut être régulier en particulier,
s'il existe deux autres points singuliers de f (Œ) et ọ(x), que je désigne
respectivement par «' et f, tels que aß = æ'B', x -£a', B Æp. Je dirai, dans
ce dernier cas, que B peut être obtenu plusieurs fois. La singularité af
peut disparaître sans que &f soit obtenu plusieurs fois.
On est donc conduit à distinguer deux catégories de points singuliers :
uu point singulier B de p(x) peut être tel que H[f, p] admette «B comme
point singulier, quelle que soit la fonction f(x), toutes les fois que af ne
peut être obtenu qu’une seule fois. C’est ce qui se produit si B est un pôle,
comme cela résulte des remarques de M. Borel, relatives au théorème de
M. Hadamard. Il se peut, au contraire, que la singularité en B de o(æ) soit
telle que H[f, 2] soit régulière en 48 quand on choisit convenable-
ment f (x), et cela sans qu’on se trouve dans le cas banal où « est obtenu
plusieurs fois.
Je dirai que les points singuliers de la première catégorie sont des points
singuliers principaux.
Je suppose qu’une fonction ọ(æ) possède le point singulier ĝ et que l'on
puisse écrire
o(s) =p (£) + D(x),
?,(x) étant la partie irrégulière pour æ = B, je veux dire par là que ?(x)
ne possède pas d'autre singularité que x = B et que ® (x) est régulière en.
La question de savoir si æ = ĝ est singulier principal pour 9(æ) ne dépend
que de la partie irrégulière o,(æ) comme on le verra aisément. Il est donc
naturel de supposer que o(x) ne possède qu’un point singulier et de cher-
cher à quelle condition ce point est principal.
Je ne signale ici que le critérium suivant : Si la fonction o(x) n’a qu'un
point singulier 8 à distance finie, pour que ce point soit principal, il est
3 à : D.
nécessaire et suffisant que la fonction (x) => z, ait un rayon de conver-
gence différent de zéro et qu'elle ne possède pas d'autre singularité
que 5 à distance finie.
4, n
(1) Borgt, Sur les singularités des séries de Taylor (Buli. de la Soc. math. de
France, t, 26).
SÉANCE DU 20 SEPTEMBRE 1920. 543
a
La TE Ur EEA utilise les égalités
Hip, p4] = ——>- H[p Hi, a] ft)
paie
De la proposition précédente on peut déduire que si (x) ne possède,
pour toute singularité à distance finie, que le point singulier principal 8
la suite Ÿ]a, | n’a qu’une limite.
Ces deux propriétés peuvent permettre de reconnaître, dans certains cas,
si un point singulier est ou n’est pas principal. Les pôles sont des points
singuliers principaux et il en existe bien d’autres. Par contre, la fonction
pa) Dert areen (0<09 <1)
ne possède que le point singulier 1 (') qui n’est pas principal.
La considération des points singuliers principaux peut être utile pour
déterminer les points singuliers d’une fonction définie par an développe-
ment de Taylor. Parmi les problèmes où cette notion peut intervenir, je
signale le suivant : On se donne une fonction analytique p(x) = £a,” qui
ne possède, sur son cercle de convergence du rayon R, que le point singu-
lier B principal et isolé. Elle admet d’autres points singuliers B,, Ba, .... On
se propose de chercher les points singuliers de la fonction Yæ)=YE
Cette recherche est basée sur l'égalité
HLo, 4] = —
x s ` ie Ci
Sur son cercle de convergence, W(x) n’admet que le point singulier =:
Les autres points singuliers y de L (x) sont tous donnés par la formule
— BiB2- -bp Bi. Pr,
je DR
les facteurs du numérateur étant ds points singuliers de ọ (x), qui ne sont
Pas nécessairement distincts.
Sa
(') Fasry, Sur les séries de Taylor ( Acta math., t. 22).
544 ACADÉMIE DES SCIENCES.
e
CHRONOMÉTRIE. — 'Interprétation géométrique de la méthode Résal-Caspart.
Note de M. J. ANDRADE.
La méthode de Résal utilisée par Caspari pour l’étude du spiral de
Le Roy est susceptible d’une interprétation utile que j’énoncerai ainsi :
La pression complémentaire du couple d'encastrement qu'un spiral cylin-
drique simple transmet par sa virole au balancier a une composante transverse
dirigée suivant la droite joignant la virole au point Q,, projection du piton Q
sur le plan transverse de cette virole W ; de plus, si l’écart u du balancier est
compté dans le sens où le spiral se ferme, cette force est répulsive, et pour
un spiral de Le Roy sa valeur est
2EI ı Qi wW :
EPR
u
EI, moment élastique pour la flexion de la section du spiral; R, le rayon
de virole; P, étendue angulaire du spirale, ici égale à (2n no i)z; C, coef-
ficient dont l'expression est
oa
rra -
(+5)
C= 7
Pour u < o, cette répulsion se change en attraction.
_ Conséquence pour le doublet à viroles coïncidentes, formé d'éléments.
, égaux : i nd | à
Sur la virole commune aux deux éléments de ce doublet, et vu la peti-
J . r . r + r -i
tesse de 5> la pression complémentaire résultante sur la virole se réduit à une
*
force parallèle à un diamètre du balancier dont la direction, fixe dans
_ l’espace, est dans le plan longitudinal contenant l’axe du balancier et les
f ; ; ; CHERT
deux pitons, la valeur de cette force est sensiblement égale à 1 pi“
Cette interprétation signale et corrige immédiatement une erreur de
calcul qui s’est glissée à la fin de ma dernière Note dont l’exemple final doit
être ainsi corrigé :
La pression complémentaire transverse exercée sur la virole commune du
doublet sinusoïdal engendre un roulement frottant sur le collier de l'appui
latéral supérieur et dont la valeur, proportionnelle au produit u sinu, fonc-
SÉANCE DU 20 SEPTEMBRE 1920. 545
tion paire, ne produit qu’une perturbation d’isochronisme de l’ordre du
carré de cette cause; cette perturbation ne s'aggrave que pour les pertur-
bations séculaires ou à longue période qui sont liées à la vieillesse des
huiles.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Valeurs de l’aplatissement de la Terre obtenues
par le calcul et par les mesures. Note de M. Arex. Véronner, transmise
_ par M. P. Appell.
H. Poincaré avait montré, par une remarque géniale sur une formule
étudiée déjà par Tisserand et Radau, que l'inverse de l’aplatissement e de
la Terre ne pouvait pas être inférieur à 297,10 quelle que fût la loi des
densités à l’intérieur. Cette déduction supposait seulement que la Terre
tournait tout d’une pièce et elle utilisait uniquement le rapport ọ de la force
centrifuge à l’attraction et le rapport J relatif aux moments d'inertie de la
Terre, rapport déterminé par le coëfficient de précession.
J'ai pu, dans ma Thése (! ), déterminer une limite supérieure extrêmement
voisine, basée sur les mêmes conditions, et qui donnait en première approxi-
mation, en négligeant e?,
|
297, 10 Ś Ž 297,39 ou = = 297,25 +0,15.
Plus de 20 calculs numériques, faits avec différentes lois de densité,
donnent toujours, à quelques centièmes près seulement, des nombres
voisins de 297,17, valeur la plus probable.
Comme dans les mesures géodésiques et celles de la variation de la
Pesanteur, on tient compte de e?, j'ai calculé ce que devenaient ces limites
en seconde approximation. Je tiens à rectifier une légère erreur qui m'avait
donné des nombres trop faibles de 0,5 (*). Dans la formule (109), il faut
2(en) au lieu de 4(en). Les corrections relatives à e° sont négligeables et
l’on obtient, en toute approximation, les limites
HR I ;
296,73 £ £'297,50 ou = — 297,12 + 0,38,
avec la valeur probable 297, 19 donnée par les diverses lois de densité, avec
1
Journal de Math., 1912, p. 390. `
(>)
(*) Journal de Math., 1912, p. 414. \
.
546 ACADÉMIE DES SCIENCES.
moins de o,1 d'écart. La valeur 297,2 pourrait être choisie comme la plus
sûre pour l'ellipsoïde de référence auquel on rapporte le géoïde et les
mesures géodésiques.
On montre facilement (p. 391) que les erreurs sur ® et J introduisent
des erreurs égales sur la valeur de 1 : e. On peut être assuré ainsi des cen-
tièmes.
Pour le calcul de l’aplatissement au moyen du pendule ou de la variation
de la pesanteur, les nombres calculés sont à peine modifiés. Le terme en
cos" Z, introduit dans expression de g, varie dans des limites assez étroites.
Sa valeur calculée (p. 417) est pratiquement nulle, avec toutes les lois
de densité connues, ce qui est vérifié d’ailleurs par les observations du pen-
dule. (On peut noter qu'Hélmert (Höhere Geodäsie, t. 2, p.77) avait déduit
de ce fait, au grand scandale de G.-H. Darwin, que l’ellipsoïde devait être
renflé et non déprimé vers 45°.) Le terme en cos? / introduit une correction
comprise entre 3,60 et 3,80 pour toutes les lois de densités. Il suffit
d’augmenter les anciennes valeurs de 1 : e de cette quantité pour tenir
compte de e?. L'ancien chiffre calculé par Faye par exemple devient 296,7
et se trouve en assez bon accord avec les déterminations plus récentes.
Tous ces nombres sont donnés dans l'hypothèse où la Terre tourne tout
d'une pièce. J'ai calculé les modifications introduites dans le cas où la
vitesse des couches intérieures serait différente dé celle de la ‘surface
(Journal de Mathématiques, p. 427). L’inverse de l’aplatissement diminuera
d’une unité si la vitesse moyenne à l’intérieur est augmentée de 0,007
seulement. Si les mesures géodésiques et les mesures du pendule vérifient
le nombre 297, donné par le calcul (et il semble bien qu’il en est ainsi),
il faudra en conclure que la Terre tourne sensiblement tout d’une pièce.
Le ralentissement dû aux frottements des marées sur l’écorce serait insen-
sible et cette action des marées, invoquée par Darwin en particulier,
serait à écarter des explications cosmogoniques.
Remarquons enfin que ces calculs ne peuvent pas nous renseigner sur
la variation des densités à l'intérieur de la Terre, puisque la valeur de l’apla-
tissement en est à peu près indépendante. Cependant les lois de densité
choisies devront donner des aplatissements concordants, suivant qu'on les
calculera en tenant compte de 9, c’est-à-dire de l’attraction, ou en tenant
compte de J, c’est-à-dire du coefficient de précession. La formule de Roche
reproduite jusqu’en 1919 par l'Annuaire du Bureau des Longitudes sous la
forme 9 = 10,0 — 7,5 r° donne 291,14 dans le premier cas et 298,53 dans
le second, résultats assez éloignés. Si l’on admet la formule de Roche et la
SÉANCE DU 20 SEPTEMBRE 1920. 547
densité moyenne 5,5, il faut prendre (Journal de Mathématiques, p. 444)
p=10,41—8,18 r?, Pi== 3,29
qui donne la valeur 297,18 dans les deux cas. La densité moyenne super-
ficielle serait égale à 2,23.
On a alors pour la formule de la pesanteur à l’intérieur de la Terre
g—=1;,868:(1—0,472r?)r
avec un maximum égal à 1,04 à la profondeur 0,16. On retrouve la valeur
de la pesanteur à la surface pour r — 0,67. La pesanteur reste sensiblement
constante à -+ près, sur le tiers du rayon, c'est-à-dire pour les - de la
masse,
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la formule de Stokes dans l’espace-temps.
Note (') de M. A. Buuz, transmise par M. P. Appell.
Dans mes Mémoires des Annales de ia Faculté des Sciences de Toulouse
(1912, p. 403-406; 1913, p> 370-372) j'ai donné une formule, du type
stokien, relative à l’espace à quatre dimensions, laquelle, avec les notations
de M. Th. De Donder déjà invoquées dans ma précédente Note (9 août
1920), peut s'écrire
OF oF oF oF
0x, 0, 07, dr
O JRE nee e
JS dx; OL, dæ; dt, Lahe RATA Pe JF
Ms Na Ma Mo d(Ts, L) i 0x, é
1 2 3 $ 4
en posant
OF: oE- o aE
Or: dxa At; OF;
o ð o ð
0x; 03 0x; dx, ;
Mia Ms M 30) M #0»
3 2 3 4
On trouvera d’ailleurs une première ébauche de cette formule dans les ;
7 a a Er 6 Fe iai ARE
(°) Séance du 13 septembre 1920. , ` :
548 ACADÉMIE DES SCIENCES. ;
Comptes rendus du 8 juillet 1912. La variété V (F = o) est une cloison à
trois dimensions qui, dans l’espace à quatre, peut se déformer arbitrai-
rement à condition de toujours passer par S(F =o, G = o0), variété
frontière fermée à deux dimensions.
Le premier membre de (1) peut aussi bien s’écrire
— af M, dx, dx, + M,; dx; dx; +. ….+M,;dr;dz,,
s
ce qui rend encore plus évidente l’analogie avec la formule de Stokes
ordinaire et montre qu’il n’y a rien, dans (1), qui ne soit dans l'analyse des
formes intégrales et invariants intégraux de M. Th. De Donder (Théorie
du champ électromagnétique de Maxwell-Loréniz et du champ gravifique
d'Einstein). Mais (1) paraît mettre en évidence, de façon extrèmement
remarquable, les symétries du champ électromagnétique et gravifique.
La chose est même si marquée qu'il n’y a plus besoin d'écrire de formules
pour indiquer des résultats essentiels; la très simple description des
symétries en question est suffisante.
ES dans A,on Tee la première ligne pr
FAP rs oan o LA. — 29
et si l’on égale ces termes aux coefficients qu’ils ont alors dans À, on à les
équations du champ électromagnétique.
2° Si, dans les équations ainsi obtenues, on remplace pọ par zéro et les M;;
_ par des M; (définis encore très brièvement dans la précédente : Note), on 4
les équations du champ gravifique.
3° Si, dans À, on remplace la première ligne par
MA, Pos, PA: ln,
VV NE NS VE
ce déterminant devient — 2F;.
F,,F,, F,, F, sont les composantes de la force mécanique d'origine
électromagnétique.
4° Si, dans le déterminant — 2F;, on reporte en troisième ligne les astérisques
de la première, on obtient le déterminant 2 G;.
Ce G; est identiquement nul, d’après 2°, mais il importe de le conserver
par raison de symétrie.
5° Si, dans chacun des deux déterminants formant 2(F;+ G:), on échange
“entre elles les deux premières lignes, on forme —2(F;+ #;).
t
SÉANCE DU 20 SEPTEMBRE 1920. 549
$., $a, S., S, sont les composantes de la force mécanique d’origine
gravifique.
6° La formule (1), écrite avec des M*, ayant un second membre iden-
tiquement nul, a pour premier membre l'intégrale double d’une différentielle
exacte généralisée (Poincaré, (roursat, etc.). Les deux dernières lignes du A
du second membre ont alors la yorme
RON PR a
Öt Oty dt; Olr:
D, E _®,
®,, ®,, dD,, D, sont les potentiels retardés.
Je pourrais fournir d’autres exemples correspondant toujours à des
résultats déjà exposés par M. De Donder; je les réserve pour un travail
plus développé.
Terminons sur une remarque capitale.
L'établissement de la formule (1), chose sur laquelle j’ai toujours grande-
ment insisté, ne repose que sur la transformation et la combinaison linéaire
d'identités du type
ffraxaxe f f faxaxiax,,
où v est un volume de l’espace à trois dimensions enclos dans s.
Une telle identité ne repose elle-même que sur la notion d'espace géome-
trique divisé en éléments réunis conformément au principe fondamental du
calcul intégral. Or on peut passer de là, par des raisonnements purement -
analytiques, à l espace physique, à l’espace phénoménal et particulièrement
à une identité (1) qui met en évidence la forme des équations de l’électro-
magnétisme et de la gravifique. C’est précisément un point qui paralt
captiver au plus haut degré philosophes et physiciens contemporains.
Ce point me paraît être mis ici en évidence avec beaucoup de simplicité.
MAGNÉTISME TERRESTRE. — Perturbations de la déclinaison magnétique à
Lyon pendant le deuxième semestre de 1919 et le premier semestre de 1920.
Note de M. Frasouer, transmise par M. B. Baillaud.
Les relevés des courbes du déclinomètre Mascart, pendent ces deux
semestres, fournissent la répartition suivante : :
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 12.) us 43
550 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Deuxième semestre 1919.
Échelle. Juill. Août: Sept. Oct. Nov. Déc.
oO jours parfaitement calmes..,,........ 10 7 2 5 10 2
I » avec perturbations de r'à 3° 16 18 5 7 12 12
2 » » 37. Å 4 12 11 Å 12
3 » » LE RTE: 7 6 4 5
4 » » ID NH 20. 0 1 4 2
5 » » >30/ o I
‘Janv: Fév. Mars. Avril Mai. Juin.
o jours parfaitement calmes..,......... 4 5 5 6 13 13
1 » avec perturbations de 1 à 3’ 7 11 10 11 11 15
2 » » SN 72. E 10 10 9 4 I
LR. » PLAT. à 2 5 4 3 1
4 » » 15.a 307. 1 o
Dior » >30'.. 1
Pon perturbations très fortes ont été enregistrées, l’une le 11 août 1919
à 16°45® (supérieure à 60’), l’autre le 4 mars 1920 (supérieure à 40”);
toutes deux sont sorties des limites de la feuille du magnétographe.
L'examen de ces Tableaux semble indiquer une décroissance sensible
des fortes perturbations.
BOTANIQUE. — Sur la résistance des plantules à l inanition.
Note (') de M. Hesri Covris, présentée par M. Gaston Bonnier.
On possède d'assez nombreux documents sur la résistance à l'inanition
chez les animaux et, surtout chez l’homme, lequel a été parfois privé de
nourriture involontairement ou volontairement, ce dernier cas dans des
buts scientifiques ou autres, mais je ne sache pas que l’on eût songé à étudier
syslematiqur maa le même phénomène chez les plantes. Cette considéra-
tion m'a engagé à réunir quelques données sur la question en prenant
des plantules élevées à l’obscurité (pour éviter l’apport de carbone par
l'atmosphère et son assimilation par la fonction chlorophyllienne) et sans
autre nourriture que de l’eau distillée. Les jeunes plantes étaient laissées
PA mo
(1) Séance du 13 septembre 1920.
SÉANCE DU 20 SEPTEMBRE 1920. 551
ainsi, depuis leur germination, dans une chambre obscure jusqu’à ce que
la mort s’ensuivit, ce qui permettait de se rendre compte du temps pendant
lequel elles avaient résisté à l’inanition. A vrai dire, le moment de la cessa-
tion de la vie n’est pas facile à évaluer d'une manière très nette, car, d’une
part, il n'est pas aisé de distinguer une plantule sur le point de mourir
d'une plantule morte et, d’autre part, dans un même lot de graines, en
apparence identiques, les unes donnent des plantules vivant un peu
plus longtemps ou un peu moins que leurs voisines. Les chiffres obtenus
ne doivent, par conséquent, pas être pris dans un sens précis, mais seule-
ment comme exprimant l’ordre de grandeur du phénomène. Cette réserve
faite, voici quelques-uns des résultats que j'ai obtenus avec seize espèces
choisies, assez différentes les unes des autres par l'importance et la nature
de leurs réserves :
. Mort provenant au bout de :
Ein Einon s ooe e FE ....... 60 jours d'inanition
PORTON Le nn ce PE E 46 »
VOS RIVES. -anA ASUS LAS 44 »
Lentille... im PRES LES IR ur E 4o »
Belle- donations k 39 »
Te a e I eu A Se 33 »
Bartol se Re a: 32 »
Sole i er aa a a a 30° »
Sarrasin gris A A EE 25 »
a EAE E E EST S Nr à Ni 26 »
Capudtne o ver oro risio ui Vers at 23 »
Épinard te el E ds am ce 22 »
Tona o ne eu Una ete, 2) »
DORE en RL Niveau 20 »
Utessoin aleros. 0 er inner 18 »
Mooie A SNS US POS »
Luzerne de Provence.:....:....,:..,.. 15 »
On voit que la durée de la résistance à l’inanition a, dans cette série,
varié de deux mois (Pin Pignon) à un demi-mois (Luzerne de Provence)
avec, pour les autres espèces, des durées intermédiaires. Ces différences
d’une espèce à l’autre tiennent, évidemment, à la nature même de son orga-
nisme (plus ou moins résistant) et, surtout, à l'abondance et à la nature de
ses réserves; a priort on eût pu le deviner, mais il était peut-être bon ( sans
avoir la prétention de faire connaître des faits importants) que la notion
fût fixée, dans la mesure du possible, par quelques chiffres, si inpren
qu'il faille les considérer.
552 ACADÉMIE DES SCIENCES
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur l'obtention directe du spectre de différence
des boullons-toxines. Note (') de M. Frew VLès, présentée par
M. Yves Delage.
I. Dans une Note précédente (°), nous avons indiqué que l’on peut
obtenir, à partir d’un bouillon-toxine, les spectres de différence d’une
substance modifiée d’une façon comparable dans le complexe soit par
chauffage à 70°, soit par action du sérum antitoxique spécifique; ces
spectres de différence avaient été jusqu'alors fournis par le calcul, au
moyen de deux clichés spectrophotométriques indépendants pris sur les
deux liquides intéressants. Pour éliminer les longueurs et par conséquent
les causes d’erreur de cette technique, nous avons tenté d’obtenir direc-
tement par une technique différentielle, le spectre de la substance inconnue,
que nous désignerons par la lettre T.
La méthode consiste à prendre comme spectré de référence-étalon dans
le cliché spectrophotométrique, non plus le spectre du faisceau direct de la
source ou celui du solvant pur, mais le spectre même de l’un des deux
liquides (*). Dans ces conditions la lecture du spectrophotogramme doit
donner directement une courbe de différences. :
La chose ést fort simple dans le cas de la toxine altérée par chauffage :
il suffit de faire alterner devant le spectrophotomètre deux cuves identiques
pleines l’une de toxine intacte, l’autre de toxine chauflée, à concentrations
égales; ou d’intercaler deux séries de spectres avec même cuve remplie
successivement des deux liquides. Pour la mise en évidence de l’action de
l’antitoxine, la technique est plus compliquée, et nous avons dû comparer
un mélange toxine-antitoxine évolué, fait depuis plusieurs heures
(2, 24, 48...) avec un mélange de mêmes proportions constitué immédia-
tement au moment de l'examen, et mesuré dans les dix premières minutes
après sa fabrication; les éléments de ce mélange de comparaison pro-
venaient bien entendu des mêmes échantillons que le mélange évolué,
DRE SRE AR A EE
(1) Séance du 6 septembre 1920.
(2) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 524.
(#) Cette technique est susceptible d’une grande généralisation et pourrail être
appliquée à l'analyse de nombreux complexes encore inconnus au point de vue de la
nature et du nombre des constituants, mais dans lesquels nous savons faire varier les
propriétés du complexé : diastases, venins, sérums, ete,
SÉANCE DU 20 SEPTEMBRE 1920. 553
avaient été diluës en même temps dans une portion du même solvant, et
gardés dans des conditions comparables (').
Dans ces conditions nous avons pu obtenir directement le spectre de la
substance T de bouillons-toxines tétaniques. La concordance entre les
résultats ainsi obtenus et ceux de la première méthode constituent une
vérification de celle-ci.
B a
ýl Yy b q 10} 4 é ;
Ferre |
K| T | K| y
o a
/ F Pee y m part
|
Pr D 2 MR M rs 960 x. 10
Spectres de différence directe de bouillons-toxines.
A gauche par chauffage (2 heures à 78°); à droite par action du sérum antitétanique (autre
échantillon, mélange de 54 heures, à bandes décalées).
IL. Depuis notre Note précédente, diverses notions ont pu en toute
première approximation être recueillies (par la première méthode) sur les
propriétés de la substance T et des bouillons toxiques.
1° Saturation. — La modification du spectre du bouillon-toxine par
l’antitoxine n’est pas instantanée et est fonction du temps, ce qui est
d'accord avec la pratique bactériologique. Mais si un aspect de « courbe de
saturation » est quelquefois visible, le phénomène a souvent une allure
plus compliquée, qui peut tenir à la superposition, aux phénomènes chi-
miques, de modifications physiques éprouvées par l’état du système.
2° Modifications physiques. — On remarque en effet que les divers
complexes présentent dans certaines circonstances un renforcement général
non sélectif de l'absorption, pouvant se traduire par l'apparition de valeurs
négatives dans les différences, et dù visiblement à une modification de
‘état physique du complexe (par exemple : grossissement de particules
diffractantes, début de précipitation ). Ces conditions rendent évidemment
précaires l'application de la loi de Beer, et il y a lieu HÉMDIOTeE les
liquides comparés aux mêmes concentrations et épaisseurs. `
A E
(*) Ces précautions sont nécessaires parce que les bandes des spectres de ditiru
des bouillons toxiques paraissent avec le temps se décaler légèrement vers les grands À,
peut-être par action de l'air : un échantillon débouché depuis un jour a passé par
exemple sa bande B de 2904 vers 295.
554 ACADÉMIE DES SCIENCES.
3° Indications quantitatives. — Dans le but d’entrevoir si une relation
quantitative pouvait être soupçonnée entre l’importance des bandes et les
caractéristiques des substances en présence, nous avons traité, dans des
circonstances aussi identiques que possible, des toxines tétaniques de même
toxicité par de mêmes excès de sérums antitétaniques de divers pouvoirs
antitoxiques. Comme on le verra par les valeurs ci-dessous, il ne serait pas
impossible que les absorptions des bandes ĝ se soient, à certains moments
de l’évolution des mélanges, grossièrement sériées en fonction des pouvoirs
antitoxiques des sérums.
Bouillons-toxines tétaniques au +. mélangés avec volume égal de sérum
antitétanique au =, contact 5o heures :
Spectres de différence
K À 29
Valeur de la toxine(!). Pouvoir antitoxique.
10000 ini, E 3000 36
io E r 4000 24
ddr eN, o 35
E Er PU nue à 6000 (2?) 9,8
Re RP E 8000 > o
4° Interprétation du spectre. — On ne peut faire, pour le moment, que
des hypothèses extrêmement fragiles sur la nature des groupements molé-
culaires servant de supports aux bandes d'absorption de la substance T. De
cet ordre sont, par exemple, les analogies que l'on ne peut manquer de
remarquer, à première vue, entre la bande 289-296"t de T et celle de cer-
tains diphénols (hydroquinone, amines dioxyphénylées, adrénaline), ou
peut-être aussi les rapports du spectre total avec celui des pyrrols.
D'autre part, la bande voisine de À 270 s’est montrée quelquefois légè-
rement plus réfrangible (265) que la bande des substances protéiques
usuelles, ce qui tendrait à faire réserver son interprétation dans ce sens, à
moins qu'il n’y ait, dans cette région, coexistence de deux bandes indépen-
dantes partiellement superposées,
5° Examen d’autres espèces de bouillons-toxines. — Nous avons eu l'occa-
sion d'étudier un échantillon de toxine diphtérique et un de toxine sep-
tique. Les spectres de différence, par actions du chauffage et de l’antitoxine
spécifique, ont présenté également des bandes du type T, quoique non
(t) Cote de toxicité : inverse de la fraction minima de centimètre cube tuant, en
4 jours, le cobaye de 3508. Cote de l’antitoxine : unités Ehrlich, 1 U. neutralisant, in
vitro, 100 doses mortelles de toxine. Je dois les échantillons et leurs cotes à mon ami
et collègue M. Truche.
(2?) Dans cet échantillon, le sérum était dilué au yy.
SÉANCE DU 20 SEPTEMBRE 1920. 555
identiques : celles du complexe diphtérique étaient assez voisines de l'aspect
du complexe tétanique, dont s’écartaient davantage celles du complexe
septique.
PATHOLOGIE. — La prévention et le traitement de la fièvre aphteuse par le
sérum ou le sang des animaux guéris. Note (‘) de M. Cuanres LeBaliy,
transmise par M. E. Roux.
On connaît depuis longtemps l'efficacité du sérum antiaphteux expéri-
mental dans le traitement de la fièvre aphteuse (Læffler, Roux, Nocard,
Vallée); si la méthode ne s’est pas répandue, cela tient à la difficulté de
préparer en quantité suffisante un sérum assez actif. Les sérums, obtenus
péniblement en hyperimmunisant les animaux à l’aide du virus pris dans les
aphtes ou le sang, doivent malgré tout être employés à forte dose; leur acti-
vité n’est pas de beaucoup supérieure à celle du sérum des animaux guéris.
C'est ce dernier sérum qui a été utilisé au laboratoire de bactériologie du
Calvados, avec la collaboration de M. Bertin, vétérinaire départemental, et
de plusieurs de ses confrères.
Préparation du sérum. — Chaque récolte a comporté la saignée de cinq
animaux, guéris depuis une dizaine de jours et choisis parmi ceux qui ont été
le plus gravement atteints. Chaque animal fournit de 3! à 6! de sang.
Les sérums sont recueillis et mélangés, puis répartis dans des bouteilles gra-
duées de 100% en 100". Ces opérations sont faites aseptiquement; on
ajoute par prudence 18 d’acide phénique pour 800% de sérum. L'emploi
de cette méthode nécessite une entente entre les éleveurs, qui acceptent en
général très bien de se fournir mutuellement le sang de leurs animaux. La
saignée est absolument inoffensive. Ce procédé exige la proximité d’un
laboratoire de bactériologie.
Préparation du sang. — Pour plus de commodité, nous substituons ordi-
nairement l'emploi du sang complet à celui du sérum; il donne des résultats
identiques et peut être mis en œuvre par tous les vétérinaires sans secours
étranger. Les bouteilles graduées sont remplies presque totalement d’eau
phéniquée à 5 pour 100, bouchées et couchées. Cette pratique a pour but
d’assurer la désinfection sans appareil particulier de laboratoire. Le contact
doit durer au moins 2 heures. Avant de se déplacer pour récolter le
sang, on vide la bouteille de son contenu antiseptique et l’on introduit à sa
place la solution suivante : eau 50°, chlorure de sodium 55, citrate de
?
soude 5£, acide phénique 15. Le sang est recueilli au trocart, aucun ajutage
a d
(*) Séance du 6 septembre 1920.
y
556 ACADÉMIE DES SCIENCES.
n'est nécessaire. Quand la bouteille a reçu 800", on mélange soigneuse- `
ment, par agitation, la solution citratée et le sang. Ce sang reste parfaite-
ment liquide et doit être employé dans les 48 heures. Qu'il s'agisse de sang
ou de sérum, l'injection se fait avec l’ajutage utilisé pour le sérum artificiel
muni d’une aiguille de gros calibre. L'appareil lui-même peut être désin-
fecté, par immersion, dans l’eau phéniquée à 5 pour 100.
Résultats. — Nous ne distinguerons pas les résultats donnés par le sang
de ceux obtenus par le sérum. Nous avons traité plus de 5oo animaux,
presque exclusivement des bovins. Ces essais ont nécessité l'emploi de 190!. *
de sérum ou sang. Dans la prévention de la fièvre aphteuse, nous avons noté “
les mêmes résultats que nos prédécesseurs; l’immunité obtenue dans la
plupart des cas s’est montrée de durée très brève. Un certain nombre d’ani-
maux ont contracté la maladie par contagion naturelle déjà au bout de
15 jours. D'autres animaux, mais jamais parmi eux des vaches laitières, ont
séjourné dans le foyer épidémique jusqu’à son extinction en demeurant
indemnes. Les veaux tirent le meilleur profit de l'intervention, à condition
toutefois de ne pas être nourris au lait infectieux. Les doses ont été de 200™
pour les adultes et de 100% pour les jeunes, cette inoculation sous-cutanée
étant répétée au bout de 8 jours.
Dans le traitement de la maladie déclarée, la condition essentielle pour
obtenir un bon résultat est d'intervenir aussitôt que possible, avant ou au
début de l'apparition des aphtes. Nous avons obtenu par ce procédé une
atténuation évidente des symptômes de la maladie; la période d'infection
est raccourcie, on constate pendant moins de temps, par rapport aux ani-
maux témoins, les accidents fâcheux ordinaires : anorexie, diminution de
la sécrétion lactée, aphtes et complications. La grande quantité de sérum
nécessaire, 1008 à 2008 suivant la taille, nous a obligés à limiter son emploi
aux animaux les plus précieux, vaches laitières ou en gestation, veaux,
bœufs de travail ou de graisse. L’inoculation intraveineuse de sérum, faite
lentement, est très efficace. C’est sur les vaches laitières que les résultats
sont toujours les moins brillants; on n'empêche pas chez elles, à coup sûr,
l'apparition des aphtes aux trayons. Aucun de nos animaux traités n’est
mort, tandis que la mortalité a existé sur les témoins. Nous n’avons fait
aiiai dans cette Note qu’à nos essais de pure pratique et non aux essais
sur les animaux d'expérience qui ont donné des résultats bien supérieurs.
La séance est levée à 15 heures trois quarts. is
E, .
ai a
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 27 SEPTEMBRE 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Léon GUIGNARD.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Présinexr souhaite la bienvenue à MM. les professeurs Valcovici
et Stoiloff, de l'Université de Jassy, qui assistent à la séance.
ANALYSE MATHÉMATIQUE, — Sur une équation aux dérivées partielles
de la théorie des fonctions hypergéométriques. Note de M. AprerL.
l. Dans la théorie des fonctions hypergéométriques de deûx variables,
j'ai rencontré autrefois (') l'équation
(1) (T2 a)r = oxys+ (y — y jt
+ {y —(a+d+i)x]p+[y—-(a+d+i)r]g —xûs=o,
z est une fonction inconnue de x et de y, ayant pour dérivées p, q,r,
s, tet où y, y’, «, à désignent des constantes.
Cette équation mérite une attention particulière. Elle se réduit à l'équa-
tion célèbre des fonctions Y a(9, ©) de Laplace, pour une er re
Spéciale des constantes, quand on y fait
æ = nd cos*o, y —sin*üsin’o.
J'ai indiqué précédemment une propie. fondamentale da intégrales de
deux de ces équations pour lesquelles y, y’ et à + z. sont les miak Je e
(*) Ces recherches ont été résumées pour l'édition française de L'Enéyolopédie de ;
Sciences mathématiques dans une Note intitulée : Généralisations diverses des ai o
tions sphériques, par MM. Appell et Lambert (Gauthier-Villars, 1914).
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 13) h4
558 AGADÉMIE DES SCIENCES.
propose d'exposer ici quelques autres propositions relatives à cette équation.
IT. Si une certaine fonction z vérifie équation (1), nous la désignerons
par
sa, dr DV)
On a alors
d s(a; 0, ra PEN)
SaL JÔ +I y+ y, vY)
et, d'une manière générale,
gern z(a, ð, Y5 y!, T, y)
dx" dy"
On a i
4 à ` I
zla, 0,7, yot y) = yls(a+ + u d+A+p, y aA y Eau w, y)
É «
—s(a+m+n,+Mm+n,y+m,y+n,æY).
dans l’une des trois hypothèses suivantes :
(A) ki), 220;
(B) ee X—o, DE cd À
(C) À—1i— 7, =i y.
On a également
(aios ÿ T Ey) ;
# à T x
(1x — y) az D y, Vo ©, — ———< |}:
(1% — Y) (a7+7 Os Y F EPET ii)
Les substitutions faites ici sur les coordonnées æ et y définissent une cer-
taine trandorotation homo! ogigue. Ainsi, en posant
E À y
E i E IREEN P e eiet
1—2 y 1—X—7Y
on a inversement / “ke
Ti Fi ; se
À EG TR SIN VE u = LV Ai TL Jak
rae a f “À EE DÉPENS ( FT 1 Ji
HI. En particulier, lé équation (1) admet la solution
s=F, (a ô, 1; v° Z, Z) ,
== F(a; 0—6; G; wT V
et la solution
avec une constante arbitraire G, ainsi que les solutions avec une fonction |
arbitraire qu’on en déduit, par les méthodes classi ne
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. 559
Elle admet également la solution
z= C Fa, d, y, &) + CG F(a, 0, y, y)
formée d’une fonction de +, plus une fonction de y.
IV. Si l’on fait le changement de variables
> bo
te
~
_
ebp
e
D a
et si l’on appelle p,, q,, r,, Sı, £, les nouvelles dérivées de z par rapport
à æ, et y,, l'équation prend la forme
(2) (ri) ays -y})4+[2y—1-(2a +90 +1)zx?] L
1
+ [2y—1— (22 + 20 +R ais = 0;
t
! I . . OET .
pour y = y = > cette forme devient particulièrement simple :
(3) (1 — Li) ri 2% ys + (1— y?) — (28 +281) (21Ppı + yıq) —4ads ee e,
Prenons, par exemple, l’équation du potentiel
Gy e Ne
A ERA — O,
dE? us dn? RE Of?
et cherchons-en une solution de la forme
V=s(rs Yi)
où # est une constante quelconque avec
£ sh :
mi Pre PE É==— 1
Nous trouverons que la fonction z de +, et y, vérifie une équation telle
que (3) où
I
D a += k+- on es
KA)
isb
V. L’équation (1) s'obtient en cherchant une fonction z des variables
réelles & et y qui annule la variation de l'intégrale double |
=] (Ap? + Ag + A'e+oBgz+aBps+92B"pq)drdy
Vr s :
étendue à laire du plan des æy limitée par un contour F, le long duquel les F
valeurs de z sont données. Les coefficients de la forme quadratique sont des
56o ACADÉMIE DES SCIENCES.
B’ B
ð 0
—
A = p(x — x!), A= p(y — yey, B"=— pxy, AE RRO TE SE dy” s
B et B’ restant arbitraires et ọ ayant la valeur
aay p — yj,
Par exemple, en prenant B = B' = o, on a l'intégrale
1= | f ple æ)p—agypg + (=) að s? ] dx dy
2
qui porte sur une forme définie positive quand, «ò étant positif, le contour T
est à l’intérieur du triangle formé par les axes de coordonnées æ = 0,y = 0
et la droite x + y—1—0o. On peut, par suite, appliquer à l'équation (1)
les résultats obtenus par M. Emile Picard (') et, en particulier, la ramener
à la forme
o? V 2 V
dx? FE dy?
+ f(x, y)V =0.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Au sujet du déplacement apparent de quelques
étoiles dans l’éclipse totale du Soleil, du 29 mai 1919. Note
de M. F. -E. Fournier.
1. Dans ma Note précédente (°), que celle-ci a pour objet de compléter
sur les points nécessaires, j'ai indiqué, sommairement, que le rayon lumi-
neux d’une étoile traversant l'étendue de l'atmosphère du Soleil, dont les
gaz surchauffés se tassent sur leur contour extérieur, limite de leur refroi-
dissement, doit y subir une déviation dans le sens de la diminution de leur
densité, c’est-à-dire vers l’intérieur. |
En voici la raison, La densité de ce milieu gazeux est en effet, en tout
point de son étendue, moindre que sa limite, qui est celle, A,, de Pether ;
environnant ; tandis que la densité de la portion de l’éther comprise dans
Patmosphėre solaire est, au contraire, plus grande que A,, en tout point de
celte même étendue, à cause de son tassement sur le contour du Soleil par
l'attraction newtonienne que cet astre y exerce.
ne
rivées
(1) Sur une proposition générale concernant les équations linéaires aux dé
partielles (Comptes rendus, t, 107, 1888, p. 939); Mémoire sur une classe d'équa-
tions aux dérivées partielles du second ordre ( Acta mathematica, t, 12).
(°) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 5or,
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. 561
Or la réfraction d’un gaz étant, on le sait, proportionnelle à sa densité,
l'effet de cette réfraction de l’éther, sur un rayon lumineux traversant
l'atmosphère solaire, l'emporte nécessairement sur celui de la réfraction, de
sens opposé, qu'il subit dans la partie gazeuse de cette atmosphère, de
manière que les déviations totales, à, en résultant sont, toutes, dirigées vers
l’intérieur et satisfont à la relation nouvelle, que j'ai donnée,
+alle RE)
k 0
dont les résultats sont conformes aux déviations observées dans lé PENi
totale du Soleil du 29 mai 1919, en y attribuant aux constantes 6, et: E 7 les
valeurs numériques
E et. = 6.
J'ai été conduit, en dernière analyse, pour donner à à une expression
générale applicable, indistinctement, à tous les astres, selon l'étendue
relative de leur atmosphère et s'annulant sur ceux dont l'atmosphère est
nulle, à substituer à la précédente celle-ci, de même forme,
; 4
| (ee LPS PERS
rs DE eee RR
po Reasi 0,965 ?
EU Lt
Dre 0
et dont les constantes générales, peu différentes, satisfont aux mêmes
observations de l’ éclipse, pour le Soleil, avec
4 yr
LRAT
ð= (TF) 2 o5 et E — 6,36, au lieu de 6.
6
Pou l sA ` R, me Ra al 2
r la Terre, cette formule donnerait à ô, = wey) » les valeurs :
0,1465, ou 0”,1725, ou 0”,1845, selon qu’on attribuait à l'atmosphère
yii une étendue de 20™, ou 30%™, ou 40".
+ Dans le cas où il serait établi, en principe, que, dans lunivers entier,
TL vitesse ne peut dépasser celle, V,, de la pr. telle elle a été
562 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mesurée dans notre atmosphère solaire : d’une part, directement, au moyen
d'observations terrestres; et, d'autre part, astronomiquement, au moyen de
la discussion d’éclipses de satellites de Jupiter, on devrait naturellement en
tirer la conclusion suivante : Toutes les étoiles visibles à nos yeux ont, avec
le Soleil, un même régime volcanique leur donnant la propriété de trans-
mettre, sur tous leurs rayons, par leurs impulsions éruptives, à l’éther
environnant, d’une élasticité parfaite, des radiations d’une vitesse oscilla-
toire précisément égale à V,, avec la longueur d'ondes et l'intensité néces-
saires pour nous porter directement la lumière, en s'y propageant intégra-
lement à toute distance.
La disparition ou l’apparition subites d’une étoile indiqueraient
simplement, alors, que, par suite d’un affaiblissement ou d'un renforce-
ment accidentels et exceptionnels de la puissance éruptive de ses foyers
volcaniques, cette étoile a cessé de suffire à ces conditions essentielles
de sa visibilité à nos yeux, ou qu’elle parvient seulement à les remplir.
3. H me reste à nan dans quelle : mesure varie, d’une planète à lautre,
l'accélération répulsive À — = qu’ y exerce le Soleil, en y projetant directement
des atomes de tes cosmiques d’une densité moyenne À avec une
vitesse V, par mètres carrés de sa surface et par seconde de temps?
La somme d'impulsions répulsives dirigées ainsi vers une planète de
densité d, de rayon moyen r et de masse m = = Arr, par le faisceau
; le,
conique des rayons prolongés du Soleil sur la section diamétrale z7? de
cette planète, perpendiculaire à laxe, de longueur D, de ce faisceau, a
pour expression
du
W
i Ri
m—= AV nre
dt 28 T D ?
en fonction du rayon, R,, du Soleil, et dont on déduit, pour valeur de
L , $ l
laccélėration perturbatrice, i
(2) du
s A o n L . !
on aurait, de meme, pour une autre planète ayant pour caracteristiques; d 1
du- 9 A Ry VE
di Ar 0
L
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. 563
On reconnait alors que le rapport de ces accélérations répulsives,
du
(F SAT D
dU D
(a)
est indépendant des caractéristiques, 4, R,, V£ du Soleil. De plus, comme
il s’agit seulement d'une première approximation, on peut y substituer,
aux valeurs de D et D’, les valeurs correspondantes, a et a’, du demi-grand
axe de ces deux planètes, de façon que le rapport devient
du
dt 3 d' r'a
du yac dra
(a
Les valeurs de l'accélération perturbatrice déduites de ce HE
port (3), pour les grosses planètes, en y prenant pour unité celle de
Mercure, figurant sur le Tableau ci-dessous :
(3)
du
(Vateurs de T)
Mercure, Vénus, Terre. Mars. Jupiter. Saturne, Uranus. Neptune,
1 0,248 0,197 0,2977 -© 00l D,0194 0,009 0,0055
on peut se rendre compte de son peu d'influence sur l'orbite de ces planètes,
par le fait qu’il en résulte seulement, sur Mercure, où elle est, de beaucoup,
la plus grande, un déplacement de son périhélie, de 43”, en un siècle.
GÉOLOGIE. — Sur la géologie du massif de la Croix-de-Fer,
Note de MM. Mavrice Luérox et Nicoras Ouriaworr.
La zone sédimentaire qui sépare le massif du mont Blanc de celui des
Aiguilles-Rouges a été considérée par les auteurs comme un synclinal
simple. Profondément évidé dans la vallée de Chamonix, il en subsiste
d'importants témoins aux deux extrémités de la dépression longitudinale
de Arve, au Sud-Ouest dans le mont Lachat et ses abords, etau Nord-Est,
où la masse des terrains secondaires forme, à cheval sur la frontière franco- |
suisse, le massif dominé, près du col de Balme, par le sommet de la Pro a
de- Fer (2346). : $
-
564 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Récemment, la région du mont Lachat a fait l’objet d’une Note due à
M. E. Paréjas (') qui a montré que la zone est en réalité constituée par
deux synclinaux, dont l’un très étroit borde le massif du mont Blanc.
Entre les deux existe un anticlinal digité. Cet auteur, par la découverte
heureuse de gisements fossilifères, montre que l’ensemble est constitué
exclusivement par du Trias et divers étages du Lias, modifiant ainsi ce qui
avait été dessiné sur la carte géologique par le regretté Michel-Lévy.
L'étude que nous avons entreprise de la région comprise entre la vallée
de l’Arve et le Trient nous a révélé une structure plus complexe.
A. Série autochtone de base. — a. Directement sur le Carbonifère repose en
discordance le Callovien, peu épais, caractérisé par des calcaires à entroques, des
marbres ou des schistes roses. Cette transgression a déjà été reconnue par lun de
nous dans la couverture autochtone de la Dent-de-Morcles,
b. Argovien, constitué par des calcaires plaquetés, schisteux, noduleux.
_c. Jurassique supérieur, formé par les calcaires compacts habituels, d’une épaisseur
considérable pouvant atteindre 200",
d. Série crétacique, de composition variée, formée parfois à la base par des schistes
noirs au haut desquels apparaissent des bancs isolés de calcaires oolithiques surmontés
par des calcaires en plaquettes. Sur cet ensemble repose une couche épaisse de 4" à
6m constituée par une roche siliceuse verdâtre ou par des calcaires pénétrés par des
veines irrégulières de grès siliceux, ferrugineux. Le tout rappelle étrangement l'Aptien
des Alpes vaudoises, injecté par le Sidérolitique.
e. À l'extrémité orientale du massif, sous le sommet de Carraye, existent, sur celte
couche d, des schistes terreux roses ou gris accompagnés par des bancs calcaires.
L'ensemble pourrait être Nummulitique. Cette formation locale cesse vers le Sud-Ouest.
On voit alors reposer sur lAptien probable une série renversée de Jurassique pee
rieur.
Cet ensemble autochtone pénètre dans la région française et marche directement
vers les chalets de Balme dominés par la bande épaisse de Malm normal. Le Créta- )
cique, interrompu par des dépôts morainiquès d’un ancien lit glaciaire qui coupe la
-région orientale de l'Aiguillette, se prolonge au delà des chalets.
B. Série renversée. — f. Le Malm qui recouvre la série normale est caractérisé par
des calcaires compacts surmontés par des calcaires échinodermiques que nous attri-
buons à lArgovien.
g. Sur eux existe une énorme série schisteuse représentant très probablement tout
le no moyen, de l’Oxfordien au Lias supérieur compris.
. Calcaires échinodermiques de la Croix-de-Fer qui appartiennent vraisembla-
abs au Lias moyen.
SUR RE EE x
(*) E. Parésas, La partie sud-ouest du synclinal de Chamonix (Genève, Arch.
des Sc. phys. et nal., vol. 37, 1920, n° 2, p. 58).
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. 565
i. Enfin dans la vallée du Nant noir existe la série du Lias inférieur constituée par
des schistes calcaires sombres, marneux à leur partie PHP EUR, des grès quartzeux
rubanés et de nouveau des calcaires plaquetés.
J- Calcaires et marbres blancs, passant à la Cargneule, attribués au Trias.
k. Calcaires plaquetés du Lias inférieur,
l. Cargneule et gypse.
m. Série cristalline du mont Blanc.
Si nous admettons que la couche 7 est triasique, cette coupe représen-
terait donc un synclinal, à noyau crétacique d’une très grande puissance,
séparé par un anticlinal, à noyau triasique d’un synclinal très étroit. Telle
serait la disposition de la zone sédimentaire lorsqu'elle pénètre dans la
région française, à l’exception des calcaires “cadenas de la Croix-
de-Fer qui cessent au col de Balme.
Mais des accidents viennent, dans la partie suisse, compliquer cette dis-
position si simple.
C’est ainsi qu’au sommet de Carraye s'ajoute une écaille indépendante
de Malm, séparée du Malm renversé par une mince bande de Trias et de
Callovien. En outre, la bande de calcaires échinodermiques de la Croix-de-
Fer se montre comme subdivisée en trois « lèches » énormes. Une étude
attentive montre que cette disposition est la conséquence de phénomènes
profonds.
On constate en effet, sous la lentille la plus septentrionale, une mince
lame de gneiss, sorte de coin effilé, qui s’intercale dans les hauts entre
l’écaille de Carraye et la série schisteuse. On voit également que la lèche
occidentale s’incurve et se digite dans les schistes jurassiques qui plus loin
montrent, sous le sommet des Arolettes, des replis aigus expliquant par leur
aapi emei l'épaisseur énorme de la série vaseuse.
Enfin la lèche de la Pointe-du-Vent est séparée de celle de la Cruise
Fer par une mince bande de schistes jurassiques dans le bas desquels
monte, comme une écharde, une nouvelle lame de gneiss visible dans le
couloir des Chenalettes.
Ainsi en s’écrasant vers le Nord le massif du mont Blanc a laissé éclater
deux esquilles de schistes cristallins qui pénètrent, sans aucune règle, dans
la série sédimentaire, phénomène semblable à celui décrit par l’un de nous
au Loetschenpass. Ajoutons encore qu ’au col de la Forclaz la série que
nous venons de décrire existe amincie. Ces découvertes nouvelles don-
neront lieu à d'importantes modifications de la partie occidentale de la
566 ACADÉMIE DES SCIENCES.
feuille géologique de Valorcine au —— à laquelle l’un de nous avait colla-
80000 Il
boré,
A
BCTANIQUE APPLIQUÉE. — Sur des Algues marines ftoridées indigenes
pouvant fournir de la gélose. Note (') de M. C. Sarvaceav.
La cueillette des Algues rouges pour les usages industriels ou alimen-
taires, limitée en France aux côtes de Normandie, de Bretagne et de
Vendée, s'adresse presque uniquement aux Chondrus crispus et Gigartina
manullosa, mélange connu sous le nom commercial de Lichen carraga-
heen (°). Leur récolte exclusive se justifie moins par leurs qualités intrin-
sèques que par leur abondance durant toute la belle saison, à un niveau
relativement élevé, sur des côtes découpées où une population riveraine
est habituée à les cuéillir. Le Lichen est livré au commerce après un blan-
chiment à l'air libre, souvent défectueux, que le blanchiment artificiel
remplacerait avantageusement. Desséché à l’étuve, son mucilage donne
une phycocolle solide dont la préparation est à recommander, car elle
diminuerait les frais de transport. D’autres grandes Floridées, assez fré-
quentes en été, Ceramium rubrum, Cystoclonium purpurascens, Calliblepharis
Jubata, Gracilaria confervoides, Furcellaria fastigiata fourniraient aussi de
bonne gélose, toutefois leur mélange occasionnerait des fraudes du produit
sec commercial, et, à part le petit Gelidium pulchellum, habituellement rare,
mais qui, en certains points est aussi abondant que le Lichen, il ne semble
pas que d’autres espèces soient exploitables dans ces régions.
Sur les côtes du golfe de Gascogne et de la Méditerranée, où le Lichen
est moins commun et négligé, d’autres Algues rouges le suppléeratent avan-
tageusement, sans qu'aucune puisse le concurrencer au point de vue de la
quantité de tonnes ramassées. Je signale néanmoins les principales espèces
du pays basque. L’/ypnea musci forms, qui fournit un épais mucilage,
envahit en été les flaques de mi-marée et descend plus bas; le Grgartina
acicularts, en larges gazons feutrés asséchés à mi-marée, isukat un muci-
lage moins consistant; le Grateloupia filicina serait Vina des espèces les
plus précieuses s’il était plus abondant. Au-dessous, deux espèces grande,
RU LT A Et A OR
Pa ne,
) Séance du 9 août 1920.
) C. Sauvaceau, Utilisation des Algues marines, Paris, 1920.
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. 567
robustes et abondantes, Gigartina pistillata et Gymnogongrus patens,
paraissent supérieures au Lichen. Les grands Gelidium sont bien repré-
sentés et se continuent sur toute la côte nord de l'Espagne; le G. sesqui-
pedale, en larges touffes hautes de 20°" à 30%, forme une bordure d'un
beau rouge sur les rochers inférieurs; les marées d’équinoxe en permettent
une récolte copieuse; les G. attenuatum et Pterocladia capillacea, moins
longs et moins touffus, croissent un peu plus haut et peuvent être ramassés
en même temps, car leur gélose est d’aussi excellente qualité; Ahnfeltia
plicata, moins com mun, fournit une gelée douée des mêmes propriétés;
les tempêtes rejettent parfois d'énormes quantités de Calliblepharis ciliata
qu'il serait plus rémunérateur d'utiliser comme source de gélose que pour
l’engrais des terres.
Plusieurs de ces Algues habitent aussi la Méditerranée; elles n’y seraient
pas exploitables, Il en est autrement du Rissoella verruculosa, qui forme, au
printemps, sur les rochers à demi exposés des côtes françaises et algé-
riennes, une bande souvent asséchée, dense et propre, haute d’une dizaine
de centimètres; ses lames frisées et larges ne se confondent avec aucune
autre; il sèche facilement à l'air libre, sans blanchir.
Au point de vue de la gélose extraite à l’autoclave à 120°, ces Floridées
peuvent se diviser en deux catégories.
Les unes, Gracilaria, Ahn feltia, Gelidium, la livrent sans se déformer. Les
Gelidium en fournissent une quantité énorme. Le sol filtré sur étamine devient
un gel massif en se refroidissant; sa gélation (') semble indépendante des
sels inclus, car un lavage prolongé dans l’eau ordinaire ou acidifiée, ne
l'empêche nullement, Le gel brun obtenu avec la plante brute perd dans
l'eau une partie de sa teinte; coupé ensuite en lanières, puis séché à l’étuve,
il a l'aspect de lagar commercial. Je préfère dessécher le mucilage à
l’étuve; les lames de la phycocolle obtenue lavée à l’eau se gonflent comme
de la gélatine, se décolorent rapidement, et l'on sèche de nouveau; elles
prennent une teinte violet rouge par l’iode. La phycocolle des divers
Gelidium comparée à deux échantillons d'agar s’est montrée supérieure
comme pouvoir gelant; à6 pour 1000, elle solidifie le bouillon de bœuf
comme l’agar à 16 pour 1000. Le simple gel est un excellent milieu de cul-
ture; abandonné à l’air, il se couvre bientôt de colonies microbiennes. La
(C) Les botanistes emploient, depuis longtemps, le terme gélification pour désigner
le gonflement, le ramollissement, aboutissant même à la liquéfaction, d’une mem-
brane primitivement ferme et solide; la gélation est la transformation d'un sol en gel.
568 ACADÉMIE DES SCIENCES.
phycocolle de Gelidium, adsorbe, comme l’agar, les colloïdes positifs (bleu
de méthylène et safranine). |
Pour étudier les réactions des mucilages, il suffit d’épuiser 18 de Gelidium
ou de Gracilaria dans 400$ d’eau; sinon le mucilage est trop grumeleux;
à 1 pour 800, celui du Gel. pulchellum a encore la consistance d’un empois
grumelcux. Ni les électrolytes CIK, ClCa, SO‘(AzH‘})?, (SO‘)* AP,
employés en solutions aqueuses uniformes à 25 pour 100, ni les acides,
SO‘ H?, CIH concentrés, n’agissent sur eux; ils gênent même la gélation
des sols plus concentrés; le sous-acétate de plomb et l’acétate neutre pro-
duisent un trouble floconneux blanchâtre; l'alcool à 95° ne les solidifie
pas. Les divers Gelidium ne se comportent pas identiquement avec l’iode
(I, 1; KI, 2; eau 200); tombant goutte à goutte dans un sol de G. sesqui-
pedale, G. latifolium, G. attenuatum, il produit des nuages d’un brun noir
qui, en se dissolvant, lui donnent la couleur du réactif; un peu plus d'iode
produit des nuages d’un violet noir qui se dissolvent encore en fonçant la
teinte; c’est le moment critique; une goutte de plus et le sol, jusque-là
limpide, devient d’un brun rouge violacé très foncé et opaque. Une goutte
de SO* H? ajoutée quand le sol a la teinte du réactif iodé étendu, produit
la même réaction brusque foncée et opaque; de petits flocons se séparent
et le liquide restant est coloré. Je n'ai pas observé cette réaction explosive
avec les Gel. pulchellum et Pt. capillacea.
Les Chondrus, Gigartina, Gymnogongrus, Grateloupia, Hypnea, Rissoella
se comportent autrement. L’Hypnea conserve cependant sa forme; le
Rissoella se met promptement en bouillie et se réduit bientôt au résidu pro-
toplasmique, à la cuticule et aux parois cellulosiques; il en est presque de
même du Grateloupia, et des parties jeunes ou fructifiées des autres, tandis
que leurs bases se gonflent beaucoup, ne se dilacèrent que partiellement.
L'obtention d’un sol qui se prend en masse nécessite une quantité relative-
ment considérable de plante lavée (1 pour 25 à 30 d’eau avec le Ch. crispus
ou le Gig. mamillosa); la gélation totale se produit avec une proportion
notablement moindre de plante non lavée. Or, toutes ces espèces émettent,
en séchant, des efflorescences plus ou moins abondantes où mon collègue
M. Denigès a reconnu du CIK pur, ou mélangé à des traces de SO‘Ca ou
de SO‘M£g. La cuisson de plantes lavées, dans l’eau additionnée de l’un de
ces trois corps, montre que le CIK intervient seul dans la gélation; le gel
ainsi obtenu fond de nouveau par la chaleur et se prend en masse en se
refroidissant.
La dessiccation à l’étuve des sols filtrés fournit une phycocolle de même
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. 569
aspect que celle des espèces du groupe précédent; toutefois, elle ne se
colore pas par l’iode; perd bientôt toute fermeté dans l’eau froide, y devient
une bouillie épaisse. Les réactions différent aussi; on emploie des sols
d'une consistance correspondant à celle d’un empois d’amidon frais à
3 à 4 pour 100, préparés à l’aide de plantes lavées. Les électrolytes ci-
dessus, employés dans les mêmes conditions que précédemment, pro-
duisent à dose faible un gel immédiat; malgré la monovalence de son
métal, le CIK est généralement plus actif que les autres; les acides préci-
pitent le sol en grumeaux gélatineux qui, tantôtse prennent en gel compact,
tantôt redeviennent liquides après quelques heures; le sous-acétate et
l’acétate neutre de plomb produisent une floculation suivie ou non de prise
en masse; l'alcool à 95° solidifie le tout et un excès produit une floculation.
L’intensité de ces réactions varie selon les espèces.
À part en Extrème-Orient, les Floridées utilisables sont partout aussi
négligées qu’en Europe, même dans les pays plus favorisés sous le rapport
de la taille des espèces. Ainsi, divers Pterocladia, Gelidium, Hypnea, Gigar-
{ina plus grands que les nôtres, l’'Eucheuma speciosum, croissent en Aus-
tralie; les côtes de Californie sont encore mieux pourvues, car les énormes
Grateloupia Cutleri, Gigartina radula, Gigartina spinosa et bien d’autres y
abondent. Si, comme il est na nbb, toutes ces espèces possèdent les
mêmes propriétés que leurs congénères européennes, leur exploitation
fournirait à l’industrie un important appoint de gélose.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrérae pereérueL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° H.-C.OEnsren, Naturvidenskabelige Skrifter udgivet til Minde om 21 Juli
1820. Trois volumes adressés par l'Académie royale des sciences de Dane-
mark.
2° Atlas des régions pétroli feres de la France. Cartes des indices minéralo-
giques et toponymiques, par Pavut Duraxnix. (Présenté par M. le Prince
Bonaparte.)
3° Les nouvelles théories alimentaires, par RaovL Leco.
570 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur une protubérance à grandes vitesses radiales,
Note (') de M. V. Bursow, transmise par M. Deslandres.
Vai été chargé temporairement, à l'Observatoire de Meudon, de faire,
avec le grand spectrohéliographe, les épreuves journalières du Soleil, c’est-
à-dire, en principe, au moins une épreuve de la couche supérieure de
l'atmosphère solaire, avec la raie K, du calcium, une épreuve de la couche
basse avec la raie K,, et une épreuve de vitesses radiales (°).
Or le 8 septembre, j'ai photographié une protubérance, animée de grands
mouvements, qui s’est révélée à moi dans des conditions particulières, qu’il
est bon de faire connaitre.
J'ai d’abord fait une épreuve K, de 13" 40" à 13"45™.
Puis une épreuve K,, dite K,,, obtenue en isolant une petite portion de
la moitié violette de la raie K,, de 13" 55 à 14".
Puis une épreuve K;, à forte pose, qui doit donner d’une manière plus
complète les protubérances, de 14" 10" à 14"20",
Pour ne pas perdre de temps, chaque épreuve est faite, pendant que la
précédente se développe, et de ce fait, l'épreuve K, y ne put être examinée
qu'après la pose de la deuxième épreuve K,.
Or mon attention fut vivement attirée par une protubérance visible sur
la photographie de la couche basse, ce qui est un phénomène d'une grande
rareté.
Les épreuves de la couche basse ne montrent pas les protubérances qui
sont détachées de la couche supérieure, et qui apparaissent avec les images
de cette couche. Mais si la protubérance a une forte vitesse radiale, la raie
correspondante est très déplacée, et peut alors se trouver dans la région du
spectre qui, avec l'appareil, donne la couche basse.
Le fait curieux observé sur l’image de la couche basse doit annoncer
une protubérance de la couche supérieure, qui se rapproche de la Terre avec
une grande vitesse; même, dans le cas présent, cette vitesse devait être, au
(!) Séance du 13 septembre 1920,
(2) Les épreuves de vitesses radiales sont obtenues avec le grand spectrohél#o-
graphe qui peut être rapidement changé en spectroenregistreur des vitesses; ila,en
elfet, les organes supplémentaires qui permettent de transformer le mouvement con-
tinu en mouvement discontinu.
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. 571
moins, de 100“ par seconde, vitesse qui correspond à l'intervalle
de 1°,3 qui existe entre la raie centrale K, et la partie isolée de la raie K,.
Aussi ai-je fait immédiatement plusieurs épreuves de vitesses radiales,
et même avec des largeurs de la deuxième fente, de 2"" et de 3", supé-.
rieures à la largeur habituelle, qui est seulement de 1"®; |’ explication pré-
cédente a été confirmée.
La première épreuve, posée de 14"45" à 1452", montre des mou-
vements très forts de la raie protubérantielle entière, et certaines parties
ont une vitesse de rapprochement supérieure à — 132 km : sec (') sur les
trois quarts environ des sections, la raie brillante du calcium, fortement
déplacée, était, en dehors de la fente du spectrohéliographe, réglée sur la
position normale de la raie K, ; la partie correspondante de la protubérance
aurait done manqué dans l’image de la couche supérieure.
La deuxième épreuve, posée de 15"15" à 15"32", montre des vitesses
. d’éloignement allant jusqu’à + 70 km : sec; quant à la troisième de 16" 10"
1023", elle a des mouvements plus faibles à la fois vers le rouge et vers le
violet. #
Si l’on rapproche les dates des épreuves, on constate que les mouvements
supérieurs à 100 km : sec ont dû durer au moins 1 heure.
Cette protubérance à grandes vitesses radiales apparait au même point
qu'une belle plage faculaire, dans laquelle se trouve uu groupe important
de taches, qui était très voisin du bord Ouest, au moment du phénomène.
Ce groupe, qui s’est présenté au bord Est sur le disque le 28 août, a
varié d’une façon continue et a augmenté en importance durant tout son
passage ; les épreuves de vitesses radiales faites dans cette période révèlent
des mouvements radiaux, qui sont un peu supérieurs à ceux observés jour-
nellement à Meudon; il est vrai que les grands mouvements de la couche
supérieure ct des protubérances ne sont bien visibles qu’au bord extérieur.
À noter que ce groupe de taches était précédé, pendant son passage sur
le disque, par un beau filament qui, le 8 septembre, élait en arrière du
contour apparent du Soleil.
mi,
(?) Sur certains points, la raie protubérantielle était déplacée jusqu'au bord de la
deuxième fente, lar ge de 2m“ et même limitée par ce bord; ce sont ces points qui ont
donné la vitesse indiquée ci-dessus; mais la vitesse maxima atteinte était Certainement
Supériéure: c'est pourquoi la Tataeir de la deuxième fente, pour l'épreuve suivante a
été portée à 3mm: mais alors les vitesses radiales étaient diminuées.
552 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Remarques sur la Communication précédente de M. V. Burson,
par M. H. Desranpres.
La Note précédente expose un fait qui est relevé à Meudon pour la pre-
mière fois, à savoir l’apparition d’une protubérance sur la couche basse de
l’atmosphère; il est vrai que les images de la couche basse relevées à
l'Observatoire sont beaucoup moins nombreuses que celles de la couche
supérieure. Lorsque le ciel a une éclaircie, la couche supérieure, qui est la
plus intéressante, est relevée la première avec les vapeurs du calcium et de
l'hydrogène, et la couche basse est souvent sacrifiée.
L’observateur, M. Burson, a su bien interpréter le fait nouveau qui
s’offrait à lui et a fait immédiatement les épreuves de vitesse radiale qui ont
assuré son explication.
Cette observation fait bien ressortir les points faibles du spectrohélio-
graphe, qui est en défaut lorsque la vapeur a de grands mouvements
radiaux, c’est-à-dire dans les cas les plus intéressants ('). Pour le relevé com-
plet des perturbations solaires, il faut adjoindre au spectrohéliographe qui
donne les formes un second spectroenregistreur spécial qui relève les
vitesses radiales; il convient même d’organiser les choses de manière que
les deux appareils fonctionnent en même temps. Ainsi avons-nous fait à
Meudon, et l’on peut s'étonner que notre Observatoire soit jusqu'ici le seul
qui ait des spectroenregistreurs des vitesses.
Dans mes premières Notes sur la question, déjà fort anciennes, puis-
qu'elles datent de 1891 et de 1893, j'ai réclamé l'enregistrement continu
des éléments variables du Soleil; mais cet enregistrement continu n’a pas
encore été réalisé nulle part; il exige un personnel nombreux qui manque
à Meudon et aussi une grande dépense.
Il suffirait peut-être d’ organiser l’étude continue du Soleil par l’obser-
vation oculaire avec un spectrographe approprié; deux observateurs au
moins, se relayant d'heure en heure, seraient nécessaires. Lorsque l’un des
observateurs constate avec l’œil une perturbation, l’autre, aussitôt prévenu,
LR NE LE ne an ieReer
(1) Ce défaut du spectrohéliographe est évidemment moindre lorsque la dispersion
est faible. Aussi, en partie pour cette raison, mon premier speetrohéliographes
organisé en 1893, avait une petite dispersion; il est encore en service à Meudon, mais
il n’a pas été employé le 8 septembre, à cause de l'insuffisance du personnel.
w
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. 573
la photographie avec les deux appareils enregistreurs : spectrohéliographe
et spectroenregistreurs des vitesses. Mais le personnel de Meudon est trop
restreint, même pour cette organisation simplifiée. Il faudrait avoir aussi
des avertisseurs spéciaux des variations magnétiques, qui annoncent au
personnel le début des perturbations subies par l'aiguille aimantée,
Bref, il reste encore beaucoup à faire pour assurer l'étude continue du
Soleil, qui s'annonce de plus en plus nécessaire, à cause des actions mul-
tiples exercées par le Soleil sur la Terre.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Position des fontaines sur la rive concave des
rivieres en terrains calcaires perméables. Note (') de M. Sures Wezscu.
Lorsqu'une rivière forme des méandres, on constate que la rive concave
est souvent escarpée, tandis que la rive convexe forme “une sorte de
presqu'ile en pentes douces. Ces deux zones opposées se succèdent le plus
souvent alternativement le long de la vallée. |
Si la région est constituée par des terrains perméables, sables ou calcaires
fissurés, sans couche imperméable affleurant sur les pentes, les fontaines se
trouvent dans le fond de la vallée, presque au niveau de la rivière, qui peit
les recouvrir facilement dans les crues.
J'ai constaté souvent la présence de fontaines, quelquefois importantes,
du côté concave de la rivière, en bas des escarpements, tandis qu'il n’y a
pas de sources visibles dans la partie convexe; je ne crois pas que le fait ait -
été signalé, et il peut avoir une impor tance pratique.
Conii exemple caractéristique, je citerai la vallée du Clain (°), dans les
environs de Poitiers, où les pentes montrent partout les calcaires du Juras-
sique moyen, sillonnés de cassures nombreuses, malgré leur dureté. La
ville de Poitiers est bâtie sur les déclivités de la rive gauche du Clain, for-
mant une sorte de cône surbaissé, tandis que la rive droite concave porte
les escarpements des Dunes; en bas de ces derniers on voit, le long de la
rivière, les grosses ARTE de la Celle, qui ont alimenté la ville autrefois,
ainsi que toute une série d’autres sources, depuis le pont Joubert pqi au
pont de Rochereuil,
(1) Séance du 20 septembre 1920.
2) On peut suivre les indications données sur la carte topographique à oo
feuille de Poitiers. a
45
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. ai N°13)
#
v574 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si l’on descend le Clain, on voit le coteau des Dunes s’abaisser, disparaitre
et faire place à une boucle convexe en pentes douces, celle du cimetière de
l'hôpital des Champs, où il n’y a plus de sources. Au contraire, l’escarpe-
ment se produit sur la rive gauche concave, falaises de la Cueille et du
Porteau, avec les trois fontaines de la Porte de Paris, et, plus loin, celle du
Moulin-Apparent.
Plus bas, la rive escarpée est sur la rive droite, avec les sources de Clotet,
et celle de Fontaine. ,
Si l’on remonte le Clain à partir de Poitiers, l’escarpement se montre sur
la rive gauche avec de petites fontaines, comme celle de Romanet (Tison),
en face de la rive convexe des Sables. Plus au Sud, la rive gauche escarpée
du moulin de Saint-Benoit montre les sources du Petit Gué et de la Fontaine
à Froment. Puis l’escarpement change de rive et l’on a la petite fontaine de
Mauroc. Au delà, les couches imperméables du Lias supérieur se montrent
à flanc de coteau, et les sources ne sont plus au niveau du Clain.
Un autre exemple à citer est celui de la vallée de la Sèvre niortaise ; il y
a de grosses fontaines sur la rive escarpée à Saint-Maixent (Saint-Martin),
à la Crèche et à Ruffigny; à Sainte-Néomaye, à Salbart (le Vivier), à
Saint-Maxire, à Salbœuf, à Surimeau, etc., soit dans le Jurassique, soit
dans le Lias inférieur et moyen, qui sont calcaires.
Je pourrais indiquer beaucoup d’autres exemples dans le Poitou as,
fontaine de Couhé sur la Dive, la Cassette et Fleury sur la Boivre, Dalidant
et Saint-Macoux sur la Charente, etc.
Ilya de nombreux exemples à citer dans d’autres formations géologiques
calcaires que celles du Jurassique moyen, comme la fontaine des Ais, près
de Sanxay ( Vienne) sur les bords de la Vonne et celle de Mairé près Breïllon
(Deux-Sèvres), les deux au bas d’un escarpement de Lias moyen et de Lias
inférieur, comme à Saint-Néomaye et à Surimeau. La grosse émergence de
Lusserat, près Saintes (Charente-Inférieure), sort des calcaires crétacés,
dans les mêmes conditions.
Il faut ajouter que beaucoup de ces grosses fontaines sont presque au
débouché de vallons secs sur la vallée principale.
En général, il n’y a pas de fontaines sur la rive convexe, même si elle est
calcaire. Mais le plus souvent, la presqu'ile est couverte d’alluvions quater-
naires et modernes; l’eau est disséminée partout et il n’y a pas de réseau de
fentes, suceptible de réunir les eaux pour donner naissance à des émer-
gences plus ou moins considérables; on "J voit seulement des puits pour les
usages domestiques.
\
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. 599
Je ne vois pas d’autre explication de la présence des fontaines sur la rive
concave.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur les échanges gazeux de la racine avec
l'atmosphère. Note (') de M. Raout Cerieneczr, présentée par M. Gaston
Bonnier.
Les échanges gazeux de la racine avec l'atmosphère ont été peu étudiés,
du moins par les auteurs contemporains, car de Saussure, Corenwinder,
Knop, Dehérain et Vesque avaient déjà démontré que la racine, comme
tous les autres organes de la plante, absorbe de l'oxygène et dégage du gaz
carbonique. Ce premier fait était donc acquis; mais il restait à savoir dans
quelles proportions ces gaz étaient absorbés et exhalés par l’organe sou-
terrain, et c’est ce que les précédents auteurs ne purent déterminer avec
certitude. Il fallait encore vérifier si, dans certaines conditions, la racine
ne pouvait pas absorber aussi du gaz carbonique comme l'ont, parfois,
avancé certains auteurs; enfin il était nécessaire de déterminer l'influence
de quelques facteurs sur les échanges gazeux de la racine et d'établir, par
suite, les différences qui peuvent exister à ce point de vue entre les différents
organes de la plante (?). .
M’étant proposé de résoudre ces diverses questions, j'ai enteepris une
série d'expériences sur des racines en relation avec les parties aériennes de la
plante et sur des racines qui en avaient été préalablement détachées. Ces
organes provenaient soit de plantes prélevées dans leurs stations naturelles
ou dans des cultures de pleine terre, soit de plantes cultivées dans de la
pierre ponce imbibée de liqueur de Knop.
Dans le cas où les racines étaient adhérentes à à la plante, j'ai établi deux
séries d'expériences.
Dans une première série, les organes étaient lutés dans la région du collet
aux récipients de culture constitués par des verres de lampe retournés, et
exerçaient, par conséquent, leurs échanges gazeux dans la pierre ponce
humide. Dans une seconde série. d'expériences, les organes étaient encore
lutés aux récipients de culture, mais Fe que ceux-ci avaient été vidės de `
E a SA T
(') Séance du 20 septembre 1920. ;
(*) Dans ses Recherches sur la respiration des organes népébatifs des végélaux,
Nicolas (Thèse, Fac. Sc. Paris, 1909) avait déjà résolu une partie du ie eat en.
- étudiant l'intensité respiratoire de la racine Dans de la plante.
576 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pierre ponce; les racines exerçaient alors leur fonction dans une atmo-
sphère d’air légèrement humide. |
Lorsque les racines étaient détachées des parlies aériennes, elles étaient
également placées soit dans l'air, soit dans la pierre ponce pourvue de
liquide nourricier.
Dans tous les cas, j ai employé la méthode de l’air confiné et je me suis servi
de l'appareil de MM. Bonnier et Mangin pour l'analyse des gaz. La tempė-
rature était maintenue constante à l’aide d’un thermostat convenablement
réglé. Enfin, les racines étaient placées à l'obscurité et laissées plus ou moins
longtemps en expérience, jusqu'à 24 et 48 heures pour les racines adhé-
rentes.
Je donnerai d’abord les résultats que j'ai obtenus en étudiant les échanges
gazeux des racines adhérentes de Senecio vulgaris L., Lupinus albus L.,
Laurus nobilis L. (plantule de 3 ans, venue en pleine tance):
Les intensités sont exprimées en millimètres cubes et se rapportent à la
racine entière pour une durée d’une heure.
Pierre ponce. ee A
: A dégagé. absorbé. os absorbé. dégagé. 0
Senecio vulgaris L... 13,3 4739 0,28 13 19,7 0,82
Lupinus albus L.,... 4x 126 0,32 59,1 68,2 0,86.
Laurus nobilis L..... 41,6 140 0,29 46 56-22 0,82
Voici maintenant les nombres trouvés pour l’analyse des gaz obtenus en
comparant les échanges gazeux des racines adhérentes à ceux des mêmes
organes après sectionnement. Comme dans les expériences précédentes, j'ai
opéré soit dans l'air, soit dans la pierre ponce; mais les résultats pour une
durée d’une heure se rapportent au gramme de poids frais.
I. — Racines placées dans Lair.
Adhérentes
aux parties aériennes. Après sectionnement.
oulu
CO: o CO: co? 0 co”
absorbé. dégagé. 0o absorbé. dégagé. 0
Soñchus tenerrimus L:s- as < o 111 0,98 8 83 0,94
Erodium malacoides Willd.......,. 159 202 0,79 115 140 0,84
~
1
Heliotropium europæum L.....,.. 205 207 — 0,99 ma 189
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. À
II. — Racines placées dans la pierre ponce,
Adhérentes
aux parties aériennes. Après sectionnement.
D it ape da T DE gi
CO? O co”. CO? (6) co?
absorbé. dégagé, O absorbé. dégagé. Q
Capsella Bursa-pastoris Mænch... 195 897 0,23 298 278 0,92
SENCO valyaris L; Fr r ose a AO 307 0,48 206 479 0,79
Maipa siluestrts Diss alarik es se ATO 407 0,93 359 > 480: :."0,7
Des phénomènes que je viens de rapporter, je donnerai l'interprétation
suivante :
1° La respiration des racines s'établit comme celle des autres organes
7 la plante, placées en ir ler rien Il y a absorption d’ox gène et
une ai variant de 0,7 à 1, suivant les espèces.
2° Lorsque les racines sont au contact d’une atmosphère très humide,
il y a augmentation de la respiration : la quantité d'oxygène absorbé est
plus brand que dans une atmosphère sèche, de même celle du gaz carbe-
nique exhalé, et le rapport = demeure constant (cas des racines sec-
tionnées dans la pierre ponce). te conclusion apparaîtra mieux dans les
deux expériences suivantes, faites avec des racines sectionnées de Sonchus
tenerrimus L. et de Senecio vulgaris L.
Atmosphère sèche. Atmosphère humide.
o
CO: Co? O C,
dégagé. absorbé. O dégagé. absorbé. O
Sonchus tenerrimus L.... 104 119 0,90 229 249 0,90
Senecio vulgaris L..... vi. 192 189 0,82 206 273 0,7ù
3° Lorsque les racines sont au contact d’une atmosphère très humide et
qu’elles sont en relation avec les parties aériennes, il y a bièn encore augmen-
tation de la respiration, mais le gaz carbonique formé pendant cette
fonction n'est pas com plètement exhalé, et une partie de ce gaz est entrainée
dans les parties supérieures de la plante, si bien que le rapport respiratoire
atteint, dans ces derniers cas, des valeurs très faibles. Ce phénomène paraît
être en relation avec Pabssrpiok de l’eau par la racine; c’est l’eau absorbée
qui entraînerait le gaz carbonique ('). |
1
(') Corenwinder avait bien montré que les racines sectionnées in pest plus de
gaz carbonique que les racines adhérentes et il avait même pensé qu'une par tie s gaz
6
578 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Enfin je dirai, en terminant, que je n’ai jamais constaté une absorption
du gaz carbonique, du moins à l’état gazeux. D'autre part, je pense que le
gaz carbonique d’origine radiculaire peut jouer dans la plante un rôle plus
important que le gaz carbonique dissous dans l’eau du sol et qui est absorbé
en même temps que cette dernière (').
CHIMIE VÉGÉTALE. — Les matieres azotées et l'acide phosphorique dans
la maturation et la germination du blé. Note °) de MM. Eve. RoussEaux
et Smor, présentée par M. Lindet.
Dans des travaux antérieurs sur la valeur boulangère des farines, nous
avons montré que dans des farines de blés normalement et complètement
mûrs et bien récoltés, il existe une proportion d’azote soluble à peu près
constante ‘par rapport à l’azote total, laquelle proportion paraît corres-
pondre à la meilleure panification. Dans les farines qui se panifient mal, la
proportion d’azote soluble s'écarte de cette constante (°).
Nous avons suivi, non plus seulement sur les farines mais sur le blé lui-
même, les variations de l’azote et aussi celles de l'acide phosphorique et de
l'acidité. Nos analyses ont porté sur des échantillons moyens de grains de
blés prélevés tous les cinq jours dans un même champ, depuis la formation
du grain jusqu’à la récolte ; ensuite, une fois le blé récolté, nous avons laissé
pendant quelque temps une gerbe sur place, où elle fut mouillée par la pluie.
Sur les grains de celte gerbe en état de germination, nous avons isolé les
grains simplement gonflés et ceux qui, déjà, avaient donné naissance à une
_ jeune plantule. Nous avons pu établir ainsi le graphique de ces variations.
Les résultats obtenus sont consignés dans le Tableau suivant : ;
circulait dans la plantę; mais n'ayant pas dosé l'oxygène du mélange gazeux et ayant
opéré toujours dans un même milieu, il n'avait pas mis en évidence le rôle de
l'absorption de l’eau dans ce phénomène:
(1) Contrairement à ce que pense G. Pollacci (Atti dell Ist. Bot. dell Univ ersità
di Papia, 2° série, t: 17, p. 29-51).
(2) Séance du 20 septémbre 1920.
(5) Comptes rendus, t. 156, 1913, p, 723; t. 166, 1918, p. 190.
4
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. Srg
Rapport :
Azote soluble
Dates Poids Azote pour f0û sr Ex
des e Humidité Acidité a ~aue d'azote a ua
prélèvements, 100 grains. pour 100. SOEH% total, soluble, total total soluble,
a F5. 0,000 92,0 0,300 2,10 tO 49,0 0,90 0,730
Hi RS 3,049. 70,0 0,283 2,29 1,06 45,6 0,97 0,727
LÉ SR EE 3,494 68,7 0,271 3:33 0,888 37,9 0,99 o,681
nur. 5,682 66,5 0,192 3,64 0,835 31,6 0,99 0,600
3 juillet...... 7,402 60,7 0,132 2,68 0,719 26,6 0,98 0,420
LICE PORN 8,620 58,9 0,063 2,67 0,902 21,0 1,02 0,380
| LS res 8,860 59,0 0,059 2,06 0,383 14,9 1503 0,320
ART ss dietr “0830 48,0 0,06 2,44 0,229 9,2 0,94 0,280
Z Me,
pret EAE 46,0 0,090 , 2,42 0,333 18,7 0,97 0,330
O Hit: 0000 42,9 0,049 1503 0,361 14,2 0,90 0,360
M Ra pass 140 ILD 0,036 2,46 0,329 13,4 0,98 0,320
_ n 6,130 19,80 0,032 2,40 0,339 13,9 0,92 0,330
VITE DE 5,800 14,40 0,019 2,22 0,314 14,0 0,98 0,390
SE 0 Lo 300 12,10 0,016 2,29 0,341 15,0 1,01 0,300
AN ST E » » 0,029 2,29 0,328 14,3 1,296 0,300
9 » dE » » _ 0,038 3,27 0,488 aA 1,279 0,430
BED ist » » 0,048 2,90 0,838 36,0 1,282 0,340
Nota. — Du 23 juin au 3 juillet, grains très laiteux, peu de distinction entre les
assises. Du 6 au 9 juillet, enveloppe; distinctes. Du 11 au 14 juillet, grains jaunâtres,
gluten apparaît. Du 16 au 23 juillet, gluten se sépare. Le 26 juillet, récolte. Le
31 Juillet, grain conservé à lair. Le 6 août, début de la germination. Le 9 août,
milieu de la germination. Le 11 août, fin de la germination.
Azote. — L'azôte total est peu variable :
il augmente, puis diminue lentement et
légèrement à mesure de la prédominance des hydrates de carbone, Mais si la propor-
tion centésimale varie peu, par contre, l’état sous lequel il existe est bien différent :
d'abord soluble dans la proportion de 4 49 pour 100, il s'insolubilise progressivement,
sa solubilité s’abaissant à 9 pour 100, On constate alors une nouvelle et légère solu-
bilisation qu'indique le relèvement de la courbe, puis, trois ou quatre jours To
un état d'équilibre à peu près stable, avec une proportion de soluble voisine de 14
Pour 100, Cette stabilisation semble correspondre à la maturation, au sens chimique
du mot, qui précéderait d’une quinzaine de j jours la récolte, On peut expliquer cette
la graine, qui est encore très humide (48 pour 100
nouvelle solubilisation de l'azote :
d’eau) possède une activité vitale considérable qui se traduit, comme l'a montré
Müntz dans son Étude sur la germination des graines amylacées, par une perte de
poids due à la respiration, Il s'ensuit certainement des transformations qui néces-
Sitent des solubilisations intérieures rapides. La proportion d'azote soluble reste
voisine de 14 pour 100 par rapport à l'azote total, tant que le blé est conservé dans
des conditions normales
`
`
42,0
580 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mais vient-il à germer, alors on observe une nouvelle solubilisation rapide de
l'azote : la courbe se relève brusquement et la solubilité atteint 36 pour 100 dans le
grain gonflé et germé, et 52 pour 100 dans le germe lui-même (1).
Acide phosphorique. — La marche de l'acide phosphorique est tout à fait parallèle
à celle de l’azote ; la proportion centésimale est à peu près uniforme, mais la solubilité
passe de 76 à 36 pour 100, pour remonter légèrement et se stabiliser à environ
35 pour 100. A la germination, elle se relève rapidement à 42 pour roo dans le grain
germé.
Le parallélisme des variations de l’azote et de l’acide phosphorique n’est
pas sans présenter un intérêt pratique : on peut admettre une relation entre
le manque d’azote assimilable dans les sols avec l’appauvrissement en gluten
des blés à grands rendements ; mais il semble qu'il ne sera pas suffisant
d'intensifier l'emploi des engrais azotés facilement nitrifiables, il faudra
également faire un plus large emploi des engrais phosphatés.
Acidité. — Pendant la maturation, lacidité suit une marche nettement
et régulièrement descendante, passant de 0,300 à 0,016, pour remonter
à O, 048 dans le grain germé.
En résumé, le. blé arrive à la maturation normale et complète dans un
état de stabilité qui, pour les matières azotées et les matières phosphatées,
correspond à un certain rapport entre les matières solubles et insolubles.
A des rapports différents re ce une insuffisance de maturation ou
une tendance à la germination, c’est-à-dire des états du : grain ou de la farine
plus ou moins défavorables à la panification.
Les présentes recherches mettent en évidence que le point de départ de
nos études antérieures sur les matières azotées solubles comme indice de la
valeur boulangère des farines était parfaitement rationnel. id
(1) Dans les farines dites maltées, obtenues par cuisson sous pression ou par mal-
tage (germination), en vue d’en rendre les éléments plus solubles et assimilables, la
proportion d'azote soluble par rapport à l'azote total est élevée, comme dans des
farines provenant de blés germés. C'est ainsi que nous avons trouvé qu’elle était de
32,2 et 35,1 pour 100 dans des farines d'orge malté ; de 57,5 pour 100 dans des farines
de lentilles; de 51,3 pour 100 dans des farines de pois; de 50,8 pour 100 dans des
farines de haricots. .
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. 581
AGRONOMIE. — Influence du travail souterrain des taupes sur la flore des
pâturages du Cantal. Note (') de MM. A.-J. Ursan et Pierre Marty,
présentée par M. Gaston Bonnier.
`
Les prairies du Cantal soumises à la dépaissance, et particulièrement
celles des hauts sommets, sont peuplées de taupes qui creusent sous terre à
une légère profondeur un réseau de galeries en rejetant de loin en loin, à
la surface, la terre qu’elles ont déplacée. Elles forment aussi de nombreux
amas : “ds taupinières. Celles-ci ne tardent pas à être envahies par une
végétation plus ou moins abondante qui donne à la prairie un aspect très
particulier. Il nous a paru intéressant d'étudier la flore de ces taupinières
et de suivre son développement.
L'examen de la coupe d’une taupinière récente montre, au milieu de la terre
finement pulvérisée, de nombreux fragments de racines et de rhizomes. L’amas de
terre qui la constitue recouvre les plantes de la prairie sur une surface de 15°" à 4o°m,
sa hauteur variant de 20°® à 35%; les plantes ainsi recouvertes ne tardent pas à périr.
La surface-de la taupinière, sous l’action de l’évaporation se dessèche rapidement,
sa partie interne garde au contraire un degré d'humidité élevé et persistant. Sous
l'influence de cette humidité les rhizomes des plantes voisines subissent une attraction
vers le centre du tertre; là, parfois ils se redressent pour donner une plante feuillée
(Carex) ou émettent des bourgeons latéraux qui donneront des tiges (Phieum,
Cynodon). Les fragments de rhizome disséminés au sein de la taupinière présentent
assez rapidement, au niveau d'un nœud, des racines adventives; un bourgeon latéral
y apparait ensuite, il se développera ultérieurement en une tige aérienne. Enfin, à la
périphérie des plantes vivaces peu recouvertes par la terre réussissent parfois à étaler
à nouveau leurs feuilles (Renonculacées, Joncées, etc.). En résumé, au bout d’un
temps qui varie de deux à trois mois, une végétation indigène commence à envahir la
taupinière. Il va bientôt s'en ajouter une autre, due aux graines provenant des plantes
de la prairie qui dans les circonstances habituelles ne germeraient pas. A ces graines
s'en adjoignent un certain nombre, apportées par le vent ou les oiseaux. Toutes
trouvent en cette terre meuble un milieu très favorable à leur germination, et lon voit
s'y développer assez rapidement de nouvelles plantes.
En sorte qu'avec la première année apparaît un premier stade de végétation
comprenant des espèces indigènes associées à d’autres, moins nombreuses, étrangères
à la Prairie, :
La deuxième année voit le nombre des espèces s sn avec une E ho amer
marquée des Lésumineuses et des TURI.
(') Séance du 20 septembre 1920.
582 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Enfin la troisième année constitue en général le dernier stade de l’évolution de
cette flore; tassé par la pluie et le passage du bétail, le tertre tend à s'étaler, sa.
végétation, accrue d'espèces nouvelles, se confond alors avec celle de la prairie qui
la supporte,
Voici, à titre d'indication, les espèces trouvées pendant les deux premières années
sur les taupinières d’une prairie humide des environs d'Aurillac :
PREMIÈRE ANNÉE.
Plantes existant | Ranunculus acris L., Ranunculus bulbosus L., Trifolium
normalement 4 repens L., Hieracium Pilosella L., Rumex Acetosella L., `
dans la prairie. | Juncus effusus L. i
i ; | Lotus corniculatus. L., Trifolium pratense. La, Cirsium
Plantes étrangères | ; ; RER.
à “+ ‘ acaule AI. (rare), Cichorium Antybus (rare), Veronica
à la prairie. | TIe i r
serpyllifolia L., Ajuga reptans L.
{
DEUXIÈME ANNÉE.
Ranunculus acris L., Ranunculus bulbosus L., Ranunculus
Flammula (rare), Trifolium repens L., Trifolium mon-
tanum L. (rare), Potentilla -vérna L., Achillea Millefo-
ve FES qu lium L., Taraxacum Dens-Leonis Ey Hieracium Pilosella s
1 í L., Gentiana Pneumonanthe L. (rare), Myosotis palustris
UREN pur With (rare), Rumer Acetosella L., Juncus effusus L.,
i PHARES Luzula campestris D. C., Carex vulgaris Fries, Nardus
stricta L., Anthoxanthum odoratum L. (rare), Phleum
pratense L., Poa pratensis L., Poa trivialis L., Agrostis
alba L.
Polygala vulgaris L., Lotus corniculatus L., Trifolium
o pratense L., Vicia Orobus D.C, (rare), Potentilla reptans
Plantes étrangères í siny Il re)
: ne L., Galium verum L. (rare), Circium acaule All. (rare);
à la prairie. 4 : r L- Holcus
Calluna vulgaris Salisb., Plantago lanceolata L., Hotet
lanatus L., Polytrichum commune L.
Dans lexemple que nous citons, on a noté ensuite, au cours de la troisième année,
la disparition d’un certain nombre de plantés adventices : Ranunculus Flammula La, >
Polygala vulgaris L., Galium verum L., Cirsium acaule All, etc. En outre, le
Calluna vulgaris Salisb. et le Polytrichum commune L. tendent à disparaître. A pti
stade, les plantes qui existent sur la taupinière rappellent donc celles de la prairie pki
la porte, augmentées d'espèces nouvelles telles que : Lotus corniculatus L., Trifo-
lium pratense L., etc. ;
Il ést intéressant, en outre, de signaler que sur certains points la Calluna vül-
garis Salisb. est remplacée par le Salix cinerea L.; en d'autres endroits on constat
l'apparition, en. grand nombre, du Carduus nutans L., qui disparaît la troisième
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. 583
année, étouffé par la ‘végétation indigène; ailleurs, c’est le Festuca duriuscula L,
qui abonde, etc.
D
En résumé, le travail souterrain des taupes dans les pâturages cantaliens
soumis à la dépaissance seule, c’est-à-dire ceux où le fauchage n’a pas eu
lieu, a pour effet :
1° de drainer le sol ;
2° de faire, en de nombreux points, au niveau des taupinières, un véri-
table labour et un véritable sarclage, grâce à quoi les graines naturelles de
la prairie, et celles apportées par Le: vent et les oiseaux, germeront facilement
et pourront lutter efficacement avec la végétation indigène ;
3° d'introduire ainsi dans la prairie des plantes nouvelles, souvent très
à 3 D à :
fourragères (Lotus corniculatus L., Trifolium pratense L., Holcus lana-
tus L.; etc.).
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Les rapports de l'irritabilité ectodermique aneurale avec
les fonctionnements musculaire et nerveux chez les embryons d’ Amphibiens.
Note de M. P. Wivrreserr, transmise par M. Y. Delage.
Les résultats que j’ai obtenus depas 1904-1905 (') peuvent être résumés
de la manière suivante :
1° Avant le premier mouvement spontané, une contracture directe des
myolomes mésotiques peut être provoquée par la stimulation d’une aiguille;
ce fait, déjà signalé par Hooker (1911) (?), confirme mes observations
antérieures (1903-1905) sur les muscles des membres et les myotomes déve-
loppés en dehors du système nerveux.
2° La phase de mouvement spontané, qui prede l'instant où se mani-
feste «l'irritabilité ectodermique aneurale », n’est pas de même durée chez
toutes les espèces. La sensibilité de la pointe caudale qui marque l'entrée
en jeu de celte irritabilité se manifeste, chez Hyla arborea, quand la tête
s'infléchit latéralement de 45°, chez Discoglossus pictus et Amblystoma
Punctatum quand la déviation céphalique atteint l’a ngle droit, chez Triton
#
(©) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. 57, p. 645, et t. 59, p.58.
(*) Journ, exp. Zool., t 2.
584 ACADÉMIE DES SCIENCES.
alpestris quand le corps se courbe en V, chez Amblystoma tigrinum quand
la contraction détermine un U serré ou une boucle.
3° La contraction débute dans les myotomes post- auriculaires les ee
antérieurs. Alors que la tête se soulève à peine chez Discoglossus, l onde part
du premier myotome et se propage rapidement jusqu'au cinquième. La
position du premier pli de flexion au niveau du quatrième myotome tient
seulement à la résistance moins grande du corps à cet endroit.
4° Les premières contractions spontanées sont d’origine nerveuse; en
piquant la peau dans la région postérieure des premiers territoires sensibles,
la réponse motrice commence toujours dans les myolomes antérieurs et
présente par conséquent le caractère d’un réflexe.
° La contraction des Amphibiens, d'allure tonique, est bien différente
de la contraction clonique, rythmée, aneurale des Sélaciens (1); dès que la
contraction spontanée de ces derniers peut être tenue, la liaison neuro-
musculaire est effectuée. La tonicité d’une contraction mistotaitë semble
donc indiquer son origine nerveuse.
6° Après la disparition de lirritabilité ectodermique aneurale la queue
entière est nerveusement sensible chez les Urodėles, comme je l'ai montré
sur l’Axolotl ('); mais, chez certains têtards d’Anoures (Discoglossus pictus,
Rana temporaria), l’extrémité caudale, précédemment excitable, redertent
insensible. L'extension postérieure, plus ou moins grande, des territoires
nerveux semble dépendre, à cette époque, de l'allongement plus ou moins
rapide de la queue; en effet, quand cesse l’érritabilité aneurale, la queue des
Urodèles est courte; elle est contenue trois fois et demie environ dans la
longueur totale, tandis que la queue des Anoures mesure déjà la moitié de
la longueur.
7° Au cours de l’irritabitité ectodermique aneurale toute réponse réflexe,
obtenue sur un embryon entier par une piqûre du tégument, est hétéro-
latérale. Avant l'avènement de cette irritabilité, la stimulation cutanée
des premiers terriloires nerveusement sensibles provoque une courbure
soit du côté piqué, soit du côté opposé, soit toujours du même côté;
Coghill C ) en 1909 avait décrit ces réponses qu’il appelle érréguliéres, asy-
PR EE LS
(1) Comptes rendus, t; 165, 1917, p. 369, et Comptes rendus de la Société de Bio-
logie, t. 81, 1918, p. Fe et 58.
(2?) Journ. comp. Neurol., Bd 19.
~-
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. 585
métriques, mais plus tard, avec Herrick (1915) ('), il affirme l'hétėro-
latéralité des premières réactions. Je ne suis pas de cet avis; j observe même
que les premières réponses réflexes de tous les métamères nerveux, que l’on
peut surprendre sur des fragments postérieurs, détachés à différents niveaux
du tronc et de la queue et-examinés après la cicatrisation de leur blessure
antérieure, se produisent indifféremment dans les deux sens, sans qu’on
puisse prévoir leur orientation; et je constate qu’elles sont plus souvent
homo-latérales qu'hétéro-latérales.
8° Le lieu'de la fonction neuro-ectodermique, où l'excitation conduite
par l’ectoderme est recueillie par l'appareil nerveux, ne s'étend pas à toute
la longueur de la région cutanée nerveusement sensible; il est facile de le
démontrer sur des fragments postérieurs isolés et guéris, contenant un
nombre plus ou moins grand de métamères du tronc. Ainsi, de tels
fragments, chez l’Axoloil, ne répondent à une piqûre de l'extrémité caudale,
au début de l'irritabilité aneurale, que s'ils contiennent le cinquième myo-
tome post-branchial, et, à la fin de cette irritabilité, que s'ils possèdent le
onzième mélamère post-branchial; or, dans le premier cas, la sensibilité
nerveuse s'étend jusqu’au quinzième métamère du tronc et, dans le second,
elle a envahi la plus grande partie de la queue. Les mêmes faits s’observent
chez les Anoures (Rana temporaria). Ils conduisent à penser que les termi-
naisons libres des nerfs sensitifs dans l’ectoderme sont insuffisantes à
établir le raccord neuro-ectodermique et que des organes spéciaux sont-
nécessaires pour le constituer. Ils mènent à cette conception que « l'irrita-
bilité ectodermique aneurale » et la fonction nerveuse se développent.
indépendamment l'une de l'autre, que la première est antérieure à la
seconde, malgré qu'elle ne soit révélée par le fonctionnement musculaire
qu'après une phase de sensibilité nerveuse cutanée, qu'en particulier elle
est susceptible de relier d’une manière précoce ét de mettre en harmonie
les fonctionnements épars des cellüles vibratiles, mais qu'elle ne se révèle
d'une manière précise et indubitable qu’à une période déjà avancée du
fonctionnement neuro- -musculaire, grâce aux communications spéciales et
étroitement localisées qui s'établissent entre l’ectoderme et le système
nerveux. La généralisation immédiate de lirritabihité aneurale à tout le
domaine cutané et sa ie A sont en faveur de cette hypothèse.
(') Journ, comp. Neurol., Bd 25.
586 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ZOOLOGIE. — L'appareil tentaculaire et l'appareil gonadien de Cæloplana
gonoctena (Krempf). Note de M. Armaxn Kerempr, transmise par
M. Yves Delage.
L'appareil tentaculaire des Cténophores, avec sa puissante musculature
et son revêtement de colloblastes, passe pour une des structures les plus
originales de ces animaux : il semble difficile de retrouver ses homologies
chez les autres Cœlentérés supérieurs. Le tentacule de Cœloplana
gonoctena, fort bien développé et très facile à étudier, me permet de pré-
senter à cet égard une suggestion appuyée sur des faits : j'ai pu suivre son
évolution et observer, dans d'excellentes conditions, sa régénération expéri-
mentale complète.
Il a pour origine un petit bourgeon d’endoderme archentérique qui
s'isole du revêtement épithélial du canal tentaculaire pour s’inclure dans
la mésoglée. On le voit alors grossir, puis se scinder en deux éléments
superposés, l’un proximal, l’autre distal. Le premier de ces éléments
donne naissance au massif qui formera la musculature du tentacule; le
second de ces éléments, recouvrant le premier comme d’une sorte de
coiffe, est l’origine du massif colloblastique. La croissance de ces deux
massifs est assurée, pour toute la vie de l’animal, par le jeu d’une forte
réserve de cellules embryonnaires, et cette croissance se trouve réglée de
-telle façon qu'à une période d’activité de production musculaire corres-
ponde une période d’activité de formation pour les colloblastes : les acci-
dents périodiques du tentagule, connus sous le nom de zentilles, résultent
du parfait ajustage de ces deux rythmes de croissance.
De nos observations il découle : 1° que le massif à ob lina et le
massif musculaire du tentacule ont pour origine une ébauche commune
qui dérive du revêtement de la cavité archentérique; 2° que ce complexe,
à deux massifs superposés, offre les plus grandes ressemblances avec la
tænio-columelle des Acalèphes, elle aussi formée par deux massifs super-
posés, dérivant du dédoublement d’un massif unique. Ces ressemblances
deviennent saisissantes si l’on prend soin d'ajouter : premièrement, que
chez les Acalèphes, le massif proximal donne naissance à la puissante mus-
culature tænio-columellaire, de même qu’il forme la musculature tenta-
culaire chez les Cténophores; deuxièmement, que le massif distal chez les
SÉANCE DU 27 SEPTEMBRE 1920. 587
Acalèphes constitue une énorme accumulation de nématocystes, de même
que chez les Cténophores il assure la formation et le renouvellement
constant des colloblastes : ce parallélisme rigoureux entraîne l’homologie
du tentacule des Cténophores avec la tœnio-columelle des Acalèphes.
L'appareil gonadien de Cœlonlana gonoctena n'offre pas moins d’intérêt
que son appareil tentaculaire. L'animal est hermaphrodite. Mais son her-
maphroditisme est successif à point de départ protérandrique et à prédo-
minance måle. On trouve en effet des mâles en spermatogenèse pendant’
toute l’année : on ne rencontre qu’un très petit nombre de femelles, et à la
fin de l’été seulement.
Gonades måles. — Mortensen (1912), ayant mis en doute la correction
des assertions de Willey sur les rapports du testicule de Cténoplana avec
l’ectoderme par un canal débouchant directement au dehors, il importe de
dire que mes observations confirment pleinement celles du zoologiste
anglais. Elles les étendent en outre singulièrement : le nombre des follicules
testiculaires individualisés est en effet très grand chez C. gonoctena, et
J'ai pu constater que chacun d’eux débouchait à l'extérieur par un canal
propre. En outre j’ai pu suivre le mode de développement de la formation
gonadienne mâle tout entière, et j'ai observé que le follicule testiculaire et
son canal dérivaient d'une ébauche endodermique. Leur évolution s'effectue
suivant un processus en tout point comparable à celui que nous avons indi-
qué pour l’ébauche du massif colloblastique de l'appareil tentaculaire.
Devant cette description, on ne peut s'empêcher de mettre en compa-
raison le follicule testiculaire de C. gonoctena avec celui des Némertiens
et de constater la grande ressemblance de ces deux organes.
Gonades femelles. — Le follicule ovarien se développe comme le follicule
testiculaire : il prend naissance aux dépens du même épithélium endoder-
mique dans le réseau des canaux gonadiens. Il est disposé de telle façon
$
qu’à une ébauche ovarienne sur une paroi d’un canal réponde une ébauche
testiculaire sur la paroi opposée du même canal. Comme le testicule,
l'ovaire s’isole dans la mésoglée. Je dois signaler qu’au cours de l’évolution
ovarienne, un bon nombre d’ovocytes subissent sur place une dégénéres-
cence vitelline qui, par l'important développement de la formation organique
à laquelle elle donne naissance, fait penser aux organes vitellogènes des
atodes. :
Mon jugement général sur C. gonoctena peut se résumer en quelques
mots, C’est un Cœlentéré qui présente un mélange de dispositions primi-
588 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tives et de caractères très évolués. C’est, avant tout, un Cténophore. Mais
l’évolution poussée très loin de cette forme exceptionnelle nous révèle les
véritables affinités du groupe auquel elle appartient, groupe que nous ne
connaissons guère jusqu'ici que par des représentants néoténiques re
logiquement incomplets (tous les Cténophores pélagiques).
invisagées sous le jour où la connaissance des Gcœloplanides et des
autres Platy cténides nous permet désormais de les concevoir, les affinités
des Cténophores sont doubles : à l’analyse, elles se montrent aussi nom-
breuses et aussi solides avec les Cœlentérés supérieurs (Anthozoaires,
Acalèphes) qu'avec les Vers plats (Némertes, Turbellariés).
La séance est levée à 16 heures et quart.
A a,
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 4 OCTOBRE 19920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HISTOIRE DES SCIENCES. — Le Congres international de Mathématiques
de Strasbourg. Note de M. Emne Picaro.
Il ne sera peut-être pas sans intérêt de donner quelques renseignements
sur le Congrès international de Mathématiques, qui vient de finir. C'est
à Bruxelles l’année dernière, à la troisième conférence interalliée des
Académies scientifiques, que la proposition fut faite de réunir un tel
Congrès à Strasbourg. L'Académie se rappelle que la reprise des relations
internationales après la guerre avait été étudiée longuement à Londres et
à Paris, en octobre et novembre 1918, dans deux conférences interacadé-
miques, où figuraient des représentants des puissances alors en guerre
avec les empires centraux. Dans ces réunions, il fut insisté fortement sur
ce point que les guerres antérieures n'avaient pas détruit la mutuelle
estime des savants belligérants les uns pour les autres, et que la paix alors -
avait pu effacer après peu d’années les traces du passé..« Mais aujourd'hui,
concluaient à l’unanimité les délégués des pays alliés, les conditions sont
tout autres. Des crimes sans nom vont laisser, dans l’histoire des nations
coupables, une tache, que des signatures au bas d’un traité de paix ne sau-
raient laver. Aussi devrons-nous abandonner les anciennes associations
internationales, et en créer de nouvelles avec le concours éventuel des
neutres. » Tels sont les principes qui ont guidé les décisions prises d’abord
à Londres et à Paris, confirmées et précisées dans une nouvelle conférenee
tenue à Bruxelles en juillet 1919. Un Conseil international de recherches
fut créé, auquel se rattachaient, par l'adhésion à certaines idées générales,
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 14.) 4
590 ACADÉMIE DËS SCIENCES.
mais en gardant une large indépendance, des Unions internationales se
rapportant aux différents ordres de sciences. Enfin, les nations neutres
seraient priées d’adhérer au Conseil international de recherches, ainsi
qu'aux diverses Unions (").
Ce programme est presque entièrement réalisé aujourd’hui. Un grand
nombre de pays ont adhéré au Conseil international de recherches, et
diverses Unions ont été fondées, dont en dernier lieu l’Union internationale
de Mathématiques.
C'est conformément à ce plan général que fut convoqué le Congrès, qui
vient de se tenir à Strasbourg (°). Il èst le premier Congrès scientifique
international réuni depuis la guerre. Il inaugure un ordre nouveau, ne
s'insérant dans aucune suite déjà commencée. Des invitations personnelles
avaient été envoyées par le Comité national français de Mathématiques aux
savants des pays alliés et amis. Nous n’avons jamais dissimulé que nous
entendions donner à ce Congrès une signification particulière, en le réunis-
sant à Strasbourg. Aussi avons-nous été extrêmement touchés de l’empres-
sement avec lequel nos amis étrangers ont répondu à notre appel. Arrivés
dans cette ville, ils se sont laissés, comme nous, pénétrer par l’atmosphère
alsacienne, et beaucoup se sont livrés à des réflexions que, loin d'ici, ils
n’avaient pas été amenés à faire. Des liens plus intimes ont été formés, qui
resteront précieux.
À tout point de vue, le Congrès, qui vient de se terminer, a réussi au delà
- de nos espérances. Nos diverses sections ont entendu des communications
de haute importance, Cinq conférences générales, extrêmement brillantes,
ont été faites : notre Associé étranger, M. Volterra, professeur à l Univer-
sité de Rome, a parlé de l’enseignement de la Physique mathématique;
trois de nos Correspondants, Sir Joseph Larmor, professeur à l’Université
de Cambridge; M. de la Vallée-Poussin, professeur à l'Université de Lou-
vain; M. Dickson, professeur à l'Université de Chicago, ont choisi, comme
sujets de leurs conférences, l’indétermination en physique, les fonctions à
variation bornée, les relations entre la théorie des nombres et d’autres
branches des Mathématiques. Enfin M. Nôrlund, professeur à l'Université
(!) Pour le détail des résolutions prises, voir les Comptes rendus des 21 octobre
1918, 9 décembre 1918 et 25 août 1919.
(?) Le Bureau du Congrès a été ainsi formé : Président d'honneur, M. Jordan;
Président, M. Émile Picard; Vice-Présidents, MM. Dickson, Larmor, Nürlund,
de la Valiée-Poussin, Villat, Volterra; Secrétaire général, M. Kœnigs; Secrétaire,
M. Galbrun,
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. Soi
de Copenhague, nous a entretenus de la théorie des équations aux diffé-
rences finies. Toutes les communications et les conférences générales seront
réunies dans un Ouvrage qui restera le témoin de l’activité scientifique de
ce Congrès.
M. le Ministre des Affaires étrangères, M. le Commissaire général
d’Alsace-Lorraine, M. le Maire et M. le Président de la Chambre de Com-
merce de Strasbourg ont bien voulu s'intéresser à l’œuvre entreprise. Nous
avons aussi rencontré un concours empressé auprès de diverses Sociétés
industrielles et financières, ainsi que de nombreux particuliers, qui ont
compris que, dans les circonstances présentes, la réussite de la réunion
projetée importait à l'honneur de la Science française. Des uns et des
autres nous avons reçu de larges subventions. Je suis sûr d’être l'interprète
de l’Académie, qui a pris une si large part dans l'élaboration des nouveaux
statuts internationaux, en adressant, en son nom, des remerciments à tous
ceux qui ont canei à l'éclat du Congrès de Sraboni.
Après le dépouillement de la Correspondance, M. le Présipenr s'exprime
en ces termes :
Messieurs,
Pendant les vacances dernières, l’Académie a eu la douleur de perdre
un de ses Correspondants les plus illustres, le grand astronome anglais,
Sir Norman Lockyer, qui s’est éteint, âgé de 84 ans, dans le nouvel obser-
vatoire qu’il avait organisé récemment à Sidmouth.
Sir Norman Lockyer est un des fondateurs de l'Astronomie physique,
qui a pris un développement si considérable dans les 50 dernières années.
Il a engagé la science dans des voies nouvelles, et de grandes découvertes
sont attachées à son nom.
Il ne sortait d’aucune grande école, d'aucune université. Il a été d’abord
altaché au Ministère de la Guerre à toldre et même pendant treize ans,
de 1857 à 1870; la place n’était pas une sinécure, puisqu ‘il a été chargé de
coordonner et d’i imprimer les règlements de l’armée anglaise. Mais il avait
l’amour profond de la science, etil était attiré fortement par l'Astronomie et
par les premiers résultats dejá merveilleux de l'analyse spectrale appliquée
aux astres, [| consacre tous ses loisirs à l'observation du ciel avec une
petite lunette installée dans sa maison et pourvue d'un spectroscope.
En 1866, il présente à la Société Royale son premier Mémoire sur le Soleil,
et y émet l’idée que le spectroscope pourra révéler en plein J jour les protu-
592 ACADÉMIE DES SCIENCES.
bérances roses des éclipses totales; il s'appuie sur l'étude spectrale d’une
étoile de la Couronne, dont le noyau stellaire est entouré d’une atmo-
sphère d'hydrogène, très faiblement brillante; or, dans le spectre, la
lumière du gaz hydrogène domine celle du noyau.
Cette remarque était un trait de génie; elle contient le principe de la
méthode qui assure l’étude journalière des protubérances au bord solaire.
Deux ans après, après avoir réalisé un spectroscope d’une puissance suffi-
sante, il réussit à voir une protubérance en plein jour avec les radia-
tions de l'hydrogène et communique la découverte à notre Académie le
28 octobre 1868. Par une coïncidence curieuse, à la même séance, notre
compatriote Janssen, par une lettre envoyée des Indes, annonçait le
même résultat, qui d’ailleurs avait été obtenu plus tôt. Depuis, les noms
des deux savants ont été unis justement dans la découverte.
Sir Norman complète rapidement sa première observation :
Les protubérances émanent d’une couche mince de même composition,
qui recouvre la surface entière de l'astre. Il donne à cette couche le nom de
chromosphere, actuellement adopté par tous.
La radiation jaune des protubérances ne correspond à aucun corps
connu; elle annonce un élément nouveau qu’il appelle Aelium; c'est la
première reconnaissance du gaz, à tous égards si curieux, qui a été retirė
d’un minéral de notre Terre trente-sept ans plus tard par Ramsay.
Les raies de l'hydrogène ont dans les protubérances, de la base au
sommet, une largeur décroissante, rapportée par lui justement à la varia-
tion de pression. Ces mêmes raies sont souvent tordues et déplacées; il
ramène le fait à sa vraie cause qui est la vitesse du gaz dans la direction
de la Terre, vitesse mesurable en kilomètres par seconde. C’est une des
toutes premières applications du grand principe de Doppler-Fizeau, si sou-
vent invoqué depuis. Le spectre nous révèle à la fois la forme, la composi-
tion chimique, l’état physique de la vapeur solaire, el aussi sa vitesse
radiale qui échappe à la simple lunette.
Les points principaux du phénomène et leur explication ont été reconnus
en quelques semaines et avec de petits instruments.
L'année suivante, en 1860, il fonde la Revue anglaise Nature, consacrée
à toutes les sciences, qui est actuellement la publicätion scientifique la plus
répandue dans le monde. Il s'affirme, dans cette revue nouvelle, encyclopé-
diste et organisateur de premier ordre. Il avait un cerveau puissant dans un
corps robuste, ct sa capacité de travail était très grande.
e
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1020. 593
9 9
Il dirige la Revue Nature pendant plus de 30 ans, et lui donne sa forme
actuelle. En même temps il poursuit sans arrêt et même jusqu’à sa mort,
avec une activité jamais ralentie, des recherches de science pure, à savoir
des observations astronomiques et des recherches de physique qui se
prêtent un mutuel appui. L'un des premiers, il réalise l'union intime de
l'observatoire et du laboratoire qui est un des caractères de la nouvelle
Astronomie.
Les premières recherches ont été faites avec les moyens d’un simple par-
_ticulier; et c’est seulement en 1873 qu’il a pu organiser aux frais de l'État,
dans la ville de Londres à South Kensington, un observatoire et un labora-
toire de Physique, rattachés au Royal College of Science. Les ressources
mises à sa disposition étaient modestes et le climat de Londres peu favo-
rable. En r9r2,le matériel et le personnel de South Kensington sont trans-
férés à Cambridge, et Sir Norman, qui était contraire à cette solution, se
décide, avec l’aide de quelques amis, à construire en pleine campagne, dans
un site très propice, un nouvel observatoire, the Hill Observatory, qui est
déjà un des mieux pourvus de l'Angleterre. En fait on lui doit deux établisse-
ments, consacrés à l’Astronomie physique et actuellement en pleine
activité.
Les résultats, faits d'expérience et théories, sont exposés dans plus de
200 Mémoires, et l’on peut rappeler seulement les principaux. L'auteur les a
résumés en partie dans deux grands Ouvrages Meteoretie Hypothesis de 1890
et Inorganic Evolution de 1900. Il y décrit ses nombreuses expériences et
fait œuvre de philosophe en cherchant à ramener tous ces faits épars à
quelques causes générales. La plupart des phénomènes célestes peuvent
s'expliquer, d’après lui, par la collision de météores, et il expose la succes-
sion des faits qui le forcent à admettre la dissociation de nos éléments chi-
miques dans les astres. Les phénomènes radioactifs, qui sont postérieurs
à sa thèse, lui ont apporté un sérieux appui.
Les actions diverses, encore mal connues, exercées par le Soleil sur la
Terre, ont retenu son attention. Après avoir reconnu dans les variations
des protubérances solaires une période secondaire de 3,8 ans il montre,
avec son fils le D" W. Lockyer, que la pression de Pair varie, sur plusieurs
points du globe, d'après la même loi; ce qui permet de prédire l'état des
choses dans l'océan Indien longtemps à l'avance. La loi générale de circu-
lation des vents dans l'hémisphère austral, indiquée par eux à cette occasion,
a été bien vérifiée depuis, et est admise par tous les météorologistes,
594 ACADÉMIE DES SCIENCES.
`
Les spectres des éléments ont été étudiés par lui dans les conditions
d’excitation les plus variées, le but poursuivi étant de retrouver dans le
laboratoire les particularités diverses des spectres stellaires. Il a pu ainsi
distinguer dans le spectre de chaque élément trois sortes de radiations, les
raies longues, courtes et renforcées (enhanced) qui apparaissent à des
températures croissantes. Les raies renforcées, obtenues avec des étincelles
électriques extrêmement fortes, sont surtout caractéristiques. La présence
et la force de ces raies et aussi d’autres indices lui ont permis de ranger les
étoiles dans l’ordre des températures; il avait dù auparavant consacrer
plusieurs années à photographier les spectres stellaires avec une dispersion
notable.
Mais la classification des étoiles adoptée par lui diffère des autres classi-
fications qui supposent une décroissance continue de leur température. Sir
Norman, qui part aussi d’une nébuleuse originelle, soutient au contraire
que la température augmente d’abord, passe par un maximum et décroit
ensuite lentement; ce qui est mieux en accord avec les particularités spec-
trales et avec les calculs de Lane. Lorsque l'étoile s'approche du maximum,
les raies des métaux disparaissent peu à peu; car les éléments sont disso-
ciés et détruits, mais ils se reforment dans la phase descendante. L’évolu-
tion des étoiles est liée étroitement à une évolution parallèle des corps
simples de la nature; elle fournit aux chimistes des indications précieuses
sur la nature et les propriétés des atomes.
Dans son ensemble, l’œuvre est considérable et touche aux plus hautes
questions de la Science. Sir Norman Lockyer est assurément un des plus
grands savants de l’Angleterre, et un des plus grands astronomes de tous
les temps.
L'Académie s’honore de l’avoir compté parmi ses membres; elle adresse
à sa veuve et à ses enfants ses plus vives condoléances,
LITHOLOGIE. — Sur une série de roches syénitiques alcalines potassiques
a minéraux sodiques de Madagascar. Note (') de M. A. Lacroix.
J'ai signalé, il y a quelques années, l'existence sur les Hauts Plateaux de
Madagascar de deux minéraux, fort rares partout ailleurs, un silico-titanate
/
a 14 “ane ie ,
(tscheffkinite) et un fluo-carbonate (bastnaësite) de terres cériques; ils sy.
meteo
(1) Séance du 30 août 1920.
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. ` 595
trouvent en quantité suffisante pour constituer de véritables minerais de
cérium. Ces minéraux avaient été recueillis dans la terre rouge, libres de
toute gangue, mais comme l’un d'eux adhérait à des fragments de feld-
spath et d'gyrine, j'avais pensé que leur gisement originel devait être un
granite alcalin. M. Perrier de la Bâthie ayant dù explorer celte région, je
lui ai demandé d'y recueillir une collection de roches; je l'ai reçue, très
copieuse; son étude m'a conduit aux observations suivantes :
L'un des résultats les plus frappants des études lithologiques modernes à été de
montrer l'abondance des roches alcalines; mais, tandis que parmi celles-ci les types
sodiques abondent, ceux caractérisés par une grande quantité de potasse sont en
général restés des raretés, caractéristiques de certaines régions privilégiées. Les bassins
de deux affluents de la Mania, l’Imorona et l'Itsindra, doivent être considérés comme
constituant l’une de celles-ci. Leurs roches offrent en outre des particularités dignes
d'être mises en lumière (!). Je ne m'occuperai que des types lithologiques consi-
. dérés en eux-mêmes, laissant pour l'instant de côté leurs relations magmatiques
avec d’autres roches alcalines qui les accompagnent et me contentant d'indiquer
l'existence de transformations structurelles dues à des actions dynamiques suivies de
recristallisation qui tendent à transforme certaines de cés roches éruptives en
divers types gneissiques.
Toutes les roches dont il va être question constituent des filons, pour la
plupart injectés entre les strates de calcaires et de quartzites métamor-
phiques relevés verticalement ou dans des roches granitiques gneissiliées.
Elles sont caractérisées par la constance du microcline à macles quadrillées,
Quelques mots tout d’abord sur une amphibole spéciale à quelques-unes de ces
roches, Elle est d’un noir bleuâtre très éclatant ; son polychroïsme est intense : zg =
jaune paille; n,=— violet; np= bleu de mer. Le plan des axes optiques est parallèle
A d'la dispersion est si forte que l'extinction est incomplète en lumière blanche,
mais voisine de 40°, L'écartement des axes est très grand, aussi le sigue optique est-il
indécis, La composition chimique est la suivante (analyses de M. Raoult) : a. Ambahy
vallée de l'Imorona) {densité 3,21); b. Ambatofinandrahana ( densité 3,153).
SiO?, TiO?’, APO? FeO: FeO. MnO. MgO. CaO. NVU, K0. EF. H?0. F,. Total
ts. 93,92 0,97: 2,59 12,00 9,04 0,79. 14,74 H90 pail 1,43 0,99 0,41 n.d, 99,91
Hd 84,10 0,42 1,00 133,02 $ og Ad, 12,81 3,82 5,24 0,94 0,12 0,12 0,31 99,99:
Cette amphibole, dont la composition sera discutée ailleurs, constitue le premier
terme d’un groupe distinct, intermédiaire entre ceux de la richterite, de l’imerinite et
des glaucophanes, Il poe nécessaire de la désigner par un nom n pron, d'autant plus,
C) Dans le livre de M. H. We na: où sont réunies toules les jaolt modia
de roches éruptives, le type (1.5.1.2) dont il sera question plus loin n’est représenté
que par une seule analyse et le type (111.5.1.2) par cinq.
596 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'à à l’inverse des amphiboles voisines, elle se rencontre dans des roches éruptives:
j'emploierai celui de torendrikite, tiré de Torendrika, localité de la vallée de l’Imorona.
Les roches qui vont nous occuper tout d’abord sont des syénites peu ou pas
quartzifères ; le type le moins potassique se trouve entre Ambohimanatahotra
et Marovoalavo. Son microcline est corrodé par de l’albite et associé à de
l’albite indépendante : ces feldspaths englobent de l’ægyrine orientée sur
des baguettes de torendrikite. Il existe de gros octaëdres zonés de zircon et de
la magnétite. Cette syénite présente des traces de structure granoblastique;
elle est en relation avec des pegmatites qui forment des veines irrégulières,
plutôt que des filons, tantôt à très grands éléments et tantôt aplitiques; le
quartz y est rare ou absent. Tandis que les aplites sont intactes (ouest
d'Ifasina) dans les pegmatites, au contraire, les feldspath sont rarement
conservés, ils sont le plus souvent transformés en calcédoine caverneuse et les
minéraux qu'ils accompagnent : œægyrine, torendrikite, biotite, bastnaéste,
ischeffkinite, magnétite, hématite gisent dans la terre rouge en fragments de
plusieurs centimètres de longueur. Ils semblent avoir été très irrégulièrement
distribués et concentrés en certains points. La netteté des faces de la tscheff-
kinite, l'existence d’agrégats miarolitiques de bastnaésite et d’hématite
font penser que la roche fraiche devait renfermer des druses.
Des phénomènes pneumatolytiques ont caractérisé la dernière phase de sa forma-
tion, car les cristaux de tscheffkinite sont fréquemment transformés périphériquement
en une croûte verdâtre, fibreuse, de rutile et d’ilménite enveloppés dans de la bast-
naésite et du quartz et sur ces pseudomorphoses sont implantés des cristaux drusiques
de quartz, de magnétile et d'hématite. Mélangées à ces minéraux, se trouvent dans les
éluvions des masses finement grenues d’apatite englobant des lames de biotite et de
gros octaèdres de magnétite. Il existe aussi des blocs d’une barytine strontianifère
grenue; il faut rapprocher de ce fait que l'examen spectroscopique de la torendrikite y
révèle des traces de baryum et de strontium et, d'autre part, que la célestite, l'amba-
toarinite (carbonate basique de strontium et de cérium) et la monazite ont été formées
par métamorphisme dans les calcaires cristallins métamorphisés par le granite
d’Ambatoarina, localilé qui n’est pas très éloignée de celle qui nous occupe. Les
pegmatites syénitiques de l’Imorona ne sont pas sans analogie avec celles de Narsarsuk
(Groenland) qui renferment aussi, parmi de nombreux minéraux spéciaux d'o rigine
pneumatofytique, des fuoparhonete cériques [ parisite (‘) (synchisite) et sa variété
barytique, la cordylite | associés à l'ægyrine.
D marrer ect etienne PE ES, |
(*) La parisile existe aussi, mais comme rareté, dans l’Imorona, ainsi que la mona-
zite, dont j'ai vu un cristal translucide présentant un développement exceptionnel :
allongé suivant laxe b, ce cristal présente P 001), o! (104), at (101), g! (010) domi-
1
nants, avec, en outre, e?(012), e' (011), e *(021), b (Hi).
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 597
À Ambatofinandrahana, se trouve une roche à grain fin, syénite à micro-
cline et albite, assez riche en torindrikite eten biotite, traversée par un filon
à grands éléments de même composition qualitative, mais beaucoup plus
riche en microcline et, par suite, beaucoup plus potassique (analyses bete)
et en outre plus leucocrate; par contre, sur ses bords, ce filon renferme des
accumulations de torindrikite fibrolamellaire presque pure. Localement,
chacun de cristaux de microcline, gris de fumée, est encerclé par une
zone blanche d’albite granoblastique, constituant le premier stade d’une
transformation dont les termes plus évolués s'observent dans les roches
suivantes.
C’est aux environs de Bedihy (vallée de l’Antanimbarimpianina, affluent
de l’Imorona) que se rencontrent des roches à grain fin, présentant tous les
intermédiaires entre une syénite presque intacte, des types pseudo-por-
phyriques, dans lesquels des débris de microcline jouent le rôle de phéno-
cristaux au milieu d’une pâte finement granoblastique recristallisée, et enfin
de véritables leptynites syénitiques, dans lesquelles n'existe plus aucun
minéral primordial intact. Le microcline prédomine et l’albite, en cristaux
indépendants, est exceptionnelle. Il existe toujours peu ou prou d’un minéral
coloré, torindrikite bleu foncé (à Amparibé) ou amphibole bleu verdâtre
moins dispersive, avec fréquemment en outre de l’ægyrine, de l'augite
ægyrinique ou de la biotite, qui, exceptionnellement, existe seule, à l'exclu-
sion de l’amphibole. Comme minéraux accessoires, il faut citer l’allanite,
l’épidote, l’apatite, le sphène, la muscovite, un grenat et du quartz.
En outre de ces roches caractérisées par des métasilicates alcalins, ìl
existe dans d’autres gisements des aplites syénitiques contenant, comme
constituant accessoire principal, de la biotite et de la muscovite; un filon
(6% ouest d'Andohatsindra) est remarquable par les actions pneumato-
lytiques qui ont développé sur ses épontes, soit une grande quantité de
larges lames de muscovite, de cristaux de tourmaline et d’hématite riche
en inclusions de rutile, soit une roche formée de fines paillettes de biotite
englobant de gros prismes de tourmaline noire. A 3™ au sud d'Ambato-
finandrahana, se trouve une aplite syénitique analogue dont le micro-
cline, en cristaux maclés suivant la loi de Carlsbad, est aplati et simule
de gros microlites; elle est imprégnée de galène argentifère et de pyrite
aurifère.
Toutes ces syénites sont très leucocrates, mais à 1” d'Itorendrika,ilexiste
une roche pseudo-porphyrique, dans laquelle des débris de grands cristaux
598 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de microcline schillérisé, maclé suivant les lois de Carlsbad et de Baveno,
sont enveloppés dans un agrégat granoblastique d’albite, avec de lapatite
et beaucoup de biotite. Au nord d'A mbatofinandrahana enfin, se trouve un
type très mélanocrate de minette à pyroxène.
Les analyses données plus loin, faites par M. Raoult, mettent en évidence
une série remarquable par la prédominance, souvent considérable, de la
potasse sur la soude, sauf dans la syénite dont il a été question en premier
lieu (analyse p) et qui établit le passage à des types sodiques qui seront
étudiés ultérieurement.
Ici une observation d'ordre général est nécessaire; la présence de métasilicates
sodiques dans une roche est d'ordinaire attachée à l'idée de richesse en soude; la
discussion de ces analyses montre que cette notion n’est pas nécessairement exacte;
pour qu'une roche renferme des silicates sodiques, il est nécessaire et suffisant qu’elle
renferme de la soude non feldspathisable; ce résultat est obtenu même avec une petite
quantité de soude si le nombre des molécules de potasse s'approche de celui des molé-
cules d'alumine; dans ces conditions, la soude, ne pouvant être entièrement feldspa-
thisée, entre dans la constitution d'éléments colorés. Il résulte de cette remarque la
conclusion que, même dans les roches alcalines, la nature du feldspath est une
caractéristique plus essentielle que celle des minéraux ferrugineux, Plusieurs des
roches analysées ci-contre, que, dans les classifications actuellement en usage, l’on
serait tenté de distinguer les unes des autres à cause de la différence de nature de
leurs éléments colorés, ont en réalité une composition chimique extrêmement voisine -
et ne doivent pas être séparées.
Il me reste à m'occuper de quelques syénites néphéliniques faisant
partie de celte même série et présentant la même caractéristique chi-
mique, avec la même abondance du microcline. Le fond de la vallée
de l’Itsindra est occupé par un vaste massif de gabbro que traversent des
filons de ces syénites néphéliniques; l’une à gros grain (près de Tsarata-
nana, en aval d’Andoatsindra) est constituée par de grandes plages de
microcline, englobant des cristaux de néphéline, d'ægyrine, de biotite et
de mélanite, La néphéline et le microcline sont associés comme le quartz
et les feldspaths dans les pegmatites graphiques, la néphéline forme les
prismes hexagonaux aplatis suivant la base et groupés en grand nombre à
axes parallèles dans une même plage feldspathique. Le second type, à
grain fin, est plus riche en éléments colorés; son microcline est aplati et
simule des microlites; la néphéline est criblée de longues aiguilles et de
petits grains d’acmite, Les analyses montrent la grande prédominance de
la potasse sur la soude; ces roches offrent une analogie chimique remar-
quable avec les borolanites d'Assynt en Écosse, renfermant comme elles du
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 599
grenat mélonite et dont la forme effusive est constituée par des roches à leucite
(leucitphonolites).
ANALYSES. — Syénites A torindrikite : a. 2*1 sud Bedihy, I(H).4'.3(2).2
b. Est d'Ambatofinandrahana (filon à gros grain dans ¢), 1.5.1.2; c. Idem
(grain fin), [1.5.1.3; d. Syénite à pyroxene, Bedihy, I(I).5.1(2).2;
e. Syénite aplitique à biotite, Andohatsindra, I(IP).5.(1)2.2; f. Microsyénite
à biotite et ar postes schillérisée, vive gauche de l'Ivato, près Ambatofange-
hana, ['.5.(1)2.2'; g. Syénite à torindrikite, Amparibé, H.(4)5.1.2(3);
À. Pre syéntiique à nucas, 1% ouest Torendrika, 1(I).5.1(2).'3;
t. Aplite syénitique, ouest d'Ifasina, 11.(4)5.1.2(3); J. Syénite à biotite et
muscoçite, 3% sud Ambatoñtititahaus l.5.1.3; #. Syénite quartzifére
à biotite, sources de l’Itsindra, (1)I.(4)5.1.3; í Syénite quartzi fre à
biotite, aval de Torendrika, I1.5.1.3; m. Minette, nord d'Ambatofinan-
drahana, IH .5’.2(3); n. Syénites néphéliniques de Y'isindra, près Tsara-
tanana, "I. 6.1.3; 0. amont d'Ambinda, 1.6.1.3; p. Syénite à ægyrine
el torindrikite, entre Ambohimanatahotra et Marovoalavo, ICI). 5 sd
a. b. č; d. e: PAR Tee ee h. i
S10?...,, 64,98 62,68. 60,98 61,74 58,42: 56,98 62,30 56,48 : 6o,7a
AOL. AA 18:76) 38,09 0:02: 18:02 : 20,80 13,00- 16,79: 15789
PeO a,6i ai "39 dat ©: 6,50 8,86 4,6%. 3,96 5,2%
Tee, 1,59 ‘008 2,03 dg 1,07 #29 1,20 4,15 1,28
MEO, 1,94 0,91 3,21 1491 0,97 2,05 2,21 2,46 0,72
(PTS er 2,78 E,22 3,84 4,38 1,6! nc: 8,70 2,28 2,02
Nat O inxs 2,19 2,86 4,92 2,04 2,12 2,49 3,07 371 5,17
HO. as 8i "ira 5,65 9,59. .10,60 . \ 8,11 8,05 8,26 7,87
AU 0,19 tr. 1,03 6:07 106 37. OAI 0,58 0,61 0,39
pr 0,61 0,44 0,34 0,25 0,6 0,76 0,10 0,59 0,29
Ho) + Fr ar 0,59 0,21 0,41 0,33 0,49 AT 0,19 0,63
T » tr 0,18 » 0,21 0,23 a,16 0,04
CO » » 0,39 » » 0,53 » Zo »
pe a ‘à O a es O ess
99,87 99,84 100,11(!) 100,19 99,81 99,89 (?) 100 100,53 (3) 100, Too, 13 (°) 106,2 100,29
600 ACADÉMIE DES SCIENCES.
KE k. p: m. n. 0. p.
STONE 61,02 60,98 63,54 48,68 52,66 54,00 65,16
Al203.. 17,02 15,49 14,23 13:33 20, 10 18,22 15, 44
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LAS LP RTE 1,91 1:97 1,28 5,39 1,67 F5 0,69
MEO Eire: 0,75 1,43 1,01 13,24 1,36 0,91 0,76
GTO 0,68 1,08 >,04 6,66 3,64 4,72 2:30
Na Goraino 5,29 3,87 kt » ,26 4:71 1,85 6,67
Mer 7,09 6,72 6,49 4,71 10,11 9,61 5,07
NÉE LEURS DU 0,76 0,61 0,58 1,10 0,54 0,66 0,51
POR a ees 0,09 „ŜI 0,69 o,6t 0,53 0,06
H20 | + 0,93 0,84 0,54 0,49 AY 0,31 r
l A 0,12 0,09 orri 0,24 0,05 0,15
COR AT 0,45 0,34 » 0,41
100,04(!) 100,30 100,34 100,40(?) 100,07(3) ‘100, ,25 100,35
ASTRONOMIE. — Corrections des signaux horaires normaux émis par le
Bureau international de Heure du 1° janvier au 19 mars 1920.
Note (‘) de M. G. Bicourpax.
La troisième conférence des Académies scientifiques alliées et associées,
tenue à Bruxelles du 18 au 28 juillet 1919, a constitué le Conseil interna-
tional de Recherches, qui a lui-même adopté diverses Unions internationales
en sanctionnant leurs statuts.
Au nombre de ces Unions est l'Union astronomique internationale, qui a
nommé dans son sein des Commissions, actuellement au nombre de 52, et
dont la 31° est la Commission internationale de } Heure(); celle-ci est régie par
un règlement intérieur adopté le 26 juillet 1919, en séance plénière de
l’Union astronomique internationale.
Son Bureau se compose d’un Présidént, d’un Vice-Président et d’un
Secrétaire général, élus par la Commission elle-même.
L'objet de cette 31° Commission est « l'unification de l’heure par l'envoi
de signaux... »; et à cet cffet on a constitué un Bureau international de
l Heure, établi à Observatoire national de Paris.
(') Ma O 0,20.
(?) Fo,1g.
(5) CO? 0,28.
(*) Séance du 9 août 1920.
(5) Cette 31° Commission, dont le siège est à Paris, a été ainsi constituée à Bruxelles
(26 juillet 1919) : Président : M. R.-A. Sampson. — Membres: MM. B. Baillaud,
G. Bigourdan, G. Celoria, F.-W. Dyson, général Ferrié, J,-A. Hoogewerff, S.-S. Hough,
G. Lecointe, H, Philippot, — Depuis elle s’est adjal M, R. M. Stewart.
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 601
Ce Bureau international de Heure se trouve ainsi substitué à un précé-
dent Bureau de même nom, établi par des Conférences internationales de
l’Heure tenues à Paris en 1912 et 1913, principalement par la dernière ;
celle-ci avait adopté, pour une « Association internationale de Heure», un
projet de Convention ct de Statuts dont la guerre de 1914 a empêché la
ratification.
Cette Association devait avoir quatre organes (art. 2 du projet) :
a. L'Assemblée générale ; c. Le Comité;
b. Le Conseil permanent; d. Le Bureau international de l'Heure.
L’Article 5 du projet de Statuts portait :
« Le Président, le Vice-Président, le Secrétaire général de l Association
internationale, ainsi que le Directeur du Bureau international sont élus en
Assemblée générale.
L'organisation actuelle est plus simple, car I’ « Association internatio-
nale » prévue est remplacée par une Commission, dont le Secrétaire
général est en même temps Directeur du Bureau de l Heure.
Le premier Bureau international de l’Heure, établi par les Statuts qui
n'ont pas été ratifiés, a fonctionné constamment ('), même au plus fort de
la guerre, sous la direction de M. B. Baillaud, qui, élu président de l'Union
astronomique internationale (juillet 1919), s’est démis de ses fonctions de
Directeur du Bureau; et sur sa proposition la Commission m'a désigné
pour diriger le nouveau Bureau international de l’ Heure à partir du 1°" jan-
vier 1920. C’est à ce titre que je donne ici les corrections Re des
signaux normaux (2 ) émis par ce Bureau.
M. B. Baillaud me prie de dire qu’il espère publier au Bulletin astrono-
iE dès le début de 1921, un rapport général sur le service de PHeure
jusqu’au 31 décembre 1919.
Les signaux sont envoyés par l'intermédiaire du poste de radiotélé-
(*) L'émission de signaux radiotélégraphiques de l'heure a été établie à Paris, à la
Suite d’un vœu émis par le Bureau des Longitudes le 13 mai 1908; elle débuta au
commencement de 1910, et a toujours fonctionné depuis comme service de l'Observa-
toire de Paris. Voir Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1914, p. B.7
(?) En vue de répondre à des besoins momentanés, ou de résoudre RTE Í gues-
tions spéciales, l’ancien et le nouveau Bureau de l'Heure ont souvent émis provisoire-
ment d’autres signaux. En ce moment le Bureau envoie, depuis le 7 avril 1920,
et en émissions musicales, des signaux scientifiques provisoires vers 10}. 30% et
vers 23h,om,
602 ACADÉMIE DES SCIENCES.
graphie militaire (*) établi en sous-sol, au Champ de Mars, près de la
Tour Eiffel, qui lui sert de porte-antenne.
Voici les heures de ces signaux normaux actuels, en temps moyen civil
de Greenwich, le seul employé ici, sauf avis contraire.
Mati { 9"55"35° à rotomos Signaux ordinaires, entièrement automatiques.
atin . ; ; e ; :
|. 1ob44™ à ro49™ Signaux ordinaires, partiellement automatiques.
; | Vers 23r 30" Signaux scientifiques ou rythmés.
SO :: |
23b 44m à 23h49" Signaux ordinaires, partiellement automatiques.
On voit que ces signaux sont de deux espèces: les signaux dits ordinaires
et les signaux scienti fiques ou rythmés.
Les premiers furent d’abord les seuls que l’on eût en vue; ils étaient
destinés, comme aujourd’hui, à « répondre aux besoins de la navigation,
de la météorologie, de la sismologie, des chemins de fer, postes et télégra-
phes, des administrations publiques, horlogers, particuliers, etc. »; les
seconds sont destinés à donner l'heure avec toute la précision dont sa déter-
mination même est susceptible dans les observatoires les mieux outillés.
= Les signaux ordinaires dont les uns sont entièrement automatiques,
tandis que les autres ne le sont que partiellement. Les signaux scientifiques
sont tous donnés automatiquement. |
Les signaux ordinaires entièrement automatiques sont commandés par
des appareils spéciaux (appareil Belin — appareil Brillié-Leroy), placés au
Bureau de l'Heure qui veille à leur réglage. La commande des émissions se
fait électriquement, par le moyen de fils souterrains reliant l'Observatoire
au poste de T.S.F. du Champ-de-Mars.
Dans les signaux ordinaires partiellement automatiques, la plupart
des signaux sont donnés à la main, comme pour avertir, et l’on ne doit
regarder comme signaux horaires proprement dits que ceux de
45" 08,0 — 47™ oë, 0 — {90,0
ce sont les seuls commandés aut ti ar ee
t. moyen), placée dans le Bureau de l’'Heure à l'Observatoire et mise à
l'heure exacte, fournie par la pendule sidérale 1185 Leroy fréquemment
comparée à la pendule directrice des caves.
Dans des cas fort rares il se produit des écarts accidentels qui ne
sont pre le fait du Bureau et qui sont indiqués par des Notes; les
LÉ oa a
(1) Ce poste de radiotélégraphie militaire est sous les ordres de M. le commandant
Jullien. Il a été longtemps dirigé par M. le Colonel Ferrié, aujourd'hui Général, quiaeu
une très grande part dans l’organisation et le fonctionnement des services horaires
radiotélégraphiques.
SÉANCE- DU 4 OCTOBRE 1920. 603
corrections nécessitées par ces écarts s'ajoutent à celles du Tableau I.
Enfin les signaux scientifiques sont émis d’une manière continue pendant
5 minutes environ, et sont commandés par une pendule ('), de sorte qu'ils
sont bien réguliers ou rythmes, ce qui permet leur observation très précise
par la méthode des coïncidences (°?
A cet effet, au lieu de les espacer exactement de 1 seconde, on leur donne
un intervalle bien régulier, de 1° moins 15/50 à très peu près, de sorte que,
si on les écoute en même temps que les battements d’une pendule à
secondes de temps moyen, ilse produit une coïncidence chaque 5o secondes
environ; c’est de ces coïncidences que l’on déduit l'heure très exacte.
Ces signaux scientifiques sont émis, nous l’avons dit, pendant 5 minutes,
ce qui comporte 300 battements ou tops; pour faciliter le comptage, on
supprime les tops 60, 120, 180 et 240.
Ces battements sont cntendde | à de grandes distances ; ils sont écoutés (°)
aussi au Bureau de l’'Heure, comparativement avec ceux d’une pendule de
temps moyen {*) qui est très sensiblement à l'heure et dont on connaît la
correction exacte. Les coincidences étant observées, on peut déterminer
l’heure précise de chaque top, et en particulier les heures du premier et du
dernier (300°).
Ce sont ces heures qui sont télégraphiées par T. S. F. aussitôt après la
fin des signaux ordinaires partiellement automatiques de 23/44" — 23°40",
sous la forme d’un groupe conventionnel de six chiffres.
Tous les signaux émis par le Bureau de l’Heure sont basés sur une heure
extrapolée, qui généralement devra donc être corrigée dans la suite. Cette
heure extrapolée est calculée au moyen des corrections de pendule C, obte-
(1) Cette pendule est placée à la Station radiotélégraphique du Champ-de-Mars.
C) Pour plus de détails, voir la brochure publiée par le Bureau des Longitudes
Sous ce titre : Réception des signaux radiotélésraphiques transmis par la Tour
Eiffel, 2° édition, Paris, 1913.
(C) Depuis quelque temps, un Ser wice d'étude établi à l'Observatoire de Paris
procède à l'enregistrement de tous les signaux horaires, tant de ceux de Paris que
des autres centres d'émission, Ce Service d'étude sera prochainement fondu dans le
Bureau international de l'Heure.
(+) C'est la même 1116 Leroy, celle qui commaude automatiquement les trois signaux
horaires de 45% o5 ,0— 470$ ,0 — 49"0*,0 des signaux partiellement automatiques. En
réalité, depuis le 7 avril 1920, après les signaux ordinaires partiellement automa-
tiques de 10h 44% — 10h4 19", le Bureau, envoie les heures des tops 1 et 300 des signaux
Scientifiques provisoires de roh30o"; et après les mêmes signaux de 23h hhm — 23% 49",
il envoie denx groupes de chiffres (au lieu d'un comme il est dit dans le texte}, l’un
précédé de ML (émission musicale, pour les signaux provisoires de 234), Pautre de RF
(émission ronflée pour les signaux scientifiques normaux de 23*30™).
+
604 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nues antérieurement à l'Observatoire de Paris, et des marches des pendules
.garde-temps du Bureau de l’Heure, déduites aussi des mêmes C, antérieurs.
Ce sont ces corrections de l'heure extrapolée que nous allons donner, en
nous basant uniquement sur les C, de l'Observatoire de Paris.
Par suite nos corrections pourront subir plus tard de très légères modifi-
cations pour deux raisons :
1° parce que la réduction définitive des observations d'heure de Paris
pourra donner des C, très légèrement différents ;
2° parce que d’ autres modifications, très légères aussi, pourront être indi-
quées par les déter tions d'heure faites dans d’autres Observatoires de lon-
gitude bien connue, ayant à la fois reçu nos signaux et déterminé l'heure (").
C'est sous le bénéfice de ces réserves que sont communiquées les correc-
tions ci-après.
Il n'y a pas lieu de donner les corrections des signaux ordinaires entière-
ment automatiques (9"56" — 4"59") dont la précision varie légèrement
d’un signal à l’autre d’après la perfection des appareils émetteurs spéciaux;
le Bureau se borne à constater que leur correction est inférieure à 4 de
seconde, ainsi qu’on l'avait demandé d’abord.
Les seules corrections que nous ayons à donner sont donc :
° celles des signaux ordinaires partiellement automatiques du matin et
du soir (tops de 45™05,0 — 47" 0,0 — 49"0,o). Voir Tableau IT ci-après.
Celles du soir sont généralement identiques aux corrections des signaux
scientifiques (Tableau HT) : les différences proviennent de petites erreurs
de calcul sur l'heure des battements 1 ou 300 en temps de Greenwich, au
moyen des coïncidences observées;
2° celles des tops 1 et 300 des signaux scientifiques (°). Voir Tableaux IH
ci-après. È
Les exemples suivants préciseront au besoin le sens ds signes.
TascEau IT: Signaux ordinaires partiellement automatiques. — Jeudi 1° janvier
matin (1,4); correction ——0",19. Cela signifie que l'interruption produite par la
pendule 1116 Leroy t. moyen a eu lieu o$,r9 trop tôt c’est-à-dire à 595,81.
Tasieau Il : Signaux scientifiques de 23*3om; même jour janv. 1,9. Correc-
tion = — 05,20). — Les heures télégraphiées sont en avance de o*,20 sur le temps
moyen de Greenwich, et par suite exigent la correction — 0°,20. Les heures exactes
des battements 1 et 300 sont donc 23ha9"31%,64 et 23h34"24,53.
TH o EN Ce
(1) L'Observatoire de Greenwich vient de publier les résultats fournis par la récep-
tion d’un certain nombre de nos signaux. Voir Month. Not., vol. 80, p. 648.
(?) La correction d’un seul des tops, le premier ou le derio serait évidemment
insuffisante parce que l'intervalle des tops, qui est théoriquement de 3° —1*/50, varie
légèrement d’un jour à l’autre
Le 19 mars, à o"1
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920.
TABLEAU I.
CORRECTIONS DE LA PENDULE DIRECTRICE DES CAVES, ETC.
19", on a changé de pendule directrices
Le service de la détermination de l'heure a pour chef M. Simonin, Les AR
ont été faites par M. Viennet (V), astronome adjoint et par M. Derivière (D), stagiaire.
Les indications contenues dans les 5 colonnes de ce Tableau I sont les suivantes :
Corrections obtenues à divers instruments méridiens et communiquées
par M. B. Baillaud, Directeur de l'Observatoire; elles sont ramenées
au méridien du Grand Cercle méridien.
id. Heure sidérale locale pour laquelle sont données les C,..
Initiales des noms des observateurs.
Corrections de pendule adoptées, ramenées au méridien de Greenwich —
en prenant "215,04 pour la différence de longitude avec le Grand
Cercle méridien — et ramenées aussi à 21*36® t. m. civil; enfin on a
tenu compte des marches de divers garde-temps, ce qui a conduit à
Cr
— 3i 06
33,00
36,23
36,62
38,11
38,49
38,86
41,12
42, 26
42,64
43,01
43,77 /
44,29
AP AR
44,53
44,90
46,04
1 Dates et jours de la semaine.
2 Gi
3. T.sid
4. Obs“
J: G,
modifier légèrement Gp.
1920. C, T.sid. Obs”.
Janv. 29 —_ 9,98 oi D, V
Be. 006 A ON
16 © DS ST mes? FE À
179 15,94 "33. HN
21 y 17,02: 32 D, N
22 F: 17,42 : 3,4 D, V
23 9 1700 548.
29% 19,99 4,4 D y
Fev. OS 21,10 ND. P
24 2709 AO DEV
3 o n1,05 458 DV
ST. 22,69 : 3; «D
69... 2307 4,3-D,V
I: 33:49 : 48 DF
8 © 28,90 "3.0: D
11% 24,09: 94. D, Vy
150... —26,4r 4,4 D
— 47,91 |
1920. hi
Févr. 16-C:- —26 87
I Ov 29,21
197 28,00
23 € 20,66
Iie 30,06
28 b 31,71
PO. . 9119
Mars 1 (51.324,99
2%: 32,93
Fy 33,39
kg.. 33,79
59 34,22
8« 35,24
129 36,62
Ce. - 91,97
16... —38,04
T. sid.
h
4,7
4,8
4,8
Nous donnerons prochainement les corrections des signaux.
C. R.
; 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 14)
Obs".
47
j
i
C.
606 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — Sur la membrane de quelques Algues floridées
et sur la gélation de l'hydrosol gélosique. Note (') de M. C. Sauvaceau.
Les Kloridées indigènes utilisables comme source de gélose peuvent se
diviser en deux catégories : les unes du type Chondrus, les autres du type
Gelidium; pour que le sol des premières se prenne en masse par le refroi-
dissement, il faut, semble-t-il, une énorme quantité de micelles, tandis
qu'une minime quantité suffit au sol des secondes (?). Chez toutes, la
membrane possède la constitution celluloso-pectique et le mucilage est dù
à la gélification de ses parties pectiques, mais la membrane des espèces du
type Gelidium renferme, en outre, un élément colorable en violet par l'iode
(I, 1; KI, 2; H?O, 200) que, pour éviter des périphrases, je désigne ici du
vieux nom d’amyloïde ; cette coloration est instantanée; elle disparaît aussi
vite dans l’eau, pour reparaître de nouveau par l’iode; la réaction est ‘aussi
nette sur des échantillons secs que sur des plantes fraîches. Déjà Thuret
et Bornet (Gracilaria), A. Hansen (Gracilaria), Kolkwitz (Laurencia),
Henckel (Cystoclonium) ont vu l’iode colorer certaines membranes, mais
cette mention, faite incidemment, n’a guère attiré l'attention.
L’iode teint la cuticule et les assises périphériques du Gel. sesquipedale
en jaune, les fibres en jaune plus pâle et la majeure partie de la substance
intercellulaire corticale et médullaire en violet brun foncé; quand la paroi
propre des cellules médullaires est épaisse et stratifiée, elle se colore aussi
en violet. L’acide sulfurique décolore le tout, puis gonfle brusquement
la substance intercellulaire, colore les fibres et les membranes propres
en bleu. Les colorants pectiques teignent toute la substance intercellulaire,
mais inégalement, et les points les plus foncés ne sont pas ceux que Piode
colore le mieux. Les colorants cellulosiques teignent plus lentement les
fibres que les parois propres. Le liquide cupro-ammoniacal exalte tout
d’abord la colorabilité de lamyloïde; son action, même prolongée, ne
dissout pas les fibres, et ne dissout que partiellement la cellulose des parois
propres.
La cuisson diminue la consistance du Gelidium sans changer sa forme.
Le mucilage filtre à travers les assises périphériques et la cuticule; il est dù
Re D
(+) Séance du 27 septembre 1920.
(©) C. SauvaGeau, Sur des Algues marines oers indigènes pouvant fournir de
la gélose (Comptes rendus, t. ‘A, 1920, p. 5
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1420. 607
entièrement aux composés pectiques entraînant l’amyloïde. L’iode colore
en violet plus rouge la substance intercellulaire d'une plante simplement
ébouillantée. Dès le début de la cuisson, un peu de substance intercellulaire
suinte dans les cellules; les gouttes suintées ne fixent plus les réactifs pec-
tiques, mais l’iode les colore en violet rouge; l’iode et les réactifs pectiques
teignent la substance intercellulaire plus uniformément qu'avant; les fibres
ne se colorent plus en jaune par l’iode et les parois propres restent inco-
lores. Par une ébullition plus longue, la substance intercellulaire suinte
plus abondamment, remplit la lumière des cellules, puis filtre au dehors;
des dislocations intercellulaires apparaissent, et les lacunes se remplissent
aussi de gelée colorable en violet. La portion de la substance intercèllulaire
qui est restée en place se colore encore par l’iode, mais non plus par les
réactifs pectiques, hormis une mince pellicule au pourtour des cellules.
L'acide sulfurique décolore le tout, puis bleuit les fibres et les parois
propres comme avant l’ébullition. Une plante chauffée sept fois à 120° dans
de l’eau renouvelée, aÿant fourni chaque fois un sol gelable en masse,
élait une sorte de sac formé par la cuticule et par les assises périphé-
riques dans lequel gisaient les fibres et les cellules dissociées, intactes,
mais vidées du mucilage antérieurement suinté. L’hydrosol pectique
filtre donc, chargé d’amyloïde, à travers les parois cellulaires, comme
ferait la solution d’un cristalloide, Les Gel. attenuatum, cartilagineum,
crinale, latifolium, annosum, pusillum, Pterocladia capillacea, se com-
portent comme le Gel. sesquipedale avec des variantes de détail.
Le Gracilaria confervoides possède de très grandes cellules médullaires
et manque de fibres. Il se comporte vis-à-vis de l’iode et de l'acide sulfu-
rique à peu près comme les Gelidium et le réactif cupro-ammoniacal ne
dissout pas non plus toute sa cellulose. La paroi sous-cuticulaire, que
Piode colore en violet brun, se gonfle rapidement par la cuisson, soulève
et déchire la cuticule; la filtration du sol pectique, chargé d’amyloïde,
s'effectue à travers les assises périphériques qui restent liées entre elles et
constituent une sorte d’étui entourant les cellules médullaires plus ou
moins dissociées. Cinq autres espèces, examinées sur des fragments d’her-
bier : Gr. multipartita, dura, Curtissiæ, cervicornis et lichenoides, présentent
avec l’iode les mêmes réactions que le Gr. confervoides à quelques variantes
près. aie
L’ Ahnfeltia plicata comprend une écorce formée de très petites cellules
régulièrement disposées et une moelle qui a l'aspect d’un tissu scléreux.
Bien que son gel et sa phycocolle réagissent par l’iode comme ceux des
Gelidium et Gracilaria, les réactions histo-chimiques diffèrent.
`%
608 ACADÉMIE DES SCIENCES.
À la base des brins, l’iode jaunit toute la substance intercellulaire et une
partie des parois propres; l’acide sulfurique ne colore pas la substance
intercellulaire et bleuit les parois propres ; fait curieux, les colorants
pectiques se fixent uniquement sur les parois propres. Mais, après leau de
Javel, tout change; les réactifs pectiques colorent uniquement, et avec
intensité, toute la substance intercellulaire; l’iode teint celle-ci, et aussi
quelques parois propres médullaires, en violet brun ; l’acide sulfurique fait
virer pendant un instant au rouge brun tout ce qui était violet, puis le
décolore, et enfin les parois propres bleuissent. L’eau de Javel détruit donc
“ou dissout Ja substance qui masque l’ amyloide, o ou bien transforme partie!-
lement tes composés pectiques en amyloïde.
Au niveau où un anneau cortical unique, mais d'é épaisseur définitive,
entoure la moelle, les colorants peċtiques se fixent senlement sur la
substance intercellulaire; liode jaunit toute celle-ci, tandis que la plupart
des parois propres médullaires prennent une teinte violet påle. Après l’eau
de Javel, toute la substance intercellulaire se colore en violet brun et la
plupart des parois propres médullaires restent incolores. En mettant en
évidence l’amyloïde intercellulaire, l’eau de Javel a donc fait disparaitre
une partie de l'amyloïde des parois propres.
À 1°" du sommet des mêmes brins, l’iode colore directement toutes les
parois en violet très pâle, hormis la paroi sous-cuticulaire ; après l’eau de
Javel, le violet, un peu plus intense et rougeâtre, s’étend sur la paroi sous-
cuticulaire ý l’amyloïde y imprègne donc uniformément la membrane
celluloso-pectique et la modification qui le masquera n’a pas encore paru
ou est incomplète.
Chez les Porphyra laciniata et P. leucosticta, Algues rouges sans cellulose,
l’iode colore fortement en violet rouge la lamelle moyenne et ses épaissis-
sements dans la majeure partie de la “bise rhizoïdifère ; il agit de même tout
autour d’une cellule morte et au pourtour des solutions de continuité
(morsures de mollusques, nécroses plus étendues, etc.), comme si une
relation existait entre la réparation cellulaire et l'apparition de l’amyloïde.
Cela est facile à reproduire expérimentalement..
Parmi les espèces du groupe Chondrus, citées dans ma précédente Note,
seul l Hypnea conserve sa forme après la cuisson ; des ramules se détachent
aù ras du rameau, sans endommager l’assise Melia qui constitue la
membrane perinénble au mucilage: Or, l'iode ne colore rien en violet;
l'acide sulfurique donne une teinte brun rougeâtre à l’ensemble des parois
médullaires; bientôt, une lamelle moyenne ele se dessine, puis S€
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 609
gonfle, tandis que les parois propres se décolorent à leur tour pour ensuite
bleuir. j |
Les Laurencia pinnatifida et L. hybrida, avec lesquels je n’ai pas obtenu
de gel, se comportent de façon inconstante selon les individus, ou même
les différents points d’un même individu. Tantôt les membranes réagissent
directement par l’iode comme chez les Gelidium, tantôt seulement après
l'acide sulfurique, comme chez l'Hypnea. Cet amyloïde est done une
modification localisée ou généralisée des composés pectiques, qui s'effectue
sous une Influence non déterminée, et que l’acide sulfurique est capable
d'imiter. ;
La présence de l’amyloïde chez les espèces dont les sols se prennent en
masse par le refroidissement n’est peut-être qu'une coïncidence; néanmoins,
j'ai cru bon de la signaler; la connaissance de ce fait facilitera peut-être
l'explication du phénomène de la prise en masse des colloïdes.
ÉLECTIONS.
M. le Minisrre pe L'Evsrrucrion PUBLIQUE invite l'Académie à désigner
deux de ses membres qui devront occuper, dans le Conseil de perfection-
nement de l École Polytechnique, les places vacantes par suite de l'expiration
des pouvoirs de MM. C. Jordan et H. Le Chatelier, membres sortants,
rééligibles. a
MM. C. Jorpan et H. Le Cuareuer sont réélus par lunanimité des
. 39 suffrages.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrérame Perpéruez signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Leçons de Thermodynamique et de Chimie physique, par Tu. ve Doxver.
Première Partie : Théorie. (Présenté par M. H. Le Chatelier.)
2 Bibliographie des travaux scientifiques de M. Adolphe Carnot, par
D. Sinersky.
Gro ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. F. Hevmavs adresse des remerciments pour la distinction que l’Aca-
démie a accordée à ses travaux.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la détermination des fonctions de Green.
Note de M. Maurice GEVREY.
Étant donnée une équation aux dérivées partielles à caractéristiques
imaginaires, la résolution d’un problème aux limites au moyen d'une
fonction de Green, ou d’une fonction analogue (fonction de Neumann par
exemple), exige deux opérations : 1° calcul de la solution fondamentale de
l'équation adjointe; 2° calcul de la fonction de Green relative au contour
portant les données.
Le premier problème a été traité notamment par MM. Hadamard
(Annales de l'École Normale, 1904-1905) et E.-E. Levi (Rendiconti di
Palermo, 1907). Le second piobième n'est autre qu'un problème aux
limites da type même de celui qu'on s’est proposé au début : il se résoudra
onc par une méthode de calcul qui permettrait directement d’avoir la
solution cherchée. Toutefois, ce dernier calcul varierait avec les données,
tandis que la détermination g une fonction de Green, pour une équation
donnée, ne dépend que du contour.
Il y aurait donc avantage à obtenir la fonction de Green au moyen d’une
seule opération : c’est ce que nous allons nous proposer, en nous bornant,
dans cette première Note, aux équations du type elliptique du second
ordre et au cas où l’on se donne la valeur de la fonction inconnue sur
la frontière d’un domaine D borné (problème intérieur de Dirichlet
généralisé).
I. Equations à deux variables. — Quand la frontière C est un cercle de
rayon R, la fonction de Green relative à l'équation de Laplace Au = o est
> dà (2R — EAF
(1) GM, picia (2R dike 9).
d et ò étant les plus courtes distances des points P et II à C (r = PTI).
Soit maintenant l'équation
du
(2) Awt ai + bE + eu +f =o,
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 611
les coefficients étant fonctions de £, y et le contour C, portant les données,
étant quelconque. Pour déterminer la fonction de Green G(II, P),
solution de l'équation adjointe relativement au point H, nous utiliserons
la fonction (')
V(H, P)=£ Vr? + 4dù
1 X r
et nous mettrons G sous la forme (cf. Levi, loc. cit.)
(3) GAI, P)= VI, P) + f f VOI, M) 90, P) dow,
D
dwy étant l'élément du domaine D entourant M, et ọ une fonction inconnue
que nous obtiendrons en écrivant que G est solution de l’adjointe. Nous
trouvons ainsi une équâtion de la forme
(4) oli, P) + [ [xm M)o(M, P) dou = QI, P), |
Sep
, e # . . . . I J
Let K étant des fonctions connues qui deviennent infinies comme in © x’
La détermination de ọ se ramènera donc, au moyen d'itérations, à la
résolution d’une équation de Fredholm du type classique.
La méthode suppose que le contour C, qui peut se composer de plusieurs
courbes fermées, possède en chaque point une courbure finie, mais il peut
admettre des points anguleux à tangentes distinctes; les points de rebrous-
sement nécessitent un examen spécial. On peut également remplacer d (et è)
par une fonction k, infiniment petite avec d et telle que
dh\? 0h \?
FCI
sur C; ainsi, si C a pour équation f(x, y) —o (courbe algébrique par
exemple), on posera n;
ka Jr) (2).
Ve +
(1) I suffit que V ait cette forme quand IF et P sont dans le voisinage de S [de même
pour (6)].
(*) Quand G est un cercle, on remplace V par la fonction (1). Une représentation
conforme permettrait d'ailleurs de transformer la frontière en un cercle (ce qui
n'exige pas l'existence de la courbure), mais il ne serait alors pas plus long, pour
résoudre le problème de Dirichlet relatif à (2), de déterminer la fonction de Green
| 612 ACADÉMIE DES SCIENCES,
IT. Équations à n variables. — Soit l'équation
| d'u du
(5) dense docs +cu+f—=0 (asset
où les cocfficients sont fonctions de x,, æ,, ..., æ,. Nous supposons la
forme Ea;;X;X, définie et positive pour tous les points (æ,,...,x,) d'un
domaine D et nous voulons obtenir la fonction de Green G(I, P), solution
de l’adjointe par rapport à IT(E,,..., $a) et relative à la frontière S de D.
Pour cela nous poserons |
SH P)=ZA (D, ss A) CE Ti} mr),
A; étant le mineur de a; dans le déterminant des a, divisé par ce déter-
minant. Soit alors d
(6) v(i, P)=9
5
ir pi
2— (3 4so) ?,
g? étant le minimum de la fonction ZAalk— x) (Er — x) quand H reste
fixe et que le point P’(x’, ...,æ,) varie sur S, et s2 la quantité analogue
relative à P. La fonction de Green aura encore la forme (3), V étant cette
fois donnée par (6), et + sera solution d’une équation telle que (4), où
figurera une intégrale z-uple; des itérations nous ramèneront encore au
cas d’un noyau fini. |
Relativement aux coefficients de l'équation (3), la méthode suppose, .
outre l'existence de leurs dérivées figurant dans l’adjointe, qu'ils admettent
relativement à æ,,...,æ, des accroissements d’ordre non nul. On peut
d’ailleurs dans $ remplacer A alx, ...,æ,) par Anl kiray a) si les ax
admettent toutes leurs dérivées secondes. Quant à S, ses deux courbures
principales en chaque point sont supposées finies. Enfin s (ou c) peut dési-
gner une fonction infiniment petite avec d, distance de P à S, et telle que la
fonction F (s) = Xass, soit égale à un sur S. Si S ou une portion de S a
pour ker J Eise Za) = O (CAS dês surfaces algébriques), on posera
s—/fF(f) *, même si S admet des points coniques.
La méthode précédente s'applique aussi à l'équation linéaire à
variables sous sa forme générale, quand on ne veut pas la ramener à la
forme (2), ce qai exige un changement de variables revenant à la détermi-
nation de solutions pavukehe n de l'équation proposée.
deux
relative à G et à Au =o et d'employer soit les méthodes classiques, soit celle que j'ai
indiquée dans les Annales de l’École Normale (1918, p. 148) et qui réduit au
minimum les hypothèses sur les données et les coefficients.
s
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. s613
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques théorèmes de M. Rémoundos.
Note (') de M. Tatopore VaropouLos, transmise par M. Hadamard.
1. Dans une Note importante récemment publiée dans les Comptes
rendus (?), M. Rémoundos a communiqué des résultats nouveaux sur les
fonctions croissantes et les fonctions entières qui complètent en certains
points de vue des théorèmes bien connus. A la suite du cours supérieur
professé cette année à l'Université nationale d'Athènes sur ces sujets par
M. Rémoundos, je suis arrivé à compléter, sur certains points, ses
résultats.
J'ai obtenu les théorèmes suivants :
L. Si M(r) désigne une fonction croissante quelconque, j'établis l ’inégalité
(1) M’ (r) <M(r)logM(r) log. M(r)... logs M(r)[log,M(r)]'+?.
(où à est positif quelconque) satis faite à partir d’une valeur der, sai quelques
intervalles exceptionnels d'étendue négligeable inférieure à
"~ I
[ogM]
a étant positi f quelconque, et y aussi grand que l’on veut mais fixe.
L’inégalité (1) est évidemment plus avantageuse que l'inégalité
M'(r)<M(r)[logM(r)] +
donnée dans sa Note par M. Rémoundos, qui est un cas particulier de la
nòtre (1) correspondant à la valeur y = 1.
I. Sort une fonction entière
+
fla) =d t Asaa +...+ a+...
Si nous avons
; Jap Taur)
le module maximum m, (r) de la dérivée f'(z) satisfait à l'inégalité
(2) m,(r) < p(r)loga(r)...logag(r)[loge(r)] [gir],
gee O ._ s . , y ko j
où ò et n sont positifs quelconques, Y aussi grand que Uon veut mais fixe,
(+) Séance du 13 septembre 1920.
(°) G. Rimouxnos, Sur les fonctions croissantes et les fonctions entières, t. 170,
1920, p. 829.
614 ACADÉMIE DES SCIENCES
et g(r)} est la fonction de M. Rémoundos, dont il se sert dans sa Note citée plus
haut.
S'il y a des intervalles exceptionnels, leur étendue totale est négligeable.
L'inégalité (2) est plus avantageuse que l'inégalité correspondante de
M. Rémoundos. ;
UT. Enfin je réussis à remplacer l'inégalité (2) par la suivante :
mr) <u(r)[q(r)1+ (à > o quelconque),
dans laquelle ne figurent plus les facteurs logarithmiques.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — (Généralisation d’un théorème de M. Leau relatif
à la recherche des points singuliers d’une fonction définie par une série de
Taylor. Note de M. J. Soura, présentée par M. Hadamard.
1. Soit la fonction ọ(¢) SD ar qui, dans le plan de la variable /, n'a
0
pas d’autre singularité à distance finie que t= 1, étant entendu que les
chemins suivis pour effectuer le prolongement analytique ne font le tour
d’aucun point singulier. Je suppose de plus qu’il existe un exposant positif #
inférieur à 1, tel que (1 — 1) (t) garde un module borné au voisinage de
= 1.
M. Leau a montré ('), comme conséquence du théorème de M. Hadamard
sur la multiplication des singularités, que la fonction p g(a,)l" n’a que le
point singulier 1 à distance finie si g(u) est fonction entière de u.
On peut démontrer que le résultat subsiste si z(u) est fonction holo-
morphe de u pour u = o èt pour u = a,(n—1,2,.
Pour faire la démonstration, j’emploie un procedi indiqué (?) par
M. Borel. Je considère un contour c contenant à son intérieur les points @,
et l’origine, qui dans le cas actuel est leur seul point limite. Je démontre
que, si le point u parcourt s, la fonction i
E i
(z, u) =Y rame
U — ay
(1) Leau, Bull. Soc. math. de France, t. 26, p. 267.
(?) Borer, Comptes rendus, t. 127, 1898, p. 1001.
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 615
n a pas d’autre point singulier en #, que ¿= 1. De plus, si ¿ reste dans un
domaine D borné, ne faisant pas le tour du point 1 et dont tous les points
sont à une distance du point 1 supérieure à une quantité fixe, le module de
(:,u) admet une borne qui ne dépend ni de z, ni de u. Le mode de
démonstration de M. Montel (') permet alors de voir que, si 4 fait partie
de D,
F(4)= — z Jet u)g(u) du
Zit
représente une fonction holomorphe de #, si g(u) est holomorphe sur øo et
à l'intérieur de ce contour. Or le développement de F(z) à l’origine est
F(4) re
2. J'indique rapidement comment on peut établir la proposition relative
à P(z, u) dont je viens de me servir. Je considère les fonctions
pit) = (t), mli)= ait: plt) Yati,
. ô my
et aussi |
de SNS Ge E
S| Zi ona
J
(z, uye (i r+: p
La démonstration est donc ramenée à l'étude de L(4, À).
Pour faire cette étude, je considère un contour (C) fermé, entourant
l’origine et convenablement choisi. Deux points æ et y parcourent C. La
fonction 1 peut être envisagée comme un noyau de Fredholm, et à
l'aide de la formule de Parseval je démontre que l'intégrale
I xr I pa
role a7]
o aN) 76)
T
existe et est égale à gs (2) De même, le n®™ noyau itéré de + (2)
i J
s TE 4
(') Monter, Leçons sur les séries de polynomes, p. 17.
616 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ceci permet de considérer HE à) comme le noyau résolvant de
zai] et les théorèmes de Fredholm permettent de trouver une borne
de p(z, à) + Par un choix convenable de C, on peut s'arranger pour que
à.
TL À ai
t = 4 parcoure un domaine aussi étendu qu'on le veut quand x et y par-
courent C et c’est ainsi que l’on obtient un domaine D qui peut comprendre
tout plan du point autre que 1, où (4, À) ést bornée et holomorphe.
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur les équations intrinsèques du mouvement
d’un corps solide. Note de M. Ax. Bicimovrren, présentée par M. Appell.
Nous désignerons par (A, B), [ A, B] les produits scalaire et vectoriel
des vecteurs A et B. Posons B = u, où u est un ort, c’est-à-dire un vecteur
de longueur unité. En différentiant (A, u) nous recevrons la formule
suivante :
À cos(À, u)— RA, u) — (A, u)
ii s kad
pour la projection d’une dérivée géométrique À sur une direction, en
général variable, donnée par son ort u.
Les Or Ses de la quantité de mouvement et du moment des quantités
de mouvement dans le cas où ce moment est pris autour d'un point
mobile M s'expriment par les égalités géométriques suivantes :
M=F +R, SM [vo M] = LWA,
où M est la quantité de mouvement d’un système matériel, G™ le moment
des quantités de mouvement autour du point M, vy, la vitesse de ce point,
F et R les sommes géométriques des forces et des réactions, L® et A™ les
moments des forces et des réactions autour du même point M.
Des équations géométriques en projetant sur quelque direction u, en
général variable, nous recevrons les équations scalaires :
Fée
M: uj— (M, u)= (F, uj+ (R, u),
d
F(C”, u) — (G, u) + (Lou, M], u) =(L™, u) + (AM, u).
Si l'ort u prend trois valeurs u,, Us, u, non complanaires, alors six ega-
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 617
L 1
lités scalaires sont les équations du mouvement d’un corps solide par rap-
port à un trièdre arbitraire Mu,, Uz, u,.
Dans ce qui suit nous utiliserons un principe général de la construction
des axes u,, u,, u,. Prenons quelque direction variable u et posons u, = u;
laxe u, (dirigeons sur la direction de la dérivée géométrique u), qui est
w : 0 hr ` y , `
toujours orthogonal àu,, doncu, = (u) u, où uest égale à la longueur du
vecteur u; enfin, posons u, = [u,, u, |. L’ort u nous l'appellerons l'ort PRE
damental, et le dire Mu,,u,, u, le trièdre fondamental.
Tutortme. — Les projections des dérivées géométriques U,, Us, U, sur les
axes U,, liz, Uz, qui tirent leur origine d’ort fondamental u sont
u(0, K u 0)» i u,(— K us 0, Lu), U3(0, — Lu, 0),
où
Kecu he A A | u, u |).
: Ki
Si la direction fondamentale est déterminée par un vecteur U avec une longueur
différente de l'unité, les quantités K uL, ont les expressions
Rose, L= RU, [Ù, Ü|),
k= U+ U? + U3, aer Ur VU) CC)
c'est-à-dire r
k= U et à [U, Ù].
Les équations du mouvement d’un corps solide par rapport à un trièdre
fondamental ont la forme
d?
mt MKE SF R i
dM,
dt
— CPR, + Pya M; — sus M = LM AP, (32
=F, + R;
n
RE M, L = F3+ Ra;
tia
+ aa — GM L, + vMi — fm M= LP AR,
daw
dt
dG
A
yy GP Lu + em Mr— mM, = apn A A;
ICI, par les indices 1, 2, 3 nous avons désigné les projections sur les axes 2,,
Uz, u, `
Si l'état cinématique du D est déterminé par ” vitesse v, d'un point À
618 ~ ACADÉMIE DES SCIENCES.
du corps et par la vitesse angulaire Q, la force vive a la forme
2T—Mri+2Mi(r,, [Q, p.])
+L? + LR? + TI Q2— 2M, Q di — 2 Ma Q 2 — ola 2; ds
où M est la masse du corps, p. le vecteur joignant le point A avec le centre
d'inertie, [,, par exemple, le moment d'inertie du corps aulour d’un axe
traversant par À et parallèle à l’axe u, et IL,, le produit d'inertie correspon-
dant. Les coordonnées des vecteurs M et G" sont liées de telle manière
avec la force vive:
OT oT
Mir g e. OMi Ja, + bM,— cM,,
GUN S + cM,— aM,, PET,
où a, b, c sont les coordonnées du point A par rapport au trièdre Mu, uty
Si la direction fondamentale se trouve dans la liaison étroite avec des
circonstances cinémaliques ou dynamiques du mouvement du corps, alors
on peut appeler les équations du mouvement (°) équations tntrinsèques.
Comme direction fondamentale peuvent être admis, par exemple : 1%une
droite du corps; 2° la vitesse d’un point quelconque A du corps, en parti-
culier du centre d'inertie du corps; 3° la vitesse angulaire; 4° la quantité
du mouvement du corps; 5° le moment des quantités de mouvement, en
supposant que ces directions ne sont pas invariables.
Dans le cas 2°, K, et L, sont égales : : K= Ko, L, = Zv,, où K est là
courbure et L la oo de la trajectoire di point A. Si le point À est le
centre d'inertie du corps, les premières équations du mouvement du corps
Me à
MT =F,+R;, Meter h, oS Ft R
_coïncident avec les équations intrinsèques du mouvement d’un point, don-
nées par L. Euler, parce que les axes u,, ua, u, sont: la tangente, la normale
principale et la binormale de la trajectoire de ce point. Il est évident que les
équations examinées, comme les équations de L. Euler, ont l'intérêt spécial
dans le cas où sont connues par avance ou quelques circonstances du mou-
vement, par exemple, si le corps est assujetti à des liaisons, vu quelques inté-
grales du mouvement.
: Nous étudions en détail les équations intrinsèques des cas 1° et 5° dans
un travail qui paraîtra dans un autre Recueil.
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 619
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur les forces hydrodynamiques dans des mou-
cements diferant entre eux par une rotation uniforme de tout l espace.
Note de M. Vicror Viccovic, présentée par M. Appell.
Dans une Note précédente (') j'ai établi le théorème suivant :
La résistance qu’oppose un fluide en repos à l'infini, au mouvement de trans-
lation U d’un solide 3 est égale à l'excès de la force que le même fluide exerce-
ratt sur X si celui-ci restait en repos et le fluide prenait la vitesse — U à l'infini,
À < : : 1 Mr 1 00
sur le produit de la masse M du fluide déplacé par X, par l'accélération TS
Le premier mouvement ne diffère évidemment du second que par la
translation du système entier (fluide et solide) de vitesse U.
Dans le même ordre d'idées, je me propose d’établir, dans ce qui suit,
un théorème analogue concernant la rotation d’un solide autour d’un axe
fixe, dans un fluide.
Soit Oz l’axe fixe autour duquel le solide £, immergé dans le fluide qui
remplit tout l’espace et qui est en repos à l'infini, tourne uniformément, la
vitesse angulaire étant w. Supposons que les axes Ox et O y soient invaria-
blement liés avec le solide : ils tournent, par exemple, dans le sens
positif autour de Os (de Ox vers O y) avec la même vitesse angulaire w.
La théorie du mouvement relatif nous enseigne que la forme des équations
du mouvement du fluide par rapport à ces axes mobiles est identique à la
forme qu’elles prendraient si les axes étaient en repos, à condition d’ajouter
aux forces extérieures deux forces fictives engendrées par l'entrainement.
Pour une particule fluide de masse m, située à la distance r de Os, l’une
des deux forces sera dirigée suivant la perpendiculaire à O s vers l'extérieur
et égale à + mro?, et l’autre aura pour projections sur les axes O x, Oy;
O3 respectivement 2MWV, — 2MWU et o. |
Si X, Y,Z signifient les composantes de la force extérieure appliquée à
l'unité de la masse du fluide, alors les équations du mouvement fluide par
v
(Comptes rendus, t. 458, 1914, p. 683). -
1 Cr $ Pare 5 ” í a ee . 2
(t!) Sur la résistance hydrodynamique dans le mouvement non uniforme
620 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rapport aux axes mobiles seront:
PART Le CRE à ee M, CEA = de + Au,
|7 0x "oy Jz j KEPEST
| ðv dv dv dv à 1 Op
d LS ME | PRES ss — Y Ai e nine k. Tr MES `
(1) k Fur SET + FF =Y + owy — 20u 5 nar Ae
d ow dw dw 1 Op
Te ess ai re AU es
E7 PTE AE a À Fi + y Aw,
en employant les notations habituelles et en supposant le fluide incompres-
sible. |
Mais le mouvement de rotation uniforme w du fluide autour de Oz dans
le sens de O y vers Ox, le solide E étant fixe, est donné par :
| du ou du ou. Cop
AE SN D
dv dv FOR -A
(2) Hiva Reg Po Ye SA,
dw ow dw dw 1 Op'
De D pe ogg VO
Comme les conditions aux limites dansles deux systèmes d'équations (1)
et (2) sont les mêmes, on obtiendra pour u,v,æ les mêmes valeurs à
condition que l'on ait :
a / :
Lop -Vp
3 PE V RARE
(3) dy dy PSY + 204,
op! _ dp
t07 2n 5
D'autre part, on sait que la force que le fluide exerce sur un élément dS
de la surface du solide E se compose de la pression pdS normale à cet
élément augmentée d’une force qui dépend uniquement des dérivées
spatiales de la vitesse. Il est évident que la seconde partie sera la même
dans les deux mouvements considérés; ce n’est que la première partie p dS
qui nous fournira une différence de trie
(p'—p}dS;
elle sera dirigée normalement à l'élément dS.
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 621
La projection sur Ox de la résultante totale de ces forces élémentaires
sera
fir prensa ds,
æ étant l'angle que la normale à dS, dirigée vers l'intérieur de X, fait avec O x;
lintėgrałe est étendue à toute la surface du solide.
En supposant que les relations (3) soient valables aussi à l’intérieur
de X et que ọ désigne la densité dans chaque point de ¥ si le solide était
remplacé par le fluide, nous aurons
fu pesaas= f f f(E — £ )azdyds
E nur ee
l'intégrale de volume étant étendue à tout l’espace intérieur à X.
Comme l'expression FI feoda dy dz est nulle, on en tire
| J (P'—p) 08 a 48 = Mutë,
M étant la masse du fluide qui prendrait la place de E et 5 $ l'abscisse de son
centre de gravité.
On obisndta une relation analogue dans la direction de O y en procédant
de la même façon; dans celle de Os la différence est nulle. Conclusions :
Le système des forces exercées sur un solide © par un fluide incompressible
qui tourne uniformement autour d'un axe fixe est équivalent au système des
Jorces exercées par le fluide en repos, sur le solide tournant en sens invi TSE
autour du même axe, ayec la même vitesse angulaire, si lon adjoint à a ce
dernier système la force centrifuge qu'aurait la masse du fluide déplacé par ¥,
dans le même mouvement dé rotation.
CHRONOMÉTRIE. — Les verges-lames et le problème du spiral cylindrique.
Note (') de M. Jures Anprane.
En attendant les progrès de la théorie mathématique des verges élastiques
gauches encastrées, on peut, dès aujourd’hui, signaler le cas particulier des
verges-lames dont l’étude sera probablement plus abordable.
nn een #
(*) Séance du 20 septembre 1920.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 14.) 48
622 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Une verge-lame est une verge dont la section transversale a deux dimen-
sions petites, mais d'ordres très différents de petitesse; dans une verge héli-
coïdale telle que le spiral cylindrique par exemple, l'épaisseur radiale £ est
beaucoup plus faible que la hauteur À de cette même section. C’est là une
circonstance très spéciale dont les problèmes chronométriques penan tirer
parti, comme cette Note va le montrer.
Sans accorder une confiance complète aux hypothèses de la résistance des
matériaux, on peut cependant en tirer profit dans l'évaluation de l’ordre de
grandeur tout au moins de certaines déformations élastiques; observons
donc que le moment d'inertie de flexion principale d’un spiral est, à son
moment géométrique polaire, dans un rapport qui est de l’ordre a en me
fondant sur cette remarque, j'applique les théorèmes dits de flexion et de
torsion; le premier nous donne en projection sur un plan transverse et en un
point quelconque du spiral
I
I u
(1) h ; no Kk gU s)],
olu, s) étant une fonction de l'écart u du balancier et de la distance s du.
point considéré de la fibre moyenne déformée projetée sur un plan trans-
verse; cette fonction est assez bien déterminée par la théorie de Résal-
Caspari; &(u, s) renferme = p: €n facteur.,
Le théorème dit de torsion nous donnera avec les rayons T, et T de
torsion
; I 1 i
(aF ; E a a AS
Bé étant un moment de torsion de l’ordre de; =; tout au plus; ne
pi H étant la
par ș ņ tangi; inclinaison primitive des spires étant égale à ;
kaaa du spiral.
On déduit de (1) et (2)
; Hoge
i eR P 7)
(5) TR
r+ pli + + ofu; s)] :
A g2 ur, é ' 1 ; á
le terme E est d'ordre supérieur à celui de ;;; en le négligeant nous
a
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 623
aurons, malgré notre ignorance de y,
Eei tangi
TBR
(4
I -+ E + Aa s)]
Cette formule achève la détermination de la déformation du spiral cylin-
drique; si l’on néglige encore la petitesse de; 5: On obtient une hélice tracée
sur un cylindre à génératrices de jee conservée, et dont la section
droite, pour u donnée, est une sorte d’ Topora représentée par les for-
mules de Caspari.
ASTRONOMIE. — Observations de Nova Cyceni. Note de M. A. Vera,
présentée par M. B. Baillaud.
L'Observatoire de Madrid a reçu le 23 août une dépêche annonçant une
Nova dans le Cygne, et pendant la soirée de même date ont été faites des
observations photométriques et spectroscopiques sur ladite étoile.
La position de la Nova, obtenue par M. Cos avec la lunette méridienne,
était à 9° du 24 août (+ M. Cr}:
De ED SM ICE,
Ô == 53°a8'an",
Les premières observations faites par MM. Jimenez et Reïg, depuis le 23,
avec le photomètre, donnèrent : ;
Grandeur
1920. t D., oboer COAN Observations.
Août 23...... ` aË 2,49 2,4
PRES AT ee 13,9 2,70 » Brumes. e
ar MEN 13,7 Je 99 2,2 Nuages.
di TO 8,6 1,96 1,9 ) Cirrus. ; i
E TN. 10,0 » 1,4 > Lo plus grand éclat est atteint parmi
Nic 1159 - 1:79 1,6 ) ces observations.
Dis T 2,26 » Cirrus; instable,
Nid ia 8.3 2:09 2,1 eau.
4h: 10,8 2,92 » »
BI EME S. 1,5 2,64 » »
ie PTE CT 10,5 2,09 2,6 Moyenne; beau.
Mises r:,9 3,91 » » »
LL PP ES tri 4,02 » » ,
&
62: ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour faire la comparaison de ces résultats avec la grandeur de la Nova,
J'ai obtenu des clichés photographiques: chaque jour dont l’état du ciel a
permis la photographie. A présent, je m'occupe de la mesure et réduction
des clichés et les résultats seront publiés à l’occasion.
Au voisinage du maximum d'éclat ont été faites des observations visuelles
de la grandeur de l'étoile, qu'on trouve dans le Tableau ci-dessus, afin de
les comparer avec les observations photométriques.
il résulte de cette comparaison que le maximum d'éclat eut lieu le 24 août
vers 10" T. M.G. et que ce maximum dut atteindre 1,4.
M. Carrasco, chargé des observations spectroscopiques, a obtenu deux
séries spectrales très nombreuses et complètes, qui permettent de suivre
l’évolution spectrale de la Nova. Il s’est servi d'une chambre prismatique
de Grubb de 20°% d'ouverture, avec un prisme de 20°, qui enregistrent la
région À 5000-3800, et une autre chambre Zeiss en verre U. V. avec un
prisme de 60° (en verre U. V. aussi) dans laquelle le spectre atteint jusqu à
34014,
Dans la nuit du 23 furent obtenus 6 spectres; le premier à 9" et le der-
nier à 13"5", lesquels, malgré l’état nuageux du ciel,sont excellents, et selon
qu’il a été annoncé télégraphiquement, montrent raies faibles d'absorption,
nettement des proto-éléments F, et T;; ils accusent aussi la présence de He;
les raies d'absorption de l'hydrogène sont intenses et bien définies, s’initiant
un léger renfort brillant dévié vers le rouge, circonstance qui s’accentue
nettement dans les spectrogrammes du 24, et qui sont montrées clairement
le 25 avec l’aspect classique des Novæ.
On poursuit ces études sans interruption, et les résultats seront opportu-
nément publiés,
SPECTROSCOPIE. — Sur les spectres d'absorption du phosphore pour les rayons +
Note de M. J. Bercexeren, transmise par M. E. Bouty.
En étudiant les spectres d'absorption de la série K pour diverses varièlés
de phosphore, j'ai trouvé une différence remarquable.
Les recherches ont été faites à l’aide d’un spectromètre à vide de
Siegbahn ('), le cristal tournant était du gypse; la fente, d’une largeur
d'environ o"",1 et dont la distance à laxe de rotation du cristal
ne ner
(1) M. SieGpann, Ann. der Phys., 4° série, t. 59, 1919.
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 625
était 120%%,1/4, se trouvait recouverte d’un morceau de baudruche, trempé
dans de lérythrosine ('). 1°" sur la plaque photographique correspond
ainsi, dans le domaine spectral en gea à 0,055 À.
Les recherches ont porté jusqu'ici sur le phosphate d’ammonium, le
phosphore noir de Bridgemann (°), l'acide phosphorique et le phosphore
rouge commercial. Les couches d'absorption, d’une épaisseur de 1"
à 2s de phosphore par centimètre carré, ont été déposées sur du papier
de soie noir très mince ou sur de la baudruche et placées entre la fente et
le cristal. L’anticathode était une petite plaque de tungstène, dont le
rayonnement se trouvait excité par un courant d'électrons de 30 à 8o milli-
ampères, dans un champ de 12000 à 16000 volts. Un temps de pose de 5
à 9 heures a suffi pour rendre visibles sur la plaque photographique les
limites d'absorption. En même temps on obtenait des lignes du rayonne-
ment caractéristique du tungstène, par exemple une ligne nette qui a été
reconnue comme la ligne Lx dans le spectre du quatrième ordre, et une
ligne diffuse qui appartient à la série M. J'ai employé ces lignes comme
repères.
Les longueurs d'onde des limites d'absorption sont différentes pour les
diverses variétés de phosphore. En prenant À = 1,471 À poor Ja ligne La
du tungstène, on trouve une longueur d'onde de 5,767 À A. pour le phos-
phore noir et de 5,750 À. pour l'acide phosphorique et le phosphate
d'ammonium. Pour enlever tout doute sur lexactitude de cette observation
assez étonnante j'ai modifié l’arrangement en plaçant, à 1%™ devant la
plaque photographique, une fenêtre recouverte de deux couches d’absorp-
tion juxtaposées, l’une de phosphore noir et l’autre d'acide phosphorique.
Les positions différentes des deux limites se dessinent clairement sur la
plaque.
Le spectre du phosphore rouge montre une limite double. La compo-
Sante extérieure est identique à celle du phosphore noir; la composante
extérieure, que j'attribue au phosphore jaune, coïncide, au moins Pere
mativement, avec celle de acide phosphorique.
Je crois que c’est la première fois que l’état chimique d’un elemen a été
(') E. HsaLmar, Zeitschr. f. Phys., 1920, p- pr ;
(°) The Journal of the Amer. Chem. Soc., t. 36, 1914, p. 1344. M. Bridgemann
avait bien voulu mettre à la disposition du laborato un peu du phosphore noir pour
servir à des recherches sur les spectres de rayons X.
626 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trouvé avoir une influence sur son spectre de rayons X. Dans le cas du
phosphore, il semble même que l’allotropic joue un plus grand rôle que ne
le font les combinaisons chimiques.
SPECCROSCOPIE. — Sur la structure fine des discontinuités d'absorption dans
les spectres de rayons X. Note de MM. M. pe Broce et A. Dauviczes,
transmise par M. E. Bouty.
Une Note de M. Bergengren, publiée ci-dessus, attire l'attention sur la
structure que peuvent présenter les phénomènes d'absorption des rayons X
au voisinage des têtes de bandes bien connues. M. Kossel (') a montré
comment la représentation que l’on se fait de l’émission et de l’absorption
des rayons X conduit à prévoir, dans un certain intervalle de fréquences
très petit et très voisin de la tête des bandes, la présence de lignes d’absorp-
tion. Cette complication des têtes de discontinuités devrait refléter les
phénomènes superficiels de l'atome, c’est-à-dire les liaisons chimiques,
celles de cohésion, et les diverses actions qui peuvent modifier les spectres
lumineux ordinaires; mais cette structure serait en général si fine qu’en
première approximation, les têtes de bandes se présenteraient sous l’aspect
simple qu'on leur connaît jusqu’à présent.
M. Stenström (?) a en effet trouvé quelque chose de semblable dans les
bandes M de l'uranium et du thorium et M. H. Frieke(*) dans les bandes K
des éléments légers.
L'un de nous (*) a remarqué sur plusieurs clichés de spectres une ligne
blanche ou une ligne noire (suivant que les bandes sont positives ou néga-
tives) bordant la tête de bande et correspondant à un maximum de trans-
parence de l'élément absorbant pour une longueur d’onde supérieure de
très peu au bord ordinaire de la bande; il s'ensuit que des bandes très
faibles peuvent prendre l’aspect de lignes un peu estompées. Au courant de
ces recherches la tension sous laquelle fonctionnait le tube à anticathode de
platine utilisé s’est trouvée comprise entre la tension critique du platine et
MER en te
(!) Zeitschrift für Physik, ty 4, 1920, p. 119.
(?) Dissertation, Lund, 1919.
(5) Phys. Rev. (septembre 1920).
(*) M. de Broglie (expériences non encore publiées : bandes de renforcement du
tungstène dans les photographies prises avec renforcateur de tungstate de calcium, et
bandes des terres rares}, i
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 627
celle du tungstène; la photographie était prise en utilisant un écran au
tungstate de calcium; dans ces conditions la bande sélective de renfor-
cement, due au tungstène de l'écran, était bien visible (preuve que la tension
critique du tungstène était dépassée) et aucune des raies K du platine
n'apparaissait, bien que leur longueur d'onde soit, pour le groupe &,
notablement plus grande que celle de la bande du tungstène; c'est une
vérification, portant en elle-même son enregistrement, des conclusions de
Webster sur le potentiel d'excitation des raies de la série K.
D’autre part, l’un de nous (') mesurant par la méthode d’ionisation Ja
position des discontinuités d'absorption K de l'argent a observé que l'in-
tensité des régions spectrales continues, filtrées de part et d'autre de ces
discontinuités, se traduisait par des courbes d'allure très différente. Du
côté des courtes longueurs d'onde, la courbe continue se raccordait à angle
vif avec la discontinuité, alors que cet angle n'apparaissait pas du côté
opposé, où il était remplacé par un palier de largeur angulaire un peu plus
grande que celle de la discontinuité et dénotant uné faible absorption supplé-
mentaire. Ce phénomène traduit donc la présence de raies d'absorption de
largent, situées immédiatement au delà du bord de sa bande K, et très
voisines de celle-ci. La méthode d'ionisation ne saurait permettre une
dispersion suffisante pour résoudre ces raies dans le cas étudié, mais elle
accuse l'existence d’un phénomène global nettement distinct de la disconti-
nuité proprement dite et confirme pleinement les idées de M. Kossel.
© Les différences remarquables obtenues par M. Bergengren sont
environ 5o fois plus petites, en longueur d'onde, que celles qui corres-
pondent, dans cette région spectrale, à un changement d’une unité dans le
nombre atomique; elles sont de l’ordre de grandeur des effets prévus par
Kossel, mais, comme le dit M. Bergengren, elles correspondent à des
modifications allotropiques et non à un effet de liaison chimique.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur le mécanisme des actions chimiques provoquées -
par les rayons X. Note de M. A. Dauvinmer, transmise par M. Bouty.
On sait, depuis les expériences de la C. T. R. Wilson, que les effets pro-
duits sur la matière par l'absorption des rayons X sont uniquement dus au
rayonnement corpusculaire qui en résulte. Or il nous semble qu'il est pos-
() A, Davvirzrer, Thèse, Paris 1920 (voir fig. 7 et 8).
$
L]
628 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sible de ramener à un type unique de réaction les phénornènes chimiques
qui constituent l’un de ces effets.
Il est d’abord remarquable que les seuls corps minéraux sensibles à lac-
tion de ces rayons soient des cristaux pour lesquels I. Langmuir, Born et
Landé, Debye et Sherrer, ont imaginé et prouvé l’existence d’une struc-
ture ionique. Toutes les autres substances sensibles : colloïdes, électrolytes,
verres, etc., contiennent également des ions. II semble dès lors que la cause
des actions chimiques réside dans la destruction des ions négatifs qui seuls,
peuvent perdre des électrons, par l'impact des électrons rapides constituant
le rayonnement corpusculaire. Les corpuscules lents expulsés neutralisent
les ions positifs voisins et des éléments électronégatifs et électropositifs sont
ainsi libérés à l’état atomique. Ceux-ci produisent des colorations dans les
substances solides ou visqueuses (cristaux et verres) et de véritables modi-
fications chimiques dans les milieux où ils sont mobiles (électrolytes).
Examinons à ce point de vue quelques-unes des réactions les plus connues
découvertes par M. P. Villard. |
La coloration violette prise par les verres alcalins, au lieu d’être due à
une oxydation du manganèse, le serait, suivant cette conception, à une neu-
tralisation des ions positifs, avec libération de l'élément alcalin à l’état ato-
mique, exactement de la même façon qu’un grand nombre de cristaux (syl-
vine, fluorine, etc.) sont colorés en violet par les rayons cathodiques.
Les propriétés photo-électriques des cristaux et des verres colorés s'expliquent dès
lors aisément et l'on peut même rendre compte de leur thermoluminescence en admet-
tant qu'il se produit (lorsqu'on les chauffe à une certaine température critique) une
brusque émission thermo-électronique à paitir des atomes électropositifs, avec ioni-
sation consécutive des deux types d'éléments libres et, par conséquent, émission de
lumière et retour à létat initial. On sait en effet que, dans ces conditions, ces subs-
tances se décolorent et recouvrent leur faculté de devenir fluorescentes. Ces phéno-
mènes nont plus lieu lorsque l'élément libéré ne possède pas un caractère électro-
positif suffisamment accentué (chrome, dans les corindons transformés en rubis par
les rayons X ou y).
La coloration brune acquise, sous cette influence, par les verres plom-
beux est due, d’une manière analogue, à la neutralisation des ions Pb**; la
réduction du silicate cuivrique en cuivreux, au passage des ions Currà
l’état Cu*; la réaction de Schwarz, à la transformation des ions mercu-
reux, cte.
Lévy (') a montré que l'effet Villard était dù à une destruction de
RO SE Eee
(!) Journ. of the Rôüntg. Soc., t: 12, 1916, p. 13.
*
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 629
la structure cristalline (sans déshydratation) des formes stéréoisomères
du Pt(CN)'Ba.4H°0. Cette question ne pourrait être définitivement
élucidée que par l'étude de ces cristaux par la méthode de Debye et
Sherrer. Mais on peut admettre que l'ion Pt, qui est l'élément le plus
absorbant du cristal, est réduit à l’état de platine atomique qui produit la
coloration.
On sait que ce phénomène, comme d'ailleurs toutes les actions chimiques
provoquées dans les cristaux et les verres par les rayons cathodiques, B,
Y, À et ultraviolets, s'accompagne de fluorescence et que la lumière émise
possède, inversement, la propriété d'effectuer la recombinaison. Nous
pensons que cette radiation agit, non plus par l'intermédiaire de corpus-
cules, mais bien directement et sur les atomes libres, seuls absorbants, en
provoquant un effet photo-électrique sélectif qui les transforme à nouveau
en ions. Les corpuscules libérés sont aussitôt fixés pour reformer les ions
négatifs.
Par exemple, lorsqu'on expose à la lumière le platinocyanure de baryum
coloré par les rayons X, il se produit, à partir des atomes de platine, un
effet photo-électrique qui les transforme en ions positifs, tandis que les
corpuscules lents expulsés se fixent sur les complexes CN qui, pour prendre
une configuration électronique stable dans le réseau cristallin, doivent y exister
sous forme d'ions (ONY i :
La lumière ne jouirait de propriétés antagonistes que lorsque l'élément
électropositif libéré serait photo-électriquement sensible dans le spectre de
fluorescence du milieu solide ou visqueux.
Ainsi toutes les propriétés chimiques des radiations énumérées plus haut
seraient dues à l’action destructive exercée sur les ions négatifs par des
corpuscules plus ou moins rapides (relation du quantum), alors que les
Propriétés antagonistes de la lumière de fluorescence (ultraviolette, visible
ou infra-rouge) le seraient à un effet photo-électrique, provoqué à partir
d'atomes normaux.
Ces réactions peuvent s'exprimer par l'équation de Perrin
+ i ++
Q+P-P'+ 0"
généralisée en y considérant P et P’ comme l'ion négatif et l’atome d’un
même élément électronégatif, Q comme le quantum abandonné à l'ion par
la réduction de vitesse subie par le corpuscule rapide, Q’ comme celui de
la radiation de fluorescence égal au travail d’ionisation de l'atome P’.
630 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Chaleur d’oxydation du glucinium.
Note de MM. H. Coraux et Cu, Pas, présentée par M. Haller,
Bien qu’on sache préparer, depuis longtemps déjà, du glucinium pur
par la méthode d’électrolyse ignée des fluoglucinates alcalins, due à
M. Lebeau ('), le glucinium est resté une curiosité de laboratoire, parce
que les conditions de l’électrolyse ne permettent de l'obtenir, ni abondam-
ment, ni sous une forme compacte. Le glucinium fond, en effet, à la tem-
pérature élevée de 1280° et ne peut pas se rassembler dans son bain d’élec-
trolyse; il y reste disséminé à l’état de paillettes qu'il faut isoler, après
refroidissement, par des épuisements assez laborieux.
D’autres méthodes de préparation ont-été essayées plus ou moins empi-
riquement au cours du temps, et peut-être certaines d’entre elles mérite-
raient-elles d’être reprises. Mais il serait bon de savoir d’abord comment
se classe le glucinium parmi les métaux très oxydables, en déterminant sa
chaleur d’oxydation, que nous n’avons trouvée mentionnée nulle part.
La mesure de cette constante fait l’objet du travail ici présenté.
Préparation de la poudre métallique. — Nous avons préparé le glucinium
en poudre par la méthode de Lebeau, telle que Fichter et ses élèves (*)
l'ont reprise et précisée dans certains de ses détails.
On compose le bain d’électrolyse en dissolvant, dans l'acide fluorhydrique, de la
glucine, puis du carbonate de sodium, en proportions correspondant au rapport,
moléculaire 2 GIF? : NaF. Ce mélange, qu'il faut évaporer à sec dans un récipient de
platine, est certainement moins facile à préparer que le fluosel défini et précipitable
GIFINa?, mais il a l'avantage d'être plus fusible et plus soluble, ce qui.permet à la
fois de ne pas dépasser une température d'environ 600° en cours d'électrolyse et de
désagréger ensuite plus facilement la masse saline.
2008 environ du produit calciné après évaporation sont introduits dans un creuset
de nickel de 100% à 125°% de capacité, fondus par chauffage électrique extérieur,
puis électrolysés entre ce creuset servant js cathode et une anode cylindrique de
charbons, de 35%" à 4o%® de diamètre,
Pendant 7 ou 8 heures, le régime du courant se maintient à peu près fixe à 10 ou
12 volts et 10 ampères environ, puis, quand il est devenu instable par accumulation
dans le bain de la mousse métallique, on laisse refroidir.
On épuise alors le contenu du creuset à l’eau froide, en ayant soin de séparer, par
M Dies
(+) P. LeBrau, Comptes rendus, t, 126, 1898, p. 744.
(*) En particulier, E, Bruxxer, Dissertation inaugurale, Bàle, 1915.
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 631
décanlation fractionnée, les flocons abondants et légers de glucine ou de fluorures
basiques des cristaux plus denses de glucinium entraîné. 3
Le produit de cette première épuration ne contient guère plus de 8o pour 100 de
métal, d’après le volume d'hydrogène qu'il dégage avec les acides; il faut le reprendre
et le triturer au mortier d’agate avec un mélange de tétrabromure d'acétylène et de
benzène, de densité très légèrement supérieure à celle du métal (1,7), et centrifuger
le tout.
Après une ou deux reprises, on isole finalement une poudre cristalline, à peu près
complètement pure, dont l'aspect lustré, gris foncé, est celui d’un métalloïde plutôt
que d’un métal, ce qui s'accorde, du reste, avec d'autres indices du caractère métal-
loïdique du glucinium : absence de conductibilité du chlorure et du fluorure simple
fondus, point de fusion exceptionnellement élevé pour un métal aussi léger, conti-
guïté avec le bore dans la classification périodique.
Mesure de la chaleur d'oxydation. — Nous avons essayé d'abord de déter-
miner la chaleur d’oxydation du glucinium par combustion directe dans
‘obus calorimétrique, sans obtenir aucun résultat vraiment satisfaisant,
malgré des essais variés. H est toujours resté, dans la glucine fondue par la
chaleur de réaction, du métal non brûlé, reconnaissable à l'effervescence
de la masse oxydée avec les acides. L’addition d’un peu d'huile de vaseline,
humectant la pamare à brůler, ou la dissémination du métal dans un poids
connu de coton n’ont pas amélioré le résultat; quant à l’oxyde de plomb,
quelquefois conseillé comme adjuvant, nous l'avons trouvé plus nuisible
qu'utile, car il laisse, après he de petits granules de plomb réduit
et non réoxydé,
Il est d’ailleurs possible que ces difficultés cessent avec un métal réduit
en poudre impalpable, car nous avons réussi, dans des expériences prélimi-
naires sur l'aluminium, à brûler directement el complètement, dans la
bombe, de l'aluminium porphyrisé, alors que le même métal, en limaille
öpdinaire, ne brûle jamais entièrement. Mais, ne voulant pas risquer
d’altérer nos échantillons de glucinium en les porphyrisant, nous avons pré-
féré nous arrêter à la méthode indirecte, fondée sur la mesure des chaleurs
de dissolution du métal et de l'oxyde dans un même acide. Dans le cas pré-
sent, cet acide ne pouvait être que l'acide fluorhydrique, seul capable de
diudud promptement la glucine anhydre comme le glucinium.
La méthode se résume ainsi dans les équations thermochimiques sui-
vantes :
GI +2FHas — GIFis+H +Q,
GI 0 + 2FH4ss A Gl Fis e H? Oiu T Q,
w F -> HtOn + 69!
d’où |
Gl- p0 + Gl0O+(Q + 69—0Q").
632 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les échantillons de métal et d'oxyde étaient agglomérés par compression, pesés,
puis versés-au moment voulu dans un calorimètre de platine de 500%" de capacité,
contenant environ 3008 de liqueur acide; les températures étaient relevées sur un ther-
momètre au .!, de degré, protégé par une mince gaine d’or contre le contact du liquide
fluorhydrique.
La concentration de l’acide était de 30 pour 100 en FH, et la même dans les deux
réactions, condition tout à fait nécessaire à l'application correcte du principe de
l’état initial et de l’état final; enfin, pour modérer l'attaque violente du glucinium
par un acide de teneur aussi élevée, nous avons enfermé le comprimé de métal dans
une feuille d’or tarée, enroulée sur elle-même.
= Voici, parmi nos mesures, celles qui correspondent aux meilleures |
expériences : ‘
cal-kg-degré
ue LE + T4 109,6
1° Poids de métal dissous t 0,107............., 108,6
\ | OA e a a ATR gron TOGA
g Aa a
; O e ra o. 26,35
_20 Poids d'oxyde Dons 0 408.5, 26,69
\ At CRE TR ES 26,39
En adoptant pour Q le nombre moyen 109, pour Q’ 26,5, nous avons :
Glot Oga > GO t 15121, 5.
À défaut d'une contre-épreuve par combustion directe, nous avons contrôlé notre
mode opératoire en mesurant la chaleur d'oxydation du calcium par dissolution de ce
métal et de la chaux dans l'acide chlorhydrique, et nous avons trouvé une concor-
dance satisfaisante : 158°}, > au lieu de 160°%!, nombre obtenu par Muthmann en 1907
dans la combustion directe du calcium.
Ainsi, le glucinium est, parmi tous les éléments, l’un des plus énergique-
ment oxydables. Sa chaleur d’oxydation (151°*,5) le classe immédia-
tement après le calcium (160%!) et avant le lanthane (148%; 2), le magné-
sium (144%), l'aluminium (128%1,6), le cérium (112%!), etc., tous ces
nombres étant naturellement rapportés à 168 d'oxygène (').
(+) Travail subventionné par la Direction des Recherches et des Inventions.
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 633
CHIMIE ANALYTIQUE. — Réactions microchimiques du radium ; sa différencia-
ton du baryum par l'acide iodique. Note (') de M. G. Dexieès, présentée
par M. Moureu.
l'était à prévoir que l'acide iodique, qui se montre un réactif si précieux
et si différencié pour les métaux de la série calcique, par voie microchi-
mique, donnerait aussi, facilement, des cristaux avec les sels de radium, et,
en outre, que ces cristaux s'offriraient avec des caractères beaucoup plus
rappr aht de ceux que présente l’iodate de baryum que X ceux qui appar-
tiennent aux iodates de calcium et de strontium.
Nos expériences ont confirmé ces hypothèses ; elles nous ont même per-
mis; comme nous le verrons plus loin, de réaliser par microchimie, en se
plaçant dans certaines conditions de dilution, la rer bas des ions
radium et baryum.
Nous avons d’abord constaté que les réactions microchimiques classiques
formées avec les sels barytiques et les acides hydrofluosilicique, oxalique
et tartrique, l’émétique, le ferrocyanure et le tartrate de potassium, don-
naient des résultats identiques avec les sels de radium et ne distinguaient
en rien ces deux ions.
Il en a été de même avec trois autres réactifs qui n’ont pas encore été
employés pour la diagnose du baryum par voie microchimique : le cyanu-
rate d’ammonium, le phosphomolybdate d’ammonium en solution .ammo-
niacale (dont la bebe bar ytique a si habilement été utilisée, ces temps
derniers, par M. Posternak, pour le dosage pondéral de traces d’acide phos-
phorique), qui donne de beaux octaëdres avec les deux métaux, enfin le bro-
mate de potassium en solution à 5 pour 100.
Ce dernier, sans être d’une extrême sensibilité, est un réactif très sûr, par
microchimie, du baryum et du radium, avec les solutions salines desquelles
il fournit immédiatement des prismes monocliniques des plus nets.
Par ces divers réactifs, même en variant la dilution, il nous a été impos-
sible d'établir une différence oporana avec les deux métaux qui nous
.9ccupent.
Il n'en a point été de même avec l'acide iodique.
Quand, parallèlement, on met sur deux lames de verre une gouttelette
(2%% à qmm, au plus, de diamètre) d’une solution, d’une part, de bro-
~
(1) Séance du 27 septembre 1920:
634 ACADÉMIE DES SCIENCÉS.
mure de radium, et, d'autre part, de bromure de baryum à 3 pour 1000,
environ, de sel cristallisé; lorsque, à très petite distance de chacune de ces
gouttelettes, on dépose une gouttelette d’à peu près même volume d’une
solution d'acide iodique au dixième, et qu’on les réunit à l’aide d’un fil de
platine, il se forme instantanément des groupements cristallisés, à type
penné et ondulé, tout à fait spécial, dont les constituants appartiennent au
système monoclinique.
Ces groupements, que nous avons antérieurement décrits (!).et dont une
figure a été publiée (°), ne peuvent être que très difficilement distingués,
même à de forts grossissements, qu’il s’agisse de baryum ou de radium.
Des groupements de mème type, quoique plus simplifiés, sont encore
obtenus avec des solutions cinq fais plus étendues (0,60 pour 1000).
À partir d’une dilution à 0,30 pour 1000, la différenciation se produit
très nettement, comme on peut le voir par les figures ci-dessous, les solutions
Iodates de radium (A et A') et de baryum (B et B’).
salines du radium fournissant alors des octaèdres aigus, isolés, très nets,
formes A (dilution à 0,30 pour 1000) et A’ (dilution à o, 15 pour 1000),
anna iS
(!) L'acide iodique, réactif microchimique des combinaisons solubles et inso-
lubles du calcium, du strontium et du baryum(Comptes rendus,t. 170, 1920, p.990»
et Bull. Soc. Pharm. de Bordeaux, % cahier, 1920, p. 85. 3 figures).
(*) Loc. cit. et Bull, Soc. chim. de France, 4° série, t. 28, p; 560.
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 635
et celles du baryum Les formes B (dilution à 0,30 pour 1000) et B' (dilution
à 0,19 pour 1000) d'aspect absolument différent ( ‘}.
Il est possible que cette différence si nette, au microscope, soit corréla-
tive d’une différence de solubilité des deux iodates, qui permettra, peut-être,
d'étudier un nouveau mode de séparation du radium et du baryum.
Nota. — Pour montrer la sensibilité de la méthode microchimique em-
ployée pour la recherche des calcoïdes, nous ajouterons que toutes nos
expériences sur les réactions microchimiques du radium ont été faites avec
55 de milligramme seulement de radium métal, provenant de 1" de bro-
mure de radium cristallisé, dont nous devons la possession à la générosité
de M. Zaharoff, qui a bien voulu mettre spontanément à notre disposition
les fonds nécessaires pour l’acquisition de ce sel. 2
CHIMIE ORGANIQUE. e Analyse qualitative de l'acide cyanique.
Note (?) de M. R. Fosse, présentée par M. A. Haller.
Tandis que la formation de l'acide cyanique par oxydation des substances
organiques, tentée en vain par plusieurs auteurs, était considérée comme
irréalisable, nous avons démontré, en l'isolant, que ce corps précède et
engendre l’urée, lorsqu'on oxyde les protéiques, seuls ou en présence de
glucose et les solutions ammoniacales d'acides aminés, d’hydrates de car-
bone, de glycérine ou d'aldéhyde formique (°).
Parmi les méthodes d'analyses, qui nous ont conduit à ces résultats, nous
décrirons, ici, celle qui repose sur la formation de l’urée.
La formation de l’urée, d’après la réaction de Woehler,
(1) CONHINH5 = CONEY,
peut servir à reconnaitre de très petites quantités d'acide cyanique, puisque
a a EE SERAN EEA OLEN
(1) Dans le cas des fortes dilutions, la réaction microscopique est plus sensible et
plus nette si, au lieu de procéder par contact latéral des solutions salines et du réactif
iodique, on porte au centre de la gouttelette de ces solutions, sans agiter et en allant
Jusqu'au contact avec lalame porte-objet, l'extrémité d'une baguette de verre effilée
après l'avoir simplement plongée de 1"" ou 2®® dans le réactif indiqué, L'examen
MICrOSCOpique est pratiqué sans recouvrir la préparation d’une lamelle.
(*) Séance du 27 septembre 1920,
(?) R. Fosse, Comptes rendus, 1919, te 168, p. 320, 908, 1164 ; t. 169, p. 91.
636 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le xanthydrol permet d'identifier et de doser des traces d’urée. Mais il
existe plus d’un corps susceptible d’engendrer la carbamide. Toute forma-
tion d’urée ne dérive point nécessairement de l’acide cyanique.
Cependant la nature des conditions expérimentales, qui autorisent ou
abolissent l'apparition de cette diamide, peut servir à caractériser la subs-
tance uréogène.
On peut rechercher la carbimide, soit EFE ee en solution, soit dans
le précipité brut qu'elle forme par l’action du nitrate d'argent.
Recherche de l'acide cyanique dans une solution. — Deux dosages d’urée
sont nécessaires : |
Le premier est exécuté sur la liqueur n’ayant subi aucun traitement;
b. Le deuxième sur la liqueur, préalablement chauffée, 1 heure, avec du
ARTE d’ammonium.
À 2°, par exemple, de chacune d’entre ge on ajoute 4°" d’acide acé-
tique et 0 ,3 de xanthydrol méthylique à $. a
Si le pdi de xanthylurée de à est sapéticur à celui de a, la solution
peut contenir de l'acide cyanique.
_ a. Recherche de l'acide cyanique par la formation et la non- -formation de
l’urée aux dépens de sel d'argent. — La méthode est basée sur les deux
réactions connues : ;
Formation de l’urée par le chauffage du sel d'argent avec NH’ CI.
Abolition de cette propriété par chauffage préalable du sel avec l'acide
azotique.
Pour apprécier la sensibilité de ces réactions, nous décrirons les expé-
riences suivantes :
Caractérisation de l'urée produite par une tres paiia quantité de cyanate
d'argent. — a. On chauffe, 15 minutes au bain-marie bouillant, dans un
petit tube, pouvant être soumis à la centrifugation : cyanate d'argent, 2"*
chlorure d’ammonium, 1‘#; eau, 0°", 25.
La liqueur, centrifugée après Santo d'acide acétique (0™,5), pourvue
d’un peu de xanthydrol, se transforme en bouillie cristalline de xanthyl-
urée.
b. On évapore à sec, au bain-marie, avec un peu de chlorure d'ammo-
nium, un milligramme de cyanate d'argent, fourni par 5° d’une solution
ammoniacale, contenant 0f,02 de CON Ag pour 100".
Le résidu sec est broyé avec : eau, 0°”,33; acide acétique, o 0°,66. On
ajoute à la liqueur centrifugée, sans la TE du Raa e méthy-
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1920. 637
cm?
lique, o0™,05, on mélange avec un agitateur filiforme en évitant de toucher
au léger dépôt de chlorure d'argent. L'urée ai ne tarde pas à appa-
raitre.
Non-formation de l'urée par l'action successive de l'acide azotique, de
l’ammoniaque et du chlorure d’ammonium sur le cyanate d'argent. — Les
mêmes expériences, qui précèdent, exécutées après acidulation préalable
par NOSH, chauffage, alcalinisation par NH’, addition de chlorure d’ammo-
nium, puis évaporation à sec, ne donnent point la moindre trace d’urée.
Même résultat négatif en opérant snr des doses plus considérables de cya-
nate d'argent.
PHARMACODYNAMIE. — Sur une nouvelle classe d’hypnotiques : Les dialcoyl-
homophtalimides. Note de MM. Aveusre Lumière et Firx Penn,
présentée par M. Charles Moureu.
Depuis les observations de Thierfelder, de Baumann et Kast, et les travaux
de Fischer et von Mehring sur les malonylurées, on sait que, pour qu’une
substance organique de cette série soit douée de propriétés hypnotiques,
il est nécessaire, en général, que sa molécule renferme un ou plusieurs
groupes alcoylés liés à un atome de carbone ternaire ou, de préférences
quaternaire,
Nous inspirant de cette remarque, nous avons eu l'idée d'étudier à ce
point de vue la diéthylhomophtalimide, dont la constitution, répondant à
ces conditions, peut être représentée par la formule suivante :
H5C? C:H5
G- À €)
CH Fi
NGCO — NH
Ce corps peut être préparé en oxydant la naphtaline pour obtenir
d’abord l'acide phtalonique
TA COOH
C'H OH
qui, réduit par l’acide iodhydrique, conduit à l’acide homophtalique
4,7 CH?— CO OH
PÉNCO DR 2
C. R., 1920, 2° Semestre. ( T. 171, N° 14.) 49
638 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont le sel d'ammoniac évaporé à sec et chauffé jusqu’à fusion tranquille
donne l’homophtalimide
PR A Lee SE
ONE
Les dérivés alcoylés de ce: corps s’obtiennent au moyen des iodures
alcooliques correspondants; c’est ainsique l’iodure d’éthyle, en présence de
l’éthylate de sodium, permet de préparer facilement la diéthylhomophta-
limide, qui se présente sous forme de feuillets incolores, fusibles à 1449.
Nous avons préparé par lés mêmes méthodes les dialcoylhomophtalimides
suivantes :
L’éthylpropyll phtalimide, lamelles blanches, fondant à 117°, peu
solubles ee FAR ;
La dipropylhomophtalimide, fusible à 128°, très peu soluble dans l’eau
froide; et
La diallylhómophtalimide, fusible à 140°-141°, très peu soluble dans
leau, même à l’ébullition.
Le dosage de l’azote pour cette dernière substance a donné les résultats
ci-dessous :
Calculé, Trouvé.
D pOUr O0 nes Les nt ne > 5,8 6,07
Ces dérivés de l’homophtalimide sont solubles dans la potasse et la soude
et précipités de leur solution par le chlorure d’ammonium.
Ces substances jouissent de propriétés hypnotiques ‘qui sont d'autant
plus intéressantes que leur toxicité est très faible et qu’elles semblent
dépourvues d’actions secondaires défavorables.
Dans la série des malonylurées, l’action hypnotique aana totalement
avec le dérivé RAS elle est faible avec le méthyléthyl, croit avec le
méthylpropyl, s’accentue encore dans le cas du diéthyl et atteint son maxi-
mum avec le dipropyl;felle devient très faible avec le diamyl, et le dibenzyl
est complètement ‘inactif.
Nous avons cherché à comparer pareillement le pouvoir hypnotique des
différents dérivés dialcoylés de l’homophtalimide, et nous avons constaté
que les choses se passent sensiblement de la même manière, avec cette
différence S penna que l'accróissement de l’activité s'arrête plus rapi-
dement au fur et à mesure de l’augmentation de condensation en carbone
des grouper sabstitués, probablement à cause de la moindre solubilité des |
SÉANCE DU 4 OCTOBRE 1y20. 639
4
substances appartenant à la série de l’homophtalimide, le maximum
d'action paraissant se manifester pour le dérivé diéthylé.
L'étude pharmacodynamique et chimique de ces corps, qui fera l’objet
d’un travail ultérieur, semble montrer dès maintenant qu'ils pourraient
être avantageusement utilisés en thérapeutique.
GÉOLOGIE. — Sur la Tectonique du Massif armoricain.
Note de M. F. Kerrorse, présentée par M. Pierre Termier.
En faisant abstraction, pour le moment, des mouvements qui ont pu se
produire antérieurement au Silurien et de ce fait que le plateau septen-
trional et le plateau méridional de la Bretagne, avec leurs roches cristal-
lines, sont d’anciens fonds de lgéosynclinaux successifs, la structure tecto-
nique du Massif armoricain ressort de deux systèmes de plis d’âge différent
qui se sont superposés.
Le premier, auquel on peut conserver le nom de Système au Léon qui lui
a été donné par M. Ch. Barrois sans en préciser l’âge, esl dirigé sensible-
ment SW-NE, c’est-à-dire comme les plissements calédoniens.
À ce système appartiennent les synclinaux de la rade de Brest, séparés du
synclinal carboniférien de Châteaulin par la crête de Quimerc’h, le syn-
clinal métamorphisé de Morlaix, les directions de plissement du nord des
Côtes-du-Nord et de l’Ille-et-Vilaine, le pli de Gahard, le pli de la forêt de
Mayenne, etc., pour ne citer que les principaux. Il est d’une grande net-
teté dans tout le nord du Massif, mais c’est dans le Massif tout entier qu’on
peut en retrouver la trace.
Etant donnée la concordance absolue qui existe dans la partie médiane
de la région depuis la base du Silurien jusqu’au Dévonien y compris, l'âge
principal de ces plissements ne peut être antérieur à cette dernière époque,
bien que dans le synclinal d’Ancenis, où l’on constate des discordances du
Dévonien sur le Silurien, ils aient pu commencer plus tôt. Après le Coblen-
cien en Normandie, après l'Eifélien dans le centre et dans l’est du Massif,
au Famennien dans l’ouest, il s’est constitué une chaîne à direction calédo-
nienne, dont les débris sont venus former Les sédiments carbonifériens, en
discordance sur les termes tprécédents, comme Pa montré en particulier
OEhlert dans la Mayenne; elle est donc en retard sur les plissements de
direction analogue situés plus au Nord dans les Iles britanniques.
Le second système de plissements (Systeme de Cornouaille de M. Ch. Bar-
640 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rois), le seul qui soit généralement envisagé, de direction sensiblement E-W
ou plutôt ESE-WNW, est le plissement armoricain (hercynien); il a com-
mencé à se produire au Carboniférien moyen, mais il paraît s'être continué
jusqu’après le Stéphanien.
Les plis armoricains se sont écrasés en maints endroits sur la chaîne à
direction calédonienne, insuffisamment abrasée; en tout cas, leur déviation
à la rencontre des plis plus anciens est parfaitement visible en de nombreux
points, en particulier dans le Finistère.
Il n’est pas téméraire de considérer comme des racines de nappes de
charriage armoricaines les couches fragmentées et bordées de failles longi-
tudinales du synclinal médian de la Bretagne, qui s'étendent à travers les
Côtes-du-Nord et l’Ille-et-Vilaine et sont généralement déversées vers le
Nord avec pendage Sud constant.
Les terrains des synclinaux du Sud présentent, du reste, des phénomènes
analogues, comme en est témoin la Nappe de la Vilaine.
La séance est levée à 16 heures.
a re
ERRATA.
(Séance du 6 septembre 1920.)
Note de M. A. Lacroix, Sur les groupements réguliers de deux minéraux
différents constituant certains fers titanés :
Page 484, ligne 17, au lieu de de magnétite, lire d'hématite.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 11 OCTOBRE 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Après le dépouillement de la Correspondance, M. le Présibenr s'exprime
en ces termes :
Messieurs, |
L'Académie a fait la semaine dernière une perte cruelle. Un des maîtres
de la Zoologie contemporaine, notre confrère Yves Derace, président de
l’Union biologique internationale, nous a été enlevé par une maladie
grave à évolution rapide. Il est mort relativement jeune, à l’âge de 66 ans,
après s'être, il est vrai, dépensé sans compter dans un labeur fécond et inin-
terrompu.
Étant jeune étudiant en médecine à Paris, il est attiré vers la Zoologie
par les leçons pleines de foi, professées à la Sorbonne par Lacaze-Duthiers.
Il se fait inscrire à son laboratoire et aussi au laboratoire annexe de Roscoff;
dans ses premières recherches, il se révèle expérimentateur très habile et
très tenace. è
Après avoir passé presque en même temps le doctorat en médecine et le
doctorat ès sciences naturelles, il est envoyé à la Faculté de Caen, en 1883,
comme professeur de Zoologie, mais il y reste peu. Son maitre Lacaze-
Duthiers, fra ppé de ses qualités exceptionnelles, le rappelle à Paris comme
Maitre de conférences, le présentant à tous comme son successeur. Il lui
cède ultérieurement sa chaire de Zoologie, d’Anatomie et de Physiologie
comparées, après avoir pris pour lui une autre chaire de la Faculté.
À 32 ans, notre confrère Delage est professeur titulaire à la Sorbonne et,
Peu après, directeur adjoint du laboratoire de Roscoff. Désormais sa vie
scientifique est partagée entre ces deux fonctions, qu’il a occupées jusqu'à
sa mort. Il aimait beaucoup l'établissement maritime de Roscoff, qui lui
doit sa forme actuelle, et qu'il a beaucoup augmenté. C’est à Roscoff qu'il a
trouvé les éléments de ses principales découvertes.
_ C. R., 1920, 2° Semestre, (T, 171, N° 15.) 50
642 È ACADÉMIE DES "SCIENCES.
Son premier travail, qui lui vaut le grand prix des Sciences physiques,
porte sur les petits Crustacés, appelés Edriophthalmes, dont il reconnait et
décrit l’appareil circulatoire, grâce à des injections très difficiles à réaliser.
Il étudie ensuite un parasite remarquable, la Sacculine, qui est un
crustacé inférieur fixé sous l'abdomen du crabe vulgaire. H a pu discerner
et suivre son évolution complète.
L’'embryon de la Sacculine, le nauplius, vit librement dans la mer; puis,
arrivé après une mue au stade Cypris, il s'accroche par une antenne à la
carapace de sa victime. Avec un tube rigide, formé plus tard, il perce cette
carapace et injecte sa propre substance dans la cavité du corps du crabe.
Là, au contact des sucs nourriciers de son hôte, le parasite pousse des pro-
longements ramifiés, des racines, dans tout le corps de celui-ci, en perdant
peu à peu son appareil digestif et ses membres devenus inutiles. Mais il
conserve ses organes de reproduction, qui doivent se développer à l’exté-
rieur. Îl perce de nouveau la carapace, mais en sens inverse, et forme une
nouvelle poche dans laquelle on trouve finalement les petits embryons
nauplius. Le cycle est alors fermé. Ce cas de parasitisme est un des plus
singuliers et des plus curieux que l’on connaisse.
Il faut signaler aussi la reconnaissance d’un système nerveux dans les
Planaires actes et une longue étude sur l’embryogénie des Éponges, mais :
on peut citer ici ee les recherches principales. Dans les dernières
années, le professeur Delage a beaucoup étudié et discuté la parthénogenèse
expérimentale dont il a éclairci plusieurs points importants; il a fait, en
particulier, de longues recherches sur la fécondation chimique et même
électrique des Oursins. Les êtres nés dans ces conditions spéciales avaient
eu jusqu'alors une existence éphémère, qui n'allait pas en général au delà
d’un jour; or, il a pu, à Roscoff, élever un oursin qui a vécu plusieurs mois,
qu’il nous a présenté ici-même et qui offre tous les caractères de l’âge adulte.
Cependant, au cours de ces belles recherches, qui, les premières surtout,
se rapportent à la morphologie, notre confrère avait usé beaucoup du
microscope, et souvent avec excès. En 1899, il ressent les premières
atteintes d’une maladie grave des yeux, qui, finalement, empire; car,
entraîné toujours par son ardeur et son amour de la Science, il ne pouvait
s’astreindre au repos complet qui était nécessaire.
En 1904, il devient presque complètement aveugle; mais il accepte ces
épreuves successives, très dures, avec une vigueur d'âme vraiment remar-
quable. Son activité dnbfu té reste la même, elle est seulement orientée
vers d’autres sujets.
C'est ainsi qu'il commença en 1895 ses grandes publications d'ordre
général qui ont accru largement sa célébrité,
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 643
Dans un grand volume intitulé : Structure du protoplasma. Les théories de
l'hérédité et les grands problèmes de Biologie générale, il résume toutes les
grandes théories sur la substance vivante et en fait l'examen critique; il
expose ensuite sa théorie personnelle des causes actuelles. L’Ouvrage a eu
une très grande influence sur la direction donnée aux recherches biologiques.
En 1896, avec la collaboration de M. Hérouard, il publie le premier
volume de la Zoologie concrete, qui doit comprendre au moins un volume
pour chacun des dix embranchements du règne animal. Six volumes ont
déjà paru.
L'année suivante, il présenta sa première Année biologique, qui résume
dans un ordre logique tous les travaux d’une année et contient des articles
originaux sur les sujets d'actualité. Cette publication, très utile, a été
continuée jusqu’à sa mort; elle peut être présentée comme un modèle aux
autres sciences.
Les Mémoires de moindre importance sont nombreux et se rapportent
aux sujets les plus divers. Il était en effet fort instruit, très averti et docu-
menté sur toutes les connaissances humaines. On lui doit en particulier
plusieurs Notes intéressantes sur la psychologie du rêve. Il a condensé
toutes les opinions émises sur le sujet, ses observations et idées personnelles,
dans un gros Ouvrage qu’il nous présentait il y a un mois. |
En résumé, il a été incontestablement un grand naturaliste, et, par un
privilège très rare à notre époque, il a pu être appelé un encyclopédiste.
Il s’intéressait à toutes les questions, et pouvait, grâce à ses connaissances
étendues, prendre part à toutes les discussions. Ayant en plus une intelli-
gence très vive, un caractère très droit, un idéal de vie très simple et très
élevé, il se formait rapidement une opinion sur la question posée et la
présentait volontiers, avec une parole claire, vibrante et colorée. Il était
assurément une des figures les plus originales de notre Compagnie, et sa
perte est vivement ressentie par tous.
L'Académie s'incline devant les hautes qualités de l’homme, et prend
part largement au deuil de sa femme et de ses enfants.
ASTRONOMIE. — Corrections des signaux horaires normaux émis par le
Bureau international de l'Heure du 1° Janvier au 19 Mars 1920. Note
e M. G. Bicourvas.
Nous avons déjà donné (p. 605 de ce vol. ), dans un premier Tableau,
les corrections adoptées de la pendule directrice. Voici maintenant les
corrections conclues pour les signaux :
644
CORRECTIONS DES SIGNAUX ORDINAIRES PARTIELLEMENT AUTOMATIQUES
ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLEAU Il.
u matin (t, k) et du soir (t,
(Battements automatiques de 45™. 0°, o — 47% .,0$,0 — 49".0$
Les dates marquées d’une x sont celles où l’on a obtenu des observations méridiennes.
4920. 1920. 4920. 1920.
Janvier. Corrections. | Janvier. Corrections. | Février. (Corrections. | Février. Corrections.
1,4% —0,19 | 21,4% —0,08 9,9: +0,05 | 29,9 x —0,0à
»T:.-— 0,20 ,9 —0,07 | 10,4 +0,06 | Mars.
2,k 9 —0,21 | 22,47 —0,05 ,9.... +0,06 1,4 € —0,08
,9 x —0,16 ,9x,., —0,09 | 11,4% +0, 10 7% 0,08
3,4 b —0,18 | 23,49 —0,06 + +0,10 2,4 © —0,03
nus. =—0,09 ,9 —0,08 | 12,47 +0,10 ,9 x —0,12
VAKO) —0,08 | 24,45 —0,07 + +0,04 3,4 y.. —o0,06
a —0,09 Di ,04 | 13.4 9 +0,05 9 +... =0,08
5,4 € —0,09 | 25,4 © —0,06 ,9.... <+o,o6 k,k%.. —0,06
< Fan —0,09 19... +0,07: | 1h, Y D +0,09 ,9 x —o0o; 08
6,4 e —0,09 | 26,4 € —0,06 ,9.:..- +0,07 5,hk +0,01
“a —0,06 ,9. e001. | 25,40 +0,07 ,9 + +0,09
7,k 5% 0,05 + 27,ho +0;01 „9 +0,06 6,k © —0,08
Are —0,08 ,9. dol FACE... +0,08 59... 0,00
8,47 —0,08 | 28,4% 0,00 KR... 0,09 7,kO© —0,08
D... 0,00 9 0,099! Ia., —0,03 1... 0,12
9,k9.:. —0,03 | 29:17 0,00 ,9 + 0,09 8,4 € — 0,12
Deus 0,06 ,9 x 0,04 | 18,4% 00 ,9 x —0,12
10,45 —0,06 .| 30,49 —0 ,02 9.. —0,06 9,4 © —0,11
9. —0,05 Le 0,16 | Okr. 0.05 ,9.... —0,04
Hro: ‘06,09 | 31,4#b.: —o;12 ,9 —0,14 | 10, y.s —0,01
7 —0,0 3 —0,16 | 20,4% —0,12 D: 0,00
12,4 € —0,03 |Février 4: —0,I1 11,47 +0,02
I.. — 0,08 1,40 —0,14 | 21,49 —0,12 + PS 0,02
13,4 > —0,07 s9 x 0,19 ,9.. —0, 16 12,4 Q, +0,03
I. —0,09 ZET.. -019 | 2356 —0, 14 +: 0,06
4h,4%.,: —0,07 9%.. —0,09 9 0,16 | 13,#D.. +0,09
Ua 0,10 | 3kg.. 0,07 | 93,4 €: : 0,16 ,9. —0,06
15,4 Z... —o,10 ,9 * 07 Ik.. —o,17 | 14,#0.. —0,09
„9 (1)... —0,07 h,4% 26,00 1-25. > —0, 18 D, 0,00
16,4 9 —0, 05 59.... —0,01 9 x #10! 18,60 —0,0h
,9 y —0,05 9,81. 0,09 | 25,4% —0,07 + — 094
17,4 b —0,0ÿ A. 0.00 9: 0,07 | pA ro
9x.. -00| bkg 001! Wbt. 0,8 9% 0,05
18,4 ©.: —0,04 9 + +0,02 ; <00 | 11,29 A D
»9 0,03 7,5% +0,06 | 27,49 0,05 LE x04
19,4 € —0,0à ,9 x +0,04 ,9 0,06 | 18,47 +0,01
J 0,06 | 8,4#©.. +0,08 | a845 —o,0o4 ,9.... —0,03
20,#()9 —0,04 ,9%., +0,07 Ox.. 06:05 10 A0. 0
Iogas 0,08 9,4 C.. +0,09 | 29,k5 —o, 04 E 70,08
Dooa
(t) Janv. 15,9. Les signaux de 470,0 et de 49"0°,0 ont été envoyés à la main,
et en retard de oë, 1 environ.
?
de 49™o0°,0 est en retard au moins de 0,03 à 0°,04.
. 20,4. Les signaux Dr passent en retard de o*, 15 environ.
. 31,9. Le digua de 4 47™ 0,0 est faible et en retard de 05, 66 au.moins; ©
elui
Févr.
Batt‘ 1.
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920.
remplace le
Heures télégraphiées.
oo
Batt: 300..
TABLEAU Ill.
CORRECTIONS DES BATTEMENTS Å ET 300 DES SIGNAUX SCIENTIFIQUES DE 23h 30",
signe du jour de la semaine.
Corr.
S
—0,20
QUE
1920.
Févr.
Mars
Quand on a obtenu des observations méridiennes, une étoile (*)
Heures télégraphiées.
Batt 1
Batt',300.
.23,70
.46,13
513,28
-19,91
.24,12
.26,32
«18,29
39.45, Bi
34.23,67
645
Corr.
s
+0,06
+0,06
+0,11
+0,04
+0,07
+0,07
+0,06
646 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OCÉANOGRAPHIE. — Application du tube de Pitot à la détermination
de la vitesse des navires et à l'enregistrement des espaces parcourus.
Note de M. Yves Derace (').
Le tube de Pitot a été employé depuis longtemps à la détermination de
la vitesse des courants par rapport aux objets immergés immobiles; rien
n’empêche, retournant les termes de la question, de l'appliquer à la déter-
mination de la vitesse d’un objet se mouvant dans l’eau tranquille.
Sous sa forme la plus fruste, le problème ne présente aucune difficulté : il
suffit d'établir sous le navire un tube de Pitot traversant la carène et de lire
les indications des hauteurs après avoir repéré le niveau de l’eau ambiante
quand le navire est au repos. Le liquide se mouvant dans un tube trans-
parent ou actionnant un flotteur, les vitesses réalisées peuvent être lues sur
une échelle graduée très facile à établir. Mais c’est là une solution grossière
et imparfaite. Je me suis proposé de résoudre trois questions accessoires
susceptibles de donner à l'appareil une valeur pratique : la première consiste
à transporter les indications de l'instrument en un point quelconque du
navire : chambre du capitaine, poste de commandement; la deuxième,
à rendre les indications de l'instrument indépendantes des variations de la
charge et du tirant d’eau du navire; la troisième, à enregistrer les indica-
tions des vitesses après avoir rendu les ordonnées de la courbe proportion-
nelles aux vitesses elles-mêmes et non à leurs carrés, ce qui permet, en
déterminant la surface de la courbe, de connaître les espaces parcourus.
1. Transport des indications à distance. — Supposons que l’on ait installé
dans le navire deux tubes voisins, l’un comme un tube de Pitot, l’autre
fermé en bas, sauf quelques minuscules ouvertures, de manière à permettre
l'effet hydrostatique en excluant l'effet Pitot. Ce second tube donnera le
niveau exact de la mer au dehors, tandis que dans le premier l’eau montera
plus ou moins haut selon la vitesse du navire. Supposons que le tube de
Pitot soit fermé en haut à une certaine distance au-dessus du niveau de
leau à son intérieur et qu’à l’aide d’une pompe nous comprimions de lair
dans l’espace clos E ainsi obtenu jusqu’à ce que l’eau soit refoulée au même
niveau que dans le tube hydrostatique. A ce moment, la pression dans
(*) Cette Note a été intégralement dictée par M. Delage au cours de sa dernière
maladie, quelques jours avant sa mort, et destinée par lui aux Comptes rendus de
l’Académie des Sciences,
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 647
l'espace E sera précisément égale à celle de la colonne d’eau H qui se serait
élevée dans le tube de Pitot au-dessus du niveau hydrostatique par l'effet
de la vitesse. Quelles que soient les variations de la vitesse, tant qu’on saura
maintenir le niveau identique dans les deux tubes, on pourra affirmer, sans
plus ample examen, que la pression H est bien celle qui correspond à la
vitesse ou plutôt au carré de la vitesse.
Pour maintenir automatiquement l'identité de niveau dans les deux
tubes, j’ai imaginé le dispositif suivant. Je n’en donnerai ici que le prin- `
cipe, réservant le détail et les figures pour un Mémoire qui doit paraître dans
le Bulletin du Musée de Monaco.
Dans le tube de Pitot est un flotteur fait d’une substance diélectrique sur-
monté d’une tige qui monte et descend dans l’axe du tube suivant les varia-
tions du niveau de l’eau. Cette tige porte à une certaine hauteur deux
ergots superposés susceptibles d'entrer en contact chacun avec un butoir et
ne permettant que des mouvements très faibles du flotteur. Dès que l’eau
tend à s'élever dans le tube, l’ergot supérieur entre en contact avec le
butoir supérieur et ferme un courant électrique au moyen de fils traversant
la paroi du tube à l’état isolé. Ce courant actionne un petit moteur élec-
trique actionnant un robinet à ressort qui met l’espace E en communication
avec un vase contenant de l’air comprimé. Dés que le niveau baisse, l’ergot
inférieur rencontre le butoir inférieur et ferme un courant électrique
actionnant un petit moteur qui ouvre un robinet à ressort faisant commu-
niquer l’espace E avec le dehors. Ainsi, dès que l’eau tend à monter dans le
tube de Pitot, de l'air est injecté dans l’espace E et la refoule à son niveau;
dès qu’elle commence à baisser, dé l'air s'échappe de l’espace E et rétablit
le niveau invariable. Tous ces dispositifs sont d’une simplicité élémentaire.
Si donc l’espace E communique par un tube en caoutchouc épais avec l'en-
registreur situé où l’on voudra, la pression enregistrée par l’appareil sera,
sans perte aucune résultant de la distance, transportée au niveau de l'en-
registreur,
2. Indépendance des indications instrumentales et des variations de la
charge. — Le tirant d'eau d’un navire variant suivant les variations des
chargements aux escales et, en cours de route, selon la consommation du
charbon, le niveau dans le tube hydrostatique n’est en rien fixe par rapport
au navire, Tout accroissement de la charge fera monter l’eau dans le tube de
Pitot et agira comme un accroissement de la vitesse; toute diminution de la
Charge fera baisser l’eau et agira comme une diminution de la vitesse. Or, il
n’y a aucun moyen de corriger ces variations par le fonctionnement du
Fr
648 ACADÉMIE DES SCIENCES.
flotteur ci-dessus décrit. En effet, tout abaissement du niveau dans le tube
par suite de cette cause s'inscrit comme une diminution de la vitesse et, pour
rétablir l’exactitude des indications, il faudrait injecter de lair dans
l’espace E. Or, l'abaissement du flotteur a précisément l'effet inverse; il
faut recourir à d’autres moyens. Celui qui m'a paru le plus simple consiste
à rendre le tube de Pitot solidaire non plus des parties fixes du navire, mais
de l’eau ambiante, en le rendant flotteur.
Pour cela, imaginons que la carène soit traversée par un tube de large
diamètre (une dizaine de centimètres) s’ouvrant en bas dans l’eau et s’éle-
vant plus haut que le niveau de l’eau extérieure dans toutes les conditions
de charge. Ce gros tube contiendra le tube de Pitot, lequel flottera à son
intérieur. Deux guides en haut et deux en bas assureront sa position dans
laxe du gros tube et l'orientation de son extrémité inférieure vers l'avant.
Ce tube de Pitot sera d’un métal épais, pour être lourd et avoir une grande
inertie, et il sera engainé sur une hauteur convenable par un tube léger, à
parois minces, circonscrivant autour de lui un espace plein d’air et étanche,
de manière que l’ensemble flotte dans l’eau du tube extérieur et suive
les variations du niveau dans ce tube. Les orifices de sortie du tube de Pitot
et des guides sont suffisants pour permettre dans le tube extérieur l'effet
hydrostatique, mais non l’effet Pitot. Grâce à son poids et à son inertie, ce
tube de Pitot suivra les variations de niveau correspondant à celles de la
charge et les indications de l’enregistreur n’en seront pas affectées. C'est
pour permettre les variations de niveau que l’espace clos E est relié à l'en-
registreur par un tube de jonction en caoutchouc.
3. Enregistrement des vitesses et des espaces parcourus. — On pourrait faire
aboutir le tube de jonction à un simple manomètre à mercure, mais l’enre-
gistrement des hauteurs ne serait pas aisé; celles-ci, étant proportionnelles
à H, seraient proportionnelles à V? et non à V, en sorte que la lecture de la
courbe ne permettrait pas la connaissance des espaces parcourus. Voici
comment j'ai paré à cette difficulté.
Imaginons un tube cylindrique qui, dans le cas actuel, mesure 6°* de
diamètre et 15° de haut. Ce cylindre, C (fig. à j; ouvert en haut, fermé en
bas, se continue en bas par un diverticule D de diamètre plus étroit (18™™),
d'environ 20°" de long et contenant du mercure dans sa moitié inférieure.
Dans ce diverticule pénètre, par l'extrémité inférieure, un tube de petit
calibre que nous appellerons le tube axial 4 et qui est relié par le tube de
jonction à l’espace clos E : le tube axial traverse le mercure et s'ouvre libre-
ment à une petite distance au-dessus de son niveau. Ce tube axial est coiffé
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 649
par un tube plongeur, P, qui porte le style inscripteur z à sa partie supé-
rieure. Ce tube est très mince et d’un diamètre intermédiaire entre le dia-
mètre extérieur du tube axial et le diamètre intérieur du diverticule. Le
tube plongeur peut descendre jusqu’au fond du diverticule; en un point
situé très peu au-dessus de la términaison du tube axial, il est muni d’un
petit bouchon étanche, b; enfin, dans la partie comprise à l’intérieur du
cylindre C il est muni d’un flotteur en paraffine, F, de forme conoïde à base
inférieure. On verse alors de l’eau dans le cylindre jusqu’à immerger com-
plètement le flotteur de paraffine, qui doit être calculé de manière que
le système qu’il forme avec le tube plongeur ne flotte pas, mais soit capable
de s'élever sous la plus minime pression. `
Remarquons que l’eau du cylindre a accès dans l’espace g’ compris entre
le tube plongeur et le diverticule, mais qu’elle est empêchée, par l'index de
650 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mercure, de pénétrer dans l’espace g compris entre le tube axial et le tube
plongeur.
Les choses étant ainsi disposées, supposons qu'une pression d’air s’éta-
blisse dans l’espace E. Cet air aura accès, par le tube axial, dans l’espace
situé sous le bouchon b, mais ne pourra s'échapper, étant retenu latérale-
ment par la paroi du tube plongeur, en haut par le bouchon ò et en bas par
le mercure de l’espace q.
Cette pression d’air aura un double effet : 1° elle refoulera vers le bas le
mercure de l’espace q jusqu’à ce que le niveau du mercure dans l’espace g’,
ait établi une dénivellation capable de la compenser. La longueur du diver-
ticule est calculée de façon que cette condition soit toujours satisfaite; .
2° pressant de bas en haut sur le bouchon b, elle soulèvera par son intermé-
diaire le tube plongeur. Mais, au fur et à mesure de cette ascension, le flot-
teur F émergera de plus en plus, s’alourdissant du poids d’un cône d’eau
égal au volume du cône émergé, jusqu’à faire équilibre à la pression qui le
soulève; mais, ce qui est intéressant, c'est que cette hauteur d'émergence, qui
se traduit par les ordonnées du graphique, peut être rendue proportionnelle
à la vitesse du courant. |
Soient, en effet, V la vitesse du courant, H la pression correspondante
dans l’espace E, ọ la hauteur d’émergence du flotteur et ọ le rayon de la
section droite déterminée sur le flotteur par le plan d'eau. H sera propor-
tionnel d’une part à V?et d'autre part à 99°. Si l’on taille le flotteur de telle
façon qu'en tous ses points p° soit égal à Ko, on voit que H sera propor-
tionnel d’une part à V?, d'autre part à 5°, d’où il résulte que V et ọ sont
proportionnels entre eux.
On voit par là que la génératrice qui, en tournant autour de l'axe, serait
susceptible d'engendrer le solide de révolution voulu aurait pour formule
analytique, en prenant pour coordonnées l’axe comme abscisse et la perpen-
diculaire au sommet de la courbe comme ordonnée, o° = Kọ. Or, c’est là
précisément la formule d’une parabole rapportée aux mêmes axes,
K représentant le double de la distance entre la directrice et le foyer.
La courbe génératrice ayant été tracée par points, ou d’un mouvement
continu, on peut s’en servir pour établir un gabarit en tôle, dont le bord
est rendu tranchant, et qui sert à façonner, de façon adéquate, le flotteur
sur le tour.
Nous avons, dans ce qui précède, supposé que le niveau de l’eau restait
constant dans le cylindre C, ce qui est facile à obtenir par l’adjonction d’un
réservoir à large surface; mais j'ai trouvé plus élégant de supprimer ce
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 651
réservoir et de façonner le flotteur de paraffine de façon que sa hauteur
d’ascension reste la même que dans le cas précédent, en dépit de l’abaisse-
ment du niveau autour de lui.
Si l’on appelle ọ la hauteur d’ascension vraie du flotteur, p le rayon de
la section droite du cône soulevé quand le niveau de l’eau est maintenu
invariable, ọ' le rayon de la section droite du cône émergé dans le cas où
l’eau peut baisser autour de lui, æ la hauteur dont l’eau a baissé dans le
cylindre et R le rayon de ce cylindre, ọ + x étant ia hauteur d’émergence
dans le second cas, on est conduit aux deux formules suivantes :
Chrome
et, le volume du cône émergé étant égal au cities d’eau de hauteur v et
dè rayon R,
R= p (9+ z).
Sans donner le détail des calculs, notons qu’on obtient
o Ko
PETTI
pen jt ;
; Q
Va K- 3R |
Or le flotteur parabolique est construit de telle sorte que K est sensible-
ment égal à l’unité; 3 R? = 27 est aussi une constante de l'appareil.
Ainsi il est re de calculer æ et ọ' pour les diverses valeurs de +, qui
sont 1, 2, 3, ..., 10 pour 1, 2, 3, ~ -y 10 nœuds, et d'établir la courbe,
comme dans le cas précédent, en substituant ọ ++ à 9 et ọ'à p. Le Tableau
ci-dessous montre les éléments du calcul :
d’où
TES
(demi-diamètre
9 flotteu
Vitesse (hauteur vraie a x points
en nœuds. : de l'ascension). d'émergence). d’émergence p +T).
cm cm cm
E
En 1 1,04 0,98
E P E > 2,14 1,30
Re Re 3 3,30 1,69
Ré à s
AEA E iseins Å 4,99 1,86
ER R r9 5,92 > ,OÙ
Dis de a 6 7,33 2,21
7i CAR E dé di #0) a D e EU J 8 ' 8 3 2 ? 36
z
PR aaa 8 10,37 2,48
Der sr ones 9 12,00 2,60
652 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la déshydrogénation des alcools par oxydation
catalytique sous pression réduite. Note de MM. Cuarres Moureu et
Georces Miexoac.
1. Dans une Communication récente ('), nous avons fait connaître une
méthode générale de préparation des aldéhydes et des cétones basée sur
l’oxydation des alcools correspondants par l'air en présence d’un cata-
lyseur, l’argent divisé. Cette méthode, qui donne d’excellents rendements
avec des alcools à poids moléculaire peu élevé, est d’une application de
plus en plus délicate au fur et à mesure que l’on monte dans les séries.
Dans le cas de l'alcool benzylique, le rendement est voisin de 80 pour 100,
et il ne dépasse guère 60 pour 100 dans celui de l’alcool cinnamique. On
observe, en outre, dans ces deux cas, la formation de goudrons à la surface
. du catalyseur; au bout d’un certain temps; celui-ci perd de son activité, et
il doit être régénéré.
2. Pour rendre la méthode d’une utilisation plus générale, nous avons
imaginé une technique nouvelle, qui consiste à traiter les alcools par
l'oxygène sous pression réduite. La vapeur de l'alcool à transformer est
dirigée, en même temps qu'un courant d'oxygène sous une pression
de 20°" à 4o™, sur une masse catalytique identique à celle que nous
mettons en œuvre dans la technique précédemment décrite et disposée de
la même manière. Cette masse ayant été au préalable portée à une tempéra-
ture de 230° à 300°, l'oxydation a lieu immédiatement, avec élévation de
la température, que l’on maintient dans les limites convenables par un
chauffage extérieur.
Comme dans le cas de l'oxydation par l'air, nous avons reconnu qu'il
était avantageux d'opérer en présence d’un excès de vapeur d'alcool. Dans
nos différentes expériences, la quantité d'oxygène mise en œuvre était infé-
rieure de 10 à 20 pour 100 à la quantité théorique. ;
L’alcool benzylique et l'alcool cinnamique, traités suivant cette tech-
nique, ont fourni les aldéhydes correspondants avec des rendements
compris entre 80 et go pour 100. Avec l'alcool caprylique secondaire,
nous avons très facilement obtenu la méthyhexylcétone (rendement : 70-
80 pour 100), et avec l'alcool dodécylique, l'aldéhyde correspondant (ren-
dement 8o pour 100). De même, le ee nous a conduits, sans décom-
position sensible, au citral.
(1) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 258.
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 653
GÉOLOGIE. — Les mylonites de la quatrième écaille briançonnaise.
Note de M. Pierre Termer.,
J'ai décrit autrefois et à diverses reprises (1), sous le nom de Conglo-
mérats à galets cristallirs de l’Eychauda, un système d’assises bréchiformes
où dominent les débris de micaschistes et de roches cristallines diverses, et
où l’on trouve aussi des débris, plus rares, de Permien, de Trias et de Lias;
système qui a toute épaisseur jusqu’à un maximum d’environ 100" et qui
constitue, dans les montagnes de l’'Eychauda, non loin du bord oriental du
massif du Pelvoux, la base de la quatrième écaille briançonnaise (°). On
observe les mêmes brèches, mais moins épaisses, comme sporadiques, et
non exclusivement confinées dans la base de l’écaille, au sein d’un autre
lambeau de celle-ci, le lambeau de Serre-Chevalier. Enfin, M. Kilian a
signalé, en 1898, à Alpet, près de Mont-Genèvre, des brèches semblables,
associées à des micaschistes et à des roches vertes laminées, qui ne diffèrent
point de ceux et de celles de l’'Eychauda. Nous n'avons jamais, ni
M. Kilian, ni moi, douté de l'identité absolue des brèches de l’Alpet et des
brèches de l'Eychauda et de Serre-Chevalier.
Je n'avais pas hésité à attribuer à toutes ceS brèches une origine sédi-
mentaire et un âge nummulitique. J'en faisais wn faciès spécial et local, un
faciès conglomératique et côtier, du Flysch briançonnais; et c’est ainsi que
ces prétendus CORBIC REA sont désignés sur la feuille Briançon de la Carte
géologique à l'échelle de +, et sur ma + géologique des Montagnes
entre Briançon et Vallouise à l'échelle de ——. Manière de voir qui entrai-
nait, à mes yeux, cette conséquence fort importante : que les Schistes
Lustrés existaient déjà, avec leur métamorphisme ee et intense et
leur cortège de roches cristallines, à l’époque où se déposait le Flysch
briançonnais, et que, à cette époque, ces Schistes formaient un rivage,
(*) De 1895 à 1902; en dernier lieu dans Les montagnes entre Briançon et Val-
louise (Mém. de la Carte géologique de la France), 1903, p. 45 à 52 et p. 111
à 127,
(?) J'ai donné ce nom à un lambeau de recouvrement fragmenté par l'érosion et
posé, tout en haut du pays briançonnais, sur un socle formé de trois écailles empilées,
digitations, elles-mêmes, de la grande nappe briançonnaise. Ce lambeau de recou-
vrement est fait de micaschistes, de roches basiques et, accessoirement, de gneiss,
tout cela semblable aux roches de même nature qui, plus à l'Est, accompagnent les
Schistes Lustrés.
654 ACADÉMIE DES SCIENCES.
continental ou insulaire, de la mer „ħummulitique: Le mélange, dans les
prétendus Sbnelinérats, de débris de terrains à faciès briançonnais et de
débris de roches cristallines du type de celles de la quatrième écaille,
m'induisait aussi à penser que la quatrième écaille n’est pas tout à fait
indépendante de son substratum, qu’elle appartient encore au pays brian-
çonnais, et que son charriage, d’ailleurs indéniable, est un charriage de
faible amplitude.
Ces conclusions avaient paru très acceptables aux géologues qui, posté-
rieurement à 1898, ont visité la région de l’'Eychauda. Seul parmi eux,
Jean Boussac, en 1912 ('), s'était formellement prononcé pour l’origine
lointaine de la quatrième écaille, sans cependant mettre en doute, ni le
caractère sédimentaire, ni l’âge nummulitique des brèches en question.
Pour lui, la quatrième écaille appartenait à la nappe de la Dent-Blanche,
d'Émile Argand, et venait du bord sud-oriental du grand géosynclinal des
Schistes Lustrés. Et comme, dans la zone des racines de la nappe de la
Dent-Blanche, le Lias et le Trias prennent des faciès analogues à ceux
qu’ils ont dans la zone des Aiguilles d’Arves et dans le Briançonnais, le
caractère briançonnais de quelques-uns des débris renfermés dans les
brèches de l'Eychauda et de l’Alpet n'avait, suivant Jean Boussac, rien qui
dût nous surprendre.
En relisant la thèse de Jean Boussac, l’idée m'est venue que tout serait
encore bien plus clair, et que toute difficulté diparani, si les conglomé-
rats à galets cristallins de lEychauda et de l’Alpet n'étaient pas des congo:
mérats, s'ils étaient des brèches d’origine mécanique, résultant de l’écra-
sement de la quatrième écaille et du mélange de ses matériaux écrasés avec
les matériaux arrachés à son substratum, en un mot s'ils étaient des mylo-
nites. Cette idée ne pouvait, je crois, venir à l'esprit de personne avant 1903.
Mais aujourd'hui que les mylonites sont entrées dans la science et que
l'importance de leur rôle tectonique n’est plus contestée, la question se pose
tout naturellement.
J'ai donc, après vingt ans, revu, au cours du dernier été, les montagnes
entre Briançon et Vallouise, et aussi le vallon de l'Alpet. Le résultat de ce
nouvel examen a été immédiat et tout à fait décisif : les prétendus conglomé-
rats de l Eychauda, de Serre- Chevalier et de į Alpet, ne sont pas des conglo-
mérats; ce sont des mylonites. Je ne conserve à cet égard aucun doute, et je
Te Me
(1) Jean Boussac, Études stratigraphiques sur le A ge rss alpin (Mém. de
la Carte géolog. de la Fr.), 1912. p. 248 à 257.
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 655
ne crois pas que le doute soit maintenant possible. Il n’y a aucune diffé-
rence essentielle entre ces brèches et celles que j’ai décrites, en 1902, comme
brèches d'écrasement sur quelques points de la base de la quatrième écaille;
la seule différence est dans la grosseur des blocs (').
Les brèches de l'Eychauda ne sont pas des sédiments. La sédimentation ne
va jamais sans un certain classement de volume. Même dans un conglomé-
rat, même dans les brèches sédimentaires qui s’intercalent parfois au milieu
des formations marines et qui témoignent d’épisodes violents, tectoniques
ou séismiques, interrompant brusquement une période tranquille, le dépôt
dans l’eau se trahit toujours par quelque régularité dans l’arrangement des
débris : on voit, par exemple, des lits de sable fin, ou de petits graviers,
séparer les bandes plus troublées et de grain plus gros. Ici, rien de sem-
blable; aucun arrangement des débris; c’est le chaos même : premier
caractère des mylonites.
Un deuxième caractère, c’est la discontinuité. Un sédiment se poursuit,
dans la surface où il s’est déposé et qui était autrefois un plan horizontal ;
et, après lavoir suivi plus ou moins longtemps, on le voit passer à un
sédiment de nature un peu différente, ou encore se terminer en coin entre
deux assises également sédimentaires. La sédimentation, même dans le cas
des brèches marines d’origine tectonique ou séismique, ne va pas sans une
certaine continuité. Ici, le phénomène est essentiellement discontinu.
L’assise bréchiforme se fond, pour ainsi dire, dans une assise homogène et
non brisée, On ne sait jamais si l’affleurement que l'on touche, et qui est du
vrai micaschiste, ne va pas se transformer, tout à côté, en un affleurement de
brèche simulant le conglomérat. Il y a vingt ans déjà, j'avais été frappé de
la difficulté de tracer un contour, sur la carte, entre les brèches et les
terrains de la quatrième écaille; même au col de Méa, où les brèches
abondent, les assises cristallines d'apparence homogène sont prépondérantes.
J'avais été frappé aussi de ce fait que les brèches réapparaissent, çà et là, en
pleine quatrième écaille et loin de la base, sur les pentes de PEychauda et
de Serre-Chevalier, et que ces réapparitions sporadiques restent toujours
locales : je me les expliquais par des replis de l’écaille, mais celte explication
(') Dans mon Mémoire de 1902 (loc. cit., p. 112 à 115), je décris des brèches
d'écrasement, à grands blocs de Permien, de Trias et de Malm, en un lieu situé
au N.-N.-O. et à Soo® environ du Sommet de l’Eychauda, sur la rive gauche du vallon
du Fangeas. J'appelle le lieu « Butte des Galets », parce que les blocs en question
simulent des galets gigantesques. Ces brèches, que j'appellerais aujourd’hui mylonites,
sont à la base même de la quatrième écaille.
656 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ne me salisfaisait pas complètement. En réalité, il n’y a pas de limite précise
entre les brèches et la quatrième écaille; les brèches, particulièrement
abondantes près de la base, reviennent un peu partout; ce sont des accidents
de la quatrième écaille; ce n’est pas une entité stratigraphique distincte des
terrains de celle-ci.
Un troisième caractère est tiré de l’étude des débris eux-mêmes et du
ciment qui les relie. Je n’ai pas grand’chose à changer à ma description de
1902 en ce qui concerne ciment et débris; mais j'ai eu’tort de dire que la
plupart des débris sont roulés (loc. cit., p. 46); c'est le contraire qui m'est
apparu dans ma dernière étude. Le nombre est vraiment très petit des
débris ayant forme de galets ; la plupart ont des formes quelconques, avec
des contours arrondis et des arêtes émoussées ; beaucoup sont à angles vifs,
surtout parmi les débris quartzeux, gneissiques ou micaschisteux. Les
seuls débris qui prennent, parfois, figure de galets, sont les débris
calcaires, triasiques ou liasiques, c’est-à-dire les plus tendres; encore
y en a-t-il, parmi eux, qui ont gardé des silhouettes irrégulières. Quant au
ciment, ce devrait être un sable, si la brèche était sédimentaire ; ce n'est
pas du tout un sable; c’est, le plus souvent, une sorte de pâte, ou de purée,
d'allure fluidale, faite de micaschiste écrasé, et qui se moule comme une -
matière plastique autour des débris, et qui, même, les injecte et s’insinue
dans leurs fissures. Cette pâte de micaschiste écrasé est souvent colorée en
rouge vif par de l’oxyde de fer.
Un quatrième caractère, qui m'avait frappé, mais que je n’avais pas su
interpréter convenablement, est le laminage général de toute l’écaille,
brèches comprises. Ce laminage est très intense et se manifeste, un peu
partout, par les phénomènes habituels : surfaces de friction, onduleuses .
et miroitantes; disposition lenticulaire des banes; tronçonnement des
cristaux. A la « Butte des Galets », le laminage se lie à l'écrasement
de façon évidente; mais ailleurs, il n’est guère moindre et, à le regarder
de plus près, sa liaison avec la naissance des brèches n’est pas contestable.
A lPAlpet, la nature mylonitique des brèches est encore plus palpable
qu'à l'Eychauda, à cause, sans doute, de la dureté plus grande du
substratum. Tandis que, dans les montagnes entre Briançon et Vallouise,
la quatrième écaille repose- habituellement sur les schistes et grès tendres
du Flysch, les micaschistes et autres roches cristallines de l’Alpet reposent
sur des calcaires du Trias, durs et cassants, On voit, sur l’arête même
du col de l’Alpet, des mylonites de ces calcaires, de couleur grise, et d’autres
mylonites, de couleur jaune, qui sont des cargneules à débris de
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 657
micaschistes; un peu plus au Sud, près de la fontaine, affleurent des
mylonites où les morceaux de micaschistes et les débris triasiques sont en
proportions comparables; puis viennent les brèches à débris cristallins,
où le débris triasique est rare, et qui sont identiques à celles de l'Eychauda.
On a donc ici tous les passages entre Trias mylonitique et terrain cristallin
mylonitique; et celte zone écrasée sépare, du Trias d'apparence autochtone,
le lambeau cristallin qui est, de toute évidence, un lambeau de recou-
vrement,
Cet erralum à mes Notes et Mémoires d'il:y a vingt ans et aux deux
cartes géologiques, citées plus haut, de la région briançonnaise, cet erra-
tum, dis-je, était très nécessaire, en raison de la grande importance de la
quatrième écaille pour quiconque veut bien comprendre l’histoire du Brian-
connais. Rien, désormais, ne s'oppose plus à ce que la quatrième écaille
ait une origine lointaine, comme le voulait Jeau Boussac, et comme je
l’avais, moi-même, pensé dans les premières années de mon étude. Rien,
dans cette écaille, ne ressemble aux terrains de son substratum; elle est
séparée de son substratum par une épaisseur, plus ou moins grande, pou-
vant aller à roo®, de mylonites où se mélangent ses propres roches cristal-
lines et les dbus arrachés, par le charriage, aux terrains sur lesquels elle
est passée; elle vient de et, d’une région italienne où tout est cristallin, sans
que l’on puisse préciser dandas par la seule considération des phéno-
mènes observés à l’'Eychauda, à Serre: Chevalier ou à l’Alpet; enfin, comme
les brèches de sa base sont des mylonites, et non plus des sédiments d'âge
nummulitique, elles ne nous apprennent plus rien sur l’âge du métamor-
phisme et nous n’avons plus le droit de dire que les Schistes Lustrés, par
exemple, étaient déjà métamorphiques quand se déposaient les grès et les
schistes du Nummulitique briançonnais.
M. Cu. Dspérer, en son nom et en celui de M. F. Roman, fait hommage
à l'Académie don Mémoire initié: Le Felsinotherium Serresi des sables
Pliocènes de Montpellier et les rameaux phylitiques des siréniens fossiles de
l’ancien monde.
NOMINATIONS.
def
M. G. Bicourpax est désigné pour représenter l'Académie à l'inauguration
du monument érigé en mémoire de J. JANSSEN, Lis de l'Observatoire de
Meudon, le dimanche 31 octobre.
I
C. R., 1920, 2° Bonati, (T: I N" 15) ;
658 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDANCE.
i if
M. G. Raymoxp adresse un rapport sur l’emploi de la subvention qui lui
a été accordée, en 1919, sur la fondation Loutreul.
M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL annonce le décès de M. Daniel-Pauline
OEhlert, Correspondant de l’Académie pour la Section de Minéralogie,
décédé à Laval, le 17 septembre 1920.
M. Jean Srrour, professeur de Zoologie à l'Université de Zurich;
M. Davinorr, directeur de la Station 260l6gique de Villefranche-sur-Mer,
adressent des télégrammes de condoléances à l’occasion du décès de
M. Yves Delage.
M. le Secrérame perećrueL signale, parmi les pièces de la Corres-
pondance : :
1° Un rapport autographié de MM. Bovycors et Hki Devaux : De la
valeur du fluorure de sodium comme antiseptique pour la conservation des
traverses. ( Présenté par M. Gaston Bonnier. )
2° Un Mémoire de MM. Luces Mayer et Jeax Pissor dier: Abri sous
roche préhistorique de la Colombicre, prés Poncin (Ain). (Présenté par
M. Ch. Depéret.)
3° Mission du Service géog: raphique de l'Armée pour la mesure d'un arc de
méridien équatorial en Amérique du Sud, sous le contrôle scientifique de l Aca-
démie des Sciences (1899-1906), fascicule 2, tome 10 (Opiliones, Diptères,
Myriapodes, etc.).
M. Oxricoi adresse des remerciments pour la distinction que l'Aca-
démie a accordée à ses travaux.
THÉORIE DES NOMBRES. — Ænumération et constitution des corps abéliens
- quelconques. Note de M. A. Cnareser.
Il m'avait semblé naturel de commencer l'étude des corps abéliens par
r . . . . , 7 “
ceux dont le degré est premier; entre autres simplifications, ils ont l'avan
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 659
tage d’avoir un groupe cyclique. J'ai pu ainsi obtenir unè énumération
complète de ces corps et des renseignements précis sur leur constitution (').
Mais la difficulté d'énoncer simplement ces premiers résultats me faisait
craindre une complication plus grande pour le cas général des corps abé-
liens. C’est le phénomène inverse qui a lieu et ceci tient à ce que, contrai-
rement à ce que j'avais cru a priori, la classification et la constitution des
corps abéliens s’obtiennent plus naturellement par la considération des
facteurs du discriminant que par la donnée du degré. Les propriétés que
J'ai ainsi obtenues comprennent celles que j'ai déjà signalées pour les degrés
premiers (loc. cit.) et même les éclairent à certains points de vue. |
1. J'indique d’abord comment, à partir de corps abéliens donnés, on :
peut en constituer d’autres, par une véritable opération qu'il est naturel
d'appeler composition. Soient deux corps abéliens A et B, de degrés m
et n, de groupes [A] et [B]; considérons deux sous-groupes respectifs
de [A], [B], soient [M] et [N], qui soient holoédriquement isomorphes, par
suite de même ordre p diviseur commun de m, n. On peut toujours prendre
pour |M] et [N] le groupe [1] composé de la seule substitution identique ;
c'est même le seul cas possible si m et n sont premiers entre eux (PT.
Dans un cas, pour ainsi dire opposé, si [A] et |B] sont holoédriquement
isomorphes (m =n), on peut prendre [M] et [N] confondus avec [A]
et|B|. |
Soient alors m;(æ) et n,(æ) les substitutions correspondantes des groupes
[M] et [N], et x, B des nombres primitifs des corps A et B. Formons
y= Dmila)ni(8),
? r b n » 1," . .
c est évidemment un nombre algébrique abélien, dont on obtient les conju-
gués, en remplaçant æ, 8 par leurs conjugués respectifs de toutes les facons
possibles; on vérifie immédiatement qu’on n'obtient ainsi qu'au plus
mn pis ų h ;
a valeurs différentes. Le nombre y sera dit composé des nombres 4, 5 et le
corps C qu'il définit composé des corps À et B, suivant les sous-groupes
isomorphes [M] et [N]. En faisant varier la correspondance des substances
des groupes on obtient p' corps C, p' étant le nombre d'isomorphies distinctes
des groupes [M] et [N] ou encore du groupe [M] avec lui-même (p' est au
plus égal à p). ‘
on gts
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 651.
660 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans le cas M = N — 1, cette composition coïncide avec la composition
définie par M. Hilbert dans son Rapport (‘) et qui consiste à prendre seule-
ment y= af, soit encore à prendre pour G le corps défini par tous les
nombres de A et B. Mais les propriétés données par M. Hilbert (th. 87 et 88)
sont encore vraies, mulatisymutandis, pour le mode de composition plus
générale que je viens de définir’: si les discriminants a et b de A et B sont
premiers entre eux, les p' corps C sont différents, chacun d’eux est efiective-
ment de degré ZZ, on en obtient une base des entiers en composant respec-
tivement les entiers de deux bases de A et B, enfin le discriminant c est
ae
Caka jete) Š
2. On peut alors énoncer le résultat assez simple : tout corps abélien
résulte de la composition de corps abéliens simples, dont les discriminants sont
des puissances de nombres premiers différents.
Je crois encore exact, sans toutefois l'avoir établi de facon entièrement
rigoureuse, que chaque corps n’est ainsi obtenu que d’une seule façon.
3. Au sujet de ces corps abéliens simples, je me contenterai d'indiquer
ici qu'ils sont constitués par tous les sous-corps des corps des racines
(p*)°""% de l'unité, p premier. On en déduit assez aisément le degré mp",
si p est impair (m diviseur quelconque de p — 1), 24! ou 24? si p = 2; une
base des entiers et le discriminant (si A= 1, la base est normale et le discri-
minant est p”—', p impair). Leurs groupes sont cycliques, sauf pour le corps
des racines (2*)®"* de l’unité, pour lequel le groupe est isomorphe du
groupe des nombres (— 1)°.5”, définis module 2°.
4. Pour étudier la décomposition d’un nombre premier g dans un corps
abélien K, il suffit d'étudier ce nombre q dans chacun des corps composants
de K : P,, P,,... sous-corps des corps de racines (pl, ph, .. .)*"* de l'unité
(Pis P2, ++. nombres premiers différents). On obtient ainsi des caracteres
(racines de l’unité) analogues au symbole de Legendre, dans chacun de ces.
corps, et leur produit donne le caractère du nombre g dans le corps
considéré.
IL est alors facile d’en déduire que si q se décompose d’une certaine façon
dans le corps K, il en est de méme de tout nombre premier congru à q suivant
le module
A= pi a. ue
Rd ie S
(+) Théorie des corps de nombres algébriques (traduction Lévy et Got), Chap. XIII,
p- 90.
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 661
Cette propriété (') généralise la propriété Rae indiquée dans
ma Note citée sur les corps de degré premier.
z
THÉORIE DES ENSEMBHES. -- Sur la peee d'étendre l'homéomorphie
de deux figures à leur voisinage. Note de M. L. ANroise.
Soient F et f deux figures homéomorphes situées dans des espaces E et e
ayant le même nombre n de dimensions. Est-il possible d'étendre cette
homéomorphie à leurs voisinages? J'entends par là : est-il possible de déter-
miner deux figures F,, f, homéomorphes, telles que F et f se correspondent -
dans leur homéomorphie, chaque point de F (et de f) étant centre d’une
hypersphère à n —1 dimensions, de rayon non nul, dont tout l’intérieur
appartienne à F, (ou à f,)? S'il est impossible de déterminer F, et f,, je dis
que F et f sont homéomorphes en elles-mêmes. Voici quelques résultats
relatifs aux courbes de Jordan sans points multiples et aux ensembles par-
faits discontinus bornés. Ils mettent en évidence certaines singularités de
l'espace à trois dimensions.
I. La correspondance entre deux courbes de Jordan planes (toutes deux
ouvertes ou toutes deux fermées) peut s'étendre à la totalité de leurs plans
au moyen d’une infinité dénombrable de correspondances homographiques.
Cette propriété ne se généralise pas à l’espace à trois dimensions. En
effet, C étant une courbe de Jordan fermée tracée sur un tore, soient z et B
ses coefficients d’enlacement avec l’axe et le lieu des centres des méridiens
de ce tore. x et 5 sont premiers entre eux el si Pun de ces nombres est nul,
l’autre est o ou 1. La correspondance entre C et un cercle c peut s'étendre
à leurs voisinages. Pour qu’elle puisse s'étendre à tout l’espace, il faut et il
suffit que l’un des nombres a et B soit égal à zéro ou à 1. x et 8 n'étant pas
nuls, je peux me borner à la courbe C’ (dont l'homéomorphie avec C peut
s'étendre à tout l’espace), qui a pour équations en coordonnées semi-
polaires
(C Rire ue (Hr):
a a
Or, si C est, comme c, frontière d'une calotte simplement connexe sans
Points multiples, l’un des deux nombres «, 6 est égal à 1.
(‘) Au Congrès des Mathématiciens de Strasbourg, j'ai montré qu'on pouvait en
donner un énoncé arithmétique, indépendant de la terminologie des corps algébriques,
662 ; ACADÉMIE DES SCIENCES.
a et B étant au moins égaux à 2 Je marque sur C’ les deux points A’ et A”
définis par = — uw et 207 — = = = =o” . Je marque sur l’axe des z les points
M de cote m > R +r, M, de cote — m, S de cote — 3m et N de cote infe-
rieure à — 3m. J'appelle T Larc MM, comprenantles deux segments: recti-
lignes MA’ et A” M, et l'arc o’ <o > © de C’. Soit T, l'homothétique de F
par rapport à S dans le rapport (1) = 1; 2,3, ...). Soit enfin Farc dé
Jordan, somme des arcs T, et du segment rectiligne SN. T’ et un segment
de droite sont homéomorphes en eux-mêmes. Si la correspondance pouvait
s'étendre, il y aurait une calotte simplement connexe dont la frontière serait
la somme d’un des arcs F, et d’un arc extérieur à la sphère de diamètre
M,M,.,, sphère qui contient à son intérieur tout larc F,. Il y aurait donc
aussi une calotte simplement connexe ayant C pour frontière, ce qui est
impossible.
De même, un cercle et une be de Jordan fermée sans points He
tiples, dont [” est un arc, sont homéomorphes en eux-mêmes,
IT. A tout ensemble fermé partout discontinu borné de l'espace En, je
peux attacher une infinité dénombrable de variétés V fermées, à n— I
dimensions (que j'appelle variétés de définition de l’ensemble), telles que
l’ensemble coïncide avec l’ensemble des points qui sont intérieurs à une
infinité des variétés V. En outre, ces variétés V, groupées en variétés
d'ordres numérotés 1, 2, 3, ..., À, ..., ont les propriétés suivantes :
1. Quel que soit À, les variétés d’ordre À sont en nombre fini et sont
extérieures les unes aux autres,
b. Toute variété d'ordre À + 1 est intérieure à une variété d'ordre À et,
à l’intérieur de chaque variété d'ordre À, il y a au moins une variété
d'ordre À + 1 (au moins deux, s’il s’agit d’un ensemble parfait).
. Le diamètre maximum des variétés d’ ordre À tend vers zéro quand
À augmente indéfiniment.
Ceci résulte de ce que, étant donnés un ensemble fermé discontinu et
deux variétés S, S, (S, intérieure à S,), on peut déterminer une variété
polygonale d’un nombre fini de sommets ne coupant pas l’ensemble, inté-
rieure à S, et ayant S, à son intérieur. Donc, on peut prendre pour
variétés V des variétés polygonales dont chacune a un nombre fini de
sommets.
Il en résulte que (*) :
ne en
(1) Cf. Dexsoy, Comptes rendus, t. 149, 1909, p. 1048, et t, 151, 1910, p. 138,
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 663
1° Tout ensemble fermé discontinu borné est situé sur un arc de Jordan
et, en particulier, sur une ligne polygonale ayant une infinité dénom-
brable de sommets dont l’ensemble a pour dérivé l’ensemble discontinu
donné.
5° Deux ensembles parfaits discontinus bornés sont homéomorphes. Si
ces deux ensembles sont plans, on péut étendre leur correspondance à la
totalité de leurs plans au moyen d’une infinité dénombrable de correspon-
dances homographiques.
Voici un exemple de deux ensembles parfaits partout discontinus P etp
de l’espace à trois dimensions qui sont homéomorphes en eux-mêmes. Les
variétés de définition de P sont des tores; il y a un seul tore d'ordre 1; à
l'intérieur de chaque tore d'ordre À, il y a # tores d'ordre À +1 enlacés
comme les anneaux d’une chaîne fermée entourant l'axe du tore d'ordre À.
Les variétés de définition de p sont des sphères ayant leurs centres en ligne
droite; il ya une seule sphère d'ordre 1, et à l’intérieur de chaque sphère
d'ordre À, il y a k sphères d'ordre À +1.
La correspondance entre P et p ne peut pas s'étendre à leurs voisinages
en vertu du théorème suivant : ; z
Théorème. — Toute surface simplement connexe ¥ qui a des points de P
dans chacune de ses deux régions coupe P. Si ne coupait pas P, il y
-aurait ün ordre À tel que E ne couperait aucun des tores d'ordre À et en
aurait dans chacune de ses régions. Par réductions successives, on en
déduirait deux courbes enlacées dont l’une serait intérieure et l’autre exté-
rieure à une surface simplement connexe, ce qui est impossible.
Un segment de droite et l'arc de Jordan qui contient P fournissent un
nouvel exemple de deux courbes homéomorphes en elles-mêmes.
On peut en déduire deux ensembles discontinus (et par Suite deux arcs
de Jordan) dont la correspondance peut s'étendre à leurs voisinages et pas
à tout l’espace. Chacun de ces ensembles P, P, est la somme de deux
ensembles égaux à P. Les deux tores d'ordre 1 de P, sont enlacés; les deux
tores d'ordre 1 de P, ne sont pas enlacés. ;
Le théorème énoncé ci-dessus a une allure paradoxale. Il est équivalent
au suivant : P est coupé (l'ensemble des points d’intersection à la puissance
du continu) par toute calotte simplement connexe sans points multiples
dont la frontière est une courbe de Jordan extérieure à un des tores de
définition de P et enlacée avec le lieu des centres des méridiens de ce tore.
664 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉCANIQUE ET CHRONOMÉ TRIE. — Les fi ottements et l’isochronisme.
Note de M. Juces Axpravr.
/
On doit à Villarceau cette remarque précieuse pour l'horlogerie :
Un frottement constant n’altère point l’isochronisme sinusoïdal, il ne fait
que décaler le point mort apparent ou le centre de la vibration et le
mouvement vibratoire s'arrête quand la borne finale d’une oscillation
pénètre à l’intérieur d’une petite zone dont le point mort véritable est le
milieu.
Dans un ordre d'idées un peu différent, voici un théorème qui m’a rendu
de grands services pour l'étude mécanique du réglage et que je crois utile
de mentionner malgré sa très grande simplicité.
Envisageons un mouvement pendulaire simple troublé par une résistance
proportionnelle à la valeur arithmétique ou absolue de l'écart au point
mort; en d’autres termes, en désignant celui-ci par u nous envisageons le
mouvement
(9. TE Ku Kyle),
où Ÿ est un coefficient de frottement, et où €= + 1 a le signe de‘ ra
Ce mouvement oscillatoire est amorti d’une manière spéciale, eA valeurs
absolues des Te e décroissent en progression géométrique dont
la raison est 4
=n la moitié ascendante d’une oscillation a pour sus
Ea (1 — TE 2; la moitié descendante de la même oscillation est = KC + y),
la durée d’une oscillation simple complète est
1 1
2 a T 3ni
a Frp) J= gpa fuel
Il y a isochronisme rigoureux à l'égard de l'arbitraire de lamplitude,
mais cette durée croît avec Ÿ.
Cette remarque a d'importantes conséquences chronométriques.
Qt
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 66
f i
AÉRODYNAMIQUE. — Sur les ondes de choc, leur réfraction et leur mirage
à l'interieur d'un courant d'air. Note de M. Cu. Dévé, présentée
par M. Sebert.
Les photographies de projectiles en mouvement révèlent les ondes de
choc principales, mais elles sont à trop petite échelle pour renseigner sur
les ondes de choc secondaires. Au contraire, les projectilesimmobiles placés
dans le courant d’air d’une soufflerie puissante peuvent être photographiés
à plus grande échelle; ils donnent, avec les ondes de choc principales, une
multitude d’ondes de choc secondaires faciles à photographier, puisqu'elles
sont stationnaires; ces ondes fournissent des renseignements très utiles, mais
les clichés étant encombrés de nombreuses ondes étrangères au projectile,
leur interprétation paraît délicate.
Ayant été appelé à examiner un grand nombre de photographies de pro-
jectiles placés dans un vent de 450 m : s environ, sortant par une tuyère d’un
réservoir d'air comprimé, j'ai été amené à formuler un certain nombre de
propositions, qui paraissent expliquer la plupart des particularités des dif-
férentes ondes de choc.
1° Une onde de choc est engendrée en tout point où se produit une
brusque variation de pression soit par compression, soit par dépression
(ressauts, naissance de l’ogive, culot du projectile, etc., angles et bords de
la tuyère). $
2 Erun point d'une onde, la direction de cette onde dépend de la direc-
tion des filets de courant et de leur vitesse relative en ce point. Ainsi, Ponde
de queue tourne sa concavité vers l'avant, car les filets d’air convergent vers
le vide du culot; par suite du ralentissement du courant au contact d’un
obstacle, l’onde, près de cet obstacle, tourne sa concavité vers l'arrière, et
d'autant plus que le frottement et l'entrainement de l'air (c’est-à-dire la
résistance de la région considérée) sont grands.
3° Pour les vitesses supérieures à celles du son, lair paraît «brouter» sur
la surface lisse d’une ogive, et de très nombreuses ondes élémentaires
s’allachent à cette surface comme si elle était striée de traits de tour. En
Conséquence de la proposition 2°, toute onde élémentaire qui arrive Sans
fléchissement jusqu'au contact du projectile indique un point de ce projectile qui
n'offre à l'air qu'une résistance très petite.
4° Les ondes produites par une brusque dépression (onde de queue par
exemple) s’attaehent, non pas au point où se produit la dépression, mais au
666 ACADÉMIE DES SCIENCES.
point où se produit le choc en retour de l'air venant combler la dépression
(recul d’une demi-longueur d'onde). a ;
5° Si une onde pouvait passer sans transition dans un courant d'air de
vitesse relative V, et y entrer sous l'incidence č, a étant la vitesse du son,
elle se réfracterait sous l'angle r, tel que
I I V
; sinr sini a)
6° Cette formule donne les conditions de la réflexion totale; elle montre
que, pour une onde née à l’intérieur d’un courant, la réflexion sous un
certain angle serait totale sur la surface enveloppe du courant, tandis `
qu'une onde née à l'extérieur pourrait pénétrer dans le courant sous toutes
les incidences. Ainsi, une onde de choc née à l’intérieur d’un cyclône
de 30" à 4o" de vitesse n’en pourrait sortir sous une incidence supérieure
à environ 65°.
En réalité, il y a toujours une zone de transition entre deux milieux
fluides animés de vitesses différentes; dès lors, la surface d'onde se modifie
par l’elfet de la réfraction, et, au phénomène de réflexion, se substitue un
phénomène de mirage acoustique, n i
Si l’on appelle « surface de mirage » le lieu des points où les ondes de
choc nées dans un courant d’air sont normales aux filets de courant, ou, ce
qui revient au même, le lieu des points où la vitesse d’un filet d’air passe
par la valeur de la vitesse du son, le phénomène du mirage des ondes de
choc peut se définir ainsi : Dans l'intérieur d’un courant d'air, une onde de
choc rencontrant la surface de mirage, se réfléchit sur le filet de courant qui
traserse la surface de mirage en cet endroit.
Il est à remarquer que cette règle découle de la première proposition
énoncée plus haut; en effet, Ponde de choc, en atteignant la surface de
mirage, cesse brusquement; il y a donc, en ce point, une variation de
pression qui engendre, dans le premier milieu, une nouvelle onde de choc
dont laxe est le filet d’air passant par le point considéré; celte nouvelle
onde est l’onde de choc réfléchie. à
Il résulte de ce phénomène que les photographies d’un violent courant
d’air sont quadrillées de nombreuses ondes coniques à deux nappes issues
de la tuyère, qui se réfléchissent plusieurs fois en rencontrant la surface de
mirage; au contact de cette surface, ces ondes directes et réfléchies se
présentent généralement en forme de toits de pagode. À mesure que la:
vitesse du courant se ralentit, les ondes coniques s’aplatissent en accordéon
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 667
etsemblent rentrer dans la tuyère. On a pu cinématographier le phénomène.
Les ondes issues du projectile se réfléchissent comme les ondes de tuyère,
sauf dans le voisinage immédiat du projectile. On constate, en effet, sur les
photographies, que londe de tête, bien qu’elle s’accuse par un trait noir
plus fort que les autres, ne se réfléchit pas, quand elle est encore dans sa
partie courbe, au point où elle rencontre la surface de mirage. Voici
comment peut s'expliquer cette anomalie.
L'air est en quelque sorte embouti entre le front de l'onde de tête et le
projectile; toute la partie arrondie du front de l'onde autour de son sommet
limite une zone d’air comprimé et plus ou moins entrainé ou dévié.
Si donc l’onde de tête, dans sa partie arrondie, rencontre la surface de
mirage, l'air comprimé qu’elle retient s’épanche, comme l'eau s'échappe
d'une digue rompue. De fait, sur les photographies, l’onde de tête semble
éclater aux points où elle rencontre la surface de mirage, si cette rencontre
se produit tout près du projectile, et l’on aperçoit toujours à cet endroit
une brusque expansion des filets d’air; littéralement, la surface réflé-
chissante (surface des filets d'air) est brisée et coudée au point où devrait
se produire la réflexion de l'onde de tête. L'expansion latérale des filets d'air
produits par la rupture de l'onde de tète diminue certainement la pression.
totale exercée par le courant sur le projectile. Cette considération me
conduit à formuler la proposition suivante :
7° Lorsqu'on veut mesurer à l’aide d’un manomètre la pression exercée
par un courant d’air, sur un projectile, le chiffre relevé est erroné par défaut
lorsque londe de tête se réfléchit mal au contact de la surface de mirage;
dans ce cas, le projectile essayé est trop gros pour le courant d’air. Il con-
vient donc de prendre une photographie, en même temps qu'on mesure la
pression. Les essais photographiques préalables sont un moyen sûr de
déterminer le calibre maximum des projectiles qu'on peut essayer dans un
Courant d’air donné.
Les ondes de choc sont plus faciles à observer et à enregistrer que les
phénomènes dynamiques qui les produisent; elles constituent de précieux
témoins, qui révèlent les états locaux du courant d'air. Grâce à elles, les
études aérodynamiques deviennent plus aisées, dès qu’on peut opérer dans
un vent d’une vitesse supérieure à celle du son.
668 ACADÉMIE DES SCIENCES.
NAVIGATION PHYSIQUE. — Nouveau procédé de navigation permettant à tout
navire d'entrer sans risques dans nos ports et d'en sortir quand les moyens
habituels de repérer ses routes lui font défaut. Note dé M. W.-A. Loru,
présentée par M. F.-R. Fournier.
1. C’est dans le but d’affranchir les bâtiments de guerre et de commerce
des dangers que présente leur entrée dans nos ports du Nord et de l'Océan,
qu’à la suite de recherches de laboratoire, en 1914 et 1915, et après des
expériences nombreuses et concluantes en rade de Brest, de juillet à
septembre 1919, j'ai demandé et obtenu du Ministre de la Marine, que
l’on poursuive des expériences sur une grande échelle au large de Brest,
pour l'étude complète et l'emploi pratique d’un nouveau procédé. Ces
expériences ont été faites sous la direction du capitaine de vaisseau
Audouard et du capitaine de frégate Floch dont la constante collabo-
ration m'a été des plus précieuses. C’est ainsi que l’on a pu résoudre cet
important problème des dispositions pratiques à prendre, de part et
d'autre, pour pérmettre à tout navire d’entrer dans nos ports, dans le
cas même où 1l ne trouverait pas, en s’y présentant, les moyens habituels
de repérage de ses routes, nécessaires pour franchir les passes en sécurité.
Ces dispositions comportent naturellement, pour le cas de guerre, des
modifications tenues secrètes, qui empêchent l'ennemi de les utiliser.
2. Cette solution repose sur les dispositions suivantes : immerger sur
le fond du chenal à suivre pour gagner les ports, un câble armé parcouru
par un courant alternatif à fréquence musicale, de 2,5 amperes seulement.
Ce courant crée dans l’espace environnant un champ magnétique de même
période, dont les lignes de force, complexes, mais nettement définies après
de laborieuses recherches et de nombreuses expériences, soit en mer, soit
en rade, sont dans des plans perpendiculaires au câble inducteur.
Les installations à bord comprennent deux cadres verticaux en bois, dè
2™, 5o X 1™, récepteurs des courants induits par le champ magnétique du
cåble.Chacun de ces cadres està deux enroulements: le premier |T(6ospires),
t (10 spires)| orienté transversalement au plan longitudinal du navire et le
second [L (6o spires) et ¿(10 spires)] orienté suivant le plan longitudinal.
Des communications téléphoniques, entre ces cadres et le poste d'écoute
sur la passerelle, permettent d’y percevoir, à plus de 2000™, les sons musicaux
provenant des courants induits dans ces cadres par le champ magnétique
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 669
variable du cäble-guide. Les courants amplifiés (avec accord ou non) sont `
reçus par des téléphones (accordés ou non). Quand le navire se rapprôche
du càble-guide perpendiculairement à lui, les réceptions de T et z augmentent, E
celles de L et / restent insensibles. L’inverse a lieu pour une direction da
navire parallèle au càbles Enfin, deux cadres horizontaux (2™, 50X 1™),
Pun à tribord, l’autre à babord, aussi écartés et élevés que possible,
reçoivent les courants induits et donnent, à l'écoute, des sons musicaux
perceptibles à Goo", étant donnée la forme du champ. Le plus rapproché
du càble-guide ayant une réception plus intense, on distingue trés nettement
de quel côté de ce câble se tient le navire, lorsqu'il court parallèlement à
lui.
3. Cette description, nécessairement sommaire, fait comprendre comment
un navire arrivant du large et partant de son point estimé, corrigé par la
sonde ou autrement, peut trouver la partie la plus en dehors du cäble-guide.
Pour cela, il court d’abord perpendiculairement à la direction de ce càble
tracée sur la carte, en écoutant sur T, et une fois le contact pris sur £, il lui
suffit de tourner de 90° vers le port pour suivre le câble à bonne distance
de sécurité, parallèlement à sa direction, en s’en maintenant (à écoute
constante) sur /, de manière à garder toujours la droite du câble, en laissant
ainsi l’autre côté libre pour les navires suivant la route opposée.
4. Sur les sous-marins le dispositif peut être plus rudimentaire encore.
5. D'après des expériences récentes, dirigeables et hydravions pourraient
suivre dans des conditions analogues un câble-guide immergé, d’un port à
un autre. Les portées de réception à 200" d’altitude donnant une zone
d'écoute de 3200" de large. vs
6. Des routes aériennes semblables (analogues à une ligne télégra-
phique) pourraient être suivies par les dirigeables et les avions, sans
aucune visibilité. On a reconnu qu'avec un ballon à 600" d’altitude, on a
une zone d'écoute de 1o'" de large.
7. Avec ce procédé, une seule personne non spécialisée suffit à la
conduite d’un bâtiment quelconque. La preuve en a été faite à Brest sur
une canonnière de 4oo!*, La Belliqueuse, sous les yeux du Ministre de la
Marine, et sur La Gloire, cuirassé de 10000.
L'installation du port de Brest va être entreprise. Son càble-guide aura
80%™ de long et couvrira tous les dangers d’Ouessant et des Pierres Noires,
son extrémité allant jusque dans les fonds de 100" où il donne l'entrée en
Manche.
Des installations semblables sont envisagées pour d'autres ports.
_ 670 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIQUE. — Application d'une nouvelle méthode de volumétrie
physico-chimique. Note (') de M. Rexé Dusrisay, présentée par
M. H: Le Chatelier.
La méthode d'analyse physico-chimique qui a fait l’objet de précédentes
Communications (°) se prête à des recherches d’acidimétrie. J’ai étudié, en
particulier, la neutralisation par la soude des acides chlorhydrique et sul-
furique.
A 10% de solution d’acide normal, j'ajoute des proportions variables de
soude normale et le mélange est dilué à 200™ au moyen d'eau distillée.
Un volume fixe des liqueurs obtenues est mis en présence d’un égal volume
de phénol et je détermine, par la méthode antérieurement indiquée, la
température de miscibilité de cet ensemble. Les résultats sont consignés
dans le Tableau suivant.
Tagzeau I.
: a, E Solution normale d’acide... rer
Composition du liquide ;
i Solution normale de soude. £
On aA ours
LA À PS jo PRES se 200—10 — L
Acide sulfurique. Acide chlorhydrique.
A — o a —
£ P £ E
o o
O e a 68,30 T aa ae 68,30
ST E 68,70 e AS A EN 68,80
DIS. 69,30 LP ESS + LE DES 09,20
bis. ze Er 70,00 Fe de ne eds 69,40
M: PS 70,80 1 diameter te 69,10
Re e E 71,80
ÉD re in tu 71,40
Si l’on représente graphiquement ces résultats (fig. 1), on obtient très
approximativement pour l'acide chlorhydrique une droite brisée au point
de saturation. Pour l'acide sulfurique, on observe deux points anguleux
correspondant, le premier à l’addition d’une molécule NaOH pour une
molécule SO*H?, le second à la neutralisation totale de l'acide. Ce fait, que
j'ai vérifié en faisant varier les dilutions des liqueurs, mérite d’être retenu :
Fi FRE
+
(1) Séance du 4 octobre 1920.
(2) Comptes rendus, t. 167, 1918, p. 1036; t. 168, 1919, p. 56, t. 170, 1920;
p. 1582.
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 671
on n'avait observé, en effet, aucun point anguleux correspondant au sulfate
acide en traçant la courbe de neutralisation de l'acide sulfurique soit par la
S0 H
631
70L
méthode des conductibilités électriques (Miolatti et Masutt), soit par la
cryoscopie (Cornec).
Pour confirmer ce résultat, j'ai étudié le système acide sulfurique-sul-
fate de soude comme j'avais fait pour les mélanges de sulfates ('), c'est-
à-dire que j'ai mêlé en proportions variables des solutions à même titre
moléculaire de sulfate de soude et d'acide sulfurique et déterminé la misei-
bilité de ces liqueurs avec le phénol. J'ai inscrit dans le Tableau suivant les
températures observées et les températures calculées en fonction de deux
d’entre elles par la règle d’additivité. cr
ess isa
(*) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1582.
672 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le. Tagzeau li,
_ neutre de sodium,
n pe
= Mélange de liqueurs à yẹ de molécule par litre d’acide sulfurique et de sulfate
æ — volume de solution acide.
100 — x — volume de solution de sulfate de soude.
T£. T observée. T calculée, Écart.
o 85,20 89,20 »
16,666 O2 00 82,60 + 0,60
33,293 79,00 80,00 +1,00
50,000 T à 77,49 + 1,30
66,666 73,80 74,80 + 1,00
83,333 71,80 72,20 +- 0,40
100 69,60 69,60 »
Les écarts sont nettement supérieurs aux erreurs d'expérience, et le
maximum apparait pour des volumes égaux des deux solutions, ce qui
concorde avec la formation du sulfate acide.
En répétant les mêmes mesures dans le système acide chlorhydrique-
sulfate de soude, on observe encore des écarts appréciables entre la tempé-
rature calculée et la température mesurée.
Tagzeau II.
x — volume de solution de HCI à- de molécule par litre.
100 — X — » SO Na” »
æ, T observée. T calculée. Écart.
o 89,1 89,1 »
33, 399 78,9 80,1 1573
50 75,8 77,6 1,8
66,666 73,8 F, 79,1 1,5
100 70, + 70,2 »
Pour interpréter ces résoltäis; il est naturel d'admettre que l'acide chlo-
rhydrique réagit sur le sulfate de soude, et qu’un état d'équilibre s ’établit
entre les deux acides et leurs sels. C’est d’ailleurs l'explication adoptée
par Ditte, puis par Berthelot, à la suite de mesures calorimétriques ( ').
a een
(1) Durre, Comptes rendus, t. 90, 1880, p. 1163 et 1283 ; BertneLoT, Comptes rendus,
t. 90, 1880, p. 1191.
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 673
ANATOMIE VÉGÉTALE. — Causes du parcours transversal des faisceaux libéro-
ligneux aux nœuds des Graminées. Note de M. P. Buewox, présentée
par M. Guignard.
Jai consacré deux Notes antérieures (') à mettre en évidence ce fait que,
dans les nœuds de la tige des Graminées, ce n’est pas à une différence de
nature entre les faisceaux libéroligneux qu'il faut attribuer leur course
longitudinale ou transversale, mais qu'il ne s’agit là que d’une question de
circonstances : l’objet de la présente Note est de déterminer ces circons-
tances.
C4
Aux nœuds pourvus de racines latérales, on conçoit qu'on puisse mettre en cause la
direction des courants d'échanges liquides correspondant à ces racines, les faisceaux
libéroligneux s'établissant en définitive suivaht les lignes de maximum de transport
des sucs nourriciers. Mais des faisceaux transverses existent aussi aux nœuds dépourvus
de racines latérales; d'autres causes agissent done indépendamment de la précédente.
L'étude de la différenciation de l'appareil conducteur dans le bourgeon terminal de
la tige révèle que les faisceaux d'une trace foliaire, nés à l’état de cordons procam-
re indépendants, au niveau du nœud, ou sde. dans la feuille, se différencient
ensuite progressivement dans la tige haut vers le bas et en suivant un parcours
normalement longitudinal. Leur extrémité inférieure arrive ainsi dans les régions
nodales sOus-jacentes où d’autres faisceaux, ceux des traces foliaires plus àgées, sont
déjà établis. Plus grand sera le nombre des faisceaux préexistants à un niveau trans-
versal donné, plus la place sera mesurée aux nouveaux venus et plus les risques de
rencontres seront fréquents. Ces rencontres aboutissent à deux résultats différents :
1° ou bien le faisceau supérieur s’accole latéralement à un faisceau inférieur et finit
par se fusionner avec lui; ce cas ne se présente que si la portion intéressée du faisceau
inférieur est jeune elle-même et non encore entourée d'une gaine séparatrice j 3° où
bien le faisceau supérieur ne trouvant ni issue vers le bas, ni possibilité de fusion
latérale, subit un coude brusque qui le rend transversal. L'état du tissu au nœud,
d’une part, et immédiatement au-dessous du nœud, d'autre part, favorise ce phé-
nomène : le tissu central du nœud a conservé dans une certaine mesure ses propriétés
méristématiques initiales et peut aisément se différencier dans le sens transversal en
éléments conducteurs, qui restent d’ailleurs courts; les nœuds des Graminées s’op-
posent en eflet aux entre-nœuds par la persistance de la vitalité de leur région médul-
laire et par la direction de leur accroissement intercalaire, qui est surtout transv ersal.
Par contre, et à cause de la situation basilaire de la zone Pestiient intercalaire
des entr e-nœuds, c'est leur région supérieure qui arrive la première à son état défi-
an
Len
(1) P. Bucxox, Origine des faisceaux libérolig. transv:, etc. (Comptes rendus,
t. 170, 1920, p- 671); Dans la tige des Graminées, etc. ({bid., p. 1201).
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 15.) 2
71 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nitif, le lissu sous-nodal devenant ainsi le premier incapable de différenciation ulté-
rieure. ; : :
Dans son parcours Lransversal, le faisceau arrive à preadre contact latéralement
avec d’autres faisceaux longitudinaux ou transverses au même état de différenciation
que lui et des anastomoses s'établissent de la sorte entre faisceaux d'origines très
diverses, anastomoses d'autant plus complexes que le faisceau descendant peut se
diviser en plusieurs branches au niveau de l'obstacle à sa course longitudinale.
Les figures ci-jointes offrent des exemples nets de l'influence de ces circonstances
sur le parcours des faisceaux dans les nœuds.
Fg 3
0 bop
Coupes transversales dans le bourgeon terminal d’une germination de riz (Oryea satwa Ł-)
ayant 5 feuilles différenciées au-dessus de la piléole. (Les figures 1-et > correspondent aux figures 2
t 3 de ma Note 1; se reporter au besoin à celle-ci pour les détails de la nomenclature des
faisceaux.) à
Fig. 1: coupe au niveau du nœud de la feuille F,. — Fig. 2 : coupe dans la partie supérieure du
£ Fe Re 5 à
nœud de Ja feuille F,. — Fig. 3 : coupe dans la partie inférieure du même. Gr. : —: — Le faisceau
médian M, de la feuille F, s'est fusionné avec l’un des marginaux m, de la feuille F, : l'intervalle
où il descendait entre M, et m, s'étant trouvé trop réduit pour lui permettre une course indépen-
dante. Un obstacle du même. genre (intervalle trop exigu entre M, et le faisceau anasto-
motique M, m,) a rendu transverse un des m, (fig.2). Fait analogue pour l’un des L,: l'autre L; a,
par contre, trouvé la place nécessaire au nœud de F, pour continuer son parcours longitudinal, ete.
Ainsi, les causes provoquant le brusque changement de direction qu'un
faisceau longitudinal peut subir au niveau d’un nœud semblent être:
1° l'absence de la place et du tissu nécessaires pour que sa différenciation
puisse se continuer vers le bas; 2° les facilités qui lui sont par contre offertes
à cel égard pour poursuivre sa différenciation dans le sens transversal.
C'est pour les mêmes raisons que les faisceaux gemmaires sont habituellement
“
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 675
transverses : le bourgeon axillaire se développe en général tardivement par rapport aux
feuilles du bourgeon terminal de la tige et, à ce moment, les conditions sont telles au
niveau de sa feuille axillante que la différenciation des faisceaux de ses traces foliaires
ne peut plus s’y eflectuer que dans le sens transversal.
C'est également pourquoi, aux nœuds de l'axe d’inflorescence, où les feuilles
axillantes sont très réduites ou nulles, où les faisceaux préexistants sont, par suite,
peu nombreux dans uns section transversale donnée, où le développement des
branches se fait presque en même temps que celui de l'axe-support, les faisceaux
gemmaires peuvent présenter là une course longitudinale (Loc. cit, 2). `
Il ressort en outre de l'examen des figures ci-dessus que, dans une trace foliaire
donnée, un faisceau qnelconque peut être amené à se trouver dans les conditions qui
le rendront transversal à un nœud, ou qui le feront s’accoler à un autre faisceau quel-
conque d’une antre trace. ;
Les changements de direction d’un faisceau libéroligneux dans la tige, les rapports
qu’il contracte avec d’autres, sont donc des phénomènes secondaires, en quelque sorte
.accidentels, dépendant uniquement de la structure de la tige au-dessous du niveau où
il a pénétré, Cette constatation fondamentale, révélée par l'anatomie ontogénique,
- Montre combien peuvent être fragiles les bases sur lesquelles maintes théories ont été
édifiées, comme celle de Sargant et Arber (‘), pour ne citer que la dernière en date»
qui veulent interpréter les organes ambigus de l'embryon des Graminées d’après la
course de leurs traces foliaires, d’après les rapports que leurs faisceaux libéroligneux
présent£nt entre eux dans la tige, sans se préoccuper de la manière dont ces rapports
se sont établis. Pour prétendre à être explicative, l'anatomie doit être ontogénique.
_ BOTANIQUE. — Sur le rôle trophique des endophytes d'Orchidées.
Note (?) de M. Crovis Beau, présentée par M. Gaston Bonnier.
La question du rôle du mycélium dans les mycorhizes endotrophes,
notamment chez les Orchidées, est loin d’être élucidée. S'agit-il seulement
d'une action physico-chimique ayant pour effet de régler la concentration
intérieure de la plante, et par suite les échanges osmoliques, ou bien y
a-t-il apport direct par le champignon, à l'intérieur de l'hôte, de substances
alimentaires ?
La germination de graines d'Orchidées (Spiranthes autumnalis, Orchis fra-
grans) obtenue en déterminant expérimentalement l'infection mycélienne
m'a paru plus propre à l’étude de cette question que la croissance des
plantes développées, pour laquelle interviennent la fonction chlorophyl-
lienne et l’utilisation des réserves déjà acquises. Ces graines minuscules ne
nm
(7) Sancaxr et Anser, The comparative Morphology of the Embryon and Seedling
in the Gramineæ( Ann. of Bot., t.29, 1915, p. 160).
(*) Séance du 4 octobre 1920.
676 ACADÉMIE DES SCIENCES
renferment en effet qu'une quantité de substance nutritive négligeable;
les embryons forment intégralement leurs tissus et leurs réserves aux
dépens du milieu nutritif. Si l’on peut faire en sorte que les embryons
soient en relation avec ce milieu seulement par l'intermédiaire du mycé-
lium, et si dans ces conditions on observe leur développement, il faut bien
en conclure que le champignon leur fournit tous les aliments nécessaires.
Or il en est ainsi dans l’expérience suivante : l
Sur la gélose additionnée de salep d’une boîte de Pétri on dépose sur sa
face convexe et après l'avoir flambé un petit verre de montre. On ense-
mence la gélose avec le mycélinm endophyte dont les filaments ne tardent
pas à ramper sur le verre; on sème alors les graines sur celui-ci. Les
embryons, rapidement pénétrés par le mycélium, se développent norma-
lement, bien qu'ils ne puissent avoir aucun contact avec la gélose, même
par les poils absorbants; et si l’on a soin de les humecter de temps en temps
d’eau distillée stérile, leur croissance se poursuit sans arrêt. Mais si l’on
détruit les filaments mycéliens qui vont de la gélose aux embryons, ceux-ci
cessent de se développer, même si l’on continue à les humecter.
Ces résultats impliquent le transport de l'aliment par le mycélium; il
faut alors supposer ou bien que celui-ci excrête les substances nutritives
dans l’eau qui humecte les embryons, et avec laquelle elles pénètrent dans
les poils absorbants, ou bien qu'il les introduit directement à leur intérieur.
De ces deux hypothèses, la seconde est de beaucoup la plus vraisemblable,
car si l’on répéte l'expérience sans aucune addition d’eau dans le verre de
montre, les embryons atteignent néanmoins un développement notable
avant de subir un retard, puis un arrêt de croissance évidemment impu-
tables à leur hydratation insuffisante; il est donc légitime d'admettre län-
troduction de l'aliment par le mycélium à l’intérieur même de l'embryon;
les substances dialysables (sels, hydrates de carbone) passeraient alors du
mycélium aux cellules de l'hôte par un phénomène d’osmose. Les poils
absorbants, dans l'expérience, absorberaient donc exclusivement de l’eau,
sans substances dissoutes; il va dé soi qu'il n’en est pas toujours ainsi, les
poils absorbants restant, dans les conditions naturelles, des voies de péné-
tration pour les aliments dissous. On sait d’ailleurs que, dans les conditions
expérimentales de la germination autonome, les poils absorbants peuvent
suffire à l'absorption de tout l'aliment.
Mais dans les conditions naturelles, il est manifeste que l'acquisition par
la plante tout au moins des hydrates de carbone nécessite l'intervention du
mycélium dans tous les cas où l'absence de chlorophylle rend la symbiose
obligatoire, le mycélium fournissant alors l’énergie chimique à la plante
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 677
sous la même forme que la chlorophylle. Il en est ainsi pendant le dévelop-
pement du tubercule embryonnaire de toutes les Orchidées et pendant
toute la vie des Orchidées holosaprophytes. Et cette suppléance exacte de
la fonction chlorophyllienne par la symbiose permet de comprendre
comment des Orchidées normalement vertes peuvent exceptionnellement
croître et fleurir dans des conditions d'étiolement plus ou moins complet,
et parfois total. C’est ainsi que, dans une petite grotte des Alpes-Maritimes
d’une dizaine de mètres de profondeur, j’ai observé (') des Cephalanthera
et des Epipactis qui, à l'exclusion de toute autre plante à chlorophylle,
pénétraient jusqu’au fond de cette grotte, d'autant plas décolorés qu'ils
s'en rapprochaient davantage. Les derniers, très faiblement éclairés,
étaient entièrement jaunâtres et cependant formaient encore des fleurs,
stériles il est vrai. M Camus a signalé depuis (°), dans une région
voisine, un Cephalanthera pallens fleuri qui, développé dans un lieu très
ombragé, présentait un albinisme complet. Le rhizome de ces indi-
vidus étiolés portait un riche faisceau de racines, abondamment envahies
par l’endophyte.
Dans tous ces cas, les hyphes extérieurs du mycélium digèrent des
hydrates de carbone insolubles, tels que la cellulose des débris végétaux,
et en font bénéficier leur hôte, embryon ou plante adulte. J'ai pu d’ailleurs
mettre en évidence cette propriété que possède l’endophyte de digérer la
cellulose en le cultivant sur du coton imbibé d’une solution minérale sans
carbone où il se développe parfaitement. L'hydrate de carbone solubilisé
et absorbé par les hyphes pénètre à leur intérieur jusque dans l'embryon
ou la racine infectée; là, il passe du mycélium aux cellules par un phéno-
mène d’osmose vraisemblablement conditionné par l’hydratation du suc
cellulaire qu'assurent les poils absorbants, osmose à laquelle parait spécia-
lement propre le peloton mycélien qui, par sa grande surface et la minceur
particulière de sa paroi, contitue un appareil quelque peu comparable à
un glomérule de Malpighi.
En résumé, les expériences précédentes montrent l’action directe du
champignon sur la nutrition de la jeune Orchidée, et permettent de
Comprendre sa moindre importance pour la formation des tubercules chez
l’Orchidée verte plus âgée, la photosynthèse pouvant y suffire, ainsi que
je lai montré dans une Note antérieure (°).
1 CR : à E a
(1) Riviera scientifique, août 1914.
(7) Riviera scientifique, 1°* trimestre 1918.
(C) Comptes rendus, t. 157, 1913, p. 512.
678 l ACADÉMIE DES SCIENCES,
BIOLOGIE. — Sur la biologie des Mollusques dans les dunes maritimes fran-
çaises et ses rapports avec la géographie botanique. Note (') de M. cao
AsrtRrE, présentée par M. Guignard.
L'étude malacologique et botanique que nous avons poursuivie au cours
de ces dernières années dans les dunes maritimes du littoral océanique
français nous a fourni sur la biologie de ces régions pseudo-désertiques les
généralités sommaires suivantes :
I. Au point de vue malacologique, la dune maritime est un milieu carac-
térisé par sa facilité de dessiccation; à ce titre, sa faune proprement dite
est xérophile. Au point de vue botanique, elle est caractérisée d’abord par
sa facilité de dessiccation, ensuite par sa salinité; il y aura donc une flore
xérophile et une flore halophile.
La distribution biogéographique des dunes est une conséquence diseni
de ce caractère de sécheresse et de l’arhydrobiose qui en résulte. On peut
en effet distinguer, selon le degré de sécheresse, quatre zones successives
bien tranchées :
ZONE ABIOTIQUE, où les conditions physiques sont incompatibles avec la
E des êtres étudiés.
. ZONE OLIGOBIOTIQUE, où la vie commence à apparaître. Végétaux :
oo arenaria, Eryngium maritimum, Convoleulus Soldanella, Cakile
maritima, etc.; Mollusques : : Helix à test crétacé : variabilis, palavasensis,
barbara, pisana, intersecta.
c. LONE MÉSOBIOTIQUE, où la vie rencontre ses conditions moyennes. Végé-
taux typiques : Hippophæ rhamnoides, Solanum Dulcamara, ete.; Mollusques:
Helix nemoralis, H. aspersa, Sphyradium edentulum, ete.
d. LONE PLÉISTOBIOTIQUE, à humidité notable : Pannes de Belgique, Lettes
d'Aquitaine. Végétaux : Rubus, Mentha, Lythrum, Salix, etc., Mollusques :
Helix pulchella, Den obscurus, Hyalinia nitida, etc. La rencontre de
Physa acuta dans une mare salée de la région d’ Arcachon, rapprochée de
celle qu’on fait de cette espèce dans les lieux bourbeux et malodorants du
bassin sous-pyrénéen, montre le degré d'imprécision qui peut régner
parfois dans le procédé d’analyse sommaire des eaux employé par certains
hygiénistes pour reconnaitre la potabilité d’une eau d’après la faune qui
y vit, cette forme ayant toujours été, dans ce cas, considérée comme
n’habitant que des eaux très potables.
a a
(1) Séance du 4 octobre 1920.
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 679
Ces zones sont disposées les unes par rapport aux autres, soit concentri-
quement comme dans les Flandres, soit parallèlement comme en Aquitaine,
selon la disposition topographique des dunes.
La disposition des zones botaniques par rapport aux zones malacolo-
giques se fait sur un même plan général, sauf les deux particularités sui-
vantes :
a. Tandis que la partie la plus dénudée des zones oligobiotiques présente
une flore halophile, il n'existe pas dans les dunes une faune malacologique
différenciée. ;
b. Les zones oligobiotiques, botanique etmalacologique, ne commencent
pas au même endroit dans le voisinage de l'Océan, parce que l’on rencontre
des végétaux sur le versant marin des premières croupes littorales, alors
que les Mollusques terrestres ne peuvent vivre qu’en arrière de la première
crête de dunes. Par conséquent, selon que les dunes voisines de la mer
seront en plateau allongé ou en monticule abrupt, les Mollusques s’appro-
cheront plus ou moins de la côte; la zone oligobiotique malacologique sera
plus ou moins étendue.
IT. Le facteur sécheresse, auquel est due la disposition des zones, est
aussi dans une grande mesure la cause des principales réactions que pré-
sentent les Mollusques envers le monde extérieur. Les mieux adaptés de
ces animaux à la sécheresse luttent en s’enfonçant de plus en plus dans la
coquille et en sécrétant un épiphragme. Les espèces les plus susceptibles
de vivre en anhydrobiose se rencontrent d'habitude au sommet des tiges de-
Graminées, elles sont ainsi éloignées des couches d'air surchauffé voisines
du sol. Comme le test calcaire de ces animaux est généralement blanchâtre,
l’échauffement par rayonnement est très diminué et leur échauffement ne
se produit que par conduction avec les couches d’air assez distantes du sol.
Enfin leur isolement derrière un épiphragme les maintient dans une atmo-
sphère relativement saturée. Ces trois causes réunies leur permettent de
résister à des conditions particulièrement défavorables. Un état particulier
de semi-perméabilité des membranes protoplasmiques vient probablement
faciliter cette adaptation.
IT. La sécheresse possible des dunes a eu, en outre, pour autre eonsé- s
quence, de ne permettre la vie sur les sables maritimes qu'aux Mollusques
les mieux adaptés à l’anhydrobiose. Cette condition se traduit par le cou-
rant migrateur d’origine méridionale et l'association faunistique littorale,
si souvent signalés par les auteurs. Nous avons pu préciser dans les
Flandres l’état actuel de ces déplacements.
680 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il n’y a pas eu évolution dans la faune malacologique de la dune. Ce
ne sont pas des Gastéropodes habitant l'arrière-pays, n'ayant donc que
quelques centaines de mètres à parcourir, qui ont pénétré sur la dune
presque aride pour la coloniser. Les formes qui ont peuplé ce sable sont
celles qui étaient déjà adaptées à à la séchéresse dans les régions lointaines
plus méridionales ct qui ont eu de longues étapes à ion pour arriver”
en ces contrées côtières. En dehors de quelques modifications secondaires
peu importantes, la faune malacologique des dunes n’est pas une faune
ayant évolué en vue d’une adaptation à un milieu spécial, mais une faune
qui était déjà préadaptée dans les pays circa-méditerranéens et qui a sim-
plement étendu son aire de distribution dans les lieux dont les conditions
physiques se rapprochent de celles des territoires où elle habitait déjà.
IV. A côté de la dessiccation, qui est le facteur physique essentiel de la
dune maritime, se rencontrent des causes secondaires multiples dont
l’action se traduit par le polymorphisme des espèces, la costulation de la
coquille, la desquamation du test et enfin un très curieux cas de mélanisme
que nous avons observé en Flandres sur les téguments d'Helix nemoralis.
La découverte exclusive que l’on fait de ces derniers spécimens mélaniques
dans la portion des dunes la plus voisine du littoral, celle où la proportion :
de chlorure de sodium dans le sable est appréciable, permet de penser que
c’est à un élément minéral d’origine marine, en suspension dans le sable,
qu'est dù le déclanchement des processus d’oxydation nécessaires à la pro-
duction de cette hyperpigmentation.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — La conduction aneurale de l'ectoderme chez les
embryons d’Amphibiens. Note de M. P. WaivrreserTt, présentée par
M. Marchal.
Vai montré, dans des études précédentes, qu’au temps de l «irritabilité
ectodermique aneurale », telle qu’elle est révélée par le fonctionnement mus-
culaire, le tégument conduit les excitations, reçues en n'importe quel point
de sa surface, à un territoire de raccord neuro-ectodermique strictement
limité aux deux tiers antérieurs du tronc ('). Hooker (1911) soutient que
la réponse obtenue par la stimulation d’une région aneurale résulte de la
transmission mécanique de l'excitation aux régions nerveuses, par suite
(1) Wixrregerr, Comptes rendus de la Société de Biologie, t. 57, 1904, p- 64;
t. 59, 1905, p- 58; Comptes rendus, t. 171, 1920, p- 408 et 583.
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 68r
d’un ébranlement général ou d’un glissement de la peau sur les tissus
profonds ('); mais ses procédés d'exploration sont défectueux (°); d'autre
part, son opinion n'explique pas comment, à la suite d’ablation cicatrisée de
la moelle dans les régions moyenne et postérieure du tronc, les piqûres de
la pointe caudale, qui sont efficaces et suivies d’une réponse du segment
céphalique pendant la phase d’excitabilité aneurale, ne déterminent jamais,
ni avant ni après celte phase, la réaction de ce segment. Les expériences
suivantes, entreprises pour élucider les caractères de la conduction ecto-
dermique aneurale, prouvent encore l'inanité de cette interprétation
mécanique. |
Les opérations ont été pratiquées sur l’Axolotl (Amblystoma tigrinum)
et leurs résultats confirmés chez Rana temporaria. Les larges blessures
faites à embryon provoquent une paralysie rapide du mouvement, en
raison des échanges nombreux qui s’établissent entre le milieu embryon-
naire mis à nu et le milieu ambiant; l'exploration de la sensibilité doit
donc suivre de près l'opération.
l. La conduction aneurate de l’ectoderme est diffuse. — a. Une incision annu-
laire du tégument, pratiquée entre l’une des extrémités et le territoire de liaison
neuro-eclodermique, empèclie le passage, vers les centres nerveux, des stimulations
portées sur la tête ou sur la queue; mais il suffit d’un pont cutané intact, reliant les
bords de l'incision en un point quelconque de son pourtour, pour assurer ce passage.
Ce résultat confirme qu’en dehors de la zone de jonction signalée, aucun tissu
profond, y compris les filets nerveux sensibles cutanés placés derrière l'incision, n’est
capable de recueillir ni de porter à la moelle les excitations qui parcourent l'ecto-
derme.
b. Après avoir découpé partiellement l'embryon en deux, dans le sens longitu-
dinal, par une incision partant de la région cardiaque et finissant devant la base cau-
dale, si l'on pique la zone cardio-ventrale, on provoque une contraction réflexe du
lambeau myctomique dorsal, qui débute toujours dans les muscles antérieurs.
c. Après une incision longitudinale faite en sens inverse, qui isole l'abdomen et
la queue de la région neuro-myotomique du tronc, en laisssant les lambeaux réunis
Par une charnière antérieure, une excitation portée sur la queue se dirige en avant,
Passe par la région cardiaque dans le lambeau dorsal et provoque la contraction de
celui-ci. :
IL L’excitation qui détermine le réflexe arrive au lieu de jonction neuro-
eclodermique par le plus court chemin. Chez F'AXolotl, quand la contraction croise
les extrémités et enroule le corps en spirale (stades IV et V du mouvement) (*), la
a
1
(*) Hooker, Journ. of. exp. Lool, WT
(©) Winrrsserr, Comptes rendus de la Société de Biologie, t. 83, 1920, p. 1212.
(°) Wixreesert, Zbid., t. 76, 1914, P. 303.
682 ACADÉMIE DES SCIENCES.
réponse à une piqère du bout caudal se produit toujours du côté opposé à l'excitation;
mais après avoir incisé l’ectoderme transversalement sur une moité latérale de Pem-
bryon, à l’union du tiers postérieur et des deux tiers antérieurs du tronc, c’est-à-dire
en arrière de la zone de jonction neuro-ectodermique, si l'on excite de nouveau la
pointe caudale, la réponse, au lieu d'être hétéro-latérale, comme auparavant, exécute
du même côté. L’excitation ne pouvant né Pacae cutanée semi- RS
contourne les bords de lembryon et parvient à la zone de liaison nerveuse du côté
opposé, avant d'atteindre celle qui se trouve au-devant de l’incision, la réponse, par
rapport à la voie nerveuse réceptrice, reste ainsi toujours croisée,
On remarque de plus que le temps d’accomplissement du réflexe nerveux constitue
pour les centres médullaires une phase réfractaire; car l'excitation, diffusée dans
l'ectoderme, n’aborde pas en même temps tous les points de la zone de liaison ner-
veuse. Le passage le plus précoce dans les nerfs sensiifs provoque la réponse motrice
et les stimulations qui, par des chemins plus longs,arrivent plus tard à d’autres points
de cette zone, restent sans effet.
La connaissance de la conduction ectodermique ancurale interdit de sous-
crire aux conclusions de Herrick et Coghill (1915) ('), qui attribuent à la
moelle et spécialement aux cellules géantes doršales de Rohon-Beard la
conduction, vers les centres médullaires antérieurs, des premières excita-
tations efficaces du bout caudal.
Le fait que ces excitations peuvent stimuler la partie antérieure de la
moelle, alors que les trois quarts postérieurs de celle-ci sont enlevés, prouve
que la conduction médullaire n'est pas en jeu.
Il n'est pas légitime non plus de considérer avec Coghill (1909, 1914,
1916) (?) les réponses hétéro-latérales, qui, succèdent généralement aux
premières stimulations efficaces de la tête et de la queue, comme l'expres-
sion d’un mécanisme nerveux primitif; car ce sont uniquement les centres
médullaires antérieurs qui reçoivent les excitations conduites par l’ecto-
derme, et qui commandent les réponses; leur activité commence en même
temps que les premiers mouvements du corps, bien avant, par conséquent,
que les extrémités se montrent excitables par l'effet de l’irritabilité ectoder-
mique aneurale. Nous avons déjà vu, du reste (°), que les réactions primi-
- tives de ces centres, de même que celles de tous les centres médullaires pos-
térieurs, successivement différenciés le long de la moelle, sont variables
dans leur orientation et fréquemment homo-latérales.
Re
(:}) Journr. of comp. Neurology, t. 25.
(2) Journ: of comp. Neurology, t. 19, 2% et 26.
(3) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 583.
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 683
ZOOLOGIE. — Sur l'existence de la multiplication asexuée (scissiparité nor-
male) chez certains Sabelliens (Potamilla torelli Malm. et Myxicola dinar-
densis S£. Jos.). Note de MM. Maurice Cauzrery et F£rix Mesxiz,
présentée par M. E.-L. Bouvier.
Pendant longtemps, la reproduction asexuée n’a été connue, parmi les
Polychètes franchement tubicoles, que chez les Filigranes et Salmacines.
Le phénomène y est d’ailleurs évident, parce que la régénération du schizo-
zoïite devance largement sa séparation d’avec la souche. Malaquin a fait-une
étude détaillée de ce processus. Plus difficiles à déceler sont les cas où les
schizozoïtes ne régénèrent leur extrémité antérieure qu'après leur isole-
ment; il faut ue ou bien une dissection attentive des tubes pour y
trouver les bourgeons in situ (c'est ainsi que S. Lo Bianco a démontré la
scissiparilé binaire d’un Chétoptérien, Telepsavus costarum), ou bien, par
des statistiques, constater la fréquence et la régularité des régénérations
(c’est ainsi que F.-A. Potts a mis en évidence la scissiparité des ?Ayllo-
chœætopterus). C’est d’ailleurs ainsi que nous-mêmes avons établi celle de
Syllis gracilis (').
Jusqu'ici personne, à notre connaissance, n’a signalé de scissiparité
régulière chez les Sabelliens, où d’ailleurs la régénération, expérimentale
ou après traumatisme, est très facile, comme lont montré, en particulier,
Vaney et Conte (°), chez Spirographis. Soulier (*) a noté aussi la fréquence
de la régénération dans la nature, chez Potamilla torelli, en la considérant
comme résultant de mutilations, c’est-à-dire ayant un caractère accidentel,
Nous avons eu l’occasion, en août-septembre de cette année, de constater
l'existence normale de la scissiparité chez deux espèces de cette famille,
Potamilla torelli Malm. et une Myxicole que nous rapportons à Myxicola
dinardensis St. Jos.
Potamilla torelli est très commune dans les mares à à Lithothamnion de la
Hague. Ses tubes, parcheminés et vitreux, courent sous l'algue et s'in-
(*) F. Messit et M. Cavttery, Sur un processus normal de fragmentation, suivie
de régénération, chez une Annélide Polychète, Syllis gracilis Gr. (Comptes rendus,
t. 169, 1919, p. 926).
(?) Vaney et Conte, Recherches M riens sur la régénération chez Spiro-
GE spallanzanii (C. R. Soc. Biol., t. 59, 1899, p. 973)-
(°) Souuer, Révision des Annélides de Cette, i (Trav. Stat. Zool. Cette, sér. J.
Mém. 13, p. 6
684 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sinuent profondément dans ses anfractuosités ; il est facile d’en recueillir
un grand nombre. ar une très forte proportion des individus adultes
montrait nettement, à l’époque indiquée, une régénération plus ou moins
avancée de l'extrémité postérieure, reconnaissable au calibre de cette
extrémité, à la couleur et à la brièveté de ses segments. En extrayant soi-
gneusement de l'algue des tubes de l’Annélide, il n’est pas rare de trouver,
dans le même tube, un adulte se régénérant ainsi postérieurement et un
autre individu, beaucoup plus petit, comptant régulièrement de 28 à
35 segments, dont le calibre et l’aspect correspondent bien à l'extrémité
postérieure normale du premier; à l'extrémité antérieure de ce petit indi-
vidu, on voit se différencier une couronne de branchies. Il y a concordance
entre le degré d'avancement des deux régénérations.
ll n’est donc pas douteux que le petit individu est l’extrémité postérieure
du grand, détachée et en voie de régénération antérieure. Au débat de
septembre, ces régénérations pouvaient être trouvées en nombre illimité :
dans nos cristallisoirs contenant des Zithothamnion porteurs de Potamilla.
Le caractère normal du phénomème est nettement indiqué par la constance
du nombre des segments.
Nous en concluons donc que, comme les Salmacines, Potamilla torelli
se propage asexuellement, par scissiparité (ou schizogenèse), la région
postérieure du corps s’autotomisant à un niveau fixe (à 3o segments
environ de l'extrémité postérieure), pour constituer un nouvel individu
ou schizozoïte. Ces schizozoïtes, même à des stades avancés de la régénéra-
tion, ne peuvent pas être confondus avec des individus issus directement
de l’ r (oozoïtes).
La régénération, dont nous avons suivi les diverses étapes, se fait d'une
façon tout à fait analogue à ce que Malaquin a vu chez les Salmacines.
A l'extrémité antérieure, se forme un bourgeon, qui est rapidement bifide :
ses deux branches primitives se subdivisent ensuite pour former les
branchies. La partie basilaire se différencie en le premier segment avec la
collerette et les deux premiers sétigères. Les segments suivants, à partir
du troisième sétigère définitif, proviennent directement des segments
anciens du schizozoïte : sur les trois ou quatre premiers de ces segments, 5€
fait une transformation de l'appareil sétigère, qui aboutit à la constitution
normale des segments thoraciques. Comme tous les segments abdominaux
de Potamilla, ils offraient primitivement une rangée de plaques onciales
représentant la rame dorsale, et un faisceau de soies capillaires représentant
la rame ventrale. Les étapes de la transformation peuvent se sérier dans le
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 685
temps comme suit : 1° chute des plaques onciales; 2° poussée, à leur niveau
de soies capillaires formant la nouvelle rame dorsale; 3° chute des soies
capillaires ventrales; 4° poussée d’une rangée d’uncini ventraux. Les
otocystes se voient très nettement auprès de la première rame sétigère
dorsale (').
Les faits sont très analogues chez Myæicola dinardensis. Cette Annélide,
qui atteint 25" de longueur, vit dans une gaine épaisse de mucus qu’elle
sécrète et on la rencontre, comme Potamilla torelli, mais beaucoup moins
fréquemment, sous les plaques de Lithothamnion. Or, souvent, dans chaque
masse de mucus, il y a plusieurs individus, généralement de tailles très
inégales, Les grands montrent fréquemment, comme chez Potamilla, une
extrémité postérieure en régénération et les petits, qui ont un nombre de
segments sensiblement fixe (environ 30), régénèrent leur extrémité anté-
rieure. Ici le bourgeon de régénération ne fournit que la branchie, le premier
segment-et le premier sétigère. Les autres segments thoraciques (1 ou 2)
se différencient aux dépens des segments anciens, de la mème façon que
chez Potamilla : au premier sétigère, on trouve aussi des otocystes en nombre
Souvent supérieur à ceux qui existent chez l'adulte. En somme, à des détails
près, la scissiparité chez Myæicola se produit comme chez Potamilla?’ ).
Ces observations étendent notablement nos connaissances sur la scissi-
parité normale chez les Polychètes tubicoles et autorisent à penser que
c'est là un processus assez répandu chez les Sabelliens (°).
(UFOn obtient aisément la régénération de fragments de Potamilla, sectionnés à un
niveau quelconque, et elle a lieu de la façon décrite ci-dessus. Conte et Vaney (oc. cit.)
décrivent d’une façon analogue la régénération chez Spirographis.
(*) La scissiparité existe vraisemblablement aussi chez Wyzxicola wsthelica, car
Soulier (loc. cit., 1, Mém. 10, p. 27) indique qu’à Celte, cette Myxicole est extrême-
ment grégaire et iaae parfois des paquets pesant jusqu'à 3šs, où plusieurs individus
sont dans un tube unique. Il note ailleurs (Mém. 13, p. 7) la fréquence des régénéra-
tions chez les Myxicoles.
(3) Vaney et te (loc. cit.), notent la coexistence assez fréquente de deux et même
trois indiy idus:i inégaux dans un même tube de Spirographis et « sont disposés à és
que la scissiparité peut se produire naturellement chez les Annélides ». Cette sugges-
tion peut être considérée comme extrêmement probable d'après les faits relatés ici.
686 ACADÉMIE DES SCIENCES.
HYGIÈNE. — Relations entre les éléments météorologiques et le nombre de décès
par maladies inflammatoires des organes de la respiration, à Paris. Note
de M. Louis Bessox, présentée par M. Bigourdan.
Tous les chiffres utilisés dans ce travail ont été empruntés au Bulletin
hebdomadaire de Statistique municipale, publié par la Ville de Paris. Ce
Recueil donne, pour chaque semaine, le nombre de décès par maladies
inflammatoires des organes de la respiration, c’est-à-dire par bronchite
aiguë, bronchite chronique, pneumonie, broncho-pneumonie, congestion
pulmonaire et autres affections de l'appareil respiratoire, phtisie excepiée.
On y trouve en outre les valeurs quotidiennes-et les moyennes hebdoma-
daires des principaux éléments météorologiques à l'Observatoire de Mont-
souris. Telles ont été les données mises en œuvre. Les calculs ont porté sur
l’ensemble des dix années 1904-1913, comprenant 522 semaines (*).
En moyenne, les maladies considérées ont causé 142 décès par semaine.
La variation annuelle est très marquée et se reproduit à peu près la même
tous les ans. Elle offre, en moyenne décennale, un maximum principal de
237 décès dans la septième semaine (milieu de février) etun minimum prin-
cipal de 72 dans la trente-sixième (début de septembre). Il y a chaque
année, au printemps, un maximum secondaire qui, en moyenne, est de 195
et tombe dans la seizième semaine (milieu d'avril). Il est séparé de celui de
l'hiver par un minimum relatif de 175 dans la douzième semaine (milieu de
mars ).
Si l’on compare cette variation à celle de la température, on constate que
la première est à peu près l'inverse de la seconde, avec un retard de trois
semaines. Cela étant, en utilisant les 522 semaines, j'ai cherché la relation
entre le nombre de décès et la température moyenne trois semaines aupara-
vant. J'ai obtenu le résultat suivant (?) :
Température de l’antépénultième semaine.
fee a p A pre 7 a 9490
09. 2 AN RSR OO OR TP CI, 18 Ne
Nombre moyen
de décès... 230 206 198 ,188 16r 142 198 108 gi 86 SI 83 85
NES UT RSR Eee
(!) D’après les recensements de 1906 et de 1911, la population moyenne de Paris
pendant ceite période peut être évaluée à 2784 000 âmes.
(2) En groupant les températures de — 1°,0 à + 0°,9, de + 1°,0 à + 2°,9, etc:
SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1920. 687
La relation est des plus nettes : de o° à 14° ou 15°, elle est représentée
par une droite. Il y a proportionnalité inverse, à une hausse de température
de 1° correspondant une diminution de 9,2 décès. Puis la courbe figura-
tive s’infléchit rapidement et, à partir de 20° environ, devient sensiblement
horizontale; le nombre des décès reste constant, quelle que soit la tempéra-
ture, du moins jusqu’à 24° ou 25°. Au-dessus de cette température, comme
au-dessous de o°, il y a incertitude, le nombre de cas étant insuffisant.
A l’aide de cette relation, j'ai calculé le nombre moyen de décès de cha-
cune des semaines de l’année en fonction de la température et je lai sous-
trait du nombre constaté. Si l’on représente graphiquement, l’un au-dessus
de l’autre, d’une part cette différence, et d'autre part le nombre moyen de
jours de vents de NNE à E pour chaque semaine de l’année, une corrélation
évidente apparaît : quand la fréquence de ces vents augmente, on constate
en général, à une semaine d'intervalle, une augmentation du nombre de
décès corrigé de la température. Celui-ci se montre en outre affecté d’une
variation saisonnière dont je parlerai tout à l'heure.
Pour avoir la relation entre la fréquence des vents de NNE à E et le
nombre de décès, j'ai calculé pour chacune des 522 semaines le nombre
théorique de décès en fonction de la température et la différence D entre ce
dernier et le nombre constaté. J'ai ensuite calculé les valeurs moyennes |
de D suivant que la semaine précédente avait compté 0, 1,2,..., 7 Jours
de vents de ladite direction. Voici ces valeurs : |
Nombre de jours de vents de NNE à E la semaine précédente.
à O I s>
0. Sa à Da 4, 5. 6. f3
~
Accroissement du n. de décès. .: y o +7 Prr +10 “+13 +20 +22
La courbe figurative, malgré quelque irrégularité, a l'allure d’une courbe
de saturation. Les vents de NNE à E accroissent le nombre de décès,
d’abord proportionnellement à leur durée, puis suivant un taux décroissant
à mesure que leur règne se prolonge.
Afin de dégager la variation saisonnière signalée plus haut, j'ai calculé
la valeur moyenne de D en répartissant par mois les 522 semaines et en
Considérant successivement les cas où la semaine précédente avait complé
9, 1, 2, 5 ou 4 jours de vents de NNE à E (les semaines qui en comptent
plus sont trop peu nombreuses). Chacun des cinq cas donne une variation
annuelle, qui, dans ses grandes lignes, est la même pour tous. En faisant la
moyenne, après avoir appliqué des poids proportionnels au nombre de cas,
on a le résultat suivant :
688 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mois de l’année,
E EEM RS M TR ROC AU SE OUEN OR
Variation saisonnière )
e e 7 O +21 +14 +6 —8 —7 —11 —10 —17 —12
du nombre de décès | ous $
On en conclut que, par l'effet de la saison, indépendamment des circons-
tances météorologiques, le nombre de décès est plus grand dans les six
premiers mois et plus petit dans les six derniers. Le mois de novembre est
le plus favorable; ceux de janvier et d’avril sont, au contraire, les plus
défavorables.
Le nombre de décès paraît déterminé presque exclusivement par les trois
causes énumérées ci-dessus, à savoir la température, la fréquence des vents
de la région Nord-Est et la saison. En particulier, l'humidité n’a qu'une
importance pour ainsi dire du second ordre, car elle est sous la dépendance
de la direction du vent. Et comme les vents de NNE à E, les plus défa-
vorables, sont aussi les plus secs, la statistique indique qu’en moyenne une
diminution de l'humidité est suivie d’une augmentation du nombre de décès,
résultat qui ne justifie pas la bonne réputation da « petit froid sec ».
Des essais faits sur plusieurs années de la période 1904-1913 m'ont
montré qu'en se servant des relations trouvées, on pouvait calculer avec
une bonne approximation le nombre de décès à attendre pendant une
semaine donnée, d’après les températures moyennes des trois semaines
précédentes et la fréquence des vents de NNE à E dans la dernière semaine,
en tenant compte aussi de la saison.
On constate parfois, entre les nombres calculés et les nombres constatés,
des écarts dont le sens se maintient le même pendant un certain nombre de
semaines. N'y a-t-il pas là une indication du caractère plus ou moins bénin
ou pernicieux des maladies considérées aux diverses époques ?
Les résultats dont la présente Note donne un résumé succinct seront
publiés ultérieurement en détail dans un autre recueil.
t
La séance est levée à 16 heures trois quarts.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 18 OCTOBRE 1990.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’'ACADÉMIE.
M. le Présipexr annonce à l’Académie qu’en raison de la séance publique
des cinq Académies, la prochaine séance aura lieu le mardi 26 octobre au
lieu du lundi 25.
HYDRAULIQUE. — Sur les applications du tube de Puot.
Note de M. Mesxacer.
La très intéressante Note de notre regretté confrère Yves Delage, parue
au dernier numéro des Comptes rendus, montre bien la facilité avec laquelle
il résolvait les questions les plus diverses. Peut-être n’était-il pas au courant
des progrès faits dans l'application de l'appareil de Pitot? Car les trois
problèmes qu'il s’est posé : transport des indications à distance, indépen-
dance des indications expérimentales et du support, enregistrement des
vitesses, ont déjà été résolus et les deux premiers d’une façon plus simple.
Pitot, dans sa Communication de 1832, indiquait son appareil comme
composé de deux tubes, l’un recourbé contre le courant, l’autre descendant
verticalement jusqu’au niveau du premier. Darcy, inspecteur général des
Ponts et Chaussées, montra que dans le tube vertical s'établit un niveau
inférieur à celui de l’eau, si l’on ne prend pas certaines précautions. Jl ima-
gina en outre de transporter le niveau des lectures en comprimant ou en
raréfiant l'air également au-dessus des deux ménisques des tubes (+). Son
article se termine par ces mots : « Il est facile de voir qu’un pareil instru-
mm,
(*) Annales des Ponts et Chaussées, t. 1, 1858, p. 351.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 111, N° 16.)
D9
699 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ment s’appliquerait aisément à la mesure du sillage des navires. » Ritter,
ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, dans différents articles ('), indi-
qua des perfectionnements, notamment p emploi de l'air pour transmettre
les pressions subies par les orifices à un manomètre que dans ses expériences
il plaçait souvent fort loin de ces orifices. Ses appareils, dits £achymetre de
sur face et kydrotachymètre, figurèrent à l'Exposition universelle de 1889.
L'enregistreur de M. Delage diffère peu en principe de celui que
M. Parenty a décrit dans les Annales des Ponts et Chaussées en 1906 (°) et
qu'il avait utilisé pour mesurer le débit des fontaines lumineuses en 18989.
Celüi que j'ai établi en 1903 à la demande de l'ingénieur en chef du service
des Eaux de Paris et qui a été appliqué à une conduite de la Villette, à
l'usine de Montmartre, au puits de Passy et, avec la variante indiquée en
pointillé mixte sur la figure, à une conduite d’eau d’égout dans la plaine
d’Achères, résolvait le même problème, mais seulement au point de vue de
la mesure de la vitesse par des ordonnées proportionnelles (*).
ana
Et
DEEE EEN
ETES CU
LL
Tous ces enregistreurs paraissent d’un emploi difficile à la mer.
Lu HP
ss ) Annales des Ponts et Chaussées, t. 2, 1886, p- 697; t. 2, 1892, p. 805.
(?) Annales des Ponts et Chaussées, t. 1, 1906, p. 170.
(°) Comptes rendus, t. 138, 1904, p. 75. — Expositions de la Société de Physique.
— Exposition de Milan, 1906,
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 691
ASTRONOMIE. — Sur la photographie des étoiles en plein jour.
Note de M. Maurice Hamry.
Lord Rayleigh a montré que la couleur du ciel est engendrée par la
diffusion atmosphérique de la lumière solaire (‘). Ses recherches, définiti-
vement sanctionnées par l'expérience, établissent que la quantité de lumière
simple, dispersée par les molécules d'air dans chaque région du spectre,
loin d’être constante, varie proportionnellement à l’inverse de la quatrième
puissance de la longueur d'onde. La loi s ‘applique seulement aux ciels très
purs, lorsque l'atmosphère ne contient en suspension que des poussières ou
particules liquides très petites par rapport aux longueurs d'ondes.
Filtrées par un écran monochromatique, les radiations émanant du fond
d’un ciel très pur sont donc d’autant plus faibles que leurs réfrangibilités sont
moindres. Comme conséquence immédiate de cette propriété, le contraste
entre la lumière émanant de ce fond et celle qui provient d’une étoile, dans
une région donnée du spectre, augmente très rapidement avec la longueur
d'onde.
L'application de cette propriété à la photographie des étoiles, en plein
jour, a été faite (?) par A.-F.et F.-A. Lindemann, en Angleterre, au
cours d’expériences très intéressantes, entreprises avec un écran sélecteur
et des plaques panchromatiques préparés pour l’extrème rouge, à défaut
d'émulsion photographique sensible à l'infra-rouge dont l'efficacité serait
bien supérieure, mais dont la formule est encore à trouver. Il a été pos-
sible, par ce moyen, de photographier les étoiles de troisième grandeur,
à 20° ou 30° du Soleil, sous le ciel de Sidmouth dont la transparence ne
répond cependant qu’approximativement aux conditions théoriques des
recherches du grand physicien anglais. Rapproche-t-on ce résultat de la
découverte récente de la déviation des rayons lumineux par l'attraction
Solaire, prévue par la théorie d’Einstein et observée au cours de l’éclipse
totale re mai 1919, l'intérêt des expériences de A.-F. et F.-A. Lindemann
apparaît en pleine évidence. Elles font entrevoir, en effèt, la possibilité
d'enregistrer le nouveau phénomène, en dehors des tipies, pour l'étudier
à à loisir. Cette espérance se changera très vraisemblablement en réalité, le
(') Voir, à ce sujet, une Note très remarquable de M. Cu. Fagryx (L'Astronomie,
1918, p. 15).
(C) Monthly Notices, 1916, p. 140.
692 ACADÉMIE DES SCIENCES:
jour où une émulsion photographique, sensible à l’infra-rouge avancé, aura
été découverte, et en opérant sous un ciel tout à fait pur.
Ces considérations m’ont amené, l'été dernier, à entreprendre en haute
montagne, dans le massif du mont Blanc, des expériences destinées à déter-
miner la grandeur limite des étoiles photographiables, en plein jour, dans
l’extrème rouge. Mes recherches, encore à leur début, ont été facilitées par
notre confrère M. Louis Lumière, qui a gracieusement préparé les écrans
et les plaques photographiques nécessaires ; d'autre part, j'ai pu opérer à
l'altitude de 4350", grâce à l’aimable hospitalité de M. Joseph Vallot, à
l'Observatoire des Bosses, hospitalité prolongée pendant six jours au cours
desquels de violentes tempêtes ont malheureusement rendu presque constam-
ment tout travail impossible. A l’un ct à l’autre, je suis heureux d'exprimer
ici mes remerciments.
En vue d'obtenir la solution de la question à étudier, j'avais organisé,
par des moyens de fortune, un matériel expérimental très léger comportant
une source électrique dont le voltage devait rester constant au cours des
opérations. Une cause accidentelle étant venue compromettre, au dernier
moment, les dispositions que j'avais prises pour satisfaire à cette condition,
j'ai dû me borner à n’exécuter qu’une partie de mon programme, quitte à
obtenir des renseignements simplement approximatifs. Le dispositif auquel
je m'étais arrêté sera utilisé dans des recherches ultérieures. En y ajoutant
quelques perfectionnements de détails, il répond à la description suivante :
Une lentille projette un filament rectiligne de lampe électrique sur un
coin photométrique, dans le sens de la dégradation de l'absorption. La
lumière se réfléchit ensuite sur une glace transparente G et pénètre dans
une chambre photographique C, mise au point sur le coin et, par suite, sur
le filament ('). Immédiatement avant de former leur foyer, les rayons
traversent un écran rouge foncé. L'image du filament se dessine ensuite sur
une plaque photographique, sensibilisée pour la lumière transmise par
l'écran. Par suite de l’absorption du coin, le noircissement de la photogra-
phie du filament décroit d’un bout à l’autre du cliché. Le développement
étant supposé exécuté dans des conditions invariables, si le voltage aux
bornes de la lampe a été réglé convenablement, le noircissement du cliché,
(*) Pour que les rayons concourant aux différents points de l'image’ du filament,
sur le coin, pénètrent dans la chambre photographique C et couvrent la totalité de
l'objectif, il convient d'ajouter une lentille supplémentaire, contre le coin, calculée de
façon à donner une image nette de la première lentille, sur l'objectif de-la chambre,
cette image ayant la largeur voulue pour couvrir l'objectif en entier.
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 693
au point P qui correspond à la région d'absorption nulle du coin, peut être
le même que celui de l’image d’une étoile de première grandeur, photo-
graphiée au foyer d’une lunette astronomique L, avec le même temps de pose,
à travers un écran rouge et sur une plaque de même composition que ci-dessus.
Adoptons ce voltage, pour actionner la lampe, et admettons que le coin
porte des divisions espacées de telle sorte que l'intensité de la lumière qu'il
transmet diminue dans le rapport p caractérisant l'échelle des grandeurs
I
2,
stellaires, quand on passe d’un trait au suivant. Les images des traits de
cette division, sur la plaque photographique, permettent de repérer, en
partant du point P, les positions des points de l’image du filament de même
noircissement que la photographie d’une étoile de première, de deuxième,
de troisième, etc. grandeur ayant posé le même temps au foyer de la
lunette L, ce temps étant d’ailleurs quelconque.
Au foyer de la lunette L, l’illumination produite par le ciel, en plein jour,
possède un éclat intrinsèque dépendant du rapport ọ de l'ouverture à la
longueur focale de cette lunette. Supposons l'objectif de la chambre G
choisi de façon que l’illumination produite par le ciel, à travers la glace G,
sur la plaque photographique recevant l’image du filament, possède le même
éclat que l’illumination produite par le ciel sur la plaque photographique
disposée au foyer de la lunette L. Cette condition est facile à réaliser. Sans
la faible perte de lumière, provoquée par le passage des rayons du ciel
à travers la glace G, elle serait exactement remplie, en donnant la va-
leur ọ au quotient de louverture de l'objectif de la-chambre C par la
distance de l'objectif à la plaque sensible. Il résulte de ces dispositions que
si l’on recoit, dans la chambre photographique C, à la fois les rayons
émanant du filament et ceux qui arrivent du ciel, en plein jour, les points
de l’image du filament qui correspondent aux étoiles des diverses grandeurs
possèdent, au point de vue photographique, par rapport à l’illumination du
ciel, exactement les mêmes contrastes que les images des étoiles des mêmes
grandeurs, au foyer de la lunette L.
Comme conséquence, pour trouver la grandeur d'étoile limite, suscep-
tible d’être photographiée, en plein jour, à travers l’écran rouge, avec la
lunette L, pas n’est besoin de faire l'expérience directe. Il suffit de photo-
Sräphier simultanément le ciel et le filament avec la chambre C, en exécu-
tant une série de poses suffisamment rapprochées. A mesure que les
temps de poses croissent, le fond des clichés, impressionné par le ciel,-
S'assombrit, Aussi arrive-t-il un moment où l'extrémité la moins sombre
694 ; ACADÉMIE DES SCIENCES;
de la photographie du.filament, qui se noie dans ce fond, cesse de progresser
en s’éloignant de l’extrémité la plus sombre et recule même, quand on
dépasse un temps de pose limite. La photographie du filament qui possède
la plus grande longueur fournit à vue la grandeur maximum d'étoile photo-
graphiable, en plein jour, avec la lunette L. Si n est le nombre de divisions
de l’image de l’échelle du coin exprimant la longueur de l’image photogra-
phique du filament, comprise entre le point P, correspondant à l'étoile de
première grandeur, et l'extrémité qui s'évanouit dans le fond impressionné
par la lumière du ciel, la grandeur cherchée est n + 1.
Cette méthode permet d'aborder l’étude de la pureté du ciel, au point
de vue qui nous occupe, dans des stations quelconques, le poids et l’encom-
brement du matériel à emporter étant complètement insignifiants. Elle
offre l'avantage d'éviter le transport toujours onéreux d’un équatorial,
transport d’ailleurs impossible la plupart du temps, en haute montagne, à
moins d'envisager des dépenses qui peuvent être consenties uniquement
lors de la création d’une installation définitive.
Devant la nécessité de modifier mon programme de recherches, pour les
raisons indiquées plus haut, je me suis borné à photographier le ciel, avec
la chambre C, sans faire usage de la lampe. Dans les expériences, le rap-
"s J b “i MR Set . `
port ș avait la valeur — et la chambre était dirigée sur le ciel à 90° du
Soleil. Les clichés obtenus (développés pendant 5 minutes dans un bain de
diamidophénol de concentration normale, à la température de 18°) portent
une faible trace d'impression, pour une pose de 8 minutes. À une pose de
16 minutes correspond une impression légère nettement visible qui se
change en une teinte gris clair pour une pose de 32 minutes.
Afin de tirer parti de ces observations, j'ai déterminé la sensibilité des
plaques spéciales Lumière, employées à travers l’écran rouge, par rapport
à la sensibilité des plaques courantes de même marque utilisées sans écran:
Des comparaisons faites à la lumière d’une lampe électrique, il résulte
que pour obtenir le même noircissement, dans les deux cas, il faut
poser 600 fois plus longtemps pour les plaques spéciales que pour les
secondes.
Or, avec un objectif d'ouverture moyenne, comme celui de l'instrument
de la carte du ciel (o",33), le temps de pose nécessaire pour photographier
une étoile de première grandeur n’alteint pas 0,03 seconde (‘). Elle pourrait
Re
ce qui
(1) Six minutes suffisent à Paris, pour les étoiles de douzième grandeur, pae
uree
implique un temps de pose descendant à o*,015 pour la première grandeur. Cette
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 695
donc être photographiée à travers l'écranrouge, sur plaque spéciale, en
moins de 18 secondes. D'autre part, dans les expériences citées plus haut, la
plaque n'ayant été que légèrement impressionnée par la lumière du ciel, en
32 minutes ('), si la couche sensible à la lumière rouge avait reçu en même
temps, à travers l'écran, l'image d’une étoile nécessitant une pose de
32 minutes en pleine nuit, cette étoile aurait marqué une trace sur le cliché.
D'après les données numériques ci-dessus, une pareille étoile est au moins
de 6° grandeur.
Ainsi, dans les conditions atmosphériques où j'ai opéré, une lunette
d'ouverture moyenne aurait permis de photographier, en plein jour, des
étoiles de 6° grandeur au moins. Ce résultat provisoire incite à pousser
jusqu’au bout les recherches commencées. Il comporte l’aléa inhérent à la
comparaison des sensibilités de plaques photographiques.
Les photographies dont il vient d’être question ont été exéculées par un
ciel qui paraissait pur. Cependant l’air était chargé de cristaux de neige
détachés de la montagne des Bosses et entraînés par un vent violent. La
présence de ces cristaux était rendue manifeste, en regardant dans la direc-
lion du Soleil, après avoir masqué le disque avec la main. On apercevait
ainsi une multitude de petits éclairs, dus à la réflexion de la lumière solaire
sur les faces des cristaux en mouvement. Cette circonstance m’a empêché
d'exécuter des essais photographiques, sur la région du ciel avoisinant le
Soleil, dont le fond était dépourvu de toute trace d’illumination trahissant
la proximité de l’astre.
PHYSIQUE. — Sur les propriétés mécaniques des corps plastiques.
Importance de la réacuvité. Note (°) de MM. Hesry et Fraxçois
Le Career.
Les déformations mécaniques réversibles, c’est-à-dire celles qui s’annulent
avec la force qui leur a donné naissance, présentent deux phases successives.
est d’ailleurs plus faible dans les observatoires bien situés au point de vue, atmosphé-
rique. Tel serait particulièrement le cas dans un observatoire de haute montagne, en
Prenant soin de maintenir les plaques à la température ordinaire pendant la pose.
Cette précaution a d’ailleurs été prise au cours des recherches présentes.
(1) Cette observation a été faite, le 6 septembre, 1 heure 45 minutes avant le coucher
du Soleil,
(°) Séance du 4 octobre 1920.
+
696 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tout corps sollicité par une force pendant un temps très court subit une
déformation instantanée qui disparaît complètement et immédiatement
avec la force mise en œuvre. C’est lelasticite instantanee.
En laissant, au contraire, la force continuer son action, de nouvelles
déformations se produisent, qui croissent avec le temps, mais de plus en plus
lentemènt, et semblent tendre asymptotiquement vers une limite déter-
minée. Après suppression de la force, il se produit d’abord une déformation
instantanée, égale et de signe contraire à celle du début, mais insuffisante
pour ramener le corps à ses dimensions primitives. En abandonnant alors
le corps à lui-même, la régression continue et la déformation tend dans
certains Cas à disparaitre complètement. Cette seconde phase de la défor-
mation réversible, qui est fonction du temps, a été désignée par M. Bom
sous le nom d’élasticité subpermanente ou réactivité.
Dans le cas des métaux ordinaires, pris à la température ambiante, la
réactivité est extrêmement faible par rapport à l’élasticité instantanée. Pour
mettre en évidence ces déformations lentes, M. Bouasse opérait par torsion
sur des fils très fins et très longs, capables de supporter des torsions de
plusieurs circonférences sans prendre de déformation permanente. Ce
phénomène, certainement très curieux au point de vue scientifique, paraissait
trop faible pour présenter un intérêt pratique quelconque.
Au cours de recherches sur les propriétés des verres, à leur température
de recuit, et sur la plasticité de l'acier, à la température de forgeage, nous
avons reconnu que ce phénomène de la réactivité prenait une importance
considérable aux températures élevées, amenant des déformations de l’ordre
de grandeur de celles de l’élasticité instantanée et même bien supérieures.
Le tableau et les figures suivantes donnent les résultats des mesures
(déplacement d’un spot lumineux produit par un miroir sphérique sur une
règle divisée) faites par torsion sur une baguette de verre ordinaire de
laboratoire, d'environ 6"® de diamètre, et sur une barre d’acier doux à 0,1
de carbone de 5"" de diamètre.
Les éprouvettes ont été soumises pendant la première demi-heure à un
couple moteur, et abandonnées à elles-mêmes pendant la demi-heure
suivante :
SÉANCE DU 138 OCTOBRE 1920.
Verre à 540o°.
Temps Couple moteur....... 1750
en minutes. Tension à la surface.. 6,4
mm
(avant charger dis, o
: l'après charge... 11,29
ONU da nu see. E rain 24
39 | Avant AOCRAPROS Le aare: 29,9
apres déChardé: is 4 de. 16,25
Go ii Conte vu Note a 10,29
Dir cest le ei 5,29
097
Acier doux à 825°.
1120 £g : CM.
0,4 kg : mm?,
On peut, d’après ces chiffres, dresser le tableau des grandeurs relatives
des diverses sortes de déformations, en les rapportant à la déformation
élastique instantanée prise égale à 100.
Les couples moteurs, tensions et durées d'expérience sont les mêmes que
»
Acier extra-doux.
précédemment.
Verre.
540°. 670, .
= D EU A
Elasticité instantanée... ... 100 100 100 - 190
subpermanente..... 130 63 43 43
Déformation résiduelle ...... 1300 64 43 70
2007L
100 L
L
Le)
82 999",
100 100 100
340 27 180
250 &8o 310
Fig. 1. — Verre à 540°.
Fig. 2. — Acier à 825°.
Les divergences, observées entre les résultats d’un même groupe d’expé-
rences, montrent une fois de plus l'influence, mise en lumière par
693 ACADÉMIE DES SCIENCES,
M. Bouasse, des traitements mécaniques antérieurs subis par le métal sur
ses propriétés actuelles. :
Il semble résulter de l’allure des courbes que, à 670°, on aurait observé, `
en prolongeant plus longtemps les mesures, le retour complet aux dimen-
sions initiales ; la déformation par élasticité subpermanente aurait été un
peu plus considérable que celle par élasticité instantanée ; la déviation
résiduelle se serait annulée. Pour le verre à 540° et pour l'acier à 825°, au
contraire, il n’y a pas de retour aux dimensions initiales, après suppression
de l'effort. La déformation subpermanente initiale, à vitesse décroissante,
s’est prolongée par des déformations visqueuses à vitesse constante.
Ces expériences conduisent à la conclusion générale suivante :
Aux températures assez élevées et sous l’action de forces assez faibles
pour éviter l’écrouissage par déformation, le verre, l'acier, et sans doute
beaucoup d’autres corps plastiques, prennent successivement trois sortes
de déformations : |
1° Une déformation élastique instantanée qui disparait immédiatement
après la suppression de l'effort ;
2° Une déformation subpermanente, dont l’ordre de grandeur est com-
parable à celui de la déformation instantanée; elle se produit lentement, et -
disparaît de même lentement après suppression de l'effort;
Fig. 3, — Variation du module de Coulomb.
3° Enfin, une déformation visqueuse, continuant la déformation subper-
manente; elle se produit avec une vitesse constante, et ne disparait pas
après la suppression de l'effort. La vitesse de cette déformation varie;
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 699
comme l’a montré Maxwell, proportionnellement aux couples et suivant
une fonction exponentielle de la température. Elle peut devenir assez faible
à froid pour échapper aux mesures, et l’on n’observe plus alors que les deux
déformations élastiques; assez considérable aux températures élevées pour
interdire toute mesure d’élasticité dans la période de fusion pâteuse.
Nous avons pu suivre, au cours de ces expériences, la variation du
coefficient d’élasticité instantanée en fonction de la température. La figure 3
donne, pour la barre d’acier extra-doux dont nous avons étudié la réacti-
vité, la variation du module de Coulomb. Bien que la valeur absolue de ce
module ait été déterminée avec une faible précision, les expériences
montrent cependant nettement que ce module décroîit d’une façon très ré-
gulière avec la température. A partir de 800°, la rapidité de la déformation
du métal rend les mesures difficiles, les valeurs données sont des minima ;
il est donc possible que la loi de variation du module soit linéaire.
Pour les aciers durs, il se produirait un changement brusque du module
d’élasticité en passant par le point de transformation.
M. P. Marcnar fait hommage à l’Académie du Tome 6 (1918) des
Annales du Service des Épiphytes et dun Mémoire extrait de ce volume,
dont il est l’auteur, intitulé : Les traitements arsenicaux et les traitements
mixtes des arbres fruitiers.
Le Prince Boxaparre fait hommage à l'Académie d’un Mémoire dans
lequel il étudie et identifie les Fougeres et les Lycopodes récoltés en Nouvelle-
Calédonie et aux îles Loyalti par MM. F. Sarasix et J. Roux, au cours de
leur voyage de 1911. Les espèces sont au nombre de 7g et les variétés de 11
dont 3 sont nouvelles. Cinq photogravures représentent les principales
espèces dans l’état où on les rencontre sur le terrain.
CORRESPONDANCE.
M. Sauvaceau adresse des Rapports relatifs à l'emploi qu'il a fait des
; A
subventions qui lui ont été accordées sur le Fonds Bonaparte en 1912, 1914
et 1916.
700 ACADÉMIE DES SCIENCES,
_ M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
° Histoire naturelle des Nématodes de la Berbérie. Première Partie, par
L.-G. Seurar.
2° Le fascicule 55 des Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur
son yacht, par Auserr I°, prince souverain de Monaco : Madréporaires, par
Cu. Gravier. (Présenté par M. Edmond Perrier.)
3° Tables du mouvement képlérien, par F. Boquer. Première Partie.
Ouvrage publié à l’aide d’une subvention sur la Fondation Loutreuil.
(Présenté par M. Andoyer.)
4° Les lois scientifiques de l'éducation respiratoire, par Jures Amar. (Pr£-
senté par M. Edmond Perrier.)
NAVIGATION AÉRIENNE. — Correcteur de route: nouvelle méthode de
navigation aérienne à l'estime. Note de M. Le Prieur, présentée par
M. Rateau.
Le nouveau correcteùr de route, objet de cette Note, résout le problème
général de la navigation aérienne à l'estime, c’est-à-dire celui qui consiste
à se rendre en ligne droite d’un point à un autre en corrigeant automalique-
ment la route des écarts dus au vent, l’aéronef étant supposé muni d’une
boussole compensée.
Cet appareil est basé sur l'observation de la dérive à deux caps différents.
- Un report graphique de ces deux dérives permet immédiatement de déter-
miner le vent régnant en force et direction. Le cap à suivre s’en déduit alors
très facilement.
Détermination de la dérive. — La méthode uniquement employée jusqu ici
consiste à observer le sòl à travers un réseau de fils parallèles que l’on
oriente dans le sens du déplacement apparent des points du sol. Cette mé-
thode toute théorique se heurte dans la pratique à de grandes difficultés :
roulis, tangage el surtout embardées.
Avec le nouveau correcteur de route, la dérive est obtenue à l’aide d’un
appareil auxiliaire le dérivographe qui, grâce à un enregistrement graphique,
donne la dérive movenne et élimine ainsi très simplement les difficultés et les
causes d'erreur indiquées plus haut.
L'observateur vise un point quelconque du sol au moyen d’une ligne de
SÉANCE DU 18 OCTÒBRE 1920. OI
mire reliée, par un parallélogramme articulé, à un crayon que l’on peut
appuyer à volonté sur une feuille de papier posée sur une planchette hori-
zontale. À chaque fois que le point est vu exactement sur la ligne de mire,
l'observateur appuie sur son crayon. Il marque ainsi sur la feuille une ligne
pointillée qui enregistre fidèlement les déplacements relatifs de l’aéronef et
du sol. Plus les mouvements de roulis, de tangage et de lacet sont accen-
tués, plus cette ligne est sinueuse ; mais son inscription se fait toujours sans
difficultés, sans tàtonnements, et la direction de la dérive moyenne se déduit
à simple vue de l'aspect de la ligne pointillée, Ce procédé ne demande
qu'un temps très court. Même en visant successivement trois ou quatre
points du sol pour accumuler les renseignements, il ne faut pas plus de deux
minutes pour obtenir la dérive moyenne d’une manière très és (à moins
de 1° près).
Cas particulier. — Supposons maintenant que la planchette d'enregistrement soit
placée non pas horizontalement, mais verticalement et dans un plan perpendiculaire
à l'axe de l’aéronef, l'observateur étant dans l'axe et face à l'arrière. S'il vise l'horizon,
il tracera une ligne horizontale. S'il viss ensuite le plan axial (la queue) de l’aéronef,
il tracera une ligne verticale.
Ceci posé, s’il vise maintenant des points du sol, il obtiendra des pointillés qui
viendront tous couper la ligne d'horizon en un même point de convergence, leque
n’est autre que le point de fuite des lignes parallèles représentées par le déplacement
relatif de tous les points du sol par rapport à l’observateur. L'écart entre ce point et
la ligne verticale mesure exactement la dérive. D'où un nouveau moyen pour déter-
miner la dérive et, par suite, la route corrigée. Ce procédé sera particulièrement inté-
ressant lorsque la région survolée sera masquée par des nuages, mais que, cependant,
du côté de l'horizon, des points seront visibles.
Correcteur de route. — L'aéronef navigant successivement à deux caps
différents, les dérives obtenues à ces deux caps par le dérivographe per-
mettent de tracer sur une feuille de papier circulaire, représentant la rose
des vents et portée par le correcteur, deux droites dont l'intersection
donne l’extrémité du vecteur vent régnant, son origine étant le centre de la
rose des vents.
Le vent est ainsi déterminé dans la pratique en moins de cinq minutes et
la route corrigée s’en déduit instantanément. Elle est transmise automati-
quement à un répétiteur manœuvré par câble flexible et placé sous les yeux
du pilote.
Conclusion. — En résumé, cette méihode qui vient de faire ses preuves
dans un essai très concluant effectué en avion, de Villacoublay à Melun et
retour, le 28 août dernier, permet d'envisager la navigation aérienne dans
702 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des conditions de sécurité inconnues jusqu’à ce jour. Au fur et à mesure
que se déroule le voyage, il est possible d'enregistrer les variations du vent
régnant dans les couches atmosphériques traversées et d'en déduire immé-
diatement la correction de route qui s'impose. Il suffit pour cela de distinguer
des points du sol sans qu'il soit besoin, en quot que ce soit, d ‘identifier la posi-
tion de ces points sur la carte. Pour les voyages au dessus de la mer, on utili-
sera de petites bouées au phosphure, lâchées à intervalles réguliers, donnant
des repères très faciles à viser.
La sécurité de fonctionnement de l’appareil n’est liée à aucun mécanisme
délicat. Il est-toujours prêt à fonctionner. Enfin la méthode graphique,
dont il utilise les précieux avantages, permet de conserver de la navigation
effectuée un contrôle des plus intéressants, ainsi que de précieux rensei-
gnements météorologiques.
ASTRONOMIE. — Correction des coordonnées lunaires, déduites des observations
de l'éclipse annulaire de Soleil du 3 décembre 1918 faites à Montevideo
(République de l Uruguay). Note de M. Josern Lrameras pe OLivar,
présentée par M. Bigourdan.
La méthode employée consiste à mesurer avec le plus grand soin, sur la
plaque photographique obtenue pendant la phase annulaire de l’éclipse, la
distance des cercles de déclinaison qui passent par les centres du Soleil et
de la Lune à l'instant d'impression de-la plaque, et de comparer avec la
mème différence tirée de la Connaissance des Temps. La différence des
deux valeurs représente évidemment la correction de la déclinaison lunaire
des éphémérides.
La distance des cercles d'ascension droite mesurée sur la plaque et
comparée avec la même différence calculée aussi par la Connaissance des
Temps donne de même la correction correspondante des Tables.
On a mesuré sur les plaques les diamètres du Soleil (') et de la Lune, et
“calculé leur relation en partant du diamètre d'Auwers, ce qui donne le
diamètre lunaire.
La comparaison avec le diamètre d'Oudemans donna la correction du
diamètre adopté pour les éclipses. | ja
tte
(") Le diamètre du Soleil sur la plaque fut trouvé de 159,19, la “tie ur
étant de 12”,25,
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 703
Les mesures des distances des bords solaire et lunaire me furent envoyées
par le P. Ubach, délégué de l'Observatoire de Ebre pa l'observation de
lé éclipse : à Sud-A merica, et furent tirées de la plaque n° 15 (18° x 24m),
impressionnée à 3°6%59 T. M. G., dont l'heure d'impression fut donnée
par le Service horaire du Bureau géodésique de la République Argentine.
L’ascension droite, la déclinaison, le diamètre lunaire et les parallaxes
ont été calculés par les formules rigoureuses de l’Astronomie sphérique, et
les calculs ont donné les corrections suivantes, E ascen-
sion droite, la déclinaison et le diamètre d’Oudemans :
+ 05,79, + 0”,62, + 0”,18.
Ces corrections sont tout à fait d'accord avec celles déterminées par le
P. Ubach et communiquées à l’Académie dans sa Note du 3 juillet 1919.
Des comparaisons analogues ont été aussi tirées des observations faites à
Montevideo par les différentes Commissions qui ont observé la même
éclipse.
Le phénomène du ligament noir eut une durée de 26 secondes. (Dans ma
brochure publiée à l’occasion de cette éclipse, le 8 février 1919, j'avais
calculé une durée de 10 secondes. Les communications plus précises reçues
plus tard prouvent que cette durée fut de 26 secondes.)
La durée de la phase annulaire observée fut de 17 secondes plus longue
que la phase calculée (les coordonnées du lieu d’observation étant
— 34954 37” et 3"44%45$ W de Greenwich, au nord de la ligne centrale de
léclipse).
Ces 17 secondes sont imputables aux erreurs de déclinaison et du diamètre
lunaire.
Le premier contact intérieur fut enregistré avec 28 secondes d’avance et
le second intérieur avec 11 secondes seulement, aussi d'avance.
En faisant la correction de ces 17 secondes par moitié dans chacun des
deux contacts , J'obtins définitivement l'erreur d’ ascension droite arr
par une avance de 19°, 50 :
Avec le r° contact intérieur............... 28s — 85,50 — 19°, 50
MR ur y ii tiaiilaste 115 + 85,50 — 19°,50
Les + t
Faisantalors la comparaison des trois avances 0 par trois méthodes
différentes, nous aurions :
à Avec la pr exposée ci-dessus........... VU PÉ TRES 215,39
d Ubach.. a E e aaa 205, 30
704 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La valeur moyenne des trois résultats serail de 20°,58.
Mais, pour arriver au résultat indiqué de 19,50, il faut que l'instant
du premier contact intérieur soit enregistré à l'apparition du premier
rayon de lumière, avant la formation du ligament noir, et le second contact
intérieur à la fin du même, c’est-à-dire à la disparition du dernier rayon de
lumière.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — La loi de distribution des masses dans le système
solaire et l’origine des petites planètes. Note (+) de M. Eme Beror, pré-
sentée par M. Bigourdan.
On n’a jamais expliqué comment les planètes sont divisées en deux
groupes composés l’un de 4 planètes denses et de faible masse, l’autre de
4 planètes légères de grande masse. Mais le fait que ces deux groupes sont
séparés par la zone des astéroïdes montre que c’est par le problème de leur
origine qu'on peut attaquer celui de la distribution des masses.
Dans une Note antérieure (°) j’ai étudié la distribution sur un plan per-
pendiculaire à l'écliptique des aphélies des petites planètes. Elle présente
une singularité non encore expliquée : les aphélies de Vesta, Cérès et Junon,
les principales des petites planètes, sont presque en ligne droite, dessinant
une courbe de faible convexité vers l'écliptique, avec tangente faisant à la
distance de Cérès un angle de 30° avec l’écliptique. Quand on franchit cette
tangente vers l'écliptique, la densité numérique des petites planètes double
sabilemeñi, comme si la matière ayant contribué à leur formation avait
présenté une discontinuité le long de cette ligne.
Pour expliquer ce fait singulier, précisons les phénomènes physiques
produits dans la nébuleuse par le choc du protosoleil (ou soleil primitif).
La Novä solaire projette ses radiations à une température T, s’abaissant
rapidement de 15000° environ à 7500° d’après les mesures récentes de
Nordmann : la pression de radiation proportionnelle à T* atteint les maté-
riaux hétérogènes de la nébuleuse et agit sur eux différemment suivant
qu'ils sont noirs et denses (oxydes, sulfures, carbures de la série du fer,
densité 5 à 8) ou blancs, réfléchissants et jsgen comme des vésicules d’eau.
À grosseur égale des particules de l’ordre de y, la répulsion sera 10 à 16 fois
plus faible pour les premiers que pour les 0 en sorte que les maté-
D np rt manne
(1) Séance du 11 octobre 1920,
(7) Comptes rendus, 1.147, 1908, p- 1460.
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 70ù
riaux lourds obéiront à l'attraction malgré la force répulsive, tandis que les
autres seront réellement repoussés.
Ainsi autour de la trajectoire ZO du protosoleil vers l’apex se produira
un triage sélectif des particules de la nébuleuse, déterminant une surface
de discontinuité en forme de paraboloïde de révolution à l’intérieur duquel
pénétreront seulement les matériaux lourds F, les autres LL” étant rejetés
au delà. Les matériaux légers s’accumuleront plus en avant de la trajectoire
que sur les côtés et leur trajectoire ira d’autant plus loin du protosoleil
en L” qu'ils sont plus légers.
La courbe VCJ de discontinuité reconnue dans la carte des aphélies des
petites planètes n’est autre qu'un élément de la parabole méridienne du
paraboloïde dont le foyer est évidemment en O. Cette parabole a pour
équation
VER; (en u. a.),
la distance AO du sommet au foyer étant 0,525 u? a. Cette parabole passe
très près de la position de Patrocle, la petite planète du groupe des Troyens
la plus éloignée de l’écliptique.
+
AR
NT TN
ne
L'origine des petites planètes s'explique alors aisément : la gaine GG’ de
matériaux légers L repoussés agit sur la nappe CC’ soit comme une
résistance de milieu diminuant les vitesses orbitales des molécules (aphélies
au-dessous de CC’), soit pour les matériaux L’ plus légers repoussés
plus loin, comme une impulsion radiale portant les aphélies au ie
de CC.
Ainsi s'explique la dispersion des petites planètes entre les distances
C. R., 1920, 2° Semestre. (IT. 171, N° 16.) 54
706 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2 et 4: on peut conclure de là que les petites planètes augmentent pro-
gressivement de densité quand leur distance aphélie est de plus en plus
faible.
Les nappes de Mars, la Terre, Vénus et Mercure circulent, au contraire,
à l’intérieur du paraboloïde, dans un espace FF vidé de matériaux légers
par la force répulsive : ces planètes auront peu de masse et une forte
densité. A l'extérieur du paraboloïde, les nappes des planètes Jupiter
et Saturne capteront les masses qui sont repoussées d’autant plus loin
qu'elles sont plus légères : ce qui 7 les grandes masses de ces
planètes et leurs faibles densités (1,36 — 0,7
On voit pourquoi une loi de diensbaton e masses ne peut s appliquer
aux planètes intérieures. A partir de Jupiter, les masses m condeno à la
distance r seront proport lles à la vitesse wr sur l'orbite, à la quantité
de matière qui la traverse vers le Soleil, c’est-à-dire à wr, et à la densité de
; I é i
cette matière qu'on peut prendre variant comme - puisque à cause de la
g AE
force Mara elle varie moins vite que dans une nébuleuse sphérique
t
gazeuze — ; finalement m sera proportionnelle à w?r qui dans une orbite
RE , M P .
rte est égale a +3 en un mot les masses m condensées à la distancer
: y M ; :
sont proportionnelles à l'attraction z du Soleil : le Tableau suivant donne la
vérification de cette loi :
à si : a M
Loi de distribution des masses m = 0,02584 —.
E
Jupiter, Saturne. Uranus, Neptune. - (U +N). Soleil.
m obs., 919,50 99,22 14,58 17,26 15,92 333432
m calc.. 318,36 94,39 23,33 9,50 16,41 333432 (r,—0,1607)
La loi de distribution ne s'applique qu'à la moyenne des masses d'Uranus
et de Neptune : le sens des anomalies des distances de ces planètes vis-à-vis
dela loi des distances pouvait faire prévoir les anomalies de leurs masses.
Si dans le protosoleil dont le rayon d’après la loi des distances a été 0,29 U. a..
FLD . *.? I A A Tig
la densité avait varié comme —; le rayon moyen de sa matière eût été 0, 145.
Mais la densité ne peut être infinie au centre : il faut donc prendre une dis-
tance moyenne au centre r, = o, 1607 un peu supérieure à o, 145.
L'origine des comètes peut être dans les masses légères condensées à la
surface du paraboloide LL lorsqu'elles sont retombées vers le Soleil dans
SÉANCE DU 13 OCTOBRE 1920. 707
des directions fortement inclinées sur l’écliptique. Une autre conséquence
est que la faible densité de Jupiteret de Saturne n’est pas due à leur formation
récente, mais à leur forte teneur en matériaux légers dont les a enrichies la
force répulsive de la Nova solaire.
Par le même mécanisme de sélection des matériaux nébuleux autour
d’une trajectoire stellaire, peuvent s'expliquer les routes sombres que l’on
observe dans la Voie lactée ou dans les nébuleuses, comme aussi les nébu-
losités entourant à grande distance les Novæ.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — T. emps et température de formation d’un,
ensemble d'astres dans une nébuleuse homogene indéfinie. Note de
M. Arex. Véroxxer, présentée par M. B. Baillaud.
Nous avons étudié les formules qui donnent le temps et la température de
formation d’un astre isolé dans une nébuleuse homogène indéfinie (1). Au
lieu d’un seul centre d'attraction, nous en supposerons un nombre quel-
conque, de masses égalés et quelconques, réparties uniformément à des
distances de l’ordre de celles des étoiles. Chaque centre est entouré de
surfaces équipotentielles sensiblement sphériques. Considérons l'attraction
` sur la ligne des centres de deux d’entre eux; on a, d étant leur distance,
m m „m r? E m
Te le e den pË:
Les autres centres étant disposés symétriquement par rapport à cette ligne,
cette formule donne une représentation assez exacte de lattraction
moyenne autour d’un centre. Si nous reprenons l étude du temps de chute
pour un élément situé à la distance 7, nous voyons qu'il suffit, dans la for-
mule, de remplacer m par mB. On obtient
pr
L gs
VAT) p = Bi m3 | |
4? —— DM 3(ro—r)(2r;—r) |
ser E) er e 9 \
T han h 8 3(ro—r)(2r0—r)-+ rt
r, étant la distance où l'attraction devient nulle et B un terme: nouveau
introduit par 8. On trouve ici que la vitesse et la température de formation,
Se a ds
CE) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 140 et 1565.
708 ACADÉMIE DES SCIENCES
ä
nulles au début et au centre de lastre, croissent jusqu'à un maximum, pour
décroitre ensuite et tendre vers zéro.
Si l’on regarde Ja densité de l’astre formé comme homogène, le rayon de
la couche formée est proportionnel à r, son rayon primitif dans la nébuleuse.
Le maximum de température, maximum de B7”? a lieu alors aux 8 dixièmes
du rayon (exactement 0,793). En supposant la matière du Soleil dispersée
primitivement dans un rayon de 100000 fois la distance du Soleil, ce maxi-
mum de température serait de 5850°, au licu de 10500° dans le cas d'un
astre isolé. Le maximum d’extension de la nébuleuse solaire, qui donnerait
une température de formation égale à la température actuelle, serait de
200000 fois la distance du Soleil. Enfin avec une extension de 10000 fois
celte distance seulement, on aurait 15000° et un rayon de 1,36, au lieu de
20 000°.
Les températures sont relatives à la température effective de la surface
rayonnante, ou de la photosphère, que l’on'a prise égale à 6000° actuelle-
ment pour le Soleil. La surface du noyau sensiblement homogène se trou-
verait au-dessous à environ 50" ou 100%" au plus ('). En admettant ici un
équilibre adiabatique, l'accroissement de température serait environ de 1°
ar 50™, ce qui donne 1000° ou 2000° de plus à la surface du noyau qu'à la
surface de la photosphère. La surface de formation réelle serait précisément
celle du noyau, plutôt que celle de la surface rayonnante. D'ailleurs les
relations réciproques des deux surfaces varieraient peu, au moins pendant
la plus grande partie de la formation, et les nombres trouvés seraient sim-
plement augmentés de 3 dixièmes seulement. Le maximum de tempéra-
ture interne serait de 10500° et de 20000° dans les deux cas cités plus baut.
Ce sont précisément les températures superficielles dans le cas d'un astre
isolé. | |
En appliquant la formule ci-dessus à Jupiter et à la Terre on trouve que leur
température de formation serait de 5,74 et 15,1 fois plus petite que celle du
Soleil, ce qui donnerait 3500° et 1200° en attribuant 20000° au Soleil. Ces
températures doivent être en réalité plus élevées, car pour les masses faibles
l'épaisseur de l'atmosphère est relativement plus grande et il y a plus de
différence entre la température de la surface de formation et la température
moyenne de rayonnement. -s À
Nous trouvons ici un maximum de température dans la vie des astres.
Mais c’est un maximum bien différent de celui qu’avaitsupposé N.Lockyer-
e CU
(1) Comptes rendus, t. 167, 1918, p. 722-725.
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 709
C’est un maximum de formation et non de condensation. Dans la suite de
son évolution la température de l'astre ne peut que diminuer. J'ai étudié
ailleurs le maximum de température que pourrait présenter un astre
gazeux en équilibre au cours de son évolution (Comptes rendus, t. 168, 1919,
p. 679). Ce maximum- est bien au-dessus du maximum de formation.
Aucun astre ne peut l'atteindre et tous se refroidissent en rayonnant. La
distinction entre étoiles naines et géantes, si elle est objective, doit être
cherchée ailleurs.
Autour de chaque centre on aura une zone d'attraction nulle: Le temps
de chute des éléments situés jusqu’à la distance 0,0 de cette zone ne serait
augmenté que de trois millions d'années. Au delà l’action du centre est de
plus en plus lente. Comme ce centre a dù se déplacer, ces éléments de la
zone neutre, attirés trop tard, ont pu ne pas se réunir au centre et accomplir
leur révolution même loin de lui, comme des comètes lointaines. Leur
masse pourrait même égaler celle des étoiles et des planètes condensées.
PHYSIQUE. — Spectres d'étincelle de quelques éléments dans l’ultraviolet extréme.
Note de MM. Legos et Eucrxe Broca, présentée par M. Villard.
Nous avons décrit précédemment (') le spectrographe à prisme de fluo-
rine, qui nous permet d'obtenir les spectres d’étincelles éclatant dans l’hydro-
gène à la pression atmosphérique, et nous avons donné (?) un certain
nombre de raies nouvelles du cadmium, du bismuth, du nickel et de lar-
gent dans la région de Schumann. La présente Note a pour objet de faire
connaître ou de compléter, entre 1850 et 1400 U.A., les spectres d’étincelle .
de l’antimoine, de l’arsenic, du bismuth et de l’étain.
i. Ániimoine. — Le spectre de l’antimoine n’a donné lieu jusqu'ici à
aucune mesure dans l'ultraviołet extrème. Il présente pourtant dans cette
région un grand nombre de raies nettes et intenses. Voici la liste des raies
que nous avons obtenues en utilisant des électrodes de métal pur. Dans
cette liste, comme dans les suivantes, les accolades mises en regard de cer-
taines raies indiquent seulement qu'il s'agit de groupes remarquables,
faciles à retrouver sur les ju l
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 226. >
(*) lbid. p. 320
710 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Intensité. À Intensité. à.
Deris kanaa t+000,6 s E E «17908
Ne ne 4038:5 se ss 1725,1
| RÉ RP EE 1832,8 PAT a A n 711,6
listes s 1070,1 RATS PR A 1678,0
PR A 1040, Ds Je 1674,0
| e aa 1817,6 Ait AO 1667 ,1
NE de re iuro’ re o 1634,5
| sous . 1809,6 Ur res 1600 , 3
drap ao 1007 re LÉ eur 1284 ,0
RATES sn ITU Doi Reste ii 1563,6
E a 1780,2 POS d IL
ERE Dee 1761,5 PTG eme For 1540,6
H. Arsenic. — Le spectre de l'arsenic, nouveau également, se compose
de raies souvent faibles et diffuses, dont quelques unes ne permettent que
des mesures médiocres. Les deux raies intenses caractéristiques de l’arsenic
dans la région de Schumann ont pour longueur d’onde 1805,6 et 1660,8.
Intensité. ke Observations. Intensité. } + Observations.
Dos, TSA 1. 1044,0 très faible
| 255 190,60 rar Ogo
tie FORNT | t.. S 1630,9
| Diese. 104438 lors, 1031,9
ta SRE (a 1616,7
D. . ion VE IR
2 1789,1 diffuse (double?) l Sa AO SE
f 2... 1781,4 Libre 1009907 ;
bai 1772,9 très faible t 1600,6 diffuse
F. 1758,2 woe “1909,4
2 1741,6 roe 390838
+: 780; 4 a. 2700457
E 1731,6 TE ii :
t 1729, 8 1... 1565,0 très diffuse (double?)
Fier Toli 1.... 1558,4 très diffuse (double?)
s, 16600,8
HE. Étain. — Le spectre d'étincelle de l’étain est assez pauvre en raies.
Il a été mesuré par Handke jusqu’à la longueur d’onde 1700,1; récemment
Mac Lennan, Ainslie et Fuller ont fait connaître le spectre d’arc de l'étain
‘jusque vers 1400. Nous avons retrouvé en deçà de 1700 les raies les plus
inténses du spectre de Handke, et au delà de 1500 notre spectre d’étincelle
coïncide avec le spectre d’arc donné par Mac Lennan. Entre 1700 et 1500
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920.
711
nous avons observé quatre raies nouvelles, marquées d’un astérisque dans la
liste ci-dessous.
Intensité. K Observations, - Intensité. x. Observations.
1 + 1830,3 peu précis idees 19574 ,6*
OT EC 1810,1 peu précis EE a 1970 ,6*
Ie eL 1797,0 Don etes 1489,6
Fee S 1699,0 FRS SEE 1475,6
Deer osen 1639 3. sed Na 1437,9 double
E ES 1656,9 a E 14o1,1 double
IV. Bismuth. — Nous avons indiqué (') que ce métal possède des raies
nombreuses et intenses jusque dans l’ultraviolet le plus lointain. Ces raies
ont pù être mesurées par interpolation entreles raies étalon de laluminium
et du mercure. Le Tableau suivant représente le spectre complet du bismuth
entre 1823 et 1390. La première colonne est la reproduction de la liste que
nous avons déjà publiée (°), la seconde contient les raies déterminées
récemment dans la région extrême.
Intensité.
he
1823;
1796 ,2
1791,8
1787,0
17767
17497
1682,2
1671,0
1611,4
1609,6
1606,3
Intensité.
AE A e a a
PF A Aa A A d
ke
1938,3
1394,4
(*} Loc: cu., pSr. ;
(?) Après suppression de deux raies Det nr à l'étain,
>
712 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Sur la chaleur spécifique des vapeurs saturées aux basses
temperatures. Note (') de M. G. Brumar, transmise tes J. Violle.
Dans une Note ee ), M. Ariès discute’ certains des te que
j'ai indiqués (°). Mes calculs seront exposés ailleurs sous une forme plus
détaillée; je voudrais simplement indiquer ici que les arguments apportés
par M. Ariès ne me semblent pas suffisants.
Je signalerai d’abord que le tracé du faisceau des adiabatiques, par rap-
port à la courbe de saturation auquel je suis parvenu, satisfait bien à la con-
ii dő |
dition ZT <o. L'entropie S de la vapeur saturée tend vers + + quand la
température T tend vers le zéro absolu : une détente isentropique, effectuée
à partir d’un état quelconque, aboutit toujours à la condensation du liquide,
et cette condensation tend à devenir complète quand le volume augmente
indéfiniment et que la température tend vers zéro.
En reprenant les notations de ma Note, l'hypothèse de M. Ariès est que
le coefficient Lọ est nul : quand la température tend vers le Zéro absolu, la
chaleur latente de vaporisation, et la variation d’énergie q accompagne
ce changement d'état tendraient vers zéro. Admettre que cot5 -- cota tend
vers zéro, ou admettre une formule déterminée de tension de vapeur, revient
à adirettre cette hypothèse.
La formule (9) est une formule classique; sa démonstration est élémen-
taire, et utilise uniquement le premier principe. Elle est applicable à con-
duos que l’on puisse assimiler la vapeur saturée à un gaz parfait et négliger
le volume du liquide; il en est de même de la formule (10). Or, si Lẹ était
nul, cette dernière formule donnerait toujours des valeurs positives de m’
il ne me parait donc pas douteux que, au moins pour les corps pour PA
des valeurs négatives ont été constatées expérimentalement, et probable-
ment pour tous, L, n’est pas nul. On trouvera d’ailleurs, dans ma Note, des
vérifications numériques de la formule (10), qui sont tout à fait satisfai-
santes, et permettent facilement de calculer la valeur approximative de Lo.
Séance du 11 octobre 1920.
E. Aniès, Comptes rendus, t: 171, 1920, p. 456.
G. Binit Comptes bindus: R 171, 1920, p. 162.
3
(3
C)
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 713
PHYSIQUE. — Sur l'existence d'états intermédiaires dans la phosphorescence
du CaS, déduite de l'étude de sa conductibilié. Note (' ) de M. P.
Vaizcanr, transmise par M. J. Violle.
J'ai déjà signalé (°) l'influence de la lumière sur la conductibilité du CaS
pur ou agglutiné avec de la colle. Sous l’action d’un flux complexe comme
celui d’une lampe à incandescence, cette conductibilité croît jusqu'à un
maximum, puis décroit. Après retour à l’obscurité, une varration analogue
se produit mais en sens inverse. Toutefois le taux de variation que je signa-
lais dans mes premières Notes était relativement peu élevé, de 1 à ro au
maximum. On observe des variations beaucoup plus grandes à la lumière
solaire diffuse, et surtout en partant d’un corps dont on a détruit par chauf-
fage préalable toute trace de phosphorescence antérieure. La conductibilité,
d’abord extrêmement faible (°), croit jusqu'à un maximum élevé, puis
décroit constamment. |
C’est ce qui ressorten particulier du Tableau suivant où c est la conduc-
übilité mesurée en unités arbitraires et la durée d’ exposition en heures, par
temps couvert :
biz, o I 2 2,29 ner 5 3,9
tarot ER 470 2200 2320 ( max.) 2100 1220
La conductibilité continue à diminuer lentement. Le ciel devenant plus
lumineux, la baisse s'accélère et la conductibilité paraît se fixer à la valeur
très faible c= 22,
L'existence du maximum ne parait pas due à l’action de T
extinctrices. Si l’on répète l’expérience précédente en protégeant le sulfure
par un filtre qui ne laisse passer que les radiations vertes (555 à 595), on
observe encore le passage par un maximum à la suite duquel la baisse est
même plus rapide que dans le cas précédent :
A
A ea O 6,5 ;9
1,9 2 à, 3
Corean, Ll 738 1044(max.) 913 702 51 3 301
Si, après une exposition prolongée, on ramène le sulfure dans l’obscurité
a ne he
1
(1) Séance du Æ octobre 1920.
(?) Comptes rendus, t. 153, 1911, p 1041, et t. 154, 1912, p. 867.
(*) Au degré de sensibilité de la méthode de mesure, CaS débarrassé de toute trace
de phosphorescence est à peu près isolant.
st
714 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à température constante, la conductibilité augmente d’abord rapidement,
atteint après quelques heures un maximum beaucoup plus élevé que celui
correspondant à l'excitation, puis diminue très lentement :
Lies 0 I 2 3 4 9 18 22 48 66 o
C.. 137 12700 25600 36200 41600 46000 46000 45900 34000 13800 4680
Si l'excitation est arrêtée avant le passage par le maximum, dans la
phase croissante, et le corps ramené à l'obscurité à température constante,
la conductibilité continue à augmenter et passe par un maximum d'autant
moins élevé et d’autant plus vite atteint que l’exposition a été plus courte:
Après 10 minutes d'exposition -f £(minutes)... O 10 20 30 90 120
à la lumière diffuse Ce 90 101 107,2(max.) 103 93 99
Ces lois de variation ne peuvent s’interpréter par l’existence de deux
phosphorogènes distincts dont les transformations agiraient en sens con-
traires sur la conductibilité de l’ensemble, ni par celle d’un phosphorogène
unique sur lequel deux catégories de radiations (') de la lumière excitatrice -
produiraient deux transformations indépendantes, influençant de façons
inverses la conductibilité. Si l’on peut, en effet, prévoir de cette façon l’exis-
‘tence d'un maximum en cours d’excitation, ce maximum devrait COTTeS-:
pondre à un minimum dans la phase d'extinction et inversement.
De même, on ne peut attribuer la baisse de conductibilité, lors de l’exei-
tation, à l’action de radiations extinctrices; dans l’obseurité, celles-ci agis-
sant seules, la conductibilité ne saurait augmenter.
Il paraît nécessaire de supposer que, sous l’action excitatrice, le phos-
phorogène passe successivement par deux états 2 et 3, 2 plus conducteur
que l’état initial 1, et 3 moins conducteur que 2. On peut imaginer, par
exemple, que le passage 1-2 libère des électrons qui sont récupérés dans le
passage 2-3 sans qu'il y ait cependant retour à l’état initial. Pendant la
période d'extinction, le même double passage s'effectue, mais en sens
inverse, Le maximum correspondant à l'extinction est plus élevé que celui
qui correspond à l'excitation, du fait que, dans le premier cas, les deux
transformations successives qu’on peut alors regarder comme spontanées C)
sont beaucoup plus lentes.
(+) H est d’ailleurs probable que de pareilles radiations interviennent pour réduire
le maximum en cours d’excitation. ;
(2?) Ou provoquées par des radiations à grande longueur d'onde, très peu intenses
à la température où l’on opère.
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. p5
MAGNĖÉTISME. — Sur la variation thermique du coefficient d'aimantation des
sulfates anhydres et la théorie du magnéton. Note (1) de M. Pn. Tnéono-
Rips, transmise par M. J. Violle,
Lorsqu'une substance paramagnétique rentre dans l’une des catégories
qui obéissent à la loi de Curie (gaz ou solutions), une seule mesure à la
température ordinaire permet de calculer le moment atomique. Tel n’est
pas le cas des sels paramagnétiques à l’état solide. On sait, et nos expt-
riences confirment, que ces substances obéissent à la loi de Curie gént-
ralisée :
AT—6)=6
4 = coefficient d’aimantation LÉ ae -
T = température absolue;
© = point de Curie;
C = constante de Curie.
L'étude de la variation thermique est donc nécessaire pour donner, d’une
part, au moyen de C, le moment atomique et, d’autre Fr au moyen de G
et de ©, la constante = champ moléculaire.
Des mesures ont été prises sur les trois sulfates manganeux, cobalteux
et ferrique à l’état anhydre. Les poudres de ces substances étaient contenues
dans des ampoules scellées, en verre ou en cristal de roche. La méthode
est celle de l'attraction dans un champ non uniforme avec compensation
électrodynamique de la force magnétique exercée. Les températures sont
produites par un four électrique à résistance, soigneusement étudié, ¢t
mesurées au moyen d’un couple thermo-électrique argent-constantan,
exactement étalonné. L'appareil est assez voisin de celui qui a été employé
par MM. Weiss et Foëx, et d’autres expérimentateurs,.
La correction du magnétisme de la suspension et du diamagnétisme de
l’anion ont été faites. Les valeurs absolues sont rapportées au coefficient
d’aimantation de l’eau à 20° C. égal à —0,720.107°, par l'intermédiaire
d’un étalon de pyrophosphate de manganèse employé par M. Foëx et
vérifié par M. Kopp.
, : F x , I 1e
Résultats. — Pour chacune de ces trois substances, z en fonction de la
(*) Séance du i1 octobre 1920. -
$:
716 ACADÉMIE DES SCIENCES.
température est représenté par deux droites parallèles, présentant entre
elles un petit décalage et raccordées entre elles par une courte région
curviligne. L’ensemble du phénomène est exactement réversible. La con-
stante de Curie, égale à la cotangente de l’angle des droites avec l’axe des
températures, est donc la même de part et d’autre de cette région de tran-
sition. Par conséquent, le moment atomique est aussi le même pour les deux
tronçons des droites. Le décalage manifeste seulement une petite variation
du point de Curie, c’est-à-dire de la constante du champ moléculaire. Pour
deux des substances, on a pu établir que la discontinuité se produit à une
température très voisine de celle à laquelle le monohydrate perd son eau
d'hydratation. Elle pourrait donc provenir soit d’une trace imperceptible
d'eau restée malgré la déshydratation soignée à laquelle a été soumise la
substance, soit d’un réarrangement moléculaire, cause lui-même de la
déshydratation.
de désby dratation Milieu
d'apre de la
Thorpe et Wa atts (!) discońtinuité.
Sulta le MABLADOUK, oeno à 280 395
F7 CODES a a rs a 250 37I"
e Engue. a.e Pa. E - 260
Tous les points considérés sont les résultats directs des observations.
Deux d’entre eux ont particulièrement servi à la détermination numérique
de la constante de Curie.
Constante
Da du Nombre
de ‘ic Point champ de
æ ahaa de Curie moléculaire magnétons
(3)
G 8. À = x n
Cn
P o à
soimy | 2è 270- 4,269 Zs sE AGk 35,04
{ 280 à: 590... 4272 —14,2 3,80 29, 09
SOCO \ Le) à 100: 3,179 — 29,92 Park 9,411 25,06
> | 290 à 550 3,150 — 19,17 6,001 24,99
+: pe ` nET mt
l 270 à 979. 4,293 —74,3 —17,6 28,93
Dans ce Tableau le magnéton-gramme est, comme d'habitude, pris égal
à 1123,3 unités GC: G. S. Bü ajoutant les erreurs possibles sur les diffé-
OSSE Es
(+) Tuorre and Warrs, Journal of the Chemical Society, London, 1880 (113).
f $
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 117
rentes opérations, on est amené à estimer, qu’en général, l'erreur sur y
et G est inférieure à 6 pour 1000 et l'erreur sur n inférieure à 3 pour 1000.
Les résultats sont donc conformes à la théorie du magnéton.
Il est remarquable que dans tous les sulfates le champ moléculaire est
négatif avec une grandeur notable. Leur péint de Curie, virtuel, est situé
au-dessous du zéro absolu. Pour les chlorures, le champ moléculaire est
positif.
CHIMIE PHYSIQUE. — Nouvelle théorie des phénoménes photographiques.
Note de M. A. Davvizuer, présentée par M. E. Bouty.
Dans une récente Note (!) nous avons exposé une théorie nouvelle des
actions chimiques des rayons cathodiques, 5, X, + et ultraviolets, ainsi que
de l’action antagoniste de la lumière. Les impressions photographiques
causées par ces radiations, faisant partie de cette classe de phénomènes,
semblent s'expliquer d'une manière analogue.
Il était admis, depuis les travaux de E. Becquerel et de Güntz, que la
lumière réduisait les halogénures d'argent en mettant l’halogène en liberté
eten formant des sous-halogénures. L'accord ne s'était cependant jamais
fait, quant à la composition chimique de ceux-ci. Nous pensons que la
coloration violette, acquise en particulier. par le chlorure d'argent blanc
lorsqu'il est exposé à la lumière, ne diffère pas des colorations provoquées
par les rayons énumérés ci-dessus. Les cristaux cubiques de AgCI, cons-
truits d'ions Ag” et CI de même forme, sont neutralisés, suivant le méca-
nisme que nous avons décrit, par les corpuscules qui résultent de l’absorp-
tion de ces radiations. Les atomes de chlore mis en liberté à la surface des
cristaux provoquent un dégagement de molécules de ce gaz, tandis que
les atomes d'argent demeurent fixés à la surface et à l’intérieur des micro-
cristaux en produisant la coloration.
Si nous considérons une émulsion de gélatinobromure d'argent, chaque
grain étant formé d’un agglomérat SEEN possédant la même struc-
ture, l'impression photographique procède d’un mécanisme identique. Ce
sont les atomes d'argent qui constituent l’image latente et qui semblent ne
jouer qu'un rôle catalytique lors de la réduction plus complète des grains
(') Comptes rendus, t 171, 1990, p.627.
718 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pendant le développement. Ces atomes ne pouvant alors agir que lorsqu'ils
sont superficiels, on conçoit que la sensibilité de l’émulsion doive être d’au-
tant plus grande que le grain est plus fin, comme l'ont effectivement observé
MM. Lumière,
Mais, dans l’émulsion, les atomes de chlore étant fixés comme le sont
ceux d'argent, ces éléments pourront se recombiner sous certaines
influences en provoquant, éomme nous allons le montrer, des phénomènes
de solarisation ou de renversement.
Les réactions chimiques provoquées par les radiations que nous avons
énumérées sembleraient au moins devoir donner lieu à des équilibres, l’un
de leurs produits, les atomes électropositifs, demeurant exposé à leur
action. Mais le travail d’ionisation de ces atomes étant beaucoup plus
faible que celui de destruction des ions négatifs, ils seront détruits de préfé-
rence à ceux-ci. Dans le cas d’une impression exercée par la lumière de
courte longueur d'onde, celle-ci sera bientôt exclusivement absorbée par
les éléments électropositifs et l'effet photo-électrique qui en résultera
détruira presque entièrement l’impression initiale, Le fait que l’on observe,
en prolongeant l'exposition à la lumière, plusieurs renversements successifs
de ce genre pourrait s'interpréter comme un effet statistique dépendant de
la composition spectrale de la radiation et de la sensibilité photo-électrique
spectrale du platine atomique.
Les renversements produits par les rayons cathodiques, 6, X et y doivent,
a priori, ètre moins complets et s'effectuer moins aisément que les précé-
dents, les corpuscules rapides n’ayant pas plus de chances de rencontrer
les atomes électropositifs que les ions négatifs et détruisant indifféremment
les deux, dans certaines conditions de passage à proximité de leurs cor-
puscules périphériques. Cette idée parait être confirmée par les expériences
de Wood.
On sait que des impressions photographiques peuvent être exercées par
des actions mécaniques. Ce phénomène semble être général au point de vue
qui nous occupe (le platinocyanure de baryum est également bruni par
frottement) et nous l’expliquons simplement par la destruction partielle du
réseau cristallin. Les ions libérés, soit qu’ils ne puissent subsister hors du
cristal, soit qu'ils aient leur configuration extérieure détruite par l'écra-
sement, donnent naissance à des éléments libres, comme sous l'effet des
rayons X ou lumineux. :
Wood a montré que si l’on considère les agents physiques suivants,
rangés dans l'ordre : actions mécaniques, rayons X, illumination
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. -719
instantanée, illumination prolongée, l'effet. photographique de l’un quel-
conque d’entre eux pouvait être détruit par un suivant, mais en aucun cas
par un précédent. On conçoit tout d’abord qu’il ne soit pas possible
(surtout dans une émulsion) de faire disparaître, par pression mécanique,
les produits de l’action des autres agents (en les recombinant par suite de
leur rapprochement). L'action de la lumière ne saurait non plus être ren-
versée par les rayons X aussi aisément que la réaction inverse a lieu, mais
nous venons de voir qu'il ne semble pas y avoir là d'effet absolu.
Chacun de ces agents opérant la même transformation, celle-ci pourra
être renversée par les rayons X, ou mieux par la lumière, comme Wood l’a
observé. Cette dernière radiation peut en effet agir beaucoup plus complè-
tement si elle renferme des radiations de grandes longueurs d'ondes, par
suite de leurs propriétés antagonistes.
M. Villard a montré qu’une exposition d’une minute, à proximité d’un
bec Auer, détruisait l'impression causée par les rayons X. Le rayonnement
lumineux étant dans ce cas très complexe, ce phénomène pouvait provenir de
deux causes distinctes : soit renversement provoqué par surexposition à la
lumière susceptible d’impressionner la plaque, soit action antagoniste de
l'infra-rouge, en vertu de l'équation réversible de Perrin. Nous pensons,
en effet, que le rayonnement de fluorescence, qui accompagne l'impression
photographique, est infra-rouge et qu'il agit, comme nous l'avons indiqué,
par effet photo-électrique, ce qui est admissible si l’on remarque que l’on
se trouve en présence d’atomes d'argent et que cet élément possède un
Caractère électropositif accentué.
Enfin les émulsions qui subissent ces renversements perdent une partie
de leur sensibilité ('). Le retour à l’état initial n’est donc pas complet. Or la
neutralisation d’un grand nombre de paires d'ions au sein d’un cristal doit
nécessairement s'accompagner de la fragmentation du réseau. Nous pensons
que les paires d'ions reformées par renversement ou action antäâgoniste,
et qui sont devenues étrangères au réseau, se combinent sous forme de
molécules isolées très stables. Le nombre d'ions sensibles diminuerait donc
progressivement dans les grains.
mn
1; à. 4 ` pari . , y pey]
(1) Ce phénomène a été aussi observé dans le cas de l'effet Villard.
720 | ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIQUE. — Détermination du nombre des constituants indépendants
d'un système de corps. Note de M. Louis Dusreuiz, présentée par M. H.
Le Chatelier.
Le nombre des constituants indépendants d’un système de corps est le
nombre de variables indépendantes en fonction desquelles on peut exprimer
les changements de la composition chimique du système.
Soit un système de corps en contact, renfermant comme composants les
corps simples S,, S,, ..., Sẹ dont les masses respectives sont p,, p,,..., Pre
Dans l’un de ses états, le système est formé des corps purs Gp Gar u
avec les masses respectives 7, Ma, ..., m,. On peut évidemment exprimer
les masses p en fonction des masses » ou inversement, de sorte que le
nombre de variables indépendantes est le même pour les masses mm ou les
masses p. Écrivons donc l'expression de ces dernières
Pi=aim+aîimi+...+a!mr,
Pa = AIM +aiMmi+...+ aim
(1)
/ Pr = am + a} m+... +a} Ma,
les coefficients a représentant les concentrations des corps simples dans les
corps purs C. ,
Les relations (1) constituent un système de p formes linéaires dont le
nombre de variables, égal à celui des corps C, dépend des transformations
subies par le système de corps étudié; le nombre de variables indépen-
dantes, en tout cas, est parfaitement déterminé; c’est l’ordre du déterminant
principal du système de formes linéaires (1).
Il suffira donc de former le Tableau rectangulaire
[i 2 n
ji ai ai . a;
1 2 n
Ui a RER a
(2) 2 2 2
$ 2 n
aj ag F8 ay
et de chercher l’ordre du déterminant le plus élevé, et différent de zéro,
qu'on peut en déduire : c’est le nombre cherché: ;
Il est d’ailleurs facile d'éviter la petite complication résultant de l'emplot
des concentrations a. Désignons par A,, A,, ..., A, les poids atomiques
de S,,S,,..., Sa; par M,, M, ..., M, les poids moléculaires de C,, Cas ++:
C, et soit par exemple S*, S%, ..., S% la formule moléculaire de C,-
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 721
Le corps simple S, ayant pour exposant dans la formule &;, sa concen-
centration a; est donnée par la relation
On peut ainsi remplacer les coefficients a par leurs valeurs dans le
Tableau (2). On constate alors que les termes d’une mème ligne renferment
A A A I
tous le même facteur A et ceux d’une même colonne le même facteur E
On peut les supprimer sans inconvénient pour la recherche du déterminant
principal, de sorte que le Tableau (2) devient le Tableau
2j ai a'i
1 2 n
d G a
(3) 2 2 2
a} ©? a} |
Il ne renferme plus que les coefficients «, c'est-à-dire des entiers très
simples, avec lesquels le calcul est généralement très facile.
De là la règle pratique suivante :
Étant donnée la nature des corps purs composant un système, on forme
un Tableau rectangulaire en écrivant sur la même ligne les exposants
numériques du symbole d’un même corps simple dans la formule de tous
les corps du système; puis on cherche l’ordre du déterminant le plus élevé,
et différent de zéro, déduit de ce Tableau : c’est le nombre des constituants
indépendants.
Ainsi, pour le système classique CO? Ca, CaO, CO?, le Tableau est
F0 [
+ 1 4
i 1 O- 1
Le déterminant du troisième ordre est nul; ceux du deuxième ordre ne le
sont pas; donc le système renferme deux constituants.
Il est bon d'observer que la règle précédente donne le nombre de cons-
tituants dans le cas le plus général, et que ce nombre peut se trouver réduit
dans des cas particuliers.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 16.) 55
722 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Analyse qualitative microchimique de l'acide cyanique.
Note de M. R. Fosse, présentée par M. A. Haller.
1. La cristallisation du cyanate d'argent dans l’eau pure nous a permis
d'isoler l'acide cyanique des -produits d’oxydation ammoniacale des
substances organiques et de l'identifier par l’analyse ('). Cette très simple
méthode d'analyse immédiate rend, en outre, possible et aisée, la rochers
microchimique de la carbimide.
Si l’on épuise par l’eau bouillante de très petites quantités de cyanate
d'argent, la solution filtrée se trouble par refroidissement et abandonne des
cristaux brillants, qui, au microscope (fort grossissement), apparaissent
formés de longs filaments, traversant tout le champ. Suivant les cir-
constances de la cristallisation, ils présentent parfois des échancrures en
dents de scie, parfois ils se greffent autour d’un filament commun.
a. Cristallisation de 5"8 de cyanate d'argent. — On chauffe, 15 minutes,
dans un tube à essais, surmonté d’un réfrigérant, 5°% d’eau et 05,005 de
cyanate finement divisé. La liqueur est filtrée bouillante dans un pelit
cristallisoir. Après ane heure d'abandon, on rejette le liquide et examine
au microscope les cristaux déposés sur la paroi : ils sont formés de longs
filaments groupés parallèlement.
b. Cristallisation d’une trace de cyanate d'argent de ce gouttes d'e eau
bouillante : même forme cristalline.
c. Si lon refroidit très lentement une solution saturée bouillante de
cyanate d'argent, on obtient, à côté des cristaux précédents, des filaments
plus larges, aux bords de en dents de scie et de formes plus irrégu-
lières.
L’acide cyanique peut être aussi caractérisé microchimiquement à l’aide
de réactions colorées.
2. L'acétate de cobalt colore la solution de cyanate de potassium en bleu
d’azur, par suite de la formation du cyanate cobalti-potassique de Bloms-
trand (2) CO(CNO )‘K:, qui, stable en présence d’alcool, se dissocie et se
décolore sous l'influence d’une certaine proportion d’eau.
E.-A. Schneider (°), ayant mis à profit cette coloration pour rechercher
hi cn SES
(1) R. Fosse, Comptes rendus, L 169, 1919, p. 91, et t. 171, 1920, p. 635.
(2) Bcomsrrano, Journal für prakt. Ch., 2° série, t. 13, p. 206.
(2) Treapwez, Analyse qualitative, 1™ édition, p. 332.
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1y20. 723
l'acide cyanique dans les cyanures, a reconnu qu'elle se déclare avec 35 à 58
de cyanure, contenant o8, 5 pour 100 de cyanate, c’est-à-dire avec 76 à 13"
d'acide cyanique. Rieder (') a confirmé les résultats obtenus avec cette
réaction, qui, non spécifiqué descyanates, appartient aussiaux sulfocyanates.
Sa sensibité s'accroît singuliérement, lorsqu'on opère, ainst qu'il suit, par
broyage, à sec, des réactifs non dissous.
Coloration bleue produite par 1™8 de cyanate d'argent, correspondant à 08,35
d'aci le cyanique. — On broie dans une capsule de porcelaine 1% de cyanate
d'argent, de chlorure de potassium et d’acétate de cobalt cristallisés. La
coloration bleue intense, qui se déclare, disparaît par addition d’une goutte
d’eau, réapparaît au contact de l'alcool.
uno bleue développée par une trace de cyanate d'argent. — Même
expérience, même résultat.
Différenciation de l’action des cyanates et des sulfocyanates sur les sels de
cobalt. — Les sulfocobaltocyanates bleus (Morel, Vogel, Treadwel, Wolf)
. Se distinguent aisément des cobaltocynanates, également bleus, par l’action :
1° De l'alcool amylique, mêlé ou non d’éther, qui se colore seulement
avec les sulfocobaltocyanates ;
2° Des acides dilués, qui ne détruisent et ne décolorent que les cobalto-
cyanates ;
3° D'un sel ferrique, ne produisant la coloration rouge du sulfocyanate
ferrique qu'avec les sulfocobaltocyanates
3. [lest possible de t i tlacidecyanique parla
coloration bleu violet, produite par le perchlorure de fer sur l’ hydroxylurée,
découverte par Dresler et Stein (°).
La coloration bleu violet, caractéristique de l’hydroxylurée, se déclare
dès qu’on verse une goutte de solution de perchlorure de fer, très diluée,
sur le produit résultant du broyage à sec de :
Cyénate d'argent. ooro ee ci etes lune 08,001
Chlorhydrate d’hydroxylamine.............. 08,001
(1) TreapwèL, Analyse qualitative, 1" édition, p. 332.
(*) Dresuer et Sre, Liebigs Annalen, t. 150, p. 242.
724 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur la tectonique des Pyrénées.
Note (') de M. P.-W. Sruarr-Mevrearu, présentée par M. H. Douvillé.
Le rapport des ingénieurs sur les sondages pour potasse en Catalogne a
rétabli l'opinion que les sels et les argiles bariolées, comparés à ceux de
Biarritz, sont du Tertiaire plutôt que du Trias.
En revanche, la nouvelle carte de la Navarre reproduit Ja théorie de
Magnan que les ophites sont une transformation du Muschelkalk, sans
référence à mes objections de 1897, ni à ma carte de 1912, fondées sur la
recherche des fossiles.
La dernière des théories de Suess, que les Pyrénées sont le résultat du rem-
plissage des anfractuosités d’une surface, pareille à celle de nos jours, par
l'invasion du Flysch à conglomérats, m'était imposée par la tentative expli-
cite de vérifier ses conséquences dans l’intérêt des mines et sondages, et des
recherches de pétrole. En Guipuzcoa il suffit d’insister sur la structure bosse-
lée qui résulte de mes premières coupes où le Flysch se développe presque
exclusivement le long des vallées, tandis que dans mes dernières coupes le
Jurassique et le Crétacé inférieur le montrent sur les hauteurs moins acces-
sibles.
sentés comme types de chapeaux charriés, sont des surgissements brusques
de Lias, etc., enveloppés dans le manteau discordant. En Guipuzcoa; cela
est confirmé par la présence très constante du conglomérat de la base du
Flysch, ainsi que par l’extension du granite de la Haya en profondeur à
4% de son affleurement. .
Il est regrettable que la meilleure faune citée dans les nouvelles descrip-
tions, et spécifiée à la gare bien connue d’Alsasua, soit donnée comme prove-
nant de quelque région inconnue, et que le Crétacé de la Haya soit
complètement dévié, sur de mauvaises cartes, par un auteur qui avoue
franchement qu’il ne s’est pas occupé des terrains paléozoïques. En plein
Sénonien de sa carte, le Gault surgit à Alsasua avec le Cénomanien et
l’Aptien, et le Crétacé traverse tout le granite de la Haya, exactement de
l'Est à l'Ouest, sans être aucunement dévié comme il l’a dessiné.
L'auteur a pu ainsi accepter, sur les trois points les mieux définis par des
plans de mines, des intercalations de Silurien et de Cambrien, qui ne
(1) Séance du 11 octobre 1920.
>~
Des révisions persévérantes mont pareillement révélé que les pics, pre-
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 725
peuvent exister en réalité. Elles sont directement en travers des plis du
Dévonien métallifère qui sont exactement déterminés par les travaux et
les plans détaillés.
La silicification, qui affecte même le Flysch dans la plus récente carte de
M. Bresson, est ignorée; de là des confusions dues également à la négli-
gence des fossiles ou de leur emplacement. Elle a pourtant fait classer de
vastes extensions du Crétacé en Silurien et Cambrien. |
En Guipuzcoa on a profité de cartes au zby pour le dessin de la sur-
face, mais on a indiqué les couches comme plongeant uniformément. On
n’a pas remarqué que l’Éocène et le Danien varient de l'horizontale à la
verticale par des courbures, fractures et glissements qui augmentent jusqu’à
dix fois leur épaisseur, que le Flysch est également irrégulier, et que le
conglomérat de sa base s'étend jusqu'aux montagnes, en transgression
discordante sur les têtes érodés du marbre cénomanien, du Jurassique, du
Trias, et même du Paléozoïque. Les coupes de l’auteur en question
confirment ces mêmes relations dans les remplissages des bassins de Sare-
Vera, Elizondo, et Roncevaux. Mais c’est le caractère spécial du Flysch de
présenter dans le détail toutes les directions et plongements possibles.
Sur les trois points touchant les mines de la frontière, il suffit à la Haya de
remarquer que le texte de la description reconnaît le Trias où la coupe repré-
sente le Crétacé; que cette coupe est tirée à 45° de la direction des couches,
de manière à les figurer comme peu inclinées précisément là où elles sont
verticales; que cette coupe ne pouvait pas traverser deux fois une bande qui
est unique et continue; et que l’omission du Trias typique qui enveloppe le
synclinal du Crétacé empêche de reconnaître la continuité du Crétacé à
Rudistes que j'ai suivi sur les cartes rectifiées que J'ai employées et que j'ai
figuré sur ma carte au ——.
Le Silurien n’est nulle part déposé régulièrement sur le granite qui
traverse et transforme le Dévonien et le Carbonifère, même sur la carte
espagnolé,
Au deuxième point, entre Maya et le Pas de Rolland, le Dévonien métal-
lifère et fossilifère se présente, aussi bien au-dessous de la mine d'Ainhoa
que sur toute la bordure du Trias, à l'Est. En montant de Bidarray, on
trouve des calcaires passant au quartzite sur plus de 300" d'épaisseur, et
séparés du Trias par plus de 100"-de schistes noirs du Carbonifère. Ces
schistes, localement traversés par du quartz filonien, prennent largement
le faciès du Culm, et le Silurien ne peut exister que dans le fond des gorges.
Au nord de Roncevaux, c’est également au fond des gorges que le seul
726 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Silurien surgit en schistes verts, imprégnés de cuivre et recouverts par
les calcaires et quartzites, à entroques et en bancs fortement plissés,
qui sont encore enveloppés par le Carbonifère. La siliciñication, qui
affecte même le Cénomanien de la bordure, a fait supposer une inter-
calation de Cambrien, qu’il est aussi impossible à caser que dans le cas de
la Haya.
A l’est de Roncevaux, la carte confirme la présence de l'Éocène au som-
.met du pic d’Orhy, et la régularité de la vaste extension de Flysch, qui est
déblayé des sommets moins élevés entre Sainte-Engrace et la frontière. La
rangée des points de quartzite et de schistes micacés qui sont, ici, enve-
loppés par le Flysch et ses conglomérats, est attribuée à un charriage super-
ficiel ; elle est parallèle aux couches du Paléozoïque, qui surgissent au Sud-
Est, directement dessous le Crétacé, et elle est analogue aux pics Bégusse
et Archibèle au Nord, qui sont visiblement des surgissements brusques et
nullement des plaques charriées. Le Crétacé, traversé par les pointements
de Sainte-Engrace, présente des filons verticaux de galène comme le Cré-
tacé enveloppant du Guipuzcoa; il est figuré comme cambrien, tandis que
les fossiles me l’ont prouvé crétacé.
GÉOLOGIE. — Probabilités géologiques de découverte du pétrole en France.
Note de M. G.-F. Dorrrus, présentée par M. Pierre Termier.
J’envisagerai les conditions de rencontre possible ‘du pétrole en France,
seulement en ce qui concerné l'huile produite par la décomposition de végé-
taux marins fossiles. r
On peut dire qu'il n’y a pas de chances de découverte d'huile minérale
dans le nord de la France; le nombre des sondages profonds est si grand
dans cette région qu'il n’y a aucune partie inexplorée, de quelque étendue.
Dans le bassin de Paris, la Normandie, la Champagne, l'Orléanais, la
Touraine, la constitution du sous-sol est connue jusqu'à 500" et 800" de
profondeur, jusqu’à la base du Crétacé, et il n’y a aucun indice qui permette
de croire qu’on serait plus heureux à une profondeur plus grande. En Lor-
raine, les sondages profonds, nombreux, pour Ja recherche du sel dans le
Trias, et pour le prolongement vers le sud du bassin houiller de la Sarre,
n'ont rien découvert en fait de pétrole. Nous devons laisser de côté la
Bretagne et la Vendée : leur couverture secondaire et tertiaire est mince;
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 727
quand elle existe, et les formations primaires plissées reposent sur des ter-
rains cristallins qui sont négatifs. Dans les Charentes, le sondage de
Rochefort-sur-Mer, descendu à 856", a traversé la série jurassique pour
s'arrêter dans le Trias, donnant seulement une eau chaude minéralisée.
Le bassin tertiaire du Sud-Ouest n'offre des formations marines qu'à son
entrée. On est descendu à Bourg-sur-Gironde à 197"; Libourne, 275";
Cessac, 290": Bordeaux, 470"; La Réole, 228"; Agen, 25, rencontrant
seulement des eaux ascendantes dans l’ Loue La berge crétacée du Nord,
qui est plissée, resterait à explorer; nous n'y connaissons que peu de
forages et il s’y trouve dans le Sarladais des dépôts ligniteux intercalés.
Au pied des Pyrénées, la présence de bitume dans la molasse helvétienne
de Bastennes, au voisinage du Trias, celle de lignite pyriteux dans le Cré-
tacé de Sait- Lon, ont provoqué des recherches qui n’ont pas abouti; nous
savons qu'à À Bienner une Société autrichienne a tenté un forage profond
qui, sous une forte épaisseur de Tertiaire, a atteint le Trias. Les couches
du Trias ont fourni en profondeur du sel en abondance, de Dax à Bayonne,
mais pas d’huile minérale; les probabilités sont maigres. Le Trias a été
atteint à Barbotan (Gers) à 45" de profondeur sous les sables à Nummu-
lites, sur le prolongement de l’anticlinal de Roquefort, donnant des eaux
minéralisées.
Rien à Auch, 125"; à Toulouse, 146". Arrivant dans l'Aude, près Cas-
telnaudary, un forage profond chez M. Mir n’a trouvé que des eaux jaillis-
santes, comme dans la plaine de Perpignan, où de nombreux forages
jusqu’à 170% ne sont pas sortis du Pliocène.
Dans le Languedoc on connaît des forages à Lézignan, pas d’eau; on a été
plus heureux à Narbonne et à Montpellier; il est possible que dans quelques
ondulations de la molasse ou du Trias, au pied des Cévennes, on puisse
trouver des huiles minérales comme dans l’ancien gisement perdu de
Gabian (Hérault). Mais l'étendue de ces petits bassins est médiocre, lenr :
tectonique est compliquée et les recherches ne seraient probablement pas
payantes. Rien dans le bassin d'Alais. Dans la vallée du Rhône, un forage
en Camargue à Silvéreol à 107" n’était pas sorti du diluvium ; à Courthé-
zon, près a eange, on est descendu à 811™ sans succès; les terrains ren-
contrés n’ont pas été classés. A létang de Berre, autre forage de 211",
non classé; à Marseille, on a traversé 700" de Tertiaire sans trouver une eau
suffisante; les grands travaux de Fuveau, le bassin d’Apt, n’ont pas rencon-
tré d'huile.
Je ne dirai rien du Massif central, des vallées de la Loire et de Allier;
728 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des recherches sont en cours. J'observerai toutefois que les dépôts tertiaires
d’origine marine font défaut et que jusqu'ici les formations franchement
continentales n’ont pas fourni d'huile naturelle. La structure des Alpes est
maintenant assez bien connue pour que, s’il s’y trouvait dans quelque plis-
sement des couches pétrolifères, on doive penser qu’elle n’eussent pas passé
inaperçues.
Reste la vallée de la Saône; ici les conditions sont tout à fait différentes,
nous sommes sur le prolongement de l'Alsace et du bassin productif de
Pechelbronn. Le Jura est homologue de la Forêt-Noire; la côte chalon-
naise fait suite aux Vosges; nous avons entre ces massifs une large vallée
profonde d’effondrement limitée par des failles bordières et remplie d’épais
sédiments à tout le moins saumäâtres, formés d’une longue alternance
d'argile et de sables avec plissements transversaux indicateurs. Aucun
forage profond n’a été encore tenté dans la Bresse et les Dombes; les
recherches d’eau n’ont pas dépassé 100" et 140" et ne sont pas sorties du
Pliocène. Des dépôts ligniteux sont connus à la périphérie et des lambeaux
d'Oligocène sont restés accrochés çà et là sur les flancs; c’est toute la
tectonique des gisements pétrolifères et des recherches pourraient être
menées jusqu’à 1000" sans difficultés sur cette grande étendue. Le Tertiaire
d'Alsace descend jusqu'a Montbéliard et nous savons que la- molasse
marine miocène est plissée avec les couches crétacées jusqu’au sommet du
Jura et que cette situation se prolonge à l’Est et au Sud-Est jusqu’en Savoie.
Au sud de la Bresse, près de Lyon, les forages institués pour rechercher
le prolongement du bassin de Saint-Etienne ont rencontré des grès
houillers bitumineux, au Sud-Est le prolongement dans le Bugey est caché
par un épais manteau glaciaire, mais divers gisements ligniteux sont connus:
Le problème bressan peut être poussé dans ses détails, nous n'en avons
exposé ici que les traits généraux, mais ils suffisent pour appeler très
sérieusement l'attention des pouvoirs publics sur une région nouvelle dans
laquelle des recherches pourraient être couronnées de succès.
GÉOLOGIE. — Considérations sur les temps glaciaires.
Note de M. Pun. Néems, présentée par M. Pierre Termier.
Dans une Note précédente à l’Académie, j'ai attribué linvasıon des
glaces, puis leur recul, à des mouvements épirogéniques. J'apporte aujour-
d'hui de nouvelles preuves plus directes de ces mouvements.
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 729
Nous admettrons, comme on le fait généralement, que, dans les Alpes,
3° de température moyenne en plus qu’à l’époque actuelle donnent la tem-
pérature moyenne de l’époque de Würm. On en conclut que si l'écorce du
globe était restée immobile dans l'intervalle, les traces de la limite des
neiges de Würm paraitraient aujourd’hui à une distance verticale, au-
dessous de la limite des neiges actuelles, correspondant à ces 3 degrés de
différence de température. Nous deuroe d’ailleurs, avec le Bureau des
Longitudes (Annuaire 1909, p. 146), qu'à 1° de différence de température
correspond une distance verticale de 180", ce qui donne 540" pour 3°. Or
aujourd’hui, on observe les traces de la limite des neiges de l’époque de
Würm, non à 540", mais à 1200" environ au-dessous de la limite des
neiges actuelles. On peut donc penser que, depuis l’époque de Würm, la
région alpine s’est affaissée de 660" environ, tandis que la retraite des
glaces aurait dû amener un effet contraire. Ainsi donc, aux Alpes, l’affais-
sement se présente comme cause efficiente du recul des glaces. X est d’ailleurs
digne d'observation que le chiffre de 660" n’est pas très éloigné de la
distance verticale nécessaire pour amener une différence de température
de 3° entre les deux époques. Si, d’ailleurs, on se rappelle que toute la
bordure occidentale du Continent européen est aussi affaissée, comme le
prouve la séparation de la presqu’ile scandinave et de P'Angleterre d'avec
le Continent, à l’aurore des temps modernes, la submersion des vallées
atlantiques, l’affaissement de la vallée du Pò, avec l’Adriatique, il semble
logique d'admettre que toute la partie occidentale du Continent européen
a pris part à l’affaissement, qui aurait ainsi provoqué le recul des glaces du
Nord, comme il a provoqué celui des glaces des Alpes.
Observons d’ailleurs que les traces de la limite des neiges de l’époque
de Riss se tiennent généralement de 100" à 200" au-dessous des traces de
l'époque de Würm. Cela indiquerait, sans doute, un climat légèrement plus
rigoureux que celui de cette dernière époque, pouvant répondre à une
température de 4° supérieure à la température actuelle.
La région alpine semble, d'autre part, nous donner aussi la solution
définitive de la question, non moins controversée, de l'invasion originelle
des glaces. Nous savons, en effet, par les travaux de MM. Penck et Brückner,
que le Deckenschotter ancien repose tantôt sur le Miocène moyen conti-
nental, tantôt sur la molasse supérieure d’eau douce, tantôt sur le Schlier :
dans tous les cas le Pliocène manque en totalité sous les formations gla-
claires. Ainsi donc il existe dans la région alpine une lacune énorme sous
ces dernières formations, répondant, sans doute, à une érosion considé-
rable, qui a dû provoquer la surrection des Alpes, d’après la théorie déve-
730 ACADÉMIE DES SCIENCES.
_ loppée par M. Zeil dans de nombreuses Notes récentes à l’Académie. Cette
présomption est d’ailleurs confirmée par la présence de la pénéplaine qui
forme le soubassement des formations glaciaires dans les Alpes, entaillant
les formations antériéures indépendamment de leur âge plus ou moins
avancé.
Cette surrection, provenant d’une rupture d'équilibre -entre la pression
du fluide interne et le poids de l'écorce amincie par l'érosion, a dû conti-
nuer jusqu’à ce que l’amincissement de l'écorce, produit par cette érosion,
fût contre-balancé par un épaississement interne équivalent, provenant de
la congélation d’une certaine masse de la partie fluide, à aplomb de la
partie amincie de l'écorce. Il se peut d’ailleurs qu’à la surrection soit venu
en aide un façonnement de la nouvelle surface de l'écorce, plus favorable
à l'accumulation des neiges et par conséquent à l'alimentation des glaciers.
Ainsi se trouverait expliquée dans les Alpes l'invasion de l’époque glaciaire.
L'état actuel de nos connaissances sur les régions dont sont parties les
glaces du Nord ne nous permet pas encore d'étendre à ces régions les con-
clusions auxquelles nous sommes arrivé aux Alpes, mais il est à présumer
que, là encore, ces conclusions se vérifieront. |
En ce qui concerne les alternatives d’époques glaciaires etinterglaciaires,
entre l’époque de Günz et celle de Würm, nous n'avons rien à ajouter à
ce que nous avons exposé à ce sujet dans notre Note à l’Académie du
17 mai 1920 : elles répondraient à des oscillations locales de l'écorce,
connexes de la surcharge et de la décharge de cette dernière par les
neiges.
Contrairement cependant à ce que j'exposais dans cette Note, l'érosion
a dû intervenir pour peu dans ces oscillations, car si elle tendait à diminuer
l'amplitude de l’oscillation pour passer du climat glaciaire au climat inter-
glaciaire, elle devait augmenter cette amplitude pour passer du climat
interglaciaire au climat glaciaire, et ainsi les deux effets devaient tendre
à se compenser, sans compter que l'érosion pendant une oscillation n'a été
qu'une faible fraction de l'amplitude du mouvement de l'écorce ; cor
l’érosion totale depuis l’origine des temps glaciaires, aux Alpes, jusqu à
l’époque actuelle, n’a été que de 250", en moyenne, dans le Mittelland
suisse (A. Penck et Ed. Brückner), partie de la région alpine où elle a
été le plus considérable; et si nous nous rappelons que ces 250" corres-
pondent à quatre oscillations, il ne revient à chageune d'elles, en les par-
tageaut en quatre parties égales, que 6o™ à 65", tandis que, dans la Note
précitée, nous avons évalué l’amplitude d’une oscillation entre 600" et 7007.
SÉANCE DU 18 OCTOBRE ,1920. 731
HYDROLOGIE. — Analyse radioactive des sources thermales de Bagnères-de-
Luchon. Sources très riches en émanation du radium. Note de M. ApoLPHE
Lerare, présentée par M. Charles Moureu.
. Les sources sulfurées sodiques de Bagnères-de-Luchon comprennent
environ quatre-vingts griffons captés; elles se divisent en deux groupes ca
cipaux : les sources du Nord et les sources du Sud.
En collaboration avec M. le Professeur Charles Moureu, nous avons
` examiné, en 1908, la radioactivité d’une vingtaine de sources ou griffons
appartenant en majeure partie au groupe du Nord ('). Nous venons de
compléter ces recherches par l'étude systématique des sources du Sud
(août-septembre 1920).
2. Nous nous sommes borné à la détermination de l’'émanation du radium
présente dans les eaux.
L'échantillon d’eau (1! à 2!) est prélevé, par aspiration, au fond’ du griffon, dans un
ballon de verre où l’on a fait préalablement le vide (trompe à eau). On extrait, par
ébullition, la totalité des gaz dissous et, après dessiccation, on les entraîne par un
courant d'air dans le condensateur lana 31) de l'appareil de mesure de Chéneveau
et Laborde (?).
3. Voici les résultats de nos expériences, nous y avons joint ceux obte-
nus en 1908 (°) pour les sources que nous n’avons pas réexaminées (sources
précédées d’un *). Nous indiquons, en outre, la température du griffon au
moment du prélèvement de l’eau et la nature géologique du gisement :
schistes (Sh.) ou granit (Gr.).
(') Cu. Moureu et A. Lerare, Comptes rendus, t. 148, 1909, p. 834; Bull. de l'Acad.
de Méd., séance du 30 mars 1909; Ann. des Mines, mai 1909.
(?) Cu. Cuéneveau et A. Lasorne, Journal de Physique, mars 1909. Pour les détails
du mode opératoire, voir : Cm. Moureu et Lepare, Ann. des Mines, mai 1909.
(è) Cu. Moureu et A. Lepare, loc. cit. Les nombres reproduits ici sont transformés
en millimicrocucies (10 curie) et corrigés d’une erreur affectant la constante de
l'appareil utilisé en 1908.
732 ACADÉMIE DES, SCIENCES.
Radioactivité des eaux de Bagnères-de-Luchon
(en millimicrocuries d’émanation du radium, par litre d’eau, à l'émergence).
I. — Sources pu Norp.
Émanation Émanation
Source. Gisement. T. du radium. Source, Gisement. T, du radium.
Ferras nouvelle....... Gr. 48. 5 5.9 Payen e a Sh 63:0 0,85
Ferras ancienne....... Gee D00 -90 E are did E Sb: 97 0,5
di Polo en Gr tn Re PE “Richard nouvelle..... Sh. 48 0,45
Blasrhe ce. G- TOUT F5 ‘Grotte supérieure.... She 56: 0,
IL. — Sources bu Sup.
1. Groupe des Tièdes du Sud. moules Gr 11,4
SLT Et o VER Gr 33,3 10,0 e na EE : y ae
Fiède ant 2 (5. Lepape}): Gr 219,37 4r,9 3. Groupe du Pré.
S. ferrugineuses ...... Gt: 30:9 791r,6 Diet a Gie Lo 2
2. Groupe Bordeu. » 2 Fée ein r e A Gr. 50,9 : 10,2
» RS DE UE Gr 43 10,3
Bordeu neri. nice Er: E 18,1
» P E Gr 9,2 14,4 k. Groupe Bosquet.
» Fo. Gr o hIS gy Bosquet nt L.: -> Sb. 49 9123
» RE SEE Or 100-108 D Da miss Sh. - 49,2 007
» D. Gr. 38,3 14,9 À ooo Sh. 4o 9,6
» a E cs Gr. 39,9 30,4 » nage Gr. 34,2 -26,9
» rE Gr 46,3 13,0 » Bien ira Gr 39,9 21,2
» Baar Gr 148,3 160 » B o ee Gr SSi 16,6
D: él (her: 46,8:::410,7 » Sen Sh 39,5 e,
» E Gr SOI 102) id ions Gr 35,5 23,9
Saule nt i.i.: ee SE. 10,8 Bosquet réunis.. ss- f 42 1139
III. — SOURCES DIVERSES.
Franchis. res S Sh: -18,3 10,3 ATD A A O Sb: 19,9 0,5
La Ghapelle o Sh. 81,4 4,4 Sourrouilhei: zs.: C) TEI 1,5
"Romains isse e ea Sh. 43 1,6
4. Ces sources présentent, au point de vue de la radioactivité, une
gamme extrêmement étendue, montant régulièrement, à partir de la radio-
activité banale des eaux potables (0,5 millimicrocuries : sources Grotte,
Richard, Reine) jusqu'aux très hautes valeurs de 26,5 (Bordeu n° 6,
(t) Pyrites de fer srsenicales.
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 733
Bosquet n° 4), 31,6 (sources ferrugineuses non captées de la galerie
François) et 41,5 (source tiède Ad. Lepape, galerie François).
Ces dernières valeurs élèvent la station de Bagnèéres-de-Luchon au premier
rang des stations radioactives françaises, ainsi que le met en évidence le
Tableau comparatif suivant :
Sources françaises les plus radioactives.
Emanation du radium
(en millimicrocuries
par litre d’eau
Station et source. mL à l’émergence). Auteur,
Bagnères-de-Luchon : 5
S. Ad. Lepape........ os 29,3 41,9 A. Lepape, 1920.
S. ferrugineuse (g. F)........ 30,5 31,6 »
Dabosquel Hey ssnin. 54,3 40,0 »
S; Bordeu noO o o aona. 39,0 26,4 D
S Bosquet HD a 399 23,9 »
La Bourboule, s. Choussy....... 60 22,49 A. Laborde, 1908.
Plombières, s. Lambinet........ 26,8 Te A. Brochet, 1910.
» s, Capucins... 5I 10,39 »
La Gbaldette: o.. eaaa 32,5 12,8 A. Lepape, 1909.
Sail-les-B., s. du Hamel. ...... 34 11,9 » 1919.
CRT pe froide 10,7 Ch. Moureu et A. Lepape
' 1908.
Saint-Amand, s. Vauban........ 26 10,1 J. Barrois, 1911.
Bussang, s. Salmade............ froide 9,9 A. Laborde, 1908.
5. D’examen des milliers de sources qui, jusqu’à présent, ont été sou-
mises à l'analyse radioactive dans toutes les parties du monde, montre qu’il
existe moins d’une dizaine de localités possédant des sources plus radio-
actives que celles de Bagnères-de-Luchon (').
(1) Cf. Mme P, Curie, Traité de Radioactivité, t. 2, p. 497; A. Gocxer, Die Radio-
aktivität von Boden und Quellen, 1914, p. 90; Nama SAHLBOM, Arkiv. Kem. Min.
Geol., t. 6, n° 3, 1916, p- 1; etc. Nous faisons abstraction des sources froides extraordi-
nairement radioactives situées au voisinage des mines d'urane, telles que celles de
Joachimsthal (Bohême), Brombach (près Johanngeorgenstadt, Saxe) et Urgeiriça
(Portugal }
734 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — L'ortentation des rameaux dans l’espace.
Note de M. H. Ricôue, présentée par M. Gaston Bonnier.
Nous avons montré pour quelle raison simple la racine et la tige se com-
portent de façon inverse vis-à-vis des agents extérieurs. L'orientation des
rameaux dans l’espace s'explique aussi de façon simple.
Le géotropisme résulte de modifications dans la croissance déterminées
par la pesanteur. Il semble qu'un organe à symétrie radiaire ne puisse
avoir, ‘du fait de la pesanteur, d’autre orientation que la verticale. Or les
rameaux se dirigent en tous sens. Le géotropisme est le résultat d’une
inégalité dans la croissance des cellules. Il semble qu’une inégalité, si
faible qu’elle soit, doive déterminer une croissance en ligne courbe. Or les
rameaux s’accroissent en ligne droite (nous faisons abstraction ici de
l'extrémité).
La quantité d’eau disponible a manifestement une influence sur Fonem
tation. Dans un système ramifié, l’eau arrive avec d’autant plus de diffi-
culté que le rameau est d'ordre plus élevé, parce que la part qui lui est
attribuée est celle que n’ont pas aspirée les rameaux successifs dont il
dépend. Or ces rameaux échappent d'autant plus à l’action de la pesanteur
que leur ordre d'insertion est plus élevé, que la quantité d’eau leur est plus
parcimonieusement distribuée. Cependant si l’on coupe l'axe, les rameaux
se redressent plus ou moins; si on les détache de la plante, la base étant
plongée dans l’eau, ils se dirigent verticalement. Ils possèdent donc tous un
géotropisme vertical ascendant comme la tige principale. Mais sur la plante
il ne peut se manifester faute de la quantité d’eau nécessaire.
Comment comprendre cette influence de la quantité d’eau? Les deux
moitiés d’une tige fendue en long s'incurvent brusquement vers l'extérieur
grâce à l’inégale tension des tissus : c’est ce que nous appellerons la force
de tension. Il est légitime de considérer l'organe comme formé de deux
moitiés réagissant chacune pour son compte, mais solidaires. Nous avons
montré que ces forces de tension existent dans une courbure géotro-
pique. En chaque tranche de la courbure et à chaque moment de l'incurva-
tion (en négligeant l'influence des tranches voisines), l'orientation est la
résultante des deux forces de tension opposées et inégalement modifiées par
la pesanteur comme nous l'avons établi antérieurement.
La turgescence dépend de la quantité d’eau contenue dans la cellule,
quelle que soit la cause qui introduit l’eau (osmose, conditions mécaniques
SÉANCE DU 18 OCTOBRE. 1920. 735
créées par la pesanteur ou autre cause éventuelle). Si la quantité d’eau est
suffisante, l’action de la pesanteur se continuant, le rameau se redresse
jusqu'à prendre une direction verticale.
Si la quantité d’eau est seulement suffisante pour remplir les cellules,
elle y est retenue par l’osmose, par l’élasticité des membranes qui impose à
la cellule une certaine forme peu modifiable, par les phénomènes capillaires,
par la cohésion de l’eau. La pesanteur ne dispose d’aucune quantité d’eau
qui puisse être répartie inégalement. L’organe est insensible à la pesanteur
et prend la direction qu'il doit à son insertion ou qu’on lui donne artifi-
ciellement. C’est le cas des rameaux d’ordre élevé.
Si la quantité d’eau disponible pour la répartition inégale est limitée,
l’action de la pesanteur cesse dès que cette répartition est réalisée. A ce
moment chacune des deux forces de tension a une valeur propre d'où
résulte une certaine direction de croissance; c’est la direction que prend le
rameau et il y revient fatalement si on len écarte puisque c’est là sa position
d'équilibre de croissance dans les conditions présentes.
En résumé, l'orientation des rameaux, sous l'influence de la pesanteur,
dépend de la teneur en eau disponible pour permettre l'effet de répartition
inégale que détermine la pesanteur.
BOTANIQUE. — Étude cytologique des organes sexuels des Fougéres.
Note de M. L. EuserGer, présentée par M. Gaston Bonnier.
Une coupe à travers un prothalle de Fougère (Polypodiacées) fixé par la
méthode de Regaud et coloré à l'hématoxyline ferrique montre des cellules
volumineuses contenant des chloroplastes de grande taille et des vacuoles
gorgées d’un composé phénolique rencontré déjà au cours des études de la
racine et du sporange.
L’anthéridie. — Elle prend naissance aux dépens d’une cellule épider-
mique de la face inférieure du prothalle. Cette cellule ne se distingue
d'abord par aucun caractère particulier, mais peu à peu ses chloroplastes,
remplis d’amidon, résorbent leur grain d'amidon et se régénèrent peu à
peu en devenant plus chromophiles et en prenant la forme de fuseaux. On
remarque, en outre, des mitochondries sous forme de grains et de bâtonnets
qui ne paraissent pas jouer de rôle dans l'élaboration de l'amidon, et qui
constituent une autre variélé de mitochondries déjà observée par MM. Guil-
liermond et Mangenot chez d’autres végétaux.
f
736 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans les cellules mères primordiales des anthérozoïdes, on observe un
cytoplasme très dense, peu vacuolisé, dans lequel se trouvent des chondrio-
contes allongés, assez épais, des bâtonnets très courts et des grains. Les
premiers doivent être considérés comme représentant les anciens chloro-
plastes, dont l'écorce, régénérée après la résorption de leur amidon, con- :
serve encore la forme arquée du contour du grain d’amidon qu’elle coiffait;
les autres constituent la variété de mitochondries inactives dans la fonction
chlorophyilienne. A la fin de l’évolution de ces cellules, les anciens pis
ont pris l’allure de chondriocontes parfaits.
Dans les cellules meres on assiste à un sectionnement des éléments ui
chondriaux qui ne se présentent maintenant que sous forme de grains et
de bâtonnets très courts, parmi lesquels il est impossible de retrouver ceux
qui reviennent aux anciens chloroplastes et aux autres mitochondries.
Dans l’anthérozsoide formé, les mitochondries sont toutes granuleuses.
Elles paraissent invariablement disposées en deux rangées espacées régu-
lièrement. Le jeune anthérozoïde porte souvent pendant un certain temps
une vésicule, reste protoplasmique de la cellule mère, qui contient des
mitochondries granuleuses, élaborant de minuscules grains d’amidon.
Certains auteurs ont déjà signalé l'existence de ces grains d’amidon.
Les cellules constituant la paroi de l’anthéridie contiennent dans un
cytoplasme épars, à vacuoles remplies de composés phénoliques, des petites
plastes persistant pendant toute la durée de l’évolution de l’organe sexuel
et se résorbant ensuite.
L’archégone. — Comme l’anthéridie, elle naît aux dépens Fu cellule
épidermique. Les cellules destinées à devais l’oosphère et le col de l’arché-
gone subissent, comme dans le cas de l’anthéridie, la transformation de
leurs chloroplastes en chondriocontes, qui se trouvent mélangés à d’autres
mitochondries en båtonnets et en grains. Arrivés à l’état de chondrio-
contes, ces anciens plastes s’allongent un peu, puis se segmentent, de sorte
que l’oosphère ne contient, avant sa maturité, que des mitochondries gra-
nuleuses.
L'oosphère müre est caractérisée par un cytoplasme peu vacuolisé, très
riche en bâtonnets et en grains mitochondriaux. Ce chondriome offre tout
à fait l’aspect de celui que M. Guilliermond a décrit dans le sac embryon-
naire de Tulipe.
A ce stade évolutif il est impossible de faire part de éléments mitochon- ~
driaux qui appartient aux anciens chloroplates et aux autres mitochondries.
Après la fécondation de l’oosphère, on assiste déjà dans les tout premiers
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 737
stades à une élaboration d'amidon par les éléments mitochondriaux
prédestinés à cette fonction (anciens chloroplastes). Ces jeunes plastides
conservent une chromophilie très intense, alors que les mitochondries non
élaboratrices sont un peu plus pâles et de taille légèrement plus petite. Ils
évolueront dans le jeune embryon sous forme de chloroplastes. En somme,
le chondriome de l’oosphère fécondée est absolument identique à celui que
nous avons décrit dans la cellule apicale de la racine des Fougères. :
Corrélativement à l’évolution de l’archégone, les cellules qui togtet
cet archégone voient leurs chloroplastes diminuer de volume par résorption
de leur amidon pour prendre, lorsque l’œuf est fécondé, la forme de
gros chondriocontes, sans toutefois perdre complètement leur allure de
plastides.
En résumé, nos recherches sur les organes sexuels des Fougères
démontrent, bien qu’à certains stades moins nettement que dans la racine
et le sporange, l'existence dans ces cellules d’un chondriome composé de
deux variétés de mitochondries qui conservent leur individualité au cours du
développement. L'une représente des mitochondries devant évoluer sous
forme dé plastides, l’autre des mitochondries à fonction encore inconnue.
Elles confirment sous ce rapport les derniers travaux de M. Guilliermond
sur les Phanérogames, et de Mangenot sur les Algues.
VITICULTURE. — De la non-toxicité du cuivre pour les moisissures en général
et pour le mildiou en particulier. Note de M. et M™ G. Visemteu, pré-
sentée par M. P. Viala.
La théorie actuelle de l’action des bouillies anticryptogamiques repose
sur les expériences de Millardet qui a montré que des solutions de sulfate
de cuivre plus faibles que le millionième tuaient les zoospores des mildiou;
on en a déduit que l’hydrate d’oxyde de cuivre, déposé par les bouillies
anticryptogamiques sur les organes des plantes traitées, se dissolvant à
‘état de traces infimes dans les eaux de pluie ou de rosée, détruisait les
zoospores libérées par les conidies de mildiou, en germant.
Nous avons, dans une Note antérieure (' ), démontré que cette hypothèse
n'était pas fondée et nous exposons ici quelques recherches montrant que
le cuivre, non toxique pour les moisissures en général, nel'est pas non plus,
a PSP
(') Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 360.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 16.) 56
738 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tout au moins aux doses indiquées, pour les zoospores des Peronosporées.
Nous avons pu cultiver sur des milieux renfermant 1, 2, à et même
10 pour 100 de citrate cupro-ammonique (sel légèrement acide, très soluble
dans l’eau et contenant 15 pour 100 de cuivre métal), la plupart des moi-
sissures ordinaires; le Penicillium vit très bien sur une gélose nutritive
sucrée, saturée de ce sel.
On peut vérifier facilement que le cuivre n’est pas l'élément toxique du sulfate de
cuivre ou de l’oxyde de cuivre hydraté, ce que nous avons précédemment déclaré; on
utilise pour cela une gélose nutritive sucrée parfaitement neutre à froid, ne renfer-
mant que des sels à l’état de sulfates auxquels on ajoute seulement 08,1 pour 100 de
phosphate tricalcique.
À une partie de cette gélose, on ajoute 2 à 3 pour 100 de sulfate de cuivre, et à une
autre, une même quantité (l'excès n’est pas à craindre, cet oxyde étant insoluble)
d'oxyde de cuivre hydraté, en mélangeant soigneusement, et l’on coule en boîtes de
Petri.
Ensemencées avec des spores de Penicillium, ces boîtes réstent stériles.
À une nouvelle portion, on ajoute un mélange fait d’une même quantité de sulfate
de cuivre dissous dans quelques centimètres cubes d’eau et de citrate de chaux ou de
magnésie (ces derniers en quantité un peu supérieure à celle qu’exige une double
réaction complète), en ayant soin de porter le mélange à ébullition avant son addi-
tion, et l’on coule comme précédemment,
v
Quant à la boite ayant contenu l’oxyde de cuivre, on liquéfie la gélose à
une douce chaleur, et on l’acidule avec de l'acide citrique ou tartrique. Ces
deux dernières boîtes ensemencées avec du Penicillium donnent en trois
jours une culture qui se développe normalement. à
Pourtant, dans ces deux dernières expériences, le composé cuprique
introduit est le même et à la même dose que précédemment; seule la fonction
chimique a été changée. Dans les deux cas le cuivre est passé à l’état de
citrate.
La gélose initiale, additionnée de 1 pour 100 d’acide sulfurique corres-
pondant à l’acide sulfurique libre du sulfate de cuivre du premier essai, ne
permet pas non plus le développement du Penicillium pas plus que des
géloses renfermant un excès de chaux, de magnésie, de soude, de baryte ou
d'oxyde de cadmium; ceci démontre que l’action du cuivre sous la forme
de sulfate est due à son acide sulfurique libre et, sous sa forme basique, à
son caractère basique.
Pour les Péronosporées elles-mêmes nous avons introduit, dans les tubes
à culture solide, des tranches de pommes de terre saines (vérifiées par
témoins) préalablement imprégnées de citrate de cüivre ammoniacal par
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 739
une immersion Tinan de 6 heures à 4 jours dans des solutions à =,
mo moy Cl TI de ce sel. Ces pommes de terre ont été, toutes ruisselantes
de liquide cuprique, ensemencées avec des spores de Phytophthora infestans :
4 ou 5 jours après elles ont donné des conidiophores et des conidies carac-
Pau (temp. : 18° à 20°); dans les tubes provenant des solutions
au am les germinations sont plus difficiles mais donnent des conidiophores
. courts et des conidies.
Pour le mildiou, lui-même, nous avons cette année introduit dans des
ceps de vigne du citrate de cuivre ammoniacal en quantité suffisante pour
nous permettre de constater la présence du cuivre dans les feuilles des pieds
traités; or ces feuilles ont été atteintes par le mildiou.
Le cuivre n’est donc pas plus toxique pour les Péronosporées que pour
les autres moisissures et il apparait possible a priort de le remplacer par un
métal plus commun dans les bouillies anticryptogamiques.
PHYSIOLOGIE. — Effets et constitution des antigènes.
Note de MM. M. Nrcozce et E. César, présentée par M. E. Roux.
Dans un Ouvrage récent ('), J. Duclaux fournit, des colloïdes, la
conception la meilleure que nous connaissions actuellement. Comme cette
conception se trouve en complète harmonie avec les vues que nous avons
proposées depuis longtemps (et sans cesse approfondies), touchant les
antigènes et les anticorps, comme elle apporte à ces vues un appui d’autant
plus précieux qu’il ne fut pas concerté, nous estimons le moment venu de
faire le raccord entre les notions moogujia: et les notions physico-chi-
miques.
Les cellules et humeurs peuvent renfermer trois sortes de substances, de
nature colloïdale, capables d’engendrer des anticorps et dites, pour cela,
antigènes : les enzymes, les toxines et les constituants indi férents.
Les enzymes provoquent, on le sait, des réactions chimiques fort variées, ou, mieux,
permettent à ces réactions de se manifester avec une vitesse et une intensité caracté-
ristiques, dans les conditions obligées de Ja vie. Ce sont des catalyseurs types. Ils
jouent un rôle infiniment plus important qu’on ne le dit, au cours des maladies des
animaux et des plantes que déterminent les parasites de toute nature et de toute
dimension. i
L'expérience montre, selon nous, que les enzymes comprennent deux
(') Les Colloïdes, Paris, 1920,
740 ACADÉMIE DES SCIENCES.
éléments distincts : actif et non antigène, passif et antigène. Prenons,
comme exemple, les diastases gélatinolÿtiques, étudiées par notre ami
Launoy. L'identité de leurs effets implique, chez toutes, l'existence d’un
constituant actif, semblable ou analogue. Le fait que les sérums, obtenus en
traitant des animaux avec ces enzymes, apparaissent strictement spécifiques
dans leur action neutralisante, prouve la présence d’un second constituant,
passif, différent pour chaque diastase envisagée.
Les effets des toxines sont également très divers. Tantôt ces poisons occasionnen
toute une gamme d’altérations cellulaires, dont la nécrose représente l’aboutissant
trop fréquent; tantôt, on les voit engendrer l'hypertrophie et la multiplication des
éléments anatomiques. Chez les animaux supérieurs, l'étude systématique de leur
action nous a permis de les classer en trois groupes (+), selon qu’elles ne produisent
aucun trouble local (du côté des parties molles) : neurotoxinés, ou qu’elles y déter-
minent des lésions nécrotiques : toxines à eschare humide (les plus répandues)
et toxines à eschare sèche. Ces dernières semblent décoaguler primitivement liquides
et solides de l'organisme; de fait, une coagulation ouvre la scène. Quant aux neuro-
toxines, elles attaquent sûrement les lipoïdes des cellules nerveuses, sans doute en les
hydrolysant. Chez les végétaux, on retrouve, couramment, la mortification sèche ou
humide, mais on observe aussi, dans maintes circonstances, un autre effet des toxines,
l’effet cécidogène, Ainsi que lavait dit, le premier, Malpighi, les galles (ou cécidies)
traduisent la réaction des tissus aux « venins » de parasites variés.
n ne saurait distinguer, à la limite, les toxines et les enzymes. Il convient, pen-
sons-nous, de considérer (in vivo) les toxines comme agissant sur les substances les
plus délicates de la cellule, et les enzymes comme agissant sur des corps plus stables
(représentés soit par des réserves, soit par des constituants que diverses influences
ont déjà modifiés dans leurs structures).
Les toxines comprennent, elles aussi, les deux types d’éléments rencon-
trés chez les enzymes. Envisag , au hasard, soit les venins des vipéridés,
soit ceux des colubridés, soit le groupe abrine, ricine, crotine, toxine
diphtérique; pour chaque série, les effets in vivo se révèlent identiques,
tandis que, pour chaque représentant de la série, l’action du sérum corres-
pondant demeure rigoureusement élective.
Nous retrouvons donc, de façon évidente, l’élément actif et l'élément
passif, dissociés par expérimentation.
FA
Les antigènes « indifférents » forment, dans chaque cellule ou humeur, une
véritable mosaïque; d'habitude, l’un d’entre eux paraît dominant.
Ils ne se manifestent, objectivement, que par leur élément passif, dont
(1) M. Nicoue, E, Césari et C. Jovan, Toxines et Antiloæines, 1919.
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 741
la spécificité est mise journellement à profit, pour le diagnostic des maladies
infectieuses et leur traitement bactériothérapique.
J. Duclaux considère tout colloïide comme formé d'une masse inerte,
bloc de molécules assemblées sans ordre et d’un électrolyte « ordinaire ».
La masse inerte s’adjoignant, suivant les cas, les ions positifs ou négatifs de
l’électrolyte, constitue un ion énorme, le granule, tandis que les ions de
signe opposé de l’électrolyte représentent les tons libres du colloïde. Sans
entrer dans plus de détails et nous contentant de ce schéma, nous pensons
être en droit d'identifier l’élément passif et antigène des enzymes, des
toxines et des composants « indifférents » cellulaires et humoraux au gra-
nule des colloïdes. L'élément actif des enzymes et des toxines correspond
alors, tout naturellement, aux ions libres ('). Si ces ions ne déterminent
aucun effet appréciable (in vitro ou in vivo) dans le cas des antigènes
« indifférents », ils ne sauraient cependant faire défaut.
PHYSIOLOGIE. — Sur un procédé simple et inoffensif permettant d'éviter le
choc anaphylactique. Note de MM. Aueusre Lumère et Jean Cnevro-
TIER, présentée par M. E. Roux.
Le choc anaphylactique peut être évité, comme l’ont démontré MM. Roux
et Besredka (°), Banzhaf et Famulener (°), en provoquant l’anesthésie des
animaux en expérience, avant l’ injection déchaïnante, où en leur adminis-
trant des hypnotiques tels que la chloralose, l’uréthane et le chloral.
Plus récemment Kopaczewski, Roffo et M Roffo (*) ont constaté qu'il
était possible d'empêcher la production des accidents anaphylactiques
aigus au moyen de solutions aqueuses d’éther, sans que l’anesthésie ait lieu,
et ces auteurs ont attribué les propriétés empêchantes de toutes ces subs-
tances au caractère physique commun qu'elles présentent de diminuer la
(1) Nous avons dit, lors de publications antérieures, que l'élément actif devait
correspondre à des composés chimiques simples ou relativement simples et l'élément,
antigène à un substratum colloïdal, qui favorise le jeu de ces composés en multipliant
leur surface d'attaque. Nous ne pouvions aller plus loin, mais la représentation que
nous précisons aujourd’hui était déjà, on le voit, nettement esquissée dans notre
esprit.
(°) Besrepka, Ann. de l’Institut Pasteur, t.20, 1907, p. 250.
(°) Banznar et Famurener, Journ. of Infec. Deseases, t. T, 1916, p. 577.
(+) Kopaczewset, A.-H. Rorro et M™ H.-L. Rorro, L'anesthésie et l’anaphylaxie
(Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1409).
%
742 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tension superficielle du sécam; ils arrivent à cette conclusion qu’il faut
refuser dorénavant au système nerveux l'influence qu’on lui attribuait dans
la genèse du choc anaphylactique, qui dépendrait alors principalement
d’une réaction de floculation colloïdale et d’une asphyxie corrélative à l’obs-
truction des réseaux capillaires par les agrégations micellaires.
Tout en faisant des réserves en ce qui regarde le rôle que ces derniers
expérimentateurs attribuent à la tension superficielle dans la production du
choc, nous avons nous-mêmes, depuis longtemps, supposé que l'injection
déchainante provoquait la formation, dans le plasma sanguin, d’un précipité
qui pouvait être la cause initiale des phénomènes observés. Cette explica-
tion s'accorde d’ailleurs avec le fait bien connu suivant : Toutes les fois
qu’on prépare un animal par des injections de matières albuminoïdes étran-
gères, son sérum acquiert, au bout de quelques semaines, la propriété de
déterminer une floculation dans la solution de l’albumine employée : sil est
rationnel de supposer que la crise hémoclasique déchaïnée, par l'injection
secondaire de cette même matière albuminoïde, chez l'animal préparé, est
imputable à la formation dans le sang d’un précipité susceptible de troubler
profondément la circulation capillaire.
D'ailleurs Richet ('), en injectant à un animal neuf un mélange de sang
d'animal sensibilisé et de substance déchaïnante, a obtenu les accidents
habituels. Briot (°), puis Friedberger (°), Friedemann, Doerr et Moldovan
ont également provoqué le choc anaphylactique en traitant les animaux
normaux par des mélanges de sérums réagissant les uns sur les autres en
donnant une floculation.
Dans le but de vérifier l'hypothèse énoncée plus haut, nous avons institué
une série d'expériences méthodiques consistant à rechercher les combinai-
sons chimiques capables d'éviter la production de cette floculation.
A cet effet, nous avons injecté du sérum de mouton à un âne, à doses
faibles mais répétées, puis, 40 jours après la dernière injection, l'âne a été
saigné et son sérum réparti en tubes dans lesquels on a ajouté le sérum de
mouton, additionné de substances diverses, de façon à déterminer celles qui
pourraient s’ opposer à la précipitation mutade des sérums.
Contrairement à notre attente, nous n’avons trouvé qu’ un très petit
EM he ne
(!) Ricuer, gore rendus de la Société de Biologie, 1907, p. 358, et Ann. Inst..
Pasteur, 1909, p
(7) Briot; Compia rendus de la Société de Biologie, 1910, p. 402.
(*) FrixoeerGer, Zeitsch. f. Immunitätsfor schung und experimentelle Therapie,
1910, p. 665.
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 743
nombre de réactifs susceptibles de remplir cette condition, le précipité
étant remarquablement insoluble dans la presque totalité des corps essayés
et de plus, ceux qui nous ont paru le mieux convenir (sulfocyanure de
sodium, éthylosulfate de sodium, hyposulfite de sodium) n'ont-ils pas le
pouvoir d'empêcher d’une manière absolue toute précipitation.
Par sa faible toxicité et sa grande innocuité, l’hyposulfite de sodium nous
a semblé devoir être retenu de préférence à tous les autres dans le but
d’être utilisé pour empêcher le choc anaphylactique et, pour s'assurer de
l’exactitude de cette conception, nous avons préparé deux lots de cobayes
en injectant à chacun d'eux + de centimètre cube de sérum normal de
mouton. à
Trente jours après cette préparation, les animaux composant l’un des lots
pris comme témoins reçoivent une injection intra-cardiaque de o™,5 du
sérum qui leur avait été administré auparavant, additionné de o™,5 de
solution de chlorure de sodium isotonique à 8 pour 1000; tous, sans excep-
tion, meurent en 1 ou 2 minutes après paralysie du train postérieur et
convulsions. |
Pour les animaux du second lot, préparés de la même manière, on a
remplacé la solution de Na CI par le même volume d’une solution d'hypo-
sulfite de soude à 5 pour 100 et l’on constate qu’il ne se produit plus alors
aucun accident anaphylactique. Les cobayes supportent la même dose de
sérum déchaînant sans éprouver le moindre symptôme morbide.
Les mêmes essais ont été répétés avec le sérum antidiphtérique et ont
conduit exactement aux mêmes constatations.
L’hyposulfite de soude ne semble pas détruire ni même atténuer les pro-
priétés des sérums antitoxiques; des expériences en cours ont pour objet
de préciser l'influence d’un contact prolongé de ces corps, dans le but de
montrer qu'aucun inconvénient ne résulte de l’emploi de tels mélanges.
Bien entendu nous ne préjugeons rien de l’action de l’hyposulfite en ce
qui regarde les accidents anaphylactiques tardifs et les effets sériques
secondaires, mais d'après ces premiers résultats, nous serions dès mainte-
nant en possession d’un moyen simple et complètement inoffensif permet-
tant d'éviter le choc anaphylactique si redouté et dont la crainte a limité,
dans bien des cas, le large emploi, au point de vue curatif ou préventif, des
précieux sérums antitoxiques.
`
741 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — De la répartition du zinc dans l'organisme du
cheval, Note de MM. Gasriez MREAAND. et R. Vrapesco, présentée par
M. Roux.
Le zinc n'existe pas seulement, en très petites proportions, dans les
organes de tous les végétaux, ainsi qu’il résulte surtout des recherches pré-
cises de Javillier ('), on le signale aussi, de plus en plus fréquemment, dans
les tissus des animaux.
En effet, depuis les premières constatations de Lechartier et Bellamy, de
Raoult et Breton, constatations qui datent de 1877, Bradley, Ghigliotto,
Bircknèr, Hiltner et Wichmann, Rost et Weitzel, mais principalement
Delezenne (°) et S. Giaja (*) ont trouvé des quantités de zinc, parfois
même relativement élevées, dans un assez grand nombre d’espèces et de
productions animales. De sorte que l’on peut déjà envisager la présence de
ce métal comme constante à la fois chez les animaux et chez les plantes.
Bien mieux, depuis les très intéressantes observations de Delezenne sur les
venins de serpents, on est conduit à admettre, par généralisation, jusqu'à
l'importance physiologique du zinc.
Il est, toutefois, nécessaire de remarquer que l'étude de la question est
seulement à ses débuts et qu’elle a déjà présenté, au seul point de vue sta-
tique, des résultats discordants. C’est ainsi que le classement des organes
et des tissus, d’après leur teneur en zinc, est différent suivant les auteurs
qni l'ont abordé. Pour Rost et Weitzel, le foie est l’organe le plus riche;
pour Delezenne, c’est le tissu nerveux et le thymus; pour Ber le cerveau,
puis les poumons, l'estomac, l'intestin, etc.
Nous étant préoccupés à notre tour de la question, nous donnerons
aujourd’hui les résultats que nous avons obtenus en examinant la répar-
tition du zinc chez le cheval. Nous avons choisi cet animal de grandes
dimensions afin de pouvoir opérer sur une série très variée d'organes sans
être obligés, pour avoir un poids suffisant de ceux qui sont de faible volume,
de recourir à un trop grand nombre d'individus.
Chaque AN ou tissu, après avoir été convenablement isolé, a été
divisé et séché à l’étuve. Les dosages ont toujours été faits sur 5: de matière
D ne
(1) Thèse doci. Sc. nat., Paris, 1908, et Ann. Insi. Pasteur, t. 22, p. 720:.
(?) These doci. Sc. nal., Paris 1919.
(°) Thèse doct. Pharm., Paris 1920.
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 745
sèche. On a détruit les substances organiques par chauffage, dans un matras
de verre exempt de zinc, avec un mélange d’acides sulfurique et nitrique
purifiés au laboratoire. Lorsque la destruction a été complète, on a évaporé
à sec et dosé le zinc dans le résidu par la méthode au zincate de calcium (?).
Des expériences de contrôle ont été exécutées: les acides chauffés en
l’absence d'organes n’ont pas donné trace de zinc et l’on a toujours retrouvé,
d'autre part, à o",1 près, le poids du métal, quand on en a ajouté (°).
Voici les résultats obtenus :
Zinc en mg pour 1006 de
Eau -
Noms des organes ou tissus. pour 100. matière fraiche. matière sèche.
D E E E S 78,7 : '
» (autre cheva -e an 77,8 6,2 28,4
Moelle Spina e E A E 64,3 7,3 20,3
autre cheval)....... 70,6 337 12,2
unit lymphatique ce das E 82,8 k,2 24,3
(autre cheval). 82,5 17,2 98,1
AR NE CE E D e non dosée - 20,3
Intestin ETOO ur mini a toi non dosée - 18,2
ed ee Luc z; 9; 7,9 24,3
bann ARE N ST E non dosée - 24,3
M de. ane 70,0 4, 26,3
Geur a a aa 63,0 gi 26,3
Poumo Genea a a 78, 3,9 18,2
FUYIOIAS. a ae ns heu non dosée - 16,3
Le Ds nat Sr Doi sl 77; 4,5 20,3
RDS RS NE à nn ÉD E 82,8 5,7 32,4
Capsule sutrénale...:: an 75,0 9: 36,5
E E E EOE nt 83,4 3 20,3
Date mammaire.. oi on 59,3 36,3 89,1
(même cheval).... » 34,6 85,1
(autre cheval).... non dosée - 20,3
Tin RL DE RE a Le 69,0 23,7 72,9
y o (même chéval) ss » 21,4 68,9
b "Copiré Chemin Gin .re.: non dosée = 24,3
vies SJ TR Re M 77,3 6,0 26,3
lisse (paroi stomacale)...... 81,8 5,5 30,4
Os tait Phi soie uns ~ 200 31,0 40,5
Moelle osseuse... it. a ,0 3,2 32,4
Fest de à non dosée = 20,3
POS e a a er non dosée 28,4
Sabot a a aa non dosée = ; 20,3
De ces résultats, on peut conclure :
1° Que tous les organes et tissus du cheval renferment du zinc en pro-
portions notables : de 3™s à 36m8 pour 1008 de matière fraîche et de r2™8
(') GabrieL Berrrann, Comptes rendus, t. 115, 1892, p. 939. — G. BERTRAND e
Javiicten, Bull. Soc. chim., 4° série, t. 1, 1907, p- 63, et t. 3, 1908, ;
(?) Pour les détails, voir le Mémoire qui paraîtra dans le Bulletin de la Société
chimique de France.
746 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à 98° pour 1008 de matière sèche, soit donc, dans certains organes, jusqu'à
15 environ de métal par kilogramme de matière sèche.
2° Que la teneur en zinc ne varie pas seulement d’un organe ou d’un tissu
à un autre, mais qu’elle varie encore, d'une manière parfois assez impor-
tante, dans le même organe ou tissu suivant l'individu; par exemple,
de 2/8 à 986 dans les ganglions lymphatiques, de 246 à 73™8 dans les testi-
culés, de 20™8 à 89"5 dans les glandes mammaires, etc.
Ces variations suffisent à expliquer, en dehors d’autres causes, la discor
dance des classements d’organes et de tissus mentionnée au commencement
de cette Note. Elles s'accordent, d’autre part, avec la supposition que le
zinc, en raison de son rôle physiologique, est un élément d’une grande
mobilité à travers l'organisme.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence favorable du sélénium sur quelques moisis-
sures provenant de l'industrie fromagère. Note de MM. Axroxn Neuec et
Väcrav Ra$, présentée par M. L. Maquenne.
A la suite de quelques recherches sur l’influence qu’exerce le sélénium
sur les cultures en milieu liquide, nous avons remarqué que dans les milieux
solides ce corps donne lieu, après quelque temps, à un développement
surprenant des moisissures. Cette observation nous a conduits à l’idée
d'étudier l'influence du sélénium, à l’état de traces, sur le développement
de quelaues Mucédinées, cultivées dans les conditions les plus favorables,
en présence de zinc et de manganèse, comme dans les expériences de
MM. Javillier et Bertrand sur l’Aspergillus niger.
Nos essais ont porté sur des cultures pures de Penicillium candidum,
P’ album Epstein, P. Roqueforti Thom. et P. aromaticum casei W Ohlsen,
ensemencés sur liquide de Raulin modifié de la manière suivante, en rapport
avec leurs besoins spécifiques (*) :
Eau disuHéé,. 617, 1000 Sulfate d’ammonium ...... o, 153
Lactose hr o 46,6 Sulfate de magnésium...... 05719
Acide lactique.......... 2,66 Sulfate ee ue. 0,081
Carbonate de potassium.. 0,40 Silicate de potassium .:.... 0,046
Nitrate d'ammonium..... 2,66 Sulfate de 21n6,4,:0,4591: 0,081
Phosphate d'ammonium.. 0,40 Carbonate de manganèse... 0,081
RTE Re
(t) Jaroscav Dvoiik, Biochemické studie nékterych, v syrarstoi dulezitych, die
rodu Penicillium (Rozpravy české akademie provédy, slovesnost a uméni, 36, I,
n° 31, Prague, 1917).
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 747
Cette solution était répartie par 100°" dans des fioles d'Erlenmeyer de 1',
nettoyées au préalable par l'acide sulfurique chaud et lavages à l’eau distillée
très pure, bouchées à l’ouate et stérilisées par chauffage à l’autoclave sous
oûtm, Chaque série comprenait un témoin, sans sélénium, les autres fioles
recevant des quantités croissantes de séléniate de sodium (à 45,5 pour 100
de sélénium en moyenne), depuis un milliardième jusqu’à un dix-millième
du poids total de la solution. Ensemencées aseptiquement avec des cultures
pures faites sur le même milieu, elles ont été toutes maintenues dans un
sous-sol à la température constante de 17° et examinées chaque jour.
Les spores de P. Roque forti germent déjà après 24 heures, bien avant le
P. candidum, qui pourtant est beaucoup plus sensible à l’action du sélé-
nium. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que les colonies se développent
d’abord dans les témoins, mais se trouvent bientôt en retard sur les autres.
Il semble que le séléaluz soit réellement favorable à l’évolution des spores ;
à ce point de vue, il présente une certaine analogie avec le manganèse. Les
notions détaillées de nos expériences sur ce point seront publiées dans un
Mémoire peus étendu.
Après 14 jours de culture, les différences sont déjà évidentes; mais,
occupés par d’autres travaux, nous n'avons pu terminer ces expériences
qu'au bout de 28 jours; le mycélium a été alors soigneusement lavé, le con-
tenu des fio'es filtré, le tout essoré à la trompe dans un creuset de Gooch
et finalement séché à 105° jusqu’à poids constant.
Les différences sont, au bout de ce temps, un peu moins ide qu’on
aurait pu le supposer d’après l'aspect des cultures après 14 jours; elles sont
néanmoins encore très notables et suffisantes pour démontrer l’action favo-
rable du sélénium.
Le Tableau suivant donne les éabliats de quelques- uns de ces essais :
Penicillium Roquefort. Penicillium candidum.
Dilution ou ©
du séléniate Mycélium Augmentalion Mycélium Augmentation
de sodium. sec. pour 100. sec. pour 100
she 033009 i 1, 3663 >
IO? er 00 13,9 1,3712 0,36
10 5 0,3007 25,1 1,372 0,47
1,101: 0,38932 = 49,9 1,4072 2,99
rio tie 0,0400 15,8 t3814 1,19
F: 107,10, 4019 33,5 » »
HTO cut Dion, 7 IA 1,3101 —h, 11
L'effet est réellement considérable sur le P. Roquefort; il semble que,
3
748 ACADÉMIE DES: SCIENCES.
dans le cas du P. candidum, au bout du temps qu'ont duré les cultures, le
sélénium devienne toxique dès que sa dose augmente au delà d’une certaine
limite.
Nous nous sommes enfin demandé si le sélénium exerce une influence
sur la fixation des éléments minéraux par les moisissures, en d’autres
termes si des doses extrêmement petites de ce corps suffisent à accroître le
poids des cendres, comme il arrive sous l'action du manganèse et du zinc
chez les plantes supérieures et l’Aspergillus niger; en même temps que les
variations globales des cendres, nous avons suivi celles de leur partie pré-
pondérante : l'acide phosphorique.
Les résultats obtenus dans les expériences faites en présence de zinc, de
manganèse et de doses variées de sélénium sur le P. candidum sont
résumés dans le Tableau suivant :
Cendres P205 pour 100
nn
Dilution pour 100 “
du sélénium - de de de
introduit. mycélium sec. mycélium sec. cendres.
Rois rs ste is ere 4 ; 15 I ,96 47 , oh
AG TO ie. ed: a. 4,86 1,61 33,09
AO T per. 4,93 1,09 32,56
P E AO PE E F 4,11 1,54 37,96
LÉ LRU a a EE 3,98 1,96 39,20
AORIO tirs rie ess 3,69 1,64 4h, 41
D Fe . $s i
Les cendres augmentent avec la dose de sélénium, jusqu'à un certain
maximum au-dessus duquel elles décroissent.
ZOOLOGIE. — La formation du polypier chez les Antipathaires.
Note de M. J.-L. Daxran, présentée par M. F. Henneguy-
L'origine du squelette des Antipathaires a été recherchée par von Koch
qui a affirmé, sans en fournir la preuve, qu’elle était ectodermique et celle
opinion a été admise par Brook, Roule et Van Pesch. Il se produirait,
suivant une ligne diamétralement opposée à la région buccale des polypes
une invagination du feuillet externe qui, refoulant l’endoderme et le mesen
chyme dans la cavité gastro-vasculaire, le ferait pénétrer lui-même à son
intérieur; après la fermeture de l’orifice, le rapprochement et la soudure
des deux lames mésogléennes, la partie invaginée se trouverait isolée.
Cependant Van Pesch, ne trouvant pas, chez quelques espèces, re
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 749
dude invagination le long des branches, a cru qu’elle avait lieu à leur
extrémité.
Les recherches que j'ai faites sur le Parantipathes larix ( Esper), l'Anti-
pathella subpinnata (Ellis et Solander) et le Leiopathes glaberrima (Esper),
m'ont conduit à des conclusions très différentes.
Comme l’a observé le savant hollandais, l’axe ne s’étend pas toujours
jusqu’à l’extrème pointe des branches, mais les deux dispositions se ren-
contrent sur la même colonie : elles ne sont donc pas caractéristiques des
espèces.
Lorsqu'il n’atteint pas tout à fait l'extrémité, l'interprétation est beau-
coup plus facile; aussi est-ce ce cas que je décrirai en me servant d’une étude
faite sur le Parantipathes larix.
Les coupes verticales, perpendiculaires à E montrent, jusqu’à 452"
de la pointe, les massifs internes et externes soudés et présentant la struc-
ture bien connue décrite par Brook. A partir de ce niveau, le squelette,
avec tout son revêtement, se sépare de la paroi du corps, par suite de la
non-formation du septum longitudinal ou, plus exactement, parce qu’il y a
un retard dans sa formation.
L’épithélium sécréteur est, là, très développé. Ses cellules ne sont pas per-
pendiculaires à l’axe, mais dirigées obliquement vers le dedans et vers le
haut, disposition qui, sans être la même, rappelle celle des calicoblastes;
elles sont de deux sortes : les unes superficielles, allongées, effilées à leur
partie terminale; les autres profondes, emboîtées dans les précédentes et
destinées à les remplacer. Tout autour se trouve le mésenchyme renfermant
la mésoglée axiale, et enfin l’endoderme interne épais, abondamment
pourvu de glandes, dont les cellules ee portent de longs
flagelles.
Les tissus qui forment la paroi du corps ne présentent a aucune particula-
rité remarquable : lectoderme est tout entier cilié, comme l’a, le premier,
observé de Lacaze-Duthiers, et j’ajouterai que les cils sont portés par les
extrémités étalées des cellules épithélio-musculaires.
En se rapprochant de l'extrémité, les cellules sécrétrices deviennent
moins hautes et le squelette a, presque toujours, un contour irrégulier;
puis, un peu plus loin, les éléments formateurs se disposent irrégulièrement
autour de lui. Bien que l’axe s’accole parfois à la mésoglée, il s’en distingue
toujours aisément par sa structure finement réticulée et aussi par la colora-
tion jaunâtre qu’il prend par la méthode de Van Gieson alors que celle de
la mésoglée est rouge.
`
750 ACADÉMIE DES SCIENCES. |
Plus en avant, l’axe lui-même disparaît et, à l’intérieur de la mésoglée
axiale, il n’y a plus que des cellules mésenchymateuses de formes irrégu-
lières, à prolongements courts, évidemment douées de mouvements ami-
boïdes, qui montrent encore, dans leur structure, les caractères des cellules
sécrétrices.
Enfin, l’anneau de mésoglée est remplacé par une lame de cette même
substance recouverte elle-même par l’endoderme et celui-ci disparaît à 132*
de l'extrémité de la branche.
Une étude semblable, faite sur une branche de l’Antipathella subpinnata,
dont laxe s'étendait sur toute sa longueur, a montré les mêmes faits
essentiels, La seule particularité à signaler est que, tout à fait à sa pointe,
le squelette n’était entouré que par ses cellules formatrices, le mésenchyme
et l’endoderme : la mésoglée axiale manquait, mais elle s’est montrée 10"
plus près de la base.
Les autres séries que j'ai examinées m'ont montré quelques différences
dues : les unes à la présence du septum de mésoglée sur toute la longueur
ou à son absence près de la pointe, les autres à ce que des cellules du mésen-
chyme sont venuesse placer entrela lamelle desoutienet le squelette etsesont
ajoutées très probablement aux cellules sécrétrices, ou encore à ce que, ces
dernières étant devenues très rares à l'extrême pointe, l’axe apparaît au
milieu de la mésoglée dont il semble n'être que la partie centrale diflé-
renciée. Malgré cela, le développement est, en somme, toujours le même et
il ressort de mes observations :
10 Qu'il n'y a jamais invagination ni prolifération de l'ectoderme soit à
l'extrémité de la colonie ou des branches, soit à quelque distance en
arrière. A
2° Que la première ébauche du squelette est toujours pleine et que par
suite il n’est pas, comme l’a prétendu Roule, sécrété d’emblée avec la struc-
ture creuse qu’il aurait, suivant cet auteur, chez l'adulte.
= 3° Que l’épithélium sécréteur est formé par des cellules mésenchyma-
teuses disposées de telle sorte qu’elles sont obliques vers l’intérieur et vers
le haut, cellules qui proviennent en partie de la multiplication de celles
situées plus près de la base, en partie d'éléments nouveaux émigrés de
l’intérieur du feuillet moyen.
L'origine du squelette interne des Anthozoaires a été le sujet des mêmes
discussions que celle des produits sexuels : les uns, les plus nombreux, l'ont
fait dériver de l’ectoderme, les autres de l’endoderme. Il me paraît que tout
s'explique aisément par ce fait que les cellules sécrétrices ne sont pas, comme?
#
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 751
cela a été dit, toujours sans preuve, émigrées des feuillets primordiaux mais
des éléments du mésenchyme et que, par suite, chez tous, le squelette interne
est d’origine mésodermique.
ZOOLOGIE. — Sur la reproduction des Lombriciens (') limicoles : l’accou-
plement et la ponte, le cocon. Note de M. M. Derruy, présentée par
M. Ed. Perrier.
Les premiers phénomènes de la reproduction des Lombriciens, laccou-
plement et la ponte, avec la formation concomitante du cocon, n’ont été
que rarement observés, ainsi d’ailleurs que le développement de ces Vers,
connu seulement chez un petit nombre de types et surtout de Terricoles.
Cela ne doit pas surprendre, car l'observation de ces phénomènes exige
une patience extrême et quelque connaissance des conditions nécessaires à
leur production; elle ne peut en outre évidemment se faire qu'in viyo.
J’ai retrouvé sur la côte de la Hougue, sur la Manche, l’Enchytréoïde
|Enchytræoides enchytræoides (Saint-Loup)| du développement duquel
M. Roule a fait, il y a plus de 30 ans, une belle étude, et j'ai pu en observer
la reproduction. Dans la même région, j'ai eu la bonne fortune de décou-
vrir les pontes du Clitellio des sables | Chtellio arenarius (P.-F. Müller )|,
pontes qui n'avaient encore jamais été observées, quoique ce Tubificidé
soit peut-être le Lombricien thalassophile le plus commun et le plus
abondant.
La période de ponte est extrêmement courte; c’est à peine si elle dure
quelques jours et il semble que tous les Enchytréoïdes ou tous les Clitellio
. d’une même région pondent à peu près en même temps: Il est donc très
difficile de trouver des cocons fraîchement pondus et d'observer soit leur
dépôt, soit les tout premiers stades du développement, d'autant plus que ce
développement embryonnaire, depuis la ponte jusqu’à la sortie des jeunes
du cocon, s'effectue avec une assez grande rapidité, et s'achève en ro
à 15 jours environ. M. Roule, qui a étudié des Enchytréoïdes provenant de
Marseille, indique que « l’époque de la reproduction pour ces animaux est
comprise entre le mois de novembre et le mois de mai »; à Tatihou (Manche),
aussi bien pour l’Enchytréoïde que pour le Clitellio, il y a deux époques
annuelles, bien distinctes, de reproduction, l’une au printemps (mai-juin ),
(*) Annelida lumbricina Savigny, 1820 (Oligochæta Grube, 1851).
\
752 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l’autre à l'automne (octobre-novembre). Pour l'un et pour l’autre de ces
Vers, la ponte s'effectue dans des conditions assez différentes de ce que l’on
connaissait jusqu'ici : en effet, les Lombriciens limicoles observés jusqu'ici
(V. Lemoine, Roule, Kovalevsky, Vejdovsky) déposent leurs cocons,
d’une manière plus ou moins sporadique, sur les plantes parmi lesquelles
et aux dépens desquelles ils vivent. Il en était notamment ainsi des Enchy-
tréoïdes observés par M. Roule en Méditerranée. Au contraire, les cocons
que j'ai étudiés se trouvaient adhérents à la face inférieure de pierres plus
ou moins grosses, à la limite de la pleine mer des marées moyennes, c'est-
à-dire à peu près au niveau de la Pelvétie canaliculée ou un peu plus haut.
L'Enchytréoide vit cependant, à Tatihou, dans les algues et zostères
rejetées par la mer, parfois il y est abondant; mais je n’ai jamais trouvé
dans ce milieu de cocons de ce ver, j’y ai récolté seulement des cocons que
je crois devoir rapporter à l’Enchytrée humicole ou au Pachydrile ver-
ruggen: N'ayant pas trouvé d'Enchytréoïdes dans les Varechs frais, je
n’ai pas eu l’idée d’y chercher des cocons.
Quant au Clitellio, comme il vit toujours dans du sable plus où moins
vaseux, souvent sous des pierres plus ou moins volumineuses, qui entre-
tiennent dans ce sable une humidité suffisante pendant la basse mer, il
n’est pas surprenant de trouver sa ponte en un tel milieu.
Les cocons de l’Enchytréoïde sont isolés les uns des autres, quoique
parfois relativement nombreux en un même endroit; ils mesurent environ
0"",50 à o™,75 de long sur une largeur un peu moindre et une épaisseur
moindre encore. Ceux du Clitellio sont agglomérés, pressés les uns contre
les autres, parfois même les uns sur les autres, très adhérents entre eux et
au substrat; ils mesurent 1°" à 1™™,5 de long, sont presque aussi larges que
longs et moitié moins épais.
La ponte suit certainement de très près l'accouplement, et la fécondation
des ovules se fait au moment même de la ponte, car la segmentation com-
mence aussitôt. Voici ce que l’on peut observer chez l'Enchytréoïde :
quelque temps avant l’époque de la reproduction, les Enchytréoïdes
sexuellement mûrs, à clitellum bien développé, sont rassemblés en très
grand nombre dans un endroit très restreint, où ils pullulent littéralement,
très serrés les uns contre les autres. C’est alors que se produit l'accou-
plement; je ne lai pas directement observé d’un bout à l’autre, mais les
états successifs des organes génitaux et des spermathèques ne permettent.
.pas de penser qu’il puisse se produire autrement que de la manière sù-
vante : chacun des deux vers acconplés joue simultanément le rôle du mâle
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 753
et celui de la femelle;iles spermatozoïdes, agglutinés en spermatophores,
sont introduits par chacun dans les spermathèques de l’autre, les deux vers :
étant accolés tête-bêche, mais non réunis dans un anneau clitellien commun,
comme cela a été observé chez certains vers de terre. En effet, à cette
époque seulement et pendant un temps assez court, les spermathèques
atteignent leur plus complet développement et renferment des spermato-
phores.
La ponte se produit presque aussitôt après. Dans le cocon secrété par
le clitellum sont déposés les œufs et, au moment du passage du cocon, non
encore clos, devant les ouvertures des spermathèques, des spermatophores
y sont déposés à leur tour. La fécondation se produit aussitôt et la segmen-
tation commence. Il y a généralement huit œufs dans le cocon de l’Enchy-
tréoïde et généralement quatre dans celui du Clitellio.
J'ai pu observer la ponte directement sur le Clitellio; elle présente une
particularité fort remarquable. Comme tous les Lombriciens limicoles et un
certain nombre de terricoles, le Clitellio possède un clitellum complet,
faisant tout le tour du corps, méritant bien le nom de cingulum proposé par
Rosa et ne montrant pas de développement plus considérable de l’une de
ses faces. Or, au moment de l'émission des œufs, ceux-ci sont entourés par
une sorte de mucus qui se condense comme une goutte suspendue à la
moitié ventrale seule du‘clitellum. A mesure que les œufs sont émis, cette
goutte muqueuse grossit et se solidifie et devient le cocon, que l'animal
dépose en glissant pour ainsi dire dessus, produisant celte apparence que
le cocon provient uniquement de la région ventrale du clitellum.
Lé cocon ne tarde pas à adhérer au substrat et à agglomérer les grains
de sable et les détritus de toute sorte qui viennent à le frôler, ce qui ne
laisse pas que de contribuer à le rendre opaque et difficilement visible.
La ressemblance de ces cocons avec des grains de sable, des granules de la
pierre sur laquelle ils sont collés, est telle qu’elle éveille l'idée de ce qu'on
entend en général par mimetisme ; Si mimétisme il y a, il ne saurait être en
aucune manière protecteur.
La substance qui constitue la paroi du cocon devient donc assez rapi-
dement solide: elle a à peu près la consistance d’un papier un peu fort et se
brise assez aisément. Elle est parfaitement anhiste et ne se colore qu'à
peine par les colorants les plus énergiques, comme par exemple le carmin
boracique de Grenacher. Elle a une constitution très analogue à celle de la
cuticule des Lombriciens. Elle se montre en effet, sur des coupes minces
(de 14 à 34 d'épaisseur), constituée de couches minces superposées, allant
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 16) 7
754 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en s’épaississant vers les deux pôles du cocon. On a observé chez plusieurs
terricoles, des cocons enveloppés d’une double membrane, une interne plus
épaisse et plus dure, et une externe plus mince et plus souple; il en serait
de même chez le Rhynchelveris (Véjdovsky). Rien de semblable ne peut
s’observer ni chez l’Enchytréoïde, ni chez le Clitellio. Les cocons de ces
derniers ne renferment non- plus, contrairement à beaucoup d’autres,
aucune trace de substance albumineuse pour la nourriture des embryons :
leurs ovules hololécithes sont chargés de granulations vitellines.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Recherches sur la présence d'organismes vivants
dans les fossiles crétacés, ferrugineux, pyriteux et siliceux. Note de
M. V. Garreg, présentée par M. Henneguy.
Ce travail est la suite et la confirmation des recherches expérimentales
que j'ai publiées, de 1886 à 1913, sur le rôle des microrganismes dans la for-
mation des concrétions amorphes ou cristallisées rencontrées chez les êtres
` vivants. Le mécanisme de la fossilisation ne me parait pas en différer et ce
sont ces organismes intracellulaires qui, mis en liberté, après la mort indi-
viduelle des animaux fossilisés et agissant comme agents chimiques, ont
provoqué in situ la précipitation, à l’état amorphe ou cristallisé, des diffé-
rents composés maintenus en solution dans le milieu liquide qui les bai-
gnait„IĪl a pu également se produire des phénomènes de substitution. On
observe des faits identiques chez les végétaux fossilisés (Algues).
Ainsi que je l’écrivais en 1894, la formation de la craie n’a vraisembla-
blement pas d’origine différente. : l
Ce n’est donc ni à une action de présence, ni à un phénomène d’atirac-
tion, ni à une affinité élective que l’on doit attribuer la fossilisation des
êtres organisés; mais aux éléments vivants qu’ils renfermaient; ceux-ci Dee
provoqué des réactions chimiques se produisant, lentement et simultane-
ment, sur des espaces extrêmement limités, avec une telle précision et une
telle continuité, qu’on a pu justement comparer la perfection de cette subs-
titution à un dépôt électrochimique.
Ces infiniments petits ont résisté à l’action du temps et on les retrouve
vivants dans les fossiles.
Pour expliquer leur présence, on pourrait invoquer la perméabilité des
fossiles, propriété qu'ils partageraient avec les couches géologiques au
milieu desquelles ils sont renfermés. Nous ne pensons pas qu'il en soit ainsl,
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 755
au moins dans la généralité des cas. Si, antérieurement à la fossilisation
et au cours de celle-ci, des organismes étrangers ont pénétré dans les fossiles,
ils ont subi le sort commun et ont été fossilisés à leur tour. Si, postérieure-
ment à la fossilisation, des organismes végétaux ou animaux ont pu envahir
les fossiles, il est infiniment probable qu'ils ont été également fossilisés.
Dans le cas où la pénétrabilité des fossiles serait un phénomène général, la
flore de ceux-ci serait extrêmement variée, mais sauf dans quelques spé-
cimens que nous signalerons, cette flore était, pour ainsi dire, uniforme.
C’est ce que nous avons constaté aussi bien dans nos examens microsco-
piques directs que par celui de nos cultures. Néanmoins, nous avons cru
devoir tenir compte de cette objection.
La technique que nous avons suivie est la suivante : quand le volume du
fossile était trop considérable, celui-ci était fragmenté. Le fragment, prélevé
autant que possible au centre, après avoir été flambé au bec de Bunsen, était
abondamment lavé dans un flacon stérilisé, avec de l’eau distillée également
stérilisée, puis mis en contact pendant vingt-quatre heures, souvent plus
longtemps, avec de l’eau distillée stérilisée, sursaturée d’éther et fréquem-
ment agité. Après avoir été essuyé entre des feuilles de papier à filtrer,
stérilisé, le fragment de fossile, ou le fossile tout entier quand son volume
le permettait, était mis pendant vingt-quatre heures au moins, souvent
plus, dans de l’éther pur. Après ce traitement, le fossile était de nouveau
passé à la flamme d’un bec de Bunsen et pulvérisé dans un mortier d’Abisch,
préalablement stérilisé. La poudre impalpable obtenue était mise en contact,
pendant une demi-heure, avec 15° d’eau distillée stérilisée additionnée de
huit gouttes d’acide chlorhydrique pur. Dans le cas de fossiles crétacés,
il se produisait un dégagement d'acide carbonique, ou d’acide sulfhydrique
quand le fossile contenait du sulfure de fer. La poudre était ensuite
recueillie sur un filtre stérilisé, lavée à l’eau distillée stérilisée, séchée et
ensemencée.
Dans le cas de fossiles licus, nous avons remplacé l'acide chlorhydrique
par de la lessive de soude employée à la même dose.
Nous avons toujours pratiqué l'examen microscopique direct du proli
de la pulvérisation du fossile et, dans la grande généralité des cas, nous y
avons constaté la présence de microzymas et de bacilles ovoïdes Fr de
mouvements généralement très vifs. Cependant dans un certain nombre de
fossiles, et particulièrement dans ceux qui étaient ferrugineux, ces orga-
nismes étaient immobiles, ainsi du reste que les particules les plus fines du
fossile.
756 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Rarement nous avons constaté la présence de bâtonnets en petit nombre,
et seulement dans l Ammonite, dans la Craie, dans un Polypier primaire, dans
le Strophonema et dans un Oursin. Non seulement on voit ces organismes
libres dans la préparation, mais encore inclus dans des fragments de cristaux
ou des parcelles translucides. Dans les fossiles calcaires examinés à la lumière
polarisée, les microrganismes montrent la même biréfringence que la cal-
cite. Cependant, chez un fossile ferrugineux les microrganismes ne mon-
traient pas de biréfringence, alors que la substance même du fossile était
douée de cette propriété.
Nos expériences ont porté sur 34 espèces de fossiles dont certaines ont
été l’ubjet-de plusieurs expériences comparatives. En voici la liste :
Oursin (Crétacé) 2 spécimens; Belemnite (Lias) 2 spécimens; Ammonite
(Barrémien); Polypier ferrugineux (Néocomien); Terebratule (Crétacé infé-
rieur); Ammonite (Aptien); Ammonite ferrugineuse (Barrémien); Térébra-
tule ferrugineuse (Aptien, Maroc); Rynchonella (Crétacé) 3 spécimens;
Cosmoceras (Crétacé); Pecten (Crétacé); Test de Baculite (Crétacé); Natica
(Tertiaire); /nocerame (Crétacé) (Test et région interne); Polypier pri-
maire (Eocène); Cstrea (Crétacé); Phylloceras (Secondaire); Strophonema
(Primaire); Belemnite (Lias); Spondylus (Crétacé); Lima gigantea (Lias);
Harpoceras complanatum (Lias de Salins); Arca liasina (Lias de Salins);
Spondylus spinosus (Crétacé supérieur); Echinocorys vulgaris (Crétacé
supérieur) : Nucula pectinata (Crétacé inférieur); Jerea (Spongiaire, Cré-
tacé supérieur).
Ainsi que nous l'avons dit, la flore des fossiles n’est pas variée. Les mi-
crozymas et les bacilles ovoïdes donnent naissance à des bâtonnets courts,
réunis en amas ou en chaïînettes, formant un voile blanc ou jaunâtre à la
surface des milieux de culture. Ces microorganismes sont généralement
douës de mouvements très vifs.
Dans certains fossiles (Test de Baculite, Natica, Inocerame, Polypier pri-
maire, Polypier [Eocène], Strophonema, Spondilus) nous avons observé des
corps ressemblant à des spores et se reproduisant par bourgeonnement. Ces
corps donnent naissance à de petites sphérules douées de contractilitė. Ils
se développent au contact direct des fragments de fossile. Dans un cas
| Polypier (Eocène)] nous avons vu ces corps émettre des prolongements
tubulaires. n
Nous avons également rencontré des formations ressemblant à des Fora-
minifères, mais beaucoup plus petites que celles décrites dans la craie.
Dans un Strophonema, dans un Oursin nous avons constaté la présence de
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 757
Protozoaires émettant des pseudopodes. Il nous a été impossible de les étu-
dier faute d’un matériel approprié.
Bon nombre de nos milieux de culture ont présenté une coloration noire
due à du sulfure de fer.
BACTÉRIOLOGIE. — L'immunité chez les insectes.
Note (') de M. A. Parcror, présentée par M. P. Marchal.
Notre conception de l’immunité chez les insectes diffère essentiellement
de celle de Metalnikoff (?) : nous ne croyons pas que l’immunité résulte
essentiellement d’un changement dans l’activité des phagocytes. La con-
clusion qui découle de toutes nos expériences est que l’immunité (natu-
relle ou acquise) doit être considérée comme la résultante d’une série de
réactions de nature différente, en corrélation plus ou moins étroite les unes
avec les autres, et dont l'intensité varie suivant les individus, les espèces
microbiennes inoculées, la température, etc. L'ensemble de toutes ces réac-
tions, humorales et cellulaires, constitue un tableau biologique caractérisé
par sa grande complexité et son extrême variabilité.
Lorsqu'on inocule dans la cavité générale d’insectes offrant une certaine
résistance à l’infection microbienne, comme, par exemple, les chenilles
d'Euproctis chrysorrhœa, de Lymantria dispar, de Vanessa polychloros, des
coccobacilles peu pathogènes, en particulier B. melolonthæ non liquefa-
ciens B el y, B. pieris non liquefaciens x, B. bombycis non liquefaciens a (°),
on observe toujours, en cas d’immunité, une transformation plus ou
moins complète de ces bacilles en granules. Cette transformation en gra-
nules, que nous désignerons sous le nom de granulose, commence en
moyenne vers la quatrième ou cinquième heure, mais elle peut être retardée,
comme nous l'avons observé pour B. bombycis non TRAON æ inoculé
aux chenilles d'Euproctis.
La granulose peut être suivie de bactériolyse, mais souvent aussi on
observe que les granules continuent de s’accroître; le cas du B. pieris non
lique faciens x inoculé aux chenilles de Lymantria dispar réalise le type de
ae Séance du 11 octobre 1920.
(°) Comptes rendus Soc. Biol., t. 83, p, 817
(*) Bacille isolé au cours d’une bal dans un élevage défectueux ; diffère
_ de celui isolé par Chatton, en 1913, par son action sur la gélatine. Il ne fait fermenter
que le glucose, le lévulose, le saccharose et l'arabinose.
758 ACADÉMIE DES SCIENCES. | S
cette curieuse réaction : peu après linoculation (vers la deuxième ou
troisième heure), les microbes perdent la faculté de se mouvoir et se
transforment progressivement en granules; sous cette forme nouvelle, ils
continuent de se développer, non plus dans une seule direction, comme
les bacilles normaux, mais dans toutes les directions àʻla fois; ils se trans-
forment ainsi en grosses masses arrondies dont les dimensions, par rapport
à celles des bacilles, peuvent être énormes ( fig. 3, a).
o z 48 20 šo
Transformations de B, pieris non liquefaciens a dans le sang vivant des chenilles de
Lymantria dispar : 1, 1 heure après l’inoculation; ?, 8 heures après; 3, 24 heures apres.
La vitalité de ces masses paraît assez faible : quand elles ne sont pas
englobées par les micronucléocytes, on les voit assez rapidement perdre
leur forme arrondie, se désagréger, puis disparaître dans la masse du
sang (fig. 3, b). Bien que la granulose soit générale, la chenille peut néan-
moins succomber à l'infection : on observe alors une multiplication rapide
des microbes sous la forme normale en même temps que disparaissent pro-
gressivement les masses microbiennes. Dans le sang des chenilles autres
que celles de Lymañtria dispar, on n’observe pas la formation de masses
géantes. |
B. melolonthæ non liquefaciens B détermine une réaction analogue à
celle de B. pieris non liquefaciens a. Quant aux autres coccobacilles il
subissent bien, dans le sang des chenilles inoculées, la transformation gra-
nulaire, mais les granules restent généralement petits ou, s'ils grossissent,
ne donnent jamais de formes géantes comme le bacille 8; ils disparaissent
SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1920. 759
du sang de la même manière que ces masses géantes. Ils sont beaucoup plus
énergiquement phagocytés que les microbes normaux ; ces derniers, d'autre
part, ne subissent jamais la transformation granulaire dans le protoplasme
des micronucléocytes. Nous considérons comme très importantes ces deux
propriétés, car elles tendraient à démontrer : 1° que les variations dans
l'intensité de la phagocytose sont moins la conséquence d’un changement
dans la sensibilité du phagocyte que celle d’une modification physico-chi-
mique de la substance microbienne; 2° que les phagocytes ne jouent aucun
rôle, ni directement ni indirectement, dans la transformation granulaire
des microbes.
La destruction extracellulaire des microbes dans le sang des insectes,
n’est pas nécessairement précédée de leur transformation en granules : si
l’on inocule, par exemple, une émulsion de B. proteidis (') dans la cavité
générale de chenilles résistantes, on observe, dès les premières heures, que
beaucoup d’entre eux s’hypertrophient et se déforment plus ou moins; sur
frottis colorés, on observe en outre qu’ils perdent peu à peu leur colorabi-
lité; ils disparaissent ensuite dans le sang, ou sont phagocytés. Quelques
bacilles peuvent résister à l’action sanguine, se multiplier activement et
déterminer la mort des chenilles par septicémie.
Les deux réactions que nous venons de décrire semblent devoir être consi-
dérées comme deux types nouveaux de réaction humorale; elles n’ont lieu
que dans le sang vivant complet; in vitro, les microbes se multiplient nor-
malement. L'hypothèse des bactériolysines et des opsonines, qui explique
si clairement la plupart des phénomènes d'immunité chez les Vertébrés, ne
peut les expliquer aussi bien chez les insectes; d’autres hypothèses doivent
donc être envisagées.
La séance est levée à 16 heures et quart.
A. Lx.
(1) Bacille isolé du sang de Pieris brassicæ colorable par la méthode de Gram
très protéiforme : sur une même préparation, on rencontre à la fois des éléments en
forme de coccus plus ou moins allongés, d’autres en forme de bâtonnets allongés, droits ou
incurvés, renflés dans la partie médiane ou à une extrémité. Dimensions ordi-
naires : 1; >x< 14,5 à 4u. ILcultive abondamment sur les milieux de culture ordinaires
et fait fermenter tous les sucres.
760 : ACADÉMIE DES SCIENCES.
E
ERRATA.
(Séance du 50 août 1920.)
Note de M. H. Deslandres, Sur la reconnaissance dans les étoiles des
couches successives de leur atmosphère, et des variations périodiques de
ces couches :
Page 454, ligne 20, au lieu de Plus tard, en 1917, lire Plus tard, en 1913.
(Séance du 20 septembre 1920.)
Note de M. J. Andrade, uterprétation géométrique de la méthode Résai-
Caspari :
Page 544, ligne 7, au lieu de cette force est répulsive, lire cette force est attractive.
(Séance du 27 septembre 1020.)
Note de M. Raoul Cerighelli, Sur les échanges gazeux de la racine avec
l'atmosphère :
Page 576, ligne 20 (2° tableau), au lieu de CO? absorbé et O dégagé, lire GO?
dégagé et O absorbé. Mêmes corrections pour les tableaux suivants du bas de la
pagé 576 et du haut de la page 577.
Note de M. P. Wintrebert, Les rapports de l’irritabilité ectodermique
aneurale avec les fonctionnements musculaires nerveux chez les embryons
d’Amphibiens :
Page 583, ligne 20, au lieu de mésotiques, lire métotiques.
Page 585, ligne 9, au lieu de fonction, lire jonction.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MARDI 26 OCTOBRE 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Présipexr informe l’Académie que, en raison de la fête de la
Toussaint, la séance du lundi 1°" novembre sera remise au mardi 2.
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur les oscillations elapsoidales d ‘une sphère
liquide. Note de M. Pau Apr.
I. Dans une Thèse de Doctorat récemment soutenue (') devant la Faculté
des Sciences de l'Université de Paris, M. Globa-Mikhaïlenco a attiré
l'attention sur un passage, singulièrement obscur, du célèbre Mémoire
de Poincaré concernant Péanilibre d’une masse fluide animée d’un mouve-
ment de rotation (°), passage dans lequel Poincaré étudie les petits mou-
vements relatifs d’un ellipsoïde fluide rapporté à un système d’axes mobiles
tournant avec une vitesse uniforme w autour d’un axe fixe (loc. cit., p. 355- -
365). Sans examiner ici le problème général, je crois utile de pete qu'il
existe une autre voie par laquelle on peut trouver des mouvements oscilla-
toires simples que l’on pourra ensuite, dans le cas des oscillations infiniment
petites, superposer par les méthodes classiques. Cette voie consiste à étu-
dier d’abord les mouvements oscillatoires dans lesquels la surface libre, sou-
mise à une pression constante, reste ellipsoïdale.
Cette question rentre dans le problème général du mouvement d’une
(') Contribution à l'étude du mouvement d'une masse fluide en rotation (Journal
de Mathématiques de Jordan, 1920).
(*) Acta mathematica, t. T, p. 259-380.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171; N° 17.) 58
762 ACADÉMIE DES SCIENCES.
masse fluide incompressible qui conserve la forme ellipsoïdale et dont les
parties s’attirent suivant la loi de Newton, problème posé par Lejeune-
Dirichlet en 1860 ('), résolu et étudié par lui dans les cas les plus simples;
ce problème a été traité par Riemann en 1861 dans un Mémoire réimprimé
dans ses œuvres complètes (1876, p. 168); il a également fait l’objet des
recherches de Dedekind (Journal de Crelle, t. 58, p. 217), de Brioschi (Ibid.,
t. 59), de Greenhill (Proceed: of Cambridge Philos. Soc., t. 3 et 4), dẹ
Basset ( Proceed. of London Math. Soc., t. 17) et enfin de Stekloff ( Annales -
de l’École Normale supérieure, 3° série, t. 25, 1908, p. 469, et t. 26, 1909,
p. 275); on trouvera dans ces divers Mémoires des résultats beaucoup plus
généraux que ceux que j'ai en vue, même pour les mouvements oscilla-
toires; je crois néanmoins utile d'appeler l'attention sur l’étude des oscilla-
tions ellipsoïdales autour d’un ellipsoïde d'équilibre relatif de Mac Laurin
ou de Jacobi. Il y aurait intérêt à comparer les résultats de cette étude avec
ceux de Poincaré. Je traiterai d'abord en détail le cas élémentaire d’une
sphère immobile ; je donnerai ensuite quelques indications sur un cas parti-
culier de l’ellipsoïde en rotation. :
IL. Sphere immobile. — Soit une sphère liquide homogène immobile
soumise à l'attraction newtonienne de ses particules et à une pression
constante sur sa surface : elle est en équilibre stable. Appelons r le rayon,
e la densité; prenons le centre comme origine et soient £, Yoy Zọ les COOr-
données rectangulaires d’une molécule dans l’état d'équilibre
(1) æ? Hy? +z? —r’So.
Imaginons un déplacement dans lequel, à l'instant z,
a ya
(2) zd, Y=b—; BEC —)
r r t
a, b, c étant des fonctions de £ qui, à l'instant initial £ — o, se réduisent à 7.
Alors, les points matériels qui étaient primitivement dans la sphère sont, à
l'instant z, dans lellipsoïde
Nous allons vérifier qu’on peut satisfaire aux équations du mouvement
en prenant pour expression de la pression au temps 4 z
(1) Voir aussi Journal de Crelle, t. 58, p. 183.
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 763
pe étant la pression extérieure constante, et k une fonction positive de #. On
a alors, en désignant les dérivées par rapport à { par des accents, les
expressions suivantes des composantes u, v, w de la vitesse d’une particule :
f ! LA LA
| a b Ces
trop EU En à Pp A ET
de
L’équation de continuité d’Euler = + $ + = = o est alors
ad 0 ©
be
c’est-à-dire abc = r°, ce qui est évident.
Les projections de l'accélération d’une particule sont de même
a C
E = r A J,= =y, GS“
L’attraction de l’ellipsoide sur l’unité de masse placée au point inté-
rieur æ, y, z a pour projections
CAPE TALA AATA
f désignant le coefficient de l'attraction universelle, et P, Q, R ayant des
valeurs dont je rappelle la première :
z dà
mers b , j= (a+ à) (b +2 24 À
2ra ef es AS p(A) = (a+ 4)( in + À)
où abe = r°. Les équations du mouvement
(2
I
- =X — , ..ʻi
p dx £
sont alors, après suppression des facteurs v, y, 3,
= + foP =— d
« b"
(4) ee
2 k
3 a ri
abc Tr,
On a ainsi quatre équations pour déterminer la, b, c, k en fonction de t;
les quantités P, Q, R dépendent de a, b, c. Sans m'arrêter à retrouver
764 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'intégrale des forces vives, je passe à l’objet principal de cette Note,
l'étude des oscillations infiniment petites.
Soient
a=r(1+Ëé), b—r(1+n), c=r(1i+%),
&, h, Č étant des quantités très petites, ainsi que leurs dérivées par rapport _
au temps. Nous négligerons alors les carrés et les produits de ces quantités.
En substituant dans P et faisant dans l'intégrale le changement de
variable À = ur’, on a
6
Par f Ha .
` (i+p+2Ë) yau)’ 2(1 +u)(E+n +6)
Comme l’équation de continuité donne £ + n + {= o, on peut écrire
= I 22
Psr mine ail a
DE eme EU
On a de même Q et R, et les équations du mouvement, ordonnées par
rapport à 5, n, celà us dérivées, deviennent re
(5
e d
avec deux équations analogues. Les quantités ¢ģ, n ¢ étant infiniment
petites, le second membre est nul; d’une autre manière, on voit que le
second membre est nul en ajoutant les trois équations et tenant compte de
l'équation de continuité. On a donc
Te
snfe)E= 2 — an fe
k 2 wN I te
A TF S opn PE 0; ….)
5 16
d'où, en faisant ¥* = -57 fP,
Ê = Es COSVE + 2 sinr, ses
avec
Eo + ni + i = E + No + É0 = o.
On a ainsi un mouvement oscillatoire simple de période
27 1 15T.
y le
Si l’on appelle g la pesanteur à la surface de la sphère immobile
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 565
on a pour la période
2 /5r
Vs
II. /ndications sommaires sur le cas d’un ellipsoïde de Mac Laurin ou
de Jacobi. — Pour traiter ce cas, on pourra suivre la méthode de Brioschi,
de Greenhill et de Basset (oc. cit.). On obtiendra notamment, comme il
suit, un cas donnant un mouvement oscillatoire élémentaire.
Soient Oyz les axes qui tournent avec une vitesse angulaire constante w
autour de Oz et qui sont les axes à,, bs, Co d’un ellipsoïde d'équilibre de
Jacobi. Soient, dans le plan xOy, deux autres axes +, Oy, tels que Oz,
fasse avec Ox un angle 9, fonction de ż, nul avec ?; ces axes seront avec Oz
les axes de symétrie de l’ellipsoïde liquide oscillant. Les longueurs a, b, €
de ces axes seront des fonctions de ż. A l'instant initial ¿ = o,
a üy; O = by, Co Ca
et comme le volume reste constant,
(5) abe — mbi:
Appelons £3, Yọ; Za les coordonnées initiales d’une molécule par rapport
aux axes Ox,y,z, qui se confondent d’ailleurs, à l'instant { = o, avec
Oxyz; æ,, Yı, Z ses coordonnées à l'instant z. On prendra un mouvement
dans lequel
Pr x Pis
< = Č cosg — $" sing,
Eo G ò
$
. i Lo . Y,
(6) H = Dt sino + cos,
b ho b,
a
en
où ọ est un angle, fonction de ż, s’annulant avec ż. De cette manière,
y x? I =
mmaa SAA E AA — e
10) Fe
On étudiera ensuite le mouvement relatif de la masse liquide, par rapport
aux axes Ox, y,z qui tournent autour de l’axe fixe Oz, avec la vitesse angu-
laire w + 0’. Nous pourrons regarder ces axes comme fixes, à condition
d'ajouter les forces fictives ®, W données par la théorie élémentaire du
mouvement relatif. En prenant
2 /2 =?
ls Y ~
enaA
766 ACADÉMIE DES SCIENCES.
on écrira les équations du mouvement
op
D 0x, —=—fpPr;—zx; +0, t En, ...
TO | =
En dérivant les équations (6), on a les projections de la vitesse et t de
l'accélération d’une particule sur les axes Ox, y, z
PEL e
En substituant dans les équations du mouvement, on a des équations
linéaires en æ,, y,, z qui doivent avoir lieu dans toute la masse, c’est-à-dire
quels que soient x,, y,, Z. On a alors, en égalant à zéro les por de
æ,,Y,, Z et écrivant abc = d, b, Co, six équations définissant a, b, c, 0, ọ et k
en fonction de £. On prendra ensuite les oscillations infiniment petites, en
supposant 0 et ọ infiniment petits et posant
an E E e
E, n, © étant des infiniment petits tels que £ + n += 0.
GÉOLOGIE. — Sur la signification tectonique des lambeaux de micaschistes,
de roches cristallines diverses et de roches vertes, qui apreurent çà et là, près
de Briançon, au sein ou à la surface des terrains à faciès briançonnais.
Note de MM. Prerre Termer et Wicrerm Kiras.
La constatation, par l’un de nous ('), du fait que les breches à débris eris-
tallins de la quatrième écaille, et celles du vallon de l’Alpet près de Mont-
Genèvre, sont des mylonites et non pas des brèches sédimentatres ou des con-
glomérats, nous a déterminés à reprendre en commun, au cours du dernier -
été, l exploration des îlots de roches cristallines et de roches vertes épars
dans la région briançonnaise. La quatrième écaille est l'un de ces îlots,
fragmenté par l'érosion, le plus occidental de tous et d’une douzaine de
kilomètres en avant du groupe formé par les autres; ceux-ci se disposent
FREE
(*) Pierre Termer, Les mylonites de la pimein écaille briançonnaise ( Comptes
rendus, t. 171, 1920, p. 653-657).
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 567
en un archipel allongé, allant du vallon des Acles, au Nord, aux environs de
Villargaudin, au Sud, à peu près parallèlement au bord du pays des Schistes
- Lustrés (*) et sur une longueur totale d'environ 30"; le plus gros des îlots
de l'archipel est le massif de roches vertes du Chenaillet, souvent appelé
massif du Mont-Genèvre, bien qu'il soit tout entier au sud du col de ce nom;
le nombre des îlots connus, qui n’était guère que de 12 lorsque nous avons
publié, en 1900, la feuille Briançon de la Carte géologique, est maintenant
d'environ 25; la plupart des lambeaux récemment découverts lont été par
M. le Commandant Pussenot.
Les roches qui constituent les îlots dont nous parlons sont diverses : ici,
micaschistes seuls; là, micaschistes, gneiss et amphibolites; ailleurs,
micaschistes, cornéennes et roches vertes laminées; ailleurs encore, roches
vertes seules, les unes massives, les autres éruptives ou même volcaniques.
Pourtant, malgré cette diversité, si l’on dessine tous les lambeaux sur une
même carte et si l’on y trace la limite occidentale du pays des Schistes
Lustrés, on est induit, presque irrésistiblement, à penser que tous les
lambeaux sont apparentés entre eux, ct aussi qu’ils sont, de quelque
manière, liés au pays des Schistes Lustrés. En quoi consistent ces rela-
tions ? Telle est la question qui se pose. Elle a été autrefois, en 1915 et
1914, l’objet, entre nous, d’une discussion ardente, à laquelle prenaient
part Jean Boussac et M. Pussenot (°); discussion qui, sans la guerre, se
serait vite terminée par une excursion commune où nous aurions fait,
six ans plus tôt, les observations que nous allons résumer.
Les îlots ou lambeaux en question, que l’un de nous (W. K.) avait
Jusqu'ici considérés comme en place, se partagent en deux catégories : ceux
qui sont situés dans le pays des Schistes Lustrés et en sont inséparables; et
ceux qui, situés sur le bord occidental des Schistes Lustrés ou plus à l'Ouest,
(+) La définition du pays des Schistes Lustrés et celle du pays briançonnais sont,
dans la région de Briançon, tout à fait précises et sans aucune ambiguïté. Dans le
pays des Schistes Lustrés, toutes les roches d’allure stratiforme sont profondément
métlamorphiques et constituent une série cristallophyllienne; dans le pays briançonnais,
rien de ce qui affleure n’est véritablement et'complètement métamorphique, en dehors
des îlots ou lambeaux qui font l’objet de cette Note. C'est seulement en Maurienne, au
nord de Modane, dans la Vanoise, que le métamorphisme, réel et profond, gagne peu à
peu les divers terrains qui prolongent le pays briançonnais, jusqu'à rendre cristallo-
phylliens certains d’entre eux.
(°) Voir Compte rendu sommaire des séances de la Société géologique de
France, années 1913 et 1914, passim. — Voir aussi Pussexor, Bulletin des Services
= me
de la Carte géologique de la France, t. 24, 1910-1911, p. 555-561 et pl. I.
68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sont superposés au pays briançonnais ou paraissent compris dans son sein.
Il est clair que les lambeaux de la première catégorie ne peuvent rien nous
apprendre : car on sait depuis longtemps qu'il y a, dans les Schistes Lustrés,
des roches vertes (pietre verdi), des micaschistes et des chloritoschistes.
A cette première catégorie appartiennent les îlots signalés par M. Pus-
senot dans la haute vallée de la Cerveyrette (la Gavto, lac de Cordes, bord
des Schistes Lustrés sous la Charvie et la Suffice), ct ceux, que nous avons
autrefois décrits, du col Tronchet et de Villargaudin. Nous n’en parlerons
pas davantage : ils contribuent à poser la question; ils n’apportent aucune
lumière pour la résoudre. Nous rattachons, par contre, à la deuxième
catégorie, le massif du Chenaillet, parce qu’il est, pour ainsi dire, à cheval
sur la limite des deux pays et que, dans toute sa moitié occidentale, il est
posé sur le pays briançonnais. C’est par lui que nous commencerons notre
rapide exposé. |
Massif du Chenaillet. — Ce massif est beaucoup plus grand que ne l'indi-
quent les cartes géologiques. De forme ovale, il mesure 6,5 suivant la
direction NNE et 5*® dans la direction perpendiculaire. I} est fait de
roches vertes, souvent très altérées, les unes d’allure massive (gabbros et
serpentines), les autres éruptives (diabases) et associées à des brèches
volcaniques à variolite : tout cela bien décrit, en 1890, par MM. Cole et
Gregory. A l'Est, il repose sur les Schistes Lustrés, horizontaux dans
l’ensemble; au Nord, il serelie visiblement à une vaste lentille de serpentine,
tranchée par le vallon de Clavières et comprise dans des Schistes Lustrés
graduellement redressés, puis renversés sous les calcaires du Chaberton ;
en son centre, il est crevé d’une fenétre, longue de 500", large de 300”;
ouverte tout au fond du vallon de Gimont, à l’est de la Collette Verte, et
montrant un substratum, gonflé en coupole, de calcaires triasiques ; au Sud-
Sud-Est, ¿l repose sur une zone de mélange mylonitique où voisinent, pêle»
mêle, blocs de roches vertes diverses (parmi lesquelles des brèches
volcaniques), blocs de calcaires triasiques, blocs de marbre rose probable-
ment jurassique, blocs enfin de Schistes Lustrés; à l'Ouest, dans les
prairies du Gondran, on le voit reposer sur les schistes et grès du Nu mmuli-
tique briançonnais (Flysch), avec une allure d'ensemble quasi horizontale
et avec intercalation d’une écaille de terrains singuliers. Ces terrains singu-
liers (*), qui ne sont pas des Schistes Lustrés et qui ne sont pas non plus
in ul
(+) Décrits déjà par l’un de nous en 1897 (Comptes rendus) comme calcaires phyt
liteux, et figurés sous un symbole spécial (T) sur la feuille Briançon de la Carte 8€07
logique.
r
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 769
des terrains à faciès briançonnais, montrent des marbres phylliteux de
haute cristallinité, des marbres roses ou verts, des jaspes rouges riches
en organismes : le tout très laminé, et mécaniquement injecté par les
produits de l’écrasement des roches vertes du massif. Nul doute, d’après
cette description, que le massif du Chenaillet n’appartienne au pays des
Schistes Lustrés ; nul doute, non plus, qu'il ne représente une avancée, par
charriage, de ce pays des Schistes Lustrés sur le pays briançonnais, avec
contact anormal et, dans ce contact, apparition de mylonites et de lambeaux
de poussée.
Ilots de Cerviéres. — M. Pussenot nous a signalé, sur les pentes qui
dominent au Nord le village de Cervières, plusieurs îlots de roches vertes.
Il y a là, en effet, des roches vertes, qui sont surtout de la serpentine lami-
née; mais il y a aussi des micaschistes, des chloritoschistes et, embrassant
les unes et les autres, des Schistes Lustrés, avec prédominance de marbres
phylliteux très cristallins. L'ensemble est un grand lambeau de Schistes
Lusirés, long de 1000", large de 800", accroché aux flancs de la montagne
el decida: jusqu’à la rivière : il s'appuie sur les terrains briançonnais, ici
sur le Trias, là sur le Malm, ce qui conduit à croire que son contact avec le
pays briançonnais est un contact anormal. Tout se passe comme s’il s'agis-
sait d'un fragment, isolé par l'érosion, de la nappe de Schistes Lustrés,
avec roches vertes et roches cristallines diverses, à laquelle appartient le
massif du Chenaillet, nappe affectée de plis secondaires de grande ampli-
tude. Un autre fragment de la même nappe est l'ilot de serpentine, enfoui
dans le Flysch briançonnais, que l’on rencontre dans les prairies entre l'Alp-
d’en-Haut et le Gondran ei qui est marqué sur la- feuille Briançon; à la
même nappe encore pourraient se rattacher les témoins de serpentine,
accompagnés de Schistes Lustrés, que l’on trouve tout au sommet de la
montagne de Lasseron.
L’ Alpet. — Le lambeau de l’Alpet, au nord de Mont-Genèvre, est fait de
micaschisies, d’'amphibolites, de cornéennes, enfin de chloritoschistes qui
sont peut-être, pro parte, des roches vertes laminées. C’est une mince écaille
qui repose sur les calcaires triasiques avec interposition de mylonites diverses,
calcaires écrasés, cargneules à débris cristallins, brèches mixtes, brèches
enfin où il n’y a plus que des débris cristallins. Au sommet du sallan un
peu à l’est du col de l’Alpet, on voit l'écaille recouvrir un instant la crête
de Serre-Thibaud, qui est un anticlinal de calcaires triasiques, et esquisser,
sur le versant Est, un mouvement de descente vers les lambeaux änalogues
du Rio Secco, ls Guèls sont tout près et, très probablement, ne sont que
d’autres fragments de cette même écaille divisée par l'érosion. '
770 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Rio Secco. — Dans le large et long vallon du Rio Secco, à l’ouest du Cha-
berton, on observe plusieurs lambeaux cristallins, posés sur le Trias brian-
connais ou s’enfonçant dans ce Trias. Nous n’y avons pas-trouvé de mylo-
nites. Tout au fond du vallon, près du thalweg ou dans le thalweg même,
affleurent, sur une longueur totale de 3"", des chloritoschistes d’un vert
sombre, appuyés, à l'Est, aux calcaires triasiques du Chaberton et, comme
eux, très inclinés ou presque verticaux. Ces chloritoschisies rappellent le
Permien de la Vanoise : ils sont d’un faciès totalement inconnu dans le
Permien de la région de Briançon. Ils contiennent, au milieu d'eux, une
grosse lentille de quartzites triasiques très laminés ; on y voit quelques inter-
calations de marbre; au Nord, tout cela se coince dans les calcaires tria-
siques verticaux. N’était le fait que les quartzites sont dans l’intérieur de ce
Permien, on pourrait croire à un anticlinal. Mais un autre très grand lam-
beau, lion d'environ 2™, court, à mi-hauteur, sur le versant Est de Serre
Thibaud ;comme accroché à la pente, il établit la liaison entre l'Alpet et les
chloritoschistes du thalweg; ses roches sont celles de l’Alpet, avec quelques
gabbros métasomatosés et laminés (prasinites à glaucophane ), et aussi les
mêmes chloritoschistes qu’au thalweg, d'aspect Permien de la Vanoise et
associés aux mêmes quartzites triasiques. Enfin, plus au Nord, dans les
pâturages, à l’Est-Sud-Est du col de la Lauze, un dernier lambeau, très dif-
férent, montre des micaschistes verts, accompagnés de jaspes rouge brun
et de calcaires jaunes à plaquettes de schistes noirs : le tout semble posé sur
le Trias et paraît être un témoin isolé de l’écaille du col de Laupon.
Laupon ('). — Le large col par où l’on passe, du vallon de Dormillouze,
dans le vallon de Blétonnet qui descend vers les Acles, montre un vaste
lambeau de Schistes Lustrés posé sur les gypses du Trias. Ce lambeau est ployé
en un synclinal, qui se dirige du Sud au Nord comme les deux vallons; sa
superposition aux gypses est visible dans une série d’entonnoirs de disso-
lution, de part et d'autee du col; mais il déborde les gypses à PEst et à
l'Ouest et s'appuie, à l'Ouest à dés calcaires jaunes qui peuvent être du
Lias, à l'Est à des NE blancs qui semblent être du Malm. Les Schistes
Luté contiennent des intercalations de micaschistes quartzeux verts,
associés à des jaspes schisteux rouges ou lie-de-vin : tout cela s'avance au
Sud jusque très près du col de la Lauze. L’arête du col de la Lauze corres-
pond à un anticlinal des calcaires, à l’est duquel, dans le vallon de prairies
feuille
(1) Col de Laupon, de la carte topographique sarde à l'échelle de oyoo à
Cesana; ce col semble être celui que la carte française désigne sous le nom de col de
Dormillouze.
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 771
qui remonte vers le col des Trois-Frères-Mineurs, reparaissent les gypses,
marquant un nouveau synclinal. Un peu plus loin se trouve le lambeau de
micaschistes et de jaspes rouges cité à l'alinéa précédent. Au nord du col
de Laupon, vers Blétonnet, un lambeau cristallin, signalé par M. Pussenot,
est un témoin évident de la même écaille de Schistes Lustrés, qui a recou-
veri autrefois, de ses ondulations, toute cette contrée et qui, sans aucun
doute, se soudait, au Nord, aux Schistes Lustrés du col de la Chaux-
d’Acles.
Montagne entre Mont-Genèvre et le Rosier, près du point 2413 de la carte
française ('). — M. Pussenot nous a signalé, dans un replat de pàturages
que domine au Nord et à l'Est le piton 2413, deux ilots très intéressants.
Ils sont posés, horizontalement ou à peu près, sur des cargneules et des
gypses du Trias et l’on y observe la réunion de divers types cristallins :
chloritoschistes du type Vanoise, micaschistes plus rares, roches vertes
laminées du type Alpet ou Rio Secco, marbres phylliteux du type terrains
singuliers du Gondran, et même Schistes Lustrés incontestables. A cela
s'associe, comme au Rio Secco, une lame de quartzites triasiques qui, dans
l’ilot Sud, parait surmonter la série cristalline.
Val-des-Prés et Le Rosier. — Enfin, dans la vallée et sur la rive gauche de
la Clarée, deux derniers lambeaux affleurent, découverts aussi par M. Pus-
senot : l’un en face de Val-des-Prés, dans la forêt qui domine le cône de
déjection; l’autre, en face du Rosier, très petit et visible de loin à sa cou-
leur sombre. Tous deux, dans notre manière actuelle de voir, seraient des
fragments de l’écaille complexe que nous venons de décrire : le premier est
formé de Schistes Lustrés, de marbres phyllteux et de micaschistes, plon-
geant comme la pente de la montagne; le second, de roches vertes lami-
nées, du type Alpet, appuyées à du Malm quasivertical ; la vallée de la
Clarée correspondrait à un synclinal, postérieur à la formation de l’écaille,
qui aurait dénivelé celle-ci d’un millier de mètres.
Tels sont les faits, constatés en commun, et sur lesquels nous sommes
- entièrement d’accord. En présence de ces faits, il semble difficile d'échapper
à la conclusion suivänte, que nous énoncerons néanmoins sous une forme
dubitative en attendant de nouvelles preuves et une plus complète certi-
tude. Les îlots en question (°) seraient les débris, épars sur le pays brian-
(1) Carte à l'échelle de 54. Le piton 2413 est au nord-ouest de Mont-Genèvre.
(*) La brèche à débris de granite, de micaschistes et de calcaires que nous avons
signalée jadis sur la route d’Eygliers à Gros, non loin de Guillestre, dans les schistes
]
JS ACADÉMIE DES SCIENCES.
connais, d’un système de nappes ou d’écailles, affecté de larges ondulations
et de plis brusques. Il y aurait d’abord une nappe de Schistes Lustrés, trai-
nant sous elle des lambeaux de poussée (terrains singuliers du Gondran,
chloritoschistes du type Vanoise, quartzites triasiques); il y aurait aussi une
nappe plus haute, d’origine plus orientale, à laquelle appartiendrait la qua-
trième écaille. Tous les ilots se partageraient entre ces deux nappes ou
seraient des lambeaux de poussée ; aucun ne serait réellement incorporé au
pays briançonnais comme le croyait l’un de nous (W. K.). Ce pays brian-
connais formerait d’ailleurs une nappe plus profonde, sur laquelle auraient
cheminé les nappes à terrains cristallins, et qui serait la nappe du Grand-
Saint-Bernard d'Emile Argand.
En présentant à l’Académie la troisième édition du Tome II et la
première édition du Tome IV de son Traité de Mécanique rationnelle,
M. P. APPerz s'exprime comme il suit :
I. La troisième édition du Tome III renferme d'importants change-
ments. Sans m'arrêter aux perfectionnements de détail, je dois signaler une
démonstration de la formule d'Ampère et de Stokes différente de celle
que donnait l'édition précédente; cette nouvelle démonstration repose sur
la formule d'Ampère et de Stokes pour une aire plane, formule qui peut
être établie directement ou rattachée à la formule de Green.
Mais les deux changements les plus importants sont deux additions.
Tout d’abord, dans la partie du Volume consacrée aux mouvements
d’un fluide parallèles à un plan fixe, nous avons exposé les beaux travaux
de M. Villat, professeur à l’Université de Strasbourg, sur le mou-
vement d’un liquide en présence d’un obstacle fixe. Comme on le sait,
la solution de ce pr oblème se rattache étroitement à la théorie des fonctions
d’une variable complexe et à l'emploi de la représentation conforme. Une
des difficultés, que M. Villat a heureusement résolue dans un gri ‘and nombre
de cas, est de déte 'rminer les lignes de discontinuité partant de l'obstacle
solide et délimitant à l'arrière de celui-ci une sorte de région de fluide mort:
M. Villat a bien voulu rédiger lui-même la fin du Chapitre XXXVI qui
donne l'essentiel de sa méthode et de ses résultats,
ae ue
nummulitiques briançonnais, et que nous avons revue récemment, est, en réalité,
‘très différente des îlots en question. Elle forme, dans le F lysch, quelques blocs exoli-
ques, analogues à ceux du Flysch suisse : c’est un tout autre problème.
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 773
Le Chapitre XXXVII est consacré aux fluides baroclines. On doit à
M. Bjerknes des résultats très importants, au point de vue mathématique,
comme au point de vue physique et météorologique. L'exposé de ces
résultats, que le savant géomètre de Bergen a bien voulu rédiger pour le
Traité, fait l’objet fondamental de ce Chapitre. Tout le paragraphe I cons-
titue la rédaction de M. Bjerknes. Dans le paragraphe I, nous avons
rappelé des généralisations diverses de la Théorie des tourbillons, dont la
plupart, sous une autre forme, rentrent dans les travaux de M: Bjerknes.
On peut appeler barotropes les fluides où la densité est déterminée
uniquement par la pression, en vertu d’une équation caractéristique
f(ẹ,p)= 0, dans laquelle entrent exclusivement les variables 2 et p. Dans
ces fluides, il y a toujours coïncidence entre les surfaces d’égale pression et
celles d’égale densité. Mais, dès que d’autres variables indépendantes
entrent dans cette relation, les surfaces des deux systèmes sont inclinées les
unes sur les autres, Le fluide devient ce que M. Bjerknes appelle
barocline. : Fes
En dehors du cas où l'équation caractéristique n’est pas intervenue dans
nos déductions, nous nous sommes exclusivement occupés, dans les
Chapitres précédents, de la théorie des fluides barotropes. Mais dans
l'équation caractéristique de tout fluide naturel, il entre, outre les deux
variables p et ọ, au moins une troisième, la température. D’autres encore
peuvent intervenir, par exemple la concentration saline des eaux de l'Océan
ou l'humidité de l'air atmosphérique, qui varient en général d’un point à
l'autre. Comme les grands mouvements atmosphériques et océaniques ont
leur origine exclusive dans les différences de densité dues aux variables,
température, humidité ou concentration saline, on voit qu'il est impossible
d'étudier complètement ces mouvements sans aborder la théorie des fluides
baroclines. Cette généralisation est donc d’une importance capitale pour
les applications pratiques de l'Hydrodynamique, notamment pour la
météorologie. Mais son intérêt théorique n’est pas moindre, car elle permet
de discuter au fond les analogies remarquables qui existent entre le champ
de mouvement hydrodynamique et le champ de forces électriques ou
magnétiques.
II. Voici maintenant l'objet principal du Tome IV.
Dès la découverte de l'attraction universelle, une question s'imposa aux
mathématiciens comme aux astronomes : trouver les figures d'équilibre
d’une masse liquide homogène, qui tourne uniformément autour d’un axe
fixe et dont les particules s’attirent d’après la loi de Newton. Ce problème,
774 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui présente un rapport lointain avec la recherche des figures des planètes,
a occupé les plus grands géomètres, notamment Mac Laurin et Jacobi; il
est loin d’être résolu. On a trouvé des figures d'équilibre possibles, mais
non toutes les figures d'équilibre : on ne sait même pas s'il existe un
nombre fini ou infini de solutions. Ce qu’on a pu faire de plus général a été
de donner des équations fonctionnelles, intégro-différentielles, fournissant
toutes les figures possibles, à condition qu’on sache les résoudre. Après
Mac Laurin et Jacobi, les plus belles découvertes sur la question ont été
faites par Poincaré et par Liapounoff, qui ont su, par l’emploi des fonctions
de Lamé et de leurs dégénérescences, trouver les figures d'équilibre infi-
niment voisines des ellipsoïdes de Mac Laurin ou de Jacobi.
Une autre question, peut-être plus difficile encore, est de reconnaître si
les figures obtenues sont stables ou instables. Il est évident que, sous le
point de vue physique, les seules figures acceptables sont les figures stables :
d’où la nécessité urgente de reconnaitre la stabilité. Mais, dans ces ques-
tions délicates, le mot stabilité même doit être défini d’une facon précise,
comme lont montré les divers auteurs qui se sont occupés du problème.
D'après les beaux travaux de Tait et Thomson, que nous avons résumés,
il faut, comme le fait Poincaré, distinguer entre la stabilité séculaire et la
stabilité temporaire. Une méthode féconde, qui appartient en propre à
Poincaré, consiste dans l’étude des séries linéaires de figures d'équilibre
d’un système, des figures limites, des figures de bifurcation, et enfin de
l'échange des stabilités. Nous avons repris ces diverses questions, avec les
recherches auxquelles elles ont donné lieu, notamment pour la figure dite-
piriforme.
J'avais pris ces divers problèmes comme programme de mon cours de
Mécanique céleste dans le second semestre de 1914 : les leçons terminées en
juin 1914 devaient être imprimées. La publication en a été retardée par la
guerre. Ce retard a permis d'ajouter des perfectionnements dus aux tra-
vaux récents de plusieurs jeunes mathématiciens, MM. Globa-Mikhaïlesko,
Pierre Humbert, Alexandre Véronnet. A la fin de l'Ouvrage se trouve
une liste, aussi complète que possible, des travaux publiés sur le sujet.
M. Cu. Moureu s’exprimeen ces termes :
J'ai l’honneur de présenter à l’Académie un Mémoire de notre regretté
confrère Juxerceiscn et de son collaborateur, M. E. Lécrr, qui vient de
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 775
paraître dans les Annales de Chimie sous le titre : Les transformations de la
cinchonine.
La première publication de Jungfleisch et Lèger sur cette question
remonte à 1887. Elle avait pour titre : Sur les isoméries optiques de la cincho-
nine (C. R. t. 115, p. 1255). La suite forme la matière de quinze autres
Notes, la dernière étant intitulée : Sur l’hydrocinchonine (C. R:, t. 132,
p.410).
Depuis cette époque lointaine, Jungfleisch et Léger s'étaient proposé de
réunir en un Mémoire les résultats de ces longues recherches; mais la mise
à exécution de ce projet ayant été différée d'année en année, la mort de
Jungfleisch survint avant sa réalisation.
Mis en possession, par M" Jungfleisch, des nombreux documents relatifs
à ce travail, M. Léger pensa qu'il y avait encore intérêt à rassembler tous
ces résultats épars, à corriger certaines erreurs et à coordonner les diverses
parties de cette étude compliquée. Cependant, au moment de commencer
la rédaction, en 1915, il constata un certain nombre de lacunes, et il fut
alors conduit à donner à ces recherches une suite importante.
Le retard subi par le Mémoire dans sa publication n’aura pas eu que des
inconvénients. En effet, au cours de ces vingt dernières années, les études
sur la cinchonine ont été poursuivies activement par différents auteurs, si
bien qu'aujourd'hui la constitution de cet alcaloïde semble établie avec cer-
titude. Ceci a permis à M. Léger d'expliquer le mode de formation des
bases dérivées de la cinchonine dont il est question dans le présent
Mémoire, chose qui n'eùt pas été possible à l’époque de sa FRERE
avec Jungfleisch.
Nous devons savoir gré à M. Léger de la pieuse Fe à laquelle il a
obéi en s'imposant la tâche de compléter seul l’œuvre de longue haleine
entreprise avec son maitre. Cette œuvre, dont l’exécution aura duré plus
de trente années, apparaît ainsi avec toute son ampleur.
MÉDECINE. — Vaccination préventive de l’homme contre la fièvre
méditerranéenne. Note (') de MM. Cnarces Nicorre et E. Coxseir.
La fré juence de la fièvre méditerranéenne dans certaines régions, et le
nombre inquiétant des membres du personnel des laboratoires contaminés
en manipulant les cultures du Micrococcus melitensis (six cas à l’Institut Pas-
EE
(*) Séance du 18 octobre 1920. .
776 ACADÉMIE DES SCIENCES.
teur de Tunis en 18 ans) suffiraient à démontrer l'utilité des vaccinations
préventives.
Celles-ci sont aisées à pinigu et efficaces, ainsi que le grouvent les
expériences qui suivent :
Trois personnes 1, 2, 3, appartenant à la race indigène de Tunisie, qui
ne consomme pas de lait de chèvres et chez qui la fièvre méditerranéenne
est exceptionnelle, sont examinées le 2 juin 1920 au point de vue des pro-
priétés agglutinantes de leur sang vis-à-vis du M. melitensis. Ce pouvoir se
montre nul chez 1 et 2, positif à 10 seulement (sans valeur) chez 3, qui
sera le témoin.
Le même jour, À et 2 reçoivent sous la peau 1°" d’un vaccin constitué
Me A AR FATT
DERBE TEE FERR | REL FRERE HE E : = = He
LA RUE EE FER EEE HN He J
SE EEA tapete RE EEEE EE nn
SHBSAÉBERES ss PR ee sent ss a
ME: BR ERERERSRSEEEE FENTE RES EH EERE RAEE EEHEHE: EJERE
EEEE f ia Le PÉÉHRR CEE ee SSES
Re E AK ER e BRL esneses JAW
Eu
DONNE LUE VMN“
E i
a NEAN AMV
PERSAN: ane AR russe ain
par le mélange, en proportions sensiblement égales, d'émulsions de cultures
de M. melitensis appartenant à cinq souches, daik d'origine caprine, trois
d’origine humaine. Ce vaccin est titré à 900 millions de germes par centi-
mètre cube. Il a été préparé avec des cultures de 24 heades lavées, puis
émulsionnées dans la solution physiologique de fluorure de sodium
à 7 pour 1000, exposées 4 jours à 37°, puis 2 à 50°. Leur stérilité a été
vérifiée ensuite.
Le 9 juin, soit 7 jours plus tard, deuxième inoculation de même dose du
même produit aux mêmes personnes.
Le 23 juin, 14 4° jour, le pouvoir agglutinant du sang du 1 est de 10, celui
du 2 est nul. Le même jour, on inocule sous la peau des deux vaccinés et
du témoin 3, 0,™5 d’émulsion vivante de M. melitensis, titrée à goo millions
de germes par centimètre cube et constituée par quatre souches (deux
caprines, deux humaines), déjà utilisées pour la préparation du vaccin €t
une d’origine humaine, isolée par hémoculture d'un cas tout récent.
Les Vaccinés 1 et 2 n’ont pas contracté la fièvre méditerranéenne; le L
n’a réagi ni aux inoculations de vaccin, ni à celle d’épreuve; le 2 a présenté
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. siop,
une légère tuméfaction locale et quelques dixièmes de degré d'élévation
thermique à la suite des inoculations du vaccin. Leur sang, examiné 20 et
32 jours après lépreuve virulente, n’a montré aucun pouvoir agglutinant ;
les mêmes jours, les hémocultures ont été négatives.
Le témoin 3 n’a pas réagi à l'inoculation d’épreuve; il est demeuré
17 jours indemne. Le dix-huitième, a débuté une fièvre méditerranéenne
typique, caractérisée par trois ondes fébriles assez courtes. Traité par la
vaccinothérapie spécifique, qui donne parfois des résultats d’une rapidité
surprenante, le malade est demeuré une douzaine de jours sans fièvre;
nous l’avons ensuite perdu de vue.
Fait intéressant, chez lui, le développement du pouvoir agglutinant et la
présence dans son sang du M. melitensis (décelée par l’ hamion onl
précédé de deux jours le début de l'élévation thermique. Le pouvoir agglu-
tinant était alors supérieur à 100; il dépassait 200 au troisième jour de la
maladie clinique.
Coxcrusioxs. — Ces expériences prouvent qu'il est aisé de vacciner pré-
ventivement l’homme par l’inoculation sous-cutanée de cultures mortes.
D'où l'indication pratique d'employer désormais ce moyen si simple à la
protection du personnel des laboratoires contre les contaminations.
L'absence de propriétés agglutinantes dans le sang des vaccinés après
l’inoculation d'épreuve, alors que cette inoculation, virulente pour le
témoin, détermine chez lui l'apparition d’un pouvoir agglutinant antérieur
à l'éclosion de la maladie, prouve une fois de plus que la séroréaction agglu-
tinante est un signe d'infection et non d’immunisation.
Il y aura lieu de rechercher quelle est la durée de l'immunité conférée
par ces vaccinations préventives (').
CORRESPONDANCE.
M. le Mausrre pu Couuerce Er DE L’'vpusrmie invite l’Académie à lui
présenter une liste de candidats à la chaire d'Organisation technique du
travail humain, nouvellement créée au Conservatoire des Arts et Métiers.
(Renvoi à une Commission composée des Sections de Mécanique
et de Médecine et Chirurgie.)
(1) Nos expériences ont été suivies, en l'absence de l’un de nous, par M. Blaiot,
C. R., 1920, 2° Semestre. (;T. 171, N° 17.) 59
778 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. le Secrérarme PERPÉTUEL signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Ministère pes Coroxies pe Bercigue : Mission forestiere et agricole du
comte Jacques pe Briey au Mayumbe (Congo belge). Documents mis en ordre
et annotés, par E. pe WiLpenany. (Présenté par M. H. Lecomte.)
2° Principes usuels de nomographie avec application à divers problèmes
concernant l'artillerie et l'aviation, par M. »'Ocaexe. (Présenté par M. R.
Bourgeois.)
3° Planimetria de precisión ó Estudios topogräphicos de anälisis planime-
trico et Levantamientos SA reconocimientos lopográ ¿COS, por José nE ELOLA.
(Présenté par M. H. Deslandres.)
4° AssaLon Larses, La découverte de l’électromagnétisme faite en 1820
Pe -C. OErstED.
° Le premier fascicule de Przeglad epidemjologiczny (Revue épidémio-
oa. publiée par l'Ixsrrur CENTRAL ÉPIDÉmIoLocIQUE D Erar de Varsovie.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Résolution de l’équation algébrique trinome
par des fonctions hyper ae supérieures. Note ('}) de M. RicnarD
BirkeLan», présentée par M. E. Goursat.
Considérons l'équation trinome de degré n, s” = gz + 3, où get B sont
les coefficients. Soit y une racine primitive de v”—' — 1 el posons
nr ==M
n” Doo I (— 1)! i
(mp) ln Si. nd eu na = = no x
ta ( ) (ae g" ? Ho » Mi His Pa r(n =i) ai
en appliquant dans u, le symbole habituel pour désigner le coefficient
. y si p — ». LA
binome. Si |{|ž1, les racines z,, 3,, ..., Z„ sont données par
n—2
(1) 5 =— = F,(£), = png per à gr F,( E 4 Pier — 1);
re
- (*) Séance du 18 octobre 1920.
‘F, (¢) Ze F
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 779
où F,, F,, F,,... sont les fonctions hypergéométriques supérieures (')
l —1I I 7 I 2 r—i n— 2 r— i
+ —3 H y ssesressesersnerneensetesensroekoa < ——— — ——
n— i n n—I n n — i n n— Iı
a +2 n — 2 n n—+iı n — i+ ry
meer) vw
n —]I n —]I] W—1 ni n — 1] n— i
J’ai d'abord trouvé cette solution en démontrant que 3,, 3,,..., Zn, CONSI-
dérées comme des fonctions de €, sont des intégrales particulières d’une
équation différentielle hypergéométrique (') d'ordre des Ici nous allons
trouver ces racines plus directement. Posons z = ¢ g" ', 5 = Lg: l’équa-
tion trinome devient alors de la forme e* =v +l. Pour |/| EEN
petit nous avons une racine donnée par
v = pt hl pË pP.,
les u. étant des constantes. Nous pouvons aussi trouver cette racine à l’aide
de la série de Lagrange
F(8)=F(y) + = oae À Ep Eoee.
152 T
qui donne l'expression F(0) d’une racine de l’é équation ER à $ CHAUDE
Si nous posons y =1, 2 = —l, f(0) — pri, F0) =—0: 1 = y, nous
obtenons l'équation trinome ¢”= ¢ + l. D'autre part, i
n(r —1)
a! a LE pE ET, r
iga L/UYE o= 3 ; dr.
En comparant avec le coefficient de /’ dans l'expression plus haute de v,
nous obtenons u,. D’autre m cs o” — ¢ + [reste invariante quand
on remplace l par = -etp par $ = — Lesn— i développements
r yi:
Pi yie mot viO D uid vite) pl, (incha SERRE)
sont donc aussi des racines de o” = ¢ + l Les expressions
(2) Zi Vin gyp vilni) a B Hin) a Bnn (eer, ao on à
rates E E ; end
(') Pour la théorie des fonctions hypergéométriques supérieures, voir le Mémoire
de M. Goursat dans les Annales de l'École Normale site, t. 19, 2° série, 1883,7
p: 272.
780 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1—7rn
où a, = y, g"™' sont donc n — 1 racines de l'équation trinome considérée.
Dans le développement de z;, nous considérons la partie
d,(B) n via- [a Br + Zr+n—i Bon i R e E o A CN Ae a
PAB) = vinei CE Er
j Éd i '
,
D'après un calcul facile, nous trouverons
r—i 1 r—i 2 r—i n—1
(s+ E E -— —
Ys+1 n —i —— n n — i
n /
IF. n" E aA
R ; \ ut n—1 n
ys En (+) (s+ i J) (s+ =) (nes
FETE ve +
En comparant avec le rapport entre deux coefficients de la fonction F, (Ẹ),
nous obtenons
1—rn
Rp ee Er SEE, (C).
En donnant à r'les valeurs o, 1, 2, ..., 2— 2 et en faisant la somme,
nous obtenons les développements (2)et (1). Nous déduisons la racine z, de
la formule z,+35,+.:.4#+3,;—0.
Si | €| > r, nous désignons les racines par y,, y,,..., Yn. D'une manière
analogue et en appliquant la théorie des fonctions hypergéométriques supé-
rieures (') nous obtenons
nn à
rer ner B-
r=90
où £ est racine primitive de = 1 et
Pi, = 2) | (NT
nv #
Es I Eil 2
ne i BE mr E E a a j
ne n T = 1
a(>)=F .
nor
5 r. ra i i
\ 1 "+ à, sans — FE, _—— HI,
\ n a 5 r
ITI n2 r+rı n—i
DAS To + I
n ta n n—1
>
Pe aa msn À ï
ES Me =
n a
(1) E. Goursat, loc. cit.
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 781
Considérons les racines z,, Z3, ... comme des fonctions de ĝ. Nous
obtenons alors, en-remplacant B par v?5,
(3) 2n(w6)=v%23,(b), AVPD D Sha ip (B) i TEn 23 cs. n—1), i
où les indices z — 1 +1 — p sont à remplacer par le reste positif suivant le
module n—ı quand ? — p > o. Les points critiques de ces racines sont les
racines du discriminant résolu -par rapport à 6. Le discriminant est de
degré n—1 par rapport à 8. Désignons par 8,, Ba, ..., $,_, les racines du
discriminant. Soit 6, le point critique de z}. A l’aide de (3) nous pouvons
démontrer que
Br 5
Zh > Sn: -Ehn > Zh p h)
1e a :
en désignant par le symbole A—>B que la fonction A se change en B
quand 6 décrit un contour autour de a. C’est donc toujours la racine z, qui
se change en une des autres racines.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques transformations des équations.aux
dérivées partielles du second ordre. Note de M. Zervos, présentée par
M: E. Goursat.
Clairin a étudié (!) la transformation suivante :
(A) (p'=ftx, Jipa;
| g' = o(x, PSP; q) EE dgs,
où æ désigne une constante quelconque.
Je remarque que les seuls termes de la condition d’intégrabilité (°)
,
2a | or: a
qui pourraient renfermer z’, proviendraient de la Aoa correspondant à
chacun des termes «pz'et u , d’où l’on voit immédiatement que l’équa-
tion (C) ne renferme pas z’.
Cette remarque nous conduit à considérer des transformations de la
(1) Comptes rendus, t. 158, 1914, p. 923.
(*) Gounsar, Leçons sur l'intégration des rue aux dérivées partielles du
second ordre, t. 2, p. 259.
782 ACADÉMIE DES SCIENCES.
forme
(A) P= f(x, 7,5,p;g})+ ax, y: Psae
a. ! 1
q —=p(%,,5, p,9)+0(x, y, P;q)z;
où æ et b sont des fonctions de +, y, p, q seulement.
Cherchons les conditions sous lesquelles la condition d'intégrabilité
dE. dg'
(Gi) oo t0x
correspondant à la transformation (A,) ne contient pas z’,
La condition (G, ) peut s’écrire
EA aE (Es da = Rio. r ds
d) ? dp° q T) f J l
d d RE A
( Jz) et ( 7) ayant la signification ordinaire (').
Il faut donc et il suffit pour notre but qu’on ait
en
dy dp dq ðs op oq
s.
d’où il résulte que : Si les fonctions æ et b satisfont au système
ða ðb ða _ db dz ðb
(€) dy sde Jp dg? T K op"
l'équation (C,) ne renfermera pas z’, d’où l’on déduit facilement d’autres con-
séquences relatives à la transformation (A,) (°).
L'intégration du système (£) nous amène à prendre
œ — yp + Ai(x), b=yq + A,(y)
(où y désigne une constante quelconque) pour qu’on ait une condition
d’intégrabilité (C, ) ne renfermant pas z’. La vérification est très facile.
En suivant la même marche je peux arriver à des résultats plus généraux
en considérant des équations de la forme
PL, F7: P:4; a", X, b),
q= fi, Y, 2, P, q, 2’ 2, b),
où æ et b représentent des fonctions à déterminer pour que la condition
d’intégrabilité ne contienne pas z’.
(tY Goursat, Leçons sur l'intégration, ete., t. 4, p. 172.
(2) Goursar, lörd., t. 2, p. 260.
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 783
Remarquons qu’on pourrait poser le problème assez général suivant :
Soient données quatre équations de Ja forme
(K) Fi(&, 7, 5, Prg 2, y',2,p,gqg',a,b,...)=o (i=:1,2,3,4),
déterminer les fonctions &, b, ..., de façon que le système (K} remplisse
d’autres conditions données d’avance.
Ainsi on peut poser le problème suivant :
Étant données les équations (K ) et une forme réduite (B) d'un système
de deux équationsde F faff à six variables ('), déterminer les fonctions «,b, …
de manière qu’on arrive après la réduction (°) à un système de la forme
réduite (B). à
HYDRAULIQUE. — Sur la transmission de l'énergie par les vibrations de
liquides dans les conduites. Note (°) de MM. C. Cawicuez, D. Eypoux
et A. Foca, transmise par M. Blondel.
1. M. Constantineseu a récemment rendu compte dans les Annales des
Mines de Roumanie (*) de ses recherches sur la transmission de l'énergie au
moyen d'ondes vibratoires envoyées dans une conduite pleine de liquide
par un piston animé d’un mouvement alternatif.
En attendant que M. Constantinescü ait publié ses méthodes de calcul qui
sont encore inédites, nous avons abordé la question par la méthode générale
des coups de bélier d’après Allievi. Gardant les notations.habituelles, nous
avons à l'extrémité génératrice de la conduite un piston animé du
mouvement
(1) V = fyCOS É.
r
Ecrivons alors les équations générales sous la forme
A E a 7 [ae syen T zy jy
(2) | 2
riaal):
(') Goursat, Sur le problème de Bäcklund et les systèmes de deux équations de
Pfaff (Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse, 3° série, t. 10).
(°) Goursat, /bid., Chap. IL.
(C) Séance du 18 octobre 1920.
(*) Annales des Mines de Roumanie, 1919, p. 363, el 1920, p. 1.
784 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Du mouvement à l’extrémité réceptrice, on peut déduire, à l’aide de ces
équations, la forme de la fonction /, en fonction de fe
D'autre part, le régime périodique étant supposé établi, f, peut se
mettre sous la forme
n
Ji > An ncos(nQt — 9n).
1
On sait que la seule vibration qui transmette de l'énergie est harmo-
nique de y de même période que la vitesse. Dans l'expression de f,, nous
n'aurons donc qu’à envisager le terme pour lequel nQ = w, et la vitesse à
l'extrémité réceptrice s’écrira sous la forme
(3) u =— i cos(wt — 9).
Les équations (2) deviennent alors :
| a Be 1x =e |
J=—y=<}ea cos [o(e— 2) 5]ess 5 —ucos| o(1— z r alh,
al / I.: — 2 [— x :
TAS [ol i) hinoi e acos| ufr — )-e]:
à æ a \ a !
. Conduite simple munie d'un mor à chaque bout. — Si l’on achève de
re A et 0 en écrivant qu'à l'extrémité génératrice la vitesse est
donnée par l'équation (1), on trouve qu’il y aura résonance et que la pression
pourra atteindre une valeur théoriquement infinie si la période de la
vibration est un harmonique pair de celle de la conduite, à moins que lon
n'ait:
(5) na e a
[42
Or M. Constantinesci a vérifié expérimentalement que, par suite des
actions réciproques exercées par la conduite et le moteur l’un sur l’autre,
c'est toujours un régime d’harmoniques pairs qui s'établit.
La conduite fonctionne donc toujours en multiple de demi-onde, et
comme les conditions (5) sont pratiquement impossibles à réaliser cons-
tamment, ce régime n’est pas utilisable.
En désignant par S la section de la conduite, la puissance moyenne pe
l’on transmettrait ainsi serait égale à © = +.
ö
`
b. Conduite munie d'un réservoir d'eau à son extrémité génératrice. —
. es , . , $, 7 1 {
Soit CS le volume de ce réservoir supposé assez petit pour qu'on puisse
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 785
admettre des réflexions d’ondes extrêmement rapides, de telle façon que les
mouvements de compression s’y produisent pour ainsi dire en bloc; on a:
Désignant alors par 6 la vitesse dans la conduite et par V la vitesse du
piston générateur, nous écrivons l’équation de continuité à l'extrémité géné-
ratrice sous la forme i
| dy
CG
(6) V=r+i R;
on en déduit que les périodes dangereuses sont données par l'équation
UE G Co
(7) npo 0
a
et ne correspondent plus à la période des mouvements qui tendent à s'établir,
Si l’on cherche l'expression de la puissance moyenne, on trouve, en
posant wl = nT a :
- w la Uo o
wW
sin 2.
sgn G.
c. Conduite avec réservoir d'eau à une distance l, de l'extrémité réceptrice
el l, de l'extrémité génératrice. — Le calcul, que nous ne développons pas,
mais qui se conduit exactement comme le précédent, montre que les périodes
dangereuses sont données par l’ Boac
w la a) À Co
(8) :
tang iare c e °
Pa ae a
Les équations (9) et (10) sont semblables à celles qui donnent les
résonances pour une capacité placée en dérivation sur une antenné, ce qui
complète l’analogie entre ces phénomènes hydrauliques et les phénomènes
électriques (').
2. Pour transmettre une puissance appréciable par ce procédé, il faut
que la valeur de v, soit élevée. Il s'ensuit des surpressions importantes
suivies de dépressions de même valeur; or il faut que y ne descende jamais
au-dessous de o, sous peine d’avoir dégagement de l'air dissous, ou même
rupture de la colonne liquide, comme nous l'avons montré; on voit donc la
nécessité d’avoir des pressions initiales y, considérables.
(*} A. Focn, Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 569 et 687.
786 ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'autre part, voulant assimiler entièrement les phénomènes électriques
et les phénomènes hydrauliques et retrouver un terme de frottement de la
forme Rp, alors qu’en régime hydraulique les pertes sont de la forme R ¢°,
M. Constantinescü est amené à considérer une fonction périodique égale
à cos? wz pendant la première moitié d’une période et à — cos*wt pendant
la seconde moitié, et à limiter cette fonction au premier terme de la série de
` 0 : , ; :
Fourier correspondante, soit ,_ coswz. Mais d’une part, il entre toujoursle
is
terme #, dans la partie constante; en second lieu, on voit aisément que le
rapport entre cosw£ et la fonction développée varie de 1 à æ pendant une
période.
La simplification proposée ne paraît donc pas théoriquement légitime.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur les symétries du champ gravrfique et l'ex-
tension lorentzienne du principe d Hamilton. Note de M. A. Boar, pré-
sentée par M. Appell.
Je poursuis le simple exposé de ma précédente Note (20 septembre)
relatif aux symétries des champs électromagnétique et gravifique. Pour
abréger l’écriture, g désignant toujours le déterminant des potentiels gra-
vifiques, je poserai
V—g=@
Le EATE K
Les symétries fondamentales déjà décrites lont été, dans la Note en
question, en six alinéas ('). D’après le troisième et le quatrième de ceux-ci,
on à
Mu Me Mau May
Q Q Q Q
o o d d
RENE SE SE T de
Mio Mi» Mio Miv
f 2 3 á
La notation indique qu’il faut d’abord écrire le déterminant avec le
signe plus et lui adjoindre, avec le signe moins, un second déterminant de
forme identique mais où les astérisques sont transportés des M qui en ont à
ceux qui n'en ont pas.
à:
(1) Je dois corriger ici une faute d'impression de la page 548. Dans l’express10"
— 2(F;+ $;) du cinquième alinéa, le 2 doit être remplacé par un 4. -
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 787
Voici maintenant une nouvelle loi de symétrie qui forme naturellement
un septième alinéa à adjoindre aux six déjà publiés.
. 7° Si, dans chacun des deux déterminants formant 2(F;+ G;), on écrit les
lignes 1, 2, 3, 4 dans l’ordre 4, 3, 1, 2, on forme 2(G;—F;— 2 $;).
Comme on a
2(G;:—F;— 2£;)—2(F;+ G) =— 4(F; + £;)
et que ce dernier binome a déjà été étudié, on a ainsi un moyen de le
retrouver et de vérifier l’assertion soulignée. Mais, ce qui paraît encore plus
important, on a aussi - :
2(G;— F;— 2 #;) + 2(F;,+ G;) = 4(G;— #;),
et ceci (les G; étant nuls dans le champ gravifique d'Einstein) donne un
moyen nouveau et extrêmement symétrique pour définir directement
les $..
Ce n’est pas tout, car il y a au moins deux sortes de symétries dans l'étude
de ces #,. Posons
M: M: M. NM,
I 2 3 4
Oxi dx: 07, dzi
I a r To A
ce qui est la formule (303) de la Théorie de M. Th. De Donder à cela près
qu'il me semble plus symétrique d’appeler K;Q ce que l'éminent géomètre
et physicien belge appelle plus simplement K;. Alors les quatre quantités £;
Peuvent encore se calculer à l’aide du Tableau
2(G,+K;,—£,) M, M: = M, MX :
1
2(G; + K;— £,) M: M; “LA M: a 2
k x r ; OVa l D o El
+ Fo. Ni rer:
2(G3+ K3— £,) Ma Mi r pt Ma Mio 3
3
2(Gi FR, A f Ma M L My Mo 4
$
dont on fera usage de la manière suivante : Réunissant la première colonne
et la première matrice, on égalera les termes de cette première colonne aux
coefficients qu'ils ont alors dans le déterminant ainsi formé; on adjoindra
les termes formés de même avec la première colonne et la seconde matrice ;
on tiendra compte comme plus haut des doubles signes à astérisques.
788 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On voit notamment que les quatre quantités G;+ K;— S, sont nulles
si g est constant et qu’en ce cas, dans le champ d'Einstein (G; = 0), les K;
s’identifient aux #;.
Revenant au cas général, on voit que les Ķ; jouent toujours le rôle
essentiel dans la formation des #;. On peut écrire aussi
Mio Mo Mo Mio >
I 2 3 4 o
>
pan
F
€
do A ON
On calculera ce nouveau déterminant en partant des 2 M;; donnés par les
deux dernières lignes : dans les coefficients de ces 2 M;; il n’y aura, issus du
noyau g, que des déterminants du second ordre dont la division par Q devra
subir la dérivation partielle en æ;. Ce résultat est une autre forme de léga-
lité (308) de M. de Donder.
L'étude de 8K;Q apparaît comme étant en relation étroite avec celle
d'une expression 8L qui se déduit du second membre précédent en y sup-
primant l'opérateur de dérivation, Et alors L est une généralisation mani-
feste de la forme quadratique adjointe qui, dans la Mécanique classique,
s’introduit quand on veut passer des équations de Lagrange, ou du principe
d’Hamilton, aux équations canoniques ('). :
On conçoit alors que la forme L puisse être le point de départ d'une
exténsion du principe d'Hamilton, et l’extension ainsi retrouvée est celle de
Lorentz (?).
L'extrême brièveté de ces indications n’empêche point d'en pressentir la
portée. Au fond, on utilise des déterminants symboliques qui diffèrent des
déterminants ordinaires en ce qu’ils contiennent des rangées d'opérateurs
de dérivation. Là où les déterminants ordinaires changent tout au plus de
signe par transpositions de lignes ou colonnes, les déterminants symbo-
liques subissent des changements plus complexes; mais ce sont précisémer t
ces nouvelles propriétés qui sont du plus haut intérêt puisqu'elles trans-
forment, les unes en les autres, les formules fondamentales de l’électroma-
gnétisme et de la gravifique. | | |
CA
CJ CEL P. A brel, Mécanigué, ETET édition, p. 553; t. 2, 2° édition, p. 399-
(2) Cf. Tu. De Doxver, Théorie, p. 89. © |
1
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 589
THERMODYNAMIQUE. — Sur la variation d’entropie dons les ondes de choc
des solides élastiques. Note de M. E. Joucurr, présentée par M. Lecornu.
I. Nous avons donné, dans deux Notes antérieures ('), les équations d’une
onde de choc propageant, au sein d’un solide élastique, un état 2 dans un
état 1. Nous supposerons ici, ce qui est toujours permis, l'axe des x normal
à londe à l’origine O des Mure Dès lors, on a, avec nos notalions
antérieures,
dE E! dé, +f 02 nue di dE ne oE,
| da: — da s db av: de.
J ANa PEN On: ; dN: aea AN Na dn:
m da oa $ 0b ob de c `
| oz NE 61 A Le HE ds Le ds.
da dd t ðb db” ðe dc
Les équations des ondes de choc hais d’ailleurs se ue du en
+!
considérant l’entropie S =
l'unité de masse du corps. En éliminant T entre ces deux eT
7 k , ;
U devient une fonction de £,, £2, €, Yas Yas Ya S et l'on a
pE A 0 À : oÙ A: -au
A RE o 0 Fo
ET Fe P a
IL. L'état ı étant donné, tous les états 2 qui peuvents’y propager par l’onde
Serap à Ox que nous supposons, ne diffèrent que par les valeurs .
An
de ta SE, S. Donc U peut être considéré comme une simple fonction
de S et de 2, ue S ces dernières variables subissant des accroissements
a- Og
fJ; 8, h au passage de londe. Désignons par s l'accroissement S, — S, subi
par S dans les mêmes conditions. Posons, pour abréger l'écriture,
(T 2 nm. on DS
lL — ) , 1 Ar i I ee
(1) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 461 et 512. Nous signalerons ici une faute
d'impression qui s’est glissée dans la première de ces Notes. La dernière équation de
ladite Note doit être complétée par le facteur (U,— U;) au premier membre,
790 ACADÉMIE DES SCIENCES."
Les équations des ondes de choc s’écrivent alors :
! i oU {AU
| = (or) Cu):
dq
a I ? dU- raUS 10 oU
U=] wy, SG
Pour examiner toutes les discontinuitės susceptibles de se propager par
l'onde perpendiculaire à Ox dans l’état ı donné, il faut, dans (2), consi-
dérer f, g, h, c, k comme variables. Une discontinuité peut être représentée
par un point P dont les coordonnées sont f, g, L. Il résulte de (2) que tous
les points P représentant toutes les discontinuités possibles dessinent une
courbe 2 qui passe par l’origine.
HI. Considérons les discontinuités faibles, représentées par des points P
de © très voisins de l’origine. f, g, A sont infiniment petits. Prenons pour
infiniment petit principal la longueur de l'arc OP = yf? + g° + h” et cher-
chons l’ordre d’infinitude de z.
Ÿ étant une fonction de f, g, k, 5, nous poserons, en désignant par (n)
un exposant re
Mt AT ; oY ed
ns =(Rr+S +5) :
Pour f, g, h, infiniment petits, la troisième équation (2) peut s'écrire
oU "AU JU oU
J Iraye e ——— —
ee a z= D (LE), (E)
n, p.q
En remplaçant ($) =q s ) ,-.. par leurs valeurs tirées des premières
2 \ LA
équations (2), on trouve
ce qui prouve que s est d'ordre supérieur au premier.
Un calcul analogue montre qu'il est même d'ordre supérieur au
second.
Par conséquent, la dernière équation (2) devient, en négligeant les
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. roi
infiniment petits d'ordre supérieur au,troisième,
oU AU LE
k AU + fig a+ = k AU + à & AU
> QU) AQU, LOU j(20) _ (20) 7,
(Sr). on 7 OR te e = i
R sP‘
oU oU “ e
En remplaçant (S ), — (S): .. par leurs valeurs tirées des premières
équations (2), il vient
La variation d’entropie s est donc du troisième ordre au moins et, par
conséquent, pour les discontinuités faibles, la loi adiabatique dynamique
d'Hugoniot est très voisine de la loi adiabatique ordinaire.
Il suit de là que, si l’on écrit les trois premières équations (2) en ne
conservant que les termes du premier ordre, 5 disparait de ces équations.
La courbe €, définie plus haut, a donc un point triple à l’origine et
les tangentes au point triple sont les axes de l’ellipsoïde de polarisation
d'Hadamard-Duhem.
CHIMIE PHYSIQUE. — Le point Ar, des aciers, et la martensite.
Note (') de M. P. Deseax, présentée par M. H. Le Chatelier.
Dans un article récent (*) M. L. Guillet donne un diagramme inédit de
M. Chevenard relatif aux alliages fer-nickel, pratiquement exempt de
carbone. Pour tous les alliages compris entre o et 25 pour 100 de nickel,
la courbe des points critiques Ar, ne montre aucune discontinuité, ce qui
conduirait à faire une restriction dans les résultats que nous avons
précédemment publiés (*) sur les points critiques des áciers au nickel
à 0,2 pour 100 de carbone.
Nous allons montrer que ces deux séries de résultats ne sont pas contra-
dictoires et qu’on peut au contraire en tirer des conclusions très impor-
tantes.
Pour plus de clarté toutefois, nous allons commencer par utiliser dans _
` (?) Séance du 18 octobre 1920.
© (?) Revue générale des Sciences, 31° année, 1920, p. 496.
(*) Comptes rendus, t.165, 1917, p- 334
792 ACADÉMIE DES SCIENCES.
notre exposé les résultats obtenus,sur les aciers au manganèse, qui ont
comme on le sait de grandes analogies avec les aciers au nickel. Il est, en
effet, très difficile d'étudier d'une manière précise ces derniers aciers,
lorsqu'ils sont un peu carburés, car dès qu’ils sont chauffés au-dessus du
point Ac,, ils déposent une quantité plus ou moins grande de graphite qui
rend l’étude de leurs courbes de refroidissement assez aléatoire. Les aciers
au manganèse carburés n’ont pas cet inconvénient.
Pour ne pas compliquer les figures, nous n'avions représenté dans notre
étude antérieure, que deux lignes. La première représentant le lieu des
points À correspondait aux points Ar,, à l’exclusion des points Ar, et Ar,.
M. Chevenard ne fait figurer dans sa courbe que le point mis en évidence
par le dilatomètre dans les alliages peu carburés, c’est-à-dire Ar,. Nous
avons porté dans un nouveau diagramme des aciers au manganèse (fig. 1)
900k.
ur
Ar, Ra
D ên
Do 0
Wa SENE
LA
Ti empéralure
Gi
O
A
4. pa 4 i 4 LL 4 4 ; `
o i is ico 6 7. 8 ss nnn An A
Diagramme des points critiques Ar, et Ar, des aciers au manganèse.
les points Ar, et Ar, obtenus au cours de refroidissements relativement
lents. De même que la courbe des aciers sans carbone qui a été construite
par analogie avec celle obtenue par M. Chevenard sur les aciers au nickel (° )»
toutes les autres courbes tracées en traits continus bien qu'établies d'apres
plus de 5o résultats expérimentaux, doivent être surtout considérées dans
leur allure générale. La courbe des alliages sans carbone nous a permis de
a D
(*) Étant donnée l’affinité du manganèse pour le carbone, il est extrêmement diffi-
cile d'obtenir des aciers au manganèse à moins de 0,2 pour 100 de carbone.
L
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 793
réunir avec assez de vraisemblance, par un trait pointillé, la partie basse
des courbes avec les portions correspondantes des courbes des points Ar,,
dans leur parcours supérieur aux courbes Ar, pour des aciers de même
carburation.
Il résulte de ce diagramme que les points bas que nous avions déromaiés
points B, et qui sont la caractéristique des aciers martensitiques, ne seraient
autres que des points Ar, abaissés (par suite de l'introduction de consti-
tuants divers : carbone, nickel, manganèse, etc.) au-dessous du point Ar,
correspondant.
Comment expliquer ce dépot?
Rappelons tout d’abord que Ar, correspond à la transformation allotro-
pique du fer, tandis gue Ar, est la limite au-dessous de laquelle, dans les
čas normaux Cane n’osons pas parler ici d'équilibre), le carbure n'est plus
soluble dans la ferrite.
En ajoutant au fer du manganèse ou du nickel, on abaisse progressi-
vement la température de la transformation allotropique (voir la courbe
correspondant aux alliages sans carbone). Le carbone (au moins jus-
qu’à 0,6 pour 100 dans les aciers au manganèse) abaisse encore d'autant
plus ce point que sa teneur est plus forte.
Quant à la température normale de précipitation du carbure, décelée
par A7, elle s'abaisse aussi, mais beaucoup plus lentement en fonction de
la teneur en manganèse. Cet abaissement est du reste d'autant plus faible
S P
que la teneur en carbone est plus élevée. C’est ainsi qu’un acier soumis au
refroidissement peut être appelé à franchir la zone critique de précipitation
du carbure, avant celle de la transformation allotropique du fer. Plusieurs
Cas peuvent alors se produire :
1° Si rien ne s'oppose à cette précipitation, elle s'effectue à la tempéra-
ture prévue et peut même entrainer la transformation allotropique du fer,
Par suite de la modification qu'elle introduit dans la composition du mulieu.
On a ainsi production d’un point unique Ar, s.
2° Par suite des résistances passives, la précipitation du carbure peut
être incomplète au point Ar,. Si la température normale de production
du point Ar, est au-dessous de celle de Ar ,, la transformation allotropique
du fer ne s’effectuera que très partiellement en ce point. Elle s'achèvera
alors au point Ar, abaissé, sans entraîner pour cela la précipitation du
carbure qui reste en solution.
On a ainsi le dédoublement des points critiques.
3° Les résistances passives empêchent totalement la précipitation du
G. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 17.) 60
794 ACADÉMIE DES SCIENCES.
carbure. Le point Ar, ne se produit plus. Tout le carbure reste en solution,
ce qui n'empêche pas la transformation allotropique du fer de se produire
au point Ar, abaissė.
On obtient ainsi l’acier martensitique pur, constitué comme M. Le Cha-
telier l’avait indiqué, de carbure de fer en solution dans le fer æ.
Ces considérations s'appliquent aussi bien au cas des aciers au manga-
nèse qu’à celui des aciers au nickel et même des aciers au carbone. Elles
` n’expliquent pas toutefois les dédoublements du point bas que nous avons
signalé récemment (').
CHIMIE MINÉRALE. — Combinaisons des dérivés halogénés du plomb
et du thallium. Note (°) de M. Barzor, présentée par M. A. Haller.
L'observation de formes cristallines imprévues, obtenues en essayant de
caractériser microchimiquement le thallium et le plomb dans des dissolu-
tions renfermant des mélanges de leurs sels, nous a conduit à préciser
quelques points intéressants, concernant les combinaisons que peuvent
former entre eux les dérivés halogénés de ces deux métaux.
Dans un travail publié en 1909, Ephraïm et Barteczko (*) indiquent,
comme probable mais non démontrée, l’existence de la combinaison TICI,
PbCl?; quelques années plus tard, une étude thermique de différents
couples binaires, tels que TICIHgCP, TICISnCP, TICIPRCP, etc,
amenait Sandonnini (*) à conclure à l'existence de solutions solides en.
toutes proportions, des constituants.
Nous avons étudié la conductibilité des solutions aqueuses centinormales
de TICI et PbCP, en faisant varier graduellement le rapport des deux
composants. Les résultats sont indiqués par le graphique ci-contre
(courbe n° 1); les résistances sont portées en ordonrées et les compositions
des dissolutions en abscisses. La ligne 1 est formée de deux portions de
droites, a et b, et d’une partie incurvée, d’allure parabolique c; ce qui
donne deux points anguleux : l’un très net correspondant à TICI Pb C!?,
l’autre douteux pour lequel l’abscisse indiquerait le corps 2 T1CI, PbCP.
EN LU Gr Me DER
(
(
(3) Eparaim et Barreczko, Zeitsch. anorg. Chem., t. 61, p. 238.
(*) Sanponnin, Atti r. Accad. Linc., t. 22, 1913, p. 20-28.
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 795
Nous avons préparé le chlorure double PbCITICI par refroidissement d’une disso-
lution aqueuse bouillante renfermant PhCI? et TICI en quantités équimoléculaires. Ce
sel, purifié par de nouvelles cristallisations, se présente en cristaux feuilletés, blancs,
d'aspect nacré; vus au microscope, ces cristaux paraissent quadratiques et forment des
Résistances
Compositions
squelettes transparents avec ramifications en feuilles de fougères à 90°. On observe
aussi parfois des formes rhombiques. Maintenu longtemps à l’ébullition en présence
d'une quantité d’eau insuffisante pour le dissoudre, ce corps se décompose en don-
nant PbCI et TICI facilement identifiables au microscope.
Ce sont les cristaux de ce chlorure mixte que l’on observe dans la recherche micro-
chimique du plomb et du thallium, mélangés à TICI ou PbCI? en excès.
Nous avons essayé sans succès de préparer le composé hypothétique PhCF, 2TICI.
La forme parabolique de la branche c de la courbe 1 s'explique, d'après nous, par
une ionisation incomplète; en répétant les mêmes expériences avec des solutions milli-.
796 ACADÉMIE DES SCIENCES.
normales nous avons obtenu la ligne rbis qui s’incurve beaucoup moins rapidement
que la ligne 1. RUE
La méthode des conductibilités nous a permis d'étudier les combinaisons
des bromures et des iodures; mais ceux-ci étant plus solubles, nous avons
dû utiliser des solutions millinormales pour les bromures et demi-millinor-
males pour les iodures; de plus, pour ces derniers, les mesures ont été
effectuées à la température de 45° C. ;
Dans les deux cas nous avons obtenu des graphiques formés de deux
droites se coupant en un point dont l’abscisse correspond à une combinaison
équimoléculaire (n° 2 et 3 de la figure).
Les deux corps ainsi déterminés ont pu être préparés de la même façon
que le chlorure double, et purifiés par cristallisation.
Le bromure PbBr?TiBr se présente en grands cristaux jaune pâle,
formés d’aiguilles portant des ramifications en feuilles de fougères dans
trois directions de l’espace à 120° les unes des autres et inclinées sur
l’axe, ce qui dessine des squelettes tétraédriques. Ce corps se décompose
par ébullition prolongée avec un peu d’eau en donnant des cristaux
de Pb Br? et de TIBr, faciles à identifier par examen au microscope.
L'iodure double, PHI?TII, est en cristaux capillaires, jaunes, très longs
et flexueux quand la cristallisation se fait par refroidissement lent; plus
courls, et groupés en houppes, quand la solution mère est amenée rapide-
ment à la température ordinaire. Par ébullition prolongée avec de l’eau, Gy
corps est partiellement décomposé en donnant PbI? hexagonal, et la variétė
rouge brique quadratique de l’iodure thalleux.
Nous avons mesuré, en utilisant la balance magnétique de Curie et
Cheneveau, les coefficients d’aimantation moléculaires des trois nouveaux
corps obtenus et de leurs constituants. |
Le coefficient d’aimantation du chlorure TICIPbCE diffère assez peu
de celui que l’on peut calculer à partir de TICI et PbCE par additivité; les
coefficients du bromure et de l'iodure sont nettement différents et s’écartent
beaucoup des valeurs prévues par le calcul; celui du bromure TIBrPb Br?
est plus faible que ceux des deux constituants, tout en restant négatif;
quant à l’iodure TIIPbI?, il est paramagnétique bien que formé d'éléments
tous diamagnétiques. |
La détermination des coefficients d’aimantation fournit donc une nouvelle
preuve de l'existence des combinaisons halogénées mixtes, du moins en Cê
qui concerne les bromures et iodures.
\
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 797
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la dégradation méthodique des acides saturés
bibasiques à poids moléculaire élevé. Note de M. Marcer Gopcuor, pré-
sentée par M. Haller.
Les combinaisons organomagnésiennes, permettent non seulement de
préparer aujourd’hui synthétiquement un grand nombre de substances
difficilement abordables jusqu'ici, mais aussi de fixer la constitution de
cerlains composés; en particulier, elles peuvent permettre de dégrader
une molécule, après l'avoir compliquée par l'introduction, dans cette
même molécule, de groupements appropriés.f
C’est ainsi que M. Bouvet (‘), puis MM. Ph. Barbier et R. Locquin (°)
signalèrent, en 1913, une méthode très élégante permettant de passer avec
certitude d’un acide bibasique saturé à un acide bibasique saturé possédant
2°! de carbone en moins. Cette méthode repose sur les principes suivants :
1° Transformer les carboxyles en deux groupements alcools tertiaires
par l’action de 4%°! de RMg Br sur l’éther diméthylique ou eye de
l'acide bibasique :
C:H50.0C — LUN y srair
aN R > C(OH). (CH:y, SOMA
2° Oxyder les hydrocarbures non saturés qui dérivent de ces alcools
bitertiaires par déshydratation :
RD (COH) (CHE) — C(OHX R
=. 2H0 + ÈXC=CH — (CH CH = CLR?
sg = GH (Gt CH = ré to
= 2} XCO + COOH — (CH? )"—— COOH.
Ce processus, appliqué déjà par M. Bouvet à l'acide adipique, par
MM. Barbier et Locquin à l'acide B-méthyladipique, nous a paru suscep-
Bull. Soc. chim., 4° série, t. 17, p. 214.
(1)
(°?) Comptes rendus, t. 156, 1913, p. 1443.
798 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tible d’être généralisé aux acides bibasiques saturés à poids moléculaire
plus élevé, et la présente Note a pour but de résumer les résultats que nous
avons obtenus avec l'acide subérique, l'acide azélaïque et l’acide séba-
cique. |
Obtention des alcools bitertiaires. — Par action de 4wl de bromure de phényle-
magnésium sur 1°! de chacun de ces trois acides pris à l’état d’éther éthylique, on
prépare très facilement, en suivant la technique habituelle, les trois diols prévus par
la théorie. Les rendements sont excellents. :
Avec le subérate d’éthyle, on obtient le tétraphényl-1.1.8.8-octanediol-1.8 :
6 Hè 6 H5
Ces D C(OH) — (CH) = GOBI On
constitué par de belles tables incolores, fusibles vers 112°-113°, assez solubles dans
l’alcool éthylique bouillant, donnant avec l’acide sulfurique concentré et à froid une
très belle coloration jaune fluorescente.
Avec l’azélaate d’éthyle, on prépare de même le tétraphényl-1.1.9.9-nonanediol-1.9,
Gris C(OH) — (CHE) — C(OHX in. » se présentant sous la forme de belles
aiguilles, fusibles à 136°, solubles à chaud dans l'alcool éthylique et donnant avec
acide sulfurique concentré et à froid une belle coloration rouge orangé.
Avec le sébate d’éthyle, on obtient le tétraphényl-1.1.10.10-décanediol-1.10 :
6H5
Gus) C(OH)— (CH: C(OHXC OM constitué par de belles aiguilles, fusibles
à 131°-132°, solubles à chaud dans l'alcool méthylique et dans l’éther, donnant avec
l'acide sulfurique concentré et à froid une belle coloration jaune passant au vert par
abandon à lair.
Obtention des carbures non saturés. — La déshydratation de ces trois alcools
bitertiaires s'effectue très facilement, et avec un rendement presque théorique, en les
traitant par l'acide acétique bouillant (1 partie de diol + 20 parties d'acide); par
refroidissement, le carbure diéthylénique se dépose. On obtient ainsi :
1° Le tétraphényl-1.1.8-octanediène-r.8,
ANa CS H’
CS HN
C = CH — (CH?) — CH =C ceps’
CH
cristallisé sous forme de paillettes légèrement jaunâtres, fusibles à 92°-93°, assez
solubles dans l’alcool ordinaire bouillant, fixant 4: de brome.
2° Le tétraphényl-1,1.9.9-nonanediène-1 .9,
/ CSH5
NC:H5?
CSH5N
cons) C= ON CHY CH = C
liquide huileux, légèrement jaunâtre, bouillant vers 310° sous 20™, et ayant pour
densité, à 20°, 1,047.
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920, 799
3° Le tétraphényl-1.1.10.10-décanediène-r. 10,
CH
/CH5
m20 CH, (CHCA = C
SCHE
constitué par de belles lamelles, incolores, fusibles à 107°-107°, assez solubles dans
l'alcool éthylique à l’ébullition.
Oxydation des carbures non saturés. — Ces trois carbures, soumis à l’action
oxydante du permanganate de potassium, s’oxydent très régulièrement suivant l’équa-
tion générale indiquée plus haut. On obtient, d’une part, la benzophénone, et, d'autre
part, l’acide bibasique saturé possédant 2% de carbone de moins que l'acide
bibasique mis en œuvre initialement. Ce résultat démontre en outre la formule de
structure adoptée pour ces carbures. L’oxydation se réalise commodément en milieu
acétonique; on ajoute peu à peu la quantité théorique de permanganate de potassium
en maintenant la température aux environs de 15° et en agitant fréquemment; puis on
filtre pour séparer le liquide incolore du magma brun. Par distillation du liquide, on
obtient un résidu, constitué par de la benzophénone, fusible à 49°. Quant au magma
brun, il est épuisé à l’eau bouillante, et cette solution aqueuse, concentrée, puis
acidulée par l'acide chlorhydrique, abandonne des cristaux de l’acide attendu; ces
cristaux sont ensuite purifiés par plusieurs cristallisations dans l’eau.
Le tétraphényl-1.1.8.8-octanedière-1.8 fournit ainsi l’acide adipique, fusible
à 149°; le tétraphényl-r1.1.0. a -nonanediène-1.9 donne l'acide pimélique, fusible
à 105°-106° et le tétraphényl-1.1.10.10-décanediène-1 .10 engendre l'acide subérique,
fusible à 140°.
Ces résultats permettent donc d'attribuer aux réactions indiquées plus
haut une certaine généralité.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage de traces de brome dans les
matières organiques. Note de M. A. Damiexs, présentée par
M. Guignard.
De nombreux auteurs ont cherché à mettre en évidence le brome qui
peut exister à l’état de combinaison dans les tissus animaux (' ). La con-
tradiction entre les résultats positifs et les résultats négatifs jette un doute
sur les uns comme sur les autres. D'autre part, si la présence du brome
paraît certaine dans certains tissus, il subsiste une grande imprécision sur
le rôle et la répartition de cet élément dans l'organisme.
Dans le but de caractériser dans les viscères des toxiques bromés, nous
avons été conduit à reprendre toute la question du brome normal, et tout
(1) Nous exposerons cet historique avec détails dans une publication ultérieure.
L
800 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d’abord, à la suite d’une étude critique des procédés classiques, à établir
une méthode sûre et sensible de recherche et de dosage de cet élément à
l’état de traces. Nous exposerons dans cette première Note la technique
que nous avons adoptée.
Nous avons employé, pour caractériser le brome, la réaction de MM. De-
nigès et Chelle ('), légèrement modifiée selon les indications contenues
dans un Rapport de M. Lebeau (?) à l'Inspection des études et expé-
riences chimiques, mode opératoire adopté plus tard par MM. Denigès et
Chelle (*). La sensibilité est très grande, la limite étant o™£,005 de brome
dans 10°" de solution examinée. Le dosage est fait colorimétriquement.
Nous avons pu observer que le dosage du brome par ce réactif est faussé
par la présence d’iodures, mais seulement s’il entre en jeu plus de 06,50
d'iode combiné et à la température de 16°. En dessous de cette proportion,
Piode, libéré d’abord, est oxydé complètement au cours de la recherche à
létat d’acide iodique et il ne gène pas. Notre technique générale a été
conçue en conséquence. D'autre part, il nous a paru avantageux de faire,
à côté de la recherche du brome, le dosage du chlore, ce qui pouvait paraitre
utile pour l'étude de la localisation possible de l’élément brome.
La méthode suivie est la suivante :
Les organes ou les matières organiques à étudier sont desséchés à l’étuve à 100°-105°.
Dans le cas d’une recherche toxicologique comme celles que nous avions à faire, on
les additionnait préalablement d’une petite quantité de potasse caustique pour hydro-
lyser les composés organiques halogénés qu'ils pouvaient contenir. L’extrait sec est
pulvérisé, mélangé à 5 parties de nitrate de potassium, 10 parties de carbonate de
sodium. La poudre homogène obtenue est placée dans une capsule d’argent et chauffée
au four à moufle, progressivement, mais sans atteindre la fusion, La masse saline est
reprise par l’eau, la solution est filtrée après repos de 24 heures et séparée en deux
parties A et B.
La partie A sert au dosage de l’iode. Dans ce but, on peut utiliser la méthode par
distillation en présence d’alun de fer ammoniacal, préconisée par M. Labat. Nous
avons de préférence employé le procédé suivant, plus délicat. La solution acidulée
par l’acide nitrique est additionnée d’un excès de nitrate d'argent, puis abandonnée
24 heures dans l'obscurité. Le précipité lavé est mis en suspension dans 10 d’eau;
on fait passer un courant de chlore 15 minutes à froid, on ajoute 1° d'acide sulfu-
rique, on fait passer un courant de chlore à 100° pendant 5 minutes, et finalement Li
courant d'air pour chasser le chlore. On centrifuge. La solution séparée est additionnée
em ir
(1) Dexicts et Cneze, Comptes rendus, t. 155, 1912, p. 1010.
(2) Rapport n° 200, en date du 20 mars 1916.
(°) Denicis et Cuezce, Bull, Soc, de Pharm. de Bordeaux, t. 55, 1917, P. 79.
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 801
de quelques gouttes d’une solution nan sulfureux, de 2% de chloroforme
et enfin d’un excès de nitrite de sodium à 5 pour 100, D’ iódé est finalement dosé dans
le chloroforme par colorimétrie entre o"8,01 et o™s,5o; par volumétrie, après avoir
épuisé la liqueur à l’aide du chloroforme, au-dessus de o™s, 50.
La partie B sert au dosage du chlore et du brome, et l’on opère différemment sui-
. vant les résultats donnés par la recherche de Piode.
On neutralise et acidule par l'acide nitrique (excès 1°), et l’on ajoute un excès
d’une solution — de nitrate d'argent. Ébullition 10 minutes, puis bain-marie pendant
10
3 heures, On laisse déposer jusqu’au lendemain. On sépare le précipité à l’aide d’un
filtre et on le lave avec soin,
PRÉCIPITÉ.
Le précipité est rassemblé avec 3% ou 4% d’eau, et l’on ajoute 3 gouttes d'acide
sulfurique et un fragment de zine pur. Les sels d'argent se réduisent.
Dosage du brome.
1° Si l’on a trouvé moins de 15 d'iode : On filtre la solution sur un filtre &. L’ar-
gent réduit est lavé à plusieurs reprises, les liqueurs sont reçues dans un tube à
réaction, on amène leur volume à 10%, et l’on Li la réaction de Denigès et Chelle
Modif. (Brome.)
2 Si l’on a trouvé plus de 1®8 d’iode : On répète à trois reprises la réduction du
précipité d'argent réduit, On filtre sur un filtre æ, neutralise par l’ammoniaque et
dilue à 40%; on ajoute 18 d’alun de fer ammoniacal, et l’on distille de façon que le
résidu soit de 10%, sur lesquels on fait la réaction de Denigès et Chelle. ( Brome.)
Dosage du chlore.
1° La recherche de l’iode a été négative : On dissout dans l’acide sulfurique le
zinc de la réduction. Le précipité d'argent réduit est recueilli sur le filtre B, on ajoute
le filtre æ, lave pour éliminer SO*H?, calcine et pèse l’argent, d’où l’on déduit le
chlore, ( Chlore.) :
SOLUTION.
2° La recherche de l'iode a été positive : L'argent est titré volumétriquement dans
la liqueur séparée du précipité argentique par ła méthode de Charpentier-Volhard,
ou dosé pondéralement, (Chlore.).
Cette méthode, appliquée à l'analyse d’urée purifiée, d'acide oxalique
‘pur, ayant donné à blanc des résultats négatifs, a permis de retrouver dans
ces mêmes corps additionnés de quantités connues d’halogènes, les propor-
tions de chlore et de brome qui y avaient été introduites. La recherche de
l’iode n’est faite ici que pour confirmer les résultats du dosage du brome;
elle n’a de valeur en effet que par rapport à la solution des sels, après des-
truction de la matière organique, et non à la matière organique elle-même,
802 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une petite quantité d'iode étant perdue lors de la calcination, dans le cas
des composés azotés.
Les sels employés pour la destruction sont débarrassés des éléments
cherchés par une purification convenable.
Cette technique permet de retrouver le brome dans l'essai Jean la
limite de 05,005. Pour une prise de 6058, la sensibilité est de ;
G a 000°
CHIMIE ANALYTIQUE. — Reaction de coloration extrémement sensible des
phosphates et des arséniates. Ses applications. Note de M. G. Densicès,
présentée par M. Ch. Moureu.
Lorsque, à un certain volume d’eau (5°%*, par exemple), on ajoute
quelques gouttes d’une solution à ro pour 100 de molybdate d’ammonium
et, après mélange, quelques gouttes d’ une solution de Cl?Sn (‘) renfer-
mant 1 pour 100 environ de stannosum, on obtient une coloration bleue
formée par l’oxyde salin de For si complètement étudié par
M. Guichard (°). Ce produit, que l'alcool amylique enlève à ses solutions
aqueuses, ne passe pas dans l’éther.
Quand le mélange d’eau et de molybdate est acidulé par CIH ou SO‘H?,
la formation du bleu, pour la méme dose de réducteur, est de moins en
moins marquée et s'arrête même à partir d’un certain degré d’acidité (° );
mais si ce mélange, quoique acidulé au delà de la limite où seul il ne donne
plus de bleu avec le chlorure stanneux, est additionné d’un phosphate
dissous, on constate qu’une teinte bleue, stable, se produit dès qu’on a fait
intervenir le réducteur.
Lt EA EE EE CRC UR
(1) Qn obtiendra très vite cette solution en mettant, dans un tube à essai 0,10 d'étain
en feuilles minces (papier d'étain), ajoutant 2% d'acide chlorhydrique pur et1 poui
de sulfate de cuivre à 3 ou 4 pour 100 (activeur). On chauffe légèrement jusqu'à
attaque vive, qu’on rétablit en chauffant de nouveau chaque fois qu’elle se ralentit
cm?
~
notablement. En 4 ou 5 minutes, au plus, la dissolution est faite. On étend à 10
avec de l’eau, on laisse refroidir, et, s’il y a un dépôt, on décante la partie claire, qui
constitue le réactif cherché.
(?) Ann. de Chim- et de Phys., L 23, 1901, p. 557.
(3) Pour reprendre quand la concentration en acide devient deals C'est
ainsi que le mélange, à volumes égaux, d’acide sulfurique concentré et d’une solution
aqueuse à 10 pour 100 de molybdate d'’ammonium, constitue un réactif très sensible
des sels stanneux. On le conservera en flacons noirs ou rouges (DENIGÈS, Bulletin
de la Soc. de Pharm. de Bordeaux, 1893, p. 286, et 1896, p. 45).
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 803
La matière colorante qui se prodgjt ainsi n’est point identique à la précé-
dente : à l’encontre d'elle, l’éther l'enlève à ses solutions suffisamment
acidulées, et, en outre, elle est beaucoup plus stable vis-à-vis des alcalis.
Elle est formée d’un phospho-conjugué molybdénique, sur lequel nous
reviendrons. En se plaçant dans les conditions que nous allons déterminer,
sa formation permet de rechercher des traces extrêmement faibles d'ion
phosphorique (jusqu’à 0"6,02 de P, sous cette forme, en opérant sur 5°
de solution soit un dix-nullième de milligramme dans la prise d'essai); de
plus, elle est réalisable directement en présence des matières organiques
les plus variées : on l’obtient remarquablement avec une seule goutte de
sang, de lait, d'urine, etc., diluée dans 5™ d’eau.
Comme un excès d’acide et même de molybdate diminue la sensibilité
de la réaction, on est conduit, pour la réaliser le plus favorablement
possible, à ne pas opérer en milieu trop neutre, pour éviter absolument la
production de bleu de molybdène non phosphorique, et cependant ni trop
acide, ni trop riche en molybdate, pour que le bleu phosphomolybdénique
se forme en quantité maxima.
Or il se trouve que la solution sulfomolybdique que nous avons, il y a
fort longtemps, indiquée (voir note 3 pour sa préparation) comme réactif
de Sn et de H?O?, renferme les proportions relatives de molybdate et
d'acide les plus avantageuses pour permettre, après dilution suffisante,
d'effectuer, dans les meilleures conditions, la réaction sus-indiquée.
Pour cela, 5™ du liquide phosphaté sont additionnés, pour les très
grandes dilutions, de o™, 1 à o™,2 (3 à 4 gouttes) ou, pour des concen-
trations plus élevées (supérieures à 14 de PO*H* par litre), de 8 à
10 gouttes de réactif sulfomolybdique. On agite, ajoute 1 ou 2 gouttes de
réactif stanneux tout récent et agite encore.
Déjà, avec 15 de PO‘H® par litre, une coloration bleue très accusée
s’observe; une très légère nuance bleutée est encore perceptible avec vingt
fois moins de substance. Quand la teinte bleue est bien marquée, on ajoute,
par gouttes, du sel d'étain, jusqu’à ce qu’elle n’augmente plus.
Un arsénio-conjugué, de mêmes propriétés, est obtenu, dans les mêmes
conditions, avec l’ion arsénique. Les sensibilités des réactions phospho et
arsénio-molybdéniques sont, entre elles, en raison inverse des poids ato-
miques de P et As.
Apprications. — Elles sont fort nombreuses. Nous citerons, particuliè-
rement:
1° Pour le puospnore, en Aydrologie et analyse des terres : recherche immé-
804 ACADÉMIE DES SCIENCES.
diate et dosage colorimétrique de phesphates dans les eaux alimentaires,
industrielles, minérales ou marines; dans les terres agraires et les minéraux; :
en biochimie : détermination rapide des principes phosphatés dans des
quantités très minimes de produits végétaux et animaux (sang, bile, sueur,
larmes, liquide céphalorachidien; calculs urinaires et intestinaux, etc.;
en chimie légale : identification de traces de P (eau de condensation de la
flamme d'hydrogène d’un appareil Blondlot et Dusart; produits de distilla-
tion des matières suspectes, après oxydation nitrique).
2 Pour l'arsenic : dosage colorimétrique d’enduits arsenicaux obtenus
par l'appareil de Marsh et non susceptibles de pesée par suite de la faiblesse
de leur masse, mais qui, après traitement par NO'H, évaporation et reprise
par 5™ d’eau, donnent, par addition de réactif sulfomolybdique et de CI? Sn,
une teinte bleue même avec une fraction de millième de milligramme d'ar-
- senic.
3° Enfin cette réaction, convenablement invertie, peut servir à déceler
soit l’étain, soit le molybdène. -
Nota. — Par fixation probable du molybdène à l’état fluoxymolybdique,
Pion fluor atténue ou empêche même la réaction, quand sa masse est suffi-
sante. Nous avons pu annihiler son action par l'addition préalable d'un
silicate ou mieux d’acide borique, produits molybdophiles.
Tous ces points, y compris la formation de bleu phosphomolybdénique
par l’action d'hydrogène naissant (point de départ de ces recherches) e
d’autres réducteurs (sels chromeux, sesquichlorure de titane, etc.) conti-
nuent d’être étudiés.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Action de l’eau oxy génée sur les farines.
Note de M. Marios, présentée par M. Lindet.
On sait que, pour rechercher la-catalase dans le lait, on détermine le
volume d'oxygène dégagé d’une certaine quantité d’eau oxygénée, mise en
contact avec lui. Nous avons appliqué cette méthode à la farine de fro-
ment, sachant que la catalase existe dans le grain de blé, surtout dans ses
parties extérieures et que la quantité de catalase varie d’une farine à
l’autre; dans quelle mesure pourrait-on estimer la pureté d’une farine et
même son {aux d'extraction?
Après avoir constaté que l'acidité de l’eau oxygénée ajoutée à celle de la farine
gênait le dégagement d’oxygène, nous nous sommes arrêtés, pour opérer en milieu
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 805
neutre, à l'emploi du borate de soude dont la faible alcalinité se prête bien à la neu-
tralisation de l’acidité dans un pareil milieu. En opérant sur la farine délayée conve-
nablement, nous ajoutons une liqueur boratée sodique titrée, devant neutraliser exac-
tement l'acidité due à la farine et à l’eau oxygénée.
Diverses séries d'expériences nous permettent de dire que, pour avoir
des résultats d'analyse comparables, il faut opérer sur une quantité cons-
tante de farine, que la richesse en oxygène du liquide total mis en action
soit toujours z même, enfin que le volume du liquide mouillant la farine
soit constant.
Nous avons eu des résultats très nettement différents en opérant sur des |
farines de diverses qualités, prélevées au même moment au moulin, pour
être sûrs qu'elles provenaient du même blé, étudiées quelques jours après
la mouture. Nos essais ont porté sur trois farines allant de la toute première
qualité jusqu'aux farines basses servant à l'alimentation du bétail. La com-
position chimique de chacune d'elles était la suivante :
Acidité Matières Débris
en SO‘H?. Cendres. grasses. cellulosiques.
N° 1 : farine première (p. a 0,0196 0,92 0,80 0,22
N°2 : farine seconde » ‘+ 6,0819 -0,96 2,10 0,76
N° 3 : farine pour bétail » Li 0090 1:86. 3,84 6,40
On sait que plus une farine est de qualité inférieure, ou, ce qui revient
au même, plus son taux d'extraction est élevé, plus l’acidité, les matières
grasses et minérales, les débris cellulosiques augmentent; c’est LS
notre analyse a porté spécialement sur la recherche de ces corps er
En limitant à 5 minutes le dégagement d’oxygène mesuré à la pression
atmosphérique, nous avons eu, pour 1# de farine et diverses richesses en
oxygène du milieu, les résultats suivants :
Oxygène iina à la température de 15°.
en Tien T ve ène,
du liquide total Farine n° 1 Farine n° 2 Farine n° ne 3
mouillant la farine. (1%). ften (sr).
Y cm? > cm’ cm?
RE EN E 0,29 0,99 0,70
Dir si ii. 0,9 2,99 h,50
E ii a 1,10 6,10 13,70
ES SR oaao 1,70 10,89 plus de 20°%
ER te 1,20. 11,70 non dosé
(1) La méthode officielle du dosage des débris dans la farine n°3 a été en défaut,
car le gluten manquant totalement de cohésion, il nous a été impossible de le séparer.
Aussi avons-nous eu recours à une méthode plus compliquée, en opérant directemen t
sur la farine dont il a fallu solubiliser l’amidon, mettre ensuite le gluten en solution
Pour ne recueillir finalement que la cellulose.
806 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous avons adopté un liquide total de richesse en oxygène égal à 1°%,8
pour 100; nous avons fait des mélanges entre les deux farines n° 1 et n° 2
qui nous ont fourni les résultats suivants (ceux-ci, traduits pratiquement,
donnent une courbe régulière) : |
Mélange des farines n°* 1 et 2. Oxygène dégagé en5 minutes Débris
- pour 18 de farine de 18
Farine n° 1. Farine n°2. à la température de 15°. de farine.
pour 100 pour 100 cm? g
100 O0 I »79 0,0022
75 25 5,99 70,0032
bo 50 7,60 0 ,0043
29 75 10,29 0,0065
o 100 10,85 0,0076
D’après cela, nous voyons que la recherche de la catalase, appliquée aux
farines, permet rapidement de déterminer leur degré de pureté. Si nous
nous basons sur l’exemple précédent, l'écart entre les résultats extrêmes
présente une échelle plus étendue dans le procédé par l’eau oxygénée que
par la pesée directe des débris, puisqu'il est de 1085 — 175 = 910 unités
du deuxième ordre décimal dans le premier cas, contre 0,76 — 0,22 = 0,54
par la recherche des débris.
Le mode de manipulation auquel nous nous sommes arrêtés est le suivant : nous
employons l’uréomètre Neveu, adapté à une cloche à gaz divisée en dixièmes de
centimètre cube. :
Dans le tube annexe de l'appareil, sont mesurés à la pipette 4% d’eau oxygénée
à 8%! exactement titrés comme volume d'oxygène et acidité. Dans le fond de
l'appareil est versé le lait de farine fait avec 28 de farine et 13% d'un mélange a ein
et quantité suffisante d’eau boratée sodique pour rendre neutre le milieu, ce qui
donne un volume d'oxygène égal à 1°%,8 au liquide total; tout l'appareil plonge dans
l'eau à 15°. Une fois l'équilibre de température obtenu, on mélange l’eau oxygénée, par
inclinaison de l'appareil, à la farine délayée et on laisse le dégagement d'oxygène
s’opérer-pendant 5 minutes, soulevant la cloche à gaz pour établir, en fin d'opération,
les deux niveaux de l’eau dans le même plan, et faire la lecture du volume gazeux
obtenu à la pression atmosphérique.
En résumé, par l’action de la catalase, on peut déterminer le taux
d'extraction d’une farine, mieux et plus rapidement que par l'analyse
chimique pratiquée ordinairement. Si l'expérience, pour une farine
à 4o pour 100 d'extraction, donne un point déterminé de la courbe repre-
sentative du tableau précédent, et pour une farine basse à go pour 100, un
autre point, les taux d'extraction compris entre 4o et go se répartiront sur
la courbe; celle-ci permettra également de connaître dans quelles propor-
tions les deux farines ont été mélangées. -
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 807
GÉOLOGIE. — L’ Aquitanien continental dans le sud marocain.
Note de M. J. Savorxi.
Au cours d’une mission géologique dans le Maroc occidental, j'ai eu
l’occasion de visiter, au sud-ouest de Marrakech, la région d’Imi n’ Tanout
qu'ont partiellement fait connaître les publications de MM. Brives (') et
Lemoine (°).
Le cours supérieur de l’oued Asseratou s'oriente S-N, puis SO-NE, à
travers des schistes paléozoïques, jusqu’à Sidi bou Malek. En aval de ce
point, il suit la limite inférieure du Crétacé transgressif. Puis le torrent,
de nouveau S-N, traverse des gorges où l’on observe commodément une
remarquable succession d’assises plongeant en moyenne de 45° au Nord.
nombreux horizons fossilifères caractérisent respectivement : l’Hauterivien,
l’Aptien, Albien, le Cénomanien, le Turonien, sous des faciès néritiques ou sublitto-
raux, avec épisodes lagunaires, comparables à ceux que l’on connaît au sud du Tell
en Algérie. Les indications de A. Brives et A. Braly, relatives à la coupe de loued
Kahira, s'appliquent rigoureusement à celle de l'Asseratou. Je n'y ajouterai que la
mention de Vérinées dans la puissante barre tyronienne, dolomitisée par places.
A la sortie des gorges, le Sénonien, dont la présence n'avait point été signalée, est
représenté par plusieurs centaines de mètres de couches calcaires et marnogréseuses à
Ostracés, où l’on peut distinguer les trois divisions si constantes en Algérie (°); La
dechra Hadder est bâtie sur le Santonien ; un autre groups de maisons, au sud du
Souq et Tnin, sur le Campanien; le principal village d’'Imin re sur le Maëstrich-
tien,
C'est seulement au- on que débuts le groupe suessonien, avec ses deux étages
Caractéristiques : à phosphates et à Thersitées.
Cette coupe si régulière m'a nettement rappelé celle du sud de Tocque-
ville. (Algérie centrale). La présence d'Hemithersitea ventricosa Savor.
accentue les analogies stratigraphiques. Enfin la similitude se complète
par les couches directement superpostes aux calcaires à gastropodes
(1) Contribution à l'étude géologique de l'Atlas marocain (Bull. S. G. F., 15 mai
1905, p. 380). Voir aussi : A. Brives et A. Bray, Sur la constitution géologique de
la plaine de Marrakech et du plateau de Rehamna (1bid., 15 janvier 1906, p. 60);
et À. Brives, Voyages au Maroc, 1901-1907 (Alger, in 4°, 1909, p. 522)
(°) Mission dans le Maroc occidental (Bull, Comité de Afr. franç.; documents,
avril 1905, p. 157).
(3) CF. J. Savornin, Étude géologique de la région du Hodna et Lu plateau
sétifien (Bull. Serv. carte géol. Alg., 2° sér., n° T, p. 283-285)
808 ACADÉMIE DES SCIENCES.
éocènes, où j'ai reconnu l'Aquitanien continental, tel que je l’ai longue-
ment décrit en Algérie (').
ll s'agit d’une puissante accumulation de conglomérats, graviers, sables
et argiles, plus ou moins rubéfiés, qui s'étend depuis le petit camp d’Imi
n’Tanout (au sud de Si Ali ou Isåq) jusque devant la zaouïa Hassein Si
Rehal. Elle constitue des collines aux formes et aux teintes caractéris-
tiques, s'étendant jusqu’à ro!" du Sud au Nord, et dans lesquelles le lit de
loued Imi n’Tanout est profondément encaissé. Ses couches inférieures,
parfaitement stratifiées, sont en concordance visible sur les étages marins
ci-dessus énumérés.
Le pli en S photographié par P. Lemoine (loc. cit.) a sa boucle supé-
rieure dessinée par le Turonien sur le flanc nord du Djebel Ourgouz (rive
droite) et par le Campanien à faible distance de la rive gauche. Le Crétacé
arrive au renversement; le Suessonien ne dépasse pas la verticale; l’Aqui-
tanien, dans la boucle inférieure, n'atteint même pas un redressement si
complet. Ce plissement localisé n’altère en aucune façon l'harmonie de
superposition concordante de toutes les assises au niveau du thalweg.
Il semble que la formation détritique terminale ait été aperçue par
MM. Brives et Lemoine : le premier la mentionne, avec quelques mètres de
puissance, en la rattachant au Suessonien; le second l’attribue au Trias.
Je ne connais actuellement au Maroc, comme formation similaire, que
les « conglomérats roses du Tadla » signalés par M. Russo (°) dans une
situation entièrement comparable. Or, au Tadla, comme à Imi n'Tanout,
le Suessonien est plissé en synclinal relativement profond. Partout ailleurs,
il est franchement tabulaire et je n’y ai rencontré, sur d'immenses surfaces,
aucun témoin de ces conglomérats. On peut donc imaginer que les alluvions
aquitaniennes se sont localisées dans des bas-fonds d'origine tectonique,
constitués sur les surfaces devenues continentales à la suite d’un mouvement
aussi important en ces régions extrêmes de l'Atlas, que dans l'Algérie
centrale. La seule différence dans l’évolution orogénique réside dans le fait
que la transgression marine du Burdigalien n’est pas venue, au Maroc;
recouvrir ces alluvions rouges et les dater avec la remarquable précision
que j'ai pu noter en tant de localités algériennes.
Die RE ee
(1) Loc. cit., p. 329-341.
(2) Esquisse géologique du Maroc central, au 3-4. (Publ. Bureau topogT: du
Maroc, 2° édit., juillet 1909.) Voir aussi : P. Russo, L’Eocène phosphaté et les couches
à Turritelles du Tadla (Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 121).
i
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1y20. 809
GÉOLOGIE. — Sur la structure de l’isthme Caucasique et ses relations avec
les gisements de petrole. Note de M. Pierre Bonner, présentée par
M. Emile Haug.
J'ai montré dans une Note antérieure (') la disposition festonnée des
chaines du moyen Araxe, avec arêtes de rebroussement volcanisées.
D'autres observations m'ont amené à une conception d'ensemble de la
structure de l’isthme Caucasique et à la notion d’une corrélation entre les
rebroussements volcanisés et la distribution des faciès et des gisements de
pétrole.
J'ai constaté que l’ensemble des faisceaux terminaux de l'arc Iranien
septentrional forme, depuis le grand rebroussement général irano-taurique,
trois couples d’arcs parallèles, poussés au SW, ménageant entre eux deux
dépressions et aboutissant d’autre part à un rebroussement volcanisé en
bordure de la mer Caspienne.
Chacun des arcs présente au voisinage des rebroussements des faciès
nériliques, tandis que dans leur partie centrale, où se manifeste un
ennoyage, les formations deviennent plus bathyales et les séries plus
complètes. En outre, d’une façon générale, arcs et dépressions subissent
un abaissement d’axe vers la Caspienne et tendent à s'élever vers le grand
rebroussement Ararat-Alagoez-Môkrya Gory; et c'est précisément dans
celte dernière direction, et en particulier dans les chaines de l’Araxe moyen,
que j'ai observé l'apparition graduelle de formations de plus en plus
anciennes, triasiques d’abord, carbonifères et’ dévoniennes ensuite. On se
rapproche donc ainsi graduellement d’un massif ancien, siège du raccor-
demént de ces faisceaux iraniens avec les faisceaux tauriques qui, s’articu-
lant avec eux, semblent s'être formés symétriquement à l'Occident.
Cette rencontre des arcs Iraniens et Tauriques forme l’un des plus impor-
tants et des plus puissamment volcanisés parmi les rebroussements asia-
tiques. Aussi l’idée se présente-t-elle qu’un contre-coup a dù se faire sentir
au Nord, sur la chaîne du Caucase : et en effet l'examen de la carte y révèle
la présence de volcans précisément suivant le prolongement de la bissec-
trice de l’angle des deux principaux rebroussements : le Kazbek correspond
à l’Ararat, le massif volcanique de Chémakha au Savalan. De plus, la
(*) Pierre Bonser, Structure des chaines entre le lac Gæktchai et l’Arare
(Comptes rendus, t. 156, 1913, p. 1497).
C. R., 1920, 2° Semestre, (T. 171, N° 17.) 61
810 ACADÉMIE DES SCIENCES.
partic du Caucase comprise entre ces deux points affecte la forme d’un arc
double, parallèle à ceux de la Transcaucasie et également ouvert au Nord.
L'Iran semble donc imprimer au Caucase oriental sa disposition fes-
tonnée ; et par suite le Kazbek formerait un quatrième point d’articulation
dans le rebroussement général irano-laurique, les montagnes Mesques
étant simplement l'aboutissant de larc Pontique, faisceau Taurique septen-
Maik
À a/koft
=== Volcans
cŒ] A Centreshétrolifères
Kilom
o Groznyi En PR mr LE 2
d Vladikavkaz
L
TKKazbek i;
i
CASPIENNE
í
A
la je
Chémakha°
i
gx; Savala
i
Ÿ Emel t>,
Mossoul (Mendeli) G. Persique (Ram-Hermuz)
Schéma de la structure de l'isthme Caucasique; ses relations avec les gisements de pétrole.
trional, On doit donc s'attendre à retrouver encore ici les variations de
faciès que J'ai observées en Transcaucasie : et en effet, dans la région du
rebroussement, les formations deviennent néritiques et les massifs anciens
apparaissent, soit à partir du Daghestan vers le Kazbek, soit à partir du
Pont vers les Mesques. Quant à la partie occidentale du Caucase, à l’ouest
du Kazbek, elle se comporte vis-à-vis du rebroussement général comme un
rameau indépendant, qui va rejoindre les chaînes de Crimée en conservant
la direction NW du Daghestan et la même allure festonnée.
En résumé, la partie centrale de l'isthme Cuucasique est formée par une
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 811
puissante arte de rebroussement volcanisée, de direction N-S, et c'est précisé-
ment là que se groupent les faciès néritiques et les formations anciennes,
celles-ci particulièrement développées au voisinage de l’Ararat. De cette
arête principale partent deux séries d’arcs festonnés aboutissant de part et
d'autre, après un rebroussement secondaire, à deux nouvelles arêtes diri-
gées également à peu près N-S et qui bordent l’isthme Caucasique à l’est et à
l’ouest.
Il y a donc trois lignes principales de rebroussement, et c’est précisé-
ment au voisinage de ces trois zones faibles que s’alignent les trois princi-
paux groupes de manifestations pétrolifères : Maïkop-Touapsé-Trébizonde,
Groznyi-Kakhétie, Bakou-Recht.
Les gisements sont en outre cantonnés dans les chaines néogènes, les-
quelles sont particulièrement développées sur le versant nord du Caucase,
et ils disparaissent totalement dans la partie centrale du seuil néritique
ainsi qu’à l'approche du noyau paléozoïque de l’Ararat, où l’on ne trouve
que quelques cuvettes néogènes exclusivement lagunaires.
Les gisements de pétrole de l'isthme Caucasique semblent donc étre en rela-
lion avec deux conditions tecton iques : présence de chaînes néogenes, et proximité
de rebroussements volcanisés. Leur importance est en raison de celle du
rebroussement qui les avoisine : ainsi est-ce le groupe Groznyi, le plus
proche du rebroussement principal, qui se trouve le plus productif; Bakou,
voisin du rebroussement caspien, vient ensuite, puis Maïkop, près du
rebroussement le moins volcanisé.
Les conditions se montrent de nouveau réalisées au sud de l'isthme,
dans la Mésopotamie et la Perse occidentale, où les deux principaux
rebroussements des arcs Irano-Lauriques méridionaux, le Sindjar corres-
pondant au Kazbek, et l’Elvend au volcan de Chemakha, s'accompagnent
d’une bordure de chaînes néogènes. Et c’est à ces deux rebroussements que
sont subordonnés le groupe pétrolifère du golfe Persique, correspon-
dant à celui de Bakou, et correspondant à celui de Groznyi, le groupe de
la région de Mossoul.
PALÉONTOLOGIE. — Sur la phylogénie de l'Elephas meridionalis. —
Note de M. Sansa STEFANESCU.
J'ai étudié comparativement les collines des molaires de Mastodon arver:
nensis et les lames des molaires d’Elephas meridionalis au point de vue de la
812 ACADÉMIE DES SCIENCES.
différenciation de leurs tubercules congénères, et j'ai constaté que les
lames d’£lephas meridionalis sont des collines de Mastodon arvernensis diffé-
renciées régressivement; par conséquent, sans conclure prématurément à
la phylogénic directe de ces deux espèces, je puis affirmer que l’Erernas
MERIDIONALIS est un éléphant bunolophodonte caractérisé par des lames à tuber-
cules congénères alternes, et que ses ancêtres sont issus directement du groupe
des mastodontes bunolophodontes à collines formées de tubercules congénères
alternes, tels que MASTODON ARYERNENSIS, SIVALENSIS, LONGIROSTRIS, Cette affir-
malion est basée sur les faits suivants :
J. Chaque colline des molaires inférieures de gauche de Mastodon arver-
nensis est formée de deux tubercules congénères diversement différenciés,
l’un externe en trèfle (T,.), l’autre interne en crête (T,,). Les collines de
gauche sont symétriques à eclles de droite.
a. Aux deux tubercules congénères de la colline correspondent deux
alvéoles congénères, situées sur la face radicale de la couronne et séparées
par un mur mitoyen moins saillant que les autres parties de leurs bords, ce
qui signifie que les deux tubercules de la colline de Mastodon arvernensis
sont fusionnés à leurs bases, exactement comme le sont les deux tubercules
de la lame d’Elephas meridionalis.
b. Toutes les fois que les tubercules sont ramifiés, il y a à l’intérieur des
alvéoles des enfoncements qui correspondent aux ramifications. Pour
désigner ces ramifications, j’emploie la notation : e, a, p, m, ce qui veut
dire : lobe externe, antérieur, postérieur, médian.
c. Le T, peut être non ramifié (e), ou ramifié en forme de V couché
(< ou >) à branches égales ou inégales (e, a, p), ou réduit à une seule
branche : postérieure (e, p), s’il s’agit des molaires inférieures; antérieure
(e,a), s'il s’agit des molaires supérieures. Les a, p sont les ramifications du e.
Le e, c'est-à-dire la pointe du V, est tourné vers l'extérieur de la molaire.
Le T. peut être non ramifié (e), ou ramifié en forme de L couché
(L ou ——) complet (e, ma ou e, mp), suivant qu'il s’agit des molaires
inférieures ou supérieures, ou réduit à la seule branche horizontale (e, m).
Les a, p sont les ramifications du m. La notation ma, mp veut dire que
les a, p n’ont pas une grande importance. Le e du L couché est tourné vers
l'extérieur de la molaire.
d. Schématiquement, les collines de gauche et de droite de Mastodon
arvernensis à leur maximum de complication ou de différenciation progres-
Š A : n i y be
sive peuvent ètre représentées de cette façon < — — De) s'il s'agit
r
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 813
des molaires inférieures, et d’une facon inverse n Pr —, s'ils’agit
des molaires supérieures. A leur maximum de simplification ou de diffé-
rencialion régressive, ces mêmes collines ne peuvent plus être représentées
que par la branche postérieure (e, p) ou antérieure (e, a) du T,,, suivant
qu'il s’agit des molaires inférieures ou supérieures, et par la branche hori-
zontale (e, m) du T., c'est-à-dire exactement comme les lames d'ExErnas
MERIDIONALIS.
II. Le passage de la colline la plus compliquée de Mastodon arvernensis à
a colline la plus simplifiée de cette même espèce, et finalement à la lame
d'Elephas meridionalis, s'opère : 1° par le développement en hauteur
des a, p, m, par rapport aux e des tubercules, et 2° par la réduction
complète du a ou p du T,,, suivant qu'il s'agit des molaires inférieures ou
supérieures, et des a et p du Ta. |
a.- Les a, p du T, et les ma, mp du T, s'élèvent de la base du e. A leur
tour, chacun de ceslobes peut être non ramifié ou ramifiė, de sorte que chacun
des tubercules peut en avoir plusieurs ramifications sorties les unes des
autres à des niveaux de plus en plus hauts, et disposées de manière à
réaliser de plus en plus la forme et l'aspect de la lame.
b. Les a, p, m des tubercules congénères de la colline de Wastodon
arvernensis sont moins hauts que les e des même tubercules, ce qui fait que le
bord triturateur de la colline est concave; l'inverse a lieu chez la lame
d Elephas meridionalis.
IH. L'alternance des tubercules congénères des collines de Mastodon
arvernensis est provoquée par la TR de leurs a; p; m.
Chez les molaires inférieures, le a du T, se met en contact avec le ma de
son congénère T,,, tandis que le p du T,,, projeté en arrière, se met en con-
lact avec le ma du T, de la colline voisine d'en arrière.
Chez les molaires supérieures, le p du T, se met en contact avec le mp de
son congénère T., tandis que le a du T,,, projeté en avant, se met en con-
tact avec le mp du T„ de la colline d’en avant.
L'effet immédiat de cette disposition des lobes des tubercules congénères
est la formation de fausses collines, qui renforcent la résistance de la cou-
ronne,
. Si le a du T, des molaires inférieures ou le p du T, des molaires supé-
` rieures se réduit complètement par différenciation régressive, et si les &, p
du T., se réduisent de même aussi par la même action, comme cela a lieu
quelquefois chez les collines de Mastodon arvernensis et toujours chez les
lames d'Elephas meridionalis, alors le e du T, se met en contact avec le m de
814 ACADÉMIE DES SCIENCES,
son congénère T., et les deux tubercules de la colline ou de la lame parais-
sen! alterner. Cette alternance est accentuée encore par la croissance iné-
gale des bords interne et externe de la molaire,
Chez les molaires inférieures, le bord interne occupé par les T,, “ia plus
rapidement que le bord externe occupé par les T,,, dont le p est projeté en
arrière, ce qui fait que les T,, paraissent devancer les T, et alterner avec
eux. Inversement, chez les molaires supérieures, le bord externe occupé par
les T,, croit plus rapidement que le bord interne occupé par les Tp, dont
le a est projeté en avant, ce qui fait que les T,, paraissent devancer les Ta
et alterner avec eux.
IV. La section transversale des collines de Mastodon arvernensis et des
lames d’ Eleplas meridionalis estlosangique, mais les deux angles de la petite
diagonale n'appartiennent pas au même tubercule.
Che les molaires inféricures, l'angle postérieur ést formé par le p du F;
tandis que l'angle antérieur est formé par le m du T.. Chez les molaires
supérieures, langle antérieur est formé par le a du T, tandis que l'angle
postérieur est formé par le m du T.
MÉTÉOROLOGIE. — Le spectre et la théorie du rayon vert.
Note de MM. A. Daxon et G. Rover, présentée par M. B. Baillaud.
Le rayon vert est un phénomène d’optique atmosphérique qui s'observe
dans certaines condilions au lever et au coucher du Soleil. Dans ce dernier
cas, une ou deux secondes avant de s'évanouir définitivement, le segment
solaire encore sur l'horizon prend une coloration verte, mais qui parfois
tire plus ou moins sur le bleu. La coloration ne saurait être attribuée à un
effet physiologique de contraste, car les mêmes apparences s'obser vent dans
l'ordre inverse au lever du Soleil (de Maubeuge, Julius, etc.).
On a donné beaucoup d'explications du rayon vert, mais on peut n'en
retenir que deux. La plupart des savants qui ont abotd la question sou-
tiennent la théorie de la dispersion normale (Thollon, Ekama, Ch.-Ed.
Guillaume, etc.). L'atmosphère terrestre absorbe sous une grande épais-
seur le violet et le bleu. La dispersion atmosphérique donnant un spectre
étalé verticalement, c'est le vert qui en occupe l'extrémité supérieure et qui
doit disparaitre le derier.
La seconde théorie a recours à la dispersion anomale. Objectant å la
précédente qu’elle conduit à des durées trop courtes pour le phénomène,
j 5
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 815
Julius suppose que le rayon vert est dù à la lumière dispersée de façon ano-
male au voisinage des raies telluriques du spectre solaire.
L'étude du spectre du rayon vert peut seule trancher la question. Une
remarque, faite par l’un de nous dès 1913, nous a permis de l’entreprendre
aisément. En effet, le rayon vert ne se limite pas au phénomène très court
visible à l'œil nu; dans les cas favorables à sa production, on peut voir à la
lunette, pendant les 10 dernières minutes, une frange verte entourant la
moilié supérieure du disque solaire.
Cette frange est souvent hérissée de flammèches de même couleur qui
semblent glisser jusqu’au point le plus haut, à mesure que le Soleil s'abaisse ;
elles se détachent parfois de la frange et restent isolées pendant quelques
secondes avant de s'éteindre. De son côté, le bord inférieur est entouré
d'une frange rouge sombre, et tout se passe comme si le Soleil était formé
de deux disques à peu près monochromatiques, rouge et vert, le second
décalé vers le haut par la dispersion atmosphérique. Le rayon vert
apparaît à l'œil nu dès que le disque rouge est couché, il dure tant que la
frange verte ne l’est pas encore, mais on peut l'étudier à la lunette et pho-
‘tographier son spectre plusieurs minutes avant cet instant.
Nous avons monté, sur un support spécial mobile en hauteur et en azimut, un
spectrographe très lumineux et un objectif projetant l'image du Soleil sur la fente,
Celle-ci est disposée horizontalement et il e:t facile de la maintenir tangente au
disque, de manière à n'admettre dans l'appareil que la lumière de l’une des franges,
la rouge ou la verte. Tous nos clichés portent les spectres des deux franges, c'est-
à-dire le spectre du rayon vert et celui du phénomène du bord inférieur, et aussi,
comme spectre de comparaison, celui du centre du disque solaire; on s’est efforcé de
prendre les trois poses à la même hauteur sur l'horizon et le plus bas possible. La
distance focale de la chambre est de 5o% ; celle de l'objectif de projection, de 52°,
Le prisme est en flint très dispersif, quoique transparent, d'indice 1,75. Deux minutes
de pose sur plaques Wratten suffisent pour obtenir un spectre intense des franges,
Les résultats qui seront donnés dans un Mémoire plus détaillé sont
nettement en faveur de la théorie de la dispersion normale. Le spectre du
rayon vert ne diffère de celui du Soleil couchant que par la suppression
du rouge, séparé par la dispersion atmosphérique; inversement, la frange
du bord inférieur ne comprend que le rouge extrême, pour la même raison.
Il est impossible de déceler l'intervention de la dispersion anomale,
bien que les raies telluriques soient nombreuses et nettes sur nos clichés;
l'aspect de ces raies est identiquement le même sur le spectre du rayon
vert et sur le spectre de comparaison.
816 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La question est donc tranchée, mais il reste à lever l'objection de Julius, La durée
très variable du rayon vert, dépasse parfois deux secondes, tandis que le calcul, basé
sur la valeur de la dispersion de l'air, conduit au plus à quelques dixièmes, Mais ce
calcul fait abstraction de nombreux phénomènes accessoires susceptibles d'en altérer
le résultat, Il existe des fluctuations notables d'indice le long des rayons lumineux
comme le montrent les irrégularités apparentes du bord solaire à l'horizon, irrégula-
rités qui ne sont pas forcément les mêmes pour les rayons de différentes couleurs issus
d’un même point du Soleil et arrivant à l'œil, puisque ces rayons suivent des trajets
distincts. On voit, par exemple, que la frange verte aura une largeur anormale, si
l'obstacle derrière lequel disparait le Soleil est surmonté d’une couche d’air dont l'in-
dice commence par croitre quand on s'élève : la réfraction astronomique décroit alors
avec la hauteur du Soleil, et celui-ci prend au dernier moment une certaine accéléra-
tion. Mais cet effet se produit d’abord sur les rayons rouges qui entrent les premiers
dans la couche inversée. Il en résulte un élargissement momentané de la frange verte,
et le changement de couleur des derniers rayons est en avance par rapport à la théo-
rie, bien que l’intervalle entre le coucher des diverses couleurs ne soit pas modifié.
Le rayon vert apparaît alors à une hauteur plus grande, présente plus d'éclat, et dure
plus longtemps que ne le suppose le calcul sommaire. Cette explication n’est pas
purement hypothétique, elle rend compte de certaines particularités remarquées à la
lunette au moment où apparaît le rayon vert. Une étude cinématographique du cou-
cher du Soleil serait utile pour compléter notre travail sur ce point,
Une dernière question : Pourquoi la frange verte est-elle si nettement
tranchée, sans continuité de couleur avec le reste du disque? Ici, c'est
l'absorption qui intervient. Le spectre du Soleil couchant est rendu discon-
tinu par les bandes de Brewster, qui sont alors très larges et très sombres.
La bande de la pluie supprime entièrement l’orangé; le jaune est réduit à
une bande très lumineuse mais très étroite, il est séparé du vert par les
bandes +’ et à, Le jaune représente au total peu de lumière, de sorte que le
spectre est pratiquement réduit à une région rouge et à une région verte.
Ainsi se justifie l’analogie posée au début, avec un Soleil comprenant seu-
lement deux radiations quasi monochromatiques, que la dispersion atmos-
phérique sépare alors nettement. On vérifie d’ailleurs que le rayon vert est
plus facile à observer quand les bandes de Brewster sont plus intenses.
La frange est parfois bleuâtre, parfois franchement bleue (Thollon à
Nice). Ces variations suivent celles de la diffusion de la lumière par l'air et
ses poussières, diffusion qui intéresse surtout les courtes longueurs d'onde.
L’horizon étant très laiteux, il nous est arrivé d'observer la disparition de
tout le spectre à l'exception du rouge. Le rayon vert était bien entendu
inobservable. :
Au bord de la mer, les conditions favorables à l’observation sont plus
facilement rassemblées, Mais la mer n’est pas nécessaire comme on l’a cru
SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1920. 817
longtemps. Nous avons vu souvent le rayon vert en Champagne depuis
1914, et le présent travail a été exécuté sur la plate-forme de la cathédrale
de Strasbourg, à l'époque (été 1920) où le soleil se couche derrière la
trouée de Saverne.
PHARMACODYNAMIE. — La mesure du pouvoir lacrymogène des substances
irritantes par la méthode du seuil. Note (') de MM. Cnarces DurRaissE
et Jacques-Cn. Boxéran», présentée par M. Charles Moureu.
Une substance est dite lacrymogène quand, répandue dans l'atmosphère
à l’état de vapeur ou de fines particules, elle exerce sur l'appareil oculaire
une action irritante se traduisant par un larmoiement plus ou moins
intense.
Avant que les Allemands, en violation des conventions internationales,
eussent utilisé des substances nocives sur les champs de bataille, nul, à
notre connaissance, n'avait songé à soumettre à des mesures le pouvoir
lacrymogène. La présente méthode fut établie en 1915-1916; elle a été
appliquée avec succès jusqu’à la fin de la guerre dans les laboratoires de
l’'Entente (?).
A. Principe de la méthode. — La méthode de mesure que nous avons
mise au point consiste à comparer l’activité d’une substance avec celle
d’une autre substance considérée comme étalon.
a. Définition du pouvoir lacrymogène. — Nous avons choisi comme étalon le
bromure de benzyle chimiquement pur. Il suffit de rechercher à quelles concentra-
Lions dans l'atmosphère le bromure de benzyle et la substance étudiée donnent la même
sensation sur les organes oculaires; la puissance agressive, ou pouvoir lacrymogène,
est en raison inverse des concentrations ainsi déterminées. Si le pouvoir lacrymogène
du bromure de benzyle est, par définition, côté 1, celui de la substance étudiée sera
obtenu par le quotient des deux concentrations équivalentes, en mettant en numé-
vateur le chiffre correspondant au bromure de benzyle. Ainsi, pour des concentrations
équivalentes C, en bromure de benzyle et C, en substance inconnue, le pouvoir
lacrymogène de cette dernière sera = par rapport au bromure de benzyle.
b. La comparaison des sensations. — Pour obtenir le maximum de précision nous
(') Séance du 11 octobre 1920.
(*) Le principe en fut établi en collaboration avec M. le lieutenant Bongrand. Ce
dernier ayant été tué peu après sur le front de Lorraine, j'ai dù poursuivre seul les
expériences qui ont permis de donner à la méthode sa forme définitive. {[Cn. D.]
818 ACADÉMIE DES SCIENCES
nous Sommes placés aux environs du seuil de l'excitation, d’où le nom de la méthode.
Nous désignons sous le nom de « concentration de seuil », la concentration la plus
faible en produit agressif que les organes puissent déceler.
Aux environs de la « coscentration de seuil », les sensations ne sont pas
instantanées. Nos expériences ont établi les trois points suivants : 1° il
s'écoule un certain laps de temps entre le moment où les yeux viennent au
contact de l'atmosphère agressive et le moment où apparait la première
sensation caractéristique; 2° cet intervalle de temps est d'autant plus court
que la concentration est plus grande; 3° la durée la plus favorable pour une
observation est de 30 secondes,
On considérera donc comme équivalentes les concentrations en produits
agressifs qui donneront, toutes choses égales d’ailleurs, la première sen-
sation en un laps de temps voisin de 3o secondes.
B. Valeur objective des mesures. — Deux causes d'incertitude peuvent être
invoquées a priori contre ces mesures : d’une part, la sensibilité d’un même
observateur peut varier d’un moment à l’autre, et, d'autre part, les sensi-
bilités de deux observateurs sont rarement identiques.
a. Les variations de senlibilité d’un même observateur ne sont pas sou-
daines ; et, si l’on s’entoure de quelques précautions, on peut effectuer une
série d'essais dans des conditions de sensibilité pratiquement invariables.
La méthode du seuil a précisément pour avantage de ne pas modifier nota-
blement l’état des organes oculaires durant la série des déterminations; elle
permet, en outre, de vérifier à tout moment que la sensibilité du sujet n’a
pas varié au cours des expériences. Cette vérification s'impose, du reste, à
la fin de chaque mesure.
Nous ajouterons que si la sensibilité d’un sujet peut subir des fluctuations
importantes, par contre, et nos données sont très affirmatives sur ce point,
le rapport des feuls pour les diverses substances reste pratiquement
invariable : en un mot, le rapport & a ' qui définit le pouvoir lacrymogène
ne dépend pas des dispositions de Tobira ir
b. Les différences de sensibilité de deux observateurs peuvent varier dans
des limites étendues, mais, même dans ce cas, les divers observateurs
retrouvent la même valeur pour œ> dans les limites de précision de ce genre
de mesure, ;
Nous pouvons donc conclure que ces mesures ont une réelle valeur
objective,
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 819
C. Précision des mesures. — En se plaçant dans les conditions indiquées
et en prenant les précautions requises, on peut distinguer avec certitude
deux concentrations du même produit différant entre elles de +. Ainsi donc,
si l’on essaie diverses concentrations du même produit différant entre elles
de +, on voit que l’on arrivera à trouver, pour la concentration optima
définie plus haut (première sensation obtenue au bout de 3o secondes),
deux valeurs : l’une approchée par excès, l’autre approchée par défaut, et
différant entre elles de + seulement. En prenant la moyenne des deux
valeurs ainsi trouvées, on obtiendra pour la concentration optima une
valeur approchée à =. Le pouvoir lacrymogène étant donné par le quotient
de deux concentrations équivalentes, exactes chacune à À près, l’approxima:
tion de cette grandeur sera voisine de +.
Cette précision est très suffisante pour toutes les applications. De nom-
breuses expériences de vérification ont confirmé l'exactitude de ce calcul de
l'approximation. |
D. Résultats. — Voici les résultats des mesures effectuées sur les princi-
pales substances lacrymogènes utilisées par les armées belligérantes :
lodare de bebe rie Send rt ect Toe
Bromacétone. noae Séries des a d T ec 1,8
Bromuré de-benaylé,., "sites es, I
~ Oxyde de méthyle dibromé symétrique............. 1
Ghloroperine n ass rone on e e a 4
CGhloracelone. iiie ee a i +
ACFO IGN) rae serie en three TE Cr Ur TS
En dehors des emplois militaires, qui, nous le souhaitons, ne se repro-
duiront plus, notre méthode de mesure permettra dans certains cas, à un
point de vue purement chimique, de faciliter la caractérisation des sub-
stances douées du pouvoir lacrymogène, et même d’en fournir un Se
grossier dans cerlains mélanges complexes,
820 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE PHYSIOLOGIQUE. — L'action des radiations de differentes longueurs
d'onde sur l'assimilation chlorophyllienne: Note de M. Rest Wunuser,
présentée par M. F. Henneguy.
Si tous les expérimentateurs sont d'accord pour reconnaître chez une
plante verte exposée au soleil un maximum d’assimilation au voisinage
de 680%, l'existence d’un second maximum, trouvé par Engelmann
vers 480", est toujours discutée. D'autre part, pour déterminer l'efficacité
relative des différentes radiations, il faut tenir compte de leur intensité
dans la source employée : Prillieux, dès 1869, avait bien posé le problème,
mais sa méthode de mesure de l’énergie lumineuse était inexacte; Kniep
et Minder (1909) ont bien employé la méthode thermoélectrique mais,
dans leurs expériences, c’est la mesure de l’assimilation qui est insuffisante.
Entin, pour chercher une relation entre la réduction de CO? et l'absorp-
tion de la chlorophylle, il fallait déterminer directement l'énergie absorbée
par le pigment dans les leucites.
J'ai repris la question en ayant recours à une nouvelle méthode de
mesure de l'assimilation dont le principe a été trouvé par Loeb et Osterhout.
Elle consiste à suivre, au moyen d’un indicateur (phénolphtaléine), laug-
mentation d’alcalinité de l’eau de mer en présence d’Algues exposées à la
lumière. Les expériences ont été effectuées à Roscoff, sur deux espèces
déterminées par M. Sauvageau : une Algue verte, Ulva lactuca, et une
Algue rouge Rhodymenia palmata. L'exposition avait lieu à la lumière
diffuse, à travers trois écrans précédemment décrits ('). Pour déterminer
les intensités incidentes, j'ai comparé au spectrophotomètre les vitesses de
destruction d’une solution acétique de chlorophylle (*). Enfin, je me suis
assuré au préalable que l’accélération de la respiration sous l'influence des
radiations bleues était négligeable, Avec M. Vlès, nous avons déterminé
l'absorption de la chlorophylle en comparant au spectrophotomètre un .
thalle d’Ulve normal à un thalle décoloré par exposition au soleil.
Voici le résultat d’une expérience prise parmi sept autres tout à fait
concordantes :
(1) Rexé Wunuser, Action sur la chlorophytlle des radiations de différentes lon-
_ gueurs d'onde (Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1610).
(2?) Loc. cit,
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 821
Lumière rouge Lumière verte Lumière bleue
(ASS 5807). (580-460). (À < 460).
Vitesse d assimilation... .....,.:..... 100 24 80
Energie incidente. ...,......... Ve + 2E00 50 80
» absorben dr et ere 100 7 48
Vitesse : énergie incidente........., 1,00 f 0,48 1,00
» énergie absorbée....... re 1,00 3,43 1,66
Ce Tableau montre l'existence de deux maxüna de l’assimilation chez les
Algues vertes exposées à la lumière du jour. A énergie absorbée égale, les
radiations bleues sont plus actives que les rouges (1,66 fois au moins
puisque, dans le calcul, l'absorption des lipochromes a été négligée). Il
est surtout remarquable que le rendement soit le plus élevé (3,43) dans
la région de moindre absorption. Or on est fondé (' `) à penser que l'oxy-
gène produit par l'assimilation ne se dégage pas au contact des grains de
chlorophylle, qui seraient sans cela très rapidement détruits. Pour d’autres
raisons encore (°), il semble que le protoplasme soit l'élément actif de la
réduction de CO*. La vitesse de l'assimilation doit donc être d'autant plus
grande que, pour une même quantité d'énergie absorbée, la masse active
du protoplasme est plus grande : ce qui a lieu dans les régions où une
couche relativement épaisse est nécessaire pour absorber cette énergie.
Les expériences faites avec Rhodymenia palmata montrent que cette Algue
rouge assimile plus énergiquement encore dans la région verte, comme le
prouvent les chiffres suivants, se rapportant à des conditions identiques
pour les deux Algues :
Lumière Lumière Lumiére
rouge, verte. ble
Ulpa tacite rire T 100 24 80
Rhodymenia palmata.............. 100 50 18
On retrouve ici, mis en évidence chimiquement, ce qu'avait signalé -
Engelmann : le déplacement du premier maximum et la disparition du
second. Onsait (°) que les Algues rouges se rencontrent dans les points fai-
(1) Rexé Woruser, Action de la lumière sur la chlorophylle colloïdale en pré-
sence de stabilisateurs (C. R. Soc. Biol., t. 83, 1920, p. 437).
(?) Ces raisons ont été exposées par F.-F. Blackmann (Soc. Roy. Lond., } mars 1920).
(*) G. Sauvaceau, Utilisation des Algues marines.
822 ACADÉMIE DES SCIENCES.
blement éclairés. Il y a donc une analogie évidente entre le rôle physiolo-
gique de la phycoérythrine et celui du pourpre rétinien, agent de la vision
crépusculaire et qui détermine le déplacement vers le bleu de la sensibilité
rétinienne. Le pigment rouge des Algues sensibilise vraisemblablement le
protoplasme et permet l’assimilation aux faibles intensités lumineuses.
ZOOLOGIE. — Observations physiologiques sur Convoluta roscoffensis.
Note de M. Louis Desroucnes, présentée par M. Edmond Perrier.
Hypertonie en relation avec la température. — W nous importait de con-
naitre :
1° Le degré de résistance exact des Convoluta à l'hypertonie;
2° Si cette résistance, en relation avec la pression osmotique, étail accen-
tuée à basse température,
Nous nous sommes servis d’une solution de Na Cl à 20 pour 100 que
nous avons ajoutée à l’eau de mer pure dans des proportions croissantes de
2 à 30 pour 100. Les résultats furent identiques à l'ombre et à la lumière.
Les Convoluta vivent normalement dans les solutions hypertoniques conte-
nant jusqu’à 12 pour 100 de Na CI à 20 pour 100, mais toutes sont mortes
à partir de 12 pour 100. La mort survint au bout d’un certain nombre
d'heures, variable suivant la concentration, mais toujours moins rapide-
ment à 4° C. qu’à ‘plus haute température : 18° C., comme le montre le
Tableau ci-dessous :
Pour 100.
A — EESK
1% 5% Fi 20. 25: 30.
18° G. (heures)...,., 120 100 48 4o 28 20
46 Sn, 130 104 67 6o 48 45
Hypotonie. — De nombreux observateurs ont noté que les Convoluta résis-
taient à une forte hypotonie. Elles vivent environ trois jours dans une solu-
tion contenant 75 pour 100 d’eau douce et 25 pour 100 d'eau de mer. Nous
avons voulu acclimater graduellement les Convoluta à la même hypertonie
pendant un temps plus long. Nous avons essayé tout d’abord de les faire
passer dans des éprouvettes de plus en plus hypertoniques, et ceci par inter-
valles réguliers. Mais, par ce moyen, nous n'avons obtenu aucun résultat
notable, Par contre, nous avons réussi à augmenter la résistance de certains
lots de Convoluta à
SÉANCE DU 26 OCTÓBRE 1y20. 823
4
l'hypotonie par la technique suivante : Chaque jour
nous enlevions, dans l’éprouvette, une ou plusieurs gouttes d’eau de mer
pure que nous remplacions par de l’eau douce. L’attitude actuelle des Vers
nous fixait sur leur degré de résistance momentanée à l'hypotonie. Cette
résistance nous paraissait s'installer par sauts brusques. C’est ainsi qu'il
nous fallait parfois remettre, le soir, quelques gouttes d’eau de mer enlevées
le matin parce que les Vers étaient très ralentis dans leurs mouvements,
Cependant que le lendemain nous pouvions, sans dommage, accentuer à
nouveau l'hypotonie. Certains lots vécurent 22 jours dans 75 pour 100
d’eau de mer et 25 pour 100 d’eau douce.
Assimilation de l'acide urique. — Nous avions remarqué que les Convoluta
étaient peu sensibles à l'acide urique. Elles vivent ro jours dans un bocal
sursaturé de ce corps. Elles séjournent sur un épais sédiment de cet acide et
ne paraissent nullement ralenties. Si l’on vient à heurter les parois du bocal
elles se cachent dans ce dépôt comme elles ont coutume de fuir dans le sable
des plages où elles séjournent. Nous avons pensé qu'elles assimilaient peut-
être cet acide, et nous avons institué les expériences suivantes :
Six bocaux disposés en trois séries pour les expositions suivantes :
au soleil, à Fombre et dans l'obscurité.
Dans chaque série de deux bocaux, l’un contenant 100°" d’eau mer.
pure et l’autre r00™ d’eau de mer pure plus 68 d’acide urique (limite de
saturation). Puis, dans chaque bocal, nous avons versé une égale quantité
de Convoluta vivantes, soit 6°", entassées dans une éprouvelte graduée.
D'autre part, nous avons opéré des dosages préalables d'acide urique dans
l’eau de mer, en modifiant légèrement la méthode de Folin-Schaffer. Nous
avons choisi ce dernier procédé parce qu'il a l'avantage d'être possible
dans ce milieu complexe qu'est l'eau de mer, parce qu'il permet de
retrouver des doses minimes d'acide urique et surtout que les résultats
qu'on obtient sont constants si l’on se sert de solutions et de quantités
strictement identiques.
Pour 100% d’eau de mer pure ou plus 6™ d'acide urique, nous aviors
adopté les quantités suivantes :
cm
Solution acétate urane, plus acide acétique à ,5..... 20
Solution sulfate d'ammoniaque.,................. 29
Ammoniaque pur.:,..:.:.. Ds TE pue re 5
o T i 15
Acide sulfuriqüE. sirrin rere irbis
824 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans ces conditions :
100™ d’eau de mer pure absorbent 4™ de la solution MNO'K au $ et
100" d’eau de mer pure, plus 6" d'acide urique, absorbent 6™ de la
même solution.
Pendant plusieurs jours, nous avons dosé, après 12 heures d'exposition,
leau des différents bocaux où avaient séjourné les six lots de Convoluta, et
toujours nous avons remarqué la disparition totale de l'acide urique dans les
bocaux préalablement saturés. Jamais nous n’avons trouvé cette substance
dans les bocaux d’eau de mer pure. Les recherches objectives de cristaux
d’urate d’ammoniaque furent également négatives. Nous pensons donc
qu'il y a bien assimilation d’acide urique par les zoochlorelles des Convoluta
et qu’il n’y a pas excrétion de cet acide dans le liquide ambiant. Ces résul-
tats sont conformes à la structure du Ver au stade adulte : absence de tube
digestif et de cellules excrétrices, D’après les travaux de Molliard, nous
savons que l’acide urique est la meilleure source d’azote pour le radis et que
le rendement nutritif de l’urate de sodium est nettement supérieur à celui
qu’on obtient avec le nitrate de sodium ('). Il est donc très probable que
les échanges symbiotiques des Convoluta aboutissent à la transformation de
l'acide urique en aliment azoté pour les zoochlorelles. Nos expériences ont
duré 6 jours au soleil et à ombre, avec des résultats identiques. Par
contre, tous nos Convoluta sont mortes en 24 heures dans l'obscurité, tant
dans l’eau de mer pure qu'avec l'acide urique.
EMBRYOGÉNIE, — Développement larvaire de Cæloplana gonoctena (K rempf).
Stade Cydippe. Transpormations. Note de M. Armann KRaewpr, présentée
par M. Edmond Perrier.
L’abondant matériel de C. gonoctena que j'ai eu à ma disposition sur la
côte d’Annam pendant l’été et automne de 1916, m'a permis d'aborder
l’étude de son développement et de constater que cette espèce présentait un
stade Cydippe comme le Platycténide décrit par Mortensen en 1912. Tout
récemment Taku Komai 1920 vient de faire connaître le développement
d'une Cæloplana japonaise nouvelle, C. Bocki, qu'il a découverte en 1918.
L'embryogénie de cette dernière forme est identique, dans ses grandes
a nn
(') Société botanique de France, 1910.
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 825
lignes, à celle que j'ai pu étudier sur l'espèce de la mer de Chine dont j'ai
décrit dans mes Notes précédentes (') les principales particularités d’orga-
nisation. Je résume ici le résultat de mes observations.
Les œufs protégés par une coque sphérique résistante et transparente sont émis par
un mécanisme que je n’ai pu définir. Ils se transforment rapidement en un minuscule
embryon qui présente tous les traits d'organisation caractéristiques d'un Cydippe :
8 rangées de palettes accouplées 2 à 2; deux tentacules rudimentaires; un organe
aboralpourvu de deux massifs antagonistes de granulations otolithiques réparties à l'inté-
rieur de la cupule sensorielle, ciliée suivant deux foyers orientés dans le plan tentacu-
laire; enfin à l’opposé de l'organe aboral, un large orifice en forme de fente dont il
importe maintenant d'établir la signification par une étude attentive.
L'idée la plus simple et la plus naturelle que l’on puisse s’en faire est qu’il repré-
sente la bouche du Cydippe et du Cténophore adulte (Mortensen, Taku Komai). Un
fait frappera cependant tous les observateurs : la fente buccale des Cténophores est
disposée suivant un plan perpendiculaire au plan tentaculaire : or l’orifice que les
larves de C. gonoctena, comme celles de Tjalfiella tristoma (Mortensen) et de
C. Bocki présentent à leur pôle oral, est fendu suivant le plan tentaculaire lui-même,
Un examen attentif de l'embryon montre que cette longue fente n’est pas la bouche,
pas plus que la cavité dans laquelle elle donne accès ne constitue le pharynx. Il s'agit
de formations qui ont leur équivalent mal développé et à peine perceptible chez les
Cténophores adultes du type Cydippien, mais qui se trouvent, par contre, hautement
Caractéristiques de l’organisation de tous les Cnidaires : elles ont pour homologue
ans l’ensemble du groupe des Cœlentérés, une structure ectodermique très primi-
tive, connue chez les Méduses craspédotes sous le nom de noyau médusaire et chez
les Anthozoaires sous celui d'invagination ou de bourgeon stomodéal. Chez C. gonoc-
tena, de même que chez les Anthozoaires, elles équivalent, non pas comme on l’a cru
Jusqu'ici, à la bouche et au pharynx de l'adulte, mais à son disque tentaculaire,
organe tout à fait extérieur à l'appareil digestif, morphologiquement comparable à
la sous-ombrelle des Méduses. C’est aux dépens de cette cavité, que, par écartement
latéral des deux lèvres de son aa en- fente el pee étalement de ces lèvres
dans un plan, se tit lal
laquelle rampera plus tard l'adulte.
Quant à la bouche de la larve elle est représentée par un orifice d'assez petites
dimensions situé au fond de la cavité préorale dont nous venons de parler. Sa forme
en fente orientée perpendiculairement au plan tentaculaire et ses rapports avec le
tube digestif ne laissent aucun doute sur sa véritahle nature. Elle conduit en effet dans
une cavité à l’intérieur de laquelle nous trouvons disposées, suivant le plan tentacu-
laire, les ébauches antagonistes de deux organes sur l'importance desquels j'ai déjà
attiré l’attention dans de trans Notes (*) en étudiant la formation du pharynx
chez les Anthozoaires.
Comptes rendus, t. T1, 1920, p. 438 et 586.
Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1407, et t. 171, 1920, p. 198.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 17.) 62
(')
(©)
826 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai montré que, dans ce dernier groupe, le pharynx de l'adulte tirait son origine
de la coalescence d’une série métamérique d’ébauches embryonnaires endodermiques
en forme d’arceau, auxquelles j'ai donné le nom d'Entérotoxelles. Ces organes, pour
lesquels la disposition individualisée est transitoire et de très courte durée chez les
Anthozoaires, persistent au contraire sous cet état chez les Cténophores adultes; ils
se retrouvent chez la larve de C. gonoctena; ils sont compris entre son orifice buccal
et l'orifice de l'entonnoir : ce sont les homologues des entérotoxelles dorsales et ven-
trales du segment æ de la larve de Pocillopora cespilosa.
On saisit toute la portée de ces comparaisons. Sans parler des conséquences mor-
phologiques qui en découlent pour notre compréhension du groupe des Cténophores
et de ses relations phylogéniques avec les Cœlentérés supérieurs, disons seulement que
cette notion nous permet d'établir, sur des bases matérielles, un mode d’orientation
des Cténophores concordant avec celui des Anthozoaires. Si nous mettons en regard
la disposition suivant un plan dorso-ventral des entérotoxelles æ dorsales el à ventrales
chez les- Anthozoaires avec celles qu’assigne à ces mêmes organes notre conception
actuelle, il nous apparaît que l'orientation purement conventionnelle attribuée aux
Cténophores place les structures comparables, dont nous venons de parler, à go° l’une
de l’autre, nous masquant ainsi des homologies fondamentales.
Il importe donc de rétablir une harmonie méconnue en identifiant le plan tentacu-
laire des Cténophores avec le plan dorso-ventral des Anthozoaires.
Le développement ultérieur de l'embryon Cydippien de C. gonoctena nous met en
présence de formes [arvaires offrant les plus grandes analogies avec celles des Cténo-
phores lobés. L'animal s'étale sur ses grands lobes pleuraux, perdant peu à peu sa
forme de Cœlentéré pélagique pour prendre le port et l'apparence d’une planaire.
Corrélativement à ces modifications de la forme extérieure, des transformations
s'accomplissent dans la disposition des organes profonds. Les deux appareils tentacu-
laires antagonistes subissent une rotation verticale dans le plan dorso-ventral qui les
amène à leur place définitive. La valeur angulaire de cette rotation dépasse 90°. Leurs
colloblastes embryonnaires achèvent leur évolution et deviennent semblables à ceux
de tous les Cténophores.
Le système des vaisseaux se développe suivant le même plan général que chez les
Lobés. Les huits canaux méridiens se fusionnent en s’accouplant deux à deux. En
outre, ils se répandent bientôt, comme chez les Béroés, en un réseau anastomotique
complexe. Les canaux pharyngiens transformés eux aussi en un réseau pharyngien w
mettent en rapport avec le réseau périphérique représentant les canaux méridiens
fusionnés. : :
Pendant que ces différentes transformations s'effectuent, la larve perd ses huit
rangées de palettes : à partir de ce moment elle ne se déplace plus que par reptation.
Signalons enfin une particularité remarquable de C. gonoctena. A toutes les époques
de l’année, cette espèce présente l'aptitude à se reproduire par lacération naturelle
ou expérimentale. Une portion très réduite (+; de millimètre) du corps de l'animal
peut reconstituer rapidement un individu parfait à la condition de posséder à la fois
de l’ectoderme et de l’endoderme, Un fait morphologique important se dégage de
l'étude expérimentale que j'ai pu faire de cette propriété, L'animal ne régénère pas
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 827
synchroniquement les deux éléments antagonistes de sa symétrie biradiaire, c'est-à-
dire son foyer dorsal et son foyer ventral : il en résulte des formes qui, ne présentant
qu'un seul foyer, un seul tentacule, une seule entérotoxelle, ont perdu leur symétrie
rayonnée : elles sont dissymétriques. Mais de l'altération de leur harmonie radiaire
primitive, naît une harmonie nouvelle : ce sont maintenant des formes bilatérales.
Ces constatations nous conduisent à la même conclusion générale que
notre étude sur le développement des Hexacoralliaires. Elles nous montrent
que ia symétrie bilatérale est une disposition résiduelle dérivant d’une
symétrie radiaire à deux éléments antagonistes par atrophie de l’un de ces
deux éléments. Cette dernière réflexion éclaire le lecteur averti sur ma facon
d'envisager les rapports d'ensemble des Cténophores et des Platodes : elle
lui fait prévoir que, m'appuyant sur des faits nouveaux et des rapproche-
ments inédits, je rejette avec Willey et Abbott homologie de l'axe longitu-
dinal des Vers plats et des Métazoaires bilatéraux avec l’axe sagittal des
Cténophores, homologie établie par Lang, acceptée par Kemna et par
Mortensen.
PHYSIOLOGIE. -- Les fonctions embryonnaires des appareils de relation chez
les Vertébrés anamniotes. Note de M. Paun Winrueserr, présentée par
M. Paul Marchal.
$
Les fonctions embryonnaires que j'ai signalées chez les Vertébrés infé-
rieurs possèdent des caractères communs qui jettent quelque lumière sur
leur valeur générale et sur leur signification. Les appareils musculaire,
nerveux, tégumentaire, qu'elles concernent, appareils dits de relation chez
l'adulte, ne gare entre eux, pendant leur développement, qu’une
liaison pété et n’ont, d'autre part, chez des embryons protégés par
une coque épaisse et pourvus d’un vitellus abondant, que des rapports
indirects avec le milieu extérieur par l'intermédiaire d’une chambre ovu-
laire. Ce sont, dans l’ordre de leur apparition pendant l'ontogénie: 1° la
contraction rythmée aneurale des myotomes chez les Sélaciens, antérieure
à toute activité nerveuse ('); 2° l'irritabilité ectodermique aneurale des
(`) Comptes rendus, t. 165, 1917, p. 369, et t. 167, 1918, p. 86; Comptes rendus
Soc. Biologie, t. 81, p. 534 et p. 585.
828 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Amphibiens, contemporaine de la distribution des nerfs sensibles à la
surface du tégument ('); 3° la propagation d'avant en arrière, chez les
Sélaciens, du mouvement ondulant du corps, aux stades de liaison neuro-
musculaire, grâce à une succession de réflexes dont les cellules de Ronon-
Beard constituent la voie centripète (°).
4° La sécrétion spéciale du revêtement cutané qui, chez les Téléostéens,
digère la coque et permet l'éclosion (°).
A. Ces fonctions sont transitoires. La durée de leur existence varie pour
chacune d'elles; elle est courte pour l’irritabilité des Amphibiens (3 jours
environ à 15° C.), moins brève pour la contraction aneurale des Sélaciens
(4 jours à 17°%-18° C., 8 jours à 15° C.), plus longue pour le fonctionnement
des cellules géantes dorsales de Ronon-Branp (2° moitié de la vie ovulaire,
4 à 5 mois chez Scylliorhinus canicula).
B. Elles se manifestent à une période définie de l'ontogenése et caracté-
risent, au même titre que les caractères morphologiques, un stade du
développement.
C. L'examen physiologique de l'embryon ne fait pas assister uni-
quement au développement des fonctions définitives, mais conduit à cons-
tater des fonctionnements nouveaux.
Un organe peut montrer des propriétés différentes et successives, suivant le
stade plus ou moins avancé de sa différenciation, par suite de spécialisations
momentanees de ses états de structure.
Il existe une physiologie spéciale des embryons reclus dans une coque et
abandonnés à eux-mêmes dans la nature, physiologie qui est fonction des
conditions ambiantes, et dont les manifestations värient dans le temps
avec les transformations anatomiques. Ainsi le mouvement aneural, chez
les Sélaciens, précède le mouvément coordonné de la période neuro-
musculaire, et pendant celle-ci les cellules géantes transitoires de la moelle
assurent les premiers relais du mouvement propagé. L'irritabilité ectoder-
mique aneurale des Amphibiens diffère grandement de la fonction glandu-
laire et de revêtement dévolue plus tard au tégument. La sécrétion cutanée,
capable de dissoudre la coque, chez les Télécstéens, est de tout autre nature
que la sécrétion muqueuse persistante de l’adulte.
(1) Comptes rendus, t. 171, p. 408, 583 et 680; Comptes rendus Soc. Biologie,
t. 67, p- 645; t. 69; p: 39.
(°) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 958 et 1082. i
(°) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. 72, p. 724; t. 73, p. 70:
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 829
D. L'existence de ces propriétés embryonnaires ne peut être considérée
comme un rappel ancestral. Il est vain de chercher à établir un lien généalo-
gique entre les Vertébrés actuels et les organismes dépourvus de système
nerveux.
De plus,le mouvement aneural rythmé des myotomes ne mène pas à la
locomotion; car les contractions droite et gauche sont indépendanteset leur
neutralisation latérale, à la phase de conjonction, provoque, à des moments
variables, une immobilité presque complète. L’irritabilité ectodermique
aneurale des Amphibiens manque chez les Poissons et n’est pas inscrite dans
la lignée héréditaire de tous les Amphibiens (Alytes, Salamandra); sa
coexistence, sa jonction avec le système nerveux sont des phénomènes
Jusqu'ici sans exemple. Les cellules géantes de la moelle, considérées par
Coghill (1914) comme l'élément nerveux afférent des Chordés les plus pri-
mitifs, n’ont pas, chez tous les Vertébrés inférieurs, la même situation
(van Gehuchten, 1897) et ne peuvent, à elles seules, représenter le système
nerveux d’une forme ancestrale, d’ailleurs hypothétique; de plus, elles
manquent ou sont peu développées chez les Sélaciens ovovivipares.
E. Les fonctions embryonnaires des appareils de relation se rapportent
plutôt à des causes actuelles (Delage). Toutes les parties du germe se déve-
loppent en fonction du milieu, mais certains organes reçoivent et manifestent
d'une façon plus directe que d’autres, l'influence des conditions externes;
c'est ainsi que le caractère occasionnel de l’irritabilité ectodermique aneu-
rale des Amphibiens et de la fonction des cellules géantes chez les Séla-
ciens (Beard), a été nettement établi.
F. Le caractère actuel des manifestations se précise si l’on aborde le :
problème de leur utilité. La sécrétion cutanée des Téléostéens facilite leur
éclosion. Les premiers mouvements du corps, qui n’ont avec la locomotion
et les phénomènes de relation qu'un rapport fort éloigné, agissent en
favorisant la nutrition. Qu'ils soient exécutés d’abord d’une manière aneurale
et plus tard entretenus par une organisation nerveuse primitive, chez les
Sélaciens, qu'ils soient rendus plus fréquents chez les Amphibiens par la
généralisation, à toute la surface ectodermique, d'une irritabilité spéciale,
ils ont pour effet, à une époque où les battements cardiaques n'existent
pas encore (Sélaciens) ou viennent seulement de se produire (Amphibrens),
de faciliter la circulation du liquide intérieur, d'aider à l'élimination des
déchets et de contribuer à la respiration.
G. La disparition des fonctions embryonnaires radi d'une véritable
metamorphose. Que le changement des structures soit limité à un seul
830 ACADÉMIE DES SCIENCES. ;
appareil ou même réduit à un simple remaniement cellulaire, il n’en est
pas moins conditionné par une modification générale de l'être vivant. Les
facteurs externes ne varient pas. Si donc l’avènement d’une fonction
embryonnaire se présente comme l'effet d'interactions entre un état struc-
tural peu différencié et les conditions ambiantes, sa déchéance, à un stade
ultérieur du développement, s'explique comme le résultat d’une discor-
dance entre la structure spécialisée précocement acquise et les conditions
nouvelles du milieu intérieur, sans qu’il soit encore possible de préciser le
changement de conditions survenu. . :
A 16 heures et quart, l’Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 17 heures trois quarts.
ERRATA.
. (Séance du 12 juillet 1920.)
Note de M. L.-E.-J. Brouwer, Enumération des classes de représentations
d’une surface sur une autre surface :
Page 89, ligne 11 en remontant, au lieu de y? lire y=1; ligne 8 en remontant, au
lieu de sont de la mème classe que, lire peuvent être choisies dans la classe de.
mn
. (Séance du 6 septembre 1920.)
Note de M. H. Grouiller, Premières observations de la Nova Denning
faites à l'Observatoire de Lyon :
Par suite d’une erreur de transcription, la position méridienne donnée pour la Nova
à la fin de la Note (p: 496) e-t erronée; il résulte de dix observations, pour 1920
janvier o, la position moyenne suivante avec ses erreurs ; probabl es :
a = 1956 245,61 + 0°,03; 03° 34/3 "12 0")6:
SÉANCE DU 26 OCTOBRE 1920. 831
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES DE JUILLET 1920.
Ther rs Propriétés 8 générales des fluides, par E. Arès. Paris, Her-
mann, 1920; 1 vol. 39%,
Leçons sur les Poe automorphes : fonctions automorphes de n variables,
fonctions de Poincaré, par GeorGes Graun. Paris, Gauthier-Villars, 1920; ı vol, 25%,
Contributions à l'étude de la vie vertébrée insulaire dans la région méditerra-
néenne occidentale et particulièrement en Sardaigne et en Corse, par E.-C. DERAUT
Paris. Paul Lechevalier, 1920; 1 vol. 25°. (Présenté par M. E.-L. Bouvier.)
Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht par Albert 1",
Prince souverain de Monaco. Fascicule LIV : Céphalopodes, par Louis Jousin. Impri-
merie de Monaco, 1920; t vol. 36%, (Présenté par S. A. S. le Prince de Monaco.)
Amélioration des plantes cultivées et du bétail, par E Coquiné. Paris, J.-B. Bail-
lière, 1920; ı vol. 18,5. (Présenté par M. Viala.)
Observations et expériences faites sur les animalcules des infusions, par Lazare
SPALLANZANI. Paris, Gauthier-Villars, 1920; 2 vok 190%.
Mémoires sur la respiration et la transpiration des animaux, par ÀNTOINE-LAURENT
Lavoisier. Paris, Gauthier-Villars, 1920; 1 vol. 17%
Collection des Ouvrages anciens concernant Madagascar, par A. GRANDIDIER,
CnarLes-Roux, H. Froingvaux et G. Granbibier. Tome IX, Paris, Union coloniale,
1920 ; 1. vol. 25,
Commission scientifique interalliée du ravitaillement. Rapport général. Les res-
sources et les besoins alimentaires des pays alliés; premier rapport et annexes,
Paris 1918; deuxième rapport, Rome 1918; troisième rapport, Rome 1918. — Résolu-
tion et projet de convention relatifs à la création d’une commission scientifique
geen de alimentation, Bruxelles, 1919; 5 fasc. 27%™, 5.
he Conon Bradley snow te par WILLIAM H. PICKERING. Extrait de Popular
e onomy, 1 vol. XXVIII, n° 7, 1920; 1 fasc. 24%.
Étude préliminaire sur les vitesses du vent et les températures dans lair libre
à des hauteurs différentes, par H. HiLDEBRAnD HizpesranDssOx. Extrait des Geogra-
fiska Annaler, 1920; 1 fasc. 24°
832 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES D'AOÛT 1920.
Géométrie synthétique des unicursales de troisième classe et de quatrième ordre,
par E. Bazzy. Paris, Gauthier-Villars, 1920; 1 vol. 23%,
Les progrès récents de l’Astronomie, par Pavut Srroopanr. Extrait de l'Annuaire
de l'Observatoire royal de Belgique, vol. VII, Année 1914. Bruxelles, 1920;
1 vol. 18%, (Présenté par M. Deslandres.)
A propos de la prochaine disparition de l'anneau de Saturne, par PauL STROO-
BANT. Extrait de l'Annuaire de l'Observatoire royal de Belgique. Bruxelles, 1920;
Efase FO,
La catalyse en Chimie organique, par Pavut SaBaTieR. Paris, Ch. Fee 1920;
1 vol, 25°,
Le Réve. Étude psychologique, philosophique et raies par Yves DELAGE.
Paris, Léon Lhomme, 1920; 1 vol.
Les industries minérales non AISNE à Madagascar. Conférence faite au
Muséum national d'Histoire naturelle, le 2 mai 1920, par A. Lacroix. Paris, Éditions
de la Revue politique et littéraire, 1920. 1 fasc. 22°",
The climate of Portugal and Notes on its Health Resorts, par D. G. D'ALGADO.
Lisbonne, 19143 1 vol. 22°",
Academia das sciencias de Lisboa. Matérias Proteicas. Composiçao dos Princi-
pais TRE do Organismo, par AcuiLes Macnapo. Lisboa, Imprimerie nationale,
1920; 1 vok 15%,
aroas de Neurossemiologia Clinica, par Venio Macuano. Lisboa, Impri-
merie nationàle, 1919; 1 vol. 28cm,
Guides des physiciens et des analystes des prospecteurs et des sourciers.
baguettes ie sourciers et les forces de la nature, par Henri Macer. Paris, Dunod,
1020; } vo 241. l
Les
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MARDI 2 NOVEMBRE 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HYDRAULIQUE. — Sur le coup de bélier dans lès conduites forcées alimentant
des turbines à forte réaction. Note (') de M. pE SPaRRE.
Soit une conduite forcée, partout semblable à elle-même, alimentant une
turbine sans réaction, / sa longueur, a la vitesse de propagation et V, la
vitesse de régime de l’eau dans cette conduite pour le distributeur complé-
tement ouvert. Si T est le temps de fermeture, supposée de vitesse uniforme,
pour le distributeur complètement ouvert, on sait que le coup de bélier
maximum est donné par la formule
avis
gI ( )
(1) Emn =
De plus, ce résultat est encore, ainsi que je l'ai fait voir, très sensiblement
applicable à une conduite d'épaisseur variable, si l’on suppose la durée
; * 2l k
totale T de fermeture notablement supérieure à la durée 0 — i de l’oscilla-
ton de l’eau dans la conduite.
Par contre, on s’exposerait à de graves mécomptes, si l’on appliquait
sans discernement la formule (1) aux conduites alimentant des turbines à
forte réaction, ainsi que je vais le faire voir.
On sait que si la fermeture du distributeur (°) a lieu dans un temps plus
') Séance du 26 octobre 1920.
(*)
(*) g désignant la gravité.
(*) Partiellement ouvert.
C. R., 1920,2° Semestre. (T. 171, N° 18.) 63
834 ACADÉMIE DES SCIENCES.
petit ou au plus égal à 0 = + le coup de bélier, quel que soit d’ailleurs la
loi de fermeture, est égal à
V étant la vitesse de régime de l’eau dans la conduite, pour le distributeur
partiellement ouvert, au moment où commence le mouvement de fermeture.
On sait, de plus, que l’on ee degré de réaction d’une turbine la
quantité.
: p2
(2) E= I 28H?
où v est la vitesse dé l’eau à la sortie du distributeur à l'instant considéré,
et H la hauteur de chute.
Si l’on suppose alors que V soit la vitesse de régime de l’eau dans la
conduite lorsque le distributeur est ouvert d'une quantité telle que la fer-
meture totale ait lieu dans le temps 0 ('), le coup de bélier, si l’on ferme à
partir de cette ouverture, sera
Désignons maintenant par Q, le débit de la conduite lorsque le distribu-
teur est complètement ouvert et, par suite, la vitesse de régime égale à V,;
par v, la vitesse de l’eau, dans ces conditions, à la sortie du distributeur, le
degré de réaction étant par suite
(4) Eo = I —
m
m
.
25
Désignons par Q le débit de la conduite, lorsque la vitesse de régime
dans cette conduite esty, la vitesse de l’eau à la sortie du distributeur étant `
alors v et, par suite, le degit de réaction
(5) Pi een
2gH :
Nous aurons évidemment
x» o
D ooa
Mais si S, est la surface du distributeur lorsqu'il est complètement ouvert
(1) Ea supposant cette fermeture faite avec une vitesse uniforme telle que la ferme-
ture totale, à partir du distributeur complètement ouvert, ait lieu dans le temps
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 33)
et le débit de la conduite Q,, S cette surface lorsqu'il est ouvert d’une
quantité telle que le débit de la conduite est Q, comme de plus, la vitesse
de l’eau à sa sortie est e, dans le premier cas et ¢ dans le second, on aura
aussi
Q Si
{) Er
(7)
Mais puisque nous supposons la vitesse de fermeture uniforme et que par
hypothèse la durée de fermeture est T lorsque louverture initiale est $, e10
lorsque cette ouverture initiale est S, on à
(8) Sn
On déduit par suite des relations (6), (7) ct (8) jointes aux relations (4)
ét(5)
ee N3 a né
+ a Ñ l To= =a D UE “ere
Par suite, si la fermeture totale a lieu à puzi de l'ouverture S., on aura
pour le coup de bélier, en vertu de la formule (3) et en remplaçant 0 par sa
valeur
RAS. RP Pet aiy, FE ut,
g = gT T ka Vu £ L z t= e
Or, dans les turbines qui ont un fort degré de réaction, ce degré de
réaction diminue So deb 2 0 à mesure que le distributeur se ferme
et le facteur V=
mesure que l’on rnk à partir d'une ouverture initiale plus réduite.
Par exemple, si l’on suppose T = 40, j'ai montré dans une Note remise au
Comité technique que ce facteur peut, pour une turbine à forte réaction,
dépasser 1,60. Par suite dans ce cas en calculant le coup de bélier maximum
par la role (1) on lui attribuerait unc valeur de 6o pour 100 trop faible.
Ce fait met en évidence la nécessité, pour les conduites forcées alimentant
des turbines à forte réaction, de tenir compte de l'influence du degré de
réaction dans les calculs du coup de bélier. Cette influence sera d'ailleurs
o AUCUN par suite aussi dans une large proportion à
f » , .
d'autant plus sensible que le rapport = sera plus petit. C’est un point sur
lequel je me propose de revenir prochainement.
836 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la signification biologique des alcaloides
dans les plantes. Note de MM. G. Crawicrax et C. Ravexna.
Les alcaloïdes qui se trouvent dans les plantes contiennent très souvent
l'hydrogène des groupes hydroxyliques, aminiques et iminiques substitué
par des radicaux alcooliques ou acides, de sorte que les auteurs, qui con-
sidèrent ces substances :comme produits de refus, que les plantes ne
pourraient pas éliminer, étant dépourvues des organes excrétoires propre-
ment dits, ont cru que ces radicaux servaient à les protéger de l’action de
tels groupes qui, chimiquement, sont les plus réactifs. En étudiant compa-
rativement l’action des composés fondamentaux avec celle de leurs dérivés
sur les jeunes plants de haricot, nous avons trouvé précisément le con-
traire; et nous avons remarqué encore que même les radicaux alcooliques
atlachés au carbone exercent un effet analogue.
Tandis que les sels ammoniacaux ne déterminent pas d'action spéciale,
les trois méthylamines et les sels de tétraméthylammonium se montrent
vénéneux en relation avec le nombre croissant de méthyle, et nous avons
pu confirmer cette règle dans toute une série de cas.
La xhantine, C* H‘ O?N‘, n'exerce pas d’action nuisible; la théobromine,
CH (CH j Ot Net encore davantage la caféine, C°H(CH*)*O*N*,
sont au contraire vénéneuses.
Une relation analogue existe entre l’acide urique, C’ H'O®N\, et l'acide
méthylurique, C'H? (CH?)O?'N'. La pyridine, C*H*N, et la pipéridine,
CSH'°NH, sont peu nuisibles et spécialement la première ne l’est pas du
tout; leurs dérivés, au nee sont tous plus ou moins toxiques, la
picoline, C’H'(CH°)N, l’est peu, aaas que la n-méthylpipéridine,
C*H'° N(CH’), les sels de diméthylpi
| Été ?
CSH'oN(CH:)2.R,
la conicine, C’H°(C*H°)NH, l’acéthylpiséridine, C’H'°N.C2H°0, et
la pipérine, C’H'°N.C'*H°O*, le sont beaucoup plus. La nicotine,
C*H' N.C H'N.CH?’, exerce aussi une action vénéneuse, mais elle com-
munique en plus un aspect caractéristique à la plante. Tandis que la mor-
phine, C'TH'TON(OH}, ne manifeste pas une notable toxicité, la codéine;
C'H'TON(OH)(OCH?), et aussi la diméthylmorphine,
C'THEON(OCH},
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 837
sont des poisons. La quinine, C'’H?'ON?OCH, et la cinchonine,
C'*H?2ON*?, montrent des différences semblables. L’atropine,
< C'HHN.CH*(OCH° 07),
est moins nuisible que la cocaïne, C'H'°NCH*(OCTH*0)(COOCH®), et
les effets vénéneux de celte dernière diminuent jusqu’à disparaître si on la
débarrasse successivement des radicaux, c’est-à-dire du pare et des
deux méthyles : ainsi les deux isomères, l'ecgonine,
C'H°N.CH?(0H)(COOH),
et l’éther méthylique de la nor-ecgonine, C'H'°NH(OH)(COOCH), ont
peu d'influence sur l’ultéricur développement des petites plantes; la nor-
ecgonine, CTH'°NH(OH)(COONH), finalement, n'exerce plus d'action
toxique appréciable. Les éthers sont plus nuisibles que les sels potassiques
des acides correspondants ; ainsi le salicylate de méthyle et les tartrates de
méthyle et d’éthyle sont plus dangereux que les sels de potassium des
acides salicylique et tartrique. Parmi les substances aromatiques, l’aniline,
C° H5NH?, est moins toxique que l’acétanilide, C? H'NHCO .CH?, et la
méthylacétanilide, C'H5N.CH*.COCH'; la pyrocatéchine, C°H*(OH)?,
moins que le gaïacol, CH'(OH)(OCH ); les quinoléines, C*H°N, moins
que la quinaldine, C° H$(CH°)N; les acides crésyliques,
C* H? (CH?) (OH) (COOH),
plus que l'acide salicylique, C’ H' (OH) (COON).
Il résulte donc de ce résumé que la présence de radicaux alcooliqt ucs où
acides ne diminue pas, mais augmente l'action nocive des substances fonda-
mentales qui les contiennent. Cependant les dérivés méthylés ne sont pas
nuisibles dans tous les cas ; lorsque le composé fondamental, non toxique,
est normalement présent dans les plantes, ses dérivés ne le sont pas. Ainsi
la bétaine, COOH.CH?. N(CH”) OH, comme le glycocolle,
| COOIL.CHE.NIE,
ne sont pas nuisibles; on peut dire la même chose soit pour l'acide diméthyl-
pyrroldicarbonique asymétrique, C'(CH*)}(COOHŸNH, que pour
l'acide carbopyrrolique, C'H*(COOH)NH, parce que le noyau pyrro-
lique fait partie essentielle de la chlorophylle; le méthylglucoside,
C* H'' O*.O CH, et le méthylsulfate de potassium, K(CH*)S0", ne le sont
pas plus que le glucose et le sulfate potassique. Les méthyles et, on peut dire
833 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en général, les radicaux, ne seraient donc pas nuisibles par eux-mêmes,
mais serviraient à augmenter l'effet de substances plus ou moins actives
dans les plantes, qui évidemment en transformant les composés fondamen-
taux en leurs dérivés, doivent le faire dans un but déterminé. Quel est ce
but? Nous l'avons pa deviner en nous rappelant ce que nous faisons
habituellement dans nos laboratoires pour rendre les substances organiques
plus résistantes aux allaques chimiques, notamment à l'oxydation. La
pratique habituelle est celle de remplacer les hydrogènes hydroxyliques,
aminiques ou iminiques par des radicaux alcooliques ou acides.
Les plantes pourraient opérer de la sorte, car nous savons, par des expé-
riences précédentes ('), que les substances organiques qu’on y a introduites
soit par arrosage, soit par inoculation, sont plus ou moins complètement
éliminées par oxydation. La question s’est donc posée d'établir si réellement
les enzymes oxydantes des végélaux attaquent de préférence les sub-
stances fondamentales que leurs dérivées. Nous avons examiné l’action de
la pâte d'épinards en présence d'oxygène sur quelques couples de sub-
stances, qui excrcent, comme il a déjà été dit, une action toxique d’inten-
sité variable sur les plantules de haricot.
Les résultats, consignés dans le Tableau suivant, montrent que vraiment
les composés les plus toxiques sont aussi ceux qui résistent le mieux
à l’action des ferments oxydants.
Substances. Introduites. Retrouvées.
Fýrocatec bine: o re de. 2 0,01
EE Te D ee r F2
Morphina o. oa a 2 détruite
Dodbihe,i: iii an 2 15,02 - 15, 40
theobromine oe aoa 4 «de 2 0,44
CMOS, 5 doi net. 2 1,92
Atropine. o a Pi. 2 0,52
Covatue 2 a o a a 2 1,07
Ces expériences tendent à montrer que les plantes, bien loin d'éliminer
les substances qui pourraient être des produits résiduaires de leur métabo-
lisme, les modifient en les rendant plus résistantes; ce fait semblerait
étrange si les alcaloïdes ne représentaient que des produits inutiles. Ils
doivent être, au contraire, destinés à des fonctions déterminées, que nous
C) Sur l'action des enzymes végétales sur quelques substances organiques
(Annales de Chimie, t. 12, 9° série, 1919, p. 3).
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 839
croyons être celles des hormones végétales. Quelles sont plus spécialement
ces fonctions? Nous ne le pouvons pas préciser, mais nous avons trouvé,
par exemple, que la caféine et la théobromine excitent la fonction chloro-
phyllienne en déterminant dans les haricots un surcroit d’amidon, de sorte
que, spécialement avec la seconde, les feuilles acquièrent des dimensions
plus grandes.
Avec cela pourtant, le rôle des radicaux n’est pas complètement éclairci
car, par exemple, l'acide isobutyrique, qui est plus toxique que l'acide
butyrique normal, ne se montre pas, dans les plantes, plus résistant à oxy-
dation. En outre, l’hydrogénation des composés fondamentaux exerce,
elle aussi, une influence nuisible sur les plants de haricot; en‘effet, tandis
que la pyridine, C*H*N, est moins toxique que la pipéridine, C*H'° NH,
cette différence augmente entre la quinoléine, CHN, et la tétrahydro-
quinoléine, C'H'° NH, et entre l'acide phtalique, C°H*(COOH }”, et l'acide
tétrahydrophtalique, CH$(COOHŸY. Nous avons observé ensuite que
l'action des substances aromatiques dépend aussi de la nature du noyau,
car les composés condensés sont plus nuisibles que les simples : ainsi la
quinoléine, C° H7 N, est beaucoup plus toxique que la pyridine, C’H°N, et
la-naphiylamine, C'°H° NH?,.est plus vénéneuse que l'aniline, C°H° NI.
De nouvelles recherches s'imposent à cet égard; mais dès ce moment, on
peut affirmer que l'effet des substances organiques sur les plantes doit être
en relation avec la résistance qu’elles opposent à leur élimination.
CORRESPONDANCE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la résolution des problèmes aux limites
relatifs aux équations du second ordre des types elliptique et parabolique.
Note de M. Maurice GEVREY.
I. Dans une Note récente ('), nous avons donné un procédé de calcul
permettant d'obtenir la fonction de Green relative aux équations linéaires
du type elliptique pour le problème de Dirichlet intérieur. La méthode
s'applique aussi bien au problème extérieur, la fonction de Green correspon-
dante ayant une forme analogue; les conditions de régularité à l'infini
(') Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 610.
840 ACADÉMIE DES SCIENCES.
exigeront un examen particulier, mais le principe du calcul reste le même.
On peut également se proposer des problèmes plus généraux rentrant,
par exemple, dans le type suivant : déterminer, dans un domaine D, une
solution u de l'équation donnée satisfaisant, en tout point m de la fron-
tière S, à la condition
H(m) St + K(m)u + L(m)=0,
n, étant la normale à S intérieure à D. Ainsi, soit l’équation à z variables
: du
(7) Au + È ed
ti
on posèëra, pour n > 2?
VO, P= ile,
‘11—2 GETEN,
(r? + 4dò)?
les notations étant les mêmes que dans la Note citée. On déterminera la
fonction w de telle sorte qu’on ait, quand H vient en m, P restant fixe,
Hem) © ~ (m, P}+kK,(m)V(m, Her
ce qui est possible d’une infinité de façons. La fonction analogue à celle de
Green qui permettra d'écrire la valeur de u èn P, par l'emploi de la formule
fondamentale, est une solution de l’adjointe de (7), d’une forme analogue
à (3) [p. 611f, la fonction ġ étant encore donnée par une équation inté-
grale. |
Si l'équation est du type plus général (5) [p. 612], le procédé est le
même, en utilisant alors les fonctions © S, s, 5, au lieu de 7°, d, à, et la conor-
male au lieu de la normale. Bien entendu, il y aura lieu, suivant les cas,
de préciser les conditions d'application de ja méthode et de possibilité du
problème, ce que je ne puis faire ici (problèmes extérieur et intérieur).
IT. Ce procédé de calcul peut s'étendre à certaines équations d'ordre pair
à caractéristiques imaginaires et, en particulier, aux équations linéaires
d'ordre 27 à deux variables. Mais, avant d'aborder ce sujet, je désirerais
indiquer comment on peut appliquer notre méthode aux équations du
second ordre du type parabolique.
Envisageons d abord l'équation à deux variables (Journ. de Math, 1913)
du a2" du m a hs
pers Dr Te rey + cu + f= (bo
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 841
la valeur de u étant donnée sur un contour formé d’un segment parallèle
à Ox et de deux arcs non sécants x = X;( y) [i = 1, 2], issus de ses extré-
mités (loc. cit. À Un changement de variables nous ramène aisément au
cas où b = 1, avec X, = 0, Fe =- [ (contour rectangulaire). Posant alors (*)
rfi" rEé(l—-x)(l—Eé
VE, P) = -—— eo | Le PU À
Vy=n .
la fonction de Green, solution de l’adjointe relativement à II(£, 7), aura la
forme
(8) GOT, P) = V(I, P) + ra VÖI, M)o(M, P) don,
analogue à (3); S SA étant le domaine compris entre les dai côtés verlicaux
du contour rectangulaire et les caractéristiques d’ordonnées y et y). La fonc-
tion ọ est donnée par une équation intégrale [cf. (4)]
(9) o(IE, P+ ff K (IE, M)o(M, P) dou = YU, P)
et se calcule par approximations successives, grâce à la forme du noyau K.
Soit maintenant l'équation relative à n + x variables £, ...,x,, y:
d'u du
ee =S bes De teut f=o,
dr? dy
etenvisageons la frontière S d’un domaine à x + 1 dimensions, déterminant
sur les plâns caractéristiques y = const. des domaines bornés à x dimen-
sions, limités par les sections C de S. On donne la valeur de u sur la portion
So de S pour laquelle y est ? y, et à l'intérieur de la section par le plan
Y = Yə. Pour obtenir la fonction de Green G(II, P), solution de l’adjointe
relativement à I(£,,...,£,,n) et permettant d’avoir la valeur de u en
P(x,,...,x,, y)intérieur à S,, nous poserons
dò \
VEER CT pes ie UN) Hs FA), 2— Z(x,—6;)!,
(*) Ceci suppose X; dérivable, On peut aussi, dans (8), remplacer V par la fonction
de Green relative à l'équation de la chaleur et au contour rectangulaire :
1o x+ nl?
+ Fe P È E A a ti
G={x— t, y—n)— f(e +ë y— n) (a, 0 =-=) e
8 42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d (ou à) étant la plus courte distance de P (ou Il) à à la section de S par le
plan caractéristique passant par ce point, du moins quand il est voisin de S.
Les fonctions G et o seront encore données par des équations telles que (8)
ct (9), avec des intégrales (a +1)-uples où S,„ désignera le domaine limité
par S et les deux plans caractéristiques d'or doante: y et n. Enlin, si
l'équation a la forme plus générale
du du 5
+ Es cu + fo,
UK Gr ds dx;ðty OV 4 5 aT S
les coefficients étant fonctions de £,, ..., æ,, y et la forme Ea; XX, étant
définie et positive, la fonction Ç s’obtiendra d’une façon analogue à Paide
des fonctions ©, s, 53 ici, toutefois, les cocflicients de S dépendront de
n +1 variables, la forme $ elle-même étant à n variables. Le calcul est
facilité si S a une équation simple, comme nous l'avons expliqué page 612.
Une discussion spéciale est nécessaire quand l'hypersurface S, admet des
plans tangents caractéristiques.
L'extension à des problèmes plus généraux, du genre de ceux envisagés
au début de cette Note, se fait de la même facon.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Couples de deux surfaces minima se corres-
pondant comme focales d'une congruence rectiligne, avec conservation des
lignes asymptotiques et des lignes de longueur nulle. Note de M. BerrtRAND
Gamser, présentée par M. G: on
. Le problème ainsi posé se trouve complètement résolu en rapprochant
: BEE élégants signalés par M. Fret dans sa thèse sur la défor-
mation du paraboloïde (') et ceux que j'ai moi-même obtenussur les courbes
à torsion constante r ) ou le paraboloïde (°).
Sur la sphère x? + y? + 2? = 1 traçons deux courbes analytiques quel-
“on para, réelles ou non, (w) et (15,), lieux respectivement des points
(e,c',c’}het(c,, €, €; Y}; soient 0 et 8, les arcs de (w) et (w, ) et 7 une cons
tante. Je définis quatre courbes minima par les formules suivantes, que l’on
T E
nnales de l'École Normale, 1897.
Annales de l'École Normale, 1919.
omples rendus, t. 168, 1919, p. 674.
Das LAPS, A
12
wi ot M
aan
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 843
complètera par des permutations circulaires évidentes :
(M) we fe dc! — c' dc” + irte
(M) To fe de'—c' de — ite ...,
OD e cfé de. —c de, => iie ...,
(M)
|
aafe de, — c', de, H iTe,
Les milieux u. de MM, et y. de MM, décrivent, 0 et 0, variant indépen-
damment, deux surfaces minima que j'appellerai (MM,) et (MM, ) dont
l’ensemble forme le couple le plus général répondant au problème.
La correspondance revient à associer u. et u; c’est une représentation
conforme; elle conserve les réseaux conjugués, elle conserve aussi les
réseaux orthogonaux.Leslignes de courbure se correspondent donc aussi. La
détermination des lignes asymptotiques, dont l’équation est 0+ 9, = const.
exige, en plus des six quadratures déjà introduites, deux quadratures
complémentaires.
Les conditions nécessaires et suffisantes pour que ce couple soit réel sont
que (w) et (w, ) soient imaginaires conjuguées et 7 réel. Dans ce qui suit, je
me bornerai à cette hypothèse.
2. Cette figure possède une configuration remarquable. Le milieu A
de MM décrit une courbe (A) dont le rayon de torsion est constant, égal
à 7; la surface minima (M M), lieu des milieux des cordes s’ sbotrantser (ND
et (M), adme LCA) pour asymptotique particulière; pour que cette nouvelle
surface soit réelle, il faut et suffit que (w) et par suite (A) soient réelles,
S)it au sens ete soit au sens de M. Goursat; si cette condition est
remplie, on remarquera que le couple (MM, ), MM, ) ne forme en réalité
qu'une surface unique, la congruence recliligne s'obtenant en joignant les
points (0,0,) et (0,,0); la surface minima (MM) coïncide elle-même avec
c> te surface unique; la surface nee comme l’a montré M. Cosserat,
est circonscrite à la sphère æ? + y? + 3° — 7° le long de la courbe (te, rc’, ze").
Reprenons l’étude de la figure en sjpposan: que (w) et (1, ) soient conju-
guées, sans être réelles, ou, ce qui revient au même, sans coïncider. On
peut remarquer que les surfaces minima (MM, ) et (MM, ) constituent un
couple satisfaisant aussi au problème ; (w) étant la symétrique de (w) par
rapport à l’origine, ce nouveau couple n’est autre chose que ce que devien-
844 ACADÉMIE DES SCIENCES.
drait le premier, si l’on remplaçait (4) par (15°) sans toucher à (w,). Ici, ce
second couple se compose de deux surfaces minima imaginaires et conjuguées
l’une de l’autre; si (5) et (5) sont analytiquement distinctes, ce second
couple est analytiquement distinct du premier; mais si (W) et (w’) ne |
forment qu’une seule courbe analytiquement indécomposable, les quatre
surfaces (MM,), (MM,), (MM,), (MM, ) ne forment qu’une seule surface
analytique réelle connexe, les deux dernières correspondant à des nappes
imaginaires. Si l'on suppose même (w) et (15,) coïncidant, il faut réunir ce
dernier résultat au résultat antérieur : on a une surface minima unique qui
est une surface double.
3. Je considère maintenant les deux surfaces S et 5, complementi i
l’une de l’autre, applicables sur ie paraboloïde Rx + y? — 4Tz, définies
par les formules
re ts It i aa TA
(5) X z c'dc'— cde c ci de, — c', de? + — (oci — eee
2
: > te Et en DE È 3
(S Io = fora — ee Z forde! — c dci — PS ane) ees
J’ai étudié ces surfaces dans les Notes et Mémoires plus haut cités; Je
rappelle que S est applicable sur G point réel sur point réel, mais S est
apphcable sur ® point réel Du E Dans son travail, M.Thybaut
associe à toute surface applicable sur ® un couple de deux surfaces minima
satisfaisant aux conditions énoncées dans le titre de cette Note. se
Or il est très remarquable que la surface S corresponde au couple (MM, )
et (MM, ) formé de deux surfaces imaginaires conjuguées, tandis que la
surface S’ qui, au point de vue expérimental pur, n’est pas applicable
sur ® donne le couple réel (MM) et (MM, ). Le réseau conjugué commun
à S, S ® est justement fourni par l'équation 0 + 0, = const. qui définit
les asymptotiques des surfaces minima. M. Bianchi, dans ses Leçons de
Géométrie ('), a montré l'intérêt du travail de M. Thybaut.
On remarquera, ( (15) et (w5,) étant toujours conjuguées et 7 réel, que
la connaissance d’un des éléments géométriques suivants :
Courbe (A), réelle ou imaginaire; couple de courbes minima M)
et (M); couple de surfaces minima (MM, ) et (MM, \; surface S; surface 5;
pont ne citer que les plus importants, entraîne im nt par simples
E E in me
(1) Braxcur, Lezioni di Geometria Differenziale, t. 2, p. 334.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 845
différentiations et éliminations, la connaissance de tous les autres. Si lun
est algébrique, tous les autres le sont.
- 4. On remarquera aussi qu’on peut se donner arbitrairement une sur-
face minima (ot) réelle, comme premier élément du couple; le second
élément est fourni par une équation de Riccati ordinaire, à toute solution
de laquelle correspond une surface réelle complétant le couple, soit (W).
Mais alors si (dt,)est prise comme premier élément d'un couple, l'équation
de Riccati correspondante se ramène à deux quadratures au plus, car la
surface (ait) est une solution particulière. De la sorte, des quadratures suc-
cessives donnent une chaine de surfaces minima (ait), (I4), (Ma), +. à
partir du premier couple (ar,). A chaque fois on définit en même temps
une série S ou une série (5°), ele.
STATISTIQUE. l'équation de Volterra au problème
de la répartition par âge dans les milieux à effectıf constant. Note de
M. Risser, présentée par M. Hadamard.
Désignons par N le nombre des membres du groupement, par /(X) la
loi de survie et par ọ( æ) la loi caractéristique des entrées à l’âge x; on sup-
posera que l'origine des âges a été prise égale à o, au lieu de æ,, ce'qui
revient simplement à un déplacement d’origine des coordonnées ou des
ages.
Comme le nombre des membres fondateurs est réduit à
NU(X) au bout du temps X,
et que le nombre des nouveaux adhérents entrés au cours de linter-
valle (o, Pr à
X
Nf o(æ)l(X —zx)dx,
ds
il en résulte que l’on aura à résoudre l'équation (1), où lon suppose
que (o) Rens Pa
x ë
(1) ef o(x){(X — x) dx =s,
"0
si l’on veut que l'effectif reste constant.
En dérivant l'équation (x) par rapport à X, on est conduit à l'équation
x id o o
(2) TOEF g(r) AE — FX,
vo 5 *
846 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il est évident que toutes les fois que l’on a, pour forme de survie, une
expression de la forme
5 $ > Pi(æ) exit,
P, étant an polynome de degré (1 — 1) et æ; une constante, racine d'ordre č
d’une certaine équation caractéristique d'ordre n : |
HV AN FT ln 0,
a £ R à A = r. +
on peut dire que lexpression > P;(æ)e** peut être considérée comme
l'intégrale de l’équation différentielle d'ordre n, caractéristique de la loi de
survie :
z - d" l du l
(3) do
dx" Tea dx"
Here +anl=o.
Ea multipliant respectivement para, @,-,,.:., 4, ICS premiers membres
des équations obtenues en dérivant une fois, 2 fois, ..., # fois le premier
membre de (1), et en ajoutant les résultats, on obtient, après avoir tenu
compte de l’équation (3), l'équation
(4) Mapi (X) -+ Ana P(X) + An |o(X) — A o
où les A; sont des constantes.
La solution de cette équation est de la forme
y o{X a (reñr,
(4) >(X) L = +X Q, r)e
Si la fonction de survie est du type
( g) eMHNx+Èe" fu),
indiqué par M. Quiquet, on pourra trouver pour &(X) un développement
en série absclument convergente, en recourant à la méthode des approxi-
mations successives de M. Picard.
La même méthode pourrait être appliquée si l’on se donnait la forme
de » et si l’on voulait calculer /(X).
On peut remplacer la fonction de survie (5) par une série d’exponen”
tielles, et l’on peut arrêter le développement à un terme d'ordre n, de telle
façon que la différence entre la fonction et la série d’exponentielles soil plus
petite que £ dans le champ choisi.
: ;
. ñ é r a i b.x >
On voit donc qu’on est ramené à remplacer /(X) par X, Be iv, et pal
1
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 847
suite à résoudre une équation fonctionnelle d’un type étudié ici; z est alors
représentée par la solution générale d’une équation différentielle à coeffi-
cients constants d'ordre (n — 1).
Si l’on fait croître n indéfiniment, c'est-à-dire si l’on remplace /(X) par
une série qui soit uniformément convergente dans l'intervalle d'âges consi-
déré, on est ramené à résoudre une équation du type de Volterra
a+ f [Sent Ewa ehoas fia) +Y enfla)
qui correspond à la limite à une équation différentielle à coefficients
corstants d'ordre infini.
Dans ce cas, on peut dire que toutes les fois que ¿(X ) est du type (5).
2(æ) est aussi de ce type et inversement.
ASTRONOMIE. — L'astrolabe à prisme type S. O. M. Note (') de MM. Craure
et Driencourr, présentée par M. L. Favé.
La création du second type d’astrolabe à prisme remonte à plus de 16 ans.
Au cours de cette période, l'instrument du modèle dit géodésique a été
employé par de nombreux observateurs dans les conditions et sous les lati-
tudes les plus diverses et l'on peut considérer que l'expérience a définitive-
ment prononcé sur ses qualités et ses défauts. Les principales critiques qui
lui ont été adressées et qui concordent du reste avec celles que nous avions
faites nous-mêmes, portent :
a. Sur sa complication : il est en effet constitué de trois parties que
l'observateur doit assembler et démonter en pleine nuit ;
b. Sur l'existence de deux axes verticaux superposés ayant chacun leur
niveau sphérique réglable;
c. Sur le nombre des réglages à effectuer lorsque l'instrument est tout à
fait déréglé, l'instabilité de quelques-uns d’entre eux et surtout l’impossibi-
lité de procéder sur le terrain en pleine nuit au plus important, celui de la
perpendicularité de laxe optique de la lunette et de la face arrière du
prisme lorsque les s images des fils sont complètement sorties du champ;
d. Sur les défauts optiques de la lunette : insuffisance du champ, manque
de clarté, ouverture trop faible du verre d’œil de l’oculaire;
(') Séance du 26 octobre 1920.
848 ACADÉMIE DES SCIENCES.
e. Sur la nécessité de changer d’oculaire pour le réglage du prisme par
autocollimation sur la face arrière;
f- Sur le manque de chercheur en cas de préparation insuffisante des
éléments du tableau de calages ;
g. Enfin sur le nombre des boîtes de l'instrument qui est de trois, leur
encombrement et leur poids total.
Tous ces défauts se trouvent supprimés dans le nouveau type d’astrolabe
à prisme du modèle géodésique que nous avons lhonneur de présenter
aujourd'hui à l’Académie et beaucoup de perfectionnements de détail y
ont été introduits. ne
L'instrument est d’une seule pièce; sa hauteur ne dépasse pas la moitie
de celle du type précédent. Il comporte un seul axe vertical, par suite un
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 849
seul niveau sphérique qui est indéréglable. Le nombre des réglages est
réduit au minimum et ils peuvent tous être effectuës en-quelques instants
au moment de la mise en station comme au cours des observations, les
seuls déréglages susceptibles de se produire durant les transports étant
maintenus dans des limites très étroites. La lunette, quoique de longueur
réduite, est supérieure, sous le rapport du champ, du grossissement et sur-
tout de la clarté. Elle est munie de deux oculaires microscopes inamovibles
donnant respectivement des grossissements de 77 et 31 au lieu de 68 et 30
et des champs de 37/ et 93/.au lieu de 27' et 74. Le nombre des étoiles
observables atteint facilement une grandeur en plus et les images sont plus
nettes. Le verre d'œil de l’oculaire, de fort grossissement, a une ouverture
double de celle du type antérieur. Le passage d’un oculaire à l’autre se fait
instantanément par la manœuvre d'un levier, ce qui permet à l'observateur
d'augmenter le champ dans le rapport de 2 à 5, l’oculaire de faible grossis-
sement jouant le rôle de chercheur. L’autocollimation sur la face arrière du
prisme se fait avec l’oculaire de fort grossissement par la simple manœuvre
d'un poussoir à ressort : le réglage du prisme peut donc être vérifié à tout
instant. L'instrument tient dans une seule boîte. L’encombrement total est
réduit de plus de moitié et le poids de l'instrument avec sa boîte est ramené
à 18%6 au lieu de 45", Enfin, un pied nouveau à rotules, léger et néanmoins
robuste et très stable, permet une mise en station facile et rapide.
L'appareil réalise par rapport au type précédent un progrès compa-
rable à celui que marquait ce dernier par rapport au type primitif, et nous
espérons fermement qu'il donnera touite satisfaction aux observateurs.
PHYSIQUE. — Recherches expérimentales sur les rayons X de
grande longueur d'onde. Note (') de M. Horweex, présentée
par M. Lippmann. |
Les rayons sont produits par chocs des électrons, émis par une cathode
incandescente, sur une anode. Le champ accélérateur, existant entre ces deux
électrodes, est donné par une batterie de petits accumulateurs.
Il est nécessaire de produire beaucoup de rayons mous pour pouvoir
(") Séance du 26 octobre 1920.
à
C. R., 1920, 2° Semestre: (T. 171, N° 18.) 04
850 ACADÉMIE DES SCIENCES.
facilement les étudier et déterminer leur absorption par la matière; c'est-
à-dire d’avoir un fort courant thermo-ionique traversant le tube. Ceci est
impossible, pour les faibles différences de potentiel, dès que la distance
enire l’anode et la cathode est grande, les électrons sortant de la cathode
incandescente annulant le champ au voisinage de celle-ci. En conséquence,
la distance entre les électrodes à été réduite à o™, 1.
Les rayons X de grande longueur d'onde étant extrêmement peu péné-
trants, il est nécessaire de séparer l'appareil producteur, vide d’air, de la
chambre d'ionisation contenant un gaz, par une membrane mince et étanche.
Nous avons employé des feuilles de celluloïd de 2.107° cm d'épaisseur.
De grandes précautions ont été prises pour assurer un excellent vide dans
l'appareil producteur de rayons et pour diminuer le dégagement des gaz
occlus par les pièces métalliques. Cet appareil était en communication, par
un tube gros et court, avec une pompe moléculaire Gaede tournant cons-
tamment pendant les expériences; la pression dans l’appareil était toujours
très inférieure à 10—* mm de mercure. Par suite de la faible distance entre
l’anode et la cathode et de la présence d'écrans métalliques dans l'appareil,
le champ électrique intense n'existait que dans un tout petit volume, rendant
ainsi très improbable le choc d’un électron avec une molécule du gaz restant.
Un canaliseur multitubulaire supprimait les rayons obliques émis par
l’anode. En définitive, un faisceau peu divergent traversait la membrane
mince et entrait dans une chambre d’ionisation cylindrique à électrode
axiale de 16°" de profondeur.
Une description détaillée du montage expérimental sera donnée ultérieu-
rement.
Résultats. — a. Nous avons d’abord cherché à déterminer quelle est la
plus faible différence de potentiel, entre l’anode et la cathode, sous laquelle
apparaissent les rayons mous.
Dans cette expérience, la membrane avait ».10-* cm d'épaisseur. Le
courant thermo-ionique était de 25.10—* ampère. -
‘électrode isolée de la chambre d'’ionisation était réunie soit à un élec-
troscope, soit à un électromètre et un quartz piézo-électrique.
Pour avoir, avec le montage électrométrique, une sensibilité analogue à
celle de lélectroscope, on établissait, dans la chambre d'ionisation, un
champ suffisant pour multiplier par chocs, les ions produits.
La pression dans la chambre d’ionisation était suffisante pour absorbe
complètement le rayonnement (0°",2 à o°™,5 de mercure).
Nous avons pu déceler ainsi un rayonnement ionisant pour 70 volts entre
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 851
lPanode et la cathode. La cathode était en tungstène, l’anode en cuivre
recouvert légèrement de tungstène par pulvérisation cathodique pendant
les premiers instants de fonctionnement de l’appareil. Ce rayonnement,
qui devenait important pour 100 volts, s’est montré indépendant des soins
apportés à la réalisation d’un vide élevé et à l'élimination des gaz occlus
par les électrodes.
La longueur d’onde minimum du spectre continu produit par l'arrêt
d'électrons lancés par 70 volts, déterminée par la relation du quantum est
de 175.107* cm soit six fois plus courte que l’ultra-violet de Schumann.
b. Nous avons cherché à déterminer comment varie le courant d’ionisa-
tion donné par l'absorption totale du rayonnement, en fonction de la ten-
sion entre l’anode et la cathode (de 120 à 600 volts). On remarque,
à 300 volts, un changement brusque dans l'orientation de la courbe, le-
courant d’ionisation augmentant alors très rapidement avec la tension.
Différents gaz (oxygène, azote, acétylène) ont donné des courbes d’ioni-
sation totale identiques.
c. Nous avons cherché à déterminer l'influence de la nature de l’anode-
sur l'intensité et la nature du rayonnement.
1° Par la méthode photographique : Un filament de tungstène incan-
descent est tendu à une faible distance (0o‘",05) au-dessus d'une anode
formée de plusieurs substances (carbone, aluminium, cuivre) assemblées.
sur le même plan. Une image de cettè anode est donnée par une chambre
photographique vide d’air, dont l'objectif est formé par un petit trou de
o™, or, fermé par une feuille d'aluminium deo,6.107* cm, ceci pour éliminer
les radiations lumineuses provenant du filament. L'image était très bonne,
on voyait parfaitement l'ombre du filament mais on ne distinguait pas la
séparation entre les trois substances qui produisaient exactement le même
rayonnement. Les tensions entre l’anode et la cathode ont varié entre
6o00 et 1550 volts.
2° Par la mesure du courant d'ionisation : Dans l’expérience précédente,
une cause d'erreur pouvait provenir du lèger dépôt de tungstène qui recou-
vrait les trois substances et qui provenait de la pulvérisation cathodique ;
nous avons donc repris le montage avec chambre d’ionisation; le filament
de tungstène fut remplacé par un filament de carbone et l’anode recouverte
d’un épais dépôt de noir de fumée. Les courbes des courants d'ionisation
donnés par absorption totale du rayonnement se sont montrées absolument
identiques entre 120 et Goo volts. Ce résultat est en contradiction avee
852 ACADÉMIE DES SCIENCES.
celui obtenu par M"! Laird (') qui croit avoir pu mettre ainsi en évidence
la radiation caractéristique K du carbone.
d. Nous avons cherché à déterminer le coefficient d'absorption, dans
différents gaz, des rayons X mous.
A cet effet, pour chaque gaz, on a déterminé, pour différentes valeurs de
la différence de potentiel entre l’anode et la cathode, la variation du courant >
d’ionisation I, en fonction de la pression (ou de l’épaisseur æ équivalente
de gaz à la pression atmosphérique). Le coefficient d'absorption est donné
par la relation
I, = 1, (=e tz)
I„ est la valeur du courant d'ionisation correspondant à l'absorption
totale du rayonnement. Le coefficient u. varie généralement peu avec
l'épaisseur de gaz traversé. Il diminue cependant légèrement lorsque la
filtration du rayonnement dévient plus importante. Dans le Tableau sui-
vant, nous donnons l’ordre de grandeur du coefficient 4 minimum de l'azote
pour chaque tension V de façon à pouvoir le rapporter à la longueur d'onde
minimum À du spectre continu, qui est donnée par la relation du
quantum.
Azote.
Ven volts. e 120 140 160 180 500o 9220 9240 960 280 300
Vmin en — a 90 73 50 37 39 23 17 14 11 9,9
Ash 60 107% CHE: 100 57 66 68- 6: 55 5i áy hh A
Des mesures sont en cours avec différents gaz.
PHYSIQUE. — Mesure de l'intensité lumineuse diffusée par largon. Nouvelle
détermination de la constante d’ Avogadro. Note de M. Í CABANNES,
présentée par M. Villard.
I. La diffusion de la lumière par les gaz transparents est un fait expéri-
mental actuellement bien établi (?). J'ai cherché à déterminer avec préci-
sion le rapport R entre l'intensité J diffusée latéralement par 1™ d'argon et
Foi ce
(!) E. Laip, Phys. Review, avril 1920.
(?) J. Casaxnes, Comptes rendus, t. 160, 1915, p- 62; t. 163, 1919, P» 340. —
Smocucnowskr, Bull. int. de l Acad. des Sc. de Cracovie, igið, p. 218. — R.-J. STRUTT,
Proceedings of the Royal Society, t. 94, 1918, p. 453; t. 95, 1918, P- 155. —
R.-W. Woop, Philosophical Macé t. 39, 1920, p. 423.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1020. 853
l’éclairement E d’un plan normal au faisceau lumineux incident. Le gaz
était éclairé par la radiation 4358 de la vapeur de mercure, isolée par des
cuves absorbantes.
Soit e l'éclat de la masse gazeuse : c’est la grandeur directement mesu-
rable; elle est liée à l'intensité J par la retation J = Z» A désignant la pro-
fondeur du volume éclairé comptée suivant le rayon diffusé, et l’on peut
écrire `
R=-
/
.
m| o
Pour éliminer toute cause d'erreur provenant de l'évaluation des aires des dia-
phragmes et des pertes de lumière à travers les différents milieux, au lieu de mesurer
p AEN 4 € . sd , gr ` 3. $ s m
directement la quantité =; jai comparé léclit e à l'éclat £; d'un diffuseur solide (por-
q E J 1
celaine de Lummer) introduit momentanément dans le récipient à gaz et incliné à 45°
sur le faisceau primaire, Soit æ le rapport préalablement mesuré entre l'éclat du dif-
fuseur solide et l'éclairement qu'il reçoit. On a
NI
aEy2
2
£
1 =
Sa
et R = - su
B 2h
- a Ea , se RE z
La détermination de — présente seule de réelles difficultés qui proviennent de ce
ĉi
que £, est environ 3 Xx 10° plus grand que €.
On utilise une source auxiliaire d’éclat variable à laquelle on compare successive-
ment par photographie € et £. C’est la fente d'un spectrophomètre (éclairée par le
même arc au mercure que le récipient à gaz) qui joue le rôle de source de compa-
raison, Un jeu de cuves absorbantes permet de réduire dans un rapport connu l'éclat
de la raie 4358.
Première expérience. — On détermine l'épaisseur H du liquide absorbant qui
donne dans le spectroscope une image photographique de même densité que l'image
de la source £. Les deux poses se font simultanément.
Deuxième expérience. — On met en place le diffuseur de porcelaine et l’on déter-
mine comme précédemment l'épaisseur À qui correspond à l'éclat s. Le rapport
cherché a comme valeur
S ag kU),
Les deux expériences sont complètement indépendantes; on peut de l'une à l'autre
employer des plaques de sensibilité différente et faire varier considérablement le
temps de pose. D'autre part cette méthode élimine complètement les erreurs que peut
entrainer un changement dans le régime de la lampe, :
Jl faut connaître avec une grande exactitude le coefficient + et sa loi de
854 ACADÉMIE DES SCIENCES.
variation avec la température ('). Les méthodes classiques (?) donnent, avec
une erreur relative voisine de 0,002, les coefficients d'absorption compris
entre 2 et 3; l'erreur possible dans la mesure de — atteint —. Deux séries
de mesures faites, l’une avec des cuves d’acide picrique étendu, l’autre avec
des solutions de chromate neutre de potassium, ont donné comme valeur
ee
moyenne — li Ce E,
1
J'en ai tiré
RCE, 34 009) 107 "em.
On avait & = 0,1825 et À = 3°%,21. Le gaz étudié contenait 91 pour 100
d'argon, 8,7 pour 100 d'azote et 0,3 pour 100 d'oxygène. Il était sous la
pression normale à la température de 27°.
IT. J'ai trouvé d’autre part que la polarisation de la lumière diffusée laté-
ralement par largon est à peu près complète (°); le degré de polarisation
dépasse 0,985. Nous pouvons donc assimiler les molécules d'argon à des
particules sphériques, leur appliquer la théorie de Lord Rayleigh (*), et
nous arrivons ainsi au nombre d’Avogadro
96 — (6,90 + 0,25) X 1907.
Ce résultat paraît indépendant de toute hypothèse arbitraire; nous avons
admis seulement que l’argon est constitué par des molécules isotropes qui
se comportent comme autant de sources de lumière incohérentes dont il
faut additionner les intensités. La valeur trouvée se rapproche d’ailleurs
beaucoup des déterminations bien connues de Millikan (6,07 X 10°°) et de
Jean Perrin (6,85 x 10%). La dynamique classique et la théorie électro-
magnétique élémentaire, qui ont conduit à la formule de Lord Rayleigh,
s'appliquent donc très exactement, dans le cas actuel, aux échanges d’éner-
gie entre l’éther et les molécules.
i
(+) Le coefficient dabsorption d’une cuve de chromate (08,495 de chromate neutre
de potassium dissous dans un litre d’eau à 26°,6) a varié de 1,640 (à 15°) à 1,860
(à 35°). Celui d’une cuve d'acide picrique (1% ,950 d’une solution saturée à 29°
mélangés à 500% d’eau) a varié de 2,665 (à 25°) à 3,115 (à 60°).
(2) G. Risaun, Annales de Physique, t. 12, 1919, p. 136.
(*) Ce résultat diffère de celui qu'avait obtenu précédemment R.-J. Strutt (Pro=
ceedings of the Royal Society, vol. 95, 1918, p. 165).
(+) Lord RaviriGn, Philosophical Magazine, vol. #7. 1899, p. 375.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 855
CHIMIE PHYSIQUE. — Analyse thermochimique des solutions. Note (')
de MM. Cuauvexer, P. Jos et G. Ursan, présentée par M. A. Haller,
Une Note récente de M. Dubrisay (?), relative à un procédé thermique de détermi-
nation des sels complexes en solution, nous décide à publier les résultats de recherches
interrompues par la guerre et très voisines des siennes. Dans des ordres d'idées ana-
logues, nous citerons les travaux de MM. Baud et Gay, relatifs à la détermination des
hydrates en solution (Ann. de Ch. et de Phys., 1.8, 1911, p. 398) et ceux de
M. R. Beckett Denisou ( Trans. of the Faraday Soc., t. 8, 1912, 1" Partie).
Des solutions équimoléculaires de divers sels sont mélangées deux à deux
dans divers rapports, mais en maintenant constant le volume total. La cha-
leur de mélange est mesurée en tenant compte des chaleurs spécifiques des
_solutions. Nous appliquons de la sorte aux mesures thermochimiques la
méthode des variations continues. Les courbes présentent tantôt des maxima
el tantôt des minima, suivant que les chaleurs de mélange sont positives ou
négatives. La position de ces points privilégiés correspond aux rapports
suivant lesquels les deux réactifs sont susceptibles de réagir :
Soient AB la molécule dissoute dans le premier réactif et CD la molécule dissoute
dans le second. L’équation chimique étant de la forme
mAB+nCD = pA'Cs+49B"D?, 4
P= gu = m,
ps = gr e n,
Soient a, b, c les concentrations de AB, de CD et de A”Cs lorsque l'équilibre est
atteint. Soit æ un coefficient de proportionnalité et æ le volume de l’un des réactifs;
le volume total étant pris égal à 100 :
AT br Or;
a(100 — 3) —b + cs.
La loi d'action de masse s’exprimera par l'équation
q
kar bn — [2] cr+s,
l E
Enfin la chaleur dégagée doit admettre un maximum pour
(') Séance du 19 juillet 1920.
(*) Comptes rendus, t. 470, 1920, p. 1520.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
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a Caci
Systèm
20
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 857
En combinant ce système d'équations, on obtient
T m
ido =A
Si les deux réactifs peuvent donner des combinaisons différentes, comme
c'est le cas pour le chlorure de cuivre et le chlorure de magnésium, la
courbe présente quelque singularité telle que celle qui peut être constatée
sur le diagramme ci-contre relatif à à ce système de corps.
Les rayons de courbure aux maxima sont d’autant plus petir que les
réactions sont plus complètes. Lorsqu'il n’y a pas réaction, on peut cepen-
dant constater un petit phénomène thermique attribuable à la dilution de
chacun des réactifs dans le volume total qui lui est offert. Toutefois, les
mélanges de KI et NaI, de KCI et NaCl, de Ca Cl? et Ba CP ne donnent lieu
à aucun phénomène Ro appréciable. Cette méthode de détermina-
tion des sels complexes présente l’avantage de laisser des nombres intéres-
sant leur thermochimie.
Le premier des diagrammes ci-contre se rapporte aux mélanges de Cd I?
et KI. Les résultats observés recoupent ceux qu'avaient obtenus; par la
méthode cryoscopique, M. Cornec et l’un de nous ('). Le maximum de la
courbe admet un très petit rayon de courbure, et correspond à la combi-
naison complexe [Cd I" ]K?. Les diagrammes étais aux mélanges de Cd I?
et NHH et Cdl?et NaI sont du même type.
Le second diagramme relatif aux mélanges de CuCl? et Mg CE montre
que l'existence des sels doubles 2 Cu Cl?, 3MgC!? et 3CuCF, 2MgCl est
très probable, La forme particulière de la courbe montre qu’elle doit être
l'enveloppe de deux courbes relatives à chacun de ces composés. Le prolon-
gement probable de chacune des courbes composantes a été tracé en poir-
tillé. Les mélanges de chlorure de cuivre et de chlorure de calcium ont
donné un diore présentant une particularité du même ordre qui rend
probable l'existence des composés 2 Cu CI?, 3Ca Cl? et Cu CP, Ca CF.
Le troisième diagramme se rapporte à des mélanges de chlorure de
cuivre et de chlorure d'aluminium. L'existence de deux maxima fort nets
révèle l'existence des composés CuC, 2 AICP et aCuGir AIGE.
(') Comptes rendus, t. 158, 1914, p. 119.
Li
858 ACADÉMIE DES SCIENCES.
RADIOACTIVITÉ. — Sur les variations de la radioactivité des sources de Bagnoles-
de-l Orne et leur relation avec la pluie. Note de M. P. Loiser, présentée
par M. Villard.
1. Dans une Note antérieure concernant la radioactivité de l'eau de la
Grande Source de Bagnoles-de-l'Orne ('), j'ai attiré l'attention sur les varia-
tions importantes que j'avais constatées dans la teneur de cette eau en
radium et en émanalion dissoute.
Cherchant à déterminer la cause de ces variations, j'ai entrepris, au cours de cet été,
une série de recherches. J'ai effectué pendant trois mois (juillet, août, septembre)
un dosage quotidien de l’'émanation du radium ainsi que du radium contenus dans
l’eau de la Grande Source, J'ai également étudié, à titre de comparaison, la radioacti-
vité de la Source des Fées, ferrugineuse froide (13°), analogue à la plupart des sources
du pays. J'ai noté d'autre part, chaque jour, la FA x barométrique. la tempéra-
ture et la quantité de pluie tombée.
L'eau était recueillie au -griffon dans trois bouteilles fermant hermétiquement.
L'émanation du radium, chassée par ébullition d’un demi-litre de l’eau étudiée, était
dosée par la méthode classique. Un second dosage, effectué trois jours après avec
l'eau de la seconde bouteille, permettait de calculer la quantité de radium dissoute.
Soient, en effet, q, la quantité d'émanation trouvée lors du premier dosage, 92 la
quantité trouvée par le second, £, le temps écoulé entre les deux dosages; on a
p=qe + X (1 — e7),
X étant la quantité de radium dissoute, À la constante de lémanation.
2. La radioactivité des deux sources de Bagnoles a, pendant ces trois
mois, subi des variations considėrables, variations dont les unes peuvent se
relier aux chutes de pluie et dont les autres, beaucoup plus faibles et
d’allure beaucoup plus lente, se relient à une cause que je n’ai pas pu encore
déterminer complètement.
, 1° Source des Fées, froide (13°), débit moyen : 139! à l'heure. — L'eau de
la Source des Fées contient en dissolution de l’émanation du radium.
Cette émanation apparaît dans l’eau en quantité maxima de 5 jours à
8 jours après une chute de pluie et les maxima ont une valeur d'autant
plus grande que la chute de pluie, à laquelle ils correspondent, a été plus
abondante.
(') Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 791.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 859
Quantité d’émanalion
Hauteur de pluie dissoute par litre
en millimètres. en millimicrocuries. Intervalle,
Ress Sa Fe
muets; 4 M4 POS 1,96 5 jours
ARRE T E A E 42 D enaa 10,14 6 »
RE PR CR PE 32 h COMTE 4,48 S »
D AO Stress 15 A W aa 3,24 Te
RSR Re er 4 AI D ie. 2,01 s QE
Moyenng des Intéfralles.:,.....,,.,:..,:..:. 6,6
Entre ces mazima, la teneur en émanation prend une valeur minima moyenne
de 1 millimicrocurie fin juillet, valeur qui va constamment en augmentant et atteint,
fin août, 1,8 millimicrocurie. Si l’on calcule la différence entre la valeur maxima
observée et la valeur minima moyenne à la même date, on constate que l'excès d’éma-
nation dissoute varie dans le même sens que la hauteur de pluie sans, toutefois, lui
être rigoureusement proportionnelle.
2° Grande Source thermale (26°), débit moyen : 24000! à l'heure. —
Comme pour les Fées, la quantité d’émanation dissoute est sous la dépen-
dance de la pluie, l'intervalle entre la chute de pluie et le maximum corres-
pondant oscillant entre 8 et 13 jours.
Quantité d’'émanation
Hauteur de PRES ` dissoute par litre
en millimètres. en millimicrocuries. Intervalle,
kr juillet... : 2 4 so-juillet.....:. 1,79 12 jours
Dh no 42 CE rt o enn. 3,21 106 s
D a 32 CRE Tas 2,49 G >»
9 AOÛ... ee. 15 IDR spires A4) L FF
BW + oaa. 4x I D De E g >»
Moyenne des lie MTS ee a 10,2
La valeur minima moyenne est légèrement inférieure à celle trouvée pour la Source
des Fées, 0,8 millimicrocurie pour juillet, 1,3 millimicrocurie pour août et sep-
tembre, De plus, les maxima sont moins accentués et la proportionnalité entre la
teneur en émanation et la hauteur de pluie moins visible.
En plus de l’émanation du radium, l’eau de la Grande Source contient des sels de
radium dissous en quantité plus ou moins élevée. Les mesures que j'ai exécutées
ne m'ont pas permis, jusqu'ici, de mettre en évidence la cause des variations consta-
tées,
3. Il existe donc une relation étroite entre la teneur en émanation des
sources de Bagnoles et la quantité de pluie tombée. Après un parcours
(1) Quantité d'émanation un peu élevée. La pluie n'ayant cessé de tomber pendant
3 jours, la hauteur à laquelle cette quantité correspond est en réalité de 37".
860 ACADÉMIE DES SCIENCES.
souterrain de plus ou moins longue durée, au cours duquel elle se charge
d’émanation au contact de terrains radifères, l’eau de pluie réapparaît à la
surface mélangée ou non à des eaux d’origine plutonienne. Dans le premier
cas (Grande Source), par suite de la dilution, les maxima sont peu accen-
tués; dans le second au contraire (Fées), l'écart entre les valeurs minima
et maxima est considérable.
Il est permis de penser que la relation que nous venons de mettre en
évidence est absolument générale, l'intervalle de temps s’écoulant entre la
chute de pluie et l'apparition de l’émanation dans les sources dépendant de
la nature des terrains traversés. Il serait intéressant, tant au point de vue
géologique et minéralogique qu’au point de vue de la thérapie, d'étudier le
plus grand nombre de sources possible, différant par leur origine, leur
thermalité et leur composition chimique.
CHIMIE INDUSTRIELLE. — /ndicateur automatique de la teneur en humi-
dité dans les céréales. Note (') de M. Marcer Cuorirx, présentée par
M. Schlæsing.
La pratique du nettoyage des blés par mouillage suivi d’un séchage
rapide, ainsi que l'influence de la teneur en eau sur les résultats de la mou-
ture, rendent très utile la connaissance constante de cette teneur. Le pro-
cédé classique de dessiccation à l’étuve étant impuissant à donner ce résultat
d’une façon suivie, et surtout en temps utile, nous avons, à l'instigation de
MM. Ernest et Marcel Vilgrain, réalisé un analyseur automatique de la
teneur en eau, applicable aux céréales, plus généralement aux substances
pulvérulentes ou granulaires, et opérant sur un prélèvement continu de
ces diverses substances.
La figure ci-contre représente cet appareil dans ses organes essentiels. Il comprend
une chambre de chauffe A, de forme cylindrique, limitée par la douille B. L'intro-
duction du blé dans la chambre et sa vidange sont assurées par les valves à dosage
volumétrique C et D, dont les boisseaux sont animés d’un lent mouvement de rotation.
La capacité de jaugeage de C étant supérieure à celle de D, la chambre est toujours
remplie de blé, et le réglage du débit est eflectué par la valve D. Le cylindre de
fonte E sert de liaison aux deux valves; il porte la résistance électrique de chaulfage F
contrôlée par un régulateur de température. Une rainure longitudinale`G en relation
avec A par les petits orifices O collecte la vapeur, et la conduit dans le condenseur H.
Pe a
(1) Séance du 26 octobre 1920.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 851
L'eau condensée peut être recueillie alternativement dans deux éprouvettes telles
que I, graduées en pour 100 d'humidité, et portées par le secteur J. La substitution
rapide d’une éprouvette à l’autre se fait automatiquement à laide d'un dispositif
électromécanique, non représenté sur la figure, solidaire du mouvement des valves.
Il en résulte que les indications de l'appareil sont, dans des limites pratiques, indépen-
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Indicateur automatique d’humidite.
dantes de la vitesse de rotation, la collecte de l'eau dans une éprouvette s'opérant, non
dans un temps constant, mais durant un nombre déterminé de rotations de la valve
-de vidange, ”
On distingue donc, dans cet appareil, le passage d’un courant de blé à
débit constant dans une chambre dont les parois sont maintenues à une
température constante, assez élevée pour déterminer la dessiccation presque
862 ACADÉMIE DES SCIENCES.
complète du blé, sans toutefois provoquer un départ sensible de matières
volatiles. Dans ces conditions, la quantité de vapeur émise dans un temps
donné par le blé compris dans la chambre, est évidemment représentative
de sa teneur en eau. La seule cause d'erreur systématique résulte du fait
qu’en substituant un dosage voluméirique à une pesée, on fait intervenir
le poids spécifique apparent du blé torréfié. Nous avons constaté que les
blés naturels, dont les poids spécifiques sont généralement compris entre
0,70 et 0,80, donnent des blés torréfiés dont les poids spécifiques sont
compris entre 0,63 et 0,67. L'erreur moyenne qui en résulte est donc
acceptable.
L'appareil qui vient d’être décrit est en marche continue, depuis août 1919, aux
Grands Moulins de Nancy, où il contrôle les blés à ‘la sortie des conditionneurs. Il
présente les caractéristiques suivantes : longueur et diamètre de la colonne de
chauffe : 410" et 3omm;: intervalle de temps entre deux lectures : une heure (en
vilesse normale); débit horaire en blé torréfié : environ 3108; température de
l'enceinte : 230°; constante de l'appareil : 3,24 (en centimètres d’eau recueillie cor-
respondant à 1 pour 100 d’eau dans le blé essayé). ;
Pendant cette période de fonctionnement, la constante de l'appareil est demeurée
invariable; toutefois il a été nécessaire de procéder mensuellement à un nettoyage
des parties internes. Des essais préliminaires avaient montré qu’il existe une propor-
tionnalité très satisfaisante entre la teneur en eau er le poids d’eau recueillie. Ces
essais portaient sur 18 blés de nature ou de traitements différents. L'erreur moyenne
évaluée en pour 100 du poids d'eau condensée était de 2 pour 100, et l’écart maximum
observé était de 4,4 pour 100.
Il convient d'observer que cet appareil peut être utilisé au contrôle de
substances autres que les céréales et qu’il peut être employé au dosage
continu de constituants autres que l’eau.
GÉOLOGIE. — Cristaux de feldspath et de quartz dans les calcaires du Trias
moyen d'Alsace et de Lorraine. Note (') de M. Jacques DE LAPPARENT;
présentée par M. H. Douvillé.
Les très petits cristaux qui font l’objet de cette Note peuvent être isolés
facilement en attaquant par un acide les calcaires qui constituent la forma-
tion que les géologues nomment communément Muschelkalk. On les trouve
en abondance dans les roches du Muschelkalk supérieur.
em
PRE EEE
(') Séance du 26 octobre 1920.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 863
Les cristaux de quartz ont la forme du prisme terminé par les deux
1
rhomboëdres (es pes). Ils contiennent en inclusion de très menus granules
de carbonate de chaux.
Les cristaux de feldspath ont la forme simple d’un parallélépipède, et
leurs six faces ont souvent un tel développement relatif qu'ils ressemblent
à des rhomboëdres.
lls sont fréquemment aplatis suivant la base du parallélépipède : on peut alors
observer que la plupart d’entre eux s'éteignent entre nicols croisés suivant les diago-
nales de cette base même, la grande diagonale coïncidant avec la vibration de plus
grand indice. Ces cristaux ont donc nettement la forme monoclinique mp. Certains
individus présentent en plus le pinacoïde g'. Les angles plans des faces mesurent, en
général, 116°, parfois 113° pour la base, 104° pour les faces du prisme. Ce sont là des
caractères qui conduisent à rapprocher ce feldspath de l’orthose pour certains indi-
vidus, du microcline pour d’autres, car il est des cristaux présentant des extinctions
obliques sur les diagonales de la base conformes à ce que nécessiterait une identifi-
calion à cette espèce. D'ailleurs, on rencontre des cristaux qui présentent au centre
une extinction de microline et, sur les bords, une extinction à o° comme dans lor-
those; fait du même ordre que celui qui fut déjà cité par Grandjean dans ses études
des feldspaths de certaines roclies sédimentaires (1).
La réfringence et la biréfringence de ces feldspaths ne laisse d'ailleurs aucun
doute sur la classe à laquelle ils doivent être rapportés : ce sont des feldspaths sinon
totalement, du moins essentiellement potassiques, l's ne contiennent pas. comme le
quartz, de petits granules de carbonate de chaux, mais ils sont riches en inclusions
gazeuses, d’une teinte violacée.
Au microscope on voit très bien les plus gros des feldspaths dans les
plaques minces des calcaires compacts d'apparence lithographique qui
forment un équivalent du faciès connu sous le nom de calcaire à entroques
(Trochitenkalk), et l’on peut observer que ces calcaires compacts sont
constitués par l'accumulation de très petits granules identiques à ceux qui
apparaissent en inclusion dans les cristaux de quartz; de sorte que nous
sommes conduits à admettre que, dans de tels calcaires, feldspaths et quartz
se trouvent en leur gisement originel.
Mais d’autres FES de ces calcaires du Trias moyen nous apportent sur
l’origine des feldspaths et des quartz qu ‘ils contiennent des notions plus
précises encore.
C'est ainsi que le résidu de l'attaque aux acides des roches à débris de
coquilles et des roches oolithiques montre, à côté de cristaux isolés de feld-
(') Graxpsean, Bull. Soc. fr. Min., t. 32, 1909, et t. 33, 1910.
864 ‘ACADÉMIE DES SCIENCES.
spath et de quartz, des vermiculures formées d’une sorte de carapace cons-
tituée par l'accumulation de très petits quartz et de très petits feldspaths
auxquels s’adjoignent des cristaux prismatiques de rutile.
- L'examen des lames et celui des morceaux d’une roche incomplètement
attaquée par l'acide permettent de bien observer les rapports de ces vermi-
culures avec les débris de coquilles ou les oolithes : les vermiculures
recouvrent les débris de coquilles ou s'apputent sur les couches successives des
oolithes; elles sont souvent spiralées, c’est-à-dire qu’elles se développent en
spire à partir d’un point. Elles ne forment pas elles-mêmes des tubes à sec-
tion complètement cylindrique, mais semblent constituer le recouvrement
extérieur d'une sorte de cordonnet adhérent à la coquille ou à l’oolithe.
Certaines de ces vermiculures montrent d’ailleurs des étranglements suc-
cessifs qui marquent, semble-t-il, les traces de cellules primitivement situées
bout à bout. A l’origine de ces vermiculures on ne voit aucun organe spé-
cialement différencié.
L'idée qui vient tout naturellement à l'esprit, c’est d’assimiler ces agré-
gats de feldspaths, de quartz et de rutile aux gaines formées de matériaux
d’origine minérale, qui se constituent autour de certains organismes infé-
rieurs, et ce qu’on peut penser avec le plus de vraisemblance, c’est, dans le
cas présent, que l'organisme ayant fixé ces cristaux était une algue.
S'il en est ainsi, il est bien évident que les cristaux dont il s’agit n’ont pu
être fixés par l alone que pendant le développement de celle-ci, c’est-à-dire
lorsque s’élaboraient les éléments qui devaient constituer les matériaux du
sèdiment.
Feldspaths et quartz sont bien néanmoins des éléments de néoformation et point
des éléments détritiques arrachés à des roches plus anciennes, d'abord parce que
dans le quartz on voit ces granules calcaires que nous trouvons comme éléments
essentiels d’un des dépôts contemporains, et puis parce que ces minéraux se trouvent
également dans le calcaire granuleux élaboré aux Sepen de débris de coquilles atta-
qués par de petites algues perforantes, ainsi qu on peut s'en rendre compte en exami-
nant un grand nombre d'échantillons.
Quant au rutile, ses cristaux proviennent de la désagrégation de menues paillettes
de mica dans nee il se montre en abondance. Il est donc, lui, un élément détri-
tique au même titre que ces micas et c’est à la faveur de la faculté de flotter au loin
des fines paillettes de ce minéral qu'il a pu, bien qu'élément lourd, être entrainé dans
une formation qui n’a pas de caractère essentiellement détritique.
Ces observations nous montrent d’une part que les cristaux de feldspath
et de quartz ont pris naissance avant la consolidation des matériaux de la
roche et d’autre part que l’algue dont ils constituent la gaine vivait en
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 865
même temps que se formait l’oolithe sur laquelle elle était fixée. Pour cette
raison, elle ne peut être assimilée à une algue perforante. Nous la distin-
guerons des organismes de ce groupe en disant qu’elle est une algue enve-
loppante.
Dans nos publications antérieures ('), nous avons assimilé les algues
perforantes, qui jouent dans la constitution des calcaires un rôle si impor-
tant, aux Girvanelles observées par Nicholson dans un calcaire silurien de
Girvan (Ayshire); nous nous demandons aujourd'hui si l'algue envelop-
pante ne répond pas mieux à la définition de Girvanella donnée par l’auteur
anglais.
Quoi qu’il en soit, remarquons en terminant que dans les faciès dolomi-
tiques de ces terrains la microstructure primitive, malgré l’envahissement
du calcaire par la dolomie, est cependant partiellement conservée parce
que les carapaces quartzeuses et feldspathiques des algues résistent à la.
dolomitisation. En lames minces on voit très bien, grâce àce fait, le dessin
primitif de la roche.
J’ajouterai que les feldspaths et le quartz dont je viens de donner les
caractères ne sont pas particuliers aux roches d’une localité : on les trouve
dans la plupart des faciès du « Calcaire coquiller » supérieur depuis
l'Alsace jusqu’au Luxembourg.
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la présence du Juglans cinerea L. fossilis
Bronn dans la flore plaisancienne de Saint-Marcel-d’Ardèche. Note de
M. G. Derare, présentée par M. Gaston Bonnier.
Nous avons eu déjà l’occasion de signaler dans le Plaisancien de Saint-
Marcel-d'Ardèche la présence du Ginkgo biloba L. (?}. Nous attirons de
nouveau l'attention sur la flore de ce gisement et, en particulier, sur des
restes attribuables au Juglans cinerea L. (Juglans cathartica Michx.).
Il s’agit de deux spécimens fossiles, recueillis par les soins de M. J.
Estassy pour l'abbé N. Boulay, et conservés dans les collections de la
Faculté libre des Sciences de Lille. L’un d'eux représente la coque d’une
noix, longue de 4o™ et large de 25", à base obtuse et dont le sommet
se termine en pointe courte. Les valves offrent ensemble ‘huit côtes accen-
(1) Comptes rendus, t. 167, 1918, p. 784 et 999.
(2) Sur la présence du Ginkgo biloba L. dans le Pliocène inférieur de Saint-
Marcel-d’ Ardèche (Comptes rendus, t. 157, 1913, p. 957).
C. R., 1920, 2° Semestre. ( T. 171, N° 18.) 65
866 ACADÉMIE DES SCIENCES
tuées, d'épaisseur inégale, entre lesquelles des crêtes irrégulières et nom-
brétées délimitent des anfractuosités profondes. Cet aspect de la surface
est des plus caractéristiques. L'autre échantillon est le moulage d’une noix
à rugosités également accentuées, mais de taille plus grande, à sommet plus
aigu et plus longuement atténué. |
Des noix de forme identique se retrouvent dans la nature actuelle chez
le Juglans cinerea L. de l'Amérique du Nord et dont nous avons vu des
spécimens variés au Muséum d'Histoire naturelle de Paris.
De plus, les noix de Saint-Marcel sont bien identiques aux noix fossiles
du Pliocène allemand que Geyler et Kinkelin (') et plus tard Engelhardt
et Kinkelin (°) ont rapportées au Juglans cinerea L. fossilis Bronn. Avec
ces auteurs, il est intéressant de noter que suivant l'opinion de C. de
Candolle le Juglans tephrodes Ung. (*) du Pliocène d'Italie, paraît « tout à
fait semblable au J. cinerea L. » (*) et que le Juglans Goepperti R. Ludw. (*),
des lignites de Wetteravie n’est qu’une forme de la même espèce.
En résumé, le gisement plaisancien de Saint-Marcel-d’Ardèche est une
nouvelle station européenne pour le Juglans cinerea L. Cette espèce, non
signalée jusqu'ici dans la flore pliocène de France, est aujourd’hui limitée
à l'Amérique du Nord, de même que les Liquidambar, Liriodendron, Sassa-
fras,.…, semblables à ceux qui se développaient à côté du Juglans cinerea L.
dans la flore plaisancienne de la vallée du Rhône.
MÉTÉOROLOGIE. — Sur la variation diurne de la température
dans l'Antarctique. Note de M. J. Rouen.
Afin d'étudier les inversions de température avec l'altitude, qui se sont
manifestées pendant l’hivernage du Pourquoi-Pas? à l'ile Petermann dans
(1) Oberpliocän Floran aus den Baugruben des klärbeckens bei Niederrad und
der Schleuse bei höchst a. M. (Abhandl: d. Senckenb. naturf. Ges. Bd. 14, 1887,
p.31, Taf, HI, f. 8-15).
(2?) Oberpliocän Flora und Fauna des Unternaintales, insbesondere des Frant.
furter Klärbeckens (Abhandl. d. Senckenb. naturf. Ges., Bd. 29, H. 3, 1908,
p. 236, Taf. AXA, f. 3-7).
(3) Uxcer, Sie plantarum fossilium, 1860, p. 38, Taf. XIX, f. 12-19.
(+) C. ne Canporte, Mémoire sur la famille des Juglandées (Ann. d, Sc. nat.
Botanique, 4° série, t. 18, 1862, p. 28.
(5) R. Luwie, Pflanzen aus der jungsten Wetterauer Braunkohle, p. 10?
Faf, XXI. f. 9, 9a, 96. :
dessous de zéro) :
1. Ri
9,62
9,64
13 14.
7,90 7,97
1. 4
12,96 12,64
LA
13. 14.
13,45 13,39
12,77
15.
13,83
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920.
4, 5.
997. 10,19
16. 17.
0,73 0:99
4. E
12,99 13,09
16. 11
13,93 14,921
Automne.
6. TE
ON 10, Fa
18. 19.
9,80 9,94
Hiver
6. T,
19,34: 13,90
18. 19.
14,48 14,953
8.
13,49
20.
14,63
9.
13,66
pa
14,41
13,97
867
l Antarctique, nous avons considéré à part les jours de beau temps ('). Or
la variation diurne de la température présente ces jours-là une particularité
intéressante : en outre du maximum ordinaire, qui s’observe aux environs
de midi, il existe un maximum secondaire aux environs de minuit. Cette
allure particulière de la variation diurne est très nette pendant l'hiver, elle
est éncore marquée en automne, elle est très atténuée et disparaît en été et
au printemps.
J’ai considéré comme jours de beau temps les jours où la nébulosité est
inférieure à 5. La variation diurne moyenne de la température est la sui-
vante pour l'automne et pour l’hiver (toutes les températures sont au-
En automne, le maximum de température principal a lieu vers 13", et le
maximum secondaire vers 2" du matin. Les deux minima ont lieu vers 7"
et 22h,
En hiver, c’est la nuit, vers 1" du matin, qu’a lieu le maximum principal ;
le maximum de la journée est très peu marqué vers 13". Les deux minima
ont lieu vers 10è et vers 20". En hiver, il fait moins froid pendant la nuit
que pengant le jour : la hausse nocturne de température dépasse, en
moyenne, 1°, et elle atteint parfois 4°.
Voici quelques exemples de journées caractéristiques :
(°) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 498.
868 | ACADÉMIÉ DES SCIENCES.
1; T 3 h D; 6. t 8. g 10. {11
26 2 ir POSER 12,0 14,7 13,0 :19,111#;0 19,09. 14,9 19,7 16,7 19,9 1355
TI Ma oen PRO a 1030 SA9 rS 1550 E T A E 14,4 “11,9 0
AE MAD Re HS BA AUOT OO Iki gera, 12,4 ori Taa
e a E 0er 147 Gr aa D A 9,1 19,8: 14,8 19,0 a0 15,4
g juilhet.: B3 e IS E roo D; 102- 19/0 19,0: 19,0 19,2 1ga “20h
29 août: 7. :, Ms 108 050 10,4 17,1 18,1, 18,2: 10,1 -19,4,..10,0 04
Bo HE A9 165 211:0 A8 18, a
06 avril... 1819 13,4 18,7 r 14,9 14,9: 18,8 1451 14,2: 29,5 13498
NO ML et à DB 100 11,9. 12,9: 19:98 19,9 18,2 1920, 19,0 190 mn
AR IMAGE Sewon 14,2::10,5.10,0.:11:02: 121 #9,0: i2. 14,9, 142,1. 124 11,4
Litdihel:;:.:, 15,1 15,6 16,1 16,4. 19,9 26,4 :16,1- 14,9 149 14,0 Le
9 juillet ...... 18,8 109,3 0,0 20,2 40,0 109 192 19,4 14,0 Maa
29 40ût........ 10,9 19,4 19,9 -20,3 920,9 21,5 :21,5 21,8 92,0 19,9 18,9
La variation des autres éléments météorologiques pendant les jours
considérés ne paraît pas être en relation avec la variation particulière de la
température. La pression barométrique présentela variation habituelle que
nous avons signalée avec un minimum dans la matinée, un maximum
l'après-midi; la vitesse du vent est irrégulière; on n’observe pas de prédo-
' minance des vents du secteur nord, qui pourraient causer une hausse de
la température pendant la nuit. Seule, la nébulosité, qui présente un léger
minimum pendant le jour, pourrait avoir quelque rapport avec la variation
de la température.
L'étude des observations d’autres expéditions antarctiques confirme la
variation diurne de la température observée à lIle Petermann les jours de
beau temps, et il s’agit là, à notre avis, d'un phénomène général pour
l’Antarctique.
Pendant l'hiver, où la variation diurne de la température due au mouve-
ment du Soleil est très faible, on observe, les jours de beau temps, une
hausse de température pendant les heures qui correspondent à la nuit.
AGRONOMIE. — Le réveil de la terre arable.
Note (') de M. Aveusre Lumère, présentée par M. Gaston Bonnier.
Sous notre latitude, on observe, à la fin de l'hiver, une sorte de réveil
de la terre arable qui, après une période de repos, et toujours à,la même
5 es à
: 19 Séance du 26 octobre 1920.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 869
époque de l’année, reprend une activité plus grande se traduisant principa-
lement par la germination des graines qu’elle renferme et l’apparition de
petites herbes à sa surface; elle foisonne alors davantage, s’émiette plus
facilement et dégage des vapeurs, sans doute par suite de la pullulation
abondante de sa microflore demeurée pendant plusieurs mois engourdie.
Pour désigner ce retour rythmique àʻla vie, le cultivateur dit que « la
terre est en travail ou en amour », et la cause de ce phénomène périodique
est en général attribuée au relèvement de la température qui accompagne
les premiers jours du printemps.
En réalité, le réveil de la terre ne dépend pas simplement d’une influence
thermique; d’autres facteurs interviennent dans sa manifestation, car il ne
suffit pas de placer artificiellement la terre dans des conditions d’humidité
et de chaleur convenables pour assurer sa reviviscence, mais il est indis-
pensable aussi qu'un temps de repos suffisant s'écoule avant de pouvoir
constater le retour de la végétation avec toute son intensité.
Müntz et Gaudechon C ), à la suite d’ expériences méthodiques et d’ana-
lyses nombreuses, ont montré qu’en dehors de tonte action possible de la
température, qui était maintenue constante pendant la durée des essais,
les actions microbiennes dont le sol est le siège, et principalement la nitrifi-
cation, présentent un maximum d’activité à la fin de la saison hivernale.
Ces auteurs rattachent cette sorte de prédilection des organismes micro-
biens pour une période déterminée, à un véritable fait d’atavisme qui expli-
querait le réveil de la terre au printemps.
Il subsiste, à notre sens, dans cette explication, un élément mystérieux
qui ne satisfait pas complètement notre esprit.
L'activité nitrifiante du sol acquiert bien effectivement une mets
à une époque fixe déterminée, mais l'interprétation de ce fait acceptée par
les auteurs précités, admettant chez les bactéries la faculté d’un développe-
ment périodique, comme une ressouvenance atavique, ne s'accorde p avec
les propriétés générales des espèces microbiennes étudiées jusqu'ici, qui
invariablement pullulent à un moment quelconque, dès qu ‘elles sont placées
dans des conditions de milieu favorable. D'ailleurs, si nous isolons de la
terre les microbes qui président à la nitrification pour les cultiver in vitro
en bouillon approprié, nous ne retrouvons aucune trace de cet M et
la végétation s'effectue, à température égale, aussi bien en automne qu ’au
printemps.
(+) A. Muntz et H. Gaupecnox, Comptes rendus, t. Hero 1912, p- 163; Annales de
la Science agronomique française el étrangère, illet 1913, p- 1.
+
870 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce raisonnement nous a conduit à chercher une autre cause au rythme
saisonnier, et nous avons émis l'hypothèse que des produits toxiques, sécrétés
par les racines des plantes, ou résultant de la transformation des débris vėgé-
taux après la chute des feuilles et la mort des plantes annuelles, pouvaient
jouer un rôle dans le phénomène qui nous occupe; produits toxiques dont
la destruction par fermentation, oxydation ou la dilution et l'entrainement
par les pluies, exigent un certain temps.
Cette idée s’est trouvée confirmée par l'expérience suivante : Ayant pré-
levé, au mois de novembre, un échantillon de terreau (') utilisé dans un
jardin au cours de l’été précédent, nous avons divisé cet échantillon homo-
gène en deux lots identiques; l’un des lots a été soumis à des lavages répétés
à l’eau distillée, de façon à entraîner la plus grande partie des produits
solubles qu’il pouvait contenir et l’autre simplement arrosé avec une eau
distillée de même provenance.
A la température du laboratoire, nous avons vu apparaître en quelques
jours, à la surface de la portion lavée, et‘végéter avec une grande rapidité,
les petites herbes qui se développent habituellement au printemps, tandis
que la fraction de terreau qui avait été seulement abondamment arrosée,
demeurait stérile.
Le lavage avait éliminé des produits s’opposant à la germination des
graines.
En a eut pie épuisement méthodique, les agents toxiques de 10" du
même terreau, et évaporant à basse température les eaux de lavage, de
façon à les ramener au volume de 1!, nous avons obtenu une solution
rougeâtre renfermant 285 de produits solides totaux.
L'emploi, comme liquide d'arrosage, de cette solution s'oppose d’une
façon absolue à toute germination, quelle que soit la saison ou le terrain
dans lequel on opère.
Les graines immergées dans cet extrait pendant ‘plusieurs jours, ne
perdent pas la faculté de germer ultérieurement lorsqu’ eles sont débarras-
sées, par un rinçage suffisant, des produits d'extraction qui ne semblent pas
être + véritables toxiques, mais simplement des agents d’inhibition.
Ces corps empêchant tout développement de la graine, ne sont pas
détruits ni même altérés par chauffage à l'autoclave à 130° pendant une
demi-heure, et ne semblent par conséquent être constitués ni par des toxines,
ni par des diastases.
(1) Nous avons choisi le terreau parce que c’est dans ce milieu que Müntz et Gau-
dechon ont constaté le phénomène rythmique qui nous intéresse, ayec son maximum
d'intensité,
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 871
L'étude chimique de ces substances, leur origine et les conditions de
leur production font en ce moment l’objet d’une série d’études dans nos
laboratoires.
Il semble que la découverte de procédés Anis et pratiques permettant
de les saturer ou de les détruire soit de nature à modifier et à améliorer,
dans des limites considérables, les conditions économiques des cultures.
Nous poursuivons également des recherches en ce sens.
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur les formations lig gneuses anormales dans
lecorce de l'Hevea Brasiliensis. Note de M. F. Ve présentée par
M. L. Mangin.
On observe fréquemment sur l’Hevea Brasiliensis des déformations de
l'écorce correspondant à des productions ligneuses anormales apparues
dans son épaisseur. Elles peuvent se ramener à trois types : +
Les plus fréquentes, à origine indiscutée, sont dues à la cicatrisation de
blessures faites par les coolies saigneurs.
D'autres se présentent à l'extérieur sous l'aspect de mamelons arrondis,
ayant seulement quelques centimètres de diamètre à leur base et générale-
ment peu saillants. Le centre de ces déformations est toujours occupé par
un noyau ligneux très dur, sphérique ou presque sphérique, profondément
situé dans l'écorce; ce noyau est le plus souvent indépendant du bois
normal, mais il est parfois uni à lui par un pédoncule court et mince. L’ori-
gine de ces formations est encore discutée.
Une troisième sorte de formations ligneuses anormales est constituée
par des cordons ramifiés, dont le diamètre variable peut atteindre 1°" à
peine ou dépasser 1°". Ces cordons se superposent les uns aux autres, se
croisent, s’anastomosent et se soudent de manière à constituer des lames
difformes à contours sinueux, très variables quant à.leur épaisseur et à
leurs dimensions. Les sections transversales d’un cordon isolé rappellent
beaucoup la section médiane d’un nodule. Elles sont à peu près circulaires
et montrent des stries concentriques et radiales dues à ce que les nodules et
les cordons sont également constitués par des éléments ligneux, cellules et
vaisseaux, disposés comme les éléments du bois secondaire. Dans les cor-
dons, comme dans les nodules, le centre de chaque section paraît être
occupé par des cellules mortes, ce qui a fait supposer une origine commune
à ces deux sortes de formations. Des sections longitudinales faites dans les
premiers montrent de façon incontestable qu'ils ne sont point formés de
872 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nodules étroitement soudés les uns aux autres; on y distingue en effet des
stries parallèles à l'axe, qui témoignent de la formation à peu près simul-
tanée des couches So atotient distantes de cet axe tout le long du cordon.
La juxtaposition de nodules formés indépendamment les uns des autres et
primitivement disposés en chapelet eut donné aux sections longitudinales
un aspect tourmenté, qu’elles n'ont généralement pas.
Chaque cordon ligneux est entouré de couches génératrices donnant, au
dehors, des formations libériennes dans lesquelles on rencontre quelques
laticifères. Lorsque les cordons sont étroitement rapprochés les uns des
autres, les assises génératrices se soudent en une assise commune entourant
l'ensemble des nouvelles formations; c’est ainsi que se produisent des
lames épaisses très complexes pouvant atteindre de très grandes dimen-
sions. Ces productions ligneuses anormales se révèlent à l'extérieur par de
grosses saillies difformes qui se succèdent, à intervalles plus ou moins rap-
prochés, suivant une direction parallèle ou à peu près parallèle à laxe du
*tronc, et qui peuvent s'étendre progressivement sur celui-ci jusqu’à la base
des grosses branches et des grosses racines.
L'origine de cette troisième sorte de formations ns anormales est
nettement différente, en Cochinchine, de celle qu’on leur a supposée
ailleurs.
‘Rutgers rapporte quelques observations, faites à Java, d’après lesquelles
il semblerait que la mort des cellules autour desquelles se forme chaque
cordon est amenée par l’action du Phytophthora Faberi. Ces cordons ne
seraient, dès lors, qu’une manifestation secondaire de la présence du para-
site et crécédeéiant toujours au chancre à taches dont il provoque tout
d’abord l'apparition.
D’après les observations que je poursuis depuis plusieurs mois dans
quelques plantations de Cochinchine, l'intervention du Phytophthora n'est
pas indispensable pour qu’il y ait formation de cordons ligneux; de plus,
l'axe de ces cordons est toujours occupé par des laticifères et non par des
cellules mortes quelconques. Ce dernier fait peut être mis en évidence en
traitant les sections transversales faites dans les cordons ligneux par
une solution alcoolique saturée de Soudan II; on voit alors la matière
colorante se fixer sur les éléments morts qui en occupent le centre, èt
l'examen microscopique montre que c’est le contenu finement. granuleux
de ces cellules qui se colore. Ce contenu est soluble dans le chloroforme et
la benzine, alors qu'il est insoluble dans la potasse bouillante. Si l'on
“examine l'extrémité des cordons, qu'ils soient isolés ou groupés en lames,
onlesvoits'atténuer braquenent en un filament grêle et peu consistant qui
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 873
qui se continue dans les couches à laticifères, au milieu desquelles il devient
tellement ténu qu'il ne peut être suivi qu’au microscope, à l'aide des
coupes faites dans l’écorce au delà des derniers cordons visibles. Ces coupes
montrent la structure suivante : au centre, une ou plusieurs sections de
laticifères renfermant du latex coagulé; puis, autour de ees sections,
quelques assises concentriques de cellules ligneuses entourées elles-mêmes
d’une assise génératrice donnant intérieurement de nouvelles cellules
ligneuses et, extérieurement, un parenchyme renfermant quelques éléments
scléreux semblables à ceux du tissu libérien normal qui l’entoure. Plus
loin, on ne trouve plus de cordons aussi nettement définis, mais seulement
des amorces constituées par quelques éléments scléreux entourant large-
ment des laticifères dont ils sont séparés par des cellules subissant une divi-
sion active avant de sclérifier leurs parois. Ce n’est que plus tard qu’une
assise génératrice se formera autour de ces éléments scléreux qu’elle entou-
rera de formations libéroligneuses.
Jai vainement cherché un mycélium dans les régions de l’écorce où ils
commencent à se montrer. D'autre part, Je n'ai pu réussir à faire apparaître
les fructifications du Phytophthora sur des fragments de cordons ligneux ou
des fragments d'écorce, pris à la limite des lames, et placés en milieu
humide. Par contre, dans de telles conditions, j'ai toujours obtenu une
bactérie et, parfois aussi, un Fusarium. La bactérie s’est souvent montrée
à l’état pur dans des cultures obtenues par ensemencement de débris asep-
tiquement prélevés dans l’axe de jeunes cordons ligneux.
L'absence de tout m ycélium, au voisinage des lames ligneuses, rend l'in-
tervention du Fusarium aussi peu probable que celle du Phytophthora. L'in-
tervention du microcoque parait plus admissible parce que l’on connaît de
nombreuses bactéries capables de vivre dans le latex et de l’altérer. |
Des essais d'infection ont été faits, il y a quelques semaines, à l’aide du
Fusarium et du microcoque sans qu'aucune conclusion puisse encore être
tirée de ces essais. Deux faits ont cependant été nettement mis en évidence
ag mes observations :
° Des formations ligneuses anormales, lames et cordons, peayent se
es indépendamment de toute infection, par le Phytophthora Faber.
D “de cordons ligneux et les lames qui en dérivent se forment autour
de laticifères à contenu altéré et s’étendent peu à peu aux dépens des lati-
cifères voisins.
874 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur des tumeurs bactériennes expérimentales
de l'Epicea. Note de M. Jean Durrexoy, présentée par M. L. Mangin.
Dans la forêt de Barèges, vers 1500-1700", des groupes de jeunes Picea
excelsa, mélangés à des Pins chancrés, montrent des chancres ou des
tumeurs en chapelet.
Fig. x.
Fig. 1. — Coupe transversale d’une tumeur (schéma) (inoculation B; obj. imm. 1/15; oc. 1).
Rh, rhytidome; sp, assise subéro-phellodermique; I, inoculation; s, assise cicatricielle; O, tissu
riche en prismes d’oxalate (OX); ph, phelloderme; c. cambium; X,, bois formé en 1920; X;, bois
de 1919 formé après l’inoculation; G, cellules géantes; N, assise nécrosée; X,, bois normal de 1919
formé avant l’inoculation; Mæ, moelle à cellules ligneuses brunies; hs, assise génératrice médul-
laire, — Au-dessous, détail des régions ci-dessus énumérées; n, noyau; f, fente lysigène bordée
par des membranes brunies et montrant une fonte gommeuse:; l, lacune bordée par des cellulés
géantes K; r, rayons médullaires; As, G, N, O correspondent aux régions du schéma qui portent
ces lettres,
Le chancre rabat le tronc horizontalement autour de sa face ventrale,
déterminée par l’arrêt de croissance des assises génératrices. Sur les faces
latérales et dorsale, le cambium au contraire exagère la production de bois
riche en canaux et de tissu libérien. Au-dessus de la face ventrale du
chancre, où la circulation libérienne est entravée, les anneaux ligneux
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 875
s’épaississent, le phelloderme s’hypertrophie, s'enrichit en chloroleucites
et amyloleucites, se creuse de vastes canaux.
L’abondance des cellules à prismes d’oxalate est caractéristique des
tissus chancrés.
Fig. 2.
3 e de division; Me, cellules médullaires nucléées, polyédriques, à mem-
ne ligneuse ponctuée, souvent brunie; ķ, cellules géantes; pæ, protoxylėème; X, bois; A, bac-
téries d’une culture sur arbutine gélatinée.
Fig. 2. — Assise génératrice médullaire (inoculation B).
H, assise de céllules en voi
rane |
Fig. 3. — Liber de tumeur A~
(Coupe transv., coloration au violet phéniquée régressée à l'alcool amylique, obj. imm. 1/15, oc. 9).
Ph, cellules libériennes: cn, ules cancéreuses; Bz bactéries dans leur zooglée; C, cambium;
X, bois, r,rayon médullaire; Z, fente lysigèue; B, bactérie; z, zooglée bactérienne.
I. Les chancres sont inoculables : Des tiges de 1 an, inoculées en août
1919 par aiguille infectée dans le cambium d’un chancre, montrent en
aoùt 1920, aux points piqués, des tumeurs primaires. La piqûre du phello-
derme s’est cicatrisée, tandis qu’à distance les assises génératrices montrent
un arrêt local d’activité, avec bourrelet marginal formé de cellules peu dif-
férenciées; des îlots ligneux et libériens sont noyés dans des ramifications
Cancéreuses,
La moelle forme, aux dépens d’une assise génératrice radiale, une masse
confuse de cellules cancéreuses, limitée par des assises subéreuses ou par
les cellules polyédriques ligneuses dont les membranes brunissent.
3 . `
une des tiges montre, à 5° et g°” au-dessus, à 5em au-dessous de la
876 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tumeur primaire, des tumeurs secondaires plus petites, où une plage des
assises génératrices ne forme plus qu'une masse volumineuse de cellules
chaoeqiest à gros noyau, recouverte de liège.
Des trainées de cellules médullaires brunies, et de cellules cancéreuses
libériennes, s’observent entre les tumeurs.
Les cellules cancéreuses se colorent surtout en rouge par la méthode de
Mann à l’éosine-bleu de toluidine.
La méthode de M. le Professeur Mangin, au bichromate de benzidine (" »
colore en brun le bois sain, en brun orange le bois cicatriciel, le suber et les
membranes brunies de la moelle, en brun clair les amas libériens, tandis que
les tissus cancéreux cellulosiques peuvent être colorés par le congo ammo-
niacal. :
IL. Des bactéries de 04,75 x of, 50, réfringentes dans les coupes montées
au chloralphénol, violettes après coloration au violet phéniqué régressé par.
l’alcool amylique, et incluses dans une zooglée gommeuse, infectant des
cellules hypertrophiées, groupées en massifs ou en cordons ramifiés.
IT. Ces bactéries se cultivent difficilement : infectées par des fragments
de tumeur (dont la surface a été désinfectée au sublimé), lagar peptoné
glucosé brunit fortement (surtout à l’étuve à 3o°-35°) et la solution d'ar-
butine (décoction de feuille d’Arctos taphytos Uva- Ursi) gélatinée montre
des nuages bruns. Les bactéries, de 04,95 à 14 x ot ,3o, sont rodeo et
prennent faiblement le gram.
ZOOLOGIE. — Sur la reproduction des Lombriciens limicoles : Fécondation,
~ segmentation, morphogénèse. Note (?) de M. d. Derpuy, présentée. par
M. Edmond Perrier.
Dans une précédente Communication (?) j'ai déjà indiqué qu vil n’est guère
facile d'observer les débuts du développement des Lombriciens limicoles
thalassophiles, à cause de la rapidité avec laquelle s'effectue le développe-
ment, à partir de la ponte. Il est certain que la désagrégation des sperma-
tozoïdes qui forment les spermatophores et que la fécondation s'effectuent,
sinon pendant, au moins immédiatement après la ponte. C’est certainement
ce qui explique què l’on n'ait pu observer jusqw’ici le phénomène si impor-
tant et si facile à voir chez d’autres êtres de la pénétration du spermatozoide
dans l’ovule. Étant donné le très grand nombre de spermatozoïdes qui cons-
tituent un spermatophore, la plus grande partie de ces spermatozoïdes ne
o a
ASI Cf. E. Foex, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1338, note (!).
_(?) Séance du 26 octobre 1920.
ner Voir Comptes rendus, t. 174, 1920, p. 751.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 877
joue certainement aucun rôle dans la fécondation et doit être absorbée
comme matériel nutritif par les embryons en .voie de développement ou
peut-être plutôt par les ovules au moment même de la fécondation, un seul
d’entre eux étant vraiment fonctionnel.
Mes recherches ont surtout porté, en général, sur le Clitellio, mais c'est
chez l'Enchytréoïde que j'ai vu se produire le premier plan de segmenta-
tion, dans les conditions suivantes : un œuf non segmenté se présentait
dans un cocon comme une masse finement granuleuse, avec la forme d’un
ellipsoïde peu allongé, ne présentant aucune membrane propre, délimité
Simplement du milieu ambiant par la différence, à coup sûr grande, de
tension superficielle. En ouvrant le cocon, sous le microscope, dans une
goutte d’eau de mer, je mis cet œuf en liberté et ne tardai pas à le voir
s'aplatir légèrement dans le sens vertical et s'entourer rapidement, presque
instantanément, sans qu'il soit possible de saisir le processus de cette for-
mation, d’une membrane translucide à double contour bien visible, de ce
« chorion anhyste muqueux assez épais » dont parle M. Roule. Ce chorion
persiste fort longtemps au cours du développement, mais ne devient réelle-
ment pas la culticule du ver ('). Aussitôt cette membrane formée, l'œuf
montre les premières traces d’un sillon médian perpendiculaire à son grand
axe. Tout cela s’est passé très rapidement, en quelques dixièmes de seconde
peut-être. Je n’ai vu ni spermatozoïdes, ni formation d’un cône d'attraction;
je mai jamais rien vu qui rappelàt les globules polaires. Cependant, si l’on
réfléchit aux caractères de ces phénomènes, on ne peut y voir autre chose
qu'une fécondation accompagnée même d’une polyspermie très probable.
Les processus morphogénétiques du développement embryonnaire de.
l'Enchytréoïde ont été fort bien décrits par M. Roule et je maurai guère à
y ajouter: Je remarquerai seulement que les segmentations inégales anor-
males n’ont paru être encore plus rares sur les embryons que j'ai observés.
L'œuf du Clitellio est très généralement sensiblement sphérique; comme
celui des autres Lombriciens limicoles, il est excessivement riche en vitellus,
réparti uniformément sous forme de granulations très régulières d'environ
2* de diamètre. Le chorion qui l'enveloppe est plus épais que celui de l'œuf
de l’Enchytréoïde: alors que ce dernier fait environ le dixième du diamètre
de l'œuf, celui de l'œuf du Clitellio en fait à peu près le tiers. La segmenta-
ton, malgré la richesse excessive de cet œuf en vitellus, est totale et égale.
Il faut environ trente à quarante-cinq minutes pour que le premier sillon
Soit complet et ait séparé les deux premiers blastomères. Ceux-ci se par-
E E E A .
(*) Salensky admettait la persistance de cette membrane comme cuticule chez les
po Ychèles en règle générale; mais M. Roule a indiqué, dès 1889, des exemples pour
esquels cette manière. de voir est fausse,
a
878 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tagent assez régulièrement par des plans successivement rectangulaires les
uns aux autres pour aboutir d'abord à une morula pleine, sphérique, formée
de cellules remarquablement égales, donnant admirablement l'apparence
d’une mûre. Les anomalies sont rares. Puis cette morula s’allonge à un cer-
tain moment dans une direction qui deviendra celle de la longueur de l’em-
bryon; peut-être se différencient dès ce moment les régions céphalique et
postérieure. L’archentéron a toujours, comme chez l’Enchytréoïde, une
formation schizogénétique; il n’y a jamais ni embolie, ce qui n’est pas sur-
prenant, celle-ci ne se produisant que chez des formes qui passent par une
véritable gastrulation, ni épibolie, comme Kovalevsky l’a décrite chez
l’'Enaxes (= Rynchelmis) limosella Grube. Nous retrouvons donciciles phéno-
mènes de tachygénèse décrits déjà par M. Roule sous le nom de « conden-
sation des processus embryonnaires ».
L’allongement et la métamérisation sont un peu plus précoces chez le
Clitellio que chez l’Enchytréoïde. Mais à cela près les choses se passent de
façon très semblable. La métaméridation débute toujours dans la région
antérieure de l'embryon, dénotant une céphalisation considérable; c’est
toujours le protoméride qui est le premier formé et les mérides successifs se
séparent d'avant en arrière. En même temps, l'embryon acquiert progres-
sivement les divers organes qui lui permettront de mener une vie libre.
Alors on voit les embryons nager activement à l'intérieur du cocon et
bientôt éclore. A ce moment les jeunes Enchytréoïdes ont environ une
quinzaine de segments, les jeunes Clitellio en ont environ 30 à 40 (les adultes
en ont respectivement une cinquantaine et plus de 100). Je m'ai jamais
remarqué, ni chez l'Enchytréoide ni chez le Clitellio, que les embryons
usassent la paroi du cocon pour en sortir, comme le dit M. Roule. J'ai
toujours vu au contraire, comme l'avait déjà observé V. Lemoine, l’éclosion
se faire chez l’un comme chez l’autre, par l’un des pôles du cocon et jamais
ailleurs, sauf accident. En effet, au moment où les embryons sont pren n
éclore, il est presque impossible de prendre des cocons de Clitellio si déli-
catəment que ce soit, avec une aiguille à disseetion par exemple, sans en
expulser les embryons : c’est toujours par un des pôles du cocon ques ’effectue
cette sortie.
PHYSIOLOGIE. — Effets et constitution des anticorps.
Note de MM. M. Nicouze et E, Cesari, présentée par M. Roux.
Chaque antigène peut engendrer un anticorps spécifique. En présenc €
des électrolytes, anticorps et antigènes se fixent les uns sur les autres,
entraînant avec eux certaines substances auxquelles ils sont intimem ent
liés. Cette fixation se traduit par les phénomènes de l’agglutination ou de
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 879
la précipitation, selon que les antigènes offrent la forme de cellules ou de
micelles. Nous appelons coagulation (largo sensu) cette réunion d'éléments
jusqu'alors disséminés au sein des liquides et, de fait, l’agglutination cor-
respond simplement à la précipitation mutuelle des albuminoïdes cellu-
laires superficiels et des anticorps homologues. Telle est l’apparence in
vitro. In vivo, l’interréaction se manifeste par la baisse d’activité des sérums,
chez les animaux immunisés, après chaque réinjection d’antigène. Dans le
cas des toxines, il s’y joint la neutralisation, bien connue, des effets nocifs ;
dans le cas des cellules, humeurs ou enzymes (atoxiques), on ne remarque
rien d’apparent, à moins que n’éclatent les accidents d’hypersensibilité,
lesquels ressortissent aux actions lytiques. Voici comment il faut concevoir
ces dernières. Les compléments se fixent sur les systèmes antigènes-anti-
corps, puis les décoagulent.
La décoagulation ne consiste pas en un simple retour au statu quo ante,
mais bien en une dislocation du complexe formé, ainsi que le montrent les
aspects observés ín vitro avec certains test-objets favorables (hématies,
quelques bactéries) et leur absence, au moins apparente, quand il s’agit
d'antigènes « durs » (noyaux des globules rouges, majorité des bactéries).
In viyo, cytolyse, albuminolyse et toxinolyse se révèlent, lorsqu'elles sont
brutales et étendues, par les symptômes classiques de l’hypersensibilité;
autrement, on peut les reconnaître, dans le cas des microbes virulents,
par le phénomène de la résistance spécifique, traduisant une destruction
silencieuse. L'apparition de l’hémoglobinurie, chez les animaux « immu-
nisés » contre les globules étrangers et recevant de nouveau ces cellules,
établit, sans conteste, la réalité de l'acte lytique în vivo. Il nous semble
évident que les antigènes, une fois décoagulés dans l'organisme, deviennent
la proie des enzymes, qui les digèrent-peu à peu.
Les diastases sont considérées, on le sait, comme des catalyseurs et
cette notion doit certainement s'étendre aux toxines. Or, nous avons
indiqué ailleurs que les anticorps représentent de véritables enzymes ou
toxines « du second degré ». Faut-il y voir, également, des catalyseurs ?
Le fait qu'un sérum antivibrionnien peut se montrer efficace in vitro, sous
le volume infime de 0,5.107'# cn’, permettant l’action bactéricide
de 2.102? cm? de complément, justifie certes pareille conception.
Enzymes et toxines « du second degré » et susceptibles d’engendrer des
substances « anti », les anticorps doivent posséder la structure générale des
antigènes, que définit notre Communication précédente. Comment conce-
voir leurs effets? Le problème ne saurait être résolu intégralement, mais en
précisant, ici encore, grâce aux vues nouvelles de J. Duclaux, les idées que
nous défendons depuis longtemps, il devient possible de se figurer assez
880 ACADÉMIE DES SCIENCES.
convenablement les choses et de discerner les voies dans lesquelles il faudra
diriger dorénavant les expériences.
Les antigènes et les anticorps se coagulent-ils mutuellement, par l'inter-
réaction de leurs ions libres ETE double nono ou bien
avons-nous affaire à de «simples phénomènes d’adsorption » (phénomènes
dénommés tantôt physiques, tantôt physico-chimiques), comme paraît
le démontrer l’ensemble des faits connus? La question n'offre qu'une
‘importance relative, puisque J: Duclaux établit clairement que le mot
adsorption résume, pour les systèmes hétérogènes, la série continue des
états intermédiaires entre |’ « association » physique et la « combinaison »
chimique.
Le complexe antigène-anticorps, une fois formé, entraîne, avons-nous
dit, avec lui certaines substances liées à ses deux générateurs; ce sont,
notamment, les globulines du sérum « anti », grâce auxquelles les préci-
pités spécifiques sont rendus visibles. ;
L’interréaction des antigènes et des anticorps ne se manifeste, on l’a vu,
qu’en présence des électrolytes. Si l’on admet, comme nous, l'opinion de
J. Duclaux, suivant laquelle toute coagulation traduit, finalement, la baisse
de la pression osmotique des micelles colloïdales, c'est de ce côté qu'il
faudra chercher l'explication du rôle des électrolytes.
Les compléments se fixent sur les systèmes antigènes-anticorps et les
décoagulent. Comment a lieu cette décoagulation? Il est difficile de
répondre nettement, car nous ne savons rien de positif touchant la nature
des compléments. Cons, on ne peut nier que le phénomène rappelle,
de façon singulière, l’hémolyse, par les sérums normaux, des globules
rouges préalablement traités par le sublimé; il y a là une indication fort
importante.
Nous pensons avoir effectué, sans déformer les idées de J. Duclaux ni
les nôtres, le « raccord » nécessaire entre les notions biologiques et les
notions physico-chimiques. L'histoire des antigénes et des anticorps se
trouve ainsi faire partie intégrante de l'histoire de substances évidemment
très complexes, mais dénuées de tout caractère mystérieux.
A 16 heures, l’Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 16 heures et demie.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 8 NOVEMBRE 19920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’'ACADÉMIE.
HYDRODYNAMIQUE. — Sur le mouvement permanent des üquides.
Note (') de M. L. Lecorxu.
Dans le mouvement permanent d’un liquide, les trajectoires moléculaires
sont des courbes fixes dont la disposition dépend des forces extérieures. Si
les forces sont quelconques, on ne peut évidemment rien dire a priori sur
cette disposition; mais il en est autrement dans le cas, particulièrement
intéressant, où elles dérivent d’un potentiel. Nous allons voir en effet que
les trajectoires vérifient alors une condition spéciale, en sorte qu'un
ensemble quelconque de courbes ne saurait en général être regardé comme
constituant un système possible de trajectoires pour le mouvement permanent
d’un liquide, sous l’action de forces dérivant d’un potentiel.
Soient w’, #’, w les composantes de l'accélération totale au point M ayant
pour coordonnées x V3 © s. Soient U le potentiel des forces extérieures et P
le quotient de la pression par la densité. On sait que l'expression
u' dx + v'dy + w'ds
est la différentielle de — (P + U). Si R désigne le rayon de courbure de la
trajectoire et V la vitesse, l'accélération totale a pour composantes —
R
suivant la normale prindipale et n suivant la no En appelant ds le
X =V 5 dv. D’;
chemin parcouru dans le temps dt, on peut écrire: => = aure
(') Séance du 2 novembre 1920. “
66
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 19.)
882 ACADÉMIE DES SCIENCES.
part, pour un filet fluide comprenant M et ayant une section transversale c,
: i : ma Uy d
le produit Ve est constant sur la trajectoire, d’où yo = ou
bien dV —— V Î ds, avec la notation 0 = i 4, T vient ainsi am — V?0.
La quantité 0 a une signification purement géométrique : elle représente,
suivant l’expression consacrée, la divergence de l’ensemble de vecteurs
obtenu en réduisant toutes les vitesses à l'unité.
D'après cela, la és de l’accélération totale se confond avec celle de
la résultante du vecteur = g Porté par la normale principale et du vecteur — 0
porté par la tangente. cn une direction dépendant uniquement de la
disposition des trajectoires.
Soient a, b, c les cosinus directeurs de la tangente et a,, b,, c, ceux de la
normale principale. Posons
(1) AT að, B= pe, ; C= —c0.
Nous sommes conduit à la relation
(2). V: (A dx + Bdy + Cds) =-— d(P +U)
g’ après laquelle À dx + Bdy + C dz admet le facteur d’intégrabilité V?, ce
qui exige qu’on ait
‘3B: g0 dC oA A di.
a aa AE) «(EM
Telle est la condition annoncée,
Le calcul suivant aboutit, par la voie analytique, au même résultat. Dans
un mouvement permanent, on a
Remplaçons u, ¢, wœ par a V, bV, cV. Il vient:
j da da da oV AV AV
| SEAT 2 } } V PR — + ——
TEH (age dv J T) + afa = Fr cJ)
‘équation de continuité donne d’autre part :
+ + a + b— +c— =o.
v (2e Pa wo OY av
dx oy dz Jx y. PE
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 383
l
Or $ == Z + ja + © ne diffère pas de 0. Donc :
dy s
fe da da i
: o Tk rS ab).
d
Le trinome a +5 + E est égal à la dérivée S ; prise suivant la
tangente, ere d’après l’une des formules de M à r On retrouve
ainsi la valeur v’ = va — 0).
Revenons un instant sur la signification de 0. On vérifie sans peine que
cette quantité mesure la somme des courbures de deux lignes issues du
point M, normalement aux trajectoires, dans deux plans rectangulaires se
coupant suivant la tangente à la trajectoire de M. On sait que cette somme
demeure la même, quels que soient les deux plans ainsi menés. Lorsque les
trajectoires sont normales à une série de surfaces, 0 est le double de la
courbure moyenne de la surface passant en M. Si l’on convient de dire,
dans tous les cas, que 0 est le double de la courbure de la section droite du
filet, on obtient le théorème suivant :
Portons sur la tangente un vecteur qui mesure le double de la courbure
moyenne de la section du filet, et, sur la normale principale, un vecteur qui
mesure la courbure de la trajectoire, puis prenons la résultante de ces deux
vecteurs. L'ensemble des directions de ces résultantes est normal à une famille
de surfaces.
Je désignerai ces surfaces par S. Ilest clair que la surface S passant en M
est tangente en ce point à la binormaie, en sorte que chaque courbe enve-
loppe de binormales appartient à une surface S.
Deux cas particuliers méritent d’être signalés :
1° Quand les trajectoires sont rectilignes s(R= = o) elles coupent ortho-
gonalement les surfaces S. !
2° Quand la courbure des sections est nulle (0 — o), ou, ce qui revient au
même, quand la vitesse est constante sur chaque trajectoire, ce sont les
Köteles principales qui coupent orthogonalement lesdites surfaces. :
Sur chaque surface S, l'expression P + U est constante et la pression
vérifie en conséquence la loi hydrostatique. D’autre part, si lon appelle E
la quantité y A+ B2E C:. ?, égale à EE “+ a l'équation (25 appliquée à
un déplacement dn normal à S donne
Eh). VE adn=—d(P+U),
884 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1 d(P+U
On voit ainsi que V? varie, sur S, en raison inverse du produit = CES
ou, plus simplement, en raison inverse de E dn.
D’après cela, la connaissance de la vitesse et de la pressiôn en un point M,
arbitrairement choisi, du liquide détermine? entièrement, de la manière
suivante, le mouvement de l’ensemble. D'abord on connaît, par la loi
hydrostatique, la pression en tous points de la surface S passant par M;
: ; ; IE a Ia
ensuite la valeur de V en ce point suffit pour y calculer w d’où l’on déduit
la valeur de cette dérivée, et par conséquent celle de V, dép toute l'étendue
de S. Ceci fait, la Paon de continuité fournit V dans le reste de la
dP
masse. Enfin, ayant partout V, et par conséquent —=; une quadrature
permet de calculer P, en un point quelconque N de . masse, en fonction
de la valeur prise par P au point de la surface initiale S situé sur la même
trajectoire que N.
Il n’y aurait d’exception que si S était un lieu de trajectoires, circons-
tance qui, d’après (1), se produit quand 0 est nul, C’est le deuxième des
cas particuliers mentionnés ci-dessus; je le laisse ici de côté.
Quand on donne la vitesse en un point sans donner la pression, les
vitesses se trouvent partout déterminées; mais les pressions ne sont alors
connues qu’à une constante près. En multipliant toutes les vitesses par un
même facteur arbitraire, on obtient la solution la plus générale.
Voici maintenant quelques remarques concernant les tourbillons.
Soient p, q, r les composantes du tourbillon. On a, par définition :
EA A =v (Z -+F h
i dy : ds öy. dz dy dz
gc 0b
et deux équations analogues pour q etr. En posant 2A = Xa a E)
on tire de là
pa +qb+rc= VA.
Le premier membre est la moitié de la projection du tourbillon sur la
tangente à la trajectoire. La quantité A a déjà été envisagée dans ma Note
du 12 mai 1919 concernant les tourbillons d’une veine fluide.
Une condition nécessaire pour l'absence de tourbillons est que A soit nul;
mais cette condition n’est pas suffisante. On sait, en effet, que s’il n’y a pas
de tourbillons, la somme H — =V 24 P + U a même valeur dans toute la
masse; cela exige que les surfaces S soient des surfaces d’égale vitesse et
que, par suite, le produit Edn soit constant sur chacune d'elles. Supposons
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 885
cette nouvelle condition remplie, et continuons à écarter le cas où les
surfaces S seraient des lieux de trajectoires. Alors H est partout le même,
car, dans un mouvement permanent, cette quantité est toujours constante
sur chaque trajectoire, et comme elle est déjà constante sur chaque surface S,
elle ne peut aucunement varier. La constance de H entraine, d’après un
théorème connu, la coïncidence des lignes de tourbiHon avec les trajectoires,
et, par conséquent, À ne peut-être nul sans que les tourbillons le soient. En
résumé, les deux conditions nécessaires et suffisantes pour l’absence de
tourbillon sont :
1° Que A soit nul:
2° Que, sur chaque surface S, E varie en raison inverse de la distance à
une surface appartenant à la même famille, et infiniment voisine de la
première. ; |
Toutes ces considérations s'étendent, approximativement, au cas d’un
mouvement varié dont les trajectoires ne changent pas, quand on suppose
les variations de vitesse assez lentes pour que la dérivée partielle M soit
négligeable vis-à-vis de VS VS vi: On se trouve alors, à chaque
instant, en présence d’un mouvement quasi permanent. À deux instants
suffisamment éloignés l’un de l'autre correspondent deux régimes nota-
blement différents; il suffit de connaître la variation de la vitesse et celle de
la pression en un point fixe, arbitrairement choisi, pour être à même de
calculer, dans toute la masse, les variations correspondantes.
GÉOLOGIE. — Le bord occidental du pays des Schistes Lustrés, dans les Alpes
fr anco-italiennes, entre la Haute-Maurienne et le Haut-Queyras. Note de
MM. Pierre Termer et Wirrrip Rinas.
On sait que les Schistes Lusirés sont une série cristallophyllienne de
grande puissance, formée surtout de caleschistes micacés et de marbres
Phylliteux, contenant aussi des intercalations de micaschistes et de chlori-
toschistes et des lentilles de serpentine et de roches vertes diverses (pietre
verdi), qui joue un rôle très importaut dans la constitution des Alpes
franco-italiennes. Le pays où ils affleurent, le pays des Schistes Lustres, offre
un aspect spécial: montagnes arrondies, croupes molles, vallées larges,
vastes pâturages dominés par des éboulis ét des rocs de couleur sombre,
torrents aux eaux noires. Ce pays débonnaire et monotone s'étend à l’est
_ 886 ACADÉMIE DES SCIENCES.
du pays briançonnais, lequel est tout autre : montagnes aux formes variées,
souvent très élancées et très abruptes, terminées, en haut, par des escar-
pements de calcaires ou de quartzites aux éboulis gris ou blancs, et tachées,
çà et là, de blanc ou de jaune par des gypses et des cargneules. Les diffé-
rences géologiques essentielles, entre les deux pays, sont, d’une part la
diversité et la multiplicité des faciès briançonnais contrastant avec l’unifor-
mité du faciès cristallophyllien, et d'autre part le métamorphisme. Dans le
Briançonnais proprement dit et dans le Queyras, les assises briançonnaises
ne sont pas métamorphiques, au sens exact du mot; et l'apparente cristal-
linité de certaines d’entre elles est un simple effet du laminage. Là où les
roches du pays briançonnais deviennent réellement métamorphiques, dans
la Vanoise et la Haute-Tarentaise, le métamorphisme y est inégal d’un
étage à l’autre et souvent incomplet. Au contraire, dans le pays des Schistes
Lustrés, le métamorphisme est complet et profond, sauf exceptions très
rares. La différence est telle que l’on n’a jamais hésité sur l’exacte position
de la frontière commune aux deux pays. Cette frontière se trace sans
aucune difficulté, malgré qu'il y ait, sur le pays briançonnais, quelques
rares témoins isolés semblant provenir du pays des Schistes Lustrés, et
qu'il y ait, par contre, dans ce dernier pays, d'assez nombreuses appari-
tuons du pays briançonnais en anticlinaux ou en dômes. Car on ne peut pas
douter que, dans l’ensemble, le pays briançonnais ne s'enfonce, à l'Est, sous
le pays des Schistes Lustrés, encore que la surface de contact soil parfois,
sur de longs parcours, redressée, et même renversée.
Nous avons pris comme sujet d'étude, pendant le dernier été, ce bord
occidental des Schistes Lustrés, entre le col de la Leisse, où confinent
Tarentaise et Maurienne, et les montagnes, situées au sud-est de Briançon,
d’où descendent, vers le Sud, des torrents tributaires du Guil, Et nous
nous sommes proposé de résoudre la question suivante : ce bord est-il un
contact normal, ou un contact anormal? C'est-à-dire : y a-t-il continuité de
sédimentation entre la série briançonnaise et la série cristallophyllienne,
ou bien cette dernière est-elle posée par voie de charriage sur la série brian-
connaise ? C’est une vieille question. Tant que l’on a cru que les Schistes
Lustrés étaient d'âge primaire, il fallait bien la résoudre dans le sens du
charriage, puisque l’on voit, en maint endroit, ces schistes surmonter les
terrains briançonnais. Mais quand Marcel Bertrand nous eut, à partir
` de 1894, accoutumés à considérer les Schistes Lustrés comme étant d'âge
secondaire, beaucoup d’entre nous crurent qu'il y avait continuité, et que
les Schistes Lustrés représentaient la continuation en hauteur de la série
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 887
sédimentaire briançonnaise, sans remarquer l'énorme invraisemblance d'une
série profondément métamorphique qui succéderait naturellement à une série
à peine métamorphique et souvent fossilifére.
- Du col de la Leisse au Haut-Queyras le bord en question court du Nord
au Sud, avec des sinuosités nombreuses, sur une longueur totale d’envi-
ron 100k", Très exactement marqué sur la carte géologique (feuilles
Bonneval, Saint-Jean-de-Maurienne, Briançon, Aiguilles), il passe un peu
à l’est d'Entre-deux-Eaux et de la Pointe de Lanserlia, franchit l'Arc à
Termignon ; tourne autour du massif d’'Ambin, par Mont-Froid, le plateau
du Mont-Cenis et le col d'Etache: revient à l'Arc vers Bramans et le suit
jusqu’auprès de Modane; monte au col de la Roue, descend jusque vers
Mellezel, non loin de Bardonnèche, puis dessine vers le Sud une avancée
dans le col de la Chaux-d'Acles; contourne ensuite, par le Nord et l'Est, le
grand massif calcaire du Chaberton: s'avance, vers l'Ouest, jusqu'aux
prairiés du Gondran, et, dans la vallée de la Cerveyrette, jusqu'aux
Aïttes-Hautes; puis court, à mi-hauteur, à l’est des escarpements calcaires
de la Charvie, de la Suffie, de Rochebrune; enfin, contournant par le Sud
cette dernière montagne, s'avance un peu à l’ouest d’Arvieux et de Villar-
gaudin pourreculer ensuite versl’Est, dans le Haut-Guil. Voici, sur quelques
éléments de ce parcours, les observations que nous avons faites : rappro-
chées des constatations anciennes, elles éclairent vivement la question.
Vallon de la Leisse, Plan de Nette, Lanserlia. — Du col de la Leisse à la
Pointe de Lanserlia, le contact des Schistes Lustrés et du pays briançonnais
est une surface peu inclinée plongeant à l'Est. Les Schistes Lustrés sur-
montent, en parfaite concordance, la série briançonnaise. La coupe de
celle-ci est la suivante, de haut en bas : A, immédiatement sous les Schistes
Lustrés, des cargneules et parfois des gypses, les cargneules souvent mylont-
tiques et contenant alors des débris de Schistes Lustrés, ou encore les cargneules
passant à des calcaires blancs d’aspect triasique; B, un complexe, d’épais-
seur très variable, de marbres phylliteux, plus ou moins riches en phyllites,
et de calcaires à zones siliceuses; C, des marbres versicolores, blancs,
bleuâtres, violets ou rose pâle, contenant, au Plan-de-Nette, quelques rares
Ammonites et Bélemnites, et d'autres restes organiques (cette lame C,
épaisse, au Plan-de-Nette, d'une vingtaine de mètres, semble manquer
partout ailleurs); D, un étage de couleur jaune clair, calcaires et brèches,
celles-ci du type breche du Télégraphe et contenant, au Plan-de-Nette, des
Bélemnites; E, de nouveau, des marbres phylliteux; F, enfin, le Permien
métamorphique de la Vanoise, sans qu'il y ait, entre E et F, l'intercalation,
888 ACADÉMIE DES SCIENCES.
habituelle en Vanoise, des quartzites du Frias. A est du Trias certain;
B, du Trias très probable; C, qui est certainement jurassique, est du Malm
briançonnais presque sûr; D est du Lias incontestable; E, du Trias certain.
Les épaisseurs sont constamment et rapidement variables. Les marbres
phylliteux B ont 20™ à l’est du Plan-de-Nette, tandis que leur prolonge-
ment vers le Sud et vers l'Ouest s'accompagne d’un épaississement formi-
dable : ils ont 150" au moins de puissance au Rocher-du-Col, 1000" dans
les escarpements de la Grande-Motte, et ce sont eux encore, associés à des
calcaires à zones siliceuses, qui forment, sur 1400" de hauteur, les escarpe-
ments orientaux de la Grande-Casse: ils diminuent, de nouveau, au sud du
vallon de la Rocheure et se mélangent de marbres variés et de calcaires à
zones siliceuses, tout cela ayant l'aspect du Trias de la Vanoise. L’étage
liasique D, qui a au moins 50" dans le Rocher-du-Col et dans le vallon de
la Rocheure, disparait à l’est et au sud de Lanserlia. L’allure lenticulaire,
caractéristique des pays de nappes, s'observe ici partout. Il ne saurait être
question de continuité dans une telle série. Le Jurassique du Plan-de-Nette
affleure dans une fenétre de Trias; l'ensemble est un empilement d’écailles
ou de nappes, et les mylonites montrent que le contact des Schistes Lustrés
et des cargneules est un des plus anormaux parmi tous les contacts
observés dans l’empilement. Ainsi se résout le problème local du Plan-
de-Nette, soulevé en 1913 par Jean Boussac: et la solution de ce problème
est indépendante de l’âge réel, encore inconnu (Malm où Lias), des
marbres C. :
Chavières, Termignon. — Au-dessus des påturages de Chavicres, la surface
de contact que nous suivons se redresse peu à peu jusqu’à la verticale. C’est
toujours le Trias qui touche aux Schistes Lustrés; et il semble d’ailleurs
qu’il wy aitici, entre les Schistes Lustréset le Permien cristallin dela Vanoise,
que du Trias, réunion des lames A, B, E de la coupe précédente. Le Lias a
disparu. Le Trias offre des marbres phylliteux, tout contre le Permien; des
calcaires, souvent cargneulisants, dans l'axe de la bande; des cargneules,
enfin, au contact des Schistes Lustrés. Un peu avant Termignon, ce dernier
contact se renverse, jusqu’à plonger de 45° vers le Sud-Ouest; de lautre
côté de la vallée, à l'orée de la forêt d'Arc, il est de nouveau vertical, et,
près de ce contact, les cargneules sont mylonitiques, avec nombreux débris de
Schistes Lustrés. Rappelons que, plus au Sud, au col d'Etache, dans le même.
-contact des Schistes Lustrés et du pays briançonnais, Marcel Bertrand a jadis.
observé des lentilles de quartzites, c’est-à-dire du Trias inférieur, écrasé
et laminé. A l’est de Termignon, et à mi-chemin de Lans-le-Bourg, c'est
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 889
encore le Trias. qui apparait, en coupole, sous les Schistes Lustrés : sur la
rive gauche de l'Arc, ce Trias est formé de gypse; sur la rive droite, d’un
marbre gris bleu très cristallin ; le sommet de la voûte triasique, très sur-
baissée, surmontée par les Schistes Lustrés presque horizontaux, montre
une mylonite de marbres blancs.
Col de la Chaux-? Acles. — Les Schistes Lustrés affleurent largement, un
peu à l’est du col de la Chaux-d’Acles, sous les baraquements du camp
militaire. On voit monter, de dessous ces schistes, un dôme de calcaires
triasiques qui plonge périclinalement sous la série cristallophyllienne, avec
intercalation locale, près de l'observatoire militaire, d’une mince pellicule
de Malm laminé. Le col lui-même, où passe l’ancien chemin muletier qui va
des Acles à Mellezel, est ouvert dans les schistes et les grès du Nummu-
litique briançonnais (Flysch), nullement métamorphiques. A l'Ouest, ce
Flysch s'appuie aux calcaires triasiques verticaux de l’Aiguille-du-Midi; il
descend un peu dans le versant sud du col, de même que les Schistes
Lustrés; et il semble bien que, dans les prairies, au sud du dôme calcaire
dont nous avons parlé, Flysch et Schistes Lustrés viennent se toucher. En
somme, la dépression profonde et large, où s'ouvre le col et où l’on a
installé le camp militaire, correspond à un synclinal des assises brian-
connaises, synclinal dirigé du Nord au Sud, sur le bord occidental duquel
un lambeau de Flysch est conservé et qui contient des Schistes Lustrés dans
son axe et sur son bord est. Le synclinal se prolonge, au Sud, dans le vallon
de Blétonnet et jusqu’au delà du col de Laupon; et nous avons décrit, dans
une Note précédente ('), le grand lambeau isolé de Schistes Lusirés qu'il
contient près de ce dernier col. Les Schistes Lustrés, aux environs des Acles,
reposent, en somme, sur des assises briançonnaises très diverses : Flysch,
Malm, calcaires du Trias, gypses et cargneules du Trias. Et, dans leur
substratum briançonnais, l'allure lenticulaire est la règle.
~ Passo della Mulatiera. — Au nord du col de la Chaux d’Acles, la surface
de contact que nous suivons est sensiblement verticale jusque près de
Mellezel : puis elle se renverse et l’on voit les Schistes Lustrés plonger sous
le pays briançonnais. Rappelons que, dans cette région, MM. Kilian et
Passenot ont trouvé, près de ce contact, des assises à fossiles rhètiens. De
même, au nord-est du col de la Chaux-d’Acles, la surfacé de contact se
renverse : les Schistes Lustrés plongent, d’abord au Sud, puis au Sud-Ouest,
puis à l'Ouest, en concordance apparente et avec un angle moyen d’envi-
A
(') Pierre Termer et Waicerio Kiran, Comptes rendus, t. 1TA, 1920; p. 770.
i
890 ACADÉMIE DES SCIENCES,
ron 70°, sous un vaste pays calcaire qui comprend les montagnes de Charra,
des Grands-Becs, des Charniers et du Chaberton. Ce pays calcaire est
complexe. M. Pussenot y a trouvé récemment plusieurs gisements de
fossiles hettangiens et bathoniens; le Rhétien y a été signalé en 1910 par
M. Franchi; mais le Trias y domine. Au Passo della Mulatiera, les Schistes
Lustrés débutent par des marbres phylliteux dont la cristallinité est moindre
que d'habitude, c’est-à-dire où les phyllites sont plus finement cristallisées
qu’elles ne le sont habituellement; d'autre part, les assises briançonnaises
les plus voisines du contact sont des calcaires laminés, réduits, par le lami-
nage, en plaquettes à surfaces luisantes. D'où une similitude apparente qui `
a conduit à des confusions. En réalité, les assises où l’on a trouvé des fos-
siles, rhétiens ici, hettangiens ailleurs, bathoniens en d’autres endroits,
sont toutes en dehors du pays des Schistes Lustrés et appartiennent toutes
au pays briançonnais. Au contact, les assises ne sont pas partout les mêmes:
sur certains points, les plaquettes roses du Malm s’intercalent entre le
Bathonien, l'Hettangien ou le Rhétien, et la série cristallophyllienne.
De Césanne à la Cerveyrette, par le Gondran. — Au sud-ouest de Césanne,
le bord en question dessine un golfe profond vers l'Ouest, et le pays des
Schistes Lustrés, représenté ici par le massif de roches vertes du
Chenaillet, s'avance, quasi-horizontalement, sur le pays briançonnais
représenté par les calcaires triasiques de Clavières et de Mont-Genèvre, le
Bathonien du Janus, le Flysch du Gondran, le Trias des Aittes. Nous
avons, dans une Note précédente ('), exposé sommairement les conditions,
évidemment anormales, du contact : fenétre, dans le vallon de Gimont,
montrant le Trias sous les roches vertes; zone de mélange mylonitique, au
même niveau que cette fenêtre, au sud-ouest du col de Bousson; présence,
au Gondran, entre Flysch et roches vertes, d’une écaille de terrains singu-
liers.
Haute-Cerveyrette. — Au sud des Aiïttes et du Bourget, le contact des
deux pays se redresse de nouveau, et, comme au Chaberton, se renverse.
Sous les calcaires de la Charvie et de la Suffe, les Schistes Lustrés
plongent, avec un angle moyen de 60° environ. A la base des caicaires, il
y a du Lias et du Rhétien fossilifère à l’état de brèches sédimentaires
jaunes (brèche du Télégraphe) : ce sont ces brèches qui viennent au contact
des Schistes Lustrés, mais leur épaisseur est extrêmement variable, de plus
de 100" à zéro. Dans les Schistes Lustrés, il y a des bancs de micaschistes,
a mener
(1) Loe. cit., p. 768.
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 891
des lentilles de brèches volcaniques du type Chenaillet, d’autres de serpen-
tine. Quelques mylonites, çà et là, dans le contact. Celui-ci redevient
vertical au pied de Rochebrune, pour reprendre, plus au Sud, la même
allure, quasi-horizontale, qu’au Bordan.
Ainsi, sur ce parcours de 1r00™, nulle part, semble-t-il, le contact des
deux pays n’a les caractères d'un contact vraiment normal. Les Schistes
Lustrés reposent, comme indifféremment, sur des étages très variés de la
série briançonnaise; dans celle-ci, l'allure est lenticulaire; souvent, dans le
contact, il y a des mylonites, et même des mélanges de roches des deux
pays. La continuité stratigraphique devient de plus en plus improbable, et
la conception d’une zappe de Schistes Lustrés surmontant une nappe brian-
çonnaise parait s'imposer de plus en plus.
OPTIQUE, — Représentation photographique d'un solide dans l'espace.
Photo-stéréo-synthése. Note de M. Lovis Lumière.
Si l’on prend, à une échelle fixe, des négatifs photographiques d’une
série de plans parallèles, équidistants ou non, d’un objet, en réalisant cette
condition que chaque image ne représente que l'intersection de l'objet par
le plan correspondant, on pourra, en superposant les positifs tirés des
négatifs obtenus, reconstituer dans l’espace, l'apparence de l’objet photo-
graphié. Il suffira pour cela que les distances des images positives soient
égales à celle des plans photographiés affectées d’un coeflicient corres-
pondant à Péchelle adoptée. :
Il faudrait, pour obtenir une reconstitution théoriquement parfaite,
pe D un nombre infini d'images infiniment rapprochées, mais l’'expé- -
rience m'a montré que cette condition, évidemment irréalisable, n’est pas
nécessaire pour donner à l'œil l'impression de la continuité et qu'un petit
nombre d’éléments suffit si, dans une certaine limite, chaque image `
correspond, non pas à un plan, ce qu’il est d’ailleurs impossible d'obtenir,
mais à un volume focal déterminé. Ce volume focal doit toutefois être assez
faible si l’on veut éviter les effets de parallaxe lors de la vision.
Si l'on tente cette réalisation à l’aide d’un objectif possédant la plus
grande ouverture relative actuellement possible, on constate que là profon-
deur du champ est encore beaucoup trop grande.
Pour obtenir la réduction nécessaire du volume focal, j'ai imaginé deux
méthodes basées sur les considérations suivantes : -
892 / ACADÉMIE DES SCIENCES.
1° Soit ( fig. 1) un objectif O à champ plan donnant du point P, situé sur.
l'axe tree une image P’. Si l’on déplace l'objectif d’une quantité A, de
t
e |
Fig. ï;
telle facon que son axe reste parallèle à lui-même et que ses plans princi-
paux soient maintenus immobiles dans l’espace, l’image P’ viendra en P”
situé dans le plan-image conjugué du plan-objet contenant le point P.
Si, en même temps, on a fait glisser, dans la même direction et sans
rotation sur lui-même, le plan-image, d’une quantité H telle que l'on
ait 5 = ré la position de l’image du point P n’aura pas changé par
rapport aux limites de ce plan. On démontre facilement qu'il en sera de
même de tout autre point situé dans le plan-objet conjugué du plan-image.
Il n’en sera pas ainsi des points tels que P, situés en deçà ou au delà du
plan-objet. A chaque distance 4 de ce plan correspondra un déplace-
ment d’ de la trace de l’axe secondaire correspondant sur le plan-image
et la valeur de d’ sera donnée par la relation
d'= tP h),
L'image du point P, laissera donc sur la surface sensible une trace de
longueur d”. ;
-Il est facile de voir qu’il y a intérèt à faire le rapport care petit que
possible, à donner au contraire à À une valeur élevée et à choisir f très
petit, Mais les conditions de réalisation pratique limitent le choix de ces
éléments. C’est ainsi que l’on ne peut, sous peine d’être conduit à employer
des surfaces sensibles de dimensions démesurées, adopter pour Zune valeur
inférieure à l'unité (images en vraie grandeur), non plus que choisir f
inférieur à 20°" environ.
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 803
2° Soit (fig. 2) un objectif O muni d’un prisme inverseur et donnant du
point P l’image P’, p et p étant obligatoirement égaux, compte tenu de
l’élongation résultant de l’interposition du prisme.
Si l’on fait subir à cet objectif un déplacement d'amplitude quelconque
en prenant la précaution de provoquer ce déplacement dans le plan de la
section principale du prisme et ce plan, ainsi que les plans principaux de
l'objectif, restant invariables dans l’espace, la position P’ de l’image du
point P naura pas changé. Par contre, l’image de tout point situé en deçà
ou au delà du plan-objet subira des déplacements satisfaisant à la relation
énoncée plus haut. Il suffira donc, pour réduire le volume focal, de munir
l'objectif de deux prismes inverseurs dont les sections principales soient
5
Fig. 3.
à 90° l’une de l’autre et de déplacer l’axe de l'objectif parallèlement à lui-
même en prenant la précaution de maintenir également parallèles à elles-
mêmes les sections principales pendant le déplacement (").
(') Il résulte de cette disposition qu’il devient possible de photographier une sur-
face d’étendue quelconque à l’aide d’un objectif de foyer quelconque, très petit par
exemple, par rapport aux dimensions de la surface photographiée.
894 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour appliquer ces considérations, j'ai construit tout d’abord l'appareil -
suivant dérivant des conditions exposées en 2° et qui me paraissaient sus-
ceptibles de l’exécution la plus simple.
Une planchette A (fig. 3) pouvant glisser dans son plan sur lavant
d’une chambre noire photographique, est assujettie à se mouvoir de telle
façon que ses côtés restent constamment parallèles à eux-mêmes gràce au
double parallélogramme articulé BCDE, FGHI. Elle porte en son centre
un objectif muni de deux prismes de Porro disposés de part et d'autre
comme le montre la figure 4, la section principale du prisme avant étant
perpendiculaire à celle du prisme arrière et le tirage de la chambre noire
qui complète l'appareil étant tel que la condition p = p' soit réalisée. L’en-
semble est monté sur des rails qui permettent de rapprocher ou d’éloigner
cet appareil de l’objet photographié pour le fixer dans les positions succes-
sives correspondant à la série des plans choisis pour l'obtention des négatifs.
Il suffit de déplacer la planchette porte-objectif pendant l'exposition
pour troubler la définition des points ne correspondant pas à p = p'.
Ne disposant pas de prismes taillés d’une façon correcte, les images que
j'ai obtenues ainsi n’étaient pas suffisamment bonnes et j’ai alors construit
l'appareil que représente la figure 5 réalisant les conditions énoncées en 1°.
Deux flasques présentant chacune une large ouverture sont reliées par
des entretoises (non représentées sur la AEure).
Ces flasques donnent passage à quatre axes À, B, C, D munis à chacune
-de leurs extrémités d’un bras de manivelle. Sur buse des manivelles est
fixé un tourillon et le rapport des longueurs des bras de manivelle avant
et arrière est égal à
P
prp i
Les quatre tourillons avant sont engagés dans des douilles fixées sur
une platine portant l'objectif, et il en est de même des quatre tourillons
arrière qui, par l'intermédiaire de douilles, supportent une deuxième
pe
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 899
platine à laquelle est fixé le corps arrière de la chambre noire. Les deux
platines sont reliées par un soufflet étanche à la lumière. Enfin, l’un des
arbres porte une poulie par laquelle on peut, pendant l'exposition, imprimer
à tout le système un mouvement de rotation, grâce au dispositif représenté
sur la figure.
D'après les considérations énoncées plus haut, on voit que tout point
situé en dehors du plan-objet conjugué du plan-image correspondant au
rapport À adopté donne, sur la plaque sensible, une trace circulaire d'un
diamètre d'autant plus grand que le point considéré est plus éloigné du
plan-objet. En outre, le cercle de diffusion correspondant à l’ouverture de
l'objectif ajoute son effet pour troubler la définition de ce point. Seuls les
points situés dans le plan-image conjugué du plan-objet se peignent avec
netteté. :
L'ouverture angulaire des objectifs que l’on peut employer permettrait,
en donnant à À une valeur élevée, de localiser l'étendue de netteté en pro-
fondeur à un volume très réduit, mais l'expérience prouve qu’on ne peut
guère dépasser, pour la circonférence décrite par l'objectif, un diamètre
Supérieur à 8o"®, sous peine d'obtenir, lors de la synthèse par les images
896 ACADÉMIE DES SCIENCES.
positives, une sorte d’anamorphose conique altérant complètement lappa-
rence obtenue. Cette anamorphose semble due à ce fait que, pour une
définition donnée, le volume focal est plus grand pour les points situés
au-delà du plan-objet que pour ceux qui se présentent en deçà de ce plan.
Quoi qu'il en soit, si l’on choisit des valeurs convenables pour les divers
éléments, l'appareil conduit, en employant un objectif à grande ouverture
relative, à des résultats qui paraissent intéressants ainsi que l’on peut en
juger par l’examen des spécimens qui accompagnent la présente Note.
HYDRAULIQUE. — Utilisation de la force des marées et du choc des vagues
de la mer. Note de MM. H. Parenry et G, VANDAMME.
Comme suite à une Note de M. G. Bigourdan (‘) sur l’utilisation de la
force des marées par l'entremise d’un volume d’air comprimé dans une
cloche qui se remplit graduellement par l’eau de la mer montante, nous
décrirons un moyen d'utiliser, en dehors du flux, le choc des vagues et de
fournir ainsi de grandes quantités d’air, alternativement aspiré et com-
primé à d'assez fortes pressions. L'air comprimé est emmagasiné à mesure
qu'il est produit dans des appareils accessoires appropriés.
Ce procédé, actuellement soumis à des expériences, comporte la cons-
truction en ciment armé d’une ou plusieurs batteries d’alvéoles parallélé-
pipédiques plats et longs, disposés par couches horizontales, en columbaire,
sur toute la hauteur de la marée. Chacun de ces alvéoles est divisé en deux
compartiments inégaux communiquant par un large tube inférieur toujours
noyé. Le compartiment antérieur, le plus petit, est muni à l'avant d'un
seuil qui y retient une lame d’eau, et d'une fenêtre verticale qui reçoit le
choc horizontal de la vague; le compartiment postérieur, le plus grand,
limite un matelas d’air que sa pression expulse par une soupape équilibrée
pour une pression déterminée, et qui se renouvelle aux dépens de lPatmo-
sphère, à travers une autre soupape, pendant l'aspiration due au retrait de la
vague. |
C'est en définitive, le jeu d’une pompe aspirante et foulante ou d’une
presse hydraulique dont, en dehors des soupapes, l’eau de mer constitue
tout le mécanisme et fournit les pistons. La pression de l'air comprimé
(1) G. Bicourpax, Un moyen économique d'utiliser la force des marées (Comptes
rendus, i. FIR, 1920, p. 211).
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE + 897
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C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 19.) o7
898 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par le choc des vagues peut atteindre 2*8 et 3*8, ce qui permet de l'utiliser
directement en'de nombreux mécanismes (fig. 1).
Au moment du reflux ou du retrait des vagues, un effort de succion
s'exerce en sens inverse de la poussée précédente, et ce retour de l’air sous
la pression de l'atmosphère peut être également utilisé.
Les installations seront édifiées en des points du rivage où les mouve-
ments des vagues sont importants.
Sans nous attarder sur la convenance de régulariser l’action variable
des marées et du choc des vagues par des réservoirs, accumulateurs et
autres volants, nous indiquerons que dans la construction des tunnels
sous-marins, ce procédé fournirait à la fois la force motrice des outillages de
percement et de transport des matériaux et l’aération des galeries ( fig. 2).
Sur tous les rivages, il donnerait à certaines heures la force et l'éclairage
et à d’autres heures la constitution d’une réserve de glace pour la pêche.
ÉLECTIONS.
Par l'unanimité des 39 suffrages exprimés, M. A. Lacroix est élu membre
du Conseil de la Fondation Curie.
CORRESPONDANCE.
M. Cu. Marw adresse le Rapport général du Comité international des
Tables annuelles de constantes et données numériques de chimie, de Poru et
de technologie pour l’année 1919.
MM. Arserr Rosis, Eucixe Smox, A. Frizar prient l’Académie de
les compter au nombre des candidats à la place vacante par le décès de
M. Adolphe Carnot.
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 809
CR
L4
MÉCANIQUE. — Sur une transmission d'énergie mécanique utilisant une masse
invariable de gaz en circuit ferme. Note de M. Jacques pe Lassus, pré-
sentée par M. Rateau.
On sait les importants avantages que la compression adiabatique pré-
sente théoriquement sur le mode isothermique : le poids et l'encombrement
des appareils, rapportés à leur puissance, se trouvent réduits dans de très
fortes proportions, à cause de la quantité d’énergie plus grande qu’une
même masse de gaz est capable de véhiculer. Mais pratiquement les com-
pressions adiabaliques conduisent à de très grandes variations de tempéra-
ture, dès que les degrés de compression atteignent à des valeurs d'usage
intéressantes.
S'il était possible de faire varier la pression de l'atmosphère dans laquelle
respire un compresseur fonctionnant adiabatiquement, le travail par tour
serait directement proportionnel à la pression d'aspiration pour un rapport
volumétrique de compression donné, c’est-à-dire pour un écart donné des
températures extrèmes du fluide gazeux. La compression adiabatique à des
taux relativement faibles deviendrait alors susceptible d'applications inté-
ressantes : plus la pression serait élevée, plus une transmission pneuma-
tique, par exemple, pourrait utiliser de faibles taux de compression en
restant capable d’une même puissance.
Pour créer cette atmosphère artificielle, on sera obligé pratiquement de
limiter l’espace où la transmission respirera. Le rapport volumétrique exis-
tant entre cet espace et les canalisations de refoulement, reliant compres-
seur el récepteurs du groupe, aura alors une répercussion sur le fonctionne-
ment général de la transmission dès que ce rapport cessera d’être très
grand. Nous verrons que sa valeur finie, désignée par K dans les considé-
rations qui vont suivre, est absolument caractéristique d’une transmission
donnée. - | €
Supposons créée cette atmosphère nouvelle. A toute pression initiale de
charge donnée, régnant au repos dans tout l’espace limité où le cycle des
transformations se ferme, correspond une masse d'air bien déterminée qui
y aura été emmagasinée au prix d’un certain travail. Une des conditions
essentielles du fonctionnement judicieux d’une transmission dans cette
atmosphère artificielle est alors la conservation de la masse d’air initiale-
ment fournie. On devra donc s'attacher, d’une part à rendre les fuites aussi
faibles que possible, d'autre part à les compenser avec la rapidité et
90o ACADÉMIE DES SCIENCES,
la précision les plus grandes. C’est ce que l'application de l’une des lois qui
régissent les transformations adiabatiques, ou pratiquement polytropiques,
de cette masse gazeuse permettra d'assurer.
L'espace où respire la transmission s’appellera dans la suite « capacité »,
y compris ses canalisations. Le compartiment dans lequel le compresseur
refoule, et duquel le récepteur admet, avec ses canalisations, s'appellera
« réservoir ».
On conçoit d’abord que le rapport des vitesses du compresseur et du
récepteur n’est bien déterminé et stable que s’il correspond à l'identité
nécessaire dans l’unité de temps des débits-masse aspiré d'un côté et
échappé de l’autre, quel que soit le régime.
Nous supposerons que le couple à l'arbre du compresseur est sensible-
ment constant (la vitesse de l'arbre pouvant varier) et que la distribution
du récepteur est invariable, c’est-à-dire que le degré de détente dans ses
cylindres est fixe. A partir de l’état de repos, où la même pression règne à
la capacité et au réservoir, mettons le compresseur en mouvement tandis
que le récepteur sera soumis à des couples résistants variables entre des
limites fixes. Au début,le travail du compresseur est utilisé à établir une
chute de pression croissante entre les deux compartiments par diminution
_ de la pression et de la masse du gaz contenu à la capacité, et par augmen-
tation simultanée des masse et pression au réservoir. Cette chute part dè
zéro et croit jusqu’à atteindre le chiffre pour lequel la résistance du récep-
teur est vaincue. Puis le régime de l'identité des débits-masse s'établit et se
maintient en même temps qu'un rapport de vitesse constant entre les deux
éléments. Lorsque le couple résistant varie, un nouveau regime § s'établit
par variation continue de l’état des pressions et des vitesses jusqu’à nouvel
équilibre.
L'un des résultats industriels nouveaux auquel l'étude purement théo-
rique de la machine nous a conduits, est que le travail par tour au compres-
seur passe. par un maximum au voisinage duquel il se tient sur un long palier,
palier unique auquel il arrive d autant pius vite, c'est-à-dire pour des taux de
compression d'autant plus faibles que la valeur de K est plus faible. On pourra
donc entrainer le compresseur par un moteur à couple constant, puisque
le travail par tour sera sensiblement uniforme autour d’un maximum sur
une longue échelle de variation de la chute des pressions. Comme, d’autre
part, on peut afriver à ce palier pour des taux de compression faibles, la
transmission pourra utiliser pratiquement des transformations aùssi voisines
qu'on le voudra de l’adiabatique. A tous les régimes correspondront ainsi,
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 901
. A
tandis que le couple moteur au comp restera sensiblement uniforme,
des pressions et des temperatures dans chacun des compartiments, dont les
valeurs seront caractéristiques d'un état donné, c’est-à-dire du couple résis-
tant considéré.
Cependant nous avons fait implicitement l'hypothèse que les quantités
d'énergie fournies et dépensées dans le groupe, pendant un laps de temps
déterminé, étaient égales. Cette hypothèse n’est rigoureuse, en admettant
` que l’on puisse éviter toute fuite de calories à l'extérieur et tout échange à
l'intérieur des compartiments, que pour un rapport de compression aü
compresseur égal au rapport fixe de détente au récepteur. Ce régime est,
par image, celui que nous appellerons la « prise directe ». De part et
d'autre de la prise directe, la transformation de l'énergie sera incomplète.
En « multiplication », il y aura détente prolongée, mais l’échappement
deviendra coûteux; en démultiplication, il y aura détente incomplète. Au
total, il y aura de ce fait, pour tout régime, sauf au régime de la prise
directe, variation systématique de ce que l’on peut appeller l’énergie
interne moyenne de la masse gazeuse en circuit; mais celte varialion sera
faible, et il paraît aisé d'y parer par l'apport judicieux au récepteur ou âu
réservoir, et la fuite voulue au compresseur ou à la capacité, de calories en
petite quantité.
En résumé, on réalise par ce procédé des transmissions à puissance
Constante, c’est-à-dire donnant, avec les moteurs à couple constant, la solu-
tion du changement de vitesse progressif, automatique et continu. Ces
transmissions pourront avoir un rendement élevé et un encombrement très
réduit. Application possible : traction ferroviaire par moteurs à hydro-
carbures.
ASTRONOMIE. — Sur une nouvelle étoile variable à courte période.
Note de M. A. Daxsox, présentée par M. B. Baillaud.
: Au cours d’une étude que je poursuis actuellement à l'Observatoire cd
Strasbourg sur la Nova du Cygne 1920, et dont les résultats seront publiés
ultérieurement, j'ai été conduit à faire un millier de mesures photomé-
triques sur les étoiles de comparaison, en vue d’établir une échelle de
lumière aussi étendue et cohérente que possible. Dès le début de ce travail,
yai suspecté de variabilité certaines de ces étoiles qui donnaient des
résultats différant sensiblement d’un jour à l’autre, tandis que pour la plu-
go2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
part, l'écart moyen des mesures ne dépassait pas 0",04. J'ai continué à
suivre les étoiles présumées variables, et les observations sont aujourd’hui
en nombre suffisant pour qu'il me soit possible d'annoncer dès maintenant
des résultats positifs concernant l’une d'elles, l'étoile d Cygne dont la pon
tion pour 1920 est æ — 1948375,3, 0 = 52°47'11”
l. L'étoile d Cygne varie de la grandeur 5,16 à l grandeur 5,36. Ces
valeurs sont rapportées aux étoiles suivantes. La colonne HR renferme les
magnitudes d’après la Revised Harvard Photometry, la colonne D fournit les
magnitudes que j'ai adoptées d’après l’ensemble de mes mesures.
Magnitudes.
A
Étoiles. HR. D,
ENEDES S a e ROUE 4.80 4,80
BD a363 en regret DIE — JU
PD OLIVOS. ui ess 6,28 6,26
2. La variation est à courte période, et le passage du maximum au mini-
mum ou vice versa peut être observé au cours d’une même soirée.
3. L'ensemble des observations est représenté par une courbe de lumière
du type de 8 Lyre, dont voici les éléments :
M0" 16, Mi 9,30 m= 59,26, P- ooro
min. == 2422620, 33 + 1,0815 E, j. jul,
Cette courbe représente l’ensemble des mesures avec une erreur moyenne
de 0",036, précisément égale à celle des comparaisons des fondamentales
entre elles. Elle est donc aussi satisfaisante que possible. La période résulte
d’un intervalle total de 48 périodes dont le commencement et la fin sont
fixés à une demi-heure près : l'erreur sur F peut donc atteindre une ou
deux minutes. n
Toutes les mesures ont été faites au photomètre de Zöllner de l'Observa-
toire de Strasbourg. Étant donnée la faible amplitude de la variation
(o™ 12), il eût été difficile de la constater à l'œil nu, par la méthode des
degrés, et d'obtenir rapidement la courbe de lumière. On pourrait d’ail-
leurs augmenter encore la précision du photomètre par des améliorations
que suggère son emploi, et qui rendraient les plages plus uniformes et plus
semblables.
On connaît une vingtaine d'étoiles du type 8 Lyre, la plupart inférieures
à la 8° grandeur. L'étoile d Cygne sera la quatrième des étoiles de ce type
visibles à l'œil nu. A ce titre, sa découverte est intéressante, car son étude
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 903
spectroscopique doit apporter des précisions nouvelles sur cette classe de
variables, dont les raies présentent des particularités encore inexpliquées.
Malheureusement, l'Observatoire de Strasbourg n’est pas outillé pour
entreprendre l'étude spectroscopique de la nouvelle variable. Un effort
pécuniaire important sera nécessaire pour l’adapter à ce genre d’études,
actuellement parmi les plus importantes de l’Astrophysique. Pour l'instant,
je dois me borner à signaler l'étoile d Cygne, à l'attention des astronomes
actuellement plus favorisés.
PHYSIQUE. — À propos d’un article de M. Irving Langmuir et d’un article de
M. R.-W. Wood. Note de M. L. Dunoyer.
Dans un Mémoire sur l’évaporation, la condensation et la réflexion des
molécules, et le mécanisme de l'adsorption (*) M. Irving Langmuir s'exprime
ainsi : « Par souci de l'exactitude historique, je dois appeler l'attention sur
le fait que la propagation rectiligne des molécules dans le vide, que Wood
et Dunoyer (Comptes rendus, t. 152, 1911, p. 593) ont décrite, est depuis
longtemps familière aux fabricants de lampes à incandescence…
Les circonstances m'ont empêché de connaître ce Mémoire à l’époque o
il a paru. « Par souci de l'exactitude historique », je demande la permission
de faire remarquer que la Note aux Comptes rendus citée par M. Langmuir
n'est pas de Wood et Dunoyer, mais de ce dernier seul. Ultérieurement à
cette Note, j'ai étudié le phénomène en question dans plusieurs publica-
tions (?).
Ces recherches ont été reprises par M. R.-W. Wood, en 1915. Si les
fabricants de lampes à à incandescence ont parfois observé le phénomène dont
il s’agit, il faut croire qu’on n’était guère maître de le produire à volonté et
de l’étudier, car, dans le Mémoire que cite M. Langmuir, M. Wood
s'exprime ainsi (): «Ilya huit ou dix ans, j'ai fait éoelques efforts pour
réaliser ce qui peut être appelé un gaz à une dimension... Comme aucun
résultat bien défini n ’a été obtenu, il est inutile de rapporter les détails de
l'expérience. Des essais furent faits aussi pour réaliser un gaz à une dimen-
£
(`) Physical Review, t. 8, 1916, p. Fe
C) Le Radium, t. 8, 1911, p. 142- . 10, 1913, p. 400-402; Comptes rendus,
157, 1913, p. 1068.
(D Phil. Mag., 1915, p. 300.
904 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sion en vaporisant du mercure dans un tube dont une partie était refroidie
par de l'acide carbonique solide, mais ces expériences donnèrent des résul-
tats négatifs. Les très intéressantes observations de L. Dunoyer sur la
formation de dépôts de sodium métallique nettement définis, dépôts dus à
un flux de molécules à travers le tube, m'a conduit à répéter mes anciennes
expériences avec le mercure. »
« M. Dunoyer m'a fait ressortir la nécessité d'employer un vide très
parfait-et, après une ou deux expériences, je n’ai eu aucune difficulté à
observer le phénomène avec le mercure... » Tout en remerciant M. Wood
de l'intérêt qu'il a bien voulu prendre à mes expériences, je regrette qu'il
n’en ait pas cité la référence bibliographique. Peut-être l'erreur de
M. Langmuir en eût été rendue moins facile.
THERMODYNAMIQUE. — Application du principe de Carnot-Clausius aux ondes
de choc des solides élastiques. Note (') de M. E. Joueuer, présentée
par M. L. Lecornu.
I. Nous nous proposons de rechercher ici les conditions que le principe
de Carnot-Clausius imposé aux ondes de choc dans les solides élastiques
quand ces ondes propagent des discontinuités qui ne sont pas trop fortes.
Nous ferons cette recherche en supposant que l’état 1, où se propage par
onde de choc l’état 2, est homogène et isotrope. Nous choisirons cet état 1
pour état initial et nous prendrons l'axe des x normal à la surface de Ponde
à l’origine. Dès lors on a, en se référant aux équations (1) d’une Note pré-
cédente (°):
LOL dm 2 2. dm — 2 0 _ dm %e
| Ja = ga = va ~ db — db ð de de oco
o a h a a nn.
| ðb ob - 06 dc w Ne...
di; du D.
RS
IL. Il faut d’abord remarquer que la courbe €, définie dans notre précé-
dente Note, a ici une forme singulière.
L'état n étant homogène et isotrope, l'énergie interne U ne dépend
eert
(1) Séance du 2 novembre 1920.
(j Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 780.
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. g05
des £ et des y que par l'intermédiaire des expressions
i E À — Es F Ets
i K a ET EE Le A E A
J (Ez Es + Egër + E163) — (7i TRE IRE a):
RE ee PA ee, M. Er
Ds HEsEsts Eyi h EJs Yrfa)s:
Et, par conséquent, les équations (2) de notre précédente Note s'écrivent
OU
| T (T). He a (T)
bo F- ee E à
re É Fan he
| AR == (T 2 T1. | h
de. 0h.
ee de
| KUU 41 Tr). Up} + (T° TT.) GER) (5) |:
Elles ne contiennent, comme variables, que k, c, f et g?°+ A. La
courbe & qu'elles définissent dégénère en une figure composée :
1° De l'axe des x;
2° D'une surface de révolution autour de Ox.
HT. Supposons maintenant que l'onde de choc ne soit pas trop forte-et
conservons seulement les premiers termes du développement de U. Tenons
rA ` 7 A * + LE oE bai hai
compte de (1) et arrêtons-nous au quatrième ordre en Sa il vient
E EE) OT
42) 52)" - O7
Les coefficients X’, u’, v', y, Y, 2, 7, © sont des fonctions de S. Ilest facile
de voir que X, u!, y sont reliés aux coefficients À, u, v d’une Note anté-
rieure du 13 Septembre 1920 par les relations
K p 4T ds i 7 1L f J
Mesa a mr mn à
Fe (A eee PME AD
L'expression (3) de U peut être utilisée pour étudier les ondes de choc
représentées par des points de € voisins de l’origine.
IV. Prenons d’abord une onde de choc pes par un point P voisin
906 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l’origine sur l’axe OZ. Soit
; AE FO:
> ; HR OU ean + a —
l+ap— 2 ; r'C:X AA
F. 2:
le carré de la célérité des ondes longitudinales d'accélération. Au point P,
k = ka + £ et la première équation (2) donne
rE oy:
D’autre part, la formule (3) de notre précédente Note donne
Le principe de Carnot-Clausius exige que c soit m D’où les consé-
quences suivantes : |
1° € est positif et par suite l’onde de choc a une célérité supérieure à
l’onde d’accélération : |
_2° Les seules ondes de choc compatibles avec le principe de Carnot-
Clausius sont celles où f a le signe de VA
Ces résultats concordent avec ce e est déjà démontré pour les ondes de
choc des gaz.
V. Prenons maintenant un point Q situé au voisinage de l’origine sur la
surface de révolution qui constitue la seconde partie de €
Soit k, — pi le carré de la célérité des ondes transversales d’accélé-
ration. Au point Q, # = #, + : et les équations (2) donnent
Ae re |
(4) fn (+R)
D'autre part, A'U vaut 6/(y f° + Lg? + LA?), ce qui, par (4), est du
quatrième ordre. Le calcul qui a donné la formule (3) de notre précédente
Note et qui a été fait au quatrième ordre près est donc à reprendre en négli-
geant simplement le cinquième ordre. On trouve alors que la formule (3)
de notre Note précédente doit être remplacée par
u >
E G z — -A U- F 7% U,
ce qui donne ici i
à gU LL Fr 4 Er rN tui,
D T=- (o nn (eg += |o — = l] ———*.,
2 ds 2 4 2 Mpu
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1020. 907
Supposons, pour fixer les idées, X + u.’ > o. Dès lors :
° En vertu de (4), € est négatif et l'onde de choc va moins vite que
londe transversale d'accélération;
2° En vertu de (5), cette onde est compatible avec le prinpips de Carnot-
1,2
. m T 42 Į
Clausius si © > - p, incompatible avec lui si o < = == a
aE > +
ÉLECTRICITÉ. — Indications anormales fournies par les radiochromometres
avec les rayons X très pénétrants. Note de M. R. Biquar», présentée par
M. J. Violle.
Dans les applications radiographiques ou radiothérapiques des rayons X,
on emploie fréquemment pour évaluer la pénétration moyenne ou dureté
des rayonnements le radiochromomètre de Benoît ou ceux de Ropiquet, de
Belot et de Walter, qui n’en sont que des variantes de construction, et dont le
principe commun repose sur le fait que le rapport entre les épaisseurs d’alu-
minium et d'argent ayant même absorption pres augmente avec la
pénétration moyenne des rayonnements.
Cette pénétration est ainsi évaluée par l'épaisseur en millimètres (degré
Benoît) d’une lame d’aluminium telle que la fraction du rayonnement qui
la traverse produise sur une plaque photographique ou un écran fluorescent
une action équivalente à celle de la fraction transmise à travers une lame
d'argent de o"",rr.
Les chiffres de dureté Benoît que l’on obtient avec les ampoules à gaz
ionisés varient de 3 à 7,0:
Or on a été surpris de constater, au début de l'emploi des ampoules Coo-
lidge , que malgré l’application de tensions moyennes atteignant 95000 volts,
et par conséquent bien supérieures au maximum des tensions supportées
pratiquement par les anciennes ampoules à gaz ionisés, soit 60000 à
70000 volts (16% à 20°" d’étincelle entre pointes), on n'obtient jamais de
degré Benoit supérieur à 7. Au contraire, l'élévation du voltage d’alimen-
lation de Fampoule au-dessus de 70000 volts (20°" d’étincelle) abaisse le
degré jusqu’au-dessous de 7, de même que la filtration à travers des
EEIT croissantes d'aluminium des rayonnements émis à ces tensions
élevées,
Cependant on a reconnu, d’autre part, et en particulier par les expé-
908 ACADÉMIE DES SCIENCES.
riénces de Rutherford et Barnes ('), que la pénétration moyenne des rayon-
nements émis par l’ampoule Coolidge, mesurée par le coefficient de trans-
mission dans l'aluminium, croît constamment, d’une part avec la tension à
laquelle est alimentée l’ampoule, d'autre part avec la sélection résultant du
passage dans des épaisseurs croissantes de métal.
Les rayons provenant d'une ampoule Coolidge alimentée sous 95000 volts,
filtrés à travers 18™™ d'aluminium, ne perdent plus que 6 pour 100 de
leur énergie par millimètre d'aluminium traversé, alors qu'avec les am-
poules à gaz ionisé, l'absorption la plus faible constatée dans les mêmes
conditions était de 11 pour 100 (Guilleminot).
On est donc amené à mettre en cause le principe de l'appareil de Benoit,
et en effet, nous avons reconnu que ce principe n est pas valable dans
l'étendue entière de la gamme des rayonnements X, le rapport d’équiva-
épaisseur d'aluminium
lence passant par un maximum pour décroitre ensuite
épaisseur d'argent
quand la pénétration augmente.
Nous avons mesuré pour le rayonnement d’une ampoule Coolidge ali-
mentée par un transformateur à noyau fermé à une tension moyenne
d'onde, de 88000 volts (26% d’étincelle entre pointes) les transmissions à
travers ùn nombre croissant de lames d'argent de o™™, 11, et à travers un
nombre croissant de lames d'aluminium de 1™™, i
De la courbe de transmission obtenue pour l'aluminium, on a déduit
l'épaisseur équivalente aux lames d'argent successives. L'évaluation
comparative des rayonnements transmis était faite par la méthode fluoro-
Here de Guilleminot. On a obtenu les résultats suivants : |
Nolo br Transmission apparente Épaisseur d'aluminium
de James d'a argent à travers équivalente aux lames d'argent
de mm à l'ensemble des lames interposées
interposées. d'argent. {en millimètres).
PNR der ii 23 6,7
D e re : 11,2 13,3 (= 6,7 6:5)
ds no 6,3 19,5(=6,3+6,5+6,3)
£ x ~ raS 3 € i i
E T A sa a 3,9 35,5(=6,7+6,5 +6,3+ 06)
Les rayonnements qui franchissent les lames successives d'argent ont
une pénétration de plus en plus élevée, puisque la quatrième lame
RE VS ME AMEL Rent
(1) RurnerrorD et Banxes, Philosophical Magazine, 1915, n° 177, p. 361.
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 909
3,9 je ; iry
transmet — = 62 pour 100 du rayonnement issu de la troisième, alors que
)
la première lame ne transmet que 23 pour 100 du rayonnement initial. La
courbe de transmission dans l’aluminium montre aussi que le 25° millimètre
transmet 95 pour 100, alors que le premier ne transmet que 67 pour 100.
Qnant au degré qu'indiquerait l'appareil Benoit pour les rayonnements
transmis à travers les lames successives d’argent, il serait évidemment :
Degré du rayonnement inal... -seee tra — — — 6,1
10 0,11
3 : I ‘4 à
» apres aa AmE ao oron an — —=9,9
10 O,I1
1 6,3 5 :
» apres da 2° Jamie; ni 6 oE E S a S
10 O,11
à je I 6 a
» apres da 3° lame., oonan 1 —— —0,9
10 opti
Il y a donc décroissance nette du rapport de Benoît.
D'ailleurs on constate que, pour les rayonnements émis à partir de
60000 volts moyens (16° d’étincelle) et quelle que soit l’ampoule géné-
ratrice, les indications du radiochromomètre cessent d'augmenter d’une.
maniére appréciable.
Cet appareil ne peut donc donner d'indications utiles quand les ampoules
sont alimentées au delà de cette tension, et en particulier dans leur emploi
en radiothérapie pénétrante, où on la dépasse généralement. Son emploi
doit être limité aux rayons de pénétration moyenne ou faible tels que ceux
utilisés en radiographie médicale ou en radiothérapie superficielle.
ÉLECTROCHIMIE. — Spectres d'étincelle du mercure, du cuivre, du zinc et du
thallium dans l'ultraviolet extréme. Note de MM. Léox et Eveëxe Bocu,
présentée par M. Villard. |
I. Mercure, — Le spectre d’étincelle du mercure est riche en raies dans
la région de Schumann. Ila fait l’objet desimportante
qui a déterminé, au moyen d’un spectrographe à réseau, les longueurs
d'onde de 86 raies du mercure entre 1873,7 et 1269,7 U. A. La précision
des mesures de Lyman atteint 0,3 U. A. et un certain nombre des raies
intenses qu'il donne peuvent jouer le rôle de raies-étalon. Nous nous
sommes servis de ces raies pour mesurer par interpolation divers spectres
hes de Lyman
J 2 x
910 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d’étincelles métalliques dans l’ultraviolet extrème ('). Il nous a paru
important de compléter les résultats de Lyman en mesurant les longueurs
d'onde de nombreuses raies du mercure, d'intensité plus faible, qui
semblent difficiles à obtenir au réseau, mais qui apparaissent régulièrement
sur les clichés de notre spectrographe à prisme. Les clichés ont été ohtenus
en employant comme électrodes les amalgames de cadmium et de sodium.
La liste suivante fait connaître, entre 1650 et 1400 U. A., 36 raies nouvelles
du mercure. La première colonne contient les longueurs d'onde trouvées par
nous, la seconde contient les longueurs d’onde publiées par Lyman. Les
nombres placés entre parenthèses sont des longueurs d'onde des raies de
Lyman qui ont servi de base à nos calculs.
Int, X. Lyman. Int. A. Lyman. Int. } Lyman
Lun BAr o (GOAS) 7 Chi. Case à = (3 102064 a
Re 1636 ,0 £ lroa OSO - dr 1323 4 >
E E r 40368 - katoe a 1979,0 a (2 IDIIN z
l iso 16926 - AR 197950 = 2 1307, 9 =
\ Li min 1e... 1900.8 1970,3 l D 1304,7 E
iee 0386 = | ? 1567,9 1568,0 1 1497373 S
| Ig.. 16929 ,1 - 1 190F,4" 007,0 3.4. _1495,0 (140550)
rx 1619,6 = | 1 13598,7 i » LISE 2 1482,0
} Í: r617,6 i I out 9 580 $ | I 1479,9 =
{ Lio 10149 re F5. :1080,0 ue | ) 1477,0 TE
tr: 1611,9 - aL 19407 pen nd I 1474,6 7
NÉS. a607 - | 040" FIA D = ] 1472 0 z
| F2, 10609 1 - Faroa EE TI nT Va 1467,4 Ra
o a EPP o i: ea 2
ds 1999.41 1300.4 1. 1533,8 z (i 1401,7 T
Été F0 - “Res 1930,0 2r Le 140,9 a
Suni YOU 92.9) int 11042 2
i E 11019 (1416,9)
I. Cuivre. — Le spectre d’étincelle du cuivre a été étudié par Handke
jusqu’à 1594,2 U. A. Nous avons retrouvé la plupart des raies intenses de
Handke, plus un certain nombre de raies faibles. Le spectre du cuivre
paraît se terminer par un groupe de quatre raies. caractéristiques situées
au delà de la limite atteinte par Handke. Le Tableau suivant contient les
résultats de nos mesures entre 1784,8 et 1543,0 U. A. A partir de 1661,2;
les raies indiquées sont nouvelles, sauf 1652,1, 1642,4 et 1593,6.
nn le aT
(*) L. et E. Broca, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 226 et 320; t. 171, 1920, Pe 709:
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. QII
Intensité. À. Intensité. Rs
Ee EP ee da 1784,8 RE E R 1061 ,2
na Ms ent 177953 eaa a The 1658,4
Oh ea, 1709 ,2 PRÉPA iron 1697,2
Faa er 179939 din A ect "209359
A A E 1799,0 a N a koe 109471
r E E a 1750,1 Gaa eren 10499
TE E 1741,6 E RS ea a 1647,5
eT E eo 1749,1 Ps ih E E 104844
oee a LN 1928,3 Bora ES ON 1639,0 $
| Re ere 1922,0 | gne aa 1628,3
| TT et 1718,7 | ENTREN A PA 1021,2
Rent ne son vec 1716,9 DV eo br 1616,6
M Vous 1711,0 Ans a +... 1609,6
ER ES EE 2e 1709 ,0 RCE Le 1606, 2
ts LUE ve UE 1709 ,6 AR RER E 1603,0
Me NU ETAT € f702,1 RUE A ere 1599,9
As aea a 1692,8 pE EE T 15903,6
| sou ad 1689,3 ooe 1592,9
a Te rest 1087 ,2 por 1990 ,2
Pr mm 1684,6 TU a 1548,0
O S dome, 1681,8 a ae 1543,0
EP ao 1679,5
oea De 1677,5
r E a 1074,8
| PS des ta 1671,0
on. ONTT 1670,3
HI. Zinc. — Le spectre d’étincelle du zinc s'étend beaucoup plus loin
que celui du cuivre dans l'ultraviolet extrême. Il a été mesuré par Saunders
jusqu’à 1603,09 et par Handke jusqu’à 1632,9. Récemment, Millikan l'a
prolongé jusque vers 1200 U. A.,sans prétendre donuer dans la mesure des
longueurs d’onde plus que des valeurs d'indication. Le Tableau suivant
fait connaître le résultat de nos mesures entre 1850 et 1449 U À.
Il contient une dizaine de raies qui n’ont été mesurées jusqu'ici ni dans le
spectre d’étincelle ni dans le spectre d’arc du zinc.
912 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Intensité, : À. Intensité. Es
{3 AREA RARE Pan 1839,0 Dern Dome + 1000 9
ea ee IS31,1 RIT een 1598,5
PTS SPP 1821,0 LE ETES NN 1981,7
eee ` 1816;4 PE ne aus 107,8
NRA Mer PTS 0 e e A wan 19086
e a u T008 s D E es 1560,9
TE E EN 1767,6 R AAN RRN A 1919,Q
Re une 1749 ,4 d'A A RE 1506,1
A AR A 1706,7 LS E 140058
| DO A E 1688,6 LA A AE < 140S
PE icone re 1002 O RS SU AE . - 1480,4
a 1651,9 Sa e ent e n,
Cakarta TA G a E E ;-: 446570
NE SE à 103954 | DD nan: ve 149700
ARE EN AD ets 10 TE OARDE LT LITRES
Rent Tree 1622,4 a a RENTE DIT
MT yo nr 1619,5
IV. Thallium. — Le spectre d’étincelle du thallium n’a pas été étudié
jusqu'ici. Il nous a fourni des raies qui coïncident souvent avec les raies d'arc
observées par Mac Lennan. Le Tableau ci-dessous contient toutefois 13 raies
nouvelles.
Intensité, ; Intensité, A.
{ ra dodo Je 1897, 4 RM Un 1596,9
E ne 1827,9 o eLo = jad
Scenes 1014 ,9 de e r a . 1908,0
| Br les “tr 0 1004,0 ER RE . 1961,9
a e a D 061,5 Ppa na. = 1558,9
| SRE Ge no 1798,1 Eai us 1538,6
us eraa = 1792,6 ( titun: AR
í A RE + 1749,8 l Fes ec a Me 19309,1
CR E + 1974270 Di nids 1500,1
PS eaa 10003 ; D a U”
P oo Oa ; RÉ re 1478,1
Re savs TO Fri pie 14772
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 10920.! 13
920.; 9
CHIMIE PHYSIQUE. — À propos de la détermination du nombre des constituants
indépendants. La règle de M. Dubreuil; l’action de l’eau sur un mélange de
sels. Note de M. C. dis
I. La règle que M. Dubreuil vient d'énoncer (‘) entraîne cette consé-
quence : « Le nombre des constituants indépendants est au plus égal au
plus petit des nombres K ou », c’est-à-dire des corps simples composants
ou des espèces chimiques qui forment le système.» |
Gibbs (°) a écrit : « Le nombre des composants (*) sera tantôt plus grand,
tantôt plus petit que celui des éléments chimiques en présence. Par
exemple, dans l'équilibre d’un système renfermant de l’eau, avec de l’hy-
drogène et de l'oxygène libres, il faut considérer dans la partie gazeuze (*)
trois composants distincts. »
IL. Comme beaucoup d’autres auteurs, M. Dubreuil indique que, dans le
cas de la dissociation de HI par exemple, il faut tenir compte du fait que
H? et P libres sont en quantités équimoléculaires. Cette condition réduit
d’une unité le nombre des constituants indépendants. Par contre, pas plus
que ses prédécesseurs, M. Dubreuil n'explique pourquoi, dans le cas (idéal)
de la dissociation de CO? Ca, on n’a pas à exprimer que CaO et CO? sont
soumis à la même égalité.
Il reste donc que l’on doit, apres examen, tenir compte des relations qui
influent sur la variance et négliger les autres (*). C’est ce que va mettre en
relief l'exemple suivant où, admettant la valeur de la variance, on a cherché
à calculer le nombre des parties distinctes du système.
(*) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 720. La phrase citée se trouve dans une rédac-
tion plus étendue, au Bulletin de la Société chimique de France, 4e série, t. 27,
e sont les constituants de M. Dubreuil.
Gibbs néglige ici la solubilité de H? et O? dans l’eau,
LÉ ) N'oublions pas de plus qu’on ne peut raisonner qu'en partant des hypothèses
Suivantes : 1° à une température et sous une pression données, on sait amener HI
partiellement dissocié à un état parfaitement déterminé, indépendant de la masse
traitée ; 2° nes entre CO3Ca, CO?, Ca O est indépendant des masses en présence.
ra bre qu'aucune théorie ne fera jamais que retrouver les conditions supposées
‘abord.
09
) É quilibre des systémes chimiques, traduction Le Chatelier, p. 15-16.
) Ce
)
To
y
e
`
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171. N° 19.) 68
914 ACADÉMIE DES SCIENCES.
HT. M.Rengade (!) a étudié expérimentalement et soumis à l’application
de la règle des phases l’action de l’eau sur un des deux mélanges NO* Am
et Na Cl ou NO Na et AmCl, qui renferment les mêmes ions. Examinons
la question a priori. |
Le point fondamental est celui-ci : Des deux couples complémentaires, lun
est moins stable que l’autre; il tend à subir la double décomposition. Cette
tendance se réalise dès qu’on humecte d’une trace d’eau, qui joue le rôle
de catalyseur.
Partons d'un mélange des sels du premier: ouple, NO? A m + k NaCl (k <1)
et traitons-le par un peu d'eau. S'il se trouve que ce couple est instable, il
donne lieu avant tout à la réaction irreversible
NO3Am+NaCI —+ NONa + Am Cl
et Na CI disparait totalement. C'est ce qu'a constaté M. Rengade et c'est
à peu près le seul appel qu'i! soit nécessaire de faire à l’expérience.
En étudiant la composition du mélange solide en contact avec la petite
quantité de dissolution formée, M. Rengade a reconnu que les trois autres
sels y figuraient. Ceci n’est pour nous qu'une vérilication.
Un résultat d'analyse quantitative était également certain : la partie dis- -
soute peut être considérée comme la somme de quantités des trois sels
solides présents. En effet, la formule globale d’un mélange quelconque des
quatre ions peut, toujours et d’une seule façon, être représentée par la
somnie de masses de sels composant l’une des deux triades
(1) NOSNa, AmCI, NOAm;
dI) NO?Na, AwCl, NaCl.
Or la formule (I) convient au cas où l’on a ajouté assez d’eau pour dis-
soudre la totalité du mélange. Si la formule (IF) pouvait représenter celui
où la quantité d'eau est petite, il en résnlterait cette conséquence absurde:
l'addition d’une quantité d’eau convenable permettrait d'obtenir une disso-
lution qui, en présence des trois sels (1), contiendrait seulement les deux
premiers.
Enfin les solubilités respectives de AmCl, NO®Na, NO“Am ont des
(*) Sur la purification des sels par clairçage ou par cristallisation fractionnée |
(Comptes rendus, t. 165, 191%, p. 237). Un Mémoire plus étendu, Étude d'une
double décomposition saline réversible (Rev. gén. des Sciences, t. 28, 1917, P» 489),
contient la description d'expériences exécutées à chaud dont la signification me paraît
trop douteuse pour qu’il me soit possible d’en faire état.
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 915
valeurs croissantes très différentes, C’est donc sans étonnement que nous
voyons les quantités des trois sels dissous se succéder dans le même ordre,
L’addition progressive d’eau aura alors pour premier effet de dissoudre,
sans changement de titre de la solution, NO* Am, NO®Na, AmCl. Si #
est suffisamment petit, c'est-à-dire s’il y a un grand excès de NO? Am,
-alors NO? Na sera dissous le premier et l’on aura des solutions de titres
variables en contact avec NO*Am, Am Cl-jusqu’à ce que l'un de ces deux
sels ait été à son tour complètement dissous. Si (je complète ici M. Ren-
gade)# a des valeurs suffisamment grandes (>> 0,7 à 16°), c’est au contraire
NO? Am qui passera d’abord totalement en solution.
On'peut, mutatis mutandis, répéter presque tout ce qui précède pour les
cas où il y a excès de NaCl (k> 1). Dans une expérience restée inédite,
M. Rengade a vérifié que, seul, NO? Am solide ne subsistait pas en présence
de la solution des trois autres sels. Ici, le peu de différence des solubilités
de NaCl et Am Cl isolés interdit des prévisions aussi complètes que précé-
demment.
Si enfin Æ—1, la double décomposition fournit molécules égales de
NO®Na et AmClI. En présence de ces deux solides, qu’elle dissout seuls,
la solution a une composition parfaitement déterminée, qui serait exacte-
ment la même si l'on était parti d’un mélange en proportions quelconques
des deux sels du second couple, NO? Na + Am CL
Ainsi les phénomenes sont tout différents suivant le couple dont on ne
Dans un cas, on obtient d’abord une solution déterminée en présence de
trois sels, dont deux sont toujours NO? Na, AmCl, ensuite des solutions
de titres ne en présence de deux ri. puis d’un seul. Dans l’autre,
deux sels au plus, NO’ Na, AmCI, sont en équilibre avec une solution
déterminée et l’un quelconque denire eux avec des solutions de composi-
tion variable.
Le premier cas est l'équivalent du cas le plus piini où l'on partirait
de trois ou quatre sels. Le second cas est toujours particulier; la composi-
tion de la solution révèle toujours le mélange dont on est parti.
IV. L'application de la règle des phases conduit à des considérations
toutes différentes. Envisageant d’abord au sein du liquide une réaction
réversible dont l'expérience ne fournit aucun indice, on part de l'existence
de quatre sels, dont trois indépendants. Adiéttant alors comme évident
que la composition d’une solution en présence d’un grand excès de solide
est déterminée uniquement par la température et la pression, on en conclut
que, « de toute nécessité » et dans tous les cas, cette solution est en pré-
916 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sence de trois sels, ce qui est vrai seulement quand on part du mélange de
NO*Am et NaCl.
En fait, le nombre des constituants indépendants qu'il faut introduire
dans la formule de Gibbs est 4 dans un cas, 3 dans l’autre, mais on ne le
sait que quand on s’est rendu un compte exact de ce qui doit se passer.
CHIMIE ORGANIQUE. — Déshydratation catalytique de l'alcool amylique
de fermentation. Note de M. J.-B. Nenperexs, présentée par
M. G. Lemoine:
1. On sait que l'alcool amylique de fermentation qui bout de 129° à 132°
est un mélange d'alcool isopropyléthylique (le plus abondant) et d’alcool
. méthyléthyléthylique. Ces alcools se déshydratent au contact du chlorure
de zinc et des auteurs semblent encore admettre que cette déshydratation
donne, conformément à la théorie,
Ce
(a) LS CRE — CH? CHOH = Do — CH= CH? + HO,
-Alcool isopropyléthylique. T butène, (Isopropyléthylène).
CH3— CHN 5 CH5— CHE'N
CE Gus CH — CHOH = Qu > C = CH?+ H°0.
Alcool méthyléthyléthylique. Méthyl,butène, (Méthyléthyléthylène ).
En réalité, le produit principal de la déshydratation de l’alcool amylique
de fermentation par le chlorure de zinc est le triméthyléthylène
CH? |
cn C = CH — CH’ (méthyl,butène,). D'après Wischnegradsky, qui
a le mieux étudié la question, cette déshydratation fournirait 50 pour 100
de triméthyléthylène, soluble dans l’acide sulfurique dilué (2*°! d'acide
fort + 1° d'eau), la partie insoluble consistant en amylènes isomères et
hydrures d’amylène ('). C’est l'hydrolyse de la solution sulfurique de ce
triméthyléth ylène qui fournit l’hydrate d’amylène CO H— CH: — CH’,
alcool amylique tertiaire, dont l'emploi comme hypnotique tend à se
généraliser.
IT. Les catalyseurs déshydratants se comportent-ils comme le chlorure
de zinc vis-à-vis du même alcool amylique? D’après les expériences publiées
3 DE E SAEN E oE.
(t) Comptes rendus, t- 86, 1878, p. 973; Bull. Soc. chim., t. 1, 1877, p. 261 et 452 ;
t À or p. 1340.
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 917
jusqu'ici ('), la déshydratation catalytique de cet alcool se ferait surtout
d’après les équations (a) et (b) et ne donnerait que peu de triméthyl-
éthylène. La même interprétation, comme on vient de le voir, avait été
donnée tout d’abord à l’action du chlorure de zinc, et c'est ce qui m'a
engagé à revenir sur cette déshydratation catalytique, en préparant cette
fois d'assez grandes quantités d’amylène pour arriver à une détermination
plus sûre des divers isomères.
HI. L'alcool amylique arrivait avec une vitesse de 50° à 55° à l'heure
dans un tube de cuivre chauffé à 340°-350° (température de l’intérieur du
tube), et ses vapeurs, en passant sur du silicate d'alumine, donnaient de
l’'amylène, de l’eau et de l'alcool non transformé, qui se réunissaient dans
un récipient refroidi. Après décantation de l’eau, le mélange d'amylène
et d'alcool amylique était distillé à une très douce chaleur. Arrivé à 38°-39?,
le thermomètre baissait en même temps que s'arrêtait la distillation, ce qui
indiquait que tout l’amylène s’était séparé de l'alcool qui restait seul dans
le ballon.
J'ai obtenu de la sorte 3! d’amylène brut; le premier litre (flacon F,)
après 32 heures de catalyse; le deuxième litre (flacon F,) après 40 heures
comptées à partir du premier; le troisième litre (flacon F,) après 52 heures
comptées à partir du second. Par où l'on voit que le catalyseur s’affaiblit
graduellement puisque, avec la même vitesse d'écoulement de l'alcool amy- —
lique, la quantité d’amylène produite dans 1 heure diminue et que dès lors
la proportion d’alcool non déshydraté augmente.
Les liquides F,,F,, F,, soumis à une série de fractionnements métho-
diques dans un ballon muni d’un long tube Vigreux, ont donné les résultats
suivants :
Températures i
d'ébullition, Liquide F,. Liquide F, Liquide F, Carbures correspondants. Ébullition.
21-24. Sie D 65 182 Isopropyléthylène 21°-22°
24-31... 10 14 28 » »
31-33, : 180 238 392 Méthyléthyléthylène 312-329
33-36.... 43 48 52 » »
20-30. 704 595 302 Triméthyléthylène 36°,5-37,9
> 38 15 18 16 » x
Pertes... 23 22 28 » »
1000 — 1000 1000 i » p
(*) Iratew, Journ. Soc. phys. ch. r., 1. 35, p. 577. — Senperens, Ann. Chim.
Phys., 8° série, t. 25, p. 498.
918 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce Tableau montre qu’à l’usure du catalyseur correspond un changement
dans les proportions relatives des isoméres. Si, conformément à une obser-
vation d'Ipatiew ('), le triméthyléthylène provient d’une transformation
isomérique de l’isopropyléthylène sous l’influence du catalyseur, on s'ex-
plique qu'avec un catalyseur usé une plus grande quantité de ce dernier
carbure échappe à la transformation. Par aï'leurs, la prédominance du
méthyléthyléthylène semble indiquer qu'avec ce catalyseur affaibli, la
déshydratation de l'alcool correspondant est moins difficile que celle de
l'alcool isopropyléthylique.
IV. Les distillations fractionnées conduiraient donc à admettre, dans
l’amylène brut obtenu par catalyse, la présence, en quantités variables, des
trois isomères inscrits dans le Tableau, ce qui s’est trouvé confirmé par
l’action de l’acide sulfurique. On sait que cet acide étendu d’un demi-
volume d'eau dissout, au voisinage de o°, les carbures tertiaires méthyl-
éthyléthylène et triméthyléthylène, tandis que l’isopropyléthylène est inso-
luble. Or, l’acide ainsi dilué a dissous vers o°, avec une égale facilité, la
fraction 36°-38° et la fraction 31°-33°, ainsi que la partie intermédiaire 35°-
36°, tandis que la fraction 21°-24° et la majeure partie intermédiaire 24°-51°:
sont restées insolubles.
Dans cette dissolution des carbures tertiaires dans l'acide sulfurique il se
forme un acide sulfamylique tertiaire. Par ue avec le triméthyléthy-
lène, on a
Ci DC= CH— CH? +SO0H = cm C— CH?— CH.
SO:H
Cet acide amylsulfurique traité, après dilution, par un alcali ou un car- `
bonate alcalin donnera l’alcool amylique tertiaire (hydrate d’amylène).
Il est facile de voir qu'avec le méthyléthyléthylène on obtient le même
acide sulfamylique et par suite l’ hydrate d’amylène.
V. Si l'on se reporte au Tableau ci-dessus, on constatera que dans la
déshydratation catalytique de l’ alcool amylique de fermentation, l’ensemble
du triméthyléthylène et du méthyléthyléthylène, c’est-à-dire des carbures
solubles dans SO*H? dilué et transformables en hydrate d’amylène, cons-
ütue les 93 pour 100 de l’amylène brut pour le premier litre (F,) et reste
encore de 75 pour 100 pour le troisième litre (F, ), alors que Wichnegradsky
avait trouvé que la proportion de ces carbures solubles ne dépassait
(*) IPATIEW, loc. cit.
8
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 919
pas 50 pour 100 dans la déshydratation du même alcool par le chlorure
de zinc.
CHIMIE ORGANIQUE. — Étude spectrochimique des x-allyl- et «-allylmé-
thylcyclohexanones. Note (') de M. R. CorsuserT, présentée par
M. A. Haller.
Dans deux Notes antérieures nous avons décrit des g-allylcyclohexanones,
des «-propyleyclohexanones et un certain nombre d’alcools en dérivant (°)
en indiquant que les constantes de ces corps présentaient des singularités et
qu’elles seraient données ultérieurement. Dans la présente Note nous ne nous
occuperons que de l'étude spectrochimique des «-allyl- et allylméthyley-
clohexanones. Le Tableau suivant contient les constantes de ces corps
ramenées à 24° (les mesures ont été effectuées entre 23° et 25°). Chaque
élément de ce Tableau représente : s
IA | importance |
( Ton | en.grammes d?3 dur de aži x 108 (3) | Réfr. mol. trouvée ) (écart de
groupes allyle) | de Erea T: Elu de Pr Es 5) Réfr. mol. calculée i la R. M.)-
Deux faits attirent l'attention, ce sont : 1° l’alternance presque générale
des variétés des densités lorsqu'on classe les cétones par rapport au nombre
des groupes alcoyle présents en æ et 2° le plus faible accroissement des
indices de réfraction pour les troisièmes termes de chaque série. Ce sont là
les singularités auxquelles nous faisions allusion.
Un semblable classement de ces allyl- et allyiméthyleyclohexanones, non
pas par rapport au nombre des groupes allyle présents en &, mais par rap-
port au nombre des groupes alcoyle existant en g, nous a mis sur la voie
d'une relation possible entre la valeur de la réfraction moléculaire et la
constitution des corps de ces séries. De ce tableau, il ressort en effet que,
dans le cas de la cyclohexanone et de ses homologues monométhylés g et y,
l'introduction d’un deuxième groupe alcoyle en « provoque une certaine
dépression de la réfraction moléculaire par rapport au terme précédent, cet
abaissement s’accentuant plus ou moins fortement à la quatrième alcoyla-
tion, la troisième étant sans influence appréciable.
©) Séance du 2 novembre 1920.
(S
(*) R. Corxoserrt, Comptes rendus, t. 158, 1914, p. 1900; t. 159, 1914, pe 75.
(*) Par rapport au terme précédent.
%
ACADÉMIE DES SCIENCES.
920
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SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 921
La détermination de la constitution des &x-diallyl- et méthylallyleyclo-
hexanones, qui a fait l’objet d’une Note récente ('), permet d'établir un
parallèle entre la constitution de ces cétones et la valeur de l'écart de la
réfraction moléculaire. Si nous nous rappelons en effet que les dérivés
dialcoylés des trois séries que nous venons d'indiquer sont des corps
dissymétriques, nous arrivons à ce résultat que la production de ce que
nous appellerons un groupe double Se par D dans le Tableau précé-
dent}, c’est-à-dire d’un groupe Nc" , provoque une dépression de la
ssh
réfraction moléculaire, tandis que la formation d’un groupe simple >e {i
(représenté par S) est sans influence appréciable sur la valeur de cette
dernière. Cette conclusion est conforme à la théorie de M. v. Auwers sur
les « groupes doubles » (gem. Dialkylgruppen) (?) d’après laquelle les
dépressions moléculaires observées par cet auteur dans presque tous les
cas où les molécules examinées contenaient deux groupes alcoyle fixés au
même atome de carbone, sont liées à l’existence d’un semblable groupe-
ment SC dans ces combinaisons, les groupes NC(CH) n'ayant cepen-
2
dant aucune influence.
GÉCLOGIE. — Le gisement de fer oolithique d’Ain- Hébouske (Algérie).
Note de MM, Louis Duparc et GEoRGEs Favre.
Le gisement de Babouche est situé à 754" de Tébessa, et à 184 au sud de
Chéréa. Il occupe une grande région synclinale qui, topographiquement,
est divisée du Sud au Nord en trois tronçons, à savoir : la vallée supérieure
de Babouche, la plaine de Babouche et la plaine de Mézera. Ce synclinal est
compris entre les flancs est et ouest des anticlinaux curieux qui enserrent
les vallées de Telidjen et de Guibeur, au milieu desquelles le Trias perce en
diapyre. Le soubassement de ce synclinal est formé par les calcaires de
l'Eocène inférieur; l'allure des couches montre qu’à Babouche comme à
Mézera, le synclinal affecte la disposition en cuvette dont les bords sont
(1) R. Conxuserr, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1259.
(7) v. Auwers et EisenLonr, J. J- prakt. Ch., t. 8h, 1911, P- 1-121. — Y. AUWERS
et Scawbr, Ber., t. 46, 1913, p. 457. — v. Auwers, Ber., t. 46, 1913, p. 498. —
V. Auwers et Lance, Lieb. Ann., t. 409, 1915, p. 161-162.
~
922 ACADÉMIE DES SCIENCES.
relevés de toutes parts, de sorte que le petit oued Babouche, pour entrer et
sortir de ces cuvettes, a dû scier son lit dans les calcaires en créant ainsi
de véritables cañons (défilé de Mézera, sortie de Mezou, etc }. Le sol qui
constitue les plaines est couvert d’un limon homogène, qui suggère l’idée
que le synclinal fut jadis occupé par un lac étendu.
A 2% environ à l'aval de l’entrée de la vallée de Babouche, et sur la rive
droite de celle-ci, on voit affleurer dans les éboulis des bancs épais d'un
minerai noirâtre et oolithique, qui plongent de 30° environ contre la vallée,
el apparaissent à 30% en moyenne au-dessus de celle-ci, et tout près de sa
bordure. Cet affleurement se poursuit sur 60", puis il disparaît sur 800"
sous les éboulis, mais le minerai réapparaît au delà sur une série d’affleure-
ments très rapprochés, échelonnés sur plus de 1500". Partout les couches
plongent de 30° à 35° contre la vallée, et le minerai oolithique présente une
grande régularité, Son épaisseur totale oscille entre 8" et 20", le complexe
est ordinairement divisé en deux bancs inégaux, séparés par une intercala-
tion de limonite plus ou moins argileuse, qui mesure de 2" à 3,5 d'épais-
seur.
L'aspect du minerai est invariable, les oolithes sont de petite dimension,
le ciment ferrugineux ou argileux qui les réunit, nul ou très réduit. Par
endroits, on trouve dans les bancs du minerai oolithique des rares et petits
galets de silex. La composition moyenne (pour 100) très constante de ce
minerai est la suivante :
SO = k CaO, Fessk Mur. Phaon S0
Perte au feu = 13,5.
Ordinairement on voit très mal le toit et le mur du minerai; cependant,
au point culminant des affleurements, on relève le profil suivant (à 50° au-
dessus de la vallée) :
a. Au mur. Calcaire éocène inférieur.
; b. Argiles verdâtres plus ou moins gréseuses ...,...... : 60 (env.)
c. Zone argileuse, avec bancs limonitiques ocreux....... 15-20 »
d. Minerai oolithique compact en deux Re par 2"
de limonite....... RAT ES e EP Ua a à 15 »
ë. Banc de Hmage. sci si 0e, uv: Pa E E 1,2 ?
f. Lumachelle à Ostrea Bogharensis.........,.....,.. 0,30 »
g. Limonites argileuses....,......... Ra PE ie LE, »
h, Banc de conglomérat à gélets de calcaires et lie iles: I »
. Série argilo-gréseuse, limonitique à la base, formant le
toit d'épaisseur inconnue, visible sur, ..... Ds. 60
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 923
Les affleurements de minerai oolithique cessent brusquement sur le flanc
occidental du synclinal, dans la plaine de Babouche; ils ne se retrouvent
pas également dans la vallée, au flanc oriental du synclinal. Cette dispo-
sition est imputable soit à un étirement qui s’est effectué alternativement
sur les deux flancs du synclinal, soit à l’érosion qui a fait totalement dispa-
raître l’un de ces deux flancs, et ceci en sens ee dans la vallée et dans
la plaine de Babouche.
A l’entrée de la plaine de Babouche, sur la rive gauche de l’oued, et donc
au flanc oriental du synclinal, on observe un nouvel affleurement de minerai
sur 60%, mais l’oolithique est réduit, accompagné d’argiles, et recouvert par
des bancs de conglomérat. De là, sur 2%™ environ, on perd de nouveau toute
trace de ce minerai au flanc oriental du synclinal, dans la région où les
calcaires qui forment ce flanc s'abaissent jusqu’au niveau de la plaine; mais
bientôt les affleurements réapparaissent, et se poursuivent sans interruption,
sur plus de 2*®, Le profil de la zone à minerai au flanc oriental du synclinal,
dans la plaine de Babouche, est alors la suivante :
Au mur, calcaires de l’Éocène inférieur.
a.
b. Zone d'argiles verdâtres. ........ T ; 30240 (env.)
c. Argiles plus ou moins TER R A 12 »
d. Banc de minerai oolithique compacte... 1,5-2,5 »
ë. Çalcáire gris clair. irao n um 0,15-0,20 »
f. Limonites ocreuses ou ieden: a re 2-5 »
g- Banc de minerai oolithique .............. 3,9 »
h, Limonites 5 ockesereri ire, 1 »
i. Mince banc de calcaire. ...... . 0,15 »
k. Argiles limonitiques et argiles ina. ox 10 »
l. Argiles bariolées, rosées, gypseuses. .... 150-160 »
m.. Conglomérat miopliocène, en petits banc»
de o™,7 séparés par des formations gré-
seuses rougeâtres, formant le toit..... : 50-80 »
Ce profil se retrouve partout dans ses grandes lignes, toutefois d’épaisses
formations argileuses et limonitiques peuvent s’intercaler dans l'horizon
à minerai, de sorte que la succession des bancs du minerai oolithique est
Cirk
Dans la vallée de Mézera, le minerai se retrouve au flanc oriental du
Synclinal dès la sortie du défilé; l’affleurement se poursuit sur 200%; mais
au début, ce minerai bute par une faille contre les calcaires, puis prend
ensuite son allure ordinaire. La succession observée est la même qu’à la
plaine de Babouche.
924 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Résumant maintenant ce qui précède, nous avons établi les points prin-
cipaux suivants :
1. Le minerai oolithique sédimentaire existe en Algérie et occupe la
région synclinale de Babouche. Il est intercalé dans des formations argi-
leuses et limonitiques épaisses, développées au mur et surtout au toit, qui
sont recouvertes par des poudingues miopliocènes. L'âge du minerai est
vraisemblablement la base de l'Éocène moyen.
2. Le synclinal n’est jamais complet, l’un des deux flancs est supprimé,
et ceci alternativement sur les jambages est et ouest. Cette disposition est
le fait d’un étirement possible et même probable, combiné avec une torsion,
ou simplement résulte de l'érosion.
3. Le minerai oolithique a des caractères constants sur toute l'étendue du
synclinal.
4. Il existe une différence appréciable de faciès sur les deux flancs du
synciinal, non pas dans le minerai oolithique lui-même, mais dans les for-
mations qui l’accompagnent, et dans la disposition de ses bancs dans
celles-ci.
5. Le synclinal a été disloqué en deux endroits, le premier à la sortie de
la vallée de Babouche, le second à l’entrée de celle de Mézera.
BOTANIQUE. — Le Katoka, arbre à graines comestibles de Madagascar.
Note de M. Henni JumerLe, présentée par M. Gaston Bonnier.
L'intérêt commercial qui s’est attaché, cette année, à des graines dites
« de katoka », importées de l’ouest de Madagascar, nous a amené à
rechercher l’origine botanique de ces graines qui restait ignorée. Nous
savons aujourd'hui que l'espèce productrice est une Artocarpée que nous
considérons comme nouvelle et qui appartient au genre Treculia. Elle est
voisine, par conséquent, du Jaquier et de l'arbre à pain.
Le katoka, encore appelé par les Sakalaves tobory et stipa dans l’ouest
de Madagascar, est un arbre qui peut atteindre 30” de hauteur. Son tronc,
toujours profondément sillonné, avec des contreforts saillants et comme
ailés, est à écorce lisse et grisâtre, Les jeunes rameaux sont pubescents.
Les feuilles sont persistantes. Leur pétiole, qui présente, lorsqu'elles
sont jeunes, la même légère pubérulence que les rameaux, a de 8°" à
12™™m et est, en général, un peu plus long et moins épaissi que chez
le Treculia madagascarica du centre de Madagascar. Le limbe du katoka
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 925
est coriace, anguleux ou obtus et inéquilatéral à la base, arrondi ou aigu
au sommet, plus large dans la moitié inférieure que dans la moitié supé-
rieure. Il a, par exemple, 16° sur 5°, ou 18% sur 7, plus rarement
11° sur 4°”, et est plus oblong que celui du Treculia madagascarica, dont il se
distingue encore par la nervation plus fine et plus régulièrement réticulée
qui occupe les intervalles des nervures secondaires. Ce dernier caractère
est aussi un de ceux qui séparent le katoka du Treculia africana du conti-
nent africain, dont les feuilles, d'autre part, sont plus grandes et plus
ovales.
La floraison a lieù en octobre, et les fruits mürissent en janvier et
février.
= Les Treculia sont ordinairement considérés comme dioïques, M. Perrier
de la Bâthie admet cependant que le katoka peut être aussi monoïque. En
général, les réceptacles mâles sont sur les branches jeunes, et les récep-
tacles femelles sur les rameaux plus âgés. Les réceptacles mâles et dessé-
chés que nous avons vus avaient de 2°%,5 à 4° de longueur sur 2°% à 3m
d'épaisseur; ils sont obovales, retrécis vers la base. Aux fleurs sont inter-
calées des bractées peltées, en écusson, qui sont soudées basilairement sur
les deux tiers environ de leur longueur (alors que la soudure remonte jus-
qu'au-dessous immédiatement dé l’écusson dans le Zreculia madagascarica).
Au moment de l'épanouissement floral, ces bractées sont, pour la plupart,
largement dépassées par les fleurs, qui ont un périanthe hyalin, courtement
cCampanulé, à trois ou quatre petites dents ciliées et sont à quatre étamines
saillantes, Les réceptacles femelles ont sensiblement la même forme et
portent les mêmes écailles peltées que les réceptacles mâles, mais sont plus
gros (5°% à 6™ sur 3em à 5em, et plus), et les fleurs femelles, disposées sur
plusieurs rangs, sont enfouies entre les bractées, que les stigmates seuls
dépassent. Ces étroites lanières stigmatiques, de 5% à Jom, légèrement
papilleuses et obtuses, sarmontent, au nombre de deux pour chaque ovaire,
un Court style velu, de 3",
À la maturité, le réceptacle femelle devient un syncarpe (ou faux fruit)
sessible, assez irrégulier de forme, rappelant celui du Jaquier; il atteint
ES et plus, de diamètre, et peut peser 55 et davantage. Il est charnu et
Présente vers la surface six ou sept rangées d’akènes.
Ceux-ci sont ovoïdes, de la grosseur d’une petite noisette. Chacun con-
lient, sous un mince péricarpe ligneux, brun à sec, une graine sans
albumen et pendante, qui provient d’un ovule courbe, et qui a pour tégu-
ment une mince pellicule semblable au tégument de l’arachide. L'embryon
926 | ACADÉMIE DES SCIENCES.
est à deux cotylédons de largeur inégale, complètement repliés, leurs som-
mets, qui sont légèrement échancrés ou bilobés, se rabattant jusqu’au
niveau de la radicule ; le cotylédon le plus large enveloppe le plus étroit,
qui est en forme dose languette.
Ce Treculia, que nous nommons Treculia Perrieri, est commun dans
l’ouest de Madagascar, dans les bois humides, au dessous de 300, sur les
alluvions de toutes les rivières, depuis l’Extrème-Sud jusqu’à à l'Extrémes
Nord. Il paraît seulement manquer dans le Sambirano.
Son bois, blanc, est très bon; on en fait, sur place, des cuillers et d’autres
petits objets de ménage, tels que plats, assiettes, etc.
Les graines sont ordinairement signalées comme graines grasses et ont
été vendues comme telles à Marseille, mais il y a eu, paraît-il, quelques
déceptions. Nous n’en sommes pas surpris, car l'examen microscopique
décèle bien la présence de gouttelettes d'huile dans les cellules des cotylé-
dons, mais ces cellules sont surtout remplies de grains d’amidon. Ces graines
de freculia Perrieri sont vraisemblablement plus amylacées qu’oléagineuses.
Elles sont, au reste, comestibles, de bon goût, et, à Madagascar, sont man-
gées par les indigènes, La production de l'arbre équivaudrait à peu près à
celle du Jaquier, dont les graines, on le sait, sont également alimentaires.
BOTANIQUE. — Le méristème terminal de la tige et sa division en régions.
Note de M. H. Bouveues, présentée par M. Gaston Bonnier.
On sait que la seule distinction qu’on puisse établir dans le sommet de la
tige des plantes phanérogames est celle d’un épiderme recouvrant un
méristème général homogène et primitif (').
Mais au fur et à mesure qu’on s'éloigne du sommet, cette homogénéité
disparait de plus en plus. De sorte que, à une certaine distance du point
végétatif, le méristème général se trouve divisé en deux régions : l’une,
interne, ou méristème prévasculaire ; ; l’autre, externe, ou méristème corti-
cal, qui entoure complètement la première.
Or ces mêmes faits se retrouvent encore dans la tige des Cryptogames
vasculaires, que celle-ci soit souterraine ou aérienne.
Aussi peut-on dire is les plantes vasculaires, en général, ne possèdent
d'écorce iepenet qu’à partir du moment où le méristème prévasculaire
D E
(*) H. Bouvycues, Apparition des tissus et des régions dans le sommet de la tige
de Phanérogames (Comptes rendus, t. 162, 1916, p. 395).
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 927
l’est lui-même au sein du méristème général. L'existence et l’étendue du
méristème cortical sont étroitement liées à celles du méristème prévascu-
laire. En outre, ces deux régions se séparent nettement l’une de l’autré
d’une manière fort simple. En effet, l’activité de cloisonnement se ralentit
dans les éléments du méristème cortical, tandis qu’elle se maintient plus
rapide dans les éléments du méristème prévasculaire. Il s'ensuit que les
éléments de la première région sont plus grands que ceux de la deuxième.
Et comme cette différence de calibre se fait sans transition aucune, il en
résulte une séparation naturelle entre les deux régions. C'est la seule qui
existe vraiment, à l’origine même, et de laquelle on ne peut douter puis-
qu'elle est nettement visible.
Toutefois, au fur et à mesure qu’on s'éloigne du point végétatif, il appa-
raît, surtout dans le méristème prévasculaire, des modifications impor-
tantes dont l’ensemble modifie plus ou moins la netteté primitive de cette
limite naturelle.
Dans toutes les tiges, en Tai dont le système libéro-ligneux est continu,
cette netteté se maintient bien; mais, par contre, dans celles où le système
est discontinu, cette limite est parfois difficile, sinon impossible à retrouver :
les éléments de l'écorce étant le plus souvent, dans ce cas, ape a à ceux-
des rayons médullaires.
Toutefois, malgré cette incertitude, il nous paraît normal, à la suite de
nos Paleret de considérer comme formant l'écorce, dans une tige à
l’état dit primaire, l'ensemble des tissus immédiatement situés à l’extérieur
du système libéro-ligneux.
Ainsi conçue, l’écorce adulte reste ce qu’elle est dans son très jeune âge,
c'est-à-dire un reliquat du méristème général non différencié en méris-
tème prévasculaire, entourant complètement et toujours celui-ci, quelles
que soient les modifications qui s’y produisent dans la suite et restant en
connexion étroite avec lui.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Évaporomètres et mouvement des fluides au travers
des membranes. Note de M. Pirrre Lesace, présentée par M. Gaston
Bonnier.
Comme suite aux expériences dont j'ai parlé antérieurement (')je me pro-
pose d'en signaler de nouvelles dans lesquelles j'ai employé des évaporo-
(') Pierre Lesar, Expériences utilisables en physiologie végétale sur l'osmose et
sur l'aspiration due à l'évaporation (Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 358).
—
i
928 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mètres d’une forme particulière. Chaque évaporomètre est un appareil
Askenasy où le gâteau de plâtre est remplacé par une membrane ou bien
encore c’est un osmomètre de Dutrochet retourné. Il comprend deux parties :
A, une petite cloche avec douille et à bords rabattus à angle droit, sa partie
large est fermée par une membrane d’acétocellulose imprégnant une toile
servant de support, sa douille reçoit un bouchon avec tube étroit, long ou
court suivant les besoins de l’expérience, droit ou courbe suivant qu'on veut
avoir une dépression ou une pression sur la membrane; B, un récipient
contenant de l’eau, une solution ou du mercure et de l’eau, le tout recouvert
d’une légère couche d'huile au moment voulu.
Avec de l’eau pure ou une solution, on remplit A qu’on renverse sur B et
l’on assujettit le tout pour en faire un ensemble portatif afin de pouvoir le
peser de temps en temps. L'évaporation se fait uniquement par la
membrane, on peut la suivre par des pesées P,, P,, ..., P,, ..., P, faites
ue pe
La po: Un
P m
à des temps £,, la; ...; Um, +++; În €t acquérir des notions de vitesse par
Les évaporomètres ainsi construits peuvent se prêter à des essais succes-
sifs avec un seul appareil ou à des essais simultanés avec plusieurs. Ces
méthodes présentent des inconvénients toutes les deux. Avec le mode suc-
cessif il faut tenir compte de la température qui varie, de l’état bygromé-
trique de l’atmosphère et de tout ce qui peut le modifier; il y a lieu, aussi,
de dire que la membrane elle-même se modifie à la longue et, par là, intro-
duit des perturbations dont je me suis rendu compte. Avec le mode simul-
taire, la comparaison de plusieurs évaporomètres est plus avantageuse, mais
elle n’est pas exempte de causes d’erreur; d’abord, il y a les différences
individuelles entre les diverses membranes employées, différences dans la
structure, il y a aussi différences dans la région d'évaporation, région qui
n’est pas rigoureusement localisée à la section de la cloche, comme j'ai pu le
vérifier en vaselinant les côtés de l’ajustage de la membrane et constatant
que, dans ce cas, l'évaporation était plus faible que lorsqu'on ne les avait
pas vaselinés.
En somme, ces appareils sont loin d’être parfaits; malgré cela, ils m'ont
permis de faire des comparaisons utiles, d'observer des faits qui pourront
servir tels quels ou repris avec plus de soin, avec plus de détails. Voici
quelques-uns de ces faits.
= En employant les filtrats des macérations de trois plantes (108 de feuilles
dans 500 d’eau) et de l’eau de source comme témoin, j'ai suivi l’évapo-
ration pendant 27 jours par des pesées journalières et j’ai construit plusieurs
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 929
8]
P me } n
groupes de courbes des vitesses d’évaporation (= ) en prenant les
n—lm,
temps pour abscisses et les pertes de poids pour ordonnées et variant 4, — tm
Pour ?, — im égal à 48 heures ou 72 heures, les courbes forment un ensemble
- très facile à lire. La vitesse d’évaporation est, comme il fallait s’y attendre,
plus grande avec l’eau qu'avec les filtrats; mais toutes les courbes sont
assez sensiblement parallèles entre elles et parallèles à celle de l’eau, moins
une qui s'incline un peu plus fortement. Cette vitesse diminue assez rapi-
dement pendant les cinq premiers jours sans qu’on puisse l’attribuer à la
température qui se maintient sensiblement égale; puis la diminution se
fait plus lentement jusque vers le quinzième jour, après quoi la vitesse
paraît se stabiliser, suivant seulement les légères variations de la tempé-
rature.
Pour expliquer la diminution du début on ne peut invoquer la concentra-
tion croissante des liqueurs, car la variation du volume total du liquide est
trop faible, cette diminution se fait même pour l’eau et, d’autre part, elle
aurait dû se continuer et s’exagérer dans la seconde moitié de l'expérience,
ce qui ne s’est pas produit. Cette explication doit se trouver dans la mem-
brane qui se modifie et présente, comme je l'ai observé au microscope, des
coupes transversales qui sont bien intéressantes à étudier et sur lesquelles
je reviendrai plus tard.
En ce qui concerne la concentration, j'avais fait, au début, trois liqueurs
diluées dans les rapports de 1 à 2 et à 4; les courbes indiquent bien que
l'évaporation est plus faible pour les plus fortes concentrations; mais la
vitesse ne parait pas croître proportionnellement avec la dilution.
. Les mêmes observations ont été faites avec le saccharose et le glucose pour
des solutions à 1 molécule-gramme au litre, à $, à + de molécule-gramme.
Un autre ordre de faits aussi curieux s’est présenté avec une atmosphère
limitée dans A et séparant l’eau de la membrane évaporante. Si l’air est
introduit dès le début de l'expérience, même sur une longueur de 20"",
l'évaporation se continue avec une vitesse comparable à celle qu’elle avait
quand l’eau touchait la membrane; mais si l’air est introduit au travers de
la membrane par aspiration due à une assez forte dépression dans À, il y a
bien encore évaporation, mais la vitesse est rapidement diminuée. Das le
deuxième cas, la structure de la membrane a subi des modifications qui ne
se produisent pas ou ne se produisent que lentement et tardivement dans le
premier cas,
(>r)
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 19.) 9
930 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Au sujet de cette aspiration, j ai déjà indiqué (') que À étant renversé
sur B contenant du mercure, il y avait eu aspiration du mercure sur une
longueur de 220"" quand j’ai arrêté une-expérience dans laquelle le mer-
cure aurait peut-être pu être soulevé à une plus grande hauteur. Nous
concevons par ce qui vient d'être dit, qu'il y a une limite à laquelle de l'air
entre dans A. D'ailleurs, dans le même appareil, on peut voir le mercure
aspiré, puis la colonne s'affaisser en même temps que de l’air a pénétré par
la membrane, puis le mercure remonter et s’affaisser à nouveau, un certain
nombre de fois. I] y aura lieu, plus tard, de rappeler ces oscillations plus ou
moins brusques dans la période d’affaissement. Retenons que sous l'in-
fluence d’une dépression suffisante, l'évaporation diminue.
J'ai vérifié l'inverse en disposant l’évaporomètre de manière à provoquer
une pression sur Ja membrane; dans ces conditions la vitesse d’évaporation
est accélérée.
Ces rapports entre l’évaporation, la pression, la dépression peuvent
trouver leur utilisation dans l’étude de la transpiration et du mouvement
des fluides dans les plantes.
CHIMIE BIOLOGIQUE, — Sur le brome et le chlore existant normalement dans
les tissus animaux. Note de M. A. Damiexs, présentée par M. Guignard.
Dans une Note précédente (°), nous avons indiqué une méthode de
dosage du brome, à l’état de traces, dans les matières organiques. Cette
méthode, très sensible et très sûre, appliquée à différentes substances, a
permis d'y déceler le brome dans les proportions suivantes :
Colon Didrophile, -a a eo de 5. 0,40 pour 100$
Sre de AIT. p ous unis rotin ni 0,30 »
Charbon dé bofs. noe is ad et ion es 1,00 »
Urée de commerce dite pure. es sorcier cu: 0,60 »
Étant donnée la certitude que nous avions de l'absence de brome dans
nos réactifs, nous avons dù ne considérer comme possible l'application de
notre miihiode qu'après l’avoir appliquée à des substances donnant des
résultats rigoureusement négatifs. En faisant des cristallisations répétées
d’urée dans | “alcool, nous avons obtenu ce > produit dans un état de pureté
in S E E E
(1) Loç. cit.
(?) A. Damiens, Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 799.
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 931
répondant à nos besoins. Nous avons alors examiné les organes de différents
animaux. Voici quelques-uns des chiffres obtenus :
Milligrammes
pour 1005 d'organes frais. Rapport :
OO EE DE
Organe. Iode (!). Brome. Chlore. CI
| Sang défibriné..... o oae: 396 0,00132.
San 2. Poumons -1.0 o 0,42 348 0,00120-
| Glandes surrénales. © 0,13 105. 0,00122
Poumons 5 0 0,40 ZIO 0,00190
FTrachée sie Aro 0,20 80 0,00250
Pois, Her. o 0,25 110 0,00227
Reins: sc is o 0,40 210 0,00190
Rte... CS o 0,41 200 0,00205
ne E o 0,16 160 0,001
Mascle o a o 0,10 59 0,00181
Chien (3) n° 1 | Cerveau........... o expérience perdue
(de 28k8) GCervelet..,:.,... ; 0,20 130° 0,00154
tué par saignée | Bulbe............. » insensible (3) 100 »
à la carotide. | Glande thyroïde.... 32,2 insensible (°) non dosé LE
landes surrénales. o insensible (°) 220 »
Festicuies 7... » = 0,93 220 0,00241
Sang total.: o dus 270 0,00155
Serum: o a es o “0,60 T 390 0,00153
Globules der do 0,90 250 0,00200
Urine. in aa 0 0,09 "36 0,00140
Brie sn route o 0,08 40 0,00200
Milligrammes
Poids pour 100* d'organes frais.
À S noa
Organe. organes. lode. . Brome. Chlore.
Chien de 10ks (piqüre du bulbe). Glande thyroïde... 1,22 8,2 Insensible 200
: 2 » » + 0,81 Da 7. 220
» dë Ss 100 ao . so Gas a #0
» de 9%, 300 » » (ie 1,208 fS » 200
nn omis 2 2 2
F
(!) La recherche de l’iode n'est faite que pour confirmer celle du brome. Les
résultats ne doivent pas être rapportés à la matière organique primitive.
(*) Ce chien a été sacrifié par les soins de M. le Professeur Mayer, qui a bien “al
en prélever les organes. Nous le prions de recevoir nos vifs remerciements,
(*) Le faible poids de matière traitée permet de croire que la recherche dépasse la
limite de sensibilité de la méthode.
932 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Milligrammes 5
pour 1008 d'organes fraïs. : Rapporti
— — Br,
Organe. Iode. Brome. Chlore. CI
begin POURORSS, ic. o 0,54 189 0,00453
L'PODRONS -nean » 0,90 » »
Géster inf... » 0,20 » SE
Gester E2: oo o. » 0,30 » »
Perdreaux n° 1 et 2.. / Contenu gésier n°1... » 0,40 » »
» zo a » 0,30 » »
Contenu intestin n° 1. » 0,40 » »
| » » n° 2. » 0,39 » »
| Pou mons.. 5.2 users » 0,10 » »
Paul it roc: Lun) ist esse » 0,10 » »
| Foïe ot reins... anno » 0,0) » »
Ecb o oasa o 0,70 908 0,00082
| AE E pari ass O 0,30 756 0,00039
Hommes ns 1 à 5..... D RE CR 7 Re o 0;45 671 o, 00067
W Pot ton o 0,59 823. o,00072
s aa. o 0,09 879 0 ,00068
Mounie në 6, mori par | Ar PR ee o 0,20 240 0,00083
HE CPOE So es dr von ». 0,18 165 0,00109
SUE o eaa Rein 3 x o oi
(REMA nos » 0,2: 170 ; 7
o tin
tn he mi Poumons brie o 0,28 244 0,00114
taire Eoee es one » 0,37 207 0,00177
o H , i ÿ n
resto ai POUSSE o 0,14 230 ‘ 0,00061
Ces essais faits sur des organes d'hommes et d'animaux normaux dé-
montrent que :
1° La présence du brome est constante tte tous les organes examinés,
sauf lorsque les quantités d'organes traités sont assez faibles pour que
les proportions de brome attendues dépassent la limite de sensibilité de la
méthode ;
2° Le rapport du brome au chlore, dans les organes d’un animal donné,
peut être considéré comme sensiblement constant, aux erreurs d'expérience
près. Pour le bœuf, dont on a analysé trois organes, la moyenne du rapport
est o/oo123. Pour le chien n° 1, 0,00184. Pour un autre chien dont nous
avons de même analysé vingt organes, la moyenne est 0,00156. Pour
l’homme n° 6, la moyenne est 0,00113; pour le n° 7, 0,00145.
Les chiffres trouvés pour les différents organes ne s’écartent pas en
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 933
général dela moyenne, d’une quantité supérieure à l’erreur qui s'attache
au dosage colorimétrique. Cette erreur varie de 10 à 5o pour 100 suivant
la quantité de brome trouvée.
Plusieurs auteurs ont supposé que la glande thyroïde renfermait beaucoup
de brome, à côté de la forte proportion d'iode que l’on sait s'y trouver.
Nos essais faits sur les organes de cinq chiens ont montré qu’il ne se produit
aucune accumulation de brome parallèle à celle de l'iode.
La présence constante du brome normal dans les organes animaux peut
donc être considérée comme rigoureusement démontrée. Nos expériences
ne nous ont pas conduit à trouver, dans les tissus examinés, que cetélément
ait, pour l’un d’entre eux, une affinité qui ne soit parallèle à celle du chlore.
ENTOMOLOGIE. — Variation dans le nombre des fibres des muscles vibrateurs
longitudinaux chez Chersodromia hirta Walk. Perte de la faculté du vol.
Note de M. L. Mercier, présentée par M. E.-L. Bouvier.
Chersodromia hirta Walk est un petit Diptère (3% à 4™™ de long) de la
famille des Empidæ relativement commun en certains points des côtes nor-
mande et bretonne; on le trouve à la limite qu'’atteint le flot, sous les
paquets d’Algues rejetés par la mer. Bien que cet Insecte possède des ailes
parfaitement développées et en apparence propres au vol, on ne le voit
Jamais volant à la surface des Algues en décomposition comme le font, par
exemple, Fucellia maritima Hall., Cælopa frigida Fall., ete. D'ailleurs, le
vol parait avoir si peu d'importance pour Chersodromia, qu’il n’est pas rare
de rencontrer des individus ne possédant plus, les uns qu’une seule aile, les
autres deux courts moignons alaires, les ailes ayant été rongées par un
Acarien. Rien ne distingue, dans la fuite, ces amputés, de la majorité de
leurs congénères; ce n’est qu'après capture que l’on se rend compte de leur
infirmité.
Cependant, lorsqu'on soulève les paquets d’Algues, on constate que, si
beaucoup de Chersodromia hirta fuient avec rapidité à l’aide de leurs
longues pattes agiles, sans chercher à faire usage des ailes, certains indi-
vidus s'échappent par un vol très court. Toutes les Chersodromia n’ont donc
pas perdu la faculté de voler. Or, ainsi que je m'en suis rendu compte, les
individus qui ne volent pas ont les ailes aussi développées que ceux qui
volent. La perte de la faculté du vol n’est donc pas consécutive à la réduc-
tion de la surface alaire. En présence de cette constatation, j'ai entrepris
’
934 “ ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'étude des muscles moteurs du vol; et, dans la présente Note, je me pro-
pose d’exposer les résultats de mes recherches sur les muscles vibrateurs
longitudinaux.
Chez Chersodromia hirta, les muscles vibrateurs longitudinaux sont au
nombre d’une paire et chaque muscle est composé, ainsi d’ailleurs que chez
beaucoup d’autres Empidæ, d'un nombre relativement considérable de
fibres. Mais, comme le montre le Tableau suivant, le nombre des fibres est
susceptible de varier, suivant les individus, du simple au double.
En effet, sur 12 Chersodromia examinées, j'en ai compté :
Avec 57 fibres musculaires au total...:.,......., i
» 55 » Du E TE ere ue Un Tee 0 à I
» 54 » RU dd prions 1
08 » M a E iuues I
» 46 » JT ET E E E E E O A E ee I
» 1 » M es ne e 2
» 40 » RÉ RE RE SET I z
» 39 » M hat nn ous didun I
» J3 -» PRE CORTE Re dia dr et sure 2
» 29 » PE ne aies E RC iEE I
Je note de suite que cette variation est indépendante du sexe, car j'ai
constaté l'existence de femelles à 57 et 35 fibres, aussi bien qoe celle de
måles à 53 et à 35.
A ma connaissance, jamais pareille variation n’a été signalée dans le
nombre des fibres composant les muscles vibrateurs lougitudinaux chez
les Insectes appartenant à des espèces qui volent normalement.
Au contraire, il semble bien que, chez ceux-ci, le nombre des fibres mus-
culaires est sensiblement constant pour une même espèce. En effet, et ainsi
que Pérez (') (1910) l’a constaté chez Calliphora erythrocephala Mg., le
morcellement des masses syncytiales larvaires, à la suite duquel se forment
les fibres de adulte, n’est pas laissé au od: « il se réalise toujours sui-
vant un mème plan et aboutit toujours à la constitution du même nombre
de massifs semblablement disposés ».
Lorsqu'une variation a été constatée, elle est très faible, ainsi d’ailleurs
qu'il ressort des numérations faites par (2) (1907) chez des reines de
nt
(1) Cu. Pérez, Recherches histologiques sur la métamorphose des Muscides. Calli-
phora erythrocephela Mg. (Arch. Zool. eæp:, 9° Série, t. p, 1010; p. 1)
(?) Cu. Janet, Anatomie du corselet et histolyse des muscles vibrateurs, après le `
vol nuptial, chez la reine de la Fourmi (Lasius niger). Limoges, Ducourtieux et Gout,
1910.
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 935
Myrmica rubra ei de Lasius niger; chez les premières le nombre des fibres
est compris entre 32 et 36, chez les secondes entre 56 et 64. -
Enfin, quel que soit eds nombre, les fibres des muscles vibrateurs nés
tudinaux de C. Airta sont striées et par suite fonctionnelles. Par conséquent,
si des individus ne volent plus, c’est vraisemblablement parce que leurs
muscles vibrateurs n’ont plus une puissance suffisante pour permettre
le vol.
On peut donc conclure à une relation de cause à effet entre le nombre des
fibres musculaires et le degré d’aptitude au vol.
J'ai constaté chez un exemplaire de C. Airta une curieuse anomalie qui
laisse supposer que la variation présentée par les muscles vibrateurs longi-
tudinaux peut être plus importante encore. Chez cet individu, le muscle
gauche était normalement constitué et présentait 21 fibres, alors que le
muscle droit était presque totalement disparu. Son emplacement était
occupé par une énorme vésicule trachéenne et sept fibres musculaires
seulement s'étaient développées.
Que cette disposition qui, jusqu’à présent, nous apparaît comme une ano-
malie, soit symétrique, et nous trouverons réalisé chez C. Airta le
dispositif existant chez la Nepe cendrée et étudiée par Ferrière (1913) et
Brocher (1916) ('). On sait, en effet, que cet Hémiptère ne vole pas, bien
qu'il ait des ailes, car les muscles du vol sont atrophiés et remplacés par
des trachées.
Un dernier point reste à envisager : c’est la recherche du déterminisme
de la variation du nombre des fibres des muscles vibrateurs longitudinaux.
TI est difficile d'admettre (après les arguments apportés par Cuénot dans
son Livre sur La Genese des Espèces animales, p. 457) que cette variation,
corrélative de la perte de la faculté du vol, est uniquement due, selon
l'interprétation darwinienne, à une action de sélection naturelle combinée
avec le défaut d'usage.
Par contre, il est D oesible que les quelques chiffres donnés précé-
demment suggèrent l’idée d’une variation continue. Mais le tableau de ces
chiffres peut aussi bien traduire une mutation oscillante, une mutation
infixable, une suite de mutations discontinues échelonnées, qu’une fluc-
tuation. Nous savons, en effet, que certains facteurs du milieu extérieur
Ses de Dewitz) sont susceptibles d'entraver le développement
ni
sn Dans, La Nèpe cendrée (Arch, Zool. exp., t. 55, 1916, p: 483).
936 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d’ébauches imaginales et de déterminer, par suite, l’atrophie des organes
correspondants chez l’adulte. |
Il pourrait donc se faire que les Chersodromia à nombre de fibres muscu-
laires réduit proviennent, par exemple, de larves mal nourries. Cependant,
dans l’absence de données plus complètes et surtout d’expérimentation, il
ne faut pas se hâter de conclure et d'admettre l’action d’un facteur du
milieu extérieur là où il existe peut-être un phénomène de l’ordre d’une
mutation.
Quoi qu'il en soit, et dès à présent, C. Airta nous apparaît, en ce qui
concerne les muscles vibrateurs longitudinaux, comme une espèce en
pleine variation, et il est possible de comprendre pourquoi certains indi-
vidus volent alors que d’autres ne volent pas bien que, dans les deux cas,
les ailes soient également développées.
EMBRYOGÉNIE. — Sur l’organogenése dans les blastozoïtes de Perophora.
Note de MM. Cu. Juris et A. Roserr, présentée par M. Henneguy.
A notre connaissance, les dernières publications importantes qui ont
traité de l’organogenèse dans les blastozoïites de Perophora sont celles de
Ritter (1896), Hjort (1896) et Lefèvre (1898). Étant donné qu’elles ne
sont pas concordantes sur toutes les questions, nous avons estimé qu'il
serait utile de nouslivrer à de nouvelles observations. Nos matériaux d'étude
ont été recueillis à diverses époques au laboratoire de Roscoff et se rappor-
tent à Perophora Listert.
Ritter admet que la vésicule interne ou endoblastique du bourgeon
dérive de la cloison stoloniale et qu’à ses dépens se forment le sac branchial
et les sacs péribranchiaux, ainsi que le tube digestif, d’une façon essentiel-
lement semblable à celle dont se développent ces organes dans tous les
autres bourgeons d’Ascidies. L’ébauche cardio-péricardique procède de la
paroi de la vésicule interne, bien que, selon lui, il reste quelque doute sur
la question de savoir si elle ne résulte pas d’une agrégation de cellules du
mésenchyme, ces dernières provenant probablement, en dernière analyse,
de l’endoderme. L’ébauche commune au ganglion nerveux et à la glande
neurale ou hypophyse (c’est-à-dire le tube dorsal de Hjort) aurait pour
origine primitive, d’après Ritter, une évagination de la paroi de la vésicule
interne, mais ce mode d’origine primitif serait, dans la plupart des cas,
SÉANCE. DU 8 NOVEMBRE 1920. - 937
remplacé par une migration de cellules, ainsi que cet auteur l’admet pour
l'organe cardio- péricardique.
Hjort, en ce qui concerne le dgveloppeiieii de la cavité péribranchiale,
se rallie à l’opinion plus ancienne de Kowalevsky, d’après laquelle la vėsi-
cule interne se diviserait en trois cavités, l’une axiale, donnant naissance
au sac branchial et au tube digestif; les deux autres, latérales par rapport à
la première, devenant les deux cavités péribranchiales : celles-ci s'unissent
secondairement à leur extrémité dorsale pour donner lieu à la formation du
cloaque. Au sujet de la formation du tube dorsal, Hjort admet également
les observations de Kowalevsky d’après lesquelles cet organe naïîtrait
comme un épaississement de la paroi dorsale de la vésicule interne. Quant
l'ébauche cardio-péricardique, toujours conformément à l'opinion de
Kowalevsky, elle dériverait d’une accumulation de cellules appliquées
contre la paroi de la vésicule interne. En raison de cette juxtaposition et de
l'aspect de ces éléments cellulaires, très semblable à celui des cellules de
la vésicule, il admet par hypothèse que ces éléments proviennent de la
vésicule interne.
Enfin Lefèvre, qui a eu le mérite de bien établir la situation du bourgeon
par rapport au tube stolonial sur lequel il est placé, admet que la cavité
péribranchiale se forme aux dépens de la vésicule interne par deux replis
latéraux, s’accroissant d’avant en arrière. Ces replis amènent la subdivision
de la vésicule en deux cavités, dont l’une, axiale, devient la cavité bran-
chiale et dont l’autre est dorso-latérale. Les parties latérales de cette der-
nière deviennent les deux cavités péribranchiales, et la partie dorsale qui les
fait communiquer entre elles constitue le cloaque. Celui-ci n’est donc pas,
comme le pensaient Kowalevsky et Hjort, une formation secondaire, résul-
tant de la fusion des deux extrémités dorsales des sacs péribranchiaux.
Nous pouvons confirmer cette manière de voir de Lefèvre, concernant le
mode de formation des cavités péribranchiales et du cloaque.
Quant au tube digestif, tous nos prédécesseurs sont d'accord pour
admettre qu’il procède d’une évagination de l'extrémité inférieure de
l’ébauche du sac branchial. Cette évagination s’allonge en tube, qui se diffé-
rencie en œsophage, estomac, pylore et glande pylorique, intestin et décrit
dans son ensemble une anse dont l'extrémité terminale vient secondaire-
ment s'ouvrir dans le cloaque sur la ligne médiane. Nous re pouvons que
confirmer ce mode de formation du tube digestif.
Pour ce qui regarde l’origine de l’organe cardio-péricardique, nous
sommes en désaccord avec Lefèvre. La première ébauche de cet organe ne
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N°19.) | 2.
b
938 ACADÉMIE DES SCIENCES.
procède nullement, comme il le prétend, d’un amas de cellules mésenchy-
mateuses appliquées contre la paroi latérale droite de la vésicule interne;
mais, conformément à l'hypothèse de Kowalevsky, nos préparations dė-
montrent à l'évidence que cette ébauche est le produit d’une prolifération
cellulaire intense de la partie correspondante de l’épithélium de la vésicule
interne. Cet épaississement, de forme ovalaire, est oblique dorso-ventrale-
ment et d'avant en arrière. Ses éléments épithéliaux se groupent en deux
assises, laissant apparaître entre‘elles une fine fente, qui est la future cavité.
péricardique. Plus tard, il apparaît une autre fente entre l’épithélium de la
vésicule interne et la paroi adjacente de l’ébauche cardio-péricardique.
Cette paroi reste formée. par une assise de cellules cubiques qui devient la
paroi cardiaque, tandis que l’autre paroi (externe) s'amincit et devient le
péricarde.
Reste la formation du tube dorsal. D’après Lefèvre, cette ébauche a la
même origine que l'organe cardio-péricardique, en ce sens qu’elle procède
également d’une accumulation de cellules sanguines sur la face dorsale de
la vésicule interne. D’après nos observations cette ébauche provient nette-
ment d’une prolifération localisée de l’épithélium de la vésicule interne,
ainsi que Kowalevsky l'avait soutenu.
Après qu’elle a formé un cordon longitudinal assez épais, il y apparaît
une lumière qui lui donne l’aspect d’un tube, effilé et fermé vers son
extrémité postérieure ou cloacale. Ce canal s'ouvre par son extrémité orale
dans la cavité branchiale. Son plancher, resté à l’état d’épithélum
cubique simple, devient la paroi du conduit excréteur de la glande neurale,
pendant que sa voûte s’épaissit par multiplication de ses cellules et se trans-
forme en le ganglion nerveux.
Les ébauches génitales se forment selon le procédé décrit par Van
Beneden et Julin et qui a, du reste, été confirmé par divers auteurs chez
toutes les espèces étudiées d’Ascidies simples, sociales et composées.
Ainsi, tandis que chez l’oozoïte l’épiblaste donne naissance à l’'ébauche
du système nerveux central ainsi qu'aux cavités péribranchiales et cloacale,
le mésoblaste aux organes génitaux et l’hypoblaste enfin, à la paroi épi
théliale du sac branchial et du tube digestif, nous voyons que chez le
blastozoïte, si l’on fait abstraction des ‘glandes génitales, tous les autres
organes : parois des cavités branchiale, péribranchiales et cloacale, tube
dorsal (comprenant le système nerveux central et la glande neurale),
organe cardio-péricardique et tube digestif proviennent de la paroi de la
vésicule interne. De toute façon et quelle que soit l’origine de la cloison
SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1920. 939
stoloniale et de la vésicule interne qui en dérive, qu’elle soit épiblastique
ou endoblastique (cette origine semblant n’être pas la même dans toutes les
formes d’Ascidies bourgeonnantes), la théorie des feuillets germinatifs,
qui se vérifie d’une manière générale dans l’embryogenèse, ne se confirme
pas en ce qui concerne le développement blastogénétique. Cette question a
été très bien discutée par Hjort dont nous adoptons les conclusions. Tout
s'explique si l’on admet que le développement blastogénétique n’est pas un
processus embryogeaigue, mais bien un processus de régénération. Cette
réflexion finale n’est pas faite pour sauver la théorie des feuillets qui,
comme toutes les théories scientifiques, n’est qu'approximative.
HYGIÈNE. — A} propos de la Note de M. Louis Besson : « Relation entre les
éléments météorologiques et le nombre des décès par maladies inflammatoires
des organes de la respiration, à Paris » (*). Note de M. Tu. Toumasiva.
L'examen des résultats obtenus a conduit l’auteur à affirmer que : « En
particulier, l'humidité n’a qu’une importance pour ainsi dire de second
ordre, car elle est sous la dépendance de la direction du vent. Et comme
les vents de NNE à E, les plus défavorables, sont aussi les plus secs, la
statistique indique qu'en moyenne une diminution de l’humidité est suivie
d'une augmentation du nombre des décès, résultat qui ne justifie pas la
bonne réputation du petit froid sec ». La gravité de cette conclusion, si net-
tement contraire à l’opinion généralement admise, a attiré notre attention
et nous a amené à rechercher s’il n’y avait pas là une cause d’erreur ayant
passé inaperçue.
En relisant la Note nous avons pu l’établir, elle se trouve dans le fait,
que la méthode statistique adoptée ne tient pas compte de la durée =
maladies, donc de l'époque précise de leur manifestation.
_ Pour éviter cette cause d'erreur l’auteur devra compléter son travail par
une statistique des malades qui entrent immédiatement dans les ROpHaux,
Les autres, pouvant être traités chez eux et transportés dans la suite à
l'hôpital, ne doivent pas entrer dans la statistique. La date de leur décès
étant trop éloignée de celle de l’origine de leur maladie, ne peut que fausser
le calcul. En effet, les maladies des organes de la respiration donnent lieu
très souvent à des convalisodhoii très longues, où les rechutes sont toujours
(') Comptes rendus, t. T714, 1920, p. 686.
940 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à craindre. En tout cas les conditions météorologiques de la semaine où les
décès ont lieu, n’ont rien à voir avec celles qui ont favorisé la manifestation
de la maladie. On voit que les résultats, quels qu’ils soient, d’une statis-
tique basée uniquement sur le nombre et sur l’époque des décès, n'autorise
pas les conclusions de l’auteur.
A 17 heures, l’Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 18 heures 15.
É. P..
ERRATA.
(Séance du 12 janvier 1920.)
Note de M. Léon Pomey, Sur les nombres de Fermát :
Page 100, théorème V, au lieu de
Fo
M ? +1=o (mod M),
lire
re
M= ? +1=0 murs
(Séance du 4 octobre 1920.)
Note de M. 4. Lacroix, Sur une série de roches syénitiques alcalines
potassiques à minéraux sodiques de Madagascar :
Pages 597 à 599 (passim), au lieu de torindrikite, lire torendrikite, F
Page 597, ligne 2 en remontant, au lieu de d’Itorendrika, lire de Torendrika.
Page 599, ligne 1, au lieu de mélonite, lire mélanite.
Page 599, Fableen. colonne e, au. lieu de 18,92 et 1,07, lire P et 1,095
colonne À, au lieu de 56,48, lire 56,42.
Page 600, colonnes j et l, au lieu de 5,09 et 0,54, lire 7,06 et o,48; note (*), au
` lieu de Mn O 0 ,20, lire MnO 0,21.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
‘SÉANCE DU LUNDI 15 NOVEMBRE 19920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
e ;
M. le Présinevr adresse les félicitations de l’Académie à M. Ch.-Ed.
Guillaume qui vient de recevoir le prix Nobel de Physique.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Les gaz rares des gaz naturels d’Alsace-Lorraine.
Note (') de MM. Cuanres Moureu et Anorrne Lepare.
lL. Au cours de l'étude systématique des mélanges gazeux naturels, que
nous poursuivons sous les auspices de la Commission de l’'Hélium, nommée
par M. le Ministre de la Marine, en juin 1919, nous avons cu l’occasion
d'examiner quelques gaz naturels d’Alsace-Lorraine qui offrent une très
grande variété d’origine et de composition.
Nos expériences ont porté sur cinq gaz des mines de pétrole de Péchel-
bronn (Bas-Rhin), un gaz des mines de potasse de Wittelsheim ( Haut-
Rhin), un grisou des mines de houille de Sarre-et-Moselle (Moselle) et
deux gaz spontanés de sources minérales, dont l’un, très riche en azote
(Niederbronn, Bas-Rhin) et l’autre, très riche en anhydride carbonique
(Soulzmatt, Haut-Rhin). l
Pour chacun de ces gaz, nous nous sommes surtout attachés à l'étude de
l'azote brut (azote + gaz rares).
2. Les échantillons ont été recueillis par M. Lepape lui-même (*), par déplacement
9 a « 4 A ; # hg
d’eau, dans des flacons de verre (750%) et à l'abri rigoureux du contact de l'air (3).
TT. nr SA UE
(°) Séance du 2 novembre 1920.
(°) Sauf un gaz des mines de pétrole de Péchelbronn (sondage n° 2183), qui nous
a été envoyé par M. P. de Chambrier, directeur,
(°) Aux mines de potasse de Wittelsheim, les dégagements gazeux, souvent très
C. R., 1920,2° Semestre. (T. 171, N° 20.) i Tyr
942 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Chaque gaz a été traité, en principe, suivant les méthodes analytiques que nous
avons fait connaître (!} et qui ont pour but de déterminer, successivement, l’anhy-
dride carbonique, l'oxygène, les gaz combustibles (en bloc), l'azote, les gaz rares
légers (hélium + néon) et les gaz rares lourds (argon + krypton + xénon).
COMPOSITION CENTÉSIMALE, EN VOEUMES, DE QUELQUES GAZ NÂTURELS D'ALSACE-LORRAINE.
Gaz rares
Date Anhydride Gazcom- Argon
; du sari bustibles en bloc. +traces de
Origine. prélèvement. bonique. Oxygène. (en bloc). Azote. Kr et Xe.
I. Mines de pétrole de Péchelbronn.
1. Puits n°1 (soufflard). 2-8-1919 traces néant 98,40 1,90 0,040 ee
3, Sondage n° 457....... 2-8-1919 1,49 néant 89,29 9,09 0,169 0,194
3. » LI LS re 1-8-1919 faiblestr. néant 98,98 1.00 0,020 0,017
h. » HES 18-5-1920 0,5I néant 08.10 1,36 0#023 0,019
J: » 1265 (source
therm.)(?). 1-8-1919 26,05 néant 6,37 - 65, 1,87 0498
: s I. Mines de potasse de Wittelsheim.
&. Fosse Théodore... 6-8-1919 0,60 néant 96,67 2,69 0,038 0,029
HI. Mines de houille de Sarre-et-Moselle.
7. Puits n° V (soufflard), 5-8-1919 0,67 néant 99.26 1,047 0,018 0,0199
i IV. Sources minérales, ;
8. Niederbronn......... 3-8-1919 5,16 néant néant 62,15 2,09 1,91
9. Soulzmatt (source Com- :
wakale): oonan 5-8-1919 96,16 0,12 non rech. 3,71 o,011 0,0104
\ir atmosphérique (à litre ss
de comparaison )...... y 0,0003 29,9) 0,0001 78,03 _0,939 0,9
he des
Dans les recherches actuelles, ces diverses déterminations (sauf la recherc
traces d'anhydride carbonique par l’eau de baryte et la recherche et le d -
l'oxygène au moyen du pyrogallate de potasse, qui se font sur la cuve à mercure)
A .
éphémères, sont provoqués par le forage de trous de sonde d’environ 3" de proton”
deur. Après une dizaine d'essais infructueux, un forage a fourni un dégagement
gazeux qui s’est maintenu sous pression le temps suffisant pour recueillir environ
1500" de gaz lout à fait exempt d'air.
(Y Cn. Moureu, Recherches sur les gaz rares des sources thermales (Journ.
w
Chimie physique, t. XI, p. 63. 1913). — Gu. Mounec et A. Lepare, Les gaz raro eno
Hélium
traces
de Ne.
osage de
5
: $ . o è 1919
grisous (Annales des Mines, mai 1914; Annales de Chimie, septembre-octobre 1ga
et janvier-février, mai-juin 1916).
(2) La composition de-ce gaz a déjà été déterminée, en 1912, par E. Czako (Beiträge
sur Kenntins natürlischer Gasausstramüngen, Karlsruhe, 1918), qui à trouvé
CO? : 43,75 - pour 100: O*:0,10 pour roo; CH: 5,65 pour 100; N(= Ar): 46,17
pour 100; He : 0,38 pour 100. Nous ne nous expliquons pas les divergences trés por
. tantes que ces résultats présentent avec les nôtres.
(? )Le mélange hélium-néon de l'air contient 3 parties de néon pour une d
hélium.
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 943
oni été effectuées dans un appareil unique, tout en verre soudé, qui nous a permis
d'opérer, dans le cas des gaz très pauvres en azote brut, sur un volume de gaz naturel
beaucoup moindre (environ 200%) que dans nos éludes antérieures., Cet appareil
comprend une série de circuits indépendants, où sont disposés les tubes à réactifs
(potasse, anhydride phosphorique, oxyde de cuivre, calcium, charbon de noix de
coco) destinés à absorber un ou plusieurs des constituants du gaz étudié.
Dans certains cas, où le volume des gaz rares résiduels ne s’est élevé qu’à quelques.
millimètres cubes, nous avons pu, PETTER fractionner et mesurer ces faibles quan-
tités de matière, grâce à un dispositif très simple, imaginé par M. Lepape, et dont
lorgane principal est une jauge de Mac Leod à robinet, dont le tube manométrique
porte une trompe à mercure (+J.
3. Nous avons réuni dans le Tableau ci-contre les résultats de nos déter-
minations, en exprimant la composition centésimale, en volumes, des
mélanges gazeux naturels, supposés secs, que nous avons étudiés.
Les renseignements que nous avons pu obtenir sur le débit gazeux de
certaines de ces sources de gaz naturels (°) permettent de calculer, à l’aide
des chiffres précédents, les volumes des gaz rares dégagés annuellement (°)
par ces sources :
DÉBITS GAZEUX (en mètres cubes par an).
Origine. Gaz naturel. Argon. Hélium.
I. Mines de pétrole de Péchelbronn :
- om ni? i mw?
t. Sondage no Sikkes. RS ee S + 1,1
F: » MOT E .... . 120000 Le 22,8 [ns 57
3- » 1266 (sourco ther male, A 39o.. 27 37;9
Mines de houille de Sarre-et-Moselle : *
Ensemble des dégagements de grisou..., 31536000 `` 48300 735
4. Ces nouveaux résultats expérimentaux viennent confirmer en tous
points les conclusions déduites de nos recherches antérieures sur les gaz
(1) Pour l'exécution de ces laborieuses et délicates expériences, nous avons été très
intelligemment aidés par M. M. Geslin, que nous remercions ici très cordialement.
(2) Les débits gazeux du sondage n° 2441 et de la source thermale de Péchelbronn
ont été mesurés, à notre demande, par les soins de M. de Chambrier, directeur général
des mines et usines de Péchelbronn. A propos du sondage n° 2183, cf. P. ve CHAMBRIER,
La source de pétrole jaillissante de Péchelbronn (Bull. ‘de la sé d'Encour, pour
lind. nat., juilet-août 1920).
(*) Observons qu'il est pratiquement impossible d'évaluer exactement les débits
annuels de ces dégagements gazeux éphémères et variables; les chiffres que nous indi-
quons représentent seulement l’ordre de grandeur (sauf pour la source thermale de
Péchelbronn, dont le débit gazan est sensiblement constant).
944 ` ACADÉMIE DES SCIENCES.
rares des gaz naturels (70 gaz de sources thermales, 5 grisous et 1 gaz vol-
canique) (').
a. Au point de vue qualitatif, nous constatons, dans les gaz naturels
d’Alsace-Lorraine, la présence constante de l'azote et des cinq gaz rares È?) et,
- sauf dans le gaz de la source de Soulzmatt, l'absence constante de l'oxy-
pere}.
b. Au point de vue quantitatif, si nous envisageons la composition de
l'azote brut (azote + gaz rares), nous observons que les relations établies
par nous antérieurement et qui concernent les rapports mutuels entre les
proportions de l’azote et des gaz rares sont également vérifiées.
Voici, en effet, les divers rapports que nous avons pu calculer
RAPPORTS MUTUELS DES PROPORTIONS, EN VOLUMES, DE L'AZOTE ET DES GAZ RARES
POUR LES GAZ NATURELS D'ALSACE-LORR AINE.
{AT ‘He (=
W; lar ( N; gaz k ah.
; Foron Ar yi (x i =: io (He Re (E)
Origine du gaz naturel. deur, N; Rh (X he Ar Ar /air
I. Mines de pétrole de Pelion.
1. Puits n° I (soufflard).. 162 5,010 1,081 0, 933 770 0,209 4I
2. So padagi H Mir... 140. 1,700 1,492 0,164 237 0,096 166,9
Se pe IDE o 399 . 1,924 1,445. 05209 426 0,167 28
l. H BIBI ense hdd. 1yht T197 0,200 hio 0,204 353
D > 1266 Gource
theFmale),,....::, AO: 1,104. I 1,670 0412. 1,389 2394
I. Mines de potasse de Wittelsheim.
6. Fosse Théodore, Mere ‘fs. 000 1,003 -0,914 0,920 472 0,299 519
n. Mines de houille de Sarre-et-Moselle.
T. Puits n° y (soufflard) .. 475 : 1,494 4,268 06,228 322 0,140 - 297
IV. Sources minérales.
S Niederbronn s.a Toriai » 1,096 0,916 1,823 92634 1,664, 2869
9. Soulzmatt (source Com- +. 7
munale) r Lave, ee + b 2,069 -2480 0,6163 23,8 0,0099 9:9
Air atmosphérique. ..... oot 1299: 1 Do r 9840 ri
(+) Voir les publications générales citées ci-dessus.
(2?) Avant nos recherches, l’hélium et le néon avaient déjà été mis en évidence dans
un gaz de mine de potasse (Leopoldshall, He : 0,17 pour 100), par Erdmann (Kali,
. k4, 1910, p. 137) et dans deux gaz de pétrole de Péchelbronn, par E. Czako (op. cit. )-
0 Ainsi que nous le montrerons bientôt, tous les gaz thermaux très riches en
anhydride carbonique contiennent normalement de l'oxygène. A cet égard, le gaz
spontané de la source de Soulzmatt est donc soumis également à la pe généralement
observée,
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 945
On voit que le rapport argon-azote ne varie (lorsqu'on prend pour unité
sa valeur pour l'air) qu'entre 0,91 et 2,48, limites relativement étroites et
d’ailleurs comprises entre les valeurs extrèmes(o0,64—2,85) précédemment
trouvées (').
Toutes données nous font encore défaut sur les proportions de néon, de
krypton et de xénon qui existent dans les gaz d’Alsace-Lorraine, mais nous
pouvons affirmer que ces proportions sont négligeables vis-à-vis de celles
de largon : elles sont donc très petites, et l’on ne saurait douter que les
rapports krypton-argon, xénon-argon et xénon-krypton ne doivent se con-
former, pour ces gaz, à la loi de constance que nous avons antérieurement
établie. ;
Quant à l’hélium, nous constatons, ici comme partout ailleurs, la grande
variabilité des rapports hélium-azote (23,8 à 2,634) et hélium-argon
(9,5 à 2,869). Pour ce dernier rapport, les valeurs extrêmes observées
jusqu'ici sont 7,49 (Grisy, source n° 2) et 31,095 (grisou de Mons).
Ces observations, qui tirent leur principale valeur de la variété d’origine
et de composition des gaz étudiés, élargissent donc singulièrement la base
expérimentale de la loi de constance que nous avons formulée relativement
à la composition qualitative el quantitative de l'azote brut des gaz naturels.
Pour rendre compte de cette loi, l'hypothèse que nous avons proposée, et
qui recoit dès lors un appui nouveau, peut être énoncée brièvement ainsi :
les cinq éléments azote, néon (°), argon, krypton et xénon sont toujours
rencontrés ensemble dans la nature et suivant des rapports dont la constance
est due : 1° Au fait qu'ils sont toujours et partout restés libres, parce que :
a. chimiquement inertes (au point de vue des réactions géochimiques, l'azote
se comporte comme un gaz pratiquement inerte); b. stables, et c. gazeux
entre de larges limites de température et de pression. 2° A l’Aypothése, très
vraisemblable, de l’uniformité approximative de leur distribution dans la
nébuleuse génératrice du système solaire.
De plus, l’exception à la loi de constance présentée par l’hélium découle
nécessairement du fait que ce gaz est l’un des résidus stables de la désinté-
gration des corps radioactifs et que ceux-ci, quoique partout ie
sont fort-inégalement répartis dans l'écorce terrestre.
(1) On remarque, en outre, que la valeur la plus élevée (2,48), et qui surpasse
notablement toutes les autres, est afférente au gaz très riche en anhydride carbonique
de Soulzmatt. Or, nous établirons prochainement que les gaz de sources de cette
Catégorie présentent toujours une valeur très élevée pour le rapport argon-azote.
2) Nous rappelons qu'aucune détermination quantitative précise de cet élément
n’a encore été faite dans les gaz naturels, en dehors de l'air atmosphérique.
946 ACADÉMIE DES SCIENCES.
5. Les considérations précédentes permettent d'étendre aux gaz de
pétrole et aux gaz des mines de potasse une conclusion déjà formulée à
propos des grisous que nous avons examinés (!}, à savoir : que l'azote de ces
gaz riches en hydrocarbures ne saurait être d’origine organique. C’est, selon
nous, une portion de cet azote brut, azote minéral, disséminé partout dans
la lithosphère et dont l’origine ou bien remonte à la formation des couches
géologiques où on le renconire (air fossile, Th. Schlæsing) ou est due à des
courants gazeux souterrains (').
G. Les gaz d’Alsace-Lorraine que nous venons d'étudier proviennent,
pour sept d’entre eux, de gisements dont l'altitude esi exactement connue.
Or, si l’on examine, à ce point de vue, les différents rapports que nous
avons indiqués ci-dessus, on voit que, sauf deux exceptions, le rapport
hélium-argon croit régulièrement et très vite en fonction de la profondeur (°).
_: Nous pensons que la valeur élevée du rapport hélium-argon doit géné-
ralemeni caractériser un gaz d’origine profonde. Sachant, par ailleurs,
que l’hélium est le témoin persistant de la présence actuelle ou ancienne
d'éléments radioactifs, nous pouvons prévoir qu’il existe, dans les profon-
deurs de la terre, de notables quantités soit d'éléments radioactifs en voie
de désintégration, soit de leurs ultimes produits stables | plombs isotopes et
peut-être autres éléments (°)j. Des sondages profonds effectués aux points
où émergent des gaz naturels riches en hélium | à Santenay (Côte-d'Or),
par exemple, où les gaz spontanés des sources contiennent 10 pour 100
d'hélium (*)}, auraient toutes chances de se montrer fructueux en résultats
intéressants.
7. Les proportions élevées d’hélium trouvées dans les gaz des sources
thermo-minérales de Péchelbronn (1,09 pour 100) et de Niederbronn
(1,68 poar 100) posent le problème de la possibilité de relations géolo-
panu
(1) Cu. Mourrou et A. Lerare, Les gaz rares des grisous (Op. cit.).
(2?) Cette relation qui n'est peut-être pas fortuite, ne saurait cependant être géné-
ralisée; ainsi. pour les grisous de Liévin, Anzin, Lens et Mons, dont les gisements sont
voisins el situés sensiblement à la même profondeur (500), le rapport précédent
varie de 15 à 31,095 (Cu. Mourec et A. Lrpare, ibid). Les deux exceptions ci-dessus
ne Sauraient surprendre, car elles concernent des gaz recueillis dans des galeries
de mine (Péchelbronn, puits n° I; Sarre-et-Moselle, puits n° V), où ‘le gisement
est moins bien défini que dans le cas de didaga: l'un d'eux est d’ailleurs un
grisou.
(*) La présence de masses importantes de ces éléments lourds pourrait rendre
compte de la densité élevée des couches internes du globe (barysphère).
(*) Cu. Mourrc et A. Lerapr, Comptes rendus, t. 155, 1912, p. 197-
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 947
giques entre ces gaz et les autres gaz français riches en hélium, dont la
concentration géographique est si curieuse (! ).
M. Cuarces Moureu s'exprime en ces termes :
J'ai l'honneur de présenter à l’Académie un livre que je viens de publier
(chez Masson) sous le titre : La Chimie et la Guerre, Science et Avenir.
Cet Ouvrage comprend quatre parties :
I. La Chimie française et les problèmes de la guerre.
IT. La Chimie allemande et les problèmes de la guerre.
IM. La Chimie et les leçons de la guerre.
IV. Éléments et conditions de la grandeur nationale. La Science et
l'avenir.
Dans les deux premières parties, j'ai tâché de faire apparaître le rôle
considérable de Ja Chimie dans l’activité guerrière.
Ayant ensuite établi comment, dans l’un et l’autre camp, le problème
chimique avait été vital, jen ai déduit les conclusions que nous imposent,
pour l'avenir, les leçons de la guerre : nécessité d'assurer un bon recrute-
ment des chimistes par un meilleur enseignement de la Chimie ; organisation
de la recherche scientifique ; rajeunissement de notre Haut Enseignement
et de nos Établissements de recherche ; nécessité des rapports de l'Industrie
et de l'Agriculture avec l'Université, des techniciens avec les savants. :
M'efforçant enfin de dégager, dans une vue d'ensemble, les facteurs
généraux de la grandeur nationale, j'ai montré, en trois Chapitres :
L'énergie potentielle de la France — La puissance de la Science — L'évolution
nécessaire de l'esprit public en France, ce que nous pouvons faire si nous
savons nous organiser et donner à la recherche scientifique et à la méthode
scientifique le rôle capital qui leur revient. | |
Je souhaite que ce livre exerce en quelque mesure, dans notre pays,
l'action en vue de laquelle il a été conçu et écrit.
COMMISSIONS.
MM. Picaro ct ApreLL, pour la Division des Sciences mathématiques;
Bouvier et Mourev. pour la Division des Sciences physiques; CARPENTIER
TSA T
(*) Cu. Mocrev et A. LEPAPE, Comptes rendus, t, 155, 1912, p. 197-
948 ~ ACADÉMIE DES SCIENCES.
et Tisserann, Académiciens libres, sont élus'membres de la Commission
qui, sous la présidence de M. le Président de l’Académie, dressera une
liste de candidats à la succession de M. Adolphe Carnot.
CORRESPONDANCE.
M. le Présibexr transmet l'invitation adressée à l’Académie par S. A. S.
le prince Arrerr be Monaco, d'assister, le 11 décembre prochain, à l'inau-
guration de l’Institut de Paléontologie,
M. le Ministre DE L'Ansrrucriox PUBLIQUE Er pes Beaux-Arrs invite
l'Académie à désigner un de ses Membres qui occupera, dans la seconde
Section de la Commission technique de la Caisse des recherches scientifiques,
la place vacante par le décès de M. Armand Gautier.
M. Deserez prie l'Académie de vouloir bien le compter au nombre des
candidats à la place vacante, dans la Division des Académiciens libres, par
le décès de M. Adolphe Carnot.
M. le Secréraine PERpérueL signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Principes usuels de Nomographie avec application à divers problemes
concernant l'artillerie et l'aviation, par M. »'Ocacxr.
2° Précis de Physique (Introduction à une deuxième étude de la Méca-
nique et de la Physique), par Marcer Borr. (Présenté par M. A. Haller.)
3° Cours de Chimie (Lois générales, Métalloïdes) à l'usage des candidats
aux grandes écoles, par Marcer Bozr. Préface de Grorces DARZENS. (Pré-
senté par M. A. Haller.)
MAGNÉTISME. — Sur la variation thermique du coefficient d'aimantation de
quelques chlorures et d'un oxyde anhydres à létat solide, et la théorie du
magnéton. Note de M. Pu. Tnéonoriis, présentée par M. J. Violle.
L’investigation thermomagnétique des sulfates anhydres a fait l'objet
d’une précédente Note ('). La même méthode de mesure et la même disposl-
ET E
(*) Comptes rendus, t, 171, 1920, p- 715.
949
tion des appareils ont été employées à l’étude des trois chlorures manga-
neux, cobalteux et nickeleux et du protoxyde de manganèse.
La correction du magnétisme de la suspension et du diamagnétisme de
l’anion ont été faites. Les valeurs absolues sont rapportées au coefficient
d’aimantation de l’eau à 20° C., égal à —-0,720.107*, par l'intermédiaire
du même étalon de pyrophosphate de manganèse.
Dans des intervalles thermiques de plusieurs centaines de degrés, la
variation du coefficient d’aimantation des chlorures et de l’oxyde étudiés,
en fonction de la température, est exactement réversible et suit Ja loi de
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920.
Curie généralisée :
4(T—0)—=C
4, coefficient d’aimantation spécifique;
T, température absolue;
©, point de Curie;
C, constante de Curie.
Dans le cas de ClMhn, la variation thermique de = est représentée par
une seule droite réversible de o° à . La droite analogue de CI? Co pré-
sente un coude réversible à 325°. PF delà de cette température, le gra-
phique est légèrement concave du côté de l’axe des températures, mais la
réversibilité nbati jusqu'à 500°. Le graphique de CE Ni présente deux
parties rectilignes et réversibles, l’une de o° à 130°, l’autre de 150° à 500°.
Le graphique MnO se compose enfin de deux Du bien déterminées,
formant un coude à 316°. L'ensemble du phénomène, de la température
ordinaire jusqu’à 550°; est réversible.
Constante
Constante Point du champ Nombre
de Curie de moléculaire d
moléculaire Curie Ja (S magnétons
m” 9 re x
LC s K qe 7 / ’
CPCo ( o à 325)., 5,191 + 47,2 +" 14,99 24 , 96
GPN C oà 130) 00 1,301 + 77,6 + 99,7 16,03
» DO a Jon 1,448 + 37,8 + 26,1 16,92
GMa 0.4 995) ai> 4,097 + ‘3,10 + 0,736 28,45
MoO ( Oa br... 3,808 — 496 — 130,0 27,43
3o (310 a 990h.1.. 3,934 — 417 — 118,0 26,43
Dans ce Tableau, le maghétonegra tome pi comme de coutume, pris égal
hi
à 1123,5 unités C. G.
Pour les chlorures alor et nickeleux, 7 résultats sont donc con formes à
la-théorie du magnéton. Par contre, les trois déterminations de n relatives
950 ACADÉMIE DES SCIENCES.
au manganese donnent des nombres fractionnaires. Qn peut remarquer cepen-
dant que les différences des moments atomiques de
n. Différence.
Ma OTI TOII Fa a use. 26,43
mo O O a a o a ei
Ne HR
sont trés voisines de 1 magneton. ~-
Il est remarquable que, pour tous les chlorures, la constante du champ
moléculaire a le signe positif, contrairement à ce qui a été trouvé pour les
sulfates. Il semble que le signe de cette constante dépend de la nature de
l’anion du composé et nullement de son action. Un point de Curie réel aux
très basses températures est donc à présumer pour les chlorures.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur le pouvoir rotatoire des acides tartrique et malique
en solution. Note (') de M. R. pe Macremanx, présentée par M. Haller.
I. On sait depuis Biot (?) que les solutions aqueuses d’acide tartrique
droit ont un pouvoir rotatoire qui varie beaucoup avec la concentration.
Le faïsceau des courbes de dispersion (pouvoir rotatoire en fonction de
la longueur d'onde), ep oadant a aux diverses concentrations possibles,
a une allure caractéristique.
Le pouvoir rotatoire pour une couleur donnée est, d’après Arndsen (°), une fonction
linéaire de la concentration. En solution étendue, toutes les rotations sont droites :
la dispersion est normale. En solution concentrée, le pouvoir rotatoire diminue de
plus de.5o pour roo pour le jaune (raie D) et bien plus fortement encore pour le
violet : Ja dispersion est anormale. |
La température produit des modifications acas: un accroissement de tempé-
rature équivaut à une dilution. Les courbes de dispersion ont sensiblement la même
allure pour l'acide tartrique fondu, puis surfondu et ramené dans cet état à la tem-
pérature ordinaire (*). Les rotations sont alors très voisines de zéro : elles deviennent
même négatives pour l'extrémité violette du spectre. Des rotations négatives dans le
bleu et le violet avaient ca été observées par Arndsen (*) pour des solutions alcoo-
liques. `
Enfin Pribram (5) a montré que l'addition de benzine (et de certains autres liquides
(1) Séance du 4 octobre 1920.
(*) Bior, Ann. Ch. Ph., 3 série, LIT D °
(5) gr Ann. Ch. Ph., S série, L. 54, p. 403.
Yi
(3
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 951
organiques) à des solutions d’acide tartrique droit conduisait à des pouvoirs rota-
toires gauches pour la raie D.
H. Il nous a paru intéressant de compléter les observations que nous
venons de rappeler par l'étude de la dispersion rotatoire des solutions
alcools-benzéniques d'acide tartrique droit.
Dans toutes nos mesures, les radiations ont été repérées au moyen des
raies principales de l'arc au mercure.
Nous n’indiquons ici qu’une seule série d'expériences :
Concentration de la solution (pour 100 en volume) : c = 3,65.
Solvant : Alcool à 96° additionné de 55 pour 100 de benzine.
Pouvoirs rotatoires dr lés raies. Sia
à = 08,578. A = 08,546. à = 0,192, à = 0,136.
ap. late (es mis 0., A+ ;0 a —— 259,6
On voit que les pouvoirs rotatoires sont nettement gauches pour toutes les
couleurs et que la dispersion est normale.
[a Je
On remarquera la grandeur de cette dispersion = 4,45 : elle est
d’ailleurs plus forte encore dans certaines solutions moins riches en benzine.
II. Nous avons eu l’occasion d'observer une nouvelle modification
importante du pouvoir rotatoire de l'acide tartrique en solution aqueuse.
La variation se produit en présence de certains sels neutres d'acides forts.
L'effet est particulièrement grand avec Ca CE ('). Nous nous bornerons
aujourd’hui à à indiquer nos résultats relatifs à ce dernier sel.
[als
Concentrations des solutions
d'acide
rs ie ;
Température (én voi pe 100) a tartrique p pur ENT. a]; (raies du Hg) rapportés à l'acide.
, Ce’). (te). concentration. 02,578. 0e, 546. 0,492.
o Le
2,84 3,80 414,7 SETEK +12,2 +13,0
6,8* 8,40 -+14,0 + 5,5 5,8 + 4,2
13,5* 16,7 +-12,6 — 2.9 2 4,2 =B
“10,2 ms LUE e — 3,9 E 8 — 9,9
16,9 - 23,0 FIO "9,0 Lr, h Aia
F E 233,4 + 9,7 —18,4 299,1 30,8
»7 - sim +- 9,2 JS, i SA33 00,
48,8 30,3 410,2 16,3 253,6 “Hot
* Les chiffres ainsi marqués ne sont qu'approximatifs.
(*) Ceci explique une ancienne observation de Pasteur : la solution obtenue en
décomposant le tartrate de Ca droit m HCI lui avait dorné une faible rotation
tuche pour la raie D.
e
952 ACADÉMIE DES SCIENCES
On remarquera : 1° que la dispersion d’abord anormale devient normale
par addition d’une quantité convenable de sel; 2° que la valeur absolue de
Læ liso
cette dispersion mesurée par le rapport as prend pour certaines solutions
78
des valeurs très fortes, mais décroit constamment à mesure que les [z]
deviennent plus gauches et tend vers un ordre de grandeur tout à fait
normal (dispersion d'un corps actif pur).
On sait que l'acide malique (gauche ) présente des variations analogues
à celles de l'acide tartrique, mais de sens inverse.
Nous avons vérifié :
1° Que l'addition de benzine à une solution alcoolique d'acide malique
conduisait à des pouvoirs rotatoires droits pour toutes les couleurs, avec dis-
persion normale; :
2° Que l’addition de CaCl? à une solution aqueuse du même acide con-
duisait à des pouvoirs rotatoires droits beaucoup plus grands, la dispersion
restant toujours normale.
Concentration [a], rapportés à l'acide malique.
Température en acide malique SE TPE Re Fons
fj: (vol. p. 100). 0,578..." D6: 04,492. 02, 436.
ea à 10,1 + 8,9 + 109,2 + 130,4 + 20°,0
17e... 40,3 433,9 pas à + 49°%,2 + 66°,8
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la dispersion de la ré fraction des carbures
d'hydrogène. Note de M. E. Danois, présentée par M. Haller.
Dans l'étude de certains mélanges de carbures d'hydrogène (essences de
pétrole de diverses provenances), il peut être avantageux de connaître la
proportion globale des carbures d’une certaine catégorie (saturés, cycliques,
benzéniques, etc.). Dans ce but; on peut rechercher des constantes caracte-
ristiques de chacune de ces classes de corps. Cest ainsi que la température
critique de dissolution dans l’aniline (T. C. D.) a servi à MM. Chavanne
et Simon pour l'analyse sommaire des essences ('). J’ai été amené à étudier
dans un but analogue la dispersion de réfraction.
La différence An = n' — n des indices d’un carbure donné; pour
couleurs C et C’, est très variable d’une série à l’autre. D'autre part, dans
une même série, An varie d’une facon régulière, augmentant quand le poids
moléculaire augmente, dans le même sens que la densité du carbure. Jar
deux
(') Cnavaxxe et Smox, Comptes rendus, t. 168, 1919, p. 1111, et t. 169, p: 79:
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 993
An
d
bure, prise à la même température que l’indice. Sans être rigoureusement
constante pour tous les carbures d’une classe donnée, cette quantité, que
nous pourrons appeler dispersion spécifique, présente des régularités qui
permettent d'envisager son emploi dans certaines applications.
été amené ainsi à examiner le quotient — , où d désigne la densité du cear-
Les indices ont été pris dans la littérature existante, déjà volumineuse. Malheureu-
sement, un grand nombre de mesures sont à rejeter. Si l'on cherche en effet à construire
la courbe de dispersion de la substance, on constate que, dans beaucoup de cas, cette
construction est impossible; les points ne se placent pas sur une même courbe. L’irré-
gularité des points obtenus est particulièrement saisissante quand on porte en abs-
cisse z; el en ordonnée n. On sait que, dans le spectre visible, on a, très approxima-
. b ; ; Tn Ar
tivement, n= à + 55 les points doivent alors se grouper sur une droite (1). Je n'ai
retenu que les mesures qui donnent une courbe de dispersion régulière, De ce nombre
sont les mesures de Brühl, Eykman, Perkin senior, Eisenlohr, Auwers, etc. (?).
Ces mesures ont été faites à des températures légèrement différentes; elles sont
cependant directement comparables. On sait en effet que, quand la température varie,
n —1 An
— const., donc ST oom. Les deux couleurs
on a très approximativement
choisies sont les raies H, et Hy ; quelques interpolations graphiques ont été faites
quand les observateurs avaient utilisé d’autres raies, J'avais surtout en vue les car-
bures figurant dans les essences (point d'ébullition inférieur à 150°). J'indique acces-
soirement quelques résultats concernant des carbures à point d’ébullition plus élevé.
Il mest impossible de transcrire ici toutes les données relatives à une série, j'indique
`
seulement un carbure pris à titre d'exemple. Les indices ont été arrondis à quatre
dé i A r AN g ; 7 An 4 Pro LA EN `
écimales, An évalué en unités de la quatrième décimale, T évalué à une unité près.
Carbures saturés aliphatiques. — Exemple : Hexane normal C°H"*
(Eis. 16°,2),
An
ai- n ny An. +:
0,6634 1,3930 13853 109 T39
(') On constate ainsi par exemple que plusieurs déterminations de Landolt et Jahn,
utilisées pour le calcul des réfractions atomiques, sont inacceptables (voir en parti-
culier les carbures gras non saturés).
(*) Les mesures antérieures à 1898 sont rassemblées dans le Recueil de Dufet. Pour
les mesures postérieures, on trouvera une grande partie de la Bibliographie dans deux
Mémoires d’Eisenlobr, Sur un nouveau calcul des réfractions atomiques (Z. ph.
Chemie, 1911 et 1913), et dans les Tables annuelles de constantes (1910-1914). >
954 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour six carbures (Eis. ) allant de C*H'? à C'° H”, An varie de 99 à 114,
= conserve au contraire la valeur 156 à 2 unités près (sans aucune allure
systématique).
Les mesures manquent pour les carbures supérieurs; on possède des mesures
d'Eykman relatives aux raies H, et Hg pour des carbures allant jusqu’à CHA on a-
nB— Ma
d
— 98, à une unité près, de C à C??.
Carbures saturés cycliques. -- Exemple : Cyclohexane C°H'° (Eis. 16°,1).
Les mêmes constantes sont :
D, 7808. 1,4250, 497 US 10
Pour neuf carbures allant de C’H'° à C'H”, le nombre moyen est 154
avec variations de 3 unites.
Pratiquement, pour ces deux classes de carbures saturés, la dispersion
spécifique est la même : 155 à 2-5 unités près.
Carbures non saturés cycliques (une double liaison). — Exemple : Méthyl-
cyclohexène C'H” (Aaw. 18°,5):
CS Sr IAA 1, 4020 199 : F9?
Trois carbures, C7, C° et C°, donnent 190 (2 unités près).
Carbures non saturés aliphatiques (une double liaison de Exemple :
Amylène C’H'° (B. 20°) ;
0,60416:: +,8783 3 ,38309 126 -r94
Quatre carbures, de C à C*, donnent des nombres oscillant autour
de 190. La dispersion spécifique serait la même dans les deux séries précé-
dentes.
Carbures non saturés aliphatiques (deux doubles liaisons). — Exemple:
Méthylhexadiène C'H'? (Auw. 17°,3).
0,727 1,4207 1,4374 167 230
Cinq carbures, C5, Cf, C7, donnent des nombres analogues : 225 à
4-5 unités près.
Carbures benzéniques. — Exemple : Benzène C°H° (Hubbara 25°)?
0,8738 1,4933 1,5201 268 307
. Le toluène (C7 HS) et les trois xylènes (C*H!'°) donnent des nombres voisins
avec une décroissance semblant systématique. Valeur moyenne 300. z
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 925
Si l’on lient compte du fait que les divergences entre les différentes
mesures effectuées sur un même corps sont parfois assez grandes ('), on
voit que la dispersion spécifique se révèle comme approximativement
constante dans une série donnée, au moins pour les carbures que l'on peut
rencontrer dans les essences de pétrole. La détermination de cette constante
exigera la connaissance de deux indices et d'une densité, pris à la même
température, d'ailleurs quelconque.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Réactions microchimiques de l'acide iodique.
Note (°) de M. A. Borranb.
Les réactions microchimiques de l'acide iodique n'étaient pas connues
jusqu’à présent. Les résultats d’études, se rapportant à ce sujet, sont
décrits ci-dessous; je les ai obtenus avec des solutions aqueuses d’acide
iodique solide.
1. La réaction avec TI(NO*). — Dans la première phase de la réaction
se forment des aiguilles qui, observées macroscopiquement, sont blanches et,
observées microscopiquement, paraissent noires. Dans la seconde or
de la réaction elles sont réunies en croix, simples, doubles ou multiples
(cristaux filiformes). L'aspect microscopique est en général celui des micro-
cristaux de l’iodure de pallad-ammonium (°). On y rencontre souvent des
cristaux groupés en croix (et ils sont caractéristiques}, à branches rigides.
La grandeur moyenne de ceux qui sont enchevêtrés est 40%. La concentra-
tion suffisante (dilution admissible) pour obtenir des précipitations utiles
est de 1:5000 (acide iodique : eau) (*)
2. La réaction avec Ag NO’. — Le Po de la réaction est amorphe.
Il se dissout dans l’ammoniaque; après l'évaporation de l’ammoniaque on
obtient des tablettes rhombiques, réunies par quatre ou six (le tableau
(1) Pour le benzène, la dispersion spécifique varie de 298 à 388 (Dufet, benzene
cristallisable). |
(?) Séance du 2 novembre 1920.
(CŒ) Les difficultés qu’on éprouve actuellement à Cracovie m'ont laci de dir
exactement les résultats des réactions, au lieu d'en donner la photographie, et de me
reporter aux figures des produits des réactions microchimiques qui sont déjà connus
et reproduits de les manuels de microchimie.
(*) Les limites de sensibilité ci-après indiquées sont obtenues : a, en employant
les réactifs solides; b, à la température ordinaire ; c, en accélérant la réaction par
le frottement avec un fil de verre.
956 ACADÉMIE DES SCIENCES.
microscopique est semblable au tableau des microcristaux d’oxalate de
manganèse). Plusieurs minces tablettes se groupent aussi en étoiles. Ces
tablettes simples sont incolores; leurs groupements sont sombres et
atteignent en grandeur jusqu’à 100. Dilution admissible 1 :5000.
3. La réaction avec BaCl. — BaCl? précipite des aiguilles droites ou
courbées, unies en général en faisceaux, qui se groupent par deux ou par
quatre. En outre on rencontre dans ce tableau toutes les formes cristallines
(spécialement des squelettes), que donne le phosphate ammoniaco- magné-
sien. La grandeur va jusqu’à 300*. Dilution admissible 1 :2500.
La réaction avec Sr(CH#CO O0). — Avec Sr(CH%COO }* on obtient
des aiguilles et des prismes minces, groupés en boules ou réunis parallèle-
ment en faisceaux; ceux-ci sont groupés par deux ou par quatre, souvent en
forme de croix; leur grandeur atteint 100. Sur le bord de la goutte d'essai
cristallisent des lamelles incolores, des hexagones, des deltoïdes. Des
solutions très concentrées se déposent de gros cristaux enchevêtrés; ils
présentent la forme d’un X ou d’une corne ramifiée (grandeur jusqu’à 150");
au microscope, les cristaux minces sont incolores; les conglomérats
paraissent sombres. Dilution admissible 1 : 300.
5. La réaction avec Ca(CH*COOŸ. — On obtient des octaèdres inco-
lores, dont l'extinction entre les nicols croisés démontre qu’ils appar-
tiennent au système monoclinique. Ils sont isolés ou groupés en étoiles. On
rencontre souvent des lamelles, rarement des combinaisons de prismes
avec des octaëdres. Dans les solutions étendues cristallisent des squelettes
de cristaux. Les solutions concentrées fournissent un précipité amorphe
d’abord, qui devient vite cristallin. Grandeur moyenne 150”. Dilution
admissible : 1:300.
6. La réaction avec RbCl. — Les solutions d'acide ee donnent
avec RbCI des tablettes rectangulaires. Ces tablettes portent très souvent
une ou deux troncalures; elles ont en conséquence l'aspect de penta-
gones (il y en a de deux sortes, une à deux angles droits, l’autre à
trois angles droits), ou des hexagones (à deux angles droits). Ces tablettes
sont incolores, elles se distinguent par une forte réfringence; entre les nicols
croisés elles restent sombres. La sus moyenne est 25", la dilution
admissible est de 1 : 300.
Dans les solutions concentrées les réactions suivantes peuvent servir :
avec CsSO", l’acide iodique donne différentes formes cristallines, incolores,
réfractant fortement la lumière, à savoir des lamelles rectangulaires,
deltoïdales, hexagones, octogones; les plus caractéristiques sont les lamelles .
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 957
hexagones ou octogones, très réfriñngentes, semblables aux lamelles du
Rb‘ CdCl’. Souvent apparaissent aussi des formes en rosettes. La grandeur
moyenne est 5o”-80”. Dilution admissible 1:80.
Avec le chlorure potassique on obtient des prismes et des tablettes
hexagones, incolores, souvent réunis entre eux; ils se comportent entre
les nicols croisés comme des cristaux anisotropes. Les prismes ont
en moyenne une longueur de 80o” et 5o* de largeur. Dilution admis-
sible r : 6o.
Avec l'acétate sodique on obtient des octaèdres, des prismes et des
combinaisons de ces deux formes, qui restent sombres entre les nicols
croisés. Les prismes sont souvent réunis en cristaux filiformes. Leur
grandeur moyenne est 25”, la dilution admissible 1 : 60.
L’ammoniaque concentrée précipite des tablettes incolores rectangulaires,
souvent réunies en cristaux filiformes biréfringents. Leur grandeur moyenne
est 40%. Dilution admissible 1 : 35.
Avec le chlorure de manganèse on obtient des agrégats ronds, se compo-
sant d’une grande quantité d'aiguilles, qui polarisent entre les nicols
croisés. Vus au microscope ces agrégats sont d'une couleur vert gris
(macroscopiquement blancs); ils sont isolés ou unis par deux. Leur gran-
deur moyenne est 25%. Dilution admissible 1 : 20.
La réaction avec le chlorure de cadmium et avec le sulfate de zinc n’est
pas microchimiquement applicable, parce que les précipités sont amorphes.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la décomposition catalytique de la solution
alcaline d'hypobromite de soude par le sulfate de cuivre. Action antagoniste
de l’iode, Note de M. P. Freuryx ('), présentée par M. Charles Moues,
- On connaît depuis fort longtemps l’action exercée par certains sels
métalliques (Ni, Co, Cu), même à l’état de traces, sur les hypochlorites
et les hypobromites, action qui se manifeste par un dégagement d'oxygène.
L'emploi si fréquent à l'heure actuelle de la solution alcaline d’hypo-
bromite de soude pour le dosage de l’urée et la constatation faite par nous
de la présence du cuivre dans certains échantillons de lessive de soude nous
ont amené à examiner la sensibilité des solutions d'hypobromite à l’action
destructive du cuivre. Cette sensibilité fut trouvée considérable.
(*) Un Mémoire détaillé paraîtra, sous le même titre, dans un autre recueil.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 20.) 72
958 ACADÉMIE DES SCIENCES.
De plus, nous fùmes assez heureux™pour découvrir un remède à ce mal
qui risquait de compromettre la validité des dosages de petites quantités
d’urée par l’hypobromite, vu la difficulté d’avoir la certitude d'éviter toute
trace de cuivre. En effet, l'addition d’une petite quantité d'iode nous a
permis d’obtenir très simplement des solutions qui, même en présence de
cuivre, présentent, au pon de vue du dégagement d'oxygène, une stabilité
au moins aussi grande qu'une solution témoin non additionnée de cuivre.
Technique. — Pour pouvoir préparer exitemporanément et rapidement
des solutions d’hypobromite de composition constante, nous employons
d’une part une solution de soude diluée et de l’autre une solution de brome
dans le bromure de potassium que nous mélangeons à volumes égaux au
moment de emploi.
Voici les formules de ces deux solutions :
‘Solution A.
FOR NES DOG A a has ni N. Dr mu
Eau (q.s. pe £).......... SRE e MO RENE rod
Solution B.
BEO e e da ee due a gam a
Bromure de toit m RS SE TN ne. 508
re en de an Di eo a a 80 à 82°
Pour nous rendre compte des transformations qui se produisaient dans
nos solutions d’hypobromite, nous dosions successivement :
a. La somme : hypobromite BrO Na + bromate BrO? Na;
b. L’hypobromite seul;
c. Le bromate seul.
Le dosage du brome actif (somme hypobromite + bromate) est, pour le
but que nous poursuivions, le plus intéressant, car toute diminution du titre
en brome actif ne peut s'expliquer, dans les conditions où nous opérions,
que par une perte d'oxygène à l’état gazeux, par suite d’une transformation
de l’hypobromite en bromure selon la réaction
- 2NaOBr— 2 NaBr + O?.
La diminution du brome actif en fonction du temps nous permet donc
d'évaluer le dégagement d'oxygène. Les deux autres dosages servent comme
contrôle du premier et de plus nous ont permis de nous rendre compte que
Z le dégagement d'oxygène était dù à l'hypobromite et non au bromate.
Le calcul montre, en utilisant la réaction mentionnée plus haut, que
s
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 959
toute perte du brome actif correspondant à 1° de solution 2 d'iode doit se
traduire par un dégagement de o™ ,56 (en chiffres ronds) d'oxygène gazeux.
Influence de quantités variables de cuivre. — Dans le but d'obtenir une
évolution plus rapide de la réaction, nous avons fait nos expériences à la
température de 36°-35°.
Nous opérions sur 20°* d’hypobromite additionné de doses variables de
sulfate de cuivre.
Nos résultats sont consignés dans le Tableau ci-dessous. Les chiffres
représentent l'oxygène dégagé en centimètres cubes d'oxygène gazeux pour
10°" de la solution.
Au début de l'expérience, 10°" de la solution correspondaient à environ
160°% de solution a d'acide arsénieux et étaient, par conséquent, capables
de dégager au maximum 89% ,6 de gaz oxygène.
Oxygène dégagé
(exprimé en centimètres cubes de gaz)
par 10cm? de solution d'hypobromite
Cuivre au bout de
exprimé en Cu métal.) i.
pour 1009e m? de sol. d'hypobromite. 1 jour, ; ? jours. 4 jours.
me em? em? cm?
QUO E E A re qd sain 0,14 0,70 SE Se
z i ER 9 9
UN re RE TA A M de a 1,26 1,07 3,36
- 1 Se gs 5
1,39 RSS div ie eos 08 >,96 8,68
K 1 A a 5
9 Rs M ï 3
2,90 00000 res... s... 8,40 19:72 i 21,38
t ~
ee a a SP dd "30,27 54,32 61,60
Ces chiffres montrent la sensibilité vraiment considérable de l’hypobro-
mite à l’action catalytique du cuivre. C’est ainsi qu’à la dose de =, au
boit de et beires à 36°-37°, l’hypobromite est décomposé dans une
Proportion d'environ 42 pour 100 et il est évident que ce chiffre serait
encore plus considérable si, d’une façon concomitante, l'hypobromite +
se transformait pas en bromate en échappant par le fait même à l’action
destructive du cuivre. Et il est encore possible de mettre cette action en
évidence dans une solution qui ne contient que 1# de cuivre pe ee
liquide.
Influence de l'iode. — Nous avons constaté que la réaction destructive
exercée sur l’hypobromite par le cuivre pouvait être totalement arrêtée
par addition d’une quantité convenable d'iode, comme le montrent les
expériences ci-après, où l’iode a été ajouté soit sous forme d’iodure, soit
sous forme d’iodate.
960 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Oxygène dégagé
(exprimé en centi imètres eubes de gaz)
par 10cm° de solution = by pobromite
te
a — —
t jour. 2 jours. 4 jours.
t - cem? cm? cm’
FÉMOIN SE: sar e eaa a Fea Epa 0,56 1,40 1,68
AVC KE Se eu ur. ne pag 0,96 0,56
Avec cuivre rote par Miré... . i3.. 38,37 24, 32 61,60
Avec cuivre US T E N 00a 0,56 0,84
Avec cuivre + iodate de K yyy- e 0,0 0,84 0,84
L'iode (ajouté sous forme d'’iodure ou sous forme d’iodate) paraît
donc entraver d’une façon radicale le dégagement d'oxygène à tel point
que ce dégagement devient inférieur à celui de l’expérience témoin.
Nous avons constaté, en même temps, que cette addition n'avait aucune
influence sur la transformation de l’hypobromite en bromate, qui a heu
exactement avec la même vitesse.
Comme conclusion d'ordre pratique, il nous parait donc recomman-
dable, dans le cas où l’on utilise la solution d’hypobromite pour le dosage
de petites quantités d’urée, d'employer un réactif constitué par deux
solutions conformes à la re donnée au débutde cette Note, en ajoutant
à la solution A environ —— d’ iodure de potassium.
CHIMIE ORGANIQUE. — L'isomerie éthylénique des styrolènes monobromés
dans la chaîne latérale. Note de M. Cancers Durraisse, présentée s
M. Ch. Moureu.
I. On ne connaissait jusqu’à ce jour que deux styrolènes monobromés
dans la chaîne latérale, et encore l’un des deux seulement paraissait avoir
été obtenu à l'état pur. J'ai réussi à en isoler un troisième parfaitement
distinct des deux précédents, dont j'ai dù, à cette occasion, approfondir
lé at ;
. Le premier de ces composés, que nous désignerons par la lettre À, à
né obieni par la décomposition de l'acide dibromohydrocinnamique
(dibromure de lacide cinnamique). La meilleure technique pour son
obtention est celle qu’a décrite Nef (') : action de la chaleur sur la solution
aqueuse du sel sodique en présence du carbonate de sodium :
C° H? Br? O? — C! H’ Br + HBr + CO*. :
a E
(?) Ner, Lieb. Ani, t 308, 1899, p. 267.
ce
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 9ôt
Après purification, par rectification puis par cristallisation, le produit se
présente sous la forme d’une huile toujours légèrement colorée en jaune,
possédant une odeur aromatique agréable, fondant à + 6°-+ 5° (chiffre
déjà donné par les auteurs), bouillant à 107° sous 22®™-23™m; sa densité à
20° est de 1,422, et son indice de réfraction Nọ” = 1,6094 Late molé‘
culaire trouvée 44,5, calculée 43,11).
b. Le second de ces corps, le composé B, ne paraît pas avoir été préparé
par les divers auteurs dans un état de pureté satisfaisant. J'estime l'avoir
obtenu plus pur que mes prédécesseurs sans pouvoir affirmer, toutefois,
que je l’ai obtenu exempt de petites quantités de corps étrangers : l’extrème
facilité avec laquelle s’oxyde à l’air cette substance ne m’a pas permis, en
effet, de réaliser une purification par cristallisation à basse température et
m'a ainsi privé du moyen de contrôler la parfaite pureté du produit ainsi
obtenu. La technique adoptée est une variante du procédé donné par
Nef (') : ce procédé présente, en effet, d'importantes défectuosités, que
l’on évite en opérant comme il suit : on fixe de l’acide se DES HBr
sur le phénylacétylène CH".
On fait arriver lentement un courant de gaz acide bromhydrique sec
dans une solution acétique de phénylacétylène refroidie dans l’eau glacée et
agitée énergiquement. On arrête le courant gazeux quand la proportion
de HBr atteint 80 pour 100 de la théorie. On. précipite le styroiène bromé
de sa solution acétique par la glace, on le lave et on le rectifie dans le vide
après dessiccation. Cette technique permet d'éviter la formation, en quantités
notables, d'acétophénone et de dérivés polybromés.
Ce styrolène bromé est une huile jaunâtre, d’odeur aromatique, lacry-
mogène, fondant à — 43°, bouillant à 71° sous 7"m-8"®; sa densité à 20°
est de 1,406 et son indice de réfraction Ni” = 1,5881 (réfraction molé-
culaire trouvée 43,8; calculée 43,11).
c. Le troisième styrolène bromé, composé C, inconnu avant les présentes
recherches, s'obtient par l’action, à chaud, de la soude caustique pulvérisée
sur la broobensilictéphénones composé obtenu lui-même par sous-
traction de HBr au dibromure de benzalacétophénone (°). La molécule de
SNE in à se scinde en styrolène bromé et en acide ben-
zoïque :
C H" OBr-+ Na OH = C! H’ Br + C'HSO?Na.
(F Nar, loc. cit, p. 271.
(C) Visuicexus, Lieb. Ann., t. 308, 1899, p. 226.
962 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans cette réaction il se fait, en outre, une notable quantité de phényl-
acétylène, que l’on sépare par rectification sous pression réduite. Le
styrolène bromé est ainsi obtenu directement à l’état de pureté, ce que l’on
vérifie en le soumettant à une purification par cristallisation dans l'alcool
méth ylique : le point de fusion du produit né change pas.
Cette substance est une huile incolore, d’odeur empyreumatique, fondant
-ade — 8° à — 7°, bouillant à 71° sous 6®™™-7™m; sa densité à 20° est 1,426, et
son indice de réfraction Nọ *=— 1, 5990 (réfraction moléculaire trouvée 43,9;
calculée 43,11). |
IF. Le problème de la constitution de ces trois styrolènes bromés peut
être résolu par la stéréochimie. Le raisonnement comporte trois points :
1° Tout d’abord, les trois corps sont distincts chimiquement les uns des
autres : en effet, le mélange à parties égales de deux quelconques d’entre
eux fond à une température plus basse que la température de fusion du plus
fusible des deux. :
2° Tous les trois portent leur atome de brome dans la chaîne latérale;
en effet, sous l’action de la potasse alcoolique, ils perdent tous les trois une
molécule d’acide bromhydrique en donnant du phénylacétylène.
3° Ces trois styrolènes monobromés dans la chaîne latérale sont les seuls
que laissent prévoir les théories stéréochimiques : deux d’entre eux corres-
pondent à la formule :
w) CSH5 — CH — CHBr
(styrolènes w bromés) et sont isomères stéréochimiques, l’autre corres-
pond à la formule
(T1) CSH5— CBr — CH?
(styrolène x bromé) qui ne comporte pas d’isomérie stéréochimique. Il
suffit donc de rechercher parmi les trois composés quels sont les deux qui
sont isomères stéréochimiques, ils correspondront nécessairement à la
formule (I) et le troisième devra se voir attribuer la formule (I1). La fixa-
tion de deux atomes de brome fournit le renseignement cherché : les deux
isomères correspondant à la formule (1) donnent, en effet, le même dérivé
tribromé C°H°— CHBr — CHBr°, tandis que le composé de formule (D)
donne un dérivé tribromé différent du précédent C°H°— CBr°— CH*Br.
En faisant réagir deux atomes de brome sur chacun des composés À, B
et C, on constate que A et C fournissent le même dérivé tribromé
(fus. = 37°-38°), corps précédemment signalé par divers auteurs, tandis
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 905
que B fournit un dérivé tribromé sous la forme d'une huile incolore, non
distillable sans décomposition, et qui, après plusieurs cristallisations dans
l’alcoo! méthylique, fond à + 5°-+ 6° (densité à 20° = 2,092, indice de
réfraction N$ = 1,6421). Ce dérivé tribromé, dont la purification est parti-
culièrement laborieuse, n'avait pas été encore décrit.
Les ere. & et C sont donc stéréoisomériques et correspondent à la
formule C H” — CH — CHBr; le composé B a pour formule
CH CBr= CH,
Cette méthode de détermination de la constitution, basée sur la stéréo-
chimie, offre une sécurité plus grande que tout autre; basée sur des substi-
tutions de groupements, car elle est à l'abri des erreurs que peuvent parfois
occasionner certaines migrations survenant au cours des réactions.
Il y a lieu d'ajouter que les résultats établis ci-dessus sont d'accord avec
les constitulions admises, en dernier lieu, par les auteurs, en ce qui concerne
les composés A et B.
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la présence des genres Gangamopteris
M’Cov et Schizoneura Schimper et Mougeot, dans les grès de l'Ankazo-
manga (sud de Madagascar). Note de M. P.-H. bee présentée par
M. Costantin.
M. Perrier de la Bathie a fait parvenir, ces temps derniers, au Muséum,
un certain nombre d'échantillons de grès provenant de la rive droite de
l’Ankazomanga, au sud de l'Onilahy (sud-ouest de Madagascar). Ces grès
contiennent de nombreuses empreintes végétales se rapportant, pour la
plupart, au genre Gangamopteris et plùs particulièrement à deux espèces :
G. major Feism., et G. cyclopteroides Feism., considérées comme caracté-
ristiques de la partie inférieure du Permien. Elles sont accompagnées, en
outre, par des restes qui dénotent l'existence incontestable du genre
Schizoneura. E
Le Gangamopteris major est représenté dans les grès de l’Ankazomanga
par des frondes absolument conformes à celles fur par Feismantel (').
D’autres res et ce sont les plus nombreuses, peuvent être compa-
EM tmp he ns
(©) Orr. FEISMANTEL, The fossil Flora of the Gondwana system, vol. 3 (Low er
Gondwana) [Mem. of Geol. Survey of India-Paleontologia Indica (Calcutta, 1881),
pl. XVI fig. 1-21.
964 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rées aux frondes du Gangamopteris cyclopteroides, ainsi qu'à quelques-unes
des nombreuses variétés de cette espèce. C’est ainsi qu’en dehors de la
forme typique (+); j'ai pu reconnaitre la présence des variétés : subauriculata
Feism., acuminata Feism., attenuata Feism. et cordifolia Feism.; la pre-
mière dani très commune, alors, que les trois autres et moins
répandues.
La présence des Conganiopierii major et cyclopteroides dans les grès de
l Ankazomanga est intéressante à signaler ; elle semble devoir faire attribuer
ces grès au Permien inférieur. En effet, ces deux espèces, d'après Feismantel,
seraient cantonnées dans les couches charbonneuses de Karharbari, du
groupe de Talchir, à la base même du système de Gondwana. L'une d'elles,
le G. cyclopteroides, se retrouve en outre :
1° En Afrique australe, dans les grès intercalés dans des schistes de
Kimberley; 2° au Brésil, dans les gisements houillers de la province de
Rio Grande do Sul; 3° en République Argentine, dans la province de San
Luis, à Bajo de Velis; 4° en Australie, dans les New-Castle beds et Bacchus
Mara sandstone de Vidare ratios productrices de houille, et qui,
toutes, sont le plus souvent classées dans l'étage Artinskien, à la limite des
termes moyen et supérieur du système anthracolitique.
Le genre Gangamopteris est entièrement nouveau pour la flore fossile de
Madagascar. Le genre Schizoneura ne s’y était rencontré, jusqu'ici, qu'à
un niveau Hentwoúp plus élevé de la série stratigraphique et plus au Nord;
dans le Sud, le genre Glossopteris, seul, avait été signalé
En résumé, l'examen des matériaux recueillis, sur l'Ankazomanga, par
M. Perrier de la Bathie, conduit aux constatations suivantes :
1° Existence, dans le Permien de Madagascar, d’un niveau inférieur à celui
dont M. Boule a jadis reconnu la en dans la vallée de la Sakamena,
au sud de l'Onilahy.
2° Présence, dans le sud-ouest de l'ile, des genres Gan gamoplteris et
Schizoneura qui n’y avaient pas encore été signalés. Le premier de ces deux
genres étant représenté par deux espèces : G. major et G. cyclopteroides,
caractéristiques d’un niveau, habituellement riche en houille, qui établit la
(1) Orr. FeiswanTez, loc. cit., vol. 3, pl. VH, fig. 1-2, et vol. h, pl. VI A, fig. 1-2.
(2) Représenté par une espèce : G. indica Schimper, qui atteint son maximum de
développement dans le Permien moyen. — Voir Mancezuix Boure, Sur l'existence
d'une faune et d'une. flore permiennes à Madagascar (Comptes rendus, t- 146
1998, p. 502).
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. - 965
transition entre le Carbonifère proprement dit et le Permien, correspondant
ainsi au terme moyen du Système anthracolitique.
3° La présence de ces deux espèces et du genre Schizoneura dans les grès
de PAnkazomanga constitue un nouveau trait d'union géographique entre
la flore de l’hémisphère oriental et celle de l'hémisphère occidental à
l’époque artinskienne.
PHARMACODYNAMIE. — Observations sur les propriétés des substances lacry-
mogènes et sur la mesure de leur activité. Note de M. GagriEz BERTRAND,
présentée par M. Roux. |
Dans une Note publiée tout récemment au nom de J. Bongrand et au
sien, M. Ch. Dufraisse a décrit le principe et donné quelques résultats
d’une méthode de mesure du pouvoir lacrymogéne établie par eux en 1915-
1916 ('). Le principe de cette méthode est le même que celui de la méthode
dont je me suis servi, antérieurement à cette époque, dans une étude systé-
matique des propriétés irritantes (°) des substances minérales et orga-
niques. C’est d’ailleurs au cours de cette étude que j'ai reconnu à certaines
substances une action très différenciée, presque spécifique, sur les annexes
de l'œil, action que j'ai proposé de qualifier de lacrymogène (°). En raison
de ses applications particulières, je n’avais pas cru devoir présenter cette
étude à l'Académie, mais la Note de MM. Dufraisse et Bongrand m'incite
à présenter au moins quelques observations d'intérêt physiologique.
Les substances lacrymogènes déterminent, lorsqu'elles arrivent au
contact de la muqueuse oculaire, même à l’état de vapeurs très diluées,
une sensation de picotement plus ou moins vive, bientôt suivie, par réflexe
défensif, d’un écoulement de larmes. Si la concentration est suffisante, le
picotement devient assez intense pour obliger, sans résistance possible, à
fermer complètement les paupières. Un homme atteint de la sorte est mis,
tant qu'il reste dans l'atmosphère active, dans l'impossibilité absolue de
combattre.
(*) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 617.
(?) Appelées aussi agressives.
(*) J'ai formé ce mot en apposant une racine latine (de lacryma, larme) à une
racine grecque (de gennän, produire), sans me préoccuper d’une règle habituelle, mais
non obligatoire, de construction des mots; l'essentiel était alors de trouver un quali-
licatif commode et expressif,
966 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le minimum de concentration perceptible, ou concentration de seuil, ne
dépend pas seulement, pour un même observateur supposé de sensi-
bilité invariable, de la nature de la substance considérée; elle dépend
encore, et d'une façon très importante, de la durée de l'observation. En
outre, au voisinage du minimum, le picotement n'apparaît pas franche-
ment, mais par ondes successives, séparées par des intervalles de repos; on
perçoit d’abord une sensation très faible, très fugace, puis, un peu plus
tard, une nouvelle sensation suivie d’une troisième, et ainsi de suite, allant
toutes en augmentant de netteté, jusqu’à ce qu'enfin le picotement devienne
assez précis pour être enregistré avec certitude. Il n’est pas possible, dans
ces conditions, d'utiliser une concentration de seuil qui soit véritablement
« la concentration la plus faible en produit agressif que les organes puissent
déceler ». On est obligé de choisir une concentration de seuil relative et
plus ou moins arbitraire, assez éloignée du minimum de concentration per-
ceptible pour donner lieu à des sensations nettes. MM. Dufraisse et Bon-
grand n’indiquent pas les chiffres qu’ils ont adoptés comme concentrations
de seuil, mais, pour des observations de 30 secondes, ces chiffres dépassent
certainement les minima de concentrations perceptibles.
Toutes les substances lacrymogènes ne se comportent pas exactement de.
la même manière. Il y en a, comme la chloropicrine, qui agissent, à condi-
tion, toutefois, que la dose ne soit pas trop infime, pour ainsi dire brusque-
ment : la sensation douloureuse apparaît tout d'un coup assez forte et
n'augmente que lentement d'intensité si l’on prolonge le séjour dans l'atmc-
sphère irritante. Il y a d’autres substances, au contraire, comme la mono-
chloracétone, dont l'action, aux doses comparables, est très progressive ct
exige, en quelque sorte, une plus longue période d’incubation. Cette diffé-
rence ne s'explique pas par une simple différence de solubilité des deux
types de substances dans le liquide aqueux qui imprègne la muqueuse
oculaire, car la monochloracétone est justement, d’après mes expériences,
beaucoup plus soluble dans Peau que la chloropicrine (environ 80 fois) (')--
Le pouvoir lacrymogène, mesuré par le rapport inverse des poids de
substances qui font apparaître le picotement des yeux après une meme
durée d’observalion varie, dès lors, avec la longueur de l'observation,
lorsque l’on passe d’un type de substance à un autre. Il augmente avec la
dd CA Se
(') La plupart des substances lacrymogènes n’agissent sans doute pas directement sur
les terminaisons nerveuses, mais après avoir subi une décomposition préalable. A
comprend qu'une différence dans la vitesse de cette décomposition puisse interven!"
dans le mode d’action apparente.
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 967
durée pour une substance du second type comparée à une substance du
premier. L'augmentation est telle, dans le cas de la chloropicrine et de la
monochloracétone, par exemple, que l’ordre des pouvoirs lacrymogènes est
lui-même inversé. Tandis qu'après une durée d’observation de 30 secondes,
la monochloracétone semble d’un tiers ou d’un quart environ moins active
q
, que la chloropicrine, après une durée de 3 minutes elle présente une acti-
vité à peu près double.
J’ajouterai, en terminant, que de nombreuses mesures faites par moi et
par deux de mes collaborateurs, MM. Diénert et Sazerac, ont montré que
la sensibilité de la conjonctive aux vapeurs lacrymogènes, un peu différente
J! genes,
pour chaque observateur, variait pour tous dans le même sens avec les
heures de la journée : la sensation de picotement et les larmes apparais-
J . LI
saient un peu moins vite, à doses égales, dans la matinée que dans l’après-
P 3 gales,
midi.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Contribution à l'étude des indices d enzymes du
sang. Dosage de la catalase, de la peroxydase et de l'éthérase dans une
goutte de sang. Note de M. A. Bacu et M™° Sopnie Zougrorr, présentée
par M. Ch. Richet.
-
L'étude comparée des enzymes du sang à l’état normal et pathologique
de l'organisme présente un très grand intérêt. Celle que nous proposons et
qui constitue le premier pas vers l'établissement des indices _d'enzymes du
sang normal et pathologique, tout en étant suffisamment précise et expédi-
tive, exige des quantités minimes de sang (o™, 001).
Par une piqûre à la pulpe du doigt, on fait sortir une goutte de sang que l'on aspire
au moyen d'une pipette capillaire de 20™™° et transfère dans une fiole contenant 20°%
d’eau distillée. Pour chaque essai, on prend 1°" de liquide hémolysé,
Dosage de la catalase. — Dans une fiole conique de 55°", on introduit 7% d’eau,
1% de sang dilué et 2° de peroxyde d'hydrogène à 1 pour 100 pur (parfaitement
neutre) et, après avoir agité, on place la fiole à l'étuve à 37° pendant 30 minutes, Un
essai témoin est fait dans les mêmes conditions avec 1°" de solution sanguine préala-
blement chauffée à l’ébullition. Au bout du temps indiqué, on ajoute dans chaque
fiole 3°%° d'acide sulfurique normal et l’on dose le peroxyde d'hydrogène non décom-
posé au moyen d’une solution décinormale de permanganate. La quantité de perman-
ganate employée dans le titrage de l'essai témoin, moins celle employée dans le‘ titrage
de l'essai principal, indique la quantité de peroxyde décomposée par fem” de SANS,
c'est-à-dire fournit la mesure du travail de la catalase.
968 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dosage de la peroxydase. — Le sang chauffé à l’ébulliion accélérant
l’action oxydante du peroxyde d'hydrogène au même titre que le sang
frais, certains auteurs nient l'existence d’une peroxydase animale et se
bornent à attribuer à l’hémoglobine ou à ses dérivés les fonctions cala-
lytiques assignées à la peroxydase végétale. Or il est facile de démontrer.
que, dans le sang, les deux fonctions, — celle de la peroxydase et celle de
l'hémoglobine, — ne font que se superposer et peuvent être disjointes sans
difficulté. |
Dans un tube à essai étroit, on verse 7°% d’eau, 1°" d’une solution à 1 pour 1000
de gaïacol pur, 1™ de sang dilué et 1° de peroxyde d'hydrogène à r pour 100. Le
mélange prend peu à peu une coloration brun rouge qui atteint son maximum au bout
de 15 minutes. Un essai témoin, opéré dans les mêmes conditions avec 1° de sang
dilué et préalablement chauffé à l’ébullition, reste parfaitement incolore, la réaction
de la peroxydase étant beaucoup plus sensible que celle de l'hémoglobine.
La quantité de gaïacol oxydée par la peroxydase du sang avec le concours du
peroxyde d'hydrogène est dosée au moyen d’une échelle colorimétrique exactement
calibrée. Comme terme de comparaison, nous employons un liquide dont la coloration
correspond à celle du gaïacol oxydé et qui s'obtient en chauffant de l'albumine de
blanc d'œuf (58), avec du chlorure de cobalt (28), en présence de soude caustique (108)
dans 250% d’eau et filtrant. Le liquide dilué systématiquement (de 1 à 10) est intro-
duit, à raison de 10%, dans des tubes étroits que l’on scelle à la flampe. Le calibrage
de l'échelle ainsi obtenue se fait en oxydant, par un excès de peroxydase végétale et
de peroxyde d'hydrogène, des solutions contenant de 0£,0005, à 08,001 de gaïacol pur
dans 10% et comparant les colorations au colorimètre muni d’un verre laiteux. Il est
préférable d'opérer à la lumière constante d’une lampe électrique. La peroxydase
végétale se prépare le mieux en faisant macérer 1ks de raifort réduit en pulpe avec
500% d’eau, exprimant, filtrant, précipitant par 3 vol. d'alcool et redissolvant le
précipité dans 500% d’eau. La solution additionnée de toluène se conserve indéfini-
ment. L'activité de la peroxydase employéė était telle que 5% de sa solution mis en
présence de 15 de pyrogallol et de 15% de peroxyde d'hydrogène à 1 pour 100 dans
50%, ont fourni 05,363 de purpurogalline cristallisée, Pour le calibrage de l'échelle.
ainsi que pour tous les essais qui vont être décrits, la solution de peroxydase a élé
diluée au 4. `
Dosage de l’éthérase. — Pour transformer le dosage titrimétrique usuel de l’éthé-
rase en dosage colorimétrique, nous avons mis à profit la propriété des éthers phéno-
liques de ne pas être oxydés par le système peroxydase-peroxyde d'hydrogène, alors
que les phénols libres le sont très rapidement. :
05,2 de sulfogaïacolate de potasse dans 7%™° d’eau sont introduits dans un tube étroit
avec 1°% de peroxyde d'hydrogène à 1 pour 100, 1° de solution de peroxydase
. étendue et 1% de sang au millième, et le tout est abandonné à la température ordi-
naire pendant 30 minutes. Au fur et à mesure que l'éther est dédoublé sous l'action
de l’éthérase, le gaïacol mis en liberté est oxydé par la peroxydase et le peroxyde
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 969
d'hydrogène en présence. Un essai témoin est opéré en mème temps et dans les mêmes
conditions avec 1°% de solution sanguine préalablement chauffée à l’ébullition.
Pour le dosage du gaïacol mis en liberté et oxydé, on se sert de la même échelle
colorimétrique que pour le dosage de la peroxydase du sang. Pour la bonne réussite
de l'opération, il convient de choisir la concentration de la peroxydase végétale de
telle sorte que l’essai témoin accuse à peine une légère coloration. La quantité du
gaïacol oxydé qui correspond à celle-ci est défalquée du nombre obtenu dans l'essai
principal. On obtient ainsi la mesure du travail de l’éthérase exprimée en milli-
grammes de gaïacol oxydé par 1"% de sang. La théorie de cette réaction sera discutée
ultérieurement.
Le dosage des ferments dans le sang de l’un de nous (Bach) a donné, en
moyenne de 4o observations faites en l’espace de 3 mois (mars, avril,
mai 1920), les nombres suivants :
Catalase : 176,8 H? O? décomposé par 1™ de sang (maximum 18,78;
minimum 17,17).
Peroxydase : o®6, 121 de gaïacol oxydé (maximum 0,153; minimum
0,096).
Ethérase : o%,131 de gaïacol mis en liberté et oxydé (maximum
0,147; minimum 0,108).
La méthode qui vient d’être exposée a été mise en pratique dans quelques
hôpitaux en vue d’élucider les variations du travail des ferments du sang au
cours de diverses maladies et notamment dans les cas de fièvre typhoïde et
de typhus exanthématique.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence des radiations lumineuses sur un fixateur
d'azote. Note de M. E. Kayser, présentée par M. P. Viala.
: . A
L'influence des diverses radiations lumineuses sur les bactéries a déjà fait
l’objet de nombreuses recherches; on constate tantôt une destruction com-
plète du micro-organisme, perte du pouvoir chromogène, atténuation de
la virulence, tantôt une exaltation de certaines propriétés, comme dans les
expériences d’Engelmann avec le Bact. photometricum. :
Nous avons étudié cette action avec l'Azobacter agile, caractérisé par la
grande motilité, la formation de pigment et la fluorescence.
Les milieux de culture, ensemencés, étaient placés dans des verres colorés, exposés
le long d'une fenêtre, à Ja lumière du jour, du 1°" juillet au 20 octobre; l'expérience a été
faite à la température de laboratoire, dans une pièce où le soleil ne pénètre guère,
Sans méconnaître les modifications résultant de l’action lumineuse sur le milieu
970 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de culture, on trouve une influence directe sur les propriétés du micro-organisme,
Le milieu mannité à 3,04 pour 100 additionné de sels et d’une minime quantité de
carbonate de chaux était réparti entre des vases coniques, placés dans des conserves
colorées ; à l'œil nu déjà, on pouvait voir les changements de teintes allant du jaune bru-
nätre plus ou moins foncé (verres blanc, bieu, violet) au rouge brun (verre rouge),
au jaune citron avec fluorescence (verres jaune, vert et noir); l'extrait obtenu
montrait la disparition complète de la mannite dans les verres jaune, noir et vert; cet
“extrait était trois fois plus élevé pour le rouge et le bleu, cinq fois plus élevé pour le
blane et six fois pour le violet; tous ces derniers extraits présentaient la cristallisation
caractéristique de la mannite; l’azote a été dosé par la méthode Kjeldahl dans le
liquide et dans la masse microbienne recueillie sur filtre.
Azote Azote
du Azote
Couleur. filtre. liquide. total.
g [Le mg
Na a E a N 6,08 6,7 12,8
PORC E D a S 8,10 4,54 12,64
Rouge... Re De ea GOD 753 15,99
Joe, rs. Re Gya 10,74 18,06
Vebh oea a a dns a 6,36 6,42 12,75
E a a 9,96 6,28 16,21
Violet- iers re. ST E E 6,08 4,96 11,04
On voit qu'il existe un maximum pour la lumière jaune, un minimum pour la
lumière violette; le poids des extraits nous renseigne déjà, d’une facon bien qu'ap-
proximative, trés suffisamment sur la destruction de la mannite; on a trouvé par
gramme de mannite décomposé pour le violet 8%%,59 d'azote, pour le jaune 56,94 et
pour le noir 48,22; dans le violet, le microbe a bientôt arrêté son action, tandis qu'il
a agi avec les Ares couleurs plus ou moins longtemps; or, on sait que l'intensité
assimilatrice varie d’une ‘façon continue avec l'âge du microbe, le moment considéré
et le rapport trouvé entre l'azote fixé et l'hydrate de carbone détruit, ne fournit me ‘un
résultat moyen; dans le jaune, l’azote solubilisé était maximum.
Nous avons constaté des changements de teintes du mème ordre avec une solution
glucosée à 2,9 pour 100; les liquides des conserves jaune et verte présentaient seuls
la couleur jaune citron,
Azote
. Azote - par gramme
Sucre — ~ e
Couleur. disparu. du filtre. du liquide. total. sucre brülé.
Pr ns mg mg mg
Blanc........ 0,566 2,971 1,298 4.03 Tr li
Rouge seen. 0,566 2,496 1,611 MERS 7,098
Jaune seders I ; 289 6,68 E > R 594 9, 38 À 199
Vart. cover: 13008 37,985. 2,087 10,97 6,899
Beu,....1... Q,762 4,939 + +,6r1 6,19 7,700
Violet ..;iis. 11030 4700 1,769 6,53 6,358
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 971
Nous constatons à nouveau le maximum d'azote assimilé avec les
couleurs jaune et verte, correspondant au maximum de sucre disparu, et
en mème temps à la masse microbienne maxima recueillie sur le filtre. A
cet égard on ne peut parler de proportionnalité mathématique (la masse du
filtre pesait 71™8 dans le vert, 69"£ dans le jaune, 51"6 dans le violet et
seulement 42"$ dans le rouge), car dans un phénomène biologique,
beaucoup de facteurs interviennent d’une façon plus ou moins tangible ;
c'est dans le bleu que la quantité d’azote assimilé par gramme de sucre
décomposé était maxima.
Ces essais montrent donc, à côté de l'influence de la radiation, celles de
l'aliment hydrocarboné, de la masse microbienne; d’autre part on sait que
âge du microbe, la concentration, la température peuvent intervenir.
Des essais en cours nous renseigneront sur le point de savoir si l’induc-
tion lumineuse peut conférer au fixateur d’azote des propriétés perma-
nentes, donner lieu à de nouvelles races. On connait, à cet égard, la
remarquable adaptation des microbes aux antiseptiques, d’après les
recherches de MM. Richet et Cardot; l’action de la lumière donne souvent
naissance à la production d’antiseptiques dans le milieu et accoutumance
du microbe à ces modifications pourrait lui faire acquérir des propriétés
très favorables par l’assimilation azotée dans la grande pratique agricole;
le chapitre de l’accoutumance des microbes aux conditions les plus variées
est loin d’être clos.
BACTÉRIOLOGIE. — In vivo comme in vitro les microbes passent & travers la
paroi du filtre. Note de M. J.-Y. Hexmaxs, présentée par M. Charles
Le
uchet. z
à 1
Lors de mes essais de vaccination antiluberculeuse par bacilles virulents
enfermés dans un sac de roseau, je constatai que, non pas immédiatement,
mais au bout d’un certain temps, des bacilles se trouvaient en dehors du
sac. Ce fait m'a ensuite amené à démontrer que, lors de la culture dans du
bouillon de n'importe quel microbe à l’intérieur de n'importe quel filtre
(sacs de roseau, sacs de collodion, filtres Pasteur, filtres en parchemin,
ultra-filtres), toujours les microbes passent de l’intérieur du filtre à travers
la paroi dans le milieu extérieur [Sur la perméabilité des filtres, des ultra-filtres
et des membranes dialysantes aux microbes ( Arch. intern. de Pharmacodyn.
et de Thér., vol. 22, 1912, p. 49)|. Tout en sachant que l'existence d’un
972 ACADÉMIE DES SCIENCES.
seul pore à diamètre microbien expliquerait les résultats de nos expériences,
j'ai cependant émis l'hypothèse que les microbes passent à travers la paroi
du filtre par des pores réellement plus petits qu'eux, parce qu’ils peuvent,
à l’exemple des globules blancs en diapédèse, s'étirer en une forme de dia-
mètre ultra-microscopique.
Pour contrôler cette interprétation, j'ai institué des expériences spéciales
in vivo chez le lapin et voici comment :
Dans des sacs de roseau, dûment contrôlés et renfermant 08,05 de poudre sèche de
pomme de terre, on introduit un bout de fil de 1Mm-2mm chargé de spores de char-
bon, on ferme et l’on collodionne les deux extrémités dusac: celui-ci est introduit
d’abord dans une capsule en gélatine et placé ensuite dans la cavité péritonéale du
łapin. Au bout de 2 à 3 jours, tout lapin porteur d’un tel sac meurt par infection char-
bonneuse généralisée. Dans une deuxième série d'expériences, la préparation du sac
de roseau étant terminée, on le saisit par le bout du fil d’une des deux ligatures et on
le plonge dans du collodion simple ; après évaporation, on le saisit par le bout de fil
de l’autre ligature, on le replonge dans le collodion et on laisse évaporer. J'ai aussi
revêtu la paroi du sac de roseau, d’abord de deux couches continues de collodion ; j'ai
- porté ensuite le nombre de ces couches à 5, 10, 20, de sorte que finalement le sac de
roseau était entouré d’une épaisse membrane de collodion. Ces sacs de roseau collo-
dionnés, mis en une capsule de gélatine, étaient ensuite placés dans la cavité périto-
néale du lapin : la mort est retardée davantagé, mais survient quand même, soit après
5, 10, 15 jours, Aucun animal ne survit. Comme les membranes formées par le collo-
dion simple sont assez fragiles, j'ai, dans une troisième série d'expériences, pris du
collodion riciné, dit élastique, dans lequel j'ai plongé le sac de roseau jusqu’à 30 fois,
en laissant évaporer après chaque bain. Ces sacs, entourés ainsi d’une membrane de
collodion élastique d’une épaisseur allant jusqu'à 1°" et comprenant jusqu'à 30 cou-
ches concentriques, sont de nouveau placés dans le péritoine du lapin. Contre toute
attente, la mort par infection charbonneuse généralisée, tout en étant retardée encore
plus, survient ; la survie la plus longue a été de 30 jours ; aucun animal porteur d’un
sac de roseau renfermant des spores de charbon, alors même qu'il fùt collodionné au
degré indiqué ci-dessus, n’a survécu. ; |
Voilà les faits observés, suggestifs à divers points de vue, mais n’envisa-
geons ici que la sortie des bacilles. Comme je me suis efforcé à ce qu'aucune
fissure ne persiste ou ne se produise, à ce que le collodion, simple ou riciné,
forme autour du sac de roseau une membrane absolument uniforme et
absolument hermétique, on est bien obligé, semble-t-il, d'admettre que
le sac de roseau collodionné, renfermant les spores de charbon, est absolu-
ment étanche pour les bacilles de charbon au moment d’être placé dans le
péritoine du lapin, et qu’il ne peut pas posséder un seul pore par.où les,
bacilles comme tels puissent passer. Nonobstant, après un intervalle ne
-
»
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 973
dépassant pas 30 jours, le bacille de charbon traverse la paroi du sac de
roseau collodionné, et infecte l’animal. Après avoir pesé toutes les autres
interprétations, j'arrive encore, comme pour les cultures in vitro, à cette
conclusion que les microbes, ici le bacille de charbon, doivent germer et
pousser à travers les pores des membranes sous une forme excessivement
ténue ou ultra-microscopique, soit à ce degré de grandeur qui est perma-
nent chez les virus invisibles ou filtrables. Ces nouvelles expériences con-
firment l'hypothèse de la diapédèse microbienne ultra-microscopique.
PARASITOLOGIE. — Sur la multiplication endogène de Chloromyxum truttæ
Léger. Myxosporidie biliaire de la Truite. Note (') de M. Louis Lécer.
La multiplication endogène des Myxosporidies est loin d’être connue
pour toutes les espèces et, en ce qui concerne les formes où elle a été signa-
lée, les auteurs ne sont pas toujours d'accord sur le mode suivant lequel
elle s'effectue. Ainsi, pour ne parler que des Myxosporidies des cavités
(biliaire ou urinaire), Cohn décrit chez Myxidium du Brochet un bourgeon-
nement externe multiple, tandis que Laveran et Mesnil admettent une
plasmotomie active des stades jeunes, comparables à celle signalée par
Doflein et Erdmann chez Chloromyxum Leydigi. |Cépède voit également
une plasmotomie des stades jeunes chez Myxidium Legert et Schrœder
une plasmotomie des grands stades chez Spheromyæa. Enfin Georgevitch
décrit chez Myæidium gadi une schizogonie binaire, et, chez Ceratomyxa
Herouardi, la plasmotomie et le bourgeonnement interne et externe.
Cette diversité dans le mode de multiplication endogène suffit à montrer
l'intérêt qui s'attache à suivre ce processus dans d’autres espèces, ce qui
-d’ailleurs n’est pas toujours facile, car il semble s'effectuer, au moins pour
les espèces d’eau douce, pendant un temps très court de l’année, à la fin de
l'hiver.
Un riche matériel provenant de Truites sauvages du Suzon en Dauphiné
nous a permis de suivre la multiplication endogène chez Chloromyxum
trutitæ Léger, parasite de la vésicule biliaire. Dans cette espèce dont le faciès
et les mouvements amiboïdes sont des plus caractéristiques, nous n'avons
Jamais observé de schizogonie binaire non plus que de plasmotomie. Par
contre nous pouvons affirmer qu’une active multiplication endogène a lieu
(1) Séance du 8 novembre 1920.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 20 ) 73
974 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par une schizogonie multiple interne (endoschizogonie) mettant en liberté,
d’un seul coup, par la destruction du corps résiduel du schizonte, une
grande quantité de petits schizozoïtes uninucléés.
_ A l’état jeune, par exemple chez des stades de rot, les schizontes de
Ch. truttæ sont déjà faciles à reconnaître à leur cytoplasma chromophile,
leurs noyaux petits, semblables et déjà nombreux (fig. 2), tandis que les
sporontes de même taille ont un cytoplasma clair avec des noyaux peu
nombreux et de deux sortes (fig. 1). Laissant de côté ces derniers pour le
moment, je décrirai seulement ici l'évolution des schizontes et la schi-
zogonie. |
= Les schizontes grandissent en multipliant activement leurs noyaux qui
restent à chromatine massive, et de taille trop petite pour en suivre les
phénomènes mitotiques. En même temps, un cytoplasma chromophile se
condense peu à peu dans la région centrale, de façon à envelopper tous les
noyaux, tandis que le cytoplasme périphérique est clair et d'aspect alvéo-
laire (Jig. 3).
Ce ADR O0
f EA ee
PERPE
Chloromyxum truttæ Léger : Fig. 1. Jeune sporonte. — Fig. 2à6. Jeune schizonte
et schizogonie x 1500. — Fig. 7. Jeunes schizozoïtes x 2500,
A la fin de la croissance et de la multiplication nucléaire, il se constitue
ainsi, à l’intérieur du schizonte primitif, une masse germinative interne
ordinairement sphérique, qui montre bientôt autant de saillies qu'il y a de
noyaux. Cette masse germinalive, morulaire, à cytoplasme chromophile,
va maintenant se comporter comme un véritable schizonte interne, pouvant
atteindre jusqu’à 20” de diamètre, enfermé dans le corps de l'organisme
primitif dont le plasma reste clair, vacuolaire, et, la plupart du temps,
”
SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1920. 975
sans éléments nucléaires visibles (fig. 4). Enfin les saillies nucléées s’indi-
vidualisent complètement, donnant naissance à autant de schizozoïtes uni-
nucléés dont le nombre semble dépasser une centaine chez les plus grands
schizontes.
A ce moment il n’est pas rare de voir quelques schizozoïtes quitter déjà
lamas central et ramper dans la région périphérique claire et diffluente du
générateur (fig. 5). Bientôt d’ailleurs l'enveloppe de celui-ci se liquéfie,
mettant en liberté l’essaim de schizozoïtes qui s’éparpillent sous forme de
petits éléments d’abord sphériques, de 2# à 34, puis rapidement amæboïdes,
piriformes (fig. 6). Chacun d’eux montre un cytoplasma homogène, assez
fortement colorable, avec un noyau formé d’un corps chromatique central]
entouré d’un espace clair, sans membrane visible (fig. 7).
Nous ne saurions dire si cette génération agame peut se répéter ou si elle
présente d’autres processus. Nous ne l'avons observée qu’à la fin de l'hiver
et parfois avec une telle intensité qu’elle suffirait à elle seule à expliquer la
quantité innombrable de sporontes qui, dans certaines truites ictériques,
remplit presque complètement la vésicule biliaire.
Le séance est levée à 16 heures trois quarts.
À: La.
ERRATA.
(Séance du 4 octobre 1920.)
Note de M. R. Fosse, Analyse qualitative de l’acide cyanique :
Page 635, ligne 10, au lieu de CO NH? NH}, lire CO NH, NH.
Page 636, ligne 18, supprimer a.
976 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES DE SEPTEMBRE 1020.
Table de caractéristiques de base 30030 donnant en un seul coup d’œæil les fac-
teurs premiers des nombres premiers avec 30030 et inférieurs à 901800900, par
Ernest Legon. Tome I, fascicule 1. Paris, Gauthier-Villars, 1920; 1 vol. 28%,
Rôle du manganèse en agriculture. Son influence sur quelques microbes du sol,
par Dimirrie A. CLaru. Paris, J.-B. Baillière, 1920; 1 vol. 25%, (Présenté par
M. Lindet.)
H. C. Orsted Naturvidenskabelige Skrufter, par Kirstine Meyer. Copenhague,
Andr. Fred. Host, 1920 ; 3 vol. 31°,
Atlas des régions pétrolifères de la France. Cartes des indices minéralogiques
et toponymiques, par Pau Doraxpix. Paris, Société de Géographie, 1920; 1 vol. 33%.
Les nouvelles théories alimentaires, par Raour Lecog. Paris, Vigot; 1920; 1 vol. 34m
T. N. B.et T. N.T.{(Trinitrobenzene and Trinitrotoluene), par H. KOSTEUITCH.
Londres, Wm. Macnab, 1919; 1 vol, 21%,
The Hardwods of Australia and their Economics, par R.-T. Baker. Sydney,
William Applegate Gullick, 1919; 1 vol. 31%,
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 22 NOVEMBRE 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE. — Sur la séparation de deux sels ayant un ion commun.
Note de M. A.-Tn. ScnLæsixG.
Dans la fabrication du nitrate d'ammoniaque par le nitrate de soude et le
bicarbonate d’ammoniaque, on obtient une solution aqueuse de nitrate de
soude et de nitrate d’ammoniaque dontils’agit d'extraire le dernier sel. J'ai
pratiqué cette extraction en me servant des courbes dont je vais parler. Des
conrbes analogues peuvent être utilisées lorsqu'on a à séparer deux autres
sels possédant un ion commun ou, en général, deux substances cristalli-
sables. J’ indiquerai, à titre d'exemple, la façon de procéder dans E cas des
deux nitrates ci-dessus.
On construit une courbe C, dont les ordonnées représentent les poids de
nitrate d’ammoniaque dissous dans 1“ de solution saturée à la fois de nitrate
d’ammoniaque et de nitrate de soude aux différentes températures, portées
en abscisses; en même temps, on construit une courbe C, donnant les poids
de nitrate de soude dissous conjointement avec le nitrate d’ammoniaque.
Les déterminations nécessaires à l'établissement de ces deux courbes
peuvent s'effectuer avec une extrème simplicité, admettant d’ailleurs toute
la précision voulue. On a un tube à essai, qui est maintenu dans un bain à
une température fixe et où l’on agite les deux sels purs et de l’eau en prenant
toutes précautions pour être sûr que la saturation de la solution soit réalisée.
La température de saturation est lue sur un thermomètre plongeant dans le
liquide du tube à essai. Avec une pipette effilge et tarée on prélève un
échantillon, de 28 à 55 par exemple, de là portion bien limpide de la solution
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 21.) | 74
978 ACADÉMIE DES SCIENCES.
saturée. On pèse la pipette et l’on fait passer son contenu dans une capsule
où on l'évapore pour en avoir le poids sec; après quoi on dose avec soin
lPammoniac, ce qui suffit, étant donné qu’on est en présence de sels purs,
pour fournir le poids exact de chacun des deux sels et, par suite, pour fixer
un point de C, et un point de C, correspondant à une certaine température.
On achève les deux courbes en opérant de même à autant de températures
qu'il faut.
S
i
Matières dans 4Kil.de solution
saturée des deux sels
| 4 40 o 10 10 30 40 50 60 70 $0 30 100 40 120 #0 140°
Températures
Avec les données acquises, on construit encore une courbe C, indi-
quant le poids d’eau dans 1“ de solution saturée des deux sels à chaque
température et une courbe C, représentant, à chaque température, le
rapport R de l’ordonnée de C, à ordonnée de C,. Voici une partie de
mes résultats d'expériences, permettant de tracer les quatre courbes figu-
rées ci-dessus.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. pa
Par kilogramme de solution saturée
des deux nitra
Température. Nitrate Am. Nitrate Na. Eau. R
o kg kg š m A
PEU E E 0,731 0,267 0,009 2,77
EYE e CREN CE 5 "0; 700 0,211 0,009 3,70
GO e Aa Le « 0,740 0,200 0,060 »,70
ETS ET rene 0,644 0,202 0,104 3,19
f js | k A r
E RA DER os 0,979 0,210 0,219 »,74
10e iv S y 0,474 0,226 0,300 2,10
LE, Fo eesse 0,901 0,241 0 , 368 1,02
Di adaessss sue 0,320 0,271 0,409 1,18
Supposons qu'on donne une solution de nitrate d’ammoniaque et de
nitrate de soude contenant ces deux sels en proportions quelconques. On
la pèse. On l'analyse (seule analyse rigoureusement nécessaire pour toute
la suite), ce qui donne les poids M de nitrate d’ammoniaque, N de nitrate
de soude et P d’eau qu’elle renferme. On va la concentrer de manière
‘qu’elle soit saturée des deux sels à une température T relativement élevée
et qu'un seul des deux sels se dépose alors partiellement, l’autre restant
entièrement dissous. Selon cue le rapport de M à N sera supérieur ou infé-
rieur au rapport R lu sur la courbe C, pour T°, le dépôt à T° consistera en
nitrate d’ammoniaque ou nitrate de soude. Ce sera, par exemple, du nitrate
de soude ('). Le poids d’eau à conserver pour maintenir en dissolution
T° la totalité du nitrate d’ammoniaque et par suite le poids d’eau à
éliminer s’obtiennent immédiatement (*). Toute l'opération consiste en
cette simple élimination, qu’on mesure soit par la perte de poids du réci-
pient renfermant les matières, soit par l’eau que fournit la condensation de
la vapeur produite, On maintient à T° pendant la cristallisation du nitrate
de soude et l’on enlève le dépôt. On essore et, s’il y a lieu, on clairce ce
dépôt.
On est maintenant en présence d’un poids connu d’une eau-mère saturée
(') S'il devait se déposer à T°, dans cette première concentration, du nitrate d'am-
moniaque, on comprendra qu'il serait inutile de réaliser cette fois la saturation à T°
et qu’il pourrait suffire d'amener l’eau à la quantité strictement nécessaire pour main-
tenir tout le nitrate de soude dissous à 4 ; puis, en faisant cristalliser à cette tempé-
rature Z, on obtiendrait la première récolte de nitrate d'ammoniaque.
À
(?) H faut conserver E- < d’eau et par suite en éliminer P — E +” E et A ayant les
Pros indiquées un peu plus loin,
980 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des deux nitrates à T°, dont il faut extraire le nitrate d’ammoniaque. On
va la refroidir à une température relativement basse, {°, en faisant en sorte
qu'à celte température elle soit saturée des deux sels sans aucun dépôt de
nitrate de soude. Il faut que la liqueur renferme assez d'eau pour garder en
dissolution à 2 tout le nitrate de soude présent. On yajoute l’eau qui manque
pour cela. Soient A, B et E respectivement les ordonnées des courbes C,, C,
et C, à T, et soient a, b ete leurs ordonnées à #. L'eau à ajouter par
kilogramme de la solution saturée à T° est re E. Après cette addition,
on refroidit et maintient à 4°. Le dépôt ou la récolte de nitrate d’ammo-
niaque, exempt de nitrate de soude, par kilogramme de solution saturée
à T°, pèse A — az soit, par kilogramme de nitrate d’ammoniaque contenu
B
k DT
dans cette solution,
OÙ I — T (Re et Ry sont les valeurs du.
rapport R à : et T°). Pour avoir le maximum de récolte du nitrate
d’ammoniaque, on choisit z et T de façon que = soit le plus petit possible.
A la seule inspection de la courbe C,, on voit qu’on peut prendre T à peu
près indifféremment entre 95° et 117° (d’où résulte une latitude assez pré-
cieuse) et qu’on a intérêt à prendre z aussi bas que possible.
Après l’enlèvement de la récolte de nitrate d’ammoniaque (qu’on essore
et clairce si l’on veut), on peut faire rentrer en fabrication l’eau-mère
(comme plus haut le nitrate de soude qu’on a séparé), pour qu’elle s’enri-
chisse en nitrate d’ammoniaque et revienne se faire traiter en vue de
l'extraction de ce sel. Au laboratoire, si l’on voulait tirer d’une quantité
donnée de la solution primitive le plus grand poids possible de nitrate
d’ammoniaque (un tel souci se présenterait dans la préparation d’un corps
plus ou moins précieux), on pourrait concentrer de nouveau l'eau-mère
et la saturer des deux sels à T°, écarter le dépôt de nitrate de soude qui
se formerait à cette température, ajouter de l’eau en proportion voulue et
revenir à 4° pour obtenir une deuxième récolte de nitrate d'ammoniaque;
on en-obtiendrait ensuite d’autres, de plus en plus petites, tout le travail se
faisant sans tâtonnement grâce à l’emploi des courbes et à quelques pesées.
En fait, il deviendrait utile de consulter encore l'analyse pour bien fixer la
composition des liqueurs, d'autant que, pour être certain de produire des.
cristaux purs, il est prudent d’ajouter ou de laisser un peu plus d'eau que
le voudraient les courbes, ou encore de ne pas atteindre tout à fait les “on
pératures z et T, ce qui éloigne légèrement les eaux-mères des compositions
prévues,
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. | 981
On peut aussi bién extraire, comme on vient de le voir, l’un des deux
nitrates que l’autre.
Ce qui précède est applicable à la séparation de bien des sels, autres que
le nitrate d’ammoniaque et le nitrate de soude, qu'on rencontre assez
communément : nitrate et chlorure de sodium, nitrate et chlorure de
potassium, etc.
Suivant les cas, on devra, pour extraire le sel voulu, partir d’une
- solution saturée des deux sels donnés à T° ou bien saturée à £. A ce point
de vue, on est tout de suite renseigné par la courbe des rapports R.
T est facile de voir que, soit qu’on parte d’une solution saturée à T°
pour obtenir un dépôt à 2°, soit qu’on parte de ¿° pour former un dépôt à
T°, la récolte en sel déposé, par kilogramme de sel contenu dans la solution
CE k ; E. ý R;
saturée à la température de départ, est. représentée par 1 — Tr si les deux
sels sont tels que l’on ait R,<R, et par 1 — Ft silona R< Re
Les courbes telles que celles qui viennent d’être envisagées permettent
de régler, en vue de l’extraction de l’un ou l’autre sel présent, les évapora-
tions et additions d’eau à faire et d’en indiquer par avance l’exacte grandeur,
de déterminer les températures £ et T les plus favorables et de réaliser le
maximum des récoltes. Des courbes d’un genre différent (Van’t Hoff)
pourraient être utilisées dans le même but. Celles qui sont étudiées plus
baut me semblent, dans le cas de deux sels, se recommander-par le petit
nombre et la Banke des déterminati tales au moyen desquelles
elles s'établissent; dans l exemple ci- Jesus, huit expériences extrêmement
simples peuvent ne au tracé des courbes C, et C, (les courbes C, et C,
s’en déduisent immédiatement sans autre expérience).
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Nouveaux systèmes de halage électrique
sur les canaux. Note (') de M. EnouarD ImBEaux.
ÉLémevrs pu prosLèmEe. — Le halage des péniches (300!) sur des canaux à
point de partage et à nombreuses écluses, comme ceux de la Marne au
Rhin et des houillères de la Sarre, présente de nombreuses difficultés :
1° Au point de vue technique. — a. Les voies en question ont des chemins
hi
de halage très étroits (2" à 2", 5o par places), des tunnels et ponts-canaux
(') Séance du 8 novembre 1920. r
982 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à section très rétrécie et avec banquette de 1",20 de largeur, de nom-
breux ponts à une voie, dits en chapeau de gendarme, des échelles
d’écluses, enfin des ports et des sections à quatre voies à traverser sans
prendre appui sur les chemins de halage.
b. L'effort de traction dans l’amarre pour une péniche chargée doit
pouvoir varier entre 400% en bief courant (marche à 3,5) et 800"5 et
même 1200" au démarrage ou à l'entrée dans une écluse (').
La résistance du bateau pour un moteur à la rive agissant oblique-.
ment vers l'axe du canal et vers le bas, il en résulte deux composantes
parasites, Vune transversale (°) et l’autre verticale, contre lesquelles il faut
luttér (on a donc intérêt à tirer avec une longue amarre, en se piacan le
plus bas possible et le plus voisin de l’axe).
2° Au point de vue économique. — d. En raison des prix élevés actuels
des travaux et de la main-d'œuvre, l’électrification ne doit entrainer aucune
transformation sérieuse de l’assiette des canaux, ni des ouvrages d'art.
Elle ne doit pas entraîner l'emploi de grandes quantités de métaux
(devenus très coûteux), ce qui à mon avis proscrit la pose d’une voie ferrée
lourde et indique l’utilisation du courant triphasé.
f. Enfin, lexploitation pour être économique ne doit comporter ni
engins, ni agents nombreux (notamment pas d'agents dont le temps serait
mal utilisé) : bref, en dehors des dépôts et ateliers de réparation et des
électriciens surveillant les lignes, il ne faudrait sur les canaux que les-
mariniers et les éclusiers.
SYSTÈMES EN PRÉSENCE. — 1° Touage. -- S’applique bien à la marche en
convoi et pour traverser ie passages difficiles; mais est contre-indiqué
pour les parcours à à nombreuses écluses, puisqu'il faudrait défaire et refaire
le convoi à chaque écluse.
-2° Système des tracteurs des canaux du Nord, — Est coûteux de premier
établissement, parer qu'exigeant des rails (voie de 1" pesant 40e au
mètre), et parce qu’employant des tracteurs trop lourds (8! à 10°), qui
d’ailleurs ne passeraient pas pour les canaux de l'Est sous de nombreux
ponts, dans les tunnels et sur les ponts-canaux, ct qui tireraient bien trop
obliquement dans les sections à 4 voies de re De plus, il serait trop
onéreux d'exploitation, parce qu'exigeant autant de mécaniciens que de
(J D'après les résultats des expériences que nous avons fait faire sur la section
électrifiée de Foug au moyen d’un dynamomètre-enregistreur Richard.
~ (°?) C'est cette composante qui attirait le cheval électrique dans le canal et lui
faisait entailler et détruire le chemin de halage.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 983
tracteurs ('), et parce qu'aux écluses — au nombre de 180 sur la Marne au
hin — ces mécaniciens perdraient beaucoup de temps pendant l’éclusage
(12 minutes sur 14 si les tracteurs de voie courante font le service des
écluses, tout le temps de l’éclusage s'il y a aux écluses des tracteurs spécia-
lisés, nouvelle complication fort onéreuse). Bref, le système n’est pas à mon
avis financièrement viable sur un canal à nombreuses écluses (°).
3° Halage funiculaire : système de la Compagnie générale électrique. —
Dérivé du système de M. Lévy, décrit dans ma Note (Comptes rendus du
16 février 1914), et appliqué avec succès sur la Marne au Rhin à Foug pour
le tunnel et les écluses. Mais en voie courante, il faudrait trouver le moyen
de passer automatiquement d'une section à une autre, et de supprimer les
convoyeurs : de plus, l’usure des câbles et des paa parait devoir être
rapide.
Le système a donc besoin de nouveaux perfectionnements, mais il semble
pouvoir se prêter à de nombreuses combinaisons : par exemple, le double
câble mobile peut être placé en l’air dans l'axe du canal, et tirer ainsi les
bateaux, tout en libérant les rives, dans les parties à 4 voies et la traversée
des ports : s’il était en mouvement continu, il constitucrait une sorte de
troitoir roulant pour les bateaux, lesquels n'auraient individuellement qu’à
S’attacher à une des amarres pendant du câble de distance en distance. De
même aux échelles d’écluses et si l’on suppose les écluses doubles, le càäble
passant entre les deux lignes d’écluses donnera aux bateaux à l'instant voulu
la force motrice dont ils ont besoin aux différentes phases de rss
4° Système de la Société Otis-Pi fre (ingénieur M. Derungs) (*). — Dérivé
du cheval électrique de Denèfle et Galliot et aussi du monorail Clarke, ce
système a été expérimenté à Saint-Maurice en 1920 et a bien réussi : il
répond à nos desiderata et ne coûterait guère que moitié du système des
tracteurs sur rails.
Il consiste à installer le long du chemin de halage deux cäbles fixes, et à
(1) Voir même le double si l’on veut marcher 16 heures par jour et appliquer la loi
de 8 heures.
(?) Les mèmes inconvénients existent pour les tracteurs sans rails, tracteurs Feuil-
lette ou tanks de guerre, avec moteurs à éssence, qu'on a essayé d'atteler aux
bateaux : en outre, la destruction rapide du chemin de halage et le coût de leur con-
sommation d'essence en prohibent l'emploi à titre définitif.
(*) C’est déjà M. l'ingénieur Derungs qui, alors attaché à la Compagnie générale
électrique, a installé le halage funiculaire de Foug et a mis ce système au point, grâce
à de nombreuses inventions de détail.
984 ACADÉMIE DES SCIENCES.
faire circuler le long d’eux un /ocomoteur funiculaire qui tire le bateau.
C’est en somme un toueur sur berge. Chaque câble constitue un organe de
réaction élastique indépendant; l’un de ces câbles, appelé primaire, fournit
l'effort de traction; l’autre, appelé secondaire, fournit la réaction nécessaire
pour annuler la composante parasite transversale.
Le locomoteur a la forme d’un tricycle très léger et très étroit (0",60 de
large), actionné par un moteur électrique quelconque. Il se propulse en
s’engrenant sur des butées fixées au câble primaire ('), par pression pro-
gressive, sans glissement et rigoureusement dans la direction de l'effort de
halage. Il est calculé pour trainer une péniche chargée à 3™,5 à l’heure et
peut même en trainer deux. Il comporte un appareil breveté spécialement,
appelé balancier (°), destiné à reporter automatiquement sur le càble
secondaire l'effort transversal, ce dernier étant annulé par une composante
de roulement naissant dans la réaction élastique du câble secondaire.
Le locomoteur est complètement automatique et se dirige tout seul; il
est lié au convoi qu'il doit remorquer et né le quitte qu’arrivé à destination.
(On peut toutefois l'en détacher facilement pour une raison quelconque,
réparations, accident, etc.) Il peut donc être commandé par le marinier
depuis son bateau, au moyen de leviers et de commandes électriques passant
dans l’amarre.
Le locomoteur n’est pas seulement un tracteur, mais aussi un treuil;
l'organe qui le fait avancer par engrènement progressif peut, si le locomo-
teur est retenu par un heurtoir, provoquer le déplacement d’un cäble sans
fin qui aurait pris la place du câble primaire. Cette disposition est très
intéressante dans certains cas (gares d’eau) où le locomoteur ne peut suivre
le bateau, ce dernier étant alors déplacé à distance par le câble sans fin.
Enfin, l'engin est assez léger (un peu moins d’une tonne et pourra peser
moins encore) pour pouvoir quitter le sol et être porté en lair sur une
poutre ou un càble à la traversée des passages difficiles (tunnels, ports,
4 voies) : on revient ainsi au monorail.
5° Système Chéneau. — Dérive du système Clarke où la poutre est,
NOT EE EE Ro
(1) Aux essais de Saint-Maurice, ce càble était une lame d'acier portant à sa face
inférieure, de distance en distance, les butées s’engrenant dans l'organe de traction.
On voit que l’adhérence n’est plus prise sur le sol, seconde raison pour laquelle le
chemin de halage ne soit pas dégradé.
(?) C’est en somme un jeu de leviers articulés auxquels s'attachent la traction et
l’amarre de remorquage et qui s'appuient sur une piste de guidage, .de manière que
le système soit en équilibre indifférent.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 985
remplacée par un càble fixe porteur (de 20"",8 de diamètre, résistance à
la rupture de 50000"$), sur lequel court un locomoteur très léger (6005),
qui n'est autre chose qu’un moteur électrique de 10 HP pendu àu câble.
Ici il n’y a plus de contact avec le chemin de halage, et le locomoteur peut
passer partout et se mettre dans l’axe du canal au besoin,
Le bâti, formant carter, qui renferme le mécanisme, repose sur le câble
au moyen de deux roues verticales. La traction est assurée par deux paires
de roues horizontales, opposées deux à deux, qui serrent entre elles le câble
et reçoivent leur mouvement du moteur. La pression de ces roues motrices,
nécessaire à l’adhérence, est obtenue par la réaction du filin d’amarre sur
le crochet d’attelage porté par le locomoteur, ce crochet faisant partie d’un
système de leviers qui multiplie l'effort dans la mesure voulue : les roues
dans chaque paire opposée restent d’ailleurs libres de prendre un écarte-
ment variable suivant les surépaisseurs que peut présenter le câble.
L'appareil est muni d’un dispositif de démarrage automatique réalisé
par des contacteurs électromagnétiques, ainsi que d’un frein automatique.
La mise en marche est obtenue par le simple jeu d’un commutateur, lequel
peut être commandé à distance par le marinier au moyen du filin de traction,
attaché au crochet d’attelage : la tension de l’amarre par l'intermédiaire des
leviers ferme un contact qui, par un jeu de relais, détermine la mise en
marche, tandis que laisser se détendre le filin provoque l'arrêt.
Ce nouveau système, qui parait répondre aussi aux besoins des canaux
de l'Est, n’a été expérimenté que sur des wagonnets dans un chantier de
Neuilly (avec du courant continu à 500 volts) : l'inventeur va essayer à
Saint-Maurice comment il se comportera en service réel avec des bateaux.
Conclusion. — L’'ingéniosité des inventeurs continue à s'exercer sur le
problème si délicat du halage électrique, ce qui tient à ce que la solution
n’en est sans doute ni simple, ni unique, mais doit probablement se modifier
suivant les difficultés rencontrées sur chaque voie ou partie de voie navi-
gable. Les nouveaux systèmes proposés paraissent apporter des avantages
techniques et économiques considérables (du moins pour les canaux de
l'Est de la France) ('), et méritent qu'on leur fasse subir un essai pratique
sur des longueurs suffisantes de canaux en service.
(1) I y aurait aussi grand intérêt à chercher la meilleure solution pour la traction
électrique sur le futur grand canal d'Alsace (voir ma Communication Comptes
rendus du 5 mai 1919) entre Strasbourg et Bâle, où il Sagira de bateaux dits de 1200
(79 x 11m x< 2%), ayant à remonter un courant dë 1M,20 par seconde : on aura de
l'énergie électrique produite par le Rhin tui-même et l'on économiserait tout le charbon
que Cconsommeraient les remorqueurs.
986 ACADÉMIE DES SCIENCES.
THERMODYNAMIQUE. — Sur la chaleur de vaporisation d'un liquide aux basses
températures. Réponse à une Note (') de M. G. Bruhat.] Note (?) de
M. E. Anis.
M. Brukat n’a pas trouvė suffisants les arguments apportés dans ma der-
nière Note (°) en vue d'établir, d’une façon sommaire, quatre propositions
qui sont assez peu connues, disais-je : je puis ajouter, aujourd'hui, qui sont
en contradiction avec des idées assez couramment acceptées. La question,
qui touche aux points les plus élevés de la Thermodynamique pure, est
trop importante pour que je n’y revienne pas encore une fois, avec le seul
désir que la lumière jaillisse pour tous de cette discussion. a,
Ces propositions ont entre elles un lien étroit. J'en ai donné des démons-
trations très détaillées auxquelles j’ai renvoyé le lecteur dans ma Note pré-
citée : je regrette que M. Bruhat n’ait pas cru devoir les consulter, pour y
chercher une première faute, et pour la signaler, s’il la trouvait. Il a préféré
s’en tenir à vouloir démontrer à son tour que l’une de ces propositions, -
qu’il appelle mon hypothèse, à savoir L, = o, est inconciliable avec les faits
observés.
M. Bruhat part, pour cela, de la formule de M. Max Planck,
sy
AL Ctf Cat.
que j'ai incriminée, parce que son auteur admet, a priori, sans examen, que
la constante L, peut ou doit être différente de zéro.
Cette formule, dit M. Bruhai, est classique et applicable à condilion que
l’on puisse assinuler la vapeur saturée à un gaz par fait (pu = RT). I aurait
pu ajouter qu'elle suppose encore que les deux chaleurs spécitiques d'un
gaz parfait sont constantes, et que la chaleur spécifique à pression constante
d’un liquide est indépendante de la pression, Or, ces restrictions sont telles
que la formule n’est valable qu'aux tres basses températures, au voisinage du
zéro absolu. C’est un fait facile à vérifier. Que l’on caleule, par exemple,
pour les trente substances pures étudiées par M. S. Young, et prises sous
TRS AEA
1} Comptes rendus, t 171, 1920, p. 712.
2) Séance du 15 novembre 1920.
*) Comptes rendus, t. 1TA, 1920, p. 456.
(
(
(
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 987
leurs poids moléculaires, la valeur de l'expression Le et l’on constatera
que cette valeur s'écarte encore notablement de la constante universelle
R = 0,08207, alors même que ces calculs se rapporteraient aux plus basses
températures explorées par les expériences de M. Young, el qui sontencore
trop éloignées du zéro absolu.
Si donc, L, étant nul, la formule (10) (') donne toujours des valeurs
positives de m’, il importe de remarquer que c’est pour des températures
assez voisines du zéro absolu. que ces valeurs très pelites tendent vers zéro
coume C, quand la température elle-même tend vers zéro, et que ces cons-
latations, loin d’être en contradiction avec les faits d'expérience, comme
pense le démontrer M. Bruhat par une extrapolation excessive, ne font, au
contraire, que confirmer mes prévisions.
M. Bruhat trouve tout à fait satisfaisantes les vérifications numériques
de la formule (10), et qui permettent facilement, selon lui, de calculer la
valeur approximative de L,. Ces vérifications sont de deux sortes :
Les premières, qui concernent l’anhydride sulfureux et le chloroforme,
sont indépendantes de la valeur que peut avoir L,, et ne prouvent rien,
quant à cette valeur. Elles sont cependant instructives, parce qu'elles
montrent le degré d’approximation que l’on peut obtenir dans certains
calculs, quand on assimile une vapeur saturée à un gaz parfait, en dehors
des basses températures. La température d’inversion 0 étant connue
(m= 0), on tire de la première expression de m’, égalée à zéro, Li = C’6,
ce qui donne pour la chaleur de va PE du chloroforme à la Paper ae
d'inversion, 55 au lieu de 59, ce qui n’est pas très satisfaisant, mais s'ex-
plique teint
Les vérifications suivantes concernent le benzène pour lequel M. Brubat
calcule 7x’ entre les températures 273 et 483, qui s’écartent de 100° environ
de la température d’inversion 0 — 374, en employant, non pas la for-
mule (ro), mais la formule (11) qu'il en déduit :
a. 6
MU
en admettant que C est constant, alors que celte chaleur spécifique du
corps à l’état liquide est une quantité essentiellement variable, en principe
fonction de la température et de la pression, et qui s’annule toujours au
zéro absolu. Les résultats obtenus ne sont d’ailleurs pas aussi satisfaisants
(®) Comptes rendus, t- A4, 1920, p. 162.
988 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que l'estime M. Bruhat, puisque aux températures supérieures à ła tempé-
rature d’inversion, la valeur calculée de m’ atteint à 483° près de sept fois
la valeur observée.
La deuxième expression de la formule (10), qui cette fois contient Lg,
donne à la température d’inversion, toujours en supposant C constant,
soit, avec L= 0 G14 et 034,1}, 155. Felle est la valeur de L, que
M. Brubat présente comme approximative. Est-il vraiment possible d’avoir
la moindre confiance dans un résultat obtenu moyennant des conditions qui
s’écartent considérablement de la vérité.
J'ai dit dans ma dernière Note, et je maintiens, qu’il n’est pas possible
de concevoir un tracé de la courbe de saturation et des adiabatiques, tel
que l’entropie puisse finir par croitre indéfiniment sur la courbe de satu-
ration à mesure que le volume augmente et que la température s'abaisse,
sur cette courbe, ce qui signifie que les adiabatiques finissent toujours par
sortir de l’intérieur de la courbe de saturation pour ne plus y rentrer. La
seule disposition de ces courbes, compatible, à mon avis, avec les propriétés
des fluides, notamment aux basses températures, est celle qui est figurée à
la page 39 de mon opuscule déjà cité. M. Bruhat signale au début de sa
dernière Note qu'il est parvenu à une autre disposition (il serait intéressant
de la connaître dans tous ses détails), et d’après laquelle l’entropie de la
vapeur saturée tendrait vers + æ, quand la température T tend vers zéro,
ce qui signifie que les idoligi finissent toujours par rentrer dans la
courbe de saturation au lieu d’en sortir comme je l’admets.
La conclusion qu'en tire M. Bruhat, avec juste raison, est qu'une
détente adiabatique aboutit toujours à la condensation de la vapeur (etnon
du liquide) et que cette condensation tend à devenir complète, quand le
volume augmente indéfiniment et que la température tend vers zéro. Mais
il n'insiste pas sur les conséquences de cette hypothèse qui appellent
cependant l’attention. Il en résulte que le volume occupé par un liquide
pris à l’état de saturation tend, comme le volume de la vapeur émise, Vers
l'infini, à mesure que la température s'approche du zéro absolu. Tout fluide
serait doté d’un second état critique, dont les éléments auraient les valeurs
suivantes : T.= 0, p.=— 0, v,.— æ. Les deux branches de la courbe de satu-
ration représentant l’état liquide et l’état de vapeur seraient asymptotes à
l’axe des volumes, et la branche représentant l’état liquide, partant du point
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 989
critique que nous connaissons tous, irait d’abord, comme l’apprend l'expé-
rience, en s'approchant de l’axe des pressions, pendant que la température
et la pression s’abaisseraient ; puis le volume du liquide ayant atteint un
minimum que ni l'expérience ni la théorie n’ont jamais constaté, irait
ensuite en croissant jusqu’à l'infini, tandis que la température et la pression
iraient en décroissant jusqu’à zéro. La conception de ce volume infini d’un
liquide au zéro absolu me paraît surtout renverser toutes les idées géné-
ralement reçues, et faire bien peu de cas des nombreuses recherches qui ont
eu pour objet la détermination de la valeur très petite, et non infinie, que
prend, au zéro absolu, le volume d’un liquide. Pour ces motifs, l'hypothèse
que l’entropie d’une vapeur saturée puisse tendre vers l'infini quand la
température tend vers zéro, me semble absolument inadmissible.
Pour terminer cette discussion, je donnerai encore une fois une courte et
simple démonstration des quatre propositions qui l'ont soulevée. Elle est
basée sur une formule de M. Max Planck qui suit immédiatement, dans ses
Leçons de Thermodynamique, celle que M. Bruhat lui a empruntée, et quiest
non moins classique. Cette formule, qui donne la tension de vapeur saturée
aux trés basses températures, est la suivante :
Log p — É logT — = + 5
La première des formules (4) de M. Bruhat (formule de Clapeyron)
devient aux très basses températures, en y faisant u = o et pu = RT, ce
qui est légitime,
S, étant la valeur vers laquelle tend l’entropie de la vapeur saturée,
quand T tend vers zéro, et qui est finie pour les raisons données plus haut.
On tire de cette relation par intégration, K étant une constante,
a
log p — = Z logT + logK.
Les deux valeurs de p doivent être identiques, ce de entraine
S= u0, Lyco et p KTË K
Ce sont les expressions de trois des propositions dont il s'agit.
L'expression de la dernière, m = o pour T = o, résulte de la formule (10)
de M. Bruhat.
990 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. H. Lecomte fait hommage à l’Académie des trois premiers volumes
d’un Ouvrage intitulé : Herbier du Muséum de Paris. Phanéroganue. Noudæ
systemalicæ.
S. A.S. Auserr I“, prince souverain de Moxaco, invite l'Académie à
se faire représenter à l'inauguration de l’Institut de paléontologie humaine,
à Paris, le 23 décembre prochain. MM. Epmoxp Perrier, Roux, A. La-
croix, Bovaparre, Douviiré, Hexneeuy, Maxeix, Termier, Have,
Cua. Ricuer, Rates sont désignés.
CORRESPONDANCE.
M. le MixisrRe pe L'INsrruCrION PUBLIQUE Er pes Beavx-Arrs Invite
l’Académie à lui présenter une liste de candidats pour la Chaire de géologie
déclarée vacante au Muséum national d'histoire naturelle.
( Renvoi à la Section de Minéralogie. )
M. le Mixisrre pes Fivaxczs invite l'Académie à désigner un de ses
Membres qui occupera, dans la Commission de contrôle de la circulation
monétaire, la place vacante par l'expiration du mandat de M. A. Haller.
M. Pierre Lesse adresse un Rapport relatif à l'emploi qu'il a fait de la
subvention qui lui a été accordée sur le Fonds Loutreuil en 1919.
M. le Secréraire PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Auc. Cnevauer, Exploration botanique de € Afrique occidentale fran-
çaise. Tome I : Enumération des plantes récoltées. (Présenté par M. H.
Lecomte.)
29 F. Carueux, Le professeur J. Albarran (1860-1912).
3° CaraxËs, Mæurs intimes du passé, 6° série.
; ` e . . . : , æ
- M. E. Foursier adresse des remerciments pour la distinction que Aca
démie a accordée à ses travaux.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 991
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions algébroïdes et les. fonctions
croissantes. Note de M. ‘Taéonone Vanopouros, présentée par
M. Hadamard.
1. Une fonction u= 2(2), ayant un nombre y fini de branches, satisfait
à une équation de la forme
ASU ULGA + A. (s)u TE. LA, .(s)u+ A, ,(s}u+A,(sz)—=0,
Ah Ash, Sa désignent des fonctions entières ou méro-
morphes de z.
Nous appelons valeur exceptionnelle de la fonction u — 2(z) à v branches
toute valeur à = a telle que l’équation 5(z) = a admetie un nombre fini de
racines, et il en est de même de l'équation f(z, a) = 0.
J'appelle équivalentes deux valeurs a,, a, de u pour lesquelles le
rapport f(z, a,):(3.a,)est une fonction rationnelle de z. Si l’une est
exceptionnelle l’autre l’est aussi.
M. Rémoundos dans sa Thèse intéressante (') a fait une profonde étude
sur les valeurs exceptionnelles et a démontré le théorème suivant : Une
transcendante algébroide quelconque à » branches prend dans le domaine de
lin fini (qui est le point are toutes les valeurs, sauf, peut-être, N = 2v
au plus.
2. Je me propose dans cette Note de compléter en certains pointa les
résultats de M. Rémoundos au point de vue du rôle qu'y jouent les valeurs
exceptionnelles équivalentes. Par un procédé devenu classique depuis les
travaux de M. Em. Borel sur le théorème de M. Picard, je suis arrivé aux
résultats suivants.
I. Si les fonctions A;( z2) sont en général méromorphes et s'il ne se présente
Pas des valeurs équivalentes, le nombre N ne surpasse pas » +1.
I. Appelons(E) l’ensemble des valeurs de u pour lesquelles f(z, u) est
une constante ou un polynome, et qui sont appelées, par M. Rémoundos,
formelles ; (E,) l'ensemble des autres (intrinsèques) qui ne sont pas équi-
valentes; (E,) l’ensemble des valeurs équivalentes pour lesquelles le rap-
Port f(z, u;): f(z, uj) n'est pas constant, et enfin (E,) l’ensemble des
(*) Sur les zéros d’une classe de fonctions transcendantes (Paris, Gauthier-
Y illars, 1905, et Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse).
ki
992 ACADÉMIE DES SCIENCES.
valeurs équivalentes pour lesquelles le rapport f(z,u;): f(z,u;)=ec
(constant). Nous aurons le théorème suivant :
L'ensemble des valeurs (E), (E,) ne surpasse pas le nombre y + +.
IT. Dans le cas où les fonctions A;(:) sont entières, l’ensemble des
valeurs (E), (E,), (E,) ne surpasse pas le nombre y» + 1, linfini compris.
Nous avons des fonctions algébroïdes u = ©(z) définies par les équations
de la forme (1), pour lesquelles le nombre N =y + 1.
Par exemple, supposons l'équation «w = A (z); la fonction u prend toutes
les valeurs, sauf peut-être v + 1 au plus. Tels sont l'infini et toutes les Va,
où a est la valeur exceptionnelle de la fonction entière A(z)
3. Si M(x) désigne une fonction croissante quelconque, j'établis l'inégalité
I
M (r)
M| y| <M Log M(r)1
où ) > 1 quelconque, satisfaite à partir d'une valeur de r, sauf quelques inter-
valles exceptionnels d'étendue négligeable, vétant un nombre entier aussi
grand que l’on veut, maïs fixe. |
MÉCANIQUE. — Propriétés essentielles des transmissions pneumatiques
encycle fermé. Note de M. Jacoues pe Lassus, transmise par M. Rateau.
Dans une précédente Communication, nous avons exposé les conditions
générales de marche d’une transmission pneumatique utilisant une masse
de gaz invariable en circuit fermé. Après ces considérations nous énon-
cerons les lois qui régissent les transformations polytropiques sur le cycle
proposé. (Dans l'énoncé de ces lois, y est le coefficient de la transformation
adiabatique ou pratiquement polytropique; K est le rapport volumétrique
des deux compartiments, capacité sur réservoir, ou rapport des masses
gazeuses initialement contenues dans ces compartiments; M, et P, sont la
masse de gaz et la pression au réservoir à chaque instant; M, et Pe, masse
et pression à chaque instant à la capacité; P,, pression initiale de charge;
M;, la masse initialement contenue à la capacité; M,;, au réservoir: )
‘Théorème I. — Dans une transmission pneumatique mettant une masse
de gaz invariable en circuit fermé entre deux compartiments de dimensions
données fixes, la pression régnant à chaque instant dans l’un ou l'autre ae
ces compartiments, rapportée à la puissance y de la masse de gaz ren fermée
à l’instant considéré par le compartiment, est une constante.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 993
Cette loi est exprimée z les relations P= aM}, E= bM! où les
F;
constantes a — W, ad Aa Il est à propos de remarquer ici que cette loi
ne peut et ne doit pas être confondue avec l'expression du résultat des
expériences de Gay-Lussac et de Joule sur l'écoulement d’un fluide gazeux
entre deux compartiments qu’on met en communication, sans le concours ou
sans la production de travail extérieur, à la faveur seulement de la différence
des pressions existant entre les deux compartiments.
Théorème 11.
‘ I ; : `
La puissance = de la pression existant à chaque instant au
r . . r + . T : r pi E E A
réservoir, ajoutée à la puissance š de la pression régnant à la capacité,
quand on multiplie cette dernière par le coefficient K, représente une
somme constante égale au produit par le coefficient K, augmenté de l'unité,
Q I ` i . CRE
de la puissance - de la pression de repos ou pression initiale de charge.
Cette loi est exprimée par la relation
i i :
P kP (K oP
Théorème III. — Le taux ou degré volumétrique de compression p au
compresseur, variable avec les états successifs, qui correspond à un état
donné K, du rapport des masses de gaz dans les deux compartiments, est
égal à l'inverse du rapport K,, multiplié par le facteur constant K, rapport
des masses à l’état initial. De plus, p est indépendant de la pression initiale
Fe P :
de charge.
K
Relation : p = -=
f i 7 K,
Théorème IV. — La valeur de K,,, rapport de masses de gaz respective-
ment contenues à la capacité et au réservoir dans l’état qui correspond au
maximum du travail par tour au compresseur, n ’est fonction que de K, et
du coefficient y de transformation.
1
T K
Relation: K — y BE his un
ft kel
On déduit de cette dernière loi que le taux ĝm, qui correspond au maximum
du couple au compresseur, n’est fonction que de K et de y.
Compensation des fuites. — En élevant à la puissance y les deux membres
C.. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 21.) 7
994 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la formule qui exprime la seconde loi ct en mettant le premier membre
sous la forme P, ( I +2) on obtient la forme du binome (X + 1 )” où X,
variable, est sensiblement compris entre o et 1, si K est plus petit que 4
par exemple. Comme m est non entier voisin de 1, par développement en
série suivantla formule de Taylor on arrive à l'expression P, + NP, = const.,
où le coefficient N est voisin de K“.
Cette relation exprime que si l’on fait agir sur un piston à deux étages,
dont les sections sont dans le rapport N, la pression P, constamment sur la
petite section, la pression P, constamment sur la grande, ce piston restera en
équilibre sous l’action d’une force antagoniste constante. Cet organe permet
d'assurer l’invariabilité de la masse gazeuse en circuit : dès qu’il se produit
une fuite sensible, ou dès que l’énergie interne moyenne de la masse gazeuse
a tendance à s'écarter, aux différents régimes, de l'échelle des valeurs cor-
respondant à la théorie, aussitôt le piston étagé a tendance à se déplacer
dans un sens ou dans l’autre ; son déplacement peut alors agir sur l’établis-
sement d’une communication entre la capacité ou le réservoir et une bou-
teille de charge ou de vidange, selon le sens de déplacement du piston. Ce
piston, qui assure /'énvariabilité de la masse gazeuse en circuit, et qui revient
à sa position moyenne de repos chaque fois que son intervention cesse,
a reçu le nom de balance pneumatique. C’est à la fois, à tous les régimes,
un organe de recharge automatique pour la compensation des fuites, el un
organe de réglage de la marche. Un appareil donné, présentant un K donné,
n'admet qu’une balance pneumatique dont le coefficient N est lié à K et,
comme lui, caractéristique du groupe considéré.
Marche sous différents potentiels initiaux. — A s’en tenir à un réglage fixe
de la distribution au récepteur, la troisième loi montre que les mêmes
échelles de vitesse et de couples, c’est-à-dire les mêmes rapports limites
des vitesses et des couples, seront obtenus avec le même a ppareil, quel que
soit le potentiel initial de charge, c’est-à-dire quelle que soit la puissance
qu'on demande au groupe pour une vitesse donnée du compresseur. Ainsi
un appareil donné reste absolument comparable à x lui-même quel que
soit P;. En particulier (théorème IV), le maximum du couple moteur all
compresseur conserve la même situation entre les points extrêmes d’ uti-
lisation de la transmission. On pourra donc, dans les limites pratiques où
la résistance des matériaux sera respectée, appliquer la même transmission
à des puissances très différentes, simplement en agissant sur le ressort ou
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 999
sur la pression antagoniste de la balance pneumatique, de manière à
modifier la constante de son équation d'équilibre, la position moyenne
d'équilibre de cette balance ne variant pas, c’est-à-dire sans que rien soit
changé à la disposition des différents organes de l'appareil.
CHRONOMÉTRIE. — Les dernières perturbations de t aisochronisme.
Note (') de M. JuLEs ANDRADE.
Par l'emploi de balanciers non coupés, les perturbations de lisochronisme
inhérentes aux organes réglanis des chronomètres se réduisent à deux :
1° la perturbation ds à l’inertie du spiral, théoriquement étudiée pour la
première fois par Caspari en 1876, mais jamais encore expérimentalement
isolée ni déterminée par les épreuves d’isochronisme habituelles du réglage;
2° les perturbations dues aux frotitements variables.
La première de ces deux dernières perturbations n’a, il est vrai, été encore
étudiée mème au simple point de vue de la prévision de son ordre de gran-
deur que pour les spiraux cylindriques munis de courbes terminales Phillips:
il y a licu toutefois de prévoir que même pour un spinat de Le Roy le sens
de la perturbation, à savoir l avance aux pe its arcs, c’est-à-dire aux petites
amplitudes de régime, se maintiendra. On peul alois se demander quelle
influence pourraient avoir sur cette détermination les he variables
les plus simples.
Adoptons par exemple taypolbss des techniciens, mais un peu élargie
‘égard de l'exposé que j'en ai fait dans ma Note du 30 août dernier.
La pression complémentaire sur la virole d’un spiral cylindrique unique
restant (dans sa composante transverse) conforme aux calculs de Résal et
Caspari, que j'ai récemment interprétés par la considération de attraction
(ou de la répulsion) piton-virole, nous admettrons en outre que la compo-
sante longitudinale de l’action complémentaire de la virole est proportion-
nelle à la force transverse réduite à l’unité de distance.
Appliquons ces principes au doublet sinusoïdal de deux spiraux (type
Le Roy), mais à viroles opposées.
Les forces élastiques du spiral double, pour un écart angulaire # du
balancier, produisent sur le balancier un couple régulier et des pressions
coinplémentaies à part le couple transverse, le balancier est alors
appuyé :
à
(') Séance du 8 novembre 1920.
996 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1° Par une pression diamétrale le long du diamètre des deux viroles
égale à
gale
u {El 4 os. COSY.
D: po Dr
2° Par une autre pression diamétrale dirigée sur un diamètre actuel
passant par la projection commune des deux pitons sur le plan transverse
des viroles et égale à
“ASINU \
3° Par une force iongitudinale dirigée suivant l’axe du balancier et pro-
portionnelle à
u 4EI
Pr
P étant supérieur à 12 tours, soit en radians > 72, l'appui latéral se fait,
à 1° près environ, suivant le diamètre des viroles ; la pression longitudinale
élastique est transmise au pivot du balancier, d’où résultent par les pressions
PRÉDOMINANTES élastiques, el par le poids même du balancier, deux frotte-
ments : l’un constant, l’autre proportionnel à |u|; le moment pendulaire
du balancier étant, comme nous le savons, — K?u à l’ordre relatif de pz’
le moment des résistances passives aura une valeur globale de la forme
K? [ulu] +f],
l'hypothèse y. =o fournit un isochronisme rigoureux (Villarceau); l’hypo-
thèse f = o fournit aussi un isochronisme rigoureux, comme je l’ai montré
dans une Note récente.
Les frottements étant supposés d’abord constants, un graphique simple
ou un calcul facile montrent alors que la perturbation d’isochronisme due
aux deux frottements ne dépendra que des termes en u.f? ou des termes en
u° f, incompärablement plus petits que les termes de l’ordre de 4 ou de
ceux de l’ordre de f.
Si on les néglige, et ils sont négligeables, il ne restera donc que la per-
turbation d’isochronisme immédiat due à l’inertie des spiraux.
Et c’est celle-ci que déterminera l'épreuve ordinaire d'isochronisme d'un
chronométre conduit par les organes réglants ci-dessus indiqués.
Il est intéressant de remarquer qu’un tel chronomètre se défendra lui-
même dans une certaine mesure contre l’anisochronisme séculaire, effet de
-
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 997
la vieillesse des huiles, car cette dernière tend à produire l'augmentation
du frottement; or celle-ci, sur le chronomètre supposé privé de son échappe-
ment, ralentirait la vibration étudiée, mais d’un autre côté la diminution de
l’amplitude derégime tend à produiré une avance, il y a sinon compensation,
au moins atténualion réciproque des deux tendances.
Cette atténuation ne suffira sans doute pas: mais alors, en me fondant
sur le fait que le moment sinusoïdal du doublet de Le Roy est d’un ordre
d’approximation plus élevé que la régularité du moment du spiral cylin-
drique muni de courbes terminales Phillips, on pourra desserrer un peu la
rigueur de l'ajustage du doublet et modifier un peu la condition P = P’,
c'est-à-dire atténuer la condition algébrique p'— p = (2n + 1)7. |
C’est une méthode sur laquelle je reviendrai avec plus de détails, mais je
me contente aujourd'hui d'indiquer l'importance de la détermination expé-
rimentale de la perturbation presque isolée de l'effet d'inertie d’un doublet
dé Le Roy. Elle sera prochainement possible grâce à la précieuse collabo-
ration de M. Henri Rosat, éminent chronométrier du Locle.
AÉRODYNAMIQUE. — Nouvelle méthode d'essai de modèles en souffieries
aérodynamiques. Note de M. W. MarçouLis, présentée par
: L. Lecornu.
La prévision des conditions de vol des avions, au moyen des résultats
des essais des modèles dans les laboratoires actuels, conduit à des erreurs
importantes, parce qu'il est impossible d'observer dans ces laboratoires les
lois de similitude, exigeant l'égalité des nombres de Reynolds et l'égalité
des rapports des vitesses aux vitesses du son. La premiére de ces conditions
tient à la viscosité et prend surtout de l’importance aux faibles vitesses; la
deuxième est due à la considération de la compressibilité et doit être obser-
vée aux grandes vitesses.
Or les nombres de Reynolds atteints dans les laboratoires actuels sont
de 15 à 25 moindres que ceux réalisés par les avions, tandis que les vitesses
du courant d’air restent de 2 à 3 fois plus faibles que les vitesses en vol.
Aussi quand on essaye dans ces laboratoires un modèle d'avion, les fils
fuselés résistent relativement deux fois plus et les montants de la mâture et
du train d’ atterrissage cinq fois plus, tandis que les ailes portent jusqu'à
30 pour 100 moins sur le modèle que sur l'avion.
Il en sera encore de même dans les grands laboratoires (1000 à 1500 HP)
993 ACADÉMIE DES SCIENCES.
actuellement en étude, qui, quoique réalisant des vitesses plus élevées,
n'atteindront pas le septième de la valeur réelle du nombre de Reynolds.
Nous allons montrer qu'on peut cependant, avec une dépense d'instal-
lation et d'entretien de beaucoup inférieure à celle des laboratoires projetés,
établir des souffleries réalisant des valeurs du nombre de Reynolds et du
rapport de la vitesse à la vitesse du son, supérieures à celles atteintes par les
appareils en grandeur.
Il suffit à cet effet ni un gaz autre que l'air, et notamment
l'acide carbonique, à des pressions et températures convenables et généra-
lement très différentes de celles de l'air ambiant.
Soient # et d la vitesse et le diamètre dans la chambre d’expériences
d’une soufflerie; v. le coefficient de viscosité; p, la densité à 1 kg: em” et
273°; p la pression et T la température absolue du fluide circulant dans la `
buse. Les unités sont le kilogramme, le mètre et la seconde.
La puissance motrice P',, nécessaire pour actionner le ventilateur d’une
soufflerie en circuit fermé du type de celle de Crocco, est (')
(1) Po 2>; 47 p273 di, ue ri poe T-0,753,
Si l’envergure du modèle d’un ävion est égale aux £ du diamètre de la
buse, le nombre de Reynolds sera /
; cd
(2) N= o 0X R a ,0164 6 du apr
ë r wi N : Ei J
où v est le coefficient cinématique de viscosité ; y = 5
La vitesse du son dans un fluide étant égale à VE y étant le rapport
des chaleurs spécifiques, la condition de l’é galité des mEpo de la vitesse
à la vitesse du son exige que
(3) ç= 0,01830 be Tey.
V étant la vitesse de l'appareil en HE.
Nous allons examiner trois cas :
PREMER eas. — Essais de modèles d'avions et de e dirigeables: -Nest donné. —
d
(1) Voir, dans la dernière publication du laboratoire Eiffel, Résumé des pa
trasauxr exécutés pendant la guerre (p. 184), notre théorie du fonctionnement
soufil ries.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 999
On tire des formules (1) et (2
3 T? NaJ
- Fe: 7 Nè
(4) i P= 37000 X cs -—
Da D
Ci
(5) 6 z P IN
9 E ana bi Es de as,
7 pop d
t
L'emploi dans une soufflerie de l'acide carbonique à 15 kg:cm° et
253° réduit la puissance, nécessaire pour réaliser un nombre de Reynolds
donné avec un diamètre de buse déterminé, dans le rapport de 1088 à 1.
DEUXIÈME cas. -> Essais de modèles d'hélices : V est donné. — On a
: D SAC ES À
(6) P,, = 0,000008 X enr P ET dat uS
la vitesse réelle dans la soufflerie ¢ étant déterminée par la formule (3).
L'emploi de CO? à 0,5 kg : cm? et 253° diminue la puissance de 70 pour
100; si l’on réduit la pression à 0,1 kg : em°, la diminution de la puissance
sera de 90 pour 100.
Trorsième cas. — Modele quelconque; V, N et d sont donnés. — On a
(7) P’, = 0,00339 X Sa T d V2 N°,“
et
(8) a à l
la valeur de v étant donnée par la formule (3). |
L'emploi de CO? à 253° et à une pression déterminée par la formule (8)
réduit la puissance de 55 pour 100.
A titre d'application, considérons une soufflerie en circuit ot, de 2"
de diamètre, d’une puissance de 300 HP, utilisant de l’acide carbonique.
Les essais de modèles d'avions pourront être effectués à 15 kg : em? de
pression et à 253°; on réalisera ainsi à 30 m : sec un nombre de Reynolds
de 81.10° Correspondant à celui d’un avion de 26" d’envergure à 150 km : h,
ou d’un avion de course à 65o km: h. |
Les essais d’hélices pourront se faire à 0,1 kg: cm? et 3530; la ans
atteinte sera de 118 m : sec, équivalente à une vitesse dans l'air de
100 m : sec, soit 575 km : h. |
Pour réaliser ces conditions, une soufflerie ordinaire de 3" de damire
demanderait on HP dans le premier Em et 6000 HP dans le deuxième
cas.
1000 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Actions à hérédité discontinue et rates spectrales.
Note de M. Marcez BRILLOUIN.
1. Dans une Note antérieure (!), j'ai indiqué une circonstance qui peut
faire apparaître, dans les lois du mouvement périodique d’un mobile, des
propriétés discontinues, caractérisées par les nombres entiers successifs.
Ce résultat se présente quand le mobile marche avec une vitesse beaucoup
plus grande que la célérité des ondes qu'il crée dans le milieu qui l'entoure;
il est alors rejoint par les ondes qu’il a émises en un nombre fini de posi- :
tions antérieures, et la discontinuilé se produit lorsque sa vitesse est telle
qu'il soit exactement rattrapé par le front d'une onde antérieurement
émise. J’ai précisé ce dernier point au récent Congrès de Strasbourg.
Les formules ont été écrites en supposant constante la célérité des ondes.
2. Il parait peu vraisemblable que les actions électromagnétiques
comportent une composante, encore inconnue, à propagalion uniforme
beaucoup plus lente que la lumière, comme il faudrait le supposer pour
que ce phénomène joue un rôle en électromagnétisme. Mais on répugnera
probablement moins à admettre que les actions inconnues, dont on cons-
tate la nécessité pour la construction de l'atome, se propagent dans l'étroit
domaine atomique avec une célérité variable, de manière à reproduire
au dela du domaine atomique les actions électromagnétiques classiques.
Au sujet de cette célérité variable, deux hypothèses extrêmes se
présentent naturellement :
A. La loi de variation de la célérité est entièrement commandée par le
noyau posilif; ou, plus étroitement : la célérité est une fonction déterminée
de la distance au centre du noyau, indépendante de l’éleciron mobile.
B: La loi de variation de la célérité est une propriété de lélectron
mobile; les surfaces d’égale célérité suivent l'électron dans son mouve-
ment (peul-être en se déformant et sont indépendantes du noyau positif.
C'est l'hypothèse A dont je vais indiquer quelques conséquences.
3. Soit R le rayon de la circoniérence décrite par lélectron, avec la
vitesse linéaire 6.
Soit z(r) l’inverse de la célérité à la distance r du centre (occupé par le £
e de à
(t) Actions mécaniques à hérédité discontinue par propagation; essai de théorie
dynamique de l’atome à quanta (Comptes rendus, t. 168, 910, D p 1318). — Voir
Erratum (Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 48).
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 1001
noyau). Le rayon courbe de propagation de londe émise dans une certaine
posilion, vient se mirer à la distance r,, et recouper la circonférence R
à une distance angulaire 24 de la position origine.
Pour que le mobile soit atteint exactement par le front d'onde antérieu-
rement émis suivant ce rayon, on établit facilement. qu'il faut satisfaire aux
deux conditions suivantes :
(1) RRT
aR dy
(2) 1 Var nr Le RoToÂT., Ê
Le mobile a parcouru l'arc
(2a+2kTr)R (k entier)
pendant que l’onde parcourait l'angle 2%, avec
R
nee ] 1 dr
(3) a = are cos ( 1e +) + none f (aan)
R E NVE a VEETA
La fréquence correspondante est
(4) i VspianR,
4. Los relations (4) et (1) déterminent »,r, en fonction de v. La rela-
tion (2) lie r,, n, et R au nombre entier # et à toute la loi des indices z (r).
En particulier, on peut choisir arbitrairement, — en se laissant guider par
des considéfations non utilisées pour écrire les équations (1)... (4) — la loide
l'indice n en fonction de 7. On peut en outre s'imposer une loi de fréquence
en fonction de $, — par exemple la loi de Balmer, celle de Bohr, ou toute
autre, — si l’on adoble L hypothèse que la raie # Correiponă au mouvement
dans eu le mobile décrit un peu plus de # tours avant d’être rattrapé par
le front d'onde qu'il émet.
Ayant choisi ces données, l'équation (1) déterminera r, et l'équation ie
déterminera R, rayon de l'orbite qui correspond à +.
La constante de Balmer (3,3.10'°) 2 l'ordre de grandeur des R(107'°
à 10 *) permettent de fixer à environ -+ à -— de la vitesse de la lumière,
la célérité nécessaire des actions hypothétiques, pour les régions extérieures
de l’atome (jusqu’à ‘ou davantage, en approchant du centre).
On peut même montrer qu’une loi telle que
w I — \
R = =———\/r environ
20000
1002 ACADÉMIE DES SCIENCES,
permet de retrouver à peu près les rayons des orbites de Bohr.
5. Inversement, on pourrait choisir r, et R en fonction de l'entier # et
chercher à déterminer z en fonction de r par l'équation (2), en y joignant
la condition
niro = — = f(k)
donnée par la loi de fréquence adoptée en fonction de #.
Malheureusement, la fonction cherchée figure sous le signe d'intégration
et l’entter k apparaît sous le signe d'intégration (par ns et dans jin deux
limites r,, R. Il en résulte une forme d’équation intégrale non encore étu-
diċe, et qu’il ne paraìt pas facile d'utiliser, au moins actuellement.
OPTIQUE. — La lumière diffusée par l'argon. Note de Lor» Ravierien.
Dans une Note très intéressante publiée sur le sujet ci-dessus, M. J. Ca-
bannes a fait allusion ('} à quelques-unes de mes expériences originelles `
sur le degré de la polarisation de la lumière diffusée par ce gaz (°). (Ce
travail a été publié par moi sous le nom de R.-J. Strutt, que je portais avant
la mort de mon père: Il est important de donner cette explication, afin
d'éviter toute confusion, attendu que M. Cabannes cite les œuvres de mon
père non moins que les miénnes.) |
Il paraît impossible que M. Cabannes ait pu remarquer mon travail
nouveau, récemment publié, dans lequel j'ai corrigé la première valeur °).
Ma nouvellé valeur donne 99,1 pour 100 de polarisation, et je suis très
content de remarquer que M. Cabannes donne une valeur de plus de 98,5;
laquelle s’harmonise assez bien avec la mienne. Il est difficile de mesurer
exactement le faible effet de ce qui reste, et j'espère en obtenir prochaine-
ment une détermination encore plus exacte.
+) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 852.
)
2) Proceedings of the Royal Society, A. vol. 95, 1918, p. 165.
) Pwoceedings of the Royal Society, À vol. 57, juillet 1920, p. 57.
3
(
e
(
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. ` 1003
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la transformation de l'ammoniac en urée.
Note de MM. C. Mariexox et M. Frésacoves, présentée par M. H. Le
Chatelier.
Le problème de la transformation économique de l’ammoniac en urée
présente un intérêt industriel incontestable. L’urée est un condensateur
d'azote, car sa teneur atteint près de 47 pour 100 alors que le nitrate d'am-
moniaque, recommandé comme engrais azoté concentré, ne contient que
35 pour 100 d’azote. L'urée permettrait ainsi d'étendre le rayon d’action
d'une usine d’ammoniac synthétique, car des expériences ont déjà montré
que celte substance semble se comporter comme un excellent engrais, ce
qui était d’ailleurs à prévoir, puisque la cyanamide évolue dans le sol en
passant par l'urée.
Nous avons étudié, d’une facon approlondre la transformation du carba-
mate d’ammoniaque en urée, tant au point de vue statique qu’au point de
vue cinétique :
CO(NIE)(ONH#) = CO(NH?} +IFO.
Fichter et Becker (') ont déjà montré que cette réaction était réversible.
En fait, le système chimique est assez complexe, l’eau formée en même
temps que l’urée réagit sur le carbamate non décomposé et toutes les réac-
tions suivantes se superposent à la première :
CO(NIF)(ONH)-+HO = COSNH},
CON) = COH(NH:)+ NH,
COH(NH:) = CO? +H?20 + NH&.
CONH} = CO? + H20 +2NH,
Nous avons d’abord déterminé expérimentalement les pressions d’équi-
libre d’un tel système formé à partir du carbamate seul introduit dans un
espace clos d’un volume tel que la portion occupée par la phase gazeuse soit
aussi petite que possible. .
L'expérience nous a montré que, dans les conditions de nos essais, ce
Système chimique assez complexe était formé par une phase gazeuse et une
seule phase liquide. Le système est divariant: par conséquent, la pression
d'équilibre est donc fonction du rapport du volume du récipient à la masse
TE É
(') Berichte, t. hh, 1911, p. 3473.
1004 ACADÉMIE DES SCIENCES.
4
de carbamate initial. Aussi avons-nous cherché à nous rapprocher autant
que possible du cas limite où le volume de la phase gazeuse serait tout à fait
négligeable pour donner à nos mesures un sens précis, la pression présen-
tant alors sa valeur maximum pour une température donnée.
Nous avons d’ailleurs reconnu que la pression variait très lentement avec
l'augmentation relative du volume du récipient, tout au moins tant que le
volume de la phase liquide reste important.
Les mesures ont été effectuées dans des récipients cylindriques en cristal
dont les parois avaient une épaisseur de 4"". Le récipient maintenu verti-
calement est en relation, par sa partie inférieure, avec un tube capillaire
épais trois fois recourbé et terminé par une partie horizontale fermée for-
mant tube manométrique. Des renflements, intercalés entre le récipient
et le manomètre, permettent d'augmenter la sensibilité de ce dernier.
La masse d’air jouant le rôle de corps manométrique est en relation avec
la chambre de dissociation par l'intermédiaire du mercure.
Les pressions manométriques sont calculées à partir des températures ct
des volumes successifs de la masse d’air, volumes déterminés par des jau-
weages au mercure. La pression de dissociation est égale à la pression
manométrique augmentée de la pression correspondant à la dénivellation:
de la surface libre du niveau dans le récipient de dissociation par rapport
au niveau du manomètre horizontal.
Tous les détails expérimentaux seront fournis par ailleurs dans un
Mémoire développé.
Voici le Tableau des pressions mesurées :
t. Pression.
ò tm
100... SE AN EF SAR CA ET TE A) C e A a a s.. . n ea a E E A ere" se 9,03
ET AE nn ide 20,99
= ïo d
139 doses ss E s.. CR .. D E E r . . . 9,1 ł
150 .... . CA] ms . . . ..: s. . 599,09
Une détermination, effectuée à 150° en doublant le volume de la phase
gazeuse, nous a donné 55°™ 21; nous aurions dù obtenir une valeur un peu
moindre, l'écart est donc de l’ordre des erreurs d'expériences.
En utilisant les pressions maxima correspondant aux températures 00°;
122° et 150°, nous avons obtenu la formule suivante, qui représente Ces
pressions exprimées à partir de la pression atmosphérique prise comme
unité : y
log p =— Sb log T — 9.4.
T
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 100
La simultanéité des réactions secondaires indiquées plus haut explique
pourquoi la tension maximum du système est supérieure à la somme de la
tension de dissociation du carbamate et de la tension de la vapeur d’eau.
Par exemple, à 150°, nous avons obtenu 39***,4 pour la tension du carba-
mate ('), la tension de l’eau à la mème température est de 4,7, la somme
de ces deux valeurs, 44°™,1, est nettement inférieure à la tension mesà-
ree joaus, ;
MINÉRALCGIE. — Sur låge des autunites du Portugal.
Note de MM. A. Mveuver et J. Seron.
Les autunites (phosphate d'uranium et de calcium cristallisé) présentent
Ra L4 Là : r si K « 7 . . .
un rapport y; généralement inférieur à 3,40 X 1077, qui est eelui des mine-
rais primaires. Ce chiffre, établi par Rutherford et Boltwood, représente la
quantité de radium en équilibre avec 1 d'uranium.
Ces minéraux n'étant que le résultat de l'attaque par les agents géolo-
giques des minerais primaires d'uranium, il s’est produit, lors de cette
attaque, une véritable séparation chimique. Le radium s’est insolubilisé,
alors que l'uranium soluble allait se fixer autre part en reformant à nouveau
du radium.
© L'examen des gîtes minéraux en question donne corps à cette hypothèse;
on voit, en effet, que la solution de phosphate d’urane a cheminé au travers
d’une couche de granit décomposé, en déposant, dans les fissures, des cris-
taux isolés et parfois des croûtes cristallines plus ou moins importantes.
Il est donc possible, connaissant la quantité d'uranium et de radium
Contenus dans un minéral, la période du radium étant de 1750 ans environ,
de calculer le temps écoulé depuis la séparalion du radium et de l'uranium,
c’est-à-dire depuis la formation de ce minéral.
C’est ce que nous avons fait, en établissant par des analyses très exactes
le rapport À dans deux échantillons moyens provenant d'une mine des
environs de Guarda. Ces résultats. confirmés par de nombreux autres por-
tant sur des milliers de tonnes de la même région, nous ont donné comme
ra pport
ai = nýa) eb 1,904 X MES
Bre Taena a a EAN
1 i = >
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p: 462.
1006 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En rapportant ce chiffre à celui de 3,40 X 10°, on trouve, comme àge
des autunites examinées, 1250 ans et 1900 ans. Les chiffres les plus forts
que nous ayons feraient prévoir un âge maximum de 3000 ans, les plus
faibles accusant à peine 1000 ans.
Les autunites de Portugal seraient donc de formation relativement
récente et ne contiendraient actuel t que la moitié environ du radium
en équilibre avec la quantité d'uranium contenu, cet équilibre demandant,
pour être atteint, 15000 ans environ.
Ayant constaté les mêmes phénomènes dans des minerais de formation
* semblable, tels que la chalcolyte et la carnolite, nous pensons qu'il est
possible de connaître de la même façon l’âge de leurs gisements.
GÉOLOGIE. — Sur la position stratigraphique du calcaire de Montabuzard,
près Orléans. Note de M. G. Dexizor, présentée par M. KFmile Haug.
La position du calcaire de Montabuzard a été vivement controversée
depuis que Cuvier en a décrit la faune de Mammifères.
La colline d’'Ingré est constituée, dans sa partie supérieure (Montabuzard, Champ-
gelin), par des calcaires, tandis que ses flancs sont revêtus de sables. M. H. Dou-
villé (!) avait supposé que ces sables passaient sous les calcaires et les supportaient
vers 120%; cette hypothèse élant contredite par l'examen de nombreux puits, M.
Dollfus (2) admit, comme autrefois Cuvier et Lockhart, que les sables ravinatent
l’ensemble des calcaires.,
Les caractères du calcaire de Montabuzard doivent être définis d’après les
“échantillons étudiés par Cuvier et conservés au Muséum d'Histoire natu-
relle. C’est un calcaire marneux blanc nullement siliceux, chargé de grains
de sable identiques à ceux des sables voisins et atteignant jusqu'à 1™™, rare-
‘ment plus (°). Au contraire, le calcaire de Beauce (sensu lato), inférieur
aux sables d’Ingré, est jaune ou gris, avec galettes siliceuses, mais ne ren-
ferme aucun grain de sable, caractère dont l'importance est capitale.
Ainsi défini, le calcaire de Montabuzard n'occupe que la partie la plus
A nr tt
(1) Bull. Soc. géol. France, 3 série, t. 9, 1885, p. 392.
(2) Zbid., t 25, 1897, p. 405 ; t. 27, 1899, p. 21. *
(3) Caractère déjà indiqué par M. A. de Grossouvre, Bull. Serv. Carte géol. Eron
n° 199, 1909. p. 34.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1020. 1007
haute de la colline (*), presque partout séparé des affleurements des sables
par une bande large de plusieurs centaines de mètres, et laissant voir les
caractères du calcaire de Beauce. Par contre, au sud du hameau de Monta-
buzard, le calcaire du sommet se prolonge sur un petit éperon, autour
duquel affleurent les sables burdigaliens, bien datés par les restes de Mam-
mifères typiques des sables de l’Orléanais.
Un sondage effectué en ce point (long. 6%,5564 W; lat. 536,2463) m'a donné, de
hant en bas (en centimètres) :
5. Marne blanche friable, se chargeant au sommet de petits bancs
du calcaire marneux à grains de sable incorporés. ......... 150 env.
1. Marne blanche veinée d’argile verte, passant à : argile verte à ;
nodules maine: Un mme ie tete TE dre ae |
Sn AIRIS NOTÉE re Naa sat laadin es Ne Said e dr) CU 29
2. Avrila sableuss (alibtudé:-610" ePi): 4 502007, op ua 6
À Sable DUT AU. s- ed erreurs red ar nd »
Cette coupe a été suivie sur 0", jusqu’à une ancienne carrière; le sable y a plus
de 15" et aurait fourni des restes de Mammifères et du bois fossile (2); il se montre
non loin de là ravinant le calcaire de Beauce.
Au nord du sondage, le calcaire de Beauce remonte rapidement et supporte direc-
tement l'argile à nodules, puis le calcaire de Montabuzard, et cette dernière disposition
se montre seule au delà ; à la limite des deux calcaires, on peut voir (comme au NNE
de la cote 136) une ridik où de petits débris du calcaire de Beauce sont cimentés
par la pâte du calcaire de Montabuzard.
Latéralement, la base du calcaire de Montabuzard est remplacée par des res
vertes, reposant sur du sable ou sur le calcaire de Beauce (bourg d’Ingré); ou bien
les sables remontent plus haut, jusqu'à 125", à Six- Levrettes, sur Pautre versant de
la colline.
Ainsi le calcaire de Beauce ( Aquitanien) est vigoureusement raviné el
constitue une ancienne butte; tout autour se sont déposés en discordance
les sables de l'Orléanais (Burdigalien), passant par une argile verte de plus
en plus marneuse au calcaire de Montabuzard ; ce calcaire figure une grosse
lentille et transgresse sur l’ancienne butte, recouvrant l’Aquitanien par-
l'intermédiaire d’une brèche.
Le calcaire de Montabuzard appartient donc aux marnes de lOrléanais,
(1) Les anciennes carrières devaient se trouver aux lisières NE du hameau de Mon-
tabuzard; il y subsiste des vestiges très effacés, et les habitants ont conservé le sou-
venir d'exploitations souterraines. Altitude : 130-132" (point culminant : 136% près
Champg elin). , :
(*) D'après les renseignements de M. Rousseau, puisatier à Tugré.
1008 ACADÉMIE DES SCIENCES.
telles que les a définies M. H. Douvillé, et paraît se placer dans la parue
supérieure du Burdigalien (").
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur l'existence de formes de terrain appelées rideaux
dans le Cantal. Note de M. A. Rozraxp, présentée par M. Emile Haug.
Au cours d’excursions dans le Cantal, mon attention a été retenue par
des ressauts de terrain dont la présence à la surface de plateaux basaltiques
ne peut être expliquée par les phénomènes volcaniques ou glaciaires qui
donnent, au relief de ces régions, leurs caractères morphologiques.
Le plateau de Lacapelle-Barrès, où nous les avons bien observés, a la forme
d’un vaste triangle délimité à l’ouest par la vallée supérieure et moyenne
de la Cère, à l’est par la vallée du Siniq, affluent immédiat de la Brome et
médiat de la Truyère, au sud par le parallèle approximatif de Carlat.
L’ossature de la région est constituée par des coulées basaltiques issues vraisembla-
blement du puy de Bane, point culminant du plateau, et superposées à la brèche andé-
sitique, comme c'est la règle dans tout le volcan cantalien.
Cette structure se complète par un revètement de dépôts glaciaires, fréquents par
ailleurs, et admirablement étudiés par M. Marcellin Boule. Un glacier du type nor vé-
gien a recouvert cette partie des flancs du grand volcan néogène et une topographie
glaciaire s’est surimposée au relief volcanique.
Les moraines déposées ont subi des remaniements ultérieurs, soit sous
l’action du ruissellement, soit par l'érosion fluviale etil est facile, en tenant
compte de l'infrastructure de ce plateau, d'en expliquer le modelé à l’exclu-
sion des ressauts qui, à la surface, offrent l'aspect de gradins plus ou moins
étendus, avec escarpements brasque: de plusicurs mètres de hauteur.
Ces formes de terrain ne peuvent se concevoir que par les phénomènes
de glissement superficiel auxquels M. Louis Gentil a attaché la genèse des
« rideaux », si fréquents dans les pays crayeux, notammentén Preardie C J
E a T
(1) À moins qu 'il ne faille le reporter dans l'’Helvétien, comme le suggère M.Stehlin.
Les conclusions de ce savant, considérant la faune de Montabuzard comme plus récente
que toutes celles des sables dé l'Orléanais, sont pleinement confirmées. (Voir Bull. Soc.
géol. Fr, A série, t. 7, 100%, p: D41)
a Laits. Gentil: 1° Sur la genèse des formes de terrains appelées rideaux en Pays
crayeux (Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 145); 2° Sur l’origine et les caractères
morphologiques des rideaux en pays crayeux (Ibid. t. 169, 1919, p- 291); 3° Sur te
mode de formation des rideaux en pays crayeux ({bid., t. 470, 1920, p p- 891).
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. | 1009
J'ai eu la bonne fortune de les examiner lavec mon savant maitre qui a
reconnu leur identité avec les rideaux de la craie.
On sait qu'il attribue les ressauts de terrain des pays crayeux à des glis-
sements superficiels de l'argile à silex rendue plastique sous l'influence de
pluies suffisamment abondantes.
Les mêmes conditions sont réalisées à la surface du plateau de Lacapelle-Barrès :
les boues glaciaires renferment une grande proportion d'argile préexistante ou prove-
nant de la kaolinisation des feldspaths; de plus, on peut se rendre compte, d’après
les données météorologiques de la région, que les pluies y sont très abondantes, la
hauteur d’eau déversée annuellement y atteignant 1,50,
Le revêtement argileux du plateau basaltique a ainsi subi des phénomènes de glis-
sements par décollement des dépôts morainiques rendus plastiques et écoulement lent
suivant les lignes de plus grande pente.
D'ailleurs, on peut constater que ces bourrelets sont distribués, par rapport au
relief général, de la même façon que les rideaux de la craie. On les voit également
longer le flanc des vallées, contourner les croupes de terrain, recouper les thalwegs
dans les parties hautes.
Il nous paraît intéressant de signaler l'existence de ces rideaux en dehors
des pays crayeux, ainsi que l'avait pensé A. de Lapparent et ainsi que
l'affirmait récemment M. Louis Gentil. Pour ce dernier, des rideaux
doivent prendre naissance toutes les fois qu’un substratum assez résistant
possède un revêtement argileux sous un climat suffisamment humide.
La présence de «rideaux » dans le Cantal semble bien confirmer le
caractère de généralité que ce géologue avait donné à la genèse de ces
curieuses formes de terrain.
EMBRYOGÉNIE VÉGÉTALE. — ÆEmbryogénie des Urncacées. Développement de
l'embryon chez l'Uruüca pilulifera L. Note de M. Rex SouÈGEs, pré-
sentée par M. L. Guignard,
On peut résumer l'histoire du développement de l’embryon sous une
forme qui permette de saisir d'emblée les analogies et les différences entre
deux étapes dissemblables du développement d’un même individu ou entre
deux étapes semblables du développement de deux individus d'espèce dif-
férente. On peut considérer, par exemple, l'embryon au terme des quatre
premières générations celtilaires, montrer la disposition que prennent
les deux, quatre, huit et seize premiers éléments et indiquer, en mème
temps, dans ces quatre cas, quelles sont les régions du corps embryonnaire
G. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 21.) | 76
1010 ACADÉMIE DES SCIENCES.
adulte que ces éléments concourent à édifier. Ce mode de présentation,
qui permet de reconnaître, d’un seul coup d'œil, les destinées des éléments
proembryonnaires et, partant, les origines de toutes les parties du corps
de la plante, constitue, en outre, un moyen d'établir, avec toute la pré-
cision d’une formule, une définition des différents types du développement
embryonnaire.
Les régions du corps de l'embryon adulte peuvent être ainsi désignées :
pco, partie cotylée; phy, partie hypocotylée; pet, point végétatif de la tige;
icc, initiales du cylindre central au sommet radiculaire; tee, initiales de
l'écorce; co, coiffe; s, suspenseur. Prenant comme exemple l'embryon du
Senecio vulgaris, que j'ai déjà eu l’occasion d'étudier ('), on peut, dès lors,
schématiser comme suit les observations qui se rapportent aux quatre
premières étapes de son développement :
I. — Première génération.
Proembryon à deux cellules ( ca qui engendre pco + pvt
disposées en deux étages : | cb » phy + ice + iec + co +s.
I,
Deuxième génération.
Proembryon à quatre cellules | q qui engendre pco + prt
3 ; P m Ne hy + icc
disposées en trois étages : ; n
ci » iec + co +5.
HI. — Troisième génération.
q qui engendre pco + prt
Proembryon à huit cellules | m » phy + ice
- disposées en quatre étages: | n » iec
n' » co +.
IV. — Quatrième génération.
q qui engendre peo + prt
re m » hy + icc
Proembryon à seize cellules Pey
: ; ou » ieg
disposées en cinq étages :
» co
P »
Si l’on cherche à condenser dans un tableau analogue l’histoire des
n a
e
(1) R. Soutees, Embryogénie des Composées. Les premiers stades du développe-
ment de l'embryon chez le Senecio vulgaris L. (Comptes rendus, t. 1711, 1920, p. 254);
Les derniers stades du développement (Ibid., t. T1, 1920, p. 357). Voir les figures
schématiques qui accompagnent la première de ces Notes.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 3 40H
huit autres types embryonnaires qui ont été examinés (Sagittaria, Anthe-
ricum, Polygonum, Chenopodium, Myosurus, Capsella, OEnothera, Nicotiana),
on remarque que tous ces tableaux présentent entre eux des différences
très nettes, qui sont d'autant plus importantes qu’elles apparaissent plus tôt
et qui peuvent servir à caractériser et à définir ces types divers de dévelop-
pement.
Il est maintenant assez surprenant de constater que le tableau établi pour
lUrtica pilulifera se trouve reproduire, d’une façon absolument identique,
celui du Senecio vulgaris. Cela revient à dire que les lois qui régissent la
succession des parois de segmentation dans les deux espèces sont exacte-
ment les mêmes, que les cellules proembryonnaires naissent et se disposent,
dans les deux cas, de pareille manière et que les diverses parties du corps
embryonnaire adulte ont une origine semblable.
On ne peut relever que des différences d'ordre secondaire, qui appar-
tiennent plutôt à la morphologie qu'à l’embryogénie. Les plus notables
sont : 1° la différenciation de deux assises sous-épidermiques dans la partie
cotylée; 2° la formation de deux groupes superposés de quatre initiales de
l’écorce au sommet radiculaire; 3° la présence d’un suspenseur composé
d'une seule ou d’un tout petit Des de cellules vésiculeuses; 4° la forme
des cotylédons nettement obcordés à la base.
Modilewski (‘) a examiné quelques stades du développement de l’em-
bryon chez l’Urtica pilulifera; rien dans ses observations ne mérite d’être
reténu (?).
BOTANIQUE APPLIQUÉE. — Sur les variations de bourgeons des arbres et
arbustes cultivés comme cause de décadence des variétés anciennes. Note de
M. Ave. Cagvaurer, présentée par M. L. Mangin.
Les variations de bourgeons amenant des transformations souvent héré-
ditaires tiennent une grande place dans le règne végétal ainsi que l’a montré
(!) J. Monicewsky, Zur Samenentwicklung einiger Urticifloren (Flora, t. 98,
1908, p. 423).
(?) L'histoire détaillée du développement de l'embryon chez Urtica pilulifera,
avec de nombreuses figures à l'appui, sera publiée ultérieurement dans un autre
Recueil,
1012 ACADÉMIE DES SCIENCES.
le premier, Charles Darwin. En 1907, P.-J.-S. Cramer a réuni en un
important Ouvrage la bibliographie concernant ce sujet (*).
Depuis cette date, de nombreux travaux ont été publiés sur la même ques-
tion. L’attention a été notamment attirée sur de nouvelles variétés améliorées
provenant de variations de bourgeons sur des plantes cultivées et multi-
pliées par voie asexuelle (division de souches) depuis des temps reculés :
bananiers, cannes à sucre, pommes de terre, etc.
Nous nous proposons de montrer que la variation de bourgeon est aussi
une cause de décadence des variétés améliorées multipliées depuis long-
temps par voie asexuelle : division de souche, marcottage, bouturage, gref-
fage. Ces variations apparaissent ordinairement à la suite d’accidents, ou
bien par manque de soins, ou bien après le transport de l'individu loin de
son pays d’origine dans des localités dont le sol, le climat, l'exposition
peuvent être différents. Elles se montrent aussi fréquemment sur les très
vieux individus, comme l’a signalé L. Blaringhem (°).
1° Les retours au type dans les variétés marginées ou panachées de blanc
ou de jaune, ont été fréquemment signalés. L'une de ces variétés Acer
Negundo L. var. folis argenteo variegatis Hort. est souvent cultivée dans les
parcs en France. Il est très rare que des rameaux à feuilles vertes poussent
sur l’arbre comme gourmands. Au cours d’un voyage dans les pays
dévastés, jai remarqué cet été à Saint-Quentin, à la Fère, à Noyon, que
tous les Érables Negundo à feuilles argentées qui croissaient dans la zone
ravagée par les projectiles et par les gaz, présentant des branches brisées
ou en état de dépérissement, ont émis un grand nombre de rameaux à
feuilles vertes. Un exemplaire mutilé qui croit à Noyon, au pied de la Cathé-
drale, est très remarquable à cet égard. En octobre dernier il portait à la
fois des rameaux panachés et des rameaux à feuilles vertes entremêlés,
montrant ainsi une véritable disjonction, et les deux sortes de rameaux
portaient des fruits normalement développés.
2° Dans le nord-ouest de la France et sous le climat de Paris on cultive
souvent, dans des caisses ou en pots, une forme de Myrtus Communis L. à
feuilles grandes et opposées. Ses graines ne mürissent pas sous ce climat, de
LS nine peter
(1) P.-J.-S. Cramer, Kritische Übersicht der bekannten Fälle von Knospenvarta-
tion, Heaalem, 1907.
(2) L. Brauinumen, Les complexes végétaux et leurs disjonctions par la vieil-
lesse (Annales de l'Institut Pasteur, t. 32, n° 2, février 1918 ).
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 1013
sorte qu’on multiplie la plante exclusivement par bouturage. Sur un exem-
plaire cultivé à Domfront (Orne), j'ai vu apparaître en 1920, provenant
d’un bourgeon dormant né sur une branche principale, un rameau débile à
feuilles verticillées par 3, reproduisant la variété employée dans les céré-
monies israélites rituelles déjà signalée par H. de Vries.
3° IT existe à la ferme du Gué à Messei (Orne) un Cerisier Bigarreau
très âgé (environ un siècle), haut d’une quinzaine de mètres, à tronc très
fort greffé probablement sur merisier, bien que la soudure soit invisible. A
trois mètres de hauteur, l'arbre se ramifie et forme plusieurs branches char-
pentières donnant toutes de beaux et bons fruits du groupe Bigarreau. Sur
l’une de ces branches, après qu'élle s'est ramifiée plusieurs fois, il est né une
branche de port pleureur, ramMiée en broussin, formant une grosse touffe
d'aspect très spécial et donnant de petits fruits amers (mérises) sans aucun
rapport avec les bigarreaux qui mürissent sur les parties normales de
l'arbre. i
4° D’autres arbres fruitiers présentent fréquemment des disjonctions
analogues; A.-D. Shamel en a signalé dans les orangers ('). J'ai constaté
en Normandie que diverses variétės de pommiers à cidre et de poiriers à
poirė émettent souvent des gourmands plus robustes et dont les fruits
diffèrent légèrement de la variété greffée. Les modifications sont parfois
plus profondes. J'ai vu à Couterne un poirier à poiré de la variété « Petit
Rondin », forme très peu améliorée du Pirus Pyraster Boreau à rameaux
inermes, qui a émis sur plusieurs branches âgées des rameaux épineux
fructifères.
5° Certaines anciennes variétés de pommier à cidre, multipliées depuis
plusieurs siècles exclusivement par la greffe, se montrent inaltérées dans
certaines localités, alors que dans d’autres elles sont en pleine décadence
(moindre fertilité, moindre résistance aux maladies). De même l'olivier
qui est, depuis la plus haute antiquité, multiplié par voie asexuelle (non
seulement la greffe, mais aussi le porte greffe), a atteint un état de sénélité
qui amène fréquemment l'apparition de broussins, véritables variations de
bourgeons entraînant la décadence des variétés dégénérées physiologique-
ment et parfois morphologiquement.
Il apparaît nécessaire de régénérer les variétés anciennement cultivées
en cherchant à les reproduire par autofécondation et semis et, dans le choix
des greier, il est nécessaire de s'assurer chaque fois que la branche sur
(1) Farmers, Citrus fruit improvement (Bulletin 794, février 1917).
Le
1014 ; ACADÉMIE DES SCIENCES.
laquelle on prélève la greffe présente bien les caractères de la variété.
Enfin, ainsi que le recommandent du reste les bons praticiens, on choisira
les greffes sur des sujets jeunes et vigoureux et l’on rejettera toujours celles
qui proviendraient de branches gourmandes de broussins ou de branches
retombantes.
MYCOLOGIE. — Sur de nouvelles réactions colorées utilisables pour la dia-
gnose d'espèces mycologiques. Note de M. J. BarLor, présentée par
M. L. Mangin.
Dans une Note précédente (‘) nous avons mentionné l'existence de
réactions colorées produites par la potasse en solution aqueuse sur divers
champignons, en particulier sur Amanita pantherina, réaction pouvant être
utilisée pour caractériser cette espèce. Nous avons observé des colorations
nouvelles en étudiant l’action de ce même réactif sur un grand nombre
d’autres espèces. Nous avons employé la potasse en solution aqueuse ou
alcoolique, la concentration variant de 20 à 40 pour 100. La soude, employée
dans les mêmes conditions, produit les mêmes réactions que la ee
sur les tissus des spécimens examinés.
En général, les colorations obtenues se classent dans les bruns, plus ou
moins mélangés de rouge ou de noir, et ne peuvent guère être utilisées
dans la diagnose des espèces; c’est par exemple ce que l’on observe avec les
Bolets et les Tricholomes (°). :
(t) Comptes rendus, t. 470, 1920, p. 670.
(*) Pour éviter autant que possible les imprécisions dans la description des
couleurs, nous avons pris soin de les désigner entre parenthèses, par les numéros cor-
respondants du Code des Couleurs, de Klincksieck et Valette (librairie Klincksieck,
3, rue Corneille, Paris, 1908). Dans ces conditions, les teintes indiquées dans la Note
da 15 mars 1920 $ont précisées comme suit :
Amanita phallotdes. n 5. ui it se. 007 et 007
AMANA CUTRE. rires NS aa 153 et 154
Amanita pantherina..........! LR ee 196
AOARITA JARGUILEER 10. eee ie 191
! Les résultats abtenus avec Amanita phalloides sont variables avec le degré
de dessiccation du champignon; quand les tissus sont imprégnés d’eau, la chaleur
dégagée par la combinaison avec l'acide sulfurique provoque une désorganisation pro-
fonde accompagnée d’un brunissement plus ou moins intense.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 1015
Dans d’autres groupes, un certain nombre de cas sont intéressants.
I. Une action particulièrement remarquable est exercée sur Mycena
púra (vénéneux}) et permet de le distinguer parfaitement de la variété
Amethysüina du Laccaria laccata (comestible). On sait que ces deux cham-
pignons ont très souvent le même habitat, et se distinguent surtout par
leurs odeurs respectives : celle du Laccaria est à peu près nulle, alors que
celle du Mycena est assez forte et rappelle celle du raifort.
Mycena pura donne, avec une goutte de potasse, une teinte Jaune verdâtre
(201,202), tandis que, dans les mêmes conditions, Laccaria laccata devient
brun noir (64, 65); on peut en outre se rendre compte par examen micros-
copique de coupes, faites par exemple dans le stipe, que tous les éléments
anatomiques du Mycena réagissent, alors que seuls les éléments vasculaires
du Zaccaria se colorent.
La réaction ci-dessus est presque instantanée, et réussit avec n’importe
quel fragment de l'échantillon examiné. On peut la reproduire d’une façon
très démonstrative en mélangeant des débris des deux espèces dans un
verre de montre; par addition de potasse, la distinction est immédiate.
Enfin elle semble spécifique, car les autres champignons de couleur violette
ou améthyste se comportent, ou comme le Laccaria laccata (par exemple
Tricholoma nudum) ou bien se décolorent plus ou moins (par exemple
Cortinarius purpurascens) mais ne donnent jamais de jaune verdâtre.
Il. Les deux espèces de Gomphides les plus communes, Gomphidius
glutinosus et Gomphidius viscidus, se comportent très différemment vis-
a-vis des bases. M. F. Bataille a déjà signalé l’action exercée par l'ammo-
niaque (!).
En employant la potasse nous avons déiteré un brun violet intense (578,
579) se produisant très rapidement avec Gomphidius viscidus, tandis que
Gomphidius glutinosus donne du brun jaune faible (161).
Avec les autres réactifs que nous avons essayés, nous avons toujours
obtenu des teintes très différentes pour les deux espèces; ainsi Gomphidiüs
glutinosus ne réagit pas avec le chlérostannate d’ "ne tandis que l’autre
donne du vert piensi (391).
II. Dans le groupe des Amanites, nous attirerons l'attention sur la colo-
ration jaune orangé (156), que prend, dans la région épidermique du
peridium, l'Amanita junquillea, au contact de la potasse. Cette action
(1) Bull. Soc. mycol. de France, t. 28, p. 127.
“
1016 ACADÉMIE DES SCIENCES.
semble spécifique; mais, l'emploi du chlorostannate d’éthyle que nous avons
déjà préconisé reste préférable.
IV. Enfin nous avons repris l'étude de la réaction colorée du Lactarius
turpis (L. plumbeus, de Quélet) indiquée en 1896 par V. Harlay (') et
nous avons reproduit toutes les expériences indiquées par cet auteur.
Cependant il nous a été possible d'obtenir une solution aqueuse du prin-
cipe colorant actif; il suffit pour cela de laisser macérer le champignon
dans l’ammoniaque diluée, de filtrer, et d'évaporer au lieu de neutraliser
par l'acide chlorhydrique. Le composé formé avec l’ammoniaque est
détruit et il reste une substance brunâtre soluble dans l’eau chaude, d’où .
l'on peut la reprécipiter, mais toujours amorphe. L’acétate de plomb pré-
cipite le colorant immédiatement et intégralement. Les flocons bruns
obtenus, recueillis et lavés, ne contiennent pas de plomb, et sont insolubles
dans l’eau; ils constituent le corps qu'avait décrit V. Harlay; ils sont
solubles en violet, ou rouge violet dans les solutions aqueuses des bases; ils
se dissolvent un peu dans les acides en donnant des liqueurs colorées :
Jaunâätre dans l'acide acétique ;
Rouge carmin dans l'acide nitrique ;
Rouge violet dans l'acide sulfurique.
CYTOLOGIE. — Sur la métachromatine et les composés tanniques des vacuoles,
Note de M. Pierre Daxcearn, présentée par P.-A. Dangeard.
La métachromatine est une substance qui a été reconnue dans les vacuoles
des Champignons, où elle donne lieu au phénomène de coloration vitale etoù
elle se dépose dans certaines conditions sous forme de corpuscules méta-
chromatiques. Elle a été mise aussi en évidence chez les Algues et chez un
grand nombre de Phanérogames, où elle donne lieu aux mêmes phénomènes
de coloration et de précipitation. Cette substance a donc un caractère de
grande généralité. :
Certains auteurs, toutefois, admettent qu'il n’y a qu’un lointain rapport
entre les deux substances qui donnent lieu à coloration vitale chez les
Champignons et les Phanérogames. Dans ce dernier groupe, la coloration
vitale serait due non pas à la métachromatine, mais à un tanroïde très
nd
(7) Bull. Soc. mycol. de France, t. 12, p. 156.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 1017
fréquent dans les cellules épidermiques; cette substance aurait de l’affinité
pour le bleu de méthylène et de crésyl et les fixerait sur elle-même (').
Nous croyons avoir apporté un éclaircissement à cette question, en
prouvant qu'il peut y avoir coloration vitale dans des cellules très jeunes
avant qu'elles ne renferment de composés tanniques et nous avons pu pré-
ciser le moment où se fait l’imprégnation du système vacuolaire par le
tannin.
Il existe pendant l'hiver dans l’épiderme des jeunes feuilles d'If ( Taxus
baccata) que nous avons étudiées, deux sortes de cellules : les unes dont les
vacuoles relativement grandes et bien visibles, même sans coloration, ren-
ferment toujours du tannin, comme nous nous en sommes assuré par les
divers réactifs connus (sels de fer, acide osmique, bichromate de potasse,
acétotungstate de soude, etc.). Elles prennent aisément la coloration vitale
et se colorent en bleu par le bleu de crésyl et le bleu de méthylène, en rose
framboise avec le rouge neutre.
Les cellules de la deuxième sorte sont réparties au milieu des précédentes
et disposées d’une façon variable par groupes et par files, mais sont surtout
nombreuses à la base de la feuille. Elles différent des précédentes par
l’absence complète de tannin dans leur système vacuolaire; néanmoins elles
prennent très nettement la coloration vitale, comme les prececenies, avec
cette particularité que la coloration est TR c'est-à-dire que
le bleu de crésyl vire au violet ou au rouge, que le bleu de méthylène
passe au violet et que le rouge neutre devient rouge orangé. Ces cellules sont
donc des éléments dépourvus de tannin et qui prennent une coloration
vitale métachromatique; nous les désignerons par le terme de cellules
embryonnaires, pour indiquer qu’elles n'ont pas encore subi d'évolution
vers une fonction sécrétrice comme les cellules à tannin. Leur système
Vacuolaire ou vacuome est toujours très ténu, non réfringent, invisible sans
coloration; il se présente après teinture vitale sous l'aspect d’un réseau très
délié de Alasiti ou sous forme de granules extrêmement fins, rappelant
un peu l'apparence « chondriome » figuré dans maintes cellules animales.
_ Bien entendu les deux sortes de cellules épidermiques ne sont pas des
Catégories à évolution différente et particulière.
Au printemps, en effet, les cellules embryonnaires évoluent en cellules
tannifères de telle sorte qu’une jeuné feuille du mois d’avril possède un
épiderme interne uniquement constitué de cellules à tannin.
(*) Guirrermonn, Revue générale de Botanique, 1919, p. 217.
1018 ACADÉMIE DES SCIENCES
Ce n’est que dans les bourgeons à vie ralentie de l'automne, de l'hiver et
du premier printemps, que l’évolution de l’épiderme étant arrêtée avant
d’être achevée, l’on y voit coexister des cellules à caractère embryonnaire
et des cellules sécrétrices.
Plus tard, l'imprégnation par le tannin se fait rapidement. Comment se
1. Portion d'épiderme après action de l'acide osmique; trois cellules embryonnaires sont entourées
e cellules tannifères. — 9, 3, 4, 5. Cellules embryonnaires après coloration vitale métachro-
matique montrant les formes jeuneS du vacuome. — 6, 7, 8, 9. Cellules après coloration vitale
montrant les formes âgées du vacuome qui se sont imprégnées de tannin. — Les petits grains
figurés sont les microsomes.
forme cette substance? nous pouvons présumer qu’elle est élaborée par le
cytoplasme par suile du Jeu de son activité, et qu’elle est accumulée aussitôt
libérée par le réseau vacuolaire qui agit comme une sorte d’éponge interne
et s imbibe par élection et osmose. Il n’y a certainement aucune raison de
faire intervenir une espèce quelconque de mitochondrie ni dans la formation
de la sécrétion tannique, ni dans la formation du système vacuolaire dont
l'aspect lorsqu'il est jeune rappelle seulement de très près celui d’un
chondriome. Ce système évolue au printemps dans sa forme en se gonflant
et en se transformant en grosses vacuoles tannifères comme nous l’avons
indiqué dans une Note précédente (1),
(1) Pierre DaxGrarD, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 474.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1020. 1019
Quant à la substance qui provoque la métachromasie dans les cellules
très Jeunes, il semble prouvé que ce n’est pas un tannin. Le plus simple est
donc de la désigner sous le nom de métachromatine, terme général qui
s'applique aux substances qu donnent aux vacuoles leurs propriétés osmo-
` tiques et électives:
Les faits étudiés nous an a les conclusions suivantes :
Les formes jeunes du vacuome renferment de la métachromatine à laquelle
est due leur coloration vitale. Elles ont l’aspect d’un chondriome, mais s’en
distinguent nettement par leur évolution; pendant toute la durée de leurs
transformations, e les appartiennent à une même formation qui est le sys-
tème vacuolaire. L'imprégnation par le tannin n’est qu'une étape impor-
tante de ces modifications.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur l'évaluation comparée de l'asote total de
l'urine par les méthodes de Dumas et de Kjeldahl. Note de M. W. Mes-
TREZAT €t M'e Marrae Pauz-Jaxer, présentée par M. Haller.
La méthode de Kjeldahl, que sa simplicité fait couramment employer
aujourd'hui pour les déterminations d’azote total, ne dose, cependant,
qu'imparfaitement, en général, les noyaux azotés, -quelle que soit la
variante du procédé primitif considéré.
Au cours d'examens d’urines d'individus purgés, oi lesquels le non
dosé azote, défini comme la différence entre l'azote total et la somme de
l’azote de l’urée, de l’'ammoniaque et des bases puriques, augmente dans
les jours qui suivent immédiatement cette médication (‘), nous avons été
amenés à comparer les résultats analytiques fournis par la méthode de
Dumas et de Kjeldahl dans le dosage de l’azote total de Purine.
Les chiffres obtenus sont consignés dans le Tableau suivant :
(1) A. Gosser et Mesrrezar, Les effets rapprochés de la pur aa sur la sécrétion
urinaire, ses rapports possibles avec le choc opératoire (C. R. Soc. ss + 83,
17 avril 1920, p. 461); Mémoire in Bull. et Mém. de la Soc. de Chirurg ie a Paris
(C. R. de la Soc. de Chirurgie, séance du 24 mars 1920).
ACADÉMIE DES SCIENCES.
1020
RÉSULTATS EN GRAMMES D'AZOTE PAR LITRE.
Urines recueillies dans les jours
qui ont suivi la prise de 305 de sulfate de soude.
Urines are
témoins. T: 2 3° 4e, 9°
Ber... (ulcère gastrique).
Donas ae a n 9,95 12,22 6,55 "n 5,68
MUR er, 4, m 9,32 11,45 6,37 " 5,59
SITES tue e ra a ” -+0,23 + 0,97 +0,18 1 +0,09
Différences pour 100 rap-
portées au Dumas...... ” 2,h 6,2 a n 1,5
Lou... (anus iliaque).
À
Dumas rc aaa. 4,61 7,37 " har -9700 "
MCE. serv moi ris 4,38 7,05 w 3,89 5,04 Q
Diférencess. 5 0,23 0,32 0 w e 0;01 4
Différences pour 100 tape
portées au Dumas...... 4,9 AE n 9,7 0,3 ’
Guég.., (tumeur blanche du genou).
Pamas i he. ES | 9,18 14,15 " 4 6,89
OR RE a 4 Ro 9,04 11,78 " " 6,72
Différences. ::.....: v 0,14 0,37 r " 0,17
Différences pour 100 rap
portées au Dumas..... 4,5 3,0 1 n 2,4
Si l’on veut bien considérer que la technique de Færster, que nous avons
utilisée ('), fournit des valeurs égales ou supérieures à celles que donne le
procédé à l’oxalate de Denigès, généralement employé, que les essais faits
en double ou en triple fournissent des chiffres superposables, que les condi-
tions, enfin, dans lesquelles se sont effectuées nos combustions ont été
soigneusement étudiées (? ), les valeurs précédentes conduisent à admettre
l'existence dans l'urine de composés azotés qui échappent à l'attaque sulfu-
a noue
C } 5° d’urine -10% d'acide sulfurique phénolé à 5 pour 100 + 15 d'hyposulfte
+ 1 globule de mercure. Continuer la chauffe une demi-heure après décoloration.
Dosage de NH? par l'appareil d'Aubin en présence de sulfure de sodium. Virage par
retour à l’alizarinate de soude.
(*) Un échantillon très pur d’urée nous a, à deux reprises, fourni les chiffres théo-
riques. Nous avons, de plus, éliminé par le chlorure de cuivre ammoniacal les traces
d'oxyde de carbone qui auraient pu prendre naissance,
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 1021
rique et dont l’azote ne peut par conséquent être dosé exactement par la
méthode de Kjeldhal.
Les différences observées, moindres sur les urines témoins (urines ayant
précédé la médication ou se trouvant suffisamment éloignées de celle-ci),
ont atteint les chiffres de 6,2 et 9,7 pour 100 dans la période où l’organisme
est sous l’effet du sulfate de soude.
Nous devons ajouter que, lorsque les différences un peu accusées se sont
montrées entre les deux procédés, les combustions s’effectuaient pour ainsi
dire en deux fois, le dégagement d’azote, abondant au début, se ralentissant
après une demi-heure à trois quarts d’heure pour ne se poursuivre qu'à bulles
espacées durant un temps assez long.
Nous nous proposons d'étendre ces recherches à d’autres cas, chez lesquels
la valeur habituellement élevée du non dosé permet de penser que l'azote
titrable au Dumas y est peut-être en quantité abondante. :
Dès à présent, ce défaut de concordance des méthodes de Dumas et de
Kjeldahl montre l'existence dans l'urine de produits azotés que nè dose pas
la méthode de Kjeldahl habituellement employée et attire l'attention sur
la nécessité qu’il y a, malgré les difficultés matérielles plus grandes que
présente le dosage de l'azote par la voie sèche, à muser que des chiffres
fournis par Dumas dans l'étude des rapports urologiques ou l'établissement
exact de bilans azotés à l’état pathologique.
CHIMIE TOXICOLOGIQUE. — Sur la recherche toxicologique des toxiques
bromes. Note de M. A. Damrexs, présentée par M. Guignard.
Dans une Note précédente, nous avons indiqué à quelles conclusions nous
ont conduit nos recherches sur la teneur en brome de quelques organes
animaux. La méthode suivie dans cette étude a été appliquée pendant la
guerre à la recherche et à la caractérisation des toxiques bromés.
Nous avons tout d’abord examiné les organes d’un grand nombre de
chiens intoxiqués au moyen des différentes substances bromées, telles que
bromure de benzyle, bromacétone, méthyléthylcétone, etc. Les proportions
de brome trouvées étaiènt très supérieures à celles trouvées précédemment
dans des organes de chiens normaux et atteignaient, par exemple, dans les
poumons, 1™s et même 2% pour 100% d'organe, au lieu de 0,40 trouvé
normalement. |
1022 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Un certain nombre de recherches furent faites sur des organes d'animaux
morts par absorption de toxiques gazeux. Voici quelques chiffres :
Brome trouvé
en milligrammes
Animaux. Organes, pour 100: d’organe.
Chat n° 1 Poumons et fort... 7e... 0,22
Chat n° 2 Poamons ot 1010 ,,.1 meurtres 0,20
Ghat oro * POUMONS ET foie. 17 2 Nes, 0,22
Rat Ensemble des viscères........... 0,16
Rat Ensemble des viscères.......... à 0,14
Pigeon PoUMOnS.. EL ee on. 0,84
2 Perdroaur POUMBDS o o Te 0,89
» PRES Der relie eriein 0,90
ChEVRI He Poumans: i dir iii. 0,14
Ghevaln® 2 Poumon: 5... RE 0,89
Ane OU mine censure e 0,90
Dans tous les cas, la présence de brome a été constatée. La proportion
est élevée pour le pigeon et les perdreaux, mais les chiffres sont peu supé-
rieurs à ceux obtenus précédemment pour des animaux morts dans des
conditions normales. Pour les chats et les rats, où nous manquions d’élé-
ments de comparaison, la proportion est faible et constante pour plusieurs
animaux,
Dans tous ces cas, il n’a pu être tiré de conclusion sur l'introduction acci-
dentelle d’un dérivé bromé dans l'organisme.
En ce qui concerne l'âne, la proportion est élevée, mais nous manquons
d’éléments normaux. Pour le cheval, la faible proportion trouvée dans un
cas fait penser que, dans le second, deniers d'un diri»s bromé dans
organisme est possible.
Enfin le plus grand nombre de nos expériences ont été faites sur des
organes humains. Ces hommes étaient morts par absorption de gaz toxiques,
et nous devions rechercher si ces gaz étaient bromés. Ces organes prove-
naient de 367individus. Dans tous les cas, sans aucune exception, le brome
a été caractérisé, ce qui confirme nos précédentes conclusions sur la a
sence constante du brome dans les tissus, à côté du chlore. l
Pour l’homme, les proportions moyennes sont, exception faite des fortes
anomalies qui sont placées dans des tableaux spéciaux :
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 1023
Urines Poumons
Nombre de cas étudiés,.... A 331. 130. 130.
Teneur en brome en milligrammes
pour 1008 d'organe............ 0,50 0,107 - -=
Tenar en Chloé... 00: - - 231 -
Rapport brome-chlore........... -~ - - 0,00084
D'une statistique établie d’après les résultats obtenus, il ressort que les
proportions limites que l’on peut considérer comme normales sont, pour les
os voisines des chiffres suivants :
Brome en milligrammes pour 1008 d'organe (sur 362 cas). 0,30
Cblore (sürr Casi. m aa a a 260
Rapport brome-chlore (sur 151 cas).....,:..,....... 0,00140
Chacun de ces chiffres a été établi, indépendamment des autres, d’après
: le nombre de résultats indiqués. Ils ne constituent qu'une approximation.
Ces chiffres nous ont servi de base lorsque, dans les expertises toxico-
logiques, la proportion de brome trouvée était anormale, pour établir que-
Pintoxication par un dérivé bromé pouvait être envisagée.
La proportion de brome la plus élevée qui ait été ainsi trouvée est 15,90
Pe 100ë d'organe. Le plus fort rapport brome-chlore o, 00386.
' Les chiffres relatifs au chlore peuvent fournir des inicas du même
ordre, en ce qui concerné l'intoxication par des dérivés chlorés, tels que
l'oxychlorure de carbone, et ses dérivés, la chloropicrine, etc., désignés `
comme gaz suffocants. Dans ce cas, le taux du chlore peut atteindre 3416
Pour 1008 d'organe humain. Il est remarquable: que, dans la plupart de ces
Cas anormaux, les gaz supposés, d’après les observations faites sur le front,
étaient des gaz EET Toutefois, l’intoxication par ces gaz étant carac-
térisée par de très gros œdèmes, il est difficile de dire si le chlore en excès
ainsi décelé provient du gaz lui-même, ou des liquides d'œdème plus riches
en chlore que les tissus pulmonaires.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Variations de la sensibilité à l’eau douce des Convo-
luta, suivant les états physiologiques et le nombre des animaux en expé-
rence. Note de M. Groncrs Boun et M"* A. Dazewixa, présentée par
M. Henneguy.
Sur la plage dé Concarneau vivent des Convoluta, caractérisées, chez des
anımaux soustraits au choc des vagues et maintenus au laboratoire, par un
102/ ACADÉMIE DES SCIENCES.
rythme des marées (') faible et par un phototropisme positif, intense aux
heures de basse mer et plus ou moins affaibli aux heures de haute mer.
Pendant deux mois (20 juillet à 20 septembre), nous les avons observées
journellement, et nous les avons soumises à divers traitements chimiques.
Rien de plus instructif pour un physiologiste que l’étude de ces petits Tur-
bellariés; ils déconcertent par la variabilité de leurs réactions, fonction
d’une multitude de facteurs parfois insoupçonnés. Chez les animaux litto-
raux, et chez les Convoluta en particulier, il est souvent illusoire de recher-
cher un rapport exact de cause à effet, car l'effet n’est pas exactement le
même le matin et le soir, à haute mer et à basse mer, avant et après la
ponte.... Les auteurs qui ont étudié la sensibilité de l’œuf d’Oursin aux
divers agents chimiques ont fini par s'apercevoir qu’elle subit des oscilla-
tions, et que, suivant les moments, elle est forte, ou faible, ou nulle; il y a
un certain rythme de sensibilité. Dans le cas des Convoluta, et quel que soit
le facteur que l’on fait intervenir expérimentalement, il est nécessaire de
tenir compte des variations de la sensibilité.
Voici quelques résultats préliminaires de notre étude des Convoluta.
Lorsqu'on soumet celles-ci à l’action d’un agent nocif, la perturbation se manifeste
par un changemént dans l'intensité ou dàns le sens du phototropisme. Une expérience
frappante à cet égard est la suivante. On constitue, dans des boîtes de Pétri, 6 lots :
1° eau de mer; 2° 20 pour 100 d’eau douce; 3° 4o pour roo; 4° 60 pour 100; 5° 80
Pour 100, et 6° go pour 100 d’eau douce. Presque instantanément, le phototropisme,
positif intense dans le lot 1, s’alfaiblit dans le lot 2 et plus encore dans le lot 5, devient
négatif dans le lot 4, et nul dans les lots 5 et 6; dans ce dernier, d’ailleurs, les animaux
sont aussitôt inhibés et ne tardent guère à se désəgréger, alors que ceux du lot 5 se
rélablissent plus ou moins. 24 heures après, en comparant les divers lots, on peut
établir une ‘série ininterrompue, depuis le phototropisme positif très marqué de 1
jusqu’au phototropisme négatif de 5; le renversement du signe se fait cdu lot 3 au
lot 4. Dans tous ces cas, le phototropisme, qu’il soit positif ou négatif, est un photo-
tropisme actif; autrement dit, ce n’est pas par inertie que les Convoluta restent à
Pun des pôles du vase : lorsqw’on tourne celui-ci de 180°, les animaux reviénnent du
côté de la fenêtre ou du côté opposé, suivant le lot considéré.
Cependant, le changement du signe du tropisme provoqué par l’eau douce n’est que
temporaire. 48 heures après, les Convoluta étant toujours maintenues dans les
solutions précitées, le phototropisme négatif de 4 redevient positif, celui de 5 et de 2
aussi intense et mênie plus intense que celui des témoins. =
A une variation dans un sens succède donc une variation de sens Con-
(1) G. Boux, Les Convoluta roscoffensis et la théorie des causes actuelles (Bulletin
du Muséum d'Histoire naturelle, 1903, p. 352).
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 1025
traire, et ainsi l’équilibre physico-chimique de l'être tend à se rétablir (! ).
En résumé, les Convoluta, après une addition d’eau douce à l’eau où elles
vivaient, subissent une crise plus ou moins accentuée, dont le phototro-
pisme avec ses oscillations est en quelque sorte le révélateur; suivant les
cas, elles peuvent la franchir sans trop de dommages, ou bien subir des
atteintes graves. Ce qui est intéressant pour nous, c'est que, pour une
même solution d’eau douce, 75 pour 100 par exemple, la sensibilité des
. Vers se montre très variable.
Dans les cas les plus favorables, ils recouvrent rapidement leur aspect et leurs atti-
tudes normales; dans les cas les plus graves, le corps subit, au bout de quelques .
heures, une cytolyse totale. Entre ces deux extrêmes, on observe des cytolyses par-
elles : le plus souvent, la partie postérieure du corps se détruit sur une longueur
plus ou moins grande; parfois, c'est l’extrémité antérieure qui se désagrège; dans
certains lots, il se produit une zone de cytolyse vers le tiers antérieur du corps, et
une rupture s'opère à ce niveau; les animaux ayant ainsi subi des amputations ou des
Scissions continuent à vivre plus ou moins longtemps.
Dans nos expériences, les Convoluta se sont montrées particulièrement
résistantes aussitôt après les grandes marées, et au contraire très sensibles
avant. Ily a sans doute là Lis qu'une coïncidence. Dans la nature, l’état
physiologique des Convoluta subit des variations de quinzaine; le rythme
acquis peut continuer à se manifester en dehors des causes actuelles. Nous
comptons poursuivre à cet égard notre étude, qui demande un séjour pro-
longé au bord de la mer.
Mais, parmi les facteurs qui intersienent dans Le variations de la sensi-
bilité et dont, à notre connaissance, on n’a pas tenu compte, est celui-ci :
toutes conditions égales d’ailleurs, les individus isolés sont infiniment plus
sensibles que les individus groupés, comme si le un d? être groupés: consti-
tuait pour eux une protection. Le contraste est souy Soient deux
verres de montre, dont l’un contient, dans de l’eau diluée à 75 pour 100,
quelques ada et l’autre plusieurs centaines de Convoluta : les pre-
miers sont cytol ysés en quelques heures, les derniers après plusieurs jours.
Ce fait nous parait avoir un niat intérêt pour la physiologie et la nes
générale. ;
£
(CJG: Bous, eiiie expériences de mõdijication des réactions ches les animaux,
suivies de considérations sur les mécanismes chimiques de l'évolution (Bulletin
scientifique de la France et de la Belgique, t. 43, 1911, p- 217)
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 21.) : 77
1026 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BIOLOGIE. — Remarques biologiques sur la thermométrie des eaux atlantiques
au large d'Ouessant, pendarñt l'été 1920. Note de MM. L. Jouan
et En. Le Daxois, présentée par S. A. S. le Prince Albert de Monaco.
La France ayant adhéré au Conseil international pour l’exploration de
la mer, l'étude d’un secteur océanographique lui a été confiée, à l’ouest de
la Bretagne; jusqu'à 300 milles au large; l'Office scientifique des Pêches
maritimes a été chargé de l'exécution de ce travail. Grâce à une subvention
du Ministère des Affaires étrangères, le chalutier La Perche a effectué
quatre croisières pendant l’été dernier dans ce secteur.
L’examen des documents et matériaux récoltés au cours de ces croisières
par MM. Le Danois, Heldt et Freundler nous a permis de tirer de l'étude
des températures de l’eau quelques indications intéressantes.
Les températures moyennes des eaux atlantiques entre les 48° et 49° de-
grés de latitude Nord étaient, pendant l’année 1920 : à la surface, de + 12°
à + 17°; à 10, de + 14° à + 16°; à 30", environ + 15°; à bo", + 13°
ou + 14°; à 60", environ + 12°; de 60® à 200", environ + 11°.
Mais ces moyennes subissent d'importantes variations :
Sur une coupe orientée O-NO, allant d'Ouessant au bord du
Plateau Continental, un peu au sudtouest du banc de la Grande-Sole
(L = 49°N, G—11° WG), on relève la présence d’une fosse de 180" à
quelques milles d'Ouessant, puis le fond s’abaisse graduellement de 120™
à 175%, subit un exhaussement près du banc de la Grande-Sole et se ter-
mine par une falaise abrupte (fig. 1). |
La fosse d'Ouessant forme une véritable colonne liquide isotherme, ayant
dans toute sa masse une température de + 12°. Un peu en dehors de cette
fosse passe un courant froid à une température de + 10°,8 qui coule sur le
fond mais remonte jusque vers 6o™, Il en résulte un refroidissement des
couches intermédiaires et des eaux de surface.
Ua autre courant froid très profond entre 140" et 180" passe en dedans
du banc de la Grande-Sole à une température de + 10°,7, mais son
nfluence sur les nappes d’eau supérieures est assez faible.
D'autre part, entre les 8° et 9° degrés de longitude Ouest se trouve à 50°
de profondeur un courant chaud à + 15° enveloppé dans une gaine d’eau
à + 14°. Cette disposition amène une succession de nappes d’eau entre-
+ 14° et + 16° de la surface jusqu’à une profondeur de 90" et une réduc-
tion des couches froides sur le fond.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 1027
n- 10° Qu g 7° 6° Quessa ot] =
+16°
ae ARCS ANR
à
| ATP AR 2 PEE
tn?
-asie s a 4
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+i’? ho
1028 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Une autre coupe orientée Sud-Ouest allant d'Ouessant au bord du plateau
continental, à l’est du banc de la Chapelle (L = 47°,30 N; G = 7° WG),
nous montre, après la fosse d'Ouessant, une série de dos d’âne séparés par
d’étroites villéce et un peu avant le 7° W s’ escarpe la falaise du plateau
continental (fig. 2).
Nous retrouvons la colonne liquide isothermique à + 12° de la fosse
d'Ouessant et le courant froid à + 10°,8 que nous avons signalé sur l’autre
courbe. On ne trouve pas de courant chaud en eau peu profonde, mais à
150", par 6°,33 WG, existe une nappe d’eau à + 15° dont nous connais-
sons mal les limites.
De l'examen de ces données nous pouvons déduire les faits suivants :
La colonne liquide isotherme de la fosse d'Ouessant est le centre d'un
systeme de nappes d'eau concentriques de température et de profondeur
variables. L'une d'elles est un courant froid à + 10°,8 qui entoure la fosse,
du côté du large entre Go" et le fond à une distance de 20 à 30 milles. Cette
nappe d'eau produit un refroidissement sensible des couches d'eau supérieures
jusqu'à la surface.
= En dehors de ces nappes nous pouvons noter la présence des deux cou-
rants chauds, lun à 5o™ de profondeur, l’autre à r5o", tous deux à une
température de + 16° sans pouvoir actuellement établir si ces deux cou-
rants ont quelques rapports cntre eux.
Il est intéressant de rapprocher de ces conditions thermiques la pénurie
de sardines qui a marqué le début de la saison, au moment où étaient faites
ces observations. On sait, en effet ,que la témpérature préférée des sardines
varie entre + 13° et + 14°, Or, par suite de la présence du courant froid
contournant la fosse d'Ouessant, les eaux superficielles dans le voisinage de
la côte n atteignaient pas cette température: On peut donc supposer que
les sardines wont pas atterri, soit qu'elles soient restées au large dans les
eaux à + 14° ou +15°, soit qu'elles se soient enfoncé à proximité des
courants chauds : de toute façon, elles étaient hors des atteintes des
pêcheurs du Finistère.
A la même époque, les ostréiculteurs de la côte sud de Érétague et de la
Vendée ont constaté que la température des eaux était de beaucoup infé-
rieure à la moyenne et ils ont attribué à ce fait l'absence presque complète
de naïssain et une mortalité extraordinaire dans les huîtres adultes. Leur
opinion peut être rapprochée de l'existence de la nappe froide subcôtière
que nous signalons,
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 1029
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. — Conservation ou disparition de la virulence du lait
aphteux au cours des manipulations qui suivent la traite. Note de
M. Cuarces Lesaizzv, présentée par M. Roux.
Jai démontré que la virulence du lait était une des manifestations les
plus précoces de la fièvre aphteuse (') et qu’elle entraïnait la mort par
infection suraiguë des jeunes animaux, veaux et porcs, auxquels il était
distribué. Cette mortalité a atteint 100 pour 100 dans beaucoup de fermes.
Certains éleveurs m'ont fait observer qu'autrefois, dans les mêmes
fermes, les épidémies de fièvre aphteuse ne donnaient pas lieu à de telles
hécatombes, et ils étaient enclins à penser qu'une autre cause de contagion
devait intervenir. L’objection méritait d’être prise en considération.
En poursuivant mon enquête, j'ai reconnu l'exactitude de ce fait que,
jadis, les cas de mort rapide étaient beaucoup plus rares et je crois en avoir
reconnu la raison.
Actuellement on distribue le petit lait au sortir des écrémeuses, alors que,
jusqu’à ces dernières années, ce pelit lait était recueilli après la montée de
la crème. Or, celle-ci s'accompagne toujours d’un début de fermentation
lactique. Dans ces conditions, le virus aphteux devait être très atténué,
sinon complètement détruit. Sa fragilité bien connue de ceux qui l'utilisent
dans leurs expériences est un des plus grands obstacles à l'étude de la
maladie dans les laboratoires. nr
L'observation de la marche de l'épidémie actuelle a la valeur d’une
expérience faite en grand. Dans les petites fermes où la pratique de l’écré-
mage mécanique n’est pas introduite, les jeunes animaux nourris avec un
lait qui avait subi un début de fermentation lactique sont presque tous
demeurés indemnes pendant le passage de l'épidémie, ou ont résisté à une
atteinte bénigne. La centralisation du lait par les grandes laiteries, suivie de
la répartition dn petit lait, a eu un résultat inverse : la dissémination rapide
de la fièvre aphteuse. Cette conséquence étaitimpossible à prévoir puisqu'on
ignorait la virulence du lait fourni par les animaux en incubation de fièvre
aphteuse et qui paraissaient parfaitement sains.
On voit qu’il n’est pas toujours possible de prévoir quelle sera la rançon
d’un progrès.
EL
(1) La virulence du lait dans la fièvre aphteuse (Comptes rendus, t. 174, 1920,
P- 373).
.
1030 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. E. Corarpeau lit un Mémoire sur un Projet d'utilisation industrielle
des grandes sources naturelles d'énergie. (Séance du 15 novembre 1920.)
À 16 heures et quart, l’Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECRET.
La Commission, chargée de dresser une liste de candidats à la place
vacante parmi les Académiciens libres par suite de la mort de M. Adolphe
Carnot, présente, par l'organe de M. le Président de l’Académie, la liste
suivante :
PR DAME MERE ne a a M. Eucèxe Simox
MM. Maurice pe BRoGLIE
Maurice D’Oca@nE
Joseren RExauD
ALBERT Rogix
PauL SÉJOURNÉ
En seconde ligne ex æquo
et par ordre alphabétique .
L'Académie ajoute à cette liste les noms de MM. Jures-Louis BRETON
et ALEXANDRE DESGREz.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 17 heures et demie.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1920. 1031
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
OUVRAGRS REÇUS DANS LES SÉANCES D'OCTOBRE 1920.
Leçons de Thermodynamique et de Chimie physique, par Ta. pe Donner. Pre-
mière Partie : Théorie. Paris, Gauthier-Villars, 1920; 1 vol. 23m, (Présenté par
M. Le Chatelier.)
Le Felsinotherium Serresi des sables pliocènes de Montpellier et les rameaux
phylétiques des siréniens fossiles de l’ancien monde, par Cu. Derérer et F. Roman.
Extrait des Archives du Muséum d'Histoire naturelle de Lyon, 1920; 1 vol. 37°".
Chemins de fer de l'État. Mission d’études. De la valeur du fluorure de sodium
comme antiseptique pour la conservation des traverses. Rapport de la mission
d’études pour la conseration des bois, par Henri Devaux et BouyGues. Bordeaux,
1920; 1 fase. 31°", (Présenté par M. Gaston Bonnier.)
Faculté des Sciences de Lyon. Abri-sous-roche préhistorique de La Colombière,
près Poncin (Ain), par Lucrex Mayer et Jean Pissor. Lyon, A. Rey, 1915; 1 vol, 25°",
(Présenté par M. Depéret.)
atalogo universal de revistas de ciencias exactas, fisicas y naturales, par
ENRIQUE Sra Mar REPARER Argentina), Academia nacional de ciencias,
1920; 1 vol.
Ministère de l intrase publique. Mission du Service géographique de l'Armée
Dour la mesure d'un arc de méridien équatorial en Amérique du Sud, sous le
contròle scientifique de l’Académie des Sciences. Tome 10 : Entomologie. Botanique.
Fasc. 2 : Opiliones, Diptères, Myriapodes. Paris, Gauthier-Villars, 1919; 1 vol. 29°.
Les traitements arsenicaux et les traitements mixtes des arbres fruitiers, par
Pauz Marcuar. Extrait des Annales des Épiphyties. Tome 6, 1919; 1 vol. 28%,
Filicales et lycopodiales de la Nouvelle-Calédonie et des iles Loyalty, par le
Prince RoLANp BONAPARTE. Wiesbaden, C. W. Kreidels Verlag, 1914; 1 vol. 28%,
Université d'Alger. Histoire naturelle des Nématodes de la Berbirie. Première
Partie : Morphologie, développement. Re et affinités des Nématodes, par
L.-G. SEURAT. Alger, S. Stamel, 1920; 1 vol.
Résultats des campagnes scientifiques Fee sur son yacht par Albert F”,
prince souverain de Monaco. Fascicule 55 : Madréporaires, par CHARLES GRAVIER.
Imprimerie de Monaco, 1920; 1 vol. 36m. (Présenté par S. A. S. le Prince de
Monaco.)
Tables du amouvement ‘képlérien, par F. Boquer. Première Partie. Paris,
Hermann, 1920; 1 vol. 22%, (Présenté par M. Andoyer.) i
1032 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les lois scientifiques de l'éducation respiratoire, par Juues Amar, Paris, Dunod,
1920; 1 vol, 25%, ( Présenté par M. Edmond Perrier.)
Souvenirs d’un infirmier militaire, par Josepn Desmares. Bayeux, Colas, 1920;
1 vol, 2
‘Chauffage au moy:n de l’eau employée comme combustible, par Henri CoiFFiEr.
Le Puy, Peyriller, Rouchon et Gamon, 1920; 1 vol. 23cm,
Ministère des Colonies. Actes de l'Institut colonial de Bordeaux. L'étude scienti-
fique de nos colonies, par E. Douster. Bordeaux, Institut colonial, 1920; 1 vol. 23%,
Les grandes découvertes maritimes du xv° et du xvr siècle. Leur influence sur les
idées philosophiques, par E. Douster. Extrait de la Revue de Géographie de Bor-
deaux, 1920; 1 fasc. 23°m, (Présenté par M. Bigourdan.)
Die spezifische Wärme der Gase bei konstantem Volum, par Arois Konran. Graz
und Wien, Styria, 1917; 1 fase. 21%,
Les minéraux végétalisés, par E. Aucuer. Paris, Maloine, 1920; 1 fasc. 19°.
Traité de mécanique rationnelle, par PauL Arreur ; tome III : Équilibre et mouve-
ment des milieux continus; tome IV: Figures d'équilibre d'une masse liquide
homogène en rotation sous l'attraction newtonienne de ses particules. Paris, Gau-
thier-Villars, 1921; 1 vol. 25%, :
Les transformations de la cinchonine, par Juncrceisen et E, Léerr. Extrait des
Annales de Chimie. Paris, Masson, 1920; 1 fasc. 22%, (Présenté par M. Ch. Moureu.)
Principes usuels de nomographie avec application à divers problèmes concernant
l'artillerie et l'aviation, par le Lieutenant-Colonel p'Ocagxs. Paris, Gauthier-Villars,
1920; 1 vol. 25°%, (Présenté par M. R. Bourgeois.)
Ministère des Colonies de Belgique. Mission forestière et agricole du comte
Jacques de Briey, ingénieur agronome, au Mayumbe (Congo belge), par E. DE
Waispemax. Bruxelles, D. Reynaert, 1920; 1 vol. 23%, (Présenté par M. H. Lecomte.)
La découverte de l’électromagnétisme faite en 1820 par J.-C. OErsted, par
ABSALON Lansex. Copenhague, Thieles, 19203; 1 fasc. 24
L'École expérimentale et bactér le gique lyonnaise, Se Fersanp ARLOING. Extrait
de la Presse médicale. Paris, Masson, 1920; 1 faso 21°%.
Levantamientos y roconocimientos topográficos, par José De Euoca. Vol. 1, I, HE
Ma irid, Rivadeneyra, 1908; 2 vol. 25% et 2 vol. 17°, (Présenté par M. H. Deslandres.)
Plinimetria de precision ó Estudios topográficos de Análisis Planimétrico, par
José De Erota. Vol, [et Il avec Atlas, Maidrid, jé ae ht, 1903; 3 vol, 26%. (Pré-
senté par M. H. Deslandres.)
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 29 NOVEMBRE 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE PHYSIQUE. — La loi des phases.
Note de M. Hexry Le CuarTEiter.
La loi des phases, découverte en 1836 par J. Willard Gibbs, vulgarisée
vingt ans plus tard, en Hollande et en Lee par Bakhuis Roozeboom,
aux États-Unis par Bancroft, et en France par moi-même, fut d’ son
acceptée sans difficulté. Mais, ces dernières années, elle a été P objet de dif-
férentes critiques auxquelles il peut être utile de répondre. Pour faciliter
cette discussion, je rappellerai sommairement la démonstration de Gibbs.
Soit un système chimique composé d’un certain nombre de phases, c’est-
à-dire de masses homogènes considérées, abstraction faite du volume total
e de la forme de chacune de ces masses, sous la seule condition que les
rayons de courbure des surfaces de séparation de ces phases soient suffisam-
ment grands, pratiquement supérieurs à un millième de millimètre. Pour
définir complètement toutes ces phases, il faut se donner la température, la
pression et, plus généralement, les tensions d'énergie de chacune d'elles.
Soient p l nombre de ces tensions et r celui des phases, cela fait pr condi-
tions distinctes. Il faut se donner ensuite la composition de chacune de ces
phases, c’est-à-dire le rapport des masses des divers composés chimiques en
présence dans chaque phase, moins un, à la masse de ce dernier. Si m est le
nombre des constituants réels de Hague phase, le nombre total des condi-
tions de composition sera
(m—i)r.
Cela fait donc au total, pour définir complètement le système, en l'ab-
78
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 22.) /
1034 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sence de tout phénomène d'équilibre, un nombre de conditions égales à
pr+(m—i)r.
S'il existe à l’intérieur du système des phénomènes d'équilibre, ces gran-
deurs cessent d’être toutes isolément modifiables; chaque équilibre partiel
introduit une équation de condition, qui diminue d’une unité le nombre des
variables réellement indépendantes.
Dans le cas où l’on admet l'équilibre des tensions d'énergie entre toutes
les phases, l'équilibre de saturation de tous les constituants entre les diffé-
rentes phases et enfin l'existence d’un certain nombre de réactions chi-
miques réversibles g, le nombre des variables indépendantes est réduit de
p(r—1)+m(r—1) +gq.
En soustrayant ce nombre de celui des conditions nécessaires pour
définir l’état du système, on a la variance totale, c’est-à-dire le nombre des
variables dont on peut disposer librement, malgré les liaisons exigées par
les phénomènes d'équilibre :
Variance Conditions ter os nu
finale. initiales. récls. réversibles. d'énergie. coexistantes.
Pour faciliter la discussion, il m'a semblé avantageux de diviser la
variance totale en deux parties V + v, 6 représentant les variables que lon
fixe a priori par les conditions mêmes de l'expérience, et V les variables
restées ultérieurement disponibles au cours de l’accomplissement de l'expé-
rience même.
Toutes les difficultés d'application de la loi des phases proviennent
d'erreurs sur la détermination de l’une ou l’autre des grandeurs intervenant
dans cette formule.
. Phases coexistantes (r). — La détermination du nombre des phases ne
donne habituellement lieu à aucune difficulté théorique. On peut cepen-
dant, par distraction, oublier dans les systèmes à pression constante la
disparition de la phase gazeuse. D'autre part, dans la formation des préci-
pités, il est souvent impossible de distinguer expérimentalement les diffé-
rentes phases mêlées ensemble. Un exemple bien connu est celui de la
précipitation d’une solution de chlorure de calcium par la potasse.
Berthollet considérait le précipité comme une masse homogène de com-
position variable. On admet aujourd'hui que c'est un mélange de deux
phases, de la chaux hydratée et un oxychlorure de calcium. Dans ce cas,
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1035
on utilise la loi des phases, non plus pour calculer la variance, mais, au
contraire, pour déterminer le nombre des phases en mesurant expérimen-
talement la variance. D’après les expériences de Ditte, le système est
univariant, on en déduit ve doit y avoir dans le précipité deux phases
solides.
Tensions d'énergie (p). — On les prend, généralement, égales à 2, pres-
sion et température. On a commis au début l'erreur, signalée bientôt par
Bancroft, d'appliquer cette valeur 2 aux piles. En réalité, le nombre de ces
tensions est alors égal à 3, en raison de l'intervention des phénomènes
électriques. L'intervention des tensions superficielles, dans le cas des préci-
pités très fins, augmente également ce nombre d’une unité. Mais alors, on
ne peut appliquer la formule que si l'énergie superficielle est identique en
tous les points d’une même phase, ce qui nécessite l’uniformité de diamètre
-de tous les grains de la matière solide. Enfin les différences de pression
d’une phase à une autre, comme cela se produit dans le regel de la neige
pour la formation des glaciers, augmentent aussi p d’une unité. Par contre,
la formule ne peut être appliquée dans le cas où il y aurait dans une même
phase des variations d’é énergie d’un point à l’autre; inégale répartition des
températures ou des pressions, précipités ou corps poreux de diamètre
variable, comme cela est le cas des colloïdes ordinaires, etc.
Réactions réversibles (q). — Il faut bien distinguer les réactions réversibles,
se produisant réellement, de celles qui sont seulement possibles, mais ne se
produisent pas dans les conditions envisagées. Si l’on prend, par exemple,
un mélange d’eau, d'hydrogène et d'oxygène à 2000°, température à
laquelle la dissociation de leau se produit de façon réversible, on aura
q =1. Au contraire, le même mélange pris au-dessous de o° ne donnera
aucune réaction chimique. Les seules transformations réversibles seront
des changements d'état. Le désaccord, signalé récemment par M. Raveau (')
entre un énoncé de M. Dubreuil et celui de Gibbs, provient de ce que le
Premier envisage seulement les systèmes où toutes les réactions possibles
se produisent réellement.
Une erreur à éviter est de compter comme réactions distinctes des
groupes de réactions dont l’une est la conséquence algébrique des autres.
Cela ne donne pas de nouvelle relation entre les potentiels chimiques, par
Suite entre les grandeurs servant à définir l’état de chaque phase. Dans une
solution de sulfate de soude, supposée renfermer du sel anhydre, du sel à
2
(') Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 093.
1036 ACADÉMIE DES SCIENCES.
7H°0 et du sel à r0H°?0, on peut écrire trois équations pour les échanges |
d’eau combinée, mais l’une dérive des deux autres par une simple soustrac-
tion; il n’y a pas lieu d’en faire état,
Consultants réels (m). — Avant tout essai de mise en œuvre de la loi
des phases, il faut, par une étude chimique soignée, déterminer les corps
qui existent réellement dans le système étudié. Cependant, cette connais-
sance exacte n’est pas nécessaire dans tous les cas; on peut souvent calculer
exactement le degré de variance sans connaître la totalité des constituants
réels. Soit, par exemple, l'étude de la solubilité du sulfate de soude. Nous
ne savons pas si les deux hydrates et le sel anhydre coexistent dans la
solution. Cela est sans importance, car si l’on ajoute un hydrate et augmente
ainsi d’une unité le nombre m, on doit parallèlement augmenter d’une
unité le nombre g des réactions réversibles, car il faut tenir compte de
l'équation de formation de lhydrate, de telle sorte que la différence m — q
ne change pas. :
Dans certains cas cependant il n’en est pas ainsi. Prenons par exemple
la dissociation du carbamate d’ammoniaque, on a alors m — q —3 — 1= 2,
mais il peut aussi se faire en même temps de l’urée. S'il en est ainsi, m est
augmentée de deux unités, pour l’urée et l’eau formées parallèlement.
q cependant n’est augmenté que d’une unité et la différence m — q = 3, de
telle sorte que la variance est de ce fait augmentée aussi d’une unité.
Conditions initiales (v). — En fixant les conditions initiales des expé-
riences, on dispose parfois d’un certain nombre des variances totales dispo-
nibles d'après la loi des phases. Souvent l’on n’y pense pas ; mais même si
l’on y pense, il est parfois fort difficile de se rendre compte si oui ou non
ces conditions expérimentales introduisent des relations supplémentaires
entre les grandeurs servant à définir l’état du système : pression, tempé-
rature du système, et, dans chaque phase, rapport des masses des consti-
tuants à celle de l’un d’entre eux. a. |
Vest ce point qui de beaucoup a donné lieu aux difficultés les plus
graves.
Par exemple, on décide d'opérer à pression constante, comme cest
le cas de la plupart des réactions où n’entrent pas en jeu de composés
gazeux. Evidemment, dans ce cas, on diminue d'une unité les variances
finalement disponibles au cours des expériences. Là il n’y a pas de diffi-
culté.
Plus souvent, les conditions expérimentales adoptées ne fixent pas direc-
tement la grandeur d’une des variables, mais peuvent entrainer des rela-
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1037
tions nécessaires entre la grandeur de plusieurs d’entre elles. Pour le savoir
dans chaque cas, il faut une étude détaillée, trop souvent négligée.
Nous étudions par exemple l’équilibre de dissociation dans une masse
gazeuse renfermant à la fois de l'hydrogène, de l'oxygène et de la vapeur
d’eau, en nous donnant les deux conditions expérimentales suivantes :
1° Le vase est supposé imperméable, on ne peut y introduire ou en
soustraire aucune partie des corps existant au début de lexpérience
autrement dit, la masse totale des deux éléments H? et O? est supposée
fixe.
2° Le volume du RU est invariable.
Appelons z, n', n” le nombre de molécules des trois gaz et c, c’ le rapport
du nombre des molécules d'hydrogène et d'oxygène à celui de la vapeur
d’eau. La condition de l’invariabilité de la masse des éléments contenus
dans le mélange nous donne, à chaque instant, les relations
n+n'=A et n+0o,on"—B,
ou
(1) (c+1i)}r"—= A et (c'+0,5)2"=B;
d'où, par élimination de n”,
(2) ! (e +1)B =(c' + 0,5)A,
ce qui donne bien une relation nécessaire entre deux des grandeurs servant
à définir l’état du système. Les variations finalement disponibles de ces
grandeurs sont donc réduites d’une unité. Le système, de trivariant,
devient divariant.
Faisons maintenant intervenir la seconde condition nitates ms de
l'invariabilité de volume. La loi de Mariotte donne
(3) PV inin t nRT (ete UA- RI,
éliminant x” entre (1) et (3), il vient
(4) PV(c+1)=A(c+c+1)RT,
ce qui est bien une nouvelle relation entre les variables du système, qui
devient alors univariant.
Il serait facile de voir, par contre, que la constance des masses ou du
volume dans un système analogue comportant deux phases n'introduit
pas de conditions nouvelles. De même, dans la dissociation du carbonate
de chaux, le fait de partir de carbonate de chaux pur n'apporte aucune
condition nouvelle.
1038 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On pourrait traiter de la même façon le cas très intéressant des doubles
décompositions salines, étudié par M. Rengade ('). Il n’y a là aucune
difficulté; il faut seulement recourir à une analyse très détaillée du phéno-
mène pour voir, dans chaqüe cas particulier, si le mode opératoire adopté
introduit ou non de nouvelles conditions. Le résultat change, d’ailleurs,
suivant l'ordre de cristallisation des sels.
Variance finale V. — La mesure de la variance finale se fajt généralement
en cherchant combien il faut se fixer de conditions ou ajouter de phases
pour arriver à un système invariant. On vérifie alors qu’un changement de
volume n'amène aucune variation des compositions ou des tensions d'énergie
d'aucune des phases en présence.
Soit par exemple une solution de sulfate acide de mercure en présence
du précipité jaune de sulfate basique. En ajoutant de l’eau pour changer le
volume de la phase liquide, on constate que la composition de celle-ci
change; de même en variant la température. Mais en ajoutant au système
une nouvelle phase, le sel neutre cristallisé, et en fixant la température, la
composition de la phase liquide ne change plus par dilution; le système
est invariant. Tl était donc primitivement divariant.
Autre exemple, soit du carbonate de chaux à l’état de dissociation eten
équilibre avec CO? et CaO. On fixe la température et en changeant alors
le volume, on constate que la pression de CO? ne varie pas. Le système
est invariant, il était donc univariant avant la fixation de la température.
Dans ces expériences, on commet souvent l'erreur de faire subir au
système un changement de volume ou changement de toute autre nature
d'amplitude insuffisante pour donner une variation de composition ou de
pression supérieure aux erreurs expérimentales inévitables. Voici un
exemple. Prenons une solution saturée d’ammoniaque, de 1! par exemple,
pour fixer les idées. Elle est en contact avec une atmosphère d'ammoniac
gazeux, occupant, par exemple, 100%, Pour chercher la variance du
système, on fixe la température et l’on fait varier le volume de la phase
gazeuse, on le double, par exemple, et l’on cherche si la pression a changé.
On trouve qu’il n’en est rien et l’on conclut prématurément que le système
est, à température fixe, invariant, c’est-à-dire primitivement univariant.
Ceia est inexact, il est en fait divariant. L'erreur provient de ce que le
changement de volume ne peut faire varier la pression que de yros
Il eùt fallu employer un changement de volume cent fois plus grand.
(1) Rev. gén. des Sciences, t. 28, 1917, p. 489.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1920. 1039
CHIMIE PHYSIQUE. — Cause de l'instabilité des aciers au nickel:
son élimination: Note de M. Cn.-Ep. GUILLAUME.
Les aciers au nickel éprouvent des déformations, passagères ou progres-
sives, très analogues à celles dont on a constaté depuis longtemps lexis-
tence dans le verre, et qui limitent les emplois métrologiques de ces alliages,
que l’anomalie de Ras dilatabilité rend, par ailleurs, si précieux.
Les caractères généraux de ces changemens ont été décrits dans une
précédente Note ('); mais des expériences récentes ont permis d'en établir
la cause, restée jusque-là insoupçonnée, et, en conséquence, de les éliminer.
Afin de pouvoir exprimer numériquement les changements des alliages
étudiés, j'ai choisi comme indice d'instabilité l'allongement, en microns
par mètre, qu'une barre subit par une chauffe de 100 heures à 100°, succé-
dant à un refroidissement à l’air à partir de la température de la forge (état
naturel). Ce choix est purement arbitraire, mais il correspond à une expé-
rience très facile à réaliser et à répéter dans des conditions de suffisante
identité, L’instabilité sera positive dans le cas d’un allongement. Pour un:
invar de composition moyenne, à l'état naturel, l'instabilité a été trouvée de
l'ordre de + 30.
Mes premières ER RENE avaient moniré que l'instabilité varie avec la
teneur en nickel, et j'avais cru pouvoir la décrire sans réserve sous la form ;
suivante : possédant sa plus grande valeur dans les alliages qui se trouveny,
à la température de la première chauffe, très peu au-dessous du début de
leur transformation magnétique (30 pour 100 Ni pour la chauffe à 100°),
l'instabilité baisse en même temps que s’élève la teneur en nickel, s'annule
vers 42 pour 100 Ni, devient négative, puis remonte progressivement pour
s’annuler définitivement vers 70 pour 100 Ni. Il semblait, en outre, que
l’on pùt rendre un compte suffisant des phénomènes, en considérant léta-
blissement lent de l’é quilibre dans la solution solide réciproque du fer et”
du nickel.
L'étude des alliages ternaires m'a conduit à modifier notablement ces
énoncés.
Si, d’abord, on ajoute à l’alliage du fer et du nickel des corps tels que le
(') Sur les variations temporaires et résiduelles des aciers au nickel réversibles
(Comptes rendus, t. 129, 1899. p. 155).
1040 ACADÉMIE DES SCIENCES.
manganèse ou le chrome, on voit l'instabilité diminuer. Ce résultat n’a rien
quidoivesurprendre a priori, car amplitude de l’anomalie diminue lorsqu'on
accroît la proportion des additions de l’alliage, et il n’est pas douteux que
l'anomalie et l'instabilité soient intimement liées. Cependant, on peut
arriver à la stabilité complète, alors que l’anomalie est seulement réduite de
moilié environ. |
L'étude des alliages additionnés de carbone a permis d'établir un fait bien
plus net. Mais, avant d’en exposer les résultats, il est nécessaire de donner
encore une explication. Lorsque la teneur en carbone augmente, le minimum
de la dilatabilité se déplace vers les faibles teneurs en nickel ('), et, tandis
que la comparaison d’alliages de même teneur en nickel, pour des teneurs
variables en carbone, ne conduit pas à des résultats comparables, en
revanche, ces résultats se précisent, lorsqu'on associe les données relatives
à des alliages dont la dilatabilité est voisine du minimum. Les expériences
ainsi interprétées m'ont fait reconnaître, d’abord, que la présence du carbone
accroît l'instabilité; mais, la détermination de l'instabilité étant d’une sen-
sibilité extrème, il a fallu, pour obtenir, en fonction du carbone, des résul-
tats présentant entre eux une continuité suffisante, perfectionner les pro-
cédés d'analyse, de telle sorte que la teneur en carbone pùl être garantie
avec une approximation de 0,01 pour 100. Les aciéries d'Imphy y sont par-
venues, en appliquant avec le plus grand soin les méthodes de dosage du
carbone, et en exécutant jusqu'à vingt analyses indépendantes sur des prises
faites dans une même coulée. Le graphique des instabilités en fonction de
la teneur en carbone est devenu alors d’une parfaite régularité, et la courbe,
poursuivie du côté du carbone nul (la limite inférieure réalisée était 0,03
pour 100), s’est dirigée vers l’origine des coordonnées. ”
La cause de l'instabilité des acicrs au nickel est denc tout entière dans la
présence du carbone; et l'hypothèse qui se présente immédiatement à l'es-
prit est celle d’une action de la cémentite (Fe? C), dont la lente transfor-
mation pourrait produire les phénomènes observés. La stabilisation des
“aciers au nickel serait donc liée à l'absence de cémentite. Or les alliages
ferriques ne peuvent que très difficilement être obtenus exempts de carbone;
mais on a la possibilité de faire, à l’alliage, l'addition d’un constituant
métallique ayant pour le carbone une affinité supérieure à celle du fer, et
l’empêchant de se combiner avec ce dernier, Le chrome, le tungstène, le
RL nie R
() Action des additions métallurgiques sur l'anomalie de dilatabilité des aciers
au nickel (Comptes rendus, te 170, 1920, p. 1433).
$
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1420. 10/1
vanadium, remplissent cette condition, et l’on devra ajouter aux aciers au
nickel l’un ou l’autre de ces métaux, de façon à former un carbure saturé.
Les recherches faites dans cette direction ont conduit à un succès à peu
près complet, en ce sens que l’invar très faiblement carburé et légèrement
chromé, par exemple, s’est montré environ dix fois plus stable que linvar
ordinaire, lequel contenait, en moyenne, 0,1 pour 100 de carbone. Mais
il restait un petit résidu indiquant que, s’il est vrai que l'hypothèse émise
est exacte en principe, il se forme cependant toujours, en présence du
chrome à peu près strict, une très faible proportion de cémentite, résultat
conforme à la loi de l’action de masse.
La dilatabilité des alliages à peu près stables reste faible, car l’action
ascendante du chrome sur la position du minimum est contre-balancée par
l’action descendante due au fait que le carbone est en déficit par rapport
aux alliages types. Pour arriver à la stabilité complète, il semble nécessaire
d'ajouter à l’alliage une quantité surabondante du troisième métal. La dila-
tabilité, à moins d’un carbone extraordinairement faible, monte alors un
peu au-dessus du minimum normal. Peut-être sera-t-on obligé, pour
obtenir les alliages d’une stabilité absolue, de tolérer, à l’état naturel, une
dilatabilité de l’ordre de 2. ro-*. Il reste, pour abaisser cette dilatabilité,
les procédés thermiques et mécaniques actuellement connus; je me suis
assuré qu'ils agissent sur les alliages stables comme sur les alliages ordi-
naires, toutefois avec une action beaucoup plus faible de l’étuvage.
Les changements passagers des aciers au nickel sont régis par des coeffi-
cients en étroite relation avec l'indice défini ci-dessus, et il en est de même
pour les changements lents à la température ordinaire. Les nouveaux
résultats permettent donc de prévoir une extension notable de l'emploi de
l’invar dans les arts de précision, et la libération à peu près complète des
calculs de correction auxquels oblige, dans les mesures précises, l'emploi
de l’iñvar moyennement carburé.
BOTANIQUE. -- Nouvelles observations sur l'Ectocarpus Padinæ Sauv.
Note de M. C. Sauvacrau.
Après avoir récolté, pendant les mois de juillet et d'août 1895 et 1896,
l Ectocarpus Padinæ (Giffordia Buflh.) parasite du Padina Pavonia, j'ai
exposé qu’il possède trois sortes d'organes pluriloculaires : des mégaspo-
1042 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ranges, des méiosporanges et des anthéridies ('). On ne connaît pas d'autre
Algue brune qui en possède autant. Les zoospores, surtout celles des
mégasporanges, présentent tous les intermédiaires entre les planospores et
les aplanospores; toutes germent sans fécondation, et les anthérozoïdes
paraissent sans emploi. On ne connait pas les organes uniloculaires. Les
épiphytes et les endophytes qui l'accompagnent gênent la mise en culture,
et je n’avais pas conservé mes cultures cellulaires plus de quatre jours.
J'en ai repris l'étude en septembre 1920; la plante présentait les carac-
tères que j'ai décrits en 1897; toutefois, tandis que les mégasporanges
étaient fréquents sur les filaments endophytes et sur les filaments dressés,
je mwai vu que très rarement les iméiosporanges et les anthéridies; celle
différence dépend peut-être de la saison plus tardive des observations. Mes
cultures concernent donc seulement les mégaspores. Je les ai conservées
pendant trois semaines; durant les quinze premiers jours (du 4 au 19 sep-
tembre), elles se sont développées avec rapidité, puis des Diatomées se
multiplièrent à profusion, couvrirent les plantules d’une couche épaisse qui
les tuait ou tout au moins empêchait leur croissance.
Comme je l'ai déjà fait remarquer (loc. cit., p. 38), les embryospores ont
le même diamètre que celles de l’ Acinetospora pusilla, soit environ 20”,
leur germination, prompte et générale, se continue rapide. Quelques
“heures après la déhiscence, la longueur du tube de germination égale
ou dépasse le diamètre de l’embryospore; il se continue en filament ram-
pant plus ou moins sinueux, bien coloré, large de 8-15", et son orien-
tation, tout au moins sur des cellules de culture bien éclairées, parait indif-
férente à la direction de la lumière.
De l'embryospore ou d’une cellule rampante voisine, s'élève souvent un
court filament terminé ou non par un poil court et éphémère. D'autres
fois, le filament rampant s'allonge davantage et certaines de ses cellules
émettent une branche rampante ou deux branches opposées; l'aspect raph
pelle alors celui du parasite dans le Padina, où il envahit d’abord les cloi-
sons radiales, puis envoie des branches dans les cloisons périclines ; toute-
fois, il rappelle aussi, et peut-être mieux, la ramification du thalle rampant
de l’Ac. pusilla var, typica à la surface du Corallina o fficinalis (?). Dans les
_
(!) G. SauvaGeau, Observations relatives à la sexualité des Phéosporées (Journal
de Botanique, t. 10, 1896, et t. 11, 1897). :
(2) C. Sauvacrau, Vote sur l'Ectocarpus pusillus Griffiths (Journal de Botanique,
t 9, 1895). .
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1043
cultures vigoureuses, d'assez nombreuses protubérances s'élèvent sur le
filament rampant principal ou sur ses branches et s’allongent en filaments
dressés, qui, dès le début, sont notablement plus larges que les cellules où
ils s'insérent. La différence s'accentue quand leurs cellules, en s’allongeant,
deviennent légèrement doliiformes, larges de 24¥¢ à 304.
Par sa division transversale, chacune de ces cellules peut concourir à
l'allongement général, comme cela se présente chez l’Ac. pusilla; sur un
filament dressé dépassant 4"" (le plus grand que j'aie obtenu), on distin-
guait même nettement plusieurs zones intercalaires d’accroissement, corres-
pondant à celles que j'ai mentionnées chez l’Ac. pusilla (loc. cit.); l'aspect
et la disposition du contenu cellulaire y sont d’ailleurs les mêmes. Puis la
ressemblance devient encore plus frappante par la transformation de la cel-
lule terminale en crampon tortueux et par l'allongement latéral de certaines
cellules en crampons cloisonnés. Certains filaments dressés se courhaient
mème en arceau pour se fixer sur la lame de verre à l’aide de crampons nés
aux dépens de cellules distales. Ceci est d'autant plus remarquable que je
n'ai vu aucun des filaments parasites sur le Padina posséder de semblables
crampons. Enfin, malgré le peu de durée de mes cultures, des plantules
ont fourni des MégRsporaages brièvement pédicellés sur les filaments ram-
pants, et quelques-uns s'étaient déjà vidés.
Les individus obtenus dans mes cultures ont donc une étonnante ressem-
blance avec l’Ac. pusilla, mais je n'ai pu établir une comparaison avec cette
espèce vivante; en effet, la variété 4yprca, abondante en mars et avril,
disparait en mai ('), les deux variétés riparta et Codit,, moins communes, se
rencontrent aussi pendant la saison froide, et je n’ai vu en septembre ni
l'Helminthocladia ni le Nemalion sur lesquels Thuret a trouvé la variété Thu-
relit en été.
Ces observations présentent un double intérêt.
Les mégaspores de Ect. Padinæ, espèce parasite, fournissent des plan-
tules pouvant vivre et se reproduire en dehors de la plante hospitalière;
leur facile germination le laissait déjà prévoir naguère (loc. cit., p. 39);
il n’est pas douteux que les méiospores se comporteraient de même;
toutefois, leurs plantules seraient peut-être différentes. puisque les pre-
miers stades de la germination sont différents (loc. cit., fig. 10).
‘n outre, le Padina étant un hôte de durée éphémère, commun pendant
a | De tome E se
(1) C. Sauvaggau, Les Acinetospora et la sexualité des Tiloptéridacées (Journal de
La
Botanique. t: 13, 1899).
1044 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la belle saison, une alternance de générations entre une plante d'été para-
site et une plante d'hiver à vie indépendante n’est pas invraisemblable.
Si la non-motililé des zoospores caractérisait encore le genre Acineto-
spora, comme son auteur Éd. Bornet le proposait, Ect. Padinæ y rentrerait
au même titre que l’Ect. pusillus; maïs, en montrant l’inconstance de ce
caractère, j'ai fait connaître chez l'Ect. pusillus des pseudosporanges à
propagules qui justifient amplement la conservation du nom Acinetospora
qu'Éd. Bornet lui appliquait. Pour le moment, l Ect. Padinæ semble donc
mieux placé parmi les Ectocarpus. |
Il serait prématuré d'admettre que lAc. pusilla et VEct. Padinæ font
partie du cycle de développement d’une même plante, d'autant plus que
l’un et l’autre comptent parmi les espèces les mieux pourvues d'organes
reproducteurs; on connaît, en effet, chez l’Ac. pusilla des organes plurilo-
culaires, des organes uniloculaires, des pseudosporanges, et chez l'Ect.
Padinæ trois sortes d'organes pluriloculaires; tous les éléments qu'ils
fournissent, à part les anthérozoïdes, germent sans fécondation. Si donc
un phénomène d’alternance de générations existe, ses modalités diffèrent
assurément de ce que j'ai étudié chez les Cutlériacées, les Laminariacées,
le Dictyosiphon fœniculaceus et de ce qui est vraisemblable chez les Sphacé-
lariacées sexuées à propagules (Sph. Hystrix, etc.). Mes observations
laissent prévoir certaines relations entre ces deux espèces; elles ne per-
mettent pas encore de les préciser.
hi
M. H. Lecoure fait hommage à l’Académie du Tome deuxième, fasci-
cule 6, de la Flore générale de l’Indo-Chine, publiée sous sa direction.
MM. Hecror F.-E. Juxerrsex et Eve. Warme font hommage à l'Aca-
démie d’un Ouvrage intitulé : Mindeskrift i anledning af Hundredaaret
for Japerus SrEExsrRUrs FODSEL.
ÉLECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d’un Acadé-
micien libre en remplacement de M. Ad. Carnot, décédé.
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1920. 10/5
Au premier tour de scrutin, le nombre de votants étant 62,
M. Albert Robin obtient. . . . . . r4 suffrages
M. Jules-Louis Breton TS Sen »
M. Eugène Simon Pi du 14 »
M. Maurice d’Ocagne s pates o + :
M. Paul Séjourné DE ne ve. 0
M. Joseph Renaud ee »
M. Maurice de Brophe™ s. 5. ."<" 1suffrage
M. Alexandre llespres s orio an + à
- Au second tour de scrutin, le nombre de votants étant 63,
M. Jules-Louis Breton obtient. . . . . . 22 suffrages
M. Eugène Simon ARR RE De »
M. Maurice d'Ocagne RD.
M. Albert Robin Mois. 4. 00 0
M. Paul Séjourné Ne sua e »
M. Maurice de Broglie » ...... 1 suffrage
M. Joseph Renaud RS aaa AE
Au troisième tour de scrutin, le nombre de votants étant 62,
M. Jules-Louis Breton obtient.. , . . . 28 suffrages
M. Eugène Simon Bo u au »
M. Maurice d'Ocagne T E
M. Paul Séjourné A a s à »
M. Albert Robin S o a E »
M. Maurice de Broglie eooo na . A suHräge
Au quatrième tour de scrutin, réservé aux deux candidats qui ont
obtenu le plus de voix dans le tour précédent, le nombre de votants
étant 63,
M: Jules-Louis Breton obtient. . . . . . 56 suffrages
M. Eugène Simon o e’ l
MIL Brerox, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
République. .
1040 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. A. Harrer est, par la majorité des suffrages, désigné pour faire partie
de la deuxième section de la Commission technique de la Caisse des recherches
scientifiques.
M. A. Harrer est, par la majorité des suffrages, désigné pour faire partie
de la Commission de contrôle de la circulation monetaire.
PLIS CACHETÉS.
Les héritiers de M. le D" Étienne Lombard, décédé, demandent louver-
ture d’un pli cacheté déposé par lui, reçu dans la séance du 15 octobre 1917
et inscrit sous le n° 8444.
Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient une Note inti-
tulée : Sur un ensemble de phénoménes de l'ordre expérimental et clinique
permettant d'étudier l'état fonctionnel de’ l'appareil vestibulaire dans ses rap-
ports avec l'équilibration organique (606 observations personnelles).
(Renvoi à l’examea de la Section de Médecine et Ch ne
CORRESPONDANCE.
M. le Secréramre PERPÉTUEL signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Utilisation des marées, par l'amiral Auer.
3
MM. H. Bovrser, J.-J. Rey, Rixceermassy, le Directeur de l'Écore
v’AnruroPoLoGiE adressent des remerciments pour les subventions qui
leur ont été accordées sur la Fondation Loutreuil.
MM. Lama, E. Mausanr, C. Nicoarpor adressent des remerciments
pour les distinctions que l’Académie a accordées à leurs travaux.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1047
M. Hanruaxx prie l’Académie de vouloir bien le compter au nombre des
candidats à la place vacante, dans la Section de Médecine et Chirurgie, par
le décès de M. Guyon.
M. Jusr Auuior adresse un Rapport sur l'emploi qu'il a fait de la subven-
tion qui lui a été accordée sur la Fondation Loutreuil en 1919.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Résolution de l'équation générale du cin-
quième degré. Note de M. RicuarD BirkeraxD, présentée par M. E.
Goursat.
D’après le théorème de Yerrard (') on peut, en résolvant une seule équa-
tion du troisième degré, ramener l'équation générale du cinquième degré à
la forme
(1) j . E era AS AE 8,
g et 5 étant les coefficients. C’est une équation trinome de la forme consi-
dérée dans ma Note précédente (°). Posons
Une racine primitive de v'= 1 est : = Ÿ—1. Les racines x,, 2i 2, Di: s
de l'équation (1} sont alors (°), quand HSE
| W oredr rd 4
amet] epe) Eag BRO + à ts GE “a (E) —
l o GR a > -tp
ms |- (+78 PEST RE Re ae F0],
; h i AR cr Ce SE (E) T FaR
(2) Crm gt] — iR 7g PERT) aE PRG) 5e P FC)
qoo 2
+ : jours 5 nn l y 7:
a=] EO rer BEC a E PEG P 3)
: ] ?
1) J.-A. Serrer, Cours d’ Algèbre, 6° E t. 4, p. 429-
(5)
(*) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 7
(?) Loc. cit., p. 778.
1048 ACADÉMIE DES SCIENCES.
où F., F,, Fa, F, sont les fonctions hypergéometriques supérieures
/ I T IA ES D
none tt le pee En de trs
A à: 20 20 20 20 ; Ta ra
S N i 3 eo z ,
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Si |£ | > 1 les racines de (1) sont données par
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PE ED D Aude s I LENAS I í (£ EE 5A
n=t|eul) rege u(i) -e (Eye (t) (Er)
5 à ie. i fy\T 3 (: le\s 12 T
r, — 3 t TA 2. : 8 / ce i es 5 ,l ki
nemi oe el) (e e e
où £ est une racine primitive de l'équation &° — 1 ct
s 9 + Gt ge
FE RENE Dir D A gg Là
: (+) F 20 I0 30 9 i e l 30 10 20 à
otr |= 3 y — TE = $.
A Egari (=) A 6
sr os y Frs 5 à ;
PF Daa VAE. I3 an
Rte ANE ont A TOR RS UT de
x (+) F 30 30.30 9 Ji 20 “10-90 à À
Yıl = |= , ne QE EE 3
r A se o ya (> ST. Di
FT ee ee y Dr ES Le.)
5. 5 5 à sD D a
des formules (2) nous déduisons Seo a
pee =i x,($), wih) = ia (B), talib) = iz, (f), x, (i8) es '
(3) : Ti(—B)=—-zx;(8), La(— 8) —=—:7x,(8), L3(—8)=—x,(8), r,(—8)=—#% 0 }s
l
ix,(B), æ(—i8)
œi(—i3)=— i x8), w(i) =i 28). c(—18)
2o ie is (p).
-Les points critiques des racines sont les valeurs de 8 déterminées par
#
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1049
l'équation 7 = 1. Désignons par
a > : L ie - gN
1 — l AA De AC BRIR, mee, c=(£)
Co
ces racines. On peut alors démontrer que
(4) EST, La a wa a T, iy £s
en désignant par le premier symbole, par exemple, que x, se change en x,
quand ĝ décrit un contour fermé autour de ĝ,.
Autour du point 5, nous traçons un cercle c, de rayon p très petit. Soit 4
l'argument de $,. Une ligne droite issue de $ = o et passant par le point 6,
coupe le cercle en deux points
kı = B:— per, ka= Bi F peï?.
Nous dirons que le cercle c, est parcouru dans le sens positif quand on a
l'aire du cercle à gauche, et dans le sens négatif quand on a laire à droite.
Désignons par d, la partie de c, parcourue de #, à k, dans le sens positif
et par d, l’autre partie du cercle parcourue de Å, à k, dans le sens négatif.
Nous pouvons alors démontrer :
(6) Ri Vis Le Ya, Ms Ye Ta Vus T> Ja
quand ĝ décrit le demi-cercle d, du point #, au point $, et
(7) Li 7 Yis Tor Vos Par Jess Ar ls: Ts Ja
quand 8 décrit le demi-cercle d, du point #, au point $.
Les formules (3),(4),(6)et(7) nous permettront de trouver la variation
d'une quelconque des racines de l’équation (1) quand 8 décrit un contour
quelconque.
L’équation générale du cinquième degré est donc complètement résolue
q’ une manière simple par certaines fonctions ue supé-
rieures,
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Application imaginaire de deux surfaces
réelles ou imaginaires. Systèmes cycliques ou systèmes triples orthogonaux
réels correspondants. Note de M. BerrranD GauBier, présentée par
M. G. Kænigs.
l. J'ai étudié aux Comptes rendus (1919 et 1920) et au Bulletin des Sciences
mathématiques (1920) l'application de deux surfaces réelles S et S’ dans le
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 22.) 79
1050 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cas où tout point reel d'une fraction ou même la totalité de S a pour homo-
logue un point imaginaire de S'. J'ai montré les conséquences curieuses qui
en résultent, au point de vue reel, pour la configuration de S’ (ou même de 5).
L'application de surfaces imaginaires sur certaines surfaces réelles a déjà fait
l'objet de divers travaux en Italie ou en France : je citerai les noms de
MM. Baroni, Goursat et Drach ; une partie de ces travaux se rattache aux
résultats de Weingarten.
Dans ces travaux ou les divers ouvrages qui citent cette application ima-
ginaire, ce mode de correspondance semble signalé plutôt à titre de curio-
sité; pourtant, même en se plaçant uniquement au point de vue du problème
de la déformation, j'ai obtenu des résultats positifs dans le domaine réel.
Or, conséquence encore plus curieuse, la solution en éléments réels d'une
série de problèmes éloignés, en apparence, de celui de la déformation, dont
l'énoncé est donné antérieurement aux recherches sur la déformation ima-
ginaire, exige la connaissance de deux surfaces applicables S et S’ dont
Pune S est réelle et dont l’autre S’ est, soit tout entière imaginaire, soit
réelle : dans ce dernier cas on ne doit conserver que les portions réelles de S
ayant une hemologue imaginaire sur S’.
J'en ai parlé déjà à l’occasion des problèmes connexes à la défor-
mation des quadriques, étudiés par MM. Guichard, Bianchi et Thybaut
sans oublier notre maître illustre Darboux. Je vais donner un autre exemple
frappant : il s'agira de trouver un système cyclique réel et le système triple
orthogonal réel qui en dérive.
2. Pour traiter ce problème deux méthodes se présentent : l’une directe,
qui a donné des exemples effectifs, et une seconde, en apparence détournée,
amorcée par Darboux ('). Elle revient à trouver six fonctions réellesæ,, 22,
D, Ti, Ly, Lo de deux arguments réels y et v satisfaisant à l'identité
(1) dæi tdr} + dx? + dxi dr!— dx? = o:
En coordonnées réctangulaires le point (ix,, £s, £) engendre une nappe
imaginaire de surface ©, ; accidentellement ©, pourra admettre des nappes
réelles, qui n’interviendront pas pour la suite. Le point (æ,,æ,,«;) engendre
une surface réelle ©. Si Ø, roule sans glissement sur @!, tout point invaria-
blement lié à @,, dont les coordonnées par rapport au trièdre réel lié à ©,
sont (h, u, v), où À, u, v sont trois constantes réelles, engendre par la
construction de Darboux un système cyclique réel. Il est évident que les
one
(*) Dansoux, Théorie des surfaces, t. h, n° 969, p. 162.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. IU9I
surfaces O,(12,,æ,,x,) et 0,(x,,æ,,æ,) fournissent, sans nouveau calcul,
une nouvelle solution. Le procédé fournit encore deux autres couples ©,
et ©,, 6, et 6.
Dans chacun de ces systèmes, les surfaces X trajectoires orthogonales des
cercles s’obtiennent sans quadrature; une infinité sont réelles, et si nous
déterminons sur l’une de celles-là les lignes de courbure, réelles, les cercles
du système cyclique qui rencontrent une même ligne de courbure donnent
une surface enveloppe de sphères : nous obtenons ainsi deux familles de
surfaces qui, jointes aux surfaces X, forment un système triple orthogonal
réel. S'il s'agit du système (6,, ©), nous avons en même temps détérminé
le système conjugué commun à ©, et ©; : ce système est donc réel sur 4.
. Nous connaissons donc, en prenant pour u ets les paramètres de ce système
conjugué, une équation aux dérivées partielles
CL) 09 09
— PA(U, 0] = +bB(u,v)——0o
5
(2) du de
admettant pour solutions £,, 2, Lay Las Ly, a, Et, suivant la remarque de
M. Kænigs, encore +? + à? + a? + r?— x° — x°. Il devient alors évident
que ©, et ©,, ou O, et ©, ou encore O, et À, sont en même temps rapportés
à leur système conjugué et que la connaissance eféctive du premier système
triple orthogonal fournit, sans nouveau calcul, les trois systèmes analogues.
3. La surface O,(— 1x, £5, £) substituée à ©, donne exactement les
mêmes systèmes cycliques ou orthogonaux: si ©, et ©, sont analytiquement
distinctes, elles sont toutes deux complètement imaginaires; ©, et O,
peuvent se confondre analytiquement, mais néanmoins ne définir qu'une
surface imaginaire, mais réelle au sens de M. Goursat. Si O, et O, ne sont
Pas analytiquement distinctes et sont portions d’une surface réelle au sens
vulgaire, cette surface admet un plan de symétrie : il existe sur ©, surface
réelle, des points réels ayant un homologue imaginaire sur @, ; si ces points
remplissent toute l'étendue réelle de ©, rien à ajouter pour ©,, mais
ans le cas contraire il faudra ou bien que ©, se décompose en plusieurs
nappes réelles ou bien que ©, soit touchée par son plan de symétrie tout
le long d’une arête de rebroussement réelle. J'ai donné des exemples nom-
breux où ©, est réelle; or, en général, si ©, est réelle, ©., ©, et O, sont
imaginaires.
4. Un exemple intéressant est offert par la développée de la surface
os ACADÉMIE DES SCIENCES.
minima d'Enneper :
| X = ba -+ 6gp 283,
y a Bi
(3) Peo i
[2 = (aat ces
3 2
Elle admet une infinité d’auto-applications
4 Pom F G, wE Range + bis
1 3 Î 1
` ~ è . . , Fi
où C est une constante arbitraire. Fixant C on conservera 6 et 5, pour
paramètres; on a
(5), a= '
et en donnant à 5, une valeur réelle, à 6 une valeur imaginaire pure on aura
le droit de prendre
Ti = — DE La — Ni TL3 — LAE T, — L; ; Lys = A; Zi — Z..
Il se trouve ici que, quel que soit C, le système conjugué commun ge
défini par ya*+ 5? — — C,, où C, est une nouvelle constante; donc ici
les quatre systèmes triples sont eux-mêmesalgébriques : les surfaces ©, et O,
sont tout entières imaginaires; ©, et ©, sont réelles.
J'ai étudié aux Comptes rendus et aux Nouvelles Annales des surfaces de
translation applicables avec conservation du réseau conjugué ; ici encore
tout est algébrique si ces surfaces sont algébriques; si les coniques Bone
focales sphériques qui entrent en jeu sont sécantes, on obtient même d'un
coup, non plus 4, mais 32 systèmes cycliques ou triples réels. es
Les surfaces applicables sur le paraboloïde donnent aussi une solution, à
condition de faire rouler le paraboloïde sur la surface qui ne le recouvre pas
physiquement. s
g F ARE à e > "Ie
PHYSIQUE. — Sur une nouvelle propriété des corps faiblement conducteurs d
l'électricité. Note de M. G. Resour, présentée par M. G. Lippmann.
o. Re ire une
Au cours d'expériences où j'avais disposé dans la chambre one u
: ; : : ints ve-
plaque photographique enveloppée de papier noir, deux points de l'en 3
y 3 r . F 3 H ir
loppe se sont trouvés accidentellement en contact avec des conducteurs
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1053
entre lesquels il y avait une différence de potentiel de 1000 volts. A ma
grande surprise, au développement, la plaque s'est révélée fortement
impressionnée. G
I. L'expérience est très facile à répéter : une plaque photographique
(Lumière marque Sigma) est placée dans une boîte dont le couvercle laisse
passer deux électrodes isolées à l’ébonite; sur la plaque est posée une feuille
de papier (papier noir servant d’enveloppe aux plaques livrées par le com-
merce), sur cette dernière appuient deux électrodes présentant entre elles
une différence de potentiel d’environ 1000 volts.
Après une pose variant de 24 à 48 heures et après dév eloppement, on voit
sur le cliché que les fibres du papier sont reproduites et que les lignes équipo-
tentielles sont grossièrement dessinées. L’impression est caractéristique de
la feuille employée; les papiers à grains donnent une impression granu-
leuse qui laisse apercevoir moins facilement les lignes équipotentielles.
Il m'a paru utile d'entreprendre l'étude de cet effet d'apparence très
complexe. J'indiquerai ici les conclusions auxquelles je suis arrivé-en
essayant de préciser les conditions que doit remplir un corps conduc-
teur pour se comporter d’une manière analogue à celle de la feuille
de papier de l'expérience précédente; je ne m’occuperai donc pas pour
le moment de la cause (rayonnement ou simple action de contact de
gaz dégagés) qui produit l’impression photographique. Bien entendu, il ne
s’agit point ici, comme il est facile de s’en assurer par l'expérience, d’étin-
celles ou d’aigrettes lumineuses au sens ordinaire du mot.
Il. L'effet n’est pas dù à l’action d’un courant dérivé sur l’émulsion for-
mant la couche sensible de la plaque, car si l’on supprime la feuille de
Papier, l’impression photographique reste localisée au voisinage des élec-
trodes, Il n’est pas dû non plus à une simple action mécanique, ni à la seule
Présence de la feuille de papier, car la suppression de la différence de
Potentiel entre les électrodes le fait disparaitre.
Le passage du courant dans la feuille de papier est indispensable à la
Production de leffet : si l’on coupe la feuille et que l’on en sépare nette-
ment les deux morceaux, tout en laissant chacun d'eux en communication
avec un pôle de la battarie, la plaque n’est pas impressionnée, sauf au voi-
sinage des électrodes.
Si l'on augmente la conductibilitė de la feuille en la mouillant, puis la
laissant sécher à l'air libre, li impression sur la plaque est très forte; si, au
contraire, on dessèche la feuille, l'effet disparaît is is complètement et
reste confiné au voisinage des électrodes.
‘1054 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il est nécessaire que le corps soit conducteur, mais qu’il le soit faible-
ment : si l’on remplace la feuille de papier par une lame métallique par-
courue par un courant, il ne se produit, dans des conditions identiques,
aucune impression photographique.
Pour qu'un corps se comporte comme la feuille de papier de notre expé-
rience, il est donc indispensable qu'il soit conducteur et qu'il le soit jaible-
ment; mais cette condition ne suffit pas et si l’on prend des corps faiblement
conducteurs comme le bois, la fibre, le mica ou le quartz, l’action sur la
plaque est nulle ou reste confinée au voisinage des électrodes.
HI. Quand on examine attentivement les résultats oblenus avec des
feuilles de papier, on s'aperçoit que les fibres ou les grains du papier sont
reproduits sur le cliché. La constitution physique du papier joue donc un
rôle essentiel; d’une manière générale, l'effet est plus net avec les papiers
à gros grains ou à grosses fibres qu'avec les papiers'à grains fins; avec du
papier glacé notamment, l'effet disparait, sauf au voisinage des élec-
trodes.
La persistance de l'effet au voisinage des électrodes et l'importance du
ròl joué par les fibres amènent naturellement à penser que l'effet est lié à
l'hétérogénéité du conducteur. Si l’on provoque cette hétérogénéité en
faisant des incisions superficielles sur la feuille de papier, on constate que
la plaque est fortement impressionnée dans le voisinage de ces incisions.
Nous sommes donc amené aux conclusions suivantes : Pour que l’action
sur la plaque se produise, il faut que le corps employé soit faiblement
conducteur et qu'il soit hétérogène ou présente des discontinuités superfi-
cielles.
IV. Si ces conclusions sont exactes, nous avons le moyen de provoquer
à volonté l'apparition de l'effet ou d'en augmenter l'intensité, soit en pre-
nant un corps de constitution hétérogène et en le rendant faiblement
conducteur, soit en rendant hétérogène un corps de faible conductibilité.
Prenons, par exemple, une feuille de papier filtre ou de papier joseph
qui, dans les conditions ordinaires, donne seulement une impression dans
le voisinage des électrodes ; augmentons sa conductibilité en la plongeant
dans une solution très étendue de potasse, d'acide sulfurique ou d’azotate
d'argent. Après l'avoir laissé sécher, mettons-la en expérience; nous cons-
laterons que la plaque photographique est impressionnée. Bien entendu;
si la solution utilisée est trop concentrée, la conductibilité de la feuille
devient telle que, pour des différences de potentiel de plusieurs centaines
de volts, il se produit des aigrettes ou de petites étincelles aux points de
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1055
contact avec les électrodes; ces manifestations lumineuses ôtent alors toute
signification à l'expérience.
Prenons, au contraire, une feuille de papier glacé qui, dans les inédits
habituelles, ne donne d’impression que dans le voisinage des électrodes;
faisons sur cette feuille des incisions superficielles. L'expérience montre
que la plaque est impressionnée dans le voisinage des points où l’on a fait
ces incisions. La même expérience peut être faite avec des corps faiblement
conducteurs comme le celluloïd, la fibre, le bois, le verre, le mica ou le
quartz; Fe ces trois derniers is elle peut cependant être interprétée
d’une manière différente. :
ÉLECTRO-OPTIQUE. — Sur le dichroisme électrique des fumées et le dichroïsme
des reseaux de diffraction. Note de M, Sr. Procoriu, présentée par
M. Lippmann.
Si de la famée de chlorhydrate d’ammoniaque, placée dans un champ
électrique, est traversée normalement au champ par de la lumière mono-
chromatique, polarisée à 45° des lignes de force, le plan de polarisation
tourne dans un sens tel, que le vecteur électrique de Fresnel se rapproche
de la normale à la direction du champ; cela tient à ce que l'absorption (ou
la modification) est plus grande suivant la direction des lignes de force.
Cette rotation du plan de polarisation, qui ne déperid pas du sens du éhamp,
mesure le dichroïsme positif. Dans une Note antérieure ('), j'ai montré
que le dichroïsme et la biréfringence électrique de ces fumées ont une
évolution différente, ce qui peut être attribué au fait que le dichroïsme
dépend de la grosseur des particules.
Voici quelques expériences nouvelles qui montrent qu'un dichroïsme se
rattache à la diffraction des particules :
1. La fumée introduite dans le condensateur ne manifeste pas immédia-
tement le dichroïsme, lequel atteint son maximum après un temps variable
avec la lumière employée : 90 secondes pour À = 0",65 et 55 secondes pour
À = 0,55, comme moyennes de plusieurs expériences. Au bout d'environ
50 minutes, le dichroïsme électrique disparait.
Il est possible que certaines particules des fumées s'agrandissent aux
dépens des plus Eu par une sorte d’évaporation en vertu des forces
TE —
(') Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 1445.
1056 ACADÉMIE DES SCIENCES.
capillaires ('). Si le dichroïsme dépend de la grosseur de ces particules,
l'effet maximum, pour des longueurs d'onde différentes, aura lieu à des
moments différents de l’évolution de la fumée. L'ordre de grandeur de ces
particules peut être calculé par la formule de Stokes, d’après le temps de
disparition du phénomène (5o minutes) et la hauteur de chute (10°",5);
ceci conduit à un rayon de la particule d'environ o”, 4.
2. Il y a des fumées qui possèdent le dichroïsme, sans présenter aucune
trace de biréfringence. Ainsi la fumée d'essence de térébenthine et la fumée
proveñant de la combustion du magnésium montrent un dichroïsme
positif d'environ un demi-degré pour un potentiel de 2500 volts. Les fumées
de tabac, d’anhydride phosphorique, les vapeurs d'iode, de naphtaline
n’ont rien donné.
Mais le phénomène le plus intense s'obtient avec les fumées de cire
blanche chauffée, qui possèdent également une biréfringence électrique
négative.
Voici queiques valeurs moyennes du dichroïsme à et de la biréfrin-
gence 8 pour la radiation verte (04,55) (distance des plateaux du conden-
teur, 2°%,6) :
V(volts)... 500. 1000. 2500. 5000. - 8000.
= peik o 0 0 o
Op eeraa aa 6,3 0,7 0,9 ES 157
De a 0,7 1,0 1,6 ds zy
Pour la lumière rouge (o¥, 65), les valeurs sont d'environ 1,4 fois pour
la biréfringence, et de 1,7 fois pour le SEn plus petites, comme
dans les cas des famées de chlorhydrate. \
Ces fumées, qui possèdent une activité électro-optique, observées au
microscope, se sont trouvées avoir un aspect filiforme (2). Ainsi donc, le
dichroïsme électrique se produit Lorsque les particules en suspension dans
l'air sont douées d’une forme dissymétrique. On peut donc se demander
dans quelle mesure la structure cristalline est nécessaire pour que le
dichroïsme se manifeste, dans le cas des liqueurs mixtes, dans les ee
riences de Chaudier (°).
3. Si le dichroïsme est dû à l'arrangement en lignes des particules dans
le champ électrique, le même phénomène doit se présenter naturellement
dans un réseau de diffraction; c’est ce que l'expérience confirme.
ie
(:) Lipewanx, Journal de Physique, t. À, 1911, p. 261.
(°) Earexuart, Annalen der Physik, t. 56, 1918, p. 56.
F Cuaupien, Journal de Physique, t. 8, 1909, p. 422.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE -1920. 1057
*
Si la lumière incidente, normale au réseau, est polarisée à 45° des traits
du réseau, le plan de polarisation de la lumière non diffractée est tourné de
telle manière que la vibration se rapproche de la normale à la direction des
traits (dichroïsme positif), tandis que, si elle est polarisée, re ou
perpendiculaire aux traits, on ne constate aucune rotation.
Trois réseaux moulés de Rowland, à 550 traits par millimètre, de prove-
nances différentes, ont donné des rotations de 64’, 42’et 20', indépendantes
de la longueur d'onde. Les réseaux avaient un aspect laiteux. D’autres
réseaux, à aspect complétement transparent, ont donné des valeurs de
l'ordre des erreurs de mesure (ces réseaux donnaient aussi des spectres très
peu intenses).
On sait d’ailleurs, depuis Fizeau (1861), que la lumière non diffractée
par un réseau est polarisée ; les expériences de Stokes et (rouy se TT
à la lumière diffractée (spectres).
4. Il existe une théorie, due à Cl. Schæfer ('), sur l'absorption des ondes
_éleciromagnétiques par les réseaux constitués par des fils diélectriques. Il
trouve que la différence des intensités dans la direction des fils et la direc-
tion normale est inversement proportionnelle à la troisième puissance de la
longueur d'onde. Or la rotation du plan de polarisation est proportionnelle
à la différence de ces intensités (°), donc on doit avoir, pour des rotations
petites, la relation
2- (25
Da A,
dans laquelle 5, et o, sont les rotations pour les longueurs d'onde À, et X,.
Dans le Tableau suivant figurent les valeurs des rotations dans le cas des
fumées de chlorhydrate d’ammoniaque pour un potentiel de {000 volts et
Pour diverses longueurs d'onde; les expériences étaient rendues compa-
rables en maintenant constantes les vitesses des gaz par des manomètres
genre Töpler :
RS e 04,65 0,078 se ne ot, 436
Bibi is Ur ee Le 3 F,8 °,2 3°,9
b. :
LE abso N ee 1,38 1,22 1,80
1
À - 4
À? 7 | à
Fe cale. d'après -= D ; 1,40 1,19 1,99
A3 # s;
Différences pe 100... —1,4 +2,6 — 8
mm
(') CL. Senxrer, Annalen der Physik, t. 23, 1907, p. 163.
e, »
p? 2
— À
———; v? et A? étant les intensités d'après les deux directions.
(7) sin20 =
ee
1058 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans la limite des erreurs de mesure, la théorie est en accord avec la dis-
persion du dichroïsme électrique. Pourtant dans le cas des réseaux de dif-
fraction je n’ai pas trouvé de dispersion; c'est peut-être à cause de la gros-
seur des traits et des particules qui les constituent.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la constitution des paramolybdates.
Note de M. S. Posrernak, présentée par M. L. Maquenne.
Depuis que Delafontaine (')a montré que la composition du molybdate
d'ammoniaque ordinaire et des sels correspondants de Na et K se laisse
exprimer par la formule générale 3R?0, 7 Mo 0° + naq. on range ces sels,
sous le nom de paramolybdates, dans un groupe à part, bien distinct des
ortho et métamolybdates. Ces derniers sont considérés comme dibasiques,
formés qu'ils sont par condensation de l'acide molybdique Mo 0? (OH).
Les paramolybdates, par contre, sont nettement kexabasiques. Comme ils
prennent naissance dans les mêmes conditions que les sels méta, on a de la
peine à concevoir l’origine de cette particularité.
Blomstrand proposa pour les paramolybdates la composition
Mo"(OMoO2OR),
Copaux la formule R [Mo O? (Mo? 07) |, ces deux expressions dérivant d'un
acide molybdique hexavalent Mo(OH}', inconnu par ailleurs. Mais si cet
acide est capable d'exister en combinaison avec l'acide orthomolybdique
ou ses anhydrides, on est surpris de constater qu’il ne se manifeste que
sous la forme heptamolybdique spéciale aux paramolybdates.
Deux suppositions paraissent également plausibles : ou les paramo-
lybdates ne possèdent pas une individualité propre et ne représentent que
des métamolybdates mixtes, comme l'avaient admis déjà en 1848 Svanberg
et Struve, et plus récemment Prandtl; ou, au contraire, la composition des
Laraniolybdates, telle que l'avait établie Dire exprime la véri itable
nature des polymolybdates, mais alors le groupe des sels méta devient arti-
ficiel et n’a pas le caractère bibasique qu'on lui a attribué.
Rosenheim (°) a cru pouvoir résoudre ce dilemme en brisant les anciens
cadres et en faisant dériver la plupart des polymolybdates d'un acide
Re ue
(1) Arch. Sc. phys. él natur. ; t. 23, 1865. P- ?.
(?) Zeit. f. anorg. Chemie, t. 96, 1916, p. 139.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1059
aqueux hypothétique H'°(H?0°), imaginé, sauf erreur, par Copaux.
Chaque atome d'oxygène pouvant être remplacé, dans cet acide décaba-
sique, par un groupement bivalent Mo O* ou Mo? O7, on est conduit à deux
séries de sels plus ou moins saturés des acides
H'o[H2(MoO'ÿ] et H'°[H?(Mo’O'}],
qui engloberaïent presque tous les métamolybdates connus et les paramo-
lybdates.
Le molybdate d'’ammonium ordinaire 3(NH*}0.5Mo0O* + 4H°O
prend, dans cette hypothèse, la forme d’un sel pentabasique de l'acide
aquohexamolybdique (NH!) H°[H?(MoO")"] qui contient toute l’eau du
composé à létat constituti f.
Cette conception de Rosenheim se heurte à desobjections de toutes sortes.
Je n’apporterai ici que la preuve de l’inexactitude de la formule précédente
et celle de l'existence réelle des heptamolybdates.
En effet, j'ai trouvé, d'une part, qu'il est possible d'obtenir le paramo-
lybdate d'ammonium à l'état cristallisé anhydre, ce qui démontre que
les 4H°O de la formule de Delafontaine sont bien de l’eau de cristallisation;
d'autre part, j'ai préparé deux sels d’ammonium nouveaux, intermédiaires
entre les para et métamolybd#tes : les heptamolybdates mono et triammo-
niques
NH:O(OH)}?Mo0(O.Mo02}.MoO?(OH) +10 +
3 (NH*O} Mo O(0.Mo0: 0. M00: (OH).
La constitution de ces sels indique que, dans certaines conditions qui
seront précisées ultérieurement, les restes molybdiques placés à l'extrémité
de la chaîne fixent H? O et deviennent térrahasiques avec 3 oxhydryles, libres
de se combiner avec des bases. Le paramolybdate d'ammonium, ayant
pareils groupements à ses deux extrémités, répond alors à la formule
(NH:0 }MoO(O.Mo0?ÿ0.Mo0(ONH) + 4H°0.
Heptamolybdate hexammonique anhydre 3(NH}0.37Mo0$. — On chauffe pen-
dant 10 heures, vers 150°, en tube scellé, 125 de molybdate ordinaire avec 3™ d'eau
et 5% d'ammoniaque 2,5 n. Après refroidissement, on essore à la trompe le dépôt
cristallin qui s’est formé, on lave avec un peu d’eau froide et on laisse sécher à Pair:
rendement 58,1. Prismes ayant un habitus hexagonal avec base inclinée et facettes :
plus ou moins développées sur les arêtes basales. Soluble dans l’eau chaude, d'où il
recr stallise à froid sous forme de sel normal hydraté.
Trouvé : Mo O— 86,58 pour 100; Mo: NH? = 1,17 (calculé 86,59 et 1,17).
1060 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Heptamolybdate ARR (NH:ÿ0. 7MoO%(OH). — A une solution de
65,18 de molybdate d’ammoniaque ordinaire dans 5otm d’eau, on ajoute 28,9 de
MoO? (421) et l’on chauffe pendant quelques minutes à 30°-40°, en agitant (tout ne
se dissout pas), puis jusqu’à l’ébullition, qu’on entretient doucement un quart d'heure
environ, Íl se forme un dépôt abondant d’aiguilles prismatiques, complètement inso-
lubles dans l'eau. Essoré à la trompe, lavé à fond et séché à lair, il pèse 45,2. Aucune
perte dans l’étuve à 115°.
Tranvé : MoO— 92,23 pour 100; Mo O0: NH= 2,34 (calculé 92,05 et 2,33).
lybdate monoammonique NH*. HO. 7 MoO (OH) + H?O. — La liqueur
HP dique ordinaire, chauffée dans un ballon au Bah marie, dépose une croûte cris-
talline, formée d'aiguilles enchevêtrées. Ces cristaux, lavés à l’eau, ne sont pas de
l'acide molybdique, comme on le croit généralement, mais de l’heptamolybdate
monoammonique chimiquement pur. Insoluble dans l'eau, ce corps perd une molécule
d’eau dans l’étuve à 115° et une autre, de constitution, entre 115° et 160°.
Trouvé : MoO= 93,67 pour 100; MoO? : NH5— 7,03 (calculé 93,42 ét 4,00):
CHIMIE ORGANIQUE. — Étude spectrochimique des -allyl et a-allyl-
méthyleylohexanones. Note de M. R. Cosxugerr, présentée par
M. A; Haller.
Dans une précédente Note sur la même question ('), nous avons montré
l'influence qu'exerçait, sur la valeur de la réfrâction moléculaire des'a-ally!-
et allylméthylcyclohexanones, la présence de « groupes doubles » allylés
dans la molécule. M. Haller (?)ayant montré d'autre part que, dans celte
série, des groupes doubles ne comportant que des radicaux méthyle étaient
sans influence appréciable sur la valeur de la réfraction moléculaire, fait
également observé par M. v. Auwers, nous avons cherché comment varie
cette dernière, quand, partant d’une cétone comportant deux groupes
doubles méthylés, à réfraction moléculaire normale, on y remplace succes-
sivement tous les groupes méthyle par des groupes allyle, aboutissant ainsi
à une cétone de réfraction moléculaire anormale.
Nous avons ainsi examiné les composés suivants :
æx-diméthyl-2'#-diméthylcyclohexanone,
ax-diméthyl-x'4'-méthylallyleyclohexanone,
za-diméthyl-x'x’-diallyleyclohexanone,
ax-méthylallyl-4#’-diallyleyclohexanone,
cat vl-x'a'-diallyleyclohexanone.
- (1) Comptes rendus, t: 171, 1920, p. 919.
E au rendus, t. 156, 1913, p- 1201, et t. 157, 1913, p. 737-
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1061
Ne possédant pas encore le deuxième et le troisième terme de cette série,
nous avons dû les préparer.
La triméthylallyleyclohexanone a été obtenue par diméthylation de l'x-méthyleyclo-
hexanone suivie d’une allylation. 3008 d’&-méthvleyclohexanone ont-ainsi donné 138 de
la cétone cherchée, liquide bouillant à r06°-107° (corr.) sous 160m, Elle répond à la
formule (I).
La diméthyldiallyleyclohexanone a été préparée à partir de la diméthyleyclohexa-
none, obtenue elle-même à partir de l’a-méthyleyelohexanone. Une diallylation nous
a conduit à un liquide bouillant à 128° (corr.) sous 18m, Nous en avons isolé 554 à
partir de 50% de diméthyleyclohexanone. E:le répond à la formule (11)
CH: GH?
CH? CACH ; CH? Ccm
CH EE ce us
CH? C—CH: üm: 32 H5
NCH’ CH
(1). : (I).
des travaux précédents ayant montré que la diméthyleyclohexanone ainsi préparée est
surtout constituée par une cétone dissymétrique (+).
Les constantes des cinq cétones formant la série que nous alor étu-
dier sont les suivantes (les mesures ont été effectuées entre 23° et 25°) :
AES En : ;
a Variation Réfraction
Cyclohexanone. Échan- de Variation moléculaire
e mm ý tilon 31 s4 de ii a
3 rs’ E ee Le 34 24 . DRE per A
CH, EH: de i n nio, trouvée. calculée, Ecart.
aaa a " 165 0,8885 r 1,44456 r 46,16 -46,19 =0,03
aaa a' 13 0,9058 +173 1,46375 —+1919 54,88 54,96 =v,08
xd CA A 55 o,9181 +123 147709 +1327 00,47 09,73 +0,26
œ aa'a 239 0,9311 +130 1,49128 +1426 22,20 73,00 “06,24
m aaa a 4o 0,949 Fe 1,50180 F r032 80,63 51,27 = 0,09
Les résultats obtenus montrent de nouveau l'influence de la création d'un
groupe double diallylé sur la valeur de la réfraction moléculaire. Ils font
également ressortir la non-influence des groupes doubles méthylés : le
deuxième terme a sensiblement le même écart de la réfraction moléculaire :
FÀ
(*) A. Harter et R. Conxuserr, Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 700. L'isomère
symétrique de la diméthylcyclohexanone pourrait se préparer par méthylation de
Pagz-méthylallyl-g' -allylcyclohexanone déjà décrite (Comptes rendus, t. 158, 1914,
P: 1900, ét t: 170, 1920, p. 1259).
1062 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(— 0,08) que l'xx-méthylallyleyclohexanone (— 0,03) et le troisième
(— 0,26) que l’xx-diallyleyclohexanone (— 0,22)
Dans la précédente Note, nous avons réservé la série homologue que
constituent les différents dérivés allylés provenant de la 5-méthyleyclohexa-
none. Pour cette série, les écarts de la réfraction moléculaire ne se pré-
sentent pas de la même façon que pour lcs autres séries. Nous trouvons en
effet ies nombres suivants :
Dérivé monoallylé.... +o,ri Dérivé triallylé....... —o,31
Derive drallylé. no.a Æ 0,00 Dérivé tétrallylé...... — 0,82
Ici le caractère de permanence de l'écart de la réfraction moléculaire
entre le deuxième et le troisième terme a disparu. En adoptant les théories
de M. v. Auwers, ceci semblerait indiquer que la 5-méthyl-4-diallyley-
clohexanone ne contient pas de ‘groupe double, mais est une B-méthyl-4-
allyl-z'-allyleyclohexanone; l'introduction d'un troisième groupe allyle,
engendrant un groupe double, provoque en effet une assez forte dépression
de la réfraction moléculaire (— 0,31), dépression qui s’accentue nettement
quand on allyle à satiété (— 0,82). Ceci est à rapprocher du résultat obtenu
dans l’action de l’aldéhyde benzoïque sur la 3-méthyl-4-diallyleyclohexa-
none, opération qui nous à donné une combinaison benzylidénique avec le
faible rendement de 21 pour 100 (') (les autres dialcoyleyclohexanones
avaient donné des rendements variant entre 60 et 95 pour 100). g3
En résumé, étude spectrochimique des «-allyl- et allylméthylcyclohexa-
nones milite en faveur de la théorie de M. v. Auwers. sur l'influence des
groupes doubles sur la valeur de la réfraction moléculaire.
CHIMIE ORGANIQUE. — Observations à propos du soi-disant dibenzoylméthane
vrai de J. Wislicenus. Note de M. Cuanrces Duornaisse, présentée par
M. Ch. Moureu.
Dans un travail publié en 1899. J. Wislicenus a décrit une bromoben-
zalcétophénone, dérivant par perte de HBr du dibromur2
C: H’ — CHBr — CHBr — CO —- C’ H’,
età laquelle il attribue la formule CH Cbr- CH -CO -Cm 0!
ce composé, soumis à l’action de la soude en solution alcoolique, perd son
C) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1259.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1003
atome de brome en donnant naissance à un produit que Wislicenus consi-
dère comme le dibenzoylméthane vrai C’ H*— CO — CH? — CO — C'H’,
le dibenzoylméthane préparé antérieurement par A.-V. Baeyer et Perkin
et par L. Claisen, étant considéré comme la forme énolique du composé
précédent : C'H’ — COH = CH — CO — C’ Hë. Les faits que j'ai exposés
dans une Note précédente m'obligent à rejeter la formule attribuée par
Wislicenus à la bromobenzalacétophénone, et, par suite, les conclusions
qu'il en a tirées en ce qui concerne le soi-disant dibenzoylméthane vrai.
1. Observons tout d’abord que le problème de la constitution de la bro-
mobenzalacétophénone, dont il est question ici, se rattache au problème
général suivant : Quelle influence exerce un groupement électronégatifsur
l'élimination d’une molécule d'acide halohydrique dans les dérivés diha-
logénés en position « — ß par rapport audit groupement ? A ce problème
est également liée la fixation inverse des acides halohydriques sur les molé-
cules non saturées au voisinage d’un groupement électronégatif.
A. Le cas du carboxyle, CO°H, a fait l’objet de nombreux travaux :
l’atome d’halogène enlevé ou fixé sous forme d'acide halohydrique se
trouve toujours en position 5 par rapport au COH.
B. Le cas des cétones est beaucoup moins net.
a. Pauly et ses collaborateurs ont montré que la perte d'acide halohy-
drique s’effectuait, dans la série grasse, comme dans le cas mentionné
ci-dessus des acides : cet auteur a réussi, en effet, à transformer les cétones
monohalogénées résultantes en dicétones ;
R-CHx- cuy COR -Rk _CH=CX- CO- RoR- CP CO- U R,
mais il dit s’ètre heurté à des difficultés insurmontables quand il a voulu
étendre sa réaction à la série aromatique et en particulier au dibromure de
la benzalacétone : Cê H*— CH Br — CH Br — CO — CH’. Le problème
restait donc entièrement à résoudre dans la Série aromatique : le travail de
Wislicenus contribuait même à obscurcir la solution, puisque cet auteur
prétendait obtenir une dicétone 3 par une série de transformations très
analogue à celle qui fournissait la dicétone æ en série grasse.
b. Il n'y a pas à ma connaissance de travaux sur la constitution des
cétones éthyléniques monohalogénées obtenues par fixation d’une molécule
d'acide halohydrique sur les cétones acétyléniques.
2. Le travail que je poursuis sur l’isomérie éthylénique dans la série de
la benzalacétophénone m'a conduit à aborder le problème de la constitution
de deux benzalacétophénones monobromées : l’une (fus. : 44°) obtenue,
1064 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d’après le procédé de Wislicenus, par soustraction de HBr au dibromure
de benzalacétophénone, l’autre (fus. : 42°) formée, d’après mes expé-
riences, par fixation de HBr sur le benzoylphénylacétylène.
A. Les deux substances ainsi obtenues, bien que fondant à des tempéra-
tures voisines, ne sont pas identiques : leur mélange broyé au mortier se
liquéfie dès la température ordinaire.
B. Elles ne sont pas stéréoisomériques : la fixation de deux atomes de
brome fournit, en effet, deux dérivés tribromés saturés, distincts, l’un de
formule C'H:— CHBr — CBr? — CO — C'H5 et l’autre de formule
C°H5-— CBr? -- CHBr — COCH’ : le dibromure de la bromobenzal-
acétophénone de Wislicenus fond à 103°-- 104° et le dibromure du bromhy-
drate de benzoylphénylacétylène fond à 98°— 99° (au bloc Maquenne).
L'une d'elles correspond à la formule C'H? — CH = CBr — CO — GB:
et l’autre à la formule C’ H’ — CBr = CH — CO — C'H’. Il suffit donc
d'établir la constitution de l’une de ces deux cétones pour que celle de
l'autre se trouve fixée simultanément.
C. On a vu dans ma Note précédente que la bromobenzalacétophénone
de Wislicenus traitée à chaud par la soude pulvérisée se dédouble en acide
benzoïque et styrolène © bromé C°H5 — CH — CHBr.
La facon dont a été établie la formule de ce carbure bromé ne peut laisser
aucun doute sur la place de l'atome de brome. De plus, la réaction qui lui
a donné naissance ne peut pas être considérée comme une réaction secon-
daire puisque les seuls produits résultants sont, en dehors de l'acide ben-
zoïque, le styrolène w bromé nouvellement décrit et son dérivé le phényl-
acétylène : il ne forme pas de quantités appréciables d'un autre styrolène
bromé. La réaction doit donc s'écrire
GH: CH = CBr—CO—CH5+ NaOH = C Hi— CH = CHBr+ CHF — CONE
et la bromobenzalacétophénone de Wislicenus a pour formule
GH- CR Cr — CO CE.
En conséquence, ainsi qu’il ressort du raisonnement ci-dessus, le bromhy-
drate de benzoylphénylacétylène que j'ai préparé doit répondre à la formule
LH CBr—CH--C00 CH,
3. Si l’on recherche maintenant quel peut être le produit de la deuxième
réaction de Wislicenus (action de la soude en solution alcoolique su"
C°H5— CH = CBr— CO — Ct H°), il parait bien difficile d'admettre
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1065
comme premier terme de transformation (rendements voisins des rende-
ments théoriques, d’après l’auteur) la dicétone vraie
CS Hë — CO — CH? — CO — C’ Hë.
L'ensemble des faits connus sur ce produit m’ incite plutôt à admettre pour
lui la formule du benzoylphényloxyde d'éthylène (1)
C'H CH -: CH — CO: C'H;
No”
dans une première phase il y aurait fixation de soude sur la double liaison,
puis, aussitôt, élimination de Na Br avec production d’un oxyde d’éthylène,
conformément à la réaction générale.
Dans une publication récente, il est vrai, Widmann (°) a décrit un ben-
zoylphén yloxyde d’éthylène C'H’ — CH — CH — CO — C°H, très nette-
ND.
ment distinct du composé précédent, fait que cet auteur considère comme
une confirmation des vues de Aen
Je ne saurais m’associer à celte conclusion, car les théories E
miques permettent de prévoir lexistence de deux benzoylphényloxydes
d'éthylène présentant entre eux les rapports de l'isomérie cis-trans. Le
groupement = C—C = détermine, en effet, un plan de part et d'autre
So-
duquel : peuvent se répartir de deux manières différentes les quatre atomes
ou radicaux qui lui sont liés. Le composé obtenu par Wislicenus peut donc
posséder la formule d’un benzoylphényloxyde d'éthylène tout en étant
différent du produit de même formule plane obtenu par Widman.
En résumé : 1° le groupement benzoyle CSH5— CO — influence
comme le carboxyle CO2H la fixation ou l'élimination des acides halohy-
driques ; 2° le bromhydrate de benzoylphénylacétylène répond au schéma
C° H*— CBr = CH— CO — C'H’; 3° la benzalacétophénsne bromée de
Wislicenus répond au schéma C°H5— CH = CBr CO — C° H7; 4° le com-
posé dérivé du précédent par dr En as sodique n'est pas le 7
méthane vrai,
Cette constitution avait été envisagée, puis rejetée par Wislicenus,
(
(*) Berichte, t. 49, 1916, p. 477.
‘)
a
GC. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 22.) 80
1066 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les sels acides et polyacides des acides
monobasiques ; dibenzoates monopotassiques et monolithiniques. Note de
M. Pure LaxpriEu, présentée par M. Charles Moureu.
Nous avons continué nos recherches sur les sels acides des acides mono-
basiques en étudiant les sels acides formés par l'acide benzoïque avec le
potassium et le lithium.
Nous avons employé les méthodes déjà décrites pour l’étude des sels de
sodium de l’acide benzoïque (') et des différents sels polyacides de l'acide
camphorique et de l'acide oxalique (?).
Dibenzoate monopotassique. — En étudiant la composition des eaux
mères en équilibre, à la température ordinaire (16°), avec les différents
précipités qui se forment de solutions ayant pour composants l’acide ben-
zoïque, le benzoate neutre de potassium et l’eau, nous avons trouvé que la
courbe représentant les poids d’acide benzoïque et de benzoate neutre
dans 1008 de solution se divise, comme dans le cas des benzoates de
sodium, en trois parties. Chacune de ces parties est à peu près formée par
une droite et correspond à l'existence d’une phase solide unique.
La première partie de la courbe correspond à la précipitation de l’acide
benzoïque pur et va du point représentant la solubilité de ce corps dans
l’eau à un point représentant une eau mère de composition : |
Pour 1008
d’eau mère.
Amad bonsbiquers nn els us carre . 05, 288
. K
Benzoate de potassium...... RE a SRE scope © AS
La deuxième partie de la courbe correspond à la précipitation d'un sel
acide, le dibenzoate monopotassique C° H5CO OK, C’ H’ COOH. Elle va
du point qui vient d’être indiqué à un point représentant une eau mère de
composition :
Pour 1005
d’eau mère.
Amda BORDER nn ns a an ‘+ 0 070
‘ Benzoate neutre de potassium. ................. ie. A0
- La troisième partie de la courbe est très courte et correspond à la preci-
| PRE
(1) Comptes rendus, t. 170, 1920, p: 1452.
(2) Voir les deux Mémoires publiés par E. Jungfleisch et Ph. Landrieu (Annales de
Chimie, t. 2, 1914, p: 5 et 333, et Comptes rendus, t. 158, 1914, p. 1300).
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1067
pitation du benzoate neutre de potassium. Elle va du point indiqué ci-dessus
au point représentant la solubilité du benzoate neutre de K pur dans l’eau.
Le dibenzoate monopotassique est un sel bien cristallisé en aiguilles très
longues, il n’est pas hydraté. Son analyse nous a donné : -
Acide benzoïque 43,10 pour 100: benzoate neutre de K 55,20. Calculé
pour C° H COOK, C° H* CO OH : acide benzoïque 43,28 ; benzoate neutre
de K 56,72.
Dibenzoate monolithinique. — L'étude des corps qui sé précipitent d'eaux
mères, ayant pour composants l'acide benzoïque, le benzoate de lithium et
l’eau, permet de tracer une courbe dont l’allure est très voisine de la précé-
ente.
La deuxième partie de la courbe correspond à la précipitation d’un
dibenzoate monolithinique C°H5COO Li, C'H COOH.
Elle va d’un point représentant des eaux mères de composition :
Pour 100:
deaa mère,
7 DORE DEN ae us ol en e ar 0 06, 770
Penzoate Hole de UNUM. 11... secret 238,1
au point correspondant à des eaux mères de composition :
: Pour 100s
‘eau mère.
Acide benzoïque....... és nude: Pat USER NV a dà 08,680
Béuzoate neutre de kth: aer re UT
Le dibenzoate monolithinique cristallisé en lamelles brillantes (il n’est
pas hydraté). Il nous a donné à l'analyse :
Acide benzoïque 48,10 pour 100; benzoate neutre de lithium 51,80.
Calculé pour C*HSCOOO Li, CH; CO OH : acide benzoïque 48,80;
benzoate neutre de lithium 51,20:
Le dibenzoate monopotassique avait été signalé en 1852 par Gehrardt,
le dibenzoate monolithinique n'avait pas encore été décrit. :
Il est à remarquer, bien que l'allure des courbes représentant la compo-
Siion des eaux mères soit à peu près la même pour les trois benzoates alca-
lins, que le seul sel acide de sodium existant à la température ordinaire est
un tribenzoate, tandis que. le seul sel acide de potassium et le lithium
existant dans les mêmes conditions est un dibenzoate.
nn
1068 * ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur le calcaire lutécien dans l'Yonne.
Note de M"! Aueusra Hure, présentée par M. H. Douvillé,
En 1917, je signalais avec M. G.-F. Dollfus la découverte de débris
meuliers lutéciens à l’est de Sens démontrant le prolongement ancien vers
le sud, du calcaire à Lophiodon de Provins (Seine-et-Marne) (‘).
En 1919, je signalais de nouveau l'existence de ce même calcaire plus à
lest encore dans l Yonne, vers Bœurs et Coulours à la limite de l'Aube,
donnant à croire pour ce département à l'extension vers le sud du calcaire
de Saint-Parres, près Nogent-sur-Seine (°).
En 1919 et 1920, j'ai retrouvé des bandes importantes de ce calcaire
lacustre, cette fois à l’ouest de Sens sur la rive gauche de l’ Yonne. Au-des-
sous du hameau les Bruyères (°) de la commune de Collemiers, c’est-à-dire
à l’est de Subligny, de beaux restes à l'altitude de 173" dominent à droite
-une vallée, puis s'étendent en arrière dans les cultures de la ferme de Ser-
bois à 1™ au delà.
Plus au nord, des fragments nombreux et une petite bande montent à 184"
d'altitude vers les Grosses-Pierres et les Duports, ensuite s’affirment isolés
à mesure qu'on se rapproche du domaine du Chesnoy. ù
Toujours sur la rive gauche de l'Yonne, les mêmes débris, mais plus
sporadiques, se poursuivent dans l'arrondissement de Joigny. Sur le terri-
toire de Saint-Julien-du-Sault, vers les Sèves, et longeant un bois du lieu
dit la Chdteaude, des fragments se rencontrent vers 185" d'altitude.
Les débris de la rive gauche de l'Yonne varient peu et sont plus durs,
moins meuliérisés que ceux de la rive droite. Les fossiles y sont rares el le
Planorbis peudo-ammonius, Schloth. est souvent le seul reconnaissable.
Il est évident que sur cette rive, une série de lacs lutéciens, se rattachant
au Nord au grand lac lutécien de la Seine-et-Marne, s'étendait fort loin
dans l'Yonne, allant peut-être retrouver à une vingtaine de kilomètres
environ au sud-ouest de Saint-Julien-du-Sault, celui de Saint-Martin-sur-
sm
(+) Avevsra Hure et G.-F Dorres, Découverte de débris meuliers lutéciens à l'est
de Sens (Yonne) (Comptes rendus, t. 165, 1917, p. 503).
(2) Aucusra Hure, Votes sur la géologie et la tectonique du Bassin de la Vanne
(Yonne) (Bull. Soc. géol. Er., 1919, p. 127).
(*) Le Brières sur la Carte géologique au 5.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1069
Ouanne ('), reculant ainsi très au Sud la limite qu’en 1917 j'assignais avec
M. G.-F. Dollfus au calcaire lutécien du Bassin de Paris.
Cette nouvelle découverte permet dès lors d’attribuer à cet ilot géolo-
gique une extension fort probable,
Ce calcaire lacustre, à fragments épars sur le sol, aux bandes irrégulières
et isolées dans l’Yonne, semble en effet constituer des espaces ayant
- occupé des dépressions synclinales qui servaient autrefois de déversoirs à
d'anciens lacs plus étendus.
Il est à remarquer que ces bandes dans le Sénonais accompagnent sou-
vent des bandes de roches stampiennes, donnant à supposer que la direc-
tion et le démantellement de ces ee obéirent à l’action géodynamique
de mêmes phénomènes.
PALÉONTOLOGIE. — Sur la persistance du Rhinoceros Mercki dans un gisement
moustérien supérieur des Basses-Pyrénées. Note (?) de M. E. Passemarn,
transmise par M. Depéret.
Situation. — Dans la bande de calcaire jurassique qui s'étend de Cambo
à Hasparren s'ouvre, presque au bord de la Nive, l'abri Olha près Cambo
( Basses-Pyrénées).
La couche archéologique la plus inférieure de ce gisement est située à 12™
au-dessus du niveau actuel de la rivière et contient du sable et des cailloux
roulés. :
Industrie. — J'ai pu y reconnaître six couches séparées par trois ébou-
lements, soit quatre niveaux nr un moyen et un supérieur, numé-
rotés de haut en bas.
L'industrie est moustérienne avec de nombreux racloirs divers et des
coups de poing spéciaux dans les couches basses.
Elle doit être actuellement rangée, en raison de ses nombreuses dia-
physes impressionnées, rencontrées dans tous ses niveaux, dans le Moustérien
supérieur.
Le troisième niveau inférieur, par ses grands éclats de quartzites et
(1) De Grossouvre, Feuille de Bourges du 35553 (Bull. Serv. Carte géo. Fr,
t. 20, n° 126, 1910, p. 38). — P. Jonor, À propos du calcaire lacustre de Saint-
Martin-sur-Ouanne (Congr. Ass. fr. Av. Sc., Nimes, 1912, p. 330 à
(*) Séance du 22 novembre 1920.
1070 ACADÉMIE DES SCIENCES
d’autres roches locales, retaillés et rédressés, doit être rapproché du Mous-
térien À du Castillo (Pyrénées an Lo également considéré comme
Moustérien supérieur.
Faune. — Dans les couches inférieures, le deuxième et le troisième
nivean ont donné des molaires supérieures et inférieures d’un Rhinocéros
différent du RA. tichorhinus. Dans'le troisième niveau, une belle série de
quatre molaires de la mâchoire supérieure gauche d’un individu adulte P*,
M', M°, M}, nous permet, par l'examen des crochets et anticrochets, ainsi
que de la hip molaire, de reconnaitre lé RA, Mercki,
Il faut ajouter que tous les autres débris osseux de cette couche se rap-
portent à un Cerf voisin de l'elaphus et qu'aucun débris de Renne ne s'y est
rencontré. Le niveau moyen a donné le premier reste de Renne sous forme
de deux prémolaires caractéristiques, mais le Cerf reste abondant.
Dans le niveau supérieur apparaissent très modestement les habituels
représentants de la faune dite «froide » :: Ah. tichorhinus, représenté par
quelques molaires supérieures, Elephas primigenius avec deux molaires de
lait, et enfin quelques rares vestiges de Renne perdus au milieu de très abon-
dants débris du Cerf déjà cité.
Conclusions. — La présence d’une semblable faune dans un gisement
moustérien n’est pas habituelle en France où cette époque est généralement
considérée comme comprise dans la dernière grande extension glaciaire,
würmienne de Penck, et par conséquent présente-une faune à caractères
froids. Or, Olha nous met en présence de faits tout à fait différents.
Si nous considérons en effet, comme nous devons le faire dans l’état de
nos connaissances, l’abri Olha comme appar tenant entièrement au Mousté-
rien supérieur à cause de ses diaphyses ümpressionnées, c'est-à-dire comme
contemporain des mêmes couches, mais à faune froide, des gisements mous-
tériens plus septentrionaux, nous sommes amenés à dire que la faune froide,
dont la migration accompagnait la vague froide de la glaciation würmienne
n’atteignit pas certaines régions de la France, même après le milieu de cette
période,
Très vraisemblablement, des régions telles que le B e ou la
Riviera méditerranéenne étaient privilégiées comme elles le sont encore
aujourd’hui.
Elles ont pu échapper longtemps à l'influence froide, ce que confirment
du reste les observations faites dans le nord de l'Espagne, où la faune froide
est encore plus tardive et plus rare.
Cependant la présence dans cette couche à RA. Mercki de coups de poing
+
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1071
pourrait faire croire à de l'Acheuléen si nous ne savions que ces formes se
retrouvent dans bien des gisements moustériens typiques et même au
Moustier.
Ceux d’Olha ont un caractère bien spécial; par leur aspect fruste, leur
large taillant, leur pointe latérale, ils rappellent les formes analogues de
l'Espagne et même de l’Afrique du Nord. On dirait qu’une influence méri-
dionale s’est fait sentir.
Il se peut parfaitement que deux courants opposés, venus l’un du Nord,
l’autre du Sud, se soient fondus dans cette région, ce qui serait conforme à
sa situation géographique.
Mais il importe surtout de faire remarquer : que même en France et dans
un domaine qui resterait à préciser, une industrie moustérienne peut ne pas
être accompagnée de Rhinoceros tichorhinus et aussi que Rhinoceros Mercki
rencontré avec des coups de poing, ne nous reporte pas forcément dans les
périodes prémoustériennes.
BOTANIQUE. — Nouvelles recherches sur l'appareil vacuolaire dans les végétaux.
Note de M. A. Guaureruox», présentée par M. Gaston Bonnier.
Nous avons déjà résumé nos premiers résultats relatifs à la racine
d'Orge et à la feuille d’/ris germanica (*). Les recherches que nous avons
pours-ivies depuis ont porté sur un certain nombre de plantules en voie
de germination (Haricot et Pois, en particulier). Si l’on examine, à l’aide
d’une coloration vitale, au rouge neutre, une portion quelconque de ces
plantules, on constate, comme dans les cellules de racines de Pois (fig. 4
à 6) et de Haricot (fig. 8 à 10), que les vacuoles fixent le colorant; parfois,
le suc vacuolaire prend seulement une teinte diffuse, mais le plus souvent,
on voit apparaître, en outre, an sein de la vacuole, un plus ou moins grand
nombre de corpuscules fortement colorés. Ces corpuscules sont animés de
mouvements browniens au sein de la vacuole; ils peuvent émigrer dans le
cytoplasme périvacuolaire. Ils résultent, comme l'a démontré M. Dangeard,
de la précipitation dans la vacuole, sous l'influence du colorant, d’une
substance à l’état de solution colloïdale.
La radicule d’Orge étudiée précédemment, offrait un type schématique
où l’on pouvait suivre facilement tout le développement du système vacuo-
(*) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 612 et Bull. Soc. Biol., 1920,
ACADÉMIE DES SCIENCES.
1072
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1073
laire qui apparaît d’abord, avec des formes très semblables à des mitochon-
dries ( fig. 1 et 2). Dans les radicules de Pois ( fig. 3) et de Haricot ( fig. 7),
le système vacuolaire est moins facile à observer, mais apparaît dans les
cellules les plus jeunes des méristènes aussi avec des formes filamenteuses,
parfois anastomosés en réseau, qui fixent intensivement les colorants vitaux
et représentent de jeunes vacuoles remplies d’une substance en solution
très épaisse. Les filaments se décomposent ensuite en petites boules qui, en
absorbant de l’eau, prennent l'aspect de petites vacuoles typiques à con-
tenu aqueux. Celles-ci se fusionnent et arrivent à constituer une seule
grosse vacuole. Dès que les vacuoles ont pris leur aspect typique, leur
contenu, beaucoup plus dilué, devient moins colorable, et c’est à ce moment
qu'il peut précipiter, sous forme de corpuscules, sous l'influence des colo-
rants. Dans les cellules plus âgées, les vacuoles finissent par prendre une
teinte très pâle.
Dans d’autres plantules, les phénomènes sont moins nels, parce que les
figures initiales du système vacuolaire ne se rencontrent que dans les cel-
lules très proches des initiales et très rapidement se transforment en
vacuoles typiques. Leur contenu est plus fluide et leurs formes ressemblent
moins à des mitochondries. Il semble que l'aspect pseudo-mitochondrial
des jeunes vacuoles est d'autant plus marqué que leur contenu est moins
fluide. |
La substance contenue dans les vacuoles offre, dans le Pois, le Haricot
et la Courge, les mêmes caractères chimiques que dans l’Orge, et ne pré-
sente aucun caractère qui permette de la rapprocher, comme l'a fait
M. Dangeard, de la métachromatine des Champignons. Sa nature chi-
mique n’a pu être déterminée. Ailleurs elle Pea les caractères de
composés phénoliques.
Nous nous sommes surtout occupés de la manière dont se comporte le
Système vacuolaire sur coupes fixées et colorées.
Les méthodes mitochondriales ne conservent que très imparfaitement les
formes initiales du système vacuolaire et ne les colorent pas électivement.
Une coupe de racine d’ Orge (fig. 11 à 14) permet de reconnaître dans les
cellules du méristène, dans le cytoplasme, la présence de petits canalicules
incolores disposés autour du noyau, qui correspondent aux vacuoles fila-
menteuses visibles sur le vivant, mais ceux-ci sont plus épais et moins
nombreux que sur le vivant; ce qui montre qu'ils se sont partiellement
fusionnés au cours de la fixation. Dans quelques cas, enfin, on constale
dans leur intérieur un mince filament coloré résultant de la contraction,
1074 _ ACADÉMIE DES SCIENCES.
sous l'influence du fixateur, de la substance contenue en solution dans la
vacuole. Le chondriome, qui n'était pas visible sur le vivant, apparaît au
ere différencié ‘avec une grande netteté. Dans les racines de Pois
(fig. 15 à 25) et de Haricot, les canalicules offrent plus souvent un filament
Liu. et les vacuoles typiques qui en résultent conservent quelque temps,
surtout dans la coiffe, des corpuscules colorables par l’hématoxyline. Dans
d’autres racines, au contraire, dès que les canalicules se sont transformées
en vacuoles arrondies, on ne trouve plus dans celles-ci aucun contenu colo-
rable, sans doute parce que la substance dissoute dans la vacuole est devenue
trop diluée. |
Il est à remarquer que la coloration des jeunes vacuoles est très incons-
tante et se produit surtout dans les mauvaises préparations. En aucun cas,
les formes initiales des vacuoles ne peuvent être confondues avec les éléments
du chondriome, parce que leur contenu, même dans les cas rares où il est
coloré, se trouve toujours condensé au milieu d’une vacuole incolore.
Conclusions. — Ve système vacuolaire, dans les cellules embryonnaires
des végétaux supérieurs, présente le plus souvent des formes rappelant les
mitochondries. Les méthodes mitochondriales ne les conservent qu'impar-
faitement et ne les colorent que rarement. Ces formes pseudo-mitochôn-
driales n’offrent pas les caractères histo-chimiques des mitochondries et
doivent être définitivement séparées du chondriome. C’est donc à tort
qu’elles ont été assimilées par M. Dangeard au chondriome de la cellule
animale. Elles correspondent très probablement aux formations connues
dans la cellule animale sous le nom de canalicules de Holmgren.
BOTANIQUE. — Recherches sur la greffe des Solanum.
Note de M. Lucien Davies, présentée par M. Gaston Bonnier.
Dans un précédent Mémoire ('), j'ai montré que la Pomme de terre
greffée sur d’autres Solanées plus ou moins voisines donne des tubercules
aériens en nombre variable suivant les espèces qui lui servent de sujet et
que ceux-ci sont particulièrement abondants quand elle est placée sur
l’Aubergine et surtout la Tomate. D’autre part, cette tubérisation anor-
male dépend aussi de la nature des organes pris comme greffons et des
conditions de milieu extérieur naturelles ou réalisées par le greffeur.
(1) Lucrex Daniez, Nouvelles recherches sur les 8? ‘effes herbacées pris ue bretonne
de Botanique, 7 e
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1075
En 1919, jai récolté une centaine de ces tubercules aériens sur des
greffons de la variété Fluke, de Saint-Malo, placés, les uns sur la Tomate,
les autres sur l’Aubergine. Au mois de mars 1920, j'ai planté ces tuber-
cules, que j'avais réussi à conserver en bon état, dans les jardins du Labo-
ratoire, en vue d'étudier leur développement comparatif. Bien qu'il y eût,
dans le nombre, des tubercules de petite taille, tous donnèrent des plantes
feuillées; naturellement, les plus gros fournirent les exemplaires les plus
vigoureux. En juillet, je constatai que les pieds provenant de la greffe sur
la Tomate avaient conservé complètement les caractères de la variété;
précoces comme elle, ils ne s’en distinguaient par aucun caractère spéci-
fique particulier. Au contraire, ceux qui provenaient de la greffe sur
Aubergine se partageaient en deux groupes reliés par des intermédiaires :
les uns, les plus nombreux, avaient conservé les caractères de la Fluke;
les autres, assez nombreux, étaient devenus tardifs; ils avaient un feuillage
encore très vert en septembre, quand les premiers avaient leurs fanes
desséchées depuis plus d’un mois. Ainsi le sujet Aubergine, tardif et
mürissant mal ses fruits sous le climat armoricain, avait transmis par-
tiellement son retard de végétation à quelques tubercules aériens de son
greffon, Cette transmission, comparable à l’action du Vits rupestris sur
diverses variétés de Vitis vinifera, était devenue héréditaire, chez certains
exemplaires, par multiplication asexuelle.
Trois exemplaires montraient une hérédité plus curieuse encore. Sans
qu’il y eût traces d’une influence extérieure quelconque (blessures, parasi-
tisme, variation de milieu particulière), il s'était formé à la fois des tuber-
cules aériens et des tubercules souterrains sur leur appareil végétatif; cette
production simultanée n'avait pas réduit sensiblement le rendement en
tubercules souterrains, L’hérédité agame d’un caractère acquis par greffe
était dans ce cas particulièrement nette, quoique plus exceptionnelle que
le caractère tardif de la végétation (').
J'ai en outre constaté que tous les descendants de la Fluke greffée issus
des tubercules aériens n’ont pas, cette année, été attaqués par le Phy-
tophtora infestans. Ce résultat provient-il de ce que les tubercules aériens
conservent leur épiderme protecteur ? Je l'ignore, mais il est utile d’indi-
quer ce fait, ne serait-ce que pour provoquer des-recherches sur ce point
d'importance capitale en agriculture, étant donnée l'extension de la maladie
Deen E E DN ATEN PAPIER
(+) L'hérédité agame à la suite du bouturage existe aussi chez la Vigne, où des
variations avantageuses produites par la greffe ont pu être propagées et se sont main-
tenues par multiplication végétative. -> z
1076 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la Pomme de terre. Si cette résistance était acquise définitivement à la
suite de greffes sur sujets convenablement choisis, après des essais en grand,
la culture des variétés présentant à la fois des tubercules aériens et des
tubercules souterrains présenterait, en dehors de cette résistance, un
grand intérêt, car on aurait dans le sol la production culinaire et dans l'air
les organes de multiplication. |
Comme je le fais tous les ans, j'ai, en 1920, répété mes greffes de Sola-
nées et en particulier celles d’ Aubergine sur Tomate. Sur un greffon d'Au-
bergine longue violette placé sur Tomate « Merveille des marchés » à fruit
lisse surbaissé, j'ai obtenu des fruits absolument semblables à ceux de la
Tomate sujet, sauf qu’ils avaient conservé leur couleur violette. Le pédon-
cule, allongé chez les témoins, s'était notablement raccourci, se rappro-
chant ainsi de celui de la Tomate sujet. Sur d’autres greffons, on trouvait
à la fois des fruits allongés, des fruits courts et coniques, des fruits arrondis,
de couleur violelte. La variation produite par la symbiose était plus ou
moins complète, suivant les greffes et d’ailleurs exceptionnelle, ear la
majorité des greffons n'avait pas changé.
Ces phénomènes rappellent et confirment ceux que j'avais obtenus au
Laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau en 1895 et dont lori-
gine a été contestée par Griffon. Or, à Fontainebleau, les fruits d’Auber-
gine étaient côtelés parce que la Tomate sujet avait ses fruits côtelés; à
Rennes, cette fois, les fruits sont devenus arrondis et lisses parce que la
« Moceeille des marchés » n’est pas côtelée. Ce fait est important, car puis-
qu'il s’agit de la même race d’Aubergine, il y a eu dans les deux cas une
orientation très nette de la variation dans le sens du sujet. Comme je l'ai
fait remarquer depuis longtemps, cette orientation permet de reconnaitre
l'influence exercée par l’un ou l’autre des associés sur son conjoint. Mais
elle n'existe pas toujours et la réaction mutuelle peut se manifester d’une
autre manière, soit par la transformation d’un caractère latent en caractère
dominant et vice versa, soit par une formation de combinaisons ancestrales
ou même essentiellement nouvelles, comme aussi par l’ apparition de carac-
tères essentiellement nouveaux. Or, tous ces phénomènes que j'ai réunis
sous le nom général d’Aybridation asexuelle, sans cependant les confondre
entre eux, ont une origine commune : ils proviennent des réactions mutuä-
listiques ou antagonistiques (') i qui s'exercent au niveau du bourrelet et à
des distances variables de celui-ci.
-
e a a Re
- - (t) Lucs Daxner, Réactions antagonistiques et rôle du bourrelet chez les plantes
A tés o de rendus, t: 170, 1920, p. 285).
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1077
ANTHROPOMÉTRIE. — Étude anthropometrique de 127 Espagnols. Note de
MM. Léon Mac-Auurre et A. Marie, présentée par M. Edmond Perrier.
‘étude des mensurations et des caractères chromatiques des cheveux et
des yeux de 127 Espagnols des provinces les plus diverses confirme certaines
données anthropologiques et complète nos connaissances sur les caractères
ethniques de nos voisins du Sud.
Le peuple espagnol, comme le peuple français, est le résultat d’un métis-
sage de races diverses, mais il possède lui aussi des caractéristiques.
Nos observations indiquent d’abord un indice céphalométrique moyen
de 78,39, en conformité des Tableaux de Deniker (78,2). Les Espagnols
sont donc en majorité mésocéphales. Nous trouvons, en effet, dans notre
série d’études la répartition suivante :
Pour 100. Pour 100.
ER TT Lt re PR re . “16,56 (Français: 2,68)
LR Mn LOT PS JS MOSS RSR à 4 108108 2 » 23,28)
Brachycephales: onrars TE eraga À 52 50,14)
Hyperbrachycéphales............... š 1,07 ( » 23,90)
La taille moyenne espagnole est inférieure à la nôtre; elle est de 1,631
(Bertillon avait trouvé 1,639). Mais le métissage du peuple espagnol est
confirmé par le fait que la loi de Pittard ne s’y applique pas. Cette loi peut
s’énoncer ainsi : plus la race est pure, plus la dolichocéphalie s'accentue au
fur et à mesure que la taille s'élève; Pittard l'avait indiquée à la suite de
ses 1261 mensurations de Tziganes de la péninsule des Balkans ('). Nos
propres constatations sur les Tunisiens indigènes (°) et sur les Romanichels
rancas (3 ) semblent la confirmer; or, nos statistiques indiquent qu'elle
n’est pas applicable aux Espagnols.
La comparaison des caractères chromatiques des cheveux et des yeux
chez les Espagnols et chez les Français est intéressante et le chiffre de jour
en jour plus élevé de nos statistiques permet de l'interpréter : la pigmenta-
tion des cheveux et des yeux est plus accentuée, ainsi qu'on pouvait le
prévoir, dans la péninsule voisine que dans notre pays: $ On rencontre ie
(') E, Prrranv, /nfluence de la taille à sur F Fe céphalique dans un groupe
ethnique relativement pur (Bulletin de la Société d’ "Anthropologie, 1999, 5, n°3),
- (°) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 204.
(*) Comptes rendus, t. 174, 1920, p- 49.
1078 ` . ACADÉMIE DES SCIENCES.
dant chez les Espagnols des blonds foncés, en proportion voisine‘de celle de
notre pays. Les cheveux d’un noir pur y sont presque aussi rares qu’en
France ; la couleur dominante des cheveux espagnols est le chätain foncé.
Les chiffres indiquent que, dans les deux peuples, il y a parallélisme très
notable entre le développement du pigment des cheveux et de l'iris : plus la
pigmentation des yeux s’accentue, plus se développe celle des cheveux
et inversement ('). Tous les blonds espagnols étudiés ont les yeux bleus
ou faiblement pigmentés, comme les Français de même teinte. L'indice
céphalique ne paraît avoir aucun rapport avec ces caractères chroma-
tiques. Enfin, il semble démontré une fois de plus, par ces nouvelles obser-
vations, que le pigment roux des cheveux n’a pas de caractère ethnique,
s'apparente à l’albinisme et paraît d’origine pathologique. Dans toutes les
races que nous avons étudiées jusqu'ici, en effet, les cheveux roux (y com-
pris les cheveux châtain roux et blond roux) se trouvent dans des propor-
tions très voisines : Français sur 6652 cas = 4,04 pour 100; Romanichels
français = 5 pour 100 ; Espagnols = 4,90 pour 100.
La proportion des roux proprement dits dans les divers groupes ethniques
européens parait également presque identique.
Comparaison des couleurs de cheveux des Espagnols et des Français.
Espagnols (122 cas) Français (6652 cas)
pour 100. pour 100.
Biönd álbinos.. mise. 0,00 0,01
p CIM NTI E R 0,00 1,24
» ©: DO... rer, 0,81 4,90
Me ANR a roepadas us 5,7 5,50
Chktain MB o apinn. a 9,37 14,17
» moyen... E 27,04 42,97
» foncé... sers 40, 16 22,98
» Noir. 0 ati š 11,47 2370
Noir: Pe a 2,45 1,83
ROUE éla e Š 0,00 0,10
2 MOYEN iie Cara ae 0,00 0,31 y
» foncé it. hr E O0E 4500 - 0,30 } 4,04
Blond Fou, ee ne : 0,81 1,06
T Cbarsin roui rA aT on Ee o a a
(1) Baye et Mac- Avtitre, La couleur des yeux et des cheveux si les Français.
(Revue générale des T 15-30 août 1920).
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1079
Coniparaison de la pigmentation des yeux des Espagnols et des Français.
Espagnols (127 cas) _ Français (6652 cas)
r 100
Impigmentés (bleus)......,..., 7,87 18,98
reu pigmentes 2 Nova 41,93 52,52
Frès pigmentés Vis suc + 50,37 38,87
À pigment jaune...) ics. ne aa 11,81 21,76
» oranger ssi pre 20,92 : 20,7
» CH Loea RR 24,40 21,96
» marron en cercle...,, 2,36 16,30
» » verdâtre ..... 21,20 724
» ARE de css 2,36 2,07
Caractères somatiques moyens sur 127 Espagnols.
Taille dre te Oreille droite....;.. 0,062
Envergure .......... 1,670 Pied gauche....... 0,254
Due is ei. 0,879 Médius gauche...... 0,111
Longueur de tête.... 0,190 Auriculaire gauche.. 0,086
Largeur de tête. ...., 0,149 Coudée gauche...... 0,442
Diam. bizygomatique. 0,135
v
ANTHROPOLOGIE. — Les variations de la platycnémie du tibia chez les
en fants et les adultes des races néolithiques. Note (*) de M. Marcet
Baupouix, transmise par M. Ch. Richet.
On a signalé depuis longtemps l’aplatissement du tibia chez certaines
races de la pierre polie. C’est le-tibia en lame de sabre, dont on a mesuré la
minceur à l’aide de ce qu’on a appelé l'indice de platycnémie.
Mais, jusqu'à présent, on n'avait pas étudié ce caractère anatomique en `
tenant compte de la race, d’une part, et, d'autre part, de l'âge des sujets.
Je puis aujourd’hui avancer que, chez les Brachycéphales du bassin de
Paris, la platycnémie est plus forte que chez les Dolichocéphales de l’ouest
de la France, contrairement à ce qu’on aurait dû croire, puisqu'on dit la
Dolicocéphalie plus ancienne que la Brachycéphalie.
En effet, l'indice, pour l’allée couverte de Vaudancourt (Oise), va de
56,75 à 67,64, avec une moyenne de 61, 00.
(1) Séance du 22 novembre 1920.
1080 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Or, pour la ciste de Bazoges-en-Pareds (Vendée), il oscille de 60,00
à 80,00, avec une moyenne de 70,00. A l'ile d'Yeu (Vendée), j'ai même
notè HJ: 00.
La différence est done de près de r5 pour 100. C’est là une donnée inté-
ressante à posséder, car cette notion peut permettre, en l'absence de tout
crâne (ce qui est fréquent), de déterminer la race pour un ossuaire quel-
conque.
Comme la platyenémie est, ainsi que l'a prouvé Manouvrier, un carac-
tère anatomique acquis, d'ordre fonctionnel, et en relation avec la marche
bipède, il faut en conclure que les Brachycéphales sont d’une race plus
bipede, c’est-à-dire plus perfectionnée que les Dolichocéphales : ce qui est
d’ailleurs évident par le cerveau en particulier.
De plus, jusqu'à présent, personne n'avait pu étudier, faute de matériel
osseux approprié, la platycnémie chez les jeunes enfants.
J'ai pu le faire, grâce à la technique employée lors des fouilles pour les
deux ossuaires da Vaudancourt et de Bazoges, et j'ai constaté, à ce propos,
des faits très intéressants et tout à fait imprévus.
A Bazoges-en-Pareds, les tibias d'enfants ont un indice très élevé, de 73,00
à 90,00, ce qui signifie qu'ils sont presque cylindriques, c'est-à-dire de type
animal. La moyenne est de 82,00.
A Vaudancourt, l'indice va de 77,00 à 86,00 seulement avec une moyenne
de 82,00 ëgalement.
Il édite de ces premières constatations que les tibias des enfants néoli-
thiques sont bien plus arrondis, c'est-à-dire bien moins aplatis, que ceux des
adultes, dont les indices ne sont pas de 82,00, mais de 61,00 à 70,00, C 'est-
à-dire de 65,00 en moyenne.
La différence est donc de 82,00 — 65,00 = 17 points sur 100, c'est
de plus de +
Au M eusant. cela se conçoit très bien, puisque la platycnémie est une
chose acquise, due à des actions Si aécblaires et se développe avec l exercice.
Plus le sujet est jeune, moins celte action se fait sentir; et, par consé-
quent, moins l’aplatissement est marqué.
Or nous avons constaté exactement le contraire à l’'humérus (J
Qui plus est, j'ai remarqué qu’à Bazoges-en-Pareds, les jeunes enfanis
de 1 à g ans ont un indice allant de 73,00 à 92,00, d'où la NOUS de
-à-dire
(1) Marcer Bauvoux, La one et les races humaines néolithiques (Bull.
Acad. de Méd., 83: année, n° 35, 11 novembre 1919, p. 286-290);
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1081
82,00. D'autre part, les adolescents de 9 à 20 ans ont un indice de 83,00 à
92,00 ; soit 87,00 en moyenne. |
Il en résulte qu’il y a là deux platycnémies, successives, d’origine diffé-
rente.
La première, dite de Jeune enfance, est d'ordre atavique, posque de 1 à
- 9 ans, l'enfant marche peu (').
Et c’est un fait qui explique pourquoi Ja platyenémie du Brachyoéphale
est plus forte qar celle du Dolicocéphale.
Mais de 10 à 20 ans, le tibia, par suite de la croissance, s’arrondit un peu
d’où le chiffre de 87,00.
Par contre, dès 20 ans, commence à se produire la seconde platyenémie,
` celle qu’on doit appeler de l'Adulte, qui fait descendre l'indice jusqu’à
55,00 chez les Brachycéphales.
C’est là la platycnémie fonctionnelle véritable, celle de Manouvrier.
Ces constatations prouvent en outre que la tendance d’un os long est de
prendre la forme ronde et qu'il ne devient plat que quand, pour des raisons
faciles à reconnaître, il ne peut conserver son aspect d’origine.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Castration intrapubérale chez les cogs et généra-
lisation de la loi parabolique de régression. Note (?) de M. A. P£zann,
présentée par M. Edmond ee Pres
L'état et la longueur de la crête onini sent comme nous l'avons montré,
un excellent critère de la masculinité chez les coqs. Une crête développée
et sanglante est, chez nos races habituelles, la marque extérieure de puis-
sants instincts sexuels et combattifs. La castration postpubérale, en même
temps qu’elle provoque une remarquable régression de la crête, entraîne
une disparition parallèle de l'instinct sexuel, de l'ardeur belliqueuse et
même du chant. Si les données qui vont suivre ne font état que des mensu-
rations de la crête, elles ont néanmoins une portée plus générale, car elles
s'appliquent, implicitement, à l’ensemble des caracteres psycho-sexuels des
Gallinacés.
Durant la période de régression qui suit la castration postpubérale, la courbe des
longueurs successives de la crête est figurée sensiblement par un segment de parabole
qui se termine tangentiellement à l'horizontale. Ce segment A he à à la formule
`
Li+ =e(0— t};
(f) Jai noté deux jeunes tibias ayant pour indice 88,88 et 92,30. Un tibia d'un
sujet de 10 ans a même donné 93,75.
(°) Séance du 26 novembre 1920.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 22.) 81
1082 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L, longueur de la crête durant la régression;
l, longueur de la crête à la fin (fournie par l'expérience);
c, constante individuelle (accélération négative fournie par le calcul);
9, durée de la régression (fournie par l'expérience);
t, temps.
Il était intéressant de rechercher quelle est la nature de la courbe de
régression lorsque la castration est effectuée non plus chez des sujets
adultes, mais chez des sujets en voie d'évolution sexuée (castration intra-
pubérale).
Nos expériences portent sur sept coqs. Les castrations sont exécutées à un moment
où la crête, déjà soumise au conditionnement testiculaire, n’est pas encoré complè-
tement développée. Nous les échelonnons de telle façon que l’organe conditionné soit
surpris aux différents stades de son développement. Les mensurations périodiques
eff-ctuées nous conduisent encore à des segments de parabole, Nous indiquons
ci-dessous les résultats numériques extrêmes, et nou- rappelons en outre, pour compa-
raison, les résultats que nous ont fournis, antérieurement, nos expériences de castra-
tion postpubérale,
Durée
Longueursextrèmes e la 5
- e la crête régression (0) Accélération Produit
oN Race. ; (en millimètres). (ensemaines). négative (c ch.
A. — Castration intrapubérale.
4. Leghorn doré....... 46-42 I 8 8
2: Mélangés., 5... 58-49 1,9 4,8 ( 9:4
3. Leghorn doré..,.... 53-44 2 4,5 9
4. Mélangée....... Loi 65-54 1887 3,2 8,7
5. Leghorn doré ....... 63-47 5 Pa 6,5
6.’ Leghom doré........ 70-52 6 I 6
COR MU... ; 84-56 6 1,9 9
B. — Castration postpubérale. J
B. Béaocée.. 1. 86-55 7 1,27 8,9
9. Føverolles ii... 88-57 7 rab ~ 8,8
10 Dorkings ss a 110-58 12 0,72 8,6
11. Orpington noir...... 86-60 9 0,64 5,8
Discussion. — La durée 6 de la régression augmente (comme on pouvait
s’y attendre), au fur et à mesure que la crête est plus développée, et dans
des proportions très grandes (de 1 à 12). Par contre, l'accélération
négative (c) diminue et ses variations ne sont pas moins étendues (de 8
à 0,64). Nous constatons en outre que le produit «0 est à peu près constant,
ses variations corrélatives s'échelonnant entre 5,8 et 9.
L'interprétation de la constance du produit cô nous conduit à des résultats
_ particulièrement simples. x
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1083
Si, partant de la formule algébrique, nous déterminons la vitesse de la
régression à un moment donné (dérivée de L par rapport à £), nous
trouvons
dl
rs ct 06,
Au commencement de la régression, c'est-à-dire quand z = 0, on a
$ =— cî.
La constance de c0 indique que la régression débute toujours avec la
même vitesse, que la castration soit intra- ou postpubérale. A ce sujet, nous
n'avions pas été sans remarquer que, durant les premiers jours qui suivent
la castration, la crête perd toujours sensiblement la même longueur.
Conciuston. — Aussi bien que la castration postpubérale, la castration
intrapubérale chez les cogs est suivie d'une régression de la crête et entraine la
disparition de instinct sexuel et de L’ardeur combattive. `
La durée Ì de la régression augmente avec l’âge.
L'accélération négative, c, de la régression diminue avec l’âge.
Le produit c) est à peu près constant et égal à 8.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur les lois numériques des ondes
pédieuses chez les Gastéropodes. Note de MM. Frin Viës
et Jia BArnELLIER. |
On sait que la sole pédieuse d’un grand nombre de Gastéropodes est
parcourue pendant la progression de ceux-ci par des ondes locomotrices,
dont la fréquence (nombre d'ondes dans l'unité de temps) a paru, en
première approximation ('), une fonction probable, mais encore non
définie, des caractéristiques mécaniques de la locomotion de ces animaux.
Grâce à près d’une centaine de mesures portant sur plusieurs genres de
Gastéropodes (Gibbula obliquata Gm.; Trochocochlea crassa Palt.; Haliotis
tuberculata L. ; Helix aspersa Müll.) de dimensions et de puissances très
dissemblables, nóus avons pu obtenir une approximation plus avancée de
ces diverses lois.
Les Gastéropodes ont été observés en ascension verticale contre la vitre
(') E. Perrgca et F. Vrès;, Bull. Soc. sool. Fr., t. 38, 1913, p. 251.
1084 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d’un aquarium, travaillant à élever leur propre poids dans l’air (pour les
Gastéropodes marins, immédiatement après leur émersion de l’eau, hors de
laquelle ces animaux, choisis dans des espèces qui vivent normalement à la
limite des marées, sortaient spontanément pour fuir l’approche d’une
Astérie); on notait : la distance verticale parcourue par l’animal, le temps
pris par cette ascension, le nombre d'ondes pédieuses ayant paru sur la sole,
le poids de l’animal recueilli à la fin de son trajet, et enfin la surface ventrale.
de la sole pédieuse, décalquée rapidement à travers la vitre. Dans ces condi-
tions les relations suivantes se sont montrées :
1° Relations entre la fréquence des ondes et la vitesse de l'animal en ascen-
sion verticale. — Les points expérimentaux pour une espèce donnée se
groupent nettement autour d’exponentielles :
Va her
V étant la vitesse verticale de l’animal, F la fréquence de ses ondes, A et B
des constantes spécifiques. Cependant une autre variable paraît intervenir,
qui est vraisemblablement la dimension des échantillons : dans la réparti-
tion des points expérimentaux autour de la courbe théorique moyenne
d’une espèce, les animaux légers se placent au-dessous de la courbe, les
animaux lourds au-dessus; il existe donc vraisemblablement, .pour une
espèce donnée, un faisceau d’exponentielles, dont chacune correspondrait
à un poids déterminé d'animal en expérience. Les constantes A et B de
chaque espèce paraîtraient aussi présenter une liaison grossière avec le
poids moyen des espèces étudiées, et peut-être encore, avec leur type
locomoteur (') (fig. 1).
2° Relations entre la fréquence des ondes et la puissance développée par
l'animal. — La relation paraît de même forme que ia précédente (et, de.
fait, la loi précédente devrait pouvoir se déduire de celle-ci) :
P—A'err
P étant la puissance, F la fréquence des ondes, A’ et B’ des constantes.
Mais ici se présentent diverses particularités, qui donnent à la relation une
signification remarquable.
a. Les coefficients B’ des diverses espèces (aussi bien pour les duaia
que pour le monotaxique) ont été pratiquement égaux dans la limite des
erreurs expérimentales; cette poen exprimerait donc la constance d'une
E A ARDET
Fr.,
Wr Vus, Comptes rendus, t, 148, 1907, p.276; Bull. Soc. zool.
a LE p: 249.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1085
liaison implicite entre la contraction musculaire correspondant à une onde
; i sa ; ; F
et le travail que fournit cette contraction | puisque B' = A 3 (log P)|.
b. D'autre part, la constante A’ a paru à son tour (mais toutefois en
tenant compte ici du type locomoteur, c’est-à-dire en envisageant sépa-
rément les ditaxiques et les monotaxiques) une fonction assez simple des
dimensions des organes énergétiques, dont nous avons pris pour caracté-
A 1000 RENDEMENT FRÉQUENCE
y VITESSE FRÉQUENCE © iR ;
900
0,4: AR
Haliotis tuberculata
@ilndividus de plus de 100gr.
+: Gibbula
800 »: Gibbula chargé
8: Trochocochlea
individus de moins de 100 gr. 700! ia Haliotis MORE Aer
i . v: Helix z z
” 600 aen
900F
Y 400
T
0 200!
100!
i i F m 0 . a F
e EEEO SNT Hi i $ À
0.0 0A 02 0,3 0.0 4 02 03 04 0F Q ;
Fig. 1. — Relation entre la fréquence des Fig. 2. — Relation entre R = Š et la fréquence des
ondes et la vitesse de l'animal en ascension
verticale. Haliotis. ondes. Quatre genres de Gastéropodes. Le rectangle
pointillé indique le territoire d’approximation d’un
point.
ristiques la surface de la sole pédieuse : nous avons eu en effet sensiblement
r i
US.
Il s'ensuit que P = 4S°e°" et que par conséquent la variable
Re z mar
devrait être indépendante de l'espèce. Dans les limites autorisées par la préci-
sion des calculs de R, les faits n’ont pas présenté de contradiction avec
= t r y7 x : , SA .
l'expression précédente { fig. 2). B'= 7,90; «, autant qu on peut le préciser
avec l'approximation médiocre des surfaces, est voisin de 4 pour les
ditaxiques ; il serait de l’ordre de 0,3 pour le seul monotaxique étudié.
1086 ACADÉMIE DES SCIENCES.
c. Dans un travail antérieur, l’un de nous (') a défini un coefficient de «ren-
dement locomoteur » K = : permettant de caractériser la locomotion d’un
Gastéropode. L'étude indépendante de la fonction Š =R = /(F), faite à
ütre de vérification, a montré que log (s)=/ — f(F} était bien une droite,
de laquelle on pouvait déduire directement des constantes « et B’ corres-
pondant à celles déjà trouvées.
d. Dans les expériences précédentes les animaux ne travelt qu’à
élever leur propre poids. Nous avons tenté, malgré la difficulté de l’opé-
ration, d'effectuer des observations sur un même animal (Gibbula obliquata)
chargé de poids additionnels successifs (boulettes de mastic collées sur la
coquille); malgré la précision inférieure d’une telle expérience dans laquelle
interviennent des phénomènes de fatigue et où la variation de surface du
pieds avec la charge n'a pu être efficacement suivie, les quelques points
expérimentaux obtenus se placent dans la zone des erreurs admissibles
autour de l’exponentielle théorique.
Les relations entre la fréquence des ondes pédieuses et les caractéristiques
mécaniques du Gastéropode nous laissent donc entrevoir, par leur indépen-
dance probable des données spécifiques, des relations fondamentales de
l’'énergétique des contractions musculaires, puisque la puissance développée
se montre avec une certaine cérérilieité ne dépendre que du nombre de
contractions par unité de temps, et des dimensions de l’organe producteur
de travail.
EMBRYOLOGIE. — La valeur comparée et le déterminisme des signes principaux
de la contraction myotomique aneurale observée chez 2 embryons de
Sélactens (Scylliorhinus canicula L. Gill). Note de M. Paur Ware
présentėe par M. Henneguy.
Les observations recueillies, tant sur le cœur des différents animaux que
sur les chaînes myotomiques de Sélaciens (? j, pendant la période embryon-
naire, mettent en relief deux caractères du mouvement aneural qui, en
dehors de toute intervention expérimentale, peuvent servir de base et de
contrôle à la découverte dans la nature de fonctionnements semblables; Ce
sont le renouvellement rythmé et l'allure invariable des déplacements. Les
tt
~ (1) F. Vus, Bull. Soc. zool. Fr., t. 23, 1908, p. 175,
(°?) Comptes rendus, t. D Ai p: 369; Comptes rendus de la Société de Bio-
em, t. 81, 1918, p. 534 et
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1087
muscles du squelette, chez les Sélaciens, donnent, à la seule inspection, des
renseignements très nets, qu'il est utile de comparer à ceux qui sont
apportés par l'examen du cœur. Les dispositions anatomiques ne sont pas
les mêmes dans les deux cas. Le cœur est un organe tubulaire; il présente
de bonne heure des sinuosités ; il se divise rapidement en cavités distinctes;
londe propagée s’accuse à la fois par le rétrécissement du calibre et par le
parcours des globules sanguins. Les bandes myotomiques sont pleines ;
elles ont une disposition rectiligne et longitudinale; elles présentent une
plus grande étendue que le tube cardiaque; leur situation sous-cutanée
permet de voir au microscope le raccourcissement particulier de chaque
segment; la déviation latérale du corps est bien apparente et la tête forme
un indice naturel qui signale et mesure, à chaque instant, l'intensité de la
~- contraction; la fixation de la région moyenne de l'embryon au vitellus
immobile oblige le corps élastique à revenir, toujours, au point de départ
du mouvement et assure ainsi la valeur des observations. La contraction
myotomique peut être prise comme type d’un fonctionnement aneural; en
analysant ses caractères, je tenterai d'établir leur signification.
1° Le renouvellement rythmé est la propriété fondamentale d’une fonction
musculaire aneurale ; il traduit la qualité spéciale du muscle qui le rend
capable d'initiative. Le mouvement produit se rapporte à deux processus :
a, la contraction initiale; b, la propagation de londe à toute l'étendue du
muscle actif; la première suscite la seconde par l'effet de son excitation. La
contraction naît en un seul point, jamais en bloc, et, de là, se propage dans
toutes les directions; cela ne signifie pas que le pouvoir d’iniliative est
borné à une seule région, mais que, parmi les territoires actifs, l’un d’eux
a une révolution plus courte, se contracte plus vite et détermine l’excitation
des autres (Loeb, 1899). La section expérimentale d’une chaîne myoto-
mique en plusieurs tronçons dévoile, en effet, que plusieurs de ces tronçons
sont capables de battre pour leur propre compte. 1
Tandis que le cœur montre une polarité constante, une origine toujours
Sinusienne du mouvement, les bandes myotomiques présentent, au contraire,
un déplacement du territoire où naît la contraction. Le myolome « initia-
teur » n’occupe pas toujours le même rang; ainsi, le point de départ du
mouvement, placé d’abord derrière l'oreille, se trouve à la fin de la période
aneurale au 10° myotome post-auriculaire; il recule, avec l'âge, dans le sens
Crânio-caudal, celui où naissent à l’activité les myotomes et où s'opèrent
les progrès de leur différenciation.
Le rythme est absolument régulier en milieu favorable et constant.
Chaque bande myotomique, indépendante de sa voisine et de toute stimu-
lation venue d’un autre appareil, puise les éléments de son activité à l'inté-
1088 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rieur de l’organisme et en traduit avec exactitude l’état général, par la
vitesse de son fonctionnement ; elle ne connaît pas la fatigue, et ne s’arrête
jamais; en l’absence d’une circulation sanguine suffisante et d’une barrière
tégumentaire épaisse, elle est particulièrement sensible aux conditions qui
influent sur les échanges, telles que la quantité d’oxygène et surtout la
température (').
2° Le deuxième caractère d’un mouvement aneural, observé sur le vivant,
est son allure invariable; à une époque donnée, dans un milieu constant.
L’ampleur du déplacement résulte à la fois de la contraction initiale et de
l’onde propagée. La première n'existe jamais seule et, dès le début, on
voit le resserrement successif de plusieurs myotomes. Quand le dépla-
cement est étendu (stade I), on distingue, dansla vagüe de contraction,
deux ondes; l’une se voit à son début, c’est l’onde de propagation, lautre,
quand elle atteint son summum, c’est londe de flexion maximale; la pre-
mière marque, par une déviation légère, la frontière entre le territoire
activé et la région encore inerte; elle se place à l’extrémité des branches
fléchies; la seconde est constituée par le déplacement du fond de la courbe,
. qui n’a lieu qu'à la détente du premier myotome contracté: Tant que dure
la contraction de celui-ci, la première courbe se prononce; elle reste, à
‘époque aneurale, la courbe maximale ou principale; puis le fond de la
courbe s'étale, s’élargit, tandis que les branches latérales s'éloignent l'une
de l’autre, en diminuant l’ampleur de leur déviation. La courbe maximale
est le résultat global de la contraction du myotome initiateur et des con-
tractions partielles des myotomes voisins qui, pendant la durée de la con-
traction initiale, sont touchés par l'onde de propagation; son point culmi-
nant désigne toujours le lieu d’origine du mouvement.
L'onde de propagation est le premier effet visible de l'excitation causée
par la contraction initiale; j'ai montré que la conduction très rapide de cette
stimulation s’effectuait indépendamment de toute action mécanique, telle
qu'un tiraillement de chaque myotome par la contraction du myotome pT®-
cédent (°); le muscle aneural est, par suite de son irritabilité propre, à la
fois conducteur et automatique. | |
Le rythme est indépendant de l’étendue et de la puissance des COn-
tractions, mais la forme du mouvement varie avec la croissance, c'est-à-dire
avec la quantité de substance musculaire mise en jeu. Il y a lieu de distin-
guer l'augmentation du muscle en épaisseur et en hauteur, qui renforce le
M ee
_ (+) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. 83, n° 3h.
_(?) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. 83, 1920, p. 1029.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1089
myotome sur place, et l'accroissement en longueur, qui prolonge la durée
de l'ondulation sans augmenter la profondeur des courbes.
L’allure générale Fe mouvement dépend beaucoup de la température.
À celle des fonds naturels, la durée de la détente est longue par rapport au
temps de la contraction; à 12° C., température moyenne de l'habitat dans
la Manche, la détente dure 10 fois environ le temps que met à se fermer la
courbe maximale de flexion; à 14°,5 C.; moyenne des températures aux
lieux d'élevage dans la Méditerranée, le rapport entre les temps de
contraction et de repos est encore de 1 à
Mais ce qui donne aux mouvements d'ensemble du corps, chez les
embryons de Sélaciens, leur caractère essentiel, c'est qu'ils résultent à la fois
de deux contractions rythmées, appartenant chacune à une chaine myoto-
mique latérale; la différence de leur rythme, en milieu constant, détermine,
comme je l’ai précédemment signalé, une suite ininterrompue de com-
binaisons bilatérales qui se reproduisent d’une manière cyclique; le moindre
trouble dans l’ordre accoutumé de leur succession décèle, en période aneu-
rale (stades G, H, I de Balfour), un changement des conditions externes,
et plus tard (stade K), en milieu constant, le début de l'intervention
nerveuse,
BACTÉRIOLOGIE. — Sur les caractères communs au Bactérium $, symbiote du
Clostridium Pastorianum de Winogradsky, et au B. aliphaticum non lique-
faciens de Tausz et Peter. Note de MM. G. Trurraur et N. Bezssonorr,
présentée par M. L. Maquenne.
Nos observations sur le Clostridium Pastorianum (') nous ayant conduits
à une étude détaillée de son symbiote le bâtonnet ĝ, nous avons pu constater
que les propriétés les plus caractéristiques de cet organisme correspondent
à celles du 2. aliphaticum non liquefaciens isolé de la terre en 1919 par
Tausz et Peter (?).
Les colonies du bâtonnet 8, obtenues par ensemencement sur gélose dáns
des boites de Petri, sont blanches, à bord lisses, à reflets humides et corres-
pondent exactement à la description et aux photographies données par
Tausz et Peter de leur 8. aliphaticum non liq. Les deux bâtonnets ont les
mêmes dimensions : 14,5 à 2” de longueur sur 0,5 à o”,8 de largeur, et
présentent une grande pobiti
Le bâtonnet B peut se développer dans un milieu exclusivement oap
- (1) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1278, et t. 171, p. 268.
(?) Centralbl. J. Bakt., 1. 59, H, 1919. |
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 22) 82 ;
1090 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de sels minéraux ne contenant comme source de carbone que de l’huile de
paraffine commerciale; d'après Tausz et Peter, les B. aliphaticum lig., ali-
phaticum non liq. et paraffinum se comportent de même. En 1913, Söhngen
signalait l’existence de microbes non déterminés pouvant se développer
dans des milieux analogues contenant de l'huile de paraffine, de la paraf-
fine, etc. |
En remplaçant l'huile de paraffine par le cyclohexane ou ses dérivés
méthylés, Tausz et Peter prétendent isoler directement de la terre les deux
B. aliphaticum, tous les autres organismes se trouvant alors éliminés. Nous
avons opéré de même en partant d’une colonie symbiotique de C. Pasto-
rianum, ensemencée dans un milieu renfermant :
pour 100
Phosphate ammoniaco-magnésien............... 0,1
Sullae da chaure a o aa el ee 0,01
Phosphate de polassei: de ua en 0,08
GBL rnr de onea a a a a ess trace
lodare do polas Ue o e a dires »
Après trois semaines d’incubation dans des flacons de 350°", renfermant
chacun 150% de liquide, plus o™,2 à o™,3 de méthyleyclohexane [de la
maison Poulenc, le même qui fut employé par les auteurs allemands (')],
à 25°, nous avons pu constater par un ensemencement sur agar en boîtes de-
Petri un riche développement de colonies 8 sur la surface et de colonies
symbiotiques en profondeur. En même temps nous ajoutàmes o™,5 de
méthylcyclohexane dans chaque flacon, procédé employé également par
Tausz et Peter dans leurs cultures de B. aliphaticum. Au bout de six
semaines, par numération dans les boîtes de Petri, nous avons trouvé
dans 1™ du liquide employé 2780000 B. 8 et 7200000 B. B en symbiose
avec le C. Pastorianum. =
Les colonies symbiotiques de ces deux microbes, développées dans la
gélose après passage dans un milieu contenant du méthylcyclohexane,
conservent leur forme typique en navette, mais leurs dimensions dans ce
cas ne dépassent pas 04,5 de long sur 04,25 de large, se montrant ainsi de
beaucoup inférieures à celles des colonies analogues obtenues par ensemen-
cement direct des dilutions de terre. :
Il est à noter que Tausz et Peter, en plus de la description des colonies
de B. aliphaticum sur la surface de l’agar, signalent également l'existence
de petites colonies ellipsoïdales se développant en profondeur. Telle qu'elle
Li Aa a’
(+) Tausz et Peter estiment que ce sont les impuretés contenues dans le cyclohexane
de Poulenc qui sont assimilées par les bactéries en question.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1920. 1091
est décrite par ces auteurs, la forme de ces colonies correspond à celle de
nos colonies symbiotiques, bien qu'ils les attribuent au genre aliphaticum.
Le B. aliphaticum lig. de Tausz et Peter liquéfie la gélatine et donne sur
pomme de terre des cultures brun rougeâtre; la variété non lig. ne liquéfie
pas la gélatine et donne sur pomme de terre une culture blanchâtre qui
jaunit légèrement après un certain temps. Le bâtonnet B, cultivé sur géla-
tine et pomme de terre, se comporte exactement comme le B. aliphaticum
non liq.; dans un seul cas nous avons observé une race qui liquéfiait la géla-
tine et donnait sur pomme de terre des colonies de couleur brun orangé.
Les caractères communs que présentent dans ces cultures le bâtonnet B et
le B. aliphaticum non liquefaciens de Tausz et Peter et dont quelques-uns,
comme leur développement en présence du cyclohexane, sont très spéciaux
et caractéristiques, nous permettent de penser qu'il s’agit de races voisines,
peut-être même d’une seule et même race. L’absorption énergique d’oxy-
` gène observée et mesurée par Tausz et Peter dans leurs cultures des B. ali-
phaticum serait une propriété d’autant plus nécessaire pour le bâtonnet ĝ
qu'il vit en symbiose avec un anaérobie aussi strict que Clostridium Pasto-
rianum.
Cette symbiose associe le C. Pastorianum, organisme autotrophe par rap-
port à l'azote, avec un organisme autotrophe par rapport au carbone, le
bacille B.
MÉDECINE. — Sur un nouveau procédé de diagnostic de la syphilis. Note (*)
de M. Gasrox Opin, présentée par M. Edmond Perrier.
Un certain nombre d’auteurs ont constaté qu’à la suite des différents trai-
tements antisyphilitiques en usage, les malades, au lieu de présenter une
amélioration ou une disparition des accidents cutanés ou autres, présen-
taient une aggravation des symptômes de l'affection syphilitique, ou même
l’apparition d’accidents que le malade ne présentait pas au début de son
traitement. Ils en concluaient que la médication employée avait provoqué
une réactivation permettant de conclure, dans les cas douteux, à la réalité
de la maladie. Toutefois ces phénomènes de réactivation précieux pour le dia-
gnostic n'avaient jamais pu, jusqu’à ce jour, être produits à volonté, et la
seule méthode de diagnostic basée sur des faits biologiques est, depuis des
années, la réaction de Wassermann; mais cette réaction n’a pas donné
toutes les satisfactions qu’on attendait d'elle.
(') Séance du 22 novembre 1920.
1092 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A la suite de nombreuses recherches sur les syphilitiques, je suis arrivé à
instituer une méthode précise de diagnostic de la syphilis.
Cette méthode consiste à prélever dans un tube stérilisé à 180°, au four
Pasteur, 50°” à 6o™ de sang du sujet malade, à laisser reposer ce sang
24 ou 48 heures, à répartir ce sérum dans trois ampoules stérilisées, d’une
contenance de 5™ à 6™, à y ajouter une ou deux gouttes de sang du flacon
récepteur et à additionner le contenu de chacune de ces ampoules de 1™
de la solution suivante :
On obtient ainsi un sérum exalté qui, injecté à deux ou trois reprises à
raison de une ampoule par jour pendant trois jours, provoque rapidement
une exaltation des accidents existant déjà chez le malade.
On obtient même chez des syphilitiques dont les accidents avaient
disparu depuis un certain temps, une réapparition de ces accidents notam-
ment, chez les secondaires, de la roséole sur une partie quelconque du
corps, le plus souvent sur la région abdominale, ou sur la région thora-
cique, ou des plaques muqueuses, ou les deux simultanément. |
Chez les tertiaires, on obtient des syphilides papuleuses, ou des douleurs
fulgurantes, ou de l’eczéma, etc. Et l’on n'obtient ces résultats que chez les
syphilitiques, même chez des individus n’ayant jamais eu d'accidents et
ignorant leur syphilis. :
Le nombre des malades sur lesquels j'ai appliqué cette méthode est
d’environ une centaine et chez tous j’ai toujours obtenu des résultats.
J'ajoute que certains malades sont si sensibles que l'injection de leur
propre sang non additionné de: la solution fluorée donne les mêmes
résultats.
‘On pourrait craindre qu’il y ait un danger à réactiver ainsi une affection
comme la syphilis, mais dès que les accidents apparaissent, il suffit de
traiter les malades par les méthodes en usage pour qu'ils disparaissent.
M. Louis Matar adresse une Note intitulée : Mise au point des cosmo-
gontes nébulaïres. |
… À 16 heures trois quarts, l’Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à r8 heures.
: , À. Lx.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 6 DÉCEMBRE inio.
PRÉSIDENCE DE M, Henn DESLANDRES.
RENOUVELLEMENT ANNUEL
DU BUREAU ET DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE.
A la majorité absolue des suffrages, M. E. Berris est élu vice-président
pour l’année 1921.
A l'unanimité des suffrages, MM. P, Arreze et En. Perrier sont réélus
Membres de la Commission administrative pour l’année 1921.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES Beaux-Arrs adresse
ampliation du décret, en date du 3 décembre 1920, qui porte approbation
de l'élection que l'Académie a faite de M. J.-L. Brerox pour occuper,
parmi les Académiciens libres, la place vacante par le décès de M. Ad. Carnot.’
Il est donné lecture de ce décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. J.-L. Brerox prend place parmi
ses confrères.
G. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 23.) 83
109/ ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIQUE. — Réaction mutuelle de l'acide oxalique ct de
l'acide iodique : influence de la chaleur et de la dilution. Note
de M. Georges LEMOINE.
L'acide oxalique et l’acide iodique dissous dans l’eau se décomposent :
il se dégage de l’acide carbonique, et l’iode, très peu soluble, devient libre :
la réaction, exothermique, est irréversible :
ramo
(1) CMO OCO 21
2 5
Anciennes expériences de Millon ('). — Leurs données sont inté-
ressantes, mais sans précisions suffisantes. A la température de 10°,
il wy a rien de sensible après 20 heures. Entre 18° et 22°, l'iode réduit
n'apparait qu'après 3 ou 4 heures, et il faut de 4 à 5 jours pour brûler
15 d'acide oxalique. A 60°, quelques minutes suffisent. La proportion rela-
tive d'acide oxaliqne n’a pas d'influence. Quelques millièmes d'acide
cyanhydrique arrêtent complètement la réaction, même à 60° et 80°.
La lumière accélère la réaction : à 10° au soleil elle a la même énergie
qu'à 25° à la lumière diffuse; les moindres variations des rayons solaires
font sentir leur influente.
La mousse de platine accélère beaucoup la réaction : le gaz dégagé aug-
mente avec le poids de catalyseur, sans lui être proportionnel.
Organisation des expériences. — On préparait des solutions normales,
. I { ‘ . .
binormales, a. normales, soit, par litre de solutions normales,
4 3
= (C OH+ 2H?0O) = 63: et IO°H.— 1768 (dont 1278 d'iode).
On satisfait à l'équation (1) de la réaction en mélangeant 25™ d'acide
oxalique normal et 5™ d’acide iodique normal : le volume d’acide que peut
dégager ce mélange est 587™ (à 760™™ et 15°).
La réaction se faisait dans des tubes de 15"" environ de diamètre
chauffés dans un bain d’eau d'environ 12, maintenu par des régulateurs
à température constante. Le gaz était recueilli et mesuré sur de la glycérine
à 28° B°. Dans les expériences définitives, on saturait présent
T liquides séparés avec de l'acide carbonique : si cette précaution n avait
pas été prise, on tenait compte du gaz dissous d’après la solubilité.
Fr a D ed
(C) Annales de Chimie et de Physique, t. 13, 1845, p. 29.
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1095
La décomposition a été aussi mesurée par un essai alcalimétrique.
Lols5
| 1PO heure
50}
100 heures O= 24o
500}
O-14°
1000heures Fraction de d:
Les graphiques ci-dessus indiquent les résultats aux températures #.
1096 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Vitesse de la réaction dans son allure définitive. — La réaction, après
un retard plus ou moins long, prend un état de régime définitif dont la
vitesse suit la loi des réactions dites bimoléculaires ou de deuxième ordre.
Soient p le poids du mélange actif, y le poids décomposé au temps f,
K une constante; on a, pour une température et une dilution donnée,
E 3. La dise .
Avec { — 0 pour + l'intégrale serait la formule hyperbolique
3 JF a:
Re p 1—Kt
et la durée de la demi-décomposition serait + = =x
Si le retard est insensible, on peut calculer les résultats numériques en
empruntant à l'expérience une seule donnée. S'il y a un retard à l’origine,
on se guide sur le graphique et l’on ne s'occupe que de l'allure définitive.
Il faut alors pour le calcul prendre deux données, une située vers le com-
mencement de l'allure définitive, l’autre se rapprochant de la demi-décom-
position.
Les résultats du calcul s’accordent suffisamment avec pe tant
qu'on n’est pas très près de l'épuisement.
A 50° avec 30% de liquides normaux :
t en heures à par- ? 5 033.
tir đe l'origine, 0,95. 1:35. t53 (1,86. SAS NA Dr dt. 30 4,30, "#09
3 # 5.500
+ (observé. 0,099 0,125 0,177 0,228 0,250 0,291 0,342 0,360 60,409 0,490 0,474 Ora
mE 7 ’ - ; m w ” 3 . x f m ane
p lcalculé.. donnée 0,157 0,185 0,234 0,255 0,205 0,840 0,361 0,412 0,456 0,477 don
d'où
5b,03
a Le. e 1 AE I à ie HV
K — 0,221, NE 4:93, log K ire 0,050, = = 0 pour ¿=> 0! 30, 2 = — pour (4,93 RE o", 50) =
P >
Retard de la réaction à l’origine. — I] est général, mais très faible
pour les températures élevées et les grandes concentrations. On l'observe
pour d’autres réactions ('). Il résulte des expériences suivantes :
o a nn
C) Veray, Philosophical Magazine, 1 37, 1894, p- 165. — Bunsen et ROSCOE,
Induction photochimique pour (CI + H) ( Aaah de Chimie et de Physique, 3° série,
tD, 1859, et Philosophical Transactions, 1863). — Berraeror, Oxydation de
o largent vers 200° ( Comptes rendus, i. 131, 1900, p. 1159). — GLADSTONE, British
Association, 1894, p. 616. — Jos, Mobilité TRS (Revue de Métaphysique et de
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1097
Le liquide reste d’abord incolore, puis se colore par l’iode devenu libre :
iode d’abord dissous, puis se dca en houppes cristallines.
Le gaz ne se dégage guère immédiatement, quoique le liquide ait été
préalablement saturé d’acide carbonique.
Les essais alcalimétriques conduisent à la même conclusion.
On se rend compte numériquement, tant bien que mal, de ce retard par
le temps où la réaction devient appréciable, par exemple une décomposi-
tion de 0,5 pour 100 (2 Te 0,005)
Températures.
10. 50. AB, 2e he.
z z h h h : h h
Mélange de liquides binormaux.. 0,02 0,05 0,30 4,2 »
» » normaux... 009 0,49 À 5 39
» » 1 normaux... 0,12 007 2,7 16? 50
» » normaus. 0,930: 060,097 3,4 18 O
Différence du retard avec une tnertie complete. — En fait, la réaction
semble commencer dès l’origine, quoique avec une extrême lenteur.
L'observation du dégagement de gaz (surtout avec de grandes quantités
de liquide) montre que la réaction commence de très bonne heure, extrè-
mement lentement, puis s'accélère peu à peu jusqu'à son état de règime,
celui des réactions bimoléculaires. On le voit sur les graphiques ci-dessus.
Un procédé de mesure très sensible est l'emploi du sulfure de carbone
par des prises d'essai: on compare la couleur due à Piode avec celles de
solutions types.
| E oo TT: 0
A 24°, liquides normaux i y k :
B | = = 0,0009 0,0007 010019
| P
Interprétation du retard. — La réaction met en liberté de l’iode. Cet iode
se dissout d’abord dans le liquide (5 environ dans l’eau pure): une
petite partie est entraînée par le gaz, puis il se dépose de l’iode solide,
Ce dépôt solide ne peut pas intervenir chimiquement, car il est en dehors
du champ proprement dit de la réaction. Mais l'iode caon intimement
Morale, 1911, p. 84). — Hémer, Combinaisons gazeuses (Annales de Chimie et de
Physique: k 10, 1897). — G. Baume, Mécanisme des réactions (Annales suisses des
Sciences physiques et naturelles, noveinbre 1y12: Comptes rendus, U. 457, 1913,
P- 774, et 1. 158, 1914, p- 1177). — Bercer, NH*CI et NO®Na (Bull. de la Soc. -~
chimique, t. 31, 1904, p. 662). — Bouraric, Action du CH20* sur MnO*K aar
étudiée par Harcourt et Esson) (Comptes rendus, t. 160, 1915, p. 711).
1098 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en contact avec les réactifs, concourt à l'équilibre chimique et provoque la
décomposition; à mesure qu’il augmente, la réaction s'accélère, Quand la
solution est saturée, les conditions ne changent plus : il n’y a plus accélé-
ration et alors la formule bimoléculaire doit s'appliquer (").
Pour contrôler cette interprétation par l'expérience, j'avais d’abord-fait
des déterminations comparatives avec deux mélanges, en mettant dans l'un
d’eux une parcelle d'iode. Les résultats furent identiques, car l’iode n'avait
pas été agité : la solution était nulle ou très incomplète. Mais, en mainte-
nant très longtemps de l’iode irès divisé dans l’un des liquides à la tempé-
rature employée et en soumettant fréquemment à une forte agitation, il
n’y eul presque plus de retard, comme l'indiquent les graphiques ci-dessous.
Temps en heures
N \
`% a
Fraction de décomposition $ r
station. — Soit j
Expression mathématique du retard, d’après cette interp
le poids d’iode correspondant à la saturation du liquide. Nous admettrons
que la vitesse est d’abord proportionnelle au poids y d'iode mis en
liberté et restant dissous : dès lors, K’ étant une constante,
r $ PRS a i 3 oz
Lorsque y devient égal à j, on a = = ı : au delà, cette formule ne s'applique
plus et l’on retombe sur la formule bimoléculaire ordinaire.
Roi a he an
(1) Déja Millon (loc. cit.) admettait deux phases distinctes : 1° oxydation de
CH20* par IO°H, mais infiniment petite; 2° oxydation avec le concours de l'iode. Il
ajoutait que le dégagement de gaz est plus abondant si l’on commence la réduction
de 103H en précipitant un peu d'iode par quelques gouttes d'acide iodhydrique (iode
extrêmement divisé, qui peut se dissoudre rapidement). `
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1420. 1099
L'intégration donne, avec les logarithmes vulgaires :
+; + const.,
ce qui permet de construire la courbe en prenant deux données des obser-
vations pour calculer la constante et la valeur de J.
Cette formule rend compte des particularités observées, notamment du
grand retard observé pour les solutions très étendues.
Influence de la température (entre 14° et 70°). — La vitesse de la réaction
augmente très rapidement avec la température, si rapidement Te les
déterminations expérimentales très précises sont difficiles.
Pour coordonner les observations, la manière la plus commode est de
prendre comme indicateurs les logarithmes de la constante K qui exprime
la vitesse de la réaction et dont l'inverse correspond, d’après (3), à la durée
de la demi décomposition (s'il n’y avait pas de retard). On dresse un
graphique en prenant logK pour ordonnées et les températures 0 pour
abscisses. La ligne obtenue diffère peu d’une droite pour les différentes dilu-
tions étudiées. Avec les liquides normaux, on peut admettre
lo
eE zZ — logK = 3,50 — 0,097 4.
[l en résulte que, pour 10° d'augmentation (coefficient de température),
K devient à peu près quatre fois plus grand (').
Influence de la dilution (entre 14° et 70°). — Elle a été déterminée par
des expériences comparatives avec les liquides 2N, N, EN, 7 ; N. Pour
chaque dilution, on construit la courbe représentant Le en Eu de
la température 0. Ce sont des droites parallèles. Il semble qu'on peut
prendre les formules suivantes : :
(') Sur le coefficient de température, voir ARRHENIUS, Zeit. phys. Chemie, t k,
1889, p. 226. — G. Lemoine, C2H20* et FeCl (Ann. de Chimie et de Physique,
t. 30, 1893, Chap. H, $ 2). — Var Horr, Leçons de Chimie physique, 1™° Partie,
1398, p.208 : il dei un coefficient compris entre 2 et 5 (réactions monomolc-
Culaires), — Tranrz et Vorkmann, Bull. Soc. chimique. août 1909. — Danet
BERTHELOT, Comptes rendus, t. 160,:1919, p. 440. — Donar, Ann. de Chimie,
avril 1919. ; x
1100 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Liquides binormaux log Here logK = 3,20 — 0,057 8
» normaux » 3, TO O, 097 0
» 1 normaux » es 3) — 0, ,097 g
» + normaux » 3,99 — 0,0579 ,
et alors, tous calculs faits, K est presque proportionnel à la concentration.
Réflexions génerales. — La réaction étudiée ici progresse si lentement à
de très basses températures el avec de très grandes dilutions qu’on pourrait
croire qu'elle ne se produirait pas (pour les liquides + normaux, il faut
environ 3 mois pour la demi-décomposition vers 14°).
Il est probable qu'il en est de même dans la nature pour des réac-
tions inaperçues où la période d'inertie et la lenteur sont encore plus accen-
tuées. Le temps ne compte pour rien dans les phénomènes naturels.
GÉOLOGIE. — Le lambeau de recouvrement du mont Jovet, en Tarentaise; les
Schistes Lustrés au nord de Bourg-Saint-Maurice. Note de MM. PIERRE
Termes et Wicrrid Rinnan.
A quelques kilomètres à l’est de Moutiers, le haut pays qui sépare les.
vallées de l'Isère et du Doron est couronné par un massif calcaire d’aspect
uniforme, aux arêtes émoussées, aux croupes arrondies couvertes de pàtu-
rages, aux a pr ans grisätres montrant, de loin, des strates presque
horizontales. C’est le massif du mont Jovet. Il est large, dans le sens Est-
Ouest, d'environ 5™, 5, Sa crête, un peu sinueüse, ondule entre 2300"
et 2600" d'altitude. Le sommet même du Jovet est à la cote 2563.
Sur la carte géologique à échelle de +4 (feuille Albertville), le massif
est représenté en Lias inférieur et entouré d’un liseré de Trias. A sa base,
au Nord, il y a une bordure de serpentine. Sa forme générale contraste
avec le dessin géologique du pays sous-jacent, où l’on voit un faisceau de
plis dirigés vers le Nord-Nord-Est; cette forme est celle d'un lambeau de
recouvrement qui flotterait sur un pays de plis. L’impression de recouvre-
ment, de charriage, est encore plus nette quand on regarde la carle géolo-
gique à l'échelle de +.
Marcel Bertrand a traité du mont Jovet dans son Mémoire de 1394 (').
0 Mancez BertRanD, Études dans les Alpes J rångahes (Bull. Soc. géol. de
France, 3° série, t. 22, 1894, p. 96-101).
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. LIOI
(od |
Il confirme l'attribution des assises au Lias, déjà proposée par Potier:
mais 1l fait remarquer que ce Lias est cristallin, mélamorphique, surtout
dans sa partie basse et surtout vers l'Est. Il signale que l’allure d'ensemble
est horizontale et tranquille, et que, cependant, le froissement des assises,
dans le détail, est extraordinaire; que, tout autour, le Trias, avec une
pente faible, plonge sous le Lias, mais qu’il semble y avoir, dans ce contact
des deux terrains, interposition d’un pli anticlinal écrasé, formé de serpen-
une et de calcaires phylliteux triasiques. Le mont Jovet, conclut-il, est un
noyau synclinal ouvert entre les deux branches étirées d’un même pli anti-
clinal. Plus tard, dans nos conversations, Marcel Bertrand abandonnait
volontiers cette conclusion provisoire et déclarait ne pas faire d’objection
à l’idée que le mont Jovet fùt un lambeau de Schistes Lustrés charrié sur
les plis briançonnais. Le moment est venu de résoudre la question d’une
façon définitive. C’est à quoi nous nous sommes employés pendant quelques
journées du mois de septembre dernier.
Les calcaires du mont Jovet sont un ensemble, épais d'au moins 5oo",
peut-être de 600", très homogène, très distinct du Trias sur lequel il est
posé. Il a bien l'allure générale horizontale, et, dans le détail, le plissote-
ment extrême remarqués par Marcel Bertrand. La base de l’ensemble est,
à peu près, un plan horizontal à une cote voisine de 2100. Ce qui domine,
dans ce paquet calcaire, c’est un calcaire noir cristallin, gris de souris à l’ex-
térieur, un peu siliceux, en bancs de quelques centimètres, ou de quelques
dizaines de centimètres, séparés par des feuillets de calcschistes luisants,
Souvent cariés, à nombreux lits de quartz. Ces caleschistes sont noirs et
ressemblent aux caleschistes micacés des Schistes Lustrés, sans être aussi
cristallins. Il y a aussi des feuillets de schistes luisants de couleur claire,
gris verdätre, ou même presque blancs, où se développe de la séricite;
mais il n’y a pas de véritables micaschistes. Enfin, on observe beaucoup de
bancs calcaires, gris clair dans la cassure, très sihceux, en plaquettes
rugueuses, simulant parfois des quartzites; ces bancs de calcaires siliceux
ont une patine jaune sale et rappellent certaines assises du Flysch nummu-
litique de la région. Tout cela alterne. Partout, les bancs sont plissés,
froissés, contournés, et se cassent en des lames qui ont des formes de tuiles
ou de surfaces gauches quelconques. Nulle part nous n'avons vu de fossiles.
L'aspect général est celui des Schistes Lustrés, mais avec un métamor-
phisme incomplet, une cristallinité moindre, et aussi une prédominance
des calcaires sur les schistes qui n’est pas habituelle dans les Schistes
1102 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lustrés. L'analogie est grande, cependant, avec les roches du Passo della:
Mulatiera, près de Bardonnèche, qui sont des Schistes Lustrés incontes-
tables, encore que la cristallinité y paraisse moindre qu'ailleurs (1).
Au col étroit situé tout en haut du ravin de la Lovetière (col que les ber-
gers appellent la Grande-K'orclaz, la Grande-Forclaz de la carte d'État-
Major étant, pour eux, la Petite-Forclaz}), on voit la base du paquet de
calcaires du mont Jovet etle rapport de ce paquet avec le Trias sous-jacent.
Cette base est formée d’un banc de serpentine laminée, vert jaunâtre,
vert clair ou noire, mélangée à du marbre blanc et surmontée immédiatement
par les calcaires gris du type habituel. Le banc de serpentine peut avoir 20"
d'épaisseur, peut-être 30". Il repose sur des calcaires triasiques cargneuli-
sants et sur des gypses. La serpentine est laminée de façon extraordinaire,
parfois transformée en schistes verts, parfois en une sorte d'amiante. Le
mélange originel de calcaire marmorisé blanc et de serpentine est devenu
une mylonite. Certains bancs sont brisés en menus fragments recimentés par
de la calcite secondaire. Au col même, une déchirure du manteau vert de
serpentine montre, en dessous, la cargneule, blanche ou jaune pale, très
mylonitique à la surface. Cette surface est arrondie et comme usée. La
mylonite renferme des fragments cassés de calcaire siliceux blanc, jouant
le quartzite et cimentés par de la calcite. Des veines de quartz traversent
tout cela. A l’est du col, plusieurs petits dômes de cargneules apparaissent,
de la même manière, dans des trous du manteau vert sombre; sur le versant
Sud, et à pea de distance du col, le manteau de serpentine est troué par des
entonnoirs au fond desquels on voit du gypse.
Le banc vert de serpentine, toujours à la base du paquet des calcaires du
mont Jovet, affleure en plusieurs points sur le versant Ouest du vallon de
la Lovetière, à une cote voisine de 2100. On le voit reposer sur des gypses
(entonnoirs), ou sur des cargneules mylonitiques (près du Biolay); il à par-
tout les mêmes caractères qu’au col, laminage, et mélange mylonitique avec
un marbre blanc. Deux autres affleurements, visibles l’un et l’autre sur une
grande longueur, du même banc vert, s’observent sur les deux versants du
vallon des Frasses, également à une cote voisine de 2100. Rien n'indique
mieux l’horizontalité d'ensemble du paquet que cette constance du niveau
de base.
Partout où le contact est visible, il se présente comme un contact anormal.
À
A7) Pierre Termier et Wier Kikan, Comptes rendus, t. ATi, 1920, p- 889.
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1103
Le paquet des calcaires du mont Jovet repose sur le Trias, en concordance
apparente, Trias formé, près du contact, de gypses ou de cargneules, ou
de calcaires blancs passant à des cargneules; maisil y eu trainage du paquet
sur son substratum triasique, comme en témoignent les mylonites des deux
terrains au contact, et surtout l'écrasement et le laminage du banc de ser-
pentine et du banc de marbre blanc qui constituent la base du paquet trainé.
Marcel Bertrand a bien vu ces phénomènes d’écrasement et de mélange
mécanique; seulement, voulant admettre que tout fût en place, il a fait
appel à l'hypothèse, bien invraisemblable aujourd’hui, d’un synelinal
liasique amygdalaire s'ouvrant dans un anticlinal dédoublé et façonné en
éventail. La réalité est tout autre. Il n’y a pas d’anticlinal écrasé dans le
contact. Le paquet des calcaires du Jovet est indépendant de son socle de
Trias : c’est un lambeau de recouvrement, venu d’ailleurs, flottant sur un
pays plissé.
On voit clairement, sur la carte géologique, que, dans le trainage du
lambeau sur son substratum, il y a eu entraînement partiel, inégal et
capricieux, du Trias. L’allure lenticulaire des quartzites du Trias inférieur,
entre les cargneules et le Houiller, au sud, au sud-ouest, au nord-ouest et
au nord-est du mont Jovet, en est la preuve manifeste. C’est à l’entraine-
ment du Trias qu'est due l'apparente concordance des assises du lambeau
charrié et des assises du substratum. Dès que l’on descend, soit vers le Nord,
soit vers le Sud, dans le Houiller qui supporte le Trias, le style tectonique
de ce Houiller apparait profondément différent du style, quasi horizontal,
du lambeau de recouvrement et du Trias qu'il écrase et entraine sous
ui.
D'où vient ce lambeau de recouvrement ? Est-il un témoin avancé, sorte
d'enfant perdu de 1a nappe des Schistes Lustrés de la Haute-Taren taise, de la
Haute-Maurienne, du Haut-Queyras? C’est l'hypothèse qui vient la pre-
mière à l'esprit. Ou bien vient-il d’une région plus externe des Alpes, et
est-il un témoin d'un repli en arrière, assez brusque pour être disharmo-
nique, de la nappe briançonnaise où nappe du Grand-Saint-Bernar d? Hy po
thèse moins simple, tectoniquement, que la première, mais qui va mieux
avec le semi-métamorphisme des assises charriées. Pour essayer de trancher
celle question, nous avons dù reprendre l'étude des Schistes Lustrés T
affleurent, accompagnés de roches vertes, au nord de la bande houillère de
Tarentaise.
En remontant la vallée du Versoyen de Bourg-Saint-\laurice à Bonneval-
1104 ACADÉMIE DES SCIENCES
les-Bains('), puis celle du Torrent des Glaciers de Bonneval aux Chapieux,
on voit se succéder, en série renversée, le Houiller, le Trias (cargneules),
puis un système de schistes liasiques comprenant l'assise des marbres du
Châtelard, enfin de nouveaux schistes liasiques (non métamorphiques)
renfermant une masse intrusive de roche verte (déterminée par lun de
nous, autrefois, comme mélaphyre recristallisé). Vers Bonneval, cette
série passe insensiblement à des Schistes Lustrés typiques, dont certains
bancs sont hautement métamorphiques, alternant avec des lits gréseux et
_microbréchiformes, et contenant, dans les environs des cols des Rousses
et de Brogfie, des amas de roches vertes. En continuant de monter vers
les Chapieux, on observe que les Schistes en question alternent avec de
gros bancs de breche poly génique à ciment cristallin et sériciteux et reposent
sur les marbres du Lias (type des Etroits du Ciex et de Villette); que
ceux-ci surmontent eux-mêmes le Trias; enfin que, sous le Trias, apparaît
en un point (Crey-Bettex ) le Houiller non métamorphique et indiscutable.
La série isoclinale que nous venons de décrire, manifestement formée par
les multiples replis de la couverture mésozoïque du Houiller, se prolonge :
d’une part, en Italie (Crammont, Grande-Golliaz, ete.), où M. Franchi y
a signalé des Bélemnites, en arrière de la zone Sion-Val-Ferret: d'autre
part, au Sud-Ouest, vers le mont Roignaix, Aime et la base ouest du
socle du mont Jovet, en arrière de la zone des Aiguilles d'Arves et de ses
brèches éogènes. : :
Le faciès métamorphique Schistes Lustrés existe donc, en France, sur le
bord nord de cette zone (°). Il s’y mélange avec un faciès semi-métamor-
phique qui rappelle celui des calcaires du mont Jovet, et avec le faciès non
mélamorphique du Lias, dans lequel alternent les schistes calcaires et les
brèches polygéniques; et il semble bien qu’il y ait, là, tous les passages
entre les trois faciès, par augmentation graduelle, parfois rapide, de la eris-
tallinité. Les Schistes Lustrés de Bonneval-les-Bains seraient, tout au moms
dans leur partieinférieure, une transformation latérale, par métamorphisme,
de ce Lias alpin à la fois schisteux et bréchiforme que l’un de nous a appelé
le type mixte du Jurassique intra-alpin; et la ressemblance de certains
d’entre eux aux calcaires du Jovet conduirait à penser que Potier et Marcel
C) W. Kizrax et C. Jacos, Comptes rendus, t. 154, 1912, p. 802 et 853. z ;
(2) Observation déjà faite par Marcel Bertrand (feuille Albertville de la Carte 3107
logique et Notice explicative de cette feuille, 1897). ee
f
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1105
Bertrand ont eu raison d’attribuer ces derniers au Lias. Mais rien ne
permet d'affirmer que l’âge des Schistes Lustrés de Bonneval soit exclusi-
vement liasique. Les brèches ('), qui forment des intercalations répétées
dans la partie haute de l’ensemble schisteux de Bonneval, rappellent beau-
coup les brèches à Nununulites de la zone des Aiguilles d'Arves ( Villar-
clément), sans qu’on y ait cependant trouvé, jusqu'ici, aucun fossile
tertiaire; par contre, celles de la base du complexe schisteux se relient
nettement aux brèches calcaires à Pélemnites du Lias (brèche du Télé--
graphe W. K). Il est donc possible que le sommet de la série des Schistes
Lustrés de Bonneval appartienne à l'Eogène. En tout cas, la présence de
nombreux bancs de brèche semble indiquer, dans cette région septen-
trionale de la Tarentaise, un faciès plus littoral et un régime de sédimenta-
tion plus troublé que dans les pays classiques de Schistes Lustrés. Si l’on
considère que, en Valais, les Schistes Lustrés apparaissent au sein des
nappes, plus extérieures encore, du Simplon, on demeurera convaincu du
non-parallélisme, dans les Alpes, des zones isopiques ct des unités tecto-
niques.
Mais revenons à la question de l’origine du lambeau de recouvrement du
mont Jovet. On n’observe. dans ce lambeau, aucune intercalation bréchi-
forme. Cette absence totale des brèches, alors qu’elles sont si nombreuses
dans la bande de Bonneval, suffit à rendre tout à fait invraisemblable
l'hypothèse d’une liaison tectonique entre le mont Jovet et le prolongement
Sud-Ouest de ladite bande. Le lambeau du Jovet ne vient ni du Nord-
Ouest, ni de l'Ouest; il n'appartient ni à un repli en arrière de la nappe
briançonnaise, ni à un semblable repli de la nappe des Aiguilles d’Arves.
Il faut done qu’il vienne de l'Est ou du Sud-Est; qu’il appartienne au pays
des Schistes Lustrés sous lequel s'enfonce, à l'Est, la nappe briançonnaise;
qu'il soit un témoin, charrié, d’une région un peu particulière de ce pays,
région où manquaient les brèches, où dominaient les calcaires et où le
métamorphisme était resté inachevé.
(1) W. Kikian et C. Jacos, doc. cit.
1106 ACADÉMIE DES SCIENCES.
-
SPECTROSCOPIE. — Tableau des raies de grande sensibilité des éléments,
destiné aux recherches analytiques. Note de M. A. DE GRamowr.
A la suite de travaux effectués pendant ces dernières années pour divers
Services ou Industries intéressant la Défense Nationale, il m’a été demandé
` de plusieurs côtés de donner communication des longueurs d'ondes des
raies de grande sensibilité, ou des raies ultimes des différents corps simples
dont la recherche m'avait été imposée. Bien que, pour plusieurs corps, la
spécification des raies ultimes soit encore incertaine ou incomplète, ou que
mes études n'aient porté que sur. une partie du spectre, j'ai cru de quelque
utilité de présenter ici les données déjà réunies. Elles pourront servir aux
recherches chimiques.
Ces raies ont été obtenues dans l’étincelle condensée, et y sont présentes
sans ou avec self-induction; elles ont été reconnues, aussi bien par l’analyse
directe sur les métaux, ies alliages et les minéraux edaten, que par la
méthode des sels alcalins en fusion avec les minéraux non conducteurs ou
les précipités pulvérulents. Ces raies se trouvent aussi parmi les plus fortes
de l’are, et beaucoup d’entre elles sont présentes dans le spectre du chalu-
meau oxyacétylénique qui, pour certains éléments placés dans sa flamme,
ne donne aucun spectre, ou bien un spectre de bandes seulement.
Les raies ultimes sont désignées ici par les symboles ,, u,, t, désignant
leur ordre de persistance, u, étant la dernière à disparaître.
Les raies les plus sensibles sont imprimées en caractères gras : 8961,5;
et celles dont la sensibilité vient immédiatement après, en caractères
elzévirs : 5465,5.
Les dispositifs électriques et les spectrographes employés ont été déjà
décrits ici dans une Communication sur le spectre du titane ('). On trou-
vera aussi, dans une Note antérieure (°), des observations sur les variations
de PEEN que peuvent présenter les raies ultimes en passant d’une
source lumineuse à une autre.
Les longueurs d'ondes du Tableau sont exprimées ici en unités
d’Angstrüm internationales.
(*) Comptes rendus, t. 166, 1918, p. 91.
(7) Comptes rendus. t. 159, 1914, p. 5. ;
'R Egge eN ed aanbsew (,) | ssənostaoad S1PIINS9T fjoyan umoo ne quomoapnos sprpni4 |F]
*SAHIOSIAON Sensa {9PNIJ, p SIMO usy [e] ‘opiqiısuəs apuvrif ap soea 1u SAUITJIN swa 1u JUPUUOP ON [z] *InƏmMme,] aed spipnio uoN |]]
‘nGGGLE LIL ZOST E) UE ZG8Z RAS RNA a a a PR se gEgE de Se ES tLSvbre ‘g‘cgrc +. unisousen
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SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1109
Un certain nombre de raies visibles, principalement celles dont les
longueurs d'ondes sont inférieures à 4800 (limite de sensibilité des plaques
ordinaires du commerce pour des raies d'intensité moyenne) ont été placées
dans la colonne « spectrographe crown uviol », parce que c'est avec cet
appareil que leur sensibilité photographique a été déterminée. Mais ces
raies bleues, indigo ou violettes peuvent être aussi d’une très grande
sensibilité pour l'œil, par exemple celles des éléments suivants : baryum,
cæsium, calcium, orome fer, gallium, indium, plomb, rubidium, stron-
tium, zinc, etc.
En ce qui concerne les terres rares, les déterminations de raies ont été
faites sur les silicates ou les niobates minéraux par le procédé des sels
fondus. Les oxydes précipités n’ont pas donné ae de résultats satis-
faisants avec ce dispositif.
La colonne « crown uviol » pourrait offrir un intérêt astronomique. Elle
ne comprend pas de raies de longueurs d'ondes inférieures à 3170.
Pour les éléments susceptibles de donner des spectres d’arc, et pour
lesquels aucune raie mest donnċe ici, on pourra, presque à coup sûr,
trouver des raies de grande sensibilité de l’étincelle en choisissant les-
plus fortes raies de l’arc dans les Tables d’Exner et Haschek, de Kayser,
ou dans les « Appendix of the Index of Spectra » de W. Marshall Watts.
Le Tableau donné ci-dessus est une simple présentation de l’état d’avan-
cement de récherches personnelles en cours qui me pérmettront de le com-
pléter et éventuellement de le rectifier.
(NAVIGATION. — Sur l'application du tube de Pitot
à la mesure de la vitesse des navires. Note de M. M. Lauseur.
Notre très regretté confrère M: Yves Delage a communiqué une inté-
ressante Note Sur l'application du tube de Pitot à la mesure de la vitesse des
navires, dans la séance du 11 octobre 1920.
M. Mesnager dans la séance du 18 octobre 1920 a indiqué deux appareils
basés sur le même principe, servant à la mesure des débits d’eau, et a conclu
que leur emploi paraissait difficile à la mer.
Je ferai remarquer que l’Académie des Sciences a déjà été saisie de la
question; on peut lire dans les Comptes rendus (séance du 18 novembre 1901 }
description d’un loch de MM. Raverot et Belly, destiné à la mesure de
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 23) 84
111) ACADÉMIE DES SCIENCES.
la vitesse des navires et basé sur l'emploi du tube de Pitot (Comptes
rendus, t. 133, p. 811).
Cet appareil a été effectivement construit et placé sur trois navires de
guerre de la Marine française : Le Pothuau, le Latouche-Tréville et le Cas-
sini.
J'aieu personnellement à l'installer sur le croiseur cuirassé Pothuau, et je
crois devoir ajouter quelques remarques à la Note de M. Yves Delage.
L'appareil décrit dans cette Note serait difficilement logeable sur un
navire, surtout sur un navire de guerre dont les fonds sont toujours très
encombrés; de plus, certaines parties de l'appareil paraissent d’un fonc- ;
tionnement délicat et amènent à penser que cet instrument est plutòt un
instrument de laboratoire; pour l'emploi à bord des navires il est nécessaire
d’avoir des appareils plus simples et plus robustes.
Le loch de MM. Raverot et Belly transmet des indications à distance au
moyen d’un système uniquement hydraulique et d’un réglage facile.
M. Yves Delage avait prévu une correction nr les variations de tirants
d’eau du navire, mais il y a d’autres causes d'erreur :
1° Les oscillations dues au roulis et au tangage affectent l'instrument. H
est nécessaire de prévoir, comme l'ont fait MM. Raverot et Belly, un dispo-
sitif amortisseur des indications manométriques.
2° La viscosité de leau. fait que le mouvement du navire à travers la
masse liquide entraine des molécules dans le sens de la marche.
Cet entrainement, très notable au voisinage de la carène et aux grandes
vitesses, va en diminuant à mesure que la vitesse diminue et à mesure que
les filets d’eau sont plus éloignés de la coque.
IL est donc nécessaire que l’orifice du tube de Pitot soit à une certaine
distance de la carène et que cette distance soit fixe au lieu d'être variable
comme le propose M. Yves Delage. f
3° Le mouvement du navire détermine à la surface de la mer une série
d'oscillations dites ondes satellites qui accompagnent la carène. On doit
distinguer parmi elles deux ondes solitaires : la vague d’étrave et la vague
‘étambot et entre celles-ci des vagues régulières, parallèles, de hauteurs
décroissantes, dites ondes d'oscillation transversale.
Il y a donc tout le long de la carène des crêtes et des creux. Les hauteurs
de ces crêtes et de ces creux sont plus ou moins grandes, suivant que la
vitesse du navire est plus ou moins élevée.
De plus, les crêtes et les creux n’occupent pas une position fixe par rapport
à la carène : cette position varie avec la vitesse.
Enfin, le tube de Pitot est affecté dans ses indications non pas seulement
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1111
par la hauteur des crêtes et des creux, mais par la vitesse des molécules
d’eau; les ondes d’oscillation ont en effet des propriétés analogues à celles
de la houle trochoïdale. La vitesse des molécules d’eau, par rapport au navire,
est augmentée aux crêtes et diminuée aux creux.
Sur le Pothuau l'instrument était placé exactement dans une crête, à la
vitesse réelle du navire de 19",5. L'appareil indiquait alors une hauteur
manométrique correspondant à 22,5. Il en était de même sur le Latouche-
Tréville et le Cassini.
Il est impossible de tenir compte de ces diverses causes d'erreur, dans
un loch basé sur le tube de Pitot.
La seule méthode est de faire courir le navire à différentes allures sur
une base mesurée, de déterminer les vitesses réelles du navire, de relever
pour chaque vitesse mesurée directement la dénivellation donnée par l'ap-
pareil et d’étalonner l'instrument d’après ces divers relevés, en formant
une table ou en traçant deux courbes qui donnent en regard des dénivella-
tions manométriques la vitesse réelle du navire.
C’est ce qui a été fait par MM. Raverot et Belly sur les trois navires pré-
cités ; ce système n'est évidemment pas théoriquement parfait en raison des
variations de tirants d’eau et d’assiette du navire, mais il donne des résultats
suffisamment approchés pour les besoins de la pre
M. M. Lauseur fait hommage à l'Académie d’une brochure intitulée :
Les sous-marins allemands.
PRÉSENTATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin. à la formation d'une liste
de candidats à la chaire d'Organisation technique du travail humain déclarée
vacante au Conservatoire national des Arts et Métiers.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du candidat à pré:
senter en première ligne, le nombre des votants étant 49,
M. J.-P. Langlois obtient. . . . . . . : 34 suffrages
M. Jules Amar ) Fair te À o
5 »
M. A. Magnan Vo a
Ilya 1 bulletin blanc. ;
M. J.-P. Laxerois sera désigné en première ligne.
1112 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Au deuxième tour de scrutin, destiné à la désignation du candidate à pré-
senter en seconde ligne, le nombre des votants étant 51;
M. A. Magnan obtient . . . . .. . . . 3o suffrages-
M. Jules Amar » ei de A0 »
M. Imbert » Bo... ee CU
Il y a 4 bulletins blancs.
M. A. Massas sera désigné en deuxième ligne.
Au troisième tour de scrutin, destiné à la désignation du candidat à pré-
senter, s’il y a lieu, en troisième ligne, le nombre des votants étant 42,
Il y a 21 bulletins blancs.
M. Jules Amar obtient. . . . . . . . . . 17 suffrages
M. Imbert D
T RERA à 4 »
_ En présence de ce résultat, M. le Président annonce qu'aucun candidat
ne sera présenté en troisième ligne.
En conséquence, la listé présentée à M. le Sous-Secrétaire d’État de
l’enseignement technique comprendra :
En prenuere hgne. .. |
En deuxième Done
+... M. d- P. Lanciois
. . M.A. Macway
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d’une liste
de deux candidats qui sera présentée à M. le Ministre de l’Instruction
publique pour la chaire de Géologie, actuellement vacante au Muséum
d'Histoire naturelle.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du candidat à prè-
senter en première ligne, le nombre de votants étant 45,
M. Paul Lemoine réunit l'unanimité des suffrages.
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du candidat à
présenter en seconde ligne, le nombre de votants étant 33,
M. René Chudeau réunit l'unanimité des suffrages.
En conséquence, la liste présentée à M. le Ministre de lInstrucuon
publique comprendra :
En première ligne... . . . . M. Paur Limonne
En seconde ligne... . . . . . . M. René Cuuneau
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. . 1113
CORRESPONDANCE.
MM. Eveèxe Burcor, E. Esczancox, Hesry Gauzr, P. Le Rorraxn
adressent des remerciments pour les distinctions se l’Académie a accordées
à leurs travaux.
M. le SecRÉraIRE PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance : |
1° ALBERT GARRIGUES, Les plantes en médecine. Le seigle et l'ergot. (Pré-
senté par M. P. Termier.) :
2° Louis Mexcaun, Recherches géologiques dans la région cantabrique.
(Présenté par M. H. Douvillé.)
3° Vice-amiral Araco, Deuxième contribution à l'étude ex périmentale de
la houle. (Présenté par M. E. Bertin.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les homologies de Poincaré.
Note de MM. Gusrave Dumas et J. Cuuar», présentée par M. Paul Appell.
Les homologies interviennent dès le début des recherches de Poincaré
sur l Analysis situs. Qu'est-ce qu’une homologie? Pourquoi les homologies
se combinent-elles comme des équations? Que correspond-il à une homo-
logie déduite d’une autre par division? Telles sont les questions, dont on
s’est déjà beaucoup préoccupé, et que les auteurs de cette Note cherchent
à élucider.
Les homologies jouissent des mêmes propriétés quel que soit le nombre
de dimensions des variétés’ auxquelles elles sont rattachées. Pour cette
raison, ce qui suit n’est énoncé que relativement à des surfaces polyédrales
de l’espace usuel.
Ces polyèdres sont, par hypothèse, fermés. Ils peuvent présenter des
lignes singulières. Ils sont de la nature de ceux que MM. Veblen et Alexan-
der ont considéré dans leur étude sur les variétés à N dimensions ('). Les
(1) O. Vesten and J. W. Arexaxper, Manifolds JA dimensions (Annals of Mathe-
matliks, seconde série, t. 14, p. 163).
{
1114 ACADÉMIE DES SCIENCES.
faces sont simplement connexes. Celles-ci, de même que les arêtes sont
supposées orientées d’après le procédé de ces savants et les équations intro-
duites par eux, en correspondance avec les Tableaux de Poincaré ('),
servent ici de base aux conclusions.
Appelons système d'équations A, le système linéairement indépendant
d'équations linéaires et homogènes que l’on peut faire correspondre à un
polyèdre I admettant æ sommets et 8 arêtes orientées. Ce système A ren-
ferme & —1 équations portant sur 3 inconnues. Les coefficients sont égaux
AO, +I1el —17.
A ce système À, faisons correspondre un Tableau B relatif à un système
complet de solutions entières. Chaque ligne de celui-ci correspond à une
solution; il y en a 8 — a +1. En ie ces différentes lignes, les unes
par C, les autres par T,, nous pouvons, si C représente une solution entière
quelconque, ro cette solution par une relation, dont le sens est
facile à saisir :
(1) D Ab) LiLt +. GT),
où À+5—68—x+1. Les coefficients #; et l; sont déterminés d’une
mänière unique dès que C est donnée. Ce sont des quantités en général
entières, fractionnaires le cas échéant.
D'un autre côté, à toute solution entière C cor respond sur Il un
fermé ou plus précisément un ensemble de circuits fermés. Chacun de ces
ensembles est déterminé d’une manière unique dès que C est donnée, si,
toutefois, on fait abstraction des contours nuls, autrement dit, des contours
ren à la solution identiquement nulle du système A.
La relation (1), par conséquent, représente non seulement une relation
entre des solutions entières du système A, mais aussi une relation entre les
circuits fermés correspondants de II. Ce aaas conduit aux proprié-
tés des circuits fermés de II.
Cela étant, en supposant que IT possède y faces, distinguons les deux cas
susceptibles de se présenter.
1° II est bilatéral. — Soit T le tableau de y lignes et B colonnes que
Poincaré fait correspondre aux arêtes et aux faces. Chacune des lignes de a
est solution entière du système A. On peut, à cause de cela, former un
Tableau B en prenant pour ses À premières lignes C,, + — 1 des lignes de T,
et, pour ses pọ dernières lignes T}, p = 8 — a — y + 2 solutions entières
a er de
(*) Porcaré, Second complément à l’A.S. (Proc. of the L. M. S., t. 32, p- 280.)
#
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1115
quelconques convenablement choisies. On peut même toujours obtenir,
condition que nous supposons réalisée ici, que le système ainsi formé
devienne fondamental, c'est-à-dire tel que C ne puisse, d’après (1), être
solution entière que si les coefficients K; et /; sont entiers.
On voit, en outre, à cause de la signification géométrique des EN que C
ne pourra limiter sur Il une ou plusieurs aires simplement connexes que si
tous les coefficients Z; sont égaux à zéro. On aura, dans ce cas, et, par défi-
nition, l’homologie
(2) Co,
ce qui signifie, d’après (1), que l’on a
(3) C= AG, + kC. H EN
Les +; étant entiers, le second membre de cette dernière égalité donne,
disons-le en passant, les aires effectivement limitées par la courbe C satis-
faisant à l’homologie (2).
En généralisant, si D,, D»; .... D, sont des circuits fermés ou des
ensembles de circuits fermés, tels que la somme des solutions qui leur cor-
respondent, multipliées respectivement par des entiers m, conduit à des
coefficients Z; tous égaux à zéro, on a
(4) m Di nu Dit -+m Devo.
On voit donc que, comme les congruences de l'arithmétique, les homo-
logies peuvent se combiner à la façon des équations habituelles.
On voit également que 5 +1 circuits fermés ou ensembles de circuits
fermés seront toujours liés par une homologie.
Une homologie, enfin, peut toujours, lorsque H est bilatéral, : être divisée
par un entier. Si, en elfet, d estun diviseur commun aux entiers m dans (4),
le premier membre de (4), après division par d, représentera encore un
circuit fermé ou un ensemble de circuits fermés limitant des aires simple-
ment connexes, puisque, ce premier membre étant envisagé comme solution
entière de (1), les coefficients k; qui lui correspondent ne peuvent ĉire, vu
la nature du Tableau adopté B, que des entiers.
2° JI est unilateral. — Dans ce cas, le plus grand diviseur élémentaire du
Tableau T (invariant ou coefficient de torsion chez Poincaré) se trouve tou-
jours égal à 2. On ne peut construire qu’un Tableau B dont le plus grand
diviseur élémentaire est aussi égal à 2. Il y aura, dans ce cas, inévitablement
des solutions entières données par la formule (1) avec certains des k; et l
1136 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fractionnaires et multiples de = On aura, en outre,
Ter et p=p—a—7y+1.
Tout ce qui précède, relativement aux homologies correspondant à H
bilatéral, subsiste encore, sauf que l’on ne peut plus effectuer toujours
des divisions par des entiers. L'homologie C ~o exige, en effet, que,
dans (1), non seulement les /; soient tous nuls, mais encore que les #; soient
tous entiers. Or, il arrive, qu’en corr Pa avec le premier membre
d'une homologie divisée par un entier, les coefficients #; ne puissent être
tous entiers.
Dernière remarque. — Si p on rapproche les deux définitions des nombres
-de Betti, celle de Betti lui-même et celle de Poincaré ('), on constate que
celle de Betti est difficile à conserver. Elle semble, en effet, impliquer ici,
IT étant unilatéral, la possibilité de toujours trouver 5 tous entières: T,
du système A, telles que toute autre solution entière soit encore exprimée
par (1), les #; et /; étant tous entiers.
Cela est la poaible. Des deux définitions, celle de Poincaré reste donc,
comme on le sait d'ailleurs, la seule qui se puisse adopter.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — L'équation de Laplace en coordonnées
hypertoroïdates, Note de M. Pierre Huuserr, présentée par
M. Appell.
L'identité, établie par M. Appell (°), entre les polynomes U,,, d Her-
mite et les fonctions hypersphériques fait soupçonner l'existence, entre les
fonctions à deux variables du type hypergéométrique et les problèmes du
potentiel dans l’espace à quatre dimensions, d’un lien semblable à celui
que l’on connaît entre les fonctions du même type à une variable et les
mêmes problèmes dans-l’espace à trois dimensions. J'ai montré depuis (°)
que l’on rencontre en effet des cas limites des fonctions F, et F, dans
l'expression du produit de Laplace relatif à certaines hypersurfaces (hyper-
cylindres sphérique et parabolique, hyperparaboloïde de révolution). Je
vais à présent indiquer une nouvelle relation du même genre, rattachant
0 nie Premier Complément à lA. S. (Rend. di Pal., t. t3, p. 286).
(°) Rend. Circ. mat. Palermo, 1915, p- 203.
(*) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 564, 832; 1, 174, 1920, p. 490.
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1Q20. 1117
les polynomes v,,, d'Hermite-Didon à l'équation de Laplace en coordon-
nées hypertoroïdales.
Le changement de variables
ushc e shg
À Re SR | nn mere 9
chg — cos y cho — cos
c shg : sinĝ
S ENE re ram
cho — cosh” — cho — cosh
où l’hypersurface c = const.,
(x? +. y? SEED + (AH + 3}=0
est aadi par la rotation autour de l'axe des ¿ d’un tore situé dans
l’espace des zyz, conduit à l'équation de Laplace
5 ————] o = 1 oV uv oN `
Hd er | du (es de re s
a à y]
de 1 ut vi dv Vi utay ou
+ cle aie | pe Si
ds | (cho — cos)? ds
+ sh?c(chs — cos y = cos 6)? z] 2t 0:
En cherchant des solutions de la ba ”
V= (cho — costy h AA FE(u;v),
4
nous serons aisément amenés à
pour f,, l'équation
prendre f,(0)= cosu, et nous aurons,
Œ f: dr. o
f Er ioar T RGD fe i,
do: dg TOS
À étant une constante arbitraire. Si l’on pose À = y(v — 1), cette équation
est celle que vérifie la fonction C},(ch5), en conservant la notation que
nous avons is employée récemment (')
Con sh cv cho).
dicho)”
C} étant le polynome de Gegenbauer. Il nous restera pour la fonction F,
(1) Compies rendus, t: ATA, 1920, p: 537. 7
1118 ACADÉMIE DES SCIENCES.
toutes réductions opérées, l'équation
ture ËF dF oF oF
Gea = a a Pueri my TT +y(y—1)F = 0.
Or, une solution de cette équation est le polynome ©,,, (4, ¢), où l’on
a m= n= y — 1, ainsi qu'on le constate à partir des équations vérifiées par
ce polynome et indiquées par Didon (‘'). Rappelons que ce polynome, cas
particulier de la fonction hypergéométrique F,, est défini par le dévelop-
pement
G—at— [Gear by) (a b) aw PET Van tr Onal y).
Le produit de Laplace en coordonnées hypertoroïdales est donc
V — (chg — cosô) cospOCEF"*t1(cho) 0, ,n(u, #).
Ce résultat serait aisément étendu à l’espace à n + 2 dimensions, si l’on
fait le changement de variables
i shg
i La = Un, iy
; de n eho — tosh
no shg
Fi ieber cord.
sin à
che —cos0”
sh
ai Via — à Lyme = —
; # cho — cosh :
on pourra mettre le produit de Laplace sous la forme
V = (cho — cos eos pi GH à HS (cho) On, m,m (Us Un ee) un):
, ’ , . r . . . . fi
© étant le polynome généralisé de Didon, et l'indice u — = figurant dans la
fonction de Gegenbauer pouvant cette fois être fractionnaire.
Si, en particulier, nous faisons z = 1, ce qui correspond à l’espace à trois
dimensions, nous devons irouver la loimi classique du produit de Laplace
en coordonnées toroïdales, définies par
shg cos 9 shg sino sinĝ
E em — LE ai à
cho — cos 9 y d cho — cos 9
l
tx
chg — cos
Mais dans ce cas la fonction ©,,(4) à une seule variable se réduit, comme
on sait, à sin [(m +1) arccosu|, et, en posant u = cos ?, nous trouvons
(*) Étude de certaines fonctions, ete. (Thèse de doctorat, Paris, 1868, p. 64).
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1119
alors
V = ch c — cos cosuÿ Py 1 (cho)sin(m +1)ọ,
ce qui est bien la formule connue ('), on voit de plus que c’est en tant que
généralisation de la fonction sin|[narccosx| que s’introduisent dans la
question les polynomes ©, ,. -
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Congruences de droites dont la surface
moyenne est une surface donnée. Note de M. Axer EexeLL, présentée
par M. G. Kœnigs.
Considérons une surface S quelconque; je me propose de déterminer
toutes les congruences de droites ayant pour surface moyenne la surface S.
Soit L un vecteur-unité, fonction de point, parallèle en chaque point de
l’espace à la droite de la congruence qui passe par cé point. La surface S
sera la surface moyenne de la congruence, si, en chaque point de la surface,
le vecteur L satisfait à la condition
(1) div L =o.
En chaque point ð de la surface nous pouvons définir de la façon sui-
vante trois vecteurs-unité M, U, V, formant un système triréctangle : le
vecteur M est parallèle à la normale X de la surface, le vecteur U parallèle
à la projection de la droite D de la congruence qui passe par I sur le plan
tangent à la surface et le vecteur V parallèle à la perpendiculaire commune
à et à D. Les vecteurs U et V déterminent sur la surface deux familles de
courbes C, et C, : les courbes C, sont les enveloppes des projections des
droites D sur les plans tangents à la surface; les courbes C, sont les trajec-
toires orthogonales des droites de la congruence. En désignant par À l'angle
que la droite D forme avec la normale %, on peut exprimer le vecteur L
Comme suit :
(2) L =M cost + U sin/.
La condition (1) P la forme
— —10L
3
ELO)
= ôL i
pan = 0 (*}:
OV
à . , HR P À
(1) CF. Warrraker et Watson, Modern Analysis, 2° édition, p. 394.
(?) Pour la signification des notations, voir ma Thèse : Géométrie in finttésimale
vectorielle.
1120 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le vecteur L étant constant le long de la droite D, on déduit de la
relation (2)
òL dL . — JL = 01
-- = tane? À es
EST 10 Mo ns AU
La condition (3) peut donc s’écrire :
oh Hole
en 2 SA a à.
s TS N 2 oÙ
Substituons dans cette nee la valeur (2) de L. Il vient
Ta 5 eo
T ea + E + cost} = AN = s=
01O) Ù
ou bien
ÖA — OV
(4) <— + sin? 2AM a cos À 50 rm De
oÙ
3 désignant la courbure moyenne de la surface.
En désignant par o, Le rayon de courbure des courbes C,, par w, l'angle
que leur normale principale forme avec la normale à la surface, par s, l'arc
de la courbe C,, on peut écrire l’équation (4) comme suil :
(5) D sin À sin À(À — wv) Ry
dx po
On peut remarquer que cette équation ne contient que la dérivée de À
par rapport à une seule des variables indépendantes u et qui définissent
les courbes C, et C,. En outre, si l’on pose
Lang à = O,
l'équation (5) prend la forme d’une équation de Riccati, ce qui permet les
conclusions habituelles concernant la constance du rapport anharmonique
de quatre solutions et les facilités d'intégration qu’apporte la connaissance
d’une ou de plusieurs solutions particulières.
L'équation (5) conduit au résultat suivant : pour déterminer une
congruence de droites ayant pour surface moyenne la surface S, on peut
choisir arbitrairement une famille de courbes C, qui seront les trajectoires
orthogonales de la congruence, puis faire varier arbitrairement le long
d’une de ces courbes C,, l'inclinaison de la droite D. Sur les courbes C,,
trajectoires orthogonales de la famille C,, l'angle À se trouve alors complè-
tement déterminé par l'équation (5).
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1121
Pour certaines surfaces particulières, on peut intégrer, cette équation à
l’aide d’un choix judicieux des trajectoires orthogonales C,. Ainsi, sur une
surface minima, on peut choisir comme trajectoires orthogonales l’une des
familles de lignes asymptotiques «t,. L’angle À se trouve alors défini par
l'équation
dS y
lang = apes Pr,
5, étant une fonction qui reste constante sur chacune des courbes de la
seconde famille de lignes asymptotiques 4,. En particulier, si la surface S
est un plan, cette formule est valable quelle que soit la famille de courbes C..
Au cas où S est une surface réglée, on peut choisir comme trajectoires
orthogonales les génératrices rectilignes de la surface, et l'angle À se trouve
alors défini comme suit
=a h
I Fe . . Q r
— désignant la courbure normale des trajectoires orthogonales des génc-
u j ;
ratrices. Dans le cas du plan ou de l’hélicoïde à plan directeur on trouve
simplement
AS,
et À reste constant le long de chacune des trajectoires orthogonales des
génératrices rectilignes.
Si sur une surface quelconque on choisit comme trajectoires orthogonales
des droites de la congruence une famille de lignes géodésiques, l’équa-
tion (5) prend la forme
5 où cos A iro
On pourra intégrer cette équation si le rapport des rayons de courbure 7,
et r, reste constant le long des courbes C,, trajectoires orthogonales des
géodésiques. Ce sera le cas si, sur une surface de révolution, on choisit les
méridiens comme trajectoires orthogonales des droites de la congruence.
On pourra ainsi exprimer À en fonction de l’arc des parallèles. Il existe, en
particulier, deux congruences, symétriques l’une de l'autre, pour lesquelles
À reste constant le long de chaque parallèle. On les obtient en posant
Si l’on désigne par 8 l'angle que les directions asy ho de la surface i
Le avec les parallèles, on trouve ainsi
cok =E tang£.
1122 ACADÉMIE DES SCIENCES.
RÉSISTANCE DES MATÉRIAUX. — Calcul des ponts circulaires, à une seule
travée, comportant deux ‘contreventements et des entretoisements transver--
saux sur leurs appuis seulement. Note de M. BERTRAND pE FONTYVIOLANT.
Nous avons donné précédemment (') la méthode de calcul des ponts cir-
culaires, à une seule travée et à travées continues, comportant un seul.con-
treventement et des entretoisements transversaux dans toute leur longueur.
Or on peut, sans nuire à la stabilité de la construction, supprimer les entre-
toisements transversaux, sauf toutefois ceux sur appuis, à condition de
munir le pont d’un second contreventement. La présente Note concerne les
ponts de ce nouveau type; la répartition des efforts y est tout autre que
dans les ponts du premier type.
Nous conservons ici les notations adoptées dans nos Communications
antérieures.
Les forces élastiques, dans une section transversale quelconque du pont,
sont réductibles, pour la poutre de rayon 7’, à un effort tranchant Tet à un
couple de flexion M'; pour la poutre de rayon z”, à un effort tranchant T”
et à un couple de flexion M”; pour le contreventement supérieur, à un effort
tranchant H; et, pour le contreventemént inférieur, à un effort tranchant H’.
L'ensemble de ces éléments de réduction formant un système équivalent
aux forces extérieures REA sur la partie du pont située à gauche de la
section considérée, on a
(1) W- H MOMIN,
M désignant le moment de flexion du pont. |
Pour simplifier, nous introduisons l’inconnue auxiliaire S définie par la
relation
(2) Si Mr M:
et que nous appelons moment composé. On a, par suite,
(3) M=i(s-u2), = (uts).
a a. ar r
Les actions exercées par les barres de l’un ou l’autre des deux contreven-
temenis, sur l’une ou l’autre des deux poutres, sont décomposables, dans le
plan da contreventement considéré, en une action tangentielle et une action
C ) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 36 et 796.
SÉANCE DU Ô DÉCEMBRE 1920. 1123
normale au cercle d’intersection de ce plan avec la surface cylindrique de
la poutre considérée. Pour pouvoir traiter analytiquement la question, nous
remplaçons, par approximation, les barres du contreventement, lesquelles
sont toujours nombreuses, par une infinité de barres infiniment voisines, de
sorte que les actions susdites deviennent des actions continues.
Soient, rapportéss, en chaque point, à l'unité de longueur de la ligne
médiane du pont :
p, une charge continue, constante ou variable, distribuée sur le pont sui-
vant une ligne quelconque, dont les points sont situés à une distance 5,
constante ou variable, du centre de la ligne médiane du pont;
l' ett”, les actions tangentielles exercées par le contreventement supérieur,
respectivement sur la poutre de rayon 7” et sur la poutre de rayon 7”,
actions comptées positivement dans le sens de droite à gauche;
u' et u”, les actions normales exercées par ce même contreventement, res-
ARE sur les deux mêmes poutres, actions comptées positivement
dans le sens centripète;
lit, u’, u”, les actions similaires exercées par le contreventement inférieur,
sur les deux poutres.
Nous formons les relations exprimant l'é equilibre : : 1° d’une tranche de
chacun des deux contreventements, comprise entre deux sections trans-
versales quelconques du pont, d’abscisses angulaires w et w + dw; 2° d’une
tranche de chacune de ces deux poutres, comprise entre ces deux sections.
De ces relations, et de celles (1) et (2), nous déduisons, par des élimma-
tions et des différentiations appropriées, les équations suivantes :
r" ? i
es E a Ea aH
| t H Ppt H, E= f em;
4) j m jii
| u' -u 2 TE ui — T
son pr br
(5 dt ; M
4 A Fees de
7. dM' Fi. e p.
e 1 ns me Feen or,
{0) z Er n° Fr: pre à
> LU
(7) 9 F Í +M=— prp,
dw?
à LPS ee reo
$ 2S ooo ar)
{( ) do? magr P { r r?
‘équation (8) conduit à la proposition suivante :
Tnéorème 1. — Quelles que soient les charges appliquées sur un pont circu-
1124 ACADÉMIE DES SCIENCES,
laire, de portée curviligne l, comportant deux contreventements et des entretoi-
sements transversaux sur ses appuis seulement, quelles que soient les distances p
de ces charges au centre de la ligne médiane du pont, le moment composé S,
en une seclion transversale quelconque, d'abscisse curviligne s, est égal au
moment de flexion produit dans la section, d’abscisse s, d’une poutre droite, de
portée l, Re sur am appuis simples, par les mêmes cliarges affectées chacune
EF
du coefficient © A vo appliquées de façon que leurs abscisses sur celle
poutre soient sole à leurs abscisses curvilignes sur le pont.
L’équation (7) a déjà été trouvée dans le cas des ponts comportant un-
seul contreventement et des entretoisements transversaux dans toute leur
longueur; au lieu de l'intégrer, il est plus simple, ainsi qu'il a été indiqué
précédemment, de caleater le moment de flexion du pont M, par applica-
tion directe de sa définition.
Les équations (5) et (6) laissent indéterminés les efforts tranchants dans
les contreventements et dans les poutres. Cette indétermination se lève en
exprimant, au moyen de l'équation générale de l’élasticité, que, dans sa
déformation élastique, le pont est astreint à rester en contact avec ses
quatre appuis, ce qui conduit à la nouvelle relation très simple
y
(9) 3 I H do = o;
laquelle, avec les relations (5) et (6), permet d'établir la propriété remar-
quable que voici :
Tuéorèue H. — Dans les poutres d’un pont circulaire comportant deux contre-
ventements et des entreloisements transversaux sur ses appuis seulement,
quelle que soit la distribution des charges, les efforts tranchants T’ et T” dans
les deux poutres ont les mêmes valeurs que si ce pont était droit.
Enfin, des relations (1) et (6) on tire
(ro). a H=—H=; [Se — (T +T].
En résumé, pour calculer un pont circulaire du type considéré ici, ON
déterminera :
1° M. par application directe de sa nee A s'ensuivra; -~
2° S, par application du théorème 1;
3° M’ et M”, par les formules (3); à
4° T et T”, par application du théorème Il;
5e H et H”; par la formule (10);
T E a T Me par les formules (4).
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1125
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil, faites à l'Obser-
vatoire de Lyon, pendant le deuxième trimestre de 1920 (‘). Note de
M. J. GuizraAumE, transmise par M. B. Baillaud.
Il y a eu 8r jours d'observation dans cè trimestre et les principaux faits
qu'on en déduit se résument ainsi :
Taches. — Le nombre des groupes de taches est resté sensiblement le même (49 au
lieu de 50) (2), mais l'aire totale a diminué d'environ les trois cinquièmes, avec 2083 mil-
lionièmes au lieu de 5303.
La comparaison de leur répartition de part et d’autre de l'équateur accuse une
diminution de 11 groupes au Sud (17 au lieu de 28), et une augmentation de 10 groupes
au Nord (32 au lieu de 22).
Une tache à —7° de latitude, dont le passageau méridien central a eu lieu le 17,1 avril,
a pu se voir à l'œil nu. Par contre, les premiers jours sans tache de la période
actuelle de déclin de ces phénomènes se sont présentés également au mois d'avril :
les 9 et 24. Le 16 mai, il n’y avait qu’une très petite tache sur le disque du Soleil.
Antérieurement, le dernier jour où le Soleil s’est montré immaculé remonte au
27 août 1916.
Enfin, la latitude moyenne de l’ensemble des taches a peu varié : on a, en effet,
—10°,0 au lieu de —10°,9 et + 10°,7 au lieu de + 10°,3.
Régions d'activité. — On a noté un nombre de groupes de facules plus élevé de
moitié, environ, que dans le trimestre précédent, avec 192 au lieu de 109, mais la
surface Lotale de leur ensemble n’a pas été notablement supérieure, étant de 125 à mil-
lièmes au lieu de 122,5.
L'examen de leur répartition montre une a aain insolite de petits groupés (15)
au dessus de — 4o° de latitude, et, au total, on a 83 groupes au lieu de 56 au sud de
l'équateur ; au nord on a enregistré un seul groupe au-dessus de + 40°, et, au total,
69 groupes au lieu de 53.
Tasteau I. — Taches.
Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes. Surfaces Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes. estime
extrêmes d'obser- au mér, — - moyennes extrêmes d'obser- au mér, ~ moyennes
d'observ. vations. central. S. N. éduites. d'obsery. vations, central. S. N. éduites,
Avril 1920. — 0,00, Avril (suite). — 0,00.
29-30 2 6,9. + 9 7 13-23 7 18,9 — 5 30
Et G Da +III 4 3a 2 23,9. +13 2
lra e O o 3 igei 1:13 a5 45 8
6- 8 3 9:7 + 4 3 27- 1 5 30:2 +14 16
+12 9 11; o 6 TETT SE
Ÿ á 2 Ls7 on pal ; 27]. es 8,7 + 8°,0
pa n o i =a 486
(1) ME Gauthier a continué avec zèle sa participation aux observations.
(*) Voir Comptes rendus, t. 171, 192%, p. 496.
C. R:, 1926, 2° Semestre. (T. 171, N° 28.) 85
1126 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nombre Pass. Latitudes moyennes Surfaces. Dates Nombre Pass. Latitudes moyennes. Surfaces
extrêmes d’obser- au mer. mm ~- moyennes extrêmes d’obser- au mèr, = moyennes
d’observ, vations. central. S. N. réduites. d'observ, vations. central, S. N. réduites.
Mai. — 0,00. Mai (suite).
2e 23 Eo #10 75 4 1-68 +4 2
1- 3 3 3,7 —16 5 S PRE ES 8 eut
JG Å 3,7 rt ñ 29]. i ==10 0 +H 30
2- 4 3 557 +14 8 Juin. — 0,00.
E # = ;
ri z AH b +3 3 Jo-1r: -13 5,9 415 2:294
2-11 IÔ pooni 35 ~
fase 3 4 4 pes 2 5 4 :9 ae 8
2 en ia 8 Aa r i+ 6 3 10,0 —12 6
3-1: 9,5 —
5 N > Sa x che Teil IT CLIS +14 180
K ji : 8- 9 +4 115 +22 6
8-15 8: E : — 5 19 = 8 i
w j 4 Aa, 7: 12,9 -a 29
F5 I 14,6 —13 4 £ : g
9-17 dE +18 21 9719 MR ms
er ; ? P pir 12 I 17,2 +10 13
á gi 1” yi
= 4? 2 / 20-21 Ao AgI +8 Á
32-23 RE y F + 9 6 See LÉ
TES E a ie 15-25 II 20,9 —10 45
Los FX ) 29 } *
TE PAS re 19 17297. IL 29,3, — 8 68
26-28 3-:23,8 + 4 “at 3 z 2
wI e a is 33 im re
nd 3 6.6 PL 3 23-28 6 24,2 —20 34
LA Ar (amd 9 H we ’
da à T3 Rs —- $ A ne iS mai LE
AT LCR te E U T ri
o A 3 z 23 PU 3 6
3- À 2 JF, à + 9 4 sine ape
27- 6 TTS +15 31 29 j- —9°,7 +12°,2
Tagceau Il. — Distribution des taches en latitude.
|. Sud. Nord. Surfaces
M > <" ————— Jotaux totales
1920. 90°. 40°, 30°, 20°. 10°. 0°. Somme. Somme. 0°. 10°, 20°. 30°. 40°. 20°. mensuels. réduites.
Avr ess Ne » I > 3 7 o3 po » 10 565
M unie à + » - MARNE + 8 15 g6 RER a 43 690
LT OR RO Mt » 2 4 6 10 Sch ts » 16 828
M ES E Sa En Eu ass tt dut Fu ue nine ETETE
Totaux + Di.» 1.10 | 19 dY F7. 150 24 » 49 2083
TaBceau II. — Distribution des facules en latitude.
Sud, Nord. Surfaces
is i ~- « 2m + 2 2% om Totaux - totales
1820. 90°. 40°, 30°. 20°. 10°. 0°. Somme. Somme. di 108-1407 207 407, 00" mensuels. réduites.
z EE Du
. 2
Av rG IL 7 26 20 e g 1: l 3 46 30,2
Maic- ND 3:10 10 ot. 4 p BE Po 5 55 42,7
pd ~ i a» > Z
Jaa is S 0 26 25 a k5 So o 5 43,5
Totaux... i 1 Ta 27 2 83 69 37:29 o Lo 152 125,4
mee oea teon aeae a a ” sb sniper D a ueq opinion arm ram rame mr md em A E EE md
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1127
ASTRONOMIE. — Sur une relation entre l'éclatrement de la Lune éclipsée
et l'activité solaire, Note (') de M. A. Danson, présentée par M. Baillaud.
Dès l’antiquité, on a remarqué que la Lune restait faiblement visible
dans son passage à travers l'ombre ne de la Terre. On sait,
depuis Képler, que la lumière qui l’éclaire alors s’est réfractée dans l’atmo-
sphère terrestre.
Je me propose de montrer dans la présente Note l’existence d’une rela-
tion entre la luminosité de la Lune éclipsée et la phase de l’activité solaire
au moment de l’éclipse. Cette relation s'énonce ainsi :
1° Dans les deux années qui suivent un minimum d'activité solaire, l'ombre
de la Terre est très sombre, grise ou peu colorée ;
2° Ensuite, à mesure que l'on s'éloigne du minimum, la Lune reste, au cours
des éclipses, de plus en plus éclairée, et sa coloration est de plus en plus rouge:
Dans les trois ou quatre années qui précèdent le nunimum suivant, la Lune éclipsée
se montre très fortement éclairée, en rouge cuivre ou orange.
Le passage par un maximum d'activité solaire n’est signalé par aucune
particularité. Au contraire, le passage par un minimum est signalé, dans la
suite des éclipses de Lune, par une diminution considérable et brusque de
luminosité, ayant le caractère d’une discontinuité.
Pour établir cette loi, j'ai dù, en l'absence de toute mesure photométrique, établir
une échelle arbitraire de luminosité, chaque éclipse recevant un coefficient d'éclat
relatif, d'après la description laissée par les observateurs. Je n'insiste pas ici sur les
difficultés, parfois insurmontables, rencontrées dans l'interprétation des textes ; après
une étude critique approfondie, j'ai formé un catalogue d'environ 150 éclipses dont
la description physique précise a été conservée, et dont les plus anciennes remontent
à Tycho Brahé.
Voici la signification des coefficients d'éclat, allant de 0 à 4, et constituant ‘’èchelle
de luminosité : '
0. — Éclipse très sombre, Lune à peu près invisible, surtout au milieu de la
totalité.
4. — Éclipse sombre, grise ou brunâtre; détails lunaires difficiles à discerner.
2. — Éclipse rouge sombre ou roussâtre, avec, le plus souvent, une tache très
Sombre au centre de ombre; zone extérieure assez claire.
a, — Éclipse roûge briqués ombre souvent bordée d'une zone grise ou jaune assez
claire,
k, — Éclipse rouge cuivre ou-vrange, très ne zone extérieure. très drone
bleuätre. i ra ad
tn « -
En portant en n la date de ii cite en , ordonnée son coeffi-
(*) Séance du 29 novembre 1920. Si s
1128 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cient d'éclat, on obtient en joignant les points une courbe en dents de scie,
mettant en évidence de la manière la plus frappante la relation énoncée
plus haut. La courbe s'élève d’un minimum solaire au suivant, avec une
chute brusque à chaque minimum. Faute de place, je ne donne ici que les
résultats moyens correspondant à deux intervalles : le premier comprend
4 périodes solaires, de 1823 à 1867; le second s'étend sur plus de
4 périodes, de 1867 à 1920. Les minima solaires antérieurs à 1823 ne sont
pas connus avec assez de certitude pour qu’on puisse les utiliser dans
l'établissement d’une loi. Mais, bien entendu, la même périodicité undé-
cennale se retrouve pour les éclipses anciennes, qui feront l’objet d’une
Communication ultérieure.
4
Eclat relatif:
1823 - 1867 1867-1920
0 - 0
ga za ga 62 82 jja ~ Aa ża ga ga ga JZ
min min min mir
Phase Sol.
Courbes moyennes de luminosité des éclipses de Lune en fonction. de la phase d'activité solaire.
Intervalle 1823-1867, intervalle 1865-1920,
Le Tableau ci-dessous donne l'éclat moyen des éclipses dont la phase
solaire, comptée à partir des minima, est comprise entre les limites inscrites
dans la première ligne. La ligne n donne le nombre des éclipses entrant
dans chaque moyenne. On remarquera l'identité d'allure des courbes
relatives aux deux intervalles, ce qui écarte toute idée d’une rencontre
fortuite.
Phase solaire :
nt è
0-2an5, 2-4ans. 4-Gans. 6-8ans. 8-11ans.
1823 à 1867. Éclat moyen..... 1,2 2,2 2,7 3,9 2,3
ni: neice D 9 A 11
) : 3 di 3,
1867 à 1920. Fe MOVE. ,:,. 1,0 2,3 2,5 2,9 4
$ a EET ESE A 8 9 6 4 12
Moyenne générale..., 1,1 . 2,2 2,6 3
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1129
Le nombre total des éclipses utilisées est de 70. Trois éclipses ont été exceptées des
moyennes, celles des 4 octobre 1884, 30 mars et 24 septembre 1884, d'éclats relatifs
o ou r. D’après la pika solaire correspondante, ces éclipses auraient dù être claires.
Or, elles ont été sombres, et leur caractère anormal est encore accusé par ce fait
qu'elles ont été précédées, dans la même période solaire, d'éclipses notablement plus
lumineuses. Cette opacité singulière du cône d'ombre avait été remarquée à l'époque,
-et rapprochée des lueurs crépusculaires consécutives à l’éruption du Krakatoa.
L'importance de cette remarque apparaîtra lorsque j'aborderai l'interprétation de la
loi de luminosité que j'énonce dans la présente Communication,
PHYSIQUE. — Manometre à mercure tnversable à oscillations amorties.
Note (') de M. Pierre Mesar.
Le manomètre à mercure que j'ai l'honneur de présenter à l’Académie a
les deux avantages d'être à la fois inversable et à oscillations amorties.
Le dessin ci-après fera comprendre aisément la disposition de l'appareil.
Un tube en verre T recourbé est surmonté, à chacune de ses extrémités,
par une ampoule réservoir A et A’. L’ampoule A forme cuvette et contient
le mercure sur la nappe duquel s’exercera la pression, l'ascension du mer-
cure se faisant dans la branche ascendante du tube T.
Chaque ampoule A et A’ est traversée à son sommet par un ajutage ou
tube de verre C faisant communiquer chaque réservoir avec l'air libre. Le
tube de verre C pénètre jusqu'au milieu de l’ampoule en se recourbant sur
lui-même sous forme de crochet se terminant par un orifice rétréci O. On
conçoit que par ce dispositif le mercure ne puisse s'échapper de l'appareil.
Lorsque le tube T est renversé, le mercure va se loger dans le fond des
réservoirs À ou A’, lorsqu'il est incliné, le mercure reste dans les bas-
côtés; dans aucun cas, le mercure ne peut affleurer l’orifice O, qui commu-
nique avec l'extérieur.
Le dispositif d'ajutage en verre avec orifice rétrėci évite les à à-coups de
pression et joue le rôle d’amortisseur, le mercure ne s'élevant ainsi dans la -
branche T que lentement et progressivement, les oscillations de la colonne
de mercure se trouvent presque supprimées.
Ce manomètre peut être utilisé pour mesurer toutes les pressions basses,
Le mercure, dans certains cas, peut être remplacé avec avantage par un
liquide moins dense (eau, alcool, ..).
(+) Séance du 22 novembre 1920.
1130 ACADÉMIE DES SCIENCES.
eE],
1 paun
MATHIEU je
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1131
MÉTROLOGIE. — Methode inter férentrelle pour la détermination des étalons
en quartz. Note de M. Arsewr Pérarp, présentée par M. J. Violle.
Un premier contrôle de la fixité de Unité métrique ayant été obtenu par
la mesure du rapport des longueurs d'onde fondamentales à cette unité,
le Comité international des Poids et Mesures a voulu se prémunir encore
contre les possibilités d’une variation ultérieure de ce rapport, et, pour cela,
constituer un troisième terme de comparaison par l'établissement et la
détermination d’étalons en quartz cristallisé, substance offrant toute garantie
de stabilité et d’inaltérabilité.
Ces étalons, construits par M. Jobin en 1909, sont constitués par des
prismes, à section carrée, de 25"" de côté, taillés dans Je quartz parallèle-
ment à l'axe cristallographique, et terminés par des faces polies, planes et
parallèles.
La méthode de mesure à employer devait éviter toute argenture des
faces de l’étalon, comme étant de nature à porter atteinte à FACE de
ces surfaces, Dirk une première méthode, déjà mise en œuvre, j'ai utilisé
l'appareil Michelson légèrement modifié. Le miroir semi-argenté S (fig. 1)
i
t
n 1
NS
Ke
i
CRE S
Sear A WR
i
1
|
PE
}
Fig: x > Fig. 2.
subdivise le faisceau incident I en deux parties dont l’une, réfléchie, va
frapper le miroir M et au retour traverse partiellement S, tandis que l’autre,
transmise, va tomber sur le miroir R (plan de référence) après réflexion
accessoire sur N, et au retour se réfléchit partiellement sur S. En se rejoi-
gnant dans la lunette d’observation L, les deux parties du faisceau inter-
fèrent ; et, pour se rendre compte des phénomènes qui prennent naissance,
il est étude de considérer les positions relatives du miroir M et de
l’image R’ du miroir R par rapport à la glace semi-argentée S.
-1132 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L’étalon E est placé devant le miroir M sur un support spécial, de façon
à couvrir la région centrale de ce miroir, et réglé au parallélisme avec lui;
M et R” sont également réglés au parallélisme. Le miroir R et l’étalon sont
munis de points de repère qui se correspondent ( fig. 2). Un mécanisme de
déplacement du faisceau lumineux à grande amplitude F,F,, constitué par
deux systèmes de petits miroirs parallèles, permet de diriger le faisceau et,
en même temps, la visée de la lunette, soit sur le bord des miroirs en dehors
de l’étalon, aux points de repère g, h, par exemple (fig. 2), soit dans la
région centrale des miroirs en un point choisi (s, par éxemple, milieu de gA)
de l’étalon à étudier, de sorte que le faisceau réfléchi par M traverse deux
fois le quartz. Dans le premier cas, les ordres d’interférence P, et P, des
deux parties du faisceau, pour les rayons normaux aux surfaces, sont tels
que
(1) PA =D (en posant P= = Pet 3 Pa) ECD
où À, est la longueur d'onde de la radiation employée dans les conditions
atmosphériques de l'observation, et D la distance de l'image R’ à M, au
point s. Dans le second cas, l’ordre d’interférence sera P; ii. que
(2) Le Lune
n’ étant l'indice relatif du quartz par rapport à l'air ambiant et e l’épaisseur
cherchée de l'étalon.
Dans une deuxième expérience encadrant la première, des écrans c, etc,
sont interposés l’un devant le miroir R, l’autre entre le miroir M et l’éta-
lon E. En l'absence de toute surface argentée, les interférences se produisent
seulement entre les deux faces parallèles du quartz, et l’ordre d’interférence
au point s est P°, tel que
(3) PA ue,
Si l’on peut déterminer les ordres P, P’, P”, on a trois équations à trois
inconnues D, n’, e. En réalité, on abar dans la lunette micrométrique L
les anneaux à Fara dont le diamètre angulaire 2č permet seulement de
calculer les excédents fractionnaires au centre r, 7 et z” des P, P’ et P”
(1) En fait, comme la planitude des surfaces de l'appareil Michelson n’est pas irré-
prochable, j'ai déterminé la correction £ en s, telle que P, = — P, - = Pet ge, par des
expériences préalables exécutées sans interposition dé étalon. à étudier,
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1:33"
(K partie entière, r partie décimale P = K + r) par les formules
LE i? r` EE
Ter, r= — Dé 1— — j r! = i" es
À À n n'à
où des valeurs grossièrement approchées des quantités D, n’, e suffisent.
La méthode des coïncidences, appliquée à lexpérience (1), permet de
retrouver, par l'observation de plusieurs radiations différentes, lesentiersK,
connaissant les excédents r; mais les rapports des indices de ces radiations
n'étaient tout d'abord pas assez exactement connus pour appliquer le même
procédé aux expériences (2) et (3); pour les premières mesures exécutées
sur un quartz de 10% j'ai dù, tout d’abord, passer outre à la détermination
de n’, et appliquer la méthode des coïncidences à la différence
popaiDre
re
par l’emploi des différences r'— 7” des excédents fractionnaires d’une même
radiation. Toutefois, la mesure ultérieure d’une pièce plus mince (2"") a
suffi comme intermédiaire pour le calcul, en deux approximations, des
longueurs d'onde dans le quartz, c’est-à-dire des indices.
Actuellement, deux étalons ont été chacun l’objet de plusieurs déterminations ; la
concordance des résultats obtenus est de l'ordre du centième de micron, D'autre part,
les valeurs trouvées sur l'indice absolu du quartz, ramenées à la température moyenne
des expériences, ont été les suivantes pour les diverses radiations :
Indice moyen (rayon ordinaire ).
ns,
Longueur d'onde Etalon de 2" . i Etalon de 10%
À. à11°,06. à 16°,96.
my ;
Pea E EEE a 1,55469 1,554599
an r a diode i 1,54716 1,547084
9700990: sin E À 1,549578 I , 545692
279,007... A pou “es oi) ss 1,94570 1,545605
ST r PT à - Re i 1,54944 1,9495354
aee a a PC a rs 1,545236
DD DD E eds 1,54508 1,544990
600,6163.. Fa ie 1,54452
1134 ACADÉMIE DES SCIENCES,
PHYSIQUE. — Sur les larges régions continues d'absorption de la lumiere.
Note de M. G. Risaup, présentée par M. J. Violle,
Nous avons montré (') que les gaz possèdent deux catégories d'absorption
(raies fines et larges régions continues) n'ayant aucnn caractère commun.
Dans le cas des raies fines, la théorie cinétique de l'absorption semble en tous
points applicable. En revanche, pour les régions continues d'absorption, il
s'agit d'un phénomène aeae sur lequel les molécules voisines influent
très peu et dont le mécanisme doit être recherché au sein de la molécule
absorbante. Ces larges régions continues ne sé différencient en rien de celles
que l’on rencontre dans les liquides et les solides.
La théorie électromagnétique classique fournit des indications sur la
forme de ces courbes he ; mais aucune théorie, même approchée,
n’a été donnée jusqu'ici précisant l’origine de cette absorption. Les seules
lois expérimentales connues sont les suivantes.
Si l’on considère les différentes bandes d'absorption d'un même corps,
les fréquences de maximums de ces bandes semblent être des multiples
entiers d’une même fréquence infra-rouge (°).
En outre, les trois états physiques (vapeur, liquide, solide) d’un même
corps possèdent, en général, une bande d’ absorption dont le maximum est
situé dans Ja même région du spectre; ce maximum est d'autant plus déplacé
vers les grandes longueurs d'onde que le corps est plus dense, Dans le cas
des solutions d’un même corps, la loi énoncée par Kundt (le déplacement
vers les grandes longueurs d'onde ‘est d’autant plus grand que l'indice du
solvant est plus grand) a été reconnue inexacte. Étant donnée l'ignorance à
peu près complète dans laquelle nous nous trouvons au sujet de ces larges
régions continues d'absorption, il nous a paru intéressant de rechercher
les lois expérimentales fixant leur position et leur largeur.
Changements de position d'une bande d'absorption. — Dans un précédent
travail (*) nous avons montré que les différences dans la position des
diverses bandes données par un même corps sous différents états physiques
pouvaient s'expliquer en faisant intervenir la polarisation diélectrique des
molécules avoisinant la molécule absorbante. Le calcul amène à conclure
a o os
(1) G. Risavp, Annales de Piniga € 12, : 1919,
(2) Voir sur ce sujet V. Hexrtr, Études de ea et illars, 1919.
(*) Loc. cit.,p. rar,
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1135
que le déplacement doit être d'autant plus grand que l'indice d'absorption
maximum est plus grand. J'ai fait depuis un très grand nombre de vérifica-
tions en parfait accord qualitatif avec la règle ci-dessus (').
Cette règle est même applicable aux courbes d'absorption d’un même
groupement chimique dans divers composés (?), en sorte que l’on est en
droit d’énoncer la loi générale suivante :
Pour un même corps dans divers états physiques ou pour un mêmė groupe-
ment chimique au sein de divers composés, le maximum de la région continue
d'absorption est d'autant plus déplacé vers les grandes longueurs d'onde que
l'indice d'absorption maximum X,, est plus grand.
Relation entre l'amortissement dans une bande d'absorption et la position
de cette bande dans le spectre. — Aucune théorie ne fournit actuellement
d'indications sur l'origine de l'amortissement dans les larges bandes
d'absorption. Nous avons déjà insisté sur le fait que, pour un même corps,
l'amortissement est indépendant du degré de rapprochement de ses molé-
cules, le même pour le gaz, le solide, le liquide ou les solutions dans divers
solvants. Le rapprochement entre les mesures effectuées sur des corps diffé-
rents amène à une généralisation de ce fait qui nous semble d'i une grande
importance et que tout essai de théorie devra expliquer.
A une température donnée, l'amortissement dans une bande d'absorption ne
dépend que de la position de cette bande dans le spectre (*). Autrement
dit, si deux corps ont une bande d'absorption dans la même région du
(') La vérification est particulièrement nette pour les solutions d'iode dans l’éther, .
la benzine, le chloroforme et le sulfure de carbone, solutions pour lesquelles la loi de
Kundt n’est pas valable,
(2) On trouvera en particulier de très nombreuses données quantitatives permettant
cette vérification dans le livre de Victor Henri (loc. cit.).
(*) Cette loi est, on le voit facilement, en complet désaccord avec la loi théorique
donnée par Victor Henri (loc. cit., p. 39) : l'amortissement est inversement propor-
tionnel à la valeur du coéfficient À ébrratos imizimadi:, I. ast facile de streini
compte sur les courbes tracées par Pauteur (p. 43) que, pour do oiee e car
quelles le coefficient d’ absorption maximum £y, varie du simplé au double, le coefficient
d'amortissement ou, ce qui revient au même, la largeur de la mana rh ro
points d'ordonnée S reste très sensiblement la même. Le calcul indiqué par l'auteur
(p. 37) suppose Po bee de vibrateurs par molécule) égal à 1. On sait que ce
nombfe, très rarement égal à 1, diffère d’un corps à l'autre, diffère également pour un
même corps pris dans des conditions ponp non identiques (solutions violettes
d'iode dans divers solv ants).
=
1136 ACADÉMIE DES SCIENCES.
spectre, les amortissements ou, ce qui revient au même, les largeurs de leurs
bandes, sont les mêmes.
J'ai trouvé dans la région 255"6-280" six bandes pour lesquelles des
mesures quantitatives ont été faites, appartenant à des corps aussi diffé-
rents que possible au point de vue chimique (ozone... méthylisobutylcé-
tone). Pour toutes ces bandes, les largeurs trouvées sont les mêmes
(40% à 44%). Dans la région 500", cinq bandes ont été étudiées four-
nissant des largeurs qui varient entre 75"" et 80". Un très grand nombre
de corps organiques possèdent une bande d'absorption dont le maximum
est compris entre 3",2 et 34,5. Treize de ces bandes, pour lesquelles il
existe des mesures quantitatives, ont fourni des largeurs comprises entre
680"! et 760"*, La vérification est tout à fait satisfaisante si l’on tient compte
de l'incertitude assez notable que comporte le calcul de cette largeur à
partir des courbes expérimentales d'absorption.
La largeur à d'une bande d ‘absorption, uniquement fonction de sa position
dans le spectre, croît de façon continue lorsqu'on passe de l’ultraviolet à
l'infra-rouge, à peu près proportionnellement à la longueur d'onde du
maximum :
Pour An = 270, ò = 4omk,
he 26,6:
Pour Àn = 500™¥, Ò — 77},
P 60
Pour À, = 33004, 5 — 720"+,
ne da a
Il est, en outre, intéressant de faire remarquer que, pour toutes les
bandes ultraviolettes èt visibles étudiées, les largeurs observées fournissent
un coefficient d'amortissement r (défini per la relation
i dx dx
m — + mr —
i
PTE J + moz, æ = he)
tres sensiblement égal à la fréquence y,
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1137
ÉLECTRO-OPTIQUE. — Sur l'absorption des rayons de Röntgen par la matière.
Note de M. Louis ne Broezre, présentée par M. Deslandres.
On sait que, pour les rayons X, le coefficient d'absorption atomique de
fluorescence suit une loi de la forme KA’ N° où À est la longueur d'onde et
N le nombre atomique. Si l’on construit pour un corps donné la courbe qui
représente le coefficient d'absorption en fonction de la longueur d'onde, on
voit qu’il existe des longueurs d'onde critiques pour lesquelles l’ absorption
subit de brusques disons et entre lesquelles la loi en à? s'applique.
Chaque discontinuité est caractérisée par un saut d’ absorption égal au
rapport des coefficients d'absorption immédiatement avant et immédia-
tement après la discontinuité.
On a démontré expérimentalement qu’un corps plongé dans un rayon-
nement de fréquence supérieure à une de ses fréquences critiques émet la
série spectrale correspondante. On peut exprimer ce fait sous forme mathé-
matique en disant que l'atome a, sous l'influence du rayonnement, une cer-
taine probabilité de passer de l’état normal à l’état excité qui le met à même
d'émettre la série spectrale. Suivant un mode de raisonnement indiqué par
Einstein (+), on peut déterminer cette probabilité en exprimant l'égalité
des échanges d'énergie entre la matière-et le rayonnement dans l’équilibre
thermodynamique. En supposant que le retour spontané de l’atome de
l’état excité à l’état normal a une probabilité proportionnelle à la différence
d’é énergie de ces deux états, j'ai pu déduire pour le coefficient d'absorption
la formule
Čar = const. P3,
où E, désigne la différence des énergies de l'atome dans l’état normal et dans
l'état excité. La somme est étendue à toutes les discontinuités de longueurs
d'onde inférieures à À. Lorsqu'on traverse une des longueurs d'oidé cri-
tiques, le nombre des termes de cette somme varie d’une unité, ce qui traduit
analytiquement le fait de la discontinuité. La formule obtenue permet de
calculer les sauts d’ absorption; par exemple, pour la discontinuité K,
on aura
Ek + LE? -+ mEf +...
ES LEl + mEÿi +...
Où l, m, ... sont les nombres d’anneaux L, M, ..…
(1) Ph. Zeit., t. 18, 1917, pe 121.
11938 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si l’on emprunte les valeurs des E, à la théorie de l’atome de Bohr, on
obtient ainsi des valeurs en bon accord.avec l'expérience. Pour le platine,
par exemple, on trouve :
Saut K. Saut D > Saut Ei: Saut Ez:
CROP VE ne ea a lo menes 5,8 1,4 1,8 2,89
Calculé in ee ou id) 6,1 4 1,7 3,0
L'expérience montre que le saut d'absorption K est une fonction légè-
rement décroissante du nombre atomique, ce qui indique que la loi en N'
n’est pas tout à fait rigoureuse. Notre théorie rend compte aussi de l'écart
par rapport à la loi en N° et permet de prévoir, au moins dans les grandes
lignes, la variation du saut K.
Kossel a montré ('), en s'appuyant sur le modèle d’atome de Bohr, que
les phénomènes d'absorption sélective, s'ils existent, ne doivent se produire
dans chaque série de raies que dans un domaine de fréquence extrêmement
étroit contigu à la bande d'absorption correspondante, et Fricke (°) a
observé, en effet, une structure fine dans cette région. En raisonnant tou-
jours sur l'équilibre thermodynamique, j'ai montré que le principe de
Carnot exige l'existence de bandes et de lignes d'absorption occupant la
même position spectrale que les bandes et lignes d'émission et inversement
(loi de Kirchhoff). J'ai pu ensuite démontrer que le coefficient d’ aborpian
sélective d’une raie de fréquence v est donné par la formule
h
ap (V 2y)
Convert
où À et # sont les constantes classiques, T la température et vp la fréquence
de la tête de bande d'absorption.
En tenant compte des ordres de grandeur, on voit alors que y doit être
très voisin de Yp pour que la valeur de 1 exponentielle ne soit pas très petite.
La formule obtenue indique pour le domaine où doivent se produire les
cannelures une étendue qui, exprimée en longueurs d'onde, est propor-
tionnelle à la température et en raison inverse du carré du nombre ato-
mique. En employant des écrans de faible poids atomique, portés à une
température élevée, celte étendue semble devoir être de l'ordre de 107'"€m-
Dans ces conditions, la mise en ne de ces phénomènes par l’ expé-
rience apparait comme possible,
Comme j je l'ai dit plus haut l'existence dec ces cannelures d'absorption
que E
ür Physik,- Loa W eee ee |
i ) Ph. Rev., t: 16, 1920, p. 202. : mont de
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. | 1139
est liée à l’existence d’une bande d'émission qui est le renversement de celle
d'absorption. Des phénomènes de ce genre ont été signalés pour le tungstène;
il serait intéressant de voir si le fait est général et si les raisonnements que
je viens d’indiquer permettent la prévision exacte des hr de de fluo-
rescence X,
ÉLECTRICITÉ. — Sur une méthode générale d'intégration électrique continue.
Note de M. F. Broco, présentée par M. Paul Janet.
La LA ré Là dy 1
Supposons une fonction y = f (æ) et prenons-en la dérivée = = f°(æ).
: ; . d
Cela fait, portons sur des coordonnées rectangulaires les valeurs de _
pour des valeurs successives de +; nous obliendrons une courbe que nous
reporterons avec son axe des æ et ses ordonnées extrêmes sur une feuille
isolante mince et rigide; nous découperons cette courbe entre deux ordon-
nées correspondant à x, et æ, et nous y enroulerons, parallèlement à l'axe
des y, un fil fin isolé, dé résistance convenable, qui sera dénudé suivant
l'axe des x.
La longueur du fil enroulé et, par suite, sa résistance sont EUR |
nelles à la surface qu’il recouvre, c'est-à-dire à la surface comprise entre
les ordonnées y, et y,, la courbe et l'axe des +; elle représente donc
f Toae.
Pour avoir d’une façon continue la valeur de cette intégrale pour x
variant entre æ, et æ, il suffira de faire passer dans l’enroulement un cou-
rant constant, et de mesurer, au voltmètre, la différence de potentiel entre
l’origine de l’enroulement et le frotteur mobile qui fait intervenir les
valeurs de +.
Le volimètre indiquera loujoare
[rca
Si la fonction connue était la-fonction dérivée de celle qui représente le
phénomène qu’on veut ütiliser, il suffirait de lùi app! iquer directement la
méthode,
— * je 4. € x +” sie - CA
- + w
1140 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur le sous-iodure de tellure Lei. Contribution à
l'étude du système iode-tellure. Note de M. A. Damiens, présentée par
M. H. Le Chatelier.
Berzélius (') a décrit trois composés d'iode ct de tellure, de formules
Tel, Ter et TeIf.
L'existence du premier, le sous-iodure, a été admise par Hampe (°),
puis par Olivari (°), à la suite d’une étude cryoscopique de la solution de
tellure dans l’iode liquide. Elle fut mise en doute par Gutbier et Flury Ç‘),
par Jaeger et Menke (5), à la suite de l’étude thermique du système iode-
tellure ; par Wright (°), à la suite de l'étude des tensions de vapeurs. Le
tétraiodure serait seul défini. Enfin, dans un travail récent, Beckmann et
Hanslian (7), se plaçant au point de vue de la complexité moléculaire du
tellure, admettent que, dans l’iode liquide, il peut se former un grou-
pement de deux atomes de tellure, mais sans envisager la formation d une
combinaison quelconque.
Nous avons repris l'étude thermique du système iode-tellure. Notre
mode opératoire, sur lequel il serait trop long d'insister ici, a été choisi de
manière à éviter plusieurs causes d’erreur relevées dans le travail de Jaeger
et Menke. Il offre les avantages suivants : 1° les masses sont toujours
chauffées dans une ea d’un gaz inerte tel que l’anhydride carbo-
nique, ce qui évite l’action oxydante de lair; 2° pendant touté la période
de refroidissement, où sont faites les déterminations, on maintient une
agitalion constante, à l’aide du thermomètre sur lequel sont lues les tem-
pératures, ce qui est nécessaire, à cause de la mauvaise conductibilité des
produits. On peut noter ainsi assez exactement la fin de la cristallisation et
établir par conséquent la courbe des durées de cristailisation des paliers.
On utilise un thermomètre Baudin donnant avec certitude le demi-degré,
et d'une faible masse calorifique, la cuvette ne renfermant que na 10 de
E E A a A E RAE e
(!) Berzéuius, Annales Ch. Phys., 2° série, t, 58, 1835, p. 271:
(2) Hamre; Chem. Zeits., t. 12, 1888, p, 122
(5) Ouivarr, Atti r. Accad. Lincei, 2° série, t. 18, 1909, p, 384.
(+) Gursrer et Fiunv, Z. anorg. Gh., 1. 32, 1902, p- 108.
(5) Jaeger et Menke, Z. anorg. Ch., 1. 75, 1912, p. 241-256; t- 77, 1912, p- 320.
($) Wniçur, Chem. Soc., t. 107, 1915, p; 1527.
(7) Beckmans et Haxsciax, Z. anorg. Ch., t. 80, 1913, p: 221.
À,
B.
C.
D,
eTe
FORTS
Systeme hae - tellure.
300°
tR 44:
400 A AA À 4 4 4
300| à Ë
3 c 42803 F
x F4 a
L NL
200 : || A
AB JE wa
B "e Cp
52 5, 56 56 Oa
Q LE
30
[e} js i
o diode | | | | |
Composition ofa d'iode : 29.71 48.63 :4.53 59.28. 66,55 75.08
Produits observes :
à la métalloeraphie.
fa 8 P ue ra
— Tellure.. E die ai Xe XK? se isese
— Solution solide Te — Tel‘....... Eiris : se Xs0 Í 008 Í ooe
— Tétraiodure TeIt ce : A
"= Botectiaoe AB sr lee a Xe Ke | ie dde
— Eutectique CB RER UE ver Res Ve de se aaia. Rte <
C) En faux-équilibre, dans les parties refroidies rapidement.
C. R., 196, 2° Semestre. (T. 171; N° 23.) i
86
1142 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mercure. Il entre en jeu dans chaque opération 508 à 608 de substance pré-
parée dans l'appareil mème à partir d'iode et de tellure et analysée après la
détermination. Nous donnons ci-dessus la courbe obtenue, et les conclu-
sions de l’examen métallographique de produits ayant diverses composi-
tions.
Comme l’avaient constaté Jaeger et Menke, la courbe thermique ne met
en évidence qu'un seul composé défini : le tétraiodure Tel‘, mais nos
résultats sont par ailleurs très différents de ceux de ces derniers auteurs.
Nous avons observé sur cette courbe un point d’eutexie E et un point de
transition E’. Celui-ci correspond au dépôt d’une solution de tellure dans
le tétraiodure. Il y a donc une zone de solubilité limitée des deux corps
lun dans l’autre. La courbe des durées de cristallisation appuie exactement
les conclusions des courbes de solidus et de liquidus.
Le produit de composition Tel?, fondu et refroidi, laisse cristalliser
d’abord du tétraiodure à partir de 2150, la température s'abaisse réguliè-
rement, puis à 176°,3 se dépose leutectique tétraiodure — solution solide
jusqu’à complète solidification. Ces deux constituants se retrouvent à
Pexamen métallographique.
= En ce qui concerne la partie de courbe correspondant aux mélanges plus
riches en iode que le tétraiodure, elle nous a montré que le tétraiodure de
tellure est presque insoluble dans iode liquide. L'iode pur fondant à 1 14°,2
et bouillant à 184°,35 (Ramsay et Young), l’eutectique iode — Tel* fond
à 113°,5 et bout à 185°. On ne peut pas tracer la courbe de solidification.
commençante pour cette raison, la température nécessaire pour la fusion
totale étant plus élevée que le point d’ébullition de l'iode. Les chiffres donnés
ici par Jaeger et Menke sont donc faux. De même les mesures cryoscopiques
d'Olivari d’une part, Beckmann et Hanslian d'autre part, n’ont aucun
sens.
En résumé, les points critiques de notre courbe sont les suivants :
i i- -o Composition : > Point
; > au a aii - pour 100 d'iode. de fusion.
Eutectique tellure : solution solide tellure-
tétrarodure À. BR SN Enr 59 re 182,0
Eutectique tétraiodure : solution solde ül : i meer
lure-tétraiodure G. B....... Er 58,7 176°,3.
_ Solution solide tellure-tétraiodure B. és. 57 07,0 8 09. | décomposée à 183°,9.
Eutectique iode-tétraiodure. , RE 0 Te E ‘ri D
Lee ai e
oa
were s
k
Fe
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1143
se présente comme un mélange de deux subtances : du tétraiodure et une
solution solide de tellure et de tétraiodure, toutes deux partiellement
mêlées en un eutectique. L'analyse thermique et la métallographie appuient
cette conclusion.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur une combinaison complexe du thallium et de l ’acide
fluorhydrique. Note (+) de M. Barror, présentée par M. A. Haller.
Dans une Note publiée antérieurement (°) nous avons signalé l'existence
de nouvelles combinaisons des chlorüres, bromures et iodures de plomb et
de thallium, mises en évidence par leurs formes- cristallines et par l'étude
des ndmetibe lite ct des coefficients d’aimantation. En essayant d'étendre
ces recherches aux fluorures, nous avons été amené à préparer et à étudier
un nouveau fluorhydrate de fluorure thalleux.
Willm (°) avait mentionné l'existence d'un fluorhydrate de fluorure
auquel il attribuait la formule TIF, HF et qu'il décrit comme étant constitué
par des octaèdres, très solubles dans l’eau, inaltérables à 100°, et perdant
de l'acide fluorhydrique à plus haute température.
Enfin Kuhlmann (*) aurait obtenu, par action de l'acide fluorhydrique
sur le carbonate thalleux, des cristaux’ prismatiques, probablement clino-
rhombiques d’un fluorure hydraté; en se plaçant dans les mêmes conditions
Willm n'a pu reproduire cette combinaison, mais a observé des cristaux
tabulaires hexagonaux, perdant à chaud de l’eau et de l'acide fluorhy-
drique.
Le corps que nous avons obtenu a été.préparé par l’action, à chaud, de
l'acide fluorhydrique étendu sur le thallium métallique, obtenu lui-même à
partir de l’acétate par déplacement au moyen du zinc pur. Le thallium se
dissout assez lentement, et, par évaporation complète au bain de sable, on
obtient une masse blanchâtre qui, reprise par l’eau, abandonne par évapo-
ration dans le vide des cristaux blancs, brillants, formés de prismes allongés.
Au microscope, ces derniers apparaissent souvent groupés, ou placés à la
suite des uns des autres, dessinant des contours hexagonaux réguliers; on
observe aussi des formés en feuilles de fougère avec are à 60°.
I
éance du 29 novembre 1920.
Frs
.(*) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 79 4
() Witu, Thèse, Paris, et Ann. de Chim. et de Phys., 4° série, 1. 5, 1865, p. 5.
UC) Kunimaxx, Comples rendus, t. 58, 1864, p. 1037.
4
1144 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce sel fond facilement ên donnant des vapeurs d’acide fluorhydrique; il
se dissout dans l’eau, à froid, en donnant une solution acide vis-à-vis des
réactifs colorés, mais n’attaquant pas le verre, ce qui semble indiquer l’ab-
sence d'ions fluor.
On peut dans une telle solution doser le thallium par les procédés ordi-
naires, par exemple par l’iodure de potassium; ceci conduit à attribuer au
fluorure la formule TIF, 2HF ; en effet, les résultats de l’ analyse sont les
suivants :
Dosage du thallium.
Théorie pour TIF, 2 HF ARE A mea 77,6 pour 100
TrOUVÉ er Unis Dia des EN UV den TIR »
Quant au fluor, il ne peut être décelé par les réactifs ordinaires el. l’on
Résistances
d -~ Composition
n'obtient aucun précipité en employant les méthodes habituelles de dosage,
c’est-à-dire en traitant la solution par un sel de calcium soluble, nitrate ou
chlorure. Le résultat est négatif à chaud ou à froid après plusieurs jours de
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1145
contact. Les essais en liqueur basique après addition de carbonate de soude
ont toujours donné un précipité blanc formé Po de carbonate de
calcium soluble dans l’acide acétique.
Cette dissimulation du fluor dans la molécule vis-à-vis du calcium con-
duirait à admettre comme formule de constitution TI(K*)H?. La présence
de deux atomes d'hydrogène indiquerait deux fonctions acides : l'étude de
la courbe de neutralisation confirme ces prévisions.
L'expérience a été faite avec des solutions centinormales de potasse et de
fluorhydrate de fluorure de thallium, mélangées en quantités variables, et
constamment ramenées au même volume total. La représentation graphique
faite en portant en ordonnées les résistances mesurées à l’aide du dispositif
classique du pont de Kohlrausch, et en abscisses les quantités de potasse
employées pour une quantité fixe de fluorhydrate, a donné une portion
incurvée a, puis deux lignes sensiblement droites b et c, déterminant ainsi
deux points A et B dont les abscisses correspondent aux deux corps
TP KH et THERE,
Enfin la mesure du coefficient d'aimantation spécifique faite en utilisant
la balance magnétique de Curie et Cheneveau nous a montré que le coeffi-
cient mesuré est supérieur d'environ 5o pour 100 à celui que l’on peut
calculer à partir des éléments.
Cette exaltation du diamagnétisme est sans doute R en parlie
au groupement des atomes de fluor.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la réduction du permanganate par l'acide arsé-
nieux. Note de M. Max Getoso, présentée par M. H. Le Chatelier.
En solution sulfurique, le titrage du permanganate par l'acide arsénieux
conduit à une liqueur vert émeraude qui, abandonnée au repos, se trouble
assez rapidement, avec formation d'un précipité rouge brun.
Deiss ('), puis Travers (°), ont constaté que la réduction est limitée à la
production d’un oxyde de manganèse intermédiaire entre Mn O°et Mn?0,
Nous étudierons ici le degré d` Ne de ce composé et son mode de
formation.
e
) Dess, Revue de Métallurgie, 1911, p. 174.
) Tr ivers, Revue de Métallurgie, 1917, n° 6,
Le
$
f
1146 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A cet effet, on emploie une liqueur de permanganate décinormale, dont
le titre a été déterminé par le sel de Mohr et le fer électrolytique, et une
liqueur décinormale d’acide arsénieux purifié par sublimation.
Les résultats sont consignés dans le Tableau suivant, où les volumessont
réduits en centimètres cubes de liqueurs décinormales :
PRE ous N N
Dilution — 100", MaK =r oomi — |. As O3—|— ).
10 10
Acidité Cent. cubes ə
sulfurique de Milligrammes Cent. cubes Miligrammes 3
(encm?) MnO'K ; d’As? 03 d’As? O? de la moyenne
d'acide À j correspondants ONA correspondants M' x en
à 50° B4. 10 ; E (M'). M milligrammes.
1; 2,00 2,202 1,90 7,422 3,270 +0, 052
Die 5,01 5,505 a 99 18,060 3,281 0,097:
? 2 ? ,
i T 10,03 11,010 7,40 36,615 3,326 +0,008
De JO 2 10,910 ÉF,0%.-. 34.079 3,311 —0,007
Se 20704 29,020 14,99 72,983 JU — 0,001
10. 7950 27,029: 18, 40 __ 91,043 3,308 —0,010
Partant de 20°" de MnO’ K(Ž
Si la réduction s'était terminée en MnO, on aurait versé 20°" d’ “fe
arsénieux; si elle avait produit un sel de Mn?O* ou de MnO*?, le virage
aurait eu lieu, selon le cas, pour 1 19° 399 ou 12°" du réducteur.
Un calcul d'erreurs permet d'écrire :
IRL XX 3,90
_ Posons, en première approximation, X = 3,3. L'oxyde envisagé devient
alors Mn*O* où 2MnO*, MnO et la réduction se présente sous la forme
schématique suivante :
3Mn?07 -> 2MnO+ri0.
On s’est assuré de l'exactitude de cette formule en réduisant Mn? O* par
l'acide oxalique et titrant en retour au permanganate.
„Influence de l'acidité. — L’addition d'acide SO* H? en grande proportion,
à la liqueur verte, produit une coloration rouge violacé, par formation
haie de sulfate de sesquiox yde.
n a remarqué, d’ailleurs, que le virage ne s'effectue que dans certaines |
limites d’acidité qui sont approximativement fifées par les déter minations
suivantes : .
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. . 1147
SO*H? à 5o°B° (Densité — 1,53).
NAA
Centimètres cubes de Mn O*K (> ) terese e.. 5 10 i5 20
10,
Limite inférieure d’acidité (en cm#).....,,..., I 2 2,5 3
Limite supérieure d’acidité (en cm?) nainu.. , 5,5 0: 9:9 FE,9
En deçà de la limite inférieure, le virage ‘est brun jaunâtre, la solution se
trouble rapidement. En particulier, si l’on opère la réduction à neutralité,
le virage est impossible, la précipitation se produisant au cours de la
réaction.
Par contre, au delà de la limite supérieure, le virage est peu net. La
solution ne passe plus au vert franc mais présente une coloration de plus en
plus rougeâtre.
On a remplacé SO'R? par les acides nitrique et phosphorique qui dune:
un virage vert net; par les acides tartrique, tartrique-sulfurique pour les-
quels le virage est peu visible. En opérant en liqueur sulfurique et en pré-
sence d’un excès d'acide arsénique, le virage est franc. Cependant le terme
-de la réduction paraît être déplacé par un excès de As? O°.
Ainsi, à 20°" de permanganate, ne correspondent pis que 14°", 4 d'acide
arsénieux, en présence de 800" de As? O5.
On a effectué la réduction en présence de différents métaux introduits
sous forme de sulfate : Zn, Ni, Al, Mg, K. Seuls le manganèse (SO*Mn)
et largent ont une influence; tous deak à des degrés différents tendent à
produire un sel de MnO?.
20% Mn OK ee +. As?0: LAS Dilution : 100%, Acidité : 8°%° SOH? à 50° Be.
10 10
Mao (mg. 06 29,6 59,3 88,9 118,6 17739
ASO (pma a 13,4 12,8 12,3 12,1. Le viragene
se voit pas
AOEME, Oo 1,44 28,8 43,2 7 1440
As O (em)... 14,7 4:97 13,10 12,88 12,68 12,6
En résumé, le composé Mn*O° ne semble pas présenter les caractères
d’un oxyde défini. Il est permis, dans l’état actuel de la question, de sup-
poser que la liqueur obtenue par réduction est formée d’un sel double. L'un,
sel manganeux incolore; l’autre vert, peu stable, où le bioxyde aurait un
rôle basique, ce qui n’est pas surprenant depuis les travaux de Frémy sur
cet oxyde (1).
(+) Fréuy, ss rendus, t. 82, 1876, p. 475.
1148 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces deux oxydes se trouveraient dans les proportions de 2 MnO?
pour 1 MnO.
Nous espérons que de nouvelles recherches nous permettront d’inter-
prêter le phénomène avec plus de précision.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l hydrogenation catalytique de l hydrobenzamide.
Méthode de préparation de la benzylamine. Note de M. Grsorces
Mre novac, présentée par M. Charles Moureu.
Les premiers essais d'hydrogénation de l'hydrobenzamide
C'HCH = N\ 4 se
CHR
furent effectués en mettant en œuvre comme agent hydrogénant l'amal-
game de sodium et l’alcool absolu. Otto Fischer (') signale que par ce pro-
cédé, en n’utilisant que la quantité d’amalgame correspondant à la fixation
de 4*t d'hydrogène, on obtient une masse cristalline blanche
CS H5 CH? NHN
— Cs fH
CH CHNH/ CH s a
la benzaldibenzylamine, qui, par hydrogénation, serait scindée en toluène
et benzylamine. Mais un peu plus tard (*) ce savant reconnaît que la scis-
sion ne s effectue pas comme il l'avait tout d’abord supposé; on obtient
en réalité un mélange de bases contenant surtout de la dibenzylamine
(665 d’ bot aie donnent 308 de dibenzylamine et 68 de benzyl-
amine). La méthode n’est donc plus avantageuse pour préparer la benzyl-
amine. Knudsen (° hs par réduction électrolytiquede l'hydrobenzamide, n'a
obtenu également qu’une faible proportion de benzylamine.
Rétiiment, pour mettre en évidence le mécanisme de l'hydrogénation
catalytique du benzonitrile (*), j'ai eu l’occasion de fixer l'hydrogène sur
l’hydrobenzamide, en présence de nickel comme catalyseur et en milieu
liquide. J'ai indiqué que dans de telles conditions on obtenait, par fixation
de 4" d'hydrogène, 2 à 2,5 parties de benzalbenzylamine pour 1 partie
(1) Orro Fiscner, Ber., t. 19, p. 748.
(?) Orto Fiscuer, Annalen der Chem., t. 24, p. 328.
(*) Kwupsex, Ber., t. 42, p. 4002.
(+) Ge Micyonac, Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 114
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1149
de benzylamine. Cés résultats ne pouvant être mis en accord avec l’existence
d'un dérivé tétrahydrogéné stable tel que celui de O. Fischer, j'ai repris
l'étude de cette réaction en vue de fixer à quel stade de l’hydrogénation
avait lieu la scission de la molécule.
L'hydrobenzamide, en solution dans l'alcool absolu est agitée en pré-
sence de nickel divisé, plus ou moins actif, dans une atmosphère d'hydro-
gène sec, maintenue à une pression voisine de la pression atmosphérique,
et à température peu élevée. On n’a pas dépassé 40°. Dans ces condi-
tions, si l’on fixe 4" d'hydrogène on obtient, comme je l'ai dit plus haut,
un mélange de benzalbenzylamine et de benzylamine, mais on constate
en même temps la formation de gaz ammoniac. D'autre part, par évapo-
ration du solvant à basse température, dans le vide, on n'obtient point de
substance cristallisée, mais un liquide incolore très fluide,
Il est intéressant de noter dans les différentes expériences les préportions
de produits obtenus.
Expériences $ IL IM.
Température y 35°240°. 38°-40°. 159-185,
` Hydrobenzamide . ...... 15 (alcool à 98 °/,) 66 20
Benzalbenzylamine us 11 Théorie 9,9 43 Théorie 39,2 13 Théorie 13
enzylamine...... de 7: » D 10 Fr. nr, 7
Aldéhydebenzoïque..... 3 2
On remarque que la benzalbenzylamine est obtenue en quantité supé-
rieure à la quantité théorique et la benzylamine en quantité toujours infé-
rieure. Si la fixation de l'hydrogène avait lieu d’abord sur l’une des deux
doubles liaisons de l’hydrobenzamide, un tel composé serait scindé‘sans le
moindre dégagement de gaz ammoniac, en outre on obtiendrait une pro-
portion de benzylamine et de benzalbenzylamine voisine de la proportion
théorique. £
Si nous admettons au contraire que la première action de l'hydrogène
est de scinder la molécule avec formation de benzaldimine
C H5CH = NN
C Hicg — NCH C'H + H? = C'H CH = N — CH: — C'H: + C'HSCH = NH,
cette dernière se condense en partie avec élimination de gaz ammoniac
et formation d’hydrobenzamide ('), une autre partie est hydrogénée, elle
conduit à la benzylamine, Si nous effectuons l’hydrogénation dans de
(*) Bosch, Ber., t. 29, p. 2137.
1150 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'alcool contenant une certaine proportion d’eau, limine sera en grande
partie hydrolysée et nous obtiendrons une quantité très faible de benzi
amine. C’est ce qui a lieu dans l'expėrience I. On voit donc comment, par
formation d’hydrobenzamide au cours de la réaction, on peut expliquer
l'obtention de benzalbenzylamine en quantité supérieure à la quantité
théorique. Si nous opérons avec un métal très actif à basse température, en
milieu anhydre, le mélange de benzalbenzylamine et de benzylamine se
rapproche des proportions théoriques (exp. IHI), la formation d'ammo-
niaque est moindre.
Si l’on se borne enfin à fixer deux atomes d'hydrogène on constate égale-
ment la mise en liberté de gaz ammoniac. Par évaporation du solvant dans
le vide à basse température, on obtient un liquide incolore constitué par
une solution d'hydrobenzamide dans de la benzalbenzylamine. Il se forme
très peu de benzylamine. (L’hydrogénation de la benzaldimine a surtout
lieu dans la dernière phase de l'opération, au moment où la concentration
en ammoniaque est suffisante pour ralentir la condensation.) Ainsi
158 d'hydrobenzamide ont donné 78,1 de benzalbenzylamine et 05,8 de
benzylamine. |
Cette dernière expérience montre également que la première action de
l'hydrogène est bien de scinder la molécule et nous pensons que le dérivé
tétrahydrogéné décrit par O. Fischer ne peut pas exister dans les conditions
ordinaires de température. En outre, nous sommes conduits à une excellente
méthode de préparation de la benzylamine. En effet, l’'hydrogénation cata-
Te en présence de nickel, est aisée, même à la température ordinaire.
Elle s'arrête d'elle-même après la fixation des 4% d'hydrogène. On obtient
un mélange de benzylamine et de benzalbenzylamine. Cette dernière base
est très facilement hydrolysée par les acides étendus, elle conduit au sel
de benzylamine et l’aldéhyde benzoïque régénéré peut être remis en œuvre
pour la préparation de l’hydrobenzamide.
CHIMIE ORGANIQUE. — Oxydation de l'anisaldoxime ; Peroxyde d'’anisal-
doxime. Note de M. Pau Rosis, présentée par M. Charles Moureu.
Dans un travail précédent sur l'oxydation de la benzaldoxime (') et sur
le peroxyde de benzaldoxime (?), nous avons montré que la benzaldoxime,
Ne Je Re
(1) BouGauzr et Rosis, Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 341.
(2) P. Rosin, Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 695.
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1151
traitée par l’iode et le carbonate de soude, donne avec un rendement de
45 pour 100 du peroxyde de benzaldoxime. Reprenant l'étude du peroxyde,
nous avons établi que : 1° par oxydation par l’iode et le carbonate de soude,
il est converti en dibenzènyloxoazoxime; 2° traité par le benzène à l’ébulli-
“tion, il est assez rapidement décomposé en donnant, comme produits prin-
cipaux, de la benzaldoxime et de la dibenzènyloxoazoxime.
Nous avons étudié, au même point de vue, l’anisaldoxime. Les résultats
obtenus sont du même ordre.
À. Oxydation de l’anisaldoxime. — L'oxydation de nididsuses été
réalisée simultanément par Minunni et Cima (‘)et par Hartwig Franzen et
Zimmermann (?) au moyen des éthers nitreux (nitrites d’éthyle et d'amyle).
Ils obtiennent ainsi du peroxyde d’anisaldoxime.
Oxydée par l'iode et le carbonate de soude dans les mêmes conditions
que la bensaldoxime (/oc. cit), l'anisaldoxime donne, avec un rendement
de 85 pour 100, du peroxyde d’anisaldoxime.
Ce corps se présente sous forme d’une poudre cristalline blanche, jaunis-
sant à la lumiċre. Il est extrêmement peu soluble dans les solvants orga-
niques, insoluble dans l’eau. Il fond en se décomposant à 119°-120°.
B. Orydation du peroxyde d'anisaldoxime. — L'oxydation du peroxyde
d’anisaldoxime donne : de la dianisènyloxoazoxime (1), de la dianisènyl-
azoxime (2): |
Gi) -CHO FN SN CH OCH»,,
Il
0
3 6 NN CS H*OCH3..
(2) CH O mC H* LENS AT H LEE
de l’aldéhyde et du nitrile anisique, de l'acide anisique, de l'acide nitreux.
205 de peroxyde d’anisaldoxime mis en suspension dans du benzène ont été oxydés .
dans les conditions décrites pour le peroxyde de benzaldoxime (loc. cit.). La réaction
marche plus lentement que dans ce dernier cas. Au bout d'un mois, on retrouve 128
de peroxyde non attaqué.
Le benzène décanté est évaporé à froid. Le résidu, partiellement cristallisé, est
repris avec très peu d'éther qui laisse un produit solide.
L'huile provenant de l'évaporation de l’éther est entraînée à la vapeur. On obtient
ainsi un mélange d’ aldéhyde et y nitrile anisique que l’on sépare à l aide du bisulfite
de soude.
(1) Mıxunnt et Cima, Att. R. Ac. Lincei, 5° série, t. 44, II, p. 518-525.
(*) Harrwic Franzen et ZIMMERMANN. J. pr. Chem., 2° série, t. 73, p. 253.
1152 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le produit solide, insoluble dans l’éther, est séparé par des cristallisations appro-
priées en dianisènyloxoazoxime et en dianisènylazoxime. Pour cela, le mélange est
dissout à chaud dans l’acide acétique cristallisable; par refroidissement, la dianisènyl-
azoxime se sépare. On la purifie par cristallisation dans l'alcool (P. F. : 135°). L’acide
acétique est alors dilué dans un grand volame d’eau. Il se fait un abondant précipité
qu’on essore, sèche à basse température et dont on extrait par cristallisation dans le
benzène la dianisènyloxoazoxime (P.F. : 182°).
Dans les eaux mères de l'oxydation on caractérise de acide anisique et de l'acide
nilreux.
C. Décomposition du peroxyde d'anisaldoxime dans le benzene bouillant.
— 258 de peroxyde d’anisaldoxime sont mis en suspension dans 250°" de
benzène. On porte à l’ébullition. On constate qu’au bout de quelques
heures le peroxyde est entièrement disparu, en même temps qu on observe
un faible dégagement de vapeurs nitreuses. Dans cette opération, le per-
oxyde n’est pas dissout; il est totalement décomposé. Dans les produits de
décomposition nous avons caractérisé : de l’anisaldoxime, de la dianysènyl-
oxoazoxime, de la DT de lPaldéhyde, du re et de l'acide
anisique.
Pour les séparer nous avons opéré comme suit :
Le benzène est épuisé avec une solution de soude très étendue (lessive de soude 6°",
eau 100%), Les liqueurs aqueuses sont réunies, saturées par le bicarbonate de soude
qui précipite de l’anisaldoxime que l’on caractérise : 1° par ses produits de dédou-
blement; 2° par sa transformation en peroxyde par liode et le carbonate de soude.
Après séparation de l’anisaldoxime, on acidule par l'acide chlorhydrique. On recueille
un produit que l’on identifie, après purification avec l'acide anisique.
Le benzène lavé à la soude est évaporé à froid. En soumettant le résidu au traite-
ment décrit dans le paragraphe précédent, on isole le nitrile et Paldéhyde nur
la dianisènylazoxime et de la dianisinyloxoazoxime,
Le processus de la décomposition du peroxyde d’anisaldoxime peut
s ‘interpréter de la façon suivante : Il y a d’abord décomposition en anisal-
doxime et dianisèn yloxoazoxime d’après ee
CHOCH CNO) — 2 CHOC HCN" L cmoc ec? aa R
Une partie de l’oxoazoxime réagirait sur l’anisaldoxime pour l’oxyder
en donnant de l’aldéhyde anisique et des vapeurs nitreuses, en même temps
qu'il se réduit en dianisènylazoxime. Enfin une partie de l’oxoazoxime se
dédoublerait, suivant la réaction que nous indiquons plus loin (2), en
donnant du nitrile, de l'acide anisique et des produits nitreux,
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1153
On peut considérer l’oxydation du peroxyde d’anisaldoxime par Piode
et le carbonate de soude comme un cas particulier de la décomposition que
nous venons de décrire. Dans les deux čas, le peroxyde réagirait sur lui-
même pour donner l’oxoazoxime en se réduisant en oxime suivant l’équa-
tion (1), cette réaction se faisant rapidement à chaud, lentement à froid.
in présence d'iode et de carbonate de soude, l’oxime serait convertie en
peroxyde, ce qui explique sa disparition des produits de la réaction.
Dianisenyloxoazoxæime CH’ Op) C*H*C, 16 N NON G, ce H*OCH},,. — Pro-
duit cristallisé en longues aiguilles soyeuses blanches, se colorant rapide-
ment en jaune paille à la lumière. [ fond à 182° en se décomposant,.
Il est très soluble dans l’acide acétique cristallisable, peu soluble dans
l’éther et le benzène.
En solution acétique, il deias liode de l’iodure de potassium. Réduit
par le zinc et l’acide acétique, ilse transforme en dianisèn ylazoxime, Hydro-
lysé par leau et le carbonate de soude à 100°, il donne en quantité théo-
rique du nitrile et de l'acide anisique d’après l'équation
0
(2) C mocck^0>o C'H OCH? + HO
= CH'O C: Ht CN + CH30 CSH:CO?H + NOH.,
Dianisenylazozime CH'O, C'H’ C, KAN Cu CH'O CH}. — Produit
tanrisenylazoxime CH°O,, EX ONZ Eu) t” n
cristallisé en longues aiguilles soyeuses. Il ne se colore pas
Fond å 135° et cristallise de suite par refroidissement.
Il est peu soluble dans l'acide acétique cristallisable, assez soluble dans
le benzène et dans l’éther.
D. Comme on pouvait s’y attendre, la piperonaldoxime soumise aux
mêmes réactifs donne des résultats comparables à ceux que nous avons
décrits pour l’anisaldoxime et benzaldoxime.
«
à la lumière.
1154 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation des dérivés méthyles des xylidines et des
naphiylamines, par catalyse. Note (' ) de MM. Arpnoxse Maine et F. pE
Gopbox, transmise par M. P. Sabatier.
On sait que sur les six xylidines connues, trois sont faciles à atteindre
par nitration directe des trois xylènes et réduction du dérivé nitré ainsi
obtenu. Nous avons préparé ces trois xylidines pour les soumettre à l’alcoy-
lation directe par le méthanol, en présence d’alumine, selon la méthode
qui nous a déjà conduits aux méthylanilines et méthyltoluidines (°).
La nitration de l’orthoxylène fournit un mélange de dérivés mononitrés.
Leur réduction par l'hydrogène et le nickel à 180°-190° conduit à un
mélange de xylidines, bouillant de 223° à 227°; par refroidissement, il se
sépare de gros cristaux, fondant à 49°, constituant l’orthoxylidine à,
C'H CH: Y a (NH?) Le liquide restant, bouillant de 222° à 224°, est
formé par lorthoxylidine 6, C! H? (CH? Y}, (NE?) „» tenant encore en dis-
solution un peu du dérivé #. Nous avons ajouté à cette base liquide deux
fois son volume d'alcool méthylique et dirigé les vapeurs du mélange sur
de l’alumine chauffée à 360°-380°, Le liquide recueilli s’est immédiatement
séparé en deux couches : une aqueuse ayant dissous un peu d'alcool, la
seconde, plus légère, formée par un mélange de xylidines monométhylée et
diméthylée. Toute la xylidine a été transformée dans un premier passage.
Le liquide ne donnait plus de combinaison solide avec l'acide sulfurique
dilué.
Des trois note connues, on admet que celle qui provient de la
réduction du dérivé nitré, obtenu par nitration directe du métaxylène, est
la métax ylidine a, C'H? (CH)? 3 (NH? yy. Eile bout à 215°. Nous avons
mélangé cette base avec une fois et demie son volume d'alcool méthylique
et le tout dirigé en vapeurs sur l’alumine à 360°-380?.
Dans le Naide obtenu, lhuile surnageante a été séparée de leau et
rectifiée. Elle a distillé de 195° à 207°. Elle était formée d’un mélange de
diméthylxylidine méta, bouillant à 195°, et de monométhylxylidine méta,
bouillant à 206°. Toute la base primaire a été alcoylée du premier coup.
Le paraxylène donne une seule xylidine, Cë H?(CH°)?, (NH?) œ, bouil-
lant entre 215° et 217°. Nous l'avons préparée à partir du paraxylène cris-
tr) Séance du 29 novembre 1920.
(°) Manue et pe Gobox, Comptes rendus, t. 166, 1918, p. 467 et 564.
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. `^ 1155
tallisé, par nitration directe et réduction ultérieure du dérivé nitré. La
méthylation de cette base, effectuée dans les mêmes conditions que les pré-
cédentes, a fourni un mélange de paraxylidines monométhylée et dimé-
thylée, distillant de 208° à 220°. Il n’est resté qu’une très faible proportion
de base primitive inchangée, car SO*H? dilué ne donnait, avec le produit
recueilli, qu'un précipité cristallin insignifiant.
Les deux naphtylamines x et ĝ sont peu solubles dans le méthanol. Tandis
qu'il a suffi de prendre quatre fois son poids d'alcool pour dissoudre la base g,
il en a fallu plus de dix fois son poids pour obtenir avec la naphtyl-
amine ĝ une dissolution ne recristallisant pas par refroidissement. L'emploi
de cet éxcès d'alcool a nécessairement favorisé la méthylation. Le liquide
dirigé en vapeurs sur l’alumine, chauffée à.360°-380°, a fourni après cata-
lyse un produit qui, séparé de l’eau et du méthanol non transformé, a été
rectifié. Les bases obtenues avec la naphtylamine æ ont passé à la distilla-
tion de 275° à 293° ; celles qui provenaient de la naphtylamine ĝ ont bouilli
entre 295° et 305°, Elles ne donnent aucune trace de sel avec l'acide sulfu-
rique dilué, Elles sont formées par un mélange de naphtylamines monomé-
thylée et diméthylée, C!° H'NHCH? et C'°H° N(CH? P.
Dans toutes ces alcoylations, il se forme toujours un peu d'oxyde de mé-
thyle, provenant de la déshydratation d’une certaine dose de méthanol; il
se dégage lentement, d'une manière permanente, pendant toute la durée de
la réaction. Si la température du catalyseur est trop élevée, on constate
la production de composés condensés. qui bouillent au-dessus des bases
Dernier,
+
GÉOLOGIE. — Sur le mode j: formation des nappes pyrénéennes,
Note de M. Léox Berrsaxn, présentée par M. E. a
On sait que les nappes de charriage présentent souvent des vo ph: ainsi
que leur substratum, qui peut d’' ailleurs être lui-même formé de nappes
inférieures. Il existe des cas où manifestement les nappes. et leur substratum .
ont été plissés simultanément; dans ce cas, il n’est pas douteux qu'il se
soit produit une phase de plissemént-secondaire postérieure au charriage
où; tout au plus, contemporaine de celui-ci, Aussi admet-on souvent que,
dans la production d’une chaîne plissée, la formation des charriages est le.
résultat d’une première phase tectonique, celle des plis qui affectent les
nappes et tenp substratum correspondant-à une seconde phase. Chacune
ei
1156 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de ces deux grandes phases générales peut, d’ailleurs, se subdiviser en
phases secondaires, et il peut y avoir eu chevauchement dans le temps de
lune sur l’autre.
Toutefois, si cette conception semble exacte pour les nappes formées aux
dépens des dépôts homogènes et puissants de l’intérieur des grandes aires
géosynclinales, tels ceux du géosynclinal piémontais des Alpes, elle n’est
pas valable ne les nappes du bord septentrional des Pyrénées. Ces nappes
chevauchent directement sur un avant-pays qui contient des sédiments
relativement très récents par rapport à l’âge de la chaine et même contem-
porains de ses premiers mouvements orogéniques. Au bord septentrional
des Pyrénées, les couches du Crétacé supérieur et du Nummulitique se pour-
suivent jusqu'aux poudingues de Palassou, résultat de la destruction des
reliefs pyrénéens en voie de formation depuis le milieu de l’Éocène, et tous
ces terrains se montrent affectés de plis encore fortement accusés, parfois
légèrement déversés au Nord (Petites-Pyrénées). Ces plis se sont d’ailleurs
modelés sur des accidents plus profonds des terrains anciens situés au
nord des Pyrénées, qui n'apparaissent à découvert que dans le massif des
Corbières ou de Mouthoumet. Les efforts tectoniques se sont donc gra-
duellement éteints dans l’avant-pays. On peut d’ailleurs remarquer qu'il
en a été de même pour la chaine alpine, où la mollasse miocène helvétique
est encore fortement plissée au bord de cette chaîne, bien que formée par
les matériaux provenant de la destruction des reliefs alpins en voie de for-
mation ; il en est de même pour le front de la chaine hercynienne, en ce 5
concerne le Houiller westphalien du Bassin franco- -belge.
Il est facile, pour les Pyrénées, de démontrer que les charriages qui ont
donné naissance aux nappes que j'ai nommées € nord-pyrénéennes » et € pré-
pyrénéenne . » correspondent à une phase tectonique tardive de la chaine,
sinon à sa phase finale.
Non seulement certains témoins de ces nappes sont venus reposer Re
sur les poudingues de Palassou (Trias de Betchat), mais on peut constater
que les plis de la région sous-pyrénéenne existaient dejà lors de la transla-
„tion de ces nappes, qui les a arasés.
Ce fait s'observe nettement à l'est de Foix, dans les environs de Lavelanet, Les
contours géologiques de la feuille de Foix montrent que la petite ville dé Lavelanet
est située sur le flanc méridional d'un grand anticlinal, très régulier, à noyau sénonien
largement visible; cet anticlinal de Dreuilhe est le plus externe que présente la série
sous-pyrénéenne, Au sud de Lavelanet, s'étend un large synclinal de Nummulitique,
limité en son bord méridional par un chevauchement sous-pyrénéen qui passe par
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1157
Villeneuve-dl'Olmes et B naix; ce chevanch ment a ramené les calcaires à Hippurites
de cés.deux localité, classiques sur les formations daniennes et même nummulitiques,
Au sud-ouest de Lavelanet, le grand svncliual en question se bifurque par l'appa-
rition d'un large bombement périanticlinal qui s'ouvre vers l'Ouest, en sorte que les
couches terminales du Crétac: y apparaissent aux villages de Péreille d’en Haut et de
Péreille d’en Bas. Au nord de ce bombement, la branche septentrionale du synclinal
nummulitique se poursuit de Lavelanet, par le village de Raissac, jusqu'à la sortie
aval de la cluse de Péreille.
La structure de cette cluse de Péreille, quoique simple en apparence, est très
complexe en réalité. Jai montré que les dolomies jurassiques et les calcaires urgo-
apliens qui y viennent former la terminaison du chainon du.Pech de Foix appar-
tiennent, en réalité, à la nappe nord-pyrénéenne inférieure (nappe A). Hs reposent
dans une sorte de gouttière synclinale formée de calcaires cénoma riens, qui font
partie de la nappe pré-pyrénéenne Z et qui se montrent s‘parés, par une lame di-con-
tinue des calcaires à Hippurites de Benaix, des couches daniennes qui apparaissent
dans le bombement sous-pyrénéen dont il vient d'être question, Somme toute, les
témoins superposés des nappes À et Z et du chevauchement de Benaix et Villeneuve-
d'Olines reposent, à Péreille, sur Le noyau crétacé terminal d’un anticlinal sous-pyré-
néen très accusé.
En aval, à la sortie de la cluse de Péreille, on voit les calcaires cénomaniens venir
reposer en discordance angulaire sur les calcaires à Miliolites, puis sur ls marnes
nummuliques occupant laxe du synclinal de Raissac, et ensuite sur une nouvelle série
en sens inverse des couches nummulitiques, daniennes et sénoniennes, jusque sur l'axe
de l’anticlinal de Dreuilhe. Si le flanc septentrional de celui-ci se montre dépourvu de
cette couverture des nappes pyrénéennes, c’est probablement par suite de l'érosion
ultérieure.
En tout cas, il est entièrement établi que les nappes du bord septentrional
des Pyrénées peuvent reposer en discordance angulaire sur deux anticlinaux
sous-pyrénéens successifs et sur le synchinal intermédiaire, avec-arasement des
deux antichnaux en question. Ces plis existaient donc lorsque s’est faite la
translation de ces nappes ou bien ils se formérent pendant cette translation et
étaient immédiatement arasés.
De plus, on peut, en de nombreux points des Prinsen, c constater un
phénomène complémentaire du précédent. Si la translation des nappes a
arasé le sommet des anticlinaux de leur substratum, inversement la surface
de base de ces nappes se montre souvent indépendante aussi de l'allure plus
Ou moins plissée des couches de la nappe, qui sont fréquemment coupées en
biseau très marqué par la surface de charriage. C’est ce qu'on observe, par
exemple, dans la « fenêtre » de Tarascon-sur-Ariège, pour la base de la
nappe nord-pyrénéenne inférieure (A), dont les calcaires urgo-aptiens et
les dolomies jurassiques, bien que reposant sur des schistes albiens peu
C. R., 1920, 2° Semestre, (T. 174, N° 23.) 87
Le
1158 ACADÉMIE DES SCIENCES.
résistants, sont coupés en biseau auprès de Bédeillac et à Quié, sur les
deux flancs de la grande voûte commune aux diverses nappes à laquelle est
due l'existence de cette fenêtre. S'il ne semble guère douteux que cette
voûte soit l'effet d’un plissement tardif, postérieur à la mise en place de ces
nappes, il paraît bien indiqué aussi que, lors de la translation de la nappe À,
celle-ci présentait déjà des plis marqués et que le. fond des synclinaux qui
l’accidentaient a pu être raboté par friction sur son substratum, de méme qu'a
pu l'être le sommet des anticlinaux de ce dernier.
Ces divers faits montrent bien la complexité et la variabilité des pro-
cessus qui ont pu entrer en jeu dans la formation des grands accidents tec-
toniques qu'on nomme charriages.
GÉOLOGIE. — Sur la géologie de Cabrera, Concjera et autres les voisines.
Note de M. F. Gouez-Livcea, transmise par M. Ch. Depéret,
Il existe dans l'archipel des Baléares, un petit groupe d'iles alignées du
Sud-Ouest au Nord-Est, qui paraissent continuer, dans la mer, la Sierra
. orientale de Majorque, et qui, en raison de leur moindre importance, ont
été peu-étudiées. La plus grande est Cabrera. Due de sa voisine au Nord,
est plus réduite. Ces deux îles sont accompagnées de six autres plus petites
et de quelques îlots très restreints.
En quelques mots, voici l'historique géologique de ces ies,
La Marmora (1834) pense que Cabrera est tertiaire. En 1867, Bouvy
signala le Néocomien; mais c’est par les recherches de Hermite, puis de
Nolan, qu'ont été acquises les données les plus précises. Toutefois, Her-
mite (1879) n’y a pas signalé le Jurassique supérieur et, d’après lui, la
plus ancienne formation serait à rapporter au Néocomien; il a reconnu
l’existence de l’Éocène moyen représenté par des calcaires à Nummulites
perforata et, par comparaison avec Majorque, il a établi l'existence du
Miocène moyen. Pour Nolan (1897), le Portlandien à faciès tithonique
formerait la presque totalité du substratum de l'ile de Cabrera; il signale
cependant du Valanginien dans la partie méridionale et de l'Hautérivien
dans la Cala en Deia; enfin, il a reconnu le Quaternaire à l’extrémité sud
du port et que toutes les assises plongeaient légèrement vers le Sud-Sud-
Est. En plusieurs points, les couches inférieures apparaissent, conséquence
de plis peu accusés,
Les recherches que nous avons faites dons cette tle, à diverses reprises,
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1159
dans le but de récolter des fossiles nummulitiques, nous amènent à apporter
quelques modifications dans la succession des terrains indiquée par nos
prédécesseurs et à signaler des niveaux importants, très fossilifères, dont
il n’a pas encore été parlé. De l'étude, faite au laboratoire de Géologie de
la Faculté des Sciences de Lyon, des matériaux que nous avons recueillis,
découlent les conclusions suivantes.
Les assises les plus inférieures de l'île de Cabrera n'appartiennent pas au
Portlandien. La série secondaire d'‘bute par le Lias. Ce terrain, formé de
bancs calcaires, très durs, gris rongeâtre, renferme une faune abondante,
malheureusement difficile à extraire. Les affleurements restreints de ce
niveau se trouvent sur les côtes de la moitié nord de Pile, plus particuliè-
rement au Cap Alt et à Sas Bledas. Ce dernier point est ke plus fossilifère,
en même temps que le moins malaisé à étudier. Nous y avons trouvé :
Tropidoceras Masseanus D'Orb., Tr. cf. Faldrini Dum., Ægoceras nautili-
formis Buck., Rharophyllites cf. Mimatensis D'Orb., Pleydellia groupe
aalensis Listen, Belemnites (Acrocælites) cf. Munieri Des'ong., Belemnopsts
sub Blarnvillei Deslong:, Pleurotomartia expansa Sow., PL. amalthei Quenst.,
Pl. rotelliformis Dunker., Discohelix orbis Reuss., Rynchonella flabellum
Menegh., Eugeniacrinus mayalis Deslong., Pentacrinus malleatus De
Loriol, Merina marginatus D`Orb., etc. Cette faune indique lexis-
tence, en ce point, du Lias moyen et du Lias supérieur. Aux mêmes
endroits et aux environs de la Cova blaba, ces assises supportent des
calcaires noduleux qui diffèrent des précédents par leur couleur gris jaune
et leur faible épaisseur. Le meilleur gisement se trouve aŭ Cap Alt et
aux environs de la Cova blaba, où les calcaires ont au plus 20 mètres
d'épaisseur. Sur ce dernier point, ils sont notablement inclinés. Les fossiles
sont surtout des moules internes, quelquefois bien conservés.-Provenant
de Cap Alt, nous avons déterminé : Cadomites Humphriesi Sow., C. plica-
tissimum Quenst., C. Blagdeni Sow., C. Braikenri igi Sow., l'erisphinctes
Martiusi D`Orb., Oppelia subradiata Sow., Garantia baculata Quenst.,
Patoceras Sauceanus D'Orb., Hamites bifurcatus Quenst., Toxoceras
Orbignyi Bau. et Sau., Be emnites Beyrichi Opp., Belemnopsis sp. Glosso-
thyris nucleata Schlot., Balanocrinus inornatus D'Orb., Posidonia opalina
Quenst., Posidonia sp.
A De Bledas : Phylloceras heterophylloides Opp., Cadomites Deslong-
champsi Defr., Periph. Martiusi D'Orb., Belemnites Beyrichi Opp., Belem-
nops's Sp. Triacrinus depressus Quenst.
A Cova blaba : Phylloceras heterophylloides Opp., Ph. tatricum D'Orb.,
1160 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cadonutes Blagdeni Sow., Oppelia (Strigoceras) Trueller D'Orb., Oppelia
subradiata Sow., Pæcilomorphus infernensis Roman, Parkinsonia planulata
Quenst., Patoceras annulatum D'Orb., Glossothyris nucleata Schlot., Rhyn-
chonella reti frons Opp., Balanocrinus inornatus D'Orb., Posidonia opalina
Quenst., Belemnopsis sp.
Au-dessus, sur ces mêmes points et dans des calcaires semblables, nous
avons trouvé une faune nettement bathonienne avec Phylloceras nédiles Ta-
neum Neum. Ph. Zignodianum D'Orb., Morphoceras polymorphum D'Orb.,
Oppelia fusca Quenst., Protetragonites tripartitus Rasp., Isocardia minima
Le Portlandien du port de Cabrera nous a fourni la faune déjà signalée
en partie par Nolan.
Nous avons retrouvé aussi le Néocomien avec Hamites sp., Hoplites groupe
neocomrensis D'Orb., Aptychus Didayi Coquand, Ap. Seranonis Coquand,
Rhynchotheutis sp., Belemnites ( Belemnopsis) cf. semicanaliculatus Blainville,
Belemnopsis cf. Conradi Kilian B. (Neohtbolites) gr. Pisuilliformis Blain-
ville, Duvalia ensifera Opp., D. binervia Raspail.
Nos recherches ont aussi porté sur les petites îles voisines de celle de
Cabrera. Dans l’île de Conejera, jusqu'ici considérée comme exclusivement
crétacée, nous avons retrouvé un Lias analogue à celui de Cabrera, recou-
vert par le Jurassique inférieur avec Belemnopsis sp. et Rhopaloteuthis sp.
nov. (déterminations de M. Lissajous). Ce Jurassique est recouvert à son
tour par un puissant Néocomien à Aptychus et Duvalia binervia Raspail. À
l'extrémité Süd-Est, on trouve des bancs calcaires à Nummulites perforata
identiques à ceux de Cabrera.
Les petites îles Plana et Pobre sont presque en totalité formées par des
couthes liasiques renfermant sur certains points de nombreux Brachiopodes
et Crinoïdes. Ces couches se relèvent vers l'Ouest. A l'Est, elles sont
recouvertes par des grès quaternaires rougeâtres et blanchâtres qui s’épais-
sissent de plus en plus et finissent par former presque entièrement Fora-
dada qui est la dernière ile de cette série, la plus proche de Majorque.
Au point de vue tectonique, nous avons pu observer d'importantes cas-
sures avec des surfaces de glissement accompagnées de mylonites démon-
trant que ces iles appartiennent à une série de plissements intenses dont
l'étude détaillée sera faite ultérieurement.
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1161
PALÉONTOLOGIE. — Sur la succession des faunes de Mammi feres dans l'Eocène
inférieur européen. Note de M. Pierre Teicnarn pe Cnarnin, présentée
par M. Emile Haug.
La revision de la collection Victor Lemoine, conservée au Muséum de
Paris, des recherches faites dans divers musées, en France et à l'étranger,
enfin, des fouilles exécutées à Cernay-lès-Reims, m'ont amené à comprendre
comme il suit l’évolution de la faune des Mammifères en Europe, pendant
l'Éocène inférieur.
1. AGE DE LA FAUNE DITE € CERNAYSIENNE ». — La faune cernaysienne (c’est-
à-dire l'unique faune pré-sparnacienne que nous connaissions en Europe)
appartient, non à la base ni au milieu (comme on l’a dit parfois), mais
à l’extrême sommet du Paléocène. L'étude des Multituberculés, des
Oxyclénidés (Arctocyonides Lem.), des Chyromyidés (Plesiadapis tricuspi-
dens Gerv.), etc., qu’elle contient, montre que le « conglomérat » de
Cernay (et, avec lui, probablement, tout notre Thanétien) correspondent
exactement aux « Tiffani beds » du New-Mexico, formation qui s’intercale,
en Amérique, entre le ‘l'orrejon supérieur et le Wasatch. Plesiadapis tricus-"
pidens, notamment, est peut-être spécifiquement identique à Nothodectes
Gidleyt Matthew, des Tiffani beds. La faune cernäysienne diffère surtout
de la faune des Tiffani beds par la présence dominante de Condylarthrés
très modernisés, peut-être assez voisins des Hyrax, des Pleuraspidotherium
€t Orthaspidotherium Lem., qui doivent être rattachés à la famille des Ménis-
. Cothéridés Cope. Les Meniscotherium n'apparaissent, en Amérique, qu’à
partir du Wasatch. f
2. CARACTÈRE TRANCHÉ DE LA FAUNE SPARNACIENNE. — Si haut qu'il faille la
placer dans le Paléocène, la faune cernaysienne demeure absolument dis-
tincte de la faune sparnacienne. Celle-ci, caractérisée par l'association
Coryphodon-Hyracotherium-Paramys et Plesiadapis (du groupe Daubrei
em.) apparaît brusquement, tout entière, dès le conglomérat de Meudon
(Coryphodon, Hyracotherium, Paramys, Plesiadapis). Elle se retrouve, avec
une parfaite uniformité de caractères, dans le Landénien fluviatile de
Belgique (Coryphodon, Hyracotherium, Paramys) et dans le London-clay
de Sheppey (Hyracotherium, Plesiadapis = Platychærops Charlesworth ). Elle
existe, mélangée à d’autres éléments plus jeunes, dans la faune agéienne de
Lemoine (Hyracotherium = Lophiodochærus, Paramys = Decticadapis, Ple-
siadapis...). Phenacodus, typique, s'y rencontre en France et en Belgique.
1162 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Somme toute, la faune sparnacienne surgit aussi brusquement en Europe
que la faune du Wasatch en A mérique, et elle est caractérisée, comme cette
dernière, par l'arrivée des Périssodactyles et des Rongeurs. Mais tandis
que, en Amérique, des Primates indiscutables et les Artiodactyles ont été
trouvés dès le début du Wasatch, ces deux groupes ne sont encore signalés,
en Europe, que du Cuisien.
3. EXISTENCE D'UNE FAUNE CUISIENNE DISTINCTE DE LA FAUNE SPARNACIENNE. —
Séparée des éléments sparnaciens qui lui étaient indûment associés, la faune
agéienne reste composée de Primates (Protoadapis), d'Artiodactyles à
molaires supérieures tiès simples (Protodi hobune Lem., analogue à Draco-
dexis = Trigonolestes Cope du Wasatch), de Périssodactyles (Parapachyno-
lophus la franchement distincts d’ Hyracotherium, de Lophiodontidés.
Ces formes, recueillies à un niveau précis (sables à Térédines), représentent
la faune cuisienne proprement dite. Celle-ci est donc caractérisée par lappa-
rition des Primates et des Artiodactyles, et par un degré spécial d'évolution
des Périssodactyles.
4. PERSISTANCE JUSQU'AU LUDIEN, D'UNE FAUNE A AFFINITÉS SPARNACIENNES ET AMÉ-
RICAINES. — L'étude des Mammifères, surtout ongulés, prouve qu ‘une sépara-
tion entre l’Europe et l'Amérique s’est effectuée à la fin de l Éocène infé-
rieur, et qu’elle a duré jusqu’à l’Oligocène. Il est d'autant plus remarquable,
dans ces conditions, de rencontrer, dans les Phosphorites du Quercy (sur-
tout à Memerlein, Lot) une faunule à affinités nettement américaines.
Cette faunule, dont il est possible, par comparaison avec des formes pro-
venant de niveaux bien stratiliés (Hordwell, Euzet, Bouxwiller), de fixer
l’âge bartonien ou ludien inférieur, çomprend (en plus d’un genre sparna-
cien, Protoadapis, déjà signalé par Stehlin) des Créodontes « adaptatifs »
(Miacis, Viverravus), des Chiromyidés (Necrosorex Filh., deux espèces) et
des Tarsiidés ( Pseudoloris Stehl.) tout à fait voisins des Aiacis, Viverravus,
Apatemys et Anaptomorphidés de l'Éocène moyen américain. Une ressem-
blance aussi étroite entre le Bartonien d'Europe et le Bridger d'Amérique
prouve que, longtemps après la séparation des deux continents, une faune
résiduelle commune, mêlée aux éléments nouveaux propres à chaque région,
a pu se maintenir, et a continué à évoluer parallèlement, des deux côtés de
l'Océan.
Les Tarsiidés des Phosphorites, dont j'ai pu me procurer des spécimens
inédits faisant connaître la dentition supérieure et les os de la face, ont ceci
de remarquable qu'ils ressemblent au Tarsier actuel plus qu'aucune autre
forme fossile connue.
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1163
PALÉONTOLOGIE. — Sur la faune des couches inférieures de l'Aalenien du
grand-duché de Luxembourg. Note de MM. Hesry Jory et Nicocas Laux,
présentée par M. Emile Haug.
L'Aalénien des environs de Nancy laisse voir, d'après Authelin, une
lacune entre la zone à Dumortieria radiosa et la zone à Harpoceras concavum.
Une semblable lacune se constate dans l’Aalénien au nord et à l’est de
Montmédy. En Lorraine, par contre, et, par extension, dans les bassins
d'Esch et de Longwy, Benecke conclut à l'existence de trois zones carac-
térisées par’: 1° Dumortieria Levesquei, 2° Dumortierta subundulata et Harpo-
ceras opalinum et 3° Harpoceras Murchisonæ. La question se posait de la
constitution exacte de l'Aalénien dans le Luxembourg, région la plus
extrême vers l'Est, où les dépôts correspondants, d’une grande épaisseur,
affleurent à flanc de coteau. De longues et minutieuses recherches dans les
exploitations de minerai de fer du bassin d’Esch, et la détermination aussi
exacte que possible des nombreux échantillons recueillis (Ammonites prin-
cipalement) nous permettent d'apporter une contribution à la solution de
ce problème.
Les localités fossilifères sont : Tétange, Kayl, Dudelange, Esch,
Rumelange. |
En superposition directe sur les marnes noires semi-schisteuses à Gram-
moceras fallaciosurm du Toarcien, le grès connu sous le nom de « grès supra-
hasique » forme le début de l’Aalénien. Il se caractérise immédiatement,
en effet, par l'apparition première de Dumortieria Levesquet d'Orb. et Dum.
Brancoi Ben. accompagnées ou suivies de près par Tarpoceras (Pleydellia)
aälense Ziet., Harp. subcomptum Branco et Harp. lotharingicum Branco.
Cette faune se continue jusqu’à la hauteur de la couche noire d'Esch, à 18™
au-dessus de la base; Harp. aalense, Harp. subcomptum, Harp. lotharingi-
cum s'enrichissent surtout en individus; Dum. Brancoi va s'éteindre, et Dum.
Levesquei devient sporadique.
Ces fossiles forment un bel ensemble, c'est la faune de l’horizon à Dur.
Levesquei, représenté par conséquent dans le Luxembourg par les couches
comprises entre les marnes noirâtres à Gr. fallaciosum et la couche noire.
Les couches suivantes, et jusqu'au-dessus de la couche brune, appar-
tiennent à l'horizon à Dum. pseudoradiosa Branco et Dum. subundulata
Branco; en effet, au tiers de la couche noire, un nouveau groupe de Dumor-
tieria entre en scène spontanément : Dum. pseudoradiosa Branco, Dum. subun-
1164 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dulata Branco, Dum. Bleicheri Ben., Dum. Nicklesi Ben., Dum. costula Rein.,
Dum. suevica Haug. A ce groupe viennent s'ajouter Hudlestonia sérrodens
Quenst., Harp. Hinsbergi Ben., Lytoceras Wrighti Buckm.; toutes ces
espèces se rencontrent là pour la première fois. La même faune se retrouve
au toit de la couche brune, à Esch, où le genre Dumortiera est renforcé par
plusieurs espèces : Dum. Kochi Ben. (= Dum. subundulata var. striatulo-
costata Haug.), mais Dum. Levesquei d'Orb. a disparu.
Au-dessus de la couche brune, les Dumortiera disparaissent, hormis Dum.
pseudoradiosa, dont les retardataires isolés s’en vont même dépasser la
couche grise, D'autre part, le groupe réuni autour d'Harp. aalense est à
l'apogée avec les espèces primitives : Harp. aalense Ziet., Harp. subcomptum
Branco, Harp. lotharingicum Branco, ainsi que Harp. cf. fluitans Dum. in
Branco. C’est à ce niveau qu’on peut placer aussi Dumortieria mactra Dum.
et Dum. Moorei Lyc., espèces dont le rôle est plutôt effacé. Ajoutons qu'à
partir de la couche grise, Harp. aalense, avec son groupe plus ou moins
compet, se retrouve encore en association avec Harp. opalinum Rein. même
jusqu’à l'extinction de cette dernière espèce.
Ce n'est que dans la couche grise que nous voyons apparaître Harp. opa-
linum et les formes de son groupe. Il persiste jusqu’à la couche rouge prin-
cipale et fournit de nombreux exemplaires typiques.
Nous n'avons pas rencontré jusqu'à présent Harpoceras Murchisonæ Sow.
seules quelques formes s’en rapprochant ont été recueillies; quant à l’ appa-
rition d'Harp. concavrum Sow., elle se fait dans un banc de passage du mi-
nerai rouge marno-sableux préparant le passage de la formation ferrugi-
neuse aux marnes- grises micacées.
Nous nous bornerons à indiquer ici les remarques saillantes que l’on peut
faire sur la zone inférieure de l’Aalénien.
La faune du bassin d'Esch fait ressortir deux groupes de Dumortieria se
distinguant à raison du moment où ils font leur apparition. Le groupe le
plus âgé est composé de Dum. Levesquei, Dum. striatulo-costata, Dum.
Brancoi, formes auxquelles s'ajoutent, dans d’autres pays : Dum. sparsicosta
Quenst., Dum. Munieri Haug, Dum. Dumortiert Thioll. in Dum. Le groupe le
plus récent comprend : Dum. radiosa, Dum. radiosa var. Gundershofensis,
Dum. pseudoradiosa, Dum. subundulata, Dum. Bleichert, Dum. Nicklest,
Dum. Leesbergi, Dum. costula, Dum. mactra, Dum. Moorei. L'invasion des
Dumortieria s'est donc faite en deux phases distinotes. Dum. Levesquet est
caractéristique de la première phase, Dum. pseudoradiosa et Dum. subundu-
lata caractérisent la seconde dans le Luxembourg. C’est ce qui nous porte
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1165
à établir deux horizons paléontologiques différents dans la zone inférieure |
de l’Aalénien, l’un à Dum. Levesquei, l'autre à Dum. pseudoradiosa.
Le groupe de Harp. aalense Ziet. est commun à trois zones, il s’introduit
avec les Dumortieria du groupé inférieur, reste associé à celles du groupe
supérieur et ne di-paraît que dans le haut de la zone à Harp. opalinum.
Nos observations mises en regard des subdivisions établies par Benecke
montrent : 1° que cet auteur fait commencer la zone à Dum. Levesquei à la
place même où nous avons au contraire observé sa fin; 2° que, par erreur
encore, il a placé Dum. pseudoradiosa et Dum. subundulata beaucoup trop
haut dans la couche grise qui renferme déjà Harp. opalinum, la zone repré-
sentée par cette dernière espèce étant simultanément placée trop bas. Il en
est résulté un mélange fictif de deux zones consécutives qui n’ont pour
élément commun que les P/eydellia du groupe d’aalensis; 3° enfin, qu'il
place la zone à Harp. Murchisonæ en face des couches où nous trouvons
déjà et nettement Horpoceras concavum. Il nous à donc semblé intéressant
de faire connaître nos résultats, qui sont appuyés, pensons-nous, sur des
faits bien plus précis que ceux sur lesquels — d’après le texte même — s’est
appuyé l’auteur allemand.
MÉTÉOROLOGIE. — Sur la variation du rayonnement nocturne pendant les
nuils sereines. Note de M. A. Bouraric, présentée par M. J. Violle.
E Cannie à ce que semblaient indiquer quelques observations
isolées de Lo Surdo à Naples et d’Exner sur le Sonnblick, j'ai constaté, à
Montpellier, en 1913-1914, que l'intensité r du rayonnement nocturne,
pendant les nuits sereines, passe généralement par un maximum peu après
le coucher du Soleil et décroit ensuite lentement et régulièrement jusqu’au
matin ('). Les valeurs que j'ai obtenues, du 11 août au 24 août 1919, à
l'Observatoire du Pic du Midi, suivent la même variation générale ainsi
que le montrent les données rassemblées dans le Tableau I, an à des
nuits pour lesquelles la nébulosité était égale à o.
(1) A. Bouranic, Thèse, Paris, 1918, D. 135 et 189.
1166 . ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tasgau I.
16-17 août, 17-18 août. 22-23 août. 23-24 août.
SERRE SORA PR Te Re a — —
h. P, h. F: h. = À. a
b m h m h m h m
19.39: 0,114 18 30 0,132 18.40: <0,135 18.25 0
19.917: :-0,124 18:95:50, 190 19.50 0,154 18.40 0,150
10.13 0,190 19.40 0,168 20.55 0,139 19.42 0,166
20.19 0,174 10.30 0,170 0.19 O,142 21 0,154
21.0 0,170 21 0,168 3 0,135 0.49. 07146
019 0,170 0.19. 0,174 0:3 0,128 3:19 0, Hi
3:30 0,108 3:10: 0100 5,22 - 0.198 4.25 0139
h.35- 0,166 4.40 0,196 Red OF! 5 0,142
Apo 0,100 9.9 0,142 | 5.30 °0,197
5,3 0,154 5.935. 0,144
0.30: 0150 09 0,131
5.90 - 0;199
6.20 o,128
‘6.30 0,123
CS. 19.0 i 18.59 18.52 18,91
LS 56 5.7 rt z 5,15
Nota. — C. S. — coucher du Soleil: L.S. — lever du Soleil.
2. L’allure de cette variation me parait assez délicate à interpréter, en
l’état actuel de nos connaissances sur la physique de l’atmosphère. `
a. On pourrait songer à l’attribuer aux variations de la température et
de la pression de la vapeur d’eau qui se produisent au cours d’une nuit
sereine. Le Tableau II donne les moyennes des températures et des pres-
sions de la vapeur d’eau observées au Pic du Midi (') pendant dix nuits
claires de juillet et août 1919 (nébulosité moyenne comprise entre o et 1):
la température baisse régulièrement dans le cours de la nuit, ce qui tend
bien à diminuer le rayonnement nocturne, mais la pression de la vapeur
d’eau baisse également, ce qui tend à l’'augmenter. Les valeurs du rayon-
nement r calculées par la formule que j'ai proposée (°), r= 760, F( fo)»
indiqueraient, contràirement aux observations, une augmentation lente du
rayonnement.
(1!) Observations communiquées par M. J. Rey.
(?)} A. Bouraric, loc. cit., p: 135 et suiv.
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1167
TABLEAU 11,
h. 7 b Tis realce.
h o C
‘18 8,3 4,2 0,190
21 6,5 2,8 0,162
o 4,8 CA ER 0,166
3 4,4 2,1 0,168
6 5,6 1,2 0,169
b. Sans doute doit intervenir un phénomène, signalé par Marc-Auguste
Pictet (1778), par Six (1: 84), par Marcet (1833) et minutieusement étudié
par Ch. Martins ('): l'accroissement nocturne de la température avec la
hauteur, dans les couches inférieures de l'atmosphère, accroissement qui
prend naissance au coucher du Soleil et s'établit lentement et progressi-
vement. Cet accroissement nocturne de la température avec la hauteur au-
dessus du sol augmente le rayonnement de l'atmosphère et, par suite, dimi-
nue le rayonnement effectif des corps exposés à l'air libre. L'importance de
plus en plus grande que prend cet accroissement, dans le cours de la nuit,
jointe à la diminution progressive de la température au niveau du sol, peut
rendre compte de la diminution lente du rayonnement nocturne que
révèlent mes observations. Je signale, en passant, l'intérêt qu'il y aurait à
étudier l'accroissement nocturne de la température au-dessus du sol dans
grand nombre de stations.
Ce phénomène montre que les valeurs du rayonnement nocturne, obte-
nues à des instants quelconques dans le cours de différentes nuits, ne sont
pas absolument comparables. L'expression du rayonnement par une for-
mule ne tenant compte que de la température et de la pression de la vapeur
d’eau au voisinage du sol ne peut être rigoureusement exacte. En fait, les
observations que j'ai utilisées pour vérifier la théorie que j'ai donnée du
rayonnement nocturne ont été généralement faites peu après le coucher
du Soleil, c'est-à-dire dans des conditions comparables. Mais, même dans -
le cas le plus général, la formule que j'ai indiquée conduit à des valeurs
approchées. Ainsi, elle permet d'interpréter les nombreuses observations
que j'ai faites à Montpellier et au Pic du Midi, celles d'Angstrôm (°) à
Bassour (Algérie) et celles de Kimball (*) à Washington.
(1) Cu. Martins, Mémoires de l’Académie des Sciences et des Lettres de Mont-
pellier (Section des Sciences), t. 5, 1861-1862, p. 47 et 133.
(°) Anvers AxGsrrôm, Smithsonian Miscellaneous Collections, t. h3, n° 3, 1915.
(°) H. Kimsaus, Monthly Weather Review, t. ts 1918, p. 57.
1168 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE VÉGÉTALE. — De l'action contraire des chlorures et des sulfates
solubles sur les matières amylacées. Note de M. H. Courrowxe, présentée
par M. Lindet.
Béchamp, le premier, nota que le chlorure de zinc transforme l’amidon
en empois, à froid, et, à l’ébullition, en amidon soluble.
Tous les chlorures possèdent, à des degrés différents, la propriété
d'abaisser la température à laquelle se forme la masse gélatineuse (amylo-
pectine), vulgairement appelée « empois ». Mais l’abaissement est fonction
de la solubilité du sel et de la concentration de la solution; de sorte que le
phénomène se produit à froid seulement avec les chlorures très solubles
tels que le chlorure de zinc, et employés en solution saturée ou voisine de
la saturation.
Ces mêmes chlorures transforment également l ann en «amidon
soluble » par chauffage à 115° environ.
Si cette conclusion, plus générale, a échappé à Béchamp, ce n’est point
certainement qu'il ait borné au chlorure de zinc ses essais à froid ; c’est bien
plutôt qu’il n’a pas opéré dans le laboratoire d’un pays chaud où le ther-
momètre atteint pendant plusieurs mois 25° à 30° C. ('), température plus
favorable à la première réaction que celle à laquelle Béchamp opérait.
J'estime en conséquence que les expériences dont j'expose les résultats
constituent un simple corollaire de ceux de Béchamp.
Laissant de côté les chlorures de potassium, de sodium et d’ammonium,
dont l’action est faible et lente à chaud, et nulle à froid, je passerai rapi-
dement sur les résultats donnés par les chlorures calcique et barytique,
pour insister sur l’action remarquable du chlorure magnésien.
Solution de chlorure de calcium. — Quand on mélange une solution de
chlorure de calcium saturée (100 de CaCl? sec, 150 d'eau) avec des poids
croissants de fécule (20 à 70), on obtient à froid une masse d’empois,
transparent quand il y a peu de fécule, opaque et plastique quand il y en a
davantage. Cette masse se transforme par un chauffage de 7 heures, à 1 15°-
120°, en amidon soluble. Dès que la solution est fendue d’eau, la liqué-
faction, sous l'influence de ce chauffage, se ralentit, jusqu’à devenir nulle
quand la solution saturée primitive est additionnée de son volume d’eau.
rt
(1) Expériences faites à Badolona (Espagne).
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1109
' Solution de chlorure de baryum. — Quoique beaucoup moins soluble que
le précédent, ce sel donne rapidement, à froid, un empois très transparent,
qui se liquéfie en 1 heure, à 115°-120°, formant un sirop entièrement soluble
dans l’eau, mais rétrogradant en une masse opaque au bout de quelques
heures. La prolongation du chauffage retarde la rétrogradation.
Solution de chlorure de magnésium. — Ve délayage de quelques instants à
25° C. de quantités croissantes de fécule avec un même volume de solution
saturée de chlorure de magnésium (100 de sel cristallisé, Mg CE + 6H°?0,
6o d’eau, de 5 à 5o de fécule), donne dans tous les cas un empois dont la
consistance augmente avec la proportion de matière amylatée. Si l’on
opère à 35°, la prise en masse a lieu avant que le délayage soit total. La
consistance n’est pas modifiée par une tempéralure de 50°, maintenue quel-
ques heures.
La fécule donne toujours un empois plus transparent et brillant que les
divers amidons.
Formés en quelques minutes, à froid, les empois portés à 115°-120° se
liquéfient en moins d’une demi-heure.
Conservés pendant un mois, les sirops incolores sont encore entièrement
miscibles à l’eau, donnant une liqueur aussi limpide que le premier jour.
Comme dans le cas du chlorure de calcium, l'addition d’eau rend plus
lente la transformation en empois et fournit des produits de moins en
moins transparents, au fur et à mesure que la quantité d’eau ajoutée à la
solution saturée augmente (25 d'amidon de riz, 100 de solution saturée,
de 5 à 25 d’eau).
Les amidons de riz, de blé et de maïs réagissent comme ia fécule en pré-
sence de la solution de chlorure de magnésium saturée, mais la liquéfaction
de l’empois est complète au bout de 1 heure ou 2 heures seulement.
En résumé, le chlorure de magnésium, à saturation, transforme d'autant
plus rapidement et complètement, à froid, la matière amylacée en empois,
que la solution est plus concentrée et en quantité plus grande par rapport à
la fécule ou à l’amidon. L’empois chauflé à 1 15°-120° (température de dis-
sociation du sel) fournit de l’amidon soluble stable.
L'empois solide, obtenu avec une forte proportion de fécule ou d’amidon,
Peut être conservé longtemps sans changement : le sel a perdu son hygros-
copicité, et l’amidon, qu’il enrobe, son altérabilité à l'air humide.
Tandis que les chlorures solubles favorisent plus ou moins la formation
de l’empois, il est une catégorie de sels qui offrent une particularité opposée :
1170 ACADÉMIE DES SCIENCES.
celle de la retarder ou même de l’entraver radicalement. Ce sont les sulfates
solubles. :
Dans cet ordre d'idées, c'est encore le sel magnésien qui possè de au plus
haut point cette propriété curieuse, qui est, je pense, signalée pour la pre-
mière fois.
Si, par exemple, on chauffe, en vases clos, à 1 15°, pendant 1 heure ou plus,
un mélange de 65 parties de sulfate de magnésium hydraté(MgSO‘+-H?0),
avec 40 parties d’eau et 30 parties de fécule, les globules de matière amy-
lacée ne subissent pas trace de gonflement, ainsi qu'il est aisé d'en avoir la
preuve par l’obs:rvation microscopique. Il n’y a formation d’empois que
sur les prois du vase, au-dessus du niveau du liquide, là où quelques par-
ticules d'amidon, restées adhérentes au verre, par suite de l'agitation du
mélange, se trouvent soumises à l’action de la vapeur condensée.
S ‘parce de la solution saline, puis délayée dans l’eau distillée, la fécule
donne par le chauffage l’empois ordinaire.
Les résu tats sont identiques avec les amidons de riz, de blé et de maïs.
Catte propriété sp'ciale des sulfates pourra être utilisée dans l'analyse
chimique et aussi dans certaines fabrications (').
PHYSIOLOGIE. — Le mécanisme de la réaction de Bordet-Wassermann.
Note (°) de M. W. Ropaczewskt, présentée par M. d'Arsonval.
Dans ła Note précédente (*), nous avons établi que la réaction positive
de Bordet-Wassermann coïncide, dans le sérum spécifique, avec l’augmen-
tation de la tension superficielle, Cette augmentation est particulièrement
nette avec le liquide céphalo-rachidien et atteint 3 dynes par centimètre.
Depuis nous avons constaté avec Me Requin que la marche de la réaction
au point de vue physique corrobore ce Libre floculant ‘du sérum des
syphilitiques.
Ces faits sont en parfait accord avec les résultats des travaux de Vernes (*)
(*) Le sulfate de so lium et le sulfate de magnésium anhydres, mélangés à un empois
ou à une solution d'amidon soluble, précipitent l’amidlon (Note de M. Lindet).
(2?) Séance du 22 novembre 1920.
(3) W. Kopraczewski, C. R Soc. Binl., t. 82, 1919, p. 1269.
(*) A. Verses, Presse médicale, 19 juin 1919.
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1171
et J.-H. Black ('); Schmidt et Siebers (°) pensaient également que la réac-
tion positive correspond à une labilisation des globulines; Elfer (°) a
signalé auparavant l'augmentation de la tension superficielle du sérum
spécifique, sans y attacher une grande importance, en raison du petit
nombre des mesures effectuées. Il nous semble que le pouvoir floculant
qu'on observe dans le sérum ou le liquide céphalo-rachidien des syphili-
tiques constitue un fait bien établi.
Nous avons voulu examiner si d’autres changements physiques n'avaient
pas lieu dans le liquide céphalo-rachidien ou dans le sérum des syphili-
tiques, et nous avôns appliqué notre méthode (*) de transport électrique
des globulines in vitro, en y apportant une modification, qui nous a été
suggérée par M. Lapicque.
On place dans un tube en U, renversé et obstrué par deux petits sacs en
collodion, le sérum à étudier, on plonge les sacs dans deux vases communi-
quants, remplis, non comme précédemment avec de l’eau distillée, mais
avec une solution à 8 pour 1000 de NaCl; et l'on établit une différence de
potentiel de o,1 volt par centimètre.
Au bout de 48 heures on remplace la solution saline par l’eau distillée `
courante : au bout d’une heure environ les globulines se précipiten là, où
le transport électrique les a déplacés; cette précipitation est complète au
bout de 6 heures. Inutile alors de prolonger le transport dans les mêmes
conditions : seule l'augmentation de la différence de potentiel amène une
précipitation des portions nouvelles des colloïdes du sérum.
Dans ces conditions d’expérimentation nous avons constaté que les
colloïdes les plus labiles du sérum, les globulines qui, normalement, sont
électronégatifs et dont une petite portion seulement possède la charge
positive, ont leur charge intervertie : ils deviennent électropositifs.
Le phénomène est net. Il s'observe également avec le liquide céphalo-
rachidien — une branche de l'appareil devient trouble tandis que l'autre
reste absolument transparente.
Nous pouvons donc ajouter aux modifications qui s'accomplissent dans
les humeurs syphilitiques une nouvelle : interversion de la charge électrique
d'une portion des colloides les plus labiles.
(1) J.-I. Brock, L. RosexserG et R.-B. Mac Baine, Jour. of Amer. Med. Ass., 1917,
n° 99
(°) Scuwmor et Siegers, Zeit. f. Immunitf, vol. 19, 1914, p. 211.
(*) A. Eurer, Folia serologica, t. 3, 1909, p. 461.
(C) W. Koraczzwski, C. R. Soc. Biol., t. 84, 1919, p. 590.
1172 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cette modification nous a suggiré l'idée de voir quel est le rôle joué par
ces colloïdes dans la r'action Bordet- Wassermann.
Après avoir dialysé le sérum humain spécifique pendant trois jours dans
notre dialyseur analytique (1), en ramenant ainsi sa conductivité de
111,0 X 10-*à 1,19 X 10*, nous l'avons débarrassé, par la centrifugation,
de son précipité. Le précipité est redissous dans la quantité de la solution
NaCl à 8 pour 1000, égale au volume primitif du sérum; le sérum est iso-
tonisé. A vec ces deux liquides on vérifie la réaction de Bordet-Wassermann.
Elle devient négative pour le sérum débarrassé de son précipité des colloïdes
(le témoin conservé reste positif); elle reste positive pour les globulines
redissoutes.
Exactement, le même phénomène s'observe avec le liquide céphalo-
rachidien. [l est donc évident que la réaction de Bordet-Wassermann se
passe entre les colloïdes labiles du sérum et les suspensions qu’on y ajoute;
la modification de la charge la détermine, l'augmentation de la tension
superficielle du sérum aide cette floculation.
A la lumière de ces faits, on peut facilement expliquer toutes les
surprises de la réaction de Bordet-Wassermann, étant donnée la grande
probabilité que d’autres phénomènes morbides peuvent s'accompagner
d'une modification de la charge électrique ou de la tension superficielle. Et,
parmi d’autrés, les cas d’ictère concomitant doivent, en diminuant la tension
superficielle par les sels et les pigments biliaires, ee contre-
balancer cette réaction de floculation.
D'autre part, ces faits donnent une interprétation des réactions de Lang,
de Vernes et ouvrent la voie à des simplifications de la réaction de
Bordet : il s’agit en somme de mettre en contact avec le sérum devenu flo-
culant une suspension fine, labile et colorée, pour la précipiter et ipso jacto
décolorer le liquide surnageant.
Pii YSIOLOGIE PATHOLO IQUE. — Sur le choc provoqué par l'introduction de
substances insolubles dans la circulation. Note de MM. Avueusre LUMIÈRE
et Hevrr Coururier, présentée par M. Roux.
Un certain nombre d’ expérimentateurs ont pu provoquer des phéno-
mènes rappelant les accidents du choc anaphylactique en introduisant dans
la circulation d'animaux tels que le chien ou le cobaye des substances
RE
(C) W. Koraczewswi, Comptes rendus, t. 157, 1913, p. 1853.
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1173
; thromboplastiques : : gélose, céphaline, coagulène, nucléine, amidon ou
même de la poudre de lycopode (').
- Nous avons cherché à faire la part, dans les troubles anaphylactotdes
constatés à la suite de ces traitements, des effets dus aux modifications de
la tonicité et de la tension superficielle du sang et de ceux qui peuvent
résulter de la seule présence dans le torrent circulatoire de particules
insolubles.
A cet effet, nous avons préparé un sérum artificiel isotonique et isovis-
queux dans lequel nous avons introduit un corps inerte ne pouvant inter-
venir que par son insolubilité et par conséquent d’une façon purement
mécanique.
Nous avons choisi dans ce but le sulfate de baryte à un état de grande
division obtenu par précipitation de solutions diluées de SO‘ Na? et de Ba Cl?
et élimination du chlorure de sodium formé pour avoir en fin de compte
des particules possédant des dimensions moyennes de 2” à 4F environ.
Ce précipité a été introduit dans un sérum artificiel isotonique et isovis-
queux de manière que chaque centimètre cube renferme 0$,0265 de SO* Ba.
Cette préparation, injectée dans la carotide d’un chien à la dose de 10°,
provoque les phénomènes du choc .anaphylactique : prurit, paraplégie du
train postérieur, polypnée, anxiété, dilatation pupillaire, chute de pression
et de température, vomissements, congestion intestinale, hémorragie et
mort.
Chez le cobaye, 1°” de cette substance inerte iatradaite dans le cœur
gauche conduit aux mêmes accidents que l'injection déchainante d’ant -
gène chez les animaux anaphylactisés.
Les effets du traitement s’atténuent exactement de la même maniére,
qu’il s'agisse du choc anaphylactique vrai ou du choc barytique quand on
dilue l'injection déchainante ou lorsqu'elle est introduite très lentement
dans la circulation.
(1) Pavut Hansux, HowarD Karsner et Josepa Fertermans, Phénomènes anaphylac-
` toides produits par-des agents thromboptastiques (Journal of Pharmacol. and Exp.
Ther., t. 1h, novembre 1919, p. 229). — P. Hansui et H. Karswer, Effects of various
colloïds and other agents which produce anaphylactoid phenomena on bronchi of
perfused lungs (1bid., tévrier 1920, p. 449-461); A comparison of the prophylactic
effects of atropine in anaphylactic shock and anaphylactoïd phenomena from
various colloïds and arsphenamine (Ibid., janvier 1920, p. 425-447); Hemagglu-
tination ın vitro, by agents which produce anaph) facioid sympicmes (lbid.,
février 1920, p. ko).
C. R., 1920,2° Semestre. (T. 171, N° 23.) 88
1194 : ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lorsqu'un animal a reçu de faibles doses subintrantes de la suspension de
sulfate de baryte, il peut ensuite recevoir sans dommage appréciables pen-
dant les 24 heures qui suivent la dose de 1° qui tue rapidement les témoins
en provoquant ainsi une vaccination analogue à.celle observée déjà par
Bordet avec les injections de sérum gélosé.
A dose égale, la crise anaphylactique est d'autant plus grave que l’injec-
tion a été poussée dans la carotide, dans le cœur gauche ou dans le cœur
droit, et il en est de même avec les produits pulvérulents en suspension.
Quand on a préalablement lié les carotides, l'injection intracardiaque ne
détermine plus aucun trouble immédiat ou que des troubles sans impor-
tance et sans durée, et cela aussi bien dans le cas du choc anaphylactique que
du choc barytique.
Après avoir pratiqué une saignée ae 10° chez le cobaye, on ne peut pas
plus provoquer le choc barytique que le choc anaphylactique.
Lorsqu'un animal a résisté aux désordres aigus déterminés par l’émul-
sion barytique, il peut présenter secondairement des accidents qui sont
exactement superposables à ceux de l’anaphylaxie chronique. |
L'examen histopathologique de plus de 400 coupes provenant d'animaux
morts de choc aigu ou d'accidents tardifs montre que les lésions sont iden-
tiquement les mêmes dans l’anaphylaxie vraie que dans le cas de troubles
dus à des substances inertes. A la suite de la crise suraiguë mortelle, on
observe la même congestion du cerveau et du poumon. Quand les accidents
n'ont été que passagers ou ne se sont même pas manifestés, onconstate après
24 heures dans les deux cas une congestion intense accompagnée d'hémor-
. ragies capillaires dans le cerveau, le poumon, le foie et le rein. Les lésions
les plus accentuées sont donc. de
Le premier phénomène déterminant le choc semble correspondre à une
vasodilatation brusque, puis peu à peu le précipité circulant dans le sang va
se fixer dans les capillaires pour y déterminer de petites hémorragies.
Sans rien préjuger des réactions qui créent l’état de sensibilisation des
animaux anaphylactisés, réactions qui paraissent bien être d’un ordre chi-
mique, les concordances que nous avons observées dans les deux modes de
déchainement des crises nous semblent fort troublantes et tendraient à faire
supposer que les accidents et les lésions de l’anaphylaxie relèvent en der-
nière analyse de causes physiques e que de phénomènes chimico-
e
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1175
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Dosage des produits de dégradation des matières
protéiques dans le sérum sanguin. Note (‘) de MM. A. Bacu et B. en
présentée par M. Ch. Richet
Dans des travaux antérieurs, l’un de nous (°) a montré que la réduction
des nitrates et des matières colorantes par les tissus animaux, est déter-
minée par l'action combinée d’un ferment et d’un coferment et que celui-
ci peut être remplacé par des aldéhydes. Il a également établi que le cofer-
ment est constitué par des produits de dégradation des matières protéiques,
. produits de dégradation qui fournissent des aldéhydes par décomposition
et oxydation des acides aminés. Le lait frais contient le ferment sans son
coferment, ce qui a permis de l'utiliser pour la recherche des produits de
dégradation des protéines. En présence de ceux-ci, le lait frais qui, à lui
seul, n’exerce aucune action réductrice, réduit les nitrates en nitrites, qui
peuvent être dosés par les méthodes usuelles.
C’est ainsi qu'il a été constaté que l'urine contient toujours des produits
de dégradation des protéines, tandis que le sérum de cheval norme! n'en
renferme point.
En poursuivant ces travaux, nous avons cheroke! à déterminer si les per-
turbations physiologiques qu’un animal subit lors de l'immunisation peu-
vent avoir pour contre-coup l'apparition de prora de dégradation des
protéines dans le sérum.
Nous avons pris en observation 7 chevaux en voie d'immunisation dont 3
contre la diphtérie, 2 contre la dysenterie et 2 contre la scarlatine. Dans le
sérum convenablement recueilli, les produits de dégradation des protéines
ont été dosés comme suit :
Dans un tube à essai, on introduit 1°% de sérum, 08,2 de nitrate de soude pur et
2% de lait frais, on place le tube à l’étuve à la température de 60° pendant 30 minutes,
on précipite ensuite par 3% d’une solution à à pour 100 de sous-acétate de plomb pur,
on filtre et, dans 3% de filtrat clair et limpide, on dose le nitrite formé d’après la
méthode Hosvay-Lunge à l’aide d’un mélange d'acide sulfanilique et d’«-naphtylamine
en solution acétique. Essais de contrôle : 1° même essai avec du lait frais préalable-
ment chauffé à l'ébullition; 2° même essai avec du lait frais, mais 1° d’eau à la place de
(') Séance du 15 novembre 1920.
(°) A. Bacs, Arch. d. Sc. pos: et natur. Genève, t. 32, mai 1911; t. 37, mai 1914.
— Bioch. Zeitschr., t. 31, p. 441; t 33, p 204,1, 89, p. 554, t. 52, p. 412; t: 06,
P. 205 (1911-1914). — CASE rondar, t. 162, 1916, p. 353; t. 164, 1917, p. 248.
1176 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sérum. Si le lait employé est bien.frais et provient d’une vache saine, les essais de con-
trôle n’accusent point de nitrite. Dans le cas contraire, les nombres obtenus dans
ceux-ci sont défalqués du résultat de l'essai principal.
Voici les résultats obtenus :
Nitrite formé par 1™ de sérum. (Millièmes de milligramme de N20:.)
Diphtérie Dysenterie Scarlatine
zi Tee S a a a 2
Date. ni: aa neg: a 4. n° 5. n° 6. wF
$ avril(1)., » >» » o (8) 0,016 (0)
PeR Tk 0,080 0,048 0,008 0,196 0,086 0,105 0,076
it sn (9). 0.070. 0048 S 0,032 0,068 0,061 0,078
AN poor 0,117 0,072 0,052 » » 0,022 0,080
E RARE 0,112 ‘0,070, 0,040 o » 0,004 0,004
B: a aT. o o » » » » »
SED ON er o 0 0,009 » » o 0,003
D EEE o (0) 0,002 » » » o
Remarques. — (!) Injection de toxines aux n° 4, 5, 6 et 7. — (°) Injection de
toxines aux n°° 1, 2 et 3. — (?) Les n°s 4 et 5 ont été saignés à blanc.
Il résulte de ce Tableau qu’à la suite d'injections de toxines des produits
de dégradation des protéines fout apparition dans le sérum des chevaux
immunisés pour disparaître, suivant le cas, plus ou moins rapidement. Ces
produits de dégradation provenaient-ils des protéines du corps ou des
toxines injectées? L'étude re de celles- -ci à révélé que, dans le
sérum, nous ne retrouvions qu'une partie plus ou moins réduite des
prodati de ppan injectés à l'animal avec la toxine. Ainsi, par
exemple, le cheval n° 4 a be le 11 avril, une injection de 1108 de toxine
diphtérique.
En évaluant à 25! le volume du sang du cheval, 1™ de sérum devrait
contenir o8, 0044 de toxine primitive. Éténdue d’eau dans la même propor-
tion, la toxine a fourni, avec 2% de lait frais et oë,2 de nitrate de soude,
o™8, 000240 N°0 par centimètre cube. Le lendemain de l'injection, nous
avons retrouvé, dans le sérum de ce cheval, une quantité de produits de
dégradation correspondant à 0",000196 N?O? par centimètre-cube. Le
surlendemain, cette quantité est tombée à 0%£,000032 N°0*.
D'autre part, comme la toxine avait été préparée sur solution à 1 pour 100
de peptone, les nombres cités nous permettent de nous rendre compte du
degré de sensibilité de la méthode. 0*,0044 de peptone (plus ou moins
modifiée par les bactéries) correspondent à 0,000240 N*0*. Or nous
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1177
pouvons doser, comme le montre le Tableau ci-dessus, des quantités de
nitrite et, par conséquent, des produits de dégradation, 100 fois plus
petites.
En résumé, nous avons acquis la certitude que le ferment réducteur du
lait peut être utilisé pour la recherche et le dosage de quantités minimes
de produits de dégradation des protéines. A l’aide de notre méthode, nous
nous proposons d'instituer des recherches en vue d’élucider la question de
l’existence de ferments de défense spécifiques tels que les conçoit M. Abder-
halden.
HYGIÈNE. — Sur l'assainissement de l'air souille par certains gaz toxiques.
Note de MM. Deserez, GurLLemar et Savès, présentée par M. Moureu.
Nos recherches sur la neutralisation des gaz de combat nous ont conduits
à des résultats qui intéressent l’hygiène industrielle. Si une fuite se produit
dans une usine, ou si un appareil se brise, il importe d’assainir, sans délai,
l'atmosphère des ateliers. La méthode la plus pratique consiste à pulvériser
des solutions capables de neutraliser les gaz toxiques, en donnant au liquide
le maximum de surface de contact avec le gaz et en assurant à cette surface
le plus grand pouvoir de neutralisation. La première condition est réalisée
en pulvérisant le liquide aussi finement que possible, la seconde en augmen-
tant la concentration de la solution neutralisante. Toutefois, en pratique,
la finesse de pulvérisation ne peut être poussée à l'extrême qu'avec le
concours de pressions considérables et d’embouts pulvérisateurs d’ouver-
tures très fines, c’est-à-dire faciles à obturer. D'autre part, si les solutions
approchent de la saturation, elles ont une tendance à cristalliser par l'abais-
sement de la température ou l'évaporation. Nous avons donc dù faire une
étude systématique de ces deux éléments du problème : finesse de pulvéri-
sation et composition des solutions.
Nos expériences ont été effectuées dans une chambre étanche, de 20%", dont l'une
des parois était vitrée et percée des ouvertures nécessaires pour l introduction et les
prises de gaz, ainsi que pour le passage de la lance de l'appareil pulvérisateur. Le bras-
sage de la masse gazeuse était assuré par un ventilateur à ailettes disposé horizonta-
lement, à 25% du sol, le moteur étant placé à l’extérieur et relié par un flexible. Le
chlore, sur lequel ont porté nos premières expériences, était mesuré avec une jauge
à eau et titré dans des volumes d’air égaux, prélevés près du sol et près du plafond.
La qualité du brassage était telle que les teneurs de l'air, en gaz toxique, à ces deux
+
11798 ACADÉMIE DES SCIENCES.
endroits, ne différaient que de 2 à 3 pour 100. Nous avons employé le pulvérisateur
Vermorel (Éclair n° 1) et effectué l'étude relative à la finesse de la pulvérisation en
adaptant, sur la lance, des embouts de différents calibres. En tenant compte, d’une
part, des dosages de chlore effectués avant et après chaque pulvérisation, d’autre part,
de ce fait qu’une trop grande finesse des ouvertures des embouts ralentit l'opération par
de fréquentes obstructions, nous avons adopté l’embout Vermorel 4 pas, pour la pul-
vérisation des solutions légèrement troubles, et l’embout à bouton de 2", pour
obtenir une pulvérisation très fine avec les solutions limpides.
Ce premier point fixé, nos essais ont d’abord porté sur des atmosphères
d’une teneur en chlore voisine de 1 pour 2000. Ils ont été effectués
comparativement avec le bisulfite, le sulfite neutre et l’hyposulfite de
soude, soit seuls, soit associés à des doses variables de carbonate de soude
Solvay, de sel marin ou d’alcool, ces deux dernières substances ayant pour
but d’abaisser le point de cristallisation des solutions jusqu’à — 6°. Le
Tableau de tous nos résultats conduit à adopter la formule suivante :
g
FÉVR Ré Ge oude. a a a a ne: 220
Ca Bona o SOLVAT e doutes aare 175
ou carbonate cristallisé...... Fes rie) S 475
he da Me au. à aire 1000
Cette solution donne, sous le moindre volume, la neutralisation la plus
rapide. Elle cristallise à 6°, mais il est facile, dans une usine, de la main-
tenir à une température supérieure. À défaut d'hyposulfite, on emploierait
la solution suivante qui ne cristallise qu'à — 6°, mais dont l’action est un
peu plus lente : sulfite neutre 1606, shoes Solvay 685, chlorure de
sodiem 8756, eau 1 000$.
Dans une deuxième série d’essais, nous.avons envisagé la neutralisation
d’un mélange de chlore et d’oxychlorure de carbone. Les solutions précé-
dentes se montrent inefficaces. Au contraire, une solution de sel Solvay
seul, à 12 pour 100; neutralise complètement les deux gaz. Íl faut admettre
que le chlore donne d’abord, avec le carbonate alcalin, un hypochlorite
qui neutralise l’ oxychlorure, alors que si le réactif Aline de l’hyposulfite,
le chlore, d’abord neutralisé par ce dernier, ne peut pas donner l’'hypo-
chlorite nécessaire. Cette explication montre aussi que le carbonate seul
doit être sans action sur l’oxychlorure. C'est, en effet, ce que l’on observe.
L'association de carbonate et d hypochlorite de soude permet une neutra-
lisation rapide. Comme on pouvait s’y attendre, la substitution de I’ pe
bromite à l’hypochlorite donne encore un meilleur résultat (brome 40°
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1179
lessive de soude 400%, carbonate Solvay 7508, eau quantité suffisante
pour 12'). Cette solution est également active contre les formiates de
méthyle chloré et surchloré, l’acroléine et la bromacétone.
Les réactifs précédents se montrent inefficaces contre la chloropicrine.
L'étude des réactions de cette substance nous a conduits à préconiser, pour
sa neutralisation, une solution à base de polysulfure de sodium; lorsqu'on
agite un peu de chloropicrine avec une solution de foie de soufre sodique,
on observe une réaction exothermique caractérisée par la précipitation
d'une substance jaune et la disparition de l'odeur agressive de la chloro-
picrine. Nous adoptons la formule suivante : foie de soufre sodique 2408,
lessive des savonniers 140%, eau quantité suffisante pour 1!. Ce
liquide constitue une solution mère que l’on étend de 10! d’eau au
moment de l'emploi. Elle se conserve indéfiniment dans des flacons p'eins
et hermétiques. L'élément actif est le polysulfure. Quant à la soude, elle
s'oppose à la formation d'hydrogène sulfuré au cours de la réaction Il est
remarquable que cette solution polysulfurée permet également la neutrali- `
sation du chlore, de l’oxychlorure de carbone, des chloroformiates de
méthyle chloré et surchloré, de l’acroléine, de la bromacétone, du chlo-.
ruré de cyanogène, enfin des iodure, bromure et chlorure de benzyle. Ces
trois dernières substances avaient résisté jusque-là à toutes nos tentatives.
MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — Méthode genérale pour la recherche et
le dosage de l'arsenic. Note de M. m nor présentée par
M. d’Arsonval.
La destruction de la matière organique effectuée par simple calcination
en présence de magnésie (procédé Geneuil) ('), ou de magnésie et d’un
excès d’acide nitrique (procédé Monthulé) (*), donne des résultats très
satisfaisants, et simplifie beaucoup la recherche toxicologique de l'arsenic.
J'ai pu éviter l'emploi de fortes quantités de magnésie que ces procédés
mettent en œuvre, par calcination de la matière organique èn présence
d'un mélange déterminé de magnésie et de nitrate de magnésie. Dans ce
mélange, la magnésie (calcinée légère ou ATRE) empêche toute acidité,
x
(1) Genevi, Application de la magnésie calcinée légère à l’incinération des
matières organiques ( Thèse de Pharmacie, Bordeaux, 1903).
(°) Monruuté, Revue de Chimie analytique, 1903.
1180 ACADÉMIE DES SCIENCES.
au cours de la combustion. Le nitrate de magnésie, lui, assure l'oxydation
rapide et complète de l’arsenic, en même temps qu’il fournit un support
magnésien poreux intimement mélangé à la matière organique.
Ce mode de calcination peut servir non seulement à la recherche et au
dosage de l'arsenic en toxicologie; mais encore, dans certaines conditions,
à l’analyse quantitative des dérivés arsenicaux eux-mêmes.
1° Pour rechercher et doser l’arsenic dans une substance quelconque
telle que : viscéres, organes, liquides physiologiques, aliments, etc., le mode
opératoire est le suivant :
1008 de la substance dans son état habituel sont, s’il y a lieu, broyés au hachoir,
puis introduits dans une capsule en porcelaine à fond plat. On ajoute 35% d’une solu-
tion de nitrate de magnésie (1) (à 20%°! pour 100) et 18 de magnésie calcinée.
Après délayage du contenu (alcalin), la capsule est placée dans une étuve métal-
lique à bain de sable, portée à environ 250°, jusqu’à dessiccation et torréfaction, pour
lesquelles il faut en moyenne 3 heures Le résidu, d'aspect charbonneux, est broyé au
mortier, remis dans la capsule et introduit ainsi dans une moufle dont la sole est portée
au rouge nais-ant ou sombre (500°). La calcination dure 2 heures; au bout de ce
temps, les cendres sont à peu près exemptes de charbon. On les délaye dans 30° d’une
solution d'acide sulfurique à 10% pour 100, qui les dissout en général à peu près
intégralement, et l’on introduit le liquide dilué lui-même à 60°", dans un appareil de
Marsh (?).
4 ai retrouvé ainsi l'arsenic, dans les viscères n’en contenant que 0,00003 pour 100
35 de milligramme pour 1008); quel que soit le produit arsénical ajouté : acide arsé-
nieux, arsénobenzols, etc. Lorsque les proportions d’arsenic existant dans les organes
à examiner sont comprises entre 0,040 et 0,00002 pour 100, on retrouve par ce pro-
cédé 5 à À de l'arsenic primitif (3).
4 Déni ban de la teneur en arsenic des dérivés arsénicaux organiques. —
La prise d'essai du produit, 08, 15 à 08,20, est mélangée, dans un creuset de porcelaine
de 4o°%; à peu près à 24 de magnésie calcjnée, on ajoute, en délayant, 6°” de la
solution de nitrate de magnésie (à 20 pour 100). Le creuset ouvert est placé à l’étuve
vers + 110°, jusqu’à dessiccation, en général assurée au bout de 1 heure. On le recouvre
alors d’un couvercle plat à rebords et assez large pour déborder d'environ 5" lori-
fice, et on l'introduit, ainsi fermé, dans la moufle portée au rouge franc. Il suffit de
ly laisser quelques minutes pour que la matière organique soit brûlée, le nitrate de
(*) Solution aqueuse contenant par litre: 2008 de sel cristallisé Mg (Az O5,6H?0),
1° de cette solution correspond à 08,0314 de magnésie (Mg
(7) Ces divers détails sont en certains poiats ceux donnés le Armand Gautier et
Claussmann (Comptes rendus, 1917), qui emploient la chaux au lieu de magnésie.
(°) J'ai comparé ces résultats à ceux obtenus par les autres méthodes; celle d'Ogier
est la meilleure, surtout lorsqu'il s’agit de substances très chargées en chlorures.
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1181
magnésie décomposé, et pour que l’arsenic soit amené à l'état de pyroarséniate de
magnésie,
Le dosage de l’arsenic dans les cendres ainsi obtenues s’effectue en rédui-
sant d'abord l'arséniate en arsénite, par l’iodure de potassium en milieu
chlorhydrique. Après élimination au moyen d’hyposulfite, de l’iode mis
ainsi en liberté, on titre l'arsenic totalement amené sous forme d’arsénite.
Pour les détails du dosage, j'ai suivi les indications de Fleury (*).
Les cendres magnésiennes sont dissoutes dans 30°% d’une liqueur chlorhydrique
à 150% d'acide (de densité 1170) par litre. La solution est portée au bain-marie
pendant 5 minutes; on ajoute 75,5 d'iodure de potassium, et on laisse encore 5 minutes
à la température voisine de l’ébullition. Après refroidissement à l'aide d’un courant
d’eau, on dose, à titre d'indication, par l'hyposulfite, l’iode, mis en liberté. On alcalinise
`
ensuite avec du bicarbonate de soude, et l’on titre à son tour par l'iode le composé
arsénieux. 1°™ d'iode — correspond à 08,00375 d'arsenic. C’est ce dernier titrage qui
10
seul Op
En général, j'ai trouvé que les deux titrages donnent à peu prés les
mêmes résultats. Il s'ensuit que la totalité de l'arsenic se trouve bien dans
les cendres sous forme d’arséniate. Dans un seul cas où la combustion pré-
senterait des difficultés, il y avait une proportion assez appréciable d’arsé-
mte (°).
Voici quelques résultats intéressants :
Arsenic pour 100.
Produit analysé. Trouvé. Théorique.
Acide arsénieux COR OO e a 75,70 75,75
Mélange d’acide arsénieux (08,05) et de farine
COR RD a NC LV ie eue de. s 19,34 19,11
Cacodylate de soude cristallisé du commerce 3
CAP PAO NAHO?) oee a 31,25 32,30 (?)
Méthylarsinate de soude disodique (arrhénal)
Ré isa 5 129599 29,70
Anilarsinate de soude (atoxyl)
CASH) ASC Na O.........-..... 24,50 24,40
Acide benzène sulfone paraminophénylarsi-
AD LE dE CD DC N ea EPS DE doper: 21,10 21,00
(1) Journal de Pharmacie et de Chimie, 6 mai 1920.
(2) Il s'agissait de l'acide benzène sulfone paraminophénylarsinique, dont le sel
sodique constitue « l’hectine ».
(*) Dont le sel sodique est « l'hectine ».
C. R.. 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 28.) 89
1182 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Arsenic pour 100.
Produit analysé. Trouvé. Théorique.
t G00 k MargUe A e aa a r: 29,29 »
18,90 »
dE.» marque ein na Lines, que s
19,79 »
19:99 :
«Is marqué i aunor RTE Pan aE 21,39 »
On sait que la teneur en arsenic de ces derniers produits s'écarte nota-
blement de la PAR théorique, qui est de 31 pour 100 pour le
dioxydi I-méth are sulfoxylate de soude (914) novarse-
hobensol, etc.).
Je pense que cette méthode de recherche et de dosage de l'arsenic
constitue également une simplification des procédés de la Chimie toxicolo-
gique. Elle présente surtout de l'intérêt lorsqu'il s’agit d'étudier, comme
nous l'avons fait avec M. Sicard, l'élimination et la fixation des dérivés
organiques de l'arsenic, dont il est fait actuellement un si grand usage en
. médecine.
A 17 heures, l’Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 17 heures et demie.
SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1920. 1183
ERRATA.
(Séance du 18 octobre 1920.)
Note de M. Ph. Theodorides, Sur la variation thermique du coefficient
d’aimantation des sulfates anhydres et la théorie du magnéton :
Page 716, intercaler entre le Tableau et la ligne 15 la figure suivante T
Echelles
des ordonnées
FEATS
Ni
| | Ea
{2825 [a125 |4325 : XV
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1184 ACADÉMIE DES SCIENCES,
(Séance du 15 novembre 1920.)
Note de M. Ph. Théodoridés, Sur la variation thermique du coefficient
d’aimantation de quelques chlorures et d’un oxyde anhydres à l’état solide,
et la théorie du magnéton :
Page 949, intercaler entre la ligne 25 et la ligne 26 la figure suivante :
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273 temp ee :
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 15 DÉCEMBRE 1920.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Présipenr souhaite la bienvenue à Sir Jacapis Cnusper Bose,
membre de la Royal Society, qui assiste à la séance.
En présentant à l’Académie des Sciences le dernier volume, qui paraît
en ce moment, de son Cours de Physique mathématique, M. J. Borssixeso
s'exprime en ces termes :
« J'ai l'honneur d'offrir à l’Académie, en mon nom et au nom de l’Édi-
teur (Maison Gauthier-Villars), le Tome IHI du Cours de Physique mathéma-
tique de la Faculté des Sciences.
» I. Depuis la publication des deux nier volumes de ce Cours, dix-
sept ans se sont écoulés, durant lesquels plusieurs Compléments aux théo-
ries que j'y ai exposées, ou d'intéressantes applications de ces théories, ont
fait l'objet d’études étendues soit de ma part, soit aussi de la part de quel-
ques élèves du Cours. Je citerai, par exemple, dans la théorie de la cha-
leur : 1° à propos du théorème capital de Fourier sur la régularisation des
températures d’un corps, à la suite d’un échauffement irrégulier quelconque,
une démonstration plus complète que celle du Tome I (p. 255) et basée sur
la réduction du problème à la question du nivellement des températures
dans un corps athermane de même forme que le proposé, mais ayant sa sur-
face imperméable à la chaleur ; 2° le problème du refroidissement de la
croûte terrestre, envisagé à la manière de Fourier, mais en tenant compte
des progrès incessants de la solidification sous la croûte et de la chaleur
latente qui s’en dégage; 3° les vibrations ru spontanées d’une
C. R., 1920; 2° Semestre. (T. 171, N° 24.) 4o
1186 ACADÉMIE DES SCIENCES.
barre en train de se refroidir; 4° le pouvoir refroidissant d’un courant fluide
sur les solides imm:rgés de forme quelconque, et non plus seulement,
comme dans le Tome LH (p. 192), sur un plateau mince ayant ses faces tan-
gentes à la direction générale du courant.
« Dans la théorie de la lumière, je citerai seulement, ici : 1° l’absorplion
des radiations par des cristaux translucides quelconques, même dépourvus
de tout plan de symétrie; 2° le calcul sommaire de la progression curviligne
des rayons, avec extinction rapide, à l’entrée des corps opaques homogènes,
mais an/sotrop’s, et non plus isotropes comme vers la fin du Te Il
(p. 583).
» Parmi d’autres Parties du Cours, je me contente de signaler, à cette
place, la découverte de forces de viscosité spéciales, dans la tension super-
ficielle des liquides se déformant assez vite, et l'influence, parfois prépon-
dérante, de ces forces, sur la vitesse verticale de régime que prend une
goutte liquide, au sein d'un autre fluide dont le poids spécifique a
du sien.
» Telles sont les questions qui font, avec quelques autres traitées plus
sommairement, quoique non moins intéressantes, l'objet des trois premières
Parties (sur six) du présent volume.
» IF. Les trois dernières, véritable couronnement du Cours tout entier,
sont consacrées à la Philosophie naturelle et peuvent être regardées comme
le fruit de cinquante ans de méditations de l’auteur sur les principes de la
Mécanique physique ou réelle, ces principes qui ont rendu possible, depuis
(maintenant) près de trois siècles, l'application de l'Analyse infinitésimale
à la représentation et au calcul des phénomènes du monde extérieur ou
Univers visible. Ils font directement l’objet de la quatrième Partie, intitulée:
Réflexions et recherches sur les bases et la philosophie de la Mécanique.
Le titre de la cinquième est: « Sur le problème mécanique de l'organisme
animé et des pouvoirs directeurs (vie et volonté) ; celui de la sixième : « Sur la
E de simplicité, commz2 indispensable re directeur de l'esprit dans
l'édification des Sciences ».
» Un coup d'œil jeté sur Ja table des matières suffit pour montrer le puis-
sant intérêt de ces trois Parties, et leurs résultats possibles tant pour l’édu-
cation de l'esprit, que pour l’acquisition de l’état habituel de paix intellec-
tuelle convenant, vers le soir de leur vie, aux hommes d’étude dont la
vocation a été, dès leur première jeunesse, le Culte du Vrai.
» Je me contenterai ici d'ajouter quelques mots au sujet de la cinquième
Partie, parce qu'il se trouve abordé pour la première fois (à ma connais-
_SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1187
sance) dans un Cours de sciences, surtout ayant un caractère mathématique.
On voit qu'il s’y agit de principes d'action dont le rôle est de déterminer
ou de décrocher (pour ainsi dire) des $éries de phénomènes non inclus dans
l'effet des forces mécaniques y figurant, ou dansles équations différentielles,
cependant obéies, du mouvement des systèmes matériels en présence : rôle
dès lors znittateur et capital, seul propre à introduire naturellement des
éléments nouveaux, du contingent, dans la trame des faits perceptibles à
nos sens. »
M. Cu. Larcewans fait hommage à l’Académie d’une brochure intitulée :
Les nouvelles unites légales de mesures industrielles (système M. T. S., unités
géométriques, mécaniques, électriques, calorifiques et optiques).
M. E. Goursar fait hommage à l’Académie de la deuxième édition de
ses Leçons sur l'intégration des équations aux dérivées ses du premier
ordre.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les réseaux qui comprennent une famille
de géo: lésiques el tels que leur polaire réciproque par rapport å un complexe
linéaire soit un réseau O. Note de M. C. Guicnard.
Je vais d’abord indiquer les notations que j’emploie pour désigner cer-
tains éléments géométriques du plan.
Un réseau plan est 20 quand il est la projection d’un réseau O de
l’espace; il est pO s’il est la projection d’un réseau (p — 1)O.
Une congruence plane est H si elle est la projection d’une congruence O
de l’espace; elle est pH si elle est la projection d’une congruence pO.
Soient A une congruence de l’espace; X,, Xa, X, les nes directeurs
de la droite A, et
i PX _19hdX | 1 əl OX
du de — ho du
l'équation de Laplace qui admet pour solutions X,, Xa, Xa; la projection
de A sur le troisième plan de coordonnées sera une congruence (C) si
l’on a
X? t t mP AVI,
1188 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La congruence projection sera pC si l’on a
XI+X2+02+01+..,+ 8% = h'Ur+ AVE,
0,,0,,..., 0,_, étant des solutions de (1).
La loi d'orthogonalité des éléments est applicable aux éléments plans. Elle
fait correspondre å un réseau pO un reseau pO et à une congruence pH une
congruence p C.
Cela posé, je prends pour 3° axe de coordonnées l’axe du complexe; Je
désigne par ( A ) le premier réseau et je suppose que les géodésiques forment
la première famille de courbes de ce réseau; par (B) le second réseau. Je
projette sur un plan perpendiculaire à l’axe du complexe. Le réseau (A ) se
projette suivant un réseau (4) dont là première congruence focale est H; le
réseau ( B) suivant un réseau (b) qui est 20.
D’après les résultats établis dans ma Note du 10 mai, les réseaux (a) et (b)
sont superposables à des réseaux qui se correspondent orthogonalement.
Donc, le réseau (a) est un réseau 20 dont la première congruence focale est H,
le réseau (b) est un réseau 2 O dont la seconde congruence focale est C.
On voit que la projection du réseau (4) est la même que celle d'un réseau.
de. lignes de courbure.
Réciproquement, s'il en est ainsi, il y a parmi les réseaux parallèles à (A)
des réseaux dont la polaire réciproque est un réseau O. Cela résulte des pro-
priétés établies dans ma Note du 10 mai.
Il reste à montrer comment on peut obtenir les réseaux (a) et (b). Voici
le résultat auquel je suis arrivé.
On prend deux réseaux O associés (m) et (M), la fonction d’asso-
ciation U étant réduite à une constante © ('). Le réseau (m) est un réseau
plan, le réseau (M) un réseau de l’espace: je désignerai par mr, MR les pre-
mières tangentes à ces réseaux; par ms et MS les secondes tangentes.
Soient alors ọ l’angle que fait mr avec le premier axe de coordonnées et
à} pi De Bs
le déterminant orthogonal qui correspond au réseau (M). Les rotations de
(1) Voir mon Mémoire, Ann. École Norm., 1903.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1189
ce déterminant seront
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9 : Hot ie V du e
; ; i 09 i ,
En multipliant l’équation (3) par Ją €t en tenant compte des équa-
ut
tions (2) on obtient
0 Fe Fr À do TE
sl el PT T
d’où lon déduit
/ ; P S Aie HE I do x 72
(4) a= (+ ms) (52) + U?.
On peut, par un changement de la variable indépendante u, réduire la
fonction U à l'unité. On en déduit facilement l'équation du troisième ordre
à laquelle doit satisfaire la fonction 9.
Les trois expressions ob, + 1 V y4 satisfónt à une même équation de Mou-
tard. On peut donc dire :
La rêcherche des réseaux (M) revient à trouver trois solutions d'une méme
équation de Moutard dont la somme des carrés est une fonction de +. |
Cela posé, les cosinus directeurs 5,, 5,, 5, de MR et les cosinus directeurs
coso, sino de mr sont solutions de l'équation
Po
O'Ë > du dv dË 1 do de E
dudv dọ dv du gooo
de
Il en résulte que la congruence mr est 2 H, les coordonnées complémen-
tures étanti8,, 1B., 18,-
Si donc on coupe le réseau (M) par un plan isotrope fixe, il y correspond
sur le réseau ( m) üne congruence harmonique (pq) dont le deuxième réseau
focal, situé sur mr, est 20; la congruence pq est d’ailleurs C, puisqu elle est .
harmonique à à un réseau O. Si l’on mène par m la perpendiculaire è ô à pq, la
droite à Ò engendre une congruence H dont le premier réseau focal est 20.
1190 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On voit facilement qu’on obtient par cette méthode tous les réseaux qui
possèdent les propriétés des réseaux (a) et (b). En particulier, on pourra
prendre pour coordoanées de (6)
cos sing
ESE S À PA ET ARE
+ 18; Ba + iB
To
Le
on aura un réseau 20, la coordonnée complémentaire étant
= iB,
Bi+ ip
On voit que si le déterminant A est connu on peut résoudre le problème
posé à l'aide d’une seule quadrature.
Remarque. — Si la fonction V se réduit à une constante, la recherche des
réseaux (M) revient à celle des surfaces à courbure totale constante.
AÉRODYNAMIQUE. — Sur les ondes de choc de M. A. Dévé.
Note de M. H. Parexry.
a. M. A. Dévé décrit dans une intéressante Note (') les ondes de
condensation produites, dans le vent d’une tuyère, par la rencontre d’un
projectile au repos. Ayant par là rendu ces ondes stationnaires. il a pu les
photographier à grande échelle avec une précision remarquable. Dans ces
clichés un quadrillage de voiles sombres et de plages éclairées, symétrique-
ment incliné sur les trajectoires, se manifeste dès la sortie de la tuyère
jusqu’à l'ogive de l’obus, et j'ai constaté qu’il survit à l’enlèvememt de
l'obstacle et couvre l'emplacement cylindrique du jet libéré de toute action
de choc. Et cela me permet de signaler le fréquent abus du terme « onde de
choc ».
b. L'objectif nous révèle en effet que : 1° le choc d’un petit obstacle
engendre, dans un jet permanent, une condensation dont le sillage se pro-
page en mourant vers l'aval et disparaît, sans éprouver d’alternative
rythmée, sans devenir une onde, mais que, d'autre part, 2° l'acquisition
d’une vitesse supérieure à la vitesse du son, fonction de la température,
détruit la permanence du jet limite et y détermine une onde stationnaire
qui ne résulte pas du choc d’un obstacle extérieur, ce phénomène intérieur
dépend uniquement de la nature des gaz et des lois de leur détente. Le
eii S E Us met
(©) A. Dévt, Sur les ondes de choc... (Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 665).
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1191
premier cas nous présente un choc sans onde et le second une onde sans
choc.
J'ai tenté vainement, vers 1890, de. photographier les ondes d’un
jet de vapeur (') insuffisamment transparent, et tout en signalant la
possibilité de représenter sur un cliché la structure d’un jet de gaz dia-
phane à la lueur d’une étincelle, j'ai soumis tous les points de parallèles
fort rapprochés au sondage des composantes axiale et radiale de la pres-
sion vive.
d. Les images des densités, celles des pressions n'ont de commun dans
ces deux méthodes que la silhouette du jet et les positions de ses parallèles
maxima et minima. Mais le D" R. Emden qui a comme je le conseillais
photographié le jet gazeux à la lueur d’une étincelle d’induetion (?) ne
voit sur ses clichés que des focales de réfraetion, ne déterminant ni la
position ni la valeur des densités. Les plaques passent même du positif au
négatif en franchissant le foyer de l'objectif.
e. J'avais antérieurement réussi, par la méthode des sondages, à tracer
par points el tangentes à ces points les méridiénnes de nappes continues
ou discontinues où règne chaque pression vive. C’est la carte hypsomé-
trique d’une région oùil ya des vallées, des cols et des montagnes, et la courbe
de niveau p, du moins élevé de ces cols, dont une branche est infinie,
engendre par sa rotation le tore des nappes continues du jet dont la pression
vive est inférieure à p,. La nappe extérieure infinie de ce tore est la surface
de mirage du colonel Dévé. J'ai constaté que la pression vive de cette
surface p, = (1 — a: m)p, donne au fluide la vitesse du son D. H s'établit
d’ailleurs entre les reliefs et les creux de la carte hypsométrique un-équilibre
assez complexe qui permet au fluide de revenir périodiquement à l’état du
dernier parallèle aval de la tuyère. Sous l’action expansive d’abord, et
ensuite, nous le verrons, compressive du milieu extérieur aval dont la
pression p, est inférieure à la pression intérieure p,, le jet s'épanouit, puis
e rétracte, Il éprouve une pulsation dont l'énergie se récupère à chaque
oscillation complète, et cela donne au jet une série d’étranglements d’un
diamètre égal à celui de l’orifice, et dont l’espacement À est la longueur de
l’onde stationnaire. -
(+) H. Parexrr, Comptes rendus, t. 119, 1894, p. 183; t. 154, 1912, p. 357;
t. 158, 1914, p. 1973; t. 167, 1918, p. 667.
(?Y H. Parenry, Ann. de Chimie et de Physique, 7° série, t. 8, mai 1896; t
novenbre 1897. — Dr Roserr Eupen (in Munchen), Veber die Ausstrümungserschcin-
ungen permanenter Gase. Leipzig. Johann Ambrosius Barth, 1899.
‘12
1192 ACADÉMIE DES SCIENCES.
f. La pression limite p, et la vitesse limite U, dépendent, pour différents
gaz, du coefficient thermique a fonction du rapport de leurs coefficients
cet C et qui pour la vapeur est égal à 0,4758, et pour divers orifices, du
coefficient m de leur débit qui traduit la convergence des trajectoires.
U, n’en est pas moins une vitesse du son US, mais pour une température
que ne fournirait pas l’adiabatisme parfait d’un orifice de coefficient m = 1
franchi normalement par toutes les trajectoires du jet. Pour toutes les
tuyères convergentes coniques de demi-angle inférieur à 13°, m est le
rapport de la calotte sphérique à la section qui lui sert de base et cela
prouve que les trajectoires initiales se dirigent vers le sommet du cône,
m est > 1, et, pour 13°, m = 1,0373-
g- Les courbes de niveau fermées de la méridienne hypsométrique
engendrent, en tournant autour de l’axe, des nappes discontinues de pres-
sions vives supérieures à p,. J’admets que la compression a suffisamment
échauffé le fluide de ces nappes pour lui donner une vitesse de propaga-
tion U, égale à sa vitesse de translation. Certaines expériences révèlent en
cette région des cols plus élevés que p, et entre ces cols des sommets, et par
là des ondes secondaires.
h. C'est par un mécanisme semblable que : 1° les deux masses d'air,
poussées et condensées par la tête, aspirées et dilatées par la queue d’un
projectile plus rapide que le son, acquièrent, par une adaptation convenable
de leur température, une vitesse de propagation U, égale à la vitesse de
translation U du projectile qu’ils accompagnent, et que 2° la réaction du
milieu extérieur développe en ces masses l’onde que le colonel Dévé a
rendue stationnaire. On sait que la chaleur et la condensation de l’onde
de tête d’un projectile ont pour effet : 1° de cautériser la plaie en séton
d’un organe qu’il franchit; 2° de faire éclater un organe où il s'arrête
par une explosion de masses gazeuses libérées et par une suppression
instantanée de leur énergie vibratoire. Et c’est ainsi qu’un projectile fort
e devient inoffensif, qu’un projectile lent occasionne la mort.
. Les clichés Emden et Dévé des condensations, ma méridienne des
pressions, manifestent extérieurement une identique succession de cyclones
et d’anticyclones. Mais intérieurement, entre deux nœuds, la premiére
image dessine un sablier ou un X couronné d’ un disque brillant. La seconde
image fixe les stratifications d’une cellule ovoïde tournant le gros bout vers
laval et dont l’œil punctiforme atteint, sur l’étranglement du sablier, une
pression P: plus basse que p,. Les sibliers et les X sont les lignes de forces
ou les clivages du jet, les ovules stratifiés en sont les surfaces de niveau.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1193
Et ici, comme le prévoit justement le colonel Dévé, le manomètre vient
en aide à l'objectif.
jJ- Vai établi que la vitesse d’une masse sur sa trajectoire a pour dérivée
en p l'inverse du débit en poids IT par unité de section de la surface de niveau
qu'elle franchit.
Cette curieuse conséquence du théorème des forces vives :
dÜ —ı
‘#6 T2 j ei Ji NU nue > PR
K (UC?) + s dp =o, d'où K de =y et EU D’
fait correspondre au quadrant de cercle de rayon a:m, par lequel j'ai figuré
le débit, un quadrant de sinusoïde figurant la vitesse. La pression limite
p.=(1—a:m)p, donne le débit maximum et la vitesse U, = U,. 1° Quand
la pression ambiante p, est ©>p,, le jet permanent offre à l'objectif un
cylindre brillant dépourva d'onde stationnaire; 2° si p, est < Pis le milieu
exerce sur le jet, à travers la nappe Pı» une action expansive qui devrait
s'arrêter sur la surface de niveau p, si la limitation des vitesses m'avait
libéré dans le fluide une énergie qui lui permet d'atteindre une pression
P: < p,. J'ai prouvé que p,::p,::p, sont en progression géométrique. Cette
dépression de l’œil du cyclone rend l’action du milieu p, compressive, elle
arme le tremplin qui fera rejaillir p, jusqu’à p, et jusqu’à p,. Cette pulsa-
tion rythmée due à la réaction du milieu p, provient, comme toutes les
Vibrations, de ce que les forces qui agissent'sur la matière en mouvement
ne s bent pas au même instant que leurs énergies libérées par une
limitation de vitesse.
k. Expérimentalement, la longueur À de l'onde stationnaire proportion-
nelle au diamètre d est l’ordonnée, le débit d’une parabole ayant pour
abscisse, pour hauteur génératrice le rapport de (p;,— pı) à p, ce que le
D" Emden justifie en gros en comparant cette onde silencieuse dissymétrique
aux ondes sonores sinusoïdales de Lord Rayleigh.
Sans recourir à cette comparaison, j'observerai que, des détentes
Po > Pi > pi, un orifice reçoit simultanément : 1° de p, à p, un débit limite
continu tout à fait indépendant de p, ; 2° de p, à p, un débit alternatifs’éten-
dant à une masse, à une longueur du jet proportionnée à l'énergie de cette
détente, ne ob pas la densité moyenne &, de l’onde comprise entre
deux niade, ce qui comporte la forme parabolique du débit des liquides ou
des fluides acoperi bles
c et
TEE Perl
1194 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces diverses formules ne dépendent ni de la valeur absolue des pressions
ni des densités.
BOTANIQUE. — L'inflorescence de Fuchsia coccinea. Note (')
de M. Pavut Vuiremix.
La fleur de Fuchsia, régulièrement tétraméère, est d'habitude isolée à
l’aisselle d’une feuille. C’est une inflorescence uniflore, dernier terme de la
condensation d’une grappe. L'axe de l’inflorescence typique (fig. 15) porte
successivement une première fleur I médiane au contact de la feuille mère,
pois alternativement des paires transversales el des paires médianes de
bractées accompagnées d’une fleur axillaire ou d’une inflorescence partielle.
La première paire transversale se compose de la fleur IT à droite et de la
fleur II à gauche; la première paire médiane est formée de la fleur IV en
arrière et de la fleur V en avant et ainsi de suite.
La Tératologie a recueilli une foule de bizarreries imputables au réveil
partiel des membres latents de l’inflorescence.
Chez le Fuchsia coccinea où la réduction extrême est normale, la conden-
sation persistante de la grappe permet rarement l'affranchissement intégral
des bractées et des fleurs. Plusieurs fleurs sont amalgamées en synanthie.
Une fleur prépondérante paraît encombrée de fragments hétérogènes;
l'analyse y démêle les vestiges de fleurs différentes représentées, tantôt par
une bractée complète ou incomplète, tantôt en outre par diverses pièces
florales, tantôt uniquement par des pétales extérieurs à la corolle d’une
fleur d’ailleurs complète.
Mon étude porte sur quatorze fleurs. Cette pénurie n est pas imputable
à la rareté des anomalies de même ordre, car la moitié de mon matériel
provient de la même récolte (1896) sur un petit nombre de pieds (n° 1 à 6
et 8), trois spécimens ont été trouvés en 1907 (n° 11, 12, 13), un seul en
1897 (n°7), en igor (n° 10), en 1910 (n°9). Ces treize échantillons ont
été cueillis à Mob Le quatorzième avait été récolté à Épinal le 10 sep-
tembre 1884.
La pléomérie n’est pas en elle-même une preuve suffisante de la synan-
thie dans cette espèce, où les fleurs régulièrement pentamères ne sont pas
plus rares que les fleurs trimères. Elle mérite d’être prise en considération
(') Séance du 6 décembre 1920.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1195
quand elle coexiste avec la pluralité des fleurs. Tel est le premier cas qui
va être décrit.
Un spécimen (fig. 1) porte trois fleurs médianes sans bractée. Les deux premières
sont tétramères ; la plus éloignée de la feuille mèré est pentamère avec sépale anté-
rieur médian. Les deux fleurs antérieures tiennent la place de I et V; la dernière
pourrait résulter de la coucrescence des fleurs IF, II, IV.
ren. A + an 0
l- © | Ea. ERR ë NES o 2
Ke. (Ke K =) Key) R 3
S=
o QS TA ee
LA mt
e
Cette interprétation est corroborée par un autre spécimen pentamère (fig. 2
Cette fleur se distingue surtout de la précédente par l'addition de petits pétales en
dehors de la corolle normale, un postérieur et une paire de chaque côté du sépale
antérieur, Ces paires de pétales, vestiges de fleurs atrophiées, ont refoulé symétri-
quement les sépales latéraux; chacun de ceux-ci forme avec le suivant'une pièce
bifide; le pétale répondant à la jonction des sépales est réduit à gauche à une lame
minuscule sans étamine, à droite à un entonnoir atrophique (scyphie); l’étamine
correspondante subsiste. La synanthie est à peu de chose près zygomorphe; le plan
de symétrie est la médiane de la fleur prépondérante.
La pentamérie de la fleur (/ig. 3) est troublée par l’adjonction d’un petit pétale
extérieur ou latéral gauche. De plus, le carpelle postérieur a une loge ovarienne
commune avec le latéral gauche.
De semblables additions se rencontrent dans des fleurs d’ailleurs
tétramères.
Le sépale gauche de la fleur ( fig. 4) forme une pièce bifide couvrant un pétale
1196 | ACADÉMIE DES SCIENCES.
seyphié comme dans la fleur (fig. 2). Le refoulement des sépales procède de la même
cause, c'est-à-dire de l’intrusion de pétales étrangers.
Trois pétales surnuméraires occupent la mème position et entraînent la même
modification du calice dans un autre échantillon (fig. 5). Les pétales propres sont
normaux, sauf l’antérieur gauche dont la débilité est en rapport avec l’ampleur du
pétale intrus le plus voisin qui l’a presque évincé. On trouve en outre un pétale
surajouté en dehors du pétale antérieur droit
Le spécimen ( fig. 6) se relie au précédent. Il s’en distingue surtout par une nou-
velle complication. Le pétale correspondant au sépale double, dont le chef postérieur
est étroit, est réduit à une crête surmontant l’étamine afférente. Néanmoins une éta-
mine libre sépare cette pièce mixte du pistil. Quelle est son origine? Deux réponses
se présentent : n'est-ce pas l’étamine qui manque devant le sépale rétréci? N'est-ce
pas le représentant du quatrième carpelle qui manque au pistil? Un carpelle se com-
pose d’un phyllome ovarien et d’un frondome ovulifère. Nous n'en sommes plus à
compter les exemples d’avortement du phyllome et d’androgénie du frondome femelle,
homologue de l’étamine.
La seconde alternative est exactement applicable à la fleur ( fig. 7). On wy aperçoit
aucune intrusion de pièces étrangères; mais on retrouve à la fois le pistil trimère, le
sépale bifide dont les chefs égaux recouvrent chacun une étamine, la pièce pétalo-
staminale et l’étamine superposée.
Cette explication, séduisante par sa simplicité, est eee à résoudre une partie
des difficultés dans des cas plus compliqués.
Les fleurs 2, 3, 5, 6 se distinguent immédiatement de la fleur pleine
banale par la position des pétales surnuméraires. L’échantillon (fig. 8) est
ambigu, avec son pistil tétramère, son calice et son androcée trimères et
une douzaine de pétits pétales disséminés sans ordre clair. Notons seule-
ment que la trimérie presque complète n'exclut pas nécessairement la
synanthie.
La fleur représentée ( fig- 9), épanouie ol le 5 mai 1910 à la cave où
elle avait passé l'hiver, en impose à première vue pour une fleur trimère. Elle a un
ovaire infère à trois loges, la médiane en arrière et trois sépales extérieurs, le
médian en avant. Les deux sépales postérieurs sont partiellement foliacés; ils
résultent de la concrescence de sépales avec les bractées transversales légèrement
déviées. Il s’agit d’une synanthie triflore amalgamant les fleurs I, I, IH. En écartant
les appendices extérieurs, on décèle l'équivalent d’une fleur médiane tétramère avec
substitution d’une étamine à un carpelle et de légères modifications de l’androcée.
Mais entre chaque pétale antérieur (dont l’un s'est uni à son étamine) et le pistil, on
trouve un stamino-pétale, pes une étamine libre. Ces pièces proviennent des compo-
santes transversales.
Terminons par cinq exemples d’intrusion de bractées dans la synanthie.
Dans l'inflorescence (fig, 10), la fleur I est indépendante; la synanthie porte sur IV
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1197
renforcée des bractées transversales unies respectivement à un sépale des fleurs H
et III, Ces pièces additionnelles sont insérées symétriquement au sommet de l'ovaire
entre le sépale postérieur de la fleur IV et les latéraux légèrement refoulés.
La bractée IV, qui manque au spécimen 10, est accolée à la synanthie (fig. 1i)?
évince le sépale tent et refoule symétriquement les pétales voisins, qui s'unissent
aux sépales transversanx. L’étamine postérieure est bifurquée ; l’une des branches
remplace le quatrième carpelle. Le pétale postérieur droit est scyphié; son pendant
n’est pas accompagné d’étamine. Les bractées transversales sont entraînées au sommet
de l'ovaire sans vestiges floraux.
L'inflorescence (fig. 12) est dénuée de tout vestige des fleurs I, Il et HI et des
bractées correspondantes; la synanthie a deux composantes médianes : V fleur tétra-
mère sans bractée, à qui manque seul le sépale postérieur, La brèche est comblée
par la bractée IV, accompagnée de deux sépales et d’un pétale.
L'inflorescence (fig. 13) est privée aussi de I, H, HI. La fleur V est complète ; son,
sépale antérieur est même renforcé à gauche d’une stipule, vestige de sa bractée. La
bractée VI, insérée à la jonction de l'ovaire et du tube calicinal, est concrescente au
sépale antérieur de sa fleur axillaire; sa structure participe de celle du sépale et de
la feuille; un pétale s’en détache latéralement.
Dans l’inflorescence ( fig. 14), la bractée IV se dégage, comme dans la précédente,
à la jonction de l'ovaire et du tube; elle est foliacée, stipulée et même pétiolée, elle
ne porte pas trace de fleur axillaire. Le tube calicinal, long de 8®", porte au sommet
la bractée Il, foliasée, sessile et bistipulée, intercalée entre le sépale transversal
droit et le sépale postérieur. La bractée V se dégage à 2™™, 5 plus bas, provoquant une
légère fission du tube; elle forme avec le sépale antérieur une seule pièce, rouge à
gauche, foliacée à droite avec une stipule à la base de la portion sépalaire (comme
dans l’inflorescence 13), l’autre à la base de la portion foliacée.
Les cas analogues rapportés indûment à la métamorphose ou à lapos-
tasie, s'expliquent de même par la synanthie résultant de la dissociation
imparfaite des éléments de l’inflorescence typiquement pluriflore, quoique
habituellement uniflore.
CORRESPONDANCE.
M. le Minisrre pe L'AGricozrure invite l'Académie à désigner un de
ses membres qui la représentera dans le Conseil d'administration de l Ins-
titut national agronomique et un de ses membres qui la représentera dans le
Conseil d administration de l’École nationale d ‘agriculture de Grignon.
M. le Secrérame perpéruez signale parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
n ACADÉMIE DES SCIENCES.
° A. Bercer, Les problemes de l Ocean. (Présenté par S. A. S. le prince
de A )
2° Life movements in plants, by Sir Jacanis CHUNDER Bose. (Présenté par
M. L. Mangin.)
3° Louis Duparc et Marcoerite-N. Tixoxowiren, Le platine et les gites
platini feres de l’ Oural et du monde.
MM. Barre, R. pe Foncranp, F. Goxxessivr, A. Boyer Gotos,
A. Lerare adressent des remerciments pour les distinctions que l'Aca-
démie a accordées à leurs travaux.
MM. R. Anrnowy, Pu. Esermanpr, E. Mararas, d. Pecrecrix, Cu. Pérez,
Rest Souèces, Wixrregerr adressent des remerciments pour les subven-
tions qui leur ont été accordées sur le Fonds Bonaparte.
MM. H. Cnauuar, C. Coprox, C. Fréuoxr, O. Parevr, G. Pauvor et
E.-G. Racovrrza adressent des remerciments pour les subventions qui leur
ont été accordées sur la Fondation Loutreurl.
M. A. GuizziermoxD adresse un rapport sur l'emploi qu'il a fait de la
subvention qui lui a été accordée en 1919 sur le Fonds Bonaparte.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales doubles en lesquelles les pseudo-
lignes d'infini sont lignes de zéros. Note de M. A. Bunu.
On sait (1) que si l’on transforme l'identité
fxXa= f fax ar,
Dir, y)
z—a(y)
par la substitution
(1 | ® X— Y= Y(x, y),
(1) Sur Les pseudo-lignes d'infini des intégrales doubles (Annales de la Faculté
des Sciences de Toulouse, 1918); Géométrie et Analyse des intégrales doubles
(Collection Scientia, Gauthier-Villars, 1920).
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1199
cette identité prend la forme
(2) | Eee A dx dy
Je V Js
avec
(£ — a) (D,Y, — 0, YL y= O (Y5 21 Yi)
EE (x — a)
et qu'alors A ne contient pas forcément.la ligne d’infini contenue dans X,
le numérateur de A pouvant être divisible par (4 — « }?.
Pour que cette divisibilité ait lieu, il faut que l’on ait
(3) Yet. Or, =C,
pour æ = 4 (y).
Ce sont ces conditions que je désire compléter.
St, outre (3), on a, pour x = 4(Y),
; RTE
(4) Jz (Y Ya) = Cr
le numérateur de A est divisible par (x — a)’.
Alors, au premier membre de (2), singulier par une ligne d'infini située
sous l'intégrale simple, correspond un sak membre alie par une
ligne de zéros située sous l'intégrale double. Remarquons que cette dernière
singularité, située dans le A, est précisément celle qu’on s'arrange à exclure
dans les théories modernes concernant le changement de variables dans les
intégrales doubles.
La condition (4) permet de montrer que, dans les intégrales doubles
algébriques les plus simples considérées jusqu'ici, on se trouve penca
lement dans le cas précédent.
Ainsi supposons que la première équation (3) soil une équation à
variables séparées et que, des deux équations (3), on ait conclu
4
Alors ® Y’, ne dépend pas de + et la condition (4) est satisfaite.
C’est ainsi que, avec
P(xZ) = pet Pi Z + Pit’ +... + Prt",
le théorème sur lé échange du paramètré et de l’argument, dans les inté-
1200 ACADÉMIE DES SCIENCES.
grales hyperelliptiques, repose sur l’é a
[Enj AS = |= L f (Lee y) de dy
© LZ—7Y PIF) mu VP(æ)P(y)
en laquelle
7 mere g? PRL ye
o a o aS
RS A
Dans mon Mémoire Sur les pseudo-lignes d’infint, presque toutes les
généralisations de ce théorème d’échange présentent une telle particularité.
Ceci arrive, par exemple, quand la substitution (1) devient
Es) e+ aANT E a te
y “ne = f Tor J. [g(s]
En ce cas, x = a ( y) doit être solution de l'équation
Ag dv
[gelé CC)
qui contient notamment toute la transformation des fonctions es Le
æ (y) étant alors rationnel.
On voit donc l'immense champ d’intégrales doubles, à constitution algé-
brique, qui peuvent révéler une pseudo-ligne d’infini en l’admettant comme
ligne de zéros. En fait, c’est surtout dans de tels cas que le dénombre-
ment des intégrales doubles de seconde espèce, attachées à une surface
algébrique, a pu être effectuée complètement.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe de fonctions à un nombre
infini de branches. Note de M. Tnéopore VarorouLos, présentée
par M. Hadamard.
Je me propose, dans cette Note, d'étendre les résultats que j'ai obtenus ("),
pour les transcendantes algébroïdes, c’est-à-dire à un nombre fini de
branches, à une classe de fonctions, très général d'ailleurs, définies par une
équation de la forme
Fis 4) = A,(s dite ju + A(s)ut+:,.+A (es) Ti fs 4)
avec ;
f(z, u) = gı (u)a(3)+ 9:(u)a(3) +... + Pulu) au(s),
(1) Comptes rendus, t. ATA, 1920, p. 991.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1201
où y. désigne un entier quelconque, les ọ;(u) des fonctions uniformes quel-
conques de u, et a;(z) fonctions entières ayant un ordre de grandeur tou-
jours inférieur au plus grand des ordres e"" des fonctions entières A ;(2).
I. Lorsque les A;(z) (i = 0, 1, 2, ..., y — 1) sont des fonctions linéaire-
ment indépendantes, les valeurs (E) et les valeurs (E,), (E,) n'existent
pas et alors l'élimination des fonctions A;(z) (ce qui est toujours possible)
entre les équations
F3, u) =P (3) eta,
P(z, ua) = P,(3) ehn
Fe, di) = Pa RERE
[P,(z), P,(z), -.., Ps4 (2) étant des polynomes] nous conduira à une
identité de la forme
a P(s) hD +a P,(3)e® +. 4 ayil Piha) eet
= Af (2; U) Aaaf (2i Us) Eere t Ayi E, Us) =G),
où G(z) croîtra moins vite que e”, et puisque aucune des valeurs exception-
nelles ,, t3, ..., u,,, ne fait partie de l’ensemble (E) qui comprend toutes
les valeurs de u pour lesquelles F(z, u) soit d'ordre de grandeur inférieur
à e"", toutes les exponentielles e%®, e°, ,.., e®(z) croissent comme e”
et, par conséquent, les conditions pres de la proposition fondamentale
de M. Borel (') sont bien réalisées.
Coxczusiox. — Le nombre des valeurs (E,) ne dépasse y +1, l'infini
compris.
IL. S'il existe des relations de la forme
JAS Uui) s )+Ai(s)u; +A,(zs)u?+...+ Ay (sju = oE)
TEn a e
les c;(2) désignent des fonctions entières croissant moins vite que e"”; reli
mination de A;(2) entre les y + 1 équations
HS ui), os},
F(3, ua) rer
FES, iya) = dy- di ),
H2. tty) iia Peje,
E a) = Por (ajetin
(1) Voir le Mémoire de M. Borez, Sur Poe entières (Acta mathematica;
t. 20, 1897).
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 24) 9:
1202 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous conduira aussi à une identité de la forme
y—1 y+iI
> 75) + am Pze + a, Py pal) etH + tif (3, u)
1 x 1
qui est visiblement impõssible, puisque les valeurs &,, u,,, ne font partie
e l’ensemble (E, ) qui comprend ici toutes les valeurs de u pour lesquelles
e rapport E(z;u;) F(s, u;}= const.
CoxcLusiox. — L'ensemble des valeurs (E), (E, ), (E, ) ne surpasse jamais
le nombre y + 1, linfini compris.
Les mêmes résultats subsistent quand F(z, u) est de la forme
F{s,u)=Zo(s,u)+A, (53) +A,(s)u +A). Ayal) Y,
a(z, u)ėtant une fonction uniforme quelconque de u, et entière en z toujours
avec un ordre de grandeur (par rapport à z) inférieur à e”.
Je dois signaler le fait que la Thèse de M. Rémoundos, Sur les zéros d’une
classe des fonctions transcendantes, m'a été très utile dans les recherches en
question.
_ALGÈBRE. — Sur les corps résolubles algébriquement. Note de M. Taka6r,
présentée par M. Hadamard.
« En disent par D le discriminant d’un corps cubique #, le nombre
des classes de formes quadratiques primitives de discriminant D est un
multiple de 3. Un tiers de ces classes forme un groupe qui se caractérise
par cette propriété que, des nombres premiers rationnels ne divisant pas D
et dont D est un résidu quadratique, ceux qui se décomposent en trois fac-
teurs différents dans #, et ceux-là seulement, ed ètre représentés par
une forme quadratique faisant partie de ce groupe. »
Ce théorème a été démontré, dans le cas me où # est engendré
par une racine cubique d’un nombre rationnel, par R. Dedekind ('), mais
énoncé par lui sous forme générale en en présumant la validité. .
Le but de la présente Note est de montrer que le théorème de Dedekind
peut être généralisé à tous les corps de degré Lei résolubles algébri-
quement.
Soit alors # un tel cer et soit Z son degré. Celui-la’engendre, en réu-
PR ni us
( ) Journal de Crelle, t. 121.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1203
nion avec ses conjugués, un corps normal K de degré nl, où n est un divi-
seur de /— 1. Ce corps K est relativement cyclique par rapport à un sous-
corps K, de degré n, qui est lui-même un corps cyclique. Le groupe G de
Galois du corps K est engendré. par la substitution S d'ordre /, qui ne
change pas K,, et par la substitution T d'ordre n, qui laisse & intact. Ces
deux substitutions sont liées entre elles par la relation T-'ST = S’, r étant
une racine primitive de la congruence 7’= r (mod/). Les substitutions
SP otiso 12 uit ct pr ges un nombre fixe, sont conju-
guées dans G.
De cette constitution bien connue du groupe (x, on tire des conséquences
assez précises sur le mode de décomposition d’un soiré premier rationnel
en facteurs premiers dans K. Soit
P= { P P.. .. P
cette décomposition, de sorte que efg = nl, où f est le degré commun des
idéaux premiers P. Soient Gz, G; et G, les groupes de décomposition,
d'inertie et de ramification de P, d'ordre fg, g et g., où g, est la plus haute
puissance de p ue er dans g. En se rappelant que les groupes complé-
Ga
mentaires GC et à g doivent être cycliques, on voit qué, quand :
1° pl, et g est divisible par l: on a nécessairement g = /, c'est-à-dire
ne x K A
que l'idéal fondamental relatif du corps pe l'idéal fondamental du
z
corps K, n’ont aucun diviseur commun qui ne divise pas /.
2° g>1, mais g n’est pas divisible par / : il faut alors que e soit divi-
sible par /, c'est-à-dire que chaque idéal premier Sipam l'idéal fonda-
mental de K, mais premier à l'idéal fondamental relatif de À = se décompose
Ko
nécessairement en un produit de / idéaux premiers différents entre eux
dans K. |
3° g—1, G; d'ordre 1, G, cyclique d'ordre f : donc ou e = n; f—l,
ou bien e est un multiple de Z.
Soit maintenant F/-' le discriminant relatif du corps À z, J'ai montré
K,‘
dans une Note présentée au Congrès de Strasbourg que, quand on définit
les classes d’idéaux de K; suivant le module F, le groupe de classes de K,
contient un sous-groupe d'indice / comprenant tous les idéaux premiers qui
se décomposent en lidéaux différents dans K. [On observe en passant que,
d'après 2° et 3°, ce sous- groupe contient tous les facteurs premiers du
discriminant de K, ne divisant pas F et tous les idéaux premiers de K,
1204 ACADÉMIE DES SCIENCES.
premiers avec le discriminant de K, et d’un degré supérieur à l’unité.|
Comme K est un corps normal, il s'ensuit de ce que j’ai expliqué plus haut,
soit que F = q est un nombre rationnel premier à /, ou bien F = L”gq, où q
est un nombre rationnel premier à /, et L un idéal du corps K,, tel que
I=L'=(L,L,...L)
>; +.. de K, est une
dans K,, et que chacun de ces idéaux premiers L,, L
puissance li" d’un idéal premier de K.
On peut préciser beaucoup l’exposant m dans F = L”q. En posant
L, = {{:1=(£...)", on voit que le groupe de ramification G, de £ est le
groupe }S} et le groupe d'inertie G, le groupe [S, I|, où l'on peut
prendre [I — T” en posant n = uv. En désignant par A un nombre de K qui
est divisible par la première puissance seulement de £, on a, d’après la
propriété caractéristique du groupe de ramification, ` rA
AJS= A + Ans |
où Am désigne un nombre divisible par ¢”, mais non par £”*+'. Si alors A’
est un autre nombre de K, divisible par £ , et que l’on pose
A'=aA (mod£?),
où a est un nombre du corps d'inertie (K ò) de £, on obtient
| A'IS=A'+anA, (mod £#1),
Mais, pour le nombre A'= A |T ', on a a = r—, de sorte que
A [FiS S À + rre An (mod kari);
et en se rappelant que I-' SE = S“, on obtient
ron- nu = ë (mod l),
d’où
M—Ii=I (mod »).
D'autre part, on sait que le nombre m — 1 doit rester au-dessous de la
limite LS
ns y
OR ES a E A
Èi CES
On voit donc que m—1—1 ou =Z (et cela seulement dans le cas
où y —/— 1); c'est-à-dire que
Eag ou Et et o Eg.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1205
On a, finalement, le théorème suivant :
Soient # un corps de degré premier résoluble algébriquement et K, le corps
cyclique correspondant. Si l’on définit les classes d’idéaux de K, suivant le
module F, le groupe de ces classes contient un sous-groupe d'indice /, qui
est caractérisé par cette propriété que, des nombres premiers rationnels ne
divisant pas le discriminant de k et se décomposant en facteurs premiers du
premier degré dans K,, ceux qui se décomposent en facteurs premiers de
premier degré dans #, et ceux-là seulement, sont égaux à la norme d’un
idéal de K, faisant partie de ce sous-groupe.
Pour le corps cubique non cyclique, on a l= 3, F =q, 3q, ou 9g;
K, est un corps quadratique de discriminant d, où, comme on le voit sans
difficulté, D — 4F?; on retombe alors sur le théorème énoncé par
Dedekind.
TECHNOLOGIE. — De l’utilisation des courants de marée sur les côtes
de France. Note de M. La Porre, présentée par M. Bigourdan.
La plupart des projets publiés ou mis à l'étude pour l’utilisation de
l'énergie due aux marées se rapportent aux mouvements verticaux de la
mer. Par suite, ces projets nécessitent la construction d'appareils nouveaux
plus ou moins compliqués, dont aucun n’est encore entré dans la pratique
courante.
Il semble qu'il serait plus simple — en tout cas d’une utilisation plus
immédiate — de se servir des courants horizontaux produits par le jeu des
marées. Les appareils qu'on aurait ainsi à employer sont ceux qu’on utilise
depuis longtemps sur les rivières et les cours d’eau, à savoir des roues et
des turbines. Sans doute, l'adaptation de ces appareils au cas spécial qui
nous occupe. peut donner lieu à quelques difficultés d'application ; mais ces
difficultés ne paraissent pas au-dessus des ressources de la technique indus-
trielle de notre époque.
Nous nous proposons de déterminer les principaux points de nos côtes
où les courants de marée seraient pratiquement utilisables.
Les chiffres que l’on trouve dans les documents nautiques, relativement
à la vitesse des courants de marée, se rapportent à des marées de coef-
ficient 100. On admet généralement que ces vitesses varient proportion-
nellement aux coefficients. Cette règle n’est évidemment qu'approchée.
Mais on peut admettre que, pour les mortes-eaux moyennes, dont le
1206 ACADÉMIE DES SCIENCES.
coefficient est de 45, la vitesse des courants de marée est entre la moitié et
le tiers de celle des courants de vive-eau.
A l'entrée du Morbihan, un goulet, large on de g5o", met
en communication la petite mer avec la baie de Quiberon. Dans cet étroit
passage, les courants de marée atteignent üne telle violence que l’accès en -
est interdit en vive-eau aux voiliers ou aux petits vapeurs qui voudraient
remonter le courant. Celui-ci atteint en effet des vitesses de 8 nœuds (4" à
la seconde), même de 10 nœuds (5" à la seconde) dans certains passages
resserrés, comme dans le chenal entre l'ile de Bender et l’île d'Ar Gazek:
Par suite de la grande profondeur de son goulet (11™ à 29"), la mer du
large pénètre par gros temps jusqu’à un certain point dans l’intérieur du
Morbihan. Le même inconvénient n’existe pas dans la Riviere d'Etel, vaste
bras de mer situé entre Quiberon et Lorient, qui s'enfonce de près de
20% dans l’intérieur des terres. Cette riviére est barrée à l’entrée par
un seuil sablonneux sur lequel il ne reste que quelques décimètres d’eau
à basse mer. L'intérieur en est donc toujours parfaitement calme et dans
l'étroit goulet (large à peine de 300") sur lequel on a jeté le pont Lorois,
les courants de marée acquièrent une vitesse qui parait, å à vue, de même
ordre que celle de l’entrée du Morbihan, et qui serait sans doute plus facile-
ment utilisable.
A l'entrée de Lorient, la petite mer de Gavre pourrait être également
utilisée.
A l'extrémité ouest de la presqu'ile armoricaine, le Raz de Sein, le From-
veur, le Four sont traversés par des courants qui atteignent des vitesses
de 6 à 7 nœuds (3" à 3,5 par seconde) dans le Raz et dans le Four,
7 à 8 nœuds (3",5 à 4" par seconde) dans le Fromveur. Mais ces courants
sont inutilisables à cause de la violence de la mer qui règne pere
dans ces parages.
Il en est de même du Raz Blanchart, qui sépare l'ile d'Aurigny du cap
de la Hague, où les courants atteignent une vitesse de 8 nœuds (4 à la
seconde) en vive-eau.
… La région de Saint-Malo est sur les côtes de France celle où la marée
atteint sa plus grande hauteur (13 à 14" en vive-eau). L’embouchure et le
cours de la Rance présentent Sea passages ( où les courants atteignent
des vitesses de 8 nœuds.
L’esiuaire de la Seine (surtout à l’intérieur des digues), | l'embouchure de
la Somme (à la pointe du Hourdel), offrent des vitesses moins grandes que
ies precédentes, mais encore eurent
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1207
7
A l'embouchure de la Loire, entre Saint-Nazaire et Mindin, on trouve
des vitesses qui atteignent à nœuds (2,5 à la seconde) en jusant.
Dans le goulet de Fromantine, par suite de l'étroitesse du passage par
lequel s’écoulent les eaux de la partie sud de la baie de Bourgneuf, les
vitesses sont plus fortes (6 à 7 nœuds en jusant).
Dans les Coureaux d'Oléron, les courants atteignent, en certains points,
des vitesses de 3 à 4 nœuds (1,5 à 2" à la seconde).
Ce sont des vitesses de même grandeur que Fon trouve à l'embouchure
de la Gironde, près de la pointe de Grave, et à l'entrée du bassin d'Ar-
cachon.
Il ne saurait être question d’établir,en ces différents points, des barrages
plus ou moins analogues à ceux qui servent sur les rivières à fournir la force
motrice aux roues et aux turbines. Ces barrages seraient, en général, exces-
sivement coûteux, et entraveraient la navigation, à moins d’être construits
dans des bras secondaires où les vitesses des courants seraient beaucoup
moindres.
Il suffirait, croyons-nous d’après des exemples que nous avons observés,
de mouiller dans le lit du courant des navires spéciaux, munis de roues plus
ou moins analogues à celles des premiers navires à vapeur. Ces roues, mues
par le courant, actionneraient des machines é électriques d’une puissance en
rapport avec la vitesse moyenne du courant de marée. L'énergie électrique
ainsi produite serait transmise à terre par des câbles aériens, et serait uti-
lisée avec adjonction d’une machine auxiliaire destinée à suppléer aux inter-
ruptions provenant des étales de courant, étales qui, du reste, sont d'autant
plus courtes en général que les courants sont plus violents.
Ajoutons qu'avec un pareil dispositif les machines du bord tour neraient
toujours dans le même sens, quel que soit le sens du courant, le navire
s’orientant de lui- -même, s'évitant, dans la direction de ce courant, après
chaque étale.
ASTRONOMIE. — Nouvelle détermination de la période solaire basée sur la loi
d’éclairement des échpses de Lune. Note de M. A. Dasson, présentée par
M. B. Baillaud.
Dans une Note récente ('), j'ai énoncé une relation entre l'éclairement
de la Lune éclipsée et l’activité solaire. Je me propose maintenant de faire
(1) Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 1127.
>
1208 ACADÉMIE DES SCIENCES.
connaître les résultats que j’ai obtenus en appliquant cette loi à la recherche
des minima solaires antérieurs à 1823.
Ce n’est que depuis un siècle que les fluctuations des taches solaires sont
régulièrement notées. Les observations plus anciennes sont très insuffi-
santes, et les minima que Wolf en a tirés, après une laborieuse discussion,
sont très incertains. Plusieurs savants ont même mis en doute l’existence
d’une période solaire, proprement dite, en raison de la distribution irrégu-
lière des époques publiées par Wolf. |
J'ai entrepris la détermination des minima en m’appuyant sur les obser-
vations d’éclipses de Lune. J’ai pu tracer avec précision certaines parties
de la courbe d’éclat des éclipses, dont les chutes brusques m'ont fourni, à
un an près, les dates suivantes (y compris celles de la période moderne,
redéterminées sur la courbe) :
Minima. C.— O. E. Minima. C.— 0. E.
1383 RSS F 1,8 o P 4r i 21
t600.: 5. +0, > I an +0,9 22
1018, e. —0,6 3 Din ru. -+0,8 3
LT D PRET à 7 1 1e SES +1,7 >!
PD e +1,4 LI TO: A an. +1,9 25
E 2,2 12 1008... nu —0,6 20
T25... Fri 13 LT Ps +0,3 27
Re 0,0 14 s89 ER +0,92 28
Fes lis — 1,2 1 190 ue, 1,0 20
00 oa — 1,3 16 19252 —1,1 30
Vie o —1,9 18
Le désaccord entre ces dates et celles de Wolf atteint parfois 5 ans,
aux xvu* et xvin? siècles. Il n’y a pas lieu de s’en étonner, la méthode de
réduction adoptée par Wolf devenant très aléatoire, quand les observations
présentent des lacunes ('). |
1. On peut représenter avec une erreur moyenne d'un an les époques ci-
dessus au moyen de la formule suivante :
(1) min = 1584,8 +10,87E.
2. Les résidus de la formule (1) donnés dans la colonne C. Ope répre-
' (1) En particulier, Wolf place un minimum en 1611, tandis que, d'après mon
Tableau, c’est un maximum qui a dù se produire. Malgré l'invention to ute récente des
lunettes, il est peu probable que les taches aient été découvertes dans une année de
minimum,
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1209
sentés graphiquement ci- dessous, ont une allure systématique évidente. On peut
les représenter par'une sinusoide ayant une période de 136 ans, l'erreur
moyenne tombant alors en dessous de 0°", 4.
Pour apprécier l'exactitude de la représentation, il convient de noter ne
+
| \
160 1700 1800 1900
les époques sont déterminées à un an près ('). Le terme périodique à
ajouter au second membre de l'équation (r) a pour valeur
— 1608
Ay sinan s
où l'est la date du minimum moyen calculée par la formule (1).
En d’autres termes, la période solaire est égale en moyenne à
Pacu 87
55 Ou -$ d'année près, entre 1583 et 1912. Elle est soumise à une inéga-
lié périodique, ayant une période de 136 ans, qui peut avancer ou reculer
de 1%%,7 les minima réels par rapport à leurs dates moyennes. De ce fait,
l'intervalle entre les deux minima consécutifs varie de 10*%,0 à 11*%,8. La
première de ces valeurs a été atteinte aux environs de 1670 et de 1815, la
seconde, aux environs de 1610, de 1740 et de 1880.
(*) L'alignement des points du graphique sur des droites inclinées tient uniquement
à ce que les dates observées sont exprimées en années rondes,
Le minimum de 1868 s'écarte plus que les autres de la courbe. L’anomalie disparait
si l’on adopte l’époque admise habituellement, 1867,2. Mais il s'est produit une éclipse
claire le 13 septembre 1867, ce qui ne me permet pas de placer le minimum avant
cette date.
1210 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La découverte de descriptions d’éclipses de Lune antérieures à Tycho
Brahé permettrait de préciser encore la période undécennale et la grande
période de 136 ans. Quant à présent, je mai pu retrouver que des obser-.
vations isolées, par suite inutilisables.
Il reste encore des lacunes à combler, entre 1583 et 1812.
La formule (1) corrigée du terme A donne pour le prochain minimum la
date 1923,4. D'ici-là les éclipses de Lune seront très claires (comme celle
du 2 mai dernier); ensuite, jusqu’en 1926, elles seront grises et sombres.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Contribution à la théorie du rayonnement
thermique. Note de M. Z. Riemexsiewicz, présentée par M. Lippmann.
Le raisonnement dont se sert M. Planck, pour établir sa formule du
rayonnement thermique des corps noirs, consiste à rechercher la répartition
d'énergie dans un ensemble des résonateurs monochromatiques auquel il
attribue une infinité de degrés de liberté. Ceci posé, on n’ohtient l’accord avec
expérience qu’en arrétant la divisibilité d'énergie à une limite finie e= Ay,
h étant une constante universelle, v la fréquence du résonateur. Malgré le
succès de la formule de M. Planck et aussi celui de la notion du quantum Å,
le procédé de M. Planck n’a jamais paru satisfaisant, Il se met en opposi-
tion avec le principe de l'équipartition d'énergie et s'appuie sur un modèle
de résonateur auquel il manque la qualité essentielle de transformer les
ondes de diverses fréquences.
= Notre but est de démontrer qu'il est possible d'obtenir la formule de
Planck tout en utilisant les méthodes de la mécanique classique auxquels il
est nécessaire d'ajouter seulement une nouvelle règle dans le genre de celle
qui a permis à M. Bohr de calculer les séries des spectres.
Le rayonnement thermique étant un phénomene commun à tous les corps
quelle que soit leur nature physique ou chimique, il nous paraît plausible de
voir sa source dans des chocs moléculaires (les chocs entre molécules et élec-
trons libres ou même entre deux électrons y compris) par lesquels l'énergie
du mouvement thermique se transforme en rayonnement des toutes longueurs
d'ondes. Inversement, deux molécules rapprochées par le choc absorbent
l'énergie de n importe quelle fréquence et s’écartent, par suite, avec une
vitesse relative qui dépend de l'énergie absorbée.
- Pendant leur libre parcours, les molécules ou les atomes n’émettent et
n’absorbent que des fréquences choisies, celles de leur spectre caractéristique.
$
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1211
La nature du choc, que nous supposons non élastique, est caractérisée par
l'énergie cinétique perdue que nous appellerons l'énergie du choc. Elle est
ms? ; n tee $
de a = ——, m étant la masse des molécules (supposées identiques), ¢ leur
4
vitesse relative avant le choc. :
Pour notre démonstration nous nous servirons d’un gaz parfait comme
modèle. Mais, comme cela a lieu en thermodynamique, les résultats seront
valables pour tous les corps, vu le caractère général des lois.
Si les vitesses relatives des molécules sont réparties d’après la loi (*)
io ee
(1) | Yee + dr = IT ARE LA
la fraction de chocs dont l'énergie est comprise entre a et a + da est de (°)
e Fe,
(2) | dX = EF
R
où k = -z = 1,37-10—'* erg par degré centigrade.
L'énergie du choc se trans forme en totalité ou en partie en rayonnement dont
7
l'énergie ¿satisfait à l équation
(3) s= phy,
PSignifiant un nombre naturel, hle quantum de Planck = 6,45. 107° erg : sec
et y la fréquence du rayonnement émis.
La formule (3) n’est autre chose qu'une relation entre l'intensité et la
fréquence d'un train d'ondes créé par un phénomène moléculaire élémen-
taire (choc). Nous l'introduisons ici comme hypothèse; mais il faut :
remarquer que des règles pareilles ont été employées avec succès ER
cas des rayons X et celui des spectres des raies. Nous aurons donc la
condition fondamentale
i (4) ; až? phy,
Ainsi les chocs dont l'énergie est comprise entre o et a = Åv ne four-
nissent pas de rayons de la fréquence v. Ceux entre a = Av et a = 24y
peuvent fournir chacun l'énergie z, = y sous la forme de rayons y, ceux
entre a = 2hv et a = 3hy l'énergie £, == Av, ete. Donc l'énergie fournie par
) P. Lancevin et J. Rey, Le Radium, t. 10, 1913, p. 142.
) Z. Krewexsigwiez, Bull. Acad, Cracovie, juin 1918, p. 314.
1212 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les chocs de ces différentes catégories sera de
a=2hv I a hy 22%"
ne n» f -ne daike arr T
a =hY
a=3hy i a CRT 4AV)
vo 2h f re FT da = hy\2e AT 0e IT ),
a—2hy
+ Eh LENS
à ee —e "da= hy (3e Fe AI F
= El x -
a=3hY
d Se aoai
Le total est de 0, = O+ v’+0"+...— e be +e Ta
ou bien i
(5) [E a a
Ea
C’est donc l'énergie émise sous forme du rayonnement y par tous les
chocs-résonateurs. Vu que f ; TTE Tt = 1, O, correspond également à
la grandeur appelée par M. Planck l'énergie moyenne d'un résonateur de la
fréquence y et pour laquelle il a trouvé la méme expression. En posant dans
Péquation (3) p =1, on obtiendrait la formule de M. Wien.
Le fait, que lineei: du résonateur est d’après (5) une fonction de la
fréquence, ne nous parait pas plus en opposition avec le principe de l’équi-
partition que le fait bien connu, d’après lequel l'énergie de la molécule
dépend de sa vitesse momentanée. Nos résonateurs, étant dynamiques, ne
peuvent pas étre considérés comme composants d'un système mécanique qui
doivent obéir au principe de l’équipartition d'énergie.
La théorie ci-dessus pourra être dans un point surtout confrontée aisé-
ment avec l'expérience. Les coefficients d'émission et d'absorption pour le
rayonnement continu doivent dépendre du nombre des chocs. Dans un milieu
gazeux, celui-ci est proportionnel au carré de la pression. Dans les gaz
raréfiés, on n'obtient donc que le spectre discontinu provenant des atomes
ou molécules libres. Tandis qu'aux pressions et aux températures élevées
on devrait voir surgir un fond continu provenant des chocs. Les faits
connus sont bien en accord qualitatif avec cette explication, mais il manque
encore des données quantitatives, les expérimentateurs ayant consacré leur
intérêt principalement à l'étude des phénomènes discontinus d'absorption.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1213
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les polymolybdates hexabasiques. Note
de M. S. Posrerxak, présentée par M. L. Maquenne.
Des trois heptamolybdates hexabasiques les plus anciennement connus
dont j'ai étudié précédemment la constitution ('), le sel de potassium
(KO)}*MoO(O0.Mo0?)50.Mo0O (OK }5 + 4H°0
est le moins stable. Ses solutions aqueuses déposent spontanément des
aiguilles fines et molles répondant à la formule K? O.3Mo O° + 3H°0 ou
un multiple.
On peut isoler le sel correspondant d'ammonium, isomorphe avec le
précédent et non encore décrit, des produits de décomposition du molyb-
date d’ammoniaque ordinaire par l’eau à 150°. J'attribue à ces deux sels la
constitution
(RO)?.Mo0(0.M00?)5.OR + 6H20.
L'heptamolybdate hexasodique
(NaO)Mo0(0.Mo0?)0.Mo0(O Na } + 22H20
est beaucoup plus stable et peut être recristallisé. Cependant, si l'on y
ajoute 101,5 à om! de HCI ou si on le sature à chaud de MoC*, on le
transforme en un trimolybdate que les auteurs formulent inexactement
Na°O.3Mo0®+ 7H°O. Ce dernier sel n’a, en effet, que 6"°! d’eau de
cristallisation et, pour lui enlever les éléments d’une septième, il est néces-
saire de le calciner. Dès lors, sa constitution doit être
(Na0):HO:M00(0.M00?)20H + 6H°0.
L'heptamolybdate hexammonique
(NHO)? MoO (0 .Mo0?)50.MoO(O NH} + 4H20
se comporte autrement. Lorsqu'on ajoute à ses solutions saturées des
quantités croissantes de HCI, il se condense davantage et laisse cristalliser,
suivant la proportion d'acide employée, des polymolybdates hexabasiques
de formule générale
(NH* O)’ MoO (O .Mo0?)"0.MoO(ONH'} + n aq.,
(') Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 1058.
1214 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans laquelle m > 5, et des composés non saturés analogues. J'ai préparé
ainsi les sels suivants :
Nonamolybdate hexammonique (NH*O MoO(0.Mo0°)}0.Mo0(O NH: + 7H°0.
— Lamelles rhombiques peu solubles à froid, solubles à chaud, recristallisables sans
altération.
Undécamolybdate hexammonique
(NH*O)SMo0(O.Mo0?)O.MoO(ONH:} + SH°0.
Aiguilles prismatiques de même solubilité.
Dodécamolybdate hexammonique
(NH#O ÿMo0(0.Mo0!)00.MoO(ONH:)5+ 6H20,.
Cristaux lourds appartenant, d’après les mesures de M. R. Sabot qui seront publiées
ailleurs, au système triclinique. Ce corps est probablement identique au tétramolyb-
date (NH*}20.4Mo0O%+ >H20 décrit par Berlin en 1850; sa véritable nature découle
de la possibilité d’en préparer le sel double [(NH*)}20 [°Na20.12M00*+ 5H°0 et de
la tendance qu’il a de se dédoubler lentement, en solution, en hexamolybdate hydroxy-
triammonique (NH*O)*MoO(O.MoO? OH, insoluble dans l'eau et homologue
inférieur de l’heptamolybdate hydroxytriammonique décrit dans la Note précitée.
Tridécamolybdate hydroxypentammonique
(NHO) Mo0(0.M00?)"0O.Mo0(ONH+)OH + 14120.
Aiguilles assez longues qui se décomposent, à la recristallisation, en dodécamolybdate
hexammonique et
Tridécamoly bdate dihydroxyammonique
(NH*O)3MoO(O.Mo0?)O.MoO(ONH:)(OH) +181R0.
Aspect microscopique caractéristique : prismes hexagonaux avec base fortement
inclinée et sommet pyramidal.,
LE APM 392 ERT dnis STE) Ts
. RAFY
t LLECLECUEULF VUUEC. CF Liu dd UA Fi
LA Pe, d
(NH*O Mo0(0.M00?)! 0. Mo0(0H)} + 19H°0.
Aiguilles peu solubles à froid, presque insolubles en présence de nitrate d'ammonium,
assez solubles à chaud, perdant leur eau de cristallisation de 100° à 135° et 1° d'eau
constitutive à 160°,
Les nona et dodécamolybdate hexammoniques peuvent aussi être pré-
parés par dissolution. de 2™° à 4™ol de Mo O° dans une solution de molybdate
d’ammoniaque ordinaire, le premier à 30°-40°, le second à l’'ébullition,
avec formation simultanée d’heptamolybdate hydroxytriammonique. :
On voit que l'acide molybdique en solution se comporte comme s'il avail
_ tendance à se condenser en acide #rideécamolybdique qui semble être son
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1020. 1215
état normal en milieu acide. La présence d’alcalis et surtout d’ammoniaque
empèche cette condensation de devenir intégrale : il se forme des sels hexa-
basiques avec plus ou moins de chainons molybdiques, le plus souvent en
nombre impair. C’est seulement à la limite de la condensation qu'il se
forme des composés acides : sels non saturés de l'acide tridécamolybdique
hexabasique.
Tous les polymolybdates sont transformés par un excès d’aleali en ortho-
molybdates; inversement, par addition aux solutions de ces derniers d’un
acide minéral ou de Mo O°, on revient aux heptamolybdates et, dans le cas
des sels ammoniacaux, aux polymolybdates hexabasiques supérieurs,
comme nous venons de le démontrer.
Pour expliquer ces faits, il est logique d'admettre que les orthomolyb-
dates eux-mêmes ne sont que des trimolybdates hexabasiques
(RO}$MoQ.0.Mo00?.0.Mo0(OR} + naq.
lls représenteraient ainsi le premier terme de toute la série.
Un certain nombre de faits plaident en faveur de cette théorie : l’ortho-
molybdate de potassium très hygroscopique cristalliserait, d’après
Svandberg et Struve, avec - H:0 ; J'ai trouvé que ce sel, séché à basse tem-
pérature sur SO*H®, correspond à la formule (K?0}°.3Mo0O* + H°0. Il
existe un sel double bien cristallisé K?O(Na*0 }.3Mo0* + 14H°O dont
limportance pour la constitution des orthomolybdates n’a pas encore été
relevée. Delafontaine a décrit le sel (Li?O }*.3MoO* + 8H20. :
Mais l'argument ie plus probant en faveur de la constitution trimolyb-
dique de ce groupe de sels se déduit des propriétés de l’orthomolybdate
d'ammoniaque. Si ce sel était analogue au sulfate d’ammoniaque, comme
on l’admet généralement, il devrait être assez stable: or, il perd près de
moilié de son ammoniaque déjà à la température ordinaire et exactement
les trois quarts à 169°.
Cela ne saurait surprendre do l'hypothèse du trimolybdate hexammo-
nique, la stabilité des sels hexammoniques diminuant avec le nombre des
chainons molybdiques qu'ils contiennent. Tandis que le dodécamolybdate,
par exemple, peut être chauffé à 170° sans subir aucune décomposition, le
nonamolybdate commence à perdre de l’ammoniaque à 130° et lhepta-
molybdate un peu au-dessous de 100°.
Séchés à 170°, tous les polymolybdates hexammoniques inférieurs, y
compris l’orthomolybdate, sont ramenés à la composition uniforme
(NI) 6 Mo O®.OH,
1216 ACADÉMIE DES SCIENCES.
LITHOLOGIE. — Sur la constitution lithologique du Nummulitique et du
Crétacé supérieur du plateau d’Aråche (massif de Platé, Haute-Savote).
Note de M. Léox Morer, présentée par M. Emile Haug.
Entre Arve et Giffre s’étend un puissant massif nummulitique et crétacé,
dont le socle, formé de Jurassique et de Lias, montre des complications
tectoniques très intéressantes.
Sans m'occuper pour le moment de cette question, sur laquelle je me propose de
revenir, je voudrais seulement résumer quelques observations pétrographiques, faites
uniquement sur la couverture crétacée et tertiaire, négligée jusqu'ici, à ce point de
vue, et spécialement au point de contact des deux terrains. Les coupes les plus inté-
ressantes sont échelonnées sur la route qui, de Magland, monte par Balme et Arâche
pour se continuer au bord de la falaise jusqu’à Pernant.
On sait, depuis les recherches des géologues qui ont étudié la région (Maillard,
Haug, Ritter, L.-W. Collet), que le village de Balme, situé au niveau de l’Arve,
marque l'extrémité frontale digitée d’un pli couché vers le nord, butant contre la
voûte subalpine autochtone du rocher de Cluses, dont il est séparé par le synclinal
éliré de Balancy. Il y a là des plis-failles intéressants, qui ont donné lieu à la forma-
tion d’écailles « subhorizontales ».
Le passage du Crétacé au Tertiaire est très variable suivant les écailles
considérées, et nous allons en étudier différentes coupes.
La falaise urgonienne la plus inférieure, celle où sont creusées Îles
fameuses grottes de Balme, montre en coupe une charnière anticlinale dont
le flanc inverse repose sur un Sénonien horizontal qui n’avait pas encore été
signalé. ; `
La partie la plus inférieure de ce Sénonien, celle qui, stratigraphique-
ment, correspond au sommet de l'étage, est formée de petits bancs de
teinte gris clair qui, en coupe mince, se montrent pétris de Lagena sphé-
riques et d’abondantes Rosalina Linnei d'Orb., espèce qui caractérise, par
son abondance même, la Craie supérieure des Alpes et des Pyrénées.
En continuant la route d’Arâche, on.franchit successivement le Gault et
le Sénonien du flanc normal, puis un complexe très épais de schistes séno-
niens supérieurs, de schistes gréseux à Globigérines, de Flysch avec len-
tilles de grès de Taveyannaz bleu verdätre (variété riche en éléments
basiques); mais les complications tectoniques ont amené un tel brouillage
qu’on ne peut relever dans le détail la succession des assises.
Sur le plateau d’Arâche, à l’ouest du village, au point où la corniche de
m
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1217
Pécaille supérieure (Urgonien, Gault, Sénonien, etc.) surplombe la vallée
de l’Arve, se trouvent des couches tout à fait intéressantes. Ces couches
reposent en bancs horizontaux sur le Sénonien supérieur schisteux et foncé,
toujours reconnaissable à sa cassure esquilleuse, par l'intermédiaire d’un
banc de grès noir très glauconieux, où le microscope ne décèle aucun orga-
nisme. Ce sont des calcaires de teinte claire, compacts, avec intercalations
de petits lits-schisteux azoïques, bourrés de quartz clastiques.
La silice abondante de ces calcaires s’y est individualisée de deux façons : d’abord
en rognons de silex et en longues traîinées fortemeut mises en relief par décalcification, -
puis dans la masse même de la roche, qui présente d'innombrables petits quartz
bipyramidés d’un type banal allongés suivant laxe vertical, et de la forme pére.
L'intérêt de ces quartz, c'est qu'ils montrent tous des inclusions finement gränuleuses
de calcite, qui donnent ainsi des renseignements précis sur l’état primitif du calcaire
encaissant,
En lames minces, les silex de ces calcaires fournissent des tiges de Chara,
et la roche elle-même, des coupes nombreuses de Bythinia, d’'Hydrobia et
d’Ostracodes ( Cypris) ES.
On peut donc voir dans ce niveau, incontestablement lacustre, une preuve
nouvelle de l'émersion de la région vers lÉocène inférieur, après le dépôt de la
Craie supérieure, et l'équivalent stratigraphique des couches à Bulimus sub-
cylindricus Math. du Roc-de-Chére, au bord du lac d'Annecy (°).
= Au sud-ouest, passent par-dessus cette formation les calcaires priaboniens
Orthophragmina, Nummulites striatus et Lithothamnium (*), puis les
schistes à patine blanche et à grosses Globigérines du Flysch oligocène, sur-
montés eux-mêmes par les grès de Taveyannaz brun clair (véritable grès
moucheté très riche en silice).
Partout ailleurs, dans cette partie du massif, le Sénonien supérieur so
teux, à pâte fine, passe au Nummulitique par intermédiaire de couches éga-
lement schisteuses, très épaisses, où l’on ne trouve plus Rosalina Linnei et
qui se chargent peu à peu de quartz détritiques et de grosses Globigérines ;
(IM. dde Lapparent a bien voulu me guider dans ces déterminations délicates,
et je lui exprime ma vive reconnaissance.
C) L. Morer, Sur la découverte au Roc-de-Chère (lac d'Annecy) des couches
lacustres de l'Éocène (Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 104).
(°) Aux chalets de Flaine, ces calcaires m'ont, en outre, fourni Operculina alpina,
espèce décrite pour la première fois en 1916 par M. H. Douvillé dans les calcaires de
Thônes (Haute-Savoie) et fréquente à Priabona (Comptes rendus, t. 163, 1916)
p. 524).
C. R., 1920, 2° Semestre. (T, 171, N° 24.) 72
1218 ACADÉMIE DES SCIENCES,
il est donc difficile de mettre en évidence la surface de transgression. Mais,
au nord-ouest de Serveray, un peu à l'ouest du point 1 167 de la Carte de l’État-
Major, on peut constater qu’au-dessus d’un Sénonien classique verdûtre,
avec petites Globigérines, Rosalines et Textilaires, existe un conglomérat
à éléments urgoniens et sénoniens d'âge tertiaire, puisqu'on y trouve des
fragments de Nummulites. Les éléments urgoniens ne présentent pas d'in-
térêt : ce sont les vulgaires calcaires à Miliolidés, mais les galets sénoniens
sont presque uniquement du type à Lagena sphériques et à Rosalines, celui
que nous avons rencontré à la base de la coupe de Balme ; ce qui montre
bien que si, en ce point, la partie supérieure du Sénonien manque, c’est que,
précisément, elle a fourni les matériaux du conglomérat nummulitique.
Mais il y a plus : le conglomérat, dans lequel on pouvait déjà identifier
de multiples débris d’/nocérames, est lui-même surmonté par des séries
alternantes de petits lits de conglomérat de 10° à 20% et de: bancs de
plusieurs mètres d'une roche uniquement composée de débris d’Inocérames de
diverses tailles dont les prismes classiques sont de toute beauté. C’est là une
entité lithologique curieuse, nouvelle et qui méritait d’être signalée : on
pourrait être tenté au premier abord de l’attribuer au Crétacé. La série se
poursuit vers le haut par un gros banc de poudingue, le calcaire à Ortho-
phragmines de Serveray, et enfin le Flysch.
Si l’on se dirige encore plus au sud, le passage du Sénonien au Num-
mulitique se fait par des schistes, quelquefois avec intercalations de petits
bancs calcaires; mais, à partir de la Croix de Fer, de la pointe de Collonney,
du désert de Platé, s’observent de nouveau les puissantes masses conglo-
mératiques côtières de la base du Tertiaire.
En résumé, dans ce massif, le contact du Nummulitique et de son sub-
stratum sénonien peut se faire de trois façons distinctes : 1° par des
couches lacustres; 2° par des conglomérats à cailloux crétacés; 3° par des
schistes plus ou moins gréseux, et, dans ce dernier cas, l'observation ne m'a
pas permis, jusqu'ici, de saisir la limite exacte des deux formations. Il est
probable qu’une telle variabilité, observée dans un espace aussi restreint,
est due-en partie à ce que l’on se trouve ici dans une région d’écailles (ou
de nappes) superposées, et originaires de zones éloignées les unes des
autres,
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1219
GÉOLOGIE. — Pourquoi les minerais de Lorraine sont très phosphoreux.
Note de M. L. Cayeux, présentée par M. H. Douvillé:
' Chacun sait que les minerais de fer lorrains sont très phosphoreux et,
qu'avant la découverte du procédé Thomas, la métallurgie ne les utilisait
qu’à une échelle très réduite. D’après M. Villain, à qui l’on doit de nom-
breuses données intéressantes sur le Bassin de Longwy-Briey, le rapport
du phosphore au fer serait constant, et égal à 2 pour 100 de fer.
D'où vient ce phosphore et quelles sont ses différentes modalités? A ma
connaissance, ces questions n’ont jamais reçu de réponse satisfaisante. Je
crois donc utile de faire connaître les observations personnelles qui me
mettent en mesure de les résoudre.
Un premier type de phosphore tombe sous les sens à l’état de concrétions
microscopiques de phosphate de chaux, d’une part, et de débris osseux,
d'autre part.
Au total, les concrétions sont trés rares, et toutes sont formées de phos-
phate amorphe, emprisonnant ou non de iitisctites débris organiques.
Par contre, les restes de Vertébrés font partie pie de la totalité
des échaniilions: On en rencontre deux, trois et jusqu’à une dizaine et
davantage dans chaque préparation. Ce sont de petits éléments anguleux
ou arrondis, dont la microstructure conservée caractérise presque toujours
le tissu osseux des poissons. Au surplus, quelques morceaux submicrosco-
piques de brèche ossifère remaniés s’observent de loin en loin. Il est de
toute évidence que si l’on pouvait faire la somme des débris osseux repré-
sentés dans la masse des minerais, et il faut ajouter des horizons stériles
. Compris entre les différentes couches qui en renferment également, on arri-
Verait à la conclusion que des poissons en quantité innombrable ont été mis
à contribution pour engendrer le phosphore des minerais lorrains. De cette
faune de poissons nous ne savons rien.
Mais, si fréquents soient-ils, les restes de Vertébrés ne sont pas assez
nombreux, et à beaucoup près, pour rendre compte de la teneur en phos-
phore du minerai. La disproportion est telle que la question d’une autre
Source d'acide phosphorique se pose, pour ainsi dire d'elle-même.
Outre les combinaisons de phosphore qui se voient, il en est une invi-
sible, dissimulée dans les oolithes. J'ai démontré p ecédemueni par des
réactions microchimiques qu'il existe du phosphore dans toute l'épaisseur
1220 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'édifice oolithique, sans doute sous la forme de phosphure de fer (*).
La gangue du minerai est-elle minéralisée, il s’y trouve pareillement du
phosphore.
D'où vient cet élément et pourquoi les minerais lorrains en renferment-ils
: une proportion exceptionnellement élevée ? Ce que j'ai dit de la fréquence
des fragments de tissu osseux nous montre clairement de quel côté est la
solution de ces problèmes. On s'accorde généralement à faire dériver des
poissons le phosphore des craies phosphatées du nord de la France et de
la Belgique. En fait, les préparations de ces craies renferment toujours de
nombreuses esquilles de tissu osseux. Or, eu égard à la teneur èn phos-
phore des minerais lorrains et des craies phosphatées, les premiers sont
relativement plus riches en restes de poissons que les secondes.
. J'estime que les Vertébrés ont joué un rôle capital de part et d’autre; mais
tandis que dans la craie phosphatée, tout le phosphore, mis en liberté par la
destruction d’une grande quantité de tissus osseux, s’est converti en grains,
dans le minerai, au contraire, il s’est fixé et dissimulé dans les composés
ferrugineux.
Selon toutes probabilités, une autre source de phosphore, indiscernable à
l'œil, doit entrer en ligne de compte. Beaucoup de minerais lorrains, prin-
cipalement les plus élevés dans la série, sont riches en débris de Mollusques.
De plus, les calcaires subordonnés à la formation minéralisée sont pétris de
Mollusques en menus fragments, visibles ou non à l'œil nu, à telle enseigne
que beaucoup d’entre eux doivent être classés comme lumachelles. D'après
ce que l’on sait de la composition des Mollusques vivants, on est fondé à dire
que la destruction d’une infinité de coquilles a dù libérer une quantité
appréciable d'acide phosphorique.
= Quoi qu’il en soit, il y a toutes raisons d'admettre que le phosphore du
minerai lorrain est d’ôrigine organique. Quant à la cause même de son
abondance, elle doit être cherchée dans la fréquence exceptionnelle des
organismes, el tout particulièrement des poissons. En conséquence, la
question de la genèse du phosphore des minerais lorrains n’est, en somme,
qu'un cas particulier du problème général de l’origine des phosphates sédi-
mentaires.
tnt
(t+) L. Cayeux, Introduction à l'étude pétrographique des roches sédimentaires
(Mémoire pour servir à l'explication de la Carte géologique détaillée de la
France, 1916, p, 164).
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1221
De cette étude, on retiendra également qu’un faune de poissons, assez riche
pour alimenter en phosphore la formation minéralisée de Lorraine, a pu
disparaître sans laisser de traces visibles à l'œil nu. Il en faut conclure,
croyons-nous, que l'intervention du microscope est nécessaire pour déter-
miner, autant que faire se peut, le rôle joué par les Vertébrés dans le passé.
GÉOLOGIE, — Traces de l'Homme dans les lignites de Voglans (Savoie).
Note de M, Cu. Gorceix, présentée par M. Pierre Ternes
Jusqu'ici des traces de l’industrie humaine primitive en Savoie n'avaient
été trouvées qu’en de rares grottes. Le hasard de l'exploitation des mines
de lignite de Voglans, en faisant tomber une partie du toit dans une
galerie, a permis de voir le dessus de la couche en un point où elle présente
des traces indiscutables d'incendie. Elle est, en effet, recouverte d’une
couche de 2°® à 3°® de véritable charbon de bois, provenant de la combus-
tion des parties ligneuses supérieures, non encore transformées en lignite.
La régularité de cette couche indique qu’au contraire la transformation en
masse compacte était déjà effectuée au-dessous.
La foudre ne paraissant pas pouvoir être invoquée dans ce cas, où il n’y
avait ni arbres ni broussailles, force est bien de conclure :
1° Que cette couche de lignite, formée de bois transporté par les eaux
fluvio-glaciaires provenant du recul du glacier Würmien (une des branches
de celui de l'Isère) et déposé dans les anses du fleuve, là où le courant était
nul, a été recouverte simplement par l’eau, un temps suffisant pour me
puisse, en majeure partie, se transformer.
2° Qu'elle a été exondée, probablement lors de la glaciation néo-wür-
mienne, qui a diminué considérablement le débit, ou lorsque la branche
d'Annecy, cessant de descendre vers Aix-les-Bains, prenait son cours dans
le val du Fier.
Qu'alors l'Homme chelléen ou magdalénien, descendant de ses grottes,
était venu s'installer au bord du fleuve.
3° Qu'une nouvelle débâcle glaciaire, probablement le recul néo-wür-
mien, relevant le plän d’eau et charriant les débris de ses moraines, a recou-
vert cette couche d’un épais manteau d’alluvions,
Jusqu'ici aucune découverte d’instrument ou de débris n’a été faite
auprès du foyer d'incendie, permettant de mieux en fixer l’âge, mais il
semble que les phénomènes glaciaires le déterminent suffisamment,
1222 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur les traces laissées dans le Massif Central français par les
invasions glaciaires du Pliocene et du Quaternaire ; étendue et multiplicité de
ces invasions. Note de M. Pua. GzLancrauD, présentée par M. Pierre
Termier.
Les glaciers ont joué dans le Massif Central, durant le Pliocène et le
Quaternaire, un rôle très important. On pensait jusqu'ici que leur exten-
sion avait été limitée à la grande traînée volcanique de 150“" de long cons-
tituée par les Monts Dore, du Cézallier, du Cantal et de l Aubrac, qui ont
fait l'objet d’études de Julien, Fouqué, Rames, Fabre, Michel Lévy, de
MM. Boule et Marty. J'ai indiqué à plusieurs reprises que non seulement
d'autres territoires de même altitude, tels que les Monts du Forez (1610"),
mais aussi de relief moins accentué comme le Plateau de Millecaches (995),
avaient été recouverts de glaciers.
A. Mes dernières recherches me permettent d'ajouter aujourd’ hui, à ces
régions, les monts de la Margeride (altitude 1300"-1515"), qui culminent
les vallées de l'Allier et de la Truyère, le mont Lozere, une partie des Hautes
Cévennes et du Velay ; c'est-à-dire que plus d’un huitième du Massif Central
a disparu sous un manteau de neiges persistantes, de névés et de glaciers.
Si les effets de l’action glaciaire (modelé spécial et dépôts morainiques )
sautent aux yeux, dans les massifs volcaniques de l'Auvergne, il n’en est
pas de même des nouvelles régions que je viens de signaler, où la topo-
graphie permet presque exclusivement de reconstituer l'empreinte glaciaire.
Là, en effet, rares sont les moraines, mais la forme des cirques, les vallées
en U, les paliers, les buttes moutonnées, les blocs erratiques, permettent
cependant d’y reconstituer, en partie, la série des appareils glaciaires
anciens. |
Deux facteurs ont contribué à l’atténuation ou à l'effacement plus ou
moins complet des traces glaciaires dans ces régions : :
1° La raideur et la dissection des versants, qui ont joué un ròle epid
par exemple, dans les monts d’Aubrac. Paniti que le versant Nord-Est de
ces montagnes offre des pentes relativement douces, terminées par un
plateau permettant la réception et la conservation des moraines étendues; le
versant Sud-Ouest aux pentes rapides et profondément ravinées, qui a cepen*
dant reçu des glaciers analogues, ne présente plus aucune trace glaciaire.
Sur ce versant, modelé glaciaire et moraines ont disparu sous l'influence
du ruissellement et de l'érosion torrentielle. Il en est de même dans une
hi
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1223
grande partie des Cévennes, sur le versant Rhône, découpé aujourd’hui
en de longues et étroites arêtes (serres) dominant des gorges profondes où
les empreintes glaciaires n’ont pu subsister que rarement.
Par contre, sur le versant Atlantique, dans une partie des Cévennes, certaines
vallées, comme celles des affluents de la Loire, en amont d'Issarlès et la
Loire, elle-même, près de l’Usclade, ainsi que les rivières descendant de la
forêt du Mazan (1300-1400), offrent des traces glaciaires indéniables et
présentent sur leurs deux versants de petits cirques glaciaires.
Dans la Wargeride, la haute vallée de la Desges et ses affluents coulent
dans un bel amphithéätre glaciaire, de 7™ de diamètre, environné de mon-
tagnes de 1400" à 1500" d'altitude; et l’on observe, près de Paulhac, des
buttes moutonnées, des vallées en U, et des restes de moraines.
2° La constitution pétrographique des roches joue également un rôle marqué
dans la disparition des traces glaciaires. C’est ainsi que les vallées glaciaires
granitiques et micaschisteuses ont leurs formes rapidement émoussées et
que les moraines formées des mêmes éléments se désagrégent très aisément.
Les roches volcaniques, telles que les andésites, les labradorites et les
basaltes, conservent, par sonte beaucoup plus longtemps les caractères
glaciaires.
B. Les glaciers du Massif Central éffrent des types variés. Au début,
dans les Planèzes du Cantal, au nord et au sud des Monts Dore, se montrent
les types de plateaux qui se transforment dans tous les massifs en 2ypes
alpins, avec glaciers sur les versants opposés, dans les longues régions
dissymétriques, telles que le Forez, la Margeride ou en des glaciers rayon-
nant des anciens centres volcaniques (Cantal et Monts Dore).
Enfin de multiples cirques glaciaires frangent, d’une façon pittoresque,
les versants des grandes vallées glaciaires : celles de la Dordogne, de la.
Couze du Valbeleix, de la Cère, de la Jordanne, de l’Alagnon, etc.
C. Les fronts glaciaires et leurs moraines sont descendus à des altitudes
variables, en relation avec la période géologique et avec la puissance des
bassins d’alimentation neigeux. En général, les traces glaciaires les plus
basses ne dépassent pas 600" à 700", mais en quelques points, comme dans
les vallées de la Dordogne, de la Rhue, on observe des restes de vallées
en U, quelques moraines et des buttes moutonnées jusqu’à 400" d'altitude,
c'est-à-dire que certains glaciers avaient des dimensions plus considérables
que les glaciers alpins actuels.
Actuellement, les neiges persistent dans les régions dia pendant
7 mois de l'année (de novembre à mai) et dans certaines parties exposées
1224 ACADÉMIE DES SCIENCES,
au nord, dans les Monts Dore et le Cantal, on observe des taches neigeuses
jusqu’à fin août. Il suffirait d’un abaissement moyen de température de 4°
à 5°, pour ramener les neiges persistantes, les névés et l’état glaciaire dans
la plupart des régions montagneuses du Massif Central.
D. Il y eut au moins trois périodes glaciaires principales (une quatrième a
laissé des traces en quelques points seulement) dans les territoires volca-
niques, de relief plus vigoureux et plus étendu (Cantal et Monts Dore),
correspondant vraisemblablement à celles des Alpes.
J'ajouterai que dans le Cantal, la topographie glaciaire d’une période est
parfois fort différente de celle de la période suivante, ainsi qu’on peut le
constater dans le territoire compris entre les vallées de l’Alagnon et de la
Santoire, entre Murat, Neussargues et Dienne. On observe, là, les restes de
trois glaciations à réseaux différents et de beaux phénomènes de capture de
la haute vallée de la Chavade, par la Santoire, ce qui a modifié très sensi-
blement le cours des glaciers occupant ces vallées.
Comme conclusions de cette étude glaciaire en raccourci, on peut dire
que le Massif Central offre un beau développement de phénomènes gla-
ciaires, avec des caractères beaucoup moins grandioses que dans les Alpes,
mais peut-être plus originaux, en raison de leur liaison avec des édifices
volcaniques qu'ils ont aisément modelés et démantelés.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Sur l’ orig ine de certains HAS du Cantal, `
Note de Mie Y. Baisse pe Rice et de M. P. Marry.
Les versants de certaines vallées cantaliennes, Cère, Jordanne, Allagnon,
etc., présentent, par places, l'aspect d’un gigantesque escalier. De larges
replats, figurant les marches, y alternent avec des talus étroits et raides
tantôt rectilignes, tantôt en arcs de cercle à concavité ouverte vers les
thalwegs. Dans les régions du Cantal où ce dispositif topographique existe,
le sous-sol des versants est constitué par une roche imperméable, ou peu
perméable, basalte, calcaire, micaschiste, tandis que le sol est composé
d’une argile plus ou moins graveleuse, résultant soit d’un dépôt morainique, -
soit de la décomposition de la roche sous-jacente.
Des accidents semblables se montrent dans des pays à structure géolo-
gique analogue, Dans l’Apennin, les talus sont en arcs de cercle et se
nomment Frane, terme que l’on peut franciser par le mot Franes.
Ea Picardie, les talus sont rectilignes, à peu près parallèies aux courbes
de niveau et se nomment rideaux. Des géologues de haute valeur ont
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1225
vainement tenté d'expliquer la formation des rideaux jusqu’au jour où
M. L. Gentil en a donné une explication génétique qui rend compte de
tous les faits d'observation.
Les rideaux sont formés, sous l’action de la pesanteur, par le décollement et le
glissement de zones, parallèles aux courbes de niveau, d'argile graveleuse, saturée
d’eau, le long des versants imperméables et en. pente que recouvre cette argile. Les
franes semblent être le mode de décollement propre aux terrains surtout argileux;
les rideaux, le mode de décollement propre aux terrains argilo-graveleux.
Les gradins des vallées cantaliennes que nous avons ici en vue, présentant les mêmes
formes topographiques et les mêmes conditions géologiques que les rideaux et les
franes, nous proposons de les désigner sous ces vocables, La découverte des rideaux
du Cantal est due à M. Gentil et à son élève, M. Alexis Rolland, Les franes n'y avaient
pas été signalées jusqu'ici. Elles se forment encore fréquemment sous nos yeux, à la
suite de la fonte des neiges. Les rideaux, par contre, semblent remonter dans leur
ensemble à une époque plus humide que la nôtre, bien que certains d’entre eux,
comme celui de Saint-Martin-sous-Vigouroux, se produisent parfois de nos jours.
Ces faits exposés, nous nous proposons, dans les lignes suivantes, de
rechercher les rapports qui peuvent exister, dans le Cantal, entre les
rideaux ou franes et les limites des parcelles cultivées et entourées d’une clô-
ture continue que, pour ce motif, nous nommerons clos, ou, pour employer
l'orthographe locale, claux. Pour la rapidité du langage, nous désignerons
franes ou rideaux par le terme de talus, en rappelant que la direction de ces
talus est, ici, grossièrement parallèle aux thalwegs, bien que souvent
modifiée par des accidents locaux.
Un claux situé au versant d’une vallée cantalienne à talus montre, en général, les
caractères suivants :
Il est bordé, du côté de la ligne de faîte du versant, par le pied d'un talus, et, vers
le thalweg, par la crête d'un autre talus. La limite-du claux peut ne pas occuper
toute la longueur du talus, ce qui démontre l'indépendance du talus vis-à-vis de la
limite. Lorsqu'un talus, après avoir partiellement servi de limite à un premier claux,
pénètre dans l'aire d’un second, l’homme s'applique à l’aplanir par le labour. Ces faits
montrent l’origine naturelle du talus.
Les talus sont complètement embroussaillés ou portent simplement une haie à leur
crête. Les arbustes composant broussailles ou haie sont des clématites, vineliers,
érables champêtres, cornouillers, sureaux, fusains, bourdaines, nerpruns, ajoncs,
églantiers, prunelliers, néfliers, cognassiers, ronces, aubépines, saules cendrés, etc:
En général, la haie bordière est placée sur un petit tertre qui couronne la crête du
talus et a pour origine l’accumulation d’humus produit à la longue par le dépouille-
ment du feuillage caduc des arbrisseaux qui viennent d’être énumérés. Le tertre a
pour effet de retenir les eaux de ruissellement chargées de limon; aussi la partie du
claux située en bordure de la haie inférieure est-elle la plus fertile.
1226 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous venons d'examiner les deux limites du claux normales au thalweg.
Il nous reste à examiner les deux autres, celles qui, dans l'hypothèse, sou-
vent réalisée, d’un rectangle, sont normales aux lignes de plus grande
pente du versant. Ces deux dernières limites sont, elles aussi, formées de
haies sur tertre de sorte que rien, à première vue, ne semble les distinguer
des précédentes, Mais, à y regarder de près, on s'aperçoit qu’il n’en est pas
tout à fait ainsi.
D'abord les haies sont, ici, moins denses, moins fournies. Puis, si l’on
“examine avec soin le tertre qui les porte, tertre formé lui aussi par la
défoliation annuelle, on découvre presque opun, sous cet humus, un
cordon de cailloux, une sorte de mur grossier à pierre sèche.
Le claux Ni délai forme une aire plane et souvent plate.
Quelle interprétation génétique peut-on donner des faits qui viennent
d’être exposés ? Nous proposons, comme nous paraissant nécessaire et suffi-
sante, l’hypothèse qui suit :
Lorsque, à la fin du Néolithique ou au cours de l’âge des métaux, les premiers agri-
culteurs ont occupé le. Cantal, ils y ont trouvé, sur les versants à talus, un pays uni-
formément boisé, embroussaillé, recouvert de gros blocs erratiques ou d’éboulis des
pentes.
Leur premier soin a, sans doute, été de débroussailler les surfaces planes, propres au
labour ou à la fauchaison. Mais ils ont dû laisser intacte la broussaille des talus,
d’abord parce que ces talus étaient impropres à la culture, ensuite parce que cette
broussaille formait une défense naturelle contre les hordes d'animaux sauvages et
contre le bétail du voisin. Cette interprétation rend compte del'hétérogénéité du peu-
plement végétal des haies ou des talus. Si en effet la haie était artificielle, elle serait
composée exclusivement des espèces les plus clôturantes, en ou aubépines, à
l’exclusion de toute autre,
Après avoir Aero diag la place, l’agriculteur a eu à l’épierrer. Or l’idée à dû
naturellement lui venir à l'esprit de faire servir l’épierrement à deux fins et de com-
pléter, par un mur à pierre sèche, sur les deux faces non encloses de son champ, la
baie que lui fournissait la nature. Et, plus tard, les interstices de ce mur furent
envahis, à leur tour, par des arbrisseaux dont les oiseaux ou le vent transportaient
jusque-là les graines.
En résumé, les clôtures des A+ situés sur les replats des versants à
gradins de certaines vallées cantaliennes auraient une origine ono et
double.
Les parties de la clôture normales au thalweg seraient des rideaux ou des
segments de rideaux, couronnés de haies spontanées. Les parties de la même
clôture normales aux lignes de plus grande pente seraient des murs à pierre
sèche édifiés par l’agriculteur et envahis par la végétation.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 10920. 1227
La clôture serait donc naturelle dans le sens horizontal et artificielle dans
le sens vertical.
Ainsi le cadastre aurait été partiellement préconditionné par la géologie
et il paraît difficile de découvrir un cas où la géographie physique et la géo-
graphie humaine concourent plus strictement à un même but final,
ANÉMOMÉTRIE. — Sur la mesure de la composante verticale de la vitesse du
vent à l'aide des moulinets anémométriques. Note dé M. C.-E. Brazier,
présentée par M. E. Bouty.
Dans les vingt dernières années du xix° siècle, on a essayé de mesurer
la composante verticale de la vitesse des courants atmosphériques à l’aide
de moulinets spéciaux (') dont le plus employé ponporidt quatre palettes
planes inclinées à 45° et réunies par des bras égaux à un moyeu porie
par un pivot vertical.
Quand ce dispositif, auquel on a oane le nom de clinoanémomètre, est
placé dans le vent naturel, il se met à tourner tantôt dans un sens, tautôt
en sens contraire. Comme, par raison de symétrie, il doit rester immobile
dans un courant d'air horizontal dont tous les filets sont animés de la même
vitesse, il y a lieu de penser que les rotations dans un certain sens, facile à
déterminer d’après la disposition des ailettes, correspondent à des mouve-
ments ascendants de l'air, tandis que les rotations inverses sont causées par
des mouvements descendants.
Si l’on admet que la vitesse angulaire du clinoanémomètre est propor-
tionnelle à la composante verticale w de la vitesse du vent, il suffit, après
avoir déterminé son facteur anémométrique dans un courant d’air de -
vitesse connue et parallèle à son axe, de compter le nombre de rotations
positives et négatives faites en un temps donné par cet appareil pour être
en mesure de déduire de leur somme algébrique la valeur moyenne et le
signe de la composante verticale des courants aériens pendant cet inter-
valle. Si, pendant le même temps, on a mesuré la composante horizontale
moyenne, v, on calcule immédiatement de moyenne de la trajec-
toire des filets d’air par la formule tang i = =:
Des mesures basées sur ce principe ont eté faites en diverses contrées et
(1) GarriGou-Lacrance, Ann. Soc, met. de France, t. 34, 1886, p. 50; t. 35, 1887,
p. 124. — P. Marc Decnevrexs, L'inclinaison des vents, deuxième-Note, Zi-Ka-Wei,
1886.
1228 ACADÉMIE DES SCIENCES,
dans des expositions tout à fait différentes. Partout on a trouvé, que, si
les hypothèses rappelées ci-dessus sont légitimes, lair, au lieu de s'écouler
horizontalement, serait en moyenne et dans toutes les saisons de l’année
animé d’un mouvement ascendant dont la vitesse verticale serait de l’ordre
de o",5 par seconde.
Ce résultat paradoxal, sur lequel la sagacité des chercheurs paraît s'être
exercée sans résultat positif, découragea les expérimentateurs et les obser-
vations furent peu à peu abandonnées,
Au cours d’une série de recherches expérimentales sur les moulinets
anémométriques, dont les résultats généraux sont en cours d'impression,
j'ai été amené à étudier au laboratoire la question de la mesure de la com-
posante verticale des mouvements aériens par le moyen des moulinets ané-
mométriques.
L'expérience m'a montré que la vitesse de rotation du clinoanémomètre,
au lieu d’être proportionnelle à la composante verticale de la vitesse du
vent, est proportionnelle à une fraction de cette composante d'autant plus
petite que l inclinaison du vent sur l'horizon est plus faible. Comme j'ai véri-
fié qu’en entourant le moulinet d’un cylindre de protection, destiné à cana-
liser le courant d’air suivant l’axe commun du moulinet et de ce cylindre,
les phénomènes conservaient la même allure, je pense que les résultats
obtenus forment une base solide sur laquelle on peut s'appuyer pour inter-
prêter les mesures faites avec le clinoanémomètre muni ou non d’un
cylindre de garde. Le Tableau ci-dessous permettra de se faire une idée de
la manière dont se comporte cet instrument dans un courant d'air de
vitesse constante suivant les variations de l’inclinaison de ce dernier sur
l'horizon. i
Fraction de la composante verticale
Inclinaison du vent ~ indiquée par un moulinet à axe vertical
su orizon SL is 9°
muni de palettes planes inclinées à 45°.
Det rs rs rare Re Ve TN dev lee via 1,00
DO ie ir it, drive see vchis se 1109
PO ARR NT a dors. EE S ao
6o a a a a e a a) 0,94
DO eee lee Mir atin lee de te di a ei) ucai O0
RE dti iii ris ire iti res Sos AaS ar vé 0,76
Ds nd ide se PR Re de ee Vice 0,04
M D no e er 0,58
A PS E E E po 0 PS DE SP US POI
RC E ST PR Ms en ete O0
Il résulte de ce Tableau que les valeurs mesurées à l’aide de ce genre de
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1229
moulinets pour la composante ascendante et la composante descendante
considérées isolément doivent être de beaucoup inférieures à la réalité.
Pour les inclinaisons comprises entre 30°. et 40°, le déficit atteint en gros
30 pour 100; il est de 65 pour 100 quand l’inclinaison est de l’ordre de 10°.
La manière dont se comporte le clinoanémomètre dans les conrants d’air
inclinés permet en outre d'expliquer pourquoi les mesures faites avec cet
instrument placé dans le vent naturel tendraient à faire croire que celui-ci
est en moyenne animé d’un monvement ascensionnel.
Le vent naturel est un mouvement complexe de l’air dans lequel les
vitesses changent très rapidement de direction et de grandeur. Dire qu’à
un certain niveau z le vent a soufflé en moyenne horizontalement pendant
le temps 4, revient à exprimer que la quantité d’air qui a passé de bas en
haut à travers une cértaine surface horizontale placée en z est égale à celle
qui l’a traversée de haut en bas pendant le même temps. Dans ces condi-
tions, si w, représente la valeur moyenne de la composante ascendante,
w, celle de la composante descendante, on a w,+w,—0, condition
qu'implique d’ailleurs la constance de la pression atmosphérique moyenne.
Mais comme la vitesse du vent croît très rapidement avec la hauteur dans
les couches d’air voisines du sol, les remous ascendants ont en moyenne
une vitesse horizontale plus petite que celle des remous descendants. Il
s'ensuit que l’inclinaison moyenne des courants ascendants est supérieure à
celle des courants descendants. :
Dans ces conditions, puisque la fraction de la composante verticale des
mouvements aériens mesurée par le clinoanémomètre est d’autant plus
grande que l’inclinaison du vent sur l'horizon est elle-même plus grande,
ce dispositif, placé dans le vent naturel, indiquera, même si la condi-
tion w, + w, = 0 est réalisée, une prépondérance apparente des courants
ascendants d'autant plus marquée que les remous animés de mouvements à
composante verticale seront plus nombreux et que l'accroissement de la
vitesse du vent avec la hauteur sera plus accusé.
Il semble donc qu’il n’y a pas lieu de chércher à expliquer par des consi-
dérations plus ou moins hypothétiques le résultat paradoxal qu'a fourni
l'einploi du clinoanémomètre, tant que des observations faites par un pro-
cédé plus précis ne seront pas venues confirmer la réalité physique d’un
fait qui pourrait bien être une simple apparence attribuable aux causes qui
viennent d’être signalées,
1230 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE AGRICOLE. — Action de l'oxygène sur les moûts de raisins rouges.
Note de MM. Axpré Piéparcu, Puripre Mavezi et Lucien Grand-
camp, présentée par M. L. Maquenne.
MM. Bouffard et Semichon ont signalé l’action de l'air sur la matière
colorante des moùts rosés (Revue de Viticulture, 2 décembre 1899).
Nous avons étudié cet automne l’action de l'oxygène pur finement diffusé,
sur les moûts de raisins rouges, avec la collaboration de MM. Vezin, en
Loir-et-Cher, et Reboul, dans l'Hérault.
Le matériel dont nous nous sommes servis est composé, comme nous
l'avons indiqué dans notre Note sur la casse ferrique (‘}, d’un cylindre
contenant de l’oxygène comprimé à 15o%% et d’un manodétendeur
réglable muni d’un tube en caoutchouc à vide terminé par une bougie en
porcelaine dégourdie; nos essais ont porté sur des moûts d’Aramon, de
Gamay et de Cot, en füts.
Les résultats ayant été sensiblement les mêmes, nous décrirons seulement
une expérience type de démonstration sur moût de Gamay :
Le moût frais est placé dans un cristallisoir de verre e profond pour pou-
voir facilement suivre la marche de la réaction.
L’oxygène détendu à 4*8 passe à travers la paroi poreuse de la bougie et
diffuse en fines bulles dans la masse du moût.
Celui-ci, qui présentait la coloration normale d’un moût de raisin rouge
corsé, brunit peu à peu sous l'influence de l ozydonon énergique due à
l'extrême division de l'oxygène pur, pour devenir tout à fait brun, comme
dans le cas de « casse oxydasique galopante ». L’œnocyanime et les
tannoïdes colorants peroxydés précipitent, pendant que le liquide se déco-
lore et, si l’on filtre à ce moment, on recueille un filtrat doré, à peine rosé.
Comme l’a également signalé Zenghelis (2), les gaz finement divisés par
feur passage à travers une membrane poreuse agissent comme s'ils étaient
à l'état naissant et leur action est ainsi considérablement augmentée, ce
qui explique ici la rapidité et l'intensité de la réaction.
En résumé, les moûts de raisins rouges, très employés en Champagne et
dans différentes régions de la France, peuvent être vinifiés en blancs ou en
rosés par la simple intervention de l'oxygène p extrémement divisé par
tnt
(!) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 1129.
+ (?) Comptes rendus, t. 170, 1920, p. 883.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1231
diffusion à travers une paroi poreuse et sans l'intervention d'aucun déco-
lorant chimique.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la photosynthese chez les Algues Flo-
ridées. Note de M. Rexé Wormser et M™ J. Ducraux, présentée
par M. Henneguy.
Il semble (!) que le pigment rouge des Algues intervienne dans l’assimi-
lation chlorophyllienne de façon tout à fait analogue au pourpre rétinien
dans la vision crépusculaire. Or plusieurs algologues (Berthold, Oltmanns,
Sauvageau) ont fait remarquer que les Floridées, qui vivent normalement
près de la surface de l’eau, sont d’autantplus vertes qu’elles sont plus éclai-
rées; en outre, les espèces qui ont une teinte rouge sombre, à leur niveau
profond normal, verdissent notablement quand elles s'égarent à un niveau
plus élevé. Par contre, on sait que diverses Cyanophycées rougissent quand
elles vivent à une certaine profondeur. Il nous a paru intéressant de
chercher à établir quelques relations biochimiques entre ces formes.
Nos expériences ont porté sur deux espèces, Chondrus crispus et Rhody-
menia palmata, qui nous ont été indiquées par M. Sauvageau comme conve-
nant particulièrement à notre recherche. Des individus d'âge comparable,
récoltés en place pendant une même marée à Roscoff, étaient simultanément
mis en expérience; nous choisissions les plus rouges dans la zone de
l’Himanthalia lorea, au voisinage des Laminaires, et les plus verts parmi
les Fucus serratus. Nous avons d’abord déterminé les vitesses d’assimilation
de surfaces rigoureusement égales pour les sortes de Rhodymenia et aussi
identiques que possible pour celles de Chondrus. Notre méthode a consisté
à suivre, selon la technique d’Osterhout et Haas, l’augmentation d’alcali-
nité de l’eau de mer additionnée de phénolphtaléine. Les mesures étaient
effectuées en exposant en même temps, dans les mêmes conditions d’éclai-
rement et de température, les thalles à comparer. Le Tableau suivant
donne, en valeurs relatives, les vitesses d’assimilation; il montre que les
individus riches en phycoérythrine assimilent ca plus énergiquement
que ceux qui en sont poi
(C) Rexé Wurmser, Action des radiations de différentes longueurs d'onde sur
l'assimilation chlor "ophyllienne (Comptes rec. t. 171, 1920, p. 820).
1252 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Rhodymenia palmata, Chondrus crispus.
- Variété rouge. Variété verte. Variété rouge. Variété verte.
100 43 100 17,8
100 7 100 29
100 25 100 20
100 97 100 3
100 33 100 35
100 15
Parallèlement à ces mesures nous avons effectué le dosage de la chloro-
phylle et des lipochromes(carotine + xanthophylle) en simplifiant le pro-
cédé de Willstätter et Stoll. On broie dans un mortier le fragment de thalle
à étudier avec une petite quantité d’acétone à 40 pour 100 ( 10°" pour une
surface de 30%), On lave la pulpe avec de l’acétone à 35 pour 100 sur un
filtre ordinaire. On reprend alors le résidu avec de l’acétone à go pour 100
jusqu’à épuisement de la pulpe, en employant environ 15°"; on termine en
lavant avecun peu d'éther. La solution acétonique est mélangée avec deux fois
son volume d’éther et quelques gouttes d’eau dans un petit entonnoir à boule.
L’éther contenant les pigments se sépare de l’acétone qu’on élimine par
lavage à l’eau distillée. On détermine sur la solution éthérée, dansla région
rouge (À = 670") où les lipochromes n’ont pas de bande, l'absorption
due à la chlorophylle. On traite alors cette solution avec de la potasse en
solution concentrée dans l’alcool méthylique; les groupements éthers de la
chlorophylle sont saponifiés; il se forme un sel tripotassique de chlorophyl-
line soluble dans l'eau. On sépare la couche méthylique et l’on extrait par
l’éther la petite quantité de xanthophylle qui y est dissoute et que l'on réunit
au reste de l’éther. Cet éther qni contient la totalité des lipochromes est
lavé à l’eau distillée et au besoin saponifié à nouveau jusqu'à ce qu il ne pré-
sente plus la bande (À = 670"#) de la chlorophylle. On fait alors une
seconde mesure spectrophotométrique, cette fois à À = 450"#; l absorption
est due à la somme carotine + xanthophylle (').
Rhodymenia palmata, - Chondrus crispus.
Variété rouge, Variété verte, Variété rouge. Variété verte.
#
Chlorophylle........,.. 1,04 6,54: 1,63 0,44
Lipochromes ios.: 1,40 1,23 1,43 1,36
(1) La possibilité de ce dosage en bloc résulte de l'extrême analogie des spectres
d'absorption des deux lipochromes,
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1933
Les individus rouges renferment donc plus de chlorophylle que les verts
chlorophylle
lipochromes
est anormalement abaissé chez les individus pauvres en phycoérythrine, Il
semble y avoir là un simple effet photochimique. Le pigment rouge est
détruit par la lumière vive; il s'établit un nouveau régime entre la vitesse de
destruction et la vitesse de reconstitution de la chlorophylle; les lipo-
chromes plus stables et protégés surtout par la chlorophylle et ses pro-
duits d’oxydation conservent sensiblement leur taux initial.
Les formes vertes sont donc chimiquement anormales et n’ont qu’un
faible pouvoir assimilateur. Ces faits confirment que la ‘phycoérythrine
caractérise les formes dont les échanges physiologiques normaux ont lieu à
labri d’une lumière intense. De même le pourpre, qui manque chez les
Oiseaux de jour, existe dans la rétine des Oiseaux nocturnes.
*
et ont sensiblement la même teneur en lipochromes. Le rapport
OCÉANOGRAPHIE. — Recherches biogéographiques sur la zone des marées
à l'ile de Ré. Note de M. P. pe Beaucnawp, présentée par M. L. Mangin.
Comme suite aux recherches que je poursuis depuis plusieurs années (')
sur la faune et la flore intercotidales le long de nos côtes, j'ai étudié cette
année l'ile de Ré, qui fait partie du littoral calcaire de Saintonge, mais
n’est pas loin du littoral granitique de Vendée, avec lequel j'espère établir
une comparaison dans une publication détaillée. Je me borne ici à indiquer
les caractères et l'extension des associations principales.
L'ile de Ré, étirée de l'W-NW à lE-SE, présente sur ses deux faces, longues
d'environ 28k®, des côtes très peu découpées, formées de calcaires jurassiques en
Strates très peu inclinées en général et démantelées par les eaux. Il en résulte que la
zone des marées se présente comme un immense plateau à peine incliné et coupé de
place en place de banquettes basses par les tranches des strates brisées, le plus sou-
vent parallèles à la côte. Cette disposition, utilisée pour la construction d’« écluses à
poissons » qui la garnissent, est typique dans la partie ouest de la côte Sud, de la Pointe
des Baleines à la Pointe de Chanchardon, où la largeur de la zone atteint 2k®, Ce
plateau, qui se prolonge au loin sous les eaux, protège le littoral tourné vers le large
contre l'action directe des vagues, si bien que celui-ci appartient en réalité au mode
abrité, Les biotes d’eau agitée y sont fort rares et ne se trouvent qu'aux points
extrêmes, appartenant déjà à la zone IV (Laminaires), mais un manteau luxuriant de
. (1) P. pe Braucaawp, Les Grèves de Roscoff, Paris, L. Lhomme; voir aussi Bull.
Soc. zoolog. de France, t. 39; Mémoires, ibid., t. 26, etc.
C. R., r920, 2° Semestre. (T. 171, N° 24.) o 93
1234 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Fucacées le recouvre dans toute son étendue. Leur succession est normale (1). Pour-
, tant Pelvetia canaliculata ne se trouve que pen et Ascophyllum
nodosum n'est pas abondant partout. imanthalia lorea, qu'on trouve parfois en
épaves, manque totalement dans la zone des marées comme dans toute cette partie de
nos côtes, et Chorda filum est elle-même très localisée. Les Chthamales sont bien
entendu peu abondants, sauf sur les murs des écluses, où s'installent aussi par places
les Huîtres portugaises cultivées dans le voisinage. Les Hermelles (Sabellaria alveo-
lata) existent partout, mêlées aux Fucus, en mince vernis sur la roche, mais ne
forment d’encroûtements massifs qu’en certains points ensablés et plus battus, grâce
à la moindre largeur du plateau (la Couarde, Sainte-Marie). Dans les mêmes points,
mais encore plus localisé, on observe au-dessous d'elles un revètement de Molgules,
bien connu entre autres dans le Boulonnais. Parmi les Laminaires, L. saccharina et
Saccorhiza bulbosa sont seules bien développées à peu près partout; de nombreuses
Floridées, que j’énumérerai ailleurs, les accompagnent, bien entendu.
Un autre groupe de Floridées peuple également les cuvettes très plates formées par
le dessus d’une strate et le ressaut de la suivante, mêlé aux Cystosires dont certaines
remontent dans les plus élevées avec Padina pavonia et se mêlent aux Ulvacées. Très
peu de Mélobésiées encroûtantes, mais des touffes de Junia rubens développées en
boules autour des autres Algues. Ces cuvettes renferment presque toujours une couche
de sable où s’implantent les herbiers, facteur biologique important. Ils ne manquent
sur la côte Sud qu'entre le Bois et Sainte-Marie et sont particulièrement développés à la
pointe de Chanchardon, ou les dépôts vaseux liés à l'abondance des parcs à Huîtres,
sans avoir encore une faune aussi riche que sur la côte Nord. Ils remontent relativement
très haut, 2,50 environ. Zostera nana est sporadiquement mélangée à Z. marina
surtout aux points vaseux et ne forme pas les herbiers séparés si caractéristiques en
d’autres points de notre littoral.
La richesse de la faune est loin sur cette partie de la côte d’être en proportion de
celle de la flore : la roche n'offre que de médiocres abris sauf aux Mollusques saxicaves
qui la perforent. Les encroûtements d’Ascidies montrent presque toutes les espèces de
Circinalium, Morchellium, Aplidium, Fragarium, Amaroncium, Leptoclinum,
Botryllus et de divers Cynthiadés, communes sur les côtes bretonnes, mais ici peu
exubérantes; les plus abondantes sont Leptoclinum maculatum et L. getatinosum.
Comme Anthozoaires, en plus des formes absolument banales, Bunodes Balli partout
dans les cuvettes, Aiptasia erythrochila dans les déversoirs d’écluses, Zoanthus
sulcatus sur la surface ensablée des strates, L'Oursin, Paracentrotus lividus, est spo-
radique et en très petits échantillons. Parmi les animaux errants, très peu abondants,
on ne mentionnera ici que les espèees communes de Brachyoures et surtout de Por-
Res Quant à la faune fouisseuse, elle n'est bien développe sur la côte Sud que
£: ) 1 est intéressant de fixer, par rapport à la hauteur totale de la zone des marées
qui n'atteint pas tout à fait 7™ à Ré, la hauteur maxima atteinte par les diverses asso-
cations. J'ai pu constater que les Fucus platycarpus les plus hauts se trouvaient
4%,90 au-dessus du zéro des Cartes marines, sur la côte Sud et sur la côte Nord (un
a plus en un point du port de Saint-Martin), et que les Laminaires atteignent
environ o™®,8o (un peu plus à la pointe du Lizay).
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1235
dans l'anse du Martrais, en grande partie sableuse, où les associations banales de
Lamellibranches et d’Annélides se mêlent de quelques autres éléments (Philine
aperta, Natica catena, Portunus holsatus, Cylista undata); c'est là aussi que les
Torpilles se pêchent en abondance.
La côte Nord diffère fort peu de la précédente quant aux faciès rocheux. Aux pointes
des Baleines et surtout du Lizay, des calcaires à strates plus inclinées créent des sur-
plombs qui permettent, dans les zones III et IV, un beau développement de Floridées,
Eponges et Bryozoaires; les Zostères manquent en ce point, un peu plus battu.
D'autre part, dans la région de Loix, un enrichissement manifeste de la faune, surtout
n Ascidies, s'observe grâce au voisinage des grands herbiers, et certaines formes,
emême d’Algues, rares au Sud, y prennent une abondance caractéristique. Mais le fait
intéressant est la présence de deux grandes baies qui la creusent : celle du Fier,
presque entièrement fermée et en partie comblée à la périphérie par les alluvions, est
remplie par un mélange de sable et de sable vaseux qui ne porte que près de l'entrée
des herbiers comme ceux dont nous allons parler. On doit signaler en son milieu
l'abondance extraordinaire des Cérianthes (C. membranaceus) et des Bulles (/a-
minea hydatis). En dehors, au Nord de la passe, un immense épi sableux, le banc des
Portes, offre près de sa base une faune fouisseuse riche et variée, et plusieurs mou-
Deces ( ). La seconde baie, celle de Loix, ouverte largement vers le continent de la pointe
du même nom à Saint-Martin et même à La Flotte, est envahie au contraire par une
vase très fine, de couleur claire, extrêmement molle aux niveaux supérieurs. Plns bas,
et mélangée au sable, elle permet enracinement d'immenses herbiers à faune carac-
téristique très riche en espèces et surtout en individus. On y note surtout Ophiothrix
fragilis, Phascolosoma elongatum, Melinna palmata, Sabella pavonina, Pecten
varius, Inachus dorhynchus, Ascidia mentula, Ciona intestinalis et les Ascidies
composées déjà citées, plus développées qu'ailleurs, sur les Algues encroûtées de vase
et d’épiphytes; les Eponges y sont aussi d’une abondance extraordinaire et les parcs à
Huîtres y ont été établis en grand nombre pour profiter de ces conditions.
En somme, les giei de l'ile de Ré nous offrent, au point de vue dhoro.
logique, un bios peu différent de celui des côtes bretonnes de la Manche
dans la composition des associations et la façon dont elles se présentent :
les Algues et Ascidies rte y sont sensiblement les mêmes et
(1) Les moulières de Ré sont toutes sur fond de vase, mais dans des conditions
analogues à celles de ce point, aux entrées des baies où il y a à la fois envasement et
mouvement assez violent des eaux. Celles de la pointe ‘de Chauveau, en face La
Rochelle, qui sont les plus développées, envahissent seules par endroits les murs des
écluses à Poissons en se mêlant aux Huîtres portugaises abondantes en ce point. Tout
près de là, les piliers en ciment de l'appartement de Sablanceaux sont couverts d'un
éncroûtement épais de Moules, Balanes, Bryozoaires, Hydraires, Actinies, où s’ob-
servent des espèces qui manquent partout ailleurs dans l’île, ce qui montre bien l'im-
portance d’un substratum abrité de la lumière oiert aux organismes en un point où
les courants sont violents.
1236 ACADÉMIE DES SCIENCES.
n'ont point encore les particularités des côtes basques. Par contre, d’autres
espèces appartiennent à un type plus méridional qui atteint à peine, en
général, la pointe du Finistère : les divers Anthozoaires cités, les Crabes
Pachygrapsus marmoratus et Eriphia spinifrens, etc. Au point de vue étho-
logique, ces côtes appartiennent presque en totalité au mode abrité et sont
peu riches en animaux fixés et surtout errants, vu sans doute la nature et
les formes de la roche, sauf aux points où s’observe l’enrichissement dù aux
apports de vase lerrigène, et aux grands herbiers qui en sont la consé-
quence, enrichissement sur lequel j'ai insisté autrefois à Roscoff.
PHYSIOLOGIE. — Mécanisme de l'action de la morphine sur la coagulabiliié
du sang. Note de M. Doxox.
. I. La morphine provoque l’incoagulabilité du sang par un mécanisme
identique à celui qui caractérise la peptone. J'ai déjà montré que l’atropine
provoque l’incoagulabilité par le même mécanisme. Il est intéressant de
rapprocher l’action de substances si dissemblables.
H. La morphine est inactive in vitro. Injectée dans une veine mésaraïque,
chez le chien, elle provoque l’incoagulabilité du sang circulant pendant un
temps qui ne dépasse pas deux à trois heures. Pendant cette phase le sang
circulant, recueilli, est capable d'empêcher, in vitro, le sang normal d'un
sujet neuf de coaguler. Cette propriété est due à la présence dans le plasma _
d’une nucléoprotéine sécrétée par l’organisme sous l'influence de la mor-
phine, principalement par le foie. Il est facile d'isoler la substance active
en suivant le procédé que j'ai donné, à propos de la peptone, avec A. Morel
et A. Policard.
II. Expérience. — Chien de 38k8, âgé de 10 à 15 ans, à jeun depuis la veille. A 9:35",
injection dans une mésaraïque de 37% d'une solution à 1 pour 100 de chlorhydrate
de morphine. Sept minutes après on prélève par une carotide un petit échantillon de
sang À et 300% de sang. À 5h, on prélève un dernier échantillon de sang. À ce moment,
la phase d'incoagulabilité du sang circulant est terminée, la coagulation de ce dernier
échantillon est à pew près instantanée. Le chien est sacrifié. A l’autopsie, on constate
que l'intestin grêle est très congestionné et présente des hémorragies absolument
comparables à celles qu'on observe à la suite des injections de peptone. i
L'’échantillon A était encore en partie liquide le lendemain. Il en était de même
d'un mélange, à parties égales, de cet échantillon et de sang normal prélevé sur un:
chien neuf.
Les 300% de sang ont été soumis, immédiatement après la prise, à la cen
tion; le plasma a été chauffé pendant 30 minutes au bain-marie bouillant. Les albu-
trifuga-
"=
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1237
minoïdes ont été séparés par la centrifugation; le liquide, légérement acidifié par
l’acide acétique à 10 pour 100, a été chauffé pendant 10 minutes au bain-marie bouil-
lant, Le précipité formé a été isolé par la centrifugation et lavé à l’eau distillée. Une
partie de ce précipité a été utilisée pour un dosage de phosphore; j'ai trouvé
2,6 pour 100 de phosphore, Le reste du précipité a été dissous dans 10% d’une
solution alcaline faible (eau distillée 1000, chlorure de sodium 4, carbonate de
soude 5), au bain-marie, puis additionné de 108 de sang recueilli directement de la
carotide d’un chien. Le mélange n'a pas coagulé. Le soir, les globules n'étaient pas
altérés. Pas trace de fibrine, même le surlendemain. Pas d'hémolyse.
IV. Pour provoquer l’incoagulabilité du sang, la morphine doit être
injectée dans une mésaraïque. Une petite dose doit suffire. J’ai obtenu
un résultat très net en injectant 3™ d’une solution à 1 pour 100 de chlo-
rure de morphine à un chien de 29'5. On rencontre des chiens réfractaires.
Il m’a paru que les vieux chiens étaient plus sensibles que les jeunes. Le
lapin paraît réfractaire. L’injection dans une veine de la circulation géné-
rale (saphène) est, soit absolument inefficace, soit très peu efficace.
. V. L'incoagulabilité du sang est généralement accompagnée d’une baisse
très sensible de la pression artérielle, mais il n’y a pas entre les deux phé-
nomènes une dépendance étroite. On peut observer la baisse de la pression
sans l’incoagulabilité (après l'injection dans la saphène, par exemple).
VI. La codéine peut provoquer l’incoagulabilité dans les mêmes condi-
tions que la morphine, mais le fait est très exceptionnel. La plupart des
chiens sont réfractaires.
‘S
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — La méthode de la radiopiqüre microsco-
pique; moyen d'analyse en cytologie expérimentale. Note de M. SERGE
Apaor; présentée par M. Roux.
b ne expérimentale des phénomènes vitaux cellulaires préocupe de
plus en plus les physiologistes, les embryogénistes, les bactériologistes, les
médecins. Elle peut avoir comme objet une masse homogène de cellules,
par exemple une culture microbienne, les globules du sang, la levure, les
œufs, etc., ou bien une cellule isolée, par exemple un œuf. Dans ce dernier
cas ce sont les réactionsimmédiates de la cellule vivisectionnée qu'on observe.
Mais vu l’extrême petitesse de l’objet, l’expérimentation dans ce cas offre des
difficultés considérables. On connaît plusieurs méthodes de vivisection cellu-
laire, parmi lesquelles on pourrait citer celles de W. Roux, de Bataillon,
de Chabry, de Chambers et autres. La plupart de ces prs pratiquant
1238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une lésion mécanique, ne pouvaient pas être assez précises pour permettre
une localisation de la lésion expérimentale et surtout elles ne permettaient
pas une vivisection intracellulare; enfin leur exécution était relativement
brutale et difficile, et exigeait une grande habileté manuelle.
Depuis 1912 (‘) je me suis efforcé de trouver un moyen de vivisection
sur la cellule isolée plus délicat, plus précis et plus maniable. Dans ce but
Je conçus l’idée d’appliquer comme agent opératoire un dard plutôt imma-
tériel : un faisceau extrêmement mince de rayons ultraviolets, qui, comme .
on le sait depuis les récentes recherches de Hertel, V. Henri et autres, ont
un grand pouvoir mortifiant envers la matière vivante.
Pour l'obtention des rayons ultraviolets, je me sers de la disposition de
Köhler (*) et de Kertel (°) : étincelle entre les électrodes de magnésium,
lentille et prismes en quartz. Pour avoir le faisceau ultraviolet microsco-
pique de la longueur d'onde de 280”¥, qui ne devrait pas dépasser en dia-
mètre 54 (grandeur d’un noyau d'œuf d'oursin), je mets entre le micro-
scope et les prismes un système optique en quartz et une fente fine
réglable; dans la douille de l’appareil Abbe est placé un objectif en quartz
renversé; par cette disposition, j'obtiens dans le plan de la préparation une
image réelle microscopique ultraviolette de la source lumineuse délimitée
par la fente. A cause de l’invisibilité des rayons ultraviolets, l’image
microscopique va être mise au point au moyen d'une préparation, conte-
nant une solution de fluorescéine. Pour indiquer le point du champ visuel,
où passe le faisceau ultraviolet, qui me sert pour la piqûre, j’emploie un
oculaire-indicateur, dont l'aiguille est mise en contact de l’image fluores-
cente. En faisant passer aussitôt, au moyen de mouvements micrométriques
de la platine du microscope, l’image de l’œuf à opérer sous la pointe de
l'aiguille de l’oculaire, on localise la piqûre ultraviolette. Ainsi, on peut la
faire agir sur le noyau seul de la cellule, sur le centrosome, puis dans un
point voulu du cytoplasme, sur diverses parties distinctes de celui-ci, sur
la périphérie de l'œuf, etc. La mise au point et la coïncidence avec la pointe
de l’aiguille est faite avec la lumière visible d’une lampe à gaz, placée de
l'autre côté des prismes. |
Pour le transport des œufs isolés avant et après l'opération, je me sers
d’une micropipette capillaire, qui permet des mouvements d'aspiration et
d'expulsion très fins et réglables par moyen de la chaleur des doigts, qui la
US de
(1) Touauorine, Biolog. Centralbl., i. 32, 1912, p. 624.
(3). Kouter. Z. f; wiss. Mikr., 1904.
C) Kenrez, Z. f. allgem. PAysiol., 1904, 1905.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1239
tiennent. Pour conserver les œufs après l'opération en état de survie et pour
pouvoir les observer à chaque moment voulu, j'ai construit deux modèles de
chambres postopératoires, qui permettent une circulation continue d’eau
fraiche et qui garantissent l’égalité des conditions extérieures de tous les
œufs opérés et les œufs témoins.
Enfin, déjà les premières expériences me montrèrent qu'il y avait encore
le problème de la localisation élective photochimique à résoudre : les rayons
ultraviolets ont une forte action destructive sur le cytoplasme etsurtout sur
la couche plasmatique superficielle, dont la perméabilité est tellement
accrue par ce traitement, qu'il s'ensuit une pénétration des ions nocifs de
l'extérieur dans la cellule, qui y provoquent la cytolyse. Il fallait trouver
un moyen de solidifier la couche en question, de la rendre pour un certain
délai de temps insensible aux rayons ultraviolets; ceux-ci, étant absorbés,
comme on le sait depuis les recherches de Köhler ('), plus fortement par le
noyau, devraient agir alors électivement sur ce dernier. Pour solidifier la
couche superficielle plasmatique j’ai eu recours au fait connu de l'influence
de divers ions du milieu ambiant sur la perméabilité (°) de cette couche :
les expériences me montrèrent que, tandis que K et Na ont un pouvoir de
la rendre plus sensible aux rayons ultraviolets, les ions Ca, au contraire, la
solidifient dans une solution légèrement hypertonique. Le procédé, qui
s’est montré comme le meilleur, était donc d’opérer les œufs dans l’eau de
mer légèrement hypertonique et additionnée d’un certain excès de Ca CP.
Pour éliminer l’action des rayons sur le cytoplasme entre le noyau et la
superficie, je comprimais l'œuf, en diminuant l'épaisseur de la couche plas-
matique.
Dans ces conditions on est en état de radiopiquer le noyau seul de l'œuf.
C’est surtout évident dans l'expérience suivante : dans un œuf au stade de
deux blastomères on radiopique le noyau de l’un d’eux : ce blastomère
s'arrête alors momentanément au même stade de développement; celui d’à
côté se développe normalement et synchroniquement à l'œuf témoin et à
l'œuf dont la couche superficielle ou le cytoplasme seul sont piqués.
Le but poursuivi, c’est-à-dire de léser le noyau seul à l'intérieur de la
cellule, est atteint; ce résultat a une importance pour les recherches expéri-
mentales sur la fécondation, la parthénogenèse, la mérogonie, l'hybridi-
sation, et l’hérédité, etc. J'espère qu'il sera possible d'attaquer un grand
chromosome. En radiopiquant la superficie plasmatique seule de l’œuf j’ai
C) Konsan, loc. cit.
(*) R. Lie, HerranT, J. Loes et autres.
1240 ACADÉMIE DES SCIENCES.
réussi à localiser sur ce point le changement de sa perméabilité : ceci ouvre
des perspectives dans la recherche du mécanisme de la fécondation et d’une
série des questions sur la physiologie de la cellule. En mettant la cellule
radiopiquée à la périphérie dans une solution qui, normalement, ne pénètre
pas dans son intérieur, on arrive à la faire entrer par le point piqué. On a
ainsi le moyen d’imprégner chimiquement ou d’injecter électivement une
cellule dans un complexe pluricellulaire.
Une série de recherches, que je poursuis actuellement, me permet
d'espérer que la méthode permettra en outre de souder deux, ou plus,
cellules ensemble, de tirer le noyau au dehors, de couper la cellule dans des
directions voulues, de provoquer à l’intérieur. de la cellule des réactions
microphotochimiques localisées. Enfin la méthode permet encore de loca-
liser dans les-cellules des irritations chimiques et photochimiques, ce qui
pourra donner une base aux recherches expérimentales sur les réactions
réflexes, surtout chez les êtres unicellulaires.
MICROBIOLOGIE. — Sur la nature du bactériophage de d’ Herelle.
Note (') de M. A. Saumeexi, présentée par M. E. Roux.
Quand on mélange dans un tube de bouillon quelques gouttes d’une forte
émulsion de bacille de Shiga avec un filtrat renfermant le bactériophage de
d'Herelle (°), on constate après un séjour de deux à trois heures à l’étuve
à 37° que le trouble est fortement augmenté; mais plus tard le trouble
diminue et bientôt, au bout de cinq à six heures, le bouillon redevient par-
faitement clair. Les ensemencements sur gélose du mélange faits à diffé-
rents moments, au cours de l'expérience, restent souvent stériles, ou donnent
quelques rares oise isolées, qui, repiquées, ne donnent aucun dévelop-
pement.
Transportées dans le bouillon elles ne lent pas une trace de ces
colonies prélevées avec un fil de platine lyse une nouvelle émulsion de
Shiga : la lyse peut d’ailleurs être produite en série soit avec une émulsion
lysée, soit avec le liquide de lavage de la surface de la gélose restée appa-
remment stérile, filtrés ou non filtrés. Voilà en quelques mots les faits fort
intéressants mis en valeur par d Herelle. N'ayant pas remarqué à l'examen
microscopique la présence d’un germe visible pouvant justifier les phéno-
| a a ee
(1) Séance du 6 décembre 1920. A
_ (?) Comptes rendus, t. 165, 1917, p- 373.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1241
mènes observés, se fiant à l'apparence parfaitement claire du bouillon
après la lyse et, surtout, à la persistance de l’action lysante après filtration
de ce même bouillon, d'Herelle a admis l'existence d’un microbe invisible
pour expliquer les és que nous venons d'exposer,
Kabeshima, en reprenant les expériences avec le matériel que d’'Herelle
lui-même avait mis à sa disposition, confirme les résultats de cet auteur;
mais il arrive, quant à la nature du phénomène, à des conclusions tout à
fait différentes. Pour Kabeshima (') il ne s’agit nullement d’un microbe
invisible, mais d’un proferment (produit par les cellules de l'organisme
infecté) capable de libérer une diastase lysante contenue dans le corps du
microbe de Shiga lui-même, ce qui expliquerait, d’après lui, la lyse en
série.
Le problème ainsi posé par d’'Herelle et Kabeshima n'était certes pas
facile à résoudre, car aussi bien dans l'hypothèse d’un microbe invisible
que dans celle de l’action d’une diastase, on se trouvait dans l'impossibilité
d’avoir recours à l'observation directe pour baser sur des faits Ps et
solidement établis la véritable nature du phénomène.
L'observation directe cependant va nous montrer qu'il ne s’agit nulle-
ment d’un microbe invisible et encore moins de l’action d’un ferment non
figuré ; il s’agit tout simplement d’un microorganisme qui présente, suivant
les conditions dans lesquelles il se développe, un pléomorphisme considé-
rable; dont les spores passent à travers un filtre de porcelaine et ne germent
qu’en présence d’une bactérie associée; dont certaines formes végétatives :
peuvent, dans des conditions particulièrement favorables, atteindre de
telles dimensions qu'elles deviennent visibles à l'œil nu, et que, dans
d’autres conditions enfin, ce même organisme pousse à la surface de la
gélose en donnant la éme parfaite d'un champignon dont les colonies
rondes de 3mm à 4™m de diamètre sont très adhérentes au milieu, et dont le
centre, en :10 à 15 jours, se couvre de fructifications sous la torse d’un fin
duvet blanc! $
Voici en quelques mots ce que l’on constate, soit en suivant directement
la lyse au microscope dans une cellule de van Tieghem, soit sur des pré-
Parations faites au cours de la lyse, en fixant, après dessiccation, et en colo-
rant convenablement les cultures en goutte pendante Ce
Les spores renfermées en grandes quantités dans le liquide filtré, mises
(+) C. R. Soc. de Biol., 17 avril 1920.
(*) Méthodes de Giemsa, Heidenhain, Mann modifiées par Chatton.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 24.)
12/42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en présence du bacille de Shiga, germent et mettent en liberté de petites
masses protoplasmiques qui restent pendant quelque temps adhérentes
aux membranes déccirées des spores. On observe, souvent, surtout à
l'examen in vivo, la germination de la spore au contact direct d’une bactérie
à laquelle la masse protoplasmique reste plus ou moins longtemps attachée,
Une fois libres, ces masses protoplasmiques grossissent, présentent une
vacuole centrale, rarement deux; émettent des pseudopodes tantôt extrême-
ment minces, tantôt en doigt de gant, et se déplacent très lentement par des
mouvements de reptation. Íl est A Ta de reconnaître qu'on a affaire à
de véritables myxamibes. On observe en même temps des formes de divi-
sion, chaque amibe donnant deux individus égaux. Les bacilles de Shiga
s’agglutinent autour des myxamibes qu'on aperçoit à peine au milieu des
amas microbiens; ils deviennent granuleux, ils se colorent de plus en plus
faiblement et finissent par se dissoudre complètement à partir de la qua-
trième heure après le début de l’expérience. Ce n'est que vers la sixième
heure, alors que la plupart des bactéries sont dissoutes, qu ‘on remarque,
dans les vacuoles des myxamibes considérablement grossies, des bactéries
en voie de digestion. Plus tard, au moment où le be commence à être
épuisé, les myxamibes présentent des vacuoles plus nombreuses, se rap-
prochent, se soudent entre elles, émettent des filaments et édifient des
fructifications.
Pour bien observer les faits que nous venons de décrire il faut ajouter à
o™ d’une faible émulsion de Shiga une forte boucle (3™™) d’un lysat filtré.
Oran on emploie dans les mêmes proportions un lysat non filtré, les formes
végétatives qui se trouvent dans celui-ci en très grand nombre continuent
à évoluer et on les rencontre en grande quantité dès le début de l'expé-
rience.
Nos recherches ont été files sur un lysat filtré obligeamment mis à notre
disposition par d’'Herelle, et portant la date 10 août 1919, et sur un filtrat
actif que nous avons obtenu des excréments d’un cobaye. Dans les deux cas
nous avons rencontré le même micro-organisme. Quant à la nature de celui-
ci, par le fait qu’il est ape at par un thalle dissocié (myxamibes) non
revêtu d'une memb ique dans la période végétative de son déve-
loppement, nous pouvons dès à présent le rapprocher des thailophytes cham-
pignons, ordre des Myxomycètes créé par De Bary. Des recherches ulté-
rieures nous diront si sa place est marquée dans un des groupes actuelle-
ment connus : en attendant, nous proposons de l'appeler, au moins provi-
soirement, Myxomyces shigaphagus.
SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1920. 1243
MICROBIOLOGIE. — Culture des spirochètes buccaux favorisée
par quelques bactéries. Note de M. P. Stevin, présentée par M. Roux.
Peu d'auteurs ont réussi à cultiver des spirochètes buccaux (Mülhens,
Noguchi, Schmamine, Repaci, Ozaki, M™° Lounkevitch). Nos recherches
nous permettent d'affirmer que, s’il est fort difficile d'obtenir et surtout de
conserver ces organismes en culture pure, il est, par contre, relativement
aisé de les cultiver en association avec d’autres microbes de la bouche.
Ainsi nous conservons, depuis plus d’un an et demi, des cultures riches en
spirochètes buccaux, et dans lesquelles ces organismes vivent associés à
diverses bactéries.
Parmi les germes qui facilitent la culture des spirochètes, citons le
bacille fusiforme, le Staphylococcus parvulus, le Staphylococcus albus, le
Streptococcus viridis, le B. pyocyaneus, le B. subtilis, etc. A plusieurs
reprises, nous avons séparé le Sp. dentium, déjà cultivé par Mülhens,
Noguchi, Schmamine. Mais nous n'avons pas réussi, jusqu’à ce jour, à
conserver cet organisme. Après deux ou trois repiquages, nos cultures
pures s’appauvrissaient, devenaient misérables, et, si nous n'avions pas
soin d’assurer leur survie en les contaminant avec une bactérie favorisante,
elles se trouvaient rapidement et définitivement perdues.
Cependant, nous avons réussi récemment à obtenir, à l’état de pureté,
une souche vivace de Sp. dentium. Mais il ne nous a pas fallu moins de
trente repiquages successifs sur le milieu de Noguchi (gélose-sérum rein de
lapin) pour rompre l’association du Srepto-viridis avec le Sp. dentium et
pour assurer le développement indépendant de celui-ci.
Un second exemple typique de l’action favorisante qu’exercent certaines
bactéries sur le développement des spirochètes buccaux, nous est fourni par
étude d’une autre de nos cultures mixtes.
Il s’agit d’une culture impure où le bacille fusiforme est associé à un spi-
rochète à tours de spires aplatis, aux extrémités effilées, et que nous dési-
gnons sous le nom de Sp. acuta.
Si l’on ensemence les deux organismes en ie ascite (mélange à par-
ties égales de gélose de Veillon et de liquide d’ascite), on y observe, après
48 heures d’étuve à 37°, l'apparition des colonies du bacille fusiforme. Celles-
ci, à peine visibles punctiformes, atteignent en 4 à 5 jours un diamètre
de 3mm à 4mm, Ce sont des colonies opaques, gris jaunâtre, à contours
limités, lenticulaires, souvent bourgeonnantes (cf. Lewkowicz, Ellermann,
1244 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mülhens, etc.). Le Sp. acuta ne devient visible dans la gélose qu’au bout
de 5 à 8 jours d’étue. Il y apparaît sous forme de halos très flous de 27"
à 5°" de large, quientourent très régulièrement un certain nombre des colo-
nies du B. fusiforme. Parfois on observe quelques colonies bien séparées
de spirochètes, colonies floconneuses extrêmement claires; celles-ci sont
toujours voisines de celles du B. fusiforme dont elles ne s’écartent jamais
de plus de 4% à 5mm,
Si l’on repique les colonies bien séparées de Sp. acuta, jamais le microbe
ne se développe quel que soit le milieu utilisé (gélose-sérum, gélose-ascite,
milieu de Noguchi, sérum partiellement coagulé). L’impossibilité pour le
spirochète de croître seul, son développement régulier lorsqu'on l’ense-
mence en association, les rapports étroits de ses colonies avec celles de
bacille fusiforme, tous ces faits indiquent que le bacille exerce sur la nutri-
tion du Sp. acuta une action favorisante.
Nous avons recherché si cette action peut encore s'exercer lorsqu’on
sépare les deux organismes par une membrane de collodion. Pour ce faire,
des sacs de collodion montés sur des tubes de verre de 5°" de diamètre,
et stérilisés à 105° dans l’eau physiologique, sont remplis de gélose-ascite
fondue, préalablement ensemencée avec du bacille fusiforme.
Les sacs sont alors introduits dans des tubes de gélose-ascite, fondue et
tiède, ensemencée d’avance avec des colonies bien séparées de Sp. acuta.
Les tubes, refroidis, sont portés à l’étuve à 37°, au bout de 48 heures, on
observe l’apparition des colonies de bacille fusiforme dans la gélose emplis-
sant les sacs de collodion; et entre le sixième et le dixième jour, apparais-
sent, à leur tour, dans la-gélose-ascite extérieure au sac et au voisinage
immédiat de celui-ci, des colonies claires et floconneuses de Sp. acuta.
Cette expérience nous apprend tout d’abord que les substances, encore
inconnues, élaborées par le B. fusiforme qui permettent le développement
du Sp. acuta, peuvent traverser les filtres de collodion. Elle nous fournit,
d’autre part, une technique pour cultiver et conserver à l’état de pureté un
spirochète dont le développement indépendant s'était trouvé être entre nos :
mains, irréalisable.
La séance est levée à 16 heures et quart.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU LUNDI 20 DÉCEMBRE 1920.
PRÉSIDÉE PAR M. Hexrr DESLANDRES.
En ouvrant la séance M. Hesri Desraxpres prononce l’allocution sui-
vante :
Messieurs,
Suivant une tradition séculaire, à la séance publique annuelle, votre
Président remet brièvement sous vos yeux les faits principaux de l’année
qui va finir; et, tout naturellement, sa première pensée est pour ceux qui
ne sont plus, pour nos Confrères que la mort impitoyable a enlevés à la
Science et à notre affection. Ils ont apporté leur pierre à l'édifice commun `
qui, par leur effort, s’est élevé de quelques degrés; ils sont les bons ouvriers
qui n’ont pas perdu leur journée, et doivent être présentés comme exemples
à ceux qui survivent.
Cette année, nous avons payé à la mort, le tribut habituel; nous avons
perdu successivement, parmi les membres, Adolphe Carnot, Félix Guyon,
Armand Gautier et Yves Delage; et, parmi les correspondants, Jules Boul-
vin, Émile Boudier} Auguste Righi, Pierre Morat et Sir Norman Lockyer.
Le nom des Carnot est cher à notre pays; il rappelle tout d’abord la belle
résistance à l'invasion étrangère dans les premières années de la révolution.
Lazare Carnot a pu être appelé en 179 l'organisateur de la victoire, et ses
descendants ont tous marqué dans nos annales. Son fils Sadi cu
es!-un des fondateurs de la Thermodynamique ; il a donné son nom à l’un
des grands principes de la Physique. Son autre fils, Hippolyte, a été
ministre en 1848, et membre de l’Académie des Sciences morales. L'un
de ses petits-fils a été président de la République, et l’autre est notre
confrère décédé cette année.
Sorti l’un des premiers de l’École Polytechnique, Apborrne Carxor a élé
un des maîtres les plus éminents de l'École supérieure des Mines; il y a
professé longtemps et en a été le Directeur. Après avoir étudié tout
©. R., 1920,2° Semettre. (T. 171, N° 25.) 95
1246 ACADÉMIE DES SCIENCES.
spécialement la Chimie générale et la Docimasie, il a été mis à la tête des
Laboratoires et du Bureau d’Essais. Son œuvre personnelle et ses leçons
sont condensées dans son grand Traité d'Analyse des substances minérales,
commencé en 1898 et aujourd’hui classique. Il a aussi professé la Géologie
à l’Institut agronomique, et, dans les dernières années de sa vie, il a été le
directeur de la Compagnie du Gaz parisien.
Étant jeune ingénieur dans le Limousin, il y découvre une -mine de
bismuth, la seule connue en France. Les mines de houille lont beaucoup
occupé, et il a étudié avec le plus grand soin les qualités diverses de leur
charbon, souvent variables dans une même couche. Il faut signaler des
recherches très originales sur la teneur en fluor des os fossiles; cette teneur
varie avèc la période géologique et peut servir à la caractériser. C’est une
belle application des méthodes précises d'analyse chimique.
D'autre part, notre confrère a été mêlé aux plus hautes questions de la
politique. Fidèle aux traditions de sa famille, il était pieusement attaché
à la pure doctrine républicaine; et, pour la maintenir intacte, il a cédé
en 1900 aux sollicitations de ses amis; il a accepté la présidence du groupe
politique important qui est l'Alliance républicaine démocratique. Là, avec
un désintéressement et une ardeur admirés de tous, il a rendu d’inoubliables
services; il a fait une campagne très active pour la loi de trois ans qui a été
un des facteurs de la victoire. Très simple et même modeste, il parlait peu,
mais il était animé d’un beau feu intérieur, alimenté par un idéal élevé et
des convictions profondes. Il a été un grand patriote, un homme de science
remarquable et un très beau caractère.
Le D" F£:rx Guros est mort à 88 ans doyen de la Section de Médecine et
Chirurgie. Il a eu une des plus belles carrières médicales qui se puissent
rêver, et son nom reste attaché à la same d'un groupe important de
maladies.
Chirurgien des hôpitaux à 36 ans, il n’avait d’abord aucune pees
Le hasard veut qu'il soit chargé da service des maladies de la pierre
à l'hôpital Necker; il accepte sous la réserve qu’il pourra aussi s'occuper de
chirurgie générale. Le traitement des affections de la vessie et du rein était
alors dans l'enfance, et la mortalité dans les opérations était très grande; il
y avait un beau problème à suivre et à résoudre, et bientôt notre confrère
se donne à lui tout entier. |
Son œuvre est une belle application de la méthode expérimentale. I ne
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1247
s'attarde pas à l'étude anatomique sur le cadävre qui, d’après lui, est tout
à fait insuffisante ; il s'appuie surtout sur la physiologie, il étudie avec un
soin minutieux les organes vivants dans la santé et dans la maladie. Cette
recherche préliminaire met bien en valeur la sagacité et la patience de
observateur, son habileté grande à rapprocher et à classer les faits. I
reconnait peu à peu toutes les particularités des organes, leurs réactions et
leur sensibilité spéciales, ce qui lui permet de poser les règles d’un dia-
gnostic précis et d'établir une thérapeutique rationnelle. En fait, il a créé
l’urologie scientifique.
Il a été, dès le début, un s lapi fervent des idosa de Pasteur et il a pu
surmonter les difficultés auxquelles se heurtait l'application de l’antisepsie
à l’appareil urinaire; il a assuré à cette chirurgie spéciale le maximum de
garanties. L'opération de la lithotritie, jusqu'ici si meurtrière, est devenue
entre ses mains une opération facile, toujours assurée du succès, et il a
étendu le même bienfait à beaucoup d’autres opérations et maladies. Sur
tous les points de la pathologie et de la technique urinaire, 1l a laissé son
empreinte et une empreinte souvent définitive. Il était aussi un opérateur
très habile, et il indiquait à tous le moyen de l'imiter. « Il ny a pas de
mains légères, disait-il, mais seulement des mains attentives. »
Cependant, son service d'hôpital prenait rapidement une grande exten-
sion; il est devenu finalement l'École Necker, qui attirait à elle malades et
élèves de tous les points du globe. Les beaux laboratoires dont il avait, à
ses frais, doté son service, étaient un attrait de plus pour les chercheurs.
Il a aussi professé à la Faculté d’abord la pathologie externe, puis, alors
qu'il avait 6o ans révolus, la pathologie urinaire. Ce dernier cours a été.
créé spécialement pour lui et ses méthodes, et depuis, il a été maintenu.
Le fait d’avoir fourni les éléments d’un cours permanent à la Faculté
montre bien la grandeur de son œuvre.
Il a été une des gloires incontestées de la Chirurgie française et aussi un
chef d'école incomparable, qui agissait beaucoup par l'exemple; toute sa vie
il est resté un modèle de conscience et de dignité professionnelle. « Il faut,
disait-il à ses élèves, être indépendant des hommes et ne connaître que la
dépendance de ses devoirs. » Toujours simple, il a demandé qu'aucun
monument ne fût élevé à sa mémoire, mais ses confrères pensent qu il con-
viendrait, sur ce point, de passer outre; car il est assurément une des figures
les plus belles et les plus nobles de notre Compagnie.
Notre confrère, Armano Gauries, décédé peu après, également pro-
1248 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fesseur à la Faculté de Médecine, a jeté, lui aussi, un vif éclat sur la Science
française; il est un des grands chimistes de notre temps.
Sa formation pour la Science a été originale. Son père, médecin à Mont-
pellier, l’a fait élever loin des écoles, en pleine campagne, au contact des
êtres et des choses de la terre, se bornant à guider sa jeune curiosité. Ses
deux baccalauréats passés, il entre au laboratoire de Chimie de la Faculté
de Montpellier et y reste, pendant cinq ans, à manipuler de toutes les
manières. Cette union intime avec la nature, assurée à ses premières
années, et qu'il aimait à rappeler, avait laissé chez lui son empreinte. Elle
explique l'indépendance et la grande originalÂé de son esprit, sa méfiance
des théories et sa grande habileté expérimentale.
Attaché ensuite au laboratoire de Wurtz, à Paris, il s'affirme immédia-
tement par une œuvre magistrale : il isole une classe nouvelle de corps très
curieux, tes carbylamines, et montre qu’ils sont des isomères des nitriles.
Nommé, à l’École de Médecine, directeur du premier laboratoire de
Chimie biologique, puis professeur en titre, il porte son principal effort
sur cette branche de la Chimie qui offre, comme on sait, les plus grandes
difficultés. Ses recherches et publications dans ce domaine sont extrême-
ment nombreuses; on peut rappeler ici seulement les principales.
Il reconnait dans les chairs en putréfaction des alcaloïdes nouveaux appelés
par lui ptomaines ; jusqu'alors les alcaloïdes, poisons très violents, avaient
été trouvés seulement dans les végétaux, et la découverte fait sensation. Íl
distingue aussi des corps analogues, nommés /eucomaïnes dans les tissus des
animaux en pleine vie normale. Cette double recherche l’occupe pendant
dix années. j
Il annonce la présence constante de l'arsenic dans plusieurs organes des
animaux, en particulier dans la peau, la glande thyroïde et le cerveau. Cette
découverte, qui heurtait les idées reçues, soulève de vives discussions, et
finalement est acceptée par tous. L’arsenic, et aussi iode, jouent dans notre
organisme un rôle qui, jusqu'alors, avait été méconnu, et il est conduit à
des médicaments nouveaux à base d’arsenic, en particulier aux cacodylates,
dont la thérapeutique actuelle tire un grand parti.
Le D" Gautier a fait aussi de longues recherches sur les impuretés de
lair des villes, et, pour les doser, il imagine des méthodes nouvelles très
délicates. Le résultat n’est pas celui qu’on attendait : l’oxyde de carbone
fait absolument défaut ; et, aussi bien à la campagne qu’à la ville, l'air con-
tient des traces d'iode et, en quantité appréciable, de l'hydrogène libre. Cet
hydrogène, qui est absorbé constamment par l'ozone atmosphérique, pro-
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1219
vient des roches primitives du sous-sol, soumises au feu central: car il se
dégage des mêmes roches, chauffées dune le laboratoire; de plus, il est
mélangé à la vapeur d’eau et au gaz des volcans. D’où un double résultat :
les sources thermales doivent être divisées en deux classes, et ces faits con-
duisent à une explication simple des phénomènes volcaniques qui a été
adoptée par le grand géologue Suess. Une simple question à lui posée par le
peu ain largement et étendue à
4
Comité d’ hygiène a été peu à
d’autres sciences.
Le dernier travail, important par l'étendue et les conséquences, met bien
en relief les cbr maîtresses de l’homme. Armand Gautier a toujours
suivi sa voie propre, sans trop s'inquiéter des courants d'idées qui, à chaque
époque, entrainent la majorité des chercheurs dans une même direciion.
En fait, ses principales découvertes ont été contraires aux théories
régnantes,et il disait souvent : « La théorie doit être une aile qui nous porte,
non une borne qui nous arrête.» Quant à lui, 1l restait toujours en contact
intime avec les faits, tout en ayant une imagination très vive; et il sortait
volontiers des limites de sa spécialité : il a vibré fortement pour toutes les
conquêtes de la science moderne. Par l’œuvre accomplie, par l'élévation
des idées et du caractère, il est un de ceux qui ont fait le plus d'honneur à
notre Académie.
Quelques jours après, nous perdions un autre de nos confrères, très aimé
et estimé, le grand zoologiste Yves Deraër, président de l'Union biologiste
internationale. Il est mort relativement jeune, victime de son dévouement
à la science, après avoir fourni un travail intense sans ménager ses forces.
Il a d’abord été étudiant en médecine ; mais les belles leçons de Lacaze
Duthiers à la Sorbonne l’attirent vers la zoologie et vers le laboratoire mari-
tme de Roscoff où il fait ses premières recherches.
Reçu presque en même temps docteur en médecine et docteur ès sciences
naturelles, il est envoyé à la Faculté dè Caen professer la zoologie et il
est rappelé bientôt à Paris par son maître Lacaze-Duthiers, qui, finalement,
lui cède sa chaire de Zoologie, d'Anatomie et de Physiologie comparées.
Il est ainsi, à 32 ans, profesora à la Sorbonne et directeur adjoint du
laboratoire de Roscoff; il porte son principal effort sur les animaux marins,
qui forment un sujet d’études extrêmement vaste.
Sa thèse sur les petits crustacés, appelés Edriophthaimes, avait été très
remarquée, Son travail suivant sur la Sacculine offre un intérèt encore plus
grand: il révèle un cas de parasitisme qui est un des plus curieux et des
1250 ACADÉMIE DES SCIENCES.
plus singuliers que l’on connaisse, La Sacculine est un crustacé inférieur
qui, après avoir subi plusieurs transformations, se fixe sous l’abdomen du
„crabe vulgaire; il pénètre à l’intérieur de la carapace et se développe dans
toutes les parties de son hôte; puis il en ressort pour déposer à l'extérieur
dans une poche spéciale ses propres embryons.
On ne peut citer ici les nombreux Mémoires qui lui sont dus; mais il faut
, Signaler ses belles recherches sur la parthénogenèse expérimentale, en
particulier avec les oursins. Il a apporté la lumière dans cette question
obscure et difficile, et il a pu, le premier, élever jusqu’à l’âge adulte un
oursin né dans ces conditions spéciales.
Mais il avait abusé du microscope, et il est atteint à 41 ans d'uné
maladie grave des yeux, qui devient plus tard, en 1904, la cécité complète.
Avec une vigueur d'âme vraiment remarquable, il se montre supérieur à
on infortune. Son activité reste entière, elle est sculement détournée ia
peu vers d’autres sujets.
[l entreprend alors plusicurs grandes béton, et eù particulier son
Année biologique qui résume en un volume tous les travaux d’une année
dans le monde entier, Ce volume a été présenté comme un modèle aux
autres sciences.
Il continue à diriger ses laboratoires de Paris et Roscoff; il assiste régu-
lèrément à a nos séances, apportant toujours une ou deux communications ;
mème il prend part à toutes les discussions avec une aisance et une autorité
que nous avons tous admirées. Íl avait une mémoire excellente et une
érudition si étendue qu’il a pu, à notre époque, être appe Jé un encyclopé-
diste. Au Congrès international tenu lannée dernière à ii il a
été par sé artion mis à la tête de l'Union biologique.
© Pendant l’année, il nous présente un gros volume publié par lui sur le
Rêve, qu "il avait étudié depuis longtemps à des points de vue très divers.
Deux jours avant sa mort, sachant qu’il était atteint d’un mal quine par-
donne pas, il dicte à ses élèves une longue Note pour nos Comptes rendus.
Sa mort est celle d’un héros, et en accord avec sa vie tout entière. L’ Aca-
démie salue avec émotion cet homme de cœur, qui a tout sacrifié à
la science et à la vérité; elle est fière de lavoir compté parmi ses
membres.
La liste funèbre n’est pas close, il reste à vous parler de nos cinq Corres-
pondants décédés, dont deux sont Français. Le temps manque malheureu-
. sement pour qu’on puisse exposer leurs travaux avec détails.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1251
Juixs Bourvix, Correspondant dans la Section de Mécanique depuis 1913,
a été ingénieur principal de la Marine belge et professeur de Mécanique
appliquée à l'Université de Gand.
Il a développé avec un grand succès la théorie des moteurs thermiques,
en s'appuyant sur le diagramme entropique et aussi sur le diagramme
dynamique. L'emploi raisonné de ces diagrammes lui a permis d'analyser
avec précision l’évolution de la vapeur dans les machines, et en particulier
les pertes de chaleur par les parois, l'influence de l’espace nuisible de la
surchauffe et des enveloppes de vapeur. Il a pu faire ainsi une critique
judicicuse de plusieurs moteurs connus.
Son œuvre, aujourd’hui classique, est exposée en détails dans son grand
ouvrage de Mécanique appliquée, qui a été publié en France et a eu
plusieurs éditions.
Nous perdons en lui un grand ingénieur et un ami sincère de notre pays.
Éme Bouvier est un mycologue éminent attaché depuis 1909 à la
Section de Botanique.
Établi pharmacien à à Montmorency, il s’est adonné avec passion, pendant
toute sa vie, à l'étude des champignons. Il savait à la, fois les très bien
décrire et les représenter fidèlement par des dessins qui sont de véritables
merveilles. Son premier Mémoire, daté de 1866, a été couronné par
l'Académie de Médecine, qui, peu après, le nommait correspondant.
Parmi ses œuvres, il faut citer son grand Mémoire sur les Mixomycètes
d'Europe qui en donne une classification claire et rationnelle, et surtout
ses Icones Mycologia, complétés par 6oo magnifiques planches.
Placé dans une situation modeste, mais poussé par lamour désintéressé
de la Science, il a pu ainsi, avec ses seules ressources, faire œuvre belle et
utile. De tels hommes sont une force pour un pays, et leur aahi est
ressentie par tous.
Aveusre Riem est un physicien très éminent, qui a été mêlé activement
à tontes les grandes questions soulevées dans son domaine. Il est né et mort
à Bologne où il était professeur à l'Université. Depuis 1913, il est notre
correspondant,
Ses recherches ont porté principalement sur l'Optique et l'Électricité. Il
reconnait la variation de résistance du bismuth dans un champ magnétique,
et les analogies profondes du rayonnement hertzien et du rayonnement
lumineux. Les premiers essais de télégraphie sans fil ont été posne sous
sa direction par Marconi dans son oore.
1252 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Son œuvre principale se rapporte à l’étincelle électrique et aux phéno-
mènes curieux qu’elle présente sous l’influence d’un champ magnétique. Il
montre que les atomes et molécules sont alors plus faciles à ioniser; de plus,
il admet que l'ion positif et l’électron négatif s'unissent souvent et tournent
l’un autour de l’autre, comme les composantes d’une étoile double. C’est ce
qu’il a appelé la rotation iono-magnétique, qui explique bien plusieurs faits
singuliers observés dans l’étincelle.
Ronnie il a soulevé une discussion très intéressante sur la célèbre
expérience de Michelson et Morley, qui est la base des théories de la rela-
tivité.
A la fois ut et profond, Righi a passé au crible les idées anciennes
et a fait surgir beaucoup d'idées nouvelles. Son nom aura une belle place
dans l’histoire de la physique moderne.
Pierre Morar, Correspondant dans la Section de Médecine et Chirurgie
depuis 1916, a été professeur à la Faculté de Médecine de Lyon. C’est un
physiologiste de grande valeur, qui s’est affirmé par des travaux originaux
et aussi par un Traité important de Physiologie,
La notoriété lui est venue par ses recherches sur le mal perforant qui
détruit les os et cartilages du pied. Il a montré que ce mal étrange était dù
à une lésion des nerfs. Il à ‘aussi poursuivi de nombreuses recherches en
collaboration avec notre confrère Dastre sur le rythme cardiaque, l’excita-
tion électrique de la pointe du cœur et l'appareil nerveux vaso-moteur.
Universellement connu et apprécié, il a fait grand honneur à la physiologie
française.
Sir Norman Lockyer, Correspondant depuis 47 ans, est un des plus
grands astronomes de notre époque. Il a fait des découvertes de premier
ordre et il est un des fondateurs de la branche nouvelle de l’Astronomie
physique.
Il est mort, âgé de 84 ans, dans le nouvel observatoire qu'il avait fait
construire, ide de quelques amis, dans le beau site de Sidmouth en
Angleterre. Il avait aussi, au début de sa carrière astronomique, travaillé
dans un simple observatoire d’amateur. I] ne sortait d'aucune grande école,
d'aucune université, et, pour vivre, il a dù, pendant treize ans, jusqu à
l’année 1870, rester Puhi au Ministère de la Guerre à Londres. Mais il
avait une passion profonde pour la science. En 1866, il indique la méthode
du spectroscope pour la reconnaissance des protubérances solaires en plein
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1253
jour. Deux ans plus tard, en 1868, il applique la méthode à Londres presque
en même temps que notre compatriote Janssen aux Indes. Il découvre une
protubérance en plein jour.
‘Quelques jours après, il annonce que la protubérance contient un gaz
nouveau, inconnu sur la Terre, caractérisé par une radiation jaune, et il
donne à ce gaz le nom d’Hélium. C’est la première reconnaissance de ce
gaz fameux qui, 37 ans plus tard, a été trouvé sur notre Terre par Ramsay.
Il annonce aussi que l'analyse spectrale des vapeurs solaires révèle leurs
pressions et aussi leurs vitesses par rapport à la Terre. Ces résultats sont
obtenus en quelques semaines avec de petits instruments; ils sont le point
de départ de nombreuses rècherches, poursuivies depuis sur le Soleil dans
les observatoires,
En 1873, il organise à Londres, mais alors aux frais de l'Étai anglais,
un observatoire nouveau d’Astronomie physique, complété par un labora-
toire et il dirige l'établissement jusqu'à l’année 1912. Il y poursuit des
recherches parallèles de Physique et d’Astronomie. En particulier, il se
propose de retrouver dans le laboratoire les raies spectrales reconnues dans
le Soleil et les étoiles. I arrive à distinguer dans les spectres terrestres trois
séries de raies, les longues, les courtes et les renforcées, qui correspondent
à des températures croissantes; et, retrouvant ces raies dans les astres, il
peut ranger les étoiles dans l’ordre de leurs températures. Ce résultat est
évidemment de première importance.
Même il présente une classification des étoiles différente de toutes les
autres. La température des étoiles, d’après lui, ne diminue pas constam-
ment; elle augmente d’abord, passe par un maximum et ensuite décroît
lentement; et cette évolution stellaire est accompagnée de la dissociation
de nos éléments chimiques qui, dans la phase des hautes températures,
sont réduits aux éléments les plus légers. Ces grandes idées sur l’évolution
stellaire, accucillies d’abord avec froideur, s'imposent peu à peu à l'attention -
de tous.
- I faut aussi rappeler que Lockyer est le fondateur de la revue maie
Nature, qui est la revue scientifique la plus répandue dans le monde entier.
En résumé, cette carrière scientifique est l’une des plus belles et des
mieux remplies que l’on puisse citer. L'homme avait un cerveau puissant,
et, sur plusieurs points, s’est élevé jusqu'au génie. Sa mort met en deuil
l’Astronomie tout entière.
1254 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il
Messieurs, j'ai terminé la première partie de ma tâche. L'œuvre de nos
confrères disparus vous a été rappelée, au moins dans ses traits principaux;
mais, et c’est là une pensée consolante, leur œuvre n’est pas interrompue,
elle est continuée, elle est reprise avec une ardeur toujours renouvelée.
Comme les coureurs du poète antique, ceux qui sont glacés par la mort
repassent le flambeau de la vie et de la recherche à d’autres plus jeunes et
plus actifs; et la Science qui, seule est immortelle, poursuit sans arrêt sa
marche ascendante vers des sommets toujours plus hauts. Je salue ici les
nouveaux élus, les élus de cette année, MM. Mesnager, Lindet, Laubeut,
Breton, membres titulaires ou membres libres ; les associés, MM. Ciamician
et Michelson, et de nombreux correspondants, MM. Chodat, Lugeon,
Bianchi, Dewar, Sir Joseph Larmor, Perkin, Dickson, Kamerlingh Onnes,
Riquier, Pierre Weiss et Torres Quevedo. Ils apportent à l’Académie
l'appui de leur notoriété, déja grande, et ils assurent la continuité de
sa mission spéciale.
L'extension considérable, prodigieuse, des recherches scientifiques est un
des caractères de notre époque. Les hommes de valeur et les établissements
spéciaux qui leur sont consacrés sont en nombre toujours croissant, et cette
belle progression est surtout frappante en Amérique. Nous avons vu, dans
les cinquante dernières années, les découvertes succéder aux découvertes,
et dans toutes les sciences. La Physique a été favorisée de façon toute
particulière; son domaine, déjà de belle étendue, s’est agrandi de terres
nouvelles à la fois très riches et très vastes; les phénomènes de radiation et
les phénomènes électriques y ont une place prépondérante.
Les hommes de ma génération, épris de science, ont eu ainsi de grandes
jouissances intellectuelles, et il semble que nos descendants soient appelés à
en avoir encore de plus grandes.
On aperçoit, il est vrai, quelques ombres à ce brillant tableau. Les
destructions aveugles de la Grande Guerre, le retour aux plus bas instincts
chez quelques peuples, ont fait naître des craintes légitimes, et l'ona rappelé
l'invasion des barbares, qui a détruit la belle civilisation romaine et
replongé dans la nuit tout l'Occident pendant quelques siècles. Mais la
science est mieux armée qu'autrefois pour résister à tous ces cataclysmes.
Elle n’est pas, comme dans le monde antique, gardée jalousement dans
quelques temples; elle est répandue et diffusée partout, grâce à l'imprimerie
et à la facilité des transports. Il suffit qu’un seul exemplaire de nos ouvrages
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 192%. ; 1255
principaux soit conservé ou reproduit; et le danger le plus à redouter est
peut-être la fragilité, la faible durée de notre papier.
Dans toutes les luttes, d’ailleurs, la science, avec ses applications, assure
un avantage marqué à ceux qui la cultivent, et elle se défend ainsi elle-
même. Les grands services qu’elle a rendus dans toutes les guerres, et dans
la dernière guerre en particulier, vous ont été exposés magistralement
l’année dernière par mon éminent prédécesseur M. Guignard. De toute
façon, le vainqueur devra recourir à elle et lui faire la place qui lui est
due. Aussi le beau monument de nos connaissances actuelles est assuré
de la pérennité; et son accroissement futur, continu et indéfini, est
également certain. Un des désirs du savant serait, par une sorte de métem-
psycose, de revenir sur cette terre dans 100 ou 200 ans, et d'y reconnaître
les progrès accomplis. Ses étonnements, j'en suis convaincu, seraient
profonds, et au moins aussi grands que ceux du philosophe Descartes, s’il
revenait aujourd hui parmi nous.
Les résultats acquis à l'heure actuelle sont déjà magnifiques; et, puisque
je suis spécialisé dans l'astronomie, vous me permettrez de vous donner un
aperçu des progrès réalisés dans la branche nouvelle de cette science, qui
est l’Astronomie physique. Cette branche a eu une croissance rapide et la
moitié au moins des Mémoires astronomiques actuels lui est consacrée. Elle
poursuit les applications à l’ Astronomie des méthodes et découvertes de la
Physique moderne. Je vous exposerai quelques-unes de ces applications, et
aussi les indications at que d’autre part elle apporte à la Physique et
à la Chimie.
. La science be, qui étudie les objets les plus éloignés, et
a priori les plus inaccessibles, est cependant la première en date : elle a été
constituée avant les autres sciences qu'elle a ensuite guidées dans la bonne
voie, La gravitation universelle avec la règle simple de Newton a appris
aux hommes qu'il y avait des lois, et même des lois simples à la base des
phénomènes naturels. Il en est résulté d'abord la Mécanique céleste, qui
explique les mouvements des planètes et satellites, puis, successivement, la
Mécanique générale et la Mécanique industrielle. Les lois du mouvement
sont les mêmes pour les grosses masses slellaires et les organes les plus
petits de nos machines, :
C’est là évidemment une belle généralisation; et les astronomes on! con-
tribué à l'établir en vérifiant les moindres conséquences de la loi newto-
nienne avec les astres du système solaire. Chacun d'eux est attiré à la fois
par tous les autres, et lemouvement réel est complexe. Or, depuis 200 ans,
1256 æ ACADÉMIE DES SCIENCES
la Branche de l’Astronome, dite de position, ou branche ancienne a relevé
avec une précision croissante la position de tous les astres sur la sphère
céleste; et récemment elle a réalisé un grand progrès par l'emploi de la
plaque photographique. Avec les astres mobiles du système solaire, les
moindres mouvements sont reconnus el même prédits à l'avance avec
laide de la Mécanique céleste. Avec les étoiles qui, toutes, sont extrême-
ment loin, les déplacements apparents, toujours extrêmement petits, sont
mesurés avec soin. En fait, la branche ancienne de position est arrivée au
dernier stade de son développement, à un état voisin de la perfection.
Au siècle dernier, l'étude des astres a été engagée dans une voie
tout autre, assurément plus large, par l'analyse profonde de leur lumière,
d’après les méthodes les plus récentes de la Physique. Le seul lien bien
tangible qui nous rattache aux astres est en effet leur rayonnement; même
la chaleur et la lumière du Soleil sont la source première de la vie et du
mouvement sur notre Terre. Pour celui qui regarde de près les choses, la
création tout entière est sous la puissance du feu et de son rayonnement.
Lavoisier a écrit que la vie était une flamme alimentée par des combustions
chimiques; et cette grande idée est en germe dans la légende antique de Pro-
méthée qui ravit aux dieux le feu céleste pour animer le corps de l’homme.
Tout progrès dans la connaissance de la lumière est un bienfait immé-
diat pour l’Astronomie. Dans cette phase nouvelle, c’est la Physique qui
prend la tête, entraînant l’Astronomie dans son sillage, lui apportant ses
méthodes, sa technique de laboratoire, son esprit particulier formé par un
contact intime avec les choses. Or, dans les cent dernières années, l’homme
a pu reconnaître la nature vibratoire de la lumière et compter ses vibra-
tions; il a pu la décomposer en ses radiations élémentaires par l'analyse
spectrale, et remonter à la source première de ces radiations, qui est
atome lui-même. L’atome est un petit monde en miniature, qui a ses
vibrations spéciales; chaque atome, disait Rowland, est un grand piano;
même il a sa sonate particulière qui le caractérise et le distingue de
tous les autres. D'ailleurs la lumière n’est qu’une petite partie du rayonne-
ment total émis par les corps; elle comprend un seul octave, alors que, des
ondes de la télégraphie sans fil aux rayons X, on a relevé déjà plus de
4o octaves. Le nouveau champ d’études est extrêmement vaste, et il faut
encore signaler un rayonnement d'autre nature, un rayonnement corpus-
culaire, analogue à celui du radium, et constitué par de petits projectiles
qui sont des corpuscules électrisés.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1257
Toutes ces conquêtes de la physique moderne sont merveilleuses et aussi
les applications à l’Astronomie.
En premier lieu, la lumière fournit la force répulsive réclamée depuis
longtemps pour expliquer les queues cométaires; elle exerce une petite
poussée, appelée pression de radiation, qui a été bien constatée dans le
laboratoire. La pression de radiation joue un grand rôle dans les astres à
faible densité ; elle égale en importance la gravitation qui lui est opposée.
La branche nouvelle étudie les astres avec ses moyens particuliers; elle
examine le petit point lumineux de l'étoile, comme le fait la branche
ancienne, mais en plus, et surtout, ce pelit point étalé suivant une ligne par
le prisme. Car tous les points de cette ligne, qui est le spectre, sont utiles à
relever. L'étude, faite sur une plaque photographique, est plus longue,
mais la variété des résultats est aussi plus grande.
Le rayon de lumière porte en lui la trace, la marque de toutes les circon-
stances de son émission. C’est ainsi que le spectre donne la composition
chimique de l’astre et, dans une certaine mesure, son état physique avec
une valeur approchée de la température; il décèle son atmosphère et sa
division en couches superposées; il fournit aussi la vitesse de l'étoile, en
kilomètres par seconde, dans la direction de la Terre. Ces données impor-
tantes étaient autrefois jugées inaccessibles, et l’astronome-physicien a pu
récolter une ample moisson de faits nouveaux.
En ce qui concerne la composition chimique, les corps simples qui
forment l'écorce de la Terre se retrouvent dans le Soleil, ou, plus exac-
tement dans la couche basse de son atmosphère; ils se retrouvent aussi, en
partie tout au moins, dans les étoiles, et l’on a pu proclamer l'unité de la
matière dans tout l’ Univers. De plus, quelques radiations stellaires, en petit
nombre, n’ont pas encore été relevées dans les flammes terrestres; elles
annoncent des corps simples nouveaux, et c’est ainsi que le gaz hélium,
comme son nom l'indique d’ailleurs, a été signalé dans le Soleil bien avani
d'être isolé et préparé sur la Terre. Les nébuleuses contiennent des gaz,
probablement très légers, que nous ne connaissons pas encore. Il y a là des
indications extrêmement précieuses pour les chimistes. |
Les couches successives de l'atmosphère solaire sont représentées dans
le spectre par des radiations distinctes; ce qui permet de les isoler et même
de les photographier séparément, et l’on a pu dire que la couche supérieure
de l'atmosphère solaire était, dans son ensemble, mieux connue que la
couche correspondante de notre Terre. La mème recherche est étendue aux
étoiles; la radiation brillante, qui correspond à l’état électrique de l’atmo-
sphère a, d’une étoile à l’autre, des éclats très différents.
1258 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La mesure des températures par le spectre est très suggestive. Les plus
hautes températures, réalisées jusqu'ici sur notre globe, sont données
par la flamme d’acétylène à 2300°, et par l'arc électrique qui s'élève
à 3500°. Or, à la surface du Soleil, la température est voisine de 6500;
et, dans les étoiles les plus chaudes, elle monte jusqu’à près de 15000°.
Il est donc possible de dépasser largement les températures atteintes
à notre époque, et l’on peut rappeler que l'arc électrique n’était pas connu-
il y a 100 ans. Il est possible de faire mieux encore, et cette indication
de l’Astronomie a une réelle valeur.
La vitesse de l'astre dans la direction de la Terre, ou vitesse radiale,
assurée par le spectre, est de première importance ; elle révèle, en effet, la
partie du mouvement qui échappe à la branche ancienne de l’Astronomie.
À ce point de vue, les deux branches ancienne et nouvelle se complètent ;
mais elles concourent au résultat et opèrent dans des conditions très diffé-
rentes. Les petits déplacements sur la sphère céleste, recherchés par la
branche de position, diminuent avec la distance; et ils deviennent imper-
ceptibles aux distances très grandes, alors même qu'ils s'accumulent pen-
dant des dizaines d’années. Pour la même raison, la branche ancienne ne
peut déterminer la distance des astres que pour les étoiles les plus voisines,
au nombre de 2000 au plus. Avec les étoiles plus éloignées, elle ne donne
plus la longueur du chemin parcouru sur la sphère, mais seulement la direc-
tion du mouvement relatif.
Par contre, avec la branche nouvelle, le spectre donne la vitesse radiale
et le chemin parcouru, immédiatement et à toutes les distances; il faut seu-
lement que l'astre ait un éclat suffisant ou que la pose de la plaque soit
suffisamment longue. La méthode est indiquée pour une exploration géné-
rale du ciel, et elle s'applique admirablement aux astres très éloignés, tels
que les amas d'étoiles et les nébuleuses, qui, ayant un diamètre apparent,
conservent un éclat constant, lorsquela distance augmente. Pour bien faire
comprendre les résultats, il sera bon de rappeler quelques faits généraux.
Notre Soleil fait partie d’un grand système d’étoiles, appelé Galaxie, qui
comprend le cercle de la Voie lactée. La galaxie est développée suivant un
plan, ou mieux est un disque plat, large et relativement mince, qui renferme
la grande-majorité des étoiles du ciel. Le Soleil est à peu près au milieu du
disque, et l’on comprend la concentration d'étoiles qui s'offre à nous dans
la Voie lactée. De plus, dans la direction perpendiculaire à la galaxie, aux
points appelés ses pôles, on a au contraire une concentration de nébu-
leuses, de nébuleuses spirales, relevées en grand nombre par la photogra-
phie. On a de fortes raisons de croire que les nébuleuses spirales sont aussi.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1259
des galaxies, c’est-à-dire des Univers}semblables au nôtre, mais pour nous
très rapetissées par l’énormité de la distance. Entre notre galaxie et la
région des nébuleuses, et plus près de la galaxie, sont les amas d'étoiles.
Le spectre a pu révéler les mouvements de tous ces mondes. La branche
ancienne de l’Astronomie avait déjà abordé le problème par ses méthodes
avec les étoiles les plus voisines, et mis en relief deux faits importants, à
savoir : un mouvement de translation du Soleil par rapport à ces étoiles,
mouvement qui l’entraîne vers la constellation d'Hercule et l'existence de
deux grands courants d'étoiles, qui sont opposés l’un à l’autre et se
pénètrent. Or la même recherche a été reprise avec les vitesses données
par le spectre et les étoiles les plus brillantes; le résultat a été sensiblement
le même, la vitesse trouvée pour le mouvement du Soleil étant de 19%™, 5
par seconde. Les deux méthodes se confirment l’une l’autre.
De plus, la méthode spectrale a donné pour les étoiles de la galaxie la
vitesse moyenne de 25%™ par seconde, voisine de celle du Soleil. Elle a été
appliquée ensuite aux amas globulaires qui offrent des milliers d’étoiles
concentrées aulour d’un point et sont peut-être les objets les plus curieux
que l’on puisse voir dans une grande lunette; la vitesse trouvée est beau-
coup plus grande, en moyenne 150"®, le sens étant en général celui du
A D
Avec les bien spirales, la vitesse est encore plus grande, 600% par
seconde en moyenne, le sens étant plutôt celui de l'éloignement. La
recherche est faite en montagne avec des plaques très sensibles et des poses
de plusieurs dizaines d'heures.
Le dernier résultat surtout est extraordinaire; il one la thèse, déjà
soutenue par de bonnes raisons, qui place les nébuleuses spirales très loin
de notre système stellaire et en fait des univers distincts. Or, avec les
grands télescopes actuels, le nombre des étoiles relevées dans la galaxie
atteint deux milliards et le nombre des nébuleuses est voisin de un million.
L'esprit reste confondu devant une telle accumulation de Soleils dans un
même univers et aussi devant une telle accumulation d’univers.
Les faits précédents sont d’ordre général. On a aussi comparé les étoiles
entre elles en r4pprochant leurs couleurs et les éléments de leurs spectres;
les différences sont parfois très grandes. Puis on les a classées dans l’ordre
probable de leur évolution, de manière que, d’une extrémité à l’autre du
tableau, les différences soient lentes et progressives. En réalité, suivant
une remarque déjà faite par Herschell, les étoiles sont comme les arbres d’une
forêt, qui offrent tous les âges, depuis la jeunesse ee à la décrépitude.
1260 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'étoile, quirayonne chaleur et lumière, se contracte d’une manière con-
tinue; et, d’après Lockyer, sa température augmente d’abord, passe par un
maximum et décroit ensuite lentement; elle va du rouge vers le violet, puis
du violet vers le rouge, en passant deux fois par la même température. En
fait, les étoiles rouges les plus voisines, dont la distance nous est connue, :
étant transportées toutes à la même distance de la Terre, forment deux
groupes bien distincts : d’un côté sont des étoiles très brillantes, de l’autre
côté des étoiles beaucoup plus faibles. Les premières ont nécesssairement un
plus grand diamètre; on les appelle les étoiles géantes; elles sont dans la
phase ascendante de la température. Les autres, qui sont les naines, sont
dans la phase descendante. Cette vérification est frappante. Quant à notre
Soleil, il est entre ces extrêmes, ou plutôt il commence à entrer dans la classe
des étoiles naines. On a étudié avec le plus grand soin les types d'étoiles
qui, dans l’ordre normal, succèdent au type solaire, et qui nous mettent
actuellement sous les yeux notre état futur probable, dans quelques milliers
ou millions d'années. De toute façon, dans le groupe d'étoiles qui est le
nôtre, la situation de la Terre et du Soleil apparait bien modeste et, dans
l’ensemble de la création, elle est, peut on dire, infiniment petite.
Cependant, dans la phase médiane de son évolution, l'étoile a sa tem-
pérature maxima qui dépasse souvent 10000°, el son atmosphère offre alors
seulement les gaz les plus légers; les autres corps simples à vapeur plus
lourde, ont disparu; leurs atomes sont dissociés. Les étoiles apparaissent
ainsi comme les grands creusets où se font et se défont les corps simples de
la nature.
Si l’on parvient un jour à réaliser sur la Terre ces températures et ces
pressions stellaires, et qui peut prétendre que cela soit absolument impos-
sible, l'homme saura modifier à sa guise les éléments chimiques et les trans-
former au mieux de ses besoins, N'oublions pas que Phomme, à certains
égards si petit, s'élève quelquefois très haut par son intelligence et sa volonté.
L'évolution des atomes se montre ainsi étroitement liée à l’évolution des
étoiles, Or, d’après les théories récentes, bien vérifiées par les faits, l'atome
est aussi un monde stellaire, mais en excessivement petit. Ses éléments sont
disposés dans un plan comme ceux du système solaire; ils comprennent un
noyau électrisé positivement qui correspond à notre Soleil, et autour du
noyau des anneaux d'électrons négatifs, comparables aux anneaux des
petites planètes et aux anneaux de Saturne. Le ciel étoilé nous montre
rapprochés l'infiniment grand et l'infiniment petit, conformément à la
conception géniale de Pascal.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1261
En résumé, l’union avec la Physique et le laboratoire ouvre à l'Astrono-
mie un champ d’études d’une richesse inespérée, et la moisson, dont je vous
ai présenté quelques gerbes, est seulement commencée. L'étoile n’est plus un
simple point lumineux, une sorte de point mathématique; elle est un corps
bien défini qui a sa composition chimique, sa température, une surface et
une atmosphère périodiquement variables et une évolution dans un ordre
bien déterminé. Elle est comme un être vivant qui palpite, et d’autant plus
intéressante. Le résultat le plus étonnant peut-être, est la mesure immédiate
de la vitesse des astres à toutes les distances; et c’est ainsi que le spectre a
révélé des mouvements très rapides dans des corps célestes qui jusqu'ici
avaient paru immobiles. La branche nouvelle nous fait pénétrer dans la
profondeur des cieux et rattache à nous les mondes les plus éloignés. Il
sera bientôt possible de déterminer avec précision la vitesse propre de
notre système d'étoiles par rapport à l’ensemble des nébuleuses.
A un autre point de vue, par ses cotés grandioses, l’Astronomie occupe
la première place. Elle nous montre la matière soumise à des actions plus
fortes que celles qui prévalent sur notre globe; et elle nous en dévoile les
propriétés; elle reste donc toujours, comme au temps de Newton, la science
mère, qui, sur plusieurs points, guide et entraîne les autres sciences dans
des voies nouvelles. Elle nous élève au-dessus de nous-mêmes, au-dessus
des conditions étroites de notre Terre, et elle nous laisse entrevoir un peu
nos destinées futures.
On peut répéter pour elle une fois de plus, ce que Montaigne écrivait à
Diane de Foix.
Madame, c’est un grand ornement que la Science, et un outil de mer-
veilleux service.
Je donne la parole à M. le Secrétaire perpétuel, pour la lecture du
palmarès.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 25.) a
ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX ET SUBVENTIONS ATTRIBUÉS EN 1920.
RAPPORTS.
MATHÉMATIQUES.
PRIX FONDÉ PAR L'ÉTAT.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES.
(Commissaires : MM. Jordan, Appell, Painlevé, Humbert, Goursat,
Boussinesq, Émile Picard, Lecornu; Hadamard, rapporteur.)
L'Académie avait mis au concours la question suivante :
Perfectionner la théorie des fonctions d'une variable qui sont susceptibles de
représentations par des séries trigonométriques de plusieurs arguments fonc-
tions linéaires de cette variable.
La Commission a eu à examiner un Mémoire de M. Ernest EseLanGow,
directeur de l'Observatoire de Strasbourg, intitulé : Nouvelles recherches sur
les fonctions quasi périodiques.
Les fonctions d’une variable ż qui naissent d’une fonction de plusieurs
arguments &,, 2, ..., U, périodique par rapport à chacun d’eux (avec des
périodes incommensurables entre elles) lorsqu'on les suppose tous égaux
à t£, — ou, comme on dit actuellement avec M. Esclangon, les fonctions
_ quasi périodiques — ont, dans toutes les applications des Mathématiques et
particulièrement en Mécanique céleste, une importance capitale.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1020. 1265
M. Esclangon, après un astronome russe, M. Bohl, de Riga. dont i
ignorait les travaux, avait déjà donné à leur étude une forte impuision dans
sa Thèse soutenue devant l’Université de Paris en 1904.
Il a été remarquablement servi, dans ses recherches sur ce sujet, par le
sens du concret, le sens physique très averti dont il a récemment fait
preuve dans d’autres ordres de travaux. Transportant à l'examen théorique
de la question un principe déjà appliqué à son étude expérimentale, —
car nombre de phénomènés observés introduisent la notion qui nous
occupe, — 1l avait, dès son précédent travail, fait intervenir la moyenne des
valeurs que prend la fonction lorsqu'on donne à la variable indépendante 4
un très grand nombre d’accroissements successifs égaux à une même quan-
tité a. Si a n’est pas une de ces périodes que possède pour ainsi dire d’une
manière latente la fonction quasi périodique considérée F, cette moyenne
tend nécessairement vers zéro. Mais, dans le cas contraire, on trouve à la
limite une « fonction moyenne », de période 4, à savoir l’ensemble des
termes de F qui admettent celte période et que la méthode précédente
parvient ainsi à dégager.
Après une nouvelle et forte préparation arithmétique, fondation néces-
saire de l'édifice qu’il veut construire, c’est ce résultat que l’auteur géné-
ralise dans le Mémoire qui nous est soumis.
Entre un « corps de périodes » Q (ensemble de p périodes u, ..., u„ etde
celles qu’on déduit de leurs combinaisons) et une période unique 4 qui lui
appartient (cas de p = 1) s'échelonnent une série de corps plus simples,
Q, correspondant à des valeurs plus petites du nombre p. Une fonction F
quasi périodique relativement à Q comprend en général une partie F,
qui est quasi périodique relativement à Q,.
Peut-on, connaissant F, en dégager cette fonction cale E?
M. Esclangon résout ce nouveau problème, exlension naturelle de celui
qu'il avait précédemment traité, mais notablement plus difficile, en pré-
cisant la notion, classique dans la théorie, de périodes approchées, par la
notion voisine de suite convergentes par rapport à un Corps de périodes,
Dans une dernière Partie est abordée l'étude des équations différentielles
linéaires à coefficients et à seconds membres quasi périodiques, aboutisse-
_ ment dernier de cet ordre de recherches, Grâce à cette nouvelle « analyse
harmonique », beaucoup plus fine et plus délicate que la classique, dont nous
venons de résumer le principe, il parvient à dépasser sur certains points
l’astronome russe, son rival en la matière. Avant de supposer les coeffi-
cients du premier membre quasi périodiques, il considère le cas où ces
~
1264 ACADÉMIE DES SCIENCES.
coefficients sont constants, le second membre seul étant variable et quasi
périodique, la question étant de savoir si les solutions elles-mêmes peuvent
posséder cette propriété. Lorsque l’équation caractéristique n’admet aucune
racine nulle où purement imaginaire, la réponse est facile et se trouve
même contenue dans les résultats de M. Bohl: Mais il en est autrement s’il y
a des racines à partie réelle nulle. Dans ce cas, l'intégrale générale clas-
sique Y de l'équation sans second membre contient elle-même des termes
trigonométriques : il en résulte que les intégrales quasi périodiques de
l'équation complète, si elles existent, ne le sont pas nécessairement par
rapport au même corps Q que le second membre donné, mais, en général,
par rapport à un corps plus comple t Q’ obtenu en donida à Q les
périodes pi opres “RS
Malgré cette nouvelle difficulté, M. Esclangon arrive à montrer que
toute intégrale qui reste bornée est nécessairement quasi périodique, propo-
sition dont un théorème bien connu de M. Bohl sur la primitive d’une fonc-
tion quasi périodique n’est qu'un cas particulier. Mais, de plus, — et c’est
une belle application de sa nouvelle analyse harmonique, — il établit que,
il existe de telles intégrales, lune au moins d’entre elles est quasi pério-
dique dans le même corps Q que le second membre de l'équation.
Une distinction correspondante s'impose, bien entendu, dans l'étude du
problème général, c’est-à-dire lorsque les coefficients du premier membre
sont eux-mêmes des fonctions quasi périodiques et non plus des constantes.
Elle réside dans l'existence ou la non-existence d'intégrales bornées pour
l'équation sans second membre.
Ces résultats, tout en mettant en évidence une fois de plus la haute diffi-
culté du problème, sont déjà d’une incontestable valeur et permettent d'en
attendre d’autres de l'auteur. Ils justifiént amplement l'attribution du prix
au Mémoire qui nous est soumis.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
PRIX PONCELET..
(Commissaires : MM. Jordan, Appell, Painlevé, Humbert, Hadamard,
Goursat, Boussinesq, Lecornu; Émile Picard, rapporteur.)
La Commission propose d’attribuer le prix à M. Ér Carraw, professeur
à la Faculté des sciences, pour l’ensemble de ses travaux.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1205
PRIX FRANCOEUR.
(Commissaires : MM. Jordan, Appell, Painlevé, Humbert, Hadamard,
Goursat, Boussinesq, Lecornu; Émile Picard, rapporteur.)
La Commission propose de décerner le prix à M. Rëxé Baine, professeur
à la Faculté des sciences de res pour ses travaux sur la théorie générale
des fonctions.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
MÉCANIQUE.
PRIX MONTYON.
(Commissaires : MM. Boussinesq, Vieille, Lecornu, Kænigs, Mesnager,
Jordan, Haton de la Goupillière, Bertin ; Sebert, rapporteur.)
M. Srépnaxe Drzewiecrt, ingénieur, a présenté pour concourir au prix
Montyon, en 1920, un Ouvrage édité par la Librairie Gauthier-Villars et
intitulé : Théorie générale de l'hélice ; hélices aériennes et hélices marines.
Cet Ouvrage est le développement de conceptions originales sur la
théorie de l’hélice propulsive qui ont fait l’objet de Communications
présentées par M. Drzewiecki devant l'Association technique maritime,
dans les sessions de cette Association en 1892, 1900; 1Q01, 1910 et 1911.
Ces Communications, qui ont été très remarquées, ont donné lieu à de
vives controverses, car les conceptions de l’auteur étaient basées sur une
hypothèse contraire à celle généralement admise pour la théorie de l’hélice
propulsive dans l’enseignement classique de l'École du Génie maritime
notamment, et désignée parfois sous le nom de Rankine.
M. Drzewiecki admet, en effet, que chaque aile d’une hélice agit à l'instar
d’une planchette exposée sous une certaine incidence, dans un courant
1266 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fluide, et qu'elle produit la déviation d’une certaine couche de fluide
limitée, dont l’épaisseur dépend de la largeur de l’aile, de sa as. de son.
Médence, etc.
Il en résulterait, ainsi que le signale l’auteur lui-même, que le flux ainsi
engendré devrait se déplacer avec l’aile considérée, tout en restant paratlèle
à lui- -même et constituer ce qu ‘on pourrait äppeler un flux tournant à
la vitesse de l'aile.
Il devrait donc exister autant de ces flux qu’il y a d'ailes et, pour une
hélice à deux ailes par exemple, la perturbation entre les deux ailes devrait
être faible ou même nulle.
La théorie généralement admise suppose, au contraire, que lhélice par
son passage dans le fluide sur lequel elle agit, met en mouvement, dans
l’unité de temps, la masse entière de ce fluide qui est contenue, dans un
cylindre dont la base est ie cercle balayé par cette hélice et dont la hauteur
est la vitesse d'avancement.
Cette hypothèse avait conduit, au moins ‘pour les hélices marines, à des
résultats satisfaisants que la pratique avait confirmés et les expériences
faites à l’aide des appareils manométriques en usage semblaient en établir
le bien-fondé.
Ce n’est qu’en abordant l'étude des hélices aériennes et en étudiant leur
appoi pour la mise en mouvement des aérostats que l’on a pu être amené
à envisager la convenance d'adopter une hypothèse différente comme celle
que préconisait M. Drzewiecki.
Les expériences sur l’action de violents courants d’air agissant contre des
palettes immobiles, de formes et de dimensions variées, expériences qui ont
pu être exécutées dans le Laboratoire aérodynamique de M. Eiffel, ont
permis à M. Drzewiecki d'étudier avec soin l’action des courants d'air sur
_ces ailettes et d'établir les formules qui doivent résulter de | ‘application de
l'hypothèse qu'il admet et donnent les moyens de calculer les données
d'établissement des meilleurs sisi d'hélices aériennes à employer comme
propulseurs.
Les litres des principaux chapitres de son Ouvrage er. donner
une idée de l'importance de ses travaux.
On y trouve, en elfet, la détermination des principaux éléments de
l’aile : pas et incidences, celle du rapport de compatibilité et du rendement
avec des abaques et tables de calcul pour cette détermination, puis égale-
ment la détermination des paramètres caractéristiques de l'aile pour les
-ailes à incidence constante et les ailes à pas constant, et enfin des consi-
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1207
dérations sur la largeur et la forme à donner à ces ailes pour obtenir un
effet optimum des hélices.
Un chapitre spécial traite de l’action de l’hélice sur le fluide, étudie
l'influence d’une aile sur l’autre et met en évidence la conception d’un fluide
tournant avec l’hélice. L'auteur explique la contradiction apparente de cette
théorie, avec les déterminations expérimentales, par l’inertie des appareils
manométriques habituellement employés pour mesurer les vitesses du
fluide déplacé : anémomètres et tubes de Pitot.
Par des expériences ingénieuses effectuées, au Laboratoire Eiffel, en
faisant usage de la méthode stroboscopique, M. Drzewiecki a montré que
son hypothèse est exacte et il a pu tirer de ces expériences des conséquences
pratiques remarquables, en établissant les règles de construction de mouli-
nets ou hélices réceptrices dont la rotation est produite par l’action du
courant sur les ailes et qui sont employés notamment, en les rendant
autorégulateurs, pour le service des machines auxiliaires, dynamos, des
avions.
Il nous reste encore à mentionner que M. Drzewiecki a déterminé, par le
calcul, la fatigue des hélices résultant de la force centrifuge comme de la
poussée et a montré le moyen d'établir des compensations entre ces deux
actions et par suite celui de construire des ailes compensées. Il démontre
ainsi qu'il est à peu près impossible d'établir, avec les ailes en bois, des
compensations suffisantes pour empêcher la rupture des ailes sous l’action
de la force ARET ce qui doit amener à adopter l'usage d’ailes en
métal.
Pour faciliter les calculs auxquels donne lieu? application des formules
qu'il a établies, M. Drzewiecki a ajouté à son Ouvrage des abaques et des
tables qui en augmentent encore la valeur.
On peut, il est vrai, signaler que les travaux de M. Drzewiecki, dont il
s’agit, ne l’ont pas amené à établir une formule générale pour la détermi-
nation des hélices Le peuvent convenir à des conditions déterminées, ce
qui peut tenir à ce qu’en réalité l'hypothèse qu'il admet de l'indépendance
des actions exercées par les ailettes isolées sur les tranches d’air attaquées :
n’est pas entièrement applicable à l’ensemble d’une hélice donnée et ne se
vérifie en réalité que pour la partie voisine de la périphérie et moins pour
les hélices à deux ailes, tandis que l’hy pothèse de Rankine s'applique, dans
une étendue à déterminer, à la partie voisine du centre.
C’est en tenant compte de ce fait que notre confrère M. Rateau a pu
récemment établir sa Théorie des Hélices 1. dire marines et aériennes
1268 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des avions en vol rectiligne, qui a fait réaliser un nouveau progrès dans la
construction des hélices motrices des aérostats, mais ces travaux de notre
confrère n’enlèvent pas le mérite de ceux de M. Drzewiecki. |
Ces indications montrent qu’il s’agit dans l’'Ouvrage qui est présenté à
l'Académie d'une œuvre importante, fruit de longues études et de remar-
quables travaux, et elles justifient l'attribution, que la Commission
propose du Prix Montyon de Mécanique à M. Srérnase DrzEwIEcKI.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
PRIX FOURNEYRON.
(Commissaires : MM. Boussinesq, Sebert, Lecornu, Mesnager, Jordan,
Haton de la Goupillière, Bertin; Vieille et Kœnigs, rapporteurs.)
La Commission a constaté que la question posée pour 1917 et reportée
à 1920 : « Étude théorique et expérimentale de la question des turbines à com-
bustion ou à explosions » n'avait donné lieu à la présentation d'aucun travail
susceptible d’être retenu.
Elle a été saisie d'autre part d’études importantes de Te
appliquée auxquelles le prix Fourneyron, non décerné TE cinq ans, est
applicable.
La Commission propose à l’unanimité d’attribuer sur le prix Fourneyron
et ses arrérages :
1° Un prix de 1000" à MM. Joseren Auerarr, ingénieur du laboratoire
de mécanique de la Faculté des sciences, et Acrren Boyer-GuirLow, chef
de section au laboratoire d’essai du Conservatoire national des arts et
métiers, pour leurs travaux théoriques et pratiques sur la mesure de l’accé-
lération d’un point d’un corps animé d’un mouvement périodique;
Un prix de 1000!" à M. Eveène Burcor, ingénieur de 1"° classe des
poudres et salpêtres à la poudrerie de Sevran-Livry, pour l’ensemble de ses
` travaux concernant la propagation des ondes de choc dans lair et dans
l’eau.
Rapport de M. Koxxics sur les travaux de MM. Aucrair et BoyEr-GUILLON.
Depuis plusieurs années, MM. Avczai et Boyer-Guicox poursuivent
des recherches sur des types divers d’accéléromètres, appareils permettant
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1269
de déterminer dans des conditions variées l’accélération d’un point
d’un corps animé d’un mouvement périodique. Après avoir établi d’abord
un appareil à maxima donnant l'accélération maximum dans un mouve-
ment périodique de translation rectiligne, appareil dont le premier exem-
plaire fut construit au Conservatoire des Arts et Métiers, ces savants en
ont conçu et réalisé d’autres qui ont été construits dans l'atelier du labora-
toire de Mécanique de la Faculté des Sciences de Paris. Ces appareils ont
pour objet, soit la détermination de l'accélération de rotation, pour un
angle de calage donné, mais quelconque, de l’arbre d’un moteur, soit la
détermination de trois valeurs échelonnées de l’accélération d’un corps
solide, soit même l’enregistrement continu de l'accélération.
Ces appareils mettent en œuvre des procédés mécaniques très ingénieux,
souvent même très fins. Ils ont déjà rendu des services signalés dans l’étude
des trépidations des véhicules (wagons, voitures, autobus), des planchers
des immeubles. Ceux qui s'appliquent à la rotation permettent d'instituer
une méthode pour l'étude des variations cycliques de la vitesse d’un moteur,
Enfin les inventeurs ont montré qu'avec leurs appareils, convenablement
utilisés, ils peuvent procéder à une exploration systématique de la distribu-
tion de l'accélération dans un solide animé d'un mouvement périodique.
Aucun candidat n'ayant fourni de réponse à la question posée pour le prix
Fourneyron en 1920, la Commission propose de le décerner à MM. Auczaim
et Boxer-Guiccox pour reconnaitre le grand intérêt que présentent les
nouveaux instruments de mesures mécaniques qu'ils ont imaginés, étudiés,
construits et expérimentés. |
7
Rapport de M. VIEILLE sur les travaux de M. BurLor.
Le développement considérable de la fabrication et de l'emploi des
explosifs pendant la dernière guerre a soulevé des problèmes théoriques et
pratiques importants concernant la propagation des ondes de choc dans
lair et dans l’eau et leurs effets mécaniques destructeurs ou excitateurs de
la détonation à distance.
M. l'Ingénieur des Poudres Burcor a rempli le rôle le plus actif dans les
Commissions chargées de ces études : il a organisé et exécuté des expé-
riences extrêmement nombreuses nécessaires à l'établissement des règles de
sécurité indispensables pour éviter le retour des catastrophes survenues
dans les usines ou dans les grands stockages d’explosifs.
1270 ACADÉMIE DES SCIENCES,
Au cours de ces études, M. Burlot à obtenu par des ai d’une
remarquable simplicité quelques données importantes pour la théorie des
ondes de choc.
On peut citer notamment :
1° Une Note sur les vitesses de propagation des ondes de choc aériennes
dans la région voisine du centre d'explosion : ainsi que le remarque l'au-
teur, ces recherches se heurtent à une difficulté particulière : la destruction
des appareils mis en œuvre à chaque expérience.
Par l'emploi de détecteurs d'onde constitués par des amorces au fulmi-
nate de mercure et par la mesure de l'intervalle de temps qui sépare leurs
indications au moyen de la méthode du cordeau détonant de Dautriche,
M. Burlot a pu réaliser un mode opératoire assez simple pour se prêter à la
réiléralion par centaines des essais.
C'est ainsi qu'il a pu contrôler la marche des ondes de choc se propa-
geant autour d’une charge de 4 de mélinite détonant à lair libre et
déterminer les vitesses et la loi de décroissement dans les divers azimuts,
Ces expériences commencent à permettre d'apprécier l'influence sur les
vitesses du sens de la détonation excitatrice, de la densité de l’explosif et
de sa masse, et de pénétrer ainsi dans un domaine inabordé jusqu’à ce Jour.
2° Une Note sur la vitesse des éclats des enveloppes Hp au voisi-
nage d’un centre explosif, |
Cette mesure des vitesses d'éclats présente un rend atiet pare qu'il est
établi que des projectiles de vitesse suffisante sont susceptibles non seule-
ment d'enflammer mais de faire détoner les explosifs considérés comme
les moins sensibles.
C’est encore l'application de la‘méthode du cordeau détonant qui à
permis à M. Burlot d'effectuer ces mesures.
3° M. Burlot a fait l'étude et la mise au point d'un détecteur d'onde i
choc dans les explosions sous-marines.
Le dispositif se prête à la fois aux expériences pratiques avec grandes
charges et aux essais de laboratoire sur petites charges permettant une
expérimentation véritable avec réitération et séparation des variables
influant sur le phénomène telles que la force de l’explosif, son potentiel,
sa vitesse de détonation et sa densité.
_ Ce détecteur constitue un instrument de travail des plus fructueux.
Cet ensemble de travaux poursuivis par M. Burcor soit comme membre
-de Commissions (niques, soit à titre entièrement personnel, a per à la
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1020. 1271
Commission de nature à mériter un prix de 1000" qu’elle prop ose de pré-
lever sur les arrérages du prix Fourneyron.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
PRIX DE PARVILLE.
(Commissaires : MM. Boussinesq, Sebert, Vieille, Lecornu, Mesnager,
' - - Jordan, Haton de la Goupillière, Beini Kinie, rapporteur.)
M. Jean Viszey, actuellement maître de Conférences à la Faculté des
Sciences de Rennes, a été à même, au cours de ces dernières années, de
suivre de très près les nombreux essais qui ont été tentés dans diverses
voies en vue d'adapter à l'aviation les moteurs industriels courants. Le
problème de leur utilisation aux hautes altitudes, posé d’abord par les
nécessités militaires, a acquis un regain d'intérêt en raison du rôle d’après-
guerre que l’on espère voir jouer à l’aviation. Les nombreux dispositifs ou
procédés que l’on a proposés pour le résoudre sont évidemment de valeur
très inégale, ou du moins ils nous apparaissent tels en l’état actuel; il était
pourtant à désirer qu’une sorte de catalogue raisonné en fût dressé et qu'ils
fussent groupés en une étude d'ensemble conduite selon les règles de ‘la
critique scientifique. C’est cette œuvre que M. Villey a voulu accomplir en
utilisant les essais dont il a été témoin ou auxquels il a lui-même participé,
Ses travaux sur cette matière ont été l’objet de publications récentes.
Pour marquer l'intérêt qu’elle prend à voir se produire de travaux
scientifiques orientés vers la Mécanique appliquée, et dans un vif désir de
les encourager, la Commision propose de décerner le prix de Parville
pour 1920 à M. Jean Virrey.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
.
1272 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE.
” PRIX LALANDE.
(Commissaires : MM. Deslandres, Bigourdan, Hamy, Puiseux, Andoyer,
Jordan, Lippmann, Emile Picard; Baillaud, rapporteur.)
La Commission est unanime à proposer de décerner le prix Lalande à
Léoror» Scuuruor, ancien calculateur principal au Bureau des Longitudes;
bien connu de l’Académie, pour sa révision de l'important catalogue de
mouvements propres de 2641 étoiles publié par J. Bossert en 1896 dans les
Annales de l'Observatoire de Paris( Observations pour 1888).
Cette révision avail été commencée par Bossert lui-même qui y avait
introduit plus de 3000 étoiles dont les mouvements propres lui avaient
paru offrir une réalité indiscutable. De ces 3000 mouvements propres,
2000 avaient été déterminés par lui.
L’impression de ce second catalogue était commencée, quand Bossert
mourut le 22 juin 1906. Læwy, directeur de l'Observatoire, confia à
M. Schulhof le soin de la terminer. Bossert avait écrit l’Introduction qui,
avec un court historique, donne l'indication des catalogues ou recueils
auxquels les mouvements propres étaient empruntés; il admettait que le
vingtième de seconde d'arc est la limite de ce qui peut être mis en évidence.
M. Schulhof s’est proposé non seulement de rechercher les autorités et
de tout vérifier, mais aussi de donner, pour toutes les étoiles du catalogue,
les diverses déterminations de leurs mouvements propres, bonnes ou
médiocres. Il a, à l’occasion, apporté des modifications aux coordonnées
elles-mêmes. |
Des Notes nombreuses (p. B.r à B. 131; C.45 à C.128) donnent, pour
chaque étoile, diverses particularités. L’exposé lui-même (p. C. 1 à C. 46),
écrit en un style élégant et clair, dans lequel il est question aussi des nébu-
leuses planétaires et des Aéboteuses spirales, constitue une très intéressante
histoire, divisée en 12 rubriques différentes, des progrès de l’astronomie
sidérale dans les 5o dernières années.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1293
PRIX DAMOISEAU.
(Commissaires : MM. Deslandres, Bigourdan, Baillaud, Puiseux,
Andoyer, Jordan, Lippmann, Emile Picard; Hamy, rapporteur.)
L’ Académie avait mis au concours la question suivante :
Perfectionner en quelques points importants les travaux de Poincaré et de
M. Liapounoff sur les figures d'équilibre relatif d’une masse fluide en rotation,
soumise à l attraction newtonienne.
L’ Académie appelle particulièrement l'attention sur la question de la stabilité
et l'étude des oscillations infiniment petites autour d’une figure stable.
La Commission propose de ne pas décerner le prix et de maintenir
cette question au concours pour le prix de 1923.
La question suivante, déjà proposée en 1917, se trouvait également au
concours cette année :
Calculer plus exactement, en tenant compte des résultats des expéditions
récentes, l'attraction de la Lune sur le bourrelet formé à la surface de la Terre
par les marées. Examiner l'effet de cetie attraction sur la vitesse angulaire de
rotation de la Terre.
7” Aucun Mémoire n’a été présenté.
Le prix n’est pas décerné et la Commission propose de retirer la question
du concours.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
PRIX VALZ.
(Commissaires : MM. Deslandres, Baillaud, Hamy, Puiseux, Andoyer,
Jordan, Lippmann, Émile Picard; Bigourdan, rapporteur.)
M. Enxesr Mausawr a dèternini. en 1908, les grandes perturbations
subies par la comète Tempel-Swift, et qui avaient empèché de la revoir
après 1892. Grâce à ces calculs, qui ont porté sur 11 années, la comète a
pu être retrouvée par Javelle, à Nice, le 29 septembre 1908.
+ Dans la suite, M. Maubant, par le calcul de 22 années de perturbations,
a pu relier les trois apparitions 1869-1870, 1880-1881 et 1891-1892 de la
1274 ACADÉMIE DES SCIENCES.
même comète, et donner sur ce sujet un travailimportant dans le Tome XXX
des Annales de l'Observatoire de Paris.
M. Maubant a calculé également les perturbations de la comète Tempel,
pendant 5 ans, et ainsi cet astre a pu être retrouvé le 16 mai 1915, par
M. Delavan, à La Plata. En outre, les éléments ainsi obtenus ont permis
d'identifier avec la même comète Tempel, une comète rencontrée acciden-
tellement par M. Kudara à Kyoto (Japon), et qu'une erreur de transmission
avait empêché d’apercevoir en Europe. Deux mois après (1920 juillet 18),
M. Schaumasse, à Nice, a rencontré la même comète, que les éléments de
M. Maubant ont encore permis d'identifier.
Votre Commission vous propose d’attribuer le prix Valz à M. Enxesr
Mausaxr, aide-astronome à l'Observatoire de Paris, pour l’ensemble de ses
travaux.
L’Académie adopte la proposition de la Commission.
MÉDAILLE JANSSEN.
(Commissaires : MM. Bigourdan, Baillaud, Hamy, Puiseux, Andoyer,
Jordan, Lippmann, Émile Picard; Deslandres, rapporteur.)
A l'unanimité, la Commission propose que le prix soit décerné à
M. le D" Wasriau-W. Cogresrz, physicist of the Bureau of standards, à
Washington, pour ses beaux travaux sur le rayonnement infra-rouge des
sources terrestres et des étoiles.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
PRIX PIERRE GUZMAN.
(Commissaires : MM. Deslandres, Baillaud, Hamy, Puiseux, Andoyer;
Jordan, Lippmann, Émile Picard ; Bigourdan, rapporteur.)
L'Académie a, cette année, à décerner un de ses prix d’Astronomie les
plus importants, celui qui provient des intérêts accumulés pendant 5 ans
du fonds Pierre Guzman. D'après les conditions imposées, ce prix doit
être attribué à des recherches sur des planètes de notre système solaire.
Votre Commission a remarqué, comme rentrant dans ce cadre, les travaux
de MM. Fnaxcoës Gowxessiar, Rexé Jarry-Desroces et Joaxxy-Ps.
Lacrua.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1275
Depuis plusieurs années, M. Gonnessiat, directeur de l'Observatoire
d'Alger, Correspondant de notre Académie, s’est attaché particulièrement
à l'observation photographique des petites planètes, et a donné un remar-
quable développément à cette branche de l’Astronomie, sur laquelle les
observateurs français ont porté jusqu'ici une large part de leurs efforts.
De son côté, M. Jarry-Desloges poursuit, depuis environ quinze ans
et en des stations variées, avec de puissants instruments acquis de ses
deniers, des observations physiques sur les planètes et particulièrement sur
Mars. Il est devenu ainsi chez nous un des spécialistes les plus autorisés
dans cet ordre de recherches, et récemment il a signalé sur Mars la réappa-
rition de détails qui n'avaient pas été aperçus depuis plus de 25 ans. En
même temps, il a aussi apporté une contribution appréciée à l'étude des
images télescopiques.
Enfin M. Lagrula, astronome à lObservatoire de Nice, a imaginé et
réalisé un dispositif qui lui permet de distinguer rapidement, parmi les
astres qui sont dans le champ de sa lunette, ceux qui sont des petites
planètes; et, par ce moyen, il en a retrouvé un assez grand nombre.
… La Commission vous propose d'attribuer 5000!" à M. Fraxcors Goxxessrar,
5000 à M. Rexi Jarny-DeEscoces et 4000! à M. Joaxxy-Pn. Lacruza.
L’Académie adopte les propositions de la Commission.
GEOGRAPHIE.
PRIX DELALANDE-GUÉRINEAU.
(Commissaires : MM. Grandidier, Bertin, Lallemand, Fournier, Bourgeois,
Edmond Perrier, Guignard, le prince Bonaparte ; Favé, rapporteur.)
M. Gerorces Bruer, administrateur en chef honoraire des Colonies, a
consacré la plus grande partie de son existence à l’étude des vastes terri-
toires qui constituent l'Afrique équatoriale française. De 1896 à 1911 il
n’a cessé d'explorer les zones les moins connues et les plus difficilement
accessibles du Gabon, du Moyen Congo, de l’Oubangui et du Chari, Ses
1276 ACADÉMIE DES SCIENCES.
levés d’itinéraires, ses déterminations de positions astronomiques, ses
observations météorologiques et altimétriques lui ont permis d'effectuer
des assemblages cartographiques de grande valeur comprenant ses travaux:
personnels et ceux de divers collaborateurs. Continuant son œuvre par
l'établissement d’une bibliographie complète de cette vaste région, il a pu
consulter à peu près toutes les publications et tous les documents manus-
crits qui s’y rapportent. Il s’est consacré en dernier lieu à concentrer dans
un remarquable Ouvrage intitulé : L'Afrique équatoriale française; le
Pays, les Habitants, la Colonisation, les Pouvoirs publics », tous les ren-
seignements géographiques actuellement connus sur l’une des parties les
plus intéressantes et les plus riches de notre empire colonial.
La Commission propose de décerner le prix Delalande-(ruérineau à
M. Georces Bruer pour l’ensemble de ses travaux relatifs à l’Afrique équa-
toriale française.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
PRIX GAY.
(Commissaires : MM. Bertin, Lallemand, Fournier, Bourgeois, Favé,
Edmond Perrier, Guignard, le prince Bonaparte; Grandidier, rappor-
teur.) |
Le prix n’est pas décerné.
FONDATION TCHIHATCHEF.
(Commissaires: MM. Grandidier, Bertin, Lallemand, Fournier, Bourgeois,
Favé, Edmond Perrier, Guignard; le prince Bonaparte, rapporteur.)
La Commission propose de décerner le prix à M. Aueustre CHEVALIER,
directeur de l’Institut scientifique de l’Indo-Chine, à Saigon.
Les premiers voyages botaniques de M. Auguste Chevalier eurent lieu
en Afrique occidentale française, puis dans l'Afrique équatoriale. Appelé
ensuite en Indo-Chine il y accomplit deux importantes missions. La pre-
mière dura cinq mois (1913 3-1914) et la seconde vingt-sept (1917-1919). AU
cours de ces deux missions M. Chevalier étudia spécialement la flore des
forêts ainsi que la répartition de celles-ci au point de vue de leur exploita-
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1G20. 1277
tion. Il a notamment exploré les massifs montagneux les plus difficilement
accessibles en ce moment et sur lesquels on trouve la flore la plus variée.
Au coursde ces voyages, d'importantes collections de fougères ont été faites
qui renferment beaucoup de nouveautés.
Les régions suivantes ont été particulièrement explorées :
En Cochinchine : le Nui-Dinh, 400" d'altitude, aux environs de Baria;
le Nui-Chua-Chan, 830" d'altitude, dans la province de Bienhoa.
Au Cambodge : la montagne de l'Éléphant, Popokville, 950" d'altitude,
dans la région de Kampot.
En Annam : le massif du Lang-Bian et ses contreforts de 1000"
à 1500" d’altitude, ainsi que le Pic du Lang-Bian, 2200"; enfin le Honba,
montagne mise en aménagement par l’Inititut Pasteur de Nahtrang,
environ 1500™.
Au Tonkin : le massif de Chapa sur la frontière du Yunnan, 1500"; le
mont Bavi, près de Sontay, 1200".
Au cours de ces diverses explorations, M. Cuevauier a recueilli environ
6000 numéros d’Herbier qui ont été répartis entre le Muséum national
d'Histoire naturelle à Paris et l’Institut scientifique de Saïgon. Il s’est plus
spécialement attaché à l'étude des produits naturels utiles à l’homme
fournis par les végétaux spontanés.
Les principaux résultats de ces recherches ont été publiés dans une série
de Mémoires.
L’Académie adopte la proposition de la Commission.
PRIX BINOUX.
(Commissaires : MM. A. Grandidier, Bertin, Fournier, Bourgeois,
Favé, Edmond Perrier, Guignard, le prince Bonaparte ; Lallemand,
rapporteur.) |
Le capitaine Marcer Aucréras, des Compagnies sahariennes, a exécuté,
de 1913 à 1917, une série de reconnaissances importantes dans la partie
occidentale du Sahara comprise entre le Tafilalet au Nord, le Taoudéni au
Sud et l’oued Saoura-Messaoud à l'Est.
À l’aide de ses travaux personnels, complétés par ceux des officiers et
sous-officiers, tant indigènes qu’européens, qui collaborèrent avec lui à la
pacification de ces territoires désertiques, il a pu dresser une carte.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 174, N° 25.) 97
1278 . ACADÉMIE DES SCIENCES
d'ensemble, au ——, d’une vaste région de plus d’un dia de kilomètres
carrés de superficie. À cette carte, il a joint un intéressant Mémoire com-
prenant : a. un aperçu géographique sur le Sahara occidental (historique
des explorations, morphologie, géographie régionale, climat, faune, flore,
préhistoire) ; b. une note claire et concise indiquant le mode de construc-
tion de cette carte et le degré d’exactitude qu’on en peut attendre.
Cette œuvre, sincère et consciencieuse, cest d’une grande importance
géographique; aussi, la Commission propose-t-elle de récompenser son
auteur en lui attribuant le prix Binoux.
L’Acadéinie adopte la proposition de la Commission.
NAVIGATION.
"PRIX DE SIX MILLE FRANCS.
(Commissaires : MM. Grandidier, Boussinesq, Sebert, Bertin, Lallemand,
Lecornu, Fournier, Kænigs, Mesnager; Vieille, Bourgeois et Favé,
rapporteurs.)
La Commission propose de décerner :
Un prix de 4ooof à MM. le général Fervaxn Gossor, de l'artillerie colo-
niale, et Roser Lrouvizee, ingénieur en chef des E et salpêtres, pour
leur Ouvrage intitulé : Traité des effets des explosifs et leurs recherches de
balistique intérieure ; |
Un prix de 1500" à M. PIERRE DE Vaxssay pe Bravous, ingénieur hy dro-
graphe en chef de la marine, pour l’ensemble de ses travaux ;
Un prix de 5oo" à M. Revé Risser, chef du service de l’actuariat au
Ministère du travail, répétiteur auxiliaire d'analyse à l'Ecole Polytechnique;
ponr ses travaux de a extérieure.
Rapport de M. Ve sur le Traité des effets des explosifs et les recherches
“debali stique intérieure de MM. Gossor et LiouviLLE.
Le Traité des effets des explosifs, en trois volumes, présenté par
MM. Gossor et Liouvizee, constitue une œuvre considérable qui expose
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1279
les recherches poursuivies par les auteurs depuis près de trente années sur
les points les plus délicats de la théorie des explosifs et de ła balistique
intérieure.
L’Ouvrage actuel constitue un développement très important des travaux
publiés en 1905 et 1913 par ces auteurs, mais procédant de la même
méthode.
Cette méthode consiste à ne demander à l'équation différentielle du
mouvement que la notion de relation nécessaire entre des groupements
d'éléments balistiques, trois variables pour les vitesses et deux pour les
pressions : mais la forme même des fonctions qui relient ces variables
ainsi que leurs coefficients sont demandés à l'expérience.
Les auteurs exposent, dans des chapitres du plus haut intérêt, les raisons
qui les ont conduits à préférer cette méthode à des solutions analytiques qui
ne sont obtenues que par des hypothèses simplificatrices permettant l’inté-
gration des équations du mouvement.
Les travaux des auteurs de 1905 et 1913 concernaient la région assez
restreinte dans laquelle évoluaient les conditions = tir de combat de
l'artillerie navale.
Au cours de la guerre le champ de variation des éléments balistiques s’est
considérablement accru par la fusion des matériels d'artillerie terrestre et
navale. :
D'autre part, le tir des canons à longue portée qui ont bombardé Paris a
provoqué l'étude de conditions de tir ne permettant plus de négliger la force
vive des gaz de la charge. :
Sur ce dernier point les auteurs obtiennent, par l’étude du problème de
Lagrange, une base théorique d'appréciation de cette influence qui avait été
vainement cherchée jusqu’à ce jour.
D'autre part, l’ensemble des expériences effectuées par les artilleries
navales et terrestres depuis 1906, en y comprenant celles de la guerre de
1914, a permis aux auteurs d'adapter leurs formules aux faits nouveaux
tout en accéntuant leur facilité d'emploi.
Cette facilité d'emploi est en effet une qualité primordiale que les auteurs
ont cherché à obtenir en consacrant tout le Tome HE au Manuel du prati-
cien. Dans ce volume, ils ont réuni aux données et tables de toute nature
nécessaires à l'emploi commode des formules les types de calculs complète-
ment effectués appliqués à un grand nombre de problèmes qui se sont pré-
sentés au cours de la guerre mondiale.
1280 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Rapport de M. L. Favé sur les travaux de M. pe Vaxssay.
PE
Depuis 1892 M. pe Vaxssay, ingénieur hydrographe en chef de la
Marine, a pris part à de nombreuses missions hydrographiques dont deux
en Indo-Chine et deux à Madagascar. Ses travaux ont donné lieu à la
publication d’un grand nombre de cartes et à celle de rapports d’un grand
intérêt sur les trois missions lointaines dont il a eu la direction.
D’autres rapports sur un ensemble de missions organisées en 1893 par
le Bureau des Longitudes pour l'étude du magnétisme terrestre et en parti-
culier sur celle du Sénégal dont il a été le chef, sur la chronométrie, sur
l'aménagement d’un certain nombre de ports de notre littoral, ont été
insérés dans divers recueils.
Chef du groupe de canevas de la X° armée pendant toute la durée de la
guerre, M. pe Vaxssay a eu à faire usage de photographies prises en avion
pour l’établissement des plans directeurs sur les fronts français et italiens.
Ila publié en 1919 un Mémoire sur cette application de la photographie
qui présente un haut intérêt pour l'avenir de la topographie.
Rapport de M. le général Bovrerois sur les travaux de M. Risser.
Officier d'artillerie pendant la guerre, M. Risser a été appelé à étudier
diverses questions de balistique et ses travaux sont exposés dans des Notes
dont les principales traitent les sujets suivants :
a. Établissement des Tables de tir, étude des variations de portée et de
dérivation dues au vent.
b. Essai de recherche de formules représentatives de trajectoires dans
les tirs à grande et à faible vitesse.
c. Comparaison de la méthode des vitesses fictives et de la méthode par
arcs successifs pe le tracé des trajectoires et l'établissement des Tables
de tir.
d. Emploi d'abaques pour le tir en montagne.
. Procédé de réglage du tir par coups fusants z collaboration avec le
TN Dufrénois).
Les recherches de M. Risser offrent de l'intérêt pour l’amélioration des
procédés de calcul des Tables de tir et en particulier pour les corrections
à effectuer d'après les mesures de la vitesse du vent aux diverses altitudes.
Les problèmes auxquels donne lieu le tir de l’artillerie en haute mon-
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 120. 1201
tagne ont pris une importance toute particulière en Italie et en Macédoine.
Les abaques établis d’après les méthodes et les poni de M. Risser ont
rendu de grands services sur ces deux fronts.
Tout progrès de la balistique présentant de l'intérêt pour l'efficacité de
nos forces navales, la Commission propose d'attribuer à M. Risser une
part de 5oo" du prix de la Marine.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
PRIX PLUMEY
(Commissaires: MM. Grandidier, Boussinesq, Sebert, Vieille, Lallemand,
Lecornu, Bourgeois, Kœnigs, Favé, Mesnager; Bertin et Fournier,
rapporteurs. )
La Commission propose de décerner :
Un prix de 2000!" à M. Cuarces Doyère, ingénieur général des construc-
tions navales, pour l’ensemble de ses travaux relatifs à la marine de guerre,
et particulièrement pour les services qu'il a rendus pendant la guerre;
Un prix de 1000" à M. Épovarb Toursier, capitaine de frégate de
réserve, pour son Ouvrage intitulé : Guide pratique à l'usage des mécaniciens
pour calculer les pertes internes dans les machines et déterminer le rendement.
Rapport de M. Bertin sur les travaux de M. Cu. DoyÈère.
Dans l'impossibilité où, pendant la guerre, l’industrie française se trou-
vait de construire des moteurs, M. Dovère a utilisé les machines de tous les
torpilleurs qui n'avaient plus de valeur militaire, pour en munir les
nouveaux navires dont la nécessité se révélait. Il a pu ainsi doter la marine
de canonnières de canaux et de mer, de chasseurs de sous-marins, et en.
particulier de canonnières camouflées en cargos, qui ont ménagé de dange-
reuses surprises aux sous-marins qui les attaquaient.
Rapport de M. l'amiral Fournier sur l’ Ouvrage de M. E. Fournier.
M. le Commandant E. Toursier a fait hommage à l’Académie d’une
publication récente ayant pour titre : Guide pratique à l'usage des méca-
niciens pour calculer les pertes internes dans les machines et déterminer leur
rendement.
1282 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cette méthode de contrôle et de perfectionnement est de nature à rendre
d'importants services aux Compagnies de navigation. Elle donne, en effet,
un moyen simple et pratique d'évaluer la valeur économique d’une machine
neuve, dès la première sortie du navire.
© Elle permet, en outre, d'en régler le débit de manière à diminuer le plus
possible ses pertes internes et, par suite, la dépense improductive du com-
bustible en résultant, dans une mesure pouvant atteindre 20 pour 100.
Votre Commission, s'inspirant du besoin qui s'impose, aujourd'hui
surtout que le prix du charbon est si élevé, d'en réduire, par tous les
moyens, la consommation courante, notamment en encourageant les
recherches telles que celles du Commandant E. Tourmer, qu'il vient de
conduire à bon terme après de longs et persévérants efforts, ainsi qu'il
ressort de sa dernière publication, appuyée sur des considérations théc-
riques intéressantes et en partie nouvelles, vous propose d'en récompenser
l’auteur.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
PHYSIQUE.
PRIX L- LA CAZE,
(Commissaires : MM. Lippmann, Violle, Bouty, Villard, Branly,
Boussinesq, Emile Picard, Carpentier; Daniel Berthelot, rapporteur. )
La Commission propose de décerner le prix à M. GrorGEs Saesac, pro-
fesseur adjoint à la Faculté des sciences, pour l’ensemble de ses travaux de
physique. à
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
; PRIX HÉBERT.
(Commissaires : MM. Lippmann, Violle, Bouty, Villard, Branly,
Boussinesq, Émile Picard, Carpentier; Daniel Berthelot, rapporteur.)
= La Commission propose de décerner le prix à M. Léos BourtHILLON,
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 192). 1283
ingénieur en chef des Postes et Télégraphes, répétiteur à l'École Polytech-
nique, pour ses divers travaux et publications sur la Télégraphie sans fil.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
PRIA HUGHES,.
(Commissaires : MM. Lippmann, Violle, Bouty, Villard, Branly,
Boussinesq, Emile Picard, Carpentier; Daniel Berikelot, rapporteur., )
La Commission propose de décerner le prix à M. Frépéric LAPORTE,
ingénieur civil des Mines, sous-directeur du Laboratoire central d’électri-
cité, pour ses travaux sur les étalons électriques et la photométrie des
lampes électriques.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
FONDATION CLÉMENT FÉLIX.
(Commissaires : MM. Violle, Bouty, Villard, Branly, Daniel Berthelot,
Boussinesq, Émile Pia Carpentier; Lippmann, rapporteur.)
La Commission propose d'accorder la subvention à M. Améoée Guizuer,
maître de conférences à la Faculté des Sciences de Paris, pour ses
recherches sur la chronométrie et l'entretien électrique du mouvement du
pendule.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
CHIMIE.
| PRIX MONTYON DES ARTS INSALUBRES.
(Commissaires : MM. Lemoine, Le Chatelier, Bourquelot, Schlæsing,
Maquenne; Haller et Moureu, rapporteurs.)
La Commission propose de décerner le prix de 2500!" à M. Léonce Barthe,
professeur à la Faculté de médecine de Bordeaux, pour ses travaux relatifs
1284 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à l'hygiène et à l'assainissement des ateliers, et d'accorder une mention
de 1500" à M. Paur, Goisseper, préparateur au laboratoire d’études
chimiques de guerre du Conservatoire national des Arts et Métiers, et une
mention de 1000! à M. Hesr: Guinor, chimiste au même laboratoire, pour
leur contribution à la préparation de divers gaz de combat.
Rapport de M. Harrer sur les travaux de M. Léoxce Barthe.
Comme professeur adjoint de Toxicologie à la Faculté de médecine et de
pharmacie de Bordeaux et secrétaire général du Conseil départemental
d'hygiène de la Gironde, le D" L. Barrne a fait une série de recherches se
rapportant à ses fonctions. Parmi ses nombreux travaux relatifs à l'hygiène
et à l'assainissement des ateliers, nous ne citerons que ceux ayant trait : 1°à
la composition des émaux et des ustensiles culinaires, notamment de ceux en
aluminium et de ses alliages avec le cuivre; 2° à la présence de la poussière
de plomb dans certains ateliers où l’on emploie les machines linotypes;
3° à un procédé de stérilisation du catgut chirurgical adopté par. la
marine, etc.
En sa qualité de pharmacien principal, M. L. Barrue à, en outre, dirigé
avec beaucoup d’autorité, pendant la guerre, le service d'assainissement
de la 18° région.
Rapport de M. Cu. Moureu sur les travaux de MM. Goissepgr et Guinor.
M. Gorssengr, préparateur du cours de Chimie générale au Conservatoire
national-des Arts et Métiers, a contribué à d'importantes études poursuivies,
sous la direction du prof:sseur Job, sur la fabrication de divers gaz de
combat.
M. Gurvor a collaboré avec M. Job au cours de différentes études chi-
miques de guerre.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
PRIX JECKER.
(Commissaires : MM. Lemoine, Le Chatelier, Moureu, Schlæsing,
Maquenne; Haller et Bourquelot, rapporteurs.)
La Commission propose de décerner un prix de 5000% à M. Hesri Gart,
professeur à la Faculté des sciences de Strasbourg, pour ses travaux de
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1285
`
chimie organique; un prix de ooo. à M. Hesri Hénissey, professeur
agrégé à l'Ecole supérieure de pharmacie de Paris, pour ses travaux sur les
principes immédiats d’origine végétale.
Rapport de M. Harrer sur les travaux de M. Henri Gaver.
Les très délicates recherches de M. Henri Gaurr, professeur à la Faculté
des sciences de Strasbourg, ont porté : sur les #%'-dicétodiacides, obtenus en
partant des produits de condensation des aldéhydes avec l’éther oxalacé-
tique; sur les aminoacides et sur les aminocétones; enfin sur toute une
série d’a-cétoacides. Au cours de ces études, l’auteur a apporté d’heureuses
modifications à la méthode de préparation de l'acide glutarique et de l’éther
oxalacétique et a imaginé de nouveaux procédés permettant une prépara-
tion plus commode et plus économique des acides tricarballylique et phé-
nylpyruvique.
L'ensemble de ces recherches comprend 27 Mémoires et Notes, dont six
en collaboration avec son maitre, M. Blaise. Il témoigne d’une grande ingé-
niosité d'esprit, d’une non moins grande persévérance et d’une habileté
expérimentale consommée. Interrompues pendant la guerre, au cours de
laquelle l’auteur a fait vaillamment son devoir tant au front qu’à l'arrière,
ces études ont été reprises au poste d'honneur qui lui a été confié à l Uni-
versité de Strasbourg.
Rapport de M. En. Bourqueror sur les travaux de M. H. Hénrissey.
M. Hénissey a fait la plupart de ses travaux dans le domaine de la
chimie des principes immédiats d’origine végétale.
Seul ou en collaboration avec d’autres chercheurs, il a décoder un
certain nombre de ces principes qui ont tous été étudiés avec le plus grand
soin et dont la constitution chimique, pour quelques-uns d’entre eux, a été
établie d’une facon définitive. C’est ainsi qu’il a isolé en 1905 le glucoside
générateur d'acide cyanhydrique du laurier-cerise; antérieurement, cette
extraction avait été tentée en vain par de nombreux chimistes, en particu-
lier par Liebig. Après en avoir élucidé la constitution, M. Hérissey a
préparé artificiellement ce glucoside, la prulaurasine, en hydrolysant
partiellement l’isoamygdaline par un enzyme approprié. Il a retrouvé la.
prulaurasine à l’état naturel dans le Cotoneaster microphylla Wall., tandis
qu’il décelait dans le Cerisier à grappes (Cerasus Padus Delarbr.) et dans
le Photinia serrulata Lindl., la présence d’un glucoside cyanhydrique iso-
1286 ACALÉMIE DES SCIENCES.
mère, lamygdonitrile glucoside où prunasine, préparé déjà, artificiellement,
par Em. Fischer, mais non encore trouvé chez les êtres vivants.
Avec M. Bourquelot, M. Hérissey a établi les relations qui existent
entre les divers glucosides isomères : sambunigrine, prulaurasine et pruna-
sine, fournissant dans leur dédoublement par Paie du glucose, de
l'acide cyanhydrique et de l’aldéhyde benzoïque.
Avec le même collaborateur, il a découvert et isolé l’aucubine. la bakan-
kosine, la geine, glucosides hydrolysables soit par l’émulsine, soit par un
ferment spécial; il a étudié la gentiopicrine dont l’un des deux produits de
dédoublement, la gentiogenine, a été obtenu pour la première fois à l’état
pur et cristallisé; il a déterminé la constitution du gentianose, hexotriose
de la gentiane, et isolé un hexobiose nouveau, le gentiobiose, résultant de
lhydrolyse ménagée de ce dernier. Il a longuement poursuivi l'étude
chimique des hydrates de carbone de réserve des graines à albumen corné
(Légumineuses, Palmiers, Liliacées); il a étudié, au point de vue chimique,
l’utilisation de ces substances par la plante, travaux qui ont établi qu’elles
sont constituées principalement par des galactanes et des mannanes et que
celles-ci sont transformées respectivement en galactose et en mannose sous
l'influence d’enzymes spéciaux, sécrétés au cours de la germination.
Avec M. Bourdier, M. Hérissey a isolé l’érytaurine, glucoside de la petite
Centaurée.
- Avec iM. Cousin, il a étudié l’action des ferments oxydants vrais (aéro-
æydases) des champignons sur un certain nombre de phénols : ‘hymol,
parathymol,-carvacrol, eugénol, isoecugénol. En même temps qu’elles ont
éclairé le mode d'action des ferments oxydants, ces recherches ont permis
d'obtenir dans le plus grand état de pureté un grand nombre de corps,
presque tous nouveaux, pour lesquels les auteurs, dans un but de compa-
raison et d'identification, ont été amenés, d'autre part, à améliorer et à
instituer les méthodes de préparation purement chimiques. Les rendements
obtenus attestent la valeur de ces méthodes.
Enfin, dans les années qui ont précédé la guerre, M. Hérissey a colla-
boré avec MM. Bourquelot, Bridel, Aubry et Coirre, à de multiples
synthèses biochimiques de glucosides et de sucres; ; salicyl-glucoside 8, alcool-
glucosides v, alcool-galactosides 5 et a, gentiobiose, mannobiose.
Dans toutes les recherches qui viennent d’être énumérées, M. HémissEx
a eu à appliquer de nombreuses méthodes d'analyse et de synthèse usitées
en Chimie organique qu’il a pour la plupart eréées ou perfectionnées. Íl à
ainsi largement contribué à la rénovation et au progrès de la Chimie végé-
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1(20. 1287
tale, science qui. après avoir fourni au cours du siècle dernier, de si remar-
quables résultats aux chimistes français, paraissait depuis quelque temps
relativement trop délaissée dans notre pays.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
PRIX L: LA CAZE.
Commissaires : MM. Lemoine, Haller, Moureu, Bourquelot, Schlæsing,
Maquenne; Le Chatelier, rapporteur.
M. Rogerr DE ForcraxD pe Coiseirr a débuté par des recherches très
intéressantes et très délicates sur les hydrates que forment divers gaz ou
composés volatils, tels que l'hydrogène sulfuré, l'hydrogène sélénié, le
chlorure et l’iodure de méthyle. Malgré l'instabilité de ces composés nou-
veaux, formés à basse température et sous pression, M. de Forcrand est
arrivé à fixer leur composition, leur tension de dissociation et leur chaleur
de formation.
Entré ensuite au laboratoire de Berthelot, M. de Forcrand entreprit, sur
les conseils de son maitre, une longue série de recherches thermochimiques
sur les composés organiques à fonction alcool ou phénol, dans le but de
préciser le degré d’acidité de ces corps. Il fut conduit ainsi à formuler une
théorie de l'acidité qui rend compte de beaucoup de faits, notamment de la
constance dans l'acidité des composés organiques de même fonction, et de
la valeur variable de l’acidité des composés minéraux. Elle permet de cal-
culer à l'avance l'acidité d’un composé organique.
Au cours d’une étude sur l’eau oxygénée, M. de Forcrand fut amené à
examiner de plus près les propriétés et les modes de préparation des
peroxydes métalliques. Il obtint, pour la première fois, les peroxydes de
calcium et de lithium, prouva la non-existence des prétendus peroxydes de
zinc et, enfin, établit de nouvelles analogies entre les oxydes du lithium et
du strontium.
Après une courte étude sur les nr de certains métalloïdes, M. de
Forcrand consacra des recherches prolongées à la généralisation de la loi de
Trouton aux phénomènes de dissociation. Il établit ce fait important que la
valeur 20 du coefficient de Trouton n’est vraie que pour la vaporisation des
corps liquides. Pour la vaporisation des corps solides, et surtout pour leur
dissociation, ce co2fficient est plus voisin de 30. Cette différence s'explique
1295 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par l'intervention de la chaleur de fusion qu'il faut ajouter à la chaleur de
vaporisation du corps fondu.
Dans ces dernières années, M. de Forcrand s’est particulièrement occupé
des hydrates salins : hydrates du sulfate de manganèse, du nitrate d’ura-
nyle, det oxyde de cuivre, etc.
Indépendamment de ses recherches personnelles, M. de Forcrand a
dirigé, en vue de la préparation de thèses de-doctorat, les travaux de jeunes
chimistes qui se sont depuis fait un nom dans là Science : MM. Massol,
Villard, Baud, etc. ; il a publié de nombreuses monographies scientifiques
sur les outremers, les bisulfites, le plâtre. IH a enfin créé, à Montpellier, un
Institut de Chimie où le niveau des études a été maintenu au-dessus de celui
de la plupart des Instituts des autres Universités.
L'importance des résultats obtenus par M. de Forcrand, la persévérance
avec laquelle il a continué à travailler, malgré les difficultés très grandes
qu'il a rencontrées et l'insuffisance des ressources de son laboratoire,
justifient le choix de votre Commission qui vous propose de décerner à
M. pe Forcraxp le prix La Caze de Chimie.
L’Académie adopte la proposition de la Commission.
FONDATION CAHOURS.
(Commissaires : MM. Lemoine, Le Chatelier, Bourquelot, Schlæsing,
Maquenne; Haller et Moureu, rapporteurs.)
La Commission propose de partager les arrérages de la fondation entre :
M. Raymox» CorxuBerr, préparateur à la Faculté des : sciences de Paris,
pour ses travaux dans la série de la cyclohexanone; ,
M. Pave Rosis, pharmacien à Tournus (Saône-et-Loire), pour ses études
chimiques de guerre poursuivies dans les laboratoires de MM. Moureu et
Bougault et pour ses travaux sur les oximes.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
PRIX HOUZEAU. :
(Commissaires : MM. Lemoine, Le Chatelier, Moureu, Bourquelot,
Schlæsing, Maquenne; Haller, rapporteur.)
Dans sa “oh courte carrière, Emire Baup, proren à à la Faculté des
sciences de Poitiers, n’a pas pabi moins de 15 Notes et Mémoires sur de
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1289
nombreuses combinaisons de l'aluminium, avec différents éléments ou
composés, dont 1l a déterminé avec beaucoup de soin la constitution ainsi
que les propriétés physiques.
Une autre partie de ses études (26 publications) a porté sur des com-
posés arsenicaux et sur des sujets très divers de Chimie physique où il a
montré autant de savoir et d’ingéniosité que d'habileté expérimentale.
D'une santé délicate, M. Baud, présumant de ses forces, a largement
donné son concours, pendant la guerre, à la Défense nationale et a succombé
au cours des efforts produits dans l’étude de certains explosifs. La Com-
mission est unanime pour proposer d'attribuer à ses recherches le prix
Houzeau.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE.
PRIX FONTANNES,
(Commissaires : MM. Barrois, Wallerant, Termier, de Launay, Haug,
Edmond Perrier, A. Lacroix, Depéret; Douvillé, rapporteur.)
La Commission propose de décerner le prix au D" Quivier Courrox,
secrétaire de la Palæontologia universalis, pour son Ouvrage intitulé
Le Callovien du Chalet ie de Montreuil-Bellay) (245 pages avec un
Atlas de 18 planches).
C’est une description très complète de la faune de ce ur célèbre
par la belle conservation de ses fossiles. L'auteur donne une coupe détaillée
du gisement et montre qu'il comprend deux zones distinctes : 1° zone
à Macrocephalites macrocephalus, comprenant les couches à Gastropodes,
la gangue est jaune foncé et empâte de nombreuses oolithes ferrugineuses;
2° zone à Reineckia anceps, avec gangue blanchâtre ou même blanche plus
ou moins saccharoïde et seulement de rares oolithes. Les fossiles décrits et
figurés sont au nombre de 230; particulièrement importants sont les
Céphalopodes et surtout les Ammonites représentées par 47 espèces.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
1290 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX VICTOR RAULIN.
(Commissaires : MM. Douvillé, Wallerant, Termier, de Launay, Haug,
Edmond Perrier, A. Lacroix, Depéret; Barrois, rapporteur.)
Le prix n’est pas décerné; il sera remis au concours en 1921.
PRIX JOSEPH LABBÉ.
(Commissaires : MM. Barrois, Douvillé, Wallerant, Termier, Haug,
Edmond Perrier, A. Lacroix, Depéret; de Launay, rapporteur.)
M. ALrsgerr Borpeaux, ingénieur civil des Mines, a porté dans les régions
les plus diverses, le goùt des observations scientifiques et le souci d’appli-
quer la géologie à la solution des questions minières. Nous citerons, comme
présentant un intérêt tout particulier pour la connaissance de nos colonies
françaises, ses travaux sur Madagascar, où il a découvert un gîte fossilifère
fort intéressant. Il a également publié, dans les Annales des Mines, de beaux
Mémoires sur les gisements d'or de la Transbaïkalie, de l'Afrique
Sud-Occidentale, etc., et semble parfaitement désigné pour recevoir le
prix Joseph Labbé.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
BOTANIQUE.
PRIX DESMAZIÈRES.
(Commissaires : : MM. Guignard, Gaston Bonnier, Mangin, Costantin,
Lecomte, Edmond Pote Boudi le prince Bonaparte ; Dangeard,
rapporteur.)
L’attention de la Commason a été retenue cette année par une Œuvre
d'ensemble ne contenant pas moins de 47 se livres ou brochures dont
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1291
t
la plupart sont relatifs à Pétude des maladies des plantes cultivées : son
auteur est M. Axpré Mausraxe, ingénieur agronome, ancien chef de travaux
à la Station de pathologie Aire fondée par notre regretté confrère
M. Prillieux,
Analyser ces recherches, ce serait un peu faire l’histoire de ce: Labora-
toire, car parmi les publications et les Rapports qui en sont sortis, beaucoup
portent la signature de M. Maublanc ; celui-ci, qui est un mycologue dis-
tingué, a d'autre part créé un assez grand nombre d'espèces nouvelles de
champignons dont la description se trouve soit dans nos PPN rendus,
soit dans le Bulletin de la Société mycologique.
D’une mission au Brésil, M. Maublanc a rapporté une ample moisson
de matériaux : la publication en est commencée; clle mérite d’être encou-
ragée.
Ta Commission est unanime pour proposer d'attribuer cette année le
prix Desmazières à l’ensemble des travaux de M. Axpré MausLane qui a
été, en France, un des ouvriers de la première heure, dans la lutte entreprise
contre les nombreux ennemis qui attaquent nos récoltes et diminuent par
leurs ravages, d’une façon parfois désastreuse, la production agricole.
M. Pierre Sée, docteur en médecine et docteur ès ee est l’auteur
d’un travail intitulé : Les maladies du papier.
Alors que jusqu'ici la destruction des vieux papiers et des vieux livres
élait attribuée à l’action presque exclusive des insectes, lPauteur y voit
surtout l'œuvre de champignons microscopiques qui se développent dans
les fibres du papier et le tachent par les pigments qu'ils sécrètent.
Ces champignons, dont la plupart appartiennent à des espèces ubiquistes,
ont été isolés, cultivés et décrits avec tous leurs caractères botaniques : leurs
spores onl servi à effectuer de nombreux essais de contamination sur papiers
intacts, essais qui ont réussi.
L'ouvrage se termine par l'indication des moyens susceptibles de pré
venir ou d’enrayer l’action destructive de ces organismes. 2
La Commission, tenant compte de l'intérêt pratique de ces sortes de
recherches, propose d'accorder à M. Pierre Sée une mention honorable.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
1202 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX MONTAGNE.
(Commissaires : MM. Gaston Bonnier, Mangin, Costantin, Lecomte, Dan-
geard; Edmond Perrier, Bouvier, le prince Bonaparte; Guignard,
rapporteur.)
Le prix n’est pas décerné.
PRIX DE COINCY.
(Commissaires : MM. Guignard, Mangin, Costantin, Lecomte, Dangeard,
Edmond Perrier, Bouvier, le prince Bonaparte; (Gaston Bonnier,
rapporteur.)
Parmi les Mémoires déposés à l'Académie pour le prix de Coincy, la
Commission a choisi l’ensemble des œuvres de M. Luciex Haumas-MercsK,
professeur à l'Université de Buenos-Aires, d'origine belge.
Ces travaux sont au nombre de seize et traitent, les uns de la Géographie
botanique, les autres de la classification des plantes argentines ou de cer-
tains détails intéressant leur biologie.
Les plus importants de ces Ouvrages traitent de la distribution des végé-
taux dans les hautes Cordillères de Mendoza et de la Forêt Valdivienne,
qui s'étend sar la côte du Pacifique sur presque 20° de latitude.
La plupart des autres Ouvrages de M. Hauman-Merck sont relatifs aux
(rymnospermes et aux Monocotylédones de la République Argentine.
Devant l'importance que présente l’ensemble de ces publications, la
Commission propose de décerner le prix de Coincy à M. Haumax-Merck.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1293
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
PRIX CUVIER. |
(Commissaires : MM. Ranvier, Edmond Perrier, Delage, Bouvier, Marchal,
Grandidier, Laveran, le prince Bonaparte; Henneguy, rapporteur.)
Le prix Cuvier est un de ceux dont s’honorent les savants parce que son
attribution consacre l’ensemble de leur œuvre. La Commission a pensé
que M. Arpnoxse Mazaouix, professeur de zoologie à la Faculté des
sciences de Lille, qui jusqu'ici n’a sollicité aucune récompense et dont les _
travaux sont cependant appréciés par tous les naturalistes, méritait de
figurer sur la liste des lauréats du prix Cuvier.
Parmi les travaux de M. Malaquin, il en est deux principaux pour
lesquels il a fait preuve de qualités qui le rangent parmi nos zoologistes les
plus distingués. Dans ses Recherches sur les Syllidiens, en suivant avec soin
les phénomènes de schizogamie, d’épigamie et de stolonisation chez les
Annélides, il a fait connaitre toute une série de faits nouveaux qui apportent
une contribution importante à nos connaissances sur la reproduction non
sexuelle, Son Mémoire sur le Parasitisme évoluuf des Monstrillides a établi
que ces Copépodes mènent une vie libre à l’état adulte et sont à l’état
larvaire parasites du système vasculaire d’un petit Serpulien, la Sa/macina -
Dysteri. Tandis que chez les autres Copépodes, le parasitisme amène pro-
gressivement la disparition des appendices locomoteurs, une déformation
souvent considérable du corps et une dégénérescence des tissus, chez les
Monstrillides, l’adaptation à la vie parasitaire retentit sur toute l’évolution.
Le nauplius, après sa pénétration dans son hôte, subit une régression qui
le ramène à l’état embryonnaire. Le nouvel embryon, qui vit dans les
vaisseaux de la Salmacina, est le point de départ d’une nouvelle embryogénie
aboutissant à la forme adulte qui est mise en liberté lorsqu'elle a atteint
la maturité sexuelle. La plupart des organes de la vie libre se perfectionnent
pendant le stade parasitaire, mais avec des modifications et des suppressions
de parties qui tiennent au mode d'existence. C’est pour cette raison que
l’auteur a appelé parasitisme évolutif l'ensemble des phases de l’évolution
comprises entre la pénétration du nauplius dans l’hôte et la sortie de la
forme adulte.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 25.) 98
1204 ACADÉMIE DES SCIENCES.
FONDATION SAVIGNY
(Commissaires : MM. Ranvier, Edmond Perrier, = Henneguy, Mar-
chal, Grandidier, Laveran, le prince Bonaparte ; Bouvier, rapporteur.)
La Commission propose d'attribuer les arrérages de la fondation Savigny
à un de nos lépidoptéristes les mieux doués, M. F. Le Cerr, pour sa Révi-
sion des Ægérudes algériens. Plus connus sous le nom de Sésies, les Ægėriidės
sont remarquables par leur forme et leur coloris qui leur donnent fréquem-
ment une ressemblance frappante avec les Hyménoptères aculéates ;
M. Le Cerf les étadie depuis longtemps, il les connait mieux que nul autre,
et les riches matériaux qu'il a puisés dans les collections de M. Charles
Oberthür lui ont permis de donner à sa monographie des espèces barba-
resques une ampleur et un intérêt peu communs. Son travail a été publié
dans les Études lépidoptérologiques de M. Oberthür ; il décrit et figure en
couleurs (110 figures) toutes les espèces et formes géographiques de la
région algérienne, et consacre cinq autres planches à la représentation des
chenilles de diverses espèces de la famille ; en outre, 86 figures noires sont
intercalées dans le texte qui ne comprend pas moins de 400 pages. Texte
et figures sont l’œuvre exclusive de M. Le Cerf. Cette étude considérable
n’est pas seulement systématique, elle renferme beaucoup de renseigne-
ments inédits sur la variabilité, la morphologie des caractères sexuels, les
premiers états, les mœurs et la distribution géographique des espèces bar-
baresques. M. Le Cerf a pu faire en Algérie un séjour de deux ans à une
époque où il se consacrait à peu près exclusivement aux Ægériidés, et les
renseignements qu'il a pu recueillir sur les espèces algériennes vivantes
donnent encore plus de valeur à son importante monographie, qui est digne,
à tous égards, de la récompense que la Commission vous propose de lui
attribuer.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
PRIX JEAN THORE.
(Commissaires : MM. Ranvier, Edmond Perrier, Delage, Henneguy, Mar-
chal, Grandidier, Laveran, le prince Bonaparte; Bouvier, rapporteur.)
La Commission propose d'attribuer le prix Thore à M. le D" A. Cros, de
Mascara, pour l’ensemble de ses études biologiques sur les Coléoptères
vésicants du nord de l'Afrique.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1420. 1299
M. Cros a suivi les métamorphoses d'un certain nombre d’espèces dont
les premiers stades et le mode de vie étaient inconrus, tels que le Cerocoma
Wahli F. qui, à l'encontre de son congénère, le ©. Schæffert L., vit aux
dépens du miel et des larves contenus dans les cellules de l Osmia Saundersr.
Il a suivi, complète, l’évolution de l Hornia nymphoides Esc., curieux Méloïde
quasi aptère dont on a récemment fait la découverte en Barbare, et qui a
deux générations annuelles. Chez le WMeloé foveolatus Guér., il a découvert
une alternance répétée de la forme larvaire active et de la forme contractée,
phénomène qui serait dû à une reprise périodique de l'alimentation.
Joignant à cet ensemble des observations intéressantes sur d’autres
Méloïdes mieux connus, la Commission estime que M. Cros a beaucoup
élargi le cercle de nos connaissances sur le groupe des Vésicants et mérite,
pour ce fait, la récompense qu'elle propose de lui attribuer.
L'Académie adopte la proposition de la Commission
MEDECINE ET CHIRURGIE.
PRIX MONTYON.
(Commissaires : MM. d’Arsonval, Widal, Edmond Perrier, Guignard
Roux; Laveran, Charles Richet, Quénu et Henneguy, rapporteurs.)
La Commission propose les attributions suivantes :
un prix de 2300" à MM. les D" Perre Dersrer, professeur, et NoEL
Fressixéer, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, pour leur
Ouvrage intitulé : Biologie de la plaie de guerre;
un prix de 2500" à M. le D" Josern Fraxemmi, attaché au service d'hy-
giène et maladies tropicales de l’Institut Pasteur, pour ses divers travaux
sur les protozoaires pathogènes ;
un prix de 2500!" à M. François Mes: professeur à l'École nationale
vétérinaire de Lyon, pour son Ouvrage intitulé : Recherches sur le rôle des
graisses dans l'utilisation des albuminoïdes ;
1206 ACADÉMIE DES SCIENCES.
9
J
une mention honorable de 1500!" à MM. Hesri Avezais, directeur de
l’École de plein exercice de médecine etde pharmacie de Marseille, et ALBERT
Pevrox, professeur à la même école et chef du laboratoire du cancer de
PHôtel-Dieu à Paris, pour leurs recherches sur l’histogenèse de certains
groupes de tumeurs ;
une mention honorable de 1500!" à M. le D" Maurice Herrz-Boyer, chi-
rurgien des hôpitaux de Paris, pour ses recherches concernant la physio-
logie et la chirurgie osseuses ;
une mention honorable de 1500!" à M. le D" P. Lassasrière, chef de Labo-
ratoire à la Faculté de médecine de Paris, pour ses études sur le lait et lali-
mentation des nouveaux-nés ;
une citation à M. le D' Josera Riçaur, pour son Ouvrage intitulé : L'évo-
lution de la croissance chez les adénoiïdiens, et à M. le D! Anroixe ORrTiceni,
médecin major de 1" classe, pour ses recherches sur l'épidémie de grippe
de 1918. :
Rapport de M. Quéxu, sur l'Ouvrage de MM. Pierre DELRBET
et Noer Fiessivérr.
La Biologie de la plaie de guerre, par P. Derser et FiessixGEr, est un gros
travail renfermant beaucoup de parties originales sur les lésions des tissus,
l'infection, les processus de défense et de réparation.
Rapport de M. À. Laverax sur les travaux de M. Joseren FRrANCHINr.
Le D" Josera Franc concourt pour un des prix Montyon de Méde-
cine et Chirurgie avec une série de travaux sur les Protozoaires pathogènes
publiés par lui seul ou en collaboration. Parmi les plus remarquables de
ces travaux, je citerai : ceux qui concernent un nouveau protozoaire para-
site du sang de l’hommé, d’intéressantes Notes sur les Leishmania et sut les
insectes qui les propagent; enfin, d'importantes recherches expérimentales
sur les Herpetomonas et sur des Crithidia que l’on trouve fréquemment dans
le tube digestif de certains insectes : puces, mouche domestique, mous-
tiques, mélophages, nèpes, blatte orientale. Tl résulte de ces recherches
qu’on réussit souvent à obtenir des cultures pures de ces parasites et que,
à l’aide de ces cultures, on peut provoquer des infections graves et même
mortelles chez de petits Mammifères, en particulier chez des souris. Ces
expériences ont un grand intérêt au point de vue de l'étude des leishma-
nioses et des trypanosomiases.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1297
Rapport de M. CuarLes Ricuer sur l'Ouvrage de M. Francois Marco.
O `
Parmi les travaux soumis à l’Académie, la Commission signale comme
ayant une valeur scientifique et eado considérable le Mémoire de
M. Marson, professeur de Physiologie à l’École vétérinaire de Lyon, sur
le rôle des graisses dans l’utilisation des albumines.
C’est une œuvre de longue haleine, qui a permis à l’auteur de formuler
une loi qui avait peut-être été soupçonnée ayparavant, mais qui n'avait
Jamais été démontrée, à savoir qu'il y a un minimum de graisse nécessaire,
et que ce minimum est nécessaire pour l’utilisation économique el non
toxique de la matière azotée.
Rapport de M. HexxeGuy sur les travaux de MM. Hesri A LEzAIS
el ALBERT PEYRON.
La Commission propose d'accorder une mention honorable à MM. ALe-
zais et Peyrox pour l’ensemble de leurs travaux sur les paragangliomes
carotidiens et surrénaux et sur les parasympathomes et sympathomes embryon-
naires.
Rapport de M. Quexu sur les recherches de M. Mavrice Herrz-Boyer.
M. Herrz-Boyer apporte deux Notes qui ont été présentées à l’Académie
des Sciences, l’une le 15 octobre 1917, l’autre les 15 avril et 8 juillet 1918.
La première vise le processus de régénération osseuse chez l'adulte; la
seconde, un essai de réduction mécanique des fractures.
Ces deux séries de travaux présentent une originalité incontestable et
nous paraissent mériter une mention.
- Rapport de M. Cuanres Ricuer sur les travaux de M. P. LassaBLière.
M. P. LassaièrE a fait de nombreuses études, bien documentées,
sur le lait, aussi bien sur la chimie physiologique du lait que sur les
conditions optima de l’alimentation des nouveau-nés.
Depuis vingt ans que M. Lassablière étudie cette question, il a apporté
des faits nouveaux, par exemple la valeur considérable du lait condensé
comme traitement des diarrhées tuberculeuses; comme aussi, et surtout,
les mutations d'énergie chez les jeunes enfants (calorimétrie, dosages
d'azote, pesées régulières).
1298 ACADÉMIE DES SCIENCES.
C’est tout un ensemble de données précieuses sur la physiologie de lali-
mentation des nourrissons.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
PRIX BARBIER.
(Commissaires : MM. d'Arsonval, Laveran, Charles Richet, Quénu,
Widal, Edmond Perrier, Guignard, Henneguy ; Roux, rapporteur.)
M. le D" Acserr Berraeror présente une série de Notes et de Mémoires
sur les réactions chimiques provoquées par certaines bactéries rencon-
trées dans la flore intestinale et dans les plaies de guerre. |
_ En se servant de milieux électifs, M. Berthelot a isolé à l’état de culture
pure des ferments des acides aminés. L'un d'eux, B. anunophylus, décar-
boxyle l’histidine pour former une base toxique, la B-imidazoéthylamine.
Un autre, B. indologenes, produit, aux dépens de la tyrosine, dix fois
autant de phénol que les bactéries, signalées, jusqu'ici, comme en fabri-
quant le plus.
Les acides aminés étant le résultat de la digestion des matières albumi-
noïdes sont présents dans l'intestin, il n’est pas inutile de savoir que
certains microbes i intestinaux peuvent les changer en produits aussi toxiques
que la 8-imidazoéthylamine et que le phénol.
Dans les plaies gangréneuses, où les bactéries a ne
manquent pas, il se forme aussi des acides aminés, et, comme dans ces
plaies il existe parfois des microbes décarboxylants, il y prend naissance de
la B-imidazoéthylamine qui joue sans doute un rôle dans les phénomènes
généraux présentés par les malades.
Lorsque les bactéries, ferments des acides aminés, sont ingérés par
association avec le B. Proteus, par des rats, nourris au lait, ils déterminent
des entérites mortelles. 3
Le travail de M. Benruezor Fin des notions nouvelles sur les intoxi-
‘cations d’origine intestinale et sur les entérites. La Commission propose
d'attribuer le prix Barbier à l’auteur.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
»
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1299
PRIX BRÉANT.
(Commissaires : MM. d’Arsonval, Laveran, Charles Richet, Quénu,
Edmond Perrier, Guignard, Hennegny; Widal et Roux, rapporteurs. )
La Commission propose les attributions suivantes :
un prix de 3000% est décerné à MM. les D" Avevsre Marie, médecin
chef du service d’aliénés de l'asile de Villejuif, et Cowsraxnix Levart,
chef de laboratoire à l'Institut Pasteur, pour leurs travaux sur la paralysie
générale ;
un prix de 2000" est décerné à M. le D" Heneri Viouze, chef de labora- `
toire à l’Institut Pasteur, pour son Ouvrage intitulé : Le Choléra.
Rapport de M. W iwar sur les travaux de MM. Aueusre Marre
et Constantis LEvaprrr.
MM. A. Marw (de Villejuif) et C. Levaprri ont, depuis 1907, étudié
d’une façon ininterrompue les rapports de la paralysie générale et de la
syphilis. Ils ont les premiers appliqué en France la réaction de Bordet-
Wassermann au diagnostic de la paralysie générale et ont précisé la vraie
signification de cette réaction. La possibilité de remplacer le foie syphili-
tique par le foie normal, comme antigène, a permis de mettre en évidence le
rôle des lipoides hépatiques dans le mécanisme de la réaction de Bordet-
Wassermann et de différencier l’antigène utilisé dans cette réaction des
antigènes spécifiques de la réaction de Bordet.
Plus tard, les auteurs ont confirmé et complété la découverte de Noguchi
qui le premier a constaté la présence du tréponème dans le cerveau des
paralytiques généraux. Grâce à des procédés perfectionnés, MM, Marie et
Levaditi ont démontré la constance du spirochète dans le cortex des
paralytiques généraux morts du /etus. |
Enfin, dès 1913, en inoculant au lapin le sang pris dans la veine de
paralytiques généraux, ils ont pu obtenir le tréponème de la paralysie
générale. Ils ont comparé ce tréponème à celui de la syphilis habituelle
cutané et muqueuse. Le tréponème neurotrope diffère du spirochète
dermotrope par ses qualités pathogènes, par le caractère des lésions engendrées
chez le lapin, par l’immunité croisée que l’on peut obtenir. MM. Mar et
Levaprri ont conclu de leurs recherches que le tréponème de la paralysie
1300 ACADÉMIE DES SCIENCES.
générale et du tabes était nettement différencié du spirochète de la syphilis
habituelle.
Rapport de M. Roux sur l'Ouvrage de M. Hesri Viore.
M. le D" Viorce présente un Ouvrage ayant pour titre Le choléra. Le
livre de M. Violle contient non seulement l'exposé des travaux des divers
auteurs qui se sont occupés de cette maladie, mais aussi des recherches
intéressantes sur le choléra expérimental et sur les propriétés du vibrion
cholérique. Elles donnent à cet Ouvrage un caractère original que la
Commission a voulu reconnaître en proposant d'attribuer sur les arrérages
du prix Bréant une somme de 2000" à M. H. Viorre avec le titre de
lauréat.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
PRIX GODARD. à
(Commissaires : MM. d'Arsonval, Laveran, Charles Richet, Widal,
Edmond Perrier, Guignard, Roux, Henneguy; Quénu, rapporteur.)
M. Hievry Cuausaxier, docteur ès sciences, chef de laboratoire à la
clinique des voies urinaires, présente un Mémoire intitulé : Étude des lois
numériques de la sécrétion rénale. Ce Mémoire renferme un nombre consi-
dérable d'expériences et de dosages chimiques; il a coûté des années de
travail, il aboutit à des conclusions fort intéressantes pour la physiologie
normale et pathologique du rein, il est digne du prix Godard.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
PRIX MÈGE.
(Commissaires : MM. Laveran, Charles Richet, Quénu, Widal, Edmond
Perrier, Guignard, Roux, Henneguy; d'Arsonval, rapporteur.)
Le prix n’est pas décerné.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1301
PRIX DUSGATE.
(Commissaires : MM. d’Arsonval, Laveran, Quénu, Widal, Edmond
Perrier, Guignard, Roux, Henneguy; Charles Richet, rapporteur.)
La Commission propose d'accorder un encouragement de 1000" à
M. le D" Jures Lecrerto, professeur agrégé de la Faculté de médecine de
Lille, pour son Mémoire intitulé : Au sujet des inhumations précipitées ; un
encouragement de 5oo™ à M. le D" AzrsenTr Tersos, ancien chef de cli-
nique à l’Hôtel-Dieu de Paris, pour son Mémoire intitulé : Signes et nou-
ceaux réactifs oculaires de la mort.
Le Mémoire de M. Leclercq est, à certains égards, digne de considération.
Il y a des documents intéressants et une juste appréciation des signes de la
mort, mais ce Mémoire ne donne pas de procédé nouveau.
M. Tersox a étudié avec soin les altérations de l'œil après la mort, qui
permettent d'indiquer à peu près le moment de la mort.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
PRIX BELLION.
(Commissaires : MM. d'Arsonval, Laveran, Charles Richet, Quénu,
Edmond Perrier, Guignard, Roux, Henneguy; Widal, rapporteur.)
MM. Courrois-Surrir et Giroux ont entrepris d'écrire l’histoire du cocai-
nisme et la cocaïnomanie, en s'appuyant sur de nombreuses observations
personnelles. C’est une œuvre complète au point de vue étiologique, toxi-
cologique, clinique, médico-légal, juridique, hygiénique et moral. En
montrant comment on pouvait remonter à la source du poison pour la tarir,
ils ont fait vraiment œuvre de police scientifique. Ils ont formulé les règles
qui permettent de mener la lutte contre ce péril toxique dont la menace est
d'autant plus redoutable qu’il frappe en silence, d'une manière continue à
la faveur d’un trafic clandestin contre lequel on ne saurait prendre trop de
mesure répressive.
La Commission propose de décerner le prix Bellion à MM. les D" Mav-
1302 ACADÉMIE DES SCIENCES.
RICE Courrois-Surrir, médecin des hôpitaux de Paris, et René Giroux,
interne des hôpitaux de Paris, pour leur Ouvrage intitulé : La cocaïne.
Elle propose, en outre, d'accorder une mention honorable à. MM. Jeax
Bec, médecin-major de 1" classe des troupes coloniales, et Anpré Pénris,
instituteur principal à à Gorée (Sénégal), pour leur Di intitulé : Memento
d'hygiène à l'usage des instituteurs de l Afrique occidentale française.
PRIX DU BARON LARREY.
(Commissaires : MM. d’Arsonval, Laveran, Quénu, Widal, Edmond
Perrier, Guignard, Roux, Henneguy; Charles Richet, rapporteur.)
La Commission propose de décerner le prix à M. le D' J. Pevror,
médecin-major de 1™ classe des troupes coloniales, pour son Mémoire inti-
tulé : Étude sur la médecine sociale dans le Palatinat bavaroïs :
> D'accorder une mention très honorable à M. le D' Fraviex Boxxer-Roy,
ancien chef du centre de chirurgie maxillo-faciale de la 19° armée pour son
Ouvrage intitulé : L'ostéotomie mandibulaire dans le traitement des fractures
balistiques de la måchoire inférieure, età M. le D' Pirre Taros, médecin-
major de 1™ classe, pour ses recherches relatives à l'hygiène et à la vie du
soldat.
M. le D! Jores Pevror, médecin-major de 1"* classe, pendant qu'il était
à l’armée d'occupation du Palatinat, a pu recueillir des documents nombreux
de statistique et d'hygiène sur le Patate,
I s’agit là d’une recherche laborieuse et utile. M. Peyrot a étudié avec
soin la natalité, la morbidité et la mortalité dans le Palatinat pendant la
guerre. Une grande partie du livre est consacrée à l’étude de l’organisation
médicale du Palatinat. Il y a là toute une administration qu’il importe de
connaître.
Ce Mémoire, dactylographié, mériterait d’être imprimi dans une revue
d'Hygiène.
Votre Commission propose de lui accorder le prix Larrey.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1303
PHYSIOLOGIE.
PRIX MONTYON.
(Commissaires : MM. Edmond Perrier, d'Arsonval, Roux, Lav eran,
Henneguy; Charles Richet, rapporteur.)
La Commission propose d'accorder le prix Montyon de Physiologie
expérimentale à M. Eme Terrore, professeur de Physiologie à la Faculté
des sciences de Strasbourg, pour son important travail sur l'évolution des
matières grasses dans l'organisme.
Il s’agit là d’une étude approfondie de ce sujet complexe et difficile.
Jamais encore on n’avait réuni autant de documents analytiques sur la
teneur des êtres vivants en substances grasses, et notamment la teneur en
cholestérine. :
Les conditions /de l’absorption, de la digestion, de la saponification
des graisses par les sucs digestifs ont été parfaitement étudiées à l'aide
des méthodes chimiques les plus rigoureuses. Cette monographie de
M. É. Terrore est tout entière d’une Taute valeur scientifique.
L’ Académie adopte la proposition de la Commission.
PRIX LALLEMAND.
(Commissaires : MM. Edmond Perrier, d'Arsonval, Roux, Laveran,
Henneguy, Charles Richet; Ouën TAB DOME)
La Commission propose de décerner le prix à MM. Pavut SOLLIER, Mé-
decin du sanatorium de Boulogne-sur-Seine, Marius Cnarrier, médecin
de l’Institut de physiothérapie neurologique, Férix Rose, ancien chef de
clinique à la Faculté de médecine de Paris, Cu. Viccaxore, chirurgien
adjoint de l'hôpital Saint-Joseph, pour leur Ouvrage intitulé : Traité cli-
nique de neurologie de guerre.
Une mention très hotorable serait, en outre, accordée à M. Anp
S
=i
1304 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GurLLaume, interne des hôpitaux de Paris, pour son Ouvrage intitulé : Le
sympathique et les systèmes associés.
L'important travail de MM. Sozzier, Cuarrier, Rose et ViLLANDRE est
basé sur les observations, au centre neurologique de la XIV® région,
de 9900 malades en traitement et de près de 10000 en consultation. Il
garde cependant les allures d’un Traité didactique et la Commission l’a
cru digne d’une récompense.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
PRIX L. LA CAZE.
(Commissaires : MM. Edmond Perrier, d’Arsonval, Roux, Laveran,
Henneguy; Charles Richet, rapporteur.)
La Commission, à l'unanimité, propose de décerner le prix La Caze à
M. Maurice Arruus, professeur de physiologie à l'Université de Lausanne.
Ses travaux ont fait faire de grands progrès à la physiologie. Ils ont un
caractère d'originalité et de précision r les signalent à l'attention de tous
les physiologistes.
De ses nombreuses recherches nous retiendrons surtout celles qui
portent sur la coagulation du lait et du sang d’une part, et d'autre pa
sur la séro- bre.
En effet, M. Arthus a montré le rôle prépondérant, essentiel, des sels de
calcium dans la caséification du lait et la coagulation du sang. Si l'on
ajoute à du lait un oxalate soluble, on le rend incoagulable par la présure;
mais, si l’on ajoute un millième d’un sel soluble de calcium, la présure coa-
gule instantanément la caséine. Les fluorures alcalins ont la même action
que les oxalates. Toute cette étude du labferment par M. Arthus est riche
en expériences nouvelles, importantes aussi bien pour la physiologie
générale que pour l'alimentation des nouveau-nés.
Tout aussi intéressante est l'étude de la coagulation du sang : et la pro-
duction du fibrinferment. Là encore, M. Arthus a imaginé des expériences
nouvelles, décisives.
Les depot de M. Arthus sur la a sont restés
classiques, et elles ont été le pont de départ d’un grand nombre de
recherches. M. Arthus a montré qu’à côté de l’anaphylaxie générale il y
a une anaphylaxie locale (à laquelle les expérimentateurs ont donné avec
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1305
raison le nom de phénomène d’Arthus). Pénétrant profondément dans le
sujet, M. Arthus a établi, en observant les effets des injections de venins
de serpent, des relations entre l’immunité et l’anaphylaxie. L'étude des
venins et des sérums antivenimeux a été renouvelée par lui.
Mentionnons enfin un Traité de Chimie physiologique et un admirable
Traité de Physiologie.
Ces livres et ces travaux permettent de compter M. Arraus parmi les
plus éminents physiologistes contemporains.
L'Académie adopte la‘proposition de la Commission.
PRIX MARTIN-DAMOURETTE.
(Commissaires : MM. Edmond Perrier, Roux, Laveran, Henneguy, Charles
Richet; d'Arsonval, rapporteur.)
M. Francois Heywaxs, professeur de Physiologie à Gand, a soumis au
jugement de la Commission un important Mémoire de Thermo-Physiologie.
En faisant l’anastomose de la carotide et de la jugulaire par une canule
spéciale, dont les parois peuvent être refroidies ou réchauffées à volonté,
il a pu modifier artificiellement la température du sang circulant in vivo et
observer des résultats nouveaux.
Ce travail est d’autant plus méritoire qu’il a été fait dans des condi-
tions extraordinaires. L'Institut de Physiologie de Gand fut, occupé, en
octobre 1914, par les Allemands après avoir été affecté dès le début de la
guerre à la Croix-Rouge. M. Heymans travailla au milieu des plus grandes
difficultés et, finalement, fut expulsé de son laboratoire en juillet 1916.
En raison de ce double mérite, la Commission est unanime à proposer
de décerner à M. Hevmays le prix Martin-Damourette.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
PRIX PHILIPEAUX.
(Commissaires : MM. Edmond Perrier, d'Arsonval, Roux, Laveran,
Henneguy; Charles Richet, rapporteur.)
La Commission propose d'accorder le prix Philipeaux à M. Cnanres
Duéné, professeur à l’Université de Fribourg, pour ses travaux sur l'hémo-
cyanine. |
1500 ACADÈMIE DES SCIENCES.
Non seulement son travail est une monographie complète, riche en indi-
cations de toutes sortes, mais c’est encore une œuvre très originale, qui
éclaircit quantité de points obscurs. Il a étudié la teneur de l'hémocyanine
en cuivre chez les diverses espèces animales, le spectre d'absorption de
l'hémocyanine, son affinité pour l'oxygène, et toutes les questions affé-
rentes au rôle fondamental de l’hémocyanine dans la vie des invertébrés.
Le Mémoire qu’il présente à l’Académie est le résultat de vingt années de
patientes, laborieuses et précises recherches.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
STATISTIQUE.
PRIX MONTYON.
(Commissaires : MM. de Freycinet, Haton de la Goupillière, Émile Picard,
Appell, Violle; le prince Bonaparte et Tisserand, rapporteurs.)
La Commission propose de décerner le prix à M. Euveëxe FourMER, pro-
fesseur de Géologie et de Minéralogie, doyen de la Faculté des Sciences de
Besancon, pour son Ouvrage intitulé : Gouffres, Grottes, Cours d'eau sou-
terrains du département du Doubs.
Elle propose, en outre, d'attribuer une mention de 500" à M. le D°
Fr.-M. Messere pour sa Contribution à l'étude de la croissance corporelle
physiologique entre 19 et 32 ans.
Rapport de M. Tissenaxo sur l'Ouvrage de M. Eveëxe Fournier.
Cet Ouvrage est le fruit de 20 années de travail portant sur la Géologie
et la Minéralogie, sur la Spéléologie, la Palethnologie, sur les eaux souter-
raines, sur les sources, leur composition et les moyens de les utiliser pour
l'alimentation des populations. aa.
Réunissant toutes les recherches auxquelles il s’est livré, mettant a
profit d'autre part, avec un soin scrupuleux, les Cartes et les Mémoires
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. _ 1307
publiés sur les mêmes matières, M. Fournier a groupé pour les 636 com-
munes du Doubs les faits et lés ressources qui caractérisent chacune
d'elles.
Les villes et les villages sont présentés par ordre alphabétique, et faciles
par conséquent à repérer. C’est l’ensemble des Notices afférentes au terri-
toire de chaque localité, qui forme la Statistique présentée par M. Fournier.
Pour chaque commune, l’auteur indique si elle possède une carte agro-
nomique, avec indicalion de la composition du sol et du sous-sol, Il décrit
sa constitution géologique, les étages auxquels appartiennent les différentes
parties de son territoire, les gisements spéciaux, marne, minerais, gypse,
marbre, etc., qu'on y trouve et leurs positions. Il fait connaître le régime
des eaux souterraines et la situation des sources qui y existent avec mention
de la qualité de leurs eaux, de la possibilité de les utiliser et de les préser-
ver des causes d’infection. Il mentionne les grottes, les gouffres, les cavernes
qu'on y peut voir, et les vestiges et objets des âges préhistoriques qui y
ont été découverts, etc.
Rattachant de la sorte dans un cadre rationnel la Géologie, la Tectonique,
la Spéléologie et l'Hydrologie de chaque localité, le livre de M. Fournier est
une véritable statistique spéciale digne d’être récompensée par l’Académie.
H constitue une œuvre de réelle utilité pour les municipalités, pour les
agriculteurs, pour les hygiénistes et les préhistoriens; il a l'avantage
encore d'attirer l'attention du public et de guider les érudits de l’histoire
ainsi que les amateurs des beautés de la nature, sur la Franche-Comté qui
est sans contredit l’un des pays les plus remarquables qui existe pour sa
richesse en cavités souterraines encore incomplètement explorées.
Ce livre semble rentrer dans la catégorie des Ouvrages visés par l’insti-
tution du prix Montyon de Statistique, et la Commission est d'avis de
décerner ce prix à M. Eveèse Fourmer.
Rapport de M. le Prince BONAPARTE
sur les travaux de M. le D! Fraxacs-M. Messeru.
Les travaux de statistique présentés à la Commission par le D" Fraxcis
Messer, de Lausanne (Suisse) sont relatifs à l’étude de la croissance cor-
porelle physiologique des adolescents et des adultes entre 19 et 32 ans,
ainsi qu'à des recherches sur la résistance individuelle moyenne des soldats
et des classes d'âge d'un bataillon de l’Elite de l'Armée suisse. Ces recher-
ches très éthod qi ubnl traitées sont exposées dans plusieurs Mémoires
1308 ACADÉMIE DES SCIENCES.
renfermant de nombreux tableaux d'observations ét plusieurs graphiques.
Nous proposons à la Commission d’attribuer une récompense au D”
MESSsERLI.
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
HISTOIRE ET PHILOSOPHIE DES SCIENCES.
PRIX BINOUX.
(Commissaires : MM. Grandidier, E. Picard, Appell, Ed. Perrier,
Bouvier, de Launay; Bigourdan, rapporteur.)
- Parmi les Ouvrages présentés, la Commission a retenu ceux de
MM. Dousier et J. Mascarr.
M. Dovgrer a publié un très grand nombre de notices appréciées sur.
les sujets historiques les plus variés. De son côté, M. Jeras Mascarr a écrit
sur Borda un fort volume où il a mis en lumière un des hommes qui, en
France, ont puissamment contribué aux progrès de l’art nautique et à
l'établissement du système métrique.
En conséquence, la Commission propose de décerner :
un prix de 1000" à M. Énouarn Douszer, astronome à l'Observatoire
de Bordeaux, pour ses diverses publications historiques;
un prix de 1000!" à M. Jeax Mascarr, directeur de l'Observatoire de
Lyon, pour son Ouvrage intitulé : La vie et les travaux du chevalier Jean-
Charles de Borda (1733-1799).
L'Académie adopte les propositions de la Commission.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1309
MÉDAILLES.
MÉDAILLE BERTHELOT.
(Commissaires : MM. Deslandres, Lemoine, Émile Picard ;
A. Lacroix, rapporteur.)
Le Buréau propose à l’Académie d'accorder la médaille Berthelot :
A MM. Léoxce Barrae, lauréat du prix Montyon des Arts insalubres;
Henri Gaver et Hesri. Hérissey, lauréats du prix Jecker; ROBERT DE
ForcranD pe Coisezer, lauréat du prix L. La Caze.
L'Académie adopte les propositions du Bureau.
PRIX ALHUMBERT.
(Commissaires : MM. Lippmann, Violle, Bouty, Wallerant, Villard,
Branly; A. Lacroix, rapporteur.)
L'Académie avait mis au concours la question suivante :
Étude de l'action du champ magnétique sur les liquides cristallins.
Aucun mémoire n’a été déposé.
Le prix n’est pas décerné et la question est retirée du concours.
PRIX BORDIN.
(Commissaires : MM. Edmond Perrier, Guignard, Haller, A. Lacroix,
Termier ; Douvillé, rapporteur.)
L'Académie avait mis au concours la question suivante: Etude des brèches
sédimentaires.
M. Jacques pe Lapparenr, professeur à la Faculté des Sciences de
Strasbourg, a poursuivi d’abord l'étude minutieuse des brèches sédimen-
taires de la région d’Hendaye, au point de vue pétrographique et en s'ai-
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 25.) 99
1310 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dant de l'examen des organismes contenus tant dans les éléments clastiques
que dans le ciment qui les réunit. Il a publié sur ce sujet un important
Mémoire in-4° de 156 pages et ro planches ('). Il a étudié ensuite les
brèches de la région d’Argelès (°), puis celles d'Urcuit eo» et enfin celles
du terrain dévonien des Vosges (‘).
Il a montré que ces brèches renferment des matériaux anciens associés à
des éléments de taille souvent considérable de roches marines contempo-
raines, dans un ciment d’origine marine mais de caractère plus littoral. Les
brèches doivent donc leur formation à un mouvement de la mer agissant
soit positivement en entraînant vers le rivage les sédiments déjà consolidés
du large et les mélangeant à la matière des sédiments littoraux, soit négati-
vement en entraînant ces derniers vers Bo large et fragmentant du même
coup les sédiments marins.
La cause de cés courants doit être recherchée dans un mouvement de
Pécorce, oscillatoire et d'origine marine, résultant soit de la surréction
d’une ride au large, soit de l'accentuation d'une dénivellation du fonds
marin.
Ces vues originales jettent un jour nouveau sur la genèse des brèches;
leur fréquence dans les terrains sédimentaires montre le peu de stabilité de
l'écorce terrestre pendant les perionps géologiques.
La Commission a proposé à l'unanimité de décerner à ces travaux le
prix Bordin.
L'Académie adopté la proposition de la Commission.
PRIX SERRES.
(Commissaires: MM. Edmond Perrier, d'Arsonval, Guignard, Laveran,
Bouvier, Henneguy, Marchal, Charles Richet; Delage, rapporteur).
La Commission propose de partager le prix également entre MM. OcravE
Dusosce, professeur à la ice des Sciences de Montpellier, etLouis Lécer,
MR Pr
(*) Etude lithologique des terrains crétäcés de la région d'Hendaye (Mémoire
Carte géologique détaillée de la France, 1918).
(2) Les formations bréchiques entre les villages de Salles ét de Sere- Argelès et
au nord du village de Boo (Hautes-Pyrénées) (Bull. Soc. géol. de Fr., 2 juin 1919).
ie ) Grés; calcaires bréchiques et conglomérats d'Urcuit (Basses-Pyrénées) (Ibid.,
3 novembre 1919).
cu ) Sur les roches à Radiolaires des terrains dévoniens de la vallée de la Bruche
(Vosges d’ Alsace) ( Comptes rendus, 1. 169, 1919, p: 802 }. :
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1311
professeur à la Faculté des Sciences de Grenoble, pour l’ensemble de leurs
travaux de Protistologie et d'Embryologie générale.
MM. Duboscq et Léger ont fait en commun une partie de leurs travaux
el ils ont ensuite continué séparément leurs recherches : d’où la division de
ce rapport en trois parties.
MM. Busosce et Lécer étudièrent avant tout le cycle évolutif des Gréga-
rines et cela dans les deux grandes subdivisions du groupe, les Angio-
sporées et les Re de
Ils montrèrent d’abord, en décrivant sans lacunes les premiers stades du
développement, qu’on avait pris jusqu'ici pour jeunes Grégarines des figures
de dégénérescence cellulaire (cellules de Leydig et formations analogues).
Le développement, qu’il soit intestinal ou cœlomique, s'effectue sans stade
intracellulaire.
Les (irégarines étaient données comme un exemple d’isogamie : Léger
et Duboscq montrèrent que les deux Grégarines qui s’enkystent sont l’une
mâle et l’autre femelle. Leur cytoplasme est parfois si différent (Nina
gracilis, grégarine de la Scolopendre) que la nature de ses inclusions
permet de reconnaître le sexe des conjoints à tous les stades du dévelop-
. pement. Quant aux gamètes mâle et femelle, seraient-ils semblables
d'aspect, on les distingue facilement l’un de l’autre à l'aspect de leur cen-
trosome ou à la chroematicité de leur noyau. En étudiant les mitoses qui
aboutissent à la formation de ces gamètes, Léger et Duboscq découvrirent
les centrioles, qui n'avaient pas été observés chez les Sporozoaires, et le
chromosome axial, formation analogue au chromosome sexuel.
Après ces études sur les Angiosporées, Léger et Duboscq s’attaquèrent
aux (rymnosporées représentées par les deux genres : Aggregata et
Porospora.
Léger et Duboscq montrèrent que les Aggregata des Crustacés n'étaient
que le stade schizogonique des Coccidies (ÆEucoccidium) des Céphalopodes.
Quant aux Porospora, le début du cycle qu’on leur attribuait (cytode
générateur) revient à un sporozoaire d'affinités multiples, Se/enococcidium
iniermedium (Lèg. et Dub.), type d’un nouveau groupe de Coccidies
(Prococcidies), Le cycle de Porospora est d’ailleurs hétéroïque, comme celui
des Aggregata. On n’observe chez les Crustacés que la phase asexuée. Les
phénomènes de sexualité se passent chez les Lamellibranches et aboutissent
aux spores durables, décrites par Schneider sous le nom de AES Et
ainsi il n'existe plus de Gymnosporėes.
On doit encore à Léger et Duboscq des travaux sur une aee
1312 ACADÉMIE DES SCIENCES.
énigmatique (Spérocystis), sur les Coccidies des Lamellibranches et des
Enteropneustes, sur les Microsporidies des Grégarines, sur les Chytri-
diopsis, sur les Infusoires endoparasites ; enfin, l'étude du cycle et la des-
cription d’un certain nombre d'espèces d’un groupe nouveau de champi-
gnons, les Écrinides, parasites de l'intestin des Crustacés, Myriapodes et
Insectes.
M. Léçer s’est d’abord fait connaître par des recherches étendues sur les
Sporozoaires dont il a découvert de très nombreuses formes. Les classifi-
cations qu'il a données successivement des Grégarines et des Coccidies ont
toujours fait autorité. Puis il découvrit les gamètes flagellés des Coccidies
et des Grégarines, la schizogonie de certaines Grégarines, pour lesquelles
il créa le groupe des Schizogrégarines.
Il étudia les Flagellés parasites des Invertébrés, dont il fit connaître plu-
sieurs espèces doive et, le pem, émit l’idée que certains Flagellés des
Sangsues ou des Insectes piqueurs n'étaient que des stades des Flagellés du
sang des Vertébrés.
Seul, ou en collaboration avec Hesse, il contribua beaucoup à étendre et
préciser nos connaissances sur les Cnidosparidies, élucidant la structure de
la spore dans les divers groupes et décrivant de nouveaux genres très
importants (Coccomyxa, Celomyæa, Mrazekia).
Encore avec Hesse, il fit connaître une série d'organismes parasites, voi-
sins des Myxomycètes et qui miment à s’y méprendre les formes végétatives
de certains Sporozoaires,
Enfin, on ne peut oublier ses nombreux travaux sur les questions de pisci-
culture (maladie des poissons et des écrevisses, alvinage, valeur nutritive
des torrents et des rivières, etc. ).
Les premières recherches de M. Dusosce portèrent sur les Chilopodes
(étude de lépiderme et de ses différenciations, du système nerveux péri-
phérique, etc.). Il étudia l'évolution très cales du testicule de la
Sacculine, mettant en relief le rôle du nucléole dans la dégénérescence gra-
nuleuse des cellules génitales primitives. Avec Lebailly, il publia plusieurs
travaux sur les Spirashitis, montrant entre autres leur parenté avec les
Spirilles et, chez les Poissons, leur pénétration dans l’épithélium intestinal
et les espaces lymphatiques.
Avec Collin, il fit connaître chez un Péridinien la rep ere sexuée
qui n’était pas connue dans ce groupe de flagellés.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1313
On lui doit enfin l’étude d’un parasite des Tuniciers : Selysina perforans,
Sporozoaire à affinités multiples qui lui a fourni l’occasion de reviser et
préciser la notion de cellule géante, dont l'importance est grande en
Protistologie.
Par ces remarquables travaux, MM. Dusosce et Lécer se sont rangés au
nombre des savants qui ont fait faire les plus importants progrès aux ques-
tions les plus difficiles de la Protistologie et ont le plus contribué à la
découverte du cycle évolutif, lequel est un des aspects de l'Embryologie
générale.
FONDATION VAILLANT.
(Commissaires : MM. Emile Picard, Violle, Hamy, Bouty,
Villard, Branly; Lippmann, rapporteur.)
La Commission propose d'attribuer une subvention de 4000" à M. PauL
Le Roran, chef des travaux de physique à la Faculté des sciences de
Rennes, pour ses recherches sur l’oscillation du pendule. M. Le Rolland a
institué une méthode photographique très prompte et très précise, pour
mesurer la durée des oscillations, et mettre en évidence l'influence du mode
de suspension du pendule, de la forme du ressort ou du couteau.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
PRIX HOULLEVIGUE.
(Commissaires : MM. Edmond Perrier, Roux, Delage, Bouvier; Guignard
et Termier, rapporteurs.)
La Commission propose de décerner :
un prix de 3oooû! à M. Fraxcçoës Gaëxegpaix, assistant au Muséum
national d'histoire naturelle, pour ses études sur la flore d’Extrème-Orient;
un prix de 2000! à M. le Chanoine BourGear, doyen honoraire de la
Faculté libre des sciences de Lille, pour l’ensemble de son œuvre géolo-
sP
gique.
Rapport de M. Guicar sur les études de M. Frangois GAGNEPAIN.
M, Frasçois Gaëxgpaix, actuellement assistant au Muséum d'histoire
1314 ACADÉMIE DES SCIENCES.
naturelle, après une monographie des Zingibéracées qui lui a valu l’attri-
bution du prix de Coincy en 1907, s’est spécialisé dans l'étude de la flore
de l’Extrème-Orient.
En collaboration avec Ach. Finet, il a d’abord publié, sous le titre de
Contribution à la Flore de l Asie orientale, une suite de Notes sur les Renon-
culacées, Dilléniacées, Calycanthacées, Magnoliacées, Anonacées, compre-
nant au total 424 pages et 20 planches. Cette revision a porté sur tous les
échantillons asiatiques du Muséum ; elle a permis le contrôle des détermi-
nations anciennes et l'identification d’une multitude d'échantillons indéter-
minés.
Principal coilaborateur de M. Lecomte pour la publication de la Flore
générale de l’Indo-Chine, il a eu l’occasion de faire l’étude d’un grand
nombre de familles et de publier une longue série de Notes dans divers
Recueils, et en particulier dans les Notulæ systematicæ et dans le Bulletin de
la Société botanique de France. Il a créé, au total, 13 genres nouveaux et
près de 450 espèces.
Ces études de botanique systématique, poursuivies sans relâche depuis
une vingtaine d’années, avec une activité et un soin des ie louables,
méritaient d’être récompensées par l'Académie.
Rapport de M. Pierre Termier sur les travaux de M. BouRGEAT.
M. le Chanoine Francois-Émrex Bourcgar est l’un des doyens des
géologues français. Il a enseigné la Géologie et la Minéralogie pendant de
longues années à la Faculté libre des sciences de Lille, et il a su allier à cet
enseignement des recherches personnelles qu’il a poursuivies jusqu’à l'âge
de la retraite. On lui doit, entre autres, une étude systématique des forma-
tions coralligènes du Jura, étude patiente et consciencieuse qui l’a conduit
à des résultats d'une haute importance, aujourd'hui classiques: les récifs
coralligènes se sont déplacés &raduellement vers le Sud, depuis la période
lusitanienne où ils prospéraient dans la région de la Meuse, jusqu'au
Kimmeridgien où on les voit apparaître dans le Jura central, et jusqu'au
Portlandien où ils s'établissent dans le Jura méridional et le long du bord
ouest de la zone subalpine. La carrière de M. le Chanoine BourGrar est un
modèle de parfait désintéressement et d’absolu dévouement à la Science.
L'Académie adopte les propositions de la Commission,
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1315
i
PRIX SAINTOUR.
(Commissaires : MM. Edmond Perrier, Guignard, Roux, Bouvier,
A. Lacroix ; Pierre Termier, rapporteur.)
La Commission propose à l’Académie de décerner le prix à M. Pav
Berrran», professeur de Botanique appliquée à l'Université de Lille, pour
l’ensemble de ses travaux de paléophytologie, M. Paul Bertrand est, à
l'heure actuelle, le seul savant français dont le nom fasse autorité en matière
de botanique fossile. Bien que très jeune encore, il s’est fait connaître dans
le monde savant tout entier par ses travaux sur les flores houillères, et il est
le digne continuateur des deux maîtres que nous avons récemment perdus,
Zeiller et Grand’Eury. Pendant que notre confrère Charles Barrois, assisté
de M. Pierre Pruvost, son disciple le plus éminent, rénovait et précisait,
par l'étude des faunes, la stratigraphie du bassin houiller du Nord et du
Pas-de-Calais, M. Paul Bertrand soumeltait à une analyse nouvelle,
détaillée et rigoureuse, la flore de ce bassin; et nous avons aujourd’hui,
grâce à l’étroite entente et à la collaboration parfaitement ordonnée de ces
trois savants, une idée exacte des variations de la vie dans la grande lagune
houillère, un moyen efficace de paralléliser les divisions chronologiques du
Carbonifère en France, en Belgique et en Grande-Bretagne, et un critère
pour l’appréciation et la discussion des théories tectoniques. Plus récem-
ment, M. Paul Bertrand a repris l’étude paléontologique du bassin houiller
du Gard, et grâce aux résultats de ses recherches nous connaissons mainte-
nant la structure de ce bassin compliqué, avec une netteté et une certitude
que personne n'eùt oser espérer auparavant. Il va bientòt s'attaquer aux
problèmes paléophytologiques du bassin houiller de la Sarre : nul doute
que; là encore, il ne trouve beaucoup de faits nouveaux et n’introduise dans “
la stratigraphie beaucoup de clarté. Toute l’œuvre, déjà très vaste, de
M. Pav Berrraxp est marquée au coin des qualités les plus françaises.
Ceux d’entre nous qui ont connu le très grand savant qu'était son père ne
s’en étonneront pas. La Commission est heureuse d'appeler l'attention de
l’Académie sur des travaux de haute science qui intéressent aussi l’industrie
et qui contribuent, chaque jour davantage, à la connaissance plus parfaite
et à la meilleure utilisation des ressources houillères de la France.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
1316 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PRIX HENRI DE PARVILLE.
OUVRAGES DE SCIENCES.
(Commissaires : MM. Deslandres, Lemoine, A. Lacroix, Paul Appell,
Moureu, Paul Janet; Émile Picard, rapporteur.)
Le prix n’est pas décerné.
PRIX LONCHAMPT.
(Commissaires : MM. Guignard, Roux, Laveran, Maquenne, Mangin,
Charles Richet; Edmond Perrier, rapporteur.)
La Commission propose de décerner le prix à M. Eucène Lauerix6, pro-
fesseur de Chimie à la Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Lille,
pour ses belles recherches de Chimie organique et de Chimie biologique.
En Chimie organique il a étudié l’action de l’isocyanate de méthyle sur les
éthers glycolique, lactique, trichloracétique, «-oxybutyrique, 4-oxyisobuty-
rique, #-oxyvalérianique, «-oxyisovalérianique, phénilglycolique et obtenu
une série de produits nouveaux dont il a fait connaître les propriétés; il a de
même étudié l’action de l’isocyanate de phéñyle sur les corps à fonction
alcool et obtenu des phényluréthanes correspondants; l’action de ce même
corps sur divers acides organiques lui a donné successivement l’anilide, la
lactane et la phén yluréthane de l’anilide. Dans une autre voie, ses recherches
spectroscopiques et chimiques sur le sang et sur l'urine lui ont fourni l'oc-
casion de perfectionner singulièrement les procédés d'analyse de ces
substances et d'arriver par là à des conclusions importantes. C’est ainsi
qu’il a démontré la supériorité du régime lacté sur le régime fortement
carné. Ses recherches sur la nutrition de l'enfant et de l'adulte sont clas-
siques. Enfin, à côté d'articles dans les dictionnaires de Chimie ou de
Physiologie io plus connus, on lui doit un Précis de Biochimie qui est
un admirable résumé de cette science et est devenu tout à fait classique.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
PRIX HENRY WILDE.
(Commissaires : MM. Grandidier, Lippmann, Guignard, Violle,
À, Lacroix, Bigourdan ; Emile Picard, rapporteur.)
Le prix n’est pas décerné,
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. ' 1317
PRIX CAMÉRÉ.
(Commissaires : MM. de Freycinet, Humbert, Vieille, Le Chatelier,
Carpentier, Kœnigs; Lecornu, rapporteur.)
La Commission propose de décerner le prix à M. Gasrox Piceaup, ingé-
nieur en chef des Ponts et Chaussées.
M. Gaston Pigeaud a perfectionné sur divers points la théorie des arcs
et celle des poutres continues. Comme couronnement de ses études, il vient
de publier un important Ouvrage sur la Résistance des matériaux et l’Élas-
ticité. D'autre part, il a, dans sa carrière d'ingénieur, apporté de nom-
breuses améliorations aux procédés de construction. Nous ne pouvons
entrer ici dans le détail, mais nous devons signaler spécialement les services
que M. Pigeaud a rendus à la Défense nationale par la réalisation d'un type
de pont militaire semi-permanent, facile à usiner et à monter. Six mille
mètres de ce type étaient en place au moment de l'armistice. M. Pigeaud a
également contribué au rétablissement rapide des communications, grâce
à l'emploi de ponts suspendus à fermes rigides, adaptés aux besoins les
plus variés.
L’académie adopte la proposition de la Commission.
PRIX GUSTAVE ROUX.
(Commissaires : MM. Deslandres, Lemoine, Émile Picard, Appell,
Edmond Perrier; A. Lacroix, rapporteur.)
La Commission propose de décerner le prix à M. Arorpne Lerare, chef
du Laboratoire de Chimie-physique de l’Institut d'Hydrologie et de Cli-
matologie de Paris (Collège de France), qui s’est consacré à des recherches
de chimie-physique appliquée à l’ Hydrologie et à la Physique du Globe.
En collaboration avec M. Moureu, il a étudié la composition des gaz
naturels.
Les résultats de ces recherches ont porté. sur un grand nombre de gaz
de sources thermales, sur des grisous, des gaz de pétrole, etc.
En dehors des ae qu'ils apportent à Hydrologie et à la Physique
du Globe, ces travaux ont permis d’énoncer une relation entre la compo-
sition cabila et quantitative de l’azote brut (azote + gaz rares) dans
la Nature,
1318 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Soit seul, soit en commun avec M. Laborde, M. Lepape a étudié la
radioactivité d’un certain nombre de sources thermales, en effectuant des
dosages d’émanation du radium dans les gaz et dans les eaux, ainsi que des
dosages de radium et de thorium dans les eaux et les sédiments: Récem-
ment, il a montré que les sources de Bagnères-de-Luchon sont les plus
radioactives des sources françaises,
Enfin, au cours de la guerre, M. Leparg a étudié un produit qui fut
adopté comme gaz de combat : l’acroléine, Ce corps éminemment altérable
a pu être stabilisé et préparé industriellement,
L'Académie adopte la proposition de la Commission,
PRIX THORLET,
(Commissaires : MM. Deslandres, Lemoine, Emile Picard, Appell,
Edmond Perrier ; A. Lacroix, rapporteur.)
La Commission propose de décerner le prix Thorlet à M. ApoLPHe
Ricnam», répétiteur à l’École centrale des arts et manufactures, qui poursuit
l'établissement de l'inventaire des périodiques scientifiques des biblio-
thèques de Paris.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
FONDATIONS SPÉCIALES.
| FONDATION LANNELONGUE.
(Commissaires : MM. Deslandres, Lemoine, Emile Picard, Appell,
Edmond Perrier; A. Lacroix, rapporteur.)
La Commission propose de partager les arrérages de Ja fondation entre
Mrs Cusco et Rück,
L'Académie adopte la proposition de la Commission,
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1319
PRIX DES GRANDES ÉCOLES
PRIX LAPLACE.
Ce prix n'ayant pu être décerné en 1915, 1916 et 1917, par suite de l'in-
terruption des études causée par la guerre à l'École polytechnique, l’Aca-
démie le décerne, en 1920 :
1° À M. Cuarces-Rexé Drovarn, né à Nantes, le 10 février 1894, sorti
de L'École polytechnique, en 1920, avec le n° 1, dans la promotion 1914;
2° A M. Paurz-Maurrce-FEerpinaxD Roy, né à Bourges, le 7 novembre 1890,
sorti de l'École polytechnique, en 1919, avec le n° 1, dans la promo-
tion 1917.
Les ressources de la fondation ne permettant plus de donner aux lauréats
un exemplaire des œuvres de Laplace, une médaille portant l'inscription
de leur nom et de l'attribution du prix leur sera remise.
PRIX L.-E. RIVOT.
Le prix est partagé ainsi qu'il suit entre les huit élèves des promo-
tions 1914 et 1917, sortis en 1920 et 1919, de l'École polytechnique, avec
les n°* 1 et 2 dans les corps des mines et des ponts et chaussées :
MM. Cnanres-Rexé Drouarn et Paur-Maurice-Ferpivanb-Rovy, sortis
premiers dans le corps des mines, reçoivent chacun sept cent cin-
guante francs ;
MM. Epuoy» Friepez et Léon Miçaux, sortis seconds dans le corps des
mines, reçoivent chacun cing cents francs;
MM. Raymoxn-Asexanpre-Aueusre FLEurY et JEAN LaPeBiE, sortis
premiers dans les corps des ponts et chaussées, reçoivent chacun sept cent
cinquante francs;
MM. AJeas-Géragn Rouerre et Grorçces-duies-Lucrex Courrier, sorlis
seconds dans le corps des ponts et chaussées, reçoivent chacun cinq cents
francs,
1320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
FONDS DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES.
FONDATION TRÉMONT.
(Commissaires : MM. Deslandres, Lemoine, A. Lacroix, Appell,
Edmond Perrier; Émile Picard, rapporteur.)
La Commission propose d’attribuer les arrérages de la fondation à
M. Cuances Frémonr, chef de travaux pratiques au laboratoire de méca-
nique de l’École supérieure des mines, pour ses recherches sur les outils.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
FONDATION GEGNER.
Commissaires : MM. Deslandres, Lemoine, Appell, Emile Picard,
A. Lacroix; Edmond Perrier, rapporteur.)
La Commission propose de décerner un prix sur la fondation Gegner à
M. Paur Harez, professeur honoraire à la Faculté des Sciences de Lille,
pour l’ensemble de son œuvre zoologique.
Toute la carrière de M. Hallez s’est développée à Lille. Depuis qu'il
était à la Faculté des Sciences de cette ville, l'élève et le préparateur de
Lacaze-Duthiers, il n’a pas publié moins de 105 Notes ou Mémoires ayant
trait à l'Embryogénie ou à Anatomie. Sa thèse sur les Vers plats, connus
sous le nom de Zurbellaires, est un ouvrage capital qu'il n’a cessé, par la
suite, de développer et de compléter dans des publications diverses, si bien
que c’est à lui qu’a été confiée la description des espèces nouvelles décou-
vertes au cours des expéditions du D" Jean Charcot dans l'Antarctique. Il a
étudié avec le plus grand soin l’embryogénie de ces Vers plats couverts de
cils vibratiles et découvert chez ceux des Dendrocæles qui habitent les eaux
douces deux modes de développement qu'il a désignés sous les noms de
diaphorogenèse et d’adiaphorogenése, et publié un Catalogue des Turbel-
laires du nord de la France. M. Hallez s’est également occupé de l’embryo-
génie et des conditions de développement des Vers allongés qui constituent
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1620. 1521
la classe des Nématodes. On lui doit encore d’intéressantes études sur
l'orientation des embryons des insectes. Dans une autre direction, il s’est
proposé de rechercher l’influence que pouvait avoir sur la forme définitive
d’un animal le calme ou l'agitation de l’eau dans laquelle il se développait.
Il a pu ainsi établir que deux formes de Méduses que l’on considérait comme
des espèces différentes : la Bougainvillei fontuisa d'Allmann et la B. oxmosa
de Van Beneden n'étaient que deux formes de la même espèce, la pre-
mière résultant de l'agitation de l’eau dans laquelle elle s’était développée.
Dans cette Méduse vit en parasite la larve d’un curieux animal voisin des
Arachnides, le Phoxechilidium paradoxum. Il a aussi constaté que deux
prétendues espèces de Trilader n'étaient que deux formes, dont l’une téra-
tologique, de la même espèce. >
M. Harez s’est également occupé des rares Nemertes d’eau douce, a
décrit leur enkystement, leur ponte d'hiver et leur ponte d'été ; il s’est,
d'autre part, employé à susciter de nombreux élèves qu’il accueillait libé-
ralement à son laboratoire du Portel, sur la Manche.
Tant de travaux, si variés, ne peuvent manquer de justifier auprès de
l’Académie la proposition de sa Commission.
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
»
FONDATION JÉROME PONTI.
(Commissaires : MM. d’Arsonval, Guignard, Bouvier, A. Lacroix,
Maquenne, le prince Bonaparte; H. Le Chatelier, rapporteur.)
M. le commandant Paur Nicocanvor, ancien élève de l'École Polytech-
nique et docteur ès sciences physiques, a poursuivi toute sa carrière
Scientifique au laboratoire de la Section technique de l'artillerie à Saint-
Thomas-d’Aquin. Adjoint au directeur de ce laboratoire en 1898, il en
devint le directeur en 1903 et conserva les mêmes fonctions jusqu’au début
de l’année 1920.
Se préoccupant constamment de généraliser les études, dont il était
chargé pour son service courant, il perfectionna ou mit au point de nom-
breuses méthodes d'analyses chimiques ou d’essais physiques; notamment
pour l’aluminium, les verres, les corps gras et les résines. Il a introduit,
Pour l'analyse des alliages, l'emploi du chlorure de soufre en vase clos.
Ses études sur l’écrouissage des métaux lont conduit à reconnaître
l’écrouissage du plomb, de l’étain et de tous les métaux-mous. Cet écrouis-
1322 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sage disparaît rapidement à la température ordinaire par récuit spontané,
mais persiste dans les mélanges réfrigérants, le plomb se comportant au
dessous de o° comme le cuivre à la température ordinaire.
M. Nicolardot a publié plusieurs volumes sur les petits métaux, entre
autres sur le vanadium et sur l’industrie des métaux des terres rares. .
Pendant la guerre, après avoir passé une année aux armées, 1l fut
rappelé pour monter une fabrique de chloropicrine et chargé ensuite d’un
grand nombre d’études intéressant la Défense nationale.
La Commission propose d'attribuer les arrérages de la fondation en prix -
à M. le commandant Paur Nicoranpor. |
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
FONDATION HENRI BECQUEREL.
(Commissaires : MM. Deslandres, Lemoine, A. Lacroix, Appell,
Edmond Perrier; Émile Picard, rapporteur.)
Aucune subvention n’est accordée sur cette fondation.
FONDS BONAPARTE.
(Commissaires : M. le prince Bonaparte, membre de droit, et MM. Des-
landres, président de l’Académie, A. Laveran, A. Lacroix, Carpentier,
Fournier, Kænigs, Daniel Berthelot; Lecomte, rapporteur.)
La Commission a eu à examiner quinze demandes de subventions.
Elle propose à l’Académie d’accorder :
1° 2000! à M. R. Anrnonv, assistant au Muséum national d'Histoire
naturelle, pour la publication du catalogue raisonné et descriptif des col-
lections d'Ostéologie du service d’Analomie comparée du Muséum.
2° 2000" à M. Parre EBermarpr, directeur de l’École supérieure
d'Agriculture et de Sylviculture de l’Indo-Chine, pour ses recherches sur la
flore de l’Indo-Chine qu’il poursuit depuis plus de quinze ans et qui néces-
sitent de nombreux déplacements.
Cette demande a été appuyée par MM. le prince Bonaparte et Lecomte.
3° 2000" à M, le D" Henri Marrin, pour ses fouilles de La Quina ( Gha-
rente). Les matériaux recueillis. seront remis, les ossements humains au
Muséum d'Histoire naturelle et les autres objets au Musée de Saint-Germain.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1323
4° 4000! à M. Emise Mataas, correspondant de l’Académie, directeur
de l'Observatoire du Puy de Dôme, pour ses recherches, poursuivies en
collaboration avec M. Kamerlingh Onnes, sur la courbe des densités des
az dont le point critique est voisin du zéro absolu (hydrogène, néon, ...).
l q yarogene, )
5° 2000! à M. Jacques Peregrin, assistant au Muséum national d'His-
toire naturelle, pour ses recherches et ses publications concernant les
poissons des colonies françaises.
Cette demande a été appuyée par MM. Edmond Perrier, Haug, Henneguy,
Tilho.
6° 20007 à M. Cuarses Pérez, professeur adjoint à la Faculté des
Sciences 'de Paris, pour ses recherches et publications sur les Crustacés
Epicarides du Golfe persique.
Cette demande a été appuyée par M. Bouvier.
7° 2000! à M. Rexé Souëees, pour ses travaux sur l'embryogénie des
plantes supérieures.
Gette demande a été appuyée par MM. Guignard, Mangin et Lecomte.
8° 2000! à M. P. Wivreegerr, préparateur d’'Anatomie comparée à la `
Sorbonne, pour ses recherches sur l’automatisme du mouvement locomo-
teur chez les embryons de Sélaciens. :
En résumé, la Commission propose l'emploi suivant des sommes mises `
à la disposition de l’Acadèmie par lun de ses membres, le prince Bona-
parte :
4: M: AnrThont....... TERE M E 2000%
2., M, EnrtBAnüT “sisi, Patir 2000
NM le D MARIN o aa 2000
E- M MAINS: a ree ae ue. 4000
S. M. PELRORIN. aroia Pi usure: 2000
D NE PR po ac. 2000
PM DOM LE EN ds vus 2000
6, Ms: NV INTRMSERÉ, ci cc nssis 2 000
| Thai. 0: 18000%
A la suite de la distribution de 1919, il est resté en réserve une somme
de 42000.
Si les propositions de la Commission sont acceptées, an reliquat
de 24000" sera reporté aux années suivantes.
L’Atadèmie adopte les propositions de la Commission et M. le Président,
1324 ACADÉMIE DES SCIENCES.
se faisant l’interprète de tous ses confrères, adresse de nouveaux et bien
vifs remerciments au prince Bonaparte pour l’appui si efficace qu’il apporte
à la Science française,
FONDATION LOUTREUIL.
(Membres du Conseil: MM. Desraxpres, Emize Picarn, A. Lacroix, JORDAN,
le prince Bonaparte; H. Le CHATELIER, rapporteur. )
Dans son rapport de 1917, M. A. Lacroix s'exprimait ainsi :
« Ce n’est certainement pas sans intention que M. Loutreuil, dans l’énu-
mération des buts de sa fondation, plaçait en première ligne les progrès des
sciences de toute nature, aussi est-ce avec la certitude d’entrer dans les
vues du généreux donateur, que le Conseil eût été heureux de pouvoir aider
surtout des recherches originales. Il a eu le regret de constater que jusqu'ici
les demandes concernant les travaux à exécuter sur un programme bien
défini n’ont été présentées qu’en nombre infime. Depuis trois ans, le plus
grand nombre des demandes ont eu pour objet des constitutions ou des
perfectionnements d'outillage, plus destinés à l’enseignement qu’au travail
personnel. Les heures tragiques que nous vivons sont sans doute pour
quelque chose dans cette disposition regrettable; nous espérons qu’elle s'at-
ténuera dans l'avenir. »
Cet espoir ne s’est malheureusement pas réalisé. Voici déjà deux ans que
tous les travailleurs sont rentrés dans leurs laboratoires, et cependant leurs
demandes de subventions en vue d’études déterminées se font de plus en
plus rares. La majorité des subventions demandées visent la publication
d'ouvrages isolés ou de revues scientifiques; viennent ensuite les demandes
de matériel pour compléter l’outillage général des laboratoires. Pour
quelques-unes de ces dernières demandes, leurs auteurs ont parfois invoqué
une vague intention de se livrer à des recherches mais en semblant vouloir
surtout donner une satisfaction platonique au dre émis à plusieurs reprises
par le Conseil de la Fondation Loutreuil. Cette année encore, un trop petit
nombre de demandes rentrent nettement dans la catégorie de celles que le
Conseil aimerait surtout à encourager.
Peut-être y aura- -t-il lieu, si cette situation ne se modifie pas, d'étudier
dans un avenir prochain une meilleure utilisation des revenus de la Fon-
dation Loutreuil, répondant plus exactement aux intentions du donateur.
Puisque la eeii indépendante continue à rester si peu active, ce serait
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1329
le cas d'essayer une nouvelle organisation du travail scientifique, en tenant
compte des résultats si intéressants obtenus dans les grands laboratoires de
recherches étrangers. La systématisation des études poursuivies suivant un
programme déterminé y assure un rendement hors de toute proportion
avec ce que donne le travail incoordonné.
` Sous réserve de ces observations, le Conseil de la Fondation Loutreuil a
fait les attributions suivantes :
Les demandes de subventions reçues par l’Académie des Sciences
s’élevaient cette année à la somme de 219600". Sur la proposition du
Comité consultatif, six de ces demandes ont été écartées, parce qu’elles
étaient présentées par des personnes appartenant aux universités, lesquelles
ont reçu de M. Loutreuil une dotation spéciale.
Le Conseil de la Fondation accorde '23 subventions formant un total
de 131 200%, dont voici le détail :
I. — Subventions accordées à la demande d'établissements désignés
par le fondateur.
1° École nationale vétérinaire d’ Alfort. — 8000!" à cet établissement pour
la création d’une chambre de balnéation et d’inhalation gazeuse en vue de
recherches éventuelles relatives à la thérapeutique des maladies cutanées
et respiratoires.
Le directeur de l’École d’Alfort fait valoir à l'appui de sa demande que :
« Les services ont eu grandement à souffrir de la guerre et de l’occupa-
tion militaire dont ils furent l’objet. Leur budget fut réduit à sa plus simple
expression et les disponibilités actuelles suffisent à grand’peine aux dépenses
courantes; elles ne permettent en rien de compenser la pénurie des années
de guerre.
» D'autre part, le Conseil des professeurs de l’École attache le plus
grand intérêt à la réalisation de recherches relatives à la thérapeutique,
par différents agents gazeux ou volatilisables, des maladies cutanées et des
affections de l’appareil respiratoire. Ces travaux, qui exigent la construc-
tion d’une chambre spéciale, seraient poursuivis en collaboration par divers
de nos maîtres, »
2° École nationale vétérinaire de Lyon. — 3200" à M. Fraxçors Marexox,
professeur à cet établissement, pour lachat d'instruments et d'appareils
destinés à ses recherches sur la nutrition.
L'auteur de cette demande déclare que « ses recherches en cours sur
C. R., 1920, »° Semestre. (T. 171, N° 25.) 100
1326 ACADÉMIE DÉS SCIENCES.
l’Avitaminose et l'Opothérapie lui ont déjà donné des résultats trés inté-
ressants. Elles sont la suite d’études antérieures sur la nutrition et le sys-
tème nerveux, qui ont été récompensées par quatre prix de l’Académie des
Sciences. La continuation de ces travaux nécessiterait l'achat d'appareils
dont les crédits limités du Laboratoire de Lyon ne permettent pas l'acqui-
sition.
Ces appareils sont : Une lampe de quartz à vapeur de mercure.
Un convertisseur de courant.
Une presse hydraulique de laboratoire ».
3° École nationale vétérinaire de Toulouse. — 3000" à M. Jean Laron,
professeur de physiologie de cet établissement, pour ses recherches sur la
physiologie comparée des sécrétions chez les diverses espèces animales.
L'auteur de la demande « sollicite l'attribution d’une subvention de 3000"
pour l'achat d’un galvanomètre à corde de Einthoven pour le laboratoire de
physiologie de l'École vétérinaire de Toulouse, Cet instrument lui est
nécessaire pour poursuivre ‘des recherches commencées en 1914 sur les
phénomènes électriques qui accompagnent les sécrétions glandulaires et en
PAPE les sécrétions du suc gastrique ». :
I — Subventions accordées à la demande d'établissements convoqués au
Comité consultatif de la Fondation par le président de l Académie.
1° Conservatoire national des Arts et Métiers. — 6000" à M. Henri CHauUMaT,
professeur à cet établissement, pour ses études sur les propriétés électriques
el magnétiques du fer obtenu par voie électrolytique.
« En prenant la succession de M. Marcel Deprez dans la chaire d’élec-
tricité industrielle du Conservatoire des Arts et Métiers, j'ai trouvé, nous
dit M. Chaumat, un laboratoire à peu près démuni de moyens de travail.
La pénufie est aussi grande en appareils pour des expériences de cours
qu'en appareils de précision pour des recherches.
» Je voudrais entreprendre des recherches sur les propriétés électriques
et magnétiques du fer obtenu par voie électrolytique. »
2° Laboratoire central d’ Électricité. — 10000" à cet établissement pour
les recherches qui y sont poursuivies, sous la direction de M. Paul Janet,
sur les étalons de l’ohm international. |
M. Paul Janet adresse une demande de subvention en faveur du Labo-
ratoire central d'Électricité pour des recherches sur les étalons absolus de
l'ohm international,
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1420. 1327
€ Ces mesures seront partieulièrement difficiles et pénibles; le voisinage
du métropolitain empêche dans la journée l'usage des galvanomètres sen-
sibles qu’il sera nécessaire d'employer. Il est donc probable que les mesures
définitives devront être effectuées la nuit, entre 1° et 3° du matin. I sera
nécessaire de rétribuer d’une manière spéciale le personnel travaillant dans
ces conditions. D'autre part, certains appareils de mesure et certaines
appropriations des appareils existants seront nécessaires. Étant donnés ces
frais matériels et l'évaluation du temps nécessaire à ces mesures, que nous
estimons s'élever à plusieurs mois, nous pensons qu’une subvention de
10000!" nous serait indispensable pour mener à bien ce travail, qui per--
mettra à la France d’être représentée dans les recherches internationales
que nous avons rappelées plus haut. »
HI. — Subventions accordées sur demandes directes.
1° 10000" à M. Cnarzes Arrua, explorateur, et au D' R. JeaxneL,
maître de conférences à la Faculté des Sciences de Toulouse, pour l’achè-
vement de l’étude des collections zoologiques et botaniques qu'ils ont
rapportées de leur voyage dans les hautes montagnes de l’Afrique orientale
et pour leur publication.
Les auteurs de la demande signalent que : « Ils ont reçu d'importants
manuscrits qu’il faudrait donner à l’impression pour terminer leur œuvre.
Six Mémoires restent à publier et certains d’entre eux sont d’une grande
importance, L'un d’entre eux, celui de M. Brôlemann, sur les diplopodes,
est même un travail de haute portée scientifique, qui sera certainement un
des joyaux de la publication.
» Il n'est pas nécessaire d’insister sur le besoin de recevoir encore l’aide
bienveillante de l’Académie des Sciences. Alors que les Mémoires parus en
1915 étaient imprimés chez F. Didot au prix de go“ la feuille, c est main-
tenant 260" la feuille que coùte la même impression. »
2° 5ooo! à M. Jures Baizraun, astronome adjoint à l'Observatoire de
Paris, pour l'établissement d’un microphotomètre ne, co du type
imaginé en 1912 par P. Koch.
3° 3000% à M. Hesry Bourçr, directeur de l'Observatoire de Marseille,
pour le Journal des Observateurs. ;
L'auteur fait valdir à l'appui de sa demande le coût actuel des impres-
1328 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sions :-« Je tire à 300 exemplaires, je distribue 116 exemplaires et j'ai
65 abonnés à 35" le volume.
» Par suite des majorations successives dans toutes les matières pre-
mières et dans la main-d'œuvre, je vais payer cette année environ 325" la
feuille d'impression in-quarto.
» Je nai pas, dans mon budget de l'Observatoire, des crédits spéciaux
pour les frais de cette publication, que je prends sur les frais généraux
d'impression; d'autre part, je reçois journellement de plus en plus de copie,
tant des observatoires alliés que des observatoires français, et il mest de
plus en plus difficile de se oir faire paraître en emp voulu les observa-
tions que l’on m'envoie.
4° 2000" à M. Crémesr Coprox, directeur du Laboratoire des essais
industriels à l’Institut industriel du nord de la France pour ses recherches
sur le sciage des métaux.
« Je sollicite une subvention, dit l’auteur de la demande,
» 1° Pour récompenser les essais que j'ai faits depuis plus de vingt
années;
» 2° Pour me permettre de poursuivre ceux que j'ai entrepris sur le
sciage des métaux, essais très longs et très dispendieux, dont le programme
comporte :
» a. Étude des scies et des scieuses à lame droite:
» Théorie de l'équilibre de la lame droite sciant des pièces de sections -
diverses; £
» Essais de sciage de divers métaux; essais de durée d’une lame droite et
essais de a doaut :
» Diagrammes biens et longs calculs;
» Étude des modèles de scieuses employés dans l’industrie.
» b. Étude des scieuses à lame sans fin employées dans l’industrie.
» c. Étude des scieuses à lame circulaire.
» d. Étude des disqueuses ou machines à disques lisses.
b
5° 5ooo! à lPÉcore »'Axrurororoëre pour la publication de la Revue
d’Anthropologie.
« L'augmentation toujours croissante des frais d'impression entraine
maintenant de nouvelles et onéreuses conditions de notre éditeur et nous
meLaujourd'hui dans une situation difficile, devant laquelle les moyens très
restreints dont dispose la Revue d’ Anthropologie restent impuissants, »
6° 4000!" à M. le D! Justis Joczx, directeur du Laboratoire d’histologie
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1420. 1329
à l'École des hautes études, pour la publication d’un ouvrage sur le sang et
l’'hématoporèse.
L'auteur de la demande sollicite une subvention « destinée à la publica-
tion d’un ouvrage original sur le sang et l’hématoporèse, dont l’analogue
n'existe ni en France ni à l'étranger, et qui doit comprendre environ
1000 pages et 500 figures. Sans la guerre, ce livre, qui sous une forme
didactique donne un ensemble de recherches sur le sujet, aurait déjà
paru ».
7° 7000!" à M. Louis Jousix, professeur au Muséum national d'histoire
naturelle, pour la publication des résultats de l'expédition RE
française.
« Il s’agit de publier deux Mémoires de M. Peragallo sur les Diatoimées
antarctiques, faisant suite à la publication de l’expédition antarctique fran-
çaise. Les fascicules prévus formeront 100 à 120 pages de texte in-4° avec
7 planches hors texte.
» Les prix des publications augmentent tous les jours et il est à craindre
que le chiffre actuel établi par la librairie Masson ne soit prochainement
encore dépassé. »
8° 3000!" à feu Jurres Laurenr, professeur à l'École de médecine de
Reims, pour la publication de la flore et géographie raisonnée des environs
de Rainis r
Mme Vve Laurent, aujourd’hui elle-même décédée, a Toad une
subvention pour la publication de cette œuvre de son mari, que dirige
notre confrère M. Gaston Bonnier. « Cette publication sur la géographie
botanique et agricole des environs de Reims et de la plus grande partie de
la Champagne est en voie d'exécution. Elle comporte, outre le texte, de
nombreuses figures et cartes. i
» Or les prix d'impression et de papier ont augmenté dans une forte pro-
portion, et bien que j'aie contribué moi-même aux frais de cette publication,
celle-ci ne pourrait être achevée sans cette subvention. »
9° 3000" à MM. Henri Brocaro, lieutenant-colonel du génie, et Léos
Lemoyxe, pour la publication des Tomes I et I de leur ouvrage intitulé :
Courbes géométriques remarquables planes et gauches.
Il manquait, nous a-t-il semblé, un ouvrage qui, rassemblant dans une
abondante bibliographie les travaux publiés sur cette partie de la Science —
travaux épars à travers les revues mathématiques — ainsi que les résultats
1330 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les plus importants que l’on avait obtenus, püût servir de point de départ
pour des recherches nouvelles.
« Nous avons publié le Tome I à nos frais; nous comptions publier dé même
les Tomes IT et HI. Mais à l'heure actuelle la hausse considérable des prix
d'impression et du papier ne nous permet plus de continuer seuls l'exécution
de notre projet. »
10° 2000" à M. A. Mevreaux, assistant au Muséum d’ histoire ai
pour la Revue française d'Ornithologie.
L'auteur de la demandé lie le randuro laits de la neue qui
a été déjà accordée l’année précédente : « Pendant la guerre, grâce à l’aide
des abonnés, la Revue a pu paraître régulièrement, mais nous ne sommes
malheureusement pas revenus aux conditions normales, cas les frais d'im-
pression continuent à augmenter sensiblement, »
>
11° Sooo! à M. Cuarces Norway, astronome å l'Observatoire de Paris,
pour ses recherches sur la photométrie hétérochrome stellaire.
12° 8000" à l'Observatoire de Zi-ka-wei, près de Chang-haï, en Chine
(R. P. Gavuraier, directeur), pour l'enregistrement des signaux horaires
émis par les centres lointains.
13° 2000! à l’abbé O. Parewr, professeur à l'Institution Sainte-Marie,
à Aire-sur-Lys (Pas-de-Calais), pour ses études sur un groupe de Diptères :
les Dolichopodides.
« L'auteur se propose de produire une monographie des espèces fran-
çaises de Dolichopodides.
» Cette œuvre suppose un état exact et aussi complet que possible des
espèces vivant sur notre sol. Ce recensement, qui exigé des chasses person-
nelles et l’aide de correspondants, n’est pas achevé.
» Ce travail de recensement, mené à bien, permettrait d'établir la dis-
tribution géographique des espèces de France, d'en noter les particularités,
d'en rechercher les raisons et d'établir une comparaison entre la faune fran-
çaise et celle des pays limitrophes, où les recherches ont été poussées plus
avant que chez nous. »
14° t0000" À à MM. G. Pruvor et G. Racovrrza, directeurs des Archives
de Zoologie expérimentale et générale, pour cette publication.
« Dès le début de la guerre, toutes les Revues techniques spécialisées
qui étaient entre les mains d’éditeurs, libraires, commerçants ont suspendu
leur publication et elles ne l'ont pas encore reprise. Seuls ont continué’à
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920 1331
paraitre ceux des recueils dont les directeurs scientifiques avaient assume
personnellement la charge.
» Parmi ces derniers, les Archives de Zoologie expérimentale ont fait
paraître, depuis juillet 1914, 62 fascicules formant la matière de 5 volumes
et sont encore le seul périodique en état de publier les travaux importants
des zoologistes français avec toute l'étendue de texte, l'abondance de des-
sins et de planches que réclament les recherches modernes ; mais le déficit
qui n'a pas cessé d'augmenter depuis 1914 arrive à dépasser nos forces,
Et l’on ne peut espérer, d'autre part, une modification prochaine de ce
désastreux état de choses. »
15° 6o00" à M. Arcwe Rarer; professeur honoraire des Écoles
nationales vétérinaires, pour un ensemble de recherches sur les parasites
des animaux domestiques de l'Indo-Chine.
« Ces recherches, dit l’auteur de la demande, sont en cours depuis
plusieurs années et ont déjà été l’objet de diverses Notes. Elles me paraissent
mériter d’être poursuivies et publiées, en raison de in qu’elles peuvent
présenter au double point de vue scientifique et pratique. »
16° 4oo0of à M. J.-J. Rey, directeur adjoint de l'Observatoire de Tou-
louse, pour la publication d'une géographie botanique des Pyrénées cen-
trales.
« Le montant de cette subvention, déclare l’auteur de la demande, serait
affecté à la continuation de travaux effectués à l'Observatoire du Pic du
Midi, en vue de la publication, dans le Bulletin de l'Observatoire de création
toute récente, d’une géographie botanique des Pyrénées centrales, »
17° 10000" à M. Maxmiries Rivéecmanx, professeur à l’Institut national
agronomique, pour des recherches relatives aux constantes physiques et
mécaniques des métaux destinés à la construction des machines agricoles.
L'auteur de la demande en précise ainsi l’objet.
« Mon programme est divisé en trois parties :
» 1° Étude des métaux des différentes pièces des machines agricoles
réputées, construites avant la guerre, lorsque nos constructeurs étaient à
même de choisir empiriquement leurs matières premières.
» Cette partie présente des difficultés : il me faut chercher ou faire
chercher sur place (frais de déplacement) les échantillons en visitant des
exploitations agricoles, surtout celles de mes anciens élèves capables de
comprendre le but scientifique de mes recherches, et incapables de me
tromper sur la provenance des pièces. »
1332 ACADÉMIE DES SCIENCES.
« Les deuxième et troisième parties sont résumées dans ma récente
Communication à l’Académie des Sciences (3 novembre 1919, p. 807):
Sur les recherches de résistance à l'usure des pièces de machines agricoles.
» Pour la deuxième partie, le manège spécial est en cours de montage.
» L’exécütion de la troisième partie du programme (essais dans les
champs) nécessitant la construction de chariots spéciaux, de nombreuses
journées d’attelages, des frais de déplacement du personnel dans plusieurs
exploitations, ne peut s’entreprendre et être accélérée qu’à la condition
d’avoir un budget suffisant à ma disposition. »
18° 12000 à l’Acapéwie pes Screxces pour l'établissement de l’inven-.
taire des périodiques scientifiques et techniques dans les bibliothèques de
Paris. |
Voici le texte même du rapport présenté par M. A. Lacroix: .
« L’inventaire des périodiques des sciences pures et des applications de
la science possédés par les bibliothèques publiques à Paris, inventaire qui
se poursuit sous le patronage de l'Académie, est une œuvre considérable
qui rendra les plus grands services aux Fe
» Une première étape a consisté à réunir des fiches qualitatives sur ce
que possèdent les ne parisiennes; elle est franchie. Nous avons
environ 15000 fiches, qu'il s agit de mettre au net, au point de vue biblio-
graphique et au point de vue qanuni Il faut en outre concentrer sur
une fiche unique les indications concernant un même périodique souvent
représenté dans plusieurs bibliothèques.
» Enfin, une dernière révision doit être faite avant l'impression : elle
doit être accompagnée de la confection de fiches secondaires d'appels,
concernant les villes, les académies, les sociétés, etc., qui compléteront les
indications fournies par le titre compli du périodique.
» Ce long travail est effectué par plusieurs bibliothécaires opérant sous
ma direction : une fois complète, chaque fiche est dactylographiće et pré-
parée pour l'impression. Si rien ne vient entraver notre organisation, le
manuscrit sera prêt pour Pâques 1921.
» La somme de 12000" demandée est destinée à couvrir les frais de
rédaction et de dactylographie qui ont été jusqu'ici et provisoirement
assurés sur les fonds particuliers de l’Académie. »
Les subventions accordées s'élèvent à la somme de 131200". Nous en
donnons la récapitulation dans le tableau suivant :
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920.
1° Subventions accordées à la demande des établissements
désignés par le donateur :
Ecole nationale vétérinaire d’Alfort..,.... Rides
École nationale vétérinaire de Lyon : M. François Maignon.
École nationale vétérinaire de Toulouse : M. Jean Lafon..
2° Subventions accordées à la demande d'établissements
convoqués au Comité consultatif de la Fondation par le
président de l’Académie :
Conservatoire national des Arts. et Métiers : M, Henri
3° Subventions accordées par demandes directes :
MM. Charles Alluaud et le D" R. Jeannel ........ es A
M: Jules Baland: <ie sien ec tale a
M. Henry Bourget RU SP ni ER Me np
M: Glément GOJON. ti ir RER de es
École a AU OpolGE E Crus res bre e nee rare
M: dasni JONY aE e UE CUS TR AN o e ero da
M: bonis Joa U A a a a ra r N
Fea Jules DRAGON DE aare a date TES
MM. Henri Brocard et L. EE E RE EA
M. À. Menegaux...... Rens Se per A TES déc rens nues
M Charles: Nordmann... oar le ii made a
Observatoire de Zi-Ka-Wei..... a a TE F
M. l'abbé Parent...... Re a Lives sus es
MM. G. Pruvot et G. Racovitza..... Re a
IMA PR nel ur iris Éédiit dre :
Académie des sciences. ...,....... PRÉ TA tv a
Fo ire
fr
8000
3200
3000
6000
10000
10000
5000
3000
2000
5 000
4000
7000
3000
3000
2000
5000
8000
2000
10000
6000
4000
10000
12000
131 200
1333
1334 ACADÉMIE DES SCIENCES.
FONDS CHARLES BOUCHARD.
(Commissaires : MM. Armand Gautier, Guyon, Fdmond Perrier,
Guignard, Roux, Laveran, Henneguy, Charles Richet, Quénu,
Widal; d’'Arsonval, rapporteur.)
La Commission propose d'attribuer les arrérages de la fondation à
M. Cnarses VaizLanr, chef du laboratoire de radiographie à l'hôpital
Lariboisière, en récompense des services qu’il rend depuis de nombreuses
années à la science radiographique, et qu’il a payés e série de doulou-
reuses mutilations,
L'Académie adopte la proposition de la Commission.
CONDITIONS GÉNÉRALES DES CONCOURS.
Les pièces manuscrites ou imprimées, destinées aux divers concours de
l’'Acadéinie des sciences, doivent être adressées à MM. les SECRÉTAIRES
PERPÉTUELS DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES, quai Conti, n° 23, à Paris, avec
une lettre constatant l’envoi et Re $ concours pour E elles sont
présentées.
Les ouvrages imprimés doivent être envoyés au nombre de trois
exemplaires. |
Les manuscrits doivent être écrits en français.
Par une mesure générale, l’Académie a décidé que la clôture de tous les
concours aura lieu le 31 décembre de l’année qui Dee celle où le
concours doit être jugé. |
Les concurrents doivent indiquer, par une analyse succincte, la partie
de leur travail où se trouve exprimée la découverte sur laquelle ils appellent
le jugement de l’Académie.
Les concurrents sont prévenus que l’Académie ne rendra aucun des
ouvrages ou mémoires envoyés aux concours; les auteurs auront la liberté
` d'en faire prendre des copies au secrétariat,
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1335
Le même ouvrage ne pourra pas être présenté, la même année, aux
concours de deux académies de l’Institut de France.
L'Académie se réserve d'examiner, sans aucune condition de candida-
ture, les titres des savants qui pourraient mériter les prix.
Le montant des sommes annoncées pour les prix n’est donné qu’à titre
d'indication, subordonnée aux variations du revenu des fondations.
Nul n’est autorisé à prendre le titre de LAURÉAT DE L'ACADÉMIE, s’il n’a
élé jugé digne de recevoir un PRIX. Les personnes qui ont obtenu des
récompenses, des encouragements, des mentions ou des subventions n’ont pas
droit à ce titre.
Nota. — L'Académie a supprimé, depuis l’année 1902, la formalité qui rendait obligatoire
l'anonymat pour certains concours, avec dépôt d’un pli cacheté contenant le nom de l’auteur,
Cette formalité est devenue facultative.
LECTURES.
M. A. Lacroix, Secrétaire perpétuel, lit une Notice historique sur
Albert-Auguste de Lapparent.
A Irak P.
1330
ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLEAU DES PRIX ET SUBVENTIONS
ATTRIBUÉS.
ANNÉE 1920.
MATHÉMATIQUES. -
PRIX FONDÉ PAR L'ÉTAT : Era PRIX DES
SCIENCES MATHÉMATIQUES, — n prix est
décerné à M. Ernest Esclan E E
PRix PONCELET. — Le prix est pae à
M. Elie Carta
Prix FRANCŒUR. — Le prix est décerné à
M HCH6 DOiTé., iii sise ini
MÉCANIQUE.
Prix MonTyoN. — Le a est décerné à
M. Ste téph ane Drzewiec
PRIX dm — Le prix est partagé
entre M dv Auclair et M. Alfred
B 111n
Prix H. DE tn — Le prix est décerné
à M. Jean Villey
ASTRONOMIE.
Prix LALANDE. — Le prix est décerné à
M. Léopold Schulhof.
PRIX hate VALZ. — — Le prix est décerné
à est Mauban
Mie Janda. — Le prix est décerné
à M. William-W. Coblentz +
Prix PIERRE Guz — Trois prix sont
décernés sur les arrérages : un à M. Fran-
à M. René Jarry-
Desloges, un à M. rt El Ph. Lagrula.
GÉOGRAPHIE.
Prix DELALANDE-GUÉRINEAU, — Le prix est
1262
1264
1265
décerné à M. Georges Bruél...... Este +
FONDATION TCHIHATCHEF. — Le
~ décerné à = de Er Chevalier. er
Prix BINOU e prix est décerné à
M. ke Jaira st
ss.
NAVIGATION.
PRIX DE SIX MILLE FRANCS. — Le prix est
: le général Fernand
nier
RS sn dd SSP PTT ENS seu ester en err?
PHYSIQUE.
Prix L. LA Caze. — Le prix est décerné à
M. TER Sagnac......
Prix HÉBERT. — Le prix a décerné à
M. Léon Bonthillon. +:
prix est décerné à
e
scsi
rover
ss...
De
tion est erordée à M. sé Se
CHIMIE.
ft “ir DES ARTS INSALUBRES. — Un
es né à M. Léonce ya the;
t décern
sd mentions sont attribuées : l’une à
M. Paul este Pautre à M. Henri
Guinot das e te crer et
Prix JEC rix est partagé entre
EG e pr
M. Henri Fe et M, Henri Hérissey.……
1278
1281
1283
1284
nue DU
Prix A A CAzE. — Le x est décerné à
De press ie Coise
M.
F radis he
partagés également entre M nr
Cornub tt M: ROD Sn
Prix HOUZEAU p est décerné à
leu Emile Baudis S eryner o iek res
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE.
Prix FONTANNES. — Le rs est décerné à
— fe oe est décerné
M. Albert Bor deaux
BOTANIQUE.
Prix DESMAZIÈRES. — Le prix est décerné
à M. Albert Maublanc; une mention
honorable est accordée à M. Pierre See.
Prix DE CoiNcy. — Le prix Eine décerné à
M. Lucien Hauman -Mer
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
Prix CUVIER. — Le
M. Alphonse Malaquin.....:..,..
FONDATION SAVIGNY. Tu arrérages sont
attribués à M. Ferdinand Le
Prix JEAN THORE. — Le prix est Iate à
M. Auguste Cros Eeva RER
ik est décerné à
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
Prix MonTyow. — Un prix est décerné à
honorable - décer née
. à
citation est accordée à M. Joseph Rigaut
et à M. FTE Orticoni
Le prix est décerné à
` Albert Berthelot in
PRIX ge — Un prix est décerné à
. aiste Marie et Constantin Leva-
; un autre à M. Henri Violle.
DA =: Le es est décerné à
M. Hony kana
RIX DUsGATE. — Un encouragement est
accordé à M. Jules La cq; un autre à
M. Albert dr CAE VU). eue
PRIX BELLION prix est décerné à
MM Maurice Een tois- Sufit et René
Giroux ; une mention
dée à MM, Jean Bec et André Pérès....
PRIX DU BARON LARREY. — Le prix est dicciai
M. Julien Peyrot; une mention très
20 DÉCEMBRE 1420.
1287
1301
honorable est accordée à M. Flavien
Bonnel-Roy et à M. Pierre Talon...
PHYSIOLOGIE.
Prix Monryon. — Le prix est décerné à
M: EME Lerroen seso aeaa
Prix LALLEMAND. e prix est décerné
à MM. Are Sollier, Marius Chartier,
Félix Rose et Charles Villandre; une
nan soi ho SENI est accordée à
Andre GUULAUMC: cos aos w Eaa
Ea L. LA CAZE. — Le prix est décerné à
Mo Maurice ATARI EUR ess sine
PRIX MARTIN-DAMOURETTE. — Le er est
déce M. François Heymans.......
ma
— Le prix est RARE
M. Charles Dhéré
STATISTIQUE.
Prix MONTYON. — Le prix est décerné à
M. Eugène Fournier; une mention est
accordée à M. Francis Messerli
1337
1303
1303
1304
1305
1305
1306
HISTOIRE ET PHILOSOPHIE DES SCIENCES.
Prix Binoux. — Un prix est décerné à
M. a Doublet; un autre à M. Jean
Mas
MÉDAILLES.
res por BERTHELOT.— La EA estdécer-
. Léonce Barthe, Henri Gault,
Henri Hér issey, “Robert de For crand de
PRIX GÉNÉRAUX..
Prix BorDIN. — Le prix est décerné à
M. Jacques de ppoe
PRIX SERRES. e prix est partagé égale-
ment entre MM. Octave Duboscq et Louis
sr
éger
ton VAILLANT. — Une PETTA est
attribuée à M. Paul Le Rolla
Prix HOULLEVIGUE. — Uu prix est décerné
à M. Françoi. ain; 5 autre à
RU enr
x est or à
1 — Le prix est décérné à
ène Lambling
Prix CAMÉRÉ. e prix est décerné à
Gaston Pigeaud
Roux. — Le prix est décerné
. Adolphe Lepape
Prix THORLET Le prix est décerné à
M. Adolphe Pickard 3:
pe p
308
1309
1309
1310
1313
1338
FONDATIONS SPÉCIALES.
FONDATION LANNELONGUE. — Les arrérages de
la Sr sont partagésentre Mw°° Cusco
et Aue
nn msn ns
PRIX DES GRANDES ÉCOLES,
Prix LAPLACE. — Le prix est décerné à
318
ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Charles Drouard et à M. Paul-Mau-
mand ROVER ee
— Le prix est partagé
Pise Drouard et Paul-
nr.
FONDS DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES,
nr TRÉMON rrérages de la
pee sont a: à M. Charles
ie nt
FONDATION GEGNER. — Un prix est décerné
M Paul Halles st pee
FONDATION JÉROME Pont. — Un P» est
décerné à M, Paul Nicolardot....,.,...
Fonps BONAPARTE. — ge subventions sont
‘accordées à MM. R. Anthony, Philippe
erhardt, Hen i Mar tin, Emile Ma-
ya Jacques Pallegrin, C es les Pérez,
René Souèges, P, Wintrebert.........,
FONDATION LOUTREUIL. — Des subventions
sont accordées à V Ecole nationale vétéri-
a générales des concours
1320
1320
1321
1322
naire a M. François ne F,
à M. n Lafon, à M. Henri Chau
Dose central d récré :
Lemoyne et Henri Brocard, à M. A
nes aux Chartes Nordmann, à
l'Observatoire de Zi-Ka- Wei, à M. l'abbé
J.-J. Rey,
. Maxi n Tr ig elmann, à Pita-
Pal ie tes Aetentet. a., arr eara es
DS: CHARLES BOUCHAR —- uit
Ai attribuée à M. Oark ts
s relatif au titre de Lauréat de l'Académie
..
1319
1319
1324
1334
1334
1335
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920.
1339
TABLEAU DES FONDATIONS (')
pour les années 1921,
MATHÉMATIQUES.
1921.
1922.
Prix FRANCŒUR.
PRIX PONCELET.
MÉCANIQUE.
Per PisNSON PER.
. Prrx FOURNEYRON
. PRIX HENRI DE Paavius.
ASTRONOMIE-
PRIS RE alt
. Prix BENJAM
PRIX DG n Poxrteovast.
1922. Prix JANS
Prix D
1995. Prix PIERRE GUZMAN.
GÉOGRAPHIE.
1921. Prix Gay. — Progrès les plus récents dans
la géodésie.
1921, a Ra en
1922. x D DE-GUÉRINEAU.
1922. pes ARESE
NAVIGATION.
19M, PRIX DE SIX MILLE FRANCS, destiné à récom-
ense rogrès} se nature à accroitre-
l'efficacité de nos forces navales,
1921. Prix PLUMEY.
PHYSIQUE.
1921. Prix GASTON PLANTÉ. -
1921. Prix HENRI DE PARVILLE.
1921. Prix HÉBERT.
+ x HUGHES.
1921. À pr ip rs FELIX.
1922. LA C
1922. Pi irae Pouer.
{ PRLS I TAS AY AK 22
1092, t933, 1044 D.:
1923. Prix PIERSON-PERRIN.
1923. FONDATION DANTON.
CHIMIE.
1921. Prix MoNTYON. — Arts insalubres.
1921. PRIX JECKER
1921. FONDATION CanouRns.
1922. Prix L, LA CAzE
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE.
1921. x CUVIER.
1921. rs DELESSE.
1921. Prix Home RAULIX, — Géologie et, Pa-
léontologi i
1921. Prix Labs LABBÉ.
1922. Prix JAMES HALL.
1923. Prix FONTANNES.
BOTANIQUE.
1921. Prix DESMAZIÈRES.
1921. Prix MONTAGN
1921. PRIX JEAN Tuons.
1921. PRIX DE COINCY.
1921. Paix JEAN DE RUFZ DE Lavisox.
1999. Prix DE LA Fons-Mézicoce
ÉCONOMIE RURALE.
1923. Prix BigoT DE MOROGUES.
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
1921. Prix DA GAMA MACHADO.
1921. FONDATION SAVIGNY. )
1922. Prix GUVIER
(922. PRIX JEAN THORE-
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
1921. Prix MONTYON.
1921. PRIX BARBIER
1921. Prix BRÉANT.
| .voir l'Annuaire de l’Acadermie.
1340
1921. Prix re
1921. Prix M
PRIX Beti LION.
. PRIX DU BARON LARREY.
. PRIX ARGUT.
. PRIX CHAUSSIER.
. PRIX DUSGATE.
PHYSIOLOGIE.
¿PRix
i PRIX eapi
PRIX POURA
STATISTIQUE.
1921. Prix MONTYON.
HISTOIRE ET PHILOSOPHIE
DES SCIENCES.
1921. Prix BiINoux.
MÉDAILLES,
1921. MÉDAILLE ARAGO
1921. MÉDAILLE Kavouikn #
1921. MÉDAILLE BERTHELOT.
PRIX GÉNÉRAUX.
1921. PRIX FONDÉ PAR L'ETAT : GRAND PRIX DES
SCIENCES PHYSIQUES. — Etablir une classifi-
cation méthodique des plantes vasculaires
1921. Prix BorpiN (Sciences mathématiques).
Per fectionner les théories sur l’analysis situs,
développées par Poincaré so des mémoires
celèbres. z. cherchera à rattacher, au moins
ans as particuliers penpe es que.
ion Féim trie de situation, ‘concernant
une multiplicité donnée, à l'étu : ses
1921. Prix Perit D'ORMOT.
YNAUD
i ciga DU BARON DE Jokat (Sciences phy-
es).
191. Fau PARKI
1921. Prix SAINT UR EE. mathématiques).
1921. Prix on DE PARV
1921. Prix i
1921. Prix HENRY WILDE.
1921. Prix GUSTAVE Roux.
fi
ACADÉMIE DES SCIENCES.
1922. PRIX FONDÉ PAR L'ETAT : GRAND PRIX
SCIENCES MATHÉMATIQUES. — La détermination
des clas tendues de surfaces par des pro-
prietes données de leurs Re pee
considérées dans l’espace ordinaire
1922. Prix ALHUMBERT (Sciences shyitques
sr
ae i HouLLeviaue (Sciences mathéma-
es).
1922 Pa ee (Sciences physiques).
1922. x CAMÉ
1922: Pi Viton RAULIN (Météorologie et Phy-
sique du Globe
1923. Prix FORDE : PAR L'ÉTAT : GRAND PRIX DES
des sur-
fac
conduit à une équation aux dérivées partielles
du ee ordre intégrable par la méthode
de our
1923. Paa Ser RE
Fes der Eoman Dean (Sciences mathé-
: tique
1924. Piux VAILLANT (Sciences M
1924. prix Jean-JAGQUES BERGER.
1924.
1926. Pax DU BARON DE JOEST (Sciences mathé-
mati
1927. Pak ALHUMBERT (Sciences mathématiques).
ARKI
/C-: 1 ues)
1929. Prix THEURLOT.
FONDATIONS SPÉCIALES.
1921. FONDATION LANNELONGUE.
PRIX DES GRANDES ÉCOLES.
11921. Prix LAPLACE.
1921. Prix L.-E. RIVOT.
FONDS DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES?
1921. FONDATION TRÉMONT.
1921. FONDATION GEGNER.
1921. FONDATION Fons BECQUEREL,
1991. Fonps CHARLES BOUCHA
1922. vietor de JÉROME Poiti ‘(Sciences mathé-
matique
1924. Pon Jérome Ponti (Sciences phy-
1921. Prix THORLET.
siques)
p_i —
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920.
1341
TABLEAU PAR ANNÉE
DES PRIX POUR 41924, 41922, 41923,
MATHÉMATIQUES.
Prix FRANCŒUR,
MÉCANIQUE.
Prix MONTYON.
PRIX PONGELET,
Prix; BOILEAU.
PRIX. nt
ASTRONOMIE.
PRIX LALANDE.
PRIx BENJAMIN VALZ.
Prix G. DE PONTÉCOULANT.
GÉOGRAPHIE.
Prix GAY.
FONDATION TCHIHATCHEF,
NAVIGATION.
PRIX DE SIX MILLE grenek
penser tout pro grès de na
cité de n pa di a sn
Prix MEY
PHYSIQUE.
PRIX GASTON PLANTÉ.
Prix HENRI ce PARVILLE,
Prix HÉB
PRIX dus $
FONDATION CLÉMENT FÉLIX.
CHIMIE,
Prix MoNTyoN. — Arts insalubres.
Prix JEC .
FONDATION CAHOURS.
C.-R., 1920, 2° Semestre. (T. 17
destiné à récom-
ure à accroître l’effica-
L N° 25.)
1924,
1921.
Prix Hov
Prix ARE
MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE.
Prix CUVIER.
RIX DELESSE.
Prix VICTOR RAULIN.
Prix JOSEPH LABBÉ.
BOTANIQUE.
PRIX DESMAZIÈRES.
E.
INC
PRIX JEAN DE Rurz DE LAVYISON.
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
RIX DA GAMA MACHADO.
Fier SAVIGNY
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
Prix MONTYON.
ON.
PRIX DU BARON LARREY.
PRIX ARGUT.
PHY$SIOLOGIE.
PRIX MONTYON.
Prix FANNY EMDEN.
STATISTIQUE.
Prix MONTYON.
i
1342
HISTOIRE ET PHILOSOPHIE DES SCIENCES,
Prix BINOUX.
MÉDAILLES.
MÉDAILLE ÅRA
MÉDAILLE os.
MÉDAILLE BERTHELOT.
PRIX GÉNÉRAUX.
PRIX FONDÉ PAR L'ÉTAT : GRAND PRIX DES
SCIENCES PHYSIQUES
Prix BORDIN ue mathématiques).
Prix PEyIT D'ORMoY (Sciences mathématiques
pures ou appliquées et Sciences naturelles).
P E CONTE.
PRIX Tax REYN
PRIX DU BARON DE sJan (Sciences physiques).
PRIX
PRIX Sarsroun re mathématiques).
PRI ENRI DE PARVILLE.
PRIX De
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Prix HENRY WILDE.
Prix GUSTAVE Roux.
Prix THORLET
FONDATIONS SPÉCIALES.
FONDATION LANNELONGUE.
PRIX DES GRANDES ÉCOLES.
PRIX LAPLACE.
Prix L.-E. RIvor.
FONDS DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES.
FONDATION Ea nR
FONDATION GEGNE
FONDATION de os
Fonps Bon
nee on
ONDS CHARLES BOUCHARD.
1922.
Prix PoNcELET (Mathématiques).
Prix FOURNEYRON.
Prix HENRI BE PARVILLE (Mécanique).
Prix Janss
Prix DELALANDE-GUÉRINEAV, i
Prix BIN
Prix L. LA Da aijr
Prix KASTNER-BOURS
Prix L. LA CAZE t Chime);
Prix JAMES HALL,
Prix DE LA Fons MÉLICOCQ.
PRIX CUVIER.
PRIX JEAN THORE.
Prix L, LA Caze (Physiologie).
PRIX MARTIN-DAMou URETTE.
PRIX FONDÉ PAR des =
e N MATHÉMATIQ
UMBERT tSdoeces physiques).
en
GRAND PRIX DES
ques).
E (Sciences A
Prix SAINTOUR (Séance physiques
Prix gat m
Prix Vic AULIN.
Fairon re PonrTi.
1925.
Prix DAMOISEAU
Prix BIGOT DE ones.
PRix CUVIER.
PRIX MES R E mathéma-
)
tiques).
1924.
Prix HOULLEVIGUE eeg physiques).
PRIX JEAN-JAGQUES BER
Prix PAR
Piina us PonrTi.
SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1920. 1343
1925.
PRIX GUZNAN. | PRIX DUSGATE.
1926.
PRIX DU BARON DE JoEsT (Sciences mathématiques).
1927.
PRIX ALHUMBERT (Sciences mathématiques). | Prix PARKIN.
1928.
Prix EsTRADE-DELCROS (Sciences physiques).
1929.
Prix THEURLOT.
1344 ACADÉMIE DES SCIENCES,
ERRATA.
(Séance du 25 mai 1920.)
Note de M. M. de Broglie, Sur la structure fine des spectres de rayons X :
Page 1245, dernière ligne, au lieu de j'ai signalé récemment que la raie du
spectre K..., lire j'ai signalé récemment que la raie 8(1—0.,1844 À ) du spectre K....
P J 8 1 P
(Séance du 6 décembre 1920.)
Note de M. Pierre Teilhard de Chardin, Sur la succession des faunes de
Mammifères dans l’Éocène inférieur européen :
Page 1161, ligne 16 en remontant, au lieu de peut-être assez voisins des Hyrax,
des Pleuraspidotherium..., lire peut-être assez voisins des Hyrax, les Pleuras-
pidotherium....
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 27 DÉCEMBRE 1990.
PRÉSIDENCE DE M. Henri DESLANDRES.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉOLOGIE. — L'Éocéne au Pérou. Note de M. H. Douvizié.
Vers la limite nord du Pérou, entre Tumbez et Payta, le rivage de
l’A mérique du Sud dessine une sorte de saillant où le Tertiaire a été signalé
dès 1842 par d’Orbigny. Il occupe une sorte de synclinal entre les terrains
archéens de la Silla de Payta et la Cordillière de Amotape, prolongement
des terrains crétacés de l'Équateur et du Venezuela; les couches qui le
constituent renferment à la fois du lignite et du pétrole.
D'Orbigny (') avait recueilli à Pay ta, et décrit quatre échantillons de fos-
siles, parmi lesquels Rostellaria Gaudichaudi, trouvé dans un grès jaune
verdâtre friable, et qu’il rapproche de R. fissurella.
En 1870, Gabb (') décrivait une série de fossiles, de la collection Rai-
mondi, provenant également de Payta; il les figurait quelques années plus’
tard (*) : les uns comme Purpura chocolatum, Mytilus ungulatus, appar-
tiennent à des espèces vivant encore sur la côte, tandis que d’autres, et en
particulier Cerithium lœviusculum (qui est en réalité un Faunus) sont vrai-
semblablement d’une époque tertiaire ancienne.
Vers la même époque, Nelson (` 3) décrivait et figurait un certain nombre
de fossiles recueillis plus au Nord sur la côte à Zorritos; il les attribuait
au Tertiaire supérieur.
w
) American Journal of Conchology, vol. 5, p. 25.
) Journ. Ac. nat. Sc. Philadelphia, vol. 8, 1877, pl. XXXV.
) Trans. of the Connecticut Acad., vel. 2, Pari 1, 1870, p. 186, pl. VI et VII
102
E
(2
E
GC. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 26.)
1346 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En 1899, Grzybowski (') publiait une étude assez complète de la région;
la détermination de l'âge des couches présentait des difficultés particu-
lières : elles étaient en dehors de la zone des grands Foraminifères, Nummu-
- lites et Orbitoïdes, qui sont les meilleurs fossiles de la période tertiaire,
et en outre elles faisaient partie d’une province zoolog gique éloignée des
régions connues; aussi l’auteur considère-t-1l comme nouvelles la plupart des
espèces. Il distingue les étages suivants : Pliocene : étage de Payta, compre-
nant des grès et des conglomérats; Miocene : étages des schistes bruns de
Talara, des grès de Zorritos, des argiles rouges et des schistes bitumineux
de Heath: Oli gocène : étage ia Fiysch d’Ovibio.
Les e araon des fossiles- paraissent souvent discutables : l’auteur
reconnaît lui-même que son Venericardia clavidens de Zorritos diffère bien
peu-de certaines variétés de V. planicosta; les nombreuses Turitelles du
même étage considérées aussi comme nouvelles sont les unes (robusta,
gabbiana?) à rapprocher de T. Mortoni, typique, ou (infracarinata) d'une
variété de cette espèce, tandis que T. filicincta de Heath est bien voisin de
T. carinata Lea, toutes espèces caractéristiques de FÉocène de l’Alabama
ou du Maryland.
Récemment, j'ai reçu de M. le professeur Lisson de Lima un envoi
important de fossiles provenant de localités nouvelles de la même région;
ils permettent de démontrer que ces ne appartiennent bien en
réalité à l'Éocène.
C’est d’abord un grand Nautile à cloisons sinueuses, Enclimatoceras
Ulrichi White qui, du Texas à l’Alabama, caractérise les couches les plus
inférieures (Midway) de l’Éocène; puis de grands échantillons de Veneri-
cardia densata Conrad (planicosta auct.), costulés seulement dans le jeune
âge, forme signalée dans le Lignitic de la même région, et enfin une série
d'espèces du Claibornien : Voluta petrosa Conrad, avec ses deux plis colu-
mellaires caractéristiques, en échantillons plus gandi que le type et avec
des échancrures antérieure et postérieure plus accentuées, Pseudoliva vetusta
Conrad, également en grands échantillons, Fusus Cooperi Conrad, Solarium
bilineatum Lea, Rostellaria (Ectinochylus) Cuviert, cette dernière espèce
bien voisine de l’£ct. canalis de l'Éocène parisien, et présentant comme
lui une gouttière descendant jusqu’à la pointe de la coquille et remontant
jusqu’au dernier tour.
(!) Die LriaPatlenertneen des nördlichen Peru und ihre Mollus Kenfauna
(N. J. Beilogeband, 12).
~
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1347
Ce n’est pas la seule espèce qui rappelle les faunes de l’ancien continent :
un grand Pleurotoma, représenté par plusieurs échantillons bien conservés
(Est de Negritos), ne peut être distingué du PL. ingens Mayer-Eymar, de
l’'Eocène égyptien du Mokattam ; un grand Méta. uni ou bicaréné, est
aussi bien voisin du M. oxycrepis MI. E., du même niveau. Le genre Fuostrea
a fourni un certain nombre d'échantillons d’une espèce qu’il faut peut- être
rapporter à O. compressirostra Say, de l'Éocène du Maryland, mais qui ne
semble pas différer de nos formes de l'Éocène, et en particulier de certaines
variétés de l’Euostrea strictiplicata des couches à phosphates de la Tunisie;
déjà Conrad avait été frappé de l'analogie du type américain avec l'O. bello-
vacina.
Je puis signaler encore deux espèces nouvelles de Pirena, dont lune a
grande taille rappelle l'ornementation du P. vellicata Bellardi, de l’Éocène
de la Palarea. Enfin une grande espèce de la même localité (Est de Negritos),
bien représentée à tous les âges, présente tous les caractères du genre Glau-
contia, disparu en Europe à la fin du Crétacé, mais qui aurait ainsi persisté
plus longtemps dans l'Amérique méridionale.
On voit combien ce mélange de faunes est curieux et intéressant, mais
dans tous les cas son caractère éocénique est nettement accusé. Il semble
que tous les niveaux américains y soient représentés depuis le Midway
avec Enclimatoceras Ulrichi (de Punta Quebrada verde) et le Lignitic avec
Venericardia densata (de Monteros), jusqu’au Claibornien de Zorritos;
presque toujours les espèces y atteignent une taille plus grande que dans
l'Amérique du Nord.
Les couches supérieures de Zorritos paraissent également représentées
à Payta; les dernières explorations de J.-A. Broggi montrent que dans
cette région on rencontre également au-dessous des grès les couches ligni-
tiféres; la coupe serait donc la même que dans la région de Tumbez et il
faudrait assimiler aux grès de Zorritos une partie des grès supérieurs de
Payta. C’est du reste ce qui vient confirmer la présence dans ces couches
du R. Gaudichaudi qui ne diffère probablement pas du R. Cuviert de Clai-
borne et de Zorritos, et du Faunus læviusculus, représenté également dans
les grès de Zorritos.
C’est seulement à la partie tout à fait supérieure que les couches de
Payta à Purpura chocolatum pourraient rester attribuées au Pliocène, si
mème elles ne représentent pas simplement un ancien rivage soulevé.
Tout cet ensemble des couches tertiaires du Pérou reproduit presque
rigoureusement la constitution de l’Éocène de Californie, également ligni-
tifère et pétrolifère ; elles en sont le prolongement.
1348 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Sur l'âge des Schistes Lustrés des Alpes occidentales.
Note de MM. Prerre Termer et Wicrrip Kiran.
Les nouvelles observations que nous avons faites, l'été dernier, dans les
Alpes françaises, en Briançonnais et en Savoie, et qui ont été le sujet, déjà,
de trois Notes (') présentées par nous à l’Académie, remettent en question
l’âge mème des Schistes Lustrés.
Rappelons d’abord — car il importe grandement d'éviter ici toute équi-
voque — que les Schistes Lustrés sont une série cristallophyllienne, une série
de haut métamorphisme, formée surtout de calcschistes micacés et de marbres
phylliteux très cristallins, et, accessoirement, de roches vertes diverses, de
. micaschistes et de chloritoschistes. C’est ce que l’un de nous(*) a, en 1901,
appelé la troisième série cristallophyllienne des Alpes occidentales. Sur l’âge
de cette série, on a beaucoup varié et beaucoup discuté (°) : Stoppani,
Charles Lory et Lachat l'ont tenue pour triasique; M. Zaccagna, pour
prépaléozoïque ; Marcel Bertrand, à partir de 1894, pour un faciès méta-
morphique du Trias supérieur et du Lias. L'un de nous a créé pour elle le
nom de série compréhensive, en proposant, comme limite inférieure de
compréhension, la partie haute du Trias, et comme limite supérieure un
niveau indéterminé du Nummulitique. Après la découverte dans les Alpes
italiennes, par M. S. Franchi, de divers gisements fossilifères au voisinage
des Schistes Lustrés, et après la découverte de Bélemnites, en de nombreux
points des Alpes suisses, dans des assises considérées à tort ou à raison
comme appartenant aux Schistes Lustrés, on a généralement admis que la
série compréhensive métamorphique allait du Rhétien (exclusivement) à
l'Éocène (inclusivement), mais plusieurs géologues la restreignaient au
Jurassique. Que peut-on dire aujourd’hui sur cette question d'âge, l’une
des plus importantes, à coup sûr, de la géo!ogie alpine? C’est à quoi nous
allons essayer de répondre.
(1) Pierre Termer et Wicrrin Kikas, Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 766-772,
882-891, 1100-1109,
(°) Pierre Termer, Sur les trois séries cristallophylliennes des Alpes occidentales
(Comptes rendus, t. 133, 1901, p. 964-966).
(5) W. Kiran et J. RéviL, Les Schistes Lustrés des Alpes françaises (Bull. Soc. de
Statistique des Sc. nat. et des Arts indust. de l'Isère, t. 40, 1919). Voir aussi ALB.
Herm, Geologie der Schweiz, t. 2, fasc. 6, 1920.
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1349
Voici d’abord un principe, ou tout au moins une remarque préliminaire.
L'âge d’une série cristallophyllienne ne peut être déterminé avec précision
que par l’observation du passage latéral des assises cristallines de cette série
à des assises sédimentaires fossilifères. La superposition d'assises fossili-
fères à des assises cristallines prouve, en général, l’antériorité de celles-ci à
celles-là; mais la réciproque n’est pas vraie, et la superposition d’une série
cristalline à une série fossilifère ne semble pas pouvoir, à elle seule, prouver
que le terrain cristallin soit plus jeune que le terrain à fossiles. Il y a lieu,
dans ce dernier cas, de supposer le déplacement relatif, par charriage, des
deux terrains actuellement placés l’un sur l’autre : car, quelle que soit l’idée
que l’on se fasse du métamorphisme régional, on ne peut lui attribuer
qu'une cause profonde, agissant per ascensum. Sans doute, il est à croire
que le métamorphisme régional fait, dans une série sédimentaire qu'il
envahit, la tache d'huile; qu’il se propage un peu, latéralement, et que
cette propagation latérale est inégale d’une assise à une autre, suivant leur
perméabilité. Mais un vaste ensemble cristallophyllien n2 peut pas s'étendre
au-dessus d’un vaste ensemble non métamorphique sans qu'il y ait eu char-
rage du premier sur le second.
Cela posé, qu'a-t-on pu, jusqu'ici, constater, comme passage latéral des
Schistes Lustrés à des terrains non métamorphiques? Deux faits, et deux
seulement : d'abord, au nord de Bourg-Saint-Maurice, près de Bonneval-
les-Bains, le passage (*) d’une série incontestablement liasique à une série
graduellement métamorphique, laquelle s’incorpore peu à peu à la série
même des Schistes Lustrés; ensuite, en Ligurie, au nord-ouest de Gênes,
le passage (?) des Schistes Lustrés, par diminution graduelle de la cristal-
linité, à la série sédimentaire ophioltique de l’Apennin, série très épaisse et
très monotone, où l’on a trouvé quelques fossiles, trop rares malheureuse-
ment et jusqu'ici trop mauvais pour résoudre complètement la question
d’âäge. Marcel Bertrand a signalé autrefois (1894) un autre passage laté-
ral, dans la` montagne de Picheru ou Pichery, non loin de Val-d'Isère :
(*) Déjà signalé par M. Kilian en 1893; puis par Marcel Bertrand, en 1897, sur la
feuille Albertville de la Carte géologique; observé de nouveau par MM. Kilian et
Lory (1906) et décrit par MM. Kilian et Jacob en 1912 (Comptes rendus, 1. 154, 1912,
p. 802).
(2) Observé et décrit par MM. P. Termier et J. Boussac en 1911 (Comptes rendus,
t. 152, 1911, p. 1361). Voir aussi (Bull, Soc. géol. de France, 4° série, t. 5, 1905,
Réunion extraordinaire de Turin) les notes de MM, Haug, Kilian et Sacco sur le
Groupe de Voltri et son àge en partie liasique.
1350 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1
passage des Schistes Lustrés de la Grande-Sassière à des marbres phylli-
teux qu il rapportait au Trias moyen. Mais, comme il y a des marbres phyl-
liteux, tout à fait semblables et même identiques, dans les deux terrains, la
conclusion de Marcel Bertrand semble très douteuse; et, ce qui paraît le
plus probable, c’est que tous les affleurements où il a cru voir un passage
appartiennent, en réalité, aux Schistes Lustrés (').
Passage latéral au Lias dans la zone au nord de Bourg-Saint-Maurice,
passage latéral à la série ophiolitique dans l’Apennin ligure, c’est tout ce
que nous savons, aujourd'hui, de façon certaine. Les conclusions que l’on
a précédemment tirées de la superposition des Schistes Lustrés à divers
terrains fossilifères sont fautives, en tout cas mal fondées. Nous avons
montré récemment, ici même, que les Schistes Lustrés de la zone frontière,
entre la Haute-Tarentaise et le Haut-Queyras, sont une nappe, charriée
sur le pays briançonnais et dont le contact avec les terrains briançonnais est
un contact anormal. Qu'importe, dès lors, pour l’âge des Schistes Lustrés,
l'âge des assises briançonnaises qui se placent près de ce contact? En fait,
ce qui vient ainsi toucher les Schistes Lustrés, ce sont des terrains brian-
connais d'âge très varié; ici, du Rhétien; là, du Bathonien; ailleurs, des
quartzites du Trias inférieur; plus loin, des calcaires ou des cargneules du
Trias moyen ou du Trias supérieur; plus loin encore, des brèches du Lias;
ailleurs, enfin, du Jurassique supérieur, ou même du Flysch nummulitique.
Le fait de la superposition locale, en Italie (M. Franchi), des Schistes
Lustrés à des calcaires triasiques où l’on trouve Worthenia solitaria, ne
peut plus être considéré comme une preuve irréfutable de la postériorité de
ces Schistes au Trias le plus élevé; pas plus que le fait de leur superposi-
tion locale à des calcaires où l’on à trouvé des fossiles rhétiens ne prouve
` d’une façon absolue la postériorité de ces Schistes à l’Infralias.
I reste des présomptions plus ou moins fortes. Quand le Trias du pays
briançonnais devient peu à peu métamorphique, en Vanoise, en Haute-
Maurienne, en Haute-Tarentaise, on voit ses étages moyen et supérieur,
au-dessus des quartzites de la base, augmenter d'épaisseur et ressembler de
plus en plus aux Schistes Lustrés : des calcschistes micacés y alternent avec
£
(1) Jean Boussac, Feuilie de Tignes au :°% (Bull. des Serv. de la Carte géolog.
de la France, t. 23, 1913-1914, p. 201). A voir la minute des contours géologiques
laissée par Jean Boussac, il semble que, à Picheru, les Schistes Lustrés reposent sur
le Trias en contact anormal, tantôt sur les calcaires, tantôt sur les quartzites, et qu il
n'y ait aucun passage d’un terrain à l’autre,
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1351
des marbres plus ou moins phylliteux, et les uns et les autres sont telle-
ment identiques aux assises de même nature minéralogique qui constituent
les Schistes Lustrés que la distinction, parfois, devient presque impossible,
comme à Picheru, ou difficile, comme au Plan-de-Nette. On a l'impression
que si l’on pouvait, à l’est de la Vanoise, enlever la nappe des Schistes
Lustrés, on verrait le Trias briançonnais presque entier se fondre, graduel-
lement, vers l'Est, dans l'immense complexe cristallin d'où cette nappe est
sortie, et ne plus garder de caractéristique et d’individuel que ses quart-
zites, ses gypses, et parfois des marbres blancs ou des dolomies cristallines.
En ia dans la nappe des Schistes Lustrés, qui n’est autre que la nappe du
nt (Émile Argand), le Trias Probe n'apparait plus que
comme-un mince étage, lui-même très métamorphique, entre les mica-
schistes et gneiss du Prec: Houiller et les Schistes Lustrés, D'ou la pré-
somption que, là où les Schistes Lustrés sont complets, leur partie basse
est du Trias moyen, en entendant par ces mots l'étage des marbres phylli-
teux triasiques de la Vanoise.
Une autre présomption, moins forte que celle que nous venons de dire,
c'est que, si l’on enlevait, à l’est et au sud-est de Briançon, la nappe des
Schistes Lustrés, on verrait, dans le pays briançonnais, le métamorphisme
augmenter au fur et à mesure que l’on marcherait vers l'Est, et s'étendre
peu à peu à toute la série sédimentaire en y effaçant insensiblement les diffé-
rences de faciès. La Jigne à partir de laquelle les terrains briançonnais
deviennent ainsi métamorphiques est une ligne sinueuse, voisine du méri-
dien entre l'Arc et l'Isère, oblique sur le méridien, et dirigée du Nord-Ouest
au Sud-Est, à partir de Modane, et qui, visible aujourd'hui au nord de
l'Arc, se cache, au sud de l'Arc, sous la nappe des Schustes Lustres. C'est du
pays, presque entièrement cristallin, situé sur le parcours de cette ligne, à
une distance d’ailleurs inconnue, que viennent les écailles, véritables lam-
beaux de poussée, décrites par nous comme entrainées par le charriage des
Schistes Lustrés : terrains singuliers et marbres zones du Gondran, mica-
schistes et chloritoschistes permiens et quartzites triasiques du Rio Secco et
des montagnes voisines. Dans ce prolongement oriental du Briançonnais,
dans ce Briançonnais presque entièrement métamorphique, nous savons ainsi
qu’il y a des Radiolarites (jaspes rouges du Gondran), des marbres phylli-
teux, des quartzites triasiques, du Peérmo-Houiller cristallin. Plus loin vers
l'Est, on ne trouverait plus, dans le prolongement du pays briançonnais, que
micaschistes et gneiss permo-houillers, Schistes Lustrés d'une puissance
énorme, peut-être parmi ceux-ci quelques bancs, non transformés, de
Í
1352 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Radiolarite, et, à la base des Schistes Lustrés, un peu de Trias, quartzi-
teux ou marmoréen, encore reconnaissable. Il est à présumer que tous les
autres faciès briançonnais, si divers, Trias moyen, Trias supérieur, Rhétien
et Lias, Bathonien et Malm, marbres crétacés en plaquettes, Nummulitique
calcaire et schisteux, se fondent peu à peu, vers l'Est, dansle faciès Schistes
Lustrés : mais c’est là une présomption, et non plus une certitude comme
on l’a pu croire jadis.
Présomption encore : la persistance du N litique dans la zone des
Aiguilles d’Arves, au nord-est des derniers points où l’on est certain qu’elle
contient réellement du N litique transgressif. Il semble bien que cette
unité tectonique soit atteinte à son tour par le métamorphisme, non pas en
même temps que la nappe du Grand-Saint-Bernard, mais plus loin vers le
Nord-Est, et qu’elle passe latéralement à une zone de Schistes Lustrés. On
peut croire que, dans ces derniers, il y a une part d'Eogène; mais cela n’est
pas absolument certain.
Présomption, enfin, tirée de la très grande épaisseur des Schistes Lustrés,
partout où on les connaît, épaisseur qui leur permet de constituer, à eux
seuls, des ensembles montagneux, des massifs entiers, et qui ne peut se
mesurer, semble-t-il, que par plusieurs milliers de mètres. Cette énorme
puissance se retrouve dans la série ophiolitique de l'Apennin, avec la même
monotonie d’aspect; el ces deux caractères, puissance et monotonie, font
nalurellement croire à la permanence, prolongée très longtemps. des con-
ditions de la sédimentation, c’est-à-dire à une série largement compré-
hensive. x ,
La conclusion de tout cela, c'est que les Schistes Lustrés sont une série
cristallophyilienne dans laquelle il y a certainement du Lias ('), mais qui,
très probablement, dépasse de beaucoup, quant à son âge, les limites de la
période liasique. Il est à peu prés certain qu’elle embrasse la partie haute
du Trias. Il est certain qu'elle est au moins aussi compréhensive que la série
opluolitique de lA pennin à laquelle elle passe, série-où l’on ne peut guère se
refuser à voir des termes d'âge crétacé et qui comprend, sans doute, une
grande partie du Secondaire. Il est probable, enfin, que la partie haute des
Schistes Lusirés, tout au moins dans la zone des Aiguilles d’Arves, est
d'âge nummulitique. Il y a donc de grandes rraisemblances pour que les
Schistes Lustrés soient une série compréhensive allant du Trias à l'Eogène,
sans que, d’ailleurs, l’on puisse rien affirmer de précis au sujet de ses limites;
ee
(C) Aus. Hew, loc. cit., 1920.
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1353
la présence de nombreuses intercalations de brèches parait néanmoins
attestèr l'existence de discontinuités stratigraphiques sur le bord nord-ouest de
l'aire où elle s’est déposée.
En tout cas, cette formation singulière, que l’on ne connaît, dans les
Alpes françaises, qu’à l’état de nappe, ou de lambeaux de recouvrement
isolés, est le trait le plus caractéristique de la masse alpine tout entière. On
la connaît aujourd’hui sur environ 2000" de longueur, depuis la Corse
jusqu’au col du Katschberg : ici charriée, là autochtone, mais toujours
identique à elle-même ; toujours associée au même Trias cristallin ou semi-
cristallin, et au même système de gneiss qu'aucune discordance ne sépare
du Trias; enfin toujours soulignée par la présence des roches vertes. For-
mation géosynclinale typique, telle qu’il n’en existe pas de plus parfaite;
succédant, dans le temps, et se superposant, en concordance, à un géosyn-
clinal antétriasique dont l’origine se perd dans la nuit des âges; formation
qui apparaît tellement liée au processus des phénomènes d’où sortira la
chaîne entière que l’on ne peut guère douter de sa continuité à travers plu-
sieurs périodes géologiques. Le fait du prolongement des Schistes Lustrés,
avec tous leurs caractères, tout ie long de la zone axiale des Alpes, est, sans
contredit, l'argument le plus fort en faveur de l'hypothèse (on vient de voir
que ce n’est plus qu’une hypothèse) qui les représente comme une série
compréhensive allant du Trias moyen au Nummulitique.
PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE. — La transmission héréditaire des caracteres acquis
et l'accoutumance des microbes. Note de MM. Cnarzes Sp et Henry
Carpor.
I. Un des problèmes les plus importants de la Physiologie générale est
de savoir jusqu’à quel point les caractères acquis peuvent se perpétuer
par hérédité. Il nous a semblé que chez les microbes l’étude de la trans-
mission de caractères acquis pouvait présenter un intérêt particulier, du fait
que ces êtres donnent en he jours plusieurs milliers de générations:
Il est possible d’ ailleurs, qu’au point de vue de l’hérédité, l'influence des
générations successives ne puisse être comparée chez les microbes et chez
les êtres d'évolution plus lente. Peut-être faut-il tenir compte, non de la vie
de l'individu, mais de la vie de ses cellules, qu'il s'agisse des êtres supérieurs
ou des microbes. Dix générations de bactéries ne sont sans doute pas assi-
milables à dix générations humaines, puisqu'il y a, dans un cas, trois
1354 ACADÉMIE DES SCIENCES.
heures d'adaptation, et, dans l’autre, trois siècles. Des études ultérieures
décideront peut-être de cette difficile question : faut-il mesurer l'adaptation
par le temps écoulé ou par le nombre des générations ?
Une autre remarque doit encore être faite : c’est que la transmission des
caractères acquis d’une génération à la suivante n’est peut-être pas abso-
lument comparable chez les microbes qui se multiplient par simple division
et chez les êtres dont la reproduction est marquée à son début par la conju-
gaison ou la fusion de deux gamètes d'origines différentes.
Tout de même l'étude de l’accoutumance et de la transmission des carac-
tères acquis chez les microbes est incomparablement plus facile que chez
les êtres compliqués polycellulaires, non seulement à cause de la rapidité
des générations, mais encore parce que la vie des microbes dépend étroite-
ment des conditions extérieures qui res être modifiées facilement au
gré de l’expérimentateur.
II. Nous avons recherché l'influence de substances toxiques sur les
microbes en fixant notre choix sur une espèce à multiplication rapide,
facile à cultiver en série, et douée de propriétés biochimiques permettant
une rapide estimation de son activité. La bactérie lactique répond bien à
ces desiderata, puisqu'il suffit, pour déterminer les variations dans l’activité
des cultures sous l'influence des poisons, de pratiquer de simples dosages
acidimétriques.
Jl est vraisemblable que les résultats acquis dans l'étude d’un microbe
donné sont susceptibles de généralisation et peuvent être étendus aux
microrganismes autres que la bactérie lactique. De fait, en étudiant com-
parativement l’action des toxiques sur des espèces aussi différentes les unes
des autres que tes ferments lactiques, les streptocoques et les staphylocoques,
nous avons constaté des résultats identiques dans leurs grandes lignes.
Avec une technique convenablement réglée et la considération de
moyennes portänt sur un grand nombre de dosages, on a en mains une
méthode de recherche qui permet une étude quantitative de l'adaptation
des microbes aux toxiques, c’est-à-dire aussi aux antiseptiques. Nous don-
nerons ici, en les résumant, les résultats de recherches très nombreuses
poursuivies depuis plusieurs années.
La méthode présente une suffisante sensibilité pour permettre de déceler,
en usant de statistiques et de moyennes, l'influence surprenante de doses
minuscules de substances sur le ferment isciu. On se rend compte ainsi
que la dose de 0f,oo1 de formol dans 100" n’est pas sans exercer quelque
action, et que la plupart des sels métalliques agissent de même à des doses
Î
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. - 1999
extraordinairement faibles, parfois inférieures à = de molécule-
gramme par litre.
IHI. Ila fallu d’abord déterminer pour un poison donné, par exemple le
nitrate de thallium, la dose toxique qui diminue notabiement(de 5o pour 100
au moins) la quantité d'acide lactique formée en 24 heures.
Or un fait importani se présente : les microbes ayant végété en présence
de cette quantité toxique de nitrate de thallium ont acquis une adaptation
au nitrate de thallium, c’est-à-dire qu’ensemencés en séries, ils devenaient
peu à peu de plus en plus résistants à l’action du poison.
Le graphique suivant indique avec une netteté indiscutable ce pheno
mène de l’accoutumance.
Milieu S Milieu à Milieu à
témoin io/oode NO3TI 20/,0de NOSTI
N À N À N A
Re
. Ferment normal: A. Ferment accoutumé (à 1 °/, de NOSTI),
hauteur à la colonne indique l'intensité de la fermentation (quantité d'acide formé
1° Ou’en milieu normal, le ferment normal pousse mieux que le ferment accoutumi
La
On voit :
de NO?TI, le ferment normal pousse moins bien que le ferment
2° Qu'en milieu. à r/e
accoutumé ;
3° Qu'en milieu à 2 °/. de Ní
le ferment accoutumé pousse très bien.
PTI, le ferment normal ne pousse plus du- tout, tandis que
IV. Divers faits importants sont à noter dans cette accoutumance.
A. L'accoutumance aux toxiques n'est pas spéciale au nitrate de thal
lium, ni même aux sels métalliques. Avec le nitrate de thallium et les
1356 ACADÉMIE DES SCIENCES.
arséniates, elle est maximale. Mais nous avons pu l’observer pour le bro-
mure de potassium, le saccharose, les sels de vanadium, de zinc, de cuivre,
le phénol. :
Une exception, très manifeste d’ailleurs, est donnée par le bichlorure de
mercure. Íl semble que, loin de s’habituer à ce po:son, le bacille lactique
lui devienne de plus en plus sensible.
B. L’accoutumance est spécifique. Les races microbiennes habituées
au thallium n’ont acquis aucune immunité pour les autres toxiques, et
réciproquement.
C. Reporté sur indien normal, le ferment accoutumé à un liquide
toxique végėte pendant quelques jours un peu moins bien qu’un ferment
normal. Plus tard, son activité redevient égale à celle du témoin. Mats il a
gardé son immunité spécifique vis-à-vis du thallium.
Un microbe habitué depuis trois ou quatre mois au thallium, garde sa
résistance spécifique à la toxicité du thallium pendant longtemps
(20 jours au moins); tandis que s’il n’a végété antérieurement que pendant
un mois sur le thallium, il perd sa spécifité (contre le thallium) en quelques
jours quand on le fait végéter sur milieu normal. |
D. On peut, suivant le procédé classique, par une dilution des semences .
poussée à la limite, obtenir une culture provenant selor toute vraisem-
blance d’un seul germe. La probabilité pour qu'il en soit ainsi équivaut à
une certitude, si l'on pratique par cette méthode des dilutions plusieurs
purifications successives et rapprochées. De telles cultures ne présentent,
vis-à-vis des toxiques, aucune diminution du pouvoir d’accoutumance. C’est
bien la descendance d’une seule cellule qui se différencie par des adapta-
tions successives, maintenues sur l’hérédité.
E. L'accoutumance ne se produit pas graduellement, mais par des
à-coups, rappelant les mutations brusques qu’on a admises chez certains
organismes supérieurs. | ,
F. Les microbes accoutumės, c'est-à-dire, somme toute, modifiés dans
leurs propriétés normales, sont d’une notable fragilité; dès gue le milieu de
culture est modifié, ils dépérissent et meurent.
G. Par le fait de accoutumance, le pouvoir ferment, c’est-à-dire la quan-
tité d'acide lactique pouvant être formée aux dépens du lactose par une
quantité donnée de levure sèche, prise pour unité, va en augmentant dans
une proportion considérable.
Soit le pouvoir ferment des microbes témoins égal à 100, quel a été le
pouvoir ferment des microbes accoutumés?
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1357
Milieu à
vy A
< Durée 1 pour 1000 7 pour 1000
de la fermentation. de NOSTI. de NO?TI.
16 Here SR a 90 »
R E E E E E tes 89 124
46 D Let ere E PE RN » 124
e T ie à DO eur 78 »
123 PA a E N O A » 156
Ainsi, avec la concentration du poison, le pouvoir ferment se déve-
loppe; comme si, pour compenser la forte diminution de la reproduction,
l’activité biochimique des bactéries s'était exaltée afin de maintenir à
un niveau normal le processus de fermentation.
V. Telles sont, très brièvement résumées, les lois que nous avons pu
établir pour l’accoutumance du ferment lactique; elles conduisent à des
conclusions pratiques et théoriques importantes.
Au point de vue théorique, il est établi maintenant qu'un caractère acquis
peut se maintenir chez les microbes pendant une longue suite de géné-
rations.
Au point de vue pratique, laccoutumance des microbes aux toxiques
équivaut à l’accoutumance des microbes aux antiseptiques. De là cette
conséquence, que l’un de nous a ailleurs développée, qu'il faut alterner les
antiseptiques; car dans une plaie les microbes pathogènes, au contact d’un
antiseptique, donnent des générations qui en supportent des quantités de
plus en plus grandes, sans être troublée dans leur évolution.
Il y a des antiseptiques pour lesquels l’accoutumance ne se fait pas; ce
sont les sels de mercure. Mais les sels de mercure sont très irréguliers dans
leur action. En opérant avec la dose toxique limite, on voit dans des solu-
tions contenant o#,o1 de HgC!? par litre, tantôt la fermentation tout à fait
arrêtée, tantôt la fermentation aussi active (et parfois plus active) qu’à
l’état normal. |
Aussi avons-nous proposé de classer les antiseptiques en réguliers et
irréguliers, selon la régularité ou l'irrégularité de leur action. Il faudra
donc choisir les antiseptiques dont l’action est régulière; et, en outre,
alterner ces antiseptiques réguliers.
Il est permis de supposer que cette accoutumance aux anliseptiques
n’est pas limitée aux antiseptiques mêmes, mais qu'elle s'étend à toutes
les actions toxiques, puisque toute action thérapeutique est, en fin de
compte, une action toxique. Par conséquent, dans le traitement des
1358 ACADÉMIE DES SCIENCES.
maladies, il faut alterner les médicaments et les médications; ce que-
l'on peut exprimer par une formule d'apparence paradoxale : quand une
médication a réussi, il est.bon de la remplacer par une autre.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur le point de fusion de la houille.
Note de MM. Grorces Cnarpy et JEAN Duran.
C’est un fait bien connu que l’action de la chaleur produit, sur certaines
houilles, un ramollissement qui a été désigné parfois sous le nom de fusion.
Ce phénomène est extrèmement important au point de vue de la fabrication
du coke, puisqu'il marque l’agglomération caractéristique de Ja cokéfac-
tion ; il ne semble pas cependant que la température à laquelle il se produit
ait jamais été déterminée avec pr écision.
Nous nous sommes proposé de reprendre cette étude en raison de
Pintérêt qu’elle présente au point de vue de la fixation des conditions
rationnelles de fabrication du coke.
Dans une première série d'essais, nous avons cherché si les variations de
volume en fonction de la température présentaient une discontinuité carac-
téristique du changement d'état. Le mode opératoire employé est le suivant :
Le charbon, finement broyé et humecté d’eau, est moulé en petits
cylindres de 35mm de longueur environ, dessėchės à l’étuve à 105°, puis
placés dans un tube de verre de diamètre très légèrement supérieur. Une
baguette de verre, effilée à une extrémité, est placée sur le cylindre de
charbon. Le déplacement de la baguette, guidée par le tube de verre, per-
met de suivre sur une graduation les changements de volume des cylindres
de charbon. Le tube ainsi préparé est gines dans une enveloppe en cuivre
rouge et chauffé au bain de plomb; la température est mesurée au thermo-
mètre à mercure jusqu’à 460°, et au couple thermo-électrique au delà.
Au cours du chauffage et à partir d'une certaine température, variable
suivant les échantillons et la vitesse d’échauffement, on observe les
phénomènes suivants : le cylindre subit d’abord une contraction progres-
sive dont l’importance peut atteindre 12°" pour un cylindre de 35%; cette
contraction passe par un maximum puis s’annule. Si l’on poursuit le chauf-
fage, l'échantillon présente une augmentation du volume apparent, quel-
quefois très importante, que la présence de bulles internes empêche cepen-
dant de considérer comme une véritable dilatation; cette augmentation de
volume est enfin suivie de la deuxième contraction caractéristique de la
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1359
cokéfaction proprement dite. C’est à la température correspondant au
maximum de la première contraction que la fusion se produit, caractérisée
nettement par le fait que le charbon se ramollit et remplit complètement le
tube de verre, dont l'épaisseur cesse d’être visible par transparence.
Ce procédé d'observation qui est intéressant. puisqu'il met en évidence
une contraction de la houille aux environs du point de fusion, présente, pour
certaines houilles, des difficultés expérimentales du fait que la zone de
départ des goudrons peut empiéter sur la zone de contraction, et gêner le
déplacement normal de l'index. Nous avons donc contrôlé les résultats
obtenus ainsi par une seconde méthode : chauffage en tube scellé, sous
pression d'hydrogène sec; dans ces conditions, les hydrocarbures ne se
dégagent pas et la fusion peut s'observer très nettement.
Le mode opératoire est le suivant : le charbon moulé*en cylindres,
comme il est dit plus haut, est placé dans un tube de verre que l’on purge
par un courant prolongé d'hydrogène sec et que l’on scelle. Cette opération
doit être faite avec beaucoup de soin pour éviter les explosions au chauffage ;
néanmoins, en employant du verre dur, on a pu monter jusqu'à 600°;
le chauffage est effectué dans les mêmes conditions que précédemment, on
retire le tube et on l’observe après chauffage à des températures graduelle-
ment croissantes.
Le changement d'état se marque sans ambiguïté par les caractères que
_ nous avons indiqués; de plus, la houille vient remplir complètement l’extré-
_mité effilée du tube; il n’est donc pas exagéré de dire qu'il se produit une
véritable fusion. |
Les essais ont porté sur huit échantillons de houille à teneur croissante
en matières volatiles; les résultats sont résumés dans le Tableau suivant :
Analyse.
A — ——
Matières Carbone
fi
s pie - Désignation. Humidité. Cendres. volatiles. fixe. ` Point de fusion (').
1. Anthracite dela Mure. 1,40 9,02 6,51 84,44 Ne fond pas
2. La Fouillouse Roche- } Ne fond pas à tempéra-
Sagnat.. dire ae 0,60 14,89 15,79 69,32 | ture inférieure à 600°
3. Le Clapier..…... ue E a av,15 60,81: 450
4. Montrambert,.,.,... 6,60 16,07 24,49 59,44 4oo
5. Montrambert.:...... 0,96 7:84 28,64 63,52 395
6. Américain...... Lives: T0 G 93,07 . 232,00 550
T Bue ~ ade < 79h 3339 56,30 450
S Ales Er * 1,90 Da 90,34 53,2 410
(') Le nombre de déterminations a varié, suivant les échantillons, de 2 à 20.
1360 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces résultats montrent nettement que le point de fusion déterminé
suivant la technique précédente est une caractéristique du charbon au
mème titre que la température de cokéfaction telle que la déterminée l’un
de nous ; ils confirment les résultats précédents relatifs à l’individualité des
houilles. Ils montrent également que le point de fusion est indépendant de
la teneur en matières volatiles et varie dans de larges limites, à l'inverse de
l'opinion admise jusqu'ici.
Il faut noter également que la fusibilité des houilles est, comme leur
aptitude à la cokéfaction, liée directement à leur état d'oxydation; nous
avons vérifié que les houilles citées plus haut, oxydées par étuvage à 120°,
ne sont plus susceptibles de fondre.
ALGÈBRE. — Les polynomes égaux à des déterminants.
Note de M. L.-E. Dicksox.
Les seuls polynomes homogènes et généraux qui soient égaux à des déter-
minants, dont les éléments sont des fonctions linéaires, sont les suivants :
toute forme (polynome homogène) en deux ou trois variables, toute forme
quadratique à quatre variables, et la forme cubique générale à quatre
variables, |
Ce théorème est une conséquence du suivant : Soit D un déterminant
dont les r* éléments sont les fonctions linéaires et homogènes de x,, TE
Par les permutations des lignes ou des colonnes de D, la multiplication des
éléments d’une même ligne ou colonne par un nombre, ou l'addition
aux éléments d’une ligne (ou colonne) des produits des éléments d'une
autre ligne (ou colonne) par un nombre, nous pouvons ramener D à
une forme canonique dans laquelle le nombre dés paramètres est au plus
égal à (n —2)r?+92, si n > 2. Mais le nombre des termes de la forme
générale de degré r en n variables est égal à
(r+}+n— i!
r'(n—s)!
Ce nombre est plus grand que (n — 2)? -+ 2 sin > 4, et sin =4, r> 3.
Pour n = 4, r= 2, la surface quadratique peut s'écrire vy — zw = 0, qui
a la forme d’un déterminant. Il est bien connu que la même conclusion est
vraie pour la surface cubique générale,
Toute forme ternaire f est égale à un déterminant. Il suffit de traiter le
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1361
cas d’une forme indécomposable. Alors, on trouve une ligne droite qui a
r intersections distinctes avec la courbe f — 0 de degré r. Not choisissons
une telle ligne pour s = o dans un système des coordonnées homogènes, et
pour y = o nous choisissons une ligne qui ne passe pas par une des inter-
sections de s —o avec f= o. Ainsi, pour z = 0, f se réduit à un pro-
duit X,X,...X, de r fonctions linéaires X,— x + à, y. Alors je démontre
que fest ue avec un seul déterminant
X, + Cii pe (6) Le
ës LAB Tee SE o
,
Cys Oaa Css A E os
dont les éléments au-dessus de la diagonale sont tous zéro, exception faite
des éléments z adjacent à la diagonale.
J'ai étudié ces questions en ayant égard aussi à la rationalité. Une courbe
cubique avec un point d'inflexion rationnel s'exprime rationnellement
par un déterminant (c’est-à-dire que les éléments sont des fonctions
linéaires avec coefficients rationnels), si elle a un autre point rationnel, et
seulement dans ce cas-là. Une courbe cubique avec un point rationnel P,
qui n’est pas un point d'inflexion, s'exprime comme un déterminant ration-
nellement seulement si elle a trois points rationnels d’intersection avec
quelques-unes des lignes droites, autres que la ligne tangente £ à P, qui passe
par la tangentiale de P (le nouveau point ee cul t rencontre la
cubique ).
Pour la surface cubique, le problème se ramène à une équation de degré,
171 —9-19 dans le cas général. Un cas spécial donne le théorème suivant :
Soit g = o une surface quadratique avec coefficients rationnels. Si la surface
a un point rationnel qui se trouve sur le plan y = 0, yq s'exprime ration-
nellement comme un déterminant. Si tout point rationnel de la surface est
sur le plan y =o, yq s'exprime rationnellement comme un déterminant
seulement si le déterminant A de g est zéro, ou si A est le carré d’un nombre
rationnel o et le déterminant de g (x,0,3,w) n’est pas zéro. Au con-
traire, si la surface a un point rationnel, mais n’a aucun point rationnel en
commun avec le plan, yq ne s'exprime pas rationnellement comme un
déterminant. Dans le deuxième cas :
ve = roy rez pra?) =} ry æ wj
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 26.) 103
1362 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En général, il s’agit de choisir un tableau représentatif de chaque classe
de tableaux (matrices) équivalent dont les éléments sont fonctions linéaires
avec un délerminant donné.
ÉLECTIONS.
Par la majorité absolue des suffrages, M. Tisseraxp est désigné pour
faire partie du Conseil d'administration de l’Institut national agronomique.
Par la majorité absolue des suffrages, M. E. Livper est désigné pour
faire partie du Conseil d’ administration de l’École nationale d’ Agriculture
de Grignon.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrérame PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Va Vutaveccua, Traité de Chimie aig appliquée, traduit et annoté
par F. Nicozannor. (Présenté par M. E. Lindet.)
MM. Accar et A. Bover-Guoisrox, M. R. Jarny-Desroces adressent
des remerciments pour les distinctions que l’Académie a accordées à leurs
travaux.
M. Juies Barcaun, M. le Dinecreur pe L'Ossenvaroime DE sara,
M. le PRÉSIDENT DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE DU LABORATOIRE CENTRAL
D éLECTRICITÉ, M. le Direcreur pe L'Osservarount DE Zakawe, MM. F.
Masos, A. Raruer adressent des remerciments pour les subventions
accordées sur la Fondation Loutreuil.
M. Bénar prie l'Académie de vouloir bien le compter au nombre des
candidats à la place vacante, dans la Section de Chimie, Pe le décès de
M. Armand Gautier.
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1303
M. le Sous-Sgecréraire p ETAT DE L'AéRoOxAUTIQUE ET DES Transports
AÉRIESS invite l’Académie à désigner deux de ses Membres à l'Office natio-
nal météorologique.
GÉOMÉTRIE. — Sur les systemes Et de triples de Steiner.
Note de M. S. Bays.
1. Un ensemble de triples (combinaisons 3 à 3) de N éléments, conte-
nant une fois et une seule fois chaque couple de ces éléments, est un systeme
de triples de Steiner. Un système de triples de Steiner de N = 6n +1 élé-
ments est cyclique lorsque ses n(6n + 1) triples sont répartis en x séries
cycliques de la forme a +x, b+ x, C+x(x=1, dr)
Dans un premier travail ('), javais obtenu, principalement par l'emploi
du groupe métacycelique | |x, 1+x|,|x, «x|}, x appartenant à l’exposant
ọ( N) mod N, les systèmes cycliques de triples de Steiner differents (°) pour
les premières valeurs de N = 6n +1, jusqu’à N = 31. Dans un second
travail, en introduisant un groupe cyclique que je note | |x, xæ ||, x appar-
tenant à l’exposant o(N) mod N, et où j'entends par l'élément a la valeur
absolue du plus petit reste positif ou negatif de a (mod N), j'ai maintenant un
procédé général permettant d'obtenir pour les valeurs de N = 6n +1
immédiatement suivantes : 37, 43, 49, 61, ... les systèmes cycliques de
triples de Steiner Dore et les diviseurs du groupe métacyclique qui
leur appartiennent.
Appelons les éléments Oy 1, 2, ..., Gn. Les éléments associés à l'élé-
ment o dans une série cyclique +, a +x, b + x(x = o, 1, ... Ön), sont
a, b—a, b, N—6, N—(b— a) N—a (a <b).
Trois de ces éléments sont inférieurs à à t N; ils forment la caractéristique de
la série. Une combinaison de z ie sans élément commun,
autrement dit, un système de caractéristiques détermine 2” systèmes cycliques
de triples de Steiner, parmi lesquels 2", au Dee sont éventuellement
différents (voir ma première Note).
(1) Ce travail paraîtra dans un autre recueil. Ses résultats sont contenus dans une
Note des Comptes rendus, t. 165, 1917, p. 54
(*) Non déductibles l'un de l’autre par une substitution quelconque des N éléments,
1364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le groupe ||x, «x || transforme l’ensemble des caractéristiques en lui-
même. Lorsque N est premier, le cie de caractéristiques -
2 on mr. pe 1 gii + 1 in Tr SN an En) Sn
détermine [==] (') systèmes cycliques de Steiner différents, et possédant
le diviseur métacyclique j|x, 1+æx|, |x, x”æ]i. La recherche des sys-
tèmes de caractéristiques est réduite à celle des systèmes de caractéristiques
non déductibles l'un de l’autre par les substitutions du groupe læ, ax |, et
de ces systèmes de caractéristiques fondamentaux j'obtiens, sans autre, les
systèmes cycliques différents et les diviseurs métacycliques qu'ils possèdent.
2. Les résultats que j'ai jusqu'ici forment maintenant le Tableau
suivant :
N=6n +i n. 5 S S
EN Le e e N I I I I
A E T Sd sers 2 I I I
HQE ere E 3 2 4 4
R e a e ee. 5 8 64 80
RARE re EE 6 32 455 820
HS nee ne, 197 3049 9380
II NE PS ARE 4 2 15 12
S — nombre des systèmes cycliques de triples de Steiner différ ents;
S' — nombre des systèmes de caractéristiques;
S” — nombre des systèmes de caractéristiques fondamentaux.
L'intérêt d’ailleurs est moins dans ce Tableau, qui ne donne que des
sommes, que dans la manière dont se répartissent ces systèmes cycliques
différents, pour chaque N, et les groupes qu’ils possèdent; répartition et
groupes qui dépendent entierement de la constitution des systèmes S”. Chaque
système S” détermine une famille de systèmes cycliques de triples différents
à symétrie propre (*). Pour chercher maintenant une loi de formation de
(1) En entendant par ces crochets, contrairement à ce qui est d'habitude, le premier
entier, qui dépasse ou est égal à 2", le système cyclique de Nesso :
0o de p T (a= T an à racine primitive de N)
T Combinatonik, 1901, p. 236), est un de ces systèmes.
(2) Je mets à part le cas N — 25, parce que non premier.
(5) Ainsi, pour N = 45, 140 systèmes S” ne possèdent que l'identité;
chacun 2° systèmes cycliques différents, ne possédant que le groupe cyclique
ils donnent
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1365
ces systèmes 5”, l’élude des ensembles de caractéristiques est à faire en
premier lieu. C’est dans ce sens que j'ai déjà établi quelques théorèmes, en
introduisant la relation congruentielle a — b (modN) pour a = + b (mod N).
Je n’indiquerai que le premier :
Pour N = 6n + 1 premier, pour lequel 3n est le plus petit exposant qui
rend 2™" = 1 ( mod N) le groupe qui appartient à l’ensemble des caractéris-
tiques est le groupe || x, ax||, a racine primitive de N.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Réponse à une Note de M. Fubini sur
les fonctions automorphes. Note de M. Gror6es Giraup.
Dans une Note du 19 juillet dernier, M. Fubini rappelle qu'il a étudié
avant moi les groupes de collinéations réelles conservant les formes qua-
dratiques du type 2°+x—xi;—...—;. Ces beaux travaux de
M. Fubini auraient certainement abrégé mes recherches si j'en avais pris
connaissance en temps utile, comme de beaucoup d’autres du même auteur
cités dans mon Ouvrage. Voici pourtant une observation à leur sujet.
Dans son Mémoire : Nuove ricerche intorno ad alcune classi di gruppi dis-
continui ( Rendiconti del Circolo matematico di Palermo, t. 21); M. Fubini
énonce le théorème suivant :
© Un groupe G de collinéations réelles, privé de canéfarmations infini
Fi qui transforme en elle-même une forme quadratique du type
V =æ} t æi (r? t.. H rR)
(ou, ce qui revient au même, une forme réductible au type précédent) au
moyen d’une collinéation réelle, opère d’une manière proprement discon-
tinue sur les points imaginaires de la quadrique V =o. »
Dans son Ouvrage : Introduzione alla teoria dei gruppi discontinui e delle
funzioni automorfe (p. 131), se retrouve la même proposition restreinte
|z, 1+2]; =!s!. 15 systèmes S” ont le diviseur | |T, 37r | |; 5 d’entre eux donnent
chacun 32 systèmes cycliques différents (16 n'ayant que le groupe cyclique } s|, et
16 ayant le diviseur métacyclique | s, | x, 31* s |) et les 10 autres 24 systèmes chacun
(20 n'ayant que le groupe cyclique js} et 4 le diviseur métacyclique précédent},
1 système S' a le diviseur | >, Pr]! et 1 système le groupe entier ; |z, 3x Lis ils
donnent chacun 10 systèmes cycliques différents (g n'ayant que le groupe Cy-
clique [s] et le neue respectivement ‘les diviseurs métacycliques !s,1x,3°x |;
otis |z 3: æ|i}
1366 ACADÉMIE DES SCIENCES.
aux points imaginaires qui ne se trouvent pas sur une droite réelle de la
quadrique.
Dans mes Leçons sur les fonctions automorphes (p. 81), je démontre seule-
ment que le groupe est discontinu pour les points des domaines que j'ai
appelés ( 1) et (I).
Cette restriction est nécessaire, comme le prouve l'exemple de la transfor-
mation
a 7 ə
nr, Keo t Oee a Ai E Ke =.
qui conserve la quadrique
Li ls + Lily + Ai —=O
du type voulu. Le groupe de ses puissances n’a pas de transformations infi-
nitésimales, Or ił conserve les points de la multiplicité
qui rencontre la quadrique en des points imaginaires non situés sur des
droites réelles de la quadrique.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions hypertoroidales et leur lien
avec les fonctions hypersphériques. Note de M. P wnare Humserr, présentée
par M. Appell.
Nous avons vu dans notre dernière Note (‘) qu'un changement de
variables, dans l’espace à quatre dimensions, introduisant, comme hyper-
surfaces coordonnées, des hypersurfaces engendrées par la rotation d’un
tore autour d’un axe situé dans son espace, conduisait à un produit de
Laplace où figuraient les polynomes ,,, d'Hermite. Un changement de
variables analogue va nous amener aujourd'hui à une extension des poly-
nomes V,,, du même auteur.
Soit le hate de variable
shg cosy sin ĝ coso sinĝ sing i _shosing
M cts ses DR homes GE hs à
cho — cos y cho — cos0 cho — cos cho — cos0”
où l’hypersurface s = const. est un Aypertore, c’est-à-dire l'hypersurface
engendrée par la rotation autour de l'axe des £ d’une sphère ayant une
(') Comptes rendus, t. TTi, 1920, D. 1116.
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1367
équation de-la forme
à (s= ah+ yi+ z= Gt,
L’équation de Laplace dans ce système s'écrit alors
2| shgsinð | d | shosin 9 7 |
(che — cos9)? dc 00 (cho — cos 9Y 08.
La sh SUR sin Ü o U a
sin 9 (chg — cos 9)? dọ? + shs(che — costy D
Nous en chercherons des solutions de la forme
U — (cho — cos) shto sin”9 cosuy cosvo F (ø, 8),
y. etv étant des entiers arbitraires, et la fonction F, que nous appellerons
Jonction hypertoroïdale, vérifiant l'équation
—
dE oF oF
W S trt (vti) 00 D + (au +1) cotho 2E + [plte] E=
qui, si l’on pose cos) — u, chs = v, s'écrit
&F
GF d ET
RE + (ap +a) +[plpt ti) E= o.
On pourrait disjoindre les variables et mettre I° sous forme d’un produit
d'une fonction de u par une fonction de v : mais nous rejetterons de telles
solutions. Constatons alors que l'équation (2) se rattache à un type bien
connu : le polynome V,,,(x, y) d Hermite, défini par le développement
(1—2ax—92by + a+ b aa D Nan ))
satisfait en effet au système (‘)
: (i— 2 )r— xys —(n +3)xp+mqy + m(m+n + 2)z =0,
(i—ÿ)t—æys—(m+3)yq + nprz + n(m+n+2)3—=0, ,
et, par conséquent, à l'équation unique obtenue par soustraction,
(— 2)r—(on+3)pxz —(1—7')t+(am+3)qy +(m—n)(m+n+a)s—
. ` I I CRE A à
Si nous faisons alors m = u — -; n = y — z> nous trouvons, précisément
(1) F. Divos, Étude de certaines fonctions, ete. (Thèse, Paris, 1868, p. 15).
1368 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'équation (2). Oa est ainsi amené à considérer, comme fonctions hyperto-
roïdales, des extensions des polynomes V,,, d'Hermite, où les indices, au
lieu d’être entiers, seront égaux chacun à la moitié d’un nombre impair :
résultat d’un intérêt évident, si l’on se souvient que la recherche, dans
l’espace à trois dimensions, des fonctions toroïdales, a justement amené à
l'introduction de fonctions nouvelles, extensions à indices fractionnaires du
polynome P, de Legendre. Les fonctions hypertoroïdales que nous avons
obtenues sont donc aux fonctions hypersphériques exactement ce que les
fonctions toroïdales sont aux fonctions sphériques.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les zéros des intégrales d'une classe d'équa-
tions différentielles. Note de M. Fnéonore VaropouLos, présentée par
M. Hadamard.
1. Soit une fonction u = f(=) multiforme définie par une équation de la
forme.
A6(z)+Ai(s)u FA laju’ t.t Ag (s)ut + utt z o(s, ú) —0,
les A;(2) désignant des fonctions entières d'ordre de grandeur e"” et ọ (2, u)
une fonction entière par rapport à z, pour chaque valeur de u, d'ordre
inférieur à "7 (< étant un nombre positif). Nous avons établi le théo-
rème suivant (1) :
L'ensemble des valeurs (E), (E,), (E,) exceptionnelles de u (au sens
plusieurs fois expliqué ) ne surpasse jamais u. + 1.
Le théorème, ci-dessus énoncé, subsiste encore pour toutes les fonc-
tions u = f(z) définies par une équation de la forme
Aole) + A(z)u+.. Anale yut! pubs g(u)—=0,
g(u) désignant une fonction quelconque de u.
2. Énvisageons maintenant une équation différentielle de la forme
(1) A3) + A,(s)u + A,(s)e+...+ A (s)ut et ut + 2 Du, u!,u’,.….,u(]=0
et désignons par e"" le plus grand des ordres de grandeur des fonctions
entières A;(z). Supposons que ®[u, w, u’,..., ut] soit un polynome par
rapport à u,-u', ..., U™. Considérons une intégrale u = (2) de l'équation
différentielle (1), éliminons la variable z entre les équations u = q(=),
u' = q' (2) et soit u = h,(u) le résultat de cette élimination. En général
(*) Comptes rendus; t. 171, 1920, p. 1198.
j
SANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1369
soit u™ = h,(u) la fonction obtenue par l'élimination de z entre les deux
équations ù = q(z), u™® =g" (3).
Alors l'élimination des u', u”, ..., ul? entre les équations
u- hi (w), SUR) a PRES)
‘équation (1) nous conduit à une équation de la forme
(2) A(z) + Ai(s)u+...+ Ap- (5)! + utt s.f (u) = 0
qui sera satisfaite par l'intégrale u = q (2).
Nous dirons que l’ équation (2) est irréductible lorsque cette équation ne
définit qu’une fonction unigue.
Pour une valeur u = a telle que $ (a) soit infinie, l'équation (2) n'admet
aucune racine finie et différente de zéro, et puisque nous supposons que
l'équation (2) est irréductible, il en sera donc de même de l’équa-
tion a — q(z).
Alors l'intégrale u = g (=) ne prend la valeur a pour aucune valeur finie
de z sauf, peut-être, par la valeur z = o.
Une telle valeur u = a, nous l’appellerons, avec M. Rémoundos ('), valeur
exceptionnelle parfaite.
Nous avons ainsi un théorème tout à fait identique à celui que nous
avons déjà démontré (Loc. cit.).
TuéorÈèue. — Pour toute intégrale u = q (2) d'une équation différentielle
d'ordre quelconque? et de forme suivante :
Ao(2) +A,(s)u+A(s)u+...+ Ag (s)u + uty Ofu, u'u", s., U™]=0
les fonctions A;( 2), dont une, au moins, est transcendante, étant entières et ®
désignant un polynome quelconque par rapport à u, w, u”, ..., u™, le nombre
des valeurs exceptionnelles non parfaites, lesquelles appartiennent aux
ensembles (E), (E), (E,), est égal au plus à y., l'infini non compris.
La démonstration se fait par la méthode d'élimination et s’appute sur la
proposition fondamentale de M. Borel [voir : Mémoire sur les zéros des
fonctions entières (Acta mathematica, t. 20, 1897 )|.
(C) Comptes rendus, t. 147, 1998, p. 416.
1370 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Résolution de l'équation algébrique g générale par
des fonctions hypergéométriques « de plusieurs variables. Note de M. RrcHarp
BrrkeLranp, présentée par M. E. Goursat.
Considérons une série procédant suivant les puissances entières el posi-
HR... 1:
Sak eaer e S L A
Mi, APTE a |
Nous dirons qu’elle est l'élément d'une fonction hypergéométrique de p va-
riables :,, 3,, ..., 3, quand tous les rapports
Burns. Ke us PTE Rp Ben ‚p+
y E, A P EEA A A
si -
Kogo Na neon
Ayip
sont des fonctions rationnelles de n,, n,, ..., np. C’est une classe de fonc-
tions très étendues et très importantes; elles sont étudiées par un grand
nombre de géomètres.
Nous considérons une équation algébrique générale, du degré n, mise
sous la forme
a ot (ht Bet hit leae),
-
L,1,...,1,-, étant les coefficients. Désignons les z racines par v,, 9, -+5
Va- Nous pouvons exprimer ces n racines par une somme de fonctions hyper-
géométriques de n—ı variables. En effet, nous allons démontrer qu’on peut
donner les expressions suivantes pour les n—1 racines #,, Pay ..., 0, ©
(2) pv; vi + rv” li Hie sit Pik TR A SE mrre
où y est une racine primitive de l'équation s"—' = 1 et la somme X, étendue
aux valeurs
#01; Se Ga ia lame à kca PO M ET ele D ne iv. Moses Pa
en outre, nous ayons
O Ch) s= k+ 2k; +... + (mn— 2)kn-1— k+ ı
et les (n — 1)" ' fonctions W, +., sont définies par les séries
* (—1)+! (p+i)(o +2)... .(p+r
Ci) $ HR PR Per
SSD St DES ky eS T a
n—i a e
la somme étant étendue à toutes les valeurs entières et positives et les valeurs
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1371
nulles de #,,#,,..., kni- En outre, nous avons
D —i—[920%+ 303+...+ (n —1)æx
| rende UE 9 n aS VE pe p= l S ts Eu
ER RCI : m=i
; a=: k mod(rz — 1), ax = ke =h
Ces (n — 1) fonctions sont des fonctions hypergéométriques de n — 1 va- `
fiables Ci en
En effet, quand #, se change en $, +1, les nombres 4, et r se changent
2, +n—1etr+n—1. Par conséquent, les nombres o et p se chan-
gent en © +3 et p + » —1 respectivement. Nous obtenons donc, d’après
un calcul facile,
Ati tee nat) PEAR A)
Ame En: (0 +1)(% +1)... Th T
pọ etr sont des fonctions linéaires de #,, k», ,.., #,_;. Le rapport entre les
deux coefficients est donc une fonction rationnelle de k,, Fas ooog Enee Le
numérateur et le dénominateur sont des polynomes en #,, #,,..., kn- de
degré fixe n.
Soit À un des nombres 2, 3, ..., n — 1. Quand k, se change en k, + 1, les
nombres « et r se change en «, + n — retr -+n — 1. Par conséquent, les
nombres p et p se changent en 5 — À + 1 et p— (à —1)(n — 1) respecti-
vement. Nous obtenons donc
A. k, Ce 2 PR kna
A, : De OER PEN
(p— + 2)(p—}+3)...pl +r) (o +r +1)... (0 +r +n i—i)
zo m o |
CO RE VEQL FACE AE]
s
Le numérateur et le dénominateur sont donc des polynomesen #,,#,,...,4,-,
de degré fixe ù — 1. Les fonctions Yi r,r, „vn donc des fonctions hyper-
géometriques des n — 1 variables Ÿ,, n Res
Le nombre de variables sera diminué quand quelques-uns des coeff-
cients h, l, <. ha, sont nuls. Ainsi, dans le cas où =, —=...—4 ,—0,
nous avons des fonctions hypergéométriques d'une variable et nous retom-
bons sur la solution de l'équation trinome v” = + + l, que j'ai donnée dans
une Note précédente (').
Maintenant, nous allons démontrer le théorème précédent. Écrivons
eh hedh (h=s,3....,n 1). L'équation (1 1) devient
(4) ppt fr + Riot he. + have).
(€) Comptes rendus, t; 174; 1920, p. 77
1372 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Considérons l'équation de Lagrange
(5) OS P Ex f(0).
Soit F(9) une fonction d'une racine de cette équation qui pour «= o
devient — y. Nous avons alors, d’après la formule de Lagrange,
(6) F(8)=F(y) + LAN FN + À LEONE NI.
2} 2
7 dr! :
+E RO) F] +
Si nous posons y = 1, x = — let
f AE
\ v=F(0)=6 am,
(7) ) Ez A
10 ae pali 4 A0: ES h,0 he ..+ h,_,0 l
l'équation (5) devient l'équation algébrique (4). Cela permet de trouver
les formules (2).
A
RÉSISTANCE DES MATÉRIAUX. — Calcul des ponts circulaires, à travées
continues, comportant deux contreventements et des entretoisements trans-
versaux sur leurs appuis seulement. Note de M. BerrranD pE FoxrvroLaxr.
Dans trois Notes précédentes (') nous avons traité du calcul des ponts
circulaires. La première concerne les ponts à une seule travée, du type à
un seul contreventement et à entretoisements transversaux sur toute leur
longueur; la seconde, les ponts du même type, à travées continues; la
troisième, les ponts à une seule travée, du type à deux contreventements et
à entretoisements transversaux sur leurs appuis seulement. La présente
Note concerne les ponts à travées continues de ce second type.
Conservant les notations et les définitions données dans les trois Notes
précitées, nous établissons les formules générales
A M= p Mii 270) M sino, |
#
7. sinyo
yo S= r+ S, nr Re Sy i
Ti #i
(C) ——M,., na 2 à en,
z sin y; siny; »
(') Comptes rendus, t. 170, 1920, p- 376 et 796, et t. 171, p. 1122.
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. De
1 re F : |
qui sont d’ailleurs les mêmes que dans les ponts du premier type, bien que
la définition du moment composé S diffère d'un type à l’autre.
Soient :
=g
elles sont en treillis, les sections d'âmes pleines présentant la même déformabilité
que ces âmes en treillis sous l'influence de l'effort tranchant;
et Q; les quantités de même nature relatives au contreventement supérieur et au
se, mac
contreventement inférieur.
Qan et Q, les sections des âmes des deux poutres, si ces âmes sont pleines, ou bien, si
En exprimant, au moyen de l'équation générale de lé lasticité que, dans
sa déformation élastique, une travée quelconque A’, A; A7 Aj est astreinte
à rester en contact avec ses quatre appuis, nous obtenons la relation
ri Yi F I Yi
zJ T' do + ef T” do + That œ) £ H do =—=.6.
at 0 C/v9
De cette relation et des deux relations générales (6) de notre troisième
Note, et en posant successivement
í i A à IAE? r?
e a a eh g) a= iata tL;
DNO SX. rire, F 1
(D) A :
A! — ns D à Fee +
nous tirons les deux nouvelles formules générales
AS Sa) + B'(M— Mi)
2
F'= 0 +
a ASS, BWO M
AE 2; (77 i—i i wa i—i k%
yi
D'autre part, en exprimant, encore au moyen de l'équation générale de
l’élasticité, que les deux poutres sont continues sur deux appuis quel-
conques A et A;, nous obtenons les deux relations suivantes, dans les-
quelles £ = (r — r”): 2
f : (S — M) sin (7511 — ©) do ET ÿ,
CUBES ò
aS (S— M) sino dw + ———
siny;
ae [S—M(i— %2) ]o do + >f [S — M (1— £) ] (mi — 0) do = o.
io ; Yi+i Vo
Le remplacement de M et de S, dans ces deux relations, par leurs
139$ ACADÉMIE DES SCIENCES.
expressions générales (A) et (B), donne les deux équations
( E) GiS, —- (d; + di )S;+ Ci Fo PRSE = [a; M; a+ (0; + bizi) M ;+- diMi = brie
(G)-ESs + A ee + ir NEE ON 1ed: sdis) Mi CiN Ta i+13
où 4;, Dis Ci, d; ont les mêmes valeurs que dans les ponts du type à un seul
conireventement et à entretoisements transversaux dans toute leur longueur
[voir notre deuxième Note précitée (')] et où G;;,, et H;;,, ont pour
expressions
5
ai a {iti
G i E y 1 í oo d
LL: moe mes (o — p) sino do — ———— (o — p) sin (yam — ©) dw,
sin {r Sin yir1
Hi fe- pk Jo do — — Ta | — pi k2)] (yiri — 0] dw.
a) ;
Dès lors, la marche à suivre dans les applications est la suivante :
1° Faire successivement i =1,2,...,n ne dans les équations (F)
et (G), en tenant compte de ce que M,, S,, M, et S, sont nuls, ce qui
fournira un système de 2(7 — 1) équations qui ironi connaître les n— I
moments de flexion du re sur appuis et les n— 1 moments composés sur
appuis;
ar a pour autant de sections du pont qu'on le désirera, M, 5
et Ds, par les formules (A), (B) et (C);
3° Par les formules générales (3) de notre troisième Note, calculer les.
moments de flexion M’ et M” dans les sections des deux poutres et notam-
ment dans les sections sur appuis; puis les efforts tranchants T’ et T” par
z formules (E);
° Déterminer les efforts tranchants H et H’ dans les deux contreven-
to, par la formule générale (10) de notre drain Note; ;
5° Calculer les actions tangentielles 4’, d!, 4’, t” et normales u', u,, 4, U,
exercées par les deux contreventements sur Le deux poutres, par les
formules générales (4) de notre troisième Note.
3 “+ j I e
(1) Dans cette deuxième Note, au lieu de b= =la n il faut
SIN y; SIN yz tangy;
À t
b= er aana £
Sin” y; tangy; yi
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1375
ASTRONOMIE, — Observation de la comète Skjellerup faite à l'Observatoire de
Bordeaux (équatorial de o",38). Note de M. H. Gopanp, présentée par
M. B. Baillaud.
+ — x- Nombre
Date © de
1920. AR. AP. compar. Grandeur.
A m s$s r n
Doce Pera ae +4: 7,78 —0.44,3 16:4 11,0
Position apparente de la comète.
Date Temps moyen Ascension droite Log. fact. Distance polaire Log. fact.
192 de Greenwich, , apparente, parallaxe. apparente. parallaxe.
h m S h m s 0 r #
Dic tjan RAT EA 9.19.22,34 1,499, 93.37.42,6 0,813,
Position de l'étoile de comparaison.
Ascension droite Réduction Distance polaire Réduction
Gr. moyenne, au jour. moyenne. au jour, Autorité,
5 h n= S S % a re H n
R5 Oiii 30I +4,39 93.38. 6,1 +20,8 A.G. Strasbourg 3587
Remarque. — La co nète est une nèbulosité d'environ 1’ de diamètre, sans noyan
apparent; grandeur 11,0. Ciel médiocre.
ASTRONOMIE. — Observation de la comete Skjellerup faite à l'Observatoire
de Marseille (équatorial Eichens, d'ouverture 0",26). Note de M. Micuro-
viren, présentée par M. B. Baillaud.
Nombre
Bate. Temps moyen de Log. fact. Log. fact,
ERO. de Marseille. åR. AÑ. . comp. Æ apparente. parall. D apparente. parall.
h mos EE ” * SE ie o r "
Dac. 20..: 19.90439 du 43548 ‘— 6.303 1827 > 9.90 91,80 9,314 + 0.58.30,2 0,771
Position de l'étoile de comparaison.
X moyenne Réduction D moyenne Réduction
*. Gr. 190,0. au jour, 1920,0. au jour. Autorité.
RE GR: > o , " aW
{ 9,3 9-30. 3.33 + 4,39 + 1. 494,7 — 25,0 Mü 4278
, Remargue. — La nébulosité de la comète est circulaire, d'étendue 5°%-65, Pas de
noyau nettement perceptible, toutefois une condensation centrale est bien prononcée.
La comète est estimée de la grandeur 9,7-9,8. L'observation a été fortement gènée
par une étoile de grandeur 8,4 se trouvant au voisinage immédiat de la comète.
1376 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. —- Spectre de Nova Aquilæ III, en juillet 1920.
Note (') de MM. Arcor Hasssox et Hays JezsrruPr, présentée par
M. Deslandres.
Avec une chambre prismatique très lumineuse de l'Observatoire de
Meudon, nous avons obtenu en juillet 1920 deux spectrogrammes de l'étoile
nouvelle de l’Aigle n° II, qui a eu son maximum d’éclat en 1918 et qui est
maintenant à peu près de neuvième grandeur.
La chambre, fixée à l’équatorial dit du Autt-pouces, est munie d’un prisme
objectif et d’un miroir de 0",25 d'ouverture et de o™, 75 de distance focale.
Le prisme fut réglé pour les rayons violets. Les plaques employées étaient
les rapides de Wratten, sensibles pour bleu violet. Les spectrogrammes -
obtenus ont 1°" de longueur, avec une distance entre Hg et H, deann
Le spectre de comparaison est le spectre d’Altaïr, que nous avons obtenu
très net et très fort, en laissant courir l'étoile quatre fois le long du fil de
notre lunette, le mouvement d’horlogerie étant arrêté. Pour être sûr
qu'aucun Ati ient du prisme ou de la plaque ne pouvait rendre l’ épreuve
incertaine, nous avons laissé courir l’étoile deux fois avant et deux fois après
la pose de Nova.
Le premier spectrogramme a été obtent le 20 juillet après deux heures
de pose, le ACER fut pris la nuit suivante en posant un peu plus que
une heure.
10
6
es À
à
A 3900 4000 409 4200 4300 400 +500 4600 4700 4800 4900 6V0
ke £s Ly LA
Courbe des intensités dans le spectre de Nova Aquilæ II, en juillet 1920.
Nos deux épreuves montrent un spectre continu assez faible avec un
grand nombre de lignes d'émission, étroites ou larges, dont la plupart se
confondent et sont difficiles à distinguer du spectre continu.
(') Séance du 6 décembre 1920.
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1377
Il est à remarquer que l’on a sur l'épreuve du 20 juillet, avec la pose la
plus longue, les indications de toutes les lignes trouvées sur l'épreuve
du 21 juillet, mais que l'identification en est seulement plus difficile.
Dans le Tableau ci-joint des longueurs d'onde, les lignes d'absorption sont
mises en chiffres gras. Là où l’on a trois longueurs d’onde dans une
_accolade, la première et la dernière représentent les deux bords, et celle du
centre le maximum approximatif d'intensité de la ligne. Les nombres entre
parenthèses donnent l'intensité de o à ro.
Bandes d'émission dans le spectre de Nova Aquilæ 111
(20-21 juillet 1920).
i ua
T 4
(2 heures ). (1 heure). Notes.
3931 (2) 3933 3932 (1) Ti; 3935 Ca (= K)
| 3963
3970 (2) < 3970 3970 (10) H: ; 3969 Ca (= H)
| 3975
3991 (3) 3994 3995 (4) N (y Orionis)
4o13 (2) 4009 (6) He? (y Orionis)
(2) 4033 4026 (8) He {y Orionis)
(2) 4043
4048 (2) 4049 4046 Fe (le Soleil)
(2) on oo
4o83 (3)
| 4096 hogo |
à 4104 (6) { 4ro1 h102 (10) Ha
| 4110 | 4116
nn à
4149 hili (7) He(7 Orionis)
4197 (3) 4169 (3) He (y Orionis)
| 4177 4167 Ligne des nébuleuses
4817 (3) 4185 (0) Fe (æ Cygni)
4199 (3) 4199 (1) Fe (x Cygni)
4208 (3) 4203 4205 (1) (y Orionis)
4235 (3) 4236
4246
4261 (4) | 4261 4265 Ligne des nébuleuses
4284 4285
(4) 4306
4328 4334
4341 (7) 4343 43414 (10) Hy
4358 4358
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171, N° 26.) 104
1378 ACADÉMIE DES SCIENCES.
20 21
í í
(? heures), (1 heure). i Notes,
| 4374 | 4368 4363 Ligne des nébuleuses
4 (7) 4385 1388 (6) H. (y Orionis)
l 4398 ; l 4398
| 4442
(5) l 4453
| 4462 4412 (8) H, (y Orionis)
f 4489
(4) 4511
(4) 4552 4553 S; (y Orionis}
4591
4605 (6) | Go
4613
( 4622 | 4623
| 4645 (6) 4645 4640 Ligne des nébuleuses
| 4659 4670
| 4682 | 1684 4686 Ligne des nébuleuses
) us (6) ) 4695
4706 | 4706
4832 (1)
4851 483
4864 (2) | 1863 4862 (10) Hg
| 4869 4881
(02s ( 4945 h922 (5) He (y Orionis) …
4946 (7) < 4960 4999 Ligne des nébuleuses
4999 l 497:
í 1979 | 4989 5007 Ligne des nébuleuses
‘ 200 Go) 9012
l 5025 À | 5029
Le spectre continu se trouve seulement entre À 4800 et À 4000.
Il y a une faible indication d’une ligne d’absorption sur le cliché de
20 juillet près de À 4224, mais cette ligne est peut-être seulement un espace
moins lumineux entre deux bandes d'émission très faibles.
Quand on fait la comparaison avec les spectres antérieurs de Nova
Aquilæ IHI, on remarque que les lignes des nébuleuses ont augmenté leur
intensité, et que le contraire a eu lieu avec les autres lignes.
Les larges lignes de l'hydrogène et les lignes des nébuleuses ont à peu
près conservé leur largeur de juillet 1918. Les premières de ces lignes
avaient alors une division en trois maxima distincts; cette division est
maintenant disparue. Il reste seulement une large bande sans maximum
prononcé,
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1379
RELATIVITÉ. — Remarque sur la théorie de Lorentz comparee à celle de Mie.
Note de M. Léox Broca, présentée par M. E. Bouty.
Le trait caractéristique de la théorie de Mie-Hilbert (') est que l’on
connait bien la forme explicite de ẹL (variation de l’action totale), mais
non pas celle de L. Cette fonction intervient à l’état d’'inconnue formelle
dans l’expression des tensions T°
La théorie de Fokker-Lorentz (?), moins générale que la précédente,
est présentée d'ordinaire comme exempte de l’indétermination qui vient
d'être signalée (°). Elle part d’une forme explicite de l'intégrale d’action,
considérée comme somme de contributions matérielle (R), électrosta-
tique (5), électromagnétique (M) et gravifique (H). Par application du
principe d'Hamilton, elle aboutit à l'énoncé précis des lois de l’Électro-
magnétisme et de la Gravitation.
Il nous semble que la théorie de Fokker-Lorentz ne conduit à des
résultats cohérents que si l’on soumet l'intégrale d'action à une variation
complète. Mais une telle variation ne peut, en général, s'effectuer expli-
citement, et l’on retombe sur le même inconvénient que dans la théorie de
Mie-Hi. hedi
Pour le montrer, partons, par exemple, des équations du champ de
gravitation |éėq. (6) de Fokker]:
(1) Gas — z 8a; G =— x (Tas + Eus).
On sait que le premier membre représente un tenseur qui, rapporté à ses
composantes mixtes, possède une divergence (généralisée) identiquement
nulle. L'équation (1) entraine donc nécessairement
(2) : div (T? + E$) = 0.
D'autre part, Fokker établit (éq. 19) les lois générales de conservation
sous la forme
(3 ) div(T?+ E;)—4,= 0
(1) V. H. WeyL, Raum-Zeit-Materie, 3° édition, p. 176.
(?) CF. Foxker, Proc. Amst., 1917, p. 968.
(3) WEYL- op. Cil., pe 182
1380 ACADÉMIE DES SCIENCES,
(k désignant la force), et cette condition est formellement incompatible avec
la précédente.
Il semble que, si l’on donne aux tenseurs Ta et Es la signification
indiquée par Fokker, les formules (3) soient physiquement correctes.
Mais alors on ne peut, sous les mêmes conditions, laisser aux équations
du-champ de gravitation la forme (1).
Pour retrouver l'accord, il faudrait connaître en fonction des g,, l'ex-
pression de l’action électrostatique S = [wide dx, dæ, dæ, dont Tokea
dans le calcul qui le conduit à (1), suppose a priori la variation nulle. Nous
pensons au contraire qu’il faut faire intervenir dans la variation de
l’action totale, par rapport aux Zab, UN terme provenant de cette intégrale.
Mais pour le calcul de ce terme, nous nous heurtons à la difficulté d’une
fonction formellement incennue, comme dans la théorie de Mie.
Si cette fonction était connue, le calcul effectif des variations permettrait
de faire correspondre à la pression de cohésion (dont l’action est S) un
tenseur ©,, équivalent, qui venant s'ajouter dans (1) aux Ta et Es rétabli-
rait l’exactitude de la formule (3) sans changer la forme des lois de gravi-
tation.
On retombe alors exactement sur la théorie de Mie-Hilbert, dont celle
de Fokker-Lorentz ne diffère en rien,
ÉLECTRICITÉ. — Sur les variations avec la température de la conductibulité
du sulfure de calcium. Note de M. P. Variant, présentée par M. J. Violle.
Lorsqu'on chauffe une couche mince de CaS, préalablement insolée, sa
conductibilité D rad rapidement, passe par un maximum très aigu,
puis décroit jusqu'à devenir pratiquement nulle. Le gradient conducti-
bilité-température est d'autant plus grand, le maximum d'autant plus élevé
que l’échauffement est plus rapide. Le phénomène est bien lié à l’état de
phosphorescence, car, si on laisse refroidir avant que la conductibilité soit
tombée à zéro, puis que l’on chauffe à nouveau, on observe des variations
beaucoup plus faibles et un maximum beaucoup moins élevé.
Dans les Tableaux qui suivent, z représente le temps compté en poni
pour unité 46,4 secondes ('), T la température centigrade, c la conduc-
tibilité en unités arbitraires :
(1) Le choix de cette unité était imposé par la méthode de mesure employée : une
batterie de piles charge, à travers la résistance inconnue, un condensateur pendant un
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1381
Premier chauffage. Second chau fage.
NS E o 30 50 PRE A o 20 4o
A True 275 9 130: V3 Rp vote a 70/5 "09;
CE es 43 47400 41 PE 19: EER + 531 46
(mas): ( max.)
L'étude quantitative du phénomène est difficile, car il paraît dépendre
des circonstances de fabrication de la couche de élite, de la durée et de
l'intensité de l’insolation, et du temps écoulé entre cette insolation et le
début du chauffage. Il est cependant possible d'obtenir des'résultats con-
cordants en opérant sur des couches fortement insolées et en attendant,
pour procéder au chauffage, que la conductibilité soit devenue. quasi
stationnaire (').
L’accroissement de température produit sur la conductibilité du sulfure
deux effets : il fait varier sa valeur instantanée (°) et augmente son taux de
variation avec le temps. Pour étudier le premier effet indépendamment du
second, il faut réaliser un échauffement assez rapide pour rendre l'influence
de la déperdition négligeable. On y arrive très approximativement de la
facon suivante. Sur une mince feuille de mica sont collées deux bandes
d’étain qui laissent entre elles une fente étroite qu’on recouvre de sulfure
agglutiné avec de la colle (°). A l’intérieur de la fente, pénètre à travers le
mica la soudure du couple qui sert à l'évaluation des températures, Après
séchage et insolation de la couche, la lame de mica est serrée entre deux
feuilles d'amiante sur lesquelles on enroule un fil de ferro-nickel que traverse
un courant. La capacité calorifique du système est très petite et, en quelques
minutes, on peut lui faire parcourir un cycle fermé de températures entre
temps { déterminé, puis le décharge dans un balistique; l'intervalle entre deux
décharges consécutives, donné par la durée de révolution d’un contact tournant qu'en-
traîne un moteur synchrone, était de 46,4 secondes,
(:) La conductibilité, après retour à l'obscurité à température constante, croît
d’abord jusqu’à un maximum, puis décroît après un palier très étendu où elle reste
sensiblement constante ( voir Comptes rendus, t. 171, 1920, p. 715).
(?) Que la température agit sur la valeur instantanée de la conductibilité résulte
immédiatement du fait que celle-ci augmente avec la température. Il est évident que
si la température n’agissait que sur le facteur de déperdition, la conductibilité devrait
diminuer de plus en plus vite à mesure que le sulfure s'échaufferait davantage.
(*) La colle a uniquement pour but d’immobiliser le sulfure sur les électrodes et
: d'éviter l'emploi d’un dispositif de compression, obligatoire dans le cas du sulfure
pulvérulent. Il résulte de très nombreuses expériences de comparaison que son in-
fluence sur les lois du phénomène étudié est complètement négligeable.
1382 ACADÉMIE DES SCIENCES,
des limites très étendues. Il est, d'autre part, possible, en réglant convena-
blement le courant de chauffe, d'arriver rapidement à une température
déterminée et de maintenir ensuite celle-ci constante, à + de degré près,
pendant un temps suffisant pour suivre la loi de déperdition à la température
considérée.
Cela posé, si l’on fait se succéder un échauffement et un refroidissement
suffisamment rapides, à condition de rester en deçà de la conductibilité
maxima, on constate que les deux branches ascendante et descendante
de la courbe en c, T se superposent à l’ordre de précision des mesures. C’est
ce qu’on peut, en particulier, vérifier sur le Tableau suivant :
T- 6. é’, K A e Ca
E D, o a a IIe e 1 1473
E Ca SR 20 21 9949n korsi. s : 1830 1959
nT T F 75 78 SRE TEE à. E 1101
RC ee ‘+: 209 209 LE NS PRET 234 234
HO DE paie. 425 422 LÉ. SR Se 65 66
HO er te . 684 682 EE POP CSS 28 20
Sd rues 960 934 e rate : 16 10
DD iris: , 1230 1254 Pr DR Pr 13 13
On peut donc admettre que, dans les conditions où l’on a opéré, le temps
n'est pas intervenu dans les variations observées. Or, si l’on construit,
d’après les données du Tableau, la courbe en Log c et T, on se rend compte
que cette courbe est très approximativement une droite. On a
(1) Cat a
Les ¢ du Tableau représentent les valeurs de c calculées d’après cette
formule.
Si, d'autre part, on suit les variations de avec le temps à diverses tem-
pératures, on constate, pour chaque température observée, une variation
sensiblement exponentielle, c’est-à-dire de la forme c = ce", le coefficient
de dépaerdition b étant lui-même une fonction linéaire de la température.
i s
Tesis 0. 23,6. 28,2, 32,9, 38,2. 46,3. 51,6. 65,2.
Ba . (—0,0110) o0,0110 0,0174. 0,0230. 0,0308 0,0406 0,0492 0,0650
b'..... (—0,0196) 0,0110 0,0172 0,0236 0,0306 o,o4ro 0,0516 0,0650
Dans ce Tableau les b ont été calculés en prenant pour unité de temps la
minute el les % sont les valeurs de b qu’on tire de la formule |
(2) b = 0,00130 (T— 15,1)
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1383
qui indique, à la température de 15°,1, qu'il y a inversion dans le sens des
variations avec le temps.
L'ensemble des résultats qui précèdent peut s’interpréter par une relation
de la forme
% t
(T—T,){(1——
(3) eee ( EF
Co, čo, To et B étant des constantes qui, dans l’exemple cité, ont respective-
ment les valeurs
D eR l = a00; sidi = 0130.
? e m
Mais il est essentiel de remarquer que les résultats indiqués ne se vérifient
qu'autant que l’ensemble des déterminations est conduit assez rapidement
pour que la déperdition totale reste faible, c’est-à-dire pour que l’expérience
terminée et le sulfure ramené à sa température initiale, sa conductibilité
soit du même ordre de grandeur qu'au début. Ceci revient encore à dire
que les constantes cs, 4,, T, is elles-mêmes être considérées comme
fonctions du temps.
RADIOGRAPHIE. — De la détermination du temps de pose. Note de
MM. G. Goxeesmoutess et E. Puraomme, présentée par M. G. Lippmann.
Pour compléter l’é iudi des conditions les plus favorables à l'obtention
de clichés comparables, nous avons cherché à établir une relation expri-
mant la variation qu’il convient d'apporter au temps de pose, lorsqu'on
modifie le régime du tube. Il nous avait été facile de constater que, toutes
choses égales d’ailleurs, l augmentation progressive du pouvoir pénétrant
des radiations imposait une réduction du temps de pose qui s’accentuait
très rapidement et permettait, avec de faibles intensités, d'exécuter des
radiographies rapides.
L'emploi de l'ampoule Coolidge nous a permis, en généralisant les
résultats auxquels nous avions été conduits par l’emploi des tubes à osmo-
régulateur, sous le contrôle permanent du radioscléromètre de M. P. Villard,
d'établir une formule qui comporte, en pratique, une suffisante précision.
En appelant Z la longueur d’étincelle équivalente exprimée en centi-
mètres, E l'épaisseur du sujet à l'incidence normale et { le temps de pose
en secondes, l'équation suivante exprime la relation cherchée :
(1) the ot,
l étant la variable et K une constante qui dépend de l'installation.
1384 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous ne faisons pas figurer dans cette formule le facteur quantité, parce
que nos expériences n’ont porté que sur de faibles intensités : 1 à 10 milli ;
cependant, entre ces limites, très voisines, il intervient comme un coefficient.
Mais l’action révélatrice de développement, en s’exerçant sur la couche
sensible dont la durée d'impression aux rayons X a été définie par cette
équation, se manifeste différemment suivant la valeur de Z, et comme il faut,
pratiquement, utiliser un développement unique, il convient d'apporter
dans l'application un certain tempérament à la formule (1) afin d'éviter
l’exagération des contrastes pour / assez faible ou leur trop grande atténua-
tion pour } suffisamment élevée. Il faut également tenir compte de la
variation que subit l’action transformatrice des écrans renforçateurs suivant
les radiations utilisées.
Pour satisfaire à ces desiderata, nous avons reconnu qu'il fallait déter-
miner / en fonction de l’épaisseur, de manière à maintenir le temps de pose
entre des limites peu éloignées, quelle que soit la variation d’épaisseur pré-
sentée par les sujets. |
La formule suivante, dans laquelle mest le rapport des épaisseurs et « la
différence des valeurs correspondantes de /, nous a donné satisfaction :
(2) m? = e% li—K,
le correcteur K’ dépendant du mode d’action du révélateur adopté.
Le Tableau ci-dessous, que nous donnons à titre d'exemple, indique le
temps de pose pour l'examen du tronc d’un sujet faisant à l'incidence nor-
male 20°" d'épaisseur, le débit du tube étant de 8m" (les écrans renforça-
teurs utilisés réduisant au +):
l (en centimètres)... 8 o 10 u 1,19 14 l9
l'en secondes... 09: 743 20 13 7 5 3 2
L'application de ces données permet de réaliser un dispositif reliant
l'échelle du spintermètre à une règle à calculs, par exemple, à l’aide duquel
la détermination du temps de pose pour un régime donné, ou inversement,
celle du régime convenant à un temps de pose donné, sont obtenues méca-
niquement.
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. : 1385
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la composition de quelques gaz de fours à coke.
Note de MM. P. Lreseau et A. Damiens, présentée par M. H. Le
Chatelier.
Nous avons décrit antérieurement (') un procédé permettant de déter-
miner Ja composition d’un mélange gazeux complexe, et plus particulière-
ment les proportions relatives d’ hydro babes, saturés ou non, qui peuvent
s’y rencontrer.
‘an appliquant cette méthode à l'examen de gaz de fours à coke, nous
avons obtenu les résultats consignés dans le Tableau ci-dessous :
N° 3.
RER re à
N°1. m Ir essai, 2% essai” NYA
Oyeniran. o o o 0,69
Oxydé de carbone... 7,939 6,41 6,87 6,39
Hydrogëne Lies pierre 66,05 43,01 : 55:00 44,00
Atole: io nn les PV hritin 20,37 18,01 8,06 19,90
Absorbable par la potasse (CO?) 3,07 2,7 6559 19
Méthane....... PR Do e E 29,63 37,04 41,34 23,57
Ethane e o n a 0,69 0,91 1,04 0,49
Fropane C) Ni eee. 0,02 0,06 0,22 0,07
Carbures acétyléniques......... 0,06 0,07 6,09 0,07
Propylène et homologues ....... 0,11 0,08 0,09 0,07
Ethylene: eseis a eeru 1,49 1,09 3,68 339 1,70
Non dosé (vapeur, eau, ben- :
AA es E "0,00 0,93 0,36 0,48
Les échantillons n% 1 et 2 nous ont été envoyés par la Société Schneider
et Cie, au Creusot. D’après les informations fournies, le n° 1, prélevé le
20 décembre 1919, résulte de la cokéfaction d'un mélange de charbons
renfermant :
Pour 100
Paone o o D US DTA EL TT AS dE PR dE ere 00
A OR ns eut. es RS E 24
Demi-gras Montceau et Cents r O E a aus 30
Anthracite Monlecat.. sii ius- vus, E E E 13
(1) P. Leprau et A. Damiens, Annales de Chimie, 9° série, t. 8, 1917, p. 221.
(2) L'isobutane n’a pu être dosé, sa proportion étant trop faible dans les quantités
de gaz dont nous disposions, mais sa présence a été constatée qualitativement au
cours des combustions du produit de queue de la distillation fractionnée des carbures
saturés,
1386 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour le n° 2, prélevé le 23 décembre, le mélange des houilles comprenait :
Pour 100.
Demi-gras Monceau et Creusot..:,...,...1,.:.. 4.1. 28,8
Gras Ruro D à CO OT Ci a D 2 32,2
Gras: Durban: cerne a a a a te 23,9
RIDE UN ii dis el sdieteslroivesia Ii
Le gaz n° 3 nous a été adressé par la Société des mines de houille de
Mauss à à Montceau- les-Mines, La houille employée présentait les caracté-
risliques suivantes :
Pour 100.
COS nai a LE de en Vie Cle ai re di 58,24
Matières volatiles er ie val E e a a UE 32,20
CERTES en aoa e ar a a Roi ts 9,56
Enfin le gaz n° 4 a été prélevé aux fours à coke de la Société normande
de Métallurgie, à Caen, dans la période d’essai des fours; nous n’avons
pas d'indication sur la nature des houilles utilisées.
La température approximative des fours, lors des prélèvements était
de 050° pour les n% 1, 2 et 3, et de 1000° pour le n° 4.
Par l’examen de ces résultats, on peut constater que la composition des
gaz de fours à coke se différencie de celle trouvée antérieurement pour le
gaz d'éclairage, par des proportions plus faibles d'hydrogène et au contraire
nettement plus élevées d’azote, surtout pour les échantillons 1, 2 et 4. En
ce qui concerne les hydrocarbures, nous relevons dans un cas une propor-
tion beaucoup plus élevée de méthane, et ce même gaz n° 3 est particuliè-
rement riche en éthylène. En outre, on constate que ces gaz ne contiennent
‘sensiblement pas de benzol.
Observations de M. Hexry Le Cuarecrer sur la Communication précédente.
Les analyses de MM. Lebeau et Damiens confirment ce fait, malheureuse-
ment trop connu, que les gaz de fours à coke renferment une forte portion
d'azote, de 10 à 20 pour 100, quand la distillation de la houille ne peut guère
en fournir plus de 1 pour 100. Ces expériences font connaître de plus un
fait trés important : la disparition corrélative d’une partie de l’éthylène et
de la majeure partie du benzol, c’est-à-dire des deux constituants les plus
intéressants du gaz, utilisables soit pour la synthèse de l'alcool, soit pour | la
préparation des carburants de moteurs.
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1387
Cet azote provient de la pénétration de lair dans les chambres de distil-
lation; l'oxygène qui l'accompagne nécessairement ne paraît plus à lana-
lyse, il a donc servi à oxyder quelques-uns des éléments constitutifs du gaz.
peut-être l’éthylène et le benzol. [serait très intéressant de savoir comment
se font les réactions d’oxydation dans un mélange de gaz et d’air chauffé
progressivement à des températures croissantes, entre 200° et 500°, € 'est-
à-dire au-dessous des températures de combustion vive.
Cette pénétration de l'air tient à la mauvaise qualité des matériaux
réfractaires généralement employés à la construction des fours à coke.
Dans les anciens procédés de distillation, où l’on brûlait la totalité du gaz
produit par la houille, les communications directes entre les chambres et
les carneaux de chauffage n’avaient pas grand inconvénient. Il n’en va plus
de même aujourd hui, où les fours à récupération permettent de recueillir
une partie des sous-produits de la distillation de la houille : goudrons et
gaz, parfois même la totalité, quand on chauffe les fours avec du gaz pauvre
de gazogène ou de haut [pornea
On peut heureusement réduire notablement la perméabilité des maçon-
neries en y remplaçant les briques alumineuses par des briques siliceuses,
qui ne prennent pas de retrait aux températures élevées.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'hydrogénation catalytique de la subérone.
Note de M. Marcer Gopcnor, présentée par M. Haller. -
En hydrogénant par leur méthode catalytique au nickel un grand nombre
de cétones aussi bien aliphatiques que cycliques, MM. Sabatier et Senderens
ont obtenu l'alcool secondaire correspondant; la cyclohexanone, par exemple,
leur a donné le cyclohexanol. En collaboration avec M. Taboury ('), j'ai
montré qué la cyclopentanone fournissait le Ar gene me à une
quantité assez importante d’x-cyclopenty tyl-c 0 Il m'a paru
intéressant de rechercher comment se comporterait dans cette hydrogéna-
CHE CHP—CH ;
| CO et cette Note a
CH:—CH:—CH?/
pour but de résumer les résultats obtenus.
tion la subérone, cétone cyclique en €,
La subérone, qui m'a servi de matière première, a été obtenue en partant de l'acide
(1) Annales de Chimie et de Physique, 8° série, 1912, p. 41,
1388 ACADÉMIE DES SCIENCES.
subérique préparé, suivant le procédé de Markownikoff (!), par oxydation de l'huile
de ricin au moyen de l’acide nitrique, Cet acide subérique, purifié en suivant les indi-
cations de MM. Blaise et Kœhler (°), fondait à 140°. Pour le transformer en subérone,
j'ai essayé l'application à cet acide du procédé catalytique à loxyde manganeux,
institué par MM. Sabatier et Mailhe (è), procédé qui, en particulier, avait permis
à ces chimistes d'obtenir facilement le cyclopentahone en partant de l'acide adi-
pique. Mes essais ne m'ont donné aucun résultat satisfaisant, l’acile subérique se
décom posant trop profondément à la température de 400°. En chauffant au contraire
le subérate de chaux, finement pulvérisé et par petites portions, dans un tube placé `
dans un four horizontal chauffé électriquement et en opérant sous pression réduite
(rom® de mercure), on obtient, à la température de 355°-400°, un rendement assez
satisfaisant en subérose. 2008 d'acide sphérique m'ont ainsi fourni 605 de subérone
brute qui, par purification à l’aide de la combinaison bisulfitique, ont donné 458 de
subérone pure, bouillant à 180°. Le rendement est donc à peu près égal à 30 pour 100
du rendement théorique.
Soumise à l’action du nickel réduit et de l'hydrogène, à la température
de 175°, la subérone s’est transformée presque intégralement en subérol,
CH: r CH? CH? w
CH? CHE —— CH?
on élimine facilement le peu de cétone ayant échappé à l’hydrogénation :
par un traitement à l’aide du bisulfite de soude. Le subérol constitue un
liquide, bouillant à 184°, ayant pour densité, à la température de 15°,
0,9584 ; sa phényluréthane se présente sous la forme de belles tables, inco-
Idres, fusibles à 85°. Le subérol avait été déjà décrit par Markoniwkoff (*),
ainsi que sa phényluréthane, et les constantes indiquées par ce chimiste
pour ces deux composés s'accordent parfaitement avec celles retrouvées
par nous.
Willstœætter et Tokukéi Kamekata (5) ayant signalé, en 1908, que le
cycloheptane s’isomérisait partiellement en méthyleyclohexane, lorsqu'on
soumettait ce carbure à l’action du nickel réduit et de l'hydrogène, à la
température de 235°, il m’a paru dès lors intéressant de rechercher si la
subérone, dans les mêmes conditions, ne donnerait pas de l'o-méthyl-
cyclohexanone ou de l’o-méthyleyclohexanol ou le mélange des deux.
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1389
En soumettant à la catalyse de la subérone et en opérant à la température
de 240°, on constate, au début de l'opération, lorsque le nickel est à son
re. d'activité, la formation d’une petite quantité d’eau et de carbure,
ce dernier étant en quantité trop faible pour être identifié ; puis on recueille
un produit qui, distillé, bout aux environs de 178°-182° et qui est constitué
par un mélange de subérone et de subérol, facile à séparer en ses consti-
tuants à l’aide du bisulfite de sodium, ces derniers étant ensuite identifiés
l’un au moyen de sa semicarbazone (point de fusion 163°-164°), et l’autre
par sa phényluréthane (point de fusion 85°). Dans cette expérience, à 240°,
la proportion de subérone est plus importante que celle constatée en opérant
à 175°; ce fait s'accorde très bien avec ceux signalés par les savants auteurs
de la méthode d’hydrogénation au nickel. Il résulte donc de nos recherches
que la subérone ne s’est pas isomérisée, à 240°, pour donner une chaîne
cyclique en Cf.
PALÉOBOTANIQUE. — Sur la presence des genres Phragmites Trin. et Nephro-
dium £Z.-C. Rich. dans les argiles pléistocènes de Benenitra (Madagascar).
Note de M. P.-H. Frrrez, présentée par M. Costantin.
À son envoi de grès à Gangamopteris de l'Ankazomanga, dont j'ai parlé
il y a peu de temps, M. Perrier de la Bâthie avait joint une série d'em-
preintes de plantes fossiles provenant de Benenitra, sud de Madagascar.
Ces empreintes sont contenues dans une argile grise dont la puissance
peut atteindre une quarantaine de mètres.
A la base du dépôt, cette argile devient noirâtre, légèrement ligniteuse
et feuilletée; elle se délite à l'air en libérant des débris végétaux dont
M. Perrier de la Bâthie a parfaitement reconnu la nature : ce sont des
fibres brunes, provenant de fougères en décomposition, et des fragments
de rhizomes et de tiges de Phragmites, se présentant sous forme de minces
lanières charbonneuses et cassantes.
Bien que répandues à profusion dans l'argile grise mentionnée ci-dessus
et à laquelle elles donnent, par leur superposition, un aspect feuilleté, ces
empreintes sont peu variées. Les plus communes appartiennent à des por-
tions de rhizomes, de tiges el de feuilles du Phragmites communis L., plante
répandue encore, à l'époque actuelle, dans les marécages de la grande île;
les autres, beaucoup moins nombreuses, résultent de la fossilisation de
fragments de frondes du Nephrodium (Aspidium) unitum R. Brown (non
1390 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Sieber) = Dryopteris gongyloides Christ., qui se rencontre aujourd'hui
dans les stations palustres de Madagascar.
Par leurs proportions, et en tenant compte de la déformation résultant
de l’écrasement, les rhizomes et les tiges du Phragmites fossile sont absolu-
ment Mis aux organes de l'espèce vivante. Le Nephrodium n'est
représenté que par des fragments de pennes de faibles dimensions, les plus
grandes ne comportant que 14 à 18 paires de pinnules; en général la ner-
vation est nettement conservée, mais je n’ai rencontré, jusqu'ici, dans
l'envoi de M. Perrier de la Bâthie que des pennes stériles.
L’accumulation de ces débris donne naissance à la base du dépôt, à
l’argile noire citée plus haut. La valeur économique de cette argile ligni-
teuse est nulle, contrairement à l'opinion émise par quelques personnes
qui, les comparant, à tort, aux minces couches charbonneuses qui accom-
pagnent les grès schisteux permiens de l'Ankazomanga, ont cru à la possi-
bilité de rencontrer un combustible, pratiquement utilisable, au sein des
argiles de Benenitra.
Pour M. Perrier de la Bâthie, les argiles de Benenitra sont de formation
relativement récente et d'âge pléistocène tout au plus. Il est néanmoins
intéressant d’y constater la présence de plantes vivant encore dans les
mêmes lieux et dont l’aire de dispersion actuelle est très vaste. Celle du
Phragmites communis L. s'étend, pour ainsi dire, sur tous les continents, et
le Nephrodium unitum se rencontre aussi bien en Floride et aux Antilles,
qu'au Brésil et au Pérou, il se retrouve dans l'Himalaya, en Australie, en
Nouvelle-Zélande et en Afrique où sa limite de végétation peut atteindre
jusqu’au sud de l'Algérie.
La présence de ces deux espèces dans les argiles de Benenitra peut être
considérée, semble-t-il, comme un argument en faveur de l’opinion suivant
laquelle Madagascar aurait été réunie au continent africain durant la
période quaternaire.
MÉTÉOROLOGIE. — L'action solaire et les récents troubles de l’atmosphére.
Note de M. Arserr Novos, présentée par M. Bigourdan.
Il s’est produit, pendant ce mois de décembre 1920, des variations con-
sidérables dans la température et dans l’état de l'atmosphère, qui semblent
étroitement liées à des troubles solaires et électromagnétiques corres-
pondants.
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1391
Au début du mois de décembre, il existait un gros foyer solaire, calme,
dont le passage correspondit avec une période de temps doux et beau.
Le 6, ce foyer disparut lentement au bord Ouest, entrainé par le mouve-
ment de rotation de l’astre. Aucun autre foyer solaire important ne se
montra du 6 au 17; la température s'abaissa progressivement après la dis-
parition du foyer. Le 17 décembre, il se produisit brusquement trois nou-
veaux foyers importants, dont deux au voisinage du méridien central et un
autre dans la région Est.
Leur formation fut aussitôt suivie de violents troubles magnétiques et
électriques, de cyclones et de sismes très intenses, sur diverses parties du
globe, en particulier dans le Pacifique Nord: Il résulta de cette perturba-
tion subite la formation de violents courants atmosphériques dont la circu-
lation de retour, se dirigeant du pôle de froid au foyer de chaleur, balaya
l'Europe d’un courant d'air glacial, qui provoqua, du 17 au 19 décembre,
un abaissement considérable de la température, accompagné de neiges
abondantes.
Ces phénomènes ne furent que passagers, car, dès le 21, le gros foyer
du 6 revenait au bord Est, après une demi-rotation solaire, et provoquait
aussitôt une rapide élévation de température. L'action de ce foyer, s’ajou-
tant à celle des foyers précédents, eut pour résultat immédiat de produire
un retour au temps tiède et humide et au régime de vents d'ouest, accom-
pagnés de pluies. Il résulta de ces troubles successifs une variation de tem-
pérature de plus de 20° C. dans l’espace de quelques jours.
Le magnétomètre et l'électromètre accusèrent des variations rapides
pendant toute la durée de cette période troublée. `
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches sur l'assimilation du gaz carbonique
par les plantes vertes. Note de M. P. Mazé, présentée par M. Roux.
Quand on soumet à la distillation les feuilles vertes cueillies au soleil, on
constate que le liquide distillé renferme des corps aldéhydiques.
La formation de ces corps a été attribuée à la fonction chlorophyilienne
et quelques auteurs, pensant avoir réussi à caractériser parmi eux l’aldéhyde
formique, ont vu dans leurs résultats une confirmation de l'hypothèse de
Bayer et Berthelot sur la synthèse des sucres par les feuilles vertes.
J'ai tenté à différentes reprises de donner une base expérimentale à cette
hypothèse en faisant absorber à des plants de maïs cultivés en milieu asep-
tique des solutions minérales nourricières addilionnées de 15 ou 25 d’alcoo
1392 ACADÉMIE DES SCIENCES.
méthylique par litre. Mais cette méthode ne conduit pas à des conclusions
favorables à l'hypothèse en question (*).
Jai porté d'autre part mes investigations sur le travail chimique qui
s’accomplit dans les feuilles vertes; ces recherches ont donné des résultats
que je vais résumer brièvement.
Cueillies sous les conditions atmosphériques les plus variées, les feuilles
sont distillées immédiatement sans adjonction d’eau, sous pression réduite
à la température de 60° (température du bain-marie).
Le liquide distillé est recueilli dans un récipient plongeant dans la glace
fondante et muni d'un réfrigérant à reflux refroidi à l’eau glacée dans le
but de prévenir l'entrainement de toute trace de substance volatile.
On a traité de cette façon les feuilles des espèces suivantes : chêne,
marronnier d'Inde, sycomore, tilleul, peuplier, ailante, sureau, fusain,
troène, lilas, rosier, vigne, trèfle blanc, luzerne, pois, haricot, maïs, ray-
grass, betterave, topinambour, dahlia, pissenlit, chrysanthème, laitue,
carotte, céleri, chou, pomme de terre, morille noire.
On peut caractériser, chez presque toutes ces espèces végétales, l'alcool
éthylique, l’aldéhyde acétique et l’acide nitreux; je n’ai jamais réussi à
mettre l’aldéhyde formique en évidence, mais je suis parvenu à déterminer
quelques autres corps qui n'avaient pás été signalés jusqu'ici : ces corps
existent en quantités sensibles dans les feuilles de maïs, de haricot, de pois,
de sureau et de peuplier.
Les feuilles de haricot et de maïs renferment par temps très beau de
l’acétylméthylcarbinol, celles de sureau de l'acide cyanhydrique libre et de
l’aldéhyde glycolique, celles de peuplier de l’aldéhyde lactique et un corps
qui donne par oxydation de l'acide propionique; le distillat fourni par ces
dernières brunit un milieu alcalin.
Ces corps ont été déterminés par les réactions suivantes :
Acétylméthylcarbinol (CH? — CHOH — CO — CH). — Réduit la liqueur de
Fehling, donne la réaction de Legal, forme de l’iodoforme à froid et instantanément
en présence de quelques gouttes de lessive de soude et d’une paillette d'iode. Donne
à 100° une oxazone insoluble dans l'alcool, fondant à 243°-244°. Forme du diacétyle à
100 par oxydation au moyen du chlorure ferrique, facile à caractériser suivant la
réaction donnée par M. Lemoyne (?).
Toutes ces réactions se produisent sans concentration préalable avec les deux der-
(') P. Mazé, Chlorose toxique du maïs (Comptes rendus de la Société de Bio-
logtie, t: T9, 1916, p, 1059).
(2) Réaction spécifique du 2-3 butylèneglycol et de l'acétylméthylcarbinol pro-
duits de la fermentation butylèneglycolique (Comptes rendus, t. 170, 1920.p. 132).
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1393
niers tiers du liquide distillé fourni par des feuilles cueillies par très beau temps vers
17 heures. La concentration de l’acétyIméthylcarbinol y atteint l’ordre des dix-
millièmes.
Acide cyanhydrique. — Odeur caractéristique. Dissolution immédiate de l’iodure
d'argent en milieu ammoniacal, etc.; n'existe que par très beau temps. Fait déjà
signalé.
Aldéhyde glycolique. — Réduit la liqueur de Fehling; forme en présence d'acétate
de phénylhydrazine des paillettes jaune brunâtre à la température ordinaire, très
solubles dans l'alcool; point de fusion non déterminé avec précision en raison de la
difficulté de purifier les petites quantités obtenues.
Aldéhyde lactique {CH — CHOH — CHO). — Réduit la liqueur de Fehling, reco-
lore la fuchsine sulfitée; donne à la température ordinaire une hydräzone très soluble
dans l'alcool. Paillettes jaunes fondant à 145°.
La formation de l’acétylméthylcarbinol, des aldéhydes ponie et lac- `
tique est étroitement liée à l'assimilation du gaz carbonique.
L’extrème sensibilité de la réaction de Lemoyne, qui met en évidence des
traces de diacétyle dérivant par oxydation du butylèneglycol ou de lacétyl-
méthylcarbinol, permet de vérifier que les feuilles de maïs et de haricot sont
privées d’acétylméthylcarbinol le matin, qu’elles en renferment en quantités
croissantes du matin au soir les jours ensoleillés, et qu’elles en sont entière-
ment dépourvues les jours pluvieux et froids.
Or ce corps est un produit de digestion des sucres, fréquent dans les
fermentations microbiennes, et que j'ai découvert aussi dans les plantules
de maïs et de blé germées à l'obscurité. Les produits plus ou moins médiats
de l'assimilation du gaz carbonique, variables avec les espèces végétales,
sont donc les mêmes que les composés les plus simples du processus de fer-
mentation, variables avec les espèces microbiennes, et comme ces derniers,
ils peuvent évoluer simultanément vers la synthèse des sucres, des matières
grasses, des matières azotées et des noyäux aromatiques.
Les feuilles des haricots renferment de la coumarine le matin mais non le
soir; la propriété que possède le diacétyle de donner des dérivés aroma-
tiques doit être rapprochée de ce fait. À
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Équilibre azoté et hydrates de carbone de la ration
alimentaire. Note de MM. A. Deserez et H. Berry, présentée par
M. d'Arsonval.
x
La notion de besoins alimentaires spécifiques, pour l'organisme, est venue
compléter la conception purement quantitative, énergétique, du besoin
alimentaire,
C. R., 1920, 2° Semestre. (T, 171, N°26 ) 105
1394 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Déjà, il est établi que les diverses protéines ne sont pas physiologique-
ment équivalentes et que le maintien de l’équilibre se trouve, jusqu’à un
certain point, conditionné par la structure moléculaire de l’aliment,.
L'étude de la spécificité alimentaire, au sens chimique du mot, ne pourra
évidemment faire des progrès qu'autant que l’on s’adressera à des principes
nutritifs de constitution connue. La structure chimique, seule du reste,
peut nous renseigner sur les liens étroits qui existent entre les éléments
constitutifs d'aliments classés dans des groupes différents. C’est ainsi
qu'elle nous fait voir, dans la constitution des matières grasses, un apport
en une substance génératrice d'hydrates de carbone (glycérine). |
De ce point de vue, il importe de rechercher entre quelles limites des
espèces alimentaires peuvent se suppléer, sans dommage pour l'organisme,
et sont, en définitive, physiologiquement équivalentes. On sait que cette
équivalence n'existe pas, entre les hydrates de carbone et les corps gras,
vis-à-vis des albumines. Les auteurs qui ont pris, comme base de leurs
recherches, l'indispensable notion des bilans azotes, sont unanimes à con-*
férer aux hydrates de carbone une supériorité marquée sur les graisses par
rapport à la dépense azotée. Nous sommes d’accord avec ces auteurs et
nous avons montré que, chez l'animal, pour l’albumine d'œuf, le minimum
d'azote présentait une valeur plus faible quand un tiyarate de carbone était
présent, à un taux élevé, dans la ration (').
Nous avons poursuivi r étude du rôle fonctionnel des hydrates dé carbone
en cherchant à établir, dans une ration, par rapport aux mêmes albumines et
aux mêmes matières grasses, les quantités de sucres déterminés nécessaires
pour que l'équilibre azoté fût réalisé.
Des rats adultes, måles (au repos et à une température extérieure de 18°
à 20°) sont mis à une diète composée d’eau, de sels, d’albumines d'œuf, de
sucres purs et de substances grasses, préparées et exemptes d'azote : graisse
de porc, de bœuf, de mouton, ou beurre. Cette nourriture était privée de
vitamines, comme nous avons pu nous en assurer sur des rats adultes et des
rats en croissance. Les bilans azotés et phosphorés ont été suivis de la
manière déjà indiquée (loc. cit.) pendant 25 et 30 jours.
Nous avons d’abord constaté que si l’on fait passer un rat, brusquement,
d’un régime ordinaire au régime synthétique renfermant une très forte pro-
portion d’albumines et de graisses, par rapport aux sucres, cet animal perd
rapidement de l’azote, et qu'il suffit, alors, d’abaisser fortement l’apport des
ES A. Descrez et H. Berry, Comptes rendus, t, 171, 1920, p. 1209.
.
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE %1920. 1395
mêmes albumines et des mêmes graisses et d'élever de façon correspondante
la proportion des sucres pour que l'équilibre azoté soit rapidement atteint.
Nous avons ensuite recherché les proportions d’hydrates de carbone déter-
minės à introduire dans une ration, composée des mêmes espèces et de
valeur énergétique donnée et suffisante, pour que l’équilibre azoté fût atteint
d'emblée ou très rapidement.
Avec une ration (comprenant, par gramme de rat ‘et par jour, 08,0078
d’albumines d'œuf; 08,016 de graisse : 1 partie de graisse de bœuf,
0,5 partie de graisse de mouton et 1,5 partie de graisse de porc, et oë, 019
de sucres; 10 parties de lactose et 90 parties de saccharose), les bilans
azotés ont été les suivants :
Azote
ingéré. éliminé, Bilans.
i es g g >
Premxer jour, : 4.0; 0,220 0,224 —0,004
Deuxième jour...... 05280 0,206 +0,024
Troisième jour........ 0,230 0,210 +0,020
Si, dans cette ration, on abaisse de moitié la quantité de sucre, et si on la
remplace par une quantité isodyname de graisse, le bilan azoté devient
négatif le lendemain (—— 0,06). Il suffit alors de rétablir les proportions
primitives pour voir le bilan redevenir positif. On peut ainsi obtenir,
à volonté, des alternances de bilans négatifs et positifs.
Il est possible, les quantités de graisses et de sels de la ration demeurant
fixes, et en abaïssant le taux de l’albumine; à condition d'augmenter celui
des sucres, d’assurer l’équilibre azoté, par exemple, avec les proportions
suivantes : 0“,0047 d’albumines, 05,016 de graisses et 0f,o22 de sucres
(saccharose, 45 parties; lactose, 5 parties; lévulose, 50 parties).
Nous avons de même réussi, avec le beurre purifié, les mêmes albumines
et les mêmes sucres, à assurer l'équilibre azoté, chez un rat, avec 05,004
d’albumines d'œuf, sans que nous puissions dire si le minimum a été
atteint.
Ces chiffres ne doivent pas être considérés comme ayant une valeur
absolue, mais comme représentant un ordre de grandeur, car il faut tenir
compte des pouvoirs individuels d'utilisation propres aux animaux en expé-
riences.
Avec une nourriture synthétique, privée de vitamines, l'équilibre azoté
peut être suivi et assuré pendant 20 à 25 jours, exceptionnellement
30 jours. A l'expiration de ces délais, les accidents d’avitaminose se tra-
1396 ACADÉMIE DES SCIENCES.
duisent déjà par des bilans azotés et phosphorés négatifs ('). De plus, à cette-
période, on ne peut empêcher bon nombre d’animaux de manger leurs
excréments.
Conclusions. — Au-dessous d’une certaine limite, les hydrates de carbone
ne peuvent être suppléés par aucune autre espèce alimentaire. De nos expé-
riences, qui reposent sur plusieurs centaines d'analyses, il résulte que, dans
les conditions indiquées, l'équilibre azoté ne saurait être assuré, dès le
début, et maintenu dans la suite, sans la présence, dans la ration d’entre-
tien, d’un minimum d’hydrates de carbone.
TOXICOLOGIE. — Sur l'intoxication par les methanes nitro-haiogénés. Note
de MM. Anpré Maver, Pranreror et Fren. Viès, présentée par
M. Henneguy.
Les méthanes nitro-halogénés, lorsqu'ils sont introduits dans l'organisme
des Mammifères, provoquent une intoxication qui peut aller jusqu'à la
mort de l’animal. L'un des mécanismes par lesquels ces corps ont une
action mortelle est celui qui apparaît lorsqu'on en fait inhaler les vapeurs
au sujet d'expérience. On constate tout d’abord que ces corps sont irritànts
pour les voies respiratoires et provoquent en passant dans les premières
voies, puis dans les voies respiratoires profondes, les différents réflexes que
nous avons décrits dans une Note précédente ; à ce point de vue, la chloro-
picrine, la bromopicrine et le dichlorodinitrométhane (°) ont une action du
même ordre de grandeur.
Lorsque le contact de ces corps avec les muqueuses pulmonaires est suffi-
samment prolongé ou que la dose inhalée est assez forte, il en résulte des
lésions très profondes des cellules de la muqueuse bronchique, une congestion
intense du parenchyme pulmonaire et surtout l'apparition de transsudat
dans le poumon.
Il s'agit là d’un œdème massif remplissant les alvéoles et si abondant T
le liquide d’œædème peut, au moment de la mort, constituer jusqu à
Ad e
(*) Une ‘phase d'équilibre azoté précaire précède ces accidents. Les vitamines
constituent donc, pour l'organisme, des réserves vite épuisées et ces substances ont un
rôle déterminé et constant à remplir dans le métabolisme.
(2) Nous devons les échantillons dont nous nous sommes servis à MM. Moureu
Delépine et Job. j
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1397
58 pour 100 du poids total du poumon; c'est cet œdème qui amène une
asphyxie mortelle.
Les différents méthanes nitro-halogénés n’ont pas, pour provoquer cet
œdème, une activité égale : le plus puissant est la chloropicrine; la bromo-
picrine et le dichlorodinitrométhane sont 8 à 10 fois moins actifs.
Si la production de l'œdème pulmonaire est le mécanisme par lequel ces
corps amènent la mort lorsqu'ils sont inhalés, ils ont certainement d’autres
propriétés toxiques; quand on les introduit dans Forganisme d’un Mammi-
fère non plus par inhalation, mais par injection intrapéritonéale, on peut
également, pour une dose convenable, provoquer la mort de l'animal.
L'une des modalités de cette nouvelle action toxique est vraisemblablement
la formation de méthémoglobine dans le sang; on constate, en effet, que si
la chloropicrine n’a en vivo qu'une faible action méthémoglobinisante, par
contre, après intoxication par le dichlorodinitrométhane (comme aussi par
le tétranitrométhane), le sang, au moment de la mott, est très brun. Cet
aspect est dû à la présence d’une quantité considérable de méthémoglobine
acide (de bandes 633, 580, 542, 500) pouvant atteindre jusqu’à près de
80 pour 100 (!).
(*) Aucune trace d’hématine, recherchée à l’état d’hémochrogène, n’a été constatée.
Le Tableau ci-dessous doine le protocole des expériences; la mesure spectropho-
colog. —
2
Ci *. Aux expériences par injection nous avons
ajouté, à titre comparatif, une expérience par inhalation : elle ne montre, pratique-
tométrique porte sur 633; K =
ment, aucune altération du sang (le coefficient K est voisin de 3 pour les sangs |
normaux, et de 30 pour la méthémoglobinisation totale).
Mesures
x Méth. spectrophoto-
Mode à l'examen métriques
Corps N°. Dose. d'intoxication. Mort. qualitatif. Ne
C(N ere . 128 » » » Très forte »
Fume 158 6,5 g:kKe Inject per. 1 heure Trés forte 24
CI.C(NO: Ta: 150 o,38:kg. Inject. per. 2 heures Traces nettes »
iE ` : | tué après ę
» 156 0,5 g: kz Inject. per. | aie - Nulle 2,9
4 .: 157 0,5 g:kg laject. per. 20 min. Faible 8,4
» ` 154-155 5,0 g:m° Inhalation - 30 min, Nulle 8,3-3,4
cr. NO*}?. 153 0,5 g:kg Inject. per, 45 min. Trés forte 18,9
Ordre.
de grandeur
de la méth.
pour 100
des
hémoglob.
totales.
»
8o
»
20
A
1398 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ZOOLOGIE. — Le pseudo-hermaphrodisme tubaire chez les Cétacés mâles.
_ Note de M. R. Anrnowx, présentée par M. Edmond Perrier.
La présence d’un utricule mâle très développé paraît avoir chez les Céta-
cés la valeur d’un caractère constant. Il résulte de mes observations chez
les Cétodontes qu’il dépasserait toujours les limites de la prostate, se conti-
nuant à l'intérieur du meso-interdéférentiel, entre les deux canaux déférents.
Jai même constaté chez un Delphinus delphis L. que l’utricule mâle se
prolongeait à droite par un canal mullérien. D'autre part, chez un Lage-
norhynchus albirostris Gray, Meek a récemment observé un canal mullérien
bilatéral s'étendant d’un testicule à l’autre, mais sans relation avec lutri-
cule mâle qui se terminait en cul-de-sac à une certaine distance du bord
antérieur du meso-interdéférentiel.
On a signalé, surtout chez les Reptiles et chez les Oiseaux, des cas com-
parables, mais toujours très exceptionnels, de pseudo-hermaphrodisme
tubaire. Ce sur quoi il convient surtout d’insister, c’est sur le rapproche-
ment qu'impose, avec un certain nombre d’autres Mammifères, cette ten-
dance au développement exagéré de l’appareil conducteur femelle chez les
Cétacés du sexe mâle.
On sait en eflet que, chez quelques Mammifères, la persistance des
canaux mullériens, sur une plus ou moins grande partie de leur étendue, est
normale ou très fréquente. Par exemple : dans le groupe des Ongulés, le
Cheval, l’Ane et les Zëbres ( Périssodactyles) ont un long utricule mâle
contenu dans le meso-interdéférentiel et très souvent bifide à son extrémité
antérieure; chez la Loutre et le Castor, carnassier et rongeur adaptés à la
vie aquatique, l’utricule mâle se divise normalement en deux branches qui
accompagnent les canaux déférents. : À
Sur les deux individus mâles et adultes de Mesoplodon que j'ai étudiés, de
qüi sont les deux seuls dont on ait jusqu’à ce jour examiné les organes géni-
taux [l’un échoué à Karmô (Norvège) en août 1895, et l’autre à Saint-Vaast-
la-Hougue (France) en novembre 1908], les canaux mullériens très bien
développés se prolongeaient jusqu’à l'extrémité postérieure du testicule où
ils se terminaient par atténuation progressive et en cul-de-sac.
Si l’on rapproche cés derniers faits qui tendent à établir que le pseudo-
hermaphrodisme tubaire est, chez le Mesoplodon mâle, un caractere
normal et constant, de l’ensemble des autres caractères archaïques que pre-
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1399
sente cet animal, par exemple dissociation incomplète du hile-rénal, position
des testicules dans une cavité vaginale distincte ('), on est conduit à consi-
dérer que les particularités anatomiques exceptionnellement constatées
chez un Delphinus delphis L. et un Lagenorhynchus albirostris Gray sont des
vestiges d’une disposition primitive. Or, cette disposition se rencontre pré-
cisément d’une façon plus particulière : 1° chez les Ongulés, et notamment
les Périssodactyles dont on a si souvent rapproché les Cétacés; 2° chez
quelques Mammifères aquatiques d’affinités très différentes, mais compa-
rables en ce qu’ils sont encore peu profondément adaptés à la vie dans les
eaux. |
Il convient enfin de faire observer que la fréquence du pseudo-herma-
phrodisme tubaire chez les Cétacés cétodontes coïncide avec le peu de
netteté de leurs caractères sexuels secondaires d’une façon générale. Sa
constance, qui parait probable chez cette forme cétacéenne, à tous égards
primitive, qu'est le Mesoplodon, est à rapprocher, d'autre part, de l’absence
constatée dans le testicule du spécimen de Karm (le seul testicule de Meso-
plodon observé jusqu'ici) de toute cellule pouvant être apporte au tissu
intersticiel.
CYTOLOGIE. — Spermatogenese de Corethra plumicornis et chromosomes
eupyrènes. Note de M. Armann Deuorxe, présentée par M. Henneguy.
Dans une Note précédente (°), j'ai donné la description de la mitose
somatique chez ce Diptère; le nombre des chromosomes y est de trois. Le
fait que ce nombre est impair et qu’il est si petit conférait un intérêt parti-
culier à l’étude de la méiose.
Tandis que la formation des globules polaires n’a pu être suivie de façon
satisfaisante, la spermatogenèse a fourni un beau matériel d'observation.
Tout au début de la prophase I, le noyau du petit spermatocyte montre
des filaments onduleux, peu colorables, qui circulent dans toute l’étendue
du noyau. A ce stade fait suite un synapsis véritable, donnant des aspects
particulièrement ressemblants à ceux du synapsis chez Angiostomum nigro-
venosum. Il est constitué par une masse filamenteuse illisible en suspension
dans le noyau agrandi. Celle-ci se gonfle rapidement à un moment donné;
alors, l'élément filamenteux tassé se développe dans toute la vacuole
(t) Comptes rendus, t. 169, 1919, p. 1174, et t. 170, 1920, p. 529.
(?) Caractères atypiques dans la mitose somatique chez Corethra plumicorni
(Comptes rendus, t, 171, 1920, ps 193).
a
1400 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nucléaire sous forme de longs cordons plutôt grêles, indivis, qui dessinent
des boucles accoiées à la face interne du noyau. La longueur et la gracilité
des cordons, ainsi que la formation de ces boucles, ne permettent pas d'éta-
blir s'ils correspondent: à un seul filament ou à plusieurs.
Le stade où l’on voit l'élément filamenteux réoccuper toute la cavité
nucléaire correspond au stade pachytène, mais les cordons faiblement chro-
matiques qu’on y voit ne rappellent en rien les anses épaisses du pachy-
nema. Or cet aspèct, acquis presque d'emblée à la suite du synapsis, va
persister durant presque toute la prophase I. On ne rencontre pas dans cet
objet la série des stades lepto-,zygo-, pachy- et strepsinema. Notons l'absence
complète de tout aspect d’appariement de filaments; notons encore la
démonstration, fournie par Corethra, que la notion de synapsis peut être
dissociée de celle d’appariement.
Dès que les spermatocytes I deviennent libres dans la poche testiculaire,
l’élément chromosomique se raccourcit assez brusquement et sans montrer
d’ailleurs aucun indice de clivage. Il fournit alors trois bandes indépen-
dantes courbées en arc ou spiralées, Au moment où le fuseau commence,
elles sont devenues trois bâtonnets courbes avec une faible indication de
fente selon la longueur; mais la condensation va plus loin et elles appa-
raissent ensuite comme trois masses trapues, très chromatiques, montrant
un aspect de croix, forme fréquente des chromosomes hétérotypiques.
Il existe deux mitoses de maturation. La première fonctionne de telle
sorte que son anaphase dispose trois anses simples de chaque côté du plan
équatorial. Dans la reconstitution du noyau des spermatocytes Il, la pér»
sistance de l'autonomie des trois chromosomes paraît certaine. La mitose Il
se fait sur trois chromosomes simples qui se dédoublent seulement à la fin
de la métaphas?, et les spermatides renferment chacune trois petits chro-
mosomes simples et d'égale taille. Le chiffre 3 représente donc le nombre
haploïdi que chez Corethra.
Si l'on s’en tient aux faits divalgués, lesquels présentent une certitude
telle qu'ils ont pu être photographiés, on doit conclure que le nombre
haploïdique est le mème que celui des chromosomes somatiques, résultat
paradoxal, étant donné les notions acquises.
Ces faits singuliers peuvent être interprétés de deux façons :
1%0n croit à l’autonomie des chromosomes : dans l'œuf, les pronucléi
renferment chacun trois chromosomes simples, la métaphase et l’anaphase
de la première mitose de segmentation comptent six chromosomes. Mais
à sa télophase, les six dhrom oes se conjugueraient deux à deux, don-
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1401
nant ainsi trois anses bivalentes, qu'on retrouverait telles à la prophase
suivante. À la métaphase de la deuxième mitose de segmentation, les deux
chromosomes constituants de chaque anse se séparent, et, désormais, tous
les noyaux ne présenteront plus que trois chromosomes. Cette mitose soma-
tique, équationnelle, serait donc, en fait, réductionnelle, quant à son
résultat, Toutes les cellules somatiques et les gonies possèdent, à la suite
de cette mitose, trois chromosomes qui, par l'effet d’une division longitu-
dinale précoce et inefficace, apparaissent doubles à la fin de l’anaphase.
Au début de la prophase hétérotypique, on ne rencontre pas, comme
ailleurs, de stade zygonema, pour la raison que la méiose a eu lieu il ya
très longtemps, lors de la deuxième mitose de segmentation.
Cette interprétation est compliquée; elle déplace de façon inattendue
l’endroit où s'effectue la réduction numérique; surtout, elle exige la sépa-
ration définitive, en deux lots, de chromosomes qui viennent à peine d’être
réunis en un seul noyau par l'acte de la fécondation. D'autre part, il serait
curieux qu'une mitose somatique dût effectuer cette réduction, alors qu'il
existe une mitose hétérotypique authentique. En revanche, elle justifie
bien l’absence constatée des stades zygo- et strepsinema.
2° Les pronucléi mâle ét femelle sont formés chacun de la substance de
trois chromosomes simples; six chromosomes composent ainsrle noyau de
fécondation. Mais il y aurait chez Corethra fusion des pronueléi avec combi-
naison des chromatines paternelle et maternelle. La masse chromatique qui
en résulte se concentre ensuite, mais non pas de façon à donner six chro-
mosomes; elle se rassemble autour de rois centres de constitution chromo ~
somique indépendants des chromosomes préexistants. Le jeu des forces qui
s'appliquent en ces trois centres détermine la production de trois chromo-
somes prophasiques riches en chromatine. Le fait que chacun de ces trois
chromosomes eupyrènes est formé de la substance de deux chromosomes
à substance réduite apparaît dans la propriété qu’ils ont de se cliver sponta-
nément, à plusieurs reprises, à des stades de la mitose où la chose n’a pas
lieu généralement. L'eupyrénie les rend plus sensibles que d’autres aux
diverses variations du métabolisme mitotique, ce que traduisent l’appa-
rition plus facile de la fente longitudinale et la grandeur de cette fente.
La première mitose de segmentation de l’œuf se fait ainsi sur trois chro-
mosomes et non sur six, et il en est de même pour toutes les mitoses consé-
cutives. A la fin de la prophase 1, nous retrouvons trois chromosomes avec
- la forme de dyades hétérotypiques; les deux mitoses de maturation ont
lieu comme dans le cas d’une véritable réduction numérique; elles n’effec-
1402 ACADÉMIE DES SCIENCES.
tuent au contraire ici qu'une réduction de masse, et ne font, en somme,
que ramener les trois chromosomes eupyrènes à l’état d’oligopyrénie. Cela
prouve l'indépendance du nombre des mitoses maturatives d’avec la notion
de méiose numérique.
PHYSIOLOGIE. — Participation des noyaux cellulaires aux phénomènes de
sécrétion. Propriétés anticoagulantes de l'acide nucléinique de l'intestin.
Note de M. Dovox, présentée par M. Charles Richet.
I. L'ensemble de mes travaux démontre qu’une substance anticoagulante
sécrélée par l’organisme sous certaines influences (peptone, atropine, mor-
phine, etc.) a son origine dans les noyaux cellulaires. J'ai donné à cette
conclusion une nouvelle base en montrant qu’on peut extraire de tout
organe une substance phosphorée qui s'identifie à la substance active
sécrétée sous l'influence de la peptone, de l’atropine ou de la morphine et
en prouvant que les acides nucléiniques possèdent le pouvoir anticoagulant.
IL. Tous les acides nucléiniques ne se prêtent pas avec la même facilité
à cette démonstration. Je conseille particulièrement l'emploi de Placide
nucléinique de l'intestin qu’il est très facile de préparer en partant de
l'intestin du chien ou du cheval et en suivant la méthode de Neumann.
L'expérience suivante prouve que l’action anticoagulante peut être observée
à l'exclusion de toute hémolvse.
On prépare dans des tubes à essais les échantillons suivants :
a. 08,1 d'acide nucléinique dissous dans 2 d'une solution à 5 pour 1000 de carbo-
nate de soude;
b. 08,1 d'acide nucléinique dissous dans 5% d’une solution contenant pour 1000
d’eau ee 48 de chlorure de sodium, 58 de carbonate de soude;
m d’une solution à ro pour 1000 de carbonate de soude (échantillon témoin, sans
acide nucléinique).
>
Après dissolution de l’acide nucléinique, les échantillons a et b sont fai-
blement mais nettement acides au tournesol.
Chaque échantillon est additionné de 2858 de sang provenant directe-
ment de la carotide d'un chien, puis centrifugé immédiatement. Les échan-
tillons a et b ne coagulent pas. Le plasma de l'échantillon a est nettement
coloré en rouge par suite d’une hémolyse, assez faible d’ailleurs. Le plasma
de l'échantillon b n’est pas coloré en rouge; il n’y a pas hémolyse. L’échan-
tillon c est pris en masse; la fibrine forme un bloc blanc au-dessus des glo-
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1403
bules; un peu de sérum est exsudé et présente une teinte rouge (hémo-
lyse).
Avec le plasma des échantillons a et b on prépare une série de tubes
contenant chacun 2% de plasma additionnés soit de sérum seul (5 gouttes),
soit uniquement d’une solution de chlorure de calcium à 10 pour 100
(5 gouttes), soit d’un mélange de sérum et de la solution de chlorure de
calcium (5 gouttes de chaque). Douze heures plus tard aucun tube ne
présente de caillot. L’addition de nouvelles doses de 5 gouttes dans les
mêmes conditions que précédemment provoque la prise en masse en 2 à
3 heures des échantillons contenant à la fois du sérum et de la solution de
chlorure de calcium (10 gouttes de chaque, au total).
III. L’acide nucléinique préparé par le procédé de Jones donne les
mêmes résultats.
J'ai aussi utilisé le sel de soude de l’acide nucléinique de l'intestin. Même
en solution neutre ce sel provoque une légère hémolyse. L'apparition d'une
hémolyse très intense indique une cause d'erreur, la présence d’un peu de
soude entraînée dans la préparation du nucléinate.
EMBRYOGÉNIE. — Reproduction sexuée et reproduction asexuee.
Note de M. A. Maraguis, présentée par M. Henneguy.
La Salmacina Dysteri (Huxley) offre une diversité dans les phases
sexuelles et asexuelles que j’ai déjà fait connaître (' ); je me propose de pré-.
ciser, dans cette Note, les rapports entre les deux modes asexué et sexué
de la reproduction chez ce Serpulide.
I. Tous les individus de l'espèce considérée, qu’ils présentent la sexua-
lité hermaphrodite, ou qu'ils se multiplient par voie asexuée, possèdent des
glandes sexuelles dans tous les métamères de la région abdominale, à
l'exclusion du thorax stérile. Chez l'individu sexuëé hermaphrodite, cas le
plus fréquent de la sexualité chez la S. Dystert, les deux ou trois premiers
métamères ont des glandes mâles, les huit ou dix suivants ont des glandes
femelles, qui produisent chacune deux ou trois gros œufs murs flottant
dans le cœlome. Les gonades des métamères de la région abdominale pos-
térieure ne présentent en général qu'un accroissement réduit. Chez les
individus en voie de reproduction asexuée, les glandes sexuelles existent
également dans toute la région abdominale, laquelle est soumise à la scissi-
(!) Zoologischer Anzeiger, 1911.
1404 ACADÉMIE DES SCIENCES.
parité. Ces gonades y sont à l’état d’ébauches et représentées par des cel-
lules goniales, ou bien elles sont aux premiers stades de leur croissance et
renferment alors des spermatocytes ou des ovocytes. Outre le matériel
sexuel, il existe dans la région abdominale un matériel histogénique dont
la prolifération assure la construction des organes nouveaux du schi-
zozoite (!).
IT. Le développement des produits génitaux a lieu, chez la S. Dysteri,
pendant les mois du printemps et de l'été, et la période principale de matu-
ritė sexuelle est atteinte à la fin de cette dernière saison. C’est en effet en
août et septembre que la ponte des œufs, leur développement et les éclo-
sions larvaires présentent leur plus grande intensité, sur les côtes du
Boulonnais. En octobre, il y a un ralentissement très marqué de ces phéno-
mènes.
Pendant les mêmes périodes, d’autres individus, vivant dans les mêmes
touffes de petits tubes calcaires secrétés par ces Serpulides, se multiplient
par voie asexuée. Dans certaines iis sont en majorité (dans une petite touffe
dénombrée le 1° octobre 1920 il y avait sur 772 individus : 93 sexués
hermaphrodites, 245 en scissiparité ou s’y préparant, 434 divers); dans
d'autres le nombre des sexués l’emporte manifestement par rapport aux
asexués. Dans l'immense majorité des cas observés les deux modes de
reproduction évoluent parallèlement, aux mêmes époques, chez les indi-
vidus d’un: même touffe soumis aux mêmes conditions générales : compo-
sition du milieu marin, alimentation, température. C’est le point qu’il con-
vient de souligner.
II. Parmi les Salmacines en multiplication asexuée, un certain nombre
d'individus présentent pendant la période annuelle d'activité génitale de
l’espèce un accroissement et une activité de leurs glandes sexuelles. La
région céphalique də l'individu engendré ou schizozoïte apparaissant entre
le septième et le dixième segmeñt abdominal, il existe en avant d’elle huit
métamères en moyenne, appartenant à l'individu générateur et qui corres-
pondent précisément à la région hermaphrodite des individus sexués.
Tandis que, pendant la reproduction asexuée, les glandes sexuelles de cette
partie du corps restent souvent inactives, par contre, chez une notable pro-
portion d'individus, ces gonades s’accroissent, et gla pendant la période
même où ces organes, chez les formes sexuées, sont en activité fonction-
nelle.
Les gonades femelles notant leurs ovocytes s’accroissent, tombent
(*) Voir à ce sujet mes Notes antérieures (Comptes rendus, 1805, 1903 et 1995).
-
SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1920. 1405
dans le cœlome et y flottent; leur dimension peut atteindre en dia-
mètre iå + des gros ovocyles mûrs chez les sexués ; cet accroissement esl
vraisemblablement limité par le défaut de matériel nutritif, lequel est uti-
lisé pour la formation du schizozoïte issu de la scissiparité.
Les gonades mâles, par contre, offrent le cycle complet de la maturité de
leurs produits. On rencontre, dans les deux premiers métamères abdo-
minaux, de petits groupes de spermatocytes, de spermatides et de sperma-
tozoïdes libres dans le cœlome. Souvent ces éléments sexuels, très petits par
eux-mêmes et peu nombreux, échapperaient à l’observation, si l’on ne les
décelait par l'examen histologique des coupes. Mais dans quelques cas les
produits de la glande mâle, très active, sont beaucoup plus nombreux et
arrivent à remplir le cæœlome des deux premiers métamères; ceux-ci offrent
en même temps des entonnoirs ciliés cœlomiques pour l'évacuation des
spermatozoïdes, de même que chez les formes sexuées à maturité.
Il en résulte que, chez les individus en scissiparité, la sexualité femelle se
manifeste sans y atteindre son complet développement ; par contre la sexua-
lité mâle, réduite quantitativement, y est atteinte au point de vue quali-
tatif et quelquefois aussi au point de vue quantitatif.
D’une part, la reproduction sexuée et la reproduction asexuée des Sal-
macines se manifestent et évoluent parallèlement aux mêmes époques chez
des individus différents mais habitant dans une même touffe de tubes;
d'autre part, dans les mêmes conditions, un même individu possédant des
glandes génitales peut se reproduire par voie asexuée et acquérir en même
temps, par l'entrée en activité de ses gonades, une maturité sexuelle ou
réduite ou complète. Or, comme les conditions générales extérieures sont
sensiblement identiques pour les individus d’une même touffe, il résulte de
ces faits que le déterminisme des deux modes de reproduction n’est pas lié
aussi étroitement qu'on le suppose, soit à la composition du milieu (milieu
défavorable provoquant l'apparition de la sexualité), soit à l'influence de
l'alimentation (pléthore pour la reproduction asexuée, inanition pour
l'apparition de la sexualité), soit enfin à la température (') (le froid ame-
nant la fin de la multiplication asexuée et provoquant l'apparition de la
sexualité). Les conditions générales : milieu, alimentation, température,
influencent à là fois les reproductions asexuées et sexuées, mais on doit
rechercher ailleurs les causes déterminantes de l’un ou l'autre mode de la
(*) Les observations de L. Dehorne montrent que le facteur température n’a pas
une action déterminante sur l'apparition des phénomènes sexuels et asexuels des
‘Oligochètes naïdimorphes.
L
1406 ACADÉMIE DES SCIENCES.
reproduction, et ces causes résident vraisemblablement, chez les Annélides
en question, dans des corrélations fonctionnelles de l'organisme.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — À propos de l'épuration des eaux d’égout, par
le procédé des « boues activées ». Note de M. Lucien Caves, présentée
par M. A. Haller.
On sait qu’en aérant des boues d'eaux d’ égout par barbotage d’air, on
obtient, après un cerlain temps, des boues qui acquièrent la faculté
d’épurer les eaux d'égout, avec lesquelles elles sont en contact. Ce sont
des « boues activées ». En maintenant l’aération suffisante, l’épuratron
se fait en quelques heures, pourvu que la proportion du maie soit
convenable.
Dès que l’activité apparaît, on observe une chute brusque de lammo-
niaque, qu’on retrouve sõus forme d'azote nitreux et nitrique. Cette
transformation de l’ammoniaque est-elle un phénomène microbien?
Pour m'en rendre compte, j'ai réalisé les expériences suivantes :
Deux ballons A et B, renfermant une même eau d’égout, sont stérilisés à l’autoclave
par le procédé classique, c’est-à-dire 20 minutes à 120°C. On laisse refroidir lente-
ment, et le lendemain on ensemence le ballon A avec 4o%° de boue activée par litre.
Puis dans l’un et l'autre, après les avoir munis des tubulures nécessaires, on insuffle
de l’air-On examine ensuite, les variations en ammoniaque dans la composition des
liquides aux temps £; ¿+ 2 heures; ¿+ 4 heures; ¿+ 6 heures; {+24 heures;
et l’on obtient les résultats suivants :
_ Az HS en milligrammes par litre:
À t+ah t+4h t+6b t4 24h.
Ballon A, ensemencé........ 19,7 19,7 19,7 18,4 o
Ballon B, non ensemencé.... 20,4 20,4 20,4 20,4 20,4
Il y a une légère différence, entre les chiffres de lammoniaque du
ballon A et du ballon B, au début de l'expérience. Elle provient de la dilu-
tion due à l’ensemencement. Mais le fait frappant, est la disparition totale
de l’'ammoniaque au bout de 24 heures (') dans le ballon ensemencé, et la
constance de celle-ci dans le ballon non ensemencé. On constate aussi dans
le premier appareil, l'apparition de nitrates et de nitrites, et leur absence
dans le second, même en prolongeant cet essai plusieurs jours.
En répétant ces expériences, sur des eaux d’égout stérilisées par filtra-
(*) On aurait pu l'obtenir en un temps plus court, par un ensemencement copieux.
SÉANCE DU. 27 DÉCEMBRE 1920. 1407
tion à la bougie Chamberland, on arrive à des résultats identiques. Par
conséquent, où il y a ensemencement, il y a épuration.
D'autres expériences sont à signaler. Ainsi, en faisant un mélange, à parties égales,
d’eau d’égout contenant 16€ d’AzH? par litre, avec une eau décantée ayant subi l'ac-
tion des boues activées (ce qui revient à un ensemencement), et dans laquelle Pam-
moniaque est tombée à zéro, on remarque, après 24 heures d’aération, l'absence d’am-
moniaque, alors qu’il y en avait 8®8 par litre dans le mélange initial. L'eau épurée par
les boues activées possède donc, elle aussi, des facultés épurantes à cause des ferments
nitriques qu’elle retient en suspension, Et il est intéressant de remarquer en passant
que son évacuation, à la rivière, ne peut que favoriser l’auto-épuration subséquente.
D'autre part, en cherchant à écourter ce que Diénert a justement appelé la période
d'activation, c'est-à-dire le temps nécessaire pour obtenir des boues activées, et qui
est assez long (1), j'ai eu l’idée de prélever sur un lit percolateur arrêté depuis sept
mois, du mâchefer où j'espérais trouver encore des ferments nitriques, pour ense-
mencer des boues soumises à l'activation. Le résultat ne s’est pas fait attendre car, en
moins de 15 jours, j'ai obtenu cette activation, gagnant ainsi 45 jours sur la méthode
usuelle,
Je n’en suis pas resté là. Je retrouve en effet dans mes Notes de labora-
toire du mois de juin dernier, que le 12 au matin on prépare un ballon ren-
fermant quelques morceaux de mâchefer stérilisés qu’on arrose de 50° de
boues activées. On laisse ainsi jusqu’au 14 après-midi. À ce moment, on y
met|de la boue fraiche prélevée le matin à lusine d'Ivry, et l’on insuffle de
lair. Le 17 on constate la disparition totale de lammoniaque, alors qu’à
l’origine on avait 146,4 par litre. Les boues s'étaient activées en trois
jours.
Tous ces faits semblent bien démontrer qu’on se trouve en présence de
phénomènes microbiens quant à la disparition de l’'ammoniaque dans l’épu-
ration des eaux d’égout, par la méthode des boues activées. Les expériences
qui précèdent ont été faites en milieu alcalin qui est la réaction normale
des eaux d’égout. Si l’on change la réaction en acidulant légèrement, l'allure
n’est plus la même, on n'obtient pas de changement dans l’ammoniaque;
la teneur reste constante, ce qui est conforme à ce que nous savons, d’après
Christensen, sur la sensibilité des nitrobacters à l'égard de l'acidité du
milieu.
La séance est levée à 16 heures et demie. 3
E. Po
(1) Soixante jours avec les boues d'égout du département de la Seine prélevées à
Pusine élévatoire d'Ivry. i |
1408 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVRAGES REÇUS DANS LES SÉANCES DE NOVEMBRE 1920.
La chimie et la guerre, science et avenir, par CnarLes Moureu. Paris, Masson,
1020, r vol 20°", ;
Principes usuels de nomographie avec application à divers problèmes concer-
nant l'artillerie et l'aviation, par M, D'Ocacxe. Paris, Gauthier-Villars, 1920;
VO -25 8:
Précis de physique, par Marcel Bort. Paris, Dunod, 1920; 1 vol. 21%™,5. ( Pré-
senté par M. A. Haller.)
Cours de Chimie, par Marcer Bou. Paris, Daai. 1920; 1 vol, 21°m,5. (Présenté
par M. A. Haller.)
Herbier du Muséum de Paris : phanérogamie. Votulæ systematicæ, publiées par
Henri Lecomte. Paris, Léon Lhomme, 1909-1918; 3 vol. 25%,
Exploration botanique de l'Afrique occidentale française, par Aue. CHEVALIER.
Tome I : Énumération des plantes récoltées avec une carte botanique, agricole
et forestière. Paris, Paul Lechevallier, 1920; 1 vol. 25%, (Présenté par M. H. Lecomte.)
La vie et l’œuvre d'un grand chirurgien : le professeur J. Albarran (1860-
1912), par F. Carmeux. Extrait des Travaux annuels de l’hópital d’urologie et de
chirurgie urinaire. Paris, J.-B. Baillière, 1920; 1 fasc. 1920.
Mœæurs intimes du passé (sixième série), par le Dr ares Paris, Albin Michel,
192a; + VOL 19% J.
Mindeskrift i anledning af hundredaaret for Japetus Steenstrups födsel-
udgivet as en kreds af naturforsker ved Hecror F. E. Juneersen og Eue. WARMING.
Copenhague, Bianco Lunos, 1914; 2 vol. 27%™,
Das problem der gravitation, von Joan Viau. Cluj, 1920; 1 fasc. 230m,
Utilisation des marées, par l'amiral Amert. Extrait de la Revue générale de l’élec-
tricité, 1920; 1 fasc. 27°».
FIN DU TOME CENT-SOIXANTE-ET-ONZIÈME.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABÉTIQUES.
JUILLET — DÉCEMBRE 1920.
TABLE DES MATIÈRES DU TOME 171.
Pages.
LA LUMIÈRE. — Sur les
ë Fr. du phos-
phore pour les rayons X; par
ABSORPTION DF
spect
— Sur le sous- iodure de tellure Te P.
Contribution à l'étude du système
iode-tellure; par M. A. Damiens..
— Sur les larges régions continues d’ab-
sorption de la lumière; par M. G.
Ribaud de os VERS D
— Voir Spectres.
AcADËMIE — M. le Président annonce
la date de la séance publique an-
S anni eme ecun o u
— M. Ch. Moureu est désigné pour faire
une lecture dans la séance publique
des- ciny -Académies ate e
Est invitée à participer à la fondation
d'un Institut international d’an-
LDIOPOIOBIC Less. CU
— M. le re annonce des renv ois
MUR. E en ee ste
M. le Pr ésident souhaite la bienvenue
à M. Mourelo, Membre de l'Aca-
démie des Sciences de Madrid;
à MM. les professeurs Valcovièi et
Stoïloff, de l'Université de Jassy;
à Sir Jagadis Chunder Bose, mem-
bre de la « Royal Society » .:.....
Reçoit des condoléances à l'occasion
CR
1920, 2° Semestre. (T. 111.)
88
329, 689, 761
de la mort de M. Yves Delage
M.
le Président félicite M. Ch.-
Guillaume qui vient de recevoir ai
c Nobel de physique. .........
+ Ju Bertin est élu vice-président
po A OT OE T E
Allocution de M. le Président dans
la séance publique annuelle......
Une subvention est accordée à l’Aca-
démie sur la fondation Loutreuil.
Voir Candidatures, Commissions aca
démiques, Commissions ministé-
telles, Congrès, Conservatoire na-
lional des arts et métiers, Décès,
École d’ Anthropologie, École natio-
nale d'agriculture de Grignon , École
nationale vétérinaire d’Alfort, École
polytechnique, Élections, Fondation
Curie, Fondation Loutreuil, Fonds
Bonaparte, Institut de paléontologie
humaine, Institut national agro-
nomique, Laboratoire central d'élec-
tricité, Muséum national d'histoire
naturelle, de logie, Office national
météorolog ;, Plis qee Priz,
Solen nls tadi fique
Acipes. — Cas d’'isomérie Ta la série
des &-cét
oacides aromatiques; par
MM. H. Gau et R. Weick.. vi
— Sur la dégradation méthodique des
106
1410
acides saturés bibasiques à poids
moléculaire élevé; par M. Marcel
en:
rches sur sels acides et poly-
Pre des acides monobasiques;
dibenzoates monopotassiques et
on par M. Philippe
Bandrol cue TE CCE ee Per AT
— ercon Gite de l'acide oxa-
de l'acide iodique : in-
fluence de la chaleur et de la dilu-
tion; par M. Georges Lemoi
ÂciErs. — [L'’anomalie d’élasticité des
aciers au nickel; réalisation d’un
élinvar et son application à la chro-
nométrie ; par M. Ch.-Ed. Guil-
NE...
GOMES rros ri a ee E
Cause 1> l'instabilité des aciers au
nickel; son élimination;
M. Ch.-Ed. Guillaume
Étude de l'élasticité de torsion des
aciers au nickel à haute teneur en
chrome; par M. P. Chevenard..
Le point Ar; des aciers, et la arte
site;
Voir Mécanique appliquée.
ACTINOMÉTRIE Voir Météorologie.
AÉRODYNAMIQUE. — Remarques sur les
lois de la résistance des fluides;
ar MoE. Jouu. 0x
ss ss
—
ar jatérieu d’un
courant d'air; par M. Ch. Dévé....
— Nouvelle méthode d'essai de modèles
en re are aérodynamiques ; ;
PNR 2 T 2:
— Voir
AÉRONAUTIQUE.
aérienne.
Navigation
AGRONOMIE. — Influence du travail sou~
[a
— Le réveil de la terre arable; par
Oseesse visis
Voir Magnitli.
ALCALOIDES. — Les transformations de
la cinchonine; par feu Jungfleisch
et M. E. Léger...,.. vs
— Voir Chimie végétale.
ArcooLs.— Sur la transposition hydro-
benzoïnique. Influence de la substi-
DE E D
TABLE DES
Pages.
797
1094
MATIÈRES.
tution paraméthoxylée sur la dé-
shydratation des triarylglycols;
par MM. Orékhoff et Janr
"Voir En Champigno
ÂLGÈBRE. solution de l'équation
db tion par des fonc-
rie hypergéométriques supé-
ures; par M. Richard Birkeland.
n= Résolution de l'équation générale du
cinquième degré; par M. Richard
Birkeland
— Résolution de l'équation algébrique
générale par des fonctions hyper-
géométriques de plusieurs varia-
bles; par M. Richard Birkeland..
— Sur les corps résolubles slpébridues
ment; par M. Ta ‘agi...
— Les me i égaux à dés detti-
s; par M. L. E: Dickson:
Voir F onclions.
ALGUES. — Sur une petite algue verte
aérophile (Prasiola leprosa Kütz) ;
pa . de Puymaly
— Sur la Poissy athèse chez les algues
floridées; par M. René Wurmser
ss nn ss
CA E a aient d
— Voir Chimie végétale.
ALIMENTATION. — Voir Chimie physio-
logique
ALLIAGES. — Quelques nouvelles re-
cherches sur a laitons spéciaux ;
ar M. L. Gui
— Voir Diffusion ro métaux. Mécanique
appliquée, Métallographie.
AMIDES. ynthèse d’une deuxième
diamide, l’oxamide, par oxydation
du sucre et de l’ammoniaque; par
We RUE he vec pv ue
R. HOME Serres sn
AMIDINES. — Sur les iodamidines; par
Bougault P. Robin...
AMIDON. — l'action contraire des
sur les matières amylacées; par
rlonn
He Courtônne «cser ui rose
Amines. — Voir Catalys
AMMONIAC. — Voir Chimie analytique,
Équilibre nn
ANALYSE CHIM
rine.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Voir Al-
gèbre, Ensembles, Équations diffé-
rentielles, Équations fonctionnelles,
Équations intégrales, Fonctions,
Séries, Théorie des nombres
Voir Sang,
Pages,
473
1231
1168
TABLE DES MATIÈRES.
ANALYSIS sirus. — Sur les homologies
de Poincaré; par MM. Gustave
CR
— Sur un procédé simple
et inoffensif permettant d'éviter le
le choc anaphylactique; par
MM. dd Lumière et Jean
Chrebo tel nm ce
— Sur le fre péewiaié parl introduc-
tion de substances insolubles dan
la circulation; par MM. ppp
Lumière et Henri Couturier...
ANATOMIE VÉGÉTALE. — Les canaux
sécréteurs radiaux du bois; par
M. Henri Lecomte.
— Causes du parcours traby virà. doi
faisceaux libéroligneux aux nœuds
es Graminées ; par M. P. Bugnon.
— Le méristème terminal de la tige os
sa division en régions; par M.
ue
ouyg
ANÉMOMÉTRIE. — Sur la mesure de la
composante verticale de la vitesse
du vent à l’aide des moulinets ané-
mométriques ; par M. C.-E. Brazier.
ANNÉLIDES.— Sur l'existence de la mul-
tiplication asexuée (scissiparité
le) chez certains Sabelliens
M. A.
tibia chez les enfants et les adultes
des races re case z par
M. Marcel Baudou
— Traces de l’ Homme Sia les benites
de Voglans (Savoie); par M. Ch.
BACTÉRIOLOGIE. — Coccobacillus insec-
orum n. sp., variété Malacosomæ,
bacille pathogène du sang des che-
nilles de Malacosomæ castrensis L. ;
ae Fr A.-Ch. Hollande et P.
Ver
~ Sur oeil RME Hol-
sv.
J41
1172
1227
-206
Era E E RL E E
ANTHROPOMÉTRIE,— Étude de 344 ro-
nichels; par MM. A. Marie et
Le-Mac-Awlijfessacir orean
— Étude anthropométrique de 127 Es-
pagnols; par MM. Léon Mac-Au-
liffe et
ANTICORPS, iffets et constitution
des pt ta par MM. M. Nicolle
CEE Re PR DRE OT PT
ANTIGÈNES. — Effets et constitution des
antigènes ; se MM. M. Nicolle et
E.
ARGON.
largon; par Lord E kaytish Ney
— Voir Diffusion de la lumière.
those Voir Théorie des
nom
CR A a a A a a A a a A A
c. Voir Chimie analytique,
Chimie inorganiqu
ASTRONOMIE. — ontribution & l'étude
es images télescopiques ; par
par MM. À. Claude et Drisiéburé
— G Comètes, Étoiles, Heure, Inter-
ences, ae Photographie.
AsrnonowR PH
de les RS et d’en déterminer
les valeurs n riques minima,
Premiers résultats: par M. Charles
NOrImanh: doi dé rer aaas
— Voir EA Étoiles, Relativité,
Soleil.
REG — Sur les courants de convec-
n dans l'atmosphère dans leur
n avec le vol à voile et cer-
taines esk de nuages; par
— Veik Cnil. Navigation Wine.
s.s.s...
lande et Vernier; par M. A. Pail-
— Culture du bacille benik sur
milieu à base de levure autolysée;
ss.
— Quelques observations sur la culture
du bacille tuberculeux en milieu
294
847
392
1412 TABLE DES
Pages.
non glycériné; par MM. E. Ali-
laure St EeP anbath s. vx 379
— Sur une culture prasane par
CRE R ur rte 323
REA Sous: -races des bacilles pyocyanoïdes,
par M. C. Gessard oen crun ire 414
Les microorganismes persistant dans
le lait après la pasteurisation : leur
rôle sur la décomposition de l’eau
M. M. Fouassier.
ature de faliment
par le Bacillus subtilis; par M. E.
AUDE aerer er eT F TAS
Sur les caractères communs au Bac-
terium ß, symbiote du eanan
Pastorianum de Winogradsky,
au B. aliphaticum non ns
MM. G.
de Tausz e er;
Truffaut et N. Bezssonoff......
— Atténuation d ffets pathogènes
de certains microbes par des mé-
langes avec les mêmes microbes
morts; par M. J. Danysz et _Mme
SE DAMES. ui. rie: IEF e
— Voir Champignons, Pathologie végétale,
Spirochètes.
BazisriquEe. — Voir ARAS lens
BrocéocrAaPniEe. — Voir Océanographie.
B1oLOGIE ANIMALE. — Sur la reproduc-
tion des Planaires et sur la signi-
fication de la fécondation chez ces
ss...
états Ar an et le nombre
des animaux en AE par
M. Css Bohn et Mme A.
Dr
presses re sde Ve ss ces ve
rzewin
— Castration intr rapuliérale chez les
coq généralisation de la loi
Cazcrum. — Voir res analytique.
Cancer. — Voir Tum .
CANDIDATURES, — Albert Robin,
Eugène Simon, À Trillat posent
MATIÈRES,
SR be de régression ;
M. ard
Cœlentérés,
E
animale, Microbiologie,
logie, Physiologie animale, Physique
biologique, Vers.
ÉGÉTALE. Hérédité et
nature de la pélorie de Digitalis
purpurea L.; par M. L. Blarin-
Shoes Less ehre ivirartipere
Notes biologiques sur les Acacias
fournisseurs de gomme, dite ara-
ue, au So es égyptien; par
— Action de la pesanteur sur les végé-
aux; par M. H. Ricôm
Sur l’origine des omani à cidre
Normandie et en Bre-
ss...
tagne; “#4
Sur le rôle trophique des endophytes es
d'Orchidées; par M. Clovis Beau.
— Sur les variations de bourgeons des
arbres et arbustes cultivés comme
cause de décadence des variétés
anciennes; par M. Aug. Chevalier.
Voir Algues, Chimie végétale, Chlo-
ropicrine, Cytologie végétale, Em-
bryogénie végétale, ris végé-
tale, ner végét
BOTANIQUE orescence T Fuch-
sia coccinea} ou M. Paul Vuille-
MN à pus 88 3 vs Des os
— Nobres phioyvatións sur l’ Ecto-
Lie se inæ Sauv.; par M. C.
COCA D RAR ON EC UN ai e ie el ii de de EE
Sauvagea
— Voir Algu, Flore tropicale, Fou-
pa ran ie ale.
BROME. Chi analytique,
Chimie EME que.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. — 65,
419, 444, 831, 976, ne
leur candidature à la place d’Aca-
démicien libre vacante par la mort
de M. Adolphe Carnot...........
— M. Desgrez,
IOII
1194
1408
898
948
TABLE DES
Pages,
— Liste de candidats à la place vacante
parmi les académiciens, libre par
suite de la mort de M. Adolphe
Carnot : 1° M. Eugène Simon ;
20 MM. Maurice de Broglie, Mau-
rice d'Ocagne, Joseph Renaud, Al-
bert Ro bin, Paul Séjourné ; 39 MM.
Jules-Louis Brelon et Alexandre
Désgrei:. Fi: Ra E ep NO 1030
— M. Hartmann pose sa candidature
à la place vacante dans la section
de médecine et chirurgie par la
mort de M. Guyon
— M. Béhal pose sa candidature à la
place vacante dans la section de
chimie par la mort de M. Armand
1047
CARBURES D'HYDROGÈNE. Sur le
sulfure d'’éthylène C? me S; par
M. Marcel Delépine........ 36
Sur les Jr he se par MM. Les:
u et
Sur la transposition hydrobenzoï-
nique. Influence de la nature d
réactif; par MM. Tiffeneau et Oré-
kho
SR t tu ie sas eve ce de see 5 er 66e
ni a a ss ess se
|
Observations à propos du soi-disant
dibenzoylméthane vrai de J. Wisli-
cenus; par M. Charles Dujraisse..
— Sur la dispersion de la réfraction des
carbures d'hydrogène; par M. E.
is
1062
.
$
:
.
:
ë
$
:
E
i
Le
Ot
N
le vieillissement des
colloïdaux (platine,
palladium) ; par M. Gregorio de Ro-
no
catalytique
isme de la for
secondaires
tertiaires; par
— Sur l'hydrogénation
des nitriles, mécan
amines
M ges Migno
— Sur la diskydivftiation de alcools
par oxydation catalytiqué sous
pression réduite; par MM. Charles
652
catalytique
de l’ hydrobenzamide. Méthode de
la b
Georges Mignonac..... 1148
catalytiques
pour la transformation des com-
binaisons diazotées; par MM. A.
Korczinski, W. Mrosihiki et W.
Viela
es rise,
MATIÈRES. 1413
s.
— Oxydation catalytique par les corps
non saturés (huiles, carbures, etc.) ;
ar MM. J. Bougault et Robin.
Déshydratation catalytique de l'al-
cool amylique de Es
J.-B. Sender
Sur la décomposition Er na de
la rR alcaline d’hypobro-
mite de soude par le sulfate de
cuivre. ioi em de
Fiddes par M: P. -Tlueio isos
Préparation des pi di tthytés des
xylidines et des Re
Alphonse
353
ss.
— Sur l'hydrogénation étape ique de
la subérone ; par M. Marcel Godchot.
— Voir Chimie ra et jat Nitriles
CÉPHALOPODES. ép aise” re-
cueillis par le Prince de Monaco de
1910; par M. Joubin
Voir Chimie agricole,
Chimie végétale.
Céracés. — Les caractères d'adaptation
du rein du Phoque de Ross (Om-
matophoca Rossi Gray) aux con-
vie aquatique; par
MM. R. Anthony et J. Liouville..
— Le pseudo-hermaphrodisme tubulaire
chez les Cétacés mâles; par M
ND NI ST CU TR a e a
CÉroxEs. — Action des hydrazines sub-
stituées sur les dicétones 1.4-acy-
cliques; par M. E.-E. Blaise... 34
-—- ue et dérivés bits
s en partant des alcoylal-
SEA Rom par M. A. Haller
et Mme Ramart-Lucas
— Étude spectrochimique des œ-allyl-
et A R CE A
par M. R. Cor
CHALEUR. o Coree sondanea des corps
état solide; par M. Filiz
Michau PC
— Voir Rayonnement.
CHAMPIGNONS. Sur l'apparition de
i evure alcoolique dans les
vignobles; s M. Francisque
Grenet
CCE NC RTE Aa
144
919, 1060
— De la non-toxicité du cuivre pour les
moisissures en général et pour le
mildiou en particulier par M. et
Mme G. Villedie
— Influence tavoteble da sélénium sur
ns
1414
TABLE DES
Pages.
quelques moisissures, provenant
de l'industrie fromagère; par
MM. Antonin Nëmec et Václav
E T T E E E rio ot
Sur de nouvelles réactions S
utilisables pour la diagnose d’es-
pèces mycologiques; par M. J. Bar-
Sur la nature du bactériophage de
d’ Hérelle; par M. A. Salimbeni. .
CHIMIE AGRICOLE. — Sur le pouvoir ab-
sorbant de la terre vis-à-vis du
et la teneur en azote des terres par-
T automatique de la T
en idité dans les céréales;
Action de l'oxygène sur les moûts de
raisins rouges; par MM. André Pié-
dallu, Philippe Malvezin et Lucien
Cnevar. — Voir Chimie physiologique.
Cumt. — Voir Catalyse.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage de
ces de brome dans les matières
organiques; par M. A. Damiens..
Méthode générale pour la recherche
et le dosage de l'arsenic; par
Dosage du calcium et du magnésium
dans différents milieux salins; i
a ST CU
Sur Peita dè g axyile +
cuivre et de l’oxyde de nickel par
les précipités d'oxyde ferrique; par
M. T
microchi-
mique caractéristique de l’ammo-
niac gazeux; par M. Georges De-
A NI ed ue
Réaction de coloration extrêmement
sensible des phosphates et des
arséniates, see applications ; par
Den,
Analyse galitative de l'acide Ge
I Pos...
à la première de ces
ation:
Sur une acG Gr de l'acide re
746
1230
802
635, 722
979
MATIÈRES.
zoïque fondée sur sa diazotation;
son application à Ja recherche
toxicologique de l’atropine, de la
cocaïne et de la stovaïne;
El
à
2a
=
S
S
~
Q
&
S
=
©
Bi nE LA
— Action de l’eau oxygénée sur les
farines; par M. Marion
— Voir Cétones.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur l’épuration
des d’égout par nA cas
activées; par M: R. Cam
— Influence des radiations re
sur un PR d'azote; par M.E,
Kayse
— À propos de Tipitation des eaux
d’égout, par le procédé des «boues
activées »; par M. Lucien Cavel..
— Voir Glucosides, Protéines, Sang,
FASSENT EI R
DR RC LR LEONE DE AE 0
rine.
CHIMIE INDUSTRIELLE, — Sur la compo-
sition de quelques gaz de fours à
coke; par MM. P. Lebeau et A,
BEET E RER D O E D de
Baene Oh t de M Henry Le Chatelier
surla communication précédente e
— Voir Houille.
re INORGANIQUE. — As, Oxyda-
n de l'anhydride arsénieux en
ns ren en présence de sul-
fate ferreux; par M. G. Gire
— CL édite de chlorures par réac-
tions amorçées; par M. Ernest
zu pe, ee catalytique des sels de
cuivre sur l’ à l'air des
nate par l'acide arsénieux; par
M. Mar Goo o sure
— Mo. Sur la constitution des paramo-
Iÿbdates ; par. M. GE Posternak....
1 1 i
ss. Posi ack.
== PE ot T Combinato dä dérivés
hifak du plomb et du thal-
lium; par M. J. Barlot..
— Sur une notons complexe a
Rs et de ne fluorhy-
e; par M. J. Bar
Canar: SR — Voir thus npa
dioactivité.
CHIMIE ORGANIQUE. — M. Charles Mou-
reu fait hommage de son livre :
ess veen
si...
PE
Pages.
1406
TABLE DES
« La Science et la Guerre »
— Voir Acides, Alcaloides, Alcools,
Amides, Amidines, Amidon, Car-
bures d'hydrogène, Catalyse, Cé-
tones, Colorants, re à Nitriles,
““s..:
Oximes, Pharmacodynami
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE e la répar-
tition du zinc dans l'organisme
du cheval; par M. Gabriel
Bertrand et R. Vladesco.…..,.....
maux ;
— Équilibre azoté et hydrates de car-
bone de la ration rar den par
M. À. Desgrez et H. Bie
CHIMIE PHYSIQUE, nie
u nombre des constituants indé-
pendants d'un système de corps;
par M. Louis Dubreuil..
ss.
— La loi des phases; par M. Henry Le
Chatelier
— Voir Acides, Chaleur, Équilibre chi-
mique, Gaz, Gaz naturels, Mé-
langes doubles, Rayons X, Solu-
tions, Thermochimie.
CHIMIE PHYSIQUE BIOLOGIQUE.— Analo-
gies et différences d'actions biolo-
SHVatr tune veste s se ve ee o©
giques des diverses radiations du .
spectre re par M. Miramond
de Laroque
CHIMIE re — Voir Amides.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la présence du
cuivre dans les plantes et particu-
lièrement dans les matières ali-
mentaires d’origine végétale; par
. B. Guérithault
— Sur des algues marines floridées indi-
gènes pouvant fournir de la gélose ;
par M. C. Sauvageau
— Sur la membrane de quelques algues
floridées et sur la gélation de lhy-
és gélosique; par M. C. Sau-
PAGE SAR NT TT uen
— Les sp azotées et l'acide phos-
phorique dans la maturation et la
germination du se par MM. Eug.
Rousseaux et Sir
— Sur la signifi Sneki biologique des
C r so E A E D a
en ER NE Se S 4.0 1 + v
ss.
CA DUR er Ut a i
MATIÈRES.
alcaloïdes dans les poar: par
G. Ciamician et C. Ravenna.
— Voir Agronomie, Glucosides, Sucres.
SAINS S p aie D
Cuoc, — Voir Anaphylaxie
Aci
CuroME. — Voir
CHRONOMÈTRIE. — les organes
lants des chronomètres; par
ANUS ien a de
— De géémiétsique de is
éthode Résal - Caspari ; par
M. J- Andrads sireni raa A
— Errata relatif à cette communication,
— Les verges-lames et le problème du
cylindrique; par M. Jules
Moser rame teries maai E
— Les frottements et l'isochronisme;
ar M. Jules Andr
— Les dernières perturbations de l'iso-
chronisme; par M. Jules Andrade.
CRC a ia E E a
— Participation des
noyaux es à aux E pbi
de sécrétion, Propriétés anticoagu-
lantes de l'acide nucléinique de
l'intestin; par M. Mis,
— Voir Cytologie animale, Sang.
CŒLENTÉRÉS. Sur un Cténophore
planariforme nouveau, Cæloplana
in. (nov. sp.) ; par M. Armand
— Le bourgeonnement chez les antipa-
thaires; par M. J. L. Danta
— L'appareil tentaculaire et l'appareil
gonadien de Cæœloplana gonoctena
(Krempf) ; par M. Armand Krempf.
— La formation du polypier chez les
antipathaires; par M. J.-L.Dantan.
Corroïnes. — Le soufre colloïdal; par
M. ul Bory-rivss. +7: aS
— Voir Catalyse.
CocLonanrs. — Sur un nouveau colorant
indigoïde, le 5-[dioxy-2.4-pyrimi-
dine]-2-indolindigo; par MM. J.
Martinet et O. Dorn
Comères. — Découverte et observations
de la comête 1920 b pe ;
r M. A. Schaumasse
——
IT MR Ce
par M. A. Schaumasse..........
— Identité probable de la comète
1990 b (Schaumasse) avee la
1415
Pages,
1409
1416 TABLE DES
Pages.
comète périodique Tempel IT; par
Gr: FAR es cnrs ee oi oi
— Observation de la comète
dique Tempel II hormis)
1920 a, faites à l’équatorial coudé
de l'Observatoire dé Besançon;
ofardet eiretiers tns
— Observations de la comète périodique
Tere IT, faites à l’Observ
toire Marseille, FT
Eichens IO Ee oMm,26; par
M Michkontieh is ire ts
— Observations de la comète pério-
dique Tempel IT, faites à l’observa-
toire de Bordeaux (équatorial
de oM,8); par M. H. Godar
— Observation de la comète Skjellerup
faite à l'observatoire de Bordeaux
(équatorial de 0,38); par M
OGA e ve à Men ds nuit ve» dede
— Observation de la comète Skjellerup
faite à M es de Marseille
ge ET Eichen d’ouver-
ture 0M,26); par M. ici, :
anion ACADÉMIQUES. — MM. Pi-
card et Appell, Peuri et Moureu,
Carpentier et Tisserand dont élus
membres de la Commission chargée
de former une liste de candidats à
la place d’académicien libre va-
cante par la mort de M. Adolphe
CADRE er ent dire toc
— MM. Appell et Edmond Perrier sont
réélus membres des commissions
COMMISSIONS MINISTÉRIELLES. — M.
aller est élu membre de Com.
mission technique de la deuxième
section de la Caisse des recherches
scientifiques
A. Haller est élu membre de
Commission de contrôle de la
VPN EE de er T Ts
circulation monétaire.,.. 990,
CoNGREs. — ‘Académie charge
M Emile Picard, P. Appell,
ænigs et E. Goursat de la
Eana à l’Union internatio-
nale de mathématiques et au Con-
or international des mathéma-
— M. Émile Picard rend compte de
cette mission
Coxsenvarome NATIONAL DES ÅRTS ET
IERS. — Liste de candidats à
nm ss
948,
1379
947
1046
509
MATIÈRES.
la chaire d'organisation = travail
humain : le d anglois;
20 M: A- Magnat 2e. 77%
ConTacrT. — Sur le E rectifiant
galène-métal. Sensibilisation arti-
ficielle et remarques diverses; par
Florisson
— Sur le récepteur téléphonique auto-
directeur pointe-cristal ou pointe-
métal; par M. R. Dongier........
Coskogonte. — Temps et température
formation d’un ensem
d’astres dans une nébuleuse homo-
pe aeo par M. Alex. Vé-
— Voir ne
COURANT ALTERNATIF. — Sur les sur-
tensions créées par les har-
moniques 3 de saturation des
transformateurs triphasés; par
Swyn er DR Per Tres is.
CYTOLOGIE ANIMA Sur les œno-
cytoïdes et lec lOatocpte. par M.
A. Paillot
— Sur l'existence de peme e aier
Lo fluviatilis ; par M.
wo se ve be vis + er d 00570
BAUC is er eve ser NNT E
For atypiques dans la mitose
somatique chez Corethra plumi-
cornis; par M. Armand Dehorne.
— Spermatogenèse de Corethra piümi-
cornis et chromosomes PPr
pa Armand Dehor
— Participation des noyaux lies
sécrétio
ss...
l'acide nucléinique de Vteôn:
par: M. Logos... ste i
La méthode la radiopiqûre
microscopique — ’ana-
ses en cytologie expérimentale;
r M. Serge Tchahot
orm Voir Coagulation, Microbiologie.
CYTOLOGIE vÉGÉTALE. — Étude cytolo-
gique de la séla pinoli; par M. L.
Emberger oare oaas
7> Enide PER R des organes
sexuels des fougères; par M. L.
Embofger. susre ereriev orea]
— Vacuome, plastidome et sphérome
dans l’Asparagus verticillatus; par
P.-A. Dangear
= Sur i métachromatine et les
posés tanniques des vacuoles; par
E E E A i ee
com-
ages.
ITII
106
430
1402
1237
263
TABLE DES MATIÈRES.
. Pierre Dangeard. ,
= Nouria observations cytologiques
sur Saprolegnia; par M. A. Guil-
liermond
AE EE D AE RS D RES NN
Décès. — De M. F. Guyon, membre de
= section de médecine et chi-
— De M. Armand Gautier, membre de la
section a imie
De M. s Delage, membre de la
section a anatomie et zoologie...
CERE de condoléances. ....
De M. Pierr , Correspondant
pour la te de médecine et
chirurgie
“De M. W. Voigt, correspondant pour
la section de mécanique
De Sir Norman Lockyer, correspon-
dant pour la section d’asttonomie. .
De M. Daniel-Pauline Œhlert; corres-
pondant pour la section de miné
Ca a a a da a a d aa a a a
vs...
|
MODEL, dec cs iverents
Di OA — Voir Algèbre.
Drasrases, — La chloropicrine agit-elle
les ferments solubles?: par
M. Gabriel Bertrand et Mme Rosen-
Olats
CC OE a a i A a a S E a
Écrirses. — Voir Lune.
COLE D'ANTHROPOLOGIE. AT dt
à prendre part à préparer la fonda-
ton d'un Hr arri
d anthro pologid. srie so EN «5
— Reçoit une SRE sur la fonda-
OH LORTE U: te dre.
ÉCOLE NATIONALE D'AGRICULTURE DE
GRIGNON. indet est élu
membre du Conseil d administra-
ID Si Li E
ÉCOLE NATIONALE VÉTÉRINAIRE D'AL-
FORT une subvention
sur la Fondation Loutreuil......
ÉCOLE POLYTECHNIQUE. — si 2r
Jordan et H. Le Chatelier sont
éélus membres du Conseil de
perla tonan araa
E A
Pages.
1016 | — Dép recherches sur l'appareil
uolaire dans les végétaux; par
M. A. Guillisrmond.....:.:.:.:.
26
658
1362
1325
D
— Voir Protéines.
cons-
métaux et tous leurs alliages sont
à létat solide; par M. H. Weiss.
ee DE LA LUMIÈRE; — Mesure
e l'intensité lumineuse diffusée
pit l’argon. Nouvelle détermina-
tion de la constante d'Avogadro:;
par M Cabannes E R rie
DYNAMIQUE DES FLUIDES. —
d’un fluide à la translation horizon-
tale d’un corps fuselé ou sphérique
en immersion DRE: par M. Er-
nest Four
— Voir agiata. Hydrodyna-
mique.
ns
E
ÉCONOMIE RURALE. — Voir Agronomie.
ÉLASTICITÉ. application des
équations de l’élasticité aux défor-
mations tie ressort en Frs
par M: Galbrun.: iici
— Déformation d’un ressort en hii
dont les extrémités sont encastrées ;
par M. Galbrun
— Déformation = ressort en hélice;
par M. Galbr
— Sur les ondes de au dans les coii
solides; par E. Jouguet
— Sur la célérité des ondes dans les
solides élastiques; par
Jouguel
— Sur les propriétés mécaniques des
corps plastiques. Importance
de la réactivité; par MM. Henry
CC
nn TRA
nn se
SEA NE A ECS QE 0 dr D ES:
Résistance |
1417
Pages.
852
1002
141
1418
et Francois Le Chatelier.......,
— Voir Aciers, Chronométrie.
ÉLECTIONS DE MEMBRES ET DE CORRES-
PONDANTS.— J.-L. Breton
parmi les académiciens libres.
ae — Sur une nouvelle po-
iété des corps faiblement con-
Siwak de l'électricité; par
ART E nn Son there ve e
— Sur une méthode générale d’inté-
gration re continue; par
E r a enr Es
— Voir Oralni, seras électrique.
en INDUST —— Sur lé
l des yem Aon ah par
aio de fonctions vectorielles
en notations réelles; par M. André
TONM esa ne ven vu
par
8.
r le recuit du fer
< cite par M. Jean Cour-
l
ÉLECTROMAGNÉTISME, — be ié-
tries du champ reves
tique et _ par M
Buh. oE ou a ui
— Voir -Gravitation.
ÉLECTROOPTIQUE. — Sur le dichroïsme
des fumées et le di-
chroïsme des réseaux de diffrac-
i M. St. Procopiu
A PET TION. — Etude du rapport
retards en dans le sulfure
a Apparition
del Siopirontgio ton; par M. Pau-
REPOT Ed Ne à
= Errata tdi cette communica-
US RASE de
ts ANIMALE. — Histogenèse
époque d'apparition des diffé-
se tissus pulmonaires chez le
mouton; pa MM. J. Dragoiu et
auri- Brini a er ne
— La croissance = poumon fœtal chez
le Mouton et les variations conco-
mitantes de sa composition; par
MM. Fauré-Fremiet, J. Dragoiu,
TABLE DES
1055 |
MATIÈRES.
et MUe Du Vivier de Streel......
— La différenciation histo-chimique de
l’épithélium pulmonaire fœtal du
mouton; par MM. Fauré-Fremiet,
Re. et Mie Du Vivier de
Sir A e Per Po OU e
— Les sn phases du développe-
ment des organes endodermiques
métamérisés de la larve des
anthozoaires et l'achèvement du
pharynx; par M. Armand Krempf.
— Développement larvaire de Cœlo-
plana gonoctena(Krempf). Stade
Cydippe. Transformations; par
icArmana Krémpf.. cer rer
= L'iboues d'apparition et ode
d'extension de la sensibilité à la
368
surface du tégument chez les Ver-”
: par M:
veux chez les embryons d'Amphi-
. Wintrebert..
cette communica-
biens; par M.
— SE pe à
F a a 0 Ne 0 0 616.8 € E 0 +6 Ne E a a a
Eana anamniotes; par M. P.
Winire
La iur onpa a le détermi-
CS E T a UT SA a AA NN A a a A E a
|
: T trebert..
La formation du Siit axial
chez Eunicella (Gorgonia) Cavolinii
Koch; par M. André Migot
Sur l’organogenèse dans les blasto-
zoïtes de ipia ; par MM. Ch.
Julin et A. Rober
— Reproduction sexuée et reproduc-
tion asexuée; par M. A. Malaquin.
EMBRYOGÉNIE VÉGÉTALE. Embryo-
génie des composées. Les premiers
stades du développement de lem-
Eie chez le Senecio vulgaris L.;
r M. René Souèges
bryon
Sélaciens (Scylliorkinus ns
L pa
......
Se sers eos sr de
Nr rer 5 6H:
| ne des composées. Les åer-
408
583
1086
TABLE DES MATIÈRES.
niers stades du développement de
l’embryon chez le Senecio vulgaris
L.; par M. René Souèges........
— Embryogénie des Urticacées. Déve-
loppement de l’embryion chez
$ eip pilulifera L.; par M. René
ièges
es, — Voir Marées.
ENSEMBLES, — Sur les ensembles mesu-
rables B; par M. W. Sierpinski .
— Remarques sur les ensembles de
mesure nulle à plusieurs dimen-
sions; par M, S. Stoilow
— Sur 5 Rss d'étendre l’'horaées
mo e de deux figures à leur
vo Etes par M. L. Antoine..
Enromorocie, — Voir Chloropicrine,
Insectes.
ÉPiDÉMIES. — Influence de la présence
de traces infinitésimales de swb-
stances nutritives dans l'humidité
de l'air sur la contagion; par M. À,
Lait, Mortalité, Tai;
eaan (Art).
ÉPURATION DES EAUX.
biologique.
ÉQUATION CARACGTÉRISTI — Déter-
mination de la es des trois
fonctions qui définissent l'équation
d'état de l’éther; par M. E, Ariès...
ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES, ur
quelques points de la théorie des
équations différentielles linéaires
du second ordre et des fonctions
T
= Voir
— Voir Chimie
équations aux dérivées partielles
du second ordre; par M. Zervos..
Sur la résolution des problèmes aux
limites relatifs aux équations du
second ordre des types elliptique
et parabolique; -par M. Maurice
GOTE E a a n
L'sguidk de Laplace en coordon-
nées TOETAN ; par M. Pierre
HUMO ra
Sur les zéros des intégrales. Tas
classe d'équations différentielles;
par M. Théodore Varopoulos.,.,
Pages.
356
1009
N
=
154
510
1368
1419
Pages.
ÉQUATIONS FONCTIONNELLES.— Sur une
application de l'équation de
Volterra au problème de la répar-
tition par âge dans les milieux
effectif constant; par M. Risser..
ÉQUATIONS INTÉGRALES, — Sur les
équations intégrales singulières
à noyau réel et symétrique; par
845
par MM. C. Matignon et M. Fréja-
PACS EL A RTE rire à
ErRarTA. — 64, 208, 284, 420, 640, 760,
830, 940, 975, 1183, 1184, 1344, 1408
Éroizes, — Sur des étoiles dont le
est supérieur à 0”,5; par M. mat
Cons is é riad ke r 426
— Au sujet des dépincomeat apparon ts
de quelques étoiles, dans l’éclipse
totale du Soleil du 29 mai 1919;
ar M. Ernest Fournier. ..... 501, 560
— Sur la photographie des étoiles en
plein jour; par ] M. Maurice Hamy. 691
— Sur la reconnaissance dans les étoiles
des couches successives de leur
atiti, et des variations
périodiques de ces cou TI par
M: H. Deslandre .,;..... 451
en relatif à cette communi-
es Fi
— Sir e PR de To "boari. Étoile
du Cygne; par M. d'Azambuja..., 466
— Sur le spectre de Nova Cygni; par
. Burson... Niue 469
— Observations de Já nouvelle étoile
du Cygne faites au photomètre
hétérochrome de F Enr de
Paris; par M. les Nordmann. 492
— Premières observations de la Nova
ening faites à l’Observatoire de
yon; par M. H ouier, iisi 494
— ne relatifs à cette communica-
D aimes cest 830
— Observation k Nova Cygni; pir
SA, Velti. essi toe rinri 623
— Sur une nouvelle étoile variable à
courte période; par M. A. Danjon. 901
— Spectre de Nova Aquilæ III, en
ER 1920; par MM. ie Hans-
son et Hans Jelstrup. . we 10970
1420
Farines. — Voir Chimie analytique.
FERMENTATION, — Voir Champignons,
Diastases
nee APHTEUSE, — Voir Lait, Vétéri-
re (Art).
Bio TROPICALE.— Le Katoka, arbre
à graines comestibles de Mada-
gascar; par M. Henri Jumelle..
Foie. — Voir Sang.
Foxcrioxs. — La fonction
Wy lila 0 (21, To, e.s; Tn):
ar M. Pierre Humbert ...:..::..
— Sur les fonctions hypercylindriques.
ar M. Pierr re Hum bert RE TON
Sur les fonctions hyprtérsidales et
leur lien avec les fonctions hyper-
sphériques ; par M. Pierre Humbert.
— Sur les fonctions automorphes; par
— Réponse à une note de M. Fubini sur
les fonctions automorphes ; par
M. Georges Giraud
— Sur quelques it de la théorie
des équations différentielles liné-
aires du second ordre et des fonc-
tions automorphes; par M.
Smirno
— Sur le module et les zéros des fonc-
tions sp a par M. Georges-
J. Rémo
"Sur quelques sr de M. Ré-
cg par M. Théodore Varo-
FETES SI ve
PVO TCENVe Se vs vds ee Ve 6e
BONE NDN Ses ve 86 2 Eee
iag a
— Sur les Moines algébroïdes et les
fonctions croissantes; par M. Théo-
dore Varopoulos
CS A DE EN AS NE Ce CR ET)
Gaz. — Sur l’action des gaz extrême-
ment divisés; par M. C. Zenghelis
— Voir Équations caractéristiques, Ther-
modynamique.
CAZ NATURELS, — Les gaz rares des gaz
naturels d’Alsace-Lorraine; par
TABLE DES MATIÈRES.
F
Pages.
1366
156
1365
`
— Sur une classe de fonctions à un
nombre infini de branches; par
M. Théodore Varopoulos .........
— Remarques s recherche des
points singuliers d’une fonction
définie par un développement en
série de Taylor; par M. J. Soula..
— Généralisation d’un théorème
M. Leau relatif à la recherche des
points singuliers d’une fonction
définie par une série de Taylor;
par M. J. Soula
— Sur la détermination des fonctions
de Green; par M. Maurice Gevrey.
— Voir Algèbre.
FONDATION Curie. — M.
A: Lacroïa,
FONDATION LOUTREU s rapports
sur l'emploi de peaa sont
adressés : par M. G. Raymond...
=> Par M, Just AUMObres oo ceir
Fonps BonararTE. — Des rapports sur
l'emploi des subventions sont
adressées: : par M. C. Sauvageau.
— Par M. A. Guilliermond..........
Force morrice. — Voir Hydraulique,
ses.
Foucères. — Le prince de de fait
hommage d'un mé aux
fougères et aux lycopodes récoltés
en Nouvelle-Calédonie et aux îles
A par MM. F. Sarazin et
TJ, Roux
UPS EURE EN D De D A NE AN SC OT D A Rd Le.
TA GE. — Voir Champignons.
FROTTEMENTS. — Voir Chronométrie.
Fusion. — Sur le point de fusion de la
houille; par MM. Georges Charpy
et J. Duran
PUS UD De De A A OU Ne PE 2e je te ER
MM. Charles Moureu et Adolphe
Lepa
Gaz RARÉFIÉS. — À propos d'un article
de M. Irving Langmuir et d’un
article de M. R. W. Wood; par
M L, Dune... virsisvrs
PRE N NN ec Re ere rer
Pages.
1200
541
1358
TABLE DES
Pages.
GÉODÉS1E. — Voir Longitude.
un
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Le]
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Luc]
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Le]
LS
5
í S EA dans le Cantal;
Par M: A: Oland oo snis aesa 1008
— Sur oc de eertains claux du
me ; par MIe Y. Boisse de Black
t M. P. Malit RE ras 122/
— Considérations sur les temps gla-
ciaires; par M. Ph. Négris...... 728
— Probabilités déotogionés de décou-
verte du pétrole en France; par
M. G.-F. Dolfus en dit es 726
— Découverte d’un niveau fossilifère
dans l'argile des Fl
Watten (Nord); par M. G. Dubois. 248
— Sur la tectonique du Massif armori-
ricain; par M. F. Kerforne...... 639
— Sur la Bresse chalonnaise et ses ter-
rasses quaternaires; par MM. Ch.
Depéret et P. ger TAN. nannan 305
ps RES Pia 314
— Les mylonites de la quatrième écailles
bria ançonnaise; par M. Pierre Ter-
MEET eee à eu d'OS a a 653
— Sur la signification tectonique des
lambeaux de micaschistes, de
là, près de Briançon, au sein ou à la
surface des terrains à faciès brian-
connais ; par MM. Pierre Termier
— Le bord occidental du pays des
schistes ustrés, dans les Alpes
franco-italiennes, entre la Haute-
Maurienne et le Haut-Queyras ; par
MM. Pierre Termier et Wilfrid
Kilian E E O E va si 885
— Le ahin: a tient de
mont Jovet, en Tarentaise; les
Sekitoa Lustrés au nord de Bourg-
Saint-Maurice; par MM. Pierre
Termier et Wilfrid Kilian..... 11co0
— Sur l’âge des schistes lustrés des
Alpes occidentales’ par MM.
MATIÈRES.
Pierre Termier et Wilfrid aR:
— Sur la géologie du massif de la Groix-
de-Fer; par MM. Maurice posé
et Nicolas Oulianoff.:.::..55:.1
— Sur la tectonique des Pyrénées-Occi-
dentales; par M. P.-W. Stuart-
Mentéathiss TSN ve comes a
— Sur la tobtbtique des Pyrénées; par
MM. P.-W. Stuart-Menteath......
— Sur le mode de formation des nappes
pyrénéennes; par Léon Ber-
— Sur l'existence et les faciès de divas
étages jurassiques dans la pro-
vince de Tarragone (Catalogne);
par MM. W. Kilian et P. Fallot
— Sur la géologie de Cabrera, Conejera
et autres îles voisines; par M. F
Gomez-Llucen.... ss. sr cer pis
Le gisement de fer oolitique d'Aïn-
Babouche (Algérie); par MM. Louis
Duparc et Georges Favre........
— Sur la constitution géologique du
Djebel Tselfat (Maroc occidental) ;
par M. René Abrard.......;ive,
— L’ Aquitanien continental dans le sud
marocain; par M. J. Savornin..
— Sur la structure de l'isthme Cau-
casique et ses relations avee les
]
gisements è . pétrole; par
Pierre Bonnet ::.:,::
— L'Éocène au Pérou; par M. H.
DoOUPIHE: LE ED roles dira
— Sur le calcaire tütétien dans l’ Yonne;
par Mlle Augusta Hure...:,..:
— Pourquoi les minerais de Lorraine
sont Re er im par M. L
nn esse messe
>.,
g5
à
$
io
Š
S
E
F
$
GÉOMÉTRIE. — Enum mératiof des classes
de représentations d’une surface
sur une autre arben, par MM. L.-
-J.Brouiver...........0...1.
— ro relatifs à du: communica-
tro
a
dues vues
— Sur la Mlsatitation sphérique des
1421
Pages.
1348
563
1422
Pages.
surfaces et le correspondance par
plans tangents parallèles; par M. A.
MUR en is terre die piii
— Extrait d’une lettre de M. Petot
à M. His mme
ver ar les systèmes iy cliques de neaei
e Steiner; par M. S. Bays
—— Ve 2e bios: Fonctions.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. Sur
a RE pea des sur-
faces; artar
Sur les KEES projectiv ent applis
cables ; par M Fubini
Couples de deux surfaces minima se
correspondant comm focales
d’une congruence rectiligne, avec
— imaginaire
réelles ou imaginaires.
Systèmes cycliques ou système
triples orthogonaux réels corres-
po pa par M. Bertrand Gam-
Re hi Nine.
Canana de droites dont la sur-
face moyenne est une surface
donnée; par M. Axel Egnell...
— Sur les réseaux qui comprennent une
famille de géodésiques et tels que
leur pae réciproque par rapport
à un complexe linéaire soit un ré-
seau 0: par M. C. Guichard. .....
— Voir Algèbre
GÉOPHYSIQUE, constante
Sur la
proportionnelle reliant la fréquence
sismique à la fréquence des chutes
Hazace. — Voir Électricité industrielle.
HérÉéDrrÉ. — La transmission hérédi-
taire des caractères acquis et l’ac-
coutumance des microbes; par
MM. Charles Richet et nt Car-
— Voir lon cépéiale,
HEURE. orrections des signaux
par M. Bigourdan....
..
FA 643
TABLE DES
1187
H
1353
MATIÈRES.
pluviales; par M. G. Zeil.....,..
— Les tremblements de terre tecto-
niques et les variations de la lati-
titude; par M. G. Zeil......
Les mouvements aol de
l'écorce terrestre et les récurrences
de l'érosion souterraine; par
1 4 SSSR a
Du rôle des coraux cônstrtétetits rs
dans les ape lithosphé-
riques; par M.
Voir Magnétisme ne Physique
du Globe.
GLACIOLOGIE. — Sur les traces laissées
dans le Massif Central français par
les invasions glaciaires du Pliocène
et du Quaternaire; étendue et mul-
tiplicité de invasions ;
M. REEF Giana
— Voir Géologi
GLUCOSIDES. — R marques sur la mé-
thode biochimique de recherche
des glucosides hydrolysables par
lémulsine, à propos de la note de
Delaunay ; par M. Ém.
CR
CR EAU
ourqüelnl... ii eos saines te
— Extraction de Slnobfides de deux
orchidées indigènes; identification
de ces glucosides avec la Loroglos-
sine; par M
GRAVITATION. —
champ gravifique et 1
— Voir Électromagnétisme.
GREFFE, — Recherches sur la greffe des
Solanum; par M. Lucien Daniel..
— Voir Longitude. à
Hisrocénèse. — Voir Embryogénie ani-
Hourzze.— Sur l'oxydation des houilles ;
par M. Marcel Godchot.
HyprAULIQUE. — Sur la transmission
de l'énergie par les vibrations de
l’eau dans les conduites ; par M. C.
Comichel.:,..,.:. PRES
— Sur la transmission de T incrgit par
les vibrations de liquides dans les
conduites; par MM. €. Camichel
ss...
M. Ge
1222
1074
515
TABLE DES MATIÈRES.
+ Eydeux-et.A; Foch, oi:
— Sur Fe coup de bélier epea EA con-
duites forcées alimentant des tur-
bines à fortes réactions; par M. de
parre..…. ,
— Voir Maries; Torre.
HYDRODYNAMIQUE sur les forces
hydrodynamiques dans des mouve-
ments différant entre eux par une
rotation uniforme de tout l'espace;
par M. Victor Valcovici
ds siens ue L'immunité chez les In-
— Voir PR Vaccination.
pe — Comment évaluer le ren-
ment des ouvriers; par M. Jules
han agt:
INSECTES, — idia colonies i
Termite PETER par M.
LOU, 75 E
— Mode d prie fe Ho MURS en
poudre, sur ss larve d’Anophèle;
Pa Mo Roubaud: o oaar
— Variation dans %e nombre des fibres
des muscles vibrateurs longit
inaux chez Chersodromia hirta
es Perte de la faculté du vol;
— n Fate Chiaapicrine. Tar
unité,
Ivarrrvr INTERNATIONAL D'ANTHROPO-
GIE. — L'Académie est invitée
Pas à sa fondation. .....
INSTITUT DE ei ce à HUMAINE,
;
LABORATOIRE CENTRAL D'ÉLECTRICITÉ.
— Reçoit une n sur la
iondation Loutr:
Larr. — Le lait et la sève nn i i
par M. re Porch
— Voir Bactériologie, éériaire (Ari).
nu : abino minot
de contact Vas diabases en Afrique
occidentale française; par M. Hen-
ry H
RS ml had cities
83
QU
619
203
187
— Sur le mouvement Pons des
liquides; par M. L. Lecornu..,..
— Voir Dynamique ag fluid
HyproLo tupaa phy-
S PEU
| HyproLYsE, — Voir Glucosides.
HYGIÈNE. — Sur ep: 5e Ee
lair souillé par- certa
toxiques; pars MM. S aa Guil.
lemard et Sas
— Voir Chimie pions. É podimii.
`
—- HAE est invitée à
nauguratio
— Désignation de RE
INSTITUT NATIONAL AGRONO E.
M. Tisserand est élu membre du
son
E LA a D A E
Conseil d’administratio
INTÉGRALES.— Sur les itepe doubles
en lesquelles les pseudo-lignes
d'infini sont lignes de zéros; par
dis aies certes
INTERFÉRENCES. Sur l'application
des méthodes interférentielles aux
mesures TE PRE de, gn r M,A,
E E
os Méthode aitarena ER la dur
mination des étalons en quartz;
par M. Albert Pérard..
IsomÉRIE, — L'isomérie éthylénique des
styrolènes mono-bromés dans
chaîne latérale;
CR
dures Tue
CR ERE E a
Dur
— Voir Acides.
PAL UE RUE |
L
— Sur une série de roches nus
alcalines « potassiques» à min
raux « sodiques» de Madagascar;
aT A i:
= es relatifs à cotti communica-
A a e
À Surlaconstitution prei: 'aphiqeo du
aummulitique et du crétacé supé-
rieur du sintasa d'Arâche (massif
de Haute-Savoie)
M. Léon Moret....
CR
par M. Chartes
1423
Pages.
1177
918
999
1131
960
1216
DES MATIÈRES.
1424 TABLE
Pages.
Lirnoro@rE. — Voir Géologie, Minéra-
logie.
LonxGirubEe.— Détermination de la diffé-
rence de longitude Greenwich-
Paris par transport de l'heure en
avion; M. Paul Ditisheim..
Luxe. — Correction des coordonnées lu-
naires, déduit observa-
tions de l’éclipse annulaire de
Soleil du 3 décembre 1918 faites
Mapacascar. — Voir Flore tropicale,
Lithologie, Minéralogie.
MAGNÉTISME. r la variation ther-
ique du coefficient d’aimanta-
tion des sulfates anhydres et la
théorie du magnéton ; par M. Ph.
A heodortdéa s Vi Ae V e
— Addendum à cette communication. .
— Sur la variation thermique du coeffi-
ertur-
ons de la déclinaison magné-
tique à Lyon pendant le deuxième
inversable à oscillations amortics;
par M. Pierre Menard
MARÉES moyen économique
d'utiliser la force des marées; par
M :
(MS UNIES D
— Utilisation de la force des marées et
u choc des vagues de la mer; par
. Parenty et G. Vandamme..
— De Patilisation des courants de
marées sur m côtes de France;
pat M: Da EM vie si
a — Sur les égsetioné intrin-
sèque du mouvement d’
it rep par M. An. Bilimo-
eho e rN PT AO
oscillations ellipsoidales
Se Lans mn ~ M.
296
715
1183
948
1184
761
è?
à ae (République
l’ Uruguay}; M. Joseph Llam-
bias de Olivar… PAR OR EEE
— Sur une relation entre l'éclairement
de la lune éclipsée et E activité
solaire; par M. À. Danjon.....
— Nouvelle détériminia tion de la période
solaire basée sur la loi d’éclaire-
ment des éclispes de lune; par
MA. Danjon: vies
mécanique rationnelle à une équa-
tion intégrale linéaire; par M. Ivar
FFedhôim: sv
— M, P. -Appell prite la troisième
édition du tome III et la première
édition du tome IV de son « Traité
de Mécanique rationnelle »......
— Voir Dynamique des fluides, Elas
cité, Hydraulique, Relativité, Ther-
modynamique.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — De l’emploi
économique des alliages d’acier
dans la construction des ponts;
par M. J. A. L. Waddell
— Causes de la fréquence de ruptures
de rails dans leurs émités
éclissées; par
— Voir Chronométrie, Élasticité,
ations, Résistance des matériaux.
MÉCANIQUE cÉLESTE. — Voir Physique
du globe, Planètes, Terre.
— Voir Sérodiagnostic, Sy-
inati
o ve ses
ss...
physico-chimique ;
M. René Dubrisay..
MéraALLuRGiE, — Voir Aciers, Alliages,
Chimie industrielle, Dijjusion des
0 u
a E a A A EA
(bronzes d'étain), cuivre-zine (lai-
tons) et cuivre-aluminium (bronzes
l'atmosphère dans l'Antarctique;
Pa
de
702
1127
1207
426
17%
$ ; TABLE DES
par M. JHoneh.. kite ses ena
— Sur la Resorts ds de la tem-
pérature dans l'Antarctique; par
M Rouch
s.s.s. .sesesea
r la variation du SE TE
nocturne a ant les nuits
Boutaric ..
A . par
-— Voir FEA Aviation, Morta-
ité.
MérroLOGIE — Sur une nouvelle classe
am L. Barbillion et M. Dugit..
r Interférences.
TE e GIE. — Tentative de cul-
ture du tréponème pâle, en sym-
biose avec les éléments cellulaires;
par M
— Recherches sur la présence d'orga-
nismes vivants dans les fossiles
cétacés, ferrugineux, pyriteu xet
siliceux; par M. V. Gali
In vivo comme in vitro les microbes
passent à pre la arem du filtre;
par M. J.-
— Voir PE de la tieitre Anti-
Antigènes, Bactériologi
65 +
SONT ES Le
ité ité,
érodiagnostic, e anih
Toxines, Vétérinair re
MiINÉRALOGIE. — roix offre
une brochu « Les industries
minérales non métallifères à
NPOVR Tes US
r
— Sur les goupiieni réguliers jé
NAVIGATION. — Application du tube de
Pitot à
ent des espaces RE par
M. Yves Delage. T
1165
1390
©
389
410
"1
e
=
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171.)
MATIÈRES.
deux minéraux différents consti-
tuants Pps fers titanés; par
M.
te UN a COR D EE te
RE Et DA LU NN NU ARS RE NLND AS a E
mantifère de cran (Brésil) ;
“Hess Brouwer Si... 5
— Sur l'existence à Leu d’un
silicate de scandium et d’yttrium,
la thortveitite; par M. A. Lacroix.
— Voir arr Lihto gie; Microbio-
logi
Las — Voir Champignons.
MozLusques. — Voir Biologie animale.
MorPnixE. — Voir Sang.
MORPHOLOGIE VÉGÉTALE. — - Voir Ana-
tomie végétale.
Morrartré. — Relations entre les élé-
e météorologiques et le
nombre de décès par maladies
inflammatoires des organes de la
respiration, à Paris; pe M. Louis
ROBE a A A Res vs doive
M. Louis
« Relation entre les élé-
— A propos de la note d
Besson :
inflammatoires des organes de la
respiration, à Paris »; par M. Th.
MusÉUM NATIONAL D'Éerons . NATU-
H. ecomte
fait hommage des trois premiers
A AA Ae Dad
AERE, Notulæ systema-
= Liste < de candidats pour la chaire de
aul Lemoine;
ns.
MycoLociEe. — Voir Cha pignons.
— Surles caa rame du tube de Pitot;
par M. Mes
re vds se 4 se
— Sur} ue sh tube de Pitot : à
la mesure de la vitesse des navires;
par M. M. Laubeuf.
s.s.s...
1425
Pages.
481
I112
1109
i426 TABLE DES MATIÈRES.
Pages. ages.
— Nouveau procédé de navigation NécroroGtE.— M. le Président prononce
permetant à tout navire d’entrer l’éloge funèbre de M. F. Guyon. 209
sans risques dans nos ports et d’en — Dé M. Armand: Gaum X 23e 285
sortir quand les moyens habituels =- De M. Norman- Lockyer: .. 2%: 591
e repérer ses routes lui font =: De MY pes Delage: sius taar 641
défaut; par M. W.-A. Loth....... 668 | — Voir Décès.
— Voir Océanographie. NÉBULEUSE. — Voir ur
NAVIGATION AÉRIENNE. — Correcteur de Nicker. — Voir Acier
route; nouvelle méthode de navi- NITRILES. — c'en catalytique
gation aérienne à a par es “rien par M. À. Mailhe 245
Mehe TT ES NU a D 709 | — Voir Catalys
O
ÛÔcÉanocraPHIE. — Sur un petit sous- mière, Électrooptique, pinea
marin destiné aux travaux océano- Photographie, Pouvoir rotatoi
graphiques; par M. Maxime Lau- pectres.
DOUTE luas crevé 485 | OrcmiDéEes. — Voir Biologie végétale.
aa Remarques biologiques sur la ther- OSCILLATIONS: — a propagation
mom gisper dans leau d’oscillations . élec-
au “sp d'Ouessant, pen triques entretenues, et sur la con-
l'été 1920; par MM. L, hs m stance diélectrique de l'eau; par
Pa Re IS dr scies 1026 PLIS, RAR gear 164
— Recherches biogéographiques sur la — Nouvel “appareil optique ou sé
zone des marées à l’île de Ré; par trique pour la mesure des oscilla-
P ae DONNERAI lice à 233 tions de vitesses et des écarts angu-
OFFICE NATIONAL MÉTÉOROLOGIQUE. — laires par M. A. Blondel...... 229, 329
M. le Sous-Secrétaire d'État Osmose. — Évaporomètres et mouve-
l’Aéronaujique et des Done nts des fluides au travers de
aériens invite F Académie à désigner membranes; par M. Pierre Lesage. 927
deux de ses membres pour en faire — Voir Physiologie végétale, Tumeurs.
Le Festin re tentes 1363 | OsréocénèsEe. — Ostéogénèse dans les
Onpes DE CHOC. -z Voir Aérodynamique, pon es d’os mort, ne M. J. me
Élasticité, Thermod. DUR... a a 280
Orrique. — Rep Ron on ou. a Errata. relatifs à pee communica-
graphique d on sobde dane T o oe Gae aar 420
pace Photo- a T par Okie ny dits FA
M ROUE LUMIO pois su 891 Peroxyde d’anisaldoxime; par
— Voir Absorption de lu Tuntire, Arms, Ms Pout Roi. o ee re 1150
Astronomie, Diffusion de la lu- OXYDATION. — Voir An, Catalyse.
È
PALÉONTOLDGIE ANIMALE, — Sarla z | -o HO ,...,.1.0.,,...,......0. 1344
phylogénie de l'Elephas meridio- — Dabar d’un squbletté d’ Elephas
nalis; par M. Sabba Stefanescu.... Bır planifrons Falconer dans les sables
— Surla cdi des faunes de mam- de Chagny, à Bellecroix près Cha-
mifères dans l’Éocène inférieur eu- gny ( (Saône-et-Loire); par MM. Lu-
ropéen; par M. Pierre Teilkard de cien Mayet, eisi “ ugue et Je
Chardip: o nur ei 1161 Dareste de la Chava 308
— Errata relatifs | à tt communica- — Sur la faune des pra sntérieurés
TABLE
de l’Aalénien du grand-duché de
Luxembourg; par Tenri
. Joly et Nicolas Laux
— Sur la persistance du acte
Mercki dans un gisement mo
rien supérieur des Siné:
nées ;
— Voir Anthropologie Fi
PALÉONTOLOGIE VÉ Sur
ss
r la présence du Juglans cinera
3 fossilis Bronn dans la flore
Saint-Marcel-
— Sur la présence des genres Ganga-
mopteris M’Coy et Schizoneura
Schimper et Mougeot, dans les grès
de l'Ankazomanga (sud de Mada-
gascar); par M. P.-H. Fritel..
— Sur la présence des genres Phraghiies
Trin. et Nephrodium L.-C. Rich.
dans les argiles pléistocènes de
Benenitra (Madagascar); par M. P.-
Us NT PO ET
PARASITOLOGIE. — Sur un Cryptoniscien
nou hrs Enthylacus trivinctus n
sp., parasite intrapalléal
T tine es A un cas de para-
sitisme au troisième degré; par
M. Charles Pérez
— Sur la iraltiplientish “endogène dë
Chloromyxum truttæ. Léger. Myxos-
poridie biliaire de la truite; par
diner vs Se ES
RD oa h
— Vo es Protistologie
PATHOLOGIE ANIMA oir Bactério-
logie, Tumeurs, pe
PATHOLOGIE VÉGÉ — Une maladie
bactérienne da lerre; par M. G.
EL
— Sur les lořmätions ligneuses anor-
males dans FPécorce de l'Hev
brasiliensis; par M. F Phone: ;
— Sur des tumeurs bactériennes expéri-
Dubany de re par M. Jean
Cd Do ee
PÉTROLES. — es Géologi
PHARMACODYNAMIE. — 2 une nouvelle
classe d'hypnotiques : Les se d
homophtalimides; par MM.
guste Lumière et Félix Faire Es
DES
Pagés.
1163
1069
1389
635!
MATIÈRES.
— La mesure du pouvoir lacrymogène
des substances irritantes par la
méthode du seuil; par MM. Charles
ue et Jacques-Ch. Bongrand.
P
PnosPnaTes. — Voir Chimie analytique.
HOSPHORESCENCE. — Voir Résistance
électriqu
PHOTOGRAPHIE. — Sur la photographie
es étoiles en plein jour; par
LED TN de At
— Nouvelle théorie des phénomnes
ot par M. À. Dau-
OT MSN SRE Ta a
+ VOI Én e Optique.
PHoromérrie. — Voir Étoiles.
ProrosYwraise. — Voir Algues.
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Observa-
tions physiologiques sur Convoluta
mL par M. Louis Des-
— Vois REPAS Biologie animale,
Cétacés, Chimie physiologique, se
lentérés, Cytologie animale, Em
énie animale, Insectes, Ostčoginėse,
Pharmacodynamie, Protistologie,
kai eaS Rêve, Sang | Théraper
tique, Toxicologie, Tun ic
EM oae e — Se: rs toxi-
u fer et les propriétés anti-
Lies du cuivre vis-à-vis des
sels ferreux; par MM. L. Maquenne
et E. Demouss
— Sur les canaux sécréteurs gommifères
des racines de Cycadacées, et plus
ses ess vs
particulièrement ceux du Stangeria
rken T. Moore; par M. E .
CRO e e Ae N
— Hpne ediib en s'hyslôtos
gie végétale sur l’osmose et sur
l'aspiration due à ep Re
par M. Pierre Li Re RTS
Sur la résistance des Shure à
* l'inanition; par M. Henri Coupin.
Sur les échanges gazeux de la racine
avec l'atmosphère; M. Raoul
ighélli. ..
—
E L E E A E e E A se Re N i
— pim relatifs à cette communica-
— er des månde k ditlérentes
longueurs d'onde sur l ’assimila-
tion er par M. René
Wurmser . { a N
142%
Pages.
817
Got
1 428
— Recherches sur l'assimilation du gaz
ASA par les plantes vertes;
MP. MUH sn. Tr eu ere N
— Voir Algues, PRE végétale, Cyto-
logie végétale, Embryogénie végé-
tale, Greffe, Tératologie végétale, Vi-
mines
Ch. Marie adresse
Comité ae
aurie s d ns-
tan pour F'anhéé 1919.,.....:
— rs Chalet F, RU Fusion,
Z; raréfiés, Magnétisme,
Seraiki, Métrologie,
smose, Rayonnement,
Solutions, ee
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur les lois
numériques 4 ondes po
chez les gastéropodes par
MM. Fred Vlès et-Jean Bathelier.
PHYSIQUE DU GLOBE.
platissement Ei la terre obtenues
r le calcul et les mesures; par
M Al VORN. e ins 2er
— Voir Géophysique, Magnétisme ter-
restre, ra ns re
Volcans
Puysique.
PHYSIQUE MATHÉMATIQU
Boussinesq offre le nie III du
« Cours de Physique napi
de la Faculté des sciences»......
— Voir Équations caractéristiques, Gra-
vitation, Relativ
PLanÈTEs. — La loi de distribution des
masses dans le système solaire et
l’origine des petites planètes; par
M.. Emue Betol. nn ri
CACHETÉS. — Ouverture d'un
pli cacheté de M. André Blondel,
ui contient un mémoire intitulé :
«Nouvel appareil optique pour la
mesure des oscillations de vitesse
et des écarts angulaires »..
Pris
Réactions micro-
chimiques du radium; sa diffé-
renciation du baryum par l'acide
iodique; par M. G. Denigès......
2 An alyse radioactive des sources
rt les de Bagnères-de-Luchon.
Sources très riches en émanation
RAD Er
Pages.
898
1083
229, 329
633
TABLE DES MATIÈRES.
— De M. Fred Vlès, qui contient une
note intitulée : «Sur quelques pro-
spectrales de la toxine
— De M. L.-C.-Emile Vial, qui contient
un mémoire « Sur la création »
— De M. Etienne Lombard se
une note intitulée Sur un
ensemble de phénomènes de l’ordre
avec
POUVOIR ROTATOIRE. — Sur l'influence
u m Pa d'ammonium sur le
pou rotatoire ‘acide
RE par
— Sur le pouvoir btatiie re d
tartrique et malique en solution;
par H.-R. de Malleman
PRÉHISTOIRE. Voir Anthropologie
préhistorique.
PRIX ET SUBVENTIONS ATTRIBUÉS EN
1910,
Phoioe ax z Sit uéques “Propriétés
de la sérine ; par MM. M. Piettre et
A VU ee ces crée
— Dosage des Prodik de dégradition
des matières protéiques dans le
sérum sanguin; par MM. A. Bach
ss.
Sar i un hpk
asitaire E EE
Neresheimeria
catenata chez Fritillaria peer 3
par M. Edo uard Chatton.......
a a Parae ou éboioiatiee
rative, reproduction
pie) à to flagellés para-
sites. déterminisme ;
M. Edouard Chatton.............
R
du radium; pat M. Adolphe Lepape.
— Sur les variations de la radioactivité
des sources de Bagnoles-de-l'Orne
et leur relation avec la pluie; par
P. 1
— Voir Physiologie végétale.
RADIOGONI oMÉTRIE. — Voir Navigation.
DANS CCE AE SUR NF die D A de à à
Pages.
335, 524
335
1046
TABLE DES MATIÈRES.
RADIOTÉLÉGRAPHIE. — Voir Contact.
RAYonNNEMENT. — Contribution à la
théorie du rayonnement thermique
Te RTE
r la structure fine des
PRE D d'absorption dans
les spectres de rayons X; par
N. de Broglie et A. Dau-
— Indications anormales fournies par
le radiochromomètres avec les
rayons X très pénétrants; par
Mett DD se ve no 0 à
— De Ia détermination du temps de
pose; par MM. G. Contremoulins
et ulhomme.......
me Recherches Caperonia sur les
ayons grande longueur
d'onde; par M. Holweck
— Sur shoes des rayons de Rünt-
gen par la matière; par M. Louis
ss...
do ENORME te résine ss NS
— Sur le mécanisme des actions
chimiques provoquées par le:
rayons X; par M. A. Dauvillier..
Recurr, — Voir Électrolyse.
RéFrACTION. — Le spectre et la théorie
u rayon vert; par MM. À. Danjon
et G. Rougier
oir Cétones.
Rés. — Observations relatives à
une note récente sur l'e expérience
de Michelson; par . Augusto
nm A SE Te
TT NN A r a
— Sur l'application de la méthode de
Righi à la discussion de l'expé-
rience de Michelson ; par M. J. Vil-
OT ne Dress pres co
ra Comparaison des longueurs d'onde
d’une raie de bande de cyanogène
dans la lumière du Soleil et dans
celle d’une source terrestre; par
M. ak Phnom
crise }
j portal
recueilli penea, la période diges-
tive. Action du foie sur les pro-
téides A désintégration incom
plète provenant de la digestion
Pages.
229
— Les deux mécaniques simultanées et
leurs liaisons réelles; par M. G.
— Sur la formule de Stokes dans l’es-
pace-temps; par M Buhl
— Remarque sur la théorie de Lorentz
comparée à celle de Mie; par
éon DlbChiscacitinn a eve
— Voir Gravitation.
REPRODUCTION. — Voir Annélides
a cad Vers.
RÉSISTANCE D UIDES, — Voir Aéro-
dynamique.
RÉSISTANCE DES MATÉRIAUX. — Calcul
des ponts re à une rs
travée, comportant deux contre-
ventements et ds T 0
transversaux sur leurs appuis
seulement; par M. Bertrand de
POMPES, she ouf Love
— as des ponts circulaires, à travées
ontinues, comportant deux contre-
ventements et des entretoisements
transversaux sur les appuis seule-
mi par M. Bertrand de F fiee
lant e e a yer reel
"voir État Mécanique ap-
liqué
SES * ÉLECTRIQUE. — Sur l’exis-®
tence d'états RE dans
la phosphorescence du Ca S, dé-
duite de l'étude de sa conductibi-
lité; par M. P. Vaillant
— Sur les variations avec la température
la conductibilité du sulfure
de calcium; par M. P. Vaillant. .
RESPIRATION. Influence du rocking-
chair américain sur la pee
ar . H. de Chardonne
— Voir. Piniobogie végétale.
Rêve. — M. Yves Delage fait hommage
d'un ouvrage intitulé :« Le Rêve».
et charriés par la veine par: La
.MM. F. Widal, P. Abra et
— L’ épreuve de l’hémoclasie digestive
dans l'étude de l'insuffisance hé-
patique ; par MM. F. Widal, P.
Abrami et N, Ianvesco..........
+
1380
80
425 |
148
1430
— L'épreuve de l’hémoclasie digestive
et l'hépatisme latent; par MM. F.
Widal, P. Abrami et N. Ianco-
MOOD nr a in etre ireess
— Sur l’incinération des matières orga-
niques en vue de l'analyse des élé-
ments minéraux qu'elles con-
tiennent; application à l'analyse
du sang; par MM. A. Desgrez et
PRES rate vue es à
e Sar. l'existence de plaquettes chez
l’Astacus fluviatilis; par
a he. E a
— Contribution à l'étude des indices
‘enzymes du sang. Dosage de la
catalase, de la péroxydase et de
l’hétérase dans une goutte de sang;
h et Mme Sophie
fi Lei - ii toit
— Mécanisme de l’action de la morphine
sur la coagutabilité du sang; par
M. Do
CR aa n A a a a a
— Voir Piir.
SÉRIES. — Sur les zéros des séries de
Dirichlet; o M. Fritz Carlson.
— Voir Fonctio
Sénopracnoste. | — Valeur de la réac-
n de fixation de Bordet dans
re + pate de la peste; par
Rs SOUPER ee Te
— Le mécanisme de la réaction de Bor-
det-Wassermann; par M. W. Ko-
paczewski ,
— Voir Syphilis.
SÉROTHÉRAPIE. — Voir Vétérinaire (Art).
SEXUALITÉ, — Voir Biologie anima ale.
rs vote se 6 ve su net
grande: vitesses radiales;
M Vo Burnsi ote PE
— Remarques sur la cotrgunicatiýn
précédente de M. V. Burson; par
— Observations du Soleil, faites à I’Ob-
servatoire de Lyon, pendant le
premier trimestre de 1920; par
— id. pendant le deuxième trimestre
de 1920; par M. J.Guillaum
— Voir Chimie Sei babie.
Lune, Relativ
dde Een — M. Ber-
gonié est délégué à l'inauguration
du monument de M, Lannelongue.
Pages,
1170
TABLE DES MATIÈRES.
— M. J. Bigourdan est délégué à l’inau-
monument érigé à
DU POSE pee
— Lévis est invitée à l’inaugura-
tion de l’Institut de paléontologie
HORMIS vus eA e
— MM. Edmond Perrier, Roux
Lacroix, Bonaparte, +.
Henneguy, angin, Termier,
ug, Charles Richet, Kaip
sont délégués rir: ieor re
SOLUTIONS. — Sur la séparation de deux
sels ayant uń ion commun; par
A. Th, Schiæesitg. =<. crsa .
SourrE. — Voir Colloides.
Sous-Marixs. — Voir Océanographie.
SPECTROSCOPIE.— Spectres d’étincelle de
quelques éléments dans l’ultra-
violet extrême; par MM. Léon et
Eugène Bloch.........
= Spectres d’étincelle du mercure, du
CRC EE
cuivre, du zinc et du thallium dans
l’ultraviolet extrême; par
Léon et Eugène Bloch...........
— Tableau des raies de grandes sensi-
bilités des éléments destinés aux
recherches analytiques; par M. A
de Gramont
sn res i a
— Actions à hérédité discontinue et
raies spectrales; par M. Marcel
Brillouin 5. ant res.
— Voir Absorption de la lumière, Cé-
tones, Chimie physique biologique,
Étoiles, Réfraction, Relativité,
Toxines.
SPERMATOGÉNÈSE, — Voir Cytologie
animale.
SrirocnèTEs.— Culture des spirochètes
buccaux favorisée par quelques
T purs P. Séguin
r Résistance des ma-
ie A edi
lériaux.
STRATIGRAPHIE. — Sur la position
tigraphique du calcaire de Mon
b uzard, près Orléans, par M. €.
— Voir Géophysique.
SucrEs. — Obtention biochimique du
sucre de canne à partir du gentia-
rt par MM. Em. Bourquelot et
. Bridel
— bar Ja glucosane; pa MM. Amb
Pictet et Pierre Cas
— Sucre cristallisable ve te libres
sids es ee ee db ou 0 TE CRT
ss...
Pages.
990
977
909
1000
1243
TABLE DES MATIÈRES.
chez les végétaux; par M. JH.
Coth. PILE Leron dti cars re
SYNTHÈSE F A — Voir Amides.
Taures. — Voir Agronomie.
TEcroniQuE. — Voir Géographie phy-
sique, Géologie.
TÉLÉPHONIE, — Voir
TELLURE. — Voir M ooation de la lu-
mière.
TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. — Une lignée
de Giroflées à anomalies RE
et héréditaires; par M.
TERMITES. Voir edie ir In-
sectes.
TERRE. — Sur l'expérience de Perrot re-
lative au mouvement de rotation
de la Terre; par M. Joseph Rey..
— Voir Physique du globe.
Téranos. — Voir Toxines.
ab. DES NOMBRES. — Sur la repré-
sentation d’un entier par les formes
d’ Hermite indéfinies, dans un
corps pe: imaginaire; par
G. Humber
Expressiqé de l'aire non euclidienne
du domaine fondamental lié
une forme d’Hermite indéfinie;
par M. G. Humbert
Sur une liaison arithmétique entre
CCC e E EY
réelles et les formes d’ Hermite
indéfinies; par M umbert ...
= Enumération et dE des
À, Chatel. ias
Sur. $e nombre des représeititions
d’un nombre par une forme cu-
bique binaire à discriminant néga-
par M. Boris taie
THÉRAPEUTIQUE. l'emploi du
silicate de Ra en injections
. — Effets physio-
ogiques.— Effets thérapeutiques;
par MM. L. Scheffler, A. Sartory
E ET DE AE SE
m
......
THERMOCHIMIE, — Chaleur d’oxydation
u glucinium; par MM. H. Copaux
. Philipps.
mue Analyse thermochimique des soie
Pages.
316
343
416
630
SyPuicis. — Sur un nouveau procédé de
diagnostic de la syphilis; par
M. Gaston Oui. is o cer ra vétes
tiain E EN E A
Tarenti EE: — Benue sur
la détente des vapeurs saturées;
par Me G. Dran oae ea
— Sur la chaleur spécifique des vapeurs
saturées aux basses Orr
QE DE M Min E T
— Sur la chaleur spécifique dä vâpéurs
saturées aux basses températures;
par M. ruhat
— Sur la chaleur de vaporisation d’un
aux basses températures.
s..s...
CREME CU ET 2
tique des fluides saturés ; par M. C
HAVE ee éd eus sien teys
Les propriétés thermodynamiques
des fluides au voisinage de l’état
critique; par M. C. Raveau
Sus une ali d'énergie mika
nique utilisant une masse inva-
riable de gaz en mo fermé ;
par M. J: de die, 57):
Propriétés essentielles i transmis-
sions pneumatiques en cycle fermé;
par Ml. de Lam..."
TR Action Poe
e l'éther diméthylique dichlo
a par MM. André Mayer,
L. Plantejol et A. Tournay..
— Sur la recherche toxicologique ma
PESE bromés; par M. A. Da-
mie
— Sur ecn “i les méthanes
nitro-halogénés; r . André
Mayer, Plantefol, a Fred Vlès..
Sos sos ve se Ne N TR ENS Er ss Rs 6
Sur les variations d’entropie dans les
c des solides élas-
1/31
Pages,
1091
986
235
992
1021
1432
— Voir Champignons, Chimie analytique
Hygiène, Insectes, Physiologie vé-
‘tale.
ToxiNKEs. — Sur quelques propriétés
spectrales de la toxine tétanique;
par M. Fred Vlès
— Sur l'obtention directe du spectre de
différence des bouillons-toxines;
M. Prod: VIS Siea
TRAVAIL HUMAIN. — Voir Industrie.
UrÉE. — Voir a gitir chimique.
Unixe.— Sur l'évaluation comparée de
l'azote total de l’urine par les mé-
VAGciNATION, — Vaccination préven-
tive de l’homme contre la fièvre
méditerranéenne ; de MM. Charles
Nicolle et E; Conseil- ovaciis
Vers. — Sur la nues des Lom-
briciens limicoles : l’accouplement
et la ponte, le cocon; par M. J.
UT NS C0 D on
— Sur la reproduction des one re
limicoles : Fécondation, segm
tation, morphogenèse; par M. 2
LA FL RE NT aa à a
VÉTÉRINAIRE (Arr). — La virulence du
lait dans la fièvre aphteuse; par
M. Charles Lebal. 4:
— La prévention et le traitement de la
fièvre aphteuse par le sérum ou
le sang des animaux guéris ; par
M CRkartes Lobat eey en a
Zixc. — Voir Chimie physiologique.
Pages
ges.
339, 534
TABLE DES MATIÈRES.
TUBERCULOSE. — Voir Bactériologie.
Tumeurs. — Effets de l’osmose élec-
trique sur les tumeurs cancéreuses
des rats; par MM. A.-H. Rofjo et
Pierre Girard
Tunicrens. — L’excrétion des colorants
vitaux et la dégénérescence chez
les Ascidies; par M. Jean Dufrenoy.
TURBINES. oir Hydraulique.
Se otee a ss ed er ve t.
thodes de Dumas et de Kjeldahl;
M. W. Mestrezat et M!!° Marthe
Paul-Janet
pes 6 es Tv bre alerte use
y
végétaux; par M. Auguste Lumière.
D
— Sur- un KERE rut de
l’oïdium; par M. J. Kunstler..
— Voir Champignons, o aioi
Vor a voie. — Voir Aviation
Vorcans. — Une éruption dú volcan
Karthala, à la grande ae en
août 1918; par M. À. Lacro
Z
ZooroarEe., — Voir Céphalopodes, Cœlen-
térés
Pages.
1019
1029
VITICULTURE. e l’action des eaux
météoriques sur les dépôts des
bouillies cupriques; par et -
Mme G. Villedieu......…...
TABLE DES AUTEURS.
TABLE
IM.
ABRAMI (P). — Voir Widal (F.), P.
Abrami et N. Iancovesco.
ABRARD (RENÉ), — Sur la constitu-
tion géologique du Djebel Tselfat
(Maroc ocadentah ines ais
ALBERT 1° (S. A. $S.), prince souve-
rain de MONACO présente le fas-
cicule 54 « Résultats des
campagnes scientifiques accom-
ples sur son YACRT Ierse.. Th
— Résultats des campagnes scienti-
ganes accomplies sur son yacht
e E E
na lasite l’Acadénue à I augoraiok
de l'Institut de paléontologie.
ALEZAIS (Henri) et Arserr PE
RON e mention honorable
leur est accordée au concours du
Cr Tn de médecine et Chi-
CRC
ALILAIRE (E.) et E. FERNBACH.
ns ues observations sur la
culture du bacille tuberculeux en
milieu non glycérin
ALLUAUD (CnarLes)
NEL recoivent une nb ven toS sur
la fondation Loutreui
AMAR (Juzes). — Comment évaluer le
ss ss. 5640
rendement des ouvriers...,......
— Les lois scientifiques de l'éducation
cree (AN bia r
— Obtient des suffrages au scrutin de
la présentation pour une chaire au
Conservatoire des arts et métiers. .
AMET. — Utilisation des marées (imp.).
ANDANT. — Erratum relatif à l’ortho-
graphe de son nom (Note du 28
ER LOU Re PURE UN rien
ANDRADE (Jures). — Sur les organes
réglants des chronomètres ,
DES AUTEURS
Pages.
1295
MM.
— Interprétation géométrique de la
méthode Résal-Caspari
— Erratum relatif à cette communica-
ss...
— Les is et le problème du
spiral cylindriqu
Les frottements et l’isochronisme..
— Les dernières perturbations de Po
chronisme
ANTHONY (R.) reçoit une subvention
sur le fonds Bonaparte
— Le pseudo-hermaphrodisme tubulaire
chez les Cétacés mâles
AE E DR ON RER ANT EN EC
over s SN SR NN RSS S 6 6
CR s.s..
o ia
ANTHONY (R) et J. LIOUVILLE.
948, 990
— Les caractères d'adaptation du
rein du Phoque de Ross (Ommato-
phoca Rossi Gray) aux conditions
dela Vie aquatique... ....,..,
ANTOINE (L.). — Sur la possibilité
- d'étendre l’homéomorphie de deux
igures à leur voisinage
APPELL (Paul). — Sur une équation
aux dérivées partielles de la théorie
des fonctions hypergéométriques..
— Sur les oscillations ellipsoïdales d’une
spbrs QUI. 51 sinus
— Présente la troisième édition du
tome III et la première édition du
tome IV de son « Traité de Méca-
nique rationnelle »
— Est chargé de représenter l’Académie
à l'Union internationale de mathé-
matiques et au Congrès interna-
tional des mathématiciens
— Est élu membre de la commission qui
dressera une liste de candidats à la
succession de M. Adolphe Carnot..
— Est réélu membre de iz Commission
administrative pour
ARAGO, — Deuxième ie à
ss...
dates re:
ss...
1433
Pages.
544
771
143/
MM.
l'étude CHR de la houle
(imp.
(Emmanuel) fait hommage à
ARIES
l’Académie de son livre : « Ther-
modynamique. Propriétés géné-
tales dës Hidess 5, erie
— Détermination de la dernière des
trois fonctions qui définissent l'é-
quation d'état de l’éther.........
— Sur la chaleur spécifique des vapeurs
saturées aux basses températures.
— Sur la chaleur de vaporisation d’un
liquide aux basses températures..
pa (G.). Fe maladie bacté-
RME O A Poe ver:
ARSONVAL, Assis D’). — Rappor
sur le concours du prix Matin
Damourette
US DS AUS D RUE M NET a E DU I 2 cp
ARTHUS (Mavmice). — Le prix La
BACH (A.) et B. SBARSKY. — Do-
sage des produits de dégradation
des pese se dans le
ONOR POP ve dues co
BACH (A.) mz “Mme Sorne ZOUB-
FF. — Contribution à l'étude
des indices d’enzymes du sang.
Dosage de la catalase, de la pero-
xydase et de l’éthérase dans une
goutte de sang: ii see o ea eres
BAILLAUD (BENJAMIN). — Rapport
sur le concours du prix Lalande..
BAILLAUD (Juzes) reçoit une sub-
vention sur la fondation Lou-
A HA dE 20 D PA IEC NE SES ES a (USE D TL PONS
BALLY (E.). — ass synthétique
des unicursales de troisième classe
et de quatrième ordre (imp.)......
BARBILLION (L.) et M. DUGIT. —
Sur une nouvelle classe d’appa-
reils de mesure pour l'évaluation
directe des grandeurs fonctions de
ceux variables." ous.
BARLOT (J.). — Combinaisons des dé-
rivés halogénés du plomb et du
thAIRUM eA No.
uvelles réactions colorées
d'es-
— Sur de nou
utilisables pour la diagnose
es.
—
—
C0
1327 est
794
TABLE DES AUTEURS.
MM.
Caze de physiologie lui est décerné.
ASTRE (Gaston). — a biologie
des Mollusques dans les dunes ma-
ritimes françaises et ses w
de Paliment carboné sur l’utilisa-
tion de l’azote par le Bacillus sub-
tilis
AUCLAIR (Joserx). — Une partie du
rix Fourneyron lui est attribuée. .
AUGIÉRAS (MarceL). e prix Bi-
noux de A de a et AA
lui est décerné. ....,..,...5270.8
AUMIOT (Jost) adresse un rapport sur
emploi d'une atire accordée
ur la fondation Loutre
AZAMBUJA (D). — Sur le spectre dè la
nouvelle étoile du Cygn
nn mess ss
PR RS ON EE]
B
pèces mycologiques.............
— Sur une combinaison complexe du
me et de Facide fluorhy-
Sens be à 9.0 ve 0 + + 8 85e )9 Dern Re
5 dri
BARROIS (Cransxs) — Rapport sur le
concours du prix Victor Raulin..
BARTHE (Léonce).— Le prix Montyoi
des arts insalubres lui est attribué.
— Une médaille Berthelot lui est dé-
D lanta init ie
RY (Pavut). — Le soufre colloïdal...
BATHELLIER (Jean). Voir Vlès
(Fred) et Jean Bathellier
BAUD (Eme). — Le prix Houzeau Jui
décer
BAUDOUIN (Marcer). — Les varia-
tions de la platyenémie du tibia
chez les enfants et les adultes des
races néolithiques..............:
A
FPE MER EU M UT dub
ques de triples de Steiner
BEAU (Crovis). — Sur le rôle trophique
des endophytes d'Orchidées
BEAUCHAMP (P. pe). — Recherches
biogéographiques sur la zone des
Daarn
BEC (Jean) et ANDRÉ PERÈS. — Une
mention honorable leur est accor-
dée au concours pour le prix Bellion
BÉHAL (Aucusre) prie l’Académie de
ds. rss
...s....
BAYS (S.). — Sur les systèmes cych-
Pages.
1304
1014
1143
1290
1283
1309
433
1288
1079
1363
675
1233
1301
TABLE DES AUTEURS,
MM.
vouloir bien le compter au nombre
des candidats à la place vacante,
dans la section de Chimie, par le
décès de M. Armand Gautier
era (Emke). — La loi de distribu-
n des masses dans le système
solaire et l’origine des petites pla-
OT e E E DT E E T
BERGENGREN. —Sur les spectres d’ab-
rs Re du phosphore pour les
rayoni Xe. à ces dtaterheas te
BERGER TRN — Production de
chlorures par réactions amorcées
BERGET (A.). — Les problèmes de
l'Océan (i
BERGONIÉ (Jean) est délégué à l’inau-
VV MERS N E ES E DE
guration du monument élevé, au
Casétra-Verduzan, à la mémoire
de M. Lannelongue..............
BERTHELOT (Arserr). — Le prix
Barbier lui est décerné...........
BERTHELOT (Danet). — Rapport
sur le concours du prix La Caze.
de Physique... jm:
— id. du prix Hébert.. E à
= Wd du prix Hugues. 4...
BERTIN ( (EmrLE) est élu vice-président
Re 2 E E EE
— Rire sur le concours du prix Plu-
BERTRAND (GABRIEL). — Observa-
tions sur les propriétés des subs-
tances lacrymogènes et sur la me-
ure de leur activité
BERTRAND (GaBriez) ét Mme RO-
SENBLATT. — La chloropicrine
agit-elle sur les ferments solubles ?
BERTRAND (Gasrrez) et R. VLADES-
O De la répartition du zine
dans l'organisme du cheva
r ae (Léon). — Sur le mode de
mation des moma Ra
BERTRAND | (Pav). — Le prix Sain-
tour lui est décerné... .::,:,..:
BERTRAND DE FONIIGLANT, —
Calculs des ponts circulaires, à une
seule travé ant
CCC E AE E E I n R A
s...»....
ments transversaux sur leurs
appuis seulement... 00.
— Calcul des ponts circulaires, à travées
ments transversaux sur leurs appuis
MM.
PRES RS RE LT de cr M
RÉTANCES (L.-M.). — Sur l'existence
DATI chez l Astacus fluvia-
HN ETENNIR NE CNRS NE ENEE
BEZSSONOFE (N.). — Voir Truffaut
(G.) et N. Bezssono/f.
BIERRY re — Voir Desgrez (A.) et
H. Bi
BIGOURDAN (GUILLAUME). — Un
moyen économique d'utiliser la
force des MarEE ir, aus
mer des signaux horaires nor-
maux émis par le Bureau interna-
ou del Toe du 1°f janvier au
a E E 5e
id. a prix Pierre Guzman.....:.:.
id. du prix Binoux d’ pi et es
losophie des sciences. ..,.......,
BILIMOVITCH (Ax.). — Sur les équa-
tions intrinsèques du mouvement
momètres avec les rayons X très
PÉDOLPANLS. s spoe osio sur à
BIRKELAND (Ricmarp). — Résolu-
ion de l'équation algébrique tri-
nome par des fonctions hyperg
métriques supérieures. ......,:.,
— Résolution de l’ aS générale du
cinquiéné degré...
— Résolution de l'équation algébrique
générale par des fonctions hyper-
LE ae de plusieurs
able". lies.
BLACK (Mile Y. BoissE DE).
Boisse de Black (Me Y. pe).
BLAISE (E.-E.). — Action des hydra-
zines substituées sur les dicétones
ACYCLEUES, «ist ie
2 1. 4 q
BLARINGHEM (L.). — Hérédité et na-
ture de la pélorie de Digitalis m
ea L
BLAVOUS (PIERRE DE VANSSAY DE). —
1436
MM.
Voir Vanssay. de Blavous (Pierre
de).
BLOCH (Léon). — Remarque sur la
théorie de Lorentz compaïée à celle
un Mimi ce
BLOCH (Léon et EUGÈNE). — Spectres
d’étincelle de quelques éléments
ême
du
re, du zinc et du thallium dans
l’ultraviolet exime a n
BLONDEL (Anpré). — Nouvel appa-
reil optique ou électrique pour la
mesure des oscillations de vitesse et
s écarts angulaïres......,.:
— Sur le calcul des lignes électriques par
l'emploi de fonctions vectorielles
n notations réelles. ::,.::4:::%.:
BOHN (GErorGes) et Mme A. DRZEWI-
NA. — Variations de la sensibilité
à l’eau douce des Convoluta, sui-
vant les états physiologiques et le
nombre des animaux en expé “a
BOISSE DE BLACK (Mlle Y.) et
MART
— Sur l’origine de cer-
Le
tains dan dé Cantalin ranen
BOLL (MarceL). — Précis de physique
D Cdi RTC inverse «
— Cours de chimie fimp.)............
BOLLAND (A. — Réactions micro-
chimiques de l'acide iodique.....
BONAPARTE (le Prince Roran) fait
hommage à l’Académie d’un mé-
moire sur les « Fougères » et les
« Lycopodes » de la Nouvelle-Ca-
lédonie et des îles Loyalty .....
— Délégué à linauguration de l Ins-
titut de paléontologie humaine..
— Rapport sur le concours du prix
US PU EN as
id. du prix Montyôn de pr re
BONGRAND (Jacques-Cu.
Dufraisse (Charles) et a che
ongrand.
BONNET (Perre). — Sur la structure
de l’isthme caucasique et ses rela-
tions avec les gisements de pétrole.
BONNET-ROY (FLavien). — Une m
au prix pour le concours Larrey ..
BONNIER (Gastron). — Rapport sur le
concours du prix de Coincy ......
BOQUET (F.). — Tables du mouve-
ment Képlerien (imp.),..,.,,..,.
Pages.
909
29, 329
504
TABLE DES AUTEURS.
MM
BORDEAUX (ALBERT). — Le prix Jo-
eph Labbé lui est décerné
BOSE (Sir JAGADIS CnunpenR) ] M. le Pré-
sident lui souhaite la bienvenue.
Life movements in plants (imp.\....
BOUGAULT (J.) et P. ROBIN. — Sur
les iodamidines
— Oxydation catalytique par les corps
non saturés (huiles, carbures, ete).
BOURGEAT (FrAnNÇoISs-EMILIEN). —
pe Houllevigue lui est dé-
E S T a MN L
PS eve à 6 E sn Tu ses ce dore tes"
BOURGEO IS (RoserT). Rapport
sur le concours du prix de six mille
TAHOE cer A eve SUPER EN
BOURGET (Henry) reçoit une subven-
tion sur la fondation Loutreuil. .
BOURGUEL. — Voir Lespieau et Hour:
guel.
BOURQUELOT (Emrre).— Remarques
sur la méthode biochimique de re-
cherche des glucosides hydroly-
sables par l’émulsine, à propos de
la note de M. P. Delauney
— Rapport sur le concours du prix Jecker
BOURQUELOT (Em.) et M. BRIDEL.
se Obtention biochimique du sucre
e canne à partir du gentianose.
BOUSSINESQ (JosePn) fait homimagé
du tome III de son « Cours de
BOUTARIC (AuGusTin). — Sur la va-
riation du rayonnement nocturne
pendant les nuits sereines........
BOUTHILLON peppa — Le prix Hé-
t lui est déce
BOUVIER (Lours) est ve membre de la
commission qui dressera une liste
de candidats à la succession de M.
erS mn tele ve 9e
Adolphe Carnot. ................
= Rapport sur le concours du prix
S vigny T T LL
— id. du prix Jean Thore.............
BOUYGUES (H.). — Le méristème ter-
sa = la tige et sa division en
BOUYG SUES et Henni DEVAUX. —
De la valeur du fluorure de sodium
comme antiseptique pour la con-
servation des traverses (imp.
2
BOYER-GUILLON. — Une partie du
rix Fourneyron lui est attribuée.
BRAZIER (C.-E.).— Sur la mesure de la
composante verticale de la vitesse
Pagės.
1280
1927
1294
1294
1268
TABLE DES AUTEURS,
MM.
du vent à l’aide des moulinets ané-
MOotnÉÉIQUES. à sieer reesteri
BRETON (Jures-Louis) est présenté
our la succession de M. Adolphe
Carnot ins rripin oya «3 07 611
w M Ongoing orae reset re à
— Son élection est approuvée.....,...
BRIDEL {M.).— Voir eds (Em.)
et M.Bridel.
BRILLOUIN (Marcer). — Actions à
hérédité discontinue et raies spec-
pe sus de rave ve Tee
(Henr) et Léo E-
NE. — Une ren leur
ke Rene sur la fondation Lou-
BROCQ F. ). — Sur une méthode géné-
Fefe d'intégration électrique conti-
BROGLIE (Lours DE). — Sur l’absorp-
tion ex rayons de Röntgen par la
A ER d De S. a NT D UE A E A NT AN ET di
— Errata relatifs à la
= tion du 25 mai 1920 :
structure fine des spectres de
tayon Rs Nan prune
BROGLIE (M. pe) et A. DAUVILL-
IER. — Sur la structure fine des
discontinuités d'absorption dans
L.-E.-J.). — Énuméra-
tion des classes de représentations
CABANÈS. — Mœurs intimes du passé
PRE anti ados se vestouhe
CABANNES (J.). — Mesure de lin-
tensité lumineuse diffusée par l'ar-
gon. Nouvelle détermination de la
constante d'Avogadro
CAMBIER (R.). — Sur l’épuration des
eaux d’égout par les boues activées.
CAMICHEL {CnarLes), — Sur la trans-
mission de l'énergie par les vibra-
ons de l’eau dans les conduites.
CAMICHEL (CuarLes), D. EYDOUX
et A. FOCH. — Sur la transmission
dé l'énergie par les nd de
liquides dans les conduit
Sons er s de o
Pages.
1137
1030
1344
9990
Or
=
(Si
MM.
d’une surface sur une autre sur-
OL MAN RE Da A A, a aa FT A E a E NE
BRUEL (Grorces). — Le prix Dela-
lande-Guérineau lui est décerné.
BRUHAT (G.) RE sur ja
détente des vapeurs saturée
— Sur la chaleur spécifique des see
saturées aux basses températures.
BUGNON {P.). — Causes du parcours
transversal des faisceaux libéroli-
gneux aux nœuds des graminées. .
BUHL (A.).—Sur les symétries du champ
électromagnétique et gravifique..
— gites relatifs à cette communica-
tio
E E
—— Sur 7 n de Stokes dans les-
pace-tem
— Sur les hé du champ gravi-
fique et l’extention lorentzienne
#0. 6 VONT IE VUE TT ne see À
ns
quelles les AEREA lignes d'infini
sont lignes de zéro
BURLOT: {EucÈène). — Une parte du
rix Fourneyron lui est décernée. ,
Dunnvms ss
BURSON (V r le spectre de
Nova CYR is aride se ve
— Sur une protubérance à grandes vi-
tesses radiales. rever oder trs
CANALS (E.). — Dosage du calcium et
u magnésium dans différents mi-
ieux salns. sio arro uvuu
CARDOT (Henry). Voir Richet
(Charles) et Henry Cardot.
CARLEMAN (T.). — Sur les équations
intégrales singulières à noyau réel
et symétrique
CARLSON (Frrrz). — Sur les zéros des
i irichlet
os s de 0 sen us + E
CC
5| CARNOT (Aporrue). — Bibliographie
ses travaux scientifiques fimp.)
par M. D. Sidersky
ns
CARPENTIER (Arrrep). — Sur quel-
1437
Pages.
516
383
339
609
1044
1438
MM,
ques végétaux silicifiés des envi-
rons de Sainte-Marie-aux-Mines
CARPENTIER (Jus) est élu membre
de la Commission qui dressera une
liste de candidats à la succession
de M. Adolphe Carnot
CARTAN (Eure). — Sur l’applicabilité
projective des surfaces...........
A mé)
~
A
CASFAN {(Prerre}. — Voir Pictet
et Pierre Castan.
CATHELIN (F.). — Le professeur J.
Albanan Grapkssvers:ts st
CAULLERY (Maurice) et Férix MES-
NIL. Sur l'existence de la
multiplication ascxuée (scissipa-
rité normale) chez certains Sabel-
liens (Potamilla torelli Malm. et
Myxicola dinardensis St. Jos.)
CAVEL (Lucien). — A propos de l’épu-
ration des eaux d’égout, par le
procédé des « boues activées ».....
CAYEUX (L urquoi les mine-
es Frs Lorraine sont très phos-
PA A À
CC
7 vue (RaouL). — Sur les
échanges gazeux de la racine avec
CHABANIER (Henry). — Le prix
Godard lui est décerné..........
CHABAS (ANDRÉ Voir Thomas
{Pierre} et André Chabas.
CHARDONNET (HiratRE DE). — In-
fluence du rocking-chair américain
BURN PORDITRUON 0.70
CHARPY (Georces) et JE DU-
-R X ur le point de fusion
deia hoaMie..: r... ruse ce
CHARTIER (Mams). — Voir Sollier
(Paul), Marius Chartier, Félix
dre
ž uelconques.. #4 usure
CHATTON Este asn). — Sur un com-
plexe xéno-parasitaire morpholo-
gique et physiologique, Nereshei-
meria catenata hez Fritillaria pel-
lucid.
sm
999
1300
1358
658
TABLE DES AUTEURS.
MM.
— La polisporogenèse ou sporogenèse
itérative, mode de reproduction
spécial à certains Flagellés para-
sites. Son déterminisme.........
CHAUMAT (HEexRi) reçoit une subven-
tion sur la fondation Loutreuil .
CHAUVENET, P.JOB et G. URBAIN.
— Analyse thermochimique des
Solutions SE UNS en e
CHEVALIER (Aueusre). — Sur l'ori-
gine des pommiers à cidre cultivés
en Normandie et en Bretagne.....
— Exploration botanique de l'Afrique
occidentale française (im
— Sur les variations de bourgeons des
arbres et arbustes cultivés comme
cause Far décadence des variétés
ancien
sat rix Tehihatchef lui est décerné..
CHEVENARD (P.). — Etude de l’élas-
ticité de torsion des aciers au nickel
à haute teneur en chrom
CHEVROTIER (JEAN). — Ms Lumière
(Auguste) et Jean Chevrotie
CHIFFLOT (F.). — Sur les canaux sé-
créteurs gommifères des racines de
Cycadacées, et plus particulière-
ment ceux du Stangeria paradoxa
ph
duree 6e 6 0 ce d'en ee aa i
`
E ee 5 ve
RS MOOIE. 01 mme 0
CHOFARDET (P.). — Observation de
la comète périodique Tempel H
(Schaumasse) 1920 a, faites à lé-
quatorial coudé de l'Observatoire
de Besançon: sense ts
CHOPIN (Marcez). — Indicateur auto-
matique de la teneur en humidité
CHUARD (J.). — Voir Dumas (Gus-
tave) et J. Chuard.
CHUDEAU (René) est présenté en se-
conde ligne pour la chaire de Géo-
= du muséum d'histoire natu-
CIAMICTAN (Gracomo) et C. RAVEN-
— Sur la signification biolo-
pa des alealoïdes dans les
PE NET Re
CLAUDE (à sa et DRIENCOURT. —
L’astrolabe à prisme type S. O. M.
COBLENTZ (Wrerram-W.}. — La mé-
daille Janssen lui est décernée... .
| CODRON (Crémenr) reçoit une subven-
tion sur la fondation Loutreuil....
COLIN (H.). — Sucre cristallisable et
Pages.
1326
1122
TABLE DES AUTEURS.
MM,
acides libres chez les végétaux...
COLLARDEAU (E.) lit un mémoire sur
un « Projet d'utilisation industrielle
des ones sources naturelles d’é-
y US a EC
CONSEIL (E F — “a Nicolle (Charles)
et E, Conse
CONTES MOULINS (G.) et E. PU
ME. — De la PA I
du temps de poleis sv stars
COPAUX (H.) et Cu. PHILIPS.
haleur d’oxydation du glueinium.
COQUIDÉ (E.). — Amélioration des
plantes cultivées et du bétail
RU PES en PE Le TT
CORNUBERT (R.). — Étude spectro-
chimique des 4-allyl- et &-allylmé-
thyleyclohexanones 919,
— Une partie des arrérages de la fon-
dation Cahours lui est attribuée. .
COSSERAT (EucÈnE).— Sur des étoiles
dont le mouvement propre annuel
total est supérieur à 0//,5..,......
COSTANTIN (J.) fait hommage d’un
DABROWSKI (C, M.) adresse un mé-
moire intitulé :
tions axiomatiques
fondamentales de la géométrie »..
— Complément à ce mémoire..,,.,..,
DAMIENS (A.). — Sur le dosage de
traces de brome dans les matières
organiqu
— Sur le brome et le chlore existant nor-
malement dans les tissus animaux.
— Sur la por toxicologique des
toxiques brom
— Sur le sous- Peoi de tellure Tel.
Contribution à l'étude du système
Bénin orrors voue es PEN ee
over te + STEP DES
(P.) et A. Damiens.
DANGEARD (PrERRE-AUGUSTIN).
Vacuome, plastidome et sphérome
dans l Asparagus verticillatus.. ...
— Rapport sur Je concours du prix
—
Desmazière
DANGEARD (Pierre). — Sur la méta-
chromatine et les composés tan-
niques des vaçuoles,,,,..,.,.,..
DANIEL (Lucrex), — Recherches sur
Pages,
316
Q3
©
10
1021
1140
MM.
Vitre
COUFFON (Oxrrvrer). — Le prix Fon-
tannes lui est décerné... ....,..,.
COUPIN (Henr). — Sur la résistance
des plantules à l’inanitio
COUPRIE
(GEORGES-JULES- os.
e prix Rivot lui est décerné.
COURNOT IE — Sur le recuit ds
a re A ET CT
COURTOIS- SUFFIT (Maurice) et Re-
NÉ GIROUX. — Le prix Bellion
MR ON QE ANR Peas
COURTONNE {H.).— De l’action con-
traire des chlorures et des sulfates
solubles sur les matières amylacées
COUTURIER {HENRI ir Lu-
mière (Auguste) et Henri Coutu-
rier.
CROS (Auceusre). — Le prix Thore lui
est décerné
CUSCO (Mme), — Une moitié des arréra-
ger de la fondation Lannelongue
DS ACTIONS... soin
E T se V5 656 miens ss st
la greffe des Solanum...........,
DANJON ({A.). — Sur une Kae
étoile variable à courte période. ,
— Sur une relation entre J'éclairoment
de la Lune eelipsée et l'activité
NOIRE E a ns
— Nouvelle détermination de la pé-
riode solaire basée sur la loi d’éclai-
rement des éclipses de Lune. .....
DANJON ({A.) et G. ROUGIER. —
Le spectre et la théorie du rayon
VU le der PT aa
DANTAN (J.-L). — Le bé urgeonne-
ment et les antipathaires......
— La formation du polypier Saa
DANYSZ (J. et MmeSr.). — Atténua-
tion des effets pathogènes de cer-
tains microbes par des mélanges
avec les mêmes microbes morts..
DARESTE pe ra CHAVANNE (J.). —
Voir Mayet (Lucien), Pierre Nugue
et J. Dareste de la Chavanne.
DARMOIS (E.). — Sur l'influence du
molybdate d’ammonium sur le
1295
1318
325
1440
MM.
praras rotatoire de l'acide ma-
ETE a T O eve E E E E
— Sur la pe Ve de la réfraction des
carbures d’hydrogène...........
DAUVILLIER (A.). — Sur le méca-
nisme des actions ser pro-
voquées par les rayon
— Nouvelle théorie des RE
ss...
s
— Voir Broglie (M. de) et A. Dauvil-
lier.
DAVIDOFF adresse des condoléances
à Seane de la mort de M. Yves
Delag
DE DONDE R (Tn.).— Leçons de ther-
modynamique et de chimie
physique. Première partie
Théorie ph Lis dde NP Ton
DEHAUT (E.-G). — Contributions à
l'étude de la vie vertébrée insu-
laire a région ni dore
néenne occidentale et particuliè-
rement en Sardaigne et en Corse
(ARMAND). — Caractères
atypiques dans la mitose soma-
tique chez Corethra plumicornis. .
— Spermatogenèse de Corethra pumi-
DEJEAN (P.). — Le point Ar; des aciers
otia martensite: «ice usri- ra
DELAGE (Yves) fait hommage à l'Aca-
démie de son ouvrage « Le rêve »,
étude priden physiologique
et littéraire.,...
— Application da tue: de Pitot à la dé-
termination de la vitesse des na-
vires et à l'enregistrement des
espaces Large ue
ur le concours du prix
CSL a a ON 8 te
VON Vertes Sue
— Sda nt amibe wt prononcé par
M. le Pré
DELAUNAY (Boms). — Sur le nombre
des représentations d’un nombre
par une forme cu bique binaire à
discriminant négatif............
DELAUNEY (P.). — Extraction des
glucosides de deux orchidées indi-
gènes; identification z ces gluco-
sides avec la Loroglossine........
DELBET (Pierre) et oie: 'FIESSIN.
ER. — Un prix Montyon de mé-
decine et chirurgie leur est décerné.
Pages.
348
952
425
336
435
1295
TABLE DES AUTEURS.
MM.
DELÉPINE (Marcer). — Sur le sul-
fure d’éthylène C? H’ S
DELPHY (J.). — Sur la reproduction
des Lombriciens limicoles ; laccou-
plement et la ponte, le cocon
— Sur la reproduction des Lombriciens
limicoles : Fécondation, segmen-
tation, morphogenèse
DEMOUSSY (E.). — Voir Maquenne
(L.) et E. Demoussy.
DENIGÈS (Grorces).—L'acide iodique
réactif microchimique caractéris-
ss ss...
_…...
dou ss river
tique de l’ammoniac gazeux.....
— Réactions microchimiques du ra-
dium; sa différenciation du ba-
ryum par l'acide iodique.........
— Réaction de colorations extrême-
ment sensibles des phosphates et
des arséniates. Ses applications...
DENIZOT (G.).— Sur la position stra-
tigraphique du calcaire de Monta-
DEPAPE (G.). — Sur la présence du
Juglans cinerea L. fossilis Bronn
dans la flore plaisancienne de
Saint-Marcel-d’Ardèche..........
DEPÉRET (CuarLes). — Essai de coor-
dination chronologique générale
Sas dates
r la Bresse chalonnaise et ses
+ rrasses quaternaires
DEPERET (Cx.)
hommage d’un mémoire intitulé :
Le Felsinotherium Serresi des
sables pliocènes de Montpellier et
les rameaux phylitiques des siré-
niens fossiles de l’ancien monde...
DESGREZ (ALEXANDRE) pose sa candi-
Ve reve rre
dature à la succession de M. Adol-
pheCarnot.,....,..,.s..ssesse
— Est présenté.....................
DESGREZ (A.) et H., BIERRY. —
bone d
DESGREZ (A.), GUILLEMARD et SA-
VÈS. — Sur l'assainissement de
certains gaz
l'air souillé par
TOXIQUES... ...... serre
DESGREZ (AJ et J. MEUNIER. —
Sur l'incinération des matières
organiques en vue de l'analyse des
éléments minéraux qu'elles con-
tiennent; application à l'analyse
EE
et F. ROMAN, font -
177
‘633
305
1177
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pagés
du sang. tir iso sis st vie 179
DESLAN! DRES (HENRI) prononce
l'éloge funèbre de : M. Félix
a a PEPEE e a E T 209
— De M. Armand Gautier............ 285
Annonce la mort de M. Pierre Moral. 329
—- Plaine l'éloge funèbre de : Si
Norman -Lockyer .::::.,:5..3% 591
— De M. Yves Delage.....1....,.7,5, 642
— Sur la reconnaissance dans les étoiles
des couches successives de leur
nee et des variations pé-
riodiques de ces couches
— A relatif à cette communica-
EFASE ENA.
— Henin sur une communication
eM. V.B
— Félicite M. Ch. "Ed. Guillaume qui
vient de recevoir le prix Nobel de
ARE PATI ERRE
— Allocution prononcée dans la séance
publique annuelle
— Rapport sur le concours de la
Vous ss 0 » +66 »
médaille Janssen..:.,....:.,...
DESTOUCHES (Louis). — Observa-
tions Donna sur Convoluta
D ii...
DEVAUX (HENRI), — Voir Bouygues et
Henri Devaux
DÉVÉ (Cu). — Sur les ondes & choc,
leur réfraction et leur mirage à l'in-
térieur d’un courant d'air
DHÉRÉ (Cuates). — Le prix Phili-
AA A a edia
aux à ia détérminants ee PES
DITISHEIM (Pav). — Détermination
de la différence de longitude Green-
wich-Paris par transport de l'heure
ER AVION 5 5020.00 ne Prusse à
DOLLFUS (G.-F.). — Probabilités géo-
logiques de découverte du pétrole
PURE ji PAU RES MT NT A IE
DONGIER (R.). — Sur le récepteur
téléphonique auto-détecteur poin-
te-cristal ou pointe-métal........
DORNIER Pite -— Voir Martinet (J.)
rnier.
DOUBLET ona. — Un pri rix Bi-
noux d'histoire et rt des
sciences lui est déce
PE (Henn — L'Éooène au
ds Vire sr se
CR kto oso CVETU Epro H
Péro
-> Délégué à l'inaüguration de l'Insti-
C. R., 1920, 2° Semestre. (T. 171.)
1305
1360
. 1 MM
tut de paléontologie humaine ....
— Rapport sur le concours du prix
Foñtannes spi ianh AT 40
— id. du prix Bordin
DOYÈRE (Cuarres). — Une partie du
CRC AETEEEE]
bal ésmabuiess issues es.
— Participation des noyaux cellulaires
aux phénomènes de sécrétion. Pro-
priétés anticoagulantes de l'acide
cléique de l'intestin. ..........
DRAGOIU (J.), — Voir Fauré-Frémiet,
# + Lai et MUe du Vivier de
eel.
DRAGOI (J.) et FAURÉ-FREMIET.
— Histogenèse et époque d'appa-
rition des différents tissus pulmo-
naires chez le mouton,.,,..,...,
DRIENCOURT. -— Voir Claude et
Driencourt
DROUARD (Cnarzes-RENÉ Le
prix Laplace lui est décer ‘rnè
e prix L.-E. Rivot lui est attribué.
DRZEW IECKI (STÉ PHANE). — Le prix
per on de mécanique lui est jot
wo s ooo Luoa teppa ooo o wod t mjad
DRZEWINA (Mme A). — V
(Georges) et Mme A, Drzewina.
DUBOIS (G.). — Découverte d’un ni-
veau fossilifère me l'argile des
Flandres, à Watten (Nord).......
DUBOSCQ (Ocravx) et Lovis LÉGER.
prix Serres leur est attribué.
DUBREUIL (Louis), — Détermination
du nombre des constitnants indé-
pendants d'un système de corps..
DUBRISAY (René). — Asphoetion
, se der méthode de volu-
e physico-chimique
DUCLAUX (Mme J.}. — Voir Wurmser
(René) ét Mme J. Duclaux.
DUFRAISSE (Cnarzes). — L'isomérie
éthylénique des styrolènes mono-
__ bromés dans la chaîne latérale. ...
— Observations à propos du soi-disant
dibenzoylméthane vrai de J. Wis-
ss...
A PR D a
DUFRAISSE (Chan es) et Jacques-
Cu. BONGRAND, — La mesure
du pouvoir lacrymogène des subs-
tances irritantes par la méthode
ler seui
sss poode mm mms ns
1310
670
960
1062
817
1442
MM.
DUFRENOY (Jean). — L’excrétion des
colorants vitaux et la dégénéres-
cence. chez les Ascidies, . 4,44...
— Sur des tumeurs Sr expé-
rimentales de l’Epicea..........,
pic
DUGIT (M.)..— Voir Bar! billion (L.) et
M. Dugit.
DUMAS (Gusrave) et J. CHUARD,.
— Sur les homologies de Poincaré,
DUPARC (Louis) et Georges FAVRE
e gisement de fer oolitique
ae ets (Puirippe) reçoit une
subvention sur le Fonds Bonaparte.
ÉCOLE « D P ANTIIROPOLOGIE invite
l'Académie à participer fon-
dation d’un Institut none
d’anthrolopogie
— Reçoit une subvention : sur he ae
danon Lonireml. o An,
ÉCOLE NATIONALE EME
NAIRE D'ALFORT. — Rec
une er aynan sur la ere
Lout
. — + bohgrdhees ‘de
urface moyenne est
FALLOT (P.). — Voir Kilian (W.) et
P. Fallot.
FAURÉ-FRÉMIET. — Voir Dragoiu
(J.) et Fauré-Frémiet.
FAURÉ-FREMIET, J. DRAGOIU et
Mie DU VIVIER DE STREEL.
— La croissance du poumon fœtal
chez le mouton et les variations
concomitantes de sa composition, .
— La différenciation histo-chimique de
SH Roues pulmonaire fœtal du
FAVÉ | acas — Rapport sur le con-
cours du prix Delalande- IE
i u prix de six mille fra
(GEORGES).
rs
. du
FAVR E — Voir hi
Pages.
52
874
trij
1322
1328
1119
TABLE DES AUTEURS.
MM,
d’Aïn-Babouche (Algérie).,.....,
DUPARC (Louis) et MarGuERITE N.
TIKONOWITCH. — Le platine et
les gîtes platinifères de lOural et
d onde (TRAD...
DURAND (Jean). — Voir Charpy
( Georges) et Jean Durand.
DURANDIN (Paur). — Atlas des
régions pétrolifères de la France.
Cartes des indices minéralogiques
et toponymiques (im
DU VIVIER DE STREEL (Mie).
Voir Fauré-Frémiet, J. Dragoiu et
Me Du Vivier de Streel
ELOLA (José). — Planimetria de pre-
cisión o Estudios’ topographicos
de análisis planimétrico et Levan-
tamentos y reconocimientos topo-
prahcos DP). Te
EMBERGER (L.). — Étude cytologique
de la sélaginellé...,............
— Étude cytologique des organes
sexuels des fougères............
ESCLANGON (Ernest). — Le Grand
prix des sciences mathématiques
lui est décern
EYDOUX (D.). — Voir Camichel (C.),
D. Eydoux et A. Foch.
sat d'en es es UNS
F
275
368
1275
1280
(Louis) et Georges Favre
FAYET (G.). — Identité probable de la
comète 1920 b (Schaumasse) avec
a comète périodique Tempel:....
FERNBACH (E.). — Voir Alilaire (E.)
et E. Fernbach.
FEYTAUD (J.). — Sur les jeunes colo-
nies du termite lucifu
— Sur la destruction des Termites par
Crossover
FIESSINGER (Norr). — Voir Delbet
(Pierre) et Noël Fiessinger.
FLACOURT. — Histoire de la grande
île de Madagascar (1642-1660;
ke (MD ne ses sr distri Prrsnt
FLAJOLET. — Perturbations de la dé-
1198
1262
233
TABLE DES AUTEURS.
MM.
clinaison magnétique à Lyon pen-
dant le deuxième semestre de 1919
et le premier semestre de 1920
FLEURY (P.). — Sur la décomposition
catalytique de la solution alcaline
d'hypobromite de soude par le
sulfate de cuivre. Action antago-
— Le prix L.-
E, Rivot lui est attribué.........
FLORISSON (C.). — Sur le contact rec-
tifiant galène-métal, Sensibilisa-
ses artificielle et remarques di-
A.). — Voir Camichel (C.
Fe et À. Foch.
FONTVIOLANT (BERTRAND DE).
Voir Bertrand de Fontviolant.
FORCRAND DE COISELET (RoBERT
DE e prix ri es aze de
est déc
chimie lui
OPE
FOSSE gii — Sy nthèse d’une deuxiè-
me diamide, l’oxamide, par oxyda-
tion du sucre et de l’ammoniaque.
— Analyse qualitative de l'acide cya-
CR FEELERS EETA EAEE
tobh ani eod O AA
— Analyse papai mere
e l'acide cyanique............,
FOUASSIER (M.). — Le microorganis-
mes persistant dans le lait après
e paturi an : leur rôle sur la
composition de l’eau oxygénée..
FOURNIER (EUGÈNE). — Le prix Mon-
tyon de statistique lui est décerné.
FOURNIER (ERNEST ésistance
d’un fluide à la translation hori-
GAGNEPAIN (François). — Un prix
GALBR Sur l'application des
équations de l’élasticité aux défor
ons d’un ressort en hélice.
— kei d’un ressort en hélice
dont les extrémités sont encastrées.
à anomalies multiples et hérédi-
Pages.
1319
1306
MM.
zontale d’un corps fuselé, ou sphé-
rique, en immersion profon
— Au sujet des déplacements MR
de quelques étoiles, dans l’éclipse
totale du Soleil du 29 mai 1919.
— Sr sur le concours du prix
MOT is LOU TRI Li EANA
FRANCHINI (Josern), Un prix
Montyon de ons à et chirurgie
ti ent RONDE, 4, eee ui
FREDHOLM (Ivar).—Sur la réduction
d'un problème de la mécanique
DU US à une équation inté-
Gi TS PE PPS LE
FRÉJACOU ES (M.). — Voir Matignon
(C.) et M. Fréjacque tes.
FRÉMONT (CHARLES). — Cause de Ja
FRIEDEL (Enmoxp).
E.
FRITEL (P.-H.). — Sur la présence
des genres Gangamopteris M'Coy
et Schizoneura Schimper et Mou-
geot, dans les grès de l'Ankazo-
manga (sud de Madagascar). .....
— Sur la présence des genres dretee
Trin. et Nephrodium L.-C.
dans les argiles Mere pa
enitra (Madagascar
ss
2 Ben
FROIDEVAUX {Hexni) et GUILLAUME
DIDIER, — Collection des
ouvrages anciens concernant Ma-
dagascar ({mMp.),.,. vs
7
FUBINI (G.). — Sur les surfaces pro-
bles
jectivement applica
— Sur les fonctions automorphes......
vs...
G
1313
C9
464
GALIPPE {V.). — Recherches sur la
présence d'organismes vivants
a La fossiles Ass ferru-
silceux
ss...
ne, avec conserva-
tion des lignes asymptotiques et
1443
Pages,
o1, 560
426
156
-
754
des lignes de longueur nulle... ....
— Application imaginaire de deux sur-
faces réelles ou imaginaires. Sys-
ass mars ou systèmes triples
réels correspondants.
GARREAC — Voir Lespieau et Gar-
GARRIGU ES (Aiai -— Les plantes
en médecine. Le seigle et lergot
RD A N a ptet
GAULT (Hexri). — Une LD. du prix
Jecker lui est attribué
ss
GAULT. pr } et R. WEICK. —
d'isomérie dans la série des 4-céto-
acides aromatiques
GAUTHIER. — Une subvention lui est
me sur la fondation Lou-
a E a E E E E e ae Aan
U E e E S ss E E E E a E se
GAUTIER (ARMAND). — Son ne
funèbre est prononcée par M.
PREND TR NN sine
GELOSO (Max). — Sur la réduction du
permanganate par l'acide arsé-
BOUE Je anI UA o atea e
GESSARD (C.). — Sur une culture pyo-
aa A A a T
— Sous-races des bacilles pyocyanoïdes.
GEVREY (Maurice). — Sur la déter-
mination des fonctions de Green..
— Sur la résolution des problèmes aux
limites relatifs aux équations. du
second ordre des types elliptique
ohqués stress sers
Voir Roffo
(A.-H.) et
GIRAUD (Georges). — Leçons sur les
fonctions automorphes : fonctions
automorphes de n variables; fone-
tions de here fer deb tea
— Réponse à une e de TEROR
sur les Tataia i ra
GIRE (G.). — Oxydation i Te
dride arsénieux en milieu alcalin
en présence de sulfate ferreux...
GIROUX (René). Voir Courtois-
Suffit (Maurice) et René Giroux
GLANGEAUD (Pnirrppx). — Sur les
traces laissées dans le Massif
Central français par les invasions
Qu
glaciaires du Pliocène et du Qua-
ternaire; étendue et MEPIS
dëscés IVABIOÒNB vissri esur cea
Pages.
8
1049
323
-414
=
©
839
(Sav
|GOSSOT (Fanano) — Une
TABLE DES -AUTEURS.
MM.
GODARD ({H.). — Observations de la
comète périodique Tempel II,
faites à l'Observatoire de Bor-
deaux (équatorial de o™, 38)
— Observation de la comète Skjellerup
faite à l'Observatoire de Bordeaux
(équatorial de 0™,38
GODCHOT (Marcer). — Sur l'oxyda-
tion des houilles
— Sur la dégradation méthodique des
acides saturés bibasiques à poids
moléculaire élevé
— Sur l’hydrogénation catalytique de
ss.
CC
CR RE PT JU PAT ET à
dorer se Vs sis a
la subér
GODON (F. pr). — Voir Mailhe (At
phonse ) et F. de Godon.
GOISSEDET (Paur). — Une mention
lui est attribuée au concours du
rix Montyon des arts insalubres..
GOMEZ-LLUCEA (F.) — Sur la géologie
de mare Conejera et autres
pes Mister ets
P. Guzman lui est détéiné rés
GORCEIX (Cn.). — Traces de l'Homme
Sr _les lignites de Voglans
partie du
a de six mille francs Du est attri-
DO LU (Maurice). — Errata rabe
tifs à une communication du 2
juin 1920 : « Vérification de la
mopem du mercure li-
re est chargé de
représenter l’Académie à l'Union
internationale de mathématiques
t au Congrès international des
Mathématiciens
— Fait hommage de ses « Leçons sur
l'intégration des équations aux
dérivées partielles du premier
ordro pe. eurais CR CR tue
GRAMONT (ARNAUD DE).
des raies de grande sensibilité des
éléments destiné aux recherches
VS Er EVER Er erES ER
analytiques....:..,.......%
GRANDCHAMP
Piédallu (André),
vezin et Lucien Grandchamp.
GRANDIDIER (Arrrep). — Fait hom
mage du tome IX de lat Colles
tion des ouvrages anciens concer-
EN). Voir
Philippe Mal-
— Tableau
Pages.
129%
1278
284
1106
TABLE DES AUTEURS.
MM.
ant Madagascar» ..,..,........
GRANDIDIER (GuirLauuE), — Voir
Froidevaux (Henri) et Guillaume
Grandidier.
GRAVIER (Cu). — Madréporaires
T RAS Vies ones)
GRENET draps — ‘appa-
rition de la levure es dans
es Pr Éd en
GROUILLER (H.). — Premières obser-
vations de la Nova Denning faites
ar te trs de Lyon
rss.
tio
GUERBET (MarceL). — Sur une réac-
tion de l'acide benzoïque fondée
sur sa diazotation; son applica-
tion à la recherche toxicologique
A E atropine, de la cocaïne et de la
GUÉRITHAULT (B.). — Sur la pré-
sence du cuivre dans les plantes et
particulièrement dans les matières
alimentaires d’origine végétale...
GUICHARD (Crayne). — les ré-
seaux qui comprennent une famille
de géodésiques et tels que leur po-
laire réciproque par rapport à un
complexe linéaire soit un réseau O.
GUIERRE, — Rapport technique de la
Pages.
229
196
1187
« Mission radiotélégraphique de `
Sep ei Domi — Rapport sur
l urs du prix pue
GUILLAUME (ANDRÉ). men-
tion très honorable lui est accordée
au concours pour le prix Lalle-
mand
Votes se rue ee dr eus Rs TS
HADAMARD (Jacques). — Rapport
sur le concours du Grand prix des
sciences mathématiques de et os
ss...
ours du prix
serve + fe se ee 0e +
1262
MM.
GUILLAUME (Cu. -Evouarn). —
nickel; réalisation n élinvar
et son application à la chrono-
Etre: ea aen kean bed
— Cause de l'instabilité e aciers au
nickél; son élimination. s:r eas
— M. le Président le félicite du prix
Nobel de physique qu'il vient de
PECEN DR dl onu led use
GUILLAUME (J.). — Observations du
Soleil, faites à l'Observatoire de
Lyon, pendant le premier tri-
mestre AO LODO Saarso NRI nEaN
s'onmhtp ses 6e ess mir + ss + es E
umad et Vds
GUILLIERMOND ‘ (A). — Nouvelles
me rt cytologiques sur Sa-
nn mm
Ci sh iso dreams as ss
9 napar
GUINOT (Henri). — Une mention lui
est accordée au concours du prix
Montyon des arts insalubres .....
GUYON (Féuix). — Son éloge funèbre
est prononcée par M. le Président.
+ Mi AU prix ee
— ME QŒuiprix Houreaü..1,.....,....
HALLER (Azsrx) à "Mme RAMART-
LUCAS. a o e et E
bibromés obte en part des
aicoyiallyistin inis Inbe
HALLEZ (Pau). — Un prix Gegner lui
cit décerné ie,
HAMY (Maurice). — Sur la photo-
graphie des étoiles en plein jour...
— Rapport sur le concours du prix
Damoiseau
Sur verte es ess +
CPC A E a a iaa, E
1125
DES AUTEURS.
1446 TABLE
MM. Pages.
HANSSON (Arcor) et Hans JESL-
TRUP. — Le spectre. de Nova
Aquilæ 3, en juillet r920.........
HARTMANN (Her) pose sa candida-
ture à la succession de M. Guyon.
HAUG (Émire). — Délégué à l'inaugu-
ration de l'Institut de alba nie
ogie ST ET EN EN TT
HAUMAN-MERCK (Lucren).
prix de Coincy lui est décerné. ....
cas A Just). — Son date
ofHert à l'Académie.: oet anas
HEITZ-BOYER (Maurice). — Une
mention honorable lui est accordée
au concours Montyon de médecine
PE ohirgisi sio ririo er l EYI
HENNEGUY (Férıx). — Délégué à
l'inauguration m ni Institut de pa-
léontalogie HORMONE dou
— Peppers sur le» concours du prix
GUN ST er Re ue
prix J ecker lui sii attribuée RE
HEYMANS (Françors)}. — Le prix Mar-
tin-Damourette lui est décerné. .
HEYMANS (J.-Y.). — In vivo comme
in vitro les microbes passent à tra-
vers la paror du filtre: ::::.4,.,
HOLLANDE {(A.-Cu.) et P. VERNIER
IANCOVESCO (N.). — Voir Widal (F.),
P. Abrami et N. Tancovesco.
IDRAC (P.). — Sur les courants de
convection dans l'atmosphère dans
leur rapport avec le vol à voile et
JANET (Mile ManrTue-Paur). — Voir
Paul-Janet (Me Marthe).
JANSSEN (J.})}: — M. Bigourdan est
délégué à linauguration de son
MONMent silire sis
JARRY-DESLOGES (René). — Contri-
bution à l'étude des images téles-
COPIQUOR sie von rs vana
ep]
nt
`I
294
MM.
— Coccobacillus insectorum n. sp.,
variété malacosomæ, bacille patho-
gène du sang de chenille Malaco-
soma castrensis L. +10 42e
HOLWECK. — Recherches expérimen-
tales sur les rayons X de grande
lotiguéur d'onde, Nr ess
HUBERT (Henry). — PUR Ari
nomènes de contac
frique occidentale rh 2 FES
HUMBERT (Grorces). — Sur la repré-
sentation d’un entier par les
formes d'Hermite indéfinies, dans
un corps quadratique imaginaire,
— Expression de l’aire non euclidienne
du domaine fondamental lié à une
— Sur une liaison arithmétique entre les
formes quadratiques ternaires
réelles et les formes d'Hermite
DUR NT PORT EE NT Et
HUMBERT Frans — La fonction
WEU be Una as Xnesmeeese
— Sur les P A aies
— a pr hypercylindriques dans
espace à n + 2 dimension
— L’ RE de Laplace en coordon-
Soares
— Sur les fonctions hypertoroïdales et
leur lien avec les fonctions hyper-
BDRÉPIQUES.... oa n aa a
HURE (M! Auausra). — Sur le calcaire
lutécien dans l’ Yonne
R A E M AN NN = ha
certaines formes de nuages.......
IMBEAUX (Enrouarp). — Nouveaux
systèmes de halage électrique sur
los canaux. A ne roses
rix P. Guzman lui est décerné. .
JEANNEL (R.). — Voir Alluand
(Charles) et R. Jeannel.
JELSTRUP (Hans). — Voir Hansson
(Algot) et Hans Jelstrup.
JOB (P.). — Voir Chauvenet, P. Job ct
G. Urbain.
JOLLY (Jusrix) reçoit une subvention
Pages.
1274
TABLE DES AUTEURS.
MM.
sur la fondation in ey RAA LS
JOLTRAIN (E.). — Valeur de la réac-
tion de fixation de Bondet dans le
diagnostic de la
JOLY (Henni) et Nıcoras LAUX. —
Sur la faune des couches inférieures
de l’Aalénien du grand-duché de
esse.
ROM LE A uso 7
JORDAN (Cahite) est réélu membre
du Conseil de perfectionnement de
l'École Polytechnique. ..........
JOUBIN (Louis). — Céphalopodes re-
cueillis par le prince de Monaco de
1898 à 1910 (imp.
— AS une nan sur la fonda-
Pat rs 1e se NDS ENS
T TEI A E A ee dé sae ç
JOUBIN T wi Ep. LE DANOIS,
emarques biologiques sur la
thermométrie des eaux atlantiques
au large d’Ouessant, pendant l'été
PES EEE E ER A
(EmitE}. — Remarques sur
les lois de la résistance des fluides,
KAS (VAcrav). — Voir Némec (Anto-
nin) et Václav Ka.
KAYSER (E.). — Influence des radia-
tions _ sur un darer
KERFORNE (F.). — Sur la tectonique
du Massif armoricain
KILIAN (Wiırrrin}. — Voir Termier
(Pierre) et Wilfrid Kilian.
KILIAN (Wirrrib) et P. FALLOT. —
Sur l'existence et les faciès de
divers étages jurassiques dans la
province de Tarragone (Catalogne).
KLEMENZIEWICZ (Z.). — Contribu-
ion à la théorie du rayonnement
thermiq
KŒNIGS (Gaser) est chargé de repré-
senter l’Académie à l Union inter-
nationale de mathématiques et au
Congrès international des mathé-
CRC a A A a, A
s.ess assess mm
— Et à l'inauguration de l’Institut de
paléontologie humaine
— a eeh sur le concours du prix
Fourn
— id. du jas Fx Parville de mécanique.
UE APN A DE
CC
639
M.
— Sur les ondes de choc dans les corps
— Sur la célérité des ondes dans les
solides élastiques. ......... Vo
— Sur les variations d’entropie dans les
ondes de choc des solides élastiques
— Application du principe de Carnot-
lausius aux ondes de choc des
solides élastiques
JULIN (Cu.) et A. ROBERT. — Sur
l’organogenèse dans les blasto-
zoïtes de Perophora
JUMELLE (Henri). — Le Katoka,
arbre à graines comestibles de
se 55 56 6 + 0 0
CR TEREER DET)
JUNGERSEN (Hecror F. E.) et Euc.
WARMING font hommage d'un
ouvrage intitulé : « Mindeskrift i
anledning af hundredaaret for
Japetus Steenstrups fødsel (imp. ) .
JUNGELEISCH (Émizr) et EL ÉGER.
Les transformations de la cin-
honbe IMPR riese reduita
KOHN-ABREST, — Méthode générale
pour ~ recherche et le dosage de
E T E E E E E A E
KOPACZEWSKI (W.). Le mécanisme
de la réaction de Bordet-Wasser-
MANS LÉ Tri E sin td aie
A pe ah a MROZIŃSKI
. VIE — Nouveaux
PE See pour
transformation des combinaisons
Z
E Ee PR ANA RS D 0
iazo
KREMPF (Armann). — Les dernières
phases du développement des or-
ganes endodermiques métamérisés
de la larve des anthozoaires et
worst,
— Sur un Cténophore planariforme nou-
veau, Cæloplana gonocte
— L'appareil tentaculaire et l'appareil
gonadien de Cœloplana gonoctena
(MD in seen sites se
— Développement larvaire de
plana gonoctena (Krempf). Stade
Cydippe. Transformations
KUNSTLER (J.). — Sur un traitement
préventif de l’oïdium
s... .. >»
ss...
ns ss
1447
Pages.
1179
182
438
1448
MM. i P
LABORATOIRE CENTRAL D'ÉLEC-
TRICITE. — Reçoit une subven-
tion sur la fondation Loutreuil....
LA CHAVANNE (J. DaresrTE De).
Voir Dareste de la Chavanne (|.
LACROIX (Azrrrep). — Une éruption
du volcan Karthala, à la Grande
Comore, en août 1918...........
— Sur l'existence à Madagascar d’un
silicate de scandium et d’yttrium,
Ja thortpertite. . ....,.... ERE
Offre à l’Académie une brochure :
« Les industrie minérales non méta-
lifères à Madagascar» .....::....
Sur les groupements réguliers de
Erratum relatif à cétte communica-
OR A T E ci E P re
Sur une série de roches syénitiques
alcalines «potassiques» à minéraux
«sodiques» de Madagascar........
Pron relatifs à cette rad
tio
|
— Fait inde d'une reproduction
d’un portrait de René-Just Haüy.
Est élu membre du Conseil ie b
à l'inauguration de l Ins-
titut de paléontologie humaine..
Rapport sur l'attribution de la mé-
daille Berthelot......
Rapport sur le concours du prix
Ahu perh PE da De
Id OU Prix QG Rousi oi on
NE. du PhS FOOPIEL Li. eu ve
Rapport sur la fondation Lanne-
MUR à us der cs visual a
Lit une notice historique sur Albert-
te de La
OR AL LUE D AS
CR
.— Ua prix
Pierre Guzman lui est décerné...
LALLEMAND (Cnanres) fait homugago
d'une brochure intitulée : « Les
nouvelles unités légales de mesures
industrielles 5. ocs, le liaa
— Rapport sur le concours du prix Bi-
noux de géographie et navigation.,
LAGRULA (Joanny-Pu.
—
TABLE
DES AUTEURS.
Qr
1277
MM.
LAMBLING (EuGÈne). Le prix
Lonchampt lui est décerné..
LANDRIEU (PniriprE). Heckert bas
sur les sels acides et polyacides des
acides monobasiques; rae
E ces et nolithi-
LANGLOIS (J.-P.) est présenté en pre-
mière ligna pour la chaire d’orga-
nisation technique du travail hu-
main, au Conservatoire des arts
Et Moties. orrien e vite
LANNELONGUE (Oprron-Marc).
M. Bergonié est délégué à linau-
guration de son monume
LAPEBIE (Jean). — Le prix Pivot lui
es nt NA CN NE E
LA PORTE (F.). — De l’utilisation des
courants de marée sur les côtes de
France ui T id a rS
LAPORTE. [FrÉDÉRIC).
Hughes lui est décerné
4
LAPPARENT (ALBERT-AVGUSTE) DE.
M. A.
LAPPARENT (Jacques DE). — C
taux de feldspath et de, quartz
dans les calcaires du Trias moyen
d'Alsace et de Lorraine
— Le prix Bordin lui est déceraé......
LARSEN (ABSALON). — La découverte
’électromagnétisme faite en
1820 par J. C. Œrsted (imp.) . ....
LASSABLIÈRE (P
honorable lui est accordée au con-
cours Montyon de médecine et
ss ss...
yL roles amessr tulle ss es
chirurg :
LASSUS (J. pe). — Sur une transmis-
Pages.
1316
1066
ILLI
sion d'énergie mécanique utilisant :
une masse invariable de gaz en cir-
cuit fermé
— fa essentielles des transmis-
ns pneumatiques en cycle fer-
FE CA Le a té
LAUBEUF (Maxime). — Sur un petit
sous-marin pré aux travaux
océanographique
— Sur l'application Me tube de Pitot à
la mesure de la vitesse des navires.
— Fait hommage d’une brochure inti-
sens ss es vs »
1109
TABLE DES AUTEURS.
ner es DE). — Rapport sur le
urs du re er Labbé..
LAURENT (feu Ju Une subvéte
tion est didis sur Ja fondation
Loutreuil pour la publication d'un
de ces ouvrages
LAUX (Nrcoras). — Voir Joly (Henry)
et Nicolas Laux.
LAVERAN (ArpnonsEe). — Rapport sur
le concours du prix Montyon de
médecine et chirurgie...........,
LAVOISIER (Ana Lau
Mémoires sur la Papatah et la
transpiration des animaux (imp.).
LEBAILLY (CHARLES a virulence
du lait dans la fièvre aphteuse...
— La prévention et le traitement de la
fièvre aphteuse par le sérum ou le
ss wt
E EE
ai e
LEBEAU (P.) de A. DAMIENS.
Sur la composition de hole gaz
FOR PUR Fee se 52e
LEBON (Erxesr}. — Table de carac-
téristiques de base 30 030 (imp.)..
LE CERF (FEerpiNaxD). — Le prix
Sa
LE pees us — La loi
des phas
— otre sur une communica-
tion de MM. Lebeau et Damiens..
— Est élu membre du Conseil de per-
fectionnement de l'École polytech-
ss ns mm ms ss
NN RAT AA E aA
— Rapport sur le concours du prix
La Caze de chim
— id. sur la islako Jérôme Ponti..
— id. sur la fondation Loutreuil
LE CHATELIER (Henry et François).
— Sur les propriétés mécaniques
des corps plastiques. Importance
de la réactivité
Mare. (Juzes). — Un encourage-
t lui est accordé au concours
PE E EE E E DE SURESNES
a i a a
nn mn sus
pour le prix Dusgate......,.,...
LECOMTE (Henr). — Les canaux
sécréteurs radiaux du bois.......
— Fait hommage des trois premiers vo-
lumes d’un ouvrage intitulé
Pages.
Sili
1290
132
555
102
1385
9 théor
ARA U (Léon
í.
« Herbier du Muséum de Paris.
Phanérogamie. Noculæ systema-
ticæ »
— Fait hommage d’un fascicule de la
« Flore générale de l’Indo-Chine »,
— Rapport sur le Fonds Bonaparte..
LECOQ (Raour). Les RENAN
ories “ee pe (ie FÉES
r le mouve-
nt permahent des liquides. ....
= Rapport. sur le concours du prix
nn nn mms ss se
DÉS UT NS ST ed à E
LE DANOIS (Ep.). — Voir Joubin (L.)
et Ed. Le Danois.
LÉGER (E.). — Voir Jungfleisch et
E. Léger.
LÉGER (Louis). — Sur la multiplica-
tion endogène de Chloromyrum
truttæ. Léger. Myxosporidie biliaire
de la truite
— Voir Dubosq (Octave) et ri Léger.
LEMOINE (GEorces). — ction mu-
tuelle de l'acide M et de
lacide iodique : influence de la
haleur et de la dilution. ........
EN se tv se E aea aaa A Al »
9 c
LEMOINE (Pau) est présenté en pre-
mière ligne pour la chaire de Géo-
logie du Muséum d'histoire natu-
rell nine : a a
LEMOYNE (Léon). — Voir Brocärd
(Henri) et Léon Lemoyne.
LEPAPE (AporrneE). — Analyse radio-
active des sources thermales de
Bagnères-de-Luchon. Sources très
riches en émanation du radium..
— Le Re Gustave Roux lui est dé-
cern
— Voir Moureu {C harles) o - Adoïphe
Lepap
LE PRIEUR. — Correcteur de route,
nouvelle méthode de navigation
aérienne à l'estime.. s,s mio
LE ROLLAND (Paur). — Une subven-
tion lui est attribuée sur la fonda-
tion Va
LESAGE (Pierre). — Expériences uti-
lisables en physiologie végétale,
sur losmose et sur l'aspiration due
à l'évaporation
— Évaporomètres et mouvement des
fluides au travers des membranes.
LESNE (Pierre) adresse un rapp
relatif à i d’
accordée sur le fonds Loutreuil..
UE ON NN A ET
973
1094
1112
358
927
990
1450
MM. P
LESPIEAU et BOURGUEL. — Errata
relatifs à une communication du
28 juin 1920 : « Production des
carbures acétyléniques vrais », etc.
LESPIEAU et GARREAU. — Sur les
phénilpropines. FFF Re
LEVADITI Conte sal — . Tenta-
tive de culture du tréponème pâle,
en T ose avec les éléments cel-
T a Aa N
— Voir Marie (Auguste) et Constantin
evaditi
LINDET (Léon) est élu membre du
Conseil d'administration de l’École
nationale d'Agriculture de Grignon.
Aer Voir Anthony
J. Liouville.
(R.) e
LIOUVILLE (Rocer). — Une partie du
prix de six mille francs lui est
attribuée
LIPPMANN (Gagnriez). — Rapport sur
la fondation Clément Félix ......
— id. sur la fondation Vaillant .......
LLAMBIAS DE OLIVAR (Josera). —
Correction des coordonnées lu-
naires déduites des observations
de l’éclipse annulaire de Soleil du
3 décembre 1918 faites à Mon-
hé (République de FUru-
AN SUN SIN Se de sn nv Hier Nes.
AT DCR aa EN RER
LOCKYER (Sir Norman). — Sa mort
est annoncée à l'Académie
-LOISEL (P.). — Sut les variations de la
radioactivité des sources de Ba-
gnoles-de-lOrne et leur relation
Pat A NC E
MAC-AULIFFE (Léos). — Voir Marie
{A.) et L. Mac-Auliffe.
MAC-AULIFFE (Léon) et A. MARIE.
Étu TE TE . de
nols.
MAGNAN (A.). est TEREN en i orvónde
ligne pour la chaire d’organisa-
tion du travail humain, au Conser-
vatoire des arts et métiers .......
MAIGNON (François). — Un prix
Montyon de médecine et chirurgie
é
a Loit
DRE. Acro. — Hydratation
_
— Le réveil de la terre arable
TABLE DES AUTEURS.
MM.
SAR AC PE M 0 ME PV
avec la pluie
LOMBARD (feu ÉTIENNE). — Ouverture
,
d'un pli cacheté contenant une
note intitulée : « Sur un ensemble
de phénomènes de l’ordre expéri-
ental et clinique, ete. »
LOTH (W.-A.). — Nouveau procédé de
navigation permettant à à tout na-
e d’entrer sans risques dans nos
te et d'en sortir quand les
moyens habituels de repérer ses
outes lui font défaut.....:......
LUGEON (Maurice) et Nicoras OU-
FF.— Sur la géologie du
massif de la Croix-de-Fer
LUMIÈRE (Auausre). — Les vita-
mines sont-elles nécessaires au
développement des végétaux ?.
See es 616
es...
LUMIÈRE (Aveusre) et Jean CHE-
VROTIER. — Sur un procédé
simple et inoffensif permettant
d'éviter le choc anaphylactique.
HUME (Auausre) et Henr: COU-
TER. — Sur le choe provoqué
LUMIÈRE R et Férix PER-
RIN. e nouvelle classe
d’ Pre : Les dialcoylhomo-
phtalimidés.i..,,...41e.. 2
LUMIÈRE (Louis). — Représentation
photographique d’un solide dans
l’espace. Photo-stéréo-synthèse...
M
catalytique des nitriles..........
MAILHE (Arpmonse) et F. DE GODON
— Préparation des dérivés méthy-
lés des xylidines et des naphtyla-
mines, par catalys
soie si pitt ie sé tie ee
MAILLARD (Loutrs) sp une note
intitulée : « Mise au point des cos-
mogonies nébuleuses. »..........
MALAQUIN (ALPHONSE). Repro-
duction sexuée et Er
T T E E bide teoupasres
— Le prix Cuvier lui est Mon E
MALLEMAN (R. pe). — Sur le pou-
voir rotatoire des acides ae
et malique en solution. ....,.....
668
563
-agi
868
741
1172
245
1154
TABLE DES AUTEURS.
MM.
MALVEZIN (Pnirippr). Voir Pié-
dallu (André), Philippe Malvezin
et Lucien Grandchamp.
MANGIN (Louis). — Délégué à l’inau-
guration de mo de paléon-
tolopie humaine: 6 ue ora
MAQUENNE (Léon) et E. DEMOUSSY.
— Action catalytique dès sels de
cuivre sur l'oxydation à lair des
— Sur la toxicité du fer et les pro-
priétés antitoxiques du cuivre vis-
vous his ess
CR
thode d'essai de tn en souffle-
ries aérodynamiqu
MARIE (A). —
(Léon) et A. Ma
MARIE (A.) et ro MAC-AULIFFE.
CC G MAE EN
que
Voir Mac-Auliffe
MARIE FRS ét CoxsranTiN LE-
VADITI. — Un prix Bréant leur
est déce
MARIE Cr T le rapport du
Comité international des Tables
PSN SELS a A A a sn e
AE e AAMA RA es ve AAA E,
sur i Tarnos, o o aerea
IOR (François). — Mémoires sur
Madagascar (1665-1668)
ti RS ME ANS Pere
MARTIN Piana yor une subven-
tion sur le fonds Bonaparte... ...
MARTINET. (J.) et O. DORNIER. —
Sur un nouveau colorant indigoïde,
le FA 2.4-pyrimidine]-2-indol-
grens — Voir Boisse de
Black (MY®e Y.) et P. Marty.
— Voir Urbain (A.-J.) et Pierre Marty.
MASCART (Jean). — Un prix Binoux
d'histoire et philosophie des scien-
ces lui est décerné. i Lind. 4
MATHIAS (Émis) reçoit une subven-
tion sur le fonds Bonaparte
MATIGNON (C.) et M. FRÉJACQUES
— Sur la tranformation de l'am-
ss.
Pages.
990
MM.
moniac en urée
pirni (ERNEST). — Le prix B. Valz
CAO SR ER Te ren
PSV SN TN ATEN" À
RE A
as
dichloné ekira RE e E
(ANDRÉ), PLANTEFOL et
FreD VLÈS. Sur l'intoxica-
tion de les méthanes nitro-halo-
MAYET (Lucien), Prenna NUGUE
et J. DARESTE DE LA CHA-
VANNE. Découverte d’un
squelette d'Elephas planifrons Fal-`
coner dans les sables de Chagny,
à Bellecroix près Chagny (Saône-
LODEL EL EN men eve
MAY ET (Lucrex) et JEAN PISSOT. —
Abri sous roche préhistorique de la
1396
1129
1330
1113
49 Colombière mp}. sen.
MAZÉ (P): — Recherches sur l’assimi-
527 lation du gaz carbonique par les
plantos vertes SS PTS LATTES
E (PJ. — Voir Depéret (Ch.)
1299 t P. Mazeran.
MENARD (PIERRE). — Manomètre à
mercure inversable à oscillations
HOFORS
MENEGAUX (A.}. — Une subvention
898 lui est accordée sur la fondation
boutons, iris sr e
804 | MENGAUD (Louis). — Recherches
géologiques sur la région canta-
bridde (mp): ti iso:
229 | MENGEL (Ocrave). — Tectonique du
ee s secondaire d'Amélie- les-
ER ST PU EN db A tee
184
1308
1323
2 Bai
MERCIER (L.).
— Variation dans le
nombre des fibres des muscles vi-
brateurs longitudinaux chez Cher-
sodromia hirta Walk. Perte de la
tacite du Vo ui sin
MESNAGER (AueusrTin). — Sur les
Voi
(Maurice) et Félix Mesnil,
MESSERLI (Fraxcis), — Une mention
lui est accordée au concours pour
le prix Montyon de statistique .
MESTREZAT M. ) et Mie Maures
PAUL-JANET. — Sur l'évalua-
314
933
689
1306
1452
MM.
tion comparée de l'azote total de
Purine par les méthodes de Dumas
IE S E E jee
MEUNIER ({J.). —Voir Desgrez {A.)
et J. Meunier.
MICHAUD (Férıx). — Correspondance
des corps à l’état salde iiser.
MICHELSON (A. A.). — applica-
tion des méthodes interférentielles
aux mesures astronomiques. .....
MICHKOVITCH. — Observations de
la comète périodique Tempel II
faites à l'Observatoire de Marseille,
équatorial Eichens d'ouverture
— Observation de la comète Skjellerup
faite à l'Observatoire de Marseille
ET Eichens, d'ouverture
E PS E A OR
MIGAUX | (Léon). — Le E men Riv ot lui
est décerner ant eee ENN vis N
MIGNONAC Giora — Sur l’hydro-
génation catalytique des nitriles,
mécanisme de la formation des
amines secondaires et des amines
TOPAO UT TIR TN eak
—.Sur l’hydrogénation catalytique de
l'hydrobenzamide. Méthode de
préparation de la
— Voir ARS (Charles) et Georges
Mig
MIGOT (AxmbE], — La formation du
squelette axial chez
(Gorgonia) Cavolinii Koch. ......
MINISTRE DU COMMERCE ET DE
L'INDUSTRIE invite (
mie à
candidats pour la chaire d’Organi-
salion technique du travail humain
du ey servatoire des Arts et
nd PES e a a iad
MINISTRE DE L'AGRICULTURE
invite l’Académie à
l’Institut
national agronomique et dans le
e d'administration de o
MINISTRE DES FINANCES invite
l'Académie à désigner un membre
de la Commission de contrôle
e la circulation monétaire ......
MINISTRE DE LA GUERRE invite
l'Académie à désigner deux
benzylamine... .
Eunicella .
Pages.
777
1197
999
TABLE DES AUTEURS.
MM.
aa i du Conseil de perfection-
ment de l'École polytechnique.
MINISTRE DE L’INSTRUCTION
PUBLIQUE ET DES BEAUX-
ARTS invite l’Académie à lui
désigner un membre de la Com-
mission technique de la Caisse des
recherches scientifiques
— Invite l’Académie à lui présenter
une liste de candidats pour la
chaire de géologie du Muséum na-
tional d’ istoire nâturellé;,.::,,
— Adresse ampliation du décret qui
Pas ouve l'élection de M: DL.
ss 5 +, 0e see
il TA TR AS RS EE LE
MINISTRE DE LA MARINE trans-
met le rapport technique, rédigé
par M. le lieutenant de vaisseau
Guierre, de la Mission radiotélé-
graphique de l’Aldébaran
MIRAMOND DE LAROQUETTE. —
Analogies et différences d’actions
biologiques des diverses radiations
spectre Solaro.. rsgsn arrer
MORAT hasan ele — Si mort est an-
oncée à l’Académ
MORET (Léon. r= du la constitution
Là ee Peu me du nummulitique
t du crétacé supérieur du plateau
a Arâche (massif de Platé, Haute-
PE ANE PE e a
r TA A E AE ;
MOURELO. — M. le Président lui
souhaite la bienvenue...........
5| MOUREU (Cnarzes) est désigné pour
faire une lecture dans la séance
HE solennelle des cinq Aca-
aaa ETA E else
de Jungfjeisch et
tulé : « Les transformations de la
ss : « La Chimie et
la Guerre, te et Avenir » ...
e de la commission
dats à la succession de M. Adolphe
ONDES ET de dus y rene hp
Rapport sur le concours du prix
Montyon des Arts insalubres
ADOLPHE
E. — Les gaz rares des
gaz naturels d’Alsace-Lorraine…..
MOUREU (Cnarzes) et Georces MI-
Peebo à l'Académie un mémoire
E. Léger, mti- .
Pages.
948
990
1093
1216
TABLE DES AUTEURS. 1453
MM. Pages. | MM. Pages.
GNONAC. — Sur la déshydrogé- (AJ, W. Mrozinski et W. Vielau.
nation des alcools par oxydation MUGUET. (A) et J. SEROIN.
catalytique sous pression réduite. Sur l’âge des autunites du Por-
MROZINSKI (W.). — Voir Korczynski tugak si, MT Vies. eut 1005
N
NAGEOTTE (J.). — Ostéogénèse dans Pa PR eee LAPS ES PP ON a T 739
les greffes d'os mort.:.:........: 280 | — Effets et constitution des anticorps. 878
— Errata relatifs à cette communica- NODON (Arserr). — L'action solaire
CO ER RL STE Ve A den ce 420 et les rep troubles de l’atmo-
NÉGRIS (Pu.). — Errata relatifs à une DROGUE NME ER ATEN TN A 1390
communication du 17 mai 1920 : NORDMANN (CHARLES). — Sur les
« Sur les ne des époques pouvoirs absorba d atmo-
glacières, e a E E E E T 20 sphères des étoiles. Méthode per-
— Gonsidérations sur les temps gla- mettant de les comparer et d'en
PS r SEE NETTA 728 RER les valeurs REE
NËMEC Aion de) et VÁCLAV KAS. minima. Premiers résultats...... 92
— Influence favorable du sélé- — Obsèrtáfiona de la nouvelle étoile
nium sur quelques moisissures pro- du Cygne faites au photomètr
venant de l’industrie fromagère.. 746 hétérochrome de l'ObSertatoirs
NICOLARDOT (Pavut). — Le prix Jé- PU NT NY OP PSN RER NEA REA ER 92
rôme Ponti lui est décerné... .... 1321 | — Une subvention lui est accordée sur
— Adresse la tro d'un ouvrage la fondation Loutreuil........... 1330
de M. V4 Villavecchia.....,,..., 1362 | NOTTIN (P.). — Sur le pouvoir absor-
NICOLLE (Cmanuss) x "E CONSEIL mak a la terre vis-à-vis du man-
— Vaccination préventive de | ganèsè................…....:.. 44
Phomme ie la fièvre méditer- NUGUE Piéa sé). — Voir Mayet Lu:
FANCONNE.. ce der vides vue 795 cien), Pierre Nugue et J. Dareste
NICOLLE (Maurice) et E. CÉSARI. — de la Chavanne.
Effets et constitution des anti-
OBSERVATOIRE DE ZI- KA- WEL om 21 Juli 1856 (imp)... 569
— Voir Gauthier OLARU. (Dimirrie-A.)}. — Rôle du
OCAGNE (Maurice D’) est présenté manganèse en agriculture. Son
en seconde ligne pour la succession in AE nce sur quelques microbes
de M. Adolphe Carnot............ 030 sol (Ep). rase SA Toit 510
— Princip lsd graphie a GEAR (Josern LLAMB }.
application à divers problèmes Voir Liambias de Olivar doii
an l'artillerie et l'avia- ORÉKHOFF., — Voir Tiffeneau et
An Ed ed ue 778, 948 Orékhoff. -
ODIN. po aeea un nouveau ORÉKHOFF et TIFFENEAU. — Sur
AE de “xl de la sy- la transposition hydrobenzoïnique.
States ÉVITE EU LS 1091 Influence de la substitution para-
CHERI {Diin PAULINE). méthoxylée sur la déshydratation
mort est annoncée à l’ PETER “098 des. triarylglycols............... 473
ŒRSTED (H. C.). — Naturvidenska- Pr (Antoine). — Une citation
belige Skrifter udgivet til Minde est accordée au concours
1454
MM.
du prix Montyon de médecine et
aa DNS ES Era up
chir
OULIANOFF (Nicoras). — Voir Lu-
PAILLOT (A.). — Lines les œnocytoïdes
ét les tératocytées is fins ie
— Sur Coséobaciikis insectorum Hol-
w lande CE Venner ro o S S
— L'i ité chez les insectes He ee
PARENT (OL). — Une subvention lui
ve agi sur la fondation Lou-
nm nn mm mm l
de choc de M. Ca. Dévée 10e:
(Henry) et
ME. — Utilisation de la force
cé en et du choc des vagues
DRE MEL ER ae UE ENS ES da
SSEMARD tE ).— Sur la persistance
du Rhinoceros Mercki dans un gise-,
ment moustér rien supérieur des
AC PV PÉHÉPAL SE LI Nbre en
PAUL- JANET "Mi MARTHE).
Voir Mestrezat (W.) et MY° Marthe
; Paul-Janet.
PAUTHENIER. — Étude du rapport
dés retards absolus dans le sulfure
de carbone pour des durées de
charge croissantes. Apparition de
l’électrostriction
nm
A RO ES A E E HE PE LU RE EU TN di
tio
PELLEGRIN (Jacques) reçoit une sub-
vention sur le fonds B
férentielle pour x TA
des étalons en quar
PÉREZ (CuarLEs). — Sur un Cryptonis-
cien nouveau, Enthylacus trivinc-
us n. g., n,.Sp. parasite intrapal-
léal d’une sacculine; un cas de
parasitisme au troisième degré. .
— Reçoit une subvention sur le fonds
Bonaparte
PEROT (A). — Comparaison des lon-
gueurs d'onde d’une raie de bande
du cyanogène dans la lumière du
Soleil et dans celle d'une source
E E E E
ti a a A E A a i G aA P
a a E E ee ce
PERRIER (Enpmoxp). — Délégué à
l'inauguration de l'Institut de
Pages.
1069
PERROT (Ém.
o su
TABLE DES AUTEURS.
MM.
geon (Maurice et) Nicolas Oulia-
noff
paléontologie humaine...........
— Est réélu membre des commissions
administratives pour 1921........
— Rapport sur le concours du prix
Euhcha mph En NT de
— Rapport sur la fondation Gegner....
PERRIN (Férix). — Voir Lumière
(Auguste) et Félix Perrin.
— Notes biologiques
r les Aonais fournisseurs de
Re dite arabique, au Soudan
LA #23 ES i CRE NS LATE PC
PETOT A. — Sur la a her
sphérique des surfaces et la co
Sei par plans tangents iF
E S d’une lettre à M. Appell..
PEYRON (ALBERT). Voir Alesais
`- (Henri) et Albert Peyron.
PEYROT (Jurien). — Le prix du baron
A.). — Castration intrapubé-
= chez les coqs et
de la loi parabolique de régression.
PHILIPS (Cu.). — Voir Copaux (H
et Ch. Philips.
PICARD (Émire) est chargé de repré-
mie à l'Union inter-
nationale de mathématiques et au
Congrès international des mathé-
maticien E se risre eee
re de Gitas bouh TEA
— Est élu membre de la commission,
qui dressera une liste de candidats
à + succession de M. Adolphe Car-
mu Rapport sur le concours du pea
Ponce
+ d. qu se Francœur
— Rapport sur la fondation Trémont. ..
PICTET (Amé) et Pierre CASTAN. —
MEE E E A E E M E a a e A a
E ve ssh E AE A
Sur la glucosane...............
PIÉDALLU M de PHILIPPE MAL-
VEZIN et cien GRAND-
CHAMP. — Jarka de l'oxygène
sur les moûts de raisins rouges...,
généralisation .
1081
589
1230
TABLE DES AUTEURS.
MÑ.
PIETTRE (M.) et A. VILA. — Sur
quelques propriétés de la sérine..,
PIGEAUD (Gasron). — Le prix Caméré
lui est décerné
PISSOT (Jeax). — Voir Mayet (Lucien)
et Jean Pissot
PLANTEFOL,. — Voir Mayer (André),
Plantefol et Fred Vlès.
PLANTEFOL (L.), — Voir Mayer
(André), L. Plantejol et A. T
CRT ER EN RME RE DT UE A 2:
our~-
nay.
POMEY (Léon). — Erratum relatif à une
communication du 12 janvier 1920:
« Sur les nombres de Fermat ».
PORCHER (Cun.). — Le lait et la fièvre
ADO Tee Less sa tr de 62
PORTEVIN (A.). — Similitudes d'as-
pect micrographique existant aux
états, entre les alliages
aciers), Cuivre-étain
(bronzes d’étain), euivre-zine (lai-
QUÉNU (Épouarp). — Rapport sur le
concours du prix Montyon de méde-
cime et chirurgie... ..,...... 1206,
AOS A (G.). — Voir Pruvot (G.)
G. Racovitza.
EURE PORTE — Une subven-
tion lui est attribuée sur la fonda-
[Mme ), Voir
RAVEAU insu — Les homos
er i adiabatique des fluides
Ea E seins tenir
— Les CAE thermodynamiques
des fluides au voisinage de l’état
PNR a creer els à
— À propos de la détermination du
nombre des constituants indépen-
dants. La règle de M. Dubreuil;
l’action de l’eau sur un mélange de
BORN sus ad ist survenue
RAVENNA (C.). — Voir Ciamician
(G) et C. Ravenna.
Pages.
Sai
MM.
tons) et cuivre-aluminium {bronzes
a ouan REE E
Ti des pirimolybdatos ARE
— Sur les polymolybdates hexaba-
aa LEA EE E Ee
PROCOPIU E — Errata relatifs à
une communication du 14 juin
: « Biréfringence et dichro-
dichiotme électrique des
oïsme des ré-
— Sur le
fumées et le mt
seaux de diffra
Pe A es
©
ay)
7
(a
<
O S
ag.
a
=
RE
we
PE
OS
©
=
„j
N
>
|:
sur la fondation Loutreuil.......
PUTHOMME (E.). — Voir Contremou-
lins (G.) et E. re
PUYMALY (A. DE). e petite
Algue verte aérophile (Prasiola le-
Prosa ARTE semer res des
sad. CU PME GOT... TTAN
— id. du prix Lallemand.............
1297
R
RAYLEIGH (Lorp). — La lumière dif-
fusée par largon
RAYMOND (G.) adresse un rapport sur
l'emploi d’une subvention accor-
dée sur la fondation Loutreuil., ...
BERENE EN A R TE
I
REBOUL (G.). — Sur une nouvelle pro-
priété des corps faiblement con-
ducteurs de l'électricité. .......-
RÉMOUNDOS (Gerorces-J.). —
module et les zéros des fonctions
RENAUD (Josera) est présenté en se-
ur la succession de
471 ;
REY (Josern). — Sur l'expérience de
Perrot relative au mouvement de
rotation de z IA a A E
REY (J.-J.). — bre ntion lui est
9I attribuée sur g7 fondation Lou-
CE 2 a
.). — Sur les larges régions
RIBAUD (G
1455
Pages,
189
1300
1303
343
1331
1456 TABLE DES
MM, Pages.
continues d'absorption de la lu-
EEU y PRE CN PASS D ce à 1134
RICHARD (ADporpne). — Le prix
Thorlet lui est décerné........... 1318
RICHET (Cnarzes). — Délégué à
l'inauguration . de l’Institut de
paléontologie humaine .
Rapport sur le concours dé, piit
Montyon de médecine et chirurgie.
1297,
id. du prix UT EE CE
id. du prix du ner Darry Heu:
id. du prix Montyon de physiologie..
id. du prix La Caze EL physiologie...
— id. du prix Philipeau
RICHET spas
DOT. La t
sde nie rs es A
NRY
ransmission héri-
ditaire de caractères acquis et
l’accoutumance des microbes
RICÔME (H.). — Action de la er
rles végétaux.
— L'orientation des rameaux de P es-
s...
RIGAUT (Josera). — Une citation lui
est accordée au concours Montyon
e ecine et chirurgie........…
(Auausro).
RIGHI — Observations
relatives à une note récentè sur
lexpérience de Michelson. ......
RINGELMANN (MaximiLiEN). —
subvention lui est accordée sur la
fondation Loutreuil.............
RISSER (RENÉ). — Sur une application
de l'équation de Volterra au pro-
blème de la répartition par âge
dans les milieux à effectif constant.
— Une partie du prix de six mille francs
— Voir Ch. Julin et
obe ré.
ROBIN (ALBERT) pose sa candidature
à la succession de M. Adolphe Car-
S pt présenté en seconde ligne. ......
ROBIN (Pau). — vue à de lani-
saldoxime ; xyde d’anisal-
oxi
— Une partie des arrérages de la fonda-
SABATIER (Paux) -fait hommage. dé
ivre ; « La catalyse en chimie
N
~
1331
AUTEURS.
tion Cahours lui est attribuée.....
— Voir Bougault (J.) et P. Robin.
ROCASOLANO (GREGORIO DE). — Sur
le vieillissement des catalyseurs
colloïdaux (platine, palladium) . .
ROFFO (A.-H.) et PIERRE GIRARD.
— Effets de osmose électrique sur
les tumeurs cancéreuses des rats
ROLLAND (A.). — Sur l'existence de
formes de terrain appelées « ri-
deaux » dans le Garta irii eisa
ROMAN (F.). — Voir Depéret (Ch.) ct
F. Roman.
ROSE (Férıx). — Voir Sollier (Paul),
Marius Chartier, Félix Rose e
ROSENBLATT (Mme), — r: Ber-
trand (Gabriel) et Mme Rosenblatt.
ROUBAUD (E.). — Mode d'action du
trioxyméthylène en poudre, sur la
larve d’anophèle
ROUCH (J.). — Inversions de tempéra-
ture dans les couches basses de
l'atmosphère dans l'Antarctique...
— Sur la variation diurne de la tempéra-
o 16 tya ort die Eys
ure dans l’Antarctique..........
ROUELLE: J GJ — Le prix L.-E.
Rivot lui est attribué............
ROUGIER (G.). — Voir Danjon (À.
et G. Rougier..
ROUSSEAUX (Euc.) et SIROT.— Les
matières azotées et l'acide phos-
phorique dans la maturation et la
ROUX (Emire). — Délégué à l’inaugu-
ration de Uron de paléon-
' tologe humaine ...............
— dense sur le concours du prix
Barbien ci ia ions eee
— id. du de Bréant, 50,11: v ses
ROUX a J: — Voir Sarasin (F.)
ROY (P PM. -F.). — Les Lee Laplace et
Rivot lui sont décerné
RÜCK (Mme). — Une moitié des arré-
rages de la fondation Lannelon-
gue lui est attribuée............
Ua EE E EN Ne AR.
| PRO ote usis
ique
SAGNAC (Georges). — Les deux mé-
1008
1319
1319
1318
SECTION DE MECANIQUE. = Char-
gée de présenter une liste de can-
didats à une chaire du Conserva-
C. R., 1920, 2° Semestre. (T.
TABLE DES
MM. Pages.
caniques simultanées et leurs liai-
sons réelles. Jy
— Le prix L. La Case ds pojes ii ait
AOCÉTR né sv ci sun 282
SALIMBENI (A.). -— Sur la nature du
bactériophage de d’Hérelle....... 1240
SARASIN (F.) et J. ROUX. — Fou-
ee et Le dpi ane de Nouvelle
îles L RE 699
ROSE {A de — Voir Scheffler (L.)
A. Sartory et P. Pellissier.
SAUVAGEAU (CamittE). — Sur des
Algues marines floridées indigènes
pouvant fournir de la gélose ..... 56
— Sur la membrane de quelques Algues
floridées et sur la gélation de
l’hydrosol gélosique....,........ 606
— Nouvelles observations sur l'Ecto-
carpus Padinæ Sauv:.....1.1... oi
— Adresse des rapports relatifs à l’em-
ploi de subventions accordées sur
le fonds Bonaparte nanos e S a 699
SAUZIN (M). — tapgaten
dans l’eau d’oscillations électrique
entretenues, et sur la te
diélectrique de l’eau...::::....:, 164
SAVÈS. — Voir Desgrez, Guillemard et
aves.
SAVORNIN (J.). — L'Aquitanien con-
tinental dans le Sud marocain. . 807
SAZERAC (Roserr). — Culture du De
cille tuberculeux sur milieu à base
de levure autolysée............. 278
SBARSKY (B.). — Voir Bach (A.) et
B. Sbarsky.
SCHAUMASSE (A.). — Découverte et
observations de la comète 1990 b
(Sch BE aa PPT aa 232
SCHEFFLER (L.), A: SARTORY èt
P. PELLISSIER. — Sur l'emploi
‘du silicate de soude en injections
intraveineuses. Effets physiolo-
giques. Effets thérapeutiques. .... 416
SCHLŒSING (ATnéopnire). — Sur la
ras = deux sels nan un
: 977
SCHULHOF j E — aia pri Lg
lande lui est décerné... .,........ 1272
SEBERT (HirpoLyYTE). — Rapport sur
LE oncours du prix Montyon de
Rs EE 1265
171.)
AUTEURS. e
MM.
toire national des arts et métiers
SECTION DE MÉDECINE ET CHI-
GIE. — Chargée de présen-
ter une liste de candidats une
chaire du Conservatoire national
des arts ‘et métiers....:.,4:...
SÉE (Pierre). — Une mention lui est
accordée au concours du prix
Desm
SEGUIN (P.). af Caitie des spiroché tés
tee ca favorisée par quelques
ns re eds que ss ue 0 +
SENDERENS (Jean-Baptiste). — Dés
D catalytique de l’ alcool
mylique de fermentation. .......
SE ROIN (J.). — Voir Muguet (A.) et
J. Seroin.
SEURAT (L.-G.). — Histoire naturelle
des Nématodes de la Berbérie.
Première partie (imp.)
SIDERSKY (D). Bibliographie
DU E S a A e AiP a
des travaux scientifiques de
M. Adolphe Carnot (imp.)........
SIERPINSKI (W.). — Sur les ensembles
PINUIBDICS D. 7e dalle à à «+ cuigié
SIMON (EUGÈNE) pose sa candidature
a succession de M. Adolphe
NOÉ ss T cesser
— Est présenté en première ligne pour
né near de M. Adolphe Car-
simot, e Voir Rousseaux (Eug.y et
ARNOR (V.). —— Sur quelques
points de la théorie des équations
différentielles linéaires du second
dre et des fonctions automorphes.
SOLLIER (Pau), Marrus CHARTIER,
Fézix ROSE et Cr. VILLANDRE.
que Le prix Lallemand lui est dé-
ce
SOU ÈGES (René). — Embry ogénie des
composées. Les premiers stades du
développement de l'embryon chez
derniers stades du développement
de l'embryon chez le Senecio vul-
garis L
— Embryogénie des Cida. Déve-
loppement de embryon chez
109
Vus ets rente reset
1457
Pages.
777
1291
1243
1030
1030
1303
254
356
”
1458
MM.
l'Urtica pilulifera Lis.
— Reçoit une SR sur le fonds
Bonaparten cis ea 00, LCR TEE
SOULA II. — Remarques sur la re-
cherche des points singuliers d’une
fonction définie par un développe-
ment en série de Taylor..........
— (Généralisation d’un théorème de
M. Leau relatif à la recherche des
points singuliers d’une ‘ fonction
définie par une série de Taylor..
SOUS-SECRÉTAIRE D'ÉTAT DE
Le AÉRONAUTIQUE ET DES
TRANSPORTS AÉRIENS in-
vite l’Académie à désigner deux
de ses membres qui feront partie
de l'Office national météorologique.
SPALLANZANI (Lazare). — serva-
tions et expériences faites sur les
animalcules des infusions (imp.)...
SPARRE (Macnus DE). — Sur le coup
de bélier dans les conduites forcées
alimentant des turbines à forte
De PNR CAN OU PAR UE
STEENSTRUP (Jarerus). — Mindes-
Fr i anledning af hundredaaret
non renommer
(im
STEFANESCU (Sassa). — Sur la phy-
TAKAGI. — Sur les corps résolubles
algébnquèement a cefre 7...
TALON (PIERRE) ne mention
honorable lui est accordée au
rs pour le prix Larrėy.....
concours p
TCHAHOTINE (Serce). — La méthode
de la radiopiqûre microscopique;
un moyen d'analyse en cytologie
expérim
e a A a et er a
mentale
TEILHARD DE CHARDIN (Pierre).
ur la succession des faunés de
TORES dans l'Éocène infé-
Re ne de en A ET D'UN S E les 0
TERMIER (Pierre). — Les mylonites
de la quatrième écaille briançon-
— Délégué à l'inauguration de l'Ins-
titut de paléontologie humaine..
— Rapport sur le concours du px
TABLE DES
Pages.
541
614
1044
LS S
STORMER (Caru).
AUTEURS.
MM.
logénie de l’ Elephas meridionalis..
— Sur quelques
rayons auroraux observés le
22 mars 1920 et atteignant l’alti-
tude de 5ookm
STOÏLOW {S.). — Remarques sur les
ensembles de mesure nulle à plu-
sieurs dimensions. ..............
Président. lui souhaite la
Dion ventes crer Ni ira
STREEL (Mile pu Vivier ne). — Voir
Du Vivier de Streel (M$).
STROHL (Jean). — Adresse des con-
doléances à l’occasion de la mort
de M: oes Delate Lo 2 1.
STROOBANT (Paur). Les progrès
récents de l’Astronomie (imp.)....
— À propos de la prochaine dispari-
tion de l’anneau de Saturne (imp.).
STUART-MENTEATH (P.-W.). — Sur
la S des Pyrénées occi-
A te se ee se + ve
dontalés.:s;: su. 0 vive vs iv
— Surla MIS des Pyrénées......
SWYNGEDAUW. — Sur les surten-
sions créées par les harmoniques 3°
de saturation des ir:
T
1202
1302
o A
TERROINE (Evaze-F.).
TIPENE ES COTE
Honilo tique... 65e st
>= id, du prix Samtour.….. ie MANU
TERMIER (Prerre) et Wirrrin KI-
LIAN. — Sur la a tec-
tonique des lambeaux de mica-
schistes, de roches calins di-
verses et.de roches vertes,f qui
affleurent çà et là, près de Brian-
con, au sein ou à la surface des ter-
rains à faciès briançonnais.. ......
bord occidental du *pays des
schistes lustrés, dans les Alpes
franco-italiennes, entre la Haute-
mont Jovet
schistes lustrés au nord de Bourg-
Saint-Maurice, noyau ea
Alpes octidentales..........,...
— Le- prix
Pages.
811
1313
1319
1100
1348
TABLE
UT RS NE PART A 0
TERSON (ALBERT). — Un encourage-
ment lui est accordé au concours
pour le prix Dusgate
THÉODORIDEÈS (Pu.). — Sur la varia-
tion thermique du coeflicient d’ai-
mantation des sulfates anhydres
sales rs em eie ts
AUSTIN ee sua vs ete 'éremmris 0 s € se vi
cette communica-
THOMAS (Pierre) et AxDRÉ CHABAS
— Errata relatifs à une com-
munication du 28 juin 1910 : «Sur
le dosage de la tyrosine ».........
TIF FENEAU. Voir Orékhoff et
T'iffeneau.
TIFFENEAU et ORÉKHOFF. — Sur
la transposjtion PU ra
nfluence de la nature du réa
TIKONOWITCH (MARGUERITE FN). —
Me ised ee et Marguerite
. Tikon
ee (Engine) est élu membre
de la commission qui dressera une
liste de candidats à la succession
de M. Adolphe Carnot ....,......
— Rapport sur le concours du prix
URBAIN (A.-J.) et Pierre MARTY.
— Influence du travail souterrain
des taupes sur la flore des pâtu-
VAILLANT (CuarLes) reçoit les arré-
rages du fonds Charles Bouchard.
VAILLANT (P.). — Sur l'existence d'é-
phorescence de CaS, déduite de
l’étude de sa conductibiité......
— Surles variations avec la température
de Ja conductibilité du sulfure de
calcium
-
.
-
rss.
DES
1301
208
AUTEURS.
— Est élu membre du Conseil
nistration de
d’admi-
l’Institut national
AgrPODOMIQUÉ 5, ie eine
TOMMASINA (Tn.). — A propos de la
note de M. Louis Besson : « Rela-
tion entre les éléments météoro-
logiques et le nombre des décès par
maladies inflammatoires des or-
ganes de la respiration, à Paris »..
TOPORESCU (En.). — Sur l’entraîne-
ment de l’oxyde de cuivre et de
l’oxyde de nickel par les précipités
d'oxyde -feprique:: ss, a
TOURNAY (A.). — Voir Mayer (André),
. Plantejol et A. Tournay:
TOURNIER (E.). — Une partie du prix
Plumey lui est décernée.........
TRILLAT (A.). — Influence de la pré-
sence de traces infinitésimales de
substances nutritives dans l’humi-
dité de l'air sur la contagion......
— Pose sa candidature ; la succession
dolpho Carnot: sis
TRUFFAUT (G.) et N. BEZSSONOFE
— sé les caractères communs au Bac-
m 3, symbiote du Clostridium
+} ER a AE TL EE
U
ages du Cantal.................
URBAIN a. > a Chauvenet, P.
Job et G. Urbain
V
1281
1089
557
VALCOVIČI. le Président lui
1334 souhaite b ra Re dure
— Sur les forces hydrodyna vd
dans mouvements différa
entre eux par une rotation uni-
713 forme de tout l'espace. :.........
VAN PEG (G
.
1380 VANDEL {(A.). — Sur la reproduction
J- — Voir Parenty (H}
andamme.
1460
MM. F
tion des Planaires et sur la signifi-
cation + la fécondation chez ces
TABLE
an
VANSSAY DE BLAVOUS (P. na
VAROPOULOS (TuÉopores).
quelques théorèmes de
— Sur
M. Ré-
— Sur les fonctions algébroïdes et les
fonctions croissantes. ...........
— Sur une classe de To à un
nombre infini de branches. ......
— Sur les zéros des TROE d’une
classe d'équations différentielles.
VELA (A.). — Observations de Nova
CYR ES ones se ne PIC SIN et
VERNIER (P.). — Voir Hollande (A.-
Ch.) et P. Vernier.
VÉRONNET (Arex.). — Valeurs de
l’aplatissement de la Terre obte-
nues par le calcul et les mesures..
— Temps et température de formation
d’un ensemble d’astres dans une
nébuleuse homogène indéfinie..
VIAL (feu L.-C.-ÉmıLE). — Ou ture
d’un pli cacheté qui contient un
mémoire « Sur la création ».......
VIEILLE LE 5 + a jai sur te
— i
VIELAU (W.). — Voir Korczyński (A
W. Mrozinski et W. Vielau.
(A) — Voir Piettre (M.) et
A. Vila.
VILLANDRE (Cu). — Voir Sollier
(Paul), Marius Chartier, Félix
Rose et Ch. Villandre.
WADDELL (J. A. L.). — De l'emploi
économique des alliages z acier
dans la construction des pont
WARMING (Euc.). — Voir po
(Hector F. E) et Eug. Warming.
WEICK (R.). — Voir Gault (H.) et A
Weick.
WEISS (H.). — Les constituants for-
rature ou
leurs alliages sont à l’état solide..
DES
Pages.
545
707
335
1269
1278
AUTEURS,
MM.
VILLAVECCHIA (V.). — Traité de
E analytique appliquée
5 (imp.)
VILLEDIEU (M-et Mme G.).— De laci
tion des eaux météoriques sur les
dépôts des bouillies cupriques.
— De la non-toxicité du cuivre pour t
moisissures en général et pour le
VILLEY (Jean). — Sur l'application de
la méthode de Righi à la discussion
de l'expérience de Michelson......
— Le prix H. de Parville de mécanique
l
VINCENS (F.). — Sur les formations
_ligneuses anormales dans l'écorce
—
e l’'Hevea Poor neo as vs PE
VIOLLE {HENR n prix Bréant
lui est deest E E he T
VLADESCO (R.). — Voir Bertrand
(Gabriel) et R. Vlades
VLÈS (FreD) demande l’ ouverture d’un
— Sur NS directe du spectre de
différence des bouillons-toxines.
— pian Mayer (André), Plantefol et
red Vlès
VLÈS Miis et Jean BATHELLIER.
— Sur les lois numériques des ondes
pédieuses chez les gastéropodes..
a mort est
VUILLEMIN (Paur). — L'inflorescence
de Fuchsia coccinea
PR NE AE UN di 2x JE
W
108
WELSCH (Juzes). — Position des fon-
taines sur la rive concave des ri-,
vières en terrains calcaires per-
méables.
WIDAL (FEernanp). — Rapport sur le
concours du pe Bréant.….......
— id. du prix Bellio
WIDAL (Fernano), PP. ABRAMI et N.
E NE OS TE PE MN ni IN ide Ji M MN RE de ue de à
sd sv ve nue she er
par injection
sang portal recueilli pendant la
Pages.
524
552
1083
458
1194
573
1299
1301
TABLE
MM.
période digestive. Action du foie
sur les protéides de désintégra-
tion incomplète provenant de la
digestion et charriés par la veine
— L'épreuve de l’hémoclasie digestive
dans l'étude de l'insuffisance hépa-
tiqu
— L'épreuve de lhémoclasie digestive
et l’hépatisme laten
WILDEMANN (E. pr).
restière et agricole du comte
Jacques de Briey au Mayumbe
(Congo belge) S LL AE
WINTREBERT y
— L'époque
d'apparition et le mode d’exten-
sion de la sensibilité à la surface
du tégument chez les vertébrés
anamniotes
— Les rapports de lirritabilité ectoder-
mique aneurale avec les fonction-
nem u et nerveux
chez les SEIE d'amphibiens.
PRESS M AE MCE SU DE MER OS D ei DEN à s
ZEIL (G.). — Sur la constante propor-
sons pans la fréquence sis-
iqu a fréquence des chutes
pluviale ies
— Les tremblements de terre. tecto-
BERES et les variations de la lati-
UGDA ASA a e ara de ds N A
— Les A MER ascensionnels de
l'écorce terrestre les récur-
rences de fan souterraine.
Pages.
DES
408
Z
476
AUTEURS.
MM.
— Errata relatifs à cette communica-
— La conduction aneurale de lecto-
derme chez les embryons d'am-
phibicni on ie re eus ns
— Les fonctions embryonnaires des
appareils de relation chez les ver-
tébrés anamniotes
— La valeur comparée et le détermi-
nisme des signes principaux de la
contraction TAnpa aneurale
observée chez les embryons de
Sélaciens (Seylliorhinus canicula
. Gill
o PE une subvention sur le fonds
Bonaparib. oaae a oen os s
WURMSER (René). — L'action des
radiations de différentes longueurs
d'onde sur l'assimilation chloro-
1086
1323
820
payHiommne. oe s a e e A?
WURMSER (René) et Mme J, DU-
CLAUX. — Sur la photosynthèse
chez les algues floridées.........
—. Du. rôle den coraux constructeurs
spi ai réajustements lithosphé-
ZENGHELIS (C.). — Sur l’action des
gaz extrêmement divisés
ZERVOS — Sur quelques transior-
mations des équations aux s
partielles du second ordre........
ZOUBKOFF (Mme Sorne). — Voi
Bach (A.) et Mme Sophie Zoubkoff..
1231
519
167
781