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Full text of "Adansonia;recueil d'observations botaniques /redige par le Dr. H. Baillon."

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ADANSONIA 5 


RECUEIL PÉRIODIQUE 


D'OBSERVATIONS BOTANIQUES 


RÉDIGÉ 


Par le D' Dm BAILLON 


TOME CINQUIÈME 


PARIS 


18, RUE DE L'ANCIENNE-COMÉDIE 
ET CHEZ F. SAVI, 234, RUE HAUTEFEUILLE 


SEPTEMBRE 1864 — AOUT 1865 


ADANSONIA 


RECUEIL PÉRIODIQUE 
D’ OBSERVATIONS BOTANIQUES 


NOUVELLES RECHERCHES 


SUR LA 


FLEUR FEMELLE DES CONIFÈRES 


Je dois déclarer, dès le début de ce travail, qu'il est encore 
destiné à combattre deux doctrines : la gymnospermie des Coni- 
Jores ; et la nature appendiculaire ou foliaire de leur placentation. 
Que les botanistes qui, sur la foi de hautes autorités, sont décidés 
d'avance à adopter ces deux théories, ne prennent done pas la 
peine de lire ce Mémoire; ils y perdraient leur temps. Je respecte 
leur opinion, sans pouvoir la partager. 


I. Dans un premier travail communiqué le 30 avril 1860 à 
l'Académie des sciences (1) et reproduit dans le volume I de l’ Adan- 
sonia, j'ai d'abord dit : qu'ayant suivi le développement de la fleur 
femelle d'un Pin, le Pinus resinosa L., j'avais vu cette fleur se 
former exactement de la méme maniére que le gynécée d'une 
Polygonée ou d'une Chénopodée à ovaire dicarpellé. J'en ai conclu 
que la fleur de cette Conifére représentait un ovaire, plus un ovule 
réduit au nucelle. 

Cette maniére de voir était celle de M. de Mirbel, comme nous le 
rappellent les lignes suivantes de M. Payer (2). « B. Mirbel, dont 
tous les travaux portent à un si haut degré le caractère scientifique, 
étudia la fleur des Coniféres sans idée préconcue, sans vues de 


(4) Comptes rendus du 30 avril 1860. 
(1) Jbid., Rapport lu le 9 juillet 1860. 
Y. 2 4 


9 NOUVELLES RECHERCHES 


l'esprit, comme on disait alors ; et pour lui le sae de la fleur des 
Pins est un pistil, le mamelon celluleux un ovule, et l'écaille sur 
laquelle elle est insérée un pédoncule aplati. Malgré la logique 
avec laquelle elle était déduite, cette opinion de B. Mirbel ne 
prévalut point. Presque tous les botanistes adoptèrent celle de 
R. Brown, tant les esprits sont naturellement portés vers le sin- 
gulier. Quelques-uns méme, plus empressés que sages, allérent 
jusqu'à former des Coniféres et des Cycadées une grande divi- 
sion du Règne végétal, sous le nom de Gymnospermes. » 

M. Payer fit lui-même l'étude du développement de la fleur 
femelle du Pin, et elle l'amena au méme résultat, car il dit en- 
core (4) : « Ce n'est que dans ces derniers temps que, grâce à 
l'organogénie de la fleur des Conifères, que vient de faire M. Baillon 
et que nous avons faite ensuite nous-méme, on a pu facilement ` 
démontrer que l'opinion de B. Mirbel est la seule raisonnable, la 
seule vraie. Pour peu qu'on examine, en effet, la fleur d'un Pin à 
différents âges, on remarque que l'écaille qui porte les fleurs, ap- 

parait comme un pédoncule ordinaire à l'aisselle d'une bractée, 
et que sur ce pédoncule aplati et devenant écailleux, chaque pistil 
se montre d'abord comme deux bourrelets distincts, deux feuilles 
carpellaires par conséquent, ainsi qu'on le voit dans le développe - 
ment d'un pistil de Chenopodium, et non comme un bourrelet con- 
tinu, à la facon d'une enveloppe d'ovule. » 

M. Caspary (2) admet au contraire la gymnospermie ; et il appuie 


(1) Leçons sur les Familles naturelles des plantes, p. 64. 

(2) De Abietinearum floris feminei structura morphologica (thèse soutenue à 
Kæœnigsberg le 22 avril 1861). Ce nouveau travail sur la fleur femelle des Coni- 
feres a surtout pour objet de discuter les objections de M. Caspary ; c'est pourquoi 
le nom de ce savant s'y trouvera plusieurs fois prononcé. Mais qu'on ne s'attende 
pas à y trouver de ces personnalités qui déshonorent la science et ne lui profitent 
jamais. Je ne crois pas qu'il convienne d'injurier un botaniste parce qu'il ne par- 
tage pas notre maniere de voir sur une paroi d'ovaire ou un tégument d'ovule ; ou 
parce qu'il préfère l'opinion de Mirbel à celle de R. Brown. Je me rappelle sou- 
vent, à ce propos, un chimiste éminent de notre pays qui se plaignait d'avoir été 
traité «comme un malfaiteur, pour un ou quelques équivalents d'eau ou d'oxygène ». 
Ses idées finirent par prévaloir. D'ailleurs le présent travail est écrit, non en 
Jatin, mais dans une langue qui ne jouit « dans les mots » d'aucun privilége 


spécial, 


SUR LA FLEUR FEMELLE DES CONIFÈRES. à 


son opinion d'arguments d'ordres divers, parmi lesquels figure aussi 
un peu l'observation organogénique. II n'a pas, il est vrai, observé 
le développement du Pinus resinosa, mais celui d'une autre Abié- 
tinée, le Pinus Larix, dans laquelle il a vu autour du mamelon 
central naîfre une enveloppe «en forme de mur annulaire, par- 
tout également élevé et non en forme d'un double fer à cheval ». 
Comme il est difficile de s'entendre alors que chacun parle d'un 
objet différent, j'ai dà attendre l'occasion favorable pour étudier 
la méme espèce que mon contradicteur, et telle a été la cause qui 
a retardé ma réponse. Mais actuellement que j'ai pu, deux hivers 
de suite, examiner l'organogénie du Méléze, je suis arrivé à cette 
conclusion que sa fleur femelle se développe au fond exactement 
comme celle du Pin résineux, quoiqu'elle soit d'une observation 
moins propice et que les différents temps d'évolution y soient moins 
nettement dessinés. | | 

Si l'on examine, en effet, les cônes femelles du Méléze, soit au 
commencement, soit encore, dans certains cas, à la fin de l'hiver, 
on voit que sur l'axe ou écaille qui est à l'aisselle de chaque 
bractée, il apparait pour chaque fleur une paroi ovarienne formée 
par deux croissants qui se regardent par leur concavité, et qu'il y 
a une période de peu de durée pendant laquelle ces deux bour- 
relets carpellaires ne se confondent pas à leurs extrémités. On peut 
méme, sur le nombre, trouver des fleurs au début, semblables à 
celle qui est représentée dans les figures 17, 18 (pl. T), et dans 
lesquelles le centre du réceptacle floral est si peu saillant, que le 
gynécée n'est alors constitué que par un petite fossetle concave, 
sans proéminence au fond. Mais peu à peu cetle saillie, qui est le 
nucelle, se prononce davantage, en méme temps que les sommets 
des feuilles carpellaires deviennent plus distincts. On sait d'ail- 
leurs qu'aprés avoir été quelque temps égaux, ces sommets, qu'on 
peut appeler des styles, grandissent si inégalement que l'un d'eux 
vient coiffer graduellement tout le sommet de la fleur à la facon 
d'un cimier. Cette branche stylaire, plus développée que l’autre, 
nous a paru constamment la plus extérieure par rapport à la 
braetée, et celle qui est le plus rapprochée de l'axe du cône floral, 


h NOUVELLES RECHERCHES 


II. Nous avons eneore avancé que le sac que nous avons appelé 
ovarien, dans UI, était formé de deux feuilles carpellaires alternes 
avec les deux derniéres feuilles ou bractées qui sont portées par 
le rameau florifére. M. Caspary ne conteste pas le fait pour UI: 
il nous suffit de le constater. Il n'en est pas de méme, suivant 
lui, pour le Genévrier, où il n'a jamais vu cet organe bilobé. Nous ne 
saurions partager celte dernière opinion. Si l'on suit, en effet, le 
développement de la fleur femelle du Juniperus communis, on 
voit sur le petit réceptacle floral l'ovaire naitre par deux feuilles 
carpellaires courtes, quoique bien distinctes. Et toujours l'une de 
ces feuilles est antérieure, et l'autre postérieure, comme il arrive 
d'ailleurs si fréquemment dans les gynécées dicarpellés. Il arrive 
méme ordinairement que ces deux feuilles carpellaires demeurent 
longtemps distinctes par leur sommet, attendu qu'elles s’accrois- 
sent inégalement, comme celles du Mélèze, et qu'à un âge méme ` 
trés-avancé l'ouverture inclinée en avant du sac pistillaire des 
Genévriers est inégalement bilabiée, la lèvre postérieure é étant plus 

"longue que l'antérieure. 

Certaines espèces de Cyprés sont également utiles à suivre dans 
leur développement, attendu que la maniére dont les deux feuilles 
carpellaires se manifestent tont d'abord, offre quelque chose de si 
particulier, qu'il est impossible d'admettre qu'un tégument ovulaire 
puisse se produire de cette facon. Tel est le Cupressus Goveniana 
qui fleurit abondamment tous les ans en automne, et sur lequel on 
peut constater facilement sur cerlaines fleurs le mode d'évolution 
représenté par les figures 4, 5 et suivantes de la planche I. Le 
corps conique qui représente d'abord seul la fleur, s'élargit d'abord 
uu peu vers son sommet; puis il se déforme comme s'il était com- 
primé d'arriére en avant, en méme temps qu'à droite et à gauche 
il forme deux angles saillants qui indiquent d'avance le point 
d'émergence des deux feuilles carpellaires, avant qu'elles soient 
bien distinctes du réceptacle lui-même, comme elles le devien- 
nent dans la figure 5. Mieux que toute description l'examen des 
jeunes fleurs elles-mêmes, ou, à défaut d'elles, la vue des figures 4 
et 5, si imparfaites qu’elles puissent être, démontrera que le 


* 


SUR LA FLEUR FEMELLE DES CONIFÈRES, 5 


développement ovulaire ne s’est jamais fait de la sorte et rendra 


tout confusion impossible. Mais si l’on jette un coup d'œil sur les 


figures qui suivent (de 6 à 12) et qui représentent des états cop- 
sécutifs observés dans différentes fleurs de la méme espéce, on. 
comprendra dans quelle erreur tombent ceux qui, au lieu de ne 
consulter que l'état naissant des organes, les examinent à un áge 
plus ou moins avancé; car on verra que l'orifice carpellaire peut 
à un certain moment devenir à peu prés entier et circulaire 
(comme dans la fig. 9), ou inégalement crénelé et présenter 
méme une saillie latérale assez prononcée (comme dans la 
fig. 12); et cela sans que ces déformations consécutives et trés- 
variables puissent rien expliquer de l'état primitif des organes. 
IIl. Ces modifications profondes qui surviennent dans la forme 
d'un organe à une certaine époque de son évolution, ne peuvent 
rien prouver relativement à sa valeur morphologique. Ce sont donc 
deux choses bien distinctes que la première apparition d'un organe 
etla manière dont ensuite il s'accroît. Et c'est bien à tort qu'on 
croit avoir étudié organogéniquement un pistil on un ovule, quand 
on l'a seulement regardé dans un âge peu avancé. M. Caspary a 
complétement confondu deux choses aussi différentes; ce qui 
annibile entièrement quelques-uns de ses arguments. Ainsi, con- 
sidérant les ovules de certaines Polygalées et Trémandrées, tels 
que les a représentés M. Payer, M. Caspary dit qu'il y a des 
tégnments ovulaires, comme celui du Polygala comosa et celui du 
Tremandra verticillata, qui ont la forme cucullée ou bilabiée, 
sans qu'on admette qu'ils représentent deux feuilles carpellaires. 
Ce sont en effet des téguments ovulaires, et non des carpelles ; il 
n'y a pas de doute possible à ce sujet. Mais la citation de M. Cas- 
pary est incomplète; ce qui la rend inexacte. Car si, au lieu d'in- 
diquer simplement les figures 39 de la planche XXXI et 31, 
37 de la planche XXIX du Traité d'organogénie comparée, 
M. Caspary eût consulté également les figures 30, 35 de la plan- 
che XXXI, et 28, 30 de la planche XXIX du méme ouvrage, il 
eût rétabli l'ordre complet de l'évolution ovulaire des Polygala et 
des Tremandra, dont le tégument ovulaire est d'abord parfaite- 


6 NOUVELLES RECHERCIIES 


ment circulaire et sans inégalités, Celles-ci ne. se produisent que 
fort tard, et elles ne peuvent rien pour démontrer la signification 
morphologique d'un organe. M. Caspary répèle partout celle 
même confusion d’un organe plus ou moins jeune et d'un organe 
naissant, Il la reproduit encore à propos des recherches de 
M. Payer sur les Graminées, lorsqu'il dit que leur feuille carpel- 
laire unique se présente «prima in apparitione » sous forme de 
deux saillies (« jam duos apices exhibent »). C'est dans un âge 
très-jeune, mais déjà assez éloigné de la naissance, que la feuille 
carpellaire se déforme, parce que son sommet organique s'ac- 
croit moins vite que le reste et se partage supérieurement en 
deux lobes, Mais à son début, cette feuille carpellaire était par- 
faitement entière, et son sommet en était le point culminant. C'est 
ce qu'on reconnaitra parfaitement en examinant la planche 
CXLVHI du Traité d'organogénie comparée, dans les figures rela- 
tives au Triticum monococcum, citées à tort par M. Caspary, si, 
au lieu de commencer le développement à la figure 26, comme 
il le fait, on remonte jusqu'aux àges indiqués par les figures 24 
et 25 où la feuille carpellaire naissante parait tout à fait entière (1). 
Que l'on sache done, avant de faire des recherches organogéni- 
ques, qu'examiner les organes dans une jeunesse, méme extréme, 
ne suffit pas pour se faire une idée exacte de leur valeur; qu'au 
contraire, cet examen peut conduire aux conelusions les plus op- 
posées, suivant l’âge qu'on étudie; et qu'il faut, avant tout, con- 
stater la première apparition. j 
IV. Mais s’il arrivait que le bourrelet qui entoure le corps 
central naquit sous forme d'un anneau continu, il faudrait bien 
se garder de conelure, avec M. Caspary, que cet anneau repré- 
sente pour cette raison un tégument ovulaire. Ce qu'on pourrait 
seulement admettre, c'est que l'étude des développements ne 


(1) M. Caspary me paraît encore faire une pétition de principe à propos du Vic- 
toria, quand il cite ses propres recherches ; car il faudrait d'abord démontrer que 
les stipules du Victoria et del'Euryale sont réellement simples. C'est comme si 
l'on disait que les stipules du Ricin, qui sont simples, naissent cependant par deux 
mamelons. C'est qu'en effet elles paraissent simples, mais sont doubles et résul- 
tent de la fusion de deux stipules latérales, 


SUR LA FLEUR FEMELLE DES CONIFÈRES. 7 


suffit pas à elle seule dans toutes les circonstances, et qu'ici 
notamment elle montre qu'une paroi ovarienne et une enveloppe 
ovulaire peuvent naître de la méme facon. C'est au botaniste à 
faire preuve d'intelligence, à choisir avec discernement ses sujets 
d'étude, et à employer concurremment avec l'organogénie ious 
les autres moyens d'investigation qu'on connait jusqu'ici ou 
qu'on pourra connaitre un jour (1). Ainsi l'ovaire de plusieurs 
Primulacées nait par un bourrelet circulaire continu. L'étude his- 
tologique de sa paroi y démontre cependant l'existence d'autant 
de faisceaux vasculaires principaux qu'elle comprend de feuilles 
carpellaires. De même, dans le Welwitschia, la dualité des fais- 
ceaux qui descendent de la base de l'ovaire, peut indiquer la 
duplicité des feuilles carpellaires, quoique les vaisseaux ne pénè- 
trent pas jusqu'au tissu de ces feuilles elles-mêmes, ainsi qu'il 
arrive souvent dans les plantes inférieures analogues, telles que 
Coniféres, Loranthacées, ete. On sait bien d'ailleurs que les données 
histologiques ne suffisent pas toujours à trancher les questions 
morphologiques. Mais ici encore, l'anatomie faisant défaut, le 
botaniste s'adresse à un autre instrument, l'analogie, dont les indi- 
cations sont d'autant plus süres, qu'on fait un moindre chemin et 
que les objets comparés sont plus voisins les uns des autres par 
toute leur organisation. Or, l'analogie nous fait voir que l'ovaire 
d'un Thesium, qui naît par un bourrelet annulaire continu, 
comme celui d'un Samolus, est pourtant conslitué par plusieurs 

(1) Qu'il me soit permis de profiter de cette occasion pour rappeler au sentiment 
de la justice et de la pudeur certains auteurs nationaux qui affectent de croire 
qu'il y a une école organogénique dédaignant, en dehors de l'organogénie, tous les 
autres procédés et les autres méthodes d'exploration qui peuvent conduire à la 
connaissance de la vérité. Ceux-là savent bien qu'avec les rares travailleurs et les 
irés-rares travaux qui se produisent, il y a malheureusement à peine de quoi faire 
aujourd'hui en France une seule école botanique. On n'y peut guere distinguer 
que deux catégories de botanistes: ceux qui se donnent du mal et travaillent de 
toutes leurs forces; et ceux qui travaillent le moins possible, ou méme ne font 
rien. Ces derniers ne courent pas grand risque de se tromper. Peut-on supposer 
que dans un pays oü l'on établit un chemin de fer, les autres voies de communi- 
cation doivent étre abandonnées? Les anciennes routes peuvent souvent conduire 
là où la voie ferrée ne mènerait pas. Mais ce n'est pas une raison pour admettre 


que cette derniere ne constitue pas un progrès, Il y a cependant des gens qui la 
dénigrent et qui s'en effrayent même, 


8 NOUVELLES RECHERCHES 


feuilles carpellaires, comme celui d'une plante trés-voisine , le 
Santal, dans lequel les feuilles carpellaires sont distinctes dès le 
début, ainsi que nous l'avons établi (1), tandis que dans le Zhe- 
sium, leur union peut être considérée comme congénitale. C'est 
done aa botaniste, qui étudie l'organogénie des Santalacées, à 
multiplier ses observations et à choisir les types qu'il faut exa- 
miner. Disons plus : il y a de même des types dans la famille 
des Conifères où la paroi du sae qui enveloppe le nucelle, se 
montre sous forme d’un anneau continu. Plusieurs Cupressinées 
sont dans ce cas, de méme que le Welwitschia; le peu que j'ai 
pu voir du Gingko me porte à croire qu'il en est de même pour 
lui. Mais de pareils types ne peuvent rien démontrer, ni dans un 
sens, ni dans l'autre; c'est donc à d'autres qu'il faut s'adresser. 

- V. Une plante récemment étudiée par M. J. D. Hooker, dans 
un magnifique mémoire (2), le W elwitschia africana, peut nous 
servir de point de comparaison pour rapprocher les unes des 
autres les Loranthacées,;telles que nous les avons délimitées dans 
notre travail spécial (3), les Polygonées et autres familles voisines, 
et enfin le groupe de ce qu'on appelle les Gymnospermes. C'est 
à ce dernier groupe que M. J. D. Hooker a rapporté son genre 
W elwitschia, et il était bien difficile qu'il en füt autrement dans 
un pays où la théorie de R. Brown doit être acceptée et main- 
tenue avec la persistance et la vénération que méritent toutes ses 
opinions, L'organisation de ce genre nous parait, au contraire, 
militer en faveur de l'opinion opposée. 

Si nous examinons une fleur hermaphrodite du 7 elwitschia , 
nous voyons qu'elle est formée d'un périanthe tétramére, d'un 
androcée hexandre, inséré un peu plus haut que le périanthe, 
sur un réceptacle convexe, avec des filets monadelphes à la base, 
et des anthères trigones et triloculaires. Le sommet du réceptacle 
floral est occupé par un nucelle conique, autour duquel est un sac 


(i) Adansonia, 1I, 342. 
(2) On Welwitschia, a new genus of Gnetaceæ, in Trans. of the Linncean 
Society, vol. XXIV, et tir. à part, in-4°, avec 44 pl. Londres, 1864. 


(3) Premier et second Mémoires sur les Loranthacées, in Adansonia, 1I, 330, 
et III, 50; et tir. à part., in-B*. Paris, 1862; 1863, 


wem o 


SUR LA FLEUR FEMELLE DES CONIFÈRES. 9 


considéré comme un tégument ovulaire, par M. J. D. Hooker, 
qui le décrit ainsi : « Integumentum simpleæ, calyptreforme , 
apice in tubum tortum cylindricum styliformem disco papilloso 
stigmatiformi lerminatum desinens. » Nous ne faisons aucune dif- 
ficulté d'admettre que cette enveloppe est une paroi ovarienne, 
parce que pour nous elle est tout à fait l'analogue du sac conique, 
qui enveloppe l'ovule réduit au nucelle dans le gynécée de lAn- 
thobolus, dont nous allons bientót parler. Dans ce dernier seule- 
ment, la portion stylaire du gynécée est bien moins prononcée. 
Il est d'ailleurs possible d'expliquer, par beaucoup de raisons 
plus ou moins bonnes, comment les fleurs femelles des Coniféres 
étant dépourvues de périanthe, elles sont des ovules insérés sur 
des feuilles carpellaires étalées. C'est la simplicité méme de 
l'organisation qui rend ici possibles toutes les confusions et donne 
une apparence de vraisemblance à toutes les interprétations, si 
diverses qu'elles soient. Mais dans une fleur hermaphrodite, au 
sommet d'un réceplacle, au centre d'un périanthe et d'un androcée, 
il n'est plus aussi simple de faire admettre qu'un organe qui a 
l'air d'un gynécée complet, avec ovaire et ovule, n'est plus qu'un 
ovule dépourvu de paroi ovarienne ; car alors on est forcé d'ad- 
mettre la méme chose pour les Anthobolées, les Olacinées et 
méme par suite pour les Loranthacées, les Santalacées uniovulées, 
c'est-à-dire les mêmes types avec l'ovaire infère. Et dans tous ` 
cas, si le Welwitschia est gymnosperme, il faut bien admettre 
que sa placentation est de nature axile, que son nucelle fait suite 
et corps avec l'axe de la fleur lui-même ; conclusion qui condamné 
entiérement, comme on verra, celle de M. Caspary. 

M. J. D. Hooker a étudié l'organogénie florale du Welwitschia, 
et nous ne pouvons qu'admettre la parfaite exactitude des faits 
qu'il a observés, décrits et figurés dans son travail. Mais nous les 
expliquons d'une maniére diamétralement opposée, ainsi qu'on và 
le voir. Sur les beaux dessins de M. Hooker, nous voyons 
(pl. IX) la fleur d'abord représentée par un petit axe ou réceptacle 
conique placé à l'aisselle d'une bractée (fig. 1, 2). Sur la base 
de cet axe apparait un- premier. renflement circulaire, qui est le 


10 NOUVELLES RECHERCHES 


périanthe pour nous, de méme que pour M. Hooker. Puis, plus 
haut, se montre un autre anneau circulaire, que M. Hooker nomme 
tégument ovulaire, et que nous appelons paroi carpellaire. La 
raison en est que le cóne qui surmonte ces deux anneaux n est 
pas encore l'ovule, le nucelle. C'est simplement le sommet du 
réceptacle sur lequel s'est déjà développé le périanthe. ll avait 
dés lors, comme dans beaucoup de Santalacées, de Loranthacées, 
de Polygonées, là forme d'un cône trés-saillant. Mais s'il était 
alors un ovule, il faudrait admettre que dans une fleur l'ovule se 
développe avant le périanthe qui apparait lui-méme sur la surface 
de l'ovule. Pour que la conséquence tirée par M. J. D. Hooker 
füt acceptable, il faudrait dire que le cóne central est un récep- 
tacle, tant que le premier anneau, le périanthe, n'est pas né, et 
qu'il devient un ovule à partir de ce moment-là. Or, il n'est pas 
vraisemblable que M. Caspary accepte cette distinction et admette 
méme que le réceptacle et l'ovule puissent se confondre, car nous 
verrons que sa conclusion est que l'ovule n'est méme pas porté 
par un axe dans les Gymnospermes, mais bien par des organes 
appendieulaires. : 

VI. Je suis persuadé que l'organisation de l'inflorescence des 
Phyllocladus explique bien celle des Abiétinées, et qu'en somme on 
retrouve chez les uns et les autres les organes homologues, quoi- 
que la forme n'y soit pas la méme. Nous ne sommes plus au temps 
oü les partisans de la forme pouvaient considérer comme une 
feuille le rameau aplati d'un Xylophylla. Yl n'a d'un appendice que 
l'apparence; mais i| est de nature axile, car il naît à l'aisselle 
d'une bractée et porte lui-même sur ses bords des bractées à 
l'aisselle desquelles on observe, soit une fleur, soit une inflores- 
cence. Les Phyllocladus sont exactement dans le méme cas. Leurs 
branches portent des appendices alternes peu développés, il est 
vrai, et dans l'aisselle de ces appendices, on trouve des rameaux 
aplatis et foliiformes. Sur les bords de ces rameaux sont des sail- 
lies qui représentent autant de coussinets, et chaque coussinet 
porte une bractée. C'est à l'aisselle de cette bractée que se trouve 
la fleur femelle; et de quelque maniére qu'on la concoive con- 


SUR LA FLEUR FEMELLE DES CONIFÈRES. 14 


struite, ovaire contenant un ovule, ou ovule nu, il n'est pas moins 
vrai que cetle fleur est insérée sur un axe déformé, de la méme 
maniére qu'un bourgeon placé sur un rameau à l'aisselle d'une 
feuille est inséré sur l'axe lui-même. Il ne me parait pas possible 
d'admettre que le bourgeon soit porté par la feuille axillante. Il est 
attaché sur- la branche, au-dessus de cette feuille, Et de méme 
s'insére ici, sur une branche aplatie, chacune des fleurs femelles 
des Phyllocladus. La forme qu'affecte dans ces plantes le rameau 
florifére est-elle plus étonnante que celle que présente l'écaille ou 
rameau florifére du Pin et des autres Abiétinées? Non, sans doute ; 
mais, tandis que l'écaille du Pin ne porte que deux fleurs, le 
rameau foliiforme du Phyllocladus peut en porter et en porte d'or- 
dinaire un plus grand nombre. Il est probable que si l'on ne 
savait pas que ces rameaux aplatis sont placés à l'aisselle d'une 
bractée, on aurait vu facilement entre eux, à l'époque où l'on 
croyait à la toute-puissance de la forme, une feuille carpellaire 
étalée et portant sur ses bords des ovules. Mais on sait bien au- 
jourd'hui que la forme n'a iei aucune valeur, que cet organe 
aplati porte des appendices et qu'il est lui-même placé à l'aisselle 
d'un appendice. Si done les fleurs femelles sont réduites aux 
ovules, on est obligé d'aecorder que le placenta de cette Conifère, 
qu'on appelle Phyllocladus, est de nature axile, et cela est encore 
contraire aux conclusions de M. Caspary. Nous savens bien qu'il ne 
serait pas plus difficile, ici que pour les Pins, de supposer entre 
l'axe et la fleur des organes intermédiaires peu développés, invi- 
sibles méme, et par exemple des feuilles carpellaires. Mais il nous 
semble que ce n'est qu'une complication inutile, qu'on peut se 
borner à ce qu'on voit iei avec les yeux du eorps, et renoncer aux 
vues de l'esprit, comme on disait autrefois. Pour nous, les fleurs. 
femelles des Phyllocladus sont simplement disposées en épis et 
situées sur l'axe aplati de cet épi à l'aisselle de bractées alternes, 
dontles plus élevées sont ordinairement stériles. 

VII. Un botaniste éminent de l'Allemagne, Meyen (4) a émis 


(4) Matériaug pour servir à l'histoire du développement des diverses parties 
dans les plantes (travail inséré dans les Arch. für Anat., Phys. v, J. Müller, 1839, 


12 NOUVELLES RECHERCHES 


l'opinion que les Loranthacées sont gymnospermes; et l'on ne 
peut voir sans peine que celte opinion d'un homme aussi sérieux 
ait été grossièrement tournée en ridicule. Meyen n'était, aprés 
tout, que parfaitement logique, en suivant dans celle voie 
R. Brown, dont tous les botanistes admettaient alors la manière 
de voir. L'opinion de Meyen n'est autre que celle que professe 
M. J. D. Hooker, au sujet du Welwitschia. Si les Coniféres sont 
oymnospermes, les Loranthacées doivent l'être également. Où 
s'arrêtera-t-on dans cette voie? Peut-être l'ovaire infére des 
Loranthacées sera-t-il invoqué comme un argument. Mais pour- 
quoi la théorie n'admettrait-elle pas aussi bien un ovule nu im- 
planté sur le sommet déprimé d'un réceptacle concave, que sur 
l'extrémité saillante d'un axe convexe? Que dira-t-on enfin des 
Anthobolées eomparées, d'une part, aux Loranthacées et, d'autre 
part, aux Conifères (1)? Beaucoup d’Anthobolus, par exemple, res- 
semblent fort à de petits Cyprés par les organes de la végétation. 
Les fleurs femelles sont placées au bout de petits axes ou rameaux. 
Elles ont, il est vrai, un périanthe simple, mais nous pouvons 
bien le négliger, puisque les Welwitschia en ont un également et 
que les Myzodendron en sont dépourvus. Resie un petit nucelle 
central, entouré d'un sac conique. Or, qui ne voit que c'est ce 
méme sae qu'on appelle tégument ovulaire dans l'If, et paroi ova- 
rienne dans l’Anthobolus ?. Pourquoi cette différence, et de quelle 
utilité peut-elle être? Pourquoi encore, dans deux plantes trés- 
voisines par leur organisation, le Welwitschia et l'Exocarpus, 
nommer primine dans l'une ce qu'on nomme sae carpellaire dans 
l'autre? Il faut livrer ces faits aux méditations des botanistes qui 
comparent, piéces en mains, les Loranthacées aux Gymnospermes, 
non de ceux qui raisonnent à priori et théoriquement, secundum 
verba magistri, sur des faits isolés ou incomplétement étudiés. 
VIII. Il faut oser aller jusqu'au. fond méme de cette question. 
Pourquoi R. Brown a-t-il établi cette théorie qui a reçu depuis 


et traduit par M. Buchinger, dans les Ann. des sc. natur., sér, 2, XII (ce qui est 
relatif au Viscum se trouve, p. 271), 


(4) Voy. Adansonia, V, 274, etc, 


SUR LA FLEUR FEMELLE DES CONIFÈRES. 13 
le nom de gymnospermie ? Parce qu'à l'époque où il le fit, on 
croyait des téguments indispensables à la constitution ovulaire et 
qu'on ne savait pas que, méme dans des familles de plantes d'une 
organisation élevée, les ovules peuvent être réduits à un nucelle 
sans enveloppes. A. Payer l'a dit excellemment dans son Rapport 
à l'Académie des sciences (V) e Lorsque R. Brown publia ses 
considérations sur la fleur des Conifères, personne n'avait encore 
observé d'ovules sans enveloppes, comme on l'a fait depuis dans 
les Loranthacées, les Santalacées, les Acanthacées, ete. D'un autre 
côté, on n'avait aucune idée du mode de formation du pistil, et 
l'on ignorait qu'à l'origine tout pistil est largement béant, et que 
ce n'est que peu de temps avant l'anthése que son ouverture se - 
ferme. Il serait done injuste de juger sévérement une opinion qui, 
à cette époque, pouvail étre soutenue avec quelque apparence de 
raison, bien qu'aujourd'hui, aprés les observations faites sur 
d'autres plantes par plusieurs bolanistes....., elle puisse sur- 
prendre. » e 

C'est encore, en quelque sorte, un tribut aux opinions théo- 
riques du passé, que M. Caspary paye en défendant la gymno- 
spermie. Il lui faut à tout prix démontrer, dans les Coniféres, la 
nature appendiculaire de la. placentation. On ne peut plus guère 
soutenir aujourd'hui que l'écaille placée dans l'aisselle d'une 
bractée est, comme celle-ci, un organe appendiculaire, une 
feuille ou un carpelle ouvert. Alors on a recours, avec M. Braun, 
à l'hypothése d'un organisme complexe. L'écaille représenterait 
un rameau, plus des feuilles latérales portées sur ce rameau, plus 
encore des ovules insérés sur ces feuilles. Où s’arrêtera-t-on dans 
de semblables hypothèses, et combien d'axes et d'appendices 
hypothétiques ne pourrait-on pas encore accumuler dans l'écaille 
des Coniféres? Pour nous, l'écaille n'est qu'un rameau, rameau 
dont la forme varie dans les différents genres : court, épais, trapu 
dans les T'huya, les Cyprés; cylindrique dans les Gingko ; aplati 
dans les Abiétinées; mais toujours le méme quant à sa nature et 
ses rapports. 


(4) Comptes rendus du 9 juillet 1860. 


Ah NOUVELLES RECHERCHES 


Mais le support des fleurs femelles des Conifères, quelle que 
soit la nature de ces fleurs, ne peut plus étre considéré comme 
un organe de nature appendiculaire. Cette croyance a fait son 
temps; elle n'était fondée que sur la forme; l'écaille n'est pas 
plus une feuille que le rameau foliiforme d'un Xylophylla. Dans 
les Cyprés et les Thuya, ce n’est pas sur les bractées du cône que 
s'insérent les fleurs femelles; c'est sur un empâtement axillaire 
qui répond à la somme des axes contractés d'un glomérule de 
Labiée. Dans les Araucaria, les recherches si intéressantes de 
M. Dickson (1) ont prouvé que les fleurs ne sont pas non plus 
portées sur un appendice, et que l'écaille du cóne est formée d'une 
bractée axillante et d'un rameau axillaire soulevé avec la bractée 
et portant seul les fleurs, comme le groupe floral de l'Helwingia 
est une inflorescence axillaire soulevée avec la feuille axillante. 
M. Dickson a prouvé que l'inflorescence d'un Araucaria est, en 
somme, celle d'une Abiétinée, et que l'Abies pectinata, dont 
nous reproduisons l'écaille et la bractée (fig. 27, 28), d’après 
des échantillons communiqués par M. Diekson lui-méme, est par 
sa bractée et son écaille confondues dans leur portion inférieure, 
intermédiaire aux Abiétinées et aux Araucariées. Et de plus, nous 
avons été assez heureux pour voir dans un cône d’Araucaria 
excelsa, à l'aisselle d'une bractée encore jeune, ce rameau axil- 
laire presque entiérement distinct de la braetée (fig. 96), à un 
âge où il ne porte pas de fleurs et n'a pas encore été notablement 
entrainé par sa bractée axillante. 

IX. ll suffit souvent, pour juger une théorie, de savoir d’où 
elle vient et de voir jusqu'oü elle peut aller dans ses conséquences. 

Or, la théorie que défendent MM. Braun et Caspary a pour 
base un fait tératologique. Ces savants ont vu des Pins dont les 
écailles, qui sont pour nous des rameaux portant fleurs, deve- 
naient des axes foliiféres, Il n'y a guère de famille naturelle où 
l'on ne puisse accidentellement rencontrer des faits semblables. 
La monstruosité observée prouve simplement qu'un rameau à 


(1) Voy. Adansonia, 11, 65, 70 et notamment 73, 76, la traduction des mémoires 
deM Dickson, 


SUR LA FLEUR FEMELLE DES CONIFÈRES. 15 


fleurs peut étre remplacé par un rameau à feuilles. Il va sans dire 
qu'on peut tirer bien d'autres conséquences de cette anomalie. 
Mais quelles conséquences ne tire-t-on pas d'une anomalie quel- 
conque? Avec des monstruosités, on prouve à peu prés tout ce 
qu'on veut, ou plutót on ne prouve presque rien. 

Quant à la conséquence extréme de cette théorie, M. Caspary 
Ja tire lui-même : c'est que l'ovule des Ifs est inséré sur une feuille 
carpellaire et non sur un axe; ce qui suppose aussi une placen- 
tation de nature foliaire pour les Polygonées, les Juglandées, les 
Loranthacées, etc. 
. En somme, la gymnospermie nous parait une théorie ingé- 
nieuse, mais inutile et dangereuse méme, au méme titre, à peu 
prés, que la parthénogénése, la monandrie des Euphorbes, etc. 
Ce sont tout autant de lois d'exception, en contradiction avec 
l'unité de plan que nous présente partout la nature des étres orga- 
nisés. Outre qu'on perd à réfuter ces théories un temps qui pour- 
rait étre employé à faire avancer la science, on se laisse entrainer 
par elles d'hypothéses en hypothéses et de complications en com- 
plications. La gymnospermie des Coniféres doit mener à celle des 
Loranthacées, à celle de toutes les plantes qui ont un placenta 
basilaire avec un seul ovule orthotrope sans enveloppes; comme 
l'inflorescence des Euphorbes a conduit à considérer la fleur des 
Résédas et d'autres comme une inflorescence; comme la parthé- 
nogénèse aboutit à nier l'utilité de la fécondation et du pollen. 

EXPLICATION DES FIGURES. 


PLANCHE I. 

Cupressus GOVENIANA. 

Fic. 4. Jeune rameau florifère portant un certain nombre de bractées b. A l'ais- 
selle d'une de ces bracióes be, qui a été enlevée et dont on n'apercoit plus 
que la cicatrice, il y a un groupe de fleurs femelles f qui se développent 
dans l'ordre centrifuge, sur un axe ou réceptacle r trés-court et épais. ; 

Fic, 2, Même inflorescence un peu plus âgée ; méme lettres, Autour de la fleur 
centrale et terminale, un peu plus grand nombre de fleurs nées après elle 
dans l'ordre centrifuge, s'échelonnent en gagnant les bords du réceptacle ou 
axe floral. ; 

Fic. 3. Même inflorescence, plus âgée encore; mêmes lettres. Les fleurs les 
plus jeunes se montrent vers la périphérie du réceptacle, à l'état de mame- 
lons peu saillants et nus, tandis que les fleurs plus anciennes se sont re- 
couvertes d'une enveloppe. : 

Fic, 4. Une fleur femelle isolée et réduite encore à son ovule ou nucelle, re- 
présenté par un mamelon qui était d'abord parfaítement arrondi, mais qui, 
un peu avant l'apparition des carpelles se déforme, son sommet se trouvant 


16 NOUVELLES RECHERCHES SUR LA FLEUR FEMELLE DES CONIFERES, 


comprimé d'avant en arrière et présentant à droite et à gauche un angle 
saillant cc. 

Fic. 5, Fleur plus âgée. Sur chacun des angles saillants à droite et à gauche de 
l'ovule o, on distingue une feuille carpellaire c, en forme de bourrelet arqué. 

Fia. 6. Fleur plus âgée encore. La paroi ovarienne c est devenue continue 
autour du nucelle o. 

Fic, 7. Même fleur vue par son sommet; mêmes lettres que dans la figure 
précédente, 

Fic. 8. Fleur plus âgée encore. On ne voit plus le nucelle. Les deux saillies 
des feuilles carpellaires cessent d'être distinctes, et l'ouverture supérieure c 
de la paroi carpellaire tend à devenir circulaire. 

Fic, 9. Fleur plus âgée encore. L'ouverture ovarienne est presque régulièrement 
circulaire, et l'on ne voit plus le corps intérieur. 

Fig. 40. Age encore plus avancé de la fleur femelle. 

Fic, 41. La même fleur que celle de la figure précédente, coupée selon la lon- 
gueur; o, ovule réduit au nucelle: c, paroi ovarienne. 

Fic. 12. Autre fleur femelle, dans laquelle l'ouverture du sac ovarien, aprés 
avoir été réguliére, commence à devenir inégale, et présente méme à gauche 
une saillie assez prononcée qui ne se retrouve pas à droite. 

LARIX EUROPEA. 

Fic, 43. Coupe longitudinale d'une jeune inflorescence femelle. Sur son axe 
principal a sont portées un grand nombre de bractées alternes b, et à l'ais- 
selle de chacune de ces bractées, on voit un axe secondaire r (ou écaille) 
destiné à porter les fleurs. i 

Fic. 44. Une des bractées b vue par la face supérieure. Dans son aisselle, au- 
dessus de sa base, l'axe secondaire se développe sous forme d'un petit 
mamelon globuleux r. ` 

Fic. 45. Mêmes lettres. Labractée et le petit rameau axillaire sont plus développés. 

He 46. Age plus avancé. Les fleurs femelles f existent sur le rameau axillaire 
ou écaille r. Mêmes lettres. : 

Fic. 17. Une fleur femelle dans laquelle la portion réceptaculaire est si peu sail- 
lante que les feuilles carpellaires c entourent une fossette tout à fait concave. 

Fic. 18. Fleur plus âgée ; les deux feuilles carpellaires e sont plus distinctes 
lune de l'autre, autour de la fosse centrale. e 

Fic. (9. Bractée b; écaille r et fleurs f plus avancées en âge. Le nucelle fait 
saillie entre les carpelles. ! 

Fic, 20. Une des fleurs séparée de la figure précédente et grossie davantage. 
o, nucelle ou ovule; c, carpelles. 

Fic, 21. Fleur plus âgée. Une des feuilles carpellaires dd s'allon 
l'autre c, autour de l'ovule o. 

Fic. 22, 23. Ages plus avancés; méme lettres, 

Fic. 24. Ensemble de la bractée et de l'écaille b et r, à l'époque où les deux 
carpelles ce’ sont comme dans la figure 23. 

Pe, 25, Coupe longitudinate de la fleur représentée figure 23; mêmes lettres. 

AnAUCAMA reet, (D'après un cône de l'herbier d'Édimbourg.) 

Fic. 26. Une des bractées inférieures du cône, au moment où l'axe r ou écaille 
n'a pas encore été fortement soulevé avec sa bractée axillante, et demeure 
encore idistiniete d'elle. Vest cette écaille qui doit porter les fleurs femelles. 

Ans PECTINATA. (D'aprés des échantillons communiqués par M. A. Dickson. 

Fic. 27. Face interne ou supérieure d'une bractée dont on ne voit que le pied b 
le reste étant recouvert par l'écaille élargie r qui porte deux fleurs femelles f. 
et qui s'épaissit déjà en a pour former à ses dépens les ailes des fruits 

Fic, 28. Mêmes objets, vus par la face inférieure. L'écaille élargie r a été sou- 


levée avec la bractée b, sur le pied ba de celle-ci, On ne voi 
met des fleurs femelles f. h ne voit que le som- 


ge plus que 


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RECHERCHES 


ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES ` 


SUR LE 


COFFEA ARABICA 


Par le docteur L. MARCHAND, 


Licencié ès sciences naturelles, 
Aide d'histoire naturelle à la Faculté de médecine de Paris. 


| a 


Le Café, graine du Coffea arabica L., est un des produits les 
plus intéressants de la matiére médicale. Il peut étre étudié au 


- point de vue botanique et au point de vue de ses applications. 


1* Au point de vue botanique. Pour ne laisser échapper aucun 
des phénoménes importants de son histoire, il faut le suivre dans 
les différentes phases de son existence ; le considérer à l'état de 
graine; assister à sa germination; voir le développement et les 
transformations de tous ses organes de végétation et de repro- 
duction ; enfin, aprés avoir ainsi parcouru tout le cercle de sa vie, 
le ramener à l'état de graine. : 

2 Au point de vue de ses applications. Il faut en dune la 
composition chimique, les propriétés physiologiques, les emplois 
médicinaux et alimentaires. Mais, dans ce travail, concu principa- 
lement au point de vue de l'organisation encore trop peu connue 
d'un végétal utile, il est bien entendu que nous ne ferons qu'effleu- 
rer les faits parfaitement établis déjà par de nombreux observa- - 
teurs, et relatifs aux propriétés purement chimiques, économiques, 
hygiéniques ou thérapeutiques de la graine du Coffea arabica. Nul 
d'ailleurs ne reconnait plus que nous l'importance de ces diffé- 
rentes questions, sur lesquelles la nature particulière de notre 


travail doit nous empêcher d'insister. 
v. 2 


18 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


RECHERCHES BOTANIQUES. 


Nous étudierons : 4° la graine; 2° la germination; 3° les or- 
ganes de végélation (racine, tiges, rameaux, feuilles, stipules), 
au point de vue de leur organogénie et de leur anatomie ; 4° les 
organes de reproduction et leur développement ; 5° le fruit ; 6° ses 
variétés. 

I 


GRAINE. 


(PI. I bis, fig. 1-12.) 


La graine de Café la plus complète se compose d’un albumen 
corné contenant l'embryon, et d'un tégument unique. On trouve 
souvent, en outre, le grain renfermé dans une coque parcheminée, 
dure; celte partie dépend, non de la graine, mais du fruit: c'est 
le noyau. Nous ne nous en occuperons donc pas ici. Il ne nous 
reste à décrire que l'albumen, l'embryon et le tégument. 

1* ArsuwEN. — Nous commençons la description par lui, parce 
qu'il faut en comprendre la forme pour se rendre compte du trajet 
de la membrane qui l'entoure, et saisir les rapports del'embryon 
qu'il contient dans ses replis. i | 

Faces. — Tout grain de café présente deux faces : une dorsale 
et une ventrale. Ces deux faces sont bien distinctes dans les grains 
dits Bourbon ou Martinique : l'une, la face dorsale, est arrondie, 
bombée, en rapport dans le fruit avec la paroi externe de la loge ; 
l'autre, la. face ventrale, est aplatie et dans le fruit elle était en 
rapport avec le placenta. Sur cette face se voit un sillon longitu- 
dinal qui la partage en deux moitiés à peu prés égales. Gráce à la 
ess. ovale du grain, on voit que chaque moitié de la face veut 
être comparée à un croissant. Ces deux croissants, séparés dans 
leur longueur par le sillon, se réunissent par leurs cornes supé- 


— bci DR 


j ^ SUR LE COFFEA ARABICA. 19 


rieures, mais restent écartés par leurs cornes inférieures. La dif- 
férence entre les deux extrémités n'est pas toujours aussi tranchée. 
— La face dorsale et la face ventrale sont séparées par un bord 
tranchant et bien marqué (fig. 6). —— 

Dans le grain de Moka, le dos est arrondi, comme dans les pré- 
cédents ; mais la face ventrale n'est plus plane; elle est roulée et 
arrondie elle-même ; en sorte que le sillon longitudinal est bordé 
par deux bourrelets épais qui s'amincissent en pointe à chaque 
extrémité el forment aussi deux cornes supérieures réunies et deux 
cornes inférieures disjointes. Ils se continuent sans ligne de dé- 
marcation avec le dos. On conçoit parfaitement, malgré l'apparence 
différente, l'identité des deux faces ventrales. Celle du Moka, par 
suite d'une particularité botanique sur laquelle nous insisterons 
plus tard, a pu se développer, parce qu'elle ne trouvait pas d'ob- 
stacle devant elle; celle du café Bourbon, rencontrant un obstacle 
mécanique à son accroissement, s'est aplatie et déformée, comme 
le ferait une boule de cire molle sur un plan résistant. 

Le sillon longitudinal est plus ou moins large et limité en haut 
par la fusion des extrémités des faces ; il est ouvert en bas. Dans 
les graines aplaties, il est limité par des bords tranchants qui 
n'existent pas dans le Moka. Ce sillon, peu profond à chaque ex- 
trémité, l'est beaucoup plus à son milieu; là il est facile de s'aper- 
cevoir qu'il se continue dans l'intérieur par un sinus obliquement 
dirigé. | 
Sinus. — Il fait suite au sillon. Pour bien se rendre compte de 
sa direction, il faut pratiquer une coupe transversale (fig. 7 et 8) et 
une coupe longitudinale (fig. 9). La coupe longitudinale nous 
montre qu'il occupe toute la longueur du grain ; la coupe trans- 
versale nous apprend qu'il se recourbe suivant l'épaisseur. Sa 
direction en ce sens semble, au premier abord, assez difficile à 
comprendre. 

Si nous avons coupé ainsi transversalement un grain de Moka 
(fig. 4), nous voyons le sinus s'incliner vers l'un des côtés, 
puis décrire une courbe parallèle à celle de la face dorsale. Le 


20 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


sinus affecte la forme d’une crosse ; l'albumen qui se trouve situé 
entre les deux courbes, prend également celle d’un fer à cheval 
très-arqué. On comprend que cette forme est due à un enroule- 
ment suivant la longueur : un des bords restant fixe, l'autre, au 
contraire, se repliant à l'extérieur à la façon d'un cornet. 

Dans le tissu de l'albumen, à égale distance à peu prés des deux 
courbes paralléles, on distingue une ligne grisàtre qui devient 
plus marquée quand on a fait bouillir la graine. Celte ligne qui 
occupe le centre organique de l'albumen, est paralléle à la face 
dorsale et au sinus; elle ne s'étend pas jusqu'aux bords, elle s'arréte 
à une distance assez grande. Quand la graine germe, on trouve à 
la place de cette ligne une cavité. Cette ligne ou cette cavilé se 
retrouve sur la coupe longitudinale (fig. 6). C'est dans l'espace 
occupé par cette ligne, qu'on trouve l'embryon (fig. 9 etfig. 8); 
c'est pourquoi je l'ai nommé ligne, et, plus tard, cavité embryon- 
naire. À la partie inférieure, l'épaisseur de l'albumen devient moin- 
dre et la ligne est trés-marquée, comme si dans ce point elle 
était en rapport avec l'extérieur. | 

Si parla pensée on déroule l'albumen, de telle sorte que ses 
deux faces soient paralléles, la ligne embryonnaire deviendra droite; 
si, à la place de cette ligne, on suppose la cavité qui se forme lors 
de la germination, on voit que l'albumen devient un sac dont les 
parois épaisses sont rapprochées ; enfin si, dans la partie inférieure 
amincie et méme perforée, on place l'embryon, on voit que la 
graine du Café devient une graine ordinaire, normalement con- 
struite. On concoit trés-facilement comment, par suite de l'enrou- 
lement en cornet, l'embryon peut prendre des positions variées, et 
comment il devient nécessairement excentrique. 

Les mémes faits se retrouvent quand on étudie un grain de Mar- 
tinique ou un grain de Bourbon ; il y a un sinus recourbé et une 
ligne embryonnaire. On constate seulement quelques différences 
dans la forme, mais au fond le fait est le méme. Les différences 
de détail ne tiennent qu'à ce fait : que la graine est aplatie et non 
roulée sur la face ventrale. Les deux portions de la graine qui se 


EUIS pet 


SUR LE COFFEA ARABICA. 21 


sont trouvées en rapport avec l’obstacle mécanique, se sont affais- 
sées et déprimées. Le sinus, au lieu de former une crosse régu- 
lièrement arrondie, a décrit une courbe plus surbaissée, plus 
allongée ; et la ligne embryonnaire, qui lui est paralléle, a suivi 
celte déformation (fig. 8, 9). 

Anatomie. — Si l'on met sous le microscope une lame d'al- 
bumen, on voit un tissu formé de cellules à mailles serrées et 
irréguliéres; leurs parois sont ondulées, comme variqueuses 
et bosselées. Dans leur intérieur on trouve des granules nom- 
breux arrondis, se réunissant en groupes plus ou moins considé- 
rables, restant parfois complétement isolés les uns des autres. Ces 
granules ne bleuissent pas comme l'amidon ; ils jaunissent au con- 
traire par l'action de l'iode. Quand on les touche avec l'alcool ou 
l'éther, la coloration jaune de l'iode disparaît ; les globules s'éten- 
dent, s'élargissent, ressemblent à des gouttelettes huileuses au centre 
desquelles on apercoit, à un fort grossissement, de petits noyaux 
arrondis de grosseur variable (fig. 13). Si la coupe a intéressé la 
ligne embryonnaire, on trouve que la coloration particuliére qu'elle- 
présente est due à ce que les cellules sont presque désagrégées, 
comme déchiquetées et déchirées ; elles sont remplies de granules. 
En certains endroits, on voit cette ligne parfaitement dessinée par 
une série de cellules aplaties assez réguliéres. Sur d'autres points, 
le tissu manque complétement. Si l'on étudie l'albumen pendant 
la germination, on voit que cette résorption du tissu devient de 
jour en jour plus considérable, et l'on acquiert la certitude que 
c'est ainsi que le centre organique de l'albumen se trouve trans- 
formé en une cavité qu'oceuperont les cotylédon (fig. 12). 

2" Eusnvos. — La question importante de son étude c'est l'expli- 
cation de sa position dans l'albumen. Ce petit corps, élargi et aplati à 
sa partie supérieure, arrondi et cylindrique à sa partie inférieure, est 
situé dans la portion inférieure de la ligne embryonnaire (fig. 8). 
On le trouve tantót vertical, tantót oblique, tantót presque hori- 
zontal. Sa radicule est dirigée vers le point perforé de l'albumen, 
qui est situé au bas de la face dorsale et plus ou moins rapproché 


20 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


de l'extrémité inférieure du sillon longitudinal. On l'a dit excen- 
trique. Il est en effet hors du centre géométrique; mais nous avons 
vu plus bant qu'il était placé dans le centre organique (fig. 8), 
puisqu'il occupait laligne embryonnaire, celle-ci étant placée à égale 
distance des faces de l'albumen. De plus, nous avons expliqué 
comment l’enroulement pouvait le faire dévier dans un sens ou 
dans l'autre. | 

A ce moment, l'embryon est exclusivement formé d'un tissu 
cellulaire, mou, blanchàtre. Les nervures des feuilles sont appa- 
rentes (fig. 10). 

3 TécuwENr. — L'albumen est recouvert d'une membrane 
mince qui est. facile à détruire par le frottement. Elle est verte 
quand la graine est récente, blanche sur les graines séches ; c'est 
alors une sorte de pellicule argentée, brillante, comme nacrée, très- 
friable et s'enlevant par petits fragments. Cette enveloppe suit 
l'albumen dans son enroulement; elle tapisse la faee dorsale, puis 
la moitié de la face ventrale; arrivée sur le bord du sillon, elle 
plonge dans le sinus, va jusqu'à son extrémité, là se replie en 
s'adossant à elle-même et vient ressortir par le sillon pour aller 
recouvrir l'autre moitié de la face ventrale. Elle est donc double 
dans le sinus et simple dans tous les autres points. | 

Au microscope, on la trouve formée de deux couches de cellules 
allongées, aplaties (fig. 12, t), assez régulières, ordinairement ter- 
minées en pointe à chacune de leurs extrémités et ponctuées sui- 
vant deux ou trois lignes longitudinales; ces ponctuations ressem- 
blent à de petites boutonnières obliquement dirigées (fig. 11). Dans 
les cellales d'une enveloppe récente on trouve des granulations 
vertes qui disparaissent complétement par la dessiccation. 


I 
GERMINATION. 
(PL IL, fig. 4-47.) : 
CONDITIONS DÉPENDANT DE LA GRAINE. — Les graines que l'on 
voudra faire germer devront étre intactes; plus on les prendra 


SUR LE COFFEA ARABICA. 98 


fraiches et récentes, plus elles présenteront de chances de réussite. 

4° Les graines devront étre intactes. On rejettera toutes celles 
qui sont brisées ; ce précepte s'appliquera surtout à celles du com- 
merce qu'on voudrait essayer de faire germer. Quand on prendra 
des graines sèches, on choisira de préférence celles qui sont encore 
renfermées dans le péricarpe, ou tout au moins dans leur noyau. 
Mais pour les semer, cesenveloppes sont complétement inutiles ; la 
pellieule propre qui recouvre l'albumen et qui dépend de la graine 
n'est pas elle-méme indispensable ; on peut réduire les graines à 
leur albumen corné sans compromettre le succès de l'opération. 

2" Les graines devront autant que possible étre récentes, Les 
botanistes aneiens ayant tenté plusieurs fois de faire germer 
des graines sèches, et n'ayant obtenu que des résultats néga- 
tifs, en étaient venus à déclarer que le grain de Café, pour 
pousser, devait être semé immédiatement aprés avoir été cueilli. Ce 
précepte est trop absolu. Hest vrai que le Cafier possède peut-être, 
de toutes les graines connues, celles qui perdent le plus rapidement 
leur faculté germinative. Mais cependant il est reconnu depuis 
longtemps que l'on peut obtenir des germinations avec des graines 
sèches. Plus les graines seront anciennes et plus les chances dimi- 
nueront, plus il faudra en sacrifier pour obtenir un résultat. Mais 
il n'en est. pas moins prouvé par là que la condition de prendre 
des graines fraiches et récentes n'est pas indispensable. Dans nos 
expériences, nous avons réussi avec des graines qui, d'aprés nos 
informations, remontaient à plus de six mois. 

CONDITIONS EXTÉRIEURES. —Ce sont celles de toute soumis abs ; 
il faut de l'air, de la chaleur, et de l'eau ; il faut que ces agents 
soient fournis dans une juste mesure. 

La température doit être ici assez élevée; il faut que la graine 
ait constamment de 30 à 35 degrés. On peut, pour hâter la germi- 
nation, pousser jusqu'à 45 et. même 50 degrés. Mais passé ce 
point, on brüle la graine. 

Quand on ne veut que la sortie de la radicule, il est un moyen 
fort simple d'obtenir ce que l'on désire : c'est de faire bouillir 
les graines pendant quelques heures. 


25 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


DURÉE DE LA GERMINATION. — Le temps que les graines mettent 
à germer varie suivant qu'elles sont anciennes ou récentes; dans 
le premier cas, l'opération est plus lente. M. Houllet a obtenu des 
germinations en vingt-huit jours avec des graines fraichement 
cueillies sur le Cafier du Muséum; M. Rivière, avec des graines 
séches, n'était, qu'avec peine, arrivé en dix-sept jours au com- 
mencement de la seconde période, c'est-à-dire à l'apparition de 
la radicule. M. Drévault, malgré une température constante 
de 50 degrés, n'est arrivé au méme résultat qu'en douze jours. 

PHÉNOMÈNES PHYSIQUES. — Si nous enfouissons en terre un 
fruit de Cafier et que nous le placions dans les conditions extérieures 
indiquées plus haut, l'évolution de l'embryon se fait en vingt-huit 
jours, avons-nous dit. On peut diviser le travail en trois périodes : 
la première s'étend jusqu'au moment où la graine s'est débarras- 
sée de ses enveloppes, péricarpe, noyau, tégument propre ; la se- 
conde, jusqu'au moment où la graine sortira de terre portée par 
son axe; la dernière, jusqu'au moment où les cotylédons s'étaleront 
dans l'air. 

Première période. — Le gonflement de toutes les enveloppes 
par l'absorption de l'eau est le phénoméne qui marque le com- 
mencement de cette période. C'est ce gonflement qui amène la 
destruetion des parties extérieures. Si le fruit est récent, cette 
destruction a lieu avec facilité ; s'il est ancien, au contraire, elle se 
fait plus lentement. Dans ee dernier cas, on voit le mésocarpe se 
gonfler, l'épiderme qui le recouvre se fendiller; bientót les cel- 
lules parenchymateuses se détruisent, se putréfient et disparais- 
sent, ne laissant sur le noyau que les fibres que leur nature 
ligneuse protége plus longtemps. Ici il y a comme un temps d'arrét 
pendant lequel l'albumen corné se gonfle par l'humidité, à travers 
l'enveloppe pareheminée du noyau et les cellules lâches du tégu- 
ment propre. Le noyau ne peut, à cause de sa structure et de sa 
résistance, suivre l'albumen dans son développement; alors il 
s'entr'ouvre suivant une fente qu'il présente sur sa face ventrale, 
à l'endroit qui correspond au sillon longitudinal. Plus l'écartement 
devient prononcé et plus les liquides arrivent facilement à l'albu- 


SUR LE COFFEA ARABICA, 95 


men dont le volume double en peu de temps. Le noyau est de 
plus en plus entr'ouvert ; bientót ses bords glissent sur les faces 
extérieures de la graine et il se sépare complélement. Le tégu- 
ment propre est si faible, si mince, présente si peu de cohésion, 
qu'il se détruit presque en méme temps. 

La premiére période est terminée ; l'albumen et l'embryon res- 
tent seuls. Cette période peut durer de quinze à dix-huit jours, et 
méme plus pour les graines anciennes. C'est presque sur elle 
seule que porte le retard dans la germination des cafés du com- 
merce. 

Deuxième période. — On voit apparaitre sur le dos de la graine 
à la partie inférieure, prés de l'extrémité ouverte du sillon longi- 
tudinal, un petit mamelon; c'est une portion de l'albumen qui se 
soulève; le mamelon devient plus saillant, translucide. On s'aper- 
coil bien qu'un corps contenu cherche à s'échapper ; en effet, une 
rupture se fait et par elle apparait un petit cóne blanc jaunátre, du 
volume d'une petite téte d'épingle (fig. 1, r). Autour de ce corps, 
déjetés en dehors, se voient les bords déchiquetés et transparents 
dela solution de continuité. Si l'on ouvrela graine, on constate que 
l'embryon a grossi; la radicule surtout a pris proportionnellement 
un développement considérable (pl. 4 bis, fig. 10; pl. 2, fig. 8). 
Les cotylédons se sont aussi accrus ; ils ressemblent à une petite 
feuille acuminée, aigué, cordiforme, à nervures marquées, mais 
peu saillantes; ils sont appliqués l'un sur l'autre par leur face 
supérieure. À cet instant, il devient très-facile de constater leur 
position dans le centre organique de l'albumen , où tout le tissu qui 
formait la fente embryonnaire s'est désagrégé. L'embryon se 
trouve ainsi à cette époque en rapport avec le point du tissu de 
l'albumen qui est le plus lâche, le plus mou, et par conséquent le 
plus propre à fournir à la nutrition, laquelle ne se fait encore que 
par ses cotylédons. 

L'embryon se nourrit done du tissu de l'albumen, et c'est la 
partie de ce tissu qui est le plus proche de la ligne embryonnaire 
qui fournit les aliments. Maissi, d'un cóté, il se faitune absorption 


26 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


au profit du jeune végétal, il se fait une résorption au détriment dela 
graine. C'est cette résorption qui améne la formation de la cavité 
embryonnaire; le tissu lâche, désagrégé déjà, se vide de ses élé- 
ments nutritifs, en suivant tout le trajet et tous les contours de la 
ligne embryonnaire, et bientót, de proche en proche, une cavité 
se forme ; ses parois sont d'abord fort rapprochées et se touchent, 
mais l'espace existe et les feuilles cotylédonaires pourront s'y 
engager. Plus les cotylédons seront grands, plus la nutrition se 
fera, plus la cavité s'élargira ; à tel point qu'il viendra une époque 
où l'albumen, aprés avoir perdu tous ses éléments nutritifs, sera 
réduit à l'état d'une coque dure, inerte. Il ne sera plus qu'un 
obstacle dont la plante devra se débarrasser. 

Pendant que ces phénoménes se passent dans l'intérieur de la 
graine, pendant que la nutrition devient de plus en plus active, 
gráce à l'absorption des éléments de l'albumen, il se manifesle des 
phénoménes extérieurs qui n'en sont que le résultat ; nous voulons 
parler du développement de l'axe. Nous l'avons laissé tout à 
l'heure (fig. 1, r) à l’état de petit cône arrondi, à peine saillant ; ce 
petit cône s'allonge rapidement, il atteint une longueur de 4 à 
5 millimètres; alors on le voit s'incliner en bas (fig. 2, t, v") 
en décrivant une courbe à convexité supérieure, à concavité in- 
érieure. Cet allongement est dû à la tigelle qui a poussé de- 
vant elle le petit cóne radiculaire. On voit déjà se manifester, 
entre ces deux organes, un sillon de séparation qui est le collet. A 
partir de cet instant, la radicule descend verticalement dans le 
sol, tandis que la tigelle croît en sens opposé. 

La nutrition se fait alors, d'un côté par les cotylédons, de l'autre 
par la radicule; il s'établit entre l'absorption interne et l'absorp- 
tion externe un rapport dont le concours amène le développement 
rapide de l'embryon. Nous avons à suivre les changements qui 
vont avoir lieu dans l'axe descendant et dans l'axe ascen- 
dant. 

L'axe descendant se ramifie. Cette ramificatien se fait sui- 
vant des lois fixes; la rhizotaxie existe pour la racine du Cafier. 


Cusen. UN 


SUR LE -COFFEA ARABICA. 97 


Près du collet naît ordinairement une première racine de 
seconde génération (fig, 3, gi: l'axe radiculaire s'allonge et à un 
tiers de circonférence donne un nouveau mamelon de seconde 
génération (fig. 4, r"); puis, aprés un nouveau trajet, à une dis- 
tance encore d'un tiers de circonférence, une troisième radicule 
(fig. 7, 7"), et ainsi de suite; de telle sorte que la quatrième est 
au-dessous de la première, Ja cinquième au-dessous de la se- 
conde, etc. Il y aurait donc des racines qui se développeraient ` 
comme des feuilles, suivant une ligne spirale; on n'en connait 
pas d'autre exemple. L'axe radiculaire principal continue son dé- 
veloppement et atteint rapidement 10 centimètres. Les axes secon- 
daires grandissent suivant l'ordre d'apparition, et chacun d'eux 
donne des racines tertiaires qui se disposent d’après le méme cycle; 

Vers les extrémités de ces jeunes racines on voit apparaitre de 
petites houppes de poils blanchátres qui les entourent comme d'un 
manchon. Ces poils suivent la marche des radicules ; ils apparais- 
sent sur elles de haut en bas, s'arrétant à une longueur de quelques 
millimètres de leurs extrémités; plus elles s'allongent, plus: ils 
descendent; mais à mesure qu'ils apparaissent plus bas ils dispa- 
raissent par leur partie supérieure. Cette disparition des poils 
semble se faire par leur simple affaissement. Suivant les idées de 
M. Gasparrini ee seraient ces poils qui seraient chargés de l'ab- 
sorption radiculaire. 

L'axe ascendant grossit rapidement, puis s'allonge en con- 
Servant sa courbure primitive. Tous les efforts de la plantule 
tendent vers un but, porter la graine hors de terre. Comme elle 
est alors. fixée solidement au sol par ses racines, ce but sera 
atteint par le seul développement de la tigelle. La plus grande 
partie des sues est employée à son allongement, et aprés un temps 
variant avec l'épaisseur de la couche de terre qui la recouvre, la 
graine est portée à la surface du sol; elle y arrive en conservant 
sa position primitive, c'est-à-dire la face ventrale tournée en haut, 
la face dorsale regardant en bas. Quand le grain a été trop-enfoui, 
la tigelle sort de terre avant la graine. Sa courbure s'est exa- 


28 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


gérée, puis quand la tigelle est sortie de terre, le dégagement de 
la graine se fait par un simple redressement. Pendant tout le temps 
que la jeune tige est restée dans le sol, elle a conservé une cou- 
leur rose tendre qui disparait peu à peu, à mesure qu'elle arrive 
au contact de l'air. L'aceroissement continue; la tigelle atteint une 
longueur de 8 à 10 centimètres; en montant elle se redresse, 
devient verticale, prend une couleur vert foncé et acquiert déjà 
une résistance trés-grande. 

La deuxiéme période a duré de sept à huit jours. 

Troisiéme période.— Au moment oü elle commence nous avons 
une plantule avee une racine parfaitement constituée et une tigelle 
qui porte à sa partie supérieure ses cotylédons encore enfermés 
dans l'albumen (fig. 12). 

Si l'on ouvre la graine à cette époque, on trouve les cotylédons 
toujours appliqués l'un sur l'autre; en les écartant, on voit à leur 
base deux mamelons de tissu cellulaire; ces mamelons sont ar- 
rondis et surbaissés. Plus tard, ils s'allongent en formant deux 
espéces de petites cornes qui grandissent trés-lentement. Nous 
reprendrons leur développement plus tard (page 32). Les coty- 
lédons sont de couleur jaune clair, ils n'ont point ehangé de forme, 
mais ils ont considérablement grandi pendant la fin de la période 
précédente (fig. 10); ils occupent toute la partie dorsale de 
l'espace embryonnaire dont ils ont atteint le sommet; ils com- 
mencent déjà à se recourber dans les deux cornes ventrales de 
cette ligne (fig. 44). 

L'albumen, usé par une absorption rapide, est réduit à son 
tissu cellulaire et forme autour des cotylédons une coque trés-dure, 
trés-résistante, qui s'oppose à leur épanouissement à l'air libre. 
Tous les phénomènes qui vont caractériser cette période tendent 
à débarrasser la plante de cet obstacle à son accroissement. Rien 
n'est simple comme la manière dont la nature procède pour arriver 
à son but. 

Nous ne nous occuperons ni des racines ni de la tige qui n'of- 
frent pour l'instant rien d'intéressant à étudier. Les organes four- 


SUR LE COFFEA ARABICA. 99 


nissent les éléments d'une nutrition trés-active, depuis surtout que 
la tige peut respirer, remplie qu'elle est de matiére verte. Tout le 
travail se passe dans l'intérieur de la coque; les cotylédons veulent 
en sortir et y arrivent par une série de faits successifs. D'abord 
toute la cavité de l’espace embryonnaire est envahie; puis la nutri- 
tion continuant etles cotylédons, grandissant toujours et ne pouvant 
s’accroitre en largeur, s'allongent; mais l'allongement ne peut se 
faire dans cette cavité que par un plissement (fig. 18 et 44); 
ces plissements augmentent le volume des cotylédons; les deux 
lames de la coque s'écartent, s'écartent encore, jusqu'à ce que le 
tissu se déchire. Cette déchirure se fait par la partie inférieure de 
l'enveloppe, et là elle est favorisée par la rupture opérée lors du 
passage de la radicule et de la tigelle. La solution de continuité 
s'accroit rapidement. L'air arrive à la partie inférieure des coty- 
lédons et donne une nouvelle impulsion au travail; cette portion 
commence à sorlir et en sortant écarte encore la fente 
(fig. 15, etc.). Alors interviennent deux nouvelles forces : l'une 
est le redressement des plis; l'autre, l'épanouissement des coty- 
lédons. La premiére est expultrice; l'extrémité supérieure des 
cotylédons pressant de bas en haut sur le fond de la coque, la 
souléve peu à peu, la repousse, et bientót il n'en reste plus dans 
l'intérieur qu'une faible portion. La seconde force, en écartant les 
deux lames cotylédonaires, dégage celte derniére partie, et la 
jeune plante élale ces premières feuilles, rejetant à terre son enye- 
loppe (fig. 16). Cette période est compléte en trois jours; quel- 
quefois même en vingt-quatre heures. La germination est terminée. 

Anarome. — Radicule. Au moment de sa sortie de la graine, 
elle est entièrement formée d’un tissu cellulaire mou, à cellules 
arrondies, présentant de larges méats intercellulaires. Peu à 
peu ces cellules se pressent, semblent devenir plus petites; les 
méals disparaissent ; celles de la périphérie forment, en s'aplatis- 
sant, l'épiderme. Un peu plus tard, nous avons trouvé des rangées 
de cellules ponctuées, rayées, spiralées; plus tard encore, et sans 
que nous ayons pu saisir le passage des unes aux autres, il y 


80 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


avait des faisceaux fibro-vasculaires en nombre considérable. 

Quand la racine est plus développée, c’est-à-dire au commen- 
cement de notre troisième période, nous l'avons trouvée formée 
ainsi qu'il suit, en allant de la périphérie vers le centre : D'abord 
un épiderme fort mince composé de cellules aplaties, mais pré- 
sentant encore des bosselures; ces cellules sont régulières. 
Au-dessous nous avons trouvé un espace assez épais occupé par 
des cellules larges, arrondies, parfois un peu aplaties et tendant 
à la forme polyédrique. Ces deux couches formaient l'écorce. 
Venait ensuite une zone de bois serré, dense, épais, composée de 
faisceaux rapprochés qui à leur angle interne montraient des vais- 
seaux ponctués, rayés, spiralés; le centre était occupé par du tissu 
cellulaire che contenant quelques granules (fig. 19). 

La tigelle nous a toujours présenté, à quelque âge que nous 
l'ayons examinée, aprés sa sortie de la graine : 1* un épiderme 
parfaitement constitué, tabulaire, rappelant tout à fait celui de la 
racine; 2° sous l'épiderme, un tissu cellulaire trés-abondant, à 
larges mailles, présentant des globules jaunes, puis verdâtres; 
3° une zone de bois, mais cette zone est un peu moins serrée et 
moins dense que la zone correspondante de la raeine. Elle est 
formée de faisceaux fibro-vasculaires groupés les uns prés des 
autres, présentant à leur partie interne des vaisseaux ponctués, 
rayés, et des trachées déroulables (pl. 4 bis, fig. 20 et 21). Le 
centre, ou moelle, est entièrement composé de tissu cellulaire à 
larges mailles contenant des granules épars. C'est donc, à peu 
prés, la méme composition que celle de la racine. 

Les cotylédons, sur une coupe verticale, ne présentent d'abord 
entre deux épidermes qu'un parenchyme à cellules larges et sem- 
blables. A un âge plus avancé, les cellules de la face supérieure 
se serrent et se préparent à devenir ce que nous les verrons étre 
dans les feuilles adultes. On ne constate de stomates que sur l'épi- 
derme de la face inférieure, et seulement à la fin de la troisième 
période de la germination. 


SUR LE COFFEA ARABICA. ` A1 


UI 


PHÉNOMÈNES CONSÉCUTIFS A LA GERMINATION. 
(Pl. I bis, fig. 13 à 45; pl. II, fig. 17à 29.) 


: Nous nous proposons d'étudier dans ce chapitre tous ceux des 
phénomènes de la vie du Café qui se passeront depuis l’âge où 
nous l'avons laissé; c'est-à-dire depuis le moment où il a étalé à la 
lumière ses cotylédons foliacés, jusqu'à l'époque où il va se-repro- 

- duire par la fécondation. Nous étudierons done tout ce qui a trait 
à l'apparition, au développement de ses organes de végétation, 
racines, tiges, rameaux, feuilles et stipules. 

4° RaciwEs. — Nous n'avons que fort peu de choses à dire de 
ce qui a trait à la racine. En quelques mots nous pouvons carac- 
tériser toute sa vie végétative. C'est une racine pivotante qui pro- 
duit des axes nombreux de générations successives ; chaque axe, 
de quelque génération qu'on le considére, se conduit pour la géné- 
ration qui suivra, comme l'axe primitif s'est conduit pour les axes 
secondaires : c'est-à-dire qu'il émettra des radieules de génération 
plus récente suivant une. spire dont le cycle sera 1/3. Il faut 
cependant faire quelques restrictions. En effet, s’il est vrai que la 
racine primitive forme le plus souvent axe principal, il peut 
arriver exceptionnellement que cet axe, arrété par eirconstance 
fortuite, laisse développer davantage les racines secondaires par 
suite de la loi du balancement organique. D'un autre cóté, il ne 
faut pas s'attendre à rencontrer sur les racines âgées la même ré- 
gularité de distribution que nous avons vue présider au développe- 
ment des racines du jeune âge; gêné par le terrain, par les 
agents extérieurs, leur développement peut devenir trés-irrégulier; 
de telle sorte que du méme point on peut voir sortir deux ou trois 
radicelles, et que, d'autres avortant, on ne puisse reconnaitre le 
cycle que nous avons indiqué tout à l'heure. 

2 Tice. — La tige se continue par le développement » la 


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H 


32 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


gemmule, qu'on voit donner d'abord deux feuilles opposées se 
croisant avec les cotylédons, puis deux autres se croisant avec les 
précédentes (pl. II, fig. 17, f, b). Entre les pétioles de chaque 
feuille se voit une stipule acuminée aigué présentant une seule 
nervure médiane (pl. Il, fig. 17, st). 

Au moment où nous avons laissé notre plantule, les cotylédons 
“écartés laissaient voir la gemmule entre leur base. Cette gemmule 
est formée par les deux stipules rapprochées l'une de l'autre. 
Nous rappellerons que les deux stipules sont apparues à la fin de 
la deuxième période de la germination, sous la forme de deux 
petits mamelons arrondis surbaissés (page 28). Ces petits mame- 
lons se sont élevés comme deux petites cornes pendant la troi- 
siéme période; elles ont grandi rapidement en venant à la ren- 
contre l'une de l'autre et en s'amincissant. C'est dans cet état 
qu'elles sont au moment où nous les voyons maintenant, 

Si nous les écartons, nous trouvons sur leur face interne de 
petits mamelons trés-nombreux qui se pressentles uns contre 
les autres; au centre est l'extrémité de l'axe représentée par une 
grosse masse de tissu cellulaire surmontée de deux saillies laté- 
rales superposées aux deux stipules. Cette masse reste assez long- 
temps stationnaire. Les mamelons situés sur la face interne des 
stipules s'allongent et deviennent des poils creux qui grandissent 
avec la stipule; ces poils peu adhérents ne sont autre chose que 
des dépendances de leur épiderme supérieur. Les stipules gran- 
dissent toujours ; restées indépendantes jusqu'alors, on les voit 
se réunir par un bourrelel qui monte avec elles, et bientôt elles 
forment un petit sac bilobé à sa partie supérieure. Des poils con- 
tinuent à naitre dans toute sa face interne; ils se gonflent, gros- 
sissent, et l'on peut constater qu'ils contiennent un liquide granu- 
leux. Ce liquide transsude à travers leurs parois, les agglutine et 
les colle ensemble; bientót la sécrétion devient plus abondante, 
sort de l'intérieur du sac stipulaire et, s'épanchant à l'extérieur, 
forme deux larmes translucides, jaunes, qui font saillie entre les 
deux portions de stipules restées libres (pl. H, fig. 26). 


SUR LE COFFEA ARABICA, 23 


A ce moment, si nous écartons les stipules, si nous enlevons 
l'espèce de matière cireuse dont nous venons de parler, nous re- 
trouvons le corps central présentant encore ses deux mamelons 
superposés aux stipules. Ces deux mamelons sont le premier áge 
des feuilles suivantes (pl. II, fig. 18, f). Ils grandissent et pren- 
nent la forme de petites cornes; alors apparaissent deux autres 
mamelons alternes avec elles, par conséquent superposés aux 
feuilles cotylédonaires (pl. IL, fig. 10, st); ils seront les deux stipules 
de nos jeunes feuilles. Toutes ces parties grandissent ensemble 
(pl. II, fig. 20 et 21); les nervures médianes des feuilles com- 
mencent à se dessiner (pl. II, fig. 20). Les jeunes stipules st portent 
des rudiments de poils, et bientôt (pl. II, fig. 23) on voit au centre 
l'axe se continuer et porter deux nouveaux mamelons superposés 
aux jeunes stipules. Icile développement de l'axe reste stationnaire; 
toutes les modifications portent sur les feuilles que nous avons 
suivies depuis leur apparition (pl. II, fig. 18, 19, 20, 21, 22). 
Ces feuilles grandissent en s'appliquant l'une sur l'autre par leur 
face supérieure ; la nervure médiane se prononce dans toute leur 
longueur etles nervures secondaires apparaissent les unes à la 
suite des autres de bas en haut. 

Pendant tout le temps que ces transformations se sont opérées, 
le bourgeon est resté enveloppé dans le sac stipulaire (pl. II, 
fig. 26); en grandissant, l'extrémité des feuilles traverse la couche 
de cire qui remplit la cavité du sac, et bientót on voit apparaitre 
leur pointe à travers les. stipules qui s'écartent pour leur livrer 
passage, tout en les couvrant d'un vernis protecteur. L'axe alors 
s'allonge, le sac stipulaire l'embrasse à sa base; en montant ainsi, 
l'axe emporte les deux feuilles de nouvelle génération, qui bientót 
s'étalent comme nous avons vu les cotylédons s'étaler eux-mêmes; 
entre leurs pétioles écartés ils laissent voir une nouvelle gem- 
mule, Cette gemmule est formée exlérieurement par les deux sti- 
pules des feuilles qui viennent de s'étaler; ces stipules se rap- 
prochent l'une vers l'autre. Si nous les écartons, nous trouvons 


à leur face interne de nombreux mamelons allongés en poils, et 
v. 3 


9h RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


au centre une masse cellulaire que nous avons vue (pl. II, fig. 23, b) 
portant deux saillies superposées aux stipules, etc. ; nous répéterions 
ce que nous disions pour la premiére gemmule (page 18) et nous 
repasserions par tous les mémes états (pl. II, fig. 18, 19, 20, 21, 
22, 93). En effet, l’organogénie de tous les bourgeons successifs ` 
est toujours la méme. 

L'axe se charge ainsi successivement de feuilles qui sont dis- 
posées par paires opposées, décussées, c'est-à-dire que les supé- 
rieures se placent en eroix au-dessus des inférieures, et ainsi de 
suite. Entre les pétioles on voit appliquées sur l'axe, les deux 
stipules qui l'embrassent étroitement en lui formant comme une 
manchette. — Au niveau de l'émission de chaque paire de feuilles 
l'axe se renfle et forme une espèce de nœud; de plus, il est aplati 
sensiblement : il s'élargit dans le sens du diamètre à l'extrémité 
duquel sont les feuilles, et se déprime en sens opposé. Cette dé- 
pression est surtout marquée sur le milieu de l'axe qui présente 
comme une gouttière longitudinale. Or, les feuilles étant décus- 
sées, comme nous l'avons dit, l'axe sera done aplati et élargi 
alternativement en sens opposé. — Cette forme est surtout sen- 
sible pour les axes d'une année; quand ils sont vieux, ils présen- 
tent bien encore des nœuds, mais ils reprennent assez la forme 
arrondie. 

Anatomie. — La structure de la tige d'une année ne différe de 
la tige naissante (pl. I bis, fig, 44, 20, 21) que par l'existence de 
deux couches de bois et par la plus grande proportion de chloro- 
phylle dans la couche herbacée. Plus tard, cette chlorophylle dis- 
parait et le tissu devient subéreux. Si l'on examine une tige de 


plusieurs années, on trouve que son épiderme est devenu blan- 


châtre, trés-fin, facile à détacher; la couche subéreuse se sépare 
de méme avec la plus grande facilité. L'étude microscopique, - 
outre les changements dans l’écorce, n'indique rien autre chose 
que la succession d'un nombre variable de couches de bois. 

Ar Rauravx. — L'oxe principal se ramifie et donne des axes se- 
condaires. Voyons comment se développent les axes de seconde 


SUR LE COFFEA ARABICA. ' 35 


génération : Si l'on enlève une feuille et qu'on cherche à son 
aisselle, on ne trouve que l'angle de réunion des deux stipules ; il 
faut ouvrir l'espéce de collerette qui entoure la tige en cet endroit 
pour trouver les bourgeons (pl. II, fig. 28). Devant chaque feuille 
on trouve un, deux, trois et méme quatre de ces bourgeons; ils 
se sont développés en cymes ; les plus anciens sont les plus prés de 
l'axe. Ce sont ces organes qui donneront soit des fleurs, soit des 
rameaux, suivant les circonstances. Nous ne pensons pas qu'il y 
ait prédestination spéciale, parce que nous croyons que le méme 
bourgeon pourra, suivant le besoin, donner un organe de végé- 
tation ou un organe de fructification. 

Quoi qu'il en soit, suivons le développement de l'un de ces ra- 
meaux. Au plus jeune âge, il se présente sous l'aspect d'un petit 
mamelon; ce petit mamelon s'aplatit, et à l'extrémité d'un méme 
diamètre, on voit apparaitre deux éminences qui s'allongent un 
peu et prennent la forme de petites cornes ; puis, peu aprés ap- 
paraissent, alternes avec les deux premiers, deux autres mame- 
lons. Nous ne pouvons ici méconnaitre l'analogie qu'il y a entre 
ce développement et celui du bourgeon que nous avons suivi 
tout à l'heure dans l'axe principal. Il arrive parfois que le reste 
des phénoménes se passe tout à fait comme nous l'avons dit plus 
haut; en sorte que, dans ce cas, aucun doute n'est permis sur la 
nature de ces petits corps. Les deux premiers forment des feuilles 
qui restent petites, les deux seconds forment de trés-petites sti- 
pules ; ees quatre organes restent toujours libres et indépendants. 
Mais dans d'autres cas, la nature agit autrement : l'avortement, 
qui pour le cas précédent n'était qu'indiqué, se prononce davan- 
tage, probablement à cause de la difficulté qu'auraient les premières 
feuilles à prendre leur développement habituel dans l'étroit espace 
laissé entre l'anneau stipulaire et l'axe. Dans ce cas, les quatre 
mamelons, aprés être nés d'une manière distincte, se soulèvent 
ensemble, et forment un sac à quatre dents, deux grandes et deux 
petites. Si l'on n'avait pas le fait sur lequel nous insistions à Pin- 
stant, on serait fort en peine pour savoir quelle est la nature de 


36 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


ces quatre dents ; pour nous, il est évident que les deux grandes 
sont les feuilles, et les deux petites les stipules. Dans l'un et 
l'autre cas, l'épiderme interne fournit des poils sécréteurs, et l'axe 
donne au centre un nouveau mamelon ; celui-ci s'allonge, s'a- 
platit au sommet; deux rudiments de feuilles apparaissent. Peu 
aprés, deux rudiments de stipules et le rameau se développent 
comme nous l'avons décrit pour l'axe principal. Quand il y a 
réunion des feuilles avec les stipules, on voit le bas du rameau 
entouré d'une sorte de petite cupule à quatre dents; elle n'existe 
pas, on le comprend, pour les rameaux dans lesquels les quatre 
premiers appendices sont restés libres. 

Le rameau secondaire continue son développement et donne, 
de méme que l'axe principal, des feuilles opposées et des entre- 
nœuds aplatis dans le sens du diamètre qui porte les feuilles, 
renflés au niveau de chaque émission des appendices. Les rameaux 
deviennent fort longs, ils sont flexibles, et se courbent vers la 
terre en se relevant toutefois vers leur extrémité. Mais, chose qui 
parait bizarre au premier abord, c’est que la branche est toujours 
aplatie dans le méme sens, et comme conséquence, c'est que les 
feuilles au lieu d’être décussées comme sur l'axe principal, sont 
distiques. On se rend compte de ce phénoméne par un examen 
attentif. On remarque, en effet, qu'entre chaque entre-nœud il y a 
eu torsion de la tige, et l'on comprend que cette torsion a été 
opérée par une action toute physiologique, la plante étant forcée 
de présenter ses feuilles parallèlement au sol, une face en haut, 
une face en bas. Le pétiole des feuilles lui-même est comme tordu. 
Cette déviation se fait dans le tout jeune âge et dès que la feuille 
s'est étalée. Jusque-là elle s'était présentée comme elle aurait dû 
être, décussée, c’est-à-dire en croix avec les précédentes. En as- 
sistant à son développement, on voit parfaitement les mamelons 
rudiments des feuilles se présenter directement au-dessus des sti- 
pules précédentes. 

Ce phénomène en entraîne un autre qui en est la conséquence: 
c’est que, si des rameaux tertiaires naissent sur le rameau secon- 


D 


SUR LE COFFEA ARABICA. 37 


daire, ils ne se développeront point en croix comme cela aurait 
liea sur l'axe principal, mais ils se placeront tous dans le méme 
plan, se disposant le long du rameau qui les portera comme les 
barbes d'une plume. De plus, il paraîtrait que si l'on voulait 
se servir d'un de ces rameaux à feuilles distiques pour faire 
une bouture, toutes les branches se disposeraient de la méme 
maniére. 

Une question non moins intéressante, c'est celle des rameaux 
que les horticulteurs appellent stipulaires. Si, par une cause quel- 
conque, un Cafier vient à perdre son axe principal, si les rameaux 
secondaires ne suffisent pas, la nature fait sortir de nouveaux ra- 
meaux latéraux qui se montreront de chaque cóté du premier. On 
avait eru que les stipules portaient des bourgeons à leur aisselle, 
et l'on avait pensé que c'étaient ces bourgeons qui se développaient 
dans ce cas qui nous occupe. Nous n'avons point besoin de cette 
interprétation ; nous avons vu, en effet, qu'à l'aisselle de chaque 
feuille, on rencontrait une cyme de bourgeons; rien n'est donc 
facile comme l'explication de leur développement, quand l'axe 
principal a été détruit. i 

Ces bourgeons stipulaires qui, en fin de compte, ne sont que 
des bourgeons secondaires, ne se conduisent point comme les 
derniers. En effet, on ne les voit pas porter des feuilles distiques 
et des rameaux toujours aplatis dans le méme sens. Ce fait aurait 
lieu d'étonner, si l'on ne remontait encore iei à sa cause. Un 
rameau secondaire se développant sur un axe principal, tend, 
grâce à sa sensibilité pour la lumière, non pas à monter, mais au 
contraire à gagner les endroits éclairés ; il se dirigera done, non 
pas vers le haut de la tige, mais presque horizontalement ; en 
considérant un Cafier, on est frappé de l'aspect que lui donne 
cette appétence vers la lumière ; les rameaux s'inclinent vers Pes- 
pace libre, et dés qu'ils sont devenus horizontaux, ils obéissent à 
la méme loi et ils se tordent comme nous l'avons dit. Ayons, au 
contraire, affaire à un rameau stipulaire, développé, par exemple, à 
la suite de l'ététage; dans ce cas, l'air, la lumière, se trouvant 


38 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES- ET .QRGANOGÉNIQUES 


vers le haut de la tige, les rameaux.se redresseront et pousse- 
ront droits. Dés qu'ils auront. pris cette position, aucune raison 
physiologique ne les forcera à se tordre; leurs feuilles deviendront 
décussées et la tige prendra toutes les allures de l'axe principal. 
Il nous semble qu'il n'y a pas d'autre moyen d'expliquer ces ano- 
malies, qui sont plus apparentes que réelles. 

h° FguiLLEs.—Nous avons suivi le développement des feuilles ; 
nous avons vu se former leurs nervures médiane et secondaires. 
Arrivées à l'état adulte, elles perdent la couleur vert-jaune 
qu'elles avaient dans le jeune âgé, pour prendre la teinte vert 
foncé, luisante en dessus, blanchátre en dessous. Elles sont simples, 
entières, opposées, distiques ou décussées, elles peuvent atteindre 
jusqu'à 15 centimètres de long sur 7 de large, elles sont penni- ` 
nerviées. Leur pétiole est assez court, bordé par une étroite laniére 
du limbe qui est un peu décurrent; ce pétiole est tordu sur 
lui-méme dans les feuilles qui appartiennent aux rameaux la- 
téraux. e 

Anatomie. — L'étude microscopique de la feuille comprend 
trois choses distinetes : l'étude des nervures, l'étude du paren- 
chyme, celle des épidermes. Dans les nervures, rien de particulier 
à noter; elles sont formées de vaisseaux trachéens, protégés par 
des fibres résistantes allongées, fusiformes (pl. 4 bis, fig. 14). Il 
y a deux épidermes, l'un supérieur et l'autre inférieur. L'épiderme 
supérieur, tabulaire, est régulier et ne présente point de stomates ; 
l'épiderme inférieur, tabulaire aussi, est composé de cellules irré- 
guliéres, ondulées; il est criblé de stomates qui sont trés-petits 
(pl. 4 bis, fig. 15). Le tissu cellulaire interposé, ou parenchyme, est 
fort différent, suivant qu'on l'examine prés de l'épiderme supérieur 
ou prés de l'épiderme inférieur (pl. ^, fig. 16). Prés del'épiderme 
supérieur, on trouve une série de cellules allongées, prismatiques, 
serrées, remplies d'un grand nombre de grains de chlorophylle. 
Au-dessous et occupant les deux tiers de l'épaisseur, se voient des 
cellules lâchement unies, colorées en vert jaunâtre par des gra- 
nules de chlorophylle, et laissant entre elles de larges méats 


SUR LE COFFEA ARABICA. 39 


intercellulaires qui communiquent avec l'air extérieur par les 
stomates. 

A l'angle de réunion de la nervure médiane avec les nervures 
secondaires, on voit parfaitement à l'œil nu un petit épaississement 
qu'au premier abord on prendrait pour une glande. Si l'on examine 
à l'aide d'une loupe, on ne tarde pas à s'apercevoir que chaque 
masse est percée d'une petite boutonniére qui sur quelques-unes 
surtout est trés-apparente (pl. 4 bis, fig. 17). En écartant les lévres 
de cette solution de continuité, on trouve une petite cavité quelque- 
fois vide ; d'autres renferment un petit articulé ou bien ses œufs. 

5° SrirULEs. — Nous avons été entraîné, en faisant l'organo- 
génie des rameaux, à suivre le développement des stipules ; nous 
n'y reviendrons ici que pour résumer les faits et insister sur 
quelques points. Nos recherches nous permettent d'avancer : 
1^ que les stipules naissent aprés les feuilles et sur un point plus 
élevé de l'axe; 2° qu'elles sont libres de toute connexion avec les 
organes; 3* que chacune nait par un seul mamelon. La dernière 
de ces conclusions est en désaccord avec tout ce qui a été dit 
et éerit sur les stipules. On admet, en effet, qu'à la base du 
pétiole de chaque feuille naissent à droite et à gauche deux mame- 
lons. Iei comme nous avons deux feuilles opposées, il devrait y 
avoir quatre mamelons. Ces quatre organes, en grandissant se 
souderaient deux par deux de chaque côté de la tige pour former 
les stipules interpétiolaires. Quoique notre attention ait été fixée 
sur ce point, nous n'avons jamais vu de chaque côté de l'axe se 
développer plus d'un mamelon, à la place de deux indiqués par les 
auteurs. Il faut donc admettre une union congénitale; il faut, 
pour mieux parler, dire que les quatre mamelons sont connés deux 
par deux. Le développement des stipules n'a point encore été le 
sujet d'études complétes, peut-étre y aurait-il beaucoup à faire dans 
ce sens. 

Quoi qu'il en soit, ces deux mamelons stipulaires, libres de 
toutes connexions avec les feuilles, commencent par être libres 
entre eux; ce n’est que plus tard que leur base s'élargit. et 


A40 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


qu'ils vont à la rencontre l'un de l'autre; celte fusion se fait : 


devant la feuille et dans son aisselle. A partir de cette époque, les 
deux stipules réunies sont soulevées ensemble, formant un sac à 
deux lobes alternes avec les feuilles. Ces stipules se conduisent 
presque comme les feuilles; jaunâtres d'abord et couvertes du 
vernis qui enduit toute la plante, elles verdissent, s'accuminent et 
sont parcourues par une nervure médiane. 

Une dépendance des stipules sont ces poils glanduleux que l'on 
trouve sur leur face interne. Ces poils sont une dépendance de 
l'épiderme dont les cellules se soulèvent d'abord comme un 
petit dóme qui s'allonge et prend peu à peu la forme d'un doigt 
de gant. Creux dans le principe ou remplis d'un liquide inco- 
lore, on les voit devenir opalins; il se forme dans leur intérieur 
des noyaux et, en fin de compte, un liquide épais, visqueux, 
gluant, tenace, un vernis de couleur brunâtre qui est sécrété 
ep abondance, surtout au moment où les organes dépendant du 
bourgeon qu'elles contenaient les traversent. Ce liquide, insoluble 
dans l'eau, est soluble dans l'aleool et l’éther. Ce vernis qui couvre 
en grande abondance les jeunes pousses se retrouve sur les 
organes plus àgés et mémes trés-vieux; alors il se montre en 
plaques eassantes, desséchées, luisantes ; ses parcelles sont faciles 
à voir et à détacher. j 

Les stipules semblent avoir pour fonetion de protéger le bour- 
geon qui se développera dans leur intervalle et ceux qui naitront 
à l'aisselle des feuilles. Grâce aux replis qui les transforment en un 
petit sae, elles abritent les bourgeons ou boutons qui se dévelop- 
peront entre elles et l'axe. 

Le but physiologique atteint, les fonctions accomplies, on voit 
les poils se dessécher et les stipules se détruire tout au moins dans 
leur partie libre. 

Arrivé à son complet développement, le Cafier est un sous- 
arbrisseau toujours vert qui atteint de 5 à 6 mètres de hauteur. Son 
tronc est dressé, il émet, de distance en distance, des rameaux qui 


SUR LE COFFEA ARABICA. M 


sont opposés deux par deux; de telle sorte que la paire supérieure 
de rameaux croise l'inférieure à angle droit, comme les feuilles à 
l'aisselle desquelles ils se sont développés. Les branches sont lon- 
gues, souples, chargées de feuilles distiques ; de leur aisselle 
peuvent partir, deux par deux, des rameaux qui seront ici, non 
plus croisés, mais parallèles. 

La régularité avee laquelle le Cafier se ramifie, la couleur 
verte et luisante de son feuillage, la souplesse et la légéreté de ses 
branches lui donnent un port très-gracieux. Il se plait surtout 
sur les collines et sur les montagnes ombragées à l'exposition du 
levant, où il a le pied à sec et la tête souvent arrosée de pluies 
douces et tempérées. Celui qui vient sur les lieux élevés est 
plus petit, plus rabougri, il donne des fruits moins gros; ce sont 
ces fruits-là qui sont cependant le plus recherchés. Il demande un 
climat doux, où il trouve une température qui ne descende jamais 
au-dessous de 10 degrés, et ne monte pas au-dessus de 30 ou 25 
degrés. Il redoute les vents de la mer; ce sont des coups de vent 
qui ont détruit une partie des Cafiers de la Réunion. Une trop forte 
insolation lui est aussi nuisible. C'est encore pour lui éviter d'étre 
exposé à ces causes de destruction qu'on cherche à l'abriter derrière 
d'autres plantations qui l'ombragent et arrétent l'effort des vents. 
Le Cafier est de plus sujet à quelques maladies; nous citerons 
celle produite par un insecte qui s'attache aux racines et les 
détruit; c'est à cette cause qu'on doit de ne pouvoir cultiver le café 
à Mayotte. 

Sa longévité varie beaucoup, suivant qu'il rencontre ou non 
un sol qui lui convient et des circonstances favorables. C'est ainsi 
qu'on voitle plan de Moka, à la Réunion, mourir aprés la premiére 
récolte, c'est-à-dire dans la quatrième année. Sa durée moyenne ` 
est de dix-sept ans; cependant on le voit quelquefois atteindre jus- 
qu'à trente. Il y a des variétés de plants plus robustes ; et tel so] 
qui plait aux uns peut être défavorable aux autres ; c’est ainsi qu'à 
la Réunion le plant Leroy vit parfaitement là où dépérissait le plant 
de Moka. Ces différences n'étonneront point si l'on songe que, 


A42 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


chaque jour, nous voyons la méme chose se passer pour nos 
variétés de vignes. 

Le Cafer fleurit dans sa froisième année. L'époque de sa 
floraison n'est pas réguliére; ainsi on le voit parfois donner des 
fleurs toute l'année ; d'autres fois, il ne fleurit qu'au printemps ; 
enfin, dans d'autres cas, il y a deux époques : le printemps et 
l'automne. Ces différences tiennent au elimat qu'il habite et au 
moment de la saison des pluies. Ainsi, à Taiti, il fleurit au 
mois de décembre et donne ses fruits vers le mois de mai. A 
Nossi-Bé, on a deux récoltes, l'une en février et mars, l'autre 
en juin et juillet. 


IV 


FLORAISON. — REPRODUCTION. 


(Pl. III et IV.) 


OncaNocÉxiEg, — A l’aisselle des feuilles, dans l'espace compris 
entre la collerette des stipules et l'axe, on voit apparaitre successi- 
vement trois, quatre ou cinq mamelons qui formeront les fleurs. 
En ouvrant un de ces espaces, il est possible par conséquent de 
trouver tous les états différents et d'avoir les passages de l'un à 
l'autre. Nous allons en suivre un dans son évolution. 

Involucelle. — On ne trouve d'abord qu'un mamelon plat de 
tissu cellulaire lâche, mou, transparent, facile à distinguer sur le 

tissu qui forme l'axe. Sur ce mamelon se montrent en méme temps 
deux renflements latéraux; l'un d'eux prend rapidement plus 
d’accroissement que l'autre. Apparaissent ensuite deux autres 
renflements, un postérieur et un antérieur. A partir de cet instant, 
les quatre renflements grandissent et sont soulevés ensemble. Si 
l'on ouvre le sae qu'ils forment, on trouve l'axe qui fait saillie au 
centre, et, de plus, on voit l'épiderme interne du sac qui est 
hérissé de petits mamelons trés-nombreux. Plus tard toutes les - 
parties se sont accrues; l'axe s'est renflé en un gros mamelon 
central ; les mamelons de l'épiderme se sont allongés; on voit déjà 


SUR LE COFFEA ARABICA. LE 


qu'ils donneront des organes glanduleux analogues à ceux que 
nous avons vu protégeant les bourgeons. Jusqu'ici tout se passe 
comme dans le développement des axes et des rameaux. 

Le mamelon central donne deux renflements, tantót latéraux, 
tantôt, au contraire, antérieur et postérieur, puis deux, trois ou 
quatre autres qui s'allongent inégalement et forment une seconde 
enveloppe, un deuxième sac inclus. Ce sac se couvre rapidement 
de poils analogues à ceux qui tapissent le premier. Ces poils com- 
mencent à sécréter de la matière cireuse; alors seulement se 
montre le premier rudiment de la fleur. 

Apparition de l'axe floral et du calice. — C'est un petit ma- 
melon plan om se soulève peu à peu sur un pédicule renflé en 
tête ; sur lui, on voit apparaitre les cinq sépales successivement 
et dans l'ordre suivant: un antérieur, puis un postérieur, un autre 
antérieur et deux autres latéraux. 

Pendant ce temps les deux enveloppes ont continué à s'élever; 
le liquide a été sécrété en abondance, il vient faire une saillie en 
forme de larme entre les quatre divisions de l'involuere ; on croi- 
rait que c'est la fleur qui va sortir; il n'en est rien, car si l'on 
ouvre cette espèce de bouton, on voit qu'il faut détruire l'uné aprés 
l'autre les deux enveloppes, puis enlever toute la masse visqueuse 
qui les remplit, et c'est à peine si au fond on apercoit la jeune 
fleur. Nous laisserons ces différentes parties extérieures grandir 
pendant quelque temps encore. Nous n'y reviendrons que plus 
tard ; nous allons simplement suivre maintenant la jeune fleur dans 
son évolution. 

Apparition de la corolle. — Les sépales apparus, le pédoncule 
floral s'allonge, grossit surtout vers l'extrémité; et sur le plan 
qu'il forme à sa partie supérieure se soulévent en méme temps 
cinq mamelons alternes avec les sépales : ce sont les pétales. 

Apparition des étamines. — Elle suit de trés-prés celle des 
pétales, sous forme de cinq mamelons alternes dont l'apparition 
est simultanée. | 

Apparition des feuilles carpellaires.—Un certain laps de temps 


A^ RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


sépare cette évolution de la précédente. Le pédoncule s'est con- 
sidérablement augmenté, et tous les organes apparus jusqu'ici se 
sont mieux dessinés. Le réceptacle forme une petite écuelle bor- 
dée par les rudiments des trois verlieilles extérieurs; au centre se 
voit un mamelon : c'est l'axe qui s'éléve. Puis deux bourrelets en 
forme de fer à cheval apparaissent, l'un en avant, l'autre en 
arrière ; ils sont d'abord isolés; plus tard leurs branches vont à la 
rencontre les unes des autres et se fusionnent ensemble, en méme 
temps qu'elles s'unissent avec l'axe à l'extrémité de son diamétre 
antéro-postérieur. Cette fusion s'est faite par un soulèvement de 
l'axe et des bourrelets ; ces trois parties, d'abord indépendantes, 
sont maintenant connées. Entre l'axe au centre et la face interne 
de chacun des bourrelets carpellaires, existe de chaque côté un 
espace qui a la forme d'un petit croissant ; ce point sera le fond 
des loges; ces points sont frappés d'un arrét de développement. 

Apparition des loges. — Tout se soulève dans la fleur, calice, 
corolle, étamines, carpelles; les deux points indiqués plus haut 
seuls restent stationnaires; il en résulte, en ces deux endroits, 
une fossette, puis un petit puits qui devient de plus en plus pro- 
fond, qui semble se creuser. Je dis que les cavités semblent se 
creuser, mais en réalité elles ne deviennent profondes que parce 
que les bords s'élévent ; elles se creusent comme le vase d'argile 
se creuse sous la main du potier qui en élève les parois. Ces deux 
puits seront les loges de l'ovaire, et l'axe qui forme une sorte 
d'éperon entre les deux sera le placenta. 

Préfloraison. — Les pétales s'aplatissent et se développent 
dans tous les sens, ils montent en allant à la rencontre les uns 
des autres; bientót ils se touchent par leurs bords, ils sont 
valvaires, mais ils grandissent encore. Il faut qu'il se fasse 
un chevauchement. Celui-ci se produit régulièrement; chaque 
lame s'infléchit d'un côté pour devenir recouverte, se relève de 
l'autre pour étre recouvrante ; la préfloraison devient done con- 
tournée. i 

Lobes des étamines. — Ae méme moment les anthéres qui se 


SUR LE COFFEA ARABICA. h5 


sont considérablement accrues, présentent une sorte de dépression 
ventrale d'abord, dorsale ensuite, en sorte qu'elles deviennent 
franchement bilobées. 

Paroi supérieure des loges ovariennes ; apparition du style, — 
Les bourrelets carpellaires, chargés de papilles stigmatiques sur 
leur face supérieure, grandissent surtout par leur cóté externe, en 
sorte que leurs deux faces supérieures viennent au contact ; elles 
recouvrent alors l'ouverture des deux loges de l'ovaire comme un 
petit cône renversé et creux. Ce cône communique donc par 
deux trous avec les deux cavités; il est facile, en écartant ses 
deux portions, de voir l'entrée de chacune d'elles. Les deux car- 
pelles. s'aeeroissent ainsi indépendants pendant quelque temps; 
mais bientôt ils sont soulevés en méme temps, ils deviennent 
connés. La colonne stylaire commence à apparaitre, elle est creuse 
et communique à sa base avec les loges par deux pertuis. 

Apparition de l'ovule, — Au moment où la loge se complète par 
en haut, l'axe cesse de s'allonger ; mais dans chacune d'elles il 
donne un petit mamelon saillant dirigé en haut : c'est le nucelle. Cet 
instant est encore marqué par l'arrêt du développement du calice. 

La corolle devient gamopétale. — Les pétales, aprés s'étre ac- 
crus en largeur et en longueur, après être, tout ce temps, restés 
indépendants, deviennent connés; ils sont soulevés tout d'une 
piéce par un anneau qui fait le tour de la fleur. 
|. Elamines insérées sur le tube de la corolle. — Les étamines, 

aprés s'étre bilobées et avoir fourni de longues anthéres, se sont 
rétrécies pour donner un filet. Tant que les pétales ont été indé- 
pendants, les filets ont monté dans leur intervalle, libres de toute 
connexion avec la corolle; mais la corolle, venant à être soulevée 
tout d'une masse, entraine avec elle les étamines qui s'élevaient 
dans leur intervalle. Ces deux verticilles sont maintenant connés. 

On a done tort d'appeler cela soudure des étamines sur la 
corolle ; il n'y a aucune soudure. 

Apparition de l'obturateur. — Sur le placenta se fait une stille 
longitudinale qui vient se terminer en pointe vers l'insertion de 


h6 RECHERCHES ORGANOGRAPHIOUES ET ORGANOGÉNIQUES 
l'ovule, mais qui va en s'élargissant, en se gonflant, versla partie 
inférieure où elle forme un mamelon presque aussi gros que 
l'ovule lui-même. Son apparition coincide avec le moment où les 
étamines et la corolle sont soulevées ensemble. 

Dégagement de la fleur. —Telle qu'elle se présente à nous main- 
tenant, la fleur est à peu prés complète ; mais elle est toujours renfer- 
mée dans l'involucelle sous une couche épaisse de matiére cireuse. 
En grandissant elle perfore, pour ainsi dire, cette matiére qui se 
refoule sur les côtés, et qui l'enduit à mesure qu'elle arrive à la 
lumière. Nous trouvons donc ici, à la sortie du bouton, le même 
phénoméne que nous avons constaté à la sortie du bourgeon. 

Apparition du disque. — La fleur a grandi; mais, tandis que les 
étamines se sont rapprochées de la corolle, tandis que les carpelles 
se sont rapprochés du centre pour donner le style, il s'est fait sur 
le réceptacle, entre la base de ces deux verticilles, un espace assez 
large qui augmente à chaque instant. Cet espace reste d'abord sur- 
baissé; puis il se gonfle et devient plan; enfin, un bourrelet glan- 
duleux se manifeste ets'éléve peu à peu; ce bourrelet, qui apparait 
en méme temps sur tout le pourtour, forme le disque. C'est le 
dernier organe qui se montre. | 

Primine, déviation de l’ovule. — L men se compléte, devient 
anatrope; un bourrelet circulaire apparait autour du nucelle, l'en- 
veloppe, et vient former le mieropyle ouvert en bas et en 
dehors. Ce point est difficile à voir, ear l'obturateur s'applique im- 
médiatement sur lui; il faut les faire basculer l'un sur l'autre pour 
saisir l'ouverture micropylaire. Au reste, ces deux corps, ovule 
et obturateur, ont une couleur différente qui empéche de les con- 
fondre. — L'ovule grandit en se dirigeant d'abord en haut, puis 
ensuite en bas. Mais dans les premiers temps, l'obturateur gran- 
dit avec lui et forme dans toute. la hauteur de la loge comme une 
fausse cloison; ce qui l'empêche de se placer sur la ligne médiane. 
Géné dans son développement, l'ovule, au lieu de s'arrondir, 
s'aplatit en forme de lame épaisse adhérente par un bord, tandis 
que l'autre, qui est libre, se dirige en différents sens pour se placer 


SUR LE COFFEA ARABICA. 47 


dans la loge. D'abord il s'incline et se dirige vers le côté laté- 
ral droit, puis là, rencontrant dans la paroi de la loge un 
autre obstacle, il se retourne en passant au-dessus de la fausse 
cloison, et en formant un angle dièdre qui donne déjà l'expliea- 
tion du sillon longitudinal. Mais il grandit toujours en tous sens, 
et le sillon se prononce; il arrive à toucher l'angle gauche de 
la loge. Là nouvel obstacle; il se recourbe encore une fois en 
ramenant son bord libre de l'autre cóté de la lame de l'obtura- 
teur. Par ce contournement, le sillon longitudinal se trouve dès 
lors changé en un sinus qui deviendra plus profond, plus accentué 
par les progrès de l’âge, et suivant les compressions que l'ovule 
aura à subir. Si les deux ovules, en effet, se développent, les 
deux parties qui seront en rapport avec la cloison seront forcées 
de s'aplatir. 

Pendant que ces changements sont survenus dans l'ovule, tous 
les organes sesont développés ; le calice a pris unecouleur verte; 
la corolle a grandi en allongeant son limbe d'abord et son tube 
ensuite ; les étamines sont arrivées à leur évolution complète; le 
pollen s'est formé; la déhiscence s'est préparée; le style s'est 
allongé en poussant devant lui les stigmates toujours EEN Nous 
arrivons ainsi à l’âge adulte. 

IwrLonEscENCE. — Les fleurs sortent de l'aisselle des feuilles par 
groupes de trois, quatre ou cinq. Elles sont d'áges différents, en 
sorte que la floraison dure plusieurs semaines ; ce sont des cymes 
très-surbaissées, ce que quelques botanistes nomment des glomé- 
rules. 

Fun ApuLTE. — Les fleurs sont régulières et hermaphrodites; 
le calice est petit, à cinq dents ; la corolle est monopétale, en en- 
tonnoir, en préfloraison contournée; son limbe est divisé en cinq 
lobes aigus alternes avec les dents du calice ; les étamines sont 
de méme, au nombre de cinq, elles alternent avec les lobes de la 
corolle, et sont insérées sur son tube par un filet trés-court; les 
anthéres sont biloculaires introrses, s'ouvrant par deux fentes lon- 
gitudinales. Le pistil se compose d'un ovaireinfére surmonté d'un 


48 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


style se divisant en deux branches stigmatiques, l'une antérieure, 
l'autre postérieure. A la base du style, on observe un gros disque 
circulaire. L'ovaire a deux loges, une en avant et une en arrière; 
dans l'angle interne de ebaque loge, est un ovule ascendant, ana- 
trope, à micropyle dirigé en bas et en dehors, à raphé tourné en 
haut et en dedans. Au-dessous de chaque ovule se voit un obtura- 
teur; celte saillie du placenta se prolonge dans toute la longueur de 
l'ovule. La fleur est d'abord d'un blane jaunátre, puis elle devient 
d'un beau blanc et répand une odeur douce et suave. Le pédon- 
cule qui porte la fleur est court; à sa partie inférieure on constate 
une espèce d'involucelle à quatre dents inégales et petites, pre— 
nant parfois un développement assez considérable; dans ce cas, 
deux des divisions prennent l'apparence de deux petites feuilles. 


y 


FRUCTIFICATION. 


Le pollen tombe sur le stigmate; les tubes polliniques ont un 
chemin tout préparé pour aller aux ovules; en effet, le style est 
creux et au bas sont deux pertuis qui conduisent chacun dans l'une 
des loges. La fécondation a lieu. Le style et le stigmate tombent; 
la corolle se flétrit; il ne reste que l'ovaire bordé des cinq dents 
du calice et surmonté du disque. 

Le premier changement que l'on constate à l'intérieur porte 
sur l'ovule. Avant la fécondation son tissu était homogéne, uni, 
blanc, laiteux; à partir de la chute de la corolle, on voit se dessi- 
ner dans son tissu, à égale distance des parois contournées et par 
conséquent suivant le contour lui-même, une ligne qui semble 
un peu plus noire. C'est le commencement de ce que nous avons 
appelé la ligne embryonnaire. 

Les parois de l'ovaire présentent deux épidermes : l'un interne 
et l'autre externe. L'épiderme externe se replie vers le placenta, 
sur l'obturateur, ou plutôt sur ses débris; car il a disparu après la 
fécondation. Entre les deux épidermes est du tissu cellulaire. qui 


BUB LE COFFEA. ARABICA, -> AN. 
se partage en deux couches : l'une, extérieure, qui se gonfle de. 
sues ; l'autre, interne, qui s’incruste de ligneux et forme le noyau. 
Ce noyau est peu épais, il se forme contre l'épiderme interne de 
la loge ovarienne, et comme il n'envahit pas la partie médiane, 
le fruit devient une drupe à deux noyaux. Dans le Moka, l'une 
des deux loges avortant, il n'y a qu'un noyau et qu'une seule graine. 

Le fruit perd sa couleur verte; il devient jaune, puis rouge, et. 
ressemble assez à une petite cerise; il a une saveur fade; son 
tissu est mou et glaireux. 

La graine grossit; ses caractères deviennent de plus en plus 
marqués, et si l'on ouvre un fruit à ce moment, on trouve dans 
l'intérieur du noyau un albumen corné entouré d'un seul tégu- 
ment. 

C’est celle graine que nous avons étudiée dans notre premier 
chapitre. Nous avons donc parcouru le cadre que nous nous 
étions tracé, puisque nous avons assisté à tous les phénoménes 
de la vie du Cafier. : 


VI 
VARIÉTÉS. 


Le Café arrive en Europe sous trois états bien différents que 
l'on désigne par les noms de : 1° café en cerises; 2° café en 
parche; 3° café décortiqué. Ces trois sortes de cafés se rencontrent 
simultanément dans les mêmes sacs ou balles. Ce n'est que par 
le triage qu'on les sépare aprés leur.arrivée. 

Le café en cerises n'est autre chose que le fruit sec du Cafier. 
Sous des enveloppes desséchées, brunátres, plus ott moins épaisses, 
on trouve un ou deux noyaux ou nucules. Le café en. parche est 
celui dont la partie brune extérieure est enlevée et qui est réduit 
à ses seuls nucules. Ceux-ci sont petits, à noyaux de couleur jaune 
fauve, formés par une enveloppe mince résistante, se moulant 
sur la graine et rappelant par sa consistance celle du parchemin. 
C'est celte circonstance qui a valu à ce café le nom de café en 
parche. Le café décortiqué est celui qui, non-seulement. n'a plus 

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50 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


son enveloppe noire, brunâtre, mais qui a perdu la membrane 
sèche qui formait le noyau. De plus, par suite du frottement, du 
froissement des grains les uns contre les autres, le tégument qui, 
nous l'avons vu, n'est qu'une pellicule sans consistance, a été 
enlevé, le grain est dit nu; si au contraire, et c'est le cas le plus 
rare, Ja membrane a résisté, le grain est dit pelliculé. Le. café 
en parche et le café en grains sont à peu prés les seuls que l'on 
trouve maintenant dans le commerce. 

Le café qui arrive en France est surtout fourni par nos colonies. 
Il peut étre utile de connaitre les différents cafés qu'elles nous 
envoient. Nous allons donc les indiquer sommairement. 

La Réunion cultive : 1* Le plant Moka, qui y a été introduit en 
1719. Il al'avantage de rapporter de bonne heure, mais il a de la 
peine à se fixer; il est délicat, et s'il ne rencontre pas toutes les 
conditions favorables à sa végétation, il meurt, aprés avoir toute- 
fois donné une bonne récolte. 2° Le plant Myrte, qui n'est pro- 
bablement qu'une variété du Moka, donne d'excellents produits et 
il a l'avantage de vivre plus longtemps. 3° Le plant Leroy (ainsi 
nommé du capitaine qui l'importa à la Réunion et l'y naturalisa) 
est robuste; il se plait dans le sol et le climat de ce pays, demande 
moins d'abris que le Moka, est moins difficile, réussit mieux en 
un mot; mais à cóté de cet avantage fort grand, il est vrai, il a 
l'inconvénient de se développer moins vite et de donner des pro- 
duits de qualité inférieure. La Réunion fournit encore un autre 
café, le café marron, qui provient non plus, comme les précé- 
dents, du Coffea arabica, mais d'une autre espèce qui semble 
distincte et qu'on a nommée Coffea mauritiana. On le rencontre 
dans les hautes foréts; il a un goüt fort peu aromatique, et il n'est 
guére employé que mélangé aux autres variétés. Infusé seul, 
il aurait, dit-on, des propriétés enivrantes. 

Les Antilles nous envoient des cafés de fort belle apparence, 
mais dont le goût n'est pas excellent. 

La Guyane en fournit de meilleurs : le goût de ses cafés est plus 
fin; il a moins de verdeur et moins d’âcreté. On recherche à juste - 


Lg 


SUR LE COFFEA ARABICA. | 51 


titre ceux dits de la montagne d'Argent, de la Côte, de la 
Rivière, des montagnes de Kan et d'Oyac. 

À Nossi-Bé, on commence à se livrer sérieusement à la culture 
du Moka. 

Taiti nous envoie d'assez bon café et en assez grande quantité. 

| La Gorée fournit celui désigné sous le nom de Rio-Nunez. 

Dans le Gabon, on retrouve le Rio-Nunez, que l'on cultive sur 
le versant méridional des montagnes de Fouta-Djallon, où il a été 
trouvé à l'état sauvage. Il a un goût particulier qui d'abord n'est 
pas apprécié, mais auquel on se fait trés-facilement; de telle sorte 
qu'aprés quelque temps: de son usage, il semble exquis. Outre 
ce café, on en récolte trois autres : le Gabon, originaire de Moka 
et de l'ile Prince; ses grains sont irréguliers, inégaux ; il possède 
un goût excellent ; le Café de Congo ou de Benguela, à grains 
petits, ronds, fort estimé; enfin le Monrovia. Ce café semble 
appartenir à une espèce particulière et non décrite de Coffea. 
L'arbre qui le donne est en effet de grande dimension, puisqu'il 
atteint jusqu'à 15 mètres de hauteur; il a l'aspect et le port de 
nos peupliers. M. Aubry-Lecomte, l'habile directeur de l'expo- 
sition de nos eolonies, si eonnu par son voyage dans cette con- 
- trée, n'a pu en rapporter que des fruits. Ceux-ci ressemblent assez 
par leur forme et leur dimension à nos fèves de marais. Leur 
arome est, dit-on, trés-délicat et très-rechérché. 

Nous sommes bien loin d'avoir signalé toutes les espéces de 
cafés que nous envoient nos colonies; nous n'avons indiqué que 
les principales. Quelque désir que nous puissions avoir d'étre 
complet, il ne nous est pas possible d'indiquer toutes les sortes 
qu'on importe en Europe, et qui sont d'origine anglaise, danoise, 
hollandaise et espagnole. Leur nomenclature nous semblerait oi- 
seuse, car elle n'avancerait en rien la question, et leur description 
serait tout au moins inutile ; nous verrons tout à l'heure pourquoi. 
Cependant nous allons donner ici la liste des principaux cafés con- 
nus; ee sont ceux qui ont figuré à l'Exposition de Londres. M. Au- 
bry-Lecomte a obtenu quelques échantillons de chacun d'eux, et 


5g RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


l'on peut les voir dans les vitrines de l'exposition des colonies, 

1* Afrique occidentale : Madére; cap Vert; Sénégambie (Rio- 
Nunez); Gabon (Monrovia); San-Thomé; Angola. 

2' Afrique orientale : Mozambique; Madagascar (Tamatave); 
Nossi-Bé; Mayotte; iles de la Réunion (Leroy, Myrte, Éden, 
Bourbon, Marron). 

3° Arabie : Yemen ; Moka.. 

h* Inde: Bombay ; Mysore; Nilgherries; Ceylan. 

5° Archipel : Java (J. Padang pâle, J. Padang jaune, J. jaune 
brillant, J. vert, J. brown pâle, J. fin vert, J. gros grain, J. or- 
dinaire, J. Menado); Macassar ; Manille; Tam. 

6° Pérou : Carabaya; Huanuco. 

7° Brésil: Rio-Janeiro; Minas-Geraes; Bahia; Andarahy; 
Fernambuco; Amazone. | 

8° Amérique équinoæiale : Guyane (montagne d'Argent); Ve- 
nezuela; Costa-Rica. ' 

9* Antilles : Martinique (M. fin vert); Guadeloupe (G. ordi- 
naire, G. fin vert) ; Saint-Domingue; Cuba. 

Quoique ces cafés soient chaque jour débités par les commer- 
canis, il en est bien peu dont les noms soient connus. En effet, 
tous sont décorés des noms de Moka, de Bourbon, de Martinique. 
Pour bien comprendre comment la substitution peut se faire, il 
nous faut décrire ces trois variétés. 

Le Moka vrai a une odeur et une saveur trés-agréables, 
surtout après la torréfaction; c'est le meilleur de tous les cafés 
connus, eL i! est à juste titre le plus estimé. Le Bourbon vrai, 
quoique inférieur au précédent, est encore trés-bon, et le Bourbon 
Saint-Paul plus encore que le Bourbon-Roi. Le Martinique 
vrai vient, pour la qualité, à peu prés sur la méme ligne que le 
Bourbon Saint-Paul. Au reste, chaque café a, dit-on, des pro- 
priétés spéciales que nous n'avons point à enregistrer ici. 

Ces trois espéces, les meilleures de toutes, devaient étre diffé- 
renciées d'abord entre elles, ensuite d’entre les autres. On leur a 
assigné les caractères suivants: le Moka est jaunâtre, petit, ar- 


SUR LE COFFEA ARABICA. 53 


rondi, roulé ; le Bourbon a un grain nu, allongé, pointu, recourbé 
par en bas, aplati sur une cóte et arrondi sur l'autre ; le Marti- 
nique se distingue en ce qu'il est plus gros, pelliculé, vert, et qu'il 
devient tiqueté en vieillissant. 

Ces caractères ne peuvent qu'induire en erreur, et cela pour 
deux raisons: 1° parce que dans le vrai Moka on trouve des 
grains à forme Bourbon et à forme Martinique ; parce que dans le 
vrai Bourbon on trouve des grains à forme Martinique et Moka; 
parce que dans le vrai Martinique on trouve de même des grains 
à forme Bourbon et Moka; 2° parce que, à peu d'exceptions prés, 
chacune des autres espèces de cafés désignées dans notre énumé- 
ration se compose d'un mélange de grains forme Moka, forme 
Bourbon, forme Martinique. C'estle premier fait qui frappe quand 
on examine les belles collections dont nous parlions tout à l'heure, 
el l'on est tout d'abord convaincu, d'un cóté de l'impossibilité de 
décrire loutes les espéces de cafés, de l'autre de l'inutilité pratique 
que pourrait avoir une semblable description. En effet, à part 
certains cafés, tels que les Monrovia, caractérisés par leur gros- 
seur, l'Andahary, reconnaissable à sa couleur brun-noir, le Cara- 
baya, remarquable par sa cassure noir foncé, toutes les autres 
espéces se ressemblent assez pour qu'il soit impossible, à moins 
d'une habitude excessive, de reconnaitre leur provenance d'aprés 
les caractéres de forme et de couleur. 

On comprend donc maintenant la substitution; le commerçant 
a immédiatement tiré parti de ces ressemblances de forme. Dans 
n'importe quelle balle de café de qualité inférieure, on peut, par 
des moyens appropriés, faire le triage, et vendre telle portion pour 
du Moka, telle autre pour du Bourbon, etc., etc. C'est ainsi qu'on 
écoule fort souvent le Costarica pour du Moka, et qu'on substitue 
le Ceylan plantation au Martinique. 

ll est impossible, avons-nous dit, de reconnaitre la provenance 
du café d'aprés la forme et la couleur ; cette assertion pourra éton- 
ner au premier abord, car on a longtemps écrit et professé que la 
différence de forme et de couleur des différents cafés venait de la 


Dh RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


différence spécifique des arbres qui les produisent. On a cru, et 
bien des personnes en sont encore persuadées, que la plante qui 
donnait le grain Moka n'en produisait pas d'autre; que la plante 
qui produisait le grain Bourbon ne pouvait en méme temps don- 
ner un grain Martinique. On croit de méme que la différence de 
couleur tient à une raison analogue, et que tel arbre donne exclu- 
sivement des cafés jaunes ou des cafés verts. Ces deux croyances 
sont erronées, au dire des planteurs et des voyageurs. 

Les grains dits de Bourbon et de la Martinique, c'est-à-dire 
les grains aplatis sur la face ventrale, doivent leur forme à ce 
que dans la même cerise on trouve deux noyaux. Le grain du 
Moka est roulé au contraire, parce qu'il est seul, par avortement 
de la seconde graine; son exiguité de volume montre que l’action 
même s’est portée sur lui. Les grains Martinique sont les plus 
gros ; les grains Bourbon tiennent le milieu, Avec ces détails 
il est facile de comprendre l’existence des trois formes de graines 
sur la même plante. M. Bréon, ancien représentant de nos com- 
pagnies françaises à Bourbon, a vu les planteurs faire leur triage 
sur l’arbre au moment même de la récolte. Ce triage ne présentait 
aucune difficulté. Les fruits de l'extrémité des rameaux ne pro- 
duisaient que du Moka; ceux qui venaient prés de l'axe donnaient 
du Martinique, les intermédiaires fournissaient du Bourbon. 
Done les graines allaient en diminuant de la naissance du 
rameau à la pointe. Cette diminution semblait être le résultat d'un 
avortement de plus en plus marqué. Ces faits s 'expliquent; ils 
sont d'accord avec la théorie qui admet que la nutrition devient 
de moins en moins forte sur une branche, à mesure qu'on s'ap- 
proche de l'extrémité libre. Ainsi donc la physiologie végétale 
rend parfaitement compte du phénomène; et il semble plus facile 
d'admettre cette explication confirmée par les faits, que de tenir 
à l'opinion ancienne qui fait des variétés distinctes de Coffea 
produisant exclusivement, celles-ci des fruits constamment trés- 
développés, celles-là des. fruits constamment avortés, Quoi qu'il 
en soit, les circonstances extérieures, le sol, la température, etc., 


SUR LE COFFEA ARABICA. 55 


peuvent exercer leur influence sur la production plus ou moins 
fréquente et plusou moins marquée de l'avortement. 

On a fait encore jouer un rôle important à la couleur du fruit, et 
l'on s'est encore parfois appuyé sur ce caractére pour faire non- 
seulement des variétés commerciales du Café, mais encore des 
variétés botaniques. Or, rien n'est simple comme l'explication de 
cette différence de coloration ; elle ne dépend que du moment de 
la récolte. Si l'on cueille le fruit mûr, il sera jaune cendré; si on le 
cueille avant sa maturité, il sera vert. On comprend l'existence de 
tous les intermédiaires. Cefait m'a encore été confirmé derniérement 
par M. Aubry-Lecomte, qui a vu souvent ce moyen mis en usage. 

Ainsi donc, nous pouvons conclure que tous les cafés peuvent 
provenir de la méme espèce de Cafier. Cette espèce, c'est le Coffea 
arabica L. Nous faisons toutefois une restriction pour le café mar- 
ron, produit par le Coffea mauritiana Lamk, et pour le Monrovia, 
qui semble étre porté par une espéce non encore connue. Cette 
conclusion montre une fois de plus combien les caractères tirés de 
la forme, du volume, de la coloration, sont de peu de valeur en bo- 
tanique, méme au point de vue des variétés dans certaines espéces. 

Les nègres de certaines contrées de l'Afrique emploient un 
autre café. Ce café n'est point répandu dans le commerce; il est, 
à ce qu'on dit, excellent. Tl appartiendrait à une Rubiacée voisine 
du Coffea, le Psychotria citrifolia, surnommé Bois eassant. 

Quoique appartenant à la même espèce botanique, on comprend 
que les cafés des différentes provenances peuvent varier de goût, 
d'arome, de parfum, de propriétés médicinales et alimentaires, 
suivant les circonstances extérieures. Originaire de l'Éthiopie, de 
l'Arabie, le Cafier a été transporté dans des contrées où le sol, la 
température, le climat, ont pu faire varier considérablement ses 
qualités. On conçoit même presque que chaque pays puisse pro- 
duire des cafés ayant des propriétés particulières et spéciales, qui 
les feront rechercher avec plus ou moins d'intérêt, suivant les 
usages auxquels on les destinera. ll n'y a rien qui doive étonner 
dans cette proposition. C'est un fait avéré que, pour nos plantes 


56 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


indigènes, les circonstances peuvent tellement changer leurs pro- 
priétés, qu'elles peuvent rendreinertes les plus actives. Nous avons, 
dans un Mémoire sur l'influence de la culture sur les végétaux 
employés en médecine (1), prouvé, de concert avec le docteur 
A. Millet, que la plupart des plantes médicinales pouvaient ainsi 
être influencées par les agents extérieurs. Il n’y a done pas lieu 
de s'étonner de voir le Café se conduire de méme. 


CONCLUSIONS. 


1* La graine de Café n'est anormale que par sa forme. Elle 
provient d'un ovule aplati qui, obligé de contourner une saillie 
du placenta, s'enroule en cornet par son bord libre. 

2 Cet enroulement explique la position excentrique de l'em- 
 bryon et sa direction variable par rapport à l'axe de la graine. 

3° Si, pour la germination, on doit prendre de préférence 
des graines fraîches et récentes, cetle condition n'est pas indis- 
pensable à la réussite de l'opération. 

h* Les racines secondaires se develbppont suivant une ligne 
spirale. 

5° Les stipules se développent par un seul mamelon, en sorte 
que, si l'on veut dire que chacune d'elles provient de la fusion 
de deux stipules primitives, il faut admettre qu'elles sont connées 
dés leur apparition. 
6° L'ovaire infère du Cafier est une dépendance de l'axe, et ne 
provient pas dela soudure du calice et des feuilles carpellaires. 

7° Toutes les espèces commerciales paraissent provenir de la 
même espèce botanique : le Coffea arabica L. La différence de 
leurs propriétés tient, soit à la diversité des plants, soit à l’action 
du sol, du climat, etc. La différence de leurs formes peut tenir à 
l'une de ces causes, mais on doit se rappeler qu'une méme branche 
peut les porter toutes, et que la couleur ne dépend le plus sou- 
vent que de l'état de maturité de la graine au moment de la récolte. 


(4) Mémoire couronné par la Société de médecine, de chirurgie et de phar- 
` macie de Toulouse (médaille d'or, 1861). 


Fic. 


Fic 


Fic. 
Fic. 


F 16, 
Fig. 
Fic. 
Fig. 
Fic. 
Fic. 
Fic. 
Fic. 
Fic. 
Fic. 
Fic. 
Fic, 
Fic. 


Fic. 


Fic. 


SUR LE COFFEA ARABICA. 57 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


PLANCHE I bis. — GRAINE. 


1. Fruit de Martinique : d, traces du disque. 

. 2. Coupe de ce fruit : s, sinus; m, mésocarpe; n, noyau, !, ligne embryon- 
naire. 

3. Fruit de Moka : d, disque. : 

&. Coupe de ce fruit : s, sinus; m, mésocarpe; n, noyau; l, ligne embryon- 
naire. : 

9. Graine de café Moka, face ventrale : k, sillon longitudinal; n, noyau. 
6. Grain de café Martinique, face ventrale : k, sillon longitudinal ; n, noyau. 
7. Coupe de ce grain vue par la face ventrale : k, sillon longitudinal ; s, sinus ; 
l, ligne embryonnaire ; n, noyau. 

8. Méme coupe transversale vue par la face dorsale : k, sillon longitudinal ; 
s, sinus; l, ligne embryonnaire; em, embryon. 

9. Coupe longitudinale : s, intérieur du sinus; !, ligne embryonnaire ; 
em, portion coupée d'embryon. 

10, Embryon : c, cotylédon ; ti, tigelle; r, radicule. 

11. Cellules du tégument. ; 
12. Étude microscopique de la graine : t, tégument; tt, tégument replié 
au fond du sinus; a, albumen ; l, ligne embryonnaire. 

13. Cellules de l'albumen considérablement grossies ; elles sont remplies 
de masses huileuses dans lesquelles on voit quelques granules. 

44. Anatomie de la feuille : ép, épiderme supérieur vu de dessous; 
fv, faisceaux fibro-vasculaires. | 

15. Épiderme inférieur des feuilles : st, stomates. 

16. Coupe verticale de la feuille : ép, épiderme supérieur ; ép, épiderme 
inférieur ; cl, cellules droites serrées de la. partie supérieure ; cl’, cellules 
lâches; je, lacunes ou méats. j 

17. Coupe d'ensemble de la tigelle à la fin de la deuxième période de la 
germination. 

48. Anatomie de la tigelle, coupe transversale : ép, épiderme ; ec, cellules 
de l'écorce; fv, faisceaux fibro-vasculaires ; v, vaisseaux; ml, moelle. 

19. Anatomie de la tigelle, coupe longitudinale : ép, épiderme ; ec, cellules 
de l'écorce; fv, faisceaux fibro-vasculaires; fb, fibres; vp, vaisseaux ponc- 
tués, rayés; tr, trachées déroulables ; ml, moelle. 


Fic. 20. Coupe d'un rameau de seconde année. 
. PLANCHE II. — GERMINATION, 
Fic. 4. Grain de café décortiqué en germination : r, radicule qui sort par 


l'extrémité inférieure. 


58 

Fig. 
Fic. 
Fic. 
Fic, 
Fic. 


Fic. 
Fic. 


Fic. 


Fic. 


Fic. 
Fic, 


Fic. 
Fic. 


Fic. 
Fic. 


Fic. 
Fic. 


Fic. 
Fic, 


Fic. 


Big, 
Fic. 


RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


2. Le méme dont la tigelle ti est sortie, poussant devant elle la radicule r, 
les deux organes sont séparés par un étranglement o qui est le collet. 

3. Apparition de la première radicule secondaire 7”. 

4. Apparition de la deuxiéme radicule secondaire r". 

5. Le méme grain coupé pour montrer les deux cotylédons ct, déjà très- 
développés. 

6 et 7. La radicule plus âgée représentée en différentes positions pour 
montrer la disposition des trois radicules secondaires r', r”, r/". 

8. Embryon grossi appartenant à la graine de la figure 1. 

9. Embryon appartenant à une graine dont la germination est plus 
avancée (fig. 2). 

40. Embryon séparé appartenant à la graine représentée en germina-. 
tion (fig. 5). 


. M. Les mêmes cotylédons plus âgés ; on voit les bords qui se relèvent pour 


occuper les cornes de l'espace embryonnaire. 


. 42. Port d'une graine au commencement de la troisième période de ger- 


mination. La tigelle s'est élevée à 2 centimètres au-dessus du sol; le grain 
se redresse. x 

13. Les cotylédons gonflés et repliés ont rompu, dans la partie inférieure, 
la coque qui les retenait ; ils apparaissent entre les lèvres de la solution de 
continuité. 

14. Coque séparée. 

15. Les cotylédons plissés vus par la face ventrale; on voit les deux portions 
qui occupaient les cornes, et l'on sent la forme de la graine avee son sillon 
longitudinal, 

16. Mêmes cotylédons plissés vus de dos. 
47. Plantule présentant ses cotylédons ct étalés, les deux premières feuilles f 
et un bourgeon b. 

18. Première apparition des rudiments de feuilles. 

19. Les mamelons des feuilles ont grandi, et l'on voit apparaître alternes 
avec eux deux mamelons st qui forment les stipules. 


* 


ou. . Méme áge; on a écarté les différents organes pour montrer la forme et 
la grandeur relative des feuilles et des stipules. , 

22. État plus avancé. 

23. Même état; les différentes parties sont écartées pour montrer le 
mamelon qui continuera l'axe. Ce mamelon montre les deux feuilles sui- 
vantes, sous la forme de deux mamelons superposés aux Y Ces mame- 
lons nous raménent à la figure 18. 

24. Les feuilles et les stipules se sont considérablement accrues ; à l'extré- 
mité on voit apparaître les petits poils stipulaires. 

25. Une jeune feuille séparée. pour montrer-la nervation. i 

26. L'ensemble des parties dont nous venons d'étudier Wii euh 
est contenu dans un sac formé par les stipules de l'âge précédent ` on voit ` 


Fic. 


Fic. 


Fic. 


Fic. 


SUR LE COFFEA ARABICA. 59 


entre leurs lèvres sortir deux bourrelets formés par la matière visqueuse ; 
plus tard, le bourgeon les écartera, et sortira de leur centre en se couvrant 
de cette espéce de vernis. Quand les feuilles du bourgeon représenté fig. 24 
se seront encore accrues quelque temps, elles s'étaleront, laissant à leur 
centre les stipules réunies, munies de leur substance visqueuse qui 
donnera la méme protection au jeune bourgeou à représenté fig. 23. 

27. A l'aisselle de chaque feuille, mais dans le sac formé parles deux 
stipules, sont plusieurs bourgeons qui se — MÀ et donneront, soit 
des rameaux, soit des fleurs. 

28. f, coupe de la base de la feuille, Le sac stipulaire st a été ouvert pour 
montrer deux bourgeons dont le plus âgé est le plus près de la tige. 

29. Mémes bourgeons dont l'un s'est développé en rameau, et dont l'autre 
est resté à l'état latent pour donner plus tard, soit un rameau dit stipulaire, 
soit une fleur. On remarquera l'involucre quadrilobé qui se développe à la 
base du rameau. Cet involucré rappelle celui qu'on trouve à la base des 
pédoncules floraux. Il est composé de quatre pièces, dont deux plus grandes 
représentent les feuilles, et deux plus petites les stipules. 

30. Cette figure confirme le fait que nous avancons, car l'involuere des 
fleurs, dans ce cas, a pris une forme qui empéche ded se DEE sur la 
véritable nature des pièces qui le composént. ` ; 


uso Ill. — OnGANOGÉNIE. 


Fic; 1. Apparition de l'nvoluere in; sur un mamelon central se montrent 


Fic, 


d'abord deux bourrelets latéraux, ` 
2. Un peu plus tard. apparaissent deux. autres saillies, l'une antérieure, 
l'autre postérieure. 


. 3. Les quatre saillies sont devenues plus grandes, et, après être restées 
quelque temps encore indépendantes, sont devenues Me. à 
. 4. Même âge, coupe verticale de l'involucre. Au centre, l'axe forme un 


mamelon arrondi in’. 


. 5. Même âge, même coupe. Le mamak En a été beg pour Ed 


les soulèvements épidermiques qui deviendront des poils, 


. 6. Toutes ces parties se sont accrues. 
. 7. Même âge, coupe verticale. Le mamelon central. porte une saillie. 
- 8. Même âge, même coupe. Le mamelon central a été enlevé pour montrer 


la longueur des poils de la ‘première enveloppe. 
9..Mamelon isolé, rudiment de la deuxième enveloppe, rentésenlé par 
cinq saillies libres et indépendantes les unes des autres. 


doo 


. 40. Même mamelon plus âgé. Les saillies sont encore libres. are 
. 41. Toutes les parties se sont accrues ` "RO extérieure. forme un 


large sac. 


. 42. Le sac a été ouvert verticalement, on voit ia masse da il gans 


qui le remplit. 


60 RECHERCHES ORGANOGRAPHIQUES ET ORGANOGÉNIQUES 


Fic. 43. Même sac, méme coupe ; mais ici la masse des poils a été enlevée, et 
l'on aperçoit le corps central in', dont les saillies, soulevées maintenant 
ensemble, forment un deuxiéme sac inclus. Cette enveloppe se couvre rapi- 
dement de poils glanduleux, aussi bien sur sa face interne que sur sa face 
externe. 

Fic. 14. Age plus avancé. La deuxième enveloppe est ouverte et laisse voir 
l'axe qui se prolonge sous forme d'un mamelon central fl, qui est le rudi- 
ment de la fleur, 

Fic, 15. Mamelon floral isolé ; trois sépales sont apparus successivement, sp. 

Fic. 46. Les cinq sépales se sont montrés ; le réceptacle est plan. 

Fic, 47. Le réceptacle se soulève en cinq points alternes avec les sépales; ces 
saillies qui apparaissent simultanément seront les pétales pt. 

Fic. 48. Les étamines et apparaissent de la méme façon un peu plus tard. 

Fic, 19. Sépales, pétales, étamines, deviennent de plus en plus marqués ; les 
deux bourrelets carpellaires se montrent, 

Fic, 20. Fleur plus âgée vue de dessus : pt, pétales; et, étamines; cp, carpelles. 

Fic. 21. Bourrelets carpellaires cp, isolés pour montrer leur forme et le com- 
mencement des dépressions qui formeront les loges. 

Fic. 22. Même âge, coupe verticale. 

Fic, 23. Toutes les parties se sont considérablement accrues; l'involucre s'ou- 
vre pour laisser sortir la masse gommeuse qu'il contient et qui est formée 
par la sécrétion des poils des deux enveloppes in et in' de l'involucre. 

Fic, 24. La masse gommo-cireuse isolée. 

Fic, 25, Même âge; section verticale montrant le rapport de toutes les parties : 
on voit au centre la fleur portée sur un petit pédoncule. 

Fic. 26. Il y a quelquefois anormalement deux fleurs dans le méme involucre. 
Ces deux fleurs sont alors d'âge différent. 

Fic, 27. Étude microscopique des poils glanduleux. 

Fic. 28. Fleur de la figure 25 détachée et considérablement grossie. La préflo- 
raison est valvaire. 

Fic. 29. Même fleur, même âge, coupe verticale. 

Fic. 30. Bourrelets carpellaires isolés. 

Fic. 31. Les mêmes un peu plus tard. 

Fic. 32. Fleur plus âgée vue de dessus. 

Fic. 33. Les bourrelets carpellaires à cet âge. 

Fic. 34. Fleur plus âgée, coupe verticale. On voit comment les loges se creu- 
sent par le soulèvement des parties environnantes. 

Fic. 35. Même fleur plus âgée. Les loges se sont complétées en haut par le rap- 
prochement des bourrelets; sur l'axe sont apparus deux nucelles n; la 
préfloraison est contournée, les étamines et les pétales sont devenus deent, 
le disque d est apparu. 

. Fic. 36, Bourrelets carpellaires, ils sont encore libres. 

Pe, 37. Loge et nucelle, 


Fic. 


Fic. 
Fic. 


Fic. 


Fic, 
Fic. 
Fic. 
Fic. 
Fic. 


Fic. 
Fic. 


Fic. 
Fic. 


Fic. 44 


Fic. 
Fic. 


Fic. 
Fic. 


Fic. 
Fic. 
Fic. 


Fic. 
Fic. 


Fic. 
Fic. 
Fic. 
Fic, 
Fic. 
Fic. 


SUR LE COFFEA ARABICA, 61 


38, Apparition de l'obturateur o; les carpelles deviennent connés pour 
donner le style. 

39. Style et stigmates; disque et calice. 

40. Loge ouverte montrant l'ovule qui devient anatrope, la primine qui se 
développe, et le micropyle qui se dirige en bas en se tournant vers l'obtu- 
rateur, 


Prawcuk IV. — ORGANOGÉNIE (suite). 


4. Involucre s'entr'ouvrant pour laisser sortir la fleur qui perce la masse 
cireuse. 

2. On a isolé la fleur encore entourée de la masse cireuse, 

3. La fleur isolée, 

4. La méme, coupe verticale, 

5. Pistil isolé à cet àge. 

6. Ovule et obturateur séparés. On voit déjà un commencement de contour- 
nement de l'ovule. : 

7. Même âge, méme pistil. L'ovaire a été déchiré pour montrer l'ovule et 
l'obturateur vus de face. 

8. Même ovaire. L'ovule a été arraché, il ne reste que l'obturateur. 

9. Coupe transversale de ce méme ovaire. 

10. Fleur plus âgée. 

. La méme, coupe verticale. 

12. Ovaire déchiré, montrant l'ovule et l'obturateur vus de face, 

43. L'ovule a été déjeté sur le cóté pour montrer le sillon que produit 
sur lui la saillie du placenta. 

414. Même fait, vu de côté. 

15. Coupe transversale de l'ovaire, pour montrer le contournement de 
l'ovule. 

16. Méme coupe sur un pistil plus ancien. 

17. Ovaire déchiré pour montrer l’ovule et l'obturateur à cet âge. 

18. Même ovaire. L'ovule a été déjeté pour montrer l'obturateur et la 
saillie placentaire. 

49. Coupe verticale intéressant les deux loges. On voit les deux ovules 
déjetés de cóté et montrant la formation du sinus. 

20. Fleur plus âgée. On a conservé l'involucre pour montrer ses dimene 
sions par rapport aux autres parties de la fleur. 

21. La méme fleur, coupe longitudinale. 

22, Ovaire déchiré. L'ovule déjeté montre son sinus déjà profond. 

23. Ovule dans la loge, position normale, 

24. Coupe transversale de l'ovaire à cet àge. 

25. Fleur adulte épanouie, grandeur naturelle, 

26. Diagramme. 


Loup eee Ere vr Mia A ree 


SUR UN CAS APPARENT DE PARTHENOGENESE. 


Les plantes de la famille des Bixacées ou Flacourtianées ont été 
assez souvent et seront encore, sans doute, citées comme offrant 
des exemples de fécondité sans fécondation. Il a encore été récem- 
ment fait mention d'un Aberia (1) qui aurait porté des fruits bien 
développés sans l'influence du pollen. Tl est facile de prévoir que 
beaucoup d'autres genres voisins se trouveront dans le méme 
cas, attendu que leurs fleurs ne sont pas toujours, comme on 
devrait s'y attendre d'aprés les deseriptions, parfaitement et com- 
plétement dioiques. Ainsi, l'Aberia abyssinica, dont nous n'avons 
pu analyser qu'une seule fleur, ne devrait pas, suivant la carac- 
téristique du genre, présenter de traces de l'androcée dans la 
fleur femelle. Et cependant, dans la fleur unique que nous con- 
servons, nous avons rencontré trois staminodes hypogynes, dont 
deux avaient presque la longueur des sépales. Or, il ne serait 
pas surprenant que ces baguettes slériles devinssent cà et là fer- 
tiles dans le genre Aberia, car le méme fait peut s'observer dans 
d'autres genres trés-voisins de la famille des Bixacées ; et nous 
allons en rapporter un exemple, tout en racontant l'histoire d'un 
pied femelle de Xylosma (Hisingera) Paliurus que nous ne ces- 
sons d'observer depuis six années et dont on peut dire qu'il devient 
en apparence parthénogéne, presque à volonté. 

Ce pied femelle de Xylosma fleurissait presque constamment, 
il y a six ans, sans jamais porter de fruits, lorsqu'un jour j'an- 
noncai qu'il en produirait trés-probablement. J'avais trouvé, dans 
une serre éloignée, un autre pied de Xylosma chargé de fleurs 
máles bien épanouies; j'avais fait toucher avec le pollen le stig- 
mate d'un assez grand nombre de fleurs femelles. On avait de plus 
secoué une branche bien fleurie provenant du pied mále sur le 


(4) T. ANDERSON, On a presumed case of Parthenogenesis in a species of Aberia; 
in Journ, of the proceed. of the Linnean Society, VIL, 67. ; 


SUR UN CAS APPARENT DE PARTHÉNOGENÉSE. 63 


pied femelle, auquel on avait ensuite attaché cette branche cou- 
verte d'étamines. Aussi plusieurs fruits nouérent rapidement et 
mürirent parfailement. Les graines contenues dans ces fruits 
furent semées au printemps de 1860. Elles produisirent trois pieds 
de Xylosma, dont l'accroissement fut rapide. J'ai perdu de vue 
deux de ces jeunes pieds; mais le troisième a fleuri dés le mois 
de Septembre 1861, et il a porté des fleurs trois ou quatre fois 
depuis cette époque. C'était un pied mâle (4). 

Nous avons donc actuellement sous les yeux deux pieds mâles 
de Xylosma, appartenant à deux générations différentes et don- 
nant assez fréquemment des fleurs. Or, toutes les fois que la 
floraison de l'un de ces deux pieds máles a coincidé avec celle du 
pied femelle, et que nous avons fécondé soigneusement les fleurs 
de ce dernier, nous avons obtenu un ou plusieurs fruits contenant 
des graines en apparence bien conformées. Cette coincidence 
s étant présentée il y a environ un mois, nous avons fécondé quel- 
ques fleurs femelles, et nous avons annoncé d'avance que proba- 


blement le Xylosma serait, en apparence, parthénogène cette ` 


année. Notre attente n'a pas été trompée, car plusieurs fruits ont 
bien noué, et ils ne sont pas actuellement loin de leur point de 
maturité. 

Il ne serait pas sans intérêt d'étudier l'influence de l'homme 
ou des animaux sur cette fécondation. Aujourd'hui que le pied 
femelle et un des pieds máles sont placés dans une méme serre et 


à quelques pas l'un de l'autre, pourrait-il y avoir fécondation 


spontanée? La réponse doit, il me semble, étre positive ou néga- 


tive, suivant les circonstances Voici un fait des plus simples, et - 


qui peut-être n'est pas assez connu. M. L. Neumann m'exprimait 
ses regrets de ne pas voir fructifier, dans la serre qu'il dirige avec 


(4) J'ai toujours été fort surpris de ne pas apprendre que les pieds de Colebo- 


-gyne obtenus en Europe de semis aient produit des fleurs, depuis tant d'années 


qu'ils ont germé. Comment se fait-il, s'il est si facile d'obtenir un grand nombre 
de ces germinations, qu'on n'ait pas encore vu en Europe la floraison d'un pied 
mâle de Cœlebogyne? ; 


o MP 


"aen Ap. 


\ 


Gå BUR UN- OAB APPARENT DE PARTHÉNOGENÈSE, 


tant de talent, quelques Légumineuses et Protéacées rares, dont 
il eüt bien voulu obtenir des graines. Je crus devoir l'engager à 
placer ces plantes tout à cóté de la porte de la serre, alors 
qu'elles seraient sur le point de fleurir. On élait alors au mois de 
mars, et la porte était fréquemment tenue ouverte quand le temps 
le permettait. En face de celte porte est une autre porte qu'on 
ouvrait aussi. Les plantes étaient placées ainsi entre les deux 
ouvertures, dans un véritable courant d'air. Est-ce le courant 
atmosphérique qui a secoué les branches et les fleurs et déplacé le 
pollen? Quelques mouches ont-elles pénétré dans la serre pour 
venir opérer la fécondation ? Ou bien n'y a-t-il là qu'une simple 
coïncidence, un hasard ? H me semble que les savants et les pra- 
ticiens auraient intérét à répéter des essais analogues. 

Quoi qu'il en soit, il est peu probable que le pied femelle de 
Xylosma püt être fécondé par le pollen du pied mâle voisin en 
hiver, et dans une serre presque toujours fermée, oü il n'y a pas 
d'insectes vivants, ou à peine quelques mouches volant fort mal. 
En été, au contraire, les insectes et les courants d'air ont plus de 
chance de produire la fécondation. Mais, dans toutes les saisons, 
il y a une autre cause de fécondité qu'il ne faut pas perdre de 
vue : c’est l'hermaphroditisme accidentel. Or, la fleur femelle du 
Xylosma, quoiqu'elle n'ait normalement aucun vestige de l'or- 
gane mále sous l'ovaire, peut accidentellement présenter, comme 
nous l'avons observé, une étamine hypogyne stérile ou fertile située 
à la base du pistil, de méme que nous l'avons constaté dans la seule 
fleur d' Aberia que nous ayons pu examiner de prés. 

On ne saurait trop le répéter, l'hermaphroditisme ou la poly- 
gamie accidentelle, et la moncecie accidentelle, chez les plantes 
dioiques, ne sont pas des faits rares. Nous aurons ultérieurement 
l'occasion d'en citer un grand nombre. Or, la plupart de ces 
exemples auront trait à des plantes à petites fleurs où les éta- 
mines, accidentellement développées, se cachent facilement sous 
le périanthe ou les bractées florales. Aussi la plupart des cas de 
parthénogenèse que l'on eite et que l'on citera, se rapportent à 


SUR UN CAS APPARENT DE PARTHÉNOGENÈSE. 65 


des Bixacées, Euphorbiacées, Amentacées, Coniféres, Morées, 
Urticées, Chénopodées, Dioscorées, Graminées, etc. 

On ne citera guére d'exemples de fécondité sans pollen dans 
des plantes à grandes fleurs ou du moins à étamines trés-appa- 
rentes. Ici la monoecie ou l'hermaphroditisme accidentels échap- 
pent difficilement à l'observation. C'est dans de pareilles plantes 
qu'il sera possible de chercher à déterminer quelles sont les con- 
ditions, souvent réalisées par la culture, qui amènent la produc- 
tion anormale d'étamines dans certaines fleurs pistillées ou sur 
certains pieds femelles. Ce qu'il y a de certain, c’est que ces con- 
ditions ne se trouvent réunies que par moments, à certaines épo- 
ques; aprés quoi il s'écoule souvent un long intervalle de temps, 
sans qu'elles se reproduisent. Ou bien l'anomalie apparait à un 
certain moment, aprés quoi elle persiste plus ou moins longtemps 
sur la méme plante. Je n'en citerai provisoirement que deux 
exemples des plus frappants. 

Cette année, de méme qu'il y a deux ans, les fleurs herma- 
phrodites de Ricin ont été trés-rares. Au contraire, l'an passé, 
j'ai pu, sur une vingtaine de pieds de Ricin, recueillir en un 
quart d'heure 250 grammes de fleurs hermaphrodites. 

Une Cucurbitacée, un Melothria, qui produisait jusque-là des 
fleurs diclines, ne m'a montré, pendant tout l'été de 1869 et 
1863, que des fleurs complétement hermaphrodites. 


v. 5 


DES TIGES 
DES PHANÉROGAMES 


Par le D' L, MARCHAND, 


KL 
Aide de botanique à la Faculté de médecine de Paris. 


INTRODUCTION. 


« L'air imposant et scientifique qu'on veut se donner en étu- 
» diant un certain nombre de phrases, et ces phrases méme qui 
» semblent faire consister toutes les connaissances de la botanique 
» en une simple nomenclature, ont fait croire à des personnes peu 
» instruites et qui jugent sans approfondir que cette science n'était 
» qu'une science de noms. Les détails qu'on a pu lire prouveront 
» que cette science, dont l'objet est de voir, d'examiner toutes les 
» parlies des plantes, de comparer et de combiner leurs divers 
» rapports, de porter un jugement sur leurs ressemblances ou 
» leurs différences, enfin, de décider et conclure sur leur nature, 
» est une science de faits. Nous croyons méme lui trouver un rap- 
» port immédiat avec la géométrie... Il y a plus, il me serait facile 
» de prouver que les botanistes, j'entends parler de ces savants 
» profonds et consommés, tels que Tournefort et de Jussieu, qu'on 
» peut appeler les Descartes et les Newton de la botanique, pour- 
» raient proposer sur cette science des problémes tout aussi savants, 


» aussi instructifs dans leur genre et aussi difficiles à résoudre que 
» ceux dela géométrie la plus sublime (a). » 


(a) Michel Adanson, Familles naturelles des plantes, €d. par A. Adanson et 
J. B. Payer, 2° édit., p. 34. 


DES PHANÉROGAMES. “67 


Il nous a semblé ou up des problèmes :les plus intéressants: qüe 
l’on puisse chercher à élucider est celui-ci : Est-il possible de 
dire qu'il existe une différence absolue. entre les tiges des plantes 
dicotylédones et celles des plantes monocotylédonés : Si cette dif- 
férence existe, quelle est-elle ?. si. elle n'existe pas, comment les 
auteurs l'admettent-ils et quelles sont les causes qui ont La Dër 
naître cette erreur et la propager? «n 
el 

Césalpin (a) est le premier qui ait indiqué le nombre des cotylé- 
dons comme un caractère qui pouvait servir à différencier les végé- 
‘taux ; mais pour lui ce caractère n'était que secondaire, Ray com- 

prit mieux toute l'importance qu'il pouvait avoir dans une losst, 
fication, et, dans són Historia plantarum (b), il jette les premiers 
fondements de la division des plantes en végétaux à deux cotylé- 
dons et en végétaux n'ayant qu'un seul cotylédon. Cette manière’ 
de voir, admise par Boerhaave et Heister, appuyée de l'autorité de 
Van-Royen, servit de point de départ à A. L. de Jussieu, pepe" a. . 
création de la méthode qu'il appela naturelle. Hon * 

Les plantes furent done séparées en Dicotylédones et en Mons. 

cotylédones ; on ajouta même une division à part pour celles qui 
n'avaient pas de cotylédon ` on les appela, pour ce fait, Acotylé- 
dones. Ce cadre une fois établi, il fallut faire rentrer tout végétal 
dans l'une de ces classes ; « Pour y arriver, on dut préciser, avéc 
beaucoup de rigueur, les caractéres qui les distinguent: Ils ont été 
tirés de l'embryon, et ils devaient être confirmés par un autré, 
parce que si les caractères que fournissent les organes de la géné- 
‘ration partagent les végétaux d'une manière naturelle, la méthode 
"naturelle étant une, on devait arriver à la même ipie en se ser- 
vant des organes de la nutrition (c). » ` 1 

Cette manière de procéder, consolider la diéihióde dite natü- 
E relle, devait amener et amena l'énonciation de caracteres acceñ- 
tués et rigides, et la production de divisions brusques et tranchées. 


(a) Be Plantis. d A 
(b) Hist. plant., p. 52. -SOR « 
(c) Lestiboudois, Sur la structure des Monocot., p. 4 su eli-MiO1i d 


68 DES TIGES 


Cette marche n'était point, ce nous semble, conforme à celle de la 
nature. Chez elle, en effet, point de ces divisions brusques, point 
de ces lignes de démarcation tranchées et fortement accentuées, 
point de ces barrières infranchissables, pas de bonds (non facit 
saltus); mais au contraire, un passage lent, gradué, insensible entre 
tous les étres, une fusion si grande dans toutes ses ceuvres qu'on 
. ne peut trouver de limites précises. Cette marche est si vraie, que 
lorsque, par hasard, on rencontre une de ces brusques séparations, 
on se croit en droit de dire qu'un anneau inconnu manque à la 
chaine ; alors, entre ces deux points, qui sont si différents qu'on 
ne peut les rapprocher, on laisse une place vide qui, tót ou tard, 
sera remplie par suite de la découverte d'un étre ou d'uu ensemble 
d'étres, qu'on peut décrire à l'avance, à l'aide de ceux entre les- 
quels ils seront placés. 

Nous voyons, dans l'histoire des Monocotylées et des Dicotylées, 
revenir sans cesse la présence d'un passage insensible et de la fu- 
sion des groupes; c'est pour avoir méconnu ce fait que les bota- 
nistes ont. erré si longtemps, demandant partout et à tous les 
organes ce caractère différentiel que tous se sont refusé à leur 
donner. 

aka nature, qui semble se jouer de nos classifications, nous 
» offre des végétaux Monocotylés qui possèdent l'organisation 
» propre aux Dicotylés, et nous offre de méme des végétaux Dico- 
» tylés qui sont organisés comme des Monocotylés. Ces faits 
» prouvent que l'organisation particulière à ces deux grandes 
» classes de végétaux, n'est point nécessairement liée au nombre 
» des cotylédons de l'embryon; par conséquent, la considération 
» du nombre des cotylédons n'est. pas le caractère général et fon- 
» damental qui doive servir à distinguer ces deux grandes classes. 
» Une distinction, qui aurait pour base la considération de l'orga- 
» nisation propre à ces végétaux, serait. certainement plus solide 
» et plus vraie. » Ainsi parle Dutrochet, qui avait. déjà entrevu 
que la division des phanérogames était établie sur une base défec- 
tueuse. ll croit pouvoir en proposer une autre : « Peut-étre, 
» ajoute-t-il, les botanistes, convaincus de cette vérité, se servi- 
» viront-ils un jour pour distinguer les deux grandes classes, de 


CER 


DES PHANÉROGAMES. 69 


» la considération de la rayonnance horizontale de la tige ou de 
» l'absence de celte rayonnance (a). » 

Deux ans plus tard, en 1823, Lestiboudois attaque aussi le prin- 
cipe, le point de départ de la classification ` e On ne paraît pas 
» avoir saisi, dans l'embryon, le véritable caractére sur lequel est 
» fondée la distinction des deux classes, car le nombre des cotylé- 
» dons ne l'exprime ms puisque, parmi les Dicotylédons, le Cus- 
» cuta, par exemple, n'en a pas, le Cyclamen n'en a qu'un, les 
» Coniféres en ont jusqu'à douze et plus, le Tropeolum a deux co- 
n Lylédons réunis en un seul corps au sommet, le Sicyos angulata 
» les a souvent réunis à sa base, à la manière des feuilles con- 
» nées (4). » (Nous pourrions, comme nous le verrons plus tard, 
grossir cette énumération.) Lestiboudois pense que l'on doit 
demander à la structure le véritable criterium. M établit que les 
Monocotylédones n'ont qu'un système dans leur tige, c'est le sys- 
téme cortical; les Dicotylédones y ajoutent un systéme ligneux ; 
les premiers ne possèdent qu'une surface d'aceroissement ; il les 
nomme Monogènes; les seconds en ont deux; il les appelle Dz- 
gènes. Sa théorie succomba, car d'autres botanistes vinrent pré- 
tendre que le système cortical n'existait pas et qu'il n'y avait qu'un 
systéme ligheuxqu' b «o106lq 291 voeivib sovun D (à) xtlnd»d NM 

(L.C. Richarda plá: satisfait aussi de la séparation fondée sur la: 
considération dès embryons; \croitêtre: plus heureux: en s'adressant 
à la germination, .et:i]Ànomme Æhdorhisées les Monocotylédones;' 
et Ezorhizées les Dicotylédones: Mais cette substitution og put 
être admise longtemps, cät on trouva bientôt des Monocotylés 
dones sans co/éorhize et des  Dicotylédones qui,“ par contre, en 
étaient pourvus. wea 

^ De: Candolle,'adoptant l'opinion émise par Desfontaines sur! le 
mode ‘de développement! des Monocotylédones, et ; pensant que le 
mode d'accroissement était tout 'autreichez'les Dicotylédones, pro- 
pose les noms d'Endoyènes et d'Exogènes. Mais Mirbel, Moldenz 
hauer, Hugo-Mohl; Meneghini démontrent l'inflexion des faisceaux 


H 


ant Cu 


(a) Duisechet, Ann. bs Muséum d'histoire näturelle, 1821, t. mu 
(b) Lestiboudois, Acer, des Monocotylédones; p 3 ^v ^v s Mad i 


70 mt DES TIGES 


dés Monocotylédones, inflexion qui les rendrait Exogénes; en sorte 
que la distinction de de Candolle ne pent plus étre admise. Cependant: 
l'auteur croit pouvoir la conserver, en la modifiant pour la mettre 
d'accord avec les faits nouveaux. « Dans l'une (des classes), les fibres 
» etletissu cellulaire del'écorce ont une dispositionà se former par 
» éouches régulières, en sens inverse les unes des autres; elles ne 
»-ehangent pas de nature et ne dévient pas de la feuille jusqu'à la 
v Dase du tronc ou de la branche , en sorte que chaque couche se 
» durcit uniformément et que le centre du trone est plus dur que 
» les bords. Dans l'autre classe (Monocotylédones), le tissu super- 
» ficiel ne s'aceroit pas de manière à former des couches corticales; 
» les fibres ne forment jamais de couches ligneuses ` elles décrivent 
» dans leur direction une courbe singulière dont le sommet est au 
» centre de l'arbre, et se modifient dans leur longueur ; en sorte 
»ique, par un effet combiné de leur direction, de leur compositior 
» à chaque point de leur longueur, et de leur áge, les parties les 
» plus solides sont. vers la circonférence des tiges , et les parties 
» molles vers le centre (a). » 

Quoique considérablement. modifiée , la théorie proposée par de 
Gandolle ne parut pas satisfaisante à tous les botanistes. Ainsi, 
M. Schültz (b) croit pouvoir diviser les plantes d’après des considé- 
rations «tout anatomiques, et il donne aux Monocotylédones le 
nom de végétaux hétérorganiques, synorganiques floriféres, et aux 
Dicotylédones celui de végétauz hétérorganiques, dichorganiques. 

, Enfin MM. Unger (c) et Endlicher présentent une classification 
basée sur le mode de végétation ; les plantes à un cotyledon sont 
pour eux des Amphibrya ; celles qui en ont deux s 'appellent des 
Acramphibrya. 

:: Toutes ces tentatives de substitution indiq uent que les bétäniétes 
reconnaissent un vice dans la division des Phanérogames en Mono- 
colylédones et en Dicotylédones ; mais le vice qu'on a eru jusqu'ici 
n'exister que dans le choix du caractère fondamental, se trouve 
peut-étre dans la coupure que l'on a faite au milieu du Règrie végé- 

(a) De Candolle, Introd. à l'étude de la botanique, 1835, t. I, p. 476. 

(b) Natur, Sys. des Pflan, , 4832. ; ; 
(c) Ueber. den Bau und das Wachsthum des Dicotyledon-stammes. 


DES PHANÉROGAMES. 7A 


tal, et probablement füt-on arrivé à des résultats plus satisfaisants 
eti changeant un peu les limites que l'on a voulu établir. En tout 
cas, chacune d'elles prise isolément, ou bien toutes prises en géné- 
ral, établissent que, quel que soit l'organe que l'on prend pour 
terme de comparaison , il est impossible de lui trouver un carac- 
tére tranché qui permette la séparation nette et absolue des deux 
classes. 


L'organisation des tiges et leur développement semblent étre les 
points sur lesquels portent les recherches des modernes; c'est là 
qu'ils veulent trouver le caractère distinctif qui consolidera les bases 
de la classification naturelle. Nous n'avons pas la voix assez auto- 
rísée pour juger la question de savoir si la classification de de Jus- 
sieu est ou n'est pas nâturelle ; ce n'est point dans cette intention 
que nous avons entrepris ce travail; nous n'avons choisi cette 
question que dans le but de rechercher s'il est possible, dans la 
considération anatomique et physiologique des tiges, de trouver 
ce caractère fondamental, distinctif, cherché depuis longtemps. 

Le résultat de nos observations est que les botanistes se trouvent 
placés entre deux nécessités : ou bien, il leur faudra croire que 
la division en Monocotylédones et en Dicotylédones n'est pas plus 
naturelle au point de vue des caractères de l'examen anatomique 
et physiologique des tiges, qu'au point de vue de ceux tirés du 
nombre des cotylédons ; ou bien, il leur faudra admettre qu'entre 
deux points extrêmes il y a toutes les transitions possibles. Et alors - 
on cherchera , non plus à établir une ligne de démarcation entre 
les deux classes, mais bien à les fusionner par passages insensibles 
de l'une à l'autre, ce qui supprimerait toute idée de division bi ou 
trichotomique. Cette maniére d'envisager les choses serait peut- 
étre plus d'accord avec la nature, ainsi que nous le disions un peu 
plus haut. 

Persuadé que c'est pour avoir étudié trop isolément chacun des 
organes de la plante que la plupart de nos devanciers n'ont pas saisi 
tous leurs rapports, nous avons embrassé tout l'être végétal d'un 
coup d'eeil général. La tige ne peut étre étudiée isolément, et pour 
la comprendre, il faut voir sa relation avec la racine et avec les 


72 DES TIGES 

feuilles. Il ne faut pas surtout faire de ces sections arbitraires qui 
éloignent , par exemple, l'étude de la souche de l'étude de la tige, 
parce que l'une est souterraine, et que l'autre au contraire est 
aérienne. 

Dans notre travail, nous avons toujours été du simple au com- 
posé, du connu à l'inconnu ; c'est ainsi que, pour bien comprendre 
la tige, nous avons suivi cet axe depuis son apparition jusqu'à 
sa mort; ce qui nous a permis de l'étudier sous tous ses aspects, 
à tous ses àges, el de constater son développement successif. 
Lorsqu'on prend une tige de Quercus Robur dans tout son accrois- 
sement, il est difficile de saisir la relation qu'elle peut avoir avec 
celle de l'Exacum filiforme ; quand on prend un stipe de l Arau- 
caria excelsa, on ne peut guère comprendre comment on ose le 
app rocher du plateau du Sempervivum tectorum. Mais si, au lieu 
de les comparer au moment de leur développement extréme, on 
les avait observés dans les premiers temps de leur vie, on eût vu 
que la comparaison aménerait à trouver de grandes ressemblances. 
ll en a été ainsi à chaque pas de notre étude, et ce qui nous a frappé 
surtout, c'est la vérité de cette loi suivie par la nature et formulée 
par Leibnitz ` L'unité dans [a variété. Unité dans le moyen, 
variation dans les résultats obtenus ; unité dans le mode de pro- 


duction des organes, variation dans leur agencement, d’après la 
maniere d'étre du végétal. 


Nous prendrons la tige dans l'embryon , puis nous la suivrons 
ans toutes les phases de sa végétation , dans toutes ses formes ; 
aussi diviserons-nous notre travail comme "i suit : 

4° Apparition des tiges. 

1128, Végétation des tiges. 440 sisi 
är Structure des tiges.) ini noir sl 

h° Histologie des tiges. 
291°% Aecroissement-des tiges; j 


feibe ¿60 JNO N 2TSIONR 


DES PHANÉROGAMES. 7à 


APPARITION DES TIGES. 


1. La propagation de l'espèce semble être le but pour lequel tous 
les étres vivants ont été crées ; à la fonction de reproduction pa- 
raissent se rapporter toutes les autres. Le végétal a deux moyens 
de se reproduire: la graine et le bourgeon. D'un cóté, tous les 
modes de propagation reviennent à ces deux principaux; del'autre, 
ces deux modes, quoiqu'en apparence fort différents, peuvent 
se ramener aux mêmes éléments. Dans les deux cas on a un em- 
bryon, qui, placé dans des circonstances favorables, se développe 
et donnera une plantule qui reproduira un végétal en tout semblable 
à celui qui lui a donné naissance. 

Dans la graine, on a un embryon qui provient de la fécondation 
et qui se séparera de la plante mère. Il peut donc à juste titre 
être nommé embryon libre. Ce jeune être emporte avec lui, sous 
des enveloppes protectrices, des aliments élaborés par la plante- 
mére, aliments qui serviront à sa premiére nutrition. Tantót ils 
font partie de lui-même, il les tient renfermés dans ses premières 
feuilles ou cotylédons ; tantôt ils sont indépendants et la provision 
de matière nutritive est simplement déposée à ses côtés ;,ses, co- 
tylédons sont alors foliacés,, membraneux, et ressemblent à deux 
petites feuilles. Dans ce cas cet amas de sucs est, appelé. albumen, 

2. Si nous suivons l'embryon dans son organogénie, nous voyons 
qu’il n'est d'abord. formé que d'une cellule appelée vésicule em- 
bryonnaire.; par, segmentations, successives,; cette cellule devient 


111 17 


un petit ; cône lisse, uni, ‘arrondi; , l'accroissement continuant, 
on voit,se produire deux ou. trois petits, mamelons ; s'il n'y..en a 
que deux, l'un, donnera la gemmule, l'autre le. cotylédon ; s'il. y 
en a. trois, op. a deux rudiments. de cotylédons, et, entre les deux, 
poussera la gemmule;.Au-dessous. du renflement, produit; par, ces 


7h DES TIGES 

organes, se trouve une partie amincie, qui est la portion com- 
mune dont se formeront la tigelle et la radicule. Dans la graine, 
l'embryon peut présenter un degré de perfectionnement assez 
grand, ou rester à l’état de renflement à peu près amorphe. Quand 
l'embryon est peu développé, il est composé seulement de tissu 
cellulaire limité par un épiderme tabuliforme. S'il l'est plus, on 
peut voir déjà la tigelle et la portion sous-jacente qui est le ra- 
diment de la radicule. Souvent il faut quelque temps de germina- 
fion pour amener la distinction de ces organes. C'est ainsi que, 
dans la graine du Palmier Caryota, l'embryon est représenté par 
un petit cóne de tissu cellulaire ne présentant aucune forme dis- 
tinete, sans apparence ni de plumule, ni de radicule. Pour Mirbel 
qui a suivi la germination de cet embryon, ce corps serait le coty- 
lédon ; le reste de la plantule n'apparaitrait qu'après la germina- 
tion. Dés que l'embryon germera, on verra survenir à son intérieur 
des changements fort intéressants : le tissu cellulaire s'organise en 
certains points parfaitement déterminés à l'avance; certaines utri- 
cules s'allongent pour former des tiges, d'autres pour donner des 
vaisseaux. Mirbel a parfaitement décrit les transformations du 
tissu cellulaire, et ces transformations sont partout les mêmes. 
Quand la tigelle sort de la graine, elle est souvent déjà parcourue 
par des faisceaux fibro-vasculaires qui, il y a quelques instants à 
peine, étaient du tissu cellulaire semblable à tout le reste. 

8. Le bourgeon, avons-nous dit, est analogue à l'embryon qui 
est contenu dans l'intérieur de la graine. Comme lui, il est destiné 
à donner un végétal, et avec un peu d'attention il est possible de 
voir qu'il est eomposé des mémes éléments. D'abord comme lui, 
c'est un axe portant des appendices; comme lui, il a une provision 
de sues, mais ils sont déposés non plus dans ses premières feuilles, 
non plus dans ses enveloppes, mais dans la basé, dans la partie 
qui représente la radicule. Fixé sur la plante mère, il wa souvent 
pas le même besoin de protection que l'embryon libre qui peut ètre 
exposé à toutes les intempéries des agents extérieurs ; mais par- 
fois cependant ses premières feuilles se disposent de maniére à le 
protéger aussi efficacement que le testa et le tegmen qui envelop- 
paient l'embryon libre. Le bourgeon attaché sur le végétal est 


DES PHANÉROGAMES. 75 


appelé embryon fire. La plupart des auteurs sont à peu prés d'accord 
sur la ressemblance que les deux embryons ont l'un avec l'autre. 

Au point de vue anatomique, si nous comparons l'embryon fixe 
à l'embryon libre, nous sommes frappés de l'analogie qu'ils pré- 
sentent entre eux. Le bourgeon nail par un amas de tissu cellu- 
laire amorphe qui se dépose à la base de la feuille. On le voit 
grossir par multiplication de cellules, puis il présente deux ou trois 
mamelons qui sont les rudiments des premières feuilles. Dans le 
Coffea arabica, par exemple, i! y a trois mamelons; le médian 
est la continuation de l'axe; les deux latéraux sont les premières 
feuilles, et il est impossible de ne pas reconnaitre un embryon di- 
eotylédoné. Dans le Pyrus communis nous n'avons que deux ma- 
melons, en sorte que le bourgeon rappelle un embryon monocoty- 
lédoné. Lors de la pousse qui est une véritable germination, on voit 
l'embryon s'allonger, proéminer, et l'on peut lui distinguer deux par- 
ties : un axe ascendant ou tigelle, et un axe descendant ou radi- 
eule qui est en rapport avec la moelle du rameau qui le porte. Le . 
tissu cellulaire subit bientót des transformations analogues à celles 
que nous avons décrites pour l'embryon qui sort de la graine. Il 
s'organise en certains points pour former des fibres et des vais- 
seaux, et donner ainsi des faisceaux fibro-vasculaires. Dans le 
bourgeon, la provision de sues étant déposée dans la radicule, 
les premiéres feuilles sont en général membraneuses comme celles 
des embryons renfermés dans les graines munies d'un albumen. ` 

h. L'embryon fixe et l'embryon mobile sont done identiques 
dans leur composition et dans leur nature ; cependant, au premier 
abord ils semblent être trés-différents l'un de l'autre; mais cela 
vient de ce que l'on compare les deux états les plus éloignés. Cette 
 dissemblance apparente s'efface, lorsqu'on cherche les passages 
qui peuvent les rapprocher l'un de l'autre. Si nous examinons en 
effet la végétation d'un Orchis, nous voyons que la tige de la sai- 
son donne à sa base un bourgeon ; celui-ci, pendant l'année, utilise 
les forces de la plante-mére, et on le voit accumuler dans sa base 
tous les sucs élaborés ; il grossit considérablement et s'enfonce 
dans le sol sous forme d'un tubercule charnu (a). A la saison sui- 


(a) Baillon, Leçons orales (Facult. méd., 1864). 


76 DES TIGES 


vante, il germera comme une graine, en employant les aliments 
qu'il tenait en réserve. Ici l'embryon est encore fixe, car il ne se 
sépare point de la plante qui lui a donné naissance. 
Dans le Ficaria ranunculoides, nous trouvons un degré de plus 
de ressemblance avec l'embryon mobile. La tige en effet produit 
deux espèces de bourgeons : les uns, pressés de vivre, s'allongent ct 
fleurissent ; les autres, au contraire, accumulent des matériaux 
pour une vie future, grossissent comme le tubercule de l'Orchis et 
forment ce que les botanistes ont nommé des bufbilles. Quand la 
plante périra, les premiers ayant vécu, c'est-à-dire ayant donné 
naissance à des individus nouveaux, mourront avec elle ; les se- 
conds, par opposition, deviendront libres et reproduiront autant 
de pieds de Ficaria ranunculoides. 
. Nous avons aussi des embryons qui, fixes pendant un certain 
temps de leur existence, deviennent libres plus tard. Dans le Li- 
lium bulbiferum , la plante séme ses bourgeons avant de mourir ; 
il en est de méme dans l’Achimenes grandiflora. Nous voyons un 
fait analogue se produire dans les tiges souterraines ; nous n'avons - 
qu'à nommer celles du Saxifraga granulata, des Tulipes, des Lis; 
dans ce dernier cas, oü les bourgeons sont accidentellement mo- 
biles, les botanistes ont cru devoir leur imposer le nom de Caieu. 
Au reste, le bourgeon fixe peut devenir artificiellement mobile; on 
peut le séparer de la plante-mére et le confier à une nourrice, étran- 
gere, La seule précaution à prendre est de l'enlever avec sa provis 
sion de sucs, c'est-à-dire.avee un peu de bois de l’année, et de le 
placer sur, un;yégétal qui pourra lui donner des aliments analogues. 
à ceux qu'il eût, reçus, s’il füt resté sur la plante qui. l'avait engeu- 
dré, Tout le monde a.reconnu; dien: «qu'on. nomme la, grefe 
en ÉgMSSQ..) oise no'upe in Indes -a»n 

D. Le fait général est ic que in Psi vom yall à ed 
bryon, qu'il soit fixe ou qu'il.soit mobile; une. provision: d'aliments 
grâce auxquels il; pourra se développer quand. l'heure sera. venue. 
Ceux qui sont mobiles, normalement ou accidentellement, la: portent 
avec eux.et pourront se. développer. partout. Geux qui sont fixes, 
l'accumulent sur la.plante-mére et ne peuvent.s' aecroitre qu'autant 
qu'on les laisse attachés à elle; et, si on veut | les traosplanters on 


DES PHANÉROGAMES. 077 


devra leur conserver leur provision d'aliments , la nourrice qu'on 
leur donne ne se chargeant que de leur fournir les sucs qui amè- 
neront leur évolution. Nous pouvons donc, de ce qui précède, con- 
clure que les embryons, soit fixes, soit mobiles, ne sont que deux 
modifications morphologiques du méme organe. Nous verrons plus 
tard cette conclusion confirmée par leur développement ultérieur. 
Tous deux, en effet, sont appelés à donner des tiges en tous points 
semblables. qiie. 

6. L'embryon végétal reste pendant un temps plus ou moins long 
dans un état de torpeur et d'engourdissement, dont il ne sort que 
sous l'influence de certaines conditions extérieures invariables ; il 
lui faut de l'eau, de l'air et de la chaleur; qu'il soit libre ou qu'il 
soit mobile, ces trois conditions sont nécessaires pour amener son 
réveil ; s'il est libre, c'est au sol au contact duquel il est placé qu'il 
emprunte les liquides ; s'il est adhérent, les liquides montent pour 
ainsi dire vers lui par certaines voies ménagées dans l'intérieur de 
la plante qui lui sert de support. 

Dans les deux cas, il attend le printemps pour commencer à vé- 
géter, et dés les premiers instants, il plonge dans l'atmosphére une 
lame verte, à l'aide de laquelle il y puise l'élément qui lui est 
utile. | 

Si nous suivons la germination du Cyclamen europæum, nous 
voyons apparaitre d'abord, à travers les enveloppes déchirées, un 
petit cône de tissu cellulaire qui plonge vers la terre ; bientôt aprés, 
s'éléve en sens inverse un autre cóne cylindrique dont l'extrémité 
est renfermée dans la graine. Entre ces deux cônes est comme une 
ligne de séparation à laquelle les botanistes ont donné le nom de 
collet et que Lamarck appelait le nœud vital. La partie inférieure 
s'effile, c'est la radicule, tandis que la supérieure, au contraire, se 
renfle à la base en une petite sphère de tissu cellulaire, c'est la 
tigelle ; elle est surmontée d'une portion cylindrique, allongée, qui 
reste encore longtemps ineluse, et qui, plus tard , quand la graine 
ne pourra plus fournir aucun aliment , se débarrassera de la coque 
qu'elle lui forme et s'étalera dans l'air pour donner la feuille. Ici, la 
plante, pendant toute l'année, sera réduite à ces organes. L'étre 
végétal est done dans ce cas bien manifestement représenté par un 


78 DES TIGES 

axe, qui d'un côté plonge dans le sol pour y absorber de l'eau, de 
l'autre s'étale dans l'air pour y puiser les gaz qui lui sont néces- 
saires. La réaction de ces gaz sur ces liquides constituera toutes les ` 
fonctions, et le résultat de ce travail qui compose la vie sera la 
production d'un bourgeon qui apparaitra au sommet de la portion 


renflée de l'axe. Ce Cyclamen de première année représente donc 


parfaitement l'individu végétal, le Phyton; c'est la plante pha- 
nérogame réduite à sa plus simple expression. L'étude de cette 
germination nous montre de plus que la feuille n'est que la portion 
élargie de l'axe; ce qui nous permet de pressentir le rôle que ses 
éléments doivent jouer dans la composition et la structure des 
tiges. ! 

Quand nous faisons germer une graine de Zea Mais, nous voyons 
se produire les mémes phénoménes généraux ; seulement nous trou- 


vos en plus un mamelon de tissu cellulaire qui est développé dés 
-la naissance. En suivant l'évolution de ce mamelon, nous consta- 


tons qu'il est destiné à donner une deuxième feuille, un deuxième 
individu qui se superposera au premier. 

Dans le Trapa natans, ces deux individus se montrent, mais au 
lieu d'etre éloignés l'un de l'autre, ils sont rapprochés, et l'expan- 
sion foliacée se fait au méme point, mais non en méme temps, la 
première. feuille ou cotylédon enveloppant la seconde qui est de 
beaucoup plus petite et qui ne s'étalera que plus tard : entre ces 


deux premiéres feuilles est un petit mamelon, qui par son allonge- 
ment continuera le végétal par addition successive d'individus 


nouveaux. 


Le Coffea arabica ne présentera d'autre différence que celle-ci : 
les deux premières expansions seront tout à fait égales et se déve- 


lopperoni en méme temps. Un mamelon de tissu cellulaire se trouve 


entre les deux premières feuilles pour continuer l'axe. 

Le Phaseolus vulgaris présentera une complication de plus ; car 
dés le début de la germination, un certain nombre de feuilles supé- 
rieures seront parfaitement visibles et parfaitement développées , 
formant ce qu'on nomme la plumule; | 

Pour toutes les plantes que nous venons d'étudier, les bourgeons 
axillaires dépendant de chacune des feuilles ne se montrent qu'a- 


DES PHANÉROGAMES. 79 


prés un certain temps. Dans l’Arachis hypogæa , ils apparaissent 
pendant la période germinative, aux dépens de la provision des 
sucs déposés dans chacun des cotylédons. 

. 7. Si maintenant nous considérons le travail végétatif du bour- 
geon, nousle voyons entiérement copié sur celui de l'embryon 
mobile. A l'aisselle des feuilles du Trificum sativum, on voit un 
bourgeon qui est en communication avec la moelle; lorsqu'il gran- 
dira, il présentera un cône surbaissé, sur lequel on verra se déve- 
lopper successivement un grand nombre de feuilles rudimentaires 
qui s'emboiteront et se recouvriront d'abord les unes des autres, 
puis s'allongeront en s'échelonnant, comme nous avons vu s'allon- 
ger et s'échelonner les feuilles du premier axe. Nous aurons done, 
pour l'embryon fixe, la végétation de l'embryon mobile. Si nous 
eussions pris le Coffea arabica, nous eussions vu, en faisant 
abstraction des stipules, le bourgeon donner deux mamelons col- 
latéraux, qui eussent produit deux feuilles opposées, comme celles 
de l'embryon sorli de la graine. Au centre eüt été un mamelon 
donnant de méme deux feuilles, et ainsi de suite. Ici encore, le 
développement de l'embryon fixe est le méme que celui de l'em- 
bryon mobile. Il en est autrement dans le Phaseolus vulgaris, 
car, tandis que l'embryon mobile se développe comme un embryon 
de Dicotylédone, l'embryon fixe, qui continue la végétation de la 
plante, se conduit, au contraire, comme un embryon de Graminée, 
de Monocotylédone. Nous verrons plus tard que ce changement 
dans le mode de végétation n'entraine aucune modification i impor- 
tance dans la structure de la tige. 

L'axe qui sort de la graine est donc en tout identique avec l'axe 
qui sort du bourgeon, quel que soit d'ailleurs le nombre des pre- 
mières feuilles embryonnaires. 

Il nous sera donc permis, dans la suite de ce travail, de les con- 
sidérer comme entièrement semblables, et ce que nous dirons pour 
l'axe principal pourra s appliquer avec autant de vérité aux axes 
- secondaires. ias 

8. L'individu végétal, le Phyton, ne vit, pour ainsi dire, que 
pour donner naissance à d'autres êtres qui lui succéderont. C'est 
pour remplir ce but qu'il absorbe les liquides, respire l'air, élabore 


80 DES TIGES ` 


les sües en plus ou moins grande quantité. Le but rempli, il 
meurt. Tantót toules ses forces vitales sont concentrées pour le 
développement de l'axe de première génération; les axes des géné- ` 
rations suivantes sont tous sacrifiés. C'est ce que nous voyons dans 
les plantes dites monocarpiennes; alors tout le travail du végétal 
se porte sur un point, la reproduction par graines. La végétalion 
peut se faire en une seule fois, comme dans le Capsella Bursa-pas- 
toris; ou en deux fois, comme dans le Beta vulgaris, l'Agave 
americana, etc., que ces deux périodes s'accomplissent en une 
seule saison, ou bien demandent un nombre considérable d'années ; 
on a toujours, dans la première partie de la vie de la plante, 
une accumulation de sucs dans un réservoir ; et, dans la seconde, 
l'utilisation de ces sucs. La tige est souvent la partie choisie par 
la plante pour l'accumulation des principes nourriciers. D'autres 
fois le végétal, non-seulement donne des graines, mais développe 
en méme temps des bourgeons. Dans ce cas, s'il meurt et s'il ne 
peut protéger les bourgeons par sa présence, il pourvoit à leur 
existence future en leur préparant des provisions de sucs qui se 
trouvent soit dans la radicule (Ficaria ranunculoides), soit dans 
la tige (Eranthys hyemalis), soit dans la feuille (Tulipa sylves- 
tris, Lilium candidum). Vans d'autres cas, une partie de la plante 
persiste un certain temps pour se faire réservoir d'aliments. (Co- 
rydalis cava, Colchicum autumnale, Convallaria Polygona- 
tum). Enfin, toute la plante peut subsister aussi longtemps que les 
générations auxquelles elle sert de point de départ; la protection 
donnée aux embryons est, dans ce cas, moins évidente, mais elle 
n'en est pas moins certaine et moins efficace (Chêne, Palmier). 
Nous verrons, à l'article Accroissement, de quelle manière la 
plante-mère veille à la vie des générations successives qu’elle porte; 
-et si nous avons insisté ici sur les considérations si bien dévelop- 
pées par Payer, c’est pour montrer la liaison intime qu’il y a entre 
la végétation de toutes les plantes, qu’elles soient réduites à quel- 
ques centimètres, comme le Plantago arenaria, ou qu'elles attei- 
gnent des dimensions colossales, comme l'Adansonia. Au reste, 
la végétation de la plante semble étre due partout à l'activité du 
travail végetatif : ainsi, l'on en voit certaines qui, comme le Nico- 


DES PHANÉROGAMES. 81 


tiania Tabacum et le Ricinus communis, sont vivaces dans les 
pays chauds et qui deviennent annuelles chez nous. Cela dépend, 
sans aucun doute, de ce que, dans le premier cas, non-seulement 
la plante élabore assez de sucs pour assurer la reproduction par 
les graines, mais encore trouve assez de force vitale pour dévelop- 
perces amas de tissu cellulaire qui formeront la génération sui- 
vante; tandis que, dans nos contrées plus froides, la végétation 
est moins vigoureuse et complétement utilisée à assurer la forma- 
tion et la maturation des fruits. 

9. Nous avons montré plus haut la liaison que la feuille peat 
présenter au point de vue organogénique avec la tige et la racine. 
Quand nous aurons étudié la structure intime de ces parties, nous 
verrons que la connexion est plus grande encore qu'elle ne le 
parait au premier abord. 

La feuille et les axes sont des portions du méme individu végé- 
tal; mais elles ne doivent pas, pour cela, être confondues, car elles 
sont bien différentes par leurs fonctions et par leur maniére de se 
conduire. La fonction de la partie foliacée semble étre d'élaborer les 
sucs absorbés par la racine pour former un bourgeon que l'axe a 
pour mission de porter et de conserver. La fonction dela feuille est 
terminée dés que le bourgeon est formé, mais celle des axes con- 
tinue encore. Aussi persistent-ils, tandis que l'appendice tombe, 
laissant une cicatrice qui marque sa place. 

10, Quand on assiste à la germination d'un végétal, il est facile 
de dire quel est, de ses deux axes, celui qui mérite le nom de tige 
et celui qui doit s'appeler racine; mais, plus tard, cette distinction 
est moins facile; aussi les a-t-on souvent confondus. 

Cette confusion a été certainement l'une des causes qui ont le 
plus longtemps retardé la connaissance de la véritable nature des 
tiges, et qui, enlevant aux botanistes certains points de comparai- 
son, les a de plus empéchés de saisir la liaison qu'elles pouvaient 
avoir entre elles. Aussi, dans ce travail qui porte essentiellement 
sur les tiges, devons-nous essayer de donner un moyen de recon- 
naître une tige et de la différencier des racines. Nous allons voir 
que le véritable caractère ressort de ce que nous venons de dire 


de la liaison de la tige avec les appendices. 
v. 6 


82 DES TIGES 


Depuis longtemps déjà l’on sait qu'il est impossible de distinguer 
les tiges des racines par leur station, leur forme, leur couleur, leur 
direction : en effet, si les tiges sont ordinairement aériennes, il en 
est de souterraines comme les racines; ainsi le Lis, l'Oignon, la 
Primevére, le Cyclamen, ete., etc.; et par contre, il y a des racines 
aériennes, le Pandanus, la Vanille, le Vanda teres, le Burling- 
tonia, etc. La forme n'indique rien; le tubercule du Dahlia n'est-il 
pas une racine, et celui de la Pomme-de-terre une tige? On ne 
tirera aucun caractére de la couleur; qui ne sait qu'une tige dans 
l'obscurité devient blanche, et qu'une racine à l'air peut devenir 
plus ou moins verte ? La direction ne fournit pas une meilleure dis- 
tinction. Le Gui ne pousse-t-il pas des racines dans toutes les direc - 
tions, et sa tige ne regarde-t-elle pas souvent le sol ? 

On a cru un instant que la présence ou l'absence. de bourgeons 
pouvait servir à les distinguer les unes des autres; les tiges, en 
effet, portent des bourgeons, et la distinction eût été bonne, si 
les racines n'en eussent jamais porté! Mais les racines peuvent 
porter des bourgeons adventifs qui développent des axes et donnent 
des feuilles. On crut alors devoir modifier l'expression de ce carac- 
tére en disant que les tiges se distinguent des racines en ce que 
les premiéres donnent toujours leurs bourgeons et les axes qui en 
dérivent dans un certain ordre régulier et mathématique, tandis 
que les secondes ne donnent pas de bourgeons ordinairement, et 
que, si elles en donnent, ils sont produits accidentellement, en sorte 
que les axes qui en dérivent ne sont jamais disposés en ordre 
régulier et mathématique. Ce caractére dut encore étre rejeté 
quand Payer (2) eut annoncé que les axes secondaires se développent 
sur les racines primitives d'aprés un ordre aussi régulier que celui 
d'aprés lequel se montrent les rameaux sur les axes. Cette découverte 
de Payer a été confirmée par les expériences et les observations 
de M. Clos (b). Pour ces deux auteurs, les racines se développeraient 
toujours en lignes parallèles, elles seraient rectisériées; nous 
avons trouvé sur le Café (c) des racines curvisériées, c'est-à-dire 


(a) Congrès scientifique de Reims, 4856. 
(b) Thèse de doctorat ès sciences, 1848. 
(c) Rech. org. sur le Coffea arabica, 4864. (Voy. Adansonia, V.) 


DES PHANÉROGAMES. 83 


se disposant suivant une spire dont le cycle est 5. Il est donc 
encore impossible de prendre la régularité de développement des 
axes comme Caractère distinctif des tiges et des racines. 

11. Ce que nous avons dit du rapport des appendices avec les 
axes nous permettra de donner un caractére organique plus positif. 
Tout bourgeon normal naît sur la tige à l'aisselle d'une feuille, en 
sorte que, sur un axe principal portant des bourgeons, ou sur les 
axes secondaires qui en proviennent, on trouvera, d la base de ces 
organes, soit la feuille, soit la cicatrice qu'elle a laissée en 
tombant. Sur la racine nous trouvons bien, il est vrai, des axes - 
secondaires, tiaissant sur l'axe principal, en se disposant même 
avec une régularité mathématique ; mais, on ne trouvera jamais 
à la base de ces ramifications ni appendice, ni cicatrice prove- 
nant de sa chute. Ce caractère doit être le seul vrai, car nous le 
montrerons (69) d'accord avec celui de la structure comparée des 
faisceaux fibro-vasculaires de l'axe ascendant et de l'axe descen- 
dant. Dans l'axe ascendant, nous verrons chacun d'eux muni de 
trachées au côté interne ; en sorte que, si l'on suppose ces fais- 
ceaux groupés de manière à former un cercle , les trachées forme- 
ront à son centre une sorte de couronne que l'on a appelée étui 
medullaire. Les faisceaux fibro-vasculaires de la racine ne présen- 
tant point de trachées, on ne retrouvera pas, à son centre, cet étui 
médullaire caractéristique. La présence de ces trachées dans la tige 
est pour nous un Caractère qui fortifie celui que nous avons indiqué 
pour reconnaitre la tige de la racine, car l'un dérive de l'autre. 


8^4 DES TIGES 


lI 


VÉGÉTATION DES TIGES. 


42. Certains auteurs attachant aux caractères tirés de la forme 
une importance plus grande qu'à ceux tirés des considérations or- 
ganogéniques et anatomiques, ont cru pouvoir dire que les deux 
classes de phanérogames différaient grandement par la forme de 
leurs tiges. Nous allons, dans ce chapitre, essayer de décider s'il est 
possible d'admettre qu'il y ait une forme de tiges uniquement propre 
aux Monocotylédones, et uneforme spécialement réservée aux Dico- 
tylédones ` et chercher si l'on ne pourrait, au point de vue physio- 
logique, les envisager d'une manière qui rende plus facilement 
compte de leur forme extérieure et de leur structure intime. 

. 13. Si nous prenons l'Erysimum cheiranthoides, nous voyons 
qu'il présente une tige dressée, peu ramifiée, portant de distance 
en distance de petites feuilles alternes. Le Capsella Bursa-pastoris 
a une végétation en tout semblable, mais le bas de sa tige est un 
peu renflé et porte une certaine quantité de feuilles en rosette. On 
dirait que l'axe a été comme déprimé de haut en bas. Dans une 
plante voisine, le Sennebiera Coronopus, la tige est encore plus 
surbaissée ; elle est réduite à un petit plateau portant toutes ses 
feuilles rapprochées et serrées les unes contre les autres ; l'axe a 
été tellement réduit que les fleurs sont sessiles à l'aisselle des 
feuilles. Dans les Monocotylédones nous pouvons indiquer la méme 
relation entre le Cyperus fuscus et le Cyperus flavescens. Au 
reste, ce Caractère tiré de la taille est de fort peu de valeur. Cha- 
cun sait, en effet, que la méme plante peut avoir des tiges de di- 
mensions diverses, suivant le lieu oü elle croit. Le Gentiana 
acaulis nous en offre un exemple bien curieux : si on le récolte sur 
le sommet des Apennins, la tige est fort courte, mais si ^n le des- 


DES PHANÉROGAMES. 85 


cend, et si on le fait végéter dans la. plaine, il produit aussitót 
une tige qui s'éléve pour porter les fleurs, 

Dans les cas cités plus haut, les plantes étaient annuelles, 
c'est-à-dire qu'elles ne vivaient qu'une saison ; le méme fait de 
variation de taille se retrouve sur les plantes vivaces. Ainsi la 
grande Páquerette (Chrysanthemum Leucanthemum) possède une 
lige qui s'élève à prés d’un mètre quelquefois, et à côté, nous 
avons la petite Páquerette (Bellis perennis) qu'on dit acaule, 
tant son axe est réduit. Les feuilles, au lieu d'étre éparses et es- 
pacées, sont rapprochées comme dans le Sennebiera Coronopus. 
Les tiges élevées, comme celles de l'Erysimum, du Capsella, du 
Chrysanthemum, ont été appelées tiges proprement dites ; les tiges 
qui sont déprimées, comme dans le Sennebiera, le Bellis perennis, 
sont nommées /écules. Quand les tiges sont vivaces, c'est-à-dire 
quand elles se conservent en partie pour continuer la vie de la 
plante par des bourgeons axillaires qui se développent à l’aisselle 
des feuilles, ces bourgeons peuvent s'élever et donner des rameaux 
secondaires qu'on a rangés dans les tiges proprement dites. Nous 
remarquerons ` 1° que tous ces axes, considérés dans leur rap- 
port avec la tige principale, sont de seconde génération ; 2° que 
considérés en eux-mêmes, ils sont tous annuels et ne présentent 
qu’un degré de végétation. La hampe de la Digitale, celles du Lis 
et de l'Iris, qui proviennent de même de bourgeons développés 
sur un axe d'une autre. génération, et prennent tout leur accrois- 
sement dans une saison, rentrent dans la méme classe. On a fait 
un nom spécial pour certains axes qui ne sont, en résumé, que des 
tiges proprement dites; nous voulons parler des chaumes. On a 
appelé chaume la tige des Graminées ; on a cru devoir faire cette 
distinction parce qu'elle présente des articulations à la naissance 
des feuilles. 

Nous remarquerons que cette disposition est loin d’être spéciale 
aux Graminées. ll nous est facile de signaler bien des herbes 
qui possédent cette particularité; entre autres, dans la famille des 
Caryoph yllées, . 

Le lécule peut être défini physiologiquement : un axe qui, trés- 
surbaissé et trés-réduit, porle ses appendices sur un espace fort 


86 DES TIGES 
restreint. Au reste, on peut, comme nous l'avons vu, trouver tous 
les passages entre lui et la tige proprement dite. 

A4. La végétation des plantes annuelles est trés-simple; la 
plänte apparaît, grandit, donne des fleurs et des fruits, puis périt 
tout entière. Celle des plantes vivaces est beaucoup plus compli- 
quée ; car après avoir accompli ces différentes périodes, elles ne 
meurent qu'en partie. Une portion subsiste pour donner naissance à 
des individus nouveaux, qui continueront l'existence de l'individu 
et perpétueront l'espèce. L'étude des manières d'être, de végéter, 
de ces plantes est fort curieuse ; leur végétation est très-variée et 
entraine des changements trés-grands dans la forme des tiges ; au 
ond cependant, le principe est toujours le méme. Les plantes 
vivaces peuvent se continuer par des bourgeons axillaires ou par 
un bourgeon terminal. Dans le premier cas l'axe est dit déterminé, 
dans le second l'axe est indéterminé. Nous allons essayer de mon- 
trer que le résultat final est le méme. 

45. Si nous étudions la manière de végéter du hagati vesca, 
voici ce que nous constatons : la tige principale est trés-surbais- 
sée, c'est un lécule; elle porte un grand nombre de feuilles dispo- 
sées en rosette et étalées; de l'aisselle d'une ou de plusieurs feuilles 
nous voyons partir des bourgeons qui rampent sur le sol; aprés 
quelque temps, au contaet dela terre humide, il se forme des 
racines adventives et l'on a un nouveau fraisier qui vit, donne des 
fruits et des bourgeons axillaires qui se conduisent comme les pre- 
miers. Les ehoses peuvent se passer ainsi indéfiniment, envahis- 
sant tout le terrain qu'on leur laissera prendre. Mais il se produit, 
en outre, un phénomène trés-connu des horticulteurs : le fraisier 
semble changer de place, il se montre en effet, aprés plusieurs 
années, fort loin du point où il avait été planté. Il est facile de se 
rendre compte de ce qui s'est passé. En l'examinant attentivement, 
on voit que la plante-mére s'est détruite, puis, successivement et 
par ordre de génération, tous les autres pieds, de telle sorte que la 
tige n'a jamais que la méme longueur. Nous voyons clairement ici 
que,tous les axes successifs 4° présenteront tous le méme degré de 


végétation; ce seront toujours des types d'une année ; 2° que cha- 
eun d'eux a une végétation déterminée. ` 


DES PHANÉROGAMES. 87 


Dans le Burligtonia rigida, nous voyons se produire le méme 
phénoméne. C'est toujours le méme fait : un axe qui se continue 
par l'apport successif d'axes secondaires qui proviennent de bour- 
geons latéraux à végétation déterminée. | 

16. Dans le Fragaria et l'Oncidium, les tiges sont couchées, 
mais elles sont encore aériennes, elles rampent seulement sur 

.la terre. Il peut se faire qu'elles s'enfoncent dans le sol et soient 
souterraines. Alors, au lieu d'étre allongées et gréles, elles sont, 
le plus souvent, renflées et moniliformes : chaque renflement cor- 
respond à une période de végétation; il se fait une accumulation . 
de sues pour le bourgeon qui suivra (8). C'est ce qui se passe pour 
le Nuphar, dans le groupe des Dicotyledones, et pour le Conval- 
laria dans celui des Monocotylédones. Les botanistes ont donné à ` 
ces axes le nom de rhizomes. Ces tiges peuvent ne végéter que 
deux ans, et alors on trouve un seul bulbe, chargé de fournir à 
la première nutrition du bourgeon qui le remplacera. C'est ce qui 
se passe pour le Colchicum autumnale ; ou bien, comme le Con- 
vallaria, elles peuvent vivre un plus grand nombre d'années, 
ajoutant, à chaque saison, une nouvelle portion qui vient se placer 
à la suite des plus anciennes. Ces renflements sont dus à la végéta- 
tion de l'année ; les sues s'aceumulent dans la portion de tige qui 
a végété. Ceci est surtout manifeste dans le B/etia pulchella, où 
l'on voit que les renflements successifs ne sont que des portions de 
tiges. 

17. Mais l'axe, au lieu de se coucher, peut rester aérien et 
dressé : le Plantago media et l Oncidium sphacelatum répon- 
dront aux tiges des Fragaria et des Burlingtonia ` le Ranunculus 
bulbosus et le Crocus sativus au Nuphar et au Convallaria. 
Dans ces deux cas, on voit en effet la tige dressée donner des 
renflements successifs de la base. Ces anneaux se superposent et 
s'ajoutent dans la hauteur, mais se détruisent par l'autre extrémité. 

Dans tous ces végétaux, la racine primordiale se détruit et la 
plante ne vit plus que par des racines adventives, qui se dévelop- 
pent successivement sur les anneaux de la tige; tantót l'entourant 
d'une couronne, si la tige est dressée ; ne se développant d'autres 
fois que sur le cóté inférieur, si la tige est couchée. 


88 DES TIGES 


Parfois ces tiges souterraines sont simples ; e'est la régle dans le 
Nuphar et le Convallaria; cela vient de ce qu'un seul bourgeon 
latéral s'est développé ; s'il s'en développe plusieurs, on a des rhi- 
zomes ramifiés; ceux du Primula veris, chez les Dicotylédones, 
ceux de l'Zris florentina, parmi les Monocotylédones, sont dans 
ce cas. Mais ce caractère est variable; c’est ainsi que parfois, dans 
les terrains fertiles, on voit se ramifier la tige souterraine du Sceau- 
de-Salomon. Il n'est pas jusqu'au. bulbe du Colehique qui ne soit 
susceptible de donner plusieurs axes secondaires, et il est rare que 
le Safran n'en donne pas plusieurs. 

Les ramifications se conduisent comme l'axe sce c'est-à- 
dire qu'elles se détruisent d'un côté pendant qu'elles s'allongent 
de l'autre. C'est par ce moyen que toutes, aprés quelque temps, 
deviennent libres et forment des plantes isolées qui se conduisent 
à leur tour comme la plante qui les a fournies. 

18. La plante, dans les cas cités jusqu'ici, accumule les aliments 
destinés aux générations futures dans la base de ses tiges; les 
feuilles alors se réduisent à des lames minces et scarieuses, qui 
se détruisent rapidement ; le bulbe du Colchique, celui du Safran 
en offrent des exemples frappants. Quand l'axe est trés-réduit, la 
plante-mére pourvoit à l'alimentation des bourgeons par un autre 
moyen. Ce sont les bases des feuilles qui se gonflent et devien- 
nent charnues, succulentes; il y a ce qu'on nomme balance- 
ment eramus, Ce phénoméne entraine une nouvelle forme des 
axes. i 

La tige de l'Ozalis Deppei diffère de celle du Plantago Co- 
 ronopus, en ce que les bases des pétioles persistent et se gor- 

gent d'éléments nutritifs qui servent aux bourgeons qu'elles por- 
tent à leurs aisselles. À cause de leur forme, ces renflements ont 
élé nommés bulbes, et comme. les écailles se recouvrent et s'em- 
boitent complétement, on les a appelés funiqués. L'Allium Cepa 
est un bulbe tuniqué tout à fait semblable à celui de l'Ozalis 
Deppei. Le Lilium candidum présente une petite différence; les 
bases des feuilles, au lieu de s'appliquer les unes contre les autres 


et de se serrer, sont libres et s'écartent ; la tige est, dans ce cas, 
appelce écalleuse, 


DES PHANÉROGAMES. 89 


19. D'aprés ce que nous venons de dire, il ne faudrait pas s'en 
laisser imposer par la dénomination de bulbe, qui s'applique à deux 
espéces de tiges bien différentes. On ne doit point, en effet, con- 
fondre les bulbes du Colchicum et du Crocus, avec ceux de l'Ozalis 
et del'A//rum Cepa; puisque, dans le premier cas, les bulbes sont 
formés par l'extrémité renflée de l'axe; tandis que, dans l'autre, 
le bulbe est formé par les portions inférieures et gonflées des ap- 
pendices. 

20. Dans les bulbes de l'Oza/is et de l'Oignon, l'axe, avons-nous 
dit, est trés- réduit, et c'est une portion de cylindre surmontée 
d'un petit cône qui porte les feuilles. Il mesure à peine quelques 
millimétres d'épaisseur, par suite de la destruction continuelle qui 
s'opère par sa base, tandis que l'allongement se fait par le sommet. 
Cette tige a recu le nom de plateau. Le plateau se rapproche 
beaucoup du /écule ; la seule différence est dans la manière dont 
se comportent les extrémités des feuilles qui, dans le premier, 
deviennent succulentes et, dans le second, au contraire, sèches et ` 
scarieuses. Le renflement pourrait être défini : un lécule gonflé de 
sucs nutritifs. On n'en voit pas moins la liaison que tous ces axes 
ont les uns avec les autres. 

21. Si nous étudions le mode de végétation de la Joubarbe des 
loits (Sempervivum tectorum), nous constatons qu'il est tout à 
fait analogue à celui du Lilium candidum. Seulement les feuilles 
au lieu d'étre souterraines sont aériennes ; elles sont succulentes 
et épaisses ; mais, au lieu de vivre pour des bourgeons latéraux , 
elles végètent pour un bourgeon terminal qui se développera dans 
un temps plus ou moins long ; l'axe est donc déterminé comme tous 
ceux que nous venons de passer en revue. Jusqu'à l'apparition de 

la hampe qui terminera cette tige, les feuilles se développeront sans 
présenter cette série d'arrét de végétation, cette succession d'an- 
neaux qui forment un plus ou moins grand nombre de renflements 
successifs. Ici, c'est toujours le méme axe qui continue à se dérouler 
sans interruplion aucune, et qui de même se détruit constamment 
par sa portion inférieure. L'Agave americana, parmi les Monocoty- 
lédones, présente la méme végétation : c'est un plateau réduit sur 
lequel se déroulent un plus ou moins grand nombre de feuilles, et 


90 DES TIGES 


qui, à un moment donné, pousse une hampe qui s’élève rapide- 
ment, porte des fleurs et des fruits. Le Musa Ensete végéte comme 
l'Agave; on a toujours un plateau qui porte des feuilles; mais 
celles-ci, par leur pétiole, s'emboitent et s'épanouissent en rosette 
àla partie supérieure ; à travers ce long tube formé par la base 
des feuilles sort une hampe qui termine la vie de la plante. 

Si nous prenons un Sempervivum Yunghianum , nous ver- 
rons que tout se passe comme dans le Sempervivum tectorum ; 
mais l'axe ne se détruit pas par son extrémité inférieure ; il en ré- 
sulte que la tige s'éléve. L'Fucca est au Sempervivum Yunghia- 
num ce que l'Agave est au Sempervivum tectorum, Nous passons 
ainsi par transitions insensibles du plateau au stipe. 

22. Toutes les tiges étudiées jusqu'ici sont déterminées , c'est- 
à-dire qu'elles présentent toujours un bourgeon terminal qui meurt 
aprés avoir fleuri. Celles que nous allons étudier maintenant sont 
indéterminées, c'est-à-dire qu'elles se continuent toujours par un 
bourgeon terminal qui ne donne jamais de fleurs et qui ne finit 
point, à moins qu'une cause étrangère ne vienne le détruire. 

La Lysimachia Nummularia et la Veronica Teucrium ont une 
végétation qui, au premier abord, rappelle beaucoup celle du Frai- 
sier. Comme le Fraisier, en effet, ces plantes ont des tiges couchées, 
rampantes, donnant, de distance en distance, d'un cóté des fleurs, 
de l'autre des racines adventives ; puis, chaque nouveau pied devient 
le point de départ d'une nouvelle plante. Il y a cependant une 
grande différence: tandis, en effet, que dans le Fraisier chaque 
portion de l'axe est due à des bourgeons axillaires terminés ; dans 
leLysimachia, au contraire, c'est toujours un méme bourgeon qui 
suit son évolution, en laissant, d'endroits en endroits, échapper 
des bourgeons axillaires qui donnent des fleurs. Au reste, ici comme 
dans le Fragaria, la tige se détruit par une extrémité, tandis qu'elle 
s'allonge par l'autre. 

23. L'axe peut se réduire et se renfler comme dans certaines 
plantes à axes déterminés. Alors il donne des bulbes ou réser- 
voirs de sucs; ainsi se forme celui de la Jacinthe (Hyacinthus 
orientalis), qu'il ne faut pas confondre par conséquent avec le bulbe 
du Crocus, ni avec celui del A/Ijum. Nous pourrions trouver ici une 


DES PHANÉROGAMES. 91 


série de faits paralléle à celle que nous avons développée en étu- 
diant à part les axes définis. Ainsi, par exemple, nous trouverions 
à opposer à l'Aloës et à l'Agave l'Ananas, qui comme eux se dé- 
truit par sa base; au Sempervivum Yunghianum et à l Yucca, le 
Cocos nucifera qui, de méme, ne se détruit pas et finit par avoir une 
tige fort élevée, ne s'arrétant dans son développement que parce 
que le bourgeon finit par étre situé trop loin du sol, ce qui l'empéche 
d'y puiser sa nourriture. Les Cycadées, ces plantes si curieuses qui 
ont tant exercé l'esprit des observateurs et qu'on ne savait pour 
ainsi dire où placer, tant par leur port et leur structure elles se 
rapprochent des Monocotylédones, tandis que par leurs fleurs elles 
se rapprochent des Dicotylédones, et que Richard (a) avait placées 
comme un point central autour duquel partaient les trois classes 
de végétaus ; les Cycadées doivent, quant au mode de végétation, 
se placer auprés des Sempervivum et des Cocos. Nous verrons plus 
tard, qu'au point de vue de l'agencement et de la direction des 
faisceaux, on doit rapprocher les Cycadées des Monocotylédones, 
tant il vrai que du mode de végétation dépend la structure des tiges. 

Nous ferons remarquer de plus la liaison qu'il y a entre les tiges 
déterminées et celles qui ne le sont jamais. En quoi, en effet, diffère 
le Sempervivum Yunghianium ou l Yucca du Cocotier ? La forme 
est la méme, le développement en tout semblable ; seulement l'un 
finit tandis que l'autre continue sa croissance; mais jusqu'à ce 
moment tout a été semblable. Aussi devons-nous nous attendre à 
trouver la méme structure dans les deux cas; c'est ce que nous 
verrons par la suite. 

24. Nous avons vu lestipe dériver du plateau, et nous avons avancé 
que le plateau n'était qu'un rhizome; si ce fait, qui peut paraitre 
difficile à admettre, n'était pas suffisamment démontré, la nature 
nous foürnirait le moyen de retourner à notre point de départ. 
Ansi nous voyons le Pandanus utilis, ne pouvant plus recevoir les 
alimenis du sol par sa base endurcie et obstruée, envoyer vers le 
sol des racines adventives qui s'échelonnent de bas en haut sur la 
tige. Le méme phénomène se passe dans l'/riartea exorhiza ; 


(a) Monographie des Cycadées. 


92 DES TIGES' 
mais, en plus, nous voyons, chaque année, la partie inutile se dé- 
truire. Nous revenons à nos tiges, qui s'allongent par le sommet en 
méme temps qu'elles se détruisent par la base. Encore un pas, et 
nous aurons de vrais rhizomes. Sur les bords de la Méditerranée, 
il existe un Palmier nain qui ne pouvant résister à l'impétuosité du 
vent se couche à terre; le sable vient à le recouvrir, et il produit 
alors des racines adventives dans toute sa longueur. | 
25. Jusqu'ici, nous n'avons que des tiges qui ne présentent ja- 
mais, en quelque point qu'on les examine, qu'un seul degré de 
végétation. Ce résultat peut être obtenu de plusieurs façons : 1° La 
plante ne vit qu'une saison, mais cette saison peut ne durer qu'un 
an (plantes annuelles); elle peut durer deux ans (plantes bisan- 
nuelles); elle peut durer vingt, cinquante, cent ans et plus; enfin 
elle peut ne jamais finir. 2* La plante vit plusieurs saisons ; chacune 
d'elles est limitée, et la portion de tige qu'elle donne s'ajoute à 


celle donnée par les générations précédentes. La plante est ainsi 


composée de portions d'âges différents; mais du méme degré de 
végétation. C'est à cette espéce de tige qu'on a donné le nom de 
sympode. La consistance, l'habitat, la couleur, la taille, peuvent 
faire varier à l'infini la forme de la tige, mais son essence est 
toujours la méme. M | 

26. De plus, il est possible de conclure de ce que nous venons 
de voir que toutes les formes que peuvent affecter les tiges se mon- 
trent également dans les deux classes de phanérogames, que les 
Dicotylédones, comme Monocotylédones, présentent également des 
lécules, des plateaux, des rhizomes et des stipes; que, par con- 
séquent, lorsqu'on voudra comparer des tiges de ces deux classes, 
on devra les opposer terme à terme. 

27. Désormais nous allons considérer les axes qui présenteront 
plusieurs degrés de-végétation. Supposons qu’au lieu de fournir à 
chaque saison une portion de tige qui s'ajoute à l'extrémité de la 
précédente, comme dans le Petit-Chéne, le Sceau-de-Salomon, l'Iris; 
la Primevére, ete., le végétal produise la méme portion sur la 
partie préexistante, On aura un résultat bien différent du précé- 
dent. L'accroissement ne se fera plus en longueur, mais en épais- 
seur ; la portion nouvellement formée viendra s’accoler à la pre- 


\ 


DES PHANÉROGAMES. 93 


mière ; et plus il y aura ainsi de successions de saisons, plus le 
diamètre de la tige augmentera. C'est ce que nous voyons se passer 
dans le Cyclamen europæum ; dans cette tige, ces couches sont 
peu apparentes parce qu'elles plongent au milieu d'un tissu cellu- 
laire gonflé d'éléments nutritifs destinés à fournir aux bourgeons 
qui se développent chaque année au sommet. 

28. Cet emboitement de portion d'axes appartenant à des géné- 
rations successives, peut se faire, non plus sur une tige ainsi sur- 
baissée et limitée, mais bien sur une tige qui continue de grandir 
elle-méme avec des interruptions correspondant aux saisons. Dans 
ce cas, les bourgeons sont de plus en plus éloignés du sol, et la 
matiére nutritive doit étre portée à leur base par des trajets de 
plus en plus longs. Ce mode de végétation amène la production 
d'une série d'axes secondaires qui présentent un nombre de cou- 
ches superposées, dépendant du nombre de saisons de végétation ; 
et, comme l'on voit que l'axe principal est lui-méme formé de 
parties de générations différentes, on peut en induire que l'épais- 
seur variera suivant la portion de l'axe que l'on examinera, Cette 
épaisseur sera de beaucoup plus grande à la base oü toutes les gé- 
nérations successives sont réunies, qu'au sommet où l'on ne trou- 
vera que les dernières. Cetle tige porte un grand nombre de rami- 
fications qui deviennent. le point de départ des axes suivants ; les 
botanistes lui ont imposé le nom de £ronc. Elle appartient exclu- 
sivement, dans l'état actuel de nos connaissances, à la classe des 
Dicotylédones. | 

29. Il ne faudrait pas croire que toutes ces formes soient exclu- 
sives pour chaque plante; les passages que nous avons montrés 
entre des végétaux différents se trouvent aussi sur la méme plante. 
Le Tydea nervosa présente une partie de sa. tige cachée sous 
terre; cette portion donne des bourgeons qui ne sont rien autre 
chose que des rhizomes, dans lesquels l'axe est trés-réduit ; par 
contre, les écailles sont très-épaisses. et gonflées de sucs. Au mo- 
ment de la végétation l'axe devient plus gros, les écailles s'amin- 
cissent, par suite da -balancement organique, et bientôt la tige 
s'éléve dans l'air, portant des feuilles parfaitement développées, 
qu'on voit Lrés-hien n'être qu'une modification des écailles. du rhi- - 


H 


9^ DES ep 


zome, car on à tous les passages. Dans l'Achimenes grandiflora, 
le méme fait se reproduit et de plus il est possible de reconnaitre 
dans les bourgeons aériens, avec des formes réduites, les mêmes 
organes que ceux qui naissent sur les tiges souterraines. 

Si l'on étudie la végétation du Physalis Alkekeng?, on y remar- 
quera quelque chose d'analogue ; la tige donne dans le sol des ra- 
meaux, espèces de rhizomes dont l'extrémité vient former des 
tiges aériennes. Nous retrouvons le méme phénoméne dans d'autres 
Dicotylédones : le Lycopus exaltatus, le Tussilago Petasites, le 
Mentha rotundifolia, le Lysimachia vulgaris, V Epilobium hirsu- 
tum. Ce fait se montre dans les Monocotylédones en général, et 
en particulier sur l'Arundo Phragmites, le Triticum repens, le 
Typha angustifolia, V Elymus arenarius. L’ Aster Dracunculus 
est plus eurieux encore : sa tige souterraine donne de méme des 
rhizomes; mais ses axes sont couverts de bourgeons qui se déve- 
loppent en tiges au pied desquelles il pousse des racines adven- 
tives; bientót ees rameaux se détachent de la plante-mére pour 
former, à leur tour, des colonies distinctes. C'est à ces sortes de 
tiges souterraines que l'on doit rapporter les tubercules de Pomme 
de terre et le £urion de l'Asperge, les renflements du Smilax 
mauritanica, qui ne sont les uns et les autres que des bourgeons 
gorgés de sucs nutritifs destinés à leur développement ultérieur. 

30. Pendant longtemps les botanistes ont indiqué, pour diffé- 
rencier l'un de l'autre les deux groupes des phanérogames, la pré- 
sence ou l'absence de ramifications. Les Dicotylédones se rami- 
fieraient, tandis que les autres, les Monocotylédones, ne présente- 
raient jamais de divisions. Rien n'est plus faux que cette distinction, 
venue de ce que les auteurs avaient eu leur attention attirée par 
le mode de végétation du Palmier, qu'ils prenaient tous comme 
le représentant des végétaux à un seul cotylédon. Nous ne sommes 
plus à ce temps, et chacun sait maintenant que les Monocotylé- 
dones se ramifient tout autant que les Dicotylédones. 

Les tiges des Graminées couchées sur le sol et en contact avec 
la terre humide développent les bourgeons qu'elles portent à Pais- 
selle de leurs feuilles. L'Arundo Phragmites donne, non plus 
accidentellement, mais naturellement, un rameau à chaque nœud ; 


DES PHANÉROGAMES. 95 


le Bambusa nigra en donne trois. Qui ne connait la tige des 
Asperges avec ses rameaux filiformes, le Ruscus aculeatus avec 
ses rameaux aplatis, les Smilax, etc. ? Les tiges souterraines ont 
aussi leurs ramifications, ainsi l'Iris, l'Acorus Calamus, le Typha, 
les Juncus, etc. Nous pourrions multiplier les exemples, car il n'est 
pas jusqu'aux Palmiers qui n'échappent à la régle qu'on avait voulu 
donner. 

31. Ainsi done, si l'on n'a égard qu'à la forme, on peut con- 
clure de ce que nous avons dit : 

1° Que l'axe est essentiellement polymorphe. 

2° Que toutes les formes peuvent parfaitement dériver les unes 
des autres. 

3° Que la forme ne "d servir à distinguer les Monocotylédones 
des Dicotylédones, puisque l'on trouve chez les secondes les mémes 
formes que chez les premieres. | 

4° Que l'on peut diviser les tiges en tiges d un seul and de 
végétation, et en tiges d plusieurs degrés de végétation. 

5° Que jusqu'ici l'on n'a rencontré le deuxieme mode que dans 
la tige appelée /ronc, qui appartient aux Dicotylédones; el que 
toutes les autres tiges de cette classe, ainsi que la totalité de celle 
des Monocotylédones, ne présentent jamais qu'un seul degré de 
végétation. 

Nous verrons l'étude da la structure confirmer cette division. 


96 DES TIGES 


ul 


STRUCTURE DES TIGES. 


P d 


32. On lit dans les ouvrages de botanique qu'au point de vue 
dela strueture il existe une grande différence entre les tiges des 
Dicotylédones et celles des Monocotylédones. 

Les Dicotylédones, dit-on, sont formés de deux systémes com- 
posés de parties identiques, mais disposés dans un ordre inverse. 
On a : 1° le système central qui présente, de dedans au dehors, 
une moelle, des rayons médullaires, du bois et de l'aubier ; 2° un 
système périphérique qui montre, en allant de l'extérieur à l'inté- 
rieur, l'épiderme, les couches corticales et le liber. Les végétaux 
Monocotylédones, au contraire, présenteraient des faisceaux 
ligneux, plongés sans ordre au milieu d’un tissu cellulaire abon- 
dant, et ne posséderaient ni couches concentriques qui s’envelop- 
pent les unes dans les autres, ni un canal médullaire qui circonscrit 
la moelle, ni rayons médullaires s'étendant du centre à la circon- . 
férence. L'écorce, le bois, le liber, ne sont plus disposés dans le 
méme ordre; tout ici parait confus, et ne PENE aucun arran- 
gement symétrique. 

De plus, on ajoute, depuis les recherches d'Hugo Mohl et de 
Meneghini, que les faisceaux fibro-vasculaires, tout en étant épars 
dans le tissu cellulaire du centre de la tige, ont une marche par- 
faitement fixe et déterminée. Partant de la base de la feuille. ils 
s'inclinent en dedans d'abord en décrivant un arc de cercle à con- 
vexité supérieure ; mais arrivés à ce point, au lieu de plonger dans 
le centre de la tige et de rester centraux et parallèles, comme le 
voulait Desfontaines, ils prennent une marche inverse à celle 
suivie dans la premiére partie de leur trajet, en sorte qu'ils vien- 
nent s'appliquer à la périphérie, les plus jeunes étant les plus 


d 


DES PHANÉROGAMES. 97 


extérieurs. Ce fait renverse, comme on le voit, la division de - 
de Candolle, qui avait admis comme prouvés les. résultats an- 
noncés par Desfontaines. Enfin on dit que ces faisceaux, outre 
leur inclinaison dans le sens vertical, en ont encore une dans le 
sens horizontal; en se courbant pour gagner la périphérie, ils se 
dévieraient à inito ou à gauche, sortant du n" dans lequel ils 
sont entrés. 

33. Ces descriptions sont très-exactes, si l'on a étudié le tronc du 
Quercus Robur et lestipe du Cocos nucifera. On est en droit d'ad- 
mettre la plus grande dissemblance entre ces deux espèces de 
tiges ; mais s'ensuit-il de là qu'on doive dire que toutes les tiges des 
Monocotylédones différent essentiellement de toutes celles des Di- 
cotylédones? Nous ne le croyons pas, et nous pensons que si l'on 
est arrivé à cette assertion erronée, c'est que l'on n'a pas comparé 
des choses comparables, et qu'on a commis la faute de n'étudier 
que les deux termes extrémes, sans tenir compte des transitions 
qui peuvent exister entre elles ; et de généraliser trop vite, sans 
chercher à voir si les exceptions ne seraient pas la régle. 

34. Nous avons essayé de compléter les lacunes qui pouvaient 
exister; en agissant ainsi, nous sommes arrivé à penser que : 
4° les Monocotylédones n'ont pas une structure spéciale qu'on ne 
retrouve point dans les plantes à deux cotylédons ; 2° la marche 
des faisceaux, indiquée par Hugo Mohl et Meneghini pour les Mo- 
nocotylédones, se rencontre aussi chez les Dicotylédones; 3° la 
Structure est en rapport direct avec le degré de végétation de 
chacune de ces tiges. 

Jetons un coup d'œil sur la structure et la conformation des 
différentes espèces de tiges que nous avons étudiées plus haut (13). 

39. TiGEs PROPREMENT DITES. — Si nous prenons une tige de 
Belladone dans sa partie souterraine, nous voyons sur une coupe 
transversale, des faisceaux plus ou moins régulièrement disposés, 
Ces faisceaux, dont le nombre varie, sont isolés par groupes au 
milieu du tissu cellulaire gorgé de grains d'amidon. Si nous faisons 
la méme coupe sur l'axe aérien, oü les sues sont moins abondants, 
nous trouvons ces faisceaux serrés les uns contre les autres et for- 


mant un cercle plus complet et plus visible. Si nous examinons des 
"o. 7 


98 DES TIGES 

. coupes longitudinales, nous remarquons une disposition corres- 
pondante; ici, les faisceaux sont séparés; là, au contraire, ils 
seront réunis. De plus, nous pouvons constater ce fait que, chaque 
faisceau arrivé à la rencontre de la feuille ou du bourgeon immé- 
diatement inférieur, se dévie, et vient placer ses fibres en dehors 
de celles que donnent ces organes. Ce trajet se rapproche donc de 
celui des fibres des Palmiers. 

La tige souterraine du Tussilago Petasites présente la méme 
disposition à peu prés que celle de la Belladone. Mais iei les fais- 
ceaux sont plus rapprochés, saus cependant se toucher. Ils for- 
ment un cercle parfaitement régulier, comme le peut montrer une 
coupe transversale. La coupe longitudinale fait voir que les fais- 
ceaux suivent la méme marche que ceux de la Belladone. 

Dans la hampe de la Primevére, nous voyons, de méme que dans 
celle du Convallaria (pl. MI), tout l'intérieur occupé par des fais- 
ceaux qui descendent du sommet vers la base sans ordre apparent, 
Le méme fait se rencontre dans la hampe de l’Asphodelus luteus. 
La partie herbacée de la tige des Smilax et des Asperges n'est 
qu'une hampe ramifiée de Primevère, de Plantin ou d'Asphodéle ; 
la strueture est la méme. 

La hampe du Sempervivum tectorum est à celle de la Primevére 
ce que la tige du Tussilago Petasites était à celle de la Belladone. 
Nous trouvons, en eífet, un cercle de faisceaux bien indiqué et 
bien régulier. Sur la coupe longitudinale, les faisceaux semblent, 
au premier abord, être franchement endogènes ; c'est qu'ils sont 
fort longs, et , pour constater l'inflexion vers la périphérie, il faut 
descendre dans l'espèce de plateau renflé qui est à la base de la 
bampe. Là, on suit parfaitement leur marche, on les voit partir de 
la base des feuilles en décrivant une courbe d'autant plus marquée 
et plus fermée qu'ils sont plus inférieurs ; si bien que pour les der- 
niers, l'extrémité pétiolaire et l'extrémité terminale se touchent 
presque. 

36. L'épaisseur et la compacité des faisceaux ligneux dépendent 
le plus souvent du nombre et de l'agencement des fibres qui appar- 
tiennent à la feuille correspondante, et sont liées à la quantité de 
tissu cellulaire qui remplit la tige. Si nous faisons la coupe trans- 


DES PHANÉROGAMES. 09 


versale de l Aster Dracunculus, nous voyons les faisceaux serrés les 
uns contre les autres former un cercle trés-compacte et non inter- 
rompu ; si nous lui eomparons l’ Epilobium hirsutum , nous n'y 
voyons que quatre faiseeaux parfaitement distincts et isolés par 
du tissu cellulaire. Le Lysimachia vulgaris peut nous servir de 
passage entre les deux exemples; ses quatre faisceaux , en forme 
de croissant, se réunissent par leurs extrémités. La méme chose a 
lieu pour les quatre faisceaux du Lycopus exaltatus. 

Une coupe horizontale, faite sur la tige de l Helianthus annuus , 
nous montre un cercle de faisceaux si irrégulier, que dans un point 
il n'existe pas en réalité. Si l'on cherche la raison de ce fait, on 
voit que l'éndroit où le faisceau est le plus fort correspond à la 
feuille la plus ancienne ` à côté, et faisant suite aux premiers fais- 
ceaux; on ef voit un aütre qui eet moins nourri, et qui appartient 
à la feuille qui se trouve immédiatement au-dessus de la précédente, 
et de même pour la troisième portion. La coupe transversale nous 
fáit voir qu'ici chaque faisceau descend de la feuille, qu'il va en 
s'épuisant de haut en bas, et qu'il disparaît souvent avant d'avoir 
pu rejoindre le faisceau qui lui correspond inférieurement. Par 
conséquent, dans ce cas, les faisceaux sont disposés de maniére à 
n'avoir aucune connexion avec les fibres antérieurement formées. 
C'est peut-être grâce à cette disposition, et grâce à l'évolution en 
spire des feuilles, que les tiges de cette singulière plante peuvent 
se tordre sur elles-mêmes et présenter le phénomène remarquable 
que tout le monde connait. l 

37. Dans le cas de l Helianthus annuus, les faisceaux de la 
feuille sont serrés en groupes et ils descendent parallélement les 
uns aux autres ; mais il est loin d'en être toujours ainsi, et si, par 
exemple, on prend une plante fort voisine et dont le port est le 
méme, le Cynara Scolymus (pl. Y bis, fig. 1), et qu'on fasse la coupe 
transversale d'une de ses tiges (fig. 1), on est frappé de la ressem- 
blance qu'elle présente avec celle d'un Palmier. C'est le méme dés- 
ordre apparent, ce sont les mêmes faisceaux d'inégale dimension ; 
la coupe longitudinale (fig. 2) confirme encore l'analogie de ces 
deux.espécés d'axes. Nous voyons, en effet, les faisceaux décrire 
en descendant une courbe semblable à celle indiquée par Hugo 


100 DES TIGES 


Mohl dans les Palmiers ; les faisceaux, au sortir de la feuille, sont 
épars et isolés ; ils s'inclinent, en partie du moins, vers le centre de 
la tige, puis se recourbent pour devenir extérieurs et descendre à 
la périphérie. Toutes ces fibres sont plongées au milieu d'un tissu 
cellulaire abondant et succulent. Cette inflexion est d'autant plus 
marquée qu'on examine les feuilles les plus élevées ; tout le monde 
peut la constater pour les faisceaux des bractées, en faisant une 
coupe longitudinale d'une tête d'Artichaut. Les faisceaux les plus 
forts occupent le centre, où ils forment une couronne interrompue; 
en dehors de ce cercle on en voit d'autres moins gros qui appar- 
tiennent à des faisceaux épuisés. 

L'anatomie d'une telle tige n'est-elle pas celle que les auteurs 
indiquent comme caractéristique des Monocotylédones en général, 
et des Palmiers en particulier (43) ? L'étude intime des faisceaux 
nous montrera qu'ils sont composés des mêmes éléments, ce qui 
complétera l'identité (61). 

38. Il ne faut pas croire que ce fait soit une exception , el qu'il 
soit isolé. Si nous prenons la Grande-Cigué ou la Berce (Hera- 
cleum Sphondylium, yl. Il}, nous voyons que la structure de leur 
tige présente la plus grande analogie avec celle du Cynara. Ilya 
cependant des différences à constater : la moelle est détruite en 
partie, ce qui rend la tige fistuleuse ; de plus, les faisceaux sont 
en beaucoup moins grand nombre, car ils forment une seule cou- 
ronne, interrompue en certains endroits par du tissu cellulaire , et 
réunie dans d'autres par des faisceaux épuisés appartenant à des 
feuilles plus élevées. Au premier abord on croirait que ces tiges 
possèdent une écorce. Nous verrons plus tard que cette partie 
n'existe pas dans le sens propre du mot. 

.. 9. Lechaume possède une structure qui se rapproche beaucoup 
de celle des Heracleum. Sur la coupe transversale d'un Arundo 
Phragmites , nous trouvons deux couches concentriques de fais- 
ceaux fibro-vaseulaires, plongés au milieu d'un tissu fibreux et 
résistant. En dehors existe une couche de tissu lacunaire. Sur la 
up longitudinale, nous constatons que le faisceau de la feuille 
superieure passe en dessous du faisceau de la feuille inférieure, et 
dans cette position reste tout à fait paralléle dans toute la longueur 


, 


DES PHANÉROGAMES. 401 


de l’entre-nœud. Après ce trajet, la fibre dévie-t-elle pour se por- 
ter en dehors au niveau du nœud? Je n'ai pu résoudre cette ques- 
tion; mais, dans le Bambusa nigra, qui possède de huit à dix 
cercles de faisceaux, cette déviation semble démontrée par le fait 
que les couches les plus extérieures sont de moins en moins com- - 
plétes, en sorte que celles de la périphérie semblent étre tout à 
fait épuisées et sont réduites à leur tissu fibreux. Dans le fait 
du Lychnis dioica que nous avons rapproché des chaumes, on 
trouve une disposition analogue à celle que nous venons de décrire 
pour l'Arundo Phragmites. Ajoutons que ni dans les unes ni dans 
les autres les faisceaux ne traversent la tige pour former la cloison. 
Si l'on y trouve de ces faisceaux, ils appartiennent à un bourgeon 
axillaire. 

Nous ne pouvons pas terminer ce que nous avons à dire sur la 
structure des tiges proprement dites, sans signaler celle du Begonia 
hydrocotylæfolia. Ces tiges sont trés-succulentes, trés- épaisses, les 
faisceaux sont épars, peu nombreux et perdus, pour ainsi dire, dans 
le tissu cellulaire au milieu duquel ils se distinguent par leur cou- 
leur rouge. On les voit descendre d'abord verticalement, puis s'in- 
cliner, traverser la tige et continuer leur trajet vertical du cóté 
opposé où ils s'épuisent. Chaque faisceau est isolé et ne semble 
présenter aucune connexion avec les précédents. 

40. La structure des rhizomes rappelle beaucoup celle de leurs 
axes aériens. Cela se conçoit puisque le rhizome n'est que la partie 
inférieure et renflée de ces mémes axes. Cette identité de structure 
est facile à saisir sur la Belladone, le Tussilago Petasites, le Lysi- 
machia, le Lycopus exaltatus , l Epilobium hirsutum, Y Arundo 
Phragmites. Lorsqu'on a affaire à des rhizomes allongés comme 
ceux que nous nommons, l'agencement des parties est presque le 
méme ; mais, lorsque la tige devient plus charnue et surtout trés- 
surbaissée, comme le nombre des faisceaux devient trés.considé- 
rable, ils s'entrecroisent e! s'enchevétrent dans tous les sens. 

Si nous prenons un Nuphar ou un Nymphæa, nous trouvons le 
rhizome épais, irrégulier, parcouru en tous sens par des faisceaux 
qui se perdent dans le tissu cellulaire, en sorte que la coupe ver- 
ticale ou la coupe longitudinale présente la mème apparence; on a 


109 — — | DES TIGES 


des faisceaux fibro-vasculaires divisés dans toutes les directions. 
Ces faisceaux tiennent le centre de la tige; la partie extérieure 
oecupée par du tissu cellulaire, vide de sucs, forme une fausse 
écorce. Nous pouvons comparer à ce rhizome celui du Typha; tout 
est. semblable, sinon qu'il y a un peu plus de régularité et que les 


fibres forment une espèce de cercle continu qui limite la partie qui 
; représente l'écorce. Dans l'Iris, l’ Acorus Calamus, la régularité est 


plus grande encore ; il est facile de voir les faisceaux s'incliner 
d'abord en dedans, décrire une courbe à concavité extérieure et 
ramener leur extrémité libre à la périphérie. C'est ce que nous 
avons vu se passer dans la tige aérienne de l'Artichaut. Dans le 
Convallaria Polygonatum, le Primula veris, les faisceaux se con- 
duisent de même, On voit ces faisceaux plonger vers les renfle- 
ments. antérieurs pour aller y chercher leur nourriture. Nous 
répéterions la méme chose pour les Smilaz. ` 

A1. PraATEAU, LécurE. — L'axe renflé du Sempervivum tecto- 
rum, dont nous avons décrit plus haut la structure (35), sert de 
Passage, pour sa composilion, entre les rhizomes et les plateaux; 
sur la coupe ‘du Lilium, candidum on voit parfaitement les fais- 
ceaux fibreux affecter la méme disposition et la méme direction. 
Ceux qui partent du bourgeon de l’année, plongent dans la partie 
de l’année précédente, pour y puiser des sucs nécessaires à leur 
vie. 

42. Stipes; — Mais le plateau et le lécule peuvent s'allonger et 
donner des stipes (21). Examinons la structure de ces espèces de 
tiges sur le Sempervivum arboreum (a) et le S. Yunghianum. Sur 
la coupe horizontale, on trouve manifestement une couche de fais- 
ceaux fibro-vasculaires, disposés régulièrement et formant un cercle 
complet et unique, comme nous l'avons rencontré dans les tiges 
d'une année chez le Lysimachia. Sur la coupe longitudinale, nous 
voyons que les faisceaux partant des feuilles s'inclinent en dedans, 
puis suivent un trajet vertical en descendant prés de la péripherie; 
arrivé à la feuille située immédiatement au-dessous de lui, on voit 
le faisceau se dévier pour circonscrire le point d'attache de cet 


. (a) G. Regnault (thèse doct, ès sciences). 


DES PHANÉROGAMES; 108 


appendice. En s'inclinant ainsi sur le cóté, il rencontre un autre 
faisceau auquel il s'aecole, et tous deux continuent à descendre 
pour se séparer et se réunir de nouveau. La zone externe de tissu 
cellulaire se trouve par ce moyen complétement isolée; elle forme 
une fausse écorce parfaitement séparable. Si l'on enléve cette por- 
tion de la tige, on voit les faisceaux fibro-vasculaires former un 
réseau à mailles presque quadrangulaires, dans l'intérieur de 
chacune desquelles est un petit mamelon de tissu cellulaire dé- 
pendant d'une feuille. 

A3. Le stipe d'un Palmier présente unc disposition analogue, si 
ce n'est que les faisceaux décrivent une courbe beaucoup plus 
accentuée, se rapprochent beaucoup plus du centre, et de plus 
sont épars au lieu d'étre réunis. Il y a, sous ce rapport, entre le 
Sempervivum et le stipe du Dracæna, la relation que nous avons 
signalée entre le Cynara Scolymus et Y Heracleum Sphondylium 
(97, 38). Les faisceaux descendent de méme à la périphérie, se 
tenant alors à une certaine distance de l'extérieur, en sorte qu'ils 
limitent une zone externe de tissu cellulaire qui est une fausse 
écorce: Parfois, comme dans le Phænix dactylifera, il arrive qu'il 
y à comme plusieurs couches concentriques. Ces couches semblent 
dues à ce que, dans l'intérieur de la tige, les faisceaux descendants 
et épuisés se groupent par séries sous l'action d'influences exté- 
rieures encore ignorées. 

S'il est vrai que le mode de végétation ait quelque connexion 
avec la structure, nous devons, d'aprés ce qui a été dit plus haut 
(23) de la tige des Cycadées, nous attendre à y trouver la méme 
structure que dans les Palmiers. C'est, en effet, ce qui a lieu ; nous 
trouvons certaines tiges de Cycas qui présentent cette appa- 
rence de faisceaux irréguliers, épars dans un tissu cellulaire, mou 
et spongieux, et d’autres, le Cycas revoluta, le Dion edule, qui 
sont disposés en couches concentriques tout à fait analogues à celle 
du Pheniz dactylifera: 

AA. Tronc. — Les tiges à plusieurs générations successives peu- 
vent se présenter sous diverses apparences et se conduire de méme 
façon. Si l'on examine un tubereule de Cyclamen d'une année, 
on le trouve formé de tissu cellulaire, rempli de granules d'ami- 


VE, 


104 . ^" DES“ TIGES 


don, au milieu duquel viennent s'épanouir les quelques faisceaux 
trés-gréles de la feuille unique qu'il porte; ces faisceaux sont 
éloignés, épars et dispersés en cercle dans l'intérieur de la tige. 
— L'année suivante, d’autres feuilles envoient de nouveaux faisceaux 
qui se placent entre les premiers, et ainsi de suite pour tous les 
bourgeons, en sorte que le nombre des faisceaux augmente cha- 
que année considérablement. Il est impossible toutefois de bien 
remarquer si les zones sont concentriques ; les faisceaux semblent 
épars au milieu du renflement, ce qui tient à ce que le tissu cel- 
lulaire est chaque année fort abondant. La tige grossit, mais sur- 
tout par l'apport de matériaux alimentaires sur cet axe sur- 
baissé (27). | 

45. Dans la tige d'un Érable d'une année, on trouve, sur une 
coupe horizontale, une zone de faisceaux fibro-vasculaires, formant 
un cercle complet. Comme dans le Sempervivum Yunghianum, 
en dedans est un cylindre de tissu cellulaire, en dehors une zone 
de méme tissu, communiquant tous deux par des rayons médul- 
laires; on peut, à cause de la régularité de disposition des fais- 
ceaux, enlever celte zone externe, qu'on nomme improprement 
écorce. En effet, ce ne sera que plus tard que ce nom devra lui être 
donné avec raison, quand, à l'intérieur de la zone, sera venue se 
placer une couche de fibres que l'on nomme Ziber. Les faisceaux 
fibro-vasculaires qui forment la zone ont la méme disposition et 
le méme trajet que ceux que nous avons suivis dans les tiges pro- 
prement dites; car, pendant toute la premiére année, nous avons 
une tige proprement dite, puisqu'il n'y a qu'un degré de végéta- 
tion. Sur une tige d'Érable de deux ans, nous avons deux zones de 
bois entre l'écorce et la moelle avec des rayons médullaires qui 
augmentent de nombre. Les faisceaux de bois de la couche exté- 
rieure descendent ou s'appliquent sur la couche de première année. 
— Nous répéterions la méme chose pour la troisiéme, la qua- 
rième, etc.; autant la tige comptera d'années, autant on trou- 
vera de zones superposées. 

^6. Il résultera de ce que nous venons de voir que, dans les Mono- 
colylédones, comme dans les Dicotylédones, les faisceaux fibro- 
vasculaires ont la méme marche, et que leur disposition dans les 


DES PHANÉROGAMES. 105 


tiges dépend, d'un côté, de leur état de réunion ou de séparation 
au sortir des feuilles ; d'un autre côté, de l'abondance du tissu cel- 
lulaire au milieu duquel ils sont plongés. La seule différence capi- 
tale qui nous soit apparue, tient à ce que certaines tiges n'ont qu'un 
degré de végétation, tandis que d’autres en ont plusieurs; à cha- 
que degré de végétation correspond une couche de tissu cellulaire 
parsemée de faisceaux. 

47. La distinction des tiges des Monocotylédones et des Dico- 
tylédones n'est donc pas juste sous le rapport de la direction des 
faisceaux ; il nous reste à examiner si elle l'est davantage sous le 
rapport de leur disposition en cercles concentriques. Les auteurs 
ont signalé certaines tiges de Dicotylédones qui présentaient des 
faisceaux épars ou réputés épars; ainsi les Cucurbitacées, l’ Aris- 
tolochia Sipho. Nous avons indiqué le méme fait dans la hampe 
des Primevéres; nous aurions pu multiplier les exemples, mais 
nous avons vu bien vite que ces dispositions irrégulières ne l'étaient 
qu'en apparence; aussi avons-nous préféré envisager la question 
sous un autre point de vue et démontrer que, dans les Monoco- 
tylédones, les faisceaux sont disposés en zones circulaires concen- 
t"iques. | 

Nous ne sommes certes pas les premiers qui ayons vu que la 
disposilion en cercles concentriques est commune aux plantes des 
deux groupes; et H. F. Link l’a surabondamment prouvé dans un 
mémoire rédigé en 1831 sur ce sujet. Il a fait des coupes trans- 
versales sur les plantes des différentes familles Monocotylédones, 
et partout il a constaté la régularité. Dans les Graminées, pour le 
Triticum sativum, le Saccharum officinarum, le Glyceria fluitans; 
dans les Cypéracées, pour le Cyperus pungens et le Scirpus atro- 
virens ; dans les Joncées, pour le Juncus tenuis ; dans les Juncagi- 
nées, pour le Triglochin palustre ; dans les Typhacées, pour le Typha ` 
angustifolia ; dans les Iridées, pour l' zia crocata ; dans les Lilia- 
cées, pour l Hyacinthus orientalis; dans les Asparaginées, pour le 
Convallaria maialis, e Smilax aspera, le Ruscus aculeatus, le 
Paris quadrifolia; dans les Commélinées, pour le Trad scantia; - 
dans les Palmiers, pour le Bactris spinosa. Nous avons répété ses 
analyses el nous les avons complétées ; ainsi nous pouvons affirmer la 


406 | DES TIGES 


disposition en zones concentriques dans les Bambusa nigra, Tri- 
ticum repens, Arundo Phragmites pour les Graminées ; dans l' Aco- 
rus Calamus pour les Gypéracées ; dans (bis florentina pour les 
Iridées ; dans le Juncus tenuis pour les Joncées; dans l'A/isma: 
Plantago pour les Alismacées; dans le Typha angustifolia pour 
les Typhacées ; dans le Lilium candidum, V Allium Cepa, V Aspho- 
delus luteus, le Fritillaria meleagris pour les Liliacées; dans le 
Colchicum autumnale pour les Golchicacées; dans le Smilax Sal- 
- saparilla, le Smilax lancifolia, Y Asparagus officinalis, les Con- 
vallaria Polygonatum et multiflorum pour les Asparaginées; le 
Phoœnix dactylifera pour les Palmiers. 

- La plus ou moins grande régalarité dépend surtout de la forme 
les tiges, de la quantité de tissu cellulaire interposé, du mode de 
végétation ; car on retrouve la méme disposition dans toutes les 
tiges analogues, quelque soit le groupe dans lequel on les ren- 
contre ; ainsi le Nuphar et le Nymphea se rapprochent sous ce 
point de vue de l'/ris, de l Acorus, du Typha, etc. 

48. Le caractère tiré de la disposition des faisceaux en zone 
circulaire ne peut done pas être accepté pour séparer les Monoco- 
tylédones des Dicotylédones. L'écorce nous fournira-t-elle par sa 
présence ou son absence un meilleur caractére? Est-il possible 
d'admettre que les Dicotylédones aient une écorce, tandis que les 
Monocotylédones n'en auraient pas? Les auteurs sont loin d'étre 
d'accord sur ce point; les uns la nient complétement dans les 
Monocotylédones, les autres l'admettent avec toutes les nuances 
possibles. Enfin certains n'ont voulu reconnaitre dans les tiges 
qu'un système cortical et lui ont, par contre, refusé tout système 
central, Nous pensons que c’est pour ne s'être pas entendus suffi- 
samment sur la valeur de ee mot, et ne s'être attachés qu'à l'appa- 
rence extérieure que les botanistes ont présenté si peu d'accord 
entré eux. 

49. Si l'on fait la coupe transversale du tronc d'un Chêne ou 
d'un Tilleul, on trouve à l'intérieur une couche nettement marquée, 
bien limitée; c'est ce qu'on appelle l'écorce; sur un Palmier, en 
dehors de la partie qui est remplie de fibres, se trouve, de méme, 
une zone de tissu cellulaire ; l'analogie de position lui a fait im- 


DES PHANÉROGAMES. 107 


poser Je méme nom, et, avec l'habitude de rapporter tous les 
Monocotylédones au Palmier pris pour type, on s 'est vu obligé de 
retrouver partout un système central el un système cortical. — 
S'il y a analogie entre cette zone extérieure dans les deux groupes 
de plantes, y a-L-ilidentité? Nous ne le croyons pas. — 

90. L'écorce du Chéne se compose d'un épiderme, d'une couche 
de tissu cellulaire cortical et de lames appelées ier, — Dans 
le Palmier, nous avons un épiderme. et du tissu cellulaire; il se 
trouve bien à leur intérieur des fibres, mais elles appartiennent 
au système central. Dans le Chêne, l'écorce est facilement sépa- 
rable du bois; dans le Palmier, on voit que la séparation de la 
prétendue écorce d'avec le bois se fait difficilement, et encore est-il 
que les couches fibreuses restent attachées à ce dernier. — Les 
deux écorces ne sont donc pas identiques; c'est pourquoi nous 
avons donné à la seconde le nom de fausse écorce. 

Mais, de ce que le Chéne a une vraie écorce et le Palmier i une 
fausse écorce, résulte-t-il que les Dicotylédones doivent être sépa- 
rés des Monocotylédones par ce caractère? Cela ne nous semble 
pas être possible, En effet, presque tous les Dicotylédones n’ont 
que de fausses écorces comme le Palmier, la vraie écorce ne se 
rencontrera que dans les Dicotylédones à plusieurs degrés de vé- 
gétation; elle est entièrement liée à l'accroissement de ces 
tiges. 

51. Nous avons dit que presque tous les Dicotylédones n ont 
que.de fausses écorces comme les Monocotylédones. On ne niera 


pas la véracité de cette assertion. Dans le Cynara Scolymus (37), ` 


l'écorce est tout à fait identique avec celle du Palmier ; on ne l'ad- 
mettra pas davantage dans l Heracleum Sphondylium, quoique les 
couches soient plus réguliérement distribuées ; la coupe transver- 
sale (pl. II, fig. 1), montre en effet des faisceaux fibro-vasculaires, 
plongeant dans ee qui représenterait la couche herbacée. Dans 
l'Heliantus annuus on serait plus embarrassé, car dans certains 
points on trouverait la fusion de l'écorce avec la moelle, Dans les 
tiges souterraines surtout, il n'y a pas possibilité de nier l'iden- 
tité de la fausse écorce des plantes à deux cotylédons, avec celle 
des plantes à un cotylédon. La séparation de la couche superficielle 


-— 7 


108 DES TIGES 


de la profonde est impossible ou bien se fait incomplétement. La 
tige souterraine de la Belladone est bien remarquable à ce point 
de vue. On y trouve deux écorces superposées et toutes les deux 
rentrent dans les fausses écorces. Nous nous croyons donc auto- 
risé à dire que les écorces des tiges d’un degré de végétation sont 
toutes de fausses écorces. 

52. Les jeunes branches des arbres ont donc de fausses écorces la 
première année; comment expliquer que la seconde année elles 
aient de vraies écorces? Pour cela, il s'agit de suivre la métamor- 
phose, de choisir le passage de l'une à l'autre. Prenons le stipe du 
Sempervivum Yunghianum et la tige du Menispermum canadense. 
Au mois d'août, nous voyons que dans les deux cas la partie exté- 
rieure se sépare facilement de l'intérieure, mais dans l'un on a une 
vraie écorce, dans l'autre on n'a qu'une fausse écorce. Celle du Meni- 
spermum, en effet, emporte avec elle des couches de liber ; l'autre 
n'est que du tissu cellulaire. Pourquoi cette différence ? Nous nous 
en rendons compte sur la coupe transversale. Dans celle du Sem- 
pervivum le cercle formé par les faisceaux est circonscrit par une 
ligne plus mince de tissu cellulaire, en dehors ne se trouve aucune 
trace de fibres. Sur le Menispermum, au contraire, en dehors 
du méme tissu cellulaire mince, se trouve la section des faisceaux 
de fibres. Dans l'un et l'autre cas, la séparation s’opère dans le 
tissu plus délicat, en sorte que, dans le Menispermum, le tissu 
cellulaire extérieur entraine avec lui l'ensemble des faisceaux libé- 
riens ; tandis que dans le Sempervivum on a rien d'analogue. En 
suivant la transformation du rameau, nous voyons qu'au début, les 
choses se passent pour la décortication comme dans le Semper- 
vivum, parce que le systéme central forme un ensemble plus résis- 
tant que le systéme cortical ; mais plus tard l'écorce entraine la 
partie externe du faisceau fibro-vasculaire; cela a lieu d'abord, 
parce que le systéme cortical a pris de la ténacité, et ensuite 
parce qu'il se fait yn départ entre les deux parties d'un méme 
faisceau fibro-vasculaire par formation d'un tissu fin et délicat. Nous 
verrons que c'est à ce tissu cellulaire, qui forme un cercle complet, 


interposé au bois et au liber, qu'on a donné le nom de couche gé- 
neratrice, í 


DES PHANÉROGAMES. 109 


53. Les tiges qui n'ont qu'un degré de végétation, celles des 
Monocotylédones en particulier, présentent la plus grande analo- 
gie de propriétés, dans le tissu cellulaire extérieur (fausse écorce) 
et dans le tissu cellulaire intérieur ; aussi certaims auteurs n'ont- 
ils voulu y voir qu'un seul et méme système, que les uns ont fait 
exclusivement cortical, tandis que les autres le voulaient exclusi- 
vement central. Voyons si l'une ou l'autre de ces opinions est 
fondée et en rapport avec les faits. 

DÄ, M. Lestiboudois, qui se fait le défenseur de la première 

opinion, veut que les Monocotylédones n'aient que le systéme cor- 
tical. Il appuie sa théorie sur les considérations suivantes. C'est 
un système cortical : 1° parce qu'il est extérieur; 2° parce qu'il 
est revêtu d'épiderme; 3* parce que les nouvelles productions pro- 
cèdent de la face interne, tandis que dans le système central les 
nouvelles productions se font à la face externe. Il n'est pas besoin 
de discuter longtemps pour prouver le peu de fondement de l'opi- 
nion de M. Lestiboudois, car : 1* on ne trouve jamais de faisceaux 
fibro-vasculaires dans l'écorce proprement dite; 2° on admet, 
avec H. Mohl et Meneghini, que dans les tissus des Monocotylé- 
dones il y a aussi hien exogénie que dans ceux des Dicotylédones. 
Quand nous traiterons de l'accroissement des tiges, nous verrons 
qu'il n'y a aucune comparaison à établir entre l'accroissement des 
tiges à un degré de végétation et celui des tiges à plusieurs degrés 
de végétation. 

55. Il n'est pas vrai de dire que les Monocotylédones ont des 
tiges exclusivement formées par le systéme central. Comment ex- 
pliquer ce tissu cellulaire, quelquefois si abondant, qui se trouve en 
dehors des couches des faisceaux? Au reste, maintenant les bota- 
nistes ont fait justice de ces deux théories exclusives en admettant 
un systéme mixte. Desfontaines, Dupetit-Thouars, Moldenhauer, 
Dutrochet, Jussieu, Richard, Hugo Mobl, Meneghini, M. Schacht, 
admettent une écorce. Moldenhauer avait méme été jusqu'à décrire 
un liber que les autres botanistes lui ont refusé à juste raison. C'est 
pour avoir voulu s'obstiner à comparer entre elles deux choses 
qui ne peuvent l'étre, que les savants sont tombés si peu d'accord 
sur la structure des tiges ; on ne peut, ep effet, comparer à des végé- 


410 DES "TI!GE3 


taux qui ne présentent jamais dans toute la durée de leur existence 
qu'un seul degré de végétation, ceux qui au contraire en présentent 
un trés-grand nombre. 
56. Pour nous, la tige des plantés à un seul degré de végétation, 
qu'elle se rencontre dans le groupe des Monocotylédones ou dans 
celui des Dicotylédones, ne présente qu'un tissu cellulaire parcouru 
‘plus ou moins régulièrement par des faisceaux fibro-vasculaires 
qui se disposent toujours en cercles concentriques; ces faisceaux 
‘peuvent être serrés les uns contre les autres de manière à former 
une zone à peu prés continue, à peine interrompue : € 'est le fait 
général chez les Dicotylédones ; ou bien être plongés isolément au 
milieu du tissu cellulaire, quand celui-ei est abondant. Dans le pre- 
mier cas, la zone circonscrit une portion de tissu cellulaire qu'on 
a nommé moelle ; elle est limitée par une zone du méme tissu, et 
“entre les deux sont des trainées qui réunissent la moelle à la zone ` 
périphérique, ce sent les rayons médullaires. Dans le second cas, 
“l peut y avoir une moelle, mais en général sa limite est peu mar- 
‘quée; il y a de méme une zone périphérique avec des trainées de 
tissu cellulaire qui font communiquer la moelle avec la couche exté- 
Tieure : ce sont de vrais rayons médullaires, mais on ne leur a 
point donné ce nom, parce qu'ils ne sont pas rectilignes. Il peut se 
faire dans les végétaux à plusieurs degrés de végétation, que le sys- 
téme unique se sépare en deux pour donner une vraie écorce en 
dehors et du bois en dedans. Quand cela arrive, il y a déchirure des 
faisceaux fibro-vasculaires, suivant des points si les faisceaux sont 
‘isolés, suivant un cercle s'ils sont unis; de telle sorte que la partie 
“externe s'enléve avec la zone extérieure, et que la partie interne 
reste pour former le systéme ligneux. Entre ces deux portions, il 
“existe une zone de tissu cellulaire fin et délicat qui devient le point 
de départ des faisceaux fibro-vasculaires d'une autre génération, 
qui seront séparés aussi par des trainées de tissu que donneront 
d’autres rayons médullaires. 

57. Ainsi done, en résumé, l'anatomie nous apprend : 4° que 
la partie fondamentale de toute tige est le tissu cellulaire: 2° que 
- les faisceaux qui circulent à son intérieur ont toujours là même 
` direction ; 8° que chez les Monocotylédones, comme chez les Dico- 


DES PHANÉROGAMES. Hi 


tylédones, les faisceaux sont réguliérement disposés en cercles; 
4° que chez les unes comme chez les autres, ces faisceaux peuvent 
ètre disposés de telle facon que le cercle ne soit interrompu que 
par de minces trainées de tissu cellulaire rayonnant du centre ; 
5° que, dans les unes comme dans les autres, les faisceaux, quoique 
disposés en cercle, peuvent étre isolés à cause de la quantité de 
tissu cellulaire interposé; 6° que dans les Monocotylédones, 
comme dans les Dicotylédones, on peut voir les faisceaux limiter 
bien distinctement la moelle, ou étre épars et se rencontrer dans le 
centre méme de la tige ; le tout ne dépendant simplement que d'une 
incurvation plus ou moins prononcée du faisceau à son point de 
départ de la feuille; 7° que dans les tiges à un degré de végétation, 
il n'y a pas d'écorce vraie, et que par conséquent on a tort de re- 
garder l'écorce des arbres monocotylédonés comme identique avec 
celle des arbres dicotylédonés ; qu'elle répond à la fausse écorce 
des Dicotylédones à un seul degré de végétation ` 8° qu'on a tort 
de regarder la tige des Monocotylédones comme formée seulement 
d'un système cortical ; 9° que dans les tiges à plusieurs degrés de 
Végétation on a les deux systèmes bien distincts; 10° que dans 
toutes les autres tiges, l'écorce et le bois sont, il est vrai, repré- 
sentés, mais non distincts et séparables. 


ec 


112 DES TIGES 


IV 


HISTOLOGIE. 


8 


58. Jusqu'ici nous n'avons considéré la structure que d'une ma- 
niére générale; nous n'avons décrit que ce que l'on voit, sans qu'il 
soit besoin d'employer aucun instrument grossissant autre que la 
loupe; il nous faut entrer plus avant dans l'étude de la composi- 
tion des parties qui forment la tige, et voir l'agencement des der- 
niers éléments qui les composent. 

59. Si nous placons sous le microscope une lame mince de tige 
de Menispermum canadense, coupée transversalement, nous voyons 
que les dix ou douze faisceaux qui forment un cercle presque com- 
plet sont presque isolés les uns des autres, et qu'ils ont la forme 
d'un triangle isocéle à sommet tronqué dirigé vers le centre, à base 
limitée par une courbe à convexité extérieure. Ces faisceaux sont 
entourés par du tissu cellulaire; la partie que l'ensemble de leurs 
sommets circonscrit forme au centre ce que nous avons appelé 
moelle ; la partie, qui est à l'extérieur, donne ce que nous nom- 
mons couche herbacée. Le tissu cellulaire central est polyédrique, 
gorgé de sucs, si l'on a pris une tige trés-jeune; plus tard il est 
sec et ne contient plus de matériaux nutritifs. Celui qui forme la 
zone externe est plus lâche et rempli de granulations. Les rayons 
médullaires réunissent les deux parties qu'on a appelées, à cause 
de leur nature identique, l'une médulle externe et l'autre médulle 
interne. 

60. Les faisceaux fibro-vasculaires sont ce qu'il y a de plus im- 
portant à étudier. On peut, tout d'abord, distinguer trois parties : 
une extérieure qui, ici, a la forme d'un croissant : elle est opaque et 
noire ; l'autre interne qui a la forme tout à fait triangulaire, noire 
aussi, mais qui nous montre les ouvertures béantes de nombreux 


DES PHANÉROGAMES, 115 


vaisseaux ; enfin une troisiéme qui est composée de tissu cellulaire 
trés-fin et délicat, transparent. Une coupe longitudinale nous 
montre : la premiére entiérement composée de fibres; la seconde 
composée de fibres aussi, mais entremélée de vaisseaux rayés, 
ponctués, et présentant des trachées à sa partie interne; la 
troisième est toute cellulaire. On a donné à la première partie le 
nom de liber, à la seconde celui de bois, et à la troisième celui de 
couche génératrice. 

61. Comparons à ce faisceau celui d'un Palmier; nous le trou- 
` vons entouré de tissu cellulaire et présentant aussi trois parties 
que les auteurs ont nommées lzer, couche génératrice, bois. Or. 
done, l'identité la plus parfaite existe entre la structure des fais- 
ceaux dans le Menispermum et le Palmier. 

Le faisceau fibro-vaseulaire du Cynara Scolymus est tout à fait 
semblable comme disposition générale (pl. I bis, fig. 4 et 5). Dans 
F Heracleum, nous avons la méme chose, seulement les fibres libé- 
riennes sont moins marquées (pl. II, fig. 3 et A). 

62. Nous pouvons done dire que, dans ce cas, la structure des 
faisceaux des plantes monocotylées est la méme que celle des fais- 
ceaux des dicotylées. Ce rapprochement nouveau est admis depuis 
. longtemps; après avoir décrit le faisceau fibro-vasculaire de l'Arzs- 
tolochia Sipho, Hugo Mohl ajoute : « Nous trouvons la plus grande 
ressemblance de structure avec les faisceaux des Monocotylédones; 
comme eux, ils ont un ordre régulier si la tige est jeune; dans la 
partie postérieure sont des trachées, plus en avant des vaisseaux 
ponctués, plus en avant encore des grands vaisseaux; si le ligneux 
prend un plus grand développement, les cellules commencent à 
être disposées dans un ordre régulier, etc. » 

63. Dans tous ces cas , le faisceau peut donc se réduire, en allant 
du centre à la circonférence, à plusieurs éléments qui sont: 
4° trachées; 2° vaisseaux scalariformes, ponctués, rayés, et 
plongés dans du tissu ligneux; 3» en dehors de gros vaisseaux 
auxquels H. Mohl a donné le nom de vaisseaux propres; h° un tissu 
trés-peu résistant et mince, que nous regardons comme la couche 
génératrice; 5° les fibres du liber. 


64. Le tissu cellulaire les entoure plus ou moins quand il est 
v. 8 


17 D DES TIGES 


réguliérement disposé entre deux faisceaux, Il prend le nom de 
rayon médullaire ; ainsi dans le Menispermum, l'Érable, la Clé- 
matite ` quand au contraire il est plus abondant, la forme change, 
on ne lui impose plus ce nom quoique son rôle physiologique soit 
le méme (Palmiers, Berce, Artichaut, etc.). 

65. La physiologie végétale n'a pas encore pu donner la raison 
de l'existence des différentes espéces de vaisseaux. Ce qui semble 
général, c’est la présence de trachées au côté interne du faisceau ; 
quant à ce qui est du róle des gros et des moyens vaisseaux, il est 
impossible de dire rien de positif sur eux. Les auteurs ont décrit 
les vaisseaux de gros calibre comme étant des vaisseaux propres, 
et y ont vu des granules de chlorophylle ; nous n'avons rien pu con- 
stater d'analogue. Cependant nous ne voulons pas les nier, quoique 
nous ayons multiplié nos recherches afin de les rencontrer. Nous 
avons trouvé des laticifères dans quelques plantes, le Cynara, les 
Ombellifères, les Asclépiadées et les Euphorbes. Ces vaisseaux 
étaient situés, soit dans la zone externe du tissu cellulaire, soit, 
mais plus rarement, dans la moelle ; nous ne pensons pas qu'ils 
doivent étre confondus avec les vaisseaux propres du bois, qui ne 
nous ont jamais présenté le caractère des vaisseaux du latex ou 
vaisseaux à sucs propres. — Cette ignorance oü l'on est de la 
valeur de telle ou telle partie, a amené de la confusion dans les 
écrits des différents auteurs, ce qui fait croire leurs descriptions 
fausses; c'est ce qui a lieu pour celles d'Amici et de Kieser, elc. 

66. Les faisceaux fibro-vasculaires que nous avons mis en paral- 
léle, sont, avons-nous vu, identiques quant à leur composilion ; 
mais il ne faudrait pas tirer de là la conclusion que tous les fais- 
ceaux sont composés de même. Leurs éléments peuvent se corres- 
pondre, mais la forme et l'agencement peuvent étre différents. Dans 
l'Artichaut, par exemple, la plupart des faisceaux présentent au cóté 
interne de leurs trachées, une masse assez épaisse de fibres (pl. 1 bis, 
fig. 3). Dans l Heracleum Sphondylium, le liber est à peine accen- 
tué. Les différences peuvent être bien plus grandes encore. Ainsi 
dans le PA/oz, les faisceaux sont disposés en cercles, plongés 
dans du tissu cellulaire; il y a deux zones concentriques comme 
dans le Bambusa, mais la composition est bien différente. Dans le 


H 


DES PHANÉROGAMES. 145. 


Phlox, on a dans chaque faisceau une rangée linéaire-de vaisseaux, 
ceux du centre sont larges, ceux des deux extrémités étroits; les, 
trachées occupent la partie interne du faisceau, celle qui eet JA 
plus rapprochée du centre. Dans le Bambusa on a un faisceau, 
à quatre cannelures, percées chacune de l'ouverture d'un vais- 
seau. PA 

67. On pourrait presque dire qu'on a autant de modes de com, 
position de faisceaux qu'il y a d'espèces différentes de plantes. Ils 
peuvent présenter des ressemblances, mais à la condition expresse. 
de comparer des végétaux qui se rapprochent par leur nature, leur. 
vie, leur habitat. Ainsi, on trouvera la plus grande analogie entre 
la tige du Menyanthes trifoliata et celle de la Sagittaire: En sui-. 
vant les recherches de M. Chatin sur la structure des plantes, en 
comparant les différentes anatomies des plantes qu'il a données, il 
est facile de se persuader de cette vérité. ` ; 

68. En admettant la composition la plus habituelle. du faisceau 
ligneux, une question reste à élucider. ? 

La structure est-elle la méme dans tous les points de la longueur, 
du faisceau ? Moldenhauer, H. Mohl ont démontré le contraire ; ils 
ont vu que dans les Palmiers, le faisceau était loin de présenter la: 
méme structure dans toute son étendue. Plus on l'examine sur un 
point éloigné de son émergence de la feuille, plus on s’apercevra 
qu'il est réduit et qu'il a perdu de ses éléments constitutifs ; les. 
trachées disparaissent d'abord, puis les vaisseaux moyens, puis les 
gros, en sorte qu'à la fin il est réduit aux fibres du liber, Molden- 
haver et H. Mohl, d'accord sur la différence de structure du fais- 
ceau, suivant les portions où on l'examine, différent dans l'inter- 
prétation de ce fait. Pour le premier, le faisceau commence par 
avoir des fibres, puis, aprés un certain temps, il se développe des 
vaisseaux propres et en dernier lieu le corps ligneux. Hugo Mohl 
ne partage pas cette opinion ; il attribue cette différence à une tout 
autre cause. « Illud vero prorsus improbo , quum hzc commutatio 
» vasis carentis fibrosi fasciculi in vasorum fasciculum. ad locum 
» tantum pertineat neque vero ad tempus ; nam. cum inferior pars 
» cujusque vasorum fasculi perpetuo vasis carens tenuis fasciculus 
» cellularum prosenchymatosarum permanet, ac nunquam in va: 


116 à DES TIGES 


» sorum fasciculum commutatur, tum superior pars eorum etiam 
» tenerrimorum nunquam tenui libri fasciculo similis est, sed jam 
» ubi adhuc gelatinosa mollitie est, indicia omnium partium, quas 
» postea continet, perspicue cognosci possunt. » 

69. Ce méme changement se fait-il dans lé faisceau des Dicoty- 
lédones? La chose est palpable pour ceux du Cynara Scolymus et 
pour ceux de l Heracleum, mais elle est moins facile à saisir dans 
les Dicotylédones à faisceaux fibro-vasculaires serrés, rapprochés, 
réunis et confondus en une zone ligneuse résistante. Cet épuise- 
ment a lieu de même et d’après ce qu'il nous a semblé voir sur le 
Pyrus communis ; la disparition des trachées correspond au mo- 
ment où le faisceau rencontre celui qui est immédiatement au-des- 
sous. À cet endroit le faisceau semble s'incliner à l'extérieur, et il 
vient mélanger ses fibres avec celles de la feuille inférieure, mais 
de telle facon que le faisceau dépossédé de ses trachées se trouve 
situé en dehors du plus inférieur qui en contient. C'est par ce 
moyen que l'étui médullaire se trouve complet dans toute son 
étendue ; c’est par ce procédé que la tige est toujours continue et 
garde partout la méme épaisseur. Si par une raison quelconque, 
les feuilles se trouvent trop écartées les unes des autres pour que 
le faisceau fibro-vasculaire de la feuille supérieure vienne rencon- 
trer celui de la feuille inférieure qui lui correspond, on trouve une 
sorte de solution latérale dans le rameau. On peut parfaitement, 
dans ces cas, prendre la nature sur le fait, et l'on assiste à l'épui- 
sement du faisceau, que l'on peut suivre pas à pas pour constater les 
pertes qu'il éprouve successivement. 

Nous ferons remarquer l'analogie qu'il y a entre les faisceaux 
fibro-vasculaires aprés qu'ils ont perdu leur couche de trachées, et 
les faisceaux fibro-vasculaires qui descendent dans la racine. 

70. Dans les cas oü les tiges sont charnues et remplies de tissu 
cellulaire abondant et nutritif, on conçoit qu'on puisse assimiler la 
partie inférieure du faisceau à un faisceau fibro-vasculaire radicu- 
laire; ce qui permet d'établir l'analogie de cette portion avec la 
racine ct de regarder tous ces faisceaux comme remplissant, dans 
ce cas, le méme róle que ceux de la racine. Peut-étre s'attache- 
til à cette identité de disposition, une relation de fonction ; peut- 


DES PHANÉROGAMES, 117 


etre ces filets jouent-ils, dans les tiges d'une année, le rôle que les 
faisceaux fibro-vasculaires des cotylédons jouent dans le premier 
âge de la plante. Ce mode de nutrition serait le seul que posséde- 
raient les Palmiers pendant toute leur vie, et les racines adven- 
lives qu'ils développeraient ne seraient, pour ainsi dire, que des 
organes d'absorption intermédiaires, ayant pour usage d'ap- 
porter des sucs dans l'intérieur de la masse charnue cellulaire qui 
occupe le centre de leurs liges. Au reste, ce doit être ainsi que vé- 
gètent toutes nos Dicotylédónes d'une année, avec cette seule dif- 
férence, que leur tissu médullaire restant perméable pendant toute 
leur. vie, la vraie racine suffit le plus souvent à fournir tous les 
sucs nécessaires, Cependant dans des cas rares où la tige est trop 
allongée pour que la communication facile avec le sol puisse s'éta- 
blir, il se fait des racines adventives qui apportent la nourriture 
dans la partie du tissu médullaire qui leur est le plus proche. Dans 
les stipes, où celte disposition est la plus commune, et où la partie 
inférieure s’oblitère, les racines adventives sont le seul moyen qui 
reste à la plante pour assurer sa vie. Il est des cas où, grâce à 
cette disposition d'avoir en elle tous ses éléments de vitalité, la 
plante subsiste, pourvu qu'on lui donne artificiellement l'humidité 
que lui apportent ordinairement ses racines. C'est ainsi qu'on fait 
vivre le bourgeon de l'Ananas, c'est ainsi que certaines Bromé- 
liacées ont pu vivre sept ans sur une plaque de liége mouillé, sans 
pousser aucune racine. C'est ainsi qu'on peut expliquer le boutu- 
rage. Tous ces phénomènes sont difficiles à comprendre avec la 
théorie qui prétend que toute feuille envoie du sommet de la.tige 
à la pointe des racines des faisceaux chargés de l'alimenter. 

Telle est la structure intime des faisceaux des tiges à un degré 
de végétation, et de celles qui, en ayant plusieurs, comme le Cy- 
clamen, ont leurs faisceaux nombreux et disséminés dans un tissu 
cellulaire fort abondant. | 

71. La structure des tiges a deux degrés de végétation, 
mais ayant un tissu cellulaire réduit, est plus compliquée; sur une 
coupe transversale, on trouve, en allant de l'intérieur à la péri- 
phérie : 4° une moelle; 2° un faisceau fibro-vasculaire possédant à 
son côté interne des trachées ; 3° un second faisceau fibro-vascu- 


445 - DES TIGES - 

Taire dépourvu de trachées, analogue par conséquent à un faisceau 
radiculaire, ou comparable à un faisceau caulinaire réduit par la 
disparition des trachées ; 4° une couche génératrice; 5° deux cou- 
ches de liber ; 6° des couches herbacées recouvertes d'un épiderme. 
La troisième année il n'y aurait de changement que l'apport d'une 
couche de bois extérieure aux deux premiéres, et d'une couche libé- 
vienne intérieure aux deux autres. En sorte qu'on voit qu'au niveau 
dela couche génératrice il se fait un double départ: d'un cóté, d un 
faisceau de bois; de l'autre, dun faisceau de fibres. Il y a des rayons 
médullaires qui se forment dans chacune de ces années, et qui sont 
de plus en plus nombreux. Nous ferons encore remarquer que la 
connexion des faisceaux de ces années successives peut présenter 
les mémes variations que celles que nous avons signalées dans les 
tiges à un seul degré de végétation. Le tissu cellulaire peut être 
plus où moins abondant, et les faisceaux peuvent, ou bien être 
serrés les uns contre les autres, comme dans le Chéne, alors les 
rayons médullaires sont trés-réduits; ou bien les rayons sont plus 
larges, et les faisceaux sont alors épars, isolés; c'est ce qui arrive 
dans le Bignonia jasminifolia, e Bignonia speciosa, et dans les 
tiges dites anomales. ; 

72. Tl ressort donc de ce que nous avons vu ` 4° que la compo- 
sition intime des faisceaux fibro-vasculaires varie suivant les espèces 
de plantes; 2° que par conséquent on ne peut guère comparer 
d'une manière générale la structure d'un faisceau Monocotylédone 
àvec celle d'un faisceau Dicotylédone ; mais que cependant il peut 
se faire qu'on rencontre des faisceaux tout à fait semblables dans 
les deux groupes; 3° qu'on peut, mais avec cette restriction seu- 
lement, comparer ceux de certains Palmiers avec ceux de certains 
arbres de nos foréts; A" que les faisceaux semblent obéir à la 
méme loi, qui est de s'épuiser dans leur trajet descendant ; 5° que 
la partie inférieure du faisceau rappelle un faisceau radiculaire; 
6» que dans les tiges appelées troncs, il se fait tous les ans un dépôt 
extérieur de ligneux, un dépôt intérieur de liber; 7° que chaque 
vóliche de ligneux annuel E la structure des racines. 


DES PHANÉROGAMES, 119 


Y 
ACCROISSEMENT DES TIGES. 


73. Toute tige se réduit donc à des faisceaux fibro-vasculaires 
plongeant au milieu d'un tissu cellulaire plus ou moins abondant. 
Nous avons dit, à chaque instant, que les faisceaux venaient de la 
feuille, mais nous n'avons point encore fait connaitre la relation 
qui existe entre ces deux organes. Pour bien comprendre ce que 
nous avons à dire sur l'accroissement des axes il faut connaitre 
cette relation. ^ ` i fs | 

7A. Si nous examinons attentivement l'Oncidium sphacelatum, 
le Burlingtonia rigida ou le Mazillaria variabilis , nous voyons 
ces plantes composées de renflements portés de distance en distance 
sur un axe trés-gréle; ces renflements sont surmontés par une 
lame verte étalée, séparée de la partie charnue par une sorte d'ar- 
ticulation. A la base du renflement se voit un bourgeon qui pro- 
longera la tige et produira soit une fleur, soit un bourgeon. En 
faisant l'anatomie du renflement , on voit qu'il appartient à la der- 
nière feuille, et il est possible de suivre les faisceaux de l'intérieur 
de la feuille dans l'intérieur de la tige. C'est une espéce de pétiole 
gonflé de sucs ; les autres feuilles, quoique ne présentant point de 
renflements charnus, concourent de méme, par l'apport de leurs 
éléments fibreux, à former l'axe sur lequel elles sont portées. 

Le Vanda teres est une plante qui nous présente le méme fait, 
mais sous une autre forme : nous voyons encore la tige due à 
la réunion des faisceaux fibro-vasculaires. La feuille ici est cylin- 
drique, et c’est à peine si l'on y reconnaîtrait la nature appendicu- 
laire sans une rainure peu profonde qui en occupe toute la lon- 
gueur. Cet organe est formé d'un tissu cellulaire mou, dans lequel 
plongent cinq faisceaux fibro-vasculaires disposés autour de l'axe ; 


190 DES TIGES 


mais ils forment un cercle excentrique , en sorte que les faisceaux 
qui répondent au bord fictif de la feuille sont plus rapprochés de la 
périphérie que ceux qui correspondent à la nervure médiane. En 
suivant ces faisceaux dans leur trajet descendant , on les voit s'é- 
carter pour embrasser la tige; le tissu cellulaire s'aplatit, en sorte 
que lon a ainsi un tube qui descend vers la feuille inférieure, 
Arrivés à ce point, les faisceaux se resserrent, le tissu cellulaire 
se raréfie, la tige est formée et plonge dans le tube creux appar- 
tenant à la feuille immédiatement située au-dessous de celle que 
nous venons de décrire. 

On aurait tort de penser que cette disposition soit particulière 
au groupe des Monocotylédones ; nous avons vu que le Cyclamen 
n'est, la première année, formé que d'une feuille qui se renfle pour 
former l'axe. Dans le Macropiper excelsum, la connexion est aussi 
évidente; on voit les faisceaux fibro-vasculaires qui descendent de 
chaque feuille donner un cylindre complet qui descend jusqu'au 
nœud situé immédiatement au-dessous. Dans les tiges à feuilles 
alternes, on voit le méme phénomène se produire. Nous n'a- 
vons qu'à rappeler ce que nous avons dit plus haut de la struc- 
ture de F Helianthus annuus (36). Dans d'autres, les faisceaux 
forment un cercle complet. Les chaumes, à ce point de vue, ne dif- 
férent des tiges du Vanda teres que parce que la feuille est aplatie 
et fendue dans toute sa longueur ; les faisceaux fibreux qui descen- 
dent de chaque appendice forment en partie la charpente de l'entre- 
` nœud situé au-dessous. Dans les Caryophyllées, tout se passe comme 

dans les chaumes, mais avec deux feuilles pour former l'entre-nceud. 
Les Labiées ont des tiges oü les faisceaux, au lieu de former un 
cercle complet et régulier, donnent quatre groupes parfaitement 
distinets qui occupent les quatre angles de la tige (a). 

. 76. De tout ce que nous venons de dire, il ressort que pour nous 
le bois des tiges est formé par la partie fibro-vasculaire ou charpente 
des feuilles. La moelle et le tissu cellulaire qui forme l'écorce, 
trouvent aussi leurs représentants dans ces appendices. Pour s'en 


(a) A. Steinheil, Sur la structure des tiges du Lamium album (Ann. sc. nat., 
te E, p. 397, sér. 2*). : 


DES PHANÉROGAMES. 191 


convaincre, il suffit de faire la coupe longitudinale d'une tige à 
l'endroit où l'appendice s'insére sur l'axe. On voit manifestement 
le faisceau fibro-vasculaire s'incliner et se prolonger dans la ner- 
vure médiane ; de telle facon que les trachées se trouvent. en des- 
sus, puis viennent les fibres ligneuses, les vaisseaux propres, la 
zone génératrice et le liber, qui occupe la partie la plus inférieure. 
Le faisceau est plongé dans du tissu cellulaire; le supérieur, plus 
dense, répond à la moelle, avec laquelle il conserve une commu- 
nication plus ou moins large ; l'inférieur fait suite, sans ligne de 
démarcation apparente, à celui de l'écorce. Nous remarquerons 
que les deux parenchymes conservent presque le caractère de celui 
dont ils dépendent, l'un étant à mailles serrées, l'autre à mailles 
larges, séparées par de nombreux méats intercellalaires. 

Un a donc raison de regarder la feuille comme étant l'épanouis- 
sement des éléments de la tige; et vice versé de dire la tige for- 
mée des éléments de la feuille, contractés et resserrés. 

76. Le passage de l'une à l'autre nese fait pas toujours de la 
méme facon. Ainsi, tantôt les faisceaux épars et parallèles dans 
l'axe restent épars et paralléles dans la feuille (les Plantains, les 
Coniféres parmi les Dicotylédones ; le Lilium, les Ornithogalum, les 
Graminées parmi les Monocotylédones). Tantót unis et serrés dans 
la tige, ils restent pendant quelque temps unis et serrés dans 
la feuille dont ils forment le pétiole; ils ne se ramifient que plus 
tard, pour donner des nervures qui se divisent et se subdivisent de 
différentes maniéres. On avait eru d'abord que cette disposition ne 
se rencontrait que chez les Dicotylédones, et M. Lestiboudois expli- 
quait les ramifications par l'anastomose des vaisseaux de l'écorce 
avec ceux du bois. Les Monocotylédones, qui n'avaient qu'un sys- 
téme ligneux, ne pouvaient, par conséquent, posséder que des 
feuilles à nervures paralléles. Nous avons montré (54) le peu de 
fondement de sa théorie; elle est encore ici en désaccord avec les 
faits : si, en effet, les feuilles penninerviées sont la règle chez tes Di- 
cotylédones et l'exception chez les Monocotylédones, on n'en trouve 
pas moins, chez ces dernières, une grande quantité de feuilles qui 
ne présentent pas la nervation parallèle. Nous citerons les feuilles 
des Aroidées, des Smilacinées. Le caractère tiré de la nervation 


122 DES TIGES 


des feuilles ne peut donc pas être pris pour différencier les deux 
groupes. On trouve des transitions entre les deux formes, le Func- 
kia présente un commencement de division des faisceaux dans le 
limbe, et, d’un autre côté, chacun sait que certaines plantes pré- 
sentent les deux modes ; la Flèche d’eau a des feuilles aériennes 
penninerviées, tandis que ses feuilles submergées sont rectinerviées. 

77. Ainsi l'étre végétal que nous avons appelé Phyton, réduit 
à sa plus simple expression, peut être défini du tissu cellu- 
laire parcouru par des faisceaux qui semblent lui servir de sque- 
lette. Tous ces faisceaux partent d'un point particulier que La- 
marck a nommé nœud vital; les uns descendent vers le sol, les 
autres montent vers l'air et la lümiére. De ces derniers, une portion 
sert à relier cet individu aux suivants, c'est l'axe; un autre 
devient libre, se déjette en dehors en s'étalant en une lame ordi- 
nairement verte et aplatie qu'on nomme la feuille, cet organe qui 
semble être sensible à l’action de la lumière et agir en décompo 
sant les éléments de l'atmosphére. | 

Suivons maintenant cet être dans son accroissement ultérieur ; 
nous aurons à l'étudier : 4° dans les plantes qui n'ont qu'un degré de 
végétation ; 2* dans celles qui en ont toujours plusieurs. 


A. — ACCROISSEMENT DANS LES PLANTES A UN SEUL DEGRÉ DE 
VÉGÉTATION. 


78. L'aceroissement en longueur s'opère de deux manières 
fort différentes : il peut se faire par développement continu, ou bien 
par saccades et jets interrompus., 

79. Dans le Coffea arabica (3, 6), aux deux premiers individus . 
(cotylédons) s'en superposent deux autres tout à fait semblables. 
Cette élongation se fait aprés un arrét du développement, qui varie 
suivant le temps qui a été nécessaire aux deux feuilles pour élabo- 
rer le bourgeon qu'elles contiennent entre leurs. deux pétioles ; à 
ces quatre feuilles s'en ajoutent de méme deux. autres nouvelles 
. séparées des précédentes par un. mérithalle; la tige monte donc 

ainsi vers le ciel, par bonds successifs, qui produisent à chaque 


DES PHANÉNOGAMES. |. 193 


fois un entre-nœud. La méme chose se passe pour les Labiées, les 
Caryophyllées, toutes plantes à feuilles opposées; on a donc ainsi, 
pour chaque entre-nœud, les phénomènes que nous avons décrits 
dans la germination des Dicotylédones. 

Dans le Trapa natans, l'accroissement se fait d'aprés un autre 
mode. Si nous nous reportons à ce que nous avons dit de la ger- 
mination (6), nous voyons que d'abord sort un grand cotylédon 
qui se développe seul ; plus tard il se montre une deuxième feuille 
qui, aprés avoir été soulevée à une certaine hauteur, s'étale, tan- 
dis que le bourgeon terminal donne le rudiment d'un nouvel ap- 
pendice qui se conduira comme le premier. ,Chaque partie soule- 
vée entre la base de la feuille la plus jeune et l'ancienne forme un 
mérithalle. C'est donc par un développement régulier et, pour ainsi 
dire, par une sorte de déroulement continu d'une spire que se fait 
l'élongation de l'axe, on pourrait peut-être ici constater des arréts 
de développement pendant lesquels la plante aceumulerait des ma- 
tériaux pour le bourgeon, mais cette suspension est en général peu 
sensible. Cependant, dans les tiges de Graminées, elle est plus mar- 
quée et correspond à la formation de chaque entre-nœud. Dans ces 
cas, le développement se fait d'aprés le mode de germination des 
Monocotylédones. 

Le Linum gallicum donne comme le Coffea deux. individus 
d'abord, mais au lieu de continuer pour la suite son développe- 
ment comme dans cette plante, il prend aussitôt aprés le premier 
mérithalle celui du Trapa natans ou des Monocotylédones. Le mode 
d'accroissement est done mixte. 

80. Tous les accroissements des tiges peuvent rentrer dans un 
de ces trois modes, mais dans tous les cas on voit que l'allonge- 
ment se fait par une série d'étres nouveaux ; tous ces êtres sont de 
méme génération. Dans le Sempervivum Yunghianum le déroule- 
ment de la spire se fait pendant un temps fort long, mais limité ; 
cependant tous les étres et tous les mérithalles seront. également 
de la méme génération, quand méme la plante ne se terminerait 
qu'aprés cent années, La spirale peut. se développer pendant des 
siécles, pendant un temps infini, el tous les étres de méme que tous 
les mérithalles seront toujours de la méme génération. On com- 


124 DES TIGES 


prend donc maintenant pourquoi la structure de ces tiges est tou- 
jours la: même à quelque point qu'on veuille bien la considérer. 
Dans le Lysimachia Nummularia et dans le Veronica Teucrium 
l'accroissemént se fait par bonds successifs, mais il est de même 
indéfini. On ne comprend pas ce qui pourrait, si les circonstances 
étaient favorables, arréter l'élongation de ces tiges qui sont peut- 
être contemporaines de la création. 

84. Ces plantes à un seul degré de végétation peuvent se rami- 
fier, ainsi le Lychnis dioica, le Triticum sativum, etc. Nous avons 
vu (75) que la feuille en se déjetant au dehors entrainait avec elle 
une portion de moelle, en sorte qu'il y a, par ce point, communica- 
tion de l'intérieur avec l'extérieur. Aprés avoir servi à nourrir 
l'embryon central, la feuille continue son travail et accumule des 
matériaux dans cette hernie du tissu médullaire qui grossit peu à 
peu, s'éléve sous forme d'un petit cóne et donne, soit des feuilles, 
soit leur transformation, c'est-à-dire les appendices floraux. Ce 
rameau a une vie propre et presque indépendante de l'axe prin- 
eipal auquel il ne demande souvent qu'un support. Ce fait est facile 
à constater sur le Lychnis ou sur l'E/ymus et 'Arundo Phrag- 
mites. Les fibres que donnent les premières feuilles viennent se 
déjeter en haut et en bas sur les faisceaux de la tige principale 
avec lesquels ils se confondent, ou dans le tissu cellulaire qui dans 
les chaumes forme les cloisons. Ils ne concourent en aucune facon 
à aeeroitre les axes en épaisseur. 

, 82. Si nous assistons à la formation des différents tissus et des ` 
différents organes, nous constatons d'abord que l'embryon com- 
mence par n'étre que du tissu cellulaire. Dans la graine, il est à un 
état de perfection variable : tantôt il y montre un ou deux cotylé- 
dones et une plumule; tantôt, au contraire, il ne se présente que 
sous la forme d'une masse amorphe; la germination est chargée de 
développer ces parties (3). Elles apparaissent autour du point ou 
nœud vital. La radieule se montre sous la forme d'un petit cône qui 
plonge dans le sol; la tigelle sous la forme d’une autre mamelon qui 
se dirige en sens opposé et porte les rudiments des deux premières 
feuilles. La radicule grandit par production de couches successives 
qui en occupent l'une apres l'autre l'extrémité inférieure, Pendant ` 


DES PHANÉROGAMES. 195 


ce temps la tigelle apparait par soulévement de la partie cotylé- 
donaire. Des changements anatomiques se sont opérés dans le tissu 
lui-même ; du nœud vital sont partis un nombre variable de fais- 
ceaux qui s'allongent, comme la racine, par suite d'une transfor- 
mation du tissu cellulaire. Cette transformation s'opère de haut en 
bas. Du nœud vital sont partis, de méme, des faisceaux qui se sont 
développés en sens contraire, c'est-à-dire de bas en haut vers les 
cotylédons. Mais nous avons dit que les cotylédons, à une certaine 
époque, étaientsoulevés; alorsle travail intérieur s'estcompliqué, car 
tandis qu'ils grandissaient par leur extrémité supérieure, l'entre- 
nœud qui les porte s'allongeait par production de cellules de haut 
en bas, et de méme les faisceaux qui rejoignaient leur base au nœud 
vital. On conçoit bien ce mode de génération, puisque les cotylé- 
dons qui occupent la partie supérieure de l’entre-nœud, précèdent 
dans leur existence la formation de la partie sous-jacente. Cassini 
semble étre le premier qui ait signalé ce fait, que dans chaque mé- 
rithalle la partie la plus voisine des feuilles supérieures se déve- 
loppe la première et que accroissement continue à s'opérer vers 
la base. « On peut, dit de Candolle, s'assurer de ce mode d'aecrois- 
sement en observant les tiges d’œillets où la partie inférieure de 
chaque entre-nœud est évidemment plus molle et plus récente que 
la partie supérieure. » Nous avons constaté le méme fait sur le 
Coffea arabica dont nous avons suivi pas à pas la génération et 
l'accroissement. : 

83. Mirbel a étudié le développement et la formation dans les 
faisceaux fibreux : dans l'Orme, il a vu que le faisceau commence 
par les grosses cellules ponctuées ; les moyens vaisseaux se mon- 
trent ensuite, puis les trachées, et enfin les fibres corticales, Le 
nombre primitif des faisceaux varie suivant la plante que l'on exa- 
mine : dans l'Orme on en trouve cinq, six dans la Clématite. Le dé- 
veloppement d'un embryon à un cotylédon se fait de la méme facon; 
le nombre et la structure des faisceaux varient seuls. 

84. Si nous examinons la production du deuxième entre-nœud 
du Coffea, nous voyons qu'il se forme comme le premier, c'est-à- 
dire qu'un mamelon se montre, s'allonge, porteles rudiments de la 
deuxième paire de feuilles, ete., puis s'élève par soulèvement, de 


Hum —— DES TIGES 

telle sorte que la partie inférieure de l’entre-nœud est la plus jeune. 
La moelle du premier mérithalle sert pour ainsi dire de tissu radi- 
culaire, car les faisceaux descendants s’y enfoncent en se produi- 
sant de haut en bas. Les faisceaux ascendants se forment dans le 
deuxième entre-nœud comme nous l'avons décrit dans le premier, 
et ainsi de suite. 

85. Le développement d'un embryon dicotylédone à feuilles 
alternes se fait pour le premier mérithalle comme dans le Café ; 
puis on voit. chaque feuille se montrer, de méme, de bas en haut, 
avec cette seule différence qu'un seul de ces appendices se déve- 
loppe à la fois. 

86, Pour résumer ce que nous venons de démontrer sur le dé- 
veloppement, nous dirons que le végétal. pris dans son ensemble 
s'allonge par apports successifs de parties plus jeunes aux extré- 
mités, en sorte que le mot ascendant assigné aux tiges n'est pas 
vrai en ce sens ; mais nous dirons de plus que chaque mérithalle 
pris isolément est soulevé, la partie la plus jeune étant la plus in- 
férieure, en sorte que ce n'est que dans ce sens restreint qu'on peut 
dire que la tige monte vers le ciel. 

87, L'aecroissement en longueur est le seul qui semble appar- 
tenir aux plantes à un degré de végétation. On a bien signalé dans 
certains stipes un accroissement en diamètre, et pour certains au- 
teurs, ee fait servait à rapprocher les Dicotylédones des Monoco- 
tylédones. On est méme allé jusqu'à signaler dans le Dracæna, les 
Aloes, les Yucca, les Tamus, etc., des couches de liber se super- 
posant et formant une vraie écorce. Nous avons dit ce que nous 
pensions de ces assertions (55). Une apparence trompeuse, et le 
besoin de réagir contre une opinion trop répandue, contre une dis- 
tinction qu'on sentait erronée, avaient amené cette fausse inter- 
prétation, 

88. D'Aubenton, en considérant le mode de végétation du 
Phœnix dactylifera, fut conduit à penser que, toutes les feuilles 
naissant du centre, leurs faisceaux parralléles descendaient les 
uns aprés les autres dans l'axe de la tige et rejetaient à la péri- 
phérie les faisceaux antérieurement formés ; en sorte que peu à 
peu le stipe durcissait vers l'extérieur, il se formait une cein- 


DES PHANÉROGAMES. 197 


ture résistante dans laquelle ne pouvaient. plus. se développer 
les faisceaux suivants; ceux-ci se voyaient obligés de se placer 
dans la partie supérieure et la tige se trouvait ainsi chassée vers 
le ciel. 

t Chaque feuille (du. Dattier), en sortant du bourgeon est 
formée par un prolongement de filets ligneux et de la substance 
cellulaire qui sont dans le tronc de l'arbre. On les voit dans le 
pétiole ; ils sont trés-apparents dans les restes de la feuille dessé- 
chée qui tiennent au tronc. L'aceroissement de ce trone est donc 
produit par les feuilles qui en sortent chaque année, Comme les 
filets ligneux et la substance cellulaire, dont les nouvelles feuilles 
sont un prolongement, partent toujours du centre, ils forcent tou= 
jours les feuilles précédentes de se rejeter en dehors. Il s'ensuit 
que la partie qui fait tous les ans l'aceroissement du trone, se 
forme au céntre. La partie déjà formée dans les années précé- 
dentes doit nécessairement être déplacée et portée en dehors, 
comme l'écorce des arbres qui en ont une est rejetée en dehors 
pour faire place aux nouvelles couches qui se forment entre. 
l'écorce et l'aubier. Cette sorte de recul n'a point de limites dans 
ces arbres, parce qu'il se forme tous les ans de nouvelles couches 
corticales qui sont flexibles, et que les anciennes, qui ne le sont 
plus, se fondent et se détruisent ` aussi la grosseur de ces arbres 
n'est pas limitée comme celle du Palmier-Dattier, qui ne va guére 
au deià de 10 pouces. C'est parce que la substance du tronc a 
d'autant plus de compacité qu'elle se trouve plus prés de la circon- 
férence, et qu'à un certain point de densité elle ne peut plus céder 
à l'effet des parties intérieures du tronc et se porter en dehors; 
aussi l'arbre, parvenu à ce terme, ne grossit plus. C'est par la 
méme raison que le tronc du Palmier a la méme grosseur dans 
toule sa longueur; à mesure que l'arbre s'éléve, les parties de la 
substance du tronc perdent successivement leur flexibilité au méme 
terme; ainsi elles doivent de se porter en dehors lorsqu'elles sont 
parvenues au méme degré de densité dans tous les points de la 
hauteur de l'arbre ; par conséquent, le tronc a nécessairement Ja 
méme grosseur dans toute sa longueur. » SS 

89. Cette idée était, fort ingénieuse, aussi fut-elle reprise par 


198 j DES TIGES 


Desfontaines (a), qui crut pouvoir l'appliquer au développement 
de toutes les Monocotylédones. Tous les botanistes adoptérent 
cette théorie, et la professérent. Les Dicotylédones s'accroissaient 
par l'extérieur, les Monocotylédones s'accroissaient à l'intérieur; 
ce que de Candolle traduisit en appelant les unes Ezogénes et les 
autres Endogénes. Ces noms furent acceptés partout. Cependant 
Moldenhaver, Hugo Mohl et Meneghini prouvaient que les fais- 
ceaux aprés avoir été intérieurs devenaient extérieurs ; ces faits 
renversaient la théorie de Desfontaines et la nomenclature de 
de Candolle; l'aceroissement en hauteur devenait moins facile à 
expliquer. Cette découverte fut le point de départ d'une violente 
réaction ; dés que l'on vit que les plantes des deux groupes se rap- 
prochaient ainsi par leur structure, on essaya de démontrer qu'ils 
étaient bien moins éloignés encore qu'on l'avait supposé : on 
chercha à prouver que les plantes à un cotylédon de méme que 
celles qui en ont deux possèdent l'aceroissement en diamètre. —— 

Une fois sur la voie du rapprochement, on voulut trouver une 
écorce et des couches libériennes. Nous avons dit plus haut (55) 
que nous ne pouvions avoir et que nous n'avions en effet qu'une 
fausse écorce, Mais la plupart des botanistes étaient trop remplis 
de l'idée qu'une différence capitale doit exister entre les deux 
classes de phanérogames pour bien juger les observations faites sur 
le Dattier par Dupetit-Thouars et sur les Agave, Yucca, Tamus, 
par Dutrochet; on admit leurs recherches, on sentit qu ub y 
avait erreur dans leur interprétation, mais on n' en saisit pas la 
vraie cause. 

90. Pour nous, nous le répétons, nous pensons que tout s'ex- 
plique par ce fait que le stipe du Palmier est une tige qui ne pré- 
sente qu'un seul degré de végétation comme certains stipes de 
Dicotylédones. Chez l'un comme chez les autres, il peut y avoir 
un accroissement en diamètre, lié à l'activité de la végétation et 
par conséquent à la présence des ramifications. Mais les ramifica- 
tions sont en tout analogues à celles des Lychnis et des Gra- 
minées et ne présentent d'autre liaison avec l'axe végétal. Les 


(a) Mémoires de l'Inst,, 44 prairial an IV, 


^ 


DES PHANÉROGAMES. 199 


tiges des Cycadées ont un accroissement en épaisseur en tout com- 
parable à celui du Dattier. Nous démontrerons plus tard que dans 
les végétaux à plusieurs degrés de végétation, l'accroissement en 
diamètre est dû à une tout autre cause. 


B. — ACCROISSEMENT DES TIGES A PLUSIEURS DEGRÉS DE VÉGÉTATION. 


91. En suivant le développement d'une tige de Poirier (Pyrus 
communis), nous voyons que la première année tout se passe 
comme nous venons de l'indiquer pour les tiges à un seul degré de 
vegetation. L'hiver survenu, la plante ne se détruit pas; l'axe per- 
siste, et l'année suivante nous voyons les bourgeons extérieurs se 
développer pour donner des branches. L'axe primitif s'est accru en 
épaisseur, el sur une coupe transversale on voit qu'il s'est produit 
une couche de bois à l'extérieur du ligneux de la premiere année, 
et une couche de liber à l'intérieur de la couche libérienne de la 
formation précédente. Aprés le deuxième hiver il pousse une troi- 
siéme génération de branches. L'axe de seconde génération est 
devenu axe de première pour l'axe suivant, en sorte que sur une 
coupe transversale on trouve deux couches de bois et deux cou- 

ches de liber; l'axe primitif, de son cóté, présente à sa base trois 

couches de bois et trois couches de liber, les derniéres s'étant pla- 
cées entre le ligneux et le liber de seconde année. Nous pourrions 
suivre ainsi le développement de ces tiges pendant des siècles, et 
nous verrions que chaque année chaque axe antérieurement formé 
gagne une couche de bois et une couche de liber; c'est par cette 
interposition successive de couches que le tronc s'accroît en dia- 
métre. 

Il est inutile pour nous d'étudier le mode de formation des axes 
qui ne présentent qu'un degré de végétation; qu'ils soient primitifs, 
secondaires ou tertiaires, nous répéterions ce que nous avons dit 
des ramifications des plantes qu ne présentent jamais qu'un seul 
degré de végétation (79 ét suiv.). Rappelons seulement que toutes 
communiquent avec la moelle de l'axe qui précède, s'y attachent, 
le prennent pour support et ne concourent point à l'accroissement 


LA 9 


430 DES TIGES 


en épaisseur. Donc, si nous prenons notre Pyrus avec ses trois de- 
grés de végétation successifs, nous voyons le rameau de troisiéme 
génération s'implanter dans celui de deuxiéme , à la maniére de 
celui du Lychnis, que nous avons observé il y a peu d'instants ; l'axe 
de seconde génération pousse de méme sur l'axe primitif, et ni 
pour l'un ni pour l'autre nous ne pouvons constater d’accroissement 
par le système descendant de l'axe suivant. Comment done se fait- 
il que chaque année il se montre de nouvelles couches ? 

92. La question de l'accroissement des tiges en diamètre a été 
fortement discutée; les interprétations les plus diverses. ont. été 
données pour en expliquer la nature. Nous devons aussi brièvement 
que possible jeter. un coup d'oeil sur les diverses opinions qui ont 
été émises à ce sujet. 

Malpighi (a) pense que chez les végétaux ligneux la partie inté- 
rieure de l'écorce, ou liber, est la seule partie destinée par la nature 
à opérer l'accroissement en diamètre. Les vaisseaux dont cette partie 
est composée ont. pour usage de conduire Ja séve et de l'élaborer. 
Quand, par suite des progrès de l’âge, elles ne peuvent plus, à cause 
de leur dureté et de leur roideur, remplir leurs fonctions, elles se 
réunissent avec le bois et contractent avec lui une adhérence plus 
ou moins grando à l'aide d'un suc ligueux et du tissu cellulaire. 

Grew (b) prétend qu'entre le bois et le liber il se forme chaque 
aunée un anneau de vaisseaux séreux émanés de l'écorce, et que 
c’est cet anneau qui devient bois. Ici ce n'est plus le liber qui se 
change en pisei mais une production spéciale engendrée pai le 


liber. 


Pour Hales (6), se serait le bois qui donnerait chaque année une 


couche d'aubier et une couche de liber. 


Pour Mustel (d), le bois donnerait par sa séve descendante une 
couche du liber. 


Duhamel (e) a conclu de ses expériences que c'est la couche 


(a) Plant. anat. 

(b) Anat. of plants. 

(c) Traité de la végétation. 
(d) Statique des arbres. 

(e) Physique des arbres, 


DES PHANÉROGAMÉS. 131 


libérienne la plus intérieure qui se convertit en bois; il pense que 
cette couche, par sa nature, diffère de toutes celles qui composent 
le liber. Au printemps, le bois se sépare de l'écorce; il se fait dans 
l'espace vide une substance qui sert de moyen d'union entre l'an- 
cienne couche du bois et la eouche de liber; c'est elle qui doit for- 
mer la nouvelle couche ligneuse. Duhamel donne à cette nouvelle 
substance le nom de cambium. 

Knight (a), dans ses recherches sur la formation de l'écorce, a 
établi que jamais le liber ne se change en aubier. 

Mirbel (5) adopte à peu prés les idées de Duhamel et émet l'opi- 
nion que le cambium est la véritable source de l'accroissement du 
végétal; que cette substance régénératrice, qui n'est contenue dans 
aucun vaisseau, transsude à travers les membranes et se porte 
partout où de nouveaux développements s’opérent ; que c'est le 
cambium qui développe et nourrit le liber; que ce dernier étant 
composé de tissu cellulaire et de tubes, il se fait une séparation entre 
ces deux parties constiluantes ` le tissu cellulaire, se portant vers 
l'extérieur, entraîne avec lui les couches les plus extérieures du liber, 
tandis que les couches les plus intérieures de ce méme liber se réu- 
nissent au bois. Le cambium, suivant Mirbel, ne repousse pas 
l'écorce ` les réseaux corticaux et son tissu cellulaire s’accroissent ; 
il en résulte que la zone externe devient plus ample dans tous les ` 
points vivants. En s'élargissant, l'écorce permet au cambium de se 
développer, et il forme alors, entre l'écorce et le bois, la couche 


génératrice, qui fournit en méme temps un nouveau feuillet de 


liber et un nouveau feuillet de bois. La couche régénératrice 
établit la liaison entre l'ancien liber et l'ancien bois; si elle se 
sépare en deux couches distinctes, c'est que les nouveaux linéa- 
ments sont siffaibles, que le moindre effort suffit pour les rompre. 
Dupetit-Thouars reproduit une idée émise par Lahire : tout 
bourgeon, quand il se manifeste, obéit à des mouvements opposés, 
l'un montant ou ascendant, Vautre descendant ou terrestre. Au 
premier se rapportent les feuilles et le corps ligneux de la nou- 


(a) Trans. of roy. Soc. of London, 1807. s 
(b) Traité d'anat. et de phys. végét., 1816. sde 


139 ` DES TIGES 

velle année; du second résulte la formation de nouvelles fibres 
ligneuses, qui plongent ou descendent entre le bois et l'écorce de 
la branche mére, et c'est à la réunion ou à l'assemblage de ces fibres 
que l'on doit la formation de la nouvelle couche de bois. 

Kieser admit que la séve monte dans le bois et qu'aprés avoir 
subi dans les feuilles l'action d'une sorte de respiration, elle de- 
vient le suc nourricier nommé cambium ; que dans cet état elle 
descend par l'écorce et se dépose entre le corps ligneux et le liber. 
Il en résulte la formation d'une nouvelle couche de bois et d'une 
nouvelle couche de liber. 

Dutrochet (a) s'est consciencieusement occupé de cette ques- 
tion. Il reconnait que l'accroissement en diamètre peut être déter- 
miné de deux manières ` l'accroissement en largeur et l'accroisse- 
ment en épaisseur. Le premier dépend de l'interposition des fais- 
ceaux des mérithalles supérieurs, il semble étre le résultat de l'ac- 
croissement en longueur. Ainsi, dans la Clématite il y a d'abord 
six faisceaux, puis douze, etc., par suite de l'addition de nou- 
veaux mérithalles à la partie supérieure ; la méme chose a lieu pour 
l'Orme. Ce fait est admis par tous les botanistes. Nous nous 
arréterons plus longtemps à sa théorie de l'accroissement en 
épaisseur ou par zones concentriques, le seul dont il soit question 
ici, l'autre appartenant aux tiges à un seul degré de végétation. 
Dutrochet ne partage pas l'opinion de Mirbel : qu'il y ait liaison 
organique entre la couche de liber et la couche d'aubier, elles sont 
pour lui simplement juxtaposées; la nouvelle couche du liber est 
une extension du liber ancien; la nouvelle couche d'aubier est une 
extension de l'ancien aubier ; il n’existe-point une couche régéné- 
ratrice unique qui devienne aubier dans le voisinage de l'au- 
bier, liber dans le voisinage du liber. Dutrochet regarde celte zone 
génératrice comme une médulle externe, et il s'appuie pour le prou- 
ver sur ce fait que les bourgeons adventifs tirent toujours leur ori- 
gine de cette partie. U y aurait pour lui autant de médulles con- 
centriques que de couches successives. De plus, il admet la pré- 
sence des rayons médullaires comme condition sine quà non de 


(a) Recherches sur l'accroissement et la resp, des végét. (Ann. Mus., 1821). 


DES PHANÉROGAMES. 133 


tout accroissement en diamètre, et ce serait pour n'en pas avoir 
que les Monocotylédones n'auraient pas réellement de couches 
concentriques. 

Gaudichaud, dans un mémoire important, revient sur les con- 
clusions de Dupetit-Thouars, les développe et les confirme pour de 
nouvelles expériences. 

M. Trécul reprend la question de l'accroissement des tiges et ar- 
rive aux conclusions suivantes : 1* L'accroissement en diamètre des 
végétaux dicotylédones ligneux se fait horizontalement; 2» L'allon- 
gement des filets vasculaires qui ont été comparés à des racines 
descendant des bourgeons ou des feuilles n'est pas produit comme 


celui des racines par la multiplication, qui se fait à l'extrémité de: 


ces derniers organes (les racines), des cellules. qui ne sont propres 
qu'à eux ; mais ces vaisseaux (car ce ne sont que des vaisseaux) 
sont dus à la modification des cellules multipliées horizontale- 
ment. 3* Les éléments de ces vaisseaux formés aprés des opé- 
rations faites sur les tiges sont de la nature des éléments utricu- 
laires qui les environnent. S'ils sont au milieu de fibres ligneuses, 
ils ont l'aspect des fibres ligneuses ponctuées, rayées ou réticulées ; 
si ce sont des cellules ordinaires, ils ont la forme de ces cellules 
devenues ponctuées ou réticulées. 

93. Ainsi, en résumé, toutes les opinions peuvent se réduire à 
quatre : 1* Celle de Malpighi et de Duhamel, qui veulent que ce soit 
le liber ou la partie la plus extérieure de l'écorce qui se change en 
bois. 2° Celle de Lahire, Dupetit-Thouars et Gaudichaud, qui pré- 
tendent que les nouvelles couches sont dues au développement des 
bourgeons. 3° Celle de Grew, adoptée avec modification par Kieser, 
Mirbel, Richard, peut se résumer en ces mots: la formation an- 
nuelle des couches ligneuses est due au cambium qui, chaque an- 
née, fournit les matériaux d'une nouvelle couche d'aubier et d'une 
nouvelle couche de liber. Ces auteurs ne différent que par le sens 
qu'ils donnent au mot cambium. Pour les uns, ce serait un liquide 


dà en partie à la séve descendante, en partie aux vaisseaux pro-: 


pres; pour Mirbel et Richard, ce serait une jeune couche de tissu 
régénérateur. 4° Celle de Dutrochet reprise par M. Trécul, qui veut 
que l'organisation se fasse horizontalement. 


- 


BM DES TIGES 

94. Ces opinions semblent bien contradictoires, et, au premier 
abord, on doit s'étonner de trouver autant de dissidenees entre 
des observations aussi consciencieuses. Nous ne pensons pas que 
le désaccord soit'aussi grand qu'il le parait. En un mot, nous 
eroyons que la théorie des fibres descendantes est conciliable avec 
celle du cambium et, bien plus, avec celle de l'accroissement hori- 
zontal ; seulement il faut faire à chacune quelques légères modifi- 
cations. Il nous faut, pour expliquer notre manière de voir, nous 
adresser à la nature, et l'étudier sans idées préconcues dans la 
marche qu'elle suit pour amener l'aceroissement en diamètre. Ce 
n'est, en effet, que par l'observation directe, et non par une induc- 
tion gratuite, que l'on peut résoudre ces problémes. 
. 95. D'abord établissons les points sur lesquels les théories sont 
d'accord ; toutes admettent que : 4° il y a, chaque année, produc- 
tion d'une zone constituée par du ligneux et du liber ; 2° que ces 
zones occupent Loute la longueur de l'axe et forment des étuis 
coniques qui s'emboitent de telle sorte que les plus jeunes sont les 
plus extérieurs. Ce sont des points sur lesquels nous n'avons pas à 
insister. La question qui reste à élucider est de savoir comment ces 
couches se forment ; si elles sont dues aux faisceaux radiculaires des 
bourgeons, ou bien si nous avons simplement un tissu qui s'orga- 
nise sur place. | 

96. Pour se développer, tout embryon a besoin d'aliment (8); 
.la nature prévoyante lui en prépare, tantôt dans ses cotylédons 
(Haricot), tantót dans son albumen (Blé), tantót dans sa base 
(bourgeon), tantôt dans ses feuilles (Oncidium, Burlingtonia , 
Lilium). Mais il lui faut, en outre, l'action de l'air et de l'eau. Ce 
n'est qu'avec leur concours qu'il peut croitre et se développer. 
‘C'est pour cela qu'il s'étale en une lame verte qui agira sur lat- 
mosphère et qu'il se met en communication avec le sol par ses 
racines. e 


Le réservoir d'aliments est souvent dans la tige, alors ses formes 
varient considérablement. | 

Dans le Cyclamen, par exemple, la tige présente un gros ren- 
flement tout rempli de sucs qui sont fournis par l'action combi- 
née des racines et des feuilles. Dans les Palmiers, c'est le méme 


D 


DES PHANÉROCAMES. 135 


fait; la tige est remplie dans sa portion récente de tissu cellulaire 
gonflé de principes alimentaires. Ces matériaux servent tous au 
développement d'un bourgeon terminal dominant; mais, en dè- 
truisant ce bourgeon terminal, on peut amener le développement 
des latéraux. La méme nutrition a lieu pour l'Agave, l'Aloós, le 
Sempervivum : i se fait, parle concours d'un nombre considérable 
de feuilles succéssives, une accumulation de sucs dans la tige; 
puis, torsque la plante se croit en état de compléter sa vie, elle 
donne une hampe qui se développe avec une grande rapidité. Que 
l'on jette les yeux sur tout végétal, on verra que toute sa vie n'a 
qu'un but: l'accumulation de principes assurant la vie future de 
l'embryon, le résultat de ce travail étant jeté tantót dans un réser- 
voir commun, tantót amassé dans des endroits particuliers et isolés : 
ce que nous avons vu sur le Ficaria ranunculoides, sur le Lilium 
bulbiferum, et dans tous les bourgeons qui viennent sur les arbres 
de tue foréts. i 

. Si nous revenons à l'étude de notre Pyrus, nous verrons 
que ep premiére année il végétera, grâce aux sucs qui occuperont 
sa moelle et seront élaborés par les feuilles et les racines. La feuille 
produit un bourgeon. Examinons l'ensemble de ce systéme au mo- 
ment où la feuille vient de tomber. A la base du pétiole en rapport 
avecle bourgeon, est un amas de tissu cellulaire, mou et gonflé 
d'aliments. Sur une coupe transversale nous voyons qu'il existe : 
1* dans le bourgeon une moelle en rapport avec la moelle centrale; 
2 une couronne de bois, formée des fibres de l'axe; 3° une couche 
génératrice ` 4° un liber; 5° le tissu cellulaire cortical. L'hiver sur- 
venant, {ous les tissus se resserrent ; ancien ligneux devient plus 
dense, et l'on comprend déjà que, si de nouvelles couches venaient 


à se former, elles seraient obligées de se placer en dehors de lui. 


Le printemps arrive : les bourgeons, sous l'influence de la chaleur, 
se réveillent et sentent l'impression de l'air, ils se conduisent alors 
comme de vrais embryons ; Ja séve monte à leu: base, elle leur 
arrive par toutes les be du végétal, mais surtout par la 
couche génératrice que l'on trouve Lürgescente et formée d'an tissu 
cellulaire trés-fin et trés-délicat. Pendant ce temps, le bourgeon 
s'est développé et l'on peut le voir se conduire comme l'embryon 


F à 


136 DES TIGES 


de la graine ; le point d'insertion du bourgeon est comme le nœud 
vital, à partir duquel des faisceaux se développent de proche en 
proche, de haut en bas, dans le tissu cellulaire, non pas en enfon- 
cant des radicules, mais en organisant le tissu cellulaire, tout 
comme nous avons vu qu'il s'organise dans la radicule (82); de 
l'autre côté du nœud vital, les faisceaux sont ascendants et le bour- 
geon s'allonge comme l'a fait l'axe principal au sortir de la 
graine. 

98. Supposons, sur l'axe principal, un autre bourgeon situé au- 
dessus de celui que nous venons de décrire ; il se développera de 
méme, car il est en rapport, d'un côlé avec la première médulle 
centrale, de l'autre avec la première couche génératrice. Celle-ci 
s'organise au-dessous de lui pour venir se mettre en communica- 
tion avec la partie inférieure formée par l'autre bourgeon. Comme 
la méme chose a licu pour tous les bourgeons de l'axe, on voit que 
la couche de nouvelle formation, qui occupera la couche généra- 
trice, sera partout existante et partout continue. Le ligneux ancien- 
nement formé n'a pour ainsi dire servi que de support à la seconde 
génération ` le issu nouvellement formé dans la couche généra- 
trice est comparable au tissu cellulaire qui a fourni la radicule de 
l'embryon. De plus, nous remarquerons que le développement de 
chaque porlion de la couche nouvelle est dà à l'organisation sur 
place de ce tissu cellulaire générateur. Le tissu fibro-vasculaire 
a été formé sur place (Mirbel), horizontalement (Dutrochet et 
M. Trécul), et son organisation a suivi une marche descendante 
(Dupetit-Thouars et Gaudichaud). 

99. La troisième année les choses se passeront de même; le 
rameau qui porte le bourgeon devient pour lui un axe principal. 
Si l'on fait une coupe de la tige en ce point, on la trouvera de 
méme composée : 1* d'une moelle communiquant avec le bour- 
geon ; 2° d'un anneau de tissu ligneux; 3* d'une couche généra- 
trice; 4° de liber; 5° de tissu cellulaire cortical. Le rameau prin- 
cipal, par suite du travail de l'année, présente ` 1° une moelle ; 
2° deux couches de ligneux; 3° une couche génératrice; 4° deux 
couches de liber; 5° le tissu cellulaire cortical, A l'hiver, toutes les 
couches se resserrent; au printemps, la couche génératrice devient 


DES PHANÉROGAMES. 137 


perméable, turgescente ; du tissu cellulaire s'y forme et s'y orga- 
nise de haut en bas de maniére à former un premier étui à l'axe 
de seconde génération et un troisième à l'axe principal. Tous les 
ans les mémes phénoménes se renouvelleront, et pour chaque 
année les axes antérieurs ne serviront que de support; etle tissu 
générateur rappellera le tissu de la radicule, s'organisera sur 
place, mais sous l'influence d'une force qui descendra du bourgeon 
vers le sol. 

100. Cette manière d'envisager les phénomènes de l'accroisse- 
ment rend compte de l'existence des théories régnantes; elle 
permet de plus d'expliquer les différents faits de physiologie que 
les théories exclusives ne pouvaient tous résoudre. Ce n'est en 
effet que la théorie du cambium de Mirbel modifiée par celle de 
Dupetit-Thouars et par celle de M. Trécul. On a en effet du cam- 
bium qui développe horizontalement et sur place du ligneux ; 
mais cette organisation ne se fait que par l'action vitale des bour- 
geons en rapport avec elle. On peut regarder la couche nouvelle- 
ment formée comme la racine de la derniére génération; mais 
c'est une racine générale, un centre commun. Elle ne provient 
pas, comme le veulent Dupetit-Thouars et Gaudichaud, de la réu- 
nion de tous les faisceaux fibreux radiculaires des bourgeons de 
l'année qui, traversant cet étui, iraient plonger dans le sol. 

En admettant cette opinion, on devrait trouver la zone d'une 
trés-grande épaisseur au bas de la tige, oü toutes les radicules 
sont réunies, et l'observation démontre que celte couche a par- 
tout la méme épaisseur. Chaque portion de cette racine géné- 
rale correspond à un bourgeon en particulier, et l'ensemble d'ac- 
tion de tous les bourgeons amène l'organisation des faisceaux de ` 
la racine commune. Au reste, ces faisceaux organisés en couches 
ligneuses concentriques présentent le même caractère anatomique 
que le système radiculaire. Tous deux en effet sont dépourvus de 
trachées qui semblent être spécialement réservées pour la partie 
ascendante de l'étre végétal. 

101. L'accroissement des tiges ainsi compris n’est point passible 
des objections faites aux différentes théories émises jusqu'ici. 
Nous allons passer en revue les principales : 


138 : DES TIGES 

4° Rien ne prouve que les fibres qui établissent la communica- 
tion entre les bourgeons et les branches qui les supportent descen- 
dent depuis la base du bourgeon jusque dans les racines. .— Nous 
avons répondu à cette objection (70). 

2 Il est presque impossible de concevoir comment des fibres 
aussi gréles et aussi molles que celles qui unissent les bourgeons 
aux racines peuvent, dans un espace de temps aussi court que 
celui durant lequel la tige s'accroît en diamètre, descendre de leur 
propre poids, ou par une propriété inhérente en elles, du sommet 
d'un arbre de 80 pieds, par exemple, jusqu'à sa base. — R. Les 
faisceaux ne descendent pas aiusi, ils amènent une organisation qui 
marche de haut en bas, et cette organisation se fait par entre- 
nœud, de proche en proche jusqu'à celui placé en dessous (97). De 
plus, ce n'est pas à la juxtaposition de faisceaux gréles qu'est dù 
l'accroissement ; mais on le doit à une action vitale dépendant de 
chaque bourgeon séparément. Cela est prouvé par les faits si connus 
dans lesquels un rameau principal étant détruit, l'accroissement 
se fait partout ailleurs et laisse sur le tronc un sillon qui démontre 
qu'aucun apport nouveau ne s'est fait dans la partie correspon- 
dante au rameau détruit. 

3* Si ce sont les fibres descendant de la m du bourgeon qui 
constituent les couches ligneuses, lorsque dans la greffe en écusson 
on insère un bourgeon d'un arbre à bois coloré sur un individu à 
bois blanc, les fibres qui partent de ces bourgeons devraient conser- 
ver leur couleur, et les nouvelles couches qu'elles forment en pré- 
senter de semblables ; ce qui n'a pas lieu. —— A. Ce phénomène était 
inexplicable avec la théorie de Gaudichaud ; mais nous avons vu que 
le tissu. cellulaire générateur se formait sur place, et qu'il n'y 
avait pour ainsi dire que l'impulsion organisatrice qui descendit 
vers les racines (97). 

A" Si c'est le développement des bourgeons qui donne lieu à la 
formation du bois, comment la première couche ligneuse a-t-elle 
pu se former sur un jeune scion del'année, puisque aucun des bour- 
geons qu'il porte ne s'est développé, ou bien dans la tige des 
plantes annuelles où les bourgeons sont à l'état latent? — R. Cette 
objection tombe d'elle-même si l'on admet que ce sont les feuilles 


DES PHANÉROGAMES. ! 139 


et non les bourgeons qui développent ces faisceaux fibro-vaseu- 
laires (74). | | 

5° Si l'on fait une décortication annulaire, on voit que le tissu 
fibreux se forme sur la cicatrice de haut en bas, jusqu'à ce que la 
plaie soit fermée. Ce fait semble donner raison à la théorie qui 
admet la formation sur place ; cependant il est nécessaire d'ad- 
mettre une force organisatrice descendante. pour expliquer la 
marche de la cicatrice. 

6° C'est encore en admettant la théorie mixte que l'on pourra 
expliquer ce qui se passe dans le cas de ligatures qui, faites soit 
au-dessus, soit au-dessous du bourgeon, déterminent également des 
bourrelets fibreux. Si la ligature a été faite en dessous du bourgeon, 
le bourrelet dépend de l'arrét opéré dans la descente de la force 
organisatrice du bourgeon le plus proche; si le bourrelet est au- 
dessus, il dépend, non du bourgeon prés duquel on l'a placé, mais 
de celui qui lui est immédiatement supérieur. On explique de la 
méme facon ce qui se passe dans les ligatures en spirale, qu'elles 
soient artificiellement produites ou bien naturellement déterminées 
par la présence autour de la tige de végétaux volubiles. 


102. Il est des tiges qu'on a appelées anomales, parce qu'elles 
s'éloignent beaucoup, en apparenee du moins, par leur structure, 
des tiges que l'on rencontre ordinairement chez les Dicotylédones. 
Ainsi, dans le Bignonia capreolata, le corps ligneux peut présen- 
ter la forme d'une croix de Malte constituée par quatre faisceaux à 
couches ligneuses superposées. Ces quatre faisceaux sont séparés 
les uns des autres par des portions dépendant de l'écorce. Dans 
d'autres Bignoniacées, la disposition, quoique moins régulière, peut 
être néanmoins rapportée à celles-ci: 4° Les couches ligneuses peu- 
vent se développer sur un point seulement de la tige, comme dans 
un Menispérmum de Cayenne. 2 Qu bien sur deux, comme dans le 
Bauhinia décrit par M. Lindley. 3° La tige peul être formée de plu- 
sieurs faisceaux cylindriques groupés autour d'un axe médian, tan- 
tôt soudés entre eux par l'écorce, tantôt devenus libres par la des- 
truction de cette partie de la tige. C'est ce qu'on voit dans un 
grand nombre de Malpighiacées, dont quelques-unes, tordues en 


140 DES TIGES 


spirale, affectent la forme des cordages. 4° Le corps ligneux peut 
se partager en fragments qui, comme dans le cas précédent, peu- 
vent étre soudés ou distincts, mais qui en différent par le fait de la 
présence d'un étui médullaire au centre de chaque fragment. Les 
lianes de la famille des Sapindacées nous présentent de fort 
beaux exemples de cette disposition. 5° Les couches ligneuses peu- 
vent être, comme dans les Gnetum, séparées les unes des autres 
par un feuillet d'écorce plus ou moins épais, en sorte qu'il y a 
cependant des couches concentriques ; mais, chez eux, le mode 
d'aecroissement doit étre bien différent. 

La liste de ces tiges pourrait être beaucoup plus longue; ainsi 
les auteurs y faisaient rentrer celles des Cycadées et des Coniféres, 
qu'ils présentaient comme de véritables tiges de Monocotylédones 
égarées dans la classe des Dicotylédones. Nous avons expliqué 
cette anomalie apparente (23). Pour ce qui est des autres tiges ano- 
males, il faudrait pouvoir en faire l'organogénie; alors seulement 
il serait possible d'en indiquer la véritable nature. On est réduit à 
faire des inductions et à donner des explications plus ou moins 
plausibles, quand on n'a à sa disposition que des fragments incom- 
plets et desséchés de ces sortes de tiges. Le Bignonia speciosa, 
comme le Bignonia capreolata, a sa tige divisée en faisceaux ; nous 
les avons suivis depuis leur naissance, et nous avons vu que chaque 
faisceau correspondait à une série d'axes qui se disposent en croix. 
Ce fait n'a rien qui doive nous étonner ; nous ne pourrions mieux 
le définir qu'en disant qu'ils forment pour ainsi dire le type ligneux 
des Labiées, qui, elles aussi, nous ont présenté quatre faisceaux dis- 
tincts. On comprend qu'il peut se faire dans leur couche génératrice 
des apports successifs de couches, par suite du développement des 
bourgeons axillaires. Nous avons examiné, de méme, la tige du 
Macropiper éxcelsum, qui présente des faisceaux rayonnants. 
Celte tige est manifestement formée par la feuille dont les fais- 
ceaux fibro-vasculaires plongent et se développent d'une maniére 
considérable. 

Dans sa Monographie des Malpighiacées, A. de Jussieu donne 
une irés-bonne description de leurs tiges si curieuses. « Le 
» corps ligneux, dit-il, s'est développé inégalement dans dif- 


DES PHANÉROGAMES. 144 


» férentes directions, et bientót son contour, au lieu d'offrir une 
» courbe circulaire ou à peu près, dessine une ligne sinueuse, et 
» l'écorce se modelant sur lui, ou bien tapisse et suit toutes ces 
» sinuosités, ou bien, plus épaisse, elleles comble entiérement ou en 
partie. Ces lobes qui séparent les sinus se continuent avec le bois 
» par leur côté interne, et ne sont par tous les autres en rapport 
» qu'avec le tissu cortical; à mesure qu'ils eroitront, ces rapports 
se prononceront de moins en moins dans un sens et de plus en ` 
» plus dans l'autre ; le contour en contact avec le bois augmentera 
» progressivement d'étendue, tandis que la jonction avec le bois 
» conservera ses dimensions primitives, et méme, pour peu que le 
» faisceau ligneux s'écarte en montant, cette continuation de plus 
» en plus étroite finira par disparaitre. Pour me bien faire com- 
» prendre par des images bien connues, ce qui formait d'abord un 
» cap ne se liera plus au continent que par un isthme toujours 
» décroissant, jusqu'à ce qu'enfin ce devienne une ile. Si cette 
» explication est juste, ces tiges, comme composées par le rappro- 
» chement de plusieurs ordinairement tordues ensemble, seront 
» d'autant plus simples qu'on les examinera plus bas, et nécessaire- 
» ment le seront tout à fait prés de leur origine. » 

Telle est l'explication que A. de Jussieu donne de la structure des 
tiges des Malpighiacées. Nous croyons que cette disposition dépend 
du degré d'union des faisceaux entre eux. L'étui médullaire qu'on 
rencontre au centre des tiges secondaires qui entourent le tronc 
des Sapindacées est plus difficile à comprendre. Nous avons vu sur 
un pied de Tussilago Petasites que le bourgeon formé devant une 
feuille, au lieu de sortir tout de suite, montait tout formé entre les 
couches corticales et ne sortait souvent que trés-loin ; ne serait-ce 
pas à un fait analogue que l'on doit les tiges des Sapindacées ? 


Y 


L4 


Ki 


103. La formation du ligneux n'est pas le but pour lequel la 
plante a été créée; on doit plutóL admettre qu'elle existe, comme tout 
être organisé, pour la propagation de son espèce. La formation du 
ligneux n'est que secondaire ; elle est le produit des excrétions de 
la plante; les sucs élaborés sont employés à la création de vétre 


ih? DES TIGES 
qui survivra. Pour nous, les couches anciennes ont un róle tout 
passif; elles sérvent de support aux générations nouvelles ; elles 
leur fournissent seulement abri et. protection. Les couches les der- 
niéres formées aident peut-être encore à la nutrition par action de 
voisinage sur la couche génératrice, mais peu à peu elles deviennent 
complétement inertes ; si l'on en voulait la preuve, on la demande- 
rait à l'observation des faits qui se passent chaque jour. Qui n'a vu 
de ces Saules qui, réduits à leur seule écorce et à leurs dernières 
couches ligneuses, n'en végètent pas moins trés-vigoureusement, 
se chargeant tous les ans de fleurs et de fruits? Qui n'a entendu 
parler de ces trones d'arbres dans l'intérieur desquels on a pu éta- 
blir des habitations, sans que leur santé en fût altérée ? 

104. On doit avec Lahire, Goethe, Dupetit-Thouars et Gaudi- ` 
chaud, regarder la plante comme un polype aérien; les généra- 
tions se succèdent, laissant leurs squelettes pour servir de support 
aux générations qui suivront. Chaque feuille a une vie à part, 
mais toutes ces vies isolées forment une vie commune. Chaque 
étre dans sa sphére peut avoir une respiration et une sorte de cir- 
culation, mais il n'y a point de circulation générale dans le sens 
propre du mot. Seulement, à travers ce tissu cellulaire en voie de 
formation que nous avons nommé cambium, il peut se faire du 
sommet des branches un appel de sues auxquels fournissent les 
racines plongées dans le sol pour y chercher l'humidité, les prin- 
cipes minéraux et lés fluides aériformes; ces éléments sont 
apportés dans les feuilles pour y être élaborés et se rendre aux 
bourgeons. Toutes les fonctions du végétal coneourent à la produc- 
tion de l'espéce. Tantót la plante vit pour sa seule génération, elle 
ne porte que des fleurs, des fruits et des graines ; pour remplir ce 
but, tous les individus apportent en commun leur travail. D'autres 
fois, aprés avoir songé à elle, elle pense à produire une autre géné- - 
ration ; un nouvel appel se fait; une nouvelle montée de séve a lieu, 
et chaque feuille élabore un bourgeon. Mais, que ce soit sous forme 
de graine ou sous forme de bourgeon, le résultat final de toutes les 
fonctions de la plante est la création de nouveaux embryons. 


hi 
D 


DES PHANÉROGAMES. 143 


CONCLUSIONS. 


Le probléme que nous nous étions Fee de résoudre dans ce 
travail était celui-ci: 
Est-il possible d' admettre une différence absolue entre lés dps 
des Dicotylédones et celles des Monocotylédones? Si cette différence 
existe, quelle est-elle? Si elle n'existe pas, comment les auteurs 
l'admettent-ils. et quelles sont les causes qui ont pu faire naître 
celle erreur et la propager ? 

Il résulte de nos recherches ` 4° Qu'en séchettats que les plantes 
soient séparables en deux groupes établis d’après le nombre des 
cotylédons, les phénomènes physiques de la germination peuvent, 


pour l'apparition des tiges, se ramener aux mêmes faits : la tigelle 


se développe toujours de la même manière, 
2" Que si l'on étudie le développement ultérieur, on voit que 
l'on peut comparer terme à terme toutes les tiges des deux classes, 


. €t que sous le rapport de la forme les Monocotylédones ne sont pas 


séparables des Dicotylédones. 

3° Que sous le rapport du mode de végétation, la même relation 
existe enire les deux groupes, si l'on. veut s'astreindre à ne vom. 
parer que des. tiges: comparables par leur: degré. de végétation. 

4° Que les Dicotyiédones seules ne rk Can pent 
degrés de végétation. 

9" Que les Monocotylédones ne présentent j jamais que des tiges à à 
un seul degré de végétation ; ; Mais que ce caractère ne peut servir à 
les distinguer des Dicotglédones piagne la gn de ceg derniéres 
sont dans e méme cas. 

6° Que chez les Monocotylédones, comme ge les Dicotylédonés 
la structure est la même pour des tiges du même degré de Ce 
tation. 

7° Que la direction des faisceaux e et leur structure intimi font 
les mêmes dans les deux groupes. - ji 

8° Que les tiges de Monocotylédones et celles des Dicotylédones 
se développent de même. 

9? Que le mode d'accroissement est. le méme dans. les. deux 


AAA DES TIGES 
classes, si l'on compare deux plantes ayant le méme degré de 
végétation. 

10* Que les Dicotylédones ont seules le développement en épais- 
seur, parce que seules elles ont plusieurs degrés de végétation, et 
que l'on peut ramener le développement de chaque génération nou- 
velle à celui des plantes à un degré de vegetation. 

41» Si l'erreur a été commise, Cest que les auteurs ont com- 
paré des formes qui ne se prétent à aucun rapprochement. Si l'er- 
reur s'est. perpétuée, c'est qu'ils ont voulu s'obstiner à se servir 
de cette distinetion pour démontrer la solidité de la méthode dite 
naturelle. 

En résumé, l'étude attentive des tiges des végétaux phanéro- 
games nous montre qu'on ne doit pas leur demander de caractére 
absolu pour séparer les Monocotylédones des Dicotylédones. 


BIBLIOGRAPHIE. 


BRoNGNIART (AD.). Recherches sur la structure des tiges des Cycadées (Ann. sc. 
nal., 4'* série, t. XVI, p. 589). 


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DE CANDOLLE (ALPH. ). Introduction à la botanique, 1835, vol. I. 


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DurnocngT. Recherches sur l’accroissement et la reproduction des végétaux 
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-— Mémoires insérés dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences. 
Paris, 1843, 1844 et 1845. 


— Sur l'anatomie et la physiologie des Monocotylés, 1844. 


— Sur quelques points d'anatomie comparée des végétaux, et spécialement 
sur l'accroissement des tiges, Toulon, 1833. 


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DES PHANÉROGAMES, 145 

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1843-1844, in-8 (Archives du Muséum d'histoire naturelle). — — 
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— Études sur l'anatomie et la physiologie des végétaux, 1839. 
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ledoni. Padova, 4836, in-4. 


MiRBEL. Sur l'écorce (Ann. sc. nat., 2° sér., t. II). 


— Recherches sur les caractères anatomiques qui distinguent les Monoco- 
tylédones des plantes Dicotylédones (Ann. Mus. d'hist. nat., 4809, t. XII). 


— Compte rendu d'un mémoire sur le Dattier (Ann. sc. nat., t. XX). 


TnEcUL. Formation des vaisseaux au-dessous des bourgeons, soit adventifs, 
soit normaux, isolés sur des décortications (Ann. des sc, nat., 4° série, 
LE I, p. DM : 


— ‘De l'influence des décortications annulaires sur la végétation des arbres 
dicotylédones (Ann. des sc. nat., 4° série, t. HI, p. 244). 


UNGER, Sur la structure des Monocotylédones et des Dicotylédones, 


EXPLICATION DES PLANCHES 


PLANCHE I Jis. 
ANATOMIE D'UNE TIGE DE Cynara Scolymus, 


Fic. 4. — Coupe transversale montrant les faisceaux fibro-vasculaires 
disposés sans ordre apparent et rappelant beaucoup la coupe d'une tige de 
Monocotylédone, 

Fic. 2, — Coupe longitudinale montrant la direction des faisceaux fibro-vascu- 
laires ; ils suivent un trajet analogue à celui décrit chez les Monocotylédones, 

Fic. 3. — Une portion de la coupe longitudinale vue à un grossissement de 
300 diamètres : fe, fausse écorce; Ce, faisceaux fibro-vasculaires épuisés ; 

fv, faisceau fibro-vasculaire. 
. Fic. 4. — Un de ces faisceaux fibro-vasculaires vu à un plus fort grossis- 
sement. ; ; 

Fic. 5. — Le même faisceau, coupe longitudinale : m, moelle; f, faisceaux de 
fibres qui occupent le côté interne ; tr, trachées ; vr, vaisseaux rayés ; vp, vais- 
seaux ponctués ; cg, couche génératrice; l, faisceau de fibres représentant le 
v. 40 


446 bEs TIGES DES PHANÉROGAMES. 


liber, les fibres passent insensiblement à un tissu cellulaire assez lâche au 
milieu duquel se trouvent les vaisseaux lactiféres gl 


PLANCHE II. 


ANATOMIE D'UNE TIGE D'Heracleum Sphondylium. 


Fic. 4. — Coupe tyapsversala de Ja tige. Les faisceaux semblent limiter une 
écorce, 

Fic, 2. — Une portion de cette coupe considérablement grossie ; on voit 
gue dans la portion qui représente l'écorce plongent, dans certains endroits, 
des faisceaux fibro-vasculaires /'fv, qui sont épuisés. 

Fic. 3. — Coupe horizontale d'un faisceau isolé. 

Fic. 4, —Le méme faisceau, coupe longitudinale : m, moelle ; f, faisceau de 
fibres oceupant le cóté interne; tr, trachées déroulables; vr, vaisseaux rayés; 
vp, vaisseaux ponctués ; TT. fibres; cg, couche génératrice ; te, tissu cellulaire ; 
k, faisceau de fibres représentant un faisceau fibro-vaseulaire épuisé : l'en- 
semble de ces faisceaux forme un cercle complet P limite une fausse 
écorce fe. : 

Fic. 5. — Détail d'épiderme. 


PLANCHE III. 
ANATOMIE DE LA TIGE DU Convallaria Polygonatum, 


Fic. 4. — Coupe transversale. On voit un cercle externe qui limite une 
fausse écorce. 

Fic. 2. — Coupe natale montrant la direction des faisceaux fibro- 
vasculaires. à 

Fic. 3. — Fragment de la coupe transversale considérablement grossie : 
fe, fausse écorce ; f'’fv, faisceaux fibro-vasculaires épuisés : leur ensemble 
forme un cercle complet qui limite la fausse écorce; ['fe, faisceau fibro- 
vasculaire présentant déjà un degré d'épuisement assez grand; ffo, faisceau 
fibro-vaseulaire plus complet. On voit que l'épuisement des faisceaux a lieu du 
centre à la circonférence. 

Fic. 4. — Coupe longitudinale passant par la ipie ab (figure 3) : fe, fausse 
écorce ; l', liber; dai. couche génératrice; v'p, vaisseaux ponctués ; via. vais- 
seau annulaires ; df. fibres ligneuses occupant lé côté interne du faisceau; 

, liber du deuxième faisceau; cg, sa couche génératrice; vp, vaisseaux 
Gë? va, vaisseaux annulaires ; cl, fibres ligneuses du côté interne du 
faisceau; mm, moelle, 


du CIEN 


SUR LES LIMITES DU GENRE CEPH ALOCROTON. ' 


A mesure qu'on étudie davantage une famille végétale, on 
arrive souvent à confondre des types génériques qu'on avait primi- 
tivement séparés, paree qu'on trouve des points de transition de 
plus en plus nombreux entre ces genres d'abord distincts, ll en 
résulte même cette opinion, én apparence fort paradoxale, qu'un 
jour les végétaux qui couvrent la terre arriveront à être si bien 
connus, que beaucoup de familles se confondront, qu'on croit de 
nos jours séparées par des caractères absolus et très-tranchés. 
Il suffira, pour consommer cette réunion, d'un seul peut-être, 
où d'un petit nombre de ces genres qu'on peut appeler de tran- 
sition. pay 

Les Euphorbiacées, encore si incomplétement connues, n'é- 
chappent pas à cette règle générale. J'ai déjà essayé (4) de réunir 
aux Mercuriales un certain nombre de types qui en paraissaient 
autrefois génériquement distincts. J'ai indiqué (2) la fusion pos- 
sible de certains genres isostémones, tels que les Chiropetalum, 


les Argythamnia, avec des types qui n'en différent au fond 


que par leur diplostémonie, tels que Diftazis, Caperonia, etc. 
Je reviendrai ultérieurement sur ce sujet. Aujourd'hui je crois 
devoir proposer la réunion en un seul genre de plusieurs petits 
groupes génériques que j'avais isolés les uns des autres dans 
mon Étude générale des Euphorbiacées (p. 468-475), faute de 
matériaux suffisants, et qui, d'aprés ee que je pense actuellement, 
doivent tous former des sections el des espèces dans le genre 
Cephalocroton Hocnsr. On constituera ainsi un genre unique limité 
jusqu'à présent à l'Afrique, à l'Asie australe et à V'archipel 
Indien. 


(1) Adansonia, IL, 167. 
(2) Ibid., 1V, 288. 


148 SUR LES LIMITES DU GENRE CEPHALOCROTON. 


C'est M. Thwaites qui m'a le premier mis sur la voie de ce 
rapprochement, en faisant dans son /numération des plantes de 
Ceylan (n. 396, 2111) une espèce du genre 4denochlena, de la 
plante que j'ai nommée (loc. cit., 470) Centrostylis zeylanica. 
En étudiant à ce propos, et comparalivement, le Centrostylis et 
l'Adenochlena leucocephala de l'herbier de Boivin, j'ai vu que 
ce dernier était inséparable des Cephalocroton, attendu qu'il en 
a à peu prés la fleur femelle, l'inflorescence; et que si son an- 
drocée est normalement isostémone, il peut le devenir égale- 
ment dans le Cephalocroton cordofanum Hocnsr., qui a parfois 
cinq ou quatre étamines; en méme temps qu'un 4 denochlena, 
conservé depuis longtemps, sous le nom de Dalechampia, dans 
l'herbier des Jussieu, possède des fleurs pentandres et hexandres. 
C'est donc ici tout bonnement un fait de dédoublement qui tantót 
se produit et tantót ne se produit pas. Il est par conséquent vrai- 
semblable que, lorsque dans une espèce on trouve, avec quatre 
sépales, huit étamines, ces étamines ne sont pas réellement , 
comme elles le paraissent au premier abord, superposées par 
paires aux pièces du calice, mais plutôt alternes par paires et 
écartées l'une de l'autre par le fait méme du dédoublement, pour 
pouvoir se loger dans le bouton. 

Les autres différences qu'on remarque entre les Cephalo- 
croton et les Adenogynum, Centrostylis, etc., ne tenant qu'à la 
plus ou moins grande épaisseur des disques, la longueur des 
filets staminaux, le nombre de fois qu'ils se replient sur eux- 
mêmes dans le bouton, et autres caractères qui ne pourront guère 
servir qu'à établir des sections dans le genre Cephalocroton, 
dont le nom est le plus ancien, mon intention est de décrire 
comme espéces de ce genre, sans entrer ici dans une fastidieuse 
énumération, la plupart des plantes que j'avais génériquement 
séparées dans les pages précédemment indiquées. 


ÉLOGE 


M. MOQUIN-TANDON 


Prononcé à la séance de rentrée de la Faculté de^médecine, le 3 novembre 1364. 


Il y a des entreprises qu'on prendrait à bon droit pour des 
témérités, si l'on ne savait qu'elles sont commandées par le plus 
irrécusable des devoirs. Et comme les coups imprévus de la mort 
ne frappent guére sans dérision amére, ce n'est ni la premiére, ni la 
derniére fois, sans doute, que cette Ecole confie le soin d'exprimer 
Ses regrets, ses douleurs et ses jugements méme au plus inexpéri- 
menté et presque au dernier venu d'entre les siens. Que s'il se sent 
faiblir, s'estimant trop peu müri pour un honneur si grand et si 
périlleux, elle lui dit : « Inspirez-vous des exemples et des modéles 
que vous ont donnés chaque année tant de collègues éminents, hier 
encore vos maitres, et dont la parole autorisée aurait pu payer au- 
jourd'hui plus dignement notre dette. Rappelez-vous que ce sont 
eux, plus que vous-méme, qui, dans ce jour, se souviennent, ra- 
content et pleurent. Sachez bien que nous ne vous demandons rien 
que la vérité et la justice; que nos gloires n'ont pas besoin d'étre 
louées quand méme, et que celui dont vous allez parler eüt dédai- 
gné, étant des nôtres, ces éloges de commande qui ressemblent 
presque à un outrage. Si done vous ne trouvez pas en vous-méme 
la force nécessaire à l'accomplissement de notre mandat, puisez-la 


150 ÉLOGE 


dans la grandeur du sujet et dans l'utilité de la tâche qui vous 
est confiée. » e 

Il n'est personne en effet, dans cette studieuse assemblée, qui ne 
se doive sentir touché des suprémes hommages rendus chaque 
année à ceux que nous avons perdus. Depuis ce jeune lauréat, 
.espoir de notre avenir, jusqu'au maitre qui songe, en lui décer- 
nant sa couronne, qu'autrefois lui aussi il entra tout ému dans ces 
luttes; depuis ce néophyte qui fait en hésitant ses premiers pas 
dans le dédale des études médicales, jusqu'aux plus hautes illus- 
trations du talent et de la science, qui lui viennent ici montrer, 
par leur vivant exemple, comment, le travail aidant, il peut à son 
tour devenir l'orgueil de son pays et de son siécle, aucun ne se 
rencontrera aujourd'hui à qui il ne soit doux ou profitable d'en- 
tendre redire comment un homme de labeur, condamné dans sa 
premiére jeunesse à la vie sans gloire du négoce, exercant d'abord 
les fonctions de simple copiste, et plus tard de caissier, daus la 
maison paternelle, renonce de bonne heure aux chances d'avenir 
lucratif et de jouissances matérielles que lui promet une carrière 
sans éclat; entre résolüment dans la voie de l'étude; y déploie 
toutes les ressources de l'esprit et toutes les aptitudes du courage; 
s'y montre successivement savant habile, littérateur distingué, 
professeur hors ligne; s'éléve rapidement au faite des grandeurs 
scientifiques, et peut à juste titre, à la fin d'une existence bien 
remplie, se déclarer lui-même un homme véritablement heureux. 
Tel fut Christian-Horacé-Bénédict- Alfred Moous-Taspow (1), 
dont cette Faculté consacre aujourd'hui le souvenir. 


M. Moquin-Tandon ne parut que fort tard parmi nous. Lorsque 
M. Fortoul, devenu ministre de l'Instruction publique, l'engagea 
à venir faire valoir ses droits à la succession d'Achille Richard, il 
avait prés de cinquante ans, et l’on ne croyait pas, il ne croyait pas 
sans doute luisméme qu'il dût jamais s'éloigner de Toulouse où 
de nombreux travaux littéraires et scientifiques avaient porté haut 


(4) Né à Montpellier, le 7 mai 1804; mort à Paris, le 15 avril 1863. 


DE M. MOQUIN-TANDON. 451 


sa réputation, el où semblaient devoir Fattacher pour toujours le 
souvenir de ses premiers succès, les liens de sa famille, la sym- 
pathie de tous ses concitoyens. Le midi de la France était en 
effet le pays qui convenait le mieux à ses travaux, à ses goûts et 
à ses habitudes. Dans une de ses plus touchantes productions lit- 
téraires (4), il s'est lui-même comparé à un arbre délicat trans 
porté, à son grand dommage, dans les climats rigoureux du Nord: 
« Pauvre jujubier, dit-il, il se fait vieux, il n'est plus sous son ciel 
bleu, entre le Lez et la Mosson. Il est allé loin, bien loin. On l'a 
méme transplanté deux fois. Un arbre transplanté ne peut avoir 
ni bonne tête ni bon fruit. Pauvre jujubier! il a fini par prendre: 
racine dans un jardin de Paris : méchant terrain pour la santé; 
méehant soleil pour ses jujubes. e Comparez en effet ces régions, 
où le pauvre arbuste paraît tant souffrir de la bisé, avec cette 
riche province qui s'étend de Montpellier, où naquit notre poëte, 
jusqu'à Toulouse, où brilla de tant d'éclat l'âge mûr de M. Moquin- 
Tandon. De la plaine dorée par le soleil, oà fleurissent les mü- 
riers et les oliviers, on s'éléve doucement aux coteaux où se colo- 
rentle pampre et la grappe, mère de nos plus généreuses liqueurs. 
Plus haut, la lande ou le désert, couronné de loin par le mont 
Ventoux et par les pies neigeux des Alpes ou des Pyrénées. A 
côté, c’est la mer, plus bleue que les autres mers, vers laquelle 
serpentent des fleuves indisciplinés ou des ruisseaux enchantés ; 
contrées dont Pétrarque a dit « qu'il demeura, en les voyant, 
immobile et comme  stupéfait... », et que « l'àme s’y trouve au 
large et s'y peut élancér jusqu'aux nues». Dans ce paysage, dont - 
il dit encore que «rien au monde ne saurait lui être semblable», 
accumulez les magnifiques débris du passé; couvrez le sol de ces 
vieux monuments romains ou gothiques qui raniment toute une 
période de notre histoire et de celle de l'empire d'Occident. Sous 
ce ciel qui, comme celui de l'Italie, a inspiré les savants, les 
poéles et les artistes, faites vivre ces races privilégiées chez lės- 


(4) Les Jujubes de Montpellier. l—€— 


159 ÉLOGE 


quelles le type romain s'allie, ici aux contours grecs, et là aux 
formes sarrasines : traits accentués, regard élincelant , esprit 
subtil, babil sonore, parole qui court, imagination qui vole. Tel 
est le sol qu'a si amérement regretté M. Moquin-Tandon. C'est 
que ce pays était réellement sien par le caractère et le génie, et 
c’est ici que l'on peut bien dire, que la terre ce fut l'homme lui- 
méme. ; 

C'est le 6 novembre 1822 que le jeune Moquin-Tandon prit sa 
première inscription à la Faculté de médecine de Montpellier. En 
méme temps qu'il y suivait les leçons de Delpech, de Lallemand 
et de Dugès, il jetait un ardent regard de curiosité sur cette 
célèbre École de botanique où soufflait encore l'esprit des Gouan et 
des Magnol, où l'empreinte des pas de Pyrame de Candolle n'était 
pas encore effacée. Delile et surtout Michel Dunal y popularisaient 
par leur enseignement les doctrines du célèbre botaniste génevois, 
pour qui la France eût pu devenir une patrie d'adoption, et que 
pendant les Cent-Jours Montpellier n'avait pas su retenir, pour 
n'avoir pu lui épargner les dégoüts et les iniquités des passions 
politiques. Avee quel instinet merveilleux Dunal comprit de quel 
secours pouvait étre pour sa science favorite cette jeune recrue de 

dix-huit ans, aux aptitudes les plus variées, abordant avec une 
égale facilité, et comme sans effort, les préceptes de la pratique 
médicale, les arcanes de la vieille littérature romane et le champ 
tout entier des sciences biologiques et naturelles ! Aussi, comme 
autrefois le jeune Octave, M. Moquin-Tandon fut « adopté, 
‘encouragé et exalté », jusqu'au jour (4) où il put faire digne entrée 
dans le monde scientifique, avec ses deux thèses inaugurales, 
qui sont en même temps, sans doute, ses deux ouvrages les 
plus importants : l’une sur les dédoublements ow multiplications 
d'organes dans les. Végétaux ; Vautre sur la famille des Hiru- 
dinées. 


C'est dans sa Monographie des Hirudinées que, sous l'inspira- 


(4) Décembre 1826. 


ue 


DE M. MOQUIN-TANDON, 153 


tion de Dunal, M. Moquin-Tandon a formulé pour la premiére 


fois sa théorie de prédilection, dite des zoonites, théorie applicable 
aux animaux qui ne sont ni associés ou composés (comme l'en- 
tendaient les anciens zoologistes), ni simples, unitaires ou isolés ; 
mais constitués par une série d'articles placés bout à bout, seg- 


ments dans lesquels les organes de quelque importance se répè- 


tent dans un ordre parfaitement régulier. Cette théorie n'est, à 
vrai dire, que l'extension, à tous les appareils de l'animal annelé, 
de la disposition segmentaire attribuée de toute antiquité aux 
organes superficiels, armature. extérieure , tégument, système 
musculaire sous-cutané. Quant à cette répétition constante dans 
chaque segment, de tous les organes, même les plus profondément 
situés; quant à leur agencement toujours symétrique, tous les 
zoologistes modernes n'ont pas adopté jusqu'au bout et avec toutes 
ses conséquences la théorie des zoonites. M. Moquin-Tandon, 
qui savait s'arréter à temps, a lui-même pensé que Dugès avait 
poursuivi trop loin l'application de cette théorie dans ses études sur 
la conformité organique dans l'échelle animale. Mais ce qu'il y 
avait de positif pour M. Moquin-Tandon, c'est que, dans les 
Hirudinées, et en particulier dans la Sangsue médicinale, chaque 
groupe de cinq anneaux successifs constitue un étre qu'on peut 


théoriquement, et par la pensée, isoler des segments voisins, et 


qui possède sa fraction propre de système nerveux, d'appareil 
circulatoire, de tube digestif, d'organes mucipares et reproduc- 
teurs, de faisceaux musculaires et méme de macules tégumen- 
taires. Chaque zoonite est alors un organisme particulier qui 
cependant n'est pas un animal distinct et qui ne vit normalement 
qu'alors qu'il est uni bout à bout aux organismes semblables qui 
le précédent et le suivent. De là surtout des conséquences ingé- 
nieuses au point de vue de la physiologie et d'expériences fines 
et délicates, dans lesquelles excellait dés lors M. Moquin-Tandon. 
Il aimait à les raconter dans ses lecons, montrant comment une 
sangsue coupée en travers continue de sucer le sang de l'animal 
auquel elle est attachée, et comment le sang s'écoule par la sec- 


155 Konar gogan . 
tion transversale; comment unë portion limitée du corps de la 
sangsue, attaquée par une liqueur corrosive, perd seule sa vitalité; 
eomment un zoonite moyen de sangsue peut étre tué sans que 
les parties antérieure et postérieure cessent d'exister; com- 
ment même des tronçons isolés d'un méme ver peuvent vivre 
pendant longtemps, quoiqu'ils ne reçoivent point de nourriture. 
Tout cela, exposé avec ce grand talent de mimique animée et cet 
heureux choix d'expressions colorées qui lui appartenaient, frap- 
pait vivement l'esprit de ses jeunes auditeurs et leur faisait faci- 
lement concevoir et admettre la théorie des zoonites. 
On n'a pas été juste envers M. Moquin-Tandon, quand on lui 
a reproché de n'avoir fait qu'un mot nouveau pour désigner des 
choses connues de tous ses prédécesseurs. Combien d'intéres- 
sants faits de détail n'étaient pas soupçonnés, sur la voie desquels 
le mit le besoin méme de justifier autant que possible sa théorie ! 
Mais il était le premier à savoir qu'elle n'était pas le dernier mot 
de la science, et qu'au delà d'un certain nombre de types choisis 
dans le groupe immense des Annelés, elle perdait beaucoup de 
ee caractère positif qu'il faut parfois exagérer pour faciliter les 
premiers pas d'une idée à peine naissante. Qui pourrait raisonna- 
blement supposer qu'un esprit si vif et si droit, rompu au manie- 
ment: de toutes les-questions relatives à la classification et au 
groupement des êtres organisés, n'eüt pas mille fois senti que, 
dans cette grande lutte dont parle quelque part Goethe, de l'homme 
fini contre la nature infinie, l'intelligence de l'homme, avec toutes 
ses ressources, se trouve cependant mille fois terrassée et comme 
anéantie? ll. y a des sommets, sans doute, auxquels peut s'élever 
l'esprit humain et d’où il se peut faire qu'il embra&se des horizons 
étendus où presque tout est lumière. Les sciences sont précisé- 
‘ment la force qui recule tous les jours ces horizons. Mais au delà, 
quel que soit l'espace éclairé, il n'y a plus que des bas-fonds où 
tout demeure pour nous obscurité, incertitude et confusion. Notre 
Savant collègue en convenait bien lui-même, alors que, dans un 
de ses derniers ouvrages, ses Éléments de Zoologie médicale, il 


MESE 


DE M. MOQUIN-TANDON. : 155 


présentait cette classification, qui lui est entièrement propre, d'un 
Régne animal divisé en trois sous-régnes : les animaux agrégés, 
les animaux zoonités, les animaux isolés. L'exemple des Ascidies, 
inséparables les unes des autres par toute leur organisation, et 
tantôt simples, tantôt composées, suivant les espèces, lui était 
aussi bien connu qu'à tout autre et le désespérait fort; il ne s'en 
cachait pas. Il savait bien que celte classification n'était pas plus 
absolue que toutes les autres; mais il avait conscience aussi qu'en 
 l'employant, il pouvait rendre service à la jeunesse studieuse qui 
l'écoutait, en éclairant pour elle quelques-uns de ces sommets 
d’où la science a chassé l'incertitude; et il n'était pas homme 
à lui dissimuler même les points obscurs et douteux de son 
système. | | 

La seconde thèse de M. Moquin-Tandon était séhiive aux 
dédoublements des organes végétaux. Cette question, qu'il a popu- 
larisée, n'était réduite, avant lui, qu'à des notions assez vagues, 
et seulement inscrite en germe dans la Théorie élémentaire de 
De Candolle. Ramenée à sa plus simple expression, la doctrine 
des dédoublements consiste en ceci ` que, là op le plan symétrique 
d'une fleur ne suppose l'existence théorique que d'un seul organe, 
l'observation directe en fait voir une couple ou un faisceau. A ne 
considérer, par exemple, que l'androcée, ainsi que l'a fait presque 
exclusivement M. Moquin-Tandon dans son travail, sans doute 
parce que les dédoublements lui parurent plus fréquents là qu'ail- 
leurs, il peut souvent arriver qu'une fleur possède deux fois autant 
d’étamines que de pétales. Alors, ou il n'y a pas de dédouble- 
ment, et une moitié des étamines se trouve en face des pétales, 
tandis que l'autre moitié répond à leurs intervalles; ou bien le 
dédoublement existe, et deux étamines tenant la place d'une seule 
se trouvent en face d'un pétale ou dans l'intervalle de deux 
pétales voisins, vob vos que l'agencement staminal est soumis à 
la loi d'opposition où à la loi d'alternance. Ailleurs encore ce 
n’est pas une paire, c’est un nombre plus ou moins considérable 
d'étamines libres ou unies entre elles dans une étendue variable, 


456 — ÉLOGE e 
qui occupent la place d'un seul organe mále. C'est en somme une 
étamine unique qui peut se partager, comme tout autre appendice, 
en un certain nombre de languettes plus ou moins profondes. Et 
l'organogénie florale, entre les mains de ce botaniste, enlevé trop 
tôt à la science, qui, dans ces dernières années en a formulé les 
lois dans un admirable ouvrage (je parle de Payer), l'organogénie 
a démontré que, dans un grand nombre de. cas, ces étamines 
partagées sont les analogues des lobes d’une feuille découpée ou 
composée. ` 

M. Moquin-Tandon a eu la modestie de raconter comment ce 
qu'il appelle le hasard l'avait amené au dédoublement, sans qu'il 
connüt d'abord la généralité de la loi. Hasards bien mérités et qui 
n'arrivent guére, que nous sachions, qu'à ceux qui les cherchent 
sans relâche! L'analyse d'une Crucifère méditerranéenne (1) lui 
fit voir, en avant et en arriére dela fleur, une étamine à sommet 
bifurqué et portant deux anthères là où la plupart des plantes de 
la méme famille présentent deux étamines placées cóte à cóte et 
sans adhérence entre elles. C'était un fait isolé; mais Dunal avait 
observé un grand nombre d'exemples analogues. 1l en avait concu 
une loi qu'il avait déjà baptisée et qu'il comptait faire connaitre 
dans un ouvrage intitulé Essai sur les J'acciniées, et qui n'a 
jamais été publié. Il autorisa M. Moquin-Tandon à puiser dans 
son travail inédit, l'encourageant à ne pas laisser échapper un 
semblable sujet de thèse et à l'aceroitre autant que possible du 
résultat de nouvelles recherches. De là sortit ce travail où sont 
méthodiquement passés en revue les dédoublements simples et 
composés, complets et incompleis; leur influence sur la symétrie 
florale; la maniére dont ils se combinent avec les avortements et 
les adhérences des parties. Le succès de cette théorie fut dès le 
début considérable; elle cadrait avec les idées de Pyrame de 
Candolle qui la patrona ; elle séduisit par son tour ingénieux 
A. de Saint-Hilaire, qui l'adopta pleinement. D'autres méme en 


(4) Le Vella pseudo-Cytisus. 


DE M. MOQUIN-TANDON. 157 


abusérent et la poussérent jusqu'à l'exagération. De là des attaques 
vives, trop vives sans doute, qui surtout vinrent de l'étranger. 
M. Moquin- -Tandon, alors comme toujours, dédaigna ces attaques ; 
il avait sur ce point des idées fort arrêtées, et ne voulait pas s'en- 
gager dans ces discussions dont la science souffre toujours et dont 
elle profite rarement. « Je me félicite, a-t-il écrit, de n'avoir 
jamais engagé de polémique avec personne et de n'avoir répondu 
à aucune des altaques, indirectes ou directes, aigres-douces ou 
virulentes, dont j'ai été l'objet. » Il eut d'ailleurs la consolation 
de voir un bon nombre des faits avancés dans sa thèse des dédou- 
blements, confirmés, comme on l'a vu, par les travaux de Payer. 
Il en abandonna, sur la fin de sa carrière et de gaieté de cœur, 
un certain nombre d'autres qui ne reposaient que sur des déduc- 
tions théoriques, et que l'observation directe n'avait pas justifiés. 
Il avait des idées trop sages sur la valeur absolue de toutes les 
lois humaines pour ne pas accomplir sans regret ce petit sacri- 
fice; et il connaissait un bon nombre de ces exceptions dont on 
dit qu'elles confirment les régles, mais qui quelquefois se multi- 
plient au point de les infirmer. 

En somme, M. Moquin-Tandon s'était déjà, en 1826, c'est-à-dire 
à l’âge de vingt-deux ans, fait un beau nom dans le monde scien- 
tifique; ce qui ne l'empéchait pas de couronner avec succès ses - 
études médicales par une thèse sur la phthisie laryngée syphili- 
tique, que Lallemand a considérée comme « une étude neuve et 
digne d'attention ». M. Moquin- Tandon n'abandonna pas dés lors 
complétement les études médicales, car nous le voyons, en 1832, 
chargé du rapport relatif à l'autopsie eadavérique du professeur 
Delpech. Il joua donc un certain rôle dans ce drame dont il se 
plaisait à rappeler les émouvantes péripéties. 

Il y avait alors à Paris un homme qui remplissait l'Europe de 
sa gloire et qui cependant ne dédaignait pas de s'enquérir des 
premiers travaux des plus obscurs débutants, pour les sou- 
tenir d'un de ces mots encourageants qui décident souvent 
de toute une destinée. Tel était envers les jeunes travailleurs 


458 | éLock 

l'illustre Étienne ceuma Saint-Hilaire ; tel il fut envers M. Mo- 
quin-Tandon, qu'il attira à Paris en 1834, l'accueillant comme 
un jeune ami, le séduisant par sa bonté familière , le charmant 
par la finesse de son esprit, l'exaltant par la profondeur de ses 
pensées philosophiques, et lui donnant surtout un des grands 
bonheurs de sa vie, l'amitié de son fils Isidore Geoffroy Saint- 
Hilaire, homme dont le nom seul est un éloge. 

À cette affeetion profonde qui lia désormais le jeune savant 
aux deux Geoffroy Saint-Hilaire , nous devons la publication du 
-plus répandu des livres de M. Moquin-Tandon, ses Éléments de 
-tératologie végétale. Isidore Geoffroy avait réuni en corps de doc- 
. Aine tout cé qu'on savait d'important des monstruosités animales. 

-Son père dit à M. Moquin-Tandon : «T faut que vous fassiez une 
tératologie végétale. » Ce vœu fut promptement exaucé, et en 
48/4 parurent les Éléments dont Auguste de Saint-Hilaire a 
porté le jugement suivant : « Pendant les deux derniers siécles, 
on a cité dans les recueils scientifiques une foule de faits anor- 
"maux, mais on n'avait pas su les lier entre eux. C'est ce qu'a fait 
aujourd'hui M. Moquin-Tandon : il s'attache à prouver que les 
anomalies végétales peuvent étre ramenées à des principes com- 
muns, et montre que les lois qui régissent ces anomalies ne sont 
autres que celles de l’organographie. » L'ouvrage obtint rapide- 
ment la grande renommée qu’il méritait par la clarté et l'ordre 
admirables qui y règnent. L'école philosophique y vit un précieux 
renfort, qu'elle aecueillit avec enthousiasme. Quant aux botanistes, 
ils étaient alors encore tout éblouis de l'éclatante lumiére tirée par 
Goethe de quelques faits tératologiques admirablement interprétés. 
A. de Saint-Hilaire voulut insérer dans sa Morphologie végétale 
un chapitre des Anomalies pour lequel il demanda un résumé de 
“son livre à M. Moquin-Tandon lui-méme. Il convient de dire que 
ce dernier se montrait dés lors plus prudent et plus réservé que 
‘ses admirateurs. H semblait lui répugner d'admettre un parallèle 
trop étroit entre la tératologie animale et la tératologie végétale. 
"Comme il savait bien que la plupart des végétaux ne sont les ana- 


DE M. MOQUIN-TANDON. 159 
logues que des animaux qu'il appela depuis multiples ou agrégés, 
teis que les Polypiers, il a été jusqu'à écrire que« c’est une bêtise 
gigantesque que de comparer une plante à un homme, et, par 
conséquent, une anomalie végétale à une anomalie humaine; » Son 
bon sens ordinaire lui faisait ici saper une portion de l'édifice 
élevé de ses propres mains ` mais, quelque tort qu'il se fit, il ai 
mait évidemment mieux ne laisser parler que son bon sens: Son 
livre restera certainement comme un assemblage curieux de la 
plupart des faits tératologiques connus à son époque. Ces faits 
existent ` la science devait les constater et les enregistrer. Quel: 
. ques-uns d'entre eux, comme ceux qui tombèrent sous la main de 
- Gæthe, ont pu servir à expliquer quelques trails de l'organisation 
normale. Mais, outre qu'il faut être un Goethe pour ne s'y point 
tromper, outre aussi que beaucoup de faits monsirueux n 'expli- 
quent à peu prés rien, il v ena assurément d'autres qui, pour ainsi 
dire, expliquent trop de choses. Il n'y à guère de théorie sur Por- 
ganisation végétale qui n'ait à sa disposition quelque anomalie à 
invoquer comme un argument sans réplique ; et bien plus, on a 
vu et l'on verra les doctrines les plus opposées s'autoriser avec un 
égal avantage d'un méme fait monstrüéux | pour s'adjuger gain 
de cause. On célébre, en un mot, la victoire dans les deux camps ; 
el le fait tératologique devient la maîtresse position qui se trouve 
entre les deux armées et dont chacune d'elles s 'empare tour 
à tour, pour de là foudroyer ses adversaires. Rien n'empêche, il 
est vrai, que la moastruosité observée ne résulte, par exemple, 
d'un arrét de développement, laissant subsister jusqu'au bout une 
Strueture passagére ou un organe de transition. Elle pourra bien 
alors expliquer le mode de formation et l'évolution de cet organe, 
tout comme pourrait le faire l'étude directe des phases complètes 
de cette évolution. Mais, si celle’ monstruosité était en quelque ` 
sorte absolue, ne représentant rien de vrai à aucun âge, elle de- 
viendrait un piége d'autant plus dangereux. Celui-là saura seul 
l'éviter, qui recourra directement à l'observation successive des 
développements. C'est done par celte étude qu'il faut commencer, 


160 ÉLOGE 


et c'est d'elle qu'il faut nous relever, non des caprices de la nature. 
Chercher avant tout et toujours dans les anomalies végétales 
l'explication de l'organisation normale, c'est demander une inter- 
prétation de la loi aux imalfaiteurs et aux criminels, qui sont des 
monstruosités dans nos sociétés organisées. Ils s'empresseront de 
donner du Code une interprétation favorable à leurs méfaits. Il se 
pourrait à la rigueur que, sur quelques points , ils ne fussent pas 
en opposition avee le sens commun et la justice; c'est qu'ils n'au- 
ront pas prévu qu'un jour ou l'autre cette saine interprétation doit 
les condamner, ou qu'il s'agit d'un genre de délits qui ne leur est 
pas habituel. Oui, le malfaiteur cherchera à faire passer pour nor- 
male et légale l'action qui perturbe en réalité l'ordre moral. Et 
de méme il y a cà et là des anomalies végétales qui ne sont qu'une 
exagéralion de l'état normal, et qui rendent ce dernier plus sai- 
sissable. Mais n'est-il pas évident qu'il faut connaitre d'abord cet 
état normal pour êlre assuré que les anomalies ne font que l'ac- 
centuer davantage, sans l'altérer et le dévier ? Et ne vaut-il pas 
mieux alors étudier cet élat normal à priori, comme il est préfé- 
rable d'aller demander d’abord l'interprétation de la loi à des ju- 
ristes éclairés et impartiaux. ` 

C'est surtout dans la science descriptive que M. Moquin-Tan- 
don excellait. Il a laissé plusieurs Monographies qui peuvent à 
bon droit êlre regardées comme des modèles. La plus considé- 
rable est celle des Chénopodées, dont il s'occupait déjà vers 1830. 
Comme la plupart des familles apétales de A. L. Jussieu, celle-ci 
avait été jusque-là fort négligée. Toutes ces plantes à fleurs sans 
éclat, souvent imparfaites, à organes peu visibles, à types souvent 
dégénérés, étaient redoutées des botanistes, comme étant d'une 
étude difficile et peu attrayante. La plupart des phytographes ne 
voyaient pas alors que cette étude révèle souvent mille secrets de 
l'organisation plus parfaite des plantes à fleurs complètes, placées 
en tête d'une série dont l'apétalie n'occupe que les échelons infé- 
rieurs. Quant aux Chénopodées, elles constituent un groupe telle- 
ment naturel , qu'il s'agit presque d'un grand genre à classer, et 


DE M. MOQUIN-TANDON. 164 


que les coupes y sont difficiles à établir. M. Moquin-Tandon n'y 
parvint qu'en analysant de prés les fleurs et les fruits. Bien loin 
de dédaigner ces genres à petites fleurs verdâtres , qu'il appelait 
« les crapauds du régne végétal », il en fit l'étude de toute sa vie, 
Depuis son premier mémoire sur l'ensemble de la famille, jus- 
qu'à la description de quelques espèces nouvelles rédigée dans 
ses dernières années ; depuis la discussion du nom même que 
doit porter cette famille, jusqu’au bilan complet de ses espèces 
connues, que Pyrame de Candolle lui demanda pour son Pro- 
dromus Regni vegetabilis, M. Moquin-Tandon a sans cesse revu, 
augmenté, corrigé leurs caractères génériques et spécifiques. 
Il était, dans ces travaux de détail, homme de patience iné- 
branlable et d'érudition consommée. Ces mêmes qualités se 
retrouvent dans la révision qu'il fit, pour le Prodromus , d'autres 
familles voisines, les Amarantacées, les Phytolaccées et les Basel 
lées : cette dernière famille est de sa création. Il apporta les 
mêmes soins à ses nombreux travaux de zoologie descriptive : 
l'Énumération. des espèces d'Hirudinées, son Ornithologie des 
(les Canaries, son Histoire naturelle des Mollusques terrestres et: 
fluviatiles de la France. Aux qualités qui distinguent chez lui le 
naturaliste deseripteur , on reconnait l'élève et le collaborateur 
d'Auguste de Saint-Hilaire. 

C'est encore à Dunal que M. Moquin-Tandon dut de connaitre 
M. A. de Saint-Hilaire , l'un des plus éminents et des plus labo- 
rieux botanistes de son temps. On se demande souvent, en lisant 
ses écrits, comment cet homme de savoir et de cœur, qui a 
donné tant d'années aux voyages scientifiques hérissés de fati- 
gues et de périls, et qui tant d'années a souffert de la plus cruelle 
maladie, a pu cependant voir tant de choses, etles voir si bien avec 
les faibles moyens d'investigation dont il disposait. Son esprit ingé- 
nieux fut aisément séduit par les idées de Dunal et par les recher- 
ches de M. Moquin-Tandon. Dans son séjour forcé à Montpellier, 
où l'enchainaient ses souffrances, il élabora en commun avec son 
jeune éléve une portion de sa Flore du Brésil méridional, des 


v. 11 


162 ÉLOGE 3 : 

mémoires sur les Polygalées (1828-30, les Capparidées (1850) ; 
il l'inserivit au nombre des amis auxquels sont dédiés ses Leçons 
de morphologie végétale. M. Moquin-Tandon fut, en un mot, 
comme tous les éléves de M. Auguste de Saint-Hilaire, accueilli 
par cet homme excellent moins en disciple qu'en fils chéri et choyé. ` 
H Jui a dignement payé sa dette de reconnaissance en lui prodi- 
guant dans la maladie ses soins et ses consolations et en tracant 
de lui ee portrait : « Auguste de Saint-Hilaire avait beaucoup de 
politesse et d'affabilité. H aimait la science pour la science et sa- 
vait la faire aimer. Les étudiants lui étaient sincèrement attachés, 
et tous ses élèves ont gardé de ses leçons, de ses conseils et de 
sa personne le plus reconnaissant et le plus tendre souvenir. C'é- 
lait au fond un homme trés-juste et trés-honnéte. Nous avons 
souvent admiré sa modestie, sa douceur, sa résignation et surtout: 
son indulgenee. Nous insistons sur cette dernière qualité. » 

C'est à l'homme qu'il a si bien apprécié que M. Moquin-Tan- 
don fut jugé digne de succéder, le 20 février 1854, au sein de 
l'Académie des sciences. Au moment où elle perdit Achille 
Richard , notre Faculté s'enorgueillissait de voir représenter à 
l'Institut les différentes branches de l'enseignement médieal par 
cinq hommes que le monde entier nous envie. La médecine pro- 
prement dite et la chirurgie y trouvaient pour interprétes deux de 
nos professeurs les plus écoutés : l'un (1) que l’âge n'a pu rendre 
aujourd'hui plus vénérable que ne le faisaient alors le cœur et le 
savoir ; l'autre (2) dont la verdeur de corps et d'esprit semble 
s'aceroitre avec les années; maîtres dont les disciples sont si 
nombreux dans la Franee et dans le monde, qu'on ne saurait plus 
compter la foule de leurs amis et de leurs admirateurs. Quant aux 
sciences physiques et naturelles appliquées à la^ médecine, quels 
noms plus glorieux eussent-elles pu revendiquer, que ceux des 
Dumas, des Duinéril et des Achille Richard ? La chaîne, un instant 
rompue par la mort de ce dernier, se trouva done heureusement 


(4) M. Andral, 
(2) M. Velpeau. 


Lx ` 


DE M. MOQUIN-TANDON. 163 


renouée par l'élection de M. Moquin-Tandon. La parole de notre 
collègue en reçut dans cette enceinte toute l'autorité qui avait 
appartenu à l'enseignement de son prédécesseur ; et son activité 
pour le travail n'en fut point ralentie. C'est en 1857 que l'Aca- 
démie de médecine lui ouvrit les portes de sa section d'histoire 
naturelle. 

Voilà à quelle haute fortune scientifique le travail conduisit en 
quelques années notre collègue. Les joies de l'esprit et du cœur, 
la félicité du foyer domestique, ne lui firent pas non plus défaut. 
Au sein d'une famille d'élite, il a trouvé, dans des fils qui voudront 
se montrer dignes de lui, des continuateurs des œuvres qu'il laisse 
inachevées. Quant à ses relations dans le monde, elles furent celles 
que peuvent donner, avec une grande situation, un caractère en- 
joué, une parfaite aisance de maniéres, un esprit séduisant , une 
conversation pleine d'entrainement et de naturel, ume physionomie 
ouverte, mais qu'il savait à l'oceasion rendre impénétrable; beau- 
coup de bonhomie, avec une pointe de malice et de gaieté méri- 
dionale, et plus de littérature qu'on n'en pardonne d'ordinaire aux 
hommes de science. C'était une bonne fortune pour les salons que 
sa fine causerie, où l'attieisme se relevait parfois des saillies du rire ` 
gaulois ou provençal. Comment son imagination n'eüt-elle pas 
entrainé ses auditeurs, puisqu'elle l'entrainait parfois lui-même ? 
On peut dire d'elle qu'elle eût créé des univers. Un tel homme de 
vait être poëte; il le fut, mais il eut d'abord bien peur de le pa- 
maitre, Il -n'osait guère au début braver ce préjugé qui s'attaque 
dans notre pays au titre d'homme universel et d'intelligence ency- 
clopédique. Il sentait bien que beaucoup lui reprocheraient de 
n'avoir été ni assez botaniste ni assez zoologiste, pour avoir trop 
voulu être à la fois l'un et l'antre. « Il est convenu, disait-il fami- 
liérement, qu'un herbivore ne peut être qu'herbivore. » Comment 
cependant demeurer sourd aux vibrations intérieures de la fibre 
poétique, et cela dans la cité palladienne, où les derniers chantres 
du gai savoir se disputent encore les violettes et les roses de Clé- 
mence Isaure? Plutôt que d'affronter en personne un si grand 


164 ÉLOGE ` 


péril, il en ehargea un enfant de son imagination, le nommé André 
 Frédol ou Frédoli, dont quelqu'un détuchera peut-être un jour la 
piquante histoire de celle du docte et grave professeur de la Fa- 
culté de Toulouse. Ce Frédol apparut tout d'abord comme un 
homme de beaucoup d'esprit, ancien évéque de Maguelonne, et 
auteur d'un manuscrit roman trouvé dans les ruines de son 
église, avec le nom de Carya Magalonensis. Ce n'était en réalité 
qu'un petit fabliau, pastiche de ceux du am" siècle, mais où tout 
était si bien imité des finesses de l'idiome provencal, des habitudes, 
des mœurs, des croyances, des pratiques religieuses et des formes 
administratives du temps, que les plus habiles s'y trompérent, 
dit-on, et prirent l'imitation pour une chronique réellement an- 
cienne. Ils ne furent détrompés que quelques années plus tard, 
par la publication d'une seconde édition , où l'on connut que ces 
traits si fins, si vrais , si délicats, étaient de cette méme plume qui 
a écrit l Histoire d'une souris, les Páquerettes de Montpellier , le 
Papier timbré, l'Usage du café, et tant d'autres pièces charmantes ; 
une série de Notices sur les vieux poétes romans pour la Biogra- 
phie universelle de Michaud ; des analyses des poésies de Jasmin ; 
une édition remarquable des Lois d'amour de Guillaume Molinier. 
C'est à ce méme Frédol , qui fit un grand chemin dans le monde 
littéraire, malgré l'ambiguité de sa naissance, que M. Moquin- 
Tandon a laissé la paternité de son dernier livre, le Monde de la 
mer, œuvre littéraire et scientifique qu'une main pieuse achève 
en ce moment. C'est encore Frédol qui, sous le nom de notre col- 
légue, figure au Capitole sur la liste des Mainteneurs des Jeux 
floraux; et c’est lui dont les salons entendaient le rire ouvert et 
gracieux, alors que M. Moquin-Tandon oubliait pour eux un peu 
de sa gravité professorale. 

D'aussi aimables. dons devaient lui faire beaucoup d'amis. Il 
n'eut qu'à choisir, sans doute, et le nom méme de ceux qu'il 
choisit prouve assez en sa faveur. Sans parler des deux Geoffroy 
Saint-Hilaire, de Dunal et d’ Auguste de Saint- Hilaire, on connait 
assez son dévouement et son admiration pour les utiles travaux 


DE M. MOQUIN-TANDON. 165 


d'un de ses collègues de l'Institut (4) qui veut faire rendre à Ja 
mer tout ce qu'elle peut donner, et dont il considérait les tenta- 
lives comme une œuvre de civilisation puissante et d'économie 
sociale, redisant souvent que « la culture des fruits de la mer 
est une branche d'industrie extrêmement féconde, que tous les 
gouvernements devraient encourager ». Ses Éléments de Bota- 
nique médicale sont dédiés à un autre de ses amis (2), un géo- 
métre illustre, dont on ne saurait dire s'il honore plus notre pays 
par la grandeur du talent que par la dignité du caractére. Deux 
ministres éminents, zélateurs des sciences, l'un (3) moins fier 
de tous ses titres que de son siége d'académicien, l'autre (4) qui 
sert sa patrie en la dotant de plantes utiles et d'animaux nouveaux, 
aussi bien qu'en dirigeant sa fortune au milieu des écueils de la 
politique, ont loué M. Moquin-Tandon avec l'enthousiasme de 
l'amitié, alors qu'il est tombé à leurs côtés, comme sur la brèche. 
La Société d’acclimatation s'est associée tout entiére à ces éloges 
- qu’elle eût épargnés de son vivant à la modestie de son vice-pré- 
sident et du continuateur dévoué de l’œuvre d'Is. Geoffroy Saint- 
Hilaire. Il fut ici un professeur écouté et applaudi. L'enseignement 
était son fait. Dés le premier cours de zoologie comparée qu'il 
professa à Marseille, en 1829, et dans les chaires de la Faculté 
des sciences et du jardin des plantes qu'il occupa à Toulouse pen- 
dant vingt ans, il fit bien voir-que rien ne lui manquait des qua- 
lités qui font. l'orateur et le vulgarisateur. consommé : élocution 
facile, langage incisif, parole vibrante, exposition claire et précise, - 
et, par-dessus tout, l'action, et encore l'action. Il vit eneore dans 
cette enceinte. La leçon commence, et déjà sa physionomie 
s'anime. Sa voix varie à propos d'intonation, suivant la nature du 
sujet qu'il débite. Sa formule est souvent saccadée, aphoristique, 
comme ailleurs son style lui-même, On sent qu'il veut profondé- 


(4) M. Coste, 

(2) M. Chasles. 

(3) M. le maréchal Vaillant, 
(4) M. Drouyn de Lhuys. 


166 : ÉLOGE 

ment graver le fait dans la mémoire de l’auditeur. Aussi le même 
trait se répète plusieurs fois sous des formes diverses; la phrase 
à peine lancée se retourne avec prestesse pour aller trouver le 
chemin de l'esprit. Homme de goût d'ailleurs, le maitre ne tient 
guère compte ici, lorsqu'il faut frapper fort, du ne quid nimis des 
anciens. Lès saillies piquantes et le rire léger interviennent à 
propos dans la démonstration, pour abréger la longueur de cette 
heure qui tient le jeune auditeur fixé à son bane. Tout d'un coup 
le maitre bondit jusqu'au tableau. Sa main, armée de là eraie, y 
trace en quelques lignes habiles un contour animé; et l'œil voit 
se dessiner, en traits rapides et sûrs, ce que l'esprit peut-être 
n'avait entrevu que eonfusément. La fin de la leçon approche, et 
tout rentre dans l'ordre; on revient à la méthode calme et froide. 
Tout est résumé en quelques mots dans un tableau didactique 
régulier. Au sortir de cet amphithéâtre , M. Moquin-Tandon 
n'oublie pas qu'il n'a rempli qu'une portion de sa tâche et de ses 
devoirs. La préparation et la rédaction de ses cours, l'ordre, le 
travail, l'effroi du temps perdu, telles sont les règles de tous ses 
moments. On eût pu croire qu'il parlait de lui-même, lorsqu'il 
disait, il n'y a que trois ans, du vénérable M. Duméril : « C'était 
le plus exact des professeurs. Il avait à un haut degré le sentiment 
de l'ordre; il distribuait si bien ses heures de travail et classait si 
heureusement ses livres, ses extraits et ses observations, qu'il 
pouvait suffire aux ouvrages les plus étendus et aux occupations 
les plus diverses. » 

Un aussi grand amour pour l'ordre matériel est souvent l'indice 
d'une grande passion d'équité et de justice. M. Moquin-Tandon 
avouait ingénument qu'il en était possédé. Il se flattait fort (1) 
« de bien vivre avec tout le monde, et, à force de concessions, se 
tenant à l'écart des coteries, ne se passionnant ni pour l'un ni 
pour l'autre, de gagner toutes les sympathies et de s'étre fait une 
réputation de douceur et de bonté. » Il ne se connaissait qu'un 


(4) Lettre à M. Clos. 


| DE M. MOQUIN-TANDON. 167 
enñetni, dans cet esprit si vif qu'irritait l'injustice. Mais l'expé- 
rience avait appris à M. Moquin-Tandoh que l'esprit, étincelle 
qui éclaire et qui réchauffe, peut facilement devenir une flamme 
qui dévore ce qu'elle a touché. I savait alors appeler à l'aide son 
indulgente bonhomie, pour panser des blessures involontaires St 
bientôt pardonnées. Mais on le trouvait, et à bon droit, intrai- 
table, en présence de cette manie alors régnante en France de 
confier les emplois à ceux justement que leurs étüdes ét leurs 
travaux semblaient destiner à des fonctions complétement oppo- 
sées. o Si j'avais continué, disait-il (1), mes travaux sur la langue 
romane, on m'offrirait une clinique médicale; et si j'avais du goût 
pour la pratique médicale, on me proposerait une direction de 
chemin de fer. » Il s'élevait éneore contre ee népotisme et ee 
favoritisme effrénés dont il parait qu'il eut sous les yeux quelques 
exemples, et il n'avait point assez de sareasmes pour ceux qui, de 
gaieté de cœur, détruisent là science pierre à pierre, poür payer 
en faveurs imprudentes les basses flatteries de la nullité, Avec 
quellé audace d'esprit et quelle hardiesse de paroles i! stigmalisait 
ces manœuvres! H en avait bien le droit, lui qui, serviable aux 
autres, ne demanda jamais rien pour les siens, et ne voulut laisser 
à ses fils, pour toute recommandation, que leur travail et son 
exemple. C'est que, comme Auguste de Saint-Hilaire, il aima luis 
méme réellement «la seience pour la seienee ». Aussi quelle ne 
fut pas sa douleur, dans un pays où les Adañson, les Tournefort 
et les Jussieu représentent la gloire scientifique la moins contestée, 
de voir la science botanique elle-méme amoindrie, les chaires 
supprimées, l’enseignement des Jussieu maladroitement aboli, et 
des études autrefois si prospères décliner chez nous à mesure 
qu'elles grandissaient davantage à l'étranger. Ni la haute position 
de l'auteur de ce coup irréparable, ni cé qu'il devait lui-même à 
son amitié, ne purent étouffer sa voix. Il condamna hautement les 
mesures que ses conseils n'avaient pu empêcher, et récläma un 


4) Lettre citée par M. Michon. 


468 : ÉLOGE 


des premiers les honneurs expiatoires dus à la mémoire des Jus- 
sieu. Il ne savait pas que de nouveaux malheurs allaient fondre 
sur cette science qui a rendu notre pays si célèbre, et qu'il en 
serait la première victime. Il vit, peu de temps aprés, disparaitre 
cette vieille demeure des Chartreux, ces serres où toutes celles de 
l'Europe ont trouvé des modèles de culture, et ces allées de notre 
jardin botanique où rayonnait naguère l’enseignement des Richard. 
On lui promettait, il est vrai, qu'une nouvelle école sortirait bientôt 
plus belle de ces ruines. Mais il souffrait cruellement de voir la 
réalisation de ces promesses constamment ajournée, et la patience 
lui manquait. Ses collections et ses livres, ces vieux amis du 
savant, se trouvaient dispersés. Il ne savait plus se reconnaitre 
dans un pareil désordre; le chagrin et le dépit commençaient à 
trouver prise sur son excellente constitution. Quelques troubles 
du côté de la circulation et un caractère parfois plus sombre 
inspiraient quelque inquiétude à ses amis. Lui toutefois se réfu- 
giait ardemment dans le travail. Il donnait à cette École, en 
manière de testament scientifique, ses deux Traités de zoologie et 
de botanique médicales, substance et résumé de son enseigne- 
ment. Ses travaux à la Société d'acclimatation, la préparation de 
sa Flore de Corse, de nombreuses recherches pour ce Monde de 
la mer auquelil mettait la derniére main, tout cela tenait en haleine 
cet esprit qui semblait ne redouter que l'inaction. Ses forces 
cependant trahissaient son courage; car, en avril 1863, il dut 
renoncer à reprendre ses leçons. Mais il comptait bien que ce 
temps d'arrét ne serait pas long : l'illusion, comme le décourage- 
ment, est si facile à ces âmes ardentes! Lorsque son suppléant 
alla lui demander ses instructions, afin que l'enseignement souffrit 
aussi peu que possible de son absence passagère, il lui exprima, 
avec ses conseils, l'espoir qu'il pourrait bientót se remettre au 
travail et faire eneore de grandes choses. Il se flattait d'ailleurs 
que notre pays revendiquerait bientót ses gloires les plus légi- 
times. La France allait comprendre qu'il y a des passés qui obli- 
gent, que les sciences sont l'avenir fécond des. sociétés tont en- 


DE M. MOQUIN-TANDON. 469 


tières, et qu'une nation, pas plus qu'un homme, ne saurait s'abdi- 
quer elle-méme. Ces flammes de l'imagination du Midi, qui ne 
s'étaient jamais éteintes, se ravivérent en lui et illuminérent son 
regard. Cinq jours aprés, il n'était plus, emporté presque subite- 
ment par une attaque foudroyante de ce mal dont il avait déjà 
plusieurs fois senti les atteintes. | 
De l’adulation qui lui fut odieuse pendant sa vie, il ne voulut 
pas aprés sa mort. Il craignit que sur sa tombe on ne prononçât 
de ces paroles qui ne sauraient être que des louanges, car il y a 
cruauté et presque indélicatesse à ne point flatter quand même 
les grandes douleurs de ce moment d'angoisses. Il voulait que 
l'opinion reposée lui fût seulement équitable et ne lui rendit que 
ce qui lui était dù. Cette justice est ici dans tous les cœurs, et 
chacun sent ici que l'École a perdu en lui un professeur éminent ; 
la science, un vulgarisateur des plus habiles, un esprit des plus 
féconds et des plus ingénieux. Nul mieux que lui ne sut saisir, 
remuer, retourner sur toutes ses faces et pousser en avant une 
question à peine posée par ses devanciers. ll n'a pas abordé un 
sujet qu'il ne l'agrandit et ne le complétàt. Aussi bien il n'y a à 
chaque époque qu'un seul ou qu'un trés-petit nombre de ces 
hommes qui donnent le pas à toute une génération; tout le reste 
fait cortége. Eh bien! M. Moquin-Tandon brille aux premiers 
rangs de ce cortége, dans l'école fameuse des De Candolle, des 
Auguste de Saint-Hilaire et des Dunal. Nul doute qu'avec ses 
aptitudes diverses, son travail facile et son esprit étincelant, il 
n'eüt été primesautier dans les sciences, et que, dans un autre 
milieu, on ne l'eüt trouvé plus lai-même et, pour ainsi dire, plus 
original, si l'esprit d'autorité, mortel au progrés scientifique, ne 
l'eüt retenu enchaîné au sein des doctrines dont sa jeunesse avait 
été nourrie, en lui inspirant un certain dédain pour ce qu'il appe- 
-lait «le libéralisme scientifique ». Il a d'ailleurs reconnu lui-même, 
avec une noble franchise, qu'il devait à Dunal ses deux théories 
capitales des zoonites et des dédoublements. Mais, à la facon dont 
il a fécondé ces doetrines, qui ne reconnaitrait qu'il en est, à vrai 


D 


470 ÉLOGE 


dire, une seconde fois le pèré, et qu'il apparait comme un de ces 
artistes merveilleux qui jettent sur la pierre massive posée par 


d'autres mains une tunique délicate d'arabesques, de ciselures et 


de pierreries? 

Mais c'est surtout dans cette Ecole, dans cette famille, où, 
parmi tant d'appelés, ceux-là seuls se verront élus qu'aura con- 
sacrés un travail opiniâtre, c'est ici que M. Moquin-Tandon devient 
un admirable modèle à proposer comme ayant été, pour luis 
méme; et par la seule force de l'étude, l'artisan d’une vie heureuse 
et honorée: Qu'on se rappelle que, parti de rien, il a conquis en 
peu d'années les positions scientifiques les plus enviées, et surtout 
qu'il eut l'honneur d'enseigner dans cette enceinte. Quant. à son 
bonheur, ce ne fut pas celui que donnent l'assouvissement des 
instincts matériels, l'or amassé ou les trophées de la guerre; ce 
fut le bonheur du savant, du naturaliste qui sent tous les jours 
grandir son âme par la contemplation de l'univers. Cette âme se 
déploie en victorieuse sur le monde qu'elle étend par mille vérités 
découvertes ou entrevues dans son infini. Plus l'infini lui oppose 
d'obstacles, plus éle en surmonté par la constance de sa 
volonté: De son triomphe sur la matière naissent des volüptés pro- 
. fondes et sans remords. Et comme « comprendre, c'est égaler », 
l'homme qui sé rapproche de la sorte chaque jour de l'infini 
s'exalte d'une fierté que sa propre conscience sait être légitime. 
C'est ainsi qu'il à créé son própre bonheur, glorifié par la con- 
science de tous les pays et de tous les temps. - 


DE M. MOQUIN-TANDON. : 17 


LISTE 
DES TRAVAUX DE M. MOQUIN-TANDON (1). 


1. Essai sur les dédoublements ou multiplications d'organes dans les Végé- 


~J 


taux. Montpellier, 1826, in-h, avec 9 lithogr. 

(C'est ma thèse de botanique (2). De Candolle l'a fait réimprimer 
dans la Bibliothèque universelle de Genève, mars 1827. — Voy. Dé Can- 
dolle, Organographie végétale, 1897, 1, 506, et Théorie élémentaire 
de la Botanique, 3* édit., 1844, 88.) 


. Description des Polygalées du Brésil méridional (én commun aver 


M. A. de Saint-Hilaire’, dans le Flora Brasiliæ meridionalis). Paris, 
gr. in-h, 1828. 


. Premier Mémoire sur la famille des Polygalées, contenant des recher- 


ches sur la symétrie de leurs organes (en commun avec M. A. de 
Saint-Hilaire), dans Mémoires du Muséum, 1828, XXVII, 313-375, 
avec 5 pl. 


. Conspectus Polygalearum Brasiliæ meridionalis (en commun avec 


M. À. de Saint-Hilaire), dans Ann. de la Soc. des sc. et. belles-lettres 
d'Orléans, IX, 1828, in-8. 


. Second Mémoire sur la famille des Polygalées (en commun avec M. A. 


de Saint-Hilaire), dans Ann. de la Société royale des sciences et belles- 
lettres d'Orléans, XII, 1829, et Mémoires du Muséum, 1828, XIX, 
1-55. decas 


. Note sur une plante textile, l'Ortie de la Chine, dans Bulletin 


de la Société d'agriculture du département de l'Hérault, sept. 1829, 
in-8. 


. Mémoires sur la symétrie des Capparidées et des familles qui ont le plus 


de rapports avec elles (en commun avec M. A. de Saint-Hilaire) , dans 
Ann. des sciences naturelles, (rz série, 1830, XX, 209-218. 


. Note relative à la symétrie des étamines du Clypeola cyclodontea DEL., 


dans Bulletin de la Société d'agriculture de l'Hérault, 1831. 


. De l'Ortie, dans Courrier de l'Hérault, n. 54, 4° octobre 1831. 


(Réimprimé avec quelques additions dans le Journal des propriétaires 
ruraux, XXXIIL ) : 


(4) Nous bornons cette liste à l'énumération des travaux botaniques. - 
(2) Cette liste a été rédigée en partie par M. Moquin-Tandon ; et les observations 


placées entre parentliéses, à la suite de plusieurs articles, ont été faites par lui- 
méme, 255 


172 T 


10. Du Platane, dans Courrier de l'Hérault, n. 60, 15 octobre 1831. 
(Réimprimé avec quelques additions, dans le Journal d'agriculture 
pratique et d'économie rurale, II, mars 1840.) 

41. De l'Olivier, dans Courrier de l'Hérault, n. 75, 78, 19 et 26 novem- 
bre 1831. : 

42. Essai monographique sur le genre Suæda et sur les Chénopodées les 
plus voisines, dans Ann. des sciences nat., 1'* sér., 1831, XXIII, 
274, avec l pl. 

(Suivi du rapport fait par Labillardière et A. de Saint-Hilaire sur 
ce travail.) 

43. Polygonées des îles Canaries (en commun avec P. B. Webb), dans 
Phylographia conariensis, 1832. 

45. Considérations sur les irrégularités de la corolle des Dicotylédones, 
dans Ann. des sciences naturelles, 4"° sér., 1833, XXVII, 307. 

(Rapport sur ce travail par M. A. de Saint-Hilaire, dans le vol. 
. XXVI du même recueil.) 

15. Description des Chénopodées recueillies en Perse par M. Bélanger, dans 
Voyage de M. Bélanger aux Indes orientales, partie botanique, 1854. 

16. Description de plusieurs genres nouveaux de la famille des C hénopo- 
dées, dans Ann. des sciences naturelles, 2° sér., 1834, I, 202 et 289. 

47. Mémoire sur la dissémination, dans Minerve de la jeunesse, 1835, I, 
114, 156. 

(Réimprimé en 1837 dans le Journal de l'Aveyron et du Lot.) 

48. Sur l'horticulture de l'exposition toulousaine de 1855, dans Journal 
politique et littéraire de Toulouse et de la Haute-Garonne, n. 104, 
27 juillet 1835. 

19. Conspectus generum Chenopodearum, dans Ann. eg sciences natu- 
relles, 2* sér., 1835, IV, 209. 

20. Sur le Márier multicaule, dans Journal politique et littéraire de Tou- 
louse et dela Haute-Garonne, septembre 1835. 

21. Note sur le genre Polycnemum, dans Ann. des sciences naturelles, 
2* sér., 1837, VII, 33. 

22. Sur les lois de formation des Végétaux, lettre à M. Is. Geoffroy Saint- 
Hilaire, dans Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1837, 
IV, 691. 

23. Rapport sur un Mémoire de M. ee relatif au Saxifraga stellaris, 
dans Mémoires de l’Académie des sciences, etc., de Fonlopse, 1839, 
M,.4,.42. 

24. Considérations sur l'individualité végétale, dans Mémoires de l'Aca- 
démie des sciences de Toulouse, 2* série, 1839, V, 13. 


DE M. MOQUIN-TANDON, 178 


25. Mémoire sur le genre Halimocnemis, dans Mémoires de l'Académie - 
des sciences, etc., de Toulouse, 2° série, 1839, VI, 177. ; 

26. Chenopodearum monographica enumeratio. Paris, 4840, in-8. 

.. 21. Anomalies végétales, chap. xxi des Leçons de Botanique de A. de 
Saint-Hilaire (1840). 

28. Sur une nouvelle plante tinctoriale, le Peganum Harmala, dans Jour- 
nal politique et littéraire de la Haute-Garonne, n. 82, juin 1840. 

29. Sur une plante hybride nouvelle produite par les Tigridia conchiflora et 
Pavonia, dans Journal d'agriculture pratique du Midi, H, décembre1839. 

(Réimprimé dans les Annales d'horticulture de Gand, en 1840). 

30. Des pélories, dans Mémoires de l'Académie des sciences, etc., de 
Toulouse, 1840, VI, 1, 13. 

31. Sur le genre Cornulaca , dans Mémoires de la Société des lettres, 
sciences et arts de l'Aveyron, 1840, H. 

32. Rapport sur l'engrais Geoffret , dans Journal d'agriculture pratique 
du Midi de la France, 1840, III. 

33. Sur la longévité. des Chénes, dans Journal d'agriculture De du 
midi de la France, IV, janvier 1841. 
35. Considérations sur le géantisme végétal, dans Journal d'agriculture 
; pratique du midi de la France, IV, janvier 1841. 
35. Éléments de tératologie végétale, in-8, Paris, 4841. (Voy. e 
rendus de l'Académie des sciences, XII, 537.) 

36. De genere Maireana, daus Annales des sciences naturelles, 2* série, 
1841, XV, 96, avec 1 pl. < 

37. De la culturedu Sésame, dans Journal d'agriculture pratique du midi 
de la France, V, mars 1842. 

38. Chénopodées et Phytolaceées des iles Canaries , dans Phytographia 
canariensis de MM. Webb et Berthelot, in-fol. (1842). 

39. Quelques mots sur deux Lichens fébrifuges, dans Comptes rendus de la 
Société de médecine de Toulouse, 1844. 

(Réimprimé dans les Mémoires de la Société des sciences de l'Avey- 

ron, V, 1845, et dans le Journal d'agriculture pratique du Midi, XI, 
“en 1818). ` 

40. Quelques mots sur les fleurs doubles et les fleurs pleines, dans Journal 
d'agriculture pratique du midi de la France, 1844, VII. 

M4. Sur le Sphæria chinensis. In-4, Toulouse, janvier 1847. 

h2. On the structure of Cruciferous flowers (en commun avec M. Webb), 
dans Hooker's Journal of Botany, n. 73, janvier 1848. 

h3. Lettre à M. A. de Candolle sur l'Ulluco, dans Bibl. univ. de Genève, 
Arch. sc. phys. et nat., XVI, 77, mai 1849. 


Ev | Soe 

hh. Un Chardon iniraculeuz , dans le Pouvoir, journal de Toulouse, 
n. 105, 4 août 1849. 

h5. Considérations sur la fleur des Cruciféres (en commun avec M. Webb), 
dans Mémoires de l'Académie des Loir etc., de Toulouse, 3° série, ` 
1849, V, 364. 

Ap. Phytolaccaceæ, in Prodr. Regni vegetabilis, XIII, 1849, 2, 2. 

A7. Salsolaceæ, in Prodr. Regni vegetobil is, XIE, 1849, 2, 41. 

A8. Basellaceæ, in Prodr. Regni vegetabilis, XIII, 1849, 2, 220. 

19. Amarantaceæ, in Prodr. Regni vegetabilis, XII, 4849, 2, 231. 

50. Du nom que doit porter la famille des Ansérines, des Arroches et des 
Soudes, dans Mémoires de l'Académie des sciences, etc., Toulouse, 
3° série, 1850, VI, 344. 

54: Rapport à l'Académie des sciences sur un Mémoire de M. Germain de 
Saint-Pierre (Sur la divulsion chez les Végétaux), dans Comptes ren- 
dus, XXXIX, 14 (28 août 1854). io 

52, Mémoire sur une nouvelle espèce de Vanille, 1855. 

(luséré par extraits dans la Revue horticole du 1* avril 1856, par 
M. Dupuy, et dans le Bulletin de la Société botanique, III, 355.) 

53. Dédoublements et partitions, dans Bulletin de la Société botanique, 
II, 612 (1856). 

54. Instructions pour le voyage de M. d'Escayrac de Lauture ibl qus, 
dans Comptes rendus de l'Académie des sciences, XLII, 19 novembre 
1856. 

55. Sur l'Anabasis alóbecdrüldes DEL. (en commun avec M. Cosson), 
dans Bulletin de la Société botanique, 1857, IV, 168. 

56. Herbiers des Jussieu, dans la Patrie, n. 175, 23 juin 1857. 

57. Sur une feuille monstrueuse de Prunus Lauro-Cerasus, dans Bulletin 
de la Société botanique, 1857, IV, 372. 

58. Sur les graines horizontales et verticales des Salsolacées, dans Bulletin 

.. dela Société botanique, 1857, IV, 443. 

59, Sur deux Amarantacées de la flore française, dans Bulletin de la So- 
ciété botanique, 1858, V, 217. 

60. Acclimatation de l’ Igname patate, dans Bulletin de la Société d’accli- 
matation, 1858, V, 62. 

61. Remarques sur le principe des connexions appliqué à la tazonomie vé- 
gétale, dans Comptes rendus de l'Académie des sciences, XLIX, 106 
(juillet 1859). 

62. Sur une monstruosité de Pin, dans Bulletin de la Société botanique, 
VII, 877 (1860). 

63. Sur le Moussena, dans Bulletin de la Société botanique, 1861, VIII, 32. 


DE M. MOQUIN-TANDON. : 175 


64. Description d'une nouvelle espèce d'Anabasis (en commun avec 

M. Cosson), dans Bulletin de la Société botanique, 1862, IX, 299. 
(Plus un grand nombre d'observations insérées dans les 9 premiers 

volumes du Bulletin de cette Société.) 

65. Éléments de Botanique médicale, ^ vol., avec 122 fig. Paris, 1861. 

66. Sur l’Igname patate, dans Annuaire de la Société d'aécifumtalion, 
1863, 279. 

61. Notice sur Garidel, demá Plutarque provençal, 1858, 17. 

68. Notice sur Guillemin, dans Biographie wt Michaud, nouv. 
édit., XVIII, 1857, 182. 

69. Notice sur Tournefort, dans Plutarque provençal, 1860, 

70. Notice sur Auguste de Saint-Hilaire, dans Biographie universelle de 
Michaud, nouv. édit., 1863. Posthume. 

74. Notice sur Roubieu, dans Biographie universelle de Michaud, nouv., 
édit., 1863. Posthume. , 
12. Rapport sur les Mémoires envoyés au concours pour les prix Orfila, 

dans Bulletin de l'Académie de médecine, 8 octobre 1860. 
13. Instructions sur l'acclimatation de l'Olivier au Brésil, dans Bulletin 
de la Société d'acclimatation, 1863. Posthume. 


tM HAS PUERO NOTE RENE 


SUR LA RÉGULARITÉ TRANSITOIRE 
DE QUELQUES FLEURS IRRÉGULIERES. 


LI 


On sait maintenant, et cela surtout grâce aux travaux organo- 
géniques de M. Payer, que certaines fleurs irrégulières ont com- 
mencé par être tout à fait régulières, ou qu'au contraire la régu- 
larité se fait peu à peu et pendant la durée du' développement, 
dans des fleurs dont les organes étaient d'abord nés dans un 
ordre irrégulier. Or, il y a une troisiéme variété possible d'évo- 
lution organogénique : celle dans laquelle une fleur irrégulière 
d'abord arrive à un moment donné à une régularité qui parait 
entière ` aprés quoi l'irrégularité primitive ou une irrégularité 
différente se reproduit graduellement. De pareils exemples ne sont 
pas trés-rares, et nous aurons lieu d'en citer un certain nombre. 
Nous ne voulons, pour le moment, qu'en indiquer quelques-uns 
qui sont relatifs à des plantes monopétales. On en comprendra 
facilement l'importance, au point de vue des études organogéni- 
ques. De pareils faits serviront à démontrer, mieux que tous les 
raisonnements, qu'il faut voir la premiére apparition des organes 
floraux, et non l'imaginer d’après l'inspection de ces mêmes 
organes encore trés-jeunes. On pourra en méme temps rappro- 
cher ces singularités de ce que nous avons dit, dans une autre 
partie de ee recueil (I, 305), des régularités paradoxales qui ne 
se produisent, pour ainsi dire, qu'à force d'irrégularité. 

Si l'on suit le développement de la fleur de plusieurs Pent- 
stemon, et entre autres du P. campanulatus, on voit que la nais- 
sance des pièces des verticilles floraux y est successive. Ainsi, 
pour l'androcée, on sait que les deux grandes étamines fertiles 
naissent avant les deux petites, qui sont latérales. Cependant il 
ya un moment où ces quatre étamines destinées à être fertiles ` 
ont exactement les mémes dimensions. L'étamine stérile, au lieu 


SUR LA FLEUR : FEMELLE. DU -MUSCADIER . 177 


de cesser de. s'aeeroitre de fort bonne heure, comme dans tant 
d'autres Scrofulariées, demeure au contraire aussi grosse que les 
autres, parce qu'elle est destinée à devenir cette énorme. massue 
que chacun. connait. Alors donc l'androcée est formé de cinq 
mamelons égaux et également espacés. Les lobes de la corolle 
sont alors pareillement égaux. Les deux feuilles carpellaires , 
semblables entre elles et- exactement. placées en avait et en 
arrière, achèvent de donner, à cette époque, à la jeune fleur de 
Pentstemon, l'aspect d'une jeune fleur de Solanée; 1 n'y.a aucune 
différence appréciable à ce moment, entré une Bomme de terre; 
par exemple, et ce Pentslemon, dont l'irrégularité définitive n'a 
pas besoin d’être rappelée. | | 

Plusieurs fleurs d’Acanthacées sont exactement Ae le méme 
cas à un moment donné. Telles sont entre autres celles du Ruel- 
lia geniculata Desr., qui présentent pendant quelques jours cinq 
pétales et cinq mamelons staminaux égaux et également écartés 
entre eux. 

Ces phénomènes sont dus à des inégalités dr qu'il 
ne faut pas confondre avec des naissances successives d'organes. 
L'organe le dernier né croit plus vite et rattrape l'organe plus 
âgé que lui, de manière à lui être égal. Mais plus tard encore le 
dernier né se ralentit dans son accroissement, tandis que son. ainé 
grandit plus vite, et regagne ainsi l'avantage qu'il avait au début 
et qu'il n'avait perdu que d'une maniére transitoire, | 


SUR LA FLEUR FEMELLE DU MUSCADIER. 


Des trois divisions valvaires du calice gamosépale de celte fleur, 
deux sont tournées du côté de la bractée que porte le pédicelle 
floral un peu au-déssous de la fleur. La troisième division occupe 
done ce que nous appellerons le cóté postérieur de la fleur. Le 
gynécée est entièrement supere et constitué par une seule feuille 


carpellaire qui est superposée à la bractée dont il. vient d'être 
12 
Lë 


E M SUR LA | FLEUR : FEMELLE: DU | MUSCADIER. 

parlé. Av a donc une fente carpellaire qui règne dans toute la 
hauteur da cóté postérieur du gynécée, et qui méme, dépassant le 
sommet, revient un peu en avant et descend sur le haut du côté 
antérieur de l'ovaire. Ce sont les bords épaissis et devenus papil- 
em de ce sillon:qui constituent la portion stigmatique du gynécée. 
Le placenta est trés-voisin de la base de l'ovaire ; cependant l'in- 
sertion de l'ovule est un peu plus du côté de la fente carpellaire 
que du côté antérieur de la fleur. L'ovule, encore réduit au nucelle, 
dirige son sommet ep haut, puis en avant. Il se recouvre alors de 
deux enveloppes, et lorsque son mouvement anatropique est 
achevé, le micropyle se trouve situé en bas et en ‘avant, c'est-à- 
dire du côté de la bractée. Le raphé est saillant sur la face posté- 
rieure de l'ovule, sous forme d'une crête mousse verticale. Le 
nucelle et alors obliquement dirigé de haut en bas et d'arriére en 
avant; et la :secondine forme un sac qui se moule exactement sur 
le nucelle, le dépassant seulement un peu au niveau de l'exostome, 
mais eonservant aussi toute sa régularité primitive. Le mouve- 
ment 'anatropique se passe donc tout entier dans la primine. Le 
nucelle et la secondime qui le. recouvre ent seulement changé de 
direction, sans se déformer. C'est avant l'époque de l'épanouisse 
ment, et.quand le ealiceest encore complétement clos, que le mais 
commence à paraître. L'exostome est une ouverture arrondie ou 
ellipsoïde, située au-dessus du hile et dans un plan presque verti- 
cal. Ses bords sont fort minces, ne cachent pas les bords de l'en- 
dostome, et ne se réfléchissent jamais sur eux-mémes pour former 
l'arille. Le début de cet organe consiste en un léger épaississement 
qui se produit à droite et à gauche de la base de l'ovule, entre le 
hile et le micropyle, à peu près : comme nous l'avons décrit dans 
certaines Marantées (voy. Adansonia, 1, 395). Cet épaississe- 
ment, qui est dà à une hypertrophie cellulaire, gagne ensuite 
horizontalement le pourtour du hile, puis remonte graduellement 
à droite et à gauche vers l'exostome. Mais il faut bien noter qu'au 
moment où la fleur va 8 épanouir, le gonflement arillaire, assez 
prononcé tout autour du hile pour former à ce niveau une petile 


RECHERCHES SUR L'AUCUBA. - 179: 
manehette circulaire: trés-nettement saillante, est beaucoup moins 
proéminent autour de l'exostome, surtout en haut de ce dernier: 
Les poils dont la surface extérieure de l'ovaire est chargée, surtout 
au voisinage de sa base, sont de ceux qu'on appelle malpighiacés ; 
ils persistent jusque sur le: fruit mûr: On em observe également 
quelques-uns sur le calice. 


RECHERCHES SUR L'AUCUBA 


ET SUR SES RAPPORTS AVEC LES GENRES ANALOGUES 


L Rien ne peut être absolument immuable en fait de classifi- 
cation. L'immobilité méme serait [a négation du progrès; et si 
nos classifications se perfectionnent, c’est à condition que mille 
problèmes seront posés, discutés, résolus quelquefois. Telle opi- 
nion qui paraît bonne aujourd'hui, risque fort d'avoir perdu sa 
valeur demain ; et réciproquement, des rapprochements qui pa- 
raissent forcés acf fail pourront bien étre un jour eonsidérés 
comme trés-naturels. L'important parait done être, en attendant 
mieux de l'avenir, de signaler le plus grand nombre de carac- 
téres communs entre des groupes que l'on considère de nos jours 
comme frés-distinets. On compare souvent les familles voisines 
par leurs types les plus parfaits, les plus complets. On les com- 
pare plus rarement par les types dégénérés, amoindris, qui sou- 
vent cependant ne les rattachent pas moins les unes aux autres. 
Puisque Te temps des synthèses semble être venu, et qu'elles sont 
rendues nécessaires par l'excès méme des analyses isolées et des 
moreellements infinis, recherchons des moyens d'union et de . 
fusion aux degrés inférieurs comme aux degrés les plus élevés 
de l'échelle des êtres, 


180 RECHERCHES SUR L AUCUBA. 


II. Comme, dans la vie civile, les contrats sont faciles entre les 
petits et les humbles, et vont d'ordinaire sans les formalités mul- 
tipliées qui compliquent les traités entre puissances, de méme les 
êtres d'organisation inférieure servent facilement de lien entre 
deux groupes que semblaient séparer à jamais l'un de l'autre leurs 
représentants les plus élevés. Et cela est vrai à tous les degrés. 
Peut-on admettre encore aujourd'hui que chez les plus inférieurs 
des animaux et des végétaux il y a uniquement grande simplifica- 
lion, mais non fusion entre les deux Régnes? Les groupes d'or- 
ganisation inférieure, que les botanistes et les zoologistes s'en- 
lévent tous les jours les uns aux autres, et que chaeun revendique 
pour son domaine, prouvent bien que la limite exacte entre les 
deux Régnes ne saurait être fixée, si elle doit exister. Et quoi de 
plus distinct cependant que les tétes de séries? 

Ce qui est vrai pour le régne, est également vrai pour l'espéce. 
Sans parler des infatigables qui, pénétrant chaque jour davantage 
les moindres délails d'une flore locale.ou d'un groupe limité de 
plantes, arrivent à reconnaitre à coup sür des types nombreux et 
qu'ils croient spécifiques, là où l'observateur étranger n'apercoit 
que des formes à transitions ménagées, imaginons un botaniste 
européen dépouillant un herbier venu d'une contrée lointaine et 
dont la végétation nous était encore à peu prés complétement in- 
connue. J'imagine qu'il arrivera au plus sage de faire deux espèces 
distinctes avec deux rameaux arrachés au méme pied. Ou bien 

celui qui les aura récoltés fera plus tard connaitre qu'il les avait 
choisis pour bien montrer à quelles variations est sujette cette 
espèce ; ou bien un envoi consécutif contiendra toutes les formes 
intermédiaires qui rattacheront irrévocablement l'un à l'autre ces 
deux objets, qu'on n'avait pas eru d'abord pouvoir jamais étre 
réunis. C'est sans doute pour quelque raison analogue que les au- 
teurs d'un Genera plantarum récent, MM. Bentham et J. D. Hooker, 
réduisent à cinq ou six les nombreuses espéces qu'on a admises 
dans Je genre Aquilegia, et à trois celles du genre Adonis 
(pp. 9, 8); et que des genres comme les Prockia, Vallea, etc., 


RECHERCHES SUR L'AUCUBA. 181 


(p. 238), sont indiqués par ces savants comme renfermant deux ou 
trois espèces, avec cette restriction : « Nistomnes unius varietates. » 


UL Ce qui précède s'applique également aux genres. Chacun 
sait ce qui est arrivé aux Bégoniacées , aux Muscadiers, aux Cro- 
tonées, que les uns découpent en genres nombreux et que les 
autres ont au contraire réunis en un seul grand genre ou à peu 
prés. Quand une famille commence à avoir été beaucoup étudiée, 
les types à caractères amoindris servent de passage entre des 
genres qu'on n'aurait pu eroire autrefois devoir jamais étre con- 
fondus. Les Renonculacées nous en offrent un exemple frappant! 
Les Thalictrum, qu'on peut appeler parfaits, sont bien distincts de 
celles des Anémones qu'on peut dire vraies. Mais que les riches 
inflorescences des T'halictrum se réduisent aux fleurs solitaires ou 
peu nombreuses du Syndesmon ( Anemone thalictroides L.), ou que 
l'involuere des Anémones et leur périanthe à pièces nombreuses 
s'amoindrissent ou se simplifient dans ce même Syndesmon ; et nous. ` 
arrivons à un type ballotté entre les deux genres, rattaché aux Ané- 
mones par les uns, aux Pigamons par les autres, et dont la place 
sera sans doute encore le sujet de nombreuses contestations. 

De tels exemples suffisent pour le moment à prouver que les 
types amoindris fondent les espèces et les genres. En serait-il de 
méme des familles ? Rappelons-nous ce qu'on a dit des Verbascum 
au sujet des Solanées et des Serofulariées ; de l' A/fonsea juglandi- 
folia, au sujet des Légumineuses et des Rosacées ; des Bombacées, 
à propos des Malvacées et des Sterculiacées (1); des Cochlosper- 
mées, à propos des Ternstræmiées et des Bixacées ; des Tétrago- 
niées, à propos des Ficoïdes et des Portulacées, etc., ete. Aujour- 
d'hui- nous étudierons un de ces groupes de passage, mais en le 
choisissant dans un de ces types amoindris dont nous avons parlé 
à propos des régnes, des espèces et des genres, un type dicline à 
ovaire infére, unilocülaire, uniovulé. C'est le genre Aucuba que 


(4) Voy. BENTH. et Hook., Gen., 216. 


182 RECHERCHES SUR iL'AUQUBA.. 


nous comparerons aux types analogues choisis antes tous dans 
des familles différentes. 


IV. Hl m'y presque rien à ajouter à ce:qu'on sait des fleurs 
femelles de l'4ucuba japonica. Leur ovaire infère est surmonté 
. d'un calice à quatre sépales décussés, d'une corolle à quatre pé- 
ales altennes,et valvaires, d'un disque épigyne et d'un style court 
à tête stigmatifère , pontant un sillon longitudinal qui répond «aux 
bords de la feuille carpellaire. Or, d’après les observations de 
M. Payer (A), la feuille carpellaire est superposée au sépale posté- 
nieur, de sorte.que.cette fente répond au côté antérieur de la fleur. 
Ge fait est parfaitement exact dans certains cas; mais d est fort 
zemarquable qu'il me soit pas constant. Par une exeeption jusqu'ici 
assez rare, à ce qu’il me semble, la feuille carpellaire fertile, la 
seule qu'on voie apparaitre dans l Aucuba, n'est pas constamment 
Ja même. Al y a des fleurs où elle est antérieure, d’autres où elle 
est latérale; de sorte que la fente regarde tantôt en avant, tantôt 
en arrière et tantôt un. des eôtés. Cette fente correspondant tou- 
jours au placenta, la situation de celui-ci est done également va- 
riable. Vers son sommet s'insère un ovule qui, comme l'ont par- 
faitement établi MM. Payer et Agardh (2), est suspendu, avee le 
aicropyle situé sous le hile, contre le placenta. Tel est également 
le caraeténe des ovules des véritables Cornées à ovaire plurilocu- 
laire; et c'est même un fait assez utile, lorsque surtout il se joint à 
d'autres, pour séparer de celte famille des genres qu'on y rapporte 
d'ordinaire. Je ne citerai en passant que le Curtisia, dont les 
ovules suspendus ont le micropyle dirigé en dehors et en haut, 
Dans l’ Aucuba, tous les autres caractères essentiels de la végéta- 
tion et de la fructification paraissent être. ceux des Cornées. La 
dielinie des fleurs et la réduction du gynécée à une feuille carpel- 
laire, sont de ces faits d'amoindrissement qu'on rencontre vers la fin 
dela plupant des séries qu'on peutobserver dans le Règne végétal. 


(1) Traité d'organogénie comparée de la fleur, A19, t, Cy. 
(2) Theoria systematis plantarum, 303. 


\ 


RECHERCHES: SUR. L'AUCURA. 183 


Que l'on suppose dene læ famille des Cornées, telle qu’elle est 
généralement acceptée aujourd'hui, réprésentée, dans une carte 
théorique ou dans un parterre, par. une: plate-bande: ayant la 
forme d’un triangle: isocèle: allongé et à base: étroite, on. pourra 
grouper les différents genres dans cet espace, de manière Aug les 
plus parfaits et les plus compliqués, en organisation se. trouvent 
occuper le voisinage: dela base du triangle. A mesure: que les 
autres genres perdront quelque: chose, se simplifieront davantage 
dans leur organisation, qu'on verra disparaître les. inolueres: fon 
raux, l'hermaphroditisme, la pluralité des feuilles carpellaires, etc., 
on pourra au contraire rapprocher ces types incomplets du sóm- 
met rétréci du triangle; et l'4Aucuba, avec ses fleurs diclines et 
unicarpellées, se trouvera donc placé tout prés de cetle pointe où 
l'on doit rencontrer le type dégénéré que sa beet en 


V. Si nous supposons maintenant qu'on licia! Lie ail 
familles voisines, polypétales ou méme apétales ou monopétales, 
ce que nous venons de faire pour les Cornées; si l'on dispose 
Chacune sur un triangle à base plus ou moins large, suivant leur 
importance relative, les familles des Alangiées, Haloragées, Cu- 
curbitacées , Caprifoliacées, Araliacées, Nyssacées , Gyrocarpées , 
HE aiia Balanophorées, Bruniacées, etc., telles qué la plu- 
part des. classificateurs les admettent ; et que diis chacune d'elles ` 
on relégue aussi vers le sommet. du triangle les types amoindris 
et surtout les types unicarpellés, diclines ou apétales, etc., il n'y 
aura plus qu'à réunir tous ces triangles par leur pointe autour 
d'un centre commun, pour que l'observateur placé à cette sorte 
de carrefourse voie entouré de tous ces types dégénérés, de ma- 
nière à pouvoir les comparer entre eux, constater leurs grandes 
affinités, et se convaincre que la plupart des familles énumérées, 
plus ou moins éloignées où rapprochées par leurs représentants 
les plus parfaits, se confondent au contraire par ces genres sim- 
plifiés qui offrent entre eux les plus grandes analogies, Crest cetle 
comparaison que nous allons établir actuellement, 


184 RECHERCHES SUR L'AUCUBA . 

VI; Hl serait supérflu de reproduite ici tout ce que nous avons 
dit ailleurs des Mastiæia, à propos du Bursinopetalum, ainsi que 
des Arthrophyllum (voy. Adansonia, III, 80-83, 362), car il 
est facile de voir que, par leur ovaire infére, uniloculaire et uni- 
ovulé, leur corolle épigyne valväire, leur disque surmontant l'ovaire, 
el leur androcée isostémone, les Masticia ne présentent à pre- 
miére vue d'autre différence avec les Aucuba que leur hermaphro- 
ditisme et le nombre, ordinairement quinaire, de la plupart de 
leurs verticilles floraux. 


VII. Une partie de ces différences disparait dans un autre type 
généralement rapporté de nos jours aux Araliacées, et qui devrait, 
si on le laissait dans cette famille, occuper aussi le sommet rétréci 
d'un triangle qui aboutirait au carrefour où se trouve placé notre 
observateur, Ce type générique est celui du Griselinia de Fors- 
ter (1), qui a des fleurs polygames-dioiques, à ce qu'on assure, et 
eonstruites tantót sur le type quatre, tantót sur le type cinq. Si nous 
étudions celle des G. lucida et littoralis, nous verrons que le 
calice de la fleur mâle est à cinq divisions profondes, et que les 
cinq sépales, qui sont alternes avec ces lobes, ont une préfloraison 
plus ou moins nettement imbriquée. Les étamines sont au nombre 
de cinq, insérées, comme celles de l'Aucuba japonica, autour 
d'un disque central déprimé, plus ou moins découpé sur les bords ; 
et dans les deux genres les anthères sont biloculaires, introrses, 
ainsi que celles des Bursinopetalum. Quant à la fleur femelle, elle 
a un calice supère découpé tantôt en quatre, tantôt en cinq dents. 
La corolle, dont on décrit les pièces comme libres et épigynes, 
n'existait pas dans les échantillons un peu avancés en áge que j'ai 


pu analyser. L'ovaire est infére, uniloculaire, avec un ovule ana- 


trope suspendu tout prés de son sommet; et le style, entouré d'un 
épaississement du sommet de l'ovaire, se partage en trois petites 
branches stigmati(eres.. C'est là une différence à signaler entre les 


(1) Prodr., 401; Gen., t. LXX (sub Scopolia) — ENDL., Gen., n. 6886 (dub. 


RECHERCHES SUR L'AUCUBA. 185 


Griselinia et les genres précédemment étudiés. Sans doute plu- 
sieurs carpelles existent dans le principe, et leur portion stylaire 
seule se développe, comme dans les Anacardiées, les Mappiées, ete. 
D'ailleurs les Griselinia ont les feuilles alternes des Mastiæia et 
non les feuilles opposées des Aucuba; et leur corolle à préflo- 
raison imbriquée les distingue de ces deux genres. Mais il n'en est 
pas moins vrai que leur organisation les rend aussi trés-voisins de 
l'un et de l'autre. 


SS x 


VIT. C'est à propos du Griselinia que nous parlerons du 
Decostea, genre créé en 1794 par Ruiz et Pavon (1). Si nous 
étudions la fleur mâle du D. ruscifolia C. Gay, nous la trouvons 
pourvue d'un calice court, quinaire, de cinq. petales imbriqués et 
de cinq étamines alternes à anthères introrses, à filets insérés sous 
le bord d'un disque central. Les loges de l'anthére sont létragones 
et paraissent quadriloculaires, mais elles sont en réalité bilocu- 
laires comme celles des Griselinia. La fleur femelle a un ovaire 
infére qui ne renferme qu'une seule loge avec un ovule anatrope 
suspendu. Le calice supère a aussi cinq petits sépales ; et le style 
se partage supérieurement en (rois branches stigmatifères subu- 
lées, réfléchies et un peu plus longues que celles de Griselinia. 
. Mais il n'y a point là de caractères capables -de séparer deux 
genres, pas plus que la corolle qu'on dit exister dans les fleurs 
femelles de Griselinia et manquer dans celles des Decostea. Le 
port, l'inflorescence sont les mêmes dans les deux types, et il y a 
méme sous ce rapport bien plus de ressemblance entre les Grise- 
linia australiens et le D. scandens de Ruiz et Pavon, qu'entre ce 
dernier et le D. iodinifolia Grises. Pour ces raisons, nous propo- 
sons de ne faire des Decostea qu'une simple section américaine 
du genre Griselinia de Forster. 


IX. Avec des fleurs tantôt hermaphrodites, comme les Mas- 
livia, les Arthrophyllum, et tamtôt polygames, les Gyrocarpées 


(1) Prodr., 430. — ENDL., Gen., n. 4576, — C. GAY, Flor. Chil., VIII, 394, 
L XXXIII ter, 


456 RECHERCHES SUR L'AUCUBA. 

ou Illigérées de Blume doivent tenir également l'extrémité d'un 
triangle voisin des précédents. Les ligera; qui sont les H enschelia 
Prest, s'en ‘rapprochent plûs que les: Gyrocarpus eux-mêmes, 
parce qu'ils ne présentent pas encore d'une manière aussi nette 
cette déhiscence des anthéres par des panneaux relevés qu'on 
observe égalemerit chez les Laurinées. Ce qui les caractérise tout 
d'abord, c'est la présence d'un réceptacle concave en forme de 
bourse. La gorge de ce réceptacle donne insertion au périanthe et 
à l'androcée, tandis que sa concavité est remplie par un ovaire 
uniloculaire, contenant un seul ovule anatrope et suspendu. Cet 
ovaire est done tout à fait celui des Aucuba, et c'est à peine si 
l'on apercoit alors à sa surface quatre angles saillants qui doivent 
dans le fruit se développer en ailes plus ou moins prononcées. Ces 
saillies ne correspondent donc en aucune facon au nombre de 
carpelles qui entraient dans la composition du gynécée, puisque 
celui-ei n'est constitué que par. une seule feuille. On s'en apercoit 
facilement en examinant la surface du style unique, du cóté qui 
répond à l'insertion ovulaire. De ce cóté se trouve un sillon lon- 
gitudinal qui indique le lieu de rapprochement (1) des bords de la 
feuille carpellaire, La trace de ce sillon se retrouve aussi dans la 
portion dilatée et stigmatifére du style. Cette portion n'est pas cir- 
culaire et présente une échancrure auriculée de ce côté. L'examen 
de boutons trés-jeunes démontre que cette-dilatation supérieure 
du style n'existe pas tout d'abord et ne se produit qu'à un âge 
déjà assez avancé. Jusque-là le style est assez comparable à à celui 
de la plupart des Légumineuses. 

Quant au réceptacle, il ne se termine pas. immédiatement au- 
dessus de l'ovaire ; mais il s'élargit encore au delà, en une petite 
cupule de nature axile, sur les bords de laquelle. s'insérent le 
calice et la corolle. Les cinq sépales et les cinq pétales sont assez 


(4) Nous disons rapprochement et non soudure, parce qu'il n'y a là aucune sou- 
dure véritable; que le style n'est pas un corps plein, mais une lame repliée et 
enroulée sur elle-même, et qu’on peut Ja déplier sans aueime rupture; en écartant 
l'une de l'autre les deux lèvres de ce sillon, 


RECHERCHES SUR L'AUCUBA, 187 
analogues entre eux comme couleur, comme taille et comme tissu, 
pour que Presl les ait tous considérés comme constituant un 
calice à deux verticilles. Il a dès lors considéré comme pétales les 
dix petits cornets glanduleux qui accompagnent la base des éta» 
mines et qui rappellent les saillies latérales qu'on observe sur les 
filets staminaux des Laurinées, Il ne faut pas confondre ces glandes 
staminales avec un disque tout différent, constitué par cinq petites 
glandes épigynes placées en dedans des pétales, en face de leur 
ligne médiane (1). Quant ‘aux étamines : qui alternent aveo: ces 
glandes, elles sont libres; et leurs anthéres biloculaires et 
introrses présentent un mode de déhiscence trés-particulier. Le 
eonnectif qui fait suite au filet présente la forme d'une sorte de 
battoir à faces latérales, et dont les bords assez épais regardent, 
l'un le périanthe, l'autre l'intérieur de la fleur. Contre les deux 
faces de ce connectif s'appliquent les loges de l'anthére sous forme 
de plaques rectangulaires à angles un peu arrondis. Or, trois des 

côtés de ces rectangles, l’intérieur, le supérieur et l'inférieur, se 

détachent du connectif, lors de la déhiscence staminale; le côté 
extérieur demeure seul adhérent au connectif; et sur lui la loge 
tourne comme un battant sur ses gonds en se réfléchissant, toute 
couverte de gros grains de pollen globuleux. De ces gros grains 
de pollen nous ne dirons pour le moment qu'un mot : é’est qu'ils 
ont la méme organisation que ceux de l’Hernandia, dont il est 
question un peu plus loin (p. 189), et qu'ils n’en diffèrent guère 
que par des papilles moins prononcées. 

Les Gyrocarpus ressemblent bien plus aux Laurinées que les 
liligera, surtout, avons-nous dit, en ce que leurs anthéres introrses 
s'ouvrent par des panneaux qui ne demeurent, en se relevant , 
altachés au connectif que par leur partie supérieure. Lorsque leur 
réceptacle. floral affecte la forme d'une bourse profonde à col 
étroit, comme cela n'arrive que dans les fleurs femelles ou her- 
maphrodites, l'ovaire est tout-entier renfermé dans ce sae, comme 


(4) Ces petites glandes ont la forme d'un croissant à concavité tournée en haut 
et en dehors. i 


188 RECHERCHES SUR L'AUCUBA. 

il-arrive chez les Zlligera. Il ne comporte également qu'une loge 
et qu'un ovule suspendu. Des glandes latérales occupent la base 
de filets staminaux, mais elles n'ont pas la forme d'un cornet 
comme celle des liligera. Enfin deux des sépales dépassent les 
autres et deviennent de grandes ailes qui couronnent le fruit. 
Mais, sous ce rapport, les Gyrocarpus ne sont aux Z{ligera que ce 
que les Dipterocarpus sont aux autres genres de leur famille à 
fruits dépourvus d'ailes; et le rapprochement des deux types 
opéré par Blume nous parait totalement justifié. 


X. Il est un autre genre que nous pensons devoir être rallié 
aux précédents, quoiqu'on l'en éloigne d'ordinaire pour le placer 
à la suite des Thymélées : c'est l'Hernandia. Endlicher (1), sui- 
vant en cela l'exemple de Blume, admet un groupe peu naturel et 
peu homogèné des Hernandiacées, comprenant à la fois et Her- 
nandia et Je type périgyne de l'Znocarpus. Seulement il range 
parmi les genera-Daphnoideis affinia ce petit groupe que Blume (2) 
considérait comme très-voisin des Santalacées, tandis que M. Lind- 
ley (3) n'hésite pas à faire des Hernandiées une simple section 
des Thymélacées, laquelle contiendrait des genres à fleurs poly- 
games et à colylédons lobés. Cette section contiendrait les Sarco- 
stigma de Wight; qui ont deux ovules collatéraux avec micropyle 
intérieur et supère, les Inocarpus, et enfin les Hernandia, trois 
genres qui nous paraissent devoir être placés bien loin les uns des 
autres. 

Des Hernandiées telles qu'Endlieher les conçoit, nous ne con- 
servons que le genre Hernandia, et nous le considérons comme 
une forme monoique des Tlligera, avec un type floral ternaire ou 
quaternaire, suivant les sexes. Si nous revenons sur les caractères 
de l'A . sonora L., nous voyons que ses inflorescences consistent 


(1) Genera plantarum, 332, n. 2407, 2408. ` 

(2) De novis quibusdam plantarum familiis expositio (in Ann. sc. nat., 
sér, 2. IH, 91). t 

(3) Vegetable Kingdom, 5834. ` 


RECHERCHES SUR L'AUCUBA. 189 


en une réunion de pédoncules portant une fleur femelle centrale 
et deux ou trois fleurs latérales qui sont mâles. Le tout est pri- 
mitivement entouré de trois ou quatre bractées. d'abord légère- 
ment imbriquées et formant involuere. Les fleurs. máles ne. sont 
ni exaclement opposées, ni exactement alternes avec deux de ces 
bractées. J'ajouterai que dans les très-jeunes inflorescences, on 
voit que la fleur femelle est de beaucoup plus petite que les fleurs 
mâles qui sont sur ses côlés, quoique plus tard elle paraisse bien 
plus avancée en áge qu'elles. 

Dans les fleurs mâles et femelles, le périanthe est formé ^. 
deux verticilles alternes de folioles semblables entre elles ‘par la 
taille et la consistance, tout comme dans les Z/ligera. Les sépales 
sont à peu prés valvaires dans la préfloraison, ou à peine imbri- 
qués en haut dans leur très-jeune âge. Plus bas, ils ne peuvent 
méme pas se toucher par leurs bords, parce que les pétales, ou 
sépales intérieurs, portent. extérieurement une cóte verticale sail- 
lante qui les en empéche. Les trois étamines sont superposées 
aux folioles extérieures du périanthe et accompagnées chacune de 
deux glandes latérales que portent les bases des filets, encore 
comme dans les ligera. Quant aux anthéres, elles sont aussi celles 
des Jlligera : méme forme du connectif, méme mode de déhis- 
cence par le bord intérieur, par le haut et par le bas, méme ré- 
flexion de la paroi étalée de chaque loge, et méme structure du 
pollen, ainsi que nous l'avons déjà indiqué. 

Cette structure est assez singulière pour être signalée. Les 
grains de pollen, gonflés par l'humidité, paraissent sphériques et 
hérissés de papilles aiguës. La favilla est granuleuse, et l'endhy- 
ménine, également sphérique, présente une surface lisse. Mais il y 
a, en réalité, triple enveloppe à chaque grain pollinique ; car la 
membrane extérieure se dédouble en une couche sphérique unie 
et en une sorte d'épiderme qui seul porte les papilles. | 

Quant à la fleur femelle, elle est construite sur le type quater- 
naire, comme l'est parfois celle des Gyrocarpus. Outre l'involucre 
qu'elle posséde sous son. ovaire, elle a un périanthe épigyne dont 


190 RECHERCHES SUR L'AUCUBA. 

les huit folioles appartiennent à deux vertieilles et sont toutes sem- 
blables entre elles. Au lieu de ces expansions en forme d'ailes que 
produit l'ovaire infére des lligera, celui de l'Hernandia s'épaissit 
simplement en une sorte de couche glanduleuse peu saillante et à 
bord supérieur obscurément crénelé. Comme dans l’Zlligera, le 
sommet du réceptacle porte encore quatre glandes épigynes qui 
sont ici opposées aux sépales extérieurs. Enfin l'ovaire uniloculaire 
donne insertion à un ovule anatrope, prés du sommet de la loge 
unique, et le style, parcouru par un sillon longitudinal, se dilate 
supérieurement en une tête infundibuliforme et stigmatique, 
présentant une échancrure du côté occupé par le sillon du style. 
Si donc les fleurs femelles des Hernandia avaient des étamines 
fertiles, elles deviendraient exactement des fleurs tétraméres 
d'Iligera. sdi 


XI. Le port des I/ligera a inspiré à quelques auteurs l'idée 
d'une affinité entre eux et les Cucurbitacées. Or, dans ce dernier 
groupe, nous trouvons encore un genre à ovaire uniloculaire et 
uniovulé qui vient aussi converger vers ce carrefour où sont ras- 
semblées toutes les plantes à gynécée semblablement réduit, C'est 
le genre Gronovia, que la plupart des botanistes: considèrent, ainsi 
qu'Endlicher (n° 5152), comme allié intimement aux Cucurbita- 
cées. Dans les. fleurs hermaphrodites du G. scandens L., l'ovaire 
articulé à sa base est infère, c’est-à-dire enfoui dans un réceptacle 
en forme. de sac, H ne renferme qu'une loge prés du sommet de 
laquelle est pendu un seul ovule apatrope. A une époque plus ou 
moins avancée de la floraison, on voit saillir sur cet ovaire cinq 
ailes qui sont très-marquées sur le fruit et qui sont placées en 
face des sépales. Ces ailes rappellent donc tout. à fait celles du 
fruit. des Iiligera, et n'en différent qu'en ce qu'elles ne sont pas 
inégales. La graine contient un embryon à: cotylédons. plus ou 
moins lobulés. et plissés, comme celui des Gyrocarpées. L'ovaire 
est surmonté d'un style simple, cylindrique, à tête stigmatifere 
. renflée, et entouré à sa base d'un disque épigyne circulaire. Quant 


RECHERCHES SUR L'AUCUBA. 191 
aux bords de la coupe réceptaeulaire, ils portent cinq sépales 
libres et valvaires dans le bouton; cinq petits pétales alternes avec 
les sépales, et cinq étamines alternes aux. pétales;- à anthéres 
biloculaires, introrses, déhiscentes par deux fentes longitudinales. 
Il n'y a donc en réalité que deux différences entre la fleur du Gro- 
novia et celle de l’Illigera. Les étamines du premier sont dépour- 
vues de glandes latérales et s'insérent en dehors d'un disque épi- 
gyne. De plus, leurs anthéres ne s'ouvrent que par une ligne: 
droite, et non par les trois côtés intérieurs d'une sorte de rec- - 


angle. 


XII. H est vrai que le port et le mode d'inflorescence. sont 
très-différents dans les Jl/igera et dans les Gronovia, À ce compte, 
il n'y aurait pas lieu de traiter, à propos du dernier, d'un type 
dont les affinités ont été: fort discutées de tout temps ` je veux 
parler du Cevallia. Le Cevallia ressemble en effet, par son port 
aux Loasées, par son inflorescence aux Calycérées, par le duvet 
qui le recouvre aux Borraginées: En méme temps, son ovaire 
uniloeulaire et uniovulé l'a fait rapprocher, par M. Arnott, des, 
Thymélées, et par M. Lindley (4), des Santalacées. Endlicher, qui, 
dans son Enchiridion, avait d'abord adopté pour. ce genre le voi- 
sinage des Loasées, reprit plus tard {2) l'opinion de L. C. Richard, 
qui le rapproche des Calycérées. M. Agardh (3) place dans deux 
groupes voisins, : mais différents Dun de l'autre, les Gronoviées et 
les Cévalliées: Pour lui; les Gronoviées sont plus élevées en. orga- 
nisation que les Cévalliées; parce qu'elles sont pourvues d'une 
corolle et. que leurs fleurs sont hermaphrodites, caractères qui 
manquent aux Cévalliées. Cela prouve que le savant observateur 
n'a pas eu sous les yeux les fleurs du Cevallia, et que celles-ci ne 


1) Au dire de M. Agardh (Theor, syst., 373). Mais M. Lindley, dans son Vege- 
‘table Kingdom (4847, p. 745), place Je Cevallia. dans les Gronoviées, tribu des 
Loasées, tribu hétérogène, puisqu'elle renferme aussi le Mackaya w. - v | 

(9) Genera plantarai, suppl. 1, n. 30361: y: pm 

(3) Theoria, systematis plantarum, 879...) s cop sr none 


192 RECHERCHES SUR L'AUCUBA. 


sont pas convenablement connues des auteurs auxquels il s'en est 
rapporté. Il ne sera done pas inutile d'analyser à fond les fleurs 
du C. sinuata Lacasc. | 

Ces fleurs sont hermaphrodites, avec un réceptacle concave qui 
non-seulement loge tout l'ovaire dans son intérieur, mais encore 
s'épanouit au-dessus de lui en une espéce de coupe concave, 
organe de nature axile qui parait avoir été décrit comme la base 
des filets staminaux soudés entre eux dans une courte étendue. 
Sur les bords de cette coupe s'insérent un calice, une corolle et 
un androcée pentamères. Les sépales sont entièrement libres, et . 
les pétales sont assez semblables à eux pour qu'on les ait décrits 
comme des sépales intérieurs. Mais ils sont trop analogues à ceux 
des Gronovia, dont ils surpassent méme la taille, pour qu'on les 
regarde comme étant d’une autre nature, Or, dans le Gronovia, 
ils naissent simultanément comme les pièces d'une véritable 
corolle. Les cinq étamines, alternes avec les pétales, ont des an- 
thères biloculaires et introrses, comme celles des Gronovia, dont 
elles ne se distinguent que par le grand développement du sommet 
de leur connectif en une lame pétaloïde. Elles sont si bien fertiles 
dans les fleurs pourvues d'un ovaire bien constitué, qu'on peut 
encore trouver du pollen à l'intérieur de leurs loges, dans un 
fruit dont la graine est à peu prés müre. L'unique ovule que ren- 
ferme la loge ovarienne est inséré prés du sommet, sur le haut 
de la paroi. ll est descendant et anatrope, avec le micropyle tourné 
aussi vers la paroi et plaeé sous le hile. Au-dessus de l'exostome, - 
le funicule, trés-court, produit un gonflement qui s'avance sur le 
micropyle et joue probablement un rôle dans la fécondation. Le 
fruit est un achaine, et la graine renferme un embryon à cotylé- 
dons épais et charnus, qu'on a probablement pris pour l'albumen. 
L'embryon est donc le méme que celui du Gronovia ; et, comme 
dans ce dernier, les verticilles floraux persistent trés-longtemps, 
sans paraître s'altérer beaucoup, au sommet du fruit parvenu 
à sa maturité. À part donc l'absence d'un. disque épigyne saillant 
qu'on observe dans le Gronovia, tandis qu'ici la surface concave 


RECHERCHES SUR L'AUCUBA. 195 
du réceptacle est seulement lapissée d'une couche mince de tissu 
glanduleux, il n'y aurait pas moyen de distinguer générique- 
ment les deux types par les fleurs et les fruits. Le port ne 
mérite guére qu'on lui accorde ici une grande importance ; 
et quant aux inflorescences, il faut bien se garder de croire 
qu'elles sont constituées par de véritables capitules. Non : les 
cymes des Cevallia sont les mêmes que celles des Gronovia; 
mais dans les premiers elles sont rapprochées les unes des autres 
de manière à former un tout à peu prés sphérique, et leurs 
axes se sont fort raccourcis, sans avoir toutefois complétement 
disparu. | 


XIII. Les Alangiées, avec leurs fleurs hermaphrodites, comme 
celles des Zlligera, sont aussi des plantes dont l'organisation ova- 
rienne se rapproche trés-souvent de celle de l'4ucuba. On 
trouve en effet un ovaire uniloculaire et uniovulé, avec l'ovule 
inséré tout prés du sommet de la loge, suspendu et anatrope, 
dans les genres Alangium , Rhytidandra, et dans un certain nom- 
bre de Marlea. Il se présente, à propos de ce dernier genre, la 
question incidente de savoir quelles seront les véritables limites. 
Quant à l'androcée, il diffère, dit-on, dans les Marlea et les 
Alangium, en ce que le nombre des étamines serait double ou qua- 
druple de celui des pétales dans le dernier genre, tandis que, 
dans le premier, l'androcée serait isostémone. Ce caractère a sans 
doute une certaine valeur; toutefois on se demande si l'on ne 
pourrait pas réunir, dans un méme groupe générique, des plantes 
qui ont une fois autant et deux fois autant d'étamines que de pé- 

tales, aussi bien qu'on y renferme ensemble des espèces qui ont 
deux fois et d'autres qui ont quatre fois autant de pièces à l'an- 
drocée qu'à la corolle. Un autre caractére, bien autrement impor- 
lant, à ce qu'il semble, peut servir à limiter les deux genres 
Marlea et Alangium. Ce caractère, tiré du gynécée, est celui-là 
méme qui sert à séparer les Aquilarinées des Thymélées. Un Alan- 
gium tel que l'A. heæapetalum ou PA. decapetalum, n'a qu'une 


loge à l'ovaire, tandis que certains Marlea en ont deux. Quoique 
à 13 
n^ 


194 RECHERCHES. SUR; L'AUGUBA» 

ce caractère ait été contesté par M. Lindley (1),il est certain qu'il 
existe au moins dans l'espéce du genre qu'il représente comme 
type, le M. begoniæfolia, et que, sous. ce rapport, l'opinion de 
M. Bennett est parfaitement justifiée. Si. l’on examine au contraire 
d'autres espèces attribuées au genre Marlea, comme étant iso- 
stémones, telles que Je M. barbata R. Ba, on n'y trouve qu'un 
ovaire uniloculaire, absolument semblable à celui de lA. decape- 
talum. ll en est de méme du Rhytidandra (Pseudalangium) polyos- 
moides F. Meet. (2), que MM. Bentham et Hooker (3) rapportent 
au genre Marlea, ainsi que le type du genre, le A. vitiensis 
A. Gn. (h). Mais si l'on compare le style du R. polyosmoides à 
celui des Alangium, on voit qu'il est partagé supérieurement en 
deux branches stigmatifères assez profondes, au lieu d’être entier 
où à peu près à son sommet. On en peut conclure, avec quelque 
apparence de probabilité, que le gynécée de cette espèce est formé 
de deux feuilles carpellaires, et qu'on ne retrouve, à l'état adulte, 
de trace de leur existence que dans leur portion supérieure. Il est 
bien entendu que cette hypothèse ne saurait devenir une réalité 
qu'aprés avoir été soumise au contrôle de l'observation organo- 
génique. En dehors de là, il ne peut y avoir aucune certitude en 
pareille matière. Le Rhytidandra n'en est pas moins, sous ce rap- 
port, un intermédiaire entre les Alangium à stylé unique et les 
Marlea à ovaire biloeulaire. Prenant donc en considération , 
avant la structure de landrocée, celle de l'organe femelle, nous 
proposons de diviser les Alangiées ; section de la famille des 
Cornées, en deux genres. constitués. I h Façon Sa id ei le 
tableau Loi titia dicen 


p Vegetable Kingdom (1842), 719, fg. CCCCLXXIX. 
(2) Fragmenta Phyt. austr., 11, 84, 176. 

(3) Genera plantarum, 345. ^" — 

(4) Voy. WALP., Ann, bot., AV, 352. 


RECHERCHES. SUR L'AUCUBA. 195 


ALANGIACEZÆ (Cornearum sectio). 


/? locul, ; fl, isostem. ; stylo integr. v; breviss (^is... AMARLEA. 
/ Stylo apice manif. "bn 
Rhytidandra, 
| (Rhytidandra vitiensis A. 
isostem. / Co, ; polyosmoidesF, M.). 
stylo integr. v. breviss. 
! .— divis... Marleopsis 
| (Martea barbata R. Br.) ` 
diplostem. (stam. petal, 2-plo num., / ÅLANGIUM 
1 locul,; f.q. alt. brevior. Diplalangium, 
(A. Zollingeri (1). 
pleiostem. (stam. petal. 3-5-plo 
num.,. Angolum 
(A. hexapetalum , decapetalum , Mo- | 
hille TuL. (2). 


Germen 


Si maintenant nous étudions une espèce quelconque du genre 
Alangium tel qu'il est limité ci-dessus, c'est-à-dire possédant un 
ovaire uniloculaire, nous voyons que le nombre des pétales et des 
étamines étant variable, les premiers sont toujours valvaires dans 
le bouton (3), et que les derniéres sont toujours épigynes, libres, 
pourvues d'anthéres biloculaires et introrses. En dedans des éta- 
mines se trouve un disque épigyne circulaire qui entoure la base 
du style, sans lui adhérer, et non pas, comme on le dit générale- 
ment, un épaississement de la base méme du style. Ce disque est 
tout à fait comparable à celui qu'on observe dans les Gronovia, etc. 
Le calice court est toujours d'une seule pièce à sa base et partagé 
Supérieurement en autant de dents ou à peu prés qu'il y a de 

(1) ZOLLINGER, exs., n, 785 z. Calyx brevis gamos, 5-dentatus. Petala 5 longe 
exserta valvata. Stamina 5 cum petalis alternantia; filamentis brevibus intus lamina 
ciliata duplic. ; antheris introrsis valvatis. Germen basi articulatum 4-loculare ; 9vulo 
sub apice e latere pendulo; raphe dorsali ; foliis ut in congeneribus s. multo mino- 
ribus, 


(2) Ann, des sciences nat. , sér. 4, VI, 106. 

(3) M. Tulasne a noté ce fait avec soin pour son A, Mohille (loc. cit., 106). 
C'est par erreur qu'Endlicher (n, 6096) considere la préfloraison comme conyo- 
lutive, 


196 RECHERCHES SUR L'AUCUBA. 


pétales ; et l'ovaire a sa base articulée avec le sommet du pédicelle, 
qui présente en ce point un petit évasement ou calycode compa- 
rable à celui de certaines Olacinées, Araliacées, etc. L'ovule est 
unique, suspendu prés du sommet de la loge, mais latéralement, 
et son micropyle est placé, comme celui des Aucuba, au-dessous 
du point d’attache. 

L'opinion professée depuis plusieurs années par un grand nom- 
bre de savants, que les Alangiées ne doivent pas étre séparées des 
Cornées , est donc parfaitement acceptable. Outre la structure 
identique du gynécée, le périanthe, la préfloraison de la corolle, 
l'insertion de l'androcée, l'organisation dela graine sont les mémes 
dans les Alangium isostémones que dans les Aucuba. Seulement 
ceux-ci représente à deux égards un type amoindri, puisque leur 
fleur est réduite à des verticilles quaternaires et que les sexes y 
sont séparés. 


XIV. Le sommet d'un autre triangle analogue serait occupé par 
le genre Nyssa dont la position dans les classifications est variable. 
Endlicher en fait un petit groupe des Nyssacées, voisin des San- 
'.lalaeées. Ce voisinage avait été autrefois répudié par R. Brown 
(Prodr. Novæ-Holl., 1, 351), et A. L. de Jussieu fit du Nyssa 
le type d'un ordre particulier. ll est certain que si l'on attache une 
importance absolue à la situation infére ou supére de l'ovaire, les 
T'upelos ne peuvent demeurer où les avait placés Adanson (Fam. 
pl., I1, 80), c'est-à-dire avec les Eleagnus. Mais il est bien 
remarquable qu'Adanson avait rapproché l'un de l'autre, dans 
celte méme famille, les /Vyssa et les Cynomorium, résultat auquel 
arrivent à peu prés les botanistes actuels, quand ils font voir, avec 
grande raison, les analogies du Cynomorium et des Hippuris 
(voy. p. 199), A. Richard a reconnu une grande affinité entre 
les Nyssacées et les Combrétacées, de méme que M. Brongniart 
(Enum., 119) qui range les Nyssa prés des Combrétacées et 
des Rhizophorées. Quant à M. Lindley (Jeg. Kingd., 720), il 
supprime définitivement l'ordre des Nyssacées, qu'il fait rentrer 


RECHERCHES SUR L'AUCUBA. _ 497 


dans celui des Alangiées ; et M. Agardh (Theor. syst. pl., 308), 
à défaut d'observations personnelles, adopte à peu près cette ma- 
nière de voir jusqu'à nouvel ordre. 

Les fleurs des Nyssa présentent des caractères trés-peu con- 
stants, comme il arrive d'ordinaire à de semblables types amoin- 
dris. Ainsi dans la fleur mále du JV. villosa, par exemple, le 
nombre des piéces du périanthe est cinq, six, ou méme davantage. 
Tantót ses folioles sont égales, et tantôt inégales. Ici elles se tou- 
chent et se rejoignent par leur base; là elles sont distantes les unes 
des autres et séparées par des espaces variables. Nous ne sommes 
pas sans incertitude sur la signification de ces appendices. Il est 
à remarquer qu'en dehors d'eux le pédicelle floral présente une 
saillie circulaire plus ou moins accentuée et qu'on voit bien séparée 
du disque central par une rainure horizontale, quand tous les 
appendices de la fleur ont été enlevés. Or, on ne sait pas trop, en 
l'absence de toute étude organogénique, si ce petit bourrelet est, 
ou un calice peu développé, comme celui qui se voit chez cer- 
taines Ombelliféres, Araliacées, etc., ou un renflement discoide 
de la nature des calycodes et la conséquence d'une hypertrophie 
pédoneulaire. Les étamines peuvent être dans un rapport de nom- 
bre qui cadre avec celui des pièces du périanthe ; mais parfois aussi 
on en comple jusqu'à une quinzáine, ou méme davantage. Quant 
au eorps central qui, pour quelques botanistes, représente un 
gynécée rudimentaire, il est ordinairement aplati et discoide ; mais 
il arrive aussi quelquefois que cette portion déprimée soit surmontée 
d'un cône plein qui rappelle assez bien le style par sa forme. 
Ailleurs encore, au contraire, le centre de la fleur mâle est déprimé 
en entonnoir. 

Il y a des fleurs que l'on considére comme hermaphrodites, parce 
que le pourtour de leur réceptacle donne insertion, au-dessus de 
l'ovaire, à des étamines dont le filet et l'anthére sont très-nette- 
ment dessinés. Mais, en général, ces anthéres ne contiennent pas 
de pollen parfaitement développé. Les grains en sont rudimentaires 
el encore. entourés des cellules méres dans l'intérieur desquelles 


198 RECHERCHES SUR L'AUCUBA. 


ils ont pris naissance. Rien n'empéche que ee pollen ne puisse 
quelquefois arriver à un entier développement ; mais nous n'avons 
pas eu occasion de constater de visu un semblable fait. Nous ne 
considérons done les fleurs que nous avons examinées que comme 
pseudo-hermaphrodites. Le réceptacle y est devenu trés-profond, 
logéant l'ovaire datis sà concavité et portant sur ses bords le pé- 
rianthe, l'androeée et un double disque. Non-seulement, en effet, 
la base du style est entouréé par um épaississément circulaire, 
épigyne, comparable à celui des Alangiées et des Gronovia, mais 
encore en dehors du calice il y a un bourrelet saillant plus pro- 
noneé que celui de la fleur mâle et de méme tissu que le disque 
intérieur. C'est également dans la rainure circulaire interposée à 
ces deux épaississements que s'insérent le périanthe et l'androcée. 
L'ovairé est articulé à sa base sur un pédicelle extrêmement court, 
él celui-ci porte toujours une bractée axillante accompagnée de 
deux braetéoles latérales stériles. L'ovule unique, qui est sus- 
pendu dans la logé ovarienne, s'insère, non pas au sommet de 
celle-ci, mais sur sa paroi postérieure; et le mouvement anatro- 
pique s "opère de telle facon que le raphé est postérieur, c'est-à-dire 
contre le placenta, tandis que le mieropyle se trouve en haut et 
en avant, du côté de la braetée axillante. Du côté du placenta, le 
style présente un sillon longitudinal qui est à à peu près rectiligne 


. dans le W. villosa, mais qui, dans les espèces dont le style s’en- 


roule en spirale du côté de la bractée florale, occupe, sous forme 
d'une ligne spirale, toute la convexité de T espèce de crosse formée 
par le style révoluté. 


XV. Il y a encore, dans la famille des Bruniacées , un genre 
qui est caractérisé par un ovaire infére et uniloculaire, avec un 
seul ovule suspendu, à l'état adulte ; ovule dont le micropyle, avant 
tout phénoméne de torsion, est placé en haut et en dedans, comme 
celui des Brunia. L'ovaire uniloculaire est surmonté d'un calice 
et d'une corolle pentaméres et de cinq étamines épigynes alternes 
aux pétales. A part de petiles différences de détail, la fleur pré- 


RECHERCHES SUR L'AUCURA. 199 


sente done la méme organisation générale kin celle des Mastivia, 
des Gronovia et des ligera. | 


XVI. L'organisation ovarienne ne change pas ; mais. la fleur, 
se simplifiant encore davantage, nous arrivons à un certain nom- 
bre de types tout à fail dégénérés, qu'il suffit de Sender en peu 
de mols : ais 

LL Hippuris, quoique sa fleur soit eneore hee a 
un ovaire infère bordé seulement à sa parlie supérieure d'un pelit 
bourrelet plus ou moins ondulé, qui est peut-être un rudiment de 
périanthe épigyne, En: dedans de ce bourrelet est l'étamine épi- 
gyne unique qui occupe le côté antérieur de la fleur et dont la face 
regarde le style. L'ovule suspendu ne s'insére pas exactement au 
sommet de la loge ovarienne, mais un peu plus en avant; Got: 
à-dire du côté de l'étamine, et le mieropyle se trouve en haut et 
du cite de l'axe. qd 4 

9" Le Cynomorium à certaines. fleurs hermaphrodilàs qui. sont 
y à fait construites comme celles de l Hippuris; et l'on connait 
l'heureux. rapprochement. que; M.-J. D. Hooker a fait des deux 
lypes, Seulement le périanthe du Cynomorium est bien plus déve- 
loppé, en même temps que le mouvement anatropique de son 
ovule est à. peine marqué.. i 

.3* Parmi les Chloranthacées, les Hedyosmum onf 1 un ovaire 
infère, surmonté d’un petit bourrelet à trois crénelures, très- 
analogue à celui des Hippuris. IL n'y a plus de trace d'androcée, 
et l'oyule attaché prés du sommet de la loge est tout à t 
orthotrope. loft - 
h° Les Platanes, que M. C. Jacob de Cofdemdy (1) place si prés 
des Chloranthus, n'ont plus de périanthe du tout, et leur ovule est 
également orthotrope. 


XVII. Si l'on considère, au contraire, comme un trait di supé 
riorité organique la monopétalie de la corolle, ce même ovaire 


. (1) Adansonia, 1i, 993. 


+ 


200 RECHERCHES SUR L AUCUBA. 


infère, avec une seule loge et un seul ovule suspendu, se retrouve 
dans plusieurs groupes monopétales, dont les principaux sont : 

1° Les Dipsacées, dont l'ovule anatrope est suspendu tout 
prés du sommet de la loge ovarienne, avec le mieropyle tourné 
du cóté du point d'attache. 

2» Les Calycérées, qui ne diffèrent, dit-on, des Dipsacées que 
par l'union de leurs anthéres bord à bord et la nervation de leur 
corolle : caraetéres bien peu importants, il faut en convenir ; mais 
dont l'organisation ovarienne est tout à fait la méme. 

8° Enfin parmi les Caprifoliacées, les Viburnum, qui sont aux 
Sureaux ce que les Arthrophyllum, les Mastiæia, etc., sont aux 
Araliacées et aux Cornées à ovaire pluriloculaire, et qui ont une 
corolle monopétale, seule différence essentielle qui les sépare de 
ces types à pétales indépendants. 


XVIII. Pour A. L. de Jussieu, rien n'était plus voisin des 
Cornées polypétales que les Sambucinées monopélales. Par sa 
classification vraiment naturelle, A. L. de Jussieu viole donc sa 
méthode et un de ses caractères de valeur supérieure. Il suffit de 
le rappeler, sans y insister, et de montrer encore que Jussieu 
connaissait des Éricinées monopétales et des Éricinées polypé- 
tales ; que la méme particularité se retrouve dans qe toutes 
les familles dites polypétales, etc. 

' Bornons donc notre examen aux types polypétales énumérés 
ou étudiés plus haut. Tous ont un caraetère commun : l'ovaire 
inféze, uniloculaire, uniovulé, avec ; l'ovüle suspendu prés du som- 

met de la cavité ovarienne. 

Quels sont maintenant les caractères variables ? 

A. L'union ou la séparation des sexes. Ce caractère est sans 
valeur, puisque l’Aucuba est uni aux Cornées, en général herma- 
phrodites, et le Gyrocarpus polygame à l’Illigera hermaphro- 
dite, etc. 

B. L'existence ou l'absence du périanthe. Cet autre caractère a 
peu de valeur aussi, car l'Hippuris, avec son périanthe presque 


T" 


RECHERCHES SUR L'AUCUBA. 201 


nul, est trés-sagement uni aux Haloragées dont le calice et la 
corolle ont le plus de développement. 

C. La simplicité ou la duplicité du périanthe. ll y a des Rubia- 
cées, des Ombelliféres, des Loranthaeées, des Composées, ete. , 
qui ont une corolle sans calice; et d'autre part il y a beaucoup de 
genres pourvus de calice et de corolle qui présentent une ou quel- - 
ques espéces apétales. 

D. L'orthotropie ou l'anatropie de l'ovule. Il y a beaucoup de 
familles considérées comme trés-naturelles et comprenant indiffé- 
remment des ovules anatropes et des ovules orthotropes. 

E. Les organes de la végétation, la position des feuilles, la 
simplicité ou la segmentation de leur limbe. ll suffit de se rappeler 
ici qu'il y a des Cornouillers à feuilles opposées et d'autres à 
feuilles alternes, des Sambucinées à feuilles composées et d'autres 
à feuilles simples; à feuilles pourvues ou dépourvues de sti- 
pules, etc. | 

Nous ne pouvons, on le voit, faire grand fond sur ces carac- 
téres différentiels considérés, soit isolément, soit dans leur réu- 
nion. Nous devons donc avoir recours aux suivants et attirer sur 
quelques-uns d'entre eux l'attention des botanistes. 

F. La présence ou l'absence de l'albumen. Ce caractère, qui 
n'est pas sans valeur, ne doit pas étre cependant considéré comme 
absolument bon, car il y a des genres trés-voisins l'un de l'autre 
par tout le reste de leur organisation qui différent cependant par 
la présence d'un albumen. Les Gyrocarpus, qui sont considérés 
comme manquant d'albumen, nous en ont montré cependant une 
couche ténue dans une graine presque müre. Les Cevallia, aux- 
quels on en accorde un, nous ont paru au contraire en manquer. 
Sous ce rapport, les Cevallia sont done semblables aux Gronovia, 
dont ils ont tous les autres caractéres, méme l'inflorescence, seule- 
ment avec des axes plus raccourcis. D'autre part les Araliacées, 
Cornées, Bruniacées, Alangiées, Nyssacées, ont toutes des graines 
albuminées. 

G. Le nombre des feuilles carpellaires e entrent réellement 


202 RECHERCHES SUR L'AUCURA. 

dàns la formation du gynécée. Un ovaire uniloculaire e! uniovulé 
peut être formé en réalité de plusieurs feuilles carpellaires, si là 
placenfation est pariétale et^ qu'un seul des placentas porte un 
ovule.. C'est cé qui arrive, comme nous le montre l'organo- 
génie (1), pour l'ovaire du Sicyos angulata. Et l'organogénie 
seule encore pourra nous montrer s'il en est réellement ainsi pour 
plusieurs des types qui nous occupent ici, notamment les Cevalliä, 
les Gronovia. En dehors d'elle, il y'a quelques faits tératologiques 
qui peuvent avoir leur utilité, utilité relative, bien entendu. Ainsi, 
on observe des fruits de Nyssa à deux loges et à deux graines ; 
preuve que le gynécée peut étre, dans ces pruntar au moins 
accidentellement dicarpellé.: 

H. Enfin, lä direction des différentes régions de l'ovule, ba 
. qu'il est solitaire et ne cesse jamais d’être suspendu dans la loge 
ovarienne. Quoi qu'on ait pu dire de la valeur de ce caractère, 
qu'on ne semble repousser que parce qu'il est quelquefois difficile 
à constater, nous sommes bien forcé d'avouer qu'il n'y en a pas 
d'autre réellement différentiel entre-les Cornées, par exemple, et 
les Araliaeces; Dans ces dernieres, l'ovule suspendu a le miero- 
pyle extérieur, comme dans les Ombelliféres ; ce qui contribue à 
rapprocher intimement ees deux gronpes. Dans les Cornées, au 
contraire, le mieropyle est intérieur, placé sous le hile, ainsi qu'il 
arrive chez les Haloragées, les Bruniacées, les Hamamélidées, les 
Alangiées, avant toute torsion du funictle. Si done nous accordons 
quelque valeur à ce caractère, alors que lui seul nous reste, alors 
que la situation de l'ovaire, le périanthe, les organes mâles, etc. , 
sont absolument semblables, nous arrivons à conclure, ene com» 
binant avec les deux précédents : 

+ Que les Gyrocarpées, qui, par le Gyrocarpus, offrent tant de 
rapports avec les Laurinées, relient celles-ci avec les Gronoviées 
(Gronovia et Cevallia), et par conséquent avec les fer par 
l'intermédiaire des Illigera. 


o0) DAYER; Traité d'orgánogénie; h^3, t. dr? 


RECHERCHES SUR L'AUCUBA. 203 


Que les Hernandia sont des Illigera diclines, et à type ordinai- 
rement ternaire ; quoique cependant la Nouvelle-Calédonie possède 
un Zernandia à androcée souvent pentamère, avec un gynécée 
rudimentaire dans la fleur mâle ; ce, qui donne encore plus de 
valeur à ce rapprochement. vemm adis 

Que les Griselinia se rapprochant des Aucuba, avec les De- 
costea, les Marlea, et par suite tout le groupe des Alangiées, les 
Nyssa sont aussi voisins des Cornées que des Araliacées par tous 
leurs caractères floraux et carpiques $ mais que la direction de leur 
micropyle les relie davantage aux dernières. 


SUR 


LA FORCE DE PÉNÉTRATION 


DES DIVERSES PARTIES 


DE LA RACINE 


Par M. HENRI ÉMERY. 


L'histoire de la racine, malgré son extréme importance, est 
encore à faire aujourd'hui ; et nous manquons malheureusement 
dela plupart des documents nécessaires pour mener à bien une 
telle entreprise. Tous les efforts des observateurs et des expérimen- 
tateurs doivent donc tendre vers ce but unique : rassembler des 
matériaux, c'est-à-dire noter avec la plus scrupuleuse fidélité tous 
les faits relatifs à la vie des racines que peuvent leur dévoiler, soit 
la pratique horticole, soit les recherches de laboratoire. C'est, pour 
` le moment, la seule manière d’être utile à la science, et de tra- 
vailler à son perfectionnement. 

Cette considération m'engage à signaler une particularité que 
j'avais été à méme d'observer autrefois, mais que je n'avais pas 
encore fait connaitre ; désirant, avant d'en parler, étendre et mul- 
tiplier mes recherches sur ce sujet. Mais, engagé depuis plusieurs 
années dans d'autres travaux, et ignorant d'ailleurs le moment oü 
je pourrai reprendre ces anciennes études, je me décide à publier 
le fait, bien que je ne l'aie encore examiné que fort incompléte- 
ment. Mon but principal, en agissant ainsi, est d'appeler l'atten- 


SUR LA FORCE DE PÉNÉTRATION, ETC. 205 


tion sur cet ordre de faits; car on arrivera trés-certainement à 
des résultats intéressants, et pour les sciences botaniques et pour 
la pratique horticole, en multipliant et variant les observations et 
les expériences à ce sujet. ; 

La racine, tout le monde le sait, remplit dans l'économie de la 
plante deux espèces de fonctions bien distinctes. C'est par elle que 
le végétal se fixe, se cramponne pour ainsi dire au sol; et c'est 
par elle également que ce dernier recoit de ce méme sol une por- 
lion notable de ses substances réparatrices. Ici je laisserai entiére- 
ment de côté le rôle capital rempli par la racine dans l’accomplis- 
sement des phénomènes nutritifs, pour me borner à étudier 
spécialement les effets mécaniques produits par cet organe pen- 
dant la vie du végétal. | 

L'ensemble de l'appareil radiculaire comprend deux groupes 
distinets d'organes. Le premier est uniquement constitué par le 
pivot ou axe primaire, c'est-à-dire par l'organe radieulaire de . 
premiére génération, puisqu'il résulte purement et simplement 
de l'aceroissement de la radicule de l'embryon. Le deuxiéme est 
formé d'un amas plus ou moins considérable de ramifications, 
toutes issues immédiatement ou. médiatement du pivot, et que l'on 
distingue les unes des autres en racines secondaires ou de 
deuxième génération et qui naissent sur l'axé primaire, en racines 
tertiaires ou de troisième génération, qui naissent sur les précé- 
dentes, et ainsi de suite, ete. 

Ces deux portions de la racine présentent, dans toutes js 
plantes, des orientations bien déterminées et fort différentes. Le 
pivot se dirige toujours verticalement vers le centre de la terre, ` 
tandis que toutes les autres parties se développent ordinairement 
dans une direction plus ou moins oblique à l'horizon. La premiére 
de ces deux tendances est générale ; on l'observe dans toutes les 
espéces, les parasites exceptées. Quant à la seconde, elle est 
moins prononcée, ou plutót l'orientation adoptée par chacun des 
appendices radiculaires est moins rigoureusement déterminée; et 
l'on observe à ce sujet les plus grandes variations, non- seulement 


206. ` SCH LA FORCE DE PÉNÉTRATION: 


dans. les. individus d'espèces. différentes, mais encore dans les 
sujels de méme. espèce, selon les conditions spéciales de la végé- 
lation de chacun d'eux. Sous ce rapport, la ramification souterraine 
offre la plus compléte analogie avec la ramification aérienne chez 
laquelle on rencontre toutes les orientations possibles, depuis les 
branches. étalées: horizontalement jusqu'aux rameaux fastigiés , 
dressés, En outre, ces divergences d'orientation sont et doivent 
èlre: bien plus fréquentes et bien plus prononcées dans l'appareil 
souterrain que dans l'appareil aérien ; car le sol, étant incompa- 
rablement plus résistant que l'air, exerce, par suite, sur la direction 
des racines, une influence beaucoup plus énergique que celle im- 
primée par. l'atmosphère à la direction des branches et des ra- 
meaux. Quand on voit les formes rabougries et tourmentées que 
les vents dominants d'une région peuvent, sous certaines exposi- 
lions, imposer à la tête d'arbres ordinairement vigoureux, droits 
eb élancés, on se fait iine juste idée des perturbations et des ano- 
malies qué da nature physique, si variable, des sols, doit apporter 
dans le nombre et la disposition des organes souterrains. 

+ Dans tous les eas, si l'organe souterrain en voie d'allongement 
rencontre un obstacle sur sa route, ou il s'efforce de le surmonter, 


où cherche a Je contourner pour reprendre au delà sa direction ` 


première. Échoue-t-il successivement dans chacune de ces deux 
lentalives ,-il. cesse alors de eroitre, sa pointe appuyée contre 
l'obstacle qu'il n'a pu franchir; et son activité végétative se borne 
désormais à émettre de nouvelles ramifications. — 

Dans ces eirconsiances, une racine peut déployer une force de 
pénétration vraiment surprenante. On possède en effet une foule 
d'exemples de racines qui ont accidentellement traversé des murs 
souvent irés-épais ou des roches parfois très-tenaces. Pour les 
plantes des terrains rocheux, ce qui était chez les autres l'acci- 
dent devient le eas ordinaire, le cas normal; et l'on voit 
leurs radicelles , même les plus délicates, sillonner, creuser 
et perforer les sols les plus durs. IH est d'ailleurs facile à l'expéri- 
mentateur de reproduire, sur une moindre échelle, tous les effets 


ENEE cl ae ds ue SSSR ES 


DES. DIVERSES: PARTIES. DE LA RACINE. 207 
naturels, et de. varier même, en quelque. sorte, à. l'infini .ces 
curieux phénomènes, en faisant germer des graines dans le voisi- 
nage d'obstacles artificiels doués -de résistances variées, comme 
le papier, le carton, le liége, le bois, ete, ouo a° r i 

En voyant les radicelles s'insinuer avee tant de facilité entre 
les cellules du liége ou les fibres du bois, entre les interstices des 
pierres d'un mur ou les moindres fissures d'un massif rocheux, 
en les voyant surtout creuser de profonds sillons à la surface des 
pierres les plus dures, plusieurs physiologistes ont. pensé que la - 
production de tels effets exigeait un déploiement de force méca- 
nique que ne sauraient. fournir des organes aussi faibles que le 
sont les diverses parties de la racine..Ils. ont été dés lors amenés 
à supposer que tous les phénoménes-d'usure et de perforation 
étaient de véritables eífets. chimiques résultant de l’action, dissol- 
vante exercée à la longue sur toutes les roches, même les plus 
résistantes, par certaines substances - acides. qu'exeréteraient en 
temps ordinaire les racines des plantes: Il. est parfaitement. vrai, 
et je l'ai. moi-même vérifié apres d’autres expérimentateurs, que 
lors de la germination de certaines! graines, les: racines laissent 
transsuder une matière capable de rougir le papier bleu de tour- 
nesol, une -matière acide: par-conséquent. Mats cette exerétion 
a-Lelle lieu dans toutes les plantes indistinetement? Voilà ce qui 
n'est. point encore établi... D'ailleurs cette excrétion, quand elle 
existe, est-elle temporaire où bien. se produit-elle sans disconti- 
Duité durant toutes les phases de la de du végétal? Pour ce qui me 
concerne, j'ai observé: plusieurs: plantes: adultes: ehez lesquelles 
celle excrétion adulte: ne se manifestait-certainement pas, tout au 
moins.d'une manière appréciable à la teinture bleue de tournesol. 
Peut-on conclure de là que cette fonction s'exerce seulement dans 
le premier âge, lors de Ja germination, pour cesser complétement 
plus tard; et dans ee cas on pourrait expliquer à peu prés ainsi le 
mécanisme. de l'enracinepient: d'une plante quelconque ? Pendant 
les premiéres phases de la vie, alors que l'adhérence au sol, nulle 
dans le principe, s'aceroit- mainténant peu à peu par le développe- 


908 SUR LA FORCE DE PÉNÉTRATION 


ment graduel de l'appareil souterrain, l'implantation des racines 
s'elfectuerait d'abord uniquement par voie de dissolution, par 
action chimique en d'autres termes; mais plus tard, lorsque la 
plante aurait enfin pris dans le terrain un nombre suffisant de 
points d'appui, la pénétration ultérieure des racines pourrait dés 
lors s’effectuer par un simple effort mécanique. Enfin, doit-on 
aller plus loin encore, et peut-on admettre que cet acte vital 
d’excrétion acide est lui-même un phénomène essentiellement 
intermittent, comme le sont d’ailleurs les phénomènes de sécrétion 
proprement dits? Ce sont là des questions que je signale en pas- 
sant ; j'y reviendrai ailleurs, car le sujet est trop important et sur- 
tout trop délicat pour qu'on essaye de le traiter incidemment. 

Mais, en réservant pour le moment la question de l'action chi- 
mique, il est trés-certain que l'aetion mécanique joue un róle 
important dans la production des phénoménes dont nous nous 
occupons ici, comme je vais essayer de le montrer. 

Sous le rapport de l'effet qu'il produit sur la végétation, le sol 
a tour à tour été considéré à deux points de vue essentiellement 
différents. Les uns ont dit : Le sol exerce sur la plante une action 
purement physique ; e'est un corps plus ou moins poreux imbibé 
de matières nutritives qu'il cède peu à peu au végétal; et par suite 
il peut étre remplacé par tout autre milieu jouissant des mémes 
qualités physiques. Les autres, au contraire, ont prétendu que le 
sol, nourrissant la plante, devait surtout exercer de l'influence par 
sa composition chimique, et que ses caractères physiques, au con- - 
traire, n'offraient qu'une importance fort secondaire. Ces deux 
maniéres de voir, si opposées, ont eu leurs partisans comme leurs 
détracteurs. De nos jours, tout le monde accorde que, dans l'ac- 
complissement des phénoménes de la végétation, une certaine 
part d'influence revient légitimement à chacun de ces deux modes 
d'action du sol, l'un physique, l'autre chimique. Mais quelle est 
au juste cette part? C'est ce qui n'a point encore été nettement 
indiqué. | 

Comme je l'ai dit plus haut, la question que je vais examiner 


DES DIVERSES PARTIES DE LA RACINE. 209 


appartient surtout à la catégorie des phénomènes physiques. Elle 
envisage ces derniers sous un aspect, peut-étre ne suis-je pas en 
droit de dire complétement nouveau, mais jusqu'iei du moins fort 
négligé, sans doute parce qu'on le regardait comme de peu d'im- 
portance. 

Quel est, en effet, pour la grande majorité des botanistes et des 
horticulteurs le rôle physique du sol ? C'est de fournir l'eau indis- 
pensable à l'accomplissement des phénoménes vitaux. Pourquoi, 
dés lors, recouvre-t-on d'un peu de terre la graine en germina- 
tion? C'est, disait-on il n'y a pas longtemps encore, pour la 
soustraire tout à la fois à la lumière et à la dessiccation. L'idée 
d'une prétendue influence funeste, que l'on atiribuait autrefois à la 
lumiére sur la germination, est dénuée de tout fondement ; nul, 
je erois, ne songe aujourd'hui à relever et à soutenir celte opinion 
erronée. Quant à l'influence de la sécheresse, elle est réelle; per- 
sonne ne la met en doute ; sans eau, en effet, sans humidité, point 
de germination, et l'on peut immédiatement ajouter en générali- 
sant : point de végétation possible. Ainsi, la couche de terre dé- 
posée sur les graines en germination est là pour conserver l'hu- 
midité, pour retarder l'évaporation ; ceci est parfaitement exact, 
Mais est-ce bien là l'unique résultat de cette pratique générale, 
universelle? C'est là un point qui n'a jamais été indiqué explicite- 
ment, du moins à ma connaissance. Or, je crois pouvoir affirmer 
que celte couche de terre forme un obslacle plus ou moins résis- 
tant, sur lequel la graine en germination vient prendre des points 
d'appui. Ceci permet alors aux jeunes racines, gràce à cette 
résistance en arriére, de progresser, de s'insinuer à travers les 
diverses couches du sous-sol, par simple effet mécanique. 

Voici quelques expériences qui paraissent justifier cette manière 
de voir. - ! 

Si l'on dépose des graines à la surface de la terre d'un pot ou 
d’une terrine quelconque, que l'on recouvrira ensuite d'une cloche 
afin d'arrêter l'évaporation, les graines germeront parfaitement; 
seulement leurs racines ramperont, pour la plupart, à la surface 


v. sa 


910 SUR LA FORCE DE PÉNÉTRATION 


du sol, et fort peu parviendraient, à moins que le terrain ne füt 
trés-meuble, à franchir l'obstaele que ce dernier leur opposera. 
On voit alors les graines, dont l'embryon n'a pu s'enraciner, se 
soulever progressivement et méme, dans certains cas plus parti- 
culièrement favorables, se maintenir à une notable distance de la 
surface du terrain, en reposant en parfait équilibre sur les diverses 
ramifications de leur appareil radiculaire. C'est là, du reste, un 
résultat trés-simple à expliquer. Comme, d'une part, toutes les radi- 
celles tendent à se diriger plus ou moins obliquement, et que, de 
l'autre, un organe radiculaire quelconque ne s'allonge jamais 
que par sa pointe, que par son extrémité libre, il doit arriver 
souvent que, sous l'action combinée de cette double influence, la 
graine se trouve soulevée progressivement par l'allongement du 
pivot et des radicelles qui en naissent. 

Cet effet est surtout trés-fréquent et trés-prononcé dans cer- 
taines circonstances spéciales, particulièrement dans les germina- 
tions sous l'eau, comme je l'ai constaté, je crois, le premier. 

Toutes les graines ne germent point également bien dans de 
telles conditions; le blé, entre autres, réussit parfaitement. Rien 
d'étrange, d'insolite comme l'aspect d'un grain de blé en pleine 
germination au fond de l'eau contenue dans un vase quelconque, 
par exemple dans une cloche maraichére renversée, Ici tout con- 
court à exagérer encore les partieularités caractéristiques de ce 
singulier phénoméne. Sous l'influence d'une submersion prolongée 
et continue, l'embryon en germination émet des racines secon- 
daires beaucoup plus longues et plus gréles que dans les condi- 
tions normales, c'est-à-dire qu'au sein de la terre. Chacune 
d'elles, empêchée par la résistance de la paroi du verre de suivre 
sa route oblique, soulève graduellement sa base au fur et à mesure 
de l'allongement de sa pointe, ce qui lui permet de reprendre 
enfin son orientation naturelle. Mais il est aisé de comprendre 
que ce n'est pas sans grands efforts que chaque production radi- 
culaire peut, dans ces circonstances, obéir à sa tendance première; 
les obstacles à vaincre deviennent même quelquefois insurmon- 


DES DIVERSES PARTIES DE LA RACINE. .944 


tables pour certaines d'entre elles. Aussi, tout en se conformant 
dans leur ensemble à l'orientation particuliére à leur espéce, sont- 
elles pour la plupart contournées et tordues de mille maniéres, 
indice caractéristique des obstacles et des difficultés que le 
milieu, par sa nature spéciale, opposait à leur élongation. J'a- 
jouterai méme que l'eau, considérée uniquement comme un milieu 
de résistance particuliére et différente de celle du sol, doit influer 
beaucoup sur les formes affectées par les diverses parties de la 
masse radiculaire. Car dans un grand nombre d'expériences dans 
lesquelles les graines soumises à la germination étaient disposées 
de telle sorte que leurs racines flottaient librement dans l'eau, j'ai - 
vu souvent ces derniéres prendre les directions et dessiner les 
courbes les plus bizarres et les plus insolites. ` 

Quoi qu'il en soit de ces faits secondaires, toujours est-il que, 
par suite de l'inclinaison des racines tout autour de l'axe du grain, 
ce dernier sé trouve peu à peu soulevé. Ce mouvement est d'ail- 
leurs tout. partieuliérement favorisé par la nature du milieu qui, 
plus dense que l'air, diminue par cela méme l'effort à faire pour 
‘supporter le poids du grain de blé. Aussi, comme je le disais plus 
haut, ces curieux effets sont-ils bien plus prononcés et bien plus 
fréquents dans l'eau que dans l'air, tout en opérant cependant 
dans l'un et l'autre cas avec des graines de la méme espéce. 
Bientót le grain de blé, ainsi soulevé et maintenu en équilibre à 
une notable distance du fond du bassin, ressemble au corps d'une 
de ces araignées indigènes dites faucheuses, reposant sur ses 
pattes longues et gréles représentées, avec un certain cachet de 
vraisemblance, par les racines secondaires de l'embryon. 

Mais revenons maintenant à notre première expérience, 

Les graines, simplement posées sur le sol, s'enracinent diffi- 
cilement, avons-nous remarque; et cela , disons-nous, parce 
qu'elles manquent de points d'appui, d'obstacles et de résistances 
au-dessus d'elles. En effet, si l'on institue plusieurs séries d'expé- 
riences dans lesquelles on aura le soin de graduer la charge de 
terre que les graines devront supporter, l'on constatera aisément 


912 SUR LA FORCE DE PÉNÉTRATION 


que l'enracinement deviendra d'autant plus facile que cette charge 
augmentera. 

Maintenant, en terminant l'examen de ce premier point, il est 
inulile d'insister, je crois, sur l'extrême importance d’un prompt 
enracinement au début de toute végétation ; car si l'enracinement 
est incomplet, une portion plus ou moins notable de la base du 
pivot restera exposée à l'air, se desséchera, et dés lors la vie de la 
jeune plante sera sinon détruite, au moins fortement compro- 
mise. — 

Ainsi l'on doit toujours enterrer les graines, méme quand la 
germination doit avoir lieu sous cloche, sous peine d'un enraci- 
nement lent et difficile, et plus tard insuffisant, dangereux méme 
pour la vie du sujet. Mais à quelle profondeur faut-il les placer? 
D'après les expériences et les considérations précédentes, il est 
certain que cette profondeur doit étre comprise, pour chaque 
espéce, entre des limites assez rapprochées, et que ces limites 
varient en outre nécessairement d'une espéce à l'autre. Si la 
couche de terre sus-jacente est trop mince, les inconvénients que 
je viens de signaler se produisent aussitót; est-elle trop grande; 
des dangers non moins graves, mais de toute autre nature, vien- 
nentalors menacer la plante. Dans ce dernier cas en effet, les 
racines, à leur apparition, se trouvent dans une couche dont les 
matériaux nutritifs, en raison de leur trop grand éloignement de 
la surface, n'ont point recu de l'air, de la chaleur et de l'humidité 
atmosphérique, ce complément d'élaboration indispensable pour 
leur donner leur aptitude spéciale, pour les rendre alibiles en 
d'autres termes. En outre la partie aérienne du végétal, séjournant 
dans ee eas plus longtemps en terre qu'elle ne le fait dans les 
conditions ordinaires, les premiéres feuilles ainsi recouvertes par 
le sol peuvent-elles néanmoins accomplir leurs fonctions spéciales ? 
Le changement de milieu n'apportera-t-il point de troubles, de 
perturbations dans l'aecomplissement régulier de leurs actes 
vitaux? Cela est probable à priori, et j'ai déjà fait quelques essais 
pour déterminer quelle est au juste l'influence exercée sur la partie 


DES DIVERSES PARTIES DE LA RACINE. 213 


aérienne d'une plante par l'effet d'un séjour plus.ou moins pro- 
longé sous terre et à des profondeurs diverses. 

Ainsi, pour chaque espéce en partieulier, il doit exister une 
profondeur plus avantageuse que toutes les autres à la bonne et 
prompte germination de la graine. J'ajouterai enfin que plusieurs 
savants ont déjà fait quelques tentatives pour arriver à des déter- 
minations précises à ce sujet; mais les résultats obtenus jusqu'iei 
présentent encore bien des lacunes. 

D'aprés les observations que je viens de rapporter, il me semble 
que l'on ne saurait avec raison refuser une notable part d'influence 
à l’action mécanique dans le phénomène de l'enracinement; et 
je me suis, par suite, demandé si toutes les parties de l'appareil 
radiculaire jouissaient au méme degré de la puissance mécanique. 

Voici les expériences que je possède sur cette quais que je 
crois nouvelle. | | 

Dans un grand verre à expérience rempli de terre de jardin, 
j'avais mis en germination des graines de lin, aprés avoir disposé un 
peu au-dessous de ces derniéres une sorte de petit matelas formé 
par quatre feuilles du papier gris à filtrer ordinairement employé 
dans les laboratoires. Examinant un peu plus tard les plantes déve- 
loppées, je fus frappé, en suivant le trajet de leurs racines, de l'ap- 
parente facilité avec laquelle elles avaient franchi obstacle. Elles 
avaient troué les quatre feuilles de papier sans produire la moindre 
déchirure ; tout au contraire, la perforation était nette, sans bavures : 
ni déchirures d'aucune sorte, et semblait faite par le poincon le 
plus aigu et le mieux poli. On était vraiment élonné de la grandeur 
de l'obstacle surmonté avec tant de facilité, en songeant à la fai- 
blesse et à la fragilité, tout au moins apparentes, de la racine du 
lin, l'agent actif, unique de ce merveilleux, mais mystérieux 
travail. 

Ce résultat m'inspira la curiosité d'étudier cette puissance dont 
les effets me semblaient en si complet désaccord avec les moyens 
d'action. C'est ainsi que je fus conduit à instituer les deux expé- 


riences suivantes. 


214 SUR LA FORCE DE PÉNÉTRATION 


Le dimanche 44 mars 1860, à une heure et demie de l'aprés- 
midi, deux verres à pied coniques, et sensiblement de méme 
capacité, furent disposés de la maniére suivante. On avait découpé 
deux rondelles de papier-carton que leur largeur permettait de 
descendre seulement à quelques centimétres au-dessous de l'orifice 
du verre, et qui, mises en place chacune dans un des deux verres, 
formaient une sorte de plancher mobile partageant inégalement la 
capacité du vase en deux chambres superposées. En outre la cir- 
conférence de chacune de ces rondelles portait des dentelures qui 
permettait à l'eau des arrosages de pénétrer aisément dans la 
chambre inférieure. 

Cela fait, voici comment l'on avait disposé les verres : 

Expérience n^ 4. — La chambre inférieure est remplie de 
terre; le plancher de carton porte des graines de lin recouvertes 
elles-mémes de 1 centimétre de terre. 

Expérience n° 2. — Aprés avoir rempli de terre la chambre 
inférieure, on met en place la rondelle de carton, sur laquelle on 
dépose une couche de terre de 1 centimètre d'épaisseur. C'est sur. 
la surface de cette dernière couche que les graines reposent, 
recouvertes par de la terre sur une épaisseur de À centimètre. 

Le10 avril, à deux heures de l'aprés-midi, on arréta l'expé- 
rience. La terre fut enlevée avec précaution, afin de pouvoir con- 
stater l'état des plantes. 

Les germinations de l'expérience n° 1 étaient moins nombreuses 
et moins avancées que celles de l'expérience n° 2. 

Dans le verre n° 4, pas un seul pivot n'avait traversé le carton ; 
tous, au contraire, avaient contourné l'obstacle et s'étaient glissés 
ensuite entre le bord du carton et la paroi du vase, pour reprendre 
au delà une route centripète, en suivant la face interne du verre. 
Dans l'expérience n° 2, au contraire, la plupart des racines avaient 
traversé le carton; et, dans ce cas, l'on a eru remarquer qu'au- 
dessus ce dernier l'axe était plus ramifié qu'il ne l'est habituellement 
dans une germination de végétaux de la méme espèce et du même 
âge, mais accomplie dans les conditions normales. J'ai reconnu 


DES DIVERSES PARTIES DE LA RACINE. 915 


en effet que le plant de lin, de méme âge, mais élevé en toute 
liberté dans le sol, n'avait alors que quelques racines secondaires, 
rares et gréles. 

Tels sont les faits offerts parl'examen comparatif des végétaux 
des deux catégories; maintenant de quelles interprétations sont-ils 
susceptibles ? : 

On serait tenté de croire, en réfléchissant à la différence des 
résultats que, grâce à la terre interposée dans le n° 2 entre la 
graine et le carton, c'est-à-dire entre la graine et l'obstacle, les 
racines ont pu se développer et acquérir la force nécessaire pour 
percer enfin le carton. Au lieu que, dans l'expérience n° 1, chaque 
pivot s'est trouvé, dés ]a premiére heure de son apparition, en 
contact avec l'obstacle; or, à ce moment, étant sans force et dé- 
pourvu en outre de moyens d'action suffisants pour le franchir, 
il a dà nécessairement le contourner. De plus, durant cette pre- 
miére phase de son développement il se trouvait, par toute sa face 
inférieure, en contact du carton, c'est-à-dire d'un milieu stérile, 
il n’a done pu émettre qu'un très-petit nombre de ramifications; 
et d’ailleurs ces rares auxiliaires, en raison même de leur situation 
par rapport à l'obstacle à vaincre, ne pouvaient lui prêter qu'une 
bien faible assistance. f 

II est facile de comprendre en effet que les embryons de l’expé- 
rience ne 2 se sont trouvés, dés les premiéres phases de leur 
germination, dans des conditions toutes particulières, assez diffé- 
rentes de celles au milieu desquelles vivaient les plantes de l'expé- 
rience ne 4; et voici, ce me semble, comment les choses ont dü 
se passer de part et d'autre. 

Lorsque, dans les deux verres, la pointe de chacune des radi- 
cules est venue buter contre l'obstacle sous-jacent, dés la sortie 
de cette dernière pour les plantes du n° 4, et un peu plus tard pour 
les plantes du n° 9, l'activité végétative de la racine s'est trouvée 
momentanément entravée dans le sens de la longueur. Dés lors 
son aclion s'est tournée vers un autre but, vers le développement 
des productions appendiculaires, c'est-à-dire des racines secon- 


916 - SUR LA FORCE DE PÉNÉTRATION 


daires sur la portion d'axe antérieurement constituée. Or, dans les 
plantes du n° 4, cette portion d'axe était rudimentaire et venait à 
peine de naître, puisque chacune des graines touchait immédiate- 
ment l'obstacle; elle ne remplissait done point les conditions d'áge, 
de consistance et de maturité de tissus sans lesquelles une partie 
quelconque de l'organisme ne saurait être le siége, le point de 
départ de productions nouvelles. Mais il en était tout autrement 
pour les plantes du n° 2, dont les pivots avaient déjà atteint une 
certaine longueur dans le sens vertical avant d'atteindre l'obstacle. 
D'ailleurs, pour ces dernières, cette ramification de l'axe, momen- 
tanément ou définitivement substituée à son élongalion, était 
d'autant plus aisément réalisable que le milieu traversé par la por- 
tion de racine destinée à se ramifier était suffisamment nutritif, 
puisque, dans ce verre, le carton était chargé d'une couche de 
terre. Dans le n°4, au contraire, la stérilité relative de cette région 
du sol avait dü nuire beaucoup à la ramification, sinon l'arréter 
complétement. Toutefois, dans ce dernier cas, l'activité végétative, 
ralentie sans doute, mais par compensation uniquement concentrée 
sur un seul point, l'élongation du pivot avait permis à ce dernier 
de eroitre peu à peu, malgré les conditions défavorables de la vé- 
gétation. Mais dépourvus de points d'appui suffisants pour fran- 
chir l'obstacle que leur présentait la rondelle de carton, chacun 
de ces axes souterrains s'est done vu contraint de subir deux 
influences bien différentes : la force d'élongation d'une part, 
résultat de l'activité vitale; et de l'autre la force de résistance du 
carton. En contournant ce dernier, comme l'expérience l'a mon- 
tré, il est aisé de comprendre que chacun des pivots a obéi simul- 
tanément à ces deux forces, qu'il a su contenter tout à la fois ces 
deux exigences. 
Quant au plant de l'expérience n* 2, comme le pivot était apte 
à se ramifier, et que d'ailleurs les circonstances extérieures per- 
mettaient cette ramification, toute l'activité vitale de la plante s'est 
tournée vers ce but; ce qui, par un effet de balancement organique 
bien connu, a forcément entrainé l'arrét de développement du 


DES DIVERSES PARTIES DE LA RACINE. | 917 


pivot lui-même. Plus tard, lorsque la force végétative a pour ainsi 
dire reflué en partie vers la spongiole, ou bien cette dernière 
était déjà atrophiée, morte, et la plante est restée depuis lors 
tronquée par la base; ou bien enfin cette aptitude à l'accroisse- 
ment n'était point encore complétement éteinte dans cette région, 
et le pivot a pu continuer son élongation. Voilà pourquoi, dans 
l'expérience n° 2, à côté d'axes primaires atrophiés, et c'était le cas 
pour le plus grand nombre, il y en avait quelques-uns qui avaient 
exceptionnellement continué de croître. Ces derniers offraient 
méme une particularité trés-curieuse ; ils avaient tous traversé le 
carton de part en part ; ce que l’on conçoit aisément, ear chacun 
d'eux, solidement appuyé à la base par ses racines secondaires, 
pouvait par conséquent aisément franchir un obstacle capable d'ar- 
réter un pivot dépourvu de ramifications. 

Cette explication basée sur l'existence d'un flux et d'un reflux 
de l'activité végétative, se portant tantót sur un point et tantót sur 
un autre, selon les circonstances, est loin d'étre aussi hypothétique 
qu'elle pourrait le paraitre au premier abord. Des faits nombreux 
viennent, au contraire, montrer la trés-grande probabilité de dé- 
placement et de mutation dans la force de développement, sinon 
en prouver péremptoirement l'existence. Parmi eux je me bornerai 
iei à citer le suivant. i 

La graine, quelle que soit du reste son espèce, est l'appareil 
organique le plus avantageux pour étudier ee genre de phéno- 
ménes. Dans la graine, en effet, nous trouvons tout à la fois : une 
force vitale, un centre de végétation, l'embryon, et la matière 
nutritive de l'albumen et des cotylédons, c'est-à-dire les matériaux 
sur lesquels cette puissance de végétation doit s'exercer, ou, pour 
ainsi dire, mettre en ceuvre, afin d'édifier, de construire le nouvel 
organisme. De plus, fait important à noter ici, ce sont unique- 
ment des agents étrangers, indépendants du nouvel étre qui, dans 
les premières phases de la germination tout au moins, font subir 
à ces matériaux la transformation nécessaire pour les rendre assi- 
milables, c'est-à-dire aptes à devenir parties intégrantes de tissus 


918 SUR LA FORCE DE PÉNÉTRATION 


nouveaux. Cela étant, l'évolution d'un organisme en voie de for- 
mation est complétement subordonnée à l'empire de forces physico- 
chimiques, à l'action d'agents extérieurs ; et dés lors le physiolo- 
giste, en ehangeant et modifiant à son gré ces conditions, peut en 
quelque sorte faire varier à volonté le mode d'évolution de l'em- 
bryon. Dans l'ordre naturel, ce mode d'évolution est réglé de telle 
sorle que le développement de la partie aérienne est toujours 
moins avancé, constamment subordonné, mais directement pro- 
portionnel au développement du systéme souterrain. C'est là une 
loi générale dont on comprend seulement la nécessité et la raison 
d'étre quand on songe aux fonctions spéciales dévolues à ces deux 
appareils organiques : la racine et la tige. Mais on peut aisément 
intervertir cet ordre et obtenir méme tous les degrés intermé- 
diaires entre ces deux extrêmes. On peut à volonté ralentir, sus- 
pendre le développement de la tige, en portant toute l’activité 
végétative sur la racine; ou réciproquement laisser la radicule en 
hibernation, tout en provoquant la végétation de la partie aérienne. 

Ce sont là, ce me semble, des preuves suffisantes de l'existence 
et de la réalité de ces fluctuations dans la puissance végétative 

d’une plante; et je ne crois point dès lors nécessaire de m'appe- 

santir davantage sur ce point en citant, ce qui me serait facile 
d'ailleurs, d'autres faits tout aussi concluants que celui que je 
viens d'indiquer. 

. Quelle que soit d'ailleurs la valeur que l'onattache à cette inter- 
prétation, j'ajouterai que, dans l'une et l'autre expérience, chaque 
masse radiculaire était fort tourmentée et contournée; on voyait 
manifestement. qu 'elle avait été contrariée par l'obstacle sous- 
jacent. 

Je terminerai ces observations et ces études par une remarque 
que je crois très-importante. 

Comme je l'ai déjà signalé plus haut, dans l'expérience n° 2, 
quelques pivots avaient bien, il est vrai, traversé le carton ; mais 
c'était le cas exceptionnel; la plupart, au contraire, s'étaient arrêtés 
dans leur élongation à la surface de l'obstacle, et la plante ne 


DES DIVERSES PARTIES DE LA RACINE, 219 


vivait plus depuis lors que du travail physiologique accompli par 
les racines secondaires. Or, toutes ces ramifications non-seule- 
ment s'étaient rapidement accrues, mais encore chacune d'elles 
avait percé obliquement le carton, avec cette grande et remar- 
quable netteté que je signalais précédemment, pour aller vivre et 
se développer librement dans la chambre inférieure. i 

Comment interpréter cette nouvelle particularité ? 

Faut-il en conclure que la puissance de perforation est plus 
faible dans l'axe primaire que dans-ceux de seconde génération? 
Faut-il, au contraire, admettre que cet effet est le résultat de la dif- 
férence d'orientation de ces deux catégories d'axes? Dans cette 
manière de voir, le pivot, en se présentant dans le sens perpendi- 
culaire à la surface du carton, rencontrerait, en raison de la texture. 
de ce dernier, une résistance insurmontable, tandis qu'une racine 
secondaire queleonque, en cheminant obliquement, parviendrait 
à s'insinuer entre les fibres du carton et franchirait ainsi l'obstacle 
sans éprouver de bien grandes résistances. 

Je ne m'arréterai, pour le moment, sur aucune de ces explica- 
tions en particulier; mais j'insisterai encore, en terminant, sur 
cette force de pénétration si singuliére que manifestent tous les 
organes radiculaires ; force étonnante par sa puissance quand on 
songe qu'elle est exercée par des appareils aussi chétifs que des 
radicelles en voie de formation. C'est ainsi que dans un autre but 
que celui que je poursuis ici, j'avais été conduit à faire des germi- 
nations sur l'eau ou sur d'autres liquides de compositions variées. 
Or, dans le principe, je me servais, pour soutenir mes graines, 
de légers radeaux de bois ou de liége; mais je me suis vu forcé 
de renoncer à ee moyen si simple, et j'ai dû chercher un autre 
mode de suspension; car très-fréquemment des radicelles s'im- 
plantaient si profondément dans le liége et même dans le bois, 
qu'on ne pouvait plus ensuite détacher la plante de son support 
sans briser l'organe. : 

Tels sont les phénomènes sur lesquels je voulais appeler l Ee 
tion; ils demandent encore de nouvelles études pour étre 


220 SUR LA FORCE DE PÉNÉTRATION, ETC. 


complétement connus. On ne peut rien conclure, surtout en 
physiologie végétale, d’un fait isolé. Quand il s’agit des plantes, 
c'est-à-dire de ces êtres placés sous la dépendance immédiate des 
agents extérieurs, il faut multiplier les observations et les expé- 
riences, avant de pouvoir discerner le fait général à travers les 
variations accidentelles et les particularités individuelles. 


SPECIES EUPHORBIACEARUM. 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


t at 


PREMIERE PARTIE. 


(Suite.) 


AMÉRIQUE AUSTRO-ORIENTALE. 
(Brésil, Uruguay, Paraguay, Patagonie, etc.) 


(CONTINUÉ DU TOME IV, PAGE 377.) 


LXX. CONCEVEIBA Ausz. 


1. CONCEVEIBA GUIANENSIS Aubl., Guian., II, 924, 
t. 358. — Lamk., Dict., H, 74. — KI., in Erichs. Arch., VII, 
1, 191. — Benth., in Hook. Journ., VI (1854), 331. 


CowcEvEiBUM ovarum L. C. Rich., ex A. J., Tent., 43, t. 13. 


Exs. Spruce, n. 2827, « prope Panuré ad Rio-Uaupés (oct. 1852- 
janv. 1853). » 


9. CONCEVEIBA LATIFOLIA Benth., in Hook. Journ., VE ` 
(1854), 332. s 


Calyx valvatus. Stamina indefinita ; filamentis inæqualibus ; anthera- 
rum connectivo dilatato glanduloso nonnunquam apiculato; loculis pen- 
dulis basi liberis, in alabastro introrsis. 

Exs. Spruce, n. 2826, « prope Panurè ad Rio-Uaupès (oct. 1852- 
janv. 1853). » 


3. CONCEVEIBA MARTIANA. 


Stirps arborescens a nobis olim iu herb. cel. Warti, inter Antidesme is 


229 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


cl. Zulasneo communicatas visa, notis pleribusque, ut meminisse liceat, 
C. guianensi AUBL. proxima, sed ex omni parte major. Folia alterna 
magna e basi cordata subauriculata ovata ad apicem breviter acuminata; 
summo apice obtusiusculo (ad 22 cent. longa, 15 cent. lata); inæquali- 
crenulata membranacea subcoriacea penninervia basi 7-nervia pulchre 
venosa; venulis trausversis retiformibus, subtus, uti costa, nervique, 
valde prominulis ; nervis primariis secundariisque apice glandulosis in 
imis crenaturis prominulis; limbo supra glabro levi, subtus pallidiori 
ferrugineo tomento brevi denso obsito. Petiolus teres crassus ad basin 
incrassatus (8 cent. longus), apice glandulis 2 stipelliformibus oblique 
obpyramidatis supra ad insertionem limbi, basi stipulis 2 instructus; 
stipulis pro genere giganteis (ad 4 cent. longis) inæquali-oblongis obtusis 
margine inflexo canaliculatis corrugatis. Inflorescentia foœminea termi- 
nalis, ut in C. guianensi ; floribus bracteisque et SH conformibus ex 
omni parte majoribus. 


Exs. Martius, in suopte herbario, Brasilia. 


LXXVIII. PERA Muris. 


(Inelud. Spizia Leann, , Peridium Sonorr, Perula W., Schis- 
matopera Kl.). 


(De char, gener, vid. etiam £t. gen. Euphorbiac., 133). 


6 SPIA. 


1. PERA LEANDRI. | | 
Spixia Leanpri Mart., Herb. flor. bras., n. 466. 
S. HETERANTHERA Leandr., ex Rich., in herb. Juss, 


Exs. Leandro di Sacramento (1819), Brésil (herb. Mus. et Juss.). — 
Martius, Herb, flor. bras., n. 466. — A. S. H., cat. B?. n. 21, s, prov. de 
Rio-Janeiro. — Sellow (herb. Mus., ex herb. Berl. ).— Luschnath (1836), 
M. Luca. — Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 1159, prov. de Rio- 
Janeiro. — Guillemin et Houllet (1839), eat. n. 270, Corcovado. — 
Weddell (1843), n. 539, env. de Rio-Janeiro. 


2. PERA CITRIODORA. 


PEniDIUM crrrioponux Benth., in exs, Spruc,, n. 3686. 


4 


V EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, 993 


Folia utrinque glabra elliptico-lanceolata, basi angustata, summo apice 
breviter acuminata, supra lucida lævia ` costa nervisque primariis subtus 


valde Dro Fructus stipitati pra apice depressi ferrugineo- 
tomentosi. 


Exs. Spruce, n. 3686, « prope San Carlos, ad E Negro, Brasiliæ 
borealis (1853-1854). 


3. PERA CINEREA. 
SPIXIA CINEREA Pæpp., Flor. Amaz, eXs., n. 2640. 
Periiux TRICOLOR KI. , ex Benth., in Hook. Journ. (1854), 321. 
Os. Species praeced. valde affinis; an mera forma? 


Exs. Pœppig., Fl. Amaz., Ega, n. 2640. — Spruce, n. 1820, « prope 
Barra, prov. Rio-Negro (oct. 1851), » et n. 3219, « prope Esmeralda, ad 
flumen Orenoco (dec. 1853). » 


S Scxismaropera KI. 


li. PERA DISTICOPHYLLA. 


SCHISMATOPERA DISTICOPHYLLA Kl, ex Benth., in Hook. Journ., 
VI (1854), 321. 


S. LAURINA Benth., loc. cit. 


Exs. N? Para (herb. Mus., ex herb. Lusit.). — Pæppig, Flor. Amaz., 
Ega, sans n° (« frutex incertg sedis. An KEuphorbiacea? al, — Spruce, 
n. 1812, «prope Barra, prov. Rio-Negro (sept. 1851). » 


§ Eupera. 


5. PERA? ECHINOCARPA. 


P? ramis alternis glabris nodosis; foliis breviter petiolatis 
ovato-lanceolatis (12 cent. long., 5 cent. lat.) basi angustatis, 
apice breviter acuminatis integerrimis coriaceis glaberrimis 
venosis; capsulis pedicellatis; columella persistente acerosa; 
coccis crassissimis lignosis extus aculeis conicis brevibus rigidis 
acutissimis armatis ; seminibus obovatis compressis levibus nitidis 


"mg 


29h | EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, 


nigris; caruncula albida carnosa semini subæquali inæquali- 
crenala. | 

Oss. Cætera desiderabantur. Stirps, ut videtur, foliis Peridio gla- 
brato Kl. valde affinis, ob fructum distinctissima. 

Exs. Weddell, n. 3425, Prov. de Matto-Grosso (juillet, août 1845). 


6. PERA BUMELLEFOLIA. 


P. arborea e basi ramosa, foliis alternis elliptico-obovatis petio- 
latis (5 cent. long., 9 cent. lat.) basi longe angustalis; apice 
rotundato emarginatove; integerrimis coriaceis crassis, supra 
lucidis levibus, subtus pallide ferrugineis opacis venosis ; inflores- 
centiis masculis plurimis axillaribus pedicellatis ; involucro globoso 
lepidoto furfuraceo lutescenti; floribus masculis ternatis subsessi- 
libus; staminibus 4 (rarius 5) basi monadelphis ; filamentis bre- 
vibus erectis; antheris oblongis; connectivo lineari fuscato ; sepalis 
2-4 inæqualibus plerumque minutis subulatis erectis ; glandulis v. 
floribus fœmineis rudimentariis in involucris 0. 


Exs. A. S. H., cat. C', n. 68, o; cat. D, n. 78, d, Prov. de Minas- 
Geraés. + 


7. PERA ARBOREA Mut., in Act. Holm. (1784), 299, t. 8. 


P. cLaBRaTa Mart., Pl. off. bras., ex Peepp., herb., et Moric., 
in exs. Blanchet, n. 3877. 


PeRULA ARBOREA Schreb. — JP. — Pers., Synops., II, 629, 
n. 2977. 


PgnipniuM rERnUGINEUM Al. in Erichs, Arch., VIL, loc. cit. 
P. ovale KI., loc. cit. 

Spixia Lin, Popp. , Herb. fl. Amaz., n. 2954. 

S. GLABRATA Mart., Herb. flor. bras., n. 841. 


Exs. Martius, Herb. flor. bras., n. 841 (glabrata). — Pæppiy, Flor. 
Amaz., Ins. Colares, n. 2954 (lucida); Flor. Amaz., Ega, n. 2497 (gla- 
brata). — Sellow (herb. Mus., ex herb. Berl.) (ferruginea, ovalis). — 
AS. H, cat. Pi, n. 954, Prov. de Minas-Geraés ; cat. B?, n. 130, s, 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 295 


prov. de Rio-Janeiro (ferruginea, glabrata). — Vauthier (1836), n. 24, 
prov. de Rio-Janeiro (ferruginea). — Claussen (1838), n. 12, 2006; 
n. 78^, prov. de Minas-Geraés (glabrata). — Salzmann, Bahia (ferruginea). 
— Guillemin (4839), cat., n. 759, prov. de Rio-Janeiro.— Z/oullet (1839), 
Corcovado (herb.). — Blanchet, n. 3286, Bahia, Jacobine, n. 3877, 
Areia (glabrata). — Weddell (1843), n. 238, Corcovado. 


8? PERA OBOVATA. 
PenipiuM opog Ann KI. in herb. berol. 


Oss. Præcedentis forte mera forma ; foliis plus minusve obovatis gla- 
berrimis nullo modo ferrugineis; fructu (certe e speciminibus Hilarianis) 
multo magis carnoso bacciformi, nec, ut videtur, dehiscente. 

Exs. Sellow (herb. Mus., ex herb. Berl.) — A. S. H., cat. D, 
n. 730 bis, et n. 708, d, prov. de Saint-Paul. — Gaudichaud, Herb. imp. 
brés., n. 2, 129, 277, prov. de Saint-Paul. — Guillemin (1839), n. 383, 
prov. de Saint-Paul. 


9? PERA KLOTZSCHIANA. 
Perinium GLABRATUM Schott, ex KI. in herb. berol. 


Oss. Nec Pera glabrata MaRT. (herb.), prout especimine manco tantum 
folifero, cujus folia longius remota multo majora crassiora, nervis vali- 
. dioribus, verosimiliter diverso dijudicandum. 


Exs. Sellow (herb. Mus. , ex herb. Berl.). 


LXXXII. TETRORCHIDIUM Pôrr. 


1. TETRORCHIDIUM RUBRINERVIUM Popp. et Endl., Nov. 
gen et spec., III, 23, t. CCXXVII. 
. B. trigynum, foliis paulo crassioribus inæquali-crenulatis serrulatisve 


glaberrimis ; petiolo ad apicem rugoso subglanduloso ; floribus fæmineis 
3-meris ; ovario 3-loculari (T. trigynum, mss., in herb. Mus.). 


Exs. Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 9, prov. de S.-Paul. 


v. 45 


296 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


LXXXIII. ACALYPHA L. 


8 ODONTEILEMA. 


Genus proprium Odonteilema olim a el. Turczaninow (in 
Flora, XXI, 714) constitutum, primo intuitu sat ab Acalypha ob 
flores masculos, ut aiunt, polyandros et styli lacinias simplices 
differt. Sed habitus, ut in Etude génér. Euphorbiacées (500) 
diximus, omnino Acalypharum legitimarum est. Quarum species 
nonnullæ stylos quoque fere indivisos ostendunt. Etin Od. Claus- 
seni (dùm planta eadem sit) flores masculos multos 8-andros 
invenimus, dum Acalypharum legitimarum flores masculi non- 
nunquam polyandri evadant. Genus ideo, sententia prid ad 
meram Acalyphæ sectionem referendum. 


1. ACALYPHA CLAUSSENI. 
OnoNrEILEMA CraUssENI T'urez., in Flora, XXI, 714? 


Exs. Claussen n. 11h, 115, 1114, 1569, prov. de Minas-Geraés (herb. 
Mus. et Less.). — A. S. H., cat, C1, n. 1000, prov, de S.-Paul, campos 
découverts prés la fazenda da Patiencia. (« Quelquefois les fleurs mâles 
et femelles naissent de racines différentes, quelquefois de la mêmeracine. 
Quelquefois méme le bas de l'épi est mâle et le haut femelle. ») 
(4. S. H., mss.) 


B. Floribus monæcis; amentis fæmineis terminalibus, masculis axilla- 
ribus solitariis. 


Ki ACALYPHA VARIABILIS KI. mss., in herb. berol. 


À, URTICOÍDES Kl., ibid. 
A. Puarsga KI. ibid? 


A. frutieulosa humilis caule brevi incrassato ; ramis teretibus pubes- 
centia varia indutis, rarius glabra*;s; foliis plerumque ovato-acutis 
dentato-serratis penninerviis basi 5«11 v viis petiolatis; indumento vario ; 
floribus masculis 4-meris amentaceis : amentis basi nudatis gracilibus 
cylindraceis multifloris axillaribus; toram rœmineorum amentis sim- 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES; ; 297 


plicibus terminalibus; calyce 3-mero; stylis exsertis etico 
rubris. 


æ, typica, ramulis adultis glabratis v. parce pubescentibus ; foliis supra 
subglabratis; amentis masculis gracilibus petiolo æqualibus v. paulo 
longioribus. 


Exs. Sellow (herb. Mus., ex herb. Berl.). — Gaudichaud, Herb. imp. 
brés., n, 1687, 1689, prov. de Rio-Grande do Sul. — A. S. H., cat. C2, 
n. 2408, Banda oriental del Uruguay, «près Lespinello » ; cat. C?, 
n. 2155 bis, o, env. de Montevideo; cat. C2, n. 2404, o, Banda oriental 
del Uruguay. 

B, longifolia, foliis longioribus e basi cordata ovato-oblongis grosse 
serratis apice acutiusculis; amentis masculis petiolo hinc longioribus, 
inde brevioribus. 


Exs. A. S. H., cat. C?, n. 2430 bis, o, prov. de Rio-Grande do Sul, 
«un endroit ombragé sur le bord d'un ruisseau, près la Capilha de 
Mercedes ». 


y, elliptica, ramulis puberulis; foliis breviter petiolatis ellipticis apice 
simul basique rotundatis subtus canescentibus ; amentis masculis petiolo 
h-5-plo longioribus. 


Exs. A. S. H., cat. ?n. 6^, prov. de Rio-Janeiro ? 


3, angustifolia, foliis multo angustioribus e basi rotundata v. breviler 
cuneata ovato-lanceolatis; apice longe angustato ; parce tomentosis. 


Exs. Dupré, Corrientes (herb. Mas.). 


e, albescens, foliis ovato-acutis subtus albescentibus sicut et rami 
tomento pallidiori densiorique suffultis ; costa nervisque et venis trans- 
verse retiformibus subtus valde prominulis; amentis masculis petiolo 
longioribus. Forma, ut videtur, vulgatissima. 


Exs. A. S. H., cat.?, n. 615, o; C?, n. 26434; Banda oriental del 
Uruguay, o bords du ruisseau d'Itoronho » ; Olho d'Agoa, etc. — Claus- 
sen, n. 777, 118, prov. de Minas-Geraës. — Weddell (4844), n. 3047, 
env. de Diamantino, prov. de Matto-Grosso (herb. Mus.). 


C, urticoides (A. urticoides Kl.), ramulis junioribus longe hirtellis ; foliis 
parcius pubescentibus demum glabratis ovato-acutis profunde æquali- 
serratis; amentis masculis hinc petiolo æqualibus, inde longioribus 
gracilissimis (An spec. distincta?). : 


. 928 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


Exs. Sellow (herb. Mus., ex herb. Berl.). — Gaudichaud, Herb. imp. 
brésil., n. 1688, prov. de Rio-Grande do Sul. 


Oss. Stirpis valde polymorphæ nequidem forme variæ supra enume- 
rate sine labore distinguendæ, inter se transitum facilem præbentes. 
Species ideo non dividenda. 


3? ACALYPHA BETULOIDES KJ., in herb. berol. 
Exs. Se/low, Brésil, (herb. Mus., ex herb. Berl.). 


Oss. Species, ob specimen mancum a nobis visum floribus destitutum, 
quoad locum in genere valde dubia remanet. Foliorum adspectu et forma 
: praecedenti affinis videtur. 


lh. ACALYPHA SENILIS. 


Planta suffruticosa (ad 16 cent. alta) ramis gracilibus rectis arcuatisve 
paueis albido v. flavescenti-hirsutis, junioribus dense tomentosis. Folia 
alterna ex omni parte indumento eodem paulo breviori obsita ‘breviter 
petiolata. Limbus orbicularis v. orbiculari-cordatus ovatusve basi rotun- 
datus emarginatusve; apice rotundato v. breviter acuminato; subæquali- 
serratus membranaceus penninervius, basi 3-5-nervius ; costa nervisque 
lutescentibus tomentosis (major. 2% cent. long., 2 cent. lat.; minor. 
4 cent. long., £ cent. lat.). Petioli breves (4 mill.) graciles teretes dense 
tomento-hirtelli. Stipulae lineares subulatæ petiolo paulo breviores. 
Flores monœci ; masculi axillares racemosi; racemis folio subæqualibus 
basi pedunculatis nudatis ; floribus creberrimis tenuissime pedicellatis 
alterne cymosis; floribus foemineis sessilibus spicatis in axilla bractearum 
spicæ singularum solitariis; spicis terminalibus. Flos masculus 4-merus; 
calyce valvato hirtello; staminibus ad 8; antherarum loculis vermifor- 
mibus brevibus filamento 3-4-plo longioribus. Flos fæmineus 3-merus; 
sepalis 3 hirtis; ovario itidem hirto ; styli laciniis næquali-plurifidis. 

Exs. A. S. H., cat. C, n. 2162, o, Banda oriental del Uruguay, 
« cerro das las Animas ». 


b. ACALYPHA VELAMEA. 


Planta, ut videtur basi suffruticosa, adspectu nonnullos Crofones ver- 
nacule Velames dictas referens ; caule erecto molli inæquali-sulcato pilis 
vividi-rufescentibus pallidulis undique hirsuto. Folia remote alterna e 
basi cordata ovato-acuta v. brevissime acuminata (ad 6 cent. longa, 
& cent, lata) inæquali-dentata molliter membranacea penninervia, basi 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 929 


5-7-nervia; nervis primariis obliquis parallelis crebris indumento pallide 
fulvescenti notatis; limbo caeterum pilis mollibus albidis undique tomen- 
toso. Petioli vix ulli teretes tomento eodem ac costis induti eique con- 
tinui. Flores monœci amentacel ; amentis masculis vermiformibus tenui- 
bus axillaribus ; foemineiscrassioribus rigidioribus terminalibus solitariis. 
Flos masculus 8-merus; antherarum loculis breviter vermicularibus. 
Floris foeminei calyx 3-sepalus brevis sessilis; foliolis ovato-acutis bre- 
vibus tomentosis ciliatis. Germen globosum 3-loculare extus dense 
lanato-hirtus; styli laciniis gracilibus multifidis (purpurascentibus). 


Exs. Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 246, prov. de Matto-Grosso. 


6. ACALYPHA UROSTACHYA. 


Planta, ut videtur, fruticosa quoad adspectum et inflorescentiam 
A. caudate H. B. K. necnon Caturis gerontogeis valde affinis; ramis 
junioribus teretiusculis tomentellis; petiolis limbisque subtus tomento 
eodem brevi rufescenti. Folia alterna e basi cordata ovato-acuminata 
(ad 18 cent. longa, 9 cent. lata) subæquali-serrata membranacea, supra 
glabra penninervia venosa basi 3-nervia. Petioli teretes (2 cent. longi). 
Flores monceci amentacei; amentis masculis axillaribus cylindricis basi 
- nudatis mox crebrifloris (ad 4 cent. longis); amento foemineo uno termi- 
nali longe simplici (ad 18 cent. longo) ; floribus masculis 4-meris; calyce 
hirtello; antherarum loculis breviter vermiformibus ; floribus foemineis 
unibracteatis ; bractea sessili auriculata reniformi ; inæquali-fissa ; calyce 
3-partito; laciniis ovato-lanceolatis ciliatis; ovario 3-loculari; stylo 
3-partito ; laciniis longe exsertis (purpurascentibus) parce pinnatifidis. 


Exs. N?, Brésil (herb. Mus.). An certe hujus regionis? 


C. Amentis adrogynis axillaribus; floribus fæmineis paucis plurimisve 
inferioribus ; reliquis masculis. 


7. ACALYPHA DUPRÆANA. 


Suffrutex, ut videtur, ramulis teretibus flexibilibus tomento brevi molli 
villosulis ferrugineis, novellis pallidioribus velutinis. Folia remote alterna 
petiolata. Limbus ovato-lanceolatus (8 cent. long., 1 $-2 j cent. latus) 
basi rotundatus ad apicem longe angustatus; summo apice acutissimo; 
æquali-serratus membranaceus, supra dense viridis parceque pubescens, 
subtus pallidior molliter tomentosus penninervius, basi 5-nervius; 
nervis costaque paulo pallidioribus tomentosis subtus prominulis. Petioli 


930 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


graciles teretes (ad 3 cent. longi) tomento molli eodem rufescenti induti. 
Stipulæ lineari-subulatæ parce pubescentes (in sicco fuscatæ) reflexæ 
demum deciduæ (ad £ cent longa). Flores monceci; amentis androgynis 
axillaribus solitariis (2-4 cent. longis) ; floribus foemineis plurimis (ad 10) 
basi racheos sessilibus glomerulatis, bracteis 2 approximatis alternis 
reniformibus basi biauriculatis inæquali-crenatis stipatis; axeos parte 
infera (ad 4 cent. longa) mox supra flores feemineos denudata, demum 
flores masculos creberrime eymosos superiores gerente. Flores masculi 
tetrameri; calyce hispidulo ; staminibus ad 8 erectis; filamento brevi 
(fuscato); loculis antherarum vermiformibus filamento longioribus. 
Flores feminei 3-meri; germine hispido ; styli lobis plurifidis ; laciniis ` 
inæqualibus rubris. 


Exs. Dupré (1842), Brésil mérid. (herb. Mus.). 

G, arciana, foliis basi obtusata latioribus dentato-crenatis subtus (in 
sicco) albidis (A. arciana mss., in herb. Mus.). 
. Exs. Blanchet, Bahia, Jacobine, Donen d'Aroia, n. 3865. 


y, Gaudichaudi, foliisbasi rotundatis cordato-ovatis acuminatis ; nervis 
albidis subtus prominulis ; petiolo tomentoso gracili longiorique. 


Exs. Gaudichaud, Herb. imp. brés., n. 1134, prov. de Rio-Janeiro. 
3, Hilarii, foliis longioribus basi rotundatis; apice longe acuto'acumi- 


natove; uti planta tota tomento densiori in sicco fulvescenti-villosis ; 
petiolis gracilibus limbo subæqualibus dense tomentosis. 


. Exs. A. S. H., cat. C?, n. 76, c, env. de Rio-Janeiro, 
e, sylvicola, foliis longe petiolatis ` limbo uti planta tota subtus tomen- 


“toso in sicco fulvescenti e basi rotundata grande ovato-acuto æquali- 
dentato serratove; amentis petiolo subæqualibus. 


` Exs. A. S. H., cat. Bt, n. 364, prov. de Minas-Geraés, « bois vierges ». 


8. ACALYPHA RHOMBIFOLIA Schltl, in exs. Schied., n. A2. 
A. mme Fl. flum. (ex A. Jl, nec L, 


Ons. A. reptanti Sw., vaganti SCHLTL, simul A. aristatæ K., et impri- 
mis A. prunifolie H. B. K. (cujus forte varietas?) valde affinis. An hue 
referenda A . arvensis PüpP., Nov. gen. et spec., HI, 21, n. 3, species nobis 


penitus ignota, ex auct. el. affinis A. prunifoliæ et A. phleoidi Cav. et we 
Serpa, in prov. Paraensi inventa 3 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 231 


Exs. A. S, H. — C, Gay (1828). — Weddell (1843), n. 28, env. sa 
n 


9: ACALYPHA RIEDELIANA H. Bn., in hort. par. 


| Fruticulus humilis (2-4 decim. altus) a basi ramosus ; ramis teretibus 
nodosis cicatricibus foliorum occasorum notatis ; cortice cinereo glabro; 
summis ramulis herbaceis glabris. Folia (ea. A. Commersonianæ, spec. 
gerontogeæ (vid. Adansonia, 1, 267), valde referentia e basi rotundata 
emarginata oblonga subspathulntave ad apicem paulo æquali ingequalivé 
attenuata; summo apice obtuso; inæquali-crenata membranacea glabra, 
supra læte viridia, subtus pallidiora penninervia venosa (ad 10 cent. 
longa, 3 cent. lata). Petiolus brevissimus (5 mill.) glaber, stipulis 2 acutis. 
petiolo duplo brevioribus, caducissimus. Flores amentacei; amentis an- 
drogynis foliis brevioribus terminalibus axillaribusve; floribus foe mineis 
1 paucisve inferioribus; reliquis masculis supérioribus ; aut fomineis 
paucis in axillis Giedi glomeratis solitariisve (an abortu GI masculo 
nullo. Calyx "maseulorum A4-partitus ; laciniis ovato-acutis extus albido: 
hispidulis. Stamina 8; anthérarum loculis vermiformibus, Flos foemi- 
neus: calycis lacinig 3 ovato-acutæ parce ciliate. Ovarium. 3-gonum 
hispidulum ; styli lobis 3 multifidis erecto-patentibus albido-virescen- 
tibus. 


Spec. olim a cl. Riedel e Brasilia allata (test. cl. Houllet), « et i in caldaris 
parisiensibus culta. 


: 40, ACALYPHA KLOTZCHII. 
A. LoNGIFOLIA KI, mss., in herb. berol. 


Fruticulus (fid. A. S. H.) quoad See ab danke uds sat 
diversus; ramis teretibus angulatisve pallide. virescenlibus striatis 
glabris. Folia alterne remota breviter petiolata oblongo-subspathulata ad 
basin longe angustata; ima basi rotundata; apice breviter acuminato 
cuspidato ; inzequali-crenata dentatave versus basin nonnunquam sub- 
injegra membranacea glabra pennineřvia venosa; costa nérvisqué pri- , 
maris subtus prominulis pallidioribus (ad 15 cent. longa , 5 cent. lata). 
Petioli (15-10 mill. longi) teretes glabri in sicco sicut et costa rufescentes. 
Stipulæ brevissimæ glabræ apiée àcütas. Spicæ graciles in axillis folioram 
singolarum solitaria filiformes simplices limbo 2-3-plo breviores. Flores 
inóndei, aut in amerntis singulis masculi omnes creberrimi cymosi ; 
alabastris tarbinato-4-goiisS  páreissime pubescentibus; - antherarum 


239 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, 


8 loculis vermiformibus ; aut femineo uno sub cymis masculis ad basin 
ament) solitario bractea sessili reniformi auriculata crenata stipato ; pedi- 
cello nullo; calycis 3-partiti sepalis aequalibus inæqualibusve ovato- 
lanceolatis ovario brevioribus glanduloso-punctatis; punctis resinosis 
fuscatis; ovario 3-mero aculeato; styli laciniis multipartitis erecto- 
conniventibus. 


Exs. Riedel; Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). — Gaudichaud, Herb. 
imp. brésil., n. 1157, Rio-Janeiro. — A. S. H., cat. B?, n. 168, prov. de 
Rio-Janeiro, « bois vierge prés de Macaie ». 


11. ACALYPHA WEDDELLIANA. 


A. fruticulosa ramulis alternis glabris; foliis alternis petiolatis 
e basi cuneata v. sæpius rotundata lanceolatis; apice longe atte- 
nuato acuminatove ; minute serratis membranaceis glabris, subtus 
vix pallidioribus (ad 10 cent. long., 3 cent. lat.?; petiolis graci- 
libus filiformibus (1-4 cent. long.); floribus monœcis; amentis 
axillaribus 2-3 androgynis; floribus fœmineis inferioribus 1-8 
remote alternis sessilibus bractea reniformi sessili adpressa stipa- 
tis; floribus masculis reliquis superioribus crebris cymulosis. 

Oss. Species quoad florum et foliorum char. A. estrellane (n. 20) 
omnino conformis; ob inflorescentiam, ut videtur, sat differt. . 

Exs. A. S. H., Brésil, sans n° (herb. Mus.). 

f, petiolo breviori puberulo; foliis et ipsis indumento brevissimo 
obsitis; floribus masculis crebrioribus. 

Exs. Weddell (1844), Brésil, prov. de Rio-Janeiro, sans n? (herb. 
Mus.). 

y, petiolo quam in typo longiori glabro; limbo et glabro basi latiori ; 

styli laciniis paucis; "ament parte mascula fpetiolo subæquali cylin- 
dracea ; floribus masculis creberrimis. - 


Exs. A. S. H., cat. Àt, n. 64h, env. de Rio-Janeiro, « bords du ruis- 
seau de Uba, parmi les broussailles ; arbriss. de 5 pieds » (A. S. H., mss.). 


12. ACALYPHA BRACHYANDRA, 


Frutex, ut videtur, ramis teretibus rectis glabris, novellis pilis bre- 
vibus flavescentibus conspersis ; ramulis anni gracilibus subfiliformibus 
hirtellis. Folia alterna ovato-Janceolata (6 cent. longa, 1, 2 cent. lata) 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 933 


basi rotundata, ad apicem longe acuminata attenuatave ; summo apice 
" obtusato ` membranacea glabra v. subtus parcissime pubescentia penni- 
nervia basi trinervia subæquali-serrata. Petioli graciles puberuli (5 mill. 
longi). Stipulae breves apice subglandulosæ. Flores in ramulis anni 
monceci spicati axillares; spicis solitariis brevibus, foemineis 5-10 infe- 
rioribus ; masculis reliquis superioribus minutis superioribus; spicarum 
parte mascula foemineajbreviori et inde vix conspicua. Bracteze fæmineæ 
unifloræ reniformes sessiles inæquali-dentatæ; dentibus et ipsis tenuiter 
crenulatis. Calyx 3-merus. Germen parce aculeatum; styli lobis (pur- 
purascentibus) ovario 3-4-plo longioribus inæquali-plurifidis plumosis. 
Flores masculi 4-meri; antheris vermicularibus breviusculis. (Nomen 
specificum e brevitate spicarum partis masculz. Adspectus fere A. betu- 
loidei KL, sed folia longiora, apice angustiora tenuioraque). 
Exs. Claussen (nov. (1842), Novo-Friburgo, prov. de Rio-Janeiro, 
n. 76. 
D. Floribus monœcis ; amentis masculis axillaribus; amentis fcemineis 
2 sub amento masculo terminali lateralibus. 


13. ACALYPHA DIGYNOSTACHYA. 


Fruticulus, caule (fid. A. S. H.), decumbente; ramis teretibus 
v. obtuse angulatis glabris apice nutantibus ; junioribus brevissime pu- 
 berulis. Folia alterna longe petiolata, ut videtur nutantia lanceolato- 
acuta, ad basin attenuata; ima basi rotundata; ad apicem plerumque 
breviter acuminata; summo apice obtusiusculo (ad 18 cent. longa, 
6 cent. lata) integra v. obsolete sinuata membranacea glabra, subtus 
paulo pallidiora ; cystolithis hinc et inde (in sicco) prominulis; penni- 
nervia, basi 3-nervia ; costa nervisque subtus prominulis; venis transverse 
retiformibus. Petioli graciles demum glabrati (ad 6 cent. longi) supra 
canalieulati; stipulis brevibus caducissimis. Flores monœci; amentis 
masculis simplicibus gracilibus (eis Castaneæ vulgaris haud absimilibus); 
terminali uno ; reliquis in axilla foliorum solitariis (ad 15 cent. longis); 
floribus alterne cymosis creberrimis tetrameris; antherarum loculis 
vermiformibus filamento crasso paulo longioribus; amentis fcemineis 
2 sub masculo terminali lateralibus eoque brevioribus simplicibus; flo- 
ribus alterne solitariis sessilibus bracteaque sessili reniformi inæquali- 
crenata calyceque breviori stipatis. Calycis laciniæ 3 alternicoccæ ovato- 
acutae ciliatæ. Ovarium calyci subæquale parce hispidulum; styli lobis 
inæquali-4-6-fidis erubescentibus. 


23h EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. - 


Ons. Species quoad foliorum formam et adspeetum A. Klotzschii, 
affinis; imprimis differt floris foeminei fabrica et situ, amentisque sub ` 
masculo geminatim suboppositis. 


Exs. A. S. H., cat. C^, n. 1131, o, prov. de Saint-Paul, «bois 
vierges prés Lambari ». l 


14. ACALYPHA DIVARICATA KI, in herb. berol. 


. Planta humilis (ad 35 cent. alta), caule et ramis alternis paucis graci- 
libus glabris, Folia remote alterna; petiolis filiformibus limbo paulo 
brevioribus glabris; limbo ovato-acuto (ad 5 cent.. longo, 3 cent. lato). 
basi rotundato cordatove inæquali-crenato obsoletove mera à 
glabro penninervio basi 3-nervio ; amentis masculis axillaribus g gracilibus. 
basi nudatis ` amento masculo et uno terminali longiuseulo | lee, L 


amentis 2 fæminéis lateralibus 2- -3-plo brevioribus. 
ef a 
Exs. Sellow, Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). — Gaudichaud, Herb. 
imp. brésil,, n. 1685, prov. de Rio-Grande do Sul. 


` o— 


E. Floribus monccis; amentis masculis terminalibus ; floribus foemineis 
axillaribus glomerulatis paucis. 


- 45. ACALYPHA TENUICALLIS. 


 Fruticulus humilis (45-30 cent. altus) caule NUS v. parce ramoso; 
ramis gracilibus teretibus lignosis, apice tantum herbaceis filiformibus. - 
Folia alterna petiolata ovato-acuta, basi aut rotundata aut obtusissime : 
cuneata ; apice acuto; membranacea subæquali-serrata glabra v. par- 
cissime pubescentia penninervia, basi 3-5-nervia (majora z cent. longa, 
4 5 cent. lata). Petioli graciles glabri (ad 4 cent, longi). Stipulae brevis- 
simæ acutæ caducæ. Flores monæci; masculi in summis ramulis termi- 
nales amentacei ; in amentis singulis gracilibus basi filiformibus nudatis 
(ad 3 cent. longis) creberrimi cymosi parce puberuli h-meri ; antheris 
vermiformibus filiformibus corrugatis. Flores loeminei in axillis fere. 
omnibus glomerulati pauci (plerumque 2) bractea sessili reniformi cor- 
datave inæquali-crenata membranacea digitinervia stipati; calyce brevi. 

3-partito denticulato; ovario 3-loculari; stylis erubescentibus plu- 
rifidis. - 


Exs. A. S. H., cat. C^, n. 2622, prov. de Rio-Grande do nh « lieux, 
ombragés dans les bois qui bordent l’Ibicui », | 


— 


EUPHORBIACÉES : AMÉRICAINES. 935 


F. Floribus monœcis; amentis masculis terminalibus; fœmineis pasos 
glomerulatis? terminalibus. 


16. ACALYPHA CHORISANDRA. d 


Fruticulus quoad adspectum foliorum et florum sexus utriusque 
fabrica A. Dupreance typice valde affinis, sed inflorescentiæ modo 
imprimis diversa. Rami teretes glabrati. ferrugineo-fuscati, juniores 
tomento molli lutescenti induti. Folia breviter petiolata e basi rotundata 
longe ovato-acuta serrata tomento eodem brevi induta (ad 5 cent, longa, 
.2 cent. lata). Flores in ramulis segregatis terminales, masculi longe 
amentacei, feminei pauci glomerulati? Flores masculi cymosi creber- 
rimi 4-meri; amento gracili nutanti (6 cent. longo). Flores fœminei 

3-meri ; ; ovario hispido ; styli lobis plurifidis purpurascentibus. 


Exs. A. S. H. cat. Bt n. 1069, prov. de Minas-Geraés, « bois vierge 
prés Gang Drees ». 


— 


S Linosracuys. 
G; Floribus dicecis ; fæmineis laxe amentaceis ; calyce 5-partito. 


17. ACALYPHA LINOSTACHYA. 


Planta, ut videtur suffruticosa ; ramulis teretibus fuscatis glabris; ju- 
nioribus herbaceis pube tenuissima. indutis. Folia longissime petiolata 
sat remote alterna. Limbus {ad 12 cent. long., ad 8 cent. lat.)e basi 
rotundata v, subinæquali-cuneata ovatus, ad apicem breviter acuminatus 
inæquali-crenatus serratusve membranaceus parce pubescens subtus 
paulo pallidior penninervius basi 3-nervius; nervis subtus prominulis 
supra pallidis inde valde conspicuis. Petioli graciles glabri v. novelli 
puberuli limbo subæquales; stipulis brevibus caducis pubescentibus, 
Flores masculi amentacei; amentis axillaribus gracilibus cylindricis 
(ad 10 cent. longis) e cymis creberrimis ; pedicellis filiformibus brevibus; 
calyce 4-partito hispidulo valvato. Stamina 6-8; filamentis brevibus 
erectis (in sicco fuscatis) glabris; antheris filamento subaequalibus ; 
loculis vermiculáribus glabris parce sinuosis. Flores feminei eymosi 
pauci; cymis paucifloris (v: unifloris) in racemum filiformem longum 
remote alternis. Calyx 5-partitus; Jaciniis 5 ovato-lanceolatis ciliatis 
subæqualibus. Germen globosum calyce brevius 3-loculare; styli lobis 
8 inæquali-plurifidis laciniatis (purpurascentibus). 


936 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


Exs. Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 269, prov. de Matto-Grosso. 
— Weddell, n. 2914 (déc. 1844), «entre Goyaz et Cujaba». 


H. Floribus monœcis; amentis axillaribus androgynis; floribus feemineis 
paucis inferioribus et uno terminali. 


18. ACALYPHA MAJOR Salzm., herb. 


Frutex (2-6 pedalis, fid. A. S. H.), ramis puberulis, novellis herbaceis 
virescentibus fragilibus, Folia alterna longissime petiolata; limbo cor- 
dato ad apicem longe acuminato; summo apice obtusiusculo (10 cent. - 
longo, 6 cent. lato) subæquali-crenato v. subserrato membranaceo, supra 
glabro dense viridi, subtus pallidiori glaucescentive penninervio; basi 
5-7-nervio, venis transverse retiformibus. Petioli limbo equales longio- 
resve (ad 10-12 cent.) graciles glabri v. parce puberuli. Stipulæ subu- 
latæ caducissimæ. Flores monceci; amentis androgynis gracilibus filifor- 
mibus in axilla foliorum singulorum plerumque geminatis petioloque 
brevioribus. Flores masculi creberrimi alterne cymosi tetrameri parce 
hispiduli; staminibus ad 8 brevibus ; loculis antherarum vermiformibus 
filamento crasso conico fuscato paulo longioribus. Flores fceminei aut 
inferiores pauci, aut simul plerumque terminales in summo amento 
solitarii; calyce 3-partito; v. 4-5-mero; sepalis 1-2 interioribus. Ovarium 
3-loculare; styli lobis longe exsertis multipartitis; laciniis inæqualibus 
crebris erubescentibus. Folia in typo a utrinque viridescentia; in forma 
6 quoad limbum subtus pallidiorem discolora; in forma y limbus multo 
minor apice longius attenuatus subtus dense canescens. Typus quoad 
folia A. linostachyæ valde similis; differt ioprimis inflorescentia et 
amentis fæmineis. 

Exs. typ. Salzmann, herb., Bahia. — Q, A. S. H., cat. D, n. 589, 
y, prov. de Saint-Paul, «lieux trés-humides, dans la serra de Man- 
tiquera ». — ô, A. S. H., cat. At, n. 491, env. de Rio-Janeiro, «sur les 
bords du Parahyba ; arbrisseau de 6 pieds, à tige gréle, de la grosseur 
du doigt ; écorce grise» (A. S. H., mss.). 


I? Floribus amentaceis axillaribus; amentis gemmula laterali basi 
stipatis ; floribus foemineis (fide H. B. K.) inferioribus. 


19. ACALYPHA AER H. 5 K., Nov. gen. et 
sp., II, 77, n° 10. 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 237 
A. BETULOIDES Pav., herb. 
A. CARPINIFOLIA Popp. , in exs. | 
A. HarrweGiana Benth., Pl. Hartweg., n. 1287 ? 
Exs. Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 271. 


J. Floribus monœcis; floribus fœmineis inferioribus terminalibusque, 
reliquis masculis. 


20. ACALYPHA ESTRELLANA. 


Rami basi lignosi, apice herbaceo viridi glabri striati. Folia alterna 
longe petiolata ; limbo (ad 10 cent. longo, 5 cent. lato) e basi rotundata 
v. breviter cuneata ovato-acuto; apice longe producto acuminato; 
summo apice obtusiusculo; inæquali-crenulata subserratave membra- 
nacea tenuia glabra vix subtus paulo pallidiora penninervia venosa basi 
3-nervia. Petioli graciles limbo breviores (ad6 cent. longi) glabri. Flores 
moncci racemosi ` racemis axillaribus solitariis geminisve filiformibus 
petiolo paulo longioribus; floribus masculis superioribus creberrimis 

 cymosis; fæmineis paucis inferioribus remotiusculis inaxilla bractearum 
reniformium crenulatarum solitariis paucisve alternis. Inflorescentiis et 
in nonnullis flores fœminei plures supra masculos superiores. Calyx mas- 
culorum 4-merus; sepalis parce hirtellis. Stamina ad 8 ; antheris vermi- 
formibus brevibus. Calyx fϾmineorum 3 v. 4-merus; sepalis ovato- 
acutis germine mox brevioribus. Ovarium globosum 3-sulcum parce 
hirtellum ; styli lobis ovario 4-5-plo longioribus multipartitis rubris. 

Species A. Weddellianæ (n° 11, p. 232) foliorum forma et adspectu 
haud assimilis. Limbo glabro florumque sexus utriusque in racemis situ 
sat distincta. | 

Exs. Weddell (1843), env. de Rio-Janeiro, n. 677; serra d'Estrella, 
n. 794 (1844). 


Species non visæ, ideo quoad locum in genere omnino incertæ, 
21. ACALYPHA SCANDENS Benth., in Hook. Journ., VI, 

829, n. 1. 
« Spruce, ad fl. Amazon. prop. Santarem. » . 


29, ACALYPHA ACUMINATA Benth., loc. cit., n. 2. 
« Spruce, in the Gapo, at Manaquiry, at the mouth of rio Negro. » 


288 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


LXXXIV ALCHORNEA SoL. 
§ Hermesa K. 


1. ALCHORNEA CASTANEÆFOLIA Mart., in Flora (1841), 
Il, 32. 

flames c CASTANEÆFOLIA H. B. K., Nov. gen. et spec. 1, 162, 
t. AG. 


Exs. Spruce, n. 1552, «ad oram meridionalem rio Negro, usque ad 
concursum flum. Solimoes (maio 1851). » 

B, salicifolia (Alchornea salicifolia, in Et. gén. Euphorb., hA7, n. 2). 

Exs. Weddell, Paraguay, n. 3232 (avril-mai 4845), «bords de toutes 
les rivières». i 

Oss. Stirps nonnunquam monoica, floribus in specimine fæmineo, 
ut loc. cit. dictum, 6-9-andris; foliis longissime lanceolatis; acumine 
acutissimo ; coriaceis nervosis; costa nervisque subtus valde prominulis. 
Vulgo, docent. cl. WEDDELL, Saráo nuncupatur. 


2, ALCHORNEA SCHOMBURGKII. KL. in Hook. Journ., Il, 
36. — Benth., in Hook. Journ., VI, 330. 1 


Exs. Spruce, «in vicinibus Santarem, prov. Para (nov. 1849, 
sept. 1850); n. 1849 », prope Barra, prov. Rio-Negro (oct. 1851); 
n. 2681, 2737, a cm Panurè, ad rio Uaupés (oct. 1522, jan. 1853)». 


3? ALCHORNEA GARDNERI Mull. arg., in Flora (1864), - 
A35. 


« order! idolo, prov. TE n. 2993. » 
$ EUALCHORNEA. 
Folia basi v, paulo supra basin triplinervia. 


h. ALCHORNEA IRICURANA Cas; ; Decad., f, 2h, n. 90. 


A. ERYTHAOSPERMA. KI, ex Benth., in Hook. Journ., VI, 334. 
Exs: e Cosaretto, in Wong Tijuca et Corcovado, propre Rio-de- 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. - 2989 
Janeiro (incolis /ricurana). » — A. S. H., Gaudichaud, Vauthier (1836), 
‘Guillemin et Houllet (1839), env. de Rio-de-Janeiro. — Gardner, serra 
dos Orgaos. mol 


9. ALCHORNEA SID/EFOLIA KI. in Erichs. Arch., VII, 192. 


Exs. Sellow, Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl). — A; S. H., cat, Bi, 
n. 347, prov. de Rio-Janeiro, « près de Barbacena » ; cat. B?, n, 2442 bis, 
prov. de Minas-Geraés; cat. D, n. 592, d, prov. de S.-Paul (« commun 
daus la serra de Mantiquera et autres bois vierges »). — Gaudichaud, 
Herb. imp. brésil., n. 973, prov. de S, Paul. — Guillemin et Houllet (1839), 
n. 410, prov. de s. -Paul, « mont laragua». — Weddell Ae n. 1167, 
prov. de Minas-Geraés. 


6. ALCHORNEA NEMORALIS Mart., (1841), ex Benth., in 
Hook. Journ., VI (1854), 831. 


A. JANEIRENSIS Cas., Decad., 1, 45, n. 9 (1842). 

6, À. etANDULOSA. Popp., Nov. gen. et "ien ., HE, t6; t. caxi 
ig i| 

(oq, A. vanviroLia. RI. loc. cit. 

ò, A. PsiLonACHYS. KI. loc. cit. 

e, A. ROTUNDIFOLIA Miq.; in exs. Blanchet., n. 3594. 


€, A. INTERMEDIA KI. loc. cit. 
D 


Exs. (B—y). Leandro di Sacramento (1819), n. 79. — Sellow, Brésil 
(herb. Mus., ex herb. Berl.). — A. 8, Z., n. 80, 90, B, prov. de Rio- 
Janeiro; n. 349, prov. de S.-Paul. — Gaudichaud, Herb. imp. brésil., 
n. 680, 1155, 1156, prov. de Rio-Janeiro; n. 970, 972, 975, prov. de 
S.-Paul. — Póppig, «versus Ega Amazon». — Blanchet, n. 3340, 3594, 
Bahia. — Claussen, n. 28, 2007, prov. de Minas-Geraés. — Gardner, 
n. 617, serra dos Orgaos (herb. Less.) ; « n. 5610, 5612». — Spruce, . 
n. 2117, « prope Sau Gabriel da Cachoeira, ad rio Negro, Brésil. 
boreal. (jan.-aug. 1852)». — Weddell (1843), n. 9, env. de Rio-Janeiro. 


n, floribunda BENTH., in exs. Spruc., n. 2681, et in Hook. Journ., 
VI, 53% * 


Exs. Spruce, « prope Panuré, ad rio Uaupès (oct. 1852-jan. 1853) ». 


0, lanceolata, foliis lanceolatis inæquali-crenatis serratisve glaberrimis 
coriaceis transverse reticulatis (ad 42 cent. longis, 4 cent. latis) paulo 


240 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


supra basin 3-nerviis; nervis primariis paucis cæterum alternis subtus 
valde prominulis glandula parva axillari subtus instructis ; inflorescentiis 
fœmineis simplicibus gracilibus folio paulo brevioribus; floribus ut in 
typo. 


Exs. A. S. H., cat. Bt, n. 1707, prov. de Minas-Geraés, « bords de 
l'Arassuhai, à Rossa de Contrato ». i 


Ops. Forma quoad flores typo similis; foliis autem Hermesiam Kun- 
thianam nonnihil referens. 


7? ALCHORNEA HILARIANA. 


A. ramis gracilibus alternis; foliis remote alternis oblongo- 
lanceolatis, basi æquali v. subinæquali-angustatis, apice breviter 
acuminatis (15 cent. long., 8 cent. latis) membranaceis glabris 
inæquali-dentatis, penninerviis basi trinerviis transverse reticu- 
latis; petiolo ruguloso (4 cent. longo); floribus fœmineis laxe 
spicatis ; spicis gracilibus simplicibus ad folia ramulorum superiora 
axillaribus (20 cent. longis); ovario capsulaque didymis tomento 
brevi fulvescenti indutis ; stylis persistentibus subulatis (ad 2 cent. 
longis). 

Exs. A. S. H., cat? n. 795, o, prov. de Goyaz? 

. 8. ALCHORNEA? SUBROTUNDA H. Bn., in Étude gén. 
Euphorb., 447, n. 6. 
- STYLOCERAS? SUBROTUNDUM Popp. , mss., in exs. 


Exs. Püppig, Fl. Amaz., Ega, n. 2533 (herb. Mus.). 


(Sera continué.) 


CLASSEMENT DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 


DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS 


- L'École de botanique de la Faculté de Médecine a actuellement 
la forme d'un long triangle presque isocéle, à base relativement 
étroite. La série des familles utiles à connaitre pour les éléves de 
la. Faculté, commence à partir de cette base par l'embranche- 
ment des Acotylédones qui n'y peuvent étre que trés-pauvrement 
représentées. Les Monocotylédones leur succédent dés la seconde 
plate-bande, et les Dicotylédones sont groupées vers le sommet 
du triangle. 


I. ACOTYLÉDONES. 


1. (1) Arcurs. La plupart de ces plantes ne peuvent être cul- 
tivées; surtout les T'halassiophytes qui ne vivent que dans l'eau 
salée (M) (2). Cette famille ne peut donc étre représentée que par 
quelques Conferves. Les autres plantes utiles à connaitre doivent 
donc être étudiées dans les collections ou les livres (C) (3). Toutes ` 


(4) Chaque famille portera ainsi un numéro d'ordre, inscrit sur l'étiquette qui 
en indique le commencement, Une autre étiquette placée au commencement de 
chaque plate-bande, au bord de l'allée latérale gauche, portera les numéros. des 
familles comprises dans toute la longueur de cette plate-bande. 

(2) Cette lettre désignera les plantes dont la culture est impossible ou trop difi- 
cile pour que l'École de Botanique les possede. 

(3) Lettres abréviatives qui désignent les quelques ouvrages auxquels les étu- 
diants peuvent avoir recours : 

A, le Recueil Adansonia. 

B, les Éléments de Botanique de Payer. 

C, la Botanique cryptogamique du méme. 

D, le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. 

E, le Genera d'Endlicher. 

F, les Leçons sur les familles naturelles de Payer. 

G, l'Histoire naturelle des drogues simples de M. Guibourt. 

L, le Flora medica de M. Lindley. 

R, les Éléments d' Ach. Richard. 

Les plantes ou groupes de plantes, qui sont sans utilité pour la médecine, seront 
désignés par la lettre I. g 

v. 16 


242 S x CLASSEMENT 


les Algues sont When de tiges et de feuilles lement 
dites; elles consistent en un (alle membraneux ou filamenteux 
composé de cellules contenant une matiére colorante particuliére ; 
ce thalle souvent fixé par des radicelles ou crampons également 
celluleux. Elles se reproduisent par des spores brunes, vertes ou 
rouges (D, II). — Plusieurs Fucus, plantes alimentaires (Car- 
ragahen), mucilagineuses, ou contenant du sucre, ou de Tode, ou 
des sels sodiques. Laminaria comestibles. Polysiphonia. Sargas- 
sum id., et fondants, résolutifs. Mousse de Corse (Gigartina ou 
Plocaria Helminthocorton) vermifuge. Conferves des eaux ther- 
males (C, 15-36; 39-54. G, II, 44-58). | 

2. Craracées. Plantes aquatiques, rangées ordinairement parmi 
les Algues, à tubes de différents degrés, à organes reproducteurs 
latéraux, à sexes distincts (spores et phytozoaires) (I, C, 36). 

3. Funcacées ou CHampienons. Plantes souterraines ou aériennes, 
ou vivant dans les êtres organisés, à thalle filamenteux (Mycelium), 

avec organes reproducteurs supportés par ce thalle, plus souvent 
extérieurs et plus développés que lui, le tout celluleux. Organes 
reproducteurs femelles (spores) distincts des organes de végéta- 

tion (C, 55). — Champignons comestibles (Bolets, Chanterelles, 
Morilles, Truffes, etc.). Id. vénéneux (Agarics, D, II, 85). Ergot 
de Seigle (G, II, 65). Agaric blanc ou du Mélèze (G, II, 64). 
Polypore amadouvier (G, Il, 66). Champignons parasites de 
l'homme et des animaux. Trichophytes , A chorion , Microspore , 
Oidium, Mucor, Puccinie (cons. le Traité des Végétaus para- 
sites du professeur Ch. Robin). 

h. LicueNs. Frondes aériennes en plaques ou en ramifications; à 
fibrilles celluleuses radiciformes. Spores contenues dans des 
thèques placées avec des paraphysès dans des portions localisées, 
ordinairement bien limitées, de la surface des frondes (C, 87). — 
Lichen d'Islande (Cetraria islandica). L. Pulmonaire (Sticta pul- 
monacea). Orseilles. Tournesol en pain. Lichen des Rennes (Cla- 
donia rangiferina). Usnées. Scyphophores (L, 625-629, G, II, 73). 

- 5. Hépariques. Plantes à simple expansion membraneuse 


| L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 248 

(Anthoceros),ou partagée en figures régulières, pourvues de sto- 
mates (Marchantia), avec épidermes distinets, ou à thalles avec 
nervures principales, et en forme de tiges feuillées. Organes 
reproducteurs femelles renfermés dans des sporanges déhiscents 
par plusieurs fentes longitudinales ou irréguliérement (Marchan- 
tiées) ou régulièrement (Jungermannes) (C, 198). — Propriétés des 
Lichens. Marchantia hydragogues. Hépatiques odorantes, acres. 
"6. Movssts. Tiges et feuilles distinctes, mais entièrement cel- 
luleuses les ünes et les autres; accroissément par les extrémités. 
Organes mâles à anthérozoides. Organes femelles (spores) réunis 
dans un sac (sporange) logé dans une urne s'ouvrant par un cou- 
vercle (opercule) et recouvert lui-:mêmié d'une coiffe (C, 145). — 
Mousses comestibles (Sphagnum), astringentes et diurétiques 
(Polytrichum). 

7. Foucères où FiLiciNÉES, Plantes pourvues de tiges et de 
` feuilles, à axes et appendices distincts, à tiges pourvües dé fais 
ceaux noti cellulaires; s’accroissant par! leurs extrémités. Orgaties 
mâles à qihiébostidéa. Organes femelles (spores) renfermés dans 
des cavités spéciales (sporatigés). Sporanges groupés sur les 
frondes ou feuilles, tantôt ordinaires, tantôt spéciales par la forme 
et le degré de développement, en masses tantôt nues, tantôt 
indusiées (C, 184). — Calaguala. (Aerostichüm Kludesaro, ete.) 
(D, I, 664). Polypodés südorifiques, fébrifuges. — Capillaire de 
Montpellier et du Canada ( Adiantum Capillus-V eneris et pedatum, 
L, 618). Osmonde royale. Fougére málé (JVephrodium Filiz-mas). 
Cetérach des officines. Rue des Marailles. Scolopendre. Fougére 
porte-aigle (Pteris aquilina), (©, 1f, 85-94). 

$. Lycorontacées. Plantes musciformes, à tiges cellulo-vascu- 
lairés, avéc feuilles et organes répródücteurs dans des sporanges 
axillairés, souvent én épis; déhiscents où indéhiscents (C, 207). 
Poudre de Lycopode (Lycopodium clavatum) (G, 11, 95). Lyco- 
podes purgatifs, astringents, détersifs (L, 621). 

9. MansiLÉACÉES où RrtizoCARPÉES. Plantes aquatiques à rhizomes 
rampants, à feuilles pétiolées quadrifoliolées (Marsilea), ou san 


dhh CLASSEMENT 


expansion analogue à ce limbe (Pilularia) ; à sporocarpes ren- 
fermant des spores fixées dans leur intérieur par un pédicelle 
(I, C, 219). | 

10. ÉouisETACÉEs ou PnéLEs. Tiges à parois creuses, articu- 
lées, striées , incrustées de matière siliceuse, avec collerettes 
dentées aux points de jonction; cellulo-vasculaires. Organes 
máles à anthérozoides. Organes femelles ou sporanges réunis sous 
la tête de clous insérés en épi terminal sur un axe commun. 
Spores à élatères élastiques (C, 213). — Préles employées à polir ; 
diurétiques, emménagogues (G, II, 99). 


II. MONOCOTYLÉDONES. 


11. Grammées. Plantes monocotylédonées ayant pour tiges des 
chaumes noueux et des feuilles alternes engainantes, la gaine étant 
fendue dans sa longueur, avec une saillie dite ligule (B, 53), au ` 
point d'union de la gaine et de la portion libre de la feuille. Les 
fleurs sont groupées en petits épis dits épillets ou locustes réunis 
en un épi commun ou en une panicule. Chaque épillet est entouré 
à sa base de deux bractées dites glumes (B, 92). Les fleurs ont en 
guise de périanthe deux bractées placées en face l'une de l'autre à 
des niveaux différents (glumelles) , des étamines au nombre de 
deux à six, rarement plus, et presque toujours trois, et un ovaire 
libre avec un ovule presque basilaire, ascendant. Le fruit présente 
une seule graine adhérente à son péricarpe (caryopse) (B, 234.) 
— Céréales. Graines à albumen (B, 251) féculent (Froments, 
Seigles, Riz, Orges, Mais, Sorghos, Gruau d'Avoine). Souches 
sucrées et aromatiques du Roseau (Arundo Phragmites) et de la 
Canne de Provence (4. Donax) (R, I, 95). Canne à sucre (Saccha- 
*um officinarum) (G, IJ, 116). Flouves odorantes. Vétivers (An- 
dropogon). Chiendent (Triticum repens) (R, 1, 87). Bromes pur- 
gatifs. Graminées délétéres. Ivraie (Lolium temulentum) (L, 609, 
G, I, 108-156). Ergot des Graminées (C, 57). 

42. Cveéracées. Plantes analogues aux Graminées par leur 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. , 249 


végétation, à chaumes souvent triangulaires, à gaînes des feuilles 
ordinairement non fendues, à fleurs nues situées à l’aisselle d’une 
bractée, ou unisexuées ou hermaphrodites. Fruit en akéne (B, 234), 
à graine basilaire dressée; entouré souvent d'un utricule ou d'ai- 
grettes (disque). Albumen féculent. Petit embryon basilaire. — 
Souchets long et rond. S. comestible (R, I, 79). Salsepareilles 
d'Allemagne (Carew) (G, Hi, 106, L, 614). Papyrus des anciens 
(Cyperus Papyrus). 

18. Pamiers. Fleurs hermaphrodites ou unisexuées, à périan- 
the double, généralement trimère ; isostémones ou à élamines 
indéfinies ; gynécée à 3 carpelles (rarement moins) libres ou unis, 
uni ou biovulés. Fruits à mésocarpe charnu ou fibreux. Graines 
albuminées. Fleurs nombreuses en spadices, entourées d'une 
spathe (B, 91). Plantes ligneuses rarement ramifiées. Feuilles 
alternes engainantes, simplesou composées-pennées ou composées- 
digitées (E, 244). — Palmiers à huile (Elais). Arec à cachou 
(Areca Catechu). Sagoutiers (Sagus levis, farinifera, Caryota). 

‘Palmier Dragonnier (Calamus Draco). Palmiers à sucre, à vin, 
à lait. Dattes et Cocos (L, 582, G, Il, 136-150). 

14. Panpanées. Plantes analogues aux Palmiers pour le port, 
à feuilles simples, à fleurs unisexuées, en spadices. Organes 
sexuels nus, sans périanthe, fleurs mâles représentées par des 
bouquets d'étamines ; fleurs femelles, par des réunions d'ovaires 
uni ou pluriovulés. Placentation pariétale (E, 947). — Vaquois 
(Pandanus)à fleurs odorantes, aphrodisiaques, à fruits comestibles, 
à fibres textiles. 

15. CycLanruées. Pandanées à feuilles composées-pennées ou 
flabellées. Fleurs monoiques en spadices androgynes. Fleurs 
femelles insérées en cercles paralléles ou en spires sur l'axe du 
spadice, et entourées des fleurs mâles. Périanthe peu développé. 
Étamines nombreuses. Ovaires multiovulés, à placentas pariétaux 
(E, 248). — Carludovica à pailles de Guayaquil dites Panama. 

16. Anoimérs. Plantes herbacées à tiges gréles, grimpantes, 
ou à souches souterraines courtes, gorgées de Sues. Feuilles 


246 CLASSEMENT 


alternes pourvues d'une gaine (complètes), Fleurs en spadice 
(B, 94), à spathe enveloppant un axe simple portant, ou des fleurs 
hermaphrodites, ou des fleurs monoïques, femelles à la base, mâles 
au-dessus et jusqu'en haut, ou au sommet seulement des rudi- 
ments de fleurs mâles. Ovules solitaires ou nombreux (E, 233).— 
Gouet ou Pied-de-veau (Arum maculatum) à souche charnue, 
amylacée, à suc frais irritant (R, I, 74), Colocases comestibles. 
Aroidées âcres, brülantes (Arisema, Typhonium, Dracontium, 
Dieffenbachia) (L, 601-606), 

17. Lemnacées, Petites plantes aquatiques à frondes proliféres 
. Spongieuses inférieurement, souyent garnies de radicelles simples; 
à gynécée renfermé dans une sorte de spathe membraneuse in- 
cluse ; à ovaire uniloculaire uni ou pauciovulé ; accompagné d'une 
ou d'un petit nombre d'étamines latérales (I, E, n° 4668). 

18. TyenackEs, Herbes aquatiques à organes de végétation ana- 
logues à ceux des Cypéracées, à organes de floraison voisins de 
eeux des Aroidées. Fleurs unisexuées, monoiques, en épis. 
Fleurs mâles à étamines nombreuses accompagnées, au lieu de 
périanthe, d’écailles ou de filaments en nombre variable, Fleurs 
femelles à gynécée uniloculaire et uniovulé. Ovule anatrope sus- 
pendu. Graine albuminée (E, 241). — Rhizomes de Massette 
(Typha) astringents, diurétiques. Pollen substitué au Lycopode 
(G, 11, 98). : | 

19. Joncées. Fleurs à périanthe double, comme celui des Pal- 
miers, non coloré. Six étamines, en deux verticilles, superposées - 
aux divisions du périanthe. Ovaire libre tricarpellé, à trois loges, 
ou à une loge avec trois placentas pariétaux. Ovules ascendants ; 
placentas uni ou pluriovulés. Fruit capsulaire. Graine à albumen 
charnu. Herbes souvent aquatiques, à port caractéristique (E, 
130). — Luzules et Joncs diurétiques (1). 

20, ÉriocauLtes, Joncées à fleurs diclines, à trois étamines 
seules d'ordinaire fertiles, alternes aux divisions extérieures du 


périanthe, Ovaire à trois loges uniovulées ; ovule suspendu ortho- 
trope (I, E, 122). 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 2147 


21. Resriacées. Ériocaulées à port et à végétation de Joncées, 
à fleurs pourvues de trois étamines fertiles seulement, avec ou 
sans staminodes alternes aux divisions intérieures du périanthe 
(L, E, 120). | 

22, CommeLynées. Périanthe double à verticilles dissemblables, 
l'extérieur non coloré, l'intérieur pétaloïde. Six étamines super- 
posées aux divisions du périanthe, ou toutes fertiles, ou en partie 
stériles et transformées. Gynécée libre. Ovaire à 3 loges, à placen- 
tation axile. Ovules en nombre indéfini, orthotropes ou à peu prés 
(E, 124). — Rhizomes amylacés. Tradescantia et Commelyna 
diurétiques, pectoraux, emménagogues (presque I). 

23. Liunctgs. Périanthe double ayant toutes les divisions colo- 
rées et pétaloïdes. Autant d'étamines superposées et formant deux 
verticilles. Gynécée libre à trois parties superposées aux sépales 
extérieurs. Fruit sec (Liliacées proprement dites), ou charnu (.As- 

 paraginées). Fleurs souvent diclines, gynéeée souvent incomplet 

et port de Dicotylédones chez les Smilacinées (R, II, 120-144, 
G,11,159-187). Tigesen forme de rhizomesou de bulbes (B, 48,19), 
ou sarmenteuses. — Lis blanc (G, 161, R, 122). Squames de 
Scille (Scilla maritima) (G, 463, R, 126, L, 591). Ail vulgaire, 
Ognon, Poireau et autres -Allium (D, II, 219). Muguet (Conval- 
laria majalis) (G, 471, R, 136). Sceau de Salomon (G; 172, 
R, 142). Aloés (L, 594, G, 164, R, 128). Asperge (G, 173, 
R, 133). Dragonniers (L, 593). Petit-Houx (Ruscus aculeatus) 
(G, 172). Squine (M) et Salsepareilles (L, 597, G, 175-187, 
R, 137). | 

2h. Ponrénériacées. Liliacées, ordinairement | aquatiques, à 
périanthe irrégulier (L, E, 487). 

25. Paicésiacées ou LaraGÉniéEs. Asparaginées à Paonia 
riétale, et non axile. Fruits comestibles et souches agissant comme 
celles des Salsepareilles, du Lapageria rosea (E, 157, A, I, Ah). 

26. Dioscorées. Asparaginées à ovaire infère, à fleurs souvent 
diclines. Fruit charnu (T'amées) ou sec (Dioscorées proprement 
dites). Ovules et graines en petit nombre dans chaque loge 


248 CLASSEMENT 


(E, 157). — Ignames comestibles (Dioscorea Batatas, japonica 
alata, etc.) (R, T, 146). Racines? purgatives de Tamus commu- 
nis (R, 145). 

27. Hæmonoracées. Liliacées à ovaire infére, avec six éta- 
mines ou seulement avec trois étamines plaeées en face des 
divisions intérieures du périanthe (A, I, 324, E, 170). — Hemo- 
dorum et Anigozanthos féculents. Aletris farinosa (D, IT). 

98. Musacées. Fleurs hermaphrodites, à ovaire infére et trilo- 
culaire, à placentas axiles pluriovulés. Périanthe supére à deux 
verticilles trimàres, Androcée à deux verticilles, dont un, l'inté- 
rieur, est réduit à deux étamines, au lieu detrois. Feuilles alternes 
à nervures secondaires parallèles (E, 227). — Bananiers (Musa) 
à fruits comestibles (R, I, 155), à fibres textiles (D, I, 2). 

29. Amomées ou Scrraminées. Hæmodoracées irrégulières, à 
androcée réduit à un seul verticille, l'intérieur, avec une seule 
de ses trois étamines fertiles, tantôt uniloculaire(Cannées, Maran- 
tées), tantôt biloculaire (Zingibéracées) et les autres transformées 
en slaminodes pétaloïdes (A, T, 306-395). Ovaire infére à loges 
uniovulées (Marantées) ou pluriovulées (Cannées, Zingiberacées). 
— Souches à fécule, Arrow-root (M, G, I, 993), Maranta 
(L, 569), Galangas (M, L, 563, 568, G, II, 199). Balisiers 
(Canna), Achiras (D, T, 526), Albara (D, H. 393). Gingembres 
(G, 202, L, 559). Zédoaires (G, 208, L, 564). Cureumas (L, 560, 
G, 205). Amomes et Cardamomes (M, G, 242, L, 564, 566) 
.. 90. Oncipízs, Fleurs irrégulières à ovaire infère et à placentas 
pariétaux multiovulés. Deux verticilles ordinairement triméres 
avec une des piéces de l'intérieur dissemblable comme forme et 
comme taille (labelle). Deux verticilles d'étamines qui toutes 
avortent, sauf une, l'antérieure, de celles qui sont superposées aux 
folioles extérieures du périanthe (A, I, 393), et qui s'unit avec le 
sommet du gynécée en un gynostéme. — Saleps (L, 577, G, II, 
225, R, I, 178). Faham (G, 229). Vanilles (G, 227, R, 479, 
L, 579). 


31. Taccacées. Orchidées réguliéres:à six étamines fertiles. 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. EI 


Ovaire infére, uniloculaire, à trois placentas pariétaux multiovulés 
(E, 159), — Tubercules féculents des Tacca et Ataccia (G, VI, 
150). 

82. Amaryzuinées. Liliacées à ovaire infére, six étamines et 
trois loges ovariennes, avec placenta aile (R, I, 148). — Crinum, 
Pancratium et Galanthus âcres, émétiques. Amaryllis, Bruns- 
vigia vénéneux (L, 571). Narcisse des poëtes et Faux-Narcisse 
(R, I, 149). Alstreeméres à souches féculentes (L, 573), P 
(D, I, 134). 

33. Hypoxinées. Amaryllidées à périanthe imbriqué, à graines 
pourvues d'arilleet à radicule embryonnaire éloignée du hile 
(E, 173). — Hypoxis et Curculigo astringents, aromatiques. 

Ah. Méranrnacées ou Coucnicacées. Amaryllidées à ovaire 
supére, ou Liliacées à styles partites, à capsules septicides, folli- 
culiformes (R, 1,444 ). Rhizomes ou bulbes pleins. — Colchique 
d'automne. Hermodactes. Varaire. Ellébore blanc. Schænocaule. 
Cévadilles. Gyromie de Virginie (R, 111-120, L, 585-589, 
G, TI, 150-159). 

35. Irmées. Amaryllidées à trois étamines seulement super- 
posées aux trois folioles extérieures du périanthe. Fleurs régu- 
lières (Zridées proprement dites), ou irrégulières (Gladiolées) 
(E, 164). — Tiges (dites à tort racines) d'Iris de Florence et 
autres (G, II, 484). Safran (Crocus sativus) à bulbes pleins 
(B, f. 23, 24, G, II, 193, L, 575, 576). 

36. BnowELncÉgs. Amaryllidées à deux verticilles du pé- 
rianthe dissemblables, à albumen féculent (E, 181). — Ananas 
(R, I, 152). : 

37. Hyprocuaniées. Bromeliacées aquatiques à périanthes 
dissemblables, à ovaire infére, à placentas pariétaux se rejoignant 
parfois au centre, à fleurs souvent diclines enveloppées par une 
spathe (I, E, 160). | 

38. Juncacınées. Herbes aquatiques, à carpelles indépendants 
supères, à périanthes semblables, calyciformes (I, E, 427). 

39. Naranées, Juncaginées apérianthées ou à périanthe simple, 


250 CLASSEMENT 


peu développé, à fleurs diclines, à carpelles indépendants soli- 
taires ou rapprochés (I, E, 229). 

hO. Buromées. Juncaginées à fleurs hermaphrodites, à à deux 
périanthes dissemblables, à placenta appliqué sur les deux faces 
des carpelles et pluriovulés (E, pm —  Souches âcres de 
Butomus umbellatus, 

hi. AnswacÉEs. Butomées à un ou plusieurs ovules insérés 
dans l'angle interne des carpelles. (E, 127). — Fluteau (Alisma 
Plantago) (D, I). Sagittaire (R, I, 74). 


IIl. DICOTYLÉDONES. 


12. Renoncuracées. Plantes dicotylées le plus souvent herba- 
cées, à fleurs hermaphrodites, rarement diclines ; à réceptacle 
convexe, rarement légérement concave (Dennis à à-périanihe 
simple ou double. Carpelles libres, ou à peu près, à placenta 
pariétal situé vers l'angle interne; à ovules nombreux, ou soli= 
taires et ascendants avec le mieropyle extérieur ; ou suspendus, 
avec le mieropyle presque toujours intérieur. Graines albuminées 
(A, IV, 4). — Ancolies (A, 43, G, III, 696). Xanthorhiza à 
feuilles d'ache (A, 4h). Nigelles, Toute-épice (A, 44, R, II, 439, 
L, 3; G, 694). Ellébores noir, vert, odorant, d'Orient (A, 47, 
R, 426, 436, L, 6, G, 694). Coptis (^, 47; Ly 8). Dauphinelles. 
Staphisaigre (A, 48, R, A42, L, 9, G, 697). Aconits Napel, Tue- 
loup, féroce, Anthora (A, 49, D, I, 574, R, 443, G, 699). Renon- 
cules âcre, scélérate, etc. (A, 50, R, 427, LAG 698). 
Ficaire (R, 430, A, 51). Anémones, Pulsatille, Adonides, Knowl- 
tonia vésicants (A, 59, R, 421 ; L, 2, G, 687), Hydrastis cana- 
densis (A, 53, L, 8). Clématites, Herbe-aux-gueux (A; 53, 
R, 135, L, 4, G, 686). Actées et Cimicifuga (D, L 665, 
A, 54, L, 19, G; 693). Pivoines piMo.eidemelle (A, 56, R, 43/1, 
L, 13, G; 704). 


LS. Dit LENAGÉES,. Renonculagécs ordinairement ligneuses, à 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. ` 954 


calice ordinairement persistant, à réceptacle convexe, à graines 
ordinairement arillées, à ovules nombreux ou à un, deux ovules 
ascendants avec le micropyle intérieur (A, TIT, 38, E, 839). — 
Davilla astringents (L, 31). Acajou bâtard (D, I, 262). Curatella 
(L, 81). 

hh. Macnoracées. Renoneulacées ligneuses à réceptacle con- 
vexe, à périanthe formé d'un nombre indéfini de folioles en spire, 
ou de plusieurs verticilles ternaires, sans distinction absolue de 
ealice ou de corolle. Étamines et carpelles en nombre indéfini 
pauei ou multiovulés. Feuilles pourvues de stipules (Magnoliées) 
ou sans stipules (Zlliciées, Schizandrées) (E, 856, R, Il, 450).— 
Magnolias aromatiques, amers. Talauma. Tulipier de Virginie 
(Liriodendron tulipifera). Badiane-Anis-étoilé et autres IIlicium. 
Écorce de Winter (G, III, 677-683, L, 23, R, IT, 450-458). 

h5. MfwisPERwÉESs. Fleurs diclines dioiques, à verlivilles tri- 
mères. Calices, de un à quatre. Corolle double, ou nulle. Étamines 
en méme nombre que les pétales auxquelles elles sont superpo- 
sées, ou en nombre indéfini. Carpelles, de trois à un grand nom- 
bre, libres, avec deux ovules descendants à micropyle extérieur, 
dont un avorte ordinairement. Fruits drupacés. Tiges grimpantes ; 
feuilles alternes sans stipules (E, 825).— Coque du Levant Ste 
mirta Cocculus (M, L, 371). Ménispermes fenêtré, acuminé, 
cordifolié, ete. (L; 367). Colombo (M, L, 369). Abuta (D, I, 
245). Pareira-brava (Cissampelos Pirola) (M, L, 879). 

A6. AwoNAcÉEs. Magnoliacées à réceptacle peu élevé, à périan- 
the triple, un calice et deux corolles ordinairement polypétales, 
plus rarement monopétales, presque toujours triméres. Carpelles 
libres, ou dans un seul genre (Monodora) unis en ovaire unilocu- 
laire à placentas pariétaux ; multiovulés, ou à un ou deux ovules 
ascendants à micropyle extérieur. Graine à embryon accompagné 
d'un albumen ruminé. Feuilles alternes, sans stipules (E, 830). 
— Poivre de Guinée ou d'Éthiopie et autres Xylopia aromatiques 
(G, III, 676). Anones comestibles (R, II,- 448). Fair 
des négres (Monodora Myristica) (L, 98). 


259 CLASSEMENT 


h7. Cazvcanraées. Magnoliacées à réceptacle concave. Folioles 
du périanthe en nombre indéfini, à insertion spirale. Fleurs her- 
maphrodites. Carpelles indépendants, avec un ou deux ovules 
ascendants à micropyle extérieur. Graines sans albumen à embryon 
dont les cotylédons sont enroulés l’un sur l’autre. Feuilles oppo- 
sées (E, 1939). — Plantes aromatiques (I). 

h8. Monmuées. Calycanthées à fleurs presque toujours diclines, 
à cotylédons droits, à un seul ovule à l'élat adulte, ascendant 
avec le micropyle extérieur. Péricarpe drupacé (Monimiées pro- 
prement dites) ou sec (Athérospermées). (E, 313). — Ambora, 
Monimia (M), Boldoa, Atherosperma et Doryphora aromatiques. 

hü. Myrisricées. Monimiées diclines, à périanthe simple, à éta- 
mines monadelphes, à carpelle unique, avec un ovule ascendant 
à micropyle extérieur et antérieur, Graine arillée à albumen 
ruminé (E, 829, A, V, 177). — Muscade et Macis (L, 94, 
G, Il, 387, R, I, 301, M.). 

50. LaumiwéEs, Périanthe double ; réceptacle concave et inser- 
tion périgyne. Étamines toutes fertiles ou en partie stériles, à an- 
théres déhiscentes par des panneaux, avec ou sans glandes laté- 
rales. Carpelle unique avec un seul ovule suspendu, à micropyle 
intérieur (E, 315). — Cannellier (Cinnamomum verum) (L, 329, 
G, II, 362). Sassafras (S. officinale) (L, 338, G, 363). Baies de 
Laurier (Laurus nobilis) (L, 340, G, 363). Bebeeru et Fève 
Pichurim (M, L, 336, G, 366-369). Cannelle Giroflée (Dicypellum 
caryophyllatum) (M, L, 537, G, 369). Camphrier du Japon (Cam- 
phora officinarum) (L, 332, G, 383). Avocatier (Persea gratis- 
sima (L, 333, G, 372). Mespilodaphne, Aydendron, Caryodaphne, 
Oreodaphne, Tetranthera aromatiques, etc. (L, 333-339). Lau- 
rier Benzoin ( Benzoin odoriferum) (L, 339). Ravensara (G, 37 1). 

91. Gyrocarpées. Laurinées à ovaire non libre, à fleurs herma- 
phrodites (Ziligera), ou monoiques (Hernandia), ou polygames 
(Gyrocarpus), à anthéres déhiscentes par des fentes ou des pan- 
neaux (I, A, V, 185). 

52. LanpmapaLÉEs. Ménispermées à feuilles composées, à pla- 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 953 


centa placé dans l'angle interne ou sur les faces latérales des 
carpelles, à ovules nombreux (E, 838). — Holbællia, Stauntonia, 
Akebia à fruits comestibles, émollients. 

99. BrhsERIDÉEs. Laurinées à réceptacle convexe, à deux ca- 
lices, deux corolles (ou plus) di ou trimères, à deux verticilles 
d'étamines superposées aux pétales, à un seul carpelle à placen- 
tation basilaire ou pariétale s'élevant plus ou moins haut, à ovules 
multiples (E, 851, A, II, 268). — Épine-Vinette (Berberis vul- 
garis) et Lycium de Dioscoride (B. Lycium) (G, III, 667, L, 68, 
R, Il, 460). Podophyllum peltatum (L, 13). 

Dh. NrLuwsÉrss. Herbes aquatiques. Fleurs à pièces du pé- 
rianthe, à étamines et à carpelles indépendants en nombre indéfini. 
Réceptacle s'élevant autour des carpelles, de manière à les empri- 
sonner en les séparant les uns des autres (E, 902). — Lotos 
Fève d'Égypte (Nelumbium speciosum) (G, III, 665). 

99. Nywenéacées. Nélumbées à carpelles unis en un ovaire 
pluriloculaire, à ovules nombreux. Ovaire tantôt supére (/Vuphar), ` 
tantôt plus ou moins infère (Vymphæa) (B, f. 370, 389). Graines 
à double albumen (B, 252). Herbes aquatiques (E, 898). — 
Nénuphar blanc (Nymphæa alba) (G, IIl, 663, L, 19, R, II, 423). 
N. jaune (/Vuphar luteum) (G, 664, L, 19, R, 424). Euryate 
feroo (L, 20). 

96. SarracéniéEs. Nymphéacées à ovaire libre supère, partagé 
en peu de loges complètes ou incomplètes superposées aux 
sépales et pluriovulées. Style à large dilatation en parachute. 
Herbes à feuilles en urnes ou cornets (I, A, T, 210, E, 901). 

57. Papavéracées. Calice à deux, trois sépales caducs. Corolle 
double. Ovaire libre uniloculaire à un ou plusieurs placentas parié- 
taux multiovulés (F, 129). Suc laiteux blanc ou coloré. — Pavot à 
opium (Papaver sommiferum album). P. à ceillette (P. s. nigrum). 
. Coquelicot (P. Rhœas) (G, III, 643-648). P. cornu (Glaucium 
corniculatum). Grande-Eclaire (Chelidonium majus). Sanguinaire 
du Canada (G, 640—643). 


58. Fumariacées. Papavéracées à quatre pétilés dissemblables, 


95h ` CLASSEMENT 


à ovaire uniloculaire, avec deux placentas pariétaux, à suc non 
laiteux, à fleurs régulières ( Dielytrées) ou irrégulières (Corydalées). 
(F, 126). — Fumeterres officinale et autres (G; HI, 638). —— 

59. Capraripées. Papavéracées à calice et à corolle tétramères, 
à ovaire uniloculaire porté sur un pied allongé, à élamines défi- 
nies (Cléomées) ou indéfinies (F; 134). — Cáprier (Capparis spi- 
nosa) (G, IH, 617). 

60. Crucirères. Capparidées à calice et à corolle tétraméres 
en croix, à six étamines didynames (rarement moins), à ovaire 
uniloculaire, ordinairement à deux placentas pariétaux, à fausse 
cloison persistant dans le fruit, qui est presque toujours une 
siliqueou une silicule. Pas d'albumen. (E, 137, B, 142, 156, 184, 
196, 237, 249, 260). — Choux (Colza, Navets, etc.). Moutarde. 
Cressons. Raifort, Cochlearia. Vélars. Thlaspi. Camelines. Pastel. 
Raves. Roquette (G, III, 621-637). 

61. RésfpAcÉEs. Cruciféres à fleurs irrégulières, à deux ver- 
ticilles d'étamines, à ovaire uniloculaire avee plusieurs placentas 
pariétaux, ou à earpelles indépendants (Astrocarpées) (F, 140). ` 
— Réséda odorant, Gaude (R. luteola) (G, 1, 646). 

Di. Cépnarorées. Astrocarpées apétales, à réceptacle concave, 
à androcée diplostémoné, à carpelles indépendants, avec un ovule 
ascendant à mieropyle intérieur. Herbes à feuillés ent urnes. 

(L, E, n. 4628). | a 
68. Crassuzacées. Céphalotées à réceptacle convexe ou légère- 
ment concave, à corolle polypétale (Crassulées, Sedées) ou 
gamopétale, (Rochées ; Umbilicées); à androcée  isostémone 
(Crassulées, Rochées), ou diplostémone (Sedées, . Umbilicées). 
Carpelles indépendants oppositipétales devenant des follieules. 
Plantes ordinairement grasses (E, 808, B, 134, 155, 139), — 
Joubarbes. (Sempervivum). Orpin, Sedum acre, album , etc. 

(G, D 934)... « 

64. Puvroraccizs. Crassulacées à réceptacle légèrement con- 
cave, à carpelles indépendants, au moins en grande partie, ünio- 
vulés. Ovule amphitrope ou campulitrope ascendant; à micropyle 


| DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 955 
inférieur et extérieur (E, 975). — Petiveria alliacea. —— 
purgatifs (G, IT, 411, L, 354). 

65. Urricées, Fleurs diclines apétales. Androcée isostémone 
(ou moins) à filets staminaux incurvés dans le bouton. Gynécée 
uniearpellé. Ovule dressé orthotrope. Graine albuminée (E, 282, 
B, f. 468, 469). — Orties et Pariétaires (G, IL, 312). 

66. PiPÉRAcÉES. Urticées à fleurs en chatons, nues, herma- 
phrodites ou diclines, diandres, à ovule unique ortliotrope dressé, 
à graine pourvue de deux albumens (E, 265). — Poivres noir, 
blanc, long, Cubèbe, Bétel, de la Jamaïque (G, II, 263-267, 
L, 310-315). Matico (Artanthe longifolia). 

67. CnionawrHACÉES. Pipéracées à ovule orthotrope suspendu 
(A, IH, 280). — Hedyosmum antisyphilitiques. Chlorantus ofici- 
nalis, Ascarina serrata (ébrifuges (L, 309). 
` 68. PrarawÉEs. Chloranthacées à fleurs diclines, sans pé- 
rianthe. Ovaire infére uniloculaire. Ovule orthotrope suspendu. 
Arbres à feuilles alternes (L, A, III, 291, E, 289). 

69. GénaToPmYuLÉEs. : Chloranthacées à ovaire libre. Ovüle 
orthotrope suspendu. Graine sans albumen. Fleur mâle à étamines 
indéfinies. Plantes herbacées aquatiques à feuilles verticillées 
(LA; HL, 292, E, 267)... | 

70. Saururées. Pipéracées à fleurs hermaphrodites, sans pé- 
rianthe; plusieurs pistils à ovaire uniloculaire. Quelques ovules 
ascendants ou dressés, anatropes. Deux albumens (I, A, HI, 992, 
E, 266). 

7A. Nycracnées, Fleurs hermaphrèdites ou diclincs, à pé- 
rianthe simple pétaloïde. Carpelle unique libre, uniloculaire. Un 
seul ovule anatrope dressé: Graine albuminée (B, 251, E, 310). 
— Belle-de-nuit (Mirabilis Jalapa). Boerhavia Mens 
(G, IL, 411). ; 

72. Tmvw£rérs: Nyctaginées à ovule suspendu (E, 313) — 
Garou (Daphne Gnidium), Lauréole et Bois-Gentil (D. Laureo/a, 
Mezereum). Bois-Dentelle (Laghetta lintearia) (G, H, 358). 

73. ÉLæacnées. Thymélées à fleurs hermaphrodites ou di- 


256 CLASSEMENT á 


clines, à ovule ascendant (E, 333). — Chalefs (Elæagnus) 
fébrifuges. Argousiers (Hippophae) vénéneux. 

7h. Proréacées. Fleurs ordinairement hermaphrodites, à pé- 
rianthe unique, pétaloide, à androcée défini inséré sur le périau- 
the. Carpelle unique libre. Ovaire à un seul ovule plus ou moins 
hémitrope, à micropyle extérieur et inférieur (Protéinées), ou à 
deux ovules collatéraux (Hakeées), ou à ovules. nombreux dispo- 
sés en séries verticales (Embothryées) (1, E, 336). 
75. LécuwmEuses. Fleurs hermaphrodites ou diclines, à car- 
pelle unique, à ovaire uniloculaire avec un placenta pariétal uni ou 
pluriovulé. Fruit souvent en gousse. Périanthe simple ou double, 
régulier (Mimosées), ou irrégulier (Papilionacées, Cassiées, etc), 
à corolle gamopétale ou polypétale ; réceptacle concave (Papilio- 
nacées, etc.), ou convexe (Swartziées, etc.); androcée défini 
décandre, à filets adelphes ou libres; ou indéfini (Mimosées, etc.) 
(E, 1253, B, 272).— Mimosées : Acacias à gomme, à cachou, etc. 
(A, IV, 85, D, I, 254). Vachellia Farnesiana (L, 270, G, IIl, 
366). Inga et Prosopis (L, 270-272). Moucenna (Albizzia an- 
thelmintica (D, Il, 416). Cosatpiniées : Bois de Campéche, de 
Sappan, d'Angelin. Bonduc. Poincillade. Alcornoque vraie, 
Tamarin de l'Inde. Courbaril. Caroubier. Bois d'Agalloche 
(L, 262-267, G, III, 305-333). Cassiées : Senés et Casses 
(Cathartocarpus et Cassia) (L; 958-969, G, 336-348, R, Il, 
914-322). — Papilionacées ` Genêts. Cytises. Anthyllide vulné- 
raire. Anagyre fœtide. Fenu-grec. Mélilot officinal. Luzernes et 
Tréfles. Indigotiers. Réglisses. Galégas. Agati (D, II, 133), As- 
tragales à gomme adragant. Baguenaudiers. Bugranes. Coronilles. 
Alhagi à Manne (D, I1). Abrus (D, 1, 205). Gesses. Pois. Lupins. 
Fèves. Lentilles. Haricots. Pois à gratter. Arachide, Féve de 
Calabar (Physostigma venenosum). Ptérocarpes à sang-dragon. 
Féve Tonka (Dipteriæ odorata) (G, I, 301-305, 334-336, 351- 
357, L, 237-257). 

76. Rosacées. Légumineuses régulières polypétales, à récep- 
tacle concave, à insertion périgynique, à un ou plusieurs car- 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 957 


pelles. Ovules indéfinis en rangées verticales (Spiréacées, Cydo- 
niées), ou 1-2, ascendants avec micropyle intérieur (exc. Drya- 
dées), ou descendants avec micropyle extérieur. Graines sans 
albumen (E, 194, B, 137, 151, 469, 101, 193, 900, 202, 233, 
244). — Benoite (L, 225, G, II, 281, R, II, 244). Ronces 
(L, 227, G, 279, R, 246). Tormentille (L, 225, G, 281, R, 243). 
Fraisier (R, 240). Aigremoine (D, I, 202). Spirées (L, 929, G, 
283, R, 247). Kousso (Brayera anthelminthica) (M, L, 230, 
G, 28h, R, 250). Gillenia trifoliata (L. 229). Roses, de Pro- 
vins, etc. (L, 228, G, 272, R, 265). Prunier, Cerisier, Pécher, 
Amandier (G, 287, R, 252-263). Abricotier (D, I, 204). Lau- 
rier-Cerise (L, 232, G, 293, R, 257). Poirier, Pommier, Sorbier, 
Néflier, Cognassier (R, 268-274). Alchemille (D, II). 

11. GRANATÉES ou PuwicÉEs. Rosacées à carpelles sur deux 
rangs, refoulés de haut en bas dans la concavité du réceptacle 
et unis avec lui. Périanthe et androcée de Myrtacée (E, n. 6340). 
— Balaustes et écorce de Grenadier (Punica Sa (G, HI, 
257, R,. 1226, L, 71). 

78. Myrracées. Réceptacle concave logeant un ovaire à une 
seule loge (Chamelauciées), ou à plusieurs loges disposées sur un 
seul verticille. Placenta multi et plus rarement pauciovulé, axile. 
Calice valvaire ; corolle polypétale. Étamines indéfinies (Myrtées, 
Leptospermées), ou unies en urcéole (Lécythidées). Graines sans 
albumen. Plantes ligneuses à feuilles opposées, odorantes, ou plus 
rarement alternes (Barringtoniées, Lécythidées) (E, 1223, A, 
II, 323). — Myrte. (L, 74, G, III, 249). Girofle (Caryophyllus 
aromaticus) (L, 75, G, 250). Toute-épice (Eugenia Pimenta) (L, 
76, G, 252). Eucalyptus globulus, robusta, mannifera , resini- 
fera, ete. (L, 77). Calyptranthes aromatica (L, 77). Cajeputs- 
(Melaleuca) (L, 73, G, 256). Gustavia, Lecythis, Barringtonia 
(L, 78), Couroupita, Bertholletia (G, 958). 

Kä MéLasrowÉEs. Myrtacées à gynécée libre ou adhérent, 
pluriovalé, à à androcée diplostémoné. Étamines toutes fertiles ou 
en partie stériles, à anthères porricides accompagnées d'un pro- 

v. 17 


258 CLASSEMENT 


ongement variable du connectif. Graines sans albumen. Feuilles 
opposées ou verticillées, sans stipules, à limbe plurinervé à la 
base (I, E, 1205). 

80. Lvruraniées. Réceptacle en sac Peres sur ses bords le 
périanthe souvent double. Étamines insérées plus bas, en dedans. 
Ovaire constamment libre (E, 1198). — Henné (Lawsonia alba) 
(M). Vesæa salicifolia antisyphilitique (L, 149). Ammania vési- 
cants (L, 149). Salicaire (L, 150). 

81. Onacrariées. Réceptacle concave ; ovaire infére, non libre, 
à plusieurs loges, ou à une seule (Hippuris). Ovules nombreux 
ou 1-2, descendants avec micropyle intérieur, ou ascendants 
avec mieropyle extérieur. Corolle polypétale, Androcée diplo- 
stémone, ou irrégulier (Lopeziées), ou monandre (Hippuris) 
(E, 1188). — Isnardia émétique. Montinia cres. Jussica sca- 
bra et Caparosa astringents. Fuchsia id. et à fruits comestibles. 
OEnothéres et Macles (Trapa) comestibles. 

. 82. Béconiacées. Réceptacle concave. Ovaire plus ou moins 
ailé; placentas simples ou doubles, multiovulés, Fleurs diclines. 
Androcée indéfini, régulier ou irrégulier unilatéral. Feuilles sou- 
vent insymétriques (I, E, 941). 

88. PuiLApsLPHÉES. Ovaire infère partagé en autant de loges 
pluriovulées qu'il y a de pièces aux verticilles du périanthe. 
Périanthe double ; pétales libres. Fruit capsulaire Graines albumi- 
nées. Arbustes à feuilles opposées sans stipules (I, E, 1186). 

8h. GnossuLARiÉES où Risésiées. Philadelphées à placentas pa- 
m à fruits charnus (F, 88, E, 823). — Groseilliers (R, II, 
855-360). 

85. Cacrées. Grossulariées à tiges charnues, épineuses (plan- 
‘tes grasses), à appendices floraux en spirale, souvent indéfinis 

(F, 443, E, 942) — Nopals, Figues-d'Inde (R, IL, 354, 
G, III, 232). 

86. Loasées. Giossilarios (?) à cinq faisceaux d'étamines su- 


| perposés aux sépales, à fruit sec ou charnu. Herbes souvent volu- 
biles (1, F, 80). ; 


kä 
DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 259 


87. Arisrorocuiées. Loasées à périanthe simple, régulier (Asa- 
rées), ou irrégulier, à corolle nulle ou rudimentaire (?) (A, 1, 55), 
à étamines libres ou réunies, à fruit capsulaire. Cloisons pariétales 
complétes ou incomplétes. Graines sans albumen (F, 99). — 
Aristoloches ronde, longue, ete. Serpentaire de Virginie. Caba- 
rets d'Europe et du Canada (L, 341-845, G, II, 343-359, R, I, 
305-313). 

88. Cucurgiracées. Aristolochiées à fleurs unisexuées, à fruits 
charnus, dans lesquels les placentas se rejoignent et se réfléchis- 
sent méme avant de porter les ovules ou les graines. Androcée 
particulier, avec cinq étamines uniloculaires dont quatre se rap- 
prochent deux à deux (Cucurbitacées vraies) (F, 120), ou à anthére 
circulaire à déhiscence horizontale (Cyclanthérées) (F, 122), ou à 
cinq étamines équidistantes alternipétales(Vandhirobées). Placentas 
au nombre de trois, fertiles (Curcurbitacées), ou un seul fertile, 
pluriovulé (Cyclanthérées), ou uniovulé (Sicyoidées) (F, 193). 
Graines sans albumen. Plantes ordinairement herbacées à feuilles 
accompagnées de vrilles. — Coloquinte, Courges, Concombre, 
Gourdes. Luffa. Bryones dioique et blanche. Ecbalium. Momordi- 
ques. Melothria pendula. Trichosanthes. Muricia. Fevillea (L, 
83-89). 

89. Saxırracées. Fleurs à réceptacle plus ou moins concave ; 
ovaire supère ou infère, à deux ou plusieurs placentas 37851 
souvent réunis de maniére à constituer un ovaire uniloculaire. 
Ovules ordinairement nombreux. Fruit sec; graines albuminées, 
Feuilles sans stipules (Saæi/ragées, Hydrangées), ou avec stipules 
(Cunoniées). Fleurs homomorphes (Cunoniées), ou dimorphes 
(Hydrangées) (A, V, F, 88). — Saxifrage granulée (R, II, 218). 
Heuchera astringents (L, 273). 

90. HiwawÉLIDÉES. Saxifragées à loges ovariennes à un ou dem 
ovules descendants, à micropyle d'abord intérieur. Anthéres sou- 
vent à panneaux (Hamamélées). Plantes ligneuses, parfois érici- 
formes (Bruniacées) (I, E, 805, 805, À, III, 918, 

91. BarsawirLUÉESs ou ALriNGIÉEs. Hamamélidées à loges ova- 


260 * CLASSEMENT 


riennes pluriovulées, à fleurs polygames. Arbres à feuilles alternes 
(E, 805). — Liquidambar orientale, styraciflua, Altingia (L, 
394, G, II, 292-295, R, II, 226). 

92. Cornées. Hamamélidées à ovaire infére 1-5-loculaire. Un 
ovule suspendu à micropyle supérieur et intérieur. Fruit drupacé, 
ou baie. Graines albuminées. Plantes arborescentes (E, 788, A, 
V, 479). — Cornouillers astringents, à fruits comestibles (L, 81, 
G, III, 182)... 

93. CapmiroLncéEs. Cornées à corolle monopétale. Plantes 

souvent ligneuses, le plus souvent sans stipules (A, I, 353, F, 
235). — Adoxa (D, V, 41). Sureaux, Yéble (L, 446, G, HT, 
180, R, II, 161). Triosteum (L, 445). Chévrefeuille (G, 179, 
R, 159). : 
. 9h. Runiacigs. Caprifoliacées à feuilles stipulées. Ovules ascen- 
dants à micropyle extérieur, descendants à micropyle intérieur, 
ou indéfinis (Quinquinas) (F, 231-935, A, I, 375). — Garance 
(R, II, 108). Gratteron. Herbe à l'esquinancie (R, 106-107). Ipé- 
cacuanha annelé (R, 117), strié (R, 120), blanc (R, 111). Café 
(A, V, 47, R, 112, G, III, 92). Chaya-ver (G, 77). Cainca (G, 
90). Quinquinas vrais et faux (M, G, III, 95-179, F, 235, R, 
Il, 428-156, L, 406). | 

95. Ararıacées, Cornées à ovules suspendus (deux d'abord, puis 
un seul par arrêt de développement), avec micropyle dirigé en 
haut et en dehors, Une ou plusieurs loges ovariennes. Plantes 
souvent arborescentes (E, 793). — Ginseng (Panaw quinque- 
folium). Lierre (Hedera Heliæ). Aralia hispida, papyrifera, nudi- 
caulis, ete. (L, 59). 

96. Owseuurères. Araliacées à ovaire constamment bilocu- 
laire, à fruit sec (diakéne). Plantes ordinairement herbacées 
(E, 762). — Petite Ciguë (Æthusa Cynapium), (D, II, 91). Aches 
(D, T, 521). Cigués : vireuse (Cicuta virosa), maculée (C. macu- 
lata), grande (Conium maculatum), aquatique (Phellandrium 
aquaticum). Panicaut (Eryngium campestre). Astrantia major, 
Persil (Petroselinum sativum), Cerfeuil (Scandix Cerefolium). 


Ye à 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. ; 961 


Plychotis d'Orient. Sison Amome. Carvi (Carum Carui). Anis | 
vert (Pimpinella Anisum). OEnanthe safranée (OEnanthe cro- 
cata). Fenouils (Feniculum dulce et vulgare). Athamante de 
Crête. Meum. Angéliques officinale et des bois. Opoponaæ. 
Férule de Perse, d'Orient et à l'Asa-feetida (Ferula Asa fœtida). 
Gomme Ammoniaque (Dorema Ammoniacum ). Peucedans. 
Impératoire. Aneth (Anethum graveolens\. Berce (Heracleum 
Sphondylium). Galbanum. Cumin (Cuminum Cyminum). 
Thapsies (Thapsia Silphion et villosa). Laserpitium glabrum. 
Carottes ( Daucus Carota, gummifera ). Anthriscus. Cachrys 
maritima et odontalgica. Fiturasulion (Prangos pabularia). 
Maceron (Smyrnium Olusatrum). Coriandre (Coriandrum sati- 
vum). (G, III, 188-999, L, 33-58, R, II, 165-208). 

97. Ruamnées. Ombelliféres à étamines oppositipétales. Ovaire 
libre ou plus ou moins « adhérent ». Ovules ascendants, avec 
micropyle intérieur. Fruit sec ou cbarnu. Plantes ligneuses en 
général (E, 1094). — Nerprun. Graine d'Avignon. Bourgéne. 
Alaterne. Jujubier (R, II, 241-217, G, III, 492-495). 

98. CéLAsThINÉES. Rhamnées à élamines alternipétales, à ovaire 
ordinairement libre. Ovules nombreux, ou 1-2, ascendants avec 
micropyle extérieur, ou descendants avec micropyle intérieur. 
Plantes ligneuses (E, 1085). — Maylen (Maytenus ilicifolius). 
Elæodendron et Celastrus astringents, ete. (L, 197). 

99. Buxacées. Célastrinées apétales diclines (Voy. Monogra- 
phie des Buæacées et des Stylocérées, par H. Baillon, Paris, 
1859). — Buis (Buxus sempervirens). B. de Mahon (B. balea- 
rica). (L, 175, G, II, 345, R, II, 278). 

100. IriciNÉEs ou Aquirozracées. Célastrinées à corolle gamopé- 
tale. Ovaire libre. Ovules descendants avec micropyle intérieur 
(E, 1091). Houx (Ilew Aquifolium). Ilew vomitoria. Maté 
(I. paraguaiensis). Prinos verticillata. (G, IIT, 496, L, 893, 394, 
R, IT, 12-15). 

101. Prrrosporées. Célastrinées à loges ovariennes multiovu- 
lées, complètes où incomplètes ; à corolle imbriquée, polypétale ou 


262 CLASSEMENT 


gamopétale. Albumen abondant. Plantes ligneuses (I, E, 1081). 

402. Aup£LiDÉES Où Vnurères. Célastrinées à étamines opposi- 
tipétales. Corolle valvaire. Ovaire libre. Ovules ascendants, à micro- 
pyle extérieur. Fruits bacciformes (E, 796). — Vignes et Cissus 
(R, II, 461, G, III, 523, L, 65). 

103. Nirramées. Ampélidées (?) à pétales pia étami- 
nes dédoublées, à ovules suspendus avec micropyle intérieur et 
supérieur. Fruit drupacé (L, E, 1094). 

40h. MALPICHIACÉES. Ampélidées (?) à androcée isostémone, 
méiostémone ou diplostémone. Ovules suspendus avec micropyle | 
intérieur. Fruit charnu, ou sec, souvent ailé. Graines sans albumen. 
Plantes ligneuses à feuilles opposées (I, E, 1057). 

105. Coriariées. Malpighiacées à androcée diplostémone, à 
carpelles indépendants superposés aux sépales. Ovule suspendu, 
avec micropyle intérieur. Arbustes à feuilles opposés (E, n. 
9996). — Redoul (Coriaria myrtifolia) (G, H, 549, 343, L, 
223). 

106. SraeHyLÉACÉEs. Sapindacées à fleurs régulières, herma- 
phrodites. Étamines insérées en dehors du disque. Graines pour- 
vues d'albumen. Plantes ligneuses à feuilles opposées, simples ou 
composées (I, E, 4084). 

107. Acérinées. Sapindacées à fleurs régulières, polygames. 
Étamines insérées sur le disque. Ovules 1-2, ascendants avec 
micropyle extérieur. Fruits ailés. Graines sans albumen. Arbres à 


feuilles opposées (E, 1055, D, I, 493). — Érables champêtre, 
rouge, à sucre, Sycomore (R, IT, 513, G, IIl, 550). 


108. Sarinnacées. Acérinées souvent irrégulières, isostémonés, 
ou à fleurs souvent 7-8-andres, avec les verticilles du périanthe 
pentamères. Ovaire à insertion souvent excentrique. Style simple. 
Ovules rarement nombreux, ordinairement 1-2, ascendants, avec 
micropyle extérieur. Étamines insérées dans l'intérieur du disque. 
Graines sans albumen, souvent arillées (E, 1066). — Savonniers. 
Euphoria Litchi et Longana. Guarana (Paullinia | sorbilis). 
Serjania vénéneux. Pois-de-cœur (Cardiospermum Halicacabum). 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE  - 263 


Fruits de Schmidelia. Schleichera trijuga. Graines de Marronnier 
d'Inde (Æsculus H ippocastanum) (G, MI, 541-547, R, II, 510, 
L, 121-121). 

109. SIMAROUBÉES. Fleurs ee rea (Quassia) Qu a à 
games (Simaruba), à carpelles indépendants, unis ou non par les 
styles seulement, superposés aux pétales. Ovules 1-2, descendants, 
avec micropyle extérieur (E, 1143). — Bois amer de Surinam 
(Quassia amara) (G, III, 514, L 207, R, II, 487). Simaruba 
officinal (S. amara) (L, 207, R, II, 489, G, II, 547, M). Picræna 
excelsa (L, 208, G, 516, M.). Brucea antidysenterica (L, 919) 
Ailanthe glanduleux (D, lI, 226). Cédron (Simaba -Cedron) 
(G, IV, 335, M). 

110. Ruracées. Simaroubées à feuilles ponctuées-glanduleuses. 
Carpelles libres par les ovaires, unis par les styles. Ovules 2, 
descendants, à micropyle extérieur (Cuspariées, Diosmées, Boro- 
niées, Toddaliées), ou en nombre indéfini (Rutées). Albumen 
charnu (Rutées, Boroniées), ou nul (Diosmées, Cuspariées) (E, 
1150). — Angusture vraie (Galipea Cusparia, officinalis). 
Ticorée fébrifuge. Fraxinelle blanche (Dictamnus albus). Buchu 
ou Bucco (Agathosma, Diosma, Barosma, A denandra) (D, L, 694, 
II, 132). Rue (Ruta graveolens). Évodie fébrifuge (G, III, 506- 
514, L, 209-218, R, 11, 480-486). 

111. XaxrBoxyrégs. Rutacées à fruits oligospermes, définitive- 
ment apocarpés, à péricarpe dédoublé. Graines avec ou sans albu- 
men. (E, 1145). — Claveliers jaune, poivré, ailé, à feuilles de 
Frêne, etc. (L, 215, G, III, 513). Ptelea trifoliata (L, 915)? 

112. Zycormyiées. Rutacées à carpelles non indépendants, 
unis en un seul ovaire pluriloculaire, avec placentation axile 
(E, 1161). — Gaïacs (Guayacum officinale, sanctum), G. du 
Chili (Porliera hygrometrica). Zygophyllum Fabago vermifuge 
(G, III, 499, L, 213-215, R, II, 476). 

113. AURANTIACÉES ou Hespérinées. Rutacées à ovaire unique 
pluriloculaire. .Étamines diplostémones ou nombreuses. Ovules 
peu. nombreux, suspendus, avec micropyle extérieur, ou. en - 


264 CLASSEMENT 


nombre indéfini. Fruit souvent charnu. Arbres ou arbustes à 
feuilles composées uni ou plurifoliolées, ponctuées, odorantes 
(Voy. Thèses de Paris (20 août 1855). — Citrons, Oranges, 
Cédrats, Limettiers, Lumies. Triphasia. Ægle (D, H, A5). 
Féronie. Cookia. Glycosmis (G, III, 570, R, IT, 563). 

114. Amvrinées ou BunsÉRacÉEs. Aurantiacées à loges ova- 
riennes 1-2-ovulées; ovules descendants avec micropyle extérieur. 
Style non articulé à sa base. Fruit drupacé. Graine sans albumen 
(E, 1135). — Boswellie à encens ou Oliban (Boswellia thurifera). 
Gomarts (Bursera gummifera et acuminata). Résines d’Icica. 
Elaphrium. Commiphora. Baumier de Ceylan (Canarium com- 
mune). Baume de la Mecque, de Gilead (Protium gileadense). 
Myrrhe (Balsamodendron Myrrha). Amyris hexandra, balsami- 
fera, ete. (L, 169-174, 977, G. 1I, 464, R, 11, 346). ——— 

115. Anacannifes, Amyridées à ovaire pluriloculaire (Spon- 
diacées), ou uniloculaire, avec plusieurs styles. Loges uniovulées. 
Ovule ascendant à raphé ventral, ou descendant à raphé dorsal (E, 
1127). — Noix, pomme et gomme d'Acajou (D, I, 262). Ana- 
` cardiers. Manguier. Pistachiers atlantique et Lentisque. Sumacs. 
Monbins (Spondias) (G, TII, 452, R, II, 336-346, L, 281-289). 

116. Mécracées. Amyridées à ovaire pluriloculaire. Ovules 
nombreux, ou définis, descendants avec micropyle extérieur. 
Plantes ligneuses à feuilles alternes, sans stipules, non ponctuées. 
Étamines libres (Cédrélacées), ou monadelphes (Swiéteniées, 
Trichiliées, Méliées). Ovules nombreux (Swiéteniées), ou 4, 2. 
Graines sans albumen (Trichiliées), ou pourvues d'albumen 
(Méliées) (E, 1046). — Azederach. Trichilie émétique. Xylocar- 
pus et Guarea, Sandoricum indicum. Carapa de la Guyane et du 
Sénégal (C. Touloucouna). Acajou à meubles (Swietenia Mahogoni), 
à planches (Cedrela odorata). A. du Sénégal (Khaya senegalensis). 
Cedrela fébrifuges (L, 151-458, G, IH, 937-511). 


117. Pouycarées. Méliacées à ovaire 1-9-loculaire. Ovules 


ordinairement solitaires, suspendus avec mieropyle extérieur (B, 
217). Périanthe irrégulier (E, 1077, A, T, 174). — Polygala de 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 965 


Virginie, amer, vulgaire, etc. (G, III, 604- -606) (. Ratanhia 
(Krameria triandra) (M, G, III, 606). 

118. Trémanorées. Polygalées régulières, à androcée diplosté- 
mone. Ovaire à deux loges uniovulées; micropyle supérieur et 
extérieur. Graines albuminées (I, E, 1076). 

119. Géraniacées. Polygalées régulières, à cinq carpelles super- 
posés aux pétales. Loges biovulées ; ovules suspendus, à micropyle 
extérieur. Etamines 5 (Erodium), ou 10 (Geranium), ou 45, 
(Monsonia); ou irrégulières (Pelargonium) (B, 971, E, 1166). 
— Bec-de-Grue. Essences de Geranium rosat et autres (G, IH, 
919-521, R, II, 498-502, L, 921). 

120. Oxauinées. Géraniacées régulières à loges ovariennes 
pluriovulées (E, 1171). — Surelles. Caramboliers (Averrhoa 
Carambola et Bilimbi) (G, IM, 518, R, H, 496, L, 222), 

191. Limnanrnées. Géraniacées(?) régulières à carpelles super- 
posés aux sépales, à style gynobasique. Ovule solitaire ascendant. 
avec micropyle extérieur (I, E, 1175). 

199. TrorxoLées. Géraniacées irrégulières, à fleur éperonnée 
en arriére, à huit étamines. Ovaire tricarpellé. Ovule solitaire 
suspendu, à micropyle extérieur (B, 146, 216, E, 1174). — 
Capucines (G, HI, 522, R, II, 502). 

193. BALSAMINÉES. Crnca ARUM d: à fleur éperonnée; 
Calice à 3-5 sépales. Androcée de cinq étamines. Cinq loges ova- 
riennes pluriovulées (B, 146, E, 1175).—Balsamines(G, IIT, 522). 

121. Livées. Géraniacées régulières, à androcée diplostémone, 
les étamines opposipétales tantót fertiles, tantót stériles. Ovaire à 
3-5 loges biovulées. Ovules suspendus, à micropyle extérieur 
(E, 1170, B, 154). — Lins usuel, cathartique, etc. (R, IT, 492, 
D, III, 598, L; 129). 

195. Carvornyzcérs. Linées à fleurs régulières. Sépales libres 
étalés (Alsinées), ou unis en tube denté (Silénées). Androcée ordi- 
nairement diplostémone. Ovaire à 2-5 loges communiquant plus 
ou moins ensemble par la destruction des eloisons (fausse placen- 
tation centrale libre). Fruit ordinairement capsulaire, rarement 


266 CLASSEMENT 


bacciforme (Cucubalus). Graines pouryyteg d'albumen. Plantes 
ordinairement herbacées, à feuilles opposées (E, 955, B, 97, 119, 
13h, 142, 155, 251). — Okillets. Saponaires. Gypsophiles. 
Silène de Virginie. Lychnis (R, 11, 362, G, III, 599, L, 201). 

126. Paronvemtées. Caryophyllées à insertion hypogyne ou 
périgyne, à cinq étamines, ou moins. Sépales libres ou à peine unis. 
Ovaire uniloculaire et uniovulé, à placentation basilaire. Feuilles 
sans stipules (Scléranthées), ou avec stipules (Corrigiolées) (F, 17). 
— Turquette (Herniaria glabra). Scléranthes annuel et vivace. 

127. PonTruLAcÉEs, Paronychiées polypétales, gamopétales ou 
apétales, à étamines variables, les. extérieures opposées ‘aux 
pétales. Ovaire supére, ou infère (T'étragoniées) (E, 946). — Pour- 
piers (R, II, 361, G, III, 235). Aizoon (D, 11, 375) 

198. Évarinées. Caryophyllées à ovaire complétement cloi- 
sonné, à capsule septicide. Graine sans albumen ou à peu près. 
Herbes à feuilles stipulées (I, E, 1036). 

129. MÉSEMBRIANTHÉMÉES ou FicoipEs. Paronychiées à ovaire 
pluriloculaire, à placenta axiles, ou pariétaux, mais occupant le 
milieu de la loge (F, 63). Pièces du périanthe et de l'androcée en 
nombre indéfini. Plantes grasses, à feuilles charnues, sans stipules 
(E, 945). — Ficoides (G, III, 232). 

130. Francoacées. Portulacées à réceptacle concave, à périan- ` 
the et androcée périgynes, avec un ovaire libre, à loges oppositi- 
pétales, multiovulées (I, E, 812). 

151. Cynocrameées. Portulacées(?) à (leurs diclines trés-incom- 
plètes, à gynécée unicarpellé nu (I, E, 285). 

132. Eurnongracées. Fleurs réguliéres ou irréguliéres, herma- 
phrodites (Euphorbiées), ou diclines. Ovaire libre à une ou plu- 
sieur$ loges, avec un ou deux ovules collatéraux, descendants 
avec micropyle extérieur et supérieur, coiffé d'un obturateur. 
Graine presque toujours albuminée (F, 292, A, I, 93, 50, 58, 
104, 159, 184, 251, 294, 340, II, 27, 211, IIT, 133, IV, 132, 
257, V, 147. — Voyez surtout notre Étude mr du groupe des 
Euphorbiacées, Paris, 1858). — Euphorbes. Pédilanthes. Sablier 


DE. L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. - 267 
(Hura). Stillingies. Mancenillier. Tragie. Ricinelles (D, I, 263). 
Mercuriales. Alchornées. Bancoulier (D, 11). Siphonies. Anda. 
Maniocs. Curcas. Médiciniers. Elæococca. Abrasin (D, I, 204). 
Ricins. Croton Tiglium (A, I, 232). Cascarilles. Tournesol Mau- 
rell. Bridelia. Clutelles. Phyllanthes. Emblics. Cheramelier 
(L, 175-196, G, II, 317-313, R, I, 262). 

133. Marvacées. Euphorbiacées ordinairement pétalées et 
hermaphrodites, à ovules nombreux, ou définis; ascendants, à 
micropyle extérieur; ou descendants, à micropyle intérieur (F, 
279). — Mauves. Guimauves. Pavonies. Alcée (D. IT). Sphæral- 
cées. Urena. Sida et Abutilon. Ketmies. Cotonnier. Abelmosch 
(D, I, 200). Adansonia (D, I, 691). Bombac. Eriodendrón. Helic- 
teres (L, 141, G, III, 585, R, II, 542). 

134. ByrrNÉnicÉEs. Malvacées à étamines ordinairement sté- 
riles et pétaloides, superposées aux pétales. Ovaire pluriloculaire 
à placentation axile. Ovules nombreux ou définis; suspendus avec 
micropyle extérieur (F, 290). — Theobroma Cacao (M). Guazuma 
ulmifolia (G, IH, 594, R, II, 550). | 

135. SrERCULIACÉES. Bytinériacées hermaphrodites ou diclines, 
à carpelles indépendants (E, 993, B, 236). — Sterculia. m— 
tiera (G, IH, 587, L, 135). 

136. TıLıacées. Malvacées à étamines ordinairement libres ou 
à peu prés, à anthères biloculaires. Ovules nombreux ou définis, 
descendants, avec mieropyle extérieur. Calice ordinairement 
valvaire (F, 274). — Tilleuls. Corchorus. Triumfetla. (G, IH, 
583, L, 4147. R, Il, 538), i 

137. Diprérocarpées. Tiliacées à calice. imbriqué. Ovules 
suspendus, avee micropyle extérieur (F, 272). — Camphre de 
Bornéo (Dryobalanops aromatica). Dipterocarpus. V ateria (M, L, 
145, 146, G, H, 585). 

138. TrnNsrRoEwiÉES. Tiliacées à calice imbriqué, à corolle 
polypétale ou gamopétale, imbriquée ou tordue. Étamines hypo- 
gynes où légèrement périgynes, ordinairement indéfinies (F, 264). 
— Thés, Camellia (G, IIl, 579, R, II, 519-529, L, 119). 


268 CLASSEMENT ` 


439. CLusracées ou Gurrirères. Ternstræmiées à feuilles ordi- 
nairement opposées, à fleurs souvent diclines. Graines sans albu- 
men, souvent arillées. Embryon charnu, macropode (F, 269). — 
Clusia, Xanthochymus. Garcinies Mangostan, Guttier à gros 
fruit (G. Cambogia) et à petit fruit (G. Morella) (M, F, 271). 
Abricotier de Saint-Dominique (D, I, 205). Résine Tacahamaque 

‘ (Calophyllum) (G, M, 552, L, 113, R, IL, 554). 

140. HyrénicixÉEs. Clusiacées à placentation presque constam- 
ment pariétale. Fleurs hermaphrodites. Étamines polyadelphes, 
superposées aux pétales. Plantes presque toujours herbacées. 
(F, 77). — Millepertuis. Androséme. Caopia (Vismia guianensis) 
(G, HI, 569, L, 117, R, 1, 561). ; 

141. Cisrnées. Hypéricinées à ovaire uniloculaire, avec 3-5 
placentas pariétaux, Étamines indéfinies. Ovules orthotropes ou 
à peu prés. Fruit capsulaire. Graines albuminées (F, 144). — 
Cistes à ladanum (G, III, 611, L, 131, R, Il, 376). 

142, Tamariscnées. Cistinées à placentas pariétaux superposés 
aux sépales. Etamines monadelphes. Fruit capsulaire. Graines 

ans albumen, à poils chalaziques (F, 103). — Écorce, galles et 
manne de Tamarix (L, 203). 

143. FnawkÉNiAcÉEs. Tamariscinées à étamines monadelphes, 
sur deux verticilles, l'intérieur souvent incomplet. Ovaire unilo- 
culaire. Placentas pariétaux 2-4, ordinairement 3, dont un posté- 

. rieur. Fruit capsulaire. Graines albuminées. Petites herbes à feuilles 
opposées (T, E, 105, B, 17). 

14h. Droséracées. Tamariscinées à fleurs isostémones ; 
anthères extrorses. Placentas basilaires, ou pariétaux superposés 
aux sépales. Fruit capsulaire. Graines albuminées (1, F, 105). 

145. Viozamtées. Droséracées à fleurs régulières (A/sodéiées) 
ou irrégulières (Violées), à corolle éperonnée en avant. Androcée 
isostémone. Anthére surmontée d'un prolongement pétaloide du 
connectif. Ovaire uniloculaire à trois placentas pariétaux, dont un 
postérieur. Fruit capsulaire. Graines albuminées (F, 107, B, 86, 
150, 147, 186, 195, 221, 238). — Violettes odorante, trico- 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 269 
lore, ete. Zonidium faux-ipécacuanhas. Anchietea (R, II, 367- 
375, G, III, 87, 608, L, 97). 

146. Passircorées. Réceptacle ordinairement allongé, cylin- 
drique, portant en bas le périanthe, et en haut les organes sexuels, 
Disques pétaloides en nombre variable. Ovaire en général à trois 
placentas pariétaux, dont un antérieur. Graines albuminées, sou- 
vent arillées. Plantes souvent grimpantes (F, 88, B, 192). — 
Passiflores (L, 105). 

147. Garryacées. Fleurs diclines. Placentas pariétaux pauciovu- 
lés. Fruit charnu. Fleurs máles à périanthe double; femelles sans 
périanthe. Feuilles opposées (I, F, 124). 

148. Saricwées. Garryacées à fleurs diclines en chátons, sans 
périanthe (Saules) ou à périanthe simple (Peupliers). Ovaire libre 
à deux placentas pariétaux pluriovulés. Graines à aigrette, sans 
albumen. Feuilles alternes (F, 124, B, 83, 135, 136, 253). — 
Saules et Peupliers (G, II, 295, R, I, 998). ; 

149. Homarınées. Feurs hermaphrodites ou diclines. Deux ` 
périanthes analogues. Étamines superposées ou unies en faisceaux 
superposés aux pétales. Ovaire supére (Calanticées), ou infère 
(Nisées). Placentas pariétaux en général, au nombre de trois, dont 
un antérieur. Fruit eapsulaire. Graines albuminées (I, F, 82). 

450. Bixacées. Homalinées à ovaire supére, à fleurs polyandres, 
hermaphrodites ou diclines (F, 110), — Rocou (Bixa Orellana). 
Cochlospermum (M). Flacourtia (L, II, 119, G, IIT, 614). 

454. Gentanées. Saxifragées à fleurs monopétales et à ovaire 
supère. Corolle régulière. Androcée isostémone. Deux placentas 
pariétaux pluriovulés. Fruit capsulaire. Graines albuminées (F, 
74). — Gentianes. Petite Centaurée (Erythrea Centaurium). 
Trèfle d'eau (Minyanthes trifoliata). Villarsia. Chlora. Cicendia. 
Frazera. Agathotes (L, 517-524, G, II, 501, R, I, 383). 

159. Gesnéracées. Gentianées irrégulières. Étamines 2 ou 4 
didynames. Ovaire infére (Gloæiniées, Æschinanthées), ou supère 
(Martyniées, Tapiniées). Graines albuminées (T'apiniées, Gloæi- 
niées), ou sans albumen (Æschinanthées, Martyniées). (I, F, 71, 
A, HII, 341). : 


270 CLASSEMENT 


153. Oxopancaées. Gessnériacées parasites, non vertes (F, 76). 
— Orobanches, Epiphegus (L, 525). 

451. Bicnomacées. Gessnériacées à ovaire supère partagé en 
deux loges complètes. Graines sans albumen. Fruit capsulaire à 
cloison parallèle aux valves (Eubignoniées), ou à cloison perpendi- 
culaire aux valves (Tecomées), ou indéhiscent  (Crescentiées), 
ou à loges subdivisées par une fausse cloison médiane centripéte 
(Sésamées) (F, 213, A, IT, 1, 182, et surtout Ja Thèse de M. Bu- 
reau, 1864). — Sésame (A, II, 1). Bignones. Catalpa. Cres- 
centia (L, 499, 514, G, II, 498). 

455. AcawrHACÉES..Bignoniacées à deux ou à quatre étamines 
didynames; à coroll à peu près régulière (T'hunbergiées), ou 
bilabiée. Ovules réduits au nucelle et accompagnés d’une saillie 
placeniaire. Graines sans albumen (E, 215). — Adhatoda (D, II, 
1). Acanthes. Rhinacanthe. Gendarussa. Andrographis (L, 500, 
R, I, 457). 

156. ScmoruLAmiÉEs. Bignoniacées à graines albuminées. 
Corolle personée ou bilabiée. Androcée diandre (V éronicées), ou 
didyname (F, 210). — Digitale. Gratiole. Serofulaire.. Bouillon 
blanc. Linaires. Véroniques. Euphraise. Muflier. Picrorhiza. 
Calcéolaires. Herpestes (G, II, 443, R, I, 442, L, 502). 

457. Soranées. Scrofulariées régulières isostémones (F, 205, 
B, 98, 170, 209, 286). — Belladone. Mandragore. Stramoine. 
ne Tabac. Morelles. Piment. Alkékenge (G, I, 451, R, 

L M4, L; 508). | 

458. Locaniacées, Solanées ligneuses à feuilles opposées. 
Fleurs hermaphrodites (Strychnées, Spigeliées), ou diclines (Loga- 
niées).. Androcée..isostémone, ou incomplet (Ustériées). Fruit 
charnu (Strychnées), ou déhiscent (Loganiées, Spigeliées)(F, 201). 
— Féve de Saint-Ignace (Ignatia amara). Fausse Angusture. 
Noix vomique (Sirychnos Nuæ-vomica). Upas-Tieute. -Curare 
(Strychnos toæifera). Bois de Couleuvre (S. TD (L, 524, 
528-531, G, II, 507, R, 1, 404). 5 

159. A»ocyNÉEs. Solanées à carpélles "En par leur 


| DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 97A 


portion ovarienne, plus rarement unis (Willughbiées, Carissées.). 
Feuilles opposées ou verticillées. Suc laiteux (E, 577, A, III, 8). 
— Laurier-rose (Nerium Oleander). Pervenches. Apocyns. Tan- 

guin. Willughbeia. Alyæia. Cerbera. Allamanda. Plumieria. 

Wrightia (L, 527-537, R, I, 398, G, II, 52). 

160. Ascrépranées. Apocynées à pollen en masses solides (B, 
174, E, 586). — Asclépiades. Tylophore. Hoya. Calotropis. 
Dompte-venin. Scammonée de Montpellier. Secamone, etc. (L. 
539, 545, R, I, 392, G, II, 519). 

161. HypnoLf£acms. Solanées à placentation axile ou pariétale, 
à inflorescences d'Hydrophyllées (F, 204). — Hydrolea zeylanica 
(M, L, 401). 

162. Hvorornycuées. Hydroléacées à placentation RAA et 
Borraginées à fruit capsulaire (I, F, 68). ( 

163. Borracmées. Solanées à ovaire biloculaire et biovulé, à 
loges souvent partagées en deux moitiés uniovulées. Ovules ascen- 
dants, avec micropyle intérieur. Style gynobasique (Borraginées 
proprement dites), ou apical. Graines sans albumen (Cordiées, 
Héliotropiées), où albuminées (T'ournefortiées). Corolle presque 
toujours réguliére, ou irréguliére (Vipérines) (A, III, 1-7, F,- 
485). — Bourrache. Consoudes. Pulmonaires. Buglosse. Cyno- 
glosse. Grémils. Orcanettes. Trichodesma. Sébestes (G, Il, 468- 
476, L, 481-484. R, I, 874-383). 

“164. Convouvoiacées. Cordiées à ovaire biloculaire, à loges 
biovulées, ou à quatre loges ovariennes uniovulées. Ovules ascen- 
dants, avec micropyle extérieur. Style gynobasique (Dichondrées), 
ou apical. Corolle sans appendices, ou avec appendices (Cuscutées) 
(F, 195). — Scammonée (Convolvulus Scammonia). Liserons 
maritime, des haies, des champs, ete. Argyrées. Turbith végétal 
(Zpomea Turpethum). Patates (Batatas edulis). Pharbitis. Jalap 
(Exogonium Purga), Bois de Rhodes (Breweria scoparia). Racine 
de Mechoacan (G, I, 476-498, R, I, 861, L, 395). 

165. Noranées. Convolvulacées à carpelles indéfinis échelon- 
nés sur le réceptacle et formant un fruit composé (I, F, 198). 


' = 
972 CLASSEMENT 


166. Pouémonacées. Convolvulacées à ovaire triloculaire. 
Ovules nombreux sur deux séries verticales (Polémoniées), ou 
solitaires, ascendants, avec micropyle extérieur (Phloæidées). 
Corolle régulière (Polémoniées, Phloæidées), ou labiée (Bonplan- 
diées) (I, F, 199-201). 

167. OLéivées. Fleurs régulières, diandres. Étamines super- 
posées à deux lobes de la corolle (Jasminées), ou alternes (Chio- 
nanthées, Syringées, Fraxinées). Ovules suspendus, avec micro- 
pyle intérieur (Ornées, Fraxinées, Syringées), ou avec micropyle 
extérieur (Chionanthées , Jasminées). Graines  albuminées 
(Fracinées), ou sans albumen (Chionanthées, Jasminées) (F, 175- 
181). — Jasmins. Lilas. Troénes. Frênes. Olivier (Olea europea). 
Frénes à manne (Ornus europæa et rotundifolia) (L, 547, G, I, 
530, R, I, 463-472). 

168. Sarorées. Fleurs monopélales diplostémones, à un verti- 
cille d'étamines avorté ou transformé en lames pétaloides (Bume- 
liées), ou à 2-3 verticilles fertiles (Bassices), ou à un seul verti- 
cille d'étamines fertiles et superposées aux pétales (Chrysophyllées). 
Loges ovariennes superposées aux sépales, uniovulées. Ovule 
ascendant, avec mieropyle extérieur. Fruit charnu (baie) (F, 254, 
A, M, 24). Gutta-percha (Zsonandra Guita). Elengi. Bassia. 
Beurre de Galam. Sapotille (Achras Sapota) (M, L, 387, G, Il, 
9/2). : 

169. Sryracées. Sapotées (?) à ovaire en partie infère, à éta- 
mines plus nombreuses que les pétales et unies à la base. Graines 
albuminées (F, 251). — Aliboufiers, Benjoin, Storax (D, Il, G, 
IL, 549, R, II, 7-12, L, 389). 

170. ÉséwAcÉEs. Styracées à loges ovariennes biovulées. 
Ovules suspendus, avec micropyle intérieur. Graines albuminées 
(F, 258). — Plaqueminiers. Bois d'ébéne (G, II, 547, L, 388, 
R, II, 5). 

174. Myorormées. Scrofulariées (2) à gynécée dimère. Ovules 


géminés, suspendus, avec micropyle iniérieur. Graines albumi- 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 273 


172. SéLacwées. Myoporinées à corolle bilabiée. Ovules soli- 
laires suspendus, avec micropyle intérieur, Ovaire biloculaire, ou 
uniloculaire (Globulariées) (F, 220, E, 639, 640). — Globu- 
laria Alypum, vulgaris, nudicaulis (L, 475, G, II, 420, R, I, 
398). 

173. Versénacées. Myoporinées régulières ou irrégulières, à 
loges dédoublées par une fausse cloison médiane en deux com- 
partiments uniovulés. Ovule ascendant avec micropyle extérieur, 
ou descendant avec micropyle intérieur. Style apical (F, 187, A, 
Ii, 81, 251, 303, HI, 177). — Verveines. Gattiliers. Sachytar- 
phela. Lippie Citronelle. Bois de Tek (G, IL, 440, L, 495, R, I, 
159). 

47h. Lames. Verbénacées irrégulières à à gynécée de Borragi- 
née, avec gynobase. Ovules ascendants, avec micropyle extérieur 
(F, 190, B, 85, 155, 165, 171). — Calaire. Mélisses. Lierre- 
terrestre. Marrube. Ballote. Ortie blanche, Orvale. Bétoine. Ger- 
mandrées. Bugles. Sauges. Romarin. Menthes. Origans. Lavandes. 
Dasilies. Thyms. Calament. Sarriette. Hysope. Lycope. Mérian- 
dre du Bengale. Patchouly. Dictame de Crète. Cardiaque. 
Slachydes. Anisoméle du Malabar. Prunelle (L, 485-495, R, 1, 
172-502, G, II, 421-440). 

175. Bagage, Éricinées à anthéres uniloculaires (F, 222, A, L, 
206). — Astroloma, Leucopogon et Styphelia à fruits comestibles. 

176. Monorroréss. Éricinées asépales, parasites (?), non vertes, 
à corolle polypétale (A, I, 189, F, 229). — H ypopytis et Mono- 
tropa anthelminthiques et pectoraux. 

477. Pirozacéss. Ericinées herbacées, polypétales (A, 1, 195, F,. 
227). — Piroles. Chimaphile ombellée (G, II, 1). 

478. Émonées. Fleurs régulières (Bruyères), ou irrégulières 
(Rhododendrées). Corolle monopétale, ou polypétale (Lédées). 
Ovaire supère ou infère (Vacciniées). Fruit sec ou charnu (Arbu- 
tées, Myrtilles). Étamines à anthéres biloeulaires. Plantes frutes- 
centes (F, 224-227, A, 1, 198, 206, 287). — Ledum. Kalmia. 


Azalées. Rosages. Arbousiers. Busserolle. Loiseleurie. Gaulthe- 
v. 48 


274 CLASSEMENT 


ria prociumbens: Airelles (D, H, 333). Canneberge. Andromèdes 
(G, HI, 2-8, R, HI, 5-18, 21-26, E, 377). 

kt? Men Éricinées à fleurs diclines, polypétales, à loges 
ovariennes uniovulées. Ovule ascendant, avec micropyle extérieur 
(L, F, 261). 

180. CAMPANULACÉES. Vacciniées (?) à fruit Geet? à androcée 
isostémone. Plantes ordinairement herbacées. Corolle gamopétale 
régulière (Campanulacées proprement dites), ou irrégulière (Lobé- 
liacées) (F, 248-251). — Campanules. Raiponce. Phyteuma. 
Lobélies. Tupa (G, I, 8, L, 408, R, II, 26). 

181. Goopénacées. Campanulacées irréguliéres, à extrémité 
stigmatique du style entourée d'une collerette (B, 204). Loges 
ovariennes multiovulées (Goodéniées) ou uniovulées (Scævolées). 
Fruit charnu (Secvolées), ou capsulaite (Goodéniées) (I, F, 246). 

182. Srvumiées. Goodéniées gynandres, diandres. Ovaire à 
deux loges dont une souvent avortéc. Cloisons incomplètes DF, 
246). - 

- 483. VaLérianées, Campanulacées (?) guet d à androcée 
tétramére. Ovaire infère à une seule loge fertile uniovulée. Ovule 
suspendu, avee micropyle intérieur. Fruit sec. Graines sans albu- 
men (F, 240, B, 482). — Grande Valériane (Valeriana Phu). 
V. officinale. V. dioique. V. de Dioscoride. Nard celtique (7. cel- 
tica). Spicanard vrai. Nard indien. Valériane rouge (Centranthus 
ruber). Mache (Valeriunella olitoFid) (G, IH, 63, L, 474, R, Il, 
48). 

- 481. Dipsacées. Vaéridiés à fleurs irégulibiis; EST 
pourvues ` d'un calicule. Ovaire uniloculaire. Ovule solitaire sus- 
pendu, avec mieropyle postérieur. Graines albuminées (F; 243, — 
B, 147). — Scabieuses. Cardéres (G, III, 64, R, H, A4). | 

189. Courosées ou SYNANTHÉRÉES. Dipsacées à placentation 
basilaire. Ovule anatrope dressé. Fruit see indéhiscent. Graine 
sans albumen. Corolle réguliére (fleuron) ou ligulée (demi-fleu- 
ron). Fleurs en capitules (F, 18, B, 89, 403, 104, 105,108, 111,' 
147, 106, 171, 178, 242). — 1. Carduacées : Artichaut. Car- 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 275 


dons. Chardon-Marie (Silybum Marianum). Onopordon. Char- 
don-bénit (Cnicus benedictus). Grande Centaurée. Chausse-trape. 
Barbeau. Jacée. Behen blanc. Chamæléons. Carline. Bardane. 
Auklandia Costus (G, III, 16-31, R, II, 55-66). II. Chicoracées : 
Laitues. Chicorées. Laitrons. Pissenlit. Salsifis. Scorsonères (R, 
II, 92, G, III, 12-16). III. Radiées : Soucis officinal et des vignes. 
Arnica. Herbe aux panthéres. Émilie à feuilles de laitron. Tanaisie. 
. Armoises et Absinthe (D, I, 206). Génipis. Pyrèthre. Anacycle. 

Achillées (D, I, 523). Camomilles. Maruta. Cotula. Calea. Cres- 
son du Para. Hélianthes. Topinambour. Aunée. Pulieaire. Pied-de- 
chat. Grangea maderaspatana. Verge d'or. Baccharis. Stenactis 
annua. Tussilage pas-d'àne. Erigeron. Adenostyles. Piqueria. 
Eupatoires. Guaco. Liatris squamosa. Vernonies (L, P 466, G, 
HI, 31-61, R, II, 67-92). 

186. PLumsacnées. Fleurs en capitules ou en épis composés. 
Ovaire supére uniloculaire uniovulé. Ovule anatrope porté par 
l'extrémité recourbée d'un placenta filiforme (F, 12). — Dente- 
laires. Behen rouge. Statice Armeria, caroliniana (G, II, 415, 
L, h79). 

` 187. Privuracées. Plumbaginées à étamines oppositipétales. 
Placents central libre pluriovulé. Ovaire supère ou infère (Samo- 
lées, Mæsées). Graines rarement sans albumen (F, 1-11, B, 140, 
280, 166, 170, 211, 222). — Pain-de-pourceau. Primevéres. 
Mouron-rouge. Lysimaques (L, 385, G, II, 419, R, I, 502). 

188. LewriBULARIÉES ou UrmrcuLAmiÉES. Primulacées à corolle 
irrégulière, à deux étamines (I, F, 44, B, 137). 

189. Pzanracées. Plumbaginées C) à ovaire biloculaire. 
Ovules ascendants, avec mieropyle extérieur. Loges ovariennes 
toutes fertiles, ou une stérile (Littorella), l'autre uniovulée (F, 
181). — Plantains (L, 478, G, IT, 414, R, I, 352). 

190. Cnénoronées. Plumbaginées apétales à placenta basilaire 
uniovulé. Ovule dressé campylotrope. Ovaire supére ou infére 
(Bétées). Étamines libres ou monadelphes (Achyranthées). Anthéres 
biloculaires, ou uniloculaires (Alternanthérées) (F, 33). — Chéno- 


276 CLASSEMENT 

podes. Camphrée de Montpellier. Poirée. Arroches. Belteraves. 
Bon-Henri (D, II, 133). Sondes, Salicornes. Chouan. Blitum. 
Amarantes. Gomphrena (G, H, 405-411). 

191? Deermeées. Chénopodées à placenta pluriovulé (I, F, 
32, B, 448). 

192? BasecLées. Chénopodées à deux périanthes anisoméres. 
Étamines oppositipétales. Ovule solitaire campylotrope. (F, 39). — 
Baselles. Boussingaultia. Ulluco (R, I, 348) à tubercules fécu- 
lents. 
..193. Poryconées. Chénopodées à ovule solitaire, orthotrope, 
dressé. Feuilles pourvues d'un ochrea (B, 24, 50, 159, 213, 
225, F, M). — Renouées, Bistorte, Poivre d'eau, Sarrazin. 
Rhubarbes. Patiences. Oseille. Coccoloba (G, H, 390-405, L, 355, 
R, I, 321-336). ; 

194. LomawrHacÉEs. Polygonées à étamines oppositipétales. 
Ovules dressés ou ascendants (Loranthinées), ou descendants (San- 
talinées). Ovaire infère (Santalacées, Loranthées), ou supère (Ola- 
cinées, Anthobolées) (A, Il, 330-381, Ill, 50-198, F, 46, 48, 
9). — Gui. Santals blanc, paniculé, elliptique, de Freycinet, etc. 
(M, G, II, 352, R, I, 313, L, 323). 

195. Juezanpées. Loranthacées apétales à fleurs diclines. Ovaire 
infére uniovulé. Ovule orthotrope dressé. Graines sans albumen 
(F, 45). — Noyers. Dammar, Carya (G, II, 987, R, I, 215, L, 
307). 

196. Mvricacées. Juglandées amentacées, à fleurs apérianthées. 
Ovule dressé orthotrope. Graines sans albumen. — Comptonia. 
Myrica cerifera, pensylvanica, Gale, etc. (L, 305, R, I, 919, G, 
II, 268). | 

197? Béruunées. Fleurs en chaton (Amentacées), monoïques. 
Anthères extrorses. Ovaire supère à deux loges uniovulées. Ovules 
suspendus, avee micropyle extérieur. Graines sans albumen (F, 
161). — Aunes et Bouleaux (R, 1, 220, G, II, 268, L, 293). 

198. Corvzées. Amentacées monoiques, à fleurs mâles apérian- 
thées. Anthéres extrorses, uniloculaires. Ovaire infére à deux 


DE. L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 277 


loges uniovulées. Ovules suspendus, avec micropyle extérieur. 
Graines sans albumen (F, 163). — Coudriers. Ostrya. Charmes 
(R, I, 211, G, II, 268). 

199. Quercnées ou CuruLirères. — Amentacées monoïques. 
Anthéres extrorses. Ovaire infére pluriloculaire. Loges biovulées, 
dont une seule se développe. Ovules suspendus, avec micropyle 
extérieur, dont un seul se développe. Fruit sec (akéne). Graine 
sans albumen. Involucre ligneux autour du fruit (F, 165). — 
Chênes. Hétres. Châtaigniers (R, I, 205, G, II, 270, L, 991). 

200? Arrocarrées ou Morées. Fleurs diclines. Ovaire à deux 
loges, dont une avorte. Style bifide. Loge fertile uniovulée. Ovule 
suspendu, avec micropyle extérieur. Ovaire supére ou infère 
(Antiars, Pseudolmédiées). Étamines à filets dressés, ou infléchis 
(Morées, Dorsténiées). Fleurs femelles en épis de glomérules 
(Morées), ou en cymes (Cannabinées), ou en épis (Pseudolmédiées, 
Antiars). Réceptacle de l'inflorescence convexe, ou concave 
(Figuiers), on en table de forme variée (Dorsténiées), portant de 
nombreux glomérules (F, 169-175, A, I, 212, 214, III, 335, IV, 
79, B, 105, 241). — Figuiers, Laque des Figuiers. Müriers blanc, 
noir, à papier (Broussonnetia). Maclure épineux. Dorsténies, Con- 
trayerva. Arbres à pain. Arbre à la vache (Galactodendron utile). 
Antiar. Bois-de-lettres. Chanvres, Hachish. Houblon (G; TI, 229- 
917, L, 296-302, R, I, 242-246, 248-259). 

201? Urmacées. Arlocarpées à fleurs hermaphrodites ou poly- - 
games. Ovaire primitivement biloculaire, avee une loge avortée. 
Ovule suspendu, avec micropyle extérieur. Périanthe unique ; éta- 
mines superposées. Graines sans albumen (F, 166). — Ormes, 
Micocouliers (R, 1, 259, G, II, 298). 

902. Casuarinées. Loranthacées à fleurs diclines, nues, ou à 
peu prés. Fleurs máles monandres. Ovaire uniloculaire uniovulé. 
Ovule dressé ou ascendant (E, 270). — Ecorces astringentes, 
toniques de Casuarina. 

203. GwéracÉEs, Casuarinées à fleurs monoiques (Gnetum), ou 
dioiques (Ephedra), Étamines deux, ou plus, monadelphes, entou- 


X 


278 CLASSEMENT 

rées d'un périanthe simple. Ovaire libre uniovulé, entouré d'un 
périanthe simple, ou double (?). Graine dressée, albuminée (B, 355, 
F, 50). — Raisins de mer. Gommes, feuilles et graines comes- 
tibles de Gnetum. 

204. Coxrères, Loranthacées à fleurs diclines nues. Ovaire 
libre uniloculaire à placentation basilaire. Ovule unique dressé, 
orthotrope, réduit au nucelle. Graines albuminées. Arbres (ordi- 
nairement) verts (F, 53-62, A, I, 1, IV, 1, B, 25, 46, 48, 93, 173, 
244). — Pins. Sapins. Mélézes. Callitris. Dammara. T huya. 
Genévriers. Sabine. Cyprés. Ifs. Podocarpus. Araucaria. - 

205. Crcanées. Conifères à port de Palmiers, à anthéres portées 
par des écailles imbriquées. Fleurs femelles nues; ovule ortho- 
trope dressé, réduit au nucelle (F, 52). — Graines, gommes, 
fécules, etc. Dion edule, Zamia, Cycas (L, 549). 


LISTE ALPHABÉTIQUE DES FAMILLES, 


SUIVIES DE LEUR NUMÉRO D'ORDRE. 


Acanthacées, 455, 
Acérinées, 107. 
Alangiées, 92, 
Algues, 4. 
Alismacées, 44. 
Altingiées, 91, 
Amarantacées, 490. 
Amaryllidées, 32. 
Amomées, 29. 
Ampélidées, 102. 
Amyridées, 114. 
Anacardiées, 145. 
Anonacées, 46. 
Antidesmées, 132. 
Apocynees, 459. 
Aquifoliacées, 4 00. 


Araliacées, 95, 
Aristolochiées, 87. 
Aroidées, 16. 
Artocarpées, 200. 
Asclépiadées, 160. 
Athérospermées, 48. 
Aurantiacées, 143. 
Balsamifluées, 94. 
Balsaminées, 123, 
Basellées, 192, 
Bégoniacées, 82. 
Berbéridées, 53. 
Bétulinées, 497. 
Bignoniacées, 154. 
Bixacées, 150. 
Bombacées, 133. 


Borraginées, 163. 
Broméliacées, 36. 
Bruniacées, 90. 


` Burséracées, 144. 


Butomées, 40. 
Buxacées, 99. 
Byttnériacées, 134. 
Cactées, 85. — 
Calycanthées, 47. 
Campanulacées, 180. 
Cannabinées, 200. 
Cannées, 29, | 
Capparidées, 59. 
Caprifoliacées, 93. 
Caryophyllées, 125. 
Casuarinées, 202, 
Cédrélacées, 446. 
Célastrinées, 98. 
Celtidées, 201. ` 
Céphalotées, 62. 
Cératophyllées, 69. 
Chamélauciées, 7 8. 
- Champignons, 3. 
Characées, 2. 
Chénopodées, 190. 
Chloranthacées, 67. 
Cinchonées, 94. 
Cistinées, 141. 
Clusiacées, 139. 
Colchicacées, 34. 
Combrétacées, 84. 
Commélynées, 22. 
Composées, 485. 
Coniféres, 204. 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE. 


4 


Convolvulacées, (GE 


Cordiacées, 163. 
Coriariées, 105. 
Cornées, 92, 
Corylées, 198. 
Crassulacées, 63. 


; Cruciféres, 60, 


Cucurbitacées, 88. 
Cupuliféres, 499, 
Cycadées, 205. 
Cyclanthées, 45. 


Cynocrambées, 434. 
. Cypéracées, 12. 


Deeringées, 494, 
Dilléniacées, 43. 
Dioscorées, 26. 
Diosmées, 410. 
Dipsacées, 184. 


Diptérocarpées, 137. 


Dombeyacées, 133, 
Droséracées, 144. 


Ébénacées, 170... 


Ehrétiées, 463. 
Élæagnées, 73. 
Élatinées, 128. 
Empétrées, 179. 
Épacridées, 175. 
Équisétacées, 10. 
Éricinées, 178. 
Ériocaulées, 20. 
Escalloniées, 89. . 


Euphorbiacées, 132. 


Ficoides, 429. 
Filicinées, 7. 
Flacourtiées, 150. 
Fougères, 7. 
Francoacées, 130, 


| Frankéniacées, 143. 


Fumariacées, 58. 


| . Fungacées, 3. 


Garryacées, 147. 
Gentianées, 151. 


| Géraniacées, 119. 


Gessnériacées, 452, 


Globulariées, 472. . 


Gnétacées, 203. 


279 


280 


Goodéniacées, 181. - 
Graminées, 41. 
Granatées, 77. 


Grossulariées, 84. ' -` 


Guttiféres, 139. 
Gyrocarpées, 54, 
Hæmodoracées, 27. 
Haloragées, 81. 
Hamamélidées, 90. 
Hépatiques, 5. 
Hespéridées, 113. 


Hippocastanées, 108. 
Hippocratéacées, 98. 


Homalinées, 149. 
Hydrocharidées, 37. 
Hydroléacées, 464. 
Hydrophyllées, 162. 
Hypéricinées, 140. 
Hypoxidées, 33. 
Ilicinées, 100. 
Iridées, 35. 
Jasminées, 167. 
Juglandées, 195. 
Juncaginées, 38. ` 
Juncées, 19. 
Jungermanniées, 5, 
Labiées, 174. 
Lapagériées, 25, 
Lardizabalées, 52. 
Laurinées, 50, 
Légumineuses, 75. 
Lemnacées, 17. 
Lentibulariées, 188. 
Lichens, 4. 
Liliacées, 23. 
Limnanthées, 124, 
Linées, 124. 
Loasées, 86. 
Lobéliacées, 180. 
Loganiacées, 158, 


CLASSEMENT 


Lopéziées, 81. 
Loranthacées, 194, 
Lycopodiacées, 8. 
Lythrariées, 80. 
Magnoliacées, 44. 
Malpighiacées, 404. 
Malvacées, 133. 
Marantées, 29. 
Marchantiées, 5. 
Marsiléacées, 9, 


3 Mélanthacées, 34. 


Melastomées, 79. 
Méliacées, 446. 
Ménispermées, 45. 
Mésembrianthémées, 129. 
Momimiées, 48. 
Monotropées, 176. 
Morées, 200. 
Mousses, 6, 
Musacées, 28. 
Muscinées, 6. 
Myoporinées, 171. 
Myricacées, 196. 
Myristicées, 49. 
Myrtacées, 78. 
Naïadées, 39, 


| Nélumbées, 54. 


Nitrariées, 103. 
Nolanées, 165. 


| Nyctaginées, 71. 


Nymphæacées, 55. 
Nyssacées, 90. 
Olacinées, 194. 
Oléinées, 167. 
Ombellifères, 96. 
Onagrariées, 81. 
Orchidées, 30. 
Orobanchées, 153, 
Oxalidées, 120. 
Palmiers, 13, 


Pandanées, 14. 
Papavéracées, 57. 
Paronychiées, 126. 
Passiflorées, 146. 
Pédalinées, 152. 
Personnées, 156. 

. Philadelphées, 83. 
Philésiacées, 25. 
Phytolaccées, 64. 
Pipéracées, 66. 
Pirolacées, 177. 
Pittosporées, 401. 
Plantaginées, 189. 
Platanées, 68. 
Plumbaginées, 186. 


Polémoniacées, 166. 


Polygalées, 147. 
Polygonées, 193. 
Pontédériacées, 24. 
Portulacées, 127. 
Préles, 40. 
Primulacées, 187. 
Protéacées, 74. 

` Punicées, 77. 
Quercinées, 199. ` 
Renonculacées, 42, 
Résédacées, 64. 
Restiacées, 21. 
Rhamnées, 97. 
Rhizocarpées, 9. 
Ribésiées, 84. 
Rosacées, 76. 
Roxburghiées, 25. 
Rubiacées, 94. 
Rutacées, 110. 
Salicinées, 148. 
Santalacées, 194. 
Sapindacées, 108. 


DE L'ÉCOLE DE BOTANIQUE, 284 


Sapotées, 168. 
Sarracéniées, 56. 
Saururées, 70. 
Saxifragées, 89. 
Schizandrées, 44. 
Scitaminées, 29. 
Scrofulariées, 456. 
Sélaginées, 472, 
Sésamées, 154. 
Simarubées, 109. 
Smilacinées, 23. 
Solanées, 457. 
Staphyléacées, 106. 
Sterculiacées, 135. 
Stylidiées, 482, 
Styracées, 169. 
Synanthérées, 185. 
Taccacées, 31. 
Tamariscinées, 142. 
Térébinthacées, 445. 
Ternstreemiées, 138. 
Tétragoniées, 127. 
Thymélées, 72. 
Tiliacées, 136. 
Trémandrées, 118. 
Trichiliées, 446. 
Tropæolées, 122. 
Typhacées, 18. 
Ulmacées, 204. 
Urticées, 65. 


| Utriculariées, 188. 


Valérianées, 183. 
Verbénacées, 173. 
Vinifères, 102. 
Violariées, 145. 
Xanthoxylées, 4414, 
Zingibéracées, 29. 
Zygophyllées, 112. 


A 8g e 


OBSERVATIONS 
LES SAXIFRAGÉES 
L'ORGANISATION i 
LES RAPPORTS ET LES LIMITES DE CETTE FAMILLE 


Il faudrait, sans doute, de longues années pour étudier com- 
plétement ce groupe si remarquable par son organisation et par le 
peu de constance qu'y présentent les caractéres que, depuis A. L. 
de Jussieu, les botanistes considèrent comme les plus considé- 
rables. Rappelóns en effet ce que dit M. Payer (1) de la constitu- 
tion de cette famille : « La famille des Saxifragées est peut-étre, 
de toutes les familles, celle qui montre le mieux combien, dans sa 
classification, A; L. de Jussieu attachait peu d'importance à $a 
méthode dite naturelle. On y trouve, en effet, réunies des plantes 
monopétales, des plantes polypétales et des plantes apétales. ny 
en à qui ont l'ovaire infére et les étamines périgynes, d'autres 

. qui ont l'ovaire supére et les étamines hypogynes. La plupart ont 
les fleurs régulières, mais. quelques-unes ont les fleurs irréguliéres. 
Ajoutons méme que toutes ces variations dans les caractères, que 
A. L. de Jussieu considérait comme de premier ordre, se présen- 
tent non-seulement entre les différents genres de la famille, mais 
méme entre les diverses espèces du même genre. » 

Il faut ajouter à € ce qui précède que l'org ganisation intime du 
gynécée, les rapports des feuilles carpellaires entre elles et le 
mode de placentation, ne sont pas plus invariables que les autres 


(4) Leçons sur les familles naturelles des plantes, 84. 


pm 
EEX 


ODSERYATIONS SUR LES SAXIFRAGÉES. ` E 285 


caractères. S'il est ordinaire que dans les genres les plus répandus 
de cette famille, l'ovaire soit uniloculaire, avec des placentas parié- 
taux, ordinairement au nombre de deux, il est certain cependant 
qu'il y a d'autres genres à ovaire divisé en plusieurs loges bien 
distinctes les uns des autres. Il y a mieux : dans un méme genre 
on peut trouver des espéces à ovaire complétement cloisonné et 
des espèces à placentas pariétaux. J'examinerai d'abord ce fait dans 
les Escallonia, dont les relations avec les Saxifragées peuvent être 
discutées à cette occasion. Gear? | 
M. Payer, qui a étudié avec beaucoup de précision l'organogénie 
florale de l Escallonia floribunda (1), ne s'est pas prononcé sur les 
affinités des Escalloniées; mais il a bien fait voir que l'ovaire 
infére de l'espéce qu'il a analysée, est partagé en deux loges bien 
distinctes. Il en est de méme de bien d'autres espèces. Mais il est 
incontestable, d'autre part, que lE. macrantha- a toujours un 
ovaire uniloculaire, avec deux placentas pariétaux. A l'époque 
méme où la fleur s'épanouit, ces placentas se touchent, mais ils 
ne s'unissent pas l'un à l'autre. Et cependant, par son périanthe, 
son androcée, son disque épigyne, ses caractéres de végétation, 
VE, macrantha est inséparable du genre auquel on l'a rapporté. 
Ce fait prouve tout d'abord que les caracléres tirés du mode de 
placentation ne sont pas plus absolus que tous les autres, quoi- 
qu'ils aient certainement plus de valeur qu'eux. Tout ce qui touche 
à l'organisation du gynécée, au mode d'agencement des carpelles, 
et, par suite, à la disposition des placentas, est sans doute d'une 
grande valeur pour la classification. Un systéme qui s'appuie tout 
d'abord sur de tels caractères est plus solide que tous les autres 
systèmes, puisqu'il n’y a presque pas de plantes dont on puisse 
déterminer sürement la place dans la série végétale, tant qu'on n'a 
pas pu reconnaitre l'organisation de leur gynécée ; mais en somme 
ce caractère n'est malheureusement pas [lus irvariáble que les 


autres, dans les groupes les plus naturels. 


(4) Traité d'organogénie comparée, p. 385, t. LXXXIX. 


SCH OBSERVATIONS 


Si l'on ne tenait compte, en première ligne, que de l'organisa- 
tion du gynécée, on serait donc amené à ranger certains Escal- 
lonia parmi les Saxifragées, et certains autres auprés des Onagra- 
riées et des Myrtacées; opinions qui ont été l'une et l'autre 
soutenues, et qui sont soutenables encore, attendu que les Escal- 
loniées, comme les Saxifragées et tous les types qui se rappro- 
chent de celles-ci, sont des plantes à affinités trés-multiples. Que 
A. L. de Jussieu (1) ait rangé les Escallonia dans la quatrième 
section de son ordre des Onagres, cela ne prouve à peu prés rien; 
car des neuf genres que renferme cette section, un seul, le 
Fuchsia, est une Onagrariée, à cóté de laquelle on trouve : le 
Mouriria qui est une Mélastomée; le Memecylon qui s'en rap- 
proche extrêmement; l'Ophiria qui est un Grubbia ; le Beckea qui 
est une Myrtacée; le Jambolifera que les auteurs les plus récents (2) 
ont rapporté aux Rutacécs; deux Santalacées; le Santalum et le 
Sirium ; et enfin l'Escallonia qui, aprés avoir été encore rappro- 
ché des Gentianées, des Campanulacées, des Éricinées, etc., est 
devenu pour R. Brown et pour A. P. de Candolle (3) le type d'une 
petite famille trés-voisine, ou méme une portion de la famille des 
Saxifragées. D'autre part M. Lindley (4) a adopté, en l'aecentuant 
davantage, l'opinion de Kunth et de Ventenat, qui relie les Escal- 
loniées aux Myrtacées, car il les place dans son Alliance LIII, qui, 

outre les Groseilliers et les Philadelphées, renferme encore les 
Barringtoniées. Ces derniéres nous paraissent, comme à la plu- 
part des auteurs, tout à fait inséparables des Myrtacées et des 
Napoleona. ie 

M. Agardh (5) n'a accepté ni l'une ni l'autre de ces manières de 
voir. Il a considéré les Escalloniées comme des Éricinées ou plu- 
tót des Rhododendrées à forme polypétale. Sans partager ce sen- 
timent, nous ne croyons pas inutile d'examiner et de diseuter les 

(4) Genera plantarum, 321, 


(2) BENTHAM et HOOKER, Genera, I, 302. 
(3) Prodromus, IV, 6. 


(4) Vegetable Kingdom, 749, 759. 
(5) Theoria systematis plantarum, 109. 


SUR LES SAXIFRAGÉES, 985 


arguments dont l'auteur a si soigneusement étayé son opinion. 
Que les glandes dont les Escallonia sont chargés puissent décider 
de leurs affinités, nous ne saurions l'admettre, attendu que ces - 
glandes existent en abondance, non-seulement dans les Groseil- 
liers, mais encore et surtout dans les Myrtaeees dont M. Agardh 
éloigne les Escallonia, et qu'elles seencontrent bien plus rare- 
ment dans les Éricinées. On ne saurait non plus accorder une 
grande valeur à ce fait que les pétales sont moins développés dans 
les Ribésiacées que dans les Escalloniées, car quelques Ribes ont 
de grands pétales, et l'on ne sait que trop que dans un méme genre 
il peut y avoir, dans toutes les familles, des espéces à corolle bien 
développée, et des espéces à corolle fort petite ou nulle. Parmi les 
Saxifragées herbacées de notre pays, le. Chrysosplenium n'est 
autre chose qu'une Saxifrage apétale. L'argument que tire 
M. Agardh (p. 109) de la position des carpelles aurait une 
valeur bien plus réelle, s'il reposait sur une observation qui püt 
se confirmer. Les deux feuilles carpellaires seraient, l'une anté- 
rieure, et l'autre postérieure, par rapport à l'axe, dans les Grossu- 
lariées, les Hydrangées et les Saxifrages, tandis qu'elles seraient 
latérales dans les Escallonia, Anopterus, Bauera, et dans les 
Myrtacées, de méme que dans les Éricinées bicarpellées. Mais il 
est fréquent que deux loges, antérieure et postérieure, se dépla- 
cent de telle facon qu'elles deviennent de bonne heure latérales, et 
celles des Eüphorbiacées bicarpellées dont on a suivi le développe- 
ment, nous en offrent plusieurs exemples. En méme temps il y a 
des groupes trés-naturels qui renferment, l'un à cóté de l'autre, 
deux genres dont l'un a les loges latérales, l'autre les loges anté- 
rieure et postérieure, tout étant d'ailleurs semblables. Il suffit, pour . 
s’en convaincre, de comparer, dans la thèse de M. Bureau, sur 
les Loganiacées (1), les figures du Potalia amara Aus., avec 
celles des Anthocleista procera Leer., et Fagrea zeylanica Tuc. 
Que les graines ailées des Escalloniées ressemblent plus à celles 


(1) De la famille des Loganiacées et des plantes qu'elle fournit à la médecine. 
Thèsesde Paris, 1856 (p. 15, 70, 72, 74, fig. LII, LIX, LXII). 


286 OBSERVATIONS 


des Éricinées qu'à celles des Ribes, c'est encore un point qu'on 
trouvera contestable quand on saura que les graines des Saxifra- 
gées peuvent présenter des ailes tout à fait semblables, et que la 
substance particulière qui entoure les graines des Groseilles est 
absolument de méme nature et de méme origine que les ailes por- 
tées par d'autres graines. Mais personne, à coup sûr, n'admettra 
que le mode de déhiscence des capsules puisse indiquer une 
parenté avec les Éricinées, parce qu'on sait très-bien que, dans 
eette dernière famille, on rencontre les modes de déhiscence les 
plus divers, et cela dans les genres très-rapprochés les uns des 
autres. Ainsi les Leiophyllum entourés de genres à capsules septi- 
cides ont une déhiscence loculicide; les Erica ne se distinguent 
pas autrement des Calluna; les — etles Azalea des 
Gaultheria et Andromeda. 

- Les affinités des Escalloniées et des Onagrariées sont réelles, et 
nous ne saurions les méconnaitre. Nous les expliquerons ultérieu- 
rement en montrant comment les Haloragées sont inséparables des 
Onagrariées, et comment en méme temps leur organisation ear- 
pellaire et ovulaire les relie aux Hamamélidées et aux Cornées par 
les Cireées, Cercodiées, ete. C'est ainsi que pour nous les Escal- 
loniées toucheront aux Onagres, tout en demeurant placées parmi 
les Saxifragées. Mais il est une autre relation que nous signale- 
Tons dés à présent et qui nous fera plus tard admettre une autre 
parenté des Saxifragées : c'est celle des Escalloniées avec les 
—— | 

“Les Pittosporum ont des feuilles alternes, sans stipules; des 
Te régulières liermaphrodites, pentaméres; une corolle pres- 
que toujours polypétale, imbriquée dans le bouton ; cinq étamines 
alternes avec les pétales et à anthéres introrses; un disque glan- 
duleux sous l'ovaire; et, dans celui-ci, tantôt deux placentas parié- 
taux qui s'avancent l’un vers l'autre et peuvent se toucher, ou tan- 
tôt deux loges bien séparées avec une placentation axile, un fruit 
capsulaire et des graines pourvues d'un albumen charnu. Tous 
ces caractères appartiennent aux. Escallonia; mais ces derniers 


SUR LES SAXIFRAGÉES. $ 287 


ont l'ovaire infère, tandis qu'il est libre dans les Pittosporum. On 
peut done dire que les Escallonia sont des Pittosporées à à récep- 
tacle concave, et non convexe; ou que les Pittosporum sont aux 
Escallonia ce que les Saxifrages à ovaire supère sont aux Saxi- 
frages à ovaire infére. Or, nous savons qu'on laisse les unes et les 
autres, non-seulement dans une méme famille, mais encore dans 
un méme genre; et nous savons encore qu'on ne pourrait raison- 
nablement faire autrement. ; 
En dehors des Pittosporum, les autres genres de la famille à 
laquelle ils ont donné leur nom, ont plus souvent des ovaires uni- 
loculaires à placentas pariétaux que des ovaires pluriloculaires, 
sans que ce Caractère paraisse ici avoir une grande valeur et sans 
même qu'il soit invariable dans les différentes espèces d'un même 
genre. Ainsi MM. Bentham et Hooker (1) donnent comme carac- 
tère générique des Pronaya : « Ovarium 4-loculare, placentis, 
2-parietalibus. » J'ai cependant sous les yeux un ovaire du P. ele- 
gans Huec., dont les deux loges sont complétement séparées l'une 
de l’autre, avec des placentas axiles. Au contraire, dans le Cheiran- 
thera linearis A. Cunn., où la division en deux loges passe pour 
étre compléte, suivant les savants aüteurs que je viens de citer, 
je vois bien que les deux placentas arrivent au contact et se tou- 
chent même par une assez large surface; mais ils né sont pas unis ; 
on les sépare l'un de l'autre sans déchirure, et par conséquent la 
placentation doit être considérée comme réellement pariétale. 
Telle elle s'observe encore dans le Bursaria spinosa, le Billardiera 
scandens, le Marianthus candidus; et par conséquent toutes ces 
plantes possédent le mode de placentation qu'on rencontre le plus 
ordinairement chez les Saxifragées. ; 
© Mais alors méme qu'on ne ferait pas rentrer les Escallonia 
dans la famille des Saxifragées, il y resterait encore bien des 
plantes dont l'ovaire est pourvu de cloisons complètes et dont la 
placentation ne pourrait plus être considérée comme pariétale. 


| (D) Genera plantarum, 133. 


288 g OBSERVATIONS 

Telles seraient méme bien des espéces du genre Saæifraga, 
comme les S. hirsuta, dentata, irrigua, Aizoon, orientalis, etc. 
Dans beaucoup d'autres espèces, le partage complet de l'ovaire 
en deux loges n'existe pas à tout âge; et les placentas qui plus 
tard doivent se rejoindre sont encore pariélaux dans une portion 
de leur étendue; et notamment dans la partie supérieure de 
l'ovaire, Il est cependant difficile d'admettre que des organes 
aussi développés déjà que ces placentas chargés d’ovules puissent 
se souder à une époque aussi avancée, alors qu'ils viennent à se 
toucher par leurs bords. Dans ce cas, en effet, il y a simple con- 
tact ou accolement des placentas, mais non véritable soudure. 
Que se passe-t-il donc lorsque l'ovaire qui était d'abord unilocu- 
laire en haut, avec deux placentas pariétaux, devient biloculaire 
jusqu'au sommet ou à peu prés? Ordinairement les deux placentas 
unis par leur base forment d'abord une sorte de croissant à con- 
cavité supérieure. L'4nopterus, dont il sera traité tout à l'heure, 
nous en offre, à presque tout âge, un exemple bien remarquable. 
Cette cloison trés-incompléte, en forme de croissant, grandissant 
graduellement dans le sens vertical, comme presque toutes les 
parties de la fleur, la portion pleine qui répond au milieu du crois- 
sant va toujours s'élevant et sépare l'une de l'autre deux cavités 
oyariennes qui deviennent de plus en plus profondes. En méme 
temps les porlions voisines du sommet du croissant s'épaississent 
chaque jour davantage, de facon que l’encoche ou la solution de 
continuité qui est au-dessus des placentas va toujours diminuant 
de hauteur et de largeur, jusqu'à ce qu'on n'en retrouve plus 
qu'un rudiment prés du sommet ovarien, ou méme qu'elle dispa- 
raisse complétement. Cette suppression de l'ouverture supérieure 
n'est jamais complète dans l’Anopterus. L'ensemble des deux pla- 
centas y représente, à l’âge adulte, un fer à cheval, dont le bord 
concave porte les ovules. Mais, dans les Saxifrages dont nous avons 
parlé, dans l'Hoteia japonica, le Forgesia borbonica, le Cerato- 
peialum gummiferum, les Eucryphia, etc., la cloison s'éléve plus 
haut et forme séparation compléte entre les deux loges. 


SUR LES SAXIFRAGÉES. 289 


Cependant si l’on examine à un âge un peu plus avancé certaines 
espèces dont l'ovaire était d'abord primitivement cloisonné et bilo- 
culaire, on pourra y trouver un vide au centre de la cavité ova- 
rienneet croire que les placentas, aprés avoir marché à la rencontre 
l'un de l'autre, se sont ensuite abandonnés pour se rapprocher de 
la paroi ovarienne. Cette apparence est due à une autre cause, la 
méme qui rend fistuleuses certaines tiges ou certaines feuilles dont 
le centre était primitivement plein d'un tissu ordinairement cellu- 
laire; la méme qui, dans le fruit de certaines Nigelles, dédouble la 
paroi ovarienne en deux feuillets et y produit deux rangées con- 
centriques de cavités inégales. Ce dédoublement de là paroi exté- 
rieure de l'ovaire se produit de bonne heure dans le Saæifraga 
oppositifolia qui, sous ce rapport, ressemble à une Nigelle à ovaire 
biloculaire. Mais dans les S. stellaris, ccspitosa, etc. , c’est sur la 
cloison que porte ce dédoublement; elle se partage en deux lames 
limitant en avant et en arrière une cavité septale vide au centre, 
mais laissant voir sur ses parois un tissu cellulaire lâche, tiraillé, 
comme les parois du canal d'un jeune chaume. 

C'est R. Brown qui le premier a réuni dans un méme groupe 
les Escallonia et l Anopterus. Et comme cette réunion parait très- 
naturelle, il faudra bien admettre que les Escallonia sont des 
Saxifragées, s'il est démontré que l’Anopterus a toute l'organisa- 
tion de ces dernières, ainsi que le prouve l'étude de lA. glandulosa 
qui fleurit fréquemment dans nos serres. Son réceptacle floral 
est bien moins concave que celui des Escallonia, car son ovaire 
est presque entièrement supère ; et presque tous ses ovules sont 
placés au-dessus de l'insertion des étamines. Les sépales sont 
ordinairement au nombre de six, imbriqués et inégaux; deux 
d'entre eux, opposés l'un à l'autre, étant en général plus grands 
que les quatre autres. Les six pétales sont imbriqués d'une façon 
un peu variable; cependant on peut se rendre compte de leur dis- 
position la plus fréquente, en considérant que cinq d'entre eux sont 
groupés en quinconce et qu'un sixiéme, tout à fail intérieur aux 
autres dans la préfloraison, est diamétralement opposé au. pétale 1. 


* 19 


290 OBSERVATIONS 


Les étamines légèrement pérygines alternent avec les péta- 
les. Chaeune d'elles a un filet libre et une anthére biloculaire, 
introrse, déhiscente par deux fentes longitudinales. L'ovaire est 
surmonté de deux branches stylaires creusées intérieurement 
d'une rigole dont les bords sont comme glanduleux et dont l'extré- 
mité supérieure est stigmatifére. Les placentas de forme singu- 
lière, dont il a été question un peu plus haut, sont chargés d'ovules 
anatropes insérés tout le long de leur concavité. Ces ovules sont 
plus ou moins obliquement descendants, suivant la hauteur à 
laquelle ils s'insérent. Ils s'aplatissent de bonne heure en se pres- 
sant les uns contre les autres. Leur mieropyle se dirige en haut 
et en dehors. On dit que le fruit est une capsule dont la déhiscence 
s'opère par des fentes qui correspondent à la ligne médiane des 
placentas, et que les graines sont ailées, avec um embryon entouré 
d'un albumen charnu. Les fleurs sont en grappes terminales, et 
les feuilles alternes ou opposées. 

On ne peut voir les fleurs de l’ Anopterus sans se rappeler 
celles des Breæia. Celles des feuilles du B. Madagascariensis, qui 
sont dentées en scie, ressemblent aussi tout à fait à celles de 
l'Anopterus; et ces analogies extérieures s'aecompagnent d'autres 
analogies bien plus importantes dans l'organisation intérieure des 
fleurs. 

Le réceptacle floral des Bremia est convexe. Leur calice a cinq 
divisions profondes disposées dans le bouton en préfloraison quin- 
conciale. Leur corolle est formée de cinq pétales libres et sessiles, 
disposés ordinairement en préfloraison tordue, recouverts, tantót 
par leur bord droit, et tantôt par leur bord gauche. La base de 
ces pétales est insymétrique, car un de leurs côtés descend plus bas 
que l'autre, sous forme d'aurieule arrondie. Leur insertion est à 
peu prés hypogyne; cependant ile sont placés en dehors d'un 
anneau Court et eupuliforme qui paraît constitué par la base des 
étamines et des languettes qui forment le disque. Ce dernier 
diffère de celui des Escallonia par sa situation qui tient à la forme 
du réceptacle ; mais ils ont tous les deux la méme origine, se 


SUR LES SAXIFRAGÉES. 991 


produisant tardivement dans l'intervalle des étamines, et se divi- 
sant ultérieurement en lamelles aiguës et inégales. Le gynécée est 
formé d'un ovaire libre, surmonté d'un style à tête partagée en cinq 
lobes stigmatiléres peu saillants. L'ovaire présente cinq angles 
saillants placés en face des étamines, et cinq loges multiovulées 
alternes avec ces angles. Les loges sont complétement fermées au 
fond de l'ovaire; mais il n'en est pas de même prés de son 
sommet. Les cloisons, dilatées en forme de coin sur leur bord 
intérieur qui porte les ovules, sont séparables les unes des autres ; 
et l'ovaire est par conséquent réellement uniloculaire à ce niveau. 

C'est ce méme bord intérieur des placentas qui se prolonge dans 
le tube que représente le style, et qui, se reeouvrant de papilles 
sur son extrémité supérieure émoussée, constitue cinq petits 
lobes stigmatiques alternes avec les loges ovariennes et entourés, 
comme dans les Bruyères, d'un petit bourrelet circulaire formé 
par le bord même du tube stylaire. Cette disposition est plus pro- 
noncée encore dans les Roussæa, qui ont tant d'analogies avec les 
Brexia. 

Les Brexiacées ont été placées par Endlicher (1) à la suite des 
Saxifragées. M. Lindley (2) a finalement adopté cette manière de 
voir, aprés avoir rapproché les Breæia des Théophrastées , et tout 
en déclarant que des liens puissants les rattachent aux Rhamnées 
et aux Célastrinées. M. Tulasne (3) est à peu prés du méme avis, 
car il a fait entrer les Brexiacées comme seclion, au méme titre 
que les Cunoniacées, dans les Suxifragées. M. Brongniart (4) les 
place, avec doute toutefois, à cóté des Bruyéres et des Monotropa. 
M. Agardh (5) enfin, tout en reconnaissant parfaitement que le 
stigmate des Brexia est organisé comme celui des Éricinées, les 
considère comme voisins des Berberidées : « Brexiacece sunt Berbe- 


(4) Genera plantarum, n. 4681. 

(2) Bot. Regist., t. 730, 872. — Veg. Kingd. , 573. 

(3) Flore Madag. fragm. alt., in Ann. sc. nat., sér. 4, VHI, 458, 
(4) Énumération des plantes cult. au Muséum, elc. (1843), 73. 
(5) Theoria systematis plantarum, 141. i 


992 OBSERVATIONS ` 


rideis collaterales aut paulo perfectiores, verticillis floralibus regu- 
lariter alternantibus, pistilloque 5-carpellari diverse.» Je n'ai 
pu me rendre compte des liens qui existent entre ces deux familles 
que tous leurs caractères me paraissent, au contraire, éloigner 
considérablement l'une et l'autre. Pour moi, les Breæia rattachent 
bien les Pittosporées aux Saxifragées. Le réceptacle est convexe 
et l'ovaire supère, comme il est dans les Piltosporées, comme il 
est presque dans les Anopterus, comme il est dans beaucoup de 
Saxifrages. La placentation est en partie axile et en partie parié- 
tale, comme dans les Saxifragées'et les Pittosporées. Les feuilles 
carpellaires sont au nombre de cinq, tandis que le nombre deux 
est fréquent dans les Saxifragées et les Pittosporées ; mais il y a des 
Pittosporum à ovaire 3-5-carpellé, et les Eucryphiées ont autant. 
ou plus de carpelles que de pétales. On ne connait pas encore bien 
la graine des Breæia, qu'on décrit ordinairement comme dépourvue 
d'albumen; mais c'est là un fait qui mérite d’être vérifié. Toute- 
fois M. Tulasne (Loc. eit., 161) n'a pas vu d'albumen dans les 
graines du B. microcarpa. 

L'importance de ce dernier caractère serait ici d'autant moins 
'onsidérable que l'albumen se retrouve, dit-on, dans la graine 
des Roussæa qui sont extrêmement voisins des Breæia par toute 
leur organisation florale. On peut en effet définir les Roussca des 
Breæia dont les pétales sont valvaires et dont les anthéres sont 
extrorses. Nous ne parlons pas de la situation des feuilles, puis- 
qu'elles sont tantôt opposées et tantôt alternes dans les Breæia. 
Quant au disque, il existe aussi dans les Roussæa, mais il n'y prend 
plus cette forme de lames découpées en languettes qu'on observe 
et dans les Breœia et dans quelques Escallonia. ll est formé de 
cinq espèces d’écailles arquées qui alternent avec les étamines et 
qui par leurs bords se réunissent de maniére à former une sorte 
d'enceinte autour de l'androcée. Comme en méme temps l'ovaire 
présente cinq angles saillants en face des pétales et que ces angles 
rejoignent les lobes du disque, il se forme de la sorte, autour du 
pied de chaque étamine, une fossette ou enceinte dont la paroi 


SUR LES SAXIFRAGÉES. 293 


extérieure appartient au disque, et dont la paroi intérieure dépend 
de la surface ovarienne. C'est au fond de cette logette que s’insère 
le filet staminal. 

On ne saurait méconnaitre les grandes analogies des Pitlos- 
porées avec ce petit groupe que forment le Breæia et le Roussca 
réunis. La seule différence essentielle consiste dans le nombre des 
loges ovariennes qui est le méme que celui des pétales dans les 
Brexiacées, tandis que la plupart des Pittosporées ont un ovaire 
à deux carpelles. Mais cette différence disparaît dans les Pittos- 
porum à ovaire 4-5-loculaire. Nous rapprochons donc les Breæia, 
les Roussæa et les Pittosporum des Saxifragées à ovaire supère ; 
et cela nous permettra d'envisager une autre affinité, pluséloignée, 
il est vrai, des Saxifragées, celle qu'elles présentent. avec les 
Rhamnées et les Célastrinées. 

Il n'y a pas lieu d'examiner ici les rapports des Célastrinées et 
des Rhamnées. Autrefois réunies dans une méme famille, elles ont 
été plus tard violemment éloignées les unes des autres. Puis une 
réaction s’est graduellement opérée, qui les a tous les jours rap- 
prochées davantage; si bien que les auteurs les plus récents les 
placent dans des groupes distincts, mais tout à fait les unes contre 
les autres. La forme du réceptacle, l'insertion ne sont plus des 
caractères suffisants pour distinguer les deux types l'un de l'autre. 
Ils sont absolument les mémes dans certaines Célastrinées que 
dans la plupart des Rhamnées ; et l'on ne peut plus trouver, quoi 
qu'on fasse, en derniére analyse, que deux différences entre les 
deux groupes : la position des étamines par rapport aux. pétales, 
et la situation du raphé ovulaire. C'est pour cela que les Saxifragées 
tiennent à la fois aux Rhamnées et aux Célastrinées; aux pre- 
miéres, par les Bruniacées qui étaient autrefois des Rhamnées et 
qui sont aujourd'hui, pour plusieurs auteurs, des Hamamélidées ; 
aux dernières, par les Dulongiées et autres genres analogues qu'on 
a autrefois attribués aux Célastrinées et qui ne diffèrent des Saxi- 
fragées par aucun trait essentiel; et en méme temps par les 


Brexiacées, les Pittosporées, comme nous venons de l'établir. ` 


291 OBSERVATIONS 


Le genre Zæerba de A. Cunningham ne fait que confirmer celte 
dernière affinité, 

L'Ioerba breæioides a en effet tous les caractères extérieurs et 
toute l'organisation florale d'un Pittosporum à ovaire pluriloculaire, 
ou d'un Breæia; mais il ne renferme, dans chacune de ses loges 
ovariennes, que deux ovules collatéraux suspendus. L'Zæerba est 
donc aux Breæia ce que sont les Evonymus à loges biovulées aux 
Evonymus dont les ovules plus nombreux sont disposés sur deux 
séries verticales. Le genre Evonymus heureusement n'a pas été 
décomposé pour ce motif en plusieurs grouges génériques dis- 
tincts. l 

Nous avons tout à l'heure fait allusion au Dulongia. 1l y a long- 

temps qu'on a reconnu ses affinités multiples avee les Célastri- 
: nées, les Cornées, les Ombelliféres, les Grossulariées, les Escal- 
loniées et surtout avec les Polycardia et les Helwingia dont il a 
à peu prés l’inflorescence épiphylle. Si toutefois on songe que 
certaines Célastrinées ont l'ovaire nettement infère comme le 
Dulongia, et qu'on suppose les deux placentas de ce dernier 
s'avançant jusqu'à se toucher et s'unir, comme ceux de la plupart 
des Escallonia et de certains Pittosporum, on verra que le Du- 
longia est à peu prés aux Célastrinées multiovulées, telles que les 
Pultterlickia, plusieurs Evonymus, etc., ce que l Escallonia ma- 
crantha, avec ses placentas pariétaux, est aux autres Escallonia; ce 
qui prouve que le Dulongia, rapporté définitivement par MM. Ben- 
tham et Hooker (1) aux Saxifragées, à cause de sa placentation 
pariétale, ne diffère pas plus d'une Célastrinée que deux espèces 
de certains genres ne différent l'une de l'autre, dans cette famille 
des Saxifragées dont les affinités avec les Fusains deviennent par 
là suffisamment évidentes. 

Les Bruniacéesétaient également autrefois réunies aux Rhamnées. 
Elles n'en diffèrent pas au fond beaucoup plus que les Célastrinées. 
M. Ad. Brongniart (2) l'a implicitement reconnu lorsqu'il a rap- 


(4) Genera plantarum, 360, 5 
(2) Énumération des plantes, ete , 110, 


SUR LES SAXIFRAGÉES. .905 


* 


proché les Bruniacées des Ombelliféres. Car si les Ombellifères ont 
presque toujours un port, un mode d'inflorescence et un feuillage 
trés-caractéristiques, ces traits s'altérent tellement dans plusieurs 
types australiens, qu'il n'est pas rare de les voir expédiés par les 
collecteurs sous le nom d'un Pomaderris, ou de quelque autre 
Rhamnée voisine, dont ils ont en effet l'apparence au premier 
abord. Quant à l'organisation florale, elle ne varie pas plus d'une 
Ombellilére à une Rhamnée à ovaire infère, que d'une Rhamnée à - 
une Célastrinée à loges uni ou pauciovulées et à ovules suspen- 
dus. Il est vrai encore que les Bruniacées ont les ovules suspendus, 
tandis qu'ils sont ascendants dans les Rhamnées ; mais si l'on 
ne séparait les deux groupes l’un de l'autre que pour ce motif, il 
faudrait de méme faire deux familles distinctes des Rubiacées à 
ovule dressé, comme le Café, et des Rubiacées à ovule sus- 
pendu, avec le raphé dorsal, comme le C hiocoeca. 

S'il est juste de dire que les Saxifragées sont ordinairement 
pourvues d'ovaires uniloculaires à placentas pariétaux, et plus 
rarement d'ovaires complétement partagés en plusieurs loges, 
avec des placentas axiles, on peut également affirmer que les 
Bruniacées ont normalement un ovaire pluriloculaire, mais qu'il 
n'est pas rare d'y trouver des cloisons ovariennes incomplètes, et 
par conséquent un ovaire réellement uniloculaire, avec des pla- 
centas pariétaux. Tel est ordinairement le Berardia paleacea 
Ap. Br., plante si voisine par tout le reste de son organisation des 
véritables Brunia, qu'il est bien difficile de la distinguer généri- 
quement, comme nous l'avons déjà montré (1), du type quia 
donné son nom à cette famille. Je ne sais si, dans son jeune âge, 
la loge ovarienne de ce Berardia est biovulée, comme celle de plu- 
sieurs Hamamélidées ; mais il est fréquent que l'insertion du seul 
ovule qu'on observe à l’âge adulte soit latérale, cet ovule étant placé 
sur le bord. d'unefente vertieale qui fait largement communiquer 
entre elles les deux loges ovariennes. 


(4) Adansonia, WT, 326. 


996 OBSERVATIONS 


Il est bien inutile de rappeler que le périanthe, l'androcée, 
l'insertion, c'est-à-dire la forme du réceptacle, sont essentielle- 
ment les mémes dans les Bruniacées et les Saxifragées à ovaire 
infére. Dans plusieurs de ces derniéres, il y a autour de l'ovaire 
un sac extérieur qui ne s’en sépare, dans les fleurs âgées, que 
par une sorte de mutilation et qui existe aussi, dans les mémes 
circonstances, chez les Bruniacées. Nous pensons qu'on doit con- 
sidérer comme étant absolument identiques l'organe que Labillar- 
diére avait autrefois décrit comme un involucre dans les Codia, 
et celui que M. Brongniart considére comme la portion inférieure 
d'un calice hypogyne dans le Raspailia. C'est, dans un cas comme 
dans l'autre, à ce qu'il nous semble, la couche superficielle du 
réceptacle qui se sépare facilement à un certain âge des parties 
plus profondes. Examinons maintenant le contenu de l'ovaire, 
dans le Codia ou dans un Brunia. Nous verrons de part et d'autre, 
dans chaque loge, deux ovules collatéraux suspendus, plus ou 
moins déplacés à un certain âge par un léger mouvement de 
torsion de leurs funieules, et dont un seul poursuit son dévelop- 
pement complet à partir d'un moment. donné. D'ailleurs dans le 
Brunia, comme dans le Codia, les loges peuvent, ou étre séparées 
entiérement l'une de l'autre par une cloison compléte, ou étre 
réunies par une fente verticale étroite interposée aux deux ovules. 
Remarquons d'ailleurs que le Codia, le Callicoma, etc., ont tout 
à fait l'inflorescence en capitules globuleux des Brunia. 

Ainsi certaines Saxifragées ont l'inflorescence, la fleur, le récep- 
lacle, le mode de placentation des Bruniacées. Elles en ont la 
graine. pourvue d'un albumen; et nous démontrerons que les 
productions arillaires qu'on observe sur les graines des Bruniacées 
ont exactement la méme origine que les ailes des graines des 
Cunoniacées. L'examen du Codia prouve de plus que les ovules en 
nombre indéfini ne caractérisent pas essentiellement les Saxifra- 
gées; et d'ailleurs il y a des plantes qu'on ne peut plus actuelle- 
ment séparer des Bruniacées et qui cependant ont plus de deux 
ovules dans chaeune de leurs loges ; ce sont les Lonchostoma. 


SUR LES SAXIFRAGÉES. 297 


Il est en effet impossible de ne pas rapprocher dans un méme 
groupe les Audouinia et les Lonchostoma. MM. Harvey et Sonder (4) 
ont dà forcément placer ces derniers dans les Bruniacées. Quand 
les Lonchostoma ont seulement deux ovules dans chaque loge, ils 
sont absolument semblables aux Audouinia. Mais quand ils pré- 
sentent deux ou trois ovules sur chaque série verticale, ils devien- 
nent d'autant plus identiques avec les Saxifragées pluriovulées, que 
leurs deux loges sont le plus souvent incomplétes et que leur 
placentation est véritablement pariétale. En méme temps le périan- 
the est semi-supére; les pétales sont imbriqués, libres, mais reliés 
entre eux, sans soudure réelle, par la base élargie des filets stami- 
naux; et ceux-ci supportent des anthéres biloeulaires et introrses, 
comme celles des Saxifragées et celles des Bruniacées, car je ne 
puis partager l'opinion de M. Lindley (9), qui attribue à ces der- 
nières des anthéres extrorses. - | 

On connaît l'opinion de Gardner (3), unissant intimement les 
Bruniacées aux Hamamélidées dont elles ne constituent plus 
qu'une tribu. Que R. Brown ait autrefois distingué les Hamamé- 
lidées et les Bruniacées comme des familles parfaitement séparées, 
cela se concoit aisément quand on songe que cette séparation a 
été faite à une époque où l'on ne connaissait que les principaux 
types de ces deux groupes de plantes ; de méme qu'on comprend 
que les Hamamélidées les plus vraies, si l'on peut ainsi parler, 
devaient alors paraitre bien différentes d'une Saxifragée pure. 
Mais les intermédiaires se sont successivement fait connaitre entre 
ces types si tranchés au premier abord, et il n'y a plus, je pense, 
aujourd'hui un seul caractère absolu qui puisse les séparer nette- 
ment les uns des autres. Nous en aurons la preuve en examinant 
successivement lesdifférences invoquées par les auteurs classiques. 

Endlicher dit (4) que les Bruniacées différent des Hamamélidées, 


(4) Flora capensis, Il, 316. 
(2) Vegetable Kingdom, 785. 
(3) In Hooker's Journ. et Kew. gard. Misc., 1, 324, — WALP., Ann., II, 276. 


(4) Genera plantarum, 806. 


998 OBSERVATIONS 


stipularum defectu et antherarum. fabrica aliena, R. Brown (1) 
admet qu'elles s'en. distinguent par Ja déhiscence des anthéres, 
celle.du fruit, et le nombre des graines contenues dans chaque 
loge. M. Lindley (2) admet également les différences que pré- 
sentent les stipules et les anthéres. ll dit des Hamamélidées : 
Leaves with stipules, and anthers with deciduous valves; et 
des Bruniacées : Leaves without stipules, and anthers turned 
oulwards opening lengthwise, Je ne m'arrête pas à l'opinion émise 
dans ces derniers temps par M. Agardh (3), que les Bruniacées 
seraient des Euphorbiacées, ou plutôt des Micranthées plus élevées 
en organisation, car cette manière de voir repose principalement 
sur la situation particulière attribuée à l'ovaire des Raspailia qui 
ne serait pas infére, mais bien supére et libre jusqu'à sa base; 
situation qui en réalité n'existe pas, comme nous l'avons dit (4), en 
dehors de toute mutilation. 

Quant au mode de déhiscence des étamines, il est certain que 
celles de Hamamelis, du T'richocladus, des Dicoryphe, s'ouvrent 
d'une façon fort singuliére, par une espèce de panneau à charnière 
qui se sépare du reste de la paroi par trois côtés et qui s'écarte à 
la facon d'un battant de porte. Mais si l'on examine les anthéres 
d'un Corylopsis, tel que le C. spicata de MM. Sieboldt et Zucearini, 
on voit que les deux loges de chaque anthére s'ouvrent d'abord 
sur leur bord externe par une fente longitudinale, et qu'ainsi 
l'anthére est partagée exactement en deux moitiés ou panneaux 
égaux qui s'écartent l’un de l'autre au moment de la déhiscence. 
On rentre done ainsi dans le mode de déhiscence longitudinale le 
plus vulgaire, et il y a tous les degrés entre un très-petit prolon- 
gement de cette ligne en dehors et en dedans sous forme de 
crochet, et l’exagération d'un côté seulement ou des deux côtés, 
de cette courbure des extrémités de la ligne de déhiscence (5). Ces 

(1) In Abel"s Voyage to China (1818), append., 9n. 

(2) Vegetable Kingdom, 784, 785. 


(3) Theoria systematis plantarum, 182. 
(4) Voy. Adansonia, IL, 321. 


(5) Voy. encore à ce sujet : OLIVER, in Linn, Trans., XXIII, 457 pass. 


SUR LES SAXIFRAGÉES. 999 


degrés divers d'un méme phénoméne peuvent s'observer dans les 
genres Parrotia, Distylium, Eustigma, Fothergilla, Trichocladus, 
Dicoryphe et Hamamelis; et les genres à déhiscence simplement 
longitudinale, ou à peu prés, sont aux genres à panneaux nelte- 
ment découpés ce que sont les Nandina aux Berberis dont le 
mode de déhiscenee rappelle en somme beaucoup celui des 
Trichocladus et des genres analogues. 

L'absence ou la présence des stipules constitue un caractère 
qui a sa valeur dans certains groupes et qui, dans d'autres, n'en 
a guère, et surtout n'en a pas toujours assez pour caractériser des 
familles et les séparer des groupes voisins. Il est vrai que les 
Caprifoliacées ne différent en somme des Rubiacées que par l'ab- 
sence des stipules (1). Mais, d'autre part, nous savons qu'il y a 
des genres fort naturels, tels que les Euphorbes, qui ont ou qui 
n'ont pas de stipules, sans que le reste de leur organisation soit 
différent. Or, les Saxifragées paraissent ne pas être un de ces 
groupes où l'existence des stipules ait de la valeur, ear les Saxi- 
frages n'en ont pas, tandis que les Cunoniacées peuvent en avoir 
de trés-développées. Et de méme que nous ne séparerons pas les 
Cunoniacées des Saxifragées, à cause de ce caractère, de méme 
nous n'éloignerons pas de ces dernières les Hamamélidées. Quant 
aux Brunia, ils ont certainement des stipules. 

Il est facile de comprendre actuellement comment nous avons 
pu considérer comme une Saxifragée (2) le RAodoleia, que tant 
d'auteurs placent parmi les Hamamélidées. C'est que le Rhodoleia 
est une Hamamélidée à loges pluriovulées incomplètes, c'est-à-dire 
à placentation réellement pariétale, du moins dans les fleurs que 
nous avons examinées. Le nombre indéfini des ovules et les 
cloisons incomplètes, tels sont les caractères qui appartiennent à 
la fois au plus grand nombre de Saxifragées, au Rhodoleia parmi 
les Hamamélidées des auteurs et aux Lonchostoma parmi les Bru- 
niacées. Et, pour nous, toutes ces plantes doivent se ranger dans 


(4) Adansonia, I, 374-376. 
(2) Ibid., YII, 176, 


300 OBSERVATIONS 


un même groupe naturel, celui des Saxifragées, où elles ne se 
distinguent les unes des autres que par des caractéres tout à fait 
secondaires. 

S'il fallait done, dans ce groupe général, attribuer aux Hama- 
mélidées des caractéres qui les séparassent nettement des autres 
Saxifragées, nous n'en pourrions pas trouver un seul qui fût 
absolu. Nous dirions seulement que les vraies Hamamélidées ont 
des anthéres qui s'ouvrent plus souvent par des panneaux que par 
des fentes verticales ; des feuilles constamment accompagnées de 
stipules, tandis que les stipules ne se rencontrent pas dans toutes 
les autres Saxifragées; un ovaire à loges plus souvent complétes 
qu'incomplétes. Mais quant à tracer une limite nette, absolue, entre 
les unes et les autres, et d'une manière qui nous satisfasse positive- - 
ment, il faut bien avouer que cela nous est tout à fait impossible. 

Je erois que tous les botanistes sont actuellement. d'accord 
sur la place à donner aux Liquidambar, depuis que Griffith, M. J. 
Hooker et M. B. Clarke (1) ont montré les trés-grandes analogies 
des Altingiacées avec le groupe que forment les Bucklandia et les 
Sedgwickia parmi les Hamamélidées. Comme tous ces genres ont 
d’ailleurs des ovules en grand nombre, ils se rapprochent par ce 
fait davantage de la plupart des Saxifragées. Leur inflorescence, 
qui les a fail comparer aux Amentacées, est en réalité celle que 
l'on observe dans un grand nombre de Bruniacées, et, parmi les 
Cunoniacées, dans les Codia, Callicoma, etc. Quant aux stipules 
qui accompagnent les feuilles des Liquidambar, elles les rappro- 
chent davantage des Cunoniacées qui en possédent également que 
des autres Saxifragées qui en sont dépourvues. Quant à la placen- 
tation, elle est trés-variable, ear nous avons constaté, sur un méme 
pied de L. imberbe, que tantót les loges sont complétes, et que 
tantôt les placentas ne se touchent pas et qu'il n'y a réellement 
qu'une loge à l'ovaire. De plus, les deux carpelles qui constituent 
le gynécée sont unis inférieurement, dans une étendue variable, 


(4) In The Ann. and, Maó. of Nat. History, févr. 1858, 100-109, t. VI. 


SUR LES SAXIFRAGÉES. 301 


mais complétement indépendants dans leur portion supérieure ; 
caractère qui est également celui d’un grand nombre de Cuno- 
niacées auxquelles nous pensons que les Altingiacées doivent être 
intimement unies. 

Il y a même des Saxifragées dont les fleurs ont les carpelles 
indépendants ou à peu prés, et qui, par ce caractère, se rappro- 
chent extrêmement des Rosacées, du groupe des Spiræacées. 
Comme elles peuvent en avoir en méme temps le port, les feuilles 
composées, les stipules et l'inflorescence, il ne reste plus qu'un 
moyen de les distinguer nettement, c'est l'absence de l'albumen 
dans les graines des Spiræacées. La ressemblance est d'ailleurs 
si grande, que certains genres, tels que l'Hoteia, ont été, comme 
l'on sait, attribués d'abord aux Spiræacées pour être ensuite 
reportés parmi les Saxifragées. On n'est pas surpris de ces rap- 
ports étroits qui existent entre les Rosacées et les Saxifragées, 
quand on se rappelle que les Hamamélidées sont inséparables de 
ces derniéres et qu'en méme temps elles ont, ainsi que les Bru- 
niacées, presque toute l’organisation des Rhamnées que M. Bron- 
gniart a placées trés-prés du groupe des Rosacées. Il y a surtout, 
parmi les Saxifragées, un type qui présente les plus grandes ana- 
logies avec les Rosacées, c'est celui du Bauera. Il est vrai qu'on 
décrit ce. genre comme ayant des feuilles composées, trifoliolées, 
sans stipules. Mais en examinant de prés celle du B. rubioides, il 
est facile de voir qu'elles sont simples et que leurs deux folioles 
latérales ne sont que deux stipules, trés-petites d'abord relative- 
ment au limbe, puis grandissant beaucoup avec l’âge. A Vaisselle 
de ces feuilles se trouve un rameau herbacé qui porte prés de sa 
base deux petites feuilles opposées et pourvues de stipules, et 
chacune de ces petites feuilles porte elle-même une fleur pédon- 
culée dans son aisselle. Le réceptacle floral est concave, et l'in- 
sertion du périanthe est légèrement périgynique, car il y a cér- 
tainement une portion de la base de l'ovaire qui est située 
au-dessous des étamines. Quant à ces dernières, leur nombre est 
variable, mais elles sont disposées par verticilles et naissent 


309 OBSERVATIONS 


exactement comme celles des Rosacées, par cercles de cinq, ou 
multiples de cinq, les unes devantles sépales, les autres devant 
les pétales. Les deux carpelles ne sont, à l’âge adulte, libres que 
par leurs styles, et les styles sont trés-éloignés l'un de l'autre à 
leur base. L'ovaire n'est pas biloculaire quand il est jeune, et il y 
a un âge où les placentas ne se touchent méme pas. Quant aux 
ovules, ils sont plus ou moins ascendants et ils se regardent par 
leurs raphés. Le Bauera ne diffère done des Rosacées que par 
deux caractères : son embryon est entouré d’un albumen, et ses 
carpelles sont réunis jusqu'à une certaine hauteur en un ovaire 
unique. Quant au premier caractère, il parait qu'il n'est pas con- 
stant dans le groupe des Saxifragées, et M. Agardh (1) a rappelé 
que des genres qui ne peuvent étre rapportés qu'à cette famille 
sont considérés comme ayant des graines sans albumen. Il est 
permis, comme nous le verrons plus tard, d'émet/re à ce sujet 
quelques doutes; mais il est d'ailleurs certain que, dans un méme 
genre, ou dans des genres à peine séparables l'un de l'autre, on 
peut rencontrer des embryons sans albumen, et des graines avec 
un albumen abondant. J'avais eru autrefois qu'il n'y avait pas 
d'Euphorbiacée sans albumen. On n'en connaissait en effet aucune. 
Mais il y a maintenant plusieurs espéces asiatiques et javanaises 
qui appartiennent légitimement au genre Briedelia, qu'on n'en 
peut séparer qu'artificiellement, qu'on devra plus tard, sans doute, 
y faire rentrer, et qui ont un gros embryon charnu ne laissant 
aueune place à l'albumen dans l'intérieur de la graine. Rien 
n'étonne dans ce fait ceux qui ont suivi le développement d'un 
grand nombre de périspermes et qui savent que l'albumen a sou- 
vent existé en abondance, à un certain àge, dans des graines qui 
n'en ont plus à l’âge adulte, et que même dans les graines de 
plantes telles que l'Amandier, l'embryon, qui n'a plus d'albumen 
à l'àge adulte, en a possédé deux à une époque antérieure. 

Quant à des feuilles carpellaires réunies en un seul ovaire pluri- 


(1) Theoria systematis plantarum, 447. 


SUR LES SAXIFRAGÉES. | 303 


loculaire, où uniloculaire avec plusieurs placentas pariétaux, on 
n'en connait pas encore, il est vrai, dans les Rosacées. Les car- 
pelles des Pomacées et des Cotoneaster, ne sont pas réellement 
unis par leur angle interne. Mais dans les Renonculacées, les 
Dilléniacées, les Anonacées, etc., qui ont un gynécée organisé 
comme celui des Rosacées, il y a des types tels que les Nigelles, 
les Pleurandra, les Monodora, où celte union carpellaire existe 
d'une maniére plus ou moins marquée, sans qu'on puisse songer 
à séparer ces plantes des familles auxquelles elles appartiennent 
par tous leurs autres caractères. Rappelons d’ailleurs qu'il y à des 
Cunoniacées et méme des espéces du genre Saxifrage, qui ont des 
carpelles indépendants les uns des autres, avec un placenta pariétal 
situé dans leur angle interne. 

On ne peut donc que se ranger à l'opinion émise par M. Agardh : 
que les Saxifragées et les Spiræacées se touchent par des points 
multiples : Difficile sane dicitur, quibusdam characteribus distin- 
guantur. Et c'est cette grande analogie des Rosacées et des Cuno- 
niacées qui explique, à notre sens, comment un autre type attribué 
autrefois aux Chlénacées, celui des Eucryphia, a presque tous les 
caractères des Rosaeées, en même temps que les auteurs les plus 
récents, comme MM. Bentham et J. Hooker (e le rapportent aux 
Cunoniacées. 

Il suffit d'un coup d'oeil jeté sur le beau dessin k 8) de l'atlas 
de la Flore du Chili, pour s'apercevoir que l'Eueryphia pinnati- 
folia C. Gay a tout à fait la feuille et la fleur d’un Églantier. Si 
maintenant nous analysons les fleurs de TE. cordifolia Cav. , nous 
trouvons que leur pédicelle est d'abord chargé sous elles de 
bractées écailleuses alternes et imbriquées y ordinairement au 
nombre de six; aprés quoi il porte un calice de cinq sépales, et 
une corolle de cinq pétales, fortement imbriqués. Les étamines, 
en nombre indéfini, sont échelonnées sur un réceptacle conique 
élevé. Leurs filets sont libres, et leurs anthéres biloculaires, 


(1) Genera plantarum, 195. 


805 OBSERVATIONS SUR LES SAXIFRAGÉES. 


introrses, ont deux loges qui pendent de chaque cóté du connectif. 
L'ovaire totalement libre occupe le haut du cône réceptaculaire ; 
il comporte un grand nombre de loges pluriovulées, et est sur- 
monté d'un pareil nombre de branches stylaires subulées, qui le 
couronnent en rayonnant. Dans chaque loge, il y a des ovules en 
grand nombre, aplatis, amphitropes, descendants, avec le micro- 
pile tourné en dehors. A des carpelles ainsi réunis dans l'ovaire, 
succède un fruit eapsulaire trés-singulier à déhiscence à la fois 
loculicide et seplicide, avec des graines ailées nombreuses à 
embryon accompagné d'un albumen. C'est uniquement par ce 
fruit à éléments non indépendants que l'Eucryphia se sépare des 
Rosacées telles qu'elles sont limitées jusqu'à ce jour; et c'est pour 
celte raison, sans doute, qu'aprés M. Planchon (1), MM. Bentham 
et J. Hooker (2) n'ont pas hésité à le placer parmi les Saxifra- 
gées Cunoniacées, attendu que l'on a réuni sans difficulté, dans 
ces derniéres, des genres à carpelles distinets et des genres à 
carpelles réunis. 

Deméme qu'en supposant infére l'ovaire des Pittosporées et des 
Brexiacées, on a les Escalloniées dont tous les autres caractères 
sont semblables, de méme, des Eucryphiées à ovaire infére 
devienent tout à fait des Philadelphées à étamines nombreuses ; 
et comme les affinités des Philadelphées avec les Myrtes ont été 
reconnues de tout temps, nous voyons dans ce fait une nouvelle 
preuve des rapports que, par l'intermédiaire des Bruniacées et des 
Hamamélidées, les Saxifragées affectent avec les Rhamnées, Rosa- 
cées, Myrtacées, Melastomées, etc. 


(4) In Ann. des sciences naturelles, sér. 4, II, 261. 
(2) Genera plantarum, 164, 195. 


(Sera continué.) 


SPECIES EUPHORBIACEARUM. 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


s 


PREMIÈRE PARTIE. 


(Suite. ) 
AMÉRIQUE AUSTRO-ORIENTALE. 
(Brésil, Uruguay, Paraguay, Patagonie, etc.) 


(CONTINUÉ DE LA PAGE 240.) 


XCII. TRAGIA Prun. 


1. TRAGIA PINNATA A. Juss., Tentam. Euph., 47, t. 15. 
AcaLypna PINNATA Lamk, Dict, VI, 205, n. 10 ; DL, t. 754. 


Exs. Commerson (novembre 1707), Montevideo, « au pied du Morne, 
c'est-à-dire le long des ravins qui en descendent» (Coww., mss., in herb. 
Mus. et Juss.). — A. S. H., cat. C^; n. 2313, o, Banda oriental del 
Uruguay, « rochers prés l'Arroio del Rosario (cette plante ne pique 
pas. » A. S. H., mss.) — Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 1708, 
prov. de Rio-Grande-do-Sul. — Courbon, n. 582 (1852), Cerro de Mon- 
tevideo. — Lassaux, n. 44 (1863), ibid. 


2. TRAGIA GERANIIFOLIA Kl., in herb. berol., et Erichs. 


Arch., VII, 490. 


Exs. Sellow (typ. !), Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). — A. S. H., 
cat. C2, n. 2414, o, Banda oriental del Uruguay, « campos secs, près de 
S.-Salvador. » — Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 1686, prov. de Rio- 
Grande-do-Sul. — Courbon, n. 581 (25 avril 1852), Banc de Sainte-Lucie 
(1854); Migelete. — Lassaux (janvier, avril 1863), n. 9, riv. de Sainte- 
Lucie, Estancia Valdez ; n. 13, « bords de l'Arroga Migelete. 3 


Oss. Nonne potius præcedentis forma major ? 
Ve 20 


2306 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 
3. TRAGIA VOLUBILIS L., Spec. pl., II, 980. 
T. virrusa Fl. flum., t. 10? | | ' 


Exs. Commerson, Rio-de-Janeiro, « in salebris et fruticosis locis (herb. 
Juss.). — A. S. H., cat. C?, n. 159, c, env. de Rio-de-Janeiro, « com- 
mun sur les collines découvertes et pierreuses. » — Gaudichaud, Herb. 
imp. brésil., n. 1136, prov. de Rio-Janeiro. — Salzmann, Bahia. — 
Pæppig, Fl. Amazon., CSS — Blanchet duod n. 947 (herb. Less.). 


h. TRAGIA CHLOROCAULON H. Bn., in Et. Gen. "er 
biac., 461, n. 10. 


Fruticulus volubilis scandens, ex omni parte, Urticarum more, urens 
(fid. A. S. H.) ; caule ramisque'gracilibus longe lutescenti-hispidis ; glan- 
dulis simplicibus longe stipitatis urentibus. Folia indumento eodem 
parcius hispida remote alterna petiolata cordato-acuminata subæquali - 
serrata, subtus letius viridia penninervia basi 3-nervia; petiolo tereti 
hispido (ad 3 cent. longo); limbo membranaceo (ad 6 cent. longo, 
h cent. lato). Flores axillares v. ad folia laterales racemosi ; racemis 
folio longioribus hispidis gracilibus, hinc simplicibus, inde parce ramo- 
sis; floribus breviter pedicellatis remote alternis; femineis 4 paucisve 
inferioribus, reliquis masculis. Floris masculi calyx 3-merus staminaque 
3 cum sepalis alternantia ; filamentis basi reflexis mox assurgentibus, 
ad apicem inflexis ; antheris introrsis brevibus ; androcæo basi convexo 
in corpus centrale pyramidatum obsolete 6-lobum elevato. Floris femi- 
nei calyx 6-merus ; laciniis 3 interioribus alternis. Ovarium globosum 
3-sulcum ; loculis dense hispido-setosis lutescentibus cum sepalis inte- 
rioribus alternantibus ; glandulis (?) 6 sub germine coloratis persistenti- 
bus. Stylus basi integer erectus mox 3-fidus; lobis subulatis intus papil- 
losis mox revolutis. Species adspectu et inflorescentiis distinctissima. 


Exs. A. S. H., cat. D', n. 1611, prov. de Minas-Geraës (« vulg. 
Cansancero »). 


5. TRAGIA INCANA KI., loc. cit. 


Exs. Sellow (typ), Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). — Gaudichaud, 
Herb. imp. brésil., n. 1690, prov. de Rio-Grande-do-Sul. 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, . 807 


XCVII APARISTHMIUM Env. 


1. APARISTHMIUM CORDATUM. 
À. macropayLLUM Benth., in Hook. Journ., VI (41854), 339. 


Concevemum corDaTuM Rich., ex Ad. Juss., Tent., 42, t. 13, 
fig. 42 A. 


CoxcEvEma macroPayLLA KI. ex Benth., loc. cit. 
ALCHORNEA LATIFOLIA KI., nec Sw. 


A. machoPHYLLA Mart., in Flora (1844), H, Beib., 34?, ex 
Benth., loc. cit. | 


Charact, cognit. add : calyx 3-4-partitus valvatus membranaceus. 
Stamina 3-5 v. rarius 7-8 basi monadelpha; columna centrali brevi 
erecta ; filamentis ad apicem internodii mox liberis ineurvis; antheris 
introrsis; gynæcei rudimento inter filamentorum basin aut nullo aut 
brevissimo obsoleto. Flores monstrosi nonnulli, aut monceci nec diœci, 
aut hermaphroditi (in typo KTotzsehiano). 


Exs. Sellow, Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). — « Martius, Bré- 
sil. » — A. S. H., cat. A!, n. 312, env. de Rio-de-Janeiro, « foréts 
vierges derriéte la fabrique de poudre »; cat. B?, n. 2181, prov. de Minas- 
Geraés, « bois vierges prés Ocuba ». — Gaudichaud, Herb. imp. brésil., 
n. 1473, prov. de Rio-de-Janeiro? — Blanchet, Bahia, n. 2318 ; id., 
2° envoi, n. 104. i 


2. APARISTHMIUM? SPRUCEANUM. 
ALchonnea Benth., in exs. Spruc. 


Folia plerumque ovato-acuta quam in praeced. multo angustiora ; limbo 
basi 2-stipellato ; fructu tricocco. | 

Exs. Spruce, in vicin. Barra, prov. Rio-Negro (decembr. -mart. 
1850-51). 


\ 


CIV. ASTROCOCCUS Bzwrn. 


1. ASTROCOCCUS CORNUTUS Benth., in Hook. Journ., VI, 
327. — H. Bn., Et. gen. Euphorbiac., 476, t. XXI, fig., 22-24, 


308 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, 


Exs. Spruce, n. 2090, « prope S.- Gabriel da Cachoeira, ad Rio-Negro, 
' Brasil. boreal. (jan.-aug. 1852). » 


2. ASTROCOCCUS CORIACEUS Benth., mss., in exs. Spruc., 
n. 3759. 


A. foliis alternis congestis petiolatis lanceolatis serratis coria- 
ceis glabris penninerviis; floribus moncecis spicatis; spicis 4, 2 
axillaribus glomeruligeris; masculis plerumque 4-andris; ovario 
-cornuto appendiculato; appendiculis obtusis crassis; stylo 
columnari infundibuliformi, lobis 3 majoribus, reliquis minoribus 
laciniosis ; ovulis horizontalibus v. adscendentibus, raphe extrorsa. 


. Arbuscula?, ramis glabellis nigrescentibus teretibus, junioribus an- 
gulatis. Folia in summis ramulis congesta lanceolata v. oblongo-lanceo- 
lata (9-12 cent. longa, 2-2 1/2 cent. lata) basi cuneata ; apice acuminato; 
coriacea venosa ; venis subtus prominulis. Petioli (8-10 mill. longi) te- 
retes glabri subangulati. Stipulae minutissimæ setaceæ caducæ. Spice in 
axillis singulis foliorum supremorum solitariæ v. geminæ graciles erectæ 
squamigeræ. Flores in squamarum singularum alternarum axilla glo- 
merulati pauci, centrali uno, lateralibus 2, aut solitario 1, bracteolis 
2 lateralibus sterilibus. Flos femineus in glomerulis paucis centralis, la- 
teralibus 2 masculis, v. bracteolis 2 sterilibus stipatus. Floris masculi 
pedicellus brevissimus ad medium articulatus. Calyx 4-partitus : laciniis 
crassis oblongo-acutis apice inflexis valvatis. Stamina totidem alterna ; 
filamentis crassis basi 4-gonis connatis; antheris globulosis introrsis. 
Floris feminei calyx 5-partitus; laciniis ovato-acutis integris. Germen 
3-loculare ; loculis appendiculatis cornutis; appendiculis crassis carnosis 
rotundatis obtusis. Ovula in loculis solitaria, aut subhorizontalia, aut 
adscendentia, micropyle infera introrsaque ` basi obtuse appendiculata. 


Oss. Species ob ovulorum directionem valde conspicua ; ovulo juniori 
descendente, mox horizontali, demumque, loculo supra extusque pau- 
lulum accrescente, adscendente; raphe olim introrsa, nunc extrorsa 
infernaque. 


Exs. Spruce, n. 3159, « ad flumen Guainia v. Rio-Negro, supra ostium 
fluminis Casiquiari (1854). » 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 309 


CVII. PLUKENETIA Prum. 


§ AwamgENA A. Juss. 


(Vid. ad char. gen. etsect. Et. gen. Euphorbiac., 481-485). 
1. PLUKENETIA OCCIDENTALIS Leandr. , in herb. Mus. 
ANABÆNA TAMNOIDES 4. Juss., Tentam., 47, t. 15. 


Exs. Leandro di Sacramento (1819), Brésil, n. 19 (herb. Mus., Juss., 
Dombey). — A. S. H., cat. At, n. 131, prov. de Rio-Janeiro. — Vau- 
thier (1836), prov. de Rio-Janeiro, n. 16. — C. Gay (1828), Rio-de-Ja- 
neiro. — Guillemin et Houllet, cat. n. 191, Rio-de-Janeiro, « prop. 
Hort. botan. » (décembre 1828.) 


CIX. DALECHAMPIA Prum. 
S Folia composita palmata 3-5-foliolata. 


4. DarLECHAMPIA PENTAPHYLLA Lamk, Dict., H, 258, n. 41, 
D. piGrraTA. Leandr., mss., in herb. Mus. 


D. cnaNpiFLORA Mart., herb. 


Exs. Vandelli (1790), Brésil (herb. Domb., Juss.). — Leandro di Sa- 
cramento, Rio-Janeiro (1819), n. 102. — Sellow (herb.!). — Martius, 
Rio-Janeiro (herb. et Herb. flor. bras., n. 165). — Zalande, Rio-Janeiro 
(herb. Mus.). — A. S. H., cat. A! n. 265, env. de Rio-Janeiro, « haies 
de Cattete »; cat. C2, n. 455 c; cat. D, n. 597, « bois vierge près Porto 
de Capueira. » — JV? Brésil (herb. imp. Joseph., dein Vent. , nunc Less.). 
— Gaudichaud, Herb. imp. brés., n. 1132, prov. de Rio-Janeiro. — 
C. Gay, Rio-Janeiro (1828). — Gardner (1836), n. 231, Rio-Janeiro; 
n. 619, Serra dos Orgâos (herb. Less.). — Guillemin et Houllet (4839), 
n. 83; cat., n. 708, Mont. de Babylonia, prés Rio-Janeiro. — J. Lépine, 


Rio-Janeiro. 


2. DALECHAMPIA ALATA Kl., in herb. berol. 
Species quo ad foliola precedenti valde similis (an var. ?), sed foliis 


^-foliolatis. ` 
Exs. Sellow, Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). 


310 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


3. DALECHAMPIA TRIPHYLLA Lamk, Dict., lI, 258, n. 40. 
— FI. flum., t. 60. 


Exs. Dombey, Brésil (herb. Juss.). — JV? (herb. imp. Joseph., dein 
Venten. , nunc Less.). 


h. DALECHAMPIA CLAUSSENIANA. 


Omnia fere spec. præcedent. Sed foliola 3 subtus tomento brevi molli 
obsita ; lateralibus valde insymetricis basi 2-nerviis ` venis transversis et 
toménto fuscato obsitis subtus prominulis; petiolis tomentosis. Bracteæ 
sub inflorescentia 2 subintegræ basi 6-nerviæ; nervis fuscatis glabris. 


Exs. Claussen, Nouv. Fribourg (octobre 1842), n. 115 (herb. Lessert.). 


5. DALECHAMPIA MICROMERIA. 


D. caule gracili sarmentoso ; ramulis filiformibus glabris ; foliis 
8-foliatis v. potius jure 5-foliolatis, foliolis 2 inferioribus glandu- 
læformibus linearibus iuconspicuis; reliquis 3 membranaceis 
parvis (vix 2 1 cent. longis) brevissime petiolulatis ; media subæ- 
quali-obovata ellipticave; lateralibus insymetrice ovatis acutius- 
culis; apieulo minuto; basi inæquali-rotundata extus subauri- 
culata; obsolete inæqualique serrulatis crenulatisve membrana- 
ceis glaberrimis, supra levibus, subtus elaucescentibus transverse 
reticulatis ; petiolo filiformi ; floribus masculis polyandris; stylo 
obtuso clavato; bracteis circa inflorescentiam | cordato-ovatis 
obsolete incisis, basi 5-7-nerviis parce pubescentibus. 


Exs. Gaudichaud, n. 4130 (1833), Rio-Janeiro (herb. Lessert.). 


6. DALECHAMPIA HOULLETIANA H. Bn., Et. gen. 
Euphorbiae., 486, t. 3, fig. 34, 32. 


D. caule ramulisque gracilibus sarmentosis uti planta fere tota 
glandulis stipitatis numerosis notatis ; petiolo gracili itidem glandu- 
loso; limbo 5-foliolato; foliolis sessilibus inæquali-subpathulatis basi 
longe angustatis ;. apice breviter acuminato ; inæquali-crenatis ; 
marginibus glanduloso-ciliatis ; membranaceis penninerviis (ad 
9 cent. longis, 4 cent. latis); nervis glandulosis subtus parce pro- 


ETE HERE 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, 941 
minulis; floribus masculis polyandris; ovario disco hypogyno 
glanduloso cincto 3-4-loculari. 

Exs. Houllet, Pernambuco (herb.). 


§ Folia simplicia profunde palmatiloba. 


7. DALECHAMPIA SCANDENS L. — FI. flum., t. 97. 

D. snasiLiENSIS Lamk; Dict., I, 257 (ex Bth., in Hook, Journ., 
VI, 322). 

D. rüiLoBA Salzm., herb. 

D. couorara FI. flum., t. 57? 

D. sinroria ZI, B. K. (ex Bth, loc. cit.). 


Exs. Commerson (typ.), Rio-Janeiro, « lle aux chats (juillet 1767) »; 
id., « in collibus sabulosis insulisque cireumvieinis (juin-juillet 1767). » 
—N ? Brésil (herb. imp. Joseph., moz Venten., nune Less.). — A. S. H., 
cat. A!, n. 300, 694, prov. de Rio-Janeiro ; cat. C?, n. 117, c, prov. de 
Rio-Janeiro. — Newmann, Brésil (herb. Lamb., nune Less.), — Sellow, 


. Brésil (herb. Less.) (form. fol. subintegr.). — Póppig, Herb. flor. Ama- 


zon. — Gaudichaud, Herb. imp. brésil , n. 256, prov. de Mato-Grosso. 
— Banchet, Bahia, n. 1190 (herb. Less.). — Salzmann, Bahia, « in fru- 


. ticetis » (berb. Mus. et Less.). — Claussen (1838), prov. de Minas-Geraés, 


n. 785. — Spruce, « in vicin. Santarem, prov. Para (novemb. 1849 — 
mart. 1850). » — Weddell (1843), n. 286, Rio-Janeiro (herb. Mus.). 


8. DALECHAMPIA FICIFOLIA Lamk, Dict., IL, 957. 


Exs. Dombey, Brésil (herb. Juss., ex herb. Dombey). — A. S. H., 
cat. A!, n. 747, prov. de Rio-Janeiro, Tijuca. — Gaudichaud, Herb. imp. 


brésil., n. 1131, prov. de Rio-Janeiro. 


9. DALECHAMPIA PERNAMBUCENSIS. 

D. sarmentosa debilis caule ramulisque fulvescenti -hispidulis ; 
foliis trilobatis (4, 5 cent. long. latisque) basi cordatis auriculatis ; 
lobis ovatis acutiuseulis, lateralibus basi insymetricis ; penninerviis 
venosis basi 7-nerviis membranaceis tenuissime serrulatis ; nervis 


312 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


utrinque prominulis bispidulis ; petiolo hispidulo setosove gracili 
(2 cent. longo); inflorescentiis in ramulo gracili axillari folia 1, 2 
parvula gerenti terminalibus; bracteis 2 sub inflorescentia 3-lobis 
basi 5-nerviis; serrato-ciliatis ; bracteolis sub floribus femineis 
brevibus rotundatis subintegris ciliatis. zm 


Oss. Species D. scandenti nonnihil affinis, foliis autem minoribus ; dif- 
fert et ob inflorescentias in axilla foliorum singulorum, ut supra dic- 
tum, ramulo foliifero stipitatas. 


Exs. Gardner, Pernambuco, n. 1130 (herb. Lessert.). 


10. DALECHAMPIA GRANADILLA. 


Suffrutex volubilis ramis gracilibus teretibus glabris v. parcissime pu- 
bescentibus. Folia remote alterna (internodiis ad 15 cent. longis) petiolata 
stipulacea; limbus (illum. Passifloræ cerulec referens) profunde 5-lobatus 
(semel 6) v. fere partitus; lobis 3 superioribus subsimilibus longe æquali- 
lanceolatis basi attenuatis, apice acutis v. breviter acuminatis subintegris 
v. obsolete crenulatis ; summis crenaturis apiculatis ; membranaceis, su- 
pra parce, subtus ditius tomentellis, supra dense virescentibus, subtus 
multo pallidioribus glaucescentibus penninerviis venosis (ad 8 cent. 
longis, 1 cent. latis); lobis 2 inferioribus brevioribus (2-4 cent.) basi la- 
tioribus inæqualibus extus cordatis subauriculatis. Nervi 5 (semel 6) e 
summo petiolo digitatim divaricati subtus prominuli folio pallidiores 
lutescentes. Petiolus (ad 5 cent. longus) teres parce pubescens glaberve 
basi paulo incrassatus. Stipulæ pluripartitæ, hinc membranaceæ ovato- 
acute breves, indee laciniis setosis plurifidis apice glandulosis constantes, 
Inflorescentiz axillares stipitatæ (in specim. suppet. inadultæ). Bracteæ 
sub inflorescentia 2 cordata 3-lobæ basi 5-nerviæ ` nervis crassis promi- 
nulis; venis retiformibus dense virescentibus; parenchymate pallidiori ; 
marginibus glanduloso-ciliatis. Flores masculi pedicellati ; pedicello arti- 
culato; calyce 5-6-partito valvato. Stamina toro incrassato glanduloso 
brevi inserta; filamentis numerosissimis erectis filiformibus; antheris 
oblongis subtetragonis. Flores feminei, bracteis 2 lateralibus lanceolatis 
simplicibus glandulosis, 6-meri; stylo ad apicem incrassato glanduloso 
oblique truncato infundibuliformi lateraliter sub-2-labiato. 


Exs. A. S. H., cat. At, n. 507, Uba, bords du Parahyba, «rochers nus 
dans une plantation de sucre ». 


ES 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 813 


§ Folia simplicia integra dentata crenatave nee plus minusve 
profunde lobata v. partita. 


CnEMopnYLLUM Schweïdir. 


11. DALECHAMPIA SPATHULATA H. Bn, Et. gen. Euphor- 
biac., 487, t. IH, fig. 16-30. 


CREMOPHYLLUM sPATHULATUM Schweidlr, in Ottoet Dietr. Allgem. 
Gartenzt., XVI, 130. 


Oss. Stirps in hortis nostris culta, in Brasilia oritur, fid. Schweidir 


(loc. cit.). Nonne potius planta mexicana? (v. v. et sicc. in herb, 


Houllet.) ` 


12. DALECHAMPIA CONVOLVULOIDES Lamk, Dict., IT, 
256, n. 1. 


D. moxoPuycLa FI. flum., t. 61? 
D. corniroria Domb., herb. (fid. Juss., herb. et Lamk, 
loc. cit.). 


Exs. Dombey, Brésil (herb. Juss., ex herb. Dombey). — Zalande ? 
Brésil (herb. Mus.). — Blanchet, prov. Bahia (herb. Less.). — Spruce, 
«in vicinibus Barra, prov. Rio-Negro (dec. 1850, mart. 1851). » 


13. DALECHAMPIA TILLÆFOLIA Lamk, Dict., IT, 257, n. 3. 
D. maxima Salzm., herb? 


Oss. Eadem quoque videtur, ut e specimine manco dijudicandum, 
D. heterophylla Savzw. herb., cui sane nomen e foliis polymorphis, hinc 
cordato-serrulatis, inde 3-lobis? 

Exs. N? (herb. Juss.). — Salzmann, Bahia (herb. Mus. et Lessert.). 
— Blanchet, Bahia (1839), n. 2165 (herb. Less.). 


- Al. DALECHAMPIA CUJABENSIS Mart., Herb. flor. bras., 
n. 845. | 
Exs. Martius, Herb. flor. bras., n. 845 (typ !). —? Gaudichaud, Herb. 


imp. brésil., n. 253, prov. de Mato-Grosso. — Weddell (novembre- 
décembre 1844), n. 3014, « entre Goyaz et Cujaba » (herb. Mus.). 


Ain EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 
15. DALECHAMPIA ARCIANA. 


D. sarmentosa, ramulis gracilibus glabris ; foliis alterne remotis 
polymorphis; hine minoribus (2 cent. longis, 1 cent. lat.) ellip- 
ticis integerrimis, inde ovatis v. cordato-ovatis majoribus (ad 
5 cent. long., 5 cent. lat.); basi emarginata rotundatave ; apice 
obtusiusculo v. brevissime apiculato; integris sinuatisve mem- 
branaceis subcoriaceis, supra glabratis lucidis levibus dense vires- 
centibus, subtus pallidioribus. lutescentibusve penninerviis basi 
9-nerviis relieulato-venosis; nervis venisque subtus prominulis; 
petiolis gracilibus (1 cent. longis); stipulis subulatis scariosis 
(in sicco fuscatis) petiolo 4-plo brevioribus; inflorescentiis axillari- 
bus pedunculatis; pedunculo folio fere æquali; bracteis 2 sub 
inflorescentia ovato-cordatis membranaceis  inæquali-crenatis 
(in sicco rufescentibus). Folium semel, ut in $ 4, 3-partitum. 


Exs. A. S. H., prov.? sans numéro (herb. Mus.). — Blanchet, n. 3884 
(1845), prov. de Bahia, Jacobine, Ponco d'Arcia (herb. Mus.). 


16. DALECHAMPIA GLECOMÆFOLIA. 


Stirps humilis (ad 1-2 decim. alta), caule brevi lignoso, ramulis alternis 
debilibus, ut videtur, prostratis puberulis. Folia alterna breviter petio- 
lata cordato-ovata v. orbicularia (ea Glecomæ hederaceæ nonnihil refe- 
rentia) intra se valde inæqualia (2-3 cent. longa lataque); apice obtuso; 
membranacea inæquali-crenata penninervia basi 5-nervia reticulato- 
venosa, supra glabra, subtus pallidiora puberula. Petioli (ad £ cent. longi) 
teretes puberuli, Stipule acutæ subulate petiolo 3-plo breviores. Inflo- 
rescentiæ in summis ramulis attenuatis parce remoteque foliiferis 
terminales; bracteis 2 circa inflorescentiam foliis quoad formam sub- 
conformibus, multo autem tenuioribus coloratis inæquali-dentatis ser- 
rulatisve, basi 5-nerviis; nervis puberulis. 


Exs. A. S. H., cat. C^, n. 1567, o, Prov, de Saint-Paul, è bords du 
Rio-Tibajy.» = Gaudichaud, Herb. imp. brésil., u. 104, Prov. de 
Saint-Paul. 

17. DALECHAMPIA CORIACEA Ki, in herb. berol. 

Exs, Sellow (typ.), Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.), 


és ee. S 


Eu a ETT MET RA LN 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, - 315 
18. DALECHAMPIA WEDDELLIANA. 


D. caule, ut videtur, erecto (nec scandente) inæquali-angulato, 
ramis tomenlo-hirsutis -junioribus canescenti-tomentosis ; foliis - 
elliptico-oblongis basi inæquali, apice subæquali-emarginatis inci- 
sisve, tenuissime serrulatis membranaceis penninerviis venosis, 
basi 3-5-nerviis, transverse reticulatis, supra parcius , subtus 
ditius canescentibus (10 cent. long. , 4, 5 cent. lat.); petiolo brevi 
(5 mill.) tereti tomentoso ; inflorescentiis axillaribus longe pedun- 
culatis ; pedunculo (ad 8 cent.) gracili recto tomentoso ; bracteis 
2 inæquali-cordatis dentatis membranaceis coloratis, basi 5-7- 
nerviis; floribus eis D. scandentis conformibus. lutescentibus ; 
stylo elavato glabro apice inæquali 2-4-fido recurvo; capsulis 
tenuibus 3-locularibus ; loculis ovatis ; epicarpio extus puberulo; 
seminibus (eis D. spathulaiæ conformibus paulo minoribus) extus 
rugulosis fuscatis, raphe pallidiori apice complanata cellulosa. 


Exs. Weddell (nov. et dec. 1844), n. 2974, « entre Goyaz et Cujaba » 
(herb. Mus.). : i 


19. DALECHAMPIA LEANDRI. 


D. sarmentosa ramis ramulisque gracilibus teretibus ferrugineo 
v. fulvido-hirsutis ; petiolis costaque et nervis foliorum pilis iisdem 
indutis ; foliis e basi rotundata v. sæpius cordata oblongo-attenualis 
ad apicem longe allenuatis ; summo apice acutissimo acuminalove ; 
membranaceis inæquali-serrulatis v. subintegris penninerviis, 
basi 3-nerviis, venosis, supra parce, subtus ditius tomentosis 
reticulatis (ad 10 cent. longis, A cent. latis); petiolis brevibus 
(1-1 cent.) crassis valde hirsutis; stipulis subulatis hirsutis petiolo ` 
subæqualibus ; inflorescentiis axillaribus brevissime pedunculatis ; 
bracteis 2 cordato-ovatis membranaceis. basi. 7-nerviis; capsula 
depressa 3-gona (fuscata) glabra v. parce pilosa calyce persistente 
stellato lignoso glanduloso-ciliato basi munita; endocarpio crasso 
lignoso; seminibus globosis (Pisi magnitudine) brevissime villo- 
sulis (fuscatis). 

Exs. Leandro di Sacramento (4819), n. 110, Rio-Janeiro (herb. Mns.). 


316 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, 


— Lalande, ibid. — A. S. H., « env. de Rio-Janeiro.» — Gaudichaud, 
Herb, imp. brésil., n. 1133, Rio-Janeiro. 


20. DALECHAMPIA CAPERONIOIDES H. Bn., Et. gen. 
Euphorbiac. , 487, n. 1. 


D. fruticulosa humilis, ramis brevibus nodosis ; ramulis teretibus 
hispidis ; foliis vix petiolatis e basi acutiuscula obtusiusculave lan- 
ceolatis (5 cent. longis, 4 3 cent. latis); apice acutiusculo v. obtu- 
siusculo ; inzequali-serratis utrinque rufidulo-hispidis penninerviis 
venosis; venis reticulatis subtus prominulis; petiolo crasso bre- 
vissimo (2-3 mill.); stipulis subulatis petiolo 3-plo longioribus 
hispidulis; inflorescentiis terminalibus ; bracteis 2 cordato-ovatis 
subæquali-crenulatis membranaceis coloratis basi 3-nerviis ; nervis 
2 lateralibus margini parallelis ; capsulæ hispidze coccis obovatis; 
seminibus ovatis glabris maculatis. | 

Exs. A. S. H.,cat. C', n. 495, 499, o, Prov. de Minas-Geraës, « cam- 


pos prés Patrocinio (tiges deux ou trois, couchées ou ascendantes) ». 
— Weddell (1844), Brés. centr., n. 2537. 


21. DALECHAMPIA FRANCISCEANA. 


D. ramis breviter samentosis hispidulis ; foliis ovatis basi 
rotundatis apice acutis serratis coriaceis penninerviis venosis sub- 
tus paulo pallidioribus tomentellis (5 cent. longis, 2 * cent. latis) ; 
petiolo tereti (ad ` cent. longo) ; stipulis subulatis petiolo subæqua- 
libus; inflorescentiis pedunculatis terminalibus axillaribusque ; 
peduneulis hispidulis (4-6 cent. longis) rigidis apice incrassatis ; 
bracteis cordatis membranaceis coloratis basi 3-nerviis mæquali- 
crenatis. 

Oss. Species præcedenti aftinis, foliis brevioribus latioribusque cras- 
sioribus, bracteis subsimilibus. 


Exs. Weddell (nov. 1843), n. 1879, Prov. de Minas-Géraës, San Fran- 
cisco. 


39. DALECHAMPIA LINEARIS. 


D. fruticulosa ramis e caule crasso nodoso brevi subterraneo 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 317 
erectis gracilibus virgatis glabris v. parce hispidulis; foliis e basi 
longe attenuata in petiolum brevem desinente lineari-lanceolatis 
apice acutis v. breviter acuminatis, rarius obtusiusculis, hinc sub- 
integris, inde inæquali-serratis crenatisve membranaceis glabris 
v. parce hispidulis (ad 12 cent. longis, 2-1 cent. latis); stipulis 
lineari- subulatis petiolo subæqualibus; penninervis venosis; 
nervis plerumque glabris subtus valde prominulis ; inflorescentiis 
longe pedunculatis terminalibus; bracteis palmati-3-fidis v. 3-lobis 
basi 3-nerviis membranaceis coloratis; lobis inæquali-serrulatis 
crenulatisve. 

Exs. A. S. H., cat. C!, n. 801, o, Prov. de Goyaz, « Chemada près le 
Rio dos Piloens (plusieurs tiges étalées, pourpre-noir).» — Gardner (1841), 


n, 2955, Prov. de Piauhy (herb. Less.) — Weddell (sept.-déc. 1844), 
n. 2855, Sertao d'Amaroleité; n. 2993, « entre Goyaz et Cujaba ». 


B, Hilariana, foliis brevioribus membranaceis glabris lucidis levibus 
crenatis (7 cent. longis, 1 cent. latis); limbo attenuato usque ad inser- 
tionem decurrente; pedunculo terminali hispidulo; bracteis ut in typo. 


Exs. A. S. H., cat. ? n. 676, o, Prov. de Goyaz? 
Raopazosryuis KI. 


23. DALECHAMPIA MICRANTHA Popp. et Endl., Nov. gen. 
et spec., III. — H. Bn., Et. gen. Euphorbiac., 485, t. IV, 
fig. 1-5. 

RHoPALOSTYLIS BUETTNERIOIDES K/., mss., in herb. berol. 


Exs. Poppig, flor. Amaz., Ega, n. 2807.— Sellow, Brésil. sept. (herb. 
Mus., ex herb. Berl.). 


—. CXV. FRAGARIOPSIS A. S. H. 


1. FRAGARIOPSIS SCANDENS 4. S. H., Morphol. veg., 
426. — H. Bn., Et. gen. Euphorbiac., 492, t. XII, fig. 45, 
t. XIII, fig. 19-36. 


Accra scaNpENS A. S. H., loc cit., 499. 


BornvawTHE concoLor KI, in Erichs., Arch., VII, 190. 


318 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


B, polyandrus, staminibus numerosis receptaculum totum obtegenti- 
bus (Fragariopsis polyandrus Et. gen. Euphorbiac., loc. cit., n. 3). 


Exs. Sellow, Brésil (herb Mus», ex herb. Berl.). — A..S. H., cat. D, 
n. 72, «au bas de la Serra-Negra et G. Leone»; n. 95, ibid., « bois 
vierge », Prov. de Minas-Geraés (« Petit arbre, Fleurs en grappes extra- 
» axillaires. Plante monoique. Les fleurs mâles au sommet des grappes, 
» les femelles à la base. Calice 4-partit, pubescent, à divisions ovales, 
» lancéolées. Corolle o.— Style obové, beaucoup plus grand que l'ovaire, 
» simulant lui-même un ovaire tuberculeux. Stigmates 4 tuberculeux, 
» oblongs, peu sensibles, au sommet du style. Ovaire très-velu, ^-góne, 
» simulant le gynophore de l'ovaire, 4-loculaire, 4-sperme. Ovule axile 
» suspendu. Fleur mâle. Calice 4-partit, à divisions lancéolées concaves, 
» à peine pubescentes. Gynophore hémisphérique, presque noir, charnu. 
» Sept anthères jaunes 2-loculaires, sous ^-gónes, sessiles, enfoncées dans 
» le gynophore. » A. S. H., Voy. de Rio-Janeiro à Saint-Paul). — Gau- 
dichaud, Herb. imp. brésil., n. 116, Prov. de San-Paolo. —8, Guillemin 


et Houllet (herb.), cat., n. 798, Rio-de-Janeiro, Mont. Corcovado, Sainte- 
Thérèse (mai 1839). s 


2. FRAGARIOPSIS DISCOLOR H. Bn, Et. gen, Euphorbiac., 
199, n. 2. 
BornvaNTHE piscoLon KI. in Krichs. Arch., VII, 490. 


. Exs. Sellow, Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). — Claussen (1842) 
N, Fribourg, n. 83,2000 (herb. Mus.). 


CXVI. ANGOSTYLES Desen. 


1. ANGOSTYLES LONGIFOLIA Benth., in Hooker's Journ. 


(4854), 33. — H. Bn, Et. gen. Euphorbiac., 498, t. IX, 
fig. 8-14. : 


Y 


Exs. Spruce, n. 2282, « propeSan Gabriel da Cachocira, ad Rio-Negro, 
Brasiliæ borealis (jan.-aug. 1852) ». 
CXVIII. BIA Kr. 


4. BIASELLOWIANA KI. in Erichs. Arch., VIH, 190, 


Exs. « Sellow, Brésil (herb. Berl.)» —? A. S. H., cat. D, n. ^70, d 
(B. Hilariana mss., in. herb: Mus., an species sit eadem, specim. 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 319 


Klotzschianis deficientibus, nescimus. Vid, Æt. gen. Euphorbiac., 502, 
n. 1), Prov. de Minas-Geraés. 


2. BIA LESSERIANA H. Bs, in Et. gen. Euphorbiac., 509, 
no 


Frutex sarmentosus ramis gracilibus teretibus, uti planta tota parce 
hispidulis. Folia remote alterna petiolata e basi rotundata cuneatave 
ovato-elliptica obovatave ad apicem breviter acuminata, rarius ovato- 
lanceolata ; apice acuto obtusiusculove (ad 10 cent. longa, 5 cent. lata) 
inæquali-crenata dentatave membranacea glabriuscula v. parce hispi- 
dula, subtus pallidiora penninervia, basi trinervia; nervis primariis 
2 inferioribus marginibus parallelis assurgentibus ` venis transversis re- 
tiformibus. Petiolus gracilis teres hispidulus (ad 3 cent. longus). Flores 
moncci. Racemi jure terminales oppositifolii basi simplices mox 2-fidi, 
ramo altero flores masculos, altero femineos gerente. Flores feminei 
breviter pedicellati alterni unibracteati ; bracteis subulatis acutis ; sepalis 
. conformibus 2-seriatis linearibus pubescentibus, interioribus 3. Germen 
3-gonum 3-loculare; stylo erasso erecto mox dilatato 3-fido; lobis 
crassis acutiusculis intus et apice papillosis. Flores masculi graciles; pe- 
dicello ut in femineis paulo supra basin articulato, Calyx 4-6-partitus ; 
laciniis ovato-acutis valvatis. Stamina 10-15 receptaculo conico inserta ; 
filamentis liberis; antheris ellipticis introrsis longitudine dehiscentibus. 
Fructus?... 


Exs. N? (herb. Lessert). Species SU ignotæ indigena, fore antil- 
lana, non sine dubio inter stirpes brasilianas hic describitur. 

3? BIA LHOTZKYANA KL. in Erichs. Arch., VIL, 189. 

Oss. Species nobis penitus ignota. 


CXXVI. PASSÆA H. Bx. 


Genus a nobis uti distinctum olim (in Etud. gen. Euphorbiac., 
507) acceptum. nunc melius pro mera sectione Adeliæ habendum 
censemus (eujus char. loc. cit. inveniend.). 


1. ADELIA SPARTIOIDES H. Bn., mss., in herb. Gaudich, - 


Passæa seartiounes H. Bn., loc. cit., 907, t. XVIII, fig. 28-35. 
Exs. A. S. H. cat. Ci, n. 939, o, Prov. de S. Paul, « plusieurs tiges; 


390 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


cat. C?, n. 1490 ter, o, Prov. de S. Paul, « prés l'Alvea de S. Anna. » — 
Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 957, Prov. de S. Paul. 


CXXVI. STILLINGIA GaRDEn. 


S EusriLLiNGIA. KL, in Erich. Arch., VII, 4, 187. — H. Bn., 
Et. gen. Euphorbiac., 510. 


1. STILLINGIA OPPOSITIFOLIA H. Bn., Et. gen. Euphor- 
biac., 513, n. 10. 

SAPIUM OPPOSITIFOLIUM K/., in herb. berol. 

Exs. Sellow, Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.).— Gaudichaud, Herb. 
imp. brésil., n. 960, Prov. deSan-Paolo (herb. Mus.). 

2? STILLINGIA DICHOTOMA M. arg., in Linnæa, XVI, 
1, 005 ; 

Exs. « Riedel, prope Rio de Janeiro (herb. Berl.). » 


§ Sapium. 


(Vid. Et. gen. Euphorbiac. , 543, t. V; fig. 24, 25, VI, fe 1-11.) 
3. STILLINGIA BIGLANDULOSA. 


HiPPOMANE RIGLANDULOSA L., Spec., 1481, — Aubl., Guian., 
II, 885. 


SAPIUM AUCUPARIUM Jacq. Amer., 249, t. 158. 
S. HippomanE G. F. M., Prim. fl. essequebens., 275. 


S. SERRATUM, PRUNIFOLIUM, SELLOWIANUM, MONTEVIDENSE K/., in 
herb. berol., et Erichs. Arch., VII, loc. cit. 


S. sauiGrouium H B. K., herb. et Nov. gen. et spec., 
II, 65. 

SriLLINGIA SALICIFOLIA KI. herb. berol. 

Exs. Spruce, n. 2198, «prope San-Gabriel da Cachoeira, ad Rio- 


Negro, Brasilie boreal. (jan.-aug. 1852) (S. Hippomane). — Sellow, 
Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.) (serratum, Sellowianum, montevidense). 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 391 


— A. S. H., cat. A’, n. 153, Rio-Janeiro ; cat. D. n. 1821; id., Olho 
d'Agoa. — Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 235, Prov. de Mato- 
Grosso; n. 958, 964, Prov. de San-Paolo ; n. 1707, Prov. de Rio-Grande 
do Sul (serrata, Sellowiana).— Gardner, n. 2124, Prov. de Piauhy. — 
— Salzmann, Bahia, «in cultis.» — Claussen, n. 114, Prov. de Rio- 
Janeiro, N. Fribourg (Sellowiana) ; n. 783, Prov. de Minas-Geraës (1838). 
— Blanchet, Bahia, n. 2689, 3546.— Lassaux, Montevideo. — Courbon, 
ibid., n. 229, «sur les bords du Migelete (mars 1854); id., «au pied des 
rochers qui avoisinent l'arroyo de los Casos-Blancos (avr. 1853) (serrata). 
— Weddell (nov.-déc. 1844), n. 2971, «entre Goyaz et Cujaba. » 

Ups, — Ad hane speciem certe attinens S. salicifolia KL., mirum in 
modum variat; hinc typica, foliis petiolatis 2-glandulosis serrulatis 
(Sellow, in herb. Mus., ex herb. Berl.) ; inde petiolo brevi complanato, 
glandulis obsoletis, s. Courboniana (Courbon, Montevideo, n. 260, « non 
loin de l'embouchure du Migelete, juin 1854) ; aut foliis breviter petio- 
latis eglandulosis, s. Zilariana (A. S. H., cat. C^, n. 2513, o ter, Banda 
oriental del Uruguay. — Courbon, Montevideo, île S. Gabriel (déc. 1853) ; 
aut foliis glandulosis breviter petiolatis, limbo perlongo (ad 15 cent.) 
loræformi obsolete remoteque crenato, ut in Codiæis nonnullis cultis, 
s. codiæiformis (A. S. H., cat. Ct, n. 331, o, Prov. de Minas-Geraés, ` 
«commun dans les campos»); aut foliis multo minoribus angustatis 
tenuissime serrulatis subsessilibus eglandulosis (S. dracunculoides olim, 
in herb. A. S. Hi, planta ex omni parte minori, ramulis simplicibus 
glabris striatis ferrugineis (A. S. H., cat. C^, n. 972, Prov. de Minas- 
Geraés). | 


h? STILLINGIA OBOVATA. 
- SapiuM oBovarum Kl. , in herb. berol. 
Exs. « Riedel, Brésil (herb. Berl. ). » 


5. STILLINGIA MARGINATA. 


Sapium marcINaTUM M. arg., loc. cit., 120. 
Exs. Riedel, Prov. de Minas-Geraés; «ad Rio S. Francisco. » — 
Claussen (1838), Prov. de Minas-Geraés (herb. Mus. et Lessert). 


S Trianica Lour. 


6. STILLINGIA SEBIFERA Michæ. — A. J. 
In Brasil., Rio-Janeiro, etc., colitur (Mart., herb.). 


v. 21 


e ——À o alt TU D irap M m BENTL Vo Clero RA Xe 


399 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


§ Sapiopsis. 


7. STILLINGIA CREMOSTACHYA H. Dn., in Et. gen. Eu- 
phorbiac. , 512. 


Fruticulus humilis; ramis horizontalibus (fid. A. S. H.) rigidis (pennae 
anserinæ crassitudine) cortice glabriusculo rugulosove cicatricibus promi- 
nulis foliorum ramulorumque delapsorum notato. Ramuli alterni gra- 
ciles breves (2-3 cent. longi) nutantes, infra paulo sursum a basi bracteis 
| alternis caducissimis v. earum cicatricibus, ad apicem foliis paucis petio- 
latis onusti, singulis in inflorescentiam itidem nutantem terminalem ple- 
rumque masculam rarius androgynam (6-8 cent. longam) abeuntibus; 
rachibus simplicibus paulo inerassatis glaberrimis multibracteatis; brac- 
teis aut omnibus masculis plurifloris, aut masculis superioribus, inferiori- 
bus autem unifloris foemineis (ad 10), singulis brevibus glabrisovatis reni- 
formibusve ciliolatis basique 2-glandulosis ; glandulis late ellipticis planis 
concaviusculisve glaberrimis bracteæ simul et axi adpressis (5-5 mill. 
longis). Flores masculi in axilla bractearum singularum 6-8-12 brevis- 
sime pedicellati glomerulati. Calyx glaber 2-partitus; sepalis orbieulari- 
concavis, aut subintegris, aut ad basin late auriculatis; lobis olim a nobis 
verisimiliter pro calycis sepalis interioribus quibus stamina anteposita 
sumptis; æstivatione imbricata. Stamina 2 centralia lobis (potius pseu- 
dolobis) calycis interioribus opposita, inde eum lobis mediantibus, i. e 
sepalorum legitimorum apicibus, alternantia; filamentis brevibus eras- 
siusculis erectis liberis; antheris suborbicularibus extrorsis 2-rimosis. 
Flos fœmineus : calyx alte gamophyllus campanulatus, bractea paulo 
longior subæquali-3-fidus v. sæpius erenatus; crenaturis 2 anticis. 
Germen calyce paulo longius ovato-fusiforme 3-gonum glaberrimum ; 
stylo brevi erecto mox 3-lobo; lobis cum crenaturis calycis alternantibus 
crassis dorso carinatis obtusis intus sulcatis; sulco lineari papilligero. 
Loculi posteriores 2, alter anterior; ovulo unico fere ab apice pendulo 
oblongo ancipiti-compresso; obturatore conoideo basi lacero-ciliato. 
Folia elliptica v. subobovata basi simul et apice acutiuscula (ad 5 cent. 
longa, 2 cent.lata) integerrima v. tenuissime serrulata membranacea 
glabra penninervia venosa; costa prominula in sicco dense fuscata; 
petiolo gracili glaberrimo (ad 1 cent. longo) ad apicem glandulis 2 conicis 
apice foveolatis glaberrimis, basi stipulis 2 brevibus ovatis ciliatis 
munito. Fructus...? 


Exs. A. S. H., cat. B, n. 219, s, Prov. de Rio-Janeiro. 


EUPHORBIACÉES. AMÉRICAINES, 323 


S Gnemosracnys Mart. (Microsracays 4. J.) 


(De char. sect. confr. Et. gen. Euphorbiac., 515, t. VIII, 
fig. 1-16.) 


8. STILLINGIA HETERODOXA M. arg., in Linnæa, XVI, 
I; 89. ! 


Stirps, inter plurimas alias, char. omnibus, adspectu simul et floribus, 
Chemidostachydem et Stillingiam (genera ab auctoribus plerisque dis- 
tincta) in unum bene conjungens. Descriptioni auctoris quoad flores valde 
incompleta adde : calycis masc. laciniæobovatæ v. susbpathulatæ lacero- 
ciliatæ membranaceze demum patentes. Stamina 3, antheris suborbi- 
culari v. obovato-complanatis extus glaberrimis basifixis. Flores masculi 
alterne glomerulati superiores; bractea basi 2-glandulosa ; glandulis rarius 
integris sepius 2-lobis glaberrimis; glomerulis 3-floris; floribus latera- 
libus nonnumquam 2-andris. Flores fæminei pauci inferiores sessiles 
solitarii; bractea ei florum maseulorum simili. Calycis laciniæ 3 basi 
attenuatæ 2-glandulosæ; glandulis breviter stipitatis. Styli lobi 3 breves 
crassiusculi teretes integerrimi reflexi. 


Exs. Blanchet, n. 3658, Prov. de Bahia, Jacobine (herb. Mus. et 
Lessert. 1 


9. STILLINGIA MYRTILLOIDES, 

CNemiposracays MYRTILLOIDES Mart., Nov. gen, I, 67, t. 40, 
C. vapanoipes Mart., loc. cit., 71. 

C. oLeomes Mart., loc. cit., 74 

Mıcrosrtacays paPaNoines M. arg., in Linnga, XVI, I, 94. 
Exs. « Martius, — Pohl.» — A.8. H. 


10. STILLINGIA CORIACEA. 

Cnemmosracays MARGINATA Mart., Nov. gen, I, 68,n. 2, t. 
C. concra Mart., loc. cit., 71. 

Microsracays ManGINATA M. arg., loc. cit., 90. 

Exs. Martius.— A. S. H, — Weddell. 


3891 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


11. STILLINGIA SERRULATA Z. Bn, in Et. gen. Euphor- 
ac., 516, n. 9. TN 


CwEMIDOsTACHYS SÉRRULATA Mart., Nov. gen., I, 68, n. 5, 
t. 42. 


MicRosTACHYs SERRULATA. M. arg., loc. cit., 90. 


Exs. Martius. — A. S. H. — « Pohl. — Riedel.» — Vauthier, n. 81. 
-— Weddell, n. 4350 (1843), Prov. de Minas-Geraés, Sabara. 


12. STILLINGIA BIDENTATA H. Bn., Et gen. Euphorbiac., 
916, n. 7. 


CNEMIDOSTACHYS BIDENTATA Mart., Nov. gen., 69, n. 4, t. 48. 
C. scoparia Mart., loc. cit., 70, n. 5, t. AA. 
Micnosracuys vincaTA. M. arg., loc. cit., 94. 


Exs. Sellow (herb. Mus., ex herb. Berl.). — A. S. H. — «Martius. — 
Lund. — Riedel.» — Gaudichaud, Prov. de S. Paul et Mato-Grosso. — 
Claussen. — Dupré. — Weddell, «entre Goyaz et Cujaba.» 


13. STILLINGIA HASTATA. 
Microsracuys HASTATA KI., loc. cit. 
Microsracnys sessiLiFoLIA M. arg., loc. cit., 95. 


Exs. Sellow (typ.!), Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). — A. S. H., 
cat. C!, n. 658, o, Prov. de Goyaz. — Gaudichaud, Herb. imp. brésil., 
n. 239, Prov. de Mato-Grosso. — Claussen (1838), n. 750, Prov. de 
Minas-Geraés. i 


14. STILLINGIA PROSTRATA. 

Cnemvosracnys eROsTRATA Mart., loc. cit. 

C. CAMPESTRIS, CROTONOIDES, PATULA, TRAGIOIDES Mart., loc. cit. 

MicrosTAGHYS POLYMORPHA M. arg., loc. cit., 94 (ex part., excl. 
syn. plur.). 


Exs. Sellow. — À. S. H. — Martius, Herb. flor. bras., n. 427, 907, 
— Vauthier. — Blanchet. — Claussen. —. Weddell, Brés. occid. 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, 325 


15. STILLINGIA CORNICULATA H. Bn., Et. gen. Euphorb., 
516, n. 1, 2. 


Tracia conNicüLATA Vahl, Eclog. am., II, 55. Hr. — Lamk, 
— Spreng. 

T. sicornis Vahl, ex Juss. 

Microsracuys conNicuLATA. À. Juss., Tent. Euph. , 49. 

M. siconwis À. Juss., loc. cit., 48, t. 45. 

M. roLymorena M. arg., loc. cit., 93 (ex parte). 


Exs. A. S. H.— Gaudichaud. — Peppig, Fl. Amazon. — C. Gay, 
Rio-Janeiro. 


16. STILLINGIA STIPULACEA H. Bn., Et. gen. Euphorbiac., 
516, n. 42. 

MicnosrAcuYs sriPULACEA. Kl., in herb. berol. 

GYMNANTHES STIPULACEA M. arg., in Linnæa, XVI, I, 96. 


Exs. Sellow, Brésil mérid. (herb. Mus., ex herb. Berl.). — A. SS. H., 
cat. C?, n. 2556, o, Banda oriental del Uruguay. — Gaudichaud, Herb. 
imp. brésil., n. 1697, Prov. de Rio-Grande do Sul. 


$ Sanormnosracuys KI. 


(Clonostachys Kv. — Char. sect., in ‘Et. gen. Euphorbiac., 524, 
t. V, fig. 23, VIII, fig. 12-15). 
17. STILLINGIA MULTIRAMEA H. Bn., loc. cit., 595. 
SEBASTIANA MULTIRAMEA Mart., Herb. flor. bras., n. 538. 
SAROTHROSTACHYS MULTIRAMEA KI. in Erichs. Arch., VII, I, 185. 
S. LurscusaTIANA KI loc. cit. 
CxEMIDosTACHYS GLABRA Mart., mss. 


GYMNANTHES MULTIRAMEA M. arg.,loc. cit., 97. 


Exs. Leandro di Sacramento, n. 119 (1819), Brésil. — Sellow, Brésil 
(herb. Mus., ex herb. Berl.). — Martius, Herb. flor, bras., n. 538. — 


896 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


A. S. H., cat. At, n. 97, Prov. de Rio-Janeiro; cat. C?, n. 91, c, Prov. 
de Rio-Janeiro. — Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 1149, Rio de 
Janeiro. — Salzmann, Bahia, « in collibus. » — Guillemin et Houllet 
(nov. 1838), cat., n. 22, Rio-Janeiro. — Weddell (1843), n. 119, env. de 


Rio-Janeiro. — «Casaretto, n. 4550. — Widgren, n. 124. — Luschnath, 
circa Bahiam. » 


18? STILLINGIA WIDGRENI. 
GvuxaxTHuES WiponENi M. org, loc. cit., 97. 


Exs. « Widgren, in Brasiliæ prov. Minas-Geraés (herb. Holm.).» 
(n. v.). í 


19. STILLINGIA DAPHNIPHYLLA. 


Frutex (4-5-pedalis, fid. A. S. H.), glaberrimus ; ramis teretibus in 
sieco ferrugineis lævibus; ramulis conformibus junioribus angulato- 
compressis in axilla folii unius 3 fasciculatis. Folia brevissime -petiolata 
alterna elliptico v. ovato-lanceolata (ad 12 cent. longa, 4 cent. lata) 
basi obtusata ad apicem breviter acuminata; summo apice obtusius- 
culo; subintegra membranacea penninervia venosa, subtus pallidiora 
glaucescentia basi glandulis foveolatis 2-6 vix conspicuis ad margines 
notata. Petiolus crassus. glaber- supra complanatus (3-4 mill. longus). 
Stipulæ petiolo 3-plo breviores ovato-aculæ glabræ. Flores spicati; spica 
terminali simplici ( cent. longa) erecta filiformi basi paulo incrassata, - 
androgyna ; floribus paucis (2, 3) inferioribus fœmineis, reliquis crebris 
masculis, singulis unibracteatis sessilibus; bracteis alternis cordatis 
iuæquali-crenatis membranaceis glaberrimis translucentibus basi 2-glan- 
dulosis; glandulis breviter stipitatis apice truncatis cupulæformibus 
orbicularibus. Flos masculus : calyx eglandulosus, sepalis 3 subæqua- 
libus bracteæ conformibus aut. liberis aut plus minusve alte inter se 
connatis. Stamina centralia 3 divaricata ; filamentis brevibus liberis fili- 
formibus ; antheris compressis orbicularibus v. subdidymis extus haud 
procul a margine dehiscentibus. Flos femineus : calyx ovario paulo bre- 
vior eique adpressus urceolatus inzequali-3-fidus; lobis obtusis inzequali- 
crenatis membranaceis. Germen lageniforme glaberrimum 3-sulcum 
apice attenuatum in stylum mox 3-partitum; lobis subulatis reflexis 


flore longioribus intus dense papillosis. Ovula minuta ovata ancipiti- 
compressa obturata. 


Exs. A. S. H., cat. At, n. 312, env, de Rio-Janeiro, ge ei m 
derrière la fabrique de poudre. » 


; EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 327 
20. STILLINGIA LAUREOLA. 


Frutex ramis teretibus glabris, cortice griseo; ramulis virgatis graci- 
lioribus fuscatis. Folia alterna adproximata brevissime petiolata elliptica 
v. ovato-elliptica basi obtusa; apice breviter acuminato acuto ` integra 
membranacea, uti planta tota glaberrima (ad 7 cent. longa, 2 cent. lata) 
-supra lucida lævia viridia, subtus pallidiora opaca, penninervia parce 
venosa ; basi glandulis 2 coneaviuseulis vix conspicuis subtus notata. 
Petioli teretes glaberrimi supra eanaliculati (ad 2 mill. longi). Stipulæ 
minute petiolo 3-4-plo breviores ovato-acutæ glaberrimæ glandulosæ 
(fid. A. S. H.). Flores fœminei racemosi ; racemis brevibus terminalibus 
paucifloris v. abortu florum inferiorum unifloris; bracteis brevibus 
crassis alternis unifloris. Pedicelli breves crassiusculi longitudine sulcati 
ad apicem paulo incrassati. Calycis foliola 3 minute ovato-trigona, basi 
crassiora; apice obtusiusculo; glaberrima obsolete crenulata. Germen 
liberum depresso-turbinatum subtrilobum latere 6-gonum 6-gibbum. 
Stylus fere a basi 3-partitus; laciniis lineari-subulatis intus papillosis 
simplicibus reflexis apice revolutis ovario longioribus. Ovula obturatore 
2-auriculato subtus apiculato tecta. 

Oss. Species, ut videtur praecedenti affinis, sed folia minora crassio- ` 
raque et nervatione diversa. Flores diceci videntur ` masculi ignoti ; planta 
unde quoad sectionem valde dubia remanet. 

Exs. A. S. H., cat. At, n. 400, eny. de Rio-Janeiro, (e m n'ai pas vu 
les fleurs måles; il parait qu'elles sont situées dans le voisinage des 
femelles; mais elles étaient tombées lors de mon examen. A. S. H., mss. ») 


§ GussowiA Spreng. (nec alior.) - 
(Char, sect., in Étude générale du gr. des Euphorbiacées, 519, 
t V, fig. 21, 22). 
24. STILLINGIA DISCOLOR H à Bn., loc. cit., 519. 
Gussonra piscoLon Spreng., N, Entdeck., II, 119, t. 2. 


GywsawruEs piscoLon M, arg., loc. cit., 103. 


Exs. Sellow, Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). — a Riedel, uere 
Rio-de-Janeiro. » 


32. STILLINGIA CONCOLOR. 
Gussonia coscoLon Spreng., N; Entdeck., H, 449, t. 2 


328 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


GYMNANTHES CONCOLOR M. arg., loc. cit. 


Exs. « N? Brésil. » 


23. STILLINGIA NERVOSA. 


GYMNANTHES NERVOSA M. arg., loc. cit., 102. 


Exs. A. S. H. cat. Ai, n. 594, env. de Rio-Janeiro. — Gaudichaud, 
Herb. imp. brésil., n. 1448, Rio-Janeiro. 


S SEBASTIANIA Spreng. 


21. STILLINGIA TRINERVIA. 
GvuNaANTRES TRINERVIA M. arg., loc. cit., 101. 
Exs. Blanchet, n. 3657, Prov. de Bahia, Moritiba. 


25. STILLINGIA BREVIFOLIA. 
GYMNANTHES BREVIFOLIA M. arg., loc. cit., 104. 
Exs. Blanchet, ad Rio-Francisco, n. 2785 (herb. Lessert). 


26. STILLINGIA BRASILIENSIS H. Bn., loc. cit., 520. 
SEBASTIANIA BRASILIENSIS Spreng., N. Entdeck., II, 118, t. 3. 
S. rovEoLATA KL., in Erichs. Arch., VII, I, 182. 

S. DIVARICATA KI. loc. cit. 

S. mAcROoPHYLLA KI., loc. cit. 


GYMNANTHES BRASILIENSIS M. arg., in Linnæa, XVI, I, 104. 


Exs. Sellow. — Martius. — A. S. H. — a Pohl. — Riedel. » — Gau- 
dichaud. — Claussen. — Weddell, etc. 


27? STILLINGIA RAMOSISSIMA. 
Microsracays ramosissima Æ. S. H., PI. rem. Brésil., 242. ` 
M. roLYuonpna M. arg., loc. cit., 94 {ex parte). 


Exs. A. S. H., cat. CG n. 2559, o, Prov. de Rio-Grande do Sul, 
« bords du ruisseau de Guabiju. » — Bonpland, Prov. de Corrientes. 


Oss, Au praecedentis mera forma, S. divaricatæ KI., valde affinis? 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 329 ` 


98. STILLINGIA PTEROCLADA. 
GYMNANTHES PTEROCLADA M. arg. loc. cit., 407. 
Exs. Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 1450, Rio-de-Janeiro. 


29. STILLINGIA JACOBINENSIS. 
GYMNANTHES JACOBINENSIS M. arg., loc. cit., 106. 
Exs. Blanchet, n. 3528, Prov. de Bahia, Jacobine (herb. Muse‘ ess.) 


90. STILLINGIA WEDDELLIANA. 


S. (Sebastiania) fruticosa, ramis virgatis, foliis e basi longe in 
petiolum attenuata obovatis subspathulatis apice rotundatis crenu- 
latis glaberrimis subcoriaceis penninerviis (4 cent. long., 4 cent. 
lat.); stipulis ciliato-setosis; spicis terminalibus simplicibus gra- 
cilibus (2, 3 cent. longis) ; bracteis inæquali-ovatis ciliatis glan- 
dulis 2 ellipticis sessilibus sibique adpressis basi munitis unifloris ; 
floribus masculis stipitatis A v. rarius 4-meris; calycis laciniis 
subæqualibus lineari-subulatis; staminibus 3-plo longioribus; 
antheris cordatis obsolete apiculatis; eapsula globosa depressa 
obsolete 3-gona 3-sulca (11 cent. longa lataque) glaberrima; epi- 
carpio tenui membranaceo glaberrimo levi; endocarpio paulo 
crassiori submembranaceo ; seminibus pisiformibus glabris. 

Exs. Weddell, n. 3514, Prov. de Mato-Grosso (juillet-août, 1855). — 


B; foliis ovato-acutis multo majoribus (ad 6 cent. long., 3 cent. Jat.) 
basi rotundatis (cum typ.). 


§ GymnanTHEs Sw. 


Und, Adenogyne KI., — Vid. ad char. sect. Et. gen. Euphor- 


biac., 530, t. V, fig. 19, 20). 
31. STILLINGIA BAHIENSIS. 


GYMNANTHES BAHIENS!S M. arg., loc. cit., 102. 
Exs; Blanchet, n. 15, 2116, env. de Bahia (herb. Mus. et Less.). 


32. STILLINGIA SERRATA, 


330 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 
ADENOGYNE sERRATA KI. in Erichs. Arch., VII, I, 82. 


GyusawTHES SERRATA H. Bn., Et. gen. Euphorbiae., 534. 


Exs. Sellow, Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.).— Gaudichaud, Herb. 
imp. brésil., n. 1681, 1682, Prov. de Rio-Grande. — Guillemin, Prov. 
de Saint-Paul. 


33. STILLINGIA RIGIDA. 
Gymnanrues RIGIDA M. arg., loc. cit., 99. 
- Exs. Weddell, « prope Rio-de-Janeiro ». 


ah, STILLINGIA YPANEMENSIS. 


GYMNANTHES YPANEMENSIS M. arg., loc. cit., 100. 
Exs: Sellow, Ypanema (herb. Mus., ex herb. Berol.). 


85. STILLINGIA. HYPOLEUCA. 
GYMNANTHES HYPOLEUCA Benth., in Hook. Journ. (1854). 54. 


Exs. Spruce, n. 2806, «prope San Carlos del Rio-Negro (mart.- 
apr. 4853)»; n. 3780, a secus Rio-Negro, Brasiliæ boreal, (dec. 1854). » 


36. STILLINGIA PACHYSTACHYA. 
AprNoGYNE PACHYSTACHYS K/., in Erichs. Arch., VIL, 1, 182. 
GxwNaNTHES PACHYSTACHYS M. àrg., loc. cit., 101. 


Exs. Sellow, Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). — A. S. H., cat. At, ` 
n. 604, Prov. de Rio-Janeiro. — « Riedel, Rio-Parara. » 


37. STILLINGIA COMMERSONIANA. 

GYMNANTHES piscoLon. H. Bn, Et. gen. Kuphorbiac. , 531. 
G. manemaTA H. Bn, loc. cit. 

G. Ktorzscmawa M. arg., loc. cit., 78. 

ADENOGYNE piscoLor KI. in Erichs. Arch., VIL, I, 482. 
A. marcmaTa Kl., loe. cit. 


Exs. Sellow, Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.).— Commerson, Buenos- 


PUENTE 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, 331 


Ayres (herb. Mus., Less., et Juss.), — Gaudichaud, Herb. imp. brés., 
n. 975, Prov. de Saint-Paul. 


98. STILLINGIA PHYLLANTHIFORMIS. | 

S. (Gymnanthes) ramulis gracilibus. alternis virgatis. glabris ; 
foliis brevissime petiolatis alternis in summis ramulis congestis 
oblongo-lanceolatis v. subspathulatis basi longe attenuatis ; ; apice 
rotundato v. brevissime acuminato; integerrimis AE 18 
ceis glabris, subtus levibus, supra glaucescentibus (ad 3 cent. 
long., 4 cent. latis); petiolo lineari brevissimo (1-3 mill.) ; stipulis 
brevibus carnulosis ; floribus monceis in racemis hine masculis 
multifloris, inde fœmineis paucifloris segregatis. 


Frütieulus Payllanthis nonnullis lignosis neenon Colmeiroæ adspectu 
similis. Flores masculi racemosi; racemis axillaribus filiformibus(1-2cent. 
longis) nutantibus. Bractez alterne breves ovato-acutæ ciliatæ basi 

2-glandulosa nonnihil incrassatæ, breviter stipitatæ. Flores in axilla 
bractearum singularum solitarii eisque 4-5-plo longiores; pedicello 
gracili recto; sepalis æqualibus v. paulo inaequalibus ovato-acutis ci- 
liolatis glabris. Stamina subæqualia alterna; filamentis centralibus 
brevibus ; antheris subdidymis orbiculari-compressis ; loculis extrorsum 
haud procul a latere longitudine dehiscéntibus. Flores fæminei in axilla 
foliorum racemosi pauci (plerumque 2) alterni longe pedicellati ; racemo 
brevissimo apice (in spec. suppet.) truncato sub floribus pulvinato ` pedi- 
cellis gracilibus filiformibus glabris (ad 2 cent. longis). Calyx brevis ; 
sepalis 3 brevibus caducissimis ovato-aeutis basi. 2-glandulosis. Ovarii 
loculi 3 alterni glabri ; styli lobi 3 simplices subulati intus dense papil- 
Josi valde revoluti. Capsula 3-cocca; coccis obtusis versus ad medium 
2-cornutis, cornubus brevibus adscendentibus arcuatis; cæterum glabris. 
Semina ovoidea glabra levia (immatura). - | 


Ors. Fructus ei S. melanostictæ valde analogus sed ex omni parte 
minor. 


- Ere Bonpland, Prov. de Corrientes, n. 5076 (sub Phyllantho). 


39. STILLINGIA SCHOTTIANA. 
Gyunanrues scHoTTIANA M. arg., in Linnæa, XVI, I, 96, 


Oes. Species, ut videtur, affinis precedenti, ob ramulos nunquam 
spinescentes, folia t ngustiora longioraque diverse. An mera forma? 


$39 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


Exs. A. S. H., cat. C?, n. 919, c, Prov. de Minas-Giraés. — Claussen, . 
n. 746, Prov. de Minas-Geraés. — a Riedel— Lund, » 


40? STILLINGIA GAUDICHAUDII. 
GvwvaxTBRES GaunicaauDi M. arg., loc. cit., 96. 
GussoNiA sERRULATA Miq., in Linnæa, XIX, 446, 


Oss. Ob locum ab auct. datum hic enumerandum. Species preterea 
sequentes, quæ sub Stillingie signis verisimiliter, nostro sensu, mili- 
tarent, penitus nobis ignotas, nomine nudo enumerabimus. 


hA. GymNanTHEs BRACHYCLADA M. arg., loc. cit., 98. 

1,2. SeBastiania RIPARIA Schrad. , in N. Reis. pl. bras., 26. 
hð. Sapium marcinarum M. arg., loc. cit., 190. 

hh. Excæcaria BICALCARATA ibid. , 195. 


45 E supsessizis ibid., 195. 


$ Marrouxea Aubl. . 


h6. STILLINGIA GUIANENSIS H. o. in Et. gen. Euphor- 
biac., 521. 


MaPROUNEA cuanensis Aubl., Guian., II, t. 942. 
ÆGoPRICON BETULINUM L. f., Suppl., 413. 


…-Exs. Spruce, «in vicinibus Santarem, Prov. Para (jui. 1850); » 
« n. 1475, prope Barra , Prov. R. Negro (maio 1851); » n. 2271, « prope 
San Gabriel da Cachoeira, ad Rio-Negro Brasil. boreal. (jan.-aug. 1852).» 


47. STILLINGIA HILARIANA. 
MaPROUNEA BRASILIENSIS A. S. H., Pl. us. Brésil.,t. LXV. 


Exs. A. S. H., cat. Bt, n. 1651, Prov. de Minas-Geraés, «commune 
dans les Carascos, depuis Piedade jusqu'à Culào, env. de Porto de 
Quebra-Anzol, et dans les Minas Novas ; id. cat. C1, n. 479, o. — Sellow 
(herb. Mus., ex herb. Berl.). — Gardner, n. 1836, Prov. de Ceara. 


SRE Cie, T 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 333 


CXXX. ACTINOSTEMON Manr. 


1. ACTINOSTEMON GRANDIFOLIUS KI. ap. H. Bn., Et. 
gen. Euphorbiac., 532. < 

A. acuminatus KI, loc. cit. 

A. sessirozius KI., in Linnæa (1852), 297 ? 

À. roLxmorPaus M. org, loc. cit., 108, ex parte. 


Exs. Sellow, Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). — «Pohl, n. 1715, 
1729. — Riedel. — Lhotsky. » — A. S. H., cat. At, n. 517; cat. CO 
n. 59 c, Prov. de Rio-Janeiro. — Gardner, n. 5175, Prov. de Minas- 
Geraés; «Serra dos Orgaos, n. 818.» — Gaudichaud, Herb. imp. brésil., 
n. 1147, Rio-Janeiro; n. 1680, Prov. de Rio-Grande do Sul. — Blan- 
chet, n. 3788, Prov. de Bahia, Jacobine, S. Thomé. — Weddell, n. 207. 
Rio-Janeiro. — Netto (1863), Prov. de Rio-Janeiro, Pendotiba. 


2. ACTINOSTEMON MARGINATUS K/., loc. cit. 


A. PoLymorpaus M. arg., ex parte. 
Exs. Sellow, (typ. !), Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl), ` 


3. ACTINOSTEMON FURCATUS KI, in herb. berol., ex 
fl. Bn., loc. cit., 582, n. 2 | ! 
Exs. Sellow, (typ. !), Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). An potius 


praeced. var.? 


h. ACTINOSTEMON ANGUSTIFOLIUS H. Bn. , loc. cit., 532, 


A. Pozymorpnus M. arg., ex parte. 
DacryLosremox ANGusrIFOLIUS KI, in herb. berol. 


Exs. Sellow (typ !). Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). — Weddell, 
n. 227, env. de Rio-Janeiro, Corcovado (1843). 


52 ACTINOSTEMON? MULTIFLORUS M. arg., loc. cit., 114, 
Exs. « Pohl, Brésil, n. 1717 (herb. Berl.). » 


e ACTINOSTEMON SPRENGELII. 


33^ EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 
EXCJECARIA BRASILIENSIS Spreng., Syst., IIT, 25? 
DacrvLosrEwoN communis M. arg., loc. cit., 112. 
D. sgAsiuENsis. M, arg., loc. cit., 144. 


D. HAGENDORFII, OBTUSATUS, GLABRESCENS, etc. Ki. loc. cit. 

Exs. Commerson, Rio-Janeiro (jul. 1767) (herb. Mus., Juss. et Less.). 
— Sellow, Brésil.— A. S. H., cat. C!, n. 976, o, Prov. de Minas-Geraës ; 
id., env. de Rio-Janeiro. — « Hagendorf. — Riedel. — Lhotsky.» — 
Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 1153, Rio-Janeiro. — Claussen, 
n. 752, Prov. de Minas-Geraés (1838). — Veddell, cat. 26, n. 160, 119?, 
236, env. de Rio-Janeiro (1843). — Netto, Prov. de Minas-Geraés, Morada- 
Nova (1862). 

3: ACTINOSTEMON VERTICILLATUS. 


DacrvtosrEMoN vknTICILLATUS KI. in Linnæa (1852), 298. 


Exs. Sellow(typ.!), Rio-Janeiro (herb. Mus. , ex herb. Berl.).— A. S. H., 
cat. A!, n. 297, Prov. de Rio-Janeiro, — Gaudichaud, Herb, imp. brésil. , 
n. 1146, Rio-Janeiro. — Weddell, u. 690, env. de Rio-Janeiro (1843).— 
Netto, mont. d'Atalaia (1863). 


8. ACTINOSTEMON ECHINATUS M. arg., loc. cit., 107. 


Exs. Gaudichaud (typ.!), Herb. imp. brésil., n. 1145, Prov. de Rio- 
Janeiro. — o Riedel. — Lhotsky, Rio-Janeiro. » 


Species omnino dubiæ : 
9. ACTINOSTEMON KLOTZSCHIANUS. 
` DacryLostemon gRANpiFOLIUS KJ. in Erichs. Arch., VII, 1. 
Exs. « Sellow, prope Bahiam (herb. Berl.). » | 
10. ACTINOSTEMON LASIOCARPUS. 
DACTYLOSTEMON LASIOCARPUS KI. , loc, cit. 
Exs. Sellow, inter Bahiam et Vittoriam (herb. Berl.). » 
11. ACTINOSTEMON LASIOCARPOIDES. 
DAGTYLOSTEMON LASIOCARPOIDES M. arg., loc. cit., 444. 


Exs. « Riedel,» in collibus sylvaticis mont. Corcovado, prope Rio- 
Janeiro? » 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 335 
12. ACTINOSTEMON OLIGANDRUS.. 
DacryLosTEMON oticANDRUS M. arg., loc. cit., 145. 


Exs. « Claussen, Prov, de Minas-Geraés, » 


13? ACTINOSTEMON CUNEATUS. 
DacryLosrEMON cuneatus KI. in herb. berol. 


Exs. « Sellow, Prov. de Minas-Geraés. » 


CXXVII. OMPHALEA L. 


1. OMPHALEA DIANDRA Aubl. , Guian., 842. 
O. conpaTA Sw., Prodr., 95. 


B, paraensis, foliis supra glaberrimis lucidis; bracteis floralibus quam 
in typo multo brevioribus; indumento multo densiori; pedicellis et 
densius fulvescenti tomentosis; receptaculo floris masculi diandri cras- 
siori glanduloso. ; 


N? Para (herb. Mus., ex herb. lusit. ). 


OMPHALEA BRASILIENSIS KI. in herb. berol. 

O. foliis oblongo-ellipticis basi rotundato-obtusis apice acutius- 
culis tenuiter integris penninerviis, bracteis . lineari spathulatis 
mox deciduis quam petiolo brevioribus parle filiformi angustata 
reliquam æquante ; cymulis in spicas longissimas interruptas sim- 
plices v, ramosas numerosas paniculam longiramosam formantes 
dispositis; columna staminali apice in discum hæmisphericum 
triantheriferum dilatata. : | 

Exs. « Sellow, in Brasilia, inter Bahiam et Vittoriam » (char. e M. arg., 
loc. cit., 86, desumpt, !). 


CXXXII. COLLIGUAJA Mom. 


1. COLLIGUAJA BRASILIENSIS KL., in Eriehs. Arch., VII, 
I, 481. 

Exs. Sellow (typ.!) Brés. merid., Montevideo? (herb. Mus., ex herb. 
Berl.). 


336 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, 


CXXXIII. SENNEFELBERA Manr. 
(Char. gen. in Etud. gen. Euphorbiac., 535, t. IX, fig. 30, 31). 


1. SENNEFELDERA MULTIFLORA Mart., ex Kl., in Erichs. 
Arch., VII, I, 484, t. 8, B. | 


S. GRANDIFOLIA KI., in herb. berol. (et Auctt. ?) 


Exs. o Sellow — Martius, Rio-Janeiro.» — A. S. H. , cat. At, n. 544, 
582, env. de Rio-Janeiro. — Zuschnath (1836), M. Lucæ (herb. Mus., ex 
herb. Mart.). — Blanchet, Bahia, n. 1628, 2349 : 2° envoi, n. 87.— 
. Spruce, n. 3531, «ad flumina Casiquiari, Vasiva, Pacimoni (1853, 4). » 
— Weddell, n. 765 (1844), Prov. de Rio-Janeiro, Sierra d'Estrella. 


REMARQUES GÉNÉRALES SUR LES STILLINGIIDÉES DU BRÉSIL. 


Les genres du Brésil qui appartiennent à ce groupe particulier 
de la famille des Euphorbiacées, avaient été, à notre sens, multi- 
pliés outre mesure par Klotzsch, dans le travail par lui publié dans 
les Archives d'Érichson en 1841. Aussi avions-nous essayé de 
démontrer, dans notre Étude générale du groupe des Euphor- 
biacées (265), queles Evcæcaria, Cnemidostachys , Sarothrostachys, 
Sebastiania, ne différaient pas assez des Stillingia et des Sapium, 
pour former des genres particuliers, et nous les avions fait rentrer 
dans le genre Stillingia à titre de simples sections ou sous-genres. 
Nous avions d'autre part pleinement adopté la fusion des deux 
genres Stillingia et Sapium proposée par Klotzsch; et nous avions 
également rapporté au genre Stillingia, tel que nous le compre- 
nions, les Spirostachys, Sclerocroton, et méme le Maprounea 
d'Aublet, malgré la dissemblance de port que présente surtout ce 
dernier type. Nous avions d'ailleurs donné les raisons qui nous 
portaient à effectuer toutes ces réunions; et nous avions surtout 
pour appuyer notre opinion, celle de M. Bentham (in Hook. Journ. 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, $37 
(1854), 324) qui, aprés avoir étudié les Stillingiées américaines, 
proposait même de ne pas séparer génériquement les Gymnanthes 
des Sebastiania, c'est-à-dire, pour nous, des Stillingia. Nous ne 
consentions à placer dans un groupe générique particulier que 
les Actinostemon de M. de Martius; mais nous y réunissions 
comme synonyme, à titre de simple section, le Dactylostemon de 
Klotzsch, tout en faisant remarquer que la transition est bien facile 
du Gymnanthes à l Actinostemon et que, par conséquent, ce genre 
peut, à la rigueur, étre considéré comme limité d'une facon trés- 
artificielle, Nous étions parvenu de la sorte à ramener ce petit 
groupe à une assez grande simplification, et nous y trouvions sur- 
tout cet avantage, que le nombre des coupes génériques en serait 
considérablement réduit. Mais il paraitrait que nos arguments 
n'ont pas été suffisants pour empécher le morcellement de ce 
groupe; car M. Müller (d'Argovie), dans le travail qu'il a préparé 
pour le Prodromus, et dont il a publié les prémisses dans le 
Linnœæa (XVI, I, 1-126), est revenu à peu prés au méme nombre 
de genres que Klotzsch, conservant comme distinets les genres 
Elachocroton, Microstachys, Gymnanthes, Dactylostemon, Actinos- 
lemon, Maprounea, Sapium, Excæcaria; et augmentant méme 
encore le nombre des coupes génériques, parce que l'union des 
Sapium, Sapiopsis, Stillingia en un seul groupe, n'est pas méme 
maintenue par lui. La fusion des Adenogyne, Sarothrostachys et 
Gussonia avec d'autres types a seule été conservée. 

En présence d'une pareille réaction contre la réduction des 
genres que nous avions proposée, nous avons dù revoir les plantes 
qui faisaient l’objet de la discussion, pensant que nos premières 
observations étaient erronées ou que nous avions proposé une 
interprétation vicieuse des faits observés. Nous sommes donc 
revenu avec quelque soin sur ce sujet; et cette nouvelle étude 
nous a convaincu que nous n'avions pas été trop loin, que les 
caraetéres distinetifs qu'on invoque n'existent pas d'une maniére 
constante, ou ne présentent pas d'importance, comme nous allons 
essayer de l’établir; et nous avons méme été plus loin encore cette 


v. 22 


338 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 

fois que la premiére, en adoptant pleinement l'opinion si sage de 
M. Bentham, tendant à rapprocher les Gymnanthes des Stillingia 
proprement dits. Diminuer le nombre des genres, réunir ceux qui 
ne présentent point de caractères différentiels tranchés, faciles à 
saisir, constants; c’est là actuellement, pensons-nous, une œuvre 
utile aux progrés de la botanique, un moyen d'en rendre l'étude 
praticable. 

Le Prodromus sera d'accord avec nous quant à la conservation 
des genres H ippomane, Carumbium (Omalanthus), Falconeria et 
Omphalea. Mais il maintiendra aussi le genre Ælachocroton 
F. Mütr. (in Hook. Journ. (1857), 17), que nous avons cru 
devoir ramener dans le même groupe générique que les Cnemi- 
dostachys. Yl en résulte que le Prodromus n'admettra pas ce que 
nous avons dit (Et. gen., 111) de la valeur de certaines déhiscences 
porricides, quand nous avons établi qu'on décrit souvent comme 
des pores des lignes de déhiscence, des fentes plus ou moins 
eourtes. Notre convietion n'est pas cependant ébranlée jusqu'à 
présent sur le peu de valeur d'un semblable caractère ; et tandis 
que le Prodromus place les Cnemidostachys dans un groupe K, 
c’est-à-dire loin du groupe C qui contient l'Elachoeroton, nous 
continuons de croire que ces deux types, renfermant l'un et l'autre 
des plantes herbacées, doivent être intimement rapprochés. 

Le Sapiopsis que nous n'avons considéré que comme section du 
genre Stillingia, ne saurait en être séparé génériquement ; car, 
comme nous l'avons dit plus haut (p. 322), les étamines sont, 
comme toujours dans ce groupe, alternes avec les sépales véri- 
tables ; et les lames plus intérieures que nous avons décrites à tort 
autrefois comme des sépales intérieurs, ne sont que des auricules 
ou lobes latéraux des véritables sépales. L'existence de ces lobes 
n'est d'ailleurs pas constante, comme nous avons pu nous en 
assurer depuis, sur de meilleurs échantillons de l'herbier de A. de 
Saint-Hilaire. — ' 

Le genre Gymnostillingia ne pourra être conservé; il repose 
sur un caractère qui n'existe réellement pas : l'absence du calice 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 839 


dans les fleurs femelles. 11 est vrai que cet organe n’y est que 
peu développé; sans quoi personne n’eût méconnu son existénce. 
Mais si l'on veut l'apercevoir facilement, il n'y a qu'à examiner 
les fruits du Sapium acutifolium Benta., qui à servi de type à ce 
genre, Les sépales y persistent même après la chute des coques , 
el quand celles-ci se sont séparées de l'espéce de table à trois 
branches ligneuses que forme en se durcissant, sous l'ovaire, le 
réceptacle floral dilaté. Dans l'intervalle de ces trois saillies, est. 
à-dire, en même temps, des trois loges, on aperçoit les divisions 
surbaissées et souvent brièvement acuminées du calice. Il n’est 
pas sans intérêt de faire remarquer, en passant, qu'ici l'ovaire est 
articulé sur le réceptacle, au-dessous du calice, tandis que dans la 
plupart des autres espèces de ce groupe, l'articulation a lieu plus 
ou moins haut sur le pédicelle, mais au-dessous du périanthe. 
Les auteurs qui accordent une grande valeur à ces articulations 
pour décider de la nature simple ou composée de certaines fleurs 
d'Euphorbiacées, n'admettront sans doute pas que ce caractère 
soit ici d'une grande importance. Quoi qu'il en soit, le peu de 
développement du périanthe femelle, et ces particularités que pré- 
sente le réceptacle des Gymnostillingia, permettront bien d'en 
faire une section du genre Stillingia ; mais le peu de développe- 
. ment du périanthe ne saurait nous autoriser à en faire un genre 
distinct. On ne peut guère séparer génériquement l'un de l'autre 
deux Croton, parce que le premier a une corolle à folioles assez 
développées, tandis que l'autre n'a, en place de pétales, que de 
petits corps épais, courts et glanduleux, à peine visibles parfois. 
On ne saurait non plus placer le Rhododendron ferrugineum dans 
un autre genre que les R. hirsutum et autres, pour cette raison 
que le calice du premier est trés-peu développé (1) et beaucoup 
moins visible encore, à l’âge adulte, que celui du Sti/lingia acuti- 
folia. ; 

Malgré sa tendance habituelle à multiplier les genres, Klotzsch 


(4) Adansonia, II, 354. 


KIT EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, 


a sagement réuni, à titre de sections seulement, les Stillingia et 
les Sapium. Cette fusion va de nouveau disparaître dans le Pro- 
dromus. Or lorsqu'on cherche un caractère distinctif absolu entre 
les Sapium et les Stillingia, on ne trouve en réalité que celui-ci : 
les premiers ont une columelle ferme et rigide au centre du fruit; 
et les coques, en se détachant, laissent cette columelle visible au 
centre du réceptacle ; tandis que les derniers ont la portion cen- 
trale du fruit moins consistante et moins ligneuse, de facon qu'elle 
ne persiste pas d'ordinaire aprés la chute des méricarpes; carac- 
tére différentiel de bien minime valeur et souvent inappréciable 
dans la pratique, lorsqu'il s'agit de déterminer le genre auquel se 
rapporte un échantillon d'herbier qui ne porte pas de fruits mürs. 
Sur quoi nous fonderons-nous, en effet, pour faire avec le Pro- 
dromus, de véritables Sapium de ceux des Stillingia de Maurice 
dont le fruit mür nous est totalement inconnu? Peut-étre sur la 
communauté d'origine géographique et sur Ja grande analogie 
extérieure de ces plantes avec le Sapium lineatum de Lamarck ? 
Examinons à ce propos cette dernière espèce. 

Les Sapium obtusifolium, lineatum, etc., que nous avons 
en 1861 (1) réunis en une seule espèce sous le nom de Stillingia 
mauritiana, seront replacés par le Prodromus au premier rang du 
genre Sapium et méme de sa section usapium (loc. cit., 115). 
Nous pouvons done les considérer comme bien caractérisés ; et ce 
sont en même temps des plantes qui se trouvent heureusement en 
abondance dans les collections; de facon qu'on peut les étudier à 
tous leurs états de développement. Or en examinant leurs fruits 
avant la maturité compléte, sur les échantillons types de Com- 
merson et sur ceux d'autres collecteurs, nous avons vu que leur 
columelle est d'une trés-faible consistance; et que, plus tard, le 
fruit tombe en laissant sur le sommet du pédicelle un renflement 
trigone portant trois petits sépales dans l'intervalle de ses bras. 
Ce véritable Sapium présente done plutôt sous ce rapport l'orga- 


(1) Adansonia, lI, 97. 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 341 


nisation des Stillingia proprement dits, et montre une fois de plus 
que ces deux genres doivent étre fondus en un seul. 

Les autres sections que nous admettons dans le genre Stillingia, 
telles que Gymnanthes, Maprounea, Escæcaria, Microstachys, 
Sebastiana, seront, sauf ce dernier, distinguées génériquement à 
cause de la forme cylindrique ou ovoïde des graines, celle des 
cotylédons, la position de la chalaze, la direction de l'embryon, 
l'absence ou la présence, et la configuration de l'arille, l'état de 
. la surface du testa des graines et le développement du calice. Nous 
n'avons accordé à ces caractères qu'une valeur tout à fait secon- 
daire. 

Ce qu'il y a de plus dissemblable entre ces différents types, 
c'est, il faut en convenir, le port, l'aspect du feuillage et des 
groupes floraux; et, à une époque où l'on s'occupait peu de l'ana- 
lyse des fleurs, c’est surtout cette dissemblance extérieure. et 
superficielle qu'on a tenté de justifier par des caractères plus 
solides tirés de la fleur et du fruit. Mais il y a des passages, méme 
au point de vue du port, entre ces membres si divers d'un groupe, 
Le Maprounea lui-méme, si distinct au premier abord par son 
feuillage à teinte ferrugineuse, ses limbes courts, ses petits cha- 
tons serrés et ses fleurs femelles longuement pédicellées, a ses 
analogues dans certains Sebastiania qui se rattachent graduelle- 
ment au S. brasiliensis. Ce dernier a des formes qui, par le feuil- 
lage comme par l'inflorescence, se rapprochent insensiblement de 
plusieurs des Cnemidostachys de M. de Martius. Les Gymnanthes, 
les ExcϾcaria de l'ancien monde et les vrais Stillingia n'offrent 
plus, dans leurs espéces à feuilles opposées, que des différences 
légères de forme dans les bractées et les glandes del'inflorescence 
ou la longueur des pédicelles floraux. Les Sarothrostachys et le 
Stillingia heterodoxa servent en méme temps, quant aux appa- 
renees extérieures, d'intermédiaires entre les — les Gym- 
nanthes et les Cnemidostachys. 

Il est vrai que dans les Maprounea, la surface du testa présente 
des fossettes bien plus profondes que dans toutes les autres 


342 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


espèces, et que certains Sapium ont des aspérités plus pronon- 
cées. Il est encore vrai que les Excæcaria n’ont qu'un très-faible 
épaississement de la primine au niveau de l'exostome, ou méme 
n'en ont pas du tout, tandis qu'ailleurs on observe une caroncule 
de forme variable. Nous avons été des premiers (Et. gen., 484- 
194) à montrer l'origine de toutes ‘ces inégalités du développe- 
ment dans un méme organe et dans des plantes différentes, et 
nous avons par là fait voir qu'on ne saurait accorder une impor- 
tance «générique »à toutes ces variations qui ne sont qu'une affaire - 
« de plus ou de moins ». L'auteur éminent qui a rédigé, dans le 
Prodromus, une première portion de la famille des Euphorbiacées, - 
a confirmé notre manière de voir en ne reléguant pas dans des 
genres différents, celles des Euphorbes qui ont un testa lisse, et 
celles qui ont un testa fovéolé; celles dont la caroncule est nulle, 
et celles dont l'arille ades formes et des dimensions trés-variables. 
Espérons que le Prodromus ne se départira pas de cette sagesse, 
en accordant d'un côté, dans un groupe aussi naturel que celui des 
Euphorbiacées, ce qu'il a refusé d'autre part, quant à la valeur de 
semblables caractères. 

La situation de la chalaze ne sera pas par nous prise en consi- 
dération quant à la délimitation des genres, attendu qu'elle dépend 
du degré d'anatropie de l'ovule et dela graine et que ce caractère 
est lui-même trés-variable dans des genres trés-naturels. Si l'on 
s’attachait à ce caractère, il faudrait d'après lui subdiviser géné- 
riquement les Phyllanthus, par exemple, où la situation relative 
du hile, de la chalaze et du micropyle sont des plus variables, 
attendu qu'on observe, dans la graine et dans l'ovule, tous les pas- 
sages entre l'anatropie presque complète, l'hémitropie et l'ortho- 
tropie presque vraie. De méme dans le groupe des Stillingiidées ; 
et comme ces earaetéres, avec quelques autres dont nous allons 
parler, ont servi à séparer les Dactylostemon et les Actinostemon 
que nous avions réunis, nous les examinerons en essayant de jus- 
tifier la réunion que nous avions proposée. i 

Nous avons examiné comparativement et sur des échantillons 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES; | h 


authentiques, le Dactylostemon verticillatus Kt. et D Actinostemon 
polymorphus. du Prodromus, et. nous avons remarqué : que le 
périanthe était sensiblement le méme dans les deux plantes et que, 
dans le calice de la fleur femelle de l’une et de l’autre, il y avait trois 
sépales courts, alternes avec les loges ovariennes ; que le calice 
de la fleur mâle était réduit dans les deux plantes à une, deux ou 
trois petites folioles qui peuvent même disparaître complétement ; 
que si l’une des deux plantes avait un calice femelle plutôt un peu 
moins développé que l’autre, c'était le Dactylostemon verticillatus; 
que dans les deux plantes enfin le chalaze, le hile et l'arille étaient 
semblables, le hile se trouvant dans l'une et l'autre situé un peu 
au-dessous de l'arille, un peu au-dessus du milieu de la hauteur 
de la graine, et prenant la forme d'une tache ellipsoide assez régu- 
liére, Il est donc probable que les caractéres différentiels invoqués 
entre les Actinostemon et les Dactylostemon présentent peu de 
fixité et varient d'une forme à l'autre. e 

Nous avons done essayé de nous justifier du reproche qui nous 
a été fait d'avoir trop réduit le nombre des genres de ce groupe 
des Stillingiidées. Il sera plus juste, sans doute, de nous reprocher 
d'avoir trop multiplié les espéces; c'est là un défaut auquel on 
` n'est que trop porté quand on ne possède qu'un petit nombre 
d'échantillons d'herbier, sans une quantité suffisante de formes 
intermédiaires qui nous feraient réunir plusieurs types crus d'abord 
spécifiquement distincts. Mais le défaut contraire peut aussi être 
à redouter. Que le Prodromus réunisse, par exemple, sous le nom 
de Microstachys polymorpha, la plupart des Cnemidostachys de 
M. de Martius, e'est là une opinion qui dépend beaucoup de l'in- 
spiration personnelle et qui peut étre défendue. Mais nous pensons 
que c'est aller un peu trop loin que de faire rentrer dans la méme 
espéce le Microstachys ramosissima d' Aug. de Saint-Hilaire. Selon 
les idées du Prodromus, cette derniére espéce se rapporterait 
plutót aux Gymnanthes, c'est-à-dire à un genre différent des 
Microstachys, ei il nous semble méme, comme nous l'avons dit 
plus haut (p. 398), que c'est à peine une espèce distincte du Sebas- 


344 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


tiania brasiliensis de Sprengel et de la forme serrata dont Klotzsch 
avait fait une espèce particulière. En conservant cette espèce, nous 
avons surtout voulu rendre hommage à la mémoire de l’homme 
bon, juste et savant qui l'a établie et qui, sans doute, connaissait 
parfaitement le Sebastiania brasiliensis dont il l'a distinguée. 


——— MÀ — 


CXXXVI HURA L. 
1. HURA CREPITANS L. 
H. BRASILIENSIS, STREPENS, ete., W. 


H. senecarensis H. Bn., in Adansonia, I, 77? 


Exs. NN, Para (herb. Mus., ex herb. Lusit). — « A. S. H. — Martius. 
— Weddell. — Spruce, Brésil. » 


CXXXIX. ALGERNONIA H. Bn, 


1. ALGERNONIA BRASILIENSIS H. Bn, Et. gen. It 
biac., 547, t. H, fig. 80-32. ; 


Exs. Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 1151 (herb. Mus. et Less.) 


CXL? OPHTHALMOBLAPTON Artem. 
1. OPTHALMOBLAPTON MACROPHYLLUM Allem., Diss. 
Guanab. (1849) ; Ann. sc. nat., ser. 3, XIII, 119 
O. snasiriENsis Walp., Ann., HI, 362, 928. 


Exs. « Allemáo, in Brasilia, i in sylvis ad mare jacentibus prope Kong 
Janeiro. D: 


CXLII. TETAPLANDRA H. Bw. 


1. TETAPLANDRA LEANDRI H Bn, Et. gen, Euphorbiac., 
550, t. V, fig. 8-10. 


Exs. Leandro di Sacramento (1819), n. 29,73 (herb. Mus.) 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 345 


B. EUPHORBIACÉES BIOVULÉES. 


CLX. AMANOA Apt, 


1. AMANOA GUIANENSIS Aubl., Guian., I, 956, t. 101. 

MicnopETALUM Poir., in exs. 

Exs. Pôppig, Fl. Amaz. exs., Ins. Colares. 

6. oblonga Benta., in exs. Spruc. (A. oblongifolia M. are., in Linnæa 
XVI, I, 77). 


Exs. N? Para (herb. Mus., ex herb. Lusit.). — Poppig, Fl. Amaz., 
Ega, n. 2855. — Spruce, n. 1793, « secus Rio-Negro, Brasil. septent., 
inter Barcellos et S. Gabriel (dec. 1851). » 


2. AMANOA? BRASILIENSIS H . Bni, Et. gen. Euphorbiac., 
581, n. 4. 


GONATOGYNE LUCENS KI. mss., in herb. berol. 


Rami alterni lignosi teretes juniores pubescentes. Folia alterna bre- 
viter ($ cent.) petiolata elliptico-lanceolata basi et apice acuta subcoria- 
cea integerrima, supra lucida glaberrima, subtus opaca (ad 6 cent. longa, 
3 cent. lata); petiolo costa nervisque pennatis puberulis. Flores (e fruct. 


` -tant. noti) in axillis foliorum fasciculati pauci. Capsula glabra ` mesocar- 


pio tenui venoso glabro; endocarpio crassiori lignoso. Semina in loculis 
singulis (ut e columella brevi crassa 6-gona appar.) gemina ovata inæ- 
quali-compressa angulata glaberrima; plantula virescenti; albumine 
copioso albido. (Stirps, propter specimina valde manca, quoad locum 
dubia remanet. Adspectus Amano). 


Exs. Gaudichaud, Herb. imp. brésil., n. 959, Prov. de San-Paolo. — 
Sellow (herb. Mus., ex herb. Berl.). . 


CLXII. DISCOCARPUS KJ. 


1. DISCOCARPUS SPRUCEANUS Benth., in exs. Spruc., 
n. 3527. 

D. foliis petiolatis stipulaeeis e basi rotundata v. acutiuseula 
ovatis; apice aeuminato; floribus masculis 5-andris; germine 


346 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


abortivo petaloideo ciliato ; styli lobis 3 2-fidis emarginatis revo- 
lutis ; coccis 1-8 globosis dense tomentosis, aut fertilibus singulis, 
aut sæpius abortivis 1, 2. 


Arbuscula (?) ramis ramulisqueteretibus rugulosis griseis. Folia alterna 
petiolata stipulacea integerrima coriacea glaberrima penninervia venosa, 
supra lævia nitida (5-8 cent. longa, 2-3 $ cent. lata). Petioli teretes gla- 
briusculi supra canaliculati (5-8 mill. longi). Stipulæ ovato-acutæ inte- 
gerrimæ glaberrimæ caduca. Flores diceci axillares; masculi subsessiles 
glomerulati crebri ; feminei pauciores pedicellati. Floris masculi calyx 
5 partitus; æstivatione imbricata. Stamina glandulæque totidem. Ger- 
men abortivum centrale trilobum; lobis erectis petaloideis costatis mar- 
gine longe ciliatis. Floris feminei calyx 5-merus imbricatus. Petala 
totidem inæqualia membranacea corrugata apice acuta laciniata. Discus 
hypogynus annularis crassus supra crenatus dentatusve. Stylus fere a 
basi 3-merus ` lobis apice reflexis petaloideis complanatis in medio cana- 
liculatis post anthesin revolutis. Capsula perianthii stylorumque vestigiis 
munita. Semina in loculis singulis aut gemina compressa aut abortu 
solitaria globosa glabra (An spec. ead. sit ac D. brasiliensis Kr, (ap. Erichs. 
Arch., VII, I, 204, nondum descripta, nescimus). 


Exs. Spruce, n. 3527 (fœm.), 3781 (masc.), « ad flum. Guainia v. Rio- 
Negro, supra ostium Casiquiari (dec. 1854). » 


CLXVII. FLUGGEA W. 


1. FLUGGEA HILARIANA, 

F. (Gelfuga) americana, foliis petiolatis ovatis integris; flori- 
bus monæcis ; disco masculorum cupulæformi integro lobatove ; 
antheris 4-gonis; pedicello masculorum brevi; fæmineorum gra- 
cillimo folio longiori; fructu capsulari 3-cocco. 

Frutieulus (fid. A. S. H., 2-2j-pedalis), ramis teretibus gracilibus 
glabris. Folia alterna membranacea glabra penninervia subtus paulo 
pallidiora (2$ cent longa, 1$ cent. lata). Petioli graciles glabri (3-4 mil. 
longi). Stipulæ minuta petiolo 3-plo breviores subulato-acutæ glaber- 
rime. Flores monceci axillares cymosi; cymis paucifloris; femineo uno 
terminali; masculis reliquis paucis lateralibus v. uno. Floris masculi 
pedicellus brevissimus (1-3 mill.) capillaceus glaber. Calyx 5-partitus ; 
laciniis ovatis membranaceis integerrimis in alabastro inter se valde 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 357 


imbricatis. Discus cupulæformis aut integer, aut obselete crenatus v. inæ- 
quali-lobatus membranaceus glaber. Androphorum columnare erectum 
apice gynæcei rudimentum 3-gonum glandulosum gerens; filamentis 
staminum sub gynæceo rudimentario insertis filiformibus brevibus diva- 
ricatis; antheris 5 sepalis antepositis 4- gonis 2-locularibus extrorsum 
longitudine dehiscentibus. Floris feminei pedicellus perlongus (2-^ cent. ) 
gracillimus fere capillaceus glaber. Calyx et discus ut in flore masculo. 
Germen glabrum 3-loculare. Stylus 3-partitus ; laciniis 2-fidis glabres- 
centibus apice globuloso stigmatosis. Capsula 3-cocca glabra; coccis 
2 v. abortu 1-spermis Semina angulata glabra, 


Ups, Species adspectu Menarde, id est PAyllantho, affinis. Quum 
autem nullum sit inter Menardam Fluggeamque discrimen nisi ovarii in 
hacce rudimentarii inter stamina presentia, species nostra quam levis 
sit momenti character præelare demonstrat, 


Exs. A. S. H., cat., n. 1588, Prov. de Venite) ad S. Miguel. 


CLXX. RICHERIA Van. ? 


1. RICHERIA ? LORANTHOIDES Benth., in exs. Spruc. 
Ponocazyx LonaNTHOIDES KI, in Erichs. Arch., VII, 204. 


Oss. De stirpe quoad locum legitimum valde dubia cfr Ef, gem. 
Euphorbiac., 597. 


Exs. Spruce, n. 2143, « prope San Gabriel da Cachoeira, ad Rio-Negro, 
Brasil. boreal. (jan.-aug. 1852)»; n. 2143, «ad nons Casiquiari, 
Vasiva et Pacimoni (1853, 4). 


CLXXI. GUARANIA Wenn. | 
(Char. gen. in Etud. gen. Euphorbiac., 598.) 


1. GUARANIA PURPURASCENS Wedd., ex H. Bn., loc. cit., 
LT 

AMANOA PURPURASCENS Pópp et Endi., Nov. gen. et sp., III, 
t. 996, et herb. 


Exs. Pæppig Fl. Amaz,, Ega, n. 2805. — Spruce, n. 2680, «prope 
Panurè ad Rio-Uaupès (oct. 1852-jan. 1853). : 


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348 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 
a GUARANIA SPRUCEANA. 
Ricugnna ? Benth., mss., in exs. Spruc. 


G. foliis alternis petiolatis lanceolatis basi simul etapice cuneatis 
acutis integerrimis ; floribus masculis in ligno preteriti anni race- 
mosis 5-meris ; germine aborlivo conico. 

Arbor ramis teretibus striatis rugosis. Folia basi et apice cuneata 
subrhomboidea integerrima (12 cent. longa, 4 cent. lata); margine reflexo ; 
membranacea subcoriacea penninervia venosa, supra glaberrima lucida 
levia, subtus opaca in sicco ferruginea. Petioli subulati basi incrassati 
rugulosi (1 cent. longi). Racemi florum masculorum pauci v. rarius soli- 
tarii e ligno orti basi bracteati teretes graciles glabri v. parce puberuli 
squamigeri (12-15 cent. longi Squamarum singularum alternarum in 
axilla flos solitarius v. pauci cymosi. Pedicellus teres puberulus brevis 
(2-3 mill.). Calyx 5-partitus; laciniis imbricatis. Stamina 5 sepalis oppo- 
sita ; antheris globosis introrsis. Glandulæ 5 libere cum staminibus alter- 
nantes. Germen abortivum breve parce puberulum conicum. 


Exs. Spruce, n. 3156, «propeSan Carlos, ad Rio-Negro, Brasil. boreal. 
(1853,4).» 


3. GUARANIA LAURIFOLIA H. Bn, Et. gen. Euphorbiac., 
598, n. 3. 


G. foliis elliptico-obovatis integris sinuatisve apice aut rotun- 
datis aut brevissime acuminatis basi æquali v. inæquali-angustatis 
glaberrimis coriaceis penninerviis venosis, supra dense virescen- 
tibus, subtus (in sicco) vinoso-fuscatis (ad 12 cent. long., 6 cent. 
lat.); petiolo ad basin sensim inerassato compressiusculo (2 cent. 
longo); stipulis caducissimis ; floribus glomerulatis paucis brac- 
teatis; glomerulis stipitatis in racemo longo (20-25 cent.) 
crassiusculo (an e ligno orto?) remote alternis. 

Opss. Species precedenti affinis. Præter foliorum formam vix diversam 
ob flores et raeemi crassitudinem sat, ut videtur, differt. 

Exs. NP Para? (herb. Mus., ex herb. Lusitan.). 


h. GUARANIA GARDNERIANA Wedd., ap. H. Bn, Et. gen. 
* Euphorbiac. , 598, n. 3. 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 349 


G. ramulis inæquali-compressis strialis ; foliis breviter petiolatis 
in supremis ramulis alterne adproximatis oblongo-obovatis ad 
basin attenuatis, apice rotundatis (ad 12 cent. long., 6 cent. lat.) 
obsolete sinuatis crenatisve coriaceis glaberrimis penninerviis 
venosis, supra lucidis lævibus, subtus opacis, in siceo aureo-lutes- 
centibus; petiolo eomplanato apice crassiuseulo subglanduloso 
(3 cent. longo); stipulis acutis petiolo dimidio brevioribus ; floribus 
in ligno præcedentis anni racemoso-fascieulatis; ramis alterne 
 glomeruligeris; glandulis? brevibus obtusis 5 cum sepalis alter- 
nantibus; staminibus liberis introrsis sub pistillo rudimentario 
simplici insertis. 

Exs. Gardner, n. 3423, Prov. de Goyaz (herb. Mus.). — Spruce, 


n. 3526, «ad flum. Guainia v. Rio-Negro, supra ostium flum. Casiquiari 
(1855). » 


5. GUARANIA LONGIFOLIA H. Bn, in herb. Mart. 
ANTIDESMA ? LONGIFOLIUM G. Don, in exs. 


G. arborea ramis rugosis longitudine striatis ; foliis aut ellipticis 
aut longe obovato-lanceolatis (ad 15-22 cent. Jong., 6 cent. latis) 
apice aut aeutis aut obtusatis ad basin longe angustatis subintegris 
membranaceis subcoriaceis, supra lucidis, subtus pallidioribus pen- 
ninerviis venosis ; costa nervisque primariis subtus valde promi- 
nulis; petiolo (1s cent. longo) basi rugoso ad apicem glandulis 
2-4 minutis supra instructo ; stipulis caducis (e cicatricibus tantum 
notis) ; racemis aut axillaribus aut extraxillaribus alterne bracteatis; 
floribus cymosis in axilla braetearum singularum paucis (plerumque 
3); calyce profunde 5-partito ; laciniis quinconcialibus; stamini- 
bus 5 introrsis cum glandulis totidem brevibus alternantibus ; 
pistillo rudimentario centrali. 

Exs. G. Don, n. 145 (1856), Maranhäo? (herb. Mart.). 


CLXXV. HIERONYMA ALLEN. 


1. HIERONYMA ALCHORNEOIDES Fr. Allem., Dissert 
(1848). — Warr., Ann., HT, 937. 


850 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 
STILAGINELLA AMAZONICA Tul., in Ann. sc. nat., ser. 3, XV, 2/1. 


Exs. Allemûo, Rio-Janeiro (herb. Mart.). — A. S. H., cat. A3, n. 126, 
Prov. de Rio-Janeiro, — Pöpp., Fl. Amaz., Ega, n. 2876. 


2, HIERONYMA FERRUGINEA. 


. STILAGINELLA FERRUGINEA Tul., in Ann. sc. nat., ser. à, XV, 
250. 


Exs. Claussen, sans n°, Prov. de Minas-Geraés, Cachoeira do Campo 
(febr. 1840) (herb. Less.). — Weddell, n. 1348, Prov. de Minas-Geraés, 
Sabara (1813). 


3. HIERONYMA BLANCHETIANA. 


STILAGINELLA BLANGHETIANA Tul., in Ann. se. nati; ser. à, XV, 
2/9. 
Exs. A. S. H., cat. D. n. 58, d, Prov. de Minas-Geraés. — Blanchet, 


n. 3436, Prov. de Bahia, Igreja Velha; n. 3763, Prov. de Bahia, Jaco- 
bine, S. Thomé (1845). 


Oss. Il y a un point douteux dans l'histoire des trois genres dont nous 
venons d'énumérer les espèces brésiliennes. L'un d'eux répond-il au 
genre Aicheria de Vahl? Suivant M. Bentham, ce serait peut-être le Po- 


docalyz Kl. D'autre part M. Tulasne a décrit une Stilaginella, originaire . 


des Antilles, son S. clusioides (Ann. sc. nat., sér. 3, XV, 245), qui a, 
comme le Æicheria de Vahl, le port d'une Clusiacée. Enfin, les Amanoa 
pourraient bien être encore les Richeria, car Vahl dit que ces derniers ont 
une corolle; et il y a une ressemblance extrême entre eux et les Amanoa 
de Peppig et Endlicher qui sont les Guarania WEDD., mais qui ne sont 
pas les Amanoa d'Aublet. Quoi qu'il en soit, les trois genres Guarania, 
Hieronyma et Podocalyz sont trés-voisins les uns des autres, mais il nous 
a toujours été jusqu'ici facile de les distinguer, et cela par leur fleur 
mâle seulement, car nos collections sont trés-pauvres en échantillons 
femelles. Dans le Podocalyz loranthoides Kl., les anthères sont certaine- 
ment extrorses à tout âge et méme dans le bouton, comme dans les 
Fluggea ; le calice a la forme d'une petite coupe à lobes dont le nombre 
varie, et le corps central s'épanche entre les filets des étamines, envoyant 
entre ceux-ci des espèces d'ailes obtuses. Dans les Guarania les anthères 
sont positivement introrses dans le bouton et aprés l’anthèse, et il y a, 
outre le pistil rudimentaire qui occupe le centre de la fleur, cinq petites 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 351 


glandes alternes avec les sépales et les étamines, indépendantes du corps 
central. Dans les Hieronyma, les anthères sont introrses au début, comme 
dans les Podocalyz. C'est donc avec ces derniers qu'ils pourraient être 
confondus, jamais avec les Guarania. Mais les anthères des Zieronyma 
ont deux loges distinctes, süspendues d'abord parallèlement à un con- 
nectif glanduleux, et se redressant plus tard seulement sur lui pour 
devenir extrorses. Le corps central et le disque diffèrent légèrement. Il 
faut ajouter que les fleurs femelles des Guarania paraissent, d'aprés le 
dessin que donne Pœppig, bien différentes par leur pistil du Podocalyz, 
dont nous connaissons la grosse capsule tricoque, et des Hieronyma dont 
le fruit drupacé arrive à n'avoir plus qu'un noyau et une ou deux 
graines. 


CLXXXV. CICCA L. 


4. CICCA BRASILIENSIS H. Bn, Et. gen. Euphorbiac., 618, 
DZ 


PAaYLLANTHUS ANTILLANUS M. arg., loc. cit., 51, ex parte. 
Cnemnosracaÿs sp. Guillem., in herb. Mus. 


Exs. Claussen, Prov. de Minas-Geraés, n. 31, T 743 bis (1837). 
(Vulgo Casca de Vacca). 


Oss; Nimia fuit olim nostra erga veteres auctores fiducia, scil. Jaequin 
(PL. rar. hort. Schünbr, t. 194 B) et A. de Jussieu (Tentam. Euphorbiac,, 
t. 4. 13, A. f. 2), qui ovarii loculos in Cicca disticha calycis laciniis 
oppositos nuncupárunt. Quare genus novum, loculis cum sepalis alter- 
nantibus, scilicet Wurtziam olim ( Adans., T, 186, t. VIT) proposuimus. 
In omnibus Ciccæ speciebus etiam gerontogeis , loculi sunt cum sepalis 
alterni. Wurtzia igitur generica dignitati non æqualis, aut omnino 
delenda, aut pro mera sectione americana Ciccæ nunc habenda est. 


CLXXXVIL PHYLLANTHUS L. 


$ EUPHYLLANTHUS. 


4. PHYLLANTHUS RUPESTRISZ. B. K., Nov. gen. et spec., 
If, 411, n. 6. 

P. sracuyctanus M. arg., in Linnga, XVI, 1, 35. 

Exs. Spruce, n. 2270, 2598, 3044, « prope San Carlos, ad Rio-Negro, 
Brasiliæ borealis (1854, 5) ». 


352 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, 
2. PHYLLANTHUS FLUITANS Benth., in exs. Spruc. 


Exs. Spruce, «in vicinibus Santarem, ad Rio-Negro, Prov. Para (apr. 
1850). » 


3. PHYLLANTHUS AVICULARIS M. arg., in Linnæa, XVI, 
I, 32. | 
Exs. A. S. H., Prov. de Minas-Geraës, n. 1328, 1593. — Claussen, 


n. 792, Prov. de Minas-Geraés, « Abaete, in aquis fluentibus » (1838 ). 
— « Riedel, n. 709, Prov. de Minas-Geraés. » 


h. PHYLLANTHUS HYSSOPIFOLIUS H. B. K., Nov. gen. 
et sp., II, 108, n. 1. : 
Exs. A. S. H., Prov. de Minas-Geraés. 


5. PHYLLANTHUS MONTEVIDENSIS M. arg., loc. cit., 37, 
n. 135. 
Exs. A. S. H., Banda oriental del Uruguay. — e Se/low , n. 1414, 


circa Montevideo. » — Gaudichaud , Prov. de Rio-Grande-do-Sul. — 
Bonpland, Prov. de Corrientes. — Zassauz, Montevideo (1863). 


6. PHYLLANTHUS SELLOWIANUS M. arg., loc. cit., 37, 
n. 134. 


Exs. « Sellow, in Montevideo. — Riedel, in Brasilia austro-occidentali, 
ad flum. Cujaba, n. 1130. » 


7. PHYLLANTHUS RAMILLOSUS M. arg., loc. cit., 36, 
n. 1953. 


P. emperrirouius H. Bn, in herb. Mus. par. (1858). 


P. suffruticosus, foliis erebris breviter petiolatis e basi atte- 
nuata subspathulatis oblongo-lanceolatis; apice rotundato obtuso 
v. sæpius repenle mucronulato ; stipulis petiolo 3-/4-plo longiori- 
bus; floribus dicecis; glandulis masculorum liberis; androphoro 
columnari ; eonneetivo 3-gono concavo ; antheris horizontalibus 
sessilibus; disco femineorum annulari v. cupulæformi brevi; 
stylis 2-fidis apice reflexis ; ovulis hemitropis adscendentibus. 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. — 258 


Suffrutex humilis (20- 50 cent. alt.), caulibus procumbentibus sparsis 
teretibus ; ligno duro flavido. Rami ramulique teretes graciles in statu 
sicco rubiginosi. Folia alterna crebra (1-2 cent. longa, 4-5 mill. lata) 
integerrima coriacea glabra fere avenia; costa utrinque- prominula ; 
margine reflexo. Petioli teretes glabri (1 mill. longi). Stipulæ longe atte- 
nuatæ subulatæ integerrimæ membranaceæ glabræ saepius post occasum 
foliorum in ramulis persistentes. Flores diceci axillares crebri cymosi. 
Calyx floris masculi 5-6-partitus; laciniis conniventibus ovatis obovatisve 
obtusis integerrimis membranaceis glabris (albidis) valde inter se imbri- 
catis. Glandulæ totidem alternæ libere. Androphorum centrale erectum 
glaberrimum connectivo trigono borizontali supra concavo coronatum; 
antheris connectivi marginibus adfixis horizontalibus extrorsis transverse 
rimosis, Calyx feemineus 5-6-partitus; laciniis conniventibus ovatis ob- 
tusis integerrimis; margine membranaceo albido. Discus hypogynus 
integer glaber. Germen globosum glabrum ; ovulis collateralibus hemi- 
tropis adscendentibus 3-gonis glabris; nucelli apice in acumen lineare 

longe extus ab exostomio producto; styli lobis 2-fidis erectis; apice 
 reflexo. Capsula calyce persistente accrescenteque munita globoso de- 
pressa glabra 5-cocca. Semina vix yea adscendentia 3-gona glabra; 
umbilico introrsum infero. 

Exs. A. S. H., cat. C?, n. 1821, o, Prov. de Rio-Grande-do-Sul ; 
n. 2046, Banda oriental del Uruguay, in itin. a S. Pedro de Rio ad 
Montevideum ( «sous-arbrisseau dioique, parmi les sables au bord de 
la mer, à Ste-Thérése. Tiges couchées, étalées. » A. S. H., mss.). 


8. PHYLLANTHUS PINIFOLIUS H. Bn, in herb. Mus. par. 
(1858). 


. P. fruticulosus parce ramosus ; ramis verruculosis ; foliis crebris 
lineari-acicularibus basi et apice acutis mucronulatis ; petiolo bre- 
vissimo ; stipulis linearibus petiolo multo longioribus; floribus 
dicecis ; disco fæmineorum cupulæformi 5-6-dentato ; stylis 2-fidis 
apice reflexis ; ovulis adscentibus vix hemitropis suberectis. 


Fruticulus (3-pedalis, fid. A. S. H.) parce ramosus; ramis virgatis 
teretibus e foliorum occasorum insertione prominula et gemmis axilla- 
ribus induratis verruculosis notatis; ramulis conformibus junioribus 
e stipulis sepe post occasum foliorum basi articulatorum persistentibus 
quasi aculeatis. Folia crebre alterna lineari-acicularia (1 Z cent. longa, 
vix 4 mill. lata ) basi simul et apice acuta mucronulata integerrima ; 


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35h EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 
margine reflexo; coriacea glaberrima avenia. Petioli teretes glabri in 
statu sicco nigrescentes (1-1 ! mill. longi). Stipulæ lineares glabræ inte- 
græ petiolo multo longiores sepius, ut supra dictum, post occasum folii 
persistentes. Flores dicci axillares cymosi pauci. Floris masculi calyx 
5-6-partitus ; laciniis conniventibus oblongis obtusis integerrimis mem- 
branaceis glabris coloratis DI: æstivatione imbricata. Discus hypogynus 
cupulæformis brevis obsolete 6-dentatus crenatusve; dentibus cum sepa- 
lis alternantibus. Germen ovoideum glabrum v. parce puberulum obso- 
lete 6-costátum $-loculare ; ovulis adultis suborthotropis adscendentibus 
(junioribus descendentibus); micropyle extrorsum supera; nucleo extus 
áb éxostomio iri acumen lineare producto; stylo e basi 3- partito ; laciniis 
erectis 2-fidis; apice demum reflexo. Capsula 3-cocca calyce aucto basi 
cincta gata dépréssn glabra; coccis plerumque 2-spermis. Semina 
süborthotropa adscendentia trigona glabra. 

Exs: A. S. H., cat. C^, n. 1599, o, Prov. de S. Paul, « au bord d'un 
ruisseau, près le Rezistro de Curitiba. » — 


9, PHYLLANTHUS AUGUSTINI. 
P. ecuericus H. Dn, in herb. Mus. par. (nec À. B. Ki 


P. suffruticosus humilis, foliis ellipticis integerrimis; filamentis 
staminum omnino liberis ; antherarum loculis globosis transverse 
rimosis ; discó florum maseulorum continuo; stylis 3 e basi dis- 
tinctis; apice stigmatifero globoso fenis floribus fiemineis longe 
pedicellalis. 


Suffrutex humilis (13 cent. alt.), caule erecto tereti glabriusculo ; ra- 
mülis pautis gracilibus glaberrimis. Folia alterna brevissirne petiolata 
stipulacea elliptica (2-3 cent. longa, 1-1 $ cent. lata) integerrima mem- 
branacéa glabra penninervia ` nervis supra vix prominulis; subtus pal- 
lidiora subglaucescentia venosa. Petioli gracillimi (1-2 mill. longi) gla- 
berrimi supra caualiculati. Stipulæ caducæ acute integerrimæ petiolo 
2-plo longiores. Flores monœci cymosi axillares, aut masculi omnes 
(1-6) pedicellati, aut fdeminei solitarii longius pedicellati, masculis 0. v. 
1, 2 lateralibus. Flos masculus pédicello gracilissimo filiformi (adult. 
i cent. longo) glaberrimo. Calyx 5-6-partitus; laciniis ovatis obtusis 
imbricatis. Stamina, filamentis omnino liberis erectis; antliétis 2-locula- 
ribus; loculis globosis transverse rimosis, Glandule 5, 6 cum sepalis 
allernantes obovatæ v. obeordaue, Floris loeininel pedicellus multo quam 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. - $885 


masculorum longior (2 cent.) filiformis glaberrimus ; apice nonnihil 
incrassato. Calyx 5-partitus; laciniis petaloideis ellipticis obovatisve in- 
tegerrimis glaberrimis penninerviis; costa ad basin incrassata ; nervis 
prominulis in sicco atratis. Discus glandulosus depressus 6-crenatus. 
Germen globosum; styli laciniis 3 e basi distinctis profunde 2-fidis; 
divisuris apice capitato stigmatosis. 


Exs. A. S. H, cat: At, n. 743, Prov. de Rio-Janeiro, montagne de 
S. Diogo (« fleurs d'un blanc légèrement verdâtre, redressées au-dessus 
de la feuille avant leur développement, pendantes au-dessous de la 
feuille aprés leur développement » A. S. H.). 


10. PHYLLANTHUS RACEMIGERUS M. arg., loc. cit., 93, 
n. 89, 


Exs. Spruce, n. 1097, «ad ripas fluminis Amazonum, inter Santarem 
et Barra do Rio-Negro (oct. 1850). » 


11. PHYLLANTHUS FRANCAVILLANUS M. arg., loc. cit., 
D 74. 


Éxs. « Spruce, n. 3713. » 


19. PHYLLANTHUS MYRSINITES H. B. K., Nov. gen. et 
sp., II, 111, n. 7. 
PHYLLANTHUS ADENOPHYLLUS M. arg., loc. cit., n. 90? 


Exs. Spruce, n. 2072, «secus Rio-Negro, Brasil. boreal., inter Bar- 
cellos et San Gabriel (déc. 1851). » 


18. PHYLLANTHUS RIEDELIANUS M. arg., loc. cit., n. 56. 
Exs. « Riedel, prope Sebastianopolin Brasilia (herb. Berl.). » 


14. PHYLLANTHUS BAHIENSIS M. arg., loc. cit., n. 73. 
Exs. Blanchet, Bahia, n. 1842 (herb. Lessert.). 


15. PHYLLANTHUS CONGESTUS Benth., in exs. Spruc., 
n. 1900, 


Exs. Spruce, n. 1990, 1900, « secus Rio-Negro, Brasil. septent., inter 
Barra et Barcelos (nov. 1851).» An ad P. a/tenuatum Mig. reducendum ? 


UE Lud 


356 | EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 
16. PHYLLANTHUS FALLAX M. arg., loc. cit., n. 448. 
Exs. « Riedel, n. 1115, in Brasiliæ Serra do Lappa (herb. Berl.). » 


17?PHYLLANTHUS GUIANENSIS Kl., in Hook. Journ., 
II, 58. 


Exs. « Riedel, in Brasil. Prov. St-Paul (herb. Berl. ). » 


18. PHYLLANTHUS ACUMINATUS V ahi, Symb., UL. 95. 
P. attenuatus W., herb. 

P. ramosus F1. fl., t. 47? 

P. suBGLoMERATUS Poir., Dict., V, 804, n. 29. 

P. cumanensis 77 ., herb. ; 

P. Lyaones H. B. K., Nov. gen. et spec., II, 118, n. 11. 
P. ruscones H. B. K., loc. cit., n. 12. 

P. AvEnnBOXFOLIUS Steud., Nom., 327. 

P. roEripus Pav., herb. 


Exs. A. S. H., Prov. de Minas-Geraés. — Blanchet, n. 3244, Prov. 
de Bahia ; id., n. 162, 1173 (herb. Less.). — Claussen, n. 790, Prov. de 
Minas-Geraés. — Dupré (1842), Brés. mérid. 


19. PHYLLANTHUS CONAMI Sw., Prodr., 28. 

P. Brasiliensis Poir., Dict., V, 296, n. 2. 

P. rnuricosus L. C. Rich., in Act. Soc. hist. nat, par., 113. 
P. riscaronux H. B. K., Nov. gen. et spec., II, 113, n. 13. 
Cowan BRASILIENSIS Aubl. , Guyan., H, 927, t. 354. 


Exs. AN ?, Brésil. (herb. Mus.). — A. S. H., Rio-Janeiro. — Gardner, 
n. 927, Prov. de Ceara (herb. Lessert). 


20. PHYLLANTHUS JACOBINENSIS M. arg., loc. cit., 
n. 44. 
Exs. «Blanchet, Prov. de Bahia, Jacobine, n. 3291. » 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, 397 
21. PHYLLANTHUS BLANCHETIANUS M. arg., loc. cit., 
n. 138. | | 
Exs. &ieachet, n. 3458, A, Prov. de Bahia (herb. Lessert). 


22. PHYLLANTHUS SIMPLICICAULIS M. arg., loc. cit., 
n. 139. 


Exs. « Weddell. — Widgren (herb. Stock.). » 


25. PHYLLANTHUS ORBICULATUS L. C. Rich., in Act. 
Soc. hist. nat. par., 113. 

P. sougutt spot, Poir., Dict., V, 302, ex parte. 

P. Pomerianus M. arg., loc. cit., n. 444. 

P. emarGinarus KI. in herb. berol? 


Exs. Sellow (herb. Mus., ex herb. Berl.). — A. S. H., env. de Rio- 
Janeiro. — « Lund, n. 163. » — Gaudichaud, Prov. de Rio-Janeiro. — 
C. Gay, Rio-Janeiro (1829). — Vauthier (1833), n. 84, 85, Rio-Janeiro. 
— Claussen, Prov. de Minas-Geraés. — Jelliers, n. 3199 , Rio-Janeiro. 
— Weddell , n. 7h, 805. — « Riedel , n. 27. — Widgren, n. 989. » — 
Spruce, n. 855, «in vicin. Sautarem, Prov. Para (mai 1850). » 


Oss. — Flores utriusque sexus in specim. authent. P. emarginati 
KL., in ramulo eodem vidimus. : 


2h. PHYLLANTHUS CLAUSSENI M. arg., loc. cit., n. 143. 
Exs. Claussen, n. 189, Prov. de Minas-Geraés. — « Riedel, n. 1365. » 


25. PHYLLANTHUS HYPOLEUCUS M. arg., loc. cit., n. 444. 
Exs. « Sellow, n. 583, 1006, in Prov. Bahiensi. » — Gaudichaud. — 
A. S. H., Prov. de Minas-Geraés. 


36. PHYLLANTHUS OXYPHYLLUS M. arg.,, loc. cit., n. 448. 


Exs. « Sellow, Brés. mérid. ( herb. Berl. ).» — A. S. H., Prov. de 
Minas-Geraés. 


27. PHYLLANTHUS ARENICOLA Cas. , Decad.,, X, 88, n. 98. 


Exs. «Casaretto, in sylvulis arenosis maritimis vulgo Restingas dictis, 
prope Taypu, Prov. Rio-Janeiro. » — Guillemin , Ste-Thérése, Prov. de 
Rio-Janeiro. — Weddell, env. de Rio-Janeiro (1853). 


358 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, 


28. PHYLLANTHUS LATHYROIDES H. B. K., Nov. m 
et spec., IT, 440, n. A. 


P. Niruri Schl. et Cham., in Linngea (1830), 87 (nec L.). 
P. ruarormis Pav., in herb. 


Exs. Commerson, Rio-Janeiro, ile aux Chats et mont. des Capucins 
(juin-juill. 1767). — Sellow (herb. Mus., ex herb. Berl.). — A. S. H., 
Prov. de Rio-Janeiro, Minas-Geraés, S. Paul, Rio-Grande-do-Sul. — 
Martius, Rio-Janeiro. — Gaudichaud, Prov. de Rio-Janeiro, Minas- 
Geraés. — Claussen, Prov. de Minas-Geraës. — Salzmann , Prov. de 
Bahia, — Vauthier, n. 82. — a Riedel , n. 487, 2809, » — Blanchet, 
Prov. de Bahia, Jacobine. — Weddell, Prov. de Rio-Janeiro. 


29. PHYLLANTHUS HOFFMANSEGGII M. arg., loc. cit., 
n. 159. 


Exs. « Hoffmansegg, in Bras. Prov. Para (herb. W.). — Sellow. » — 
A. S. H., Prov. de Minas-Geraés. — Blanchet, n. 1021, Prov. de Bahia. 
— Spruce, «in vicin. Santarem, Prov. Para (1850). » 


$0. PHYLLANTHUS PERPUSILLUS H. Bn, in herb. Mus. 
par. (1858). 


Planta herbacea humilis gracilis glaberrima (2-4 cent. alta); ramulis 
paucis alternis filiformibus; foliis distichis e basi vix inæquali-atténuata 
lanceolatis glabrissubtus glaucescentibus acutis (2-5 mill. longis, 1-2 mill. 
latis); floribus moncecis axillaribus solitariis v. paucis cymosis. Flos 
masculus : calyx 5-6-partitus ; laciniis oblongo-obovatis basi attenuatis 
glaberrimis. Glandulæ totidem libere apice obtuse. Stamina in colum- 
nam centralem erectam apice incrassato 3-gonam coalita ; antheris glo- 
bosis horizontalibus marginalibus. Floris fœminei calyx 5-6-partitus ; 
laciniis ovato-elongatis; costa valde conspicua ; marginibus pallidioribus 
membranaceis inter se valde imbricatis. Discus hypogynus cupulæformis 
inæquali-crenatus. Germen globosum ; stylis 2-fidis apice globoso stigma- 
tosis. Ovula in loculis singulis 2 collateralia suborthotropa adscendentia. 


Species (ex c/. M. arg.) dubia, forte praecedentis mera forma , nobis sat 
distincta videtur. 


Exs. A. S. H., cat. D, n. 301 , d, Droe, de Minas-Geraés, « un cam- 
pos prés Ponte-Alta, » 


EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES, — Mee 
91. PHYLLANTHUS FASTIGIATUS Mart. — K1., in herb. 
berol. — M. arg., loc. cit., n. 461, - 


Exs. Sellow , «in Brasil. merid. mont. Itacolumi e ( herb. Mus., ex 
herb. Berl.). — « Riedel, — Lund, Itabira ». 


32. PHYLLANTHUS MICROPHYLLUS H. B. K., Nov. gen. 
et spec., IT, 109, n. 3, 

Exs. A. S. H. — D'Orbigny, « inter Chili et Bras. austro-oceid., ap. 
Chiquitos, n. 734. — C. Gay, Rio-Janeiro. 


S Crorerrorsis M. arg. 


33? PHYLLANTHUS CHORETROIDES M, arg, loc, cit, 


n. 202, 
Exs. « Riedel, n. 923; in arenosis et saxosis, Serra do Lappa. » 


$ GLOCHIDIONANTHUS. 


34. PHYLLANTHUS POEPPIGIANUS. 
P. Cox Pæpp., herb. (nee Sw.). ` 


GLocurpioN Porepicianom M. arg.,loc. eit., 71. 
Exs, Poppig, 2758, 3003, c., flor. Amaz., Ega (herb. Mus.). 


§ Oxausmyus H. Bn. 


35. PHYLLANTHUS SALVLEFOLIUS H. B. K., Noy. gen. 
et sp., IT, 116, n. 19, t. cvn, om, 

P. rLonmuxpus H B, K., loc. cit,, n. 116. 
. Oxauisryzis Kusmana H. Bn, Et. gén. Euphorbiac., n. 629. 


Oss. — Stamina numero mirum in modum variant. In P. salviæfolio 
typico sunt sepe 3, rarius 2 v. 4 fertilia. In specim. Kunthianis andro- 
cæum plerumque 3-merum; antheris omnibus fertilibus. In var. flori- 
bundo stamina sæpe occurrunt 4, 5, 7, 10. Forma igitur omnesin speciem 
unam coadunantur. 

Exs. N?, Brés. sept. (herb. Mus.). 


$60 EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. 


& AsrERANDRA. Kl. 
(Vid. ad char. sect., Et. gén. Euphorbiac. :610, t. vam, fig. 5, 6). 
36. PHYLLANTHUS CORNIFOLIUS H. B. K., Nov. gen. et 
spa II, 115, n. 16. 
P. GRANDIFOLIUS M. arg., loc. cit., 5,n. 2 (an L.?). 


P. macropayzza Salzm., herb. 


AsTERANDRA CORNIFOLIA KL., in Erichs. Arch., VII, L 200. 
A. SELLOWIANA Kl., loc. cit. 


Exs. « Sellow. » — Salzmann, Bahia. — Guillemin et Houllet, cat. 
n. 363, Prov. de S. Paul, mont. Jaragua (févr. 1839). 


S. XYLOPHYLLA Sw. 


97. PHYLLANTHUS FLAGELLIFORMIS M. arg., loc. cit., 
n. 206. 


P. uspans Mart., in Act. Acad. eur. nat., XI, 38, nec Sw. 
Exs. Blanchet, n. 2093, Prov. de Bahia, « Ilheos, ad ripas. » 


38. PIYLLANTHUS ANGUSTISSIMUS M. arg., loc. cit., 
n. 207. 


Exs. A. S. H. — « Sellow, Brés. mérid. » — Blanchet, Prov. de 
Bahia, S. Thomé. — Claussen, Serra de Carassa. 


39, PHYLLANTHUS KLOTZCHIANUS M. arg., loc. cit., 
n. 905. 


Exs. Sellow, «n. 638, 2101. — Riedel, n. 268 , 2842. — Pohl, n. 
3714.» — A. S. H., Prov. de Minas-Geraés. — Gardner, n. 5775, 
Prov. de Minas-Geraés (herb. Less.).— Vauthier, n. 81, Tejuco, Prov. de 
Minas-Geraés, — Claussen, n. 275, Prov. de Minas-Geraës. — Blanchet, 
Prov. de Bahia, Jacobine, n. 962, 2543, 3814. — Weddell, Prov. de 


Minas-Geraés (1845). — — 
h0. PHYLLANTHUS GLADIATUS M. arg., loc. cit., n. 20h. 


Exs. A. S. H., Prov. de Minas-Geraés. — a Sellow, n. 814 (herb. 
Berl.). » 


PC 


ÉTUDES SUR L'HERBIER DU GABON 


DU MUSÉE DES COLONIES FRANÇAISES. 


Parmi tant d’autres richesses amassées à grands frais par son 
zélé directeur, M. Aubry-Lecomte, le Musée des Colonies fran- 
çaises possède un herbier dont le volume est encore peu consi- 
dérable, mais dont l'importance est déjà grande, aussi bien pour 
la botanique scientifique que pour les applications pratiques. C'est 
celte petite collection que nous nous proposons d'étudier avec 
quelque détail, en commencant par l'analyse des plantes les plus 
remarquables recueillies derniérement dans nos établissements 
du Gabon. Elles sont principalement dues à M. Griffon du Bellay, 
chirurgien de la marine impériale; et il ne sera sans doute pas 
sans intérét de comparer les espéces recueillies par cet infatigable 
savant avec celles qu'a récoltées, à peu prés dans les mémes lo- 
calités, le P. Duparquet dont les doubles ont été déposés dans 
Pherbier du Muséum; en même temps qu'avec les échantillons 
du voyage de Mann que la France doit à la libéralité du Musée de 
Kew. Quelques types importants provenant des dernières col- 
lections d’ Heudelot, et qui n'ont pu être mentionnés dans le Floræ 
Senegambiæ Tentamen de MM. A. Richard, Guillemin et Perrottet, 
trouveront également place dans cette étude, comme méritant 
d'étre ajoutés aux végétaux déjà si nombreux et si remarquables 
décrits dés 1804 par Palisot de Beauvois, dans sa Flore d'Oware et 
de Benin, et en 1849 par les auteurs du Niger Flora. Nous n'in- 
sisterons pas d'ailleurs sur les plantes dont l'organisation, les pro- 
priétés économiques ou médicinales et la distribution géogra- 
phique sont depuis longtemps entiérement connues. 

Diczéniacées. — L'herbier du Gabon ne renferme point de Re- 
nonculacées, quoique certaines Clématites paraissent abondantes 
dans les régions voisines. Les Dilléniacées n'y sont représentées 


369 erg 


que par le T'etracera senegalensis DC. (Penn. et Got. Tent. 
FI. Seneg., 2) qui a la feuille franchement obovée dans l'échan- 
üllon de-M; Duparquet (n. 4), et qui, d'après M. Griffon du 
Bellay (n. 245), est une plante abondante « sur le bord des eaux, 
parmi les Palétuviers. » 

ANoxacÉEs, — L'herbier ne contient jusqu'ici que deux Anona 
proprement dits. L'un est 4. squamosa L. qu'Auguste de Saint- 
Hilaire considère comme étant d'origine asiatique.et qui se retrouve 
au Gabon (D., n. 6), où il aurait été introduit, de méme que dans 
presque toutes les régions tropicales des deux mondes. Les auteurs 
de la Flore du Niger (204, n. 2)l'ontaussi indiqué comme croissant 
dans les pays dont ils parlent. Ils citent également (n. 4) la seconde 
espéce récoltée au Gabon par M. Duparquet (n. 4), qui la désigne 
sous le nom de Corossolier du Gabon, et que Vogel a trouvée au 


Grand-Bassam. C'est l'A. palustris L., plante qui probablement 
est venue des Indes occidentales et dont le fruit est mangé par les 


habitants. 

On devait s'attendre à voir figurer dans ces collections (G,, n. 
A: D., n. 7) le Poivre de Guinée, ou Graine de Zelim ou d'Azo- 
lim des anciens commercants francais, qui sert au Gabon, comme 
dans toutes ces contrées africaines, sous le nom d'Ogana. La syno- 
nymie trés-compliquée de cette espéce est la suivante : Xylopia 
œthiopica A. Rich., Fl. cub., 53, not. — Unona æthiopica Duw, , 
Anon., 113. — Uvaria œthiopica Got, et Perr,, Tent, fl. 
sen,, 9. — Habzelia æthiopica À, DC., Mém. Anon., 31, n. 1. 
— Piper ethiopicum Martm., Comm., I, 434. — P. nigrorum 
Serapioni C. Baun. — Habzeli Baun., Pin., 412. C'est le fruit 
de cette plante qui parait implanté sur un rameau de Monodora 
ou du Xylopia undulata de la Flore d'Oware et Benin de Palisot 
de Beauvois (T, t. XVI, 5). 

Le Monodora grandiflora, tel que M. Bentham le décrit et le re- 
présente, dans les Transactions de la Société Linnéenne (XXII, 
OK. t. Lu, Lm), et qui probablement ne devra pas être distingué 
spécifiquement du M. Myristica de Dunal (Anon., 80), existe 


daidai a 


‘SUR L'HERBIER DU GABON. 865 


aussi, à l'état de fruit mûr, dans l'herbier da Gabon. H est pro- 
bable que notre commerce pourrait tirer parti de ses graines aro» 
matiques, considérées dans les colonies anglaises comme succé- 
danées de la Muscade, et vulgairement connues sous le nom de 
Calabash nutmeg.‘ La présence toute spontanée de ce fruit au Gabon 
semble être une preuve de plus de la justesse de l'opinion émise 
autrefois par R. Brown, que cette plante économique 3 été im- 
portée. d'Afrique en Amérique par les nègres vendus en Guinée ` 
et achetés dans le nouveau monde. Mais ce qu'il y a de plus im- 
portant dans ce genre, au point de vue des principes de la taxo- 
nomie, c'est son mode de placentation. Quand on sait combien ce 
caractère a de valeur en général pour la classification, on com- 
prend difficilement d'abord que le Monodora, avec son ovaire 
uniloculaire, à parois chargées d'ovules, puisse être réuni aux 
autres Anonacées dont les carpelles sont indépendants les uns des 
autres, avec des placentas situés dans l'angle interne. C'est pour 


` ` avoir accordé à ce caractère de la placentation une valeur absolue, 


que plusieurs auteurs ont séparé le Monodora des Anonacées, 
et l'ont placé auprés des Bixacées, Mais comme, par le périanthe, 
l'androcée, la graine, l'albumen, le port, c’est-à-dire par pres- 
que tous les points, le Monodora se confond avec les Anonacées, 
il faut nécessairement sacrifier ici un caractère, füt-il méme 
d'une valeur considérable, pour se conformer aux principes fon- 
damentaux des méthodes dites naturelles. Il est donc à croire que 
le Monodora demeurera désormais fixé dans eette famille. Il y 
sera à peu près par le gynécée ce que sont les Reseda aux Astro- 
carpus; ce que sont les Saxifragées nettement pariétales aux 
Cunoniacées dialycarpellées, ete. Mais on ne peut s'empêcher de 
penser, en même temps, que les Monodora sont exactement aux 
Anonacées dialycarpellées ee que les Pavots sont aux Renoncules ; 
et l'on n'est pas sans raison effrayé de ee que pourrait devenir la 
classification naturelle, si l'on. s'avisait, un jour ou l'autre, de la 
rendre toujours parfaitement comparable à elle-méme. | 
M. Duparquet a recueilli au Gabon (n. 2) une autre Anonacée 


364 ÉTUDES: 


à carpelles indépendants, que Barter avait autrefois trouvée à 
Eppah sur le Niger, et que M. Mann a rencontrée de nouveau, en 
1861, sur les bords de la rivière Bagroo (n. 828). M. Bentham 
l'a rapportée au genre Oxymitra, sous le nom d'O. patens (Lin. 
Trans., XXIII, 472, n. ^, t. 11). Dans les carpelles, qui sont au 
nombre de sept à dix, on observe deux ovules ascendants à mi- 
cropyle extérieur et inférieur. Tous les caractères de l'échantillon 
du P. Duparquet nous paraissent identiques avec ceux des plantes 
de l'herbier de Kew; et cependant nous avions eru devoir éta- 
blir ici une espèce particulière, attendu que nous n'avions pas 
observé la cloison verticale qui est représentée dans la planche 
dessinée par M. Fiteh. Mais n'ayant pu voir cette cloison autre- 
ment que transversale sur les fleurs adultes de l'échantillon méme 
de M. Mann, nous avons lieu de penser que la croyance à sa di- 
rection verticale tient à une illusion ou à une anomalie dans les 
carpelles observés. Le fruit mür existe d'ailleurs dans l'échan- 
tillon du P. Duparquet: c’est une baie à deux graines, avec une 
cloison horizontale répondant à un étranglement situé au milieu de 
la hauteur de la baie et séparant l'une de l'autre deux graines 
globuleuses à albumen profondément ruminé et divisé par des 
saillies aciculaires émanées dela périphérie. La graine est exté— 
rieurement recouverte de saillies coniques qui se reproduisent sur 
le péricarpe sec. Le parfum très-intense de ce fruit est exacte- 
ment celui de la Muscade ; il pourra probablement s'employer 
aux mémes usages. 

Méniseeruées. — Cette famille comprend des types réguliers et 
d'autres à fleurs femelles trés-irréguliéres, comme le Cissampelos. 
La seule plante à fleurs des deux sexes réguliéres qui se rencontre 
dans l'herbier est le Jateorhiza strigosa Miers (voy. Ann. of Nat. 
Hist., ser. 2, VIT, 38, et Niger Flora, 943, t. 28). Cette plante 
n'est probablement pas rare ; elle a été recueillie, et par M. Griffon 
du Bellay (n. 95), et par M. Duparquet (n. 9), par ce dernier 
surtout, dans un état assez peu avancé pour qu'on y puisse con- 
stater que les sépales sont imbriqués avant l'apparition de l'an- 


SUB L'HERBIER DU GABON. $65 


drocée, et que les trois pétales qui sont superposés aux sépales 
extérieurs naissent plus tôt que ceux qui appartiennent à l'autre 
vertieille. A l'àgé adulte, ces pétales ne sont pas réellement plans, 
mais ils forment une sorte de capuchon allongé dont les bords se 
rapprochent l'un de l'autre pour envelopper le staminode corres- 
pondant, qui adhére au pétale et se présente sous forme d'une 
languette charnue atténuée à son sommet. Les trois carpelles, 
superposés aux sépales extérieurs, ont un style qui se termine par 
une Jame aplatie, découpée en trois dents et réfléchie à angle droit 
sur le reste du carpelle, de manière à devenir à peu prés hori- 
zontale. Il y a certainement d'abord deux ovules dans chaque 
ovaire; mais celui d'entre eux qui avorte est d'ordinaire tout à fait 
invisible à l’état adulte. L'autre est suspendu, avec le micropyle 
tourné en haut et en dehors. C'est véritablement un ovule hémi- 
trope, car le raphé ne s'étend que de la base de l'ovule jusqu'au 
milieu de son bord interne; et il est remplacé, jusqu'au niveau 
du mieropyle, par le funieule, qu'on ne peut mieux comparer ici 
qu'au raphé devenu indépendant. Le fruit est remarquable par 
les aiguillons dont il est extérieurement recouvert. On sait qu'il 
présente la méme particularité que celui des Chasmanthera ; Cest- 
à-dire qu'une portion de sa face interne fait saillie dans l'intérieur 
de sa loge. Sur celte saillie se trouve la graine; de façon qu'il y 
a bien peu de différences entre les Chasmanthera et les Jateorhiza, 
en dehors des caractéres que présente au premier abord leur an- 
drocée. Les étamines du Jateorhiza sont, dans un bouton non 
épanoui, libres dans presque toute leur étendue. Ce n'est que 
tout à fait en bas que les filets constituent un tube commun 
très-court. Mais ce tube s'allonge comme par une sorte de sou- 
lévement vers l'époque de l'épanouissement des fleurs. D'autre 
part le Chasmanthera n'a pas ses filets entiérement libres, comme 
on les déerit d'ordinaire; mais ils sont aussi monadelphes à la 
base. Il en résulte que dans le Jateorhiza strigosa la monadelphie 
s'étend. plus baut et se prononce davantage avec l’âge; phéno- 
mène qui ne nous permet guère de considérer que comme appar- 


366 ÉTUDES 


tenant à une section distincte ce Jateorhiza que nous proposons 
de faire rentrer dans le genre Chasmanthera. Dans l'un comme 
dans l'autre, il faut ajouter que les inflorescences, au lieu d'être 
toujours dans l'aisselle même de la feuille, sont soulevées plus où 
moins haut sur le rameau qui les porte. 

Quant à la forme si singulière que constitue le genre Cissam- 
pelos, elle est représentée par le C. Pareira L., ou du moins par 
une de ses formes décrite dans le Flore Seneégambiæ Tentamen 
(p. 44) sous le nom de C. mucronata A, Rich., rapportée avec 
raison par MM. Hooker et Thomson au C. tomentosa DC., qui 
n'est lui-même qu'une forme du C. Pareira. Le Gabon pourrait 
donc fournir à la médecine de cette écorce de Pareira brava dont 
les propriétés toniques et diurétiques ne sont contestées par per- 
sonne. Sur l'échantillon femelle rapporté par M. Duparquet (n. 40), 
nous avons d'une part constaté la superposition exacte du sépale, 
du pétale et du placenta, Des trois branches du style, deux sont 
tournées du cóté de ce placenta. Les ovules qu'il porte sont au 
nombre d'un ou deux ; et l'ovaire est articulé à sa base, au-dessus 
de ce qu'on appelle le pétale. Il y aura lieu ultérieurement de re- 
chercher la véritable nature de cet organe, et de discuter en même 
temps la signification de ces fleurs singulières du Cissampelos, qui 
pourraient bien ne représenter chacune qu'une portion d'une fleur 
polycarpellée, soulévée sur une division pédonculiforme d'un ré- 
ceptacle floral commun, Il est probable que tôt ou tard on repro- 
duira, à propos de ce genre singulier, les discussions auxquelles 
a donné lieu l'interprétation de la fleur des Euphorbes et des 
Anthostema (4). - 

(1) L'organisation de l'inflorescence de ce curieux genre est mieux démontrée 
que jamais par une troisième espèce qui croît au Gabon, où M. Aubry-Lecomte l'a 
recueillie le premier en 1853, et que nous appellerons À. Aubryanum, C'est 
l'Ochongo des indigènes, plante à feuilles alternes trés-courtement pétiolées, arron- 
dies à la base, oblongues, acuminées, très-entières et très-glabres, à nervures 
pennées presque transversales. Ses inflorescences sont presque sessiles et toujours 
axillaires. MM. Mann (n. 4422) et Duparquet (n. 165) ont, depuis, retrouvé cette 


espèce, l'un à Prince’s-Jsland, l'autre au Gabon. Ce sera vraisemblablement le 
plus énergique des purgatifs végétaux connus. 


SUR L'HÉRBIER DU GABON. ` 367 
LécUMINEUSES. — Cette famille est ici, comme à peu prés partout, 
trés-riehement réprésentée et abondante en substances utiles dont 
mallieureusement l’ürigiié ne nous est pas toujours nettement 
 tonnue. Elle présente quelques types magnifiques au point dé vue 
de l'organisation ét de Ia beauté des fleurs, principalement dans 
les genres qui appartiennent à ce groupe si curieux dont l Antho- 
nota de Palisot de Beauvois est comme le centre. 
Malgré le pen d'éclat de ses fleurs petites et nombreuses, 
le nouveau genré que nous dédions au contre-amiral baron 
Didelot (4), n'est pas ún des moins remarquables, attendu qu'il 


reproduit, en l’exagérant encore, cet appauvrissement du périanthe 


qu'on observe dans les Caroubiers. Qu'on se figuré up ovaire de 
Légumineusé, avec des ovules sur deux séries et en nombre indé- 
fini, surmonté d'un style légèrement excentrique, et inséré par 
un pied court au fond d’une coupe réceptaculaire peu profonde, 
lapissée d'un disque périgyne glanduleux, en dehors duquel s'insé- 
rent cinq étamines libres et trés-longues, repliées sur elles-mémes 
avant l'épanotiissement, et portant chacune une anthére biloculaire 


(4) DIDELOTIA, not. gen, Flores hermaphroditi subnudi; perianthio subnullo ; 
bracteolis lateralibus cum pedicello elevatis obovatis concavis integerrimis in ala- 
bastro val vatis florem arcte involventibus. Stamina 5 perigyna receptaculi parce con- 
cavi margine circa discum brevem crassum inserta ; filamentis mox elongatis exsertis 
in alabastro inflexis; antheris 2-locularibus introrsis longitudine rimosis demum 
nutantibus. Petala? rudimentaria cum staminibus alternantia 5 membranacea 
glabra tenuia subulata post anthesin accrestentia basi cum squamulis totidem 
staminibus exterioribus eisque oppositis brevissimis concaviusculis calycis locum 
tenentibus coalita. Germen brevissime stipitatum uniloculare e folio unico bracteae 
florali anteposito constans, in stylum excentricum lineari-subulatüin apice atte- 
nuatum ; stigmate obsoléto obtuso, Ovula in placenta postériori 2-seriata numero 
indefinata horizontalia v. obliqua déscendentia raphe inter se contigua, Fructus?... 
Folia alterna stipulacea brevissime petiolata 2-foliolata bijuga ; foliolis invicem 
symetricis basi extus rotundatis subauriculatis intus cuneatis apice acutis integerri- 
mis glaberrimis subcoriaceis penntnerviis (12 cent, longis, 5 cent, latis) ; petiolo 
supra concavo glaberrimo (5-8 mill. longo). Flores in supremis ramulis racemosi ; 
racemis cylindraceis ovatisve alterne in racemum unum gracilem (20 cent. longum; 
terminalem congestis basi unibracteatis ; bracteis et alternis pulvinatis onustis ; 
bractea uniflora ; bracteolis lateralibus perianthii locum, ut supra dictum, tenentibus 
demum deciduis. —Species hucusque unica, scil. D. africana, a cl. Griffon du Bel- 
lay (exs., n. 235) in Gabonia lecta, —- Dicitur in hon. clariss, nayarchi Didelot, cujus 
sub auspiciis res herbariæ apud Musæum Coloniarum gallicarum primum viguerunt, 


568 ÉTUDES SUR L'HERBIER DU GABON, 


et introrse. Outre le pistil et l'androcée, on ne verrait done, dans 
cette fleur, autre chose qu'une dilatation du sommet du pédicelle, 
portant les organes sexuels, si le périanthe trés-rudimentaire qui 
se trouve en dehors ne grandissait avec l’âge, et ne montrait 
bientôt cinq petites languettes aiguës, très-étroites (colorées en 
violet) et qui représentent probablement un rudiment de corolle. 
A leur base, ces languettes s'épanchent en une sorte d'anneau 
court qui encadre le pourtour du disque et qui se confond presque 
complétement avec cinq petites écailles très-obtuses situées en de- 
hors du pied de chaque étamine et dans lesquelles nous ne savons 
s’il faut voir de petits sépales rudimentaires ou de légères saillies 
du pourtour du disque lui-même. Dans une pareille fleur, les or- 
ganes sexuels seraient donc tout à fait dépourvus, au premier àge, 
d'enveloppes protectrices, si les deux bractéoles latérales de la 
fleur, au lieu d'oceuper la base du pédicelle, de méme que sa 
braetée mère, n'étaient soulevées jusqu'à la fleur elle-même, et, for- 
mant deux cuillerons concaves qui se rapprochent par leurs bords, 
ne venaient envelopper complétement le bouton dans une sorte de 
poche piriforme qu'on prend au premier abord pour le calice. 

Que maintenant on réunisse un grand nombre de ces petites 
fleurs en grappes alternes échelonnées sur les côtés des rameaux 
gréles et terminaux d'un arbre dont les feuilles bijuguées sont tout 
à fait celles de l Hymenæa Courbaril, et l'on aura une idée géné- 
rale de ce singulier genre Didelotia, dont les fleurs, presque com- 
plétement dépourvues de périanthe, en empruntent un aux or- 
ganes voisins. 

EXPLICATION DES FIGURES. 
PLance VIH. 


Fic. 1. Rameau fleuri de Didelotia africana. 

Fic, 2. Une fleur à l'aisselle de la bractée, sur une portion de la grappe. Les 
deux bractées latérales qui la protégeaient commencent à s'écarter pour la 
laisser sortir. 

Fic, 3. Fleur entière épanouie, grossie. Les deux bractées latérales, insérées 
sous la fleur, se sont réfléchies sur le sommet du pédicelle. 

Fic. 4. Coupe longitudinale de la méme fleur, 

Fig, 5. Diagramme floral. En bas, la bractée mère; sur les côtés, les deux 
bractées latérales jouant le rôle de périanthe. 

(Sera continué.) 


DESCRIPTION 


DU 


GENRE NOUVEAU SCHIZOPSIS 


DE L'ORDRE DES BIGNONIACÉES 


Par M. Ed. BUREAU. 


De tous les ordres monopétales à corolle irréguliére, l'ordre 
des Bignoniacées est peut-être celui où l'irrégularité est le moins 
prononcée. Quelques plantes de ce groupe ont cependant une co- 
rolle qui s'écarte de la forme habituelle, et dont le limbe se dispose 
plus nettement en deux lévres. Ceci est déjà remarquable dans les 
Catalpa; mais bien plus encore dans quelques autres espèces qui 
étaient restées confondues dans le genre Arrabidæa et dans cet 
amas de formes hétérogénes auquel on a donné jusqu'ici le nom 
de Bignonia. 

A ces espèces anciennement connues est venu se joindre un 
plus grand nombre d'espéces nouvelles offrant la méme particu- 
larité. J'ai fait de toutes une étude trés-attentive, soupconnant 
bien que ce caractère si frappant devait en entraîner d'autres avec 
lui, et nécessiter peut-être la formation de quelque groupe géné- 
rique nouveau. Celte prévision s'est trouvée confirmée ; et je suis 
arrivé à reconnaitre que, non-seulement ces espèces ne rentrent 
dans aucun des genres déjà établis, mais qu'elles différent entre 
elles et constituent deux genres distincts. 

Chez les unes, on trouve un calice coriace, campanulé, denté 
ou denticulé ; un ovaire trés-velu, contenant quatre rangs d'ovules 
dans chaque loge et sans trace de disque à la base. Leur corolle 


Y. 2! 


370 DESCRIPTION 


(Pl. XA, fig. 4) est tellement irrégulière, qu'elle parait appartenir 
a quelque plante de l'ordre des Labiées ou de celui des Verbé- 
nacées. On pourrait méme assez facilement, si l'on n'y regardait 
pas de prés, attribuer à ce dertiier ordre certaines plantes du 
nouveau genre dont nous parlons ; car plusieurs d'entre elles ne 
ressémiblérit pas hal ap V itez pour le port (PI. X). 

Les affinités de ce genre, auquel je donne le nom de Scuizopsis 
(aspect fendu); pour rappeler la division profonde de la corolle en 
deux lévres, sont trés-évidentes ; il se range de la maniére la 
plus naturelle prés dés Lundid, qui, comme lui, ont un ovaire 
velu-hérissé et manquent de disque, mais avec lesquels sa corolle 
d'une forme si particulière, ses anthéres glabres et son port, qui est 
à peu prés celui des Arrabidæa, ne permettent pas de le confondre. 

Qu'on ne s'étonne pas de voir invoquer iei la présence ou l'ab- 
sence d'une villosité abondante sur l'ovaire ou les anthéres comme 
des signes génériques ; dans l'ordre des Bignoniacées, ces carac- 
ières ont une {elle constance dans les espèces analogues aussi par 
le reste de leur organisation, qu'ils prennent une importance réelle. 
— Les aütres espèces de l’ancien genre Bignonia, à corolle pro- 
fondément bilabiée, ont un calice cupuliforme, membraneux, à 
lobes arrondis; tn ovaire dépourvu de villosité, contenant quatre 
à six rangs d'ovules dans chaque loge, et un disque trés-petit, 
quinquélobé. Les affinités du genre qu'elles constituent sont plus 
difficiles à reconnaitre, vu surtout l'absence des fruits, qu'on n'a 
pas encore découveris; mais les placentas, qui, déjà dans l'ovaire, 
sont refoulés dans l'angle externe des loges et appliqués contre 
leur paroi, comme dans les Tanæcium, les Pithecoctenium, elc., 
donnent lieu de penser qu'il viendra se ranger prés de ceux dont 
[a capsule est plus ou moins épaisse, courte et à valves ligneuses. 

On peut considérer comme le type de ce second genre, que je 
décrirai prochainement sous le nom de Mussatia, une espéce en- 
core inédite et distribuée sous le n° 512 dans les collections pro- 
venant du voyage de Funck et Schlim au Venezuela : Mussatia 
venezuelensis Nos. 


DU GENRE NOUVEAU SCHIZOPSIS, 371 

Voici maintenant Ia description da genre Sehtzopsis et des sept 

espèces qui le composent jusqu'ici. Il est fort possible que ce 
nombre se trouve plus tard augmenté. 


SCHIZOPSIS. 
Dean, et Annapina DC., partim; 


Calyx campanulatus dentatus vel Sæpius lindo din cus 
Corollà alte bilibiata, incurva, extrinsecus adpresse velutina; 
tübo infundibuliformi, ante longitrorsum 2-sulcalo ; labio supe- 
riore infüs concavo a elàbro, apice bilobo ; fée obtusis; in- 
feriore 3-partito, utrinque velutino, laciniis late ovatis vel obo- 
vatis patentibus obtusis subtequalibus. Stamina 5 tubo corollæ 
prope basin adnáti; fertifibus quatuor didynamis, concavitate labii 
superioris inclusis, quinto sterili brevi filiformi ; fertilium fila- 
menta arcuata, conniventia, inferne non incrassata, pubescentia, 
superne glabra ; antheræ glabræ, paribus duobus dispositæ ; loculis 
obovatis, basi ouni, apice tantum filamento adhærentibus, valde 
divaricatis. Discus sh Ovarium ovatum vel conicum, dense 
pilis longis rigidis erectis obtectum, 2-loculare. Placentæ in utro- 
que loculo 2, ovala 2-seriata gerentes ; ovula igitur in utroque 
loculo Lader, late obovata, anatropa, horizontalia, micropyle 
ad latus externum versa. Stylus inferne pubescens, Siperne gla- 
ber stigtnaque 2-lamellatum ; labio superiore concavo incluso. 
Fructus siliquæformis, modice longus, compresso - tetragonus ; 
angulis subalatis, valvis nempe binis dorso planis, non procul 
autem ab utroque margine cristam longitudinalem præbentibus. 
Valvæ septo parallelæ, a fructus basi ad apicem sejunctæ et sub- 
revolutæ. Septum complanatum leve, mox de pedicello lapsum; 
paginis suleis angustis e raphei seminum compressione notatis 
juxtaque margines cicatrices insertionis seminum gerentibus 
lineares, 8igiium dictum accolade simulantes et plicatura marginis 
obteetas parva, medio emarginata, utrinque. attenuata. Fila late 
ralia 2 lignosa e pedicello orta et primum marginibus valvarum 


372 DESCRIPTION 


interposita, persistentia. Semina alata, transversa, septo applicata, 
latiora quam longiora et longitudine latitudinem septi æquantia, 
ita ut cujusque faciei unica serie imbricata videantur, juxta tamen 
utramque marginem vicissim inserta; seminis corpus subtrapezoi- 
forme coloratum levissime rugosum ; hilo lineari cicatricibus septi 
conformi, juxta marginem longiorem corporis producto et eadem 
breviori; ala incolor, pellucida, a latere seminis, id est versus 
bàsin et apicem fructus extensa, secundum corporis apicem 
quam brevissima, juxta hilum evanescens. Embryo adhue ignotus. 

Frutices seandentes, Americam australem intra tropicos inco- 
lentes, habitum generis Arrabideæ haud male referentes; folia 
opposita 3-foliolata vel conjugato-2-foliolata eum cirro inter- 
medio ; foliolis petiolulatis integris. Paniculæ axillares vel termi- 
nales, e cymis oppositis ; bracteis minimis caducibus. 


Ups, — Genus ex ovarii indole, disci defectu necnon pluribus aliis 
characteribus certè Lundiæ affinis. 


SPECIERUM CLAVIS. 


1. Inflorescentiæ axes pilis peltatis minimis lepi- 
aui eo ae URP QUESTI SEDIS SE 2 
Inflorescentiz axes pilis simplicibus induti. . . . 3 
2. Bracteæ filiformes; calyx obconico-campanu- 
latus, ore non ciliato. .................. S. panurensis. 
Bracteæ ovatæ ; calyx cupuliformi-campanula- 
tus, ore ciliato......... EE EE 
3. Inflorescentiæ axes griseo-pulverulenti...... h 
Inflorescentiæ axes fulvo-tomentosi vel fulvo- 
BMC DC. Sls 


RE E ke 5 

h. Foliola utrinque glabra................ ... S. Goudotiana. 
Foliola subtus griseo-pulverulenta.......... S. ehimonantha. 

5. Inflorescentia thyrsoidea, calyx enervius..... 6 


Inflorescentia corymbosa, calyx 5-nervius... S. fasciculata. 


6. Foliola longe acuminata, supra tenuissime 


VELOEN SEAN AEN soe S, polyantha, 


Foliola brevissime et late acuminata vel obtusa, 


supra glabra vel glabrescentia............ S. Zegnelliana. 


DU GENRE NOUVEAU SCHIZOPSIS, 9378 


8 1. — Jnflorescentiæ axes pilis peltatis lepidoti. 


.4. SCHIZOPSIS PANURENSIS + (1). 


S. foliolis glabris, axibus inflorescentiæ lepidotis, bracteis filifor- 
mibus caducissimis, calyce obeonico eampanulato, truncato, 5-denti- 
culato, lepidoto, dimidia superiori parte hinc longitudinaliter rupto. 


Rami adulti glabri, lenticellis multis ovalibus et ellipticis rugosissimi; 
juniores compressi, striati, iu sicco nigri, cum petiolis petiolulis et axi- 
bus inflorescentiæ fulvo-lepidoti. Folia 3-foliolata, foliolis subæqualibus. 
Petioli petiolulique striati, suprà sulcati, infrà paululum angulosi; petio- 
lus 10 cent., petioluli laterales 4 $ cent., terminalis 3 L.A ! cent. long. 
Foliola membranacea, late ovata vel elliptica, 11-12 cent. long., (E 
8 ; cent. lat., basi obtusisissima vel subcordata, apice abrupte et breviter 
accuminata, penninervia, glabra (nervis majoribus tamen tenuissime 
lepidotis), paria inzquilatera, latere externo basi latiore. Paniculæ ter- 
minales et axillares petiolo breviores, laxissimæ, axibus gracilibus, plus 
minusve angulosis et compressis, fulvo-lepidotis, secundariis patenti-diva- 
ricatis. Braetez filiformes caducissimæ. Flores quam cæterarum ejusdem 
generis specierum pauciores, 15 millim. long. Calyx obconico-campanu- 
latus, truncatus 5-denticulatus, plerumque superne hine longitudina- 
liter ruptus, in sicco fuscus, 3 millim. long. Corolla calycem quinquies 
longitudine æquans; tubus iu eylindrum angustissimum calycem paulo 
superantem basi attenuatus, intus circa staminum basin late barbatus et 
superna parte postica glaber, antica puberulus. Stamina 3 millim. a basi 
tubi inserta, sterili paululum altius. Antherz loculis recurvis, basi 
obtusis, apice attenuatis et in lamellam unicam acutam desinentibus. 
Stamen sterile gracillimum ; apice vix incrassato obtuso. Ovarium ovatum 
stylique basis pilis rigidis erectis densis obtecta. (v. s.) 


Exs. Prope Panurè ad rio- Uaupés. Coll. A. Spruce, octob. 1852- 
janv. 1853, n. 2626 (herb. Mart., Francavill. et Mus. Paris.). 


Oss. — La longueur des pétioles et la grandeur des folioles doti à 
cette espèce un port assez différent des autres, 


2, SCHIZOPSIS LABIATA. 


Bicwonia LaBtara Cham., in Linnæa, 1832, p. 701; DC., 
Prodr., IX, p. 153. 


(4) Species nondum descripta signo + notantur. 


37h DESCRIPTION 


S. foliolis glabris, axibus inflorescentiæ lepidotis, | bracteis ova- 
libus demum caducis, calyce alte cupuliformi seu breviter campa- 
nulato glabrescenti, truncato, ore ciliato vix dentioulato. 


Rami juniores striati teretes, sub nodis autem dilatati, æque ac petioli, 
petiolulique glabri et, in sicco, nigro-rubescentes. Folia 3-foliolata, su- 
periora interdum 2-foliolata ecirrosa ; foliolis lateralibus plerumque 
subæquilateris. Petioli 2 1- 4 ! cent. long. petiolulique laterales 7-15 mill. 
et terminalis 4-2 £ cent. long. supra sulcati. Foliola membranacea, gla- 
bra, ovalia vel elliptica; integra, basi obtusa, apice acuminata ; acumine 
obtuso; penninervia, nervis in sicco fusco-rubescentibus, ultimis reticu- 
latis, supra magis prominentibus. Inflorescentiæ terminales, paniculatæ 
vel thyrsoidez, ramosæ, multifloræ, et axillares multo minores, pauci- 
flore ; axibus primariis glabrescentibus, ultimis fulvo-lepidotis ; bracteis 
minimis ovalibus, margine fulvo-tomentosis, apice acutis vel subobtusis, 
demum caducis. Calyx. profunde cupuliformis, subcampanulatus, gla- 
brescens, truncatus, circa 2 mill. long.; ore ciliato vix denticulato. Corolla 
rosea (Blanchet, in herb. Mus. Par.) 15 mill. Long ` tubo basi multo minus 
angustato quam tubus speciei præcedentis, parte cylindrica calycem non 
superante, intus circa siaminum insertionem late barbato. Stamina 
fertili a1; mill. a basi corollæ, sterile filiforme paululum altius, inserta. 
Anthere loculis obovatis, divaricatis, recurvis. Ovarium ovatum, basi 
incrassatum, pilis rectis, rigidis, erectis dense obtectum. Stylus fere totus 
glaber, ima basi pubescens. Stigmatis lamellæ rhomboidales, angulis 
obtusis. (v. s.) 


Exs. Brésil, prov. de Bahia (ad Egreja-Velha, DC., Prodr.). Blanchet, 
n. 3267 (herb. Mart., Francavill. et Mus. Paris.). — In Brasilia æqui- 
noctiali, Seow (herb. Mus. reg. berol., ex DC. Prodr.). | 


8 2. — Inflorescentiæ axes pilis simplicibus induti 


9. SCHIZOPSIS GOUDOTIANA. 


S. foliolis utrinque glabris, axibus inflorescentiæ adpresse, 
bracteis et calycibus discrete griseo-pulverulentis, calyce oblique 
truncato, dente postico maximo obtuso, cæleris quasi nullis. 

Rami glabri, adulti verrucosi, subteretes, brunnei. Folia glabra, infe- 
riora 3-foliolata. Petioli 3-h cent. petiolulique laterales 6-8 mill. long, 
supra sulcati. Foliola elliptica, basi angulata, apice acuminata ; acumine 

' acuto; penninervia et utrinque reticulata, ut videtur membranacea aut 


DU GENRE NOUVEAU SCHIZOPSIS. 375 


vix subcoriacea. Inflorescentia laxa, paniculata, axillaris, parce ramosa, 
folio brevior, axibus majoribus discrete, ultimis dense griseo-pulveru- 
lentis. Bracteæ minime, lanceolatæ, acute, et calyx 2 mill. long., cam- 
panulatus, oblique truncatus, dente postico maximo obtuso , cseteris 
quasi nullis, discrete griseo-pulverulentæ. Corolla minima, 6 mill. long., 
extus adpresse et brevissime velutina; labii inferioris lobi latissime 
obovati, obtusissimi ; tubus intus circa staminum basin et latere postico 
glaber, antico pilis capitatis velutinus. Stamina fertilia vix 1 mill. a basi 
corolle; sterile longiusculum, apice complanatum lanceolatum, pau- 
lulum altius insertum; fertilium filamenta dimidia inferiori parte, sterilis 
tota longitudine pilis capitatis brevissimis conspersa. Ovarium ovatum 
dimidiusque inferior stylus pilis erectis hirta. Stigma lamellis lanceolatis 
acutis. (v. s.) 


Exs. Nouvelle-Grenade, M. Justin Goudot, n. 4. F1. en mai-juin. Vulg. 
Vejuco de clavo (herb. Mus. Paris.). 


Ups, — Cette espèce, par ses folioles glabres, se rapproche des deux pré- 
cédentes. Elle ressemble au S. labiata, dont on la distingue cependant 
sans difficulté aux poils simples, et non peltés, qui couvrent les axes de 
son infloresceuce, ainsi qu'à son calice obliquement tronqué, non cilié et 
très-inégalement denté. 


h. SCHIZOPSIS CHIMONANTHA. 


VascowcELLIA (nunc Anrasipæa DC.) cmmonanrsa Mart., in 
suopte herb. : 

S. axibus inflorescentiæ cum calycibus foliolisque junioribus 
pilis minimis adpresse griseo-pulverulentis, calyce transverse 
truncato, ore 5-denticulato. 


Frutex alte scandens, partibus omnibus junioribus pube grisea pulve- 
rulenta obtectis, adultis autem glabrescentibus. Rami teretes, striati cum 
lineis 4 magis prominentibus, majores ligno cruciato, cortice griseo, 
juniores nigri lenticellis pallidis. Folia inferiora 3-foliolata, superiora 
2-foliolata cum cirro intermedio 3- fido foliolis longiore, tum caduco, 

tum persistenti. Petioli (7 mill.-3 $ cent.) petiolulique laterales (8-10 mill. ) 
` et terminalis (1-2 cent. long.) teles; supra sulcati. Foliola ( 7-10 cent. 
lòng., 3 5-5 cent. lat.), elliptica vel plerumque obovata, basi cuneata 


376 DESCRIPTION 


vel subobtusa, apice late et brevissime acuminata ; acumine obtuso api- 
culato; peuninervia; nervis secundariis obliquis cum costa subtus promi- 
nentibus ; basi fere triplinervia, supra primum discrete pulverulenta, mox 
glabrata, subtus adpresse griseo-pulverulenta , tarde glabre:centia, 
Cirrus junior filiformis, rectus, in sicco niger, griseo-pulverulentus, 
divisionibus parte basilari simplici multo brevioribus, apice tantum 
uncinatis ; demum glabrescens, lignosus, fusco-rubescens ; parte simplici 
(1-8 cent. long.) sinuosa ; divisionibus circa ramos obvios valde contor- 
tis. Inflorescentize roule et axillares, laxe, thyrsiformes, folio ple- 
rumque breviores, interdum folium æquantes ; axibus gracilibus cum 
bracteis et calycibus griseo-pulverulentis, secundariis angulo recto paten- 
tibus vel divaricatis. Bracteæ minimæ, breviter lanceolatze, tarde caducæ. 
Flos (6-7 mill. long.). Calyx campanulatus, 2 mill. long. , 5-denticulatus. 
Corolla pallide flava ( Aug. de Saint-Hilaire, Luschnath), extus pulve- 
rulento-velutina ` labii inferioris lobi obovati, obtusissimi ; tubus intus 
supra infraque staminum insertionem et in prominentiis longitudinalibus 
quæ sinubus duobus anticis limbi subjacent pubescens: Stamina circiter 
1 mill. a basi corollæ inserta ; fertilium filamenta parum arcuata, inferne 
breviter“ pubescenti-glandulosa ` antheræ loculi obovati obtusi, fili- 
forme paululum pubescenti-glandulosum , tum longum subnullum. 
Ovarium ovatum pilis erectis dense hirtum, qui minus ac minus densi 
et longi partem styli inferiorem etiam occupent. Stigma lamellis lanceo- 
latis. (v. s.) 


Exs. Bords de la rivière d'Hytu, près la fazenda de Bemfica, prov. de 
Rio-Janeiro. Voyage d' Aug. de Saint-Hilaire, de 1816 à 1821. Catal. D., 
n. 25. « Tige grimpante. Corolle jaune pàle. » ( Herb. Mus. Paris. ) — 
Ex llheos, Luschnath, 1838. « Scandit alte. Flos pallide flav. » ( Herb. 
Martii). 


- 


9. SCHIZOPSIS REGNELLIANA. 


ARRABIDÆA FascicuLaTa DC., Prodr., IX, p. 185! 
VaASCONGELLIA FAsCiCULATA Mart. in Herb. reg. monac. ! 


(Non Bignonia fasciculata Verr., Flor. flum., quse est Sehizopsis 
fasciculata Nos.). 


(Nec Bignonia Regnelliana Sonv., Plantæ Regnellianæ, in 


Linnæa XXII, 1849, que est Bignonia brachypoda, à firmula, 
DC., Prodr., IX). 


DU GENRE NOUVEAU SCHIZOPSIS, 377 


S, ramis junioribus et axibus inflorescentiæ adpresse, pagi- 
naque inferiore foliolorum laxe fulvo-tomentosis, foliolis brevissime 
acuminatis vel obtusis, inflorescentia thyrsoidea laxiflora, axibus 
gracilibus, calyce fulvo-griseo adpresse tomentoso-velutino , ore 
5-denticulato. | 


-. Caulis longissimus, scandens (Aug. de Saint-Hilaire). Rami subtetra- 
goni; adultis glabris, lenticellis multis punctiformibus rugosissimis, 
junioribus striatulis, cum axibus inflorescentiæ et bracteis adpresse et 
brevissime fulvo-tomentosis. Folia ramorum basis 3-foliolata, apicis ple- 
rumque 2-foliolata cum cirro intermedio tum caduco, tum persistenti, 
etiam ut videtur in foliis adultis filiformi, tenui. Petioli petiolulique 
primum adpresse dein laxius fulvo-tomentosi, teretes, supra suleati, 
sulco sub tomento latenti. Petiolus in foliis 2-foliolatis circa 1 cent., in 
3-foliolatis 2-2 + cent. long. ; petioluli laterales 5-10 mill. long. ; ter- 
minalis duplo longior. Foliola elliptica vel plerumque obovata, basi 
angulosa vel obtusa , apice tum late et breviter acuminata, tum obtusa 
vel rotundata, nonnunquam emarginata (5-8 cent. long., 2 1-^ cent. 
lata); coriacea, penninervia; basi subtriplinervia; nervis secundariis in- 
ferioribus magis obliquis, ultimis reticulatis, omnibus pagina superiore 
puberula depressis, inferiore pallide et laxe fulvo-tomentosa prominen- 
tibus. Inflorescentiæ terminales et axillares, folio breviores vel folium ut 
maxime æquantes, laxe thyrsoideæ ` axibus tenuibus eum bracteis mini- 
mis subulatis adpresse fulvo-tomentosis, secundariis demum angulo recto 
patentibus. Flos 7 mill. long. Calyx campanulatus, pilis griseo-fulvis 
adpresse tomentoso-velutinus, ore 5-denticulatus. Corolla. adpresse 
tomentoso-velutina (virescens, ex Aug. de Saint-Hilaire, pallide lutea 
vel albida, ex Regnell); labii inferioris lobi subzequales, obovales, obtusis- 
simi ; tubus intus pubescens supra infraque staminum insertionem et in 
prominentiis longitudinalibus que sinubus duobus anticis limbi subja- 
cent. Stamina circiter 1 mill. a basi corollae inserta, inferne pubescentia; 
sterile filiforme, breve ; fertilium filamenta arcuata, antheræ loculis ova- 
libus brevibus valde divaricatis. Ovarium ovoideo-globulosum dimidia- 
que basi sensim inerassati inferior pars styli pilis rectis rigidis ascen- 
dentibus dense obtecta, Stigma lamellis ovato-lanceolatis. Fructus 
junior siliquæformis, fulvo-tomentosus. (v. s.) 


Exs. Brésil, prov. de Saint-Paul. Voyage d'Aug. de Saint-Hilaire, de 
1816 à 1821. Catal. C?, n. 1342. «Corolla virescens. Caulis longissimus 


378 DESCRIPTION 


scandens. Bois vierges, près de Paranapitanya. » (Herb. Mus. Paris.). — 
In sylvis udiusculis, ad Sorocaba et Cutia, provinciæ S. Pauli confines. 
D* Martius, Iter Brasil. Dec. (Herb. rég. monae.). — Brasilia : Minas- 
Geraës, 1845, Widgren., n. 743. (Herb. Mart.). — Ad Caldas, in prov. 
Minas-Geraés Brasilize. Af. Regnell, MI, 52. « Fr. scandens. Flor. pallide 
lutei v. albidi. » (Herb. Stockholm). 


Oss.— Cette espèce, par la forme et la dimension de ses folioles , ainsi 
que par ses inflorescences en thyrses lâches, à ramifications gréles et 
allongées, montre une ressemblance assez grande avec la précédente; 
mais le tomentum fauve dont elle est revétue sur presque toutes ses par- 
ties permet de l'en distinguer à premiére vue. J'ai rencontré quelques 
calices qui présentaient seulement trois dentelures, au lieu de cinq. 


6. SC HIZOPSIS POLYANTHA. 


S. undique adpresse fulvo-velutina, foliolis longe acuminatis, 
inflorescentiis thyrsoideis, floribus quam minimis ad apices axium 
ultimorum subcongestis ; calyce plerumque 5-dentato. 


Scandens ; tota adpresse et brevissime fulvo-velutina. Rami subqua - 
drangulati, juniores ad nodos compressi. Folia talearum basilaria duo 
simplicia, late obovata, obtusa, caduca, stipulas mentientia; cætera 
folia 2-foliolata cum cirro simplici longissimo in foliis ramorum flori- - 
ferorum caduco. Petioli (2 1-5 , cent. long.), supra late et leviter sul- 
cati; petioluli ( 2 1-3 $ cent. long.) angustius sulcati. Foliola (8-11 cent. 
longa, 3 1-6 cent. lata) ovata vel elliptica, basi obtusa, interdum angu- 
lata vel cordata, apice longe acuminata; acumine obtuso apiculato; 
membranacea, utrinque brevissime fulvo-velutina, oblique penninervia; 
nervis secundariis angulo valde acuto a nervo medio discedentibus. In- 
florescentiæ numerose, terminales et axillares, folio breviores, thyrsoidæ 
multifloræ ; axibus secundariis satis validis, angulo recto patentibus , 
ultimis brevibus et ob eam rem floribus ad apices ramulorum collectis, 
bracteis linearibus. Flos 6 mill. tantum long. Calyx campanulatus, vix 
2 mill. long., paululum obliquus, postice longior et subinflatus, 5-den- 
tatus ; dentibus parvis, iriangularibus, acutis. Corollz labium postieum 
lobis patenti-erectis subrevolutis; antieum laciniis latissime obovatis - 
undulatis ; tubus intus circa staminum insertionem puberulus. Stamina 
basi pubescentia, paululum supra tertiam inferiorem tubi partem in- 
serta ; sterile lateralibus dimidio brevius, apice in lamellula lanceolata 


DU GENRE NOUVEAU SCHIZOPSIS. — 879 


desinens ; fertilium filamenta arcuata ; antheræ loculis divaricatis, obo- 
valibus, recurvis, apice in acumine acuto supra connectivum | connatis. 
Ovarium ovoideo-globulosum, pilis erectis dense obductum ; inferioribus 
longioribus. Stylus brevissime pubescens. Stigma lamellis lanceolatis, 
acutis, d 

Exs. Prope Tarapoto, Peruviæ orientalis. Coll. A. Spruce (1855-6), 
n. 4895. « Bignoniacearum gen. nov.?» (Herb. Mart., Candolle et Lessert.). 

Var. boliviana. — A præced. differt tomento omnium partium longiore, 
calyce breviore, cupuliformi subtruncato, 3-denticulato; denticulis late- 
ralibus duobus vix perspicuis; ovario conico, stylo ima basi excepta 
glabro. 

Exs. Environs de Mururata, proy. bolivienne de Yungas., temp. moy. 
65° à 68° F. Pentland, 1839, n. 33, (Herb. Mus. paris.). 

Ops. — Cette espèce est celle qui a les fleurs les plus petites, non-seule- 
ment de son genre, mais de tout l'ordre des Bignoniacées. L'échantillon 
recueilli en Bolivie par M. Pentland, malgré lesdifférences indiquées ci- 
dessus, ressemble tellement à ceux provenant du Pérou, que je n'ai pas 
cru devoir le décrire comme une espèce distincte ; d'autant plus qu'on 
- trouve dans le S. Regnelliana la méme variation pour les dentelures du 
calice, 


7. SCHIZOPSIS FASCICULATA (PI. X, XI). 
BiGnoniA rasciCuLaTa Pell., Flor. flum., vol. VI, tab. 25. 
Cuspipaia FascicULATA Sonder, Plantæ Regnellianæ, in Lin- 

nga, XXII (1849), p. 558. 

S. foliolis acuminatis, supra pubescentibus demum glabres- 
centibus, subtus cum ramis junioribus, axibus inflorescentiæ, 
bracteis et calycibus, pilis fulvo-flavescentibus tomentosis ; inflo- 
rescentiis corymbosis ; floribus pro genere maximis ; calyce 
6-nervio longe 5-dentato. 

Frutex scandens ( Zegnell ). Rami teretes adulti glabri , fusco-rubes- 
centes, striati, lenticellis parvis punctiformibus conspersi ; juniores cum 
axibus inflorescentiæ, bracteis, calycibus, petiolis, petiolulis paginaque 
inferiore foliolorum pilis fulvo-flavescentibus tomentosi. Folia 3-foliolata, 


rarissime ut videtur 2-foliolata, ecirrosa. Petiolus ( circa 2 1 cent. ), 
petioluli laterales (8-12 mill. ) terminalis (circiter 2 cent. long. jo omnes 


380 DESCRIPTION DU GENRE NOUVEAU SCHIZOPSIS. 


supra sulcati, sulco sub tomento latenti. Foliola 5-10 cent. long., 3-5 cent. 
lat., ovalia vel elliptica, lateralibus sepe inæquilateris ; membranacea, 
basi plerumque obtusa, rarius acuta aut cordata, apice plus minus acumi- 
nata, acumine acutoet nervi medii productione apiculato, interdum acuta 
vel prsesertim ad ramorum basim obtusa, penninervia ; nervis secundariis 
oblique ascendentibus, supra pubescentia demum glabrescentia , subtus 
imprimis in nervis majoribus pilis fulvo-flavescentibus tomentosa. Inflo- 
rescentiæ ramulos terminantes e cymis in corymbum vel paniculam 
brevissimam dispositis, Bracteæ minimæ, subulatæ, caducissimæ Flos 
pro genere maximus, 1 3-2 cent. long. Calyx campanulatus longe 5-den- 
tatus; tubo (2 ;-3 mill. longo); 5-nervio, dentibus linearibus, tubum 
sæpe subæquantibus et nonnunquam tubo longioribus, sensim inæqua- 
libus, postico longiore, anticis brevioribus. Corolla adpresse tomentoso- 
. velutina, pallide flava vel potius albicans ( Hegnel/) seu ex luteo albida 
(Vellozo); labii inferioris laciniæ elliptico-obovatæ; tubus intus circa sta- 
minum insertionem et in prominentiis longitudinalibus qui sinubus 
duobus limbi subjacent cum basi staminum pilis glandulosis brevissimis 
hirtellus. Stamina 2 mill. a basi corollæ inserta ; sterile breve, in lamel- 
lulam lanceolatam desinens; fertilium filamenta arcuata; antheræ lobis 
obovatis, valde divaricatis, in lamellulam lanceolatam subacutam apice 
connatis, Ovarium ovoideo-conicum , basi paululum incrassatum , pilis 
erectis dense hirtum. Stylus inferne pilis iisdem laxius indutus, superne 
glaber. Stigma lamellis elliptico-lanceolatis. Fructus siliquæformis, com- 
presso-tetragonus, angulis subalatis, apice acuminatus, basi obtusus, 
(26 cent. long., 4 cent. superne, 13 mill. inferne lat., 6 mill. superne, 
8 mill. inferne crassus) , fulvo-flavescenti velutinus; valvæ sublignosæ, 
fere suberosæ, et pro magnitudine levissime. Septum cicatrices seminum 
12-16 unaquaque pagina præbens. Seminum corpus pallide fuscum 
(12 mill. Jong 1 2 cent. lat.); ala pellucida, a latere pro embryone utrin- 
que producta et latitudine corporis paulum brevior ; marginibus extremis 
obtusis vel laciniatis. 

Exs. « Vellozo, in sylv. mar. Præd. S. Crucis. » Ad Caldas in prov. 
Minas-Geraés Brasil. Regnell, 11, 198. « Fr. scandens. Flor. pallide flavi 
v. potius albicantes. Incolis Cipo-Cravo. » (Herb. Stockholm). — Brasilia, 
Minas-Geraés , $$ 4845. Widgren, n. 49. (Herb. Mart.). 


Oss. — Le S. fasciculata a les fleurs les plus grandes de tout le genre. 
Il est cependant voisin, par son calice à. dents aiguës et par le tomentum 
fauve qui recouvre toutes ses parties, du S. polyantha, qui a les fleurs les 
plus petites. On le reconnaitra toujours facilement à l'inflorescence rac- 


NOTE SUR LES AFFINITÉS DES MOLLUGO: RAR 


courcie, dense, à peu prés en corymbe, qu'il présente seul parmi les 
Schizopsis, et qui lui donne un port tout particulier, 


EXPLICATION DES PLANCHES. 
PLANCHE X. 


Rameau rent DU Schizopsis fasciculata. 


PLANCHE XI. 


ANALYSE DE LA MÊME ESPÈCE. - 


Fic, 4. Fleur épanouie : /p, lèvre postérieure de la corolle, concave, bilobée au 
sommet; la, lèvre antérieure profondément divisée en trois lobes. 

Fic, 2. Coupe longitudinale et antéro-postérieure de la fleur : Ip, une moitié de 
la lèvre postérieure de la corolle; ia, une moitié de la lèvre antérieure. 

Fic, 3. Corolle ouverte en avant et étalée : /p, lèvre postérieure; la, la, les 
deux moitiés de la lèvre antérieure, | 

Fic. 4. Anthére vue de face : L, /, loges; cn, cn, connectif, couvrant tout le dos 
des loges. ` e 

Fie. 5. Anihére vue de dos : l, l, cn, cn, comme dans fig. 4. 

_ Fie. 6. Étamine stérile. 

Pre, 7. Un des poils qui couvrent la base des étamines. 

Fic, 8. Pistil : ov, ovaire, un peu renflé à la base et revêtu de poils serrés et 
dressés; st, style; sg, stigmate divisé en deux lamelles elliptiques-lancéolées. 

Fic. 9. Ovaire ouvert par une section longitudinale, passant en avant de la cloi- 
son, pour montrer que les ovules sont disposés sur quatre rangs dans chaque 
loge : ov, paroi de l'ovaire; o, ovules. 

Fic. 40. Un des ovules. 

Fic. 41. Diagramme: ov, ovaire. 

Fic. 42. Fruit fermé : v, v, les deux valves. 

Fic. 43. Fruit pendant la déhiscence : v, v, les deux valves s'écartant de bas 
en haut; cl, la cloison recouverte par les graines gr, gr, indiquées ; fl, fl, 

. les deux filaments ligneux qui naissent du pédicelle et s'interposent entre 

les bords des valves. 

Fic. 44. Une portion de la cloison montrant les petits replis ci, ci, qui cachent 
les cicatrices laissées par la chute des graines. 

Fic. 15. Graine vue du côté du hile : cs, corps de la graine, coloré et légère- 
ment rugueux ; a, a, aile transparente; h, hile très-allongé, en forme d'ac- 
colade. | 


NOTE SUR LES AFFINITÉS DES MOLLUGO. 


Les Mollugo, type d'un petit groupe de plantes, élevé par quel- 
ques auteurs au rang d'ordre distinct, ont été rapportés aux Caryo- 
phyllées, aux Portulacées, aux Paronychiées et méme aux Phyto- 
laecées. L'étude de l'espéce la plus commune de ce groupe nous 
permettra de nous prononcer entre tant d'opinions diverses, Le 


882 NOTE SUR LES AFFINITÉS DES MOLLUGO. 

Mollugo verticillata L. a un calice de cinq sépales dont la préflo- 
raison est quinconciale. Il en est de même du Pharnaceum Cer- 
vianum L. Mais tandis que, dans ce dernier, il y a tout autant 
d'étamines alternes avec sépales, les deux étamines latérales man- 
quent ordinairement dans le Mollugo. D'ailleurs, les filets stami- 
naux sont légèrement unis à leur base en une sorte de petit anneau. 

Mais cette portion commune fie parait pas dépendre du réceptacle ; 
de facon que l'insertiot! dés éläminés est liypogyne, comme dans 
les Caryophyllées eh général. L'ovaire est à trois loges qui, daris 
le Mollugo, aliernent avec les trois étamines. La persistance des 
cloisotis qui séparent ees loges les unes des autres à été invoquée 
comine un caractère qui éloignerait les Molluginées des Caryophyl- 
lées: Maïs lorsqu'on sait comment les eloisótis disparaissent plus 
ou moins complétement dans ces dernières, et lorsque sartout on 
voit se former le gycénée des Mollugo, comme Da fait M. Payer ` 
(Organogénie florale, 334; t. Lxx), absolument de ja même façon 
que dans toutes les Cái yophyllées iricarpellées, on ne peut plus 
accorder à ee caractère une valeur assez grade pour séparer les 
deux types. A part cela, notre Mollugo à a presque tous les carac- 
tères des Spergularia apétales ; car dans cé dérnièr genre, les ét4- 
mines peuvent aussi être réduites au nombre de huit, cinqou trois, 
C'est pour cette raison que tiotis feroris des Molti dos une section 
des Caryophyllées, de méme que des Spergula, Spergularia et 
autres genres analogues. 


EXPLICATION DES FIGURES DE LA PLANCHE IX. 


Fic. 4. Port du Mollugo verticillata L. | Fic. 5. Fruit mûr et déhiscent, 


Fic. 2. Fleur entière grossie. Fe, 6. Graine grossie; 
Fic. 3. Fleur dont le périanthe a été | Fic. 7. Coupe longitudinale de cette 
enlevé, graine. 


Fio, D Coupé lohgitüdimale de la fleur. 


ERRATA, 


Page 145, au lieu de Prancse I bis, lisez Praxeng V. 

Page 446, au lieu de PLAxcnz lI, lisez PLancue VI, 
au lieu de PLANCHE Iit, lisez PLancue VIT, 

Page 207, ligne 27, au lieu de adulte, lisez acide, 


TABLE DES MÉMOIRES 


CONTENUS DANS CE VOLUME. 


L Nouvelles recherches sûr la fleur femelle des Coniferes. . ::. . : i. 1 

II. Recherches organographiques et organogéniques sur le Coffa afü- — 
bica, par 16 docteur E: Marchand. . . . . . . . . . pt yngigodg 

III. Sur un cas apparent de parthénogenése. . . . . ET ENT ` 


IV. Des tiges des Phähérogames, pār le docteur L, Marchand. '; ., 98 
V. Sur les limites du genre: Cophaldirdton. . . . . . . . . . Cin oT 
VI. Eloge de M. Moqdin-Tandon, . . . DE 24770068 
VII. Sur la régularité tfáhiitoire de quelques fleurs irrégulières. s SF 451476 
VIII. Sur la fleur femelle dà Muscadier. . . . . . ..... om 
IX. Recherches sur l'A4ucuba et sur ses — avec les couté ‘ana 

ONE, dE EE i de 5 «0 CL EURE | | | 
X. Sur la force de pénétration des diverses parties de la tácine, par j 
M. H. Émérÿ , À d, pull tige pes 
XI. Species Euphorbiacearum. Lu de l'Amérique ` austro-orien- 


tale (suite). .,259 SQUE Re ue EE ^. 2214 
XII. Classement de l'École de botáhique de la Faculté de médétiée. de i 
Pare 3129 DM. carcere 24 
XIII. Observations sur les Saxifragéés l'organisation, les rapports et les À 
limites de cett Bal rE . 0l . . . , . PS 282 
XIV. Species Euphorbiacearum. EF de l'Amérique austro-orientäle : 
(suit). ,.. #66, ipid hoo eso . 805 


XV. Étude sur l'Herbier du Gábon du Musée des Colonies françaises. . 361 
XVI. Description du nouveau genre Schizopsis, par M. Ed. Bureau. GE 
XVII. Note sur les affinités des Mollug. . . . .. . . a D. Grp ën 


sé Cé 


TÂBLE DÉS PLANCHES 


(SAEC 


RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. 


Planches. 
I. Organogénie des Conifères. — Fig. 1-12 Cupressus Govenianá, - — 
Fig. 13-25. Larix o ra — Fig. 26. Araucaria excelsa, — 
Fig. 27, 28. Abies ga. 
I bis à IV. Coffea ara e 
V. Anatomie du Cynara, Se, 
VI. Anatomie de l'Heracleum Sphondylium. 
VII. Anatomie du Convallaria Polygonatum. 
VIII. Didelotia africana, 
IX. Mollugo verticillala. 
X. Schizopsis fasciculata. Port. 
XI. Schizopsis fasciculata, Analyses de la fleur et du fruit, 


TABLE DES FAMILLES ET.DES GENRES 


DONT IL EST TRAITÉ DANS CE VOLUME. 


Acalypha, 226. 
Actinostemon, 333. 
Alangiées, 195, 
Alangium, 193. 
Alchornea, 238, 
Algernonia, 344. 
Amanoa, 345. 
Angostyles, 318, 
Anona, 362. 
Anonacées, 362. ` 
Anopterus, 289. 
Anthostema, 366. 
Aparisthmium, 307. 
Arthrophyllum, 184. 
Astrococcus, 307. ` 
Aucuba, 179. ` 
Berardia, 295. 

Bia, 348. ` 
Bignoniacées, 369. 
Brexia, 290. 
Bruniacées, 295, 
Calycérées, 200. — 
Cephalocroton, 447. 
Cevallia, 494, 
Chasmanthera, 365. 
Cicca, 351. 
Cissampelos, 366. 

. Coffæa, 47. 
Colliguaja, 335. 
Conceveiba, 224. 
Conifères, 4. 
Convallaria, 446. 
Cynara, 145. 
Cynomorium, 499. 
Dalechampia, 309. 
Decostea, 185. 
Didelotia, 367. 
Dipsacées, 200. 
Discocarpus, 345. 
Dulongia, 294. 
Escallonia, 283. 
Eucryphia, 303. 
Flüggea, 346. 
Fragariopsis, 317. 


j Griselinia, 184. 


Gronovia, 190. 
Guarania, 347. 
Gyrocarpus, 487. 
Hedyosmum, 499. 
Heracleum, 446. 
Hernandia, 188. 
Hieronyma, 349, 
Hippuris, 499. 
Hura, 344. 
Illigera, 486. 
Ixerba, 294. 
Jateorhiza, 364. 
Légumineuses, 367. 
Marlea, 193. 


Mastixia, 484. 


Ménispermées, 364, 
Mollugo, 384. ` 
Monodora, 362, . 
Myristica, 177. 
Nyssa, 196. 
Omphalea. 335. 
Opthalmoblapton, 344. 
Oxymitra, 564. ` 
Passæa, 319, 
Pentstemon, 176. 


.Pera, 222. 


Phyllanthus, 351. 

Pittosporum, 286 - 

Platanus, 199, 

Plukenetia, 309. 

Richeria, 347. 

Roussæa, 292, 

Saxıfragées, 282, 

Schizopsis, 369. 

Sennefeldera, 336, 

Stillingia, 320. — 
Tetraplandra, 344. 
Tetrorchidium, 225. 

Tragia, 305. 

Viburnum, 200. 

Xylophylla, 360. : RS 
Xylopia, 362. ek 
Xylosma, 62. e 


Paris — Imprimerie de E. MARTINET, rue Mignon, 2. 


Z Bailon et A Faquet del. 


P. Picart se. 


1-12. Cupressus GCoverniana. ` 13.25. Larir europea. 
26. Araucaria eveelsa. ` - 27-28. Abies pectinata. 


Amp. A. Salmon, Paris. 


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Faguet det. 


Coffea arabica. L. 


Imp. A Salmon à Parir. 


Faguet del, Forget se —— 
Coffea arabica L 


Imp. A. Salmon à Paris. 


Forget se 


Imp. A. losen, à Paris. 


Coffea arabica 1. 


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Amp. A. Salmon à Paris, 


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Convallaria polygonatum : 
Imp. A Salmon à Paris 


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Didelota africana 


Imp. À. Salmon, Paris. 


ii 


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VERTIGILLATA 


MOLLUGO 


BIGNONIACEES. PLX 


milf qu 
ae 


A Faquet del, oe 
Jehicopsts fasciculata. 
e t 


Ceny-Gros, np. rue dengen. 33 Parts. 


BIGNONIACEES ; PL XI. 


KELKEKELLTfë 
XLLLLECLEELD 
MLLRELEELEREEL 


A. Faguet del. Picart se, 


Jehixopsis à fasciculata | 


Imp. Üeny- Grow, r. J Jacques, 43. Parir .