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Full text of "Bulletin de la Societe botanique de France."

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BULLETIN 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE 
DE FRANCE 


FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 


ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE 


PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 


TOME QUARANTE-SIXIÈME 


(Troisième série. — TouE Vi) 


PARIS 


AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ 


RUE DE GRENELLE, 84 


1899 


ADDITIONS ET CHANGEMENTS 


A LA 


LISTE DES MEMBRES 


DE LA 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE 


PENDANT L'ANNÉE 1898 


Membres nouveaux. 


BOHNHOFF (Huco), villa Arcadia, rue de Meudon, 18, Clamart (Seine). 

BRIQUET (D' Joux), directeur du Conservatoire et du Jardin bota- 
niques, rue des Tranchées-de-Rive, 11, à Genéve. 

DEZANNEAU (ALFRED-PAUL-RENÉ), docteur en médecine, rue Hoche, 
13, à Angers, 

GUFFROY (CHARLES), ingénieur agronome, rue Legendre, 108, à Paris. 

STROGONOFF (ALEXIS), étudiant à l'Université de Moscou. 


Ancien membre démissionnaire admis, sur sa demande, à faire 
de nouveau partie de la Société. 


GIBAULT (GEORGES), quai Bourbon, 55, à Paris. 


6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Admis comme membres à vie. 


Daguillon, à Paris. 

Deflers, au Caire. 

Ramond (Georges), à Neuilly-sur-Seine (Seine). 
Rey-Pailhade (C. de), à Béziers (Hérault). 


Membres décédés en 1898. 


CARUEL (Th.), ancien directeur du Jardin des plantes, à Florence. 
Conn (Ferdinand), professeur à l'Université de Breslau. 
DEzANNEAU (D" Alfred), à Angers. 


Gay (Francois), professeur à l'École supérieure de Pharmacie de Mont- 
pellier. 


GÉRARD, recteur à Montpellier. 

HovELAcQUE (Maurice), docteur ès sciences, à Paris. 

Moxon (Alfred), conseiller à la Cour de cassation. 

Panisor, capitaine en retraite, à Fontenay-sous-Bois (Seine). 
PÉNicAUD (Georges), à Paris. 

PowEL, ancien sénateur, en Algérie. 

SARGNON, à Lyon. 

SURINGAR, professeur à Leyde (Hollande). 


Rayé pour défaut de payement de cotisations arriérées. 


JAczEwsk1 (Arthur de). 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE 


DE FRANCE 


SÉANCE DU 13 JANVIER 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. EMMAN. DRAKE DEL CASTILLO, PREMIER VICE-PRÉSIDENT. 


M. Zeiller, président, se fait excuser de ne pouvoir assister 
à la séance. 

M. Drake del Castillo, en prenant place 'au fauteuil, re- 
mercie la Société de l'honneur qu'elle lui a fait en appelant 
aux fonctions de premier vice-président. 

M. Lutz, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal 
de la séance du 23 décembre dernier, dont la rédaction est 
adoptée. 

Par suite des présentations faites dans la précédente 
séance, M. le Président proclame membres de la Société : 


MM. LANGERON (Maurice), rue Férou, 11, à Paris, et 


UnnaN (Ignace), professeur, sous-directeur du Jar- 
din et du Musée botaniques, Grunewaldstr. 6/7, à 
Berlin, présentés l'un et l'autre par MM. A. Fran- 
chet et Ern. Malinvaud. 


M. Hua, secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante : 


8 SÉANCE DU 13 JANVIER 1899. 


UNE NOUVELLE LOCALITÉ D'OSTRYA CARPINIFOLIA Scop. EN FRANCE; 
par M. Paul FLICHE. 


Dans la première édition de la Flore forestière de France, parue 
en 1858, avant la constitution du département des Alpes-Mari- 
times, A, Mathieu donnait pour habitat, en France, à l’Ostrya car- 
pinipolia, les « rochers qui bordent la Méditerranée dans le Var »; 
il se borna p.us tard à faire suivre ce dernier mot de ceux-ci : « et 
des Alpes-Maritimes ». Dans la quatrième édition de l'ouvrage, 
publiée par moi en 1897, j'ai ajouté à ces indications la Corse, où 
l'existence de l'espéce a été constatée par divers botanistes, mais 
j'en ai fait disparaître le Var tel qu'il est constitué aujourd'hui, 
mes observations personnelles, les renseignements qui m'ont été 
fournis par des botanistes autorisés et les recherches faites dans 
les grands herbiers ne m'ayant fourni aucune localité certaine 
dans ce département. De plus, j'ai fait disparaitre la mention 
« rochers qui bordent la Méditerranée »; elle donnait une idée 
fausse de la distribution de l'espéce dans son aire française. 

Cette année, M. Gazin, inspecteur des foréts à Digne, m'a signalé 
la présence de cet arbre forestier dans le département des Basses- 
Alpes, et il a bien voulu m'envoyer de bons échantillons, en fruits, 
de la localité découverte par lui. Cette derniére confine au dépar- 
tement des Alpes-Maritimes; elle modifie donc fort peu ce que 
nous savons de l'aire de l'espéce en France. Malgré cela, elle me 
parait intéressante à signaler avec quelques détails : tout ce qui 
concerne les grands végétaux ligneux a une importance particuliére 
dans l'étude d'une flore, et il semble que la localité trouvée par 
M. Gazin soit la plus nord-occidentale de l'espéce dans notre pays, 
où son aire vient finir du côté de l'Ouest. 

Cette localité est située dans la forét de Miolans, territoire de la 
Rochette, canton d'Entrevaux (Basses-Alpes), dans le bassin de 
l'Esteron. Cette forêt se trouve un peu au-dessus du 43 50' de 
latitude, et un peu au delà du # 30' de longitude E. ; elle confine 
aux Alpes-Maritimes, où l'on rencontre également l'Ostrya, à peu 
de distance, dans l'arrondissement de Puget-Théniers. 

Dans la forét de Miolans, cet arbre occupe une surface d'environ 
150 hectares, sur un versant exposé au nord ; il atteint l'altitude 
de 800 métres; le sol sur lequel il vit provient de la destruction 


FLICHE. — OSTRYA CARPINIFOLIA SCOP. EN FRANCE. 9 


de roches appartenant à l'Éocéne; celui-ci est tantót purement 
siliceux, tantôt plus ou moins calcaire. La forêt est constituée 
surtout par du Pin sylvestre qui forme les 8/10* du peuplement; le 
Hétre et l'Ostrya forment par parties égales les deux autres 
dixiémes. L'Ostrya entre pour une part importante dans le sous- 
bois; cependant il fait aussi partie de l'étage dominant. Il y a deux 
ans, on a dû en exploiter deux cents, qui étaient dépérissants; ils 
avaient, à hauteur d'homme, des diamètres variant entre 0",: 
et 07,40, atteignant exceptionnellement 0",50. 

En Italie et dans l'Autriche méridionale, deux arbres accom- 
pagnent ordinairement l'Ostrya : ce sont le Chêne Cerris (Quercus 
Cerris) et l'Orne (Fraxinus Ornus). Le premier est extrêmement 
rare dans les Alpes-Maritimes et manque en Corse, tandis que le 
second se rencontre parfois assez abondamment dans les deux 
départements. Ils font défaut l’un et l’autre dans la forêt de 
Miolans. 

Il me semble intéressant d'examiner ce qu'est, à cette extrême 
limite occidentale de son aire, cette espèce assez variable, comme 
je l'ai montré dans un autre travail (1). Les feuilles sont grandes 
avec le nombre maximum des nervures qu'elles peuvent présenter; 
le pétiole est, par suite, naturellement long ; le cóne fructifére est 
assez allongé, mais'gréle; les involucres, de taille moyenne, inter- 
médiaire entre ce que j'ai observé sur des échantillons des bords 
du lac de Cóme, qui en présentaient de grands, et ceux de Corse, 
chez lesquels ils sont remarquablement petits; ils sont pourvus 
à la base de poils nombreux et assez allongés. L'axe, non feuillé, 
qui porte le cóne à son extrémité, est. remarquablement gréle 
et allongé (18-24 millimétres). Malgré cela, le cóne est trés 
dressé, ce qui prouve qu'A. de Candolle a eu raison de ne tenir 
aucun compte du caractère que certains descripteurs avaient 
voulu tirer de cette direction pour distinguer l'Ostrya améri- 
cain de celui de l'ancien monde. 


(4) Notes sur les formes du genre Ostrya, in Bull. Soc. bot., t. XXXV (1888), 
p. 160. 


SÉANCE DU 27 JANVIER 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. le Secrétaire général, retenu chez lui par une grave 
maladie, se fait excuser de ne pouvoir assister à la séance. 
M. le Président s'exprime en ces termes : 


MESSIEURS, 

N'ayant pu, à mon grand regret, assister à la séance du 13 janvier, je 
tiens, au début de celle-ci, à vous exprimer le profond sentiment de 
reconnaissance que j'éprouve en prenant place à ce fauteuil. Je sens 
tout le prix de l'honneur qui m'est fait, et je prie tous mes confrères de 
recevoir mes remerciements les plus vifs pour la haute marque d'estime 
qu'ils m'ont accordée: ils ont voulu par là, je n'en doute pas, témoigner 
de l'intérét que porte la Société à une branche de la science botanique, 
qui offre encore de bien importants problémes à résoudre, et à laquelle 
il faut souhaiter un plus grand nombre d'adeptes; qu'il me soit permis 
de les en remercier au nom de tous les paléobotanistes, en méme temps 
qu'au mien. 

Je m'efforcerai, en retour, de remplir de mon mieux les fonctions que 
vous avez bien voulu me confier, comptant, pour m'y aider, sur votre 
bienveillance, comme sur le concours de mes collégues du Dureau, et 
particuliérement sur celui de notre excellent Secrétaire général, gardien 
si sür de nos traditions. Je ne pourrai mieux faire, au surplus, que de 
m'inspirer des exemples des Présidents qui m'ont précédé, et je suis 
certain d'étre votre interpréte à tous en adressant au dernier d'entre 
eux, à M. Franchet, ainsi qu'aux membres du Bureau de l'année 1898, 
nos plus cordiaux remerciements pour leur dévouement aux intéréts de 
notre Société. 


Cette allocution est vivement applaudie. 


M. Hua, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 13 janvier, dont la rédaction est adoptée. 

M. le Président a le regret d'annoncer à la Société la mort 
d'un de ses membres, M. Feuilleaubois, officier en retraite, 
décédé à Fontainebleau, le 11 janvier dernier, à l’âge de 
cinquante-trois ans. 


Sad ptas 


LETELLIER. — ACTION DE L'ÉLECTRICITÉ SUR LES RACINES. 11 


M. Mouillefarine dit qu'il a appris par les journaux la mort 
d'un autre confrére, M. Émile Le Dien, ancien avocat à la 
Cour de cassation. M. Le Dien, entré dans la Société en 
1855, publia en 1858 dans son Bulletin un Catalogue des 
Mousses observées aux environs de Paris et, en 1861, une 
Note Sur un phénomène tératologique observé chez quelques 
Mousses. 

M. le Président s'associe aux regrets exprimés au sujet de 
cette nouvelle perte et fait connaitre à la Société une pré- 
sentation nouvelle... 

M. Hua, secrétaire, donne lecture des communications 
suivantes : 


L'ÉLECTRICITÉ A L'ÉTAT STATIQUE EXERCE UNE ACTION DIRECTRICE SUR 
LES RACINES DE LA FEVE VULGAIRE; par M. A. LETELLIER (!). 


La racine primaire de la Féve, comme presque toutes les racines 
primaires, s'enfonce verticalement dans la terre, quelle que soit la 
position de la graine à la surface du sol. Ce phénoméne est dà à 
des causes organiques, mécaniques et physiques; les premiéres 
ont été bien étudiées, et tout le monde connait aujourd'hui l'orga- 
nisation de la racine jeune, le point où se produit la différen- 
ciation des tissus, l'endroit où elle se courbe quand elle est dérangée 
de sa position normale, enfin le róle des poils absorbants. Les 
causes mécaniques ont été moins bien étudiées : on sait quelle est 
la grandeur de la pression exercée par la racine en voie de crois- 
sance sur l'obstacle qui s'oppose à sa descente; on a reconnu 
que son extrémité présente un phénomène de nutation qui lui 
assure une pénétration verticale de haut en bas. On a vu que 
la pesanteur agit sur la racine, on appelle cela le géotropisme; 
mais je ne crois pas exagérer l'importance des recherches (2) 


(4) Recherches faites à l'Institut botanique de la Faculté des sciences de 
l'Université de Caen en 1897-1898. ve 

(2) Essai de statique végétale (Compt. rendus de l'Acad. des sc., 4 juillet 
1892). 

Essai de statique végétale. — La racine considérée comme un corps pesant 
et flexible (Mémoires de la Soc. Linnéenne de Normandie, XVII* vol., 2* série, 
2* fasc.). 


12 SÉANCE DU 27 JANVIER 1899. 


que j'ai faites à ce sujet, en disant que l'application de cette force 
a seulement recu une explication rationnelle depuis que j'ai 
déterminé la courbe des densités vraies de la racine et celle de sa 
résistance à la flexion depuis son extrémité jusqu'à la région des 
poils absorbants. A elle seule, la pesanteur assurerait aux racines, 
constituées comme elles le sont chez les plantes actuelles, la direc- 
tion verticale de haut en bas. Mais un phénomène aussi général 
que celui de la direction des racines primaires peut difficilement 
étre attribué à la seule organisation physiologique acquise sous 
l'influence de la pesanteur, d'autant que l'on connaît d'autres 
forces capables de diriger la racine. La lumière a sur elle une 
action énergique; l'humidité du sol l'attire, et la chaleur a sa part 
d'influence. On ne parle pas de l'électricité atmosphérique, cepen- 
dant elle est partout et presque toujours positive : il n'y aurait 
donc aucune impossibilité à priori pour qu'elle eüt, elle aussi, une 
action directrice sur la jeune racine. On sait déjà, et depuis 
longtemps, que les graines ne germent bien que dans un sol au 
potentiel zéro ou négatif par rapport à l'atmosphére qui le sur- 
monte; or il n'est pas vraisemblable que l'action de l'électricité 
atmosphérique cesse au moment précis où la graine a sorti sa radi- 
cule et, parmi les nombreux phénoménes "Diologiques qu'elle 
détermine, on peut se demander si, comme la lumiére, la pesanteur 
et l'humidité, elle n'a pas sur la jeune racine primaire une action 
directrice. Je montrerai qu'elle en a une en effet : la radicule se 
courbe et fuit un corps chargé d'électricité statique. Le phénoméne 
est d'autant plus remarquable que, si la graine était mobile, si elle 
était par exemple suspendue à un fil fin et sans torsion, elle tour- 
nerait sa racine vers la source positive ou négative qu'on lui pré- 
sente (1). Mais, dans la nature, la graine n'est pas mobile, on ne 
peut pas l'assimiler à la balle d'un pendule électrique : les lois des 
attractions ‘et des répulsions électriques ne lui sont pas seules 
applicables; elle vit et, sous l'influence électrique, d'autres 
facteurs interviennent, qui déterminent la courbure de sa racine 
et l'éloignent de la source électrique. 


Nota. — Avant d'exposer la méthode et de décrire les expé- 


(1) L'expérience est facile à faire et montre méme qu'une Féve ainsi sus- 
pendue est un électroscope trés sensible. 


8i olii liae 


LETELLIER. — ACTION DE L'ÉLECTRICITÉ SUR LES RACINES. 13 


riences qui m'ont permis de m'assurer que l'électricité statique 
exerce une action directrice sur les racines jeunes de la Féve, je 
tiens à avertir le lecteur qu'il ne trouvera aucun renseignement 
sur les effets que cette électricité peut avoir sur le développement 
de la racine ; je ne sais si elle l'accélére ou si elle le retarde, je ne 
m'en. suis pas occupé et je n'en dirai rien. 


On sait que la différence de potentiel entre la terre et la couche 
d'air qui la surmonte croit trés rapidement avec la distance de la 
couche considérée par rapport au sol: les expériences des physi- 
ciens ont montré qu'elle dépasse trés vite plusieurs centaines de 
volts et que, dans certains cas, elle peutatteindre plusieurs milliers 
de volts. Le premier devoir de qui veut connaitre l'influence direc- 
trice que l'électricité atmosphérique peut exercer sur les racines 
est donc de se procurer une source électrique à haut potentiel et 
suffisamment constante pour que ses différences de potentiel soient 
comparables à celles quel'on observe dans la nature. Au cours de 
mes recherches, j'ai employé d'abord une pile séche de Zamboni, 
d'un grand nombre d'éléments, puis une pile à couronne de tasses, 
soigneusement isolées, système bien préférable au premier à cause 
de la constance du voltage aux bornes et de la facilité de la mesure. 
Je commencerai par l'exposé des expériences que j'ai faites 
en 1897 ; j'en ferai l'examen critique et je dirai les conclusions que 
j'en ai tirées. Je dirai ensuite quelles sont les expériences que j'ai 
faites en 1898 et les résultats auxquels elles m'ont conduit. 


EXPÉRIENCES FAITES EN 1897. 


Pour déterminer quelle peut étre l'action directrice que l'élec- 
tricité statique à haut potentiel exerce sur la racine jeune de la 
Féve, il faut la mettre à l'abri des actions perturbatrices que 
pourraient produire la lumiére, la chaleur, l'humidité, la pesan- 
teur, l'électricité atmosphérique, et la faire pousser en présence 
d'une source électrisée à un potentiel positif ou négatif que l'on 
puisse regarder comme suffisamment constant. Je crois être arrivé 
à ce résultat par le dispositif suivant. 

J'ai fixé les Féves en voie de croissance sur un disque de liége, 
emmanché à l'extrémité de l'arbre d'un clinostat qui pénétrait 
horizontalement par sa douille dans une cloche en verre, entourée 


14 SÉANCE DU 27 JANVIER 1899. 


par les spires d’un fil de cuivre en communication avec la terre. 
J'ai choisi des Fèves ayant une racine primaire bien droite (1) et je 
les ai fixées au liège avec des épingles, de facon que leur racine 
fût, aussi exactement que possible, dirigée suivant le prolongement 
du rayon du disque. A chaque révolution de l'arbre du clinostat, 
les racines plongeaient, pendant un temps toujours le même pour 
toutes, dans un vase contenant de l'eau ou de l'eauadditionnée de 
phosphates et de carbonates alcalins. La cloche était fermée 
presque exactement, mais cependant sans contact, par un plateau 
circulaire en zine, à bords arrondis, supporté par un pied isolant, 
et que l'on pouvait mettre à volonté en communication avec la 
terre ou bien avec l'un des póles connus de la pile. Le tout était 
disposé dans une vaste salle, dont la température est restée sensi- 
blement constante pendant toute la durée des expériences, et j'ai 
placé la cloche à égale distance de deux fenétres situées au nord et 
devant une vitrine adossée à la muraille. L'éclairement du disque 
sur lequel j'ai fixé les Féves en germination s'est ainsi trouvé trés 
exactement le méme sur ses deux faces, ainsi du reste que l'expé- 
rience l'a prouvé; mais, pour plus de süreté, pendant une derniére 
série d'expériences, j'ai recouvert la cloche d'un voile noir, tel 
qu'en emploient les photographes, et j'ai observé des résultats 
semblables. | 

Je passerai sous silence les nombreux tátonnements, les essais 
préliminaires, conséquences inévitables de toute recherche nou- 
velle, et je ne donnerai que les résultats des expériences bien con- 
duites qui leur ont succédé. 


Le 21 mai 1897, j'ai fixé le matin, sur la face du disque de liège qui 
était en regard du plateau de zine, quatre Féves en germination et j'ai eu 
grand soin de les disposer de facon que leur racine primaire se trouvàt 
aussi exactement que possible dans le prolongement du rayon du disque. 
Cela fait, j'ai misle clinostat en marche et le plateau de zinc en commu- 
nication avec le póle positif, l'autre póle communiquant avec la 
terre. 

Le lendemain 22, toutes les racines s'étaient déjà courbées et fuyaient 
le plateau. Il en était de méme le surlendemain et, le jour suivant, le 


(1) On obtient des Fèves ayant une racine primaire droite en les suspen- 
dant à un fil dans une position convenable au-dessus d'une nappe d'eau et les 
abritant contre la lumière. 


ieu ei b 


LETELLIER. — ACTION DE L'ÉLECTRICITÉ SUR LES RACINES. 15 


mouvement de fuite s’était tellement accentué que les racines poussaient 
presque parallélement à l'axe du clinostat. Le lundi 24, craignant que 
l'humidité du liége ne füt la cause du phénoméne, j'ai retiré le disque 
de liège et je l'ai emmanché par la face qui portait les Féves, ce qui pla- 
çait l'extrémité des racines directement en face du plateau électrisé. Le 
mardi, quand je suis venu observer ce qui s'était passé, j'ai trouvé deux 
racines qui s'étaient déjà recourbées en arrière, fuyant le plateau; une 
troisième commençait à se courber; la quatrième faisait face au pla- 
teau. Le lendemain les trois premieres racines fuyaient nettement le 
plateau ; la quatrième avait gardé sa direclion, mais il était visible qu'elle 
était souffrante. 

Comme il était naturel de craindre que le mouvement de recul des 
racines ne füt dà à une différence dans l'éclairement fourni par les deux 
fenétres entre lesquelles la cloche était placée, j'ai retourné, le 26, cli- 
nostat et cloche bout pour bout, mettant à droite ce qui était à gauche, 
tout en conservant à chaque partie sa position relative par rapport aux 
fenétres. Le lendemain, les trois racines continuaient à fuir le pla- 
teau et le disque de liège humide ; la quatrième racine était morte. 

J'ai continué avec d'autres Féves les mémes expériences, les 28, 29, 
30, 31 mai, 1, 2, 3, 4 et 5 juin, et chaque fois les racines jeunes des 
Féves en expérience se sont courbées pour fuir le plateau chargé d'élec- 
tricité positive à l'état statique. 


J'ai ensuite, du 5 au 30 juillet, fait pousser des Féves en présence du 
plateau chargé d'électricité négative. Tout s'est passé comme si la 
cloche avait été simplement fermée par un disque en carton : les racines 
ont poussé dans la direction qui résultait de l'orientation de la Féve sur 
son support, les unes allant vers le plateau; d'autres, en plus grand 
nombre, suivant le prolongement du rayon; une ou deux ont fui le 


plateau. 

Les conclusions à tirer de ces expériences sont les suivantes : 

4° La racine primaire de la Féve se courbe et fuit un plateau 
électrisé positivement ; 

2» La racine primaire de la Fève paraît indifférente à l'action 
d'un plateau chargé d'électricité statique négative. 

Ces conclusions sont justes, si l'on remarque que, par le dispo- 
sitif adopté : 


1* L'action de la pesanteur est annulée par la rotation de l'axe 
du clinostat qui fait un tour en trente-cinq minutes. Chaque racine 


16 SÉANCE DU 27 JANVIER 1899. 


occupe, par rapport à la verticale, toutes les positions et pendant 
le même temps. De plus, la rotation du disque de liège se faisant 
lentement, il ne peut être question de l’existence d’une force cen- 
trifuge qui déterminerait la direction observée. Il serait d'ailleurs 
inexplicable que l'action de la pesanteur ou de la force centrifuge 
füt différente sur la racine, suivant que le plateau de zinc était 
positif ou négatif. 


9 Les racines étant dans les mêmes conditions d'humidité 
quand le plateau est chargé d'électricité positive et quand il est 
chargé d'électricité négative, on ne peut attribuer la direction 
observée dans le premier cas, l'indifférence de l'orientation dans 
le deuxiéme, à une variation quelconque dans l'état hygrométrique 
des racines. 

On ne peut pas davantage attribuer à l'humidité du disque de 
liège une action directrice décisive dans les expériences que j'ai 
faites, puisque, en retournant ce disque, les racines ont fui à la fois 
le plateau positif et le liége humide; et puis il restait toujours à 
expliquer pourquoi ce liége humide n'agit pas quand le plateau 
est négatif, tandis qu'il se montrerait actif quand le plateau est 
positif. 


3 L'expérience du retournement du disque de liège et le retour- 
nement des racines qui en résulte ne permettent pas de croire que 
la direction observée soit due à une différence dans l'intensité de 
l'éclairement fourni par les deux fenétres entre lesquelles était la 
cloche. On sait combien la racine est sensible à la lumiére, on 
pourrait en faire un photométre différentiel, comme le remarque 
M. Van Tieghem; si la lumiére fournie par l'une des fenétres avait 
été différente de celle que donnait l'autre fenétre, les racines 
auraient toujours continué à s'infléchir en se courbant du cóté de 
celle dont l'éclairement était le moindre. Or, quand le plateau est 
négatif, les racines croissent dans une direction quelconque; 


quand il est positif, elles le fuient, quelle que soit leur position 
par rapport aux fenétres. 


4° Les Fèves, étant placées à l'intérieur d'une cloche en verre, 
entourée par les nombreuses spires d'un fil de cuivre rouge en 
communication avec la terre, se trouvaient par là méme à l'abri 
des influences électriques extérieures et restaient seulement sou- 


-— 


LETELLIER. — ACTION DE L'ÉLECTRICITÉ SUR LES RACINES. 17 


mises à l'action électrique du plateau fermant la cloche; ce plateau 
ne touchait pas la cloche et ne pouvait agir que par influence. Tout 
en admettant qu'il pouvait amener un état électrique de la face 
interne de la cloche, il n'est pas possible d'attribuer à la forme de 
la cloche, et par conséquent à un état électrique différent à son 
entrée et prés du col, une action sur la direction prise par les 
racines. Enfin, admit-on que l'état électrique de la face interne 
de la cloche n'était pas partout le méme, on n'en pourrait rien 
conclure qui fût une explication suffisante de la répulsion observée 
dans un cas, del'état indifférent dans l'autre; et ce serait admettre. 
ce que j'ai voulu prouver, que l'électricité statique a une influence 
sur la direction des racines primaires. 


On peut objecter à ces expériences qu'une pile sèche, même d'un 
grand nombre d'éléments, est une source électrique capricieuse, 
variable avec la température, l'état hygrométrique et le temps 
depuis lequel elle a été assemblée. Ses póles ont été bien constatés, 
il a été observé au début qu'elle fonctionnait bien, mais il n'a pas 
été fait de mesure de sa différence de potentiel aux deux pôles, et 
rien ne garantit non seulement qu'elle ait été constante pendant la 
durée des expériences, mais que méme elle fournissait encore de 
l'électricité pendant la seconde série de recherches, alors que les 
racines poussaient devant le disque de zinc supposé électrisé néga- 
tivement. Et cette derniére objection trouve sa justification dans la 
remarque que j'ai faite, à savoir que, dans ce dernier cas, les 
racines primaires poussent comme si le plateau n'était point élec- 
trisé. Il était dés lors indispensable de continuer ces recherches 
dans des conditions d’exactitude plus grande, et c’est pourquoi je 
les ai reprises au printemps et pendant l'été de 1898 en employant 
comme source électrique une pile à couronne de tasses, instru- 
ment plus sûr, d'une grande constance, dont la différence de 
potentiel aux bornes est connue, et dont il était possible, comme 
on le verra, de vérifier à chaque instant le bon fonctionnement. 


EXPÉRIENCES DE 1898. 


Pendant l'hiver de 1897-1898, j'ai construit une pile à tasses 
que j'ai portée progressivement à 576 éléments, afin d'obtenir de 
grandes différences de potentiel, comme on en observe au voisi- 


nage du sol. 


T. XLVI. (SÉANCES) 2 


18 SÉANCE DU 27 JANVIER 1899. 


La pile que j'ai construite se compose de petits pots en faience, 
dits pots à pommade, de 8 centimétres cubes de capacité en 
moyenne, disposés sur quatre rangées et au nombre de vingt- 
quatre dans des boites à cigares. Aprés avoir coulé une couche de 
paraffine dans chaque boite, j'y ai aligné soigneusement les pots, 
de maniére qu'aucun d'eux ne se touchát ou ne füt au contact de 
la paroi, puis j'ai coulé denouveau de la paraffine, afin de les fixer 
et de les isoler exactement les uns des autres. J'ai disposé alors les 
vingt-quatre boites sur la table d'expérience, suivant quatre files 
paralléles de chacune six boites, et j'ai réuni les éléments les uns 
avec les autres par des ponts formés d'une lame de zinc soudée à 
une lame de cuivre, de facon à les associer en une seule série 
linéaire. Dans le premier pot, qui contenait le zinc du premier 
pont, j'ai mis une lame de cuivre, c'est le póle positif; dans le 
dernier pot où plongeait la lame de cuivre du 575* pont, j'ai 
introduit une lame de zinc, c'est le pôle négatif. Dans chaque auge, 
j'ai mis de l'eau ordinaire, celle que fournit la distribution de la 
ville de Caen. Afin de pouvoir charger à volonté le disque de 
zinc d'électricité positive ou négative à haut potentiel, tout en 
gardant la méme différence de potentiel entre les bornes, quand 
j'ai voulu que le plateau de zinc fût positif, et l'arbre du clinostat, 
par conséquent le disque de liége, négatif, j'ai mis le 570* pont en 
communication avec la terre et fait communiquer le plateau de 
zinc avec le póle positif de la pile, l'arbre du clinostat avec le póle 
négatif. Lorsque, au contraire, j'ai cherché plus tard quelle peut 
être l'influence de l'électricité négative à l'état statique sur la 
direction des racines primaires de la Féve, j'ai mis le 10" pont en 
communication avec la terre, le disque en zinc en relation avec le 
póle négatif et réuni l'arbre du clinostat avec le póle négatif. Un 
élément tel que ceux que j'ai construits présente à ses bornes une 
différence de potentiel qui est presque exactement de 1 volt, 
d’où il suit que, la pile étant montée en série linéaire, soigneu- 
sement vérifiée, pendant la premiére série d'expériences, le plateau 
de zinc a été sensiblement chargé à un potentiel de + 570 volts et 
l'arbre du clinostat à — 6 volts; différence, 576 volts. Pendant la 
deuxième série d'expériences, le plateau dezinc a été au potentiel 
— 570 volts, et l'arbre du clinostat au potentiel + 6 volts; diffé- 
rence constante aux bornes, 576 volts. 

Il était indispensable de pouvoir s'assurer à chaque instant que 


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LETELLIER. — ACTION DE L'ÉLECTRICITÉ SUR LES RACINES. 19 


l'appareil fonctionnait bien, qu'il n'y avait pas de fuite, que le 
plateau était électrisé. Dans ce but, j'ai mis le fil de cuivre rouge, 
en communication avec le disque de zinc, en relation avec un 
électroscope à feuilles d'or reposant sur une plaque de paraffine. 
Cet électroscope est formé d'une tige de cuivre, terminée extérieu- 
rement par un bouton métallique, inférieurement par deux feuilles 
d'or. La tige traverse un bouchon paraffiné qui ferme un flacon 
contenant de l'acide sulfurique. Quand on approche le doigt du 
flacon, on voit les feuilles d'or diverger si le plateau de zinc est 
électrisé; dans le cas contraire, il ne se produit rien. Quoique 
l'angle de divergence des feuilles d'or soit difficilement mesurable, 
la constance approximative que l'on observe dans leur écartement 
montre la constance de la charge du plateau. 


Je ne me suis pas contenté de substituer à la pileséche employée 
au début, en 1897, une pile à tasses de construction plus süre, de 
constance plus assurée et dont le potentiel aux bornes était facile 
à apprécier. J'ai apporté à l'appareil lui-même, dans lequel j'ai fait 
pousser les Féves, quelques modifications qui sont les suivantes : 
tout d'abord, j'ai pris une cloche plus grande, ce qui m'a permis 
de garder plus longtemps les mémes Féves en expérience sans 
avoir à craindre de voir l'extrémité de leurs racines toucher aux 
parois de la cloche. J'en ai fermé la partie inférieure, et à 3 centi- 
mètres de l'ouverture, par une lame de zinc de forme demi-circu- 
laire, mastiquée avec soin et recouverte d'une couche de paraffine, 
afin de ménager à l'intérieur un espace que je pouvais à vo onté 
remplir d'eau plus ou moins et dans lequel les racines plongeaient 
tour à tour. Comme ces racines, soumises à l'influence d'un plateau 
positif, se courbent pour le fuir, il est arrivé que j'ai pu conserver, 
sans contact avec les parois de la cloche et avec le demi-disque de 
fermeture, des racines primaires et secondaires plus longues que le 
rayon d'ouverture de la cloche. 

J'ai peint en noir le fond de la cloche, là où elle est convexe. 

Je l'ai entourée par les nombreuses spires d'un fil de cuivre 
rouge relié à un piquet de fer fixé dans la terre. Le contenu de la 
cloche est ainsi protégé contre l'électricité atmosphérique par un 
paratonnerre Melsens. 

Pendant les expériences, la cloche a toujours été soigneusement 
abritée de la lumiére par un voile noir, comme en emploient les 


20 SÉANCE DU 27 JANVIER 1899. 


photographes, car j'ai pensé, malgré la curieuse expérience de 
l'année précédente (1), qu'il était préférable de soustraire entié- 
rement les racines à l'action si active de la lumière. 

J'ai fait reposer le clinostat et le support à roulettes de son arbre 
sur des feuilles de papier paraffiné. L'isolement a été parfait, et 
il a été facile de s'en assurer par la divergence des feuilles d'or 
de l'électroscope. 

Enfin, M. Léger, maitre de conférences à la Faculté des sciences, 
a bien voulu prendre une série .de photographies, qui sont les 
témoins .fidéles et véridiques des résultats obtenus dans chaque 
expérience. J'ai le regret de ne pouvoir les intercaler dans cette 
Note, elles paraitront dans le Mémoire queje me propose de publier 
quand mes recherches seront terminées ; mais c'est avec ces photo- 
graphies sous les yeux et en relisant mes notes que je donnerai la 
description des faits que j'ai observés. 


EXPÉRIENCES DESTINÉES A MONTRER L'ACTION 
DE L'ÉLECTRICITÉ STATIQUE POSITIVE. 


1" expérience. — Le 22 mai 1898, je fixe trois Fèves en voie de 
croissance sur la face du disque de liége qui est en regard du plateau 
de zinc, de facon que leur racine primaire soit dirigée suivant le prolon- 
gement du rayon. Puis je mets en placele disque de zinc et je le fais 
communiquer avec le pôle positif de la pile, ce qui le met au potentiel 
approximatif + 378 volts, l'arbre du clinostat étant en relation avec le 
pôle négatif au potentiel — 6 volts, la différence est 384 volts; enfin 
je mets le clinostat en marche. Le lendemain 23, une racine s'est 
courbée, fuyant le plateau de zinc; une seconde commence à s'infléchir 
en arriére; latroisiéme pousse suivant le prolongement du rayon. Le 24, 
je constate que la premiére racine a continué à se coucher, ainsi que 
la seconde, et que la troisiéme pousse toujours en ligne droite. Le 25, 
les deux premiéres racines fuient horizontalement le plateau de zinc, 
la troisième racine commence à s'infléchir. Le 26, les trois racines 
fuient le plateau électrisé positivement. Le 27, les racines ayant continué 
à fuirle plateau, je mets fin à l'expérience. 

Il faut remarquer qu'au début de cette expérience les racines plon- 
geant dans une capsule remplie d'eau, il en résultait que le plateau de 
zinc était assez éloigné ; mais, à partir du 24, ayant substitué à la capsule 
la lame de zinc paraffinée dont j'ai parlé ci-dessus, il m'a été possible 


(4) Exp. du 21 mai 1897 et jours suivants. 


E 


LETELLIER. — ACTION DE L'ÉLECTRICITÉ SUR LES RACINES. 21 


de rapprocher le disque de zinc et de le mettre à 3 centimètres envi- 
ron des Féves en expérience. 


2° expérience. — Le 29 mai, je fixe trois Fèves sur la face du liège 
opposée au disque de zinc et avec les précautions accoutumées. Le 30, 
rien à signaler ; le 31. une racine est courbée, fuyant le plateau, une 
autre commence à se courber, la troisième est droite. Le 1° juin, deux 
racines sont courbées, et, le 2, les trois racines fuient définitivement le 
plateau, une d'elles pousse méme parallélement à l'arbre du clinostat. 

Cette expérience montre que la courbure en arrière des racines n’est 
pas due à l'humidité du disque de liège. 


3 expérience. — Le 3 juin, je fixe quatre nouvelles Fèves, dont une 
plus avancée que les trois autres, sur la face du liége qui est en regard 
du plateau de zinc. Le 9, toutes les racines sont déjà légérement cour- 
bées en arrière. Le 10, trois d'entre elles fuient nettement le plateau, la 
quatrième continue lentement son inflexion. Le 11, les trois premières 
racines poussent parallélement à l'arbre du clinostat, la quatriéme s'est 
redressée, la Féve s'étant appuyée contre le liege. Le 12, les trois racines 
continuent à pousser parallèlement à l'arbre, je les coupe pour hâter le 
développement des racines secondaires, et je laisse la quatriéme racine 
qui commence à se courber. Le lendemain 13, cette quatrième racine 
fuit définitivement le plateau positif etsa croissance en arriére s'accentue 
encore le jour suivant. Ce méme jour, 14 juin, j'ajoute 192 éléments 
nouveaux à la pile, afin de porter le plateau de zinc au potentiel 
approximatif + 570 volts, l'arbre restant au potentiel — 6 volts environ; 
différence, 516 volts. Le 18 juin, je coupe la quatrième racine et j'observe 
que les racines secondaires paraissent pousser plus rapidement du cóté 
qui est opposé au disque de zinc qu'en regard de lui. Le 19, il y a déjà 
bon nombre de racines secondaires qui fuient le plateau de zinc, el ce 
nombre augmente les jours suivants, si bien que, quand je mets fin à 
l'expérience, le 22, toutes les racines secondaires fuient le plateau de 
zinc positif, sauf une en train de courber son extrémité. La photographie, 
qui est prise du disque de liège portant ces racines, est si caractéris- 
tique, qu'aucun doute n'est possible sur l'action directrice exercée par 
le plateau de zinc électrisé. 


4 expérience. — Le 25 juin, je fixe quatre Fèves sur le disque de 
liége. Le jeudi 30, je mets fin à l'expérience et je prends une photo- 
graphie: toutes les racines primaires fuient le plateau de zine, l'une 
d'elles croit parallélement à l'arbre du clinostat. 


99 SÉANCE DU 27 JANVIER 1899. 


EXPÉRIENCES DESTINÉES A MONTRER L'ACTION 
DE L'ÉLECTRICITÉ STATIQUE NÉGATIVE. 


1" expérience. — Le 3 juillet, je fixe quatre Fèves sur le disque de 
liége el je ferme la cloche avec le disque de zinc au potentiel approxi- 
matif — 570 volts, l'arbre du clinostat est au potentiel + 6 volts; diffé- 
rence constante 576 volts. Le 4, trois racines paraissent commencer à se 
courber. Le 5, deux racines sont courbées, la troisiéme forme un crochet, 
la quatriéme est malade. 


2 expérience. — Ce méme jour, 5 juillet, j'enlève les Fèves qui ne 
paraissent pas en bon état, et j'en mets quatre autres en expérience. 
Le 6, une d'elles s'est courbée en arriére, deux se sont courbées vers le 
liège, la quatrième se dirige vers le plateau de zinc. Les jours suivants, 
1 et 8, elles continuent leur mouvement. 


3° expérience. — Le 10 juin, je fixe six Fèves sur l’une et l'autre 
face du disque de liége. Le 15, j'en prends une photographie; on y re- 
marque que la direction des racines primaires n'est pas la méme pour 
toutes ; quant aux racines secondaires, elles ont poussé dans toutes les 
directions, mais en plus grand nombre du cóté opposé au disque négatif, 
que beaucoup d'entre elles fuient nettement. 


EXPÉRIENCES FAITES LA CLOCHE ÉTANT SIMPLEMENT FERMÉE 
PAR UN DISQUE DE CARTON. 


1" expérience. — Le 15 juillet, je fixe dix Fèves sur le disque de 
liége, six sur sa face libre, en regard du carton, quatre sur la face 
opposée. Le 16, deux racines croissent, l'une dirigée vers le fond de la 
cloche, l'autre vers son ouverture, les huit autres sont envahies par le 
Bacillus Amylobacter et je suis obligé, le 20, d'enlever le tout et de 
nettoyer les cloches et le liége à l'alcool. 


2* expérience. — Le 22, je fixe cinq Féves. Le 23, une d'elles croit 
suivant le prolongement du rayon, une autre se dirige vers le disque de 
carton, les trois autres se sont infléchies vers le fond de la cloche. 
L'expérience est continuée les 24, 25, 26 et 27, jour où une photographie 
est prise; on y observe que les racines primaires poussent dans toutes 
les directions et qu'il en est de méme des racines secondaires jeunes. 

Aprés avoir photographié le disque de liége, je l'ai fixé de nouveau 
sur l'arbre du clinostat aprés avoir coupé une partie des racines pri- 


acts id 


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LETELLIER. — ACTION DE L'ÉLECTRICITÉ SUR LES RACINES. 23 


maires, afin de hâter le développement des racines secondaires. Le 29, 
jai de nouveau pris une photographie du disque de liége : les racines 
sont trés développées et dirigées dans tous les sens. 


CONCLUSIONS. 


Gráce au dispositif adopté et pour les raisons qui ont été précé- 
demment données à propos des expériences de 1897, il résulte 
que l'action de la pesanteur, de l'humidité, de la chaleur, de la 
lumière, de l'électricité atmosphérique sont annulées, que seule 
une action directrice de l'électricité statique du plateau dezinc, en 
regard duquel les racines ont poussé, peut étre admise. Dans ces 
conditions, on est en droit de conclure que : 

1° L’électricilé statique positive exerce une action directrice sur 
les racines primaire et secondaires de la Féve et qu'elle en déter- 
mine la courbure, de facon à les diriger dans le sens opposé à 
celui où se trouve le plateau électrisé ; 

2° [électricité statique négative exerce une action. directrice 
moins énergique. Presque nulle sur les racines primaires, plus 
facile à constater pour les racines secondaires, cette action se 
traduit encore par une courbure en arrière qui éloigne les racines 
du plateau négatif. 

Ces résultats, pour les naturalistes qui sont partisans de l’intro- 
duction de mots nouveaux, lesquels trop souvent servent à mas- 
quer notre ignorance des causes des choses et à satisfaire les esprits 
plus paresseux que curieux, pourraient être résumés en disant : 

La racine primaire et les racines secondaires de la Fève sont 
douées d'un étectropisme négatif, énergique pour l'électricité sta- 
lique positive, faible pour l'électricité statique mégative. 


SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1899. 
PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. Buchet, vice-secrétaire, donne lecture du procès-ver- 
bal de la séance du 27 janvier, dont la rédaction est adoptée. 

M. le Président annonce à la Société qu’elle a perdu un de 
ses membres à vie, M. Henri Caron, décédé à Bulles (Oise), 
le 17 janvier dernier, dans sa soixante-douzième année. 
Ce regretté confrère, entré dans notre Compagnie à l’époque 
de sa fondation, était un des quinze survivants (1) de la pre- 
mière liste de sociétaires, publiée le 15 juin 1854. Henri 
Caron laisse à tous ceux qui l’ont connu le souvenir d’un 
homme de bien. 


M. le Président annonce une nouvelle présentation et pro- 
clame membre de la Société : 


M. vo DEGEx (Arpad), docteur en médecine, botaniste di- 
recteur de la station royale du contróle des semen- 
ces, Bajzagasse, 30, I st., à Budapest (Autriche- 
Hongrie); présenté par MM. Burnat et Briquet. 


M. Hua, secrétaire, donne lecture d'une communication 
de M. Gandoger, intitulée : Plantes nouvelles pour les iles 
Acores (2). 


(1) Les quatorze autres survivants au 1* janvier 1899 étaient MM. Am- 
blard, Avice, Beautemps-Beaupré, Ed. Bornet, Boudier, Bureau, A. Chatin, 
Clos, Comar, Guillon, Maillard, Marés, Maugeret, Prillieux. 

(2) Conformément au désir de l'auteur, parti pour un long voyage à l'étran- 
ger, l'impression de cet article a été ajournée. 


SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. Guérin, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de 
la séance du 10 février, dont la rédaction est adoptée. 

M. le Président a le regret d'informer la Société qu'elle a 
encore perdu un de ses membres les plus anciens, M. Charles 
Beautemps-Beaupré, ancien vice-président du tribunal de 
la Seine et dont le nom figure sur la liste de sociétaires pu- 
bliée en 1854; il était alors substitut du procureur impérial 
à Cherbourg. Sa collaboration au Bulletin de la Société se 
borne à un article, d'ailleurs fort intéressant, sur la végéta- 
tion des iles Chausey (1) (Manche). La Société n'a pas recu 
de lettre de faire part de la famille, mais la mort de ce dis- 
tingué confrère a été annoncée dans les journaux. 


M. le Président proclame membre de la Société : 


M. ViLLAnD (Th.), vice-président de la Société nationale 
d'Horticulture de France, boulevard Malesherbes, 
138, à Paris, présenté dans la derniére séance par 
MM. Max. Cornu et D. Bois. 


M. Gomont fait à la Société la communication suivante : 
SUR QUELQUES OSCILLARIÉES NOUVELLES; par M. Maurice GOMONT. 


Depuis la publication de ma Monographie des Oscillariées, 
en 1892, maintes plantes appartenant à ce groupe ont passé sous 
mes yeux. Quelques-unes provenaient de mes propres récoltes, 
mais la plupart m'étaient envoyées pour étre déterminées. Plu- 
sieurs des espèces soumises à mon examen m'ont paru nouvelles; 
elles ont été décrites, soit par les auteurs qui me les avaient 
adressées, soit par moi-méme, et ont pu trouver place dans les 


‘cadres déjà existants sans qu'il fût nécessaire de les modifier. 


Il en est de même des espèces que je vais décrire et qui, pour la 
plupart, sont de petite dimension, car les grandes formes, à peu 
d'exceptions prés, semblent maintenant connues. On verra dans 
cette Note qu'on peut explorer avec fruit la croüte végétale qui 


(1) Voy. le Bulletin, t. XXI (1874), pp. 276 et 354. 


26 SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1899. 


revêt les rochers humides. Elle constitue une mine riche en formes 
minuscules, mais particulièrement pénible à explorer, non seule- 
ment à cause de la ténuité des espèces, mais encore, et surtout, 
par suite de leur mélange. Il est rare, en effet, de rencontrer une 
forme pure ou même absolument dominante sur une surface 
quelque peu étendue de ces agglomérations où vivent, péle-méle 
avec les Nostocacées les plus diverses, une quantité de petites 
Algues appartenant aux autres groupes. 

Ajoutons que l'emploi des plus forts grossissements est indis- 
pensable pour l'étude de ces plantes, dont les caractéres différen- 
tiels consistent surtout dans la longueur des articles et dans 
l'aspect toruleux ou réguliérement cylindrique du trichome. Le 
diamétre de celui-ci varie peu, en effet, dans les espéces en ques- 
tion et son extrémité est rarement caractéristique. 

La distinction des genres chez les Oscillariées repose, comme 
on sait, sur la présence ou l'absence de la gaine et sur la forme 
que la consistance de celle-ci imprime à l'ensemble de la plante. 
Comme ces caractères ne s'affirment qu'avec l’âge, il serait néces- 
saire d'avoir à sa disposition des échantillons récoltés à diverses 
époques de l'année. Lorsqu'il s'agit de mélanges aussi complexes, 
c'est une condition presque irréalisable par les seules ressources de 
l'herborisation et sans cultures instituées à cette fin. Il en résulte 
que bon nombre des spécimens soumis à mon examen m'ont paru 
impossibles à déterminer rigoureusement. J'ai exclu d'une ma- 
niére absolue tous ceux qui se trouvaient dans ce cas, me gardant 
de tomber dans le tort trop commun de créer des espéces nou- 
velles sur des matériaux insuffisants. Comme, en outre, dans la 
description de plantes aussi simples et aussi voisines, il me parait 
indispensable de donner l'image de l'objet avec sa représentation 
verbale, de nombreuses figures dessinées pour la plupart à de forts 
grossissements ont été jointes à cette Note. 

L'ordre suivi dans le groupement des espéces est celui de la 
Monographie. Je dirai au cours de ce travail pourquoi je n'ai 
pas cru devoir adopter les modifications qu'on a proposé d'y 
apporter. 


GOMONT. — SUR QUELQUES OSCILLARIÉES NOUVELLES. 27 


SCHIZOTHRIX SEPTENTRIONALIS 


Pl. I, fig. 1-4. 


Fila flexuosa, in fasciculos erectos (?) arcte coalita, a basi sim- 
plici apicem versus laciniato-Cramosa, ramis adpressis. Vaginæ 
aureo-fuscæ, firm: et lamellosæ, rarius subdiffluentes, chlorozin- 
cico-iodurato cærulescentes. Trichomata dilute æruginea, tenuis- 
sima, recta, subrigida, ad dissepimenta eximie constricta, brevi- 
articulata, 1-24 crassa; articuli diametro trichomatis duplo ad 
triplo breviores; cellula apicalis rotundata (v. s.). 


Hab. crustas gelatinosas variis Algis Chroococcaceis Nostoca- 
ceisve formatas et rupibus maritimis adhaerentes per Norvegiam 
arcticam usque ad promontorium septentrionale (Foslie!). 


J'ai reneontré cette plante dans des échantillons formés de raclures 
de rochers étalés sur des lamelles de mica. Elle y était d'ailleurs peu 
abondante et, par suite du mode de préparation, on ne pouvait pas juger 
facilement de la position primitive des filaments. Ils formaient proba- 
blement des gazons dressés, d'aprés quelques coupes minces obtenues 
dans les parties les moins endommagées. Les Schizothrix vaginata et 
fragilis sont les seuls qui se rapprochent de cette espéce au point de 
vue des dimensions, de la briéveté des articles et des conditions d'exis- 
tence. Mais les trichomes du S. vaginata, d'ailleurs un peu plus gros, 
ne sont pas toruleux, et, quant au S. fragilis, il habite l'eau douce. Ni 
l'un ni l'autre n'ont les gaines colorées. 

Ce dernier caractère place le S. septentrionalis dans la section Chro- 
mosiphon ; son faible diamétre le rapproche des S. fuscescens, Heufleri 
et Braunii. 


SCHIZOTHRIX MuELLERI Nægeli forma LYNGBYOIDEA 


Pl. I, fig. 5. 


Le Schizothrix Muelleri présente habituellement d'une manière trés 
nette les caractères distinctifs de la tribu des Vaginariées. Son thalle est 
rameux et ses gaines renferment plusieurs trichomes dans toutes les 
parties bien développées. Parfois cependant la pluralité des trichomes 
devient l'exception et j'ai méme cité dans la Monographie des Oscilla- 


28 SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1899. 


riées (1) un échantillon dont tous les filaments ne renfermaient qu'un 
seul trichome, comme ceux d’un Lyngbya. Toutefois, comme ce tri- 
chome ne différait en aucun point de celui du Schizothrix Muelleri, 
que les gaines se contractaient en pointe aprés la sortie de l'hormogonie, 
ce qui n'a jamais lieu chez les vrais Lyngbya, on ne pouvait douter que 
la plante en question ne fût une forme simple du S. Muelleri. Je l'ai dési- 
gnée dans la Monographie sous le nom de lyngbyoidea. La même 
plante m'ayant été envoyée de nouveau sous le nom de Lyngbya, j'ai 
cru utile d'en donner une figure, afin de mettre en garde à l'avenir contre 
une semblable erreur. 

Ce fait qu'une plante dont la place parmi les Vaginariées n'a jamais 
été mise en doute peut revétir exceptionnellement les apparences d'un 
Lyngbya, en conservant toutefois dans ses gaines les traces de sa véri- 
table origine, me semble étre un argument décisif contre le rétablisse- 
ment du genre Hypheothrix, avec la définition et à la place que lui a 
données récemment M. Kirchner (2). 

Le genre Hypheothrix de Kützing et des auteurs subséquents com- 
prend un grand nombre de formes qui n'ont guère pour caractère 
commun que leur extréme ténuité. L'examen des spécimens authen- 
tiques a démontré aux auteurs de la Revision des Hétérocystées, 
comme à moi-méme, que ces espéces devaient étre réparties dans dif- 
férents genres. Quelques-unes m'ont paru devoir prendre place parmi 
les Schizothrix et ont été réunies dans une méme section. 

M. Kirchner n'a pas adopté cette opinion. Son genre Hypheothrix 
figure parmi les Lyngbyées, prés du genre Lyngbya, avec le chiffre con- 
sidérable de quarante espéces, dont quatre seulement sont nommées ; 
ce sont précisément celles que je considère comme des Schizothrix. 
Même dans celles-ci, dit l’auteur, la pluralité des trichomes dans une 
méme gaine n'est qu'un fait exceptionnel; chez beaucoup d'autres 
espèces elle n'est pas démontrée. Il est regrettable que M. Kirchner ne 
cite aucune de ces dernières (3). 

Ce caractère exceptionnel, ou méme contestable suivant l'auteur, est 
cependant le seul qui différencie les Hypheothrix des Lyngbya, si Von 
en juge par la diagnose des Pflanzenfamilien. On ne peut, en effet, 


(1) In Ann. des sc. nat., VIIe série, BoT., t. XV, p. 322, 1892. 

(2) In Engler und Prantl, Die natürlichen Pflanzenfamilien, I Teil, I Ab- 
teil., a; Schizophyceæ, p. 67, 1898. 

(3) A ce propos je ferai remarquer que la figure 52 M des Pflanzenfami- 
lien (I. Teil, I. Abteilung, Schizophyceæ, p. 65), représentant suivant lau- 
teur l’Hypheothrix lateritia Kützing, m'est attribuée à tort. Elle a toutes 
les apparences d'un Lyngbya; au contraire celle que j'ai donnée dans la 
Monographie des Oscillariées (1"° partie, pl. 3, fig. 4), d’après un échantillon 
authentique de Kützing, est une Vaginariée parfaitement caractérisée. 


GOMONT. — SUR QUELQUES OSCILLARIÉES NOUVELLES. — — 29 


admettre, comme caractères génériques, ni le faible diamètre du tri- 
chome, ni la réunion des filaments en pellicule feutrée, l'un et l'autre se 
rencontrant chez les Lyngbya. Les Hypheothrix se distingueraient en 
conséquence des Lyngbya uniquement parce qu'ils présentent quelque- 
fois le caractère des Vaginariées et, d'autre part, ils seraient exclus des 
Vaginariées parce qu'ils ne le présentent pas toujours. Ce dernier fait n'a 
d'ailleurs rien de surprenant, puisque, nous l'avons vu plus haut, les 
Schizothrix les mieux caractérisés peuvent revêtir en certaines cir- 
constances l'apparence d'un Lyngbya. La définition du genre Hypheo- 
thrir Kirchner repose donc tout entière sur le degré de fréquence d'un 
caractère, degré dont l'appréciation est entièrement arbitraire. 

A mes yeux, le fait qu'une plante donnée appartient à la tribu des 
Vaginariées repose sur la coexistence de plusieurs trichomes dans une 
méme gaine, quelle qu'en soit la fréquence. La probabilité de cette 
coexistence est d'ailleurs révélée à l'observateur par les caractéres par- 
ticuliers que présente la gaine, quand elle n'est pas gélifiée. J'ai déjà 
altiré l'attention sur l'élasticité de celle-ci dans beaucoup de Vagina- 
riées. Elle se traduit par la contraction de l'enveloppe devenue vide et 
donne vraisemblablement à celle-ci la faculté de se dilater sans se 
rompre lorsque les trichomes viennent à s'y agglomérer. 

Le róle important que joue l'enveloppe protectrice dans la distinction 
des genres chez les Oscillariées se trouve signalée dans divers passages 
de la Monographie et la lecture seule de la partie svstématique du tra- 
vail suffirait d'ailleurs pour le mettre en évidence. Je crois cependant 
utile d'insister à nouveau sur ce fait. 

L'organe essentiel des fonctions vitales, le trichome, est, comme on 
le sait, d'une trés grande simplicité chez ces plantes et ne fournit, par 
suite, qu'un nombre limité de caractères; au contraire, l'organe de pro- 
tection, la gaine, subit dans sa forme, sa consistance et sa coloration, 
des modifications importantes, en rapport avec le milieu et les condi- 
tions extérieures. Ne pas en tenir comple ménerait à réunir toutes les 
espèces dans un ou deux genres qui n'auraient méme pasle mérite d’être 
naturels, car nous vovons des trichomes à peu prés identiques chez des 
plantes évidemment trés différentes. 

Les caractères distinctifs des deux premières grandes divisions des 
Homocystées sont fournis en réalité par les propriétés physiques de la 
gaine, puisque celles-ci lui permettent dans certains cas, nous l'avons 
vu plus haut, de contenir sans se rompre une aggloméralion de tri- 
chomes. Dans la tribu des Lyngbyées, un caractère tiré du trichome, son 
cloisonnement ou sa continuité, intervient, il est vrai, dans le premier 
groupementdes genres; cependant ces genres eux-mémes, tant chez les 
Lyngbyées que chez les Vaginariées, sont presque exclusivement basés 


30 SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1899. 


sur la présence ou l’absence de l’enveloppe protectrice, sur sa consis- 
tance et sur la structure qui en résulte pour l’ensemble de la plante. 

C'est seulement lorsqu'on arrive à la définition des espèces que les 
caractères tirés du trichome prennent une importance prépondérante. 
On peut donc dire d'une maniére générale que, chez les Homocystées, 
le trichome fournit les caractéres spécifiques, et la gaine, ceux de tous 
les groupes supérieurs à l'espéce. 


PLECTONEMA CALOTHRICHOIDES 


Pl. I, fig. 6-10. 


Crustas variis Algis Myxophyceis formatas incolens. Fila vix 
elongata, in glomerulos densos intricata, pressione radiantia, 
valde tortuosa. Homoeothricis modo utrinque attenuata et quasi 
pilifera, haud infrequenter pseudo-ramosa, pseudo-ramis gemi- 
natis, patentibus, sepius parallelis. Vaginæ in media parte filorum 
crasse et aureo-fuscæ, extremitates versus sensim ac sensim 
attenuatæ et decoloratæ. Trichomata dilute æruginea, torulosa, 
submoniliformia, 2-2,5 y. crassa, brevi-articulata ; articuli diame- 
iro ad triplo breviores; cellula apicalis rotundata (v. s.). 


Hab. rupes maritimas Americæ fœderatæ ad Nahant ditionis 
Massachusetts (Collins !). 


Le Plectonema calothrichoides se distingue facilement de ses congé- 
néres par la forme effilée de ses filaments, qui semblent se terminer en 
poil. Cette fausse apparence provient de ce que les gaines, trés épaisses 
au milieu, s'atténuent réguliérement en pointe jusqu'à l'extrémité qui 
n'a plus quele diamétre du trichome. Signalons encore l'aspect bizarre 
des faisceaux de filaments qui rayonnent d'un centre commun et, sous la 
pression du couvre-objet, présentent l'aspect des foudres mythologiques. 

On me permettra de présenter, à propos de cette nouvelle espéce, 
quelques réflexions sur la place que. doit occuper le genre Plectonema 
et sur sa valeur. J'examinerai d'abord une question plus générale: l'im- 
portance, au point de vue de la classification, des cellules différenciées 
désignées sous le nom d'hétérocystes. 

M. Richter (1) est le premier, croyons-nous, qui ait nié l'importance 
des hétérocystes et proposé de revenir à la division établie par Thuret 
dans son Essai de classification des Nostochinées (2), laquelle est 


(1) Beiträge zur Phykologia, in Hedwigia, Band XXXV, p. 274, 1896. 
(2) In Ann. des sc. nat., Vie série, BoT., t. 1, pp. 377, 381, 1885. 


sii dcc cci 


31 


basée, comme on sait, sur la présence ou l'absence d'un poil à l'extré- 
mité du trichome. L'argumentation de M. Richter repose principale- 
ment sur l'identité qu'il croit exister entre trois plantes publiées par lui 
dans le Phykotheka universalis sous les numéros 745 A, B et C. Ce 
sont, affirme-t-il, trois formes d'une méme espéce, l'Aphanizomenon 
Flos-aque Bory, la première sans hétérocystes ni spores, la seconde 
sans spores, mais avec des hétérocystes, la troisiéme avec des spores et 
des hétérocystes. Comme, d'autre part, le n° 745 A n'est autre chose, 
suivant l'auteur, que la plante décrite par moi sous le nom d'Oscillato- 
ria Agardhii, ce qui est exact, il en résulte que cette dernière espèce 
doit disparaitre. 

L'étude attentive de ces trois échantillons m'a donné les résultats 
suivants, que je présente sous forme de tableau, afin de les rendre plus 
facilement comparables : 


GOMONT. — SUR QUELQUES OSCILLARIÉES NOUVELLES. 


N° 745 C. 


Aphanizomenon Flos- 
agua, avec spores et hé- 
térocystes suivant M.Rich- 
ter. 

Trichomes réunis en 


N° 745 B. 


Aphanizomenon Flos- 
aquæ, sans spores, mais 
avec hétérocystes, suivant 
M. Richter. 

Trichomes en masse 


N° 745 A. 


Aphanizomenon Flos- 
aquæ, sans spores ni hété- 
rocystes suivant M. Rich- 
ter. 

Trichomes en masse 


amorphe, épais de 4-5u, 
non resserrés aux cloi- 
sons. Articles carrés ou 


amorphe, épais de 2-3 p, 
fortement resserrés au ni- 
veau des cloisons. Articles 


squamules, épais de 54, 
un peu resserrés au ni- 
veau des cloisons. Arti- 
cles inégaux, plus longs 


plus longs que larges. 
Extrémité dépourvue de 
coiffe. 


plus courts. Extrémité 
complétement développée 
munie d'une coiffe (1). 


que larges. Extrémité un 
peu atténuée, dépourvue 
de coiffe. 

Hétérocystes épais de 
5,5 p, allongés, cylindri- 
ques. 


Hétérocystes épais de 
3u, ovales, souvent très 
courts. 


Ni spores ni hétéro-| J'ai observé une spore| Spores nombreuses, 
cystes. mûre, épaisse de 4 p, lon-lépaisses de 6-8 x, longues 
gue de 28 y. de 60-70 y. 


(4) M. Richter (loc. cit., p. 273) dit n'avoir pas constaté la présence d'une 
coiffe dans les échantillons authentiques d'Oscillatoria Agardhii qu'il a exa- 
minés. D'une manière générale, il nie que ces formations soient aussi ré- 
pandues que je l'ai prétendu et aussi visibles que je l'ai figuré. J'aurais méme 
commis une erreur d'observation due à ce que la derniere cellule du trichome 
est souvent peu riche en contenu, ou bien à ce que le contenu est en retrait 
sur la membrane, ce qui rend le contour de celle-ci plus apparent. | 

Cette objection ne me paraît pas avoir la valeur que son auteur lui attribue, 
attendu que le meilleur moyen de mettre la coiffe en évidence est, comme je 
l'ai dit (in Bull. Soc. bot. de France, t. XXXV, p. 218), de faire disparaitre 
le contenu de toutes les cellules à l'aide d'un  dissolvant du protoplasme. 
D'ailleurs, la présence d'une coiffe ne se révèle pas seulement parce qu'en ce 


32 SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1899. 


Dans les trois échantillons, l'aspect du protoplasme est très sensible- 
ment le même. Il est, dans presque tous les filaments, rempli de grains 
ou de bâtonnets réfringents considérés avec vraisemblance par M. Kle- 
bahn comme des vacuoles remplies de gaz (1). 

Pour conclure à l'identité de ces trois plantes, M. Richter, on le voit, 
est obligé de ne tenir aucun compte de plusieurs caractéres importants : 
mode d'agglomération des filaments, diamètre du trichome, forme et 
dimension des hétérocystes et des spores. Le fait que ces différences 
sont sans valeur spécifique aurait besoin d'étre prouvé, non par une 
simple affirmation, mais en suivant l'évolution d'au moins une des 
trois formes dans une culture pure, ce qui n'a pas été fait. Jusqu'à ce 
que cette preuve soit fournie, on est en droit de considérer les échantil- 
lons 745 A, B et C du Phykotheka universalis comme trois espéces 
différentes. La première est l'Oscillatoria Agardhii Nob., qui doit 
conserver son nom; la seconde me parait une forme de l'Anabena 
inæqualis Bornet-Fiahault ; la troisième enfin est certainement l'Apha- 
nizomenon Flos-aquæ Ralfs, Bornet-Flahault, d’après des échantillons 
qui m'ont été donnés par M. Bornet. Ces trois espèces n'ont de commun 
qu'une ressemblance superficielle due à l'aspect protoplasmique, aspect 
qui se rencontre chez d'autres Algues trés différentes, Rivulaires flot- 
tantes, Nostocs, etc. 

M. Richter prétend tirer une autre objection à la valeur des hétéro- 
cystes de l'absence de ces organes dans certains Tolypothriæ et Scyto- 
nema. ls manqueraient notamment chez le Scytonema crispum Bornet 
(S. cincinnatum Thuret). Le fait n'est pas admis par les auteurs de 
la Revision et, pour mon compte, je l'attribuerais volontiers comme 
eux à des erreurs de détermination; mais, füt-il vrai, on ne peut nier 
l'importance d'un caractère par cette raison qu'il manque exceptionnel- 
lement chez certains individus appartenant à des espéces qui le pré- 
sentent dans la grande majorité des cas. 


point la membrane est plus épaisse que celle des autres cloisons transversales, 
mais encore parce que, en raison de cette épaisseur méme, elle fait saillie 
extérieurement sur la paroi longitudinale, ainsi que je l'ai d'ailleurs maintes 
fois figuré. 

L'existence de l'organe en question n'est pas non plus un fait exceptionnel, 
ainsi que le prétend mon contradicteur. Il aurait pu s'en convaincre lui- 
méme s'il eüt pris la peine de placer dans une goutte d'eau, avee les précau- 
tions nécessaires, un fragment de Microcoleus vaginatus, de Phormidium 
subfuscum, autumnale, favosum, etc., pris sur une plante vivante. Ces pré- 
parations, examinées à un grossissement suffisant, lui auraient fait voir que la 
coiffe était loin d'être rare chez les filaments intacts et complets qui s'allon- 
gent dans le liquide. 

(1) H. Klebahn, Gasvacuolen, ein Bestandtheil der Zellen der Wasser- 
blüthebildenden Phycochromaceen, in Flora band 80, p. 241. Taf. IV, 1895. 


ti 


GOMONT. — SUR QUELQUES OSCILLARIÉES NOUVELLES. 33 


M. Kirchner, dans l'importante publication des Pflanzenfamilien (1), 
s'écarte à peine de mon travail pour tout ce qui concerne les Oscillariées. 
et j'ai été heureux de me trouver d'accord avec un auteur dont les 
ouvrages sur les Algues sont justement estimés. Je ne puis, en revanche, 
partager son opinion sur le groupement général des Nostocacées, pour 
lequel il adopte, comme le proposait M. Richter, les divisions établies par 
Thuret. M. Kirchner reproche à la division des Hormogonées en Hété- 
rocystées et en Homocystées d'amener des rapprochements artificiels 
entre des genres pourvus d'hétérocystes et d'autres qui en sont dépour- 
vus, tels que les genres Leptochete, Amphithrix et certains Calothrix. 
En conséquence, il partage les Hormogonées en Psilonemateæ renfer- 
mant les plantes dépourvues de poils, Oscillariées, Nostocées, Scytoné- 
mées, Stigonémées, et en Trichophoreæ, ou plantes pilifères, renfermant 
les Rivulariées et la nouvelle famille des Camptotrichées, où la pré- 
sence de véritables poils ne semble cependant pas démontrée. 

Le reproche que fait M. Kirchner à l'ordre adopté dans la Revision 
des Hétérocystées a pour origine, comme nous allons le voir, la lecture 
incomplète d'un texte et l'interprétation erronée d'un mot. 

Nous lisons, en effet, dans l'ouvrage en question (2) : « Les Nostoca- 
cées comprennent deux groupes... Dans le premier, toutes les cellules 
sont de méme valeur et susceptibles de se diviser indéfiniment; dans le 
second, certaines cellules se différencient en poil ou en hétérocyste. » 
La méme phrase est répétée textuellement dans le tableau synoptique. 
Bien qu'elle soit incompléte, en ce qu'elle ne fait pas allusion à la 
couche basilaire hétéromorphe des Leptochete et des Amphithrix, elle 
n'en renferme pas moins clairement cette notion que le caractère essen- 
tiel des Hétérocystées réside dans la présence de cellules différenciées, 
quelle qu'en soit la nature. On doit reconnaitre toutefois que l'emploi 
du méme mot dans le sens étendu et dans le sens restreint peut étre 
matière à confusion. Je proposerai donc de substituer au mot Hétéro- 
cystées le mot Anhomocystées, qui ne peut donner lieu à aucune équi- 
voque. 

On aurait d'ailleurs avantage à rendre le groupe des Anhomocystées 
entièrement homogène, en lui enlevant le genre Isocystis, que les 
auteurs de la Revision y avaient joint en appendice et en le rapprochant 
des Phormidium. D’après un échantillon authentique, que j'ai été à 
méme d'examiner, l'espèce type du genre, l7. messanensis, offre, en 
effet, des liens étroits de parenté avec les Phormidium de la section 
moniliforme. La présence de spores dans les 1socystis ne me semble pas 


(1) I. Teil, I. Abteilung, a, p. 61. 
(2) In Ann. des sc. nat., VIIe série, BoT., t. III, p. 325, 1886. 
T. XLV). (SÉANCES) 3 


34 SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1899. 


s'opposer à ce rapprochement, attendu qu'elle n’est aucunement incom- 
patible avec les caractères des Homocystées. 

Quel doit être maintenant le sort du genre Plectonema, premier motif 
de cette digression? Thuret, qui l'a créé, l'avait mis dans les Lyngbyées. 
M. Hansgirg et, tout récemment, M. Kirchner (1), attachant plus d'im- 
portance à la présence des ramifications qu'à l'absence des hétérocystes, 
l'ont placé auprès des Scytonema; M. Richter, enfin, a proposé de le 
supprimer, sous prétexte que certains Tolypothrix et Scytonema se 
présentent également sans hétérocystes, ce qui n'est d'ailleurs nulle- 
ment démontré. 

Reconnaissons d'abord que, dans un groupe aussi homogéne que celui 
des Nostocacées, les rapports des différents genres sont souvent d'une 
appréciation assez délicate. Il existe d'ailleurs des formes intermé- 
diaires qui semblent pouvoir étre attribuées indifféremment à l'un ou à 
l'autre des principaux groupes. Le Plectonema est du nombre. S'il ale 
port et la ramification d'un Scytonema, son trichome présente la régu- 
larité d'articulation d'un Lyngbya. Mais, comme en le placant dans les 
Anhomocystées on ferait disparaitre l'homogénéité du groupe, il est 
préférable de le laisser dans les Homocystées, en le considérant comme 
un genre de transition entre les Lyngbya, dont il se rapproche par ses 
formes les plus simples, telles que le Plectonema Wollei, et les Scyto- 
nema, auxquels il se relie par ses formes les mieux caractérisées. 


PLECTONEMA NORVEGICUM 


Stratum crustaceum fuscum vel fusco-viride, siccitate subdu- 
rum, sine contritione haud dissolvendum. Fila vix elongata, 
tortuosa, abundanter pseudo-ramosa, pseudo-ramis plerumque 
geminatis, patentibus, brevibus, filo primario æquicrassis. Vaginæ 
haud attenuatæ, initio leves, hyalinæ, demum crasso, erosæ, luteo- 
fusce, chlorozincico iodurato haud cærulescentes. Trichomata 
dilute :ruginea, torulosa, submoniliformia, 1,5-24 crassa, brevi- 
articulata, articulis diametro ad duplo brevioribus; cellula api- 
calis rotundata (v. s.). 


Hab. rupes maritimas Norvegiæ arcticæ, usque ad promonto- 
rium septentrionale (Foslie!), necnon Anglie orientalis et meri- 
dionalis (Datters!). 


(1) In. Engler und Prantl, Die natürlichen Pflanzenfamilien, 1. Teil, 
I. Abteil., a, p. 49. 


pales. 


lalis Acc ps M iuo 


se ei os iles ain -5+ aile 


GOMONT. — SUR QUELQUES OSCILLARIÉES NOUVELLES. 39 


Le Plectonema norvegicum et le Plectonema calothrichoides habitent 
tous deux les enduits gélatineux formés par les Algues inférieures sur 
les rochers maritimes ; tous’ deux diffèrent des formes de dimensions ana- 
logues déjà décrites par leurs gaines colorées et leurs articles courts. 
Les deux formes sont incontestablement très voisines, cependant l’aspect 
différent de leurs gaines me paraît une raison suffisante pour les dis- 
tinguer spécifiquement. 


PLECTONEMA GOLENKINIANUM 


Pl. I, fig. 14. 


Roseum vel rubro-fuscum, stratum expansum in rupibus ma- 
rinis formans, aut in Algis majoribus insidens. Fila intricata, 
elongata, flexuosa, abundanter, etiam repetite pseudo-ramosa ; 
pseudo-rami geminati, patentes, elongati, filo primario tenuiores, 
subflagelliformes. Vaginæ hyalinæ, crassiusculæ, chlorozincico 
iodurato vix cærulescentes. Trichomata roseola, brevi-articulata, 
torulosa, 1,2-2 y. crassa ; articuli diametro usque ad triplo breviores. . 
Protoplasma homogeneum ; cellula apicalis rotundata (v. s.). 


Hab., Algis Florideis affixum, aquaria Laboratorii neapolitani 
(Golenkin!), necnon speluncas maritimas insule Eagle in ditione 
Maine Americae borealis (Collins !). 


D'aprés M. Golenkin, qui a récolté l'échantillon type de cette plante, 
sa couleur, à l'état frais, était celle d'un Callithamnion. Quand elle 
m'est parvenue, elle était décolorée, aussi bien, du reste, que les Algues 
auxquelles elle adhérait. Ses filaments étaient bien développés et pour- 
vus de nombreuses ramifications. 

Je crois pouvoir rapporter à la même espèce une Oscillariée récoltée 
par M. Collins sur les parois verticales d'une grolte sous-marine à' 
Eagle-Island. La couleur des deux plantes est comparable, le diamétre 
de leur trichome identique, ainsi que la longueur des articles. Cepen- 
dant les gaines de la plante américaine sont beaucoup moins fermes et, 
par suite, ses filaments plus fragiles. Ses rameaux sont aussi plus courts 
et moins nombreux. Il est probable que ces différences tiennent à l'âge 
de la plante ou bien à sa croissance dans un lieu plus ou moing obscur. 

J'ai décrit dans la Monographie des Oscillariées (1), sous le nom de 


(1) In Ann. des sc. nat., VIIe série, Bor., t. XVI, p. 101, pl. I, fig. 7 et 8, 
1892. 


36 SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1899. 

Plectonema purpureum, une espèce qui s'écarte peu de celle-ci par les | 
caractéres de son trichome et dont la couleur est analogue. Toutefois 
des stations tout à fail dissemblables et quelques différences dans le dia- 
mètre du trichome rendent impossible la réunion des deux formes dans : 
une méme espéce. 


PLECTONEMA BATTERSII 


Stratum nigro vel fusco-viride. Fila elongata, tlexuosa, abun- - 
danter, etiam repetite pseudo-ramosa; pseudo-rami vulgo gemi- - 
nati, elongati, filo primario tenuiores. Vaginæ hyalinæ, in filo 
primario crassiuscule, chlorozincico iodurato haud cærules- : 
centes. Trichomata dilute æruginea, brevi-articulata, torulosa, | 
2-3,5 y crassa, apice subattenuata; articuli diametro usque ad 
quadruplo breviores; protoplasma homogeneum ; cellula apicalis i 
rotundata (v. s.). 

Hab., sæpius Algis variis Myxophyceis permixtum, rupes mari- 
timas Norvegiæ in Bergfjord (Foslie!) et apud Lillesand (Schü- - 
beler!), etiam Anglie septentrionalis apud Berwick-on-Tweed : 
(Batters !). 


Le Plectonema Battersii différe tellement par sa couleur du Plecto- - 
nema Golenkinianum, que je n'ai pas cru devoir réunir les deux espèces, - 
malgré leur trés grande ressemblance à tous les autres points de vue. : 


-. PLECTONEMA BORYANUM 


PI. I, fig. 12. 


Fila elongata, gracilia, varie curvata et arcte intricata, abun- : 
danter pseudo-ramosa; pseudo-rami geminati, patentes, filo pri- 
mario tenuiores, subflagelliformes. Vaginæ hyalinæ, tenues, | 
chlorozincico iodurato non cærulescentes. Trichomata dilute | 
æruginea, vix colorata, moniliformia, 1,3-2 y crassa; articuli in | 
filis primariis quadrati vel breviores, in pseudo-ramis diametro 
paulo longiores; protoplasma homogeneum; cellula apicalis 
rotundata (v. s.). | 


Hab. aquam dulcem in aquario diu conservatam (Herb. 
Bory !). 


SPEARS 


kei 


GOMONT. — SUR QUELQUES OSCILLARIÉES NOUVELLES. 31 


D'aprés une note de Bory, dont l'herbier m'a fourni l'échantillon-type 
de cette espèce, la plante se serait développée dans un récipient rempli 
d'eau distillée. Comme on n'indique pas la provenance de cette eau 
dont la distillation avait été, à coup sür, fort imparfaite, le lieu d'origine 
de l’espèce reste indéterminé. En tout cas, cette forme est bien carac- 
térisée par l'aspect de son trichome, qui ressemble à celui d'un petit 
Nostoc, ainsi que le montre la figure. 

Les filaments allongés et gréles des Plectonema Golenkinianum, 
Battersii et Boryanum, aussi bien que leur faible diamétre, les rap- 
prochent du Plectonema Nostocorum. En revanche, ils en diffèrent 
absolument par leurs articles courts, à peine aussi longs que larges dans 
l'espéce que je viens de décrire, et plus courts encore dans les deux 
autres. 


_Paormipium EcTocarpi 


PI. I, fig. 13. 


Stratum tenue, roseum. Fila fragilia, recta, arcte intricata vel 
paralleliter disposita; vaginæ sæpius indistinctæ, in mucum 
amorphum, chlorozincico iodurato cærulescentem diffluentes. 
Trichomata pallide roseola, moniliformia, apice raro et vix 
attenuata, 1,3-2 & crassa; articuli diametrum trichomatis fere 
æquantes aut vix superantes, 1,3-2,6 y longi. Protoplasma homo- 
geneum. Cellula apicalis rotundata, rarius paulum elongata, 
attenuata, calyptra carens (v. s.). 

Hab., Ectocarpos vel limum obducens, oras maritimas Anglie 
prope Plymouth (Batters !). 


Cette petite espéce habite l'eau salée, comme le Phormidium persi- 
cinum dont elle a la couleur. Les deux formes sont voisines, je crois 
cependant qu'on doit les distinguer; car, tandis que, chez le Phormi- 
dium persicinum, la longueur des articles peut atteindre quatre fois le 
diamètre du trichome, ceux de notre nouvelle espèce sont à peine plus 
longs que larges. 


PHORMIDIUM TRELEASEI 
Stratum olivaceum, expansum, lamellosum, stratis pluribus 


superpositis, papyraeeis compositum. Fila muco tenaci, chloro- 
zincico iodurato cærulescenti, agglutinata, parallela, tenuissima, 


38 SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1899. 


recta, rigida. Vaginæ tenuissimæ, hyalinæ. Trichomata dilute 
æruginea, apice recta, haud attenuata, ad genicula non constricta, 
0,6-0,8 u crassa, longissime articulata; articuli ad undecies 
diametro longiores; cellula apicalis rotundata; calyptra nulla 
(v. s.). 

Hab. fontes thermales Americæ fœderatæ in ditione Arkan- 
sas (Trelease !). 


Par la consistance et la structure lamelleuse des couches qu'il forme, 
aussi bien que par sa petite dimension, ce Phormidium est voisin des 
Phormidium tenue et laminosum, mais son diamétre est encore plus 
faible et ses articles sont relativement plus longs. C'est la forme la plus 
ténue que j'aie rencontrée jusqu'ici dans ce genre. 


PHORMIDIUM CEBENNENSE 


Pl. 1, fig. 14. 


Stratum tenue, valde expansum, pulchre aureo-fuscum. Fila 
llexuosa, intricata, aut subrecta, paralleliter disposita; vagina 
arcte, papyracee, demum in mucum diffluentes, chlorozincico 
iodurato haud cærulescentes. Trichomata dilute fusca, apice recta, 
haud attenuata, ad genicula non constricta, 2 u crassa; articuli 
diametro breviores 1-1,5 y longi; dissepimenta non granulata; 
cellula apicalis rotundata, calyptra carens (v. s.). 


Hab. lapides graniticas aqua fontis respersas in viculo Libones 
prope Juvinas (Ardèche)! 


Plante voisine du Phormidium valderianum, mais s'en distinguant 
par la brièvelé de ses articles et par sa couleur, qui, à ma connaissance, 
n'appartient à aucune autre espéce du méme genre. 


PHORMIDIUM SUBSALSUM 


Pl. I, fig. 15 et 16. 


Stratum atro-virens, clathratum (in unico specimine viso). Fila 
recta, flexilia, subparalleliter aggregata. Vaginæ in mucum amor- 
phum, chlorozincico iodurato haud cærulescentem diffluentes. 
Trichomata pallide æruginea, ad genicula non constricta, 4-0 p crassa, 


~ 


GOMONT. — SUR QUELQUES OSCILLARIÉES NOUVELLES. 39 


apice attenuato laxe spiralia vel uncinata, capitata; articuli dia- 
metro longiores, rarius quadrati, 6-7 y longi, dissepimenta gra- 
nulis protoplasmaticis vulgo notata; cellula apicalis (statu evoluto) 
calyptram depresso-conicam vel rotundatam præbens (v. s.). 


Hab. aquas subsalsas ad Alstahaug Norvegiæ (Foslie !). 


Cette plante est voisine du Phormidium uncinatum, mais elle s’en 
distingue suffisamment par sa station et par ses articles plus longs que 
larges. Certains de ses filaments, contournés en spirale à leur extrémité, 
rappellent ceux du Phormidium favosum, mais ils sont plus fortement 
et plus brièvement atténués à leur sommet. Leur coiffe bien caractérisée 
né permet pas de les confondre avec ceux de l'Oscillatoria terebrifor- 
mis Agardh, qu'ils rappellent assez à première vue. 


OSCILLATORIA LLOYDIANA 


Pl. 1, fig. 17. 


Stratum atro-viride. Trichomata obscure æruginea, flexuosa, 
ad genicula non constricta, 8-9 y crassa, apice curvata, breviter 
attenuata, acutissime acuminata et interdum quasi mucronata ; 
articuli diametro trichomatis ad triplo breviores 2,5-3 y longi. 
Dissepimenta granulis protoplasmaticis sæpe notata; cellula api- 
calis acuminata ; calyptra nulla (v. s.). 


Hab. salinas Armoricæ occidentalis in sinu Morbihan (Lloyd !). 


J.-J. Lloyd, qui m'a envoyé cette plante, lui avait donné le nom 
d Oscillaria subuliformis Thwaites, d'aprés la figure de Harvey. Küt- 
7in$ a décrit sous le même nom une plante différente; elle lui avait été 
communiquée par Thuret, dont l'herbier en renferme un spécimen 
authentique. Je l'ai décrite dans la Monographie sous le nom d'Oscilla- 
toria subuliformis Kützing (an Thwaites?). Je ne connais aucun échan- 
üllon authentique de l’espèce de Thwaites, et l'on ne peut tirer aucun 
renseignement précis de la figure ni de la description de Harvey, faute 
d'une indication queleonque de grossissement ou de mesure. Il me 
Semble donc préférable de réserver, jusqu'à nouvel ordre, le nom d'O. 
Subuliformis à la plante de Kützing, à laquelle il appartient d'une ma- 
mere certaine, et de dédier la plante armoricaine au botaniste qui a 


Publié la plus belle collection d'Algues marines françaises que nous 
possédions, 


40 SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1899. 


OSCILLATORIA GEMINATA Schwabe. 


Au moment où j'ai publié la Monographie des Oscillariées, je ne pos- 
sédais aucun renseignement au sujet de la plante que Schwabe a décrite 
sous le nom d'Oscillatoria geminata (1). J'avais donc admis comme 
représentant l'espéce, mais avec un point de doute, la plante qui est 
décrite sous le méme nom par Meneghini, dans le Conspectus Algolo- 
gie euganeæ (2), et dont l'herbier Thuret possède un spécimen authen- 
tique. Depuis, parmi divers échantillons appartenant au musée de Ham- 
bourg, lesquels m'avaient été communiqués pour étre déterminés, j'ai 
rencontré un échantillon de l'O. geminata, provenant de Schwabe lui- 
méme, et j'ai reconnu que la plante ne différait pas de l'O. amphibia 
Agardh. Comme le nom de Schwabe date seulement de 1837, tandis 
que celui d'Agardh a été publié dans l'Aufzáhlung en 1827, rien n'est à 
modifier dans la nomenclature existante. L'O. amphibia conservera son 
nom et l'on écrira seulement O. geminata Meneghini (non Schwabe). 


* 


Explication des figures de la planche I de ce volume. 


Fic. 1. — Schizothrix septentrionalis Nob. — Une touffe de filaments dres- 
sés (gross. 300 diam. ). 


Fic. 2. — Filament dressé isolé (gross. 580 diam.). 


Fic. 3. — Filament pris dans la partie basilaire rampante du thalle (gross. 
580 diam.). 


Fic. 4. — Trichome sortant à l'extrémité de la gaine (gross. 950 diam.). 


Fic. 5. — Schizothrix Muelleri Nägeli f. lyngbyoidea Nob. — Partie supé- 
rieure d'un filament (gross. 580 diam.). 


Fic. 6. — Plectonema calothrichoides Nob. — Une touffe de filaments légére- 
ment écartés par la pression du couvre-objet (gross. 300 diam.). 


Fic. 7 et 8. — Deux filaments ramifiés (gross. 580 diam.). 
Fic. 9 et 10. — Extrémités de deux trichomes (gross. 1300 diam.). 


Fic. 11. — Plectonema Golenkinianum Nob. — Filament ramifié (gross. 
800 diam.). 


lic. 12. — Plectonema Boryanum Nob. — Extrémité d'un filament (gross. 
1300 diam.). 


(1) In Linnea, XI, Heft I, p. 118, tab. I, fig. 7, 1837. 
(2) P. 9, 1837. 


AVICE. — SOLANUM DULCAMARA VAR. MARITIMA. 44 


Fic. 19. — Phormidium Ectocarpi Nob. — Trois trichomes isolés (gross. 
950 diam.). 


Fic. 14. — Phormidium cebennense Nob.— Groupe de trois filaments (gross. 


950 diam.). 

Fic. 15 et 16. — Phormidium subsalsum Nob. — Extrémités de deux tri- 
chomes (gross. 580 diam.). 

Fic. 17. — Oscillatoria Lloydiana Nob. — Extrémité d'un trichome (gross. 


980 diam.). 


M. Malinvaud rappelle que, dans une séance de juillet 
1896 (1), il donna lecture d'une Note de M. le D" Avice 
€ Sur une variété maritime du Solanum Dulcamara » ; cette 
variété se distinguait du type par ses tiges dressées, non sar- 
menteuses, ses feuilles trés épaisses, glabres et luisantes, 
enfin ses pétales d'un noir luisant à la base et dépourvus de 
taches nectarifères. Notre confrère de Paimpol, auquel cette 
curieuse forme avait été demandée pour la Société franco- 
helvétique, a répondu par la lettre suivante, où il indique les 
résultats d’une expérience de culture du plus grand intérêt : 


LETTRE DE M. le B AVICE A M. MALINVAUD. 


Paimpol, le 13 janvier 1899. 


Monsieur le Secrétaire général et cher Confrère, 


Je tàcherai de vous donner satisfaction au sujet du Solanum Dulca- 
mara v. maritima, en allant au Sillon Talbert vers le commencement 
de juin, époque de floraison de la plante. 
| Voici, au sujet de ce Solanum, quelques observations qui me semblent 
intéressantes et qui viennent confirmer votre opinion. Depuis sept ans, 
je cultive la plante dans mon jardin, loin de toute influence maritime ; 
les deux premières années, les caractères se maintiennent; la seconde 
année cependant, les rameaux s’allongent un peu, les fleurs restent tou- 
Jours privées de leurs taches nectarifères. L'année suivante, à mon grand 
étonnement, je vois apparaitre sur certains pétales un, quelquefois deux 
petits croissants plus ou moins minces D occupant la place des taches 
nectariféres de la plante terrestre ; la quatrième année, tous les pétales 
Présentaient les deux taches, en demi-cercle passant au cercle par fait 
D O; enun mot, toutes les phases de la Lune! A partir de la cinquième 


(1) Voy. le Bulletin, t. XLIII (1896), p. 415. 


42 SÉANCE LU 24 FÉVRIER 1899. 


année, les pétales avaient tous leurs deux taches circulaires visibles aux 
deux faces du pétale, comme dans le type. La plante a repris progressi- 
vement l'aspect sarmenteux; mais la glabréité des feuilles se maintient 
avec l’aspect luisant et vert foncé, leur épaisseur a diminué beaucoup. 

En résumé, c’est un retour accentué vers le type; celte variété n’est 
peut-être pas très ancienne, les sillons littoraux sur lesquels elle se 
développe appartiennent à la géologie contemporaine... 


M. Guérin, secrétaire, donne lecture de la communication 
suivante : 


SUR LA PRÉSENCE DU CUIVRE DANS LES PLANTES, ET LES 
QUANTITÉS QU'ELLES PEUVENT EN CONTENIR A L'ÉTAT PHYSIOLOGIQUE; 
par M. Édouard HECKEL. 


Parmi les nombreux métaux qui entrent dans la constitution 
des plantes, il en est un, le cuivre, dont la large distribution dans 
certains végétaux a été considérée récemment par les auteurs 
comme résultant bien plutót de la richesse du sol en cette ma- 
tière que de l'exercice d'une faculté sélective de la plante. Leh- 
man (Der Kupfergehalt von Pflanzen und Thieren in Kupferei- 
chen Gegenden. Archiv. für Hygiéne, 27-1-1896) dit, à l'appui de 
cette maniére de voir, que les plantes végétant dans un terrain 
ordinaire renferment 30 milligrammes de cuivre pour chaque 
kilogramme de matière sèche, tandis que sur un terrain riche en ce 
métal elles peuvent en contenir 560 milligrammes. D'autre part, 
M. J.-B. Skertchly a trouvé que le Polycarpæa spirostylis F. v. 
Mueller est, par sa teneur en cuivre, en rapports si étroits avec 
la richesse des terrains cuivreux sur lesquels il végète dans le 
nord de Queensland (Australie), qu'on peut considérer sa présence 
comme une indication des dépóts de cuivre dans le sol ou de la 
solution de ce métal dans les cours d'eau voisins (1). C’est un 
phénomène semblable à celui que présente le Viola calaminaria 
Lej. qui, dans quelques régions minières, sert à indiquer la pré- 
sence des minerais de zine sur les terrains où il végéte. 


(1) Lehman (loc. cit.) a prouvé que la volaille se nourrissant sur un sol riche 
en cuivre peut contenir jusqu'à 115 milligrammes de ce métal pour 1 kilo- 
gramme de matière sèche. D'autre part, les grains de blé et d'avoine, d'aprés 
Meyer, de Copenhague, renferment toujours du cuivre comme élément con- 
stant de constitution et sur quelque terrain qu'ils soient venus. 


MEL T 


USA 


HECKEL. — PRÉSENCE DU CUIVRE DANS LES PLANTES. 43 


Certains faits résultant d'observations récentes me paraissent 
cependant infirmer cette maniére de voir et présenter un réel 
intérêt par ce côté que les espèces riches en cuivre sont, non pas 
seulement de modestes végétaux comme le Polycarpæa spirostylis, 
mais de trés grands arbres. J'avais été étonné de constater dans la 
graine du Quassia gabonensis Pierre (Odjendjea gabonensis 
Engler) la présence d'une quantité appréciable de ce métal. Un 
dosage, que je demandai à M. le professeur Schlagdenhauffen (de 
Nancy), a démontré que 100 grammes de cendres de cette graine 
entière (pourvue de son spermoderme) renferment un composé 
cuivrique qui, calculé comme cuivre métallique, correspond à 
07,698. D'autre part, les cendres de la graine dépouillée de son 
tégument donnent, pour 100, un total de composé cuivrique qui, 
calculé comme cuivre métallique, représente 0,254. IL résulte de 
ce dosage quela plus grande quantité de sel cuivrique s'est loca- 
lisée dans le spermoderme de la graine. C'est là une proportion de 
cuivre beaucoup plus forte que celle qui a été trouvée jusqu'ici 
dans l'ensemble des organes des plantes dites révélatrices du 
cuivre dans le sol, et cependant la terre dans laquelle végéte le 
Quassia gabonensis a une composition normale et ne correspond 
à aucun gisement de cuivre. Les plantes peuvent donc accumuler 
une quantité trés élevée de ce métal, méme dans certaines de leurs 
parties, sans en souffrir, et il est évident que, pour en extraire 
une quantité si considérable d'un sol ordinaire, il faut admettre 
que certaines d'entre elles possèdent une faculté élective pour ce 
métal. Il se peut que cette faculté élective bien réelle, n'existant 
qué pour certaines d'entre elles, toutes les autres, c'est-à-dire le 
plus grand nombre, souffrent de la présence de ce sel dans le sol, 
à une certaine dose tout au moins. Ainsi s'expliqueraient peut- 
être les résultats des expériences de Nægeli (1) touchant la toxicité 
dessels de cuivre (méme à trés faible dose) sur les Spirogyra. 
Ses expériences ont porté sur des végétaux n'ayant pr obablement 
àucune tolérance pour ce métal (organismes inférieurs). 

n (Neue Den- 


J, 52 pages). 
dans 


(1) Ueber oligodynamische Erscheinungen in lebenden. Zelle 
kschr. Schweiz Naturforch. Gesellsch., XXXIII, 1893, Abh., l, : 
Mémoire posthume publié par Schrader et analysé par H. de Varigny, 
Revue scientifique du 2 septembre 1893, p. 299. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 


Notice sur la constitution des lignites et les organismes 
qu'ils renferment; par MM. B. Renault et A. Roche. Autun, 
in-8°, 39 pages, 3 planches (Bull. Soc. hist. nat. Autun, t. XI, 
1898). 


MM. B. Renault et A. Roche ont étudié, d’une part, des lignites 
éocènes de l'Hérault, d'autre part des schistes lignitifères oligocènes, 
provenant des gisements bien connus de Menat et du Bois d'Asson. 

Les lignites de l'Hérault se sont montrés formés de débris animaux et 
végétaux trés divisés, empâtés dans une matière amorphe, de couleur 
rouge brun, transparente en plaques minces, qui parait avoir été assez 
plastique pour les mouler et méme les pénétrer en partie, et qui con- 
tient une certaine quantité d'acide ulmique. Parmi les organismes ani- 
maux, les auteurs signalent des carapaces d'Infusoires, appartenant à 
divers genres, et sur lesquelles il n'y a pas lieu d'insister ici. 

Les débris végétaux se composent de lambeaux de feuilles, de frag- 
ments d'écorces et de bois, de spores, de grains de pollen, de mycé- 
liums et de fructifications de Champignons, de Diatomées et de Dacté- 
riacées. Les Champignons, qui ont fait l'objet principal de l'étude, 
appartiennent au groupe des Hyphomycètes, et ont offert notamment des 
conidies bien conservées; le genre vivant Helminthosporium est repré- 
senté par sept espéces, dont deux assimilables à des espéces actuelles; 
une conidie isolée, avec une portion de son pédicelle, a pu être rap- 
portée au genre Macrosporium. Un type générique nouveau a en outre 
été observé, représenté par des mycéliums filamenteux avec conidies 
sessiles globuleuses ou cylindriques, formées de cellules polyédriques 
toutes semblables, se rapprochant du Stemphylium Magnusianum 
Sacc., mais différant beaucoup, comme cette espèce elle-même, de toutes 
les autres formes spécifiques du genre Stemphylium; les auteurs ont 
donné à ce type générique le nom de Morosporium, et ils en font con- 
naître trois espèces. 

Les Diatomées sont représentées par des Navicules du genre Frus- 
tulia. 

Quant aux Bactériacées, ce sont exclusivement des Microcoques, de 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 49 


0,3 à 0,4 u de diamètre, qui se trouvent disséminés dans la matière fon- 
damentale ou adhérents à divers débris végétaux, tels que des macro- 
spores, ou bien des trachéides ou des vaisseaux ligneux, dont les épais- 
sissements ont disparu. L’abondance de ces Microcoques, désignés sous 
le nom de Micrococcus lignitum, donne lieu aux auteurs de penser 
que c’est à leur action qu'est due la production de la matière fonda- 
mentale du lignite. 

Les schistes lignitifères de Menat renferment une quantité notable de 
Diatomées, de la famille des Cymbellées, principalement du genre 
Amphora; ceux du Bois d'Asson sont de méme très riches en Diato- 
mées; dans les uns et dans les autres, on observe aussi de nombreux 
Microcoques, ainsi que des conidies d'Hyphomycétes, notamment des 
Helminthosporium, dont quelques-uns sont identiques à certaines es- 
péces des lignites de l'Hérault; le genre Morosporium se retrouve 
également dans les schistes de Menat, mais il n'a pas été observé dans 
ceux du bois d'Asson; en revanche ceux-ci ont offert des conidies du 
genre Serodesmium, très voisines d'une espèce actuelle. Ces schistes 
représentent une vase lacustre ayant empâté de nombreux débris végé- 
faux, dans la décomposition et la transformation desquels les Bactéria- 
cées ont dù jouer un rôle important. R. ZEILLER. 


Sur la constitution des tourbes; par M. B. Renault (Compt. 
rend. Acad. sc., 21 novembre 1898). 


L'étude microscopique d'une tourbe noire provenant de Fragny, aux 
environs d'Autun, a montré ce combustible formé, du moins dans ses 
couches inférieures arrivées à leur état définitif, de débris végétaux 
excessivement fins, portions de cuticules, liège, spores, grains de pollen, 
cadres d'épaississement de vaisseaux ligneux. Ces débris ne sont pas, 
comme ceux des lignites, soudés par une matiére fondamentale amorphe, 
les produits ulmiques résultant de la décomposition des matiéres végé- 
tales ayant été enlevés par les eaux au fur et à mesure de leur formation. 
L'état de désagrégation de ces débris parait devoir étre attribué à une 
action microbienne qui a détruit les autres tissus moins résistants. 

Dans cette tourbe se rencontrent, d'ailleurs, des fragments plus volu- 
mineux, tiges ou racines, dont les tissus sont plus ou moins profondé- 
ment altérés, pénétrés par des mycéliums de Champignons, et envahis 
Pàr de nombreux Microcoques, de 0,5 p de diamétre, qui demeurent 
Parfois mobiles assez longtemps aprés l'extraction des échantillons. 

R. Z. 


46 -° SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Flore fossile de Gergovie (Puy-de-Dôme); par M. l'abbé 
Boulay. Paris, in-8°, 82 pages, 10 planches (Ann. de la Soc. scientif. 
de Bruxelles, t. XXIII, 1898-1899). 


La ffore fossile de Gergovie a donné lieu souvent à des mentions par- 
tielles, et Saporta en particulier en a cité un certain nombre d'espéces 
dans son travail sur les plantes fossiles des arkoses de Brives ; mais elle 
n'avait pas encore fait l'objet d'une étude monographique spéciale, 
bien que ce gisement eüt été souvent exploré et eüt fourni de bonnes 
empreintes à diverses collections. Outre les matériaux recueillis par 
lui-méme, M. l'abbé Boulay a mis à profit ceux des explorateurs qui 
l'avaient précédé, et en particulier ceux qui se trouvent répartis dans les 
collections du Musée Lecoq, de la Faculté des sciences et de l'Institut 
des Fréres des Écoles chrétiennes, à Clermont-Ferrand. Il a relevé ainsi 
un total de 63 espéces, dont il donne les figures, à l'exception de trois 
ou quatre seulement, non susceptibles de détermination spécifique, ou 
citées par lui d’après les indications antérieures de Pomel ou de Bron- 
gniart. Il a reconnu parmi elles six espèces nouvelles, un Myrica, un 
Engelhardtia,un Microptelea, une Myrsinée du genre Mesa non encore 
signalée à l'état fossile, une feuille pennée de Légumineuse classée 
comme Mimosites, et un Ilex ; il faut mentionner en outre, comme fait 
nouveau, la présence dans cette flore du genre Trapa, auquel l'auteur 
rapporte, en les rapprochant des Tr. bicornis et Tr. bispinosa, des 
fruits dont l'interprétation était restée jusqu'ici problématique et qui 
sont parmi les fossiles qu'on rencontre le plus fréquemment à Gergovie, 
mais cantonnés sur un horizon assez limité. 

Bien que les couches dans lesquelles se trouvent ces plantes soient 
nettement miocénes, appartenant sans doute possible à l'étage burdiga- 
lien, d'aprés les caractéres de leur faune, la flore, dans son ensemble, 
est plutôt oligocène que miocéne, ne différant pour ainsi dire pas de la 
flore aquitanienne, et ressemblant surtout beaucoup à la flore bien con- 
nue de Dilin en Bohème, avec laquelle elle possède 26 espèces com- 
munes, notamment Salvinia Reussii, Smilax grandifolia, Sabal 
major, Uimus longifolia, plusieurs Myrica et Cinnamomum, Pisonia 
bilinica, Liquidambar europæum et Parrotia pristina; elle ren- 
ferme méme une proportion importante d'espéces tongriennes. Il est 
vrai que, comme à Bilin, on remarque un certain nombre d’espèces qui 
n'avaient pas été rencontrées plus bas et qui sont surtout répandues 
dans le Miocéne, comme Phragmites eningensis, Smilax grandifolia; 
Salix varians, Liquidambar europeum et Parrotia pristina; néan- 
moins la flore est là quelque peu en retard sur la faune, et il faut 
admettre que les causes qui avaient amené des modifications dans celle-ci 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 47 


avaient dû être sans répercussion sur les conditions climatériques lo- 
cales. Il semble pourtant qu'on puisse voir, dans les proportions géné- 
ralement réduites et rabougries de la plupart des feuilles du gisement 
de Gergovie, un symptóme d'épuisement prochain de la végétation aqui- 
tanienne. R. ZEILLER. 


Ueber Inulin, sein Verhalten ausserhalb und innerhalb. 
der Pflanze (Sur l’Inuline et sa manière d'être en dehors et en 
dedans de la plante); par M. Hugo Fischer (Beiträge zur Biologie 
der Pflanzen, Bd 8, Heft 1, 1898). 

Ce Mémoire représente une étude générale de l'inuline, considérée 
tant au point de vue chimique que botanique. L'auteur y apporte di- 
verses contributions personnelles; on aurait seulement souhaité y voir 
une série de figures. 

1. L'inuline est un hydrate de carbone de fort poids moléculaire, de 
nature colloidale et conséquemment gonflable seulement en présence 
de l'eau et non véritablement soluble, peu diffusible par rapport aux 
sucres, biréfringent, et qui se transforme en fructose (lévulose) par 
Pébullition prolongée dans l'eau, beaucoup plus rapidement en pré- 
sence des acides étendus. Sa constitution moléculaire, sur laquelle les 
auteurs ne sont pas entiérement d'accord pour ce qui est du degré de 
condensation, peut être exprimée par la formule m C*H'*054- nH*0. 

Dans l'aleool, comme dans la glycérine, l'inuline se précipite d'abord 
sous forme de globules amorphes, et ils subsistent tels dans l'alcool 
Concentré; dans la glycérine, chaque globule se différencie peu à peu, 
en un « sphérocristal » aiguillé, à structure radiaire, noyé dans la 
Portion restante de la substance amorphe originelle. 

Or on constate qu'aprés un séjour d'une semaine seulement dans 
l'alcool, les globules d'inuline ont conservé toute leur solubilité dans 
l'eau; au bout de six mois, au contraire, ils ne sont plus que partiel- 
lement attaqués daus ce liquide, ce qui atteste un changement de com- 
position. Il y a tout lieu d'admettre que l'inuline précipitée en premier 
lieu représente un mélange ou une combinaison instable de plusieurs 
principes, et qu'une dissociation lente et complexe met ultérieurement 
en liberté l'un d'entre eux sous la forme cristalline, de la méme manière 
qu'un globule primitivement amorphe de malophosphate de calcium 
peut différencier à la longue dans sa masse un cristal nettement réfrin- 
sent de malate de calcium : il y a là un point à élucider. | pi 

En raison de la gonflabilité des sphérocristaux d'inuline et de m 
Propriété de fixer divers colorants (bleu de méthylène, éosine,.…), S: 
teur, malgré leur biréfringence, qui, selon lui, n’est pas nécessairemen 


48 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


liée à la structure cristalline, désigne simplement ces formations sous 
le nom de sphérocristalloides, ou plus simplement de sphérites. 

I! y a lieu de rappeler ici qu'un grand nombre de plantes, conservées 
dans l'alcool, montrent, dans leurs parenchymes, des sphérites aiguil- 
lés à aspect d'inuline, mais généralement jaunes ou brunàtres, à noyau 
souvent amorphe, en outre non gonflables dans l'eau, et de composition 
chimique tout à fait différente. Parmi eux, on remarque notamment le 
malophosphate de calcium, dont l'existence chez les Euphorbes, chez 
l'Angiopteris evecta, le Nolana paradoxa, etc., a été récemment mise 
en lumiére par plusieurs auteurs. Je puis ajouter ici que, dans des tuber- 
cules de Dahlia depuis longtemps conservés dans l'aleool, j'ai reconnu, 
indépendamment de masses incolores d'inuline, simples ou agrégées, 
restées sensiblement amorphes, de trés nombreux sphérites jaunátres 
plus petits, à structure cristalline radiaire, représentant un malophos- 
phate de calcium. 

2. Indépendamment des Composées et de quelques familles voisines, 
chez lesquelles la présence de l’inuline a été depuis longtemps reconnue, 
on peut citer : parmi les Dicotylédones, quelques Violariées (lonidium) ; 
parmi les Monocotylédones, Leucoium vernum et Galanthus nivalis; 
enfin, parmi les Algues, l'Acétabulaire. La règle, suivant laquelle Pinu- 
line serait exclusive de l'amidon dans les tissus de réserve, n'est pas 
générale : les deux hydrates de carbone se rencontrent en effet dans les 
écailles bulbaires des deux Amaryllidées précitées. 

Une particularité digne de remarque est que toutes les Phanérogames 
à inuline sont bisannuelles ou vivaces. Toutefois, un exemplaire de 
Calendula officinalis, qui, par exception, n'a pas péri à la fin de la 
période végétative et a traversé l'hiver, a élaboré cette réserve; sauf des 
cas de ce genre, les espéces annuelles de Composées manquent d'inu- 
line. Il serait intéressant de rechercher si les entraves artificiellement 
apportées à la floraison d'espéces annuelles (pincement de boutons,...) 
ne se traduiraient pas par une accumulation d'inuline dans leurs or- 
ganes végétatifs. On pourrait aussi dans ce but comparer, chez une 
méme espèce, la race annuelle des stations basses à la race bisannuelle 
ou vivace à laquelle elle donne lieu dans les régions alpines : parmi les 
Composées, le Senecon visqueux offre précisément les deux formes. 

3. La proportion d'inuline dans le Dahlia et le Topinambour peut 
s'élever jusqu'à environ 30 pour 100 du poids de la substance séche 
des tubercules. Plus particuliérement accumulée dans les organes sou- 
terrains, l'inuline peut se rencontrer aussi dans la tige feuillée, mais 
jusqu'à des niveaux trés variables avec les espéces : elle existe, par 
exemple, dans les feuilles mêmes chez le Petasites officinalis, et seu- 
lement dans la tige chez le Tussilage et la Páquerette. 


— ^ 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 49 


Dans lHélianthe tubéreux ou Topinambour, l'inuline apparait 
d'abord à la base des pétioles, et la proportion en augmente de haut en 
bas jusqu'au tubercule. Ce dernier à l'état jeune, ainsi que la base de 
la tige, renferme en abondance du fructose; mais ce sucre disparait 
ensuite pendant la maturation. Le transport de l'inuline s'effectue 
surtout, d'aprés l'auteur, par les parenchymes intérieurs à la zone 
génératrice libéroligneuse (parenchyme ligneus, zone périmédullaire). 

La tige du Dahlia manque d'inuline jusqu'au tubercule, mais est 
chargée de fructose, qui va au fur et à mesure se métamorphoser en 
inuline dans ce dernier. 

Jamais l'inuline ne se montre dans les points végétatifs, ni dans les 
feuilles jeunes voisines. Les inflorescences peuvent.en renfermer transi- 
toirement (Artichaut,...); mais il nes'en dépose Jamais dans les graines. 

4. Lorsque les tubercules de Dahlia et de Topinambour sont consti- 
tués, l'inuline subit une remarquable transformation : elle passe à l'état 
de léruline, principe de méme composition centésimale, plus soluble 
dans l'eau, directement fermentescible, et qui ne se précipite pas sous 
forme de sphérites dans l'alcool, mais simplement à l'état d'amas ir- 
réguliers, d'aspect spumeux. Dans le Topinambour, cette transformation 
commence en novembre ; en décembre, les tubercules ne contiennent 
plus que des traces d'inuline; vers le printemps, la métamorphose in- 
verse s'effectue, tout au moins pour la majeure partie de la lévuline. 

Lors de la germination, l'inuline passe par hydratation, grâce à un 
principe diastasique, l'inulase, à l'état de lévulose. Dans le Topinam- 
bour, la réserve a entiérement disparu des tubercules, lorsque la tige 
s’est élevée à environ À mètre de hauteur; toutefois, l'inuline n'émigre 
pas comme telle dans les parties aériennes de la plante, mais directe- 
ment à l'état de lévulose. Le lévulose se transforme ensuite en glucose, 
Sa forme assimilable, que l'on rencontre effectivement dans tous les 
tissus; l'excés en est même déposé à l'état d'amidon, au point végétatif 
de la tige, spécialement dans l'endoderme. 

L'inulase n'existe pas dans les tubercules au repos; mais une tem- 
pérature de 35 degrés, agissant pendant vingt-quatre heures, suffit à la 
développer. | 

Ainsi, ‘à partir du moment de l'assimilation du carbone de l'anhy- 
dride carbonique, les états préliminaires de l'inuline sont successive- 
ment le glucose et le fructose; dans le tubercule mür, la lévuline 
apparait ensuite comme forme de repos de l'inuline; enfin, au prin- 
temps, l'inuline, nouvellement reconstituée, passe, préalablement à Son 
emploi par la plante, par les phases inverses de fructose et de glucose. 
L'ensemble de ces transformations constitue, on le voit, un cycle rêver- 
Sible. Enw. BELZUNG. 


£A 4 
T. XLVI. (SÉANCES) 


50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Étude anatomique du genre Euphorbia L.: par M. Louis 
Gaucher (Paris, P. Klincksieck, 1898). 


Dans ce travail complet sur les Euphorbes, l'auteur s'est proposé de 
rechercher si le genre Euphorbia, si homogéne par son inflorescence, 
l'est aussi par sa structure anatomique, du moins par ses caractères 
essentiels, phylétiques; car les particularités secondaires d'adaptation 
varient nolablement, selon qu'il s’agit d'espéces désertiques, comme 
les Euphorbes cactiformes, d'espéces tropicales, comme les Euphorbes 
arborescentes, ou encore des espéces herbacées de nos régions tempé- 
rées. La grande extension de ces plantes sous les climats les plus 
divers témoigne de leur grande plasticité; or il importe de savoir dans 
quelle mesure l'adaptation de la plante au milieu dans lequel elle se 
trouve actuellement placée est de nature à troubler les caractères héré- 
ditaires. 

Dans les nombreuses espéces d'Euphorbes, étudiées par l'auteur plus 
spécialement au point de vue anatomique, les comparaisons ont porté, 
autant que possible, sur des formes de méme espèce vivant dans des 
milieux différents. 

Le résultat de ce travail analytique est qu'il existe un ensemble de 
caractères anatomiques du genre, tout aussi constants que les carac- 
teres floraux. 

L'auteur propose en outre de constituer à l'état de sous-genre spécial 
les espèces de la section Anisophyllum, et de laisser toutes les autres 
dans le sous-genre proprement dit Euphorbia; les premiéres, dis- 
tinetes déjà morphologiquement par leurs feuilles opposées et asymé- 
triques à la base, le sonten outre par leurs stomates trés petits, toujours 
dépourvus de cellules annexes, ainsi que :par la présence d'un endo- 
derme amylifère trés net, à grosses cellules, autour de chaque méristèle 
foliaire. 

Ajoutons que la présence du malate et du malophosphate de calcium, 
dans les matériaux alcooliques, a été reconnue par l'auteur chez di- 
verses espèces, autres que celles où ces composés ont été jusqu'ici 
signalés. En particulier, les sphéroides et les cristaux réfringents d'E. 
amygdaloides offrent les mêmes aspects. et la méme composition que 
les formations décrites par Mirande (Journal de Bot., 1898) dans le 
Nolana paradoxa. E. BELZUNG. 


Anatomie comparée des Gentianacées: par M. E. Perrot 
(Annales des sc. nat., BoT., 8° série, t. VII; avec 9 planches et 
29 fig. dans le texte). 


Dans ce volumineux Mémoire, l'auteur a réuni un nombre considé- 


—— ^ 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 51 


rable d'observations sur l'anatomie de la famille des Gentianacées. La 
structure de ces plantes, qui n'avait fait jusqu'ici l'objet d'aucune re- 
cherche suivie, a pu étre étudiée par l'auteur, dans tout le détail, pour 
250 espéces, réparties en 48 genres, sur 60 qui constituent actuellement 
la famille. 


1. La première partie de ce travail est consacrée à une étude géné- 
vale, morphologique et anatomique, des deux sous-familles : les Gentia- 
noidées et les Ményanthoidées. Il en résulte que ces deux subdivisions, 
qui comprennent respectivement les genres terrestres et les genres 
aquatiques de la famille, et qui sont distinctes déjà par les caractères 
morphologiques externes, se trouvent ètre tout aussi nettement séparées 
par les particularités anatomiques. Il est à remarquer que, dans les sub- 
divisions de chaque sous-famille, la conformation du pollen est de 
nature à fournir des caractéres importants. 

La seconde partie comprend spécialement la description anatomique 
des genres. 

La troisième, enfin, renferme, sous forme condensée, les résultats 
essentiels de ce long travail d'analyse. A la lumière des faits anato- 
miques, l'auteur a cherché à dégager les relations des genres dans cha- 
cune des deux sous-familles. 

Nous devons nous borner ici à signaler brièvement les principaux 
caractères différentiels des Gentianoïdées et des Ményanthoïdées. 


2. Chez les GENTIANOÏDÉES, la présence de faisceaux criblés extra- 
libériens est générale dans la tige : ces faisceaux se constituent le plus 
ordinairement, nombreux et parfois volumineux, dans la zone périmé- 
dullaire, souvent aussi dans la moelle proprement dite. Cette dernière 
est généralement résorbée après la floraison. 

Le bois de Ja tige forme un anneau compact, d'ordinaire sans rayons 
médullaires. 

Le liber est mince, surtout dans les pédoncules floraux ; les tubes 
riblés, toujours étroits, y sont réunis çà et là par petits groupes, sépa- 
res seulement par un parenchyme mou, à cellules relativement larges, 
ce qui donne au liber un aspect particulier. L'étude du dévelopoement 
de la tige a montré à l'auteur que les tubes criblés normaux naissent 
en méme temps que les tubes périmédullaires, sur les deux faces de 
l'anneau libéroligneux procambial et avant toute apparition de vais- 
“eaux dans le méristème intermédiaire. . 
| L'écorce, parenchymateuse et méatique, offre des parois plus ou moins 
"PalSsies, tantôt de consistance cornée, caractère très net dans tout le 
Parenchyme cortical du Gentiana papillosa, tantôt de nature mucila- 
sIneuse, comme dans la lame séparatrice, d’ailleurs fort épaisse, de 


52 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


l'assise corticale externe et de l'épiderme dans les Gentiana saxosa 
et G. pyrenaica. 

Dans la racine, on constate l'existence de fascicules criblés intra- 
ligneux, particularité plus rare dans la tige. 

Signalons enfin la présence d’oxalate de calcium sableux dans cer- 
taines cellules du parenchyme. 


. Les MÉXYANTHOÏDÉES offrent les caractères généraux des plantes 
aquatiques; ieur écorce notamment est trés lacuneuse, aérifère. 

Dans ce groupe, les faisceaux criblés extralibériens manquent; à leur 
place, il est vrai; on remarque, à la pointe des faisceaux ligneux, un 
parenchyme à membranes minces, qui tranche nettement, lorsque le 
parenchyme adjacent est sclérifié et qui semble étre l'homologue, à 
l'état non différencié, des faisceaux criblés des Gentianoidées. 

Les faisceaux libéroligneux sont ici distincts, et non confluents en 
anneau compact. 

Le liber offre des tubes criblés larges, disséminés sans ordre dans le 
parenchyme, et non des tubes étroits, groupés en petits paquets, comme 
chez les Gentianoidées. 

L'oxalate de calcium manque. Par contre, on constate l'existence de 
nombreux selérites rameux et lisses, spécialement dans les feuilles 
autour des terminaisons de nervures; ces éléments manquent aux ra- 
eines, 

D'autre part, le bord du limbe porte réguliérement des hydathodes, 
c'est-à-dire des appareils d'élimination de l'excés d'eau que peut renfer- 
mer la plante : ces formations, visibles à l'œil nu, par exemple à l'extré- 
mité des dents de la feuille du Ményanthe, consistent en un épithéme à 
petites cellules arrondies, une chambre sous-stomatique et un stomate 
aquifère; le fascicule vasculaire qui aboutit à l'épithéme y émet des cel- 
lules spiralées, en plus ou moins grand nombre selon les genres. 

Une particularité énigmatique des feuilles nageantes de quelques 
Ményanthoidées (Lymnanthéme,...) consiste dans la présence, à la face 
inférieure, de plages spéciales de petites cellules tanniféres, à parois 
brunátres, qui tranchent trés nettement avec les cellules épidermiques 
normales; les parois de ces derniéres sont trés amincies, et leur suc 
est chargé d'un pigment violacé. E. BELzUNG. 


Oa the Mode of Dissemination of Usnea barbata; par 


M. H. von Schrenk (Trans. Acad. Sc. of Saint-Louis, vol. VIII, 
n^ f) 


Lette Note est relative à la dissémination des formes d'Usnée simple- 
ment épiphytes, et non fixées à l'écorce du support, comme il arrive 


du 


— A 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 53 


pour la forme commune d Usnea barbata; au nombre de ces formes 
épiphytes se rangent Usnea barbata var. dasypoga, U. longissima, ete. 
Leur dissémination s'effectue essentiellement par le vent, accessoire- 
ment par l'intermédiaire des Oiseaux. E. Berz. 


Études sur la fécondation et l'embryogénie du Ginkgo 
biloba (Second Mémoire); par M. Sakugoro Hirase (Journal of the 
College of Science, Tokyo, 1898). 


Dans ce nouveau Mémoire, l’auteur reprend, en vue de les préciser, 
les phases préliminaires de la formation de l’œuf chez le Ginkgo biloba, 
et plus spécialement la différenciation si remarquable des deux anthé- 
rozoides dans le tube pollinique. 


1. Le grain de pollen ou microspore est mür à la fin d'avril. D'abord 
sphérique, il se plisse ensuite peu à peu par l'effet de la dessiccation ; 
Son exine, incompléte, ne couvre que les deux tiers de sa surface. i! 
renferme trois petites cellules : l'extérieure, appliquée contre la mem- 
brane du grain, est atrophiée et écrasée; les deux autres sont vivantes. 
La plus intérieure représente la cellule-mére des anthérozoides; les 
deux autres sont de simples cellules prothalliennes. Quant à la grande 
cellule appelée à s'allonger en tube court et dont le plus récent cloi- 
sonnement a précisément donné lieu à la cellule-mére génératrice des 
gamétes, elle représente l’anthéridie. 


2. D'autre part, dans l'ovule, une chambre pollinique se conslitue 
au sommet du nucelle, par suite de l'aceroissement exclusif de la couche 
périphérique de ce dernier, au fond du micropyle, et de la dissociation 
concomitante du parenchyme nucellaire sous-jacent; cette chambre, qui 
s'ouvre supérieurement et prolonge en quelque sorte le micropyle, ren- 
ferme un peu de liquide au moment de la pollinisation : le pollen du 
Ginkgo et parfois aussi des pollens étrangers (Pin,...) y tombent. Plus 
tard, la chambre, d'ailleurs agrandie du cóté de l'endosperme (ce qui 
diminue la distance qui la sépare des archégones), se ferme au sommet : 
le parenchyme nucellaire acquiert là une teinte brune, se durcit et forme 
en définitive une éminence courbe, en manière de cordonnet, qui coiffe 
pendant assez longtemps le nucelle. 

En juin, les tubes polliniques, en voie de développement contre la 
paroi de la chambre close, enfoncent un peu leur sommet -lans la voùte 
de cette derniére, du cóté de l'éminence, et là se ramifient irrégulière- 
ment en manière de crampons fixateurs. Leur base, au contraire, tou- 
Jours reconnaissable à la calotte cutinisée d'exine, fait hernie dans la 
Chambre méme sous forme d'un renflement ovoide, à peine deux ou 
trois fois plus long que large; cette portion basilaire renferme, tou- 


54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


jours en place, la cellule prothallienne vivante et la cellule généra- 
trice; c'est là du reste que cette dernière se différenciera en anthéro- 
zoides. En d'autres termes, le tube pollinique, dans le Cycas comme 
dans le Ginkgo, est basigame, et non acrogame, comme dans le cas 
général. 

En juillet a lieu une première subdivision du noyau de la cellule géné- 
ratrice, dans une direction normale à l'axe du court tube pollinique. Le 
plus petit des deux noyaux ainsi formés ne tarde pas à étre refoulé hors 
de la cellule-mére et ne joue plus désormais aucun róle; l'autre au con- 
traire s’accroit beaucoup et gagne le centre de la cellule. Celle-ci, elle- 
méme agrandie, renferme un protoplasme granuleux trés abondant; 
de chaque cóté du noyau, vers le bord de la cellule, l'auteur a pu con- 
stater l'existence d'une sphère directrice, la ligne de jonction des deux 
sphères étant transversale; on remarque en outre, dans le protoplasme, 
des corpuscules de la nature des nucléoles. 

Au mois d'aoüt, le noyau végétatif étant revenu à la base du tube, le 
noyau de la cellule génératrice se subdivise une derniére fois, et une 
cloison protoplasmique, dirigée suivant l'axe méme du tube, divise cette 
cellule en deux autres, qui sont précisément les cellules-méres des deux 
anthérozoides. Chaque noyau, sensiblement sphérique, reste accom- 
pagné latéralement de sa sphére directrice, laquelle d'ailleurs ne se 
dédouble pas. À ce moment, la base libre du tube, qui plonge dans le 
liquide de la chambre, se trouve encore et demeure du reste à distance 
du col des archégones. 

L’accroissement de l'endosperme devenant trés actif, la couche de 
parenchyme nucellulaire qui le sépare de la chambre finit par serompre; 
en méme temps la portion culminante de l'endosperme s’accroit en ma- 
nière de colonnette, qui va rejoindre l'éminence nucellulaire brune et 
soutient ainsi la voûte de la chambre, dans laquelle les grains de pollen 
ont germé. 


3. La transformation des deux cellules génératrices en anthérozoides 
s'opère de la manière suivante. 

Vers le commencement de septembre, le noyau de chaque cellule- 
mère se raccorde avec sa sphère directrice unique, toujours située de 
côté, face à la paroi du tube pollinique. A cet effet, le centrosome pousse 
vers le noyau un diverticule en forme de crochet; au point de contact 
avec le noyau, ce dernier aussi s'allonge en bec, obliquement, ce qui 
contourne de plus en plus le diverticule. La sphère attractive est à ce 
moment méconnaissable; les stries protoplasmiques rayonnantes ont 
disparu. 

Le diverticule forme maintenant un filament aplati, qui décrit un 


"occa mes. À 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 99 


tour de spire; c'est à sa surface que s'insérent les cils vibratiles. Re- 
marquons à ce propos que chez diverses Cryptogames (Marchantia, 
Chara,...), les cils sont de méme insérés sur une éminence cytoplas- 
mique, reconnue méme, dans certains cas, comme centrosome. 

Deux autres tours de spire, en maniére de lobes plus épais, s'entou- 
rant l'un l'autre, sont constitués par le bec nucléaire auquel s'attache 
le centrosome filamenteux, et c'est dans la dépression étroite qui les 
sépare que se trouvent actuellement les nombreux cils vibratiles, encore 
serrés contre le corps de la cellule. 

L'auteur a observé le mouvement des deux anthérozoides ainsi con- 
situés dans la portion basilaire du tube, ainsi que la sortie de l'un 
d'entre eux dans le liquide ambiant de la chambre, où il nage en tournant 
sur lui-même ; la longueur de cet anthérozoïde libre était de 82 p, et sa 
largeur de 49. Le noyau y acquiert une forme ovoide et son nucléole 
demeure distinct; il est entouré d'une couche très nette de protoplasme, 
sauf au sommet du noyau, où cet organite se continue avec la spire; 
les cils s'élévent tout le long de la portion centrosomique de cette der- 
nière. Postérieurement, le corps ovoide de l'anthérozoide libre portait un 
appendice natatoire étroit, long de 28 u, dont les mouvements assurent 
l'arrivée de ce gamète jusqu'aux archégones; l'anthérozoide resté dans 
le tube n'en a pas présenté. Ajoutons que les tours de spire restent 
étroitement rapprochés et sensiblement au méme niveau, au lieu de se 
dérouler, comme à l'ordinaire, en hélice. 

Ces anthérozoides des Cycadées offrent, on le voit, une forme inter- 
médiaire entre celle en tire-bouchon des anthérozoides des Cryptogames 
vasculaires, et celle simplement arrondie des cellules génératrices des 
Gymnospermes siphonogames et, par suite, des Angiospermes. 

Quatre mois et demi environ s'écoulent entre le moment de l'anthése 
et celui de la formation de l'œuf. En novembre, l'embryon est constitué. 

E. BELZUNG. 


Zur Entwickelungsgeschichte der Helvellineen (Histoire 
du développement des Helvellinées); par M. Gustav Dittrich (Beiträge 
zur Biologie der Pflanzen, Bd 8, Heft 1, avec deux planches). 

Les travaux relatifs aux noyaux des Champignons ont conduit, dans 
ces dernières années, à d'intéressants résultats. En ce qui concerne spé- 
tlalement les Ascomycètes, on sait aujourd'hui, grâce aux travaux de 
R. A. Harper (Jahrb. f. wiss. Bot., Bd. 29), que, tout au moins dans 
certains genres, le développement de l'ascogone est précédé de la forma- 
tion d'un œuf, ce qui résout un point d'embryogénie important reste 
JUsqu'ici litigieux. 

Il résulte, en effet, des observations de M. Harper que, dans l'Erysiphe 


- 


56 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


communis et dans le Sphærotheca Castagnei, parasite du Houblon, une 
perforation se produit dans les membranes de l'anthéridie et de l'oogone 
dans la zone de contact, et que, par l'orifice ainsi établi, le noyau de la 
cellule anthéridiale passe pour se fusionner avec celui de l'oosphére. La 
fusion entre les deux gamètes n’est d'ailleurs pas limitée aux noyaux : 
le protoplasme de l'anthéridie se mêle aussi à celui de l'oogone; car, 
dès après la fermeture de l'orifice, le contenu du gaméte mâle parait 
rès appauvri. De la sorte prend naissance un œuf, cellule-mère de l'as- 
cogone : le mécanisme de sa formation n'est pas sans grande analogie 
avec celui des Péronosporées. L’œuf se développe ensuite, comme l'on 
sait, en un arc de cellules, l'ascogone, et c'est l'une seulement d'entre 
elles qui se ramifie en branches ascogènes, lesquelles à leur tour sont 
génératrices d'asques. 

Il est vrai que, d’après Mary A. Nichols, chez divers Pyrénomycètes, il 
y a simplement contaet, et non perforation, entre l'anthéridie et 
l'oogone; conséquemment aucune fusion de noyaux (et ils sont nom- 
breux dans chaque élément), pas plus que de protoplasmes, ne saurait 
avoir lieu, et l'oogone ne s'en développe pas moins en un ascogone 
fertile. Des cas dece genre n'infirment en rien les résultats précédents; 
ils rappellent la formation des azygospores chez les Mucorinées et dé- 
notent une si faible différenciation sexuelle des gamètes que le dévelop- 
pement direct reste encore possible. 

Dien plus, et c'est un troisiéme cas, la branche anthéridienne peut ne 
pas se constituer, et l'oogone se développe tout aussi bien en péri- 
thèce ; mais, ici encore, on trouve, semble-t-il, l'analogue de cette sim- 
plieité dans l'apogamie des Spirogyres, des Mucors, etc. 

En somme, ce dernier mode de fructification, le plus simple des trois, 
apparait comme le mode originel et purement végétatif du phénomène ; 
le mode précédent, comme un stade de différenciation morphologique 
des gamétes, mais sans différenciation intime, et le premier enfin, 
comme le stade ultime de différenciation sexuelle, entrainant la forma- 
tion d'un œuf. 

L'auteur du présent travail s'est spécialement occupé du dévelop- 
pement, jusqu'ici inconnu, du périthéce des Helvellinées. D'après lui, 
chez le Mitrula phalloides, la premiére ébauche de la fructification nait 
sexuellement, d'un simple enchevêtrement de filaments mycéliens, peu 
à peu resserrés en pseudoparenchyme. Dans ce dernier. les éléments 
fertiles ou branches ascogènes ne tardent pas à devenir distincts, après 
coloration, grâce à leur contenu protoplasmique très dense et à leur 
très gros noyau. 

La manière dont se comportent les noyaux des asques en voie de déve- 
loppement a été minutieusement suivie par l'auteur; nous renvoyons au 


~ 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. Ji 


travail original pour ce qui est de la méthode de fixation des matériaux 
et leur coloration. 

Voici comment les spores prennent naissance dans l'Helvella Infula. 
Sous la couche serrée de paraphyses du jeune périthèce, les filaments 
ascogènes, contournés sur eux-mêmes, produisent, par ramification, des 
cellules-mères d’asques, régulièrement pourvues de deux noyaux; 
auprès de ces derniers, on remarque un corpuscule que ses affinités 
colorantes conduisent à considérer comme un nucléole. Les deux noyaux 
se fusionnent, comme l'on sait déjà, notamment par les nombreuses 
observations de Dangeard, en un seul, pourvu d'un gros nucléole plus 
ou moins vacuolaire. Méme, d'aprés M. Harper, les cellules-méres des 
asques de l'Ascobole, etc., renferment quatre noyaux qui se fusionnent 
d'abord en deux, et finalement en un seul. 

Celte fusion, qu'il est bien difficile de considérer avec Dangeard 
comme une fécondation, apparait bien plutót comme un simple phé- 
noméne d'accroissement, de rénovation, motivé par les nombreuses et 
rapides ramifications des filaments ascogènes, qui laissent les noyaux trop 
faibles pour pouvoir se multiplier encore au cours de la différenciation 
des spores. 

Le noyau unique de la cellule-mére définitive de l'asque est entouré 
de nombreux nucléoles situés dans le protoplasme. Lorsqu'il s’est sub- 
divisé en huit autres et que des membranes cellulosiques ont séparé 
les spores de l’épiplasme, on constate, à proximité de chaque spore, 
la présence d'un nucléole, érythrophile comme les précédents. Dans 
les spores müres, qui sont ovoides allongées, le noyau se trouve sub- 
divisé en quatre autres, et deux gouttelettes oléagineuses occupent les 
pôles de l'ellipse; le nucléole extérieur à la spore subsiste dans l'épi- 
plasme, alors éclairci. 

L'auteur considére la production de ces quatre noyaux dans la spore 
adulte comme une réminiscence de la structure pluricellulaire des 
Spores ancestrales; à cet égard, les spores d'Helvelle et de Gyromitre 
pourraient étre considérées comme procédant des spores cloisonnées 
des Géoglosses. 

Quant aux nucléoles annexes, peut-étre jouent-ils un róle au cours de 
la maturation des spores, par exemple dans l'épaississement. centripete 
de la membrane aux dépens des principes nutritifs de l'épiplasme de 
ces dernières. Toujours est-il que, dans diverses Phanérogames, le 


noyau semble intervenir comme élément actif dans l'accroissement de la 
membrane. E. BELZUNG. 


58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Studien ucber den Hexenbesenrost der Berberitze (Puc- 
cinia  Arrhenatheri Kleb.) (Etudes sur la Puccinie de 
l'Epine-Vinette); par M. Jacob Eriksson (Beiträge zur Biol. der 
Pflanzen, Bd 8, Heft 1, avec trois planches). 


L'OEcidium magellanicum Berk., jusqu'ici la seule forme connue de 
cette espèce, fructifie à la face inférieure des feuilles de la Berbéride; 
mais ses œcides, à la différence de ceux de la Rouille du Blé (Puccinia 
graminis Pers.), couvrent entièrement cette face de leur revêtement 
orange. 

Reprenant l'étude de cette espèce pour définir le cycle de son déve- 
loppement, l'auteur a établi expérimentalement qu'elle représente la 
forme œcidienne de la Puccinie du Fromental (Puccinia Arrhenatheri 
Klebahn), cette dernière, elle aussi, connue seulement jusqu'alors sous 
cette forme et rencontrée d'ailleurs sur plusieurs autres Graminées 
(Phléole, Paturin). Les inoculations d'ecidiospores au Fromental ont 
donné lieu à un abondant développement d'urédospores. 

L'auteur a constaté, en outre, que le parasite peut se perpétuer pen- 
dant plusieurs années sur le Fromental, en produisant des urédospores 
et, plus rarement, des téleutospores, cela à proximité de Berbérides 
dépourvues d’œcides. Il est pareillement capable de pérenner sur la 
Berbéride; toutefois, dans ce cas, une période préalable de vie végélative 
de trois et méme de quatre ans a été reconnue nécessaire à la pro- 
duction de nouvelles cecidiospores. Le parasite se montre donc faculta- 
tivement hétéræcique; en outre, il peut développer ses diverses formes 
conidiennes sur la méme plante. Ajoutons que cette Puccinie ne nuit pas 


aux céréales. E. BELZUNG. 


Recherches expérimentales sur les maladies des 
plantes; par M. Emile Laurent (Ann. de l'Institut Pasteur, 1898). 


Il n'est pas douteux aujourd'hui que la nature de l'alimentation joue 
un róle important dans le degré de résistance des plantes aux parasites. 
Un excès de certains aliments, en modifiant la composition des sucs 
intérieurs, peut non seulement favoriser l'infection, en plaçant les pro- 
duits émis par le parasite (toxines, diastases,...) dans les meilleures 
conditions d'action pour tuer les éléments de l'hóte, les dissocier, etc., 
mais elle peut encore exalter la virulence. 

Par une série de cultures en champ d'expérience, l’auteur a nettement 
constaté que l'excés d'alimentation azolée, lant minérale qu'organique, 
prédispose les tubereules de Pomme de terre à la pourriture bacté- 
rienne, ainsi qu'à l'invasion du Phytophthore ; une trop forte proportion 
de chaux produit le méme effet, C'est méme sur des tranches de Pomme 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59 


de terre, prélevées dans une parcelle fortement chaulée, que s’est acci- 
dentellement développée la Bactériacée étudiée par l'auteur dans ce tra- 
vail, au point de vue des rapports de son parasitisme avec la composi- 
tion du milieu intérieur de la plante hospitalière. Cette espèce offre tous 
les caractères du Bacillus coli communis, très répandu dans la nature 
et d'ordinaire saprophyte; elle peut être facilement cultivée en solution 
nutritive minérale, additionnée d’un principe organique assimilable. 

Une série de passages sur des tubercules affaiblis par un milieu inap- 
proprié augmente la virulence de ce Bacille au point que l'inoculation 
ultérieure d'une culture pure à un tubercule intact peut entraîner la 
pourriture entière du parenchyme intérieur au bout de cinq jours, à 
l'étuve à 35 degrés; mais les grains d'amidon restent intacts dans les 
cellules dissociées. 

De méme, l'alealinisation des tubercules par un séjour de deux heures 
dans une solution de potasse au milliéme suffit à enlever toute résis- 
tance, méme aux variétés d'ordinaire indemnes. Ici encore, le Bacille, 
par une série de passages sur des lubercules traités de la sorte, gagne 
en activité, si bien que l'espéce, primitivement saprophyte, se trouve à 
la longue transformée en un véritable parasite. 

La virulence est d'ailleurs toute relative, puisqu'il est possible de 
l’atténuer en cultivant le Bacille sur d'autres espèces (Navet,...) ou sur 
des milieux inerles, notamment la Pomme de terre cuite; les cultures 
sur moüt de bière gélatinisé, par exemple, finissent par ne plus avoir 
d'action sur les tubercules. 

L'influence déprimante de la chaux et de la potasse trouve en partie 
Sa raison dans la diminution d'acidité du suc cellulaire; et, en effet, la 
diastase bactérienne, qui dissocie les parenchymes en liquéfiant les 
principes pectiques des lames moyennes des membranes, n'exerce bien 
son action qu'en milieu neutre ou alcalin. l 

On comprend dés lors comment les phosphates, à l'inverse des 
aliments azotés et de la chaux, augmentent la résistance des tubercules; 
car ces sels sont absorbés à l'état de combinaisons acides, telles que les 
phosphocarbonates, et, par suite, ne peuvent qu'entraver l'action dias- 
tasique. uu 

Ces mémes phosphates exercent, au contraire, une influence affaiblis- 
sante sur les tubercules de Topinambour, vis-à-vis du Sclerotiana Liber- 
tiana, parce qu'ici la diastase dissociante exige, pour bien agir, un 
milieu acide. L'auteur a constaté que le suc de semblables tubercules 
amollis par le parasite, suc préalablement filtré sur porcelaine, n exerce 
aucune aclion désagrégeante dans un milieu neutre ou alcalin. 

Ainsi, les conditions défectueuses de com position du sol naturel, et 
notamment le manque ou l'excés de certains principes, contribuent non 


60 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


seulement à augmenter la réceptivité de la plante pour les maladies, 
mais encore à accroître la virulence d'espèces ordinairement sapro- 
phytes et à les transformer en races parasites. 

C'est bien probablement à une prédisposition croissante à l'envahis- 
sement que le saprophytisme, condition d'existence normale des micro- 
organismes végétaux dépourvus de chlorophylle, a dù de faire place, chez 
un si grand nombre d'espéces, à un parasitisme habituel. 

Un des problèmes posés par la lutte contre les maladies des plantes 
de grande culture consiste donc à déterminer expérimentalement, pour 
chaque espéce, le milieu le mieux approprié, et spécialement l'aliment 
qui, tout en favorisant une végétation active, rende les milieux intérieurs 
incompatibles avec le développement des parasites. E. BELZUXG. 


Traité des Arbres et Arbrisseaux forestiers, industriels et 
d'ornement, cultivés ou exploités en Europe et plus particulièrement 
en France; par P. Mouillefert. 1 vol. de 1403-virr pages in-8°, et un 
Atlas de 195 planches, dont 40 coloriées. Paris, Paul Klincksieck, 
1892-1898. 


En dehors des Flores forestières, on a publié depuis longtemps des 
ouvrages consacrés à l'histoire des végétaux ligneux, de toute taille, soit 
spontanés, soit cultivés en pleiue terre, dans un pays déterminé. Duha- 
mel a, le premier, donné, pour la France, un modèle d'ouvrages de ce 
genre qui, depuis, ont fréquemment reçu le nom de Dendrologies. Si 
bien faite que fùt l’œuvre de Phomme éminent, dont je viens de rappeler 
le nom, elle ne pouvait étre définitive. Non seulement la forme devait en 
étre modifiée par suite des progrés de nos connaissances, mais des 
introductions incessantes et nombreuses ;d'espéces pouvant supporter le 
climat de notre pays rendaient nécessaire la publication de nouveaux 
ouvrages. Le plus considérable etle meilleur de ceux publiés, dans notre 
pays, le Nouveau Duhamel, de Loiseleur-Deslongschamps, Mirbel et 
Poiret, est non seulement épuisé, fort cher, mais encore trés incomplet, 
à raison de la date de sa publication : 1801-1819. De bons livres ont 
paru, en Allemagne et en Angleterre, sur le méme sujet ; mais, indé- 
pendamment de ce qu'ils ne sont pas écrits dans notre langue, ils ne 
s'adaptent pas complètement à notre pays. M. P. Mouillefert a donc 
pensé, avec raison, qu'il y avait place pour une nouvelle œuvre fran- 
çaise ; ila adopté un champ plus vaste que ses prédécesseurs, en prenant 
l'Europe entière pour terrain d'étude; il a cru devoir, en outre, intro- 
duire, dans son ouvrage, un certain nombre d'espèces ne supportant la 
pleine terre sur aucun point de cette vaste circonscription, mais de cul- 
ture plus ou moins importante dans nos serres. 

Jl a été, ainsi, amené à s'occuper de 2450 espéces; il signale en outre 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 61 


1200 variétés botaniques et, vu la nature de son travail, 800 formes 
obtenues dans les cultures et remarquables par leur valeur ornemen- 
tale ou, quand il s'agit d'espéces fruitières, par la qualité de leurs fruits. 
Je crois utile de faire observer que l'auteur ne s'est pas borné aux Dico- 
tylédones et aux Conifères, il signale des Gnétacées en se limitant à trois 
Ephedra, et des Monocotylédones; la famille des Palmiers est toutefois 
à peine traitée, puisque le Dattier et deux Chamwrops seuls sont 
étudiés. 

Les espéces et les variétés sont toujours au moins décrites, avec indi- 
cation de leur patrie d'origine; elles sont ensuite, pour les plus inté- 
ressantes, l'objet de détails relatifs à leur aire d'habitation, leur culture, 
leur utilisation, la structure de leur bois, les produits qu'elles peuvent 
fournir, etc.; détails d'autant plus nombreux que l'espèce est plus impor- 
tante. 

L'ouvrage est précédé de quelques notions d'anatomie végétale, d'or- 
ganographie, morphologie, etc., destinées à en faciliter la lecture aux 
personnes étrangères à l'étude de la botanique. Il est accompagné d'un 
Atlas de 195 planches, dont 40 coloriées; ces dernières donnent des 
figures de rameaux, soit fleuris, soit fructifiés, de détails d'organes, par- 
fois grossis, se référant à 55 espèces. Parmi les autres, les 11 pre- 
miéres se rapportent aux notions données au commencement de l'ou- 
vrage; le reste donne, en phototypie, le port des espéces considérées 
comme plus particuliérement dignes d'intérét. En ce qui concerne les 
espéces à feuilles caduques, l'auteur les a généralement photographiées 
pendant l'hiver, afin de faire mieux ressortir les caractéres fournis par 
la ramification ; celle-ci étant, en effet, plus ou moins masquée par le 
feuillage durant la belle saison. 

Tel est cet ouvrage, fruit d'un labeur considérable; il fournira, sous 
un format commode et pour un prix relativement peu élevé, à tous ceux 
que les végétaux ligneux intéressent, et ils sont nombreux: propriétaires, 
forestiers, jardiniers, paysagistes, ouvriers, etc., un ensemble de ren- 
seignements qu'ils n'auraient pu, jusqu'ici, demander qu'à une vraie 
bibliothèque, surtout si la langue avait été pour eux un obstacle à la 
lecture des ouvrages étrangers dont j'ai parlé plus haut et ou ils ne trou- 


veraient pas, d'ailleurs, tout ce qui se rencontre en celui-ci. 
P. FLICHE. 


Le Potager d'un Curieux, histoire, culture et usages de 
250 plantes comestibles peu connues ou inconnues ; 
par A. Paillieux et D. Bois, 3° édition, in-8°, 678 pages, 82 fig. dans 
le texte. Paris, 1899. 

MM. Paillieux et Bois viennent de faire paraitre la troisième édition 


62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


du Potager d'un Curieux} c'est assez dire le succès qu'a obtenu cet 
ouvrage de la part de tous ceux qu'intéresse l'introduction de légumes 
nouveaux ou exotiques. De Candolle, dans son livre sur l'Origine des 
Plantes cultivées, a fait voir que le sol de l'Europe centrale et septen- 
trionale ne produisait naturellement qu'un trés petit nombre de plantes 
potagéres el, réduite à ses propres ressources, la France n'aurait, pour 
ainsi dire, pas de légumes. La Féve, le Haricot, le Pois, l'Oignon, le 
Salsifis, les Pommes de terre, le Melon, la Citrouille, la Tomate, etc., 
nous feraient défaut s'ils n'avaient été introduits d'autres régions. 

Aprés vingt-trois années de recherches ininterrompues, MM. Paillieux 
et Bois pensent que le champ est à peu prés épuisé et doutent qu'il leur 
soit possible de trouver chaque année une ou deux espèces nouvelles. 
fls ont tiré de l'Asie, de l'Afrique, de l'Amérique, tout ce que ces pays 
pouvaient fournir; l'Océanie n'a rien donné, car elle ne possède rien 
en dehors de l’Igname, de la Patate et du Taro. 

Et pourtant les plantes comestibles ne manquent pas, s’il faut croire 
un botaniste américain, M. Lewis Sturtevant, qui ena compté 4233 ap- 
partenant à 170 genres et à 1353 espèces. De ce nombre, 211 espèces 
seulement, soit à peine un quart, seraient cultivées comme légumes. Il 
est vrai qu'on peut manger à peu prés tous les végétaux, et il serait 


plus facile de compter ce que ne consomment pas les Japonais que ce 


qu'ils consomment. 

Lelivre de MM. Paillieux et Bois renferme de nombreux et intéres- 
sants documents; chaque plante y est étudiée avec le plus grand soin 
dans son histoire, dans sa culture, dans ses qualités alimentaires. Les 
auteurs ont toujours dit nettement leur facon de penser, s'il était avan- 
tageux ou non de cultiver tel ou tel végétal, si sa valeur nutritive était 
réellement fondée; et les désillusions ne manquent pas . 

Le Potager d'un Curieux n’est pas seulement fait pour les curieux, 
mais sa portée va plus haut. Il devient indispensable au colon, à celui 
qui veut coopérer à l'expansion coloniale directe autre part que dans 
la presse ou au coin de son feu. Il permettra à nos administrateurs 
coloniaux d'augmenter les ressources légumiéres de nos colonies, en 
donnant à chacune d'elles ce qui lui manque et ce que les autres pos- 
sedent. MM. Paillieux et Bois ont donc fait œuvre de bons patriotes. 

Dans cette troisième édition, plusieurs plantes nouvelles sont présen- 
tées et décrites. Nous citerons : Amarantus Palmeri S. Wats., ou 
Quélite, que les Californiens mangent à l'état jeune comme salade et 
comme épinard; les Annesorhiza montana et macrocarpa Eckl. et 
Zeyh., du Cap, à racines anisées rappelant le Panais; le Chucklusa ou 
Peucedanum Canbyi Coult et Rose, du pays des Indiens Spokane, à 
tubercules féculents; Cyphia tortilis N. E. Brown, du Cap, dont les 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63 


racines partagent, avec celles d'une autre Campanulacée, l Adenophora 
verticillata Fisch., du Japon, le privilège d’être alimentaires ; le Peta- 
sites japonicus F. Schmidt, ou Fuki, dont on utilise les pétioles et les 
fleurs, soit seuls, soit mélangés aux feuilles du Polygonum sachali- 
nense; le Calystegia japonica Choisy, ou Kitesh, ou bien encore Ken 
ITirugawo, dont les racines cuites et réduites en purée sont, sinon bien 
agréables, du moins supportables; le Maca ou Lepidium Meyenii 
Walp., du haut Pérou, dont la racine tient tout à la fois du Navet et de 
la Patate; les Labiées à racines comestibles appartenant aux genres 
Coleus, Plectranthus, Lycopus et Stachys, toutes de l'ancien continent, 
africaines ou asiatiques, à l'exception du Stachys floridana Shuttl., de 
l'Amérique du Nord; le Rumex abyssinicus Jacq. ou Oseille pahouine et 
hymenosepalus Torr., plus connu sous le nom de Canaigre, usité dans 
l'Amérique du Nord par ses propriétés tannantes; le Physalis Fran- 
cheti Mast., que la culture d'ornement a adopté en raison de l'élégance 
de ses calices vésiculeux et colorés en rouge orangé; le Provatza de la 
région méditerranéenne ou Statice sinuata L., dont les jeunes feuilles, 
abondantes et tendres, fournissent une excellente salade crue ou cuite; 
le Radis rouge monstrueux de Kashgar à chair croquante et piquante 
sans excès; la romaine du Pamir, assimilée à la romaine-asperge de 
la maison Vilmorin, dont les tiges accommodées donnent un excelient 
plat de légumes comme apparence et comme goùt; le Malabaila Seka- 
kul Russ., à racine tubéreuse, dont De Candolle regrettait, dés 1831, 
que la culture ne fût pas plus soignée en Europe, Ombellifère orientale, 
ete.; en tout 50 plantes nouvelles. 

250 végétaux environ sont décrits dans le Potager d'un Curieux et 
82 figures représentent les plus intéressants d’entre eux. Combien en res- 
lera-t-il dans les cultures européennes? L'Igname, la Patate, le Crosne 
se sont popularisés ; le Chewi et le Scolyme se rencontrent quelquefois. 
Nous souhaitons que ce nombre bien faible s'augmente notablement. 


P. Hanior. 


Cloroficee di Valtelima, secondo contributo alla ficologia insu- 
brica (Les Chlorophycées de la Valteline, seconde contribution à la 
phycologie insubrienne) ; par le D" Luigi Montemartini (Att! del R. 
Istituto botanico dell Universita di Pavia, nuova serie, vol. V). 
Tirage à part, 15 pages. 


L'Algologie de la Valteline n'avait encore tenté jusqu'ici que deux 
Spécialistes, MM. Anzi et G. Drügger, qui n'avaient, à coup sür, fait 
qu'effleurer le sujet. Le D" Mentemartini, dans une premiére publica- 
tion, MM. Pero et Bonardi, ont fait connaitre, depuis, de nouveaux repre- 


64 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


sentants de la classe des Algues habitant les lacs de la Valteline. Dans 
ce récent Mémoire, le premier de ces algologues énumère 99 espèces 
de Chlorophycées, parmi lesquelles 18 Conjuguées, dont 13 Desmidia- 
cées et 5 Zvgnémacées; 22 Protococcoidées, dont 3 Volvocacées, 2 Té- 
trasporacées, 8 Pleurococcacées, 6 Protococcacées et 3 Hydrodic- 
tyacées, etc. 

Les Confervoideæ sont au nombre de 44 avec 17 Ulothrichiacées 
(Hormidium, Hormiscia, Conferva, Microspora), 5 Chétophoracées, 
2 (Edogoniacées, 20 Cladophoracées. Les Siphonées ne sont représen- 
tées que par trois espèces de Vaucheria. 

Cette énumération ne présente aucune espéce nouvelle ou qui soit 
spéciale à la région. Au nombre des espéces les plus intéressantes, il 
faut noter le Cosmarium Pseudobotrytis Gay, rencontré à 3000 mètres 
d'altitude; le Cosmarium tetraophthalmum var. Lundelii Wittr.; le 
Cylindromonas fontinalis Hansg.; le Conferva vitelliensis Mont.; 
l'OEdogonium punctato-striatum de Bary. 

En admettant, comme Algue verte l'Hydrurus, le chiffre des espèces 
récoltées dans la Valteline atteindrait exactement la centaine. 


P. HARIOT. 


Recherches sur la végétation de quelques Algues d'eau 


douce; par M. R. Bouilhac (Ann. agronomiques, 1898). Tirage à 
part, pp. 561-602. 


Les recherches entreprises par M. Bouilhac se divisent en trois par- 
ties: 1^ influence que l'acide arsénique exerce sur la végétation de 
quelques Algues; 2* fixation de l'azote atmosphérique par l'association 
des Algues et des Bactéries; 3° culture, à l'abri de la lumière, d'une plante 


verte telle que le Nostoc punctiforme, en introduisant dans sa solution 
nutritive une matiére organique convenable. 


|. — L'acide arsénique, qui avait toujours passé pour un poison 
violent pour les végétaux comme pour les animaux, se préte à la végé- 
tation d'un certain nombre d'Algues qui absorbent cet acide. Les arsé- 
niates, en effet, peuvent remplacer partiellement les phosphates. Les 
expériences ont porté sur les espèces suivantes : Ulothrix tenerrima, 
Protococcus infusionum, Dactylococcus infusionum, Stichococcus 
bacillaris. Fait intéressant : l'absorption d'acide arsénique se fait méme 
en présence d'acide phosphorique. La production de certaines Algues, 
telles que le Schizothrix lardacea, est augmentée par l'acide arsénique 
quand elles n'ont à leur disposition qu'une trés faible quantité d'acide 
phosphorique. Ce qui se passe avec le Schizothriæ aurait lieu aussi 
avec des plantes supérieures, par exemple avec l'Avoine. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 65 


IL. — Certaines Algues, associées aux Bactéries du sol, jouent un rôle 
important dans la fixation de l'azote atmosphérique. Il en est ainsi du 
Nostoc punctiforme, qui se développe aux dépens de l'azote libre, cul- 
tivé dans des solutions nutritives non azotées. 

En l'absence de Bactéries le Nostoc est incapable de végéter, aussi 
bien d'ailleurs que le Schizothrix lardacea et VUlothrix flaccida. 
Même en présence de Bactéries, la culture de ces deux dernières Algues 
est impossible. L'analyse a montré que le Nostoc punctiforme était 
aussi riche en matière azotée qu'une Légumineuse. 

luutile de dire que les Algues mises en expérience avaient été sépa- 
rées avee soin. L'auteur de ce Mémoire donne d'ailleurs, à ce sujet, 
d'intéressantes indications, que nous ne pouvons reproduire. Les Bacté- 
ries du. sol, dont l'auteur avait. besoin pour ses recherches, ne peuvent 
être prises en contact direct avec l'atmosphére; c'est à une assez grande 
profondeur qu'il faut aller les chercher. 

En culture arsénicale, les choses se sont passées de la méme facon. 
En l'absenee de Bactéries du sol, les solutions sont restées stériles. 
Dans l'autre cas, le Nostoc s'était bien développé. 


IIT. — M. Bouilhac a voulu préciser dans quelle mesure une matière 
organique favorisait la végétation d'une Algue et, pour cela, il a cultivé le 
Nostoc en solution minérale glucosée. Au-dessus de 1 pour 100, le glu- 
cose fait périr l'Algue; dans des proportions moindres, le glucose accé- 
lére la végétation. Mais le fait le plus saillant qui résulte de ces 
recherches est celui qui suit, et que l'auteur a résumé ainsi : « Réguliè- 
rement éclairé, le Nostoc punctiforme semé en solution minérale, en 
présence des Bactéries du sol, fabrique de la matière organique aux 
dépens de l'azote et de l'acide carbonique aériens ; mais, dans ce cas, du 
glucose ajouté à la solution nutritive permet de quadrupler la récolte 
du Nostoc. » 

« Faiblementéclairé, le Nostoc punctiforme ne conserve plus la pro- 
priété de décomposer l'acide carbonique et ne végete plus en solution 
minérale; semée en solution glucosée, l'Algue, malgré une lumière 
insuffisante, se développe en assimilant la matière organique mise à sa 
disposition. ME 

« Dans ces conditions, pourvu toutefois que la température s'élève à 
20 degrés, on pourra cultiver encore le Nostoc punctiforme à l'abri de 
toute lumiére. 

« Cette Algue végète ainsi à l'obscurité complète; elle reste verte, et 
Sa matière verte est de la chlorophylle. » P. H. 


ANCES) 5 
T. XLVI. (SEAN 


66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les plantes utiles du Sénégal; par le R. P. A. Sébire, 1 vol. 
in-12, 341 p. Paris, J.-B. Bailliere et fils, et chez l'auteur, à Thiès 
(Sénégal), 1899. 


Le but du R. P. Sébire, en publiant cet ouvrage, a été de faire con- 
naitre, avec leurs propriétés, les plantes utiles qui se rencontrent au 
Sénégal, d'indiquer celles qui y ont été acclimatées ou qui ont quelque 
chance d'y réussir. L'oeuvre est forcément incompléte, la région de la 
Casamance entre autres n'ayant fourni qu'un petit nombre de végétaux 
déterminés avec certitude. Malgré cela, les Plantes utiles du Sénégal 
ont leur raison d'étre, et nul doute qu'on n'en retire des indications 
profitables. 

Les végétaux étudiés sont disposés selon l'ordredes familles naturelles. 
Le R. P. Sébire signale d'abord les espèces qui viennent naturellement 
au Sénégal, puis indique celles des autres régions du globe, intéressantes 
par leurs propriétés diverses, qui mériteraient d'y étre introduites. Pre- 
nons, par exemple, les Malvacées auxquelles l'auteur rattache comme 
tribus les Bombacées et les Sterculiées. L'énumération des formes 
indiquées donne : le Coton indigène ou Gossypium punctatum Schum.; 
l'Oseille de Guinée ou Hibiscus Sabdariffa, V Hibiscus cannabinus, le 
jaobab, le Fromager (Eriodendron anfractuosum), le Ntaba ou Ster- 
culia cordifolia, etc. I serait utile d’acclimater : le Cola (Cola acumi- 
nata), les Cotons d'Amérique, le Cacaoyer, le Guazuma ulmifolia, le 
Pachira aquatica qui pousse bien à Thiés, mais n'a pas encore donné de 
fruits, le Bois de Rose de l'Océanie (Thespesia populnea), une foule de 
Malvacées ornementales des genres Hibiscus, Abutilon, le Sida à fibres 
textiles, le Durion, etc. 

Le Cola, tout particulièrement, doit être étudié au point de vue cultu- 
ral. Les essais pratiqués jusqu'ici n'ont pas été brillants, mais il ne faut 
pas se désespérer. Sa racine pivotante le rend trés difficile à transplan- 
ter, et à la hauteur de 3 à 4 mètres il dépérit au Sénégal. Le fruit s'en 
vend en trés grandes quantités sur les marchés, etles Musulmans pré- 
tendent que c'est le fruit du ciel. 

Les arbres fruitiers indigènes donnent peu de fruits savoureux, mais 
la plupart d'entre eux pourraient étre améliorés. On en signale 16 espéces. 
Les arbres d'ornement, assez nombreux, sont susceptibles d'étre utilisés 
en avenues, par exemple le Cailcédrat, le Figuier, le Fromager, le Tama- 
rinier, les Acacias, le Ntaba, le Rondier, etc. Certains de ces arbres 
donnent un bois appelé à étre exploité avec profit : le Cailcédrat est 
l Acajou du Sénégal, le Filao, Y Ébène du pays, les Bois de Fer, etc. 

Nous ne pouvons insister sur les plantes gommifères, à caoutchouc, 
textiles, tinctoriales, oléagineuses, alimentaires, fourragères, médici- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 67 


nales que produit naturellement le Sénégal et dont la culture rationnelle 
serait pour ce pays une source de prospérité et de revenus importants. 
Des photographies et des figures dans le texte donnent à cet ouvrage 
un certain cachet artistique, qui ajoute encore à l’intérêt des renseigne- 
ments qu'on y trouve en grand nombre. P. Hanror. 


Une poire monstrueuse; par M. J. d'Arbaumont (Bulletin de 
la Société d'Horticult. et de Viticult. de la Côte-d'Or, 1898). Une 
brochure de 13 pages avec une planche hors texte. 


Le fruit anormal qui fait l'objet de cette Note est un curieux exemple 
de formation fructipare et frondipare. D'une première poire, formant en 
quelque sorte la base du fruit, sont sorties, en direction basifuge, deux 
autres poires rudimentaires qui la surmontent. De plus, l'axe libéro- 
ligneux constituant le pédicelle fructifère se continue normalement au 
travers du fruit et se divise au-dessus en trois rameaux feuillés. Les 
ovules sont avortés, et l'emplacement des loges ovariennes oceupé par 
du tissu scléreux. La planche qui accompagne la Note montre d'une 
manière trés nette les différentes particularités de cette intéressante 
monstruosité. L. Lurz. 


La maladie d'Oléron; par M. L. Ravaz (Annales de l'Ecole na 
tionale d'Agriculture de Montpellier, t. IX). 1 br. in-8° de 20 pages 
avec 14 fig. dans le texte et 1 planche coloriée hors teste. 


Cette maladie, qui tire son nom de l'ile d'Oléron où elle sévit avec 
une intensité particulière, consiste dans une altération des sarments qui 
se manifeste d'abord à leur base, puis s'étend en surface et en profon- 
deur en occasionnant la formation de crevasses trés profondes. L'altéra- 
tion se manifeste également sur les pétioles et sur les feuilles et, ici 
de méme que sur les sarments, elle se présente avec un caractère 
remarquable d'unilatéralité. 

Une coupe transversale d'un cep attaqué montre la nature de Ja mala- 
die: le liber et les vaisseaux du bois sont remplis de Bactéries, mais 
c’est surtout dans le bois que leur nombre est le plus considérable. 
Leur présence s'accompagne souvent, dans les sarments de l'année, de 
l'apparition de gomme; mais, pour l'auteur, la gommose n est pas le 
résultat de l'action directe des Bactéries. | 

La conclusion pratique de ces observations est facile à déduire : afin 
d'éviter la contagion, on ne devra se servir pour la taille des sarments 
que d'instruments stérilisés. Quant au traitement curatif, il a fait objet 
d'expériences trés suivies, qui ont montré l'efficacité du sulfate de cuivre 
en solution de 40 à 20 pour 100. L. L. 


68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Effets de la foudre sur la Vigne; par MM. L. Ravaz et Bonnet 
(Extrait des Ann. de l'Ecole nat. d'Agriculture de Montpellier, 
t. X). 1 br. in-8 de 16 p. avec 6 fig. dans le texte et 3 planches hors 
texte, dont une coloriée. 


Ce travail est une intéressante étude morphologique et anatomique 
des sarments de Vigne frappés par la foudre. La fulguration présente 
ceci de eurieux que, trés habituellement, ses effets ne sont appréciables 
que plusieurs jours après le foudroiement; ils consistent dans le flétris- 
sement des extrémités des rameaux, suivi de leur mort rapide. De plus, 
dans la partie du sarment qui, plus résistante, ne meurt point, on peut 
noter la disparition de la moelle dont les cellules centrales sont refou- 
lées vers l'extérieur. Plus tard, des crevasses longitudinales apparaissent 
dans les parties du cep encore vivantes, et ces crevasses se remplissent 
de tissu cicatriciel. Le bois devient brun et n'épaissit plus ses mem- 
branes cellulaires. Il peut aussi se trouver dans l'écorce des régions 
tuées par le choc électrique ; ces régions s'isolent par le jeu d'une assise 
génératrice qui les transforme en véritables séquestres. 

Enfin il y a lieu de noter que les nœuds présentent une résistance 
plus grande à la désorganisation que les entre-nœuds et que, souvent, 
les sarments sont recouverts de pustules proéminentes comparables à 
celles qui eonstituent l'Anthracnose ponctuée. 

Dans les régions altérées ne tardent pas à s'établir de nombreuses 
colonies fongiques ou microbiennes, et il serait trés possible que la 
cause primitive de la Gélivure, de l'Echauffement, etc., ne soit autre 
que le foudroiement des sarments qui ouvre la porte aux micro-orga- 
nismes devant achever la destruction de la plante. L. Lurz. 


Recherches sur le Black-rot; par MM. L. Ravaz et A. Bonnet 
(Extrait des Ann. de l'Ecole nat. d'Agriculture de Montpellier, 
t. X). 1 br. in-8° de 13 p. avec2 planches hors texte, dont une coloriée. 


Ces recherches ont porté sur l'évolution de la maladie du Black-rot 
pendant la période d'incubation. Elles ont donné les résultats suivants : 

La germination des spores, que l'on savait jusqu'à ce jour réaliser 
par des cultures en chambre humide, peut s'effectuer de méme sur la 
plante, à condition d'employer un dispositif destiné à enfermer en 
chambre humide la parüe de la plante qui doit servir de support. Dans 
ces conditious, la germination s'effectue comme en cultures artificielles, 
seulement le filament germinatif est ordinairement plus fort et plus 
long. A l'extérieur de ce filament s'isole une cellule qui devient une 
spore secondaire, dont les auteurs n'ont malheureusement pas pu suivre 
le développement ultérieur. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 69 


Lorsque le mycélium du parasite a pénétré dans les tissus de la 
Vigne, il se glisse entre l'épiderme et la cuticule et s'y ramifie en un 
réseau trés serré qui opère mécaniquement le décollement de la cuti- 
cule. Puis les hyphes du Champignon s'insinuent dans les tissus sous- 
jacents et prennent des caractéres différents : le mycélium devient moins 
ramifié, plus lisse et plus gros. L'irritation produite par la présence 
d'un organisme étranger ne tarde pas à amener une hypertrophie des 
cellules, surtout des cellules épidermiques. Il en résulte la formation de 
ces sortes de pustules si caractéristiques de la maladie. 

La durée de l'incubation, d'aprés un certain nombre d'expériences 
rapportées à la fin de ce travail, serait comprise entre 8 et 15 jours; 
mais les auteurs estiment que, dans toutes les expériences faites pour 
résoudre cette question, il faut tenir compte des différences de durée 
dues : 4° à la germination des spores et à la pénétration des filaments 
mycéliens à travers la cuticule, période évidemment trés variable; 
2 au développement du mycélium dans les tissus, qui présente une 
variabilité beaucoup plus limitée. Dans ces conditions, une limite pré- 
cise est difficile à établir avec certitude. L. L. 


Sur les feuilles primordiales des Cupressinées: par 
M. Aug. Daguillon (Extrait des Comptes rendus de l'Académie des 
Sciences, séance du 23 janv. 1899). 1 br. in-4° de 4 pages. 


Les feuilles dites primordiales des Conifères, c’est-à-dire celles qui 
succèdent directement aux cotylédons, ont un aspect et une structure 
différant notablement de ceux qu’on rencontre chez la feuille normale. 
Ces modifications portent principalement sur la constitution de l'épi- 
derme, de l'hypoderme, du mésophylle, de la méristèle et de l'appareil 
sécréteur. 

Chez les Cupressinées, on peut dire, d'une manière générale, que la 
culinisation de l'épiderme augmente depuis le cotylédon jusqu'à la 
feuille définitive. Les stomates qui, chez le cotylédon, sont localisés à la 
face supérieure, prennent le caractére qu'ils auront dans la feuille défi- 
nitive, sauf dans quelques cas où ils forment deux bandelettes symé- 
triques sur la face inférieure (Taxodium distichum). 

L'hypoderme, souvent absent dans le cotylédon, manque souvent aussi 
dans la feuille primordiale, ou bien il est moins développé que dans la 
leuille définitive. Le mésophylle est ordinairement peu différencié. 

La méristèle est habituellement simple dans toutes les feuilles, ou 
bien, dans le cas contraire, le nombre des faisceaux va en croissant du 
cotylédon aux feuilles d'un ordre plus élevé. Les fibres péridesmiques 
manquent dans la plupart des feuilles primordiales dés Cupressinées. 

L'appareil sécréteur présente des différences, tant dans le nombre 


70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


que dans la disposition des canaux; il comprend tantôt un nombre 
moindre de canaux, tantôt un nombre supérieur. L. Lurtz. 


Botanische Untersuchungen; $S. Schwendener, zum 
10 Februar 1899 dargebracht (Recherches botaniques dédiées à 
Schwendener à l’occasion de son anniversaire [10 février 18997). 
1 vol. in-8° de 470 pages avec un portrait et 14 planches hors texte et 
45 fig. dans le texte. Berlin, Bornträger frères, 1899. 


Cet important ouvrage, dédié au professeur Schwendener par ses 
élèves, à l'occasion de son 70° anniversaire, ne renferme pas moins de 
24 Mémoires signés de noms bien connus de botanistes allemands, et 
contenant des recherches de grand intérét. Il est difficile, dans ces 
conditions, d'en donner une analyse, méme succincle, et nous devrons 
nous borner à en indiquer les grandes lignes. 

Nous trouvons d'abord un Mémoire de M. Geisenhagen sur les phé- 
nomenes d'adaptation chez quelques Fougères épiphytes appartenant au 
genre Niphobolus, puis un travail de M. Lindau intitulé : « Recherches 
sur le genre Gyrophora», dans lequel sont étudiés successivement 
l'appareil fructifère et la croissance du thalle. Viennent ensuite : une 
Note de M. Móbius sur les organes moteurs des pétioles des feuilles, une 
autre de M. Westermaier sur les stomates et leurs cellules compagnes, 
une de M. Klebahn sur la fructification du Sphæroplea annulina Ag. 

M. Haberlandt donne ensuite, sous le titre : « Sur l'apparition expéri- 
mentale d'un nouvel organe chez le Conocephalus ovatus », un intéres- 
sant complément à ses remarquables recherches sur les hydatodes. 

M. Bitter présente un travail sur les concavités réticulées de la face 
inférieureou de la totalité du thallechezcertains Lichens foliacés ou fru- 
ticuleux (Umbilicaria, Peltigera, Solorina, Ramalina, Cladonia). 
M. Heinricher étudie la faculté de régénération des bourgeons adventifs 
chez le Cystopteris bulbifera et chez les autres espèces de Cystopteris; 
M. Steinbrick, le mécanisme qui régit les phénomènes hygroscopiques 
dans les anthéres et les poils des plantes. 

M. Grüss publie ensuite un trés important Mémoire, intitulé : 
« Recherches sur l'Enzymologie », et dans lequel il étudie plus spécia- 
lement l'action des oxydases, l'action de l'enzyme du Penicillium glau- 
cum sur l'amidon et sur les réserves cellulosiques, l'action des diastases 
de sécrétion sur les réserves cellulosiques du Dracena Draco, l'action 
des enzymes sur le sucre de Canne. 

L'étude des Cactées épiphytes fournit à M. Schumann l'objet d'une 
Notice intéressante. 

A la suite de ce Mémoire, on rencontre une étude détaillée du déve- 
loppement de la fleur chez les Onagrariées, dans laquelle lauteur, 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71 


M. Weisse, passe successivement en revue tous les organes de la fleur; 
puis un travail de M. Volkens sur le pollen de quelques Loranthacées et 
Protéacées, qui apporte un complément nouveau à nos connaissances sur 
l'ornithophilie; une Note de M. Kolkwitz sur l'accroissement des bandes 
chlorophylliennes des Spirogyra, et une de M. Jahn sur l'étude du 
Comatricha obtusa (Myxomycètes). 

Citons encore le Mémoire de M. Schellenberg sur le développement 

de la tige chez l’ Aristolochia Sipho, puis ceux de M. Wille sur la migra- 
tion des substances inorganiques chez les Spirogyra ; de M. Fünfstück, 
« Nouvelles recherches sur la séparation des matiéres grasses chez les 
Lichens calcicoles »; de M. Kuckuck, sur le polymorphisme de quelques 
Phœosporées; de M. Correns, sur l'accroissement terminal, la disposition 
des feuilles et des rameaux chez les Mousses; de M. Holtermann, sur les 
Champignons myrmécophiles (Agaricus Rajap), et de M. Marloth, sur 
les gaines foliaires du Watsonia Meriana Miller considérées comme 
organes d'absorption de l'eau. 
. l'ouvrage se termine par un trés important travail de M. Reinhardt : 
« Études plasmolytiques sur laccroissement de la membrane cellu- 
laire », dans lequel l'auteur étudie successivement des germinations de 
Vicia Faba, Phaseolus multiflorus et Lepidium sativum, puis des 
plantes appartenant aux genres Vaucheria, Peziza, Saprolegnia, 
Mucor, Cosmarium, Spirogyra; et enfin par une Note de M. Tschirch 
relative à l'étude de la formation des résines chez les plantes. L. L. 


Indications générales sur la récolte et la conservation 
des drogues exotiques; par M. le prof. Louis Planchon (Extrait 
du Rull. de la Soc. languedocienne de Géographie, 1898). Tir. à part 
de 14 pages in-8°. 


Cette Note contient d'utiles renseignements à l'usage de tous ceux qui, 
voulant voyager dans les colonies, désirent rapporter des échantillons 
des produits utilisés en Matiére médicale dans les régions qu'ils visitent. 
Que rapporter et comment rapporter? Telles sont en effet les deux ques- 
lions qui se posent immédiatement au voyageur. | | 

Que rapporter ? Les objets employés par la thérapeutique locale, les 
substances toxiques, alimentaires ou industrielles. On récoltera la 
partie de plante employée, les produits de sécrétion, la forme brule el la 
forme commerciale, si le produit est soumis à une préparalion. Toutes 
les substances seront recueillies telles qu'on les emploie, et on y joindra 
les instruments divers servant à Ja récolte, à la préparation ou à l'utili- 
sation. 

Comment rapporter ? On recueillera les produits en se ra 
le plus possible des conditions de récolte indigène, puis on séche 


rapprochant 
ra, La 


72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dessiccation doit faire l'objet de précautions spéciales, qui sont exposées 
longuement dans le Mémoire de M. Planchon. Certains échantillons très 
délicats pourront étre conservés dans l'aleool ou dans d'autres liquides 
appropriés, tels que le formol, le sulfate de cuivre, le sublimé, etc. 
L'étiquetage sera fait avec soin; la conservation sera assurée par 
l'emploi du sulfure de carbone ou de la naphtaline; l'expédition néces- 
sitera un emballage minutieux, afin d'éviter toute avarie de la collection. 


L. Lurtz. 


Sur l'origine de la double coiffe de la racine chez les 
Tropæolées: par M. Camille Brunotte (Comptes rendus des 
séances de l'Académie des Sciences, séance du 17 janvier 1898). Tirage 
à part de 4 pages in-4°. 


Chez les Tropæolées, outre la coiffe normale, il existe une gaine radi- 
culaire terminale formant une sorte de capuchon assez épais à l'extré- 
mité de la radicule. L'étude de cette formation, déjà signalée par M. Fla- 
hault, a été reprise par M. Brunotte, qui a constaté les faits suivants : 

Dans le sac embryonnaire du Tropæolum majus, alors que l'œuf 
est déjà cloisonné, il apparait, au sommet du suspenseur, une masse 
pluricellulaire représentant le jeune embryon, et qui se différencie 
bientót pour constituer la plantule. Les cellules inférieures du suspen- 
seur ne tardent pas alors à devenir le siège d'une prolifération qui donne 
naissance à un tissu formé de cellules plus grandes que celles de la 
coiffe normale et constituant le tissu de la gaine. La deuxiéme coiffe du 
Tropæolum a donc son origine dans une prolifération du suspenseur. 


L. L. 


Sur une Diptérocécidie foliaire d Hypericum perfo- 
safum ; par M. Aug. Daguillon (Extrait de la Revue générale de 
Botanique, t. X, 1898, p. 5). 1 br. in-8° de 10 pages avec 12 fig. dans 
le texte. 


L'anomalie qui fait l'objet de cette Note consiste dans un raccourcis- 
sement des rameaux foliaires et dans une modification profonde des 
feuilles qu'ils supportent. Ces feuilles s'élargissent, deviennent moins 
longues; leur limbe se gonfle et s’incurve de manière à former une 
sorte de galle de section ellipsoidale et de couleur rouge. Cette trans- 
formation externe de la feuille s'aecompagne d'une différenciation 
importante de la structure. D'abord le limbe s'épaissit notablement; les 
cellules épidermiques perdent leurs contours sinueux; le parenchyme 
palissadique disparait totalement et se confond avec le parenchyme lacu- 
neux; la différenciation de la nervure principale tend à s’effacer ; le 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 13 


cordon ligneux cesse d’être homogène; le collenchyme qui protégeait 
les faisceaux de la feuille normale disparaît. Enfin les poches sécrétrices 
qui, dans la feuille normale, étaient au contact direct de l'épiderme, se 
noient dans le mésophylle et cessent d’être visibles par transparence, et 
les cellules épidermiques se chargent d'un pigment rouge. L. L. 


Recherches anatomiques et physiologiques sur le Tra- 
descanltia virginica L., au point de vue de l’organisation gé- 
nérale des Monocotylées et du type des Commélinées en particulier ; 
par M. A. Gravis (Extrait des Mémoires couronnés et des Mémoires 
des savants étrangers publiés par l'Acad. royale des Sciences, des 
Lettres et des Beaux-arts de Belgique, t. LVL, 1898). 1 vol. in-4° de 
304 pages avec 27 planches lithographiées hors texte. 


Cet important Mémoire renferme une étude fort complète du Tra- 
descantia virginica, conduite avec la plus grande minutie et dont les 
résultats sont nombreux. Voici, sommairement, les principaux de ces 
résultats : 

L'étude de la graine a révélé une structure très spéciale de l'épi- 
derme interne de la primine: les membranes et le contenu cellulaire 
sont imprégnés de silice, et il existe en outre, dans le tissu fonda- 
mental de la primine, des cellules scléreuses dues à une prolifération 
de cet épiderme. L'albumen contient des cellules amyliféres et des 
cellules protéiques; le sommet végétatif de l'embryon comprend trois 
histogènes, et non deux; lhypocotyle présente une structure spéciale 
due à une série de contacts entre les faisceaux radiculaires, cotylédo- 
naires et foliaires. Pendant la germination, le cotylédon se courbe 
lantót à droite, tantôt à gauche; cette courbure est liée à des causes 
internes ; peut-être y a-t-il là, en outre, des individus symétriques, 
comme, en chimie, on possède des corps présentant deux isoméres 
racémiques, 

L'étude des faisceaux et de leur course a donné des résultats impor- 
tants, qui ont permis de les rapporter à un type défini qui semble com- 
mun à toutes les Commélinées. Les faisceaux foliaires ne retournent 
Pas tous à la périphérie : certains pénètrent profondément dans l'inté- 
rieur de la lige et s'anastomosent; d'autres restent à l'extérieur et 
s'anastomosent aussi. Il en résulte que la coupe a une apparence étoilée. 
Les diaphragmes nodaux sont constitués par le réseau des faisceaux se 
rendant dans les bourgeons axillaires. On ne peut assigner une limite 
au péricycle dans l'intervalle des faisceaux du cercle extérieur. Le som- 
met végétatif de la tige compte quatre histogènes, l'activité du menar 
léme terminal est de courte durée; mais, pendant la différenciation 


74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


libéro-ligneuse, il existe, dans chaque faisceau, une zone cambiale qui 
dure également peu de temps. 

Les cellules à raphides et mucilage ne sont pas fusionnées; les lacunes 
ligneuses sont des conducteurs et des réservoirs d’eau; les cellules du 
parenchyme interfasciculaire des tiges jouent un rôle aquifère régu- 
lateur. 

Le développement des feuilles est basifuge ; elles naissent par le jeu 
de trois histogènes. La genèse des cellules annexes des stomates se fait 
comme l'avaient indiqué Strasburger et Sachs chez d’autres Commé- 
linées. Les cloisons latérales des cellules épidermiques des feuilles sont 
ponctuées; l'épiderme et l'hypoderme ont une fonction aquifère mar- 
quée, et l'étude de l'action des solutions salines sur la feuille a montré 
leur importance dans l’accomplissement du phénomène de la turges- 
cence dans les stomates. La phyllotaxie et l'examen de l'inflorescence 
ont aussi donné des résultats intéressants. 

Enfin l'anatomie comparée des racines a montré que l'assise de 
cellules située sous l'assise pilifère semble avoir la méme origine que 
cette assise, que le sommet végétatif présente trois histogènes avec un 
nombre variable de cellules initiales, et qu'il existe peut-étre un lien 
génétique entre les divers histogènes. L. Lurz. 


Beitr::ze zur Kenntniss der schweizerischen Rostpilze, 
von Ed. Fischer (Fortsetzung) (Contribution à l'étude des Rouilles de 
Suisse, suite). Extrait du Bull.de l'Herbier Boissier, t. VI, n° 1, jan- 
vier 1898. Une broch. in-8° de 7 pages. 


Ce fascicule comprend d'abord la description de deux espèces nou- 
velles : Puccinia OEcidi-Leucanthemi, parasite du Chrysanthemum 
Leucanthemum et P. Caricis-montanæ sur Carex montana. 

Un deuxième chapitre est relatif aux espèces d'Uromyces parasites des 
Primulacées alpines, et pour lesquelles il convient de modifier l'énumé- 
ration de Magnus et Dietel. Ces espèces sont : 

1^ Un Aut-Eu-Uromyces, sur Primula hirsuta; 

2^ Un Micro-Uromyces, sur Primula minima : 

3° Un Uromycopsis, sur Primula integrifolia et P. pedemontana. 
Le Primula integrifolia pourrait d'ailleurs étre le support de deux 
autres Champignons, un Micropuccinia identique à celui qui se déve- 
loppe sur Primula minima et un OEcidium d'origine inconnue. 

Vient ensuite un paragraphe intitulé : « Gymnosporangium junipe- 
rinum L. et G. tremelloides Hartig », qui renferme des aperçus inté- 
ressants sur le développement des téleutospores de ces espèces et les 
plantes qui leur servent de support. 


Un dernier article : « Cronartium ribicolum im Oberengadin » 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 75 


donne aussi quelques renseignements sur l'habitat de cette espèce, le 
cycle de son développement et le mécanisme de sa dispersion. L. L. 


Forschungen in der Natur; von J.-H.-H. Müller. — I. Bacte- 
rien und Eumyceten, oder was sind und woher stammen die Spalt- 
pilze? (Recherches d'Histoire naturelle. — I. Bactéries et Eumy- 
cétes, ou que sont et d’où viennent les Schizomycètes ?). Une bro- 
chure in-4° de 48 pages avec 2 tableaux synoptiques et une planche 
lithographiée coloriée hors texte. Berlin, librairie médicale Fischer, 
H. Kornfeld, 1898. 


Le Mémoire de M. Müller est divisé en trois parties : la première re- 
lative à l'origine des Bactéries; la deuxiéme, à la discussion des résultats 
généraux ; la troisième, aux conclusions. 

La premiére partie est elle-méme divisée en deux chapitres; le pre- 
mier contient des considérations toutes nouvelles sur la nature des 
spermaties, et l'extension des données qui les concernent aux proto- 
spores qui peuvent elles-mémes étre considérées comme les cellules- 
mères des Bactéries; le deuxième est consacré à l'étude d'un certain 
nombre de genres. 

Voici, du reste, le résumé des conclusions de ce travail : 

On peut grouper les spermaties et les formations sporifères analogues 
sous le nom général de protospores. Ces protospores, mises en germi- 
nation dans des conditions convenables, peuvent reproduire des Schi- 
zomycètes. 

D'autre part, la transformation des protospores en Bactéries est évi- 
dente, et, par suite, la théorie de Brefeld relative à la germination doit 
être écartée. Cependant, jamais les protospores n'ont donné d'orga- 
nismes pathogènes. | 

Ces protospores, dont on a récemment découvert la coloration au 
moyen des colorants d'aniline, se montrent sous forme de filaments 
linéaires dont la segmentation produit les Bactéries. Certaines espèces 
de protospores présentent cependant des caractères analogues à ceux des 
Schizomycétes, mais ces caractères doivent être considérés comme se 
rapportant à une formation d'endospores (paléospores). 

Pour se transformer en Bactéries, les protospores doivent passer par 
une période préalable de repos; à l'état frais, elles ne sont pas aptes à 
subir cette transformation. Il faut, en outre, que la culture se fasse en 
milieu anaérobie et à sec. 

Par culture, le genre Rhytisma a donné des variétés affectant des 
formes bacillaires (souvent méme deux formes). Ces variétés bacté- 
riennes sont les Monobies, mais elles ne constituent pas, bien entendu, 
"né espèce naturelle. Le Monobium Rhytismatis, en particulier, peut, 


76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


suivant les conditions de culture, prendre la forme Monobie et la forme 
Bacille. 

La production des formes bacillaires exige, on l'a vu, l'absence de 
l'air. Ces formes different également des formes mycotiques par leur 
maniére de se comporter tant chimique que physiologique. 

Les formes des Schizomycètes sont souvent très rapprochées des 
Bactéries pathogènes au point de vue morphologique. L'identité prouvée 
de la forme bactérienne (Micrococcus) du Dothidella Ulmi avec le 
Gonocoque est intéressante au point de vue de l’étude des maladies in- 
fectieuses. 

Il y aurait cependant lieu de faire l'expérience inverse et de tenter 
la reproduction des formes fongiques par culture des Monobies sur les 
plantes. En outre, tandis que la parenté des Bactéries et des Eumycètes 
peut être considérée comme prouvée, la biologie de ces formes reste 
encore hypothétique et son étude mérite d'attirer l'attention. 


L. Lurz. 


Pflanzen-Geographie auf physiologischer Grundlage (Là 
Géographie des plantes avec la physiologie pour base), 4 vol. in-8 
de xvir-876 pages, avec 507 planches ou figures dans le texte et quatre 


carles géograph.; par M. A. F. W. Schimper. Iéna, Gustav Fischer, 
1898. 28 marks. 


Il est bien difficile de parler comme il convient d'un livre comme 
celui-ci dans les limites qui nous sont accordées. Il ne faut pas songer à 
l’analyser, méme sommairement; la table des matières en occupe dix 
pages en petit texte serré. On peut encore moins le louer comme il le 
mérite; nous lui avons consacré ailleurs un assez long article (Annales 
de Géographie, VIT, pp. 193-206), beaucoup trop court à notre gré. 
Dire qu'il est excellent, conseiller à tous les botanistes de le lire et de 
l'étudier, leur en donner le désir, c'est à peu prés tout ce que nous pou- 
vons. Nous avons eu, il y a quelques mois à peine, l'occasion de dire du 
bien d'un ouvrage sur le méme sujet. M. Warming a fort savamment 
exposé le programme de la Géographie botanique et montré qu'elle doit 
s'appuyer avant tout sur la connaissance des rapports qui existent entre 
les fonctions de la plante et les facteurs physico-chimiques extérieurs ; 
M. Schimper développe ce programme au moment où il vient d’être 
esquissé. M. Warming avait déjà le mérite d'avoir beaucoup vu par lui- 
méme, du Groenland au Brésil et aux Antilles; M. Schimper a cherché 
sous les tropiques la solution de problémes insolubles sous nos climats 
tempérés ou froids; en outre, il a tiré parti de l'expérience acquise par 
les nombreux savants qui, depuis dix ans, ont abandonné notre vieille 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71 


Europe pour chercher au loin de nouveaux sujets d'étude. Il a mis à 
profit encore tout ce que la science possédait de données éparses et de 
solutions partielles. Il a mis dans son livre beaucoup de personnalité ; 
il n'y est pas question de théories ; c’est une œuvre largement documeu- 
tée, trés vivante, Tout y a été vu; les descriptions sont accompagnées 
de nombreuses figures dessinées sur la nature ou reproduisant les objets 
d’après la photographie. L'auteur ne laisse pas de place à l'hypothèse; 
il expose des faits, beaucoup de faits, empruntés à tous les milieux, à 
tous les mondes. La conclusion s'en déduit sans effort d'imagination, 
comme une conséquence logique, évidente, des faits énoncés. Ils le sont 
dela manière la plus démonstrative ; des descriptions brèves commen- 
tent simplement de nombreuses figures ou des phototypies, et les notions 
avec lesquelles nous sommes le moins familiarisés s'imposent à notre 
convietion. 

Ce n'est pas seulement l'auteur qu'il faudrait louer d'ailleurs, si on 
en avait la place. L'éditeur mérite aussi sa grande parl d'éloges; 1l a 
compris ce qu'il devait à une pareille œuvre et n'a rien négligé pour lui 
assurer ce caractère parfaitement concret qui la distingue. L'applica- 
tion des procédés photographiques de la gravure n'a encore été faite 
avec autant de bonheur à aucun ouvrage scientifique, ce nous semble. 
Qu'on considére, par exemple, les vues de la forét tropicale de Java et 
du Mexique méridioual (fig. 129, 137 et 152) et l'on reconnaitra qu'il 
est difficile de mieux faire. 

Pouvons-nous, malgré tout, tenter de donner une idée du plan du 
livre? Il comprend trois parties. La première est consacrée à l'étude 
des faeteurs écologiques et de leur action sur la structure des plantes et 
la répartition des forines végétales. La deuxième partie étudie le groupe- 
ment des formes en associations. La troisième est l'application de ce qui 
précéde aux grandes régions naturelles du globe. mE 

Les agents écologiques sont nombreux. Bien qu'ils u'agissent jamais 
isolément, nous sommes obligés de les étudier successivement; le plus 
Souvent méme, il est impossible de déterminer, dans un ensemble de 
Phénomènes, la part exacte qui revient à chacun d'eux. Beaucoup de 
débutants dans les études physiologiques emploient volontiers la for- 
mule classique : toutes conditions étant égales d’ailleurs; et, quand on 
lit leurs travaux, on reconnait trop souvent qu'il leur a été impossible de 
se mettre à l'abri de toutes les causes perturbatrices de leurs expériences. 
Aussi faut-il négliger beaucoup de travaux de physiologie expérimentale 
publiés depuis un quart de siècle. 

De tous les agents écologiques, l'eau est le plus important; aucune 
manifestation vitale n'est possible sans l'intervention de l'eau. Son action 
se traduit par des phénomènes appréciables, évidents; elle est en rap- 


18 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


port avec des détails d'organisation qui ne sauraient tromper. Chez cer- 
taines plantes, des mécanismes particuliers activent l'émission de l'eau; 
chez d'autres, l'absorption est activée et la transpiration ralentie; celles-ci 
redoutent les climats pluvieux et humides, les premières les recher- 
chent. On a méme l'habitude de désigner respectivement les plantes des 
stations humides et des stations sèches sous le nom de plantes hygro- 
philes et xérophiles. Mais il est essentiel de retenir qu'il n'y a pas de 
concordance nécessaire entre les propriétés physiques du sol et les 
aptitudes physiologiques des végétaux. Un sol trés humide peut étre 
physiologiquement sec, c'est-à-dire incapable de céder aux plantes l'eau 
dont il est pénétré. C'est le cas des sols riches en substances minérales 
dissoutes, chlorure de sodium, etc., et des sols dont la température est 
trop basse. C'est ainsi que les marais salants et les toundras polaires 
sont des stations xérophiles. Il faut donc apporter ün correctif à la notion 
généralement admise, en reconnaissant que les végétaux hygrophiles 
habitent les stations physiologiquement humides, celles dont l'eau est à 
la libre disposition de la plante, et que les végétaux xérophiles habitent 
les stations physiologiquement sèches. Les climats secs et les climats 
froids, étant équivalents à ce point de vue, déterminent des mécanismes 
identiques. Nous ne pouvons qu'énoncer trop séchement des faits. Ils 
sont toujours trés sobrement exprimés par l'auteur, mais toujours ap- 
puyés d'exemples observés dans la nature et parfaitement démonstra- 
tifs. C'est un grand charme de trouver toujours l'application immé- 
diate du fait énoncé aux exemples les plus favorables qu'il soit possible 
de choisir. 

La chaleur, l'atmosphére, la lumière, le sol sont l'objet d'études aussi 
approfondies que l'eau. M. Schimper consacre un chapitre trés re- 
marquable aux rapports des animaux avec les plantes et à l'influence 
qu'exercent les premiers sur la répartition des végétaux. 

Cette premiére partie est la moins facile à lire. Nous pouvons assurer 
pourtant que le lecteur attentif qui en aura lu les premiéres pages 
voudra continuer et qu'il ira jusqu'au bout du livre. 

Les facteurs climatiques et les caractéres du sol, agissant dans le méme 
sens sur un grand nombre d'espéces, déterminent la constitution de 
certains ensembles auxquels les mémes conditions de milieu impriment 
la méme physionomie. La quantité de pluies et leur répartition suivant 
les saisons, l'état hygrométrique de l'air, les mouvements de l'air sont 
les facteurs principaux qui, dans les régions chaudes ou tempérées, 
déterminent le typede la végétation. Les foréts, les prairies, les déserts, 
ces types primordiaux de la végétation, sont rigoureusement fonctions 
du climat, tout changement qu’on y observe d’un lieu à un autre est 
sûrement l'expression d'un changement de climat, de l'humidité sur- 


ee 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19 


tout. L'humidité a donc la plus grande importance géographique, 
puisqu'elle détermine la forme de la végétation. Au contraire, la tempė- 
rature, à laquelle on est tenté d' accorder un rôle prédominant, déter- 
mine surtout le caractère floristique de la végétation; c'est elle qui 
permet l'établissement des Renonculacées, des Crueiféres, des Saxi- 
fragacées dans les régions froides (polaires ou alpines); c’est elle qui 
confine les Palmiers dans les régions chaudes, ete. Tout cela devient 
clair jusqu'à l'évidence à la lecture des différents chapitres où M. Schim- 
per développe tous les détails de son sujet en les appuyant toujours par 
les meilleurs exemples. 

Bien que la troisième partie soit la plus longue, il est inu ile d'en 
recommander la lecture à ceux que n'auront pas arrêtés les difficultés 
du début. Elle se lit plus aisément que les précédentes, mais elle est 
l'application des deux premiéres, et bien des détails y demeureraient 
obscurs sans les explications préalables, d'un caractére parfois trés 
technique, qui font des premières parties une œuvre capitale au point 
de vue botanique et une base fondamentale pour les études du géographe. 

Nous n'avons pas à souhaiter le succès au livre de M. Schimper; s'il 
est vrai que la librairie est encombrée d'oeuvres médiocres, les chefs- 
d'euvre font toujours leur chemin; celui-ci se distingue, parmi les 
ouvrages allemands, par une clarté exceptionnelle, qui le met à la 


portée des personnes peu familiarisées avec la langue allemande. 
C. FLAHAULT. 


Histoire de la Pomme de terre, traitée au point de vue his- 
torique, biologique, pathologique, cultural et utilitaire; par M. Ernest 
Roze. Un vol. in-8 de xi1-404 pages, orné de 158 figures intercalées 
dans le texte et d'une planche coloriée. Paris, J. Rothschild, 1893. 


Le beau livre élaboré par notre confrére s'adresse à la fois aux bota- 
nistes, aux agriculteurs et aux personnes curieuses d'étre renseignées 
sur une plante dont l'importance est si considérable dans l'alimentation 
et l'industrie. M. Roze ne s'est pas contenté de réunir le plus grand 
nombre des documents publiés sur la Pomme de terre et d'en donner le 
résumé ; il a préféré les reproduire intégralement. Ceux-ci, disposés par 
ordre chronologique, dans des chapitres distinets, permettent à tout 
lecteur d'étudier directement tel point de l'histoire de la Pomme de 
terre sur lequel il désire étre renseigné. Ea 

Le botaniste sera surtout attiré par les chapitres relatifs au pays d'ori- 
gine de la Pomme de terre, aux espèces affines avec lesquelles on peut 
la confondre, à son mode d'introduction en Europe. H remarquera la 
planche coloriée reproduisant une aquarelle conservée au Musée I lantin, 
à Anvers, qui représente la Pomme de terre telle qu'elle était il y a trois 


80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


siècles, au temps de Clusius. Elle montre que depuis 1589 les parties 
a^riennes de la plante, qui n'ont été l’objet d'aucune sélection, ne se 
sont pas modifiées d'une maniére appréciable, tandis que les tubercules 
ont varié d'une maniére étonnante, puisque, au lieu des deux variétés 
du début, on en connait à présent plus d'un millier. 

A signaler aussi, d'une manière particulière, le chapitre où l'auteur 
décrit, en grande partie d'aprés ses propres recherches, les maladies de 
la Pomme de terre et les observations faites sur les Hybridations, les 
Fécondations croisées et la Greffe de la Pomme de terre. 

En somme, l'Histoire de la Pomme de terre est un recueil d'un 
grand nombre de faits intéressants qu'on ne pourrait se procurer qu'en 
consultant un trés grand nombre de livres, dont quelques-uns peu acces- 
sibles. . Ep. BORNET 


NOUVELLES 


(1* juin 1899). 


— Par arrété du Ministre de l’Instruction publique, en date du 
7 avril 1899 et à l’occasion du Congrès des Sociétés savantes, nos con- 
fréres MM. Comére, de Toulouse, et Guérin, l'un des secrétaires de la 
Société, ont été nommés officiers d'Académie. 


— M. Georges Poirault a été nommé directeur du Laboratoire de 
l'enseignement supérieur de la Villa Thuret, à Antibes, en remplace- 
ment de M. Naudin décédé. 


— La librairie J.-B. Barzuiène et fils, 19, rue Hautefeuille, à Paris, 
a fait paraître une Bibliographie botanique (4 vol. in-8°, 160 pages à 
deux colonnes) mentionnant environ 5000 ouvrages et que recevront 
tous ceux qui en feront la demande (en joignant 50 centimes en timbres 
pour l'affranchissement). 


Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, 
ERN. MALINVAUD. 


14520. -- Lib. -Impr. réunies, rue Saint-Benoit, 7, Paris — Morrt.n0z, directeur. 


| 


E EET E E EET CS RN RR D E 


BULL. SOC. BOT. DE FRANCE T. xrvi (1809), PL I. 


Photogravare Rougeron. 
M. Gomont del. 


1-4. SCIHLZOTURIX. SEPTENTRIONALIS sp. m. — 5 $ MOBILEN ! 
NÂGELI, f. LYNGBYOIDE.A. — 6-10. PLECTONEMA CALOTHRICHI D 
sp. n. — i. P. GOLENKINIANUM sp. n. — i2. P. BORVANUM sp. n. — 
13. PHOR MIDIUM. ECTOCARPI sp n. — 14. P. CEBENNENSE sp. n. — 15710. P. 
SUBSALSUM sp. n. — 17. OSCILLA TORIA LLOYDIANA sp. n. 


SÉANCE DU 10 MARS 1899. 
PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. Buchet, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal: 
de la séance du 24 février, dont la rédaction est adoptée. 

M. le Président, au nom du Conseil, qui a approuvé les 
conclusions du Rapport présenté par la Commission chargée 
d'examiner les avis recus des départements, propose à la 
Société de tenir cette année une session extraordinaire dans 
le Var et, à cet effet, de se réunir à Hyères le 20 mai pro- 
chain, veille de la Pentecóte. 

Le Secrétaire général donne des explications à l'appui de 
ce projet, qui est adopté par un vote unanime de l'assemblée. 

M. Malinvaud analyse et lit en partie les communications 
écrites sulvantes : | 


REVISION DES RUBUS DE L'HERBIER DU TARN pe DE MARTRIN-DONOS; 
par M. H. SUDRE. 


De Martrin-Donos, dans sa Florule du Tarn, donne la des- 
cription de cinquante-quatre espèces de Rubus. L'auteur de cet 
important et consciencieux travail reconnait, en abordant l'étude 
de ce genre, que de nombreuses formes se présentent à lui jour- 
nellement; il se borne à mentionner les espèces qu'il croit con- 
naître et s’abstient à dessein d'en donner l'analyse. Il ajoute 
qu'il a soumis la plupart de ses spécimens à l'appréciation de 
Genevier, l'auteur bien connu de la Monographie des Rubus du 
bassin de la Loire, ou de Victor Lefèvre, dont la compétence était 
très grande. 

Depuis quelques années, me livrant d'une facon toute particu- 
lière à l'étude de ce genre, j'ai recherché les espèces de de Martrin 
dans les localités citées par cet auteur. En comparant mes spéci- 
mens à ceux qui figurent dans l'herbier légué à la ville d'Albi par 
ce botaniste, il m'a été possible de connaitre exactement les 


lormes de Rubus décrites dans la Florule du Tarn. J'ai acquis 
T. XLVI. (SÉANCES) 6 


82 SÉANCE DU 10 mars 1899. 


la certitude que, si quelques numéros ont bien été nommés par 
Genevier ou par Lefèvre, un plus grand nombre ont été simple- 
ment déterminés à l'aide de la Flore du Centre de Boreau. Or 
on sait que Boreau a identifié à tort beaucoup de ses espèces à 
celles des Rubi Germanici de Weihe et Nees; on s'explique 
ainsi aisément que de nombreuses erreurs de détermination 
puissent étre relevées dans le travail de de Martrin. 

On trouve, parmi les Rubus de l'herbier du Tarn, un certain 

nombre de spécimens qui sont presque complètement stériles. 
Cette particularité, bien digne pourtant de remarque, parait avoir 
échappé au botaniste tarnais, qui ne soupconnait pas l'origine 
probablement hybride d'un certain nombre de ses espéces. Je crois 
bon de faire observer que cette stérilité, dans la plupart des cas, 
n'est pas accidentelle. J'ai en effet retrouvé beaucoup de buissons 
sur lesquels de Martrin avait, dés 1850, récolté ses spécimens. Ces 
buissons présentent encore aujourd'hui le méme degré de stérilité 
qu'autrefois. De plus, le pollen, que dans beaucoup de cas j'ai pu 
étudier au microscope, est formé, dans les échantillons stériles de 
de Martrin aussi bien que dans les miens récoltés plus de quarante 
ans plus tard, de grains trés inégaux et la plupart déformés. Pour 
moi, l'origine hybride de ces formes stériles, à pollen trés irrégu- 
lier, formes souvent réduites à quelques buissons, ne me parait 
pas douteuse. Comme ces hybrides sont dus, dans beaucoup de cas; 
au croisement de formes ou de sous-espéces locales ayant une aire 
de dispersion souvent peu étendue, on comprend qu'il soit presque 
toujours impossible de les identifier sürement aux nombreuses 
formes décrites par les batologues. 
. Dans ce travail de revision, je suivrai l'ordre adopté dans la 
Florule de de Martrin-Donos; je dresserai ensuite un tableau sy- 
noptique des Rubus du Tarn d'aprésles seuls spécimens provenant 
de l'herbier de ce botauiste. 


Sect. I. — R. SUBERECTI Müll. 


Rubus affinis (W. N.). — Deux spécimens : 


1. — Anglés, aux Trois-Planches. Étamines très courtes, calice im 
parfaitement réfléchi. C'est un R. plicatus W. N. 


NM e. | 
2. — Forêt de Lacaune. — Peu différent du précédent, mais éta-- 


SUDRE. — RUDUS DE L'HERDIER DE MARTRIN-DONOS. 83 


mines égalant les styles ou les dépassant un peu : R. plieatus W. N. 
var. biformis. — R. biformis Boul. Rub. Gall., n° 102 et 57. 


R. nitidus W. N. — Lacabaréde, dans la forét. — Le turion est 
un peu poilu et le calice tomenteux. Toutefois la plante parait bien ap- 
partenir au R. nitidus W. N. 


Sect. IT. — R. SILVATICI Mill. 


R. Victoris de Martr. — Forét de Giroussens. — L'étiquette 
porte : « Espèce remarquable selon M. Müller, voisine, ir ais entière- 
ment distincte du R. piletostachys Godr. » Feuilles vertes et glabres- 
centes en dessous ; inflorescence feuillée jusqu’au sommet, fortement 
hérissée, à glandes trés rares; pétales roses ; styles rouges. N'est qu'une 
forme luxuriante du R. Questieri Lef. et;Müll., à feuilles plus larges 
que d'habitude, à turions un peu poilus et à inflorescence plus làche. 
Le R. Questieri est d'ailleurs abondant dans cette localité. R. Ques- 
tieri Lef. et Müll. var. Victoris Nob. 


R. macrophyllus (W. N.). — Deux spécimens : 
1. — Les bois des Gasques, sous la Grésigne. — Est bien un À. ma- 


crophyllus W. N. — Turion à aiguillons égaux ; inflorescence non glan- 
duleuse, 
2. — La Montélarié, les bois. — Ronce virescente à feuillage trés 


ample et rappelant le R. macrophyllus W. N.; mais turions à aiguillons 
très inégaux, accompagnés de quelques glandes; celles-ci assez fré- 
quentes sur les pétioles, les rameaux et l'inflorescence, qui est feuillée 
jusqu'au sommet; calice à lobes appendiculés; carpelles poilus. Appar- 
tient aux Rh. APPENDICULATI Gen. gr. des R. VESTITI. — R. hypo- 
leueus Lef. et Müll., sbsp. R. ferrariarum (Rip. in Genev.). 

R. fagicola de Martr. — Un échantillon; forêt de Lacabaréde. — 
Belle Ronce très répandue dans toute la région montagneuse du Tarn 
et paraissant constituer une espèce de premier ordre. 

R. calvatus (Blox). — Lacabarède, bois. — Est le R. Questieri 
Lef. et Müll. 


R. fallax Chaboiss. — Lacabarède, les haies. — Ne diffère pas du 
précédent. 


Sect. III. — R. DISCOLORES Mill. 


R. albidus de Martr. an Merc.? — Lacabarède, haies. — afe 
des R. Phyllostachys Müll. et tomentosus Bork.; fructification p? 


84 . SÉANCE DU 10 Mans 1899. 


tielle. — Probablement : Rubus phyllostachys X Lloydianus. Les 
parents présumés sont communs à Lacabaréde. 


R. robustus (de Martr. non Müll.). — Un échantillon : lisiére de 
la forét de Grésigne (localité non mentionnée dans la Florule du Tarn). 
Turion à faces un peu excavées, à quelques poils épars, à aiguillons 
forts, falqués, à quelques glandes sessiles; stipules lancéolées, trés hé- 
rissées, à quelques glandes courtes; feuilles 5-nées, flasques, tomen- 
telleuses et poilues en dessus, blanches-tomenteuses et très mollement 
hérissées en dessous, bordées de dents aiguës, inégales; pétiole à ai- 
euillons erochus ; foliole terminale à pétiolule égalant presque la moitié 
de sa hauteur, suborbiculaire, entiére ou subéchancrée, peu acuminée; 
les inférieures subsessiles. Rameau anguleux, poilu, sans glandes, à ai- 
guillons géniculés, un peu inégaux; feuilles 3-nées, les supérieures 
tomenteuses et poilues en dessous. Inflorescence grande, allongée, 
multiflore, presque nue, trés fortement hérissée, munie de très larges 
bractées, à aiguillons nombreux, inégaux, à glandes nulles ; pédon- 
cules dressés-étalés, trés multiflores; calice fortement hérissé (pétales 
roses; élamines blanches, styles verdàtres, sec. de Martrin) ; carpelles 
presque tous avortés, poilus dans leur jeunesse. Cette plante a les 
feuilles du R. vestitus W. N., mais un peu tomentelleuses en dessus. 
Elle est dépourvue de glandes pédicellées et appartient aux R. DISCO- 
LORES. Je la considère comme un R. tomentosus (canescens) X vesti- 
tus — R. hirsutifolius Nob. 


R. Thuillieri (Poir.). — Deux échantillons : Saint-Urcisse, haies; 
vallon de la Vére. — L'étiquette de ce dernier porte : «R. THUILLIERI 
Poir. v. cordifolius W. N. » — Ces deux spécimens sont identiques à 
ceux que j'ai distribués dans les Rubi Gallici de MM. Boulay et Boulf 
de Lesdain, n° 123, sous le nom de R. phyllostachys Müll. C'est une 
sous-espéce du R. thyrsoideus Wimm., qui parait trés répandue dans 
le sud-ouest de la France. 

Les synonymes : R. rhamnifolius (W. N.) et cordifolius (W. X-) 
cités par de Martrin ne sauraient convenir à ce Rubus. 


R. thyrsoideus Wimm. — Deux spécimens : 


1. — Saint-Urcisse, haies. — C'est bien le thyrsoideus Wimm. sbsp- 
R. candicans Weih — R.coarctatus Müll. 


2. — Saint-Urcisse, bois de la Garenne. — Diffère du précédent pal 
ses folioles beaucoup plus larges, un peu en cœur. — R. candicans 
W. var. latifotius Nob. 


R. coarctatus (Müll.). — Saint- Urcisse, broussailles du part. 
— L'étiquette porte : « Ces échantillons ont été communiqués à 
M. Müller qui les rapporterait plutôt au R. constrictus Müll. » A peint 


SUDRE. — RUBUS DE L'HERBIER DE MARTRIN-DONOS. 85 


distinct du précédent, mais grappe plus compacte; feuilles inférieures 
verles en dessous. R. candicans W. var. constrictus Nob. 


R. Mullerianus de Martr., Florule, add. et corr. p. 861. — 
R. plicatus, Fl. p. 222 (non W. N. !). — Saint-Urcisse, bois de Camhon. 
— Forme à larges feuilles du R. thyrsotdeus Wimm. sbsp. candi- 
cans W. La tige porte de nombreuses glandes sessiles; les feuilles sont 
ordinairement plissées, l'inflorescence simple et les fleurs rosces. 


R. hololeucos (Genev.). — Deux spécimens bien différents l'un 
de l’autre : 1. Mézens, prés du pont. — Robuste; turion anguleux, à 


poils rares, à aiguillons un peu inégaux, sans glandes; feuilles d'un vert 
terne et glabres en dessus, blanches-tomenteuses et poilues en dessous, 
à dents grosses, inégales; foliole terminale ovale, échancrée, aiguë, à 
pétiolule égalant le tiers de sa hauteur. Rameau allongé, peu poilu, à 
feuilles 3-nées. Inflorescence un peu hérissée, lâche, à pédicelles gréles ; 
fleurs blanches; carpelles poilus; stérile. — Plante hybride provenant 
du croisement du R. collisparsus Sudre, herbier, 1897 (sous-espèce du 
R. hedycarpus Fock.) et du R. Lloydianus Genev. — X R. candens 
Nob. — R. collisparsus X Lloydianus (Herb. 1897). Le R. hololeucos 
Genev. Mon. p. 311, a les folioles entières, acuminées, finement den- 
lées; le rameau est court et hérissé; l'inflorescence pelite et dense et 
il dérive aussi du R. Lloydianus. 


2. — Larroque-de-Vére, haies, broussailles. — Feuilles nettement 
tomenteuses en dessus. — R. tomentosus Borckh. 
R. vendeanus Genev. — Lisle, bords du Tarn. — J'ignore si ces 


spécimens ont été nommés par Genevier. Ils répondent bien à la des- 
cription du R. vendeanus Gen., Mon., p. 320. — La tige, fortement 
tomenteuse et poilue, est caractéristique. Comme la plantef ructifie mal, 
il est probable qu'elle est d'origine hybride. 

Le R. Lloydianus Genev. présente dans le Tarn une forme à turions 
tomentelleux et fortement poilus, à panicule glanduleuse (R. subparilis 
Sudre, Herb. 1897). Il peut se faire que le R. vendeanus de Martrin 
provienne du R. ulmifolius Schott., f. R. rusticanus Merc., croisé 


-y . ilis Nob.? 
avec le R. subparilis. — R. rusticanus X subparilis Nob. ? 
R. Lloydianus Genev.! — Saint-Urcisse, à Lafage. — Je consi- 


dère cette plante comme une sous-espèce du R. tomentosus Borckh. — 
(AC. dans tout le département, où le type est rare). 

R. tomentosus Dorckh. — Deux spécimens : 

1. — Bords de la forét de Grésigne, au-dessus de Larroque. 
bien le R. tomentosus (canescens). 

2. — Bois d'Avignon, prés Lisle. — L'étiquelte porte : R. tomen- 


— C'est 


86 SÉANCE DU 40 Mans 1899. 


tosus Borckh. var. glabratus Godr. — Turion non glauque, à faces un 
peu excavées, peu poilu, à aiguillons un peu inégaux, comprimés. Feuilles 
D-nées, minces, flasques, glabres en dessus, blanches-tomenteuses et 
très peu poilues en dessous, à dents larges, inégales, peu profondes. 
Pétiole à aiguillons crochus; foliole terminale à pétiolule égalant le 
tiers de sa hauteur, étroitement obovale, entière, aiguë ou peu acuminée. 
Rameau allongé, à aiguillons falqués. — Inflorescence feuillée à la base, 
lîiche, tomenteuse, maigrement hérissée, à pédicelles gréles; pétales 
roses, longuement rétrécis à la base; étamines blanches, dépassant les 
styles verdâtres; jeunes carpelles poilus. Pollen trés mélangé; plante 
stérile. J'ai récolté cette plante dans la méme localité en 1896. Elle tient 
des Rubus ulmifolius Schot. et Lloydianus Gen., avec lesquels elle 
croit, mais est plus rapprochée de ce dernier. X R. super-Lloydianus 
x ulmifolius — R. malacoides Nob. Herb. (1896). 


R. arduennensis (Lib.?). — Saint-Urcisse, haies. — Peu différent 
du précédent : turion à faces planes; feuilles à dents moins profondes; 
inflorescence très multiflore; carpelles glabres; plante plus fertile. X R. 
malacoides Sudre var. ramiflorus [ R. ramiflorus Sudre, Herb. (1897)]. 
J'ai récolté cette forme dans lalocalité citée par de Martrin, à Saint-Ur- 


cisse, prés de l'école communale. Ce n'est point le R. arduennensis 
Lib. ! 


R. collinus (DC.). Deux spécimens : 


1. — Saint-Urcisse, au bois de Pins. — Les feuilles sont couvertes de 
poussière et paraissent cendrées ; elles ne sont nullement tomentelleuses 
en dessus! Dien que les feuilles caulinaires manquent, je rapporte sans 
hésitation cette plante à mon R. collisparsus dont j'ai parlé plus haut. 
— R. collisparsus Sudre, Herb. (1897). — Turion anguleux, à faces 
planes ou un peu excavées, subpruineux, glabre ; aiguillons forts, droits 
ou presque droits. Feuilles 5-nées, fermes, d'un vert jaunàtre en dessus, 
blanches-tomenteuses et un peu poilues en dessous, à dents aigués, iné- 
gales; pétioles à aiguillons crochus ; foliole terminale à pétiolule égalant 
le tiers ou les deux cinquièmes de sa hauteur, largement ovale, entière ou 
peu échancrée, aiguë ou peu acuminée. Rameau anguleux, pubescent, à 
aiguillons falqués; feuilles 3-5-nées, semblables aux caulinaires. Inflores- 
cence dense, peu feuillée à la base, tomenteuse, hérissée, à aiguillons fal- 
qués ou géniculés, forts; pédoncules moyens courts, étalés, multiflores; 
calice peu poilu, réfléchi; pétales rosés, ovales, à onglet court; étamines 
blanches, dépassant les styles verdátres ; jeunes carpelles poilus. Plante 
bien fertile, à pollen peu mélangé. Ses feuilles poilues en dessous, son 
inflorescence un peu hérissée et son pollen à grains un peu inégaux la 
distinguent du R ulmifolius Schott. qu'elle rappelle un p eu par ses tu- 


MEL | 


SUDRE. — RUBUS DE L'HERBIER DE MARTRIN-DONOs. 87 


rions souvent légèrement pruineux. AC. dans tout le Tarn, Elle est bien 
distincte du R. Winteri Müll., qui a les turions nettement glauques, 
l'inflorescence très làche et la denticulation des feuilles différente. 


2, — Coteaux, entre Ambialet et Villefranche (juillet 1852). — Un ra- 
meau ; Ja feuille caulinaire manque. Plante distincte du vrai R. collinus 
DC.! — Rameau anguleux, abondamment et longuement poilu-hérissé, 
à aiguillons forts, égaux, déclinés ou un peu falqués. Feuilles inférieures 
9-nées, les supérieures 3-nées, toutes fortement tomentelleuses et trés 
poilues en dessus, à tomentum jaunâtre, très épais, laineux, abondam- 
ment et longuement poilues en dessous, à dents fines, trés aigués, iné- 
gales; pétioles longuement poilus-hérissés, à aiguillons déclinés ou fal- 
qués ; foliole terminale à pétiolule égalant le cinquième ou le sixième de 
sa hauteur, largement ovale, entière, aiguë dans les feuilles inférieures, 
acuminée dans les supérieures; folioles latérales et inférieures sessiles, 
amples, se recouvrant par les bords. Inflorescence allongée, multiflore, 
feuillée à la base, abondamment et longuement hérissée, à aiguillons vi- 
goureux, déclinés ou falqués, à bractées larges, trifides; calice fortement 
hérissé, réfléchi; pétales blanes (sec. de Martrin), ovales, rétrécis à la 
base; étamines dépassant les styles; jeunes carpelles glabres; parait 
stérile. Plante trés remarquable, rappelant par la forme de ses folioles 
et leur denticulation, et par ses aiguillons robustes, le R. Gilloti N. 
Doul., qui croit sur les coteaux de Villefranche et dont elle dérive peut- 
ètre; elle est fortement velue-laineuse, particuliérement sur la face infé- 
rieure des feuilles, ce qui la distingue aisément du R. collinus DC. Je 
la désigne sous le nom de X R. eriopsilon. —R. tomentosus (canescens) 
X Gilloti? . 

J'ai récolté en 1897, à Moularés, près de Sillac, une forme ou sous- 
espèce du R. tomentosus Borckh., dont les feuilles finement dentées et 
acuminées sont aussi très poilues ; les fleurs sont en outre d'un beau rose 
et le pollen est pur : R. sericeus Nob. (Herbier). Peut-étre celte forme 
a-t-elle contribué à la production du R. eriopsilon ? 


R. bellulus Müll. et Timb. ? inédit. — Lisle; haies, bords de la 
route de Parisot. — L'étiquette porte : « Differe du type que je tiens 
de M. Timbal-Lagrave par ses sépales à pointe bien plus courte et ses 
lédoncules munis de quelques aiguillons longs. » J'ignore si celle plante 
peut être identifiée au R. bellulus M. et T. — Elle diffère à peine d uné 
forme assez répandue dans le Tarn et que je possède de six localités : 
R. collicola Nob., Herb. (1897). — Le R. collicola tient à la fois des 
tomentosus, ulmifolius et hedycarpus Fock. Son pollen est à peu 
près pur. En voici les principaux caractères : Turion à faces planes, à 
quelques poils épars, à aiguillons courts, droits ou un peu falqués. 
Feuilles petites, 5-nées, d'un vert gai, glabresen dessus, blanches-tomen- 


:88 SÉANCE DU 10 mars 1899. 


teuses et poilues en dessous, à dents fines, inégales; pétiole à aiguillons 
crochus ; foliole terminale elliptique, très entière, acuminée, à pétiolule 
égalant le tiers ou le quart de sa hauteur. — Rameau pubescent, à 
aiguillons courts, falqués, à feuilles ordinairement 3-nées. — Inflores- 
cence multiflore, peu feuillée à la base, poilue, souvent presque inerme ; 
calice poilu, à lobes courts; pétales rosés, ovales; élamines blanches 
dépassant les styles à base souvent un peu rougeâtre, jeunes carpelles 
poilus. Bien fertile. — La plante de de Martrin, dont les turions sont 
couverts d'une pubescence apprimée, peut être considérée comme une 
simple variété pubescens du Rubus collicola. 


R. pubescens (W. N.). — Lacabarède. —- Les folioles caulinaires 
sont réguliérement ovales ou un peu obovales, trés enliéres, aigués, 
mais non acuminées, ce qui distingue la plante du R. pubescens W. N. 
— Identique à des spécimens que j'ai récoltés prés du bassin de Saint- 
Ferréol, et appelés R. procerus Müll. par M. Boulay. 


R. splendens Chaboiss. — Vallon du Tescou. — Fructification 
partielle. Nettement intermédiaire entre R. Lloydianus Gen. et R. ul- 
mifolius Schott. — R. Lloydianus X< ulmifolius Nob. — Les fleurs 
roses dénotent l'influence de ce dernier comme porte-pollen. 


R. argenteus (W. N.). — Bords de la forét de Grésigne. — Plante 
identique au n° 132 des Rubi Gallici de MM. Poulay et Bouly de Les- 
dain, et portant le nom de R. Radula Weih. — R. Radula typicus N. 
Boul., forma pubescens. — Ce Rubus, à feuilles d’un vert sombre, ayant 
constamment les turions trés poilus et le calice étalé, jamais réfléchi net- 
tement comme cela a lieu dans le type, je le distingue sous le nom de 
R. tenebricesus Nob. (Herb.). — Les échantillons de de Martrin, ré- 
coltés probablement dans un lieu bien découvert, sont nettement disco- 
lores (var. discolor), ce qui explique un peu que ce botaniste se soit 
trompé de section au sujet de celte forme. 


R. hirsutuosus Genev. — Lisle, haies. — Échantillons dépourvus 
de feuilles caulinaires. Le pollen est pur. La plante, du groupe du R. ml- 
mifolius Schott., ne me parait pas différer du R. rusticanus Mere. 


R. platypetalus Timb. et Müil. ! — Saint-Urcisse, allée du potager 
du parc. — Pollen à grains la plupart déformés. J'ai récolté cette plante 
sur le méme buisson, en août 1894. Ce Rubus est tout à fait stérile et 
dérive certainement du R. ulmifolius Schott. Peut-être provient-il du 
croisement de cedernier avec le suivant et est-il un hybride compliqué : 
X R. bosquetianus (phyllostachys X ulmifolius) X ulmifolius ? 


R. bosquetianus Timb. et Müll. ! — Saint-Urcisse, dans le part, 
au tertre des ruches. — Le buisson de ce beau Rubus existe encore dans 


SUDRE. — RUBUS DE L'HERBIER DE MARTRIN-DONOS. 89 


le pare de Saint-Urcisse. C'est une forme stérile que je considére comme 
un hybride des R. ulmifolius et phyllostachys. J'ai récolté la méme 
plante à Albi, où les parents présumés sont trés abondants. Dans cet 
hybride, les folioles sont trés larges, parfois suborbiculaires; cela tient 
à ce que le croisement s'est produit entre le R. phyllostachys Müll. et 
une forme à folioles trés larges, cuspidées, à étamines blanches, styles 
verdàtres et carpelles glabres, et qui est le R. discolor de Martr.! 
(p. parte) — R. ulmifolius Schott., form. R. dilatatus Nob., Herb. 
(1897).Le R. bosquetianus est pour moi un R. phyllostachys X ulmi- 
folius (form. dilatatus). 


R. rusticanus Merc. — Ambialet. — Appartient bien au R. rusti- 
canus Merc. (R. ulmifolius Schott., form.). 


R. discolor (W. N.).— Deux spécimens appartenant au R. ulmi- 
folius Schott. L'un d'eux, récolté à Saint-Urcisse, est la forme que j'ap- 
pelle R. dilatatus et probablement Fun des parents du R. bosque- 
tianus. 


Sect. IV. — R. APPENDICULATI Genev. 


R. separinus Genev. — Un s; écimen dépourvu de feuilles cauli- 
naires : montagne d'Anglés, au pont du Mézérac, bords de l'Arn. — I! 
est bien difficile d'apprécier des échantillons incomplets et réduits à un 
rameau florifére. Le spécimen de l'Herbier du Tarn montre une lige 
de seconde année dépourvue de glandes et à aiguillons droits, presque 
égaux. Le rameau est de méme complètement dépourvu de glandes; il 
porte des feuilles 3-nées à folioles nettement obovales, entiéres, aigués, 
non glauques, et des aiguillons égaux; l'inflorescence est tomenteuse, 
peu poilue; à la loupe, on y remarque quelques trés rares glandes 
courtes ; le calice, simplement tomenteux, à lobes courts, est réfléchi et 
dépourvu de glandes et d'aiguillons; les carpelles sont un peu poilus et 
le pollen un peu mélangé; la plante parait fertile. Rien ne prouve 
qu'elle ait été nommée par Genevier, et la description du R. separinus 
Genev. Monogr., p. 181, ne parait guère lui convenir. Peut-être de Mar- 
trin-Donos avait-il soumis à Genevier des exemplaires provenant d'une 
autre localité, Lacabaréde ou la Montagne-Noire, qui sont citées dans sa 
Florule? Quant à la plante du Mézérae, elle me parait apparteni i 
R. SILVATICI (groupe des R. prscoLonorpEs). J'ai en herbier, e : 
verses localités du Tarn, des spécimens qui en différent à peine et qu 
J'ai appelés R. fucatus (1897). 


R. scabripes Genev. — Un échantillon : forét de pir " 
Inflorescence fortement hérissée, non ou peu aciculée, à glan 


90 SÉANCE DU 10 Mars 1899. 


vement courtes, turion nettement anguleux. — Appartient au groupe 
des R. RapuLæ Fock. 


Rubus Sprengelii W. N. — Un échantillon : forêt de Laca- 
barède. Correspond bien à celte espèce. Très rare dans le Tarn! 


R. conspicuus (Müll.). — Deux échantillons provenant de Laca- 
baréde. L'étiquette de l'un d'eux porte : « Ces échantillons ont été sou- 
mis à l'appréciation de Müller, laquelle est demeurée indécise entre les 
R. conspicuus et leucanthemus. M. M. Müller penche cependant pour 
ce dernier. » Une autre étiquette porte, comme conséquence de ces 
observations : « R. conspicuus Müll.? — Ji. leucanthemus Müll.? » 

Cette plante, qui est assez abondante dans toute la montagne d'An- 
glés, et qui se rencontre aussi dans les environs d'Albi et de Carmaux, 
est, en effet, distincte des R. conspicuus et leucanthemus Müll.! Ses 
fleurs constamment blanches et ses feuilles fortement poilues en des- 
sous la distinguent aisément du R. conspicuus. Elle diffère du R. leu- 
canthemus par sesfolioles plus petiteset plus étroites, toujours nettement 
blanches-tomenteuses en dessous, son inflorescence plus allongée, à 
pédoncules plus étalés, ses pétales plus étroits; elle est de plus beau- 
coup plus gréle, bien plus hérissée dans toutes ses parties et presque dé- 
pourvue de glandes. Son pollen est fortement mélangé, formé de grains 
trés inégaux, tandis que le R. leucanthemus présente un pollen pur aux 
deux tiers dans mes spécimens du Tarn. Il peut se faire que cette plante, 
dont la fructification n'est que partielle, soit d'origine hybride et dérive 
du R. leucanthemus ; mais je ne l'ai jamais rencontrée dans le voisinage 
de ce dernier et sa large dispersion me parait difficile à expliquer. 
Je l'ai désignée dans mon herbier sous le nom de R. pilifer. 


R. vestitus W.N. — Saint-Urcisse, haies. — Est bien le R. ves- 
titus W. N. 

R. pygm:eus (W. N.). — Lacabaréde, bois. — N'est point com- 
parable au R. pygmeus W. N., qui appartient au groupe des R. hys- 
trices Fock. — C'est un R. Raduta W. N., qui ne diffère guère du 
suivant : 


R. Radula W. N. — Laroque-de-Vère et forèt de Grésigne. — Ap- 
partient bien au R. Radula W. N. 


R. fusco-ater (W. N.). — Lacabaréde, dans la forêt. — N'est 
point le R. fusco-ater W. N. et n'appartient pas au méme groupe! — 
Turion anguleux, à faces planes, un peu glauque, poilu-hérissé, glan- 
duleux, aciculé, à aiguillons faibles, jaunâtres, très inégaux, les grands 
un peu comprimés, déclinés. Feuilles très amples, minces, d'un vert 
sombre, vertes sur les faces, finement dentées, à dents simples ; pétiole 


SUDRE. — RUBUS DE L'HERBIER DE MARTHIN-DONOS. 91 


plan, armé comme la tige; foliole terminale à pétiolule égalant presque 
la moitié de sa hauteur, largement ovale ou suborbiculaire, échanerée, 
assez brusquement acuminée, les inférieures larges, subsessiles, toutes 
se recouvrant un peu par les bords, à quelques poils apprimés sur les 
deux faces. Rameau anguleux, trés poilu, glanduleux, à aiguillons pàles, 
faibles, aciculaires; feuilles 3-nées, vertes en dessous, à foliole termi- 
nale largement ovale, échancrée, cuspidée, à poils brillants en dessous. 
Inflorescence ample, interrompue et feuillée à la base, fortement poilue- 
hérissée, à aiguillons gréles, pàles, à glandes nombreuses, plus courtes 
que le diamètre des axes ; pédoncules moyens multiflores, étalés ; calice 
cendré-verdàtre, poilu, glanduleux et aculéolé, à lobes appendiculés, 
d'abord réfléchis, puis étalés ou làchement relevés; pétales d'un. beau 
rose, ovales, atténués à la base, entiers; étamines rouges dépassant les 
Styles carnés ; jeunes carpelles glabres. Plante fertile, à pollen presque 
pur (aux sept huitièmes). — Je décris cette plante d’après des spé- 
cimens que j'airécoltés aux environs de Lacabarède ét qui sont iden- 
tiques à l'échantillon de de Martrin-Donos que j'ai sous les yeux. — 
Je l'ai désignée, dans mon herbier, sous le nom de R. obscurissimus. 
Elle est trés voisine d'un autre Rubus (R. erraticus Nob.), dont le 
pollen est également presque pur, mais dont les feuilles sont moins 
amples, à folioles simplement ovales ou obovales, moins échancrées et. 
plus poilues, plus superficiellement dentées, à inflorescence plus dense, 
à calice plus nettement relevé, et qui, d’après M. Boulay, est une « plante 
remarquable qui existe aussi dans les Pyrénées ». Je possède en outre 
du Tarn quelques autres Rubus qui ne different du R. erraticus que 
par la forme des folioles ou la coloration des étamines ou des styles el 
qui sont inanifes tement des formes d'un méme type. Le R. erraticus 
parait assez voisin du R. obscurus Kalt., mais semble conslituer une 
espéce bien distincte. | 

R. humifusus (W. N.). — Près la Montélarié, les bois. — 
J'ignore si cette plante correspond exactement au R. humifusus W. N., 
et je ne l'ai pas encore rencontrée dans le Tarn. — La plante de la Mon- 
télarié me parait appartenir au R. Keehteri W.N. Elle ne diffère presque 
pas du n° 47 des Rubi gallici de MM. Boulay et Bouly de Lesdain. Ton- 
tefois elle ne parait pas bien fructifier et est peut-être d'origine hybris e. 
La description du R. humifusus de Genevier, Mon., p. 121, parait ren 
lui convenir, mais rien n'indique que cette plante ait ete AN par 
l'auteur de la Monographie des Rubus du bassin de la Loire. el 
bien distincte du R. Schleicheri W., auquel M. Focke (Syn. Rub., p.364) 
rattache le R. humifusus W.N. 


R. Kæhleri (W.N.). — Deux spécimens : ; 
1. — Forétde Lacabarède. — Turion, rameau et inflorescence abon- 


99 SÉANCE DU {10 MARS 1899. 


damment poilus-hérissés ; fleurs roses; glandes de l'inflorescence plus 
courtes que le diamètre des axes. — N'est point le Rubus Kehleri W. 
N. et n'appartient pas, d'ailleurs, au groupe des R. hystrices Fock. Il 
rentre plutôt dans celui des R. vestiti. IH rappelle le R. ferrariarum 
Rip., par la forme de ses folioles et leur denticulation, ainsi que par son 
inflorescence, mais il est plus glanduleux et fortement aciculé dans 
toutes ses parties; le calice est réfléchi et les carpelles sont glabres; la 
plante est bien fertile. Je la désigne sous le nom de R. villipes. 


2. — Lacabarède, bois. — R. Kæhleri (W. N.) var. pilosus de 
Martr. — Folioles plus larges et plus poilues en dessous; aiguillons 


plus forts. Appartient à la méme forme que la précédente. R. villipes 
var. pilosus. 


R. thyrsiflorus (W. N.). — Lacabaréde, les bois. — N'est point le 
R. thyrsiflorus W. N. mais une forme trés remarquable du R. rosaceus 
W. N., que je possède aussi des monts de Lacaune et que j'ai distinguée 
dans mon herbier sous le nom de R. rubelliflorus. — Turion angu- 
leux, rougeàtre, un peu glaucescent, à poils rares, glanduleux, aciculé, 
à trés nombreux aiguillons inégaux, les grands déclinés ou falqués, 
comprimés, vulnérants. Feuilles 3-5-nées, d'un vert sombre en dessus, 
vertes et glabrescentes en dessous, ou quelquefois les supérieures un 
peu grises et poilues ; dents inégales, peu profondes ; foliole terminale à 
pétiolule égalant le tiers de sa hauteur, ovale ou obovale, un peu échan- 
crée, acuminée. — Inflorescence grande, pyramidale, trés multiflore, 
occupant une grande partie du rameau, feuillée inférieurement, pubes- 
cente, peu poilue, abondamment couverte de longues glandes rouges et 
d'aiguillons pourpres; pédoncules moyens peu étalés; calice verdàtre, 
tomenteux, glanduleux et aculéolé, làchement relevé sur le fruit. 
Pétales roses, ovales, échanerés, atténués à la base; étamines rosées 


dépassant longuement les styles rouges à la base; jeunes carpelles un 
peu poilus. Trés fertile. 


R. Reuteri (E. Merc.). — Pic de Montalet. — L'étiquette porte : 
«an ft. hirtus var.? ». C'est en effet un simple R. hirtus W. K. Il est 


EE 


abondant sur toutle Montalet où j'ai récolté, en 1896, le n° 148 des 


Rubi gallici. — Le R. Reuteri Merc. se rattache au R. Kæhleri 
W. N. 
R. hirtus W. K. — Lacabaréde. — Dans les spécimens de de 


Martrin, les étamines sont très courtes (1 mill. de long.). La plante ne 
diffère pas de celle que j'ai distribuée dans les Rubi gallici, n° 46, 
sous le nom de R. Guentheri W. N. 


E. delicatulus de Martr. 


Bois des Gasques, sous la Grésigne. 


SUDRE. — RUBUS DE L’HERBIER DE MARTRIN-DONOS. 03 
— Echantillons récoltés sur de jeunes souclies de R. Raduta W. N., 
abondant dans cette localité. 


R. Menkeï W. N. — Bois de Burlats. — Probablement nommée 
par Genevier. — Appartient bien au groupe du R. Menkei. 

R. Guentheri (W. N.). — Saint-Urcisse, bois de Cambon. — 
Plante trés remarquable du groupe des R. RabuLÆ Fock et paraissant 
se rattacher au R. pallidus W. N. 

Ronce d'un vert pâle ; turion anguleux, rude. à faces planes, trés poilu, 
un peu glanduleux et aciculé, à aiguillons inégaux, faibles, pàles, droits 
ou déclinés. Feuilles la plupart 3-nées, quelques-unes 5-nées, d'un vert 
pàle, à poils apprimés sur les deux faces, verles en. dessous, à dents 
simples, larges, peu profondes; foliole terminale à pétiolule égalant la 
moitié de sa hauteur, largement ovale ou obovale, entiere ou peu échan- 
crée, acuminée. Rameau anguleux, très poilu, peu glauduleux, à aiguil- 
lons faibles, jaunâtres, très inégaux ; feuilles 3-nées, vertes en dessous, 
à foliole terminale ovale ou obovale, cuspidée. Inflorescence petite, ordi- 
nairement presque simple, non feuillée, pauciflore, fortement hérissée, 
glanduleuse, à aiguillons pàles et gréles; calice trés hérissé, blanchátre, 
peuglanduleux, trés peu aculéolé, à lobes mucronés, réfléchis; pétales 
grands, roses, obovales, atténués à la base, échancrés; filets blancs ou 
rosés à la base dépassant longuement les styles un peu rosés; jeunes 
carpelles glabres. Plante fertile. Pollen mélangé : la moitié de ses grains 
sont normaux. Je l'ai récoltée dans la mème localité eu juillet 1895 et 
en juin 1898 et} l’ai appelée R. litigiosus. Bien distincte du R. Guen- 
theri W.N. 


R. glandulosus (Bell.). — Deux échantillons : 

1. — Lacabarede, dans la forêt. — L'étiquette porte : « Ces échantil - 
lons ne se rapportent pas au R. Bellardi W. N., Rub. germ., tab. #4 E 
C'est en effet une simple forme à larges feuilles du R. hirtus W. K. 


2. — Lacabarède, bois. — L'étiquette porte : « R. glandulosus Bell. 
— R. Bellardi W. et N.! » — L'inflorescence est, en effet, subcorym- 
biforme, mais la plante porte sur les turions, les pétioles, le rameau e 
l'inflorescence, des glandes et des soies d’un rouge sombre qui me la ont 

itati PE É "je n'ai 
rapporter sans hésitation au R. hirtus W. K. — Jusqu à ce jour Je 
Jamais rencontré le R. Bellardi dans le Tarn. 
Sect. V. — R. TRIVIALES Müll. 
t-Urcisse, les haies. — Spé- 


nn: .). — Sain 
Rt. Godroni (Lecoq. et Lamt-) R. ul nifolius Schott.! et 


cimens en partie virescents et appartenant au 


94 SÉANCE DU 10 Mans 1899. 


se rattachant à la forme que j'ai appelée plus haut Rubus dilatatus. — 
N'est point le R. Godroni Lec. et Lamt.! 


R. corylifolius (Sm.). — Saint-Urcisse, haies. — Cette forme du 
groupe du R. nemorosus Hayn. est assez répandue dans tout le Tarn et 
croit presque toujours en société avec les R. cesius L. et phyllostachys 
Müll. Ses feuilles trés amples, grises ou blanchâtres et poilues en des- 
sous ; ses fleurs trés grandes, ordinairement blanches, rarement rosu- 
lées, à pétalesun peu rétrécis à la base; ses étamines longues, ses calices 
presque complètement réfléchis, dénotent bien l'influenee du R. phyl- 
lostachys Müll. Quant à l'intervention du R. cesius L., elle ne me pa- 
rait pas douteuse. Bien que les tiges ne soient pas glauques, elles portent 
parfois quelques glandes pédicellées; les feuilles ont cinq folioles qui 
se recouvrent largement par les bords et la terminale est suborbicu- 
laire, cordiforme, acuminée et briévement pétiolulée; l'inflorescence 
est corymbiforme, poilue et un peu glanduleuse. Quelques rares dru- 
péoles arrivent à maturité et le pollen a ses grains, à peu prés tous, 
déformés. Je désigne cet hybride sous le nom de R. exotericus = R. 
cesius X phyllostachys. Le R. apertionum Lef. et M. est peu diffé- 
rent de la plante du Tarn, mais a-t-il la méme origine? C'est seulement 
par l'étude, sur place, de spécimens authentiques de cette dernière forme 
que l'on pourrrait étre fixé à ce sujet. 


R. rotundifolius (Müll.). — Saint-Urcisse, haies. — Ne me pa- 
rait pas différer du précédent. 


R. nemorosus Hayn. var. parvifolius de Martr. (fleurs roses, 
semi-doubles). — Saint-Urcisse, à Mestre-Pierre, bords du fossé vis-à- 
vis le moulin à vent. — Forme gréle du R. assurgens Boul. et Bouv. — 
R. cesius form. ligerinus >< R. ulmifolius Sudre, Rub. de Caut., in 
Bull. Ass. franc. de bot., p. 8, t. 2. — X R. assurgens var. parvi- 
folius Nob. 


R. nemorosus llayne. — Deux spécimens : 


1. — Saint-Urcisse, bois frais, prés la fontaine du parc. — Échantil- 
lon sans feuilles caulinaires. Ne parait pas différer du R. exotericus Nob. 
(R. corylifolius de Martr.); mais plus virescent, ce qui est sans doute 
dù à la station oinbragée de cette plante. R. exotericus var. sulvirens. 


2. — Saint-Urcisse, fontaine du parc. — Ne diffère pas du suivant. 


R. bifrons (Vest.). — Deux spécimens : pare de Saint-Urcisse et 
Lacabaréde, haies. — Robuste, turion obtusément anguleux, glauces- 
cent, glabre, sans glandes, à aiguillons espacés, presque égaux, droits 
ou presque droits. Feuilles amples, 5-nées, d'un vert foncé en dessus, 
grises el poilues en dessous, à dents fines, peu profondes; stipules 


SUDRE. — RUBUS DE L'HERBIER DE MARTRIN-DONOS. 95 


étroites; pétiole un peu canaliculé à la base, à aiguillons déclinés ou 
falqués, sans glandes; foliole terminale à pétiolule égalant la moitié 
ou letiers de sa hauteur, largement ovale ou suborbiculaire, un peu 
échancrée, cuspidée ou brusquement acuminée, les autres brièvement 
pétiolulées ou subsessiles, se recouvrant par les bords. Rameau obtu- 
sément anguleux, glabrescent, à aiguillons droits ou un peu falqués; 
feuilles 3-nées, grises en dessous, à folioles amples, la terminale 
largement ovale, échancrée, euspidée. Inflorescence trés interrompue, 
dense, feuillée, tomentelleuse, sans glandes, à aiguillons faibles; calice 
tomenteux, gris verdàtre, à sépales bordés de blanc, ni glanduleux ni 
aculéolés, courts, làchement réfléchis; pétales roses, suborbiculaires, à 
onglet court, bilobés; filets blancs ou rosés dépassant les styles verdàtres 
ou à base un peu rougeàtre; jeunes carpelles glabres. Pollen mélangé, 
mais présentant souvent la moitié des grains de forme normale. La plu- 
part des drupéoles arrivent à maturité et sont noires. 

M. Boulay voit dans cette plante un hybride des R. cæsius L. et ulmi- 
folius Schott. — Je crois utile de faire observer qu'elle est assez ré- 
pandue dans tout le département du Tarn et que, sur le plateau de 
Lacaune et de Murat où elle est très abondante et bien vigoureuse, le 
R. ulmifolius Schott. manque ou est excessivement rare; et, d'un autre 
côlé, les différents hybrides des R. ulmifolius et cesius que j'ai récoltés, 
aussi bien dans les Pyrénées que dans le Tarn, sont tout à fait stériles. 
Aussi l'origine hybride de celte plante me parait-elle bien douteuse. Je 
l'ai appelée dans mon herbier R. Martrini. Elle est évidemment bien 
distincte du R. bifrons Vest. 


R. dumetorum W. N. — Plusieurs échantillons, la plupart com- 
plètement stériles et provenant du croisement du R. cœsius L. avec 
d'autres espèces, en particulier avec le R. ulmifolius Schott. — L'une 
d'elles, trés remarquable, R. dumetorum W. N. var. rotundatus de 
Martr., correspond à mon R. amplifoliatus Bull. (Ass. pyr. et Rub. de 
Cauterets, p. 8). — R. ulmifolius X cesius form. ligerinus. 


R. agrestis W. K. — Deux spécimens : Fruclification partielle. 
liybrides ? 

R. cæsius L. — Plusieurs spécimens. — Les var. aquaticus W.N. 
et glanduliferus Wirtg. appartiennent à la forme R. ligerinus Genev. 

R. idæus L. — Forêt de Giroussens. 


, ^ei nus dans 
En résumé, en tenant compte seulement des pin lean nes 
l'herbier du Tarn de de Martrin-Donos, on peut dresser le ta 
vant de la flore batologique du département du Tarn : 


96 SÉANCE DU 10 mars 1899. 


GENRE RUBUS 


A. — Sous-genre IDÆOBATUS Fock. 
R. idæus L. 
B. — Sous-genr: EUBATUS Fock. 


Sect. I. — SUBERECTI Müll. 


R. plicatus W.N. 
v. biformis. 


R. nitidus W. N. 
Sect. ll. — SILVATICI Müll. 
| Groupe a. — EUVIRESCENTES Genev. 
R. macrophyllus W. N. 
R. Questieri Lef. ct Müll. 


v. Victoris Nob. 


R. fagicola de Martr. 


Groupe b. — Discocoroipes Genev. 
R. fucatus Nob. 
Groupe c. — Grati Nob. 


R. Sprengelii W. N. 
Sect. IIl. — DISCOLORES Müll. 


R. ulmifolius Schott. 


R. rusticanus Merc. 
R. dilatatus Nob. 


XR. platypetalus Timb. et Müll. (bosquetian. X ulmif.?). 
XR. bosquetianus Timb. et Müll. (phyllost. X ulmif.). 
R. hedycarpus Fock. 
R. procerus Müll. 
R. collisparsus Nob. 
X R. candens Nob. (collisparsus X Lloydianus). 
© R. collicola Nob. 


v. pubesceus. 


SUDRE. — RUBUS DE L'HERBIER DE MARTRIN-DONOS. 


R. thyrsoideus Wimm. 


R. candicans W. 


v. constrictus Noh. 
v. latifulius Nob. 


R. Mullerianus de Martr. 

R. phyllostachys Mill. 

XR. albidus Merc.? (phyllostachys X Lloydianus). 
R. tomentosus Dorckh. 

X R. hirsutifolius Nob. (tomentosus X vestitus?). 
X R. eriopsilon Nob. (tomentosus X Gilloti?). 

R. Lloydianus Genev. 
X R. splendens Chab. (Lloydianus X ulmifol.). 
XR. malacoides Nob. (superiLloyd. X ulmifol.). 


. v. ramiflorus Nob. 


X R. vendeanus Genev. (rusticanus X subparilis?). 


Sect. IV. — APPENDICULATI Genev. 
Groupe a. — VESTITI. 
R. vestitus W. N. 
© (x?) R. pilifer Nob. 
R. hypoleucus Lef. et M. 


R. ferreriarum Rip. 
R. villipes Nob. 


v. pilosus. 
Groupe b. — RADULÆ. 
R. Radula W. N. 
R. tenebricosus Nob. 
v. discolor. 
R. pallidus W. N. 
R. litigiosus Nob. 


R. erraticus Nob. 
R. obscurissimus Nob. 
R. Menkei W. N. 


ÉANCES) 7 
T. XLVI. (SÉANCES) 


97 


08 SÉANCE DU 10 mars 1899. 


R. scabripes Genev. 
Groupe d. — HysrricEs. 
R. rosaceus W. N 
R. rubelliflorus Nob. 
K. Kohleri W. N 
Groupe e. — GLANDULOSI. 
R. hirtas W. K. 
R. Guentheri W. N 


Sect. V. — TRIVIALES Müll. 


R. Martrini Nob. 
R. cæsius L. 


R. ligerinus Genev. 
R. agrestis (X?) W. K. 


X R. amplifoliatus Nob. (ulmifolius X ligerin.). 
X R. assurgens Boul. et Bouv. (ligerin. X ulmifol.). 
X R. exotericus Nob. (cesius X phyllostachys). 


v. subvirens. 


Espèces exclues : 


Rubus affinis W. N. Rubus pygmæus W. N. 
— robustus Müll. fusco-ater W. N. 
— hololeucos Genev. — thyrsiflorus W. N. 
— arduennensis Lib. — Reuteri Merc. 
— collinus DC. — delicatulus de Martr. 
— pubescens W. N. — Bellardi W. N. 
— argenteus W. N. —  Godroni Lec. et Lumt. 
—  hirsutuosus Gen. — . rotundifolius Mill. 
—  eonspicuus Mill. —  bifrons Vest. 


Especes douteuses : 


Rubus Kehleri W. N. Rubus vendeanus Gen. 
separinus Gen. — albidus Merc. 


Les vingt-deux espèces principales qui figurent sur cette liste 
ne sont pas les seules qui croissent dans le Tarn. Quelques autres, 
telles que les R. vulgaris W. N., rudis W. N., obscurus Kalt., 


` 


SUDRE. — RUBUS DE L'HERBIER DE MARTRIN-DONOS. 99 


chlorostachys Müll, etc., s'y rencontrent également. La plupart de 
ces espèces de premier ordre y sont représentées par un grand 
nombre de sous-espèces ou de formes locales, souvent très remar- 
quables, qui ont donné par croisement une foule d'hybrides qui 
ne sont décrits nulle part. Pespère être prochainement en état de 
faire connaître l’ensemble de la flore batologique de ce riche 
département. 


[Note ajoutée pendant l'impression. — M. l'abbé Boulay, dans son intéres- 
sant travail sur les Rubi discolores, considère le R. phyllostachys P.-J. Müll. 
comme un hybride des R. thyrsoideus et macrophyllus et place Le n° 123 des 
Rubi gallici, dans la série du R. macrostemon Fock., appartenant au groupe 
du R. hedycarpus Fock. Après avoir étudié de nouveau les nombreux spéci- 
mens (plus de 15 numéros) de ce Rubus que je possède du Tarn et de 
l'Ariège, j'estime qu'il appartient bien au groupe du R. thyrsoideus Wim. et 
je le désigne sous le nom de R. LAcERTOSUS. ll est peu éloigné du R. thyr- 
santhus Fock., dont il diffère par ses turions moins vivement canaliculés, 

son tomentum plus blanc, son inflorescence plus large, à aiguillons plus forts; 
ses pétales sont grands, largement ovales; il fleurit quinze jours avant la 
plupart des formes du groupe du R. hedycarpus]. 


M. G. Camus est d'avis que, dans la présomption de l'ori- 
gine hybride de certains Rubus, on a souvent accordé une 
importance exagérée à l'irrégularité des grains de pollen. On 
serait ainsi conduit à n'admettre que trois ou quatre espèces 
légitimes, puisqu'on ne connait que trois ou quatre formes à 
pollen parfaitement régulier. 

M. Malinvaud est persuadé que les futurs monographes 
des groupes critiques feront succéder une méthode synthé- 
tique rationnelle, découlant des observations de leurs devan- 
ciers, à la tendance opposée, conduisant à une analyse sans 
Irein qui devait prévaloir dans la première période de leur 
étude, I] y a là une évolution normale de procédés. La con- 
naissance de plus en plus précise du róle joué par les phéno- 
ménes d'hybridité dans l'intrication des formes a déjà permis 
d'élucider beaucoup de faits obscurs ou en apparence 1nex- 
Plicables. On doit toutefois, dans cet ordre d'idées comme 
en tout autre, se préserver des généralisations prématurées. 
M. Malinvaud peuse, comme M. Camus, que là stérilité à 


100 SÉANCE DU 10 mars 1899. 


divers degrés a été souvent considérée à tort comme un signe 
certain d'hybridité; dans les Menthes notamment, on la ren- 
contre normalement sur un grand nombre de formes légi- 
times. Les individus eroissant dans des stations trés humides 
et dans un sol favorable, par exemple au bord des eaux, 
offrent presque toujours un développement exagéré de leurs 
organes végétatifs aux dépens de ceux de reproduction qui, 
par suite d'une loi de balancement, sont au contraire plus 
ou moins atrophiés : fleurs plus petites, étamines incluses et 
stériles, fruits avortés, etc. Cet état, causé par les circon- 
stances du milieu, serait rangé à tort parmi les phénomènes 
d'hybridité. Il est présumable que des faits analogues se pré- 
sentent dans les Rosa, les Rubus, etc. 


MES HERBORISATIONS DANS LES PYRÉNÉES-ORIENTALES; 
par le Frère SENNEN. 


M. Gaston Gautier a bien voulu inscrire, dans son estimé et 
consciencieux € Catalogue raisonné de la flore des Pyrénées-Orien- 
tales », les résultats de mes premières herborisations dans ce riche 
département. Depuis cette importante publication, de nouvelles 
recherches, aussi actives que le permettaient le peu de loisirs que 
je puis y consacrer, ont abouti à d'intéressantes constatations : 
localités nouvelles de plantes rares, notamment des Phaca alpina 
et Valeriana saliunca, qu'on n'avait pas revus depuis Pourret, de 
nouveaux hybrides (Lavandula Senneni Fouc., L. aurigerana 
Mailho, Odontites Senneni Rouy), Trifolium leucanthum M. B., 
Hieracium Sennenianum Arv.-T. et Gautier. 

Mes herborisations habituelles ont eu lieu aux alentours de 
Prades, dans les vallées de Conat, de Molitg, sur les vallons de 
Belloc (village désert dont il ne reste que des maisons en ruine), 
à la Font-de-Comps (1560 métres) et au mont Coronat (2165 m.). 
Ce dernier sommet et le Canigou (2785 métres) ont été relative- 
ment peu visités. Il en est de méme du Capcir, de Madrés 
(2440 métres) et de la vallée d'Eyne. 

Qu'il me soit permis d'exprimer toute ma gratitude à MM. Arvet- 
Touvet, Debeaux, Foucaud, G. Gautier, le cher frère Héribaud, 
G. Rouy, qui m'ont éclairé par leurs précieux avis en accueillant 


 -—— 


F. SENNEN. — MES HERBORISATIONS DANS LES PYRÉNÉES-ORIENT. 101 


toujours avec bienveillance mon recours à leur savoir. Je remercie 
modestement ceux qui m'ont fait trop d'honneur en me dédiant 
des espéces nouvelles ou certains hybrides (1). 


Ranunculus cylindricus * Jord. (2). — Conat à Sainte-Croix, Clara 
par les cultures. 

R. Breyninus Crantz var. Gautieri Freyn. — Bois de la Font-de- 
Comps : une forme élancée, RR.; et une forme naine en colonies. 

Aconitum Napellus L. var. compactum Rchb. — Le Canigou, aux 
Estagnols-du-Chalet. 

Delphinium Consolida L. — Vallée de Conat vers Belloc, ainsi que le 
D. peregrinum L. 

Papaver Lecoqii* Lamtt. — Taurinya. 

P. confine* Jord. — Prades. 

P. cereale * Jord. — Prades. 

Hypecoum æquilobum Viv. — Taurinya. 

Fumaria major Badarr. — CC. dans les cultures aux environs de 
Prades et de Catllar. 

F. officinalis L. var. pycnantha Lt et Barr. — Cultures à Prades. 

F. Parlatoriana Boiss. — Entre Prades et Ria, rive gauche! route de 
Maquixanes à Arboussols, rochers, talus des chemins. 

F. parviflora Lamk var. umbrosa Hausskn. — Molitg, mêlé à une 
autre forme. Sur les flancs des coteaux de la rive gauche de la Tèt, 
en montant à Belloc, j'en ai recueilli une forme très naine. 

Arabis arcuata Shuttl. var. hirsuta Godet. — Le Canigou à Balatg; 
Belloc et la Font-de-Comps. 

A. alpina L. var. corsica R. et F. — Le Canigou, au-dessus de Saint- 
Martin, près des premières jasses. 

Cardamine latifolia Vahl var. legionensis * DC. — Prades. — RR. 

C. silvatica Link var. rigida R. et F. — Prades bord des eaux, vallée 
de Molitg. 


(1) Dans toutes mes courses, j'ai été accompagné et aidé par les fréres de 
Ma communauté, S.-Édouard et Yvelin, tandis que notre serviteur J. Boreil 
grimpait intrépidement, pour récolter des plantes rares, sur des rochers 
dont l'escarpement aurait donné le vertige à bien des tétes. J'adresse à tous 
mes remerciements et mes plus sympathiques souvenirs. v, 

(2) Les espéces et variétés marquées d'un astérisque ne sont pas indiquées 
Sur le Catalogue de M. G. Gautier. 


102 sÉANCE DU 10 mars 1899. 
Erysimum aurigeranum * Timb. — Fillols, prés des mines de fer. 


E. pyrenaicum * Jord. — La Font-de-Comps, et une forme beaucoup 
plus naine au sommet du Coronat (2165 métres). 


Sisymbrium Sophia L. — Marquixanes; Ria; Montlouis où il est abon- 
dant. 


S. erysimifolium Pourr. — Vallée de Conat, Belloc, Fillols. 


Sinapis recurvata * All. — Gorges du Canigou à Taurinya sur les ro- 
chers, et à Saint-Martin-du-Canigou. 


Kernera saxatilis Rchb. — Rochers de la Font-de-Comps et du massif 
du Coronat. 


K. auriculata Rchb. — Même habitat, mais plus rare. 


Draba Bertolonii Nyman var. levipes* R. et F. — Massif de Madrés 
(2440 mètres) ; massif du Coronat en montant du col de Portes. 


D. lanciformis R. et F. — Sommet du Canigou. 

D. frigida Sant. — Canigou, région alpine. 

Alyssum sabulosum * Jord. — Route de Molitg; route d'Arboussols. 

Camelina silvestris Fries. — Fillols, Molitg. 

Biscutella glacialis Boiss. et Reut. — Col de Nuria. 

Iberis sempervirens L. — Le Canigou, Madres. 

Thlaspi arvense L. — Taurinya. 

Teesdalia Iberis DC. — Prades, chemin du Caillau; Base du Canigou 
à Taurinya. 

? Aethionema monospermum * R. Br. — Le Canigou au col des 
Voltes, prés Balatg. 

Capsella sabulosa * Jord. — Prades et les environs. 

C. stenocarpa * Timb. — Los Masos. 

C. precoz * Jord. — Clara. 

Bunias brachyptera * Jord. — Conat à Sainte-Croix. 

Asterocarpus sesamoides Gay var. minor Lge. — Gourgs de Nohèdes. 

X Cistus recognitus R. et F. (C. laurifolio-monspeliensis), — Co- 
teaux au-dessus de Codalet. 

Helianthemum umbellatum Mill. var. viscosum * R. et F. — CCC. 
dans tous les environs de Prades, où il couvre de vastes coteaux 
entiers. Outre la viscosité des feuilles et des rameaux, les buis- 
sons ont une taille bien plus élevée que dans le type. 


Fumana procumbens G. et G. var... — Catllar à Montcamiil. 


F. SENNEN. — MES HERBORISATIONS DANS LES PYRÉNÉES-ORIENT. 103 

Viola arenaria DC. var. glabrata* R. et F. -— Vallon de Belloc et la 
Font-de-Comps. 

X V. multicaulis Jord. — Vallon de Belloc. 

V. scotophylla Jord. — Prades; vallon de Belloc. 

V. propinqua * Jord. — Vallon de Belloc. 

V. alba* Bess. var. — Vallon de Belloc. 

V. saxatilis Schm. var. Paillowrii Jord. — Le Canigou, prés Balatg. 

Silene nutans L. var. spathulifolia * Burnat. — Vallée de Molitg. 

Dianthus catalaunicus * Pourr. — Font-Pédrouse. 

D. monspessulanus L. var. marsicus Ten. — Le Canigou, aux Esta- 
enols-du-Chalet. | 

— — var. alpicola Koch. — Le Canigou, au-dessus des Estagnols-du- 
Chalet. 

Cerastium alpinum * L. var. glanduliferum Koch. — Le Canigou et 
pic d'Eyne. 


— — var. glabratum Wahlenbg. — Le Canigou. 

C. trigynum Vill. — Le Canigou et vallée d'Eyne. 

C. glaucum Gren. var. quaternellum Fenz. — Route de Prades à 
Sournia, au col. 

Arenaria grandiflora L. var. abietina * Lap. — Sommet du Coronat. 


— — var. mixta Lap. — Madrès, en montant des Gourgs de Nohèdes. 
Aisine Thevenœi Reut. — Madrès. 

Sagina pyrenaica Rouy. — Bord des eaux, à Ria et à Molitg. 

Linum narbonense L. var. latifolium * Lge. — Vallée de Molitg. 
Malva Tournefortiana L. — Nohèdes, coteaux. 

Ononis Natrix L. s.-var. striata * R. et F. — Vallon de Beiloc. 

0. striata Gn. — Vallon de Belloc. 


Anthyllis vulnerarioides Bonjean. — Madrès; le Canigou au-dessous 
du Maner-del-Or. 


Trifolium medium L. — Nohèdes. 

T. Lagopus Pourr. — Prades. 

T. leucanthum * M. B. — Autour de l’ancienne abbaye de Marcevols, 
dans la commune d'Arboussols, terrains en friche. 


T. subterraneum L. — Arboussols, vallée de Molitg, vallée de Conat. 


T. glomeratum L. — Prades et environs. 


104 > séance pu 10 mars 1899. 
Colutea arborescens L. — Taurinya. 


Phaca alpina * Wulf. — Vallée d'Eyne. — Dans son excellent ouvrage, 
M. Gautier dit que cette espèce n'avait pas été revue à Eyne depuis 
Pourret. 


9 Phaca astragalina DC.— Vallée d'Eyne au col Saint-Pierre. 

Lathyrus cirrosus Ser. — Environs de Prades, rive droite et rive 
gauche; Ria. 

L. sphæricus Retz. — Environs de Prades, Ria, Catllar, Molitg. 

L. Cicera L. — Environs de Belloc. — RR. 

L. Nissolia L. — Molitg. 

Orobus filiformis Lamk. — Delloc. — CC. 

O. pannonicus Jacq. — Belloc. — RR. 

Vicia onobrychioides L. — Belloc. 

V. imbricata* Gilib. var. plumosa * Rouy. — Catllar, Ria (vidit Rouy). 

V. Godroni Rouy var. genuina Rouy. — Ria. 

V. bithynica L. — Prades, Codalet, Ria. 

V. heterophylla * Presl. — Molitg. 

V. lathyroides L. — Ria, Molitg, Los Masos. 

V. disperma DC. — Route d’Arboussols. 

Lens nigricans M. B. — Ria, Belloc, route d'Arboussols. 

Prunus Padus L. — Le Capcir, étang de Balcères. 


Potentilla rupestris L. var. macrocalyx Huet. — Vallée de Conat ; le 
Canigou à Taurinya. 


P. albescens * Opiz. — Environs de Prades. 


P. rubens * Crantz (P. opaca G. G.). — Mine de Taurinya, la Font- 
de-Comps, près la construction du génie. 


P. nivalis Lap. — Le Canigou, partie orientale, sur les rochers des 
crêtes. 


P. micrantha Ram. — Chemin du Caillau à Comaret. 


Sibbaldia procumbens L. — Fond de la vallée d'Eyne; Gourg-Négre de 
Nohédes. 


Dryas octopetala L. — Le Canigou vers le Maner-del-Or. 


Rosa moschata Herrm. var. — Prades, près le pont de Catllar. 
Alchemilla saxatilis * Buser. — Le Canigou. 


F. SENNEN. — MES HERBORISATIONS DANS LES PYRÉNÉES-ORIENT. 105 

A. pyrenaica Léon Dufour, forme voisine de lA. incisa Buser. — 
Vallée d'Eyne. 

A. demissa * Buser. — Le Canigou, vallée de Fillols. 

A. flabellata * Buser. — Le Canigou; forét de Nohédes. 

Poterium muricatum Spach. forma aprica. — Route d'Arboussols. 


Paronychia argentea Lamk. — Prades, route du Caillau; Ria ; Arbous- 
sols. 

Corrigiola telephiifolia Pourr. — Prades, route du Caillau; Ria. 

Umbilicus sedoides DC. — Fond de la vallée d'Eyne; Gourg-Nègre de 
Nohèdes. 

X Sempervivum Flahaulti Gautier (S. Boutignyano X arachnoi- 
deum Lt. — Vallée d'Eyne (vidit H. Coste). 

Sedum cespitosum DC. — Godalet, à Saint-Michel. 

Opuntia vulgaris Mill. — Prades, au pont de Catllar. 

Thapsia villosa L. — Catllar. 

Peucedanum Cervaria Lap. — Corneilla-du-Conflent. 

Xatardia scabra Meisn. — Font de la vallée d'Eyne, éboulis schisteux 
du versant droit. 

Silaus virescens Grsb. — Vallée d'Eyne en face la Bugade de las En- 
centades. — Il m'a paru différer sensiblement des autres spéci- 
mens francais que je posséde en herbier. 

Ligusticum pyreneum Gn. — Ria; le Canigou, vallée de Saint-Vin- 
cent; Taurinya. 

Chærophyllum temulum L. — Prades et Codalet. 

Anthriscus Cerefolium * Hoffm. — Catllar, talus de la route où il est 
trés abondant et certainement spontané depuis des années. 


Bupleurum ranunculoides L. var. — Sommet du Coronat. 

B. telonense Gren. — Conat à Belloc. 

B. rotundifolium L. — Belloc, à la pépinière de l'Administration fo- 
restière. 


Molopospermum cicutarium DC. — Le Canigou à Balatg, dans la vallée 
de Fillols, à Balatz, à Saint-Martin..., au-dessus de l'étang de 
Balcéres en Capeir. 

Conium maculatum L. — Le Capcir, à Matemale. 

Astrantia minor L.-— Le Canigou à Balatg, au-dessus de Saint-Martin. 

Viscum album var. laxwm Boiss. et Reut. — Montagne du Caillau, à 
Comazet. 


105 SÉANCE DU 10 Mans 1899. 

Lonicera alpigena L. — Matemale, à la Llisse en Capcir. 

L. eerulea L. — Moulin de la Llagonne, prés de Montlouis. 
Valeriana officinalis L. var. angustifolia Koch. — Ria, Molitg. 

V. excelsa Poir. — Le Canigou, du col des Voltes au ravin de Fillols. 
V. dioica L. — Prairies de Nohédes. 


V. saliunca * All. — Sommet du Coronat (2165 mètres). — L'auteur 
du trés complet Catalogue des plantes du département dit que 
cette espéce n'avait pas été revue depuis Pourret. 


Valerianella rimosa Bast. (V. Auricula DC.). — De Prades à Catllar. 
Bidens tripartita L. — Ria. 

Doronicum austriacum Jacq. — Le Canigou au-dessus de Balatg. 
Senecio Gerardi G. G. — Au-dessus de Belloc. 

S. nemorosus Jord. — Vallée de Conat. 

S. lividus L. var. major G. G. — Prades, Molitg. 


Anthemis petrea Ten. — Le Canigou au-dessus des Estagnols-du-Chalet 
et dans la vallée de Fillols; Madrès au-dessus des Gourgs de Nohèdes. 


Achillea setacea W. et K. — Belloc; le Capcir, à la jasse de Gagne, 
commune des Angles. 


Pyrethrum corymbosum Willd. — Vallée de Molitg. 
Artemisia floribunda Jord. — Prades vers Los Masos. 


Inula helenioides DC. — Taurinya et Fillols; Conat, au-dessus de 
Sainte-Croix. 


Echinops sphærocephalus L. — Prades, au pont de la Bernade (route 
de Ria). 


X Carlina Vayredæ Gaut. (acanthifolia X acaulis Vayreda). — Le 
Canigou, de Taurinya à Balatg, récolté parmi C. acanthifolia All., 
C. Cynara Pourr. et C. acaulis L. 


Cynara Cardunculus L. — Ria. 

Cirsium odontolepis Boiss. — Par-ci par-là dans le massif du Coronat, 
entre Belloc et la Font-de-Comps ; route de Conat. 

C. rivulare Link. — Le Capcir à Matemale. 

C. tricephalodes Lamk. — Entrée de la vallée d'Eyne (vidit Debeaux). 

Centaurea montana L. — Sommet du Coronat. 

C. Calcitrapa L. — Environs de Prades. — RR. 


creia, grandiflora Tausch. — Le Canigou, au-dessus des Estagnols-du- 
halet. 


E I 


F. SENNEN. — MES HERBORISATIONS DANS LES PYRÉNÉES-ORIENT. 107 

Crepis blattarioides Vill. — Le Canigou vers le col des Voltes, prés 
Balatg. 

C. pygmæa L. — Fond de Ja vallée d'Eyne. 

C. pulchra L. — Fillols. 

C. albida Vill. — Belloc. | 

Urospermum picroides Desf. — Prades, au pont de Catllar. 

Hypocheris maculata L. — Prades, rive droite. 

Hieracium Hoppeanum Schult. (1) var. pyrenaicum A.-T. Cat. forma 
nigrescens * (HIERACIOTHECA Garlica, n? 4). — Talus herbeux 
entre Taurinya et Fillols. 

— — forma canescens *. — Vallon de Ria. 

H. pumilum Lap. var. subvittatum * A.-T. Cat. (HiERACIOTH. GALL., 
n° 3). — Sommet du Coronat; le Canigou, autour des Estagnols- 
du-Chalet. 

H. Auricula L. var. serpyllifolium A.-T. Cat. (H. serpyllifolium 

Fries) forma nana (H. nanum Scheele), HiERACIOTH. GALL. n^ 5 et 
6; in G. Gautier Flor. des Pyr.-Or., p. 202. — Pentes du Canigou. 

— — forma reducta (HiEnAcioTH. misp.). — Le Canigou, vallée Fil- 
lols; vallée de Conat. 

H. sertiflorum * A.-T., in G. Gaut. Hieracioth. Gall., n° 262. — 
Vallée de Conat. 

H. caligatum A.-T. et G. (sp. nov.), Hieracioru. Garl., n° 18. — Le 
Canigou, vallée de Saint-Vincent (Gaut. et frere Sennen); vallée 
de Taurinya; route de Molitg. 

H. urticaceum A.-T., in G. Gaut. Fl. Pyr.-Or., p. 263; A.-T. Hier. 
alp. fr., p. 41, var. — Vallée de Conat. 

H. amplexicaule L. 

— — forma! — Le Canigou, chemin de Dalatg. 

— — forma! — Étang de Balcères en Capcir! 

H. Berardianum A.-T. 

— — forma reducta. — La Font-de-Comps. 

— — forma... — Massif du Coronat. 

(1) Tous les Hieracium que j'ai récoltés dans les Pyrénées-Orientales ont 
été vus par le savant spécialiste de l'Isère, M. Arvet-Touvet. Je ne saurais 
trop le remercier de la bienveillance avec laquelle il a étudié mes récoltes. 
Un certain nombre seront publiés aprés de nouvelles études et de nouvelles 


recherches; car, en un genre aussi critique, il importe de ne rien publier qui 
ne soit certain. 


108 sÉANCE DU 10 mars 1899. 


Hieracium Berardianum var. crispulatum A.-T. Cat. — Sommet du 


Coronat. 


— forma... — Vallée de Molitr. 


. Pseudocerinthe Koch. — Le Canigou, vallée de Taurinya. 


— forma. — Belloc. 


. myagrifolium A.-T. et G. var. subcrenatum A.-T. Cat. et HIERA- 


cioTH. GaLL., n° 25. — Le Canigou, chemin de Dalatg. 
— forma ramosa. — Méme habitat. 


— var. subnitidum A.-T. Cat., HIERACIOTH. GALL., n° 26, forma. 
— Le Canigou, chemin de Balatg. 


. mæstum A.-T. etG., in Bull. herb. Boissier, t. V, p. 725; in G. 


Gaut. Flor. Pyrén.-Or., p. 416. 
— forma subgenuina *. — Vallée de Conat et de Molitg. 
— — reducta *. — Vallée de Conat et de Molitg. 
—  —  subscaposa *. — Vallée de Conat et de Molitg. 
—  — angusta *. — Vallée de Conat. 
—  -— maculata *. — Vallée de Conat. 
—  -— depressa *. — Vallée de Conat. 
—  — elata *, opima *. — Vallon de Ria. 


H. Sennenianum * A.-T. et G. HienaciorH. GALL. — La Font-de- 
Comps. 

— — forma ! — Vallée de Molitg. 

— — forma ! — Massif du Coronat. 

H 


. trichodermum A.-T. et G. Hier. nouv., p. 345; HIERACIOTH. GALL., 


n° 46, forma. — Belloc. 


. pogonalum A.-T. Hier. nouv., p. 344, in G. Gaut. Flor. Pyr.-Or., 


p. 268, forma. — Nohèdes. 


. lividulum A.-T. et G. Hier. nouv., in Bull. herb. Boissier, t. V, 


n° 9, p. 727; HiEnaciOTH. GALL., n° 47, forma. — Bois de la Font- 
de-Comps; bois de Nohèdes. 


. prasiophæum A.-T. et G. Hier. nouv., in Bull. Soc. bot. France, 


t. XLI, p. 349; Hignacrorir. Gart., n° 50, 51,52, 53, formes re- 
ducta, gracilenta, scaposa, etc., etc.; in G. Gaut. Flor. Pyr.- 
Or., p. 271. — Vallée de Conat; vallée de Molitg. 


— var. microcephalum? — Le Canigou, prés Balatg. 


. Coderianum A.-T. et G.; Bull. Soc. bot. Fr., t. XLI, p. 350; G. 


Gaut. Flor. Pyr.-Or., p. 270, var. — Vallées de Conat et de Molitg. 


de. o aÀ 


F. SENNEN. — MES HERBORISATIONS DANS LES PYRÉNÉES-ORIENT. 109 


Hieracium Coderianum var. subpræcox * A.-T. Cat. — Belloc. 


H. 


H. 


— 


H. 


H. 


— var. calcareum * A.-T. Cat. — Bois de la Font-de-Comps. 

— var. submurorum * A.-T. Cat. — Vallée de Conat. 

Oliverianum A.-T. et G. Cat. — HiERACIOTR. GALL., n° 57, 58; 
Hieracioth. hisp., n° 27, 28, 29, in G. Gaut. Flor. Pyr.-Or., 
p. 272, forma! — Taurinya, prairie et talus herbeux. 

— forma. — Le Capcir à la forêt de la Matte. 

vestitum G. G.! forma. — Arboussols, rochers. — Plante rare et 
méconnue de presque tous les botanistes (Note de M. Arvet-Touvet). 

rupicolum Fries forma subgenuina *. — Le Canigou, près Balatg. 

comosulum * A.-T. et G. forma; HiERACIOTH. GALL., n° 71, forma. 
Le Canigou, vallée de Fillols. 

brunelleforme A.-T. Hier. alp. fr., p. 69, in G. Gaut. Flor. Pyr.- 
Or., p. 215, forma ! — Vallée de Conat. 

— var... — Vallée de Fillols au Canigou. 

ceratophyllum A.-T.; Hier. alp. fr., p. 68 (H. cyaneum var. cera- 
tophyllum ?), in G. Gaut. Flor. Pyr.-Or., p. 215. — Le Canigou, 
vallée de Fillols. 


. cyaneum A.-T. Hier. alp. fr., p. 69; in G. Gaut. Flor. Pyr.-Or., 


p. 215, forma! — Vallée de Molitg. 


. Scorpioideum * A.-T. — Bois de Font-Romeu en Cerdagne. 
. brumale * A.-T. Hier. alp. fr., p. 71. — Vallée d'Eyne; le Canigou, 


prés Balatg. 

— forma reducta *. — Vallée d'Eyne. 

erythrellum A.-T., in Bull. Soc. bot. Fr., t. XLI, p. 359; in G. 
Gaut. Flor. Pyr.-Or., p. 214. — Forêt de Font-Romeu; le Cani- 
gou, prés Balatg. 

buglossoides A.-T. genuinum Cat.; in G. Gaut. Flor. Pyr.-0r., 
p. 274, forma. — Vallée de Molitg. 

— var. suboreades * A.-T. Cat., forma. — Vallée de Conat; vallon 
de Ria; vallée de Molitg. 

— forma maculata *. — Route d'Arboussols. 

— var. subsaxifragum * A.-T. Cat. et HiERACIOTH. GALL., n° 16, 
forma. — Forét de Font-Romeu en Cerdagne; la Coste dal Pam 
en Capcir. 


. incisoides A.-T. var. subpinnatum *. — Le Canigou, prés Balatg. 
gi miti — Forêt 
. graniticum Sch. B. forma (H. præcox var. graniticum). : For 


de Font-Romeu. 


110 SÉANCE DU 40 mars 1899. 


Hieracium cinerascens Jord.; G. G.; Fries forma(H. precoz var. cine- 


H. 


H. 


H. 


H. 


H 


H. 


IL. 


H. 


rascens). — Vallée de Molitg. 

— forma! — Vallée de Conat. 

Tremolsianum * A.-T. et G. Hieraciotheca hisp., forma. — Vallée 
de Conat. 

— forma *! — Vallée de Molitg, entre le village et Campome. 

— forma reducta *. — Vallée de Conat. 


. barbulatum* A.-T. et G.; HiERACIOTH: GALL., n° 90, forma.— Belloc. 


. vulgatum Fries var. alpestre Uechtr. forma reducta. — Forét de 


Font-Romeu. 


vulgatum var. alpestre Uechtr. forma umbrosa, membranacea x, 
— Forèt de la Matte en Capcir; forèt de Font-Romeu en Cer- 
dagne. 


— forma. — Le Canigou à Balatg; forêt de la Matte en Capcir. 

— forma maculata (H1ERACIOTI. GALL., n° 92. — Taurinya; vallée 
de Conat. 

— var. hepaticum * A.-T. Cat. — Vallée de Conat; vallon de Ria. 

subalpinum A.-T. Hier. Alp. fr., p. 88; HiEgnaciorH. GALL., n° 96, 
97, var. alpestre; in G. Gaut. Flor. Pyr.-Or., p. 219, forma. — 
Le Canigou, prés Balatg; forét de la Matte en Capcir. 


— forma evoluta. — Le Canigou, prés Balatg; forêt de la Matte 
en Capcir. 


lanceolatum Vill. var. strictissimum * A.-T. Cat.(H. strictissimum 
Frel., in DC. Prodr., vol. VIL, p. 24, forma). — Le Canigou, près 
Balatg. 


drazeticum * A.-T. et Marcailhou d'Aym. Hier. nouv., p. 304, 
forma umbrosa, membranacea. — Foret de la Matte en Capcir. 


viscosum * A.-T. herb. forma; HiknacroTH. GaLL., 1898. — No- 
hèdes, prairies, talus herbeux. | 


stenopicris * A.-T. et Sennen (sp. nov.); HiERACIOTH. GALL., 1898. 


— Le Canigou, rochers au-dessus des Estagnols-du-Chalet; alt. 
entre 2400 et 2500 mètres (loc. cit.). 


E 


Chameæpicris *A.-T. forma. — Au-dessus de l'étang de Balcères-en- 
Capcir. — Le Canigou, au-dessus des Estagnols-du-Chalet; altit. 
entre 2400 et 2500 mètres (loc. cit.). 


Neopicris A.-T. Hier. alp. fr., p. 109; in G. Gaut. Flor. Pyr.-Or., 


p. 281. — Massif de Madrės, autour du Gourg-Bleu de Nohèdes ; 
calvaire de Font-Romeu. | 


F. SENNEN. — MES IIERBORISATIONS DANS LES PYRÉNÉES-ORIENT. AH 

H. pyrenaicum Jord. forma. — Vallée de Conat. 

H. rectum * Grisb. (1852) var. pseudoeriophorum A.-T. forma (H. 
pseudoeriophorum Loret). — Vallée de Conat. 

rigidum Hartm. var. — Col de la Perche, talus herbeux. 

H. boreale Fries var. pubescens * A.-T. forma. — Vallée de Conat. 


H. amygdalinum A.-T. et G.; Hier. nouv., in Bull. Soc.bot. Fr., 
t. XLI, p. 370, var. deltoideum (l. c.), p. 311, in G. Gaut. Flor. 
Pyr.-Or., p. 283. — Forma asperata, fasciculata (H. umbella- 
tum L. var. amygdalinum?). — Taurinya. 

— -—— var. ericetorum A.-T. Cat. HiErACIOTH. GALL., n? 120. — Forma. 
Prairie séche à Eyne en Cerdagne. 


m 


Campanula speciosa Pourr. — Belloc. 

C. rapunculoides L. — Belloc, la Font-de-Comps. 

Phyteuma Haller i* All. — Le Canigou, près Balatg. 

Erica arborea L. — Vallée de Conat, où se présentent des formes qui 
mériteraient peut-être d’être étudiées. 

Vinca media Hfgg et Link. — Villefranche-du-Conflent. 

Gentiana angustifolia Vill. — Cambredase, forèt de la Matte en 
Capcir. 

G. pyrenaica L. — Gourgs de Nohédes. 

G. nivalis L. — Le Canigou à Balatg et au-dessus des Estagnols-du- 
Chalet. 

G. ciliata L. — Prairies de Nohédes. 

G. campestris L. v. uniflora Gaut. — Le Canigou au-dessus du Chalet. 

Menyanthes trifoliata L. — Étang de Balcères en Capcir. — RR. 

Lithospermum prostratum * Lois. — Trancade-d'Ambulla, rive gauche, 
haut sur les pentes. 

L. purpureo-ceruleum L. — Codalet, à Saint-Michel. 

Cynoglossum officinale L.-— Fillols, le Canigou au-dessus de Tauri- 
nya. — Deux formes. 

Solanum Dulcamara L. var. tomentosum * K.— Codalet, à Saint-Mi- 
chel; Ria et Prades. 

Scrofularia Hoppii Koch. — Mines de Fillols. 

Linaria italica Trev. — Catllar-prat-des-Monaces. 

L. arvensis Desf. — Prades, Los Masos, Catllar. 

L. ? — Port du L. supina Dest. et fleurs tirant sur le violet ou entière- 


112 SÉANCE DU 10 mars 1899. 


ment violettes. Il semble donc intermédiaire entre le L. supina 
Desf. et le L. alpina Mill. Je le nomme provisoirement L. Gau- 
tieri, heureux de saisir celte occasion de témoigner ma profonde 
et reconnaissante estime au laborieux auteur, notre éminent con- 
frère. 


Linaria origanifolia DC. — Rochers du col de Portes en montant au 
Coronat. 


Erinus alpinus L. var. hirsutus G. G. — Belloc; pentes d'Ambulla. 
Veronica Pone Gn. — Prairies de Nohédes. 

V. alpina L. forma. — Gourg-Nègre de Nohédes. 

Bartsia alpina L. — Gourg-Nègre de Nohédes. 


x Odontites Senneni * Rouy (0. rubra X lutea Sennen). — Pentes de 
la vallée de Conat, avec les parents. C'est la première fois, croyons- 
nous, que s'est présenté un hybride dans le genre Odontites. 


O. viscosa Rchb. — Vallée de Conat. — Il a les feuilles plus étroites et 


les rameaux beaucoup plus dégagés que celui qui eroit sur les ga- 
rigues des environs de Béziers. 


Euphrasia puberula Jord. — Font-Pédrouse. 
E. salisburgensis Funk. — Le Canigou, prés Balatg. 
— — var. cuspidatissima Saint-Lager. — Rochers, massif du Coronat. 


? Phelipæa cerulea C. A. M. — Épi bleuâtre conique, étroit. — Pentes 
de la rive gauche à Ria. 


?? P. cesia Reut. — Épi bleuàtre conique, large; tige trés forte. — 
Taurinya, coteau vers les mines; Nohédes. 


Orobanche cruenta Bartl. var. citrina Coss. et Germ. — Ria, coteaux. 

O. Hederæ Dub. — Prades, talus nord prés l'usine Roux. 

O. loricata Pchb. — Ria, coteau. 

0. Galii Dub. — Prades, Ria, Molitg. 

Lathrea Clandestina. — Prades, prairies. 

Teucrium aureum Schreb. forma. — Nohédes. 

X Lavandula aurigerana* Mailho (L. pyrenaica X latifolia Mailho). 
— Pentes élevées de la vallée de Conat, Belloc, et montagne de 


Villefranche sur une grande étendue ; avec les parents et mêlé au 
suivant. 


X L. Senneni* Foucaud (L. latifolia X pyrenaica Sennen). — Belloc 
et vallée de Conat, avec les parents. 


L. Spica L. var. à fleurs blanches. — Même habitat. 


ns n 


F. SENNEN. — MES HERBORISATIONS DANS LES PYRÉNÉES-ORIENT. 113 

Scutellaria javalambransis* C. Pau. — Mont Coronat. — Identique à 
ce que je possède d'Espagne. 

Melittis Melissophyllum L. — Belloc. 

Galeopsis pyrenaica Barll. var. nana Willk. — Fond de la vallée d'Eyne. 

Betonica officinalis L. var. montana * Gaud. — Vallée de Conat. 

Sideritis Peyrei Timb. —- Vallée de Conat, pentes élevées. 

S. hyssopifolia L. — Variétés à épis longs et à épis courts. 

8. romana L. — Montagne entre Ria et Molitg. 

Nepeta latifolia DC. — Nohèdes, vers les moyennes prairies. 

Glechoma hederacea L. var. hirsuta Rchb. — Codalet, à Saint-Michel. 

Thymus montanus * W. et K. — Bolquère vers Font-Romeu (vidit 
H. Coste). 

T. lanuginosus Mill. — Le Canigou, pentes au-dessus de Tzurinya. 

? X T. vulgaris X Serpyllum *. — La Font-de-Comps, à la construc- 
tion du génie. 

X Mentha silvestris X rotundifolia. — Bords de la Riverette, à Saint- 
Michel et à Taurinya. 

Asterolinum stellatum Hoffgg et Link. — Catllar, Ria. 

Primula intricata G. G. — Montagne du Caillau, à Comazet. 

P. latifolia Lap. — Le Canigou, rochers, chemin de Balatg, vallée de 
Fillols. 

P. viscosa Vill. — Le Canigou, au-dessus des Estagnols-du-Chalet, 
altit. 2600 mètres. 

Gregoria Vitaliana Dub. — Sommet de la Coste dal Pam en Capcir. 

Androsace maxima L. — Taurinya, Belloc. — R. 

Armeria magellensis Boiss. — Arboussols. 

Plantago serpentina Vill. var. — Bolquère en Cerdagne (deux formes). 

P. Lagopus L. — Arboussols. 

Chenopodium hybridum L. — Prades, Belloc. 

C. ambrosioides L. — Prades. 

Passerina dioica Ram. — Le Canigou, au-dessus de Taurinya, au-des- 
sus de Saint-Martin. 

Empetrum nigrum L. — Le Canigou, pentes tres raides vers les Esta- 
gnols-du-Chalet. 

Euphorbia hyberna L.— Forêt de la Matte en Capcir, où il est très 


abondant; étang de Balcéres. 


T. XLVI. ’ (SÉANCES) 8 


114 SÉANCE DU 10 mars 1899. 

Euphorbia dulcis L. — Le Canigou, vers le col des Voltes. 

E. helioscopia L. — Prades. —- R. 

? X E. Characias x; amygdaloides Sennen. — Ria, prés le pont d'A- 
gorney. 

Salix retusa L. — Le Canigou, vers le Maner del Or. 

S. herbacea L. — Méme habitat. 

Limodorum abortivum Sw. — Taurinya, Godalet, vallée de Conat. 

Epipactis atrorubens Hoffm. — Massif du Coronat; le Canigou, prés 
Balatg. 

E. microphylla Sw. — Prades, au pont de Catllar; Taurinya. 

Orchis militaris L. — Le Canigou, près le col des Voltes. 

O. coriophora L.— Prairies de Nohédes. 

O. picta Lois. — Arboussols. 

O. incarnata L. — Prairies de Nohèdes; prairies de Fillols. 

O0. provincialis Balb. — Catllar, au Montcamill. 

Crocus nodiflorus L. — Montagnes de Nohédes. 

Gagea Liottardi Schult. —- Le Canigou, aux Estagnols-du-Chalet. 


Veratrum album L. — Au Canigou, il a les fleurs soufrées et non 
blanches comme en Cerdagne (Font-Romeu) et dans les Cévennes. 


Tofieldia calyculata Walbg. — Montlouis. 


Juncus balticus * Willd.— Matemale, à la Llisse en Capcir (vidit H. 
Coste). 


J. filiformis Ehrh. — Le Canigou, aux Estagnols-du-Chalet. 
Luzula nigricans Desv. — Le Canigou. 


Sparganium minimum Fries. — Le Canigou, aux Estagnols; étang 
d'Evol, où il se mêle à une autre espèce. 


? Eriophorum gracile Koch. — Gourgs de Nohédes. 

Scirpus pauciflorus Lightf. — Matemale, à la Llisse en Capcir. 
Carex ampullacea Good. — Montlouis. 

C. silvatica Huds. — Prades et Catllar. 

C. punctata Gaud. — Catllar. 

C. Halleriana Asso. — Catllar. 

C. muricata L. — Ria, coteaux. 

C. paniculata L. — Prairies de Nohèdes. 

C. Linkii Willd. — Catllar, à Saint-Jacques. 


—À e a, 


F. SENNEN. — MES HERBORISATIONS DANS LES PYRÉNÉES-ORIENT. 115 


Sorghum halepense Pers. — Ria. 


Setaria glauca P. B. — Infeste les prairies de toute la vallée de la Tèt 
aux environs de la voie ferrée, jusqu'au-dessus de Prades. 


Panicum miliaceum L. — Ria, Taurinya. 
Colobachne Gerardi Link. — Rivière des Gourgs de Nohèdes. 
Sesleria cerulea Ard. — Belloc. 


? Oreochloa disticha Link. — Le Canigou, en montant au Maner del 
Or. — RR. 


Calamagrostis arundinacea Roth. — Route de Catllar à Molitg. 
Avena bromoides Gn. — La Font-de-Comps, près des carrières. 
A. versicolor Vill. — Le Canigou, au-dessus des Estagnols-du-Chalet. 


A. flavescens L. — Étang de Balcères en Capcir. 

Corynephorus fasciculatus Boiss. et Reut. — Prades, chemin du Cail- 
lau. 

Bromus squarrosus L. var. leiostachys et var. velutinus. — Ria, du 
pont d'Agorney à Sainte-Croix. 

Festuca alpina Gaud. — Sommet de la Coste dal Pam en Capcir. 

F. flavescens Lap. — Vallée d'Eyne. 

F. pilosa Hall. — La Coste dal Pam. 

Schismus marginatus P. B. — Prades, chemin du Caillau; Ria, au 
Château. 

Briza... — Se rapportant au B. media L.; mais bien plus nain. — Pla- 
teau au-dessus de Belloc. 

Eragrostis Barrelieri * Daveau. — Elne; vallée de la Tèt jusqu'à Prades 
et sur toute la voie ferrée. 

Pou badensis Hænk. — Le Canigou, sur le chemin de l'administra- 
tion forestière aprés le col des Voltes. 

P. laxa Wink. — Le Canigou, aux Estagnols-du-Chalet. 

P. cenisia AM. — Le Canigou, aux Estagnols-du-Chalet; fond de la 
vallée d'Eyne. 

Allosorus crispus Bernh. — Le Canigou, aux Estagnols-du-Chalet. 

Cheilanthes odora Sw.— Prades, Ria, sur les coteaux de la rive gauche, 
où il est assez abondant; Marquixames, murailles. 

Asplenium lanceolatum Huds. — Prades, vers Saint-Michel. 

A. Halleri DC. var. — Le Canigou, à Taurinya. — Une autre variété 
sur les rochers du bord du chemin du Caillau. 


116 séance DU 10 mars 1899. 

Asplenium Breynii Retz. — Le Canigou, à l'ermitage de Saint-Étienne; 
chemin de Prades au Caillau. 

Cystopteris regia R. — Le Canigou, au Maner del Or. 

Polypodium rheticum L. — Matemale, à la Llisse en Capcir. 

Ophioglossum vulgatum L. — Catllar. au Prat-des-Monaces; Fillols, 
dans les prairies situées près des carrières. 


Isoetes Brochoni Motelay. — Étang d'Evol. 


: M. Malinvaud dit, après avoir terminé cette lecture, que 
tous ceux qui s'intéressent aux progrès des études de géogra- 
phie botanique dans notre pays sauront gré au frére Sennen 
du zàle de ses recherches et de l'importance de ses décou- 
vertes. 


M. G. Camus fait une communication « sur les fleurs 
faussement hermaphrodites et les anomalies florales dans le 
genre Salir », qui donne lieu à un échange d'observa- 
tions (1). 


M. Hua, secrétaire, donne lecture de la Note suivante : 


ÉNUMÉRATION DES LICHENS DES « GRANDS MULETS » (CHEMIN DU MONT 
BLANC); par M. Vénanee PAYOT. 


Les « Grands Mulets », situés à 3050 métres d'altitude, sur le 
chemin des ascensions du Mont-Blanc, forment une ligne de ro- 
chers surplombant à peine les glaciers des Bossons et de Tauonnaz 
(de 10 à 20 mètres par places). Ils sont constitués par un schiste 
cristallin, gneissique par endroits, parfois méme granulitique et 
amphibolique, comme les rochers des Grands Mulets supérieurs 
(aiguille Pitschner). 

Autrefois, lorsque l'état des deux glaciers, à leur point de jonc- 
tion, présentait à la traversée de grandes difficultés et méme de 
réels dangers, on atteignait les rochers inférieurs en les gravis- 
sant à partir de leur base ; mais aujourd’hui ce passage est aban- 
donné, non seulement en raison de son abord difficile, mais aussi 


(1) L insertion de ce travail, accompagné des observations qu'il a provo- 
quées, est reportée plus loin dans ce volume. 


PAYOT. — ÉNUMÉRATION DES LICHENS DES GRANDS MULETS. 117 


parce qu'on est obligé de marcher sur des blocs chancelants et 
menaçant ruine, avant d'atterrir à la partie supérieure et solide 
du rocher, où se dresse tout un village d'hótelleries et plusieurs 
chalets-hótels. 

Lors de l'ascension de M. Pitschner, qui se proposait, en allant 
séjourner aux Grands Mulets, de recueillir des observations mé- 
téorologiques et astronomiques, et qui fixa sa tente à la base de 
l'aiguille des Grands Mulets supérieurs, celui-ci m'avait invité à 
faire partie de sa caravane : j'aeceptai et j'en profitai pour explo- 
rer ces rochers au point de vue botanique. 

Notre séjour fut d'une huitaine de jours. Je trouvai une tren- 
taine de Phanérogames, en majeure partie des Graminéeset notam- 
ment une espéce que je n'ai rencontrée nulle part ailleurs, dans le 
champ de mes investigations autour de cette chaîne : je veux 
parler de l’Avena subspicata (ou Trisetum subspicatum). 

Quelque temps aprés l'excursion de M. Pitschner, j'eus l'occa- 
sion de publier un Guide itinéraire du Mont-Blanc. En souvenir 
de son séjour au pied de cette aiguille, je la lui ai dédiée; elle est 
maintenant connue sous son nom. Peut-être cela a-t-il contribué 
à donner l'idée à M. Vallot, lors de son entreprise d'observatoire 
au Mont-Blanc, de faire mieux et d'explorer plus haut : toujours 
est-il qu'il eut l'occasion de faire de nombreux séjours aux 
Grands Mulets, qu'il eut tout le temps de les explorer à son tour 
au méme point de vue et qu'il en rapporta, pour les soumettre à 
la détermination de M. l'abbé Hue, une douzaine d'espéces qui 
sont comprises dans mon énumération d'aujourd'hui, que je livre 
à l'appréciation des lichénologues. 

ll aurait en outre recueilli, aux rochers de l'aiguille Pitschner 
que je n'ai point explorée, une douzaine d'espéces, pour la plu- 
part identiques aux premières. La liste des espèces rapportées par 
M. Vallot n'en contient d'ailleurs pas que je n'aie récoltées dans 
mon exploration précédente. 

J'ai aussi été favorisé de l'amitié de feu M. le professeur Muller 
d'Argovie, qui avait bien voulu se charger de déterminer non 
seulement les Lichens de cette station, mais tous ceux que jJ avais 
récoltés depuis un demi-siècle autour de cette chaine : je compte 
en publier aussila liste prochainement, en y joignant celle des 
espéces signalées par ce savant, qui a herborisé un grand nombre 
d'années dans la vallée de Montjoie, où il venait passer régulière- 


118 


sÉANCE DU 40 mars 1899. 


ment ses vacances, et qui était voisine de son centre de rayonne- 
ment; car je suis devenu l'acquéreur de toutes les espéces qu'il a 
rapportées de ses herborisations et préparées en exsiccatas. 
Je dois aussi adresser mes meilleurs remerciements à M. l'abbé 
Harmand (de Malgrange prés Nancy) qui a bien voulu déterminer 
les espèces litigieuses. 


Énumération des Lichens des Grands Mulets (chemin du Mont-Dlanc). 


* Alectoria ochroleuca Ehrh. (1). 


* 


* 


A. jubata var. a. 
Ach., Fries. 

A. bicolor Nylander. 

A. implexa Nyl. 

A. tristis Fries. 

Cladonia furcata Hoffm. 

C. rangiferina Hoffm. 

— — var. silvatica Ach., Nyl. 

— — var. alpestris Scher. 

— — var. pumila Ach. 

C. cenotea Ach. 

— — * var. acuminata Ach. 

C. pyxidata Fries. 

Thamnolia vermicularis var. a. tau- 
rica Scher. 

Stereocaulon nanum Ach. 

S. alpinum Ach. 

Cetraria islandica Ach. 

— — var. crispa Ach. 

C. aculeata Fries, Nyl. 

— — var. «. campestris Scher. 

— — * var. B. edentula Ach. 

C. nivalis Ach. 

Platysma ulophyllum Nyl. 

P. commixtum Nyl. 

Umbilicaria vellea Ach. var. a, 
hirsuta Scher. 

Gyrophora polyphylla Sw. 

G. cylindrica Ach. 

— — * var. «. Delisei Desp. 

G. spodochroa Ach. 

G. anthracina Scher. 

G. erosa Ach. 

G. crustulosa Ach. 

Peltigera rufescens Scher. 

Solorina saccata Ach. 

S. crocea Ach. 

Parmelia caperata Ach. 


chalybæiformis 


Parmelia saxatilis Ach., Nyl. 

— — var. panniformis Scher. 

P. encausta var. 6. atrofusca J. 
Muller Arg. 

P. fahlunensis Ach. 

P. lanata Nyl. 

P. stygia Ach. 

Physcia cæsia Nyl. (Lobaria cæ- 
sia Hoffm.). 

P. parietina DN. 

P. lychnea Fries 

Squamaria crassa DC. 

S. gypsacea DC. 

S. nimbosa Fries. 

Lecanora subfusca Ach. var. Hyp- 
norum Scher. 

L. polytropa Ehrh. 

— — var. à. sulfurea Hoffm. 

— — var. alpigena Ach. 

L. murorum Ach. 

— — * var. lobulata FIk. 

L. tartarea Scher. 

— — var. frigida Scher. 

L. vitellina Ehrh. 

L. glaucoma Ach. 

— — var. cærulea Ach. 


* Placodium elegans Hepp. 


L. polycarpa Scher. 

L. lapicida Nyl. 

— — var. plicata Arnold. 
L. conglomerata Ach. 

L. Morio DC. 

— — * var. cinerea Scher. 
— — var. Y. coracina Scher. 
L. glomerans Nyi. 

L. geographica Schær. 

— — var. atrovirens Kærb. 
— — * var. alpicola Scher. 


* Lecidea Galbula Ram. 


(1) Les espèces récoltées par M. Vallot sont marquées d'un astérisque, 


ins a a, 


SÉANCE DU 24 mars 1899. 119 


Biatora polytropa var. campestris Endocarpon miniatum Ach. 
form. acrustacea Schær. — — var. pruinosum Massal. 
Rhizocarpon distinctum T. Fries. — — var. adscendens J. Muller 

Pertusaria glomerata Scher. Arg. 


Endocarpon rufescens Ach. 


SÉANCE DU 24 MARS 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. Huat, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de 
la séance du 10 mars, dont la rédaction est adoptée. 

M. le Président a le regret d'annoncer à la Société le 
décès d’un savant botaniste français, M. Charles Naudin, 
membre de l’Institut, décédé à Antibes le 19 de ce mois, 
dans sa quatre-vingt-quatrième année. Il retrace la vie labo- 
rieuse et les principaux titres scientifiques du défunt (1). 

M. le Secrétaire général rappelle que le Bulletin de la 
Société a publié les articles suivants de M. Naudin ou rela- 
tifs à ses travaux : 


1856, t. [IL : Remarques au sujet du croisement supposé des variétés blanche 
et violette du Haricot d'Espagne. 

1857, t. IV : Remarques relatives aux vrilles des Cucurbitacées. 

1860, t. VII : Analyse (par M. Decaisne) du Mémoire de M. Naudin sur les 
Cucurbitacées. 

1860, t. VII : Présentation d'hybrides des Linaria vulgaris et purpurea. 

1865, t. XIL: Lettre à M. Netto sur les mesures à prendre pour empêcher la 
destruction des plantes au Brésil. 

1874, t. XXI : Les espèces affines et la théorie de l'évolution. 

1883, t. XXX : Notice sur les Eucalyptus. 


(1) Voy. plus loin, p. 127, la Notice nécrologique sur M. Naudin. 


120 SÉANCE bU 24 Mans 1899. 


M. le Secrétaire général donne lecture de la Note sui- 
vante ; 


SUR LE VIOLA VILMORINIANA Delacour et Mottet; 
par M. Th. DELACOUR. 


On se ferait difficilement une idée exacte du Viola sulfurea 
Cariotsur les données que nous a fournies l'auteur. Peut-être n'at- 
tachait-il qu'une médiocre valeur à cette création, puisqu'il s'est 
borné à mentionner son espèce dans un tableau dichotomique, où, 
la rapprochant d'ailleurs du V. hirta, il ne l'a caractérisée que par 
la couleur de la fleur (jaune et blanche), la présence de rejets la- 
téraux et les cils du bord des sépales. Ce serait donc presque à 
considérer le V. sulfurea comme un « nomen nudum », si La- 
motte, dans le Prodrome de la Flore du plateau central, ne l'avait 
repris et n'en avait donné une description détaillée, qu'il y a lieu 
deconsidérer comme l'expression de la réalité, puisqu'il avait 
sous les yeux un échantillon authentique, retrouvé d'ailleurs par 
M. Malinvaud dans son herbier. 

Cette description cadre-t-elle exactement avec la « Violette odo- 
rante à fleur jaune », découverte vers 1896 dans l'Indre, répandue 
dans les cultures par un horticulteur d'Orléans, et qu'on s'est à 
peu près unanimement accordé à appeler V. sulfurea Cariot? 
J'avais eu oceasion de voir cette plante dans les cultures d'expé- 
rience de M. Henry de Vilmorin, que dirige avec tant de compé- 
tence M. S. Mottet, et elle m'avait vivement intéressé; mais les 
circonstances qui me reliennent dans le Midi ne me permettent 
pas de profiter de sa floraison ce printemps, et j'aurais été bien 
contrarié de ne pouvoir vider mes doutes, si M. Mottet n'avait bien 
voulu se charger de l'observer sur le vif et me faire part de ses 
notes. Or il résulte de celles-ci et de l'examen des spécimens dont 
il les a accompagnées que, sur deux points au moins, il y aurait 
entre la plante de Cariot et la. nótre des différences notables. Le 
coloris des pétales devrait, d'aprés Lamotte, étre d'un jaune pâle 
dans les deux tiers supérieurs, blane dans le tiers inférieur. Il est, 
dans notre plante, uniformément jaune un peu saumoné avec une 
très légère teinte plus foncée vers le centre. L'éperon, ainsi que l'a 
indiqué M. Rouy, est fortement teinté de violet. D'autre part, les 


DELACOUR. --— SUR LE VIOLA VILMORINIANA. 124 


pétales latéraux du V. sulfurea doivent être dépourvus de poils à 
la gorge, cela parait même être considéré par les auteurs comme 
un caractère d'importance; tandis que, dans la plante cultivée, ils 
portent au contraire trés nettement une touffe de gros cils courts, 
qui ne peuvent échapper méme à un examen superficiel. 

Les autres caractéres indiqués par Lamotte cadrent assez bien. 
Je ne vois pas cependant que les lobes des feuilles soient « presque 
contigus », ni que les pédoncules soient « assez longs », ils sont 
plutót courts, et les bractées qu'ils portent sont placées généra- 
lement trés au-dessus du milieu plutót « qu'au milieu ». J'ajou- 
terai, comme complément à sa description, que, d’après M. Mottet, 
l'odeur des fleurs est très faible, presque nulle ; et que les graines 
qui se produisent en abondance sont trés fertiles. Les jeunes 
plantes reproduisent bien l'apparence de la plante mére, mais 
n'ont pas encore fleuri. Il sera intéressant de les suivre (1). 

De ce qui précéde, il me semble qu'on doit conclure à la non- 
identité de notre plante avec le V. su/furea de Cariot. C'est à ce 
parti que s'est arrété M. Mottet, qui, ayant à la signaler dans le 
supplément au Dictionnaire d'horticulture, se propose de l'y porter 
sous le nom de Viola odorata sulfurea Hort. non Cariot. Il y 
aurait donc lieu de la pourvoir d'un nom spécifique régulier qui, 
sans préjuger de sa valeur méme comme espèce, aurait le mérite 
de s'entendre sur sa personnalité. Je proposerais volontiers celui 
de V. VinwoniviaNA Delac. et Mottet, en le dédiant à M. H. de 
Vilmorin, à la bienveillance de qui nous devons d'avoir pu faire 
nos observations. 


M. Malinvaud rappelle qu'il a eu l'occasion, l'an dernier, 
de fournir divers renseignements sur le Viola sulfurea Cariot, 
dont l'herbier Lamotte, appartenant aujourd'hui à la Société, 
renferme un échantillon authentique, peut-être le seul qui 


(1) M. Mottet me fait remarquer que les plantes présentées par lui sont 
précisément le produit du semis des graines obtenues du Viola recu d'Or- 
léans, et que par conséquent le fait de la reproduction par le semis Sans 
variation bien sensible est acquis. A cette occasion, je crois bon d ajouter que, 
dans notre espèce, les fleurs pétalées se montrent fertiles, au moins un certain 
nombre, ce qui n'arrive pas pour les Viola odorata de nos jardins, qu! ne 
donnent régulièrement de fruits que des fleurs cléistogames. Il y a là encore 
une différence biologique intéressante à noter. 


192 SÉANCE DU 24 Mans 1899. 


ait jamais existé et représentant probablement un lusus fu- 
gitif dont Lamotte a exagéré l'importance. L'examen d'un 
individu unique laisse des doutes, qui ne pourraient étre 
éclaircis que par comparaison avec d'autres exemplaires du 
méme groupe, sur la stabilité et la valeur des caractéres 
qu'il présente. En examinant attentivement les nombreux 
pieds que renferme la caisse del'élégant Viola Vilmoriniana, 
vivant et en pleine floraison, envoyée par M. Mottet à l'appui 
de la précédente Note, M. Malinvaud a cru apercevoir, sur 
quelques fleurs, des traces de coloration violette, d'ailleurs 
à peine apparentes. Doit-on y voir l'indice de la tendance 
d'une variété à faire un retour plus ou moins prochain au 
type normal ? 

M. Henry de Vilmorin dit avoir fait la méme remarque 
que M. Malinvaud. Il n'a pas d'opinion, n'ayant pas encore 
étudié lui-même la nouvelle Violette, mais l'expérience cul- 
turale dont elle est l'objet sera continuée et la Société sera 
tenue au courant des résultats obtenus. 

M. Henry de Vilmorin, à propos des variations de couleur 
de certaines Violettes, cite le cas du Viola Munbyana dont la 
fleur est toujours violette en culture et qu'il a eu dernière- 
ment l'occasion de voir à Blidah, dans son habitat d'origine, 
avec des fleurs de trois sortes : violettes, lilas et blanches. 

M. Malinvaud dit avoir fréquemment observé naguére aux 
environs de Limoges la variété blanche du Viola odorata. 
M. de Vilmorin rappelle qu'il existe deux variétés blanches 
eultivées du Viola odorata. 

M. G. Camus demande à M. H. de Vilmorin si la persis- 
tance de la coloration violette du Viola Munbyana n'aurait 
pas été obtenue primitivement en horticulture par voie de 
sélection artificielle. 

M. de Vilmorin répond qu'il ne le croit pas; la plante cul- 
tivée n'ayant jamais varié à sa connaissance, il n'y avait pas 
lieu de la sélectionner. 

M. de Vilmorin rapporte ensuite un fait curieux que vient 
de lui signaler un de ses correspondants du Midi. Celui-ci 


TN 
T mh 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 123 


possède une collection d'Iris, jusqu'ici trés variées de colo- 
ration; offrant environ une centaine de nuances différentes; 
or, cette année, toutes ces variétés ont donné des fleurs unifor- 
mément blanches. M. de Vilmorin demandera à son corres- 
pondant des explications plus précises sur les circonstances 
dans lesquelles s'est produit ce fait extraordinaire. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 


Note sur la flore des lignites, des tufs et des tourbes 
quaternaires ou actuels du nord-est de la France; 
par M. Fliche (Bull. Soc. Géol. de France, t. XXV, p. 959-963). 


M. Fliche résume dans cette Note les observations faites par lui sur la 
flore quaternaire du nord-est de la France, sur les modifications qu'elle 
à subies, et les changements de climat qui se sont produits au cours de 
la période quaternaire. Les dépóts les plus anciens, lignites de Jarville 
et de Bois-l'Abbé, montrent une flore forestière de régions froides, com- 
prenant notamment le Larix europea, le Pinus montana, VAlnus 
viridis, avec des plantes herbacées telles, entre autres, que l'Elyna 
spicata. Des dépôts plus récents, les tufs de Mousson, de Resson, de la 
Sauvage ou de la Perle, renferment au contraire une série de plantes 
indiquant un climat plus humide et plus chaud, plus uniforme surtout, 
que celui qui régne actuellement dans le pays; on y remarque nolam- 
ment en abondance le Tilia platyphylla, les Acer Pseudoplatanus et 
A. platanoides, qui manquent aujourd'hui sur les mêmes lieux ou y 
sont tout au moins devenus rares, et quelques espèces qui ont totale- 
ment disparu de la région, savoir : Buxus sempervirens, Acer opuli- 
folium, Ficus Carica et Cercis Siliquastrum. Ce climat humide et égal 
a duré pendant la plus grande partie de la période à Elephas primi- 
genius; mais, vers la fin de cette période, la température s est refroidie 
de nouveau, ainsi que le prouve la présence, dans les marnes inférieures 


124 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


à la tourbe, à Lasnez prés de Nancy, du Salix nigricans, du Pinus 
silvestris et de diverses Mousses cantonnées maintenant dans l'Alle- 
magne du Nord et le Danemark. Ce climat froid a persisté pendant toute 
la période de la pierre polie. Depuis lors, il y a eu encore quelques va- 
riations, des périodes humides alternant avec des périodes sèches, ainsi 
que le prouve l'alternance de dépóts de tufs et de sols végétaux; mais, 
depuis la disparition du Pin sylvestre, la flore n'a plus sensiblement va- 
rié, si ce n'est par le fait de l'intervention de l'homme. R. ZEILLER. 


Sur la présence du Pin sylvestre (P. silvestris L.) dans 
les graviers quaternaires, aux environs de Troyes; 
par M. P. Fliche (Compt. rend. Acad. sc., 20 décembre 1898). 


L'auteur avait signalé, en 1876, la présence du Pin sylvestre à la base 
des tourbiéres qu'on rencontre fréquemment dans la vallée de la Seine 
ou dans celles de ses affluents en Champagne. Les récoltes faites ré- 
cemment dans une ballastiére de la ligne de Troyes à Is-sur-Tille, 
ouverte sur les alluvions anciennes à Elephas primigenius, récoltes 
consistant en fragments de tiges, de rameaux, de racines ou d'écorces, 
et en cónes bien reconnaissables, un peu plus petits seulement que la 
moyenne actuelle des échantillons francais, prouvent que le Pin syl- 


vestre a habité la région dés l'époque quaternaire et y a coexisté avec le 
Mammouth. R. Z. 


Note sur les bois silicifiés de Ronchamp; par M. P. Fliche 
(Bull. Soc. Géol. de France, t. XXV, pp. 1019-1023). 


Les bois silicifiés de Ronchamp proviennent de la base du Grés rouge, 
du Permien inférieur, comme ceux du gisement classique de Faymont, 
près de Plombières, étudié jadis par A. Mougeot et plus récemment par 
M. Vélain et M. B. Renault. Mais la flore permienne de Ronchamp est 
beaucoup moins variée que celle de Faymont : les tiges silicifiées qu'on 
y trouve appartiennent exclusivement à des Conifères ou des Cordaitées, 
et | on n a rencontré jusqu'ici ni Fougéres, ni Médullosées, ni Calamo- 
dendrées : les bois étudiés par M. Fliche lui ont offert les caractères 


du type Araucarioxylon, avec des trachéides à ponctuations aréolées 


plurisériées, à aréoles polygonales, et des rayons médullaires générale- 
MA simpies; ils se rapprochent surtout de l' Ar. valdajolense, dont ils 

ifférent par le cali | 's trachéic ; 
Į ibre moindre de leurs trachéides, et par la moindre 


hauteur de leurs rayons médullaires. Il est probable qu'ils ont appar- 
tenu à des Cordaites. R. Z 


—A a 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195 


Les naturalisations forestières en France et la paléon- 
tologie: par M. P. Fliche. Besançon, in-8°, 16 pages. 


Sur un total de 389 espéces ligneuses croissant à l'état sauvage ou 
plantées en grand dans nos forêts françaises, 26 seulement, dont 15 es- 
pèces d'arbres et 11 d'arbustes ou de sous-arbrisseaux, ne sont pas 
originaires de notre pays; ces 11 dernières sont toutes bien naturalisées, 
en ce sens qu'elles se comportent comme des espéces spontanées, fleu- 
rissant, mürissant leurs fruits, donnant de bonnes graines et se repeu- 
plant sans protection spéciale. Parmiles arbres, trois espèces seulement 
peuvent être ainsi tenues pour véritablement naturalisées, à savoir le 
Robinier Faux-Acacia, l'Olivier, et le Châtaignier que M. Fliche ne re- 
garde point comme indigéne, à raison notamment de son absence dans 
tous les massifs forestiers vraiment anciens de notre pays. 

L'auteur montre que, si les espéces introduites, et susceptibles de 
vivre et de se multiplier sous notre climat, ne se sont naturalisées qu'en 
nombre si restreint, c'est quela plupart d'entre elles ne peuvent lutter, 
à moins d'y étre aidées par l'homme, contre la concurrence des types 
indigénes; et il en cite comme preuve le maintien méme de certaines 
espèces, telles que le Noyer ou certains Pins, sur quelques points res- 
treints, où les espèces qui leur font, dans le voisinage, une concurrence 
victorieuse se sont trouvées exceptionnellement éliminées par suite de 
la nature spéciale du sol. 

M. Fliche fait remarquer que les espèces ainsi maîtresses de notre sol 
forestier sont presque exclusivement des espéces relativement jeunes, 
dont on ne constate la présence, à l'état fossile, que dans les formations 
les plus récentes de nos régions, le Pin sylvestre, le Sapin, l'Epicéa, 
l'Érable Sycomore, les Ormes, le Fréne, l'Aune, le Charme, les Chénes 
du groupe du Rouvre, par exemple, ne se montrant guère que dans le 
Pliocène, et d'autres dans le Quaternaire seulement, comme les Tilleuls 
ou le Noisetier. Au contraire, les espéces qu'on a introduites et qui, 
naturalisées dans les jardins, n'ont pu cependant s'établir définitive- 
ment dans la flore forestière bien que le climat n'y fit nul obstacle, sont 
des espéces anciennes, qui avaient quillé nos régions au cours ou vers 
la fin de l'époque tertiaire, et qui se sont retirées depuis lors à plus ou 
moins grande distance. Tels sont, parmi les essences feuillues, les 
Ostrya, le Carpinus duinensis, les Liquidambars, les Platanes, les 
Juglandées, les Plaqueminiers, les Sophora, les Ailantes, les Tulipiers; 
parmi les Coniferes, les Cèdres, les Pins à trois feuilles, les Taxodium, 
les Sequoia, les Cryptomeria, le Ginkgo, ce dernier éliminé même, à 
l'état sauvage, de toutes les régions du globe, et conservé seulement 
par l'intervention de l'homme. Réintroduites dans le pays où elles 


126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


avaient vécu jadis, ces essences anciennes n'ont pu lutter contre les 
espéces plus jeunes, mieux adaptées aux nouvelles conditions de la vie, et 
reconquérir sur elles la place qu'elles avaient occupée antérieurement, 
et l'insuecés de ces tentatives de naturalisation se trouve expliqué par 
l'histoire paléontologique des types végétaux que l'on avait ainsi tenté 
de mettre en présence les uns des autres. R. ZEILLER. 


Note sur les tufs du Brabant (Vosges) et les variations 
du Noisetier commun (Corylus Avellana L.); par M. Fliche. 
Nancy, in-8°, 8 pages, 1 planche. 


Les tufs calcaires du ruisseau de Brabant, prés de Rambervillers, 
appartenant à la période actuelle, ont offert à M. Fliche de nombreuses 
empreintes de plantes indiquant l'existence ancienne d'une végétation 
ligneuse abondante dans cette vallée, occupée aujourd'hui par la flore 
des marécages tourbeux. Il signale en particulier à l'attention une forme 
remarquable de Noisetier, à feuilles réduites, elliptiques-aigués, à ner- 
vures latérales plus dressées que dans le type normal, qu'il désigne sous 
le nom de var. carpinifolia, et dans laquelle on eût pu être tenté de 
voir une forme ancienne, actuellement éteinte; mais il l'a depuis lors 
retrouvée vivante aux environs de Neufchàteau et dans le département 
de l’Orne, dans des stations trés humides. Il mentionne en outre, chez 
la méme espéce, certaines variations du fruit et de l'involucre, et en 
particulier une forme spéciale, rencontrée par lui aux environs de Nancy, 
à fruits presque deux fois plus longs que larges, à involucre trés déve- 
loppé, profondément lacinié et dépassant sensiblement le fruit. Il fait 
remarquer que de telles formes, trouvées à l'état fossile, auraient pu 
induire en erreur, les caractéres qui les distinguent étant de ceux 
auxquels on est aisément porté à attribuer une valeur spécifique, et il 
met en garde les paléobotanistes qui s'occupent des terrains récents 


contre le danger de la création de nouvelles espèces sur le vu d'échan- 
tillons trop peu nombreux. | R. Z 


Muscinées de la Côte-d'Or; par MM. Langeron et H. Sullerot 


(in Revue bourguignonne de l'Enseignement supérieur, 1898, 
163 pages et 2 cartes). 


Ce Mémoire se divise en trois parties : dans la première, de M. Lan- 
geron, l'auteur donne un apercu historique des progrès de la brvologie 
dans le département de la Cóte-d'Or et comprend des renseignements : 
1° sur les réactifs histologiques, notamment sur l'emploi du lactophénol 
de M. Amann ; 2°sur la méthode hydrotimétrique à employer pour l'ana- 
lyse des eaux de manière à déterminer la proportion des sels de calcium 
et, parmi ces sels, le rapport du carbonate de calcium aux autres sels du 


NÉCROLOGIE. 127 


même métal. Dans la deuxième partie, qui est rédigée également par 
M. Langeron, l’auteur étudie la distribution des Muscinées et des Chara- 
cées au point de vue de la géographie générale de la Cóte-d'Or et des 
zones de végétation bryologique. Cette partie, qui après de 40 pages, ren- 
ferme des renseignements trés intéressants sur l'influence du substra- ' 
tum. La troisième partie, signée par MM. Langeron et Sullerot, comprend 
le Catalogue des Mousses, des Hépatiques et des Characées qui ont été 
signalées jusqu'ici dans la Côte-d'Or. Les conclusions qui suivent le Ca- 
talogue et qui sont rédigées par M. Langeron traitent de l'influence de 
l'altitude sur la répartition des Mousses dans les limites de la région 
considérée, de l'influence du sol et des conditions physiques générales, et 
l'auteur en déduit cette conclusion générale : « Les causes de l’ordre 
« physique sont plus générales et quelquefois plus puissantes que 
« celles de l'ordre chimique. » 

Dans ce travail, comme nous l'avons dit plus haut, les auteurs, 
suivant les idées de J. Müller, d'Argovie, ont placé les Characées avec 
les Muscinées dans l'embranchement des Bryanthogameæ. Mais, à l'in- 
verse de J. Müller, qui considérait les Characee comme intermé- 
diaires entre les Filicineæ et les Muscineæ, ils placent les Characées 
entre les Muscinées et les Algues. Ém. BESCHERELLE. 


NÉCROLOGIE 


M. Charles NauDIN, membre de l'Institut, directeur de la villa Thuret 
à Antibes (1), est mort subitement le 19 mars. Il était né à Autun le 
14 aoüt 1815. Il suivil pendant quelque temps les cours de l'École 
de médecine de Montpellier; mais, ses goüts le portant de plus en plus 
vers l'étude des sciences naturelles, il vint à Paris, où il obtint en 
1842 le titre de docteur és sciences. Admis au Muséum en qualité 
d'employé libre, il s'y occupa du classement de l'herbier et prépara, 
avec d'autres travaux, sa Monographie générale de la famille des Mélas- 
tomacées. En 1854, Decaisne le choisit comme aide-naturaliste de la 
chaire de culture. Il entreprend alors ses célébres recherches sur les 
Cucurbitacées et sur l'hybridité, qui le conduisirent à confirmer les vues 
émises par lui, dés 1852, surle principe del'évolution qui rend compte, 
par la communauté d'origine, du grand fait de la communauté d'orga- 
nisation des êtres vivants d'un méme règne, cette première base de 


(1) Voy. Bulletin, 1883, pp. XXVI-XLIX. 


198 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nos distributions des espéces en genres, familles, classes et embran- 
chements. 

Chez M. Naudin, le botaniste proprement dit était doublé d'un excel- 
lent horticulteur. Il a collaboré pendant de longues années à plusieurs 
. journaux et revues d'horticulture et d'agriculture; son nom figure avec 
celui de Decaisne sur la couverture d'un Manuel des jardins, en quatre 
volumes. On lui doit enfin un Manuel de l'aeclimateur et des Mémoires 
importants sur les Eucalyptus, dont il avait réuni une grande collection 
dans le jardin de la villa Thuret. Affligé depuis 1847 d'une surdité dou- 
loureuse qui l'éloignait de toutes les réunions, il était peu connu des 
botanistes parisiens. Il avait d'ailleurs quitté Paris en 1869, pour aller 
à Collioure où il vécut dix ans avant d’être appelé à Antibes. Homme 
d'un savoir étendu, plein d'imagination et de fantaisie, il se mouvait 
avec la méme aisance daus le domaine des faits et dans celui des abstrac- 
tions et de la philosophie. 


NOUVELLES 


(15 septembre 1899). 


— La Société a été cruellement frappée dans ces dernières semaines; 
elle a fait une premiére perte, trés douloureuse, dans la personne d'un 
de ses anciens présidents, M. Henry Lévéque de Vilmorin, décédé à 
Verriéres le 23 aoüt. Puis nous avons appris la mort de M. le D' Quélet 
à Hérimoncourt, de M. Emery, doyen honoraire de la Faculté des 
sciences de Dijon, et de M. Tempié à Montpellier. On trouvera plus loin 


dans ce volume (séance du 10 novembre) des Notices sur la vie et les 
travaux de nos regrettés confrères. 


"- M. Neyraut à rencontré le Juncus tenuis non loin de Caudos 
(Gironde), assez abondant dans un fossé, à quelques centaines de mètres 
de la gare et du chemin de fer; ce Jonc était signalé dans les Landes et 
dans la Loire-Inférieure, mais non encore dans la Gironde; 


Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, 
ERN. MALINVAUD. 


5719. — Lib s Li x 
15719. — Lib.-Impr. réunies, rue Saint-Benoît, 7, Paris, — MorTEROZ, directeur. 


SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. Buchet, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal 
de la séance du 24 mars, dont la rédaction est adoptée. 


M. le Président annonce à la Société qu'elle a fait une 
perte trés regrettable dans la personne d'un de ses membres 
honoraires, M. le D" William Nylander, décédé à Paris, le 
29 mars dernier, à l’âge de soixante-quinze ans. Une Notice 
sur ce savant lichénographe sera lue au cours de la séance. 


M. le Président fait ensuite connaitre quatre nouvelles 
présentations. 


Le décés, qui remonte à 1897, de notre ancien trésorier 
J. Alix Ramond, et celui, qu'on vient d'annoncer, du D' W. 
Nylander laissant vacantes deux places de membre honoraire, 
M. Malinvaud, aprés avoir pris l'avis du Président et des 
autres membres présents du Bureau de la Société, propose à 
l'assemblée d'accorder le titre de membre honoraire, avec les 
avantages qu'il procure, comme un témoignage de sympathie 
et de considération particulière, à MM. l'abbé Hippolyte 
CosrE, de l'Aveyron, et Julien FoucAup, de Rochefort-sur- 
Mer. 

Ces deux estimés confréres, par des recherches pour- 
suivies avec un zèle infatigable dans les vingt dernières années 
et dont ils ont publié les résultats dans de nombreux travaux, 
ont pris une part trés importante aux progrés réalisés par les 
études de phytologie et de géographie botanique dans le 
domaine de la flore nationale. | 

La proposition du Secrétaire général ayant été approuvée 
Par un vote unanime de la Société, MM. l'abbé Hippolyte Coste 
et Julien Foucaud sont proclamés membres honoraires. 


Une collection nombreuse de plantes alpines vivantes est 
T. XLVI. (sÉANCES) 9 


130. SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


présentée à la Société, au nom de M. Henry de Vilmorin, par 
M. Mottet, directeur des cultures de Verrières, qui veut bien, . 
sur la demande qui lui en est faite, donner à l'assemblée 
les explications contenues dans la Note suivante : 


NOTE SUR UNE COLLECTION DE PLANTES ALPINES, RARES OU INTÉRESSANTES 


(FLEURIES), CULTIVÉES A VERRIÈRES-LE-BUISSON (SEINE-ET-OISE) ET PRÉ- 
SENTÉES AU NOM DE M. Henry L. de VILMORIN, par M. MOTTE. 


Une collection de plantes alpines, alpestres ou rares, cultivées aux 
environs de Paris, a été présentée à la séance du 14 avril de la Société 
botanique de France, par les soins de M. Henry L. de Vilmorin, dont on 
déplore aujourd'hui la perte prématurée (1). | 

Cette collection a paru vivement intéresser les membres présents qui 
voyaient là vivantes et dans leur facies naturel certaines plantes qu'on 
est plus souvent habitué à voir en herbier. Elle se composait des soixante- 


trois espèces désignées ci-après : 


Ajuga pyramidalis L. — Europe. 

Androsace carnea L.— Europe. 

— coronopifolia Andr. — Sibérie. 

Anemone ranunculoides L. — Europe. 

Arenaria balearica L. — Corse. 

Biscutella alpestris Waldst. et Kit. — 
Europe. 

Chrysosplenium alternifolium L. — 
Europe, etc. 

Corydalis bulbosa DC. — Europe. 

— ochroleuca Koch. 

Cyclamen repandum Sibth. — Europe 
méridionale. 

Draba lapponica Schur. — Europe. 

Erinus alpinus L. — Europe. 

— flore albo Hort. 

Erysimum callicarpum ? 

Gentiana verna L. — Europe. 

Haberlea rhodopensis Frivald. — 
Grèce. 

Houstonia cærulea L. alba Hort. — 

Amér. sept. 

Iberis Pruitii Tineo. — Sicile. 

Lychnis alpina L. — Europe septent. 

Muscari botryoides Mill. — Europe 
orientale. 


Muscari botryoides flore albo Hort. 

— moschatum Willd. 

Myosotis cespitosa Schultz var. Rehs- 
teineri Wartm. — Bords du 
lac de Constance. 

— macrocalycina var. alba. 

Narcissus triandrus L. — Pyrénées. 

Omphalodes verna Mænch var. alba 
Hort. — Europe. 

Ornithogalum nutans L. — Europe. 

Petasites albus Gertn. — Europe. 

Primula Clusiana Tausch. — Europe. 

— cortusoides L. (type). — Sibérie. 

— Sieboldii Morren. — Japon. ` 

— denticulata Smith. — Himalaya. 

— farinosa L. — Europe. 

— fioribunda Wall. — Himalaya. 

— Forbesii Franch. — Yunnan. 

— frondosa Janka. — Thrace. 

— involucrata Wall. — Europe. 

— marginata Curt. — Europe. 

— obconica Hance. — Chine. 

— pubescens Jacq. var. alba Hort. 

— verticillata Forsk. var. sinensis 
Hochst. — Abyssinie. . 

Saxifraga apennina Bertol.— Italie. 


(1) Cette Note a été remise au Secrétariat à la fin du mois de septembre. 


MOTTET, — COLLECTION DE PLANTES ALPINES. 131 


Saxif. atropurpurea Wulf. — Europe. 
— ciliata Lindl. — Himalaya. 

— geranioides L. — Pyrénées. 

— Huetiana Boiss. — Grèce. 


— pedatifida Ehrh. — Europe aus- 
trale. 

— pensylvanica L. — Amér. septen- 
trionale. 


— Wallacei Mac Nab. 

Scilla Lilio-Hyacinthus L. — Europe. 

Selaginella helvetica Lamk. — Eu- 
rope. 

— denticulata Link. — Reg. médit. 

Sempervivum arachnoideum L. — 


Sempervivum pulchellum Walp. 

— triste Hort. 

Sibthorpia europæa L. — Europe. 

Stylophorum diphyllum Nutt. — 
Amér. septent. 

Thlaspi vulcanorum Lamotie. —- 
Mont-Dore 

Tulipa iliensis Regel. — Turkestan. 

Viola altaica Keer. — Caucase. 

— calcarata L. — Europe. 

— lutea Huds. — Europe. 

Valeriana tripteris L. — Europe. 

Waldsteinia geoides Willd. — Hon- 
grie. 


Europe. 


Pour satisfaire au désir de divers sociétaires un peu surpris du succès 
cultural que présentait cette collection, M. le Président m'a fait l'hon- 
neur de me demander de bien vouloir donner à l’assemblée quelques 
indications sur la manière dont nous cultivons ces plantes à Verrières, 
dans la propriété de M. de Vilmorin. 

C’est avec empressement que nous nous sommes rendu à ce désir et 
que nous donnons ici le résumé de nos indications verbales, pour con- 
tribuer à effacer de l'esprit des botanistes les préjugés de grandes diffi- 
cultés culturales auxquelles on est tenté de croire et faire, si possible, 
de nouveaux adeptes à cette culture si pleine d'attrait et complémentaire 
en quelque sorte de l'étude des plantes. 

Tout d'abord, il convient de remarquer qu'en cultures l'épithéte 
« plante alpine » est prise dans un sens large et qu'en général la diffi- 
culté culturale des plantes alpines augmente en raison directe de l'alti- 
tude où elles croissent. Les plantes de hautes régions, celles vivant, par 
exemple, au-dessus de 1200 à 1500 métres, les vraies plantes alpines 
et souvent les plus belles, de méme que celles hautement calcifuges ou 
croissant dans des conditions toutes spéciales, les représentants de cer- 
taines familles, notamment des Primulacées, des Gentianées, sont diffi- 
cilement cultivables dans les jardins de plaine et plus encore dans le 
Midi que dans le Nord. 

Cette difficulté tient à plusieurs causes, dont nous allons énumérer 
les principales. La premiére et la plus importante est moins peut-être 
l'élévation de la température que l'extréme siccité de l'air pendant l'été. 
La deuxiéme réside dans l'effet contraire, celui de l'humidité stagnante 
pendant l'hiver et surtout les variations de température, si pernicieuses 
pour la vie des plantes en repos. Ajoutons encore le manque de la neige qui. 
dans les montagnes, protège efficacement les plantes contre les grands 
froids et la variation de température. La troisiéme se trouve dans l'usage 


132 SÉANCE DU 14 AvRriL 1899. 


des eaux de plaine, toutes plus ou moins calcaires et par suite funestes 
aux espèces qui redoutent la chaux, ce qui est, du reste, le cas de la 
plupart des plantes de hautes régions. 

Nous devons enfin tenir compte de la nature même des plantes et de 
leurs exigences particulières, souvent fort différentes, même entre les 
espèces d’un seul genre. Il est cependant intéressant de remarquer que 
certaines plantes de hautes régions, telles que les Soldanella, le Lyco- 
podium alpinum et autres, prospèrent parfaitement dans les jardins, 
tandis qu'on a beaucoup de peine à y conserver certaines plantes de notre 
flore locale. 

La culture des plantes alpines n'est donc pas, et cela se comprend 
facilement, identique pour toutes les espéces, pas plus du reste que celle 
des plantes qui ornent nos jardins et nos serres. Chacune d'elles a ses 
petites exigences, son traitement plus ou moins particulier, qu'il faut 
chercher à connaitre et satisfaire pour les voir prospérer. C'est là que 
réside la difficulté, mais aussi l'intérét et la satisfaction que cette culture 
est susceptible de procurer à ceux qui aiment réellement les plantes. 

Pour ce qui est de la nature du sol, c'est-à-dire la terre dans laquelle 
la plante aime à vivre, il estrelativement facile d'y pourvoir, de méme 
que pour la nature de l'eau, en employant de l'eau de pluie; mais, pour 
ce qui concerne la siccité atmosphérique, les moyens sont extrêmement 
restreints et c'est, à notre avis, par là surtout, que périssentla plupart 
des plantes alpines les plus délicates. Les seuls moyens d'en réduire un 
peu les mauvais effets sont : de choisir le voisinage et le cóté nord des 
endroits boisés, ou bien d'ombrager les plantes avec des claies ou 
mieux des toiles claires, qui brisent les rayons solaires et réduisent 
l'évaporation. 

Mais les plantes alpines sont si nombreuses qu'on a l'embarras du 
choix et plutót que de nous acharner à vouloir posséder certaines plantes 
que l'expérience nous a appris l'impossibilité de faire prospérer, nous 
préférons les abandonner au profit de celles que nous parvenons à faire 
fleurir et obtenir sous un aspect agréable, rappelant celui de leur port 
naturel. 

La collection de plantes alpines de M. de Vilmorin se compose de 
plus d'un millier d'espéces, la plupart cultivées en double, les unes à 
plein sol sur un assez vaste rocher artificiel, les autres en pots, pour les 
présentations et pour regarnir les vides qui se produisent sur le rocher. 
Les plantes les plus rares et les plus délicates sont exclusivement cul- 
livées en pots. 

L'emplacement où ces plantes alpines en pots sont disposées est abrité, 
chaud et en plein soleil; mais, pendant tout l'été, elles sont abritées à 
l'aide de claies en roseau, supportées par des traverses à 60 centimètres 


El * 


MOTTET. — COLLECTION DE PLANTES ALPINES. 133 


environ du sol. Ces claies restent enroulées la nuit et pendant les 


journées sombres. 
Les espèces craignant la chaleur, celles de hautes régions sont tenues 


dans un autre endroit, plus aéré et plus froid, également ombragées 


pendant l'été à l'aide d'une toile permanente. 

L'hiver, ces plantes sont simplement protégées à l'aide de châssis, bien 
moins pour les garantir du froid proprement dit, que contre ses varia- 
tions et les gelées extrêmes qui feraient fendre les pots, et aussi pour les 
préserver contre l'humidité. Lorsqu'il tombe de la neige, on s'empresse 
d'en remplir totlaiement les coffres et de les couvrir ensuite de leurs 
chàssis et de paillassons pour conserver la neige aussi longtemps que 
possible. 

Pendant l'été, les plantes sont arrosées tous les soirs, d'abord une à 
une, puis bassinées, ainsi que le matin vers les huit heures, et, lorsqu'il 
fait trés chaud, on mouille les sentiers afin de produire de l'humidité 
artificielle, Nous devons ajouter que, dans ce dernier but, les pots sont 


“enterrés, pendant l'été, dans une substance spongieuse que l'on nomme 


«résidu de fibres de coco », qui se rapproche, comme aspect, de la 
sciure de bois brun; la sciure ordinaire peut remplir le méme róle, 
qui est celui de servir de réservoir d'humidité. Pendant l'hiver, les pots 
sont simplement posés sur le sol et les arrosements sont extrémement 
restreints. 

La terre des pots s'usant et se décomposant trés vite par suite de la 
fréquence des arrosements, et des vers de terre qui l'envahissent souvent, 
chaque année, en mars, les plantes sont rempotées ou rechaussées 
avec la terre qui leur convient et, pendant celte opération, on divise et 
propage celles qui en ont besoin. Les Saxifraga, Sedum, Sempervivum 
el autres plantes grasses subissent en septembre cette opération, afin de 
ne pas réduire leur floraison printaniére. 

Pas plus que les autres plantes vivaces de basses régions, les plantes 
alpines ne vivent indéfiniment. Celles qui ne meurent pas prématuré- 
ment perdent leur vigueur et deviennent rachitiques au bout de quelques 
années. La multiplication est donc un soin constant pour l'entretien 
d'une collection. Si la simple division printaniére suffit pour diverses 
espèces traçantes ou cespiteuses, le semis s'impose pour celles à souche 
ne se ramifiant pas. Il fournit du reste des plantes vigoureuses, de bonne 
forme et floribondes. A ces titres, il doit étre employé de préférence lors- 
qu'on possède des graines et qu'il donne de bons résullats. 

Mais, pour les espéces rares, ne supportant pas la division, ne grai- 
nant pas ou du moins dont le semis ne réussit pas dans les jardins de 
plaine, la montagne reste l'unique source de réapprovisionnement. 
Quoiqu'on dise que les plantes arrachées à leur site natal pendant leur 


134 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


période de végétation reprennent trés mal, ce moyen est mis en pra- 
tique non seulement pour l'entretien de la collection de Verrières, mais 
par tous ceux qui cultivent les plantes alpines. 

M. Henry de Vilmorin, qui aux mérites d'un agronome des plus dis- 
tingués joignait ceux d'un botaniste non moins éminent, affectionnait 
particuliérement le Mont-Dore, qu'il visitait chaque année et dont il con- 
naissait tout particulièrement la flore. À chacune de ses visites estivales, 
il nous envoyait quelques colis de plantes dont nous tirions le meilleur 
profit par le trés simple procédé suivant, que chacun peut mettre en 
pratique pour enrichir son jardin. 

Les plantes, choisies en jeunes individus, arrachées avec une petite 
motte de terre, entourées de mousse fraiche et expédiées aussitót en 
grande vilesse, nous parvenaient généralement en excellentes condi- 
tions. Dès leur réception, ces plantes étaient mises en pots ou en ter- 
rines profondes, chacune dans une terre appropriée à leur exigence, 
puis placées sous un châssis froid, bien ombragées et étouffées. Au 
bout de quelques semaines, la plupart avaient repris vie et recommen- 
çaient à repousser. On leur donnait alors de l'air progressivement, puis 
on enlevait totalement les chàssis et, à l'automne, ces plantes étaient 
mises avec les autres, dans leur quartier d'hiver. 

Tels sont d'une façon succincte les principales conditions à observer 
pour la culture des plantes alpines et le traitement qui leur est appliqué 
à Verrières. Ces soins ne dépassent certainement pas en difficultés ceux 
qu'on accorde à plusieurs autres groupes de végétaux d'ornement ou 
autres et ne demandent presque aucun matériel cultural. Ils sont donc 
à la portée de tous ceux qui possédent des jardins et, en s'y livrant, les 
vrais amateurs de plantes trouveront là une grande source d'intérét et 
une distraction extrémement agréable. 


M. le Secrétaire général analyse et lit en partie le travail 
suivant : 


AZNAVOUR. — FLORE DES ENVIRONS DE CONSTANTINOPLE. 135 


NOUVELLE CONTRIBUTION A LA FLORE DES ENVIRONS DE CONSTANTINOPLE; 
par RE. &. V. AZNAVOUR. 


Dans l'intervalle qui s'est écoulé depuis ma communication à la 
Société botanique de France sous le titre de Note sur la flore des 
environs de Constantinople (1), j'ai pu constater encore bon 
nombre de plantes nouvelles pour cette flore. 

En attendant que je sois en mesure de publier l'inventaire à peu 
prés complet des richesses végétales de cette région, je m'empresse 
de faire connaitre sommairement, à ceux de mes confréres que 
l'étude de la végétation byzantine intéresse, les résultats de mes 
travaux durant ces deux dernières années. 

Comme précédemment, l'énumération suivante ne comprendra 
que des espéces et des variétés nouvelles pour Constantinople. 


PLANTES NOUVELLES POUR LA FLORE DE CONSTANTINOPLE. 


Thalictrum angustifolium Jacq. 6. heterophyllum Koch. 

Lieux humides : prés de Kutchuk-Tchekmédjé, Makrikeuy, Domouz- 
déré E (2); Dodourlou, Alemdagh A. 

Le Th. flavum (3), indiqué par Sibthorp dans le rayon de notre flore, 
n'y a pas été retrouvé. 


Adonis Preslii Tod. (A. autumnalis var. Preslii Lanza). 

Moissons : San Stefano, Topdjilar, prés d'Eyoub, Péra, Domouzdéré 
E; Pendik, Erenkeuy A. 

Trouvé aussi prés de Zékériékeuy par M. le D' Degen. 


Ranunculus eriophyllus C. Koch. 

Prés humides : Topdjilar, Kiathané, Manglava, Balta-Liman, Zékérié- 
keuy, Yerlikeuy E; Halki, Antigoni (iles des Princes) A. 

Se rencontre souvent avec le R. constantinopolitanus Urv. 

(1) Séance du 12 mars 1897. 

(2) Les abréviations employées sont les suivantes : 


E — Europe. 
À = Asie, 


(3) Les espèces sans nom d’auteur sont de Linné. 


436 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


Ranunculus ophioglossifolius Vill. var. byzantinus (mihi). 


-= Elatior, caule (2-8 decim. alto) parce ramoso, superne adpresse hir- 
tulo. Folia basilaria et caulina inferiora plus minusve sinuato-dentata ; 
superiora integra vel subintegra. Sepala breviter et adpresse hirtula. 
Carpella numerosiora, circ. 45-80, disco minute tuberculata, juniora 
(saltem) dorso pilis sparsis adpressiuscule setulosa. 


Hab. — Lieux humides ou inondés, fossés, prés de Pendik et à Maltépé A. 


m. thracieus spec. nov. (sect. Flammula Webb, teste Spach). 


Herba annua, læte viridis, glabra vel superne adpresse hirtula. Caulis 
5-90 cent. altus, fistulosus, adscendens vel erectus, a basi vel a medio 
divaricato-ramosus, sæpe inferne radicans. Folia radicalia elliptica vel 
oblonga, obtusa, longe petiolata; infima ovata, minora (circ. 1 cent. 
longa), longissime petiolata ; caulina inferiora oblonga vel lanceolata in 
petiolum subæquilongum vel eis breviorem attenuata; superiora sensim 
diminuta, anguste lanceolata vel lanceolato-linearia, breviter petiolata ; 
summa subsessilia; omnia integra vel remote denticulata, vagina sspe 
ciliata. Pedunculi oppositifolii, teretes; inferiores sæpe folio 2-3-plo 
breviores; superiores folium æquantes vel paulo superantes. Flores 
exigui (3-6 millim. diam.), lutei. Calyx mox deciduus, sepalis 2-3, gla- 
bris, late ovatis, obtusis, patentibus. Petala 4-6, calycem subæquantia 
vel eo subbreviora, obovato-cuneata, unguiculata, paulo infra medium 
fovea nectarifera squama brevissima tecta instructa. Stamina 5-12. Capi- 
tulum ovato-globosum (23 millim. diam.), axi glabro; carpellis 15-40, 
orbiculato-obovatis (vix 1 millim. longis), subcompressis, disco minute 
luñerculatis, rostro brevissimo (eis decies circa breviore) terminatis. 


Voisin des R. Revelieri Bor. et dichotomiflorus Lag., il diffère du premier 
par les feuilles inférieures elliptiques ou ovales, non orbiculaires, trés longue- 
ment péliolées (le pétiole des feuilles basilaires atteignant parfois 10-15 fois 
la longueur du limbe), et les sépales glabres. Il se distingue du second par 
les tiges souvent radicantes à la base, et les carpelles ordinairement plus 
nombreux, plus petits, terminés par un bec environ dix fois plus court 
qu'eux. 


Hab. — Fossés et dépressions humides des bois : bords de Beuyuk-Bend à 
Belgradkeuy E; environs du village d'Alemdagh A. 


FL — mai-juin. 
R. trachycarpus F. et M. 


Prés humides : environs de Chichli, non loin de Péra; prairie de Beuyuk- 
déré ; Scoumroukeuy E ; Erenkeuy, Alemdagh A. 


R. murieatus (forma typica). - 


| 


AZNAVOUR. — FLORE DES ENVIRONS DE CONSTANTINOPLE. 137 


Lieux humides, bords des fossés : environs de Péra E; près de Kadikeuy, 
Maltépé A. 

Dien moins commun que la var. g. grecus Heldr. et Sart. Mss. in Boiss. 
(R. grecus Griseb.), indiquée par Grisebach à Prinkipo et à Halki. 
Delphinium Ajacis. 


Moissons; entre Kila et Domouzdéré E. — Pas commun dans la région. 


Glaucium corniculatum Curt. ò. tricolor Ledeb. 
Bords des chemins : rare à Chichli, près de Péra E; Prinkipo (îles des 
Princes) A. 


Chelidonium majus Var. hypotrichum (mihi). 

Folia subtus pilis brevibus articulatis plus minusve dense pubes- 
centia, tandem glabrata. Sepala sspe superne pilis longis flexuosis 
Sparse villosula. 


Hab. — Lieux ombragés : à Kestané-souyou, prés de Sariyer E; vallée de 
Beuyuk-Gueuk-souyou, Akbaba A. 


Hypecoum pendulum. 


Lieux sablonneux, prés de San Stefano E. — Rare. 


H. procumbens Var. macropetalum (mihi). 


Petala luteo-aurantiaca; externa (8-9 mill. longa, 4-5 mill. lata), 
oblongo-rhombea, obtuse et inæqualiter subtriloba, interdumque subin- 
tegra; interna paulo minora (6-7 mill. longa), tripartita, laciniis late- 
ralibus oblongis obtusis, intermedia pallidiore, 2-3-plo longiore, subspa- 
thulata, attenuato-stipitata, antice tantum ciliata. Cetera ut in typo. (An 
H. ponticum Vel.?) 


Hab. — Lieux sableux souvent maritimes : Floria, non loin de San Stefano 
E; Pendik, Maltépé A. 
Avec le type, et presque aussi commun. 


Erysimum repandum. 


Lieux secs : Prinkipo et Proti A. 


Sisymbrium anomalum spec. nov. (sect. Kibera DC.). 


Herba annua vel biennis, glabriuscula (2-5 decim. alta), unicaulis, 
caule erecto, inferne ramoso, aut pluricaulis, caulibus erectiusculis 


- adscendentibusve. Folia petiolata; basilaria subrosulata, oblonga, basi 
 attenuala, pinnatifida vel pinnatipartita; caulina sursum sensim decres- 
` centiá : inferiora runcinato-pinnatipartila vel pinnatisecta; media ambitu 
' elongato-triangularia, inferne. in lacinias 1-3 divaricatas, elongatas, 


138 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


subdentatas plus minusve profunde divisa, superne sinuato-dentata, 
superiora sinuato-dentata aut subintegra. Flores minuti, ochroleuci, 
breviter pedicellati, in racemum longum dispositi; inferiores in axilla 
foliorum solitarii; superiores plerique (abortu?) ebracteati, aliis 
paucis bracteatis intermixti. Bracteæ, cum adsunt, alie foliaceæ, 
lineari-lanceolatæ, denticulate vel subintegræ, pedicello 4-6-plo lon- 
giores, aliæ rudimentares, filiformi-subulatæ, pedicelli subæquilongæ. 
Calyx clausus. Siliquæ pedicello crassiusculo, 2-3 millim. longo, sursum 
curvato vel erectiusculo suffultæ, erect: vel erecto-patulæ, rectæ aut 
subareuatæ, tenuiter cylindriez (25-35 mill. 1.) torulosæ, inferne vix 
incrassate, glabræ vel sparse hirtulæ, in stylum longiusculum stigmate 
retuso vel subbifido terminatum abeuntes, juniores flores supremos non 
superantes; septo modice crasso. Semina uniseriata, parva, oblongo- 
ovoidea, lævia. 


Voisin du S. runcinatum Lag. ap DC., dont il diffère parla grappe presque 
nue supérieurement, les siliques moins brièvement pédicellées, plus longues, 
plus grèles, à peine renflées inférieurement, à cloison moins épaisse. 

. Hab. — Décombres, voisinage des habitations : à Kila et prés de Beuyuk- 
Liman E. — Fl. — mai-juillet. 


Erophila majuscula Jord. 


Bords des champs et des chemins : entre Chichli et Zindjirli-kouyou, non 
loin de Péra E. 


Clypeola microcarpa Moris. 
Lieux sableux prés des dunes, entre Domouzdéré et Scoumroukeuy E. 
Thlaspi alliaceum . 


Bords des champs, près de Beuyukdéré E. — Rare dans la région. 
Isatis arenaria spec. nov. (sect. Glastrum DC.). 


| Planta perennis, rhizomate lignoso, ramoso, caudiculis sæpe repen- 
fibus, sureulos breves foliosos caulesque perfectos edentibus. Caules 
herbacei (4-7 decim. alti), erecti, robusti, nervis foliorum decurren- 
tibus plus minusve acute angulati, usque ad ramos floriferos erecto- 
patulos in paniculam subcorymbosam abeuntes foliosi. Folia glauces- 
centia, integerrima vel subintegra : ea surculorum basilariaque oblonga 
vel oblongo-lanceolata (rarius obovato-oblonga), obtusa, in petiolum 
subæquilongum vel eis breviorem attenuata (cum petiolo 8-15 cent. 
longa); caulina sursum paulo decrescentia, sagittato-amplexicaulia; 
inferiora oblonga, apice rotundata vel obtusa, auriculis obtusis; supe- 
riora oblongo-lanceolata, supra medium attenuato-acutata, auriculis 


AZNAVOUR. — FLORE DES ENVIRONS DE CONSTANTINOPLE. 139 


minus obtusis vel fere acutis; suprema diminuta, lineari-lanceolata, 
auriculis minimis aut nullis. Flores numerosi, parvi. Sepala patentia, 
ovato-oblonga, pallide lutea. Petala aurantiaca, obovato-oblonga, basi 
attenuata (cire. 3 mill. longa), calyce sesquilongiora. Pedicelli fili- 
formes (6-7 mill. longi), sub anthesin erecto-patuli, fructiferi apice sub- 
incrassati, deflexi, fructu subtriplo breviores. Siliculæ pendulæ, oblon- 
gæ, latitudine sua subtriplo longiores (20-25 mill. longæ, 6-8 mill. 
latæ), apice retusæ, basi rotundatæ, inferne non vel vix angustatæ inter- 
dumque sublatiores, glabræ, demum nigricantes, loculo seminifero tenui, 
elevatim carinato ala utrinque ei latiore cincto. 


Variat : 

«. hirsuta, caule ad vel ultra medium hirto, demum glabrescente ; 
foliis, preter suprema supra glabriuscula, utrinque hirsutis; sili- 
culis glabris. 

R. glabrata, præter surculos interdum sparsim hirtellos, tota glabra; 
siliculæ ut precedentis. 


Voisin de FT. precoz Kit. DC., dont il semble différer principalement par 
la souche vivace émettant en méme temps des tiges florifères et des rejets 
courts, feuillés. Par ces caractères, il se rapproche de lI. alpina Vill.; mais 
il s'en distingue nettement par les silicules oblongues (non elliptiques), les 
pédicelles bien plus courts, les feuilles relativement moins larges, celles des 
rejets non rosulées. 

Hab. — Dunes, sables maritimes : entre Kila et Domouzdéré E, près de 
Riva A. — La var. «. moins commune. — Fl. — avril-juin. 


Sinapis arvensis (. orientalis Boiss. 

Bords des champs et des chemins : à Yénikeuy E. — Moins commun que 
le type. 
Viola tricolor 6. arvensis Boiss. (V. arvensis Murray). 

Bords des champs : Alemdagh, Pendik, Prinkipo A. — Trouvé aussi par 
M. J. Nemetz (Bosphore ?). 
V. tricolor y. segetalis Boiss. (V. segetalis Jord.). 

Lieux élevés, près de Tchataldagh, non loin d'Alemdagh A. 
V. tricolor ò. Kitaibeliana Boiss. (V. Kitaibeliana R. et Sch.; V. tri- 

color var. tenella Griseb.). 


Champs argileux : San Stefano, Halkali E. 


Silene nocturna var. byzantina (mihi). 


Caulis 1-3 decim. altus, sæpe e basi ramosus, ramis plus minus diva- 


140 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


ricatis. Bracteæ angustiores, lanceolatæ vel lineari-lanceolatæ, minus 
ciliatæ. Flores sæpe pauciores, breviter pedicellati, stricti. Calyx fruc- 
fer oblongus, apice paulum constrictus, dentibus angustioribus, 
margine angustius scariosis, tandem erecto-patulis. Petala membra- 
nacea, trinervia, dimidio calyce breviora, lineari-cuneata, apice bre- 
viter bifida vel emarginata, ecoronala. Capsula tubo calycino non vel 
vix longior. 

Par la forme et les dimensions de ses pétales, cette variété semble tenir le 
milieu entre les var. brachypetala Benth. (S. brachypetala Rob. et Cast.) et 
permixta Rohrb. (S. permixta Jord.). Elle se distingue de ja première par 
les pétales linéaires, n'atteignant pas la moitié de la longueur du calice; et 
de la seconde par les pétales bifides ou émarginés au sommet (non aigus) et 
les fleurs courtement pédicellées comme dans le type. Remarquable par les 
calices fructifères contractés au niveau de la gorge, et les bractées étroites, 
lancéolées ou linéaires-lancéolées. 


Hab. — Bords des chemins; commun à Halki, rare à Pendik A. — FI. = 
mai-juin. 


Hypericum cassium Boiss. herb. nec Diagn. 
(L'échantillon de l'herbier Boissier aurait les feuilles pônctuées-pellucides, 


et non dépourvues de points transparents). 


Lieux ombragés, près de Kestané-souyou, non loin de Sariyer E. (D* A. de 
Degen !). 


Malva rotundifolia. 
Bords des chemins et des champs : à Kutchuk Flamour, non loin de Péra E. 


Linum hirsutum Subspec. byzantinum (mihi). 


Basi suffrutescens, caulibus mediocribus (15-30 cent. altis), pilis pa- 
tulis a basi usque ad apicem molliter et dense hirtis. Folia parva, con- 
ferta, villosa, subtrinervia : inferiora et media basi attenuata subspa- 
thulata vel oblonga, obtusa aut obtusiuscula, hæe majora (10-18 mill. 
longa, 3-6 mill. lata); superiora diminuta, oblongo-lanceolata vel 
ovato-oblonga, acutiuscula. Sepala ovato-lanceolata ut et bracteæ crebre 
glanduloso-ciliata, patule et dense hirta, corolla subquadruplo breviora, 
capsula ovato-acuminata superne adpressiuscule pubescente subsesqui- 


longiora. Petala ut in typo cyanea, basi albida, sed paulo minora (20- 
.28 mill. longa). 


Differe du type par les tiges bien moins élevées, suffrutescentes inférieure- 
ment ; par la forme el les dimensions des feuilles; par les sépales moins 
allongés (relativement à la capsule); par la corolle un peu plus petite, etc. 


MM Lieux incultes et secs des collines : près de Beuyuk-Halkali E. — 
Fl. — juin. 


AZNAVOUR. — FLORE DES ENVIRONS DE CONSTANTINOPLE. 14 


Geranium molle L. macropetalum Boiss. 


Bords des chemins : à Chichli, non loin de Péra E; à Tchenguelkeuy A. 


G. columbinum. 


Bois, entre Alemdagh et Husséinli A. — Rare. 


G. lanuginosum Lamk (G. bohemitum G. et G. non L.). 


Lieux humides des bois; entre Alemdagh et Husséinli A. — Rare. 


Peganum Harmala. 

Décombres, voisinage des habitations : à Yédikoulé (Stamboul), à Niclan- 
tache (Péra) E. — Subspontané. 
Lupinus pilosus. 


Bords des champs; prés de Dagtchékeuy E (d’après M. J. Nemetz). 


Cytisus capitatus Jacq. 


Lieux secs, incultes : prés de Safrakeuy et de Halkali E. 


Trigonella Balansæ Boiss. et Reut. 


Champs argileux : près de Touzla A. 


Medicago Blancheana Boiss. (forma typica). 
Champs argileux : Floria, Makrikeuy, Yédikoulé E; avec la var. INERMIS 
Urban, citée dans ma précédente communication. 


M. præcox DC. 


Lieux pierreux : entre Bostandjik et Erenkeuy A. 


Trifolium striatum P. macrodontum Boiss. 


Lieux secs, incultes : Yéni-Mahallé, Beuyukdéré E; Alemdagh, Halki A. — 
Bien moins répandu que le type. 


Alchemilla minutiflora spec. nov. (sect. Aphanes Coss. Germ.). 


Herba annua, pilosa, viridis, sæpe multicaulis. Caules 9-15 cent. 
longi, filiformes, prostrati vel adscendentes, simplices vel inferne ra- 
mosi, foliosi. Folia parva, breviter petiolata, ut plurimum 6-10 mill. 
longa (cum petiolo), 4-6 mill. lata, internodio fere semper breviora, 
flabelliformia, basi cuneata, tripartita, partitionibus lateralibus bilobis, 
intermedia triloba, lobis oblongis obtusis; radicalia cito exsiccala. 
Süipule foliaceæ, subflabellatæ, profunde 4-5-fidæ, petiolo adnatæ et 
inter se connatæ. Flores minutissimi (circ. 0,5 mill. longi), vix con- 
spicui, submonandri, inæqualiter pedicellati, in fasciculos 1-9-floros 


142 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


oppositifolios dispositi. Pedicelli hirti, longiores stipulis subæquilongi, 
florem 2-3-plo superantes. Receptaculum breviter ovoideum, non vel 
obsolete costatum, extus hirtum. Sepala interiora 4 triangulari-ovata, 
obtusa, sæpe glabriuscula, conniventia, receptaculo fere duplo breviora; 
exteriora fere obsoleta. Achænium ovatum, acutiusculum, sublæve 
(cire. 0,6 mill. longum), receptaculum paulo excedens, sepala æquans 
vel subsuperans. i 


A classer à côté de l'A. microcarpa Boiss. et Reut., dont il diffère spécifi- 
quement par les fleurs bien plus petites, toutes plus ou moins longuement 
pédicellées, le réceptacle largement ovoïde, non ou indistinctement costé, les 
sépales intérieurs obtusiuscules, connivents (non dressés-étalés); l'achaine 
plus petit, ovoide (non globuleux), ezsert (non inclus dans le réceptacle), 
atteignant ou dépassant un peu le sommet des sépales. 

Hab. — Moissons : entre Bostandjik et Bachibeuyuk A; avec PA. arvensis 

s Scop. — Fl. — mai. 


Peplis Portula. 

Lieux inondés pendant l'hiver : aux environs d'Alemdagh et prés de Yakad- 
jik A; dans cette dernière localité, avec le P. borysthenica M. B., qui est 
assez répandu dans la région. 

Myriophylium verticillatum 2x. pinnatifidum Wallr. 

Rivière de Kiathané-souyou, près de Djendéré E. — Trouvé aussi par 
M. J. Nemetz (même localité). 

M. verticillatum 8. intermedium Koch. 


Avec la variété précédente. 


Buplevrum thracieum Velen. (Neue Nachtr. z. Flora von Bulgarien, 
p. 13; ann. 1892). 


Lieux secs, herbeux : Floria, Halkali, San Stefano, Makrikeuy E; Touzla, 
Dolaïba A. — Assez commun. 


C'est probablement cette méme espèce qui a été prise autrefois pour le 
B. glumaceum S. et S., et indiquée aux environs de Constantinople, succes- 
sivement par Berggren (à San Stefano) et par Castagne. 

Berula angustifolia Koch. 
Marécages : près de San Stefano E. 
Scandix Pecten-Veneris. 
Cette espèce, déjà indiquée près de Constantinople, west citée ici que 


parce qu'elle présente dans notre région certaines variétés qui méritent d'étre 
signalées. On pourrait définir ces variétés de la manière suivante, quoiqu'il 


re T 


AZNAVOUR. — FLORE DES ENVIRONS DE CONSTANTINOPLE. 143 


existe aussi des formes intermédiaires marquant le passage des unes aux 
autres : 
* Umbellæ 1-2 radiatæ. 


+ «. genuina. — Fructus in umbellula 2-5 (5-7 cent. longi, 
cum rostro), rostro, in forma typica, margine ciliato- 
scabro, parte seminifera jugis plerumque tubercu- 
lato-scabris fere quadruplo longiore. 


Moissons : San Stefano, Rouméli-Hissari E; Pendik, Kartal, Vanikeuy A. 
S.-var. lævigata (mihi). — Fructus undique leves, rare rostro mar- 
gine scabriusculo. 
San Stefano E; Kartal A. — Rare. 
+ B. brevirostris (an Doiss.?). — Fructus in umbellula sepe 
2-3 (35-45 mill. longi, cum rostro), rostro parte semi- 
nifera 2-2 1/2-plo longiore. Planta plerumque minor. 
Cætera ut in a. 
San Stefano E; Maltépé A. — Moins répandu que le type. 
** Umbellæ 3-4 radiatæ interdumque aliis biradialis mixtæ. 
y. polycarpa (mihi). — Fructus in umbellula 4-7, rarius 3. Cætera 
ut in typo. 


Beuyukdéré E; Pendik A. — Pas commun. 


Orlaya platycarpos Koch var. elatior (mihi). 

Planta robusta 4-6 decim. alta vel procerior. Pedunculi interdum 
3 decim. longi. Umbelle 3-6 radiate. Involucrum 3-9 phyllum, phyl- 
lis præter 1-2 apice foliaceo-divisa, integris. 

Hab. — Lieux incultes, élevés : Yakadjikdagh, Alemdagh A. — Bien moins 
commun que le type. 

Asperula rivalis Sibth. et 5m. 


Marécages, prés humides : entre Kila et Domouzdéré, San Stefano E. 


Galium aureum Vis. ò. scabrifolium Boiss. 
Lieux secs, incultes : prés de Kartal A. 
€. erectum Huds. 


Lieux sees, incultes : entre Kartal et Soghaulik A. 


Dichrocephala latifolia DC. 


Lisiére des bois, à Zékériékeuy E. 


144 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


Chamæmelum inodorum Vis. 

Jachères : prés de Kiathané-keuy E. — Rare. 
Chrysanthemum coronarium. 

Champs en jachère, près de Kiathané-keuy E. — Rare. — Probablement 
adventice. 
Centaurea virgata Lam. B. squarrosa Boiss. 

Lieux secs : Touzla, Kartal A. — Avec [e C. pirrusa Lamk, mais bien moins 
répandu que celui-ci. 
C. salonitana Vis. 8. macracantha Boiss. 


Lieux secs, entre San Stefano et Floria E. — Recueilli par M. J. Nemetz en 
1896 (!), mais non retrouvé depuis dans cette localité ni par lui ni par 
moi. 
€. monacantha Doiss. 


Bords des champs, près de Touzla A. — Très rare. 
Microlonchus salmanticus DC. 

Lieux sablonneux, prés de Touzla A. — Assez répandu. 
Cnicus benedictus. 


Bords des chemins, entre Poloneskeuy (Adampol) et Pachabaghtché À. — 
Pas commun dans la région. 


Rhagadiolus stellatus DC. 8. leiolenus Boiss. 


Champs argileux: prés de Galataria; entre Makrikeuy et Yédikoulé E; 
prés de Pendik A. — Moins commun que la var. «. HEBELÆNUS Boiss. 


Erythræa spicata Pers. 


Lieux marécageux maritimes : près de San Stefano E; Pendik, Kartal A. 


Cuscuta obtusiflora H. D. K. B. Cesatiana Arcang. (C. Cesatiana 
Bert., C. Polygonorum Ces.). 


Parasite sur le Polygonum Persicaria, le long de la riviere de Kiathané- 
souyou, prés de Djendéré E. 


La var. breviflora Engelm. (à fleurs souvent tétramères et à écailles très 
petites souvent bifides ; habituellement parasite sur Ocimum Basilicum), 
indiquée par Boissier, près de Constantinople, n'y a pas encore été retrouvée. 


Heliotroplum supinum. 


Lieux sableux, inondés en hiver : entre Kartal et la colline de Dracos, non 


ne aos 


AZNAVOUR. — FLORE DES ENVIRONS DE CONSTANTINOPLE. 145 


loin de Maltépé A. — Abondant dans les fossés maritimes, dont il couvre 
le fond desséché. ° 


Onosma proponticumcspec. nov. ([?] $ 2. Heterotricha Boiss., Flor. 
Orient. 1V, p. 180). 


Herba perennis, viridis, rhizomate lignoso ramoso, cortice atropur- 
pureo munito. Caules basi suffrutescentes, rigidi, erecti vel adscendentes, 
3-5 decim. alti, simplices aut ramosi, foliosi, cum foliis, bracteis caly- 
cibusque selis e tuberculo glabro interdumque adpresse hirtulo ortis, 
longis, albis vel (presertim in parte superiori) flavidis crebre et paten- 
lim strigoso-hispidi et inter,setas plus minusve copiose puberuli. Folia 
nervo medio subtus valde prominente, margine subrevoluta; basilaria 
lineari-spathulata, minora, cito exsiccata; caulina inferiora et media 
linearia, obtusa, patula, deorsum arcuata, hæc longiora (5-7 cent. longa, 
6-10 mill. lata, vellatiora); superiora paulo diminuta, lineari-lanceolata, 
lanceolataque, in bracteas lanceolatas, obtusiusculas, longitudinem ca- 
lycis subæquantes sensim transeuntia. Racemi terminales et axillares, 
2-9-flori, sepe bifidi cum[flore alari; fructiferi elongati, laxi. Pedicelli 
floriferi calyce dimidio breviores; fructiferi valde elongati, calyci ac- 
creto subæquilongi, erecti. Calyx 5-partitus, laciniis lineari-lanceolatis, 
dimidiam corollam superantibus, erectis, demum 16-18 mill. longis. 
Corolla ochroleuca, exsiccatione lutescens, 20-22 mill. longa, superne 
dilatata et pubescens, dentibus late triangularibus, obtusis, tandem 
revolutis. Antherz apice breviter bifido subexsertæ, margine denticu- 
lato-scabræ, basi interjse cohærentes, filamento suo 2-2 1/2-plo lon- 
giores. Nectarium glabrum, Stylus longe exsertus, stigmate bilobo. 
Nuculz (circ. 3 mill. 1.) ovato-trigonz, acutiusculæ, keves, nitide, gri- 
see, maculis brunneis marmoratæ. 


Ditfére de l'O. austriacum G. Beck, dont il a le facies, par les calices fruc- 
tifères longuement pédicellés; la partie supérieure de la corolle finement 
papilleuse-pubescente, comme dans l'O. arenarium W. K. (uon hérissée de 
poils courts épars); les bractées plus étroites; les feuilles-étalées dressées, 
arquées en dehors, à face inférieure souvent presque dépourvue de soies 
entre la cóte médiane hispide et les bords; le revétement de toutes ses parties 
à poils plus raides, plus étalés, plus scabrides. 

Obs. — |l y aurait peut-étre lieu de comparer cette espéce avec celle que 
Grisehach a décrite dans son Spicilegium Flore rumelice et bithynice, 
t. II, p. 80, sous le nom d'O.. Tournefortii (citant comme synonymes : O. 
echioides Sm. Fl. Grec., tab. 172, et O. echioides y. M. B.), et qu'il a indi- 
quée aux environs [de Constantinople, d'après Andréossy; ainsi que sur le 
littoral de la mer Noire, d'aprés Sibthorp. 

Suivant Boissier (Fl. Orient. AV, p.190), la plante citée par Grisebach 


d'après Sibthorp se rapporterait à l'O. frutescens Lamk, bien distinct de 
T. XLVI. (sÉANcEs) 10 


146 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


l'espèce ci-dessus décrite par les grappes peu nombreuses (1-2), capitées, 
les fructiféres à peine allongées, la corolle souvent devenant rougeátre ou 
violacée par la dessiccation, les tiges humbles, etc. 

Quant à la plante d'Andréossy, Boissier n'en a rien dit. Si cette plante cor- 
respondait à la description donnée par Grisebach, description qui, d'ailleurs, 
a été faite d'aprés des échantillons provenant de la Russie méridionale et de 
Syrie (Alep), elle différerait de l'O. proponticum par les étamines à filet aussi 
long que l'anthére, les feuilles florales ovales-lancéolées, les tiges diffuses- 


ascendantes. 
Ainsi l'Onosma Tournefortii des environs de Constantinople devrait être 
considéré encore comme une espèce douteuse à rechercher. 


'Hab. — Champs argileux : prés de Halkali et de Safrakeuy E. —- Fl. = 
juin-juillet. 


Myosotis esespitosa Schultz. 
- Lieux humides : Kutchuk-Tchekmédjé, Beuyukdéré E; Béicos A. 
M. idsea Boiss. et Heldr. (forma typica). 


Pelouses, prés de Kiathanékeuy E. — Bien plus rare que la var. y. CADMEA 
Boiss. 


M. lithospermifolia Willd. 


Lieux sableux, à la limite des dunes entre Domouzdéré et Scoumroukeuy E. 
— Altit. — 50 métres. 


Lycium europæum. 
Bords des sentiers maritimes, prés de Touzla A. 
L. vulgare Dun. 
Haies : Chichli, Flamour E. — Cultivé. 
Linaria Sicheri Rchb. 
Lieux cultivés et prés secs : Reuyukdéré, Thérapia E. 
Veronica Chamædrys (. pilosa Benth. in DC. 


Lisières des bois, bords des chemins : entre Kila et Rouméli-Fénéri : prés 
de Rouméli-Kavak E. — Moins commun que le type. 


V. pontiea Velen. (Dritter Nachtrag zur Flora von Bulgarien, p. 52). 
Moissons : aux environs de Beuyuk-Halkali E. 
Phelipæa albiflora Gr. et Godr. 


Pelouses, entre San Stefano et Floria E. — Pas commun. — En compagnie 


du Ph. Muteli Reut., qui est assez répandu sur les deux rives du Bosphore 
el de la mer de Marmara. . 


nn fe 


— À n em 


AZNAVOUR. — FLORE DES ENVIRONS DE CONSTANTINOPLE. 141 


Verbena supina. 


Lieux inondés pendant l'hiver, prés de Yédikoulé E. 


Satureia hortensis. 


Vignes, champs en jachère, près de Pendik et de Kartal A. 


Lamium purpureum Var. Aznavourii Gdgr (in litt.). 


Flores magni: corolla circ. 21-23 mill. longa (purpurea vel sepius 
rosea, interdumque alba). Planta major, indumento patulo sepius lon- 
giore copiosioreque, caulibus 2-5 decim. longis, foliis obtusius crenatis. 


Hab. — Bords des champs : Flamour, prés de Béchiktache; aux Petits 
Champs (Péra) E ; Scutari A. 


L. amplexicaule (var.?) Nemetzit (mihi). 


Pumila (3-8 cent.), patule hirta. Calycis dentes albo-villosissimi, 
triangulari-lanceolati, non subulati, tubo minus hirto subbreviores. 


Corolla alba (an semper?). Achænia Iævia. 


Par sa pubescence abondante et étalée, il se rapproche un peu du L. rume- 
licum Vel.; mais il semble en différer suffisamment par les feuilles incisées- 
lobées (non crénulées), les dents du calice largement lancéolées (non lan- 
céolées-subulées). — Dédié à M. J. Nemetz, qui l'a découvert en 1897. 

Hab. — Lieux sableux humides, maritimes; prés de Kutchuk-Tchekmédjé 
E. — Fl. — avril... 


Teucrium Degenianum spec. nov. (sect. Stachyobotrys Benth.). 


Planta perennis, odore alliaceo, tota pilis albis longis, mollis, aliis 
brevioribus præsertim in parte superiore glanduliferis intermixtis pa- 
lentim et dense villosa, cinerascens. Caules 3-5 decim. alti, erassiusculi, 
herbacei, basi suffrutescentes, erecti vel adscendentes, sæpe ramosi, 
ramis erectiusculis. Folia petiolata, inæqualiter multicrenata : inferiora 
et media obtuse triangulari-ovata vel ovata, basi cordata aut truncata 
(circ. 4-6 cent. longa, 3-4 cent. lata); superiora ovato-oblonga, basi 
rotundata interdumque cordata, ad basin spicæ sæpe plus minusve con- 
ferta, demum deflexa. Spicæ densissimæ, cylindricæ (5-8 cent. longs, 
15-20 mill. diam.), rarius (przcipue laterales) breviores, ovato-oblongæ. 
Bracteæ subulatæ, plumosæ, calyce etiam fructifero longiores. Flores 
breviter pedicellati, demum subdeflexi. Calyx patule villoso-hispidus 
(pilis glanduliferis copiosioribus), campanulatus, bilabiatus, basi obli- 
quus, gibbus, fructifer parum auctus; dente superiore latiore, orbi- 
Culato-ovato, obtuso, apiculato, sursum curvato, concavo, obscure reti- 
culato, tubo intus basi glabrescente subbreviore, binis inferioribus 
lanceolato-subulatis laterales parvos, ovatos, obtusos fere duplo supe- 


118 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


rantibus. Corolla rosea parva (cire. 8 mill. longa), extus hirta, calycem 
parum superans. Filamenta breviter exserta, inferne hirtula. Stylus 
stamina subæquans, stigmate bipartito. Nuculæ parvæ (circ. 1 mill.), 
subglobosæ, brunneæ, albo-farinosæ. 


Voisin des Teucrium lamiifolium Urv. et hyrcanicum L. Il diffère du pre- 
mier par la corolle rose, le calice peu accrescent, les feuilles un peu plus 
allongées. Il se distingue du second par les épis bien plus courts (non longs de 
4 à 8 pouces), les bractées plus longues que les calices, les dents latérales 
du calice otales-obtuses, la villosité étalée et blanchâtre de toutes ses parties. 
- Les T. Arduini L. et cordifolium Celak., de la méme section (Stachyobo- 
irys), sont aussi bien distincts de l'espéce ci-dessus décrite: le premier, par le 
calice à dent supérieure plane, oblongue, tres aiguë, spinuleuse, les feuilles 
non cordées, les poils courts, sauf dans le haut, et le second, par l'épi pyra- 
midal (avant la floraison), les bractées très longues, le calice à dent supé- 
rieure ovale, aiguë, l'absence de poils glandulifères, même dans les parties 
supérieures de la plante. 


Tous deux en diffèrent, en outre, par la corolle blanche ou blanchâtre. — 
Dédié à M. le D' A. de Degen. 


Hab. — Buissons : près de Pendik A. — Rare! 
Chenopodium opulifolium Schrad. 

Bords des chemins : Kartal, Kadikeuy A. 
Ch. hybridum. 


Voisinage des habitations, décombres : près de Kila et dans les quartiers 
de Stamboul E. 


Rumex nemorosus Schrad. ex Willd. 
Bois humides : Zékériékeuy, Sariyer, Thérapia E. 
Ruppia rostellata Koch in Rchb. 


Eaux saumâtres, stagnantes : près de Pendik A. 


Sparganium neglectum Beeby (S. ramosum £. neglectum Richt. 
Plant. europ. I, p. 10). | 


Bords des ruisseaux : Makrikeuy, Rouméli-Fénéri E; Béicos A. 
Ophrys atrata Lindl. 

Pelouses : près de San Stefano E. — Trouvé par M. J. Nemet: ! 
Ornithogalum refractum Kit. in Willd. 


Champs argileux : prés de Pendik 4. 


AZNAVOUR. — FLORE DES ENVIRONS DE CONSTANTINOPLE. 149 


9. byzantinum spec. nov. (sect. Heliocharmos Baker.). 


Bulbus ovato-globosus, majusculus (2-3 cent. diam.), simplex. Folia 
sepe numerosa (10-12), linearia, 3-4 mill. lata, canaliculata, non vel 
vix albo-lineata, apice attenuata, glabra, erecta, scapo sæpius elato 
æquilonga vel longiora. Seapus 3-5 decm. altus, glaber, apice in race- 
mum subcorymbosum, plerumque 10-20-florum, demum amplum abiens. 
Bracteæ membranacez, anguste lanceolato-acuminatæ, una cum pedi- 
cellis accrescentes. Pedicelli (etiam fructiferi) erecti vel erecto-patuli, 
plerumque sursum arcuati, bractea 3-4-plo longiores ; inferiores demum 
longissimi (12-18 cent. l.). Perigonium mediocre, phyllis oblongis 
(12-15 mill. longis, 3-4 mill. latis), obtusis, albis, dorso viridi-fasciatis, 
externis apiculatis. Filamenta lanceolato-subulata, perigonio dimidio 
subbreviora. Stylus circ. 3 mill. longus. Capsula obovato-oblonga, basi 
subattenuata, apice retusa (12-15 mill. longa, 6-8 mill. lata), costis sex 
binatim approximatis obtusissimis superne tantum prominulis subtri- 
gona. Semina nigra, obovata, granulosa. i 

Voisin de PO. monticolum Jord. et Fourr. (0. tenuifolium Gr. et Godr. non 
Guss.), dont il diffère amplement par la capsule obovale-oblongue, enviroñ 
deux fois aussi longue (non subglobuleuse, longue de 5-6 mm.), le corymbe 
souvent multiflore, les pédicelles 3-4 fois aussi longs que les bractées, les 
inférieurs finalement fort allongés, pouvant atteindre jusqu'à 18 centimètres, 
les feuilles moins étroites, la tige élevée. Il se distingue également de l'O. te- 
nuifolium Guss., indépendamment des caractères ci-dessus cités, par la cap- 
sule subtrigone, à côtes très obtuses (non aiguës), un peu saillantes seulement 
au-sommet, celles de chaque paire séparées par un sillon superficiel. 


Hab. — Prairies humides : vallées d'Ali-Bey-keuy et de Kiathané E. — Fl. 
— mai-juin. 
9. oligophyllum Clarke. 

Lisiéres des bois et taillis; prés de Zékériékeuy E. 
9. Wiedemanni Doiss. 

-.. Près de Beuyukdéré E, d'après M. J. Nemetz. 


©. fimbriatum Willd. 8B. ciliatum Boiss. 
Pelouses : près de Kartal A. — Moins répandu que le type. 
Allium Weissii Boiss. 
Sables maritimes : plage de Floria, entre Kutchuk-Tchekmédjé et San Ste- 
fano E. — Rare. 
A. myrianthum Doiss. 


Parmi les Joncs des terrains marécageux : près de San Stefano E. — Trés: 
rare. 


450 SÉANCE DU 14 AvriL 1899. 


Allium decipiens Fisch. 
... € Byzantium » (in Richter Plante Europee, I, p. 210). 


Bellevalia ciliata Nees. 
Champs argileux : à Touzla A. 
B. macrobotrys Boiss. 


Champs argileux : à Touzla A. — En compagnie de l'espèce précédente. 

Le B. trifoliata Kth, signalé à Constantinople, est assez commun aux envi- 
Tons de Scoumroukeuy! 

Quant au B. Clusiana Griseb. Spic. II, p. 387, cité comme synonyme du 
B. dubia R. et Sch. (in Boiss. Fl. Or. V, p. 302), également indiqué près de 
Constantinople « in ericetis ins. Principo » (Griseb., l. c., p. 388), il n’y a pas 
encore été retrouvé, du moins à ma connaissance. 


Le B. Clusiana serait plutôt une forme du Muscari tenuiflorum Tausch, 
à rechercher. 


Danaë racemosa Mænch. 


... Beuyukdéré E. — D’après les manuscrits de De Janka (Degen in litt.). 
— Spontané ? 


Juncus subulatus Forsk. 

Marécages maritimes, près de Kartal A. 
ð. obtusiflorus Ehrh. 

Lieux marécageux, près de la source minérale (Itchmé) de Touzla A. 
Seirpus Savii Seb. et Maur. 

Lieux humides, sablonneux : prés du sommet d'Alemdagh A. 
Cladium Mariscus R. Br. 

Marais maritimes : près de Touzla A. 
Carex basilaris Jord. 

Bois humides : prés de l'emplacement de Belgradkeuy E. 
€. extensa Good. 


Lieux sableux humides, maritimes : entre Kartal et la colline de Dracos 
(non loin de Maltépé) A. 


Panicum eruciforme Sibth. et Sm. 


Champs sablonneux : près de Scoumroukeuy E; entre Kartal et Maltépé A- 


Beckmannia erucæformis Host. 


- 


mm ^ 


AZNAVOUR. — FLORE DES ENVIRONS DE CONSTANTINOPLE. 151 
Bords des mares : prés de Yédikoulé E. — Lieux humides : entre Yakadjik 
et Bakalkeuy A. 
Alopecurus arundinaceus Poir. 


Bords des mares : près de Yédikoulé E. 


Sporobolus pungens Kth. 


Sables maritimes : à Touzla, et près de Kartal A. 


Agrostis maritima Lamk. 


Sables maritimes, dunes : entre Domouzdéré et Kila E. 


A. alba f. scabriglumis Boiss. 


Lieux humides : Scoumroukeuy, Makrikeuy E; Karta! A. 


A. alba y. aristata Boiss. 


Lieux humides : entre Scoumroukeuy et Zékériékeuy, Kilidj-bounar, Chi- 
chli, Yédikoulé E. 


A. olivetorum Godr. et Gren. 


Lieux secs : prés du sommet de Yakadjik-Dagh, non loin de Kartal A. 


Holcus annuus Salzm. 


Prés maritimes : entre Maltépé et la colline de Dracos À, — Assez rare. 


Kæleria hispida DC. 


Lieux inondés en hiver : près de Yédikoulé E; entre Touzla et Pendik A. 


K. Michelii Coss. 


Collines séches : à Prinkipo, Halki et Proti (iles des Princes) A. 


Melica Magnolii Godr. et Gren. 


Coteaux secs : entre Kartal [et Maltépé A. 


Poa angustifolia. 


Pelouses : au sommet de Chéhidler au-dessus de Rouméli-Hissari E. 


P. attica Doiss. et Heldr. 


Moissons : à San Stefano E. 


P. compressa. 


Lieux secs : prés de Zékériékeuy E. 


P. bulbosa f. vivipara Koch. 


152 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 

Prés, bords des champs : Kila, Beuyukdéré, Thérapia, Chichli E; Yakad- 
jik A. — Presque aussi commun que le type. ) 
Atropis distans Gris. in Led. 

Marais maritimes : entre Makrikeuy et Yédikoulé E. 

Festuea heterophylla Lamk. 


Bois : prés de la source de Beuyuk-Elmali, sur le versant oriental d'Alem- 
dagh A. 


F. Fenas Lag. 
Lieux herbeux : Kila, Belgradkeuy, Masslak E; Maltépé A. 
Tritieum monococcum (. lasiorrachis Boiss. 


Champs en jachère : près de Yédikoulé E. — En compagnie de l'AcRoPY- 
RUM VILLOSUM Lk. — Assez abondant dans cette localité. 
Le T. monococcum (type) est cultivé dans la région. 


Lolium perenne Vàr. tenue Schrad. 


Bords des chemins : entre Maltépé et Bostandjik A. — Moins commun que 
le type. 


L. multiflorum Lamk forma typica (flosculis aristatis). 


Terrains sablonneux, à côté du barrage de Guenksouyou A. — Avec la 
var. muticum Griseb., indiquée par Buxbaum aux iles (des Princes), prés 
de Constantinople. ` 


L. rigidum Gaud. B. rottbolloides Heldr. in Boiss. 


Sables maritimes : à Floria (prés de Kutchuk-Tchekmédjé) E. — Avec le 
type. 


Lepturus filiformis Trin. 

Fossés sablonneux : prés de Halkali E. 
Gymnogramme leptophylla Desv. 

Rochers : au sommet de Saint-Georges, à Prinkipo A. 
Asplenium obovatum Viv. 


Rochers des lieux élevés ; sommet de Saint-Georges, à Prinkipo; colline de 
Drocos, non loin de Maltépé A. . 


Equisetum arvense. 
Bords de la rivière de Kiathané-souyou E. 
E. Telmateja Ehrh. 8. minor Lge. 


Sables des dunes, le long de la rivière de Domouzdéré E. — Bien moins 
répandu que le type. 


m 


—MÁ— À— 


—Ó tá 


HUE. — WILLIAM NYLANDER. 153 


Varie à tiges fertiles pourvues, au moment de l'anthése, de rameaux rudi- 
mentaires subverticillés, placés à la base d'une ou de quelques-unes des 
gaines supérieures (frondescens A. Br.). 


CORRECTIONS A LA Note sur la flore des environs de Constantinople (1). 


Page 166, supprimer : Tunica glumacea £. obcordata Boiss., indiqué par 
erreur dans le rayon de notre flore. 

Page 167, remplacer : Linum flavum L. par L. tauricum Willd. 

Page 169, remplacer : ? Crategus tanacetifolia Boiss. par C. melanocarpa 
M. D. ! 

Page 170, remplacer : Buplevrum Odontites DC. par B. Fontanesii Guss. 
(= B. Odontites Boiss. Fl. Or.). 


M. l'abbé Hue donne lecture de la Notice suivante : 


WILLIAM NYLANDER, par M. l'abbé HUE. 


"La lichénologie, qui a vu disparaître, en 1895, le docteur E. Stizen- 
berger, médecin à Constance, et en 1896 le professeur J. Muller, « Muller 
Argoviensis », comme il se nommait lui-mème, vient de faire une nou- 
velle et trés sensible perte en la personne du professeur Nylander, 
décédé à Paris, le 29 mars dernier. Né à Uleaborg dans la Finlande, le 
2 janvier 1822, M. Nylander alla en 1839 étudier la médecine à l'Uni- 
versité d'Helsingfors. Il ne jouit jamais des prérogatives que lui conférait 
le diplôme de docteur qu'il obtint en 1847, car un attrait irrésistible le 
poussait vers les sciences naturelles. C'est à l'étude des Lichens que ce 
savant a principalement consacré sa longue carrière, et les collections 
qu'il en a examinées sont fort nombreuses et des plus variées, puis. 
qu'elles proviennent de tous les points du globe et les espéces nouvelles 
qu'il a nommées dépassent certainement trois mille. Il parait s'étre 
adonné trés jeune à la lichénographie; car M. Brenner, dans son opus- 
cule sur la lichénologie de la Finlande (2), indique, à la date du 27 février 
1848, un premier travail de lui sur les Lichens de cette contrée. Du 
reste les ouvrages qu'il a laissés sur les autres parties de la botanique 
sont en petit nombre et d'une importance moindre, Collectanea in Floram 
karelicam et Conspectus Flore Helsingforsiensis en 1852, puisen 1859 
Herbarium Musei Fennici; le dernier est publié en collaboration avec 


(1) Voy. Bulletin, t. XLIV, pp. 164-177 (ann. 1897). sl 
(2) Magnus Brenner, Bidrag till Kännedon af Lichenologin i Finland, 
1896, p. 91. 


454 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


Sælan et ces trois Mémoires contiennent des listes de Lichens. Quelques 
courtes Notices sont consacrées aux Champignons, soit dans les Recueils 
finlandais, Analyses mycologicæ, 1859, soit dans le Flora de Ratis- 
bonne, Circa Pezizas binas gallicas novas, 1864, etc., et, un peu plus 
tard, en 1868, parut un Mémoire sur les Pezizes de Finlande. M. Nylan- 
der fit méme de nombreuses incursions dans le domaine de l'entomo- 
logie et publia, en 1856, le Synopsis des Formicides de France et d'Al- 
gérie, les Formicides du Mont-Dore et, auparavant, il avait donné un 
Traité sur les Abeilles de la Finlande, devenu classique dans ce pays, 
et plusieurs Mémoires sur différents insectes du nord de l'Europe. 

A peine était-il reçu docteur en médecine qu'il fit, en 1848, un pre- 
mier voyage en France; il y revint fréquemment les années suivantes et 
méme, quand il fut devenu, en 1857, professeur de botanique à l'Univer- 
sité d'Helsingfors ; en 1863, il abandonna sa chaire et se fixa définitive- 
ment à Paris. Un souvenir de sa première excursion dans le midi de 
notre patrie nous est laissé dans ses Collectanea lichenologica in Gallia 
meridionali et Pyrenæis, Holmiæ, 1853. C'est dans le courant de l'été 
de 1852 qu'il visita Montpellier, Agde, Beaucaire, quelques pics des 
Pyrénées, et il revint à Paris par Saint-Sever et Mont-de-Marsan ; à Mont- 
pellier, il fit la connaissance de Planchon et, à Saint-Sever, il examina 
les collections de Léon Dufour qui vivait encore. Cette brochure contient, 
je crois, les premières espèces nouvelles de Lichens français que ce 
savant ait publiées, et elles sont au nombre de vingt-deux. Ce voyage 
avait un but ; M. Nylander le poursuit en herborisant dans les environs 
de Paris et en publiant, en 1855, les trois fascicules de son Herbarium 
Lichenum parisiensium, puis en visilant avec notre Société l'Auvergne, 
d’où il rapporte les deux fascicules de ses Lichenes Montdorienses qu'il 
donne en 1856, et enfin il l’atteint en faisant paraître, en 1857, son Pro- 
dromus Lichenographiæ Galliæ et Algeriæ. Cet ouvrage, qui résume 
tout ce que l'on connaissait à cette époque des Lichens de notre patrie, 
prouve que M. Nylander était alors en rapport avec les principaux bota- 
nistes francais, Tulasne, Léveillé, Pelvet, Mougeot, Le Jolis, Brébisson, 
Prost, Lenormand, Le Prevost, elc., et il était apprécié par eux et par 
ceux mémes que les Lichens laissaient indifférents; car, en 1868, l'Aca- 
démie des Sciences lui décerna le prix Desmazières. 

On serait tenté de penser que M. Nylander est à ce moment tout 
absorbé par l étude des Lichens français, il n’en est rien cependant ; car, 
doué d'une activité et d'une facilité de travail remarquables, d'un coup 
d'eil prompt et juste, d'une mémoire qui n'hésite jamais, il s'initie en 
méme temps à la connaissance des Lichens exotiques en examinant les 
belles collections du Muséum de Paris, de Hooker, de Bory de Saint- 
Vincent, de Thuret et enfin de Mougeot. Le résultat de cet examen fut 


T Nem 


HUE. — WILLIAM NYLANDER. 155 


la publication, en 1858, de l’Énumération générale des Lichens, et 
quelques mois plus tard, par suite de l'étude de l'herbier du lichéno- 
graphe américain Tuckerman, d'un Supplément qui porta à 1361 le 
nombre des espéces de Lichens alors connues, dont 650 pour l'Europe 
et 940 pour la France seule. Déjà les principes d'une classification géné- 
rale avaient été posés dans deux Mémoires parus, en 1854 et 1855, dans 
les Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg. Le 
premier indique les grandes divisions, et le second donne les genres et 
les principales espéces. Ce nouveau moyen de classer les Lichens différe 
essentiellement des classifications contemporaines, de celles de Norman 


‘et de Massalongo par exemple, qui s'appuient principalement sur la 
forme, la couleur et les divisions intérieures des spores. M. Nylander 


tire les caractères primaires « de la forme, de la texture du thalle et des 
différences des éléments anatomiques des organes de la reproduction ». 
L'idée était sans contredit judicieuse et conforme à la nature des plantes 


à classer; mais, malheureusement, ce lichénologue, comme la plupart de 


ses contemporains, n'attachait pas assez d'importance à la connaissance 


de la structure interne du thalle pour mener à bien cette grande œuvre, 
de sorte qu'il a fini par placer les uns près des autres des genres qui, au 


point de vue anatomique, doivent étre séparés et mis dans des sections 


différentes. N'est-il pas permis de se demander comment un homme, 


quelque bien doué qu'il soit, a pu en si peu de temps et en se livrant en 
méme temps à d'autres travaux, étudier, classer et nommer des collec- 


tions si riches en échantillons? Il faut dire que, pour celles du Muséum 


et de M. Thuret, par exemple, M. Nylander s'est contenté, surtout dans 
les Lichens fruticuleux et foliacés, d'étudier à fond quelques-uns des 
exemplaires, puis il a placé sous le nom donné aprés cetle étude tous 


-ceux qui lui paraissaient leur ressembler : il en résulte qu'il n'est pas 


rare de trouver dans ces herbiers, sous un méme nom, des espéces dif- 
férentes. Ces études de Lichens exotiques furent d'abord consignées 


dans les Annales des sciences naturelles sous plusieurs litres, mais 


rangées d'aprés le pays d'origine, ile Bourbon, Pérou, Bolivie, Chili et 
Nouvelle-Calédonie. Enfin tous ces travaux partiels ou incomplets sur 
les Lichens, soit européens, soit exotiques, prirent un corps et furent 
complétés, au point de vue de la description, dans le Synopsis metho- 
dica Lichenum, 1858-1860, dont le premier volume et une partie seu- 
lement du second ont vu le jour. Cet ouvrage, quoique incomplet, est 
l’œuvre capitale de M. Nylander, et il est d'un usage indispensable à 
quiconque veut étudier les Lichens. | 

Ces études descriptives et anatomiques des Lichens exotiques si 
longues et si absorbantes laissent encore quelques loisirs à M. Nylander ; 


Car, avec son caractère peu communicatif, assez enclin même à la misan- 


156 SÉANCE DU 14 AvniL 1899. 


thropie, il savait s'isoler et trouvait ainsi le temps ’étudier les Lichens: 
du nord de l'Europe, de sa patrie. Pendant qu'il publiait son Synopsis, 
il donnait quelques espéces nouvelles de Finlande et de Norvége, et, em 
1861, ses Lichenes Scandinavic, suivis cinq ans plus tard des Lichenes 
Lapponie orientalis, ouvrages aussi précieux que le Synopsis pour: 
l'étude des Lichens. Deux fois seulement après l'apparition de ce 
dernier, il tenta encore de faire de l’anatomie : d’abord en 1861, à 
propos des observations de M. Karsten sur une espèce de Cænogonium: 
et, en 1870, dans sa Recognitio monographica Ramalinarum, mais- 
sans plus de succès que dans le Synopsis. Pour cette monographie des- 
Ramalina principalement, les excellents travaux de Schwendener (Un- 
tersuchungen über den Flechtenthallus, 1860), qui donnent la véritable: 
anatomie des Lichens, auraient dû le mettre dans la bonne voie ; mais. 
comme il avait pour principe de ne tenir aucun compte des travaux de 
ses contemporains, la vérité lui demeura cachée. 

C’est surtout comme botaniste descripteur que M. Nylander s'est 
acquis, et à juste titre, une réputation universelle; aussi, dans tout le- 
cours de sa longue existence, sa science a-t-elle été mise à contribution. 
par la plupart de ses contemporains. On trouve des espéces nouvelles 
créées par lui dans les ouvrages de Hooker, Tuckerman, Krempelhuber, 
Stizenberger, Norrlin, Lojka, Crombie, Willey, etc., mais jamais dans: 
ceux de Th. Fries et de Muller Arg., qui tenaient compte néanmoins des 
espèces nouvelles de M. Nylander. A plusieurs reprises, le D" Stizen- 
berger fit connaître à ce dernier quelques-unes des espèces du D" Jean 
Muller, et c'est pourquoi on rencontre cà et là dans les énumérations de: 
M. Nylander quelques noms spécifiques de Muller. On reproche à M. Ny- 
lander un peu trop de concision dans ses descriptions ; ce reproche n'est 
pas immérité, car bien des fois, surtout aprés 1871, il a laissé volon- 
tairement dans l'ombre des particularités qui auraient grandement aidé 
à la distinetion des espéces, et ses analyses sont plutót faites pour ceux. 
qui sont déjà initiés à l'étude des Lichens que pour les commençants. 
Peut-être aussi a-t-il un peu trop multiplié les espèces, et c'est pour- 
quoi quelques auteurs en ont déjà réuni plusieurs sous un même nom; 
du reste, il avait une manière spéciale de comprendre le mot espèce et 
de s’en servir. C'est lui qui le premier a mis au rang des caractères spé-- 
cifiques les spermaties étudiées pour la première fois par Tulasne, dans- 
son Mémoire pour servir à l'histoire organographique et physiolo- 
gique des Lichens, 1852 ; c'est lui encore qui généralisa l'usage de la 
solution aqueuse d iode pour colorer en bleu, au moins dans la plupart 
des espéces, la gélatine répandue entre les paraphyses de l’apothécie, 
solution indiquée également par Tulasne; c'est lui enfin qui, en 1866, 
trouva les réactions, c'est-à-dire la coloration en jaune ou en rouge par 


"LL m 


HUE. — WILLIAM NYLANDER. 151 


la potasse caustique ou lhypochlorite de chaux d'un certain acide ré- 
pandu dans le thalle d'un grand nombre de Lichens. Ces réactions, 
comme toutes les nouveautés, ont été attaquées, rejetées méme par cer- 
tains auteurs, mais il n'en est pas moins vrai qu'elles existent, qu'elles 
sont ordinairement constantes, et que par conséquent il faut en tenir 
compte. M. Nylander, en les trouvant, a rendu un réel service à la 
science et à l'étude des Lichens, mais il en a parfois exagéré la portée 
en s'en servant comme d'un caractére uniquement distinctif entre deux 
espèces. Une fois les ouvrages ci-dessus désignés parus, les réactifs 
trouvés, la connaissance des Lichens est demeurée chez M. Nylander 
‘absolument stationnaire. Tous ses travaux postérieurs ont eu pour but 
ou de défendre ce qu'il avait publié précédemment ou d'augmenter le 
nombre des espéces connues, en raison des collections nouvelles qu'on 
lui soumettait ; il n'a pas songé un instant à améliorer ce qu'il y a chez 
lui de défectueux dans la classification de certains genres à thalle 
-£rustacé. 

Les Lichens récoltés par Lindig dans la Nouvelle-Grenade, Vieillard 
et Thiébaud dans la Nouvelle-Calédonie, Knight dans la Nouvelle-Zé- 
Jande, Wright dans l'ile de Cuba, Newton dans l'ile San Thomé et 
quelques ilots voisins, Almquist au retour de la célébre expédition de 
Nordenskjæld au pôle Nord, dans le Japon, l'ile Labuan et Singapore, 
ont été l'occasion de la publication de trés importants Mémoires; ces 
derniers n'ont pas été terminés, il reste encore à examiner ceux de l'ile 
de Ceylan. Quant à ceux de Wright, une partie seulement a été publiée 
avec diagnoses, l'autre est demeurée manuscrite; cette omission n'a 
plus d'importance, le D' Müller ayant décrit toutes ces espèces. La dé- 
termination des Lichens des iles portugaises de l'Afrique a valu à 
M. Nylander la décoration de l'ordre du Christ de Portugal. Le petit 
opuscule sur les Lichens de Fuégie et de Patagonie ne contient qu'une 
partie des récoltes de Spegazzini, l'autre portion ayant été remise entre 
les mains de M. Müller. La première Notice de M. Nylander sur les 
Lichens exotiques date de 1855; c'est une énumération, avec quelques 
diagnoses d'espéces nouvelles, de Lichens récoltés par Lechler dans 
l'Amérique du Sud; elle a été accompagnée la méme année d'une liste 
de Lichens du Chili. La dernière, qui est en méme temps sa dernière pu- 
blication sous le titre de Lichens des iles Azores, a paru l'année 
dernière. 

Nombreuses et variées sont les petites Notices que M. Nylander a fait 
ansérer dans le Flora de hatisbonne de 1855 à 1887. La plus impor- 
tante de ces publications est celle que l'auteur a nommée Addenda nova 
ad Lichenographiam europeam ; elle comprend quarante-sept parties 
ou « Continuationes ». Sur l'exemplaire de la quarante-septième que 


158 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


M. Nylander m'a donné, il a écrit « ultima »; il venait de se brouiller 
avec le directeur de la Revue. L'étude des Lichens français l'a occupé à 
diverses reprises dans la dernière période de sa vie; en 1872 et en 1884, 
sa santé l'obligea à aller dans le Midi, à Collioure et dans les environs 
de cette localité la première fois et à Amélie-les-Bains la seconde, et il 
en rapporta de remarquables collections. Ces Lichens des Pyrénées- 
Orientales furent publiés d’abord dans le Flora, puis dans le Bulletin 
de la Société Linnéenne de Normandie et enfin une troisième fois avec 
ceux d'Amélie-les-Bains. Ce n’était pas la première fois que M. Nylander 
faisait paraitre la méme collection dans différents recueils. En 1866, il 
avait donné dans notre Bulletin une très curieuse étude sur les Lichens 
du Jardin du Luxembourg, et dans ces dernières années il mit en ordre 
les nombreuses récoltes qu’il avait faites dans les environs de Paris et 
particulièrement dans la forêt de Fontainebleau, et enfin toutes les 
espèces des deux ouvrages de M. Lamy de la Chapelle, concernant les 
Lichens du Mont-Dore d’une part, de Lourdes et de Cauterets d’autre 
part, ont été déterminées par lui. 

Mais les vingt-cinq dernières années de sa vie, à partir de la publica- 
tion, en 1873, du Mémoire de M. Bornet, Recherches sur les Gonidies 
des Lichens, appuyant les études toutes récentes de Schwendener, furent, 
on peut le dire, empoisonnées par la question de l'« Autonomie des 
Lichens », comme il disait. Il a toujours rejeté systématiquement et 
sans examen sérieux la théorie de la symbiose, affirmant, sans jamais 
fournir de preuves, lisez par exemple la Malice des Lichens, que les 
cellules vertes ou gonidies proviennent de la germination des spores des 
Lichens. Cette question lui fit abandonner immédiatement le laboratoire 
du Muséum où il travaillait depuis de longues années, et il. n'y revint 
jamais ; cela devint comme un cauchemar qui hantait continuellement 
son existence et lui faisait regarder comme des ennemis personnels ceux 
qui ne pensaient pas comme lui. Trés accueillant pour les débutants en 
lichénographie, il ne manquait pas, aussitôt qu'il les voyait un peu dé- 
brouillés, de les pousser à publier quelque chose et à y ajouter un petit 
article sur le Autonomie des Lichens », et c'était lui-méme qui fournis- 
sail les soi-disant arguments. Quelques-uns, comme Crombie et Richard, 
s'exéculérent; mais, avec les autres qui refusèrent de passer sous Ces 
nouvelles fourches caudines, ce fut la brouille. Il en résulta qu'il passa 
la dernière période de sa vie et mourut dans un isolement complet. 


EL 


"umm 4 


1847. 


1851. 


1852. 


1853. 


1854. 


1855. 


HUE. —- WILLIAM NYLANDER. 159 


LISTE CHRONOLOGIQUE DES PUBLICATIONS DE M. LE D' NYLANDER. 


Adnotationes in monographiam Formicarum borealium Europæ.Helsingfors, 
109 pages in-8°, in Act. Soc. scient. Fenn. t. 1I et Ill. 

Mutillidæ, Scoliide et Sapygidæ boreales (ibidem), t. II, 24 pages. 

Adnotaliones in expositionem monographicam Apum  borealium (ibidem, 
118 pages). 
Stródda antec Kningar. 1. Forsók att bestämma Linné's Svenska arter af Stäg- 
tet Formica. 2. En ovanlig form af Gryllus pedestris (ibidem), 18 pages. 
Remarks on Arn. Forster's Hymenopterologische Studien, 4 pages, in Annal. 
Nat. Hist. t. VILI. 

Animadversiones circa distribulionem plantarum in Fennia, Helsingfors, 
21 pages, in Act. Soc. Scient. Fenn., t. II. 

Collectanea in Floram Karelicam, Helsingfors, 73 pages in-4°. — Continuatio, 
19 pages in-4*. 

Conspectus Flore Helsingforsiensis, 52 pages in-A*. — Addilamentum, 21 pages 
in-4*, 

Observaliones aliquot ad Synopsim Lichenum Holmiensium, 6 pages in-8*, in 
Nya Botaniska Notiser. 

Supplementum adnotationum in expositionem Apum borealium, 15 pages, in 
Act. Soc. Scient. Fenn., t. II. 

Revisio synoptica Apum borealium, comparatis speciebus Europæ mediæ (ibid.), 
62 pages. 

Collectanea lichenologica in Gallia meridionali et Pyrenæis, Holmiæ, 16 pages 
in-8°. 

Animadversiones circa Lichenes quosdam Scandinaviæ, 6 pages in-8^, in Nya 
Botan. Notis. 

Om G. Thuret's rakttagelser ofver Fucaceernas befrusktning, 3 pages (ibidem). 

Lichenes algerienses novi, 6 pages in-8^, in Ann. sc. nat., sér. HI, t. XX. 

De nyaste botaniska undersókningarne af Mjolddrygan, 2 pages in-8°, in Nya 
Botan. Notis. 

Note sur le màle du Byche helix Sieb., 5 pages, in Ann. Soc. entomol., Paris. 

Sur les fascicules de Lichens d'Europe, publiés par M. le D" Hepp, observa- 
tions critiques, 10 pages in-8°, in Bull. Soc. bot. France. 

Novum genus Lichenum (Pterygium), 1 page (ibidem). 

Étude sur les Lichens d'Algérie, in Mém. Soc. scienc. nat. Cherbourg, 30 pages 
in-8°. 

Essai d'une nouvelle classification de Lichens (ibidem), 10 pages. 

Sur le méme sujet, second Mémoire (ibidem), 42 pages. 

Herbarium Lichenum parisiensium, 150 espèces en 3 fascicules in-8° 

Sur le Lepraria chlorina, in Bull. Soc. bot. France, 1 page in-8°. 

Additamentum in Floram cryptogamicam Chilensem, in Ann. sc. nal., 4° série, 
t. HI, 32 pages in-8°. 

Enumeratio synoptica Lichenum Chilensium (ibidem), 12 pages. 


1857. 


J 


8. 


SÉANCE DU 14 Avnir 1899. 


Animadversiones quedam. lichenographice, in Flora, 3 pages in-8'. 

Sudamericanische Flechten gesammelt durch W. Lechler (ibidem), 2 pages. 

Om den systematiska Skillnaden emellam svampar och lafvar, Stockholm, 
Ofvertight, t. XII, 5 pages. 


. Lichenes mondorienses, 10 espèces en deux fascicules in-8". 


Note sur les Lichens recueillis en Auvergne pendant la session extraordinaire 
de la Société, in Bull. Soc. bot. France, 5 pages in-8°. 

Synopsis du genre Arthonia, in Mém. Soc. imp. sc. nat. Cherbourg, 20 pages 
in-8°. 

Animadversiones adhuc quedam lichenographice, in Flora, 2 pages in-8*. 

Synopsis des Formicides de France et d'Algérie, Paris, 50 pages et une planche 
in-8°. 

Genus familie Apidarum Heriades Synopsi moncgraphica expositum, in Mém. 
Soc. scient. nat., Cherbourg, 8 pages in-8°. 

Description de Formica gracilescens sp. nov., Ann. Soc. entomol., IV, 2 pages 
in-8°. 

Sur les Formicides du Mont-Dore (ibidem), 2 pages. 

De Fungillis binis lichenicolis, in Flora, 1 page in-8°. 

De Stereocaulis et Pilophoris Commentalio, auctore Th. Fries, Recensio, in 
Botaniska Notiser, 2 pages. 

W. Nylander et Th. M. Fries, De genere Stereocaulorum questiones. (ibidem), 
4 pages. 

Prodromus Lichenographie Galliæ et Algerie, Bordeaux, 118 pages in-8. 

Monographia Calicieorum. Ex off. typogr. Frenckelliana, 34 pages in-12. 

Sur la diffusion de quelques espèces de Lichens, in Bull. Soc. bot. France, 
3 pages in-8°. 

Nouvelles espèces de Lichens récemment découvertes en France (ibidem), de- 
mi-page. 

Quedam in systema Lichenum addenda que paucis exposuit, in Nya Bot. Nolis., 
2 pages in-8°. | 

Lichens (in Essai sur l'histoire naturelle de l'archipel de Mendana ou des iles 
Marquises, par Ed. Jardin, in Mém. Soc. sc. nat. Cherbourg, 2 pages in-8°). 

Énumération générale des Lichens, avec l'indication sommaire de leur distri- 
bution géographique, 62 pages in-8°. Supplément, 8 pages. Cherbourg. 

Expositio synoptica Pyrenocarpeorum, in Mém. Soc. acad. de Maine-et-Loire, 
88 pages in-8*. 

Circa Stereocaula adhuc observationes quedam, in Flora, 3 pages in-8°. 

Animadversiones circa Collemaceos quosdam (ibidem), ? pages. 

Lichenes collecti in Mexico a Fr. Müller (ibidem), 4 pages. 

De Ghlorangio Jussufii Link (ibidem), 2 pages. 


1858-1860. Synopsis melhodica Lichenum omnium hucusque cognilorum, Parisiis, 


430 pages in-8° et 8 planches in-8. T. H, 64 pages et une planche. 


1859. Herbarium Musei fennici W. Nylander et Th. Sælan, Helsingfors, 118 pages et 


une carte in-8?, 


Notice sur quelques Cryplogames scandinaves nouvelles, Helsingfors, 8 pages 
et une planche in-8*. 


1860. 


1861. 


1862, 


HUE. — WILLIAM NYLANDER. 161 

Analyses mycologicæ. Helsingfors, 8 pages in-8°. 

Ad vegetationem lichinosam Helsingforsim, Savolaxie et Alandie addenda. 
Helsingfors, 16 pages. 

Strüdda anteckningar, Hymenoptera. Helsingfors, 5 pages. 

De Calicieis aliquid, in Flora, 3 pages in-8*. 

Adhuc circa Stereocaula quedam (ibidem, 4 pages). 

De membrana interiore thecarum apud Lichenes (ibidem, 9 pages). 

Lichenes in regionibus exoticis quibusdam vigentes : I. Lichenes peruviano- 
bolivienses. — II. Lich. polynesienses. — V. Lich. insule Borbonie. — v. 
Lich. chilenses, in Ann. sc. nat., 4° série, t. XI, 60 pages in-8°. 

Prodromus expositionis Lichenum Nove Caledonie (ibidem, t. XII, 4 pages). 

Dispositio Psoromatum et Pannariarum (ibidem, 3 pages). 

Novitie quedam Lichenææ norvegicæ, in Ofvers. v. Ak. Förh., 4 p. in-8*. 

Observationes paucæ circa scripta lichenologica recentissima, in Flora, 4 pages 
in-8°. 

De Stictis et Stictinis adnotatio (ibidem, 2 pages). 

Conspectus Umbilicariarum (ibidem, 2 pages). 

De Lichenibus nonnullis europæis (ibidem, 3 pages). 

Circa Th. M. Fries, « Genera Heterolichenum europea recognita, » animadver- 
siones (ibidem, 3 pages). 

Circa Th. M. Fries, « Lichenes Arcloi, » animadversiones (ibidem, 4 pages). 

Circa historiam Lichenographiæ observaliuncula (ibidem, 2 pages). 

Circa scripla Friesiana adhuc animadversiones (ibidem, 5 pages). 

Conspectus Squamariarum (ibidem, 3 pages). 

Circa novitias Lichenææ norvegicæ observatio, Helsingfors, demi-page in-8°. 

Lichenes Scandinaviæ, in Notis. ur Sallskapets pro Fauna et Flora Fennica 
förhandlingar, 312 pages et une planche in-8°. 

Diatomaceis Fenniæ fossilibus additamentum (ibidem, 16 pages). 

Lichenes in Armorica ad Pornic, in Bull. Soc. bot. France, 1 pages in-8. 

Grana quedam botanica parva, in Botanische Zeitung, 1 page in-4*. 

Animadversiones quedam circa A. von Krempelhuber « Die Lichenen-Flor. 
Bayerns » (ibidem, 2 pages). 

Expositio Lichenum Nove Caledoniæ, in Ann. sc. nat., 4 série, t. XV, 18 pages 
in-8°. 

Additamentum ad Lichenographiam Andium Boliviensium (ibidem, 17 pages). 

Quelques remarques à propos des observations de M. Karsten sur une espèce 
de Cenogonium (ibidem, t. XVI, 12 pages et une planche). 

Conspectus generis Thelotrematis (ibidem, 2 pages). 

Sur un nouveau Lichen, Placodium medians, in Bull. Soc. bot. France, demi = 
page in-8°. 

Ny art of Lafslügtet Platysma (P. polyschizum), in Ofvers. v. Akad. Förb., 
2 pages in-8°. 

Expositio systematica generis Cœnogonii, in Bot. Notis., 2 pages in-4°. 

Tylophoron et Parathelium genera Lichenum nova (ibidem, 2 pages). 


T. XLVI. (SÉANCES) 11 


1863. 


1864. 


SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


Circa genus Aporiam Dub. Notula (ibidem, 1 page). 

Circa Lichenes ferricolas Notula (ibidem, demi-page). 

De scriptis Friesianis novæ animadversiones, in Flora, À pages in-8°. 

Circa Parmeliam colpodem (ibidem, 3 pages). 

Ad Lichenographiam Grenlandie quedam addenda (ibidem, 3 pages). 

Quænam sunt in Lichenibus spore mature? (ibidem, 3 pages). 

Adhuc circa Parmeliam colpodem (ibidem, 2 pages). 

De novissimo opere Friesiano (ibidem, 7 pages). 

De momento characteris spermogoniorum Notula (ibidem, 3 pages). 

Circa variabilitalem sporarum in Lichenibus Notula (ibidem, 2 pages). 

De Lecideis quibusdam observationes (ibidem, 2 pages). 

De Lichenibus quibusdam guineensibus (ibidem, 2 pages). 

De gonidiis Lichenum observationes quedam (ibidem, 2 pages). 

De Anzi Lichenibus Longobardi exsiccatis observationes quedam (ibidem, 
3 pages). 

Observationes quedam circa « Herbarium Lichenum britannicorum by W. 
Mudd », fasc. 1-1I1, 1861 (ibidem, 3 pages). 

Adhuc de Lichenibus quibusdam guineensibus (ibidem, 2 pages). 

Animadversio circa Nolulam ultimam Friesianam (ibidem, 1 page). 

Lichenes quidam scandinavici novi (ibidem, 3 pages). 

Circa germinalionem Agarici campestris (ibidem, 2 pages). 

Sphæriæ quedam scandinavicæ nove (ibidem, 2 pages). 

Circa Lichenes regionis alpinæ Delphinatus observationes, in Bull. Soc. bot. 
France, 12 pages in-8*. 

Circa Lichenes Armoricæ et alpium Delphinatus. Helsingforsiæ, 24 pages in-4*. 


Lichenographiæ Novo-Granatensis Prodromus. Helsingforsiæ, 90 pages, 2 pl. 
et une table. 


Lichenes in « Prodromus Flore Novo-Granatensis », par MM. J. Triana et 
J.-E. Planchon. Paris, 148 pages in-8*. 


Chara (ibidem, 2 pages). 
Sur quelques Lichens d'Algérie, in Bull. Soc. bot. France, 3 pages in-8. 


Lichenes in Ægyplo a cel. Ehrenberg collecti, in Actes Soc. Linn. Bordeaux, 
t. XXV, 8 pages in-8°. 


Circa Kerberi reliquias Hochstetterianas, in Flora, 5 pages in-8°. 

Pyrenocarpei quidam europei novi (ibidem, 6 pages). 

Ueber den systematischen Unterschied zwischen den Pilzen und Flechten (ibid., 
5 pages). 

Graphidei et Lecanorei quidam europei novi (ibidem, 5 pages). 

Circa. Pezizas binas gallicas novas (ibidem, 2 pages). 


Circa Lichenum Novo-Granatensium novas explorationes Lindigianas (ibidem, 
4 pages). 


1865-1887. Addenda nova ad Lichenographiam europæam, continuationes 1-47, in 


1865. 


Flora, environ 345 pages. 


Lecideæ quedam europee nove (ibidem, deux articles, 9 pages). 


1866. 


1867. 


1868. 


HUE. — WILLIAM NYLANDER. 163 

Noviliæ quædam Lichenum europæorum variarum  lribuum (ibidem, deux 
articles, 11 pages). 

Enumeratio synoptica Slicteorum (ibidem, 4 pages). 

Circa Lichenes crustaceos Novæ Zelandiæ (ibidem, 4 pages). 

Ad hisloriam reactionis iodi apud Lichenes et Fungos Notula (ibid., 4 pages). 

Circa Amylobacteria Tréc. (ibidem, 4 pages). 

De terminis perithecio et epithecio (ibidem, 3 pages). 

Circa Thelocarpa europea Notula (ibidem, 3 pages). 

De Nephromate expallido N. (ibidem, 2 pages). 

De genere Lichenum Melanotheca Notula (ibidem, 1 page). 

Monographie des Graphidées de Belgique. Bruxelles, 1865 (ibid., demi-page). 

Adhuc circa Amylobacteria adnotatio (ibidem, 1 page). 

Sur les Amylobacter, in Bull. Soc. bot. France, 2 pages in-8°. 

Adhuc circa heterogenesin animadversiones, in Flora, 3 pages. 

De cephalodiis in Peltidea venosa (ibidem, 1 page). 

Lichenes quos Kurz legit in insula Java (ibidem, 1 pages). 

Adhuc circa characteres quosdam Lichenum (ibidem, 5 pages). 

Circa novum in studio Lichenum criterium chimicum (ibidem, & pages). 

Collectio Lichenum ex insula Cuba (ibidem, 7 pages). 

Les Lichens du Jardin du Luxembourg, in Bull. Soc. bol. France, 8 pages 
in-8*. 

Note sur l'exsiccata des Lichens de Normandie publié par M. Malbranche en 
1863 (ibidem, 2 pages). 

Prodromi Lichenographiæ Scandinaviæ supplementum; Lichenes Lapponiæ 
orientalis. Helsingforsiæ, 94 pages et une carte. 

Lichenes Nove Zelandiæ quos ibi legit anno 1861 D" Lauder Lindsay. in Lina. 
Soc. Journ. Bot., t. IX, 17 pages in-8°. 

Lichenes, in « Prodromus Flore Novo-Granatensis », Additamentum, 54 pages 
in-8*, ' 

Lichenes angolenses Welwitschiani, in Bull. Soc. Linn. Normandie, 2° sér., 
t. H, 14 pages in-8°. 

Lichenes Middendorffiani, in Middendorff, Reis. in den Ausserten norden und 
osten Sibiriens, 4 pages in-4°. 

Circa genus Lichenum Dermatiscum, in Botan. Zeit., demi-page in-4°. 

Lichenes Kurziani e Calcutta, in Flora, 7 pages. 

Nove exploraliones Neo-Caledoniæ (ibidem, 5 pages). 

Addenda quedam ad lichenographiam Nove Zelandie (ibidem, 3 pages). 

Animadversio circa historiam amylobactericam (ibidem, 2 pages). 

Circa evolutionem gonimicam Collemaceorum Notula (ibidem, 3 pages). 

Circa evolutionem sporarum germinantium Varicellariæ Nolula (ibid., 2 pazes). 

Circa cephalodia simul epigena et hypogena (ibidem, 2 pages). 

Observationes circa Pezizas Fenniæ. Helsingforsiæ, 100 pages et 2 pl. 


` Lichens, in « E. Cosson, Catalogue des Plantes recueillies par G. Mandon, en 


164 


SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 
1865 et 1866, dans les iles de Madère et de Porto-Santo », in Bull. Soc. bot. 
France, 2 pages in-8. ^ 
Synopsis Lichenum Nove Caledonie. Caen, 101 pages in-8*. 
Conspecfus synopticus Sticteorum. Caen, 10 pages in-8°. 
Note sur les Lichens de Port-Natal. Caen, 15 pages in-8°. 


1869. Énumération des Lichens récoltés par M. Husnot aux Antilles françaises. Caen, 


1870. 


1871. 
1872. 


24 pages in-8°. 
Exemplum cephalodiorum in Sphærophoro, in Flora, 1 page in-8°. 
Lichenes Kurziani Bengalienses (ibidem, å pages). 
Lichenes in Brasilia a Glaziou collecti (ibidem, 10 pages). 
Circa reactiones Parmeliarum adnotationes (ibidem, 5 pages). 
De reactionibus in genere Ricasolia (ibidem, 2 pages). 
De reactionibus in genere Physcia (ibidem, 2 pages). 
De reactionibus in genere Umbilicaria (ibidem, 3 pages). 
De reactionibus in genere Cetrarieis (ibidem, 3 pages). 
De reactionibus in genere Alectoriis (ibidem, 1 pago). 
De reactionibus in genere Everniis et Parmeliopsibus (ibidem, 2 pages). 
Animadversiones de theoria gonidiorum algologica (ibidem, 2 pages). 
Recognitio monographica Ramalinarum, in Bull. Soc. Linn. Normandie, 2 sér., 
t. IV, 80 pages in-8. 
Circa Dufouream animadversio, in Flora, 2 pages in-8°. 


Animadversiones quedam circa « Fr. Arnold Lich. Fragm. XIV » (ibidem, 
6 pages). 


Lichenes, in E. Fournier, Mexicanas plantas... pars I, Cryptogamia, 6 pages 
in-4*. 


1872-1873. Observata lichenologica in Pyrencis-Orientalibus, in Flora. 


1873. 


1874. 


1875. 


1876. 


Le méme ouvrage publié à Caen, 75 pages in-8°. 

Lichenes e Pyrenœis-Orientalibus exsiccati, 78 espèces. 

Lettres sur un nouveau genre de Nostochinées, in Bull. Soc. bot. France, 
2 pages in-8*. 

I. — H.-A. Weddell, Les Lichens du massif granitique de Ligugé; II. — Ana- 
lyse de Nouvelle revue des Lichens du jardin de Blossac à Poitiers, in Flora, 
8 pages in-8*. . 

Animadversiones circa Spruce Lichenes Amasonicos et Andinos (ibidem, 4 pages). 

De H.-A. Weddell Remarks in Grevillea, 1874 (ibidem, 6 pages). 

Lichenes insularum Andaman. Caen, 23 pages in-8. 


Liste des Lichens recueillis par M. G. de l'Isle, aux iles Saint-Paul et d'Ams- 


terdam et description des espèces nouvelles, in Comptes rendus Acad. SC. 
t. LXXXI, 1 page in-4°. 


Lichens rapportés de l'ile Campbell, par M. Filhol (ibidem, t. LXXXIII). 
Lichenes in "Egypto a cl. Larbalestier collecti, in Flora, 5 pages in-8°. 
Circa Pyrenocarpeos in Cuba collectos a cl. C. Wright (ibidem, 2 pages). 
Ramaling Cubanæ nove (ibidem, 2 pages). 

Lecanore Cubane nove (ibidem, 3 pages). 


1877. 


1878. 


1879. 


1880. 
1881. 


1883. 


1884. 


1885. 


1886. 


1887. 


1888. 


1889. 
1890. 
1891. 


1896. 


1897. 
1898. 


HUE. — WILLIAM NYLANDER. 165 


Collemacei, Caliciei, Cladoniei et Thelotremei Cubani novi (ibidem, 5 pages). 

De gonidiis et eorum formis diversis animadversiones (ibidem, 7 pages). 

Liste des Lichens recueillis à Fontainebleau, in Bull. Soc. Linn. Paris, 2 pages 
et apud Verlot, Guide du botaniste herborisant, ed. 1, p. 329. 

Symbole quedam ad lichenographiam Sahariensem (ibidem, 9 pages). 

Circa Lichenes Corsicanos adnotatio (ibidem, 6 pages). 

Circa Lichenes vitricolas Nolula (ibidem, 2 pages). 

De coloribus Lichenum Notula (ibidem, & pages). 

De hypothallo Notula (ibidem, 3 pages). 

Lichenes nonnulli insule S. Thome Anlillarum (ibidem, 2 pages). 

Listes des Lichens recueillis à Franchard et à la cóte de Champagne (forét de 
Fontainebleau), in Bull. Soc. bot. France, 3 pages in-5*.. 

Lettre-préface « in Newton Lichenes » du nord du Portugal. 

On a collection of exotic Lichens made in Eastern Asia by the late D" A.-C. 
Maingay, Nylander et Crombie, in The Linn. Soc. Journ. Bot., t. XX, 
22 pages in-8°. 

Classification des Peltigerés, in Le Naturaliste, 2 pages in-8°. 

Lichenes novi e freto Behringii, in Flora, 13 pages in-8°. 

Lichenes in « Plantas colhidas par F. Newton na Africa occidentale », in Bolef, 
da Sociedade Broteriana, t. HI, 2 pages in-8°. , 

Lichenes novi e freto Behringii, in Flora, 12 pages in-8°. 

Arthoniæ nove Americæ borealis (ibidem, 6 pages). 

Parmeliæ exoticæ nove (ibidem, 11 pages). 

Graphidei Cubani novi (ibidem, 2 pages). 

Lichenes ins. San Thomé (ibidem, 8 pages). 

Lichenes insule Sancti Pauli (ibidem, 5 pages). 

Lichenes nonnulli australienses (ibidem, 5 pages). 

Lichenes in « Contribuiçoes para o estado da Flora d'Africa ». Coimbra, 
15 pages in-8. 

Note sur le Parmelia perlala et quelques espèces affines, in Morot, Journ. 
de Botanique, À p. in-8°. 

La malice des Lichens. Paris, 4 pages in-8°. 

Enumeralio Lichenum freti Behringii. Caen, 91 pages in-8°. 

Lichenes Fuegiæ et Patagoniæ. Paris, 36 pages in-8°. 

Lichenes Nove Zelandia. Parisiis, 156 pages et une planche. 

Lichenes nonnulli ex insula Principis, in Bol. da Soc. Brot., t. 1V, 4 pages in-8'. 

Lichenes insularum Guineensium. Parisiis, 54 pages in-8. 

Lichenes Japoniæ. Parisiis, 1890, 122 pages in-8°. 

Sertum Lichenææ tropice e Labuan et Singapor. Parisiis, 48 pages in-#°. 

Lichenes Pyrenæorum-Orientalium observatis novis. Parisiis, 103 pages. 

Les Lichens des environs de Paris. Paris, 142 pages in-8°. 

Énumération des Lichens de l'ile Annobon. Paris, 8 pages in-8*. 

Supplément aux Lichens des environs de Paris, 20 pages. 

Les Lichens des iles Azores. Bordeaux, 9 pages in-8°. 


166 SÉANCE DU 14 AvniL 1899. 


M. Guérin, secrétaire, donne lecture de la Note suivante : 


SUR UNE ROSE PROLIFÈRE, par M. LASSIMONNE. 


Je trouve, dans le Bulletin de la Sociélé botanique de France 
(t. XLV, pp. 386-388, séance du 14 juin 1898), une Note de M. L. 
Lutz sur deux Roses prolifères. J'espère qu'il sera intéressant de 
rapprocher de ces observations celle que j'ai faite sur une Rose 
prolifére trouvée à Moulins, par M. l'abbé Pierre, en 1898. 

Cette Rose, épanouie sur un Rosier cultivé à fleurs normalement 
double, peut étre ainsi décrite : 


Cinq grands sépales insérés au sommet du pédicelle proprement dit, 
à la base méme de la fleur, et au-dessous desquels on n'observe aucun 
renflement. Immédiatement au-dessus, plusieurs pétales et plusieurs 
étamines. Au centre s'éléve un corps blanchâtre, glabre, allongé (2 cen- 
timètres environ), un peu dilaté vers son milieu, ramifié à son sommet 
en donnant naissance à plusieurs roses doubles serrées les unes contre 
les autres, plus petites que les fleurs ordinaires, mais dont les pieces 
présentent généralement l'aspect des pétales normaux. Quelques-unes 
de ces piéces sont partiellement sépaloides; d'autres sont staminoides 
et les plus internes styloides. 

Les sommets des axes se terminant à ces fleurs sont à peu prés plans, 
non élargis, et couverts de poils analogues à ceux que l'on observe à 
l'intérieur du réceptacle invaginé de la rose normale. La branche la 
plus importante de ces ramifications florifères donne naissance à deux 
étages de pétales, se continue en un pédicelle arrondi glanduleux et 
aiguillonné comme le pédicelle primaire, mais plus petit, et se termine 
par un bouton à fleur. 


Un examen détaillé de cette Rose anormale a révélé que le corps 
ovale allongé s'élevant au centre du calice est bien le simple pro- 
longement du pédicelle. Plusieurs coupes transversales et radiales 
au-dessus et au-dessous du calice inférieur ont montré la simili- 
tude et la continuation de la structure de l'une à l'autre partie. 

A son sommet, le prolongement pédicellaire se divise en plu- 
sieurs lames devenant les parties axiles des petites fleurs secon- 
daires. Des coupes transversales, au-dessous et prés de ce sommet, 
ont montré la dissociation des faisceaux libéroligneux en plusieurs 


LASSIMONNE. — SUR UNE ROSE PROLIFERE. 167 


groupes qui passent dans les fleurs supérieures. Un de ces groupes 
est plus important; il sert à former le ramuscule continué par un 
pédicelle vert, à surface hérissée glanduleuse, et terminé par un 
bouton. Dans ce bouton, le réceptacle se présente sous la forme 
d'un simple disque à peine excavé supérieurement. Le calice en 
est vert; mais, étant donnés la formation de l'axe et le mode d'ap- 
parition des fleurs de deuxième et de troisième ordre, et notam- 
ment la sépalodie partielle de qnelques pétales, il est permis de 
supposer que ce calice provient d'une sépalodie compléte des pé- 
tales extérieurs du bouton. 

Les autres ramifications du prolongement pédicellaire se ter- 
minent par une surface sans invagination, hérissée de poils uni- 
cellulaires simples et portant des rudiments de carpelles. 

En résumé, la Rose prolifère qui m'a été communiquée par 
M. l'abbé Pierre présente les particularités suivantes, en plus de 
celles qui caractérisent la Rose double 


1° Dissociation immédiate du calice et d’un certain nombre de 
pétales et d'étamines ; 

X Accroissement linéaire du pédicelle sans invagination ; 

3 Disjonction, par groupes, des faisceaux libéroligneux du pro- 
longement pédicellaire, et, par suite, ramification de ce prolonge- 
ment ; 

4 Production sur ces divisions ramusculaires du pédicelle des 
divers appendices floraux par groupes étagés ou non; 

9' Sépalodie partielle ou totale de quelques pétales (provenant 
eux-mêmes de la pétalodie des étamines) ; 

6° Atrophie incomplète des étamines supérieures et des car- 
pelles. 


M. Hua, secrétaire, analyse et lit en partie le Mémoire 
suivant : 


168 SÉANCE DU 14 AvniL 1899. 


CONJUGUÉES DES ENVIRONS DE TOULOUSE; par M. Joseph COMERE. 


La flore algologique des environs de Toulouse a été jusqu'ici 
peu étudiée, surtout en ce qui concerne les espéces appartenant au 
groupe des Conjuguées, et, si les Diatomées de nos régions ont fait 
l'objet, dans ces derniéres années, de plusieurs travaux assez 
complets (1), il n'en est pas de méme des Algues vertes, qui, en 
ce qui se rapporte en particulier à la famille des Desmidiées, n'ont 
été signalées que d'une facon absolument insuffisante. 

Arrondeau, en 1861, a publié pour la première fois un Mé- 
moire (2) sur les Algues du pays toulousain ; mais, bien qu'il ait 
signalé dans son Catalogue huit espèces du groupe des Conjuguées, 
soitsix Spirogyra, un Zygnema et un Mougeotia, il n’a pas traité 
des Desmidiées. Comme il l'a écrit dans sa préface : « il n'a voulu 
» s'occuper que des espèces qui, par leur dimension ou par leur 
» réunion en grand nombre, sont faciles à apercevoir, omettant à 
» dessein les Desmidiées, la plupart des Diatomées et générale- 
» ment les plantules, parasites sur les autres Algues, qui ne 
» peuvent étre déterminées sans le secours du microscope. » 

M. Emile Belloc, en 1893, a fait au Congrès de Besançon (3), 
lors dela réunion dans cette ville de l'Association francaise pour 
l'avancement des sciences, une communication sur La végétation 
aquatique des gours, cours d'eau et fontaines du pays toulousain. 
Les comptes rendus de cette Société savante donnent bien, dans les 
procés-verbaux des séances, un apercu statistique général de la 


(1) H. Peragallo, Diatomées du midi de la France (Bull. Soc. hist. nat. de 
Toulouse, 1884). 

J . Comére, Catalogue des Diatomées des environs de Toulouse (Bull. Soc. 
hist. nat. de Toulouse, 1884). — Diatomées du Bassin sous-pyrénéen, méme 
publication, 1892 et in-8*. Paris. — Diatomées des Pyrénées (Bull. Soc. Ra- 
mond, Bagnères de Bigorre, 1894). 


re Belloc, Diatomées de Luchon et des Pyrénées centrales. Saint-Gaudens, 
1. 
(2) Arrondeau, Étude sur les Conferves des environs de Toulouse, 1861. 
(3) Em. Belloc, Sur la végétation aquatique des gours, cours d’eau et fon- 
taines du pays toulousain (Haute-Garonne) (Association francaise pour l'avan- 
cement des sciences. Congrès de Besançon, 1893, t. 1, p. 242). 


COMÈRE. — CONJUGUÉES DES ENVIRONS DE TOULOUSE. 169 


florule algologique des environs de Toulouse; mais la liste propre- 
ment dite des espéces, qui aurait été intéressante à connaitre, n'a 
pas été publiée. L'auteur a bien voulu me communiquer, d'aprés 
ses notes d'excursion, une petite nomenclature de quelques espéces 
recueillies par lui, dans des localités avoisinant notre ville. 

En 1896, trois ans plus tard, M. E. Pée-Laby a fait paraître sa Flore 
analytique et descriptive des Cryplogames cellulaires (Mousses, 
Hépatiques, Champignons et Algues) des environs de Toulouse (1) ; 
mais, comme Arrondeau, M. E. Pée-Laby n'a traité que des formes 
qui ne nécessitent pour leur détermination le secours du micro- 
scope que dans les cas douteux, ou pour contróler plus rigoureuse- 
ment les résultats obtenus à l'aide de caractéres facilement appré- 
ciables à l'oeil nu ou au moyen d'une forte loupe. En ce qui con- 
cerne spécialement les Conjuguées, M. E. Pée-Laby cite, dans le 
cours de son ouvrage, huit Spirogyra, deux Mesocarpus, un Zyg- 
nema et deux Desmidiées. 

Mes recherches personnelles m'ont permis d'augmenter assez 
considérablement la liste des espéces trouvées par les botanistes 
dont je viens de citer les travaux. Bien que je ne puisse évidem- 
ment donner la nomenclature des formes de nos environs comme 
complète et définitive, le nombre de celles-ci est relativement 
assez élevé. Il comprend 2 représentants de la sous-famille des 
Mésocarpées, 32 de la sous-famille des Zygnémées et 48 de la 
famille des Desmidiées. 

Les Desmidiées comprennent 4 espèce du genre //yalotheca, 
19 Closterium, 4 Penium, 5 Disphinclium, 1 Tetmemorus, 1 Pleu- 
rolæniopsis, 13 Cosmarium, 4 Euastrum et 3 Staurastrum. 

Parmi les espéces citées, une seule m'a paru nouvelle, les autres 
appartiennent à des types connus, deux cependant sont inédites 
pour la flore francaise. Je me suis permis de représenter ces der- 
nières dans la planche qui accompagne mon travail, ainsi que deux 
formes qui m'ont paru différer assez notablement de l'espéce type, 
ou qui n'ont pas été figurées dans les ouvrages les plus répandus. 

Le pays toulousain n'est pas trés riche au point de vue de la 
distribution géographique des Algues d'eau douce et, parmi les 
causes de cette pauvreté relative, il faut indiquer tout d'abord le 


(1) E. Pée-Laby, Flore analytique et descriptive des Cryptogames cellu- 
laires des environs de Toulouse. Toulouse, 1896. 


170 SÉANCE DU 14 AvniL 1899. 


climat, en second lieu le régime des eaux. Il est reconnu aujour- 
d'hui que, bien que les Algues en général soient moins sensibles 
aux influences climatologiques que les plantes terrestres, les Des- 
midiées, par exemple, si nous nous placons au point de vue du 
groupe des Conjuguées, sont plus abondantes dans les pays froids 
et montagneux que dans les pays de plaine relativement plus 
chauds. Les Zygnémées et les Mésocarpées, au contraire, s'adaptent 
mieux au régime climatérique et hydrologique dela plaine. Tandis 
que les formes du premier groupe sont plus abondantes et plus 
variées dans les eaux fraiches et permanentes des stations élevées, 
celles des deux autres végétent en plus grande quantité peut-étre, 
dés le début du printemps, dans les fossés d'eau stagnante que le 
sol argileux retient en divers points des environs de Toulouse, y 
développent leurs organes de fructification et disparaissent, au 
commencement de l'été, lorsque le milieu leur fait défaut. Aussi 
J'ai récolté, en ce qui concerne en particulier les Spirogyra, une 
assez grande partie des plantes de ce genre. Les Desmidiées, qui, 
dans nos Pyrénées, peuplent les lacs, les mares et les ruisseaux, 
qui ne se desséchent point ou du moins trés rarement, surtout 
dans les régions clevées, appartiennent pour la plupart dans le 
pays toulousain à des formes qui vivent en parasites sur les autres 
Algues et qui disparaissent avec elles pendant la saison chaude, et 
l'on récolte rarement des formes libres et isolées. Notre florule 
des Desmidiées se distingue aussi par la simplicité relative de ses 
formes et, si j'ai trouvé dans mes herborisations beaucoup d'es- 
pèces de Closterium et de Cosmarium, en revanche, je n'ai ré- 
colté que peu ou point de formes ornementées comme celles des 
Euaslrum, des Micrasterias, des Staurastrum. 

| Du reste, nos environs sont assez pauvres en terrains aqua- 
tiques, et le canal du Midi, qui peut être regardé comme le plus 
grand réservoir d'eaux stagnantes de notre contrée, ne fournit pas 
d'abondantes récoltes d'Algues appartenant au groupe des Con- 
Juguées. Les végétations qui l'envahissent sont formées surtout 
de représentants des familles des Confervacées et des Siphonées. 
Les eaux courantes ne renfermant pas d'ordinaire, en raison de 
leur manière de vivre, beaucoup de Conjuguées, et les tourbières 
et les marais tourbeux qui constituent le séjour de prédilection (1) 


(1) Les Sphagnum, qui sont l'élément constitutif le plus important de la 
formation des tourbières, n'existent pas dans le voisinage de Toulouse, ou du 


COMÉRE. — CONJUGUÉES DES ENVIRONS DE TOULOUSE. 174 


des Desmidiées faisant défaut dans les environs directs de notre 
ville, les espèces dont nous donnons plus loin la liste proviennent, 
pour la plus grande partie, des mares et des fossés qui se trouvent 
pleins d'eau au commencement du printemps et se dessèchent 
ensuite en grande partie sous l'influence des rayons solaires. Pen- 
dant la saison chaude, il ne reste plus, comme endroits propices 
aux herborisations, que les laisses des cours d'eau et des ‘canaux 
d'irrigation qui donnent asile à quelques représentants aquatiques 
de notre florule cryptogamique. 

La région que nous avons explorée a Toulouse pour centre et 
comprend, outre l'arrondissement de Toulouse, une bonne partie 
de ceux de Villefranche et de Muret, comprise dans un rayon d'en- 
viron 25 kilomètres. Elle est formée de vallées parcourues par des 
cours d'eau assez nombreux, dont deux, la Garonne et l'Ariége, 
prennent leur source dans les Pyrénées, et de collines et plateaux 
dont les sommets les plus élevés ne dépassent pas 300 métres d'al- 
ütude. Le pays, trés fertile, est encore arrosé par des rivières de 
moindre importance, parmi lesquelles nous citerons l'Hers, le 
Girou et la Save, ainsi qu'une quantité de petits cours d'eau et 
ruisseaux affluents de celles-ci. 

Les terrains qui occupent ce territoire appartiennent exclusive- 
ment aux époques tertiaire et quaternaire; les terrains tertiaires 
les plus anciens appartenant à l'étage supérieur de l’éocène se 
montrent à l'extréme limite du département et se relient à ceux 
de l'Aude et du Tarn; les formations miocènes occupent le reste. 
Le fond des vallées est formé par des terrains quaternaires recou- 
vrant les tertiaires et par des alluvions modernes déposées par les 
cours d'eau. | 

Je ne crois pas devoir attacher une grande importance à la con- 
stitution géologique des terrains pour ce qui concerne la distri- 
bution géographique des Conjuguées, et l'influence de la composi- 
tion chimique des eaux me parait être moins grande que celle du 
climat et du régime des terrains aquatiques. Il me semblerait 
cependant possible d'admettre, d'accord en cela avec Gay, de 
Montpellier, que si les Zygnémées semblent indifférentes au sujet 


moins doivent y être très rares. Vers 1840, un botaniste toulousain, Sarrat- 
Gineste, aurait trouvé deux espèces de Sphagnum dans les parties basses de 
la forét de Bouconne, mais il n'a pas été possible à M. E. Pée-Laby (loc. cit.) 
de les rencontrer à nouveau dans cette station. 


112 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


de la composition du milieu qu’elles habitent, les Desmidiées, au 
contraire, ne paraissent pas trop aimer les eaux riches en cal- 
caire. J'ai observé, pour ma part, que l'on trouvait beaucoup 
plus de Desmidiées dans les eaux de la partie argilo-siliceuse de 
nos terrains provenant de la décomposition des dépôts quater- 
naires que dans celles de la partie argilo-calcaire provenant des 
dépôts éocénes et miocénes. Les Zygnémées, au contraire, se déve- 
loppent aussi abondamment dans les eaux chargées de sels calcaires 
que dans celles riches en silice. 

En publiantla Florule des Conjuguées des environs de Toulouse, 
je n'ai eu pour but que de donner d'une maniére générale un 
aperçu de la végétation algologique de notre région. J'estime qu'il 
y a et qu'il y aura toujours lieu d'augmenter le nombre des espéces 
que nous avons citées dans notre Catalogue et que des recherches 
ultérieures pourront étre couronnées de succés.Je me propose, 
du reste, d'étendre le cercle de mes investigations vers la partie 
méridionale de notre département et d'explorer aussi la partie 
montagneuse de celui-ci et les régions de l'Ariége et des Hautes- 
Pyrénées, de manière à présenter un tableau plus complet com- 
prenant l'ensemble des Pyrénées centrales et du bassin sous- 
pyrénéen. En attendant de publier le résultat de ces nouvelles 
recherches déjà entreprises, j'ai cru devoir apporter dés aujour- 
d'hui ma modeste contribution à l'ensemble des connaissances 
que nous possédons sur la distribution géographique des Algues 
microscopiques du pays toulousain. 


ORDRE DES CONJUGUÉES 


Famille des ZYGNÉMACÉES 
Sous-famille des MÉSOCARPÉES 
Genre MOUGEOTIA. 


MOUGEOTIA GENUFLEXA Ag., Syst., p. 83; Mesocarpus pleurocarpus De 
Bary, Conj., p. 81, pl. III, p. 14. 


Laisses de la Garonne au port Garaud, fossés à Menery, etc. (Arron- 


COMÈRE. — CONJUGUÉES DES ENVIRONS DE TOULOUSE. 173 
deau, 1861). Laisses du canal d'irrigation de Saint-Martory, à Lardenue 
(E. Pée-Laby). 

M. NummuLoipes Hassal, Brit. Freshw. Alg., p. 169, n° 5, t. XLV, f. 1; 
Mesocarpus De Bary, Conj., p. 80, pl. VIII, fig. 9. 
Fossé entourant le bois de la Ramette (E. Pée-Laby). 


Sous-famille des ZYGNÉMÉES 


Genre ZYGNEMA. 


ZYGNEMA LEIOSPERMUM De Bary, Conj., p. 11, f. 1-14. 
Fossés le long du chemin au Saouze-loung, dans la plaine entre le 
canal du Midi et la route nationale de Toulouse à Montpellier. 
Z. STELLINUM Ag., Syst., p. 11; Cooke, Brit. Freshw. Alg., p. 80, 
pl. XXX, f. 2. 
Fossés, à Colomiers-Lasplanes; vallée du Touch. 
Z. CRUCIATUM Ag., Syst., n° 5; Tyndarea cruciata Hass., Brit. Freshw. 
Alg., p. 260, n° I, pl. XXXVIII, fig. 1. 
Fossés, à Colomiers-Lasplanes, Labège, etc., etc. 


[Laisses de la Garonne au Port-Garaud (Arrondeau, 1861, sub Tyn- 
darea); bassin du Grand-Rond, la Ramette, Saint-Roch (E. Pée- 


Laby)]. 
Genre SIROGONIUM. 


SIROGONIUM STICTUM Ktz., Phyc. gen., p. 211; P. Petit, Spirog. env. 
Paris, p. 34, pl. VIII, f. 6-8. 
Plaine de Saint-Martin-du-Touch, dans les fossés. 


Genre SPIROGYRA. 


Premiére section : Membrane repliée à l'extrémité de chaque cellule. 


SPIROGYRA TENUISSIMA Ktz., Spec. Alg., p. 431 ; Tabul. phyc., V, t. 29, 
f. 2. 
Diam. filam. 11-12 u. 
Dans les fossés, à Tournefeuille, à Cugnaux, à Frouzins, etc. 
S. iNFLATA. Rab., Deutsch. Kryptog. Fl., p. 120, n° 5, 454; P. Petit, 
Spirog. env. Paris, p. 7, pl. 4, f. 4, 5 et 6. 
Fossés, à Saint-Martin-du-Touch, à Lardenne, à Colomiers-Las- 
planes, etc... 


174 SÉANCE DU 14 AvriL 1899. 


SPIROGYRA WEBERI (Ktz.) P. Petit, Spirog. env. Paris, p. 9, pl. 1, f. 10- 
. 11 et 12. 


Diam. filam. 21-25 y. 
Fossés, à Castanet; bassin du square Lafayette, à Toulouse ; coteaux 


de la Paderne, à Tournefeuille. 
S. GREvILLEANA Ktz., Spec. Alg., p. 438; P. Petit, Spirog. env. Paris, 
p. 10, pl.11, f. 1-6. 

Diam. filam. 25-27 p. 

Petites mares sur les coteaux, à Tournefeuille; fossés à Sainte-Agne, 
à Saint-Martin-du-Touch et à Colomiers-Lasplanes. 

— forma pipucrA (Zygnema diductum Hass. Freshw. Alg., p. 128, 

n° 36, pl. XXXVII, f. 4). 


Diam. filam. 24 y. 
Saint-Martin-du-Touch, Colomiers-Lasplanes, Ramonville, Sainte- 
Agne. 
S. Laxa Ktz., Spec. alg., p. 138; Tabul. phycol., V, pl. XXX, f. 5. 
Diam. filam. 28-36 u. 
Fossés, dans le quartier des Récollets. 


S. HassaLLiI P. Petit, Spirog. env. Paris, pl. I, fig. 6, 7 et 8. 


Diam. filam. 31 u. 
Colomiers-Lasplanes, fossés sur la route qui conduit à Lardenne. 


S. TOLOSANA Nobis, fig. 1, 2 et 3. 


Species læte viridis; cytiodermate utrinque protenso et replicato 
utroque cellularum fine; articulis vegetativis 28-30 y. latis, diametro 
8-10-plo longioribus; chlorophoris binis, anfractibus spiræ 3 1/2-4, 
angustis, laxis; articulis fructiferis non tumidis, abbreviatis; zy- 
gotis cylindricis, apice non rotundatis, sed late subtruncatis, totam 
cellulam implentibus, 26-29 y latis, 95-108 y longis. 

Petites mares dans le quartier du Saouze-loung (avril 1897). 


Cette forme se rapproche du S. Hassazuur (Jenner) P. Petit, mais 
elle en diffère par sa taille qui est un peu moindre, le nombre des 
spires plus élevé et surtout par ses zygospores absolument cylin- 
riques, à i sommets plans, très légèrement arrondis sur les bords. — 
Fig. 2, cellules végétatives ; 4 et 2, cellules renfermant les zygospores. 


S. INSIGNIS Ktz. var. HaxsTCHu (Sp. Hanstchii Rab., Alg., n° 1291; 
Woole, Freshw. Alg. of the U. S, pl. CXXXIII, fig. 10 et 11). 


Canal du Midi, au pont des Demoiselles. 


COMÈRE. — CONJUGUÉES DES ENVIRONS DE TOULOUSE. 115 


Deuxième section : Membrane non repliée à l'extrémité de la cellule. 


S. GRACILIS Kiz., Spec. Alg., p. 438; Tab. phycol. V, pl. XVIII, f. 5. 
Fossés, à Saint-Martin-du-Touch. 

— var. FLAVESCENS Rab., Fl. von. Sachs., p. 209 (Sp. flavescens Ktz., 

Spec. Alg., p. 438; Tab. phycol. V, pl. XVII, f. 4). 

Diam. filam. 34 y. 
Vallon de l'Armurier, à Colomiers-Lasplanes. 

S. communis Ktz., Spec. Alg., p. 489; Tab. phycol., V, pl. XIX, f. 4. 
Commun dans les eaux stagnantes de nos environs (E. Pée-Laby). 


S. JuscEnsu Ktz., Phycol. gen., p. 222; Tab. phycol. V, pl. XIX, f. 7. 
Forét de Bouconne, route de Lasserre, dans les petits ruisseaux. 
S. CATÆNEFORMIS Ktz., Spec. Alg., p. 438; Tab. phycol., V, pl. XIX, 
f. 1. 
Fossés, à Colomiers-Lasplanes. 
S. AFFINIS (Ktz.) P. Petit, Sp. env. Par., pl. HI, f. 12 et 13. 
Diam. filam. 31 p. | 
Fossés, à Lardenne et à Colomiers- Lasplanes; canal du Midi, à Les- 
pinet. 
S. vaRIANS (Ktz.) P. Petit, Spir. env. Paris, pl. IV, fig. 1-8 (Zygnema 
varians Hass., Freshw. Alg., p. 145, pl. XXIX, f. 1-4). 
Diam. filam. 40 y. 
Laisses de la Garonne, au Port-Garaud (Arrondeau, 1861, sub Zy- 
gnema). | 
Fossés, à la Salvetat, à Plaisance, à Tournefeuille, à Saint-Martin-du- 
Touch, à Montaudran, etc., etc. 
S. LONGATA Ktz., Spec. Alg., p. 439; Tab. phycol., V, pl. XX, f. 1. 
Laisses de la Garonne, au Port-Garaud; fossés, dans les prairies qui 
longent la route de Balma (Arrondeau, 1861). 
Fossé de ceinture de la forét de la Ramette (E. Pée-Laby). 
S. PoRTICALIS Cléve, Svenka Zygnemaceæ, p. 22; P. Petit, Spirog. 
env. Paris, p. 21, pl. V, f. 8-12 (Sp. quinina Ktz., Spec. Alg., 
p. 440). 
Canal du Midi, marécages prés l'écluse du Béarnais (Arrondeau, 
1861). | 
Forêt de Bouconne, dans les fossés de la route de Lasserre. Bassin de 
la place Lafayette, à Toulouse. 


476 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


SPIROGYRA CONDENSATA Ktz., Spec. Alg., p. 440; Tab. phyc., pl. XXII, 
f. 3,6. 
Canal du Midi, vallon de l'Armurier, à Colomiers-Lasplanes ; fossés à 
Saint-Martin, sur la route nationale. 


S. PUNCTATA Cléve, Svenska Zygnemaceæ, p. 23; P. Petit, Spirog. 
env. Paris, pl. IX, f. 9, 10 et 11. 
Je ne l'ai rencontrée qu'une seule fois dans les fossés de l'avenue du 
pont des Demoiselles, à Toulouse. 


S. pecina Ktz, Phycol. germ., p. 223; Tab. phycol., V, pl. XXIII, 
f. 3 et pl. XXIV, f. L(Zygnema deciminum Hass., Brit. Freshw. 
Alg., p. 114, pl. 23, f. 3). 

Long. filam. 32-38 y. 

Laisses de la Garonne, au Port-Garaud (Arrondeau, 1861, sub Zy- 
gnema). — Vasque de la fontaine monumentale du Jardin des plantes de 
Toulouse (E. Pée-Laby). 

Fossés, à Cugnaux, à Frouzins, à Saint-Martin-du-Touch. 

Arrondeau indique à tort le ZYGNEMA DECIMINUM comme synonyme 
du CONFERVA JUGALIS Dilwyn. (SP. JUGALIS Klz.). 


S. niriba Link, Handb., III, p. 262; P. Petit, Spirog. env. Paris, pl. X, 
f. 6-10 (Zygnema nitidum Ag., Syst., p. 82). 
Grand fossé qui s'étend de Saint-Roch au Port-Garaud ; Croix-Dau- 
rade (Arrondeau, 1861); Saint-Roch, aux Récollets (E. Pée-Laby). - 


S. JUGALIS Ktz., Spec. Alg., p. 442; Tab. phycol., V, pl. 27, f. 11. 
Vallon de l'Armurier, à Colomiers-Lasplanes. 


S. RIVULARIS (Hass.), Rab.? Fl. eur. alg. IIT, p. 243? (Zygnema ri- 
vulare Hass., Freshw. Alg., p. 144, n° 10, pl. XVIII, f. 1 et 2). 


Fossés autour de la forét de Bouconne (Arrondeau, 1861). 


Arrondeau attribue la forme trouvée par lui au ZYGNEMA RIVULARE 
Hass.; ce dernier, d'après M. de Toni (SYLLOGE, p. 152), ne serait pas 
synonyme de l'espèce de Rabenhorst. Woole (Fresaw. Are. U. S., 
p. 221) l'indique, au contraire, comme synonyme de la forme d' Hassal. 
Cooke (Bririsu FRESHW. ALG., p. 190) la considère comme une simple 
variété du S. PORTICALIS Cléve. 


S. SETIFORMIS Ktz., Spec. Alg., p. 442; Tabul. phycol., V, pl. XXVIII, 
f. 1-4 (Zygnema interruptum Hass., Freshw. Alg., p. 140, 
pl. XXI). | 

Diam. filam. 120 u. 


Laisses de la Garonne, au Port-Garaud (Arrondeau, 1861, sub Zy- 
gnema). 


COMÈRE. — CONJUGUÉES DES ENVIRONS DE TOULOUSE. 177 

Jardin des plantes de Toulouse, petits bassins de l’école botanique. 
Fossés, à Saint-Martin-du-Touch et à Cornebarrieu. 

S. ORTHOSPIRA Næg. in Ktz., Spec., p. 141; P. Petit, Spirog. env. 
Paris, p. 30, pl. X, f. 4, 5 (Sp. majuscula Ktz., loco cit.). 

Bassins d'arrosage des jardins maraichers, à Blagnac, sur la route de 
Grenade. 

S. BELLIS Cléve, Svenska Zygnemacee, p. 18, pl. III, f. 2-5. 

Méme station que la précédente, en mélange avec celle-ci. 

S. ADNATA Ktz., Spec., p. 441; Tab. phycol., V, pl. 25; Woole, Freshw. 
Alg. U. S., p. 220, pl. CXXV, f. 3 et 4. 

Petits ruisseaux d'eau courante, à Lafourguette. 

Cette forme parait se rapprocher beaucoup du S. pEcimiNA. Kutz., 
mais ses cellules végétatives sont courtes et les cellules fructiféres plus 
ou moins renflées. 

8. cRASsA Ktz., Tabul. phycol., V, pl. XXVIII, f. 2. 


Diam. filam. 147-157 p. 
Fossés, à Cornebarrieu et à Saint-Martin-du-Touch; petits bassins de 


l'école botanique du Jardin des plantes de Toulouse. 


Famille des DESMIDIACÉES 


Genre. HYALOTHECA. 


HvaroTHECA DissiLIENS Breb., in Ralfs, Brit. Desm., p. 51, pl. 1, f. 1. 
Colomiers-Lasplanes, dans les fossés. 


Genre CLOSTERIUM. 


CLosTERIUM MACILENTUM Breb., Liste, p. 153, pl. 2, f. 36. 
Fossés, sur la route de Lardenne, à Colomiers-Lasplanes. 


La forme que j'ai récoltée « les extrémités peu courbées, presque 
droites et huit pyrénoides par demi-cellule. Elle se rapproche beau- 
coup et est méme presque absolument identique à celle figurée par de 
Brébisson (loco cit.), mais elle diffère de celle donnée par Woole (Desm. 
U. S., p. 38, pl. 6, f. 6), qui a les extrémités nettement courbées. — 
Voy. fig. 4, 5 et 6. 


T. XLVI. (SÉANCES) 12 


178 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 
CLOSTERIUM ANGUSTATUM Kutz., Phycol. germ., p. 132; Ralfs, Brit. 
Desm., p. 172, pl. XXIX, f. 4. 
. Ramonville-Sainte-Agne; Montrabé. 
C. pinymorocum Corda, Alman. Carlsb. (1835), tab. 5, f. 64 et 65. 
Vallée de la Save, à Lévignac. 
C. AcEROsUM Ehr., Inf., p. 92, pl. VI, f. 1; Ralfs, Brit. Desm., p. 164, 
pl. XXVII, f. 2. . 
Flaques d'eau, au Busca; bords du Touch, à Lardenne; fossés, à Colo- 
miers-Lasplanes, à Saint-Martin, à Ramonville-Sainte-Agne. 
C. LANCEOLATUM Ktz., Phyc. germ., p. 30, n° 9; Ralfs, Brit. Desm., 
p. 164, n° 3, pl. XXVIII, f. 1. 
Fossés, à Sainte-Agne; quartier de Saint-Roch et des Récollets, à 
Toulouse. 
C. srricosum Breb., Liste, p. 153, pl. IL, f. 4. 
Route de Lardenne, à Colomiers-Lasplanes, sur le coteau, dans les 


fossés. 
Se rapproche beaucoup du C. peracerosum Gay, Mon. loc. Conj. 


C. sTRIOLATUM Ehr., Inf., p. 90, n° 412; Ralfs, Brit. Desm., p. 1710, 
pl. XXIX, f. 2. 
Fossés, à Colomiers-Lasplanes. 
C. LuNuLA Nitzch, Beitr. z. Inf., p. 60 et 67; Ralfs, Brit. Desm., 
p. 163, pl. XXVII, f. 1. 
La Salvetat, Tournefeuille, Plaisance, ete., etc. 


C. cosrATUM Corda, in Alm. de Carlsb., 1835, pl. V, f. 61-63; Ralfs, 
Brit. Desm., p. 170, n° 12, pl. XXIX, f. 1. 


En mélange avec d'autres Desmidiées et diverses Diatomées dans le 
vallon de l'Armurier, à Colomiers-Lasplanes. 
C. INTERMEDIUM Ralfs, Brit. Desm., p. 174, pl. XXIX, f. 3. 


Plaine entre le canal du Midi et la route de Montpellier, prés le chà- 
teau de Lespinet. 
J'ai trouvé, avec le type, une forme beaucoup plus grande, attei- 
gnant la taille de 560 p. 
C. Connu Ehr., Inf., p. 94, n° 107, pl. VI, f. 9; Ralfs, Brit. Desm., 
p. 176, n* 21, pl. XXX, f. 6. 
Fossés, à Colomiers-Lasplanes. 


C. niNEATUM Ehr., Inf., p. 96, pl. VI, f. 8; Ralfs, Brit. Desm., p. 413, 
pl. XXX, f. 4. 


Ramcnville Sainte-Agne, fossés sur la route de Montpellier. 


—— pu 


COMÉRE. — CONJUGUÉES DES ENVIRONS DE TOULOUSE. 119 


C. cynruia De Not., Elem. Desm., p. 65, pl. VII, f. 71, 

La Salvetat, Plaisance, Tournefeuille, Colomiers-Lasplanes, etc., etc. 

C. caLosPonuw Lund., Desm. Suec., p. 81; Cooke, Brit. Desm., 
p- 27, pl. 13, f. 6. 

Plaine du Touch, au hameau de Chabanasse, prés de Lardenne. 

Cette espéce est nouvelle pour la flore francaise. La forme que j'ai 
récoltée n'a pas sa membrane striée. Son aspect est celui de la figure 
de l'owrage de Cooke, sa taille identique en longueur, un peu plus 
faible comme diamétre (voy. fig. 9 et 10). 

C JENNERI Ralfs, Brit. Desm., p. 167, n° 7, pl. XXVIII, f. 6. 

Fossés, à Colomiers-Lasplanes. 

C. EnunENBERGn Meneg., in Linn., 1840, p. 232; Ralfs, Brit. Desm., 
p. 166, pl. XXVIII, f. 2. 

Bords du Touch, à Lardenne; Ramonville Sainte-Agne ; canal du Midi, 
à Lespinet; plaine de Saint-Martin. 

C. uowoLrrERUM Ehr., Inf., p. 91, pl. V, f. 16; Ralfs, Brit. Desm., 
p. 166, pl. XXVIII, f. 3. 

Fossés, à Sainte-Agne; flaques d'eau sur les bords du Touch, à Lar- 
denne. 

C. Lemeni Kutz., Spec. Alg., p. 163; Ralfs, Brit. Desm., p. 167, 
pl. XXVIII, f. 4. 

. Mares, à Montrabé; fossés sur la route nationale, à Castanet; quartier 

Saint-Roch, à Toulouse. 

C. nosrRATUM Ehr., Inf., p. 97, pl. VI, f, 10; Ralfs, Brit. Desm., 
p. 175, pl. XXX, f. 3. 

Plaine de Saint-Martin, dans les fossés entourant les vignes et le 
long de la route nationale d'Auch, prés du village. 


Genre PENIUM. 


PENIUM ManGARITACEUM Breb. in Ralfs, Brit. Desm., p. 149, n° 1, 
pl. XXV, f. 1 et pl. XXXIII, f. 3. 


Petites mares, à Fenouilhet. (Communiquée par M. Émile Belloc.) 
P. Dicirus Breb. in Ralfs, Brit. Desm., p. 150, pl. XXV, f. 3, b. 
Vallée de la Save, à Lévignac. 
P. cLosterioines Ralfs, Brit. Desm., p. 52, n^ 5, pl. XXXIV, f. 4. 


Vallon de l'Armurier, à Colomiers-Lasplanes; canal du Midi, à Les- 
pinet. 


180 ` - - SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 
PENIUM NæceLr Bréb. in Pritch., Inf., p. 75; Cooke, Brit. Desm., 
p. 42, pl. 16, f. 4. 
Fossés, à Colomiers-Lasplanes. 


Genre TETMEMORUS. 


TETMEMORUS GRANULATUS halfs, Brit. Desm., p. 147, n° 3, pl. XXIV, 
f. 2. 


Mares, au Fenouillet. (Communiquée par M. Émile Belloc.) 


Genre DISPHINCTIUM. 


DisPHINCTIUM NOTABILE Hansg., Prodr., p. 186, n° 358 (Cosmarium 
notabile (Breb.) Cooke, Brit. Desm., p. 118, pl. XXXVII, f. 12). 


. Fossés, à Saint-Martin-du-Touch ; le long de la ligne du chemin de fer 

de Toulouse, à Auch. | 

D. ccoposum Hansg., Prodr., p. 243, n° 490 (Cosmarium globosum 
Bulnh., Woole, Desm. U. S., p. 60, pl. XLIX, f. 14-17). 

- Bassin du square de la place Lafayette, à Toulouse. 

D. sivvosuw Hansg., Prodr., 244 (Cosmarium plicatum Reinsch, 


Algenfl., ex parte, pl.: IX, f. 4 d; Cooke, Brit. Desm., p. 81, 
pl. XXXVI, f. 3). 


Chemin de Tournefeuille, à Colomiers-Lasplanes, dans les fossés, sur 
les Spirogyra. 
D. osLoncu{m de Toni, Sylloge Alg., p. 891 (Calocylindrus oblongus 

Cooke, Brit. Desm., p. 123, pl. XLIV, f. 8). 

Mares, à Braqueville. (Communiquée par M. Émile Belloc.) 
D. cunTUM Hansg., Prodr., p. 204.. 

Var. masus Rab., Fl. Eur. alg. MI, p. 411 (Cosmarium attenuatum 

Breb. in Ralfs, Brit. Desm., p. 109, pl. XXXII, f. 2). 

Fossés, à Tournefeuille, au-dessus du village, le long de la route dé- 

partementale. 


J'ai donné (fig. 9 et 10) la var. masus du D. curtum. Notre forme me 
parait différer un peu de celle des auteurs. 


Genre PLEUROTAENIOPSIS. 


PLEUROTÆNIOPSIS PSEUDOCONNATA Lagerh., Algol. Bidrag., IL, p- 197 
(Calocylindrus pseudoconnatus Cooke, Brit. Desm., p. 125 


COMÈRE. — CONJUGUÉES DES ENVIRONS DE TOULOUSE. 181 
pl. XLIV, f. 3). 


Vallon de l'Armurier, à Colomiers-Lasplanes, sur le Spirogyra ju- 
galis. 

Cette espèce est nouvelle pour la flore francaise; elle avait été si- 
gnalée dans les eaux stagnantes, au Brésil et en Pensylvanie (Amé- 
rique du Nord), en Irlande, en Suède et Norvège et à Porto-Rico. La 
forme que j'ai récoltée est plus élancée que celle figurée par Cooke, 
l'échancrure entre les deux demi-cellules parait un peu plus marquée 
(voy. fig. 11 et 12). 


Genre COSMARIUM. 


COSMARIUM GRANATUM Breb., Liste, p. 126; Ralfs, Brit. Desm., p. 96, 
n? 7, pl. XXXII, f. 6. 

Mares, à Fenouillet; laisses de la Garonne, à Braqueville. (Commu- 
niquée par M. Émile Belloc. ) 
€. MONOLIFORME Ralfs, Brit. Desm., p. 107, n° 27, pl. XVII, f. 6. 

Laisses de la Garonne, à Braqueville(M. Émile Belloc). 

Fossés, au hameau de Chabanasse, prés de Lardenne. 

C. rincrum Ralfs, Brit. Desm., p. 95, pl. XXXII, f. 7. 

Fossés, à Lafourguette, au-dessus du village. 

C. PuxcrULATUM Breb., Liste, p. 129, pl. I, f. 16; Cooke, Brit. Desm., 
p. 104, pl. 42, f. 1. 

Bassin de la place Saint-Georges, à Toulouse, en mélange avec une 
petite Diatomée, l'Encyonema cæspitosum Kiz. 

J'ai trouvépendant cinq années consécutives les deux petites Algucs, 
de Cosmarium et l'ExcyoxEMA, dans la station indiquée, et elles s'y 
maintiennent encore toujours en abondance. 

C. ORBICULATUM Ralfs, Brit. Desm., p. 107, pl. XVII, f. 5. | 

Laisses de la Garonne, à Braqueville. (Communiquée par M. Émile 
Belloc.) 

C. MARGARITIFERUM Meneg., Synops. in Linnea (1840), p. 219; Ralfs, 
Brit. Desm., p. 100, pl. XVI, f. 2. 

Canal du Midi, du côté du château de Lespinet, en parasite sur le 
Spirogyra condensata Vauch.; fossés, au hameau de Chabanasse, pres 
de Lardenne; à la Salvetat, à Tournefeuille, à Plaisance-du-Touch. 

C. Bornvris Meneg., in Linnæa (1840), p. 220; Ralfs, Brit. Desm., 
p. 100, pl. XVI, f. 1. 


182 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 
Fossés, à Ramonville Sainte-Agne, sur la route nationale; avenue du 
Pont des Demoiselles. 
CosMARIUM TETRAOPHTALMUM Breb., in Ralfs, Brit. Desm., p. 98, 
pl. XVII, f. 11. 
En mélange avec le C. margaritiferum, au hameau de Chabanasse, 
prés Lardenne. 


C. ocuTopEs Nordst., Desm. arct., p. 17, pl. 6, f. 3; Woole, Desm. U. 
S., p. 16, pl. XIV, f. 1041. 


Plaine de Colomiers-Lasplanes et de Saint-Martin-du-Touch, dans les 
fossés; vallon de l'Armurier, méme localité. 


C. rrugzMonsUM Breb., Liste, p. 128, pl. I, f. 8. 


Abreuvoir, à Montrabé ; fossés, le long du chemin des Vitarelles, prés 
la forét de la Ramette. 


C. BtRETUM Breb. in Ralfs, Brit. Desm., p. 102, n° 18, pl. XVI, f. 5. 
Quartier des Récollets, à Toulouse. 

C. mowaALopERMUM Nordst., Desm. arct., p. 18, pl. VI, f. 4. 
Fossés, sur le chemin des Vitarelles, prés la forét de la Ramette. 


Cette forme me parait se rapprocher beaucoup du C. PYRAMIDATUM 
Breb. 


C. SPORTELLA Breb. in Ktz., Spec. Alg., p. 176; Cooke, Brit. Desm., 
p. 107, pl. 44, f. 6. 


Flaques d'eau sur les bords du Touch, à Lardenne, en mélange avec 
des Spirogyra et des Diatomées. 


Genre EUASTRUM. 


EUASTRUM VERRUCOSUM Ralfs, Brit. Desm., p. 79, pl. XI, f. 2. 


Fontaine de Sanzan; étang de Lapujade. (Communiquée par M. Émile 
Belloc.) 


Genre STAURASTRUM. 


STAURASTRUM ASPERUM Breb., in Ralfs, Brit. Desm., p. 139, pl. XXII, 
f. 6, pl. XXIII, f. 12. 


Fossés, à Colomiers-Lasplanes, à la Salvetat, à Tournefeuille et à 
Plaisance-du-Touch. 


S. HIRSUTUM Breb., in Ralfs, Brit. Desm., p. 197, pl. XXII, f. 3. 


COMÈRE. — CONJUGUÉES DES ENVIRONS DE TOULOUSE. 183 


Mares, à Fenouillet, fontaine de Sanzan; étang de Lapujade. (Com- 
muniquée par M. Emile Belloc.) 


S. TUMIDULUM Gay, Essai Mon. Conj., p. 65, pl. II, f. 6. 


Route nationale de Toulouse, à Auch ; dans les fossés, prés le village de 
Saint-Martin-du-Touch. 


Index bibliographique. 


AGARDH (C.-A), Systema Algarum. Lundæ, 1824. 


Banv (A. de), Untersuchungen über die Familie der Conjugaten. Leipsig, 
1858. 


BRÉBISSON (A. de), Liste des Desmidiées observées en Basse-Normandie. 
(Mém. de la Soc. des sc. nat. de Cherbourg, t. IV, 1856.) 


CLÈVE (P. Th.), Forsok till en Monographi ofver de Svenska artena af Algen 
familjen Zygnemaceæ. (Nov. Act. reg. Soc. sc. Upsaliensis, 3° sér., 
vol. VI (1868), pp. 1-38, pl. I-X.) 


Cooke (M.-C.), British Freshwater Algæ, exclusive of Desmidiæ and Diato- 
maceæ, w. 180 col. plates. London, 1882-84. 


— British Desmids w. 66 col. plates. London, 1887-88. 
Corpa (A.-J.), Almanach de Carlsbad. 


EunENBERG (C.-G.), Ueber die Entwickelung und Lebensdauer der Infusions- 
thiere. (Abhandl. d. K. Akad. d. Wissensch. z. Berlin, 1831.) 


HaNsciRG (A.), Prodromus der Algenflora von Böhmen. Prag, 1886-88. 
HassaL (A.-H.), A History of the Freshwater Algo. London, 1845. 
Gay (F.), Essai d'une Monographie locale des Conjuguées. Montpellier, 1884 
KurziNG (F.-T.), Phycologia generalis. Leipsig, 1843. 

— Species Algarum. Leipsig, 1849. 

—  Tabule Phycologicæ. Nordhausen, 1845-66. 


LAGERHEIM (G.), Bidrag till sveriges algflora. (Ofversigt af K. Vetensk. Akad , 
Fórhandl. Stockholm, 1883, n° 2, p. 37.) 

LUNDELL (P.-M.), De Desmidiaceis quas in Suecia invente sunt, observationes 
criticæ. Upsal, 1874. 

NiTZCH (Chr.), Beitrag zur Infusorien Kunde oder Naturbeschreibung der 
Zerkarien und Bacillarien. Halle, 1817. 

NonpsrEpr (C.-F.-0.), Desmidieæ arctoæ. (Ofrers. Vet. Akad. Fórhandl, 
Stockholm, 1875.) 

NoTaRIS (G. de), Elementi per lo studio delle Desmidiacee Italiche. Genova, 

. 1867. 
PETIT (P.), Spirogyra des environs de Paris. Paris, 1880. 


184 SÉANCE DU 14 AVRIL 1899. 


PRITCHARD (A.), A history of Infusoria including the Desmidiaceæ and Diato- 
mace, British and Foreign. London, 1861. 


RABENHORST (L.), Flora Europæa Algarum. Sect. IIT. Leipsig, 1868. 
— Deutschlands Kryptogamenflora, Algen. Leipsig, 1847. 
Rarrs (J.), The British Desmidieæ. London, 1818. 
Font (J.-B. de), Sylloge Algarum omnium hucusque cognitarum. Patavii, 1889. 
WoLLE (F.), Desmids of the United States. Bethlehem, 1884. 


Explication des figures de la planche III de ce volume. 


Fic. 1. — Spirogyra tolosana sp. nov. — Cellules renfermant les zygo- 
spores. 


Fic. 2. — Spirogyra tolosana sp. nov. — Cellules végétatives. 


Fic. 3. — Spirogyra tolosana. — Filaments fructifiés. (Grossissement plus 
faible.) 


Fic. 4. — Closterium macilentum Breb. — Cellule vide. 

Fi. 5 et 6. — Closterium macilentum Breb. — Cellules vivantes. 
Fic. 7. — Closterium calosporum Lund. — Cellule vivante. 

Fic. 8. — Closterium calosporum Lund. — Cellule vide. 

Fic. 9 et 10. — Disphinctium curtum Reinsch. 

Fic. 11 et 12. — Pleurotæniopsis pseudoconnata Lagerh. 


ADDITION A LA SÉANCE DU 10 MARS 1899 (4). 


M. Camus fait à la Société la communication suivante : 


FLEURS FAUSSEMENT HERMAPHRODITES ET ANOMALIES FLORALES DANS LE 
GENRE SALIY; par M. E.-G. CAMUS. 


Dans nos recherches sur les Saules hybrides des environs de 
Paris, nous avons constaté des cas différents d'irrégularité dans 
les fleurs et les chatons. Les nombreux et importants travaux sur 
le genre Salix font à peine mention des anomalies et nous avons 
pensé qu’il n’était pas sans intérêt de faire connaître ce que nous 
avions observé sur ce sujet dans notre herbier et dans nos her- 
borisations. Peut-être, dans une certaine mesure, nous sera-t-il 
possible de jeter un peu de jour sur des points obscurs et expli- 
quer des contradictions peu compréhensibles de la part d'auteurs 
recommandables par la valeur de leurs travaux. | 

Ces recherches ne sont qu’un début. Nous serions reconnais- 
Sant à nos confrères de bien vouloir nous communiquer dans la 
suite leurs observations qui, groupées, pourraient donner des 
résultats importants. 

Nous examinerons d’abord les espèces, puis les hybrides. C’est 
dans cette dernière catégorie que les anomalies paraissent le plus 
fréquemment. 

Wimmer, Anderson, A. et J. Kerner, Grenier, Grenier et 
Godron, Cosson et Germain de Saint-Pierre parlent peu des ano- 
malies florales. Koch, dans le Synopsis Flore germanice et hel- 
velicæ, donne des indications qui, malgré leur briéveté, sont 
importantes. C'est à la troisième édition de cet ouvrage qu'il faut 
reporter les citations qui suivront dans cette Note. | 

La dioïcité est la règle dans le genre Salix. Nous avons trouvé 
à Champagne, près de l'Isle-Adam, un S. Caprea L. ayant environ 


(1) Voy. plus haut, p. 116. 


186 ADDITION A LA SÉANCE DU 10 mars 1899. 


3 mètres de hauteur, divisé à la hauteur d’un mètre en deux 
gros rameaux, dont un portait des chatons mâles, et l’autre des 
chatons femelles, normalement constitués. Je ne connais que cet 
individu ayant cette particularité, et elle n’a été, je crois, signalée 
par aucun auteur. 


Salix pentandra L.; Koch, p. 556: « Occurrit raro amentis 
androgynis, staminibus pro parte in pistilla monstrosa mutatis, 
que secund. Wahlenb. in Fl. ups. Salicem hermaphroditam L. 
Sp. 1442 efficit. 


Le S. hermaphrodita de Linné a été depuis cité par Ander- 
son, Willdenow, Poiret, Persoon, Ruprecht. 


S. fragilis L.; Anderson : Monogr. Salicum, p. 41. — Cha- 
tons mâles à écailles 2-andres — rarement 3-4 andres. La forme 
A-andres est douteuse et Kerner, in Herb. Sal., n^ 43, lui a donné 
le nom de S. excelsior Host var. tetrandra. 


Koch et les autres auteurs décrivent ce S. diandre, comme nous. 
l'avons toujours observé. 


S. alba L. Anderson, p. 48. — Chatons mâles à fleurs 2-andres, 
rarement 3-4-andres. 


Koch et presque tous les autres auteurs décrivent ce S. diandre. 
Les formes à 3-4 étamines paraissent aussi douteuses, au moins. 
comme formes légitimes. 


S. purpurea L. — La forme à chatons androgynes constitue 
le S. mirabilis Host; Cf. Koch, p. 560. Nous possédons dans notre 
herbier deux rameaux de ce Saule provenant de Suéde. Les cha- 
tons portent des fleurs de trois sortes : 1° et 2" des fleurs mâles et 
des fleurs femelles normales; 3° des fleurs composées d'une cap- 
sule munie d'un style et de stigmates et latéralement accompagnée 
d'une étamine. Dans certains chatons, les fleurs máles sont à la 
base, les fleurs femelles au sommet et les androgynes à la partie 
moyenne; dans d'autres chatons, l'inverse est observé; il en existe 
aussi dans lesquels il n'y a aucun ordre dans leur disposition. 


S. triandra L., S. amygdalina L. — Le S. Hoppeana Willd., 
Sp. pl. IV, p. 454, présente des chatons androgynes, femelles au 
sommet, mâles à la base. « Quandoque stamen intermedium flo- 
rum superiorum in ovarium perfectum mutatur et bina lateralia 


G. CAMUS. — FLEURS ANOMALES DANS LE GENRE SALIX. 187 


immutata servantur, quo verus fit flos hermaphroditus diandrus 
monogynus. » Ce sont donc en réalité des fleurs mâles, 3-andres, 
dans lesquelles l'étamine médiane a été transformée en un pistil 
régulier, et les étamines latérales conservées donnant alors l'as- 
pect d'une fleur monogyne et diandre. Nous avons examiné dans 
notre herbier des chatons de S. Hoppeana. 


Nous avons observé, outre les fleurs dont parle Koch, d'autres 
variations. Dans un méme chaton, nous avons trouvé : 1^ des 
fleurs mâles triandres normalement constituées ; ® des fleurs 
femelles dont les capsules, styles et stigmates étaient de forme 
normale; 3 des fleurs femelles à capsule longuement stipitée, à 
stigmates subsessiles, ayant deux étamines dont les filets sont 
entiérement soudés à la capsule; 4" des fleurs femelles à capsule 
stipitée normalement, ayant une étamine dont le filet est entière- 
ment soudé à la capsule, une seconde étamine libre et latérale ; 

" des fleurs munies d'une capsule et de deux étamines entière- 
ment libres (fleurs androgynes). Les fleurs des types n° 3et n° 4 
démontrent que, comme l'avait pensé Koch, la régularité est plus 
apparente que réelle ; ce sont des fleurs mâles dont une étamine a 
été transformée en pistil. 

Salix cinerea. — Les Saules décrits sous les noms de S. Timmi 
Schkuhr et S. Rothii Hoppe sont des formes dans lesquelles des 
étamines sont transformées en pistils. 

Nous avons récolté sur les bords de l'Oise, à Valmondois, la 
variété laxiflora d'Anderson, fort bien décrite par Wimmer et 
Anderson, « pedunculo elongato foliato patula, squamis angustis 
fulvis, capsulis longissime pedicellatis, stylo subevidenti. » 


Le S. glauca présente quelquefois des chatons androgynes. 


Chatons androgynes dans les Saules hybrides. 


X S. rubra L. var. biovariée L. de Bullemont in Magnier, Fl. 
selecta, exsic. n° 3357. L'examen attentif d'un grand nombre de 
fleurs nous a amené à cette conclusion, que ce Saule est un 5. 
mále dont les deux étamines ont été transformées en pistils. 

Nous avons, dans ce Saule, vu les variations suivantes : 1° fleurs 
dont chaque écaille est munie de deux capsules normales (ce sont 
les plus nombreuses); 2 fleurs dont les écailles sont munies 


188 ADDITION A LA SÉANCE DU 10 mars 1899. 


d’une seule capsule surmontée de deux styles superposés, chaque 
style est muni de deux stigmates; 3° fleurs dont les écailles sont 
munies d'une seule capsule à laquelle est soudée jusqu'à la partie 
moyenne une étamine. Le S. rubra est à deux étamines plus ou 
moins longuement soudées. Ce sont là encore des étamines qui 
ont été remplacées par. des pistils. Ce Saule est donc en réalité 
un S. mále et, comme la reproduction des anomalies n'est pas 
trés réguliére, on pourra rechercher des chatons à fleurs presque 
entiérement staminées. 


X Salix cuspidata Schultz. — Chatons androgynes. Cf. Gre- 
nier, Fl. chaîne jurassique. 


X S. hippophaefolia Thuill. — Des individus des deux sexes 
ont été signalés en Allemagne. — Nous avons dans notre herbier, 
sans indication de localité, deux rameaux de ce Saule mále récoltés 
par le D' Manceau, probablement dans les environs du Mans. Ce 
Saule est diandre. 


X S. undulata Ehrh. — Ce Saule est ordinairement à chatons 
femelles. Les individus mâles sont rares. Cosson et Germain de 
Saint-Pierre, Grenier et Godron, Franchet l'indiquent comme 
diandre. Cosson et Germ. ont trouvé sur les bords de la Marne 
en 1845 un individu femelle ayant des chatons mâles. Nous avons, 
dans la même localité, observé les faits suivants : De 1881 à 1890, 
nous avons, à chaque printemps, visité la localité indiquée ; nous y 
avons vu abondant le S. undulata à chatons femelles, absence de 
chatons à fleurs mâles. Le 26 avril 1891, pour la première fois 
nous avons trouvé un rameau portant des chatons máles. Depuis, 
chaque année nos visites ont été infructueuses à cet égard. Ce n'est 
qu'au printemps dernier (1898), dans une herborisation faite en 
compagnie de mon confrére M. Jeanpert, que nous avons retrouvé, 
en quantité relativement grande, au moins trente rameaux dissémi- 
nés sur divers individus, des chatons portant des fleurs femelles. 
Un examen attentif de tous les chatons nous a fait connaitre qu'ils 
étaient différents les uns des autres. Quelques-uns sont entièrement 
máles, diandres, à filets trois fois aussi longs que les écailles. 
D'autres ont des fleurs mâles et des fleurs femelles réguliéres, ce 
sont les plus rares. D'autres ont des fleurs mâles et des fleurs 
femelles régulières, auxquelles se trouvent mélées des fleurs mu- 
nies d'un pistil régulier surmonté d'un style et de stigmates; sur 


v 


G. CAMUS. — FLEURS ANOMALES DANS LE GENRE SALIX. 189 


le còté se trouve une étamine normale. Cette forme de fleur est 
donc munie des deux sexes, mais ce n’est pas une fleur herma- 
phrodite régulière, c'est une étamine qui a été transformée en 
pistil. Enfin, dans une fleur, j'ai pu voir l'étamine soudée au pistil 
jusqu'aux deux tiers de sa hauteur. 

De ce qui précéde, nous avons cru pouvoir admettre que Cosson 
et Germain de Saint-Pierre, Grenier, Franchet et nous, nous avons 
observé des chatons d'individus accidentellement máles, par une 
transformation analogue à celle du S. Hoppeana. Koch, Anderson 
et Lloyd, qui ont observé des exemplaires de S. undulata 3-andres, 
ont peut-être vu du S. undulata mâle régulier. Des recherches 
nouvelles sur ces anomalies pourraient nous donner des résultats 
plus concluants. 

X S. sepulcralis Simoukai. La Novit ex Fl. Hung., in Term. 
Füzet., XII, p. 157 (1890), S. alba-babylonica Simk., loc. cit. 
S. alba var. tristis Trautvet. in Ledeb. Fl. atl., IV, p. 255 (1833). 


Nous avons trouvé cet hybride sur les bords de la Marne à 
Saint-Maur, où il a été planté il y a environ soixante ans (1). La 
personne qui a planté cet arbre en a planté un autre provenant 
des mémes boutures sous la terrasse de Saint-Germain. Notre 
ami, M. Jeanpert, l'y a retrouvé d’après ses indications. 

Nous croyons utile de donner la description de cet arbre qui 
nous a présenté la plus grande anomalie qu'il nous ait été donné 
d'observer jusqu'ici : arbre de 15 à 20 métres de hauteur, ayant 
un port intermédiaire entre le S. alba et le S. babylonica (la per- 
sonne qui l'a planté le désigne sous le nom de « variété de Saule 
pleureur) ». Les rameaux sont trés longs, pendants, non cassants. 
Feuilles obliques étroites lancéolées, acuminées, atténuées aux 
deux extrémités, dentées, chatons trés variables. Nous avons trouvé 
sur les mêmes rameaux : 1* des chatons mâles 2-andres; 2° des 
chatons femelles à pistil plus gros que dans le S. babylonica à 
glande un peu plus grande.que le pédicelle de la capsule; 2" des 
chatons androgynes à fleurs mâles et à fleurs femelles régulières 
mélées de fleurs offrant une capsule munie d'un style etde stigmates 
et latéralement d'une étamine compléte, filet et anthéres; plus 
rarement la capsule est mal conformée, atténuée à la partie infé- 


(4) Ce Saule a été retrouvé par nous dans Paris, sur le quai du Louvre. 
(Note ajoutée pendant l'impression.) di 


490 ADDITION A LA SÉANCE DU 10 mars 1899. 


rieure, le style est nul et les stigmates sont sessiles. Comme dans 
les chatons de S. undulata cités plus hauts, ces fleurs sont faus- 
sement hermaphrodites. Nous proposons de leur donner le nom 
de fleurs androgynes, pour ne pas les confondre avec les fleurs her- 
maphrodites vraies. . 

En résumé, nous n’avons pas encore observé, dans les Saules, de 
fleurs hermaphrodites régulières. Nous avons vu des fleurs pro- 
venant de la transformation de À à 2 étamines en pistil avec con- 
servation de 1 ou 2 étamines à l’état normal. 

Le cas du S. triandra signalé par Koch pourrait au premier 
abord faire croire à une fleur réguliére. L'explication de Koch 
faisant de ce Saule un individu mále, 3-andre, dont l'étamine 
moyenne a été transformée en pistil, parait donner l'explication 
la plus simple et la plus vraisemblable, elle semble confirmée par 
les états analogues ou intermédiaires que nous venons de signaler 
dans les X S. undulata, X S. sepulcralis, X S. rubra, S. pen- 
tandra, S. cinerea, S. purpurea. 


Explication des planches IV, V et VI de ce volume. 


PLANCHE IV. 


X Salix sepulcralis Simk. (S. alba X babylonica Simk). 


A. — Rameau portant des chatons mâles, des chatons femelles et d'autres 
androgynes. 

B. — Rameau portant des bourgeons. 

C. — Fleur femelle normale. 

D. — Fleur mâle normale. 

E. — Fleur androgyne avec une étamine et offrant une capsule régulière. 

F. — Fleur anomale, étamine paraissant normale et capsule irrégulière. 


G. — Écailles. 
PLANCHE V. 


Salix Hoppeana Willd. 


A. — Rameau portant des chatons &adrogynes ave: des fleurs mâles régu- 
lières munies de trois étanines, des fleurs femelles régulières, et 
des fleurs anomales e; androgynes, 

B. — Fleur måle régulière. 

C. — Fleur femelle normale, 


G. CAMUS. — FLEURS ANOMALES DANS LE GENRE SALIX. 191 


D. — Fleur androgyne mâle, dans laquelle l'étamine centrale est remplacée 
par une capsule. 

E. — Fleur androgyne. 

F. — Fleur portant une capsule anomale à laquelle sont soudés deux filets 
staminaux munis d'une anthère. 


PLANCHE VI. 
x Salix undulata Ehrh. 


A. — Rameau. 

B. — Chaton androgyne. 
C. — Capsule normale, 

D. — Fleur mâle normale. 
E. — Fleur androgyne. 

F. — Écaille. 


X Salix hippophaefolia Thuill. 


G. — Chaton måle. 
H. — Fleur måle. 


X Salix rubra L. (variété biovariée). 
I. — Rameau. 
J. — Deux capsules géminées dans la mème écaille. 
K. — Écailles. 
L. — Fleur femelle ayant une étamine soudée en partie latéralement. 
M. — Feur femelle, unique sous l'écaille, mais portant deux stigmates super- 
posés. 


SÉANCE DU 928 AVRIL 1899. 
PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. Lutz, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal 
de la séance du 14 avril, dont la rédaction est adoptée. 


Par suite des présentations précédentes, M. le Président 
proclame membres de la Société : 


MM. ARCANGELI (Jean), professeur de botanique et direc- 
teur du Jardin botanique à l'Université royale de 

Pise (Italie), présenté par MM. Zeiller et Malinvaud. 

GEZE, ingénieur agronome, licencié és sciences phy- 
siques et és sciences naturelles, à Vic-Bigorre 


(Hautes-Pyrénées), présenté par MM. Clos et Leclere 
du Sablon. 


Puecx (Hippolyte), instituteur honoraire, officier de 
l'Instruction publique, à Tournemire (Aveyron), 
présenté par MM. Coste et Malinvaud. 


M"* Arthus Bnis, à la Chénée-Angleur, province de 


Liége (Belgique), présentée par MM. Bris et Ern. 
Malinvaud. 


M. le Président annonce ensuite une présentation nouvelle, 
puis il donne lecture de lettres de MM. l'abbé Coste et J. 
Foucaud, qui remercient la Société de leur avoir conféré le 
titre de membre honoraire. 

Le Secrétaire général donne leeture d'une lettre de M. le 
Ministre de l'Instruction publique annonçant qu'il accorde à 
la Société, comme les années précédentes, une subvention de 
1000 francs, en retour de 25 exemplaires de ses publications. 
Une lettre de remerciements sera écrite à M. le Ministre au 
nom de la Société. 


ROUY. — SUR UN HIERACIOTHECA GALLICA, ETC. 193 


M. Rouy fait à la Société la communication suivante :; 


« HIERACIOTHECA GALLICA ET HISPANICA » (auctoribus C. ARVET-TOUVET 
et G. GAUTIER); par M. G. ROUY. 


J'ai l'honneur de présenter à la Société les deux premiers fasci- 
cules du trés important exsiccatum dont nos confrères MM. Arvet- 
Touvet et Gautier ont entrepris la publication pour répandre dans 
les grands herbiers, et faire ainsi connaitre, les Hieracium si in- 
téressants et si divers qu'offrent la flore de la France et celle de 
l'Espagne. 

Il n'est pas besoin d'insister ici sur la haute compétence de 
M. Arvet-Touvet en ce qui concerne le genre Hieracium, l'un des 
plus difficiles de la flore européenne, et dont il devient presque 
impossible, en l'absence d'exemplaires bien déterminés, de pour- 
suivre utilement l'étude, la classification rationnelle en ayant été 
embrouillée comme à plaisir. M. Arvet-Touvet a trouvé en notre 
savant confrére M. Gaston Gautier un collaborateur précieux, 
tout dévoué aux intéréts de la science et ne s'arrétant point aux 
difficultés matérielles de la tâche à entreprendre. Il ne s'agit, en 
effet, de rien moins, pour MM. Arvet-Touvet et Gautier, que de par- 
courir les Alpes et les Pyrénées pour y recueillir, en spécimens 
identiques, dix exemplaires de toutes les espèces, formes ou va- 
riétés d' Hieracium qui peuvent s'y rencontrer. 

Quelques botanistes ou collecteurs ont bien voulu préter à 
MM. Arvet-Touvet et Gautier leur concours en recherchant, pour 
le « HrERACIOTHECA », les Hieracium curieux ou rares de leur 
région; je citerai notamment MM. Neyra, Coste, Sennen, Pau, 
D" Trémols, J. Delpont, Bordére et Reverchon. 

Le but poursuivi par MM. Arvet-Touvet et Gautier se dessine 
nettement : faire pour le genre Hieracium, de méme que Fries et 
Lindeberg, ce que d'autres botanistes ont fait pour des genres 
également trés polymorphes; tels, par exemple, MM. Crépin, Coste 
et Pons, pour les Rosa; MM. l'abbé Boulay, G. Braun, pour les 
Rubus; Wirtgen et M. Malinvaud pour les Mentha; Wimmer et 
A. Kerner pour les Salix, etc., etc. | 

De lettres reçues de MM. Arvet-Touvet et Gautier, j'ai acquis la 


conviction qu'ils veulent arriver à démontrer, après être parvenus 
| T. XLVI. (SÉANCES) 12 


194 SÉANCE DU 28 AVRIL 1899. 


à la saisireux-mémes par un travail opiniàátre et de longue haleine, 
la rationalité parfaite qui existerait dans ce genre de plantes comme 
dans tous les autres genres, c'est-à-dire l'enchainement, Phar- 
monie, l'adaptation rigoureuse de tous les représentants (espéces, 
formes, variétés) qui le composent, rationalité niée parfois faute 
d'un travail suffisant pour arriver à connaitre les vrais caractères 
distinctifs. C'est pour rendre leur démonstration plus compléte, 
plus accessible à tous, et pour éviter, autant que faire se peut, 
toutes les causes d'erreurs de fait, celles dont on doit toujours 
avoir la crainte à l'esprit, qu'ils ont formé le projet d'appuyer cette 
démonstration par un exsiccatum dont tous les échantillons soi- 
gneusement étudiés et revus par eux, bien identiques, seront 
placés, à titre purement gracieux, outre les deux exemplaires ré- 
servés à leurs collections personnelles, dans huit des plus grands 
herbiers d'Europe, où ils seront à la portée de tous ceux qui vou- 
dront les consulter. Ces huit herbiers sont les suivants : 


Herbier du Muséum de Paris; 
— de Kew; 
— du Muséum de Berlin; 
— du Musée de Saint-Pétersbourg ; 
— du Jardin botanique de Turin ; 
-- de l'Université de Barcelone; 
— . Barbey-Boissier, à Genève; 
— Rouy, à Asnières prés Paris. 


Il est évident qu'en agissant ainsi, MM. Arvet-Touvet et Gautier 
laisseront à la science des matériaux de la plus grande valeur pour 
l'étude du beau genre Hieracium et qu'ils lui élévent comme une 
sorte de monument de justification contre les attaques, je dirai 
méme les malédictions, dont il a été si souvent, et parfois si injus- 
tement, l'objet de la part de certains botanistes. D'ailleurs ils 
sont, m'écrivait récemment M. Gautier, absolument résolus à 
surmonter tous les obstacles qui pourraient s'opposer à l'achéve- 
ment de leur exsiccatum et ils sont prêts à tous les sacrifices qu'il 
pourra exiger. 

Dans ces conditions, on peut et l'on doit espérer que MM. Arvet- 
Touvet et Gautier mèneront à bonne fin leur importante publica- 
tion, que nous verrons avec une grande satisfaction se poursuivre 
aussi réguliérement et aussi rapidement que possible, et qui nous 
sera particuliérement d'une haute utilité pour l'élaboration du 


| 


ROUY. — SUR UN HIERACIOTITECA GALLICA, ETC. 195 


genre Hieracium dans la Flore de France, sans que nous puis- 
sions, d'ores et déjà, prendre l'engagement de ne pas réduire 
quelque peu le nombre des espéces créées par MM. Arvet-Touvet 
et Gautier ou leurs collaborateurs. Mais ce sont là de simples 
questions de nuances, car nous considérons la plupart des sections 
établies par M. Arvet-Touvet comme les meilleures que l'on pos- 
sède actuellement pour l'étude du genre Hieratium, et l'on ne 
peut que louer la sagacité avec laquelle ce botaniste les a carac- 
térisées. 

Il me reste à citer ici, en les classant par section, les 157 nu- 
méros (sans compter les numéros bis), que comprennent les deux 
premiers fascicules du « HiErACIOTHECA ». Constatons tout d'abord 
que Lindeberg, par exemple, a consacré plus de dix ans à sa re- 
marquable publication de 150 numéros d'espéces, formes ou va- 
riétés d'Hieracium scandinaves, et qu'en deux ans MM. Arvet- 
Touvet et Gautier ont déjà mis au jour plus de 160 numéros. La 
disproportion va rapidement s'augmenter lors de l'apparition 
prochaine, nous croyons pouvoir l'affirmer, des fasc. IH, IV et V 
du Hieraciotheca. 

Disons en(in que, dans cette belle série, les étiquettes sont im- 
primées et numérotées, qu'elles mentionnent la bibliographie 
princeps et la synonymie principale, que toutes les espéces, formes 
ou variétés décrites comportent une étiquette supplémentaire don- 
nant la diagnose latine des caractères différentiels et qu'une table 
placée en tête de chaque fascicule indique quels sont les Hieracium 
qui y figurent. 


Voici l'énumération des Hieracium contenus dans les deux pre- 
miers fascicules. 


HIERACIOTHECA GALLICA 
Subgenus PILOSELLA Fries, 


Grex PILOSELLINA Fries 


1. — H. HoPPEANUM Schultes var. pyrenaicum Arv.-Touv. — Pyrénées-Orientales. 
2. — H. PUMILUN Lapeyr. o. luteum A.-T. — Pyrénées-Orientales. 
3. — — B. subvittatum A.-T. — Pyrénées-Orientales. 


å. — M. FAUREI A.-T. a. genuinum A.-T. — Hautes-Alpes. 


196 

5. — H 
6. — H 
1. — H 
8.— H 
9. — H 
10. — H. 
11. — H 
12 — H 
13. — H 
14. — H 
15.— H 
16. — H. 
17. — H. 
IN. — H 
19. — H. 
(1) Les 


variétés. 


SÉANCE DU 28 avniL 1899. 


Grex AURICULINA Fries 


. AURICULA var. serpyllifolium A.-T., forma (1) nana (H. serpyllifolium Fries 


p. p.; H. nanum Scheele p. p.). — Pyrénées-Orientales. 


. var, serpyllifolium A.-T., forma nana, stolonosa (H. nanum Scheele p. p.). — 


Pyrénées-Orientales. 


Grex CYMELLINA A.-T. 


. CYMOSUM L., forma 1. — Isére. 


Grex PRÆALTINA A.-T. 


. PRÆALTUM Vill. o. praaltum A.-T., forma 1. — Isère 


Subgenus ARCHIERACIUM Frie 
Sectio AURELLA Koch 


Grex GLAUCA Fries 


. LEUCOPILEUM G., et G. o. genuinum, glabratum A.-T., forma 1. — Isère. 


LEUCOPHÆUM G. et G. B. subpilosum A.-T., forma 1. — Isère. 


Grex VILLOSA Fries 


. PULCHRUM A.-T. var. subpilosum A.-T., forma 1. — Isère. 


Grex PILIFERA A.-T. 


+ ARMERIOIDES A.-T. o. genuinum, forma 1. — Hautes-Alpes. 

. PILIFERUM Hoppe, forma 1 normalis A -T. et Gaut. — Hautes-Alpes. 

+ PILIFERUM Hoppe, forma reducta A.-T. et Gaut. — Hautes-Pyrénées. 

+ GLANDULIFERUM Hoppe var. gracilentum A.-T., forma 1. — Hautes-Alpes. 


Sectio HETERODONTA A.-T. 
Grex HUMILIA A.-T. 


HUMILE Jacq. var. hirsulum A.-T., forma 1. — Pyrénées-Orientales. 
HUMILE var. brevihispidum A.-T., forma 1. — Hautes-Pyrénées. 


Sectio PSEUDOCERINTHOIDEA Koch. 
Grex BALSAMEA A.-T. 


+ AMPLEXICAULE L. var. subhirsulum A.-T. (H. speluncarum A.-T. p. p.)- — 


Isère. 


AMPLEXICAULE L. var. elatum A.-T., forma 1 (H. Blanci Serres, p. p) — 
Isère. 


« formes » de M. Arvet-Touvel ne sont pour nous que de’simples sous- 


ROUY. — SUR UN HIERACIOTHECA GALLICA, ETC. 197 


+ AMPLEXICAULE L. var. subluberosum A.-T., forma depressa. — Pyrénées- 


Orientales. 


. PSEUDOCERINTHE a. genuinum A.-T. forma, 1. — Isère. 
+ BERARDIANUM A.-T., forma 1. — Pyrénées-Orientales. 
. BERARDIANUM A.-T., forma 2. — Isère. 


Grex HISPANICA A.-T. 


- MYAGRIFOLIUM A.-T. et Gaut. var. subcinereum A.-T., forma 1. — Pyrénées- 


Orientales. 


+ MYAGRIFOLIUM A.-T. et Gaut. var. subcrenatum A.-T., forma 1. — Pyré- 


nées-Orientales. 


- MYAGRIFOLIUM A.-T. et Gaut. var. subnitidum A.-T., forma 1. — Pyrénées- 


Orientales. 


Sectio CERINTHOIDEA Koch 
Grex ERIOCERINTHEA A.-T. 


- MIXTUM Frol., forma 1. — Hautes-Pyrénées. 
- LAPEYROUSII Frœl. (H. subsericeum A.-T.) B. villosum Fræl., forma 1. — 


Hautes-Pyrénées. 


. LAPEYROUSII! Frœl, var. sericeum Froel., forma 1. — Hautes-Pyrénées. 
. PHLOMOIDES Fræl. (H. sericeum G. et G., non Lapeyr.; H. Lawsont var. à. 


eglandulosum Willk. et Lge), forma 1. — Hautes-Pyrénées. 


. HASTILE À.-T. et Gaut., forma 1. — Pyrénées-Orientales. 
- ADENODONTUM A.-T. et Gaut. (spec. nov.), forma 1, opima. — Pyrénées- 


Orientales. 


. ADENODONTUM A.-T. et Gaut., forma media. — Pyrénées-Orientales. 
. ADENODONTUM A.-T. et Gaut., forma depressa, reducta. — Pyrénées-Orient, 
. FLOCCIFERUM À.-T., forma 1. — Aude. 


Grex ADENOPHORA A.-T. 


. SENNENIANUM A.-T. et Gaut., forma 1. — Pyrénées-Orientales. 


Grex EUCERINTHEA A.-T. 


. MUCRONATUM A.-T. et Gaut. (spec. nova), forma 1, obovata. — Aude. 


MUCRONATUM A.-T. et Gaut., forma 2, elliptica. — Aude. 
GYMNOCERINTHE A.-T. et Gaut. (spec. nova). = H. Neocerinthe G. et G., et 
auct. gall.; Fries, quoque p. p.) «. glaberrimum A.-T., forma 1. — Aude. 


et 40 bis. — H. GYMNOCERINTRE A.-T. et Gaut. B. subpilosum A.-T., forma 1. — 


20. — H 
291. —H 
239. —__H 
23. — H 
24. — H 
.95, — H 
26. — H 
97. — H 
28. — H 
29. — H 
30. — H 
31. —H 
32. — H 
33. — R 
34. — H 
35. — H 
36. — H 
37. — H 
38. — H. 
39. — H. 
40 
41. —H 
42.— H 
43. — H 
4i. — H 
45.— H 


Hautes-Pyrénées. 


. NEOCHLORUM A.-T. et Gaut. (spec. nova), forma 1. — Hautes-Pyrénées. 
. CERINTHOIDES L., forma genuina. — Hautes-Pyrénées. | 
- CERINTHOIDES L., forma depressa, reducta, — Hautes-Pyrénées. 


Grex EXALTATA A.-T. 


. CERDANUM A.-T. (H. periplecum A.-T. et Gaut.), forma major. — Pyrénées- 


Orientales. 


+ CERDANUM A.-T., forma minor. — Pyrénées-Orientales. 


198 SÉANCE pu 28 AvRIL 1899. 


46. 


60. 


61. 


02, 
63 

64. 
65. 
66. 
67. 
68. 


69. 


Grex POGONATA A.-T. 
— H. TRICHODERMUM A.-T. et Gaut., forma 1, media. — Aude. 
Grex OLIVACEA Scheele 


— H. LIVIDULUM A.-T. et Gaut., forma 1, elongala. — Pyrénées-Orientales. 


. — H. vipuATUM A.-T., forma virescens A.-T. — Hautes-Pyrénées. 
. — H. COLORHIZUM A.-T. et Gaut. (spec. nova), forma 1. — Pyrénées-Orientales. 


. PRASIOPHÆUM A.-T. et Gaut., forma 1. — Pyrénées-Orientales. 


. PRASIOPHÆUM A.-T. et Gaut., forma 3. — Aude. 
. PRASIOPHÆUM A.-T. et Gaut. var. macrodontum A.-T., forma 1. — Aude. 


H 

. — H. PRASIOPHÆUM A.-T. et Gaut., forma 2. — Pyrénées-Orientales. 
H 
H 


Grex SONCHOIDEA A.-T. 


. — H. MALACOTRICHUM A.-T. et Gaut. var. subamplexum A.-T., forma 1. — Isère. 
. — H. CODERIANUM A.-T. et Gaut. var. subovalum A.-T., forma 1. — Aude. 
. — H. CODERIANUM A.-T. et Gaut. var. subvulgatum A.-T., forma 1. — Aude. 


— H. OLIVERIANUM A.-T. et Gaut. (spec. nova), forma genuina. — Pyrénées- 
Orientales. 


. — H. OLIVERIANUM A.-T. et Gaut., forma pratensis, — Pyrénées-Orientales. 


Grex COMPOSITA A.-T. 


. — H. ADANSONIANUM A.-T. et Gaut. (H. nobile Bordére, p. p., non G. et G.), 


forma 1. — Hautes-Pyrénées. 


Sectio ANDRYALOIDEA Koch. 
Grex THAPSOIDEA A.-T. 


— H. MENTHÆFOLIUM A.-T. (H. melandryifolium A.-T., p. p.), forma 1.— Hautes- 
Alpes. 


— H. rFLoccosuw A.-T. B. angustatum A.-T., forma subreducta. — Hautes-Alpes. 


Grex LANATA A.-T. 


— H. CORONARLEFOLIUM A.-T., forma 1, genuina. — Hautes-Alpes. 

et 63 bis. — H. RAVAUDI A.-T., forma 1. — Isère. 

— H. LANATUM Vill., forma 1. — Hautes-Alpes. 

— H. LIOTTARDI Vill., forma reducta. — Isère. 

— H. ANDRYALOIDES Vill., forma 1. — Isère. 

— H. KoCHIANUM Jord. (H. Liottardi Koch, non Vill.), forma 1, genuina. —- Isère. 
— M. REBOUDIANUM A.-T., forma depressa, reducta. — Isère. 


Grex LANATELLA A.-T. 


— H. FARINULENTUM Jord., forma 1, culcarea, genuina. — Isère. 


genre Pp tti 


70. — H 
71. — H 
72. — H 
73. — H 
74. — H 
75. — H 
76. — H 
77. H 
78. — H. 
79. — H. 
80. — H. 
81. — H. 
82, — H. 
83. — 


H 
84 — H 
85. — H. 
86. —H 
87. — H 
88. — H 


* 


ROUY. — SUR UN HIERACIOTHECA GALLICA. ETC. 199 


Sectio PULMONAROIDEA Koch 


Grex OREADEA Fries 


+ COSTEANUM A.-T. (H. rupicolum Fries var. Costeanum?), forma 1. — Avey- 


ron. 


+ COMOSULUM A.-T. et Gaut. (H. rupicolum Fries var. comosulum ?), forma 1. 


— Pyrénées-Orientales. 


- BRUNELLÆFORME A.-T., forma 1. — Pyrénées-Orientales. 

+ BRUNELLÆFORME Á.-T. var. subrupicolum A.-T., forma 1. — Hautes-Pyrén. 

. ECRINANTUM A.-T. et Gaut. (spec. nova), forma 1. — Aude. 

+ INTRICATUM A.-T, var. pyrenaicum A.-T., forma 1. — Pyrénées-Orientales. 
. ORTHOGLOSSUM A.-T. et Gaut. var. subonosmoides A.-T., forma |. — Pyré- 


nées-Orientales. 


+ BUGLOSSOIDES A.-T. var. subsaxifragum A.-T., forma 1. — ,Pyrénées-Orien- 


tales. 
Grex AURELLINA A.-T. 


CALIGATUM A.-T. et Gaut. (spec. nova), forma 1. — Pyrénées-Orientales.? 
ATROPICTUM A.-T. et Gaut. (spec. nova), forma 1. — Pyrénées-Orientales. 


Grex BIFIDA A.-T. 
AVEYRONENSE A.-T. var. subfarinosum A.-T., forma 1. — Aveyron. 


AVEYRONENSE A.-T., forma 1, reducta, — Aveyron. 
ACANTHODON A.-T. et Gaut., forma 1. — Aude. 


Grex MURORUM A.-T. 


. VENULOSUM A.-T., forma 1. — Hérault. 
. INCISOIDES A.-T. et Gaut., forma major. — Pyrénées-Orientales. 


INCISOIDES A.-T. et Gaut., forma minor. — Pyrénées-Orientales. 


- ALARICUM A.-T. et Gaut. (spec. nova), forma 1. — Aude. 
. PRÆCOX Schultz Bip., forma 1. — Aude et Pyrénées-Orientales. 
- MURORUM L. var. silvaticum L., forma 1. — Pyrénées-Orientales. 


89 et 89 bis. — H. MURORUM L. var. silvaticum L., forma maculata. — Aude. 


90. — H. 


91. — H. 


Grex VULGATA-BARBULATA A.-T. 


BARBULATUM A.-T. et Gaut. (H. Tremolsianum var. barbulalum ?), forma 1. 
— Aude. 


Grex VULGATA-LJEVIGATA A.-T. 


LÆVICAULE Jord. (H. pallescens A.-T., non W. et K.; H. cæsium P. pictura- 
lum A.-T.) var. pectinatum A.-T., forma 1, cruenta (H. cruentum Jord. !). 


— Isère, 


200 SÉANCE DU 28 AVRIL 1899. 
Grex VULGATA A.-T. 
99. — H. vuLGATUM Fries (H. silvaticum Lamk, non Gouan) var. maculatum Schultz 
Bip., forma 1. — Aude. 
93. — H. vULGATUM Fries var. cretaceum A.-T., forma 1. — Aude. 
94. — H. vULGATUM Fries var. crelaceum A.-T., forma 2. — Aude. 
Grex SUBALPINA A.-T. 
95. — H. RAPUNCULOIDES A.-T, B. intermedium, forma 1. — Isère. 
96. — H. SUBALPINUM A.-T. var. alpestre A.-T., forma denticulata. — Pyrénées- 
Orientales. 
97. — H. SUBALPINUM A.-T. var. alpestre, forma subinlegerrima. — Pyrénées-Orien- 
tales. 
98. — H. SURALPINUM A.-T. var. alpestre, forma hepatica. — Pyrénées-Orientales. 
99. — H. EXILENTUM A.-T., forma 1. — Hautes-Alpes. 
Sectio PRENANTHOIDEA Kech 
Grex JURASSICA A.-T. (p. p.). 
100. — H. JURASSICUM (Griseb., p. p.) A.-T. (H. juranum Fries, p. p., Epicrisis, non 
Fries Symb. ; H. jurassicum, denticulatum, prenanthoides Griseb., p. p-; 
H. juranum, prenanthoides Fries, p. p.; H. denticulatum, prenanthoides 
Smith, p. p. ?; H. elatum, prenanthoides G. et G., p. p.; H. prenanthoides 
Gaud., Koch., p. p.; H. cydoniefolium Vill.?, non Fries, nec Koch, nec 
Gr. et Godr.) «. amplezifolium A.-T., forma 1, obscuro-virens. — Isère. 
101. — H. JuRAssiCUM (Griseb., p. p.) A.-T. B. attenuatum A.-T., forma 1, obscuro- 
virens. — Pyrénées-Orientales. 
102. — H. SUBPERFOLIATUM A.-T., forma 1, genuina. — Isère. 
Grex PRENANTHEA A.-T. 
103. — H. PRENANTHOIDES Vill.!, forma genuina (Villarsii). — Isère. 
104. — H. PRENANTROIDES Vill.!, forma 2. — Isère. 
105. — H. 


LANCEOLATUM Vill. &. strictum A.-T. (H. strictum Fries), forma 1, depau- 
perata. — Isère. 


Grex COTONEIFOLIA A.-T. 


106 et 106 bis. — H. scaABiOSÆFoLIUM A.-T. (H. doronicifolium A.-T. Soc. Fr.-Helv., 


n° 304, non Soc. Dauph., n° 5437), forma 1, genuina. — Isère. 


Sectio PICROIDEA A.-T. 


Grex LACTUCÆFOLIA A.-T, 


107. - H. LACTUCÆFOLIUM A.-T. Q. denliculatum A.-T., forma 1, subgracilenla. — 
Isère. 
108. — H. LACTUCÆFOLIUM A.-T. £. denticulatum, forma 2, gracilenta. — Isère. 


ROUY. — SUR UN HIERACIOTHECA GALLICA, ETC. 201 


Grex VISCOSA A.-T. 


109. — H. SCARIOLACEUM A.-T. a. genuinum A.-T., forma 1, — Isère. 
110. — H. SCARIOLACEUM A.-T. Q. medium A.-T., forma 1. — Isére. 
111. — H. SCARIOLACEUM A.-T. y. brevifolium A.-T., forma 1. — Isère. 
112. — H. viscosUw A.-T., forma 1. — Pyrénées-Orientales. 


Grex CONYZOIDEA A.-T. 


113. — H. CHAMÆPICRIS A.-T., forma 1, genuina. — Pyrénées-Orientales. 
114. — H. Neopicris A.-T., forma 1, simplex. — Pyrénées-Orientales. 


Sectio AUSTRALIA A.-T. 


Grex SYMPHYTACEA A.-T. 


115. — H. SYMPHYTACEUM A.-T. o. genuinum A.-T., forma 1, interrupta. — Isère. 
116. — II. BETEROSPERMUM A.-T. var. subdolum A.-T., forma 1, interrupta, — Isère. 
117. — H. HETEROSPERMUM A.-T. var. serratulinum A.-T. (H. serratulinum  A.-T.), 


forma 1, subinlerrupta. — Hérault. 


Grex POLYADENA A.-T. 
118. — H. MAGNOLIANUM A.-T. et Gaut. (spec. nova), forma 1. — Aude et Ariège. 


119. — H. RECTUM Griseb. (p. p., excl. H. pyrenaico) A.-T. var. rubiginosum (H. my- 
riophyllum Scheele), forma 1. — Pyrénées-Orientales. 


Sectio ACCIPITRINA Koch 


Grex UMBELLATA Fries 


120. — H. UMBELLATUM L. var. ericetorum A.-T. (var. latifolium Loret et Barr., non 
Griscb.), forma 1, elongata. — Hérault. 


Grex ERIOPHORA A.-T. 


121. — H. ERIOPHORUM Saint-Am. var. intermedium A.-T., forma 1. — Basses-Pyré- 
nées. 


HIERACIOTHECA HISPANICA 


Subgenus PILOSELLA Fries 
Grex AURICULINA Fries 


1. — HIERACIUM AURICULA L. var. serpyllifolium A.-T., forma mana, stolonosa (H. 


nanum Scheele, p. p.). —- Catalogne. 
2. — H. AvRICULA B. subvitlatum A.-T., forma intricata A.-T. et Gaut. — Catalogne. 


202 SÉANCE DU 28 AVRIL 1899. 


Subgenus ARCHIERACIUM Frics 


Sectio PSEUDOCERINTHOIDEA Koch 
Grex RUPIGENA A.-T. 


3. — H. HILARICUM A.-T. a. genuinum, lanceolalum, forma 1. — Catalogne. 

å. — H. HILARICUM A.-T, f. eliipticum, forma 1. — Catalogne. 

5. — H. SACALMIANUM A.-T. et Gaut., forma 1 (H. glaucophyllum Scheele var. Sa- 
calmianum ?). — Catalogne. 


Grex HISPANICA A.-T. 


6. —. H. misPANICUM A.-T. (H. sonchifolium et purpurascens Vayreda, non Scheele), 
forma intermedia. — Catalogne. 

7. — H. HISPANICUM A.-T. var. dilatatum A.-T., forma 1. — Catalogne. 

8. — H. coRDATUM Scheele (H. Vayredanum A.-T.; H. amplexicaule et H. Coste 
Vayreda), forma 1, subgenuina A.-T. et Gaut. — Catalogne. 

9 et 9 bis. — H. CORDATUM Scheele, forma? — Catalogne. 

10. — H. CORDATUM Scheele var. subamplexicaule A.-T., forma 1. — Catalogne. 

11. — H. MYAGRIFOLIUM A.-T. et Gaut. var. subcordalum A.-T., forma 1, opima. — 


Catalogne. 

12. — H. MYAGRIFOLIUM A.-T. et Gaut. var. subcordatum A.-T., forma 2, media. — 
Catalogne. 

13. — H. MYAGRIFOLIUM A.-T. et Gaut. var. subcordalum A.-T., forma reducta. — 
Catalogne. 


14. — H. MYAGRIFOLIUM A.-T. var. nitidum A.-T. (H. nitidum Scheele, non Backh.), 
forma depressa, pilosa. — Catalogne. 


Sectio CERINTHOIDEA Koch 
Grex ERIOCERINTHEA A.-T. 


15. — H. ELISÆANUM A.-T. o. genuinum, ascendens A.-T., forma 1, calvescens (H. 
javalambrense Pau, non Willk.). — Aragon méridional. 


15 bis. — H. ELISÆANUM A.-T. B. erectum A.-T., forma 1, pilosa. — Province de 
Teruel. 

16. — H. NEOCERINTBE Fries a. genuinum A.-T., forma minor. — Catalogne. 

17. — H. NEOCERINTHE Fries a. genuinum A.-T., forma media. — Catalogne. 

18 et 18 bis. — H. NEOCERINTHE Fries a. genuinum A.-T. forma microcephala. — 
Catalogne. | 

19. — H. MACROPHYLLUM Scheele (H. Neocerinthe var. macrophyllum A.-T. Catal.). 


forma aperte eriopoda, pilosa. — Catalogne. 


Grex EUCERINTHEA A.-T. 


20 et 20 bis. — H. Gouant A.-T., non Timb. (H. cerinthoides Gouan, non L.; H. vo- 
gesiacum Willk. et Lge, non Moug.), forma elata, opima. — Catalogne. 

21. — H. GouaNI A.-T., forma media. — Catalogne. 

22, — H. Gouant A.-T., forma minor. — Catalogne. 

23. — H. Gouar A.-T.. forma depressa, reducta. — Catalogne. 


24. 
25. 
26. 
27. 
28. 
29. 


30. 


31. 


32. 


33. 


35. 


| 
mnmmmzurr 


. — H. 


— H. 


ROUY. — SUR UN HIERACIOTHECA GALLICA, ETC. 203 


Grex SONCHOIDEA A.-T. 


. CODERIANUM A.-T. et Gaut. var. calcareum A.-T., forma 1. — Catalogne. 

+ CODERIANUM A.-T. et Gaut. var. subpræcox A.-T., forma 1. — Catalogne. 

+ CODERIANUM A.-T. et Gaut. var. submurorum A.-T., forma 1. — Catalogne. 
. OLIVERIANUM A.-T. et Gaut. (spec. nova), forma rupestris. — Catalogne. 

- OLIVERIANUM A.-T. et Gaut., forma elata, opima. — Catalogne. 

- OLIVERIANUM A.-T. ct Gaut. var. aridum A.-T., forma 1. — Catalogne. 


Grex COMPOSITA A.-T. 


CATALAUNICUM A.-T. et Gaut. (H. nobile var. hispanicum Scheele, Willk. 
et Lge, Vayreda, non Gren. et Godr.), forma 1, sericea. — Catalogne. 


- CATALAUNICUM A.-T. et Gaut., forma 2, pilosa. — Catalogne. 


Sectio PULMONAROIDEA Koch 


Grex VULGATA-BARBULATA A.-T. 


- TREMOLSIANUM A.-T. et Gaut. (spec. nova), forma 1. — Catalogue. 


Sectio AUSTRALIA A.-T. 


Grex SYMPHYTACEA A.-T. 


. PYRENAICUM Jord. forma reducta, pumila (H. Cadevalli Pau). — Catalogne. 


Grex POLYADENA A.-T. 


RECTUM (Griseb., p. p.) A.-T. var. rubiginosum A.-T. (H. myriophyllum 
Scheele), forma 2, intermedia. — Catalogne. 

RECTUM (Griseb., p. p.) A.-T. var. Costæ A.-T. (H. Coste Scheele), forma 
intermedia. — Catalogne. 


36. — H. RECTUM (Griseb., p. p.) A.-T. var. prerectum A.-T., forma intermedia. — 


Catalogne. 


Au résumé, en publiant cette magnifique collection à la gloire 


du genre Hieracium, MM. Arvet-Touvet et Gaston Gautier rendent 
un réel service à la flore de l'Europe occidentale, et il n'est que 
légitime de le reconnaitre publiquement, en rendant justice 
comme il eonvient à leur labeur et à leur mérite. 


SÉANCE DU 12 MAI 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. Lutz, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal 
de la séance du 98 avril, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, 
M. le Président proclame membre de la Société : 


M. CanTREL (Joseph), président de l'Association amicale 
des étudiants en pharmacie, rue Monge, 58, à Paris, 
présenté par MM. Guignard et Guérin. 


M. Gèze, ayant rempli les conditions prescrites par l'ar- 
ticle 13 des Statuts, est proclamé membre à vie. 

M. le Secrétaire général donne lecture d'une lettre de 
M. le Ministre de l'Agrieulture, informant M. le Président 
qu'il a accordé à la Société botanique de France, sur le crédit 
des encouragements à l’agriculture, une subvention de 
1000 francs, décernée au nom du Gouvernement de la Ré- 
publique. M. le Président écrira à M. le Ministre, au nom de 
la Société, une lettre de remerciements. 

M. Franchet fait à la Société la communication suivante : 


SUR UNE COLLECTION DE PLANTES RÉUNIE DANS LE FOKIEN, 
par M. et M"* de la TOUCHE; 
déterminées par MM. FINET (ORCHIDÉES) et FRANCHET. 


Le Muséum a acquis récemment une petite collection de plantes 
faite dans une partie encore peu connue de la Chine, déjà visitée 
par les zoologistes, mais dont la flore reste encore presque com- 
plétement à établir. M. et M^ de la Touche ont particuliérement 
exploré la partie la plus septentrionale des hautes montagnes qui 
limitent au N.-0. la province de Fokien. 

A une altitude de prés de 2000 mètres, par 27 degrés de lat. N., 
ils ont rencontré une flore qui participe de la flore alpine et de la 
flore subtropicale. Certaines plantes s'y montrent en effet rabou- 
gries, et telles qu'on y trouve le Cephalanthera erecta Bl.; d'autre 
part, on y rencontre en abondance certains Rhododendron, tels que 
R. Farreræ, R. ovatum, de la région chaude. 


me 


FINET ET FRANCHET. — PLANTES DU FOKIEN (CHINE). 205 


Les Orchidées, déterminées par M. Finet, sont en petit nombre; 
une seule d'entre elles présente un intérêt géographique, l'Oreor- 
chis Fargesii Finet, plante des montagnes du Su-Tchuen, dont 
l'existence dans le Fokien mérite d’être signalée. Il faut encore 
mentionner la présence du Monochasma Savalieri et celle du 
Stimpsonia Chamedrifolia, l'un et l'autre rarement représentés 
dans les herbiers. 

Il s'est trouvé un nouveau genre et six espèces inédites dans 
cette collection : un curieux Polygala, un Rubus à feuilles simples, 
un Photinia qui constitue tout au moins une variété remarquable, 
deux Rhododendron, un Lasianthus qui a toutes ses affinités avec 
l'unique espèce japonaise; enfin un nouvel Oreocharis, qui vient 
s'ajouter à ceux que l'on connaissait déjà en Chine, seul pays où 
l'on trouve des espèces de ce genre. Le nouveau;genre, Latouchea, 
appartient aux Gentianacées. 

On doit ajouter enfin, comme espéces non signalées en Chine, 
le beau Symplocos grandiflora, de VInde, et l'Elatostema radi- 
cans Wedd., plante connue seulement du Japon, mais qui existe 
aussi dans la Chine occidentale. 


Clematis Meyeniana Walp. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
€. Henryi Oliv., in Hook. fil. Icon., tab. 1819. 
Hab. — Montagnes de Kuatun. — Avril 1898. — Se retrouve dans le 
Hupeh et dans le Su-tchuen. 
Thalictrum Fortunei 5. Moore. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Ranunculus acris L. 
Hab. — Kuatun. — Avril 1898. 
Magnolia fuscata Blume. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Kadsura japonica Thunb.? 
Hab. — Kuatun. 
Eomecon chionantha llance. 
Hab. — Kuatun. 


Corydallis decumbens Pers. 
Hab. — Bords de la rivière Min, au N.-0. du Fokien. — Mars 1898. 


206 SÉANCE DU 12 Mai 1899. 


Corydallis incisa Persoon. 
Hab. — Kuatun. — Avril 1898. 


viola diffusa Ging. 
Hab. — Kuatun. — Avril 1898. 


V. serpens Wall. 
Hab. — Kuatun. — Avril 1898. 


V. Patrinii DC. 
Hab. — Kuatun. — Avril 1898. 


V. canina L. . 
Hab. — Kuatun. — Avril 1898. 


Polygala tenuifolia Willd. 
Hab. — Kuatun. —- Avril 1898. 


POLYGALA LATOUCHEI sp. nov. 


Suffrutex humilis, radice elongata perpendicularis, furcata; 
caulis 1-2 decim. altus, simplex vel divisus, infra cicatricibus 
foliorum nodulosus; folia superne approximata, breviter (10- 
16 mm.) petiolata, petiolo anguste marginato, limbo 7-8 cent. 
longo, ovato-lanceolato, obtuso vel parum acuto, lateribus oblique 
inæqualibus, 4-5 nervato, siccitate translucente, margine integro, 
ciliato; racemi plures, foliis 3-4-plo-breviores, erecti vel cernui, 
3-5 cent. longi, breviter pedunculati; flores parvi 6-8 mm. longi, 
angusti (2-3 mm. lati), carina lobis lateralibus longiore, obscure 
cristata, potius denticulata; capsula junior orbiculata, circum- 
circa margine alata. 


Hab. — Les montagnes de Kuatun, dans les foréts (avril 1896). 


Espéce remarquable par ses fleurs étroites et la petitesse de la créte 
de la caréne, qn'on pourrait plutót dire dentée; ses feuilles la rappro- 
chent d'ailleurs du P. venenosa, dont les grappes sont plus longues, 
les fleurs plus grandes avec une crête nettement laciniée. Le P. fallax 
Hemsl. se rapproche beaucoup plus du P. venenosa. 


Vitis cantoniensis Seem. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 

Indigofera decora Lindl. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 


FINET ET FRANCHET. — PLANTES DU FOKIEN (CHINE). 207 


Astragalus sinicus [. 
Hab. — Bords de la rivière Min, N. W. du Fokien. — Mars 1898. 


Cratægus cuneata Sieb. Zucc. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 


Photinia serrulata Lindl. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 


PHOTINIA GLABRA Hemsl. var. fokienensis. 


Frutex vel arbor parva, ramosissima, ramis gracilibus, glabris, 
cortice nigrescente; petiolus gracilis 6-10 mm. longus, limbo 
chartaceo, lanceolato, longe acuminato, basi attenuato, ulraque 
facie glabra, subtus pallidiore, circumcirca præter ad imam basin 
serrulato; inflorescentia ramulos axillares terminans, laxe corym- 
bosa, pauciflora; pedicelli graciles, tantum 5-8, 3 cent. longi; 
calix glaber fere ad medium 5-lobus, lobis ovatis, sub apice mu- 
cronatis; flores albi, diam. 10-12 mm., petalis unguiculatis, late 
obovatis, apice emarginatis; ovarium apice lanatum ; styli 5, fere 
usque ad apicem coadunati, stigmatibus dilatatis. 


Hab. — Kuatun, mai 1898. 


Differe du Photinia (Pourthiea) glabra et de ses nombreuses va- 
riétés, décrites par Decaisne, par son état absolument glabre dans toutes 
ses parties et surtout par ses feuilles étroites, ressemblant à celles du 
Salix fragilis. N'est peut-être qu'une variété à feuilles étroites, voisine 
de la variété formosana Hance. 


Raphiolepis indica Lindl. var. grandiflora, 

Folia 10-19 cent. longa, crassa, margine dentato reflexo; petiolus 
canaliculatus 2-3 cent. longus. 

Hab. — Kuatun, N. O. du Fokien. 


Rosa multiflora Thunb. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
R. lævigata Mich. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 


R. moschata Mill. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 


208 SÉANCE DU 12 Mar 1899. 
Rubus palmatus Thunb. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 


R. rosæfolius Smith. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1878. 


RUBUS ADENANTHUS sp. nov. 


(Corchorifolii). — Decumbens; rami adulti fusci, glabri, 
cylindrici, pauce aculeati, aculeis a basi lata brevibus; ramuli flori- 
feri 10-15 cent. longi, basi perulati, perulis lanceolatis pilis rufis 
adpressis dense vestitis, superne non foliati; stipulæ lanceolatæ 
breves, rufo-pilose, apice trifidæ; folia simplicia, breviter (5- 
10 mm.) petiolata, infima (juvenilia) subtus rufo-pilosa, adulta 
mox utraque facie glabrata ad nervos vix pilosa, e basi rotundata 
ovata, breviter dentata, acuta vel acuminata; inflorescentia ramu- 
lum terminans; bracteæ stipulis simillimæ ; pedunculi racemosi, 
omnes simplices, solitarii, patentes vel incurvi, 15-25 mm. longi 
glandulis capitatis sessilibus conspersi ; alabastra sphærica, dense 
albo-pannosa, glandulis nigris stipitatis inter pannum exserlis, 
sepalis ovatis mucronatis demum patentibus; petala rotundata 
calyce paulo longiora; stamina numerosa, exterioribus inferne ad 
inedium coalitis. 


Hab. — Kuatun, aux abords de la riviére Min. — Mai 1878. 


Feuilles assez semblables à celles du R. malifolius Focke, qui est 
complétement dépourvu de glandes et dont les fleurs sont beaucoup 
plus grandes. Le R. hupehensis, dont le R. adenanthus est également 
voisin, a les feuilles plus étroites, blanches tomenteuses en dessous et 


les styles sont beaucoup plus allongés. Les bractées sont figurées comme 
entières. 


Spiræa cantoniensis Loureiro. 


Hab. — Les bords de la rivière Min, au N. O. de Fokien. — Mars 
1898. 


Sedum Alfredi Hance. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 


Saxifraga sarmentosa L. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 


FINET ET FRANCHET. — PLANTES DU FOKIEN (CHINE). 209 

Hydrangea paniculata Sieb. 

Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Itea chinensis Hook. 

Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Loropetalum chinense Rob. Br. 

Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Viburnum tomentosum Thunb. 

Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Sanicula orthacantha Le March. Moore. 

Hab. —- Montagnes de Kuatun. — Avril 1898. 
Hedera Helix L. 

Hab. — Montagnes de Kuatun. — Avril 1898. 
Ophiorhiza japonica Blume. 

Hab. — Montagnes de Kuatun. — Mars 1898. 


LASIANTHUS HARTII sp. nov. 


Frutex; ramorum cortice nigro fuscescente pilis raris adpres- 
sis consperso; stipulæ interpetiolares e pilis penicillatis formatæ; 
folia patentia vel deflexa, petiolo 7-8 mm. longo pilosulo, limbo 
6-10 cent. e basi obtusa lanceolato, longe acuminato, supra glabro, 
fuscescente lucido, secus nervos arcuato-ascendentes elevatos, 
parce piloso, tenuissime punctulato ; flores axillares, 4-5 congesti, 
breviter pedicellati; bracteæ subulatæ, calyce breviores; calyx 
2 mm. longus vix ad medium usque 5-dentatus, dentibus trian- 
gulari-lanceolatis; corolla 12 mm. longa, lobis intus dense vil- 
losis, tubo triplo brevioribus. 


Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 


Espéce voisine surtout du L. japonicus Max., dont les feuilles sont 
plus aigués à la base, nullement défléchies et le calice dilaté supérieu- 
rement en cupule. Le L. Wallichii et le L. cyanocarpus ont des brac- 
tées plus grandes et plus longues que le calice. Le L. chinensis est bien 
plus velu, son calice est plus grand et le tube de la corolle plus allongé. 


Lonicera japonica Thunb. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Diervilla florida Sieb. et Zucc. 


Hab. — Montagnes de Kuatun. — Mai 1898. 
T. XLVI. (SÉANCES) 14 


210 SÉANCE DU 12 Mar 1899. 


Gnaphalium multiceps Wall. 

Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
G. hypoleucum DC. 

Hab. — Montagnes de Kuatun. — Mai 1898. 
Senecio Oldhamianus Maxim. 

Hab. — Montagnes de Kuatun. — Mai 1898. 
Picris ovalifolia D. Don. 

Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Vaccinium Donianum Wight. 

Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 


RHODODENDRON FOKIENENSE sp. nov. 


Ramuli glabri, cortice fusco-nigro; folia crasse coriacea petio- 
lata; petiolo (15-20 mill.) angusto, lanceolata, vel oblongo-lanceo- 
lata, basi et apice acuta, 7-10 cent. longa, 15-25 mm. lata, supra 
atrovirentia, subtus pube crustacea albescentia; perulæ florales 
sericeæ, ovato-lanceolate; flores 4-5 racemosi, ramulos termi- 
nantes; pedicelli recti, 2 cent. longi, tenuissime puberuli; calyx 
obscure 5 dentatus, dentibus triangularibus basi latissimis; corolla 
extus glabra, 4 cent. longa, e basi ad apicem dilatata, intus pube- 
rula; stamina 10 infra medium dense pubescentia; ovarium vil- 
losum; stylus inferne parce pilosus. 


Hab. — Kuatun, dans les montagnes. — Avril 1898. 


Cette espèce a les feuilles du R. argyrophyllum, c'est-à-dire beau- 
coup plus étroites que celles du R. hypoleucum Hemsley, dont elles se 
distinguent par la présence en dessous des feuilles d'une pubescence 
crustacée et par les dents du calice larges et aigués. 


Rhododendron Farrer: Tate. 


Hab. — Les collines à Kuatun. — Mai 1898. 
R. ovatum Planch. 


Hab. — Les montagnes autour de Kuatun. — Mai 1898. 


RHODODENDRON LATOUCHEÆ sp. nov. 


Frutex glaber, divaricato-ramosus, cortice cinereo-albescente ; 
folia glaberrima siccitate fuscescentia, subtus rufescentia, e basi 
cuneata oblongo-obovata, cuspidata, nervo medio supra impresso, 


FINET ET FRANCHET. — PLANTES DU FOKIEN (CHINE). 211 


infra elevato, nervis secundariis immersis; gemmæ floriferæ 
anguste lanceolatæ, acutæ, perulis scariosis glabris, exterioribus 
brevibus ovatis, interioribus oblongis, multo longioribus; pedi- 
celli 10-25 mm. longi, glabri; calyx dimorphus nunc obsoletus 
lobis orbiculato depressis, nunc evolutus, lobis linearibus, 2-3 mm. 
longis; corolla alba?, expansa 5-6 cent. diam., ultra medium par- 
tita, lobis ovato rotundatis; stamina 10, inæqualia, inferne bre- 
viter pilosula; stylus staminibus longior, tota longitudine glaber- 
rimus; ovarium glaberrimum. 


Hab. — Les montagnes autour de Kuatun. 


Espéce trés distincte, glabre dans toutes ses parties, sauf à la base 
des étamines. Elle est remarquable par ses grandes corolles qui sont 
profondément lobées, presque jusqu'aux trois quarts de leur longueur, 
avec des lobes largement obovales. Le calice varie beaucoup; il est tantôt 
à peu prés nul, avec des dents presque arrondies, tantót assez développé 
avec des lobes linéaires. 


R. indicum L. 

Hab. — Les collines bordant la rivière Min, dans le N.-W. du Fo- 
kien. — Mars 1898. 
Stimpsonia chamædrioides C. Wright. 

Hab. — Kuatun, dans les champs. — Mars 1898. 


Plante rare, découverte par Wright dans l'archipel Lu chu, retrouvée 
sur le continent chinois, dans le Kiukiung et le Fokien par Gregory et 
jusqu'en Corée par Carles. 

Lysimachia Alfredi Hance. 

Hab. — Kuatun. — Mars 1898. 


Plante peu connue, observée seulement à Foochow dans le Fokien. La 
tige est finement pubescente; les feuilles, le calice et la corolle ont le 
parenchyme criblé de linéoles et de ponctuations noires; les fleurs sont 
en épi raccourci, capitées entre quatre feuilles supérieures verticillées. 

? L. candida Lindl. 
Hab. — Kuatun. — Mars 1898. 
Halesia Fortunei Hemsley. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Symplocos grandiflora Wall. 
Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Avril 1898. 


qa 


212 SÉANCE DU 12 war 1899. 


Rhynchospermum jasminoides Lindl. 
Hab. — Kuatun. — Avril 1898. 


LATOUCHEA genus nov. 


Flores tetrameri ; corolla ad medium usque lobata, tubo intus 
ad basin nec foveolato, nec fibrillifero; stamina tubo adnata, 
sinubus opposita inter lobos brevissime exserta, antheris late sa- 
gittatis; capsula oblongo cylindrica, superne plus minus curvato- 
faleiformis, breviter acutata; stylus profunde bifidus; semina 
permulta, minima immarginata, ovata, striato-sulcata. — Planta 
15-95 cent. alta, caule scapiformi, fere nuda; inflorescentia in 
verticillos 6-8-floros disposita. 


Genus Jæskiæ affine, aspectum Swertiæ bene referens. 


L. FOKIENENSIS sp. nov. 


Perennis, glabra; caulis teres 10-95 cent., subscapiformis, 
foliorum pari unico ad medium sito, cætera folia fere omnia basi- 
laria, obscure trinervia, integerrima, obovata, 7-10 cent. longa 
apice rotundata, inferne in petiolum longum, alatum, attenuata; 
cymæ verticilliformes 3-5 in spicam laxam dispositæ, bracteis 
foliaceis ovatis, 5-8-floræ, floribus pedunculos glabros saltem 
equantibus; calyx brevis, ultra medium partitus, lobis acumi- 
natis; corolla virescens; capsula corolla fere duplo longior, lan- 
ceolata, apice arcuata, stylo mucronata; semina fuscescentia, 
ovato-cylindrica, longitudinaliter striata. 

Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Mai 1898. 


Botryospermum Kustnezowii Bunge. 
Hab. — Kuatun. — Avril 1898. 
Monochasma Savatieri Franch. 
Hab. — Kuatun. — Avril 1898. 
Callicarpa mollis Sieb. et Zucc. 
Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Avril 1898. 


OREOCHARIS FOKIENENSIS sp. nov. 


(Euoreocharis Clarke). — Folia juvenilia, caulisque abbrevia- 
tus dense et breviter lanuginosa; folia adulta petiolata, limbo € 
basi cuneato ovato, obtuso, 4-5 cent. longo, 20-25 mm. infra 
medium lato, circum circa crenulata, supra pilis strigosis hirta, 


FINET ET FRANCHET. — PLANTES DU FOKIEN (CHINE). 213 


infra lacunoso-reticulata, nervis crassis, undique breviter rufo- 
lanuginosa; scapi 10-15 cent. longi, lanuginosi; inflorescentia 
glandulosa dichotomo-cymosa, bracteis inferioribus ovatis, mu- 
cronatis, bracteolis similibus sed minutis; calyx ad basin usque 
9-partitus, lobis linearibus, obtusis, 2 mm. longis; corolla extus 
glabra, 18-22 mm. longa, tubo superne paulisper ampliato, lobis 
brevibus ovatis; stamina 4 perfecta, filamentis rectis corollæ fau- 
cem attingentibus; ovarium glabrum; stigma capitatum. 


Les feuilles rappellent celles du Didymocarpus lanuginosus, mais 
elles sont plus grandes; les fleurs ont aussi la forme de celles de cette 
espéce, mais elles sont plus grandes du double. 


Hab. — Les bords de la rivière Min, au N.-W. du Fokien. 


Dracocephalum urticifolium Miq. 
Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Avril 1898. 
Scutellaria indica L. 
Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Avril 1898. 
Wikstromia indica C.-A. May? 
Hab. — Kuatun. — Avril 1898. 
Elatostema radicans Wedd. 
Hab. — Kuatun. — Avril 4898. 
Houttuynia cordata Thunb. 
Hab. — Kuatun. — Avril 1898. 
Morus alba L. var. foliis palmato-lobatis. 
Hab. — Kuatun. — Avril 1898. 
Quercus serrata Thunb. 
Hab. — Les montagnes de Kuatun. 
Iris Grijsi Maxim. 
Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Mai 1898. 
Cephalanthera erecta Blume (forma montana minor). 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Cœlogyne prz cox Lindley. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Cymbidium cyperifolium Wallich. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Oreorchis Fargesii Finet. 
Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 


214 SÉANCE DU 12 war 1899. 


Calanthe striata Rob. Br. 

Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Liparis liliifolia A.-L. Rich. 

Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Hypoxis aurea L. 

Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Smilax lanceæfolia Roxb. 

Hab. — Kuatun. — Mai 1898. 
Paris polyphylla Sm. 

Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Avril 1898. 
Disporum sessile Don. 

Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Avril 1898. 
Carex scaposa C.-B. Clarke. 

Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Avril 1898. 
€. chinensis Retz. 

Hab. — Kuatun. — Avril 1898. 
Selaginella caulescens Spring. 

Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Mai 1898. 
$. flabellata Spring. 

Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Mai 1898. 
Lycopodium clavatum L. 

Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Mai 1898. 
Davallia tenuifolia Sm. 

Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Mai 1898. 
Onychium japonicum Kunze. 


Hab. — Les montagnes de Kuatun. — Mai 1898. 


Explication des figures de la planche VII de ce volume. 


LATOUCHEA FOKIENENSIS. 


1. Calice. — 2. Corolle ouverte et insertion des étamines. — 3. Capsule 
mûre. — 4. Graine trés grossie. 


M. C.-A. Picquenard, sur l'invitation qui lui en est faite 
par M. Malinvaud, énumère les principaux résultats de ses 
dernières herborisations lichénologiques dans le Finistère. 


NAM Anh PRI FAND An PP mm 


FINET ET FRANCHET. — PLANTES DU FOKIEN (CHINE). 215 


En une seule herborisation, dans les montagnes d’Aré, il 
a recueilli deux plantes nouvelles pour le Finistère, le Leca- 
nora lacustris (dans la gorge de Toull-ann-Dioull) et le 
Lecanora polytropa (sur les rochers de Keranna). Lecanora 
lacustris est rare dans le nord-ouest dela France et aussi en 
Belgique. 

M. Piequenard cite également, comme trés digne d'in- 
térêt, le Lecanora punicea, déjà signalé à Plougastel par les 
fréres Crouan et retrouvé par lui sur les Abies dans un petit 
bois, pente sud de la montagne de Locronan, le 4 mai 1899. 
Cette rarissime espéce se trouve aussi dans l'Amérique du 
Nord. 

M. Malinvaud demande à M. Picquenard des renseigne- 
ments sur l'Anemone apennina L., qui aurait été trouvé 
dans le Finistére (à Saint-Thégonnec) par notre collégue 
M. Raphaél Ménager. 

M. Piequenard n'a pas vu la plante de M. R. Ménager ; 
mais, d’après l'ensemble des indications qu'il a reçues, il 
croit pouvoir affirmer que la plante découverte par M. R. 
Ménager est bien le véritable Anemone apennina L. 

Il énumére à ce propos les principaux caractéres de cette 
espèce, qu'il est impossible de confondre avec l'A. nemo- 
rosa. 

M. Malinvaud dit que l'Anemone apennina a été signalé 
dans le nord de la France, dans la Grande-Bretagne, en Bel- 
gique et en Hollande, mais qu'on a des doutes sur son indi- 
génat dans ces divers pays. 

M. Picquenard est d'avis que cette espéce peut étre consi- 
dérée comme indigéne à Saint-Thégonnec; on ne pourrait 
guère s'expliquer son introduction dans les vallons sauvages 
où elle a été rencontrée. 

M. Franchet donne un résumé de la distribution géogra- 
phique de l'Anemone apennina, qui n’est pas, d’après lui, à 
proprement dire, une espèce alpine; mais on lui a donné le 
nom du pays où elle a été observée pour la première fois. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 


Étude anatomique de la feuille des Graminées de 
France; par E. Pée-Laby (Ann. des Sc. nat. Bor. t. VIII, 1898). 


Dans ce travail, qui a pour but l'étude anatomique des feuilles des 
Graminées de France, l'auteur s'efforce de faire intervenir les résultats 
obtenus dans la classification de ces plantes et de dégager les particu- 
larités intéressantes pour leur physiologie. 

Tous les genres actuellement connus en France ont fourni des maté- 
riaux pour ces recherches, qui, ajoutées à celles de Duval-Jouve, Schwen- 
dener, Th. Holm, paraissent constituer une étude compléte et définitive 
de l'anatomie des feuilles de cette famille. 

Malgré la ressemblance extérieure de ces feuilles, on sait que leur 
structure intime est trés différente; aussi M. Pée-Laby insiste-t-il tout 
d'abord sur leur histologie normale. Il décrit ensuite l'ensemble des 
modifications qui sont le plus généralement apportées à cette derniére, 
et ces caractères histotaxiques lui permettent de diviser les Graminées 
en cinq groupes. 

Les particularités principales sur lesquelles se trouve basée celle 
classification sont : 1* le parallélisme des deux faces du limbe ou la pré- 
sence d'ondulations ‘et de sinuosités à la face supérieure; 2» l'inégalité 
de répartition des stomates; 3° la disposition du parenchyme vert; 4° la 
présence ou l'absence de cellules motrices issues de la transformation 
de certaines cellules de l'épiderme supérieur, d’où résulte la formation 
d'un tissu capable de provoquer le mouvement du limbe. 

L'auteur passe ensuite à l'étude détaillée des espéces, qu'il accom- 
pagne de nombreux schémas et de trois planches gravées hors texte. Il 
ne néglige pas non plus les applications agricoles, et l'on rencontre, 
dans ce consciencieux Mémoire, des indications précieuses tirées de 
l'anatomie sur la valeur fourragére des différents groupes de Gra- 
minées. 

La deuxiéme partie est réservée aux recherches histologiques ainsi 
qu'aux considérations biologiques concernant quelques-uns des tissus 
sur lesquels repose le groupement établi. . 

On savait depuis longtemps qu'il existait, autour des faisceaux de 


E 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 917 


certaines feuilles de Graminées, une couronne de cellules vertes se 
distinguant des voisines par leur contenu, mais dont la nature exacte 
n'était pas connue. Leur étude complète ne peut être faite qu’à l’aide de 
coupes longitudinales, et c’est dans les Graminées aquatiques qu'elles 
atteignent leur plus grand développement (Phragmites communis, 
Glyceria fluitans, etc.). Cette gaine verte, « qui n'enveloppe que les. 
faisceaux libéroligneux situés dans le parenchyme assimilateur, à l'exclu- 
sion de tous les autres, remplit un róle considérable dans la nutrition 
de la plante, surtout au moment de son développement. Plus tard, cette 
gaine, perdant sa chlorophylle, sert à conduire ou à conserver l'eau 
nécessaire aux multiples fonctions de la feuille; enfin elle peut, dans 
certains cas, remplacer le tissu de soutien qui fait défaut dans quelques 
espèces. » 

Une autre particularité intéressante des feuilles des Graminées, c’est 
la présence répétée de cellules particulières, déjà nommées cellules 
bulleuses par Duval-Jouve, et dont le rôle est indubitable dans l'exécu- 
tion des mouvements du limbe. M. Pée-Laby étudie avec soin ce tissu 
moteur, qui se montre développé de préférence dans les espèces dont 
l’évolution est terminée avant les fortes chaleurs. 

L'étude des stomates des Graminées fait l'objet d'un chapitre spécial. 
Chez la plupart de nos céréales et chez quelques Graminées fourragères 
qui constituent le premier groupe, les stomates sont également distri- 
bués sur les deux faces; dans le deuxiéme groupe, leur nombre s'ac- 
croit à la face supérieure et, dans le troisiéme groupe, la face supérieure 
en est totalement dépourvue. Il existe une corrélation directe entre 
cette répartition des stomates et la structure anatomique des feuilles et, à 
ce propos, l'auteur discute et rectifie certaines opinions de Duval- 
Jouve. 

Dans le chapitre suivant, M. Pée-Laby fait l'étude, jusqu'alors 
incompléte, des différents aspects que présentent les épidermes des 
Graminées. Tantót ils sont formés de cellules rectangulaires de dimen- 
sions sensiblement égales, à parois rectilignes et minces; d'autres fois, 
il existe des cellules de deux sortes : les unes grandes, rectilignes, à 
parois trés sinueuses et fortement épaissies, s'articulant entre elles à la 
facon d'un engrenage ; les autres, petites, en formes de poil ordinaire 
crochu ou de poil invaginé, intercalées entre les précédentes, au nombre 
d'une ou deux, et servant pour ainsi dire à les raccorder. 

En somme, les recherches d'anatomie comparée sur les feuilles des 
Graminées fournissent des renseignements de grande valeur pour l'in- 
terprétation de certaines particularités biologiques de ces plantes, et 
permettent de les diviser en cinq catégories. Les meilleurs caractères 
histotaxiques sont tirés de l’étude des épidermes, du tissu de soutien, 


218 SOCIÉTÉ BOTANIQUE LE FRANCE. 


du parenchyme chlorophyllien et, en particulier, de la gaine verte des 
faisceaux libéroligneux, ainsi que de la disposition et de la structure 
des nervures. Cet excellent travail sera consulté avec fruit par tous ceux 
qui s'intéressent aux travaux d'histologie appliquée à la taxinomie et 
à la physiologie des plantes. E. PERROT. 


Sur les feuilles peltées; par M. C. de Candolle (Bull. de la Soc. 
bot. de Genève, n° 9, ann. 1898-1899). 


Ainsi que M. de Candolle l'a déjà montré (1), il y a lieu de distinguer 
entre deux sortes de phyllomes peltés, selon que la base du bouclier 
résulte de l'accroissement de la face inférieure (phyllomes hypopeltés) 
ou de la face supérieure (phyllomes épipeltés) du mamelon méristé- 
matique du futur jeune phyllome (primorde). 

La forme hypopeltée que l'on rencontre chez certaines feuilles cotylé- 
donées, les bractées et quelques organes floraus, n'est pas commune 
chez les feuilles assimilatrices. Ces dernières, quand elles possèdent la 
forme peltée, sont toujours épipeltées. L'Umbilicus Cotyledon est, à 
la connaissance de l'auteur, la seule plante dont les cotylédons soient 
épipeltés; mais cette forme peut se manifester, pendant le jeune àge 
seulement, pour les premières feuilles qui succèdent aux cotylédons 
(Eucalyptus calophylla, plusieurs Aroidées, etc.), ou bien elle conti- 
nue indéfiniment (Tropeolum majus). 

Dans les Drosera, Vinverse se produit; les feuilles peltées sont pré- 
cédées de nombreuses feuilles non peltées, disposées en rosette à la base 
des tiges. Sous le nom de feuilles peltées, l'auteur comprend désormais 
toutes les feuilles assimilatrices ayant la forme épipeltée. Leur forma- 
tion résulte de ce que « le primorde se montre capable de développe- 
ment secondaire tout autour de son axe de figure, tandis que, chez les 
feuilles ordinaires, le développement ne se propage pas jusqu'à la région 
médiane de la face supérieure ». Elles peuvent étre considérées comme 
le type des phyllomes les plus développés, comme le prouve la dispo- 
sition annulaire du systéme libéroligneux du pétiole; mais ce haut 
degré de différenciation n'est atteint que peu à peu, en passant par 
l'état de feuilles non peltées. 

Dans cette catégories de feuilles doivent se ranger d'autres organes en 
apparence fort différents : ce sont les feuilles à ascidies. Déjà Baillon, 
en étudiant le développement de feuilles à ascidies des Sarracenia, les 
avait rattachées aux feuilles peltées. M. de Candolle arrive à des conclu- 


(1) C. de Candolle, Sur les phyllomes hypopeltés (Bull. de la Soc. bot. de 
Geneve, n°, 8, 1897; analysé in Bull. Soc. bot. de Fr., 3° sér., t. IV, 1897, 
p. 378). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 219 


sions analogues, il pense qu'il faut envisager les ascidies « comme 
représentant des phyllomes épipeltés ayant conservé jusqu'à l'état 
adulte la forme ascidienne, qui n'est que transitoire dans le cas des 
feuilles peltées proprement dites ». Cette forme est trés rare chez les 
feuilles composées (trois Thalictrum seulement), bien que les pétio- 
lules possédent un anneau libéroligneux complet. 

Les dimensions des feuilles peltées sont extrémement variables, 
depuis celles de l'Utricularia peltata jusqu'à celles du Victoria regia, 
et la forme du limbe est elle-même très différente. 

Frappé de la rareté relative des plantes à feuilles peltées, M. C. de 
Candolle s’est livré à un long et minutieux travail de dénombrement de 
ces organes spéciaux dans les familles naturelles. Il passe en revue suc- 
cessivement la répartition des espèces par familles, leur distribution 
géographique, leur manière de végéter, la disposition et le degré de 
peltation des feuilles et termine par un catalogue très intéressant des 
espèces à feuilles peltées et à ascidies. qui résume les recherches pré- 
cédentes. 

D’après ce travail, les deux tiers des feuilles peltées sont fournies par 
cinq familles : Ménispermacées, Bégoniacées, Euphorbiacées, Pipéra- 
cées, Urticacées. Sur les deux cents familles que compte le Genera 
plantarum de Bentham et Hooker, 42 seulement renferment des espèces 
à feuilles peltées; ces dernières sont plus particulièrement répandues 
dans les régions chaudes et, sur les 425 espèces actuellement con- 
nues, 46 seulement sont spontanées au delà du 30° degré de latitude 
nord et sud. E. PERROT. 


Studies on the Cyperaceæ (Recherches sur les Cypéracées); 
par Theo. Holm. Art. II, chap. VIII. Sur l'anatomie de quelques 
espèces nord-américaines de Scleria [American Journal of science, 
vol. VII, 1899]. Tirage à part de 8 pages in-8°, avec 6 figures dans 
le texte. 


Dans le développement sympodique du rhizome de ces plantes, on 
peut distinguer trois modes de croissance : cespiteux, chevelu et tubé- 
reux. Ces trois maniéres d'étre ne paraissent pas dépendre de la nature 
du sol. 

La structure des angles de la tige aérienne parait offrir de bons 
caractères taxinomiques. Mais c'est surtout l'anatomie de la feuille qui 
donne les plus utiles renseignements. Dans l'épiderme supérieur des 
feuilles d’un certain nombre d'espéces, l'auteur signale la présence de 
cellules bulliformes. Ces éléments se distinguent des autres cellules 
épidermiques par leurs plus grandes dimensions, et surtout par un 
aspect ballonné caractéristique. Tantót elles sont localisées au-dessus 


220 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de la nervure médiane (S. pauciflora, triglomerata, etc.); tantôt elles 
se montrent à la fois au niveau de la nervure médiane et entre les 
nervures secondaires (S. verticillata). Dans certaines espèces (S. hir- 
tella, S. verticillata), les parois radiales des cellules bulliformes sont 
incrustées de silice, qui produit alors des épaississements blanchâtres 
d'aspect granuleux. Ces formations différent par leur structure de celles 
que Grob (Bibliotheca botanica, Stuttgart, 1896) a décrites dans les 
feuilles des Graminées. 

Le péricarpe des Scleria renferme une grande quantité de silice ré- 
partie en deux couches distinctes; la couche externe est produite par un 
tissu homogène de cellules polyédriques, l'interne par une seule assise 
de cellules allongées, à cloisons radiales trés minces. 

Bien que, de l'aveu méme de l'auteur, les caractères anatomiques ne 
suffisent pas à différencier les Scleria nord-américains, il donne un 
tableau résumant, pour onze espéces, les particularités de structure les 
plus importantes de la feuille et de la tige. 

Pour la feuille, ces caractéres distinctifs sont tirés de la répartition 
des cellules bulliformes et de la structure de leurs parois; pour la tige, 
ils sont donnés par la disposition du stéréome et par la structure de la 
moelle, compacte ou lacuneuse suivant les espéces considérées. 

Les modifications de structure ne paraissent pas étre en relation avec 
la nature du sol; certaines espéces des sables ont en effet une moelle 
lacuneuse, tandis que chez d'autres qui croissent dans les marais la 
moelle est compacte. 

Il semble donc que les Scleria du nord de l'Amérique ne puissent être 
considérés exclusivement ni comme des plantes xérophiles, ni comme 
des plantes hydrophiles. F. GuÉGUEN. 


Additionnal list of Mississipi Fungi (Champignens du Mis- 
sissipi, liste additionnelle); par M. S.-M. Tracy et F.-S. Curle. Mis- 


sissipi Agricultural and Mechanical College Experiment Station, 
n^ 38, mai 1896, une broch. in-8 de 17 pages. 


Les cinq espèces inédites que l’on remarque dans cette liste se rap- 
portent au genre Lembosia Léo. Dans la première partie de leur travail 
(Bulletin, n° 34), les auteurs avaient déjà décrit quatre Lembosia nou- 
veaux, ce qui porte à treize (en tenant compte des quatre espéces amé- 
ricaines antérieurement connues) le nombre des espéces de ce genre 
rencontrées jusqu'à ce jour aux États-Unis. Les auteurs font remarquer 
que toutes ces formes nouvelles ont été récoltées par eux dans un rayon 
de cinq milles. 

Espèces figurant dans le présent Mémoire : Lembosia Oleæ, L. An- 
dromedæ, L. Cliftonie, L. Ilicis, L. rugispora. F. G. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 221 


Three important fungous diseases of the sugar-beet 
(Trois importantes maladies fongiques de la Betterave à sucre); 
par D. M. Duggar (Cornell University Agricultural Experiment 
Station, lthaca, N-Y. Botanical Division; Bulletin n° 163, février 
1899). Une brochure petit in-8° de 26 pages, avec 15 figures dans le 
texte, dont 10 photogrammes. 


Dans ce Mémoire, que termine un index bibliographique trés complet, 
sont étudiés le Root-rot, les Taches des feuilles de la Betterave et la 
Gale de la Betterave. 

Pour le Root-rot (Rhizoctonia Bete Kühn), l'auteur, après avoir 
décrit les lésions et le Champignon qui les produit, relate les résultats 
positifs de ses expériences d'inoculation. Il donnecomme caractéristique 
l'aspect que prend le mycélium dans les cultures sur tranche de Bette- 
rave, où il est constitué par de courts articles renflés, formant un thalle 
souvent trés raimifié. Un assez grand nombre de ces articles ont le carac- 
tère de conidies, car ils sont susceptibles de germer sur place ; ils émettent 
alors par leurs extrémités un filament qui peut traverser les cellules 
contigués, ce qui parait être spécial à cetle espèce. 

La rapidité avec laquelle le Champignon se développe en milieux 
acides a conduit l'auteur à essayer de s'opposer à son développement 
par l'emploi des alcalis; il pense que l'extension du Root-rot aux 
États-Unis est dù à ce que le sol de l'Union est pauvre en calcaire. 
Aussi préconise-t-il comme reméde l'épandage de chaux éteinte. 

Pour les Taches des feuilles dela Betterave, produites par le Cerco- 
spora Betæ Sacc., le traitement par la bouillie bordelaise parait deveir 
être efficace. A titre préventif, il sera bon de traiter par l'eau chaude 
et le sulfate de cuivre les graines destinées aux semis. 

Le Mémoire se termine par l'étude de la Gale de la Betterave(Oospora 
Scabies Thaxt.). Cet organisme attaque également la Pomme de terre, 
sur les tubereules de laquelle il fut découvert par Thaxter en 1890. La 
maladie se transmet par le sol d'une année à l'autre. 

On ne peut opposer à ce fléau que des mesures préventives; elles con- 
sistent à renoncer à cultiver la Betterave dans un terrain qui, même 
plusieurs années auparavant, aurait produit des Betteraves malades. 


F. G. 


222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


The Shot-hole effect on the foliage of the genus Pru- 
nus (La « Criblure en grains de plomb » des feuilles dans le 
genre Prunus); par B. M. Duggar. Proceedings of the 90*. Annual 
Meeting of the Society for the Promotion of Agricultural Science, 
1898 (Tirage à part, une broch. petit in-8° de 6 pages). 


L'auteur a recherché les causes de la maladie des feuilles des Pru- 
niers, caractérisée par la présence d'innombrables trous comme en 
produirait un coup de fusil chargé à plombs. 

Il a trouvé que cette altération était surtout produite par des Cham- 
pignons des genres Cercospora, Cylindrosporium, Phyllosticta et Sep- 
toria; ces parasites causent probablement la mort des cellules de la 
feuille par sécrétion de ferments particuliers. Le Cercospora circum- 
scissa envahit souvent l'Amandier et le Pécher en Californie; le Sep- 
toria cerasina P. K., rapporté généralement au Cylindrosporium Padi 
Karst., est surtout répandu dans l'est et le centre des États-Unis. 

L'auteur, examinant des échantillons provenant de différents exsiccatas, 
a trouvé, comme produisant des trous, les espéces suivantes : Cerco- 
spora cerasæ (sur Prunus demissa), C. circumscissa (sur P. serotina), 
C. prunicola (sur P. americana), Cylindrosporium Padi (sur diffé- 
rents hôtes), Septoria Cerasi [Cylindrosporium Padi] (sur P. domes- 
tica), S. cerasina (sur P. domestica), S. effusa (sur P. Mahaleb), S. 
Pruni (sur P. americana), S. Ravenelii (sur P. serotina); Phyllo- 
sticta circumscissa (sur P. demissa), Ph.prunicola (sur P. serotina et 
domestica), Ph. serotina (sur P.serotina). Au contraire, le Cercospora 
Persica (sur Prunus americana) et le Septoria effusa (sur Cerisier cul- 
tivé) n'avaient pas produit de perforations. 

Les trous qui se produisent dans la feuille doivent être considérés 
comme un mode particulier de défense contre l'envahissement de cer- 
tains Champignons. 


D'autres causes peuvent aussi, en dehors de tout parasitisme, pro- 
duire de semblables lésions. 

Certains correspondants de M. Duggar lui avant adressé des feuilles 
de Prunus trouées, en lui faisant remarquer que ces trous étaient ap- 
parus soudainement aprés une pulvérisation de bouillie bordelaise, il 
entreprit aussitót des expériences à ce sujet. Ses premiers essais lui 
montrèrent que diverses substances (formol à 1 ou 2 pour 100, acide 
picrique, sublimé) produisaient effectivement la criblure des feuilles. A 
la saison suivante, des expériences plus complètes furent faites avec des 
solutions cuivriques sur des feuilles de Péchers, de Pruniers indigènes 
et de Pruniers du Japon. Ces derniers se montrèrent particulièrement 
sensibles vis-à-vis des mixtures cuivriques. Les expériences compara- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 223: 


tives faites avec le sulfate de cuivre et la bouillie bordelaise lui mon- 
trèrent que cette dernière était moins destructive que le sulfate de 
cuivre seul. 

Les feuilles des Pruniers indigénes de la variété Jaune transpa- 
rente et celles de la variété acclimatée Empire étaient indemnes, alors. 
que celles des autres Pruniers indigènes étaient attaquées. 

Il parait donc évident que la perforation des feuilles est un mode par- 
ticulier de défense de la plante contre des parasites, ou contre des sub- 
stances caustiques. L'élimination de la partie atteinte se fait de la ma- 
nière suivante : la surface commence d'abord par pàlir, puis s'entoure 
d'une zone plus transparente qui la sépare du reste de la feuille. La 
chute de la plage ainsi délimitée peut se faire à ce moment, mais le 
plus souvent elle jaunit ou brunit avant de tomber. Il ne se fait pas de 
prolifération cellulaire anormale le long de la ligne de séparation. 

En résumé, les faits énoncés dans ce Mémoire doivent mettre en garde 
contre les applications intempestives de composés cuivriques; ils 
montrent qu'en pareil cas, il faut se garder de poser un diagnostic 
trop hâtif et d'attribuer toujours à des parasites végétaux les lésions 
de ce genre. F. Gu£GuEN. 


Peach-leaf Curl, and notes on the Shot-hole effect of 
Peaches and Plums (Cloque des feuilles de Pécher, et notes sur 
la « Criblure en grains de plomb » des Péchers et des Pruniers); 
par B.-M. Duggar (Cornell University Agricultural Experiment 
Station Ithaca, N.-Y. Botanical Division ; Bulletin n° 164, février 
1899). Une brochure petit in-8*, de 17 pages, avec 10 figures dans le 
texte, dont 9 photogrammes. 


Description, avec reproductions photographiques, des dégàts produits 
sur ces plantes par l'Exoascus deformans Fuck.; dans les cas graves, il 
se produit souvent de la gommose des rameaux, en méme temps que le 
ratatinement et la chute des feuilles atteintes. 

L'auteur a expérimenté contre cette maladie la bouillie bordelaise, le 
sulfure de potassium et l'eau céleste. Il conclut de ses essais que la 
bouillie cuivrique est le meilleur remède à opposer à la cloque, à con- 
dilion d'opérer de trés bonne heure ; un traitement tardif ne donne que 
peu de résultats. 

Le Mémoire se termine par une étude sur « la Criblure en grains de 
plomb », dont les conclusions, relativement au ròle des agents chi- 
miques sur cette perforation des feuilles, sont les mémes que celles de 
son précédent travail sur le méme sujet (The Shot-hole effect on the 
foliage of the genus Prunus). F. G. 


324 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Some edible and poisonous Fungi (Quelques Champignons 
comestibles et vénéneux); par le D! W.-G. Farlow (United States 
department of Agriculture, Division of vegetable physiology and 
pathology). Washington, 1898. Une brochure in-8*, de 18 pages avec 
10 planches, dont une coloriée. 


Dans cette publication, l'auteur donne des renseignements pratiques 
sur l'habitat et les caractéres d'un certain nombre d'espéces. Ses descrip- 
tions sont accompagnées de figures soigneusement exécutées, repré- 
sentant en grandeur naturelle le plus grand nombre des Champignons 
décrits. 

Les espèces passées en revue sont les suivantes : Amanita muscaria, 
phalloides, rubescens, cesarea; Lepiota procera; Cantharellus ciba- 
rius; Pleurotus ostreatus ; Marasmius oreades ; Psalliota campestris, 
arvensis; Lactarius deliciosus ; Coprinus comatus, micaceus, atra- 
mentarius; Boletus subluteus, edulis; Fistulina hepatica; Clavaria 
flava ; Hydnum imbricatum; Lycoperdon cyathiforme ; Bovista gi- 
gantea ; Scleroderma vulgare. 

. Presque tous ces Champignons étant aussi répandus en France qu'aux 
Etats-Unis, la lecture de cet opuscule intéressera les mycophages fran- 
çais aussi bien que les américains. F. GUÉGUEN. 


NOUVELLES 
(15 novembre 1899.) 


— On désiré échanger une collection de 1700 plantes récoltées à 
Sumatra et dans la presqu'île de Malacca, contenant une série nom- 
breuse d'Orchidées épiphytes. Il ne sera répondu qu'aux personnes qui 
offriront l'équivalent. S'adresser à M. Gandoyer, à Arnas (Rhóne). 


Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, 
ERN. MALINVAUD. 


15782. — Lib.-Impr. réunies, rue Saint-Benoît, 7, Paris, — MOTTERO7, directeur. 


BULL. $oc. BOT. DE FRANCE. "ot. XLVI (4600). PL. I 


W. NYLANDER (1822-1899) 


| Bull S Por ip Franee Tome XLVI (1509? PL I 


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123 Sprrogyra lolosana sp nov. 450 (osterruni ynacilenli 


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148. Closterium calosporu nm Mite 92/0. Pisphine lisim curtu 


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11.12. llcurottingpsts pseudo conati Lagerh 


SÉANCE DU 9 JUIN 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER, 


M. Lutz, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal 
de la séance du 12 mai, dont la rédaction est adoptée. 

M. le Président avait écrit à M. Édouard Prillieux pour le 
féliciter, au nom de la Société, de son élection récente à 
l’Académie des sciences dans la section de botanique. M. Éd. 
Prillieux a répondu à M. Zeiller en le remerciant et pour 
l'assurer que, « membre de la Société botanique de France 
depuis son origine, il a toujours conservé les mémes senti- 
ments de cordial dévouement pour elle et d'affectueuse 
confraternité pour ses collégues ». 

M. le Président a le regret d'informer la Société de la 
mort d'un de ses membres, M. le D" E.-Paul Le Sourd, direc- 
teur de la Gazette des hôpitaux, décédé à Paris, le 1* mai 
dernier, dans sa soixante-cinquième année. 

M. le Président annonce ensuite une présentation nouvelle. 

M. Drake del Castillo fait la communication suivante : 


LES VERNONIA DE MADAGASCAR, par M. E. DRAKE DEL CASTILLO. 


Le genre Vernonia est un des plus considérables de la famille 
des Composées; on en connait plus de cinq cents espéces, toutes 
propres aux régions tropicales ou subtropicales. Sur ce nombre, 
plus de la moitié habitent le Nouveau-Monde ; une centaine d'es- 
péces appartiennent au continent africain, une cinquantaine au 
continent asiatique, un petit nombre se trouvent en Océanie. Mada- 
gascar seul en compte plus de quatre-vingts, parmi lesquelles deux 
seulement lui sont communes avec le continent africain, une ar- 
borescente et une herbacée; cette derniére est répandue également 
en Asie et en Océanie. 

Les types malgaches sont des plus variés : on trouve parmi eux 
toutes les formes, depuis la plante arborescente jusqu'à la plante 
herbacée de hauteur médiocre; la constitution de l'aigrette, celle 
de l’involucre, le nombre des fleurs qu'il renferme, la disposition 
des capitules sur les inflorescences varient tellement, qu'il est 


T. XLVI. (SÉANCES) 15 


226 ' SÉANCE DU 9 Juin 1899. 


impossible d'établir, sur ces caractères, des sections définies d'une 
manière très nette. J'essayerai néanmoins de définir ici quelques- 
uns des types les plus caractéristiques et de grouper autour d'eux 
les différentes autres espèces malgaches. 

Je commencerai par les formes qui semblent les plus particu- 
liéres à Madagascar. 

Dans une Note insérée ailleurs (Bull. du Mus., 1899, p. 100), 
j'ai donné les motifs qui me faisaient maintenir la distinction entre 
legenre malgache Centauropsis et les Vernonia. Le premier, établi 
par De Candolle sur deux plantes de Bojer, se distingue du second, 
suivant l'auteur du Prodromus, par les caracléres suivants : un 
réceptacle garni de paillettes caduques; un achaine couronné d'une 
sorte de cupule (calyculus), des bords de laquelle naissent des 
soies unisériées. Le premier caractère seul sépare les deux genres 
d'une facon absolue; on trouve, au contraire, parmi les Verno- 
nia, des achaines dont la forme est intermédiaire entre celle des 
autres espèces et celle des Cenlauropsis. D'autre part, on ren- 
contre chez les Vernonia Vinvolucre oblong, à bractées épaisses 
et fortement imbriquées, que l'on observe chez les Centauropsis, 
et cela notamment dans une espéce qui constituera à elle seule une 
section particulière que je nommerai Lepidostephanus. J'ai décrit 
(l. c.) cette espèce sous le nom de V. sublanata; l'achaine de cette 
plante est surmonté d'une aigrette dont le rang extérieur est formé 
de courtes écailles laciniées et plus ou moins unies à la base. Ce 
sera la premiére section des Vernonia malgaches. 

La seconde section sera entièrement formée par une série de 
plantes particuliéres à Madagascar et aux iles Mascareignes. Le 
Lype de cette série est une espéce de l'ile Maurice, nommée d'abord 
par Lamarck Conyza populifolia, puis Vernonia populifolia par 
Sprengel; enfin Cassini en avait fait un genre particulier qu'il 
avait appelé Distephanus. De Candolle lui avait adjoint deux 
espèces de Madagascar : le D. capitatus et le D. trinervis. Ce 
groupe, qui n'est plus considéré comme un genre, compte aujour- 
d'hui, outre l'espèce de l'ile Maurice, quinze espèces malgaches, 
et se distingue moins, comme son nom semblerait l'indiquer, par 
l'aigretle de son achaine à deux rangs de soies plus ou moins iné- 
gales, que par ses capitules munis d'un involucre nombreux à 
bractées, et groupés en corymbes raccourcis et oligocéphales. 

La troisième série sera celle des Gymnanthemum dont De Can- 


DRAKE DEL CASTILLO. — LES VERNONIA DE MADAGASCAR. 227 


dolle avait fait une section d'un genre auquel il avait laissé le nom, 
moins ancien cependant, de Decaneurum. Le type des espèces de 
ce groupe est le V. colorata (Eupatorium coloratum Willd.), 
arbre répandu sur le continent africain. Dans cette espéce, les 
bractées qui composent l'involucre sont multisériées, persistantes, 
et quelquefois étalées aprés la chute des fleurs; les capitules sont 
en panicules corymbiformes polycéphales. A côté de cette espèce 
s'en placent une dizaine d'autres, toutes particulières à Madagascar. 

La série la plus nombreuse est celle des Strobocaly.r, puisqu'elle 
compte plus de quarante espéces, toutes spéciales à Madagascar. 
Dans ce groupe, les involucres sont souvent oblongs; les bractées 
sont paucisériées, et les intérieures le plus souvent caduques; les 
fleurs sont généralement peu nombreuses. Ce sont des plantes 
frutescentes. 

Les autres espèces de ces deux séries sont africaines ou asia- 
tiques. 

La série des Xypholepis comprend un petit nombre d'espèces 
suffrutescentes qui ne se distinguent guère des Strobocalyz que 
par les bractées de l'involucre, qui sont terminées en une pointe 
plus ou moins longue. 

Les autres espéces malgaches sont herbacées. Elles rentreront 
toutes dans la section Tephrodes de De Candolle, en y ajoutant 
celles qu'il avait placées dans la section Lepidaploa et dans les 
genres Cyanopis et Bechium. 


Synopsis DES VERNONIA DE MADAGASCAR. 


Section T. LEPIDOSTEPHANUS. — Aigrette de l'achaine à deux rangs ; 
l'extérieur formé d’écailles laciniées, plus ou moins unies à la base; 
l'intérieur formé de soies peu nombreuses. Involucres oblongs à bractées 
fortement imbriquées. Corymbes oligocéphales. — Plante suffrutes- 
cente. 


1. V. sublanata Drake, in Bulletin du Mus. (1899), 108. 


Ambato-mena-loha (Grandidier !). 


Section II. DrsrEPHANUS. — Aigrette de l’achaine à deux rangs de 
soies : les extérieures plus courtes. Involucres campanulés, ovoides 
ou oblongs, à bractées nombreuses, étroitement imbriquées. Capitules 
réunis en corymbes raccourcis, oligocéphales. — Plantes suffrutes- 


298 SÉANCE DU 9 JUIN 1899. 


centes, dressées ou couchées, scabres, hispides, laineuses ou glutineuses, 
feuilles petites ou de moyennes dimensions, rarement grandes. 


2, Vernonia parvifolia Klatt, in Linnæa, XXXVIII, 5; Queig. Comp. 
des colon. fr., in Ann. sc. nat. Bot., série 5, XVIII, 362. 


V. arbutifolia Baker, in Journ. Bot. (1882), 149. 
Plante dressée ; feuilles petites. 
Sans indication de localité (Bojer; Lyall; Meller). 


3. V. polygalzefolia Less., De Synanth. diss., in Linnæa (1831), 628; 
DC. Prodr. V, 17. 


V. procumbens Bojer, mss. 
Plante couchée ; feuilles petites, vertes en dessous. 
Province d'Imerina: montagnes (Bojer /). 


4. V. sublutea Scott Elliot, New or little known Madag. pl., in 
Journ. Linn. Soc. Bot. XXIX, 27. 


Plante couchée ; feuilles petites, blanches en dessous. 
Fort Dauphin (Scott Elliot’). 


9. V. capitata. 


Distephanus capitatus Bojer, in litt., ex DC., Prodr V, 14. 
: Plante dressée; feuilles de moyennes dimensions, oblongues-lan- 
céolées. 

Tananarive (Bojer /) ; Tritiva (Catat ^). 


6. V. trinervis. 


Distephanus trinervis Bojer, in litt., ex DC. Prodr. V, 14. 

Plante dressée; feuilles de moyennes dimensions, elliptiques, cen- 
drées en dessous; capitules pauciflores. 

Sans indication de localité (Bojer !); Tritiva (Catat ’). 


7. V. trichantha Baker, Contributions to the flora of Madagascar, 
in Journal of the Linnean Society, Botany, XXI, 416. 
Plante dressée; feuilles de moyennes dimensions, oblongues ou obo- 
vales, cendrées en dessous ; capitules multiflores. 
Région centrale (Baron 607). 
Je n'ai pas vu cette espèce. 


8. V. Bakeri Vatke, Reliq. Rutenberg., in Abhandl. Brem., VI, 119. 


V. inulæfolia Baker, l. c., XX, 180 (non Steud.). 

Plante dressée; feuilles de moyennes dimensions, oblongues ou obc- 
vales, hispidules en dessous. 

Région centrale (Baron 2119!). 


DRAKE DEL CASTILLO. — LES VERNONIA DE MADAGASCAR. 229 


9. V. Vilersii sp. nov. 
Plante dressée; feuilles de moyennes dimensions, oblongues, scabres 


sur les deux faces. 
Sans indication de localité (Le Myre de Vilers !). 


Arbuste pubescent ou scabre dans toutes ses parties. Feuilles 
oblongues (2 cent. sur 1), atténuées à la base, à peine aigués, tri- 
nerviées, réticulées, vertes sur les deux faces. Capitules solitaires, 
axillaires vers le sommet des rameaux; pédoncules à peu prés 
égaux aux feuilles. Involucre campanulé (large de 15 mill.); brac- 
tées linéaires-oblongues, acuminées, bi-sériées. Divisions de la 
corolle ovales. Achaines pubescents; soies de l'aigrette nombreuses. 


10. v. Perrieri sp. nov. 
Plante dressée; feuilles de moyennes dimensions, oblongues, à peine 


laineuses en dessous. 
Rives du Betsiboka (Perrier de la Bathie 669). 


Arbuste (haut de 40 cent. à 2 m.), à rameaux couverts d'une 
faible pubérulence cendrée. Feuilles obovales (4-5 cent. sur 2-3), 
arrondies au sommet, aigués, glabres en dessus, faiblement lai- 
neuses en dessous dans leur jeunesse, à nervation un peu sail- 
lante, lâchement réticulées. Capitules presque sessiles, géminés 
ou ternés au sommet de courtes ramules. Involucre campanulé 
(9 mill.; bractées oblongues-acuminées, laineuses en dessus. 
Achaines (2 mill.) à quatre cótes finement ciliées; aigrette un peu 
plus longue que l'achaine; soies extérieures trés courtes. 


11. V. lepidophylla. 
V. scariosa Baker, Contrib. Fl. Madag., in Journ. Bot. (1882), 169 


(non Arn.). 
Plante dressée; feuilles de moyennes dimensions, oblongues ou obo- 


vales, glabres en dessous. 
Région centrale (Bojer! Baron! Parker). 


12. v. glutinosa DC., Prodr., V, 18. 

V. pauciflora Bojer (non Less.). 

Plante dressée, glutineuse; feuilles de moyennes dimensions, obo- 
vales. 

Sans désignation de localité (Bojer). 

Je n'ai pas vu cette plante. 


230 SÉANCE DU 9 JUIN 1899. 


13. Vernonia ochroleuca Baker, l. c., XX, 179. 


Plante dressée; feuilles de moyennes dimensions, ovales, blanchâtres 
en dessous. 
Région centrale (Baron 1831). 


Je n'ai pas vu cette plante. 


14. V. eriophylla Sp. nov. 


Plante dressée; feuilles arrondies, blanchâtres en dessous. 
Sans désignation de localité (Grandidier /). 


Arbuste laineux dans toutes ses parties; feuilles ovales, arron- 
dies (4 cent. sur 3), légèrement cordées à la base, très brièvement 
pétiolées, glabrescentes en dessus, blanchátres en dessous, réti- 
culées, à deux nervures ascendantes prés de la base de la nervure 
médiane. Capitules briévement pédicellés (larges de 2 cent.). 


15. V. Antanossi Scott Elliot, New or little known Madag., in Journ. 
Linn. Soc. Bot. XXIX, 27. 


Feuilles grandes, oblancéolées, tomenteuses-blanchàtres en dessous; 
capitules gros, ternés. 

Fort-Dauphin (Scott Elliot 2660). 

Je n'ai pas vu cette plante. 


16. V. piptocarphoides Baker, l. c., 171. 


Feuilles assez grandes, tomenteuses-blanchátres en dessous, oblongues 
obtuses, capitules de grandeur moyenne, en grappes axillaires raccour- 
cies, oligocéphales. 

Région centrale (Baron /). 


Section III. GYMNANTHEMUM. — Aigrette de l'achaine à deux rangs de 
soies; les extérieures plus courtes. Involucres généralement campa- 
nulés, à bractées nombreuses, persistantes, obtuses ou faiblement aigués; 
fleurs nombreuses. Inflorescences le plus souvent en grappes ou pani- 
cules corymbiformes, polycéphales, plus rarement allongées-spiciformes, 
trés rarement raccourcies, oligocéphales. — Plantes suffrutescentes ou 
arborescentes, quelquefois grimpantes; feuilles généralement grandes 
ou de moyennes dimensions, rarement petites. 


17. V. colorata. 


Eupatorium coloratum Willd., Sp., III, 1748; Baccharis senega- 
lensis Pers., Syn., II, 424; V. senegalensis Less., in Linnæa (1829), 
265; Decaneurum senegalense DC., Prodr. V. 68; D. grande DC., I. 
c., 67. 


DRAKE DEL CASTILLO. — LES VERNONIA DE MADAGASCAR. 931 


Arbrisseau dressé, à rameaux légèrement pubescents ; feuilles grandes; 
capitules de grandeur moyenne, en panicules corymbiformes. 

Golfe de Bombatok (Bojer!); Nosy-bé (Pervillé ! Boivin 2039! Hil- 
debrandt 2899!); région centrale (Baron 2309 !). 

Répandu dans l'Afrique tropicale. 


18. V. mecistophylla Baker, l. c. XXV, 822, 

Arbre à rameaux légérement pubescents : feuilles grandes ; capitules 
gros, en panicules corymbiformes oligocéphales. 

Région Nord-ouest (Baron 5829). 

Je n'ai pas vu cette plante. 


19. v. brachyscypha Baker, l. c. XX, 118. 
Plante dressée, couverte d'une forte pubescence brune, veloutée ; 
feuilles largement obovales; capitules de grandeur moyenne, en pani- 


cules corymbiformes. 
Région centrale (Baron 1694!); forêt d'Andrangaloaka (Hildebrandt 


3635 !). 


20. v. fusco-pilosa Baker, l. c.; Klatt, Compos. Hildebr. in Madag. 
centr. coll., in Engl. Jahrb., X11, Beibl., 21. 
Diffère de la précédente par sa pubescence rousse, laineuse, et par 


ses feuilles oblancéolées. 
Région centrale (Parker; Baron 1232! 43317 !). 


21. v. pachyclada Baker, l. c. 

Plante dressée, couverte d'une forte pubescence brune; feuilles 
grandes, oblongues; capitules de grandeur moyenne, en panicules co- 
rymbiformes. 

Région centrale (Baron). 

Je n'ai pas vu cette plante. 


22. v. pectoralis Baker, in Journ. Bot. (1882), 139. 


Plante dressée; feuilles oblongues, étroites; capitules de grandeur 
moyenne, en panicules corymbiformes. . 
Région centrale (Parker: Baron 616! 3293!); Tananarive (Hilde- 
brandt 4039!); Ihorombra (Catat 4346!); région orientale (Campe- 
non !). 
23. V. leucolepis Baker, in Journal of the Linn. Soc. Bot., XXV, 322. 
V. flaviflora Boiv., mss. | 
Plante dressée ; feuilles de dimensions moyennes, ovales-aiguës; capi- 


tules largement campanulés, en panicules corymbiformes. B 
Région Nord-ouest (Baron 5838!); Nosy-bé (Richard 1101 Boirin 


232 SÉANCE DU 9 juin 1899. 


2038! Hildebrandt 3140!); Vohémar (Boivin 2391 1); Ambongo (Per- 
villé 242!). 
94. Vernonia madagascariensis Less., in Linnea (1831), 644; DC., 
Prodr. V, 33 (nec Klatt, in Ann. sc. nat. Bot., sér. 5, XVIII, 362). 
Plante grimpante; feuilles de dimensions moyennes, ovales-acumi- 
nées ; panicules corymbiformes terminales. 
Tananarive (Bojer). 
Je wai pas vu cette plante. 


25. V. tanalensis Baker, in Journ. Linn. Soc. Bot. XVIII, 271. 
Plante dressée; feuilles oblongues-aiguës; capitules hémisphériques, 
en panicules corymbiformes serrées, terminales. 


Tanala (Kitching). 
Je wai pas vu cette plante. 


26. V. nummularifolia. 
Decaneurum nummularifolium Klatt, l. c. 


Plante dressée; feuilles petites, arrondies; capitules de grandeur 
moyenne, en panicules corymbiformes. 
Nosy-bé, Vohémar (Richard, 55! 731). 


27. V. Lastellii sp. nov. 


Plante dressée; feuilles de moyennes dimensions, ovales; capitules 
de grandeur moyenne ; panicules à branches spiciformes. 
Sans indication de localité (Lastelle!). 


Arbuste à rameaux couverts d'une légére pubescence brune ou 
fauve. Feuilles ovales (6 cent. sur 4), arrondies vers le haut, mais 
brièvement et brusquement acuminées au sommet, trinerviées à la 
base, glabres sur les deux faces, sauf sur l'inférieure dans leur 
jeunesse. Panicule terminale (10-15 cent.), à branches spiciformes 
(3-5 cent.) ; capitules presque sessiles, ovoides (4-5 mill.); brac- 
tées de l'involucre nombreuses, oblongues-aigués, légérement 
pubescentes. Fleurs petites, assez nombreuses; divisions de la 
corolle étroites. Aigrette jaune à soies peu nombreuses, les exté- 
rieures courtes el rares. 


28. V. spiciformis Klatt, Compos. Hildebr.et Humblot., in Ann. K. K. 
Hofm. VII (1892), 296. 


Arbuste grimpant; panicules spiciformes. 
Région Nord-est (Humblot 4071!) ; sans désignation de localité (Cha- 
pelier! Dupetit-Thouars ! Pervillé !). 


DRAKE DEL CASTILLO. — LES VERNONIA DE MADAGASCAR. 233 


La plante rapportée par ces trois derniers collecteurs diffère de 
celle de Humblot par une pubescence plus accentuée; néanmoins 
elle ne parait pas devoir en étre séparée. 


29. V. cephalophora Oliv., in Hook. Icon., t. 2239. 


Plante dressée; capitules gros, en inflorescence raccourcie. 
Région septentrionale (Baron 6264). 


Section IV. SrRoBocaLYx. — Aigrette de l'involucre à deux rangs de 
soies, les extérieures plus courtes. Involucres ovoides ou plus générale- 
ment oblongs, à bractées ordinairement peu nombreuses, les intérieures 
caduques; fleurs peu nombreuses. Inflorescences variées : en panicules 
corymbiformes ou oblongues, ou bien à branches divariquées, plus ra- 
rement en grappes oligocéphales. — Plantes suffrutescentes, dressées 
ou sarmenteuses ; feuilles de dimensions variables. 


30. V. speiracephala Baker, l. c., 323. 

Plante sarmenteuse ; feuilles glabres en dessus, pubérulentes en des- 
Sous; capitules réunis au sommet des branches d'une panicule corym- 
biforme. 

Région Nord-ouest; Androna oriental (Baron). 

Je n'ai pas vu cette plante. 


31 v. Lantziana Sp. nov. 

Plante dressée ; feuilles glabres sur les deux faces, vertes en dessous, 
assez grandes, oblongues-aigués; panicule ample, subpyramidale. 

Sans indication de localité (Lantz!). 


Rameaux finement pubérulents, ainsi que les inflorescences. 
Feuilles (10-12 cent. sur 4-5) alténuées à la base, brièvement 
acuminées. Capitules ovoides-oblongs, pédicelles gréles. Fleurs 
roses. Achaines à côtes saillantes; aigrette blanche. 


32. V. quadriflora Baker, l. c. XX, 173 ; Klatt, in Engl. Jahrb. XII, 
Beibl., 21. 
Plante dressée ; feuilles glabres sur les deux faces, vertes en dessous, 
obovales-oblongues, de moyennes dimensions; panicule corymbiforme. 
Région centrale (Baron 1670!); forét d'Andrangaloaka (Hildebrandt 
3617 !). 


33. V. delapsa Baker, l. c., 172. 
Plante dressée; fenilles glabres sur les deux faces, vertes en dessous, 
oblongues-aiguës, de moyennes dimensions; panicule corymbiforme. 
Région centrale (Baron). 
Je wai pas vu cette plante. 


234 SÉANCE DU D JUIN 1899. 


34. Vernonia exserta Baker, l. C., XXIT, 488. 


Diffère des deux précédentes par ses feuilles oblancéolées. 
Région centrale (Baron 4364). 


35. V. secundifolia Bojer, ex DC., Prodr., V, 22. 


Plante faiblement dressée; feuilles glabres sur les deux faces, ellip- 
tiques, denticulées, de moyennes dimensions; corymbes à peine plus 
longs que les feuilles. 

Imerina (Bojer). 

Je n'ai pas vu cette plante. 


36. V. rivularis Klatt, in Engler's Jahrb. XH, Beibl., 21. 


Semble différer de la précédente par ses feuilles pubérulentes en 
dessous, et par ses corymbes plus fournis, dépassant beaucoup les 
feuilles. 

Région centrale (Baron 3468!); Imerina oriental (Baron 5144!); 
forêt d'Andrangaloaka (Hildebrandt 3620). 


37. V. trichodesma Baker, l. c. XXV, 325. 


Plante dressée; feuilles glabres en dessus, vertes et pubescentes en 
dessous, oblancéolées, de moyennes dimensions; panicule corymbi- 
forme. 

Antsianaka septentrional (Baron 5486!); Fort-Dauphin (Scott Elliot. 
30241). 

38. v. Chapelieri Sp. nov. 

V. madagascariensis Klatt, in Aun. sc. nat., sér. 5, XVIII, 362 
(non Less.). 

Plante sarmenteuse ; feuilles glabres en dessus, vertes et pubescentes 
en dessous dans leur jeunesse, puis glabrescentes, de dimensions 
moyennes, panicule corymbiforme. 


Côte Est (Chapelier!); Sainte-Marie (Boivin); sans indication de 
localité (Bréon !). 


Arbuste à rameaux d’abord couverts d’une légère pubescence 
brune, puis devenant presque glabres. Feuilles obovales-oblon- 
gues, aiguës, atténuées en un pétiole assez court, entières ou légére- 
ment sinuées-denticulées. Panicule terminale corymbiforme (8- 
10 cent.), à ramifications secondaires courtes. Capitules briéve- 
ment pédicellés, oblongs (3-4 mill.), atténués à la base, obtus au 
sommet, à deux ou trois fleurs; bractées peu nombreuses, Ca- 
duques, oblongues, atténuées à la base, ciliées, écailleuses, mU- 


DRAKE DEL CASTILLO. — LES VERNONIA DE MADAGASCAR. 235 


nies d'une callosité au sommet. Fleurs petites; divisions de la 
corolle oblongues-aigués. Achaines cunéiformes, comprimés, ren- 
llés au sommet, à cótes à peine visibles, parsemées de petites 
clandes; aigrette Jaune. 


39. V. Humbloti Sp. nov. 


Plante dressée; feuilles glabres en dessus, vertes et pubescentes en 
dessous, obovales-oblongues, acuminées, de dimensions moyennes; pa- 


nicule corymbiforme. 
Région Nord-est (Humblot 452 !). 


Arbuste couvert sur les rameaux, les inflorescences, et les ner- 
vures des feuilles à la face inférieure, d’une pubescence brune 
légèrement veloutée. Feuilles obovales-oblongues, acuminées 
(8 cent. sur 3). Capitules brièvement pédicellés, à quatre ou cinq 
fleurs; bractées peu nombreuses, caduques, oblongues, obtuses, 
un peu écailleuses. Achaines (3 mill.) oblongs, pubérulents, à dix 
côtes, aigrette à peu prés de même longueur, d'un rouge clair. 


40. v. grisea Baker, l. c. XXII, 488. 


Arbre à feuilles glabres en dessus, vertes et pubescentes en dessous, 
oblongues, dentées, de dimensions moyennes; pubescence grise; invo- 
lucre campanulé, panicule corymbiforme. 

Région centrale (Baron 3437). 

Je n'ai pas vu cette plante. 


41. v. Hildebrandt Baker, l. c. XXV, 324. 
V. rubicunda Klatt, in Engler's Jahrb. XII, Beibl., 22. 
Arbuste ; diffère de l'espèce précédente par sa pubescence rougeàtre 


et par ses feuilles entières. 
Imerina oriental (Hildebrandt, 3636! Baron, 5164!). 


42. V. albo-viridis Baker, l. c., 325. 


Plante dressée; feuilles glabres en dessus, pubescentes-blanchátres 
en dessous, oblongues-obtuses, briévement pétiolées; capitules en co- 
rymbes à dix ou quinze fleurs. 

Région Nord-ouest, province d'Androna (Baron 5595, 5609); sans 
indication de localité (Bojer?). 


43. V. rhodopappa Baker, l. c. XXII, 487; Klatt, l. c., 21. 


Plante dressée; feuilles glabres en dessus, pubescentes-blanchátres 


236 SÉANCE DU 9 jviN 1899. 


en dessous, oblongues-aigués, à peine rétrécies à la base; capitules en 

corymbes, à dix ou quinze fleurs; aigrette rousse. 
Région centrale (Baron 3608 ; Hildebrandt 3624 !). 

44. Vernonia Garnieriana Klatt, in Ann. sc. nat., sér. 5, XVIII, 362. 
V. Lyalli Baker, L. c. XX, 174. | 
Plante dressée ; feuilles glabres en dessus, pubescentes-blanchàtres en 

dessous, obovales-oblongues ; capitules en corymbes; aigrelte d'un jaune 

pàle. | 
Région centrale (Garnier 35, 36); forêt d'Andrangaloaka (Hilde- 

brandt 3623! 3624!) ; Imerina (Lyall 14; Baron 1311!). 

45. V. terniflora Less., in Linnæa (1829), 633; DC., Prodr. V, 23. 
Plante dressée; feuilles glabres en dessus, pubescentes-blanchâtres 

en dessous, lancéolées; capitules en corymbes; involucres oblongs, 


triflores. 
Madagascar (collect. incert.)! 


46. V. moquinioides Baker, l. c., XX, 177. 


Plante dressée ; feuilles glabres en dessus, pubescentes-blanchâtres 
en dessous, lancéolées ; capitules en corymbes, à dix ou douze fleurs; 
aigrette jaunâtre. 


Région centrale (Meller; Baron 5140!); sans indication de localité 
(Bojer f). 
4T. V. hispidula sp. nov. - 

Plante dressée; feuilles glabres en dessus, hispides en dessous; pa- 
nicule corymbiforme. 

Région Nord-est (Humblot 4881). 


Arbuste couvert sur les rameaux, les inflorescences et la face 
inférieure des feuilles, de poils hérissés, d'un brun fauve. Feuilles 
obovales-oblongues (15 cent. sur 6), acuminées, atténuées à la 
base, presque sessiles, lâchement dentées. Panicule terminale, 
rameuse. Capitules longuement pédicellés; bractées peu nom- 
breuses, caduques, oblongues-aigués (2-3 mill.), écailleuses, pu- 
bescentes. Achaines linéaires glabres, à côtes saillantes; aigrette 
d'un jaune pále. 


48. v. platylepis Sp. nov. 


Decaneuron platylepis Boivin mss. 


Plante dressée; feuilles scabres en dessus, pubescentes en dessous, 
largement ovales-lancéolées ; panicule corymbiforme. 


DRAKE DEL CASTILLO. — LES VERNONIA DE MADAGASCAR. 237 


Diego-Suarés, baie de Rigny (Boivin 2295! 23921); Lingvato (Ber- 
nier 2° envoi, 1231). 


Arbuste couvert au sommet des rameaux et sur les inflores- 
cences, d’une légère pubérulence cendrée. Feuilles (14-15 cent. 
sur 6) atténuées en pétiole (long de 2 cent.), 'penninerviées. Pa- 
nicule terminale, amplè, rameuse. Capitules très nombreux; pédi- 
celles modérément longs. Involucre ovoide (4 mill.); bractées 
peu nombreuses, écailleuses, munies d'une callosité au-dessous du 
sommet; les intérieures oblongues, plus grandes, caduques; les 
extérieures ovales, diminuant brusquement de longueur, et s'éten- 
dant légèrement sur le pédicelle. Fleurs au nombre de dix envi- 
ron. Corolle d'un blanc cendré. Achaines pubérulents dans leur 
jeunesse, puis devenant presque glabres, linéaires, à cótes peu 
visibles; aigrette blanche, un peu plus longue que l'achaine. 


49. W. dissoluta Baker, |. c., XX (1882), 174. 


V. capreæfolia Baker, l. c., XXII (1885), 487. 
Plante dressée; feuilles scabres en dessus, pubescentes en dessous, 
ovales-aiguës, à bords entiers ou denticulés; panicule corymbiforme. 


Région centrale (Baron 1693! 3577 !). 


90. V. aphanantha Baker, l. c., 176. 
Plante dressée; feuilles scabres en dessus, pubescentes en dessous, 


oblongues-lancéolées ; panicule corymbiforme. 
Entre Tankay et la côte Est (Baron, 1552'). 


öl. V. sparsiflora Baker, l. c., 172. 
Diffère de la précédente par ses feuilles oblongues cuspidées. 
Région centrale (Baron). 


02. V. Baroni Baker, l. c., 173. 
Diffère des précédentes par ses feuilles oblongues, à peine aiguës, 
dentées en scie. 
Région centrale (Baron). 
Je n'ai vu ni cette espèce, ni la précédente. 
53. V. Faradifani Scott Elliot, in Journ. Linn. Soc. Bot. XXIX, 27. 
Plante dressée; feuilles couvertes, sur les deux faces, d'une pubes- 
cence grise; panicule corymbiforme. 
Fort-Dauphin (Scott Elliot !). 


91. V. leucophylla Baker, l. c., 113. 


238 SÉANCE DU 9 jviN 1899. 


Plante dressée; feuilles couvertes d'une pubescence laineuse, blan- 
chàtre. 
Région centrale (Baron 2104!). 


55. Vernonia polytricholepis Baker, /. c. XXI, 415. 


Plante dressée, couverte d'un tomentum brun ou fauve; panieule 
oblongue. 
Région centrale (Baron 2337! 2530). 


56. V. apoeynifolia Baker, l. c. XX, 175. 

Plante grimpante; rameaux blanchàtres; feuilles glabres, ovales- 
aigués; panicule à rameaux spiciformes. 

Région centrale (Baron 1698). 

Je n'ai pas vu cette plante. 


9i. V. asclepiadea Sp. nov. 


Plante grimpante; rameaux verts; feuilles glabres, ovales-aiguës ; 
panicule làche, oblongue. i 
Région centrale (Hildebrandt 3626 !). 


Arbuste grimpant, presque entièrement glabre. Feuilles (8 cent. 
sur 4) pétiolées, penninerviées. Panicules axillaires et terminales, 
lâchement rameuses (longues de 10-20 cent.), un peu flexueuses; 
premières branches nombreuses, espacées (longues de 3-4 cent.), 
polycéphales. Capitules pédicellés, à dix ou quinze fleurs. Invo- 
lucre campanulé; bractées peu nombreuses, linéaires, caduques. 
Aigrette blanche, à soies assez nombreuses. 


58. V. Bernieri Sp. nov. 

Plante grimpante; feuilles glabres, obovales, penninerviées ; panicule 
oblongue. 

Sainte-Marie (Bernier! Boivin !). 


Arbuste grimpant ; rameaux pubérulents ainsi que les inflores- 
cences. Feuilles obovales ou obovales-oblongues (5-6 cent. sur 
1-2), obtuses ou trés briévement apiculées au sommet, atténuées 
à la base, pétiolées, devenant complétement glabres, brunes aprés 
la dessiccation. Panicule terminale, ample, plus ou moins pyra- 
midale (10 cent. sur 6), à rameaux polycéphales. Capitules oblongs 
(2-3 mill.), quadriflores. Bractées peu nombreuses, caduques, 
ovales-aigués, pubescentes. Corolle dépassant à peine l'aigrette. 
Achaines petits (1 mill.), oblongs, atténués à la base, glabres, à 


DRAKE DEL CASTILLO. — LES VERNONIA DE MADAGASCAR. 239 


huit ou dix côtes. Aigrette plus longue que l'achaine, à soies peu 
nombreuses, unisériées, d'un roux fauve. 


99. Y. Gondotii sp. nov. 

Plante grimpante; feuilles presque glabres, obovales, trinerviées ; 
panicule oblongue. 

Sans désignation de localité (Goudot! Chapelier !). 


Arbuste grimpant, couvert d'une légère pubescence fauve sur 
les rameaux et sur les inflorescences. Feuilles obovales-o blongues 
(6 cent. sur 2-4), brièvement acuminées, brusquement rétrécies 
à la base en un pétiole trés court (8-10 mill.), munies de deux 
nervures ascendantes prés de la base de la nervure médiane, par- 
semées, sur les deux faces, de poils trés courts, brunes aprés la 
dessiccation. Panicule longue (10-15 cent.), à rameaux courts, 
espacés. Capitules nombreux, rassemblés le long des rameaux et 
vers le sommet de la panicule, presque sessiles. Involucre cam- 
panulé (large de 6 mill.); bractées oblongues, disposées sur deux 
ou trois rangs, caduques. Corolle dépassant peu l'aigrette. Achaines 
petits; aigrelte à soies peu nombreuses, d'un roux fauve. 


60. v. glandulosa DC., Prodr., V, 23. 
Plante grimpante; feuilles de moyennes dimensions, obovales-oblon- 
gues; grappes courtes, oligocéphales, axillaires; bractées verdàtres. 
Foréts de Béforon (Bojer f). 


61. V. stenoclinoides Baker, l. c. XXII, 486. 

Plante à rameaux gréles; feuilles petites, obovales-obtuses, blan- 
chàtres en dessous; grappes oligocéphales, formant une panicule oblon- 
gue; bractées scarieuses. 

Région centrale (Baron 3137 !). 

62. V. Bailloni Scott Elliot, in Journ. Linn. Soc., XXIX, 26. 

Plante dressée ; feuilles de moyennes dimensions, glabres, oblongues- 
lancéolées; panicule à branches plus ou moins divariquées. 

Cóte Est (Scott Elliot /). 


63. V. voluta Baker, l. c., XXI, 415. 
Plante grimpante; feuilles de moyennes dimensions, ovales-acumi- 
nées, glabres en dessus, quelquefois pubescentes en dessous; panicule à 


branches plus ou moins divariquées. 
Région centrale (Baron 2315!) ; région Nord-est (Humblot 8). 


240 SÉANCE DU 9 juiN 1899. 


La plante d'Humblot différe du type par ses feuilles plus 
atténuées à la base, et pubescentes en dessous; ces caractères ne 
semblent pas suffisants pour faire de cette plante une espéce dis- 
tincte. 


64. Vernonia streptoelada Baker, l. c., XXI, 416. 


Plante grimpante; feuilles pubescentes sur les deux faces, ovales; 
panicule à branches plus ou moins divariquées; capitules sessiles. 
Région centrale (Parker; Baron 3041 ! 3096 !). 


65. V. GSrandidieri Sp. nov. 
Plante grimpante; feuilles pubescentes sur les deux faces, obovales- 
obtuses; panicule à branches plus ou moins divariquées; capitules pédi- 


cellés. 
Région occidentale (Grandidier ^. 


Plante couverte, sur toutes ses parties, d'une légére pubescence 
veloutée, d'un blanc verdâtre. Feuilles arrondies au sommet, ré- 
trécies à la base. Panicules axillaires, ovales dans leur contour, à 
divisions courtes, divariquées. Capitules à vingt fleurs environ; 
bractées oblongues, un peu scarieuses, d’un jaune paille, pubes- 
centes au sommet. Corolle dépassant peu l'aigrette, qui est deux 
ou trois fois plus longue que l'achaine. 


66. V. rampans Baker, l. c. XXV, 323. 


Plante grimpante; feuilles pubescentes sur les deux faces, ovales, tri- 
plinerviées; panicule à branches plus ou moins divariquées; capitules 
pédicellés. 

Région Nord-ouest (Baron 5520). 


61. v. malacophyta Baker, l. c. 


Plante grimpante; feuilles pubescentes sur les deux faces, ovales-cor- 
dées; panicule à branches divariquées; capitules pédicellés. 

Région Nord-ouest : Antsianaka (Baron 5532). 

Je n'ai vu ni celte espéce, ni la précédente. 


68. V. Grevei Sp. nov. 


Plante grimpante; feuilles pubescentes sur les deux faces, oblongues - 
aiguës; panicule à branches divariquées; capitules pédicellés. 
Région Ouest (Grevé /). 


Arbuste couvert sur presque toutes ses parties, principalement 
sur la face inférieure des feuilles, d'un léger tomentum gris ver- 


DRAKE DEL CASTILLO. — LES VERNONIA DE MADAGASCAR. 244 


dâtre. Feuilles (4 cent. sur 1) atténuées au sommet, rétrécies à la 
base. Panicule ample, lâche (8-10 cent. sur 5-7), à divisions 
gréles; capitules brièvement (2-3 mill.) pédicellés, à six ou huit 
lleurs; involucre (large de 3-4 mill.) à bractées étalées, oblongues- 
aiguës, un peu scarieuses sur les bords, verdâtres au milieu. 
Corolle un peu plus courte que l'aigrette. Achaines linéaires- 
oblongs, d'abord pubérulents, puis presque glabres, marqués de 
cótes peu visibles, trois fois plus courts que l'aigrette, dont les 
soles sont peu nombreuses, unisériées. 


69. v. Merana Daker, in Journ. Bot. (1882), 170. 

V. coriifolia Baker, in Journ. Linn. Soc., XXV, 325. 

Arbre élevé; feuilles oblancéolées, entières, tomenteuses-blanchâtres 
en dessous; inflorescences axillaires à branches spiciformes, polycé- 
phales. 

Betsileo (Baron 225!); région Nord-ouest (Baron 5827!); région 
de Suberbiéville (Perrier de la Bathie 122). 


Le V. coriifolia Baker est une forme du V. Merana Bak., qui ne 
differe du type que par ses feuilles un peu plus grandes et par 
ses inflorescences moins rameuses et plus courtes que les feuilles. 


10. V. Campenoni sp. nov. 

Plante dressée; feuilles oblongues, denticulées, brunes et finement 
tomenteuses en dessous; grappes terminales, oligocéphales. 

Sans indication de localité (Campenon !). 


Arbuste à rameaux couverts d'un fin tomentum brun ou fauve, 
feuilles (10 cent. sur 5) aiguës, rétrécies à la base. Grappes deuy 
fois plus courtes que les feuilles. Capitules oblongs, sessiles, ras- 
semblés vers l'extrémité des branches de la grappe; bractées oblon- 
gues. Achaines épaissis au sommet; aigrette blanche. 


11. V. Sanetse-Marise Sp. nov. 

Arbuste dressé; feuilles glabres, oblongues; grappes raccourcies; 
capitules ovoides-oblongs. 

Sainte-Marie (Boivin /). 


Arbuste glabre; feuilles (10 cent. sur 2-3) obtuses, jrétrécies à 
la base. Grappes deux fois plus courtes que la feuille. Bractées de 


l'involucre peu nombreuses, les extérieures ovales, les intérieures 
T. XLVI. (SÉANCES) 16 


242 SÉANCE DU 9 Jurn 1899. 


oblongues, caduques. Achaines glabres, à six ou huit côtes; ai- 
grette d’un blanc jaunâtre, påle. 


12. Vernonia caudata Drake, in Bull. Mus. Par. (1899), 103. 


Arbuste dressé; feuilles glabres, oblongues; grappes oligocéphales, 
longuement pédonculées; capitules oblongs, étroits. 
Région Nord-est (Humblot !). 


Section V. XirPnoLEPIS. — Bractées de l’involucre persistantes, ter- 
minées en pointes; le reste comme dans la section précédente. 


13. V. Bojeri Less., in Linnæa (1831), 616; DC., Prodr. V, 61. 


Plante dressée ; feuilles obovales-acuminées; panicule corymbiforme. 
Région occidentale (Grandidier /). 


Indiquée à Zanzibar par Bojer. Cette mention est-elle exacte? 
La plante de Bojer n'est certainement pas le V. pauciflora Less. 
(Cf. Oliv., Fl. trop. Afr., II], 283). 


714. V. kenteocephala Baker, l. c. XXV, 324. 


Plante dressée; feuilles oblongues ; panicule thyrsoïde. 
Région Nord-ouest (Boivin ! Bernier ! Baron 5330 !). 


15. V. rhodolepis Baker, in Journ. Bot. (1882), 139; Klatt, in Ann. 
K. K. Hoffmus. VIT, 295. 


V. purpureo-glandulosa Klatt, in Engl. Jahrbuch., XII, Beibl., 21. 
Plante dressée; feuilles linéaires-oblongues, grappes courtes. 
Betsileo (Baron 338!) ; Sirabe (Hildebrandt 3554 !). 


Section VI. TEPHRODES. — Aigrette de l'achaine à deux rangs de 
soies. Involucre campanulé ou oblong à bractées assez nombreuses, 
persistantes. Inflorescence en panicules corymbiformes. Plantes her- 
bacées, pubescentes ou rarement glabres; tige quelquefois ligneuse à 
la base, simple ou peu rameuse, nue ou feuillée. 


16. V. cinerea Less., in Linnea (1829), 229; DC., Prodr., V, 24. 


V. vialis DC., l. c., 25; Klatt, in Ann. sc. nat., série 5, XVIII, 302; 
V. arguta Baker, in Journ. Linn. Soc. Bot., XX, 415; V. betonicæ- 
folia Baker, l. c., XXII, 487. 

Plante dressée pubescente; tige feuillée; feuilles de forme variable, 
non denticulées; bractées acuminées. 


Nosy-bé (Boivin 20311); Port-Leven (Vesco! Boivin 2390!); région 


C^ 


DRAKE DEL CASTILLO. — LES VERNONIA DE MADAGASCAR. 9243 
Nord-ouest (Pervillé/) ; Sainte-Marie (Boivin 1133!) ; région centrale 
(Baron 1563! 4717! 41831); sans indication de localité (Bojer !). 

Répandue dans les régions chaudes de l'Ancien-Monde. 


Ti. V. betsilensis sp. nov. 


Plante dressée, pubescente; tige feuillée; feuilles denticulées; brac- 
tées acuminées. 
Betsileo (Catat 4096"). 


Tige couverte d’une pubérulence cendrée. Feuilles oblongues- 
lancéolées (5 cent. sur 2), mucronulées, denticulées, scabres en 
dessus, mollement pubescentes en dessous. Panicule corymbi- 
forme terminale. Involucres campanulés (larges de 6-7 mill.); 
bractées étalées, linéaires-acuminées, rougeátres. Fleurs rouges. 
Achaines petits, pubérulents; aigrette blanche. 


18. V. pratensis Klatt, in Ann. K. K. Hofmus., VII, 295. 

Cyanopis madagascariensis DG., Prodr., V, 69; Klatt, in Ann. sc. 
nat., série 5, XVIII, 363. 

Plante faiblement dressée, glabre; bractées acuminées. 

Sans indication de localité (Bojer !). 


19. V. diversifolia Bojer, ex DC., Prodr. V, 26. 
Plante dressée, pubescente; tige feuillée; feuilles ovales-lancéolées, 


incisées; bractées obtuses. | 
Imerina (Bojer /); région centrale (Baron 2263! 834!; Hildebrandt 


40341); Monts Ankaratra (Catat 338!) ; Sahavaly (Catat 1224! 1266!) ; 
Ankadivavala (Catat 211 !). 


80. v. Catati sp. nov. 
Voisine de la précédente ; en différe par ses feuilles linéaires-oblon- 


gues, 
Monts Ankaratra (Catat 339!). 


81. V. erythromarula Klatt, in Ann. K. K. Hofmus., VII, 295. 

Bechium rubricaule DC., Prodr., V, 10; Klatt, in Ann. sc. nat., 
série 5, XVIII, 263; V. Candollei Vatke, Reliq. Rutenb., in Abhandl. 
Brem. IX, 119 (non DC.). | 

Plante dressée; tige feuillée, pubescente; feuilles oblongues ob- 


tuses; bractées obtuses. Map fh. 
Imerina (Bojer !); Antsahalambe, Ambato-mena-loha (Grandidier !); 


sans indication de localité (Garnier ; Campenon!). 


944 SÉANCE DU 9 jviN 1899. 


82. Vernonia Ikopzæ Sp. nov. 

Plante dressée, pubescente; tige feuillée; feuilles lancéolées; brac- 
tées à peine aigués. | 

Chutes de l’Ikopa vers Firingalava (Perrier de la Bathie 445!). 


Plante herbacée à tige dressée ou ascendante, un peu li- 
gneuse à la base, pubérulente, faiblement marquée de côtes. 
Feuilles oblongues-lancéolées (6 cent. sur 3), rétrécies à la base; 
les inférieures crénelées, les supérieures presque entières; face 
supérieure glabrescente; l'inférieure pubescente. Panicule termi- 
nale, corymbiforme, assez ample; pédicelles minces. Involucre 
largement campanulé (7-8 mill.); bractées nombreuses, linéaires- 
oblongues, à peine aiguës, rougeâtres au sommet. Fleurs rouges. 
Achaines (2 mill.) linéaires, glabres, à quatre côtes; aigretle 
blanche. 


83. V. appendiculata Less., in Linnæa(1831), 636; DC., Prodr., V, 
21 ; Klatt, in Engl. Jahrb. XII, Beibl., 21. 

Plante dressée, pubescente, peu rameuse, ligneuse à la base; feuilles 
inférieures trés grandes; panicule trés ample; capitules oblongs, assez 
gros; bractées obtuses. 

Tananarive (Bojer /); Beravi (Hildebrandt 3091!); Betsileo (Hilde- 
brandt 3536!) ; Firingalava (Perrier de la Bathie 696!). 


84. V. nudicaulis Less., l. c., 637; DC., l. c. 
Plante dressée; tige nue; feuilles obovales, sessiles. 
Madagascar (ex Less.). 

85. V. scapiformis. 


Bechium scapiforme DC., Prodr. V, 71. 

Plante dressée; tige nue; feuilles ovales-oblongues, brièvement pé- 
tiolées. 

Imerina (Bojer! Hildebrandt 3843!); Ambato-mena-loha (Gran- 
didier f); Ankadivavala (Catat 218 !). 


86. V. alsodea Klatt, in Ann. K. K. Hofmus. VII, 295. 
Plante dressée; tige nue ; feuilles ovales, pétiolées. 
Sans indication de localité (Garnier). 


De ces trois dernières espèces, je ne connais que la seconde ; peut-être 
doit-elle être, ainsi que la troisième, rapportée à la premiére. 


annann P rO 


PICQUENARD. — DISPERSION DES LICHENS BRETONS. 245 


M. Picquenard fait à la Société la communication sui- 
vante : 


LA DISPERSION DES LICHENS BRETONS ÉTUDIÉE DANS SES RAPPORTS AVEC 
L'ÉTAT HYGROMÉTRIQUE HABITUEL DE L'AIR AMBIANT; par M. Ch. A. 
PICQUENARD. 


D’après la quantité d'eau nécessaire à l'entretien de leur exis- 
tence, les Lichens se divisent en trois groupes principaux : 


1. HvpnorniLEs. — Ces Lichens vivent dans l'eau (Endocarpon 
complicalum). 

2. HYcnorHILEs. — Ces Lichens ne se développent bien que 
dans l’air constamment humide (Lichens des forêts des mon- 
tagnes, des îles montagneuses ou boisées; grandes Usnées, Sticta 
aurata, etc...). 


3. XérormiLes. — Ces Lichens se développent abondamment 
surtout dans les plaines, loin de la mer, dans les régions où il y a 
de longues périodes de sécheresse; ils s'établissent sur les arbres 
isolés, sur les sols sablonneux, sur les chaumes et rochers cal- 
caires. — Sur les arbres, on note : Anaptychia ciliaris, Rama- 
lina fraxinea, etc... — Sur la terre calcaire: Placodium fulgens, 
Toninia candida, Endocarpon hepaticum, Pelligera rufescens, 
Squamaria crassa, S. lenligera, etc... — Sur les rochers : Pla- 
codium callopismum, etc... (1). 

Je ne retiendrai dans cette étude que les Lichens hygrophiles et 
les Lichens xérophiles et je vais essayer de montrer avec quelle 
netteté l'examen de la végétation lichénologique de l'ancienne 
province de Bretagne nous renseignera sur ces deux points : 

1° L'air est-il constamment humide dans la région considérée ? 

2 L'air est-il, au contraire, ordinairement sec et les périodes 
de sécheresse sont-elles de longue durée? 


1* LICHENS HYGROPHILES. — Examinons, par exemple, la végć- 
tation lichénologique qui orne les arbres de nos forêts finisté- 


(1) J'omets, à dessein, le groupe des Lichens indifférents, car il se compose 
surtout d'espéces banales, propres à tous les climats. 


946 SÉANCE DU 9 jurn 1899. 


riennes. Les grandes espèces foliacées et fruticuleuses y sont 
représentées par d'énormes et nombreux individus. Le plus ordi- 
nairement, ces Lichens sont abondamment fructifiés. Les Stictées 
françaises sont là au grand complet, plusieurs trés communes : 
Sticla pulmonacea, Ricasolia herbacea, R. glomulifera se font 
particuliérement remarquer par leur fertilité. Aprés viennent: 
Stictina Dufourei (rare); S. limbata, S. fuliginosa, S. silvatica, 
S. scrobiculata (répandus), ce dernier trés fertile et atteignant 
jusqu'à 0",42 de longueur sur environ 0",24 de largeur; Sticta 
aurata, que l'on voit aussi pourvu d'apothécies, à condition de 
l'aller chercher vers 300 métres d'altitude, prés de la chapelle de 
Saint-Konval, au milieu des futaies du Kranou, en un point où 
les nuages viennent souvent rafraîchir et faire reverdir son thalle 
d'un beau vert bordé de sorédies d'un jaune d'or. Puis voici toute 
une série d'Usnées : Usnea florida, trés commun et très fertile; 
U. plicata, U. dasypoga ; d'énormes et nombreux U. articulata ; 
des U. ceratina bien fertiles et atteignant à Kaskadek jusqu'à 
1 métre de longueur; remarquons aussi, à l'état stérile, Anaply- 
chia leucomela, Borrera flavicans; moins communément, Par- 
melia pertusa, Sphærophoron coralloides; puis encore les thalles 
gris plombé couverts d'apothécies de Coccocarpia plumbea et de 
Pannaria rubiginosa. 

Tout cela grimpe ou pend au tronc des vieux arbres avec une 
admirable exubérance : frondes vertes ou brunes, longues per- 
ruques et barbes glauques, tout concourt ici à masquer l'écorce 
des branches et des troncs. Il faut avoir vu, par un matin triste et 
brumeux de fin d'hiver, du haut de la montagne de Roc'h Huella, 
la forét du Kranou léchée par des nuages trainants avec le givre 
d'Usnées qui décore la cime de ses grands arbres et la fait res- 
sembler à un immense tapis d'énormes Cladina silvatica accroché 
au flanc de l'Aré... Alors, on est en droit de dire : j'ai contemplé, 
dans une vallée de Basse-Bretagne, l'un des plus beaux spectacles 
qui soient sortis de la main de Dieu... 

Mais, en dehors des grandes foréts, on retrouve, dans presque 
tout le Finistére, avec des variantes, cette flore lichénologique 
spéciale établie sur les arbres des haies, sur les Chénes tétards, sur 
les rochers. Les mémes espéces (à part Sticta aurata) fructifient, 
qui fructifiaient également dans les foréts. Leur taille, dans ces 
nouvelles stations, n'est pas sensiblement diminuée. C'est donc 


ue ‘mess 


PICQUENARD. — DISPERSION DES LICHENS BRETONS. 241 


que ces Lichens trouvent partout à l'extrémité occidentale de la 
Bretagne des conditions biologiques extrémement favorables. 

Dans l'est de la Bretagne, en Ille-et-Vilaine, en Loire-Inférieure, 
le spectacle change. Quoique les foréts y soient trés étendues et 
que les grands arbres n'y manquent pas, on n'y trouve guère que 
des Lichens xérophiles ou des Lichens indifférents, et il faut faire 
des kilométres pour recueillir quelques-unes de ces espéces que 
nous voyons si abondantes en Basse-Bretagne (1). Celles-là même 
qui étaient trés fertiles en Finistére ne le sont guére ou pas du 
tout dans l'est de la Bretagne. Assez souvent méme, un tapis de 
Muscinées y remplace sur les arbres forestiers la végétation des 
Lichens. 

En vertu de quelles conditions une certaine partie de la flore 
lichénologique est-elle ainsi développée dans l'ouest de la Bre- 
tagne, dans le Finistére en particulier? 

— Faut-il invoquer l'abondance des pluies? 

— Faut-il croire à l'influence du voisinage de la mer? 

— Faut-il faire la part de l'altitude et de l'influence des nuages 
sur la végétation qui s'y trouve souvent plongée? 


a. Influence des pluies. — Il pleut presque autant aux deux 
extrémités de la Bretagne. La méme cause, appliquée aux mémes 
plantes, devrait done, aux deux extrémités de la Bretagne, pro- 
duire les mêmes effets. Il n'en est rien. 


b. Influence de l'air marin. — ll est certain que, par l'humi- 
dité que la mer entretient, elle aide beaucoup au développement 
en Finistére de certains Lichens. La mer enveloppe, en eflet, ce 
département de trois cótés, tandis que les autres départements 
bretons ne subissent son contact que d'un seul cóté. Son influence 
se fait sentir fort loin à l'intérieur, surtout en Finistére, puisque 
l'on y voit assez abondamment dans les deux chaines des mon- 
tagnes Noires et d'Aré, parfois à dix lieues de la mer, Ramalina 
scopulorum, Borrera flavicans, Physcia aquila, qui sont des es- 
péces maritimes. — Remarquons en passant que l'on ne peut 


(1) Exception doit étre faite cependant en faveur de la forét de Fougères 
qui, grâce à des conditions spéciales, sous l'influence probablement d'un 
pays accidenté rappelant le pays bas-breton, présente une grande partie des 
Lichens que l'on trouve à Kranou et ailleurs en Basse-Bretagne. On n'y a pas 
encore signalé Sticta aurata ni Ricasolia glomulifera. 


248 SÉANCE DU 9 juin 1899. 


attribuer à une autre cause qu'à l'humidité de l'air marin le dé- 
veloppement en Finistère de Hymenophyllum tunbridgense, 
jusqu'à une faible distance de la mer, en des points où il croit 
parmi les Mousses, en dehors des grottes ou des lieux ombragés où 
on le rencontre habituellement. 

C'est cette méme influence de l'humidité de l'air marin qui se 
manifeste à l'extrémité septentrionale du département de la 
Manche où la forêt déchue de Bricquebec renfermait à peu prés 
les mêmes Lichens que notre forêt domaniale du Kranou (Bri- 
quebec avait même en plus Bæomyces calicioides). C'est cette 
influence qui se manifeste à la Terre de Feu (P. Hariot), où les 
arbres méme les plus humbles, les Bruyères, se recouvrent d'une 
parure exubérante de grandes Stictées. Cette pointe extréme de la 
Bretagne continentale jouit, en un mot, quoique péninsule, d'un 
climat insulaire. 


c. Influence de l'altitude. — Mais il y a un autre facteur qui 
intervient plus d'une fois en Finistère : c’est l'altitude. Les prin- 
cipaux sommets de ces deux chaines, qui forment deux longues 
bandes paralléles à l'intérieur du département, les principaux 
sommets de ces deux chaines sont souvent perdus dans un nuage. 
Il faut, n'est-ce pas, chers confréres qui avez affronté avec moi ces 
superbes sommets sauvages, il faut avoir senti cette brume fine 
dont les goutteletles sournoises poussées par une forte brise se 
font un jeu de pénétrer les vétements les plus épais. Et quand 
on descend de quelque cinquante mètres dans la zone où les 
nuées se résolvent en pluie, que l'on sent bien alors, au poids que 
prennent chapeau, pardessus, molletiéres, bas et souliers, que l'on 
sent bien que les Lichens voisins doivent eux aussi subir presque 
constamment l'influence favorable de l'humidité au sein de la- 
quelles ils se trouvent plongés! 

Le méme fait se passe, d'ailleurs, dans la plupart des montagnes 
boisées. En Auvergne et aussi dans d'autres pays montagneux, 
les grands Lichens foliacés ou fruticuleux acquiérent un dévelop- 
pement remarquable. 

Le Finistère et la partie voisine des Cótes-du-Nord et du Mor- 
bihan jouissent donc à la fois des avantages du climat marin 
(insulaire méme) et du climat des basses montagnes. Plus à | Est, 
rien de semblable; l'influence maritime se fait à peine sentir et 


PICQUENARD. — DISPERSION DES LICHENS BRETONS. 249 


l'altitude est trop faible pour présenter des stations constamment 
humidifiées par les nuages comme il s'en trouve dans la région 
montagneuse du Finistère. 


2 LICHENS XÉROPHILES. — Les Lichens xérophiles sont surtout 
ceux des plaines, des pays pierreux calcaires ou sablonneux, des 
régions déboisées où les arbres du bord des routes et des avenues 
leur offrent seuls un asile. Ces espèces croissent spécialement et 
atteignent leur maximum d'abondance et de développement dans 
les régions dont il est question dans la phrase précédente. Aussi 
nous voyons naturellement manquer dans ces régions toute la 
belle série des espéces signalées plus haut comme hygrophiles, 
c'est-à-dire les grandes Stictées, les grandes Usnées. A vrai dire, 
si, en parcourant la France entière, on peut établir une assez 
longue série d'espéces xérophiles, on peut dans l'est de l'ancienne 
Brelagne constater surlout l'absence des hygrophiles. Cependant, 
il faut remarquer, dans cette partie orientale de la vieille province, 
l'abondance, le grand développement de l'Anaptychia. ciliaris, 
qui est, au contraire, si peu répandu dans lhumide Finistère. 
Dans les landes, sur les chaumes, Cladonia alcicornis, Pycno- 
thelia papillaria se présentent surtout abondamment en certains 
points d’Ille-et-Vilaine. En Basse-Bretagne, ces deux plantes ne 
se présentent guère que dans quelques localités particulièrement 
sèches et arides. Remarquons, d’ailleurs, que les Lichens cités 
sont assez. souvent accompagnés, en Ille-et-Vilaine et dans la partie 
voisine du Morbihan, de quelques Phanérogames éminemment 
xérophiles : Festuca Poa, F. tenuicula, Astrocarpus Clusii, 
Spergula Morisonii (1), Helianthemum umbellatum. 

Il semble que le climat constamment humide de la partie occi- 
dentale de la Bretagne leur oppose comme une barrière infran- 
chissable. Prenez une carte de la Bretagne, tirez une ligne droite 
allant de Saint-Brieuc à Vannes, et vous aurez, avec une approxi- 
mation suffisante, à droite, la zone des Lichens xérophiles; à 
gauche, la zone des Lichens hygrophiles. La limite des deux zones 


(1) On ne peut affirmer avec certitude la présence du Spergula Morisonu 
en Finistère. Une rare espèce xérophile, le Scleranthus perennis, a été trou- 
vée à Primel par Miciol, et le Gladiolus illyricus existe à Belle-Ile-en-Mer 
(Morbihan); mais, en ces points trop occidentaux, ces plantes sont plus rares 


que partout ailleurs. 


250 SÉANCE DU 9 Jurn 1899. 


coincide donc, à peu de chose prés, avec la limite de la Basse-Bre- 
tagne et de la Haute-Bretagne, avec la limite du pays de langue 
celtique : 

« La terre de granit recouverte de chénes » (BRIZEUX). 
et celle du patois latin : 


Glib eo er Vró Vretoned ; 
Seac'h eo er Vró Gallaoued (1). 


Je me résume : 

Il est possible, par l'examen de la végétation lichénologique, 
d'établir des zones hygrométriques trés largement comprises dans 
une région donnée. 

Dans l'ancienne province de Bretagne, en particulier, on déli- 
mite facilement deux zones : 


1. Partie occidentale, région où les Stictées et Usnées ac- 
quiérent un grand développement, région constamment humide, 
moins par l'effet des pluies qu'à cause de la mer qui l'entoure et 
des montagnes qui rident sa surface; 


9. Partie orientale, région où la végétation des Stictées et des 
Usnées est peu développée, pays see, relativement plat, à climat 
, plus continental que maritime. 


Et c'est ainsi que la Botanique contribue, elle aussi, à diviser 
en deux parties bien distinctes l'ancien duché de Bretagne, créé 
jadis d'une maniére si artificielle; c'est ainsi que la Botanique 
marque les limites d'un pays qui semble fait pour elles (et qu'elles 
défendent depuis tant de siécles contre toute influence extérieure) 
aux solides populations celte et kimrique de Basse-Bretagne. 


M. le Secrétaire général donne lecture des communica- 
tions suivantes : 


(1) I fait humide au pays des Bretons; 
Il fait sec au pays des Gallois, (— Hauts-Bretons). 


———— ESRB 


COSTE. — SUR LE BERBERIS VULGARIS VAR. ANGUSTIFOLIA CHAT. 254 


LETTRE DE M. CHATENIER A M. MALINVAUD. 


Bourg-de-Péage, 26 mai 1899. 


Monsieur le Secrétaire général, 

Dans une Note insérée dans le 2° fascicule du Compte rendu de la 
Session extraordinaire de 1897, M. l'abbé Coste a imposé le nom de 
microphylla à une variété du Berberis vulgaris, qu'il a observée dans 
la vallée de l'Ubaye. Cette variété n'était plus à nommer. Découverte par 
moi sur plusieurs points du Dauphiné, elle portait depuis longtemps 
déjà le nom d'angustifolia, que je lui ai donné et sous lequel elle 
figure dans la Flore de France, t. II, p. 322, de MM. Rouy et Foucaud. 


Veuillez agréer, etc. 


M. l'abbé Coste a répondu à la lettre précédente, qui lui 
avait été communiquée, dans les termes suivants : 


NOTE DE M. l'abbé H. COSTE, AU SUJET DE SA VARIÉTÉ 
MICROPHYLLA DU BERBERIS VULGARIS L. 


Dans une communication faite par moi à la session de Barce- 
lonnette « sur quelques plantes de la vallée de l'Ubaye » (voy. le 
Bulletin, t XLIV, p. Lxxvn), je disais, à propos du Berberis vul- 
garis var. microphylla Nob., que « la nouvelle Flore de France 
de MM. Rouy et Foucaud, si exacte à mentionner toutes les formes 
et les variations de nos espèces françaises, n'attribue aucune va- 
riété au Berberis vulgaris L. ». C'était inexact. Ma variété, d'aprés 
une réclamation que notre confrére M. C. Chatenier vient d'adres- 
Ser au Secrétaire général, ne serait autre que la var. angustifolia 
créée par lui-même et mentionnée, in Rouy et Foucaud, F1. Fr. H, 
p. 322 aux « Additions ». On lit, en effet, à l'endroit indiqué : 


« Page 148, après ligne 7, intercaler : p. angustifolia C. Chatenier ined. 
in herb. Rouy. — Feuilles presque de moitié plus étroites. — Hab. Dróme : 
assez répandue dans le midi du département; Hautes-Alpes : à Orpierre 


(Chatenier) ». 


Bien que la variété de M. Chatenier ne soit distinguée que par 
Ses « feuilles presque de moitié plus étroites », j'estime qu'elle 


252 ADDITION A LA SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1899. 


doit étre identifiée avec la mienne, fort répandue dans les Alpes 
calcaires, et, en vertu du droit de priorité, le nom de angusli- 
folia doit primer celui de microphylla. 

Mais je me permettrai, à ce propos, de faire remarquer que la 
forme des « Additions » de la Flore de MM. Rouy et Foucaud est 
vraiment trop abrégée et souvent énigmatique. D'abord, il faut 
songer à s'y reporter; puis, pour la plante ci-dessus, par exemple, 
on lit simplement le nom de la variété angustifolia, sans que le 
nom de l'espéce Berberis vulgaris y soit mentionné. Il ne serait 
pas inutile d'ajouter, pour chaque addition, le nom de l'espéce 
en entier. Sans cela, l'attention n’est pas suffisamment éveillée 
et l'idée ne vous vient pas, comme c'est le cas pour moi, de 
déchiffrer ce logogriphe. 


ADDITION A LA SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1899 (1). 


PLANTES NOUVELLES POUR LES ILES AÇORES; 
par M. Miehel GANDOGER. 


L'archipel des Acores, perdu au milieu de l'Océan atlantique, 
est rarement visité par les botanistes. La flore des neuf iles qui le 
composent renferme un cerlain nombre d'espéces endémiques; 
mais elle est beaucoup moins riche, sous tous les rapports, que 
celle de Madére et des Canaries. Pour s'en convaincre, on n'a qu'à 
ouvrir et à comparer le Phytographia canariensis de Webb et 
Berthelot, le Manual of Madeira de Lowe et les Botanical obser- 
valions on the Azores du savant botaniste américain M. William 
Trelease, ouvrage récent qui résume parfaitement la végétation de 
l'archipel. 


C'est F. Masson (2) qui, le premier, parait avoir herborisé aux 


(1) Voy. plus haut, p. 24. 
(2) F. Masson, An account of the island of San Miguel. London, 1778. 


GANDOGER. — PLANTES NOUVELLES POUR LES ILES AÇORES. 253 


Açores; puis G. Forster (1). M. Seubert (2) explora avec soin ces 
iles et soumit ses récoltes au professeur C. Hochstetter, qui décri- 
vit un assez grand nombre d'espéces nouvelles (3). 

Notre compatriote H. Drouet a publié un important ouvrage (4), 
fruit de ses recherches dans l'archipel dont il a rapporté et dis- 
tribué des collections justement renommées. — A citer encore les 
écrits des Anglais F.-C. God man (5) et H.-C. Watson (6). J'omets 
à dessein les travaux de J. Cardot et de W. Mitten sur les Mousses, 
de J. Stirton sur les Lichens, de M. Berkeley sur les Champi- 
gnons et de H.-N. Moseley sur les Algues, qui ne rentrent pas dans 
mon cadre. 

Cependant, plus de trente ans s'étaient écoulés depuis la remar- 
quable publication de Drouet, lorsque M.. W. Trelease, qui a 
beaucoup herborisé aux Açores, fit paraître un ouvrage trés impor- 
tant et trés complet sur ces iles (7). Il comprend les Phanéro- 
games et tous les Crvptogames vasculaires et cellulaires. Malgré 
cela, il restait encore quelque chose à faire pour les Acores. Un 
botaniste portugais, M. B. Carreiro, qui a bien voulu herboriser 
spécialement pour moi, m'a communiqué, à deux reprises diffé- 
rentes, plus de sept cents numéros de plantes des Acores, parmi 
lesquelles plusieurs sont nouvelles ou non citées dans les ouvrages 
indiqués plus haut. 

Cette précieuse collection, que je viens de déterminer, compléte, 
à peu de chose prés, la flore acoréenne que je possédais en herbier. 
À grand'peine j'avais pu, autrefois, me procurer quelques plantes 
récoltées par Seubert et par Drouet. Le lieutenant de vaisseau 
C. Thiébaut avait herborisé quatre ou cinq fois aux Acores, sur- 


(4) G. Forster, Plante atlantice ex insulis Madeira, S. Jacobi, Adscen- 
sionis, Ste Helene et Fayal reportat. Gœttingæ, 1787. 

G. Forster, Herbarium australe, seu Catalogus plantarum exsiccalarum 
quas ex insulis Madeira, etc., reportavit. Gœttingæ, 1797. 

(2) M. Seubert, Flora azorica. Bonne, 1844. | 

(3) M. Seubert und C. Hochstetter, Uebersicht der Flora der azorischen 
Inseln, 1841. 

(4) H. Drouet, Catalogue de la flore des îles Açores. Troyes, 1866. 

(5) F.-C. Godman, Natural history of the Azores, or Western Islands. 
London, 1870. 

(6) H.-C. Watson, Notes of the Botany of Azores; Botany of Azores. Sup- 
plementary notes, etc. London, 1868-1874. . mM 

(7) W. Trelease, Botanical observations in the Azores. Saint-Louis Mis 
souri, 1897. 


254 ADDITION A LA SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1899. 


tout aux iles Fayal et Florés, de 1873 à 1880, et m'envoyait régu- 
lièrement ses récoltes pour les déterminer, environ 500 espèces. 
On trouvera son nom et ses plantes cités dans mon Flora 
Europe (1). Les envois de M. Carreiro sont donc pour moi un 
appoint extrémement important. Avec ces plantes et les livres 
dont je dispose, j'ai vu que plusieurs espéces étaient inconnues 
dans l'archipel et que d'autres n'y étaient indiquées qu'avec 
doute, bien qu'on les y ait retrouvées. Voici le résultat de mes 
études : 


Tmrronmw minus Rehlan. M. Trelease dit « Not recently collec- 
ted ». Récoltéen juin 1898, à Lameiro, San Miguel, par M. Carreiro. 


LOTUS HISPIDUS f. CARREIRO Gandoger : A typo azorico et alge- 
riensi differt caulibus pedalibus et ultra, foliolis oblongo-lanceo- 
latis, pedunculis semper 3-4-floris, sepalis duplo longioribus, 
cano-villosis et leguminibus subduplo (1 centimètre et demi) 


longioribus. — Hab. Ponta Delgada. 

TORMENTILLA REPTANS (L.). — Hab. San Miguel : Pico do : 
Carvão. N'était connu qu'à l'ile de Pico. 

(ENOTHERA TETRAPTERA Cav. Pico do Salamáo. — Nouveau pour 
San Miguel. 


HYDROCOTYLE VULGARIS L. — Hab. San Miguel, Lagóa dos Juncos. 


N'était connu que dans l’île de Florés, d’où M. Trelease l'a distribué ^ 


sous le n? 651. 


Daucus NEGLECTUS Drouet, Cat., p. 172. Nouveau pour San 
Miguel : Lameiro. Trés rare espèce, bien distincte du D. polyga- 
mus par ses fleurs à pédicelle gréle et allongé, ses méricarpes 
couverts de soies blanches, fines, trés denses, ses styles filiformes, 
longs et presque horizontaux. 


[EDERA CANARIENSIS B. AZORICA Grandoger. A typo canariensi 
et maderensi evidenter recedit foliis crassioribus, orbiculato- 
deltoideis, obscure obtuseque lobatis, umbella densiore. — Hab. 
Abelheira (Carreiro); Fayal (C. Thiébault). Cette plante me parait 


(1) M. Gandoger, Flora Europe terrarum . . 97 vol. in-8". 
Parisiis, 1883-1892. p que adjacentium, 27 


yÉ: 


GANDOGER. — PLANTES NOUVELLES POUR LES ILES AÇORES. 255 


constituer une race assez distincte de l'H. canariensis que j'ai de 
onze localités des Canaries et de Madére. 


VIBURNUM TnELEAsEI Gandoger sp. n. — V. Tinus var. subcor- 
datum Trelease Bot. azor., p. 148, tab. 28; V. Tinus var. lucidum 
Seub. Fl. azor., p. 35; V. Tinus Drouet Cat., p. 173; Seubert et 
Hochst. Uebers. azor., p. 19 non L. — Ad V. rugosum Ait. magis 
accedit quam ad V. Tinus; itaque a primo differt foliis obtuse 
ovato-suborbiculatis, cordatis, margine revolutis, crassis, mino- 
ribus, prominule et ad angulos lanatos nervosis, tandem lævi- 
bus, ramis floriferis hinc inde setosis, bacca costata, ovata, basi 
rotundata apiceque attenuata. — lab. Florés, Corvo, San Miguel 


ad Sete Cidadés (unde descripsi), etc. 

ANTHEMIS NOBILIS L. — Hab. Vallagào. Nouveau pour les 
Acores. 

CHRYSANTHEMUM HYBRIDUM Guss. — Hab. Ribeira Grande; Pico 
do Pedro. Nouveau pour l'archipel. Presque l'aspect du Lepido- 
phorum repandum DC. 

SENECIO ERRATICUS Bert. — Aux Açores, cette espèce n'était 
connue qu'à la serra Gorda, San Miguel. M. Carreiro me l'a 
envoyée de Furnas (n° 355) et de Vallagäo (n° 356). 

TorpPis mAcrornizA Lowe. T. nobilis var. petiolaris Trelease 
Bot. azor., p. 123, tab. 33. — Hab. Pico do Carväo. Nouveau pour 
l'ile San Miguel. Aprés mür examen, je rapporte la var. petiolaris 
Trel. au T. macrorhiza selon mes échantillons de Madére récoltés 
par Fritze, Joad, Mandon, Ménézés, Moniz et Thiébaut. — Le 
genre Tolpis offre une douzaine d'espéces particulières aux Îles 
atlantiques; mais leur étude présente assez de difficultés par la 
quasi-impossibilité de délimiter nettement les types. 


CAMPANULA VipALI Watson in Hook. Icon. VII, tab. 684!; 
Drouet Cat., p. 178; Trelease Bot. azor., p. 128. — Hab. Prestés 
où elle s'est naturalisée. Superbe plante, haute d'un métre, man- 
quant dans presque tous les herbiers et endémique aux rochers 
maritimes de l'ile Florés. Ne ressemble à aucune Campanule 


européenne, méme de la section Medium. 


CICENDIA FILIFORMIS Delarbre. — Hab. Lagóa dos Juncos. 
N'avait pas été retrouvée aux Acores depuis plus de quarante ans. 


256 ADDITION A LA SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1899. 


LINARIA CYMBALARIA Mill. — Hab. San Miguel à Ponta Delgada 3b- 
et à Abelheira. N'était connu qu'à Fayal. 


PuLEGIUM TowENTELLA Presl. Mentha Pulegium Auct. azor. 
omnium non L.! — Le véritable Pulegium vulgare (Mentha Pul.) 
ne vient ni aux Açores, ni à Madère, ni aux Canaries. ll y est rem- 
placé par le P. Tomentella, espèce commune dans l'extrême sud 
de l'Europe et assez distincte du vulgare. 


BALLOTA NIGRA L. — Indiqué vaguement à San Miguel, par 
Drouet, Cat., p. 183, et par Watson (Azor., p. 382); mais n'avait 
plus été retrouvé; ce qui fait dire à M. Trelease (Bot. Azor., 
p. 136) « Not recently collected ». M. Carreiro me l'a envoyé de 
Ramalho (n° 423) et de Prestès (n° 424). 


CALAMINTHA BÆTICA Boiss. Reut. — C. officinalis et C. Nepeta 
Auct. azor. — Tous les échantillons que je possède des Açores se 
rapportent au C. bætica. Aucun doute à cet égard. 


CLINOPODIUM VULGARE f. TnELEAsEI Gandoger. — Cette forme, 
qui est peut-étre une race nouvelle, est assez voisine du C. arun- 
danum (Boiss.). Elle s'en distingue surtout par ses feuilles large- 
ment ovales-cordées, rougeátres en dessous et les dents du calice 
raides. M. Trelease ajoute : « Differs from usual Clinopodium of 
the two continents in its shorter nodes and short deltoid-ovates 
leaves, tinged with purple, like the stem. The calyx quite short 
and its teeth are rigid. » — Trouvé à Vallagäo, San Miguel. N'était 
connu qu'aux iles Florés et Santa Maria. 


HELEOCHARIS LIMOSA Br. — Les échantillons récoltés au Pico do 
Carvão (Carreiro, n° 470)" me paraissent semblables à ceux que je 
possède de l'Afrique australe (leg. Laidley), du Cap (leg. Mac 
Owan; Seülechter), d'Abyssinie (leg. Schimper) et du Kordofan 
(leg. Kotschy). Sauf meilleur avis, c’est done une plante nouvelle 
pour les Açores. 


CYPERUS DIFFORMIS L. — San Miguel : Sete Cidadès. — Nouveau 
pour les Açores. esta 


SCIRPUS MUCRONATUS L. — San Miguel : Sete Cidadès. — Nou- 
veau pour les Açores. «7$ 


GANDOGER. — PLANTES NOUVELLES POUR LES ILES AÇORES. 257 


PIPTATHERUM MULTIFLORUM P. B. — Ponta Delgada. Düment 
acquis pour l'archipel où il n'était indiqué qu ‘avec doute. 


tO 
POLYPOGON SUBSPATHACEUS Req. — Hab. Relva, Vallagáo el Pico 
do Salomäo. — Nouveau pour les Açores; avait été confondu avec 
le P. maritimus. 


DACTYLIS GLOMERATA L. — Hab. Relva. — Nouveau pour l'ar- 57€ 
chipel. 


ELEUSINE BARCINONENSIS f. MIXTA Gandoger. Differt a typo cul- 
mis rectis spicibus angustioribus longioribusque. — Hab. Ponta 
Delgada (Carreiro, n° 531). 


DANTHONIA DECUMBENS P. B. — Hab. San Miguel, Serra Gorda. 
Selon M. Trelease, p. 165, « not collected for many years ». 


FESTUCA PETRÆA f. VILLOSA Gandoger. Glumæ molliter villosæ 
longiusque aristatæ. — Hab. San Miguel, Ginétès. 


DAVALLIA CANARIENSIS Sm.— Cette Fougère, indiquée aux Açores 
par Drouet, Cat., p. 213, en a été exclue par Trelease, Bot. azor., 
p. 170, qui dit : « Evidently an error, the specimens perhaps from 
Madeira. » Mais M. Carreiro vient de l'y retrouver, au Pico do : 
Salomäo. Cependant les échantillons des Açores ne cadrent pas 
exactement avec ceux que je possède d’une quinzaine de localités 
des Canaries, de Madère, de Portugal et d'Espagne. La plante des / 
Açores devra être dénommée: = Evil Spem 


DAVALLIA CANARIENSIS f. AZORICA Gandoger, a typo precipue 
cmariensi recedens frondibus subbipedalibus, pinnis laxis remo- 
teque lobatis, pinnulis obtusiuscule trilobatis indusiisque fructi- 
ficationum lineari-oblongis. | 

Pour ceux qu'intéresse la végétation de ces iles lointaines, je 
vais en donner ici la liste des plantes endémiques, ou à peu 
prés : 


Ranunculus megaphyllus Steud. llex Perado Ait. B 
Nasturtium flexuosum Seub. Rhamnus latifolius L Herit. 
Cardamine caldeirarum Guthn. — pubescens Banks. 
Cerastium azoricum Hochst. Trifolium rariflorum Watson. 
Hypericum foliosum Dryand. Lotus micranthus Lowe. 

— decipiens Watson. Vicia Dennesiana Watson. 
Sida canariensis Cav. — albicans Walson. 


T. XLVI. (SÉANCES) 17 


258 


Rubus Hochstetterorum Seub. 

Sempervivum villosum Ait. 

Epilobium miguelense Léveillé. 

Sanicula azorica Guthnick. 

Ammi Huntii Watson. 

— Seubertianum Waison. 

Chærophyllum azoricum Trelease 

Daucus neglectus Drouet. 

Melanoselinum decipiens Lowe. 

Hedera canariensis f. azorica Gan- 
doger. 

Viburnum Treleasii Gandoger. 

Scabiosa nitens R. S. 

— neglecta Seub. 

Solidago azorica Hochst. 

Bellis azorica Hochst. 

Gnaphalium purpureum L. 

Senecio mikanioides Otto. 

Cineraria malvifolia L'Herit. 

— pseudo-elegans Watson. 

Tolpis nobilis Hochst. 

— macrorhiza Lowe. 

— fruticosa Schrank. 

— crinita Drouet. 

Thrincia nudicaulis Watson. 

Lactuca Watsoniana Trelease. 

Campanula Vidalii Watson. 

Vaccinium cylindraceum Sm. 

Erica azorica Hochst. 

-- fucata Seub. 

Lysimachia azorica Hornm. 

Myrsine retusa Ait. 

Picconia excelsa A. DC. 

Myosotis maritima Hochst. 

— azorica Watson. 

Veronica Dabneyi Hochst. 

Euphrasia grandiflora Hochst. 

Thymus azoricus Lodd. 

Plantago azorica Hochst. 

Mirabilis divaricata Lowe. 

Rumex strictus Seub. 

— obtusifolius X crispus Trelease. 

Persea azorica Seub. 

Oreodaphne fœtens Webb. 

Euphorbia stygiana Watson. 

— azorica Hochst. 


ADDITION A LA SÉANCE 


DU 10 FÉVRIER 1899. 


Urtica azorica Hochst. 

— Lowei Seub. 

Habenaria micrantha Hochst. 

— longebracteata Hochst. 

Hedychium Gardnerianum Rosc. 

Juniperus brevifolia Antoine. 

Narcissus stellatus Watson. 

Smilax divaricata Sol. 

Arisarum azoricum Schott. 

Potamogeton Leschnaultii Cham. 
Schl. 

Juncus lucidus Hochst. 

Luzula purpureo-splendens Seub. 

Carex azorica Gay. 

— Hochstetteriana Gay. 

— Guthnickiana Gay. 

— myosuroides Seub. 

— hevicaulis Hochst. 

— rigidifolia Hochst. 

— Vulcani Hochst. 

— floresiana Hochst. 

— Watsoni Boott. 

Agrostis Ecklonis Trin. 

— verticillata X castellana Trelease. 

Deyeuxia azorica Hochst. 

— cæspitosa Hochst. 

Holcus rigidus Hochst. 

Deschampsia foliosa Hackel. 

Gaudinia geminiflora Gay. 

Festuca jubata Lowe. 

— petræa Guthnick. 

Trichomanes speciosum W. 

Cystopteris azorica Fée. 

Athyrium azoricum Fée. 

— umbrosum Watson. 

Lastrea multiflora Watson. 

Aspidium molle Sw. 

Gymnogramme Lowei Watson. 

Acrostichum squamosum Sw. 

Ophioglossum azoricum Presl. 

Equisetum incanum Watson. 

Isoetes azorica Dur. 

Lycopodium suberectum Lowe. 

Selaginella Kraussiana A. Br. 

— azorica Baker. 


SEANCE DU 93 JUIN 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. Lutz, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal 
de la séance du 9 juin, dont la rédaction est adoptée. 

M. le Président a le regret d'annoncer à la Société qu'elle 
a perdu récemment un de ses membres : M. Eugène Gonod 
d'Artemare, décédé à Sarsoux, prés d'Ussel (Corrèze), le 
13 juin dernier, à l’âge de soixante-sept ans. M. Gonod 
d'Artemare appartenait à notre Compagnie depuis 1855. 

Parsuite de la présentation faite dans la séance précédente, 
M. le Président proclame membre de la Société : 


M. GuEGUEN, préparateur à l'École supérieure de phar- 
macie, présenté par MM. Guignard et Lutz. 


DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ 


(1* semestre 1899). 


Belèze (Marguerite), Plantes des environs de Montfort-l'Amaury 
(Seine-et-Oise), Supplément. 

— Les bons et les mauvais Champignons. 

Bijlert, Onderzoek van deli-tabak. 

Boerlage, Catalogus plantarum phanerogamarum "que in horto 
botanico bogoriensi coluntur. 

Boulay (abbé), Flore fossile de Gergovie. 

Boulhac, Recherches sur la végétation de quelques Algues d'eau 
douce. 

Cabanés, Végétaux ligneux plantés dans la ville de Nimes. 

C. de Candolle, Sur les feuilles peltées. 

Chodat et Boubier, Sur la plasmolyse et la membrane plasmique. 

Cohn, Beiträge zur Biologie der Pflanzen, vol. VII, fasc. 1. 

Daguillon, Sur les feuilles primordiales des Cupressinées. 

Daveau, Le Palmier nain en Portugal. 

Debray, Catalogue des Algues du Maroc, d'Algérie et de Tunisie. 

Errera, Hérédité d'un caractère acquis chez un Champignon pluri- 
cellulaire. 


260 r SÉANCE DU 23 JUIN 1899. 

Fliche, Sur la présence du Pin sylvestre dans les graviers quater- 
naires. 

Foucaud et Simon, Trois semaines d herborisations en Corse. 

Gadeceau, Notice sur M. l'abbé Coquet. 

Galloway, Potato diseases and their treatment. 

Gaucher, Étude anatomique du genre Euphorbia. 

Gérard (R.), Les Pyréthres insecticides. 

Goldflus (M'e Mathilde), De la structure et des fonctions de l'assise 
épithéliale et des antipodes chez les Composées. 

Gonod d'Artemare, Un herbier de Jean-Jacques Rousseau. 

Gravis, Recherches anatomiques et physiologiques sur le Trades- 
cantia virginica. 

Grecescu, Note aditionale la Conspectul florei Romaniei. 

Héribaud (frére), Les Muscinées d'Auvergne. 

Hiern, Catalogue of Welwitch's african plants, part. III. 

Holm, Studies in the Cyperaceæ, n° VIII et IX. 

Janse, De nootmuskaat-cultur. 

Lambin, La Cathédrale et la Forét. 

Laurent, Recherches expérimentales sur les maladies des plantes. 

Le Grand, Quatriéme Notice sur quelques plantes critiques. 

— Réponse à M. Rouy. 

— Histoire du Valerianella cupulifera. 

Legré, La Botanique en Provence au XVF siécle: Hugues de Solier. 

Loew, Curing and Fermentation of Cigar leaf tobacco. 

Lotsy, De localisatie van het alcaloid in Cinchona Calisaya, ete. 

Lutz, Recherches sur la nutrition des végétaux. 

Marion et Laurent, Examen d'une collection de végétaux fossiles de 
Roumanie. 

Masters, The Bermuda Juniper and its allies. 

Peckham, On the solitary wasps. 

Pée-Laby, Etude anatomique de la feuille des Graminées de la 
France. 

Perrot, Anatomie comparée des Gentianacées. 

Picquenard, L’Isoetes lacustris dans le Finistère. 

— Un Lichen nouveau, Bilimbia corisopitensis. 

Pierre, Flore forestiére de la Cochinchine, 25* fascicule. 

Pirotta e Buscalioni, Sulla presenza di elementi vascolari multi- 
nucleati. 

Planchon (Louis), Plantes médicinales et toxiques, du dépar tement 
de l'Hérault. 

Ravaz, La maladie d'Oléron. 

— et Bonnet, Effets de la foudre sur la Vigne. 


VIDAL. — UNE FLEUR DE FUCHSIA ANOMALE. 261 


Ravaz et Bonnet, Recherches sur le Black-rot. 

Roth, Forestry Conditions of northern Wisconsin. 

Rouy, Les Doryenium de la flore française. 

Roze, Charles de l'Escluse, d'Arras. 

Saccardo, Sylloge Fungorum, vol. XIIT. 

Sakugoro Hirase, Etudes sur la fécondation et l'embryogénie du 
Ginkgo biloba. 

Schinz, Beiträge zur Kenntnis der afrikanischen Flora, X. 

Schrenk, Dissemination of Usnea barbata. 

Schwendener, Botanische Untersuchungen. 

Sebire, Les plantes utiles du Sénégal. 

Wildeman (de) et Durand, Illustrations de la flore du Congo. 

Nouvelles Archives du Muséum, t. X, fasc. 1 et 2. 

New-York agricultural Experiment station, n* 155-158. 

Minnesota Botanical Studies, part. II. 

Transactions of the Wisconsin Academy, vol. XI. 

Boletim do Museu paraense de Historia natural e Ethnographia. 


UNE FLEUR DE FUCHSIA VIRESCENTE ET ZYGOMORPHE ; 
par M. Louis VIDAL (1). 


M. Hildebrand (2) a décrit tout récemment une fleur de Fuchsia 
coccinea, qui, au lieu d'étre pendante et actinomorphe, était obli- 
quement dressée et zygomorphe : les pièces florales postérieures 
étaient plus développées que les antérieures, de manière à donner 
à l'ensemble de la fleur un aspect bilabié. Cet auteur avait déjà 
signalé il y a quelques années une anomalie du méme genre (in 
Bot. Zeit., 1890). 

Voici la description d'une fleur de Fuchsia coccinea que m'a 
communiqué M. Thirion, chef de culture au Jardin des plantes de 
Grenoble. 

Comme la fleur décrite par M. Hildebrand, cette fleur est obli- 
quement dressée et zygomorphe. Mais ici ce sont les piéces anté- 
rieures qui sont les plus développées. 

Les sépales antérieur et latéraux forment un large tablier hori- 


(1) Travail fait au laboratoire de Botanique de la Faculté des sciences de 
Grenoble, dirigé par M. le professeur Lachmann. 

(2) Hildebrand (Friedrich), Ueber eine zygomorphe Fuchsia-Blüthe, Bot. 
Centralhlatt, LXXVII, pp. 177-179, 2 fig.; 1899. 


262 SÉANCE DU 23 JUIN 1899. 


zontal. Le sépale antérieur possède la couleur rouge normale, 
son extrémité est un peu enroulée en dessus. Les deux sépales 
latéraux sont très grands : ils ont à peu près la longueur du sé- 
pale médian, mais sont beaucoup pluslarges; leur nervure médiane 
divise leur limbe en deux moitiés trés inégales : l'antérieure est 
étroite et rouge, la postérieure est large et parfaitement verte ; 

cette moitié foliacée présente des nervures pennées trés apparentes, 
son bord porte une douzaine de dents (Penzig, dans son Pflanzen- 
teratologie, cite des ohservations analogues). 

En avant, le tablier fait corps avec l'ovaire infère à la manière 
ordinaire; en arriére, il ne fait que l'embrasser, ses deux bords 
séparés venant s'insérer à la base seulement de l'ovaire. 

Le sépale postérieur et les quatre pétales sont dressés et conni- 
vents en une sorte de casque. 

Le sépale est rouge avec son extrémité verte, il est un peu plus 
court que les autres sépales. Les deux pétales latéro-postérieurs 
sont bicolores : leur moitié postérieure est rouge (couleur nor- 
male des sépales) et leur moitié antérieure est violette (couleur 
des pétales); au lieu d'arriver en contact par leurs bords posté- 
rieurs comme sur une fleur normale, ils sont séparés par le sépale 
postérieur qui forme le cimier du casque. Les deux pétales latéro- 
antérieurs, recouvrants par rapport aux précédents, sont normaux. 

Une étamine (postéro-latérale) est complètement transformée en 
pétale, les sept autres sont normales, sauf une dont l'anthére pré 
sente une légére pétalisation. 

Enfin le stigmate est un peu déformé, tordu sur lui-méme. 

Les autres fleurs du méme pied étaient normales. 


Les fleurs orientées verticalement, a fait remarquer M. Hilde- 
brand, qu'elles soient dressées ou, ce qui est beaucoup moins 
fréquent, renversées, telle celle du Fuchsia, sont actinomorphes- 
L'inclinaison de la fleur sur l'horizon semble ainsi une des déter- 
minantes de la zygomorphie. 


La précédente observation, comme celle de M. Hildebrand, parait 
confirmer la justesse de cette remarque. 

Au surplus, la fleur que je viens de décrire était peut-être par 
elle-méme assez curieuse pour mériter ces quelques lignes. 


MERE 


DUMÉE ET MALINVAUD. — LE VICIA PANNONICA DANS S.-ET-MARNE. 263 


M. Malinvaud fait, au nom de M. Dumée et au sien, la 
communication suivante : 


UN VICIA NOUVEAU POUR LA FLORE FRANCAISE ; 
par MM. Paul DUMÉE et Ernest MALINVAUD. 


1* Le Vicia pannonica type dans Seine-et-Marne. 


La variété à fleurs purpurines (Vicia purpurascens DC.) du 
V. pannonica Crantz était depuis longtemps connue dans le midi 
et le centre de la France, et méme aux environs de Paris; mais la 
forme typique de l'espéce, à corolle plus ou moins jaune, parais- 
sait étrangère à notre flore (1). Elle lui est aujourd'hui acquise, 
grâce à la découverte qui en aété faite, au commencement de juin, 
à Esbly, prés de Meaux, dans une friche herbeuse où elle était 
abondante. Quoique probablement elle n'y soit que subspontanée, 
comme d'ailleurs la variété purpurascens (au moins pour le centre 
et le nord de la France), il était intéressant de constater pour la 
premiére fois la présence du type dans notre pays. 

Le V. pannonica d'Esbly offrait les caractéres essentiels assi- 
gnés à cette espéce, sauf en un point, de faible importance il est 
vrai d’après l'adage « Nimium ne crede colori » : la coloration des 
parties jaunes de la corolle, dans notre plante, rappelait plutót 
celle des fleurs du Vicia lutea que la nuance claire indiquée par 
les termes Flores albidi vel ochroleuci, employés par les floristes 
pour le V. pannonica. Cette observation, rapprochée du fait que 
le type de l'espéce de Crantz n'avait pas encore été signalé en 
France, fit naitre dans notre esprit le soupcon d'un croisement 
possible entre les Vicia purpurascens et lutea. Mais, après avoir 
vainement cherché à Esbly les parents présumés et trouvant, par 
contre, des graines parfaitement müres sur les pieds les plus 
avancés, nous avons finalement écarté toute hypothése d'hybri- 


dation. 
Boissier (Fl. Or. II, 569) a trés justement, selon nous, réuni les 


(1) La Flore de France de Grenier-Godron (I, 464) attribue au Vicia pan- 
nonica des « fleurs purpurines veinées, chez nous jamais jaunes ». M. Rouy 
(Fl. de Fr. V, 224) dit, au sujet de la forme type: « non encore rencontrée 


en France. » 


264 SÉANCE DU 23 JuIN 1899. 


Vicia pannonica et hybrida dans une subdivision ne comprenant 
que ces deux espèces voisines. D’autres auteurs, notamment Gre- 
nier et Godron (Fl. Fr. I, 462-464), par une disposition moins 
conforme aux affinités naturelles, ont rangé ces deux Vicia dans 
des sections différentes et les ont séparés par d'autres espéces 
n'ayant avec les précédentes que des rapports assez éloignés. 


9» Une erreur d'attribution. 


La recherche de la description princeps du Vicia pannonica 
nous a permis de relever une erreur de paternité vraiment inex- 
plicable et dont la grande majorité des floristes se partagent la 
responsabilité. Grenier-Godron (Fl. Fr. I, 464), Cosson et Ger- 
main (Fl. env. Paris, 176), Boreau (Fl. centr., éd. 3, 1I, 174, en 
note), d'autre part Boissier (Fl. Or. II, 569), De Candolle (Prodr. 
II, 364), J. Koch (Syn., ed. 3, 169), ete.,attribuent à Jacquin, 
dont l'ouvrage cité (Fl. austr., tab. 34) est de 1773, la création 
du V. pannonica, déjà nommé et défini par Crantz (Stirp. austr., 
fasc. V, p. 393) dés 1769. Cette erreur est d'autant plus singu- 
lière que Jacquin, qui avait précisément confondu, dans son Enu- 
meralio de 1762, le futur V. pannonica avec le V. lutea L., recon- 
naît trés loyalement, dans son Flora austriaca de 1779, Crantz 
comme l'auteur de l'espéce nouvelle et ajoute dans la synonymie 
de celle-ci : « Vicia lutea Jacq. Enum. non L. » La confusion 
qui prévalut plus tard parait avoir été propagée et accréditée par 
les ouvrages de Host et surtout ceux de J. Koch, où l'on voit, au 
Vicia pannonica, le nom de Jacquin substitué à celui de Crantz, 


et la plupart des auteurs, pendant un demi-siécle, faute de se con- 
former au sage précepte 


Nullus addictus jurare in verba magistri, ` 


ont copié cette citation inexacte. Nous la trouvons corrigée par 
Nyman (Consp., 209), puis par M. Daydon Jackson dans l'Indez 
kewensis; enfin elle ne pouvait échapper à l'impeccableexactitude 
de M. Émile Burnat (F1. Alpes maritimes, II, 174). 


M. Malinvaud présente à la Société des échantillons du 
Vicia mentionné dans la communication précédente. 


BATTANDIER. — PARONYQUES ALGÉRIENNES. 265 


M. le Secrétaire général donne ensuite lecture des com- 
munications suivantes : 


REVISION DES PARONYQUES ALGÉRIENNES À GRANDES BRACTÉES ARGENTÉES : 
par M. A. BATTANDIER. 


Les organes floraux étant trés réduits dans beaucoup de Paro- 
nychiées, et d'un examen assez difficile, si l'on en excepte les 
sépales, leur étude a parfois été un peu négligée, tandis que l'on 
accordait trop d'importance à la forme d'organes essentiellement 
variables, comme les feuilles, les stipules et les bractées. 

Les Paronyques que nous voulons étudier aujourd'hui appar- 
tiennent toutes à la section Eunychia du Prodrome de De Can- 
dolle, etaux sous-sections Aconychia ct Anoplonychia de Fenzl. Les 
Aconychia ont des sépales cucullés et aristés, leurs parties vertes 
rougissent par la dessiccation; les Anoplonychia ont des sépales 
ni cucullés, ni aristés, ces plantes restent vertes en herbier, au 
moins pour nos espéces algériennes. 


1^ Aconychia Fenzl. 


Paronychia argentea L. — Cette espèce, la plus commune du 
groupe, est toujours facilement reconnaissable, et néanmoins assez 
variable. Nous n'insisterons pas sur les diverses variétés décrites, 
qui, réunies par de nombreux intermédiaires, n'ont aucune valeur 
taxonomique; leur étude n'en est pas moins intéressante pour 
montrer comment varie le genre lui-méme et nous éclaire sur la 
valeur respective des caractères. 

Dans une des formes extrémes de ce Paronychia, les feuilles 
sont elliptiques ou méme nummulaires trés obtuses et à peine 
mucronées, en paires distantes; les stipules ovales sont parfois 
aussi larges que longues ; les bractées sont semblables aux stipules, 
courtes et parfois obtuses. Cette forme serpylline, qui devient domi- 
nante dans les! P. serpyllifolia, chionæa, ete., est l'extrême d'une 
forme plus générale, constituant la variété maurilanica DC. de 
l'espéce. 

Dans la forme la plus opposée, les feuilles sont linéaires-lan- 
céolées, aiguës, mucronées. Les jeunes pousses stériles, toutes 
couvertes de feuilles aciculaires, mélées de stipules de méme 


266 SÉANCE DU 23 JUIN 1899. 


forme, très longues, argentées, acuminées; feuilles et stipules 
étroitement imbriquées sont appliquées contre la tige qui forme 
comme un cordon feuillé. Cette disposition, que j'appellerai juni- 
périne, devient habituelle dans beaucoup d'espèces et persiste 
plus ou moins haut sur les tiges floriféres. 

Dans cette forme du Paronychia argentea, comme dans la pré- 
cédente, la forme des feuilles se répercute sur les stipules et les 
bractées qui deviennent longuement ovales-acuminées. 

Ces deux formes extrémes de feuillages se retrouvent plus ou 
moins fixées dans divers types spécifiques où elles deviennent assez 
constantes pour caractériser des variétés ou des sous-espéces. 
Rarement elles demeurent stables dans tout un type spécifique 
bien caractérisé. 

Le plus ou moins d'abondance de l'indumentum, sur lequel 
Ball a basé la variété velulina du P. argentea, me parait de peu 
d'importance dans tout le genre, mais il n'en est pas de méme de 
la nature de cet indumentum, dont le changement a bien plus de 
valeur au point de vue taxonomique. 

Dans le P. argentea, les sépales sont oblongs, cucullés au 
sommet en forme de voüte, surmontée d'un mucron gréle égalant 
leur tiers ou leur quart. Ils sont largement scarieux aux bords, 
mais la partie herbacée, nettement trinerviée, est plus large que 
les marges. Ordinairement glabres vers le basen dehors, ils sont 
plus ou moins recouverts, vers le haut, de poils dressés. En dedans, 
ils sont glabres. Ils sont, comme dans les Paronychiées en général, 
soudés à leur base en cupule, tapissée intérieurement par un 
disque luisant portant cinq organes flagelliformes alternant avec 
autant d'étamines. Ces organes flagelliformes, décrits tantót comme 
des pétales, tantót comme des staminodes, ne sont, dit-on, pas 
constants dans le genre, et leur présence ou leur absence sert 
souvent de caractère spécifique. Je les ai trouvés dans toutes nos 
Paronyques algériennes. J'aurai d'ailleurs à revenir sur ce point 
à propos de la section Anoplonychia. 


P. arabica L. — Sous ce titre spécifique, je réunirai, comme 
autant de sous-espèces les P. longiseta Webb, Cossoniana 
J. Gay, aurasiaca Webb et desertorum Boissier. C'était la ma- 
nière de voir de Cosson (Bull. Soc. bot. de Fr., IV, p. 170). 
Webb, dans le Phytographia canariensis, allait même jusqu'à 


ring 


-~ cnn 


BATTANDIER. — PARONYQUES ALGÉRIENNES. 267 


les réunir au P. argentea L., en quoi je ne puis le suivre. Ce type 
différe, en effet, du P. argentea par la présence de poils en crosse 
ou en crochet sur le calice. Ces poils ont, dans les Paronyques et 
les Herniaires, la méme valeur spécifique que dans les Myosotis. 
Ils se retrouvent plus ou moins abondants, seuls ou mélés de poils 
ordinaires, dans toutes les sous-espéces du P. arabica. Dans 
certains échantillons du P. aurasiaca, ils peuvent étre peu appa- 
rents, au milieu des poils rectilignes, mais ils existent toujours. 
En outre, la marge scarieuse des sépales est plus développée que 
dans le P. argentea. 


Sous-espéce I, P. aurasiaca Webb. — Port ordinairement ser- 
pyllin; feuilles ovales ou oblongues, à peine mucronées; stipules 
bien développées; inflorescences multiflores, compactes, à petites 
bractées oblongues, ne dépassant pas les fleurs; calice fermé de 
2 millimètres de haut; sépales fortement cucullés avec un mucron 
court, très large à la base, égalant environ le quart du sépale. 
Kabylie, Babors, hauts plateaux, Tunisie. 


Sous espèce I, P. Cossoniana J. Gay, inéd. — C’est un peu par 
exclusion et aussi par les récoltes de Cosson, que j'ai été fixé sur 
l'identité de cette plante restée inédite. Port ordinairement juni- 
périn; feuilles étroites, mucronées, inflorescence de la précédente; 
mucron des sépales dépassantle tiers de leur longueur. Hauts 
plateaux, désert, Tunisie. 


Sous-espéce II, P. desertorum Boissier. — Port junipérin trés 
condensé, inflorescence des deux précédents, plus étroite; fleurs 
moitié plus petites; sépales à mucron conique tout à fait minus- 
cule. Les feuilles, stipules et bractées, sont aussi trés petiles. J'ai 
cette plante du Fort Mac-Mahon, identique à mes échantillons du 
Caire. 


Sous-espéce IV, P. longiseta Webb. — Tiges allongées; feuilles 
étroites, lancéolées-aigués, aristées; bractées lancéolées-acumi- 
nées dépassant longuement les fleurs; calice fermé de 2 milli- 
mètres; mucron grêle, égalant à peu prés le sépale. Port junipérin 
à la base des tiges. Sud de l'Algérie, Tunisie, Orient. o. 

Dans ces trois dernières sous-espèces, les tiges sont ordinai- 
rement veloutées et fragiles en herbier. 


268 SÉANCE DU 23 JUIN 1899. 


Section Anoplonychya Fenzl. 


C'est dans cette section qu'une revision est surtout nécessaire, 
car il y régne une grande confusion, et c'est ici qu'il faut donner 
la prédominance aux caractères vraiment importants pour faire la 
lumière. 

Nous avons dans ce groupe deux types spécifiques distincts, 
tous deux très variables, et faciles à confondre si l'on s'en rapporte 
au port et à l'aspect. Ce sont : 


1* Le PARONYCHIA CAPITATA Lamarck, Illecebrum capitatum L., 
comprenant les P. nivea DC., Kapela Hacquet, chionca Bois- 
sier, serpyllifolia DC., aretioides DC., etc. 


9* Le P.cuLororTayrsa Murbeck, in Contributions à la Flore du 
N. 0. de l'Afrique. Lund. 1897, fasc. I, p. 48; P. macrosepala 
J. Ball, non Boissier. Cette espèce fut d'abord décrite au Maroc 
par John Ball, dans le Journal of Botany en 1875, mais ce nom 
avait déjà été donné par Boissier à une plante d'Orient. En 1877, 
dans le Spicilegium Flore maroccanæ, Ball, tout en constatant 
que les deux plantes ne sont pas identiques, croit pouvoir réunir 
son espèce au P. macrosepala Boissier. Murbeck, en 1897, trouve 
cette réunion illégitime et tâche de bien limiter l'espéce sous le 
nom de P. chlorothyrsa. Ce nom est malheureusement impropre, 
car il ne convient qu'à une des formes de l'espéce, la seule qu'aient 
eue en vue John Ball aussi bien que Murbeck, qui n'ont décrit que 
la plante du Sud. 

Or le type de l'espéce vient jusqu'à la mer. Je l'ai de l'Arba, des 
Beni-Sahla, des gorges de la Chiffa, etc. Seulement, dans ces 
stations du Nord, il constitue une variété différente qui a généra- 
lement été confondue avec le P. nivea DC. C'est, je pense, ce qui 
avait amené Cosson à considérer cette espèce comme une variété 
du P. nivea, manière de voir que j'ai suivie dans la Flore de 
l'Algérie, comme Bonnet et Barratte dans le Catalogue de Tunisie. 

Cette espéce forme toujours des tiges courtes, étalées en touffe, 
ascendantes ou dressées, toutes couvertes, ainsi que les feuilles et 
les sépales, de poils étalés, trés courts et très denses, formant 
comme un velours. Cet indumentum, trés spécial, devient un peu 
moins caractéristique vers l'inflorescence. Les feuilles sont toujours 


f 


BATTANDIER. — PARONYQUES ALGÉRIENNES. 269 


aiguës, le plus souvent trés petites, linéaires-aciculaires, parfois 
lancéolées ou oblongues. Les stipules sont étroitement lancéolces, 
acuminées, ciliolées; les bractées, toujours aiguës au sommet, sont 
très variables. Cette plante est surtout et toujours caractérisée par 
sa fleur à sépales très étroits, linéaires, inégaux, les deux internes 
plus courts, tous couverts, en dedans comme en dehors, de poils 
étalés, non distinctement ciliés, glabres seuiement à leur base 
interne, seul point aussi où ils soient distinctement nerviés; ces 
sépales sont très variables comme longueur et présentent, sous ce 
rapport, un balancement organique remarquable avec les bractées, 
celles-ci étant d'autant plus longues que les sépales sont plus 
courts. La longueur des sépales peut varier de 4 à 8 millimétres; 
ils ont une tendance à se recourber en arriére, d'autant plus 
marquée qu'ils sont plus longs. Entre les sépales on voit cinq 
organes flagelliformes, décrits comme pétales par Murbeck, comme 
pétales ou staminodes par John Ball, qui donnent ce caractère 
comme séparant leur plante du P. capitata et formes voisines. Or 
j'ai toujours trouvé ces organes dans toutes les formes du P. capi- 
lata. La seule différence appréciable, c’est que, dans les échan- 
tillons sees du P. chlorothyrsa, ils semblent insérés entre les 
sépales plutót que sur les bords du disque, peu visible. Dans le 
Voyage en Espagne, Boissier décrit le P. aretioides DC. comme 
apétale et, sur la figure qu'il en donne, ces cinq flagella sont 
énergiquement dessinés, mais insérés sur un disque bien distinct 
de la cupule calicinale. Celle-ci est toujours trés petite dans le 
P. chlorothyrsa. Les filets sont extrémement gréles et les anthéres 
deux fois plus petites que dans les espéces voisines; la capsule 
est ellipsoide, allongée avec deux styles courts divergents au 
sommet. J'ai étalé sous le microscope des centaines de fleurs de 
cette espéce et des espéces voisines et je ne conserve pas le moindre 
doute sur la légitimité de l'espéce comme type linnéen bien 
tranché. | 

Var. bracteosa. — Tiges étalées toutes couvertes de trés petites 
feuilles appliquées (port junipérin), argentées par la prédomi- 
nance des stipules; fleurs en gros capitules trés brillants; bractées 
les plus grandes de tout le groupe, semi-ovales, longuement acu- 
minces; sépales de 4 millimètres, peu ou pas récurvés, finement 
aciculaires. Lit de l'Oued-Djemma à l'Arba, gorges de la 


Chiffa, etc., etc. 


270 SÉANCE DU 23 JUIN 1899. 


Var. chlorothyrsa. — Forme décrite par Murbeck. Sépales très 
longs, 9-7 millimètres, récurvés, dépassant plus ou moins les 
bractées trés variables de longueur. Dans ces formes du Sud, les 
feuilles deviennent plus larges, quoique toujours lancéolées, les 
paires s'écartent sur la tige, le port serpyllin prend le pas sur le 
port junipérin, l'inflorescence tend à se dichotomiser. On apercoit 
facilement des fleurs solitaires dans les dichotomies. 


Forma querioides John Ball. — Bractées trés réduites, plantes 
condensées à feuilles supérieures trés récurvées, pareilles aux 
sépales trés longs et trés saillants. Biskra, Maroc, etc. 


Forma dichotoma. — Bractées trés réduites. Sépales médiocres, 
feuilles courtes, en paires distantes; tiges dressées, dichotomes ; 
fleurs solitaires dans les dichotomies et en cymes triflores au 
sommet des rameaux. Djebel bou Kherouf, Sud Oranais (Clary). 

Cette curieuse forme offre un parallélisme remarquable avec 
l Herniaria Fontanesii (1), variété dressée et dichotome de FH. 
fruticosa L., dont les formes couchées ont les fleurs en glomérules. 
Lange avait décrit une forme dichotome analogue dans le Paro- 
nychia capitata en Espagne, le P. brevistipulata. 


P. macrosepala Boissier, Fl. d'Or., que j'ai de Grèce en trés 
beaux exemplaires, présente un calice assez variable, qui, dans 
certains échantillons, se rapproche un peu de celui du P. chloro- 
thyrsa par ses sépales longs, étroits, inégaux, velus en dedans et 
en dehors; mais ces sépales, bien plus larges dans d'autres 
exemplaires, sont toujours plus distinctement nerviés, lindu- 
mentum de toute la plante est formé de poils raides, appliqués; 
les feuilles plus larges, plus courtes, sont ciliées, les tiges presque 
glabres; la cupule calicinale est plus développée, les anthéres plus 
grandes, les filets plus gros. La capsule plus courte est brusquement 
rétrécie au sommet, comme tronquée et terminée par des styles 
plus longs. En somme, cette plante est plus voisine du P. capitata 
que du P. chlorothyrsa. 


P. capitata Lamk, Illecebrum capitatum L. — Cette espèce fort 
répandue dans la région méditerranéenne est trés polymorphe, 
aussi y a-t-on découpé bien des petites espèces. Le port est géné- 


(1) Herniaria erecta. Willk.; Batt. Fl. de l'Algérie. 


vr y 


BATTANDIER. — PARONYQUES ALGÉRIENNES. 271 


ralement serpyllin; les tiges, plus ou moins longues, peuvent être 
glabres ou plus ou moins velues; les feuilles sont ciliées aux bords, 
glabres ou plus ou moins velues sur les faces. Leur forme est trés 
variable, depuis les formes obovales, comme tronquées du P. chio- 
«a, jusqu'aux feuilles linéaires-lancéolées aiguës de beaucoup de 
formes algériennes du P. nivea. Méme variation dans les stipules 
et surtout dans les bractées. Les sépales, entièrement herbacés, 
sont ciliés, glabres sur les faces, ou velus sur la face externe, 
toujours fortement trinerviée, à nervures allant jusqu'au sommet, 
souvent munie de quelques poils plus forts queles autres. Ils sont 
égaux et obtus ou inégaux, aigus et un peu écariés au sommet. 
Lorsque dans cette derniére forme la face externe est trés velue, 
la face interne des plus grands sépales est parfois un peu velue vers 
le haut; mais, au lieu de se terminer en corne effilée comme ceux 
du P. chlorothyrsa, ils sont régulièrement concaves de la base 
au sommet, en forme de cuiller plus ou moins allongée. Leur 
taille est assez variable, 2 1/2 à 4 millimétres de longueur, y 
compris la cupule, sur moins de 1 millimétre de largeur. Enfin 
l'indumentum plus ou moins abondant du P. capitata est formé 
de longs poils appliqués et ne ressemble en rien à celui du P. 
chlorothyrsa. La capsule est ellipsoide. 

Dans les formes algériennes, nous distinguerons les variétés 
suivantes : 


Var. obtusata : P. capitata, mihi olim in Fl. de l'Algérie. 
— Feuilles courtes, ovales ou oblongues, obtuses; stipules ovales 
ou lancéolées; bractées asymétriques, obovales, très amples, 
mucronées ou non mucronées, trés blanches, trés brillantes. Tiges 
couchées. Plante tout à fait pareille au P. capitata de Grenier 
et Godron; P. Kapela Hacquet, dont elle ne diffère que par 
ses sépales ordinairement glabres sur les faces, ciliés et inégaux. 
Montagnes : Ben-Chicao, Dréat, Meghris. 

Var. acuminata; P. nivea DC. — C'est cette variété qui, avec 
la variété bracteosa de l'espéce précédente, constitue le P. nivea 
de la Flore de l'Algérie. Feuilles lancéolées-aigués, tiges courtes, 
souvent ascendantes; bractées ovales-acuminées; sépales ordi- 
nairement aigus et inégaux, glabres ou velus sur la face externe. 
Un échantillon du Khaneg-Lekhal (Sud Oranais) a les sépales 
égaux, obtus et très velus, comme dans les P. Kapela et Chionea. 


972 SÉANCE DU 23 jviN 1899. 


Cette variété est d’ailleurs très variable pour la largeur des 
feuilles et des bractées. Maison-Carrée, Palestro, les Issers, 
Aumale, Sourdjouab, Cassaigne, Daya, Aflou, Nemours, etc. 


CONTRIBUTIONS A LA FLORE DE LA MARNE; par M. L. GÉNEAU 
DE LAMARLIERE. 


Depuis la publication des Catalogues de Lambertye (1), de 
Brisson (2) et de M. Bazot (3), la flore de la Marne s'est enrichie par 
la découverte de plusieurs espéces nouvelles. D'autre part, des 
plantes qui n'étaient connues autrefois que dans une ou deux loca- 
lités ont été retrouvées ailleurs. Un nouveau Catalogue serait 
nécessaire pour mettre au jour toutes les trouvailles qui ont été 
faites dans la région. En attendant que quelque botaniste dévoué 
veuille se mettre à la besogne pour mener à bien un tel travail, je 
crois qu'il est bon de signaler les plus intéressantes parmi les 
découvertes qui ont été faites. C'est le but de cette Note. 


RANUNCULUS- NEMOROSUS DC. — J'ai rencontré cette espèce dans 
différentes parties de la forêt de l'Argonne, où elle doit être assez 
répandue : bois en face de Clermont-en-Argonne, sur le terri- 
toire de la Meuse; bois de Chátrices non loin des étangs de la 
Grande-Rouillére, des Usages, etc., sur le territoire de la Marne. 


DENTARIA PINNATA Lamk. — Cette belle Crucifère a été décou- 
verte en avril 1898, par M. J. Laurent, dans la forét de Reims, au 
« Gouffre de Germaine », non loin du ruisseau oü croit en tapis le 
Chrysosplenium alternifolium. Elle existe en abondance sur un 
seul point, et elle semble trés vigoureuse. L'éloignement de toute 
habitation ne laisse pas supposer que ce soit là un fait d'intro- 
duction. On peut se demander cependant comment il se fait qu'une 
plante de cette taille, bien faite pour attirer les yeux, n'ail pas été 


(1) Comte Léonce de Lambertye, Catalogue raisonné des plantes vascu- 
taires qui croissent spontanément dans le departement de la Marne. Paris, 
1540. . 

(2) T.-P. Brisson, Catalogue des plantes phanérogames du département 
de la Marne, 1884. 

(3) L. Bazot, Plantes vasculaires de l'arrondissement de Vitry-le-Fran- 
£018, d'apres les herborisations de MM. Thiébaut, Richon, Guillot et L. 
Bazot; Société des Sciences et Arts de Vitry-le-François, 1893. 


GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. — CONTRIB. A LA FLORE DE LA MARNE. 273 


trouvée par nos anciens botanistes qui avaient exploré la localité. 
C'est d'ailleurs dans les Vosges et le Plateau central qu'il faudrait 
aller pour retrouver d'autres localités du D. pinnata. La nouvelle 
localité est donc un peu en dehors de l'aire de dispersion connue 
de cette plante (altitude entre 150 et 200 mètres). 


ELATINE HEXANDRA L. — Cette espèce a été trouvée par Ricart, 
instituteur, sur le bord de l'étang du Châtellier, le 9 octobre 1865. 
Les échantillons que j'eu ai vus sont dans l'Herbier Maltot, déposé 
au Petit Séminaire de Reims. La découverte est donc ancienne, 
mais Brisson ne l'a point connue, ni citée. Depuis, par deux fois, 
la méme espéce a été indiquée dans les comptes rendus d'excur- 
sions de la Société d'histoire naturelle de Reims, au Marais du 
Vivier (Trigny) et au Moulin-Compensé (Châlons-sur-Vesle). Mais 
je n'ai vu aucun échantillon de ces deux localités, et j'ai exploré 
avec soin, mais vainement, la seconde, de sorte qu'il me reste 
encore des doutes. 


VICIA PURPURASCENS DG.— C'est vraisemblablement à une intro- 
duction que nous devons la présence de cette jolie plante dans 
notre flore. Elle a été découverte par M. André Guillaume, le 
23 mai 1899, à proximité de la station de Breuil-Romain, au bord 
des moissons. 


Prunus rnuTICANS Weihe. — Cette espèce échappe facilement 
aux recherches à cause de sa ressemblance avec le P. spinosa. J'en 
ai trouvé des échantillons dans l'Herbier de Levent, déposé à 
l'École de médecine de Reims. La découverte remonte à 1861, et 
n'est pas citée par Brisson. La localité se trouve dans les bois de 
Merfy. M. Bazot a d'ailleurs cité depuis cette espéce comme trés 
rare aux environs de Vitry-le-François. 


AGRIMONIA ODORATA Mill. — Un exemplaire, recueilli sur le 
chemin de Jonchery-sur-Vesle à Irval, se trouve dans l'Herbier 
Lambert, déposé au Petit Séminaire de Reims. Découverte déjà 
ancienne. 


SonBus LATIFOLIA Pers. — Il a été indiqué par M. Guillot, dans 
le Catalogue de Brisson, comme existant dans les bois de Char- 
mont, dans la région de l'Argonne. Toutefois, comme on sait que 


Brisson ne vérifiait pas les dires de ses correspondants, cette 
T. XLVI. (SÉANCES) 18 


9274 SÉANCE DU 23 JUIN 1899. 


découverte demandait à être confirmée. Or, dans une excursion 
faite, le 23 mai 1899, aux environs de Vandeuil (arrondissement de 
Reims), accompagné de M. A. Guillaume, j'ai retrouvé un individu 
de ce Sorbus dans les bois qui sont à mi-cóte du lieu dit le Mont- 
Azin (vers la cote 200). Il avait été traité comme le taillis 
voisin et n'était pas fleuri. Quelques jours aprés, le 28 mai, dans 
une excursion de la Société d'histoire naturelle, de Germaine à 
Louvois, dans la forêt de Reims, j'ai pu constater que l'espéce 
était trés fréquente sur les plateaux de la meulière où l'altitude 
varie de 260 à 280 mètres. Dans cette région, le S. latifolia est éga- 
lement traité en taillis et ne fleurit pas. J'ai pu cependant en voir 
des individus conservés en arbres, qui atteignent jusqu'à 7 à 
8 métres de haut sur 15 à 20 centimétres d'épaisseur pour le 
tronc, et qui sont de trés belle venue. Le S. latifolia dans cette 
région est accompagné de trois autres Sorbiers : S. Aucuparia, 
S. torminalis et S. Aria. Ce dernier surtout est trés abondant, 
presque autant que le S. latifolia. Chose remarquable, sur plu- 
sieurs rameaux du S. latifolia, j'ai observé des feuilles se terminant 
nettement en coin à la base et mélangées à des feuilles arrondies 
à la base. Les premières présentaient donc un caractère assez net 
du S. scandica; peut-être faudrait-il voir là une influence de 
l'hybridité, mais je n'ai pas constaté encore le type pur du S. scan- 
dica dans la région. D'ailleurs, pour résoudre entièrement la 
question, il faudra attendre qu'on ait trouvé un certain nombre 
d'individus en fruits. La présence du S. latifolia dans la forét de 
Reims établit une nouvelle station intermédiaire entre les mon- 
lagnes de l'Est et la forêt de Fontainebleau, qui sont en France 
les deux principaux centres de dispersion de l'espèce. 


HERNIARIA HIRSUTA L. — Ce type d'Herniaire est encore très 
rare dans notre flore. Le Catalogue de Lambertye ne le cite què 
dans l'Argonne, et encore en dehors de nos limites. Plus tard, il 
a été constaté à Beaurieux, encore sur nos limites, et cetle fois 
dans l'Aisne. L'Herbier Levent et l'Herbier Maltot en possèdent 
des échantillons recueillis en 1849, par de Belly, dans cette loca- 
lité. Mais ce n'est qu'en 1853 qu'on le découvrit dans la Marne, 
au bois du Salut, prés Jonchery-sur-Vesle (Herbier Lambert). 
L'Herbier Maltot en posséde aussi des échantillons provenant de 
Muizon et de la Garenne d'Ecueil, mais postérieurs à ceux de l'Her- 


GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. — CONTRIB. A LA FLORE DE LA MARNE, 975 


; t. Jai re 4 spéce à Pé 3 
bier Lambert. J'ai retrouvé cette espèce à Pévy, en 1896, et 
M. Devauversin l'indique, à Sézanne et au Meix-Saint-Epoing, 
dans l'arrondissement d'Epernay. 


HELOSCIADIUM REPENS hoch. — Comme la précédente, cette 
espèce a commencé par être indiquée de différents côtés sur nos 
limites; M. Bazot l'a enfin indiquée à Vitry-en-Perthois. L'an der- 
nier, je l'ai constatée également dans un fossé tourbeux près de 
Cormicy. | 


GALIUM SILVATICUM L. — J'ai rencontré cette Rubiacée au bord 
de la forét d'Argonne, en juin 1899, prés de l'ancien champ de 
manœuvres dé Sainte-Ménehould. Je ne l'ai pas revue ailleurs 
dans la forét. 


TuriNcra niserpa Roth. — Cette espèce a été découverte par 
Maltot sur les pelouses de la montagne de Sacy, et se trouve dans 
l'Herbier de ce botaniste. 


BARKHAUSIA SETOSA DC. — Je l'ai rencontrée au bord de la 
route de Jonchery-sur-Vesle à Pévy, en 1896, lors d'une excursion 
de la Société d'histoire naturelle. C'est la seule fois que cette 
espéce a été constatée dans nos limites. Elle est fréquente, au 
dire de Brisson, dans le canton de Méry-sur-Seine (Aube). 


Erica ciNEREA. L. — La Bruyère cendrée a été découverte, le 
11 septembre 1860 (Herbier Levent), par Lemot, prés la Croix- 
Rouge, dans la forét de Reims, au-dessus de Verzy. Aucun Cata- 
logue de la Marne ne fait mention de cette découverte, et c'est la 
seule localité connue jusqu'à maintenant. 


CICENDIA FILIFORMIS L. — Trouvée comme l’Elatine hexandra, 
au bord de l'étang du Châtellier, par Ricart, cette espèce est dans 
l'Herbier Maltot. Depuis et récemment, M. Devauversin l'a con- 
statée au bord des mares au-dessus de Sézanne et de Vindey. 


CuscurA corymBosa Choisy. — Il en existe des échantillons sur 
la Luzerne dans l'Herbier Lambert; ils proviennent d'Hourges el 
des environs de Jonchery-sur-Vesle. L'espéce n'a pas été revue 
depuis dans le département. 


Mosoris siLvATICA Hoflm. — I a été découvert par Maltot, en 
1865, dans les bois Sacy. Il n'est cité dans aucun Catalogue. Pro- 


276 SÉANCE DU 23 JUIN 1899. 


bablement plus répandue qu'on ne croit, cette Borraginée se 
trouve confondue avec les espèces voisines. 


ORoBANCHE TEUucni Schultz. — Cette très rare Orobanche, indi- 
quée par Brisson à Sarrans seulement, avait été trouvée auparavant 
à Beaurieux, sur nos limites (Herbier Levent), puis à Jonchery-sur- 
Vesle (Herbier Lambert). Je l'ai retrouvée en 1898 à Hermon- 
ville. 


OROBANCHE ARTEMISIÆ Vauch. — Espèce non mentionnée dans 
les Catalogues de la Marne, elle est indiquée par Lemoine, dans 
une liste de plantes de l'arrondissement de Reims, comme ayant 
été trouvée à Chálons-sur-Vesle, par Barot. Mais il existe des loca- 
lités plus anciennement connues : de Jonchery-sur-Vesle au moulin 
de Cuissat (Herb. Lambert) ; à la Garenne d'Ecueil (IIerbier Mal- 
lot). J'ai retrouvé cette espèce sur la route de Jonchery à Pévy 
en 1896. 


OROBANCHE MINOR Sutton. — Je l'ai trouvée une seule fois, en 
1896, dans un champ de Tréfle, à Pévy; elle n'avait jamais été 
indiquée dans le département. 


PLANTAGO CvNops L. — J'ai découvert un seul individu, for- 
mant un volumineux buisson au bord d'un chemin, prés de 
Prouilly. Il est bien probable que ce n'est qu'un cas d'introduc- 
tion; néanmoins la plante avait produit des graines qui germaient 
au-dessous du buisson. 


GOODYERA REPENS Rich. — Au mois d'octobre dernier, parcou- 
rant pour la dixième fois au moins les bois de Pins qui couvrent 
les sables à Chálons-sur-Vesle, j'ai mis le pied sur une touffe de 
Goodyera. A différentes reprises, j'avais vainement recherché cette 
espèce dans la localité, avec quelque espoir de la rencontrer; 
la grande analogie que le terrain présente avec celui de la forêt 
de F ‘Fontainebleau m'avait fait au début espérer d'y rencontrer le 
G. repens. Ce n'est qu'aprés trois ans que le succés est arrivé. Je 
ne connais jusqu'à maintenant que trois touffes de cette curieuse 
Orchidée, qui me semble introduite là assez récemment. 


POTAMOGETON OBTUSIFOLIUS M. et K. — J'ai trouvé cette espéce 
en 1896 à l'étang de Saint-Imoge, dans la forét de Reims. 


GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. — CONTRIB. A LA FLORE DE LA MARNE. 277 


P. PLANTAGINEUS Ducroz. — Cette espèce se trouve au marais 
du Vivier prés Chenay, et dans une petite tourbiére prés de Cor- 
micy. M. l'abbé Hécart l'a également trouvée prés de Thuisy. ` 


POTAMOGETON RUFESCENS Schrad. — Jl existe dans les marais de 
Wez où je l'ai trouvé en 1898, avec M. l'abbé Hécart. 


POTAMOGETON ACUTIFOLIUS Link. — Je l'ai découvert dans des 
fossés qui avoisinent le faubourg Fléchambault prés Reims. Ces 
quatre espéces de Potamogelon sont nouvelles pour la flore de la 
Marne. 


LEMNA PoLYRHIZA L. — C'est à Lambert qu'on doit la première 
découverte de cette plante dans le département : elle existe dans 
son Herbier, provenant de Jonchery-sur- Vesle. Je l'ai retrouvée à 
deux reprises différentes dans des fossés prés de Reims, en com- 
pagnie des Riccia glauca et fluitans; mais elle y est trés rare. 
L. Thiébaut l'avait indiquée à Vitry-le-Francois et M. Bazot, à | 
Saint-Lumier et à Heilz-le-Maurupt. 


SCIRPUS PAUCIFLORUS Light. — Voici dans l'ordre de leur décou- 
verte les rares locelités, presque toutes inédites, de cette Cypé- 
racée : Jonchery-sur-Vesle (Herbier Lambert) ; montagne de Sacy; 
pàtis de Sermiers (Herbier Maltot) ; marais de la Vesle prés Reims 
(Hariot in Brisson, Cat.), Muizon (ipse). 


SCIRPUS TABERNÆMONTANI Gmel. — L'Herbier Lambert en con- 
tient quelques exemplaires provenant des marais de Branscourt 
et de Sapicourt, confondus avec le S. lacustris. 


HELEOCIAnIS OVATA R. Br. — C'est au comte de Mellet (ef. Bazot, 
Cat.), collaborateur de Lambertye, qu'on doit vraisemblablement 
la découverte de cette plante. Mais le Catalogue n'en fait pas men- 
tion. L'H. ovata a été retrouvé depuis, par Maltot, dans les maré- 
cages de Méry-Prémecy (en 1867) et dans le pátis de Sermiers. 


CAREX BRIZOIDES L. — Cette intéressante espèce abonde le long 
de la route de la station de Germaine ou Cadran, sur le plateau, 
dans la forèt de Reims. Je l’y ai découverte en juin 1898. 


CAREX ERICETORUM Poll. — Une seule localité était connue de 
Lambertye, celle de Chenay, d'ou ce Carex avait été envoyé à l'au- 
teur du Catalogue en mélange avec le Carex precoz. Trouvé 
ensuite à Hermonville, à Beaurieux (Aisne) (Herbier Levent), à 


278 . SÉANCE DU 23 JUIN 1899. 


Pévy (Herbier Lambert), il se montre assez répandu dans la région 
des sables tertiaires. Je l'ai constaté en effet à Pouillon, Brimont, 
Vandeuil, et M. Guillaume l'a retrouvé à Cernay. 


AVENA FATUA L.— Cette Graminée, si répandue dans les céréales 
de certaines régions, est trés rare dans nos moissons. Découverte 
à Chenay, par Levent, elle a été observée ensuite par Lambert 
entre Jonchery et Branscourt. Elle parait un peu plus répandue 


dans les moissons de l'arrondissement de Vitry, d’après Thiébaut 
et M. Bazot. 


VuLPIA BROMOIDES Rchb. — A la seule localité citée par Lam- 
bertye, celle de Trigny (Levent et de Belly), il faut en ajouter 
quelques autres appartenant aussi à la région des sables infé- 
rieurs : Garenne d'Ecueil (Herbier Levent); sablière de Jonchery- 
sur-Vesle (Herbier Lambert), Romain (ipse). 


Lycoropium CLAvATUM L. — Cette espèce est connue depuis 
longtemps et a été découverte par Saubinet le long du chemin de 
Louvois à Verzy. J'en ai retrouvé récemment une nouvelle localité, 
située également dans la forét de Reims, mais à 4 kilométres au 


moins dela premiére, prés de la fontaine Landry, sur le territoire 
de Germaine. : | 


ASPIDIUM ACULEATUM Sw. — Indiquée seulement au bois de la 
Chapelle-sous-Orbais par Lambertye, cette Fougére a été retrou- 
vée depuis à la source du Noron, prés Courmas (Herbier MaltoU, 
puis en deux endroits aux environs du Gouffre de Germaine, dans 
la forét de Reims (ipse), et enfin à Saint-Martin-d'Ablois (ipse). 

PorysricHUM OREoPTERIS DC. — Cette Fougère n'a été trouvée 


qu’une fois par Levent dans les bois de Merfy en juillet 1846. La 
localité est restée inédite. 


Pozysricaum TuELvPTERIS Roth. — Il n'a pas été cité par Lam- 
bertye, sa découverte est postérieure au Catalogue. Il a été trouvé 
pour la premiére fois dans les marais de la ferme de Voisins, 
commune de Romain, par Lambert. Il a été indiqué depuis par 
Thiébaut à Luxémont, par M. Bazot à Vitry, par M. Devauversin 
à Vert-la-Gravelle et à Droussy-le-Petit. Enfin M. Guillaume l'a 
rencontré aux portes de Reims, dansle marais de Muire. 


CETERACH OFFICINARUM Bauh. — L'Herbier Levent en possède 


19 


PICQUENARD. — LETTRE A M. MALINVAUD. 219 


des échantillons recueillis sur nos limites dans l'Aisne à Barbon- 
val (1847). L'abbé Lambert l'avait découvert plus tard sur les 
vieux murs d'un jardin, à Vandeuil, en 1872. J'ai essayé vaine- 
ment d'en retrouver des traces dans cette localité. Les murs ou, 
selon toute vraisemblance, se trouvait la plante, ont été réparés 
tout récemment, et il est bien probable que le Ceterach est dis- 
paru de nos régions. 


PILULARIA GLOBULIFERA L. — Cette intéressante Hydroptéridée 
a été découverte par Le Breton dans les mares du plateau d'Oger. 
Je dois cette communication à l'obligeance de M. de Cazanove. 


À propos du Dentaria pinnata, M. Malinvaud dit qu'il pos- 
séde en herbier de beaux et nombreux échantillons de cette 
Crucifére récoltée à Meilleray, prés la Ferté-Gaucher (Seine- 
et-Marne), par un ancien botaniste parisien bien connu, 
Edmond Bouteiller. 

M. le Secrétaire général donne lecture de la lettre sui- 
vante : 


LETTRE DE M. C.-A. PICQUENARD A M. E. MALINVAUD. 


Paris, le 22 juin 1899. 


Monsieur le Secrétaire général, 


Je n'ai eu connaissance que dernièrement de la lettre que vous adres- 
sait notre éminent confrère, M. le D" Fern. Camus, au sujet de quelques 
Lichens du Finistère, lettre insérée dans le tome V (3° série), 1898, 
pp. 405-401. 

Je regrette, avec M. le D" Fern. Camus, qu'il ait été détourné, par des 
travaux étrangers, de l'étude de nos Lichens qu'il avait commencée sous 
une savante direction. Mais je sais et de nombreux confréres savent avec 
quelle autorité M. le D' Fern. Camus étudie depuis longtemps le groupe 
des Muscinées. Il n'y a pas un botaniste qui connaisse, comme il la con- 
nait, la bryologie de la Bretagne. 

Je sais aussi que malgré son penchant — bien justifié — pour noire 
flore bryologique, notre savant confrére ne manque pas de recueillir au 
passage les Lichens intéressants et je lui sais gré de nous avoir signalé 
de bonnes localités, mais il y a trois des espéces citées sur lesquelles 
nos idées sont un peu divergentes : 


280 SÉANCE DU 23 JUIN 1899. 


1. PLATYSMA sÆPINCOLA (Ehrh.) Hoffm. var. wlophyllum Nyl. — Je 
crois ce Platysma plus rare que le P. glaucum. Il croit toujours en très 
petites quantités et se montre, en Finistère, dans peu de localités. Voici 
celles que je connais : montagnes d'Aré, entre Pleyber-Krist et Plo- 
neour-Ménez (F. Camus); rochers de Saint-Kadou, de Kergaér et de 
Keranna. 


2. P. cLaucum (L.) Nyl. — Forme, dans presque toutes les localités, 
de grosses touffes et parfois des gazons élendus. J'en connais déjà dix 
localités en Finistère, et il y en a certainement d'autres. Je le crois donc 
plus commun que P. sepincola var. — Voici les localité de P. glau- 
cum : Griffonès-en-Ergué-Gabérik ; La Grande-Motte et la Ville-Neuve- 
en-Skaér; Montagnes-Noires : Roc'h Veur; ar C'herrek ann Tan-en- 
Gouézek; forét de Laz. — Montagnes d'Aré : Roc'h Trévézel, Mont 
Saint-Michel (F. Camus); rochers de Saint-Kadou et de Keranna. 


3. STEREOCAULON CORALLOIDES Fries. — Dans les montagnes d'Aré, 
je le trouve assez répandu. Je le connais à Ti Kerneis-en-Kimerc'h, à 
Sain-Kadou et surtout autour de Saint-Herbot où il est trés beau et facile 
à recueillir. Dans les Montagnes-Noires, je le trouve beaucoup plus 
rare. Je l'ai cependant vu à Châteaulin et sur les rochers qui dominent 
le bois de Toull’ Laéron. 

Je regrette que les Flores ne m'aient pas fait connaitre la découverte 
en Bretagne du Squamaria gelida Ach. et du Platysma sæpincola 
var. — C'est une preuve qu'il se perd, malheureusement, beaucoup de 
faits qui auraient été utiles aux floristes... 

Mais, s'il m'est permis de formuler un vœu, c'est que notre savant 
confrère M. le D' Fern. Camus, après avoir publié un travail d'ensemble 
sur les Muscinées de la région bretonne, reprenne de nouveau l'étude 
des Lichens de cette région et nous fasse connaitre complétement les 
résultats des nombreuses et patientes investigations auxquelles il s'est 
livré dans la presqu'ile armoricaine. 


Recevez, etc. 


M. Louis Planchon fait à la Société une communication 
« sur le polymorphisme des Alternaria (1) ». 


(1) La mise en pages de cet article, par suite d'un retard de livraison des 
clichés, a dà ètre reportée plus loin. 


SÉANCE DU 98 JUILLET 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. Hua, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la 
séance du 23 juin, dont la rédaction est adoptée. 


M. le Secrétaire général donne lecture des communica- 
tions suivantes : 


NOTES SUR QUELQUES PLANTES DE LA FLORE ATLANTIQUE ; 
par M. A. BATTANDIER. 


Rapistrella ramosissima Pomel. — M. le professeur comte de 
Solms-Laubach, qui poursuit en ce moment un travail considé- 
rable sur les Cruciféres (1), m'écrit que l'étude anatomique du 
Rapistrella l'a convaincu que cette plante était bien un hybride de 
Rapistrum et de Cordylocarpus, quoiqu'il eût été porté à priori 
à la regarder comme une variation atavique d'un Rapistrum. 


Tunica compressa Fisher et Meyer; Gypsophila compressa Desf., 
Fl. Atl.; Dianthella compressa Clauson; Batt. olim, Fl. de VAL- 
gérie. — Sous les noms ci-dessus énumérés, on a confondu deux 
plantes bien distinctes, à savoir : le type de Desfontaines, bien 
figuré dans le Flora Atlantica, qui habite les montagnes du littoral, 
et une plante plus méridionale dont je ferai une variété australis 
de l'espéce, bien qu'il y eüt peut-étre lieu de la considérer comme 
une espéce distincte. Voici les différences qui séparent ces deux 
plantes : 


(1) M. de Solms-Laubach dans cette méme lettre apprécie ainsi les théories 
de M. Pomel sur la Classification des Crucifères. 

« Ce que M. Pomel a publié sur les Crucifères est excellent, il a remarqué 
> certains points qui avaient échappé à tous les auteurs antérieurs; J aurais 
> hien regretté de ne pas connaitre ses Matériaux (*) en travaillant sur la 
» famille. > 


(*) Premiers matériaux pour la Flore atlantique. Oran, 1860. Une feuille trés rare. 


TUNICA COMPRESSA. 


Tiges souvent décombantes, bien 
feuillées, port relativement robuste. 

Entre-nœuds assez rapprochés, sou- 
vent plus courts que les feuilles. 

Calice très hispide, glanduleux. 


Inflorescence dense, beaucoup de 
pédicelles floraux étant plus courts 
que le calice. 


SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


Var. AUSTRALIS. 


Tiges dressées, raides, filiformes, 
peu feuillées. Port de Buffonia. 

Entre-nœuds allongés, les supé- 
rieurs égalant plusieurs fois les 
feuilles. 

Calice glabre. 

Inflorescence trés làche à axes al- 
longés. Les pédicelles toujours plus 
longs que le calice, pouvant atteindre 


3-4 fois sa longueur. 


J'ai cette variété australis des localités suivantes : Beni-Mansour, 
El Kantara, Aïn-el-Hadjar, El May, Aflou, et de la Tunisie. 


Cerastium Gussonei Todaro. — La belle étude de M. Murbeck 
(Contributions à la Flore du N.-O. de l'Afrique, Lund, 1897) m'a 
convaincu que la plante que j'avais ainsi déterminée dans la Flore 
de l'Algérie était en réalité le C. fallax de Gussone. J'ai été assez 
heureux pour trouver cette année le vrai C. Gussonei à Médéa, 
dans la pépinière, sur les conduites d'eau où il était le commensal 
de deux variétés très tranchées d’ Erophila verna. Le C. Gussonei 
a, comme toutes les plantes du groupe du C. semidecandrum, des 


pétales rudimentaires, mais ses bractées sont toutes entièrement 
herbacées. 


Spergula pentandra L. — Cette plante est trés répandue dans 
la région montagneuse littorale. Elle y habite les sables provenant 
de la désagrégation des roches gréseuses : Médéa, Dréat, Djebel- 
Tamesguida, Teniet-el-Haad, etc. Je l'ai également de Daya. 


Ononis angustissima Lamarck. — Espéce douteuse à laquelle 
on a toujours rapporté jusqu'à présent un Ononis trés répandu 
dans les hauts plateaux de l'Algérie, lequel doit, selon moi, consti- 
tuer un type spécifique distinct. Quant à la plante de Lamarck, je 
ne la crois pas séparable de l'O. Natrix L. Elle n'existe en Algérie 
qu'à Nemours. La plante des hauts plateaux : O. angustissima de 
la Flore de l'Algérie, deviendrait VO. polyclada  Murbeck 
(Murbeck, loco citato). 


BATTANDIER. — PLANTES DE LA FLORE ATLANTIQUE. 983 


0. Clausonis Pomel. — Curieuse forme de lO. viscosa L., à 
petites fleurs pâles et à pédoncules presque mutiques, retrouvée 
par l'abbé Chevalier dans le lit du Chelif à Saint-Cyprien des 
Attafs. 


Coronilla minima L. var. australis Gren. Godr., Fl. de France; 
C. coronata DC. — Djebel Mekaidous, prov. d'Oran. 


Pirus longipes Cosson et Durieu! — Cet arbre a dù autrefois 
étre assez répandu dans les foréts de l'intérieur de l'Algérie; il 
‘tend naturellement à disparaître en même temps qu’elles. Signalé 
par Cosson et Durieu seulement dans l'Aurés, il a été retrouvé 
depuis à Daya par le D Clary, au Meghris et au Djebel-Anini, dans 
la région de Sétif par M. le D' Trabut et par moi. M. Joly, pro- 
fesseur à la Medersa d'Alger, vient d'en trouver une trés impor- 
tante station dans le Sersou, au Djebel-Azerour, qui en tire son 
nom. Ázerour en arabe veut dire Azerolier et les poires du Pirus 
longipes ressemblent à des azerolles à longue queue. 


Poterium alveolosum Spach. — Dira, à Aumale. 


. Anthemis montana L. var. numidica. — J'ai, le premier, je 
crois, trouvé en Algérie (Tamesguida des Babors et Djebel-Meghris) 
un Anthemis du groupe de l'A. montana L., que j'ai abondamment 
distribué sous le nom d'A. numidica. Cette plante argentée- 
soyeuse est trés voisine de l'A. Columna Tenore. Elle en diffère 
surtout par ses grandes ligules et les écailles du péricline large- 
ment bordées de noir. Ces deux plantes appartiennent bien au type 
A. montana L. par leurs achaines tétragones, blanchâtres, sans 
cótes marquées, à bord supérieur relevé en crête continue. 

C'est à tort que, dans la Flore de l'Algérie, j'ai rapporté à ce 
méme type lA. punctata de Vahl et de Desfontaines, type distinct 
qu'il ne faut pas confondre avec l'A. punctata de la flore italienne, 
lequel est bien un A. montana. 


Pyrethrum Clausonis Pomel; Kremeria paludosa DR., Re- 
vue de Duchartre, vol. I, p. 364; figuré in Atlas de U Exploration 
de l'Algérie, tab. 59. — Voilà une espèce des plus tranchées, dès 
l'origine admirablement décrite et figurée, et qui, semble-t-il, n'eüt 


284 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


dû prêter à aucune confusion; or, par une bizarrerie inexplicable, 
son histoire toute récente est pleine de confusions. 

Durieu commit, dans sa description, une première erreur bien 
explicable. Il décrivit sa plante comme vivace, alors qu'elle est 
annuelle. Poussant d'abord dans l'eau, la tige produit des racines 
adventives dans toute la partie immergée. Cette tige, très faible, se 
couche souvent, produisant une espéce de souche rhizomateuse 
sur laquelle il n'est pas trés rare de voir des hampes séches et 
d'autres remontantes encore en fleur. Toutefois aucun pied ne 
passe l'été, tous séchent et meurent. 

Comme apparence extérieure, ce Pyrethrum ressemble telle 
ment au P. Myconis Mench qu'il faut une grande habitude pour 
les distinguer à première vue. Il en est de même des P. macrotum 
et multicaule; mais, malgré ce facies extérieur trés semblable, les 
achaines de toutes ces plantes présentent de telles différences que 
chacune d'elles a pu étre érigée en genre spécial. 

Cosson, dans ce Bulletin, vol. HI, p. 671, trouvant que cette 
plante ne devait pas sortir du genre Pyrethrum, reprit le nom de 
Kremeria pour un genre de Cruciféres et appela notre plante P. 
paludosum, nom dangereux, car il existait déjà un Chrysanthemum 
paludosum, de Desfontaines. Aussi Bentham et Hooker, dans leurs 
Genera, confondirent-ils ces deux plantes, dont l'une est un Leu- 
canthemum el l'autre un Coleostephus. 

D'autre part, Gussone avait décrit en Sicile, sous le nom de P. 
hybridum, une forme du P. Myconis Mcench. D’après sa description 
et d’après les exsiccatas de Todaro, cette plante n’a rien de commun 
avec le P. Clausonis. Cependant Lange l'y assimile dans son Pu- 
gillus et dans le Prodrome de la Flore d'Espagne, d'après des 
échantillons distribués par Huet du Pavillon. Je ne connais pas 
ces échantillons; mais, s'ils appartiennent au Pyrethrum Clau- 
sonis, qui existerait alors en Sicile, ils ne peuvent appartenir au 
P. hybridum de Gussone. 

En 1888, M. Barratte trouva sur les bords du lac Céjenan, en 
Tunisie, la plante de Gussone. Elle fut cultivée à Thurelles par 
Cosson et distribuée par lui avec l'étiquette trés correcte de P. 
Myconis Mœnch, var. hybridum; P. hybridum Gussone, var. b. 
Pour éviter toute méprise, un sac d'achaines mûrs était joint aux 
échantillons. Or, dans le Catalogue des plantes de Tunisie, cette 
plante figure sousle nom de Coleostephus Glausonis comme espéce 


BATTANDIER. — PLANTES DE LA FLORE ATLANTIQUE. 285 


distincte du C. Myconis, dont aucun caractère de quelque impor- 
lance ne la distingue. 

Lorsque Pomel décrivit son Coleostephus Glausonis, il ne con- 
naissait le Kremeria paludosa que par la planche et la description 
de Durieu. Trouvant une plante annuelle au lieu d'une plante 
vivace, il erut avoir affaire à une espéce nouvelle, qu'il ne sépare 
que sur cet unique caractère (Nouv. Matér. tom. Il, p. 299). Or 
sa plante ne diffère nullement du Kremeria paludosa que j'ai 
récolté aussi bien à La Calle, localité de Durieu, que prés d'Alger. 
L'épithéte de paludosum prétant à confusion, je crois donc qu'il 
faut conserver celle de Clausonis. On pourra, comme nom géné- 
rique, prendre Chrysanthemum, Pyrethrum ou Coleostephus, 
suivant que l’on voudra diviser plus ou moins le genre Chrysan- 
themum de Linné. 


Convolvulus tricolor L. var. hortensis. — Cette plante, trés 
abondante dans la région de Ténés, y semble bien autochtone, 
ainsi que dans une grande partie de la province d'Oran. 


* Cuscuta monogyna Vahl. — Foréts des montagnes de Tlemcen 
sur les Lentisques. Juillet (Havard) (1). Nouveau pour le nord de 
l'Afrique. 

Il peut sembler bizarre qu'une plante de si grande taille ait pu 
passer inapercue jusqu'à présent, mais les environs de Tlemcen 
n'ont pas beaucoup été herborisés. Le beau Polygala rosea de 
Desfontaines n'y avait pas été revu jusqu'à M. Pomel. La station 
indiquée ne semble pas provenir d'une introduclion récente. 


Cuscuta cuspidata Pomel. — Aumale, Boghar. 


Veronica hederæfolia L. var. nov. eriocalyx. — Sépales trés 
obtus, tout couverts en dehors de poils semblables aux cils, qui 
par suite deviennent indistincts, pédicelles courts. Boghar. 

Le V. hederæfolia L., très répandu dans nos montagnes, de la 
mer au Sahara, v varie beaucoup pour la forme des feuilles et des 


(1) M. Havard, botaniste et viticulteur distingué qui vient d'envoyer cette 
plante à M. Trabut, dit qu'elle couvre les Lentisques à plus de 2 métres de 
hauteur. M. Havard a, depuis une quinzaine d'années, si bien organisé à Tlem- 
cen la lutte contre le PAylloxera, que celui-ci n'a presque pas gagne de ter- 
rain tandis que la vigne triplait sa surface. 


286 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899, 


sépales, la longueur des pétioles et pédicelles. Tandis que ces 


derniers dépassent parfois 20 millimètres, ils n’en atteignent pas 2 


dans la variété brevipes de M. Pomel. 


Thymus lanceolatus Desf. Fl. Atl. tab. 198! — Espèce très 
rare, généralement confondue avec d’autres Thyms bien différents. 
Je n'admets comme synonymie que la figure du Flora Atlantica, 
exclusion faite de la description peu précise du texte et des spéci- 
mens de l'herbier de Desfontaines qui, d'aprés le Prodrome de De 
Candolle, semble contenir sous ce nom plusieurs plantes. 

Voici quelques caractères tranchés qui permettront de recon- 
naitre toujours cette excellente espéce de celles qu'on lui substitue 
généralement dans les herbiers : 

Feuilles trés larges, non ciliées (1), ordinairement obtuses, trés 
caduques, celles qui avoisinent l'inflorescence persistant seules sur 
les échantillons d'herbier; feuilles florales bien plus petiles que 
les autres de méme forme, non ciliées; fleurs longuement pédi- 
cellées, nutantes; inflorescence un peu en forme de thyrse; 
rameaux florifères robustes, dressés dès la base, et non arqués- 
ascendants. 

Plateaux gréseux découverts. Tlemcen, Ben-Chicao, Tiaret. 

J'ai généralement vu dans les herbiers, sous le nom de Th. 
lanceolatus, un beau Thym commun dans nos montagnes, à rameaux 
florifères ascendants, poussant en grosses touffes trés florifères et 
à grandes fleurs, à larges feuilles toutes persistantes etciliées, ainsi 
que les feuilles florales qui sont plus grandes que les autres, dila- 
tées à la base et dépassant l'inflorescence. C'est notamment le seul 
que j'aie vu dans les montagnes de Kabylie pouvant étre rapporté 
au Th. lanceolatus qu'y indiquent Letourneux et Debeaux. 

Dans la Flore de l'Algérie, j'avais bien distingué ce dernier 
Thym que j'avais nommé Th. kabylicus, mais j'avais eu le tort de 
le rattacher, ainsi que le Th. numidicus Desf., au Th. lanceolatus 
Desf. Ce dernier doit constituer un type spécifique distinct el isolé. 
Un autre type doit étre constitué par le Th. numidicus Desf. 
auquel on peut rapporter comme variété la plante que j'ai nom- 
mée Th. kabylicus. 

Jai à signaler une troisième variété du Th. numidicus, très 


(1) A peine y voit-on parfois un ou deux cils rudimentaires . 


BATTANDIER. — PLANTES DE LA FLORE ATLANTIQUE. 287 


curieuse, que j'avais prise tout d'abord pour une espèce nouvelle 
de la section Mastichina à cause de son calice à lèvres très profon- 
dément fendues 

Var. hyssopifolius. Tiges gréles, pubescentes, les floriféres 
dressées, hautes de 2 à 3 décimètres, fermes, à entre-nœuds 
distants. Feuilles oblongues ou linéaires-oblongues, non enroulées 
aux bords, glabres sur les deux faces, finement ponctuées par les 
glandes à essence, obtuses; celles des rameaux stériles petites, 
celles des pousses floriféres longues de 20 millimétres sur 3-4, 
légérement sinuées-dentées, briévement pétiolées, munies de 
quelques cils; feuilles florales sessiles élargies à la base, ciliées, 
dépassant largement l'inflorescence. inflorescence dense spici- 
forme; calice profondément bilabié, à lévre supérieure divisée 
jusqu'au tiers en trois dents longuement ciliées comme celles de 
la lévre inférieure. Corolles assez grandes, dépassant peu le calice. 
Cette remarquable plante est peut-être un hybride des Thymus 
kabylicus et Fontanesii. La couleur de ses fleurs varie du rouge 
au rose très pâle, presque blanc. La forme des corolles est inter- 
médiaire entre les deux espèces, le port est celui d'un Mastichina 
et Je n'ai trouvé que trés peu d'ovaires fertiles. — Djebel Belloux, 
prés Tizi-Ouzou. 


Thymus candidissimus, spec. nova. Section Euthymus. — 
Petit sous-arbrisseau blanc de neige, dressé, entièrement recou- 
vert d'un tomentum dense de poils crépus, les plus courts simples, 
les plus longs ramifiés aux nœuds. Le calice lui-méme est entière- 
ment couvert de ce tomentum, y compris les dents de la lèvre in- 
férieure, dont les cils, si constants dans tout le genre Thymus, 
deviennent indistincts, étant ondulés, rameux el noyés dans un 
tomentum, dont ils ne se différencient pas. La corolle, que je n'ai 
vue qu'en bouton, est aussi tomenteuse. La plante est d'ailleurs 
très semblable au Th. coloratus Boissier et Reuter, dont il n'y 
aurait qu'à répéter la description, sauf que les feuilles ne sont 
point distinctement ciliées et ont leurs glandes peu visibles, 
noyées qu'elles sont sous cet épais indumentum. Peut-être est-ce 
une variation extrême du Th. coloratus. 

Ce Thym fut récolté en 1891 par M. le D' Trabut au sommet du 
Nador de Tlemcen. 


* Statice Maclayii. — Hybride nouveau des Statice Bonduelli 


288 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


Lestib. et sinuata L. Cet hybride a à peu près les fleurs du St. 
Bonduelli, mais de taille double, et les rameaux et les tiges his- 
pides, largement ailés, à ailes ondulées du St. sinuata. Il s'est 
produit à Mustapha supérieur, dans le jardin d’un Anglais, 
M. Maclay, qui cultivait les parents côte à côte. Cet hybride ne 
saurait se produire dans la nature, le St. sinuata habitant le bord 
de la mer et le Statice Bonduelli le désert. 


Gagea algeriensis Chabert in litteris et exsiccalis; G. Liottardi 
Chab., in Bull. Soc. bot., 1889, p. 320. — J'ai retrouvé ce printemps 
cette intéressante plante prés de Berrouaghia, dans un bois de 
Chénes-verts, entre deux vignes, non loin de la roule de Ben- 
Chicao. En méme temps je la recevais en beaux exemplaires de 
Médéa, récoltée par M. Gay. Vainement j'en ai planté de nombreux 
pieds fleuris, aucun n'a pu mener à bien sa capsule qui demeure 
inconnue. La plante se rápproche certainement du G. Liottardi, 
mais il y a peu d'apparence que les deux plantes appartiennent à 
une méme espéce. La station est trop différente et il y a de 
notables différences entre elles. La feuille du G. algeriensis a une 
section elliptique, elle n'est pas précisément fistuleuse, le centre 
étant rempli par du tissu lacuneux en forme de moelle. 

Je terminerai cette courte revue en citant quelques stations nou- 
velles des plantes les plus importantes cueillies dans le Sersou par 
M. Joly, professeur à la Medersa d'Alger, qui explore cette région 
depuis plusieurs années : 


Ranunculus orientalis L. — Saneg, Rerhai, Soungueur. 

R. gramineus L. — El Guenine. 

— Var. luzulæfolius Boissier. — Sounsellem. 

R. millefoliatus Vahl. — Bemia. 

Meniocus linifolius Desv. — El Guenine, Gueber-el-Aoud. 
Clypeola cyclodontea Delile. — Goudjila. 

Sisymbrium erysimoides Desf. — Goudjila. 

S. crassifolium Cav. — Kali-Ameur. 

Bellis pappulosa Boissier. — Bemia. 


Anthemis monilicostata Pomel. — El Guenine, Ferhaat, Gueber- 
el-Aoud, Djarite. 


Carduncellus atlanticus Coss.-Dur. — Goudjila. 


BRIQUET. — BUPLÈVRES DE L'MERBIER DE LINNÉ. 289 


Centaurea Claryi Debeaux. — Daya-el-Maghzen. 
Veronica triphyllos L. — Soungueur. 

Echium marocanum John Ball. — Goudjila. 
Corbularia monophylla Durieu. — Ras Chemack. 
Thelysia alata Salisb. var. parviflora. — Boghar. 


NOTES SUR QUELQUES BUPLEVRES DE L'HERBIER DE LINNÉ ; 
par M. John BRIQUET. 


Nous avons eu récemment la bonne fortune, grâce à l'extréme 
obligeance de M. Daydon Jackson, le savant et aimable secrétaire 
de la Société Linnéenne, de parcourir, à Londres, les Buplèvres de 
l'herbier de Linné. Cet examen nous permet de compléter, sur 
quelques points, les données de notre Monographie des Buplévres 
des Alpes maritimes, en ce qui concerne les B. petreum, B. àn- 
gulosum, B. Odontites et B. semicompositum. 


1. Bupleurum petreum Linn. Sp. pl. éd. 1, p. 236 (1753); 
Briq. l. c. p. 70. — Nous croyons avoir démontré dans notre 
Monographie, d’après le texte du Species, que le B. petreum L. 
est bien synonyme du B. graminifolium Vahl et non pas du 
B. stellatum L., comme on l'a cru longtemps. L'herbier de Linné 
confirme cette interprétation d'une facon complète : la plante 
qu'il contient est bien le B. graminifolium, soit le B. petreum 
de notre Monographie. 


2. B. angulosum Linn. Sp. pl. éd. 1, p. 237 (1753). — Cette 
espèce linnéenne est un mélange de deux plantes trés différentes. 
Le type, auquel à la suite de Godron nous avons conservé le nom 
de B. angulosum, est une espéce spéciale aux Pyrénées (« Habi- 
tat in Pyrenæis », Linn., l. c.), caractérisée par ses bractéoles de 
l'ombellule non soudées dans leur partie inférieure, mais à nerva- 
lion foliaire réticulée-veinée, et voisine, par conséquent, du 
B. stellatum. La variété 8 indiquée : « in Vallesiæ alpibus » a 
été identifiée par Haller et Gaudin avec le B. graminifolium Vahl 
(B. petræum L.), tandis que Godron et nous-méme, avec quelque 
doute, y avons vu une forme du B. ranunculoides, attendu que le 
B. petreum manque en Suisse. 


T. XLVI. (SÉANCES) 19 


290 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


L'herbier de Linné confirme cette seconde interprétation. La 
var. a. à feuilles « lanceolata, nec nervoso-siriata » manque à la 
collection; mais la var. f. est représentée par un bon échantillon 
identique avec le B. ranunculoides a. Burserianum Briq., l. c., 
p. 84 (B. Burserianum Willd., B. ranunculoides b. angulosum 
Schleich., B. ranunculoides y. latifolium Gaud.). On ajoutera donc 
à la nomenclature que nous avons donnée le synonyme suivant : 
B. angulosum 8. Linn. Sp. pl. éd. 4, p. 237 (1753) excl. var. a! 


3. B. Odontites Linn. Sp. pl., éd. 4, p. 237 (1753). — Nous 
avons résumé (l. c., p. 120 et 121) les longues discussions 
auxquelles cette espèce a donné lieu, en disant que, dans sa des- 
cription et ses synonymes, Linné avait confondu les B. opacum 
Lange et B. aristatum Bartl. (réunis dans notre Monographie, à 
titre de variétés, sous la dénomination plus ancienne de B. diva- 
ricatum Lamk), ainsi que le B. Fontanesii Guss. d'Orient. 
L'herbier de Linné ne renferme que le B. divaricatum f. arista- 
tum et n'illustre donc qu'une partie des formes englobées dans la 
diagnose de cet auteur et sa synonymie. 


4. B. semicompositum Linn. Aman. acad. II, p. 405 (ann. 
1753). — Nous avons identifié (l. c., p. 114 et 115) ce Buplèvre 
avec le B. glaucum Rob. et Cast. La diagnose sommaire de Linné 
s'applique facilement seulement à ce type, qui est assez répandu 
dans la région méditerranéenne et que Linné a certainement dû 
connaitre. Quelques-uns de nos prédécesseurs avaient essayé d'éta- 
blir une différence entre le B. semicompositum et le B. glaucum 
d’après l'apparence denticulée des pièces de l'involucre, diffé- 
rence entièrement illusoire. Mais aucun d'eux, jusqu'à M. Legrand, 
n'avait eu l'idée d'identifier le B. semicompositum avec une forme 
du groupe Odontites. C'est qu'en effet Linné, qui insiste sur la 
forme particuliére des bractéoles glumacées de son D. Odontites, 
n'aurait pas manqué de mentionner ce caractère chez le B. semi- 
compositum, si cette espèce l'avait présenté. Or la diagnose, et 
nous avons insisté sur ce point, est muette à ce sujet. 

Malgré l'invraisemblance de son interprétation, notre honoré 
confrére a maintenu récemment sa maniére de voir (Le Monde 
des planles, p. 91 et 92, mars 1898), condamnant naturellement 
la nôtre, et ajoutant que « M. Briquet aurait apporté quelque 


BRIQUET. — BUPLÈVRES DE L'HERBIER DE LINNÉ. 291 


lumière, s'il avait bien voulu faire connaitre les plantes qui, dans 
l'herb. DC., représentent ces deux prétendues espèces, semicon - 
positum et glaucum ». 

Nous regrettons, en ce qui concerne ce dernier point, que 
M. Legrand n'ait pas pris la peine de lire l’ « Observation 1 » dont 
nous avons fait suivre la description du B. semicompositum. ll v 
aurait trouvé le renseignement désiré : « Lorsqu'on parcourt les 
grandes collections (herb. DC., herb. Delessert), on voit que de 
tout temps, le nom de B. semicompositum a été appliqué à des 
échantillons cultivés à feuilles élargies, » Nous ne pouvions pas 
développer la description des types glaucum et semicompositum 
de l'herbier du Prodromus plus que cela; car, à part la taille 
des échantillons et la largeur des feuilles, ces types ne présentent 
entre eux aucune différence. 

Quant au premier point, nous pouvons maintenant clore la dis- 
cussion en fournissant à notre honoré confrére un argument sans 
réplique, tiré des types de Linné lui-même. 

Par exception, l'herbier de Linné contient deux feuilles de 
D. semicompositum. — La première porte un petit échantillon 
qui représente exactement le B. glaucum Rob. et Cast. ! La feuille 
porte ces mots écrits à l'encre « semicompositum » « H. U. », 
c'est-à-dire Hortus Upsaliensis. — La seconde feuille porte deux 
grands échantillons qui représentent non moins exaclement le 
B. glaucum Rob. et Cast., tel qu'il devient aprés quelque temps 
de culture (port plus élevé et feuilles un peu plus larges)! C'est 
l'état auquel De Candolle réservait le nom de B. semicompositum 
par opposition aux petits exemplaires qu'il appelait exclusivement 
B. glaucum. Sur une étiquette, Linné a écrit: « 10-Bupleurum- 
semicomp. » 

La synonymie B. semicompositum L. = B. glaucum Rob. et 
Cast. nous paraît donc maintenant définitivement établie. 


292 ` SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


RECHERCHES SUR LE TRISETUM BURNOUFII Req.; par M. J. FOUCAUD. 


L'excursion que nous avons faite en Corse, l'an passé, du 
8 juillet au 4” août, M. Mandon et moi, nous a permis de consta- 
ter que le Trisetum Burnoufii abonde sur quelques points de l'ile 
et en particulier dans les terrains secs et les maquis de Corté et 
des environs. 

Requien, qui a beaucoup herborisé en Corse, a découvert ce 
Triselum à Corté « sur les rochers humides et sur un vieux mur 
de fontaine » et au Niolo, et l'a dédié à M. Burnouf, alors prin- 
cipal du collège de Corté. 

La présence à Corté d'un Trisetum très distinct du T. flaves- 
cens P. B., également cité dans cette localité et auquel la descrip- 
tion du T. Burnoufii ne s'appliquait qu'en partie, m'a porté à 
penser que ce dernier avait peut-étre été méconnu et que le Tri- 
setum de Corté et des environs pouvait bien appartenir à cette 
espèce. 

Il importait donc de comparer cette plante avec des spécimens 
authentiques de Trisetum Burnoufu. 

Grâce à l'obligeance de MM. Autran, Belli, Sommier et Baroni, 
J'ai pu faire cette comparaison avec les spécimens existant dans 
l'herbier Boissier-Barbey et dans l'herbier Parlatore. 

Les spécimens de l'herbier Boissier-Barbey, dont l'étiquette a 
été écrite par Parlatore, proviennent de Corté et ont été recueillis 
en septembre 1847; ceux de l'herbier Parlatore, dont les éti- 
quettes. sont de Requien, forment deux parts; celle indiquée 
comme provenant du Niolo est représentée par un échantillon qui 
se rapproche davantage de ceux de Corté; l'autre part parait avoir 
été recueillie dans la région élevée, bien qu'elle soit indiquée 
comme provenant de Corté, car la plante différe trés peu de celle 
que j'ai observée au sommet du mont Felce. Requien parait d'ail- 
leurs avoir hésité sur la provenance de cette part, puisque sur son 
étiquette figure le mot Niolo qu'il a supprimé et remplacé par le 
mot Corté. 

Dans les terrains secs, les maquis de la région basse, le Trise- 
tum de Corse est courtement pubescent ; ses chaumes sont gréles, 
assez élevés, d'un jaune rougeâtre surtout inférieurement; ses 


FOUCAUD. — TRISETUM BURNOUFII. 293 


feuilles sont assez allongées, obtuses et généralement enroulées- 
filiformes; sa panicule, qui atteint jusqu'à 10 centimètres de lon- 
gueur, a souvent une teinte légèrement jaune rougeátre. 

Dans la région élevée, sa pubescence est plus accentuée; ses 
chaumes sont moins gréles, moins élevés, assez souvent moins 
colorés inférieurement ; ses feuilles sont plus courtes, plus ou 
moins obtuses, plus larges, planes ou un peu enroulées ; sa pani- 
cule est plus courte et ordinairement d'un vert argenté; les épil- 
lets, ainsi que dans la région basse, ont de deux à quatre fleurs 
avec le rudiment d'une autre fleur. 

Ces deux variations sont reliées par des intermédiaires que l'on 
observe au fur et à mesure que l'on va d'une région dans l'autre. 

L'étude comparative que j'ai faite des nombreux échantillons 
que j'ai observés et des spécimens authentiques qui m'ont été 
communiqués m'a démontré que le Trisetum que nous avons 
rencontré en Corse, M. Mandon et moi, est identique au T. Bur- 
noufii et que cette espéce a été méconnue parce qu'elle a été créée 
à l'aide des deux variations principales dont je viens de parler et 
dont quelques caractères importants ont été omis ou exagérés. 

La comparaison des caractéres de cette plante avec ceux men- 
lionnés par Parlatore (Fl. Ital. 1, p. 263) dans sa diagnose, ainsi 
que dans l'observation qui accompagne cette diagnose, ne laisse 
aucun doute à ce sujet. 

Afin qu'on puisse facilement comparer ces caractères avec ceux 
que j'ai observés, je donne ci-dessous la diagnose et l'observation 
du Flora Italiana, ainsi que la description, avec bibliographie, 
que j'ai faite : 


€ T. panicula stricta, pauciflora, spiculis 3-4-floris, glumis 
puberulis, superiore trinervi, inferiore uninervi altera subdimidio 
minore, pilis ad basin flosculorum brevissimis, palea inferiore 
apice longe biseta, ejus arista paleam suam longitudine superante, 
ovario glabro, culmo rachideque puberulis, foliis lineari-filifor- 
mibus, vaginisque pubescentibus, radice... perenni. 

« Specie dotata di una pubescenza quasi tomentosa nelle foglie, 
nelle guaine, nel culmo, nella rachide, nei pedicelli, nelle glume. 
Ha le foglie strettissime e come filiformi, la pannochia stretta, 
corta, con rami cortissimi, portanti poche spighette che sono di 
un colore verde argenteo, splendenti, e che hanno 3 o 4 fioretti, la 


294 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


di cui paglietta inferiore è terminata da due sete lunghe più di 
quelle che si osservano nel Trisetum flavescens. » 


Trisetum Burnoufii Req. in Parlat. Fl. Ital. 1, p. 263; Cesat. 
Passer. Gibelli, Comp. della Fl. Ital. 4, p. 44; Husnot, Monogr. 
Gram., p. 43. — T. FLAVESCENS Parl. Fl. Palerm. 1, p. 103 
(p. p-). — T. FLAVESCENS P. B., var. splendens Parl. FI. Ital. 1, 
p. 261 (p. p.). — AvENA SPLENDENS Guss. Fl. Sic. Prodr. 1, 
p. 196 (p. p.). — A. FLAVESCENS Guss. Syn. Fl. Sic. 1, p. 153 (p. p-)- 
— A. Burnourn Nym. Syll., et Consp. Fl. Eur., p. M2. — Exsic- 
catas : Todaro Fl. Sic. exsicc., n° 299 (p. p.) ; Soc. Rochel., ann. 
1898, n* 4367. — Plante courtement pubescente sur les tiges, sur 
les feuilles et sur les gaines. Souche;cespiteuse ou un peu ram- 
pante. Chaumes de 3-10 décimétres, gréles ou assez épais, d'un 
jaune rougeàtre inférieurement et à nœuds inférieurs souvent trés 
développés. Feuilles étroites, obtuses; les inférieures enroulées- 
filiformes ou plus ou moins enroulées, rarement planes ; les supé- 
rieures enroulées ou planes, quelquefois enroulées-filiformes; 
ligule courte, tronquée. Panicule étroite, spiciforme, plus ou moins 
longue (4-10 centimètres), légèrement teintée de jaune rougeûtre 
ou vert argenté; rameaux courts, lisses ou peu rudes, portant jus- 
quà 12 épillets; épillets longs de 4-5 millimètres contenant 
2-4 fleurs et le rudiment d'une autre fleur; axe velu avec un fais- 
ceau de poils trés courts à la base de chaque fleur. Glumes iné- 
gales, largement scarieuses ; l'inférieure de 1 /3 à 1/4 plus courte 
et plus étroite, uninervée, un peu scabre sur la carène; la 
supérieure un peu plus courte que la fleur, lancéolée, acuminée, 
légérement scabre sur la caréne. Glumelles un peu inégales; l'in- 
férieure lisse ou presque lisse, munie au sommet de deux arétes 
sétacées de 1/2 millimètre de longueur environ, 5-nervée et pour- 
vue sur le dos, un peu au-dessus du quart supérieur, d'une aréte 
genouillée, flexueuse, égalant sa longueur ou la dépassant un peu; 
la supérieure bidentée et scabre sur les bords. %. Juin-aoüt. 

Cette plante se distingue nettement du T. flavescens P. b. et de 
ses variétés par sa pubescence courte ; par la partie inférieure de 
ses chaumes ordinairement d'un jaune rougeátre à nœuds très 
développés; par ses feuilles plus étroites, obtuses, enroulées- 
filiformes ou enroulées; par sa panicule non jaunâtre, plus étroite, 
souvent teintée d'un jaune rougeâtre ou vert argenté, à rameaux 


FOUCAUD. — TRISETUM BURNOUFII. 295 


plus courts; par ses épillets 2-4-flores ayant toujours le rudiment 
d'une autre fleur quelquefois munie d'une aréte. 

C’est en partie ce méme Trisetum que Parlatore (l. c., p. 261) a 
réuni en var. splendens au T. [lavescens P. B. 

En effet, cet auteur caractérise ainsi sa variété : « C. splendens, 
panicula confertiuscula, spiculis 2-3-floris cum rudimento floris 
superioris aristato, foliis angustioribus. » 

Dans son herbier, cette variété est représentée surtout par le 
T. Burnoufii Req. et par le T. flavescens P. B. var. splendens 
Presl (pro specie). 

Quelques lignes plus bas, on lit au sujet de cette variété : 
€... E propria la varietà c. di Sicilia, ove si trova nelle alte mon- 
tagne piuttosto elevate, spécialmente della parte settentrionale 
dell isola. Ho avuto ancora questa varietà della Sardegna, comu: 
nicatami dall' amico prof. Moris... » 

Enfin dans l'observation relative à cette variété, il est dit : 
€ ... La varietà c. ha la pannochia più ristretta, le spighette spesso 
con due fiori, o con un terzo fiore, ch'é qualche volta solo rudi- 
mentario. La paghetta inferiore del secundo fioretto e anche 
talora del terzo offre alcuni peli nei lati, peró s'incontra spesso 
alfatto glabra, le foglie sono piu strettamente lineari. » | 

C'est en effet le T. Burnoufii, d’après les échantillons que j'ai 
étudiés, qui a été recueilli par Moris en Sardaigne à Villa-Nova 
(1844) et à Oliastra sous le nom d'Avena flavescens L. Il a aussi 
été récolté en 1852 par le méme auteur au sommet des monts 
d'Oliena et dans les monts de Dorgale. 

Sur les étiquettes de la plante de ces deux dernières localités, 
Moris, qui hésitait sans doute à rapporter cette plante à l4. [la- 
vescens, a seulement indiqué les noms de ces localités. Depuis, sur 
des étiquettes séparées, on a écrit : « Trisetum flavescens (L.) 
P. B. var. splendens Presl. » 

Le méme Trisetum a été distribué par Todaro sous le n° 292 de 
son Flora Sicula exsiccata, mêlé, dans quelques parts, au T. [la- 
vescens P. B. var. splendens Presl (pro specie) recueilli « in mon- 
tibus herbosis. Palermo San Martino. Majo. » u 

Gussone (Fl. Sic. Prodr. 1, p. 126 et Fl. Sic. Syn. 1, p. 152) 
cite la même localité et c'est à cette espèce que se rapporte ce pas- 
sage du Fl. Sic. Syn. (1, p. 153) : « Ab A. flavescens non differt, 
nisi foliis angustioribus, glabrioribus, longioribus; spiculis 


296 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


ssepius 2-floris, raro rudimento tertii flosculi auctis, vel perfecte 
3-floris, latioribus, et intentioribus ad marginem latiorum sca- 
riosum valvulæ corollinæ exterioris... » 

D’après ce qui précède, l'aire de dispersion du Trisetum Bur- 
noufii Req. comprend non seulement la Corse, mais aussi la Sar- 
daigne et la Sicile. 

En Corse, nous l'avons observé à Corté et dans les environs, au 
mont Felce, dans la vallée de la Restonica, prés du Rotondo, à 
Caporalino et dans les environs, entre la forét de Vizzavona et 
Vivario et à Ghisoni. 

M. Audigier, qui a herborisé en Corse l'an passé pendant plu- 
sieurs mois et qui cette année a exploré de nouveau le pays, a bien 
voulu rechercher ce Trisetum dans la région du Niolo. Ses re- 
cherches ont été couronnées d'un plein succés et, en juillet der- 
nier, il m'envoyait de nombreux échantillons de cette plante 
recueillis de Calacuccia à Cuccia. 

Depuis, M. Audigier l'a observé dans les localités suivantes : 
Santa Regina, pont de Casterla, vallée du Torrigolo, col de Croce 
d'Albitro, Castiglione, mont Cinto, pied du Berdato. L'altitude de 
ces localités est de 300 à 1300 métres. 

M. Rotgès, dont les découvertes en Corse sont aussi nombreuses 
qu'intéressantes, a aussi recueilli ce Trisetum dans les environs de 
Ghisoni, où il est assez répandu. 

De nouvelles recherches le feront certainement découvrir sur 
d'autres points de la Corse, de la Sardaigne et de la Sicile. 

En terminant, il me reste à remplir l'agréable devoir de remer- 
cier les confréres qui ont bien voulu me communiquer les spé- 
cimens authentiques de Trisetum Burnoufii et autres que je 
désirais étudier. Qu'ils me permettent, et en particulier MM. Autran, 
Belli, Sommier, Baroni et Celakovsky, de leur adresser à tous mes 


remerciements les plus sincères, ainsi que l'expression de toute ma 
reconnaissance. 


JEANPERT ET DE VERGNE. — DENTARIA PINNATA AUX ENV. DE PARIS. 297 


LE DENTARIA PINNATA AUX ENVIRONS DE PARIS 
IVILLENEUVE-LA-LIENNE (MARNE) ET LONGPONT (AISNE); 
par MM. JEANP'ERT et de VERGNE. 


L'aimable et savant conservateur de l'herbier Cosson, M. Bar- 
ratte, me montra les échantillons de Dentaria pinnata qui existaient 
dans l'herbier parisien; un des échantillons avait été récolté à 
Meilleray, prés La Ferté-Gaucher, par M. Bouteiller, et l'autre à 
Longpont, par Foucault. 

Au mois d'avril dernier, nous sommes allés à la recherche de 
cette plante à Meilleray; nous donnons un compte rendu sommaire 
de cette excursion, qui a lieu presque aux limites de la flore pari- 
sienne. 

Descendus à la station de Meilleray, nous gagnons Mont-Miton. 
où existe Polamogeton densus dans une mare et nous allons 
explorer les pentes boisées calcaires et pierreuses situées au S.-E. 
de Mont-Miton, au-dessus du Grand-Morin, dans le département 
de la Marne. 

Nous récoltons Paris quadrifolia, Orchis mascula, Asperula 
odorata et, dans la partie basse, Lathrea Squamaria assez 
répandu; enfin, à mi-pente, nous voyons au milieu du bois, à 
l'exposition N.-N.-E., de superbes colonies de Dentaria pinnata. 
Dans le voisinage, on peut récolter plus tard Dipsacus pilosus; 
entre le Grand-Morin et le bois dans la prairie, en juin, Festuca 
foliacea ; sur la rive droite du Grand-Morin, Cardamine amara; 
à l'extrémité du bois, exposition N.-N.-O., Helleborus occidentalis; 
dans un petit ravin, Aspidéum aculeatum. 

La lisière supérieure du bois offre en juin Rosa stylosa et les- 
deux Crategus. 

On peut récolter comme Mousses intéressantes dans ce bois, sur 
les roches calcaires : Encalypta streptocarpa, Neckera crispa, 
Eurhynchium crassinervium, Fissidens pusillus, Seligeria pu- 
silla, Rhynchostegiwm depressum ; sur la terre : Thamnium alope- 
curum fruct. 

Nous voyons, dans les haies, en regagnant le passage à niveau. 
prés du moulin de Belleau : Rosa dumetorum et sepium. À ce pas- 


298 SÉANCE DU 28 JUILLET 4899. 


sage aboutit un petit ravin desséché; en le remontant, on trouve 
sur les roches : Orthotrichum cupulatum. 

En nous dirigeant vers Villeneuve-la-Lionne, nous voyons le 
Brachythecium populeum sur les pierres; plus près de Villeneuve, 
aux bords d’un ruisseau, sous bois, Helleborus occidentalis et 
Veronica montana. 

En suivant les bords du Grand-Morin, on voit Ægopodium 
Podagraria en bas de Villeneuve. 

Nous revenons ensuite à Meilleray en récoltant en face le moulin 
de Belleau, dans la prairie: Carum Carvi. 

Nous quittons ensuite le département de la Marne pour entrer 
dans celui de Seine-et-Marne, en traversant le Grand-Morin. 

En revenant sur Meilleray, nous voyons sur les pentes boisées 
ou aux bords de la riviére: Asperula odorata, Orchis purpurea, 
4Egopodium Podagraria ; nous revoyons ce dernier dans le village 
de Meilleray. 

Une promenade, au mois de juin, à La Ferté-Gaucher nous pro- 
cure les plantes suivantes : Orthotrichum cupulatum, partie supé- 
rieure d'un ravin, au-dessus de Jouy, entre La Ferté-Gaucher et 
Laval en bas, à cóté de Eurhynchium crassinervium et Teesdalei. 

Dans la partie basse de ce ravin : Epilobium roseum et Festuca 
gigantea. 

Sur les bords de la route qui longe le chemin de fer, Rosa 
stylosa; près du pont du chemin de fer, Polyggla comosa, dans 
les lieux herbeux et calcaires. Plus loin, prés la gare de Jouy, 
Euphorbia stricta, aux bords d'un ruisseau. 

Nous rentrons à La Ferté-Gaucher par la grande route de Cou- 
lommiers, en récoltant, à hauteur de Jouy, Gaudinia fragilis sur 
les gazons de la route. 

Le 7 mai dernier, nous sommes allés à la recherche du Dentaria 
pinnata dans les bois de la Cendrée, prés Longpont. 

Nous avons retrouvé cette plante en petite quantité sur les 
pentes prerreuses; quelques plantes assez intéressantes existent 
dans ces bois; nous citerons : Anemone ranunculoides, Cares 
digitata, Paiss quadrifolia, Aspidium aculeatum et Scolopen- 
drium officinarum, ces deux dernières plantes dans un ravin, 
près la station; le Daphne laureola se trouve à l'exposition ouest; 


en allant aux ruines, Cardamine amara, aux bords d'un 
ruisseau. 


LUTZ. — SUR L'OVAIRE DU CYTINUS HYPOCISTIS. 299 


Il reste à signaler comme Mousses : Mnium slellare, Fissidens 
pusillus, Barbula marginata. 


M. Malinvaud rappelle l'observation qu'il a faite dans la 
précédente séance (voy. p. 279), au sujet de la découverte, 
déjà ancienne et dont on est redevable à Edm. Bouteiller, du 
Dentaria pinnata aux environs de Meilleray (1). 


OBSERVATIONS SUR L'OVAIRE DU CYTINUS HYPOCISTIS L.; 
par M. L. LUTZ. 


L'ovaire du Cytinus Hypocislis L. renferme une quantité notable 
de gomme, qui s'écoule au dehors par la moindre lésion et sur 
laquelle mon attention a été attirée par M. le professeur Planchon. 
En étudiant le mode de formation de cette gomme, j'ai observé 
certaines particularités anatomiques qui m'ont paru dignes d'étre 
signalées. 

Une coupe transversale d'un ovaire ágé montre chez cet organe 
la structure suivante : la paroi ovarienne, d'assez médiocre épais- 
seur, délimite une cavité unique dans laquelle les ovules sont portés 
par un nombre variable (ordinairement 6-9) de placentas pariétaux 
trés ramifiés et faisant saillie à l'intérieur de la loge (fig. 1). Cette 
disposition rappelle assez bien la structure si connue des capsules 
de Pavot. Toute la partie de la cavité ovarienne qui n'est pas 
occupée par les placentas et les ovules est remplie par une substance 
mucilagineuse se colorant médiocrement par l'hématoxyline. 
Certains ovules, détachés des placentas, sont englobés par cette 
gomme. 

S'adresse-t-on à un ovaire trés jeune, la disposition change 
complètement ei la placentation prend un caractère entièrement 
distinct (fig. 2). Les lames placentaires se réunissent au centre et 
constituent un ovaire pluriloculaire dans lequel les ovules sont 
Portés, non sur l'extrémité des cloisons, c'est-à-dire sur l'axe 
médian, mais sur des prolongements latéraux qui prennent nais- 
Sance, au nombre d'un, deux ou rarement trois, sur chacune 


des deux faces des cloisons. 


"uM TP i 'ntionne 
(1) Une Flore parisienne, publiée il y a plus de quinze ans, men 
(probablement par suite de quelque confusion) le Dentaria bulbifera à « La 
Meilleraye, près La Ferté-Gaucher ». i 


300 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


Cette particularité de l'ovaire est encore plus frappante dans 
une coupe intéressant la partie la plus rapprochée du style. Les 
loges sont alors très petites, et l'axe médian très volumineux (fig. 3). 
Cependant cet axe n’est pas entièrement comparable à celui qu'on 
rencontre dans une placentation axile normale : parfaitement 
développé dans la partie supérieure de l'ovaire, il n'existe plus 
à la base; les parois des loges, en effet, au lieu de rester soudées, 


se séparent vers le tiers inférieur et se rétrécissent peu à peu 
jusqu'à se confondre avec la paroi de l'ovaire (fig. 4). 

Le centre de l'axe présente une autre particularité. On y 
remarque une sorte d'étoile, dont les branches correspondent aux 
cloisons de l'ovaire, et qui est formée de tissu en voie de gélifi- 
cation. Dans les échantillons que j'ai eus entre les mains, je n'ai 
pu rencontrer d'ovaires assez jeunes pour y observer le stade de 
début de cette gélification; néanmoins il est facile de se rendre 
compte de la maniére dont elle se produit: on voit en effet les 
parois d'un groupe homogéne de cellules présenter des parois 


me — 


LUTZ. — SUR L'OVAIRE DU CYTINUS HYPOCISTIS. 301 


uniformément gonflées et, comme conséquence, le contenu cel- 
lulaire refoulé et finissant par étre englobé dans la masse de muci- 
lage. Dans un ovaire assez jeune, on ne rencontre aucun organe 
pouvant faire penser à un méat intercellulaire; on peut donc 
attribuer à cette formation une origine lysigéne. 

On peut enfin observer, dans les jeunes ovaires, que les loges 
sont remplies par un tissu cellulaire à parois trés délicates, pro- 
venant d'une prolifération des parois de l'ovaire et des loges, et 
qui occupe tout l'espace laissé libre par les placentas et les ovules. 

La gélification de l'axe, s'accentuant peu à peu, gagne cet organe 
tout entier et le fait disparaitre. En méme temps le tissu cellulaire 
qui remplissait les loges se gélifie également, ainsi que la partie 
des cloisons la plus rapprochée de l'axe. Finalement il ne reste 
dans l'ovaire qu'une série d'organes représentant les restes des 
cloisons et portant les placentas et les ovules, et une masse de 
gomme qui résulte de la transformation de tous les autres tissus 
el remplit toute la cavité. 

Parfois les funicules des ovules sont aussi atteints par la géli- 
lication; ces ovules perdent alors tout contact avec le système 
libéro-ligneux de l'ovaire, et cela longtemps avant leur maturité. 
ils n'en continuent pas moins à grossir et à se développer. Il est 
dene probable qu'ils absorbent par voie osmotique la matiére 
mucilagineuse qui les entoure, et qu'ils achévent leur dévelop- 
pement à l'aide de cette substance agissant comme matière 
nutritive. 

Il convient d'insister, en outre, sur le caractére de la placen- 
tation, que l'on considérait jusqu'ici comme pariétale et qui, en 
réalité, n'est qu'une placentation pseudo-pariétale, acquérant cette 
disposition par gélification d'un axe primitif formé par la réunion 
d'un certain nombre de cloisons. L'axe, d'ailleurs, ne peut pas 
non plus étre considéré comme un axe parfait, puisqu'il ne se 
continue pas intégralement jusqu'à la partie inférieure de 
l'ovaire (4). 


M. Franchet fait à la Société la communication suivante : 


(1) Travail fait au laboratoire de micrographie de l'École supérieure de 
pharmacie de Paris, 


302 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


LES SWERTIA ET QUELQUES AUTRES GENTIANÉES DE LA CHINE; 
par M. A. FRANCHET. 


Avec le relief si varié et, presque partout, si mouvementé de son 
sol, on devait présumer que la Chine occidentale était particu- 
liérement favorable au développement des Gentianacées. C'est là 
en effet qu'une élévation de température suffisamment compensée 
par une altitude variant de 1200 à 4000 mètres, sauf dans de 
rares vallées d'un niveau trés inférieur et abritant une végétation 
vraiment tropicale, est particuliérement propre à réaliser les 
conditions requises pour la végétation de la majorité des plantes 
composant cette famille. 

Cette présomption a été absolument confirmée par les recherches 
successivement dirigées dans ces régions. Si l'on se place au point 
de vue du nombre, sans sortir des limites politiques de la Chine, 
on voit que la flore de ce pays ne le céde à celle d'aucun autre des 
mieux dotés, tout au moins en ce qui concerne les deux genres 
principaux de la famille, Gentiana et Swertia ; le premier y compte 
prés de 90 espéces et le second n'est pas représenté par moins de 
30 types, dont les deux tiers sont spéciaux; c'est la même propor- 
tion que dans l'Inde, le genre Swertia étant ainsi réparti entre 
deux régions limitrophes, sauf pour un petit nombre d'espéces plus 
septentrionales, qu'on trouve au Japon et dans la Mandchourie, 
deux espéces malaisiennes, et quelques espéces africaines. 

Si l'on considére d'autre part la plus ou moins grande diversité 
de formes que peuvent offrir les espèces d'un genre, l'attention 
ne peut manquer de se fixer sur les Gentiana et les Swertia de la 
flore chinoise. J'ai dit dans une précédente communication (1) . 
que toutes les Gentianes de Chine pouvaient se répartir entre douze 
des dix-huit sections du genre, et même que deux de ces sections 
élaient spéciales à la Chine. Il n'y a pas lieu de revenir sur ce 
sujet; mais j'ajouterai quelques mots à propos des Swertia. 

Dans la flore de l'Inde, le genre est en grande partie formé par 
l'adjonction des Ophelia. En Chine, j'ai considéré le genre de la 


(1) Bull. Soc. bot. de France, XLIII, p. 484. 


FRANCHET. — LES SWERTIA ET GENTIANÉES DE LA CHINE. 303 


méme facon, mais non sans constater que les types du groupe 
Ophelia présentaient dans cette région moins d'uniformité que 
dans l'Inde, où leurs caractères spécifiques reposent, dans beau- 
coup de cas, sur des particularités peu saillantes. 

En Chine, ces particularités sont plus nettes; ainsi c'est seule- 
ment dans les Swertia du groupe Ophelia de ce pays qu'on trouve 
une espéce pubescente dans toutes ses parties, Sw. pubescens, voisin 
du reste du Sw. paniculata de l'Inde et qui présente en outre, 
avec le Sw. Delavayi, le singulier caractère d'avoir trois de ses 
sépales beaucoup plus grands que les deux autres, ce qui donne 
au calice l'aspect de celui de certains Exacum. Je citerai encore 
le Sw. longipes, probablement vivace et remarquable par ses longs 
pédoncules et rappelant le Sw. decumbens de l'Afrique orientale. 

Parmi les Euswertia, il faut aussi remarquer le Sw. asarifolia, 
plante naine à feuilles réniformes, c'est-à-dire d'un type tout à 
fait inconnu dans le groupe. J'ajouterai le Sw. multicaulis, déjà 
eonnu dans le nord de l'Inde, dont l'existence dans la Chine 
occidentale compléte la série des formes typiques du genre et 
permet, je crois, d'admettre que cette région est, à notre période, 
la plus riche en modifications profondes, en ce qui touche le 
genre Swerlia. 

Il n'est pas inutile de dire ici quelques mots des Pleurogyne et 
de la facon dont ils se comportent dans l'extréme Asie. 

Jusqu'ici deux des espèces de ce genre, P. rotata et P. carin- 
Lhiaca, n'ont guère été jugées que d’après les exemplaires euro- 
péens ou sibériens, c'est-à-dire provenant des deux régions 
classiques du genre. 1l a fallu l'exploration de la Chine occiden- 
tale pour révéler les formes extraordinaires que pouvaient revétir 
les deux espéces citées plus haut. 

Dans la zone arctique ou subarctique de tout l'hémisphére 
boréal, le P. rotata se présente sous une forme assez constante ; 
c'est une plante basse, gréle, ordinairement raide, portant, soit 
dés la base, soit à partir du milieu, des rameaux courts, uniflores. 
À mesure que la plante s'avance, en suivant la zone alpine, vers 
des climats plus cléments que ne le sont l'Islande et le Groenland, 
elle devient plus rameuse et plus florifére; c'est ainsi que se 
comportent les spécimens de la Sibérie altaique, de la Daourie 
et du Turkestan. Ce n'est toutefois que dans les montagnes du 
Cachemyr et de la Chine occidentale que la végétation de la 


304 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


plante atteint sa plénitude, si je puis m'exprimer ainsi. Certains 
spécimens du Se-tchuen et du Yunnan atteignent 30 et 40 centi- 
mètres, et leurs rameaux florifères, qui partent de la base, en font 
de véritables pyramides de fleurs; ces fleurs varient elles-mêmes 
beaucoup dans leurs dimensions, le calice seul demeurant im- 
muable avec des segments allongés, étroitement linéaires; les 
feuilles sont tantôt larges, ovales-lancéolées, tantôt linéaires; 
quant aux écailles membraneuses qu’on observe à la base de cha- 
cun des lobes de la corolle, elles deviennent assez grandes, sans 
présenter d'ailleurs aucune modification sensible dans leur mode 
de dissection ; elles sont toujours lacérées en lanières aiguës el 
non frangées de cils fins comme le sont par exemple les écailles 
du Swertia diluta qui croît souvent dans les mêmes régions. 

C'est cette grande forme du Pleurogyne rotata que j'avais prise 
à tort pour le Swertia chinensis et que M. Hemsley a décrite 
comme Swertia bella, ainsi que l'a fait remarquer M. Batalin qui 
parait pourtant disposé à rapporter le Sw. bella Hemsley au 
P. carinthiaca. 

Le fait est qu'il est extrémement facile de confondre ces grands 
Pleurogyne avec des Swerlia. Je ne sais les distinguer autr rement 
que par le mode de dissection des écailles divisées en lanières 
larges et aigués dans les Pleurogyne, bordées de cils fins et allon- 
gés dans les Swertia chinensis et Sw. diluta. L'absence de fossette 
et de glande nectarifére, que les auteurs refusent au Pleurogyne, 
-est en effet un caractère difficile à constater sur le sec; en sup- 
posant que cette absence soit compléte et qu'elle ne constitue pas 
plutót une réduction. Quant au prolongement du stigmate sur les 
cótés de l'ovaire, il y a longtemps que Bentham et Hooker ont con- 
testé la réalité de ce caractére; de sorte qu'on peut se demander 
si le maintien des Pleurogyne comme genre distinct est bien op- 
portun aujourd'hui et s'il ne vaut pas mieux les considérer comme 
une section des Swertia, très semblable aux Ophelia, annuels 
comme la plupart d'entre eux et n'en différant que par des fos- 
settes ou nectaires trés petits ou peut-être nuls, et par des écailles 
à laciniures larges, caractère d'une observation. facile. 

Le Pleurogyne carinthiaca, qui ne s'avance pas aussi liaut que 
son congénére dans la région boréale, a du reste une aire d' habitat 
presque semblable; il varie comme lui dans ses dimensions et 
semble atteindre son apogée de végétation, soit pour la taille, soit 


FRANCHET. — LES SWERTIA ET GENTIANÉES DE LA CHINE. 305 


pour la grandeur des feuilles et des fleurs, dans le Kouitchéou, 
d'ou M. Bodinier en a envoyé des exemplaires de 30 centimètres 
de hauteur, à fleurs, sépales et feuilles de largeur remarquable. 

N'est-il pas permis de conclure de ces observations que les 
Pleurogyne ont aujourd'hui leur foyer dans la Chine occidentale 
et dans la chaine himalayenne où l'on en connait 4 ou 5 espèces. 
De ce foyer, primordial ou non, les plantes se sont avancées dans les 
montagnes de l'Asie et de l'Europe tempérée, suivant toujours les 
régions alpines, mais perdant sensiblement de leur taille et de 
leur production florale, jusqu'à ce que l'une d'elles, PI. rotata, 
alteigne les régions arctiques pour s'y manifester sous sa forme la 
plus appauvrie. 

Si, comme on peut le supposer, la distribution des Pleurogyne 
s'est effectuée de la facon indiquée ici, il faut reconnaitre que c'est 
un fait de plus à ajouter à l'opinion qui fait de la Chine occiden- 
tale et de l'Himalaya le foyer de la distribution actuelle de 
beaucoup de nos plantes alpines et de certaines de nos plantes 
boréales. 


Gentiana L. (1). 


jt G. DUCLOUXII sp. nov. 


(Frigida). — Cespitosa, depressa, glaberrima; caulis 1-2 cent., 
nunc gracillimus, ascendens, 3-4 cent. alt., foliosus; folia rosu- 
larum oblongo-lanceolata vel spatulata, acuta vel obtusa, inferne 
in petiolum alatum longe attenuata, foliis caulinis minoribus et 
ejusdem forme, omnibus margine revolutis; rami vel caules uni- 
flori, flore inter bracteas foliaceas sessili; calyx corolla 3-4-plo 
brevior, dentibus parvis lanceolato-acuminatis tubo 4-5-plo bre- 
vioribus; corolla rosea, costis exterioribus virescentibus, basi an- 
guste tubulosa, superne ampliata, lobis deltoideis acutis puncta- 
tis, plicis lobos æquantibus, unidentatis; capsula oblonga longe 
(9-4 mm.) stipitata, apice attenuata, acuminata, seminibus parvis, 
ovatis, profunde exsculpto foveolatis, margine ala hyalina plicata 
Cinctis. 


Hab. — La Chine occidentale, Yunnan, environs de Yunnan- 


(i) Les autres Gentiana de la Chine sont décrits surtout dans le Bull. de 


la Soc. bot. de Fr., XXXI, XLII, et dans l'Indez Flore sinensis. 
T. XLVI. (SÉANCES) 20 


306 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


sen, bois et montagnes, prés de la pagode de Kiong-tchou-se 
(Em. Bodinier et Ducloux, n. 60). 


Espèce voisine du Gentiana Szechenyi Kan. dont elle a la végétation; 
mais elle est une fois plus petite dans toutes ses parties. Elle s’en dis- 
tingue surtout par ses feuilles qui dans le G. Szechenyi sont longue- 
mant lancéolées, strictement sessiles par une base aussi large que le 
reste de la feuille; dans le G. Duclouxii, les feuilles, longuement atté- 
nuées en pétiole, ont toutes ce pétiole nettement distinct d'un limbe lan- 
céolé ou spatulé. 


Crawfurdia Wall. 


C. PrericocaLvx Hemsl.; Pterigocalyx volubilis Maxim., Prim. Fl. 
Amur, p. 198 et 194, tab. 9. 

Hab. — La Chine septentrionale, autour de Pékin (Maxim.) et occi- 
dentale : Hupeh, près de Hsingshan (Henry), et Su-tchuen, dans les bois 
d'Heou-pin, prés de Tchen-keou, alt. 1400 mètres (R. P. Farges). 

Fleurs bleues ; capsule plus courte que la corolle, mince, s'ouvrant 
facilement en deux valves, en massue, portée par un podocarpe un peu 
plus court qu'elle; graines trés nombreuses, discoides, largement ailées. 

Le C. pterigocalyx appartient donc au groupe Dipterospermum. 


455 C. DELAVAYI sp. nov. 


(Dipterospermum). — Planta robusta superne sæpius scandens; 
folia inferioraad squamas reducta, jam infra medium rite evoluta, 
accrescentia, stricte sessilia vel brevissime petiolata, e basi ovata 
vel rotundata vel cordata, nunc ovalia vel ovali-lanceolata, plus 
minus nunc longe acuminata; flores ad axillam foliorum bini, 
nunc solitarii, rarissime ad apicem nudatum caulis racemosi ; 
calyx 10-12 mm. longus, angulis juxta et inter lobos elevatis, 
carinatis, dentibus brevibus (2-3 mm.), deltoideo-lanceolatis plica 
horizontaliter expansa separatis, tubo rarius per anthesin vel per 
evolutionem capsulæ dimidiato-spataceo ; corollae roseo-violace#, 
circiter 3 cent. longz, præ lobis striis tribus magis intense colo- 
ratis notat», infra medium tubulose, ex inde abrupte dilatatæ 
campanulate, lobis brevibus triangularibus, plicis intermediis 
rotundatis; staminum filamenta complanata; capsula facile dehis- 
cens, membranacea, slipitata, clavata, apice parum attenuata ; 
semina discoidea, late alata. 


——————————— 


l————— o 


FRANCHET. — LES SWERTIA ET GENTIANÉES DE LA CHINE. 307 


Hab. — La Chine occidentale, sur le mont Tsang-chan, au- 
dessus de Tali, parmi les Bambous nains, alt. 3500 m. (R. P. 
Delavay, n. 143). 


Voisin du C. speciosa Wall. par son calice qui n’est point lisse, mais 
qui présente dix côtes en forme de petites carènes ou ailes; par ses feuilles 
sessiles ou presque sessiles. 

M. Delavay a rencontré sur le Tsang-chan, mélangée avec le type, une 
forme à tige plus robuste, dont le calice a les lobes deltoides contigus à 
leur base, c'est-à-dire qui ne sont point séparés par le pli horizontal de 
tissu mince qu'on observe dans la forme type, comme dans beaucoup 
de Gentiana; le calice est alors fendu d'un côté jusqu'au milieu ou 
presque jusqu'à la base; le méme fait se produit chez le C. speciosa. 

jj C. THIBETICA sp. nov. 

(Dipterospermum). — Crawfurdia Delavayi multo graci- 
lior et quasi forma diminuta; corolla 4 cent. longa; calyx 
15 mm. elevato-striatus, dimidiato spataceus, lobis basi contiguis, 
ovatis vel deltoideis; capsula ovata demum corollam fere tota lon- 
gitudine excedens; semina discoidea, late alata. 


Hab. — La Chine occidentale, Su-tchuen, aux environs de 
Ta-tsien-lou (Soulié, n. 854). 


N'est peut-étre qu'une forme gréle du C. Delavayi. Le calice est plus 
long, à dents toutes contigués par la base, et profondément fendu sur le 
cóté, la fente présentant dans son pourtour une marge épaisse qui la 
circonscrit nettement et écarte toute idée d'une fissure se produisant 
accidentellement et due à la dilatation de la corolle. J'ai dit précédem- 
ment qu'un fait analogue se produisait dans une forme du C. Delarayi. 
La capsule obovale est complètement exserte à la maturité: elle est in- 
cluse dans le C. Delavayi, mais je ne suis pas certain que ce caractère 
soit constant dans cette espèce. 

On attribue quelquefois au sous-genre Dipterospermum un calice 
lisse, non caréné, et au sous-genre Tripterospermum un calice caréné 
ou subailé. Les deux formes de calice peuvent se rencontrer dans l'un 
et l'autre sous-genre des Crawfurdia; ainsi le C. speciosa a le calice 
absolument lisse, tandis que le C. Pterigocalyx, qui est certainement 
un Dipterospermum, a les angles du calice relevés d'une aile. 


C. rascicuLATA Wall., Tent. fl. nepal., 63, tab. 47; Forbes et Hemsley, 
Ind. fl. Sin. 1, 122 (excl. syn. C. japonica Sieb. et Zucc.). 
Hab. — La Chine centrale et occidentale (coll. omnes). 


308 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


Plante très variable, dont la délimitation spécifique n’est pas encore 
bien établie. M. Hemsley réunit toutes les formes; M. C.-B. Clarke, dans 
le Flora of Brit. Ind., conserve trois espèces dans le sous-genre Trip- 
terospermum. 

Le Muséum possède les formes suivantes de la Chine occidentale; 
toutes ont pour caractère commun de n'avoir qu'une ou deux fleurs 
(rarement trois) à l'aisselle de chaque paire de feuilles : 


1. Folia petiolata, cordato-ovata; calycis dentes tubo longiores vel 
breviores; corolla 4-5 cent. longa, violascens. 


Hab. — Hupeh, Ichang (Henry, n. 2848 et 4877); Su-tchuen (Henry, 
n. 8881); Su-tchuen, mont Omei (Faber, n. 171). 

2. Folia petiolata, cordato-ovata; calycis dentes tubum æquantes vel 
illum superantes; corolla 30-35 mm. longa, alba. 

Hab. — Yunnan, les bois à Tchen-fong-chan (Delavay, n. 5028 et 
9111). 

Représente probablement le Crawfurdia affinis Wall. Cat., 4310, 
sous sa forme à feuilles cordées. 

3. Folia petiolata, limbo lineari-lanceolato, basi brevissime attenuata; 
calycis dentes tubo longiores; corolla violacea. 


Hab. — Yunnan, bois de Kou-toui, au-dessus de Mo-so-yn (Delavay, 
n. 4071). 


4. Folia petiolata, lanceolata, basi truncata vel breve attenuata, cap- 
sula anguste oblonga, ad maturitatem perfectam e corolla pro maxima 
parte exserta, capsule rostro elongatissimo, 19-15 mm. longo, stigma- 
tibus brevibus; semina perfecte matura, æqualiter vel subæqualiter tri- 
gona. 


Hab. — Su-tchuen, district de Tchen-keou-tin (R. Farges). 


Cette derniére forme pourrait bien constituer une espéce particulière 
(Cr. Fargesii), à cause de sa capsule étroitement oblongue, à demi 
exserte à la maturité, terminée par un bec (style) beaucoup plus allongé 
que dans les autres espèces. Les graines sont aussi un peu différentes, 
les faces de leurs trois angles étant tantôt presque égales, tantôt inégales, 
l’une étant moitié plus étroite. Dans le C. fasciculata, ainsi que dans 
le C. japonica, les graines ont toujours deux de leurs ailes très rappro- 
chées du même côté et séparées par une face un peu concave, très 
étroite. 

Tant qu'on n'aura pas été à même d'étudier les fruits mürs et les 
graines de tous les Crawfurdia, il y aura toujours beaucoup d'incer- 
titude sur la délimitation de certaines espéces, les caractéres tirés de la 
forme des feuilles et ceux du calice ne présentant aucune stabilité. La 


—M————9 S: 


FRANCHET. — LES SWERTIA ET GENTIANÉES DE LA CHINE. 309 


déhiscence spatacée qu’on observe parfois dans le calice demande à être 
étudiée. 


Latouchea Franch. 


L. FOKIENENSIS Franch., in Bull. Soc. bot. de Fr., t. XLVI, p. 204, 
pl. 7. 

Hab. — La Chine orientale, dans les montagnes de Kuatun (M^* de 
Latouche, 1898). 

Port du Swertia perennis ; fleurs du Jæschkea. 


Pleurogyne Griseb. 


P. niFFUSsA Maxim., Mél. biol. XII, 761. 
Hab. — Le Kansu, Zaidam. 


P. Tuoupsowi C.-B. Clarke in Hook. et Th., Flor. of Brit. Ind. IV, 
120. 

Hab. — La Chine occidentale, Su-tchuen à Tongolo, dans la princi- 
pauté de Kiala (R. P. Soulié, n. 682); C. à Tizou, à Tche-to-chan (id. 
a. 345). 

P. caniNTHIACA Griseb. Gent., p. 310 et Prodr. IX, p. 122. 

Hab. — Le Thibet boréal (Przewalski). 

Semblable à la forme d'Europe, avec les feuilles obovales toujours 
alténuées inférieurement. 

p Var. cordifolia. — Folia caulina e basi latiore eximie cordata, 
stricte sessilia. 

Hab. — La Chine occidentale, Su-tchuen, autour de Ta-tsien-lou 
(R. P. Mussot, n. 289). 

P. rorara Griseb. Gent., 309 et Prodr. IX, 122. 

Forma typica, pauciflora, erecta. 

Hab. — La Chine occidentale, Yunnan, herbages des montagn^s 
autour de Yunnan-sen (R. P. Bodinier et Ducloux, n. 37). Fleurs roses. 

PA Var. floribunda. — Caulis erectus, 10-30 cent. altus, plus minus 
laxe floribundus ; folia linearia vel anguste lineari-lanceolata; flores 
25-10 mm. lati, constanter numerosissimi, cæruleo-vittati, vel toti cæru- 
lescentes, rarius albidi. 

Hab. — La Chine (Martin, Simon); Mongtze (Leduc); Yunnan-sen 
(Bodinier et Ducloux) ; Yunnan, Chetchotzé (Delavay); prairies d'Yang-in- 
chan (id.); Lank-ong, Lao-kouan-Choui (id.); Hee-chan-men, alt. 2800 
métres (id.); Kan-hay-tzé (id., n. 2209); Mo-so-yn (id.); Tali (id., 
n. 4543); Pétcheli, environs de Pékin (Arm. David); Kansu (Przewalski). 


310 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


Plante trés variable, quelquefois grêle, à feuilles très étroites et à 
fleurs assez petites; d'autres spécimens ont leurs fleurs appliquées 
contre l'axe, formant ainsi une trés étroite panicule ; le plus souvent les 
fleurs atteignent un diamétre de plus de 2 centimétres et la plante est 
trés robuste. Aucun deces états ne rappelle aucune des formes du Pleu- 
rogynerotata du nord de l'Europe et du nord de l'Asie; son port est 
plutôt celui d'un Swertia et, en réalité, c'est cette forme que j'ai consi- 
dérée comme étant le Sw. ehinensis de Bunge, insuffisamment décrit 
sous le nom d'Ophelia chinensis, et que le Muséum a reçu de l'Amur 
(Maximowiez); les fossettes de cette plante ont leurs écailles terminées 
en longs cils, tandis que, dans les Pleurogyne et toutes leurs variétés, 
les fossettes ne sont pas trés apparentes, et l'écaille membraneuse 
qui les recouvre est divisée en laciniures assez largeset inégales, mais 
nullement bordée de cils fins. Le Sw. diluta Benth. et Hook., probable- 
ment distinct du Sw. chinensis, est un véritable Swertia à cause de ses 
deux fossettes trés distinctes, placées au-dessous du milieu des pétales 
et des écailles trés finement et trés longuement ciliées. 


Var. bella. — Sw. bella Hemsley, Ind. fl. Sin. II, 138; Batalin, Acta 
horti petrop. XIII, 378. — Rami floriferi fastigiati ; flores magni ; folia 
e basi rotundata ovata, vel ovato-oblonga. 


Hab. — Yunnan, pàturage de Fang-yang-tchang (Delavay, n. 2925); 
Su-tchuen, environs de Tchen-kéou-tin (Farges, n. 260); Hupeh, envi- 
ron de Ychang (Henri, n. 6919). 


M. Batalin fait observer que le Sw. bella Hemsley ne représente pour 
lui qu'une forme à trés grandes fleurs du P. carinthiaca. J'y verrais 
plus volontiers une forme à feuilles élargies du P. rotata, à cause de la 
forme des divisions du calice qui ne sont pas lancéolées comme dans 
le P. carinthiaca. Ce caractére tiré de la largeur des divisions calici- 
nales est le seul que Maximowicz ait pu invoquer pour séparer le P. ca- 
rinthiaca du P. rotata, ce qui montre que les deux espèces sont extrême- 
ment voisines; cette affinité s'affirme encore quand on a sous les yeux 
les multiples formes qu'affectent ces deux plantes dans l'Asie centrale 
montagneuse, ou des formes européennes un peu exceptionelles. 


Veratrilla Daill. 


Veratrilla, an generis sectio an genus proprium Baillon, Hist. des 
pl. X, 142 et Bull. Soc. Linn. de Paris, 129. 


Flores dieci, sepius å-meri; corolla tubuloso-rotata, staminibus in- 
ferne cum tubo connatis juxta sinum tantum liberis, brevibus; stylus 
brevis (vix 4 mm.) stigmate bilobo, lobis ovatis patentibus; capsula 
ovata, breviter attenuata; semina late ovata, levia. — Planta glabra, 


—9 


FRANCHET. — LES SWERTIA ET GENTIANÉES DE LA CHINE. 311 


elata veratriformis; folia inferiora longe petiolata, omnia opposita, an- 
ceolata, inferiora vaginata; inflorescentia e racemis densis pyramidam 
longam, angustam efformantibus; corolla luteo-viridis, 6 mm. longa et 
lata. 


R^ V. BAILLONI sp. nov. 


Hab. — La Chine occidentale, Yunnan, dans les broussailles, au-des- 
sus du col de Yen-tze-hai, alt. 3500 metres (Delavay); prairies humides 
de Tsang-chan, près de l'aréte (Delavay, n. 147). 

Genre remarquable, à cause de sa dioicité; les étamines sontinsérées 
comme celle des Jeschkea. 


Swertia L. 


Grex : EUSWERTIA. — Perennes; folia basilaria longe petiolata. 


7v 
7" SW. CALICINA sp. nov. 


Caulis humilis, 8-12 cent.; folia basilaria, longe petiolata, 
anguste oblonga, 5-nervia, obtusa, caulinis paucis, alternis, semi- 
amplexicaulibus, angustissime decurrenlibus (unde caulis suba- 
latus), ovato-oblongis obtusis; rami pauci, uniflori ; calyx 5-phyllus, 
sepalis ovato-oblongis, 15-18 mm. longis, parum obtusis, petala 
æquantibus vel illa superantibus; petala albida, ovata, obtusa, 
basi bifoveolata, foveis nigrescentibus, discretis, infundibulifor- 
mibus; membrana ad marginem superiorem longe ciliata. 


Hab. — La Chine, Yunnan, coteaux de Likiang-Sueechan, 
alt. 4000 m. (Delavay, n. 2208). 


Espèce comparable avec Sw. alternifolia Royle, mais dont les tiges 
sont beaucoup plus courtes, le calice plus développé dépassant beaucoup 
la corolle ou l'égalant. Les fossettes, d'un brun foncé, sont trés carac- 
téristiques et leur membrane présente, au sommet, des cils en petit 
nombre, mais trés allongés. | 


A SW. ASARIFOLIA sp. nov. 


Rhizoma obliquum, unicaule ; folia rosularum petiolata, petiolo 
pollice longo, limbo suborbiculato basi rotundato vel subcordato, 
2-3 cent. longo et lato; caulis 12-15 cent., distanter foliatus; folia 
Opposita petiolata, inferiora ovato-orbiculata, superiora ovata 
subsessilia, semiamplexicaulia, auriculata; inflorescentia termi- 
nalis, pauciflora; calyx corolla longior, sepalis 7-8 mm. longis, 


312 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 
ovato-oblongis, intus ad basin insigniter squamulatis; petala 


(albida?) ovata, obtusa, paulo supra basin bifoveolata, squarnis 
fimbriatis; stylus nullus. 


Hab. — La Chine occidentale, Yunnan, au-dessus du col de 
Ta-long-pin, sous un rocher ombragé (Delavay, n. 3775). 


La forme arrondie des feuilles, la petite dimension des fleurs carac- 
tå: isent bien cette espèce; les fossettes nectarifères ne sont point visibles 
sous les écailles comme dans les autres espéces du groupe. 


SWERTIA PETIOLATA Royle, in Don Trans. Linn. Soc. XVII, p. 519. 


Hab. — La Chine occidentale, Su-tchuen dans les lieux humides des 
Bois; C. au-dessus du village de Tcheto, près de Ta-tsien-lou (R. P. 
Soulié). 

Espéce remarquable par sa longue panicule étroite formée de petites 
fleurs, dont les pétales (1 cent.) sont moitié plus longs que les divisions 
du calice. 


Sw. MARGINATA Schrenk, in Bull. Soc. Mosc. X, p. 353, et Enum. 
plant. nov. M, p. 30. 

Hab. — La Chine occidentale, Su-tchuen, aux environs de Ta-Isien- 
lou (Soulié, n. 815). Prov. Kansu, terre des Tangut (Przewalski). 

Les feuilles les plus rapprochées de la base sont seules connées; celles 
qui avoisinent les fleurs ont leur base libre; le calice est plus épais, plus 
herbacé avec une marge membraneuse beaucoup plus étroite que dans 
le Sw. marginata des régions songariennes; les pétales sont souvent 
trés aigus acuminés, et les fleurs en grappe lâche. Malgré ces différences, 
je partage absolument l'avis de Maximowiez, qui considérait la plante 
du Kansu comme un véritable Sw. marginata. 


Sw. BiFoLIA Batal., Acta horti petrop. XIII, 378. 


Hab. — La Chine occidentale, dans le Su-tchuen septentr. à Guma- 
Sika, aux sources du fleuve Hon-ton (Potanin). Je n'ai pas vu la plante. 


Sw. TIBETICA Batalin, Acta horti petrop. XIII, p. 175. 
Hab. — La Chine occidentale, Se-tchuen, entre Ta-tsien-lou et Lifan. 


Celle espéce m'est restée inconnue, à moins qu'elle ne doive étre 
identifiée avec le Sw. marginata Schr., cité plus haut. 
^. 


Sw. MULTICAULIS Don, Nepal., p. 127. 


Hab. — La Chine occidentale, Se-tchuen, vallée du haut Mékong, au 


FRANCHET. — LES SWERTIA ET GENTIANÉES DE LA CHINE. 313 


col de Salaze, sur la ligne de faîte qui sépare la Salouen, entre Tsékou 
et Atentzé (P** H. d'Orléans, 12 septembre 1895). 

Dans les exemplaires reçus, la tige est extrêmement courte et les 
pédoncules allongés semblent basilaires. La plante ne différe en rien, du 
veste de celle du Sikkim. 


Grex : OPHELIA. — Annuæ vel raro perennes; folia 
basilaria sæpius sessilia. 


a. Unifoveolata. — Foveola unica in quoque coroll lobo. 


Sw. ERYTHROSTICTA Maxim., Mél. biol. XI, 968; Forbes et Hemsl. 
Ind. fl. Sin. II, 140. 

Hab. — La Chine occidentale, Su-tchuen, aux environs de Tchen- 
kéou-tin, alt. 2100 mètres (Farges, n. 256); Hupeh, à Hsinghan (Henry), 
Kansu (Przewalski). 

Je ne suis pas bien certain que cette espéce soit annuelle; une sorte 
de rhizome gréle vient de la racine principale et semble prolonger la 
durée de la plante; les feuilles inférieures sont longuement pétiolées. La 
place du Sw. erythrosticta serait done parmi les Euswertia, comme 
l'avait pensé Maximowiez. Son port est pourtant celui du Swertia bima- 
culata, qui appartient réellement au groupe Ophelia; le Sw. erythro- 
Sticta s'en distingue surtout parce que chaque division de la corolle ne 
porte qu'une fossette arrondie. 


LT SW. PUBESCENS sp. nov. 


Annua, totis partibus breviter hirtella; caulis 1-2 pedalis sepius 
ramosissimus; folia semiamplexicaulia anguste lanceolata vel linea- 
ria; inflorescentia late paniculata, foliosa; calycis segmenta basi 
breviter connata, inæqualia, 2 exteriora ovali-lanceolata vel 
ovata, 10-12 mm. longa, acuta, 3 interiora exterioribus occulta, 
minora, lineari-lanceolata, acuminata; corolla albida ad basin 
violaceo-annulata, infra medium 5-lobata, lobis ovatis apice 
obtuso breviter fimbriatis, paulo supra basin unifoveolatis, foveola 
profunde impressa, hippocrepidiformi, margine integro cincta; 
filamenta papillosa apice subulata infra valde inflata, gibbosa, 
antheris violaceis ; ovarium ovatum, puberulum, apice longe acu- 
minatum. 


Hab. — La Chine occidentale, Yunnan, les prairies au col de 
Hee-chan-men, alt. 3000 m. (Delavay); plaine de Mo-so-yn, le 


314 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


long des ruisseaux (id.); terres cultivées sur le Hee-chan-men, 
alt. 2800 m. (Delavay, n. 152). 


Espèce du même groupe que le Swertia purpurascens Wall., mais 
déjà bien caractérisée par la pubescence qui recouvre toutes les parties 
et par la constitution de son calice. 


Sw. PunPURASCENS Wall., Cat., 4379. 


aon Var. violaceo-cincta. — Corolla alba, fundo violaceo. Planta tota 
glabra, calicis lobi æquales. 


Hab. — La Chine occidentale, Yunnan, dans les prairies, au pied du 
Maeulchan (Delavay, n. 4269). 


Les capsules du Sw. purpurascsns sont atténuées au sommet et lon- 
guement acuminées comme celles du Sw. pubescens, mais elles sont 
absolument glabres; les pétales sont aussi acuminés et nullement fim- 
briés comme dans l'espéce précédente. 


Sw. ANGUSTIFOLIA Buch.-Hamilt., in Don, Prodr. flor. nepal., p. 127; 
Forb. et Hemsl., Ind. flor. Sin. IT, 138. 


Hab. — La Chine occidentale, Hupeh, aux environs de [chang (Henry 
ex distr. Kew, 42, 1243, 4313). 


|. Sw. PULCHELLA Buch.-Hamilt., in Wall., Cat. ex Don, Trans. Linn. 
Soc. XVII, p. 524; Forb. et Hemsl., Ind. fl. Chin. II, 140. 


Hab. — La Chine centrale et occidentale, Kiukiang (Arm. David); 
Yunnan, col de Ta-ouang-miao, sur la route de Tali à Houang-kia-pin, 
alt. 2000 mètres (Delavay, n. 1239); Kouy-tcheou, herbage des mon- 
tagnes aux environs de Ganpin (Bodinier, n. 1810). — Fleurs blanches 
(Delavay) ou bleu pàle, tirant sur le blane avec stries parallèles, brunes 
(Bodinier); environ de Mongtzé (Tanant). 

La membrane de la fossette est trés brièvement ciliolée chez le Sw. 
pulchella ; dans le Sw. angustifolia Buch., elle n'est pas sensiblement 
différente et pour distinguer les deux plantes on ne trouve guère que les 
divisions du calice, aussi longues que la corolle dans le Sw. angusti- 
folia, presque moitié plus courtes dans le Sw. pulchella, au moins 
pendant l'anthése, car le calice s’accroit beaucoup méme avant la matu- 
rité des fruits. L'état quadrimère des fleurs paraît constant dans les deux 


espèces. 


4o SW. GENTIANOIDES sp. nov. 


Annua, gracilis, unicaulis, scabrida; caulis sæpius e medio 
ramosus, 2-10 cent. altus; folia radicalia sub anthesi marcescen- 


FRANCHET. — LES SWERTIA ET GENTIANÉES DE LA CHINE. 315 


tia, caulina breviter petiolata, late obovata vel flabelliformia ; 
inflorescentia foliosa, nunc fere e basi anguste paniculato-race- 
mosa, ad apicem ramorum congesta ; pedicelli breves vel subnulli ; 
flores pallide violacei vel c:erulescentes, parvi, 10-12 mm. longi; 
calycis lobi lineares, acuti, corolla fere duplo breviores; corolla 
circiter ad medium usque lobata, lobis lanceolatis, acuminatis; 
foveolæ solitariæ ad basin cujusque lobi saccatæ, superne in ciliis 
longis tenuissimis solutæ ; filamenta cum tubo ad medium usque 
coadunala, inter lobos libera assurgentia, ilis duplo breviora ; 
capsula longe attenuata, acuminata, stvlo distincto; semina levia, 
ovata. 

Hab. — La Chine occidentale, Yunnan, dans les terres cal- 
caires pierreuses du Hee-chan-men (Delavay, n. 151); rocailles 
calcaires, à la montée du col de Yentzehai, au-dessus de San-yn- 
kay, alt. 2800 m. (id. n. 1672); coteaux pierreux à Koutouy, au- 
dessus de Mo-so-vn, alt. 3000 m. 


Port du Gentiana germanica: espéce remarquable par sa petite taille; 
son inflorescence étroite et dense, sa corolle à tube presque aussi long 
que les lobes, portant les filets des étamines connés avec lui jusqu'au 
milieu. 


Sw. NERVOSA Wall., Cat. 4383. 

Hab. — La Chine occidentale, dans les champs à Mo-so-yn (Delavay, 
n. 2935, 1234) ; Yunnan-sen, talus des riziéres (Ducloux, n. 35); Koui- 
tchéou, environs de Kouy-Yang, sur les montagnes du Collège et sur les 
bords de la riviére (Bodinier, 1960). 

Espèce à grand calice dépassant la corolle, méme pendant l'anthése; 
à feuilles lancéolées, nettement trinervées. Elle se distingue du Sir. 
alata, dont elle est trés voisine, par ses feuilles atténuées, aigués à la 
base comme au sommet. Les feuilles du Sw. alata sont strictement ses- 


siles, d'une base large et arrondie. 


B. bifoveolata. — Foveolæ duæ in quoque corollæ lobo. 
+. Foveol nudi. 


SW. ocuLATA Hemsl., Ind. fl. Sin. IT, 140. 

Hab. — La Chine occidentale, Su-tchuen, north Wusham (Henry); 
se distingue du Sw. bimaculata par ses feuilles très étroites, linéaires 
lancéolées. 


346 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


SWERTIA BIMACULATA C.-B. Clarke in Journ. Linn. Soc. XIV, p. 449. 
Ophelia bimaculata Sieb. et Zucc., Fl. Jap. fam. nat. I, 35. 

Hab. — La Chine occidentale, Yunnan au pied des montagnes de 
Lankong (Delavay); Tapin, prés de Mo-so-yn (id. n. 2908) ; au pied du 
Hee-chan-men (id. n. 1231) ; Yunnan-sen (Bodinier et Ducloux, n° 38); 
Su-tchuen, environs de Tehen-kéou-tin (Farges, n. 123); Hupeh, Patung 
et Ichang (Henry); Kouy-tcheou, Ganpin, bords des ruisseaux aux grandes 
rocailles (Bodinier, n. 1948), Kouyang (id. n. 1947). 

Ressemble beaucoup à l'espéce que Maximowicz a décrite plus récem- 
ment sous le nom de Sw. erythrosticta, mais les fovéoles sont absolument 
différentes dans les deux espèces. Le Sw. erythrosticta en présente 
seulement une seule située à la base de chacun des lobes de la corolle 
et qui est recouverte par une membrane longuement ciliée au sommet. 
Le Sw. bimaculata a deux fovéoles sur chacun des lobes; ces fovéoles 
sont placées à peu prés au milieu, arrondies et tout à fait nues. 

Espéce à distribution trés large, s'étendant de l'Inde au Japon. 


++. Foveolæ ciliis vel membrana ciliata aucta. 


naw SW. LEDUCI sp. nov. 


Subpedalis, glabra ; caulis tetragona angulis angustissime alatis, 
e basi pyramidato-ramosus; folia brevissime petiolata, lanceolata, 
superiora breviter oblonga vel linearia; pedunculi sepius flore 
longiores, uniflori; flores pentameri ; calyx corollam sub:equans, 
lobis linearibus, acutis; petala acuta, staminibus longiora; 
foveolæ 2, paulo supra petalorum basin sitze, ovatæ, vix discret, 
profunda impresse; squamula brevissime apice ciliatæ. 


Hab. — La Chine occidentale, Yunnan, aux environs de 
Mongtzé. 


Espéce caractérisée surtout par ses fovéoles contigués, profondes, 
recouvertes d'une écaille bordée au sommet de cils trés courts et peu 
nombreux ; port d'un Sw. punicea à feuilles étroites. 


SW. MUSSOTI sp. nov. 


Subpedalis, glabra; caulis tetragona, angulis anguste alatis, € 
basi pyramidato-ramosa; folia sessilia e basi latiore lanceolata- 
acuta; pedicelli omnes axillares flore longiores; flores fere con- 
Stanter tetrameri, rarius pentameri ; calyx corolla subduplo brevior, 
lobis oblongis vel linearibus, acutis; corolla 4 cent. diam. in 


FRANCHET. — LES SWERTIA ET GENTIANÉES DE LA CHINE. 3t 


sicco rubro-fusca, lobis lanceolatis, mueronatis; stamina corolla 
paulo breviora, filamentis liberis; foveolæ lineares, elongatar, 
discrete, nudæ, ultra medium petalorum extensæ; stigmata 
sessilia. 

Hab. — La Chine occidentale, Su-tchuen, aux environs de 
Ta-tsien-lou (Soulié, n. 843; Mussot, 988). 


Espéce trés facilement reconnaissable à ses longues fovéoles brunes, 
exactement linéaires, absolument dépourvues de membrane qui les 
recouvre. 


1*7 $W. DECORA sp. nov. 


Annua, glabra, gracilis; caulis obscure quadrangularis, 25- 
40 cent. altus, a basi vel e medio ramosus; folia infima oblongo- 
obovata, media et superiora lineari-lanceolata, acuta vel mucro- 
nata 20-25 mm. longa; inflorescentia racemoso-corymbosa, 
pedunculis unifloris sepe elongatis, nunc longissimis, fere 
20 cent. longis, nudis vel ad medium bibracteatis; flores 5-meri, 
diam. 2-3 cent., cærulæo-violacei; calyx corollam æquans vel 
superans, sepalis linearibus, acutissimis; petala lanceolata vel 
ovato-lanceolata, acuta vel obtusa cum mucronulo; foveolæ 2 ad 
basin cujusque petali, vix supra basin site; membrana ciliis bre- 
vibus densissimis marginata; stamina ovarium æquantia, inter se 
libera; capsula pyramidato attenuata, stigmate globoso. 


Hab. — La Chine occidentale, prairies des montagnes peu éle- 
vées, autour de Ta-pin-tzé (Delavay); les prairies au pied du 
Yang-in-chan (id.) ; Che-tcho-tzé (id.). 


Le Sw. decora, à cause de ses grandes fleurs violacées, est l'une des 
plus belles espéces du genre; outre la dimension de ses fleurs, elle esl 
surtout caractérisée par la membrane de ses fovéoles, dont les cils mar- 
ginaux sont extrêmement courts et nombreux, tels que je ne les ai vus 
dans aucune autre espèce. Cette particularité le distingue déjà bien du 


Sw. bella Wemsl., qui est un Pleurogyne. 


Sw. punicea Hemsley, Ind. fl. Sin., p. 140. 

Hab. — La Chine, haut Mékong (prince Henri d'Orléans); Yunnan, 
prairies du Pen-gay-tze (Delavay) ; Mochetchin (id.); les bois au-dessous 
du Che-tcho-tze, au-dessus de Ta-pintze (alt. 2000 m., id.) ; lieux frais 
à Lankong (id. n. 1333) ; Su-tchuen, Tche-kéou-tin (Farges); Kouy- 
tcheou, à Ganpin (Bodinier, n. 1809). 


318 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


Les grands exemplaires ressemblent au Swertia nervosa, avec des 
feuilles de même forme, mais plus petites; la forme du calice et les 
proportions ne sont pas les mêmes dans les deux espèces, le calice 
du Sw. punicea étant moitié plus court que la corolle; mais c’est là un 
caractère variable. La coloration des fleurs varie beaucoup dans cette 
espèce ; elles sont tantôt brunes, tantôt d’un pourpre noiràtre ou quel- 
quefois, d’après une note de M. Delavay, d’un vert jaunâtre. La véri- 
table distinction et la seule qui permette de séparer nettement le Sw. 
punicea du Sw. nervosa, c'est que ce dernier n'a qu'une fovéole sur 
chacun des lobes de la corolle, alors que le Sw. punicea en a deux, re- 
couverles par une membrane longuement ciliée. 


Sw. CHIRATA Ham. in Wall., Cat. 4272 ; C.-B. Clarke in Hook., Flor. 
of Brit. Ind. IV, 124. 


Forma fypica. — Folia 5-7 cent. longa, basi rotundata semiam- 
plexicaulia; inflorescentia 4-6 dec. longa, paniculata, ramis erecto- 
fastigiatis, fere nudis (foliis valde diminutis) ; flores 4-meri ad ramulos 
sat dense congesti; sepala ovata, petalis ovatis fere dimidio minora; 
foveolæ 2, ad marginem longe ciliatæ. — Flores intus fusco-rubri, extus 
virescentes vel lutescentes (Delavay). 


Hab. — La Chine occidentale, Yunnan, sur les rocailles, à Yolin- 
chan (Delavay, n. 6512, 6707). 


Plante noircissant par la dessiccation; feuilles un peu épaisses, 
coriaces, à 3-5 nervures; divisions du calice plus largement ovales que 
dans la plante de l'Inde; capsule ovale pyramidale atténuée en pointe, 
terminée par deux stigmates linguiformes. 


Sw. MACRÔSPERMA C.-B. Clarke in Hook. fil., Flor. of Brit. Ind. IV, 


123. Ophelia macrosperma C.-B. Clarke in Journ. Linn. Soc. XIV, 
448. 


Hab. — Chine occid., Yunnan, lieux frais des montagnes sur le 
mont Tsang-chan au-dessus de Tali (Delavay, n. 150); les pàturages au 
col de Koualapo à Hokin, alt. 3000 m. (id.); les pàturages au col de 
Lo-pin-chan (Lankong), alt. 3200 m. (id.); prairies des hautes mon- 


tagnes à Tchen-fong-chan (id. n. 5032) ples prairies du Pee-tsaolong- 
chan (id. 6642). 

Fleurs blanches ou d'un blanc livide, quelquefois blanc rosé ou blane 
bleuâtre; espèce remarquable par la grosseur de ses graines lisses qui 
atteignent presque 2 mm. et sont peu nombreuses dans la capsule. 


Le Sw. macrosperma, à cause de son calice court et de ses fossettes, 
rappelle beaucoup le Sw. Chirata ; mais ses fleurs sont pentamères el 


FRANCHET. — LES SWERTIA ET GENTIANÉES DE LA CHINE. 319 


ses graines 3 ou 4 fois plus grosses. Le Sw. punicea a le calice plus 
grand et les graines trés petites. 


4877 SW. MEMBRANIFOLIA sp. nov. 


Annua, e basi pluricaulis; caulis late alatus; folia omnia mem- 
branacea flaccida, inferiora oblonga, in petiolum late alatum 
semi-amplectentem longe attenuata, obtusa, media et superiora 
e basi rotundata lanceolata, acuta ; inflorescentia (in speciminibus 
uberioribus) lata, ramis floriferis laxis, paucifloris, foliatis; 
pedicelli inæquales, longiores florem sub:equantes, ad axillas 
foliorum sæpe gemini; flores nunc tetrameri, nunc pentameri; 
calicis segmenta lanceolata, sub anthesi corolla paulo breviora; 
coroll: lutescentis segmenta ovata, mucronata; foveolæ in quoque 
segmento duæ, violascentes, membrana lineari apice longissime 
ciliata, ciliis membranam fere æquantibus; capsula pyramidata, 
corollam paulo superans; semina tenuissima. 

Hab. — La Chine occidentale, Yunnan, dans les bois de San- 
tcha-ho, au-dessus de Mo-so-yn (Delavay, n. 3963). 


Espéce caractérisée surtout par ses rameaux pauciflores, par la con- 
sistance mince de ses feuilles, celles de la panicule peu diminuées, 
les inférieures oblongues, longuement atténuées en pétiole ailé. 


Le Sw. membranifolia rappelle les plantes du Sikkim et du Khasia, 
distribuées par l'herbier de Kew, sous le n. 20; mais les feuilles 
moyennes et supérieures de celle-ci sont plus atténuées à la base et 
plus fermes; leur inflorescence est plus florifère. M. C.-B. Clarke, loc. 


cit., les rapporte au Sw. Chirata 


E SW. LONGIPES sp. nov. 


Perennis, sæpe intricato-pluricaulis, omnibus partibus glabra. 
Caulis 15-18 cent., alis 4 angustissimis percursus; folia rosula- 
rum conferta, lineari oblonga, margine revoluta, sepe undulata; 
folia caulina pauca linearia ; pedunculi nudi elongati (7-10 cent.), 
ascendentes vel erecti, uniflori ; flores tetrameri; sepala linearia, 
1 cent. longa; corolla calycem subæquans, segmentis oblongis 
acutis, basi obscure cohærentibus; foveolæ duæ ad basin cujusque 
segmenti, inferne saccatæ, membrana in setas longas soluta; 
capsula ovato-pyramidata obtusa, stylis nullis, stigmatibus hip- 


pocrepidiformibus. 


320 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


Hab. — La Chine occidentale, Yunnan, près de la frontière 
occidentale du Koui-tcheou. 


Port du Sw. Davidi dont les fleurs sont également tétraméres et les 
tiges très divisées dès la base des pédoncules moins longs, et des divi- 
sions du calice moitié plus courtes que la corolle. 


Swertia Davinr Franch., Plant. David.'Il, 100, Forbes et Hemsley, 
Ind. fl. Sin., IE, 140. 


Hab. — La Chine occidentale, Su-tchuen, vallée du Yang-tzé-kiang 
(Arm. David) ; Hupeh, prés d'Ichang à Nanto (Henry) ; environs de Tali 
(Delavay). 


Sw. rETRAGONA C.-B. Clarke in Hook. fil., Flor. of. Brit. Ind., IV, 
122. Forbes et Hemsley, Jud. fl. Sin., ll, p. 141. 


Hab. — La Chine occidentale, Hupeh, aux environs d’Ichang 
(D' Henry); Su-tchuen, South Wusham (id.). 


Voisin du Sw. Davidi, avec des divisions calicinales aussi longues ou 
plus longues que la corolle. La plante distribuée (Henry, n. 3154) est à 
fleurs tétraméres. Est-ce bien le Sw. tetragona Clarke, auquel cet au- 
' teur attribue des fleurs pentamères? 


Sw. VACILLANS Maxim., Mél. biol. XI, 269 (in nota). Forbes et 
Hemsley, Ind. fl. Sin., II, 141. 


Hab. — La Chine, Kwangtung, Tingusham (Sampson) ; Pakwanshan 
(Hance). 


Espéce que je n'ai point vue et que Maximowiez distingue surtout à 


cause de ses fossettes orbiculaires et de ses filets staminaux formant un 
anneau. 


Sw. TETRAPTERA Maxim., Mél. biol. X, p. 269. Forbes et Hemsl., 
lnd. fl. Sin., M, p. 141. 

Hab. — La Chine occidentale, Kansu occid. (Przewalski). 

Les fleurs centrales de chacune des cymes sont tétraméres ; 2 fos- 
settes à chaque segment de la corolle, pourvues d'une membrane bordée 
de cils trés courts, caractére qui différencie bien la plante, les cils courts 
ne s'observant que dans le Sw. decora, trés distinct d'ailleurs. 


eet SW. KOUITCHENSIS sp. nov. 


Caulis angustissime alatus 2-3 pedalis, glaber e medio ramosus; 
folia trinervia e basi attenuata lanceolata, acuta; inflorescentia 
paniculata, ramis erectis laxe floriferis; flores omnes tetramert 


FRANCHET. — LES SWERTIA ET GENTIANÉES DE LA CHINE. 321 


(preter supremum), ad axillam cujusque bracteæ solitarii, pe- 
dunculo florem æquante; sepala lineari-lanceolata, parum inæ- 
qualia, sub anthesi jam flore longiora; corollæ segmenta ovata, 
longe acuminata, brunnea, cum lineis magis intense coloratis; 
membrana foveolarum in setas longas soluti. 


Hab. — La Chine occidentale, Koui-tcheou dans les herbages 
de la montagne de Lou-tsang (Bodinier, n. 1712). 


Les fleurs du Sw. kouitchensis sont toutes tétramères, caractère qui 
semble le distinguer nettement du Sw. tetragona dont les fleurs sont 
décrites comme pentamères. 

Les segments de la corolle sont remarquables par la longueur de 
l’acumen qui les termine. Cette particularité se retrouvant, bien qu'à 
un degré un peu moindre, dans la plante du D' Henry (n. 3154), consi- 
dérée comme Sw. tetragona bien que tétramére, il est possible que 
celte plante doive être rapportée au Sw. kouitchensis. 


ét SW. GRACILIS sp. nov. 


Annua, glabra; caulis gracilis, 3-5 decim., obscure tetragonus, 
ramis elongatis, erectis; folia inferiora oblonga, obtusa, media 
et superiora lineari-lanceolata, acuta; panicula laxa, angusta; 
pedicelli floribus longiores vel breviores; calycis segmenta linea- 
ria, acuta, 3 mm. longa; corolla 4-5 mm., infra medium partita, 
lobis ovato-lanceolatis, acutis; foveolæ inconspicue; squamulie 
membranaceæ duæ, cum lobo arcte connatie, ad medium cujusque 
lobi, in setas tenuissimas, longas solutæ ; stamina libera; capsula 
pyramidalis, apice attenuata; styli nulli, stigmatibus obovatis. 


Hab. — La Chine occidentale, Yunnan, dans les broussailles 
du mont Che-tcho-tze, au-dessus de Ta-pin-tze (Delavay); dans 
les broussailles du mont Hee-chan-men, alt. 2800 m. (id. n. 2210) 
et au col de Kouan-tsoui (id.). 


Espéce trés gréle, à petites fleurs qui s'accroissent sensiblement aprés 
l'anthése. Ressemble beaucoup au Pleurogyne minor Hook. (Ophelia 
minor Griseb.); mais, dans ce dernier, les feuilles sont ovales, cordi- 
formes ; les écailles de la corolle sont d'ailleurs trés différentes daus les 
deux plantes. Celles du Pleurogyne minor sont basilaires et présentent 
seulement quelques laciniures courtes; dans le Sw. gracilis, elles sont 
situées vers le milieu des lobes de la corolle et sont divisées en soies 


trés fines et trés longues. On ne voit pas d'ailleurs la trace bien nette 
T. XLVI. (SÉANCES) 21 


322 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


de fossettes, de sorte que ce Swertia établit un passage très réel vers 
les Pleurogyne. 


SWERTIA CHINENSIS Hemsl. et Forbes, Ind. fl. Sin. II, 139 (exel. 
Syn. Sw. chinensis Franch., Bull. Soc. bot. XXXII, 26, ad Pleuro- 
gynem rotatan, var. floribundam spectans). 


Forma grandiflora. — Flores 25-30 mm. lati ; corollæ lobi ovati. 
Hab. — Mandchurie, région du fleuve Amur (Maximowicz). 


Cette forme n'a pas encore été observée sur le territoire chinois. 

Forma stenopetala Herb. petrop. in Sched. — Flores vix 20 mm. 
lati; corollæ lobi lanceolati. — Swertia diluta Benth. et Hook. 

Hab. — La Chine septentrionale, Kansu (Potanin!) ; montagnes de 
Pékin (Arm. David) ; au pied de la grande muraille (R. P. Provost). 


Espèce qu'il est trés facile de confondre avec le Pleurogyne rotata el 
qui n’en diffère que parles écailles de la corolle, qui sont laciniées dans 
les Pleurogyne, divisées sur les côtés eL au sommet en soies capillaires 
dans les Swertia, caractère faible, d'une observation parfois difficile. 
L'absence absolue de fossette, dans les Pleurogyne, n’est pas bien 
certaine. 


aU SW. STRICTA sp. nov. 


Annua, glaberrima; caulis rectus fere e basi breviter ramulosus, 
angulis anguste alatis; folia e basi sessili rotundata semiamplec- 
tente lanceolata, acuta, trinervia, inferioribus et mediis fere 
pollice longis; inflorescentia fere e basi orta paniculam angustis- 
simam efficiens, ramis floriferis brevibus, ascendentibus; flores 
pentameri ; calycis ad basin usque fissi segmenta linearia vel 
lineari oblonga corolla fere dimidio breviora; corolla cyanea, 
fere ad basin soluta, segmentis 10-12 mm. longis, acuminatis; 
foveolæ du: infra medium cujusque lobi, oblongæ ; squamula 


longissime ciliata; capsula pyramidata, stigmatibus stricte sessi- 
libus semicircularibus. 


Hab. — La Chine occidentale, Su-tchuen aux environs de 
Ta-tsien-lou (Soulié). 


Espéce remarquable par son inflorescence étroite qui occupe presque 
toute la tige. Les feuilles amplexicaules, un peu auriculées, plus larges 
à la base, permettent de reconnaitre facilement cette espéce, les feuilles 
des espèces voisines étant toujours atlénuées à la base. 


FRANCHET. — LES SWERTIA ET GENTIANÉES DE LA CHINE. 323 


SW. DELAVAYI sp. nov. 


Annua, glaberrima, caulis 15-25 cent., angustissime alatus; 
folia petiolulata, lineari lanceolata, acuta vel inferiora obtusa; 
rami floriferi e medio caulis orti, spe pluries divisi, fastigiati, 
ramulis unifloris; flores pentameri, violacei ; calycis segmenta valde 
inæqualia, tribus majoribus exterioribus e basi latiore cordata, 
ovato-acuminata, duobus interioribus minoribus, oblique ovatis, 
acutis, omnibus e basi perfecte liberis, 7-5-nerviis, reticulatis ; 
corolla calycis segmentis majoribus fere duplo brevior, fere ad basin 
usque lobata; foveolæ duæ infra medium cujusque lobi, oblongæ, 
squama margine breviter ciliatæ; capsula oblonga, obtusa. 


Hab. — La Chine occidentale, rocailles du Lokochan, au- 
dessus de Chetong prés de Ta-pin-tze (Delavay). 


Calice remarquable par l'inégalité de ses segments fortement nervés 
et réticulés, particularité qui ne s'observe que dans le Sw. pubescens, 
trés différent d'ailleurs par sa pubescence et la conformation de ses 
filets staminaux. 


Sw. pImorPHA Batalin, Acta hort. Petrop. XIII, p. 379. 
Hab. — La Chine occidentale, Su-tchuen septentr., vallée de Nere-ku, 
prés de la ville de Dshangla (Potanin). 


Halenia Borkh. 


H. ELLIPTICA. Don in DC., IX, p. 129. 

Hab. — Toute la Chine occidentale dans la région alpine el subal- 
pine; Yunnan (Delavay); Hupeh (Henry); Su-tchuen (Farges); Koui- 
tcheou (Bodinier); Thibet (Soulié, prince Henri d'Orléans). 

À peine distinct du suivant par ses feuilles sessiles plus obtuses ou 
arrondies au sommet; la dimension des fleurs varie du simple au triple 
sur un méme individu. Dans une forme du nord du Yunnan, la plante 
est pauciflore et les feuilles atteignent 6 centimétres de longueur, sur 
2 ou 3 centimètres de largeur. 


H. conwricuLATA Cornaz, Bull. Soc. sc. nat. de Neuchâtel, vol. XXV 
(1897), p. 171; H. sibirica Borkh.; Forb. et Hemsl., Ind. fl. Sin. 
II, 141. 

Hab. — La Chine septentrionale, aux environs de Pékin (Tatarinow, 
Arm. David); montagne de Po-hoa-chan (R. P. Provost). 


324 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


Feuilles très aiguës, atténuées en pétiole distinct; plante pauciflore, 
peu rameuse. 


Menyanthes Tourn. 


M. rRIFOLIOLATA L. sp. I, 207. 

Hab. — La Chine occidentale, Yunnan, dans les tourbières de Out- 
chay, prés de Takouan (R. P. Delavay). 

Espéce signalée dans le Cashmir, la région de l'Amur et le Japon; 
non encore indiquée en Chine. 


M. Godfrin fait à la Société la communication suivante : 


DOUBLE COLORATION PAR LE VIOLET NEUTRE; par M. GODFRIN. 


Ayant essayé un certain nombre de matiéres colorantes arlifi- 
cielles sur des membranes cellulaires de composition chimique 
variée, je remarquai que le violet neutre de Casella donnait, sur 
les coupes d'organes, des doubles colorations susceptibles d'un 
emploi pratique en histologie. Les nombreuses expériences que 
jai ensuite répétées m'ont confirmé dans cette première idée et 
m'engagent à publier les faits suivants. 

Il est d'abord nécessaire d'indiquer l'action, sur les divers 
constituants de membranes, du colorant ci-dessus. J'ai pris pour 
guide, dans le choix de ces substances, le travail bien connu de 
Mangin (1), et c'est sur la cellulose, la callose, les matières pec- 
tiques, le ligneux, la cutine et la subérine que j'ai recherché les 
affinités du violet neutre. Mais, comme il est démontré que ces 
substances peuvent varier dans leurs propriétés et offrir des réac- 
tions colorées différentes suivant la plante et l'organe où on les 
considére, il est de toute nécessité, pour arriver à des résultats 
comparables, de désigner exactement quelle est la membrane qui 
a servi aux essais. C'est ainsi que j'ai adopté comme type de la 
cellulose la fibre de coton débarrassée de composés pectiques 
par le traitement approprié (2), des matiéres pectiques les cel- 


(1) L. Mangin, Sur un essai de classificalion des mucilages (Bulletin de 
la Société bot. de France, 1894, session extraordinaire en Suisse, p. XL). 

(2) L. Mangin, Recherches sur les composés pectiques (Journal de Bola- 
nique, 1893, p. 238). 


GODFRIN. — DOUBLE COLORATION PAR LE VIOLET NEUTRE. 325 


lules mucilagineuses de la racine de Guimauve, de la callose le 
cal du liber de la Vigne, du ligneux le bois de la méme plante; 
J'ai pris la cutine à la surface de la feuille de Houx; enfin le suber 
a été emprunté au liége à bouchon. Avec le violet neutre les 
membranes ci-dessus se sont teintes : les composés pecliques 
en rouge brun, le ligneux et le suber en violet foncé (n° 46, atro- 
violaceus de la Chromotaxie de Saccardo), le coton et la cutine 
sont demeurés incolores. 

La propriété essentielle du violet neutre est donc de colorer dif- 
féremment les deux composants principaux des tissus : les corps 
pecliques, constituant presque exclusivement les parenchymes 
mous, et leligneux. C'est déjà là un avantage remarquable que 
posséde ce colorant; cependant, gráce à ses affinités spéciales et 
par quelques considérations anatomiques élémentaires, il peut 
encore permettre de caraclériser d'autres tissus. Par exemple la 
cutine, à cause de son indifférence totale à l'égard du réactif, se 
reconnait clairement sur la coupe, pourvu que celle-ci soit 
suffisamment mince et dirigée normalement à la surface de l'or- 
gane. Il en sera de méme de la callose, demeurée également inco- 
lore, mais qui, au lieu de recouvrir l'organe, est au contraire 
intérieure, faisant partie du tissu libérien. Le suber, qui se 
teint en violet comme le bois, s'en distinguera par la place qu'il 
occupe parmi les systèmes de tissus et aussi par la disposition 
sériée de ses éléments, lorsqu'il constitue le périderme. Enfin il 
est à peine besoin d'ajouter que les plissements subéreux de cer- 
lains endodermes prendront la teinte violette et se caractériseront 
sans hésitation. 

En résumé, la cutine, la callose, le parenchyme non lignifié, le 
ligneus, le liège, les plissements endodermiques peuvent être re- 
connus sur une coupe par l'emploi unique de ce réactif. 

Le mode opératoire est des plus simples. On se sert de solu- 
lions étendues dans l'eau distillée; les dilutions au 1/10 000 suf- 
fisent; les coupes s'y teignent en troisà cinq minutes. Des liqueurs 
un peu plus concentrées, au 1/2000 par exemple, agissent plus 
rapidement et sont quelquefois par là préférables. 

Ces indications de temps, un peu trop générales, ne peuvent 
convenir à tous les cas ni à tous les buts que se propose l'obser- 
vateur; l'expérience personnelle de celui-ci suppléera à ce que 
ces notions ont forcément d'insuffisant et d'approximatif. Le colo- 


326 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


rant se conserve indéfiniment en solution aqueuse; cependant, 
comme il se décompose et devient brun en présence des alcalis, 
on devra s'assurer que la liqueur est plutôt légèrement acide. Les 
coupes ne se décolorent pas dans l'eau, dans l'eau glycérinée ni 
dans le baume du Canada. J'en posséde qui, montées dans ce 
milieu depuis trois ans, ne se sont nullement altérées. Dans l'al- 
cool les préparations se décolorent en quelques heures, mais ce 
n'est pas là un inconvénient sérieux, car on ne monte jamais dans 
ce liquide, et la décoloration est assez tardive pour permettre et au 
delà d'opérer la déshydratation. 

En résumé, le violet neutre nous offre un colorant agissant 
rapidement, par des procédés opératoires trés simples, et per- 
mettant de discerner quatre ou cinq systémes de tissus. Certes, 
lorsqu'on voudra déterminer rigoureusemunt la nature d'une 
membrane cellulaire donnée, il vaudra mieux s'adresser à des pro- 
duits à affinité unique; mais je demeure persuadé que celui que 
je propose peut étre d'une grande utilité lorsqu'il importe de 
faire saisir la séparation et la distribution des tissus à des per- 
sonnes non encore familiarisées avec l'anatomie. 


M. Finet fait à la Société la communication suivante : 


SUR UNE FLEUR MONSTRUEUSE DE CALANTHE VERATRIFOLIA R. Br. 
(C. TRIANTHERIFERA Nadeaud); par M. E.-Aeh. FINET. 


Le docteur Nadeaud a décrit (1), sous le nom de Calanthe 
triantherifera Nadeaud, une Orchidée de Tahiti caractérisée par 
trois anthéres normales. J'ai pu examiner l'échantillon type, 
grâce à l'obligeance de M. Drake del Castillo; j'ai constaté un 
cas trés rare de monstruosité, mais jamais je n'ai trouvé les trois 
anthéres absolument normales. Les fleurs sont en voie de fructi- 
fication et il est assez difficile de bien distinguer les organes de 
reproduction. J'ai rencontré heureusement, dans l'herbier du Mu- 
séum, une plante recueillie à Tahiti, par M. Vesco en 1847, qui 
présente les mémes caractéres; de plus elle porte à la fois, sur 
la méme hampe, des fleurs normales, c'est-à-dire avec une seule 


v 0) 1. Nadeaud, Énumération des plantes indigènes de Tahiti, p. 38, 


FINET. — UNE FLEUR MONSTRUEUSE DE CALANTHE VERATRIFOLIA. 327 


anthère, et des fleurs monstrueuses à trois anthères, identiques 
à celles décrites par le D' Nadeaud. L'échantillon est étiqueté 
Calanthe gracillima Lindley; cette espèce ne diffère du C. vera- 
trifolia R. Brown que par une petite callosité en forme de capu- 
chon, plus ou moins marquée suivant les fleurs, placée entre 
l'ouverture de l'éperon et la partie postérieure des trois lamelles 
crénelées de la base du labelle; c'est à peine une variété du 
C. veratrifolia R. Brown. 

Voici ce que j'ai pu constater dans les fleurs monstrueuses : 

La colonne est normale de forme et de dimension; elle se 
termine par trois anthéres (a, b, c, fig. 1), dont une normale, 
celle du centre (a), et deux imparfaites, latérales (b etc). L'anthére 


a (fig. 1) ne diffère en rien de l'anthére normale du Calanthe 
veratrifolia; elle renferme huit masses polliniques, quatre dans 
chaque loge, les deux supérieures plus grandes, réunies en un 
Seul faisceau par une bandeletie de pollen différencié trés courte, 
terminée par une glande membraneuse ovale, visqueuse en des- 
sous, commune aux 8 pollinies. L'anthére imparfaite b (fig. 1 et 2) 
est 2-loculaire; mais les loges sont incomplètement développées 
et closes, sans trace de déhiscence; dans la figure 1, elle est vue en 
dessous, du cóté des loges, dans la figure 2, en dessus, du cóté du 
connectif; les loges renferment du pollen aggloméré, ou il est 
impossible de reconnaitre la forme de masses polliniques dis- 
tinctes, La troisième anthére c (fig. 4 et 2) n'est qu'une poche 
trés ouverte, ayant à peu prés la forme générale d'une anthére 
normale; mais, les loges faisant défaut, elle ne renferme que 


328 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


4 pollinies, empilées verticalement sur un seul rang, indépen- 
dantes les unes des autres, et maintenues seulement en place par 
la pression des bords un peu repliés de l’anthère rudimentaire. 
L'anthére normale « est attachée en arrière uniquement par 
l'extrémité du connectif fixé sur le bord du clinandre; sa masse 
est enfoncée presque tout entiére dans ce dernier, dont le rostel- 
lum seul se reléve presque verticalement à cause des dispositions 
particuliéres du stigmate dont il sera parlé plus loin. Au con- 
traire, les anthéres anormales a et b. sont fixées au sommet de la 
colonne par une large portion de la membrane méme des loges 
et précisément à l'endroit où se trouvent dans les fleurs nor- 
males les stélidies ou anthéres rudimentaires du cycle interne; 
elles en sont en quelque sorte le prolongement au-dessus de la 
partie soudée au filet de l’anthère normale. On admet en effet que 


la paroi du clinandre, quand celui-ci est concave, ou les ailes de 
la colonne quand celle-ci est ailée, se trouvent formées par la 
soudure des deux stélidies ou anthéres rudimentaires du cycle 
interne avec le filet de l'anthére normale. Le rostellum r (fig. 2; 
3, 4) de l'anthére a. est normal comme elle, divisé en deux lam- 
beaux qui enserrent la glande visqueuse du pollinaire quand 
celui-ci est en place; ordinairement horizontal ou plus souvent 
incliné légèrement vers le bas, il est, dans le cas actuel, redressé 
presque verticalement par la pression qu'exerce sur lui le rostel- 
lum imparfait 7' (lig. 1,9, 3, 4) de Panthère c et le stigmate supplé- 
mentaire sc de l'anthére c (fig. 4). Réduit à un lambeau unique 
auquel n'adhéraient pas les pollinies de l'anthére c (fig. 1-2), ce 
rostellum n'est qu'un prolongement latéral du rostellum normal 7 
de l'anthére «. Quant à la troisiéme anthére b, elle est simple- 
ment fixée sur le bord du clinandre a, sous forme d'appendice, 
sans rostellum ni stigmate distincts. Le stigmate sa de l'anthére 
normale a est également normal, mais rejeté de cóté par le 


FINET. — UNE FLEUR MONSTRUEUSE DE CALANTHE VERATRIFOLIA. 329 


stigmate sc de l'anthére c. J'ai cru constater que les parois des 
deux stigmates étaient recouvertes de tissu fertile; ce qui est cer- 
tain, c'est que l'un au moins d'entre eux est susceptible d'impré- 
gnation, puisque presque toutes les fleurs sont fécondées dans 
l'échantillon du D' Nadeaud. Il m'a semblé, sans pouvoir cepen- 
dant l'affirmer, que les deux stigmates communiquaient un peu 
au-dessus de leurs ouvertures et que le canal ovarien était unique. 
Comme le stigmate sa, l'entrée de l'éperon e (fig. 4) est fortement 
rejetée de côté par le développement du stigmate sc. 

En résumé, j'ai constaté dans ces fleurs monstrueuses que les 
organes ordinairement rudimentaires et souvent absolument invi- 
sibles et atrophiés étaient, sinon parfaitement développés, du 
moins trés suffisamment pour caractériser leurs fonctions. Ce 
sont : trois anthères, dont une normale et deux imparfaites, 
appartenant : a au cycle externe, b et c au cycle interne; deux 
rostellum, ou plutót un rostellum normal muni d'un lambeau 
supplémentaire, représentant un des stigmates modifiés; enfin, 
deux stigmates, ordinairement soudés et confondus en un seul, 
mais qui sont ici apparents et ont chacun un orifice et une 
surface fertile particuliére. Des deux anthéres imparfaites, l'une, 
l'anthére b, présente l'aspect de l'organisation d'un organe jeune 
et non arrivé à tout son développement. Le pollen n'y est pas 
encore fragmenté en masses polliniques et les loges sont closes; 
l'autre c, par ses quatre pollinies indépendantes les unes des 
autres représentant exactement le contenu d'une loge, par l'ab- 
sence absolue de toute cloison vestige d'une seconde loge, peut 
étre considérée comme la moitié normale d'une anthére normale; 
ce qui correspondrait assez bien avec le lambeau unique de son 
rostellum, qui ne forme, lui, que la moitié d'un rostellum; seu- 
lement la formation de ce dernier me parait plus difficile à 
expliquer. Tandis que l'anthére c n'est que le développement 
régulier, quoique rare, d'un organe ordinairement rudimentaire, 
le second rostellum incomplet r' ne peut provenir que d'un dédou- 
blement du rostellum normal r, r' et r ayant tous deux pour 
origine un stigmate unique modifié en rostellum. Il y aurait là 
comme un phénoméne d'entrainement produit par la présence de 
l'anthére à demi développée c exigeant un rostellum correspon- 
dant de perfectionnement proportionné; ce qui n'est quune 
hypothése sans aucune preuve expérimentale. 


330 SÉANCE DU 28 JUILLET 1899. 


M. le Secrétaire général annonce à l'assemblée qu'à la 
suite de l'initiative prise par les bureaux des Sociétés bota- 
nique et mycologique de France agissant de concert et dont 
la démarche a recu un accueil favorable des autorités com- 
pétentes, la Direction générale de l'Exposition universelle de 
1900 a décidé qu'un Congrès international de Botanique se 
réunira à Paris le l* octobre 1900. Cette date tardive a été 
choisie dans le but de la faire coincider avec une Exposition 
de Champignons vivants qui n'offrirait que peu d'intérêt 
avant la fin de septembre. L'organisation du Congrès a été 
confiée à une Commission spéciale ainsi composée : MM. G. 
BoxniER, BORNET, CHATIN, GUIGNARD, PRILLIEUX et VAN 
TigcuEM, membres de l'Institut; DurAiLLY, député; BUREAU 
et Conv, professeurs-administrateurs au Muséum d'histoire 
naturelle; Mussar, professeur aux Écoles nationales de Ver- 
sailles et de Grignon ; BouRQuELoT, professeur à l'École supé- 
rieure de pharmacie de Paris; BESCHERELLE, A. FRANCHET, 
HozE, DE SEYNES, ZEILLER, anciens présidents et président 
actuel dela Société botanique de France; DRAKE DEL CAS- 
TILLO, premier vice-président, et G. Camus et Rouy, anciens 
vice-présidents de la Société botanique; Boupier et QUÉLET, 
anciens présidents de la Société mycologique; MALINVAUD et 
PERROT, secrétaires généraux des deux Sociétés; GUÉRIN, 
Hua et Lurz, secrétaires dela Société botanique. Tout ce 
qui concerne l'organisation du Congrés sera ultérieurement 
porté à la connaissance des membres de la Société. 


M. Candargy expose quelques idées personnelles sur lori- 
gine des elimats et les causes de la distribution actuelle des 
espèces végétales à la surface du globe. 

Cette communication donne lieu à un échange d'observa- 
tions entre son auteur et MM. Franchet, Malinvaud et Zeiller. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 


Potato diseases and their treatment (Maladies de la Pomme 
de terre et leur traitement); par B.-T. Galloway (United States de- 
partment of Agriculture : Farmer's Bulletin, n° 91). Washington, 
1899. Une brochure de 7 pages petit in-8°, avec 4 figures dans le 
texte. 


Dans cette brochure sont successivement passés en revue : 


1° Les taches des feuilles produites par l'Alternaria Solani (E. et 
M.) Sorauer. Le reméde indiqué est la bouillie bordelaise. En addi- 
tionnant cette mixture d'une certaine quantité de vert de Paris (arsénite 
de cuivre?), elle devient insecticide el prévient les attaques du Dory- 
phora et autres insectes. 

2° Le Rot de la Pomme de terre, dû au parasitisme du Phytophthora 
infestans (Mont.) de Bary. Le traitement préconisé pour cette maladie 
est le méme que pour la précédente. 

9* Le Rot brun, qui attaque également les Aubergines. Cette maladie 
est produite par un Bacille, le Bacillus Solanacearum Smith, dont la 
transport se fait d'une plante à l'autre par les insectes qui se nourris- 
sent des feuilles de ces végétaux. On ne peut guère opposer à celle ma- 
ladie qu'un moyen préventif consistant à ne se servir autant que possible 
que de plant non infecté. 

4 La gale de la Pomme de terre (Oospora Scabies Thaxt.). On s'op- 
pose à l'envahissement des récoltes en immergeant dans une solution 
de sublimé corrosif ou de formol les tubercules que l'on destine au 
plant. 

5 La brûlure des feuilles. Elle reconnait pour cause l'action d'un 
soleil brûlant succédant brusquement à une longue période de temps 
couvert. Dans ces conditions, il se produit, à la surface des feuilles 
Sorgées de sucs, une évaporation rapide qui produit leur ratatinement. 
Bien qu'il paraisse difficile de combattre la cause du mal, l'auteur pré- 
lend que les plants traités par la bouillie bordelaise y sont moins 


exposés que les autres. 
6° L'empoisonnement arsenical des feuilles de la Pomme de terre, 


332 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


résultant de l'emploi immodéré de vert de Paris comme insecticide. 
Les lésions ainsi produites sur la feuille affectent la forme de taches 
brunes, qui partent surtout des points attaqués par les insectes. En 
mélangeant en proportions convenables le vert de Paris et la bouillie 
bordelaise, on prévient tout dégàt de ce genre. F. GUÉGUEN. 


How the plant gets its food from the soil (Comment la 
plante emprunte sa nourriture au sol); par B.-M. Duggar. Lecon 
n° 4, février 1899. Une brochure petit in-8° de 7 pages, avec 6 figures 

. dans le texte. ' 


How the plant gets its food from the air (Comment la 
plante emprunte sa nourriture à l'atmosphère); par B.-M. Duggar. 
Leçon n° 5, mars 1899. Une brochure petit in-8° de 8 pages, avec 
2 figures dans le texte. 


Il est de plus en plus nécessaire aux agriculteurs, pour retirer tout 
le bénéfice possible des procédés modernes de culture, de posséder 
quelques connaissances théoriques, et en particulier celles qui se rap- 
portent à la physiologie végétale. Le « College of Agriculture, Cornell 
University, Ithaca, N.-Y. », s'est proposé de mettre ces notions à la portée 
de tous, en faisant rédiger par quelques-uns de ses professeurs une 
série de courtes lecons, illustrées de figures simples mais soigneuse- 
ment exécutées, destinées à faciliter dans une large mesure l'intelli- 
gence du texte, même à des esprits peu préparés aux spéculations scien- 
tifiques. Chacune de ces leçons, accompagnée d'un questionnaire portant 
sur le sujet méme, est adressée à toute personne de l'État de New-York 
qui s'intéresse à l'Agriculture. Les lecons ultérieurement publiées 
seront envoyées à tous ceux qui auront rempli le questionnaire et l'au- 
ront fait parvenir au « Cornell University ». 

On ne peut qu'approuver sans réserves ce procédé si pratique de vul- 
garisation de l'enseignement agricole, et il est permis de souhaiter qu'il 
se crée un jour en France quelque chose d'analogue. F. G. 


Sulla presenza di elementi vascolari multinucleati 
nelle Dioscoreace: (Présence d'éléments vasculaires multinu- 
cléés chez les Dioscoréacées); par R. Pirotta et L. Buscalioni (An- 
nuario del R. Instituto Botanico di Roma, vol. VII, 1898). Tirage à 


parts une brochure in-4° de 48 pages, avec 4 planches lithogra- 
phiées. 


L'étude de ces éléments a été faite dans divers Dioscorea (D. Bata- 


tas, D. bulbifera, D. villosa), dans le Tamus communis et dans le 
Testudinaria elephantipes. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 333 


Dans les Dioscorea, les vaisseaux moyens et grands sont entourés d’une 
assise de cellules à section transversale rectangulaire; en coupe longi- 
tudinale, les parois de ces éléments sont plus ou moins lignifiées et 
sont ornées de ponctuations que rend très évidentes l'action de l'héma- 
toxyline à l'alun de fer. Aux points correspondant aux nœuds de la 
tige, ces articles sont coupés de cloisons trés obliques, avec des ponc- 
tuations qui leur donnent l'aspect de cribles; il est difficile de dire si 
ces cribles sont véritablement perforés, ou si leur aspect n'est pas dü à 
des différences de colorabilité de la membrane cellulaire en ses divers 
points. Quelques cellules voisines présentent aussi de pareilles ponc- 
tuations, se colorant plus énergiquement. 

Ces éléments se montrent de très bonne heure, ainsi qu'on peut le 
voir dans des sections longitudinales du sommet végétatif de la tige. On 
les voit apparaître comme des cellules plus grandes que les autres, et 
disposées en séries longitudinales, Chacune d'elles renferme un proto- 
plasme abondant, avec un noyau central pourvu d'une membrane dis- 
tincte, d’un gros nucléole aréolé et vacuolisé, et d’un réseau chroma- 
tique peu distinct. Bientôt chaque cellule s'allonge, et son noyau se 
divise par caryokinèse; les divisions se multiplient au fur et à mesure 
de l'aceroissement de la cellule, et bientôt celle-ci représente un article 
pourvu d'une centaine de noyaux. Le plus souvent ces *carvokineses 
se font simultanément dans tout l'article, comme on l'avait déjà ob- 
servé dans le sac embryonnaire, dans le suspenseur et dans les lati- 
cifères ; les exceptions à cette règle, d'ailleurs fort rares, ne se trouvent 
guére que dans des articles encore jeunes et pourvus de noyaux peu 
nombreux. 

Les bàtonnets nucléaires sont courts et présentent l'aspect de Bacté- 
ries. Aux deux póles du fuseau, on voit un amas de granulations que 
l’auteur ne croit pas devoir assimiler à des centrosomes. La plaque 
équatoriale, vue de l'un des póles du fuseau, présente un aspect irrégu- 
lièrement polygonal; les figures cinétiques sont disposées en file, mais 
trés diversement orientées par rapport à l'axe de l'article. 

La division rapide de ces noyaux donne lieu à la production de nom- 
breuses anomalies. C'est ainsi que l'on rencontre des figures dans 
lesquelles certains chromosomes sont en retard sur les autres, ce qui 
forme des amas irréguliers de bàtonnets chromatiques. Dans d'autres 
cas, le processus caryokinétique tend à disparaitre : les noyaux, d'aspect 
vésiculeux et renfermant plusieurs nucléoles, se divisent par étrangle- 
ment avec étirement progressif. Parfois on peut voir des noyaux en 
forme de demi-lunes se regardant par leur concavité, ou des amas irré- 
liers de chromatine munis d'un prolongement au bout duquel se trouve 


le nucléole. 


LL 


334 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Après un certain nombre de divisions, les noyaux subissent la dégé- 
nérescence ; finalement il ne reste plus dans le cytoplasme qu'un cer- 
tain nombre de corps plus ou moins colorables, et qui représentent 
probablement des restes du nucléole. Puis les parois cellulaires s'épais- 
sissent et bientôt prennent les ponctualions caractéristiques des vais- 
seaux adultes. À aucun moment on n'y rencontre de grains d'amidon. 

Les cloisons obliques de ces vaisseaux persistent quelque temps, 
mais elles ne tardent pas à se déchiqueter et à disparaitre. Cependant 
toutes ne se détruisent pas, puisque l'on en rencontre d'intactes dans la 
tige adulte, avec leurs ponctuations imperforées. 

On n'a pu établir avec précision quelle était la durée de la période 
d'activité cellulaire, ni à quelle distance du sommet de la tige ces élé- 
ments se transforment en véritables vaisseaux; mais l’épaississement 
des parois semble commencer à 20 centimètres environ du point végé- 
tatif. 

Dans les Dioscorea, ces éléments se retrouvent dans les faisceaux de 
la feuille, ainsi que dans la racine, où ils se montrent trés près du 
sommet. On y peut compter jusqu'à cinquante noyaux en voie de divi- 
sion. 

Dans le Tamus communis, la localisation des éléments plurinucléés 
est la même que dans les Dioscorea; on y remarque seulement un plus 
grand nombre de fragmentations n icléaires. La division des nucléoles 
parait y précéder celle du noyau, car chaque fragment de celui-ci 
emporte avec lui un nucléole. La masse chromatique se divise par une 
suite d'étranglements qui lui donnent un aspect moniliforme semblable 
à celui signalé par Kallen dans les laticifères de l'Ortie. Les auteurs ne 
savent s'il faut y voir une fragmentation, ou bien une soudure de plu- 
sieurs noyaux. 

Dans le Testudinaria elephantipes, les auteurs n'ont pu constater, 
faute de matériaux, si les vaisseaux provenaient de cellules multinu- 
cléées; mais il est probable que les choses se passent comme dans les 
Dioscorea. 

Les auteurs se réservent de rechercher si des faits analogues ne St 
rencontreraient pas dans d'autres familles, notamment dans les Tacca- 
cées, si affines aux Dioscoréacées par tous leurs caractères. F. G. 


Sopra la struttura del sistema assimilatore nel fusto 
del Polygonum Sieboldii (Structure du système assimi- 
lateur de la tige du Polygonum Sieboldii); par Luigi Montemartini 
(Malpighia, vol. XII, 1898). Tirage à part, une brochure in-8° de 
3 pages avec une planche coloriée. 


, , . 
L'auteur décrit la structure de la tige au niveau des taches rouges 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 335 


dont elle est mouchetée. Ces taches sont autant de plages épidermiques 
dont le centre est occupé par un stomate. Les coupes transversales de la 
tige au niveau d’une de ces macules montrent que le collenchyme sous- 
épidermique est remplacé, au-dessous du stomate, par du parenchyme 
chlorophyllien que l'ouverture stomatique met en relation avec l'atmo- 
Sphère. La coloration rouge est due à l'anthocyanine; elle est localisée 
aux cellules épidermiques. L'auteur pense que ce pigment sert à pro- 
téger le tissu chlorophyllien contre des radiations lumineuses trop vives, 
qui exerceraient une action fàcheuse sur les diastases élaborées par la 


plante. F. Gu£cvEN. 


Étude sur la flore fossile du bassin houiller d'Héraclée 
(Asie Mineure); par R. Zeiller. Paris, 1899, in-4°, 91 pages et 6 planches 
(Mém. Soc. géol. de France. Paléontologie, Mémoire n° 21). 


Depuis 1852, année oà Schlehan publia une étude sur le bassin 
d'Amasra, situé au nord-est d'Héraclée, la flore des dépôts houillers 
dont cette ville d'Asie Mineure est le centre a été l'objet de diverses 
recherches partielles; mais elle n'a fait l'objet d'aucun travail d'ensemble 
et méme les déterminations déjà faites ne l'ont pas toujours été avec 
une précision el une exactitude suffisantes. La seule conclusion qu'on 
eût pu en tirer, relativement à l’âge des dépôts en question, c'est qu'une 
partie, au moins, d'entre eux appartenaient à l'époque westphalienne 
sans qu'on püt méme préciser à quel niveau de celle-ci. 

Grâce à une riche récolte d'échantillons faite par M. Ralli, ingénieur 
des mines de l'École de Liége, attaché à l'exploitation de ces mines, 
échantillons donnés par lui à l'École supérieure des Mines, M. Zeiller 
à pu vérifier ou rectifier au besoin les délerminations de ses devanciers, 
les compléter surtout largement par l'étude d'espéces qu'ils n'avaient 
pas eues sous les yeux. Déjà il a donné, soit aux Comptes rendus de 
l'Académie des sciences, soit au Bulletin de la Société botanique, 
‘quelques-uns des résultats les plus importants de ses recherches; mais 
il restait à faire un travail d'ensemble complet sur la flore en question; 
c’est celui qui fait l'objet de l'important Mémoire analysé ici. 

En ce qui concerne l’âge des dépôts, M. Zeiller a établi qu'il y a plu- 
sieurs niveaux, le plus ancien apparlenant au Culm; le second à la 
partie la plus élevée de l'étage inférieur du Westphalien ou à la base de 
l'étage moyen, et le troisième à la région supérieure du Westphalien. 
Ces résultats concordent parfaitement avec ceux de l'étude géologique et 
paléontologique poursuivie sur place par M. Ralli. 

En mettant de cóté le Mariopteris Dernoncourti dont la présence 
n'est pas sûrement établie, 122 espèces sont signalées ; les nouvelles et 
quelques anciennes, sur lesquelles les fossiles provenant des houillères 


336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


d'Héraclée fournissent des renseignements complémentaires, sont 
décrites. Pour les autres, M. Zeiller se borne à les mentionner avec 
les remarques qu'elles comportent, l'indication trés exacte et trés com- 
plète des couches où elles ont été rencontrées dans les dépôts d'Héra- 
clée. Toutes les espéces nouvelles, celles sur lesquelles i] y a des 
observations complémentaires à fournir et de plus toutes les caracté- 
ristiques de l'àge d'un dépót, sont reproduites en phototypie sur les 
planches ; douze dessins, insérés dans le texte, fournissent des renseigne- 
ments sur quelques détails intéressants de structure. 

, La plus grande partie de ces espèces appartiennent aux Fougères; les 
Équisétinées et les Lycopodiacées sont également bien représentées; les 
Cordaitées le sont au contraire à peine. Il en est de méme pour les 
graines de Gymnospermes, ce qui semble militer contre l'attribution à 
ce groupe de végétaux de certains genres, encore problématiques quant 
à leur place dans la classification et qui sont largement représentés à 
Héraclée. 

Sur ces 122 espéces déterminées, 11 sont nouvelles, ce sont : Sphe- 
nopteris (Discopteris) Rallii, Sphen. (Kidstonia) heracleensis, Sphen. 
Limai, Sphen. bithynica, Pecopteris Armasi, Alethopteris pontica, 
Linopteris elongata, Sphenophyllum Sewardi, Calamophyllites vagi- 
natus, Phyllotheca Rallii, Sigillaria euxina.. Ilya, en outre, trois 
types génériques nouveaux de fructifications : Kidstonia fondé sur le 
Sphen. heracleensis dont les sporanges rappellent les Osmondées ; Poto- 
niea et Plinthiotheca, d'attribution incertaine, mais paraissant appar- 
tenir aux Filicinées. La plus intéressante et la mieux représentée des 
espèces nouvelles est assurément le Phyllotheca Rallii qui, en même 
temps qu’elle est la plus ancienne de ce genre et la première qui ait 
été signalée au milieu d’une flore houillère de type normal, montre que 
les Phyllotheca, ou du moins certains d'entre eux, étaient étroitement 
apparentés aux Annularia. 

S'il est intéressant de décrire de nouvelles espèces, il ne l'est pas 
moins de rectifier des erreurs de détermination qui attribuent à un 
dépôt des espèces qui n'y ont jamais été rencontrées. C'est ce qu'a fait 
M. Zeiller pour les houilléres d'Héraclée; la plus importante de ces 
rectifications porte sur le genre Glossopteris dont la présence eût été si 
singulière dans les dépôts d'Héraclée, eu égard à ce qu'on sait de sa 
distribution ; le fait que Schlehan et Etheridge le signalaient, donnait 
une certaine valeur à leurindication, malgré les réserves que comportent 
leurs déterminations. Or M. Ralli n'a jamais recueilli aucun Glossopteris 
bien que son attention eût été appelée sur eux; la façon dont Schlehan 
faisait ses déterminations donne à penser quil a pris pour eux les 
Linopteris. Quant à l'indication d'Etheridge, elle repose sur une 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 337 


erreur, qui a pu être constatée directement : l'échantillon étudié par 
lui, conservé au British Museum, est le Lepidophyllum lanceolatum 
L. et H. 

Sous la réserve que comporte la constatation des faits négatifs, il es 
intéressant de faire remarquer qu'un certain nombre d'espéces westpha- 
liennes, du bassin d'Héraclée, n'ont encore élé observées que dans 
l'Europe centrale, en Silésie, en Moravie ou en Bohème. P. FLicHE. 


Les Muscinées d'Auvergne; par le frère Héribaud-Joseph (1). 
Grand in-8° de 544 pages, chez Paul Klincksieck. Paris, 1399; prix : 
15 francs. 


Aprés avoir consacré une vingtaine d'années à l'étude de !a flore 
phanérogamique de l'Auvergne, le frére Héribaud a pensé qu'il serait 
de quelque utilité, pour l'histoire naturelle de la région, d'explorer le 
vaste domaine de la bryologie, en vue de la publication d'un travail d'en- 
semble, et de réunir tous les documents qui ont été publiés jusqu'ici en 
les complétant par ses propres recherches et par celles de ses collabo- 
rateurs. 

C'est ce travail que M. Héribaud vient de publier et dont nous don- 
nons ci-aprés un compte rendu sommaire. 

Il existe peu de régions en France qui aient été explorées, au point de 
vue spécial des Muscinées, avec autant de soin que l'Auvergne et sur- 
tout le département du Puy-de-Dóme, et il eüt été facile de dresser le 
Catalogue des espéces connues. Mais M. Héribaud ne s'est pas borné à 
ce travail ingrat; il a étudié d'une maniére trés détaillée la distribution 
géographique des Muscinées en Auvergne d’après la géologie et le climat 
de la province, en prenant pour guide le savant travail de M. l'abbé 
Boulay sur la distribution géographique des Mousses en France. 

L'ouvrage de M. Héribaud se divise dés lors en deux parties. La pre- 
miére, qui occupe 185 pages, comprend six chapitres qui traitent : 
1° de la Géologie; 2 de l'Hydrographie; 3 de la Climatologie; 4° de la 
propagation et des conditions d'existence des Mousses et des Hépatiques ; 
5 des régions bryologiques et 6° des florules comparées du Cantal et du 
Puy-de-Dóme. Dans ce dernier chapitre, l'auteur examine les analogies 
el les dissemblances qui existent entre les flores des deux départements 
considérés et assigne la cause de ces rapports et de ces différences; il 
constate, en outre, que l'Auvergne n'est pas un centre de création végé- 
lale, mais bien une région colonisée; nous avons tout reçu, dit-il, et 


(1) Cet ouvrage a été couronné par l'Académie des sciences, qui, dans la 
séance publique annuelle du 18 décembre 1899, lui a décerné un des prix de 


la fondation Montagne. (Note ajoutée pendant l'impression.) 
T. XLVI (SÉANCES) 22 


338 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


rien donné. La florule des extensions méditerranéennes est arrivée en 
Auvergne des provinces méridionales; la population si importante de la 
zone silvatique moyenne est une extension de la flore des plaines du 
nord de la France et, en général, de celle des plaines de l'Europe cen- 
trale; les associations si robustes de la zone subalpine et de la ré- 
gion alpine sont parvenues des sommets des Pyrénées, des Alpes, du 
Jura et des Vosges; la florule boréale ne peut étre originaire que des 
régions glacées du nord de l'Europe; enfin les rivages océaniques et 
méditerranéens ont produit l'intéressante colonie maritime qui s épa- 
nouit au bord des sources salines. Il convient de remarquer que les 
observations qui précédent s'appliquent surtout aux Phanérogames, 
notamment en ce qui concerne les plantes des rivages océaniques et 
méditerranéens. M. Héribaud compare aussi la flore muscinale des 
massifs volcaniques de l'Auvergne avec celle d'autres chaines de mon- 
tagnes, telles que les Pyrénées, les Alpes, le Jura et les Vosges. 

La deuxiéme partie, qui comprend la disposition systématique des 
Muscinées de la région, n'est en réalité qu'un Catalogue des espèces 
dont la présence a été constatée en Auvergne, avec des notes détaillées 
sur certaines espéces, variétés ou formes. Les Mousses sont classées 
suivant l'ordre établi par M. l'abbé Boulay dans son important et excel- 
lent travail sur les Muscinées de la France, c'est-à-dire en commençant 
par les Hypnées et finissant par les Phascacées; toutefois les genres 
admis ou eréés par Schimper dans la deuxiéme édition de son Synopsts 
ont été conservés pour la plupart. Contrairement à l'opinion de Schim- 
per, les tribus sont subordonnées à la famille. Quant à la synonymie, 
elle a été réduite au strict nécessaire, mais elle est toutefois suffisante 
pour les bryologues francais. A l'exemple de plusieurs bryologues, 
M. Héribaud rattache certaines formes douteuses au type sous le nom 
de sous-espèces ou espèces de second ordre. 11 inscrit comme variétés 
les divergences les plus saillantes de l'espèce et dont les caractères ne 
présentent qu’une constance relative. 

Les Hépatiques, qui occupent dans le corps de l'ouvrage 60 pages; 
sont classées d'aprés le Synopsis de Gottsche, Lindenberg et Nees. 

D'aprés l'ensemble des documents recueillis par l'auteur, le nombre 
des espéces mentionnées dans les Muscinées d'Auvergne est de 634, com- 
prenant : 486 Mousses, 23 Sphaignes et 125 Hépatiques, soit les 3/4 des 
Muscinées de la France. 

Comme le dit M. Husnot dans la Revue bryologique, l'ouvrage de 
M. Héribaud est excellent, et j'ajoute qu'il devra se trouver dans la 
bibliothèque de tous les botanistes, mais jestime avec lui que l'auteur 
aurait pu réduire le volume en diminuant les marges, les blancs et les 
interlignes et en employant un papier moins luxueux, de façon à rendre 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 339 


ce bon livre d’un format plus portatif et à en baisser notablement le prix 
d'acquisition. Em. BESCHERELLE. 


Flore de France; par G. Rouy et J. Foucaud, continuée par G. 
Rouy; tome V, in-8° de 344 pages. Chez l'auteur et chez « Les Fils 
d'Emile Deyrolle », rue du Bae, 46. Paris, janvier 1899. 


Ce tome V (1), élaboré par M. G. Rouy seul, est entiérement consacré 
à la famille des Légumineuses dont les onze premiers genres étaient 
compris dans le tome IV. 

Suivant le màme plan que pour les volumes précédents, nous signa- 
lerons dans celui-ci les plus importantes acquisitions dont s'est enri- 
chie la flore française depuis le tableau qu'en avaient tracé Grenier et 
Godron. 


Medicago Cupaniana Guss. admis comme forme (2) du M. Luru- 
LINA. — Pyrénées. 

M. sEcuNDIFLORA (3) DR., probablement importé d'Algérie. — Trouvé 
dans l'Aude. 

M. silvestris Fries, forme du M. FALCATA. — Cà et là avec le type, 
mais plus rare. D'aprés l'auteur, « cette plante, certainement non hy- 
bride, est parfois distribuée par erreur sous le nom de M. media Pers. » 

M. agrestis Ten., sous-espèce de M. RIGIDULA. Sous ce dernier nom 
spécifique, M. Rouy réunit les M. Gerardi Willd., Morisiana Jord., 
cinerascens Jord., etc., à titre de variétés. 

M. ononidea de Coincy, sous-espèce du M. minima « à port assez 
semblable à celui d'un Ononis arenaria de taille réduite ». — Var. 
Hérault, Gironde. 

Trigonella elatior Sibth. et Sm., forme du T. coRNICULATA. — Vau- 
cluse, Gard. 

Trifolium  Biasiolettianum Steud. et Hochst., forme réduite de 
T. REPENS. — Plante de l'Istrie et de la Dalmatie, retrouvée dans le 
Var. 

T. isrHMOCARPUM Brot. forme Jaminianum (T. Jaminianum Boiss. 


(1) Voy. l'analyse du tome IV, dans le Bulletin de 1897, p. 491. 

(2) Nous rappelons ici, pour prévenir toute équiveque, que le terme 
€ forme », conservant dans notre article la signification particulière que lui 
accorde M. Rouy et qui s'écarte de l'acception habituelle, correspond à un 
degré de la classification intermédiaire entre la sous-espèce et la variété. 
Cette innovation de nomenclature a été expliquée dans la préface (p. XI) du 
tome Her. 

(3) Les noms spécifiques sont imprimés en petites capitales. 


340 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Diagn.; Trifohum isthmocarpon Guss., etc.). — Plante de Sicile et de 
Ligurie, retrouvée en Corse (abbé Boullu). 

Trifolium longisetosum Boiss. et Bal., forme du T. ARVENSE. — 
Pyrénées-Orientales, Gard. 

T. lucanicum Gaspar., sous-esp. du T. scABRUM ; ce serait le T. dal- 
maticum Gren. et Godr. non Vis. 

T. brachyanthum Rouy, forme du Tn. PRATENSE (— T. pratense 
f. parviflorum Bab. Man. ed. 8). 

T. bracteatum Schousb., également forme du T. PRATENSE. — Plante 
de l'Espagne et du Maroc, retrouvée en Corse par Kralik. 

T. Borderi Kern., autre forme du T. PRATENSE. — Basses-Pvré- 
nées. 

T. pallidulum Jord., forme du T. ocaroLEucuM. — Gard, Aude. 

Dorycnium juranum Rouy, rattaché comme forme au D. herbaceum 
Vill., considéré lui-méme comme sous-espéce du D. PENTAPHYLLUM 
Scop., qui devient le type spécifique, embrassant aussi le D. suffruti- 
cosum Vill. et gracile Jord. à titre de sous-espèces. — Le D. juranum 
(D. suffruticosum Paillot ap. Magnier Fl. sel., n° 514), trouvé dans le 
Doubs, « diffère du D. herbaceum par : Étendard apiculé, caréne ma- 
culée de noir bleuàtre au sommet; plante faiblement pubescente ». 

Lotus drepanocarpus DR., forme du L. cyrisoines, auquel est éga- 
lement rattaché le L. Allionii Desv. — Plante d'Algérie et Tunisie, 
observée sur le littoral méditerranéen. 

ASTRAGALUS UNCINATUS Bert. cité, d’après Bertoloni, comme décou- 
vert en Corse par Soleirol. 

A. FRIGIDUS Bunge (Phaca frigida L.). — Savoie. 

À. NEVADENSIS Boiss. — Plante venant d'Espagne, trouvée dans les 
Pyrénées-Orientales. 

A. Foucaudi Rouy (Oxytropis Foucaudi Gillot), forme occidentale 
de PA. Lazicus Rouy (Oxytropis lazica Boiss.). — Pyrénées. 

A. PARVOPASSUE Burnat (Oxytropis Parvopassuæ Presl), auquel 
M. Rouy réunit, comme variétés, les A. Gaudini Burnat (Oxytropis cya- 
nea Jord. non M. B.), triflorus Durn., etc. 

; A. LAPPONICUS Burnat (Phaca lapponica Wahlenb.). — Alpes et 
Savoie. 


Colutea brevialata Lange, forme du C. AnBonEscEvs L. — Deux 
localités dans l'Hérault. 


Lens Tenorii Lamotte, forme du L. nicricans Godr. 
Vicia maculata Presl (V. sativa y. maculata Burnat) et V. hetero- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 341 


Phylla Presl, formes méridionales groupées par M. Rouy avec les V. 
sativa. L., cordata Wulf., angustifolia Reich. et amphicarpa Dorthes, 
comme membres principaux d'une espéce polymorphe qu'il nomme 
VICIA COMMUNIS. — 

V. Bargazitæ Ten. et Guss. — Plante de l'Italie méridionale, de 
Sicile et de Grèce, trouvée en Corse par Burnouf. 

V. vestita Boiss. (V. lutea form. vestita Battand.), sous-espèce du 
V. LUTEA. — Plante d'Espagne découverte dans les Pyrénées-Orientales. 

V. mMELANoPs Sibth. et M. — Var. 

V. Grenieri Rouy (V. Gerardi Godr. et Gren. quoad pl. pyren.; 
Cracca pyrenaica Gren. in herb. Rouy), rattaché comme forme au 
V. Cnacca L. — Pyrénées, Corbières. 

V. ELEGANTISSIMA Shuttl. — Porquerolles (Var). 

V. Giraudiasi Rouy, forme de la sous-espéce V. gracilis Loisel. 
(Ervum gracile DC.) rattachée elle-mème au Vici GEMELLA Crantz 
qui ne serait autre que l'Ervum tetraspermum Monch. En maliére 
de nomenclature, on ne reprochera pas à l'auteur d'exagérer le souci de 
la tradition. — Charente-Inférieure, Calvados. 

Lathyrus affinis Guss., forme du L. APnaca, dont il diffère par ses 
stipules cordiformes, hastées, etc. — Hérault, Corse. 

L. Gmelini Rouy (Orobus Gmelini Fisch. ap. DC. Prodr.), forme 
du L. Lixnær Rouy (L. montanus Godr. et Gren.). — Alpes. 

L. hispanicus Rouy, forme du L. Liwwr. — Pyrénées centrales, 
Corbières. 

Hippocrepis prostrata Boiss., forme de PH. comosa. — Basses- 
Pyrénées (plante répandue en Espagne). 


De nombreux tableaux dichotomiques placés en tête des sous-tribus 
et des genres permettent d'arriver aisément aux déterminations spéci- 
fiques. 

Les innovations en nomenclature et classification sont assez nombreuses 
dans ce volume. Obligé de nous arrêter ici, nous nous bornerons à signa- 
ler la réunion des genres Phaca et Oxytropis au genre ASTRAGALUS (1), 
Puis celle des genres Cracca, Ervum et Ervilia aux Vicia, enfin la 
Suppression du genre OroBus qui ne forme plus qu'une section dans le 
genre LATHYRUS. * Enw. MALINVAUD. 


(1) M. Émile Burnat avait déjà réuni ces trois genres, en 1896, dans sa 
Flore des Alpes maritimes. Voy. t. II de cet ouvrage, p. 152, les motifs que 
l’auteur fait valoir en faveur de cette innovation. 


342 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Nouvelles stations de plantes rares dans le massif du 
Hohneck ; par Camille Brunotte. Broch. de 14 pages in-8°, avec 
une carte des escarpements du Hohneck. Paris et Nancy, Berger- 
Levrault et C^, éditeurs, 1899. 


Nous avons naguére rendu compte d'un « Guide du botaniste au 
Hohneck » (1), publié en 1893 par le méme auteur avec la collaboration 
de M. Lemasson. Le présent travail est une suite à celte première pu- 
blication. M. Brunotte passe en revue quatre sortes de stations : 


1* FLoRE DES PATURAGES ÉLEVÉS. Localités nouvelles de Phyteuma 
nigrum, Bartsia alpina, Poa alpina, Corydalis fabacea, Sorbus 
Chamæmespilus, Cotoneaster vulgaris, Hieracium alpinum, Orchis 
viridis. 

2° FLORE DES ESCARPEMENTS. Indications analogues concernant Ane- 
mone narcissiflora, Polygala depressa, Vicia dumetorum, Potentilla 
salisburgensis, divers Rosa, Sibbaldia procumbens, Epilobium alpi- 
num, Saxifraga hirsuta, Laserpitium latifolium, Peucedanum Os- 
truthium, Campanula latifolia, Allium Victorialis, Streptopus am- 
plexifolius, ete. 


3° FLORE DES FORÊTS ET nuissEAUx : Lunaria rediviva, Silene ru- 
pestris, Pirola uniflora et secunda, Chærophyllum hirsutum, Vero- 
mca montana, Listera cordata, Luzula nigricans. 


4 FLORE DES LACS ET DES TOURBIÈRES : Sedum villosum, Cicuta 
virosa, Andromeda polifolia, Malaxis paludosa, Subularia aqua- 
tica, etc. 


Voilà un beau bouquet de plantes vosgiennes. Ern. MALINVAUD. 


Étude sur le genre Rhinanthus ; par le D" Alfred Chabert 
(Bull. de l'Herb. Boissier, tome VII, n* 6 et 7, juin-juillet 1899). 
Tirage à part de 45 pages in-8°; Genéve, 1899. 


Ce travail est l'exposé de recherches que l'auteur a poursuivies ces 
années dernières dans les Alpes de la Savoie et du Piémont, et de ren- 
seignements qu'il a puisés dans divers herbiers. Tous les ouvrages et 
documents consultés sont trés soigneusement énumérés. 
| Conformément à l'avis exprimé par M. Casimir de Candolle, le nom 
linnéen de Rhinanthus a été maintenu, de préférence à celui d'Alecfo- 
rolophus de Pline repris au siécle dernier par Haller et à l'exemple de 
ce dernier par quelques floristes. 


(1) Voy. la Revue bibliograph. du Bulletin, p. 49 dans le tome XL (1893). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 343 


Le nom vulgaire des Rhinanthus le plus répandu en France paraît 
être « Tartarie », plus ou moins modifié dans divers patois. 

L'auteur donne d'abondants détails sur la biologie et la morphologie 
des Rhinanthus : aire de répartition (presque tout l'hémisphére nord), 
mode de végétation, parasitisme, description et importance relative des 
caractéres fournis par divers organes, systématique et nomenclature, 
dimorphisme saisonnier et trimorphisme. 


Il admet deux sections : 1? Cleistolemus, « Corollæ labium inferius 
superiori contiguum, faux clausa » ; 2? Anseetolemus, « Corollæ la- 
bium inferius a superiore vel totum vel lobo medio distans », et décrit 
les espéces ou variétés nouvelles suivantes : 


RHINANTHUS SONGEONI, voisin des Rh. ramosus (Sterneck) et mon- 
tanus Sauter : trouvé en Savoie entre 1000 et 1400 métres. 


Ru. ramosus (Sterneck sub Alectorolopho) var. ARVERNENSIS, se 
distinguant du type par la tige striée de noir, la petitesse du calice et de 
la coroile, etc.; décrit sur une plante du Cantal (fr. Héribaud). 


Ru. oviFucUs, ainsi appelé parce que « les moutons et les chèvres 
s’en écartent avec soin ». Cette espèce est voisine des Rh. Reichen- 
bachii Drej., Borbasii Dórfl. et major Ehrh.; elle croit dans le Piémont, 
vers 2500-2900 mètres. 


Ru. SrERNECKII (Wettst.) var. PRÆRUPTORUM, race automnale, ob- 
servée en Savoie vers 700 à 900 mètres et différant du type, qui croit 
dans le Tyrol méridional, par les feuilles plus étroites, fleur moins 
grande, couleur rouge sombre, etc. 


Les quatre espéces précédentes appartiennent à la section Cleistole- 
mus, les suivantes sont de la section Anectolemus. 


RumaNTHUS FaccuiNH « ressemble à un petit Rh. Alectorolophus 
qui aurait la lèvre inférieure déjetée et la gorge ouverte ». Montagnes 
du Tyrol. 

Ru. HeriBAUDI, € par son tube presque droit se rapproche du Rh. 
minor Ehrh. et se distingue de toutes les espèces de la série alpinus, à 
laquelle il appartient du reste; chez les autres, ce tube est fortement 
coudé, Monts d'Auvergne vers 1700 mètres, 

Ru. PERRIERI « ressemble à un Rh. minor grêle et non rameux, il 
s’en distingue par sa corolle fortement accrescente ». Habite la Savoie 
vers 2100-2300 métres. 


Ru. KynoLLg, des États-Unis, confondu jusqu'à ce jour avec Rh. mi- 
nor. 


344 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


RHINANTHUS GROENLANDICUS; ses affinités sont avec les Rh. minor, 
Kyrolle, Perrieri. 


Ru. ricipus, des montagnes de l'Amérique septentrionale. 


Somme toute, le Mémoire de M. Alfred Chabert constitue une trés 
notable et utile contribution à l'étude du genre Rhinanthus fort négligé 
en France jusqu'à ce jour. Ers. MALINVAUD. 


Contribution à l'étude des Orchidées; par le D' Xavier 


Gillot (Extrait du Bulletin de l'Association francaise de Botanique). 
Le Mans, Edmond Monnoyer ; 1898. 


Six études sont réunies dans cette brochure. 


I. Orchis alata FLEURY, MonPHOLOGIE ET ANATOMIE. — L'auteur, 
abandonnant sans réserve son ancienne opinion, déclare qu'il est 
aujourd’hui « entièrement converti à l'idée de l'origine bàtarde de 
VO. alata » (0. Morio X laxiflora et laxiflora X Morio), de nos 
jours généralement adoptée et pleinement confirmée par les résultats de 
l'analyse histologique qu'a faite, sur la demande de notre confrère 
d'Autun, un habile anatomiste, M. Paul Parmentier. Des observations 


judicieuses sur la nomenclature des hybrides terminent ce premier 
chapitre. 


IT. UN Orchis ALPIN LiTiGIEUX. — En 1879, Karl Spiess récoltait à 
1900 mètres d'altitude dans le canton de Vaud et décrivait, sous le nom 
d'Orchis vallesiaca, un hybride présumé d'Orchis globosa et de Gym- 
nadenia conopea. Récemment un botaniste génevois, M. Chenevard, 
trouvait, dans les Alpes de Tanay (Valais), une Orchidée trés analogue 
à l'O. vallesiaca et la considérait comme une race locale (var. tanayen- 
sis Chenev.), à fleurs pourpres, de l'Anacamptis pyramidalis Rich. 
M. Buser, identifiant les deux plantes, y voit « une forme stationnelle 
extrème, monticole » de l'A. pyramidalis, à coloration plus foncée et 
labelle racourci; il propose de l'appeler Anacamptis pyramidalis var. 
vallesiaca. M. Gillot, après avoir résumé ces appréciations diverses; 
donne les descriptions comparatives des deux Orchis en litige, et engage 
à les rechercher dans les Alpes françaises au voisinage des Orchis 
globosa, conopea et de l'Anacamptis pyramidalis. 


III. Note sur L’Aceras longibracteata Rchb. ET SA VÉGÉTATION: 


AV. Le Goodyera repens pans LE Morvan. — Recherchant l'ori- 
gine des colonies adventices de Goodyera repens à de basses altitudes, 
l'auteur pense que cette Orchidée a été introduite « soit par des graines 
entrainées par le vent, soit par des fragments de rhizomes adhérents 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 345 


aux jeunes plants en cas de transplantation, et une fois que, d'une facon 
ou d'une autre, la plante aura germé ou constitué son régime souterrain, 
celui-ci parait susceptible de végéter d'une vie presque hypogée et d'une 
durée presque indéfinie jusqu'à l'apparition des circonstances favorables 
à l'entier développement de la plante ». 


V. Oncuim Es pu coL Bayanp (prés Gap). — Dans un envoi d'Or- 
chidées provenant du col Báyard, M. Gillot remarqua, parmi de nom- 
breux échantillons des Gymnadenia conopea, Nigritella angustifolia 
et d'hybrides de ces deux espéces (Nigritella suaveolens Koch, Gymni- 
gritella suaveolens G. Camus), un spécimen répondant à la formule 
Nigritella angustifolia X Gymnadenia conopea, qui marquerait une 
influence prépondérante du G. conopea, tandis que la formule exacte du 
Gymnigritella suaveolens G. Camus serait, avec l'inversion des termes, 
Gymnadenia conopea X Nigritella angustifolia. Cette forme nouvelle 
est nommée, en l'honneur de celui qui l'a découverte, Gymnigritella 
Girodi. 

VI. ANOMALIE FLORALE DU Loroglossum hircinum Ricu. — Un 
pied de Loroglossum hircinum, récolté aux environs de Nancy par 
M. Émile Gallé, offrait une remarquable anomalie florale portant prin- 
cipalement sur la forme du labelle : celui-ci était, relativement à sa 
configuration habituelle, trés raccourci et élargi, avec le sommet bilobé 
et les bords ondulés sans appendices latéraux, d'ailleurs verdâtre sur 
les bords, d'un blanc rosé au centre et pointillé à la base. Cette forme 
tératologique a recu le nom de variété PLATYGLOSSUM. Enw. M. 


Quatrième Notice sur quelques plantes critiques ou peu 
connues de France; par M. Antoine Le Grand (Bull. de l'Association 

| française de Botanique, mars 1899). Tirage à part de 15 pages in-8*. 
Le Mans, Charles Monnoyer, 1899. 


On y trouve la premiére mention de la découverte, due à M. R. Mé- 
nager, de l'Anemone apennina L. dans le Finistére (1). Nous relevons 
aussi les observations suivantes : 

Ranunculus hederaceus var. incisus Le Grand, se rapprochant, par 
les fleurs plus grandes que dans le type et les feuilles à lobes crénelés, 
du R. Lenormandi, avec lequel on l'avait confondu (2). 

R. Franchetianus Bor. Mém. Soc. acad. de Maine-et-Loire (1866). 
— M. Le Grand indique les véritables affinités de cette prétendue espéce, 
qui appartient au groupe acris et ne doit pas étre rapprochée, comme 


(1) Voy. plus haut, dans ce volume, p. 215. . . 

: wed : es, où nous 
, (2) Cette variété incisus se rencontre aux environs de Dimog (irn uj 
l'avons observée croissant mélangée avec le R. Lenormandt type. . M. 


346 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


son inventeur l'avait fait à tort, des Ranunculus lanuginosus L. etum- 
brosus Ten. 

Polygala alpestris var. pyrenaica Timb. Bull. Soc. bot. Fr., t. XI, 
est une simple forme du P. pseudo-alpestris Gren. 

Epilobium palustre X obscurum Wimm., observé, au milieu des 
parents, dans le département de la Loire, à 1100 mètres d'altitude. | 

Heracleum Sphondylium subsp. Foucaudi Le Grand, « voisin, dit 
l'auteur, de PH. occidentale Bor., mais fleurs jaunes et fruits très 
grands ». C'est la première fois, à notre connaissance, qu'on signale 
un H. Sphondylium à fleurs jaunes. Cette plante singuliére a été obser- 
vée à Bords (Charente-Inférieure). 

Aira cespitosa L. var. convoluta Le Grand, forme des lieux secs, 
rare et peu connue, se rapportant probablement à l'Aira cespitosa 
var. setifolia Koch « foliis omnibus ab initio setaceis convolutis ». 
Environs de Bourges. 

Autres variétés distinguées par M. Le Grand : Anemone alpina var. 
angustisepala, Anemone nemorosa var. tenuifolia, Ranunculus gra- 
mineus var. pilifer, Pæonia Russi var. Reverchoni, Diplotaxis vimi- 
nea var. gracillima, Polygala serpyllacea var. oppositifolia, Silene 
Cucubalus var. petrophila, Spergularia segetalis s.-var. erectiuscula, 
Geranium. rivulare s.-var. latisectum, Vicia peregrina var. setacea, 
Sorbus Aria var. canescens, Sorbus latifolia var. Roucii, Epilobium 
parviflorum var. tomentosum, Hippuris vulgaris var. tenuifolia, 
Anthriscus silvestris var. lenuisectus, Inula salicina var. ovalifolia, 
Artemisia atrata var. tomentosa, Aster Tripolium s.-v. flosculosus, 
Gnaphalium norvegicum s.-var. viridescens, Làppa major s.-var. pur- 
purascens, Anagallis phœnicea var. Jousseti, Veronica hederifolia 
var. minuta, Galeopsis intermedia s.-var. latissima. EnN. MALINVAUD. 


L'indigénat en Provence du Cotoneaster Pyracantha 
Spach, par M. L. Legré (Revue horticole, Journ. mensuel des tra- 


vaux de la Soc. d'Horticult. et de Botanique des Bouches-du-Rhóne, 
septembre 1899). 


D'aprés les auteurs les mieux informés, Roux (4), M. Burnat (2), etc., 


(1) Dans son Catal. des Plantes de Provence, Roux signale en ces termes 
le Buisson-ardent : « Cà et là dans les haies, mais rare et subspontané ». 

(2) Le scrupuleux auteur de la Flore des Alpes maritimes (vol. III) dit 
au sujet du Cotoneast. Pyracantha : « Nous n'avons jamais rencontré cette 
espèce chez nous avec apparence de spontanéité; elle est cultivée comme 
arbuste d'ornement... Nous n'en trouvons mention dans aucun des Catalogues 
publiés ou manuscrits concernant notre dition... En résumé, l'aire de cette 
espèce paraît être dans l'Italie continentale, surtout à partir de la Toscane et 
de l'Émilie, la Gréce, la Turquie et la région occidentale de l'Asie. » 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 341 


l'indigénat du Cotoneaster Pyracantha Spach (Mespilus Pyracan- 
tha L.) en Provence serait au moins douteux. Une découverle récente 
de M. Ludovic Legré tranche définitivement, et dans un sens contraire 
aux probabilités admises jusqu'à présent, ce litige de géographie bota- 
nique. Notre confrére de Marseille, flore galloprovincialis indagator 
oculatissimus, a rencontré, au mois d'aoüt dernier, le Buisson-ardent 
manifestement spontané dans une localité de l'arrondissement de For- 
calquier (Basses-Alpes). C'était, non loin du village de Lurs, dans le 
creux d'un ravin situé prés de la rive droite du Bués, petit affluent de 
la Durance. En ce lieu sauvage, au milieu d'un fouillis d'arbustes divers, 
lels que Cornus sanguinea, Cytisus sessilifolius, Crategus mono- 
gyna, Ligustrum vulgare, se trouvait une colonie, comptant environ 
une vingtaine de pieds, de Cotoneaster Pyracantha. « Etant données 
les conditions ambiantes, dit l'auteur de la Notice, on ne pouvait s'ar- 
réter un seul instant à l'idée que le Buisson-ardent ne füt point autoch- 
tore en cet endroit et y eût été introduit avec l'aide, méme indirecte, 
de l'industrie humaine. » D'ailleurs ce végétal se retrouvait dans des 
ravins adjacents, puis sur un parcours de prés d'un kilomètre et presque 
sans solution de continuité dans le lit d'un petit torrent desséché, tri- 
butaire du Bueés. 

Pour expliquer comment un végétal, dont l'aire géographique com- 
mence aujourd'hui à se dessiner dans l'Italie méridionale pour s'étendre 
vers l'Orient, ait pu se perpétuer dans un recoin du département des 
Basses-Alpes, M. Legré rappelle que, d’après les constatations de 
Gaston de Saporta, lors du quaternaire ancien, le C. Pyracantha habi- 
lait déjà le territoire de la Provence et remontait jusqu'au centre de 
l'Europe. « Le climat s'étant modifié et la température devenant plus 
rigoureuse, il a dà, comme tant d'autres espéces, émigrer vers des con- 
trées plus chaudes. Mais, dans cet exode, certains individus ont ren- 
contré, en des cantons tels que le vallon du Buës, des conditions favo- 
rables à leur développement; ils s’y sont établis et y ont persisté. Le 
même phénomène s’est produit pour le Styrax officinal... »  Emw. M. 


Le Néflier de Bronvaux; par M. G. Le Monnier (Bulletin de la 
Société centrale d' Horticulture de Nancy). Nancy, 1899. 


L'arbre dont il s'agit, qu'on peut voir à Bronvaux, près de Metz, est 
un Néflier greffé sur Aubépine. La greffe remonte à cent ans pour le 
moins. « Actuellement l'arbre se compose d'un füt d'environ 17,60 de 
haut, qui représente le tronc primitif de l'Épine, et d'une cime consti- 
tuée par des branches vigoureuses de Néflier produites par l'ancienne 
greffe en tête. Au niveau de l’union des deux végétaux, on observe un 
renflement irrégulier, c’est le bourrelet que l'on trouve si souvent à la 


348 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


base des greffes anciennes. » De ce bourrelet partent plusieurs branches 
anomales qui présentent dans leur organisation un mélange intime des 
caractères propres aux deux espèces, dont l’une a fourni le sujet et 
l'autre le greffon. Par exemple, on voit sur ces branches des rameaux 
épineux rappelant l'Aubépine et des pousses veloutées comme celles 
du Néflier. La villosité propre à celui-ci se retrouve dans certaines 
feuilles, associée à la forme lobée du limbe de l'autre espéce. Les inflo- 
rescences sont corymbiformes et présentent jusqu'à douze fleurs, « ce 
qui serait peu pour une Aubépine, mais beaucoup trop pour un Né- 
flier ». Enfin les fruits, de grosseur intermédiaire entre ceux des deux 
espéces citées, sont duveteux à l'instar de la néfle, mais le plus souvent 
à sépales dressés comme dans les Crategus. 

Toutes ces branches anomales naissent de la région mixte du bour- 
relet, où les tissus des deux plantes sont intimement mélangés; elles 
ont un assez faible développement, et l’on ne saurait leur attribuer plus 
d'une dizaine d'années d'existence. Elles n'ont pas encore donné de 
fruits fertiles. 

En résumé, « le Néflier de Bronvaux offre l'exemple trés rare d'un 
mélange de caractères obtenu chez des végétaux ligneux à la suite de la 
greffe ». On ne connaissait jusqu'ici que deux autres cas de ce genre : 
lorange Bizarria, moitié orange et moitié citron, obtenue au dix- 
septième siècle par un jardinier italien, et le célèbre Cytisus Adami, 
datant de 1825. 

L'auteur, à la fin de son Mémoire, propose une théorie, forcément 
hypothétique mais trés plausible, de ce curieux phénoméne. 


EnN. MALINVAUD. 


Missouri Botanical Garden, Ninth Annual Report. Un volume 
in-8° de 160 pages, 50 planches. Saint-Louis de Missouri, 1898. 


Ce volume est luxueusement imprimé et illustré. A la suite d'une pré- 
face du directeur M. Wm Trelease, on y trouve les travaux suivants : 
Taowpson (Ch. H.), p. 21 : A Revision of the American Lemnaceæ occur- 
ring North of Mexico (4 planches). — Sont décrits : 1 Spirodela, 
1 Lemna, 3 Wolffiella, 3 Wolffia (dont une n. sp., W. papuli- 
fera). 

GLATFELTER (N. M.), p. 43 : Notes on Salix longipes Shuttlw. and its 
Relations to S. nigra Marsh. (3 planches). 


Inisn (H. C.), p. 53: A Revision of the Genus Capsicum with especial 
References to Garden Varieties (21 planches). 


Hircucock (A. S.), p. 111 : List of Cryptogams collected in the Baha- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 349 


mas, Jamaica and Grand Cayman. — Espèces nouvelles (Pyréno- 
mycètes) décrites par M. Ellis : Meliola simillima, Sphærella 
Rejaniæ, Phyllosticta Coccolobæ, Ramularia Bauhinie, R. 
Torvi, Cercospora Piperis, C. Turneræ, C. Stachytarphete, 
C. Claotropidis. 

Rose (J. N.), p. 121: Agave washingtonensis and other Agaves flower- 
ing in the Washington botanie Garden in 1897. — Espéce nou- 
velle : Agave washingtonensis Baker et Rose (3 planches). 


THomPson (Ch. H.), p. 127 : The species of Cacti commonly cultivated 
under the generic name Anhalonium (6 planches). 


Le volume se termine par sept Notes, dont quatre de M. TRELEASE : 
L'Epidendrum venosum de la Floride (2 planches), Observations sur 
desYucca (14 pl.), Les Apocynum du Missouri (2 pl.), Une maladie nou. 
velle des Palmiers cultivés (avec figures). Deux Notes de M. NonroN 
traitent d’une matiére colorante trouvée dans quelques Borraginées et 
de diverses plantes de l'Amérique du Sud, espèces nouvelles : Kallstræ- 
mia parviflora, Megaplerium oklahomense (9 pl.). Enfin on voit, à la 
dernière page, une étude de M. H. Wicey surle Parmelia mollius- 
cula. Ern. M. 


Recherches sur la nutrition des végétaux à l'aide de 
substances azotées de nature organique ; par M. L. Lutz. 
Thèse pour le doctorat és sciences de la Faculté de Paris (Annales 
des Sciences naturelles, 8° série, Botanique, tome VII, broch. in-8° 
de 105 pages. Paris, Masson, 1898). 


La nutrition azotée des plantes a vivement sollicité l'attention. des 
savants depuis une vinglaine d'années. On sait, à n'en plus douter, que 
l'azote libre peut étre directement fixé par certaines plantes, en parti- 
culier par les Légumineuses, avec le concours d'une Bactérie; que, par 
conséquent, des micro-organismes peuvent étre les agents de la fixation 
de l'azote atmosphérique sur le sol lui-même. Cette constatation explique 
les précautions qu’il faut prendre pour faire une culture de plantes en 
vue d'y étudier l'assimilation de l'azote et les erreurs qui ont trop long- 
temps dérouté les observateurs. 

On a reconnu récemment que les sels ammoniacaux peuvent être 
directement assimilés par la plante sans avoir besoin de subir une nitri- 
fication préalable. Ce fait étant bien établi, M. Lutz a recherché si les 
composés organiques formant la classe des amines et des ammoniums 
composés et celle des alcaloïdes sont susceplibles d’être assimilés par 
les plantes et si leur assimilation peut se faire directement, sans fer- 
mentation préalable, comme M. Müntz l'a constaté pour les sels ammo- 


330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


niacaux. Ses expériences établissent que, placés dans des conditions 
d'asepsie aussi rigoureuse que possible et de telle sorte que les agents 
extérieurs ne puissent exercer aucune action soit fermentescible, soit 
fixatrice d'azote libre, les végétaux phanérogames peuvent emprunter 
l'azote qui leur est nécessaire à des composés organiques appartenant à 
la classe des amines, employés sous forme de sels. L'assimilation de 
ces substances peut avoir lieu sans que leur azote ait subi au préalable 
une transformation en azote nitrique ou ammoniacal. | 

Cette assimilation est, en outre, subordonnée à celle condition que 
les amines proviennent de la substitution à l'hydrogène de radicaux 
dont la grandeur moléculaire ne soit pas trop élevée; les méthyl- 
amines, par exemple, sont d'excellentes sources d'azote assimilable, 
tandis que la benzylamine et la pyridine sont insuffisantes. Les amines 
phénoliques (naphtylamine, diphénylamine, aniline) ont agi comme des 
toxiques puissants. 

Les sels d'ammoniums composés et d'alcaloides, employés seuls comme 
source d'azote, n'ont pu fournir à la plante l'azote qui lui est néces- 
saire. 

D'autre part, placées dans un milieu nutritif contenant de l'azote sous 
forme d'une combinaison aminée ou alcaloïdique inassimilable, les 
plantes, aprés un temps de végétation plus ou moins long, ont perdu 
une quantité notable de leur azote initial. 

M. Lutz apporte, on le voit, à la solution du probléme complexe de 
l'assimilation de l'azote des faits nouveaux et précis. Il ne s'en est pas 
contenté ; il a voulu savoir sous quelle forme disparaît cet azote perdu. 
Il se dégage à l'état gazeux. 

D'autres expériences ont été effectuées comparativement dans des 
sols contenant de l'azote sous une forme inassimilable et dans du sable 
calciné arrosé uniquement avec de l’eau distillée. Elles ont montré que 
les pertes d'azote se font à l'état gazeux ; elles sont dues non à une action 
spéciale du milieu, mais à des phénoménes de désassimilation, compa- 
rables jusqu'à un certain point à une autofermentation. Il s'agit là 
d'une dénutrition azotée de la plante longtemps soumise à l'expérience; 
la perte d'azote serait l'un des prodromes de la mort du végétal. Con- 
formément aux résultats d'expériences récentes, les graines ne perdent 
pas d'azote pendant la germination. Les Algues se comportent comme 
les Phanérogames vis-à-vis des amines; moins difficiles que ces der- 
nières, elles ont pu vivre dans la benzylamine ; les Oscillaires méme se 
sont accommodées de produits encore plus complexes. 

Dans tous les cas, la transformation préalable de l'azote organique en 


azote nitrique ou ammoniacal n'a pas eu lieu; on peut donc la consi- 
dérer comme inutile. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 391 


Les amines phénoliques sont trés toxiques pour les Algues comme 
pour les Phanérogames. Les alcaloides employés seuls comme source 
d'azole sont impropres à la nutrition des Algues. 

Les expériences relatives à la nutrition des Champignons à l'aide des 
amines, sels d'ammoniums composés et alcaloïdes ont fourni des résul- 
tats plus précis encore que ceux obtenus avec les Algues et les Phané- 
rogames. M. Lutz a réussi à déterminer dans quelle mesure les diverses 
amines sont assimilables par les Champignons. Ils assinilent directe- 
ment l'azote provenant des amines les moins élevées en grandeur molé- 
culaire, aussi facilement que s'il s'agissait d'azote nitrique ou ammo- 
niacal. Les amines phénoliques, les sels d'ammoniums composés et les 
alealoides n'ont donné lieu à aucun développement chez les Champi- 
gnons. Le poids de Champignons obtenu finalement est d'autant plus 
élevé que la grandeur moléculaire du radical substitué à l’hydrogène 
l'est moins. Ce sont là des résultats d'une remarquable précision qui 
paraissent, sur ce point, devoir clore le débat. 

Nous venons de voir queiles sels d'ammoniums composés et les alca- 
loides employés seuls comme source d'azote ne peuvent étre des ali- 
ments pour les Champignons; il n'en est plus de méme si on les ajoute 
à un milieu nutritif contenant de l'azote directement assimilable. Dans 
ce cas, l’azote assimilable devient agent d'entrainement ; on peut, grâce 
à ce subterfuge, faire absorber aux Champignons des doses considé- 
rables de ces produits et en obtenir une augmentation de poids trés 
appréciable. 

Appliquant ces résultats à l'étude des engrais et en particulier des 
fumiers, l'auteur montre que leur action fertilisante est plus simple 
qu'on ne le croyait jusque-là. On sait qu'il se forme des quantités im- 
portantes d'amines au début de la fermentation des fumiers et de diverses 
matières utilisées comme engrais. On supposait que l'azote organique 
résultant dé leur putréfaction devait étre transformé en sels ammonia- 
Caux, puis en nitrates, par les ferments du sol, pour que les plantes 
puissent l'assimiler. Ces transformations successives sont inutiles, 
puisque les plantes assimilent les amines inférieures aussi bien que les 
nitrates. Elles expliquent la rapidité d'action des fumiers sur la végé- 
tation. 

Enfin, les recherches de M. Lutz jettent une lumière nouvelle sur le 
rôle des alcaloides dans les végétaux. Rigoureusement inassimilables 
seuls, les alealoides sont largement absorbés en présence d'azote direc- 
tement assimilable. C'est sans doute de ce côté qu'il faut chercher la 


cause des migrations et de la disparition des alcaloides dans le corps de 


la plante à certaines époques de la végétation. Comme Cornevin et 


Heckel l'ont soupçonné, les alcaloides ne sont peut-être pas de simples 


392 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


produits d’excrétion. Peut-être y pourra-t-on voir bientót des réserves 
nutritives azotées pour la jeune plante. 

On le voit par ce trop court résumé, les recherches de M. Lutz ne 
jettent pas seulement une vive lumière sur un côté spécial de la question 
de l'assimilation de l'azote, elles ouvrent des horizons nouveaux el pré- 
cisent certains termes de ce probléme complexe. C. FLAHAULT. 


NOUVELLES 


— MM. Mouillefarine, de Paris, et Copineau, de Doullens, désirent 
établir des relations d'échanges avec des botanistes étrangers, et parti- 
culiérement avec des établissements scientifiques possédant des herbiers. 
Ils sont déjà en rapport avec l'Herbier national des États-Unis, le Jardin 
botanique de Sydney, ete. On est prié de leur écrire : au siège de la 
Société botanique de France. 


— A vendre, aprés décés, l'herbier de feu Ch. Leutwein de Fellen- 
berg, de Berne, renfermant les plantes phanérogames qu'il avait récoltées 
en Gréce, Italie, France, Allemagne méridionale, Autriche-Hongrie et 
Corse, ainsi qu'un grand nombre d'espéces recues par échange, le tout 
composant 140 fascicules; toutes les plantes sont empoisonnées et bien 
conservées. Un Catalogue manuscrit en a été dressé et pourra être mis à 
la disposition des amateurs qui en feraient la demande. — Pour de plus 
amples renseignements et pour les conditions de vente, s'adresser à - 
M™ oe Win, château de Diemerswyl, prés Meenchensbuchsee, can- 


ton de Berne (Suisse), ou à M. le D' E. Fiscugn, professeur de bota- 
nique à l'Université de Berne. 


"m Nous avons recu le dernier fascicule de la Monographie des Gra- 
minées élaborée et éditée par M. Husnot, à Cahan, par Athis (Orne (1). 
Nous reviendrons prochainement sur cette utile publication. 


(1) Voy. l'analyse du 17 fascicule dans le Bulletin, t. XLII (1896), p. MT. 


Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, 
ERN. MALINVAUD. 


17053. — Lib.-Impr, réunies, rue Saint-Benoît, 7, Paris. — MOTTEROZ, directeur. 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. le Président fait part à la Société d'une série de pertes 
douloureuses qu'elle a rhalheureusement faites au cours des 
quatre derniers mois. Sont décédés : pendant le mois d'aoüt, 
MM. Émery à Dijon, Henry de Vilmorin à Verrières-le-Buis- 
son (Seine-et-Oise), le D' Quélet à Hérimoncourt (Doubs); en 
septembre, MM. Leutwein en Suisse et Léon Tempié à 
Montpellier; enfin, le mois dernier, MM. Alfred Viallanes 
à Dijon et Arséne Legrelle à Versailles. 

M.le Président annonce que des Notices nécrologiques sur 
ces regrettés confréres seront lues au cours de la séance, et, 
rappelant la douloureuse émotion ressentie à la nouvelle de 
de la mort prématurée et inattendue de M. Henry de Vilmorin, 
l'un des membres de la Compagnie à la fois les plus émi- 
nents et les plus sympathiques, il exprime à M. Maurice de 
Vilmorin, présent à la séance, les sentiments de profonde con- 
doléance de tous les membres de la Société et le prie de vouloir 
bien se faire l'interpréte de ces regrets unanimes auprès de 
la famille de son frére si cruellement frappée. 


MM. les Secrétaires donnent ensuite lecture des Notices 
suivantes : 


HENRY LÉVÊQUE DE VILMORIN; par M. Ch. FLAHAULT. 


Notre confrére Henry de Vilmorin est mort le 23 aoüt, à une heure 
du matin, emporté par une congestion cérébrale, aprés une journée de 
labeur, comme étaient toutes ses journées. Il fut frappé soudainement, 
le22, pendant le repas du soir, au milieu de sa famille. Il reçut les 
secours de la Religion, fit ses adieux aux siens et expira doucement. 

C'est avec un étonnement mêlé de stupeur qu'on apprit par quel coup 
brutal la mort enlevait à la Société et à la science l'homme de bien que 
fut Henry de Vilmorin. Moins de trois mois auparavant, il représentait 
la France à l'Exposition horticole de Saint-Pétersbourg; il revenait à 


peine d'Angleterre, où il avait pris une part active aux travaux d'une 
T. XLVI. (SÉANCES) 23 


354 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


Commission scientifique et horticole. En France, à la veille de sa mort, 
on le voyait partout où son expérience et ses vastes connaissances pou- 
vaient être utiles à l'Agriculture, à l'Horticulture et à la Science. C'est 
au milieu de ses jardins de Verriéres, sous un soleil brülant, qu'il avait 
prolongé ses derniéres heures de travail, comme s'il avait voulu donner 
jusqu'au bout l'exemple de l'effort continu, jamais lassé. 

Ses funérailles réunirent autour de sa tombe une foule nombreuse 
accourue pour rendre hommage à ses mérites et reconnaitre ses bien- 
faits. Agronomes, horticulteurs, jardiniers, savants, un grand nombre 
d'amis surtout, appartenant à toutes les classes de la société, parta- 
geaient la méme émotion et les mêmes regrets. Des voix éloquentes se 
sont élevées pour le louer et le pleurer (1). Les Revues agricoles et hor- 
ticoles ont redit sa vie utile et bienfaisante entre toutes (2). 

La Société botanique, dont il a été le bienfaiteur et l'un des membres 
les plus actifs, a le devoir de garder le souvenir d'une vie qui fut tout 
entiére consacrée à notre Science et à ses applications. Henry de Vil- 
morin y apporta une hauteur de vues et un patriotisme qui méritent 
qu’on les propose comme modèles. 

Henry Lévêque de Vilmorin est né le 26 février 1843. Élevé par sa 
mère, femme éminente qui a laissé dans l’histoire de sa famille une 
trace lumineuse, dans le monde le souvenir d'une rare distinction et 
d'une grande charité, il aimait à lui rapporter le mérite de tout ce qu'il 
pouvait avoir de bon. Et, de fait, un de nos maîtres toujours regretté, 
Decaisne, se plaisait à retrouver dans le fils les hautes qualités de la 
mère. Il commença en Touraine des études classiques qu'il termina au 
lycée Louis-le-Grand. Il avait dix-sept ans lorsque son père mourut; il 
était en rhétorique. Le deuil qui le frappait n'interrompit pas sa vie 
d'écolier laborieux; il aimait l'étude et, bien que sa destinée füt fixée 
par son choix, il acquit et conserva le goüt des classiques avec une fidé- 
lité qu'il leur garda toujours. Horace avait ses préférences et, s'il citait 


(1) M. L. Passy, au nom de la Société nationale d'Agriculture; M. Viger, 
au nom de la Société nationale d'Horticulture; M. P. Blanchemain, au nom 
de la Société des Agriculteurs de France; M. Emm. Drake del Castillo, au 
nom de Ja Société botanique; M. Ed. Michel, au nom du personnel de la 
maison Vilmorin-Andrieux et Ci, etc. Les portraits que ses amis ont tracés 
de notre confrére nous ont paru si vrais que nous avons emprunté à l'un 0u 
à l'autre les meilleurs traits de celui que nous avons essayé d'esquisser nous” 
meme. 

(2) M. Édouard André (Revue horticole, 16 septembre 1899), M. Milhe- 
Poutingon (Revue des cultures coloniales, 5 sept. 1899), M. F... (Revue de 
viticulture, 2 sept. 1899), M. Gust. Heuzé : LEs VILMORIN (Journal d' Agric. 
pratique, 21 sept. 1899). Voyez aussi : The Gardener's Chronicle, Londres, 
2 sept.; Journ. of Horticulture, Londres, 31 aoùt; The Florist Exchange, 
New-York, 96 août 1899, etc. 


FLAHAULT. — HENRY LÉVÉQUE DE VILMORIN. 309 


volontiers Virgile et ses Géorgiques, les odes du fin poète de Tibur le 
charmaient davantage. Il les connaissait à fond; il les relisait sans cesse 
el ne voyageail pas sans en emporter avec lui une édition de choix. 

[i avait vingt-trois ans lorsqu'il entra dans la Société Vilmorin- 
Andrieux et C^, prenant, en 1866, la place que sa mère lui gardait 
depuis 1860. Sous une direction aussi süre, il avait fait l'apprentissage 
de la vie qu'il allait mener désormais. Avec elle, il poursuivait les re- 
cherches que la mort de son pére avait failli interrompre ; il réunissait 
des notes et acquérait les qualités maitresses d'ordre et de méthode qui 
lui ont permis de s'occuper à la fois de tant de problèmes divers dont 
la solution était souvent bien lointaine. Il s'essayait dans la vie publique 
où la grande réputation de la maison et lenom de son père l'avaient ap- 
pelé, dés 1862, à remplir le róle de commissaire adjoint de la section 
francaise à l'Exposition universelle de Londres. 

L'intelligence de sa mère et la confiance absolue qu'il avait en elle 
ont assuré la continuité de l'œuvre entreprise par les Vilmorin il y a 
plus d'un siècle. Grace à cette communion de vues, l'œuvre de Henry 
de Vilmorin est inséparable de celle qu'ont poursuivie son père el ses 
aieux; elle en est la suite naturelle. 

Avant pourtant d'apprendre à connaitre la part qui lui revient danscette 
longue série de travaux, il convient dele mieux connaitre lui-méme. 

U n'avait que trente-trois ans lorsque je lui fus présenté par Decaisne; 
Jélais moi-méme un trés jeune homme. Avec une bienveillance que 
connaissent bien tous ceux qui se sont adressés à lui, il s'efforça de 
me procurer les matériaux de travail qui me manquaient. Il apportait 
pourtant dans les relations les plus courtoises une certaine réserve, trés 
naturelle de la part d'un. homme qui savait le prix du temps. Une cir- 
constance que je n'ai pu oublier changea la nature de nos relations. 
J'appris un jour qu'une jeune fille étrangère, frappée par des deuils 
cruels, se trouvait à peu prés abandonnée à Paris, fondant toutes ses 
espérances sur un petit talent d'aquarelliste; on m'en confia quelques 
échantillons. Pensant qu'on pouvait en tirer parli, je courus chez 
Henry de Vilmorin. Il m'entendit plaider la cause de la jeune fille, sourit 
de la candeur de mes vingt-cinq ans, me fit observer que la maison 
Vilmorin-Andrieux avait ses artistes attitrés et que des sollicitations de 
celle sorte se produisaient tous les jours; mais il fit dire à la jeune 
fille de venir le trouver. Il lui assura du travail pendant plusieurs mois. 
C'est du jour de cette visite que date, de la part de notre confrère, une 
amitié trés déyouce, trés confiante, qui ne s'est jamais démentie. 

I! avait, en effet, un cœur d'or, une àme charitable, une générosité 
débordante. Dans bien des circonstances, me souvenant d'autrefois, 
j'hésitais à lui parler de misères que je savais, de peur que sa charité 


356 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


ne m’ouvrit son portefeuille. D'une vertu austère pour lui-même, il 
était indulgent aux autres, semblait ignorer le mal et n’avait d'appré- 
ciations sévères pour personne; quelques traits humoristiques, une 
Gne ironie où l’on ne découvrait pas la moindre malignité, indiquaient 
parfois seulement qu’il appréciait justement les hommes et leurs actes. 

Sa physionomie était agréable, son extérieur naturellement élégant, 
ses traits réguliers, le front haut; son regard avait beaucoup de vivacité 
et d'expression. Il avait tout à la fois de la douceur et de la fermeté; il 
regardait ses interlocuteurs en face et les impressionnait. 

Comme son regard, sa parole était pleine de douceur, de franchise 
et de clarté. Sa voix grave, sonore, son débit un peu lent et très distinct 
gravaient dans l'esprit une éloquence mesurée, pleine de finesse et 
d'élégance dans la forme et de solidité dans le fond. Chez lui, du reste, 
on ne senlait pas la recherche. Remarquable conférencier, il prenait 
volontiers le ton d'une conversation élégante, exposait avec une parfaite 
clarté les sujets les plus délicats et n'en laissait ignorer aucun cóté. Tout 
devenait simple et facile à saisir pour ses auditeurs; sa voix rythmée 
ne laissait perdre aucun détail, on le suivait aisément et l'on demeurait 
charmé et convaincu. 

Soit qu'il traite devant les agriculteurs de la Champagne de l'intérét 
économique et des bénéfices que peut procurer la culture en grand des 
Légumes, soit qu'il expose à un public mondain le mécanisme de la 
production et du commerce des fleurs à Paris, soit qu'il enseigne aux 
meuniers francais les qualités des Blés et les mesures à prendre pour les 
améliorer, soit qu'il ait choisi le sujet délicat de l'hérédité chez les végé- 
taux pour le faire connaitre aux auditeurs cosmopolites des conférences de 
l'Exposition universelle, il fait preuve des mémes qualités maitresses. La 
limpidité de ses démonstrations me rappelait souvent l'un des maitres 
les plus éminents dont j'aie eu le bonheur de suivre les leçons à Paris. 

Homme de grande culture intellectuelle, parlant la plupart des lan- 
gues européennes comme sa langue maternelle, il joignait à toutes ces 
qualités une remarquable élévation d'esprit. Servi par une infatigable 
activité, il avait l'amour et l'ardente volonté du travail ; il voulait son 
pays au premier rang de l'art horticole et agricole; mais, on l'a dit avec 
raison, il avait en méme temps une autre passion dévorante, insatiable, 
celle de servir l'àme et le cœur de la France. Généreux de sa science et 
de ses découvertes, il les répandait aussitôt; comme il savait donner, 
ii sut toujours; et surtout se donner. Il était à la fois partout où Sa 
grande érudition, ses connaissances pratiques et sa compétence indis- 
cutée pouvaient contribuer à la réalisation d’un perfectionnement el 
servir efficacement la cause de l'intérêt général. En toute circonstance, 
n vit en lui l'homme public dans ce qu'il a de meilleur et de plus désin- 


FLAHAULT. — HENRY LÉVÉQUE DE VILMORIN. 391 


téressé. Il ne représentait pas la maison Vilmorin-Andrieux, mais la 
France et la Science dans ce qu'elles ont de meilleur. 

Tel est le grand praticien doublé du parfait gentleman qui continua 
pendant plus de trente ans l’œuvre commencée il y a un siècle et demi 
par son bisaieul. Sa part y a été plus grande que celle de ses ancétres; 
la mort l'a frappé trop tôt, beaucoup trop tôt; mais les fils qu'il a formés 
et M. Maurice de Vilmorin, son frére et fidéle collaborateur, sauront, 
nous n'en doutons pas, continuer des traditions si bien établies. Entre 
un père qui consacrait à son foyer tous ses instants de loisir et une 
mére qui partageait les sentiments élevés de son mari, ses enfants ont 
grandi dans une atmosphére de travail et de bienfaisance qui les a bien 
préparés à faire valoir le bel héritage scientifique qu'il leur a laissé. 
A eux est l'avenir. 

Quant à Henry de Vilmorin, que nous avons tous connu si actif, sè 
jeune, si prét à se multiplier, il a fini sa tàche. Son nom appartient 
désormais à l'immortalité de la Science et restera inscrit parmi ceux des 
célébrités bienfaisantes qui ont contribué aux progres de l'Agronomie. 

M. Gustave Heuzé a récemment tracé l'histoire sommaire des Vil- 
morin (1). Il a montré le premier d'entre eux qui soit venu de Lorraine 
à Paris, Philippe-Victoire, épousant, en 1774, Adélaïde d'Andrieux, 
maîtresse grainiére, et fondant, l'année suivante, la maison Andrieux et 
Vilmorin, devenue Vilmorin-Andrieux en 1780. Philippe-Victoire intro- 
duisit en France beaucoup de plantes nouvelles, importées d'Amérique 
surtout grâce aux explorations de Michaux; il répandit dans les diverses 
provinces du royaume les meilleures plantes cultivées dont les qualités 
étaient ignorées. Pendant les cruelles années de la fin du siècle dernier, 
i! fut le salut et la consolation des malheureux agriculteurs et recut en 
récompense de ses mérites la premiére médaille qu'ait décernée la So- 
ciété royale d'Agriculture (2). Philippe-Victoire L. de Vilmorin, né en 
1746, à Landrecourt (Meuse), mourut le 6 mars 1804. Pierre-Philippe- 
André, son fils, fut le collaborateur de Parmentier, de Thouin, de Bosc, 
de Poiteau, etc. Il mourut en 1862, correspondant de l'Institut de France, 
comme son père l'avait été. : 

Pierre-Louis-François, fils du précédent, dirigeait la maison depuis 
1843; il mourut, dans la quarante-quatrième année de son âge, le 
22 mars 1860, deux ans avant son père. ll contribua puissamment à 
l'amélioration de la Betterave sucrière, poursuivit pendant douze ans 
(1845-1857) des recherches sur la maladie qui compromettait la culture 


(1) Gustave Heuzé, Journal d'Agriculture pratique, 63* année (21 sept. 
1899), na 
(2) Voy. la « Notice biographique sur P.-V. Lévéque de Vilmorin, par le 
baron de Silvestre, secrétaire perpétuel de la Société d'Agriculture ; lue à la 
séance publique du 26 brumaire an XIV (17 novembre 1805) ». 


358 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


de la Pomme de terre, perfectionna la Carotte (1). Sa femme, M™ Elisa 

de Vilmorin, rédigea la monographie des Fraisiers pour « Le jardin 

fruitier du Muséum » que publiait Decaisne. Grâce à son énergie et aux 

aptitudes dont elle fit preuve pour les affaires, Henry de Vilmorin re- 

cueillit l'héritage scientifique paternel sans qu'il eût été amoindri. 
Nous allons essayer de montrer le parti qu’il en tira. 


Ce qui marque avant tout l’œuvre de Henry de Vilmorin, c'est sa con- 
tinuité; il n'avait point à s'ingénier pour mettre son intelligence et sa 
science au profit de l'horticulture. Recueillir l'héritage scientifique de 
ses pères et le faire prospérer, il ne devait pas chercher un autre pro- 
gramme; il le développa sans s'en écarter jamais, poursuivant avec une 
infatigable ardeur le perfectionnement de l'agriculture et de l'horlicul- 
ture en France, voulant son pays toujours au premier rang. Il était hor- 
ticulteur, il était marchand-grainier comme ses ancêtres; mais, sans 
négliger aucun détail des affaires, il se faisait une haute idée de ses 
devoirs vis-à-vis de la société. « Le jardinage est de l'agriculture à la 
plus haute puissance, c'est une école d'agrieulture perfectionnée, d'agri- 
culture à grand travail et à grands rendements. » Il s'exprimait ainsi 
en 1892; il consacra sa vie à le prouver et s'attacha à le démontrer par 
un travail incessant. 

Les premiers Catalogues de toutes sortes de graines que le sieur 
Andrieux vendait « A l'enseigne du Roi des oiseaux » n'étaient guère 
que des listes de plantes; on y joignait pourtant quelques instructions 
sur les travaux à exécuter dans les jardins aux diverses saisons, sur les 
semis en particulier. Le Bon Jardinier, réimprimé chaque année 
depuis 1755, a fait connaitre périodiquement les plantes ou variétés 
nouvelles que la maison a mises dans le commerce. Henry de Vilmorin 
y collabora de 1865 à 1899, en y signalant les nouveautés des plantes 
potagères et des plantes de grande culture. Mais les Catalogues se sont 
transformés peu à peu. Aux prix courants purement commerciaux sut- 
cédérent des Catalogues raisonnés. Des développements nouveaux 
furent Jugés nécessaires; à l'énumération des variétés et des races 0n 
Joignit de courtes notices descriptives sur chacune d'elles, sur ses ap- 
titudes et ses usages, pour donner au cultivateur le moyen de choisir, 
suivant ses besoins, entre les différentes variétés d’une même plante. 


(1) Voy. « la Notice sur la vie et les travaux de M. Louis de Vilmorin, 
par M. Duchartre » dans le Journal de la Société impériale et centrale d'Hor- 
liculture, VI, juillet 1860, et le « Discours prononcé à la Société impériale 
et centrale d'Agriculture dans sa séance du 28 mars 1860, à l'occasion de la 
mort de M. Louis Vilmorin, membre de la Société, par M. Chevreul, prési- 
dent de la Société » (Extrait du Bulletin de la Soc. impér. et centr. d'Agrt- 
culture, année 1860). 


FLAHAULT. — HENRY LÉVÉQUE DE VILMORIN. 359 


De cette préoccupation sont nés trois ouvrages importants : Les fleurs 
de pleine terre, Les plantes potagéres, Les plantes de grande culture. 
La première édition des Fleurs de pleine terre date de 1861; elle eut 
pour auteur Louis de Vilmorin; c'était un tout petit livre du format 
in-16. La quatrième édition, parue en 1894, est un volume grand in-8° de 
plus de 1300 pages. Les Plantes potagères ont eu deux éditions, en 1883 
et 1891. Les Plantes de grande culture furent publiées en 1892. Ces 
livres tracent un tableau exact des ressources de l'horticulture de pleine 
terre, de l'horticulture maraichére et de la grande culture; ils men- 
tionnent les races nouvelles actuellement recherchées à côté des bonnes 
variétés de fonds dont la valeur est depuis longtemps établie. Ils sont 
bien la suite des Catalogues que le sieur Andrieux publiait il y a pres d'un 
siécle et demi; mais ils marquent, par leur importance toujours crois- 
sante, la mesure des progrès réalisés depuis le milieu du xvii siècle. 

On trouve, dans les Plantes de grande culture, un résumé synthé- 
lique et pratique à la fois des études de Henry de Vilmorin sur les Fro- 
ments, sur les Pommes de terre, sur la Betterave fourragère et sueriére; 
des notes intéressantes sur les Avoines, les Orges et les autres groupes 
de Céréales; elles laissent regretter que l'auteur n'ait pas eu le loisir 
de les soumettre, comme les Blés, à une étude approfondie dont il 
semble avoir réuni les premiers éléments. L'agriculteur y peut puiser 
aussi d'utiles enseignements sur les fourrages verts et sur les engrais 
verts à enfouir, sur la composition des prairies artificielles et les 
moyens d'améliorer les prairies naturelles en provoquant ou en favori- 
sant le développement des meilleures espéces fourragéres. 


Dans tous ses travaux, qu'il s'agisse des Blés, des Pommes de terre, 
des Betteraves ou de plantes cultivées seulement pour notre agrément, 
comme le Chrysanthéme d'automne, Henry de Vilmorin s'est toujours 
préoccupé de l’origine botanique des plantes qu'il a étudiées et soumises 
à l'expérience. La connaissance exacte des espèces fournissait la seule 
base solide qu'il füt possible de donner aux recherches sur l'hérédité et 
sur l'amélioration économique des plantes par le semis. | 

Ce sujet l’avait occupé dès le début de sa carrière. Son père avait 
publié en anglais, dès 1840, le résultat remarquable d'efforts poursuivis 
avec succès pendant sept années pour améliorer la Carotte sauvage. I 
était parvenu, par une sélection attentive des porte-graines, à faire de la 
descendance de la Carotte sauvage d'excellentes Carottes comestibles 
dans la proportion de 90 pour 100 des semis. Louis de Vilmorin constatait 
pourtant qu'il se manifestait toujours des variations et qu'il n'avait pas 
obtenu encore une race fixée comme le sont les races anciennes. Henry 
de Vilmorin n'a cessé de poursuivre ce probléme sur les objets les plus 


360 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


variés, avec une connaissance approfondie des plantes sur lesquelles il 
opérait, avec une expérience qui le mettait en garde contre les fausses 
manœuvres et lui permettait de prévoir le résultat de ses efforts. Les 
croisements entre variétés ou races sont devenus aussi entre ses mains 
un moyen de rendre de grands services à l'agrieulture et à l'hortieul- 
ture; ses publications spéciales sur ces questions sont relativement peu 
nombreuses. Les résultats deses efforts sur cesujet sont partout dans 
son œuvre. C'est à eux que nous devons trois séries d'études qui ont 
un grand intérét scientifique et une importance économique capitale: 
les recherches sur les Froments, sur les Pommes de terre et sur les Det- 
teraves; nous y reviendrons dans un instant. 

Mentionnons pourtant la Note qu'il donna en 1877 sur la transmis- 
sion héréditaire des caractères, à l'occasion d'expériences sur le Lupi- 
nus hirsutus (1). Diverses circonstances lui permirent, d'ailleurs, 
d'exposer l'état de la question; il en fit lesujet de conférences aux Expo- 
sitions universelles de 1878 et de 1889. Tout dernièrement encore, il 
répandait jusqu'en Amérique les notions sur la sélection comme le 
moyen le plus sûr et le plus puissant pour modifier les plantes, en les 
résumant dans une Note synthétique publiée aux Bulletins répandus à 
profusion par le Département de l'Agriculture de Washington (2). 
Quelques semaines seulement avant sa mort, il prenait une part active 
au Congrés organisé par la Société royale d'Hortieulture de Londres sur 
l'hybridation; il y rendait compte d'expériences personnelles sur Phy- 
bridation des Pavots (Pavot somnifère et Pavot oriental). Ge ne sont là 
pourtant que des travaux de détail, des accessoires de l’œuvre capitale. 
Occupons-nous d’abord des Pommes de terre. 

I y a un siècle, la Pomme de terre était encore une nouveauté à 
Paris. L'un des fondateurs de la maison Vilmorin-Andrieux et C*, « le 
sieur Andrieux, marchand-grainier, fleuriste et botaniste du Roi », en 
recommandait la culture dans une instruction qui accompagnait son 
Catalogue de 1771 : « La racine tubéreuse de cette plante, qui est sa 
partie la plus utile, dit-il, est aussi celle qui sert à la propager. Cette 
multiplication est immense, comme l'ont fait voir plusieurs cultivateurs 
vraiment patriotiques ». Paris en consomme maintenant de 55 à 60 mil- 
lions de kilogrammes par an. 

La Société centrale d'Agriculture réunit une collection des variétés 
de Pommes de terre connues au début du siècle. Elle fut confiée en 
1814 à Pierre-Philippe-André de Vilmorin, grand-père de Henry. De- 
puis quatre-vingt-six ans, cette collection est cultivée à Verrières. Elle 


(1) Mém. de la Soc. nat. d'Agriculture de France, 1871. Paris, 1879. 
(2) SELECTION AND ITS EFFECTS ON CULTIVATED PrANTS. Washington, 1899. 


FLAHAULT. — HENRY LÉVÊQUE DE VILMORIN. 361 


s'est augmentée chaque année de toutes les acquisitions nouvelles de la 
France et de l'étranger; la culture d'une variété n'a été abandonnée 
que si elle a été reconnue identique à une autre antérieurement connue 
et déjà cultivée, ou si elle disparait par accident. 

En 1886, il restait 210 variétés de l'ancienne école de la Société cen- 
trale d'Agriculture. La maladie a fait disparaitre, de 1845 à 1872, les 
deux tiers des variétés qui composaient l'ancienne collection; mais il en 
a été introduit 630 autres. Henry de Vilmorin entreprit de les classer 
méthodiquement. Il en dressa, en 1882, le Catalogue, qu'il réédita 
quatre ans plus tard (1). L'édition nouvelle ajoute à la premiére plus de 
200 variétés nouvellement cultivées et étudiées. Elle comprend environ 
900 variétés nommées et bien distinctes, auxquelles on peut rapporter 
un nombre à peu prés égal de synonymes. 

Lorsqu'il s'est agi de les classer, Henry de Vilmorin s'est trouvé en 
présence des difficultés que les maîtres de la classification naturelle ont 
rencontrées lorsqu'il s'est agi de classer les genres et les espéces de 
groupes nombreux de végétaux trés naturels, les Ombellifères, les 
Crucifères, les Agaricinées, par exemple. Le groupe étant trés nette- 
ment défini et limité, les termes qui le composent ne différent les uns 
des autres que par des caractéres de minime importance; il s'agit de les 
choisir et de les subordonner de manière à obtenir un groupement en 
catégories assez restreintes pour que l'esprit puisse les embrasser et que 
l'œil puisse les saisir. Jusqu'en 1873, on répartissait toutes les variétés 
en onze ou douze sections, dont quelques-unes renfermaient jusqu'à 
120 ou 130 variétés; chaque fois qu'une variété nouvelle entrait dans la 
collection, il fallait la comparer individuellement à toutes les variétés 
de la section. H. de Vilmorin, conservant comme base de classification 
les caractères tirés de la couleur et de la forme des tubercules, subdi- 
visa les groupes primitifs en sections d'aprés les caractéres fournis par 
les germes développés dans l'obscurité. Quinze années d'observations 
avaient établi la constance de ce caractère ; la couleur des fleurs fournit 
un troisiéme caractére, de moindre valeur en l'espéce, car la floraison 
né peut pas toujours étre observée. 

Le Catalogue répartit les variétés cultivées en 1886 entre douze 
divisions comprenant ensemble trente sections. Ce travail est un modéle 
de logique. 

Il est devenu le point de départ des perfectionnements de la Pomme 
de terre, soit qu'on la considére comme légume, soit qu'on l'envisage 


(1) CATALOGUE MÉTHODIQUE ET SYNOPTIQUE DES PRINCIPALES VARIÉTES DE 
n LS 1 ° 
PowwEs DE TERRE; 1" édition, 1882 ; 2° édit., 1886, 51 pages in-8°. Paris, chez 
Vilmorin-Andrieux. 


3602 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


au point de vue industriel, pour la distillerie et la fabrication de la 
fécule. 

Mais la culture du précieux tubercule n'a pas suivi une marche régu- 
liérement ascendante. Depuis 1845, le Phytophtora infestans lui a fait 
subir des crises redoutables. Le goüt des consommateurs a demandé 
aux Pommes de terre des qualités diverses suivant les différents pays. 
En France, nous les voulons à chair jaune; les Anglais les préférent à 
chair blanche. Les meilleures variétés sont sujettes à vieillir et à dé- 
périr; enfin des besoins nouveaux sont nés. La Pomme de terre a 
depuis longtemps cessé d'étre uniquement un légume; elle sert encore 
à l'alimentation du bétail et fournit de plus en plus matière à la grande 
industrie. 

Ces besoins nouveaux ont amené des différenciations auxquelles 
Henry de Vilmorin a pris une grande part; il a contribué plus que tout 
autre à en répandre les résultats dans le public des cultivateurs de tout 
ordre (1). 

Les races de Pommes de terre potagères sont d'autant plus nom- 
breuses qu'à la diversité imposée par la variabilité des conditions de 
culture et de milieu s'ajoute celle qui résulte des goûts et des préfé- 
rences des consommateurs. Le public français est à peu prés unanime 
pour vouloir des Pommes de terre à chair jaune; mais, s'il y a entente 
à peu prés complète sur ce point, combien y a-t-il de divergences sur les 
caractères extérieurs recherchés dans les diverses localités. Ici les 
Pommes de terre rondes sont préférées; ailleurs ce sont les longues. 
Les uns les veulent à pelure jaune; d'autres les veulent rouges, 0U 
violettes, ou noires. L'époque de consommation n'a pas moins d'impor- 
tance. Il faut des races hâtives, de demi-saison et tardives, au point de 
vue de l'emploi comme à celui de la récolte ; des races qui soient bonnes 
à manger à peine müres et d'autres qui se conservent longtemps avec 
toutes leurs qualités pour étre consommées à la fin de la saison. Comme 
dans les Poires de table, il y a, dans les Pommes de terre, des variétés 
d'automne et d'hiver, de sorte qu’il est bon de ne pas se contenter 
d'échelonner les plantations, mais, en outre, de cultiver plusieurs Và- 
riétés différentes, si l'on veut avoir toute l'année des Pommes de terre 
bien à point. 

Les caractères essentiels d'une Pomme de terre potagère, Ceux 


(1) LES MEILLEURES POMMES DE TERRE; Confér. au Concours agric. gœ: 
de Paris, le 30 janvier 1888, brochur. in-85, 31 pages, 29 figures. Paris, 1888. 
— APPLICATION DE LA SÉLECTION AUX POMMES DE TERRE; Journ. de VAUT: 
1892, I, p. 465. — LES PLANTES DE GRANDE CULTURE, pp. 119-123, 1892. — 
ETUDE SUR LA POMME DE TERRE INDUSTRIELLE; C. R. des trav. de la Soc. des 
Agric. de France, 1893, etc., etc. 


FLAHAULT. — HENRY LÉVÊQUE DE VILMORIN. 363 


auxquels les semeurs ou les introducteurs de variétés nouvelles doivent 
s'attacher avant tout, sont : une qualité culinaire au moins moyenne, 
la résistance à la maladie, une production abondante, une précocité 
remarquable ou une bonne conservation (ces deux qualités s’excluent 
d'ordinaire), une forme aussi régulière que possible, sans yeux ni 
entailles. 

Toute obtention nouvelle répondant en tout ou en partie à ce pro- 
gramme constitue une nouveauté intéressante, et, si le tempérament en 
est tel que la plante résiste à la maladie et qu’elle conserve fidèlement 
ses qualités de la première heure, on peut la compter au nombre des 
bonnes acquisitions. l 

Pour les Pommes de terre de grande culture, le caractère le plus 
important, c'est la fertilité, permettant d'obtenir le plus fort produit 
possible par hectare. La qualité des tubercules et leur conservation ne 
sont certainement pas des considérations sans importance, mais elles 
s'appliquent. surtout aux Pommes de terre cultivées pour l'industrie. 
Pour la nourriture des animaux, c'est le grand rendement qui est la 
qualité supréme ; les meilleures Pommes de terre fourragéres sont donc 
celles qui donnent le plus de produit dans les meilleures conditions de 
süreté, de facilité de récolte et d'économie dans le prix de revient. 

Àu point de vue spécial de la féculerie, qui est, malgré la concur- 
rence étrangére et celle des amjdons de Mais, une branche d'industrie 
de plus en plus importante chez nous, les qualités les plus recom- 
mandables sont celles qui, aux qualités de grande fertilité, d'arrachage 
facile, de bonne conservation et de prix de revient modique, unissent 
une richesse en fécule qui en fait pour la fabrication une matiére pre- 
miére avantageuse. 

Dans l'énumération des variétés ou des races recommandables, il va 
sans dire que Henry de Vilmorin ne plaide pas pro domo sua. Quelle 
que soit leur origine, ancienne ou récente, francaise ou étrangère, il 
signale celles que sa grande expérience et les observations compara- 
tives de près d'un siècle désignent comme répondant le plus parfaite- 
ment aux besoins actuels. 


Son père, Louis de Vilmorin, avait entrepris sur l'amélioration de la 
Betterave à sucre des recherches qu'il se plaignait, en 1858, de n'avoir 
pu publier encore, parce qu'il ne réussissait pas à préciser par des 
chiffres assez approximatifs le résultat de ses nombreuses expériences. 
Il avait fait de ce sujet l'objet de diverses communications à la Société 
centrale d'Agriculture à partir de 1850; il avait réussi à sélectionner, 
parmi les Betteraves à sucre qu'on cultivait alors, des individus dont la 
richesse saccharine était double de ce qu'elle était dans l'ensemble. Il 


364 SÉANCE DU 40 NOVEMBRE 1899. 


avait abordé l'étude de la transmission héréditaire de la qualité sucrée. 
Dès 1856, il pouvait considérer cette transmission comme un fait acquis 
et annoncer la possibilité de créer et de fixer une race trés riche en 
sucre, constante, dans laquelle toutes les racines contiendraient la 
méme proportion de sucre. 

Tout enfant encore, Henry de Vilmorin avait assisté aux expériences 
que poursuivait son pére; de bonne heure il avait appris qu'il y avait là 
une série de problémes importants, ne pouvant recevoir leur solution 
qu'à longue échéance. Il en poursuivit lui-méme l'étude jusqu'en 1889. 
Les problèmes se compliquerent d'ailleurs, au point qu'on n’eût osé les 
aborder si l'on eüt prévu tous les changements de face que devait leur 
faire subir le régime parlementaire. 

La Betterave à sucre est cultivée sur une étendue qui, en France seu- 
lement, dépassait 240 000 hectares en 1882 et qui s'est accrue depuis. 
La culture de la Betterave à sucre a ce grand avantage que le produit 
qu'on en tire, le sucre, empruntant tous ses éléments à l'air par la 
fonction chlorophyllienne, n'appauvrit pas le sol, pourvu qu'on lui 
restitue fidélement les autres substances, organiques et minérales, qui se 
retrouvent en entier dans les déchets. 

La culture de la Betterave à sucre doit différer suivant qu'elle est 
destinée à la sucrerie ou qu'elle doit alimenter la distillerie. Dans le 
premier cas, il faut obtenir un produit d'une grande richesse relative; 
or lerapprochement des racines contribue à amasser le plus de sucre 
possible dans un méme poids de racines. Pour la distillerie au con- 
traire, il s'agit avant tout de produire la plus grande quantité de sucre 
à l'hectare; on accorde plus de place aux racines, on peut n'en laisser 
que six par mètre carré, tandis qu'on cherche à en réunir de huit à 
onze par mètre carré, lorsqu'elles sont destinées à la sucrerie. 

Du jour où la Betterave est devenue une plante industrielle par le 
sucre qu'elle contient, les efforts des cultivateurs intéressés au succès 
de l'industrie sucrière ont tendu à améliorer la Betterave en tant que 
matiére première de la sucrerie. Cette amélioration s’est réalisée dans 
des sens divers suivant les préférences de l'industrie et suivant les cir- 
constances économiques des différentes époques et des différentes loca- 
lités. 

Tout le monde sait à quel point ces circonstances ont varié en France. 
Aux changements qu'occasionnent les progrés techniques de l'industrie 
et l'entrée en action de nouveaux pays producteurs se sont jointes les 
modifications du régime fiscal, dont la France ne connait que trop lè 
déplorable fréquence. Dans ces conditions, la race qui la veille répon- 
dait le mieux aux besoins, fut le lendemain sans valeur. Dans cette 
situation, l’agriculture met plusieurs années à retrouver l'équilibre; 


FLAHAULT. — HENRY LÉVÊQUE DE VILMORIN. 365 


` 


parce qu’elle perd du temps à chercher une orientation nouvelle et 
qu’elle n’a pas assez de graines disponibles le jour où la variété la plus 
favorable au nouveau régime fiscal est connue. Dans les conditions 
actuelles, les cultivateurs ont tout intérêt à produire des Betteraves 
riches,. d'autant plus qu'à quantité égale de sucre, ce sont les Bette- 
raves les plus riches qui contiennent le moins de sels et qui épuisent 
le moins le sol (1). 

Personne n'a suivi avec plus de sollicitude les incessantes fluctua- 
tions du régime fiscal que Henry de Vilmorin; personne ne s'est con- 
sacré avec plus de patience à ce travail de Pénélope recommencé sur de 
nouvelles bases jusqu'à deux fois dans la méme année. Profitant des 
efforts et de l'expérience de son pére, il a cherché à obtenir des variétés 
et des races nouvelles adaptées aux exigences nouvelles de l'industrie 
sucriére et de la distillerie; il a pleinement réussi. 

Il constate que le travail de l'amélioration progressive des races n'est 
pas plus difficile dans la Betterave que dans la plupart des autres plantes; 
il est méme plus aisé, dans une certaine mesure, à cause de la sou- 
plesse et de la complaisance que posséde cette plante. 

La principale difficulté résidait ici dans l'impossibilité de voir claire- 
ment le but à atteindre à travers les variations des réglements fiscaux. 
Chaque fois que changeait la loi, le but à atteindre se déplacait; par 
suite, la direction et l'organisation du travail de sélection et de transfor- 
mation étaient modifiées. En application de la loi de 1884, l'impót se 
paye aujourd'hui sur la Betterave. Les variétés les plus riches en sucre 
sont les seules qui permettent d'atteindre sürement et de dépasser assez 
souvent le rendement légal. Le régime fiscal a donc acquis une fixité 
grâce à laquelle des races dés longtemps fixées ont été amenées par 
sélection à leur maximum de rendement en sucre; le cultivateur fran- 
çais possède depuis quelques années d'excellentes races qui ne le cèdent, 
ni quant au poids total, ni quant au produit en sucre à l'hectare, aux 
meilleures races étrangéres. Ces résultats sont dus en majeure partie 
aux recherches méthodiques de notre confrére (2). 


(1) LA CULTURE DE LA BETTERAYE INDUSTRIELLE (Bull. Soc. des Agric. de 
Fr., 1889). | | 

(2) BETTERAVES SUCRIÈRES ET FOURRAGÈRES (Journ. d'Agricull. pratique, 
1886, II, p. 950). — LA CULTURE DE LA DETTERAVE INDUSTRIELLE (Bull. Soc. 
des Agric. de France, 1889). — LEs GRAINES DE BETTERAVE A SUCRE; broch. 
in-12, 16 pages avec figures. Paris, Vilmorin-Andrieux, 1889. — DE L'AMELIO- 
RATION DE LA BETTERAVE A SUCRE (Bull. Soc. des Agric. de France, 1889). 
— LES PLANTES DE GRANDE CULTURE, pp. 76-79, 1892. — La BETTERAVE FRAN- 
CAISE RICHE (Journ. d'Agriculture, 1890, I, p. 281). — BETTERAVE A SUCRE 
(Journ. d'Agric. pratique, 1897, 1, pp. 422 et 400), ete., etc. 


366 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


C'est, suivant toute apparence, au désastreux hiver de 1879-1880 
que nous sommes redevables des beaux travaux de Henry de Vilmorin 
sur les Froments. Il était prêt depuis longtemps à entrer en lutte sur ce 
terrain. Dés 1880, il publiait un remarquable livre devenu classique 
parmi les agriculteurs : Les meilleurs Blés. Les matériaux ne lui 
manquaient pas. Il avait accru et étudié depuis 4860 la collection de 
Blés commencée par son grand-père avant 1820, augmentée et classifiée 
par son père, l'une des plus complètes, sinon la plus complète qui 
existàt. 

Les notes et les observations auxquelles elle a donné lieu depuis 
tant d'années, à travers les saisons les plus diverses, constituaient 
pour chacune des variétés un dossier considérable qui permettait d'en 
apprécier dans tous les détails les qualités et les défauts. De plus, toutes 
les races qui avaient paru avoir un intérét agricole avaient été mises 
entre les mains des cultivateurs qui en avaient jugé les mérites au point 
de vue de la grande culture et les avaient adoptées lorsqu'elles avaient 
été reconnues avantageuses. De nombreuses correspondances, des rela- 
tions incessantes avec les agriculteurs et les Sociétés agricoles avaient 
fourni à Henry de Vilmorin un ensemble de renseignements qu'il à 
classés et coordonnés avec ses qualités habituelles de méthode. 

Dans une courte introduction, Henry de Vilmorin pose nettement 
le probléme nouveau qu'il aborde au bénéfice de l'agriculture fran- 
calse. 

€ Le mauvais succès des deux dernières récoltes de Blé et les impor- 
tations considérables qui en ont été la conséquence, dit-il, ont donné à 
réfléchir à tous ceux qui se préoccupent de la prospérité agricole de la 
France. En démontrant que, d'une part, notre pays ne produit pas le 
Blé aussi économiquement que d'autres eontrées et, d'autre part, que la 
culture francaise ne doit compter, en ce qui concerne les céréales, Sur 
aucune protection contre la concurrence étrangére, l'expérience de ces 
deux derniéres années a fait sentir à nos agriculteurs qu'il leur faut 
nécessairement perfectionner leurs moyens de produire le Blé et obte- 
nir des rendements plus considérables en méme temps que plus écono- 
miques. I] faut en arriver là ou bien il faut consentir à laisser notre 
approvisionnement en Blé dépendre des récoltes et du bon vouloir de 
l'étranger, ce qui constituerait une situation fàcheuse, surtout pour un 
pays où le pain joue dans l'alimentation publique un rôle aussi impor- 
lant qu'il le fait chez nous. 

« Or un des meilleurs moyens d'accroitre les moissons sans augmenter 
les dépenses, c'est de cultiver les races de Blé qui sont le mieux appro- 
priées aux circonstances dans lesquelles on exploite la terre, celles qui 


FLAHAULT. — HENRY LÉVÉQUE DE VILMORIN. 367 


utilisent le mieux les ressources du sol et qui prospèrent le plus süre- 
ment dans le climat où l'on se trouve (1)... » 

Il développe les considérations qui doivent guider le cultivateur dans 
le-choix d'un Blé, étudie les influences qui modifient le rendement et 
la qualité des Blés, les qualités du sol, les conditions de climat, les 
maladies, la verse, ses causes et les moyens d'y remédier. Il a tout vu 
par lui-méme, n'affirme pas un fait sans citer les expériences qui l'éta- 
blissent. 

Ce premier travail que Henry de Vilmorin s'excusait presque d'avoir 
osé produire, dont il rapporlait les mérites aux praticiens « de qui 
surtout nous avons appris ce que nous savons sur la question », devait 
nécessairement le conduire à l'envisager par son cóté le plus rigoureu- 
sement scientifique. Il fallut mettre de l'ordre dans cet ensemble de 
races cultivées depuis si longtemps dans tous les pays. Les difficultés 
étaient autrement grandes pour les Froments qu'elles n'avaient dù l’être 
pour les Pommes de terre. Pour les Blés pourtant, des tentatives avaient 
été faites. Les travaux de Desvaux, de Seringe et de Metzger avaient con- 
duit Louis de Vilmorin à comparer des collections de Blés, classées 
d'une manière aussi logique qu'on le pouvait vers 1830, à la collection 
qu'il en avait formée lui-méme depuis longtemps. Il en publia, en 1850, 
un essai de Catalogue critique. Le nombre des variétés reconnues dis- 
tinctes a doublé depuis lors et la confusion a recommencé par défaut 
d'un travail de synthése qui établisse la synonymie des formes iden- 
tiques et qui distingue les formes qui ont été indüment confondues. 

Comme les Pommes de terre, les Blés constituent une série trés 
naturelle de plantes. Quelques groupes principaux, jadis considérés 
comme des unités spécifiques et qu'il n'est pas impossible de renfermer 
dans des caractères absolus, ne peuvent plus pourtant être considérés 
comme de véritables espéces. Cependant la distinction des Froments en 
Blés tendres, Poulards, Blés durs, Épeautres, etc., répond à des carac- 
tères trés réels, très fixes et appartenant à des races bien distinctes et 
permanentes; il y avait donc tout avantage à les conserver pour en faire 
les grandes divisions de tout groupement d'ensemble des Froments (2). 
Ce premier groupement admis, il fallait coüte que coüte, comme pour 
les Pommes de terre, s'adresser à des caractéres de faible importance 
morphologique pour s'orienter au milieu des innombrables formes qu'il 
s'agissait de classer. C'est ainsi que les Blés tendres, de beaucoup les 


(1) LES MEILLEURS BLÉS, introduction, p. v. Vol. in-4°, 175 pages, 66 planches 
en chromolith. Paris, imprim. Martinet, 1880. 

(2) CATALOGUE MÉTHODIQUE DES FROMENTS QUI COMPOSENT LA COLLECTION 
DE HENRY L. DE VILMORIN; 2* édit., broch. in-8° de 88 pages. Paris, Vil- 


morin-Andrieux, 1895. 


368 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


plus nombreux (Henry de Vilmorin en énumère 646 variétés ou formes 
actuellement distinctes, ayant reçu ensemble plus de 800 noms diffé- 
rents), sont divisés en Blés sans barbes et en Blés barbus. Les Blés sans 
barbes sont partagés, d'aprés la couleur de l'épi, en variétés à épi lisse 
ou velu, puis en formes à épi blanc, rouge ou rosé. Chacune de ces 
séries est à son tour répartie en variétés à grain blanc et à grain coloré 
et, comme dans les groupes ainsi formés le nombre des formes diverses 
reste encore considérable, chacun est fractionné en un certain nombre 
de sections qui sont les divisions dernières de l'ouvrage et dont cha- 
cune embrasse un nombre restreint de formes ne se distinguant les unes 
des autres que par des nuances légéres. Les Blés tendres comprennent 
la majorité des Blés cultivés, des Blés d'automne comme des Blés de 
printemps; c'est parmi eux qu'on trouve les Blés qui s'élèvent le plus 
haut dans les montagnes et s'étendent le plus loin vers les póles. Sur 
les 50 sections établies, 34 embrassent l'ensemble des Blés tendres, 
tandis que les Blés de Pologne (Triticum polonicum L.), les Épeautres 
(T. Spelta L.), les Amidonniers (T. amyleum Seringe) et les Engrains 
(T. monococcum L.) se groupent aisément chacun en une seule section. 

C'est dans notre Bulletin (1) que notre confrére a rendu compte des 
expériences qui l'ont conduit à voir dans les formes les plus diverses des 
Blés cultivés de simples variations d'une méme espéce. 

« Tout classement d'étres vivants est un travail plus long et plus 
délicat qu'on ne peut se le figurer tant qu'on n'a pas entrepris soi-même 
une tàche de cette nature (2). » Henry de Vilmorin l'avait bien vite re- 
connu. En menant à bonne fin la classification des Pommes de terre et 
des Froments, il n'entendait pourtant que déblayer le terrain pour des 
études d'un tout autre caractère et d'une plus grande portée. Il avait, à 
plusieurs reprises, cherché à produire et à fixer des variétés ou des 
races nouvelles dans les plantes de grande culture et surtout dans les 
espéces cultivées pour l'ornement de nos jardins. Ul y avait acquis une 
grande habileté. Les Blés eux-mémes lui avaient révélé une partie de 
leurs secrets. Il ne pouvait les poursuivre bien loin sans avoir établi 
les affinités des diverses races; c'était l'introduction nécessaire à toutes 
ses tentatives ultérieures pour les améliorer. Nous venons de voir quelles 
difficultés il a rencontrées et comment il a réussi à dresser l'inventaire 
de toutes les races connues aujourd'hui. 

Les travaux de son pére sur l'hérédité chez les végétaux lui avaient 


(1) Bulletin Société botanique de France, XX 7 356, 1880; 
XXX, p. 58, 1883 et XXXV, p. 49, 888, VIE, Pe 73 ot p. #9 


(2) CATAL. MÉTH. ET SYNON . . » 
edi NM - DES FRo) : mière 
édit., 1889. OMENTS; introduction à la pre 


FLAHAULT. — HENRY LÉVÊQUE DE VILMORIN. 369 


ouvert la voie; il les continua, l'Exposition universelle de 1889 lui 
fournit l'occasion de les résumer et de les mettre au point (1). Il les a 
appliqués avec la persévérance, le taet, l'ordre et la conscience qu'il 
déclare étre nécessaires pour qu'on y réussisse. Les bonnes races for- 
mées par lui sont nombreuses; citons le Blé Bordier, le Blé Guimel et 
le Dattel (1874); le Blé Lamed (1872), le Blé Hérisson sans barbes 
(1868), le Blé barbu à gros grain (1874), pour ne citer que les plus im- 
portants parmi les Froments. 

Les expériences de croisement qu'il a poursuivies pendant de longues 
années lui ont permis de constater ce que Naudin avait observé déjà sur 
les Cucurbitacées, la variation désordonnée des plantes issues de croi- 
sements entre formes un peu éloignées. Les Blés se comportent à cet 
égard à peu prés exactement comine les plantes étudiées par Naudin. Le 
produit direct de l'hybridation est une plante à peu prés intermédiaire 
entre celles qui lui ont donné naissance; puis, à la deuxiéme généra- 
tion apparaissent tout à coup des caractères tout différents de ceux des 
parents; l'action de l'hérédité semble subir une perturbation complète, 
la plante parait affolée. 

L'extréme variation d'un trés grand nombre de races de Blés com- 
plique singulièrement de pareilles études et commande une grande cir- 
conspection; les résultats ne sont acquis qu'au bout de plusieurs années. 
Quand il s'agit d'un sujet aussi vaste, l'opérateur ne peut compter voir la 
fin de ses efforts et les résultats définitifs de ses expériences. Henry 
de Vilmorin continuait l’œuvre entreprise par son père il y a plus d'un 
demi-siécle; espérons que sa mort prématurée n'en marquera pas.la fin 
et que ses fils la poursuivront pendant une longue série d'années. 


N'essayons pas d'indiquer les mille sujets agricoles et horticoles dont 
il s'est occupé, tout en poursuivant la solution des grands problémes que 
nous venons de résumer. Il n'est, pour ainsi dire, pas un sujet agricole 
et horticole auquel il n'ait donné une part d'activité. Il n'obtenait pas 
un résultat dont on püt tirer profit sans le faire connaitre aussitôt ; c'élait 
pour lui un devoir de patriotisme. 

Dans ses conférences, dans ses communications et dans ses Mémoires 
agronomiques et scientifiques, Henry de Vilmorin ne néglige jamais le 
côté pratique. C'est le but principal de la plupart de ses travaux; c'est 
pour donner des conseils éminemment pratiques qu'il s'adresse aux 
agriculteurs, aux jardiniers, aux meuniers; mais, alors méme qu'il s'agit 


(1) L'HÉRÉDITÉ CHEZ LES VÉGÉTAUX ; confér. faite à l'Expos. univ. de 1889, 
broch. gr. in-8° de 28 pages, Imprim. nation. — NOTE SUR UNE EXPÉRIENCE 
RELATIVE A L'HÉRÉDITÉ DANS LES VÉGÉTAUX (Bull. Soc. nation. d'Agric.), 
broch. in-8^, 11 pages avec tabl. Paris, 1879. 


Aves) 9 
T. NLVI. (SÉANCES) 24 


370 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


d'une simple causerie ou d'une conférence destinée au grand publie, 
il en vient toujours, pour finir, à révéler à ses auditeurs comment ils 
peuvent contribuer au bien général. Il donne aux membres de la Société 
d'Acclimatation des vues synthétiques sur l'agriculture et l'horticulture 
aux États-Unis; c'est pour appeler leur attention sur l'influence que « des 
Sociétés spéciales, trés actives, trés pratiques et agissantes au moins 
autant que parlantes exercent sur le pays... Ces Sociétés fondent des 
agences sur les lieux de vente, achétent à frais communs des reproduc- 
leurs ou des appareils perfectionnés, traitent avec les compagnies de 
chemins de fer, etc. » Il révèle cette organisation éminemment pratique 
du Department of Agriculture de Washington dont les services spé- 
ciaux étudient les questions d'ordre général qui intéressent la production 
du pays; ils sélectionnent les variétés, distribuent des graines de va- 
riétés améliorées, etc. Ce service soutient, contrôle et dirige les stations 
d'essais et les établissements créés par les différents États, fait impri- 
mer et distribue à profusion les instructions sur toutes les questions qui 
intéressent le perfectionnement agricole de la Confédération. 

Sa conférence de 1887 à l'Association nationale de la Meunerie fran- 
çaise (1) a toutes les qualités des Bulletins que prodigue le gouver- 
nement de Washington. Rien ne manque à cette étude de ce que peuvent 
désirer les hommes les plus positifs et je ne crois pas qu'il ait été écrit, 
sur la culture des Blés en France, de pages plus substantielles et plus 
fécondes. Il y ajoutait, en 1892, le résultat des observations auxquelles 
a donné lieu le désastreux hiver de 1890-1891. Je serais étonné si, en 
répandant ces travaux dans le public agricole, il n'avait songé à la 
féconde intervention des pouvoirs publics dans les affaires des agricul- 
teurs américains. 

L'Etude sur la rouille du Froment (avec la collaboration de M. Fr. 
Douillet) a été écrite sous l'influence des mémes préoccupations. Elle 
vise avant tous les moyens de combattre la Rouille (2). C'est un ennemi 
avec lequel il faut lutter. Les traitements aux sulfates de fer ou de cuivre 
ontjune efficacité limitée et trés momentanée; ils peuvent atténuer les 
ravages de la Rouille, mais non la faire disparaitre. La plus utile res- 
source contre ses ravages réside dans l'étude et l'expérimentation des 
diverses races de Froment, au point de vue de leur résistance à la 


i (1) LES BLÉS A CULTIVER; confér. faite au Congrès de l’Assoc. nation. de la 
Meunerie française, le 7 septembre 1887, à Paris; suivi de : L'HIVER DE 1890- 
1891 ET LES BLÉS; broch. in-8°. 

(2) ÉTUDE SUR LA ROUILLE DU FROMENT ET DE SA NATURE, des conditions 
favorables à sa propagation, des moyens de la combattre; broch. in-8°, 
12 pages. Paris, imprim. Noizette, 1893. 


FLAHAULT. — HENRY LÉVÉQUE DE VILMORIN. |. 814 


maladie et dans l'adoption de celles qui se montrent le plus constam- 
ment résistantes dans la localité et les conditions où elles doivent être 
cultivées. 

Dans le méme ordre d'idées, citons encore un précieux travail sur 
les Froments pour les régions vignobles (1) et une Note sur le Vignoble 
du Piémont (2). 


Nous retrouvons les mémes qualités dans des Mémoires consacrés à 
des sujets purement horticoles, le méme souci de la rigueur scientifique, 
la méme préoccupation de remonter aux origines, le méme intérét pour 
les conclusions pratiques. Nous ne saurions, pour donner une idée de 
l'activité déployée dans cette direction par Henry de Vilmorin, choisir 
de meilleur exemple que son Mémoire sur le Chrysanthème (3). 

Les innombrables formes cultivées du Chrysanthéme d'automne (on en 
comptait en 1895 de 3000 à 4000) proviennent uniquement, d’après 
certains auteurs, du Chrysanthemum indicum de Linné. Pour d'autres, 
nos plantes cultivées seraient le produit d'un croisement entre C. indi- 
cum et C. morifolium Ramatuelle. Le type sauvage du C. indicum est 
une plante vivace, de taille assez forte, dont les nombreux capitules 
réunis en corymbes terminaux sont invariablement d'un jaune vif; à 
part cette coloration, l'aspect des inflorescences du Chrysanthéme 
Sauvage est à peu prés celui des corymbes du C. corymbosum de nos 
bois. 

L'histoire de sa culture commence en Chine. Le C. indicum et le 
C. morifolium y croissent à l'état spontané dans une :grande partie de 
ce pays, d’où les herbiers publics en possèdent de nombreux exem- 
plaires. 

Les documents écrits qui se rapportent à la eulture du Chrysanthéme 
remontent à une antiquité respectable. Confucius, le grand docteur du 
Céleste Empire, qui vivait 500 ans avant l'ére chrétienne, célébre la 
gloire dorée du Chrysanthéme. Mille ans aprés lui, on cultivait le Chry- 
santhéme avec passion et certain personnage y obtint de tels succès que 
le nom de sa ville natale fut changé en celui de ville des Chrysanthèmes. 
Au Japon, cette culture ne parait pas remonter si haut; on y trouve le 
Chrysanthème figuré sur des documents du xir' siècle de notre ère. On 
assure que, longtemps avant l'introduction du Chrysanthème en Europe, 
des amateurs chinois en possédaient de nombreuses collections, dont la 
liste comprenait plus de 160 variétés. On dit méme qu'il existe encore 


(1) Revue de Viticulture, |V, 21 décembre 1895. 


(2) Ibid., 1V, 5 octobre 1895. mE | l 
(3) LE CHRYSANTHÈME. Histoire, physiologie et culture en France et à 


l'étranger. Broch. in-8° jésus, 28 pages. Paris, 1896. 


312 SÉANCE DU 10 NovEMBRE 1899. 


au Japon des collections cachées avec soin aux regards profanes des 
étrangers, qui recèlent des merveilles de forme et de couleur qui nous 
sont inconnues; mais il est certain que les horticulteurs d'Europe et 
d'Amérique ont modelé le Chrysanthéme de facons si diverses que nous 
pouvons en attendre encore bien des découvertes précieuses. 

La curiosité est éveillée par tous ces détails exposés avec la süreté de 
l'historien et la science de l'horticulteur; on s'intéresse aux différents 
types, Chrysanthémes à fleurs d'Anémones, pompons, chinois, hybrides 
et japonais, entre lesquels se répartissent les innombrables variétés. 
Nous apprenons, pour finir, par quels procédés de culture sont lente- 
ment préparées ces fleurs extraordinaires que nous admirons aux Expo- 
sitions depuis quelques années. La lecture de ce Mémoire suffirait à 
faire aimer l'incomparable reine de l'automne, si déjà elle n'avait con- 
quis toutes les faveurs. 


L'Exposition de Chicago fournit à Henry de Vilmorin l'occasion de 
poursuivre une enquéte attentive sur la plupart des questions qui, de 
l'autre cóté de l'Atlantique, intéressent les agriculteurs et horticulteurs 
francais. Il y consacra deux mois et demi, parcourant pendant ce temps 
tous les Etats grands producteurs de Blé, toutes les contrées à produc- 
tion agricole ou horticole intensive du plus grand pays agricole du 
monde. Les résultats de cette enquéte ont donné lieu à un certain 
nombre de publications, où l'on retrouve la sùreté de jugement et l'esprit 
d'observation ouvert à la fois sur tous les sujets et dontil nous a donné 
tant de témoignages (1). La Note qu'il a donnée à la Société nationale 
d'Agriculture est une étude statistique synthétique, mais compléte. 

D'une visite aux exploitations de l'Amérique du Nord, on rapporté, 
dit-il, l'impression d'une agriculture trés jeune, trés active, trés entre- 
prenante, exclusivement préoccupée de faire de l'argent, de se tenir au 
courant des débouchés et de produire des denrées dont la vente est 
assurée et profitable. Les cultures en général sont beaucoup moins va- 
riées sur une méme exploitation qu'en Europe... Toutes les opérations 
sont exécutées avec une rapidité et une süreté remarquables, gráce à 
l'excellent outillage agricole... Par suite de la division des saisons, les 
ensemencements, les récoltes, la préparation des terres doivent s'exé- 
cuter rapidement pour être terminés en temps utile... Grâce aux instru- 


(1) NOTE SUR L'AGRICULTURE AUX États-Unis (Soc. nat. d'Agric. de France, 
1894). — L'AGRICULTURE ET L'HORTICULTURE aux Érars-UNis (Revue des sC- 
nat. appliquées, 5 juin 1894). — LE PRIX DE REVIENT DU BLÉ AUX ETATS 
UNIS (Bull. Soc. des Agriculteurs de France, 1893). — RAPPORT SUR L'HOR- 
TICULTURE AUX ÉTATS-UNIS, publié à l’occasion de l'Exposition internationale 
de Chicago en 1893; vol. in-8° de 231 pages. Paris, Imprim. nation., 1894. 


FLAHAULT. — HENRY LÉVÉQUE DE VILMORIN. 313 


ments perfectionnés et sur les grandes exploitations bien organisées, la 
culture se fait avec deux hommes, trois bétes de trait et une série d'ins- 
truments, charrue, semoir et moissonneuse, par 60 hectares en culture... 
Un homme jeune, vigoureux et entreprenant, peut presque toujours 
acheter à crédit uneferme de 60 hectares ou méme davantage et la payer 
complétement en cinq ou six ans... Le cultivateur américain n'est pas 
aussi prudent ni aussi économe que le nôtre; mais, par contre, il est 
beaucoup plus entreprenant, plus plein d'initiative et beaucoup moins 
lié à des formes traditionnelles et souvent routiniéres de culture... 

Dans une conférence faite à la Société nationale d'Acclimatation, il 
nous fait connaitre les établissements les plus remarquables qu'on puisse 
imaginer. Aprés avoir jeté un coup d'oeil général sur l'agriculture de la 
Confédération, il transporte successivement ses auditeurs dans les grandes 
plaines du N. W. et leur fait parcourir le fameux district de la Rivière 
Rouge, l'un des greniers à Blé du monde: on l’y produit au prix de 5 à 
6 francs l'hectolitre, grâce surtout à la perfection de l'outillage méca- 
nique. 11 les conduit de là aux portes de New-York et visite avec eux 
une laiterie destinée à l'alimentation de la grande cité; 300 vaches de 
Jersey y fournissent la provision quotidienne de lait, de créme et de 
beurre aux clients citadins de l'établissement. Puis, traversant tout le 
continent américain, le voici parmi les vergers d'Orangers et de Citron- 
niers, de Péchers, de Pruniers, etc., alignant leurs arbres par milliers, 
fournissant aux marchés les fruits les plus beaux, livrant tout le reste 
aux sécheries; enfin, aux portes mémes de Chicago, voici un potager de 
250 hectares. Les produits en sont vendus chaque jour au marché, si les 
prix sont avantageux; mais une indication, fournie du marché à l'établis- 
sement par téléphone, dirige, s'il y a lieu, vers la fabrique de pickles, 
toute la récolte du jour. 65 bêtes de somme, 300 ouvriers manœu- 
vrant par équipes de 50 ou 60, sous la conduite d'un contremaitre, 
exécutent les travaux dans ce maraicher digne des conceptions améri- 
caines. 


La question de la production et du prix de revient du Blé devait, 
naturellement, lui paraitre la plus importante de celles qu'il devait 
étudier aux États-Unis. Au surplus, la Société des Agriculteurs de 
France l'avait chargé d'une enquéte sur ce sujet. 
© Prenant comme base les excellentes études publiées en 1881 par 
M. Ronna, il s'attacha surtout à noter les inodifications survenues 
depuis cette époque. Le rapport qu'il présenta à la Société envisage 
l’état actuel de la culture du Blé aux États-Unis comparé à la situation 
en France, Il s'y montre économiste consommé. I] expose les faits avec 
une grande sobriété et une extréme précision. 


- 


374 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


Avec les facilités actuelles de communications télégraphiques et de 
transport, les prix du Blé se nivellent d’un bout du monde à l’autre, et, 
comme dans toute marchandise, le cours s'établit par le rapport de 
l'offre et de la demande. Or il parait évident que, depuis 1880, le Blé 
est offert sur les marchés du monde en quantités un peu supérieures 
à la demande; le surplus disponible, quoique peu important, suffit à 
abaisser les cours sur toute la surface de la terre. Les États-Unis livrent 
environ 50 millions d'hectolitres à l'exportation. 

En somme, en année moyenne, les Blés des États-Unis peuvent étre 
débarqués chez nous pour 16 à 17 francs l'hectolitre. Ce résultat parait 
tout à fait satisfaisant et favorable au producteur comme au consomma- 
teur. Tempérée par l’action du droit d'entrée de 5 francs sur les Blés 
étrangers, la concurrence des Blés de l'Amérique du Nord ne peut étre 
pour nous que salutaire et profitable; grâce à lui, nous devons voir sans 
crainte ni jalousie, mais au contraire avec intérêt et sympathie, les pro- 
grès de la culture du Froment dans la grande République des États- 
Unis. C'est le résultat essentiel et tout à fait encourageant de l'enquéte 
de 1893; nous pouvons assurer que les faits lui ont donné pleinement 
raison. 

Le Rapport publié sur l'Horticulture aux États-Unis, à l'occasion de 
l'Exposition de Chicago, est l'une des étudesles plus importantes qu'aient 
provoquées les conditions économiques de l'Amérique du Nord à la fin 
‘lu siècle qui s'achève. Les producteurs français et algériens y trouvent 
- les conseils les plus pratiques et les plus autorisés, appuyés de chiffres 

qui ne laissent aucune place au doute. Si nous pouvions espérer voir les 
pouvoirs publics de notre pays suivre l’exemple du Department of 
Agriculture de Washington, nous souhaiterions que des extraits de ce 
Rapport fussent imprimés et distribués à profusion parmi les agriculteurs 
de nos provinces les plus arriérées. Les Bulletins du Ministère de l'Agri- 
culture, signés des maîtres des sciences agronomiques, imposeraient les 
bons principes et les pratiques rationnelles à ceux dont la pauvreté 
redoute avant tout le charlatanisme et les mécomptes des fausses ma- 
nœuvres et des tentatives hasardées. . 


Ces mérites exceptionnels de son esprit désignaient naturellement 
Henry de Vilmorin comme rapporteur dans une foule de circonstanees. 
La plupart des Rapports qu'on lui doit, méthodiquement groupés, offri- 
raient de l Horticulture à notre époque un tableau d'ensemble où man- 
queraient peu de détails importants. Ils épuiseraient plusieurs sujets 
agricoles qui tiennent avec raison une grande place dans les préoccu- 
pations des économistes. Ses nombreux et fréquents voyages, toujours 
commandés par le désir de servir les intéréts de la France, la critique 


FLAHAULT. — HENRY LÉVÊQUE DE VILMORIN. 315 


que sa connaissance des principales langues européennes lui permeltait 
d'apporter dans l'étude des questions d'intérêt international, donnent 
à ces Rapports un prix inestimable. 

Citons comme exemple le Rapport qu'il rédigea pour la Commission 
chargée d'étudier les procédés de culture à l’aide des eaux d'égout (1). Il y 
expose, sous une forme sobre et claire, les questions complexes et en par- 
tie controversées de l'influence de l'arrosage à l’eau d'égout sur l'abon- 
dance et la qualité des produits, sur la rente des terres irriguées, sur 
l'importance des cultures horticoles au point de vue de l'utilisation de 
ces eaux et sur les meilleurs procédés de culture des terres arrosées. 
Àucun détail n'est oublié. Les faits et les chiffres ne laissent point de 
place au doute. Les conclusions se déduisent de l'exposé des faits avec 
une parfaite évidence qui entraine la certitude. Le Rapport de Henry de 
Vilmorin connu, le débat était clos. 1l fut certain dés lors que l'applica- 
tion des eaux d'égout à la production horticole est avantageuse au triple 
point de vue de l'abondance et de la beauté des produits obtenus, de 
leur qualité et de leur salubrité, du rendement en argent des cultures ; 
mais le rapporteur précise quelles sont les cultures les plus propres à 
utiliser les eaux d'égout, les quantités d'eau pouvant étre utilisées par les 
cultures, les moyens pratiques de les distribuer el d'en assurer la plus 
complète utilisation. 

Il fit à la Société botanique une grande part de son aclivité. 

Plusieurs de nos confréres se rappellent avec quel zéle fécond il 
s'occupa de la préparation et de la direction de la session extraordinaire 
que notre Société a tenue à Antibes en 1883. On n'a pas oublié son im- 
portant Rapport sur l'histoire et les collections vivantes de la villa Thuret 
et sur la visite de la Société aux jardins du Golfe Jouan (2). 

La présidence, qu'il accepta en 1889, lui fournit l'occasion de nous 
témoigner son grand dévouement. Il contribua d'une maniére trés géné- 
reuse à couvrir les frais du Congrès botanique ; il laissa aux botanistes 
venus à Paris le souvenir le plus aimable en les réunissant à cette occa- 
sion dans sa belle propriété de Verrières, qu'il aimait d'autant plus qu'il 
y travaillait davantage. . 

À la session de Montpellier, il apporta une précieuse contribution en 
établissant que le prétendu Pinus pyrenaica signalé par Lapeyrouse en 
Aragon n'est autre que la variété Salzmanni du Pin Laricio, telle qu elle 


(1) ASSAINISSEMENT DE LA SEINE. Épuration et utilisation des eaux d'égout. 
Rapport de la première sous-commission ; broch. gr. in-8°, 32 pages, 1 planche. 
Paris, Gauthier-Villars, 1878. 

(2) Bulletin Soc. bot. de France, XXX, 1883. 


376 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


a été découverte il y a plus d’un demi-siècle à Saint-Guilhem, telle qu’elle 
existe dans les Cévennes du Gard et les Pyrénées-Orientales (1). 

Il avait accepté avec plaisir de faire partie du comité d'organisation de 
la session d'Hyéres et, comme toujours, il se trouvait lié par cette accepta- 
tion. Nous ne saurions oublier quel plaisircefut pour nous de préparer avec 
lui les herborisations que la Société a faites à la fin de mai, quelle joie 
d’enfant ce fut pour lui de se trouver pour trois jours à Port-Cros sans 
communication possible avec le continent. Il voulait être de cette réunion 
dont il avait assuré le succès; mais nous ne devions plus le revoir. Au 
moment de nous rejoindre sur la Côte d’Azur, il fut chargé de repré- 
senter la France et la Société nationale d'Horticulture à l'Exposition de 
Saint-Pétersbourg et, malgré la peine qu'il en éprouva, il n'hésita pas à 
se rendre là où il pouvait faire le plus de bien à son pays. 

Par une conséquence de la rigueur scientifique de son esprit qui ne 
se contentait jamais d'à peu prés, il a rapporté des plantes de tous les 
pays qu'il a visités, méme de ceux où il passait à la hâte et sans l'appa- 
reil du botaniste. Si simple que füt son bagage, il trouvait toujours une 
place pour des échantillons à examiner et à comparer ; il les étudiait 
dés son retour, et résolvait tout de suite les problémes qu'il s'était posés 
à leur sujet. Il avait une prédilection pour les plantes vivantes ; il en 
envoyait à Verriéres, méme d'Amérique; beaucoup y sont encore à 
l'étude. 

Une nature d'élite comme la sienne ne pouvait ne pas se préoccuper 
de l'avenir. A-t-il fait autre chose pendant toute sa vie qu'améliorer le 
sort des cultivateurs en perfectionnant les ressources de l'agriculture et 
de l'horticulture? Il n'a cessé de répandre autour de lui les notions les 
plus exactes sur tous les sujets quil a étudiés; il a popularisé tout ce 
que sa grande expérience et ses recherches lui ont révélé de vérités 
agricoles. Mais il faut aussi, il en était profondément convaincu, lutter 
contre la routine par l'enseignement des choses agricoles aux enfants 
de la campagne (2). Si l'agriculture française est sortie de la crise 
qu'elle a subie depuis un quart de siècle, grâce aux tarifs protecteurs de 
la production nationale, il convient de ne pas laisser reposer l'existence 
et la prospérité d'intéréts aussi fondamentaux que les intéréts agricoles 
sur des dispositions douaniéres qui sont à la merci d'un déplacement de 
majorité. 

C'est bien plutót dans le perfectionnement de ses procédés et dans 
l'application courante des découvertes scientifiques que l'agriculture doit 


(1) SUR LES FORMES OCCIDENTALES DU PIN LARICIO (Bull. Soc. bot. de 
France, XL, 1893). 


(2) L’HORTICULTURE A L'ÉCOLE PRIMAIRE (Revue pédagogique, 1892). 


FLAHAULT. — HENRY LÉVÉQUE DE VILMOR'!N. 311 


trouver le moyen de lutter avec la production étrangère et de défendre 
contre elle sa situation de nourriciére du pays. 

Il constate pourtant qu'il faut apprendre tant de choses en si peu 
d'années qu'il est bien difficile de trouver dans les programmes une 
place pour l’agriculture. Il fait observer surtout que l'agriculture est 
fonction du lieu, du climat, et que l'enseignement n'en peut étre abstrait 
comme celui des mathématiques. L'instituteur ne pourra donner Je méme 
enseignement aux enfants du Languedoc ou de la Provence et à ceux qui 
sont destinés à cultiver le Blé, la Betterave ou le Houblon dans les plaines 
du Nord. On ne peut demander à l'instituteur de faire des études per- 
sonnelles sur l'agriculture de la contrée où il est appelé à enseigner. Les 
nolions qu'on lui a données à l'école normale primaire, d'un caractère 
tout général, ne sont pas propres à être répétées dans toutes les localités 
d'un département. Il y a trop souvent, d'un canton à un canton voisin, 
des différences qui appelleraient un enseignement tout différent. 

Beaucoup de ces objections tombent, si à la notion d'agriculture on 
substitue celle d'horticulture. L'horticulture est de l'agriculture intensive 
au plus haut degré. Elle s'affranchit presque de la variabilité des condi- 
lions locales et les notions horticoles ont, par suite, un caractére beau- 
coup plus général. En outre, elles sont directement utilisables par un 
bien plus grand nombre de personnes; la plupart des ménages à la cam- 
pagne ont la jouissance d'un jardin et en tirent une part notable de leurs 
aliments, alors méme que le ménage n'est pas occupé de choses agricoles. 
Enfin et surtout, il est beaucoup plus facile à la plupart des instituteurs 
d'habituer les enfants à la taille et à la greffe des arbres, aux travaux les 
plus importants de la culture maraichére, que de leur donner un ensei- 
gnement agricole pratique. En fait, depuis prés d'un demi-siécle, c'est 
au bénéfice de l'enseignement pratique de l'horticulture qu'ont tourné 
tous les efforts en faveur de l'enseignement de l'agriculture dans les 
écoles primaires. 

Comme cela a lieu en Belgique et en Danemark, il faudrait que cet 
enseignement s'adressàt aux filles comme aux garçons, avec plus de sol- 
licitude encore aux premiéres qu'aux seconds. On sait, en effet, com- 
bien les hommes qui se consacrent à la culture de leurs biens ont de 
difficulté à trouver des compagnes qui soient, à la fois, désireuses et 
capables de les assister dans l'exploitation de leurs terres, et l'on n'ignore 
pas que la part de la femme peut étre considérable dans la bonne direc- 
lion d'exploitations où la surveillance de tous les détails est la principale 
condition du succés. NN 

Si simple que soit cet enseignement, il serait facile aux instituteurs 
d'en graver les résultats dans l'esprit de leurs éléves, garçons ou filles, 
en en faisant l'objet de dictées, de lectures, d'exercices d'écriture, etc. 


318 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


Cette préoccupation du savant agronome nous ramène à l'inépuisable 
charité de l'homme en contact incessant avec ceux qui souffrent et qui 
peinent. Sa charité était éminemment féconde et pratique, parce qu'elle 
était éclairée; elle était en méme temps infiniment discrète. 

Convient-il de rappeler ici que les honneurs n'avaient pas tardé à 
venir chercher celui qui les cherchait si peu? Officier de la Légion 
d'honneur, devenu secrétaire de la Société nationale d'Agriculture qui 
l'avait élu en 1884, premier vice-président de la Société nationale d'Hor- 
ticulture depuis 1888, honoré par la Société royale d'Horticulture de 
Londres de la médaille commémorative de Veitch en 1896, il fallait 
vivre dans son intimité pour surprendre ces petitssecrets de sa modestie. 

Nous devons renoncer à énumérer la longue liste des travaux qu'il a 
publiés, depuis 1867 jusqu'à la veille de sa mort, au Bulletin des 
Séances et dans les Mémoires de la Société nationale d'Agriculture, 
au Bulletin et aux Comptes rendus des travaux de la Société des 
Agriculteurs de France, au Journal d' Agriculture pratique, au Jour- 
nal de l'Agriculture, dans la Revue horticole, Ye Bulletin de la Société 
nationale d'Horticulture et le Bulletin de la Société botanique, dans 
le Bulletin de la Société d'Acclimatation. Cette liste ne compléterait 
pas encore celle de ses travaux ; les Revues anglaises et américaines en 
ont eu leur part. 
| Nous avons dû nous contenter de donner, par quelques exemples, une 
idée de l’œuvre de Henry de Vilmorin. Si nous avons réussi à montrer 
que tout effort dans l’ordre intellectuel était inséparable à ses yeux du 
sien général ; si nous avons su tracer un portrait fidèle du savant labo- 
rieux et modeste, de l’homme généreux et libéral entre tous que nous 
regrettons, on comprendra que, si son nom appartient à l'histoire des 
sciences, agronomiques, sa vie demeure comme un modèle des plus 
hautes vertus morales. Quelque estime qu’inspirent les plus belles 
intelligences, il faut reconnaître que c’est aux qualités du cœur qu’elles 
doivent leur charme et leur délicatesse. 


M. Malinvaud, secrétaire général, demande la parole et 
» 
s exprime en ces termes : 


Dans. l'intéressante Notice dont on vient de donner lecture, 
aussi bien que dans les nombreux discours et les divers articles 
nécrologiques où ont été retracés la vie et les mérites de notre 
ancien Président, on a fait à bon droit l'éloge du savant botaniste, 
de l'horticulteur expert, de l'agronome et de l'administrateur 
hors ligne; on a rappelé les ceuvres multiples et toujours fécondes 


FLAHAULT. — HENRY LÉVÊQUE DE VILMORIN. 319 


qui ont donné la mesure de cette belle intelligence, si ouverte 
et si compréhensive, et en ont laissé la marque durable dans 
toutes les branches des connaissances et de l’activité humaines 
où elle a pu faire l'application de ses brillantes facultés. 

Ici nous parlerons seulement du philanthrope. 

Henry de Vilmorin était, on ne saurait trop le redire, extréme- 
ment bon. Il nous sera permis d'apporter à cet égard un témoi- 
gnage personnel, ayant eu plus d'une fois l'occasion, comme 
secrétaire depuis vingt-deux ans d'une Société dont il était un des 
membres les plus en vue, de faire appel à sa bienveillance en 
faveur de personnes éprouvées par le malheur. Son accueil, tou- 
jours affableet encourageant, faisaitoublier, dés le premier abord, 
au solliciteur ce que l'objet de sa démarche pouvait avoir d'inti- 
midant, et l'espoir qu'on avait placé dans la générosité, ou plutót 
dans la munificence de notre confrère, n'était jamais déçu. 

Parmi de nombreux traits, que nous pourrions citer, de cette 
grande bonté, nous choisissons un des plus touchants et qui évo- 
quera en méme temps le souvenir d'un autre philanthrope. 

Dans le courant de l'année 1882, notre Président recevait une 
lettre d'une demoiselle G..., qui lui écrivait d'un petit bourg du 
fond de la Bretagne où elle résidait, en réclamant le terme échu 
d'une pension qu'elle disait lui étre servie par la Société botanique 
de France; elle ajoutait que cette rente était son seul moyen 
d'existence et que, se trouvant atteinte d'un mal incurable, l'oubli 
dont elle se plaignait la réduisait à la derniére indigence. Chargé 
de prendre des informations au sujet d'une demande aussi impré- 
vue, nous apprimes que le père de M" G..., naguère riche négo- 
ciant et membre de notre Société, était mort depuis longtemps, 
à la suite de revers de fortune qui l'avaient entièrement ruiné, 
et laissant sans aucune ressource une fille instruite et distinguée, 
mais infirme et incapable de tout travail. Heureusement pour cette 
victime de la destinée, un philanthrope était venu à son aide : un 
vieil ami de sa famille, le célèbre botaniste Joseph Decaisne (lui 
aussi ancien Président de notre Compagnie), prélevait sur son 
traitement de professeur, qui était tout son avoir, une rente tri- 
mestrielle qu’il servait directement à M™ G... et, par un procédé 
d’une exquise délicatesse, il avait fait croire à sa protégée que les 
fonds qui alimentaient cette pension provenaient d’une caisse de 


380 SÉANCE DU 40 NOVEMBRE 1899. 


secours organisée par la Société botanique et administrée par 
une Commission dont il était le Président. Cette situation artifi- 
cielle ne pouvait survivre à celui qui en était le soutien, mais la 
Providence ne devait pas abandonner M" G...; une autre main 
bienfaisante, remplacant celle que la mort avait glacée, allait étre 
Son instrument. 

Le Conseil d'administration, mis au courant du résultat de 
notre enquête, décida que, tout en révélant à M™ G... la véritable 
origine des secours qu'elle avait reçus jusqu'alors et l'impossibilité 
de lui en assurer la continuation, on lui enverrait le montant du 
trimestre qu'elle avait réclamé. On devait réunir la somme néces- 
saire au moyen d'une collecte. | 

A la fin de la séance du Conseil où cette délibération avait eu 
lieu et dans le moment où nos confrères se retiraient, l'un d'eux 
passant derriére nous glissait dans nos mains une enveloppe 
fermée, puis s'éloignait si rapidement, qu'il nous serait impos- 
sible de dire aujourd'hui son nom, s'il n'avait été trahi — on 
voudra bien nous pardonner ce détail — par un chapeau d'une 
forme particulière que nous avions déjà remarquée. Grâce à cette 
observation, nous reconnüines d'assez loin Henry de Vilmorin. 

Sur l'enveloppe on lisait ces simples mots : « Pour M" G... », 
et le contenu représentait, en billets de banque, deux termes de la 
pension précédemment servie par Joseph Decaisne. Nous nous 
empressámes de transmettre à la destinataire cette aubaine Imes- 
pérée, et elle nous en remercia par une lettre des plus touchantes. 
Trois mois plus tard, nous apprenions sa mort; au milieu des 
cruelles épreuves qui avaient attristé sa vie, les libéralités de deux 
hommes de cœur avaient du moins détourné d'elle le calice amer 
de l'extréme indigence. 

Par égard pour un sentiment délicat, nous ne nous serions pas 
cru autorisé, du vivant de notre regretté confrére, à divulguer un 
de ces bienfaits qu'il entourait lui-méme de tant de discrétion. 
Mais, si, comme on l'a dit, on ne doit aux morts que la vérité, ne 
sommes-nous pas affranchis à leur égard de tout scrupule, lor sque 
celte vérité, au lieu de projeter une ombre sur la mémoire d un 
de nos chers disparus, l'éclaire avec la douce auréole dela bien- 
faisance et de la bonté? 


Le nom de Henri Lévèque de Vilmorin maintenu aprés sa mort 


D'ARBAUMONT. — NOTICES SUR MM. ÉMERY ET VIALLANES. 381 


sur la liste de nos membres (1) y perpétuera le souvenir d'un de 
ces hommes heureusement doués que font aimer les généreuses 
qualités du cœur autant qu'on admire en eux les dons séduisants 
de l'esprit. 


NOTICES SUR MM. ÉMERY ET VIALLANES; par M. Jules d’'ARBAUMONT. 


Dans l'espace de quelques semaines, la Société botanique de France 
vient de perdre deux de ses membres les plus anciens, appartenant tous 
deux à la méme région. 


M. le professeur ÉwEny, doyen honoraire de la Faculté des sciences 
de Dijon, est décédé dans cette ville, le 3 août dernier, succombant aux 
suites d'une maladie douloureuse dont il avait déjà, au cours des der- 
nières années, ressenti à plusieurs reprises les cruelles atteintes. 

Adrien-Auguste-Henry Émery est né, le 3 juillet 1828, à Grenoble, 
fils de Charles-Marie-Louis Émery, capitaine au 5° de ligne, chevalier 
de la Légion d'honneur, et de Joséphine-Julie Le Franc. 

À la suite d'études tardives au Lycée de Versailles, ce n'est qu'en 
1853 qu'il se fit recevoir bachelier és sciences. ll avait fait, quelques 
années auparavant, un voyage en Amérique, qui n'a peut-étre pas été 
sans influence sur la direction de sa carriére. 

Sa place était marquée dans l'Université. 

Aprés avoir professé successivement la physique aux Lycées de Bastia 
(1856) et de Versailles (1858), M. Émery, pourvu de la double licence 
ès sciences naturelles (1857) et és sciences physiques (1862), ne tarda 
pas à entrer dans l'enseignement supérieur, dont le diplóme de docteur, 
obtenu en 1865, devait lui ouvrir les portes. 

Il y fit ses débuts à la Faculté des sciences de Clermont, par le cours 
d'histoire naturelle dont il resta chargé du 26 janvier 1866 au 1" no- 
vembre 1869, c'est-à-dire peu de temps avant sa nominalion, d'abord 
comme chargé de cours, le 29 du méme mois, puis à titre définitif, 
l'année suivaute, à la chaire de minéralogie, géologie et botanique de la 
Faculté de Dijon. | | , 

Les fortes études de ces dernières années avaient mis M. Emery en 


(1) Sont Membres perpétuels, d’après le Règlement, les bienfaiteurs qui ont 
donné à la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation 
sociale; le nom du donateur est maintenu à perpétuité sur la liste des 
membres de la Société, et placé après sa mort en tête de cette liste. M. H. de 
Vilmorin, ayant rempli, an commencement de l'année 1890, la condition ci- 
dessus, fut proclamé membre perpétuel dans la séance du 9 mai 1890. 


382 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


mesure de faire face aux multiples exigences de ce triple enseignement. 
Cependant, par la suite, il en obtint la simplification, d'abord par la 
nomination, en 1881, d'un préparateur-répétiteur de minéralogie, et, 
deux ans plus tard, par la création, à Dijon, d'une chaire spéciale de 
minéralogie et de géologie. | 

Appelé en 1882, au décanat de la Faculté des sciences, M. Emery 
en remplit les fonctions jusqu'en 1890, empêché alors, par son état de 
santé, d'en conserver plus longtemps la charge. Au cours de son admi- 
nistration, il eut à prendre d'utiles initiatives dans les travaux d'agran- 
dissement des deux Facultés des sciences et des lettres, tandis que, 
comme membre du Conseil municipal de Dijon, il préparait, par un 
rapport trés étudié, l'établissement du Lycée dont cette ville fut dotée 
peu de temps aprés. 

Enfin, en 1898, M. Émery terminait, avec un double honorariat, sa 
carriére publique si bien remplie, résistant encore — mais pour com- 
bien peu de temps! — aux assauts redoublés de la maladie, et au triste 
ressentiment des deuils de famille qui, dans ces derniéres années, 
avaient par deux fois cruellement déchiré son cœur de père. 

Le dédoublement, en 1883, de la chaire mixte de botanique et de 
géologie avait donné à M. Émery pleine liberté de se consacrer tout 
entier, selon ses plus intimes préférences, à l'étude et à l'enseignement 
de la botanique. Doué d'une rare faculté d'assimilation, se tenant, avec 
une assiduité jamais interrompue, au courant des progrés de la science, 
tous ceux qui ont suivi ses cours, étudiants ou simples amateurs, en ont 
gardé le meilleur souvenir, ne sachant qu'y apprécier davantage, de 
l'excellence de la méthode, de la clarté des explications ou de l'élé- 
gance de la diction. 

La part contributive de M. Émery à la littérature scientifique con- 
temporaine est assez considérable. 

Dans la liste de ses publications, qui comprend un assez grand 
nombre de Notes sur divers points d'histoire naturelle et de physio- 
logie végétale, je signalerai particuliérement deux ouvrages d'une plus 
grande portée, oü se retrouvent toutes. les qualités si appréciables de 
son enseignement oral. Ce sont le Cours de botanique pour la classe 
de quatrième, Histoire des principales familles et La vie végétale. 

Rédigé conformément aux programmes d’août 1880, M. Émery a su 
rompre, dans le Cours de botanique, avec ces traditions de sécheresse 
et de banalité qui déparent beaucoup d'ouvrages élémentaires du 
méme genre, faits trop souvent à coups d'emprunts et de coupures. 
C'est une œuvre bien personnelle, portant le cachet de l'auteur qui s'y 
est particulièrement appliqué, indépendamment des notions indispen- 
sables à la connaissance sommaire de la morphologie végétale, à mettre 


D'ARBAUMONT. — NOTICES SUR MM. ÉMERY ET VIALLANES. 383 


en relief, suivant les promesses de sa préface, les caractères généraux de 
la végélation et leurs étroites connexions avec les particularités climato- 
logiques. 

Des considérations de méme ordre mais plus développées, avaient 
déjà pris place dans certains chapitres de La vie végétale, ouvrage de 
grande vulgarisation, publié en 1878, par la maison Hachette, avec un 
grand luxe d'illustrations, et où l'auteur, s'adressant surtout aux gens du 
monde, aprés avoir exposé, dans un cadre largement tracé, les notions 
premières sur l'organisation et la vie des végétaux, applique ces données 
générales à l'interprétation des lois de la géographie des plantes, en con- 
duisant le lecteur, par tous les degrés du méridien depuis les glaces 
du póle jusqu'au soleil brülant des tropiques. 

On a particuliérement signalé, dans cet ouvrage, des réflexions tout 
au moins originales, sur les avantages, pour s'assurer le concours d'une 
plus vive lumiére, de la culture des plantes de serre chaude à une 
haute altitude. 

La thése inaugurale de M. Émery, soutenue le 29 juillet 1865, devant 
la Faculté des sciences de Paris, porte ce titre : Études sur le rôle 
physique de l'eau dans la nutrition des plantes. 

Aux derniers adieux, M. le professeur Collot, esquissant à grands 
traits la vie de M. Émery, son prédécesseur dans la chaire de géolo- 
gie, s'est plu à rendre hommage à la noblesse de cette existence, tout 
entière vouée au travail, aussi bien qu'à la parfaite intégrité, chez 
notre regrelté confrère, de l'homme consciencieux et de l'honnéte ci- 
toyen. 

La Société botanique s'associera tout entière à l'expression de ces 
regrets, 


Elle ne sera pas moins sensible à la perte qu'elle vient d'éprouver 
en la personne de M. ViALLANEs, professeur à l'École de médecine et de 
pharmacie de Dijon, membre de l'Académie des sciences, arts et belles- 
lettres de la méme ville. 

Jacques-Joseph-Alfred Viallanes était né à Dijon, le 16 décembre 
1828, de Henri Viallanes, pharmacien, par la suite professeur à l'École 
de médecine et de pharmacie de Dijon (1837), titulaire en 1855, et de 
Catherine Roussin. Ses premieres études terminées, aprés quelques hési- 
tations sur le choix d'une carriére, nous le voyons suivre successivement 
les cours des Écoles de pharmacie de Dijon et de Paris. | | 

Reçu pharmacien de première classe, le 29 mai 1854, il reprenait 
peu aprés la pharmacie paternelle, dont il devait continuer les hono- 
rables traditions jusqu'en février 1862. | 

Nommé suppléant, à l'École de Dijon, de la chaire de pharmacie et 


384 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


toxicologie, le 14 mai 1864, il passait, le 10 novembre 1866, professeur 
d'histoire naturelle et de thérapeutique, fonctions qu'il conserva jusqu'en 
1879, ayant été nommé, le 10 novembre de cette méme année, à la chaire 
de pharmacie et de matière médicale où il devait terminer sa carrière. 

Atteint, à la fin de l’année dernière (1898), par l’âge de la retraite, 
une flatteuse décision du Ministre venait d’autoriser M. Viallanes, aux 
applaudissements de ses collègues et des étudiants, à en dépasser la 
limite, et il se préparait à reprendre ses cours à la rentrée prochaine, 
lorsqu'une courte maladie est venue l'enlever, dans toute la plénitude 
d'une vigoureuse santé, à la tendre affection des siens. Il est décédé, 
le 5 octobre dernier, dans sa maison de campagne de Marcellois, ou il 
allait passer tous les ans le temps des vacances. | 

Aussi modeste qu'érudit, on a pu dire en toute justice de M. Viallanes 
qu'il était le représentant le plus accompli du vrai savant de province. 
Plein de sollicitude pour les jeunes gens qu'il se plaisait à soutenir de 
ses bons conseils aussi bien sur les bancs de l'École que dans la suite 
de leur carriére, il avait pris de bonne heure l'heureuse initiative, 
pour seconder leurs efforts, d'instituer, en dehors de ses cours, des con- 
férences et des travaux pratiques d'histologie végétale qui contribuérent 
puissamment à relever le niveau de leurs études. 

Gràce à l'étendue, à la variété, à la solidité de ses connaissances, 
M. Viallanes s'est montré toujours égal à lui-méme dans les différentes 
branches de son enseignement, qu'il s'appliquait sans cesse, par la clarté 
des explications, à mettre à la portée de tous, sans rien sacrifier jamais 
des légitimes exigences de la science. 

La rectitude de son jugement, la droiture de son caractère, une 
longue expérience des hommes et des choses lui avaient acquis une 
autorité incontestée, aussi bien sur l'esprit des éléves que parmi ses 
collégues, et dans les délibérations des jurys d'examen. 

Il ne comptait jamais avec ses forces, toujours prêt à se dévouer au 
service du public, et c'est ainsi qu'en dehors de ses devoirs profession- 
nels, on le vit, pendant de longues années, prendre une part importante 
aux travaux du Bureau de la garantie des matières d'or et d'argent de 
Dijon, et à ceux du Conseil central d'hygiéne et de salubrité du dépar- 
tement de la Cóte-d'Or. S 

Que dire de l'homme privé que nous avons connu bon, dévoué, plein 
de bienveillance pour tous ceux qui l'approchaient, aussi ferme dans 
ses convictions que tolérant pour l'opinion d'autrui, trouvant dans son 
application à l'étude une consolante diversion aux pertes cruelles dont 
la Providence lui fit trop souvent sentir les douloureuses atteintes, fidèle 
aux solides amitiés que lui avaient conciliées de longue date le charme 
et la sûreté de son commerce. 


D'ARBAUMONT. — NOTICES SUR MM. ÉMERY ET VIALLANES. 385 


De toutes les sciences dont l’étude et la pratique étaient familières 
à M. Viallanes, il semble que ce soit la botanique qui ait fixé, de tout 
temps, ses plus intimes prédilections. Il a beaucoup herborisé dans le 
département de la Cóte-d'Or, dont il connaissait à fond la végétation, 
et il eut la bonne fortune d'en enrichir encore le catalogue floral de 
plusieurs indications intéressantes. 

Accompagné de quelques amis, ou guidant les pas de ses élèves, il 
aimait à parcourir les stations les plus intéressantes de notre région aw 
point de vue botanique, revenant souvent, par une préférence justifiée, 
à la fructueuse exploration des affleurements siliceux du Val de Saóne et 
des falaises abruptes de nos combes, où sont venus s'égarer quelques 
charmants spécimens de la flore des Alpes. 

M. le D" Deroye, directeur de l'École de médecine et de pharmacie de 
Dijon, s'est fait l'interpréte d'une commune pensée, en rendant, sur la 
tombe ouverte de notre regretté confrère, un juste hommage à sa haute 
valeur scientifique, à son grand dévouement professionnel et à l'éléva- 
tion de ses sentiments. 

On doit à M. Viallanes une Flore de la Cóte-d'Or, publiée en 1889, 
en collaboration avec M. d'Arbaumont, et]d'intéressantes Contributions 
à la Flore cryptogamique (Champignons supérieurs) du méme départe- 
ment. Cette derniére publication a paru dans le 12* Bulletin de la 
Société syndicale des Pharmaciens de la Cóte-d'Or (1). 


Les publications botaniques de M. Émery méritent par leur impor- 
tance, notamment en physiologie végétale, de faire l'objet d'une énumé- 
ration détaillée, que nous donnons ci-aprés : 


PUBLICATIONS BOTANIQUES DE M. EMERY. 


Notice sur les recherches de physiologie végétale de Joseph Priestley (Jour- 
nal de la Société d'horticullure de Seine-et-Oise, juillet 1862). 


Nouvelles recherches sur l'étiolement (méme Journal, 1862, et Adansonia). 


De l'influence de l'obscurité sur la végétation (Journal Adansonia, t. III, 
p. 267, année 1863). 

Sur un procédé de multiplication de la Vigne (Journal Les Mondes, pre- 
mière année, t. II, p. 616, 1863). 


(1) Dans le Compte rendu de la session extraordinaire tenue par la Société 
botanique de France à Dijon en 1882, on trouve trois articles de M. Viallanes : 
1° p. Lvu, Notice sur Toussaint Pignant, et Notes sur le Meconopsis cam- 
brica Vig. et le Cyclamen europæum L. végétant dans le département de la 
Côte-d'Or; 2 p. € (en collaboration avec M. d'Arbaumont) : Rapport sur 
C herborisation faite le 18 juin]à Citeaux; 3° et p. CXII, Rapport sur Uher- 
borisation faite par la Société, le 19 juin; à Velars. i 

T. XLVI. (SÉANCES) 25 


386 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


Sur la force de pénétration des diverses parties de la racine (Adansonia, 
t. V, p. 204, 1865). 

Des excrétions végétales. — Sur la Géogénie (Mémoires de la Société des 
sciences naturelles de Seine-et-Oise, t. VI, p. 26 et 21). 

Discussion du Mémoire de M. Boussingault sur les phénomènes respira- 
toires des végétaux. — Éiude sur les travaux de Bonnet (mêmes Mé- 
moires, t. VII, p. 45 et 46). 

Sur la production des racines adventives. — Sur la germination. — Sur 
les gouttes d'eau des Graminées. — Sur le bouturage. — Sur la Cor- 
dyline vivipare. — Sur la transpiration forcée des végétaux (mémes 
Mémoires, t. VIII, pp. 4, 139, 152, 155,156, 164). 

Sur l'évolution des bourgeons. — Sur l’évolution des racines. — Sur la ger- 
mination des graines terrestres submergées. — Sur l'acclimatation et 
la naturalisation des végétaux (mêmes Mémoires, t. 1X, pp. 91, 101, 
107, 121). | 

Sur une transplantation de Vigne (Journal de la Société d'horlicullure de 
Seine-el-Oise, p. 9, 1865). 

Études sur le rôle physique de l'eau dans la nutrilion des plantes (Thèse 
soutenue le 29 juillet 1865, devant la Faculté des sciences de Paris). 

Du rôle des feuilles dans la végétation (Mémoire présenté, en 1867, à l'Aca- 
démie de Caen, inédit). 

Mort du Robinia du Jardin des plantes (Journal de la Société d'horticul- 
ture de Seine-et-Oise, p. 32, 1867). 

De l'aclion exercée par les organes foliacés et foliiformes sur la radiation. 
calorifique (Annales, 5° série, t. XVII, p. 195). 

La vie végétale. Histoire des plantes à l'usage des gens du monde. Un 
vol. grand in-8°. Paris, 1878. 

Premières notions de botanique pour la classe de huitième. Un vol. in-18". 


— Cours de botanique. Histoire des principales familles. Un vol. in-18°, 
1883. 


Articles publiés dans le Bulletin de la Société d'horticulture de la 
Cóte-d'Or : 
Clinique vegétale, différents articles, 1874, p. 107; 1875, p. 128, etc. 
Répertoire horticole, différents articles, 1877, p. 118, etc. 
Traité de botanique horticole, 1875 ; travail interrompu et incomplet. 


Articles publiés dans le Bulletin de la Société botanique de France : 


Influence de l’âge sur la composition des feuilles; t. XXIII (1876), p. 391. 


De l'influence exercée par le climat et le sol sur les caractères du feuillage; 
t. XXVI (1879), p. 343. 


FLAHAULT. — NOTICES SUR MM. TEMPIÉ, LEUTWEIN ET LEGRELLE. 387 


Sur la présence de l'Isopyrum thalictroides L. aux environs de Dijon; 
t. XXVII (1880), p. 133. 

Le bourgeon du Tulipier; t. XXXV (1888), p. 327. 

Épanouissement, veille et sommeil des périanthes; t. XXXVI (1889), p. 245. 

Sur les variations de l'eau dans les périanthes; même tome, p. 322. 


NOTICES SUR MM. TEMPIÉ, LEUTWEIN DE FELLENBERG ET LEGRELLE ; 
par M. Charles FLAIAULT. 


M. Léon TEwPIÉ a succombé le 8 septembre 1899, à une courte et 
cruelle maladie. Il avait cinquante-huit ans; mais une extrême activité, 
une grande vivacité d'allures le faisaient paraître beaucoup plus jeune. 

M. Tempié n'a publié aucune œuvre botanique ; il n'en a pas moins 
mérité de la Science. Ancien élève de l'École des Beaux-Arts, artiste 
délicat, curieux de tous les progrès, il suivait avec sollicitude les dé- 
couvertes des sciences physiques et naturelles. D'une grande dextérité, 
il était habile micrographe et ne laissait passer aucune découverte dans 
l'art de la photographie sans en profiter aussitôt. 

Lorsque, il y a prés de vingt ans, j'arrivai à Montpellier, il eut pitié 
de la détresse où se trouvait mon laboratoire et mit aussitôt à la dispo- 
sition de mes élèves les ressources dont il disposait. Ses microscopes 
nous permirent de mettre tout de suite nos éléves au travail; ses livres 
furent mis à notre service; ses nombreuses préparations, ses photo- 
graphies microscopiques furent nos premiers moyens d'action et notre 
meilleur encouragement dans une situation difficile. L'intérét de plus 
en plus grand qu'il porta à nos étudiants le détermina à fonder, en 1884, 
un prix, revenu d'un capital de 10 000 francs, en faveur de l'étudiant de 
notre Université qui, chaque année, subirait avec les meilleures notes 
les examens dela Licence és sciences naturelles. Ce prix fut attribué 
Pour la première fois à notre confrère M. Sauvageau, puis successive- 
ment à MM. Péchoutre, Boyer et Galavielle, pour ne citer que nos con- 
fréres de la Société botanique. Sans enfants, mais uni à une compagne 
qui a partagé tous les sentiments élevés de son mari, M. Tempié a pro- 
digué les générosités à l'Université de Montpellier; il en était le pro- 
lecteur éclairé, toujours aux aguets du bien à faire; mais il s'est inté- 
ressé d’une manière toute spéciale aux botanistes, suivant avec assiduité 
leurs travaux, les examens et les concours auxquels ils prenaient part. 
Sa mort est une perte irréparable pour notre Institut de Botanique. 


M. Ch. L. Leurwen pe FELLENbERG s'est éteint au château de 
Diemerswyl (canton de Berne), le 6 septembre 1899, à l'age de quatre- 
vingt-douze ans. Il avait beaucoup voyagé, avait beaucoup herborisé, 


388 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


notamment en Grèce, d’où il avait rapporté de riches collections. Devenu 
membre de notre Société dans l'espoir de prendre une part active à nos 
sessions, il avait été bientôt empêché par l’âge et les infirmités de don- 
ner suite à ses projets. Il donnait tous ses soins à son herbier et lui 
consacra ses derniéres forces. 


Notre confrére M. Arséne LEGRELLE trouvait dans la botanique une 
heureuse diversion à d'autres travaux. Chercheur infatigable, doué 
d'aptitudes extrémement variées et d'une curiosité d'apprendre qui ne 
s'est jamais démentie, il cachait avec soin une vie sur laquelle l'ambition 
n'avait jamais eu de prise. 

Il a succombé, le 11 octobre, à la douleur d'avoir perdu un fils aîné 
sur lequel il fondait de grandes espérances, plus encore qu'à la maladie 
qui le minait depuis quelques mois. 

Son ami, M. Maurice Croiset, professeur au Collége de France, a 
prononcé sur sa tombe un discours dont nous citons quelques passages, 
regrettant de ne pouvoir le reproduire tout entier : 

« Conscience, droiture, bonté, discrétion, voilà le fonds méme de sa 
nature; mais, avec ces hautes qualités morales, ce qui a donné à sa vie 
son caractére propre, c'est la variété remarquable des aptitudes, mises 
en valeur par l'amour de l'étude le plus désintéressé. Dénué d'ambition, 
M. Legrelle s'était voué au travail de l'esprit par le seul désir de savoir 
et par un goüt invincible de la recherche. Tout ce qui mérite d'étre 
appris ou goüté avait de l'attrait pour lui. Histoire, littérature, sciences 
et arts l'ont tour à tour séduit et gagné. Depuis son enfance jusqu'à ses 
derniers jours, son ferme et sérieux esprit n'a pas eu une heure d'oisi- 
veté. » i 

Etudiant à Weimar, docteur de l'Université d'Iéna, il donnait, jeune 
encore, de savants travaux sur Goethe, sur le poéte danois Holberg, le 
Moliére du Nord scandinave. Docteur és lettres de Paris, on pouvait 
croire qu'il ferait honneur à notre haut enseignement; mais son extréme 
modestie n'entrevit méme pas cet avenir. Le désir de savoir et d'appro- 
fondir les questions qu'il abordait le conduisirent à Vienne, à Madrid, 
en Italie, en Angleterre, en Hollande et surtout en Russie où il fit de 
longs séjours. Ses études critiques sur le théâtre russe et les traductions 
qu'il donna des principales œuvres dramatiques russes contemporaines, 
sa traduction du voyage accompli par Karamsine en France pendant les 
années les plus tourmentées dela Révolution, son livre intitulé Le Volga 
révélent l'extréme diversité des études que M. Legrelle savait mener de 
front. Il assistait à nos sessions extraordinaires chaque fois que ses tra- 
vaux le lui permettaient; mais, au lieu de rentrer à Versailles après Ces 
Jours qui le reposaient, il nous quittait pour fouiller les bibliothèques et 


FLAHAULT. — NOTICES SUR MM. TEMPIÉ, LEUTWEIN ET LEGRELLE. 389 


les archives diplomatiques à l'Étranger. Il rassembla dans toute l'Eu- 
rope les matériaux qui lui permirent d'écrire son beau livre sur Louis XIV 
et Strasbourg. 

« Pour nous, dit M. Croiset, ce qui doit nous toucher le plus dans ces 
ouvrages, c'est l'âme qu'ils révèlent. Celui qui les a écrits se montre à 
chaque ligne tel qu'il était, l'honnéte homme, au sens le plus élevé du 
mot, ayant le culte du bien et du vrai, avec toutes ses délicatesses. Son 
commerce était sür et charmant; un enjouement discret s'y mélait au 
sérieux qui lui était naturel. Quel que fût le sujet qu'on abordàt, on 
écoutait toujours avec plaisir sa parole douce et abondante, qui envelop- 
pait de sa grâce facile les souvenirs et les aperçus. Et ce charme n'était 
point superficiel; car on sentait à tout instant, dans ce qu'il disait avec 
une si aimable simplicité, l'inspiration d'une nature généreuse. » 

Ce sont bien là les souvenirs que laisse M. Legrelle à ceux d'entre 
nous qui ont été assez heureux pour découvrir, dans un long commerce, 
tous les trésors de ce grand cœur et les charmes discrets de son esprit. 


M. le Président annonce qu'une Notice sur M. le D" Lucien 


Quélet, non reçue mais annoncée, sera lue dans la prochaine 
séance. 


390 SÉANCE DU 40 NOVEMBRE 1899. 


Li 


M. M. de Vilmorin fait la communication suivante : 


SUR UN CHÊNE HYBRIDE (QUERCUS PHELLOS X RUBRA); 
par M. Maurice de VILMORIN. 


Je pense intéresser les membres de la Société de botanique en 
mettant sous leurs yeux des échantillons de feuilles et de glands 
d’un Chène observé au domaine de Catros, près Bordeaux, par le 
propriétaire de ce domaine, M. Érnest Jaille. 

Lors d'une visite que je lui ai faite, il y a trois ans, M. Ernest 
Jaille m'a montré un fort joli sujet âgé d'environ sept ou huit ans, 
couvert d'un feuillage en partie vert bronzé et en partie écarlate. 
L'origine hybride de cette plante ne fait point doute pour M. Jaille, 
qui est familier avec l'apparence des semis naturels de Chênes 
d'Amérique qui se produisent en grand nombre au voisinage. des 
vieux spécimens isolés ou en futaie dans le parc de Catros. 

Celui-ci comprend presque exclusivement des Quercus Phel- 
los L. et des Q. rubra L. Contrairement à son habitude dans la 
région parisienne, le Q. Phellos y fleurit trés réguliérement 
chaque printemps et porte généralement des fruits. Il arrive que 
le rubra fleurit plus ou moins complètement, et le croisement 
peut se produire entre les deux espéces. 

Des plants présentant des caractères intermédiaires ont été ob- 
servés depuis assez longtemps par M. Jaille. Leur voisinage des 
pieds fructiféres de Quercus rubra semble démontrer que cette 
espèce a été la mère des plants, la forme étroite des feuilles in- 
dique que le père est le Chêne Phellos existant abondamment Sur 
le domaine. 

Il est impossible de voir dans ces plants de simples Phellos 
dont la feuille est toujours entière et ne se colore jamais en rouge 
à l'automne, du moins dans les sols sablonneux. 

Jai photographié le beau pied hybride dont j'ai parlé plus 
haut; c'est lui qui a donné les glands que je présente à la Sociéte. 
M. Jaille, dans une lettre qu'il m'adresse le 26 octobre, me fait 
remarquer que les glands sont bien intermédiaires entre ceux 
du rubra et du Phellos, présentant les rayures du gland de cetle 
dernière espèce, avec des dimensions très supéricures. . 

Outre le beau pied photographié à Catros, M. Jaille avait releve 


GANDOGER. — NOTE SUR LA FLORE DU MONT KOSCIUSKO. 391 


et mis en pépiniére une douzaine d'autres sujets d'aspect analogue 
et m'en a envoyé la moitié qui, replantés aux Barres, semblent 
devoir faire des arbres aussi intéressants par leur origine que déco- 
ratifs; car, avec le joli feuillage du Q. heterophylla (hybride sup- 
posé du Phellos et du tinctoria), ils possèdent les magnifiques 
colorations automnales du Quercus coccinea à un degré supé- 
rieur à celui que présentent ses deux parents. 


Lecture est donnée des communications suivantes : 


NOTE SUR LA FLORE DU MONT KOSCIUSKO (AUSTRALIE MÉRIDIONALE); 
par M. Miehel GANDOGER. 


Parmi les collections de plantes d'Océanie, et notamment du 
continent australien, que j'ai reçues récemment, se trouvait un 
lot assez considérable d'espéces récoltées sur le mont Kosciusko. 
Celle montagne est le point le plus élevé dece que l'on nomme 
les Alpes australiennes. Mais son altitude n'est pas comparable à 
celle des autres Alpes du globe, de nos Alpes d'Europe, par 
exemple, des Andes et de l'Himalaya, car elle atteint à peine 
2300 métres. | 

La flore y offre un mélange assez curieux de plantes endémiques 
€t de plantes dont quelques-unes se retrouvent dans l'hémi- 
Sphère boréal. Des genres comme Ranunculus, Cardamine, Carex, 
Luzula, etc., croissent péle-méle au milieu d'autres genres par- 
liculiers au continent australien si riche en espèces endémiques, 
puisque dans la Nouvelle Galles du Sud, par exemple, elles y at- 
teignent l'énorme proportion de 82 pour 100. | 

Les plaines et les régions inférieures qui avoisinent le Kos- 
ciusko abondent en Légumineuses frutescentes, Diosmées, Mimo= 
sées, Myrlacées, Goodenoviées, Épacridées, Protéacées, etc. La 
végétation arborescente cesse vers 2000 mètres pour faire place à 
une herbe rase ou à des sous-arbrisseaux rampant sur le sol, dont 
quelques-uns, qu’on croyait spéciaux aux Alpes de la Nouvelle- 
Zélande et de la Tasmanie, ont été rencontrés dans la chaine des 
Montagnes- leues, uu 

Je ne dirai rien de plus de cette flore australe si bizarre, si 
étrange, de ce continent où tout est exception, où, selon les pitto- 


392 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


resques expressions d'un auteur, les arbres ne donnent point 
d'ombre, les fruits ont lenoyau en dehors, les mammifères sont 
ovipares et les oiseaux allaitent leurs petits. Mais je veux attirer 
l'attention de mes collègues sur plusieurs plantes que je crois nou- 
velles pour la science et que je vais décrire ci-après. 


Carex Mamen Gandoger sp. nova. — Cæspitosa, radicibus 
subrepentibus; culmi humiles 8-15 cent. alti, crassiores, trigoni, 
angulis acutis prorsus levibus; folia viridi-glaucescentia, linea- 
ria, culmis longiora, ad margines asperrima, vaginis integerrimis 
nec reticulatis; spicæ 3 : mascula terminalis unica, squamis ejus 
pallide rufis, obtusis ad dorsum nervo crasso albido præditis mar- 
ginibus vero albido-membranaceis pauloque undulatis; spice 
fœmineæ 2, ac mascula sed magis nigræ oblongo-cylindricæ stricte 
adscendentes, contiguæ sessiles; stigmata 2; capsula ( junior) 
elliptica sat acuta albido-virens squamis vix longior. 


Hab. — Australie, Nouvelle Galles du Sud : in graminosis alpi- 
nis montis Kosciusko, all. 2200 metr. (J.-H. Maiden). Floret 
Januario. — Ex affinitate C. cæspitosæ L. et C. strictæ Good. 


Comparé aux échantillons européens des C. cæspitosa et stricta que 
je possède en herbier de plus de trente localités, la plante australienne 
s'en distingue nettement par son port plus bas, ses chaumes lisses, Ses 
épis fructifères sessiles, denses, plus courts, ses écailles largement 
nervées, ondulées-marginées sur les bords et les gaines des feuilles 
entières. 


LuzutLA Novæ-CamBriÆ Gandoger Sp. nova. — Radix fibrosa 
substolonifera; culmi solitarii flexuosi 15-90 cent. alti; folia 
coriacea plerumque (etiam ad oras vaginarum) glabra, prominule 
nervosa, glaucescentia late (4-6 mill.) linearia obtusa, falcato-ads- 
cendentia; flores capitato-spicati primum nitide albidi; spicæ 
7-10, demum glomeratæ pedunculatæ, tandem arcuatæ ac subses- 
siles, globosæ, folia bracteali breviores; perigonii laciniæ lanceo- 
latæ aristatæ dorso fuscatæ ad margines angustius albidæ ; antheræ® 
filamento earum vix triplo longiores; capsula ovata subobtusa, 
laciniarum 2/3 sup. æquans. 


Hab. — Cum precedente (J.-H. Maiden). Floret Januario. 


Cette espèce est décrite par Bentham et F. von Müller, sous le nom 


GANDOGER. — NOTE SUR LA FLORE DU MONT KOSCIUSKO. 393 


de L. campestris dans leur Flora australasica. Mais la plante du con- 
tinent austral, comparée avec le L. campestris que jai de plus de 
quatre-vingts localités de l'hémisphére boréal, en est bien éloignée 
par son port, ses feuilles coriaces semblables à celles de certains Iris, 
ses capitules agglomérés, arqués sur leur pédoncule à la maturité, son 
périanthe bien plus grand, à divisions étroitement aristées-lancéolées, le 
style plus allongé, etc. 


Ld 

TRISETUM sUBsPICATUM forma Maiden Gandoger in litt, — A 
typo boreali differt culmo (etiam in rachide) adpresse villoso, foliis 
coriaceis duplo latioribus prominule nervosis omnibus glaberri- 
mis, spica sat laxiflora basi vero semper interrupta, spiculis sub- 
duplo (8 mill.) longioribus magisque aristatis, antheris saltem 
duplo majoribus. 

Hab. — Cum precedente. Floret Januario. 


Cette forme, que d'autres prendront peut-étre pour une espéce nou- 
velle, a des analogies avec certains échantillons de Laponie, du Spitz- 
berg et du Groenland par son aspect et la longueur de ses arétes; mais, 
de tout ce que je posséde en herbier d'Europe et d'ailleurs, elle s'en 
distingue au premier coup d’œil par ses épillets beaucoup plus grands et 
ses anthéres atteignant 2 mill. et demi de longueur. 


PorAwoGETON oponrocarpus Gandoger sp. nova. — Caulis 
cylindricus striatus; folia inferiora alterna, superiora vero oppo- 
sita late (4 1/2-5 1/2 cent.) ovata obtusa basi abrupte cordata 
dein leviter decurrentia parum coriacea minute nervosa, longe 
petiolata natantia ; pedunculi fructiferi adscendentes foliis æqui- 
longi; spica linearis cylindrica densiflora; flores virentes; car- 
pella compresso-orbiculata; carena trialata, alis denticulatis vel 
acute crenatis. 

Hab. — Australia merid., ad Walcha (Betche; Maiden). Floret 
Decembri. 

Species ab affinibus abunde differt carpellarum structura. Attamen 
accedit ad P. natantem L., sed foliis paulo decurrentibus brevioribus, 
Carpellis minoribus 4 1/2 mill. diam. latis, spicis densioribus, etc.; ab 
eo facile secernitur. ` 


Voici quelques plantes rares du Kosciusko et qui peuvent don- 
ner une idée de sa végétation : 


394 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


Aciphylla glacialis F. v. Mill. 
.— simplicifolia Sm. 

Astelia alpina R. Br. 

Bæckea Gunniana Schan. 
Bassiæa foliosa 4. Cunn. 
Brachycome nivalis F. v. Mill. 
Callistemon pitliyoides Miq. 
Callitris Muelleri Benth. Hook. 
Caltha intraloba F. v. Müll. 


Cardamine dicthyosperma F. v. Müll. 


Cassinia aculéata R. Br. 

— aurea R. Br. 

— denticulata R. Br. 

— quinquefaria R. Br. 
Craspedia Richea Cass. 
Danthonia robusta F. v. Mill. 
Didiscus humilis J. Hook. 
Drapetes tasmanica Hook. 
Drosera peltata Sm. 

— Arcturi Hook. 

Epacris heteronema Labill. 
— mucronulata R. Br. 

— petrophila Hook. 

— serpyllifolia R. Br. 


Eriostemon lamprophyllus F. v. Mul. 


— ovatifolium F. v. Müll. 
Euphrasia Brownii F. v. Müll. 
Goodenia hederacea Sm. 
Grevillea australis R. Br. 


Helichrysum rosmarinifolium 8. thyrs. 


Helipterum incanum DC. 


Kunzea Muelleri Benth. 

Leptorhynchus squamatus Less. 

Leucopogon Hookeri Sand. 

Lissanthe montana R. Br. 

Olearia stellulata Labill. 

— megalophylla F. v. Müll. 

Orites lancifolia F. v. Müll. 

Oxylobium ellipticum R. Br. 6. 

Pentachondra pumila, R. Br. 

Persoonia acerosa Sieb. 

Pimelea alpina F. v. Mill. — 

— Jaxiflora F. v. Müll. 8. alpina. 

Plantago varia R. Br. 

Podocarpus alpina R. Br. 

Prostanthera cuneata Benth. 

-— Jasianthos Labill. 

— linearis R. Br. 

Pultnæa fasciculata Benth. 

Ranuneulus Gunniauus F. v. Müll. 

— lappaceus L. 

— Millani F. v. Müll. 

Richea Gunnii Hook. f. 

Raoulia catipes Hook. 

Rupicola sprengelioides Maiden et 
Betche. . 

Senecio pectinatus DC B. pleioce- 
phalus. 

— australis A. Rich. 

Siebera linearifolia Benth. 

Veronica Derwentia Andr. 

— durifolia F. v. Müll. 


LETTRE DE M. FLICHE A M. MALINVAUD. 


Nancy, 12 aoüt 1899. 


Mon cher Secrétaire général, 


Pendant un récent séjour à la campagne, j'ai trouvé, dans l'Yonne, 
département où il n'avait pas été indiqué jusqu'ici, le Goodyera re- 
pens R. Br. La nouvelle localité de cette plante est, aux environs de 
Sens, dans le bois de Champfétu, commune de Theil-sur-Vanne, sous 
un perchis de Pins d'Autriche, àgé d'environ quarante-cinq ans, elle Y 
forme deux petites taches; j'ai, en outre, rencontré un pied isolé. 
Comme il arrive toujours, dans des stations analogues, les organes sou” 
terrains de la plante rampent dans les détritus laissés par les Pins. 

Il m'a paru intéressant de signaler immédiatement à la Société bota- 
nique cette nouvelle localité du G. repens, à raison des curieuses 


FLICIIE. LETTRE SUR LE GOODYERA REPENS DANS L'YONNE. 395 


allures de cette Orchidée dans notre pays. Ne paraissant pas rigoureu- 
sement liée aux bois de Conifères dans les pays où elle a existé de tout 
temps, elle était, dans tous les cas, peu répandue dans notre pays et en 
Alsace, généralement rare dans des endroits où on la rencontrait, jus- 
qu'au jour où M. Chatin la découvrit dans la forêt de Fontainebleau, au 
Mail de Henri [V, où certainement elle n’existait pas auparavant. Depuis 
cette époque, la plante n'a cessé de s'étendre, mais exclusivement dans 
les foréts de Coniféres de récente création, surtout sous les Pins, soit 
Sylvestres, soit d'Autriche. A ma connaissance, la localité de Champfétu 
est la onzième constatée dans de semblables conditions. Je la vois 
indiquée dans Seine-et-Marne, à Fontainebleau et à Saint-Pierre-des- 
Essarts (Chatin); dans Seine-et-Oise, à Rambouillet (M'* Deléze); dans 
l'Oise, à Ermenonville (Zeiller); dans le Loiret, à Malesherbes (Chatin); 
dans la Côte-d'Or, à Saumaise, environs de Semur(Fautrey et Langeron); 
dans l'Allier, à La Ronde (abbé Baudot) ; dans Meurthe-et-Moselle, aux 
environs de Nancy, à Dommartemont (D" Châtelain). Enfin, d’après un 
renseignement qu'a bien voulu me communiquer M. Hariot, elle a été 
, trouvée récemment dans l’Aube, prés de Marcilly-le-Hayer (de Valmont) 
et prés de Charmont (Guyot). 

Lors de la découverte du G. repens dans la forét de Fontainebleau, 
M. Chatin avait cru pouvoir expliquer son arrivée par des graines qui 
seraient restées attachées à celles des Coniféres ayant servi au reboise- 
ment. La méme explication a été invoquée, à propos de l'arrivée du 
Pirola umbellata L. (Chimophila umbellata Nutt.) dans cette même 
forêt de Fontainebleau; elle me semble peu probable, dans ces deux 
cas. Quoi qu'il en soit, j'ai montré qu'elle ne saurait s'appliquer à l'ar- 
rivée de la plante dans le petit bois de Dommartemont ; elle n'est pas 
plus admissible pour la localité du bois de Champfétu, pineraie, de 
création nouvelle, sur un terrain que j'ai encore vu culliver; elle est 
due uniquement à des plantations faites avec des plants de pépiniéres ; 
Pas une graine de Conifères n'y a élé semée. 


Veuillez agréer, etc. 


[Note ajoutée au mois de novembre. 2. 

Depuis la rédaction de cette lettre, j'ai trouvé, dans un travail fort intéres- 
Sant de M. le D* X. Gillot sur le Goodyera repens R. Br. dans le Morvan, 
l'indication de trois autres localités francaises où cette plante a apparu dans 
les conditions relatées ci-dessus, ce sont : Loiret, à Urigny (Pelletier); Cóte- 
d'Or, à Savilly (Mouillé); Loir-et-Cher, à Souésmes (Larchevéque). Cela porte 
à 14 le nombre des localités où le Goodyera repens a apparu, en France, 
à de basses altitudes, à la suite de plantations de Conifères. Quelques stations 
de la plante dans le Midi pourraient bien avoir une origine semblable, mais 
je manque de renseignements précis sur elles.] 


396 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


LES TUBERCULOIDES DES LÉGUMINEUSES, D'APRES CHARLES NAUDIN; 
par M. D. CLOS (!). 


L'importance attribuée en 1885-1887 par Hellriegel et Wilfarth 
aux tuberculoides des Légumineuses dans la vie de ces étres ne 
pouvait laisser indifférent l'esprit de Naudin, toujours en quéte 
de progrès botaniques, agricoles et horticoles. 

S'il est établi que les Bactéries de ces tubérosités sont chargées 
d'assimiler l'azote libre de l'atmosphére pour le transmettre à ces 
plantes (Schlæsing fils et Laurent, 1892), tous les représentants 
de cette vaste famille sont-ils sous la dépendance de ces Bactéries, 
incapables de vivre sans elles, et dépérissant de bonne heure en 
leur absence, après avoir épuisé tout l'azote des graines d’où elles 
sont nées? 


Suffira-t-il, pour assurer la prospérité de leurs cultures, d'en 
inoculer d'avance les champs avec ces microbes? 
Enfin, faut-il admettre des Bactéries spéciales et seules ferti- 


(1) La plupart des publications scientifiques, agricoles et horticoles 
payaient naguère leur tribut de regrets et d'éloges assurément bien mérités à 
la mémoire de Ch. Naudin, de l'Institut et directeur, depuis 1878, du labora- 
toire scientifique de la villa Thuret, prés Antibes. On a énuméré ses impor- 
tants travaux, mais en citant à peine ou méme en laissant dans l'ombre un 
de ceux qui l'avaient longtemps et laborieusement occupé vers la fin de sa 
vie, et auquel il attachait le plus de prix, ses Recherches sur les nodosités 0u 
tubercules des Légumineuses (Journ. d'agric. prat., articles réunis en 18 
en une brochure de 75 pages in-12). « 1l me parlait souvent, dans ses lettres, 
de ses recherches sur les tubercules des Légumineuses », a écrit M. F. Sahut 
dans la Notice qu’il lui a consacrée. 

Lié de très longue date avec Naudin, et m’étant livré de mon côté au Jar- 
din botanique de Toulouse à des observations morphologiques sur ces petits 
corps, j'ai pu croire, méme après les quelques lignes dues à une plume auto- 
risée, publiées en septembre dernier sur Naudin dans ce Recueil (n° 3 du 
Bulletin, pp. 127 et 128), qu'une analyse de l'opuscule de mon savant col- 
légue et ami à jamais regretté pourrait avoir quelque intérét aux yeux de 
nos confrères. Si telle ou telle des assertions énoncées par lui peut ne pas 
toujours paraitre suffisamment justifiée, les nombreux faits, rigoureusement 
observés et décrits avec soin, n’en restent pas moins de précieux documents; 
dont la mise en œuvre, le contrôle avec d'autres du méme genre et une juste 
appréciation s'imposeront désormais à tous ceux qui reprendront un sujet 
si attachant, mais encore si obscur au point de vue physiologique. On à omis 
à dessein, dans cette revue, les détails morphologiques donnés par l'auteur sur 
la structure de ces tuberculoides. Cet hommage était bien dà à cet infatigable 
pionnier, à ce noble cœur qui fut jadis un des nôtres à la Société. 


CLOS. — LES TUBERCULOIDES DES LÉGUMINEUSES. 397 


lisantes pour chaque genre ou même pour chaque espèce de Légu- 
mineuse ? . 

Tels sont les principaux problèmes qui vont susciter les re- 
cherches de Charles Naudin. 

Dès l'abord, une première objection se présente tout naturel- 
lement à l'esprit : depuis l'incessante extension des relations 
commerciales entre l'Europe et les autres parties du monde, des 
centaines de nouveaux types de Légumineuses exotiques viennent 
annuellement orner nos jardins et nos parcs, introduits surtout 
par leurs graines; et, si le climat leur convient, ils y prospérent en 
général, bien que privés de leurs Bactéries propres. 

Voulant s'édifier à tout prix sur la validité de la théorie des 
deux savants allemands, Naudin n'hésite pas à instituer et à pour- 
suivre, durant les deux années 1895-1896, une série d'expériences 
physiologiques : il sème des graines de Légumineuses de genres 
et espèces trés variés comparativement moitié en sol normal, 
moitié en sol préalablement stérilisé par un ébouillantage de plu- 
sieurs heures ou par une longue exposition dans un four chauffé 
au degré nécessaire à la cuisson du pain, les deux groupes de 
vases affectés à ce but étant identiques. Il en observe le dévelop- 
pement et en scrute les racines. 

De la longue accumulation de faits patiemment acquis et énu- 
mérés par lui je reléve les suivants. 

La végétation du faux Ébénier (Cytisus Laburnum) a été la 
méme à la villa Thuret, en pleine terre où il portait des tuber- 
culoides, et en sol stérilisé où il en était dépourvu. 

Seize pieds de Lentilles semés moitié en sol stérilisé, moitié en 
terre normale se sont montrés également tuberculigénes. 

Les Lupins jaune et bleu ont paru, sous ce rapport, indifférents 

la nature du sol ; mais, sur vingt et un pieds de Lupin blanc cul- 
tivés en terre stérilisce, trois seulement portaient des tubercu- 
loïdes, ceux-ci existant sur la plupart des pieds crus en pleine 
terre. 

De neuf pieds de Medicago Lupulina deux seuls venus en sol 
riche en humus en présentaient. EM 

Dolics et Tétragonolobes pourprés croissant cóte à cóte étaient 
les premiers indemnes, les seconds chargés de tuberculoides, el 
Ces derniers en avaient offert aussi, mais moins, en sol stérilisé. 

Quatre pieds de Haricots venus en terre vierge de toute infec- 


398 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


tion entre deux lignes, l’une de Lupins blancs, l’autre de Pois 
chiches, distantes de 0",50, et les premiers ayant pu mêler leurs 
racines avec celles de ceux-ci qui se sont chargées de tubercu- 
loïdes, n’en ont pas montré trace. 

Crues spontanément en sol profondément défoncé aprés l'arra- 
chage d’Oliviers, plusieurs espèces de Légumineuses indigènes des 
genres Trifolium, Ononis, Medicago, Lotus, etc., y ont donné 
moins de tuberculoides que les mêmes espèces en un terrain peu 
éloigné et depuis longtemps cultivé en jardin, sans que le déve- 
loppement des premiéres en ait en rien souffert. 

Des pieds de Grande Luzerne âgés de deux ans, venus dans ces 
deux sortes de sols, étaient indemnes, tandis que deux autres pieds 
en pots remplis de bonne terre en portaient, de méme que huit 
crus en terre ébouillantée et neuf en pleine terre au voisinage. 

Naudin cite comme réfractaires à la production de tubercu- 
loides : Ceratonia Siliqua, Cercis Siliquastrum, Mimosa pudica, 
Soja hispida (sur lesquels en effet je n'en ai jamais pu voir), et 
Bauhinia purpurea. Mais le Soja en a montré, né dans de la 
terre provenant du Japon et dans laquelle il avait été cultivé (1). 
Le Psoralea bituminosa, où je les ai vainement cherchés à l'état 
spontané, en a offert à Naudin chez onze pieds sur quinze crus en 
sol riche en humus, et chez trois oü ils étaient trés peu apparents, 
i| est vrai, sur vingt et un arrachés d'un sol pauvre. Résultat 
analogue pour Letus ornithopodioides. | 

L'auteur écrit en outre du Coronilla scorpioides : « Je me suis 
borné à visiter ses racines sur une dizaine de plantes de la pleine 
terre, des Rastines (ancien champ d'Oliviers d'abord abandonné 
et depuis profondément défoncé), et je les ai toutes trouvées dé- 
pourvues de tubercules » (p. 33). J'avais, de mon cóté, observé 
l'absence de ceux-ci sur des pieds de l'École de Botanique de Tou- 
louse; mais ayant récemment arraché, dans un champ cultivé en 
Mais, quinze individus rapprochés de celle espèce, j'ai constaté 
que huit étaient indemnes, six portant chacun un ou deux 
tuberculoides assez gros sur le pivot, un seul pied én montrant 
une douzaine de petits sur les radicelles et un sur la maitresse 
racine. Le Pois commun et le Pois chiche n’ont, d’après Naudin, 
nul besoin de ces corps pour parcourir leur cycle de végétation. 


(1) O. Kirchner et D" Trabut. 


CLOS. — LES TUBERCULOIDES DES LÉGUMINEUSES. 399 


Sa déclaration que les divers terrains variant de richesse en 
Bactéries tuberculigénes ne favorisent pas au même degré la pro- 
duction des tuberculoïdes est donc justifiée par les faits; mais 
en est-il ainsi de cette autre que le nombre de ces nodosités est 
généralement en rapport avec la vigueur et le développement des 
Légumineuses hospitantes? De gréles Papilionacées en ont parfois 
les racines couvertes. Naudin fui-même a obtenu d'un semis de 
graines d'Arachides en terre stérilisée trois plantes trés vigou- 
reuses, qui ont fleuri et fructifié, mais leurs racines élaient tola- 
lement indemnes de tubercules, p. 26 (1); il en a été ainsi d'une 
graine de Cylisus Laburnum (p. 33) et d'une autre de Desmo- 
dium discolor (p. 34). 

Les nombreux cas observés parlui de formation de ces corps 
sur des racines crues en sol ébouillanté lui semblent ne pouvoir 
s'expliquer qu'en admeltant que les germes du Champignon exis- 
taient déjà dans la graine ou dans ses enveloppes..., par fait 
d'hérédité. 

Pareillement, les nouvelles plantes exotiques légumineuses in- 
troduites par graines et qui prospèrent le doivent à la méme cause, 
à moins d'admettre que les Bactéries du sol où elles germent 
se modifient pour pénétrer dans leurs tissus. La production des 
tuberculoïdes sur les racines reconnaitrait donc à ses yeux une 
origine, tantót interne, tantót externe, et, dans ce dernier cas (le 
moins fréquent), la pénétration des germes baclériens se ferait, 
dés la germination des graines, sur les cotylédons ou la tigelle 
naissante, d'ou le mycélium du parasite, toujours descendant, 
gagnerait les racines pour y produire ces tubérosités qui sont sa 
fruclification (pp. 70-71) (2). 

Il est à regretter que Naudin, dans la conviction exprimée maintes 
fois par lui, d’après les résultats de ses semis en terre stérilisée 


yeux une vingiaine de pieds 


1) J'ai | les 
(1) J'ai en ce moment (30 octobre) sous yeux une nd de Botanique 


fructifères dA rachis ou Pistache de terre arrac iqu 
de Toulouse, sur les racines desquels je ne puis déceler trace de tuberculoides. 
Cette espèce, originaire des contrées chaudes du globe, n'a point mos ans 
ce sol, pas plus que le Pois oléagineux de Chine ou Soja, les mE ies aui 
lui sont propres au pays natal; mais ni l'une ni l'autre ne sem ent en a 
en rien souffert. 
(2) 11 croyait en trouver les spores dans les innombrables corpuscules mo- 
iles ou immobiles dont l'observation microscopique lui décelait la Pus et 
dans les tuberculoides de l'Hedysarum coronarium, du Lupinus albus e 
autres, 


400 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1899. 


(souvent identiques à ceux obtenus en terre normale, notamment 
pour les Vicia Faba, serrata, villosa, etc.), que les germes des 
Bactéries productrices de tuberculoides se trouvaient dans les 
graines, ne se soit pas appliqué sans relâche à y en déceler les 
traces. Et, pour ce qui est du mode de pénétration de ces microbes 
de l'extérieur, les recherches de M. Prazmowski et celles de 
M. Mazé (1) assignent aux poils des racines le róle d'absorber les 
Dactéries. 

Quant aux tuberculoides, ils représentent, aux yeux de Naudin, 
des espèces de parasites sur la plante hospitalière dont ils tirent 
toute leur alimentation et à laquelle il est fort douteux qu'ils 
rendent quelque chose en retour : Jis semblent n'élre qu'une 
sorle de déversoir, chargés de disséminer dans le sol ambiant les 
principes azotés, fournis par la plante hospitante (p. 71). 

Le fait de la splendide végétation, avec belle floraison, à la villa 
Thuret, d'un pied en pleine terre de Desmodium discolor ? (plante 
du Brésil venue de graine), sans que les racines aient montré à 
l'arrachage la moindre tubérosité, lui fournit un « nouvel exemple 
de l'inutilité des tubercules et de leurs Bactéries pour les Légu- 
mineuses et de la résistance à l'infection de celles-ci, méme quand 
elles se trouvent dans une terre contaminée » (p. 34). 

Mais, si les recherches micrographiques antérieures de M. Beye- 
rinck (1888) et de M. Prazmowski (1890), confirment cette opinion 
que la décomposition des tuberculoïdes dans la terre arable, où 
plongent les racines des Légumineuses, l'enrichit par leurs mi- 
crobes azotés, elles nous apprennent en outre qu'une partie de 
leurs bactéridies en bátonnets, d'abord protégées par des tubes 
gélatineux allant d'une cellule à l'autre à travers leurs parois et 
dans lesquels elles se multiplient par bipartition, subissent, à la 
suite de la destruction du tube et au contact du protoplasma cel- 
lulaire, une transformation telle qu'elles perdent leur vitalité ; 
elles passent alors à l'état de bactérioides, dont, d'aprés eux, l'as- 
similation facile détermine l’accroissement rapide de la plante. - 


(1) Comme conséquences d'un grand travail sur la fixation de l'azote libre 
par le bacille des nodosités des Légumineuses, publié daus les Annales de 
UInstitut Pasteur (anvier 1897, janvier et février 1898), M. Mazé conclut : 
« Les formes libres du sol, attirées sur les racines des Légumineuses par l'in- 
termédiaire des hydrates de carbone diffusés dans la région des poils absor- 
bants, pénètrent dans les tissus à l'état de coccobacilles et provoquent la for- 
mation d'un méristéme qui donne naissance aux tubercules. » 


CLOS. — LES TUBERCULOIDES DES LÉGUMINEUSES. 401 


En ce qui concerne la spécificité des Bactéries dans ses rapports 
avec celle des divers genres et espèces de Légumineuses, quatre 
espèces seulement de celles-ci se sont montrées à Naudin réfrac- 
taires à l'adaptation, savoir : Lespedeza virgata (dit. Tréfle du 
Japon), Olneya Tesola des États-Unis, Balsamocarpon brevi- 
folium, du Chili, Cassia spec., de Sénégambie, à côté d'autres 
étrangéres réussissant avec une merveilleuse facilité. 

Les recherches de ce physiologiste permettent d'établir : 


1* Que certaines espéces de Légumineuses, riches en tubercu- 
loides dans leur pays natal, peuvent se développer normalement 
sans en présenter trace loin de leur lieu d'origine. Ex. : Soja his- 
pida et Bauhinia purpurea ; 

2 Que, dans leur patrie, certaines espèces en sont indifférem- 
ment pourvues ou non; avec prédominance, chez les unes, des 
individus tubériféres, des indemnes chez les autres (Trifolium, 
Medicago); | 

3 Que l’on voit de fortes racines trés ramifiées d'arbustes ou 
de plantes herbacées ne porter que quelques trés rares tuber- 
culoides ou méme un seul, dont l'effet sur la vie de ces étres 
doit être des plus bornés : Genista candicans ; 

4 Qu'il est des espèces, au contraire, chez lesquelles ils sont 
toujours nombreux et destinés probablement à jouer un róle actif 
dans la vie de leurs représentants : Trifolium pratense, Galega 
officinalis; 

9' Que certaines espèces (Anagyris folida, Coronilla penta- 
phylla, etc.) en ont montré sur les individus crus en sol normal 
et non sur ceux nés en sol stérilisé, malgré leur beau développe- 
ment. Il en a été de méme pour une Mimosée, l Acacia steno- 
phylla. 


Quant à ces deux résultats, obtenus par Naudin (notamment sur 
l'Arachis hypogæa) et qui l'ont justement surpris, de graines ger- 
mant en terre stérilisée d'un à quatre ou cinq jours plus tôt 
qu'en terre normale, précocité suivie d'un plus grand développe- 
ment et de plus de vigueur des plantes, ils ouvrent la voie à de 
nouvelles investigations de même nature. Ils sont, en effet, en 
contradiction avec d'autres publiés par divers auteurs et avec les 
nouvelles théories régnantes. 


Je terminerai cette analyse du long Mémoire du savant expér:- 
T. XLVI. (SÉANCES) 26 


402 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE. 1899. 


mentateur de la villa Thuret par trois citations extraites de sa 
correspondance, afférentes au sujet en question. 


4° Du 24 juin 1896 : « Je continue ma chasse aux tuberculoïdes 
(un mot que j'approuve) par des expériences variées et nom- 
breuses. Plus j'avance, plus je suis entrainé à les considérer comme 
de simples et vils parasites, dont les Légumineuses ne demande- 
raient pas mieux que de se débarrasser. Ce sont, selon moi, les 
Légumineuses qui nourrissent les tuberculoides, et non les tuber- 
culoides qui nourrissent les Légumineuses ; mais peut-être lesdits 
tuberculoïdes ont-ils pour rôle d'enrichir le sol de tout ce qu'ils 
ont volé aux Légumineuses. Ce serait toujours ça à leur dé- 
charge... » 

2 Du 3 mai 1898 : « Quant aux migrations des germes des 
tuberculoides, je n'ai aucune idée : Le vent? Les transports de 
débris de Légumineuses?? Obscurité complète ; Hétéræcie ?? Tout 
cela est dans l'inconnu. » 

9* En ce qui concerne le côté pratique, il s'était borné dans son 
opuscule à ces quelques lignes : « On a proposé d'inoculer les 
champs, soit par.des apports de terre bactérisée par des cultures 
de Légumineuses, soit plus simplement par un arrosage d'eau 
chargée de Bactéries aprés délayure de cette méme terre. Cette 
recommandation a été surtout appuyée par deux éminents agro- 
nomes allemands, MM. Nobbe et Hiltner, qui ont encore simplifié 
la méthode en condensant les Bactéries dans un petit volume 
d'eau, qu'il suffit d'allonger d'une quantité de liquide suffisante 
pour l'arrosage d'un champ. Cette préparation est ce que ses in- 
venteurs appellent la nitragine (p. 9). » Mais la seconde lettre 
citée portait : « On ne parle plus guère de la nitragine. Je crois 
qu'elle ne fait pas ses frais. On adresse, d'ailleurs, à la Société 
d'Agriculture des observations auxquelles les nitragineuc sont 
embarrassés de répondre. Comment se fait-il que le Tréfle, Si 
fécond en tuberculoides, dépéritlà oà il a supérieurement réussi 
une première année et qu’il faille attendre, pour le voir réussir 
sur le même terrain, cinq ou six ans, c’est-à-dire jusqu'à ce que 


la terre ait été débarrassée des tuberculoides par d'autres cul- 
tures? » | 


Et il y revenait encore, peu de mois aprés (lettre du 21 dé- 
cembre 1898) : « Vous me demandez des nouvelles des tubercu- 


AVICE. — SOLANUM DULCAMARA. 403 


loïdes (1); ils sont coulés; coulée aussi la fameuse nitragine... 
Il n'en est plus question... » 

Cette conclusion était confirmée naguére par M. le professeur 
Dehérain, de l'Institut, dans un important article de la Revue des 
Deux Mondes, n° du 1” novembre, où je relève cette phrase, 
p. 220 : « Les essais avec la nitragine n’ont pas réussi en général. » 


M. Malinvaud rappelle, en les résumant, les observations, 
précédemment communiquées à la Société, de M. le D" Avice 
sur le Solanum Dulcamara var. maritima (2). Il a recu, dans 
une lettre de ce dernier, les nouveaux détails suivants : 


... En revenant (en juillet dernier) du sillon Talbert, où j'étais allé 
récolter le Solanum Dulcamara var. maritima, j'ai fait une petite 
Observation qui confirme absolument mes expériences de culture. J'ai 
eu l'idée d'examiner les Solanum qui poussent dans la partie du sillon 
voisine de la terre ferme, partie un peu surélevée et où les galets sont 
recouverts de sable et d'un peu de terre végétale. J'ai constaté la réappa- 
rition progressive des taches nectariféres à mesure que l'on se rapproche 
de la falaise; enfin les derniers plants, c'est-à-dire les plus terrestres, 
présentent leur couronne complète. Les autres caractères se main- 
tiennent sensiblement les mêmes. J'ai pu ainsi observer, dans l'espace 
de quelques centaines de mètres, toutes les phases qui m'ont demandé 
plusieurs années de culture. La plante disparaît vers 300 ou 400 mètres 
avant le point d'attache du sillon à la falaise... 


M. le Président, avant de lever la séance, annonce deux 
nouvelles présentalions. 


(1) Ce terme, qu'adoptait définitivement Naudin dans ses lettres de 1896 
€t 1898, avait été proposé par moi en 1893 (Revision des tubercules des 
plantes et des tuberculoides des Légumineuses, in Mém. de l'Acad. des sc. 
de Toulouse, 9* sér., t. V et en 1896 Compt. rend. de lInstit. M, pp. 407-410), 
d'aprés cette considération que ces corps, d'une structure interne si spéciale, 
Dé peuvent pas étre considérés comme des transformations de radicelles. 
J'ajoute que de vrais tubercules, avec lesquels ils n'ont pas plus de rapports, 
se rencontrent aussi dans cette famille, notamment dans Orobus (ubarosus, 
Lathyrus tuberosus, Apios tuberosa, etc., tubercules utilisés parfois dans 
l'alimentation. 

P Voy. le Bulletin, t. XLIII (1896), p. 415, ct plus haut, dans ce volume, 
p. 41. 


ADDITION À LA SEANCE DU 93 JUIN 1899 (1). 


SUR LE POLYMORPHISME DES ALTERNARIA; par M. Louis PLANCHON. 


Au cours de recherches que je poursuis depuis deux ans environ 
sur la morphologie des Champignons inférieurs qui se développent 
dans les solutions chimiques ou pharmaceutiques, j'ai rencontré 
diverses espèces fort intéressantes par leur aptitude spéciale à la 
variation. Sans vouloir faire ici une étude d'ensemble, et sans 
entrer dans des détails qui feront prochainement l'objet d'un 
travail plus considérable, je voudrais indiquer seulement quelques- 
uns des résultats obtenus par la culture en milieux purs de cer- 
taines Dématiées du genre Alternaria (2). 

Les deux espéces étudiées se rapprochent par le mode de repro- 
duction qui leur a valu leur nom générique, mais elles se 
comportent trés différemment sur les milieux de culture et sont 
certainement bien distinctes l'une de l'autre. 

La première a été très souvent rencontrée dans les semis sur 
Pomme de terre acidulée, faits directement avec les moisissures 
des solutions (eau distillée de tilleul, solution de bromure de 
potassium, etc., etc.). 

Elle apparaît d'abord comme une végétation uniforme, de teinte 
rose, d'aspect granuleux et humide, se rapprochant de certaines 
colonies bactériennes, et qui s'étend bientót sur le milieu en se 
recouvrant peu à peu d'un léger tomentum blanc grisátre. En 
méme temps, les bords de la culture, surtout dans les régions un 
peu séches, deviennent jaunátres, puis verdátres, et enfin presque 
noirs. Àu bout de quelques jours, la surface de la Pomme de terre 
est recouverte d'une végétation noir verdátre, à la fois granuleuse 
et tomenteuse; la partie étranglée du tube porte de nombreux 
petits corps jaunátres, et le liquide du fond du tube se recouvre 
d'un voile blanc rosé conservant d'ordinaire sa couleur, tandis 


(1) Voy. plus haut, p. 280, 
(2) A. polymorpha et A. varians sp. nov. 


PLANCHON. — SUR LE POLYMORPHISME DES ALTERNARIA. 405 


qu'une membrane blanche plus ou moins épaisse s'enfonce et 
flotte au-dessous de lui. 

Cette seule culture, suivie pas à pas, permet déjà de voir cliez 
celte espéce une trés grande variété d'aspect. La végétation rose 
primitive est une forme-levure allongée, 
ovoide, bourgeonnant en levure et se mul- 
tipliant avec une grande rapidité, mais 
pouvant aussi se développer en filaments 
mycéliens plus ou moins longs (fig. 1) (1). 
Il me sera permis d'indiquer en passant le 
grand nombre de formes-levures que four- 
nissent les semis de ces végétations spon- 
lanées des liquides chimiques. J'en cultive 
actuellement de trés diverses, les unes se 
maintenant plus ou moins sous leur forme 
primitive, les autres se montrant, comme 
celle dont il est ici question, comme une 
simple phase d'un cycle plus complexe. 

Àu milieu de ces formes-levures appa- 
raissent en grand nombre des pycnides 
plus ou moins arrondies d'abord pâles, 
Puis devenant rapidement colorées en 
mürissant, et émettant alors par un ou 
deux orifices de trés nombreuses stylos- 
pores, allongées et trés analogues par leur 
forme aux levures primitives (fig. 2). 

La paroi de ces pycnides devient bientót u 
1 e : : : -opr — Fic. 4. — Formes-levures à di- 
Jaune, puis noire, ce qui explique les diffé- ` yers états : — a, jeunes; — b, 
rentes nuances par lesquelles passe la cul- ie n a onies em vola 
ture. Jen étudierai ailleurs le mode de de En sor pomme 
développement, qui varie un peu sous cer- de terre acide). 
taines influences. Bientôt les filaments 
mycéliens se dressent au-dessus de la|végétation primitive : les 

. Uns restent blancs et stériles, les autres ne tardent pas à se Cutini- 
ser, à se colorer, à se renfler çà et là, tantôt sur leur trajet. tantôt 
aux extrémités. Un troisième mode de]reproduction apparait; on 
voit se former, au bout des filaments, [des spores pluricellu- 


(1) Toutes les figures (sauf la figure 2) sont à 600 diamètres environ. 


406 


ADDITION A LA SÉANCE DU 23 JUIN 1899. 


laires du type Macrosporium, qui restent parfois uniques, mais 


qui peuvent aussi bourgeonner 
spores en longues files répondan 


09,2 
LE 
. . 
LE" . 


Fic. 2, — Groupe d» pycnides (grossissement 
faible; culture ancienne sur Pomme de terre). 


en avant en donnant des séries de 
Lau type Alternaria (fig. 3, 4, 5). 
Ce dernier type paraissant ré- 
pondre nettement à un genre gé- 
néralement accepté, c'est le nom 
de ce genre que je conserve à 
l'espéce étudiée. 

Déjà, sur la Pomme de terre, 
des cellules isolées, ou réunies 
en filaments, peuvent se cutini- 
ser ou se modifier, et prendre 
l'apparence de corps reproduc- 
teurs. Mais, si l'on cultive l'espéce 
dans des liquides chimiques variés 
en y semant la levure primitive, 


les formes que l'on obtient et qui varient infiniment, permettent 
de se faire une opinion sur la valeur morphologique de ces or- 


F16.-9. — Spores en massif ( 


sur Pomme de 
terre). ' 


brunes, un filament presque enti 


ganes. Il est, en effet, impossible 
de tracer, dans les régions cuti- 
nisées, une ligne de démareation 
entre la simple cellule colorée 
en brun, sur le trajet d'un fila- 
ment, etla spore en massif bien 
différenciée d’un Alternaria. 
Tantôt sur la mème culture, tan- 


: tôt sur des milieux différents, on 


peut suivre terme à terme toute la 
série des modifications (fig. 6)- 
Ici, c’est une cellule du filament 
qui se cutinise sans changer de 
forme; là, elle devient sphérique 
entre deux cellules normales; 
ailleurs, ce sont des séries plus. 
ou moins longues de cellules 
er qui se sclérifie, tantót chaque 


cellule conservant sa forme, tantót l'ensemble formant un cha- 
pelet de sphères inégales, dont chacune peut pousser en Un 
ilament mycélien. Tout ceci n'est en somme que du mycélium; 


PLANCHON. — SUR LE POLYMORPHISME DES ALTERNARIA. 407 


mais la cellule primitive se divise maintenant en un petit groupe 
cellulaire, dont les éléments peuvent n'étre que faiblement unis et 
rester sphériques, ou au contraire être soudés en un corps solide 
cloisonné dans les trois directions de l’espace, tantôt plus ou 
moins irrégulièrement sphérique et placé sur le trajet d’un fila- 
ment cutinisé lui-même, tantôt piriforme, terminant les branches, 
et constituant alors la spore 

type d'un Macrosporium. 4 
Enfin celle-ci peut germer ERE 
latéralement en donnant | | - 
d'autres rameaux et d'au- Fic. f, — Spores en massif (dextrine]. 

ires spores semblables, ou 

former à son sommet par bourgeonnement centrifuge rapide une 
série de spores identiques. Chaque spore de cette série peut être- 
unie à ses voisines par des parties de mycélium eulinisé et offrir 
l'aspect d'un 'gros filament toruleux, ou 
bien étre en contact direct avec elles par 
ses deux cellules terminales, et s’en dis- 
tinguer trés nettement : c'est alors l'Alter- 
naria typique. 

On a déjà donné à ces formes ou à des 
formes analogues le nom de mycélium du- 
rable. On voit que cette dénomination est 
fort juste et que toutes les spores, même 
différenciées nettement, doivent être con- 
sidérées comme de simples modifications 
mycéliennes. 

On voit aussi que l'on ne peut guére 
fonder une distinction générique sérieuse 
entre les Alternaria et les Macrosporium et 
peut-être aussi quelques groupes Voisins. pic. 5. — Spores en massif. — 
Ces noms correspondent à des formes plus Pass (doxtrine). 
ou moins fixées du mycélium durable, et il | 
est probable que les Hyphomycètes, ayant comme unique organe 
reproducteur la spore en massif, doivent dans cerlaines conditions 
présenter entre eux toutes les transitions. A fortiori sera-t-il dif- 
ficile d'établir des distinctions spécifiques. Dans l'Alfernaria 
étudié, par exemple, la forme, le nombre, les dimensions des 
Spores qui constituent le chapelet différencié, le nombre méme 


408 ADDITION A LA SÉANCE DU 23 JUIN 1899. 


des cellules qui composent chaque spore, tout cela. varie dans de 
très larges limites et souvent dans une méme préparation. 
Il està remarquer en outre que les parties immergées présentent 


Fic. 6, — Formes macrosporioides, alternarioides, mycélium durable et passages. — 
a, mannile, — b, cocaine. — c, pomme de terrre. — d, glycérophosphate di-0- 
dique. — e, gomme. 
des passages plus nombreux et des formes plus variées, macro- 
sporioides et alternarioides, tandis que les régions émergées des 


PLANCHON. — SUR LE POLYMORPHISME DES ALTERNARIA. 409 


mêmes filaments donnent des formes mieux caractérisées, mieux 


différenciées en Alternaria typiques. 


Le point le plus intéressant ici, c’est que l’on peut établir une 


homologie complète entre les pycnides 
massifs mycéliens qui se forment sur les 
filaments. Si l'on suit, en effet, de près 
le développement d’un de ces massifs et 
celui d’une pycnide immergée, on at- 
tribue à ces deux organes la même valeur 
morphologique; c’est le même mode de 
formation au début (massif cellulaire par 
cloisonnement d'une cellule unique). 
C’est la même position sur le trajet d’un 
filament ou d’un rameau (il y a des pyc- 
nides intercalaires ou latérales) (fig. 7). 
C'est aussi la méme modification chi- 
mique des cellules, encore que chez la 
pycnide elle ne s'effectue que plus len- 
lement, surtout dans l'eau. Le dévelop- 
pement ultérieur de la pycnide, la pe- 
titesse des cellules qui forment la paroi, 
la formation intérieure des spores, l'ou- 
verture de cet appareil sporifère, elc., 
lout cela écarte ensuite beaucoup les 
pyenides du mycélium durable; mais au 
début la distinction peut être difficile, 
et dans certaines préparations l'homo- 
logie saute aux yeux. C'est par exemple, 
dans une série de renflements alterna- 
rioïdes, une pycnide remplaçant un de 
ces renflements; c’est une pyenide ter- 
minée à ses deux extrémités par les 
cellules épaissies et fortement cutinisées 


elles-mémes et les divers 


Fic. 7. — Passages du mycélium du- 
rable aux pycuides. — «4, eau de 
Pomme de terre. — b, eau dis- 
tillée. 


d'un Macrosporium; en un mot, dans certains milieux, on peut 


Voir tous les passages. 


Les parties purement végétatives de la plante ne varient pas 
moins suivant le liquide de culture. On obtient aussi de nom- 
breuses formes stériles qui flottent dans le liquide sous forme d’une 
membrane blanche ou colorée, ou qui s'étalent en voile à la sur- 


410 ADDITION A LA SÉANCE DU 23 JUIN 1899. 


face, ou tombent au fond du tube, mais qui n'offrent ni pycnides, 
ni spores en massif. Les formes immergées surtout varient 
beaucoup d'aspect : tantôt les filaments sont tout à fait dépourvus 
de cutinisation, tantót, au contraire, la membrane externe est for- 
tement résistante; il arrive que des cellules incolores s'intercalent 
cà et là dans des files de cellules cutinisées. Il arrive aussi que les 
rapports des cellules entre elles se modifient : au lieu de pousser 
en filament, elles s'isolent et se divisent en petits massifs, consti- 
tuant ainsi une végétation fumagoide (fig. 8), qui caractérise trés 
bien certains milieux de culture, et ce dernier phénomène est 
d'autant plus intéressant que tel liquide 
chimique le produit sur des espéces et 
des genres variés, qui présentent ainsi, 
malgré leurs différences fondamentales, 
de curieux phénomènes de convergence. 
Du reste, cettetransformation.en formes 
fwmagoides n'est.pas spéciale au mycé- 
lium. Les formes-levures les produisent 
aussi, bien qu'un peu différemment, et 
les régions brunes ou noires que l'on voit: 
se former sur le bord des cultures sur 
Pomme de terre nesont pas autre chose 
Pie. 8. values funagoice. — que des sortes de Fumago, développées: 
trique. | dans des régions moins favorables à la 
vie, par transformation soit de la forme- 
levure rose primitive, soit méme des spores fournies par les pyc- 
nides. Cette transformation peut. être suivie dans les cultures en: 
cellule. Comme pour le mycélium durable, ce sont là des formes 
de résistance. 
Cutinisé ou non, le mycélium varie donc beaucoup dans sa 
forme, et l’on peut provoquer ces variations à volonté. Il est 
fréquent par exemple de le voir présenter des renflements tantôt 
irréguliers et répartis cà et là, tantôt rapprochés et donnant alors 
à l'ensemble un aspect toruleux. Il est des milieux où les filaments 
sont gros et les cellules courtes, cubiques; d'autres où ils s'allon- 
gent fortement, süivant.le mode ordinaire ; d'autres enfin où des 
cellules arrondies s'intercalent entre des régions cylindriques. 
Des formes multiples peuvent, il est vrai, coexister dans certaines 
cultures, mais il est fréquent de voir l'une d'elles caractériser très 


PLANCHON. — SUR LE POLYMORPHISME DES ALTERNARIA. 41 


nettement tel ou tel milieu. C'est là un point trés intéressant que 
jai pu vérifier souvent (car j'ai employé, pour chaque espéce étu- 
diée, environ quatre-vingt-dix milieux différents), et que je me 
propose de développer dans un mémoire plus étendu. 

Un mot encore avant de laisser cette espèce, dont l'étude est loin 
d'étre épuisée. La production du mucilage est un fait assez général 
chez beaucoup de Champignons. Pour l'Alternaría, dont il est 
question ici, les pycnides fournissent beaucoup de mucilage, et, 
dans les cultures en cellule, il est facile de voir que les spores 
sortant par le goulot pycnidaire restent englobées dans une masse 
mucilagineuse générale. Dans certains 
milieux (et ceci est vrai aussi pour 
l'espéce suivante), il en va de même 
pour les cellules du mycélium durable, 
quelle que soit sa forme. Celles-ci gé- 
lifient la région sous-cuticulaire de 
leur membrane. La cuticule se rompt 
et le globule cellulaire en sort sous 
forme d'une petite sphère protoplas- 
mique plus ou moins granuleuse, en- 
tourée d'une fine membrane, destinée 
sans doute à germer (je n'ai pas encore 
vérifié le fait) (1), et constituant ainsi Fia. 9. — Sortie de la cellule hors de 
un mode particulier de reproduction !»euticule (acétate de sodium), 
(fig. 9). Les formes différenciées de 
Macrosporium ou d'Allernaria présentent ce phénomène aussi 
bien que les cellules cutinisées ordinaires. L'influence du milieu 
de culture est ici de très grande importance. 

Les éléments ainsi émis sont fort différents des gouttelettes 
huileuses, très fréquentes aussi dans les cellules de notre espèce, 
Surtout lorsqu'elle végète mal, et qui sortent souvent de ces 
cellules sous forme de globules trés inégaux, trés homogènes et 
très réfringents. 


Je puis être très bref sur la seconde espèce d'Alternaria que j'ai 
rencontrée dans des conditions analogues et qui m'a été fournie 
Par une solution d’azotite de potassium. 


(1) I a pu être vérifié depuis. (Note ajoutée pendant l'impression.) 


412 ADDITION A LA SÉANCE DU 23 JUIN 1899. 


Elle se rapproche de la première par la forme différenciée de ses 
spores en massif et aussi par les caractères de son mycélium 
durable. Mais sur aucun milieu on n'obtient ni forme-levure, ni 
pycnides. Sur la Pomme de terre acide, par exemple, dont on a vu 
plus haut l'emploi à propos de la première espèce, il se forme 
immédiatement une moisissure gris brun, verdátre, entourée 
d'une atmosphére de filaments blancs, aranéeux, légers. Bientôt, 
sur toute la Pomme de terre envahie, le microscope met en évi- 
dence des formes de Macrosporium très nombreuses. Les Alter- 
naria, plus rares ici, abondent sur d’autres milieux, et outre ces 
deux formes, comme pour la première espèce, on peut observer 
absolument tous les pas- 
sages, depuis, la simple 
cellule enkystée jusqu'à 
l'Alternaria typique dif- 
férencié. 

lei les formes macro- 
sporioides offrent deux 
types assez bien tran- 
chés (fig. 10) : tantót la 
spore müre est assez pe- 
lite, ramassée, courte- 
FIG. 10. — Formes principales de la spore en massif chez ment piriforme, généra- 

i ternaria varians. — a, liqueur de Fowler. — b, dex- lement d'un brun foncé, 
el presque toujours iso- 
lée; tantót elle est de teinte beaucoup plus claire, à parois 
beaucoup plus minces, de taille plus grande et surtout de forme 
plus allongée, prolongée méme en une sorte de col, de filament 
pluricellulaire, qui, bourgeonnant souvent à l'extrémité en une 
deuxième spore, passe ainsi à la forme Alternaria. Ces caractères 
si variables étant ceux sur lesquels on s'appuie d'ordinaire pour 
la distinction des espéces, il semble que les limites de celles-c. 
soient assez peu précises. 

Ici encore il est possible de modifier les formes végétatives en 
faisant varier le milieu. Le mycélium peut rester cylindrique ou 
présenter des renflements, des articles arrondis tout spéciaux. Ces 
articles peuvent méme se séparer en oidies, et, si la cutinisalion se 
fait en méme temps, le mycélium tend à végéter en Fumago. 

— Les phénomènes particuliers de sortie de la cellule hors de la 


PLANCHON. — SUR LE POLYMORPHISME DES ALTERNARIA. 413 


cuticule par gélificaiion de la lame moyenne de la membrane se 
retrouvent ici plus nettement encore que pour la première espèce. 
Enfin, bien que je maie pu observer encore la formation de 


Fic. 11. — Formes de passage cntre le mycélium durable et la spore en massif. 


périthèces, cette espèce semble avoir une tendance à en produire; 
assez souvent, en effet, les cultures en cellules sous le microscope 
présentent un mode de végétation très analogue à celui que Zopf a 
décrit et dessiné comme étant le début de périthéces chez les 
Chœætomium. J'ai l'intention de mettre cette tendance à profit. 


w 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. Buchet, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal 
de la séance du 10 novembre, dont la rédaction est adoptée. 


M. le Président, par suite des présentations faites dans la 
séance du 10 novembre, proclame membres de la Société : 


MM. Barsry (Jules), rue du Bois, 11, à Roubaix, présenté 
par MM. Boulay et Guermonprez. 


KorpERuP- RosENvINGE, professeur au Musée bota- 
nique de Copenhague, présenté par MM. le p 
Bornet et Zeiller. 


Lecture est donnée des communications suivantes : 


NOTICE SUR LE D' L. QUÉLET ; par M. Émile BOUDIER. 


La Société botanique de France a été cruellement éprouvée 
cette année et, parmi les membres disparus, il convient de citer 
le D' Quélet, l'un des premiers mycologues de notre pays, décédé 
à Hérimoncourt (Doubs), le 25 août, aprés une douloureuse ma- 
ladie. | 

Le D' Lucien Quélet, naquit à Montecheroux (Doubs), le 14 juil- 
let 1832. Orphelin trés jeune, il fut élevé par ses oncles Charles et 
Frédéric Perdrizet, tous deux pasteurs protestants, chez lesquels 
il commença ses premières études classiques, comme aussi se dé- 
veloppa son goût passionné pour l’histoire naturelle. Devenu plus 
grand et ses oncles pensant ne plus pouvoir suffire à ses études, il 
fut mis au collège de Montbéliard, d’où il sortit deux ans apres, 
après avoir obtenu le diplôme de bachelier és lettres. De là on 
l'envoya au séminaire protestant de Strasbourg, dont on espérait 
lui voir suivre les cours de théologie; mais les sciences naturelles 
attiraient davantage le jeune homme et il abandonna la théologie 
pour les sciences médicales. Soutenu par son oncle Perdrizet, de 


BOUDIER. — NOTICE SUR LE D' L. QUÉLET. 415 


Vaudoncourt, il devint étudiant en médecine, passa son bacca- 
lauréat és sciences, se fit inscrire pour soigner les cholériques 
des Vosges, en 1854, puis soutint sa thése de doctorat, « Essai sur 
la syphilis du foie », en 1856. 

Reçu docteur en médecine, Quélet vint s'établir à Hérimon- 
court, dans les environs de Montbéliard, où il avait vécu, où il se 
maria et qu'il ne quitta plus depuis, partageant son temps entre 
sa clientèle, sa famille, et l'étude de l'histoire naturelle qu'il 
aimait par-dessus tout. Enfant, il collectionnait les papillons de sa 
région avec ardeur; plus tard, jeune homme, il étudia les plantes 
Phanérogames, puis les Mousses et les Hépatiques, dont il donna 
un Catalogue dans les Mémoires de la Société d'Émulation de 
Montbéliard, puis enfin les Champignons, dans l'étude desquels il 
devint rapidement un maitre. En relations avec l'illustre Fries et 
avec la plupart des mycologues de l'Europe, il recevait un nombre 
considérable d'envois d'espéces qu'on lui communiquait pour 
avoir son avis ou en connaitre les noms. Il voyagea en Allemagne, 
en Suisse, en Angleterre, dans le centre de la France et dans les 
Pyrénées, et vint souvent à Paris aux époques des sessions myco- 
logiques où nous avons pu observer son savoir et la passion qu'il 
mettait à la recherche des Champignons. Marcheur infatigable, on 
avait peine à le suivre. La nature tout entière l'intéressait, mais 
c'est surtout dans la mycologie qu'il se fit un nom universellement 
connu. Dessinant avec une rare facilité, il décrivit et figura, dans 
Ses Champignons du Jura et des Vosges et dans les vingt-trois 
Suppléments qu'il continua jusqu'à sa mort, une multitude d'es- 
péces rares ou nouvelles; il fonda en 1885, avec quelques amis, la 
Société mycologique de France, dont il fut le premier président et 
resta président d'honneur. . | . 

Sous des abords un peu rudes qu'il devait peut-étre à sa vie 
passée en dehors du monde à étudier la nature et peut-étre aussi 
à la perte d'un fils bien-aimé, dont il ne put jamais oublier le 
Souvenir, le D' Quélet était bon et affable avec les personnes quil 
connaissait, ce qui l'avait fait surnommer dans sa famille, « un 
diamant encroûté ». Jamais on ne s'adressait en vain à lui pour 
la détermination des espéces. | ln 

En récompense de ses services et travaux scientifiques, il obtint 
une médaille d'argent au concours des Sociétés savantes en 1876. 
ll fut nommé d'abord officier d'Académie, puis, plus tard, officier 


416 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1899. 


de l'Instruction publique, fut deux fois lauréat de l'Institut (Aca- 
démie des sciences) : prix Desmaziéres en 1878 et prix Montagne 
en 1886; et il obtint plusieurs autres récompenses de moindre 
valeur. 

Membre à vie de la Société botanique de France, il le fut aussi 
d'un grand nombre de Sociétés savantes françaises et étrangères, 
ct fut nommé, dans ces dernierstemps, membre du Comité d'orga- 
nisation du Congrés de Botanique de 1900; il fut trés sensible à 
cette distinction, mais l'état de sa santé ne lui permit pas de venir 
à Paris. 

Dans les dernières années de sa vie, trouvant moins de nou- 
veautés, et tant était grand en lui l'amour de la nature, il s'était 
occupé, en outre dela mycologie qu'il n'abandonna jamais, d'or- 
nithologie, de malacologie et surtout de coléoptères pour lesquels 
il se passionnait déjà quand la mort le surprit le 25 aoüt dernier. 
Quelques jours avant, il se livrait encore à cette étude, concurrem- 
ment avec son vingt-quatrième Supplément mycologique qu'il ne 
put, de son vivant, mettre au jour. 


Voici la liste des travaux qu'il a publiés : 


1. Catalogue des Mousses, Sphaignes et Hépatiques des environs de Mont- 
béliard. (Mémoires de la Société d' Emulation de cette ville, 1869.) 


2. Les Champignons du Jura et des Vosges, trois parties avec 33 planches 
coloriées, 1870-1875. 


3. Sur la classification et la nomenclature des Hyméniés. (Soc. bot. de France, 
1876.) | 


4. Remarques sur le commentaire de Fries sur le Mémoire précédent. (Soc. 
bot. de France, 1871.) 


5. Clavis synoptica Hymenomycetum europæorum, 1878, London. (En colla- 
boration avec M. C. Cooke.) 


6. Enchiridion Fungorum in Europa media et presertim in Gallia vigentium. 
Paris, 1886. 


1. Flore mycologique de France. Paris, 1888. 


8. Description des Champignons nouveaux représentés dans les aquarelles 
de Louis de Brondeau, (Revue mycologique, 1892.) 


9. Aperçu sur les qualités utiles ou nuisibles des Champignons. Bordeaux, 
1884. 


10. Note sur la couleur et l'odeur des Champignons. (Bulletin de la Société 
mycologique de France, 1886.) 


11. Interprétation des planches de Bulliard. (Revue mycologique, 1895-1896.) 


GANDOGER. — PLANTES NOUVELLES DE L'HIMALAYA.' 417 


12. Suppléments 1 à 23, aux ouvrages : Les Champignons du Jura et des 
Vosges et Flore mycologique de France, avec planches coloriées, 1875 
à 1899. (Bull. Soc. bot. de France, et surtout Mémoires de l'Associa- 
tion française pour l'avancement des sciences.) 


Le D" Quélet laisse en outre un grand nombre de dessins coloriés re- 
présentant des insectes, mais surtout des Champignons en l'étude des- 
quels il acquit une si grande réputation. 


M. le Secrétaire général donne lecture des communica- 
tions suivantes : 


NOTE SUR QUELQUES PLANTES NOUVELLES DE L'HIMALAYA OCCIDENTAL; 
par M. Michel GANDOGER. 


Tous les botanistes qui se sont occupés de la flore de l'Himalaya 
sont d'accord pour reconnaitre qu'elle offre assez de ressemblance 
avec celle de nos Alpes européennes, puisque c'est là, dit-on, que 
fut le centre de création d’où émigrérent les plantes actuelles. Les 
Renonculacées, Cruciféres, Alsinées, Saxifragées, Primulacées, etc., 
y sont représentées par une foule d'espéces parallèles aux nôtres, 
Cette analogie se retrouve aussi pour la flore des hautes montagnes 
de la Chine et du Thibet, ainsi que l'a prouvé notre savant con- 
frére, M. Franchet. 

Il s'agit ici, bien entendu, de la végétation alpine, car celle 
des régions inférieures a déjà tous les caractéres de celle de l'Inde 
tropicale. 

Toutefois certaines espéces réputées jusqu'à ce jour identiques 
à nos espéces européennes ne le sont pas. Il y en a de fort remar- 
quables et bien des botanistes décriraient comme trés distinctes 
ces plantes asiatiques qui, selon moi, ne sont, au fond, que des 
races particulières. J'en ai choisi quelques-unes que je crois nou- 
velles. Elles proviennent des immenses collections faites dans 
l'Himalaya par l'infatigable explorateur anglais, M. J.-F. Duthie, 
qui a déjà distribué prés de 22 000 numéros de plantes (le dernier 
numéro que j'ai recu est 21 783, Satyrium nepalense Don). 


PuLsaTILLA Durmer Gandoger sp. nova; P. albana Duthie, 
n* 11 799, non Stev. — A typo caucasico differt foliis parce ac mi- 


Rus pinnatisectis, laciniis ovato-obtusis 2-3-plo latioribus nec 
T. XLVI. (sÉANCES) 27 


418 » - — SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1899. 


lineari-aeutis, etiam sub anthesi mox glabratis supra temuiter 
canaliculato-nervosis, flore virgineo erecto nec nutante, ejus pube 
adpressa, multoque breviore sepalis ovato-obtusis, stylo apice 
glabro breviore, antheris ovato-globosis. Flos albidus, 2 cent. 
longus. 

- Hab. — Cachemir : Baltistán ad Marpu Drás, alt. 12-13 000 ped. 


PAPAVER NUDICAULE forma BRACHYANTHA Gandoger; Duthie, 
n? 11 793. — Glabrescens, pedunculi tenues apice sublæves; folia 
ambitu oblonga, minus ac brevius lobata; petala duplo breviora, 
| cent. longa; capsula evidenter brevior ovata nec oblonga. 


Hab. — Cum preceden:e. 


Cette forme s'éloigne bien du P. nudicaule européen, mais elle res- 
semble assez au P. nudicaule du Spitzberg (Th. Fries! Malmgren!) et 
de l’ile de Disco, Groenland (Holbôl!! K. Rosenvinge! ete.). 


DRABA CACHEMIRICA Gandoger sp. nova; D. glacialis Duthie, 
n° 11 800, non Adams. — A typo sibirieo et spitzbergensi recedit 
foliis triplo angustioribus 1 mill. latis dense rosulatis cucullato- 
obiusis pube rara fere simplici obtectis, scapo glabro filiformi 
flexuoso multifloro, calyce levi petalis subtriplo breviore, silicula 
multo minore ovata 2 1/2 mill. lata glabrescente, stylo filiformi. 


Hab. — Cum precedente. 


Species ab affinibus D. algida, elongata, pilosa, etc., bene distincta 
ob pubem simplicem, foliis concavis canaliculatis, siliculæ forma, flori- 
bus luteis magnis, etc. 


POLYGALA MACRONEURA Gandoger sp. nova; P. sibirica Duthie, 
n° 21 048, nón L. — Fruticulosa totaque tenuiter pubescens, 
caules subdecumbentes einerei; folia ovato-acuta abrupte mu- 
cronato-aristala margine revoluta basi attenuata prominule val- 
deque nervosa, nervis subdivaricatis puberulis; racemi densiflori 
haud aut vix laterales; sepala petalis vix duplo breviora, hirtella, 
late linearia; flores albidi apice rosei 19-14 mill. longi; capsula 
orbiculata basi truncata. 

Hab. — Jáhri-Garhwál : Pájidar, alt. 8-9000 ped. - 


Species admodum distincta, habitus P. sibiricæ quacum sat convenit 
sed cum ea nullo modo confundenda. 


GANDOGER. — PLANTES NOUVELLES DE L'HIMALAYA. 419 


ÜERASTIUM TRIGYNUM f. CACHEMIRICA Gandoger. An species pro- 
pria ? (Duthie, n° 11 687; Gammie exs. (1891) sine num.). — Ab 
omnibus qua possideo speciminibus tam europæis quam asiaticis 
hac conspicue differt caulibus pedalibus erectis glanduloso-pube- 
rulis, foliis lineari-elongatis acutis erectis, calyce prorsus ac dense 
glanduloso late marginato, corolla saltem duplo majore, capsula 
magna sepalis duplo longiore, stylis 1 1/2 mill. longis. 

Hab. — Cachemir, Gulmarg, alt. 9000 ped. (G. Gammie); Bal- 
tistán, Drás valley Suk (Duthie). 


STELLARIA BULBOSA f. GLABRA Gandoger (Duthie, n° 14476 et 
21 002). — Glaberrima; folia inferne multo longius attenuata vel 
petiolata sepe undulata; pedunculi foliis semper breviores; se- - 
pala 2/3 sup. corolla æquantia; antherz majores. 


Hab. — Jaunsai, ad Konain, alt. 8000 ped. 


POTENTILLA GELIDA f. RAMIGERA Gdgr (Duthie, n° 13 375). — 
Caules subbipedales ramoso-fastigiati rubentes, foliola diffluentia 
basi longe cuneata; sepala exteriora ovato-obtusa; corolla caly- 
cem parum superans vix emarginata. 


Hab. — Cachemir, Sonsal, alt. 13-14 000 ped. 


EPILOBIUM LATIFOLIUM f. HIMALAYENSIS Gandoger (Duthie, 
n° 13 396). — A typo europæo et groenlandico sat differe videtur 
glabritie omnium partium, foliis viridibus crebrius denticulatis 
nervulosis acutis, ovario glabro, petalis grandioribus, antheris 
suboblongis. 


Hab. — Cachemir, Badzulkod, alt. 12-13 000 ped. 


SAXIFRAGA Durar Gandoger sp. nova; S. oppositifolia Duthie, 
n’ 10212, non L. — Densissime cæspitosa, caudiculis gregarie 
imbricato-confertissimis; folia opposita ad caules quadrifariam 
cylindrico-imbricata ovata cucullata glabra nec ciliata ad margi- 
nes punctato-crustacea carinata propter costam mediam subtus 
elevatim prominulam ; calyx tenuiter glandulosus, sepalis ovato- 
acutis non ciliatis corolla pallide rosea duplo brevioribus; petala 
parva anguste obovata staminibus stylisque fere æquilonga. 


Hab. — Baltistän, alt. 10 000 ped. 


Propria species a S. oppositifolia vicinisque abhorrens foliis imbri- 


420 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1899. 


catis crustaceis ut in Trigonophyllarum speciebus Saxifraga drapen- 
sioide, S. casia, ete., eciliatis, floribus pedunculatis, sepalis acutis, 
staminibus stylisque corollam subiequantibus, etc. 


LEONTOPODIUM BRACHYACTIS Gandoger sp. nova; L. alpinum 
Duthie, n° 19 841, non Cass. — A variis formis L. alpini certe 
distinguitur pube crispo-lanato, foliis undique niveis obovatis 
radicalibus obtusis fasciculatis caulinariis brevibus mucronatis, 
capitulis haud involucratis sed 1-3 laxe dispositis a foliis longe 
remotis, involucro ovata-cylindrico apice glabro phyllis summis 
ferrugineis late lanceolato-acuminatis aristatis, pappo majore 
4 1/2-5 mill. longo. 


Hab. — Jihri Garhwál ad Deota, alt. 8000 ped. 


Planta pulchella ob capitula laxa nec corymboso-involucrata squa- 
masque involucri glabras majusculas a L. alpino optime recedens. 


ANDROSACE ERITRICHIOIDES Gandoger sp. nova; A. villosa Du- 
thie, n° 5760, non L. — Caudiculi nulli vel brevissimi ; folia dense 
imbricata ut in A. argentea Lois., ovata obtusa undique glabra 
sed margine longe ciliata; scapus nullus vel brevissimus uniflorus 
non involucratus; calyx laxe pilosus sepalis breviter ovatis; flos 
solitarius albidus ejus segmentis late ovatis. 


Hab. — Kumaun, ad Lebug Pass, alt. 14-15 000 ped. 


Ab A. villosa, cui presertim accedit, a primo intuitu differt habitu 


peculiari, caulibus foliaceo-cylindricis, scapo nullo unifloro apice non 
folioso. 


PLEUROGYNE CARINTHIACA f. HIMALAYENSIS Gandoger (Duthie, 
n°13 827). — Pedunculi erecto-patentes filiformes curvati ; sepala 
apice extrorsum uncinata lineari-oblonga lanceolata ; corolla albida 
quam in typo subminor. Habitus proprius; an species distincta? 


Hab. — Cachemir, Baltistán ad Chatpáni, alt. 40-11 000 ped. 


SCROFULARIA VARIEGATA f. HIMALAYENSIS Gandoger (Duthie, 
n^ 10255). — Glabra nec glanduloso-pubescens; caulis obtuse 
vixque angulatus; segmenta foliorum remota sat patula; pedun- 


culi- fructiferi adscendentes parce glandulosi; sepala capsulam 
fere æquantia. 


Hab. — Baltistán, alt. 9000 ped. 


ROZE. — CH. DE L'ESCLUSE ET L'IDÉE DE LA SEXUALITÉ VÉGÉT. 421 


OXYRIA DIGYNA f. MACROPTERA Gandoger (Duthie, n° 10278). — 
Folia integerrima parum emarginata; spica fructifera dense ; fruc- 
tus latius alatus apice profunde et diffluenter bifidus pedicellis 
patentibus. 


Hab. — Baltistän ad Chorbut, alt. 9000 ped. 


ANDROPOGON HIMALAYENSIS Gandoger sp. nova; A. Iwarancusa 
(Duthie, n° 14 499, non Roxb.). — Glaucus glaber; folia asperula, 
caulinaria revoluta ligulis brevissimis; panicula laxa canescens; 
spicæ 4-6-tze basi vagina angustissima eis multo breviore instruc- 
te; spiculæ basi longe ac copiosissime pilose mutice; glumæ 
lineares dorso prorsus 7-nervosæ acuminate glabri; antheræ 
oblongæ. 


Hab. — Jihri Garhwál ad Tous Valley, alt. 3-4000 ped. 


Par ses épis longuement velus, peu ou pas involucrés, ses glumes 
linéaires, mutiques, fortement nerviées, etc., cette plante est complète- 
ment distincte des autres échantillons d'A. Jwarancusa que je possède 
de l'Inde, du Cap et de l'Australie. 


CHARLES DE L'ESCLUSE ET L'IDÉE DE LA SEXUALITÉ VÉGÉTALE; 
par M. E. ROZE. 


Dans un Mémoire allemand de Karsten, dont la traduction 
francaise a été publiée dans les Annales des sciences naturelles, 
4 série, t. XIII (1860), sous ce titre : De la vie sexuelle des 
plantes et de la Parthénogénése, se trouve la phrase suivante : 
« La culture du Dattier, des Pistachiers, du Carica Papaya etc., a 
fait pressentir aux expérimentateurs quelle pourrait étre la valeur 
du pollen et de l'ovule végétal au point de vue de la production de 
la semence. Mais Clusius a été le premier botaniste qui ait signalé 
d'une maniére précise le Carica Papaya staminifére comme plante 
mile, et le Carica Papaya fructifère comme plante femelle. » 
J'ai cherché à me rendre compte de ce qui pouvait étre attribué à 
Clusius dans le progrés des idées devant aboutir à la théorie de la 
sexualité végétale, et c'est le résultat de ces recherches que je 
demande la permission de faire connaitre à la Société. 

Les Anciens n'avaient transmis que des opinions trés vagues sur 
ce sujet; car, si Théophraste et Pline avaient trés bien décrit la 


422 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1899. 


fécondation artificielle du Dattier, ils s'étaient beaucoup plus 
étendus sur des idées de fausse sexualité qui avaient réussi à dé- 
tourner les esprits de la vérité. Notre érudit confrère, M. le D: 
Saint-Lager, a traité cette question avec de grands détails dans son 
intéressant Mémoire, intitulé : Recherches historiques sur les mots 
Plantes måles et Plantes femelles (1884). Je me contenterai donc 
de renvoyer à ce Mémoire pour tout ce qui concerne cette ques- 
tion. Seulement, comme, dans ce qu'a très savamment exposé 
M. le D Saint-Lager, il ne parait pas s'être préoccupé en parti- 
culier des œuvres de Charles de l'Escluse, on pourra considérer 
ce qui va suivre comme une sorte de complément d'informations 
historiques faisant suite à son Mémoire. 

Or, pour résumer ici les croyances du xvr' siècle à la fausse 
sexualité végétale, il me suffira de citer ce passage bien connu de 
Rabelais, extrait de son Pantagruel, 3* Livre (1545), chap. 49, qui 
traite de son Pantagruelion, c'est-à-dire du Chanvre. « Et, comme 
en plusieurs plantes, dit-il, sont deux sexes, masle et femelle, ce 
que voyons ès lauriers, palmes, chesnes, héouses, asphodèle, mañ- 
dragore, fougére, agaric, aristolochie, cyprés, térébinthe, pouliot, 
péone et autres : aussi en ceste herbe [le Chanvre] y ha masle, qui 
ne porte fleur aulcune, mais abunde en semence; et femelle, qui 
foisonne en petites fleurs blanchastres, inutiles, et ne porte se- 
mence qui vaille. » 

Que pouvait-il rester, aprés cela, de l'idée de la véritable sexua- 
lité végétale, étant donné que de grands esprits, et un critique 
aussi sagace que Rabelais, ne trouvaient pas singulier d'attribuer, 
comme fonction naturelle, aux mâles la production des fruits ou 
des graines? Clusius, comme les botanistes de son temps, a par- 
tagé d'abord cette opinion bizarre; il ne s'en est dégagé que tar- 
divement. Mais enfin il s'est préparé, quoique trés lentement, à 
avoir une conception plus vraie de la sexualité végétale, et cela 
résulte de l'examen de ses ouvrages. 

Dodoens avait fait paraitre en 1551 son Cruydthoeck flamand : 
Clusius en avait fait une traduction francaise qui fut publiée à 
Anvers, en 1557, sous le titre de Histoire des planles par Rembert 
Dodoens, nouvellement traduite de bas Aleman en François par 
Charles de l'Escluse. Quelques citations de cet ouvrage nous feront 
connaitre ce que les auteurs pensaient du sexe des végétaux. Et 
d’abord que dire de ces noms de plantes sexuées ? 


ROZE. — CH. DE L'ESCLUSE ET L'IDÉE DE LA SEXUALITÉ VÉGÉT. 423 


Abrotonum femina et mas — Santolina Chamæcyparissus L. et Arte- 
misia Abrotanum L. 

Veronica mas et foemina — Veronica officinalis L. et V. serpyllifolia L. 

Anagallis mas (phenicea) et femina (cærulea) — Anagallis arvensis L. 

Pseudohepatorium mas et femina — Eupatorium cannabinum L. et 


Bidens tripartita L. 
Polygonum mas et femina — Polygonum aviculare L. et Hippuris vul- 


garis L. 

Verbascum album mas, V. album femina albo flore et V. album fæ- 
mina luteo flore — Verbascum Thapsus L., V.'Lychnitis L. et 
V. phlomoides L. 

Hierabotane mas et femina — Veronica Teucrium L. et Veronica Cha- 
mædrys L. 

Orchis Serapias mas et femina — Orchis bifolia L. et Ophrys insec- 
tifera L. 

Lavandula mas et femina — Lavandula Spica var. a. et B. L. 

Pæonia mas et fæmina = Pæonia officinalis var. mascula et feminea L. 

Mandragora mas et femina — Atropa Mandragora L. 

Merveille masle (Charantia) et Merveille femelle (Balsaminum) = 
Momordica Balsamina L. et Impatiens Balsamina L. 

Asphodelus mas et fæmina — Asphodelus ramosus L. 

Cornus mas et femina — Cornus mas L. et Cornus sanguinea L. 

Tilia mas et femina — Tilia europæa L. 


Cette liste de noms de plantes n'indique-t-elle pas déjà combien 
était vague la conception que les auteurs pouvaient avoir de la 
sexualité végétale? Mais voici ce qu'il est dit du Chanvre : « Il y 
à deux sortes de Chanvre : l'une appelée masle (Cannabis mas), 
l'autre femelle (Cannabis femina). La première espèce appelée 
Masle a la tige ronde et creuse de 4 ou 5 pieds de haut, fort bran- 
chue et resemblant à un arbrisseau : au sommet des branches 
croissent petites boursettes rondes, esquelles est contenue lase- 
meneg ronde. La Femelle resemble à la devant dicte en feuilles, 
mais la tige est plus gresle, plus simple, sans aucunes branches 
colaterales, ne portant fruict, ne semence, sinon petites fleurs 
blanches, qui comme poudre s'en vollent au vent. Ces deux espéces 
de Chanvre sont semées aux champs, et proviennent toutes deux 
(qui est à esmerveiller) d'une méme semence. » 

Cette dernière remarque est de Clusius qui la répétera dans son 
Histoire des plantes rares. C'était, en effet, un fait surprenant à 
constater que la méme graine püt reproduire soit le mále, soit la 


424 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1899. 


femelle, c’est-à-dire pour cette époque deux espèces distinctes, ce 
qui pouvait laisser tout au moins supposer qu'il ne s'agissait en 
cela que d’une seule et unique espèce. 

La Mercuriale est décrite assez singulièrement : « Le Masle a 
les tiges tendres, fort noueuses et branchues, d’où sortent entre 
les feuilles et la tige deux petites boulles joinctes ensemble velues, 
sur une mesme queuë, contenantes chacune en soy une petite 
graine ronde. La Femelle est semblable au Masle de tiges, fueilles 
et croisson, différente seulement de fleurs et de semence, car beau- 
coup plus de fleurs et semence croissentamassées ensemble comme 
-une petite grappe au commencement blanche, puis après la graine 
se pert avant qu'elle soit meure. » 

La description du Blé de Turquie est instructive. « Ce Dlé est 
une plante fort estrange, ne resemblant à aucun autre grain : Car 
il produit sa graine ailleurs que là oà il porte des fleurs, ce qui est 
contre la nature des autres plantes qui portent leur fruict là où 
elles ont porté la fleur... Au sommet des tiges croissent les espis 
vuides de grains, et qui portent seulement la fleur, qui est tantost 
brune, tantost rouge, maintenant jaulne et quelque fois blanche, 
selon la couleur du fruict qui sort apres. Les espiz croissent à 
costé des tiges entre les feuilles, lesquelz sont gros et espes... 
portans au sommet plusieurs longs filets qui sortent par le bout 
des feuilles couvrans l'espi, et se montrent jusques à ce que l'espi 
soit meur... » 

Dans l'ignorance où l'on était de la fonction des stigmates, on ne 
pouvait guére qu'en signaler la présence. Mais il convient de noter 
en passant cette observation, que la fleur doit précéder le fruit. Il 
est dit, en effet, assez souvent, dans les descriptions de cette His- 
loire des plantes, que les fruits succèdent aux fleurs. Et c'était là 
déjà un premier point acquis sur le rôle que pouvait jouer la fleur 
dans la formation du fruit. Clusius ne manque pas, plus tard, de 
se servir de cette méme expression. 

Enfin, à propos des Filiz mas et femina, on peut constater 
que les descriptions et les figures ont été reproduites d’après 
Matthiole, lequel, comme L. Fuchs, s'était trompé sur l'attribu- 
tion des sexes aux Fougéres, et appelait Fougére femelle la Fou- 
gère mâle des Grecs, qui était notre Pteris aquilina, et Fougère 
mâle celle qui était leur Fougère femelle. 

Mais ce qui devient intéressant à faire remarquer, c’est que l'an- 


ROZE. — CH. DE L'ESCLUSE ET L'IDÉE DE LA SEXUALITÉ vÉGÉT. 425 


cienne doctrine de Théophraste se trouve rappelée, dans cette 
Histoire des plantes, à propos de la description du Dactier ou 
Palmier. On y trouve, en effet, ce qui suit : « Il faut noter que le 
Palmier masle ne porte sinon la fleur, qui puis apres s'évanouit : 
et le Palmier femelle porte le fruict, qui puis apres vient à matu- 
rité. » Or cette annotation doit être attribuée au traducteur; car, 
dans ses Pemptades (1582), Dodoens ne parle nullement de la 
sexualité du Dattier. C'est un premier indice de l'opinion de 
Charles de l'Escluse, qu'il y avait lieu de tenir compte de ce que 
nous avaient transmis sur ce sujet Théophraste et Pline, alors que 
Dioscoride et Galien, que cite Dodoens, ne parlaient du Dattier, 
de ses spathes et de ses fruits qu'au point de vue médicinal. 

Si maintenant nous consultons le Rariorum plantarum Historia 
de Clusius, publié en 1601, nous pourrons constater qu'il n'ap- 
plique pas les qualifications de mas ou de femina aux plantes 
nouvelles qu'il décrit avec soin. Ceci nous porte à croire qu'il ré- 
pudiait tout au moins cette idée de baser la sexualité sur les 
caractères extérieurs des plantes. Il emploie plutôt, en effet, les 
mots major ou minor pour différencier d'aprés leur taille les 
espèces voisines d’un méme genre, ou bien il se contente de 
les désigner numériquement. Cependant il décrit encore, parmi 
les Fougères, un Filix pumila mas et un Filiz pumila femina 
(mais dont les figures portent, il est vrai, les noms de Filix pu- 
mila saxatilis I et Filiz pumila saxatilis [I) qu'il distingue 
ainsi, dit-il, d'aprés l'opinion de Théophraste. Il est curieux tou- 
tefois de noter son doute, exprimé en ces termes, à propos d'une 
Osmonde et de sa panicule sorifère : « J'hésite si je dois dire une 
grappe de fleurs ou de fruits. » 

D'un autrecóté, Clusius emploie aussi d'anciens noms de plantes 
comprenant des qualificatifs de mâles ou de femelles. Il n'oublie 
pas du reste de se référer à leur origine. | 

C'sst ainsi qu'il a établi des Chapitres distincts pour les Cistus 
mas et Cistus femina. « Dioscoride, dit-il, fait deux premières 
espèces de Cistus (pour me servir des termes de Pline), le mâle el 
le femelle. Il en ajoute une troisième appelée Ledon. Quant à mol, 
€n me placant à son point de vue, je constitue trois genres prin- 
cipaux; ensuite je répartis de même dans chacun de ces genres 
les espéces que j'ai observées. » Il décrit ainsi 5 espéces de Cistus 
mas, une espèce de Cistus femina (1™ classe), 5 espèces de Cistus 


426 SÉANCE DU 94 NOVEMBRE 1899. 


femina (2 classe) et 8 espèces de Cistus femina (3° classe ou Cha- 
mæcistus). On conçoit que l'idée de la sexualité se perdait natu- 
rellement dans ces termes génériques purement nominaux. 

Il en est de méme au Chapitre XL, Livre 3, intitulé Abrotonum 
femina vulg. « Du type, dit Clusius, que le vulgaire des Herbo- 
ristes appelle Abrotonum femina et quelques-uns Santolina, il y 
a deux espèces, en outre de quatre autres que je me souviens 
d'avoir observées dans mes voyages. » Et adoptant ce nom géné- 
rique d’Abrotonum femina, il en décrit six espèces, qu'il désigne 
comme les Cistes, numériquement. 

A propos de la Mandragore, il décrit le Mandragora femina, 
en ne parlant du mâle que par;comparaison. Cette description est 
d'ailleurs trés bréve, et il rappelle que les Latins appelaient cette 
plante Mandragoras niger et femina. 

Enfin il y a quelques remarques à faire au sujet de la descrip- 
tion. du Phyllum de Clusius, qui est le Mercurialis tomentosa L. 
ll commente ainsi son Chapitre XXXII (Livre 4) : « Le Phyllum 
était double pour les Anciens, qui cependant ne paraissent pas 
être d'accord relativement à sa description. Car celui que Théo- 
phraste qualifie de marificum semble être le feminificum de 
Dioscoride. En outre Théophraste attribue au Phyllum les feuilles 
de l'Ocymus, et Dioscoride de l'Ülea. Nous avons décrit l'une et 
l'autre espéce d'aprés les plantes véritables et authentiques que 
nous avons souvent vues et recueillies. » Or ce que Clusius ap- 
pelle Phyllum marificum est, d’après la description et la figure, 
un individu femelle, « dont le fruit, ainsi qu'une olive, est gé- 
miné lorsqu'il sort d'abord d'une mousse ou fleur », tandis que 
son Phyllum feminificum est représenté comme un individu mâle 
et femelle. Voici sa description : « Le feminificum, qui est le ma- 
rificum de Dioscoride, est tout à fait semblable au précédent ; 
cependant il s'éléve le plus souvent à une plus grande hauteur 
(bien qu'avec des tiges plus fréles) et il a des feuilles plus nom- 
breuses. En outre, la fleur, qui est mousseuse comme celle de 
l'Olivier et de couleur d'un vert pâle, est portée sur de longs el 
minces pétioles entre les feuilles (il est à peine permis d'observer 
celle du marificum, le fruit naissant aussitót à l'aisselle des ra- 
meaux); mais la semence arrive rarement en quelque sorte à sa 
perfection el elle est contenue également dans les globules [ovai res] 
adhérents. par deux ou méme plusieurs ensemble sur le méme 


ROZE. — CH. DE L'ESCLUSE ET L'iDÉE DE LA SEXUALITÉ VÉGÉT. 427 


pédicule. Je pense toutefois que l'une et {l’autre espèce de cette 
plante naissent de la semence de la première [le marificum], de la 
méme facon que cela arrive pour la Mercuriale, les Épinards, le 
Chanvre et quelques autres plantes. » Cette derniére réflexion pou- 
vait conduire Clusius à réformer ses idées erronées sur l'attribu- 
tion des sexes; mais il n'en parle pas. 

Du reste, on peut en juger par ce qu'il dit du Croton tincto- 
rium L., qui est son Heliotropium minus tricoccum : « La fleur 
est petite, rassemblée en grappes, jaunâtre, inutile, car elle périt 
sans donner de semence, comme la fleur du Ricin et de quelques 
autres plantes dont les fleurs ne produisent pas de semence. Tou- 
tefois, des aisselles des rameaux pendent des siliques triangulaires, 
pour ainsi dire cachées sous les feuilles, et qui se sont développées 
sans fleur, comme celles des Tithvmales [Euphorbes]... » Clusius 
n'avait donc pas remarqué que les fleurs inutiles étaient des (leurs 
mâles, pas plus que les fruits se formaient dans les fleurs fe- 
melles. 

Mais, s'il n'avait pas fait cette observation, on lui doit d'avoir 
appelé l'attention sur des phénomènes qui pouvaient révéler le 
rôle des étamines. 1l a été l'un des premiers à signaler la pré- 
sence du pollen dans les anthéres (1), et c'est ce mot latin pollen 
qu'il emploie d'ordinaire dans la description d'assez grandes fleurs, 
où le pollen est en effet visible à l'oeil nu. Il parle également du 

Style ou du Pistil de la fleur. Sa description du Fritillaria per- 
sica est instructive à ce point de vue. « De l'ombilic de la fleur, 
dit-il, sortent six étamines inégales, montrant d'abord leurs 
sommets [anthéres] pourpres, lesquels, se déjetant de cóté, appa- 
raissent saupoudrés d'un pollen jaune [/lavo polline]; ensuite les 
trois plus longues étamines se réunissent et se rapprochent du 
style occupant le milieu de la fleur. Puisil leur succéde peu aprés 
des capsules sexangulaires ou triangulaires. » Il était difficile de 
mieux décrire les débuts de l'acte fécondateur, sans que l'idée des 
Phénomènes de la fécondation y fùt exprimée. 

Mais Clusius a généralisé la présence méme du pollen dans les 
fleurs, en parlant du Fritillaria Meleagris : « Six étamines oc- 
cupent le milieu de la fleur, dit-il; leurs sommets [anthéres] sont 


(1) Voy. mes « Recherches sur l'origine des noms des organes floraux », 
ull. Soc. bot., t. XLH (1895). 


498 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1899. 


d'abord pâles, mais, lorsqu'ils sont déjetés de côté, ils sont jaunes 
et saupoudrés pour ainsi dire d'une certaine poussière (tels sont 
les sommets [anthéres] de presque toutes les fleurs). » 

Il n'oublie pas non plus de signaler cette présence du pollen 
chez les Cupuliféres et les Coniféres. Voici ce qu'il dit à propos du 
Quercus Ilex : « Cet arbre porte, à l'extrémité de petits rameaux, 
plusieurs chatons oblongs qui montrent en s'ouvrant de petites 
fleurs mousseuses et jaunes imprégnées de pollen et fine pous- 
siére. » Et de son Pin d'Autriche : « Au mois de mai, à l'extrémité 
des rameaux, l'arbre porte des sortes de grappes couvertes de 
minces écailles qui, spontanément, par les écailles entr'ouvertes, 
laissent voir des chatons verdâtres ou pâles, remplis d'un pollen 
jaune, ou poussière, qui se disperse au léger souffle du vent. 
Puis, du milieu des grappes, de nouveaux germes sortent dans le 
méme mois, couverts de leurs feuilles nouvelles qui sont comme 
encloses dans une membrane mince; ces germes, à leur extrémité, 
avant que les feuilles poussent et se développent, présentent le 
rudiment du fruit, déjà assez grand et adhérant solidement à la 
base des germes, le fruit de l'automne précédent non mûr, vert, 
se montrant réfléchi à l’aisselle des rameaux. » 

On peut conclure de ces citations que les détails descriptifs 
laissent peu à désirer, relativement aux organes floraux. Dans 
tous les cas, Clusius avait très bien remarqué que dans la fleur 
se trouvait le rudiment du fruit. C'est ainsi qu'à propos de l'Oli- 
vier il dit que sa fleur est d'un vert blanchâtre, qu'elle est com- 
posée de quatre folioles et qu'elle entoure le rudiment du fruit. 
Il s'exprime également en ces termes, au sujet de son Narcissus 
latifolius indicus : « Au milieu dela fleur est le style, sous lequel 
se trouve le rudiment de la capsule triangulaire, qui sans doute 
aurait donné de la semence et serait arrivé à maturité, si la fleur 
n'avait pas été coupée. » 

Mais, sila fleur contenait le rudiment du fruit, si le fruit succé- 
dait à la fleur, ce qui est l'expression presque toujours employée 
par Clusius dans ses descriptions, quel pouvait étre pour lui le 
róle de la fleur? Évidemment l'idée d'une fécondation ne pouvait 
lui venir à l'esprit. Et cependant, s'il n'y avait pas fécondation, il 
y avait fécondité. Voici ce que dit Clusius au sujet de la Fritil- 
laire impériale : « La fleur tombée, aussitót les capsules qui 
seront fécondes se redresseront... » Et à propos d'une Ombelli- 


ROZE. — CH. DE L'ESCLUSE ET L'IDÉE DE LA SEXUALITÉ vÉGÉT. 429 


lére, son Talaria ungarica : « Les fleurs disparues, dit-il, de 
rares semences leur succédaient, car chacune des fleurs n'est pas 
féconde... » 

ll y a trop peu de citations à extraire des Appendices et Supplé- 
ments à l'Histoire des plantes rares de Charles de l'Escluse pour 
s’y arrêter. C'est dans ses Œuvres posthumes (Cure posteriores), 
publiées en 1611, deux ans aprés sa mort, que se trouve l'histoire 
du Carica Papaya L., dans laquelle Clusius a réveillé pour la 
premiére fois cette idée des Anciens sur la sexualité végétale, trop 
oubliée jusqu'alors. Vu son importance dans cette question, nous 
croyons devoir en donner ci-après la traduction in extenso. 


MaMoERA LusrraNonUM [Carica Papaya L.]. 


« Ce que dit le Poéte est trés vrai, que toute la terre ne porte pas 
loutes choses. Je crois, en effet, qu'il nese trouve pas de Province qui 
ne produise quelque plante particulière, laquelle ne croit pas dans 
d'autres régions, ainsi que le peuvent attester ceux qui visitent avec 
soin les contrées étrangères, lorsqu'ils appliquent leur esprit à l'obser- 
vation des plantes. Parmi ceux-ci, je pense que je puis cerlainement 
citer le trés honnête et très aimable Jean Van Uféle qui, de retour de 
celte partie de l'Amérique appelée Brésil, me montrait en l'année du 
Christ 1607, un Livre dans lequel il avait représenté lui-même des 
plantes et des animaux avec leurs couleurs naturelles. En effet, comme 
il me le racontait, lorsqu'il s'était résolu à parcourir différentes con- 
trées, il avait d'abord pris le soin d'apprendre à peindre, de facon à 
pouvoir reproduire avec leurs couleurs les étres curieux qu'il observe- 
rait dans ces contrées, et cela afin de se les rappeler et de s'en délecter 
à son retour chez lui. Or, parmi tout ce qu'il avait représenté dans ce 
Livre, je remarquais deux figures curieuses et vraiment admirables, 
dont j'obtins de lui une copie sans aucune difficulté. Car lui-méme 
M'apporta, quelques jours après, leur reproduction en couleurs natu- 
relles et il m'en fit cadeau, ainsi que des figures coloriées sur le vif de 
l'animal appelé Civette et d’une Araignée ou Tarentule monstrueuse, 
parce que je lui avais exprimé le désir d'en avoir également une copie, 
pour leur donner place dans l'Auctarium que j'ai la pensée de joindre 
aux œuvres que j'ai déjà publiées. J'ai done voulu mettre sous les yeux 
du Lecteur les figures de ces arbres qui n'ont été encore représentés 
Par personne, ni méme décrits, telles que j'ai pu les obtenir de Jean 
Van Ufèle. 


450 JE SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1899. 


[Ici se trouvent placées, l'une à côté de l'autre, deux figures très bien gravées, sous 
les noms de Mamoera femina, avec ses fruits et de Mamoera mas, avec ses inflores- 
cences mâles.] 


» Or ces deux arbres, dont je joins ici les figures, sont certainement 
de la méme espéce; mais ils different entre eux par le sexe. Car l'un 
d'eux, savoir l'arbre måle, est stérile et porte seulement des fleurs, sans 
aucun fruit, tandis que l'arbre femelle présente seulement le fruit, 
sans aucune fleur. On dit cependant qu'ils sont amis de nature, à ce 
point que, lorsqu'ils sont séparés par une longue distance et que l'arbre 
femelle n'a pas l'arbre mâle dans son voisinage, il devient également 
stérile et ne porte pas de fruits. On rapporte que le Dattier se comporte 
de méme. | 

» D'ailleurs j'ai appris que l'arbre sur lequel se trouve le fruit a un 
caudex ou tronc qui est épais d'environ deux pieds et qu'il s'élève à une 
hauteur de neuf pieds avant de commencer à porter fruit. Mais, lorsqu'il 
a acquis toute sa grandeur, la partie supérieure de l'arbre, chargée de 
fruits, se fait remarquer comme étant couronnée de ces fruits qui sè 
développent à une nouvelle hauteur de neuf pieds. Le fruit est rond et 
orbiculaire, de la grosseur et de la forme d'un petit melon; lorsqu'il est 
mür, il présente une chair jaunâtre que les indigènes ont l'habitude de 
manger à titre de laxatif. Ce fruit contient plusieurs graines qui ont 
la grosseur d'un petit pois, et qui sont noires et luisantes : elles ne sont 
d'aucun usage et sont rejetées comme inutiles. Les feuilles sortent 
parmi les fruits, soutenues par de longs pétioles, et leur forme se rap- 
proche tout à fait des grandes feuilles de Platane ou d'Acer. 

» Celui qui avait observé ces arbres ignorait le nom qu'avaient pu 
leur donner les indigènes; mais il disait qu'ils étaient appelés Mamoera 
par les Portugais qui habitent dans cette Province, et le fruit Mamaon, 
à cause de la ressemblance de ces fruits, à ce que je crois, avec des 
mamelles, que les Espagnols nomment Mamas et Tetas. 

» Or quant à la forme du tronc et des feuilles de l'arbre mâle et de 
l'arbre femelle, il n'y a pas de différence; mais les seules fleurs que 
porte l'arbre mâle, pendantes sur de longs pédicules et rassemblées en 
forme de grappes, ressemblent aux fleurs du Sureau : elles sont d'un 
blanc jaunàtre et elles ne sont utiles à aucune chose, à ce qu'on disait. 

» Cet arbre, sous ces deux formes, croit dans cette partie de l'Amé- 
rique où se trouve situé ce golfe célèbre appelé par les Portugais Baya 
de Todos los sanctos, distant d'environ treize degrés de l'Équateur vers 
le Póle antarctique. » 


En résumé, il ne faut pas oublier que Charles de l'Escluse à 
Ln , . . . , - 
ete, pour son époque, un descripteur de premier ordre, qui sas 


JEANPERT. — LE CAREX PUNCTATA GAUD. 491 


treignait surtout à signaler minutieusement les caractères spéci- 
cifiques des plantes, ce qui l'a conduit à faire connaitre, en méme 
temps que leurs organes végétatifs, leurs organes floraux. C'est 
par là certainement qu'il a appelé, en particulier sur ces impor- 
tants organes, presque délaissés jusqu'à lui, l'attention de ses 
successeurs, en leur laissant entrevoir le rôle que ces organes 
floraux pouvaient jouer dans la formation du fruit. Mais on ne 
trouve, dans ses œuvres, rien qui fasse supposer sa croyance à 
cette attribution des sexes qu'il énonce si clairement à propos du 
Carica Papaya L. C'est donc sur la fin de son existence qu'a dà 
naître dans son esprit cette idée de la sexualité végétale, qui 
devait, longtemps encore aprés lui, étre soumise à des fluctuations 
diverses, acceptée par les uns, contredite par les autres, jusqu'à 
ce qu'elle füt définitivement acquise à la science comme une 
vérité démontrée. 


M. Jeanpert fait à la Société la communication suivante : 


LE CAREX PUNCTATA Gaud. AUX ENVIRONS DE PARIS; 
par M. JEANPERT. 


J'ai rencontré cette espéce prés Presles (Seine-et-Marne), au 
milieu des deux espèces de Typha, dans des terrains marécageus : 
elle était en fruits mürs et offrait quelques repousses le 24 sep- 
tembre dernier. 

Loiseleur-Deslonchamps a signalé cette espéce aux environs de 
Paris, sous le nom de Carex pallidior Degl. (Flora gallica ed. 2, 
P. 299). La Flore parisienne de Mérat reproduit cette indication. 
Ce Carex aurait existé dans l'herbier Poiret venant de Romain- 
ville, 

Quelques plantes intéressantes existent dans la méme région ; 
Je signalerai les suivantes : Artemisia Verlotorum, entre le chemin 
de fer de Coulommiers et le château de Combreux; le Juncus dif- 
fusus, aux environs de la ferme de la Bourgognerie; Polamogelon 
gramineus, à l'étang des Boulayes; Stachys ambigua et Sison 
Amomum, aux bords du chemin longeant le mur du chàteau de 
Combreux, côté du moulin; Sparganium neglectum, dans la 
riviére, près le moulin de Vilgenard ; Althæa officinalis, natura- 
lisé au màme endroit. 


432 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1899. 


J'ai rencontré aussi deux Mousses assez rares sur des Peupliers, 
Orthotrichum obtusifolium près Presles, et Cryphæa heteromala 
dans la vallée, au-dessous de la ferme de Combreux. 


M. Malinvaud a récolté le Carex punctata dans l'une des 
iles d'Hyéres au cours de la session extraordinaire que la 
Société a tenue dans le Var au mois de mai dernier; il féli- 
cite M. Jeanpert de sa nouvelle découverte, qui restitue à la 
flore des environs de Paris une espèce que les auteurs du 
commencement de ce siècle y avaient déjà signalée. Le Carex 
punctata occupe une aire assez vaste, s'étendant en Europe 
de la Norvége à l'Italie, mais il est partout trés clairsemé. 
En France, cette espéce habite surtout les lieux marécageux 
et le voisinage des sources dans la région maritime; on en 
connait de nombreuses localités dans les départements de : 
l'Ouest, notamment dans la Vendée et la Loire-Inférieure. 
Trés rare dans le centre de la France, on l'a indiquée dans le 


Cher. Ellese retrouve en Suisse, au nord de l'Afrique et jus- 
qu'aux iles Açores. 


M. Maurice de Vilmorin a cultivé avec succès, dans son 
domaine des Barres, une espéce nouvelle de la famille des 
Lardizabalées, sur laquelle il donne les détails suivants : 


DECAISNEA FARGESII Franchet ; par M. Maurice de VILMORIN. 


Les graines de cette plante me sont parvenues en mars 1895; 
avec 300 autres paquets collectés par M. l'abbé Farges, des Mis- 
sions étrangéres, missionnaire au Su-Tchuen oriental (environs 
de Tcho-sang-king). Le colis parvenu en France, dans des condi- 
tions de rapidité qui nese sont malheureusement pas renouvelées, 
a donné un pourcentage exceptionnel de graines germinatives. 

Dès le mois de juin 1895, plusieurs pieds de Decaisnea ger- 
maient en pleine terre, et d'autres paraissaient successivement. 
Jajoute qu'au printemps de 1896, une nouvelle et abondante 
poussée de germination vint porter à prés de 20 plants mes dis- 
ponibilités. Au bout de leur première période de végétation les 
plants présentaient une tige haute de6 à 10 centimètres, lisse, avec 


M. DE VILMORIN. — DECAISNEA FARGESII FRANCHET. 433 


écorce pruineuse, 5 à 6 feuilles ailées, à 3 ou 4 paires de folioles 
Des plants furent hivernés sous châssis froids, les autres pas- 
sérent l'hiver sans dommage (— 19° en décembre 1895). 

En 1896, les plants repiqués en plate-bande gagnérent environ 
60 centimétres de hauteur, en 1897 la pousse ne fut pas moins 
forte et des rameaux latéraux en petit nombre se montrérent, spé- 
cialement à la base des tiges. A la fin de cette année, des bour- 
geons trés développés se montraient à l'extrémité des tiges, faisant 
prévoir une floraison précoce pour le début de l'année 1898. Celle-ci 
eut lieu, en eflet, fin avril et les dessins du port de la plante, ainsi 
que l'aquarelle représentant la fleur, datent de cette méme année. 
Cependant aucune des fleurs ne noua. 

En 1599, nouvelle floraison abondante sur des sujets dont les 
tiges atteignaient, pour certains d'entre eux, prés de 2 métres. 

Les plantes données au Muséum, à Kew, à Verriéres, n'ont pas 
fleuri en 1899, bien qu'elles fussent aussi développées que celles 
cultivées aux Barres. Cette fois les fruits nouérent abondamment, 
les trois carpelles se développant sur presque toutes les fleurs 
fécondées. 

L'accroissement de volume fut très rapide, la couleur reste d'un 
vert jaune terne jusqu'au mois de septembre. Elle devient alors 
vert foncé et l'on voit apparaitre une teinte bleue ou plutôt 
une coloration superficielle qui bientót gagne en intensité et en 
profondeur. 

Au commencement de novembre les fruits sont tout bleus, 
s'amollissent et la peau se décolle facilement par une fente longi- 
tudinale du mucilage contenant une double rangée de graines 
noires aplaties. 

Les plantes ont été cultivées en bonne terre franche, plutôt 
consistante que légère. 


M. Finet fait à la Société la communication suivante : 


T. XLVI. (SÉANCES) 28 


434 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1899. 


SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES DU GENRE CALANTHE ; 
par M. E.-Ach. FINET. 


1. Calanthe Fargesii nov. sp. — Herba terrestris, mediocris. Caulis 
brevissimus, fere in pseudo-bulbum incrassatus, 2-vaginatus; vaginæ 
foliaceæ, plicato-striatæ, acutæ. Folia 4, longe lanceolata, acuta, basi 
attenuata, plicato-striata. Scapus lateralis, e basi vaginarum oriundus, 
4-vaginatus, gracilis, foliis longior, ad tertiam superiorem partem laxe 
racemiflorus. Flores mediocres, aperti, gracillime pedicellati; bracteæ 
acutissimæ, lanceolatæ, vix ovarii pedicellati, pubescentis dimidiam 
partem attingentes, glabræ. Sepala glabra, ovata, acuta, fere acumi- 
nata, 5-nervosa, lateralia paulo obliqua, æquilonga. Petala linearia, 
acuta, 3-nervosa, glabra. Labellum glabrum, inappendiculatum, inte- 
grum, rhombeum, acutum, membranaceum, calcaratum ; calcar breve, 
incurvum, sub-conicum, obtusum, extus pubescens, intus hispidum, 
ovario paulo brevius. Columna brevis, crassa, apoda, alis cum labelli 
basi attenuata connatis ; clinandrium cavum, marginibus sub-trilobatis ; 
rostellum bilobum, lobis acerosis, anticis, pollinarii glandulam -am plec- 
tentibus; stigma integrum, transversum. Anthera incumbens, 2-locu- 
laris, antice rostrata; pollinia 8, cerea, caudiculis duobus affixa ; glan- 
dula unica, viscosa. 


Chine : Su-tchuen oriental, environs de Tchen-keou-tin ; abbé 
Farges! 


Plante voisine du Calanthe alpina, à labelle entier, absolu- 
ment nu, sans lamelles ni callosités d'aucune sorte; la fleur, plus 
grande que celle du C. alpina, est remarquable, comme d'ailleurs 


toute la plante, par son port grêle et léger qui rappelle celui du 
C. puberula. 


2. Calanthe Delavayi nov. Sp. — Herba terrestris, habitu affinis 
C. alpina, sed scapo longiore et flore distincta. Floris bracteæ lanceo- 
late, acuminatæ, ovarium pedicellatum paulo superantes, glabrz. Flores 
mediocres, cum eis C. alpine æquantes, pedicellati. Sepala erecta, 
glabra, lanceolata, acuta, lateralia paululum obliqua, 7-nervosa. Petala 
sub-conformia, breviora, glabra, 5-nervosa. Labellum fere liberum, 
integrum, rhombeum, antice truncatum, marginibus anticis erosis; à 
basi, usque ad tertiam anticam partem venis tribus parallelis, paululum 


FINET. — QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES DU GENRE CALANTHE. 435 


prominentibus pereursum, calcaratum ; calcar rectum, ad apicem cla- 
vatüm, intus et extus pubescens, cum ovario subæquans. Columna 
elongata, more generis Phaji, apice clavata, alata, antice puberula, ad 
imam basin cum labello connata; clinandrium concavum, fere anticum, 
marginibus denticulatis; rostellum parum prominens, emarginatum ; 
stigma transversum, integrum. Anthera incumbens, antice rostrata, 2- 
locularis, loculis imperfecte 2-locellatis; pollinia 8, subæqualia, fasci- 
culata, caudiculo unico viscoso orbiculari connexa. 


Chine : Yunnan; abbé Delavay! n" 2888, 4067 : « Bois de Kou- 
loui, au-dessus de Mo-so-yn, à 3000 mètres; juin 1887; fleurs 
pourpre noir ». 


Cette plante a tout à fait le port du Calanthe alpina; la fleur est 
un peu plus grande; le labelle à peine dentelé sur le bord antérieur 
et non fimbrié, l'éperon en massue; la colonne rapproche cette 
plante du genre Phajus aussi bien que son labelle presque libre 
el à peine soudé à l'extréme base de la colonne; cependant le 
pollen cireux est bien celui du genre Calanthe. 


3. Calanthe Balanssze Sp. nov. — Herba terrestris, rhizomate repente 
vaginis fibrosis teclo. Caulis annotinus basi 2-3 vaginatus, non mani- 
feste pseudo-bulbosus. Folia longe-lanceolata, manifeste 5-nervosa, basi 
articulata et attenuata, fere petiolata, plicato-venosa. Seapus lateralis, 
e vaginis oriundus, elatus, 4 vaginibus ochreatis arcte adpressis, ad ter- 
liam superiorem partem dense racemiflorus cum foliis æquans. Flores 
parvi, semi-aperti, longe et gracillime pedicellati ; bracteæ minim: (vel 
deciduæ) ? Sepala obovata, cuspidata, 3-nervosa, glabra, erecta, Petala, 
*quilonga, cuneata, acuta, 3-nervosa, glabra. Labellum sepalis bre- 
vius, trilobum vel potius hastatum, marginibus erosulis, obtuso-acutum, 
inappendiculatum, glabrum, calcaratum ; calear cum ovario rectan- 
gulum, latum, lateraliter compressum, ad apicem breviter reflexum, 
intus et extus glabrum. Columna brevis, crassa, ad dimidiam partem cum 
labello connata; clinandrium concavum, marginibus integris ; rostellum 
integrum, deflexum ; stigma integrum, transversum. Anthera obovata, 
antice emarginata, 2- locularis; pollinia 8, cerea, ovata, fasciculata, cau- 
diculo unico orbiculari connexa. 


Nouvelle- Calédonie; Balansa! n° 3067 : « Forêts au nord de la 
Conception, 500 mètres d'altitude; 21 juin 1870 » ; fleurs blanches. 
— Deplanche! Mont Mu, 1200 mètres d'altitude. 


-Cette plante est alliée aux Calanthe clavata de l'Inde et C. lyro- 


436 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1899. 


glossa de la Nouvelle-Calédonie. De port beaucoup plus robuste, 
elle s’en distingue à première vue par son large éperon aplati. La 
hampe, très large à la base, va en s'amincissant rapidement vers le 
sommet où elle se termine en une pointe trés fine. 


À. Calanthe pusilla nov. Sp. — Herba terrestris, nana, rhizomate 
repente vaginis fibrosis tecto. Caulis obsoletus, ad pseudo-bulbum mini- 
mum reductus, basi vaginatus. Folia 3-4, plicato-venosa, sessilia, lan- 
ceolata, acuta. Scapus terminalis, e foliis oriundus, duplo longior, ad 
tertiam superiorem partem dense racemiflorus. Bracteæ minimæ, acute. 
Flores parvi, gracile pedicellati, semi-aperti. Sepala ovata, obtuse acuta, 
extus puberula, posticum 5-nervosum, lateralia 3-nervosa, erecta. Pe- 
tala 3-nervosa, lanceolata, basi attenuata, acuta, glabra. Labellum tri- 
lobum, ealcaratum, glabrum; lobi laterales magni, rotundati; lobus 
medius cordatus ; discus lamellis tribus parallelis auctus, ad lobi medii 
isthmum dentes tres membranaceos fingentibus; calcar rectum, cum 
ovario pubescente et columna parallelum, conico-obtusum, intus et extus 
puberulum. Columna crassa, nana, cum labelli ungue usque ad apicem 
. connata; clinandrium concavum, marginibus integris; rostellum parum 
prominens, emarginatum ; stigma integrum, transversum. Anthera obo- 
vata, incumbens, 2-locularis; pollinia 8, cerea, ovata, caudiculo elon- 
gato, unico, ad apicem dilatato et viscoso affixa. 


Chine : Su-tchuen oriental, environs de Tchen-keou-tin, abbé 
Farges! 


La plus petite espèce de Calanthe; de la racine au sommet de la 
hampe, les plus grands échantillons ne dépassent pas 25 centi- 
mètres. Le port général est celui du C. striata; laffinité des 
fleurs la place à còté du C. Mannii, dont elle se distingue par sa 
taille, ses fleurs en grappe serrée, et son labelle à lobe médian 
cordiforme et non échancré. 


Explication des planches IX et X de ce volume. 


PLANCHE IX. 


A. Calanthe Fargesii sp. nov.; — 1, sépale postérieur X 2; — 2, sépale 
latéral X 2; — 3, pétale X 2; — 4, labelle, colonne, ovaire et pédicelle, 
vus de côté X 2; — 5, coupe longitudinale d'avant en arrière de la colonne 
et du haut de l'éperon X ; — 6, rostellum vu en dessus X; — 7, anthére, 
vue en dessus X; — 8, moitié du pollinaire X. 

B. C. Delavayi sp. nov.; fleur grandeur nat. — 9, sépale postérieur X ?; 


FINET. — QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES DU GENRE CALANTHE. 437 


— 10, latéral X 2; — 11, pétale X 2; — 12, labelle, colonne, ovaire et pė- 
dicelle vus de côté, g. n.; — 13, coupe longitudinale d'avant en arrière de la 
colonne et de l'éperon X 2; — 14, anthére vue de côté X; — 15, anthére 
vue en dessous X; — 16, pollinaire X. 


PLANCHE X. 


A. Calanthe Balansæ sp. nov. — 1, sépale postérieur X 2; — 2, sép. laté- 
ral X 2; — 3, pétale X 2; — 4, labelle, colonne, ovaire et pédicelle vus de 
côté X 2; — 5, labelle X 4; — 6-7, clinandre et rostellum vus de face X ; — 
8-9, sommet de la colonne, coupe longitudinale d'avant en arriére X ; — 10, 
anthére vue en dessus,la glande du pollinaire vue en place X ; — 11, anthère 
vue de côté, vide X ; — 12, anthère vue en dessous, vide X; — 13 et 14, 
pollinaire vu de face, les pollinies plus ou moins étalées X ; — 15, 2 polli- 
nies, la petite de la série supérieure, la grande de la série inférieure X. 

B. C. pusilla sp. nov. — 16, fleur gr. nat.; — 17, sépale ‘postérieur X 4; 
— 18, sépale latéral X 4; — 19, pétale X 4; — 20, labelle, colonne, pédi- 
celle et ovaire vus de côté X 4; — 21, coupe transversale des 3 lames 
du labelle X ; — 22, les 3 dents formées par les lames du labelle au niveau de 
l'isthme du lobe médian X; — 23, coupe longitudinale d'avant en arrière de 
la colonne et de l'éperon X 4; — 24, sommet de la colonne vu de face X; — 
25, anthère vue en dessous X; — 26, anthère vue en dessus X; — 27, pol- 
linaire X ; — 98, 2 pollinies, la petite de la série supérieure, la grande de la 
série inférieure. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 


Sur le développement du tégument séminal et du pé- 
ricarpe des Graminées; par M. P. Guérin, avec 70 figures 
dans le texte (Annales des sc. nat., Bor., 9° série, tome I). 


En reprenant l'étude du fruit des Graminées, l'auteur s'est proposé 
de définir, de façon précise, l'origine des diverses assises de la paroi et, 
en particulier, de rechercher si, comme le prétendent d'autres auteurs, 
la graine incluse est véritablement dépourvue de tégument à la matu- 
rité. Il était nécessaire, pour cela, de suivre pas à pas l'ovule et le car- 
pelle, depuis le moment de la formation de l’œuf jusqu'à la complète 
maturité du grain, et c'est là précisément l'objet du présent travail. 

Or il résulte des recherches de l'auteur que la graine müre des Gra- 
minées est réguliérement enveloppée d'un tégument, soudé au péri- 
carpe, et conséquemment que le fruit représente bien un caryopse. 

Les deux téguments de l'ovule ne consistent chacun, sauf exception 
(Mais), qu'en deux assises de cellules. Et, tandis que le tégument externe 
subit, sans exception, une résorption totale au cours de la maturation 
du fruit, le tégument interne subsiste, et sa structure cellulaire se con- 
serve généralement nette; pourtant, dans le Mais, elle devient mécon- 
naissable, par suite d'écrasement. C'est dans le tégument séminal que 
se localise le pigment propre au grain mùr; toutefois, l'assise péri- 
phérique protéique de l'albumen, qui lui fait suite, peut en renfermer 
aussi (Maïs). 

L'assise interne du tégument, parfois seule subsistante, peut acquérir 
un énorme développement, comme dans le Sorgho, où elle se distingue 
en outre par de remarquables épaississements de membranes. 

Les genres Brome et Brachypode offrent cette particularité, que leur 
tegument séminal se renforce de l'épiderme nucellaire, fortement accru. 

Le tégument ovulaire externe n'est pas la seule formation de la paroi 
qui soit soumise à la résorption : certaines assises du péricarpe, €P 
nombre variable selon les genres, suivent la méme destinée. Il est à re- 
marquer toutefois que l'endocarpe ou épiderme carpellaire interne sub- 
siste, sous forme de cellules cylindriques, allongées suivant l'axe du 
grain; le calibre de ces cellules tubuleuses, comme les nomme l'auteur, 
est étroit, par rapport à celui des cellules du tégument, ce qui facilite 
leur détermination dans le fruit mür. L'assise de péricarpe qui fait suite 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 439 


immédiatement à l'endocarpe est de méme permanente. C’est donc en 
définitive sur les assises plus extérieures du parenchyme carpellaire que 
porte la résorption. 

En règle générale, dans les genres, comme le Maïs, où le fruit mürit à 
nu, le péricarpe reste relativement épais et éprouve une forte sclérifica- 
tion ; il se réduit au contraire à un petit nombre d'assises non épaissies 
dans les genres à fruits protégés par des bractées (Coiz). Par exception, 
dans le Brome, il ne reste plus du péricarpe, à la maturité du grain, 
que l’assise sus-endocarpienne et l'épiderme superficiel. 


Ern. BELZUNG. 


Le tissu criblé; par M. E. Perrot, avec 112 figures dans le texte, 
dont 22 originales (Paris, Lechevallier, 1899). 


Ce Mémoire, fort étendu, comprend l'histoire entière, trés docu- 
mentée, des tubes criblés, ainsi que des éléments qui les accompagnent 
dans le liber des plantes vasculaires. 

L'étude morphologique y tient tout naturellement la plus grande place. 
On y trouve un exposé des travaux récents qui ont apporté quelque lu- 
miére nouvelle sur l'origine, la différenciation et l'ordre d'apparition des 
tubes criblés. 

La paroi de la cellule de méristéme appelée à se différencier en une 
cellule criblée est d'abord uniformément mince et pectoso-cellulosique ; 
de bonne heure, elle devient le siège d'un notable épaississement, qui serait 
purement cellulosique et qui lui donne transitoirement un aspect nacré 
caractéristique, d'ailleurs encore reconnaissable dans la structure pri- 
maire des jeunes racines; l'apparition de cel épaississement coincide avec 
la phase de perforation des cloisons transverses préalablement épaissies 
en réseau, en un mot avec la constitution des cloisons en cribles. Ces 
Particularités de structure caractérisent les tubes criblés dans leur état 
de plus grande activité. 

La terminaison des nervures dans les feuilles, généralement consi- 
dérée comme uniquement vasculaire, a été l'objet de nouvelles re- 
cherches pendant ces dernières années. Il en résulte que les tubes 
criblés, comme les vaisseaux, suivent les nervures jusqu'à leur termi- 
naison, et c'est dans l'ampoule terminale seulement, en particulier chez 
les Cryptogames vasculaires, qu'ils passent à l'état de files de cellules 
étroites, à membrane mince, comme d'ailleurs les vaisseaux, qui en 
diffèrent simplement par leur plus grand calibre. u 

L'attention a été appelée sur l'existence, dans les tubes criblés et les 
cellules annexes, ainsi d'ailleurs que dans les laticiferes, d'un principe, 
doué, comme les diastases, de la propriété de décomposer l'eau oxygénee 


440 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, 


et d'assurer ainsi indirectement des oxydations, à la faveur de l’oxygène 
naissant. Cette substance, dite leptomine, a pu étre isolée, sous forme d'une 
poudre blanche amorphe ; on ignore encore son rôle. Elle colore en bleu 
le mélange de teinture de Gaiac et d'eau oxygénée, propriété qu'offrent 
aussi l'hémoglobine et l'hémocyanine animales; les coupes du liber, 
traitées par le naphtol « et l'eau oxygénée, se teintent de la méme 
nuance. 

Indépendamment de l'étude de la structure des faisceaux conducteurs 
dans les divers membres à l'état primaire et secondaire, puis de la dis- 
cussion des faits qui se rattachent au rôle conducteur des tubes criblés, 
il y a lieu de signaler un chapitre spécial, relatif aux formations criblées 
extralibériennes, en particulier aux faisceaux criblés médullaires et 
intraligneux, dont l'auteur a fait personnellement une étude suivie dans 
son travail sur les Gentianacées. l 

La comparaison des plantes terrestres avec les plantes aquatiques 
montre que les faisceaux libériens, tout en se simplifiant sous l’action du 
milieu, au point de ne plus être représentés que par un seul tube criblé, 
n'éprouvent pourtant jamais une atrophie complète, contrairement à ce 
que l'on constate, chez diverses espéces, pour les éléments vasculaires. 
Méme plusieurs Monocotylédones aquatiques (Potamot), dépourvues ou 
à peu prés de vaisseaux, conservent dans leur rhizome un nombre rela- 
tivement élevé de tubes criblés, et ils se font en outre remarquer, dans 
certains cas, par leur grand diamétre. 

Les caractéres qui découlent de l'étude comparée du liber dans la 
série des plantes vasculaires sont souvent de nature, par leur constance, 
à intervenir dans la classification botanique. C'est ainsi que bon nombre 
de familles, toutes passées ici en revue, sont caractérisées par l'existence 
réguliére de faisceaux criblés médullaires. Par contre, les faisceaux 
criblés enclavés dans le bois sont beaucoup moins généraux [et, consé- 
quemment, ne peuvent intervenir dans la diagnose que pour la distinclion 
des genres ou des tribus. 

L'auteur termine son Mémoire par un tableau, emprunté au travail de 
Moeller, des principales modifications qu'offre à considérer, dans la série 
des Phanérogames ligneuses, la structure typique des tubes criblés, ainsi 
que celle des faisceaux libériens secondaires tout entiers, avec l'indi- 
cation des familles ou genres, chez lesquels ces modifications se trouvent 
réalisées. 

Cet exposé historique complet de la connaissance du liber est tout na- 
turellement appelé à servir de guide à ceux qui, à l'avenir, tenteront de 
porter plus avant l'étude de cette formation. E. BELZUNG. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 444 


La nature tropicale; par M. J. Costantin. Un vol. in-8, avec 
116 fig. dans le texte (Bibliotheque scientifique internationale, 
Paris, F. Alcan, 1899). 


La forét vierge a de tout temps frappé le voyageur par le merveilleux 
épanouissement de sa végétation arborescente, marque propre du climat 
chaud et humide des régions tropicales. L'influence de la chaleur et de 
l'humidité sur l'épanouissement de la plante, jointe à l'uniformité du 
climat, est si puissante que plusieurs genres, parmi les Composées no- 
tamment (Senecon...), représentés uniquement dans nos pays tempérés 
par des espéces herbacées, produisent sous les tropiques de véritables 
arbres. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner de la pauvreté de la flore 
européenne en espèces arborescentes, comparée à l’extrême variété de 
la forêt vierge; déjà, pour la seule ile de Java, 1500 espèces d'arbres 
viennent s’opposer aux 40 espèces européennes. 

Aussi bien, mieux que toute autre, l'étude des régions tropicales est- 
elle de nature à permettre au biologiste de définir les conditions déter- 
minantes de l'épanouissement de la végétation et, en particulier, de faire 
ressortir la profonde empreinte qu'exercent les agents extérieurs, tout 
à la fois sur l'architecture, sur les dimensions et la structure du corps. 
Le livre de l'auteur contribue précisément à donner l'explication ration- 
nelle des caractères propres de la forêt vierge et, par suite, à mettre 
en lumiére l'harmonie étroite qui s'établit entre les étres et le milieu 
où ils sont appelés à parcourir leur existence. 

Dans une premiére partie, l'auteur étudie les caractéres les plus 
frappants des arbres de la forêt tropicale, vestige de la végétation houil- 
lère, qui prospérait sous toutes les latitudes. L'architecture particulière 
du corps, si remarquable par exemple dans le Figuier des pagodes, 
les dispositions protectrices de la plante contre la radiation, aussi bien 
que contre l'humidité prolongée, y sont expliquées d'aprés une série 
d'exemples typiques. 

Les Lianes, considérées dans les rapports de leur conformation avec 
leur végétation sous le couvert d’autres plantes, forment l’objet de la se- 
Conde partie. 

La troisième partie est consacrée aux Épiphytes, et notamment aux 
plantes de la couronne des arbres, qui, plus particulièrement exposées à 
l’action du soleil, offrent parfois des dispositions protectrices singulières : 
telles les urnes pendantes de la tige du Dischidia, constituées chacune 
Par une feuille, abritant une racine latérale. 

La partie suivante traite des Parasites, que l’auteur subdivise en épi- 
Phytoides (Gui), lianoïdes (Cuscute) et épirhizoides (Balanophoracées et 
Rafflésiacées). Ces plantes, auxquelles leur condition particuliere d'exis- 


442 . SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tence a imprimé une évolution régressive dans leur appareil végétatil, 
en particulier dans leur racine, réduite, comme l'on sait, à un sucoir, 
portent aussi la marque du parasitisme dans leurs graines, puisque 
l'embryon y demeure à l'état de simple masse de parenchyme, sans 
membres différenciés. La dégradation est même poussée au point que 
les Santalinées sont innucellées et les Loranthinées entièrement 1no- 
vulées. | | 

Dans l’étude de la symbiose, l’auteur fait un récit de ces singu- 
lières associations à bénéfice réciproque, qui s'établissent entre plantes 
et Fourmis. Certaines espèces de Cecropia, par exemple, Urticacées ar- 
borescentes, à entre-nœuds fistuleux, sont habitées par des colonies de 
Fourmis du genre Azteca. Ces insectes se nourrissent de petits corpus- 
cules spéciaux, ovoides ou piriformes, que portent les feuilles à leur 
base et qui ne paraissent étre à l'arbre d'aucune utilité; le parenchyme 
de ces corpuscules est chargé de réserves protéiques et oléagineuses. Or 
les Fourmis défendent les arbres, qui leur donnent ainsi le vivre et le 
couvert, contre les déprédations d'autres espéces, coupeuses de feuilles, 
auxquelles elles livrent, parait-il, des combats acharnés. . 

Une autre particularité des Cecropia, qui montre à quel point ces 
plantes se trouvent adaptées aux besoins de leurs hôtes, est que la région 
médiane de chaque entre-nœud est marquée d’une dépression, au niveau 
de laquelle la paroi manque de faisceaux vasculaires et de collen- 
chyme, et où, par suite, elle n'offre qu'une faible résistance ; or c'est 
précisément par ce sillon que les Fourmis pondeuses arrivent à s'intro- 
duire dans la tige. 

Ajoutons que d’autres espèces de Cecropia, qui n'hébergent pas de 
Fourmis symbiotes protectrices, manquent tout à la fois de ces dépres- 
sions superficielles et de corpuscules alimentaires, et il se trouve que, 
chez elles, le revêtement cireux de l'écorce suffit à en éloigner leurs 
ennemis. 

Passant à l'examen de la flore des îles, l’auteur montre qu’elle conduit 
à admettre l'existence ancienne de communications terriennes de cer- 
taines îles les unes avec les autres, ainsi qu'avec des continents, méme 
fort éloignés, et c'est vraisemblablement à la suite de brusques effon- 
drements des ponts intermédiaires que ces iles se sont constituées dans 
leur isolement actuel. t 

L'hypothése des grands cataclysmes du globe, un moment éclipsee 
par la doctrine des actions lentes, mais aujourd'hui de nouveau en faveur 
parmi les géologues, amène l'auteur à étudier le dernier de ces boule- 
versements, dans ses rapports avec les conceptions religieuses primilives 
de l'humanité, qui, selon lui, paraissent avoir reposé essentiellement 
sur le souvenir du déluge, ainsi que sur l'adoration de la mer, à laquelle 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 443 


les premiers hommes faisaient remonter la source de toute vie, comme 
la cause de tout anéantissement. E. BeLzunc. 


Archives de l’Institut botanique de l'Université de Liège 
(1 vol., Bruxelles; Hayez, 1897). 


Ce volume inaugure la publication des travaux d'anatomie végétale 
faits, à l'Institut botanique de l'Université de Liège, sous la direction de 
M. le professeur Gravis. 

Les trois Mémoires qu'il renferme sont consacrés à des Monographies 
de genres typiques de la famille des Renonculacées, et il en sera de 
méme d'une série d'autres. M. Lenfant étudie spécialement quatre 
espéces du genre Delphinium, dont deux annuelles, une bisannuelle et 
une vivace; M. Mansion, uniquement le Thalictrum flavum, type d'un 
genre à structure plus complexe; enfin M. Sterckx analyse la tribu des 
Clématidées, en prenant le Clematis Vitalba comme type. 

Ces Mémoires sont exécutés sur un plan uniforme et embrassent la 
connaissance morphologique et anatomique de la plante à tous ses états. 
La description de la structure des membres de la plante adulte y est pré- 
Cédée d'une étude complète de l'embryon et de la plantule, considérés 
tant dans leurs régions différenciées que dans leurs points végétatifs. Le 
texte est accompagné de nombreuses figures, formant ensemble 29 plan- 
ches, dont 15 pour le seul Mémoire sur les Clématidées; la course des 
faisceaux vasculaires y est toujours entiérement représentée. 

Des Monographies anatomiques de ce genre, poursuivies dans le 
domaine d'une méme famille, ne peuvent, comme le disent les auteurs, 
que contribuer à préciser la diagnose générale de la famille et, par suite, 
à fixer, dans le systéme de la classification, la place rationnelle que lui 
assigne l'ensemble de ses caractères, et non pas seulement les caractères 
morphologiques externes. 

Le volume se termine par deux notes de technique de M. Gravis, sur 


la fixation des coupes au porte-objet par l'intermédiaire de la gélose. 
E. BELZ. i 


Sur la plasmolyse et la membrane plasmique; par 
MM. Chodat et Boubier, avec une planche (Journal de Bota- 
nique, 1898). 

En plasmolysant le corps protoplasmique de plantes très diverses, les 
unes à structure continue, les autres cellulaires, au moyen d’une disso- 
lution de nitre, les auteurs ont reconnu que la membrane protoplas- 
mique hyaline, ou membrane ectoplasmique, au lieu de se détacher en- 
tièrement de la membrane cellulosique au moment de la contraction, y 
reste rattachée par de nombreux filaments rayonnants fort déliés, qui se 


444 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


montrent parfois dilatés en manière de disque à leur point de contact 
avec la membrane cellulosique, et même avec le corps protoplasmique 
rétracté (Spirogyre). 

Ces filaments, lorsqu'on les observe sur la membrane séparatrice de 
deux cellules, peuvent se présenter en correspondance d'une cellule à 
l'autre; ils constituent alors, comme l'on sait, pour certains auteurs, une 
probabilité en faveur des communications protoplasmiques intercellu- 
laires. Mais l'existence de filaments ne prouve pas la réalité de semblables 
communications, puisqu'on les voit tout aussi bien se former, chez les 
plantes cloisonnées, contre les faces libres des cellules superficielles 
(feuilles de Mnie, prothalles de Fougères, poils radicaux d'Azolle, poils 
aériens de Primevére), et pareillement tout le long de la membrane 
chez les plantes à structure continue, comme les Vauchéries. 

L'adhérence entre la membrane ectoplasmique et la membrane cellu- 
losique, attestée dans ces essais plasmolytiques par la permanence de 
filaments d'union, s'explique, pensons-nous, si l'on se reporte au mode 
de formation de la membrane de cellulose. Celle-ci résulte en effet, une 
première fois dans l’œuf, d'une transformation de la couche externe de 
la membrane plasmique superficielle; ensuite, au cours du cloisonne- 
ment, d'une transformation analogue de la lame hyaline, qui marque 
originellement la subdivision d'une cellule en deux autres. Et l'on ne 
peut interpréter d'une manière satisfaisante certains cas de dévelop- 
pement en épaisseur de la membrane, notamment l’épaississement cen- 
trifuge local, qui donne lieu, par exemple, aux reliefs des grains de 
pollen, que si l'on admet l'existence, dans l'intérieur méme de la 
membrane aux points correspondants, d'éléments vivants qui se méta- 
morphosent en particules cellulosiques. 

Il est dés lors tout naturel, une fois la différenciation de la membrane 
achevée, que le lien entre la membrane cellulosique et la membrane 
ectoplasmique devienne moins intime et facilite la contraction du corps 
protoplasmique au cours de la plasmolyse. Les filaments subsistants, 
sur lesquels les auteurs appellent l'attention, correspondent donc pro- 
bablement aux zones oü la continuité s'est maintenue entre la mem- 
brane ectoplasmique et les éléments vivants que peut encore renfermer 
la couche intérieure dela membrane cellulosique, aux points, en d'autres 
termes, où la membrane protoplasmique se prolonge encore dans la 
membrane de cellulose. E. BÉLZUNG. 


Capitule d'Inula glandulosa Willd, à prolifération laté- 
rale; par M. J. Offner (Journal de Botanique, tome 13, n° 7, 1899). 


L'anomalie signalée dans cette Note consiste dans l'apparition, à l'ais- 
selle des bractées de l'involucre d'un capitule d'Inula glandulosa, de 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 445 


capitules secondaires. Ces capitules, au nombre d’environ quarante, sont 
très réduits; ils le sont d'autant plus que l'on se rapproche du capitule 
normal. Pédicellés, leur pédicelle subit des réductions paralléles à celles 
des fleurons. Tandis que le capitule primaire s'est développé en inflo- 
rescence centripéte, les capitules secondaires se développent en ordre 
centrifuge. 

En somme, il y a là production d'une sorte de cyme de capitules for- 
mant un lien de transition entre le capitule solitaire de l’Inula glandu- 
losa normal et la cyme corymbiforme de certaines autres Aunées. 

Chez un autre individu, cette monstruosité se trouvait encore exa- 
gérée; elle portait sur deux capitules déterminant une torsion de l'axe 
de ces inflorescences et communiquant à l'anomalie un caractère d'uni- 
latéralité. L. Lurz. 


Observations morphologiques sur la feuille des Cupres- 
sinées ; par M. Daguillon (Revue générale de Botanique, t. II, 1899, 
avec une planche). 


Dans un travail antérieur, M. Daguillon a publié des observations 
relatives à l'organisation des feuilles dites « primordiales » qui suc- 
cédent immédiatement aux cotylédons chez les Conifères, il a montré que 
cette organisation est, à plusieurs égards, intermédiaire entre celle des 
cotylédons et celle des feuilles définitives de la plante adulte. Cette étude 
avait porté plus particulièrement sur les Abiétinées. 

Ce nouveau Mémoire traite spécialement des Cupressinées, et les résul- 
tats acquis viennent s'ajouter à ceux des recherches de sir John Lubbock 
et de Kaufholz. 

Chez les Cupressinées comme chez les Abiétinées, les feuilles primor- 
diales different profondément par leur forme extérieure des feuilles 
définitives : les premières étant nettement distinctes de l'axe qui les 
porte, les secondes étant largement concrescentes avec lui. « Aux deux 
cotylédons succède une première paire de feuilles opposées, décussées 
avec eux, puis vient une série de verticilles quaternés, enfin le nombre 
des feuilles du verticille tombe brusquement à deux, » | 

Les stomates, répartis exclusivement à la face supérieure des feuilles 
colylédonaires, se distribuent dans les feuilles primordiales comme dans 
les définitives ; l'hypoderme, le tissu de transfusion et l'appareil sécré- 
teur se développent progressivement au fur et à mesure que l'on s'éloigne 
des cotylédons. u | 

L'auteur est amené par ses reclierches à partager les idées de M. Van 
Tieghem qui pense que celle caractérisation particulière des Conifères 
adultes est un phénomène surnuméraire, une sorte d'altération due à 
l'influence du milieu, et il considère comme normale la disposition 


446 —— SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dans laquelle les organes appendiculaires restent distincts de leur sup- 
port. Malheureusement cette opinion n'est jusqu'ici qu'une simple 
hypothèse, évidemment basée sur certaines présomptions scientifiques, 
mais que de nouveaux faits viendront peut-être préciser ultérieurement. 


E. PERROT. 


Conspectus Hepaticarum Archipelagi indici; par M. le D' 
Victor Schiffner, Batavia, 1898, 382 pages. 


Pendant un séjour qu’il a fait à Java, M. le D* V. Schiffner a récolté 
de nombreux échantillons de Cryptogames et il a publié les diagnoses 
des Hépatiques nouvelles dans les Nova Acta Leop. Carol. Akad., 
Bd LX (1893). Dans le Conspectus dont il vient d'adresser un exemplaire 
à la Société, l'auteur donne la liste compléte des espéces signalées jus- 
qu'ici dans les iles de l'Archipel indien et dans la presqu'ile de 
Malacea. 

En téte du Conspectus se trouve la bibliographie trés détaillée de tout 
ce qui a paru sur l'Hépaticologie. Les espèces, au nombre de 450, sont 
accompagnées de tous les renseignements désirables sur la synonymie, 
les ouvrages où chacune d'elles a été décrite ou signalée, la localité où 
elle a été trouvée dans l'Archipel indien et son aire de dispersion dans 
le monde entier. Les genres qui sont le mieux représentés dans la région 
sont Lejeunea 98 espèces réparties en de nombreux sous-genres, Baz- 
zania (Mastigobryum) 56, Plagiochila 41, Frullania 46, Radula 20, 
Chiloscyphus et Lepidozia, chacun 16. Ém. BESCHERELLE. 


Florule des Algues marines du nord de la France; par 
M. Fernand Debray (Bulletin scientifique de la France et de la Bel- 
gique, XXXIT, 1899). Tirage à part, 193 pages. 


La partie du littoral français explorée par M. Debray est comprise 
entre la Belgique et l'extrémité occidentale du département du Calvados. 
Elle présente une plage de sable de Dunkerque à Sangatte, prés Calais. 
Les sables apparaissent de nouveau au nord-ouest comme au sud-est de 
Wissant et se continuent jusqu'au cap Gris-Nez. En face de Sangatte on 
voit se succéder la craie marneuse et la craie glauconieuse. Au Gris- 
Nez affleurent les grès et les calcaires portlandiens auxquels appar- 
tiennent les rochers de la Pointe-aux-Oies, de la Rochette, de Croy et en 
partie ceux de la Créche. Le Portlandien reparait du Portel au cap 
d'Alprech. | 
. De la Créche au sémaphore du Portel, ainsi que du cap d'Alprech 
jusqu'au delà d'Equihem, ce sont les argiles kimméridgiennes à Ostrea 
“Virgula qui constituent la formation géologique. 


REVUE BIBLIOGRAPIIQUE. 447 


Au sud d'Equihem jusqu’à Ault, au sud de l'embouchure de la Somme, 
la plage est entièrement sablonneuse. 

À Ault, recommencent les falaises qui se poursuivent à peu près jus- 
qu'au Havre; elles appartiennent à la craie blanche, sauf à Fécamp où 
l'on entrevoit un peu de craie glauconieuse. 

Plus loin reparaissent de nouveau les formations glauconieuses au 
cap d'Antifer, de gault à Saint-Jouin et kimméridgienne à Cauville ainsi 
que de chaque cóté de l'embouchure de la Seine. L'oxfordien se mani- 
feste à Trouville avec un calcaire marneux, et la grande oolithe constitue 
les roches égarées sur la plage de Luc jusqu'à Grandcamp. 

La flore marine varie avec chacune de ces formations, suivant que les 
roches sont en gros blocs ou en nappe uniforme, suivant que la localité 
est abritée ou exposée aux tempêtes, etc. 

La région la plus riche en Algues est celle qui s'étend du cap Gris- 
Nez au cap d'Alprech, sur 24 kilomètres de côtes : les alentours de 
Wimereux sont particuliérement intéressants à visiter. Les plages du 
Tréport, de Dieppe sont relativement pauvres ; les falaises qui s'étendent 
d'Ault au Havre ne sont pas non plus trés riches. La flore, par contre, 
est luxuriante à partir des Petites-Dalles, à Fécamp, à Yport. On ne 
rencontre de Zostères qu'à Grandcamp. 

Chaque espèce d'Algue est décrite et, en plus, une clef dicholomique 
permet de faire facilement les déterminations spécifiques. Les carac- 
léres, mis en avant, ont été, autant que possible, pris parmi ceux qui sont 
loujours présents et souvent d'ordre secondaire. La clef ne peut donc étre 
employée avec sécurité que pour les espéces comprises dans les limites 
assignées à ce travail. Malgré cela, elle est appelée à rendre de réels 
Services. 

Signalons parmi les espèces intéressantes pour la région : Dermo- 
carpa prasina, Hyella cespitosa, Microcoleus tenerrimus, Phormi- 
dium persicinum et favosum, Oscillatoria Coralline, Spirulina la- 
byrinthiformis, Brachytrichia Balani, Microchæte grisea, etc., 
parmi les Algues bleues. 

Dans les Chlorophycées : Vaucheria Thureti et synandra, Gomon- 
tia polyrhiza, Monostroma orbiculatum et obscurum, Epicladia 
Flustræ, ete. — Dans les Algues brunes : Ectocarpus solitarius Sauv. 
et brevis Sauv., investiens Hauck, Myrionema papillosum Sauv., He- 
catonema maculans Sauv., Saccorhiza bulbosa, Sargassum baccife 
rum, rejeté à Dieppe, etc.— Dans les Floridées : Naccaria Wigghit, 
Gelidium latifolium, Pterocladia capillacea, Actinococcus aggre- 
gatus et peltæformis, Cordylecladia erecta, Bostrychia scorpioides, 
Griffithsia devoniensis , Rhodocorton membranaceum, Spyridia fila- 
mentosa, Dudresnaya coccinea, Schmitziella endophlæa, etc. 


448 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Signalons encore le PhϾocystis Poucheti (Hariot) Lagerheim, qui 
abonde à Wimereux pendant l'hiver. D’après M. de Lagerheim, ce petit 
organisme ne serait probablement pas de nature végétale. 

Le nombre des Algues marines du nord de la France, d'aprés l'énu- 
mération de M. Debray, s'éléverait à 269 espéces, dont : 36 Cyanophy- 
cées, 36 Chlorophycées (y compris 6 Bangiales), 64 Phéophycées et 
133 Floridées. P. Hanior. 


NOUVELLES 
(15 janvier 1900). 


Dans sa séance publique annuelle du 18 décembre dernier, l’Aca- 
démie des sciences a décerné le prix Desmazières à M. l’abbé Hue pour 
un Mémoire sur une nouvelle classifieation des Lichens fondée sur 
leur anatomie. Uu autre de nos confrères, le frère Héribaud-Joseph, 
professeur à Clermont-Ferrand, a obtenu un des prix de la fondation 
Montaigne pour son beau livre : Les Muscinées d'Auvergne. 


Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, 
ERN. MALINVAUD. 


19105. — Lih -Impr. réunies, rue Saint-Benoît, 7, Paris. — MoTTEROZ, directeur. 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. Guérin, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de 
la séance du 24 novembre, dont la rédaction est adoptée. 


M. le Président annonce que M" Gonod d'Artemare, veuve 
de notre regretté confrère M. Gonod d'Artemare, d'Ussel, a 
fait parvenir à la Société, par l’obligeant intermédiaire du 
frère Héribaud, la somme de 500 francs donnée par elle en 
Souvenir du vif intérêt que son mari prenait au développe- 
ment de notre Association. M. le Secrétaire général a écrit 
à M"* Gonod d'Artemare pour la remercier au nom de la 
Société, 


M. Malinvaud présente à l'assemblée un volume intitulé : 
Table générale des articles originaux contenus dans les qua- 
rante premiers volumes du Bulletin de la Société botanique 
de France, et donne quelques détails sur le plan et l’exécu- 
tion de ce répertoire, depuis longtemps vivement souhaité et 
qui est le meilleur témoignage qu’on puisse produire en fa- 
veur de l'activité soutenue de notre Association et des services 
qu'elle a rendus, par la publication de son Bulletin, pendant 
une longue période. « On ne trouverait probablement, ajoute 
M. Malinvaud, dans la littérature scientifique d'aucun autre 
Pays, un Recueil contenant, avec une trés importante série 
d'articles variés sur les diverses branches de la botanique, 
"né aussi riche accumulation de documents sur sa flore 
nationale, » 


T. XLVI. (SÉANCES) 29 


450 SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1899. 


M. Picquenard fait à la Société la communication sui- 
vante : 


NOTE SUR QUELQUES PARMELIA DU FINISTÈRE : P. CETRA TA Ach., 
P. PERLATA Ach., P. TRICHOTERA Hue, P. NILGHERRENSIS Nyl., P. PI- 
LOSELLA Hue; par M. €.-A. PICQUENARD. 


La Causerie sur les Parmelia publiée l’année dernière par 
M. l'abbé Hue (1) nous a fait connaitre deux espéces nouvelles 
pour la science et a mis au point, d'une manière définitive, l'his- 
toire du P. perforala Ach., du P. cetrata Ach. et de plusieurs 
espéces appartenant au groupe du P. perlata Ach. 

J'avais fourni à M. l'abbé Hue quelques échantillons dont 1l est 
fait mention, d'ailleurs, dans la Causerie sur les Parmelia, mais 
je dois avouer que, lorsque parut ce Mémoire, mes idées sur les 
espéces qui y sont décrites étaient encore fort obscures. Je 
n'avais, du reste, eu jusque-là à ma disposition que les travaux 
des auteurs de l'Ouest qui ne séparaient pas, par exemple, le 
P. perforata Ach. du P. cetrata Ach., et qui ne paraissaient pas 
avoir approfondi le groupe du P. perlata Ach. (2). 

On s'était, sans doute, jusqu'aux études de M. l'abbé Hue, trop 
appuyé sur les réactions. Étant donné que deux espéces avaient 
comme réaction + jaune 
| | + jaune puis rouge, on les réunissait, l'une - 
étant considérée comme type, l'autre comme variété. Et pour- 
tant, si ces deux espèces présentent la méme réaction, si elles 
possédent le caractére, difficilement constatable, d'avoir, en 
général les apothécies perforées, elles sont, morphologiquement; 
à peu près le contraire l’une de l'autre. L'une d'elles, le P. ce- 
trata Ach., a la face supérieure du thalle marquée d'un réseau 
blanc et la face inférieure du thalle fortement velue, parfois jus- 
qu'au bord; l'autre, le P. perforata Ach., a la face supérieure du 


(1) Cf. Abbé Hue, Causerie sur les Pa i ique, 1898, 
XII, pp. 177, 239). , es Parmelia (Journal de Botanique, 

(2) Cf. Abbé Olivier, Exposé systématique des Lichens de louest et du 
nord-ouest de la France, 1* volume. Paris, Klincksieck, 1897. — Viaud- 
Grand-Marais, Note sur les Parmelia et les Physcia de l'Ouest (Bulletin de la 
Societé des sciences naturelles de l'Ouest, Nantes, Il, p. 154). 


PICQUENARD. — NOTE SUR QUELQUES PARMELIA DU FINISTÈRE. 451 


thalle absolument lisse et la face inférieure du thalle dépourvue 
de poils, en dehors des rhizines, bien entendu. 

L'étude des espèces du groupe du P. perlata Ach. restait éga- 
lement obscure dans l'ouest dela France. On y reconnaissait seu- 
lement le P. perlata Ach., avec des variétés; seuls, les P. olive- 
torum. Ach. et cetrarioides Del. étaient bien connus, nettement 
distingués. 

On voit que le champ était largement ouvert aux chercheurs. 
J'en ai profité et je me suis attaché à retrouver dans le départe- 
ment du Finistère, où j'ai déjà vu tant d'espéces remarquables, 
les formes typiques du Mémoire de M. l'abbé Hue. Je me suis 
attaché à reconnaitre les caractéres morphologiques de ces espéces 
et je n'ai pas eu à me plaindre du résultat obtenu. Je suis, en 
effet, à méme de reconnaître ces espèces sans le secours de la 
loupe, sans le secours des réactifs, avec la sûreté la plus absolue. 
Je sais que je ne suis pas seul à profiter ainsi des facilités que 
M. l'abbé Hue a mises si généreusement à la portée des botanistes 
herborisants quand il a publié sa Causerie, mais on ne saurait 
trop répandre les idées du Maitre de la Lichénologie francaise au 
sujet des Parmelia. A l'époque actuelle, où l'on assiste à une ana- 
lyse des espèces poussée jusqu'aux limites où recommence la con- 
fusion, on ne saurait trop se réjouir quand un botaniste sait, par 
un choix heureux de caractéres, discerner des espéces incontes- 
tables, au nombre de celles qui méritent le nom de « bonnes 
espèces ». 

Je n'ai pas l'intention, dans les notes suivantes, de reprendre la 
partie histologique, si bien exposée dans le Mémoire de M. l'abbé 
Hue. Je me bornerai à l'étude des caractères extérieurs; j'indi- 
querai les réactions obtenues à l'aide de K O H. On verra que c'est 
amplement suffisant pour les déterminations. 


PARMELIA CETRATA Ach. — Thalle plus ou moins orbiculaire 
alleignant 10 centimétres de diamétre, à lobes de largeur 
moyenne, plus ou moins redressés, pourvus ou non de sorédies 
marginales. 

Face supérieure d'un vert pâle ou méme blanchâtre à l'état 
frais et ornée d'un. réseau blanc, parfois trés accentue. 

Face inférieure d'un brun assez foncé, parfois roussátre vers 


452 SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1899. 


les bords, garnie de poils noirs arrivant jusqu’à la marge ou lais- 
sant un espace glabre. 
+ jaune 
-+ jaune, puis rouge sang. 
Les apothécies n’ont pas été observées en Finistère. 
Distribution. — Ce Parmelia est répandu dans le Finistère. Il 
est corticicole sous la forme sorediata ou muscicole (parmi les 
Muscinées sur les rochers). 


PARMELIA PERLATA Ach. — Thalle parfois trés grand, attei- 
gnant jusqu'à 0",50 de diamètre, orbiculaire, largement étalé, à 
lobes larges, plus ou moins redressés, sorédiés ou non. 

Face supérieure d'un vert pâle, parfois blanchátre à l'état frais, 
lisse, mate ou un peu brillante. 

. Face inférieure noire, en général moins foncée vers les bords, 
absolument glabre, en dehors des rhizines centrales. 


-+ jaune 


-+ jaune. 
Les apothécies n'ont pas été observées en Finistére. 


Distribution. — Cette espèce est répandue sur les écorces el 
sur les rochers. 


PARMELIA TRICHOTERA Hue. — Thalle ne dépassant guère, en 
Finistére, 10 centimétres de diamétre, plus ou moins orbicu- 
laire, étalé, à lobes moins larges que dans l'espèce précédente. 

F'ace supérieure d'un vert pále ou glauque, lisse, mate. 

Face inférieure noire ou d'un brun foncé, glabre par places, 
pourvue ailleurs de poils noirs, assez serrés. 

+ jaune 
-+ d'un beau jaune d'or. 

Les apothécies ont le bord fortement sorédié. 

Distribution. — Le P. trichotera est, trés probablement, une 
espèce commune en Finistère. Il habite sur les écorces, aussi sur 
les rochers. Je l'ai trouvé fertile dans deux localités : au nord 
d'Elliant (corticicole), avec de jeunes apothécies; sur les A bies 
de la montagne de Lokronan, pente Sud, où, à deux reprises, J'ai 
vu des apothécies bien développées. 


PARMELIA NILGHERRENsIS Nyl. — Thalle atteignant, en Finis- 


PICQUENARD. — NOTE SUR QUELQUES PARMELIA DU FINISTÈRE. 453 


tère, environ 15 centimètres de diamètre et alors orbiculaire et 
largement étalé, avec l'aspect de P. perlata; parfois petit, à 
partie centrale appliquée sur l'écorce des branches des arbres et 
à lobes plus ou moins redressés-sorédiés; parfois aussi petit, à 
lobes dressés, parmi les Muscinées des rochers. 

Face supérieure d'un vert pâle ou glauque, lisse, mate ou un 
peu brillante. 

Face inférieure noirátre, plus pâle, en général, vers les bords, 
glabre, portant, vers les bords, des cils noirs longs de 2-3 mil- 
limétres. 


m 


Les apothécies manquent en Finistére. 

Distribution. — Le type, corticicole, à thalle largement étalé, 
sur les troncs, dans la forêt de Koatloc'h. 

La forme corticicole, à lobes plus ou moins redressés; sur des 
jeunes branches d'arbres, probablement cà et là. 

La forme muscicole, à thalle fruticuleux, à lobes dressés, 
parmi les Muscinées, sur les rochers du bois de Toull' Laéron, 
dans les Montagnes-Noires. 


PARMELIA PILOSELLA Hue.— Thalle assez développé, atteignant 
environ 2 décimétres de diamètre, assez irrégulièrement étendu, 
étalé, à lobes en général assez découpés, plus ou moins redressés. 

Face supérieure glauque, portant de larges plaques d'isidium 
entremélé de poils raides, noirs, généralement abondants. 

Face inférieure brune, généralement pále, presque blanche 
vers les bords, velue, à poils noirs laissant une marge plus ou 
moins large. 


-+ jaune 


-+ jaune. ET 
Les apothécies, d'abord urcéolées, deviennent en vieillissant 


planes, larges, à bord mince. 

Distribution. — Cette espèce se développe sur les écorces et 
les rochers moussus. Elle habite un assez grand nombre de loca- 
lités (Montagnes-Noires ; forêt de Koatloc'h, où elle est commune 
sur les lisières Nord et Ouest; forêt de Laz; forêt du Kranou, etc.). 
Elle a été vue fertile deux fois en Finistère; la premiére fois à la 
forét de Koatloc'h, avec des apothécies adultes qui ont servi à 


454 SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1899. 


la description donnée par M. l'abbé Hue; la seconde fois, à la 
forêt de Laz, avec des apothécies encore assez jeunes. 

Cà et là, à côté du type, on trouve une forme dont les lobes 
sont surchargés, notamment vers les bords, de petites folioles trés 
finement découpées. C'est la variété excrescens Arnold. 

Résumons en quelques mots les caractéres différentiels des cinq 
espéces étudiées ci-dessus : 


1. Trois d'entre elles ont la face supérieure du thalle lisse, unie, sans 
poils ni isidium. 


a. La face inférieure du thalle est lisse; la 
+ jaune 


réaction : 
+ jaune, dans.................,... e. P. PERLATA Ach. 


b. La face inférieure du thalle est lisse par places, 
velue par ai sl . + jaune 
par ailleurs; a réaction K -+ P'un beau jaune 


d’or, dans Jesse. P. TRICHOTERA liue. 


re 0.0... 0: 


c. La face inférieure du thalle est lisse, les bords 
étant pourvus de cils noirs; la réaction K + jaune 


? 
dans... ss... 


sensoseeseresee P. NILGHERRENSIS Nyl. 


2. Une autre a la face supérieure du thalle char- 
gée de plaques d'isidium entremélé de cils noirs; la 
réaction est |. + jaune 


+ jaune; c’est le............ ..... P. PrLosELLA Hue 


3. Une dernière a la face supérieure du thalle 


ornée d'un réseau blanc; la réaction est K + jaune 
-+ jaune, 


puis rouge sang; c'est le............... VEMM P. cETRATA Ach. 


MM. les Secrétaires donnent lecture des communications 
suivanles : 


CLOS. — AGROSTIS DISPAR NICH. 455 


L'AGROSTIS DISPAR Mich. A-T-IL QUALITÉ D'ESPÈCE?; par M. D. CLOS. 


Dés 1803, cette dénomination apparait dans le Flora boreali- 
americana, d'André Michaux, t. I, p. 52 (1), et la plante ainsi 
désignée ne tarde pas à étre adoptée comme espéce et décrite par 
Poiret en 1810, sous ce nom (in Dict. bot. de l'Encycl. Supplé- 
ment, t. I, p. 253), par Palisot-Beauvois sous celui de Vilfa dis- 
par (Essai d'Agroslogr., 1812, p. 16), par Kunth (Enum. plant. 
t. I, p. 224) qui la fait rentrer dans legenre Agrostis, et cet auteur 
est suivi par Duchartre (in Man. des pl. de Jacques et Hérincq, 
t. IV, p. 929), Steudel (Synops. Plant. gramin., p. 175, 1855), 
Rodet et Baillet (Bot. agric, et médic., 2° éd., p. 907), etc. 

Introduit en France sous les dénominations de Herd-grass 
ou Agrostis d'Amérique, accompagné d'une certaine réputation 
comme plante fourragère, il fut mis sous ce rapport à l'épreuve par 


Louis Vilmorin. Les résultats obtenus, résumés dans Le Bon 


Jardinier, dont il était un des fondateurs, apprenaient que, dans 
les terrains à sa convenance, cette Graminée thalle beaucoup, 
devient trés vigoureuse et de longue durée, propre à entrer dans 
la composition des prairies permanentes, donnant en abondance 
un fourrage un peu gros mais de bonne qualité (134 édit. pp. 612, 
613). 

Toutefois, le comte de Gasparin ne la mentionne pas dans les 


(1) De Candolle (Bibliotheca botanica, en tête du premier volume de son 
Regni vegetabilis systema, p. 11), et Winckler (Geschichte der Bot., p. 253) 
attribuent la Flore, conformément à son titre, à Michaux père, Andreas Mi- 
Chaux. Mais, dans son Thesaurus Literatura botanicæ, Pritzel en faithonneu 7 
à Michaux Francois-André fils et à Claude-Louis Richard (p. 193, n° 6906). On 
sait que le pére mourut en 1803, à Madagascar, sans avoir pu terminer sa 
Flore: « Ea ex manuscripto auctoris non absoluto excerpta ab eodem perfici 
non potuit » écrit le fils dans la préface, p. vj, ajoutant p. vi) : € In re herbaria 
parum ego versatus, schedulas illas examini nonnullorum botanicorum subjeci, 
quorum innixus consiliis, editoris munus mihi a proficiscente patre mandatum 
melius explere possem ». Mais il ne désigne pas ces botanistes. I1 est probable 
que Louis-Claude Richard a été un des principaux. Toutefois, j'ignore d'aprés 
quels documents Kunth a pu écrire dans sa Notice sur la vie et les travaux 
de ce savant en 1824 : « Richard est l'auteur anonyme du Flora boreali-ame- 
ricana de Michaux » (in Annal des sc. nat., t. I, p. 220), assertion qui aura 
sans doute justifié aux yeux de Pritzel la seconde partie de l'indication citée 
plus haut. ` 


‘456 SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1899. 


nombreuses pages qu’il a consacrées aux prairies permanentes en 
1848, dans son Cours d'Agriculture, t. IV, pp. 359 à 420; et 
M. Heuzé qui, dans ses Plantes fourragères (6° éd. t. IT, p. 366), 
l'inserit parmi les plantes proposées comme fourrages, mais non 
encore acceplées par la pratique, déclare que « la grande finesse 
de ses graines rend sa culture peu facile ». 

J'ai vainement cherché, soit dans les descriptions données par 
les auteurs cités, soit dans l'Encyclopédie de l'Agriculture ou le 
Dictionnaire d'Agriculture de Barral et Sagnier, où l'espèce est 
‘signalée, soit sur les pieds vivants des Écoles botaniques de Tou- 
louse ou d’ailleurs (car la plante de ce nom y est assez répandue), 
quelque caractère propre à la distinguer de l'Agrostis vulgaris. 

D'autre part, il est étrange que, traitant du genre Agrostis dans 
le Nouveau cours complet d'Agriculture en 4824 (t. I, pp. 186- 
188), Bosc, qui avait résidé quelque temps dans l'Amérique du 
Nord, omette entièrement l'A. dispar. 

Il l'est bien plus encore qu'il en soit de méme dans l'important 
Traité, publié en 1884 par MM. G. Vasey et C. Richardson, Theagri- 
cultural grasses of the United States, accompagné de 120 plan- 
ches, sous le couvert Department of Agriculture. Des quatre 
espèces du genre décrites, pp. 65 et 66, les A. exarata, micro- 
phylla, canina et vulgaris, cette derniére est suivie des noms vul- 
gaires Red top, Fine lop, Herd's grass of Pensylvania, Borden's 
grass, Bent grass. 

Mais ces dénominations, Herd-grass, Red-top-grass, sont appli- 
quées à l'Agrostis d'Amérique (A. dispar) par Vilmorin (Le Bon 
Jardinier, art. des Fourrages graminés), et par O. Leclerc-Thouin 
dans sa section des Plantes fourragères (Maison rust. du dis- 
neuvième siècle, t. I, p. 498). Cette identité de noms m'indique- 
t-elle pas l'identité spécifique des A. vulgaris With. et dispar 
Mich. ? 

J'ajoute que Michaux (loc. cit.) ne mentionne ni PA. vulgaris, 
ni les A. alba et stolonifera, ne citant dans sa Flore aucune 
espèce européenne de ce genre. 

Et pourtant l'Agrostis vulgaris est une des Graminées les plus 
répandues à la surface du globe, son carré d'expansion ayant été 
fixé par Lecoq (Géogr. bot. rais. t. IX, p. 172) au chiffre 6120. Il 
croit, en effet, d’après lui, non seulement du midi de l'Espagne 


CLOS. — AGROSTIS DISPAR MICH. 457 


jusqu'en Laponie, mais aussi dans l'Amérique septentrionale, 
dans le Caucase et la Sibérie. 

Or si, d’après MM. Vasey et Richardson, la flore des États-Unis 
compte, indépendamment des A. exarata, microphylla, etc., une 
de nos espéces les plus communes et si distincte par ses basses 
feuilles enroulées, l'A. canina, néanmoins l’A. vulgaris y domine, 
et leur ouvrage, qui lui consacre la planche 53, reproduit les 
appréciations élogieuses dont cette espèce a été l'objet comme 
plante fourragére de la part de MM. J.-G. Gould, professeur 
Phares et Flint. Ce dernier notamment écrit: « It isa good perma- 
nent grass, standing our climate as well as any other, and conse- 
quently well suited to our pastures... », p. 66 (1). 

La petitesse des épillets dans le genre Agrostis, d'une part, 
l'insuffisance des notions de géographie botanique au commence- 
ment de ce siécle, d'autre part, peuvent expliquer jusqu'à un 
certain point cette méconnaissance de lA. vulgaris par Michaux, 
et la création d'une espèce nouvelle à ses yeux. 

Il me paraît avéré que la plupart des phytographes qui ont 
traité des Graminées, y compris en 1833 Kunth lui-même (Enum. 
plant. I, 224), n'ont pas vu de spécimen d'Agrostis dispar, se 
bornant à copier ou à traduire la diagnose due à Michaux (2). 

Mais, en 1835, le savant allemand, dans la deuxième partie de 
ce premier volume, le décrit, p. 177, d'aprés un échantillon ré- 
collé par Michaux et conservé dans l'herbier de Desfontaines, mais 
bien incomplet sans doute, les caractéres des organes de végé- 
tation, feuilles et ligule, ainsi que ceux des squamulæ, manquant 
à la description, ou l'on cherche en vain quelque signe propre. 

Voyez encore à quelles divergences l'A. dispar a donné lieu : 
il est inscrit par Poiret, en 1810, dans le Supplément de l Encyclo- 
pédie méthodique, Bor. 1, 253, avec cette remarque : « non Agros- 
lis dispar Hort. par. ». 

Dans son Flora, Michaux avait créé son genre Trichodium, dis- 
tinct par florescentia capillari, p. 41, et aussi, d'aprés Bentham et 


(1) C'est une bonne Graminée vivace, supportant notre climat aussi bien 
que toute autre et conséquemment bien appropriée à nos pâturages. ici 
(2) Voici cette diagnose : Erecta, majuscula : panicula laxa, subverticil- 
lati pyramidata, multiflora; glume mutice valvis exterioribus multo ma- 
Joribus; interiorum altera minima. : 
Poiret dit avoir vu la plante vivante, mais la description qu'il en donne 
manque de précision. | 


458 SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1899. 


Hooker, se refusant à l'admettre, par palea minuta vel obsoleta 
(Gen. plant. t. II, p. 1149). Mais Pursh (1), qui l'adopte (Flora 
Amer. sept. t. I, p. 61, 1816), y comprend, entre autres espèces 
nouvelles, son Trichodium elatum, que Kunth (Enum. 1" part., 
t. I, p. 224), Dietrich (Synopsis plant. t. I, p. 317, 1839), 
Steudel (Nomencl. bot., 2° éd., p. 701, 1841), Duchartre (loc. cil.), 
rapportent en synonyme à l'Agrostis dispar, tandis que le méme 
Steudel (Synops. plant. gram., p. 175, 1855) termine ainsi sa dia- 
gnose, empruntée, de l'A. dispar : « Non est Trichodium elatum 
Pursh », cette derniére espéce devenant pour lui Agrostis elala. 

Mais si Pursh n'a pasadmis l'A. dispar, du moins il mentionne, 
au nombre des espèces qu'il a vues en Amérique, d'une part l'Agros- 
tis canina importé d'Europe (brought from Europe), de l'autre, 
l'A. vulgaris (common in all grassy fields). Enfin W.-J. Hooker 
comprend dans son Flora boreali-americana (t. II, p. 239, 1840) 
6 espéces d'Agrostis : alba, vulgaris, exarata, rubra, canina, 
laxiflora. 

Voulant m'édifier sur la valeur spécifique de l'A. dispar, j'ai eu 
recours au semis; mais lesgraines, venues d'une maison réputée, 
m'ont donné des individus un peu plus forts, à feuilles et à pani- 
cules plus développées que ne sont ceux de l'A. vulgaris, Sans 
que l'organisation florale m'ait permis de déceler quelque diffé- 
rence appréciable. 

Ne peut-on pas légitimement conclure des données qui pré- 
cèdent : 1° que l'A. vulgaris (largo sensu), très répandu et spon- 
tané dans l'Amérique septentrionale où le signalent Pursh, Hoo- 
ker, MM. Vasey et Richardson (2), et où il est apprécié pour 
pâture et fourrage, a été pris à tort par Michaux pour une espèce 
distincte; X que l'A. dispar de Michaux, dit par lui erecta, ma- 
juscula, est tout au plus une forme de haute taille de l'A. vul- 
garis et n'a plus droit au rang d'espéce? 


F (p orthographe allemande est Pursch (Friedrich), en anglais Pursh (Fre- 
erick). 

. (2) Ces deux botanistes américains semblent englober dans lA. vulgaris, 
à titre de synonymes, les A. alba et stolonifera qui en diffèrent, disent-ils, 
par leur panicule plus étroite et plus verticillée, par leur ligule plus longue 
et plus aiguë (loc. cil.). 


LASSIMONNE. — OBSERVATIONS TÉRATOLOGIQUES. 459 


OBSERVATIONS TÉRATOLOGIQUES; par M. LASSIMONNE. 


Je crois utile de signaler les trois cas tératologiques suivants 
que j'ai observés : 


1. Ranunculus nemorosus DC. — Plante à fleurs sans pétales 
ni étamines. 


J'ai récolté cette plante, en avril 1897, dans un taillis dit le 
Longe des Vesvres, commune d'Yzeure (Allier). Je l'ai cultivée et 
elle a toujours conservé les particularités suivantes : 

Les feuilles radicales ressemblent à celles du R. nemorosus type, 
mais les rameaux sont gréles, assez courts, plus ou moins retom- 
bants, et portent à leur partie supérieure de petits appendices 
foliacés, sessiles, linéaires, aigus, pubescents. Les fleurs sont 
petites, toutes absolument dépourvues de pétales et d'étamines. 
La base est entourée d'une quinzaine de petites piéces vertes, 
linéaires, velues, courtes. Les carpelles m'ont paru stériles. 


2. Anthemis nobilis L. — Plante à capitules sans fleurons ni 
demi-fleurons, portant seulement des écailles. 


J'ai trouvé, le 28 juin 1899, à La Ferté-Hauterive (Allier), dans 
un champ cultivé, un pied présentant cette particularité sur 
presque tous ses capitules. Quelques-uns seulement portent deux 
9u trois demi-fleurons rudimentaires. 


3. Anagallis phœnicea L. — Métamorphose régressive de la 
fleur. 


Cette particularité a été observée le 27 septembre 1899. Elle 
affecte seulement un rameau d'un plant d'Anagallis phenicea que 
J'ai eueilli à Bonbernard, commune de Toury-sur-Jour (Niévre). 
Les sépales sont foliacés, plus grands et plus épais que dans la 
fleur normale. Les pétales, plus petits que le calice, sont verdâtres, 
presque foliacés, avec une bordure rougeátre, et munis de poils 
marginaux capités. | 

Les étamines, peu développées, sont stériles. J'ai observé, sur 
la partie inférieure des filets, seulement quelques poils courts, 
unisériés, paucicellulaires, capités, à cellules courtes et à tête 
arrondie; tandis que les fleurs normales m'ont présenté des filets 


460 SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1899. 


munis de nombreux poils allongés, unisériés, pluricellulaires, à 
cellules plus ou moins allongées. | 

Les carpelles, assez gros, sont stériles. Sur une fleur, la régres- 
sion est plus complète; les carpelles sont remplacés par un ra- 
meau dont les deux premiéres feuilles sont bien développées. 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER. 


M. Guérin, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de 
la séance du 8 décembre, dont la rédaction est adoptée. 

M. le Président fait connaitre deux présentations nou- 
velles. 


DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ 


(2° semestre 1899). 


Baccarini (Pasquale), 7 caratteri e la storia della flora mediter- 
ranea. 


— et Buscemi, Sui nettarii foliari della Olmediella Cesatiana 
Baill. 


— et Cannerella, Primo contributo alla structura ed alla biologia 
del Cynomorium coccineum. 

Barbosa Rodriguez, Palme nove paraguayenses. 

Bescherelle, Bryologiæ japonice Supplementum I. 

Bois, Dictionnaire d' Horticulture illustré. 

Boubier, Contribution à l'étude du pyrénoide. . 

Brunotte, Nouvelles stations de plantes rares dans le massif d" 
Hohneck. 

Camus (Fr.), Muscinées de l'ile de Groix. 

— Hépatiques de l'herbier Pradal. 

Candargy, La végétation de l'ile de Lesbos. 

Chabert (A.), Etude sur le genre Rhinanthus. 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1899. 461 


Chabert (A.), Villars d’après sa correspondance de 1805 à 1814. 

Costantin, La nature tropicale. 

Daguillon, Observations morphologiques sur les feuilles des Cupres- 
sinées. 

Debray, Florule des Alques marines du nord de la France. 

Duggar, Notices de pathologie végétale. 

Farlow, The conception of species as affected by recent investiga- 
tions on Fungi. 

Fliche, Note sur un bois de Vigne des cinérites du Cantal. 

Foucaud, Recherches sur le Trisetum Burnoufii. 

Fritsch, Schede ad floram exsiccatam austro-hungaricam, VIII. 

Gadeau de Kerville, Les vieux arbres de Normandie, fasc. IV. 

Gagnepain, A travers les pollens indigénes. 

Galloway, Potato diseases and their treatment. 

Guéguen, Études biologiques sur le Penicillium glaucum. 

Guérin, Sur le développement du tégument séminal et du péricarpe 
des Graminées. 

Grilli, William Nylander, cenno biografico. 

Harmand (abbé), Lichens de Lorraine. 

Holm, Studies in the Cyperacee, X et XI. 

— Juncus repens Micha. 

— The seedlings of Jatropha multifida, etc. 

— Podophyllum peltatum. 

Jakowatz, Die Arten der Gattung Gentiana. 

Jatta, Sylloge Lichenum italicorum. 

— Qualche osservazione sulle spore dei Licheni. 

— Alfonso Palanza. 

Le Grand, Quatrième Notice sur quelques plantes critiques. 

Legré, Additions à la flore de Provence. 

— Le botaniste provençal Jean Saurin. 

— L'indigénat en Provence du Cotoneaster Pyracantha. 

Le Monnier, Le Néflier de Bronvauz. 

Léveillé, Supplément à la Flore de la Mayenne. 

Leverett, The Pleistocene Feature. 

Lignier, Génération et sexualité. 

Mac Bride (Thomas), The nord-american slime moulds. 

Mac Millan, Minnesota Plant life. 

Macoun, Contributions to canadian Botany. 

— The cryptogamic Flora of Ottawa. 

— Notes on some Ottawa Violets. 

Magnin, Institut botanique. 

— Archives de la flore jurassienne. 


462 SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1899. 


Montemartini, La Monilia fructigena Pers. 

Offner, Capitule d'Inula glandulosa à prolifération latérale. 

Picquenard, Étude comparée de la flore lichénologique du Finistére 
et de l Ille-et- Vilaine. 

Pollacci, Intorno presenza dell’ aldeide formica nei vegetali. | 

Rouy et Foucaud, Flore de France, t. V. 

Roze, Florule française de Charles de l Esoluse. 

— Note sur l'épanouissement de trois espèces d'Onagre. 

— Quelques détails historiques sur le grand Soleil. 

Saccardo, Sylloge Fungorum, vol. XIV. 

Sahut (F.), Charles Naudin. 

— Découverte du phylloxéra, épisode rétrospectif. 

— La Pomologie aux États-Unis. 

Schinz, Beiträge zur Kenntnis der afrikanischen Flora, VIII. 

Smith (Erwin F.), The black rot of the Cabbage. 

— Wilt disease of Cotton, etc. 

Stuckert, Una leguminosa nuova. 

Tracy et Earle, Mississipi Fungi. 

Urban, Symbole antillana, fasc. 2. 

Vidal (Louis), Sur le placenta des Primulacées. 

Wildeman (E.), Prodrome de la flore algologique des Indes néerlan- 
daises. 

— Icones selectæ horti thanensis. 

— et Durand, Contribution à la flore du Congo, fasc. 1. 

Leiller, Etude sur la flore fossile du bassin houiller d Héraclée. 

Bulletin de la Société d'études des sciences naturelles de Béziers, 
1898. 

Bulletin de la Société d'Études scientifiques d' Angers, 1898. 

Mémoires de l'Académie de Stanislas; 1898. 

Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie, XIX* vol., 3 fast. - 

Mémoires de la Société nationale d' Agriculture, Sciences et Arts 
d' Angers, 1898. 

Société d'histoire naturelle d'Autun, deux fascicules. 

Annuaire du Conservatoire et du Jardin botanique de Genéve, 
années 1 à 3. 

Bulletin des travaux de la Société botanique de Genève, n° 9. 

Abhandlungen der naturhistor. Gesellschaft zu Nürnberg. 
b Denkschriften der Kgl. botanisch. Gesellschaft in Regensburg, vil 
and. 

Bulletin of the scientific Laboratories of Denison University, vol. X. 


Journal and Proceedings of the New-South-Wales, 1891-98. 
Pittonia, vol. IV, part 20. 


ÉLECTIONS. 463 


New-York agricultural experiment station, Geneva, n° 146 à 154. 

Prodromus Flore batave, vol. Il, pars 2. 

Bulletin de l'Institut botanique de Buitenzorg, n° 2. 

Verslag omtrent den staat van 'slands plantentuin te Buitenzorg 
over het Jaar, 1898. 


M. le Président annonce qu'il va étre procédé, conformé- 
ment à l’article 10 des Statuts, aux élections annuelles pour 
le renouvellement partiel du Bureau et du Conseil d'admi- 
nistration. Indépendamment du Président et des quatre 
vice-présidents, nommés pour un an, le Secrétaire général, 
un des secrétaires, un vice-secrétaire et le Trésorier sont 
arrivés cette année au terme de leurs fonctions; il y a aussi à 
élire cinq membres du Conseil. Le Secrétaire général et le 
Trésorier peuvent seuls étre réélus aux mémes fonctions. 

Aprés l'appel nominal des membres présents, dont les bul- 
letins de vote sont jetés dans lurne contenant déjà ceux 
qu'on avait recus par correspondance, la clóture du scrutin 
est prononcée à cinq heures, et le dépouillement, auquel il 
est procédé sous la direction de M. le Président, donne les 
résultats suivants : 

M. Emmanuel Drake del Castillo, premier vice-prési- 
dent sortant, est élu Président, pour l'année 1900, par 183 
suffrages sur 184 (1); M. Bureau a obtenu une voix. 


(1) Les 184 membres dont les votes ont été comptés sont : 


M'e Amiot, MM. Amiot (P.), Arbaumont (d, Arbost, Arcangeli, Audigier, 
Avice (D), Aznavour, Bach (abbé), Barnsby, Battandier, Bazot, Belèze (Me), 
Belzung, Bertrand, Bescherelle, Billiet, Blanc (Édouard), Blanc (L.), Blottière, 
Bocquillon, Bois, Boissieu (de), Bonafons (D"), Borel, Bornait-Legueule, Bornet 
(Amédée), Bornet (Édouard), Boseq, Boudier, Bouvet, Boyer, Bris, Brunotte, 
Buchet, Burnat, Camus (G.), Carrière, Charras, Chevallier (abbé L.), Cintract, 
Clos, Coiney (de), Comar, Constant, Coste (Alfred), Coste (abbé), Daguillon, 
Daugeard, Daveau, Decrock, Deflers, Delacour, Dismier, Dollfus, Douteau, . 
Drude, Du Colombier, Duffort, Duffour, Dumée, Durand (Eugène), Dussaud, 
Dutailly, Duval, Duvergier de Hauranne, Etoc (abbé), Finet, Fischer, Flahault, 
Fliche, Foucaud, Gadeau de Kerville, Gagnepain, Gaillard, Gallé, Gandoger 
(abbé), Garroute, Gauchery, Gautier (Gaston), Gave (Pére), Genty, Gérard (C.), 
Gerber, Gèze, Gillot, Giraudias, Glaziou, Godet, Godfrin, Gomont, Gonse, 
Gontier (Dr), Grecescu, Guéguen, Guérin, Guffroy, Guiard (abbé), Guignard, 
Guillon, Guinier, Hannezo, Harmand (abbé), Heckel, Hérail, Héribaud, Hervier 


464 SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1899. 
Sont ensuite élus avec les suffrages ci-après : 


Premier vice-président : M. Bouprer, 182 suffrages; il y a deux 
bulletins blancs. 


Vice-présidents : MM. l'abbé BouLLU, Monór et J. de SEYNES, 
respectivement avec 170, 177 et 180 suffrages. M. Rouy a 3 voix, 
M. Hua 2; MM. Copineau, Debeaux, Finet, Gillot, Heckel, Le 
Monnier, Sauvageau, Vuillemin, chacun une voix; six bulletins 
blanes. 


| Secrétaire général : M. MaLiNvAUD, réélu par 180 suffrages; 
MM. Radais et Rouy ont chacun une voix. Il y a deux bulletins 
blanes. 


Secrétaire : M. Lurz, 181 suffrages; M. Finet a obtenu une voix, 
deux bulletins blancs. 


Vice-secrétaire : M. Bots, 180 suffrages; une voix s'est perdue 
sur le nom de M. Buchet nommé à cette fonction en 1898, il y à 
deux bulletins blancs. 


Trésorier : M. Deracour, réélu par 481 suffrages; MM. de 
Coincy et G. Camus, chacun une voix ; un bulletin blanc. 


Membres du Conseil : MM. Z&tLLER, Hua, GUIGNARD, PRILLIEUX; 
Van TIEGHEM, respectivement par 182, 180, 181, 179 et 180 suf- 
frages; M. G. Camus obtient 2 voix; MM. Bonnet, Bornet, abbé 
Boulay, Bureau, Daguillon, Danguy, abbé Hue, Perrot, Poisson 
et Rouy ont chacun une voix, il y a six bulletins blancs. 


(abbé), Hua, Hue (abbé), Hy (abbé), Jadin, Jeanpert, Jolyet, Kerhervé (de), 
Klincksieck, Lachmann, Lacroix, Lamarlière (G. de), Langeron, Lassimonne; 
Le Grand (Antoine), Legrand (Arthur), Legré, Legué, Le Monnier, Léveillé 
(abbé), Lignier, Lindau, Lombard-Dumas, Lutz, Magnin, Malinvaud, Malo, 
Martin (Louis de), Marty, Maugeret, Mège (abbé), Mellerio, Ménier, Mer, 
Michel, Morot, Motelay (L.), Motelay (P.), Mouillefarine, Mussat, Nanteuil (de), 
Neyraut, Noblet (abbé), Olivier (Ern.), Orzeszko, Ozanon, Péchoutre, Pellat, 
Peltereau, Perrot, Petit (D'), Picquenard, Planchon (Gustave), Planchon 
(Louis), Poirault, Poisson, Poli (de), Prillieux, Puech, Ramond-Gontaut. Ré- 
chin (abbé), Rey-Pailhade (de), Rodriguez, Rouy, Royet (D°), Roze, Sahut, 
Sauvageau, Schænefeld (M'e de), Seynes (de), Sudre, Thil, Trémols, Ven- 
dryès, Vidal (Louis), Villard, Vilmorin (Maurice de), Zeiller. 


ÉLECTIONS. 465 


M. le Président proclame les élus. Il résulte de ce renou- 
vellement partiel, que le Bureau et le Conseil d'administra-- 
tion se trouvent composés, pour l'année 1900, de la manière 
suivante : 


Président. 
M. Emm. DRAKE DEL CASTILLO. 
| Vice-présidents. 
MM. Boudier, MM. Morot, 
: Boullu (abbé) | de Seynes. 
Secrélaire général. 


M. Malinvaud. 


Secrélaires. Vice-secrélaires. 
MM. Guérin, MM. Bois, 
Lutz. . Buchet. 
Trésorier. Archiviste. 
M. Delacour. M. Éd. Bornet. 


Membres du Conseil. 


MM. Cornu, | MM. Mouillefarine, 
Dutailly, Prillieux, 
Franchet, Radais, 
Guignard, Roze, 

Hua, Van Tieghem, 
Ed. Jeanpert, Zeiller. 


. Sur la proposition de M. Malinvaud, l'assemblée vote des 
remerciements unanimes à M. Zeiller, président sortant, 
pour le dévouement avee lequel il a bien voulu diriger les 
travaux de la Société pendant l'année qui touche à sa fin. 


T. XLVI. (SÉANCES) 30 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 


Prodrome de la Flore algologique des Indes néerlan- 
daises, Supplément et Tableaux statistiques; par M. E. de Wil- 
deman (Publié par le Jardin botanique de Buitenzorg). Batavia, 1899, 
in-8°, 277 pages. 


M. de Wildeman avait publié, en 1897, la liste des Algues signalées, 
jusqu’à la fin de l’année 1895, en Malaisie. Depuis cette époque, de 
nouveaux matériaux ont été récoltés à Java par MM. Clautriau, Massart 
et O. Penzig. De nombreux renseignements ont été fournis également, 
par les travaux de M. Cleve, le célébre diatomiste, sur les Diatomacées 
naviculoïdes des Indes néerlandaises. Aussi le besoin d'un Supplément 
se faisait-il sentir; c’est ce Supplément qu'a fait paraitre récemment 
M. de Wildeman. 

Dans ce travail ne figure aucune Algue brune, si avec l'auteur nous 
placons les Diatomées en dehors de ce groupe. Sinon, c'est aux Phéophy- 
cées que le Supplément doit la majeure partie de ses richesses. 

Dans ce Mémoire sont. énumérées 277 espéces : 21 Cyanophycées ; 
254 Chlorophycées; 2 Rhodophycées, représentant en tout 23 genres 
nouveaux pour la région malaisienne. La flore totale comprend donc 
1628 espèces réparties entre 319 genres. 

Signalons tout particulièrement 21 espèces de Trentepohlia dont 
10 paraissent spéciales à Java ou à la Nouvelle-Guinée. La plupart 
d'entre elles ont été antérieurement décrites par M. de Wildeman; 
quelques-unes sont de la création de MM. Karsten ou Schmidle. Il est à 
regretter pour ce genre, comme pour les autres d'ailleurs, que M. de 
Wildeman ait adopté l'ordre alphabétique des espéces, excellent pour 
la disposition d'un herbier, mais défectueux dans tout autre cas. 

Des tableaux statistiques rédigés avec soin indiquent la répartition 
géographique des Algues indo-néerlandaises, dans l'archipel (Java, mer 
de Java, Sumbawa, Bornéo, Nouvelle-Guinée, Sumatra, Célébes, détroit 
de Macassar, Moluques, Timor, Bali, Flores, mer et îles Soulou, mer de 
Banda, détroit de la Sonde, mer d'Harafoéra), ainsi que dans le reste 
du globe. L'Acanthophora Thierryi Ag., Floridée des mers chaudes, 
existe-t-il réellement aux Falklands ? Nous avons indiqué, dans les Algues 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 467 


de la Mission du cap Horn, quelle était la cause de l'erreur commise 
par C. Agardh, dans le Species Algarum. 

Si l'on compare entre elles, d’après un tableau spécial dressé par 
l'auteur, le nombre des espéces et les diverses régions oü elles ont été 
signalées dans la flore indo-néerlandaise, on trouve, ce qui n'a rien de 
bien étonnant, que Java constitue le centre le plus riche avec 758 repré- 
sentants. Puis viennent Sumatra avec 515, Bornéo avec 178, les Célébes 
avec 111, la Nouvelle-Guinée avec 110, etc. Bali ne se réclame que par 
une seule espéce, et encore un Chara. 

Nous ne pouvons mieux conclure qu'en disant avec M. de Wildeman : 
« Gràce aux recherches qui s'effectuent journellement, le nombre 
d'Algues de ces diverses parties de l'archipel indo-néerlandais ira en 
augmentant; il est fort probable que nous ne connaissons actuellement 
«qu'une minime partie des richesses algologiques de ces régions tropi- 
cales. » P. Hanior. 


Primo Contributo alla structura ed alla biologia del 
€Cynomorium coccineum (Première contribution à l'étude 
de la structure et de la biologie du Cynomorium coccineum); par 
MM. le Prof. Baccarini et le D" Cannarella (Atti dell Accademia 
Gioenia di Sc. Nat., in Catania). Vol. XII, sér. 4 (Tirage à part de 
60 pages in-4*, avec 3 planches hors texte). 


Le Cynomorium coccineum L. est une curieuse plante parasite médi- 
terranéenne encore peu étudiée. MM. Baccarini et Cannarella ont entre- 
pris de combler cette lacune, et voici les principaux résultals de leurs 
observations. 

Le rhizome du Cynomorium est parcouru par une série de faisceaux 
fibro-vasculaires disposés en cercles concentriques, et chacun de ces 
faisceaux est un faisceau collatéral ouvert, s'accroissant par le jeu d'un 
cambium intra-fasciculaire et ne possédant pas de péricycle. 

Les feuilles ont une structure trés réduite, mais sont constamment 
parcourues par un faisceau fibro-vasculaire. Elles sont d'autant plus 
riches en stomates qu'on se rapproche de la région florale. 

Les radicelles sont toujours simples et traversées par un cylindre axile 
non limité par un péricycle ou un endoderme; elles sont diarches ou 
triarches; la liguification du bois est à peu prés nulle ou trés tardive; le 
liber, au contraire, montre une différenciation précoce, ainsi que le 


cambium qui donne naissance aux tissus secondaires. 


Le Cynomorium peut se multiplier au moyen de son appareil végé- 
{atif ou encore par graines, mais ce dernier mode de reproduction est à 
peu prés inconnu, et les recherches des auteurs ne leur ont pas permis 
d'obtenir des résultats meilleurs que leurs devanciers. Quant à la repro- 


468 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


duction au moyen de l'appareil végétatif, elle peut s'effeetuer soit par les 
rhizo-tubercules de la plante, soit par les portions enfoncées, à la ma- 
niére d'un suçoir, dans les tissus de la plante support. 

La formation des rhizo-tubercules est tout à fait comparable à la for- 
mation d'une radicelle sur une racine, ils naissent par la production 
d’un cône de perforation qui devient, lors de la sortie, le cône végétatif 
du bourgeon terminal de la nouvelle plante. Ce bourgeon a donc une 
origine endogène, ainsi d'ailleurs que les bourgeons secondaires qui se 
constituent en grand nombre sur le corps central et que les racines qui 
‘peuvent exceptionnellement apparaitre sur le tubercule. 

Quant à la partie de la plante incluse dans la plante support, son rôle 
reproducteur est tout à fait secondaire et se borne à fournir des tissus de 
réparation ou de substitution, dans les cas peu fréquents oü les parties 
externes du parasite sont détruites par un agent quelconque. 

Chaque pied de Cynomorium ne possède, d'ordinaire, qu'un seul su- 
coir susceptible d’accroissement, et vers lequel convergent tous les 
faisceaux fibro-vasculaires de la tige. Il se constitue alors, assez tardi- 
vement, dans le suçoir un cordon de trachéides qui va se greffer sur le 
cylindre central de la plante support. Ces trachéides avaient été consi- 
dérés par M. Chatin comme des organes de soutien. Les auteurs pensent, 
au contraire, qu'ils jouent un róle conducteur vis-à-vis des substances 
nutritives absorbées par le parasite. L. Lurz. 


Intorno alla presenza dell aldeide formica nei vege” 
tali (Sur la présence de l'aldéhyde formique dans les végétaua)- 
Nota preliminare, del Dott. Gino Pollacci (Atti dell Ist. Bot dell 
Univ. di Pavia, Nouv. série; vol. VI, p. 45, juillet 1899). Tirage à 
part, 4 pages in-4°. | 


La théorie de Bayer sur l'assimilation chez les plantes est restée jus- 
qu'ici à l'état d'hypothése, parce qu'il n'a pas encore été possible, malgré 
de nombreuses tentatives, de démontrer la présence de l'aldéhyde for- 
mique dans les tissus des végétaux. 

M. Pollaeci a repris la recherche de cette substance de la manière 
suivante : on récolte des feuilles de plantes bien exposées à la lumiére 
et vers le milieu de la journée; ces feuilles sont triturées et pistées 
dans un mortier de porphyre, et la pulpe, additionnée d'un peu d'eau 
chimiquement pure, est soumise à la distillation. On recueille les pre- 
mières parties passant à la distillation. On se base ensuite, pour la re- 
cherche de l'aldéhyde formique, sur l'action de ce corps sur la codéine : 
si, à une solution de codéine, on ajoute de l'aldéhyde formique et de 
l'acide sulfurique, il se développe une coloration violette. Si donc à la 
liqueur distillée on ajoute de la codéine et de l'acide sulfurique, la colo- 


| 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 469 


ralion violette se produira s'il y existe de l'aldéhyde formique. Cette 
réaclion est également trés sensible pour la recherche de la paraformal- 
déhyde, et du polymère qui se forme quand on soumet à l'évaporation à 
froid une solution aqueuse de formaldéhyde. Les autres aldéhydes qui 
pourraient se trouver dans le produit de la distillation (aldéhydes 
acétique, propylique, elc.) donnent des colorations différentes : chair 
pour les aldéhydes acétique, propylique, butylique, valérianique, ben- 
zoique, etc., verte pour l'aldéhyde vanillique et l'acétone. 

D'autres réactifs permettent encore de constater la présence de la 
Tormaldéhyde : solution aqueuse d'aniline (précipité blanc), benzo-phé- 
nol et acide sulfurique (coloration rose), fuchsine décolorée par l'acide 
sulfureux (recoloration). Cette derniére réaction ne se produit que si les 
feuilles mises en expérience sont vivantes et attachées à la plante mère : 
mortes, elles ne recolorent pas la fuchsine, pas plus que si elles sont 
maintenues dans l'obscurité depuis plusieurs jours. 

On peut encore citer la réduction du nitrate d'argent ammoniacal 
et du réactif de Nessler, et la précipitation d'une solution de méthylphé- 
nylhydrazine. 

Ces réactions, répétées sur un grand nombre de plantes, permettent 
à l'auteur de conclure que les parties vertes des plantes qui se trouvent 
sous l'action de la lumière solaire contiennent de l'aldéhyde formique; 
celle substance, par polymérisation, peut alors donner un isomére du 
glucose et opérer ainsi la synthése des produits organiques en partant 
des éléments minéraux. L. L. 


Sur l'origine de la génération et de la sexualité: par 
M. O. Lignier (Miscellanées biologiques dédiées au Prof. A. Giard, 
à l’occasion du 25° anniversaire de la fondation de la Station zool. 
de Wimereux, p. 396). Tirage à part, 6 pages in-4". Paris, 1899. 
Quelle est l'origine de la génération ? Quelle est celle de la sexua- 
lité ? | | 
Si l'on étudie certains groupes d'Algues : les Cénobiées, les Sipho- 
nées, les Confervacées, les Phéophycées, on y rencontre de grandes va- 
riations dans l'état de différenciation des cellules sexuées et des appa- 
reils sexués, mais les formes des gamétes qui semblent étre les plus 
primitifs dans chacun des groupes sont aussi analogues que permettent 
de le dire les moyens actuels d'investigation. De plus, les gamétes, dans 
chaque groupe, peuvent fusionner par deux ou plus pour constituer 
"n nouvel individu; mais, réciproquement, un gamète peut se dévelop- 
per directement, sans fusion préalable avec un autre gaméte. Enfin la 
complication se fait, dans chacun des groupes, d'une facon analogue, au 
moins dans ses grandes lignes. 


A10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


La ressemblance de la cellule mobile des Algues inférieures avec celle 
de certains Protozoaires amène l'auteur à penser que, si l'on considère 
actuellement la phase disséminatrice comme secondaire dans la vie de 
l'individu, elle était primitivement la phase principale et peut-étre 
méme unique. Zoospores et gamétes auraient ainsi une origine commune, 
et la propriété de se fusionner n'aurait été acquise par le gamète que par 
une adaptation spécifique aux variations de l'ambiance constituant, en 
général, un moyen de progrés. | 

D'autre part, on remarquera que, dans chacun des quatre groupes 
d'Algues étudiés, le nouvel individu né de la fusion des gamètes s'en- 
kyste en accumulant des réserves nutritives; on constatera, en outre, 
que cette propriété accumulatrice se porte presque exclusivement sur la 
cellule femelle lorsqu'on s'éléve dans l'échelle des espèces, et qu'ainsi 
elle tend à se produire au voisinage de l'individu nouveau auquel elle 
procure des matériaux nutritifs. 

Il en résulte que la sexualité aurait sa raison d'étre dans ce fait que la 
charge de fournir au nouvel individu la nourriture nécessaire à son pre- 
mier développement a été spécialement dévolue à l'une des deux cellules 
sexuelles, l'autre conservant uniquement un rôle copulateur. L. LUTZ- 


The North American Slime-Moulds (Les Myxomycètes de 
l'Amérique du Nord); par Thomas H. Macbride. New-York, 1899. 


L'auteur divise les Myxomycétes en parasites d'une part, les Phyto- 
myxinées Schroeter, et saprophytes d'autre part. Les saprophytes com- 
prennent deux classes : celle des Exosporées Rost., dont les spores sont 
libres, et celle des Myxogastres (Fries) Macbr., ou Myxomycétes pro- 
prement dits, dont les spores sont contenues dans des sporanges. 

Les Phytomyxinées ne comprennent que le Plasmodiophora Bras- 
sicæ Woronin, et les Exosporées deux espèces. du genre Ceratiomygt 
Schroeter. 

Les Myxogastres sont divisés en cinq ordres : Physaracées, Stémoni- 
tacées, Cribrariacées, Lycogalacées, Trichiacées. Chacun de ces ordres 
est ensuite subdivisé en familles et en genres. Des clés dichotomiques 
vous aménent jusqu'à l'espéce, toujours aecompagnée d'une diaguose 
très complète. . 

Le genre Physarum comporte à lui seul la description détaillée de 
38 espéces, le genre Diderma Persoon (Chondrioderma Rost.) celle de 
11 espéces. 


En résumé, une quarantaine de genres comprenant plus de 200 es- 
pèces sont soigneusement passés en revue. 
L'ouvrage renferme 18 planches où presque tous les genres et de nom- 
breuses espèces sont admirablement représentés. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 471 


Le travail de M. Th. H. Macbride constitue une œuvre excellente qui 
ne peut manquer d’être utilement consultée par tous ceux qu'inté- 
ressent les Myxomycétes. P. GUÉRIN. 


Minnesota Plant life (La végétation au Minnesota) ; par Conway 
Mac Millan. Saint-Paul, Minnesota, octobre 1899. 


Le but que s’est proposé l'auteur n'est pas tant de produire une œuvre 
réellement scientifique que de mettre entre les mains du public un 
livre capable de l'initier à la vie des plantes et de lui en faire goüter 
tous les charmes. 

Depuis les Myxomycétes jusqu'aux Phanérogames les plus élevées 
en organisation, les diverses plantes croissant au Minnesota ont été 
passées en revue. Les Algues, les Champignons, les Lichens, les Mousses, 
les Hépatiques et les Cryptogames vasculaires font l'objet de chapitres 
spéciaux. Il en est de méme pour les Coniféres et pour les principales 
familles des Angiospermes. 

L'ouvrage se termine par des considérations sur l'adaptation des 
plantes aux divers milieux, et par des notions générales sur le proto- 
plasme, le développement de la plante avec ses moyens de défense, de 
propagation et de reproduction. Il est illustré de 250 figures environ, 
dont la plupart sont des reproductions de photographies bien choisies 
pour donner de la végétation au Minnesota une idée exacte. 

Ce livre ne peut manquer d'intéresser le lecteur désireux de faire 
connaissance avec le monde des plantes, et le but de l'auteur nous 
semble ainsi réalisé. P. G. 


Grundzüge der Pflanzenverbreitung in den Kaukasus- 
lændern von den unteren Wolga über die Manytsch-Scheider bis 
zur Scheidefläche Hoch-Armeniens [Traits essentiels de la distribu- 
tion des végétaux dans la région du Caucase depuis la basse Volga et 
les bords du Manytsch jusqu'au plateau d'Arménie]; par M. Gustave 
Radde (Die Vegetation der Erde, Band III); un vol. in-8° de 500 p. 


avec 13 fig., 7 héliograv. et 3 cartes; Leipzig, W. Engelmann, 1899; 
19 marks. 


L'honneur d'avoir inauguré l'étude de la végétation du Caucase re- 
vient à J. Pitton de Tournefort ; mais plus d'un siècle se passa sans que 
son exemple füt suivi. Les travaux de Bieberstein, Ledebour, Traut- 
vetter, ete., ont réuni les éléments essentiels de la statistique floristique 
de cette grande chaine et des pays qui l'environnent. Depuis dix ans, 
plusieurs botanistes russes en ont exploré avec soin diverses parties; 
mais aucun savant n'a mérité du Caucase comme M. G. Radde, direc- 
teur du Musée caucasien de Tiflis. Depuis 1864, il en a fait sa chose; 


472 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


il l'a adopté. Chaque année, les Petermann's Mitteilungen ont fait 
connaître aux géographes les résultats partiels de ses explorations. Il a . 
jugé le moment de la synthèse venu. Le volume qu'il vient de publier - 
forme le troisième de la collection inaugurée par MM. Engler et Drude. - 

M. E. Fournier, à la suite d'études personnelles sur la géologie du. 
Caucase central, a donné une étude d'ensemble sur les éléments de la 
géographie physique de cette chaine (Annales de Géographie, VI, 1897, 
pp. 326-348). Karl Koch et M. Smirnov avaient tenté, avant lui, de 
synthétiser les faits relatifs à la distribution des plantes dans lé Cau- 
case. Ils sont beaucoup plus simples aux yeux de M. Radde et faciles à 
résumer. l 

La stéppe monte de tous côtés à l'assaut de la montagne, sauf sur la 
moitié occidentale du versant S.; elle en gravit les pentes jusqu'à 
600 mètres, parfois 1000 mètres. Du côté de l'E. et dans le petit Cau- 
case, la flore des steppes et la flore subalpine se mélent insensiblement 
à la faveur des vents secs de la Caspienne et finissent par se confondre - 
entre 1500 et 2100 mètres. Dans le massif arménien et le haut bassin 
de l'Araxe, les formes xérophiles épineuses du haut plateau persan s'as-. 
socient aux espèces de la steppe jusqu'à plus de 3000 mètres. A l'extré- 
mité orientale de la mer Noire seulement, sous l'influence de pluies 
abondantes qu'elle reçoit, la Colchide s'est couverte de puissantes | 
forêts qui s'élévent trés haut. Quelque chose de pareil se produit au 
contact des grands massifs qui bordent les versants S. et S.-W. de la: 
Caspienne, se terminant au voisinage de l'Araxe par les montagnes du 
Talych. 

Ces réserves faites, le Caucase et le petit Caucase forment un ensemble ` 
homogène au point de vue botaniqne. Au-dessus de la zone des stèppes ? 
s'étend celle des foréts montagneuses ; elles diminuent de puissance de 
rW. à l'E. et ne sont plus représentées au Daghestan que par de petits 
groupes isolés, petits bois et broussailles. Du côté de I'W., elles finissent 
avec la chaine elle méme, à Anapa. Presque partout une ceinture de 
maquis, où domine le Paliurus avec des Aubépines, des Pruniers et des 
Chênes, marque la limite inférieure de la forêt; elle est d'autant plus 
large que le sol est plus sec. 

La forêt se compose surtout des principales espèces à feuilles caduques 
des forêts tempérées de l'Europe : Chêne (Quercus sessiliflora), Hêtre 
avec le Pin sylvestre, un Épicéa et un Sapin propre à l'Orient (Picea 
orientalis, Abies Nordmanniana). 

La limite supérieure de la végétation arborescente est très variable. 
Abaissée parfois jusqu’à 1830 mètres, elle atteint en moyenne 9125 m. 
sur le versant N. et varie de 1830 à 2500 mètres sur le versant S., 
sélevant de PW. à PE. dans l'Anti-Caucasé à mesure que le climat se. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 473 


dessèche, atteignant 2440 mètres au Daghestan. Le Hêtre, le Quercus 
macranthera, V Acer Trautvetteri, le Bouleau blanc et les trois Coni- 
fères nommées ci-dessus sont les derniers représentants de la végéta- 
tion arborescente. Le Pinus montana n'existe pas dans le Caucase. 

La zone subalpine, caractérisée par les colonies serrées de Rhododen- 
dron caucasicum, commence où finit la végétation forestière; parfois 
à 1830 métres; mais c'est le plus souvent entre 2130 et 2500 mètres 
qu'on la distingue. Le Rhododendron caucasicum fait défaut dans le 
Caucase oriental, comme dans l'Elbourz, au S. de la Caspienne. 

La zone alpine avec ses gazons caractéristiques débute entre 3050 et 
2660 mètres, toujours plus haut vers l'E. que vers FW., comme les zones 
précédentes et pour les mêmes causes. Abaissée jusqu'à 2740 mètres 
sur le versant S. de la partie occidentale, elle s'éléve successivement 
du côté de l'Orient, sur l'Anti-Caucase et le plateau d'Arménie. La zone 
alpine supérieure ou glaciale commence à 3660 métres au minimum; 
on a constaté, à l'Ararat, une flore phanérogamique assez riche à 
4270 mètres. 

L'ensemble du massif, avec l'Anti-Caucase, le petit Caucase et le pla- 
teau d'Arménie, constitue donc un ensemble naturel. L'homogénéité de 
la végétation y est remarquable. Le climat désertique de l'Asie trans- 
caspienne agit sur sa moitié orientale pour y réduire la végétation arbo- 
rescente au bénéfice de celle des steppes. Sur la moitié occidentale, au 
contraire, les vents humides de la mer Noire exagèrent la végétation 
ligneuse et repoussent la steppe; ces modifications secondaires ne 
rompent pas l'unité de l'ensemble. 

Il faut en distraire pourtant le domaine forestier de Colchide, do- 
maine tempéré chaud sans saison séche. Sa flore le rattache sans con- 
leste au massif de l'Elbourz au S. de la Caspienne, c'est une flore 
asiatique bien caractérisée comme celle du Talich. Quelques espéces 
méditerranéennes s'y sont insinuées, mais en trop petit nombre pour 
laisser un doute sur les rapports du domaine. C'est définitivement aux 
falaises de la Crimée que finit de ce côté la région botanique méditer- - 
ranéenne. 

Les zones subalpine et alpine du Caucase et du massif arménien re- 
présentent le type de végétation commun à toutes les hautes chaines de 
l'Eurasie. Le Caucase, intermédiaire entre les Alpes et l'Himalaya, est 
séparé des premiéres par la grande plaine de l'Europe centrale et par 
des montagnes trop méridionales et trop basses pour nourrir une flore 
alpine. Il est séparé de l'Hindou-Kouch et du Pamir par le plateau déser- 
tique du Turkestan; de là le caractère endémique très prononcé de la 
flore alpine du Caucase. 

Une analyse plus détaillée du livre de M. Radde a été publiée, avec 


474 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


une carte de la végétation du Caucase aux Annales de Géographie, IX, 
1900, Carte (pl. I). Cu. FLAHAULT. 


La course des faisceaux dans le réceptacle floral des 
Labiées; par M. Louis Vidal. Broch. in-8* de 7 pages (Extrait du 
Journal de Botanique, XII, 1898). — Sur le placenta des 
Primulacées; par le même. Broch. in-8 de 7 pages (Extrait du 
Journal de Botanique, XIII, 1899). 


L'étude anatomique de la fleur du Lamium maculatum et du Phlo- 
mis fruticosa a fourni à M. Vidal des résultats qui ne concordent pas 
avec ceux que M. Parmentier a obtenus sur le Lamium album. L'éta- 
mine postérieure, avortée, des Labiées a sa place neltement marquée 
dans le plan vasculaire de la fleur. Elle peut méme y étre représentée 
par un faisceau libérien; le parcours de ce faisceau est trés court, 
puisqu'il finit avant la séparation vasculaire des quatre étamines laté- 
rales. Le système vasculaire des carpelles est parfaitement symétrique 
par rapport au plan médian de la fleur. Il se compose pour chacun d'eux : 
1^ d'un faisceau médian provenant de deux faisceaux primitifs situés à 
droite et à gauche du plan médian, soit dans l'anneau vasculaire cauli- 
naire (Lamium), soit dans la moelle (Phlomis); 2 de deux faisceaux 
placentaires dont chacun est primitivement soudé à son homologue de 
l'autre carpelle età une étamine latérale. 

Parmi les Primulacées, les Coris monspeliensis et Soldanella al- 
pina différent, quant à la structure du placenta, de la plupart des autres 
espèces de la méme famille. Le sommet du placenta, trés développé 
dans ces deux espèces, lui parait représenter le sommet de l'axe; ce 
serait un axe dépourvu de faisceaux. Ces variations dans le plan floral 
d'espèces appartenant à la méme famille enlèvent beaucoup de leur 
valeur aux définitions purement anatomiques du plan floral. Cu. F. 

I caratteri e la storia della flora mediterranea. Discorso 
pronunziato il 16 nov. 1898, per la solenne inaugurazione degli studi 


nella R. Univers. di Catania; par le prof. Pasq. Baccarini. Brochure 


in-8° de 40 pages. Catania, tipogr. Fr. Galati, 1899. 


Discours académique sur les problèmes et les méthodes de la géogra- 
phie botanique. L'auteur considère la géographie des plantes à partir du 
moment où Grisebach s'est efforcé de montrer les rapports généraux des 
condilions climatiques avec les caractères floristiques. I montre que les 
conditions du milieu actuel ne suffisent pas à expliquer tous les faits 
relatifs à la distribution actuelle des plantes, qu'il faut nécessairement 
remonter à l'histoire de notre monde pour expliquer l'origine etle main- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 475 


tien de certains éléments des flores. D’autre part, la végétation primitive 
a été profondément modifiée par l'action de l'homme. 

Appliquant ces données essentielles à l'Italie méridionale et à la Sicile, 
M. Baccarini fait la part des principaux éléments de la flore, distingue 
ceux qui paraissent autochtones des éléments introduits, les espèces de 
formation récente des survivants du passé. Il donne une attention parti- 
culiére à ces derniers, montre avec Heer et de Saporta les migrations 
qu'elles ont subies, les révolutions auxquelles elles ont échappé, les re- 
fuges qu'elles ont cherchés et nous ramène par les exemples spéciaux à 
la considération générale de la flore dans ses rapports avec le passé géo- 
logique et les conditions actuelles du milieu. Cu. F. 


Observations critiques sur les conceptions actuelles de 
l'espèce végétale au point de vue systématique; par 
M. John Briquet. Broch. in-8° de 36 pages (Extrait de la préface du 
vol. III de la Flore des Alpes maritimes par M. Ém. Burnal). Genève 
e Lyon, Georg, 1899. 


M. Briquet a eu la trés bonne pensée d'exposer l'ensemble des idées 
qui l'ont guidé dans les travaux monographiques auxquels il s'est con- 
sacré depuis quelques années et que M. Burnat n'a cessé d'appliquer 
dans la Flore des Alpes maritimes. La manière d'envisager l'espéce est 
si variée que beaucoup de floristes, peu préparés par des études géné- 
rales, se trouvent désorientés par l'état actuel de la question. Il ne s'agit 
pas d'analyser et de critiquer toutes les méthodes proposées, mais de 
faire connaitre les courants principaux qui se sont produits dans les idées 
des botanistes et de chercher l'influence favorable ou fàcheuse qu'elles 
ont exercée sur la science. 

En conséquence, le travail de M. Briquet se divise en trois parties. La 
premiére est consacrée au Jordanisme et au Néo-jordanisme; la seconde 
traite de l'anatomie systématique en tant qu'elle intéresse la question de 
l'espéce; la troisiéme est l'étude de la notion de l'espéce linnéenne et 
de ses transformations modernes. 

dl ne faut pas songer à résumer un exposé marqué au coin de la 
dialectique la plus serrée ; l'auteur n'y a rien mis qui n'aille directement 
au but. L'abréger, c'est nécessairement l'altérer et le réduire. Nous ne 
pouvons qu'en conseiller l'étude en indiquant sommairement les points 
essentiels développés par M. Briquet. 

I. L'influence de Linné, accrue de la grande autorité de Cuvier, a fait 
prévaloir jusqu'au milieu du dix-neuvième siècle l'idée de l'inmuta- 
bilité des espéces. On les considérait pourtant comme assez plastiques 
pour former, sous l'action du milieu, des variétés, ineapables, en tout 
cas, de former le point de départ de nouvelles espèces. On avait bien 


416 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


tenté, cà et là, de subdiviser les espèces linnéennes; mais Jordan, le 
premier, entreprit la justification théorique el générale de cette analyse. 
Il arriva à ce résultat essentiel que toutes les formes qui diffèrent les unes 
des autres par une propriété héréditaire, si petite qu'elle soit, sont des 
espèces. La constance des caractères mise à l'épreuvede la culture devient 
le critérium de l'espèce. Les variétés sont supprimées, l'espèce étant 
invariable par définition. Jordan a eu le mérite de mettre en lumière la 
puissance extréme de l'hérédité jusque dans les groupes les plus faibles; 
c'est-à-dire la tendance trés grande qu'ont les caractéres, souvent méme 
les plus insignifiants, à se transmettre par descendance. Ce résultat a 
une grande portée; il est devenu l'une des pierres angulaires de la 
théorie évolutionniste de Nägeli. 

Pour Kerner, les espèces sont définies par l'uniformité de la structure, 
tandis que les groupes supérieurs le sont par la similitude d'organisa- 
tion. Kerner a la prétention de montrer dans les espèces des existences 
réelles; mais les seules existences réelles que nous puissions constater, 
ce sont les individus. Kerner a méconnu que, pour établir un groupe 
quelconque, méme une espèce, il faut comparer des individus entre 
eux, laisser de cóté certains caractéres spéciaux à chacun d'eux et abs- 
traire ceux qui sont communs à tous. L'espéce repose donc sur une 
abstraction; elle n'est pas une existence réelle. D'autre part, les varia- 
lions individuelles sont souvent nombreuses ; elles peuvent, sur certains 
points, prendre de la consistance et devenir des races. D'ailleurs, entre 
similitude, uniformité et méme identité, il y a tous les degrés, si bien 
que le champ demeure toujours libre à toutes les interprétations indi- 
viduelles. Dans la pratique, les disciples de Kerner ont renoncé à l'ap- 
plication stricte des idées du maitre pour ne pas arriver à la pulvéri- 
sation illimitée à laquelle ont abouti nécessairement les disciples de 
Jordan. 

En réalité, il existe des formes intermédiaires, on ne peut le mécon- 
naître. Elles jouent même un rôle capital, et leur étude intéresse la 
systématique à tous les degrés. Tout monographe qui veut faire de la 
systématique scientifique doit tenir à indiquer avec soin les formes de 
passage partout où il a pu les constater; mais il n'est pas logique qué 
ces formes soient traitées, par la nomenclature, de la méme manière que 
les espéces. Cette identité de traitement ferait croire à une identité dans 
les limites des groupes; c'est l'inverse de la réalité. 

JI. Duval-Jouve a eu le premier l'idée de chercher dans l'anatomie 
un moyen de juger de la valeur des espèces, mais il est essentiel de ne 
pas oublier qu'il n’a jamais voulu baser la notion d’une espèce sur une 
diagnose anatomique; la structure interne peut fournir un secours en 
cas de difficulté d'appréciation, c'est ainsi qu’il l'entendait. L'anato- 


lia 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 477 


miste était doublé chez lui d’un morphologiste de premier ordre; ses 
travaux fournissent le témoignage de la variété des moyens dont il dis- 
posait. [l n'en est pas de méme pour J; Vesque et ses disciples. Nous ne 
pouvons, sans les estropier, réduire à quelques aphorismes ses vues et 
les leurs. Concluons tout de suite que, comme le voulait Duval-Jouve, 
l'anatomie doit jouer dans la spécification le méme róle que la morpho- 
logie externe. Il n'y a pas deux morphologies séparées par les limites 
du pouvoir visuel de l'homme. On fait de l'histologie quand on distingue 
les poils étalés ou rameux des poils simples, on fait de l'anatomie lors- 
qu'on considère les laticifères ou les canaux sécréteurs, et le parcours 
des faisceaux dans la tige ou dans la fleur, visible seulement au micro- 
scope, fournit des caractéres de la méme nature que la nervation des 
feuilles, visible à l'oeil nu. Les caractères anatomiques doivent donc 
étre utilisés au méme titre que les caracléres extérieurs, dont ils ne dif- 
férent pas. 

III. Linné a vu dans les espéces des groupes nettement caractérisés 
el qui ne sont pas reliés les uns aux autres par des formes intermé- 
diaires (non hybrides). A l'intérieur de ses espèces Linné distinguait des 
variétés de valeur différente ; il le reconnait explicitement en plus d'un 
point de ses écrits. 

La forme d'exposé linnéenne mérite d'étre conservée et a une valeur 
scientifique supérieure à toutes les autres; seule, elle permet de rendre 
impartialement compte de tous les faits observés; en outre, elle répond 
à tous les desiderata de la pratique comme de la théorie. M. Briquet 
appuie celte double affirmation sur les raisons les plus fortes. Le pro- 
cédé linnéen demeure le procédé le plus clair et le plus logique après 
la longue et rigoureuse épreuve qu'il a subie. Peut-être pourtant son 
application n'est-elle pas possible dans certains groupes, tels que les 
Hieracium et les Rubus; des spécialistes expérimentés l'assurent. La 
méthode d'exposé linnéenne permet, du moins, l'exacte représentation 
des faits dans l'immense majorité des cas. | 

En terminant, nous tenons à dire encore une fois qu'aucune analyse 
né saurait remplacer la lecture d'un Mémoire d'une si rigoureuse 
logique appuyée sur le meilleur choix d'exemples. CH. FLAHAULT. 


La vegetacion uruguaya. Plantas qui se hacen distinguir por 
alguna propiedad útil ó perjudicial (La végétation de l'Uruguay. 
Plantes qui se font remarquer par quelque propriété utile ou nui- 
sible); par M. D. Berro (Anales del Museo nacional de Montevideo, 
II, fasc. XI, pp. 92-196 ; Montevideo, 1899). 

Énumération et description sommaire des principales plantes utiles 
et nuisibles de Montevideo et de l'Uruguay. On a déjà cherché à faire 


418 SOCIÉTÉ DOTANIQUE DE FRANCE. 


connaitre la flore de ce pays. M. Gibert (1873) et M. Arechavaleta (1889) 
se sont efforcés d'en donner une statistique que plusieurs savants ont 
enrichie de monographies régionales. M. Berro, en limitant son sujet, 
espére propager le goüt de l'étude des plantes dans les milieux étran- 
vers à la science. Il signale les plantes susceptibles d'intéresser ses 
compatriotes en les désignant par leurs noms scientifiques et vulgaires. 
Il n'a pas exclu de son énumération les plantes étrangères au pays. 
Parmi celles qui lui viennent d'Europe, par exemple, nous trouvons 
signalés Capsella Bursa-pastoris comme comestible et vulnéraire, la 
Fumeterre officinale comme dépurative, Erodium cicutarium comme 
bonne fourragère, etc. CH. FLAHAULT. 


Vier neue Holzgewæchse (Quatre noureaux végétaux ligneux); 
par M. E. Koehne (Gartenflora, 1899, pp. 338-341). 


Le Ribes Spáthianum Koehne (subsect. nigra) est voisin du R. ce- 
reum; il a été recueilli par C. A. Purpus au Colorado, en 1893, par 
3000-3600 mètres d'alt. 

Le Cornus Purpusi Koehne est originaire des foréts de l'Ohio; il se 
distingue par plusieurs caractères trés nets du C. Amomum Miller, qui 
en est l'espéce la plus proche. 

Le C. Hessei Koehne apparlient, comme le précédent, à la subsec- 
tion Amblyocaryum: il est voisin du C. tatarica. 

Le Viburnum Sargenti Koehne appartient à la section Opulus, il a 
été découvert par M. Sargent dans les montagnes des environs de Pékin; 
il se place à côté des V. Opulus L. et V. americanum Miller. Ca. F. 


Ueber anatomische Merkmale bei Berberis-Arten (Sur 
les caractères anatomiques des espèces de Berberis); par M. E. 
Koehne (Gartenflora, 1899, pp. 19-27). 


M. Koehne a cherché dans les particularités anatomiques des Ber- 
beris le moyen de distinguer avec certitude les nombreuses formes 
critiques que ce genre présente dans les Jardins de l'Europe. Aucune 
d'elles ne permet une division naturelle de ce grand genre ; les stomates 
et la forme des cellules épidermiques, les papilles foliaires, les faisceaux 
de sclérenchyme et le tissu scléreux hypodermique, le tissu en palis- 
sade, la structure des bourgeons peuvent fournir les mêmes caractères 
chez certaines espèces de vrais Berberis et de Mahonia. Il est certain 
que les caractères anatomiques ne peuvent servir qu'à distinguer des 
groupes subordonnés d'espéces par rapport aux groupes principaux 
fondés sur d'autre caractéres. 

L'auteur reproche à M. P.-E. Citerne d'avoir publié des recherches 
sur les Berbéridées (1892) sans vérifier l'exactitude de la détermination 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 479 


des espèces qu'il a étudiées, et il juge que son travail est à refaire. Ce 
reproche n'atleint-il pas la majorité des auteurs qui s'occupent d'ana- 
tomie systématique? Ils cherchent à distinguer des espéces qu'ils ne 
connaissent pas; ils acceptent sans contróle les déterminations des 
échantillons qu'ils examinent, sans souci des erreurs qu'ils commettent 
et de leurs conséquences. Leurs travaux sont bientôt jugés; mais il est 
fâcheux qu'ils contribuent à faire tomber dans le discrédit des études qui, 
bien conduites, peuvent donner d'excellents résultats. Cu. F. 


Ueber einige Fraxinus-Arten (Sur quelques espéces de Fraxi- 
nus); par M. E. Koehne (Gartenflora, 1899, pp. 282-288). 


La répartition des stomates, la forme et les dimensions des cellules 
de l'épiderme foliaire ne donnent aucun moyen de distinguer les espéces 
de Fréne; mais quelques espéces américaines ont, à la face inférieure de 
la feuille, des papilles de forme particulière. Ce sont Fraxinus ameri- 
cana L., F. juglandifolia Lamarck, F. texensis Sargent. D'autres ont, 
sur la face supérieure des feuilles, un nombre plus ou moins grand de 
stomates qui y manquent dans la plupart des espèces. L'examen d'échan- 
tillons authentiques du F. australis Gay fait penser au savant den- 
drologiste que l'anatomie de l'épiderme foliaire pourrait fournir de 
précieux renseignements sur les formes méditerranéennes de Frénes 
(F. australis Mont., F. oxyphylla Bieb., etc.), que l'on ne connait pas 
assez. 

Pour le moment, on peut utiliser les caractéres qui viennent d'étre 
mentionnés pour classer de la maniére suivante les Frénes de la sec- 
lion Fraxinaster qui n'ont pas les fleurs dioiques : 


A. Folioles sans stomates à la face supérieure, sessiles ou trés briève- 
ment péliolées : F. excelsior L., Elonza Dippel, tamariscifolia Vahl, 
oœycarpa Willd., angustifolia Vahl, australis Dippel non Gay, numi- 
dica Dippel, parvifolia Lamarck. 


B. Folioles presque toujours longuement pétiolées dépourvues, ou à 
peu prés, de stomates à leur face supérieure : F. sogdiana Bunge, 
Regeli Dippel, potamophila Herder. 


C. Folioles sessiles ou brièvement pétiolées, pourvues de nombreux 
Stomates à leur face supérieure : F. Willdenowiana Koehne, syriaca 
Doissier, persica Boissier. Cn. F. 


480 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


The physiological Role of mineral nutrients (Le rôle phy- 
siologique des engrais minéraux); par M. Oscar Loew (U. S. De- 
partm. of Agric.; Div. of veget. Phys. and Pathol., Bull. n° 18). 
Broch. in-8* de 60 pages, Washington, 1899. 


Ce Mémoire est plus technique que pratique, contrairement à ce qui 
est habituel pour les Bulletins du Ministére de l'Agriculture de Wash- 
ington. Il fournit un appoint à l'une des questions les plus délicates de 
la physiologie chimique des végétaux; nous y voyons surtout un pro- 
gramme que l'auteur lui-méme et ses collaborateurs développeront 
sans doute dans l'avenir. Aprés un résumé historique et des observations 
générales sur les éléments constitutifs des plantes, l'auteur aborde l'exa- 
men du róle physiologique de l'acide phosphorique, du fer et de ses 
composés, des chlorures, des sels alcalins, des sels de calcium et de 
magnésium ; il insiste surtout sur ces derniers. Cn. FLAHAULT. 


Wilt Disease of Cotton, Watermelon and Cowpea (La flé- 
trissure du Cotonnier, du Melon d'eau et du Pois de vache [Vigna 
sinensis]) ; par Erwin F. Smith (U. S. Departm. of Agric.; Div. of 
Veget. Phys. and Pathol., Bull. n° 17). Broch. in-8° de 53 pages, 
avec 10 planches; Washington, 1899. 


Le Ministère de l'Agriculture de Washington a été institué pour favo- 
riser les progrés de l'Agriculture dans les États de l'Union américaine. 
Le Bulletin n* 17 de son service de Physiologie et de Pathologie végé- 
tales est consaeré par M. Erwin F. Smith, pathologiste du ministére, à 
une trés remarquable étude sur la maladie de la flétrissure qui atteint 
les Cotonniers (Gossypium herbaceum et barbadense, le Melon d'eau 
(Citrullus vulgaris), le Vigna sinensis et probablement l'Hibiscus 
esculentus. 

Elle est causée par un Champignon Ascomycète de la famille des 
Nectriacées qui se perpétue dans le sol, atteint les plantes par leurs 
racines et forme dans leurs vaisseaux des conidies qui multiplient le 
mycélium. Elle est très répandue dans les états situés au S. de la Vir- 
ginie et à PE. de l'Arkansas, et, à une exception près, seulement sur le 
versant de l'Atlantique et du golfe du Mexique; elle parait inconnue sur 
l'ancien continent. 

L'auteur donne à ce nouveau Champignon le nom de Neocosmospor? 
vasinfecta. I est voisin des genres Nectriella et Melanospora, du pre- 
mier surtout ; ildiffère notablement des Melanospora par ses ascospores. 
Il se rapproche surtout du genre Cosmospora de Rabenhorst, mais Ses 
ascospores ne sont pas septées ; elles sont ridées, alors que celles des 
Cosmospora sont papilleuses ou verruqueuses. Le périthéce ressemble 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 481 


beaucoup à celui des Nectria; il est d'un rouge vif dans la seule espèce 
connue. Chaque asque contient huit ascospores, brunes, globuleuses ou 
un peu ovoides. On en connait trois formes conidiennes : Cephalospo- 
rium, forme microgonidienne connue sous les noms de Fusarium vas- 
infectum Atkinson (sur le Cotonnier), de F. niveum E.-F. Smith (sur le 
Melon d'eau), une forme macrogonidienne et des chlamydospores. La 
plante avait été d'abord identifiée avec un Nectriella et nommée par 
M. E.-F. Smith N. tracheiphila. 

Nous passons sous silence les expériences entreprises par l'auteur au 
sujet du traitement de la maladie. M. Smith déclare n'avoir pas achevé 
la partie pratique de son étude et donne le programme des recherches 
qu'il poursuit dans ce sens. 

Une bonne planche chromolithographiée, quatre planches lithogra- 
phiées et cinq planches en similigravure établissent avec la plus parfaite 
évidence les résultats annoncés par M. Erwin F. Smith. Cu. F. 


The Seedlings of Jatropha multifida L. and Persea 
gralissimaæ Gærtmer (La germination du Jatropha multifida L. 
-et du Persea gratissima Gertn.); par Th. Holm (Botanical Gazette, 
juillet 1899, pp. 60-64). 


- La germination se fait suivant deux modes chez les Dicotylédones; elle 
est hypogée ou, plus souvent, épigée. Dans ce cas, il est tout à fait géné- 
ral que par l'allongement, soit de l'axe hypocotylé, soil! des pétioles 
colylédonaires, la graine avec les cotylédons, soit amenée au-dessus de 
la surface du sol; les cotylédons se dégagent, d'une manière ou d'une 
autre, de l'enveloppe de la graine et fonctionnent comme feuilles vertes. 
On ne connaissait d'exception à cette régle que le Myristica Bicuhyba, 
grâce aux observations de Fritz Müller. 

M. Holm décrit une germination du méme genre chez le Jatropha 
multifida. L'axe hypocotylé s'y allonge beaucoup et transporte bien au- 
dessus de la surface du sol la graine surélevée encore par l'allonge- 
ment des pétioles cotylédonaires ; mais les cotylédons eux-mémes ne s'ae- 
croissent pas, demeurent enfermés dans la graine, appliqués par leur 
face externe contre l'albumen, comme ils le sont dans le Ricin; mais, 
tandis que, dans le Ricin, les cotylédons se dégagent aprés avoir consommé 
l'albumen pour assimiler par eux-mémes, il n'y a rien de pareil dans le 
Jatropha ; la gemmule s'allonge entre les deux cotylédons rejetés de 
côté, etses premières feuilles sont assimilatrices. Cette disposition est 
d'autant plus remarquable que les cotylédons inclus du Jatropha ont 
des stomates, au moins à leur face supérieure, des poils glanduleux et 
un tissu palissadique normal. 

Le Persea gratissima présente un autre mode particulier de germi- 

T. XLVI, (SÉANCES) 31 


482 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


nation. D'énormes cotylédons sans albumen demeurent inclus dans 
l'enveloppe de la graine. Il n'y a pas d'axe hypocotylé; la gemmule 
prend un grand développement; la racine primaire s'allonge et forme de 
nombreuses radicelles. Or les quatre premiéres feuilles sont opposées 
deux par deux, alors que les autres sont alternes; elles sont cordiformes 
et pétiolées comme le sont les feuilles définitives, alors que les suivantes 
sont sessiles et linéaires. Les Juglans et Carya fournissent un exemple 
comparable de dimorphisme foliaire au cours de la germination. 
Cn. FLAHAULT. 


Il Cistus laurifolius e il sue diritto di cittadinanza in 
Italia (Au sujet du Cistus laurifolius et de ses droits de cité en 
Italie); par M. S. Sommier (Extrait du Bull. della Soc. bot. ital., 
1899, pp. 61-64). 


Le Cistus laurifolius a été plus d'une fois signalé par les floristes 
italiens. On sait méme d'une maniére trés positive qu'il a existé jadis 
en Toscane, sur les collines euganéennes, d’où il a disparu. M. Sommier 
en a découvert une nouvelle colonie, trés abondante, en Toscane; il con- 
sidére cette espéce comme survivant, sans doute, à une époque géolo- 
gique antérieure et comme étant en voie extinction en Italie. Cun. F. 


La Gita sociale all isola della Gorgona, Piante raccolte 
durante la gita sociale alla Gorgona (Le séjour de la So- 
ciété [botan. italienne] à l'île de Gorgona ; Plantes récoltées pendant 
ce séjour); par M. Sommier (Extrait du Bull. della Soc. bot. ital., 
1899, pp. 70-76 et 117-126). 


L'ilot de Gorgona, isolé en mer au large de Livourne, peut être con- 
sidéré comme le terme le plus septentrional de l'archipel toscan. Il est 
occupé par une colonie pénitentiaire, et l'aecés n'en est pas libre aujour- 
d'hui. Bien des fois exploré par des botanistes, sa florule s'enrichit de 
62 espéces vasculaires nouvelles gràce au séjour qu'y a fait la Société 
botanique italienne au printemps de 1899. Elle cómpte aujourd'hui 
427 espèces vasculaires; les observations relatives aux bryophytes et aux 
thallophytes ne sont pas moins importantes. C'est une florule trés riche 
relativement à celle de toutes les autres iles de l'archipel toscan; en 
dehors des plantes qui forment le fond de la végétation du maquis, il 
convient de signaler, comme caractéristiques, Biscutella lyrata įL. e! 
Calendula stellata Cav. Ajoutons- y quelques espèces rares ou nouvelles 
pour l'Italie septentrionale : Fedia Cornucopiæ, Chrysanthemum hy- 
bridum Gussone var. discolor, Cerastium siculum Guss., Scrofularia 
trifoliata L. Suit la liste des 62 espéces nouvelles avec des observa- 


tions critiques au sujet de quelques-unes des espèces signalées anté- 
rieurement. CHF. .' 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 483 


Beitræge zur Kenntniss der afrikanischen Flora (Con- 
tributions à la connaissance de la flore africaine); par M. Hans 
Schinz (Bullet. de l'herb. Boissier, VI, n° 7 et 9, 1898, VII, n° 1, 
1899). 


L'actif directeur du Musée botanique de Zürich continue le dépouil- 
lement des documents qui arrivent sans cesse au Musée royal de Berlin, 
avec la collaboration de la plupart des spécialistes qui ont prété leur 
concours à la grande œuvre que termine M. Engler (Die natürlichen 
Pflanzenfamilien). Les trois fascicules que nous avons sous les yeux 
représentent, comme les précédents, une œuvre collective à laquelle 
chacun apporte le concours d'une longue expérience et de connaissances 
spéciales. 

M. Hallier décrit les Convolvulacées : Seddera capensis et sa variété 
glabrescens, S. repens, S. suffruticosa var. hirsulissima, S. schizan- 
tha, Convolvulus sagittatus Thunb. var. parviflorus et grandiflorus 
avec plusieurs sous-variétés, C. rhynchophyllus Baker, C. phyllosepalus, 
C. hirtellus, Merremia Pes-draconis, M. pedata var. gracilis, Ipomea 
cynanchifolia Clarke, I. Pes-tigridis L. var. africana, I. ochracea 
Don, I. micrantha, I. Barteri Baker var. cordifolia et stenophylla, 
I. reptans Poiret var. heterophylla, I. Papilio, I. mesenteroides, I. 
quinquefolia var. albiflora et purpurea, I. cairica Sweet var. hede- 
racea, I. citrina, I. crassipes Hooker et ses multiples variétés longe- 
pedunculata, genuina, ukambensis, thunbergioides, ovata, volubilis, 
grandifolia, hewittioides, I. tiliacea Choisy, I. fragilis Choisy, I. ba- 
thycolpos, I. Hystrix, I. plantaginea, I. Bolusiana Schinz var. elon- 
gata, I. desmophylla Boj., 1. pulchella Roth, Stictocardia Woodii, Fal- 
kia oblonga Bernh., Evolvulus alsinoides L., Bonamia cordata, Cla- 
dostigma dioicum Radlk., C. hildebrandtioides intermédiaire entre le 
genre Cladostigma Radlkofer et le genre Hildebrandtia Vatke. M. Gürke 
s'est occupé des Labiées et décrit : Acrotome Belckii, Stachys recurva, 
S. minima, Salvia Fleckii, Plectranthus pyramidatus, P. natalen- 
sis, P. Rehmannii, P. grandidendatus, Coleus Schinzii, Syncolos- 
temon macrophyllus, Ocimum filiforme, O. Menyhartii, Orthosiphon 
canescens, O. Rehmannii. M. Pax continue à se consacrer aux Euphor- 
biacées et décrit : Phyllanthus guineensis, Croton integrifolius, C. 
Menyharti, Acalypha glabrata Thunb. var. pilosa, A. Rehmannii Pax, 
A. Schinzii, Tragia Schinzii, T. Okanyua, T. Schlechteri, Dale- 
champsia Galpini, Cluytia Galpini, C. crassifolia, Euphorbia Nelsii, 
E. Poggei var. villosa, S. glaucella, E. tenella, E. Fleckii, E. Schin- 
24, E. cœrulans, E. Kelleri, E. verticillata, E. benguelensis, E. 
Galpini, E. longibracteata, E. ciliolata, Monadenium simples. 


484 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


L'étude qu'il a faite d'un certain nombre d'Euphorbes nouvelles fournit 
à M. Pax l'occasion de proposer un groupement méthodique des espéces 
africaines (à l'exclusion des espèces méditerranéennes) qui ont des 
glandes pectinées à la manière de l'Euphorbia cornuta Persoon; mais 
il ne résout pas, pour le moment, la question de savoir dans quelle me- 
sure ces espèces se rattachent à la section Cheirolepidium Boissier. 
M. Schinz décrit, de la méme famille, le Ricinodendron Rautanenii. 
On doit à M. Koehne la diagnose du Nesea Rautanenii (Lythracées). 
M. O. Hoffmann décrit, parmi les Composées, Felicia Schenckii, Pentzia 
hereroensis. 

M. Schlechter a décrit, parmi les Asclépiadées : Typholoropsis 
Fleckii et Stenostelma capense. M. Hackel a donné ses soins aux Gra- 
minées, nous lui devons : Panicum Schlechteri, Setaria Woodii, En- 
teropogon muticus, Dactyloctenium geminatum, Agrostis phala- 
rioides, Desmazeria composita, Eragrostis natalensis. 

M. Schinz s’est réservé les Liliacées : Eriospermum Rautanenti; 
Aizoacées : Aizoon Dinteri ; Élatinacées : Bergia spathulata; Gentia- 
nacées : Sebæa Schlechterii; Composées : Psiadia vernicosa, Spharan- 
thus epigeus, Helichrysum amboense; Légumineuses : Indigofera 
arenophila, Acacia Rehmanniana, Dalbergia Nelbii, D. Brownei, 
Pleiospora obovata, P. holosericea, Lotononis montana, L. margi- 
nata, L. multiflera, L. Schlechteri, L. aristata, L. hirsuta, Argyro- 
lobium transvaalense, A. dimidiatum, Neorautamenia (nov. gen.) 
amboensis, Phaseolus amboensis. Le nouveau genre Neorautanenia 
appartient aux Phaséolées-Glycininées et parait voisin des Glycine et 
Shuteria. C'est à M. Schinz encore que nous devons l'étude des Anacar- 
diacées : Heeria arenophila, des Stereuliacées : Hermannia Dinteri, 
des Pédäliacées : Sesamum Dinteri, des Passifloracées : Echinotham- 
nus Pechuelii Engler. CH. FLAHAULT. 


The Bermuda Juniper and its allies (Le Genévrier des Ber- 


mudes et les espèces affines); par M. Maxwell T. Masters (Journal of 
Botany, janvier 1899, pp. 1-11). 


Des doutes se sont élevés récemment au sujet des espéces de Juni- 
perus trouvées à la Jamaique et aux Bermudes. Le polymorphisme des 
feuilles, si remarquable chez certains Genévriers, augmente beaucoup 
les difficultés de détermination. Grâce à des récoltes récentes faites dans 
les deux îles et à une critique serrée de l’histoire et de la bibliographie 
de la question depuis la fin du seizième siècle jusqu'à nos jours, il est 
établi que le Juniperus bermudiana L., 1753, tel qu'il est admis par 
W. Hooker, Endlicher, Carriére, Gordon, Parlatore, Kent, Hemsley, 
Deissner et Sargent, est bien distinct des espèces qui croissent dans les 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 485 


montagnes de la Jamaïque et en particulier de l'espèce actuellement 
connue sous le nom de J. virginiana L., 1753, et décrite comme telle 
par Richard, Loudon, Parlatore, Koch, Willkomm, Sargent, Britton et 
Brown. Cette espéce, répandue au voisinage des cótes orientales des 
États-Unis, engloberait les J. barbadensis et J. bermudiana Linn. 
C'est une espéce polymorphe représentée dans les Jardins de l'Europe 
par diverses variétés recommandables au point de vue horticole. 
L'auteur donne une nouvelle diagnose des deux espéces d'aprés les 
échantillons recueillis récemment aux Bermudes et à la Jamaique. 


Cu. F. 


Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnier, 
tome onzième (1899); n^ 121 à 132. Paris, Paul Dupont, 1899. 

BorsrTEL (A.), p. 218 : Le professeur William Nylander. 

BonwET (Éd.), p. 161 : Notice sur M. Charles Naudin. 

CanDarGy (P.), pp. 268, 310 : La végétation de l'ile de Lesbos (Myti- 
léne) (planches 12, 13, 14, 15, 16). 

CorDEmoy (de), voy. Jacob de Cordemoy. 

DacurLLoN (Eug.), p. 108 : Observations morphologiques sur les feuilles 
des Cupressinées. 

DassowviLLE (Ch.), voy. Matruchot. 

FourL.Lov (Edm.), p. 304: Sur la chute des feuilles de certaines Mono- 
cotylédones. 

GAIN (Edm.), p. 18: Influence des microbes du sol sur la végétation. 

GoLpnERa (J.), p. 337 : Sur la formation des matières protéiques pen- 
dant la germination du Blé à l'obscurité. 

GnÉLoT (P.), p. 5 : Notes tératologiques sur le Veronica prostrata. 

GUIGNARD (L.), p. 129 : Sur les anthérozoïdes et la double copulation 
sexuelle chez les végétaux angiospermes (planche 4). 

HEckEL (Éd.), p. 401 : Sur le processus germinatif dans la graine de 
Ximenia americana L. et sur la nature des écailles radiciformes 
propres à cette espéce. 

Hournerr (Ch.), p. 106 : Phylogénie des Ulmacées (planches 2 et 3). 

JACCARD (P.), p. 33: Étude géo-botanique de la flore du haut bassin de 
la Sallanche et du Trient (planche 1). 

JACOB DE Connemoy (E.), p. 409 : Revision des Orchidées de la Réunion 
(planches 6 à 11). — (Genres nouveaux créés par M. Cordemoy : 
Pectinaria, Lepervenchea, Bonniera). 

JACOB DE. CORDEMOY (H.), p. 258 : Sur une anomalie de la Vanille. 


486 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Marnucuor (L.), pp. 353, 398, 471 : Revue des travaux sur les Cham- 
pignons publiés en 1894, 1895, 1896 et 1897 (suite). 


— et DassowviLLE (Ch.), p. 429 : Recherches expérimentales sur 
une dermatomycose des poules et sur son parasite (planches 18 
et 19). 
Mortar (M.), p. 209 : Sur la galle de l'Aulax Papaveris Pers. 
— pp. 29, 72, 120, 152, 205, 238, 281, 330, 436, 485 : Revue des tra- 
vaux d'anatomie végétale parus en 1895 et 1896 (swite et fin). 
MonkowiNE (M.), pp. 289, 341 : Recherches sur l'influence des anes- 
thésiques sur la respiration des plantes. 


PartApINE (W.), p. 81 : Influence de la lumière sur la formation des 
matières protéiques actives et sur l'énergie de la respiration des 
parties vertes des végétaux. 

— p. 241 : Influence des changements de température sur la respira- 
tion des plantes. 


Téoporesco (E.-C.), pp. 369, 430 : Action indirecte de la lumière sur la 
tige et les feuilles (planche 17). 
— p. 445 : Influence de l'acide carbonique sur la forme et la struc- 
ture des plantes (planche 20). 


Vries (Hugo de), p. 136 : Sur la culture des fasciations des espèces 
annuelles et bisannuelles. EnN. MALINVAUD. 


Dictionnaire d'Horticulture, illustré de 959 figures dans le 
texte, dont 403 en couleurs, et de 6 plans coloriés hors texte, par D. 
Bois, assistant de la chaire de culture au Muséum d'Histoire natu- 
relle, secrétaire-rédacteur de la Société nationale d'Horticulture de 
France; avec préface de M. Maxime Cornu, professeur de culture au 
Muséum d'Histoire naturelle (dessins par H. Gillet, A. Jobin et L. 
Planet). Un fort volume gr. in-8*, en deux parties, 1228 pages sur 
deux colonnes. Paris, 1893-1899; chez Paul Klincksieck, éditeur, 
rue Corneille, 3. 


Ce Dictionnaire groupe, dans l'ordre alphabétique, le plus {avorable 
aux recherches, les notions qu'il est aujourd'hui indispensable de pos- 
séder pour composer et diriger un jardin, quelle que soit son impor- 
lance. 

Ainsi que l'observe judicieusement l'auteur de la préface, « le nombre 
des questions à traiter dans un Dictionnaire qui comprend l'horticul- 
ture tout entière dans son sens le plus général, exige non seulement 
des connaissances extrêmement variées, mais encore une érudition con- 
sidérable. Cette tàche est supérieure à l’activité et méme aux forces 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ` 487 


d’un seul homme dans les conditions actuelles de la science ». Grâce 
aux distingués collaborateurs que M. Bois a su associer à son œuvre, 
« toutes les branches de l'hortieulture ont été traitées par des spécia- 
listes autorisés et d’une manière aussi condensée que possible afin de 
faire tenir dans un seul volume, d’un format commode, tout ce qu'il est 
essentiel de connaitre ». 

Voici quelques détails sommaires sur la distribution du travail. Outre 
la direction générale, le plan de l'ouvrage, la glossologie botanique et 
horticole, l'organographie, la description des familles végétales sont de 
M. D. Bois. M. le D" WEBER, qui a fait une étude approfondie des Cac- 
tées, a décrit un grand nombre d'espéces peu connues ou nouvelles de 
cette famille, dont il n'existe encore aucune Monographie moderne un 
peu compléte, et le grand nombre de renseignements inédits qu'on trouve 
dans le Dictionnaire sur ces plantes constitue une partie neuve et in- 
léressante. 


Citons les rédacteurs pour d'autres articles : 


Palmiers, Cycadées et plantes cultivées en plein air dans le midi de 
l'Europe : M. J. Daveau, ancien inspecteur du Jardin botanique de 
Lisbonne, conservateur du Jardin des plantes de Montpellier. 

Orchidées : MM. Achille FiNET et Gonerroy-LEBœŒur. 

Broméliacées : M. Ed. ANDRÉ, rédacteur en chef de la Revue horti- 
cole. 

Fougères : E. Roze, notre regretté confrère. 

Cryptogames parasites des végétaux cultivées : M. le D" DELACROIX, 
professeur de pathologie végétale à l'Institut national agronomique. 

Plantes alpines : M. Correvon, de Genève. 

Arbres et arbrisseaux d'ornement de plein air : MM. MOUILLEFERT, 
professeur à l'École d'agriculture de Grignon; Henry, professeur à 
l'Ecole d'horticulture de Versailles; GROSDEMANGE, ancien chef des 
pépiniéres au Muséum. 

Plantes herbacées d'ornement : MM. GénówE, professeur à Ver- 
sailles, etc. 

Arboriculture fruitiére : M. Charles BALTET. 

Culture forcée : M. PywaEnr, de Gand. 

Opérations culturales : M, Nanor, directeur de l'École d'horticulture 
de Versailles. 

Physiologie et anatomie végétales : M. LAURENT, professeur à Gem- 
bloux (Belgique). 

Chimie agricole (engrais, etc.) : M. A.-Ch. Ginanp, professeur à 
l'Institut national agronomique. 


488 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Entomologie horticole : MM. LErEvnE, ancien président de la Société 
entomologique de l'rance, et TEnTRIN, attaché au Muséum. 

Zoologie : M. le D" TROUESSART. 

Météorologie : M. JAUBERT, directeur de l'observatoire de la Tour 
Saint-Jacques. 

Nommons encore MM. Gurone (matériel horticole), CAYEUx et JÉRÔME 
(plantes potagères), HarioT, PAVARD, etc. 

Les avantages obtenus par la multiplicité des rédacteurs spéciaux ne 
l'ont pas été au détriment de l'unité du plan. Ainsi le méme ordre a été 
suivi par tous les collaborateurs dans les descriptions : famille, noms 
frangais, anglais et allemands des espéces, synonymie, bibliographie, 
patrie, époque de floraison, emplois, culture, mode de multiplica- 
tion, etc.; ces divers renseignements se succèdent toujours dans le méme 
ordre. Les termes techniques indispensables sont tous expliqués à leur 
place alphabétique. 

L'exécution matérielle est trés soignée; on y retrouve la marque de 
la sollicitude habituelle du consciencieux éditeur pour toutes les publi- 
cations qu'il entreprend, avec le goût artistique qui sait joindre l'agré- 
ment de la forme aux qualités du fond. M. Paul Klincksieck n'a reculé 
devant aucun sacrifice pour mieux atteindre ce but. D'élégantes figures 
en chromotypographie, multipliées dans le texte, sont une heureuse 
innovation qui permet de reconnaitre encore plus sürement les plantes, 
d'ailleurs décrites avec exactitude et précision. 

Nous nous associerons volontiers, en terminant notre compte rendu, à 
l'appréciation suivante exprimée par un juge des plus compétents, 
M. Maxime Cornu, professeur de culture au Muséum, dans la préface 
placée en tête du volume: « Le DICTIONNAIRE D'HORTICULTURE ne S'a- 
dresse pas seulement aux praticiens ; il a une portée plus haute. Il devra 
prendre place dans la bibliothèque de tous ceux qui, de près ou de loin, 
s'intéressent à la science des végétaux. Il sera utile aux horliculteurs, 
cela vasans dire; mais il le sera aussi aux curieux, aux amateurs, aux 
propriétaires éclairés, à tous ceux qui veulent et savent se rendre 
compte de ce qu'ils voient ou rencontrent; les botanistes et les savants 
y trouveront des renseignements et des documents utiles qu'ils cherche- 
raient péniblement ailleurs. » 

Le succés que mérite ce beau et bon livre couronnera les efforts réunis 
de l'éditeur et des auteurs. EnN. MALINVAUD. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 489 


Graminées : Descriptions, figures et usages des Graminées sponta- 
nées et cultivées de France, Belgique, Iles Britanniques, Suisse; par 
T. Husnot. Ouvrage complet, vir-92 pages, petit in-fol. et 33 planches 
lith. Chez l’auteur, à Cahan, prés Athis, Orne: 1896-1899. Prix, 
25 francs. 


Nous attendions la fin de l'ouvrage pour en embrasser l'ensemble et 
compléter le compte rendu précédemment consacré à sa première livrai- 
son (1); nous ne reviendrons pas ici sur les détails déjà donnés. 

Dans l'Introduction, jointe au dernier fascicule et à la fin de laquelle 
se trouve une « Clef analytique des genres », l'auteur, s'adressant 
d'abord « aux botanistes », puis « aux cultivateurs », explique aux pre- 
miers les raisons, d'ordre économique, qui l'ont engagé à choisir un 
grand format avecun texte compact et comment l'insuffisance des moyens 
dont il disposaita pu étre préjudiciable à la bonne exécution de quel- 
ques-unes de ses lithographies. Cette inégalité artistique, presque iné- 
vitable avec les procédés employés, ne diminue pas trés sensiblement la 
valeur des services incontestables que les illustrations sont appelées à 
rendre au travail d'analyse qu'elles ont pour but de faciliter. L'auteur 
définit ensuite la maniére dont il comprend l'espéce et ajoute qu'il a 
« adopté presque toujours les noms les plus généralement usités ». Voilà 
donc un systématicien que les interprétes intransigeants de la loi de 
priorité n'ont pas réussi à enróler sous la banniére de leur jurisprudence, 

Les avis destinés « aux cultivateurs » ont révélé chez notre confrère, 
que l'on pouvait croire confiné dans la bryologie, une compétence inat- 
tendue, dont il donne lui-méme l'explication en rappelant qu'il a été 
dans sa jeunesse (1858-1861) élève à l'École d'Agriculture de Grignon, et 
il ajoute que les renseignements fournis par son ouvrage sur la valeur 
agricole d’un grand nombre d'espèces sont presque toujours le résultat 
de ses cultures et d'essais qu'il a faits, ou le fruit d'observations re- 
cueillies pendant de nombreux voyages en France et à l'étranger. 

La comparaison de l'inventaire des Graminées françaises dressé par 
M. Husnot avec celui que présentait le Traité classique de Grenier et 
Godron en 1855 fait ressortir les acquisitions suivantes pour notre flore 
nationale (les noms imprimés en petites capitales désignent les espéces 
et variétés dont la publication est postérieure à 1855) : | 

Alopecurus arundinaceus Poir. (Auvergne, etc.), Coleanthus subti- 
lis Seid. (Bretagne), Agrostis rubra L. (Savoie), PiPTATHERUM ARISI- 
TENSE Coste (Aveyron, etc.), Antinoria insularis Presl (Corse), KELE- 


(1) Voyez, dans ce Bulletin, t. XLII (1896), p. #17. 


490 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


RIA BREVIFOLIA Reut. (Hautes-Alpes), Atropis tenuifolia Husn. (1) 
(découvert dans l'Hérault par M. Mandon), A. FoucaAupr Hackel (décou- 
vert dans la Charente-Inférieure par M. Foucaud), Poa concinna Gaud. 
(Savoie), Enacnosris BARRELIERI Daveau (Hérault, etc.), Festuca BoR- 
DERI Hackel (Pyrénées), F. cLaciaris Miégev. (Pyrénées), FESTUCA 
PYRENAICA Reut. (Pyrénées), F. dimorpha Guss. (Alp.-Mar.), Serrafal- 
cus arduennensis Crép., Rouxia HORDEOIDES Husn. (2), ÆGILOPS 
MACROCHÆTA Schuttl. et Huet (3), X Æ. Lorerı Husnot (4). Dans les 
Additions figurent : Agrostis filifolia Link var. NARBONENSIS Malvd (5), 
A. castellana Boiss. et R. (découvert dans ia Charente-Inférieure par 
M. Foucaud), Poa ExtcuA Fouc. et Mandon (Corse), Poa Balbisii Pari. 
(Corse). 

Soit environ vingt-deux nouveautés spécifiques, sur lesquelles, si 
l’on en déduit les types récemment distingués et les plantes de la Savoie 
et du comté de Nice que Grenier et Godron ne comprenaient pas dans 
leur domaine floristique, on voit qu'environ une dizaine de Graminées 
déjà connues avaient échappé à leurs recherches. Nous avons laissé de 
cóté les espéces introduites et adventices ou naturalisées. 

M. Husnot introduit deux genres nouveaux dans la nomenclature : 

1° le genre Rouxia, ci-dessus mentionné, dédié à la mémoire d'H. Roux, 
l'auteur du Catalogue des plantes de Provence; 2 GouLanpia (formé 
avec l'Agropyrum caninum Rom. et Sch. et sa congénère italienne 
FA. biflorum R.et Sch.), dédié au botaniste Goulard. 
Les grands ouvrages en cours de publication qui remplaceront un 
jour le Traité semi-séculaire de Grenier et Godron ne produiront pro- 
bablement pas avant longtemps les familles du groupe des Glumacées 
en raison de la place qu'on leur assigne dans l'ordre méthodique habituel. 
La Monographie ci-dessus dont nous sommes redevables à M. Husnot, 
indépendamment de ses titres particuliers à la gratitude des agricul- 
teurs, rendra aux botanistes le service très apprécié de leur offrir, dès 
à présent, un tableau complet, dans l’état actuel de nos connaissances, 
des Graminées de la flore francaise. Ern. MALINVAUD. 


(1) Le genre Atropis Ruprecht résulte d'un démembrement de l'ancien 
genre Glyceria (Atropis tenuifolia — Glyceria tenuifolia Boiss. et R.). 

(2) RouxIA HORDEOIDES = Agropyrum Rouzii Gren. et Duv.-Jouve. Cette 
plante problématique serait, d'aprés Duval-Jouve, un hybride de l'Agropyrum 
elongatum et de l'Hordeum maritimum; M. Edm. Mandon y voit un hybride 
do g ver irum littorale et de l'Hordeum secalinum. 

oy. la description de l'ZEgilo > i . bot. Fr. 

t NN (1809), 0o ziption gilops macrocheta in Bull. Soc. bot. FT: 

(4) ÆGILOPS Loreti = Æ. vulgari-triuncialis Loret, Flore de l'Hérault. 
(9) Voy. Bull. Soc. bot. France, t. XLV, p. 371. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 491 


Archives de la flore jurassienne, publiées sous la direction 
du D' Antoine Magnin, professeur de botanique à l'Université de 
Besançon. N° 1, août 1899. 


L'auteur se propose, à l'aide de ce nouveau Recueil périodique (1), 
pour lequel il peut déjà compter sur de précieuses collaborations (no- 
tamment celle de M. le D' H. Christ), de « 1° mettre en relations les 
botanistes de la région jurassienne, en donnant à ce mot son extension 
la plus large...; 2^ grouper les travaux originaux relatifs à la flore de 
celle région...; 3° en étudier les formes locales, stationnelles ou clima- 
tiques, micromorphes, dont on essayera d'établir la valeur et les rap- 
ports en se servant en méme temps des caractères organographiques et 
histologiques, quand ces derniers seront utilisables; enfin 4° les Archives 
donneront des travaux synthétiques résumant l'état actuel des connais- 
sances sur des sujets spéciaux de la floristique jurassienne, par exemple 
des cartes de distribution géographique pour les espéces intéressantes. 
« Nous demanderons à nos correspondants, ajoute M. Magnin, de rectifier 
ou compléter les renseignements qui y figureront. Ainsi seront mieux 
précisées les limites longitudinales, latitudiuales et altitudinales des 
espéces de notre flore jurassienne et les rapports de leur dispersion avec 
les conditions topographiques et climatologiques de leur habitat, ainsi 
qu'avec les variations de composition du sol. » 

L’accomplissement de ce programme magistral ne pourra qu'enrichir 
la géographie botanique d'un grand nombre d'observations nouvelles 
et de faits précis des plus intéressants. Puissent les botanistes juras- 
siens, dont le concours est un facteur essentiel dans une telle entreprise, 
répondre au pressant appel du savant professeur de Besancon! 


Enw. M. 


Sur la pluralité de l'espèce dans le Groscillier à grap- 
pes cultivé; par M. Édouard de Janczewski (Comptes rend. Acad. 
sc., 26 février 1899), 3 pages in-4°. 


Le Groseillier à grappes cultivé, qu'on regarde généralement comme 
issu du seul Ribes rubrum L., serait, d’après l'auteur de la présente 
Note, « un mélange, pourle moins, de trois espéces de premier ordre, 
sans compter les affines également distinctes ». Le vrai R. rubrum de 
Linné, confondu jusqu'à présent avec d'autres espéces bien différentes, 
aurait peu participé à la population de nos jardins. La souche de la plu- 


(1) L'abonnement est de 5 francs par an. S'adresser à M. Cornillot, trésorier 
de la Société d'Histoire naturelle du Doubs, à Besancon. 


492 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


part des variétés horticoles serait une espèce botanique originaire de 
l'Europe occidentale et distinguée par M. de Janczewski, qui l'a décrite sous 
le nom de R. domesticum. Enfin le R. petreum Wulf. se retrouverait 
dans quelques variétés horticoles, rarement cultivées aujourd'hui ou 
hybrides. Le R. propinquum Turcz. (Nord de l'Amérique, Japon, Si- 
bérie orientale) est une espéce insuffisamment connue, souvent rattachée 
comme variété au R. rubrum. L'auteur crée, en outre, le R. lithuani- 
cum, dela Lithuanie et de l'Allemagne du Nord, rapproché comme 
« espéce affine » du R. rubrum, et le R. macrocarpum (patrie incon- 
nue) également au titre d'espéce affine, mais à la suite du R. domes- 
ticum Janez. EnN. MALINvAUD. 


La Naturaleza, periodico cientifico de la Sociedad mexicana de 


Historia natural; segunda serie, tomo III, cuadernos numeros 3 y 4. 
Mexico, 1899. 


On y trouve, comme principaux travaux botaniques : 1° Note sur le 
Spigelia longiflora Mart. et Galeot., de M. Manuel M. Villada (avec une 
planche coloriée); — 2 une Étude sur la flore des régions tempérées et 
alpines des grandes montagnes volcaniques; — 3° une Note sur le Bra- 
voa geminiflora Llav. et Lax. (avec une planche coloriée). Ern. M. 


Annales des sciences naturelles, Huitième série. Botanique. 


Tome VII, publié en 1899. 


Lurz (L.). Recherches sur la nutrition des végétaux à l'aide de subs 
tances azotées de nature organique; pp. 1-103. — Perror (Ém.). Ana- 
tomie comparée des Gentianacées; pp. 105-292, planches I à IX, figures 
dans le texte 1 à 29. — Rıcôme (H.). Recherches expérimentales sur la 


symétrie des rameaux floraux; pp. 293-396, planches X à XIII, figu res 
dans le texte A à N. 


Tome VIH, publié en 1899. 


DANIEL (L.). La variation dans la greffe et l'hérédité des caractères 
acquis; pp. 1-226, planches I à X, figures dans le texte 16 à 19. — PÉE- 
Lasy (E.). Etude anatomique de la feuille des Graminées de la France; 
pp. 227-346, pl. XI à XIII, figures dans le texte 4 à 18. 


Tome IX, publié en 1899. 


Guérin (P.). Recherches sur le développement du tégument séminal 
et du péricarpe des Graminées; figures dans le texte 1 à 69. — GAU- 
CHERY (Paul). Recherches sur le nanisme végétal; pp. 61-156, planches 
I-IV. — Fron (G.). Recherches anatomiques sur la racine et la tige des 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 493 


Chénopodiacées; pp. 157-240, planches V à X, figures dans le texte 1 à 
29. — Eriksson (J.). Nouvelles études sur la rouille brune des Céréales; 
pp. 241-288, planches XI à XIII. — PanwENTIEn (P.). Recherches sur 
lastructure de la feuille des Fougéres et sur Ieur classification ; pp. 289- 
361, figures dans le texte 1 à 60. — Vax TiEonEM (Ph.). Sur les Cnéora- 
cées; pp. 363-369. — Le méme. Sur le genre Penthore, considéré comme 
type d'une famille nouvelle, les Penthoracées; pp. 371-376. 


Tome X, publié en septembre-décembre 1899. 


GnirroN (E.). L'assimilation chlorophyllienne et la coloration des 
plantes; pp. 1-123, planches I à IV, figures dans le texte 1 à 15. — VAN 
Tiecnem (Ph.). Sur les Coulacées; pp. 125-136. — Le méme. Sur les 
genres Actinidie et Sauravie, considérés comme types d'une famille 
nouvelle, les Actinidiacées; pp. 137-140. — TEoponEsco (E.). In- 
fluence des différentes radiations lumineuses sur la forme et la structure 
des plantes; pp. 141-263, planches V à VIII, figures 1 à 20 dans le texte. 
— SAUVAGEAU (C.). Les Cutlériacées et leur alternance de générations; 
pp. 265 à 362, planche IX, figures 1 à 25 dans le texte, Eryn. M. 


Une Graminée à maintenir dans la flore francaise; par 
T. Husnot (Bulletin de l'Herbier Boissier, août 1899), 3 pages in-8°. 


M. Briquet, mal renseigné comme il l'a trés sincérement reconnu 
et expliqué depuis, avait été amené à considérer l'Agrostis rubra 
des floristes savoisiens comme une forme réduite et aristée du Calama- 
grostis tenella. M. Husnot a maintenu l'existence dé PA. rubra dans 
la flore francaise. Tous les intéressés s'étant mis d'accord, ce débat peu 
consistant est heureusement vidé. Ern. M. 


Die Arten der Gattung Gentiana, sect. Thylaciles Ren. 
und ihr entwicklungsgeschichtlicher Zusammenhang; 
par M. A. Jakowatz (Les espèces du genre Gentiana, sect. Thylacites 
Ren., et leurs affinités réciproques) (Sitzungsber. der K. K. d. Wiss., 
Wien, t. CVIII,1899, pp. 305-356, avec 2 cartes, 2 planches et 1 figure 
dans le texte). Tirage à part in-8? de 52 pages; Vienne, 1899. 


L'auteur a entrepris ce travail en vue de compléter nos connaissances 
Concernant la systématique de ce groupe de Gentianes et son aire de dis- 
persion géographique; il a laissé de côté l'étude anatomique impuis- 
sante à fournir de bons caractères pour des espèces aussi affines. Après 
de nombreuses recherches basées sur l'examen de matériaux très variés 
el d'une grande quantité d'échantillons, M. Jakowatz établit ainsi la 
classification des espéces sauvages de la section TuyLACITES. 


494 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Dents du calice plus courtes ou rarement plus longues que la moitié 
du tube du calice, souvent obtuses........................... 2. 
Dents du calice égales ou plus longues que la moitié du tube, tou- 
jours trés pointues............... eere ehh meh ertt 4. 


Feuilles radicales en rosette adultes, larges, elliptiques, ovales ou 
obovales, deux à trois fois aussi longues que larges, obtuses, tou- 
jours de couleur vert mat............ sberrssessene essor. de 

Feuilles radicales lancéolées ou linéaires-lancéolées, souvent plus 

| longues que larges, obtuses ou terminées par une pointe courte; 
couleur verte ou vert brillant......... Gentiana angustifolia Vill. 


Feuilles de la rosette petites, de2-4 centimètres de diamètre; fleurs 
d'ordinaire presque sessiles...........,.......... . G. alpina Vill. 

^ Feuilles de la rosette grandes, de 5-15 centimètres de diamètre; 
Fleurs généralement d'apparence nettement pédonculée............ . 
evesbegeticsescneneceot e eoe G. latifolia (Gr. et God.) Jakowatz. 


Dents du calice rétrécies ct étranglées à la base................. D. 
Dents du calice non rétrécies à la base; feuilles de la rosette, lan- 
céolées-aigués, de couleur vert brillant... G. vulgaris (Neilr.) Beck. 


Feuilles de la rosette ovales ou ovales-lancéolées, de longueur à peu 


prés double de la largeur...................... G. dinarica Beck. 
Feuilles de la rosette lancéolées, de longueur dépassant le double de 
la largeur........... ete e hern G. occidentalis Jakow. 


G. latifolia (Gr. et God.) Jakow. — C'est le G. acaulis «. latifolia 
de Grenier et Godron, le G. Kochiana Perr. et Song., le G. excisa 
Koch, etc. Pour M. Jakowatz, cette espéce est assez facile à différencier 
et ne se rapproche que du G. alpina ; mais ses dimensions sont toujours 
plus grandes, et la partie basilaire des feuilles de la rosette est toujours 
longuement rétrécie en pétiole. 

Elle a été souvent confondue avec G. vulgaris à cause de leur abon- 
dance dans de mémes régions. 

Le G. latifolia (au sens de M. Jakowatz) se rencontre dans la région 
alpine et subalpine des Alpes du Tyrol, de la Suisse et de la France, 
dans le nord de l'Autriche, le sud-ouest de la Daviére, le Jura, les Pyré- 
nées, dans la partie est et sud des Karpathes, en Bosnie, le sud de la 
Serbie et la Dulgarie 

G. alpina Vill. — Cette espéce ne présente pas de difficulté à la 
détermination avec les diagnoses déjà connues. Elle croit dans la région 
haute-alpine des Pyrénées, des Alpes suisses du sud-ouest, et dans les 
Alpes maritimes. 

G. vulgaris (Neilr.) Beck. Syn. : G. Clusii Perr. et Song.; G. co- 
riacea Saint-Lager, etc. — Comme les précédentes facile à distinguer, 
elle se rencontre dans la région alpine et subalpine et sur les sols cal- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 495 


caires des Alpes, des Karpathes, du Jura, etc. Elle descend assez bas 
dans les vallées (Bavière). Cette espèce, de méme, que les G. angusti- 
folia, latifolia et alpina, est très répandue. 

G. dinarica Beck. — Espèce trés nette, intermédiaire entre G. lati- 
folia et vulgaris, et croissant surles Alpes calcaires dinariques, et aussi 
dans les Abruzzes. 

G. angustifolia Vill. — C'est aussi l'espéce de Perr. et Song. qui 
porte ce nom ; l'étroitesse de ses feuilles permet de la reconnaitre faci- 
lement du G. latifolia, elle differe du G. vulgaris par les dents du calice 
plus courtes et étranglées à la base. Son aire d'extension géographique 
comprend le sud-est de la France et des parties correspondantes dans 
les Alpes de la Suisse. 

G. occidentalis Jakow. sp. nov. — L'auteur donne pour cette espèce 
nouvelle la diagnose suivante : 

Feuilles de la base lancéolées ou lancéolées-elliptiques, avec leur 
plus grande largeur vers le milieu ou un peu au-dessus du milieu du 
limbe, qui se termine assez rapidement en pointe à l'extrémité el se 
retrécit peu à peu en pétiole vers la base. Le limbe des jeunes feuilles 
radicales en rosette est obtus. Desséchées, les feuilles sont brillantes ; 
fraîches, elles sont probablement! rigides; elles ont de 1,5 à 4 centi- 
métres de longueur. Les feuilles caulinaires sont ovales-lancéolées, 
pointues, rétrécies vers la base, et la longueur du pédoncule floral est 
de 2-7 centimètres. Dents du calice lancéolées, pointues, étranglées à 
la base, presque toujours plus larges que la moitié du tube du calice, 
et séparées par de larges sinus. Cinq pétales bleus de 5-6 centimètres 
de longueur, fortement aigus. 


Habitat. — Dans la région alpine des Pyrénées. 


Telles sont les six espéces qui, pour M. Jakowatz, composent le 
groupe ancien de G. acaulis. On n'y voit figurer, en aucune façon, une 
espéce reconnue comme telle par bon nombre d'auteurs, je veux parler 
du G. excisa Presl. Que devient cette espèce ? 

Si l'on prend la diagnose de Presl, et qu'on la compare à celle des 
différentes espéces dont il vient d'étre question, on voit que G. excisa 
présente des caractéres communs à toutes les autres espéces de la sec- 
tion, formant pour ainsi dire un véritable trait d'union entre elles. 

Les recherches de l'auteur montrent que cette espèce ne saurait étre 
censidérée comme une espéce vraie sauvage, ni comme un hybride; les 
faits tendent à prouver d'une facon indubitable que le G. excisa Presl 
n'est autre chose qu'une variété horticole, reproduite par la culture dans 
les jardins botaniques ou. d'ornement. Tous les exemplaires connus et 
classés sous ce nom dans les herbiers ne sont accompagnés d'aucune 


496 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


indication d’origine ou proviennent de régions où les Gentianes du groupe 
de l'acaulis ne sont pas spontanées. 

Il y a là un fait trés curieux de constitution, par la culture, d'un type 
moyen réunissant des caractères communs à toutes les espèces voisines. 
Ne pourrait-on voir là un simple retour vers le type ancestral com- 
mun? 

De cet intéressant travail, éclairant d'un jour nouveau la question si 
délicate de détermination de ces espèces affines, il ressort que l'on peut 


envisager la sect. THYLACITES comme renfermant six espèces de même: 


valeur, ou bien considérer ces dernières comme sous-espèces d'un type 
unique, G. acaulis, pris dans le sens le plus large. La dénomination 


G. excisa doit être conservée pour les échantillons provenant de se- 


mences et renouvelés dans les jardins botaniques. 
M. Jakowatz expose ses idées sur l’origine tertiaire de cegroupe, dont 
les diverses espéces ont subi le contre-coup des variations biologiques 


de la période glaciaire, et il décrit enfin un nouvel hybride trouvé dans 


le Tyrol, prés de Seefeld, entre G. vulgaris et latifolia, et qu'il nomme 
G. digenca Jakow. ÉmiLe Prnnor. 


NOUVELLES 


— Dans sa séance publique annuelle du 18: décembre 1899, l'Aca- 
démie des sciences de l'Institut de France a décerné des prix à deux 
membres de notre Société. M. l'abbé Hue a obtenu le prix Desmaziéres 
pour son Mémoire sur une nouvelle classification des Lichens fondée 
sur leur anatomie, et le frére Héribaud a reçu un des prix Montagne 
pour ses Muscinées d' Auvergne. 


Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, 
ERN. MALINVAUD. 


2479. — Libr.-Impr. réunies, rue Saint-Benoît, T, Paris. — MOTTEROZ, directeur. 


Bull. de la Soc. bot. de France. Tome XLVI (1899). PLV. 


SALIX HOPPEANA Wrap. 


1 7 . , 
Imp $5 Lemercier, Paris. 
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Tome XLVI a899). PL.VI 


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Bull.de la Soc. bot.de France. Tome XLVI a899). PLIV. 


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Cam, del. B.Herincq, lita. 
x SALIX SEPULCRALIS Siwx 
( S.ALBAxBABYLONICA Smr.) 


Imp/*? Lemercier, Paris. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 


(SUPPLÉMENT) 


—— 


Note sur les tourbes; par M. B. Renault. lu-8e, 8 pages, 6 ig. 
(Bull. Muséum d'hist. nat., 1899, pp. 50-51). 


M. Renault a étendu aux tourbes les recherches qu'il poursuit depuis. 
plusieurs années sur les combustibles fossiles : il a constaté que la 
tourbe est formée, dans les régions profondes, où elle a acquis sa consti- 
tution. définitive, de menus débris végétaux, cuticules, parcelles de' 
liege, spores, grains de pollen, cadres d'épaississement de vaisseaux, 
avec des flocons d'aspect mucilagineux contenant des granulations bac- 
tériennes; mais ces éléments. ne sont pas soudés, comme dans d'autres 
combustibles plus anciens, tels que certains lignites et les cannels, par' 
une matière fondamentale amorphe. Cet état de division des parcelles” 
végétales paraît devoir être attribué à la dissociation des cellules par 
une action microbienne. Les bois eux-mémes, plus résistants, sont 
fortement altérés; on Y observe de nombreux filäfheats de Champignons 
saprophytes et des Microcoques réunis en groupes serrés, soit sur les 
parois des ceHulés des rayons, soit sur les épaississements des vaisseaux 
ou alignés entre eux. Les grains d’amidon ont: disparu des cellules qui 
en contenaient, et le protoplasma, fortement modifié, insoluble dans l'eau: 
et l'alcool nest devenu: inattaquable aux liqueurs soit acides, soit alcas) 
lines, exsudées, M. Renault désigne sous le nom de Micrococcus pa-: 
ludis les Bactéries auxquelles il faut, semble-t-il, imputer ces transfor- 
mations ; il en distingue deus variétés, l'üné et Vautri andérobies. La” 
variété a, mesurant Ou, 9 à 1 p, 2, se montre énfoncéé dans une pulpe 
molle tapissant les parois cellulaires, et y garde longtemps, méme à 
l'air, une certaine mobilité, qui se traduit par des mouvements ondu- 
latoires; e'est celle qui attaque les épaississements des parois. La 
variété 8, mesurant Ou, D à 0 p, 6, apparait après la premiere et ne 
S observe.que dans les parties plus profondes, où; là transformation est, 
plus avancée; elle! perd rapidement sa motilité sous l'influence de 
l'air et de la lumière. Ces deux formes de Bactéries paraissent constituer: 


les principaux agents de la formation des tourbes. R. ZEILLER. 
T. XLVI. (SÉANCES) 32 


498 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Contribution à l'étude du pyrénoide; par A.-M. Boubier 
(Laboratoire de Botanique, A'série, IX* fasc., 1899, Genève). 
L'auteur a pu mettre en évidence la membrane propre des pyrénoides 

des Spirogyres, déjà observée par. Pfitzer, en traitant par le réactif de 

Millon l'Algue préalablement fixée au moyen de l'alcool absolu. 

Entre le pyrénoide et la nrembrane, qui apparaît très distincte, on 
observe dans ces conditions une zone hyaline, dont l'amidon a été dis- 
sous par le réactif et qui se montre traversée par un réseau de subs- 
tance plasmique. L'auteur assimile cette derniére à un leucite généra- 
teux d'amiden, le pyréhoïde: central correspondant à un oristalloide. ka 
membrane limitante de ces organites. ne.se colore pas par la: nigtosine, 
contrairement au pyrénoide et au rubau vert, qui, eux se teintent.en 
bleu. 

Dans un. travail récent, relatif à l'Hydrodictyon, M.. Timberlake 
(Starch-Formatian in. Hydrodictyon utriculatum, Ann. of Bat, 1901) 
a constaté, contrairement à l'idée précédente, que ce sont les pyrénoides 
mêmes qui interviennent dans l'élaboration de l'amidon : à cet eflet, ils 
subissent localement, et de facon périodique, une décomposition, d'ou 
procéde, comme corps figuré, un grain d'amidon, et ce dernier occupe. 
exactement la place. de la portion. décomposée du pyrénoide. 


E. Pennor. 


Studies in. the Cyperaceæ; par Theo. Holm. — IX., The genus 
Lipocarpha. (Recherches sur les Cypéracées. Genre ‘Lipocarpha 
(9 figures dans le texte) [The Americ.. Journ. of science, mars 1899]. 


Étude anatomique:dw rhizome, de la. feuille, des bractées; du: péri- 
carpe et de la racine des Lipocarpha maculata, L. argentea, b. spha- 
celata, E. microcephala. L'auteur insiste tout particuliórement sur la 
répartition du stéréome et sur les eellules à tanin. PAUL GUÉRIN. 


Studies in the Cyperaceæ; par Th. Holm. — X. Fimbristylis 
Vahl; an anatomical treatise. of North American species (Recherches 
sur les Cypéracées : Étude anatomique: d'espèces nord- américaines 
du genre Fimbr istylis, avec 14. figures dans le tex [ The. Amer. 

. Journ. of Science, juin 1899]. | 


 Cetie étude comprend l'anatomie de. la feuille, de la tige; ds, pédon- 
cule et.de la racine de plusieurs espèces: du:genre Fimbristylis. D'après 
les caraetäres observés par l'auteur, um essai de classification; de ces 
espèces en zérophytes on hydrophytes ne serait pas.en conformité: avec 
les partiaulàrités biologiques de ces plantes. Paun: G. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. - 499 


Studies in the-€yperaeese:; pan Th. Holm, — XI. An, the: abnar— 
mal development of. some specimens of Carex stipata Muhl., caused 
by Livia vernalis Fitch. (Recherches sur les Cypéracées. Sur le 
développement.anormal .da. quolques échantillons de Cerea. stipata, 
causé par le Livia vernalis Fitch.) [Amer. Journ. of science, août 
1899]. 


Les.feuilles attaquées par le.parasite. ont. pris un, développement tout 
à fait anormal qui, se manifeste surtout. par. lhypertrophie des cellules 
épidenmüques et. l'absence partielle-de. stomates,. de chlarophylle. et. de 
silice. 

Au-point de vue anatomique, les vaisseaux.du rhizome. présentent une 
ouverture beaucoup plus réduite que dans, les, échantillans non aonta- 
minés; 

Les raeines n'ont subi aucune. transformation... Paus G. 


Podophyllum peltatum, a. morphological study (Podophyllum pe 
tatum, Etude. morphologique), par Th. Holm [Botanical Gazette , 
XXVII, 6 juin. 1899, 419-433, 10 figures dans le texte], 


L'auteur appelle l'attention sur un certain nombre de faits intéressant s 
ayant trait au développement du Podophyllum peltutum, depuis la: ger: 
mination jusqu'à la floraison: | 

Dürant la premiére-année; la jeune plante ne possède que les. deux 
feuilles cotylédonaires dont les pétioles sont-cenerescents'en un: tabe 
que la gemmule, en se développant, perce latéralement à la hase. La 
première feuille véritable présente avec. l'ensemble des deux cotyléfons" 
la plus grande analogie de forme. ` 

La ramification sympodiale du rhizome et la position de l'axe floral 
dónnent:lieu également à certaines observations. 

En résumé, les caractères morphologiques du. P. peltatunm; eni partis : 
culier son mode: de germination. et. la. ramification du rhizome, permet- 
lent de rapprocher cette plante des Monocotylédones. La structure ana- 
lomique: examinée. par. l'auteur. vient d'ailleurs confirmen jusqu'à un: 
certain point cette: maniere: de voir. : Pau Gr 


Juncus repens. Wicbx, a morphological and anatomical study; 
par Th. Holm. (Juncus repens Michæ, Étude morphologique et ana- 
tomique. Bulletin. of the Torrey botanical, Club, juillet 1899, 1 pl., 
9 fig. ]. 

L'auteur montre que le Juncus repens se rapproche des Fimbristylis 
par certains caractères, tandis qu'il;s'en éloigne: par d'autres; ' Au point 


500. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de vue anatomique, le J. repens ne présente aucune particularité 
permettant de le distinguer des autres espèces de Joncs. 


PAUL GUÉRIN. 


Bryologiæ Japonicæ Supplementum I (suite); pari M. Ém. 
Bescherelle (in Journal de Botanique, 1899, n° 2). SES 


Nous avons rendu compte (1) de la partie de ce Supplément à la flore 
bryologique du Japon qui ne renfermait que les Mousses acrocarpes; le 
nouveau Mémoire de M. Bescherelle comprend la suile de ce Supplé-" 
ment, qui contient la description des Mousses pleurocarpes. Ces Mousses ' 
sont au nombre de 19, et la plus grande partie a été récoltée. par - 
M: Matsumura, professeur à l'Université de Tokyo. Nous donnons ci- 
aprés la liste des plantes nouvelles : Leucodon luteus, Astrodontium : 
flexisetum, Pilotrichella interrupta, Homalia japonica, Disticho- : 
phyllum Müibaræ, Fabronia Matsumuræ, Schwetschkea Matsumure, 
S. latidens, Lescurea rufescens, Platygyrium tokyense, Entodon her- 
baceus, E. chloroticus, E. Tose, E. flaccidus, E. akitensis. ^ 

Eu Addenda, l'auteur décrit deux espèces nouvelles de Mousses acro- 
carpes, les Rhabdoweisia gymnostoma et Dicranella subsecunda. 

Un genre est nouveau, le genre Pilotrichopsis, constitué pour le 
Dendropogon. dentatus Mitt., espèce inconnue en fructification et qui, 
en raison de la position des inflorescences, de son port, de la dispost- 
lion rigide de ses rameaux et le réseau cellulaire des feuilles, ne parait 
pas devoir rentrer dans le genre Dendropogon. EnN. MALINVAUD. 


Muscinées de l'ile de Groix (Morbihan); par M. le D' Fernand 
Camus, in Bulletin de la Société des sciences naturelles de l'Ouest 
.de la France, t. 9, 1899. . | 


Dans le cours d’une semaine passée dans l'ile dé Groix, au mois d'août 
1898, M. Camus a pu, malgré une période exceptionnelle de chaleurs, 
recueillir un certain nombre de Muscinées, et comme nous ne possédons : 
presque aucun renseignement sur lés îles des côtes bretonnes, il s'est . 
décidé à publier le résultat de ses recherches. Dés le début de sa Note, 
l'auteur compare la liste des espéces rencontrées à Groix avec celle de 
Guernesey. Dans cette dernière ile, on compte 138 espèces qui ont été 
récoltées pendant plusieurs années à la fin dé l'automne et en’ hiver,” 
c'est-à-dire durant Ia partie de l'année la plus favorable. Pour l'ile de 
Groix, M. Camus donne une liste de 75 espèces; mais, comme ses exeur- 
sions n'ont duré qu'une semaine et pendant la saison la plus défavorable, 


(1). Cf. Bull. Soc. bot., 3* série, t. V (1898), p. 491.. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 901 


il considère qu'on peut évaluer à 100 la somme probable des Mousses 
existant à Groix. Il explique l'écart qui se trouve entre ces chiffres en 
exposant les considérations topographiques et climatologiques. Des 
15 Mousses qu'il a vues à Groix, 67 existent aussi à Guernesey, 8 espéces 
de la premiére manquent dans cette derniére ile. La végétation musci- 
nale de Groix est celle des pays siliceux el ce n'est que par exception, 
sur les côtes où suintent des eaux qui se sont chargées d'une faible 
proportion de carbonate de chaux, qu'on rencontre quelques Mousses 
caleicoles, telles que les Trichostomum tophaceum et Hypnum fili- 
cinum. 

Quelques espéces des lieux frais et couverts se trouvent à Groix, telles 
que Heterocladium heteropterum, Plagiothecium elegans, Pterygo- 
phyllum lucens, Entosthodon Templetoni, Plagiochila spinulosa, 
Saccogyna viticulosa. Enfin, il est à remarquer qu'à Groix on constate 
la présence de deux espéces de Sphaignes, dont l'une compte deux, 
l’autre quatre localités situées sur les flancs ou pentes de vallons où 
l'eau suinte. 

La Note se termine par la liste des espéces qui comprend 2 Sphaignes 
13 Mousses et 24 Hépatiques. Ém. BESCHERELLE. 


Muscinées du département de la Sarthe ; par MM. J. Thériot 
et Monguillon, in Bulletin de la Société d' Agriculture, Sciences et 
Arts de la Sarthe, 1899. 


La Flore de la Sarthe et de la Mayenne, par N. Desportes, renferme 
le Catalogue général des Muscinées (147 Mousses et 36 Hépatiques), dont 
la plupart sont exactement nommées; c'est le travail le plus important 
qui ait été publié antérieurement à 1838. 

Depuis cette époque, aucun autre travail d'ensemble n'a été produit 
sur les Muscinées du département de la Sarthe. C'est cette lacune que 
M. Thériot vient de combler avec la collaboration de M. Monguillon 
pour les localités. Cet ouvrage présente le Catalogue de 17 Sphaigues, 
294 Mousses et 74 Hépatiques et renferme cà et là des notes critiques 
sur diverses espéces; une espéce, le Fissidens Monguilloni Thér., el 
quelques variétés y sont décrites comme nouvelles. M. Thériot a depuis 
publié, dans le Bulletin de l'Académie internationale de Géographie 
botanique (mars 1901), un Complément aux Muscinées de la Sarthe, 
comprenant l'illustration des espèces ou variétés nouvelles ou critiques, 
à l'aide de 27 planches dont toutes les figures ont été dessinées à la 
chambre elaire. Ex. B. 


. 502 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Aa Marchantia paleacesn Bert. ritrovata a Firenze; 
par.M. :Ém. Levier, in Ball. della Soc. botanica italiana, juin 1899. 


Le Marohaütia paleaeed Bert. avait été découvert:par Micheli à Plo- 
‘rence, Hl y'a : pres ‘de deux siècles et n'avait pas ‘été retrouvé (depuis, 
."quoiqu'ayant été signalé dans la province de Bergame, awx ‘environs 
de Vérone, dans la province de Trévise, en Ligurie, près de Chiavari. 
M. Levier l'a rencontrée à ^ Florence dans la localité classique "dite 
« Bullzo ei Geswiti ». Ém. BESCHERELLDE. 


-Vorstudien zu einer Pilz-Flora der Grossherzogthnms 
Luxemburg ; par J. Feltgen (Prodrome d’une Flore des Ghampt- 
gnens.du Grand-Duché du Luxembourg). — Première partie, ASCO- 
AXGErks (Recueil des Mémoires. et des travaux publiés par la $o- 
ciété botanique du Grand-Duché du Luxembourg, NIV, 1897-1899, 
JA; Luxembourg, 1899). 


Ce travail comprend la description des Ascomycétes recueillis jusqu'à 

^ce joun dans lle Luxembourg et qui sont au nombre de 1164: H ren- 

ferme les Biscomycètes, les Tubérinées, des Pyrénomycétes et les. Ela- 
phomycètes. - 

À signaler le genre 'Thelébotus placé-près tes #scobotus : les Elapho- 
inyéétées séparées des'Tubérinées ‘par le vaste groupe des Pyrénomy- 
cétes. Les Elaphomycétées comprennent les Onygénées, les Aspergillées, 
les Gymnoascées ,(y compris le Myaotrichum chartarum), les Endo- 
ivycétées, les :Saccharomycétes. 

-Le,genrejPhorcys. Niessl. (1876) est admis, au lieu de Massariella 
Speg. (1880); Platystomum Trevisan (1877), pour Lophidium Sace. 

, (1878); Guignardia Viala et Ravaz pour Lestadia Auersw., Mycos- 

.phærella Johans., pour Spherella Ces. et de Not., Leptospora Fuck., 
Strickeria Körb., Coleroa Fr., Niesslia Auersw., pour certaines espèces 
des genves-Lasiosphæria, Trichospora, Venturia. Le genre Torrubia, 
créé.par Tulasne (1861), y est préféré au Cordyceps. Fries (1822). Le 
Mycogala parietinum Rost..est passé dans les Périsporiacées avec la 
synonymie de Aaixia. Hoffm. (non Fr.) et d’Orbicula perichenoides 
Cooke. 

Les genres; Belonioscypha et Hysteropatella Rehm, renfermant, ie 
-Premer les B. ciliatospora (= Ciboria ciliatospora Fuckel) et B. V°- 
taba (Belonidium vexatum) ; le second, les H. Prostii (— Hysterium 
Prostii,Duby) et H. elliptica (— Hysterium ellipticum. Fr.), sont in- 
diqués]comme nouveaux genres, sans diagnose. Depuis ils ont été décrits 
par le D' Rehm dans les Ascomycètes du Kryptogamen-Flora. 


P. Hanior. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 408 

. ' 

Hérédité d'un caractère acquis chez un Champignon 

pluricellulaire, d'après les expériences de M. le D' Hunger, faites 

à l'Institut botanique de Bruxelles; par M. L. Errera. (Bruxellés 

1839, brochure in-8° de 102 pages, tirée des Bulletins de l'Académie 
royale. de Belgique [classe.des sciences], n° 2). 


Admise.par Lamarck, comme le facteur principal de l'évolution dés 
organismes, acceptée par Darwin comme an mode accessaire amprès de 
la sélection naturelle, la transmission héréditaire des caractères acquis 
est, on le sait, rejetée d’une manière complète par Weismann et par 
ceux qui forment, avec lui, ce que Pon à appelé école néó-darwniienne. 
La théorre de Weismann repose, en dernière anályse, sur Ta Uifférénce 
entre les cellules reproductrices et les ‘autres ‘cellules corporelles : 
celles-là forment le substratum de l'espéce, celles-ci n'en sont que Tin- 
carnation»éphémére ;-les variations de celles-là se transmettraient aux 
descendants, les modifications de celles-ci ne survivraient pas à T intii 
vidu. Le problème dont da solution ‘est recherchée dans le Mémoire (de 
M. Errera pent être formulé ainsi : « Une modification acquise par les 
cellules :eerperelles d’un étre-différencié peut-elle retentir sur les cel- 
lules reproductrices de telle manière qu'elle se transmette d'une fagon 
plus ou moins complète, par.celles-ci, à la génération suivante? » Les 
expériences de H.:Hanger ent porté sur Aspergillus niger (— Sterig- 
matecystis nigra) cultivé sur le liquide de Raulin, auquel on ajoutait 
des quantités wariables de chlorure de sodium, seliqui n'exerce-aücim 
rôle nütritif et intervient essentiellement en augmentant ie pouvoir 
osmolique de la solution. Comme point de:départpour les expériences 
sur l’hérédité, on s'est servi de -conidies -d` Aspergillus niger ‘de 
trois sortes, toutes néanmoins issues d'une même culture initiale : 
1°-Conidies A, provenant d'une culture sur solution type de Raulin; 
2° Conidies B, provenant d'une culture ayant vécu pendant-une géré- 
. Tation sur solution Raulin additionnée de 6 pour 100 de chlorure «le 
sodium; 8° (Conidies C, provenant d’une culture ayant vécu pendant 
deux générations successives sur solution Raulin + 6. peur 400 de NaCl. 
Du temps nécessaire à la germination et de l'intensité de cette germi- 
bation \on déduit que 4° : les conidies de l'Aspergillus niger sont 
adaptées à ju eoneentration du milieu où a vécu l'individu qui les porte; 
cel effet est encore plus marqué aprés deux générations passées dans am 
milieu domné ; 2» ll s'agit d'une véritable adaptation et non pas simple- 
mem d'un accroissement de vigueur chez les conidies provenant «les 
liquides concentrés, ear ces mêmes conidies germent moins rapidement 
'et:donnent des plantes moins vigoureuses que les conidies norrirales 
lorsqu'on les sème de nouveau sur le milieu type; en s'adaptant aux 


‘504 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


liquides concentrés, elles se sont désadaptées du liquide normal ; 3° Une 
génération passée sur le liquide normal n'efface pas l'influence d'une 
ou de deux générations antérieures passées sur un liquide plus con- 
centré. Tous ces résultats concordent et « montrent une légère, mais 
incontestable transmission héréditaire de l'adaptation au milieu ». 
Nous avons ainsi la preuve de l'hérédité d'un « caractère acquis », c'est- 
à-dire d'un caractère qui n'est pas préformé dans le germe, mais qui 
provient d'influences spéciales affectant le corps ou certaines de ses 
. parties. N. PATOUILLARD. 


Recherches sur les organismes mycéliens des solutions 
pharmaceutiques; études biologiques sur le Peni- 
cillium glaucum; par M. Guéguen (1 vol. in-8° de 83 pages, 
avec 9 planches noires, Lons-le-Saulnier 1899). 


Les végétations cryplogamiques qui apparaissent dans les eaux dis- 
tillées et les solutions salines des laboratoires appartiennent soil aux 
Champignons, soit aux Algues. Parmi les Champignons, on rencontre 
un assez grand nombre de formes conidiennes qui ne constituent pas 
des genres et des espèces autonomes, mais qui dérivent de Champignons 
supérieurs : certaines de ces formes, revétant un aspect filamenteux, ont 
recu de Biasoletto le nom générique d'Hygrocrocis. L'auteur s'est pro- 
posé de rechercher à quel groupe bien connu pouvaient se rapporter 
les Hygrocrocis et de déterminer les causes des variations morpholo- 
giques de ces plantes. De nom'reuses expériences ont montré que; dans 
l'immense majorité des cas, les fo:ons qu» l’on observe dans les solu- 
tions médicamenteuses son! constit.és par le Penicillium glaucum, 
quelquefois mélangé d'org nism 's app: rienant à des genres voisins. Bien 
que les cultures aieut donné ] eu, dins quelques cas, à un développe- 
ment de Mucorinées, celles-ci, étant donné la ténuité des éléments 
mycéliens des solutions, n» semblent point exister dans les liquides à 
l'état végétatif. I1 parait vraisemblable d'admettre qu'elles se trouvent, 
accidentellement dans les solutions à l’état de spores ou de kystes, qui 
n'attendent pour germer que des circonstances favorables. Parfois 0n 
rencontre, au sein de quelques solutés, des formes rapportées à un Hor- 
modendron, qui ne sont peut-étre que des états évolutifs du Penicil- 
lium glaucum: la continuité des deux organismes n’a pu être observée 
d’une manière constante et irréfutable, mais l’auteur a obtenu des 
formes de passage. Au cours de ses recherches sur ces mêmes formes 
Hormodendron, il a observé la formation de selérotes à chlamydos- 
pores, étudié la germination de ees kystes et signalé l'existence de for- 
mations transitoires, qu’il désigne sous le nom de circinules et qui 
semblent n'avoir pas d'équivalent chez les autres Champignons. En ce 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 505 


qui concerne le Penicillium glaucum, il pense que l’on peut ramener 
à ce type un certain nombre de formes qui ont été décrites jusqu'ici 
comme espèces diverses. Les causes qui font varier l'aspect de l'appareil 
végétatif du Penicillium paraissent devoir étre rapportées à des chan- 
gements dans la composition du sol nutritif, ainsi qu'à la réaction acide, 
neutre ou alcaline du milieu. L'étude de l'action de divers acides mi- 
néraux et organiques, et celle de plusieurs antiseptiques montre qu'il 
existe aussi des substances douées d'une action toxique à l'égard de ce 
Champignon; la résistance que présente le Penicillium à ces agents 
nocifs, comparée à celle qu'offrent plusieurs organismes des genres 
voisins, tels que l Aspergillus fumigatus et l Aspergillus niger, explique 
pourquoi on le trouve si répandu dans les liquides réputés les plus anti- 
septiques. Enfin, l'étude cytologique a permis de rendre compte du 
mode de formation des conidies, et prouvé que les modifications du mi- 
lieu ambiant retentissent aussi bien sur la constitution intime du thalle 
que sur ses formes extérieures. 

Dans une Note additionnelle, M. Guéguen a cherché à se rendre 
compte de la facon dont la forme corémiée du Penicillium (Coremium 
vulgare Corda) se comporte sur les divers milieux nutritifs et cherché à 
établir le mécanisme de la corémiation. Sur le liquide de Raulin, on 
obtient, dés le second passage, une forme simple, indiquant un retour 
très net au type, tandis que sur pomme de terre, crottin stérilisé ou 
liquide de Gérard, ce n'est guére qu'à la troisiéme transplantation qu'on 
observe une tendance manifeste à la forme du Penicillium normale. 


N. PAT. 


.Sylloge Fungorum omnium hucusque cognitorum; par 
M. P.-A. Saccardo. Vol. XII; Berlin 1897 et vol. XIII. Perlin 1898. 


Ces deux volumes du grand ouvrage de M. Saccardo sont consacrés 
à un Index de tous les genres, espèces, sous-espèces, variétés, ainsi que 
de tous les supports signalés dans les onze premiers volumes. Une pre- 
miére partie renferme par ordre alphabétique les noms des genres, 
espéces, sous-espéces et variétés; à chaque espéce sont indiqués les 
noms des auteurs, le volume et la page du Sylloge, le support et la 
patrie d'origine. Cette premiére partie de l'Index est elle-méme divisée 
en quatre sections : 1° Champignons croissant sur les portions vivantes 
ou mortes des végétaux; 2 Champignons croissant sur les animaux 
morts ou vivants; 3° Champignons habitant les substances telles que le 
papier, les cordes, le pain, etc.; 4° Champignons croissant sur le sol, les 
pierres, les murs, etc. Les Champignons fossiles sont énumérés en ap- 
‘pendice.. H n'est point fait mention des Schizophytes. L'autre. parte 


-506 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de l'index énumère al phabétiquement les supports ou substrata avecies 

‘Champignons auxquels ils donnent asile. Ce travail de récapitulation, 
indispensable pour l'intelligence de l'ouvrage, est l’œuvre ‘patiente de 
. M. P. Sydow. N.. PATOUILLARD. 


Sylloge Fungorum omnium hucusque cognitorum; par 
M. P.-A. Saccardo. Vol. XIV, Padoue 1899. . 


Le nombre considérable de diagnoses de Champignons publiées de- 
puis l'apparition du ‘dernier supplément du Sylloge a rendu méces- 
saire: la mise au jour de ee XIV* volume, qui est l'eeuvrexde MM. Saccardo 
et Sydow. Il renferme tout ce qui a paru. depnis le:commencement de 
l'année 1895 à la fin de 4847, ainsi qu'un grand nombre d'espèces pu- 
bliées en 1898. En outre.29 espèces nouvelles y sont:décrites pour da 
première fois, soit un total de 4921 diagnoses. Le volume débute par 
une série de tableaux comparatifs de tous les genres de Champignons 
par M. Saccardo et il se termine par un Index général des icohortes, fa- 
milles, sous-amilles, genres, seus-zenres:et synonymes signalés dans 
l’ensemble de l'ouvrage. . ;N.. Par. 


Note sur quelques Champignons nouveaux des environs 
de Paris; par M. E. Boudier (Bulletin de la Société mycologique 
de France, vol. XV, 1899, p. 49). | 


Parmi'les Champignons intéressants récoltés pendant les excursiotis 
de la Société mycologique en octobre 1898, deux méritent d'être particu- 
liérement signalés; c'est d'abord un Lactaire, le Lactarius fluens B. n. 
sp., voisin de Lactarius blennius Fr., mais d'unetaille environ du double 
plus grande, à chapeau plus convexe, bien. moins visqueux, de couleur 
plus foncée, moins verdâtre, peu ou point zoné, avec les bords largement 
pàles et ochracés, à lait moins àcre, plus abondant et semblable, sous 
ce dernier rapport, à celui de Lactarius volemais. Les lames brunissent 
par le froissement ; la surface du chapeau «st finement ponctuée grá- 
nuleuse et les spores atteignent 112 de diamètre, alors que celles de 
Lactarius blennius ne dépassent guère 7 à 8 y. qM 

La deuxième espèce décrite par M. Boudier est un Discomycète Oper- 
culé, l'Aleuria (Galacténia) proteana n. sp., croissant sur des places ét 
Charbon ; elle est bien voisine de Peziza Ade Padi., dont elle a esacte- 
ment la taille et la couleur, mais-ses spores sont verruqueuses au lieu 
d'être lisses. Gette espèce pnésesite une variété, ou plutòt une anomalie 
ue l’auteur désigne sous le nom de sparassoides et-qui est bien re” 
-marqualile par son aspect iuisolite,'car elle a tout à fait le port el b 
grosseur d'un Sparassis; son-poids varie, lorsqu'elle-a atteint tont 0" 
développement, de: 400. à 600 grammes et sa hauteur atteint jusqu'à 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 307 


‘25 centimètres. Goupée, l'intérieur se montre avec des lacunes de gran- 
'deur eti dé -forme diverses, communiquant souvent entre elles et for- 
| mées par des soudures ou anastomoses. des différentes crêtes ou pretu- 
Léranees:de laipartie  hyménifère du réceptacle; bien que quelquefois 
il puisse se: trouver plusieurs réceptacles réunis par la ‘base, le plus 
souvent il miyemra qu'un seul devenu »trés | luxuriant.. Nombre d'autres 
Discomycètes présentent des’phissements, : surtout dans un âge avancé, 
qui sont comme l'indication de ceux:qui ant donné naissance à la mons- 
truosité de lAleuria :proteana, mais jusqu'ici ils n'avaient pas été 
signalés avecune telle exagération. Tant récemment une forme analogue 
E été indiquée à Java (Cfr P. Hennings, in- Narburg, Munsonia I). 


N. Par. 


Catalogue descriptif des Lichens observés dans la Lor- 
raine, avec des tables dichotomiques etdes figures; par-M. l'abbé 
Hatmand, 4-6* fascieules, 1897-1899 (1). 


Ces trois fascicules terminent le consciencieux travail de M. Tabbé 
Harmand, lequel a/donc été publié en six années, 1894-1899. Le volume 
complet renferme 513 pages, 30 planches, 636 espéces de Lichens et 
688 formes ou variétés; ce simple énoncé suffit pour montrer l'impor- 
tance de ce Catalogue qui comprend non seulement les départements'de 
Meurthe-et-Moselle et des Vosges, mais encore un petit coin de celui 
de la Meuse et une partie de la Lorraine annexée et particulièrement 
les environs de Bitche. Il rendra certainement de grands services à 
tous ceux qui voudront étudier les Lichens, car tous les noms d’espèees 
ou de variélés sont accompagnés d'une description suffisante pour les 
faire reconnaitre, et les planches en dénnent les spores et souvent 
l'aspect, du thalle; s'il montre la sagacité et l'étendue de la science de 
l'auteur, qui à récolté lui-même le plus grand nombre de ces espèces, il 
fait également honneur à la Société des sciences de Nancy, qui a ouvert 
son Bulletin à un Mémoire de si longue haleine et Pa édité avec le plus 
grand soin. 

Le 4° fascicule renferme la tribu des Pannariées et 3 des sous-tribus 
de celle des Lecano- Lécidées, Lécanorées, Pertusariées et Thélotre- 
mées, la A*,'celle des Lecidées, remplit tout le 5° fascicule. Dans le 6', 
on trouve les deux tribus des Graphidées et des Pyrénocarpées et une 
table alphabétique des noms quirenvoie le lecteur et à la page de l'ou- 
vrage et au numéro des exsiccatas publiés par l'auteur. Les genres qui 
ont fourni à ce dernier le plus grand nombre d'espèces sont, comme 


(Vos. Bulletin, Bibliographie, 1895, p. 530; 1896, .p. 631 ‘et 4897, 
p. 


508 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


partout, les Lecanora, les Lecidea et les Verrucaria; on en compte 
116 pour le premier genre, 163 pour le deuxiéme et 56 dans le troisiéme. 
Dans n'importe quel genre, M. l'abbé Harmand a joint aux Lichens qu'il 
avait déterminés ceux qui ont été indiqués par le D" Mougeot (1) et 
qu'il n'a pas retrouvés; ils sont en trés petit nombre et certains, conime 
le Lecanora Villarsii ou Urceolaria ocellata et le Stigmatidium cras- 
sum, le premier appartenant aux régions méridionales et le second aux 
départements de l'ouest de la France, ont été cités avec doute et doivent 
étre presque certainement exclus de la Lorraine. Mais combien plus 
nombreuses sont les espéces qui, avant lui, étaient inconnues dans ce 
pays. Une simple comparaison le montrera : M. le D" Behrer (2), réunis- 
sant les récoltes du D" Mougeotaux siennes, arrive à un total de 333 es- 
péces; le D' Godron (3) pourla Meurthe n'augmentera pas beaucoup ce 
total, ear je crois qu'il n'y a que le Parmelia Saubinetii Mont. ou Pan- 
naria Saubinetii Nyl. qui lui soit propre, les autres espéces se trouvant 
dans les deux Catalogues cités, et par conséquent M. l'abbé Harmand a 
presque doublé le nombre des Lichens de la Lorraine. Il serait très 
étonnant que dans ses herborisations, si répétées pendant prés de vingt 
ans, il n'ait pas rencontré quelques nouveautés; elles sont au nombre 
de 10 ; Lecanora Hueiana et L. Victoris du groupe du L. sophodes ; 
Lecidea triseptatuloides, du groupe du L. sabuletorum, L. Kieffer', 
de celui du L. vermifera, L. Behreri de celui du. L. improvisa; les 
L. Bassanensis, radians et Arcularum sont rangés le premier dans le 
groupe du L. fuscoatra et les deux autres dans les Eubnellia; enfin 
Arthonia farinosa et Endocarpon pulvinulosum. Mais du total cité 
en commençant i| faut retrancher le Dendriscocaulon bolacinum, 
considéré à tort par M. Nylander comme une espéce distincte, tandis 
qu'il ne constitue que les céphalodies fruticuleuses du Ricasolia glomu- 
lifera, et les 14 Lecidea parasites qui, à mon avis, appartiennent aux 
Champignons. Il est regrettable que, dans une œuvre si soignée, la symé- 
trie n'ait pas été gardée dans l'énumération des synonymes primitils, 
car pour ces derniers le nom de l'auteur et l'indication de son ouvrage 
sont placés avant la dénomination du Lichen. Peut-être aussi pourrait-on 
reprocher à M. l'abbé Harmand d'avoir un peu trop multiplié les formes 
et les variétés. AsnÉ HUE. 


(1) D" Mougeot, Considérations générales sur la végétation spontanée du 


département des Vosges, 1845. ^ 
(2) Dr »ehrer, Catalogue des plantes du département des Vosges : Phane* 
rogames, Muscinées et Lichens, 1887. 


(3) D" Godron, Catalogue d " »artement. de 
Meurthe, 4843. gue des plantes cellulaires du départe 


ia 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 509 


Recherches anatomiques et biologiques sur le frait du 
genre Œnanthe; par M. John Briquet, 23 pages in-8° et 11 fi- 
gures dans le texte (Extrait du Bulletin de l'Herbier Boissier, t. VII, 
n° 6, et du Bulletin du Laboratoire de Botanique générale de l'Uni- 
versité de Genève, vol. 3, n° 1, 1899). 


En cherchant des caractères carpologiques susceptibles de caractériser 
les espéces frangaises du genre OEnanthe, M. Briquet a été amené à faire 
l'anatomie comparée du fruit dans ce genre d'Ombelliféres. Ces recher- 
ches ont fourni, par la méme occasion, des documents précieux pour la 
solution de divers problémes biologiques. 


1. Anatomie. — L'auteur passe successivement en revue les tissus et 
régions suivantes : épicarpe, tissu aérifère, parenchyme mésocarpique  ; 
externe, stéréome, faisceaux libéro-ligneux, parenchyme mésocarpique 
externe et bandeletles, tissu de soutien de l'endocarpe, endocarpe. 
Presque toutes les espéces présentent. des caractères de détail particuliers 
dans l'un ou l'autre des tissus énumérés. L'anatomie du tissu aérifére, 
ou tissu spongieux des prédécesseurs de M. Briquet, est traitée d'une 
facon plus étendue. Ce tissu est formé d'éléments assez volumineux, 
dont l'utrieule protoplasmique meurt de bonne heure. Les parois, peu 
épaisses, se lignifient avec l’âge et présentent de grosses ponctuations. 
Les cellules aériféres sont réunies en paquets qui deviennent souvent 
saillants extérieurement par l'étirement radial et la division tangentielle 
consécutive des éléments. Ce mode de division et la mort précoce du 
protoplasme rapprochent ce tissu du liège, dont il diffère par l'absence '. 
de subérisation et la présence de ponctuations. 


2. Biologie. — L'auteur étudie sáccessivement la^ photosynthèse et 
la conduite des matériaux nutritifs dans le péricarpe, le róle cecologique 
des fonctions de sécrétion, les fonctions du squelette et les flotteurs. Ces 
divers points donnent lieu à l'exposé de faits curieux. En ce qui con- 
cerne le rôle ccologique des canaux sécréteurs, M. Briquet montre, en 
relatant des expériences d'intoxication d'oiseaux granivores au moyen 
de fruits d'Qg. peucedanifolia et d OE. pimpinelloides, que les subs- 
lances sécrétées exercent un rôle protecteur incontestable pour les 
plantes qui en sont porteurs. On sait que M. Stahl était déjà arrivé 
au même résultat pour d'autres genres d'Ombelliféres. L'étude des 
canaux sécréleurs amène l'auteur à repousser, au moins en ce qui 
concerne le fruit des Ombellifères, la théorie de M. Haberlandt qui 
considére ces canaux comme des réservoirs dans lesquels s'accumu- 
lent des substances inutiles pour da plante. Ces substances circulant 


510 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE! FRANCE. 


dans le liber des faisceaux seraient de là extravasées dans les canaux 
sécréteurs adjacents (périevcliques). Pour M. Briquet, cette explication: 
ne saurait s'appliquercaux bandelettes des fruits quiforment-an système 
complètement distinct des faisceaux libéro-ligneux, séparé: souvent des 
bandelettes par un manteau de stéréome. — On ne savaittrien ‘jusqu’à 
présent des fonctions du tissu aérifère. L'auteur montre expérimenta- 
lement que chaque, paquet du.tissu.aérifére estun fotteur, Les flotteurs 
conservent. énergiquement l'air emprisonné dans leurs cellules. Ils per- 
meitent-aux, méricarpes de: surnager à. la surface de l'eau (les OEnanthe 
sont tous aquatiques: ou. subaquatiques) et contribuent ainsi à la dissé- 
mination. Ces organes sont nouveaux pour:la.famille. des Ombellifères. 

Tous les caractères dont il vient d’être question sont résumés à la fin 
du Mémoire-enune clé analytique; laquelle permet la détermination des 
Œnanthe ax moyen:de l'organisation inteme-du. fruit. 


CH: FEAHAUET: 


Note sur la carpologie du Bupleurum: creceum Fenzl. 
et du Bépleurum Heldreichié Boiss; par M. 3. Briquet, 
3 pages in-8^ (Extrait du Bülletin dw Laboratoire de Botanique géné- 
rale de l'Université de Genève, voli ITE, 1899). ` 


Dans cette Note, M..Briquet donne. une description détaillée des ca- 
raciéres carpologiques internes. de deux Bupleurum. orientaux apparte- 
nant à lasection: Perfoliata, les.B. croceum et Heldreichit, complétant 
ainsi les faits énumérés: par lui, dans sa Monographie des Buplèvres des” 
Alpes maritimes. Cn. FL. 


Note sur l'organisation et le mode de dissémination 
du.fruit, chez. le Bupleurum lophocarpum Boiss. 
et Bal: par M. J. Briquet, 3 pages in-8° (Extrait du Bulletin du 
rire de Botanique générale, de l'Université de Genève, t. I, 

). 


L'auteur crée pour ce Büplévre mne sous-seetion Zephocarpa à Vinté- 
rieur de la section Perfotiata, à'cause dé l'organisation remarquable de 
son fruit. Les méricarpes présentent: en- effèt cette particularité d'avoir 
des côtes primaires aliformes, lés’aïles sont hétéromorphes; lescommis- 
surales sont plaries, tandis que les latérales et: lá dersale sont ondulées 
en sinusoides. M: Briquet décrit en-détaif l'organisation: des-ailes et la 
strueture intérieure du fruit: Puis i montre que l'efficaeité de la voilure 
dés méricarpes, au point dé vue de-la dissémination; est:non seulement 
exagérée par l'äwementation de surfáce-des ailes, maïs: aussi à case 
de Ta forme dès voiles formées par ondulation en sinusoide dé ces-ailes- 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 544 


En effet, lorsque le vent frappe les ailes oudulées du B. lophocarpum,, 
l'air s'engouffre dans de véritables poches, d'où il ne peut sortir qu'en 
tourbillonnant, c'est-à-dire en perdant beaucoup: de force. vive. 

Ca. Fr. 


Sur la biologie florale de quelques Dianthus; par M. J. 
Briquet, 3 pages in 8" (Extrait du- Bulletin. du Laboratoire de Bota- 


nique générale de l'Université de Genève, vol. HT, 1899). 


L'auteur décrit les phénomènes de gynodiæcie tels qu'ils se présen- 
tent chez trois Dianthus observés en Savoie et dans les Alpes mari- 
times, les D. inodorus: (L.) Kern. (D. silvestris Wulf.), D. furcatus 
Balh. et D. neglectus Loisel. Les fleurs hermaphrodites ont un calice 
allongé; la corolle. posséde, un tube plus long et un limbe à grand dia- 
mètre; les, dix. étamines sont protandriques et se développent en deux 
séries de cinq, étamines. Les cinq premières étamines émettent leur 
pallen: et se rejettent entre les pétales où elles perdent leurs anthéres; 
puis les. cinq étamines internes procèdent de méme en se couchant sur 
le limbe des pétales. Ce n'est qu'aprés l'émission du pollen par les cinq 
étamines:internes, que les styles s'allongent et viennent occuper la place 
précédemment tenue par les étamines, sans jamais se trouver en contact 
avec elles. Daus les fleurs femelles, le calice est plus court; la corolle 
possède un.tube.moins long et un limbe de faible diamètre, les éta- 
mines, sont atrophiées, les styles font seuls saillie. Grâce à ces dispositifs, 
lalleganie est la règle et l'autopollination impossible dans les condi- 
tions normales. Ges faits. sont aussi importants au point de vue systéma- 
tique, les. états sexuels des: Dianthus ayant parfois été décrits comme 
des variétés et méme comme des espèces distinctes. Cn. FL. 


Anatomie comparée de la feuille dans le genre Mer- 
mas; par M. E. Duboule, 36 pages in-85, 7 figures dans le texte et 
1 planche (Extrait des Archives des sciences physiques et naturelles, 
d° pér., vol. V, ét du Bulletin du Laboratoire de Botanique générale 
de l'Université de Genève, vol. IIT, 1899). 


Ce Mémoire est consacré à l'étude d'un genré d'Ombelfiféres reniar- 
quable par ses feuilles indivises et localisé dans les montagnes de 
l'Afrique méridionale, où il végéte dans des conditions de: sécheresse et 
d'aridité extrêmes. M. Duboule a étudié les espèces suivantes : Jfermas 
gigantea: Linn. f., H. villosa, Thunb., H.: capitata. Linn. f., Hermas 
quinquedenta£a. Linn. f. et H. ciliata Linn. f. Un premier chapitre esi 
consacré: à la morphologie externe, un deuxième à l'anatomie; les deux 
derniers contiennent, des conclusions anatomiques et histologiques, 


912 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


ainsi qu’une application des caractères internes à la distinction exacte! 
des espèces. 

Les adaptations au milieu externe sont les suivantes, d'après le ré-: 
sumé de M. Duboule : 4° La protection contre une transpiration exa- 
gérée est réalisée à des degrés divers dans les différentes espèces par 
le développement d'un feutre épais de poils aériféres enchevétrés, sous, 
lesquels les stomates sont eachés, par le développement de parois 
externes trés épaisses dans l'épiderme et la (ormation d'une puissante 
cuirasse cuticulaire, par l'enfoncement des stomates dans l'épiderme; 
2% La mise en réserve de l’eau a lieu dans l'épiderme qui devient 
macrocytique. Quand les fonctions « hydrauliques » de l'épiderme de- 
viennent trés marquées, les parois latérales (radiales) des cellules sont 
minces et pourvues de quelques ponctuations. Aprés une sécheresse 
prolongée, elles se plissent à la facon d'un harmonica pendant que 
l'épiderme s'affaisse; 3 L’héliophilie ne va nulle part jusqu'à la forma- 
tion d'un mésophylle centrique, elle est d’autant moins marquée que 
les feuilles sont mieux protégées par un feutre de poils; 4° M. Duboule: 
attribue les fonctions d'hydathodes aux remarquables dents sétacées. 
des H. villosa et ciliata. 

Beaucoup de caractères anatomiques sont sans rapport avec le milieu' 
extérieur. L'auteur déérit minutieusement une série de curieuses ano- 
malies de structure du systéme libéro-ligneux dans la gaine, le pétiole 
et les grosses nervures. C'est ainsi, par exemple, que dans le pétiole de 
PH. gigantea, les faisceaux sont entièrement fermés comme ceux des 
rhizomes des Convallaria et des Polygonatum, à manchon ligneux 
continu. Dans le pétiole de lH. ciliata, les faisceaux adoptent aussi une 
forme concentrique, mais- avec trois massifs libéro-ligneux principaux 
entourant un îlot endoxylaire central, etc., ete. 

..Lesconclusions, ,systématiques font vair, au moyen d'un sy nopsis, que 
les diverses espèces du-genre. Hermas peuvent toutes facilement être 
distinguées par les caractères anatomiques de la feuille. 


J. BRIQUET. 


Dissémination des graines par les poissons; par M. 6. 
, Hochreutiner, 8 pages in-8° (Extrait du Bulletin de l Herbier Boissier, 
VII, n° 6 et du Bulletin du Laboratoire de Botanique géné! ale de 
Ü Université de Genève, vol. III, n° 4, 1899). 


/ On sait que Darwin avait émis jadis l'hypothése que les poissons her- 
bivorés pourraient -biem jouer ‘un rôle actif dans la dissémination ‘des 
plantes aqüátiques: Désireux de soumettre cette idée à une vérification 
expérimentale, M. Hochreutiner a étudié le pouvoir germinatif des 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 513 


graines de diverses plantes aquatiques (Menyanthes trifoliata, Sparga- 
nium simplex, Gunnera chilensis, Sagittaria sagittefolia, Alisma 
Plantago, Potamogeton polygonifolius), après qu’elles avaient été di- 
gérées par des poissons. Trois espèces ont servi à l'expérimentation : la 
Perche (Perca fluviatilis), le Vengeron (Leuciscus rutilus) et le pois- 
son rouge (Cyprinus auratus), qui passent pour étre plus ou moins 
herbivores. 

L'auteur a fait ses expériences en deux séries. Il laissait avaler sponta- 
nément, ou faisait avaler au moyen d'un petit appareil ad hoc, un certain 
nombre de graines, qui étaient ensuite récoltées dans les excréments et 
semées. Parallèlement, le méme nombre de graines intactes était semé 
et cultivé dans les mémes conditions que les précédentes. 

Le résultat des expériences, au nombre de quatorze, est que le pas- 
sage des graines à travers le tube digestif des poissons ne diminue pas 
leur pouvoir germinatif. Bien plus, il s'est trouvé, dans un certain 
nombre de cas, que les graines digérées germaient en plus grand nombre 
que les graines intactes. On peut donc admettre que les poissons sont 
susceptibles de jouer un róle dans la dissémination des plantes aqua- 
tiques, toutes les fois que leur qualité d'animaux herbivores ou grani- 
vores a été établie par des observations authentiques. J. Brio. 


Revision des Alectorolophus-Materiales des Herbarium 
Delessert: par J. Sterneck, 10 pages in-8° (Extrait de l Annuaire 
du Conservatoire et du Jardin botaniques de Genève, 9* année (1899), 
pp. 17-26). 


Cette revision des matériaux de l'Herbier Delessert se rapportant au 
genre Alectorolophus (Rhinanthus) contient un certain nombre de 
notes critiques sur diverses espèces (A. Alectorolophus Stern. et sa 
forme medius, A. patulus Stern. et ses formes Kerneri et ellipticus, 
A. abbreviatus Stern., A. goniotrichus Stern., A. montanus Fritsch, 
A. lanceolatus Stern. et sa var. subalpinus, A. angustifolius Heynh., 
A. minor Wimm., A. stenophyllus Stern.). Les A. patulus, Kerneri 
el goniotrichus sont indiqués en France pour la première fois (Ain, 
Haute-Savoie). Sous le nom d'A. borealis Stern., l'auteur décrit une 
espèce nouvelle provenant de l'ile d'Unalaschka, constatée ensuite au 
Groenland, au Labrador, dans l'Alaska et en Laponie. J. Brio. 


Description de deux espèces nouvelles du genre Hiera- 
cium: par M. C. Arvet-Touvet, 2 pages in-8° (Extrait de PAn- 
nuaire du Conservatoire et du Jardin botaniques de Genève, 3° an- 
née (1899), pp. 27 et 28). 


Ces deux espèces sont : 1° Hieracium Lulbisetum Arv.-Touv., du 
T. XLVI. (SÉANCES) 33 


$14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Mexique, appartenant au seus-genre Stenotheca sect. Aurellæformia; 
9» iH.iasberoides Arv.-Touv. et Belli, des Balkans, appartenant au sous- 
genre. Arwkteraciwm sect. Australia gr. Bracteolata. 


J. BRIQUET. 


Énumération de quelques Fougères de T'Herbier Deles- 
sert; par M. H. Christ, 17 pages in-8° (Extrait de l'Annuaire du 
Conservatoire et du Jardin botaniques de Genéve, ‘3° année (1899), 
pp. 29-45). 


Pour chaque espèce, l’auteur donne la détermination, la localité et 
le numéro du collecteur. L'Énumération consiste dans l'étude des quatre 
collections suivantes : 


4° Filices in Cochinchina a cl. Germain lecti. — Cette collection 
renferme 37 espèces el variétés. L'une d'entre elles, un Asplenium des 
îles de Pulo-Condor, est nouvelle, mais les échantillons sont trop jeunes 
pour se préter à une bonne description. 


2» Filices:a:cl. Germain in Nova Caledonia ‘lecte. — Sont énumé- 
rées 14espèces, dont aucune n'est nouvelle. 


39 Filices in Paraguay a cl. Balansa lectw.—:Liste de 63 espèces. 
M 4 . . "M 4 
Nouveautés : Gymnopteris contaminoides Chr., voisin du G.-centamt- 


nans Wall.; Phegopteris late-adnata Chr. et P. subsimilis Ghr., voisin 
du P. subincisa Fée. 


^^ Filices in Brasilia a cl. Glaziou et Erni lecte. — Liste de 121 
espèces. Nouveautés : Cheilamthes globuligera Chr., voisin du C: Re- 
gnelliana.; -Lomaria Glazioui 'Chr., voisin des L. danacana Kunze et 
L..capensis L.; Aweimia heterodoza Chr., voisin.de 1A. oblongifolia 
Sw. J. Brio. 


Une nouvelle localité suisse du Galium (riflorem 
Michx; par G. Kohler (Extrait de l’ Annuaire du Conservatoire Pl 
du Jardin botaniques de Genève, 3° année(1899), p. 176). 


| Le ‘G. triflorum Michx passait jadis pour une espèce exclusivement 
circompolaire. En 1882, elle fut signalée par Killias dans la Basse-En- 
gailine (Suisse orientale), M. Kohler vient d'en découvrir une nouvelle 
localité, beaucoup plus occidentale (Pralong, dans la vallée d'Héré- 


mence, Valais). 11 y a donc lieu de rechercher cette plante rarissime 
dans les Alpes occidentales. J. Brio. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 015 


Indications de quelques Eperviéres de La Suisse et de 
la Savoie d'apres les déterminations de M. Arvet- 
Touvet; 3 pages in-8°, par M. G. Kohler (Extrait de l Annuaire ŭu 
Conservatoire et du Jardin botaniques de Genève, 3° année (1899), 
pp. 177-179). 


Ces notes contiennent quelques rectifications à des déterminations ou 
des deseriplions antérieures et un certain nombre d'indications de nou- 
velles Jocalitéspour des espèces rares. Ainsi les H. cenisium Arv.-Touv,, 
H. dentatum Hoppe var. gapense A.-T. et H. heterospermaun Arx.- 
Touv. var. borealiforme A.-T. n'avaient pas encore été indiqués dansiha 
Haute-Savoie. Le H. oreites Arv.-Touv. est signalé dans une localité 
précise.du Valais (Suisse) ; cette plante, décrite par M. Arvet-Touvet en 
1891, sur d'anciens échantillons de Custer provenant de la Suisse orien- 
tale, n'avait pas été reconnue depuis le commencement du siècle der- 
nier. J. Brie. 


Énumération critique des plantes du Brésil méridio- 
nal récoltées pav E.-M. Reineck et J. Czermak: par 

MM. J. Briquet et Hochreutiner, premier article, 29 pages in-N. 
(Extrait de l'Annuaire du Conservatoire et du Jardin botaniques de 
Genève, 3* année (1899), pp. 146-175.) 


Les récoltes de MM. Reineck et Czermak, dont les auteurs ont entre- 
pris l'étude, proviennent exclusivement de la province de Rio Grande do 
Sul. Ce premier article renferme l'énumératien de 152 espèces, ré- 
parties sur un grand nombre de familles. Outre des détails géogra- 
phiques, plusieurs espèces sont accompagnées de notes historiques ou 
critiques. 

M. H. Christ a déterminé les Cryptegames vasculaires, et M. Marc 
Micheli les Légumineuses. Nouveautés décrites : Alternanthera Reinec- 
kii Briq. (Amarantacées), Lupinus Gzermakii M. Micheli (Légumi- 
neuses), Oxalis Reineckii Briq. (Oxalid.), Lantana Czermakii Briq..et 
L. Reineckii Briq. (Verbenacées), Solanum Reineckii Briq. .(Solan.), 
Podocoma Reineckii Hochreut. et Baccharis Czermakii Hochreut. 
(Composées). Ch. FLAHAULT. 


Nouvelles notes floristiques sur les Alpes Lémaniennes; 
par M. J. Briquet, 101 pages in-8. (Extrait de l'Annuaire du Conser- 
vatoire et du Jardin botaniques de Genève, vol. TIT, 1899.) 

Dans ce Mémoire étendu, M. Briquet énumere les principales décou- 
vertes faites depuis 1889 daus les Alpes Lémauiennes. Ge territoire 
floristique, jusqu’à présent fort négligé, embrasse, d'après la dénition 


516 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


de l'auteur, toutes les montagnes de la Haute-Savoie situées au nord et à 
l'est de l'Arve (à l'exclusion des alpes granitiques) et le Valais inférieur 
jusqu'à la cluse de Saint-Maurice (Suisse). La plus grande partie de 
cette région naturelle est donc située sur territoire francais. 

Le Catalogue renferme 441 espéces, hybrides ou variétés; 182 sont 
nouvelles pour le territoire étudié, dont une soixantaine décrites pour 
la premiére fois. 

Nouveautés : Ranunculus montanus L. var. lemanianus Briq., 
Caltha palustris L. var. orbicularis Briq., Draba lemaniana Briq. 
(D. fladnizensis X tomentosa), Draba intercedens Briq. (D. carin- 
thiaca X frigida?), Thlaspi rotundifolium Gaud. var. racemosum 
Briq., Saxifraga Aizoon L. var. subaffinis Briq., Geum montanum L. 
subvar. caulescens Briq., Sibbaldia procumbens L. subvar. grandifolia 
Briq., Potentilla salisburgensis Hænke var. subsimilis Briq., Astra- 
galus montanus L. var. albo-luteus Briq., Geranium lemanianum 
Briq., Rhamnus Mercieri Briq. (R. cathartica X alpina), R. lema- 
niana Briq. (R. alpina x pumila), R. pumila Turr. var. cesarea 
Briq. et var. mirabilis Briq., Gentiana purpurea L. var. Asini Briq., 
Thymus Serpyllum L. var. Oddæ Briq. et lemanianus Briq., Satureia 
Clinopodium Car. var. ovata Briq. et oblongifolia Briq., Veronica fru- 
ticulosa var. calycosa Briq., procurrens Briq. et duriuscula Briq., 
Veronica fruticans Jacq. (saxatilis Scop.) var. stenophylla Briq., Pin- 
guicula vulgaris L. var. Sigtina Briq., Plantago alpina Linn. var. 
spathulata Briq., Knautia silvatica Dub. var. platyphylla Briq., 
K. succisoides Briq., K. Sistina Briq., K. lemaniana Briq., Erigeron 
alpinus Linn. var. intercedens Briq., var. furcatus Briq. et var. exalta- 
tus Briq., Chrysanthemum Leucanthemum L. var. subscaposum Briq., 
laticeps Briq., lobatum Briq., trichophorum Briq.et laciniatum Briq., 
Senecio erucifolius L. var. lemanianus Briq., Leontodon autumnalis 
L. var. integrascens Briq., runcinatus Briq et cinerascens Briq., Leon- 
todon hispidus L. var. Oddæ Briq., Picris hieracioides L. var. alpes- 
tris Arv.-Touv. et Briq., Crepis blattarioides L. var. Oddæ Briq., 
Hieracium glaciale Reyn. var. nigrescens Arv.-Touv., H. villosum L. 
var. subattenuatum Arv.-Touv. et subamplexum Arv.-Touv., H. scor- 
zonerifolium var. pilosum Arv.-Touv., intermedium. Arv.-Touv., sub- 
glabratum Arv.-Touv. et glabratum Arv.-Touv., H. plantagineum A.~ 
Touv. var. lancifolium Arv.-Touv., H. prætensum Arv.-Touv. et Briq.. 
H. dentatum Hoppe var. dolosum Arv.-Touv. et subvillosum Arv.-Touv 
H. predentatum Arv.-Touv. et Briq., H. subpiliferum Arv.-Touv. et 
Briq., H. Balbisianum Arv.-Touv. et Briq., H. neocerinthoides Arv-- 
Touv. et Briq., H. incisum Hoppe var. pectinatum Arv.-Touv. et Brid-; 
H. perdivergens Arv.-Touv. et Briq., H. tenuiflorum Arv.-Touv. var: 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 211 


perincisum Arv.-Touv. et Briq., H. farinifusum Arv.-Touv. et Briq., 
H. asclepioides Arv.-Touv. et Briq. 

Les espéces, hybrides et variétés suivantes sont nouvelles pour la 
France, ou bien leur présence sur territoire francais était encore dou- 
teuse et exigeait confirmation : 

Festuca alpina Sut. var. intercedens Hack., Carex claviformis 
Hoppe, C. atrata L. var. castanea Richt., Juncus Buchenani Dorfl. 
(J. alpinus X lampocarpus), Luzula silvatica L. var. Sieberi Buch. 
(L. Sieberi Tausch), L. campestris L. var. pallescens Wahlenb.(L. pal- 
lescens Wahlenb.) var. debilis Velen. et var. conglobata Buch., Quer- 
cus budensis Borb. (Q. lanuginosa X pedunculata), Alsine biflora 
Wahlenb., Alchemilla splendens Christ, A. fallax Bus., Rhododen- 
dron hirsutum L. et R. intermedium Tausch (R. ferrugineum X hir- 
sutum) (déjà indiqués en France par l'auteur en 1893, voy. Bull. Herb. 
Boiss., I, 493), Thymus Serpyllum L. var. Dana?ni Briq. et var. spa- 
thulatus Briq. (T. spathulatus Op.), Brunella spuria Stapf (B. gran- 
diflora X vulgaris), Ajuga Hampeana Br. et Vatke (A. pyramidalis 
X reptans), Veronica alpina var. integrifolia Briq. (V. integrifolia 
Schk.), Alectorolophus patulus Stern. var. Kerneri Stern. et A. gonio- 
trichus Stern., Erigeron alpinus L. var. grandiflorus Briq. (Erigeron 
grandiflorus Hoppe) et var. neglectus Briq. (E. neglectus Kern.), Achil- 
lea Laggeri Schultz (A. atrata >: nana), Senecio lyratifolius Reichb. 
(S. cordifolius X Jacobea), Taraxacum erectum Schrk (T. nigri- 
cans Reichb.), Hieracium Trachselianum Christen., H. Wimmeri 
Uechtr., et H. brassicoides Arv.-Touv. 

L'accumulation de faits apportés par l'auteur dans ce Mémoire et dans 
ceux qui l'ont précédé rend trés désirable l'achévement d'un travail 
d'ensemble résumant sous une forme facilement accessible toutes nos 
connaissances sur les Alpes Lémaniennes, qui sont une des parties les 
moins connues des Alpes francaises. | Ch. FLAHAULT. 


Association francaise pour l'avancement des sciences. 
Compte rendu de la vingt-huitième session, Boulogne-sur-Mer, 
1899. Deux volumes in-8°, Paris, 1900, au Secrétariat de l'Associa- 
tion, rue Serpente, 28, et chez G. Masson. 


La seconde partie, Notes et MÉMOIRES, contient les travaux suivants, 
présentés à la section de Botanique : 
Bonner (D* Edm.), p. 419 : Plantes représentées sur les vases de Bos- 
coreale (Musée du Louvre), étude historique et critique. 
Jopin (Henri), p. 427 : Formations secondaires de la racine des Borra- 
ginċes. 


918. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 

Pague nano (C.-A.); p. 433 : Ea flore et le paysage en Basse-Bretagne: 

BERTRAND (C.-Eg.) et ConNAiLLE (F.), p. 434 : Sur quelques caractéris- 
tiques de la structure des Fougéres actuelles. 

P;rir (Paul), p. 437: Diatomées rares ou peu connues des côtes fran- 
caises de la Manche et.de l'océan Atlantique. 

Lg G&NDRE (Ch.), p. 444 : Contribution. à. l'histoire du. Gui. 

TisoN (Adrien), p. 454 : Méthode nouvelle de: coloration: des tissus su+ 
báneux. 

Camos (Fernand); p. 456: Étude botanique sur l’ archipel db Bréhat: 

Corvemoy (Jacob de), p. 463 : Note sur la résine du Gourbartl: 

GAIN (Edmond), p. 467 : Variation et symétrie de la feuille du Lupinus 
albus L. 

Roze (E.), p. 479: Les plantes observées au xvi? siècle en, Angleterre 

. par Charles de l'Escluse. 

Daniez. (Lucien), p. 486 : Le principe. dela parenté botanique en faite 
greffe. — Conclusion. de. l'auteur : si: la greffe, comme. parfois 
l'étude. d’un caractère: anatomique,, peut, dans certains (cas, fous- 
nir: certains. renseignements au point de. vue des affinités, il ne: 
faut pas plus abuser de ce:caractère. pris isolément que. de tont 
autre, 

Porsson (X) et.B£naauEL, p. 48%: Note surdes Mimulus luteus dans le 
département du. Pas-de-Calais. (Analysé: plus loin, p. 987.) 


Bulletin de la Société mycologique: de France. Tome XV, 
année 4899: Un volume: in-8* de xrrv-328; pages et 15 planches liors 
texte. Paris, 1899, au siège de la Société, 84, rue de’ Grenelle: 


ALMEIDA (Vezissimo d’), p. 90 : La Gaffasdes olives en Portugal. 


BENOIST (R.), p. 163: Note sur un Psathyrella paraissant constituer 
une espèce nouvelle (P circellatipes).' 


Bovier (E.), p. 49 : Note sur quelques Champignons nouveaux des. en- 
virons de Paris. Planches II et III. 


— p. 311: Chapeaux secondaires sur un pédicule de Ganoderma lu- 
cidum.. 
— p. 322 : Notice sur le D' Quélei. 


BeunqvELoT (E.) et HéRissey, p. 60: Sur la présence d'un ferment so- 
luble. proteahydrolitique dans lés Champignons: 


COSTANTIN et: Marruenor, pi 105 :- Un: nouveau genre. de: Mucédinées; 
Harziella. Planche VII. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 919 
FAUTREY, p. 53 : Espèces nouvelles de la Cóte-d'Or. 
GUÉGUEN (F.), p. 15 : Recherches sur le Penicillium glaucum. PI. 1. 
— p. 171: Sur une nouvelle espèce de Sterigmatocystis. 
— p. 189 : Coloration des spores des Ascomycétes et en particulier 
des ascospores des levüres par la méthode de Gram. 
— p.271: Variations morphologiques d'un Monilia sous l’inffience 
de la culture. 
Hérissey (H.), p. 46 : Sur la présence de l'émulsine dans les Lichens 
et dans plusieurs Champignons. 
Lurz (L.), p. 68: Recherches biologiques sur la composition du Tibi. 
LacERHEIM (G.), p. 95 : Contribution à la. flore mycologique des envi- 
rons de Montpellier. 
Manus (P.), p. 265 : Les Ustilaginées du Cynodon Ductylon L. et leur 
distribution géographique. Planche XV. 
Mancın (L.), p. 108 : Sur le Septoria Graminum. Planche VIM. 
-— p.240: Sur la maladie du.pied du Blé. Planehes XI, XH, XIM. 
Marrucnor (L.), p. 254: Notes mycelogiques. 
— et DassowviLLE, p. 240 : Sur le Champignon: de l'Herpes (Tricho- 
phyton) et la classification des Ascomycétes. 
— — p. 305 : surle Ctenomyces serratus Eidam.. 
MéwiER (Ch.) et Monter (Urb.), p. 343: Un deuxiénre: cas d'empoison- 
nement par le Lepiota helveolæ Bress. 
PaTOuILLARD (N.), p. 54: Champignons du nord de l'Afrique. Planche IV. 
— p. 191 : Champignons de la Guadeloupe. Planches IX, X. 
Ranais (Max. ). p. 82: La Brülure du Sorgho.. . 
Routan (M.), p. 73: Excursion à Chamonix: Planche VI: 
— p. 19 : Cas tératologique du Phallus: impudicus: Planche: V. 
Roze (E.), p. 37: Observations nouvelles sur le Pseudocommis Vitis. 
— p. 165 : L'Oronge d’après Charles de l’Eseluse dXrras. 
— p. 280 : Le petit Traité des Champignons comestibles et pernicieux 
de la Hongrie, décrits: aux xvi* sièele: par Gharles de l'Esefase 
d'Arras. 


Journal de Botanique; directeur M. Louis Morot, 13% année, 
1899. Paris, aux bureaux du Journal, 9, rue du Regard, et à la.librairie 
J. Lechevalier, 23, rue Racine. 
Amaan (Jules), pp. 175, 220: Application: de: la loi des grands nombres 
à l'étude d'un. type végétal. 


920 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


BESCHERELLE (Ém.), p. 37 : Bryologiæ japonicæ. Supplément I. Pleu- 


rocarpi. — Espéces nouvelles dans les genres Leucodon, Astre- 
donthium, Ptilochitropsis (gen. nov.), Ptilochitrella, Homalia, 
Distichophyllum, Fabronia, Schwtschkea, Lescurea, Platygy- 
rium, Entodon, Rhabdoweisia, Dicranella. 


Bonnert (Edm.), p. 83: Additions et corrections au Catalogue des plantes 


vasculaires de la Tunisie. — Une remarque intéressante concerne 
le Carcæ longiseta Brot. (1804), nom qu'on a proposé de substi- 
tier à celui de C. Linkii (Schkh.), qui serait synonyme du pré- 
cédent et plus connu, mais créé seulement en 1806. Or M. Bonnet 
s'étonne à bon droit « que tout le monde ait relégué dans les syno- 
nymes le nom de C. distachya Desf. (Atl. T, 336), lequel est 
ce 1800 et par conséquent prime tous les autres. Il existe, il est 
vrai, un autre C. distachya Willd., forme de C. nigra d'après 
Kunth, mais de plusieurs années postérieur à celui de Desfon- 
taines ». 


Camus (E.-G.), pp. 287, 37 : Statistique ou Catalogue des plantes hy- 


brides spontanées de la flore européenne (suite). 


Cnopar (R.) et BougrER (A.-M.), p. 379 : Sur la membrane périplas- 


mique. 


Coixcy (A. de), pp. 162, 165, 301, 332 : Plantes nouvelles de la flore 


CoL, 


d'Espagne. — Trifolium cartaiense, Centaurea Rouyi, Hedyp- 
nois arcnaria DC. var. huelvensis, Linaria aurata, L. verti- 
cillata Poiss. var. bastitana, Atriplex rosea L. var. ilicifolia, 
Alyssum calycinum L. var. zujarense, Reseda Luteola L. var. 
partita, Peplis erecta Req. var. rotundifolia, Valeriana tube- 
rosa var. ciliaris, Centaurea setabensis, Aster hispanicus, Bou- 
cerosia hispanica, Gastridium oblongum. 


p. 234 : Quelques recherches sur l'appareil sécréteur des Com- 
posées. 


DRAKE DEL CASTILLO (E.), p. 135 : Note sur le Wickstræmia Balanse 


et le Poortmannia speciosa Drake. 


FRancHET (A.), pp. 146, 193, 253 : Plantarum sinensium Ecloge tertia. 


— Espèces nouvelles : Quercus yunnanensis, Q. sutchuenensis; 
Q. variolosa, Q. Fargesii, Q. Delarayi; Castanopsis orthacan- 
tha, C. Delavayi, C. Fargesii, C. caudata; Pinus yunnanensis; 
Abies Delavayi, A. Fargesii, A. likiangensis, A. brachytyla, 
A. yunnanensis, A. chinensis. 


GavcnER (Louis), p. 368 : Étude anatomique des glandes du Cyathium 


des Euphorbes et de leurs substances colorantes. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 921 
GAUCHER (Louis), p. 173 : La racine des Euphorbes cactiformes. 
GENTY (P.-A.), p. 45 : Le Carex Ohmulleriana O.-F. Lang en France. 


GorprFLUs (M'* M.), pp. 9, 49, 87 : Sur la structure et les fonctions de 
l'assise épithéliale et des antipodes chez les Composées (planches I 
à VD. 


Kuntze (Otto), p. 17 : La nomenclature réformée des Algæ et Fungi 
d'aprés le Code parisien de 1867 et contre les fantaisies de M. Le 
Jolis. 


Lavanoux (Gilbert), p. 216 : Observations sur l'appareil pilifère des 
Verbascées indigénes. 


Lecré (L.), p. 160: L'herbier de Léonard Rauwolf à Leyde. 


MaNGIN (L.), pp. 209, 276, 307, 339, 311 : Observations sur la mem- 
brane des Mucorinées (Planches VII et VIHTI). 


NapeauD (J.), p. 1 : Plantes nouvelles des iles de la Société. 


OrrNER (Jules), p. 219: Capitule d'Inula glandulosa Willd. à prolifé- 
ration latérale. 


Roz: (E.), pp. 26, 59, 96 : Florule française de Charles de l'Escluse. 
— p. 348 : Supplément à la Florule francaise de Charles de l'Escluse. 


SAUVAGEAU (Camille), p. 107 : Les Acinetospora et la sexualité des Ti- 
lopteridacées. 


Tswerr (M.), p. 79 : Sur la membrane périplasmique. 
Va TiecnEw (Ph.), p. 127 : Spores, diodes et tomies. 


— p. 361 : Sur le genre Neumannie considéré comme type d'une fa- 
mille nouvelle, les Neumanniacées. 


— p. 266 : Sur les Canellacées. 
— p. 69 : Sur les Coulacées. 
— p. 293 : Sur les Fouquiéracées. 


— p. 170: Sur les genres Actinidie el Sauravie considérés comme 
types d'une famille nouvelle, les Aetinidiacées. 


— p. 326 : Sur les Parnassiacées. 
Vipbar (Louis), p. 139 : Sur le placenta des Primulacées. 


Weser van Bosse (M"° A.), p. 133: Note sur quelques Algues rap- 
portées par le Yacht « Chazalie ». 


0997 SOCIÉTÉ BOTANIQUE. DE FRANCE. 


Annales de la. Société botanique de Lyon, tome XXIV 
(1899). Au siège de la Société, Palais des Arts, et chez Georg, libraire 
à Lyon, 1899. 


1° Notes et Mémoires, 152 pages. 


Aunin (Marius) : Compte rendu d'une excursion dans le Haut-Beau- 
jolais. — Beauverie (J): Polymorphisme de l'appareil conidien du Scle- 
rotinia Fucheliana. — BouLLu (abbé) : Compte rendu des tierlorisa- 
tions: de: MM. Foucaud et Simon‘ en Corse. — Cmrrzor (Fi) : flores- 
cence monstrueuse d' Anthemis frutescens. — Coxverr: Compte rendu 
de l'ouvrage de M. Ch. Cordier sur la toxicité des Champignons. — 
GérarD (R.): Dénutrition chez les plantes. — Le méme : Pleurothallis 
Convergens spec. nova. — Maent (Ant.) : Le botaniste lyonnais Claudius 
Martin, Acer et Typha Martini. — Le méme: Observations sur la flore 
du Jura. — MEvran (Octave): Herborisation aux environs de'Ghamonix; 
— PARMENTIER : Recherches taxinomiques sur les Gnavelles de France. 
— Roux (Nisius) : Herborisations de Château-Queyras à Saint-Paul- 
sur-Übaye. — SaivT-LacER : Histoire de l'Abrotonum. — VivIAND- 
Morrer : Excursion botanique à Montredon, prés Marseille. 


2" Comptes rendus des séances, 48 pages. 
Principaux articles : 


BEAUVERIE, p. 15 : Étude expérimentale: sur. la maladie appelée: Toile. 

Branc (L.), p. 3 : Les cécidies d'aprés les recherches. d' Armand Gautier. 

— p.29 : Conservation. des plantes d'herbier aprés leur immersion 
dans une solution de formol. 

BourLv (abbé), p. 39 : Remarques sur la variabilité de certains carac- 
téres dans le genre Hieracium. 

CosvEnT, p. 36 : Monstruosité par soudure de plusieurs pieds d Ento- 
loma clypeatum. 
MaGxix (Ant.), p.13 : Caractères distinetifs des Juncus tenuis Willd. 

et J. germanorum Steud. (J. tenuis auct. german.) (4). 
— p. 31: Découverte du Juncus squarrosus dans les marais. d'Aran 


(Ain). Affinités du Dorycnium juranum avec le D. suffruti- 
cosum. "E 


(1) Dans l'Indez Kewensis, le Juncus germdrorum-est vattaché^au J: tenuis 
(Juncus germanorum Steud. Syn. Pl. Cyperac., 305 — tenuis). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. — — 023 

MAGNIN, p- 33 : Distribution géographique du. Quercus Cerris, ses sta- 
tions en France. 

PARMENTIER, p. 22 : Recherches laxinomiques sur les Gnavelles de 
France. (L'auteur est d'avis qu'il n'existe phylétiquement qu'une 
seule espèce de Scleranthus, laquelle est vraisemblablement la 
plus commune: et la plus polymerphe,.le Scl. annuus.) 

Roux (Claud.), p. 37 : Culture de plantes silfcicoles en terrain conte- 
nant des doses variées de carbonate calcique. (Conclusions : 1* la 
germination sefféctue dela: méme ' maniere: dans tous les sols: 
2° dans les sels. eal&aires, la végétation de: la: plupart des: espèces 
silicicoles est ralentie et trés défectueuse, plusieurs sont atteintes 
de chlorose; la floraison et la fructification sont retardées et incom- 
plétes, sauf pour Raripa pyrenaica et Galeopsis ochroleuca). 

Roux (Nisius), p. 18 : Aperçu d'une herborisation dans le massif de la 

..  Vanoise (Astragalus leontinus, Éeontodon taruxacifolius). 

— p. 21 : Artemisia austriaca et Impatiens parviftora natnralisés à 
Lyon. 

— p. 23: Cytisus elongatus récolté dans l'Ardéche. 

Saixt-LaGer, p. 2 : Les résidus minéraux de la nutrition. 

— p. 9: L'Ononis arvensis var. mitis du Valais. 

— p.19: Astragalus leontinus et autres plantes qui ont pénétré en 
Savoie. 

— p.20 : Phyllodie calicina'e et proli ération de l'axe floral. du Tri- 
folium repens. 

— p. 23x. Remarques sur les Cytisus elongatus et hirsutus. 


— p.25: Les caractères histologiques ne donnent pas une base suffi- 
sante pour édifier les classifications. 

— p.32: Le Crepis alpestris trouvé à la Salette (Isère), caractères 
qui le distinguent du GCrepis aurea. 

— p. 34 : Le Quercus Cerris a été probablement introduit en France. 

— p. 4 : Identité de l'Agrostis rubra de Savoie avec celui de la 
Seandinavie. 

— p.43: Remarques sur le polymorphisme du Dianthus longicaulis. 

VIVIAND-MOREL, p. 6: Remarques sur les termes variété et race dans 

le langage des horticulteurs. 


— p. 8 : Rrésente, un. Dianthus, barbatus: dont les organes, floraux 
sont transformés en écailles calicinales longuement subulées, et 


524 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


une fleur de Solanum Melongena offrant un cas d'hypertrophie. 
avec accrescence du calice. 

ViviaND-MonEL, p. 14 : Présentation d'un Narcisse hybride : N. Pseu- 
donarcissus-Tazetta. 


La Société botanique de Lyon a nommé Président pour 1900 M. Nisius 
Roux, l'habile et infatigable explorateur de nos Alpes du Sud-est. 


Bulletin de l'Association francaise de Botanique, 2° année 
(1899); un volume in-8° de 298 pages. Le Mans, 1899. 


Principaux articles. 


BnacuT (Flavien) : Herborisation au mont Gondran, près Briançon. — 
Signalé deux Sempervivum hybrides, S. arachnoideum-monta- 
num et S. montano-arachnoideum à fleurs bien plus grandes. — 
Excursions botaniques de Briançon aux sources de la Clarée et de 
la Durance. 


CanBoNEL : Le Collomia coccinea Lehm. dans l'Aveyron. — Plante 
chilienne adventice. 


CowiLL : Une excursion botanique au Canigou. 


Constr&nE (L.) et Récuin (J.) : Excursions bryologiques dans les Hautes- 
Alpes. 


Farre : Compte rendu d'excursions faites au Lautaret et dans les envi- 
rons. 


GAGNEPAIN : Hybrides des Galeopsis angustifolia et dubia observés à 
Cercy-la-Tour (Nièvre). (G. Wirtgeni Ludw. — G. dubia X an- 
gustifolia, et G. Gilloti Gagnep. =G. angustifolia X dubia). 


GitLor (D' X.): Note sur une plante nouvelle, X< Vicia Marchandi 
(V. lutea X angustifolia). 
Ginop: Herborisation au Devez de Rabou (Hautes-Alpes). 


IzoAnp : A propos du deutocycle foliaire et florifere de l'Æsculus Hip- 
pocastanum. 


LE Gran : Sur quelques plantes critiques ou peu connues de France. 


MarcarLnou p'AvwERIC (Hipp.) : Observations sur les Anemone alpina 
et sulfurea L. — L'auteur, contrairement à une opinion assez gt” 
néralement répandue, considère l' Anemone sulfurea L. « comme 
une espèce de bon aloi et non comme une simple variété à fleurs 
aunes de lA. alpina ». 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 525 


Ouivier (abbé H.) : Exposé systématique des Lichens de l'ouest et du 
nord-ouest de la France. 


RENAUDET (6.): Notes et observations sur la flore mycologique de la 
Vienne. 


Rouy : Le Silaus virescens Griseb. et ses variétés. 


— Notes sur quelques Pedicularis. — A noter deux hybrides, X Pe- 
dicularis Faurei Rouy (= P. Barrelieri X incarnata) et X P. 
Verloti Arv.-Touv. (P. gyroflexa-tuberosa). 


Supre : Excursions batologiques dans les Pyrénées. 


Taérior : Note sur les Atrichum undulatum et angustatum. 


Société d'histoire naturelle d'Autun. Douziéme Dulletin, prc- 
miére partie; Autun, 1899. 


A mentionner les Mémoires suivants : 


De RocuEbnusE (A.-T.), pp. 1-164 : Toxicologie africaine. Ce Mémoire 
considérable, dont le onzième Bulletin (1898) contenait prés de 
200 pages, est continué dans la seconde partie du douziéme, ou il 
occupe 506 pages. De nombreuses figures sont intercalées dans le 
texte. 


LANGERON (Maurice), pp. 431-455 : Contribution à la flore fossile de 
Sézanne. (A suivre.) 


Société botanique Rochelaise, Bulletin XX (1898), 52 pages; 
La Rochelle, 1899. 


Ce Bulletin contient d'assez nombreuses notes, parmi lesquelles où 
remarque : Fovcavp, Spergularia rubra var. virescens Fouc. et Man- 
don; Althea officinalis var. corsica; Geranium molle var. supinum ; 
Lathyrus pyrenaicus Jord.; Crategus monogyna var. microphylla 
Foucaud et Simon; Valerianella cupulifera Le Grand; Orobanche mi- 
nor var. Glechome ; Teucrium Marum var. capitatum ; Sparganium 
neglectum Beeb. var. Marcailhoui Fouc. et Guillot; — ALBERT, Arte- 
misia glutinosa var. erythroclada et var. pycnantha; — F. GÉRARD, 
Carlina vulgaris subsp. longifolia; — Simox, Primula declinans: 
— DEBEAUx, Mentha Amblardii; — Mase, Statice contortiramea 
Sp. nova; — Coste, Salix basaltica (pentandra-aurita) et S. alto- 
bracensis (pentandra-cinerea); — Le GRAND, Aira cespitosa var. con- 
voluta Le Grand. — Ch. CLAIRE, Notes sur quelques Centaurea de là 
section Jacea, observés aux environs de Rambervillers (Vosges). L'au- 


526 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


teur groupe sous la rubrique spécifique CENTAUREA VARIABILIS Lév. des:C. 
Duboisii Bor., pratensis Thuill., serotina Bor. microptilon Godr. et 
Gren., gradata Rouy, et rattache au C. nigra L. les C. nemoralis Jord. 
et decipiens F. Gérard non Thuill. L'auteur a constaté que les caractères 
sur lesquels ont été établies ces différentes formes (folioles à appen- 
dices plus ou moins ‘entiers ou ciliés, plans ou concaves, appliqués, 
réfléchis ou-subétalés, couleur plus ou moins foncée de l'involucre) sont 
des plus variables, non seulement d'un individu à l'autre, mais parfois 
« surla méme souche d'année en année ». 


Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, 
t. XXXVII; année 1899, vol. in-8° en deux parties. Bruxelles, au 
siège de la Société, Jardin botanique de l'État (1899). 


Premiere partie (48 pages). 


RENAULD (F.) et CanpoT (J.), p. 7: Musci esotici novi vel minus 
cogniti. | 


Deuxième partie (284 pages et 5 planches). 


Duraxp (Th.) et de WitpEMAN (E.), pp. 9, 78 et 171: Matériaux pour 
la flore du Congo, 4°, 5* et 6° fascicules. — Espèces nouvelles dans 
les genres Monodora, Cleome, Abutilon, Hibiscus, Ochthocos- 
mus, Acridocarpus, Ouratea, Cordia, Utricularia, Thunber- 
gia, Tubiflora, Brillantaisia, Aristolochia, Urera, Pouzolzia, 
Ottelia, Bolbophyllum, Eulophia, Lissochilus, Saccolabium, 
Listrostachys, Habenaria, Disperis, Salacia, Cnestis, Ròurea, 
Paxia, Ophiocaulon, Craterispermum, Vawugwiera, Guerkea, 
Ceropegia, Anthocleista, Neurotheca, Striga, Asteracantha, 
Duvernoyia, Peristrophe, Pseuderanthemum, Rhinacanthus, 
Thommandersia, Whitfieldia, Clerodendron, Dicranolepis, Hy- 
polythrum, etc. 


BRESADOLA (J.) et SACCARDO (P.-A.). p. 152 : Fungi congoenses enume- 
rati. 


Mansion (A), p. 228 : "Contribution à l'étude de la flore bryologique 
belge. 


LAURENT (Eu), p. 261 : Essai relatif à la dispersion du:Gui. 
Société pour l'étude de la flore franco-helvétique, 3898, 


huitième Bulletin, 13 pages in-8° (Bull. de l'Herbier Boissier, 
vol. VIL, Appendice n° IV). Genève, 1899. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. n2 


Dix-huit sociétaires (1) ont envoyé un total de 126 numéros (n° 823 à 
948), parmi lesquels divers hybrides : Dentaria ptcENEA (digitata X 
pinnata), Rosa 'GuixEeTI (alpina X coriifolia); Fragaria collina X 
vesca, Sorbus Aria X torminatis, Epilobium montanum X parviflo- 
rum, E. montanum X tetragonum, Cirsium ARISITENSE (bulboso- 
monspessulanum), C. SUBALPINUM (palustri X rivulare), C. ERUCA- 
GINEUM (rivulari X oleraceum), Scrofularia Davær (auriculata x 
sambucifolia), Quercus ANDEGAVENSIS (pedunculata X Toza), Salix 
DEVESTITA (hastata X glauca), S. ALTOBRACENSIS (pentandra X ci- 
nerea), S. BASALTICA (pentandra X aurita), S. SEPULCRALIS (alba X 
babylonica), etc. 

A signaler des notes deseriptives ou critiques de : BrrNaT, Iberis 
Candolleana Jord. et Rubus incanescens Bert.;-— Hanmior, Sorbus 
Aria X torminalis Fliche et Chara ceratophylla ; — Wolf, Centaurea 
Burnati Wolf (C. axillaris X montana); — G. Camus, Salix rugosa 
(C. cinerea X purpurea); — Mazinvaun, Agrostis filifolia Link var. 
narbonensis. 


Bulletin des travaux de la Société botanique de Ge- 
mève, seclion de la Société suisse de botanique. Années 1898-1899. 
Broċh in-8°, de 145 pages et 6 planches, n° 9, octobre 1899. Genève, 
chez H. Georg. 

DE CawboLEg (C.). — Sur les feuilles peltées. 

MARTIN (Ch.-Ed.). — Contribution à la flore mycologique suisse et plus 

spécialement genevoise. 

CHENEVARD (P.). — Notes floristiques. — Avec 6 planches représentant : 

I, Ranunculus Wolfianus; II, R. Wolfianus forma latisecta: 
HL, R. glacialis forma radicescens: IV, R. glacialis var. 
crithmifolius Reich.; V, R. glacialis var. hepaticilobus : VI, R. 
glacialis. 

SCHMIDELY (Aug.). — Notes floristiques. 


PaiLLoT (Venance).— Énumération des Lichens.des rechers des Grands- 
Mulets sur le chemin du Mont Blanc. 


(1) Ces dix-huit sociétaires sont : MM. Autran, Barnat, G. Camus, abhé 
Chevallier, Corbière, abbé Coste, Flahault, Foucaud, D" Gillot, Hariot, Frère 
Héribaud, abbé Hervier, abhé Hy, Jeanpert, Magnin, Malinvand, Neyra, Wolf. 


528 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Bulletin de l'herbier Boissier, tome VII (1015 pages de texte 
et 11 planches), 1899, avec cinq Appendix, contenant ensemble 
227 pages de texte et 3 planches. Genève et Dàle; Georg et C^ 1899. 


BannaEy (W.), p. 337 : Le Jardin botanique de Genève. 

Boissieu (H. de), p. 580 : Les Renonculacées du Japon, d’après les 
collections parisiennes de M. l'abbé Faurie. — Sont énumérées 
56 espèces appartenant aux genres suivants : Clematis, 9; Tha- 
lictrum, 8; Trautvetteria, 1; Anemone, 10; Adonis, 2; Ranun- 
culus, 10; Caltha, 4 ; Glaucidium, 1; Trollius,2; Aquilegia, 2: 
Aconitum, 4; Actea, 1; Cimicifuga, 3; Anemonopsis, 1; læo- 
nia, 1. Species nove : Thalictrum KAMISENSE Franch. ined., 
voisin de T. tuberiferum ; Anemone sovENsis, à rapprocher d'A. 
caerulea; Ranunculus FRANCHETI, ayant des affinités avec R. ste- 
norrhynchus et yunnanensis Franch. 

— p. 781: Les Cruciféres du Japon, d'aprés les collections pari- 
siennes de M. l'abbé Faurie. — Énumérées au nombre de 47: 
Nasturtium, 4; Barbarea, 4; Arabis, 14; Cardamine, 11; Eu- 
trema, 2; Sisymbrium, 1; Erysimum, 1; Draba, 4; Cochlearia, 
2; Thlaspi, 2; Capsella, 1; Isatis, 1. Species novæ : Barbarea 
COCHLEARIFOLIA et B. PATENS, voisins du B. vulgaris; Arabis 
GLAUCA, A. Fauriei, A. PsEUDO-AURICULATA; Cardamine Dra- 
KEANA; Cardamine NASTURTIIFOLIA, à rapprocher de C. praten- 
sis; Sisymbrium JAPONICUM, peu éloigné de S. Columnae; Thlaspi 


JAPONICUM. 
BorNMELLER (J.), p. 66; Drei neue Dionysien aus dem südlichen Per- 
sien (Pl. IT). — Spec. nov. : Dionysia oreodoxa, D. janthina, 


D. heterochroa, représentés sur la planche Il. 

— p. 79 : Eine neue Colchicacee Assyriens : Merendera kurdict 
Bornem. (sp. nov.). 

— p. 114: Drei neue Arten aus dem östlichen Assyrien : Silene schi- 
zopetala, Asperula asterocephala, Stachys fragillima. 

— p. 329 : Zwölf neue Nepeta-Arten aus Persien, Kurdistan und 
Kleinasien. — Spec. novæ : Nepeta rivularis, assurgens, Born- 
mülleri, eremophila, carmanica, galatica, adenoclada, dschu- 
parensis, scordiifolia, Autraniana, Haussknechti et kurdica. 

— p. 922: Crocus hermoneus Ky. 

BovbrER. (A.-M.), pp. 401, 554 : Contributions à l'étude du Pyrénoïde. 
BnovET (J.), p. 467 : Recherches anatomiques et biologiques Sur le 
fruit du genre OEnanthe. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 929 

BRIQUET, p. 566 : Une Graminée à rayer de la flore française. — 

D’après l'auteur, la plante des Alpes de Savoie rapportée à lAgros- 

tis rubra serait le Calamagrostis tenella Host. Ultérieure- 
ment M. Driquet n'a pas maintenu cette opinion. 

— Nouvelle Note sur l'Agrostis rubra des auteurs savoisiens. — Ré- 
pondant aux articles, mentionnés plus loin, de MM. Husnot et 
Songeon et s'appuyant sur l'avis de l'éminent agrostographe Hackel 
qu'il avait consulté, M. Briquet reconnait que l'Agrostis rubra 
de Savoie n'est pas identique avec le Calamagrostis tenella, 
mais il maintient qu'il est aussi distinet de l'Agrostis rubra de 
Scandinavie et il le décrit sous le nom de : AGROSTIS CANINA var. 
SABAUDA Hackel, « varietas valde affinis A. tenelle (Schrader) 
Schleich. et A. boreali Hartm. ». 

— p. 970 : Notice sur le « Hieraciotheca gallica et hispanica » de 
MM. C. Arvet-Touvet et G. Gautier. 

Canpor (J.), pp. 360, 338 : Étude sur la flore bryologique de l'Amé- 
rique du Nord. Revision des types d'Hedwig et de Schwægrichen 
(Planches VII à X). 


CHABERT (A.). p. 423 : La botanique en loterie. 
— pp. 425, 497 : Étude sur le genre Rhinanthus (1). 
— p. 621 : Villars d'aprés sa correspondance de 1805 à 1814. 
— pp. 829, 893 : Souvenirs d'antan. 
CHopar (R.), p. 81: Alphonse de Candolle à l'Université de Genève. 
— p. 827: Pleurococcus et Pseudopleurococcus. | 
Curisr (H.), p. 817: Filices Faurieanæ, — Nov. sp. : Asplenium Fau- 
riei, Aspidium microchlamys, A. transitorium. 
CocNiAvx (A.), p. 120 : Une Orchidée nouvelle du Brésil (Bulbophyl- 
lum cryptanthum). 
CULMA NN (P.), p. 133: Localités nouvelles pour la flore bryologique 
Suisse. | l 
FEDTSCHENKO (Boris), p. 178 : Notes sur quelques espèces du genre 
Prangos Lind. 
— p.185 : Notes sur les Coniféres du Turkestan russe. 
— p.254 : Liste provisoire des espéces du genre Hedysarum. — 
Enumération de 95 espèces, dont 3 incert:e sedis. 


(1) Voyez l'analyse de ce Mémoire plus haut dans ce volume, p. 342 et seq. 
T. XLVI. (SÉANCES) 34 


530 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


FEDTSCHENKO (Boris), p. 825 : Novitiæ flore turkestanicæ. — Spec. 
nov. : Astragalus Muschketowi, A. Chomutowi. 


FEprscuENKO (0. et B.), p. 111: Note sur quelques plantes de Bou- 
kharie. 
— — p. 182: Potentillæ uonnullæ e regionibus turkestanicis allatæ 
et a cl. Siegfridio determinati, 
— — p. 165 : Matériaux pour la Flore du Caucase. 
— — p. 199 : Matériaux pour la Flore de la Crimée. 


Fixer (A.), p. 121 : Notes sur les Orchidées. — I. Hormidium pseudo- 
pygmeum (Pl. III), sp. nov., de Costa-Rica. — II. Sur une forme 
cléistogame de l'Epidendrum bicornutum Hook. 


Fiscuer (Ed.), p. 419 : Beiträge zur Kenntniss der schweizerischen 
Rostpilze. 


Foucaup (J.), p. 696 : Recherches sur le Trisetum Burnoufii Req. 


GarLLAnp (G.), p. 609 : Mélanges rhodologiques. — Études sur les 
Rosa sabauda Rap., pomifera Herrm. et mollis Sm., glauca X 
omissa, glauca X montana. 


Hacker (E.), pp. 637, 701 : Enumeratio Graminum Japoniæ. Verzeichnis 
der Gräser Japans hauptsächlich auf Grundlage der Sammlungen 
der Herren Rev. P. Urb. Faurie in Aomori und professor J. Matsu- 
mura in Tokyo. — Spec. nov. : Miscanthus condensatus, M. 
Matsumuræ, Spodiopogon depauperatus, Panicum Matsumure, 
Agrostis flaccida, Calamagrostis longiseta, C. inæquiglumis, 
C. urelythra, C. Fauriei, Cælachne japonica, Molinia japonica, 
Melica Matsumureæ, Poa Matsumura, P. hakusanensis, P. Fau- 
riei, Asprella japonica, Arundinaria purpurascens, À. Matsu- 
mure, A. vaginata, Phyllostachys Fauriei, Bambusa borealis, 
Arundinaria linearis, Arundo formosana, Eragrostis Makinoi, 
Bambusa stenostachya. 


HarLier (H.), p. 408 : Bausteine zu einer Monographie der Convolvu- 
laceen. 

Herzoc (Th.), p. 489 : Einige bryologische Notizen aus den Waadt- 
länder- und Berner-alpen. 


HOCHREUTINER (G.), p. 459 : Dissémination des graines par les pois” 
sons. 


Huger (J.), p. 194 : Dipterosiphon spelæicola nov. gen. et spec. 
lióhlenbewohnende Burmaniacee aus brasilianisch Guyana (Plan- 
clie IV). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 031 


Huswor (J.), p. 618 : Une Graminée à maintenir dans la flore fran- 
caise (1). 

LŒsENER (Th.), pp. 534, 561 : Plante Selerianæ die von D' Eduard 
Seler und Frau Cecilie Seler in Mexico und Centralamerica gesam- 


melten Pflanzen unter Mitwirkung von Fachmännern veróffent- 
licht. 


Maire (R.), p. 137: Sur un parasite de Lactarius deliciosus. — Hypo- 
myces (Peckiella) Vuilleminianus nov. sp. (Planche V). 


— p. 144: Sur un Hypomyces parasite de Lactarius terminosus. 

MALME (Gust.), p. 75 : Die Xyridaceen Paraguays. — Sp. nov. : Xyris 
(Nomatopsis) guaranytica. 

MEvraw (Ch.), p. 602 : Contributions à la flore bryologique du Jura. — 
Remarques sur Barbula obtusifolia Schwægr., Funaria mi- 


crostoma B. E, Bryum inclinatum B. E, Mnium lycopodioides 
Hook., etc. 


Posr (G.-E.) et AurRAN (E.), p. 146 : Plantæ Postianæ, fasc. IX. 


PRAIN (D.), p. 162 : An account of Corydalis persica Cham. et 
Schlecht. with remarks on certain allied species of Corydalis 
(Plauche VI). 


Ross (H.), p. 262 : Beiträge zur Flora von Siciliens. I. Teil, Erlän- 
terungen und kritische Bemerkungen zum Herbarium siculum. 
I. centurie. 
SCHINZ (H.), p. 23 : Beiträge zur Kenntniss der afrikanischen Flora 
(Neue Folge). X. — Espéces nouvelles créées par M. Hackel dans 
les genres Panicum, Setaria, Enteropogon, Dactylostenium, 
Agrostis, Desmaziera, Eragrostis; M. H. Schinz décrit dans les 
Légumineuses, comme nouveaux types, 2 Pleiospora, 6 Sotono- 
nis, 9 Argyrolobium, 1 Neorantanenia (gen. nov.), 1 Phaseolus ; 
M. R. Schlechter (de Berlin) crée dans les Asclepiadées le Ty- 
lophoropsis Fleckii; les Convolvulacées sont traitées par M. H. 
Hallier de Hambourg. 

— p. 869: Beiträge z. Kennt. d. afrikan. Flora (N. F.). XI; I. Bei- 
träge z. Kenntniss der Pflanzenwelt der Delagoa-Bay, Il. Diagnoses 
plantarum africanarum novarum. 

SONGEON (A.), p. 617 : Sur l'Agrostis rubra des Alpes de Savoie. — 
L'auteur, au sujet de la Note de M. Briquet relative à cette plaute 
et mentionnée plus haut, affirme qu'elle occupe plusieurs localités 


(1) Voy. l'analyse dans ce volume, plus haut, p. 192. 


532 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


dans la flore des Alpes occidentales et que sa radiation ne serait 
pas justifiée. 

Sterani (Fr.), pp. 84, 198, 381, 517, 635, 727, 927 : Species Hepa- 
ticarum. 

WiLpEMAN (E. de), p. 957 : Un Theobroma nouveau (Th. Kalagua), 
de Colombie (Planche XI). 

WiLLiAMS (Fr.-N.), p. 129: Les Cerastium du Japon. — Espèces nou- 
velles : Cerastium robustum, C. Janthes. 


Cinq Appendix : 

N° I. — Crompar (R.), suite des « Plante Hasslerianæ, Énumération de 
plantes récoltées au Paraguay, etc. » (pp. 43 à 88) (voy. les pre- 
miéres parties dans les volumes précédents). 

N° II. — Scuweinrurta (G.), Sammlung arabisch-aethiopischen Pflan- 
zen (pp. 267 à 298, publié en janvier 1899). 

N° III. — Hue (A.-M.), pp. 1 à 52, D's Johan. Müller «lichenologische 
Beiträge » in Flora, annis 1874-1801 editi. Index alphabeticus. 

N* IV. — Société pour l'étude de la flore franco-helvétique, 8* Bulletin, 
13 pages (1). 

N° V. — PaLEZIEUX (Ph. de), Anatomisch-systematische Untersuchung 
des Blattes der Melastomaceen, 84 pages et 3 planches. 

Un avis, placé p. 1015, annonce que M. Eug. Autran abandonne la 
direction du Bulletin de l'Herbier Boissier. EnN. MALINVAUD. 


The Journal of Botany british and foreign (Journal de 
Botanique de la Grande-Bretagne et de l'Étranger), edited by James 
Britten. Vol. XXXVII, n° 433 (janvier) à 444 (décembre 1899); 
1Y-936 pages et 11 planches. Londres, 1899. 

Articles principaux ; 

ARBER (Newell), p. 160 : Relationships of the indefinite inflorescences. 

Baker (E.-G.), Hiern, Moore, ScHLECHTER, ete., pp. 58 : New Soma- 
liland plants. — Otomeria calycina .Hiern, O. rupestris Hiern, 
Oldenlandia fasciculata Hiern, Helichrysum somalense Baker 
fil., Dicoma somalense S. Moore, Lasiotelma somalense Schlech- 
ter, Pterodiscus saccatus S. Moore, P. undulatus Baker fil., 
Hæmacanthus coccineus (genus et sp. nov.) S. Moore, Coleus 
cuneatus Bak. fil., C. speciosus Bak. fil., Otostegia modesta 
S. Moore, Chloris somalensis Rendle. 


(1) Voy. l'analyse dans ce volume, plus haut, p. 526. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 533 


BakEn, p. 344 : Notes on Malvaviscus. — Spec. nov. : M. Polakows- 
kyi, M. brevibracteatus. 


— p. 422 : Rhodesian Polypetalæ. — Plantes rapportées par le D' 
Frank Rand. Spec. novæ : Hibiscus rhodesicus, Melhania Ran- 
dii, Turrea Randii, Ekebergia arborea, Rhus trifoliolata, 
Lessertia stipulata, Dolichos tricostatus, Brachystegia Randii, 
Terminalia Randii, Combretum rhodesicum, Triphostemma 
pedatum. 


BRITTEN (J.), p. 37 : Stellaria media, Question de nomenclature. — 
C’est à tort que l’Index Kewensis attribue à Cirillo la paternité 
de la formule spécifique Stellaria media (Alsine media L.) dont 
la première application incontestable revient à Villars (1789). Le 
texte de Cirillo relatif à cette plante est antérieur (1784), mais 


ambigu. 
— p. 66: Notes on Saxifraga. — Questions diverses de nomencla- 
ture. 


— p. 130: Lamium molle Ait. — Cette plante litigieuse, rapportée à 
tort comme variété au L. purpureum, présente des fleurs blanches 
et doit être identifiée avec le L. parietariæfolium Benth. (= L. 
album var. integrifolium Nolte in Herb.). 


— p.241: Two little known australian Myrtaceæ. — Eugenia pani- 
culata, Myrtus nitida. 


Gerr (A.), pp. 198, 338 : Apodachlya, a genus of Fungi new to Britain 
(pl. 400). 


GROVE (Edm.), p. 411 : Diatoms of Saint-Vincent, West Indies. 


Hiers (P.), p. 347 : Alsine in British Flora. — D’après l'auteur, le 
genre Buda d'Adanson a été considéré à tort comme synonyme de 
Spergularia ou Lepigonum ; on doit plutôt le rattacher au Sper- 
g"laria de Linné. Les espèces suivantes de la Grande-Bretagne 
sont rapportées au genre Alsine : A. rubra Crantz (Spergularia 
rubra nonnull.), A. rupicola (Spergularia rupicola Lebel), A. me- 
dia Crantz (non L.), A. marina Wahlenb. (non Reichb.), et sept 
autres au genre Minuartia élargi : M. stricta (Alsine stricta 
Wahlenb.), M. verna (Alsine verna Wahlenb.), M. rubella (Alsine 
rubella Wahlenb.), M. fasciculata Reichb. (Alsine fasciculata 
Mert. et K.), M. tenuifolia (Alsine tenuifolia Crantz, non Mi- 
nuartia tenuifolia Nees), M. sedoides (Alsine sedoides Kittel), 
M. peploides (A. peploides Crantz). 

— p. 378 : The Capriola of Adanson. 


994 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 
KiNc (sir George), p. 454 : The early history of Indian Botany. 


Lister (Arthur), pp. 145, 463: Note on Mycetozoa. — Nov. spec. Phy- 
sárum echinosporum (planche 398). 


Masrers (Maxwell T.), p. 1: The Bermuda Juniper and its allies. 


Moore (Spencer), pp. 168, 369, 401 : Alabastra diversa. — Spec. nov. : 
Eurya amplexicaulis (Mindoro), Centaurea Bridgesii (Chili), 
Crepis Gillii (W. China), Aptosimum Randii (Buluwayo), Rhi- 
gozum linifolium (Damaraland), Trichosporum Forbesii (Nou- 
velle-Guinée), T. breviflorum (Negros Island), T. nummularium 
(Nouvelle-Guinée), Chirita Forbesii (Sumatra), Pavetta Phil- 
lipsiæ (Somaliland), Vernonia Randii (Rhodesia), Detris sma- 
ragdina (Damaraland), Helichrysum marmarolepis (Namaqua- 
land), H. Dane (Zululand), H. homilochrysum (Transvaal), H. 
Mimetes (Transvaal), Metalasia Massoni (Cape), Eenia dama- 
rensis Hiern et Moore (Compositarum e tribu Inuloidearum nov. 
gen. et nov. sp., Damaraland), Geigeria Eenii (Damaraland), 
G. Randii (Rhodesia), G. pubescens (Rhodesia), Wedelia diver- 
sipapposa (Rhodesia), Pentsia Eenii (pl. 401 B, Damaraland), 
Cineraria Eenii (Damaraland), Senecio Randii (Rhodesia), Eu- 
ryops osteospermum (Rhodesia), Othonna ambifaria (Rhodesia), 
Cullumia Massoni (Cape), Sonchus macer (Rhodesia), Convol- 
vulus omanensis (Arabie), Hildebrandtia undulata et H. obcor- 
data (Somaliland) [planches 401 et 402]. 

Murray (R. P.), pp. 201, 395 : Canarian and Madeiran Crassulaceæ.— 
Sp. novæ : Sedum lanceorottense; Sempervivum percarneum 
et S. hierrense. 

PEIRSON (Henry), p. 360: A hybrid Orchid. — Il s’agit d'un hybride 
résultant du croisement de l'Orchis maculata et du Gymnadenia 
conopeda. 

Raxp (R.-F.), p. 204 : Notes from Rhodesia. 

RENDLE (A.-B.) et WEsr (W.), p. 289 : A new british freschwater 
Alga — Pithophora edogonia var. polyspora (planche 399). 

— p. 339: Two Queensland Orchids. — Eria Fitzalani F. Müll., 
Dendrobium Hollrungii Kränzl. var. australiense. 

— p. 380 : New Grasses from South Africa. — Spec. nov? : Ehrharta 
Schlechteri, Agrostis Schlechteri, A. aristulifera, Pentaschistis 
patuliflora, Tirochlæna major. 

— p.497: Notes on Xyris. — Spec. nov. : Xyris marginata, X. Ri- 
dleyi, X. borneensis, X. Lobbii, X. neocaledonica, X. Panchert, 
X. Thompsoni (planche 403). 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 535 


SALMON (Ern.-S.), p. 241: A new Moss from Afghanistan : Tortula ` 
media (planche 397). 

— p. 449 : On certain structures in Phyllactinia Lév. (planche 403). 

Wzsr (G.-S.), pp. 49, 106, 216, 262, 291 : Alga-flora of Cambridge- 
shire (planches 394-396). — Spec. nov.: Bulbochute ellipsos- 
pora, OEdogonium crassipellitum, Radiofilum flavescens, Pili- 
nia stagnalis, Mougeotia paludosa, Cosmarium basilicum, 
Staurastrum paxilliferum, Oscillatoria decolorata, Synecho- 
COCCUS roseo-purpureus. 

West (W., Jun.), p. 337 : Some Oscillarioideæ from the plankton 
(planche 400). — Nov. spec. : Oscillatoria capitata. 

WizLiam (Fréd.-N.), p. 25 : An account of Velezia. 

— pp. 116, 209, 310, 474 : Notes on Cerastium. 
— p. 258: Teodoro Caruel. — Intéressante Notice consacrée au cé- 
lébre botaniste florentin. 

Woo» (J.-M.), and Evans (M.-S.), p. 251 : New Natal plants (dec. HI). 
— Sp. nov. : Scilla palustris, Albuca affinis, Fadogia humilis, 
Aster uliginosus, Felicia pinnatifida, F. drakensbergensis, 
Berkheya maritima, Oncinotis inandensis, Chlorophytum Hay- 
garthii, Alepidea natalensis. 


Aggiunte alla Florula di Capraia (Addition å la Florule de 
Capraja ; par S. Sommier (Extrait de Nuova Giornale botanico ita- 
liana, nouv. série, vol. V, n° 1, janv. 1898). Broch. de 34 pages in-8°. 


L'île de Capraja fut explorée au siècle dernier par de célèbres bota- 
nistes, d'abord Moris et de Notaris qui, dans leur Florula Caprarie (1), 
publié en 1839, donnèrent l'énumération de 470 espèces vasculaires 
(456 Phanérogames et 14 Cryptogames). En 1852, Requien signalait 
41 espèces nouvelles pour cette Florule (2). Si l'on retranche de ces 
deux listes les espèces douteuses ou pouvant se rattacher à d'autres 
comme variétés, ces réductions ramènent leur total rectifié, pour les 
plantes vasculaires, à 470 espéces, auxquelles M. Sommier, dans la pré- 
sente Note, ajoute une liste supplémentaire de 134 plantes vasculaires 
qui est le fruit de ses récoltes, le total est ainsi porté à 604. De plus 
sont indiquées, à la fin de l'énumération, 18 Cryptogames cellulaires 


. (1) Monis (Giuseppe Giacintho) et Giuseppe De Noramis : Florula Capra- 
riæ, sive enumeratio plantarum in insula Capraria vel spontane nascentium 
vel ad utilitatem latius excultarum. Turin, 1839. mM 

(2) REQUIEN, Due lettere sulla flora di Corsica e di Capraia, in Giornale 
botanico italiano, ann. II (1852). 


536 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


4 Characée (Ch. fragilis), 3 Mousses, 6 Hépatiques, 5 Lichens et 3 
Champignons. 

L'auteur décrit deux espèces nouvelles : 1° SILENE CAPRARIA, « affi- 
nis S.nocturnæ varietatibus brachypetalæ (Rob. et Cast.) et permixlæ 
Jord. »; 2° ROMULEA INSULARIS, intermédiaire pour la couleur entre 
les R. Linaresii Parl. et Requienii Parl., et voisin du R. Revelieri 
Jord. et Fourr. 

Un hybride, Senecio Cineraria X erraticus, a été trouvé au voisinage 
des parents. 

Sont aussi décrits, comme nouveautés, Erodium maritimum forma 
PRÆCOX et Saxifraga granulata var. BREVICAULIS Sommier. 

Quelques espéces sont l'objet de remarques intéressantes : Fumaria 
bicolor Somm. (Flora del Giglia), Rapistrum orientale DC., Silene ita- 
lica Pers., etc. Eryn. MALINVAUD. 


La Spergularia segelalis riammessa nelle flora ita- 


liana; par S. Sommier (Bullett. della Societa botanica italiana, 
janvier 1898), 2 pages. 


Platanthera bifolia Reichb. fricaicarata (Mème Re- 
cueil, juin 1898); 2 pages. 


L'auteur signale des localités, nouvelles pour l'Italie, du Spergularia 
segetalis, plante très rare dans cette flore péninsulaire et qu’on pour- 
rait y croire adventice. Cependant son abondance dans quelques sta- 
tions, notamment sur le mont Scalari, peut être invoquée en faveur 
de l’indigénat. 

À côté de nombreux individus de Platanthera bifolia, dans une loca- 
lité des environs de Florence, l’auteur a observé un pied unique offrant 
l'anomalie décrite dans la seconde Notice, les deux divisions latérales 
externes de la fleur présentaient un éperon à leur base, les autres parties 
étant bien conformées. Notre confrère de Florence examine les conclu- 
sions qu'on peut tirer de ce cas intéressant. Ern. M. 


Osservazioni critiche sopra alcune Papilionacee di 
Toscana e località nuove (Observations critiques sur quelques 
Papilionacées de Toscane, et localités nouvelles); par S. Sommier 
(Bullet. della Societa botanica italiana, maggio 1898). 


Variétés nouvelles créées par l'auteur : 


Melilotus parviflorus Desv. var. DENSIFLORUS : « Spica breviore com- 


pacta, fructibus parum majoribus dense stipatis, caule fistuloso 
elato. » 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 537 


Melilotus sulcatus Desf. var. risTULOsUS > « Caule fistuloso angu- 
loso », etc., cette forme se rapproche des M. infestus Guss. et 
M. sulcatus var. major Cambon (1). 

Trifolium incarnatum L. subvar. STRAMINEUM (Presl pro sp.), plante 
nouvelle pour la Toscane. 

Lotus angustissimus L. forma ELATUS : « Caule usque ad 70 cm. alto, 
longissime ramoso, pedunculis usque ad ultra 7 em. longis. » 


Lotus hispidus Desf. forma ELATUS : « Caule flaccido, fistuloso, usque 
ad 1 m. alto, ramosissimo, ramis valde elongatis... » 


Lotus conimbricensis Brot. et Lathyrus inconspicuus ont été trouvés 
pour la premiére fois en Toscane. Ern. M. 


Pugillus plantarum Caucasi centralis; A cl. M. de Déchy, 
julio 1897 in excelsioribus Chewsuriæ lectarum; determinaverunt, 
S. Sommier et E. Levier (Bullett. della Societa botanica italiana, 
1898). 


M. Maurice de Déchy, en parcourant comme alpiniste la région du 
Caucase, avait recueilli, chemin faisant, quelques plantes qui avaient 
attiré son attention. MM. Sommier et Levier, auxquels cette petite col- 
lection fut communiquée, y trouvèrent 48 espèces déterminables, dont 
ils ont dressé la liste, et, dans ce nombre, deux espèces nouvelles : 
l'une, CERASTIUM CHEWSURICUM, est voisine de C. polymorphum Rup., 
et l'autre, ARTEMISIA CHEWSURICA, a ses principaux rapports avec les 
À. splendens et caucasica. Une variété nouvelle, Catabrosa versicolor 
Boiss. var. stenantha, « a typo differt statura nana, foliis abbreviatis, 
panicula vix colorata et presertim spiculis angustioribus. » 


Ern. M. 


Note sur le Mimulus luteus L., dans le département 
du Pas-de-Calais; par MM. J. Poisson et Béhaguel (Association 
franc. pour l'avancement des sciences. Congrés de Boulogne-sur- 
Mer, 1899). . 


Le Mimulus luteus, Scrofularinée originaire de Californie, a été ren- 
contré, croissant abondamment le long d'une petite rivière, dans un 
petit village reculé du Pas-de-Calais, à Aix-en-Ergny, canton d'Huc- 
queliers, arrondissement de Montreuil-sur-Mer. Cette espèce était en 


. (1) Les auteurs cités, Desfontaines, Gussone, etc., ainsi que tous les bota- 
nistes jusqu'à ces derniers temps (voy. Index Kewensis), s'accordaient avec 
les lexicographes (Rob. Étienne, Forcellini, etc.) pour donner à Melilotus ou 
Melilotos le genre féminin : Melilotus parviflora, sulcata, infesta, etc. 


538 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


(leur le 25 septembre 1899; elle était probablement sortie d'un jardinet 
du voisinage, mais les gens de l'endroit n'ont pu fournir à cet égard 
aucun renseignement. Le Mimulus luteus est d'ailleurs connu depuis 
longtemps pour sa facilité à se naturaliser; il est subspontané dans de 
nombreuses localités en Allemagne et en Autriche, il y a plus d'un demi- 
siècle Kirschleger lesignalait en Alsace, on l'a trouvé dans les prairies 
humides des environs de Saulieu (Cóte-d'Or), etc. 


EnN. MALINVAUD. 


Premier et second Supplément à la Flore de la Mayenne; 
par M. Hector Léveillé. Ensemble 122 pages in-8°. Le Mans, 1895- 
1899. 


L'auteur, au début de ce travail, donne deux listes de « Botanistes 
ayant bien mérité de la flore de la Mayenne »; dans la premiére de ces 
listes sont mentionnés les botanistes actuellement vivants, et dans la 
seconde les défunts. Puis la bibliographie des « Documents relatifs à 
la flore dela Mayenne » est soigneusement dressée; au cours de l'ou- 
vrage, chaque découverte est rapportée à celui qui en a eu le mérite. Ce 
souci scrupuleux des règles de la probité scientifique pourrait servir 
d'exemple à certains floristes contemporains qui wer tiennent aucun 
compte. 

Il suffira, pour montrer l'importance relative des découvertes relatées 
dans ces deux Suppléments, de signaler les espéces suivantes qui s'ajou- 
tent au précédent inventaire de la flore de la Mayenne (1): Fumaria 
Vaillantii et densiflora, Arabis hirsuta, Neslia paniculata, Helianthe- 
mum umbellatum, Spergula Morisonii, Cerastium arvense, Gera- 
nium striatum (adventice), Medicago denticulata, Melilotus indica, 
Lotus hispidus, Hippocrepis comosa, Vicia villosa, Potentilla argentea 
(omis par erreur dans la « Petite Flore »), Hippuris vulgaris, Torilis 
nodosa, Rubia tinctorum, Symphytum tauricum (adventice), Anchusa 
italica, Atropa Belladonna, Verbascum Schiedeanum (nigro-Lychnitis), 
V. Schottianum (nigro-pulverulentum), V. blattario-nigrum, Linaria 
ochroleuca, Sibthorpia europea, Orobanche amethystea, O. Heder®æ, 
Ajuga genevensis, Salvia Verbenaca, Amarantus retroflexus, Salis 
undulata (triandra-alba), S. rugosa (viminalis-cinerea), S. caprea- 

cinerea, S. viridis (fragilis-alba), Triglochin palustre, Naias major, 
N. minor, Muscari racemosum, Carex punctata, C. fulva, C. mixta 
(flava-(Ederi), C. Mairii, C. polyrhiza, C. Davalliana, C. teretiuscula, 


(1) Hector LÉVEILLÉ, Petite Flore de la Mayenne, ouvrage analysé dans 
ce Bulletin, t. XLII (1895), p. 378. dites 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 239 


C. Buxbaumii, C. humilis, C. tomentosa, C. Halleriana (on reconnait 
que l'auteur étudie monographiquement le genre Carex); Heleocharis 
uniglumis, Cladium Mariscus, Coleanthus subtilis, Botrychium 
Lunaria, Polypodium Phegopteris, Aspidium Oreopteris, Lycopodium 
complanatum, Marsilea quadrifolia. 

Soit près de 60 espèces nouvelles pour le département observées en 
moins de cinq ans. 

Les suppressions par suite d'erreurs précédentes sont en très petit 
nombre. Ainsi l’Iberis amara, naguère indiqué sur les vieux murs à 
Laval, n'y a pas été retrouvé et ne serait fort probablement qu'un 7. um- 
bellata méconnu. 

On remarquera quelques innovations : Fumaria grammicophylla 
Lév. et Parmentier (— F. parviflora Lamk); Epilobium neriifolium 
Lév. (— E. spicatum Lamk). L'auteur ne se conforme pas toujours 
aux Lois de la nomenclature; sur un point cependant il en a bien mé- 
rité, en substituant à Globularia Willkommii qu'il avait adopté dans sa 
Petite Flore le nom correct G. vulgaris. Ern. M. 


Observations sur quelques plantes critiques de l'Ouest 
et plus particulièrement de l'Anjou, par E. Préaubert, professeur au 
Lycée, et G. Bouvet, directeur du Jardin des plantes d'Angers (Bull. 
Soc. d'études scientif. d'Angers, 1898. Broch. de 35 pages in-8°; 
Angers, 1899. 


ROSES HYBRIDES DES ENVIRONS D'ANGERS. — Les auteurs mention- 
nent d'abord les « hybrides anciennement connus (avant 1870) en Saint- 
Barthelemy ». Ce sont : Rosa Boræana Béraud, R. silvatica Tausch, 
R. transmota Crép. (R. psilophylla Bor. non Rau), R. collina Jacq., 
décrits tous les quatre par Boreau. D'autres ont disparu : R. macrantha 
Desp., R. Friedlanderiana Bess., R. Guepini Desv., R. arvina Krock. 
(Les trois derniers existent encore au Jardin botanique d'Angers.) Puis 
six « hybrides nouveaux ne figurant pas dans le Catalogue de Boreau » : 
R. geminata Rau, R. hybrida Schleich., R. decipiens Bor., R. aus- 
triaca? Crantz, R. Hyana Préaub. et Bouv., R. systyla erubescens 
Préaub. et Bouv. 


Note sur v'Hieracium flagellare Willd. (H. rupellense Maillard). — 
M. Maillard, qui a découvert cette plante près de La Rochelle, la consi- 
dérait comme hybride des H. præaltum et Pilosella dontelle emprunte 
les caractères. Lloyd y voyait une espèce autonome (Fl. de l'Ouest, ed. 
5, p. 212), parce qu’elle se reproduit de graines sans altération dans les 
Caractères; on connaît toutefois des hybrides fixés et féconds. L'Hiera- 
cium flagellare s'est montré, identique à la plante de La Rochelle et à 


540 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


côté des parents présumés par Maillard, dans la partie du Jardin bota- 
nique d'Angers réservée autrefois à Boreau. L'hypothèse d'une origine 
par voie d'hybridation est ainsi confirmée. 


VERBASCUM HYBRIDES RECUEILLIS JUSQU'A CE JOUR EN MAINE-ET- 
Lorre, au nombre de 12; répondant aux croisements ci-après : V. Thap- 
sus x thapsiforme (Humnicki Franch.), RR.; V. thapsiforme X floc- 
cosum (nothum Koch), AC.; V. Thapsus X floccosum (Godroni Bor.), 
R.; V. Thapsus X Lychnitis (spurium Koch), a disparu; V. thapsi- 
forme-nigrum (adulterinum Koch), R.; V. nigrum X floccosum (X 
Schottianum Koch), R.; V. floccosum X Lychnitis (Euryale Franch.), 
R.; V. Lychnitis X floccosum (Nisus Franch.), R.; V. Blattaria X 
floccosum (macilentum Franch.), PC.; V. Blattaria X thapsiforme 
(Bastardi Rem. et Sch.), C., c’est le plus fréquent; V. blattarioides 
X Thapsus (Lemaitrei Bor.), R.; V. blattarioides X thapsiforme 
(Martini Franch.), RR. 

Il est à remarquer que, le plus souvent, ces hybrides se maintiennent, 
au moins pendant plusieurs années, dans les mémes localités; il en est 
qui, signalées par Boreau dans son Catalogue de 1859, existent encore 


de nos jours. Les auteurs entrent dans d'intéressantes explications sur 
ce sujet. 


UNE GRAMINÉE MÉCONNUE, Agrostis ericetorum Préaub. et Bouv. 
(A. vinealis Desv.! an Schrad.)? — En raison des incertitudes qui obs- 
curcissent la notion du véritable Agrostis vinealis, les auteurs, pour 
fixer les idées, ont cru devoir donner à leur plante un nom nouveau; 
ils la rapprochent de l’ Agrostis canina, dont elle se distingue par sa 
coloration d'un vert jaunàtre et non d'un vert clair, par ses feuilles 
radicales d'abord planes et non toujours enroulées, par les nœuds 
inférieurs de la tige ne portant jamais d'innovations, par les feuilles 
caulinaires offrant environ 20 stries et non seulement au plus 14 stries, 
par les glumes ne s'écartant pas pendant l'anthése, etc. Cette Graminée 
habite les terres argileuses des landes et bois clairs et parait avoir une 
aire de dispersion considérable. 


UNE GRAMINÉE PROBLÉMATIQUE, Agrostis glaucina BAST. — « Cette 
plante n’est connue que par une description de Bastard reproduite dans 
Boreau (Fl. centr. ed. 3, p. 687) et par deux échantillons insuffisants, 
conservés, l'un dans l'herbier Boreau, l'autre dans l'herbier Guépin. Il 
semble que jamais personne autre que Bastard n'ait eu une idée nette de 
celle plante », qui se rattacherait, d’après Guépin (Fl. Maine-et-Loire) 
à PA. vulgaris et, selon Mutel, à PA. setacea. L'examen des deux 
exemplaires incomplets, les seuls qu'on connaisse, conservés dans les 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. o41 


collections de Boreau et de Guépin, ne contredisant ni l'un ni l'autre de 
ces rapprochements, peut-on en conclure qu'on est en présence d'un 
hybride A. vulgaris X setacea? L'extréme rareté de ce type, équivoque 
méme du temps de Daslard, serait un argument à l'appui de cette thése. 
Toutefois on ne saurait se prononcer définitivement, et PA. glaucina de 
Dastard reste une Graminée problématique. Ern. MALINVAUD. 


Une plante nouvelle, Vicia Marchandi Gillot et Rouy (V. lutea 
x angustifolia), par M. le D" X. Gillot (Soc. d'Hist. nat. d Autun, 
24 septembre 1899). 4 pages in-8*. 


Ce nouvel hybride, trouvé le 1* juin 1899 aux environs du Creusot 
par M. Marchand, instituteur, a le port, les feuilles et le fruit du Vicia 
angustifolia, la fleur et les graines du V. lutea; la corolle est d'un 
jaune pâle uniforme. Le V. Marchandi, croissant au voisinage du V. 
angustifolia et en mélange intime avec le V. lutea qui est probable- 
ment la plante mère, serait, d’après l'ancienne nomenclature de Schiede, 
un V. angustifolio-lutea, ou mieux, d’après la notation plus justement 
en usage aujourd'hui, un V. lutea X angustifolia. Ern. M. 


Histoire du Valerianella cupulifera Le Gr.; par Ant. 
Le Grand (Mém. Soc. histor. du Cher). 6 pages et 1 planche in-8*; 
Bourges, 1899. 


Le Valerianella cupulifera a été décrit par son auteur dans ce Bul- 
letin [t. XLIV (4897), p. 219]. L'hypothèse d'un phénomène d'hybrida- 
lion ayant été émise au sujet de celte plante, M. Girod, botaniste zélé 
de Gap, suivant le conseil de M. Le Grand, la soumit à une expérience 
de culture dans le but de résoudre cette queslion douteuse. Deux semis 
successifs produisirent plusieurs individus bien conformés qui don- 
nèrent en juin de nombreuses graines. L'expérimentateur en conclut 
que le Valerianella cupulifera n'est pas un hybride. 

Cette Notice est accompagnée d'une planche où sont exactement fi- 
gurés les remarquables caractères du fruit. i 

Le Valerianella cupulifera est assez répandu dans plusieurs localités 
des environs de Gap; on le rencontre surlout dans les terres en jachère, 
il semble préférer les pentes bien exposées des terrains argilo-calcaires. 
On le trouve souvent seul et, quand il pousse avec d’autres Valerianella, 
il est presque toujours le plus abondant. Ern. M. 


Contributions from the U. S. national Herbarium (Con- 
tributions extraites de l'Herbier national des Etats-Unis), vol. 9, 
n° 4, pp. virt, 145-260 et r-viir (Index). Planches XVIII-LXIV. Was- 
hington, 1899. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Ce numéro contient : 


Rose (J.-N.) STUDIES OF MEXICAN AND CENTRAL AMERICAN PLANTS, n° 2. 


— 1° Fougères récoltées aux environs de Mexico par J.-N. Rose 
en aoüt et septembre 1897, déterminées par G.-E. Davenport. — 
2» Nouvelle classification du sous-ordre des Agavées (tabl. XVIII, 
Pseudobravoa densiflora). — 3° Synopsis des espèces du genre 
Nissolia croissant dans l'Amérique septentrionale (espéces nou- 
velles : Nissolia Pringlei, N. Dodgei, N. multiflora, N. guate- 
malensis, N. Nelsoni). — 4 Notes sur les Rutacées (esp. nouv. : 
Zanthoxylum longipes, Z. occidentale. — 5° Notes sur les Tur- 
néracées (esp. nouv. : Turnera Pringlei). — 6" Notes sur les 
espèces mexicaines du genre Clitoria (esp. nouv. : Clitoria hu- 
milis, C. subsessilis). — 7° Notes sur les Malvacées et les Bom- 
bacées (esp. nouv. : Abutilon Goldmani, Periptera macrostelis 
(tab. XIX), Malvaviscus lanceolata, Sida Holwayi, Spheralcea 
arida, Wissadula tricarpellata, Malvastrum Greenmanianum, 
Robinsonella discolor).— 8" Notes sur les Passiflorées [esp. nouv.: 
Passiflora colimensis (tab. XX)]. — 9" Synopsis des espèces de 
Waltheria de l'Amérique septentrionale (esp. nouv. : Waltheria 
operculata, W. acuminata, W. acapulcensis. — 10° Notes sur 
quelques espèces mexicaines du genre Thalictrum [Thalictrum 
peltatum DC. (tab. XXT), T. jaliscanum, T. cuernavacanum, T. 
pachucense, T. madrense]. — 11^ Cedrela (esp. nouv. : Cedrela 
occidentalis C. DC. et Rose, C. oaxacensis C. DC. et Rose). — 
12* Notes sur des Légumineuses rares ou nouvelles (esp. nouv. : 
Æschynomene acapulcensis, Æ. compacta, Æ. fruticosa, Æ. 
Palmeri, Æ. simulans; Calliandra oaxacana, C. penduliflora, 
C. unijuga, C. levis; Acacia subangulata ; Brongniartia la- 
nata, B. diffusa; Cassia Pringlei, C. unijuga). — 13° Diverses 
espèces nouvelles ou rares [esp. nouv. : Ayenia fruticosa, Celas- 
trus Pringlei, Cleome humilis, Cuphea trichopetala, C. cristata, 
C. Kæhneana (tab. XXII à XXV), Gronovia longiflora, Hippo- 
cratea pauciflora, H. utilis, Nesea Pringlei, Ranunculus ma- 
drensis, Samyda mexicana.] 


Henderson (L.-F.) : Deux espèces nouvelles des États-Unis du nord- 


ouest (Aster latahensis Henders. et Angelica Roseana Henders. 
(tab. XXVI). 


Coulter et Rose : Hesperogenid, A NEW GENUS OF UMBELLIFERÆ 


FROM MOUNT RAINIER (tab. XXVII). -— Hesperogenia Stricklandi 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 043 


Coult. et Rose spec. nov. Ce nouveau genre est voisin des Muse- 
niopsis. 


Rose: THREE NEW SPECIES OF TRADESCANTIA FROM THE UNITED STA- 
TES. — Tradescantia humilis, T. gigantea, T. scopulorum. 


Rose : TRELEASEA, A NEW GENUS OF COMMELINACE E. — Trois espèces : 
T. brevifolia (Torr.) Rose, T. leiandra (Torr.) Rose, T. tumida 
(Lindley) Rose. Ces espéces étaient précédemment placées dans le 
genre Tradescantia. 


Rose: NOTES ON USEFUL PLANTS OF Mexico, avec de nombreuses plan- 
ches (tab. XXVIII à LXIV). Ern. MariNvAUD. 


Note sur le Rosa ischiana Crépin; par M. Émile Burnat 
(Extrait de l'Herbarium Rosarum de D' Pons et abbé Coste, 5* fasci- 
cule). 7 pages in-8*. 


L'auteur a fait, du 18 au 25 juin 1898, un séjour à l'ile d'Ischia 
(Italie), pour étudier sur place les diverses formes que Gussone avait 
rapportées au R. canina (1) et que Crépin a réunies sous le nom de 
Rosa ischiana ; M. Burnat décrit ce type minutieusement ainsi que ses 
nombreuses variations « concernant surtout la présence ou l'absence de 
glandes sur les rameaux, sur les feuilles, les pédoncules et les sépales, 
la pubescence ou la glabréité foliaire, la dentelure, simple, plus ou moins 
double, ou trés composée, la villosité ou la glabréité stylaire, etc. ». 
Cerlains individus offrent le port d'un R. canina lutetiana. Divers 
échantillons hyperglanduleux avec des sépales peu développés montrent 
des rapports avec les Rubigineuses; d'autres exemplaires semblent se 
rattacher au groupe du R. tomentella. En un mot, le R. ischiana four- 
Dit « un exemple trés frappant de l'extréme variabilité des caractères 
morphologiques que présentent certains groupes du genre Rosa ». Cette 
intéressante observation, confirmant la célébre remarque de Linné sur 
les Rosa (2), est des plus suggestives au point de vue de l'élargissement 
de la notion de l'espéce et d'un retour à la vaste compréhension primi- 
tive du R. canina. Ern. M. 


(1) Rosa canina var. a. vulgaris et g. collina Guss. Enum. plant. vasc. 
Inarim. (ann. 1855), p. 120 et herb.! =R. ischiana Crépin, in Bull. Soc. 
roy. bot. Belg. (ann. 1869); Burnat et Grem. Obs. Roses Italie (ann. 1886); 
Cesati, Pass. et Gib. Comp. fl. ital., p. 670. . | 

(2) « Species Rosarum difficillime limitibus circumscribuntur, et forte na- 
tura vix eas posuit » Linné Spec. plantar., ed. 2, p. 705. 


544 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


La Botanique en Provence au XVI siècle : PIERRE PENA 
et Marnias DE LoBEL, par M. Ludovic Legré (1). Un volume in-8° de 
263 pages. Marseille, 1899. 


Dans la préface, M. Ludovic Legré expose les raisons qui l'ont engagé 
à aborder une série d'études sur les botanistes du seizième siècle. 

L'Université de Montpellier, brillant alors d'un vif éclat, attirait dans le 
midi de la France un grand nombre d'étudiants, regnicoles ou étrangers, 
qui venaient surtout pour apprendre la médecine, et, comme les plantes 
constituaient alors presque entièrement la matière médicale, un bon 
praticien ne pouvait se dispenser d’être un expert botaniste. Parmi ces 
étudiants de Montpellier, il en est qui devinrent de célèbres phytographes 
et attachèrent leur nom à de grandes publications floristiques. L'un de 
ces ouvrages a pour litre Stirpium adversaria nova et il est signé de 
deux noms : Pierre PENA et Mathias pe Lopez. Ce livre, fruit d'obser- 
vations personnelles faites en diverses contrées, témoignait du progrès 
considérable accompli dans les méthodes scientifiques. Jusqu'alors, et 
pendant une longue suite de siècles, on s'était borné à des commentaires 
sur les opinions des naturalistes ou des praticiens de l'antiquité; à ce 
systéme étroit et stérile allait succéder le régne de l'observation directe 
des phénoménes de la nature. 

Le nom de Mathias de Lobel n'a pas cessé de jouir d'une légitime 
célébrité ; il est mentionné dans toutes les Biographies générales et se 
perpétue dans le genre Lobelia, type de la famille des Lobéliacées. 
Quant à Pierre Pena, il est presque oublié et, depuis plus de deux 
siécles, les botanistes du plus grand renom, Tournefort, Linné, De 
Candolle, etc., lorsqu'ils font quelque emprunt aux Adversaria, ne 
citent que Mathias de Lobel comme auteur de ce livre. M. Legré impute 
cette disgrâce de Pena aux procédés peu délicats et couronnés de succès 
dont usa son collaborateur Lobel pour faire accroire à la postérité qu'il 
était l'unique auteur des Adversaria. Notre confrère, s'attachant à ré- 
parer cette injustice, montre, à l'aide de preuves déduites avec beau- 
coup de sagacité et en grande partie empruntées au texte méme des Ad- 
versaria, que Pena, dont le nom figure le premier sur le frontispice de 
ce monument scientifique, en fut en réalité le principal artisan. 

Pierre Pena était provençal. Il appartenait à une famille noble, ori- 
ginaire de Moustiers, et il était né à Jouques (Bouches-du-Rhône) I! 
avait un frére ainé qui fut pendant de longues années conseiller au Par- 
lement d'Aix. Un autre frère, nommé professeur au Collège de France, 


(1) Voy. dans le Bulletin, t. XLIV (1897), Compte rendu de la session de 
Barcelonnette, pp. xt-xLvit, un extrait de cette étude. 


mnt E 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 545 


avait conquis de bonne heure une grande réputation comme mathéma- 
ticien et comme astronome; mais il était aussi quelque peu astrologue 
et il avait lu dans les étoiles que son jeune frère Pierre Pena, en s'adon- 
nant aux études médicales, au lieu de poursuivre l'état militaire qu'il 
avait d'abord embrassé, ne tarderait pas à aequérir grande renommée et 
fortune. En effet, aprés avoir étudié la botanique et la médecine en 
Italie et récolté des plantes en divers pays, Pierre Pena vint à Mont- 
pellier, où il rencontra Mathias de Lobel. I] partit ensuite, en compagnie 
de celui-ci, pour l'Angleterre, où furent imprimés et publiés les Adver- 
saria (1571), puis il vint s'établir à Paris comme médecin spécialiste, 
y obtint de brillants succès, et guérit méme, a-t-on dit, d'une grave ma- 
ladie le roi Henri HI, qu'il compta parmi ses clients. Nous définirons 
suffisamment le genre médical dans lequel il excellait en ajoutant qu'il 
fut le Ricord de son siècle. 

Au temps de ses excursions botaniques, Pena avait beaucoup herborisé 
en Provence et en Languedoc. Dans le volume des Adversaria une large 
place a été réservée à la description des végétaux qui croissaient alors 
dans le midi de la France et à propos desquels Pena a noté un grand 
nombre de particularités relatives à la topographie, la langue,le com- 
merce, l'industrie et l'état social du pays. M. Legré a soigneusement 
relevé tous ces détails, qui sont de nature à intéresser méme les lecteurs 
les plus étrangers aux études scientifiques. Nous signalerons les pas- 
sages suivants : p. 69, Marseille et ses environs, Mont-Redon, localité 
classique pour les botanistes herborisants ; — p. 72, étymologie du mot 
francais Tarton-raire (1); — p. 84, le jardin du baron de Méolhon, gou- 
verneur de la ville, et les plantes exotiques qui y étaient eultivées; — 
p. 92, la Sainte-Baume et sa florule; — p. 107, Hyères et ses Palmiers ; 
et p. 111, le marquis d'Elbeuf, général des galéres, empoisonné par du 
chanvre aux environs de cette ville; — p. 96, Brignoles (Var) et ses 
prunes célèbres; — p. 105, le liège et ses divers emplois; — p. 209, 
l'extraction de la soude par la combustion du Salsola Kali; — p. 217, 
l'introduction du tabac et la facon primitive de le fumer, etc., etc. 

Aux mérites supérieurs du botaniste el de l’érudit, notre confrère 
joint un talent d'exposition qui sera fort goüté par ses lecteurs. 


Ern. MALINVAUD. 


Le botaniste lyonnais Claudius Martin et les Acer et Typha 
Martini qui lui ont été dédiés, par Antoine Magnin (Annales Soc. bot. 
de Lyon, 1899). 


(1) « ... Dicitur Tarton-arrayro, id est tarde alvum lubricans... » (Bauhin, 
Hist. plantar. univ.). 
T. XLVI. (SÉANCES) 35 


546 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Claudius Martin, né à Lyon en 1833 et décédé en 1870, entra en 1847 
et resta six ans comme employé chez Alexis Jordan, auquel il rendit 
d'importants services et, pour l'en récompenser, le célèbre botaniste 
lyonnais lui dédia deux espèces nouvelles, un Typha trouvé par Cl. 
Martin sur les bords du Rhône en amont de Lyon, et un Acer rencontré 
au Mont-d'Or lyonnais. M. Magnin fait remarquer que ce sont les deux 
seules plantes auxquelles Jordan ait voulu attacher le nom de son pré- 
parateur; d'autres Martini concernent différents botanistes du mémé 
nom, notamment D' Martin, d'Aumessas, Émile Martin, de Romo- 
rantin, etc. 

La seconde partie de la Notice est consacrée aux deux plantes ci- 
dessus mentionnées. 

Jordan avait décrit en 1849, sous le nom de Typha gracilis (1), la 
plante nouvelle découverte par Claudius Martin; mais ayant appris qu'il 
existait déjà dans la science un T. gracilis publié dans les Icones de 
Reichenbach (2), il changea ce nom en T. Martini Jord. (1851) (3). 

Des observations plus récentes, les premières faites du vivant de 
Jordan dans ses cultures, d'autres postérieurement, sur les bords mémes 
du Rhône, ont prouvé que T. Martini n'était qu'une modification acci- 
dentelle du 7. minima : « elle se produit quand, à la suite d'une crue 
persistante, la plante se développe dans une eau plus profonde que 
d'ordinaire; sa floraison est alors retardée de plusieurs semaines; les 
feuilles prennent un plus grand développement et arrivent à dépasser 


la tige florifère, les épis s'allongent aussi davantage, ainsi que les brac- 
tées » (4). 


(1) TYPHa Gracilis Jord. Catal. Jard. Grenoble, 1849, p. 24; Observations 
sur plusieurs plantes nouvelles, T° fragment, 1849, p. 43; voy. Cariot, étude 
des Fleurs, 2° édit. (1854), p. 496, et 8* édit. (1889), p. 832; Gren. Godr., FI. 
Fr. lll, p. 335. | 

(2) Typha gracilis Schur (et non Suhr) in Reichenb. Icon. IX (1847), t. 520, 
f. 744; Schur, Enum. pl. Trans. 637. 

(3) TYPHA ManriNI Jord. Annot. au Catal. Jard. bot. Grenoble(1851), P- 8. 
Voy. aussi Fourreau, Catal. Fl. bords du Rhône (1869), p. 171; Cariot, Et. 
des Fl., 5° et 6° éditions (1872-1879). — L'Index Kewensis rapporte le Typha 
Martini Jord. comme synonyme à T. Lazmanni Lepech. [Nov. Act. Acad. 
Petrop. (1801)]. 

(4) Grenier, dans sa Flore de la chaine jurassique (1865), p. 813, décrit 
en ces termes la variété B. serotina du T. minima : « Tige grêle de 2-5 déci- 
metres, naissant au centre d'un fascicule de feuilles étroitement linéaires (1 mil- 
limètre) et dépassant ordinairement la tige. Épis restant cylindracés. Ce n'est 
certainement qu'une floraison accidentelle et automnale des fascicules fo- 
liaires du type. » Nous sommes surpris que Grenier n'ait pas reconnu dans 
cette variété serotina la plante qu'il avait décrite dans la Flore de France, 
I, 335 (ann. 1855), sous le nom de T. gracilis Jord. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 547 


L'Acen ManriNt Jord. (Pugillus 1852, p. 52) (1) tient à peu près le 
milieu, par son port et la forme de ses feuilles, entre PA. monspessu- 
lanum et VA. campestre. Tl diffère de tous les deux par ses grappes 
fructiféres entièrement pendantes et à pédoncule très allongé; d’après 
M. Magnin, il se rapproche surtout de l A. monspessulanum et n'en 
serait qu'une forme. L'étude des caractères anatomiques, de méme que 
l’examen organographique, paraît confirmer cette manière de voir, et ce 
serait à tort que Nyman et Pax ont rapproché PA. Martini de l'A. opu- 
lifolium (2). | Ern. M. 


Enumeratio plantarum auno 1890 in Caucaso lectarum: 
par S. Sommier et E. Levier. Additis nonnullis speciebus a claris 
viris H. Lojka, G. Radde, N. de Seidlitz et fratr. Brotherus in eadem 
ditione lectis, cum tabulis lithographicis XLIX ab E. Levier et C. 
Cuisin delineatis (Actorum Horti Petropolitani, vol. XVI). Un vol. 
in-8° de xxiv, 587 pages. Saint-Pétersbourg et Florence, 1900. 


La conquéte russe a ouvert définitivement le Caucase à l'exploration 
scientifique. Ce puissant massif, qui couvre une étendue à peu prés égale 
à celle de la France, avec des sommets dépassant 5,000 mètres, avait 
été plus ou moins parcouru, et dés longtemps, puisque l'honneur d'y 
avoir fait les premières recherches revient à notre Tournefort (1717). 
Bieberstein, Ledebour, Trautvetter longtemps aprés lui, ont accumulé 
les principaux éléments de la statistique floristique du Caucase; mais 
l'Rerborisation n'y était pas sans danger. Depuis trente ans seulement, 
la sécurité y est devenue assez grande pour que les chercheurs se soient 
rapidement multipliés, en raison méme des facilités du parcours. En 
méme temps, le gouvernement russe créait à Tiflis un musée du Cau- 
case, et en confiait la direction à l'un des plus fidéles explorateurs du 
massif. M. G. Radde publiait d'ailleurs, en 1899, une magistrale étude 
où il résumait ses longues recherches et celles de tous ses émules. 
Nous en avons rendu compte en son temps (3). Il pouvait faire valoir les 
efforts de MM. Sommier et Levier, qui publiaient peu à peu les résultats 
de leurs recherches; l'un d'eux avait donné, du reste, dés 1894, un récit 
détaillé de leur voyage (4). u | 

Depuis, M. Lipsky a donné, de la flore du Caucase, une statistique qui 
témoigne de sa grande érudition et qui prouve l'extréme richesse de ce 


(1) Cf. Soc. Linn. Lyon, 1852, p. 263; Car. Ét. des Fl., 2* édit. (1854), 
p. 85, etc. uu 

(2) Cf. Nyman, Conspectus (1878), p. 135; Pax, Monogr. Acer, p. 225. 

(3) Voy. plus haut, dans ce volume, p. 471. | | 

(4) E. Levier, A travers le Caucase, Neufchàtel (Suisse), 1894. 


548 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


puissant massif (1). Bien qu'il ne mentionne pas moins de 4,430 espèces, 
il est évident que nous sommes loin de connaitre la végétation d'un 
massif où toutes les conditions semblent réunies pour assurer l'extréme 
variété de la flore. La puissante chaine s'étend sur une longueur de 
1,200 kilomètres, orientée de PE. N.-E. à PO. S.-0., livrant à l'action 
du soleil du midi ses formidables murailles couronnées de cimes dont 
cinq dépassent 5,000 métres, crénelées de cols dont un grand nombre 
dépassent 3,000 mètres. Vers le sud, une profonde coupure draine les 
eaux des sommets pour les porter à la mer Caspienne par le Kour, à la 
mer Noire par le Rion. Mais ce puissant massif est bien loin d'offrir 
à la végétation les conditions homogènes de nos Pyrénées. Entre la 
France et l'Espagne, l'orientation des versants domine tout le reste, el 
il faut arriver aux deux extrémités de la chaine pour trouver, entre les 
basses Pyrénées du Béarn et les petites Pyrénées du Roussillon, le 
témoignage évident d'un changement de climat sur la flore. 

On pourrait peñser, à première vue, qu'au Caucase, l'orientation étant 
sensiblement la méme, les mémes causes agissent de la méme maniére 
et que les phénomènes y sont seulement accrus en raison directe des 
distances et des hauteurs. Il n'en est rien. Si différents que puissent étre, 
en un point déterminé de la chaîne, le versant nord et le versant sud, Si 
incontestable qu'y soit l’action échauffante du soleil sur les parois méri- 
dionales, la végétation du Caucase est dominée par sa climatologie 
spéciale. Du cóté de l'ouest, le versant méridional est à la fois chaud el 
humide; chaud comme notre Côte d’azur au voisinage de la mer, mais 
bien plus humide. Il tombe 1200 millimètres d'eau à Souchoum-Kalé, 
2350 à Batoum. Il fait chaud comme à Hyéres, et humide comme à 
Brest. Aussi ne peut-on s'étonner du caractère nettement subtropical de 
la végétation de la Colchide, que couvrent des foréts puissantes et impé- 
nétrables. Du côté de la mer Caspienne, sous l'action des vents déser- 
tiques du Turkestan, le climat est affreusement sec; les nombreux tor- 
rents qui, de ce cóté, ont buriné la paroi du Caucase, n'aboutissent pas 
au fleuve; et ne lui donnent pas d'eau; à Bakou, l'eau est un objet de 
grand luxe. Il ne peut y étre question que de steppe ou de désert; et 
ces conditions se reproduisent, avec quelques variations, sur le versant 
nord. Vers l'est, le versant nord ne donne point d'eau à la mer Cas- 
pienne, les formes désertiques de l'Asie transcaspienne s'y mêlent aux 
formes subalpines et alpines et se confondent avec elles; mais, à mesure 
qu'on s’avance vers l'ouest, des rivières de plus en plus courtes, mais de 
plus en plus abondantes, grossissent le Terk et, au delà de l'Elbrouz, le 


(1) Lipsky (V.-J.), Flora Kaukaza (Travaux du Jardin botanique de Tiflis, 
vol. IV, 1899), Un vol. gr. in-8°, 584 pages. 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 549 


Kouban reçoit beaucoup d’eau. Sur ce versant nord du Caucase, c’est 
partout le steppe; mais c'est un steppe désertique, ou pour mieux dire, 
le désert vers les bords de la Caspienne; c'est le steppe russe uniforme 
dans le bassin du Kouban. ' 

Ce n'est pas tout. La végétation de nos massifs de l'Europe occidentale 
a été profondément affectée par les glaciers quaternaires. Sauf quelques 
vallées privilégiées du versant sud, toutes les Alpes occidentales ont été 
couvertes par la grande calotte glaciaire; la végétation subtropicale qui 
couvrait l'Europe occidentale à la fin de l'époque tertiaire, fuyant les 
conditions défavorables, avait péri sur les rives de la Méditerranée, qui 
s’opposaient à ses migrations. Nous ne trouvons plus, dans l'Europe occi- 
dentale, qu'un petit nombre de représentants de cette végétation ter- 
tiaire. 

Les phénoménes glaciaires ont perdu rapidement de leur puissance vers 
l'est de l'Europe ; ils ont laissé libres toutes les basses vallées du Caucase 
et sans doute l'anti-Caucase, le massif arménien et les Alpes pontiques. 
Si donc, comme on doit le penser, la flore tertiaire du Caucase a été 
refoulée vers le bas par les froids de la période glaciaire, elle a trouvé, 
au pied méme du massif, en Colchide, dans l'Elbrouz et le Talich, sur 
les rives méridionales de la Caspienne et dans bien des vallées de l'anti- 
Caucase, un refuge assuré. C'est à cette circonstance sans doute que les 
zones inférieures et subalpines du Caucase doivent leur extréme richesse 
floristique. 

Pendant longtemps encore, le Caucase assurera une abondante moisson 
aux recherches des botanistes. Pendant longtemps encore, il faudra 
réunir des qualités particulières pour les exploiter ; mais, de quelque côté 
qu'il aborde ces montagnes, le botaniste y trouvera de nouveaux faits 
intéressants pour la science. MM. Sommier et Levier en ont exploré les 
versants nord et sud dans la partie occidentale. 

Nous ne reviendrons pas sur des résultats généraux que les lecteurs du 
Bulletin n'ont pas oubliés. Rappelons seulement que les zones subalpines 
et alpines du Caucase et du haut massif arménien représentent le type 
de végétation commun à toutes les hautes chaines de l'Eurasie. Le Cau- 
case, intermédiaire entre les Alpes et l'Himalaya, est séparé des pre- 
miéres par la grande plaine de l'Europe centrale et par des montagnes 
trop méridionales et trop peu élevées pour nourrir une flore alpine. Il 
est séparé de l'Hindou-Kouch et du Pamir par le plateau désertique du 
Turkestan ; ainsi isolé, le Caucase devait nécessairement devenir un re- 
marquable foyer d'endémisme. 

Les plantes de l'Europe occidentale s'élévent, en général, trés haut 
dans le Caucase et d'autant plus qu'on s'avance davantage vers l'est ; 
cette particularité traduit l'un des principaux caractères du climat, qui 


550 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


entraine d'ailleurs une remarquable extension en altitude de l'habi- 
tation humaine. Tandis que, dans nos Alpes de Provence, l'habitation 
permanente de l'homme cesse vers 2,000 métres, au voisinage des der- 
nières cultures, dans le Caucase, cultures et villages atteignent 2,600, 
3,300 et dépassent méme 4,000 mètres; les pois et les melons mürissent 
respectivement jusqu'à 3,300 et 2,700 mètres, les abricots jusqu'à 
3,000 métres. 

Nous ne saurions mieux faire que de citer quelques exemples, parti- 
culièrement intéressants pour ceux qui ont herborisé dans la zone alpine 
supérieure de nos Alpes. Au Caucase, on récolte jusqu'à 3,000 mètres et 
au delà : Silene inflata, Alsine verna, Scleranthus annuus, Hype- 
ricum perforatum, Geranium pratense, Trifolium arvense, Anthyllis 
Vulneraria, Astragalus monspessulanus, Amelanchier vulgaris, Bu- 
pleurum falcatum, Galium verum, Asperula cynanchica, Aster 
Amellus, Campanula glomerata, C. rapunculoides, Linaria vulgaris, 
Origanum vulgare, Calamintha Acinos, Teucrium Chamædrys, Ru- 
mea Acetosa, R. Acetosella, Anthoxanthum odoratum, Holcus lanatus, 
Briza media, et beaucoup d’autres. 

Au point de vue floristique, parmi les montagnes d'Europe, les Pyré- 
nées, les Apennins et les Balkans surtout fournissent des points de com- 
paraison avec le Caucase ; les Alpes, occupant des latitudes trop septen- 
trionales, leur sont moins comparables; mais les plus hauts sommets de 
ces chaines sont des pygmées à côté du Caucase. D'autre part, les Bal- 
kans sont trop mal connus pour qu'on puisse songer à y trouver, pour 
le moment, les éléments d'une comparaison sérieuse. Le Caucase offre 
bien des points communs avec les Pyrénées, mais les affinités de la flore 
des Pyrénées sont surtout africaines. C'est, au contraire, du côté de la 
Perse et de l'Asie centrale qu'il faut chercher les origines de la flore du 
Caucase. Gràce à son isolement, il se préte merveilleusement au déve- 
loppement de types endémiques ; plusieurs genres et un grand nombre 
d espéces lui sont propres; les espèces endémiques atteignent la pro- 
portion de 14 pour 100 des espèces vasculaires. Cette proportion nous 
parait devoir être dépassée dans l'avenir. On a souvent insisté sur le ca- 
ractère particulier de la Colchide à ce point de vue; on s'est mépris, Car 
la proportion des formes endémiques y parait étre de 10 pour 100 seu- 
lement. Cn. FLAHAULT. 


Les considérations qui précédent montrent l'importance de la région 
du Caucase dans les études de géographie botanique et par suite l'intérét 
qui s'attache aux travaux dont elle est l'objet. Dans le bel ouvrage que 
nous analysons ici, trop sommairement à notre gré, deux savants el 
expérimentés botanistes nous offrent les résultats de trois mois el dem! 


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 5051 


d'herborisations, du milieu de juin à la fin de septembre 1890, dans 
les provinces occidentales et centrales du Caucase; on y trouve une 
abondauce d'observations inédites dont nous ne pouvons donner qu'un 
faible apercu. 

Les auteurs énumèrent 1818 végétaux, dont 368 Acotylédones cellu- 
laires. Sur 1417 Phanérogames : 226 Composées, 88 Légumineuses, 
85 Graminées, 80 Rosacées, 67 Ombelliféres, 65 Scrofulariacées (incl. 
Verbascées), 63 Crucifères, 59 Labiées, 47 Renonculacées, etc. 

Sur 49 planches, fort bien exécutées, sont figurés les (espèces dont 
les noms ne sont pas suivis de noms d'auteur sont de MM. Sommier 
et Levier): I, Ranunculus ginckolobus; II, R. gymnadenus; III, 
R. gymnadenus var. elatus; IV, R. abchasicus Freyn; V, R. Loj- 
ke; VI, Corydalis glareosa; VII, Dentaria bipinnata C.-A. Mey. et 
Pseudovesicaria digitata Rapr.; VIII, Erysimum brevistylum ; IX, 
E. contractum; X, Draba scabra C.-A. Mey. et var. columnaris 
Somm. et Lev.; Xl, Draba imeretica Rupr.; XII, D. subsecunda; XIII, 
Silene subuniflora; XIV, Rhamnus tortuosa; XV, Astragalus Som- 
mieri Freyn; XVI, A. Levieri Freyn; XVII, Gentiana Dechyana: 
XVIII, Saxifraga scleropoda; XIX, Cnidium pauciradium ; XX, Li- 
gusticum caucasicum; XXI, Heracleum pachyrhizum; XXM, Galium 
fistulosum et G. pseudo-Polycarpon; XXIII, Senecio primulifolius ; 
XXIV, Cirsium Caput- Meduse ; XXV, C. chlorocomos: XXVI, C. Loj- 
ke; XXVII, C. Kusnezowianum ; XXVIII, Jurinea coronopifolia ; 
XXIX, Centaurea Tuba; XXX, Campanula brassicifolia; XXXI, C. 
svanetica Rupr.; XXXII, C. calcarata; XXXIII, Androsace Raddeana; 
XXXIV, Vincetoxicum scandens: XXXV, Omphalodes Lojkæ; XXXVI, 
Scrofularia mollis; XXXVII, S. caucasica; XXXVIII, S. diffusa; 
XXXIX, Veronica glareosa et V. minuta C.-A. Mey.; XL, Calamintha 
caucasica; XLI, Nepeta caucasica; XLII, Axyris sphærosperma 
Fisch. et Mey. var. caucasica; XLIII, Euphorbia scripta; XLIV, Mi- 
lium caucasicum ; XLV, Poa capillipes ; XLVI, Festuca longearistata ; 
XLVII, Bromus adjaricus ; XLVII, Exobasidium discoideum Ell. (in 
Rododendr. flavo L.); XLIX, Fusicladium Levieri P. Magnus (in 
Diospyro Loto L.). 

Les espèces figurées, nouvelles pour la science, citées dans la liste 
précédente, ne sont qu'une partie de celles que les auteurs avaient rap- 
portées de leur fructueux voyage et qui sont décrites dans le corps de 
l'ouvrage. E. MaLINVAUD. 


552 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 


Les Selaginelles de France; par C. de Rey-Pailhade. Broch. de 
24 pages in-8^ avec figures. Paris, Paul Dupont, 1899. 


Cette petite Monographie est une première suite aux Fougères de 
France du méme auteur, dontil a été rendu compte dans ce Bulletin (1). 

A la description des trois Selaginella déjà connus en France, S. den- 
ticulata, helvetica, spinulosa, est ajoutée celle d'une quatriéme espéce, 
S. Kraussiana Kunze(2), originaire de Madére, Acores, Cap de Bonne- 
Espérance, cultivée dans les serres et acclimatée dans quelques jardins 
du littoral de la Méditerranée. Le S. Kraussiana se distingue par ses 
épis sporangifères linéaires, non terminaux, sa fige dressée, bractées 
des sporanges petites et bien différentes des feuilles stériles. 

Histoire trés détaillée du genre et de chaque espéce; dessins repro- 
duisant fidèlement le port et les caractères anatomiques, biologie, dis- 
tribution géographique, bibliographie; à tous égards cette Monographie, 
soigneusement documentée, sera un bon guide pour l'étude des espéces 
francaises de ce petit groupe. 

Ainsi qu'il est rappelé, le terme Selaginella, employé dés 1804 par 
Palisot de Beauvois, est un diminutif du mot latin Selago, dont l'étymo- 
logie est inconnue (3). Ern. M. 


(1) Voy. le Bulletin, t. XLII (1895), p. 513. Nous voyons, par une annonce 
placée sur la couverture de la brochure ci-dessus, que le texte du volume des 
Fougères de France avait été d'abord publié dans les Bulletins 1894-1895 de 
la « Société des sciences naturelles de Béziers ». 

(2) Kunze, in Linnæa, XVIII (1844), p. 114. 

(3) De Théis, dans son Glossaire de Botanique (1810), p. 284, fait dérimr 
« Selago » de radicaux celtiques (sel, vue, et jach, salutaire), mais cette éty- 
mologie est trés discutable. 


Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, 


E. MALINVAUD. 


12815. — Lib.-1mpr. réunies, rue Saint-Bexoit, 7, Paris. — MOTTEROZ, directeur. 


SOCIÉTÉ BOTANIQUE 


DE FRANCE 


SESSION EXTRAORDINAIRE TENUE A HYÈRES (VAR), 


AU MOIS DE MAI 1899. 


La Société, suivant la décision qu’elle avait prise dans 
la séance du 10 mars (1), s’est réunie extraordinairement 
à Hyères (Var) le samedi 20 mai; elle y a tenu séance les 
20, 24 et 27 mai, et elle a fait, du 20 au 27, les herborisa- 
tions dont le programme avait été arrêté dans la réunion 
préparatoire. 

Le Comité local d'organisation, nommé conformément à 
l'article 41 du Réglement (9), était composé de MM. Abel 
ALBERT, à Solliès-Toucas; DkrLom, propriétaire à la Blo- 
carde, prés Hyères; Edmond Foëx, avenue des iles d'Or, à 
Hyères, et de nos confrères MM. CASTELNAU, FLAHAULT, 
LEGRÉ, LEGRELLE et Henry de VILMORIN. 


1° Ont pris part aux travaux de la session parmi les 
membres de la Société : 


(1) Voyez plus haut, p. 81. . . 
(2) Art. 41 : L'organisation de la session appartient erclusivement à un 
Comité nommé par le Conseil au plus tard un mois avant l'ouverture de la 
session. 
A 


T. XLVI. 


il SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


MM. Amiot (Philippe). MM. Flahault. MM. Marty. 
Bazot. Gerber. Mouillefarine. 
Bonafons (D"). Gèze. Noblet (abbé). 
Bris. Gillot (D'). Olivier (Ernest). 
Cantrel. Gomont. Orzeszko. 
Carrière. Heckel. Pellat. 

Chabert (D* Alfred). Lassimonne. Peltereau. 
Charras. Legré. Puech. 
Chatenier. Lombard-Dumas. Rey-Pailhade (de). 
Chodat. Lutz. M'e Louise Amiot. 
Copineau. Malinvaud. Mmes Arbost. | 
Coste (abbé). Mandon. Bris. 

Dumée. 


9" Parmi les personnes étrangères à la Société qui ont 
assisté aux séances ou pris part aux excursions, nous citerons : 


MM. ALBERT (Abel), instituteur, à Solliès-Toucas (Var). 

AMior, ingénieur en chef des Mines, à Paris. 

ASTRE, étudiant de la Faculté des sciences, à Montpellier. 

ASTRUC, préparateur de l'École supérieure de pharmacie, à Montpellier. 

BeNoisT, médecin-vétérinaire, à Hyères. 

BERRE, négociant, à Hyères. 

Bouriny (de), président de la Commission administrative des Musées 
et Bibliothèques de la ville d’Hyères. 

BozoN (l'abbé), curé de Port-Cros. 

CavaL (Alfred), conservateur du Musée d'Hyères. 

CHAUVIN, horticulteur, à Hyères. . 

CoLoNA D'ISTRIA, lieutenant du 4° régiment d'infanterie de marine, à 
Port-Cros. 

Coste, chef des cultures du parc Borelly, à Marseille. , 

DARBOUX, agrégé des sciences naturelles, préparateur de la Faculté des 
sciences, à Montpellier. 

Davis, jardinier en chef du parc Borelly, à Marseille. 

DELEUIL, horticulteur, à Hyères. . 

DELEZENNE, professeur agrégé de la Faculté de médecine, à Montpellier. 

DELLOR (Hippol.), propriétaire, à Hyères. 

DELLOR (Eugène), avocat, docteur en droit, à Hyères. 

FicurT-Nanpv, horticulteur, à Hyères. 

FoEx (le D" Edmond), à Hyères. 

GRANGER, directeur du Jardin botanique de la marine, à Toulon. 

GRYNFELT, docteur en médecine, chef des travaux de la Faculté, à Mont- 
pellier. 

GuILLERNEr, lieutenant du 17° régiment d'artillerie, à Port-Cros. 

HOULIS, médecin-vétérinaire, à Hyères. 

LE SEIGNEUR, commissaire adjoint de la marine, à Toulon. 

LONGUEVILLE, inspecteur adjoint des forèts, à Toulon. 

MaSSEL, maire de la ville d'Hyères. 


RÉUNION PRÉPARATOIRE. HI 


MM. Mon&L (Francisque), membre de la Société botanique de Lyon. 

MonIZET, agrégé d'histoire, professeur au lycée de Montpellier. 

Narpy fils, horticulteur, à Hyères. 

PAGAZANI, vice-consul d'Italie, secrétaire de la Société d'horticulture, à 
Hyéres. 

PERRIN (Jean), ingénieur agricole, propriétaire, à Hyères. 

PIERRHUGUES, pharmacien, à Paris. 

l'INATEL (Valentin), chef des travaux de l'École de médecine, à Marseille. 

PLAISANT, propriétaire-viticulteur, vice-président de la Société d'horti- 
culture, à Hyères. 

PoriEr, directeur de l'établissement horticole du Gros-Pin, à Hyères. 

Roux (Gilbert), secrétaire général de la Société d'horticulture, à Hyères. 

Tassy, inspecteur des Forêts, à Toulon. 

Vina (le D" A.), médecin en chef du sanatorium Renée Sabran, à 
Hyères. 

ViviaNp-MonEL, membre de la Société botanique de Lyon. 

Vingt-deux étudiants conduits par M. Chodat, leur professeur de l'Uni- 
versité de Genève, 


Réunion préparatoire du 20 mai 1899, 


Le rendez-vous était donné, pour neuf heures et demie du 
matin, au musée Denys, dont la grande salle avait été gra- 
cleusement mise à la disposition de la Société par M. le 
Maire. La réunion est présidée par M. Malinvaud, secrétaire 
général, délégué par le Conseil de la Société. 

Conformément à l'article 51 du Réglement, M. le Prési- 
dent donne lecture du chapitre V de ce Règlement, conte- 
nant les dispositions relatives aux sessions extraordinaires. 
Il est ensuite procédé, ainsi que le preserit l'article 37, à 
la constitution du Bureau spécial qui doit étre nommé par 
les sociétaires présents, pour la durée de la session. 

Sont proposés et élus à l'unanimité : 


Président : 


M. Edouard HECKEL, professeur à la Faculté des sciences et direc- 
teur du Musée colonial de Marseille. | 


IV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Vice-présidents : 


MM. Orzeszko, de Nice. 
Ernest Ozivier, de Moulins. 


Secrétaires : 
MM. le D” Charles GERBER, professeur adjoint à l'École de médecine 
de Marseille. 


Louis Lurtz, chef de travaux à l'École supérieure de pharmacie 
de Paris. 


M. Flahault est invité par le Président à donner des expli- 
cations sur le programme élaboré par le Comité local d'or- 
ganisation. 

Ce programme est le suivant : 


Sament 20 war. — Rendez-vous à Hyères à 9 h. 1/2 du malin au 
musée Denys (dont M. le Maire veut bien mettre la grande salle à la 
disposition de la Société). A 4 heure, herborisation aux ruines du chá- 
teau d’Hyères dominant la ville; herborisation facile, à pied; retour à 
volonté. 


DIMANCHE 21 Mar. — A 4 heure, départ en voiture pour les bois 
de Pins Piguons de la plage limitant la rade d'Hyères; herborisation 
dans les dunes fixées et sur la plage jusqu'au hameau des Pesquiers. 
2 kilométres à pied; retour en voiture vers 6 h. 1/4. 


Luxpr 22 war. — Départ, par le chemin de fer du sud de la France, 
au premier train pour la gare de Bormes (21 kilomètres); herborisation 
dans la forét domaniale du Don, dans les Maures. Déjeuner dans la 
forét; retour en chemin de fer par l'une des haltes de la cóte, pour étre 
à Hyères vers 6 h. 1/2. 


Mari 23 Mar. — Départ à pied, à 4 h. 1/2 de l'aprés-midi, pour la 
colline de Fenouillet. Chemins muletiers à travers les maquis et les bois 
de Chénes-liége. Halte à la chapelle, altitude 280 mètres, retour à 
volonté à 6 h. 1/2 au plus tard. — 277,700 à l'aller et autant pour le 
retour. 


MERCREDI 24 MAI. — Départ en voiture à 5 heures du malin pour 
l'embarcadére des Salins en rade d'Hyères; à 5 h. 45, embarquement à 
bord du courrier des iles; à 7 h. 1/2, débarquement dans la crique de 
Port-Cros (15 milles 1/2 — 19 kilométres de navigation dans la rade 
d'Hyéres); herborisation sur le versant rord de l'ile. A midi, déjeuner; 


RÉUNION PRÉPARATOIRE. y 
à 1 h. 1/2, herborisation à volonté; à 4 h. 1/2, embarquement pour les 
Salins, d’où les voitures nous raméneront à Hyéres vers 7 heures du 
soir. 

JEUDI 25 MAI. — Aprés-midi, visite du musée et du parc Denys, du 
jardin de M. Dellor, et autres établissements horticoles, si le temps le 
permet. 

VENDREDI 26 war. — Départ en voiture à 5 heures du matin pour la 
presqu'ile de Giens; à 6 h. 1/2, descente à l'extrémité de la lagune; 
herborisation vers le hameau de la Madrague et le sémaphore. Déjeuner 
à midi à l'hôtel; à 4h. 1/2, herborisation dans les marais salants des 
Pesquiers; à 4 heures, départ en voiture pour Hyères où l'on sera de 
retour vers 6 heures. 

SAMEDI 27 war. — A 1 heure aprés-midi, départ en voiture pour la 
colline de Carqueyranne ; on débarquera sur les bords dela mer, près 
des ruines de l'antique Pompouiana ; herborisation sur les coteaux de 
Costebelle ; retour à Hyères à pied, à volonté. 


Une circonstance imprévue oblige de changer le jour de 
l'excursion à l'ile de Port-Cros, elle aura lieu dimanche au 
lieu de mercredi. 

Sauf cette modification et aprés divers éclaircissements 
fournis par M. Flahault, le programme soumis à l'assemblée 
est mis aux voix et adopté. 

M. Malinvaud céde alors le fauteuil de la présidence à 
M. Heckel et invite MM. les vice-présidents et secrétaires 
de la session à prendre place au Bureau. 


Yi SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


SÉANCE DU 20 MAI 1599. 


PRÉSIDENCE DE M. HECKEL. 


La séance a lieu à l'issue de la réunion préparatoire et 
dans le même local. 
M. le Président prononce l'allocution suivante : 


DISCOURS DE M. HECKEL, PRÉSIDENT DE LA SESSION. 


Messieurs, 


Je ne voudrais pas obscurcir l'éclat de cette session printanière 
par l'évocation de pensées attristantes. Toutefois, en face de ce 
domaine qui va étre le théátre de vos études et dont la beauté est 
inaltérable, je ne puis m'empécher de reporter mon souvenir à 
quelques années en arrière et d’être frappé du contraste pénible 
que présente ce vaste et immuable tableau méditerranéen avec 
l'étroitesse et l'instabilité des destinées humaines. Moins de 
vingt années nous séparent de l’époque où une session de la Société 
botanique de France nous réunissait à Antibes sur le même littoral 
battu par l'éternel flot bleu de la Méditerranée. Comme aujour- 
d'hui, mais par une circonstance fortuite, je fus appelé à prendre 
la parole devant l'assemblée de nos collégues, et hélas! beaucoup 
d'entre eux ont laissé parmi nous des vides douloureux. Quel- 
ques-uns firent la gloire de notre association et furent nos initia- 
teurs dans la connaissance de ce monde végétal, dont l'étude 
fait le charme de notre vie. Qu'il me soit permis, sur les noms des 
Duchartre, des Decaisne, des Planchon, des Naudin, pour ne citer 
que les plus illustres, d'évoquer pieusement leur mémoire, de 
revivre un instant par la pensée au milieux d'eux et de placer nos 
travaux sous la proteclion de ce souvenir. Ce sont eux, Messieurs, 
ne l'oublions pas, qui ont assis sur des bases inébranlables la 
Société à laquelle nous nous faisons honneur d'appartenir et dont 
la vitalité s'affirme chaque jour davantage. Sur cette souche puis” 
sante qui s'efface, sont nés, en effet, de vigoureux rameaux dont la 


DISCOURS DE M. HECKEL. VIT 


floraison a donné de riches moissons, et je me félicite de retrouver 
ici des collègues, müris par l’âge et par l'expérience, qui, comme 
moi, ont assisté à ce Congrès d'Antibes et ont déjà admiré un des 
côtés du domaine végétal qu'ils vont explorer à nouveau. C'est là 
la seconde génération de la Société; elle a hérité des qualités 
de ses fondateurs et transmettra fidèlement à nos jeunes la méme 
ardeur de connaitre, le même désir de travailler en commun au 
progrés de la botanique qui a inspiré nos maitres disparus. 

Quel plus beau cadre, Messieurs, pourrait du reste s'offrir comme 
aliment au feu sacré de nos recherches? Moins large et moins 
imposant que celui des grandes Alpes, il se présente à nous sous 
l'aspect d'un paysage accidenté allant de la mer aux moyennes 
altitudes du massif des Maures. Avec sa nature àpre, tourmentée, 
sauvage, raboteuse et son orientation spéciale, celte formation 
siliceuse, quoique dépourvue de grands sommets, nous offre un 
attrait spécial. Dans la profondeur de ses replis parallèles au lit- 
Loral et entrecoupés par des gorges peu fréquentées par l'homme, 
arrosées par londe pure des régions de la silice, elle recèle une 
flore qui n'a rien de banal. C'est une oasis qui, dans notre zone 
presque entiérement calcaire, a des espéces bien spéciales; filles 
du sol et de la lumière claire qui l'inonde, elles se séparent 
absolument de leurs congénéres calcicoles des ramifications ul- 
times de nos Alpes de Provence. Vous trouverez, au cœur des 
Maures, de fraiches vallées et d'épaisses et ombreuses foréts dont 
les sous-bois nourrissent des plantes bien localisées. Je ne veux 
pas déflorer ici vos surprises en citant un seul nom ; notre vaillant 
collègue M. Flahault, avec sa science consommée de la flore du 
littoral méditerranéen et sa. sollicitude qui vous est bien connue, 
nous a déjà, du reste, initiés aux productions les plus importantes 
el aux aspects les plus saisissants de la région : la brochure qui 
vous a été distribuée est un savoureux avant-goût des joies qui vous 
sont réservées et une véritable synthèse de cette flore régionale. 
Cette lecture vous aura ainsi préparés à votre session par une vue 
d'ensemble dont les détails sur le terrain ne feront qu'affermir 
dans votre esprit votre confiance dans la richesse et l'originalité 
de cette région privilégiée. Le massif que vous allez parcourir 
commence en face de vous; mais là, derrière, il se prolonge au 
sein des eaux, émettant à des distances rapprochées de la cóte des 
émergences insulaires qui forment le groupe, j'allais dire l'archi- 


VIH SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


pel des Stæchades. S'il nous est donné, comme il faut l'espérer, 
de visiter ces iles, votre satisfaction sera complète; car là encore, 
comme sur les hauteurs de l'antique Olbia, des espèces rares vous 
attendent, sous le soleil épanouissant de mai. 

Je ne voudrais pas, Messieurs, soumettre votre impatience 
d'excursionnistes à la rude épreuve de m'entendre plus longtemps; 
aussi bien vous n'avez pas franchi de longs espaces pour venir re- 
cueillir ici des fleurs de rhétorique. Votre ardeur s'alimente à des 
sources plus réelles et plus matérielles. Mais je ne saurais cepen- 
dant omettre de rendre ici hommage à la ville d'Hyères et à ses 
représentants qui ont bien voulu nous accorder une hospitalité 
dont nous sommes touchés profondément. 

Je tiens aussi à adresser tout particuliérement, en votre nom et 
au mien, des remerciements cordiaux au Comité local d'organi- 
sation qui, dès longtemps et pour nous éviter toute préoccupa- 
tion, a pu prévoir tous les détails matériels de cette session, et il 
faut citer au premier rang MM. Flahault et Legré, dont j'ai suivi 
les efforts. d'organisation sans y prendre part, je l'avoue. Ils ont 
été tout à la peine et me laissent tout à l'honneur de cette séance, 
on ne saurait allier plus de modestie à plus de dévouement 
désintéressé ; aussi ma reconnaissance n'a-t-elle d'égale que mon 
admiration pour leur œuvre et mes profonds regrets de n'avoir pu 
apporter à leur tâche le concours de ma participation. 

Nous leur en devons d'autant plus de reconnaissance qu'ils. en 
ont porté seuls tout le poids. 

Maintenant, Messieurs, laissez-moi espérer que, grâce à la clé- 
mence proverbiale de ce climat méditerranéen, vous pourrez ém- 
porter, avec les senteurs embaumées de vos chères plantes, un 
souvenir aussi durable que précieux de ce que nous appelons 
volontiers notre belle Provence. 


| Ce discours est accueilli par les applaudissements de l'as- 
sistance. 

M. Massell, maire d'Hyéres, au nom de la municipalité, en 
quelques paroles cordiales très applaudies, souhaite la bien- 
venue à la Société botanique de France; il la remercie 
d'avoir bien voulu choisir cette année la ville d'Hyéres 


comme centre d'une de ses laborieuses sessions et ajouté 


RES 


GERBER. — FRUITS TRI ET QUADRILOCULAIRES DE CRUCIFÈRES. IX 


qu'il sera heureux de faciliter aux excursionnistes, par tous 
les movens dont il peut disposer, les explorations botaniques 

Y , I 
qui sont le but principal de leur voyage. 


M. Gerber fait à la Société la communication suivante : 


LES FRUITS TRI ET QUADRILOCULAIRES DE CRUCIFERES, LEUR VALEUR 
THÉORIQUE ; par M. Charles GERBER. 


A la suite d'une série de recherches faites sur les fleurs des 
Crucifères et plus particulièrement sur l'orientation et la marche 
des faisceaux libéro-ligneux dans la silique de ces plantes, nous 
sommes arrivé à la conclusion suivante : 

Le pistil des Cruciféres est formé de deux verticilles alternes de 
feuilles carpellaires. Le verticille externe, comprenant deux feuilles 
stériles, constitue les valves du fruit mûr; le verticille interne, 
formé également de deux feuilles stériles, constitue la région 
externe des cloisons; mais ces deux feuilles donnent, par dédou- 
blement, naissance chacune à une feuille dont le systéme libéro- 
ligneux est renversé par rapport à celui de la feuille-mére ; ces 
deux nouvelles feuilles, concrescentes entre elles au centre de 
l'ovaire, forment la cloison et portent les ovules. 

Mais une théorie revét d'autant plus les apparences de la vérité, 
qu'elle explique non seulement les faits normaux, mais encore les 
anomalies. L'étude des fruits à trois et quatre loges des Cruci- 
féres s’imposait done comme pierre de touche de notre manière 
de voir. Or les genres Holargidium et Telrapoma ont été créés 
justement pour des Cruciféres à trois et quatre loges ovariennes ; 
nous ne pouvions mieux faire que de nous adresser à un de ces 
deux genres; et, puisque nous avions été assez heureux pour dé- 
couvrir dans un herbier, mis à notre disposition, quelques échan- 
tillons de Nasturtium palustre DG., présentant tous les caractères 
de Telrapoma barbareifolia Turez., nous avons choisi cette plante 
comme motif principal de notre étude. | 

C’est cette étude et les arguments qu’elle apporte à notre théorie 
que nous allons exposer. 


X SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


I. — DESCRIPTION DES FRUITS A DEUX, TROIS ET QUATRE LOGES 
DE NASTURTIUM PALUSTRE DC. 


Les échantillons de Nasturtium palustre DC. auxquels nous 
venons de faire allusion proviennent de l'herbier de M. Kieffer. 
Ils ont été récoltés par lui aux environs d'Obernai, en Alsace. 

À un premier examen, nous reconnümes que ces échantillons 
offraient des siliques plus grosses, plus renflées que les siliques 
ordinaires de cetle espéce. Une étude plus attentive permit de 
grouper ces fruits en trois catégories, d'aprés leurs dimensions el 
le nombre des fortes nervures longitu- 
dinales que leur surface présente. Tandis 
que les plus grosses siliques possédent 
quatre fortes nervures, les siliques inter- 
médiaires, comme dimensions aux pré- 
cédentes et aux normales, n'en ont que 
trois. Quant aux plus petits fruits, ils ne 
représentent que deux grosses nervures. 

Les trois sortes de fruits sont réunies 
sur la même grappe de la façon suivante : 
Frc. 1. — Inforeseenee de yas, 1 LYP6S à quatre nervures à la base, ceux 

frt srre DC, dont le à trois nervures au milieu et les types à 

loges et son voisin à trois loges. deux nervures au sommet. Dans l'inflo- 

rescence représentée figure 1, il n'y à 
que deux siliques anormales : celle de la base qui possède quatre 
nervures et celle immédiatement au-dessus qui en présente trois 
seulement. 

Lorsqu'il y a quatre nervures, celles-ci sont toujours placées à 
égale distance l’une de l'autre ; la surface de l'ovaire est, par suile, 
divisée en quatre régions égales. Au contraire, dans le cas de tror 
nervures, deux d'entre elles sont opposées et divisent la paroi ova- 
rienne en deux moitiés égales, comme lorsque l'on a une silique 
normale, et c'est au milieu d'une de ces moitiés qu'apparait la 
troisième nervure. 

Si maintenant, afin de savoir à quoi correspondent les nervures, 
nous faisons des coupes transversales dans les trois sortes de 
fruits, nous trouvons les faits suivants : dans les fruits à quatre 
nervures, il y a quatre cloisons qui portent de ces nervures, 5è 


GERBER. — FRUITS TRI ET QUADRILOCULAIRES DE CRUCIFÈRES. XI 


rejoignent au centre de facon à diviser la cavité ovarienne en quatre 
loges égales. Dans les fruits à trois nervures, on trouve trois cloi- 
sons partant également de ces nervures et se rejoignant au centre 
de facon à diviser la cavité ovarienne en trois loges, dont deux, 
égales entre elles, sont deux fois plus petites que la troisième. Quant 
aux siliques à deux nervures du sommet de l'inflorescence, elles 
présentent deux loges, séparées par une cloison, réunissant les 
deux nervures, comme cela se présente dans les siliques normales 
de toutes les Cruciféres. 

Voilà donc une plante qui possède tous les caractères de Nas- 
turtium palustre DC., sauf que, parfois, les siliques sont à trois et 
quatre loges. Il n'y a pas à hésiter, c'est une simple anomalie de 
Nasturtium palustre DC. 

Or il est une autre plante qui présente également tous les ca- 
ractères de Nasturtium palusire DC., ou d'une forme extrème- 
ment voisine appartenant à lespèce Nasturtium palustre (sensu 
latissimo), la silique mise à part. Elle n’en diffère, en effet, que 
par la présence constante, à l'ovaire, de trois ou quatre cloisons. 
C’est à cela qu’elle doit d’être devenue le type d’un genre nouveau. 
Cette plante, cultivée depuis longtemps dans les divers jardins 
botaniques d'Europe, n’est autre que Tetrapoma barbareifolia 
Turez. Fischer et Meyer, qui ont donné une excellente diagnose 
de ce nouveau genre (1), admettent bien deux espèces : Telrapoma 
barbareifolium F. et M. et T. Kruhsianum F. et M.; mais, si elles 
proviennent de deux localités différentes, il n'en reste pas moins 
qu'elles se distinguent trés difficilement l’une de l'autre (trés lé- 
gére différence dans la longueur du style); aussi presque tous 
les botanistes, qui admettent le genre Tetrapoma, les réunissent- 
ils en une seule espéce : T. barbareifolia Turcz. 

Nous disons les botanistes qui admettent le genre Tetrapoma, 
car les savants sont partagés à ce sujet. Tandis que Meisner (2), 
Endlicher (3), Ledebour (4), Spach (5), Payer (6), Bentham et 


(1) Fischer et Meyer, Index horti Petropolilani, 1835, p. 39 (Linnea, 
vol. X, p. 104). 

(2) Meisner, Plantarum vascularium genera. 

(3) Endlicher, Genera plantarum, n° 4883. 
+ (4) Ledebour, Flora Rossica, vol. 1 (1842). 

(9) Spach, Suites à Buffon, vol. VI (1838), p. 516. 

(6) Payer, Organogénie végétale, pp. 211-215, t. XLIV. 


xit SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), Mal 1899. 


Hooker (1) et là grande majorité des botanistes adoptent ce genre 
qui, à certains, semble nécessaire pour la compréhension du typé 
parfait de la fleur des Crucifères, De Candolle (2), Baillon (3), 
Prantl (4), Penzig (5), Robinson (6) et peut-être même Asa 
Gray, si l'on en croit Baillon (7), inclinent à penser que Tetrapoma 
barbareifolia Turcz. doit rentrer dans le genre Nasturtium 
comme anomalie du Nasturtium palustre, se basant sur ce que; 
le gynécée excepté, il y a similitude complète dans les caractères 
morphologiques de l’une et l’autre espèce. 

IL faut bien reconnaitre que la persistance fréquemment 
observée, dans les jardins botaniques, du caractère tri et quadri- 
loculaire, lequel se reproduit d'année en année par semis depuis 
soixante ans chez la plante de Turezaninow, semble donner raison 
aux partisans du genre Trelepoma, qui considèrent la réappari- 
tion exceptionnelle du type biloculaire constatée par hasard àla 
suite de semis, comme un retour atavique. 

Mais la constatation que nous venons de faire de l'existence, 
dans la méme inflorescence de Nasturtium palustre DC., de fruits à 
4, 9 et 2 loges, nous parait devoir trancher la question. Tetrapoma 
barbareifolia Turez. nous semble bien n'étre qu'une anomalie de 
Nasturtium palustre (sensu latissimo). | 

Anomalie! Ce mot ne rend pas exactement notre pensée. Disons 
plutôt que T. barbareifolin Turcz. est une manifestation de la 
tendance que présentent les Crucifères en général, et les espèces 
du genre Nasturtium en particulier, à multiplier le nombre de 
leurs loges ovariennes. 

Les preuves de cette tendance abondent. Sans insister sur Chet- 
rañthus Cheiri qui présente parfois des fruits à 3 et 4 cloisons, 
nisur Ionopsidium acaule Rchb., dont nous avons trouvé quelques 
siliques présentant trois loges, siliques qui feront l'objet de la 
seconde parlie de ce travail, nous pouvons citer : 


(1) Bentham et Hooker, Genera plantarum (1867), vol. I, p. 83. 

(2) De Candolle, Prodrome, vol. ll, p. 517 (1821). 

(3) H. Baillon, Histoire des plantes, vol. IH, p. 232 (1872). Tm 

(4) Prantl, Cruciferen in Engler ét Prantl, Nat. Pflanzenfamilien, vol. IH, 
2* partie. f 

(5) Penzig, Pflanzenteratologia, t. 1, p. 242 (1890). . 

(6) Robinson, Cruciferen, in Asa Gray Synoptical Flora of North America. 
Vol. I, première partie, p. 148. 

(7) H. Baillon, Histoire des plantes, t. IM, p. 186 (note). 


GERBER. — FRUITS TRI ET QUADRILOCULAIRES DE CRUCIFERES. XIII 


1° Brassica campestris var. Sarson Prain, dont certaines formes 
cultivées dans l'Inde présentent le plus souvent tantôt trois, 
tantôt quatre cloisons à la silique, si bien qu'elles ont été nom- 
mées : Br, trilocularis Hook. et Trim., Br. quadrivalvis Hook. 
et Trim. (1). 

?" Le genre Tropidocarpum, qui, au milieu d'espéces à deux 
loges, présente une forme (Tropidocarpum capparideum Grune) 
dont les siliques ont le plus souvent quatre loges, ainsi que nous 
l'a appris Robinson (2). 

3 Le genre Holargidium, dont l'espéce unique Holargidium 
Kusnetsowii Turcz. (3) ne diffère des Draba, suivant Ledebour (4) 
auquel nous devons les quelques vagues phrases qui constituent 
son élat civil, que par l’existence de quatre cloisons à la silique; 
aussi Bentham et Hooker (5), Baillon (6), Prantl (7) font-ils entrer 
cette plante dans le genre Draba. 

4% Citons enfin le genre Nasturtium, dont un certain nombre 
d'espèces appartenant. surtout au groupe des Ztoripa présentent 
des formes plus ou moins fixées tri et tétracarpellaires. En eflet, 
à Telrapoma barbareifolia Turcz. que nous ratlachons à Nastur- 
tium palustre, on doit ajouter Telrapoma piriforme trouvé par 
Seemann (8) dans l’Alaska; cette Crucifère, à silique en forme de 
poire, se rapproche incontestablement beaucoup des Nasturtium, 
et n'en différe que par les quatre loges du fruit. C'est encore à 
cette même forme Tetrapoma qu'il faut rapporter la plante que 
Borbas (9) a trouvée aux environs de Buda-Pesth et que ce savant 
considère comme un Roripa Borbasii ayant multiplié le nombre 
des cloisons de sa silique de façon à présenter le plus souvent 


(1) Prain, Note on the Mustards cultivated in Bengal (Department of 
Land records and agriculture of Bengal. Bull. n° 4. Caleutta, 1898). ] 

(2) Robinson, loc. cit. et The fruit of Tropidocarpum (Erythrea, vol. IV, 
p- 109, 1896). | 

(3) Turezaninow, Catalogus plantarum in regione Baicalensi et in Davu- 
ria sponte crescentium (Bull. Soc. nat. de Moscou, 1838). 

(4) Ledebour, Flora Rossica, vol. 1, 1842, p. 156. Ba 

(5) Bentham et Hooker, Genera plantarum, vol. 1 (1867), p. 75. 

(6) S Baillon, Histoire des plantes, vol. Hl, p. 211 (1872). 

(7) Prantl, (oc. cit., p. 148. IM 

(8) Seemann, The botany of the voyage of H. M. S. Herald (1852-1857), 
t. H, p. 42. . 

(9) Borbas, Eine ungarische Crucifere mit vierfächeriger Frucht (QEsterr. 
bot. Zeitschr. Jahrgang, 29, p. 246; 1879). — Roripa anceps und Roripa Son- 


deri (ήsterr. bot. Zeitschr, Jahrgang, 32, p. 42; 1882). 


XIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), Mar 1899. 


quatre loges, plus rarement trois ou deux loges. Cette multipli- 
cation du nombre des loges de la Crucifère de Borbas est-elle due 
à un phénomène d'hybridation ? c'est ce que parait supposer 
Menyharth (1), qui, frappé de la ressemblance que la forme té- 
tracarpellée précédente offre avec Nasturtium austriacum Cr., 
suppose qu'elle est le résultat de la fécondation de Nasturtium 
austriacum Cr. par Nasturtium amphibium R. Br. 

Quoi qu'il en soit, il résulte bien évidemmment de l'exposé ci- 
dessus que les Crucifères présentent une tendance manifeste à 
multiplier le nombre des loges de leurs siliques. Gette tendance 
se traduit par l'apparition de formes plus ou moins fixées à trois 
et quatre loges. Nous ne voyons donc aucun inconvénient à penser, 
avec Otto Kuntze (2), que la forme à 3 et 4 loges ovariennes de 
Nasturtium palustre est un genre en voie de formation; mais il 
nous parait téméraire d'aller plus loin et d'admettre ce genre. 
Attendons, pour cela, que le caractère tri et quadriloculaire soit 
fixé définitivement (3). 


(1) Menyharth, Roripa Borbasii m. sp. (OEsterr. bot. Zeitschr. Jahrgang, 
29, p. 173; 1879). ` 

(2) Otto Kuntze, Revisio generum plantarum, vol. I (1891), p. 26. | 

(3) Note ajoutée pendant la correction des épreuves. — Dans l'intervalle 
qui s'est écoulé entre le dépôt de notre Mémoire et son impression, un remar- 
quable travail du comte de Solms-Laubach a paru sur les Cruciféres (Cru- 
ciferen Studien, in Bot. Zeilung, 1900, Heft X). D’après l'éminent bota- 
niste, le genre Tefrapoma a sa raison d’être. Il comprend les espèces 
suivantes : 

1° et 2° Les deux espèces établies par Fischer et Meyer et que presque tous 
les botanistes partisans du nouveau genre réunissaient avec Turezaninow €n 
une seule : T. barbareifolia. Ces deux espèces sont : 


Tetrapoma barbareifolium F. et M. 
Tetrapoma Kruhsianum F. et M. 


3° Telrapoma globosum. — Cette espèce est créée par le D" Stapf de Kew 
(Herbarium) pour les échantillons de Tetrapoma que Fischer avait envoyes a 
De Candolle et que celui-ci décrivit, en 1821, sous le nom de Camelina bar- 
bareifolia. La plante a été représentée par Delessert en 1823. 

4 Le Roripa quadrivalvis découvert par Borbas aux environs de Buda- 
Pesth et que le comte de Solms-Laubach considère comme nettement distinct 
des trois premières espèces, bien que cette plante présente beaucoup de res- 
semblance avec Tetrapoma globosum. s 

Pour ce qui est des fruits à trois et quatre loges que nous avons signalés 
ct qui se produisent exceptionnellement chez Nasturtium palustre, ils indi- 
queraient qu'une nouvelle espèce du genre Tetrapoma est en voie de forma: 
lion. 


Reste le Tetrapoma. piriforme que Seemann a trouvé dans l'Alaska. Le 


GERBER. — FRUITS TRI ET QUADRILOCULAIRES DE CRUCIFERES, XV 


Mais il est temps de revenir à l'étude des siliques tri et quadri- 
loculaires que nous avons observées dans les échantillons de Nas- 
turtium palustre DC. d'Obernai. Nous devons, pour compléter 
celte étude, chercher comment l'anomalie se constitue, examiner 


savant botaniste de Strasbourg le considère comme identique à T. Kruhsia- 
num F. et M. et, ce dernier nom étant le plus ancien, il supprime le nom 
donné par Seemann. 

Le genre Teirapoma comprend donc, d'après le comte de Solms-Laubach, 
quatre espèces définitivement fixées et chacune de ces espèces provient d'une 
espèce bicarpellaire particulière existant encore pour trois d'entre elles, 
n'existant plus, ou tout au moins étant inconnue pour la quatrième. Le tableau 
suivant indique les rapports de divers Tetrapoma avec les Nasturtium cor- 
respondants. 


FORMES BILOCULAIRES. FORMES TÉTRALOCULAIRES. 
1° Nasturtium globosum F. et M. — Tetrapoma globosum. 
— hispidum DC. oa: 
20 p . = (rc are . 
u camelinæ F. et M. Tetrapoma barbareifolium F. et M. 
3° Manque. — Tetrapoma Kruhsianum F. et M. 
Nasturtium austriacum 
4° T . : " ` j LII e o er t n " 
Nasturtium amphibium. Tetrapoma (découvert par Borbas) 


En résumé, les divers fruits tri et tétracarpellaires observés sur des plantes 
appartenant nettement au genre Nasturtium ct particulièrement au groupe 
des Roripa, constitueraient un Genus in stalu nascenti se formant par 
déformation de trois ou quatre espèces de Nasturtium à deux loges. Le genre 
Telrapoma aurait donc une origine POLYPHYLÉTIQUE. 

ll nous est difficile, dans une simple note, de discuter les remarquables 
idées émises par le comte de Solms-Laubach; aussi nous contenterons-nous 
de faire une simple observation : 

Les espèces biloculaires d’où proviennent les divers Tetrapoma sont bien 
voisines, si voisines méme que ce ne serait peut-être pas trop déraisonnable 
de les considérer comme ne constituant qu'une seule espèce : Nasturtium pa- 
lustre (sensu latissimo). Pour ne citer qu'un exemple, rappelons quil arrive 
assez fréquemment que Nasturtium palustre DC. présente des poils tout 
comme Nasturtium hispidum DC.; il est vrai qu'il existe des différences dans 
la forme de la silique; mais ces différences ne sont pas essentielles. D'autre 
part, T. barbareifolium F. et M. et T. Kruhsianum F. et M. sont générale- 
ment, et non sans quelque raison, considérés comme ne formant qu un type 
avec lequel il ne serait peut-être pas trop téméraire de confondre Tioripa qua- 
drivalvis de Borbas. Par suite, on peut à la rigueur n'admettre qu'une seule 
espèce de Telrapoma au sens large du mot, et puisque — rarement, il est 
vrai — on a constaté le retour de divers Tetrapoma au type à silique bilo- 
culaire, que d'un autre côté nous avons généralement observé un mélange 
de siliques à deux, trois et quatre loges dans les échantillons de Nasturtium 
palustre d'Obernai, on peut penser que le caractère tri et quadnloculaire 
n'est pas encore définitivement fixé, ce qui nous amène à considérer les diffé- 
rents Telrapoma comme diverses anomalies constituant une sinple forme 
de Nasturtium palustre (sensu latissimo). 


XVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


la structure microscopique des fruits à trois et quatre cloisons et 
déduire des faits observés le nombre des carpelles qui entrent 
dans leur constitution. Les conclusions auxquelles nous arri- 
verons différeront beaucoup de celles de la plupart des auteurs; 
aussi devrons-nous, en terminant, discuter les opinions de ces 
derniers. 


]I.-— FORMATION ET STRUCTURE MICROSCOPIQUE DES FRUITS 
ANORMAUX DE NASTURTIUM PALUSTRE DC. 


Il nous faut comparer la structure microscopique des fruits à 
trois ou quatre loges de Nasturtium palustre DC. à celle d'une 
silique normale de Crucifére. Nous pourrions, comme exemple de 
cette derniére, prendre la silique de la Moutarde noire, celle de la 
Moutarde blanche, ou mieux encore, celle du Colza (1), qui nous a 
servi pour édifier notre théorie du gynécée des Crucifères ; mais 
nous préférons nous adresser à une silique à deux loges, normale, 
de Nasturtium palusire DC. prise sur la même grappe que les 
fruits à trois et quatre loges, La comparaison aura ainsi beaucoup 
plus de rigueur; de plus, cela nous permettra d'étudier de prés 
un mode de formation du système libéro-ligneux de la cloison qui, 
bien qu'aboutissant au méme résultat, différe cependant en cer- 
tains points de ceux que nous avons étudiés dans le Colza et 
dans Sisymbrium Columnæ Jacq. (2) à fruits déformés. 


Si nous pratiquons des coupes en série perpendiculaires à 
l'axe, dans les fruits à deux, trois et quatre loges de Wastur- 
trum palustre DC., nous trouvons : 

1° Immédiatement au-dessus du point où les étamines se déta- 
chent du pédicelle de la fleur, dans les trois sortes de fruits, un 
anneau libéro-ligneux continu, à liber externe et à bois interne. 
Le diamétre de cet anneau est un peu plus grand dans les fruits à 
quatre loges que dans ceux à trois loges, et un peu plus 
petit dans les fruits à deux loges que dans les seconds. 

L'anneau libéro-ligneux présente un certain nombre d'ondu- 


(1) C. Gerber, Le pistil des Cruciféres (Compt. rend. Soc. biol., séance du 
15 juillet, 1899). 

(2) C. Gerber, Essai d'interprétation du fruit des Crucifères par l'ana- 
tomie tératologique (Compt. rend. Soc. biol., séance du 22 avril 1899). 


GERBER. — FRUITS TRI ET QUADRILOCULAIRES DE CRUCIFERES. XVII 


lations, mais il est impossible de distinguer un groupement en 
faisceaux séparés. Dans la figure 2 nous avons représenté l'an- 
neau libéro-ligneux de la base d'une silique à deux loges. 

2 Un peu plus haut, dans les fruits à deux loges, l'anneau se 
divise en quatre ares libéro-ligneux dont deux trés petits, réduits 
à un faisceau, situés aux extrémités d'un même diamètre et deux 
très grands alternes avec les premiers. Les deux petits faisceaux 
abandonnent le cercle et se dirigent vers la périphérie ; quant aux 
deux grands ares, ils s'aplatissent un peu et prennent la forine 
d'un casque (fig. 3). 

Dans les fruits à quatre loges, l'anneau libéro-ligneux se divise 
en huit ares; quatre petits, situés aux extrémités de deux dia- 
mètres perpendiculaires l'un sur l'autre; et quatre grands, 


Fic. 2. Fic. 3. 


Sections transversales faites à diverses hauteurs dans une 
silique à deux loges de Nasturtium palustre DC. 


alternes avec les premiers. Les quatre petits ares ont les mèmes 
dimensions que les deux du type précédent; comme eux ils se 
dirigent vers la périphérie. Quant aux quatre grands ares, leurs 
dimensions sont les mémes aussi que celles des deux grands 
ares du type précédent et ils présentent la méme forme en 
casque, 

Enfin, dans les siliques à trois loges, Panneau libéro-ligneux se 
divise en six portions : trois grandes et trois petites. Des trois 
grandes, deux situées aux extrémités d'un méme diamètre sont 
égales entre elles; quant à la troisième, située à l'extrémité du 
rayon perpendiculaire à ce diamétre, elle est un peu plus petite 
que les deux autres et présente les mêmes dimensions que les 
grands ares des siliques à deux et quatre loges. Dimensions à 
part, ces grands arcs se comportent comme les ares correspondants 
des deux premiers types; quant aux (rois petites portions, elles 
alternent avec les trois grands arcs, ont les mêmes dimensions 

T. XLVI. B 


XVIII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


que les faisceaux correspondants des deux types précédents et se 
dirigent comme eux vers l'extérieur. 

J' Peu de chose à dire dans la coupe faite un peu au-dessus de 
la précédente au sujet des deux, trois ou quatre petits faisceaux 
qui ne subissent aucun changement et continuent leur migration 
vers l'extérieur. Jl n'en est pas de méme des grands arcs libéro- 
ligneux alternes, qui subissent dans les trois sortes de fruits des 
modifications identiques et des plus profondes, que nous avons 
représentées dans la figure 4. Chacun de ces arcs comprend : une 
région médiane, deux régions latérales situées à droite et à gauche 
de la premiére et deux extrémités. Les deux régions latérales 
décrivent, autour de la région médiane comme axe, un angle de 
. plus en plus grand de dehors en dedans, tandis que les extrémités 


Fic. 4. Fie. 5. 


ne changent pas de place. Il en résulte, dans chaque grand arc 
libéro-ligneux, la formation d'une boucle médiane ouverte vers le 
centre du fruit; cette boucle se ferme de plus en plus et, lorsque 
l'angle de rotation a atteint 480. degrés, on a un anneau complet 
avec deux ailes latérales se dirigeant vers l'extérieur. 

P Le pédicelle qui réunit les ailes à Panneau nouvellement 
constitué s'étrangle de plus en plus; il finit par disparaitre et 
chacun des grands ares est devenu un anneau libéro-ligneux con- 
linu, flanqué à droite et à gauche d'un petit faisceau (fig. 5) 
L'anneau libéro-ligneux se coupe lui-même en deux faisceaux : 
Pun extérieur à liber externe et à bois interne, c'est-à-dire 
normal, l'autre. intérieur, à bois externe et à liber interne, ce 
second faisceau est done renversé. Nous avons dit que cette, for- 
mation se produisait quel que soit le nombre des grands arcs; les 
différences ne portent que sur les dimensions des deux petits 


GERBER. — FRUITS TRI ET QUADRILOCULAIRES DE CRUCIFÈRES. XIX 


faisceaux annexes qui accompagnent l'anneau médian : dans le 
cas des siliques à trois loges, les faisceaux annexes qui se déta- 
chent des grands arcs situés à l'extrémité d'un méme diamètre 
sont plus grands que ceux qui se détachent du troisiéme grand 
arc; dans tous les autres cas les faisceaux annexes sont égaux 
enire eux. 

Pendant que ces modifications se produisent dans les grands 
arcs primitifs, les deux, trois, quatre petits ares alternes avec eux 
ont continué à s'éloigner du centre. Entre chaeun d'eux et ce 
centre, on voit apparaitre une fente perpendiculaire au rayon 
aboutissant à cet arc. On a donc deux, trois ou quatre fentes qui s'a- 
grandissent peu à peu; les cellules qui les bordent se différen- 
cient en deux épidermes : l'épiderme tapissant la face externe de 
la fente est formé de cellules beaucoup plus grandes que l'épi- 
derme de la face interne. Ce dernier pénètre en encoche dans le 
tissu médian. Entre les deux, trois ou quatre loges, ainsi consti- 
tuées, se trouvent deux, trois ou quatre lobes aux extrémités 
desquels viennent se placer les deux, trois ou quatre systèmes li- 
béro-ligneux renversés, à la face interne des systémes libéro- 
ligneux normaux correspondants. Au milieu de chaque valve dor- 
sale des loges, on trouve un des deux, trois ou quatre petits arcs 
primitifs; quant aux faisceaux annexes des systémes normaux des 
régions placentaires, ils émigrent aux extrémilés des valves dor- 
sales ct leurs dimensions diminuent beaucoup. 

5 Bientôt, les encoches, formées par l'épiderme des lobes dans 
le tissu central de l'ovaire, deviennent de plus en plus fortes, et 
l'on a alors deux, trois ou quatre cloisons épaisses, réunies au 
centre par deux rangées de cellules; l'épaisseur de ces cloisons 
diminue du centre à la périphérie; il en résulte une, trois, quatre 
cloisons minees, papyracées, réduites aux deux épidermes, sauf 
à leur périphérie qui contient les systémes libéro-ligneux ren- 
versés, Ceux-ci, ainsi que les systèmes libéro-ligneux normaux 
correspondants, situés à leur face externe, restent toujours beau- 
coup plus gros que les faisceaux des valves dorsales des loges; 
ces derniers se ramifient pour fournir les nombreux petits fais- 
ceaux des valves. Les ovules apparaissent alors et raccordent leur 
bois et leur liber, exclusivement au bois el au liber des sys- 
tèmes libéro-ligneux renversés des cloisons. Souvent même ces 
ovules se détachent, non pas du bourrelet placentaire même, mais 


XX SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


beaucoup plus près du centre, dans la région mince des cloisons 
(fig. 8); dans ce cas, les cloisons sont parcourues par des fais- 
ceaux libéro-ligneux qui relient les ovules aux systèmes ren- 
versés. 


6° Ces faits que nous venons de décrire se rencontrent à la base 


Q 


OT 


Qn 


Fic. 6 - Nasturtium palustre DC. Fruit à deux loges, coupe transversale. 


de l'ovaire. Jusqu'aux environs du style, nous observons la méme 
disposition. Elle est représentée dans les figures 6, 7 et 8, où sont 


Fra. 7, — Nasturtium palustre DC. Fruit à trois loges fertiles, coupe transversale. 


dessinées trois coupes transversales faites au milieu de la hauteur 
dans les trois sortes de fruits de Nasturtium palustre DC. 

T A la partie supérieure de l'ovaire, les loges deviennent plus 
petites; les cloisons augmentent d'épaisseur de la périphérie au 
centre; les systémes libéro-ligneux renversés diminuent, puis dis- 


GERBER. — FRUITS TRI ET QUADRILOCULAIRES DE CRUCIFERES. XXI 


paraissent, quant aux systèmes libéro-ligneux normaux situés à la 
face externe de ceux-ci, ils persistent et conservent leurs dimen- 
sions, tandis que les faisceaux des parois externes des loges sont 
devenus de plus en plus petits. 

8' Au milieu du style, les loges ont complètement disparu; il 
en est de méme des petits faisceaux des valves; au contraire, les 
deux, trois ou quatre systèmes libéro-ligneux normaux des régions 
placentaires persistent, et on les retrouve encore dans la région 
stigmatique qu'ils constituent seuls. 

Si maintenant nous examinons la surface de l'ovaire, nous 
voyons qu'elle est parcourue par un certain nombre de sillons 


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Fi. 8, — Nasturtium palustre DC. Fruit à quatre loges fertiles, coupe transversale. 


longitudinaux. Ces sillons sont placés à droite et à gauche de 
chacune des cloisons et divisent la surface en quatre, six ou huit 
régions, suivant le nombre des loges. Les quatre régions placen- 
taires sont très étroites, tandis que les quatre régions valvaires sont 
très larges. 

L'épiderme, qui tapisse la surface des régions placentaires, est 
formé de cellules beaucoup plus petites que celui qui la pisse la 
surface des régions valvaires. Nous avons vu que la méme diflé- 
rence existe entre l'épiderme qui revêt la paroi interne des loges 
constituée par les cloisons et celui qui revét leur paroi externe. 
Enfin, une rangée de cellules, bien différentes des cellules voisines, 


XXII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


traverse la paroi ovarienne de part en part et semble réunir l'épi- 
derme qui tapisse les loges à l'épiderme des sillons extérieurs; 
c’est d'ailleurs par cette couche de cellules que se fera la déhis- 
cence du fruit. 


III. — NOMBRE DES CARPELLES QUI ENTRENT DANS LA CONSTITUTION 
DES FRUITS ANORMAUX DE NASTURTIUM PALUSTRE DC. 


Jusqu'ici, nous nous sommes appliqué à décrire simplement le 
gynécée à deux, trois et quatre loges de Nasturtium palustre DC. 
en évitant soigneusement toute déduction qui eût été d'ailleurs 
prématurée; mais, maintenant que nous connaissons l'ensemble 
des faits, nous ne sommes plus tenus à la méme réserve. 


4° NATURE DES CLOIsoNs. — Le mode de formation de la cloison, 
la présence, en elle, d'un systéme libéro-ligneux renversé, nous 
ont permis de conclure, quand il s'agissait de Sisymbrium Co- 
lumne Jacq. (1) et du Colza (2), à l'existence, dans la cloison de 
ces plantes, de deux feuilles carpellaires fertiles adossées par leur 
face dorsale. Ces feuilles seraient réduites à leur nervure médiane 
wés épaissie dans le sens antéro-postérieur. L'identité de for- 
mation et de structure des cloisons des siliques à deux, trois et 
quatre loges de Nasturtium palustre DC. nous fait admettre la 
méme hypothèse : les cloisons de ces derniers fruits sont formées 
de deux, trois et quatre feuilles orientées de facon à s'appliquer 
l'une contre l'autre et à se souder, par leur face dorsale, au 
centre de l'ovaire. 


2" NATURE DES PAROIS OVARIENNES. — Le mode de formation 
du replum el des valves dorsales des loges; l'émigration vers la 
per iphérie tout d'abord des faisceaux allant aux valves dorsales 
(faisceaux qui quittent ainsi les premiers le cercle libéro-ligneux 
de la tige au-dessous de l'ovaire); le départ plus tardif des fais- 
ceaux beaucoup plus gros allant dans les régions placentaires; les 
différences d'épiderme des régions placentaires et valvaires, 
l'existence de quatre sillons séparant ces régions, tous ces faits 
nous avaient fait conclure, pour le Colza, à la présence, dans la 


' (4) Loc. cit. 
(2) Loc. cit. 


GERBER. — FRUITS TRI ET QUADRILOCULAIRES DE CRUCIFÈRES. XXIII 


paroi ovarienne, de quatre feuilles carpellaires stériles disposées 
en deux verticilles. L'identité des faits observés dans les parois 
des siliques à deux, trois et quatre loges de Nasturtium palustre 
DC. nous fait, là encore, admettre la méme hypothése : les parois 
ovariennes des siliques, à deux, trois et quatre loges, de Nastur- 
tium palustre DC. sont formées de quatre, six et huit feuilles car- 
pellaires stériles constituant deux verticilles de deux, trois ou 
quatre carpelles chacun. 


J' RELATIONS ENTRE LES FEUILLES CARPELLAIRES DE LA CLOISON 
ET CELLES DE LA PAROI. — Le procédé de formation des systémes 
libéro-ligneux renversés de la cloison, leur situation à la face 
interne des systémes libéro-ligneux normaux des régions placen- 
taires, nous a fait admettre, dans le cas du Sisymbrium Columnae 
Jacq. parasité, que les deux feuilles carpellaires fertiles de la cloi- 
son proviennent du dédoublement des deux feuilles carpellaires 
stériles qui leur sont superposées. Ici encore, l'identité des faits 
observés nous fait penser que les deux, trois et quatre feuilles 
carpellaires fertiles des cloisons des fruits à deux, trois et quatre 
loges de Nasturtium palustre DC. proviennent du dédoublement 
des deux, trois et quatre feuilles stériles superposées. 


4 CONSTITUTION DU STYLE ET DES STIGMATES. — La persistance 
des deux systémes libéro-ligneux normaux des régions placen- 
taires, dans le style et les stigmates du Colza, et la disparition 
d'abord des systémes libéro-ligneux renversés, puis des faisceaux 
des valves dans ces mêmes régions du gynécée, nous avaient fait 
admettre que le style et les stigmates du Colza n'étaient formés 
que par les deux feuilles carpellaires stériles constituant les 
régions de la paroi ovarienne superposées aux cloisons. Les faits 
identiques que nous ont révélés les systèmes libéro-ligneux nor- 
maux et renversés correspondants, ainsi que les faisceaux des 
valves, en pénétrant dans le style et les stigmates des fruits à deux, 
trois et quatre loges de Nasturtium palustre DC., nous autorisent 
à dire que les deux, trois et quatre feuilles carpellaires stériles 
constituant les régions de la paroi ovarienne superposées aux 
cloisons, forment seules les stigmates des fruits de Nasturtium 
palustre DC. 


En d'autres termes : Les fleurs anormales de Nasturtium pa- 


XXIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


lustre DC. à quatre loges ovariennes, et probablement les diverses 
fleurs anormales dont on a fait le genre Tetrapoma ont, comme 
les fleurs normales de Colza, de Nasturtium palustre DC. et de 
toutes les Crucifères, un gynécée formé de deux verlicilles de 
feuilles carpellaires. 


a. Le verticille externe comprend quatre feuilles carpellaires 
stériles ouvertes, tandis que celui des fleurs normales de Cruci- 
[éres wen contient que deux. 

b. Le verlicille interne comprend également quatre feuilles 
carpellaires stériles ouverles, allernes avec celles du premier ver- 
ticille, tandis que celui des [leurs normales de Crucifères n'en 
contient que deux. 


e. Les huit feuilles de ces deux verticilles se rejoignent par 
leurs bords en un faux verticille, pour constituer la paroi ova- 
rienne, comme le font les quatre feuilles des siliques normales. 


d. Les quatre feuilles carpellaires du verticille interne se pro- - 
longent seules dans le style et les stigmales, comme le font les 


deux feuilles carpellaires du verticille interne des siliques nor- 
males. 


e. Ces quatre mêmes feuilles carpellaires du verticille interne 
donnent naissance, par dédoublement, à quatre feuilles carpel- 
_laires fertiles, lesquelles tournent de 180 degrés el viennent se 
souder, par leur face dorsale, au centre de l'ovaire en un méme 
nombre de cloisons, comme font les deux feuilles carpellaires fer- 
liles de la cloison des Crucifères normales, provenant, elles aussi, 


du dédoublement des deux feuilles carpellaires du verticille in- 
terne. 


Quant aux siliques à trois loges, elles proviennent de ce què, 
dans chaeun des deux verticilles, il ne se développe qu'une seule 
feuille carpellaire supplémentaire au lieu de deux; mais ce phé- 
noméne n'est qu'un accident survenu dans la formation d'une 
silique à quatre loges. L'examen de la figure 7 montre, en effet, 
que les trois cloisons sont placées de telle facon que deux d’entre 
elles constituent un diamètre et la troisième un rayon perpendi- 
culaire au diamètre. Pour avoir le type à quatre loges, il suffirait 
de prolonger ce rayon et de le transformer en diamètre. A l'extré- 
mité ainsi marquée de ce. diamètre, on trouve le petit faisceau 


GERBER. — FRUITS TRI ET QUADRILOCULAIRES DE CRUCIFÈRES. XXV 


médian d'un carpelle valve, au lieu du système libéro-ligneux 
placentaire et du systéme renversé correspondant qui auraient dü 
se former. Or, d'un autre cóté, nous avons indiqué qu'à la base 
de ce fruit à trois loges, les deux grands ares libéro-ligneux situés 
aux extrémités du diamétre perpendiculaire au rayon étaient plus 
grands que celui situé à l'extrémité de ce rayon. Il n'y a donc 
aucun doute. Au moment de la dislocation de l'anneau libéro-li- 
gneux de la tige, la séparation, qui aurait dü se produire aussitôt 
aprés les deux grands arcs situés aux extrémités du diamètre, ne 
s'est faite que beaucoup plus loin, dans l'intérieur méme du qua- 
triéme grand arc, de celui qui aurait dû se former; ce dernier n'a 
donc pu prendre naissance; à lui s'est substitué un petit faisceau 
constituant la portion médiane d'un carpelle stérile valvaire. En 
un mot, chacun des deux ares libéro-ligneux trop grands com- 
prend, outre le systéme libéro-ligneux de carpelle placentaire 
qu'ils constituent, le petit arc d'un carpelle stérile et une portion 
du quatriéme grand arc. 


IV. — THÉORIES ÉMISES AU SUJET DES FRUITS TRI ET QUADRI- 
LOCULAIRES DES CRUCIFÈRES. 


Deux théories sont actuellement en présence. L'une est soute- 
nue par Celakowsky, et l'autre a pour auteurs Chodat et Lendner. 


PREMIÈRE THÉORIE. — Pour la grande majorité des botanistes, 
surtout depuis les recherches organogéniques faites par Payer sur 
Tetrapoma barbareifolia Turez., les fruits à quatre loges des 
pieds anormaux de Nasturtium palustre sont considérés, ainsi 
que nous venons de le dire, comme constitués par quatre” car- 
pelles à placentation pariétale; quant aux quatre cloisons, elles 
seraient des prolongements tardifs des placentas pariétaux, pro- 
longements qui viennent se rencontrer au centre de l'ovaire. Ces 
ovaires présenteraient ainsi un souvenir atavique du type ances- 
tral des Cruciféres, lequel serait à quatre feuilles carpellaires fer- 
tiles avec placentation pariétale; quant aux Cruciféres actuelles à 
deux loges, elles proviendraient du type ancestral par avortement 
de deux des quatre feuilles carpellaires. 

Voici en effet ce que dit. Celakowsky : « Die jetzigen Cruciferen 
(ausser Tetrapoma und Holargidium) haben normal nur 2 Car- 


XXVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


piden, so wie sie nur 2 Staubgefässe im äusseren Kreise haben, 
die Vierzahl ist in beiden Kreisen nur für deren Vorfahren, für 
den Urtypus anzunehmen, wovon jedoch die medianen Glieder 
beim Übergang in Dimerie spurlos verschwunden sind (1). » 


DEUXIÈME THÉORIE. — Au contraire, Chodat et A. Lendner (2) 
inclinent à penser que le fruit à quatre loges de Tetrapoma bar- 
bareifolia Turcz. n'aurait, comme les siliques normales des Cru- 
ciféres, que deux feuilles carpellaires fertiles. Cette opinion repose 
sur lanalogie supposée du cas des ovaires à quatre loges de 
Tetrapoma barbareifolia Turez. avec celui des ovaires à quatre 
loges de Cheiranthus Cheiri L. 

Ce dernier cas a été étudié d'une facon trés consciencieuse par 
les savants botanistes génevois. Il nous semble nécessaire de résu- 
mer ici leur étude a(in de pouvoir comparer les résultats auxquels 
ils sont arrivés avec les nótres. Disons tout d'abord que, pour eux, 
les fruits normaux de Cheiranthus Cheiri L. à deux loges sont 
formés de quatre feuilles carpellaires, deux stériles constituant les 
valves dorsales et deux fertiles constituant les placentas. Les feuilles 
carpellaires fertiles contiennent trois faisceaux : un médian et 
deux latéraux. Ces derniers proviennent d'une ramification du 
faiceau médian avant l'apparition des loges et innervent les ovules. 
Dans le type normal à deux loges, les carpelles placentaires sont 
très étroils durant toute la hauteur de l'ovaire et leurs trois fais- 
ceaux sont trés rapprochés les uns des autres. Rien de plus 
simple, d'aprés ces savants, que de rattacher à ce type normal les 
types à trois et quatre loges; il suffit d'admettre l'élargissement 
des deux feuilles carpellaires fertiles. Pour eux, en effet, les 
deux-feuilles carpellaires fertiles des types à deux loges s'élar- 
gissent beaucoup dés la base de l'ovaire, par suite leurs trois 
faisceaux sont fortement écartés; devant chaque faisceau médian 
se forme une nouvelle cavité séparée des anciennes par une cloison 
contenant un des deux faisceaux latéraux. Ces derniers continuent 
à innerver les ovules; la seule différence consiste en ce que les 


(1) Celakowsky, Das Reductionsgesetz der Blüthen (Sitzungberichte der 
kónigl. bóhmischen Gesellschaft der Wisenschaften Mathematisch Natur- 
wissenschaftliche Classe, 1894, p. 85). i 

(2) Chodat et Lendner, Remarques sur le diagramme des Cruciféres (Uni- 
v.rsité de Genève, Lab. de Bot., 4° série, 6° fasc.). 


GERBER. — FRUITS TRI ET QUADRILOCULAIRES DE CRUCIFÈRES. XXVII 


ovules sont contenus dans quatre loges au lieu de n'étre situés que 
dans deux. Dans ces conditions, disent-ils : « les ovules ne dé- 
pendent que des quatre placentas et ceux-ci de deux carpelles 
seulement, les deux médians », et ils continuent.: « Malgré les 
apparences, ces fruits si réguliers de Cheiranthus n'ont pas 
quatre carpelles fertiles, mais seulement deux. Il est probable, con- 
Unuent-ils, que tel est aussi le cas de Tetrapoma (1). » 

Les recherches que nous avons faites sur la stucture des fruits à 
deux, trois et quatre loges de Nasturtium palustre DC. ne nous 
permettent pas de partager leur maniére de voir. Il existe en effet 
des différences essentielles entre les faits observés par Chodat et 
Lendner et ceux quenous avons lrouvés. 

Le mode de formation des systémes libéro-ligneux des régions 
placentaires aux dépens de l'anneau primitif ; le moment où ils 
se détachent de cet anneau, leur constitution, leurs dimensions 
sont les mémes, qu'il y ait deux, trois ou quatre loges dans Nas- 
turtium palustre DC. Au contraire, elles sont différentes suivant le 
nombre des loges dans Cheiranthus Cheiri L. Ces différences 
expliquent suffisamment les conclusions opposées auxquelles nous 
sommes arrivé. Et cependant, nous ne croyons pas qu'il soit 
impossible de faire cadrer les observations de MM. Chodat et 
Lendner avec notre théorie. C'est ce que l'étude rapide d'une 
silique à trois loges de Jonopsidium acaule Rchb. va nous per- 
mettre d'essayer. 


V. — DESCRIPTION DES FRUITS A TROIS LOGES DE IONOPSIDIUM 
ACAULE Rchb. 


L'asymétrie que nous avons rencontrée dans les fruits à trois 
loges de Nasturtium palustre DC. se retrouve dans une silique à 
trois loges de Ionopsidium acaule Rchb. que nous avons eu la 
bonne fortune de trouver. La silicule anormale ne présente que 
deux ailes opposées à la base et ce n'est qu'à une certaine hauteur 
que la troisiéme aile apparait sur l'un des cótés de la silicule. 

Une coupe faite à la base de l'ovaire montre un anneau libéro- 
ligneux duquel se détachent deux petits faisceaux qui s'éloignent 
rapidement du centre. Ces deux pelits faisceaux sont aux extré- 


(1) Loc. cit. 


XXVIII . SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


mités, non d'un diamètre, mais d'une corde du cercle; il en résulte 
que des deux grands arcs libéro-ligneux restants, l'un est prés de 
deux fois plus petit que l'autre. Entre les deux petits faisceaux el 
le centre apparaissent, un peu plus haut, deux loges qui gran- 
dissent peu à peu et refoulent chacun des deux petits faisceaux 
à une distance telle du centre que l'ovaire semble avoir deux ailes 
opposées. Les loges grandissent et sont séparées par une cloison 
à la périphérie de laquelle se trouvent les deux arcs libéro-ligneux 
alternant avec les faisceaux valvaires. Cette cloison diminue peu à 
peu d'épaisseur, mais elle reste beaucoup plus épaisse du cóté du 
grand systéme conducteur que du cóté du petit, et le premier ne 
tarde pas à se diviser en trois portions : un faisceau médian, et 
deux arcs latéraux beaucoup plus grands. Le faisceau médian a 


Ionopsidium acaule Reichb. 


Fis. 9. — Coupe transversale d’un fruit Fic. 10, — Coupe tranversale d'un fruit 
à deux loges. à trois loges. 


les mêmes dimensions que les petits faisceaux des deux ailes ; il va 
se loger dans une troisième aile qui apparaît sur l’un des côtés de 
la silicule : une cavité se forme à sa face interne. A la périphérie 
de chacune des deux nouvelles cloisons ainsi formées se place 
un des deux arcs latéraux. Ces ares sont identiques à celui qui se 
trouve dans la troisième cloison, et l'on a finalement une silicule 
asymétrique à trois loges et trois cloisons, dont une coupe demi- 
schématique est représentée figure 10. (L'asymétrie se voit encore 
mieux en comparant la figure 10 à la figure 9 représentant la 
coupe demi-schématique d'une silicule normale.) 

Deux faits rapprochent notre observation de celle de MM. Chodat 
el Lendner; ce sont : l'apparition tardive de la troisième loge e 
la division de l'arc libéro-ligneux en trois au moment de la forma- 
tion de cette loge. Mais deux faits l'en éloignent, ce sont : la dif- 
férence primitive des deux ares libéro-ligneux de la cloison tant 
qu'il n'y a que deux loges, et l'égalité finale des trois ares qui 
occupent chacun une des trois régions placentaires. Les deux 


GERBER. — FRUITS TRI ET QUADRILOCULAIRES DE CRUCIFÈRES XXIX 
premiers faits tendraient à prouver qu'il n'y a réellement que 
deux carpelles fertiles comme dans les Giroflées des savants géne- 
vois. Au contraire, les deux derniers faits plaident en faveur de 
l'hypothèse suivante : dés la base de l'ovaire, l'anneau libéro-li- 
gneux devait se diviser en six feuilles carpellaires, trois pour les 
valves et trois pourles placentaires, mais les systémes conducteurs 
de deux carpelles placentaires et d'un carpelle valve sont restés 
concrescents durant une certaine longueur aprés laquelle seule- 
ment s'est opérée la séparation qui aurait dù être primitive. Un 
entraînement semblable ne pourrait-il pas, jusqu'à un certain 
point, expliquer le retard de l'apparition du placenta ou des deux 
placentas supplémentaires dans les Giroflées étudiées par MM. Cho- 
dat et Lendner ? Une seule objection peut être formulée : c'est la 
différence de constitution de ces placentas. Ils ont en effet trouvé 
que les placentas des siliques à deux loges possédaient trois fais- 
ceaux, tandis que ceux des fruits à quatre loges n'en contenaient 
qu'un seul, et que ceux des fruits à trois loges avaient : l’un 
trois faisceaux, et les deux autres un seul. 


CONCLUSIONS. 


Tandis que, pour MM. Chodat et Lendner, les fruits tétraloculaires 
observés chez certaines Gruciféres possèdent le méme nombre de 
feuilles carpellaires que les fruits biloculaires, c'est-à-dire deux 
feuilles fertiles alternant avec deux feuilles stériles, ces quatre 
feuilles constituant la paroi ovarienne, et que pour eux la seule 
différence entre les deux sortes de fruits réside dans l'élargisse- 
ment des feuilles fertiles amenant l'écartement des deux rangées 
d'ovules portées par leurs bords, pour nous, comme pour Payer et 
Gelakowsky, ces fruits tétraloculaires contiennent un nómbre de 
feuilles carpellaires double de celui des fruits normaux. Mais, 
tandis que pour ces savants, il n'y aurait que quatre carpelles, 
tous fertiles, à placentation pariétale constituant la paroi ova- 
rienne et que pour eux encore les quatre cloisons ne seraient que 
des expansions tardives des placentas pariétaux vers le centre de 
l'ovaire, pour nous, les feuilles carpellaires de la paroi ovarienne 
sont stériles et ce sont les cloisons formées de feuilles carpellaires 
qui portent les ovules. 

Il y aurait en un mot deux verticilles alternes de quatre feuilles 


XXX SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


carpellaires stériles, ces huit feuilles se réunissant par leurs 
bords en un faux verticille pour constituer la paroi ovarienne ; 
mais les quatre feuilles carpellaires du verticille interne donnent 
naissance par dédoublement à quatre feuilles carpellaires fertiles, 
lesquelles tournent de 180 degrés et viennent se souder par leur 
face dorsale au centre de l'ovaire en un méme nombre de cloisons 
portant sur les deux cótés de leur face ventrale (région externe) 
une rangée d'ovules. 


M. Dumée fait à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR LE SAC EMBRYONNAIRE DES ORCHIDÉES, par Mf. Paul DUMÉE. 


Hofmeister avait cru pouvoir conclure de ses recherches que, 
tout au moins chez les Orchidées, le sac embryonnaire est d'ori- 
gine épidermique. Plus tard, Strasburger vint affirmer qu'il n'en 
était rien et que toujours le sac embryonnaire provient d'une 
cellule sous-épidermique. Depuis, personne n'est venu contredire 
l'opinion de ce savant botaniste. 

Avant eu le loisir d'étudier le développement de l'embryon chez 
les Orchidées, j'ai été amené à rechercher si, chez ces plantes, le 
sac embryonnaire est bien d'origine sous-épidermique. 

Or, si l'on examine chez ces plantes des ovules suffisamment 
jeunes, on trouve en coupe optique que leur nucelle est forme 
de trois séries de cellules, toutes de méme apparence et sensi- 
blement de mème dimension : il serait bien difficile alors de dé- 
signer celle de ces cellules destinée à devenir le sac embryon- 
naire. Sur des ovules plus âgés, il n'en est plus de méme, el l'on 
distingue aisément qu'une des cellules de la série axile a pris un 
plus grand développement que les autres; au premier abord, celte 
cellule, qui sera la cellule-mére du sae embryonnaire, parait située 
sous la cellule épidermique, mais ce n'est, à notre avis, qu'une 
apparence. 

En effet, si, sur les nombreux ovules que peut présenter une 
préparation, on porte quelque attention, il ne sera pas dilficile 
d'en trouver dont la cellule supérieure de la série axile soit no- 


`; L 5 
tablement plus grande que les deux aulres (voyez figures 1, 4, 9» 


6, 8, 9, 12, 13, 16, 18, etc.). 


— 


DUMÉE. — SAC EMBRYONNAIRE DES ORCHIDÉES. XXXI 


Si nous poursuivons notre examen, nous verrons que cette méme 
cellule médiane pourra avoir deux noyaux, indice certain d'une 
division prochaine (voyez figures 2, 26, 30, 37, 41, 42). A un 
stade plus avancé, la cloison sera formée (voyez figures 3, 
7, 10, 14, 15, 22, 27, 31, 34, etc.), et la cellule épidermique se 
trouve constituée. Cette cellule, épidermique d'ailleurs, ne tarde 
pas à se diviser par une cloison perpendiculaire à la surface libre 
(voyez figure 11); les deux cellules latérales, elles aussi, se 
divisent de bonne heure (voyez figures 6, 7, 8, 9, 11, 13, 14, 15, 
23, etc.). 

Jusqu'alors, il est aisé de reconnaitre, malgré les divisions 
qu'elles ont pu subir, les trois cellules primitives du mamelon 
nucellaire; mais, à partir de ce moment, il n'en est plus de 
méme (voyez figures 11, 15, 27, 35, 43, etc.), et l'on serait alors 
tenté de penser que c'est bien la cellule sous-épidermique de la 
série axile qui s'est développée pour devenir la cellule-mére du sac 
embryonnaire. Ainsi, tout au moins chez les Orchidées indigènes, 
les seules que nous ayons pu étudier, il est toujours possible de 
trouver des ovules présentant la cellule supérieure de la série 
axile, non divisée ou en voie de division. Lorsque cette division a 
eu lieu, on constate que souvent le noyau de la cellule épider- 
mique, reconstituée, est ovale (voyez figures 26, 30, 37, etc.) et 
non sphérique,comme celui de la cellule-mére du sac. Nous avons 
remarqué, en outre, que, pendant un cerlain temps, la cellule 
épidermique, reconstituée, présente, avec la cellule-mére du sac, 
une relation qui indique suffisamment son origine; elle semble 
faire corps avec elle, elle en épouse exactement la surface (voyez 
ligures 10, 14, 22, 97, 31, 35, 39). 

Nos recherches ont porté sur les espèces suivantes : Aceres an- 
thropophora; Loroglossum hircinum; Orchis ustulata, purpurea, 
militaris, Simia, Morio, mascula, palustris, maculata, latifolia ; 
Ophrys muscifera, aranifera, arachnites, apifera; Gymnade- 
nia conopea ; Platanthera bifolia; Cephalanthera grandiflora ; 
Epipactis latifolia, palustris; Neottia Nidus-avis, ovala: Spi- 
ranthes æstivalis ; Goodyera repens. 


[Note ajoutée par l'auteur. — Indépendamment des espèces citées 
plus haut, nous avons récolté pendant la session d'Hyéres : Orchis 
picta; Serapias cordigera, longipetala, Lingua; Limodorum aborti- 


XXXII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


vum. De plus, nous avons pu nous procurer en bonnes conditions 
Cypripedium Calceolus que nous n'avions pas encore eu l'occasion 
d'examiner. Chez tous, on retrouve les mêmes processus (voyez figures 
1à35;8à 101; 16 à 19; 28 à 31). Le Cypripedium Calceolus, qui semble 
éminemment favorable à ces observations, offre un nucelle qui est envi- 
ron deux fois plus volumineux que chez les autres Orchidées. Par contre, 
celui du Goodyera repens est sensiblement plus petit que ceux de la 
plupart des Orchidées indigénes. 

Toutes nos figures ont été dessinées par nous à la chambre claire, au 
grossissement uniforme de 430/1 : il sera de la sorte facile de comparer 
les différents nucelles entre eux. La figure 23 prise sur l'Orchis pa- 
lustris montre un nucelle à deux cellules-mères du sac embryonnaire.] 


Explication des figures des planches XI et XII de ce volume. 


(Grossissement 430/1). 


FIGURES 1 à 3. — Cypripedium Calceolus; coupe optique du nucelle. 


— 4 à 7. — Goodyera repens. Idem. 
— $à 11. — Limodorum abortivum. Idem. 
— 12 à 15. — Loroglossum hircinum. Idem. 
— 16 à 19. — Serapias longipetala. Idem. 
— 20 à 23. — Orchis palustris. Idem. 
— 24 à 27. — Orchis ustulata. [dem. 
— 28 à 31. — Orchis picta. Idem. 
— 92 à 35. — Orchis mascula. Idem. 
— 96 à 39. — Gymnadenia conopea. Idem. 
— 40 à 49. — Ophrys arachnites. Idem. 


M. Ludovic Legré donne un résumé de l'étude historique 
suivante : 


LEGRÉ. —- LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XVI* SIÈCLE. — XXXIII 


LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XVI* SIÈCLE 


PAR M. Ludovic LEGRÉ. 


I. — Louis ANGUILLARA 


En un siècle où la Botanique, alors dans toute l’exubérance de 
sa jeune vitalité, prenait le plus large essor, — et tandis que la 
plupart des phytographes, pour enregistrer et commenter leurs 
découvertes, ne procédaient que par d'épais in-folio qu'ils agré- 
mentaient de nombreuses plantes gravées sur bois, — le botaniste 
italien dont nous allons étudier les rapports avec la Provence se 
contenta de léguer à la postérité un mince volume de format petit 
‘in-octavo, orné seulement de deux modestes figures (1). 

Cet opuscule, qui ne semblait pas avoir été écrit en vue de 
l'impression, et qui fut livré à la publicité non point par l'auteur, 
mais par un ami de celui-ci, a suffi néanmoins pour assurer à 
Louis Anguillara une place glorieuse dans le panthéon des réno- 
vateurs de la Res herbaria au xvr siècle. 

Les origines de ce botanographe illustre sont demeurées obs- 
cures. Nous ne savons méme pas comment il se nommait. Car 
Anguillara n'était point son nom. C'était celui d'une bourgade des 
Etats de l'Église (2) oà il naquit à une date inconnue, probable- 
ment vers les premières années du siècle (3). 


. (1) Ce volume, dont les plats ont quinze centimètres et demi de haut et 
dix centimètres de large, contient 304 pages de texte et un index non paginé ` 
remplissant 16 feuillets. Nous donnerons plus loin les autres indications 
bibliographiques. 

(2) € ANGUILLARA, bourg de la province, circondario, et à 30 kil. N.-O. de 
Rome (anciens Etats de l'Eglise, Italie centrale) sur le bord méridional du lac 
de Bracciano, au point où l'Arrone, affluent de la Méditerranée, s'en écoule. 
880 habitants. — On y voit des restes de monuments romains. » (VIVIEN pe 
SAINT-MaRTIN, Nouveau Dictionnaire de Géographie universelle.) 

(3) TinaBoscut, Storia della letteratura italiana (édition de Florence, 
1810, tome VII, 2° partie. 

T. XLVI. C 


XXIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), Mal 1899. 


On n’a guère, pour reconstituer l’histoire de sa vie, que les ren- 
seignements qu'il consigna, d'une facon incidente et discrète, dans 
le livre dont nous venons de parler. 

Ce qui, — en quelque sorte à premiére vue, — ressort avec 
éclat de cet ouvrage, c’est le haut degré de science et d'autorité 
auquel avait atteint Louis Anguillara, d'abord par une étude 
approfondie du texte des auteurs anciens, et ensuite par une série 
d'herborisations persévérantes qui le conduisirent dans toutes les 
provinces de l'Italie, des Alpes à la Calabre, et lui firent parcourir 
une vaste étendue de pays étrangers. 

Presque tous les biographes d'Anguillara ont loué sa modestie. 
On ne peut, effectivement, méconnaitre chez lui cette aimable 
vertu, quand on a lu le récit de ses herborisations (1). Il se met en 
scène le moins possible. Il tient que le moi est haïssable : aussi 
n'emploie-t-il que bien rarement la première personne du sin- 
gulier. Au lieu de dire qu'il a trouvé telle plante en Gréce ou en 
Syrie, il préfère cette formule : « On trouve en Morée..., on voit à 
Alep... » Nous sommes forcé de regretter qu'il se soit ainsi attaché 
à effacer sa personnalité. Nous aurions été heureux de rencontrer 
dans ses écrits un plus grand nombre de détails personnels qui 
eussent permis à la biographie de dresser avec certitude la liste de 
toutes les localités qu'il visita en dehors de l'Italie continentale. 

Mais il est hors de doute qu'Anguillara entreprit de longues et 
pénibles pérégrinations. En écrivant, le 25 octobre 1560, à un 
médecin de Venise, Messer Nicoló da San Michiele Comasco, il 
parlait du trés grand désir, qu'il avait toujours éprouvé, de se 
rendre utile autant qu'il dépendait de lui, et il ajoutait : « C'est 
» ce désir qui m'a induit maintes fois à entreprendre de Jointains 
» et périlleux voyages où je mettais ma vie au pouvoir des Turcs 
» eL autres barbares, sans avoir jamais, pour cela, recu ni méme 
» espéré aucune récompense; j'y ai, au contraire, trés largement 
» dépensé mon bien. » 

Nous avons pris une connaissance minutieuse des écrits d'An- 
guillara, et d'après les détails qu'il y a donnés, voici quels sont, à 
notre avis, les itinéraires que dut suivre le voyageur. 


(1) En dédiant un de ses Parères « al molto magnifico signor Pietro- 
Antonio Michiele ». Anguillara lui disait : « En quelle maniere puis-je, mo^ 
pauvre Rhizotome, si petit à côté des autres, espérer qu'aucun de mes Pareres 
puisse être jugé bon par votre haute science? > > | 


LEGRÉ. — LA BOTANIQUE EX PROVENCE AU XVI* SIÈCLE. XXXV 


En herborisant dans le nord de l'Italie, il franchit les Alpes et 
` S'avanca en Suisse, dans le canton des Grisons, jusqu'à Coire. 

Puis, lorsqu'il prit la mer, il visita l'Istrie, la Dalmatie (Zara, 

Sebenico et quelques-unes des iles de l'Archipel illyrien, entre 
autres Lesina), l'Albanie, les grandes iles loniennes, Corfou, 
Céphalonie et Zante, la Morée, plusieurs des Cyclades et des 
Sporades, l'ile de Chio. Nous croyons qu'il poussa jusqu'à Cons- 
tantinople (1). Il vit les iles de Chypre et de Crète (2), où il 
parait avoir fait un séjour d'une certaine durée. Il aborda en 
Syrie, où il a nommé Alep et Damas. Il relâcha trés probable- 
ment à Alexandrie d'Égypte. De là faisant voile vers l'ouest, il 
s'arréta en Sicile, en Sardaigne, en Corse, et finalement il gagna 
le port de Marseille où il mit pied à terre et d’où il partit pour 
aller explorer une partie de la Provence. 

Ces longs et difficiles voyages qui, chez Anguillara, n'avaient 
pas eu d'autre mobile que l'ambition de s'instruire (3), lui pro- 
curérent, quand il fut de retour en Italie, une grande renommée. 

Aussi la République de Venise s'empressa-t-elle de lui confier, 
en 1546, la direction du Jardin botanique de Padoue, dont un 
décret du Sénat, rendu le 30 juin de l’année précédente, avait 
décidé la eréation. Le titre officiel que lui conférait l'acte de 
nomination était celui de Gran Semplicista del? Illustrissima 
Signoria di Vinegia nel studio di Padova (4). 


(1) La ville de Constantinople est nommée deux fois dans le livre d'Anguillara. 
ll dit du Reupontico : « A Constantinople, on en voit moins qu'en d'autres 
lieux »; et de la Réglisse : « On la trouve sur le chemin de Constantinople, 
vers la Thrace. » Il nous semble que cette double affirmation de faits précis 
procède d'une constatation de visu. Et du reste sa présence en beaucoup 
d'autres endroits est certifiée uniquement par de menus détails que seul peut 
avoir rapportés un témoin oculaire. 

(2) En Crète, Anguillara s'était lié avec un speziale (pharmacien), originaire 
de Rhodes, qu'il appelle Constantino Rhodioto et dont il parait avoir fait 
le plus grand cas. Il le proclame « son ami trés cher, trés célebre en l'art 
pharmaceutique, nella sua arte molto celebre e mio carissimo amico ». 
Comme en un autre passage il lui donne le nom de maestro, on s'est 
demandé s'il ne s'était pas constitué l'élève du savant speziale. Que ce fut en 
qualité d'ami ou à titre d'élève, il avait certainement essayé, pendant son - 
sejour à Candie, de mettre à profit le savoir et l'espérience de Constantin le 
Rhodiote. 

(3) Dans une lettre adressée à un de ceux qui lui avaient écrit pour le 
consulter, i| disait : « J'ai fait de nombreux voyages étant seul, et j'en ai 
`» obtenu profit et consolation non petite. » 

(4) Gaspard Bauhin, en inscrivant sur une liste d'auteurs qu'il a insérée en 


XXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Le goût de la botanique était, en ce temps-là, fort répandu 
dans toute l'Italie. Non seulement les médecins et les speziali 
étudiaient, recherchaient et cultivaient les plantes, sur lesquelles 
l'art de guérir fondait alors de si belles espérances, mais il y avait 
aussi, parmi l'aristocratie et jusque dans le haut clergé, des bota- 
-nophiles passionnés qui herborisaient avec zèle et livraient leurs 
jardins à la culture des simples. Au nombre des compagnons qui 
le suivirent dans ses herborisations d'Italie, Anguillara cite — 
outre Cesare Odoni, « médecin et philosophe », professeur à 
lUniversité de Bologne, et l'Allemand Jean Prinster, médecin 
à Nuremberg, — l'évéque de Cesena, Monsignor Reverendo Ves- 
covo di Cesena, qu'il nomme plusieurs fois; puis deux gentils- 
hommes, l'un Pisan, Odoardo Gualandi, et Fabricio Candiano, 
de Milan. 
La haute autorité que Louis Anguillara devait à ses études, à 
-ses recherches, à ses voyages, à son titre de « grand Simpliciste 
de la Seigneurie de Venise » était cause que de tous côtés ces 
professeurs, ces médecins, ces grands seigneurs, pris d'un beau 
zèle pour la botanique, avaient l'idée de recourir à lui et de le 
eonsulter au sujet des espéces eritiques. Pour les botanistes de 
cette époque l'importante question était de pouvoir reconnaitre, 
parmi les plantes qui s'épanouissaient sous leurs yeux, celles 
qu'avait prónées l'antiquité médicale. 
Louis Anguillara, avec cette bonhomie qui était un des traits de 
sa nature, déférait volontiers aux désirs de ses correspondants : 


tête du Pínaz le nom de Louis Anguillara, Jui donne le titre de troisième 
directeur du jardin de Padoue, « horti Patavini tertius in ordine praefectus ». 
Le prédécesseur d'Anguillara à Padoue, au dire du méme 6. Bauhin, aurait 
été Louis Mundella, auteur d'un recueil de lettres De natura Stirpium au 
sujet desquelles "Tournefort a dit dans l'Isagoge de ses Institutiones : 
« Aloysius Mundella scripsit Epistolas de Stirpium natura eximias quidem et 
elegantes, sed ad rem Herbariam parùm conducentes. » — Mais Tiraboschi, 
— qui affirme avoir eu communication des documents officiels à ce relatifs, — 
déclare formellement que la fondation du, jardin botanique de Padoue avait 
été décrétée par le Sénat de Venise à la date indiquée plus haut, et que Ja 
charge de l'organiser et de l’administrer fut, dès le principe, attribuée, avec 
d'honorables appointements, à Louis Anguillara : « Il Senato veneto a 30 di 
giugno del 1545 saggiamente ordinò che a pubbliche spese si formasse un 
orto botanico. Questa è la vera epoca del principio dell’ orto de’ simplici in 
Padova..., Alla formazione e alla eustodia di esso, fu chiamato con onorevole 
stipendio nel 1546 l'Anguillara, il qual n'ebbe la cura fino al 1561. » 
TiRABOSCHL,. Storia della letteratura italiana.) 


LEGRÉ. — LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XVI* SIÈCLE. XXXVII - 


il leur fournissait sur les cas difficiles des avis que sa grande expé- 
rience rendait infiniment précieux. Il donnait à ces réponses le 
nom de parere, « avis, opinion, consultation (1) ». 

Un de ces consultants, il magnifico et eccellente Messer Gio- 
vanni Marinello, concut le projet de réunir au Parére dont il 
avait été lui-même gratifié ceux que d'autres correspondants 
avaient reçus (2), et deles publier en un volume. Il demanda et 
obtint l'autorisation d'Anguillara, et ce recueil fut imprimé à 
Venise, en 1561, par Vincenzo Valgrisi (3). 

Il parut sous le titre de SEMPLICI DELL’ ECCELLENTE M. Luigi 
ANGUILLARA, liquali in piu Pareri à diversi nobili uomini seritti 
appaiono, et nuovamente da M. Giovanni MaRINELLO mandati 
in luce (4. 


(1) Le mot français parere serait l'exacte traduction de l'italien parere, si 
en francais cette expression n'avait pas un sens plus restreint qu'en italien. 
Chez nous le mot parére n’est guère usité que dans la langue des affaires. 
« PaRÈRE, dit Littré, sentiment, avis de négociants sur des questions de 
commerce, » Ces avis de négociants sont le plus souvent rédigés, pour étre 
produits, sous forme d’attestation, devant la juridiction compétente, quand il 
s'agit, par exemple, d'établir l'existence d'un usage commercial actuellement 
en vigueur. 

. (2) Tous les Paréres d'Anguillara furent adressés à des personnages italiens, 
à l'exception du premier, qui eut pour destinataire un Francais, Ludovic 
Demoulins de Rochefort, « médecin de Madame Margucrite de France, 
duchesse de Berry, sœur unique du Roi Trés Chrétien Henri II ». La lettre 
de Ludovic Demoulins, à laquelle Anguillara répondit de Padoue le 10 avril 1558, 
lui avait été écrite de Marseille. Le médecin de la duchesse de Berry se 
disposait à faire un voyage dans le Levant, et il aurait bien voulu décider le 
botaniste de Padoue à l'y accompagner. Mais celui-ci, pour s'en dispenser, 
allègue dans sa réponse qu'il est retenu par la charge que lui a confiée le 
Sénat de Venise et quelques affaires particulières, « le cure publiche del 
m e qualch' altro mio negocio privato, che mal mio grado mi riten- 

no ». 

.QG) Seguier (Bibliotheca botanica) a prétendu que Valgrisi aurait succes- 
Sivement imprimé, en 1561, deux éditions du livre d'Anguillara : la première 
du format in-4° et dépourvue des deux gravures qui se trouvent dans l'édition 
in-8° (Seguier dit in-12). — Pritzel (Thesaurus literature botanica) n'a pas 
mentionné cette prétendue première édition. — Tournefort (Inst., Isagoge) 
INVOquant une énonciation de Schenck, en sa Bibliothèque iatrique, a 
Signalé l'existence d'une traduction latine du recueil des Paréres faite par 
Gaspard Bauhin ; laquelle, d'aprés Seguier, aurait été imprimée à Bàle en 1593. 
L artiele ANGUILLARA de la Biographie universelle (signé par Dupetit-Thouars) 
affirme, aprés recherches, que si cette traduction a été faite, elle n'a jamais 
été imprimée, Cependant Pritzel a reproduit à ce sujet l'indication biblio- 
&raphique donnée par Seguier. 

(4) Au risque d'offenser, par un jugement téméraire, la mémoire de Jean 


XXXYHI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Ce livre, devenu aux yeux de la postérité le titre de gloire 
d'Anguillara, lui suscita tout d'abord de vifs désagréments. 

Au cours de ses consultations, Anguillara fut plus d'une fois 
amené à contredire des affirmations formulées par Matthiole en 
ses Commentaires sur Dioscoride. Il le faisait toujours avec une 
irréprochable courtoisie et de facon à ménager les susceptibilités 
du botaniste de Sienne. D'ailleurs, dans ses Paréres, il le louait 
encore plus souvent qu'il ne le critiquait, et jamais il ne le citait 
sans l'appeler « l'eccellentissimo e dottissimo Messer Pietro-Andrea 
Matthioli ». | 

Mais on rencontre quelquefois des botanistes devenus irritables 
autant que peuvent l'étre les poétes. Quand on leur démontre 
qu'en tel endroit ils ont commis une erreur, leur orgueil se cabre, 
et dans leurs coléres i! ne gardent plus aucune mesure. 

Ainsi fit le commentateur de Dioscoride. Il conçut pour Anguil- 
lara une violente inimitié. I1 rechercha toutes les occasions delui 
nuire. Il parvint méme à faire partager sa haine par Aldrovande. 

Tiraboschi a cité divers passages des lettres que Matthiole écrivit 
* ce dernier, et dans lesquelles, aveuglé par sa fureur, il ne erai- 
gnit pas de descendre jusqu'aux pires injures. 

€ J'ai lu avec le plus grand plaisir, disait-il, ce que vous 
» m'écrivez au sujel de ce lâche fripon de Louis Anguillara; je 
» suis charmé que vous l'ayez reconnu tout d'abord pour très 
» ignorant, puis pour trés méchant et trés envieux (1). » 

L'historien italien a supposé que ces inexcusables attaques por- 
tèrent une grave atteinte à la réputation d'Anguillara. Allérent- 


Marinello, nous croyons qu'en se faisant l'éditeur de ce recueil il obéissait à 
un sentiment de vanité personnelle. Il était riche, cemme le démontre, — en 
méme temps que son offre de payer l'impression du livre, — l'épithète de 
magnifico que lui avait appliquée Anguillara. Mais il n’était pas noble puis- 
qu'on lui donnait seulement le titre de Messer et non point celui de Signor 
réservé à des gentilshommes, tels que Contarini ou Loredano, figurant en 
majorité parmi les clients auxquels l'auteur des Paréres avait répondu. Cette 
dernière circonstance permettait à Marinello d'indiquer sur le frontispice du 
volume que les Parères étaient adressés à des nobles, à diversi nobili 
huomini scritti; et de cette facon il trouvait le moyen de s'affilier à la no- 
blesse, et de laisser eroire qu'il était gentilhomme, lui aussi. . 

(1) « Con grandissimo piacere veramente ho poi letto tutto quello che m! 
> serivete di quel vigliacco mariolo d'Aluigi Anguillara, e molto me pace 
» che lo abbiate conosciuto prima per ignorantissimo, e poi per malignis- 
> simo et invidiosissimo. » — Dans une autre lettre, Matthiole, jouant sur le 
nom d'Anguillara, l'appelle scortica anguilla, anguille écorchée. 


LEGRÉ. — LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XVI' SIÈCLE. XXXIX, 


elles jusqu’à influencer le gouvernement de Venise? Toujours est-il 
que le directeur du jardin de Padoue fut en butte à des tracas- 
series administratives. Son traitement fut suspendu, el quatre 
esattori (1) eurent mission de vérifier si, sous son autorité, les 
intérêts du jardin n'avaient pas eu à souffrir, 

Le résultat de l'enquéte fut entiérement favorable à notre bota- 
niste (2). Mais tous ces ennuis finirent par le décourager, Brus- 
quement, en 1561, il se démit de ses fonctions, et partit aussitôt 
pour Ferrare. 

On a prétendu que, retiré dans cette ville, il résolut d'y ensei- 
gner publiquement la médecine. Mais ce fait est contesté par 
Tiraboschi. En réalité Anguillara occupa ses loisirs et mit toute 
son application à composer de la thériaque, aidé par un moine 
augustin, Frate Evangelista Quadramio, que protégeait le duc de 
Ferrare. D'un voyage dans la Pouille, entrepris en compagnie du 
religieux pour aller y cueillir des simples, Anguillara rapporta 
une fiévre pestilentielle dont il ne put se guérir (3) : il s'éteignit à 
Ferrare au mois d'octobre 1570. 

Si, pendant eette retraite de dix années, il n'enseigna point, 
comme professeur attitré, la médecine et la botanique, du moins 
continua-t-il à étre recherché et consulté par des étudiants ou des 
botanistes, désireux de s'instruire en recourant à ses lumières et à 
son expérience. 

Cette circonstance nous est révélée dans le grand ouvrage que 
publiérent en 1571 Pierre Pena et Mathias de Lobel, le Stirpium 
Adversaria. 

Des relations familiéres et suivies s'établirent entre Anguillara 
et les deux signataires de ce livre célèbre, ou tout au moins celui 


des deux qui en fut le principal rédacteur, — le Provencal Pierre 
Pena (4). 


(1) Littéralement « percepteurs », mais ici il conviendrait de traduire par 
« mspecteurs des finances ». 

(2) Tiraboschi nous apprend, d’après Faccioli (Fasti Gymnasii Patavini), 
que l'Université de Padoue prit parti pour Anguillara et fit justice des 
calomnies dont il était victime : « nella qual occasione peró l'Università stessa 
rendette all Anguillara onorevole testimonianza, e ribattè le calunnie 
appostegli. » 

(3) Le même historien ajoute que cette « febre pestilenziale » lui avait été 
occasionnée « per molti suoi disordini ». 

. (4) Voir à ce sujet ce que nous avons exposé dans l'ouvrage qui a pour 
titre : La Botanique en Provence au XVI siècle ; Pierre Pena et Mathias 


XL SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Pena qui, en 1561, était déjà arrivé en Italie, y demeura jusqu’en 
1565, où il alla continuer ses études à Montpellier. 

Nous devons admettre qu'entre ces deux dates il vint plusieurs. 
fois à Ferrare, ou qu'il y prolongea son séjour, car il eut avec 
Anguillara de fréquents entretiens. 

L'illustre botaniste est cité quinze fois dans le Stirpium Adver- 
saria et presque toujours avec des épithétes amicales et flat- 
teuses qui montrent combien l'étudiant provençal avait conçu 
pour lui d'attachement et d'estime : « doctissimus, sedulus, ma- 
teriæ medicæ callentissimus, non vulgaris amicus. » Deux fois le 
superlatif modestissimus vient témoigner de cette modestie qui 
avait été chez Anguillara une vertu si manifeste, et l'adjecuf can- 
didus exprimait, pensons-nous, l'aimable franchise avec laquelle 
le vétéran consulté répondait à ses jeunes interlocuteurs. 

Ceux-ci mettaient parfois à l'interroger une certaine insistance : 
« negabat Anguillara, nobis anæiè sciscitantibus »; mais ses ré- 
ponses étaient toujours affables : « cùm multa alia doctè et amicé 
nos moneret », ajoute le texte. C'était à propos d'un « Tragium » 
qu'il avait rencontré jadis dans les collines de Pise; et, comme 
Pierre Pena montrait un vif désir de connaître la station de cette 
plante, Anguillara eut l'obligeance d'écrire à un pharmacien de 
Lucques pour le prier d'y conduire son jeune ami (1). 

On sait que Matthiole est fort maltraité dans l'ouvrage auquel 
Pena et Lobel ont attaché leur nom. Le rédacteur du Stirpium 
Adversaria ne laisse échapper aucune occasion de lui reprocher 
ses bévues, de le tourner en ridicule, de témoigner à son égard 
une animosité, une aversion des plus ardentes. Il est permis de 
supposer que ces colères furent suscitées ou avivées par le souvenir 
des invectives grossières dont le Commentateur (2) avait si injus- 
tement accablé le doux Anguillara. 


de Lobel (Marseille, 1899). — Mathias de Lobel était certainement venu étudier 
en ltalie. Dans le Stirpium Observationes, œuvre qui lui est propre, il cite 
divers personnages italiens avec lesquels il avait été en rapport. Mais il na 
pas nommé Anguillara, ce qui fait supposer qu'il n'était pas allé à Ferrare. 

(1) Mais ils ne retrouvérent pas le Tragium : « Nobis literas dedit 
[Anguillara] ad quendam perbonum et industrium Lucensem pharmacopæun : 
qui tamen plantam neque ipse potuit, neque quisquam alius, illic quo loco 
esset, indicare. » (Stirp. Adv., p. 360.) 

(2) C'est presque toujours par cette expression que Matthiole est désigné 
dans les diatribes du Stirpium Adversaria. 


LEGRÉ. — LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XVI SIÈCLE. XLI 


Dans les quatorze Parères dont se compose le recueil édité par 
Jean Marinello, Anguillara a étudié environ quinze cents espèces. 
Ce livre demeure, pour l’histoire tant de la flore italienne que de 
celle du Levant, un document du plus haut intérêt. 

Quand Anguillara parcourut la Provence, il y revit beaucoup 
de plantes qu'il avait déjà rencontrées en [Italie et dans les autres 
pays où il s'était transporté. 

Aussi ne devons-nous pas nous étonner s’il n’a mentionné qu’un 
petit nombre des espèces indigènes en Provence. 

Avant de passer en revue celles dont il a parlé, nous avons à 
dire quelques mots de l'itinéraire qu'il suivit dans ses excursions 
à travers le territoire provencal. 

Nous avons supposé, suivant toute probabilité, qu'il arriva par 
mer à Marseille. Il s'arréta sans doute pendant un certain temps 
dans cette grande ville, aux environs de laquelle il herborisa tout 
d'abord : Marseille est citée trois fois dans les Paréres. 

Puis il traversa toute la partie nord-ouest de la province pour 
atteindre Avignon et de là Carpentras. Ces deux villes apparte- 
naient alors au Saint-Siège. Mais on les considérait toujours 
comme faisant partie de la Provence. 

Les autres localités dont Anguillara a fait mention sont : 

Les Pennes et Lançon (1), qui dépendent actuellement du dépar- 
tement des Bouches-du-Rhône ; 


Roussillon, Mazan et l'Isle, qui appartiennent au département 
de Vaucluse. 


C'est chose fort regrettable, nous l'avons dit, que dans ses 
notices Anguillara ait toujours été si sobre de détails personnels. 
Il n'a pas méme fait connaitre l'année de sa venue en Provence (2). 
Les diverses plantes dont il a signalé l'habitat provençal sont 


un ) Au temps où Anguillara vint à Lancon, ce village était protégé par une 
einte flanquée de tours dont quelques-unes subsistent et ont encore 

grand air. 
led d Pour les nombreuses herborisations qu'il fit en Italie, Anguillara, dans 
explora | tct, à cité fréquemment des dates : ainsi nous savons qu'en 1539 il 
1514 el (si lentours de Bologne ; en 1512, le Monte Nero de Livourne ; en 
l'Abruzze $ le Monte Nero de Pise; en 1546, le Vicentin ; en 1548 et 1549, 
parler ze. aus que l'on puisse expliquer cette anomalie, lorsqu'il vient à 
nous bodies voyages hors de l'Italie, iln inscrit plus aucun millésime; et 
Tiraboschy op à ce sujet pas d'autre renseignement que celui fourni par 
€ Avea l'An après lequel Anguillara était jeune quand il se mit en route : 
nguillara negli anni suoi giovanili corse molte provincie straniere. » 


XLH SESSION EYXTRAORBINAIRE A HYÈRES (VAR), Mal 1899. 


mentionnées en cinq de ses Parères : Je plus ancien des cinq est 
daté du 18 février 1559, C'est donc antérieurement à cette année 
1559 qu'il avait effectué son voyage de Provence. 

Nous pensons qu'il fit en ce pays un séjour assez long. Nous 
en avons pour preuve cette circonstance qu'il avait eu le temps de 
se familiariser avec Ja langue provençale. Il a, en effet, indiqué le 
nom provencal d'un Buplévre. Et, comme le mot avait, dans la 
langue populaire, une signification spéciale, il en donnait, au 
cours du chapitre relatif à cette Ombellifére, une exacte explica- 
tion (1). 

Yoici maintenant quelles sont, avec leurs noms modernes, les 
espéces que, dans le recueil des Semplici, Anguillara déclarait 
avoir rencontrées sur le territoire de la Provence : 


4 Cistus albidus L.; 
2° Cistus salviefolius L.; 
9. Cistus monspeliensis L.; 


4 Cytinus Hypocistis L. — Il est question de ces quatre espèces 
dans le chapitre qui est intitulé DeL Crsro E Lapano (2) : « ll 
existe, écrivait Anguillara, deux espéces de Ciste, ainsi que l'en- 
seigne Dioseoride : le Ciste mâle et le Ciste femelle. » Le premier 
est notre Cistus albidus L. et le second, C. salviæfotius L. Puis, 
aprés avoir indiqué des stations de l'une et l'autre espèce en 
divers pays, notre auteur ajoutait: « Le méme Ciste se voit encore 
en Provence et les deux espèces y produisent l'Hipocisto (3). » — 
Par le nom de Ladano, il désignait le Cistus monspeliensis L. Il 
constatait que celui-ci donnait aussi naissance à l'Hypociste, et 
pour l'habitat il répétait : « Si puo vedere... in Provenza (4). » 


(1) Pour ne point exagérer la portée de cet argument, nous devons recon- 
naître qu'étant Italien, Anguillara avait eu beaucoup de facilité à s'initier au 
provencal. 

(2) Semplici, p. 61. 

(3) Cytinus Hypocistis. 

(4) Dans le Pinar, Gaspard Bauhin a fait du Cisto maschio d'Anguillara 
un synonyme de son « Cistus mas folio rotundiore hirsutissimo », auquel 
Linné a donné le nom de Cistus villosus. Mais il y a ici une erreur évi- 
dente. Anguillara n'avait pas pu voir en Provence le C. villosus L. qu! ne 
s’y trouve point. Nous devons donc admettre qu'il entendait par Ciste mâle 
le.C. albidus actuel, comme le firent d'autres floristes du xvi* siècle, Gesner, 
Pena et Lobel, Camerarius, Charles de l'Escluse, etc. — Pour le Cisto femma 
et le Ladano, notre interprétation concorde avec celle de Gaspard Bauhin. 


LEGRÉ. — LA BOTANIQUE EN PROYENCE AU XVI SIÈCLE. XLIN 


5° Cytisus sessilifolius L. — Anguillara le nomme Citiso. Il 
énonce qu’on le trouve en Corse et en Provence (1), et il en 
donne une description dont les détails se rapportent bien au Cytise 
à feuilles sessiles. « C'est, dit-il, un arbrisseau de quatre coudées, 
à écorce lisse, avec des feuilles petites et semblables à celles du 
Fénugrec [c'est-à-dire trifoliolées], un peu charnues, et de petites 
fleurs de couleur jaune comme celles du Genét (Spartium jun- 
ceum L.)... (2) ». 


6° Ulex parviflorus Pourr. — Dans la plupart des cas, Anguil- 
lara se contente de donner aux plantes qu'il étudie leur nom 
italien. Ici, et par exception, il applique à l'Ulez les noms latins 
de Scorpio et Nepa (3). « Bien que cette plante, dit-il, soit trés 
abondante en Grèce, néanmoins on la trouve aussi en Provence, 
entre Lancon et les Pennes, et en beaucoup d'autres endroits prés 
de Marseille (4). » Puis il la décrit et, aprés avoir noté que la 
floraison commence dés le mois de septembre, il termine son 
article par cette singuliére observation : « Les fleurs tombent 
ensuile sans produire aucun fruit, selon ce que je puis affirmer; 
sauf certaines petites capsules de forme ovale à l'intérieur des- 
quelles il n'y a rien (5) ». 


T° Cnicus benedictus L. — L'auteur des Paréres appelait cette 


(1) Semplici, p. 83 : « Questo tale si trova in Corsica e per la Provenza, » 

(2) lbid. : « La pianta é di quattro gombiti... con corteccia liscia,.. Sono 
tutti [1 suoi rami] carichi di foglie pieciole simili à quelle del Fienugreco, di 
Sostanza carnose, e da esse escono alcuni surcoli piecioli che producono i 
fiori piceioli simili à quelli della Genestra di color giallo. » Gaspard Bauhin, 
dans le Pinaz, et Jean Bauhin, dans l'Historia plantarum universalis, n'ont 
Proposé que sous forme interrogative l'assimilation du Citiso d'Auguillara 
avec l'espèce que plus tard Linné nomma Citisus sessilifolius. Nous ne 
trouvons pas dans la flore de la Provence d'autre arbrisseau à feuilles 
trifoliolées et à fleurs papilionacées jaunes auquel puisse se mieux appliquer 
la deseription d'Anguillara. 

(3) En latin ces deux mots signifient scorpion. Les Adversaria (p. 353) 
expliquaient ainsi la dénomination appliquée à l'Ulez : « Nepa vocatur 
ones ab animalculo caudæ ictu metuendo. » La langue italienne a 

"serve, avec le méme sens, celui de scorpio. 
copines aplici, p. 143 : « Anchor che in Grecia questa pianta si trovi 

m a, nientedimento si trova anchora in Provenza tra Lansone e le 

ne, € in molti luoghi appresso à Marsiglia, » 

(9) Ibid. : « 1 fiori eascano poi senza lasciarne frutto alcuno, secondo che 


ote i TM . -— o. 
pote io avverlir : eccetto certi vasetti di figura olivari, dentro de’ quali non vi 
+ cosa alcuna. » 


XLIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Carduacée Atrallile, mot qui traduisait le latin Atractylis. Il 
l'avait rencontrée « nella Provenza, tra Masan e Lilla (1) ». 


8 Bupleurum fruticosum, L. — Suivant les errements de la 
plupart des botanographes du xvr siècle, qui voyaient en cette 
grande Ombellifére le Seseli æthiopicum de Dioscoride, Anguil- 
lara l'appelait Seseli ethiopico. Voici textuellement ce qu'il en dit : 
« On le trouve entre Roussillon et Marseille en Provence, où les 
paysans le nomment Tacobugada. Ce mot n'a pas d'autre signifi- 
cation que celle de Tache-lessive; il vient de ce que la plante, 
quand on la brüle, donne des cendres qui laissent des taches aux 
endroits qu'elles touchent. Le Séséli éthiopique est un arbrisseau 
pareil au Verbasco salvatico (Phlomis fruticosa L.). Ses feuilles 
imitent celle du Chévrefeuille, mais elles sont un peu plus allon- 
gées. Cet arbrisseau produit de grandes ombelles, comme la Fé- 
rule. La semence a la méme forme que celle du Séséli de Marseille 
(Seseli tortuosum L.), mais elle est dure, de couleur noire. La 
plante, qui conserve ses feuilles toute l'année, est entiérement 
odorante, mais la graine l'est plus que tout le reste. C'est une 
odeur qui rappelle celle du Térébinthe (2). » 


Y Quercus coccifera L. — Le long chapitre dans lequel An- 
guillara a décrit le Chéne-nain porte pour titre Cocco. Le mot de 
Cocco, ou Cocco baphico (en latin Coccus baphicus), désignait, 
ainsi que celui de Grana (graine), l'insecte parasite, — Sur la 
nature duquel on n'avait alors que des notions trés confuses, — 
qui procurait la couleur écarlate. Le phytographe italien s'expri- 
mait à ce sujet de la facon que voici: « La Grana ou Cocco ba- 
phico est produite par deux sortes de plantes : par l’Ilex (Quercus 
coccifera L.) et par une plante particulière. La Grana de l'Ilex se 
trouve encore aujourd’hui en diverses parties de la Provence et 


(1) Semplici, p. 149. — Mazan et l'Isle font partie aujourd'hui du dépar- 
tement de Vaucluse, ainsi que nous l'avons dit plus haut. 

(2) Semplici, p. 212 : « Si trova fra Rossiglione e Marsiglia nella Provenza, 
e da paesani chiamasi hoggi Tacobugada, laqual parola altro non vuole 
significare, che Macchia hucada ; perche la cenere di questa pianta abbruciata 
dove tocca, lascia le macchie. La pianta é un frutice simile al Verbasco 
salvatico, legnoso piu del detto Verbasco. Le foglie paiono quelle del Pericli- 
meno, ma alquanto piu lunghe. Produce ombelle grandi simili à quelle della 
Ferula. ll seme mostra il Seseli di Marsiglia, ma duro, di color nero. 
pianta che sempre é vestita delle sue foglie, e tutta odorata : ma piu il seme 
che'l resto ; l'odore del quale rassembra quello del Terebintho. » 


LEGRÉ. — LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XVI° SIÈCLE. XLV 


dans l'Esclavonie où elle est appelée Cervach, ce qui signifie tein- 
ture. Elle existe aussi en Macédoine et là elle se nomme pareil- 
lement Chervach, mais avec une aspiration à la première syllabe. 
La même plante fournit la liqueur que Théophraste nommail 5zéac, 
laquelle est de couleur rouge et de la nature du miel. Les dames 
du pays s'en servent pour se rougir et se rendre belles. Les Pro- 
vencaux l'appellent Chermes... (1). » — Anguillara parle ensuite 
de l'autre espéce, pianta propria, et il entre en beaucoup de 
détails au sujet de la substance tinctoriale extraite de cette plante 
qu'il considérait comme une Pimprenelle. Il est tombé ici dans 
une confusion manifeste (2). Mais comme, d'aprés ses indications, 
ce n'est pas la Provence qui nourrissait cette prétendue Pimpre- 
nelle, nous n'avons pas à le suivre dans les longues explications 
qu'il a données à ce propos. 

Pour les neuf espéces que nous venons d'énumérer, nous ne 
pensons pas qu'il puisse y avoir doute, et nous croyons exacte 
l'application que nous leur avons faite des noms actuellement en 
usage dans nos flores. 

À l'égard de cinq autres plantes, attribuées par Anguillara à la 
Provence, la tâche du traducteur devient plus ardue. Nous allons 
examiner ces espéces critiques, en les présentant sous le nom que 
leur donnait en italien l'auteur des Parères : 


1° Eringio di Archigene. — Aussitôt aprés avoir traité de 
l'Attratile (Cnicus benedictus L.), Anguillara décrivait en ces 


(1) Semplici, p. 260 : « La Grana, over Cocco Baphico, è prodotto da due 
maniere di piante : dall Ilice, e dalla pianta propria. Quello dell’ Ilice si 
trova ancora hoggidi nelle parti della Provenza, e in Schiavonia, ove è chia- 
mato Cervach, che significa tintura. Ne è anco per la Macedonia, e ivi mede- 
Simamente si chiama Chervach, ma con l'aspiratione nella prima sillaba. 
Questa medesima pianta produce quel liquore, che Theofrasto chiama $oéa«, il 
qual è rosso di colore, e di sostanza di mele. Le donne del paese l'usano per 
farsi rosse, e belle. I Provenzali il chiamano Chermes. » 

2) Confusion que Jean Bauhin a relevée dans l'Historia plantarum 
Universalis (t. I, 2° part., p. 109) : « Singularis et plane 72039c£c; nobis 
videtur Anguillara quando de cocco et plantis cocciferis scribens ait 
í Italis la grana dicta, vel coccos baphica nascitur in duabus plantis 
» distinctis : Hice, et in planta propria. Coccus Ilicis adhuc hodie reperitur 
» in Provincia... Provinciales Chermes nuncupant. » — Et Bauhin déclare 
expressément que, pour lui, la prétendue pianta propria décrite par Anguil- 
lara ne diffère pas de l'Tlex coccifera que le botaniste voyageur avait vu en 
Provence : « Planta igitur quam Anguillara proprié cocciferam appellitat ac 
describit, eadem nobis est cum Ilice coccifera Provincie. » 


XLVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 
termes un Eringio dont Aetius, dit-il, a fait mention d’après 
Archigène (1) : 

« Les feuilles ressemblent à celles de l’Atrattile, mais elles sont 
d'une consistance plus dure et d'une teinte plus claire, tirant. sur 
le blanc. Une racine unique produit plusieurs rameaux (tiges) qui 
s'élévent à la hauteur d'une coudée. Les fleurs sont semblables à 
celles de l'Œil-de-bœuf, c'est-à-dire du Buphthalme, mais il y 
pousse au milieu quelques étamines qui altérent la ressemblance 
avec un cil. Cette plante est trés abondante dans toute la Pro- 
vence. Mais je n'en connais pas le nom vulgaire (2). » 

Gaspard Bauhin, toutes les fois qu'il peut les déterminer, a grand 
soin de faire figurer les plantes d'Anguillara parmi les synonymes 
des espèces pour lesquelles il a lui-même, dans le Pinaz, établi 
une dénomination nouvelle. Il a identifié (p. 379) I « Eryngium 
Archigenis Anguil. » avec la plante qu'il nommait : « Acarna 
flore luteo patulo », et dont Linné, dans le Species, a fait le Gar- 
lina racemosa. Mais cett Carline ne se trouve point sur le terri- 
toire de la Provence. Dans leur Flore de France (t. I, p. 283), 
Grenier et Godron, sous la rubrique « Espèces exclues », s'expri- 
ment ainsi : « Carlina racemosa L. (C. sulphurea Desl.). — M- 
diqué par Gouan à Montpellier et par De Candolle en Corse, nous 
n'avons pu constater sa présence ni dans l'une ni dans l'autre de 
ces deux localités. De Candolle ne le posséde pas de Corse dans 
son herbier. Il existe en Sardaigne. » 

Il est infiniment probable qu'Anguillara appliquait le nom 
d'Eringio di Archigene à notre Carlina corymbosa L., qui est 
bien, comme il le constatait, « trés abondant dans toute la Pro- 
vence ». l comparait, on l'a vu, la fleur de l'Eringio à celle du 
Buphthalmo : or, dans le chapitre qu'il consacrait à cette der- 
nière espèce, il indiquait le caractère suivant : « fleurs entièrement 
jaunes et non point, comme quelques-uns l’ont prétendu, jaunes 


(1) Archigéne, médecin grec né en Syrie, vint s'établir à Rome et y acquit 
une grande réputation sous Domitien, Nerva et Trajan. , 

(2) Semplici, p. 150: « Aetio di sententia di Archigene descrive un 
Eringio, il quale fa le foglie simili all’ Atrattile, ma sono di sostanza pi! 
dure, e il color é piu chiaro che trahe al pallido. Fa molti rami à una radice, 
i quali si inalzano alla grandezza d'un gombito. I fiori sono simili à quelli 
dell” occhio di bue, ciò è Buphthalmo, ma crescendo poi alcune stamine in 
mezo, guastano la forma dell” occhio. È questa pianta copiosissima per tuta la 
Provenza. Ma nou vi so nome volgare, » 


LEGRÉ. — LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XV! SIÈCLE. XLVIE 


au milieu et blanches autour (1). » Justement les fleurs du Car- 
lina corymbosa sont toutes jaunes. 


2 Polirizo di Plinio. — « Cette plante, écrit Anguillara, naît 
en Provence entre Mazan et Roussillon (2). Elle est semblable au 
Rusco (Ruscus aculeatus L.), mais elle n'est pas piquante. Elle a 
de nombreuses racines qui ressemblent à celles de l'Hellébore 
noir, tout en étant quelque peu plus minces et sans aucune odeur. 
La saveur est astringente (3). » 

Pline, au sujet du Polyrrhizon (XXVII, 103), s'était contenté de 
dire: « Le Polyrrhizon a les feuilles du Myrte et des racines 
nombreuses. » — Dans la traduction qu'il a donnée de l'Histoire 
naturelle, Littré a pris soin d'adapter un nom linnéen à toutes 
les plantes décrites ou mentionnées par Pline. Mais il n'en a point 
indiqué pour le Polyrrhizon et, dans une note spéciale, il s'est 
exprimé ainsi : « Le Polyrrhizon a été rapporté à l’Aristolochia 
Pistolochia L. parce que Pline (dans un autre passage, XXV, 54) 
donne le nom de Polyrrhizos à une espèce d'Aristoloche. Mais 
vette Aristoloche n'a pas les feuilles du Myrte que Pline attribue 
aci à son Polyrrhizon. I| ne parait donc pas possible de déter- 
miner celui-ci (4). » 


3 Odontide di Plinio. — Dans le chapitre qui est ainsi inti- 
talé, Anguillara commence par indiquer avec précision la station 
de la plante : « Nasce la Odontide nella Provenza verso Carpentras, 
e nel eóntado d'Avignorne. » Puis il formule la description sui- 


(1) Semplici, p. 239 : « Fiore tutto giallo, e non, come vogliano alcuni, 
bianco atterno, e in mezo giallo. » . 2 

(2) Nous avons lieu d’être quelque peu surpris qu'Anguillara, qui na 
nommé qu'un trés petit nombre des localités de la Provence, ait cité deux 
fois des endroits d'aussi minime importance que Mazan et Roussillon. 
Lorsqu'il veut marquer les.limites du vaste périmètre dans lequel croit le 
Buplèvre ligneux, n'est-ce pas singulier que de le voir, en désignant Marseille 
pour l’une des extrémités, choisir comme terme opposé l'humble village de 
Roussillon? Peut-être avait-il lié connaissance avec quelque botanophile 
Provençal qui, ayant des intérêts en ce pays, ly conduisit et l'y retint 
Pendant un certain laps de temps. | 

(3) Semplici, p. 213 : « Questa pianta nasce in Provenza fra Masan e 
Rossiglione, è simile al Rusco, ma non punge. Le sue radici sono molte. 
Somigliano quelle dello Helleboro nero, ma aliquanto piu sottili, e di niun 
odore. 1} sapore è astringente: » ; 

6) Histoire naturelle. de Pline, avec la iraduclion en français, par 
M. E. Littré (Paris, Firmin-Didot et Cie, 1877), t. II, p. 245. T 


XLVIII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


vante : « Les racines donnent naissance à plusieurs petits rameaux 
(tiges) triangulaires, pleins de nœuds, semblables aux tiges du 
Polygonum mâle. Les feuilles, étroites et allongées, sont placées 
près des nœuds : il y en a trois à chaque nœud. Au sommet des 
rameaux (ou tiges) surgit en son temps un petit épi chargé de 
petites fleurs roses; après celles-ci apparaît un fruit semblable à 
l'orge, mais plus petit. Les racines, assez épaisses, sont de nul 
usage. Cette plante vient dans les prés (1). » 

Cette description est empruntée presque littéralement au texte 
de Pline (2). Littré, dans sa traduction, a identifié l’ Odontites du 
naturaliste romain avec l’ Euphrasia Odontites de Linné. Si cette 
assimilation est fondée, et rien dans la diagnose n'y répugne 
absolument, Anguillara aurait vu à Carpentras et aux environs 
d'Avignon une des deux espéces qui ont remplacé, chez les floristes 
modernes, l'espéce linnéenne primitive : Odontites rubra Pers. ou 
une espèce affine, O. serotina Rchb. 


4 Poligala. — Voici exactement ce que, sous ce titre, Anguil- 
lara a écrit : 

« En Provence, la Poligala se sème et se donne aux bestiaux. 
Elle nait aussi en Italie, dans les montagnes de Bologne, et dans 
l'Abruzze, mais je ne connais pas son nom vulgaire. C'est une 
plante semblable à la Lentille, mais plus charnue; elle fait une 
fleur jaune avec une silique mince (3). » 

Il s'agit évidemment d'une Légumineuse, mais laquelle? 

Matthiole, l'Historia Lugdunensis et Tabernæmontanus Ont 


. (1) Semplici, p. 220 : « ... Fa molti rametti triangolari dalle radici, piene 
di nodi, simili à quelli del Poligono maschio, appresso i quali sono le foglie 
strette e lunghette tre per ciascun geniculo. ln cima de rami sorge al suo 
tempo una spighetta piena di fiori rossetti piccioli, e doppo quelli esce un 
frutto simile all'orzo, ma piu piccolo. Le radice sono grossette di niun'uso. 
Nasce ne'prati. » 

(2) Pline avait dit (XXVII, 84) : « L'Odontitis est une espèce de foin. Il jette 
d'une seule racine plusieurs petites tiges serrées, pleines de nœuds, triangu- 
laires, noirâtres. Les nœuds sont garnis de petites feuilles, plus longues 
cependant que celles du Polygonon. La graine, semblable à l'orge, est dans les 
aisselles des feuilles. La fleur est pourpre, petite. ll croît dans les prés. ? 
(Traduction Littré.) 

(3) Semplici, p. 290 : « La Poligala si semina nella Provenza, e dassi alle 
bestie. Nasce ancora in Italia per gli monti di Bollogna e nell' Abruzzo. 
pianta simile alla Lente, ma piu grassetta, e fa un fior giallo con una siliqua 
sottile. > 


LEGRÉ. — LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XVI* SIÈCLE. XLIX 


appelé « Polygala », et Charles de l'Escluse a nommé « Polygala 
Valentina secunda » une plante à laquelle Gaspard Bauhin a plus 
tard conféré le nom de « Polygala major Massiliotica » et qui est 
présentement Coronilla juncea L. 

Le méme G. Bauhin nomma « Polygala allera » une autre 
espéce qui était antérieurement le « Polygala Valentina prima » 
de Clusius, et, lorsqu'il en établit la synonymie, il se demanda 
d'une facon dubitative s'il ne devait pas identifier son espéce 
avec le Polygala d'Anguillara. Linné a fait, du Polygala altera du 
Pinax, son Coronilla Valentina. 

Mais il nous parait de toute évidence que ce n'est ni le Coro- 
nilla juncea ni le C. Valentina que les Provençaux semaient pour 
en nourrir leurs bestiaux. Et d'ailleurs, quoique trop courte, la 
description donnée par Anguillara de son Polygala énonce des 
caractéres qui nous semblent inapplicables à ces deux Coro- 
nilles (1). 


5 Titimalo Petreo. — Ici encore il convient tout d'abord de 
traduire fidélement le texte du Semplici : 

€ Le Titimalo Petreo ou Dendroide se trouve au Saut-de-la- 
Biche en Toscane, dans la Ligurie entre Nice et Savone, et aux 
alentours de Marseille. Cette plante croit à la maniére d'un arbre, 
atteignant la hauteur d'un homme de stature élevée, avec un tronc 
dépourvu de feuilles, trés ligneux. Au sommet se voit une têle 


(1) M. le docteur Saint-Lager ayant publié dans les Annales de la Societ? 
botanique de Lyon (1898) une Note sur les Acceptions diverses du nom 
« Polygala », nous lui avons soumis, en le priant de nous faire connaitre 
scn sentiment, le passage du Semplici relatif à la plante qu'Anguillara 
appelait de c3 nom. Notre éminent confrère de Lyon, dont la compétence en 
ces matières est si grande, a bien voulu nous répondre qu'à son avis le 
Polygala d'Anguillara devait être notre Coronilla minima L. var. australis 
Godr., « Anguillara, nous écrit M. Saint-Lager, compare la foliaison de sou 
Polygala à celle de la Lentille, mais cette comparaison, déjà faite par les 
botanistes de l'Antiquité, doit s'entendre dans un sens large; on a voulu 
seulement indiquer que les rameaux portent plusieurs paires de folioles, et 
non des feuilles trifoliolées. Le Polygala, dit encore Anguillara, a une silique 
mince. Cette expression convient mieux aux Coronilles qu à aucun autre genre 
de Papilionacées. » 

La variété australis du C. minima est, en effet, trés commune sur toutes 
les collines calcaires de la Provence méridionale. Les cultivateurs provencaux 
du xvie siècle propageaient-ils dans leurs champs, par des semis, celte plante 
frutescente ? C’est là un problème qu'auront à résoudre ceux qui entrepreu- 
dront d'écrire une histoire de l'agriculture en Provence. D 


T. XLVI. 


L SESSION. EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


pleine de rameaux minces, chargés de feuilles semblables à celles 
du Myrte, mais un peu plus étroites. Les fleurs sont jaunes et les 
graines telles que les ont les autres Tithymales. Elle nait. dans les 
rochers. Je n’en connais pas le nom vulgaire (1). » 

En dressant la liste des synonymes de son « Tithymalus myrti- 
folius arboreus », dont Linné a fait ensuite Euphorbia dendroides, 
Gaspard Bauhin y a inséré, mais avec l'expression d'un doute (an), 
le Tithymalus petreus d'Anguillara. | 

L’ Euphorbia dendroides L. croissait-il, au xvi? sièele, dans les 
environs de Marseille? Nous sommes porté à répondre affirmati- 
vement. L'attestation d'Anguillara est précise, et c'est celle d'un 
témoin digne de for. 

On ne saurait mettre en doute qu'il ait vu prés de Marseille, sur 
des rochers, une plante ligneuse ayant véritablement les carac- 
téres rapportés plus haut. Peut-étre dans l'indication de la taille 
y a-t-il eu quelque exagération. Et encore se pourrait-il qu'il y 
eüt alors sur le territoire de Marseille de vieux pieds de cette Eu- 
phorbe ayant atteint les proportions énoncées par l'auteur du 
Semplici. 

L'Euphorbia dendroides se rencontre actuellement prés de Tou- 
lon, au milieu des rochers qui avoisinent le fort de Sainte-Mar- 
guerite. Pourquoi la méme plante n'aurait-elle pas végété aussi 
dans une station identique aux environs de Marseille? 

Mais, dira-t-on, si l'E. dendroides habitait, au xvi° siècle, le 
terroir de Marseille, pourquoi ne l'y voit-on plus aujourd'hui? 

L'expression employée par Anguillara, « nel contorno di Mar- 
siglia », marque qu'il avait découvert le Titimalo Pelreo dans les 
alentours immédiats de la ville. Or, depuis le xvi° siècle, ces alen- 
tours, singulièrement remaniés, ont changé d’aspect et de desti- 
nation. La station marseillaise d' E. dendroides devait être unique, 
comme l’est présentement celle de Toulon. La grande ville s'éten- 
dant toujours davantage, cette unique station fut ainsi détruite; 


(1) Semplici, p. 294 : « Il Titimalo Petreo, over Dendroide, si trova al 
Salto della Cerva in Toscana, e per Liguria tra Nizza e Savona, e nel contorno 
di Marsiglia. Cresce questa pianta à guisa di albero, aW altezza di un 
huomo, che sia ben grande, con un troneo mado di frondi, legnosissimo. Nella 
cui cima si vede una chioma piena di surcoli sottili, carichi di foglie sinrili: 
quello del Mirto, ma alquanto piu strette: i fiori sono gialli, e' P semet 
qual è quello degli aMri Titinali, e nasee ne gli sassi. Non vi so nome 
volgare. » - T Miseni 


LEGRÉ, — LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XYI* SIÈCLE. Lr 


et voilà comment on peut expliquer que l'Euphorbe arborescente 
ait cessé d'appartenir à la florule des environs de Marseille. 

Quelles sont, parmi les plantes qu'Anguillara déclare avoir vues 
en Provence et dont l'identité peut être reconnue avec certitude, 
celles qu'il a été le premier à y signaler ? 

Avant lui, dans un ouvrage publié en 1549 (les Scholies sur 
Aetius), Hugues de Solier avait noté la présence sur le territoire 
provençal de quatre des espèces mentionnées ensuite par les Pa- 
réres : Cistus albidus, C. salvifolius, Bupleurum fruticosum, 
Quercus coccifera (1). 

En ne tenant aucun compte de celles dont la détermination 
demeure hypothétique, Anguillara conserve incontestablement la 
primauté pour cinq espèces qui sont les suivantes : Cistus mons- 
peliensis, Ulex parviflorus, Cytisus sessilifolius, Cnicus benedic- 
tws, Cytinus Hypocistis. 

« Les botanistes désireux de compléter leur instruction, — a 


- dit le docteur Saint-Lager, — ont certainement grand profit à étu- 


dier l'histoire des acquisitions successives de notre science, et, en 
ce qui concerne plus particulièrement la phytostatique, à con- 
stater combien il a fallu de temps et d'efforts pour acquérir la 
somme de connaissances que nous possédons actuellement. » Et il 
ajoute avec beaucoup de raison : « Toutefois cette étude histo- 
rique, lorsqu'elle s'applique à un grand pays comme la France, 
doit être fractionnée par régions. » 

Nous croyons nous-même que rien né serait plus intéressant 
qu'une histoire des plantes de France qui ferait connaître le nom 
du premier invénteur de toutes les espèces indigènes en chacune 
de nos provinces. 

Dans un travail de cette nature, entrepris pour la Provence, il y 
aurait à inscrire au moins cinq fois le nom de Louis Anguillara. 


(1) Lupovic LecRé, La Botanique en Provence au XVI siècle: Hugues 
de Solier (Marseille, Aubertin et Rolle, éditeurs, 1899). 


LII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


II. — LéoNanp RAUWOLFF (1). 


Né, vers 1535, dans une famille qui tenait un rang honorable 
parmi la bourgeoisie d'Augsbourg, Léonard Rauwolff vint, en 
octobre. 1560, s'inscrire au nombre des étudiants qu'attirait de 
toutes parts la grande réputation de l'École de médecine de Mont- 
pellier. Il fit un séjour de deux années en cette ville, où il eut 
pour condisciples un de ses compatriotes, Jérémie Martius, devenu 
plus tard médecin à Augsbourg, et Jean Bauhin, de Bâle, que 
l'immense compilation de l Historia plantarum universalis a rendu 
célèbre. Pendant qu'il résidait en Languedoc, il s'adonna plus- 
particuliérement à l'étude de la botanique. Nous savons, par ses 
propres déclarations, qu'il herborisa aux environs de Montpellier, 
de Nimes, de Frontignan, sur la colline de Cette (la ville de ce. 
nom n'existait pas encore) et jusque dans le massif des Cévennes. 
Maintes fois il passa le Rhóne, qui sépare le Languedoc de la Pro- 
vence, pour venir chercher des plantes aux alentours d'Avignon, 
d'Arles, de Salon de Crau et de Marseille. 

Ses études achevées, Rauwolff alla demander le bonnet de doc- 
teur à l'Université de Valence en Dauphiné. En 1563, il visita, 
toujours en herborisant, l'Italie du Nord et la Suisse. Puis, revenu 
au pays natal, il se mit à exercer la médecine : il obtint en 1570 
la charge de « médecin officiel de la ville d'Augsbourg ». 

Il avait en cette ville un beau-frére appelé Melchior Manlich 
qui, faisant en grand le commerce de la droguerie, possédait une 
maison à Marseille ainsi que plusieurs navires qu'il envoyait querir 
dans le Levant la plupart des marchandises dont s'alimentaient 


(1) Les études de notre érudit confrére M. Ludovic Legré sur les botanistes 


provençaux du xvr* siècle offrant un grand intérêt au point de vue généra 
de l'histoire de la botanique dans notre pays, nous avcns prié notre confrère 
— et nous ne saurions trop le remercier ici de s’être rendu si complaisamment 
à notre désir — de vouloir bien extraire pour notre Bulletin l'article ci-003 
sus, résumé d'un volume en cours d'impression, qui paraitra dans quelques 
mois chez MM. Aubertin et Rolle, éditeurs, rue Paradis, 34, à Marseille, et 
aura pour titre : LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XVI SIÈCLE : LÉONARD 
RAUWOLFF. — JACQUES REYNAUDET. (Ern. M.) 


LEGRÉ. — LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XVI* SIÈCLE. LITI 


ses entrepôts. Manlich, un beau jour, décida Rauwolffà se rendre 
lui-même en Syrie, afin d'y présider à des achats de drogues. 
L'ancien étudiant de Montpellier eut ainsi l'occasion de revoir la 
Provence. Parti d'Augsbourg à cheval le 18 mai 1573, il arrivait 
à Nice le 4” juin suivant. Aprés un repos de vingt-quatre heures, 
il se dirigea vers Marseille, où il devait s'embarquer sur le navire 
Santa-Croce à destination de Tripoli de Syrie. Il passa par An- 
libes, Cannes, le Luc, Brignoles, et fit son entrée à Marseille le 
5 juin. Il alla loger dans la maison de Manlich. Trois mois s'écou- 
lèrent avant que le Santa-Croce fùt en mesure de mettre à la voile. 
Rauwolff profita de ce retard pour nouer des relations avec « des 
docteurs et des pharmaciens ». Il se lia surtout avec Jacques 
Raynaudet, pharmacien dont il a loué le savoir et le zéle. Sous la 
conduite de ce confrére expérimenté, le botaniste allemand-put 
faire, dans le terroir de Marseille, de fructueuses herborisations. 
Il s'embarqua le 1* septembre 1573. Son séjour en Orient se pro- 
longea pendant deux ans et demi. Malgré des difficultés et des 
dangers de tonte sorte, il parcourut une vaste étendue de pays. 
Il visita Damas, Alep, Bagdad, Mossoul, les ruines de Babylone, 
de Ninive et de Palmyre, traversa la Phénicie et la Palestine, 
explora le Liban et l'Anti-Liban, et poussa jusqu'à Jérusalem. Au 
retour, il vint aborder à Venise, et le 12 février 1576 il rentrait à 
Augsbourg. Il y reprit l'exercice de la profession médicale. Une 
relation de son voyage, qu'il écrivit en dialecte souabe, fut im- 
primée pour la premiére fois en 1582. 

Contrairement à ce qui s'est produit pour la plupart des her- 
biers formés par les botanistes célèbres du xvr' siècle, nous n'avons 
pas à déplorer la disparition de celui auquel Rauwolff confia les 
plantes colligées en Languedoc, en Provence, en Italie, en Suisse, 
en Orient. Cet herbier existe toujours : il est conservé à Leyde. 
Nous avons trouvé aux archives de l'Université de cette ville une 
lettre inédite que le botaniste-voyageur écrivit en 1584 à Charles 
de l'Escluse, qui résidait alors à Vienne. Dans cette lettre, le méde- 
cin d'Augsbourg demandait à Clusius de lui signaler quelque 
prince botanophile et généreux auquel il se déclarait prét, le cas 
échéant, à faire hommage de son herbier. Avait-il de son vivant 
rencontré ce prince idéal en la personne de l'Electeur de Bavière” 
Ou bien la transmission de l'herbier ne s'opéra-t-elle qu'après la 
mort du collecteur ? Toujours est-il qu'au cours de la guerre de 


LIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Trente Ans, les Suédois victorieux firent main basse sur l'herbier 
de Rauwolíf et le transportèrent dans leur pays. La fameuse 
Christine de Suéde en fit présent ou le donna en payement à un 
érudit hollandais, Isaac Vossius, qu'elle avait attiré à sa cour. 
Vossius mourut en Angleterre, où le roi Charles H l'avait pourvu 
d'un canonicat à Windsor. L'Université de Leyde, plus diligente 
que celle d'Oxford, se hâta de négocier avec les héritiers, qui lui 
vendirent, au prix de 32 000 florins, la riche bibliothèque du 
défunt, et c'est ainsi que l'herbier de Léonard Rauwolff est devenu 
la propriété de la Hollande. 

Si cet herbier nous est parvenu dans un état de conservation 
relativement satisfaisant, il faut l'attribuer aux précautions prises 
par le botaniste. Il eut soin de fixer ses ezsiccela sur des feuilles 
de papier fort, au moyen d'une colle dont la force d'adhérence 
demeure, après plus de trois siècles, vraiment surprenante. Puis 
il fit relier les feuillets entre des ais recouverts de cuir fauve, avec 
coins et fermoirs en cuivre. Chaque page fut-entourée d'une sorte 
de cadre formé par des bandelettes de carton, s'appliquant exacte- 
ment les unes sur les autres-quand on ferme le volume, de telle 
sorte que l'échantillon, ainsi placé dans un creux, ne frotte pas 
contre l'échantillon fixé vis-à-vis (presque toujours les :planies 
sèches ont.été collées tant au verso:qu'au recto des feuillets). Et 
«ces bandelettes ont un autre avantage : elles procurent, Je volume 
étant fermé, une occlusion assez complète pour empêcher, «dans 
une certaine mesure, l'invasion de la poussière et des insectes. | 

La collection totale remplit quatre gros volumes entre lesquels 
-elle a été ainsi répartie : | 

Les deux premiers contiennent les plantes amassées ‘en Lan- 
guedoc et en Provence durant le séjour de Rauwolf à Montpellier 
(1560-1562). 

Le troisième renferme celles rapportées d'Italie et ide Suisse en 
1563. 

Le quatrième, dontle format est plus grand que celui des trois 
premiers, conserve les échantillons cueillis entre Nice et Marseille 
et dans le terroir de cette dernière ville; puis, à la suite, tous ceux 
qui furent conquis pendant la longue expédition en Orient. 

Nos travaux ayant uniquement pour objet la flore du Midi de la 
France, nous étions dispensé d'étudier le troisième volume ian! 
que la partie du quatrième consacrée aux plantes orientales. 


LEGRÉ. — LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XVI' SIÈCLE. LV 

Les botanistes du xvi° siècle n'avaient pas, comme nous, l'habi- 
tude d'indiquer d'une facon précise les lieux d’où provenaient 
leurs exsiccata. A cet égard, Rauwolf s'est contenté d'énoncer.en 
termes généraux, sur un frontispice rédigé en allemand, calli- 
graphié en caractères gothiqueset placé en tête de chaque volume, 
les pays qui lui avaient fourni les échantillons inclus. Pour les 
deux premiers volumes, il a énuméré les diverses localités du 
. Languedoc et de la Provence que nous avons citées plus haut, et, 
dans le quatriéme, il a fait précéder les 31 premiers feuillets d'une 
déclaration ainsi conçue : Suivent les plantes que j'ai prises en 
Piémont aux environs de Nice et ensuite à Marseille de Provence 
en France. 

La plupart des plantes conservées dans les deux premiers vo- 
lumes portent un nom inscrit au-dessous de l'échantillon; beau- 
coup en ont deux; quelques-unes, plusieurs. Celles qui ne sont 
accompagnées d'aucune dénominalion, parce qu'elles ne purent 
pas étre déterminées, sont en trés petit nombre. 

Dien souvent, quand il y a deux noms, le second n'est pas de 
l'écriture de Rauwolff. Il était tout naturel d'en conclure que 
celui-ci, se défiant de lui-même, avait soumis son herbier à un 
botaniste ami, par lequel il tenait à faire comrôler ses propres 
délerminations. 

On trouve, à la fin dechacun de ces deux volumes, une table des 
*spéces qui y sont contenues. Cet index est l’œuvre de Rauwolff, 
ainsi qu'en témoigne une déclaration ainsi libellée : Leonharlus 
Rawwolff D. fecit anno Salutis 1564 æt absolvit. Or nous consta- 
times que presque toujours il avait porté à l'index le nom diffé- 
rent inscrit à l'herbier au-dessous de celui que lui-méme avait 
choisi en premier lieu, sacrifiant ainsi son opinion personnelle 
Pour adopter l'appellation nouvelle proposée par le correcteur; 
circonstance qui prouvait éloquemtnent que se dernier fut un 
botaniste de grande antorité. Nous eümes la bonne fortune de 
découvrir que le botaniste consulté n’était autre que illustre 
Charles de t'Escluse, dont nous vimes un spécimen d'écriture aux 
archives de l'Université de Leyde. Il n'y avait plus dès lors à s'éton- 
ner que Rauwolff eût suivi avec tant de déférence les avis de 
l'homme universellement regardé comme le prince des botano- 
graphes du xvr’ siècle. 

Une des étiquettes de l'herbier nous réservait une bien agréable 


LVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


surprise. Dans l'étude que nous avons consacrée au Stirpium 
Adversaria (1), nous avons établi que ce livre célébre, signé des 
deux noms de Pierre Pena et Mathias de Lobel, n'est point 
l'œuvre personnelle de ce dernier, comme tout le monde semblait 
le croire, mais qu'il a pour principal auteur le Provençal Pierre 
Pena, et que ce fut celui-ci qui, notamment, décrivit et dessina 
pour l'ouvrage les plantes de la flore méridionale. L'herbier de 
Rauwolff nous a fourni, à l'appui de cette thèse, un argument 
nouveau et bien inattendu. 

Le deuxiéme volume contient un échantillon de Crepis bulbosa 
Cass. L'inscription, qui est bien de la main de Rauwolff, porte : 
Condrilla pusilla marina lutea bulbosa PETRI PEN, et cette 
annotation est antérieure à 1564, date de la confection des tables, 
puisque nous trouvons inscrite à l'index la méme appellation un 
peu abrégée : Condrilla pusilla marina. Or le Crepis bulbosa est 
décrit et figuré dans le Stirpium Adversaria, et il y porte exacte- 
ment le méme nom : Condrilla pusilla marina lutea bulbosa. Le 
Stirpium Adversaria n'a paru qu'en 1571. Rauwolff connaissait 
donc, sept ans au moins avant la publication de l'ouvrage, le nom 
eréé pour cette Chicoracée non point par Mathias de Lobel, ni méme 
par les deux collaborateurs, mais uniquement par PIERRE PENA, 
ainsi que le déclarait d'une manière expresse le botaniste d'Augs- 
bourg. Preuve éclatante qu'avant de rencontrer Lobel (à Mont- 
pellier en 1565), Pena, s'étant déjà occupé de la flore méridio- 
nale, avait pourvu d'un nom, dont il était le seul auteur, certaines 
espéces inconnues jusque-là. 

Les deux premiers volumes de l'herbier Rauwolff renferment 
exactement 448 espéces, récoltées, en- trés grande majorité, dans 
le Languedoc et la Provence. Entre la flore de la Provence et celle 
du Languedoc, il existe une affinité à peu prés complète : minime 
est le nombre des plantes exclusivement indigènes en l'une où 
l'autre des deux provinces voisines. Étant donnée l'absence d'in- 
dications précises, il ne fallait pas songer à dresser des listes 
spéciales à chacune d'elles. Cependant l'origine provençale de 
certains échantillons nous a été révélée par l'Histoire universelle 
des plantes de Jean Bauhin. Pendant que celui-ci étudiait à Mont- 


(1) Publiée dans les Comptes rendus de la session extraordinaire de Bar- 
- celonnette, t. XLIV, p. XI. 


LEGRÉ. — LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XVI* SIÈCLE. LVII 


pellier, son ami Rauwolff, au retour de ses excursions en Provence, 
lui communiquait les récoltes qu'il en rapportait. Nous savons 
ainsi que le rameau d'Helianthemum lavandulæfolium inséré 
dans l'herbier avait été cucilli in collibus Provincie et que les 
échantillons d'Onobrychis supina et de Thapsia villosa venaient 
d'Arles et de Saint-Martin-de-Crau. Le terroir de Marseille avait 
donné l’Astragalus massiliensis Lamk et le Teucrium Pseudo-Cha- 
mepilys L. 

D'autre part, une déclaration expresse de Rauwolffnous apprend 
qu'il trouva sur la colline de Cette le Globularia Alypum, que les 
gens du pays appelaient, à cause dela violence de ses effets dras- 
tiques, Herba terribilis. C'est en Languedoc qu'il affirmait avoir 
cueilli le Medicago scutellata AM. Il y a tout lieu de croire qu'il 
tira du sol de la méme province Dianthus monspessulanus, Cneo- 
rum (ricoccon, Cynara Cardunculus, Acanthus mollis, Arum 
Dracunculus. 

La nature des plantes, languedociennes ou provencales, réunies 
dans l'herbier montre que Léonard Rauwolff avait consciencieu- 
sement exploré les différentes régions botaniques des deux vastes 
provinces : région des cultures, région des garigues, région litto- 
rale, etc. 

La plupart des échantillons appartiennent à des espèces qui 
continuent à croitre avec une extréme abondance sur les mémes 
territoires. | 

Parmi celles qui, sans pouvoir ètre regardées comme de véri- 
tables raretés, ne sont point, cependant, ubiquisles sous le ciel 
méridional, nous citerons : Delphinium Staphisagria, Thalic- 
trum mediterraneum Jord., Hypecoum procumbens, Vitex Agnus- 
castus, Astragalus glycyphyllos, Alkanna tinctoria Tausch, 
Lithospermum fruticosum, Antirrhinum majus, Lavandula Ste- 
chas, Hyssopus officinalis, Salvia Æthiopis, Nepeta Cataria, 
Teucrium Botrys, T. Scorodonia, Mercurialis tomentosa, Narcis- 
sus dubius. 

Le domaine maritime est représenté par un assez grand nombre 
de sujets : Malcolmia littorea, Matthiola sinuata, Cakile mari. 
tma, Reseda suffruticulosa, Medicago marina, Echinophora spi- 
nosa, Eryngium maritimum, Diotis candidissima, Inula crith- 
moides, Sonchus maritimus, Convolvulus Soldanella, Obione 
portulacoides, Salicornia fruticosa, Sueda maritima, Polygonum 


LVHI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


maritimum, Ephedra distachya, Asparagus scaber Brign., Puan- 
cratium maritimum, Cyperus sehænoides Griseb. 

Les étudiants de Montpellier avaient alors, en général, l'habi- 
tude de faire, au cours de leurs herborisations, l'ascension des 
Cévennes. hauwolff ny manqua point, et il prit dans ces mon- 
tagnes : Aconitum lycoclonum, Adchemilla wlpina, Meum atha- 
manticum, Gentiana lutea, Polygonum Bistorta, Nigritella 
angustifolia. 

liva, dans les deux premiers volumes de l'herbier.de Leyde, un 
certain nombre de Cryptogames : diverses Fougères communes, 
telles que Asplenium Trichomanes, A. Adiantum-nigrum, Adian- 
tum  Capèllus-Veneris ; deux Presles (Equiselum Telmadeya, 
C. ærvense); un Lichen (Sticta pulmonacea); une Algue (Aceta- 
bularia mediterranea). 

Rauwelff employait, pour la préparation de ses essiccata, des 
procédés qui méritent d’être signalés. Nous avons admiré l'art 
ingénieux avec lequel il parvenait à faire tenir dans les volumes 
reliés de son herbier des spécimens dont l'épaisseur semblait un 
obstacle insurmontable. On trouve dans sa collection l'Opuntia 
Ficus-indica représenté parun segment de tige et une leur : da 
tige et le calice de la fleur ont été habilement dépouillés de leur 
épiderme, lequel, fixé sans Ja moindre déchirure sur de papier, 
ressemble à une peinture fidèle des deux objets. Le même artifice 
a été mis en œuvre pour le fruit du Solanum "Melongena : Vépi- 
derme de l'Aubergine, appliqué sur le papier, reproduit la forme 
du fruit et censerve encore sa couleur lustrée. Citons enfin un 
capitale d’Artichau préparé de façon à en donner l'exacte physio- 
nomie, nonobstant la suppression de toute saillie gênante- 

En tête du quatrième volume, rempli surtout par les plantes 
récoltées en Orient, Rauwolff affecta, nous l'avons dit, 31 feuillets 
à des espèces de Provence, recueillies, en 1573, de Nice à Mar- 
seille. Quelques-unes figuraient déjà dans la collection formée 
douze ans auparavant, telles Sonchus maritimus, Astragalus mas- 
siliensis, Eryngium maritimum, Odontites lutea, Tamarix gal- 
lica, Bupleurum frulicosum, Centranthus ruber. : : 

Grâce aux iudications qu'il a données dans Ja Relation impri- 
mée de son voyage, nous savons quelles sont exactement les sta- 
tions d'où proviennent certains échantillons de celle série du 


quatrième volume. : | DE 


LEGRÉ. — LA BOTANIQUE EN PROVENCE AU XVI' SIÈCLE. LIX 


Les six espèces que nous venons d'énumérer furent prises dans 
la banlieue de Marseille. Au moyen des herborisations auxquelles 
il se livra sous la direction du plrarmacien Raÿnaudet, le voyageur 
allemand eut en outre l'occasion de s'y procurer : Spergularia 
media G. G., Ruta montana Clus., R. angustifolia Pers., Zizy- 
phus vulgaris Lamk, Cephalaria leucaniha Schrad., Chondrilla 
juncea L., Plantago lagopus L., P. Psyllium L., Passerina Tar- 
ton-raira DC. 

Mais Rauwolff n'introduisit, dans son herbier de 1573, qu'une 
faible partie des espèces qu'il aperçut, à cette époque, sur le ter- 
ritoire marseillais. Il en a nommé un plus grand nombre dans 
son livre, et encore la liste qu'il y donne se termine-t-elle par 
cette phrase : « et beaucoup d'autres qu'il serait trop long d'énu- 
mérer ici. » 

Les autres plantes qui figurent dans la méme série, Rauwolff 
les avait récoltées, chemin faisant, le long de la route de Nice à 
Marseille. Ce sont, pour la plupart, des espéces trés vulgaires en 
Provence, telles que Santolina Chamecyparissus, Helichrysum 
Stechas, Urospermum Dalechampii, U. picroides, Helminthia 
echioides, Echinops Ritro. Il négligea de cueillir, se contentant 
de les enregistrer dans sa Relation : Thapsia villosa, Daphne 
Guidium, Gistus albidus, C. salvifolius, C. monspeliensis, iHe- 
liauthemum hirtum, Pistacia Terebinthus, P. Lentiscus, Jasmi- 
num fruticans, Ruscusaculealus, Smilax aspera, etc. 

Nous avons dit que Léonard Rauwollf, au retour de son voyage 
dans Je Levant, était rentré à Augsbourg en 1576. Il y fut aussitôt 
nommé à l'emploi de médecin des pestiférés, avec mille florins de 
traitement. 11 perdit cette place en 1588, « parce qu'il ne voulut 
pas, dit un biographe, quitter la religion réformée pour le catho- 
licisme ». Les États d'Autriche l'appelérent à Lintz en qualité de 
médecin de la ville. Mais il ne conserva pas ce poste bien long- 
temps et, malgré son âge avancé, il fut obligé de suivre comme 
Médecin des armées les troupes autrichiennes qui allaient en 
Hongrie. I] mourut à Hatvan en 1596. « Un peu auparavant, a 
écrit le médecin Tobie:Cobber qui le soigna dans sa dernière ma- 
ladie, je représentai à Rauwelff qu'à son âge il ne supporterait 
Pas les fatigues et les dangers inévitables à la suite d'une armée ; 
mais il m'ohjecta que son long voyage avait endurci son lem pé- 
rament. Cependant la mauvaise eau de Hatvan lui causa bientót 


LX SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


une diarrhée qui l’affaiblit extrêmement et finit par le conduire au 
tombeau. » 

L'herbier de Léonard Rauwolff eut le sort que nous avons fait 
connaitre. 

Pendant qu'il était au pouvoir d'Isaac Vossius, celui-ci se fit un 
plaisir de le communiquer à plusieurs botanistes de grand renom : 
Jacques Breyn, Robert Morison, Léonard Plukenet et Jacques 
Bobart y puisèrent d'utiles renseignements. 

Au xvn’ siècle, un magistrat de Leyde, Jean-Frédéric Gronove, 
botanophile passionné, à ce titre ami et correspondant de Linné, 
eut l’idée de publier, dans un livre intitulé Flora Orientalis 
(Leyde, 1755), la liste de toutes les plantes d'Orient dont Rauwolff 
avait inséré un spécimen dans le quatrième volume de son herbier 
ou qu'il avait citées dans la Relation de son voyage. Malgré le titre 
de Flora Orientalis, l'auteur y mentionne quelques-unes des plantes 
que Rauwolff déclarait avoir observées en Provence. Des erreurs 
nombreuses commises par Gronove démontrent qu'il n'avait pas 
songé à ouvrir les deux premiers volumes de l'herbier, et qu'il 
n'avait pris du quatriéme qu'une connaissance bien superficielle. 

Aucun botaniste francais n'ayant jamais eu l'idée, — ce dont nous 
nous étonnions fort, — d'aller à Leyde voir quelles sont les plantes 
dela flore de France qui, depuis prés de trois siècles et demi, 
dorment dans l'herbier de Léonard Rauwolff, nous résolümes, 
à défaut d'un plus digne, d'accomplir nous-méme cette tâche. 
Combien elle offrait d'intérêt, nos lecteurs auront pu sans doute 
en juger, malgré-la sécheresse et la brièveté de ce rapide exposé. 

Il nous reste un devoir à remplir, c’est de remercier tous ceux 
dont le concours nous a permis de mener à bien notre entreprise : 
M. Leygues, ministre de l'instruction publique, et M. Delcassé, 
ministre des affaires étrangéres, dela haute bienveillance desquels 
nous avons obtenu une lettre de recommandation destinée à nous 
faciliter l'accès des établissements scientifiques où nous avions à 
faire des recherches; M. le docteur Goethart, conservateur de 
l'Herbier Royal de Leyde, qui nous a fourni pour l'examen des 
collections de Rauwolff toutes les commodités souhaitables et nous 
a prété à l'occasion un concours précieux en nous aidant à déter- 
miner certaines plantes critiques; enfin M. le docteur Molhuysen, 
conservateur de la bibliothèque universitaire de Leyde, par q™' 
nous furent communiqués divers documents de grand intérêt, et 


HECKEL. — RACINES DE XIMENIA AMERICANA L. LXI 


notamment la lettre inédite de Rauwolff à Clusius, que nous avons 
donnée in extenso dans notre livre. 


M. Heckel fait à la Société la communication suivante : 


NOTE SUR LE PARASITISME DES RACINES DE XIMENIA AMERICANA L., 
par M. Édouard HECKEL. |: 


Dans une précédente communication (11 novembre 1898), j'ai fait 
connaitre à la Société botanique de France les singuliers phéno- 
ménes qui accompagnent la germination des graines de Ximenia 
americana. Mes observations sur ce phénomène sont confirmées 
par leur constatation nouvelle sur cinquante et quelques graines 
qui ont germé et où les mêmes faits se sont reproduits tant sur 
l'espèce vraie pourvue d'épines que sur sa variété de Nouvelle- 
Calédonie qui est inerme (Ximenia elliptica Forster). 

De plus, j'ai confirmé par l'examen anatomique détaillé des deux 
écailles négativement géotropiques (que j'appellerai, à cause de 
leur forme, écailles radiciformes) leur signification morpholo- 
gique basée sur cette anatomie. J'ai dit que ce sont des écailles et 
elles en gardent l'unique méristéle noyée dans un parenchyme 
homogéne jusqu'à leur extrémité subulée, qui est en contact 
intime avec les cotylédons; là cette méristéle se divise plusieurs fois 
pour multiplier le tissu conducteur. C'est done bien une structure 
foliaire et non celle d'un rameau épine, comme avait eru pouvoir 
l'indiquer M. Perrot dans ses remarques relatives à ma premiére 
communication (séance du 11 novembre 1898). 

Aujourd'hui, je viens, faire connaitre de nouveaux faits biolo- 
giques observés sur cette méme espéce, et ils présentent quelque 
intérét au point de vue de la systématique. J'ai trouvé sur l'ap- 
pareil radicellaire de cette plante des suçoirs en forme de petits 
tubercules, et ces organes, à défaut de plantes à parasiter dans le 
voisinage (mes graines ayant levé dans des pots isolés), s'im- 
plantent soit sur la tige propre de la plante en germination, soit 
sur l'amande de la graine quand celle-ci a été dépouillée de son 
spermoderme, comme j'ai dû le faire dans bien des cas, pour 
háter l'acte germinatif, soit enfin sur les propres racines de la 
plante, 

Sur la tige, ils s'aplatissent en grosse mas:e douée d'une adhé- 


LXII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYËRES (VAR), MAF 1899. 

rence absolue avec l'écorce. L'anatomie m'a montré que les 
suçoirs reproduisent la constitution, bien connue depuis les 
travaux de M. Solms, de ceux des Thesium. — . 

H résulte de ccs faits que les Ximenia ont des habitudes biolo- 
giques parasitaires qui rappellent celles des Santalacées et des 
Loranthacées, avec lesquelles BaiHon, sans connaître les faits, les 
avait placées dans une série spéciale (Olacinées) en se basant sur 
les seules considérations morphologiques. En outre, des essais 
nombreux m'ayant démontré que l'acte germinatif (nutrition par 
l'endosperme) s'aecomplit aussi bien et aussi rapidement quand les 
squamules sont intactes que quand elles ont été enlevées, ne fau- 
drait-il pas voir, dans cette singulière intervention des écailles en 
vue d'assurer l'absorption des réserves alimentaires, un fait d'auto- 
parasitisme semblable à celui que j'ai signalé dans les racines? 


M. Malinvaud fait à la Société la communication suivante : 


UNE LETTRE D'Avc. P. DE CANDOLLE A PROST, ET FRAGMENTS DE CORRES- 
PONDANEE D'AUGUSTE PyRAwE DE CANDOLLE ET D'Arexis JORDAN AVEC LE 
BORANISTE COLLECTIONNEUR BONJEAN DE CHAMBÉRY, communiqués par 
M. Ern. MALINVAUB. 


La publication des lettres ou d'extraits de la correspondance 
des anciens botanistes est généralement fort goütée par ceux du 
temps présent; ils y trouvent souvent d'attrayants détails sur la 
vie et le caractère de leurs prédécesseurs, les relations qu'ils entre- 
tenaient entre eux et les sujets d'étude qui les préoccupaient; ce 
sont aussi des documents instructifs au point de vue de l'histoire 
de la science (1). Nous suivrons ci-après l'ordre chronologique : 


(1) Voy. notamment, dans le Bulletin, t. XXX (1883), pp. L et LXIV (lettres de 
Jacques Gay et de Cambessèdes); t. XXXIV (1887), pp. 106: et 321 (lettres des: 
anciens correspondants d'Henri Loret); t. XL (1893), p. Lxxvt (lettres d'Ad. de 
Jussieu et de Delile); t. XLIV (1897), p. cxxit (trois lettres d'Alexis Jordan). 

Dans cette publication, nous nous faisons un devoir de suivre deux règles :' 
la première est de transcrire le texte des passages. cités avec une serupuleuse 
fidélité, la seconde est d'en retrancher certaines confidences qui, dans la pensée 
de l'auteur de la correspondance, ne devaient pas franchir le cercle de l'inti- 
mrte ; les limites de cette discrétion sont un peu indécises et subordonnées à 
l'appréciation personnelle; dans ce.cas, le: mieux est des'inspirer du précepte: 
« Ne faites pas à autrui (sans en exclure les confrères défunts) ce que vous ne 
voudriez pas qu'on fit à vous-méme ». Le peu d'intérét de quelques passages 


a motivé aussi leur suppression. 


MALINVAUD. — UNE LETTRE D'A.-P. DE CANDOLLE A. PROST. EXIN 


LETTRE D'A.-P. Pe CANDOLLE A PROST (de Mende) (sans date). 


Mon cher Monsieur, jai été bien tardif à vous donner de mes nou- 
velles au milieu des embarras que m'ont donné (1) et mon changement 
de domicile et divers voyages faits de eóté et d'autre pour travailler à 
mon Systema vegetabilium. Je suis tout occupé de cette immense entre- 
prise à laquelle je dévoue le reste de ma vie; je vous envoie ci-joint la 
liste des espéces qui doivent rentrer dans le 2* volume et que je n'ai pu 
encore me procurer. Si par le plus grand' hasard du monde vous aviéz 
quelqu'une de ces espèces vous me rendriez un bien grand service de 
me les envoyer fut-ce méme pour vous les rendre aprés les avoir exa- 
minées; je vous avoue que je ne l'espère guères, mais voici ce que je 
vous demande plus particuliérement, c'est de visiter en ma faveur les 
familles de votre herbier indiquées dans cette liste et de voir si vous 
n'auriez point ou quelque espèce ou quelque observation nouvelle à me 
communiquer pour étre insérées en votre nom. Je suis pauvre en cruci- 
féres méme les plus communes et toutes celles que vous m'envoyerez 
me seront précieuses surtout si elles sont en fruit. Veuillez adresser les 
paquets que vous auriez à m'envoyer à M^. Gaillard frères et C^ entre- 
preueurs de la diligence de Géne à Lyon quai St Clair pour expédier à 
M" P. de Candolle etc. a Genêve. De cette manière vos envois m'arrive- 
ront sans perle de temps et à peu de frais puisque vous avéz la bonté 
de me les envoyer franco à Lyon. Je recevrai aussi avec plaisir vos eryp- 
logames et autres plantes douteuses, car j'ai toujours le projet de donner 
saus peu. une nouvelle édition du synopsis des plantes de France. Vous 
me demandéz mon avis sur M: Schleicher. C'est une question délicate; 
je n'ai pas en lui une trés grande. confiance pour l'exactitude de ses 
dénominations... Si vous désirez ou acheter quelques plantes ou en 
faire venir par échange de ce pays je crois que vous vous trouverez 
mieux de vous adresser à M' Seringe à Berne, vous aurez des noms 
Certains et on ne vous donnera pas les moindres variétés pour des es- 
pèces. Il s'accomoderoit facilement d'échanges en toul ou partie, écrivéz 
lui en vous réclamant de moi. Il ne me reste que la place de vous saluer 
cordialement. DC. 

Je vous envoye uue liste de questions, tachés de nous en résoudre 
quelqu'une. 

A Monsieur Prost directeur de la poste aux lettres 
a Mende département de la Lozère. 


(1) Nous croyons devoir reproduire intégralement, même avec les négli- 
gences habituelles dans:la correspondance, l'orthographe et la ponctuation: de 
Pauteur. 4 quatre-vingts ans de distance, par suite des évolutions de l'usage, 
les règles à cet égard présentent quelques changements. (Ern. M.) 


LXIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Note non signée, mais de la même écriture. 
Montpellier 26 janvier 1815. 


Je suis très occupé a préparer le supplément de la Flore française et 
à cette occasion je repasse tous les objets que vous m'avez adressés. 

Votre Hesperis trouvé à Aubrac est certainement PH. inodora qui 
n’est pas bien décrite dans la Flore parce que je la croyais une variété, 
mais qui sera dans le supplément. 

Votre Sisymbrium tenuifolium est le S. pyrenaicum. Votre Cytisus 
complicatus est le Cytisus telonensis; au reste ces deux espéces jointes 
à quelques autres exotiques forment un genre particulier que je nomme 
Adenocarpus à cause des glandes qui couvrent les gousses. 


Circulaire imprimée. 


[Enumeratio plantarum quarum specimina sicca exoplat Profess. De 
Candolle ad secundum Regni vegetabilis volumen perficiendum. 


Amicos Botanicos, qui quarumdam plantarum supra designatarum 
aut specierum quarumdam ex iis ordinibus forte ineditarum specimina 
plurima possident, deprecor ut velint mecum earum specimina commu- 
nicare et iis in mutuum offero specimina aliarum specierum juxta eorum 
quæsita. Eos qui unicum tantum earum plantarum specimen possident 
rogo ut velint mihi mandare aut specimen ipsum quod sedulo iis retro- 
mittam, aut delineationem aut descriptionem aut tantum observationes 
circa speciei caracteres et synonymiam, quos sub eorum nomine proprio 
in systemate Regni vegetabilis naturali inseram. lis omnibus qui labor! 
meo communicalionibus favebunt grates perplurimas ex imo pectore 
fundam]. 


Geneva, 1° septembre 1818. 


De Candolle, prof. bot. in academià Genevensi. 


En tête de cette circulaire imprimée se trouvent les lignes 
manuscrites suivantes paraissant étre de la main de Prost: 


« R. le 13 octobre 1818. 
» Le 31 janvier 1819 j'ai encore écrit et envoyé un paquet de plantes. ? (1). 
(1) La copie des documents ci-dessus m'a été fournie obligeamment par 


M. le D" J. Rokert auquel notre Bulletin était déjà redevable de communica- 
tions analogues (voy. tomes XL et XLIV). 


Bull. Soc. bot. de France. T. XLVI (ann. 4899) PI. XI. 


Dumée del, 


SAC EMBRYONNAIRE DES ORCHIDÉES 


modorum aborlivum ; 


1a 3, Cypripedium Caleeolus: f à 7, Goodyera repens: 8 aan Li i 
12 à 15, Loroglossim hircinum; 16 à 19, Seraptas longipetala, 


Bull. Soc. bot. de France. T. XLVI (ann. 1899), Pl. XII. 


Dumée del, 


SAC EMBRYONNAIRE DES ORCHIDEES 
20 à »3, Orchis palustris; 24 à 27, Orchis uslulala ; 28 à 31, Orchis picta: 32 à 35, Orchis 
mascula; 36 à 39, Gymnadenia conopsea; 4o à 43 Ophrys arachnites. 


Tome XLVI 4899). PL. VII 


ce. 


] 


ia Soc. tot de Fran 


Bull de 


= qOQOQQO QOO 


rm — 


——À 


EMILE 


Imp ies [ emeroier, Paris. 


M Troitet del.& hth. 


LATOUCHEA FOKIENENSIS FRANCHET. 


~ 


BULL. Soc. BOT. DE FRANCE. Yor. XLVI (1899). PE. vir. 


HENRY LEVÉOUE DE VILMORIN (1843-1800) 


Tome XLVI a8999, PL.IX 


Bull de la Soe bot de France 


M. Trotlet del & lith. Imp '** Lemercier. Paris. 


A.1.8: CALANTHE FARGESii wxov.sr. . B.9_16: C. DELAVAYI Nov. sp. 


Tome XLVI 1899», PL. X 


Bull.dela Soc.5ot de France. 


Pans 


Imp *5 Lemercier, 


M.Trottet del.& hith 


B.16.28: C. PUSILLA nov sp. 


CALANTHE BALANS/E wov.spP  . 


A.1.15: 


- MALINVAUD. — LETTRES D'A.-P. DE CANDOLLE A BONJEAN. LXV 


LETTRES D'Augustin Pyramus de CANDOLLE A BONJEAN 
DE CHAMBÉRY (1). 


Genève 27 août 1818. 


Monsieur 


Puisque vous voulez bien prendre quelqu'interét à mon Systema et 
que vous m'avez permis de vous demander les objets qui cadrent dans 
mon second volume, je profite de votre obligeance pour vous en adresser 
la notte ci jointe. Les familles dont je m'occupe pour ce second volume 
sont les suivantes savoir 


1° Berberidées. Berberis, Epimedium. 

2* Podophyllées. 

3 Nymphæacées. Je n'ai point de bons échantillons des 2 espèces 
Européennes. Avez vous eu occasion d'observer si le suc propre 
de leur souche est laiteux comme le dit M. Salisbury? 

4* Papavéracées. Qu'est ce que le Pap. integrifolium decrit par Bar- 
relier en Italie? Connaitriez vous le P. pyrenaicum de Wildenow. 

9 Fumariées. Avez vous observé les diverses fumaria separées re- 
cemment de l'officinalis? Les croyez-vous espéces ou variétés? 

6 Cruciféres! Tout ce que vous pourrez m'envoyer ou me commu- 
niquer en plantes séches, nottes ou graines sur cette famille dif- 
ficile me sera bien précieux et je parle ici non seulement des 

. plantes sauvages mais des variétes cultivées qui sont trés mal 
distinguées. Je tiendrais surtout à les avoir avec leurs siliques 
et dans divers états. 

T° Capparidées. 

8* Flacourtianées. 

9* Passiflorées. 

10° Violacées. Je désire avoir quelques échantillons en divers etats du 
Viola pinnata des Alpes. Les variétés des Viola lancifolia, canina, 


tricolor et grandiflora ont aussi beaucoup d'interet pour moi. 
Connaissez-vous une difference entre le v. tricolor des jardins 


et le viola grandiflora? 
11* Resedacées. Y a Vil une difference reelle entre les Reseda undata, 
alba et fruticulosa? 


(1) Les originaux de cette lettre et des suivantes m'ont été communiqués par 
- le D* Alfred Chabert, auquel j'adresse ici mes vifs remerciements (E. M.). 
T. XLVI. E 


LXVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


12° Droseracées. Les 3 espèces que je vous ai montrées croissent- 
elles en Savoye et en Piemont? La variété a fleurs en corymbe 
et celle a epis bifides s’y trouvent elles et sont elles de simples 

' variétés? 

13° Frankeniacées. 

14 Cistinees. Les Helianthemes voisins du commun sont-ils des espèces 
distinctes? . 

15° Polygalées. Connoissez vous les especes apellées amara et aus- 
triaca avec quelque certitude de ne pas les confondre avec les 
variétés du vulgaris? 


Je vous adresse ce peu de questions sur quelques points difficiles, 
mais je ne doute point que vous n'ayez bien d'autres objels que vous avez 
du recueillir ou éclaircir. Je vous prie donc de parcourir ces familles de 
votre herbier en ma faveur et de m'adresser ce qui vous paroitra me- 
riter quelque interet. Les objets que vous n'auriez pas en nombre suffi- 
sant pour les donner vous pourriez étre sur qu'en les marquant d'un 
signe je vous les renvoyerais trés exactement. 

Je vous prie d'agréer l'expression de ma consideration et de mon 
dévouement. De Candolle. 


Monsieur Bonjean pharmacien à Chambery. 
Geneve 6 mars 1819. 


Monsieur. 

J'ai recu dans leur temps et la lettre par laquelle vous vouliés bien 
m'engager a aller passer quelques jours a Chamberi et votre envoi de 
graines de magnolia et tout. derniérement votre tonneau de terre de 
bruyére. Je ne saurais assez vous exprimer combien je vous suis recon- 
naissant de toutes vos politesses et combien je suis honteux de ne pas 
vous avoir écrit plutót pour vous en remercier. Il faut un peu de pitié 
pour un malheureux accablé de plus de devoirs que la journée n'est 
longue et qui outre ses travaux botaniques et particuliers se trouve en 
ce moment chargé de deux cours publies, de l'organisation du Jardin el 
d'une foule de commissions relatives à l'administration de l Instruction 
publique. J'avais un peu espéré pouvoir au moment des fetes de Noel 
profiter de quelques jours de vacances pour aller vous faire une petite 
visitte à vous et à vos Crucifères, mais j'ai été décu dans mon espe" 
rance. Ne sachant trop quand je pourrai retrouver ces jours perdus Je 
ne veux pas tarder davantage à vous adresser mes remerciemens pour 
loutes vos obligeances. Vos graines de Magnolia ont été semées dans la 
serre dés leur arrivée et en terre de bruyere mais elles n'ont pas encore 


MALINVAUD. — LETTRES D'A.-P. DE CANDOLLE A BONJEAN. LXVI 


levé. Quant à votre Lonneau de terre de bruyère je vous en fais tous mes 
remerciemens regrettant seulement que vous ayés voulu nous l'envoyer 
franco : c'était déjà un assés beau cadeau sans y ajouter encore cette 
dépense dont je suis un peu honteux. J'ai déjà remis a M. Colladon le 
quart qui lui est destiné et je remettrai a M. Gaudy le sien aussitót qu'il 
le fera chercher. Elle me parait de qualité supérieure. Depuis votre 
visilte j'ai beaucoup planté de choses dans notre jardin et entr'autres un 
grand nombre d'arbres et de plantes vivaces : ce sont les objets les plus 
uliles et auxquels je mets le plus de prix pour un établissement. public. 
Jai recu de M. Thouin et de M. Dunal environ mille a douze cent 
espèces d'arbres ou plantes vivaces que je n'avais pas encore et j'espère 
que les graines vont encore m'enrichir assés pour mettre dés cette année 
le jardin sur un pied digne de quelqu'intérét. 

Quant a mes travaux particuliers je travaille à force au 2* volume de 
mon Systema qui comprendra les familles suivantes, Berberidées, Podo- 
phyllées, Nymphæacées, Papaveracées, Fumariacées, Cruciferes, Cap- 
paridées, Flacourtianées, Passiflorées, Violacées, Resedacées, Drosera- 
cées, Frankeniacées, Cistinées ou du moins telles sont les familles dont 
je m'occupe : il en entrera ce qui pourra dans ce volume. Je compte 
aller à la fin d'avril faire une course en Angleterre pour consulter les 
herbiers et a mon retour je commencerai l'impression. Si vous aviéz le 
lemps et l'extreme bonté de parcourir les familles que je viens de vous 
designer dans votre herbier et dé m'envoyer les objets ou nouveaux ou 
peu connus que vous pourriez avoir ou les varietés et monstruosités des 
especes qui les composent vous me feriéz un bien grand plaisir. S'il 
s'agissait d'objets uniques ou trop rares pour que vous voulussiéz vous 
en départir je vous demanderais deles marquer d'un signe et de me les 
confier pour vous les rendre aprés examen. J'éprouve de grandes diffi- 
cultés pour débrouiller les Cruciferes. Je crains fort de laisser encore 
bien des choses obscures soit dans les genres soit dans les especes de 
celle famille qui est egalement curieuse et pour la philosophie dei la 
science et pour l'etude des détails et pour les applications pratiques. 
Tout ce que vous auriez d'observations sur cette famille me serait pré- 
cieux et il est je pense inutile de vous dire que tout ce dont je ferais 
usage serait cité en votre nom. 

M. Hooker m'écrit qu'on vient de découvrir a Sumatra une leur de 
3 pieds de diametre et du poids de 15 livres. Vous voyez que voila une 
espece qui vaut la peine d'etre mentionnée. | | 

Recevéz de nouveau Monsieur tous mes remerciemens et l'assurance 
de mon estime particuliere et de mon sincere altachement. 

De Candolle prof. 


Monsieur Bonjean pharmacien a Chambert. 


LXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Genève 4 mars 1820. 


Mon cher Monsieur 


J'ai fait gouter de l'Elixir que vous m'aviéz donné a mon pere vieil- 
lard de 86 ans qui s'en est fort bien trouvé et qui me charge de vous en 
demander 4 bouteilles. Veuilléz je vous prie me les expédier en me 
faisant savoir de combien je serai votre débiteur et comment je pourrais 
vous faire parvenir le montant de cette petite acquisition. Je vous serai 
bien obligé de profiter de la premiere voye que vous trouveréz pour 
cet envoi, vu que mon pere trouve que c'est la seule chose qui le fasse 
bien digerer. 

J'aiscu par l'un des jeunes gens qui viennent travailler chéz moi que 
vous désiriéz quelques graines et je vous en envoyerai avec plaisir; comme 
il compte partir d'ici à peu de temps pour son pays el passer à Chamberi, 
je les lui remettrai; je vous avertis d'avance que nos récoltes de cetle 
année n'ont été ni abondantes ni rangées encore comme je le désire, mais 
enfin vous y trouveréz peut être quelque chose qui vous sera utile. Le 
froid de cet hiver m'a fait perdre quelques especes que j'avais mises en 
pleine terre telles par exemple que le Phormium tenax, le Teucrium 
fruticans, le Rosa multiflora etc. Heureusement que je n'avais fait ces 
essais hasardeux qu'en en reservant d'autres pieds dans l'orangerie. J'ai 
été content de cet essai de mes serres qui ont bien resisté au froid de 
12 degrés que nous avons eprouvé. On me dit que les oliviers ont souf- 
fert dans le midi de la France et que les orangers d'Hieres et de Genes 
ont peri en grand nombre. 

I| parait que le jardin de M. Martin Burdin se monte en plantes 
rares. Je voudrais bien que le temps me permit d'aller les voir ainsi 
que vous méme, mais je suis attelé à tant de chariots que je ne sats 
trouver un moment de liberté. Je suis toujours occupé des Crucifères el 
tant que je ne suis pas sorti de ce travail je me regarde comme emprr 
sonné. . 

Je vous prie mon cher Monsieur d'agréer l'assurance de mon estime 
particuliere et de mon devouement. 


De Candolle prof. 


Monsieur Bonjean (ils pharmacien et botaniste a Chambery. 


MALINVAUD. — UNE LETTRE DE JORDAN A DONJEAN. LXIX 


LETTRE D'Alphonse de CANDOLLE À BONJEAN. 
Genève 22 sept. 1835. 


Monsieur 


Mon père me charge de répondre à votre lettre du 14 c* par laquelle 
vous voulez bien lui faire part de vos travaux et lui offrir de cooperer 
aux siens dans les arrangements du jardin ou des collections. 

Nous avons effectivement perdu M. Wydler qui est maintenant pro- 
fesseur de Botanique à Berne, mais il a été remplacé aussitot par 
M. Reuter dont vous avez sans doute apprécié le zèle et les connaissances. 
Un jeune naturaliste suisse M. Morilzi est aussi attaché à mon pére, pour 
un travail spécial dans l'herbier et au Jardin pour les arrangements de 
collections. D'autres éléves de mon pére seraient préts à rendre des 
services analogues si cela était nécessaire. Vous voyez donc, Monsieur, 
que sous ce rapport, le séjour de Genève ne pourrait guère vous conve- 
nir; mais si l'admission dans l'herbier de mon père et dans le jardin 
peut faciliter vos propres travaux, vous savez que vous y avez été lou- 
jours recu et que vous y serez toujours recu comme un botaniste aussi 
ancien ami de mon père le mérite sans contredit. | 

J'espère donc avoir le plaisir de vous voir comme vous nous l'an- 
noncez, et, en vous adressant les compliments de mon père, je vous 
Prie, Monsieur, de recevoir l'assurance de mon dévouement et de ma 
considération distinguée. Alph. de Candolle. 


Monsieur Bonjean, pharmacien et bolaniste, à Chambery. 


LETTRE DAI. JORDAN A BONJEAN. 


Lyon, le 13 février 1838. 


Monsieur, 


J'ai recu il y a quelque temps, par occasion, une lettre de vous; elle 
était écrite, ce me semble, un peu sur le ton du reproche. \ ous vous y 
plaigniez de ce que le paquet de plantes que je vous a1 remis 101, n était 
point assez fourni en échantillons et aussi de ce qu'il ne contenait qu'un 
petit nombre d'espèces nouvelles pour vous. Quant à ce dernier eas, il 
n'a rien de bien étonnant, puisque vous possédiez déjà la presque a 
lité des plantes propres aux Pyrénées. Pour ce qui est du nombre et de 


LXX SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


la qualité des échantillons, il me semble que les miens pouvaient trés 
bien soutenir la comparaison avec les votres dont plusieurs se faisaient 
remarquer plutôt par leur petitesse et leur mesquinerie. J'ai vu avec 
peine que M. Timeroy avait été un peu mieux traité par vous. Ces éch°" 
m'ont paru en général mieux choisis et plus beaux; vous avez eu tord 
de me croire moins riche que lui, ou peut-étre moins appréciateur 
des beaux éch°" et moins disposé à vous payer généreusement. L'expé- 
rience vous apprendra à quoi vous en tenir la dessus. J'ai fait depuis 
vous, divers envois et je n'ai reçu de mes correspondants que des com- 
plimens et des remercimens. J'en ai été je puis le dire accablé. 
M. Demassai, d'aprésson expérience à lui m'avait prédit tout le con- 
traire. J'ai été plus heureux, on m'a fait passer de bien belles choses; 
et ma collection peut actuellement tenir le 1* rang à Lyon pour les 
plantes de France, sans excepter celles de M. Aunier ni celle de M. Se- 
ringe. Elle n'était rien du tout il y a deux aus, il y a un an elle était 
déjà quelque chose, et depuis six mois, je l'ai accrue de plus de mille 
espèces de toutes les parties de la France. 

Je désire bien que nous continuions ensemble des rapports agréables. 
J'ai encore beaucoup de plantes des Pyrénées. Je me ferai un plaisir de 
mettre à votre disposition celles que vous me demanderez, mais vous 
comprennez que pour moi ces plantes valent bien celles des Alpes vu 
que je puis me procurer ces derniéres avec facilité, tandis qu'on ne peut 
pas toujours faire un voyage de 200 lieues pour aller récolter des 
plantes. Les plantes des Pyrénées sont d'ailleurs rares dans tous ies 
herbiers et mes amis me les demandent avec insistance. S'il s'agissait 
de plantes de notre localité, je vous les procurerai par masses, parce que 
celles là on les a toujours sous la main. Veuillez done me désigner les 
espéces qui vous intéressent, faites moi passer en méme temps la liste 
des plantes de France que vous n'avez pas dans votre collection (spon- 
tanées). Je ferai tous mes efforts pour vous procurer ces espéces en 
totalité ou en partie, et j'espere qu'ils ne seront pas sans succès. Il est 
bien possible que je retourne encore aux Pyrénées cette année. Dans ce 
cas je ne vous oublierai pas, mais il me faut des listes, des désignations 
précises, sans quoi vous ne pouvez compter sur rien. 

Je passe au second objet de ma lettre. Je voudrais que vous eussiez la 
bonté de me donner quelques renseignements sur les divers botanistes 
du Piémont de l'Italie, leurs spécialités dans la science, leurs ouvrages 
s'ils en ont fait, leurs adresses. 

M. de Notaris ne s'occupe-t-il que de Mousses? 

Y a-t-il des botanistes en Corse et Sardaigne, Sicile? 

Faites moi connaitre les derniers ouvrages de Botanique qui ont p: 
dans ces contrées et ceux qui doivent paraitre, en flores, monographies, 


aru 


MALINVAUD. — LETTRE D'A. JORDAN A BONJEAN. LXXI 


catalogues etc. etc. Je désirerais être bien fixé la dessus avant de com- 
mencer les emplettes que je compte faire en ce genre. En Allemagne : 
La Briologia germanica de Horsch etc. est-elle achevée, que coute- 
telle? que coutera la Briologia europea de Bruch et Schimper? quels 
sont les meilleurs et les plus récents ouvrages sur les Lichens? que 
coutent les centuries de Reich. avec figures? En un mot veuillez me 
donner à cet égard tous les renseignements qui seront à votre connais- 
sance, j'en serai bien reconnaissant. Je compte sur vous, surtout pour 
l'indication des noms et adresses de tous les botanistes du Piémont de 
l'Iralie la Corse la Sardaigne la Sicile Naples, l'Ilyrie etc. Russie méme. 

Je termine en vous exprimant l'assurance de mon sincére et entier 
dévouement. Alexis Jordan 

rue Dasseville n* 8 


à Lyon 


N'affranchissez pas vos lettres, cela m'est parfaitement égal. En 
m'écrivant ne mettez pas dans l'adresse Jordan botaniste, mais simple- 
ment mon nom. 

Je serais charmé de recevoir une prompte réponse. 


Monsieur Bonjean botaniste, à Chambéry (Savoie) (1). 


À propos de la lecture des lettres précédentes, M. Alfred 
Chabert dit qu'ayant eu récemment l’occasion d'acheter un 
paquet d'autographes de personnages célèbres il y a trouvé 
plusieurs lettres de Villars, et il fait connaitre d'intéressants 
détails sur la vie et le caractère de ce botaniste. 

A ce sujet, MM. Malinvaud, Chabert et Pellat échangent 
diverses observations. | | 

M. Heckel rapporte comment il a retrouvé la maison oü 
est né Villars; il en possède une photographie qu il offrira à 
la Société, en y joignant un portrait dans lequel Villars est 
représenté avee le costume de doyen de la Faculté des 
sciences de Strasbourg. 
so du second feuillet, on voit la marque 


on à la date du 14 mars 1838 (assez 
ête de la lettre). La lettre est écrite 


(1) A côté de l'adresse, qui est au ver 
Postale PP et le timbre de la poste de Ly 
éloignée de celle du 13 février inscrite en t 
Vir une feuille double in-4°. 


LXXII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


M. Flahault présente à la Société un Lichen fort rare, 
Ramalina inequalis, récolté à Port-Cros et communique, au 
nom de M. l'abbé Hue, le travail suivant : 


LICHENS DU MASSIF DES MAURES ET DES ENVIRONS D'HYERES (VAR), 
RÉCOLTÉS par M. Charles FLAHAULT, EN MAI, JUIN ET DÉCEMBRE 1898 
ET JANVIER 1899, et déterminés par M. l'abbé HUE. 


1. Collema pulposum Ach. Synops. Lich. p. 311. — Colline de 
Fenouillet, n** 887 et 888. 


2. Collema thysanseum Ach. Synops. Lich. p. 323; Nyl. Lich. 


Pyren.-Orient. 1891, p. 3. — Port-Cros, sur le micaschiste, n° 54; col- 
line de Fenouillet. 


Spores fusiformes, 5-septées, longues de 30-34 p et larges de 6-7 ade 
Collema ne se trouve en France que dans la région avoisinant la mer, é : 
terranée; il n'est pas rare en Corse, soit sur les rochers, soit sur les Oliviers. 


3. Cladonia silvatiea (L.) Hoffm.; Wain. Monogr. Clad.l, p. 18.— 
Port-Cros, n° 11, stérile; forêt des Maures, pointe de Brégançon, sous les 
Chénes-lieges, n° 74, fertile. 


Le premier échantillon se rapproche de la variété pumila (Ach.). 


4. CI. fureata (Huds.) Schrad., Wain. Monogr. Clad. 1, p. 316. — 
Sur la terre, presqu'île de Giens, n° 59 et 857; forêt de Chénes-liéges 
des Maures vers la pointe de Brégancon, n* 60; colline de Fenouillet, 
n° 61; garigues de la presqu'ile dAntibes (Alpes-Maritimes), n° 282. 

— var. palamsea (Ach.) Nyl., Wain. Monogr. Clad. l, p. 341. — 
Port-Cros, n° 11 a. 


5. CI. rangiformis var. pungens (Ach.) Wain. Monogr. Clad. l, 
p. 361. — Port-Cros, n* 11b et 70; colline de Fenouillet, n° 24 (bien 
fructifié) et n° 869; presqu'île de Giens, n* 58 et 856; garigues de la 
presqu'ile d'Antibes (Alpes-Maritimes), n° 281. 


> . ^ , T [ 
Ó. CI. verticillata var. cervicornis (Ach.) Wain. Monogr. Clad 
p. 187. — Forêt de Chénes-liéges des Maures vers la pointe de Drégancon» 


n? 64. 
1. CI. pyxidata var. 1. neglecta (Floerke) Mass.; Wain. Monog" 
Clad. II, p. 226. — Colline de Fenouillet, n° 36. 


239, — 
— var. 2. eblorophæa Floerke, Wain. Monogr. Clad. II, p. 23? 
Port-Cros, n° 52. . 


FLAHAULT ET HUE. — LICHENS DU MASSIF DES MAURES. LXXIII 


8. CI. foliacea Var. 1. aleicornis (Lightf.) Schær., Wain. Monogr. 
Clad. II, p. 385. — Port-Cros, n° 10; fertile. 


— var. 2. eonvoluta (Lam.) Wain. Monogr. Clad. ll, p. 394; CI. 
endiviwfolia Fr. — Dunes fixées des Pesquiers, isthme de Giens, près 
Hyères, sur le sable, n° 26; versant nord de la colline de Fenouillet, 
n°55, 858, 870 et 871; garigues de la presqu'île d'Antibes (Alpes-Mari- 
times), n° 283 ; stérile. 


9. Usnea florida Hoffm. Deutschl. Flora II, p. 153. — Forêt de 
Chénes-liéges des Maures vers la pointe de Brégançon, sur les rameaux 
morts encore attachés aux arbres de différentes espèces, n° 63; stérile. 


10. Ramalina farinneen (L.) Ach. Lichenogr. univ. p. 606. — 
Colline de Fenouillet, sur des Chénes-liéges dans les vallons; stérile. 


11. R. evernioides Nyl. Prodr. Lichenogr. Gall. et Alger. p. 41 et 
Hue Lich. extra-europ. in Nouv. Arch. Mus., 4 sér., t. I, p. 63. — 
Port-Cros, sous les roches surplombantes, n° 846 et 851; colline de Fe- 
nouillet, également saxicole, n° 59. 


Forme àthalle le plus souvent étroitement lacinié, lisse et non sorédié, 
rarement un peu élargi et alors à surface réticulée en réseau; un seul des 
trois échantillons porte des sorédies. Les laniéres présentent parfois dans leurs 
rameaux des étranglements qui les rendent filiformes, et partout elles sont 
ornées Je très courts ramules prenant cà et là la forme de verrues ; stérile. 


12. R. scopulorum Ach. Lichenogr. univ. p. 604, Nyl. Recogn. 
monogr. Ramal. p. 58 et Hue Lich. extra-europ. in Nouv. Arch. 
Mus., 4° sér., t. I, p. 77. — Port-Cros, sur les roches du bord de la 
mer, n° 6. 


Les lanières principales du thalle sont plus ramifiées qu'à P 
garnies de rameaux linéaires tantôt allongés, tantôt très courts; sous ju 
fluence de la potasse caustique, l'intérieur du thalle jaunit, puis e neur 
apothécies sont assez rares; les spores droites mesurent 13-16 u e m 
et 5-7 v en largeur; quelques-unes sont plus étroites et ont 14 sur 4,5 p- 


— Var. euspidata Ach. Lichenogr. univ. p. 604; R. cuspidata Ach. 


Recogn. monogr. Ramal. p. 60. — Port-Cros, n° 6 a. 


La potasse caustique n'a pas d'action sur le thalle de cette variété. 
p. 63. — Port- 


13. R. inzquatis Nyl. Recogn. monogr. Ramal Pa ^ 832: col- 
Cros, n^ 51 et sur les roches surplombantes au nord, n^ 8: 2: 


line de Fenouillet, n° 8. 


+ 9 
aunâtr essé, haut de 2- 
Thalle d'un blane glaucescent ou un peu jaunàtre, dresse, 


9t . . at, à structure 
2,5 centimètres, comprimé, légèrement brillant ou PE dis la base en la- 
radiće, insensible à l'action de la potasse caustique ; ivisé d st dira- 
meres larges de 1,5-4 mill., peu ramifiées par des ram 


LXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


riqués; la surface de la face antérieure est sillonnée de nervures longitudi- 
nales, souvent interrompues, anastomosées cà et là et laissant entre elles des 
lacunes profondes; les extrémités sont obluses ou presque aiguës ; la face pos- 
térieure est plus blanche et du reste semblable à la face antérieure. Le cortex 
de la base d’un rameau apothécifère est large de 30-45 y (dans les rameaux stè- 
riles il ne mesure que 20-25 y), incolore, rempli de corpuscules et formé par des 
hyphes perpendiculaires à l'axe, indistincts, articulés et ramifiés, leurs rameaux 
constituant un réseau à mailles assez grandes et ayant une cavité Intérieure 
trés petite. Sous ce cortex se trouve une couche d'hyphes parallèles à ] axe et 
ayant des rameaux obliques, couche qui manque çà et là. La couche gonidiale 
formée de gonidies vertes, et mesurant en diamètre 8-12 y, est np 
la zone d'hyphes parallèles et monte sous le cortex, quand celle-ci fait dé aut. 
L'axe est constitué par des hyphes gonidiaux, larges de 4-6 u et làchement en- 
trelacés. ES il 

Les apothécies larges de 2-5 mill. sont d'abord turbinées et resserrées à là 
base, puis cupuliformes ; l'excipule est lisse, la marge entière et le pu 
glaucescent et pruineux Le cortex de l'excipule, large de 60-70 p, est lore 
d'hyphes verticaux, semblables à ceux du cortex du thalle et constituant un 
réseau à mailles larges et plus serrées vers la partie extérieure. Sur le cot e: 
se trouve parfois une couche d'hyphes horizontaux. Il y a deux couches e 
gonidies, l'une sous ces hyphes horizontaux ou sous le cortex, l'autre sous 
l'hypothécium qui est incolore. L’épithécium est granuleux et d'un jaune 
noirâtre ; les paraphyses, hautes de 70 u, larges de 1,5 u ont, souvent un cour 
rameau vers le sommet et sont terminées, ainsi que les rameaux, par deux ou 
trois cellules larges de 3-4 u. Les spores au nombre de huit dans les thèques, 
hyalines, 1-septées, rarement droites, le plus souvent légèrement courbées, 
sont longues de 13-154 et larges de 5-5,5u, avec quelques-unes plus larges, 
13-15 sur 7 y et alors un peu resserrées à la cloison. La gélatine hyméniale es 
d'abord bleuie par l'iode, puis elle prend une teinte rouge vineux. —  , 

Cette. espèce propre aux iles d'Hyères ne parait y avoir été récoltée qu'une 
seule fois; car, aprés l'avoir décrite, M. Nylander ajoute : « ulterius requi- 
renda ». Elle est remarquable et parait se séparer nettement de toutes les aun u 
espéces connues. Les apothécies turbinées la rapprochent du R. pusilla Le Pi M 
mais son {halle n'est pas creux et par conséquent elle ne peut entrer dans la i : 
tion des Fistulosæ; sa place est donc à la fin des Compressiusculæ, mais dan 
un stirps ou sous-section spéciale. 


14. Ramalina pusilla Le Prév., Nyl. Recogn. monogr. Ramal. p. 05 
— Port-Cros, sous les arbrisseaux, n 6c et 813; sur des rameaux te 
Pin d'Alep, n° 854 et 855; très bien fructifié. 


Le cortex du thalle n'est pas amorphe, comme l'indique à tort M. Nylander, 
mais formé d'hyphes perpendiculaires à l'axe, septés et ramifiés et dont eS 
rameaux s'anastomosent et forment un réseau à mailles larges, comme : » 
l'espéce précédente; sous le cortex se trouve également une couche d hypi S 
parallèles à l’axe, laquelle manque aussi çà et là. Ces deux Ramalina ser ^ 
prochent donc l’un de l'autre par la structure du cortex du thalle et pa di. 
forme de leurs apothécies, mais leur aspect et leur substratum sont tou 
férents. . "P 

Le R. pusilla Le Prév. n'a que deux localités en France : les. iles d Hyer 
et l'ile de Noirmoutier; on le trouve encore dans l'Italie méridioni p de 
Afrique (Algérie, iles de Madère, Teneriffe et San Thomé); et enfin dans !! 


FLAHAULT ET HUE. — LICHENS DU MASSIF DES MAURES. LXXV 


Java. Le D" Stizenberger, Lichenæa afric., p. 38, cite encore le Japon, et 
jignore de quelle collection a pu provenir cette indication qui me parait fort 
douteuse. ` 

15. Roccella phycopsis Ach., Darbishire Monogr. Roccell. p. 34, 
pl. 13-14, fig. 49-64. — Port-Cros, n° 1, sous les roches surplom- 
blantes, n°% 50 et 853; château d'Hyères, également n° 50; colline de 
Fenouillet, n° 54. 

Sur les rochers du bord de la mer et quelquefois sur les arbres dans la mer 
Méditerrannée, sur les côtes de l'Europe et de l'Afrique, et dans les iles; dans 
l'océan Atlantique, sur la côte francaise et dans les iles Scilly, de Wight, 


Jersey, Canaries, Madére et Acores; de plus à Madagascar et dans la Nouvelle- 
Calédonie. 


16. Evernia prunastri Ach. Lichenogr. univ. p. 442. — Forét 
de Chênes-lièges des Maures vers la pointe de Brégançon, n° 62; colline 
de Fenouillet, sur des branches de Chénes-liéges dans les vallons, n° 57; 
stérile. 

17. Parmelia conspersa Ach. Method. Lich. p. 205. — Port-Cros, 
sur les roches siliceuses, n° 44; colline de Fenouillet, n° 873 pr. p. 

— Var. 1. stenophylla Ach. Lichenogr. univ. p. 187. — Colline 
de Fenouillet, sur les rochers, n° 873 pr. p. 

— Var. 2. hypoelysta Nyl. Synops. Lich. 1, p. 391. — Port-Cros, 
sur les rochers, n° 12; colline de Fenouillet, n° 9. 

Cette variété, indiquée par M. Nylander dans son Synops. Lich., comme 
propre à la France méridionale, à l'Espagne et aux iles Canaries, est beaucoup 
plus largement distribuée; car l'abbé Harmand Catal. Lich. Lorraine p. 30, 
la signale dans la Lorraine. Elle se trouve encore dans File de Socana, - 
l'ile Bourbon, dans l'Orégon, en Australie, et récemment je l'ai reçue du Japon 
Sous sa forme isidiée. 

18. P. prolixa (Ach.) Nyl. Synops. Lich. I, p. 395. — Colline de 
Fenouillet, sur les schistes, n° 882. 

19. P. dubia (Wulf.) Schær. Enum. Lich. europ. p. 45; P. Borreri 
Turn. — Colline de Fenouillet, sur les écorces, n° 868. 


20. e. tiliacea Ach. Method. Lich. p. 215, — Foret des tlli. 
la pointe de Brégançon, sur des Chénes-liéges, n^ 17, 23. et e i 

— Var. seortea (Ach.) Mérat Nouv. Flore env. Paris, r ind 
P. 393. — Port-Cros, sur les rochers, n° 22 et 53; colline de Fenouitrer, 
n° 2 bis. 
ans l'ile de Corse. Dans les 
titude de 600 mètres. 
hàteau d'Hyéres, 
n° 2; fertile. 


P Cette variété est commune sur les rochers d 
Yrénées-Orientales, M. Nylander l'a récoltée à l'al 


21. P. caperata Ach. Method. Lich. p. 210. — € 
Sur les roches siliceuses, n° 49; colline de Fenouillet, 


LXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


22. Parmelia trichotera Hue Causer. Parmel. p. 19.— Colline 
de Fenouillet, n° 20; stérile. 


23. Pseudophyscia aquila(Ach.) Hue Lich. extra-europ. in Nouv. 
Arch. Mus.,4 sér., t. I, p. 116 ; Physcia aquila Nyl Prodr. Lichenogr. 
Gall. et Alger. p. 63 et Synops. Lich. I, p. 442. — Port-Cros, sur les 
rochers, n^ 18 et 48; colline de Fenouillet, n° 1. 


Thalle chàtain clair ou obscur, cà et là enfumé ou encore presque cendré, 
entièrement couché sur le substratum, mat, à structure intérieure dorsiventrale, 
insensible à l’action de la potasse caustique; formé de lanières larges de 
1-2 mill., diversement laciniées et cà et là, surtout vers la périphérie, un peu 
élargies vers le sommet ; ces lacinules souvent trés étroites, 0,1-0,2 mill., sont 
diversement ramifiées et méme digitées ; en dessus, les laniéres sont lisses et 
assez fréquemment pruineuses à l'extrémité; en dessous, elles sont d'un cendré 
blanchâtre et munies de rhizines brunes ou noirâtres, longues de 1-2 mill., 
simples ou rameuses. Le cortex supérieur, épais de 50-110 y, est formé d'hyphes 
parallèles à la superficie avec des rameaux obliques, larges de 6-10 p, assez 
serrés, incolores et brunis seulement dans la zone extérieure, large de 20 y et 
plus serrée. Les gonidies vertes,ayant en diamètre 8-10 p, forment sous le cortex 
supérieur une couche inégale; les hyphes gonidiaux sont làchement entre- 
lacés; le cortex inférieur, large de 90-120 u, est semblable au supérieur et bruni 
seulement dans les vieux lobes sur une largeur de 10 u. Ces hyphes paralléles 
représentent la médulle qui est partagée en deux par la couche gonidiale et 
les hyphes gonidiaux. 

Apothécies larges de 1-2 mill., sessiles, avec un excipule lisse, rarement 
orné à la base d'une ou deux folioles, une marge un peu crénelée et parfois 
garnie de trés petites lacinules et un disque d'un brun noir. Le cortex de 
l'excipule, large de 80-200 p, est formé dans la partie extérieure d'hyphes ver- 
Ucaux et ramifiés qui deviennent ensuite horizontaux; la zone extérieure 
large de 30 x, est seule brunie. Deux couches de gonidies, l'une sous le cortex 
et l'autre sous l'hypothécium, séparées par des hyphes gonidiaux làchement 
entremélés. L'épithécium est légèrement teinté de jaune rougeátre; l'hypo- 
thécium incolore est formé d'hyphes serrés et monte jusque dans la marge; 
les paraphyses, hautes de 250 u, épaisses de 1,5p, sont articulées, non ra- 
meuses et mesurent au sommet 3-4u:; les spores brunes, 1-septées, arrondies 
aux extrémités, ont en longueur 34-50 y et en largeur 18-22 u. L'iode bleuit la 
gélatine hyméniale. 

Ces échantillons se rapprochent du Ph. aquila var. meridionalis Mull. 
Arg. Lich. Beitr. n° T3, récolté dans les iles d'Hyères, mais ils s'en séparent 
par leurs lacinules élargies à la périphérie ; l'un d'eux est voisin de la variété 
corsica Mull. Arg., par ses apothécies ornées à la marge de lacinules, et PA 
conséquent ils constituent une transition entre le type et ces formes meri- 
dionales et montrent le peu de consistance de ces derniéres. 


24. Physeia parietina DN. Nuov. caratt. Parmel. p. 23. — port- 
Cros, n% 9, 25 et 46; forét des Maures, pointe de Brégançon, n° 19; » 
Ulmus campestris, bord du Gapeau, prés d'Hyéres, n° 66; colline de 
Fenouillet, n° 867. 


Les deux échantillons, n° 46 et 19, à thalle d'un jaune verdátre; peuvent 
étre regardés comme la forme chlorina (Cheval.). 


FLAHAULT ET HUE. -— LICHENS DU MASSIF DES MAURES.  LXXVII 


— yar. aureola (Ach.) Nyl. Synops. Lich. I, p. 411. — Sur les ro- 
ches siliceuses au vieux château d’Hyères, altit. 180 métres, n^ 10. 


25. Ph. albinea (Ach.) Nyl. Observ. lichenolog. Pyr.-Orient. 1873, 
p. 6. — Colline de Fenouillet, sur les roches, n° 878. 


26. Ph. pulverulenta (Schreb.) Nyl. Essai nouv. classif. Lich., 
? Mém., p. 175. — Colline de Fenouillet, sur les écorces, n° 31. 


, 21. Ph. subvenusta Hue; Ph. pulverulenta var. subrenusta Nyl. 
Observ. lichenogr. Pyren.-Orient. 1873, p. 31, et Lich. Pyr.-Orient., 
1891, p. 56. — Port-Cros, sur la terre, n* 185 et 48 pr. p. 


Thalle d'un cendré obscur ou d'un brun foncé (vert obscur à l'état humide), 
membraneux, mat, appliqué sur le substratum avec les extrémités ascen- 
dantes, insensible à l'uction de la potasse caustique, formé de lanières larges 
de 1-1,5 mill. latéralement découpées en petites lacinules (0,2-0,5 mill. en 
largeur), lesquelles sont diversement ramifiées et imbriquées ; à la périphérie 
divisées en plusieurs lacinules subimbriquées et arrondies ou subcrénelées aux 
extrémités; en dessus le plus souvent couvertes d'une pruine blanche; à l'in- 
térieur blanches; en dessous noires et munies de rhizines concolores, longues 
de 1-2 mill., le plus souvent fibrilleuses et parfois blanchâtres à l'extrémité. 
Le cortex supérieur, épais de 40 à 110 y, est formé d'hyphes perpendiculaires 
à la surface, articulés et soudés en faux parenchyme avec des cellules de 6 à 7 u 
de diamétre vers la base et plus petites dans le haut; il est blanchâtre, bruni 
seulement dans la zone extérieure et recouvert d'une couche amorphe épaisse 
de 5-6 u. Les gonidies, dont le diamètre est de 10-13 u, forment sous le cortex 
une couche parfois interrompue, de sorte que les hyphes corticaux descendent 
cà et là jusqu’à la médulle; les hyphes gonidiaux sont làchement entrelacés. 
La médulle, épaisse de 40-50 y, se compose d'hyphes parallèles à la surface et 
assez serrés, Le cortex inférieur est noir et formé d'hyphes parallèles à Ja sur- 
face et ramifiés obliquement. ; , 

Apothécies Jarges de 1,5-3,5 mill., sessiles, avec un excipule lisse, mais 
orné cà et là soit près de la marge, soit vers la base, de petites folioles thal- 
lines, une marge élevée, d'abord entière, puis légèrement crénelée et un 
disque d'un brun obscur. Le cortex de l'excipule, épais de 80 à 180 x, est formé 

"hyphes verticaux, septés, ramifiés, à rameaux s'anastomosant et gs 

réseau à mailles larges et inégales; les gonidies sont sous le cortex M 
hypothécium, et dans leur milieu se trouvent quelques hyphes gi 
làchement entrelacés; hypothécium incolore, épais et constitué par des, ypres 
serrés; épithécium d'un brun jaunàtre; paraphyses hautes de 25 D ee 
5-2 u, rarement rameuses, terminées par trois ou quatre ce longues 

3-4 u de diamètre: spores brunes Á-septées, arrondies aux extremites, ong : 
20 90 ? , lus étroites avant 

de 90-36 v. et larges de 18-22 u, avec quelques-unes un peu plus sayan 
3E sur 17 v. L'iode bleuit la gélatine hyméniale et la rend ensuite rougeâtre, 
„Je n'ai pas vu l'échantillon-type de M. Nylander, mais ceux-ci me Prourtée 

repondre à la description qu'il en a donnée, quoiqu elle soit bien éc ME 

ans le PA, pulverulenta le cortex supérieur est formé d'hyphes peri e 
Culaires à la surface et anastomosés en réseau; le Ph. subvenusta Mem 
cortex Pseudoparenchymateux doit en ètre séparé. Plusieurs auteurs on P asd 
SOUS ce nom de Ph. subvenusta Nyl., des exsiccatas qui ich Ha 
cetle espèce : Harm. Lich. Lothar. u^ 369, Johns. The N. Engl. Lich. 


LXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


n° 250, Flag. Lich. algeriens. exsicc. n° 25 et 26. Dans les deux premiers, le 
cortex est semblable à celui du PA. pulverulenta (M. l'abbé Harmand, Catal. 
Lich. Lorr. p. 231, a rectifié sa détermination); les deux derniers ont le 
cortex supérieur en faux parenchyme, mais la page inférieure n'est pas noire. 


28. Nephroma lusitanicum Schwer. Enum. Lich. europ. p. 323 ; 
Nephromium lusitanicum Nyl. in Flora 1810, p. 38. — Port-Cros, 
n° 9; stérile. 


L'intérieur de ce Lichen imbibé de potasse caustique jaunit et ne tarde pas 
à rougir. 


29. Peltigera canina (L.) Hoffm. Deutschl. Flora II, p. 106. — 
Sur la terre, dans le versant nord de la colline de Fenouillet, n° 56; stë- 
rile. 


30. P. polydaetyla (Neck.) Hoffm. Deutschl. Flora IT, p. 106. — 
Parmi les Mousses, dans la méme localité, n° 52 et 75. 


31. Umbiliearia pustulata (L.) Hoffm. Deutschl. Flora M, p. 111. 
Colline de Fenouillet, sur les rochers, n° 33; stérile. 


32. U. murina DC. Flore fr. t. II, p. 412. — Colline de Fenouillet, 
sur les rochers, n* 3; stérile. 


33. Lecanora cerina (Ehrh.) Ach. Lichenogr. univ. p. 390. — Col- 
line de Fenouillet, sur les écorces, n° 37 ter. 


34. L. ferruginea (Huds.) Nyl. Prodr. Lichenogr. Gall. et Alger. 
p. 16. — Sur Chéne-liége dans la forêt des Maures, à la pointe de Brè- 
gancon, n^ 18 et 22, 


— f. saxicola (Mass.) Hue; f. festiva auct. — Colline de Fenouillet, 
sur les roches, n* 42 et 874. 


35. L. pyracea (Ach.) Nyl. Lich. Lappon. orient. p. 129. — Port- 
Cros, corticole, n** 837 et 844, avec le L. albella (Pers.) Ach. 


36. L. vitellina (Ehrh.) Ach. Lichenogr. univ. p. 403.— Port-Cros, 


sur les rochers, n° 4; colline de Fenouillet, n° 880, avec L. intermutans 
Nyl. 


31. L. badia Ach. Synops. Lich. p. 154. — Port-Cros, sur le mica- 
schiste, n° 26. 


Le L. Montagnei Schær. Enum. Lich. europ. p. 62; Nyl. Prodr. Lichenogi: 
Gall. et Alger., p.91 et in Flora 1869, p. 298; Parmelia Montagnei Fr., Licne 
nogr. europ. reform. p. 107, est très voisin du L. badia Ach. et sen de 
tingue seulement par son thalle placodié à la périphérie. D'après l’herbier la 
Montagne, il a été récolté par ce savant : Ad rupes Les Mèdes dictas 1n SU 
Stæchadum (Porquerolles) anno 1828. 


38. L. olivascens Nyl. Observ. lichenogr. Pyren.-Orient. 1873, 


FLAHAULT ET HUE. — LICHENS DU MASSIF DES MAURES. LXXIX 


p. 9 et Lich. Pyren.-Orient. 1891, p. 31. — Colline de Fenouillet, 
sur les schistes, n° 885. 

Les spores simples et hyalines sont longues de 12-15 u et larges de 3-4,5; 
quelques-unes ont 12 sur 4 u et 15 sur 3u. 

39. L. crassa Var. Dufourei (El. Fr.) Nyl. Lich. Scand. p. 130. — 
Colline de Fenouillet, sur la terre, n* 35. 

40. L. subfusca (L.) Ach. Lichenogr. univ. p. 304. — Port-Cros, 
sur les écorces, n° 31; sur écorce de Fraxinus excelsior, au bord du 
Gapeau au nord de la colline de Fenouillet, n° 27 et 28; sur la méme 
colline, corticole, n* 37 et 41 pr. p. 

— Var. eampestris Schær. Enum. Lich. europ. p. 19. — Port- 
Cros, sur le micaschiste, n° 14. 

Forme à apothécies profondément crénelées; thalle granuleux blanchâtre, 
jaunissant par la potasse, recouvert presque entièrement par les apothécies ; 
épithécium non granuleux; paraphyses grêles, non articulées ; spores hya- 
lines, simples, longues de 11-14u et larges de 7-85; gélatine hyméniale 
bleuissant par l'iode. 

H. L. allophana Ach. Lichenogr. univ. p. 395. — Colline de Fe- 
nouillet, sur écorce de Cyprés, n? 41 pr. p. 

42. L. ehlarona (Ach.) Nyl. in Flora 1872, p. 250.— Port-Cros, 
corticole, n% 7 et 29. 

Dans le n° 7, deux apothécies sont colorées en brun rougeàtre. 


43. L. gangaleoides Nyl. apud Hue Addend. Lichenogr. europ. 
P- 86; L. sulfurea f. gangalea Mandon Lich. Madère, n° 99. — Port- 
Cros, sur le micaschiste, n° 2 (thalle appauvri), u*' 15, 27 et 28 et 
n° 876. 


Par son thalle granuleux et ses apothécies noires, cette espéce pourrait être 
prise à première vue pour le L. atra Ach.; elle s'en distingue par sos apo- 
thécies blanches à l'intérieur et ses spermaties courbées en arc. Ici les apo 
thécies ont souvent la marge crénelée; les spores ont 14-15 p en longueur e 

-8,5 u en largeur; on en trouve même de 18 sur 8u. 


44. L. albella (Pers.) Ach. Lichensgr. univ. p. 369. — Port-Cros, 
Corlicole, n° 835. 


15. L. sulfurata Nyl. Observ. lichenol. Pyren. "n 
et Lich. Pyren.-Orient., 4891, p. 98; L. glaucoma var. e 
Synops. Lich. p. 166. — Port-Cros, sur le micaschiste, n° 839. 


dl se distingue du L. sulfurea Ach. par ses apothécies, également olus 
"entót dégagées de l'enveloppe thalline et présentant un bor TW tandis que 
le thalle et l'épithécium rougissent par l'hypochlorite de cha S "ir ja 
ans l'autre espèce on n'obtient sur le thalle que la Mn n ot même 
Polasse, Les spores ont en longueur 13-14 et en largeur 6,5-7 p, 


Orient. 1813, p. 33 
sulfurata Ach. 


LXXX SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


14 sur 9. La gélatine hyméniale bleuit d'abord par l'iode, puis elle se déco- 
lore et les théques demeurent brunies. 


46. Lecanora sulfurea Ach. Lichenogr. univ. p. 399.  Port- 
Cros, sur le micaschiste, n° 25; colline de Fenouillet, n° 22. 


41. L. eonferta (Duby) Nyl. Prodr. Fl. N. Granat. Addit. p. 545.— 
Port-Cros, sur la terre des roches granitiques, n° 13. 


48. L. atra Ach. Lichenogr. univ. p. 344. — Port-Cros, sur le mi- 
caschiste, n° 16; colline de Fenouillet, n° 31 bis: 


49. L. parella (L.) Ach. Lichenogr. univ. p. 169; Ochrolechia 
parella Mass., Darbishire Die Deutsch. Pertusariac. p. 618. — Port- 
Cros, sur le micaschiste, n° 3a, b, 11, 12, 13; colline de Fenouillet, 
prés Hyères, n^ 43 et 875. 

Ce Lecanora végète non seulement sur les pierres, mais méme sur les 
Jongermannes; les apothécics sont tantót rares et tantót trés nombreuses; 
leur marge jaunit par la potasse caustique, le thalle n'étant pas colore, et 


l'épithécium rougit par le chlorure de chaux employé aprés le premier réactif ; 
les spores ont 80 u en longueur et 40u en largeur. 


90. L. pallescens (L.) Nyl. Lich. Lapp. orient. p. 135; L. parella 
var. pallescens Ach. Lichenogr. univ. p. 310; Ochrolechia palles- 


cens Mass., Darbish. Die deutsch. Pertusariac. p. 617. — Port-Cros, 
corticole, n° 30. 


Le thalle et la marge de l'apothécie rougissent par l'hypochlorite de chaux. 


21. L. intermutans Nyl. in Flora 1872, p. 354 et apud Hue Addend. 


Lichenogr. europ. p. 105. — Colline de Fenouillet, sur les rochers, 
n° 880 et 885. 


22. L. pruinosa f. nuda Nyl. in Lamy Catal. Lich. Mont-Dore 


p. 87. — Colline de Fenouillet, n* 874, avec le L. ferruginea f. saxi- 
cola (Mass.). 


29. Pertusaria communis DC. Fl. fr. IT, p. 320, Darbish. Die 
deutsch. Pertusariac. p. 598, fig. 1. — Port-Cros, surécorce de Chéne- 
liège, n° 347. 


Spores au nombre de deux dans chaque thèque, longues de 101-1127 et 
larges de 32-36 u. 


54. P. Wulfenii f. rupicola (Schær.) Nyl. Observ. lichenolog. 
Pyren.-Orient. 1873, p. 37, et Lich. Pyren.-Orient. 1891, p. 62, 
Darbish. Die deutsch. Pertusariac. p. 609. — Port-Cros, sur le mica- 
schiste, n°° 16 et 838. 


L'hypochlorite de chaux rougit l'intérieur de l'apothécie; les spores au 
nombre de huit dans chaque thèque mesurent 60-82 p. en longueur sur 36- 


FLAHAULT ET HUE. —- LICHENS DU MASSIF DES MAURES. LXXXI 


92 v. en largeur. Les spermaties sont cylindriques, longues de 16-24 y, larges 
de 1 ».; les stérigmates ne sont pas articulés. 


99. P. amara Nyl. apud Hue Addend. Lichenogr. europ. p. 119; 
Variolaria amara Ach. Lichenogr. univ. p. 324; Darbish. Die 
deutsch. Pertusariac. p. 623. — Sur écorce de Fraxinus excelsior, 
bords du Gapeau, au nord d'Hyéres, n° 65. 


Stérile; les sorédies prennent une teinte violette par la potasse et l'hypo- 
chlorite de chaux. 


56. P. monogena Nyl. Observ. lichenol. Pyren.-Orient. 1873, 
p. 36, et Lich. Pyren.-Orient. 1891, p. 61, atque Lich. exsicc. Pyren.- 
Orient. n* 40. — Colline de Fenouillet, sur les schistes, n* 883. 


91. P. leioplnen (Ach.) Schær. Lich. helvet. Spicileg. p. 66. — 
Colline de Fenouillet, sur les écorces, n° 39. 


58. Phlyetis agelsæa Wallr. Fl. Germ. t. III, p. 353; Darbish. Die 
deutsch. Pertusariac. p. 603. — Sur écorce d'Acer campestre, bords 
du Gapeau au nord d'Hyéres, n° 68 et 69. 


99. Urceolaria seruposa (L.) Ach. Method. Lich. p. 141. — Sur le 
sol formé de débris schisteux, forêt de Chènes-lièges des Maures, vers 
la pointe de Brégancon, n° 834; sur la terre, colline de Fenouillet, 
n° 40. 


60. U. actinostoma Pers. in Ach. Lichenogr. univ. p. 288. — Col- 
line de Fenouillet, sur les roches, n* 881. 


01. …eeidea scopulicola Nyl. in Flora 1874, p. 312; Leight. The 
Lichen-Flora of Gr. Brit. éd. 3, p. 368. — Port-Cros, sur le micas- 
chiste, n» 20. 

Thalle cendré verdàtre, formé de granules de différentes formes ; apothécies 
d'un carné brunàtre, d'abord entourées d'une marge épaisse, puis ben 
et confluentes; épithécium, hypothécium et périthécium, leque ciii 
d'hyphes perpendiculaires au disque, complètement incolores; par P Li 
hautes de 42 u, épaisses de 1 u, légèrement épaissies au somme La n 
aciculaires, atténuées aux deux extrémités, 3-5 septées, avec : $a gélatine 
Peine visibles, longues de 30-44 y et larges de 2 ou rra ; 
'yméniale bleuissant par l'iode, puis devenant d'un rouge run E> nouailles 

Cette espèce n'a été récoltée qu'une seule fois dans le pays ĉe ens 
en Angleterre, sur les rochers du bord de la mer. La description i r Je men 
: de donner diffère de celle de M. Nylander en ce que les MM Ces diffé- 
Ic! confluentes et que la « couche subhyméniale » n'est pas hone mine 
onces me paraissent trop légères pour pouvoir séparer Po ni io prin- 
comme forme, car les deux descriptions s'accordent pour es 
ĉipaux : forme du thalle et des spores, couleur de l'apothecie. 

02. L. parasema Ach. Lichenogr. univ. p. 179, pro mat parte, 

T. XLVI. 


LXXXII SESSION -EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Nyl. in Flora 1881, p. 187. — Sur écorce d'Acer campestre, bords du 
Gapeau, au nord d'Hyères, n° 67; colline de Fenouillet, n° 37 bis. 

Lecidea parasema Var. |. elzeochroma Ach. Lichenogr. unir. 
p. 179. — Port-Cros, sur des écailles de Pomme de Pin, avec les 
Lecanora subfusca Ach. et L. conizæa Ach., n? 845. 


— var. 2. flavens Nyl. in Lamy Catal. Lich. Mont-Dore p. 111; 
L. flavens Nyl. Lich. env. Paris p. 89. — Port-Cros, corticole, n° 8; 
forét des Maures, pointe de Brigançon, n* 21 et 849. 

— var. 3. Iatypea (Ach.) Nyl. Lich. Scand. p. 217. — Port-Cros, 
saxicole, n° 21; colline de Fenouillet, sur les schistes, n^ 32 et 29. 


63. L. euphorea (Floerke) Nyl. in Flora 1881, p. 187. — Colline de 
Fenouillet, corticole, n^ 38. 


64. L. eontigua Fr. Lichenogr. europ. reform. p. 298; Nyl. Lich. 
Scand. p. 224. — Port-Cros, sur le granite, n° 19; colline de Fenouillet, 
sur les schistes, n° 879. 


65. L. platyearpa Ach. Lichenogr. univ. p. 113. — Port -Cros, sur 
le micaschite, n° 15; colline de Fenouillet, sur les schistes, n° 44 el 
884 pr. p.; presqu'ile de Giens, prés Hyères, n° 45. 

66. L. fusco-atra var. grisella Floerke in litt. ad Flotow et apud 


Schær. Enum. Lich. europ. p. 140. — Forêt des Maures, vers la pointe 
de Brigançon, n° 840. 


67. L. saxorum Leight. The Lich.-Fl. of Gr. Brit., ed. 3, 
p. 314; Buellia saxorum Mass. Ric. Lich. crostos. 1852, p. 82 et fig. 
169; L. superans Nyl. Observ. Lich. Pyr.-Orient. 1873, p. 38 et Lich. 
Pyr.-Orient., 1891, pp. 10 et 64 (M. Nylander affirmant lui-mème 
que ces deux noms désignent la même espèce, le plus ancien, celui de 
Massalongo, doit être préféré). — Vieux chàteau d'Hyéres, sur le mica- 
schiste, altitude 180 mètres, sans numéro. 

68. L. myriocarpa (DC.) Nyl. Prodr. Lichenogr. Gall. et Alger. 
p. 141. — Colline de Fenouillet, sur les schistes, n* 884 pr. p. 

69. Opegrapha atra Pers. in Ust. Neue Annal. Botan. t. I, p. 30- 
— Port-Cros, corticole, n° 816; sur écorce de Chéne-liége, n° 848. 


Sur ces 69 espèces, une est propre à l'ile de Port-Cros, Rama- 
lina inæqualis Nyl.; une autre n'avait pas encore été observée en 
France, Lecidea scopulicola Nyl.; une troisième, Parmelia tricho- 
tera Hue, est comprise dans le P. perlata des auteurs, et 4 végètent 
sur les rochers du bord de la mer et se retrouvent dans l'ouest de 
la France : 


FLAHAULT ET HUE. — LICHENS DU MASSIF DES MAURES. LXXXIII 


Ramalina scopulorum AcA. Ramalina pusilla Le Prév. 
— cuspidata Ach. Roccella phycopsis Ach. 


tandis que l'Umbilicaria murina DC. monte à l'est et à l'ouest, 
et que le Lecanora crassa var. Dufourei Nyl. ne s'avance que 
jusqu'à la limite méridionale de la flore parisienne. Les 60 autres 
vivent dans les Pyrénées; car, si 11 d'entre elles ne sont pas énu- 
- mérées dans les Lichenes Pyrengorum-Orientalium de M. Nylander 
publiés en 1891 : 


Collema pulposum A ch. Lecanora pallescens Nyl. 

Cladonia silvatica Hoffm. — pruinosa f. nuda Nyl. 

Usnea florida Hoffm. Lecidea parasema var. avens Nyl. 
Parmelia tiliacea Ach. — euphorea Nyl. 

Lecanora allophana Ach. — myriocarpa Nyl. 

— albella Ach. 


elles se trouvent dans l'Exposition des Lichens de Cauterets et de 
Lourdes par M. Lamy de la Chapelle. 

Sur ces 60 Lichens, 10 font défaut dans le Plateau central de la 
France (Lamy de la Chapelle Catalogue des Lichens du Mont- 
Dore et de la Haute-Vienne) : 


Collema thysanæum Ach. Lecanora sulfurata Nyl. 
Ramalina evernioides Nyl. — intermutans Nyl. 
Parmelia conspersa var. hypoclysta | Pertusaria monogona Nyl. 
Nyl. Urceolaria actinostoma Pers. 
Physcia subvenusta Nyl. Lecidea saxorum Leight. 
canora olivascens Nyl. 


Il faut remarquer dans cette région la présence du Pseudo- 
physcia aquila (Ach.), espèce commune sur le bord de la mer, qui 
remonte jusque-là sans s'étendre ni à l’est ni au nord; à ouest, 
9n la trouve non seulement sur le rivage de la mer, mais encore 
dans l'intérieur des terres de la Bretagne. E 

Avec les Lichens des environs de Paris de M. Nylander, la dille- 
rence s'aecentue, car on n'y voit pas : 


Collema thysanæum Ach. Pseudophyscia aquila Hue. 
Cladonia pyxidata var. neglecta Mass. | Physcia albinea Nyl. 
~ furcata var, palamæa Nyl. — subvenusta Nyl. 
Shea florida Hoffm. Lecanora badia Ach. 
amalina evernioides Nyl. — olivascens Nyl. 
armelia tiliacea Ach. — allophana Ach. 
X, COnspersa var. hypoclysta Nyl. — sulfurata Nyl., 
Nephroma lusitanicum Schær. — pallescens Ayr. 


LXXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Lecanora intermutans Nyl. Pertusaria monogona Nyl. 
— pruinosa f. nuda Nyt. Lecidea contigua Fr. 
Pertusaria Wulfenii f. rupicola Nyl. 


et cependant il faut retrancher de cette liste Cladonia pyxidala 
var. neglecta Mass., Cl. furcata var. palamæa Nyl., Parmelia 
tiliacea Ach. ct Lecanora allophana Ach. cités dans mes Lichens 
des environs de Paris. | 

Si l'on compare enfin ces 60 espèces avec le Catalogue des 
Lichens observés dans la Lorraine de M. l'abbé Harmand, la diffé- 
rence diminue, car là sont seulement absents : 


Collema thysanæum Ac. Lecanora sulfurata Nyl. 
Ramalina evernioides Nyl. — olivascens Nyl. 
Pseudophyscia aquila Hue. -— intermutans Nyl. 
Physcia subvenusta Nyl. Pertusaria monogona Nyl. 
Nephroma lusitanicum Schær. Lecidea saxorum Leighi. 


Le Chiodecton myrticola Fée, Essai cryplog. écorc. officin. 
exot. p. 63, tab. XVIII, fig. 1; Scherer Enum. Lich. europ. 
p. 226, tab. VIII, fig. 6; Tulasne Mém. Lich. p. 184, tab. N, 
fig. 24-27, qui n'a jamais été recueilli que dans les iles de la Mé- 
diterranée, Steechades et de Corse et dans la petite île italienuc 
Dano, a été vainement recherché sur les Myrtes pendant la prépa- 
ration et la durée de cette session. Ce charmant petit Lichen a été 
découvert par le botaniste russe Cherniaéff dans les îles Stœæchades 
avant 1824, puisque Fée en parle; il a été ensuite récolté par Mon- 
tagne et par Delise. Ce dernier l'a pris sur un Erica arborea dans 
le vallon des Médes de l'ile de Porquerolles; ce vallon sert en ce 
moment de champ de tir à l'École de canonnage de la flotte, et on 
n'y accède qu'avec une autorisation spéciale du Ministre de la 
guerre. D'ailleurs, on y tire tous les jours, et le vallon, quc 
M. Flahault a vu de la mer, est bouleversé par les obus. Dans la 
Corse, il y a quelques années, j'ai examiné un bon nombre de 
Myrtes, sans pouvoir retrouver cette rare espéce. 


Dans la Session extraordinaire à Barcelonnette, août 1897 
(Bullel., t. XLIV, p. cezxxxv), à propos des Lichens de la vallée 
de l'Ubaye, je n'ai signalé, en fait de bibliographie, qu'une courte 


FLAHAULT ET HUE. —- LICHENS DU MASSIF DES MAURES. LXXXV 


Note de M. le D" Magnin, parue en 1876. La mème année, cepen - 
dant, ce savant présentait à la Société botanique de Lyon un 
Mémoire beaucoup plus important et comprenant 64 espèces de 
Lichens sans compter les variétés, dont quelques-unes sont cer- 
tainement de véritables espèces, comme Physcia stellaris var. 
cæsia, Ph. pulverulenta var. muscigena, etc. Ce Mémoire, que le 
Comité préparatoire de la session a malheureusement ignoré, a 
pour titre: Étude sur les Lichens récoltés par M. Bou- 
deille dans les vallées de U Ubaye et de l'Ubayette (Basses-Alpes), 
Lyon, 1877 (1), et il reproduit toutes les espèces de la première 
Note, sauf deux : Urceolaria ocellata et Solorinella Astericus 
Anzi. La seconde ne compte pas, car M. Magnin m'a écrit, le 
9 octobre 1900, que cette détermination est erronée et que très 
probablement il a confondu ce Lichen avec l'Aspicilia ocellata 
Kærb., cité dans le Mémoire lyonnais. Il n'y aurait donc 
qu'une seule unité à ajouter au total de 64, si quelques années 
plus tard ce lichénologue n'avait constaté la présence dans 
la vallée de l'Ubaye du Glypholecia rhagadiosa Nyl. Prodr. Li- 
Chenogr. Gall. et Alger. p. 194, ou Lecanora rhagadiosa Ach. 
Synops. Lich. p. 164, détermination (2) qui fut signalée à la So- 
ciété botanique de Lyon dans sa séance du 23 novembre 1880 
(lettre de M. Magnin citée ci-dessus). Ce rare Lichen avait déjà été 
récolté par M. Nylander dans les Alpes du Dauphiné à la session 
extraordinaire de Grenoble en 1860 (3). Ce sont donc deux espèces 
à ajouter au total de M. Magnin et, en comptant les variétés que je 
regarde comme des espèces, on arrive au chiffre de 70, dont 
14 seulement sont reproduites dans mon énumération. Par con- 
*iuent, le nombre des Lichens observés jusqu'à ce jour dans la 
vallée qe l'Ubaye est de 87, en laissant de cóté quelques 
Variétés 

t. IV, 1876, p. 115. 


(t) Voy. Annales de la Société botanique de Lyon, 1883, p. 15 (Extrait des 


s A Magnin: Fragments lichénologiques. Lyon, 

ates de la Soc. bot. de Lyon, 1881). | 

x D' Nylander : Circa Lichenes Alpium Delphinatus Hl potiti 
P 264 (Extrait du Bull. de la Soc. bot. de Frante, t. X, 180 ) "i 

Cines Armoricæ et Alpium Delphinatus. Helsingforsiæ, , P- , 


LXXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


SÉANCE DU 24 MAI 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. ERNEST OLIVIER, VICE-PRÉSIDENT. 


M. Lutz, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la 
séance du 24 mai, dont la rédaction est adoptée. 


M. le Président fait connaître deux présentations nouvelles, 
puis il annonce que M. Chodat, professeur de botanique à 
"Université de Genève, assiste à la séance, et il souhaite 
la bienvenue à ce savant confrère au nom de la Société. 
M. Chodat, accompagné de nombreux élèves, est venu her- 
boriser sur le littoral de la Provence. 


M. Flahault fait au nom de M. Daveau la communication 
suivante : 


LE QUERCUS OCCIDENTALIS Gay; par M. J. DAVEAU. 


Pour plusieurs botanistes, le Chéne-liége d'Europe constitue 
deux espéces distinctes; l'une est caractérisée par la maturation 
annuelle du fruit et la persistance du feuillage pendant deux et 
trois ans, c'est le Quercus Suber L.; l'autre se distingue par la 
maturation bisannuelle de son gland et la caducité des feuilles, 
c'est le Chéne dénommé par Gay Q. occidentalis. 

La valeur de cette derniére espéce est discutée par les botanistes 
et les sylviculteurs modernes. Les uns n'y voient qu'une race, 
d'autres n'y reconnaissent qu'une simple forme obéissant méme 
aux variations atmosphériques annuelles. Pour ces derniers, en 
effet, la durée des feuilles sur le Chêne-liège dépendrait du plus 
ou moins de sécheresse de l'année; la maturation bisannuelle du 
gland ne serait qu'apparente, cet arbre ayant dans certaines loca- 
lités une floraison presque ininterrompue. Le but de cette Note 
est de discuter les observations qui ont donné lieu à ces diverses 
opinions, et d'en tirer une conclusion. 


La disjonction du Chéne-liége en deux types distincts remon- 
terait au xvr' siècle et serait due à Matthiole et à Clusius. Ce 


DAVEAU. — LE QUERCUS OCCIDENTALIS GAY. LXXXVII 
dernier (1) distingue le Chéne-liége d'Aquitaine (Suber aquita- 
nicum), en ce qu'il a les feuilles caduques, tandis qu'elles per- 
sistent sur le vrai Chéne-liége d'Espagne (Suber hispanicum lati- 
folium). Ce caractére est encore invoqué aujourd'hui, mais J. Gay, 
de Candolle, Matthieu, et MM. Foucaud, Debeaux, etc., ajoutent 
que le gland du Chéne occidental ne mürit que la deuxiéme 
année. À ces caractères tirés de la durée de la feuille et du temps 
de maturation du fruit, Gay ajoute que les écailles de la cupule 
sont toutes appliquées dans le Q. Suber, tandis que chez le Q. oc- 
cidentalis les supérieures sont dressées et les inférieures réfléchies 
et de forme conique. Enfin Willkomm décrit le Chêne occidental 
avéc un court pétiole et les chatons máles tomenteux (2). Ce 
botaniste indique le Q. occidentalis dans le N. de l'Espagne, mais 
il se rectifie dans son Supplément (3); du reste D. Maximo Laguna, 
sylviculteur espagnol, auteur d'une trés importante Flore fores- 
tière d'Espagne (4), dit n'avoir rencontré que le Q. Suber type 
dans toutes les localités citées primitivement par Willkomm. 

En Algérie, MM. Battandier et Trabut (5) admettent quatorze 
variétés de Q. Suber, entre autres la var. biennalis qu'ils disent 
conforme au Q. occidentalis Gay et signalent comme rare. Une 
autre variété caduca renouvelle complètement ses feuilles au prin- 
temps, ce qui est un des caractères attribués au Q. occidentalis. 

En Portugal, la Flore de Brotero ne mentionne quele Q. Suber 
sans autre observation. Plus tard, deséchantillons de Chénes-liéges 
provenant de Cintra, prés Lisbonne, soumis par Welwitsch à Gay, 
furent reconnus par ce dernier comme appartenant au Chéne- 
liège occidental. Ce sont les échantillons cités par de Candolle 
dans le Prodrome. Un des nombreux Chénes recueillis par Wel- 
Witsch, pris à Cintra, etqui se trouve dans l'herbier de Lisbonne, 
Porte l'annotation suivante : « Probabiliter nil nisi forma Q. Su- 


"nu Rariorum aliquot stirpium per Hispanias observatarum historia 
nvers, 1576), p. 27. . » 
(2) Prodromu, Flore hispanice, À, p. 242. — Dans l'herbier de Wilkomm 
aujourd'hui à Coimbre, on ne trouve sous le nom de Q. occidentalis qu'un 
seul échantillon, recueilli en juin 4860, par Schaufuss, au Picos da MN 
*et échantillon, évidemment celui cité par Willkomm, puisqu'il est Mos e 
Son herbier, appartient d’après M. Pereira Coutinho au Q. Ilex. Chez € 
Chêne, les chatons mâles sont effectivement tomenteux. 

(3) Supplementum Prodromi Fl. hispanice, p. 59. 

(4) Flora forestal española, I, p. 271. 

(5) Flore d'Algérie, p. 824. 


LXXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


beris L. squamis cupularum plus minus hebetatis : Fructus 
pleniter maturi et alii sat juveniles, nec non fruclus matures- 
centes sepius in uno eodemque pedunculo inveniuntur !! » Posté- 
rieurement M. Barros Gomes, sylviculteur portugais, ne voit dans 
le Chéne-liége de Cintra qu'une variation passagére du Q. Suber (1). 
D'aprés cet excellent observateur, ce Chéne n'a pas le fruit plus 
bisannuel que celui de beaucoup d'autres espéces, chez lesquelles 
on ne peut douter qu'il ne soit annuel de fait bien que bisannuel 
en apparence. 

D'ailleurs l'apparence bisannuelle de glands réellement annuels 
n'est pas rare en Portugal, la végétation du Chéne-liége lui per- 
mettant d'avoir dans ce pays une, deux et méme trois pousses, 
comme on l'observe également chez le Chéne portugais (Q. lusi- 
tanica) et aussi, mais plus rarement, chez les Q. humilis et Q. pe- 
dunculata. 

Ayant reconnu dans le pétiole du Q. occidentalis la présence de 
quelques faisceaux médullaires, M. Pereira Coutinho (2), bota- 
niste portugais, avait tout d'abord accepté la séparation du Chéne- 
liège en deux espèces distinctes. Il modifie pourtant sa première 
opinion dans un Mémoire sur les Chênes portugais (3), où il fait 
une étude approfondie et très documentée du Chéne-liége. M. P. 
Coutinho confirme les observations de M. Barros Gomes sur la 
floraison pour ainsi dire continue du Chéne-liége, dont il a pu 
étudier des exemplaires vivants ou des échantillons secs, en fleur 
dans tous les mois de l'année, sauf en mars et en aoüt. Il a éga- 
lement observé une fructification presque ininterrompue de fin 
avril jusqu'en février de l'année suivante, et il fait remarquer à 
ce sujet qu'il est trés fréquent de voir sur le méme rameau des 
fruits à différents degrés de développement, un fruit mür occupant 
par exemple l'aisselle d'une feuille et d'autres fruits à peine formés 
se montrant à l'aisselle de la feuille supérieure du méme rameau. 
Les derniers fruits, nés avant les froids, passent ainsi l'hiver et 
mürissent l'année suivante, mais le méme arbre aura déjà donné 
des glands annuels, car la même pousse annuelle porte à la fois 


(1) Condiccoes florestaes de Portugal. 

(2) Esboco de una flora lenhosa, pp. 77-78. 

(3) Os Quercus de Portugal (in Boletim da Sociedade Broteriana, 1888, 
vol. VI, pp. 47 à 116 avec figures). 


DAVEAU. — LE QUERCUS OCCIDENTALIS GAY. LXXXIX 


les cupules des fruits tombés et les fruits en phase de maturation 
biennale. 

Il résulte encore des observations de M. Coutinho : 1* que des 
glands de maturation évidemment annuelle présentaient des 
cupules à écailles courtes, de méme que des glands à maturation 
bisannuelle portaient des cupules à écailles longues, semblables à 
celles du Q. Suber type ; 2° que les Chènes-lièges de Cintra présen- 
taient souvent des feuilles persistant deux années et qu'inver- 
sement des Chénes-liéges à glands évidemment annuels ne présen- 
laient de feuilles que sur les seules pousses de l'année. 

Il faut bien du reste reconnaitre que, pour la durée de la fron- 
daison d'un arbre, l'observation directe peut seule donner une 
certitude compléte. Cette durée est trés difficile à déterminer dans 
les échantillons d'herbier, ou il arrive le plus souvent en effet que 
les feuilles les plus anciennes se détachent et tombent. Sur les 
échantillons frais, il est facile de reconnaitre les deux pousses 
annuelles (et par suite la fausse inserlion biennale du fruit), 
la pousse estivale, c'est-à-dire la seconde, est plus pubescente, 
elle a aussi des feuilles plus étroites. 

Du reste le méme fait a été observé en Algérie et en Portugal 
sur le Q. Mirbeckii. M. Pereira Coutinho établit que, si plusieurs 
auteurs considèrent à tort ce Chêne comme mûrissant son gland 
en deux ans, l'erreur provient de ce que ces observateurs ont été 
trompés par l'examen d'échantillons d'herbier à pousse estivale, 
le bois aoüté de l'année portant des glands situés au-dessous 
d'une vigoureuse pousse d'été. Ces glands semblent ainsi étre in- 
sérés sur un rameau de deuxième année. . 

D'aprés la derniére édition de la Flore forestiére de Matthieu, 
entièrement revue par M. Fliche (1), la maturation biennale du 
gland n'est plus considérée comme le caractère principal du Chêne 
Occidental. Notre éminent confrére admet que ce Chéne est une 
race bien accusée, plus robuste au froid que le type, et cite des 
expériences comparatives de semis de ce Chêne et de glands de 
Catalogne. Tandis que les jeunes sujets issus de ces derniers sont 
Morts, ceux provenant des landes de Gascogne seraient encore 
“vants; Je Chàne-liége de Trianon (Q. occidentalis Gay) en serait 
Un autre exemple. Or nous ferons remarquer que le Chène-liège 


(1) Flore forestière, 4° édit., p. 385. 


XC SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


prospėre dans certaines parties de la Provence et du Languedoc, 
où la température s'abaisse assez souvent au-dessous de — 10°, 
parfois même de — 14° centigr. On n’observe pas, croyons-nous, 
de pareils minima sur la côte d'Aquitaine. Plus au sud, à Cintra, 
par exemple, le thermomètre descend très rarement au-dessous 
de zéro et les jardins de cet Eden sont bien connus par leurs 
riches représentants de la flore subtropicale. Il est du reste établi 
qu'en Portugal les Chênes à glands bisannuels ne se rencontrent 
que sur le littoral, c'est-à-dire dans la région la plus tempérée du 
pays, tandis que sur les montagnes du Tras-os-Montes, où le froid 
est plus intense, on ne rencontre que le Chéne-liége type. Le prin- 
cipal facteur de l'apparition du Chéne-liége occidental ne serait 
donc pas la température, mais bien le degré d'humidité atmo- 
sphérique. Nous ajouterons que la province du Tras-os-Montes est 
abritée des vents humides de l'Atlantique par plusieurs massifs 
montagneux et qu'on y a signalé le Quercus sessiliflora, ce qui 
accuse bien un climat continental. D'autre part, la fructification 
biennale du Chéne-liége a toujours été constatée dans des loca- 
lités situées sur le littoral à proximité de reliefs montagneux, faci- 
litant les condensations atmosphériques. 

De ce qui précéde, il résulte : 

1° Qu'en Espagne, en Portugal, en Algérie, on n'a pas de motifs 
sérieux pour distinguer deux Chénes-liéges; 

2" Qu'en France, le Chêne occidental semble être une race 
adaptée au climat atlantique. Or les domaines atlantique et médi- 
terranéen sont plus nettement tranchés en France que dans aucun 
autre pays sud-occidental; ces deux domaines, séparés par les 
Cévennes qui les délimitent d'une facon trés nette, n'offrent pas 
entre eux de zone commune de cohabitation. 

Il n'en est pas de méme en Portugal et en Barbarie où la flore 
considérée comme méditerranéenne subit pourtant dans une cer- 
taine mesure l'influence atlantique, surtout dans certaines régions 
déterminées. Aussi, nous l'avons vu, le Chêne occidental, qui en 
France parait étre une race bien fixée, n’est en Algérie et en Por- 
tugal qu'une variation d'un type très polymorphe. 


MM. Chabert et Flahault présentent quelques remarques 
au suJet de la communication précédente. 


FLAHAULT. — NATURALISATION FT PLANTES NATURALISÉES. XCE 


M. Flahault fait ensuite, pour son compte personnel, la 
communication suivante : 


LA NATURALISATION ET LES PLANTES NATURALISÉES EN FRANCE ; 
. par M. Ch. FLAHAULT. 


On parle beaucoup et souvent de naturalisation ; mais on s'entend 
peu sur ce qu'il faut entendre par là. Il y a prés d'un demi-siécle, 
on songeait volontiers à acclimater, en France, tous les arbres de 
l'Amérique du Nord et de l'Australie auxquels on attribuait un 
intérét économique quelconque; et qui disait acclimater entendait 
bien naturaliser. Nous en avons pour preuves les notices et les 
rapports sans nombre publiés à l'occasion des Expositions univer- 
selles de 1855 et de 1867. La Société impériale d'acclimatation 
parut avoir longtemps pour mission d'introduire en France des 
végétaux exotiques dont on vantait les qualités et dont on assurait 
l'avenir. Je n'ai pas oublié un envoi de 2000 pieds d'Ailante fait 
gratuitement à un propriétaire des environs de Lille; une Notice 
imprimée lui en promettait merveille. L'engouement de l'acclima- 
lation exerca son influence sur les premiers tàtonnements des 
agents forestiers, improvisés reboiseurs par la loi de 1860. En 
cherchant bien, on trouve encore cà et là, dans les reboisements 
de la première heure, quelques individus de ces essences étran- 
gères, Erables de l'Amérique septentrionale, Cvprès de Californie, 
Pins de l'Asie centrale, etc., qui ont survécu entre des milliers; 
ils semblent n'étre demeurés que pour proclamer l'inanité de ces 
efforts. Vers 1865 déjà, la plupart des agents occupés de reboi- 
sement et de restauration des montagnes reconnaissaient qu'on ne 
pouvait fonder grand espoir sur ces introductions d'espèces exo- 
tiques et qu'il valait mieux chercher à reconstituer simplement la 
nature telle qu'elle était avant que l'homme y eüt mis le désordre. 
Ils firent. de plus en plus appel aux espèces indigènes; mais on 
Savait peu de chose sur les conditions où elles vivent et trop souvent 
on les introduisait dans des stations où elles ne pouvaient se main- 
tenir et se perpétuer. On a planté de grandes étendues de Chénes 
Pédoneulés sur les pentes des montagnes méridionales aux longs 
étés trop secs pour eux; on a couvert de Pins d'Alep, de Pins 
Maritimes et de Laricios des montagnes trop élevées pour ces 


XCII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


essences. On ignorait trop que chaque espèce est liée à de certaines 
conditions de climat et de sol, en dehors desquelles elle ne saurait 
vivre; que chacune d’elles, pour se maintenir et se multiplier, doit 
rencontrer l’ensemble des conditions qui lui sont le plus favo- 
rables, alors méme qu'elle trouve le sol libre. La question est 
toujours serrée de plus prés. Une plante ne peut étre naturalisée 
que là où elle trouve un ensemble de conditions de climat et de 
sol aussi voisin que possible de celui auquel elle est adaptée dans 
son pays d'origine et à la condition qu'elle n'ait pas à soutenir une 
lutte trés vive avec les espéces autochtones. 

Les floristes se laissaient volontiers guider jadis par les mémes 
idées préconcues et, comme ils ne soumettaient pas les faits au 
contróle de l'expérience, chacun y apportait sa part de sentiment 
personnel. 

Graves admettait que 101 des espéces observées de son temps 
dans le département de l'Oise y ont été introduites par l’homme (1); 
dans sa pensée, introduction équivaut à naturalisation pour la 
plupart d'entre elles, puisqu'elles se perpétuent depuis longtemps 
dans les forêts. Nous n'avons pourtant aucune raison de douter de 
l'indigénat, dans l'Oise, d'un certain nombre de ces espèces soi- 
disant naturalisées, telles que Coronilla Emerus, Rubus idœus, 
Sambucus racemosa, Lonicera Xylosteum, Fraxinus excelsior, 
Humulus Lupulus, pour n'en citer que quelques-unes. 

Dans sa Flore du département de la Somme, Eloy de Vicq (2) 
admet qu'un tiers des plantes phanérogames de ce département 
ont été introduites à une époque plus ou moins ancienne ; parmi 
elles: Papaver Rhœas, Fumaria officinalis, Sinapis arvensis, 
Centaurea Cyanus, Calendula arvensis, Sonchus arvensis, et bien 
d'autres. Il s’agit là, sans aucun doute, de plantes dont la distri- 
bution a été modifiée par l'homme. Ses cultures leur ont fait une 
place plus grande qu'elle ne l'était d'abord ; il leur a fait des sta- 
tions favorables, mais rien ne permet de penser que ces espéces et 
la majorité de celles qui peuplent nos moissons ne fussent indi- 
genes dans les plaines de l'Europe occidentale. D'autres, comme 
Robinia Pseudo-Acacia, Fraxinus Ornus, Syringa vulgaris, Celtis 


(1) Graves, Catal. des plantes observ. dans l'étendue du départ. de l'Oise. 
Beauvais, 1857. 


(2) Eloy de Vicq, Flore du départ. de la Somme. Abbeville, 1883. 


FLAHAULT. — NATURALISATION ET PLANTES NATURALISÉES.  XCIII 


australis, ne nous paraissent pas naturalisées en Picardie, mais se 
maintenir seulement aux lieux ou elles ont été plantées, sans s'y 
multiplier. 

À la méme époque, M. Guillaud (1) estime approximativement 
à 80 à 100 sur 2500 ou 3000 le nombre des espèces qu'on peut 
considérer comme naturalisées pendant les derniers siécles dans 
le S.-W. de la France, soit 3,30 pour 100 environ de l'ensemble. 
M. Lamic (2) a étudié comme telles 91 espéces. On constate que la 
notion de naturalisation s'est bien modifiée, si l'on réfléchit que, 
pour diverses raisons, les naturalisations sont beaucoup plus faciles 
dans le pays étudié par MM. Guillaud et Lamic que dans la France 
septentrionale. 

C'est que l'esprit scientifique d'A. de Candolle a précisé la 
notion de naturalisation. « J'appelle complétement naturalisée et 
par abréviation, naturalisée, une espèce qui, n'existant pas aupa- 
ravant dans un pays, s'y trouve ensuile avec tous les caractéres des 
plantes spontanées indigènes, c'est-à-dire croissant et se multi- 
pliant sans le secours de l'homme, se manifestant avec plus ou 
moins d'abondance et de régularité dans les stations qui lui con- 
viennent et ayant traversé des séries d'années pendant lesquelles 
le climat a offert des circonstances exceptionnelles (3). » 

Il suffit pourtant de jeter un coup d'ail sur la liste des plantes 
considérées comme naturalisées par M. Guillaud et par M. Lamic 
pour reconnaitre qu'ils jugent trop étroite la définition du maitre. 
Pour A. de Candolle, le Robinier et l'Ailante, qui se multiplient 
par drageons, mais qui ne paraissent pas se multiplier par graines 
dans nos pays (4), ne sont pas des espèces naturalisées; ce sont 
seulement des individus naturalisés. . | 

[nous semble, cependant, qu'il convient d'admettre l'interpré- 
tation de MM. Guillaud et Lamic. L'Elodea canadensis est natura- 
lisé en France, grâce à une incessante multiplication végétative: 
nous pouvons supposer que d'autres espéces se comportent de 
méme. L’Arundo Donax, dont je n'ai jamais trouve un fruit, se 


(1) Guillaud, Flore de Bordeaux et du Sud-Ouest. Bordeau, MNT 
(2) Lamie, Les plantes naturalisees dans le Sud-Ouest: ] ordeauxy . 
(3) A. de Candolle, Géographie botanique raisonnee, th, p. » — 
(4) Quelques personnes interrogées par moi pensent que l non 
multiplie parfois par semis dans les bois de France; je n'at pas ss 


trouver ayant cette origine. 


XCIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


répand le long des torrents du Midi, mais seulement d'amont en 
aval, par le transport des rhizomes arrachés des berges, trans- 
portés plus loin et recouverts bien vite de sable et de limon. L'Apo- 
nogelon distachyum et le J'ussiæa grandiflora se comportent à 
peu près de la même manière. Les Bambous, qui ne fleurissent 
jamais, ne peuvent-ils être naturalisés dans certains pays à la 
manière de l'Arundo Donas? Il est probable que si. 

Étendant dans ce sens la définition d'A. de Candolle, nous con- 
sidérons comme naturalisées dans un pays les espéces dont l'ori- 
gine étrangère n'est pas douteuse, mais qui y sont établies d'une 
maniére qu'on peut considérer comme définitive. 

Les espéces étrangéres qui n'ont pas subi une assez longue 
épreuve, qui semblent ne se maintenir qu'à la faveur de condi- 
tions particulières, ne sont encore que des plantes adventices. 

Dans un travail en cours de publication et qui fait honneur à 
la patiente érudition de son auteur, M. F. Hóck a énuméré déjà 
258 espéces comme introduites dans l'Europe centrale depuis un 
demi-siécle; il y voit, avec raison, des plantes adventices. Son 
travail, tout analytique, formera une base solide pour les recher- 
ches de nos successeurs. ll leur permettra peut-être de tracer 
exactement les voies suivies par quelques espèces et de déterminer 
les possibilités et les conditions de la naturalisation dans nos 
pays tempérés. Pour le moment, il serait illusoire de vouloir 
le lenter; nous devons nous contenter de rassembler des faits et 
de les préciser. 

La question de savoir dans quelle mesure les plantes introduites 
dans un pays peuvent s'y naturaliser, c'est-à-dire s'y établir d'une 

manière permanente à côté des espèces indigènes, intéresse au 
premier chef la géographie botanique. Nous l’avons rappelé plus 
haut, une plante ne saurait être naturalisée dans un pays que si 
elle y trouve un ensemble de conditions de climat et de sol aussi 

rapproché que possible de celui auquel elle est soumise dans son 
pays d'origine. Toutes les tentatives faites pour plier une espèce 
végétale à des conditions nouvelles sont illusoires; nos horticul- 
teurs savent à quels échecs elles aboutissent, sans exception; Sur 
ce point, le róle de l'horticulteur doit se borner à connaitre les 
exigences des espéces qu'il destine à la culture permanente en 
plein air. Il ne peut tenter de les cultiver là où elles ne peuvent 
satisfaire ces exigences, sans aller au-devant d'uninsuccés certain. 


FLAHAULT. — NATURALISATION ET PLANTES NATURALISÉES. XCV 


Le moindre écart par rapport au climat normal pour l'espéce en 
question en menace l'existence, en empéche l'acclimatation. 

Nous avons aujourd'hui d'excellents travaux sur les rapports de 
la végétation avec le climat et nous devons à M. Köppen (1) une 
heureuse tentative de coordination de ces rapports. Elle évitera 
aux horticulteurs des tâtonnements et des essais aussi inutiles 
qu'onéreux. 

Une autre condition doit étre réalisée pour que la naturalisa- 
tion d'une espèce soit possible. Il faut que, dans le pays où elle est 
introduite, elle n'ait pas à soutenir une lutte trop vive avec les 
espèces autochtones. On a remarqué depuis longtemps que les es- 
péces étrangéres à un pays s'y répandent de préférence sur les sols 
nus, dans les terres labourées et les jachères, sur les décombres, 
les terres remuées, les remblais, le ballast, etc. L'attention a été 
particulièrement appelée depuis quelques années sur le peuplement 
des sols nouveaux, des deltas fluviaux et des gréves, des cónes de 
déjections des torrents, des iles nouvelles d'origine volcanique. 
M. W. Schimper (2) a trés bien synthétisé ce qu'on sait sur ce 
point et en a montré le haut intérét. 

Une terre nouvelle se peuple d'autant plus aisément, l'introduc- 
tion d'espéces adventices et leur naturalisation définitive y sont 
d'autant plus rapides qu'elles trouvent la place plus libre. Beau- 
coup d'iles, màme trés étendues, comme la Nouvelle-Zélande, et de 
grandes plaines continentales d'émersion relativement récente, 
comme les plaines del'Argentine, se comportent à cet égard comme 
des terres nouvelles dont le peuplement végétal n’est pas encore 
complet. 

L'Europe occidentale est dans une situation différente. Si les 
sols dépouillés de leur végétation naturelle y donnent volontiers 
asile à des espèces étrangères qui s'y perpétuent plus ou moins 
grâce à cette influence passive de l'homme, il semble que des 
difficultés souvent insurmontables s'opposentà l'introduction défi- 
hilive, à la naturalisation d'espéces étrangères. : 

ll semble que la flore spontanée indigène ait atteint dans l'Eu- 


(1) W. Kóppen, Versuch einer Klassification der Klimale, vorzugsweise 
nach ihren Beziehungen zur Pflanzenwelt (Geogr. Zeitschrift, Vl, Heft XI 
et XII, 1900, 2 pl. color.). 

(2) W. Schimper, P/lanzengeographie auf 
lena, 1898. 


physiologischen Grundlage. 


XCVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), war 1899. 


rope occidentale le maximum d'expansion dont elle est suscep- 
tible, que les espèces ligneuses surtout occupent là où l'action 
destructrice de l'homme n'est pas intervenue toute la place com- 
patible avec leurs exigences climatiques, telle qu'elles ont pu la 
conquérir à la suite d'une longue concurrence. Il semble établi 
que les oscillations successives et les transformations lentes des 
climats européens depuis les débuts de l'époque tertiaire ont dé- 
terminé un triage des espèces phanérogames, en éliminant toutes 
celles qui n'étaient pas adaptées ou susceptibles de s'adapter, que 
les autres, formes survivantes ou formes jeunes, ont occupé toute 
la place libre. Il s’est fait une répartition nouvelle, d'autant plus 
appropriée à l'état actuel qu'elle a été plus lente; chaque espèce à 
pris sa place et toute la place qu'elle peut occuper. 

On doit à M. Fliche des travaux importants sur ce sujet (1). Ils 
nous font connaitre les résultats d'expériences et d'observations 
séculaires poursuivies dans les forêts de la Champagne. Le sol y 
est si fortement occupé par les espèces actuelles, jeunes pour la 
plupart, géologiquement parlant, que les espèces plus anciennes, 
qui l’occupaient avant elles, ne réussisent pas à y reprendre place, 
alors même qu’elles n’ont rien à redouter des variations les plus 
extrêmes du climat; elles prospèrent, fleurissent, mürissent leurs 
fruits et leurs graines dans nos parcs et nos jardins, voire méme 
dans nos bois, mais les jeunes individus issus de graines ne par- 
viennent pas à s'y installer au milieu des possesseurs actuels du 
sol et disparaissent bien vite, étouffés par eux. M. Fliche déve- 
loppe une série d'exemples qui ne laissent aucune place au doute, 
sur lesquels il n'y a pas lieu de revenir. Nous concluons de ses 
recherches que, dans l'Europe occidentale, la naturalisation de 
nouvelles espéces n'est guére possible que sur les sols nouveaux, 
laisses de mer, gréves des torrents et des fleuves et dans les ter- 
rains sur lesquels l'homme a exercé son action destructrice. 

Nous ne croirions pas utile de revenir sur ces conclusions, si 
beaucoup de floristes n'attachaient aux espèces adventices une 
importance qu'elles n'ont pas, en admettant que la plupart d'entre 
elles sont susceptibles d’être un jour naturalisées. En ré salité, 
nous ne voulons qu'ajouter une nouvelle série d'exemples à ceux 


(1) Fliche, Un reboisement. Nancy, 1888. — Les naturalisations forestières 
en France et la paléontologie. Besançon ; 1828. 


FLAHAULT. — NATURALISATION ET PLANTES NATURALISÉES. XCVII 


que M. Fliche a fait valoir; ils sont empruntés à d'autres milieux 
naturels et nous sont fournis par ce domaine méditerranéen où 
tant de graines étrangères sont apportées, semblant, à priori, avoir 
le maximum de chances de se multiplier. 

Les bois des collines méditerranéennes ont été presque entiére- 
ment détruits, sans qu'on ait jamais pu songer à les remplacer 
par une autre culture; il reste, à leur place, des terrains dénudés 
et rocailleux, couverts cà et là de quelques broussailles. Ces ga- 
rigues occupent un tiers environ de la surface de nos départe- 
ments méridionaux, à la seule exception de celui du Var; elles 
forment de pauvres pàturages d'hiver, qui bordent de tous cótés 
les terres cultivées, les établissements agricoles ou industriels. Ces 
sols nus semblent favorables, entre tous, à l'établissement. d'es- 
péces nouvelles dontles moyens de communication de toute sorte 
y répandent constamment les graines. 

La température élevée de la saison sèche y favorise singulié- 
rement la floraison et y assure la maturation des graines; c'est 
ainsi que, chaque année, une foule de plantes venues de différentes 
parties du monde se développent et mürissent leurs graines dans 
les terrains vagues voisins de nos ports, dans le voisinage de nos 
exploitations industrielles et agricoles. Elles ont donné lieu à bien 
des travaux et provoquent encore d'intéressantes études (1). Nous 
pouvons penser que, ence qui concerne les environs de Montpellier, 
peu de ces introductions nouvelles échappent à l'attention toujours 
en éveil des botanistes de cette ville. 

Examinons rapidement les divers moyens par lesquels des es- 
pèces étrangères sont introduites dans les environs de Montpellier 
et la manière dont elles se comportent. 

L'introduction de graines étrangères importées en vue de la 
culture agricole amène nécessairement dans le pays un certain 
nombre d'espéces. C'est de cette manière que paraissent introduits 
Triticum monococcum L., Daucus aurea Desf., Coriandrum sa- 
livum L., Chrysanthemum coronarium L., Convolvulus trico- 
lor L., qu'on rencontre çà et là dans les terres cultivées ou dans 
leur voisinage immédiat. La première seule, originaire de la Gè ° 
et de l'Asie Mineure, peut ètre considérce comme naturalisée dans 


ants, ceux de Godron (1853), Martins 


Si S (mi le i l ps 
ia) vénalons, parmi les plus impos veneau (1859), Cosson (1860 et 1864), 


(1856), Grenier (1857), Lespinasse et 'Thé 
Aubouy (1877), Coste et Sennen (1894). 


lı 
T Kivi. 


XCVIII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


les terres labourées de Saint-Martin-de-Londres et de Pézenas, où 
elle persiste depuis longtemps. 

Le lest des navires dépose constamment, au voisinage de nos 
ports, des masses de terre et de sable sur lesquelles germent les 
graines emportées par hasard avec elles, C'est ainsi que nous sont 
venus : Moricandia arvensis, Zygophyllum Fabago, Mesembryan- 
themum cristallinum, Astragalus Tragacantha, Ambrosia lenui- 
folia, Heliotropium curassavicum, Nicotiana glauca. Toutes ces 
espèces se maintiennent depuis des années et se reproduisent 
dans les stations où on les trouve, mais sans se répandre au 
delà. | 

Les engrais d'origine étrangére arrivent en quantités énormes 
dans les plaines basses du Languedoc ; c'est à eux que nous de- 
vons sans doute de rencontrer parfois, dans nos vignes, Convol- 
vulus tricolor L., Linum grandiflorum L., Malcolmia maritima 
R. Br.; mais leur présence est toujours sporadique. 

Les relations commerciales interviennent plus directement en- 
core dans le transport des graines par l'industrie des laines. À 
Lodéve, à Agde, en plusieurs autres points de notre pays, et sur- 
tout au Port-Juvénal, prés de Montpellier, on a, depuis la fin du 
xvi siècle, lavé des laines étrangères destinées à la filature. Au 
début, elles provenaient toutes du bassin de la Méditerranée; de- 
puis 1830 seulement, le commerce a introduit à Montpellier des 
laines del'Amérique du Sud. Le nombre des espèces étrangères qui 
se sont développées sur les prés oü l'on séchait les laines est considé- 
rable. Godron en énumérait 390 dans son Flora Juvenalis (1853); 
Cosson en ajoutait 68 en 1858 ; on en a recueilli depuis prés de 
»0 autres (1). Beaucoup d'espèces introduites par cette voie ont 
une origine inconnue. En 1858, Cosson en comptait 356 origi- 
naires des différents points du bassin méditerranéen, 20 de l'Eu- 
rope extra-méditerranéenne, 28 du continent américain, quelques- 
unes de l'Afrique centrale et d'Australie. 

Les étendages du Port-Juvénal ont cessé de fonctionner depuis 
vingt ans environ ; la plupart des espèces étrangères qui s'y repro- 
duisaient ont disparu successivement, chassées par la végétation 


(1) Cosson, Appendix florule Juvenalis, 1860; Appendix flor. Juven. al- 
tera, 1861; — Lespinasse et Théveneau, in Bull. Soc. bot. France, 1899, 
pp. 618-658; — Aubouy, in Assises région. d'hist. nat. et d'horlic. Mont- 
pellier, 1873. 


FLAHAULT. — NATURALISATION ET PLANTES NATURALISÉES, XCIN 


autochtone. Depuis 1890, nous ne trouvons plus guére, sur les 
anciens étendages ou dans leurs environs, que Onopordon tauri- 
cum Willd, Roubieva multifida Moq.-Tandon et Chenopodium 
anthelminticum L. Le Roubieva ne s'étend pas à plus de 300 m. 
des limites des étendages et son existence y est compromise par 
des constructions nouvelles ; l'Ónopordon tauricum se rencontre 
jusqu'à prés de 3 kilométres de son point de départ, au voisinage 
du bois de Grammont, et s'y maintient depuis 1813. Le Verbas- 
cum mucronalum Lamarck (candidissimum L.), qu'A.-P. de Can- 
dolle y signalait, en a disparu et ne se multiplie plus spontané- 


 mentautour de nous que dans notre jardin botanique. 


La plupart des espéces qui se répandent fortuitement dans le 
Jardin botanique de Montpellier et qui s'y multiplient n'en dé- 
passent pas l'enceinte ; si elles sont indigènes, elles n'en demeu- 
rent pas moins confinées dans leurs localités anciennes, sans dé- 
passer les limites qu'on leur connait depuis longtemps. Ainsi donc, 
de ce que certaines plantes envahissent le Jardin botanique, il ne 
faut pas déduire qu'elles aient une tendance à se naturaliser dans 
le pays ; cela montre simplement la part considérable qui revient 
à la protection passive de l'homme dans celte expansion momen- 
lanée des espèces dans nos cultures. La grande étendue du Jardin 
botanique de Montpellier a permis d'y réserver, pour les expé- 
riences, un terrain assez vaste où le public ne pénètre pas; nous y 
laissons venir, pour l'instruction de nos étudiants, à peu près tout 
ce qui s'y développe. Les modifications qui s'y manifestent d'une 
année à une autre dépassent ce qu'on peut penser. 

L'ensemble du Jardin botanique a fourni, du reste, des obser- 
vations instructives sur ce point. En 1856, Martins signalait 24 es- 
pèces phanérogames comme naturalisées dans le Jardin de Mont- 
pellier ; elles ont cessé, sans exception, de s'y reproduire sponta- 
nément. En 1893, 57 espèces phanérogames étrangères à notre 
flore étaient envahissantes dans le Jardin botanique; elles s y ré- 
pandaient partout ; il fallait sans cesse en combattre l'extension (1 ). 
En 1899, 7 d'entre elles avaient disparu, 4 autres cessaient d'étre 
envahissantes ; mais 9 plantes nouvelles le devenaient à leur tour. 
Nous en pourrions donner la liste complète ; elle ne serait plus 


(1) Flahault, La distribution géographique des végétaux dans un corn du 
Languedoc. Montpellier, 1893. 


C SESSION EXTRAORDINAIRE A HYERES (VAR), MAI 1899. 


exacte demain. Il importe de retenir que ces plantes, envahis- 
santes aujourd'hui dans un jardin botanique, n'v sont pas natura- 
lisées; aucune d'elles ne dépasse leslimites du jardin, méme pour 
occuper les lerrains vagues des environs. Des circonstances for- 
tuites les éliminent à leur jour, comme elles ont chassé successi- 
vement les espéces qui, avant elles, cherchaient à conquérir une 
place définitive. | 

Si intéressante que soit l'étude des espèces adventices, il faut 
reconnaitre qu'un très petit nombre d’entre elles sont susceptibles 
de se naturaliser dans notre Europe occidentale. Nous n'osons 
guère citer comme telles que: 


© 


Senebiera pinnatifida DC. Nanthium macrocarpum DC. 
Lepidium virginicum L. Heliotropium curassavicum L. 
Oxalis stricta L. Nicotiana glauca Graham. 
Œnothera biennis L. Lippia nodiflora Richard. 

— muricata L. Amarantus albus L. 

Jussica grandiflora Michaux. — retroflexus L. 

Cactus Opuntia L. Chenopodium ambrosioides L. 
Centranthus ruber DC. — anthelminticum L. 
Erigeron canadense L. Roubieva multifida Moquin. 
Solidago canadensis L. Elodea canadensis Michaux. 
Bidens bipinnata L. Cyperus vegetus Willd. 
Onopordon tauricum Willd. Triticum monococeum L. 


Xanthium spinosum L. 


Sauf trois exceptions, elles sont d'origine américaine. On remar- 
quera qu elles sont toutes herbacées, sauf Nicotiana glauca. 

Nous ignorons à quelle époque et comment la plupart d’entre 
elles ont été introduites dans notre pays. De ce que nous savons 
des préférences de plusieurs quant aux stations qu’elles recher- 
chent, nous pouvons croire qu'elles se sont propagées sur des sols 
nouveaux, tels que gréves des rivières, plages nues, ou gráce à 
une intervention inconsciente de l'homme qui leur a livré des sols 
préparés et. dépouillés partiellement ou temporairement de leur 
végétation naturelle. 

En tout cas, toutes les espéees étrangéres qui paraissent défini- 
tivement naturalisées en France sont herbacées, à l'exception de 
Nicoliana glauca, qui couvre des rochers et des falaises sur nos 
côles méditerranéennes ou dans leur voisinage. Il n'y est en lutte, 
on peut le dire, avec aucune autre espèce. 

Un a pourtant, au sujet de diverses espéces ligneuses, le résullit 
d'expériences commencées il y a quarante ans par I Administration 


FLAHAULT. —— NATURALISATION ET PLANTES NATURALISÉES. CI 


forestière. De ce que nous avons dit plus haut et des essais rap- 
portés par M. Fliche(1), on doit conclure que les espéces ligneuses 
qui résistent le mieux à toutes les variations du climat et du sol 
dans les pares et jardins, c'est-à-dire sous la protection plus ou 
moins consciente de l'homme, sont, moins encore que les espéces 
herbacées, susceptibles de prendre place dans nos forêts à côté des 
espéces aulochtones. On l'ignorait lorsque la loi de 4860 sur le 
reboisement des montagnes a fait à nos agents forestiers un devoir 
de chercher à reconstituer des foréts à la place de celles qu'on 
avait imprudemment détruites, sur des sols plus ou moins nus, le 
plus souvent dégradés, pauvres et privés d'humus. 

Sachant bien que la plupart des espéces qui occupaient primiti- 
vement le sol ne pouvaient se contenter de ces conditions, les re- 
boiseurs firent appel à des espéces particuliérement sobres, leur 
demandant à la fois de refaire le sol et de constituer la forêt nou- 
velle. Le résultat fut excellent en ce qui concerne la réfection du 
sol; les Conifères en particulier (Pins, Épicéa, Méléze, Cèdres) 
firenten peu d'années beaucoup d'humus et fixèrent le sol au delà 
de ce qu'on pouvait espérer. Quant à l'établissement de foréts 
nouvelles, le résultat fut tout différent de ce qu'on attendait. Au 
milieu des jeunes arbres dont la vigueur étonnait, et sous leur 
abri, on vit apparaitre des Chênes, des Hêtres, les essences spon- 
lanées primilives ; les grainesen ont été apportées par les oiseaux, 
fournies par quelques vieux porte-graines échappés au vanda- 
lisme, ou bien elles étaient enfouies dans le sol ; peu importe ! 
Sous la: protection des essences étrangères, ces jeunes arbres ont 
lormé une haute tige, d'autres sont venusautour d'eux, si bien que 
dans presque tous les reboisements réalisés en sol nu au moyen 
d'espèces étrangères, les espèces indigènes reparaissent spontané- 
ment, formant des taches de plus en plus étendues, destinées de 
toute évidence à reconstituer la forêt primitive. 

On sait aujourd'hui que lorsqu'il s'agit de former au sol un 
couvert ligneux, certaines espèces étrangères au pays peuvent etre 
préférées aux essences indigènes, en raison de leur souplesse ex- 
trème, de leur sobriété exceptionnelle ; mais il n'v faut voir qu un 
Moyen. Ces essences étrangères au pays préparent le sol, refon! 
l'humus, rendent à la terre ses qualités anciennes ; mais elles sont 


(1) Fliche, loc. cit. 


DIT SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


transitoires. Elles sont destinées à faciliter le rétablissement de la 
végétation spontanée primitive, qui les chasse aprés avoir été pro- 
tégée par elles. La végétation spontanée primitive parait donc 
mieux adaptée que toute autre à l'état géologique et climatique 
du pays. 

Les surprises des premiers reboiseurs ont été telles; sous le 
couvert des jeunes bois plantés par eux, ils ont si fidélement vu 
renaitre les essences tout autres qui couvraient primitivement le 
pays, que le caractère transitoire des reboisements est devenu 
évident pour tous. « Pour obtenir des Hétres ou des Chénes, 
plantez des Pins », disent-ils volontiers. Les reboisements effectués 
sur des centaines de mille hectares, des Alpes aux Pyrénées, disent 
assez combien ils ont raison. 

Cette impuissance de l'homme à modifier l'ordre de la nature a 
son importance géographique. Il suffit que nous cessions de dé- 
truire le couvert végétal pour que l'ordre s'y rétablisse de lui- 
méme, sans altération des rapports primitifs. Les zones normales 
de végétation disparues se dessinent de nouveau; la végétation 
est soumise aux lois de l'équilibre déterminé par les conditions du 
milieu actuel et par les conditions antérieures. 

I! faut toujours en revenir à ce fait que les limites des espèces 
dépendent du milieu d'une maniére plus rigoureuse qu'on ne le 
soupconnait il y a peu d'années encore, que le moindre écart par 
rapport au milieu normal menace l'existence d'une espéce et peut 
déterminer sa défaite dans la lutte pour la vie. 

Quant à la naturalisation d'espéces ligneuses dans notre Europe 
occidentale, il parait illusoire de vouloir réaliser ce que la nature 
n'a pas su faire, malgré tous les changements auxquels la végétà- 
tion a été soumise depuis les temps tertiaires, en dépit de toutes 
les sélections qui en ont été la conséquence. 

Il n'est pas sans intérêt pourtant de chercher à recueillir les té- 
moins qui persistent des essais tentés il y a quarante ans. Nous les 
avons recherchés avec soin dans le Midi de la France, dans l'espoir 
d'ajouter quelques renseignements à ceux qu'a réunis M. Fliche 
sur ce point (1). 


Pour nous limiter aux espèces réellement étrangères au pays, 


(1) Fliche, Les naturalisations forestières en France et la paléontologie. 
Besancon, 1898. 


FLAHAULT. — NATURALISATION ET PLANTES NATURALISÉES. CHI 


nous devons nous borner à citer le Cédre de l'Atlas. Les forestiers 
en ont jadis tenté l'introduction dans les reboisements de plusieurs 
basses montagnes autour du bassin méditerranéen. L'essai n'en a 
pas été fait, d'ordinaire, sur une grande échelle et c'est à l'état 
d'individus à peu prés isolés, souvent trés beaux, que nous les 
rencontrons dans les jeunes foréts des Cévennes ou des Préalpes. 
Le Cédre de l'Atlas parait y prospérer, surtout dans les sols cal- 
caires, entre 700 et 1100 mètres; sur le versant méridional du 
Mont Ventoux, la commune de Bédoin en a fait des plantations 
abondantes, en mélange avec d'autres espéces, sur une surface 
d'environ 300 hectares, s'étendant entre 700 et 1150 mètres. Les 
Cèdres y forment un beau massif, très vigoureux; depuis 1896, ils 
fournissent un semis abondant. Les Chénes Rouvres, que Martins 
n'avait pas su observer en 1838 sur les pentes, alors ruinées, du 
Ventoux, se développent en grand nombre au milieu des Cédres. 
Réussiront-ils à vivre côte à côte ? Le Chêne reprendra-t-il, comme 
ailleurs, sa place primitive? Quel est l'avenir des semis d'aujour- 
d'hui? Nous l'ignorons encore. | 

Signalons encore une autre essence qui, sans être étrangère au 
Midi, y occupe, à l'état spontané, une place tout à faitsubordonnée, 
le Pin Laricio. | 
. Le Pinus Laricio n’est représenté dans les Cévennes et les Pyré- 

nées que par une variété généralement rabougrie et mal venante, 
Mais rattachée sans conteste au type. C’est le Pin de Salzmann ou 
des Cévennes. 

La variété austriaca du Pin Laricio, connue vulgairement sous 
le nom de Pin noir d'Autriche, a été largement utilisée par les re- 
boiseurs qui en ont couvert de grandes surfaces dans les Préalpes, 
les Cévennes calcaires, les Corbiéres et les Pyrénées. Celles de ces 
plantations qui ont aujourd'hui de trente à quarante ans prouvent, 
par l'inégalité des entre-nœuds, qu'elles ont subi des crises mena- 
cantes. Divers parasites en ont compromis l'exislence; mais elles 
semblent avoir surmonté les difficultés d'établissement et forment 
maintenant des forêts pleines qui se régénèrent par semis naturel. 
C'est un fait capital. En plusieurs points, l'Administration a et 
amenée à effectuer des coupes d'éclaircies dans les plantations, 
datant de 1860 à 1870, pour dégager les jeunes Chénes nés sous " 
ombre. Elle les a laissés en présence de semis abondants M ins de 
ricios. Voici un cas sur lequel il n'est pas possible encore d emetin 


CEV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MaI 1899. 


un avis définitif. Le Pin Laricio, qui existait chez nous à l'époque 
quaternaire, encore représenté dans le Midi par une forme; misé- 
rable, survivante peut-être de la période quaternaire, reprendrait-il 
possession du sol, grâce à la protection des forestiers? Nos arrière- 
neveux le sauront. 

Ces résultats, en ce qui concerne la constitution de nouvelles 
forêts par des essences étrangères au pays, sont tout à fait négli- 
geables, eu égard à la quantité des efforts réalisés. Les forestiers 
en ont bien vite reconnu l'inanité ; ils ont renoncé à ces tentatives 
onéreuses et ne demandent plus aux essences de reboisement 
qu'une protection temporaire pour les essences spontanées en 
méme temps qu'un travail de reconstitution du sol. 

Nous n'avons rien à ajouter aux renseignements trés précis que 
M. Fliche a donnés au sujet du Pin du Lord (Pinus Strobus), du 
vobinier, du Noyer et du Chátaignier. 

Nous mentionnerons seulement, pour finir, quelques détails 
géographiques relatifs à l'Olivier, au Figuier et à la Vigne. 
En raison de la difficulté, bien établie maintenant, qu'ont les 
essences ligneuses à se naturaliser dans l'Europe occidentale, la 
question de leur indigénat en France présente un intérét parti- 
culier. Les données que nous introduisons ici sont fournies par la 
topographie botanique. Nous n'avons pas à rappeler les solutions 
proposées au sujet de ces espèces par A. de Candolle (1) ; elles sont 
connues de tous les botanistes. 

L'origine et la spontanéité de l'Olivier en France ont provoqué 
une intéressante discussion au sein de la Société botanique le | 
13 février 1857. Que pouvons-nous déduire de l'étude la plus 
attentive de sa distribution actuelle dans le Midi? Nous ne trou- 
vons l'Olivier sous sa forme sauvage, plus ou moins épineuse, à 
feuilles ovales, parfois presque orbiculaires, à fruits courts, attel- 
gnant rarement un centimètre de longueur, que sur les coteaux 
tout voisins des plaines actuellement cultivées, dans des garigues 
où, grâce à la sobriété de l'Olivier, il a pu être jadis l'objet 
d'une exploitation. Je n'ai su trouver aucun Olivier sauvage (var. 
Oleaster) dans les bois étendus de Chènes-verts que nous devons 
considérer comme n'ayant jamais été cultivés, et je demeure 
convaincu que tous les Oliviers sauvages que l'on rencontre cà el 


(1) A. de Candolle, L'origine des plantes cultivées. 


lLAHAULT. — NATURALISATION ET PLANTES NATURALISÉES. CV 


là dans les garigues des collines méditerranéennes sont, ou bien 
les rejets d'Oliviers jadis cultivés ou, plus rarement, des semis 
accidentels, venus au voisinage des cultures à la faveur du déboi- 
sement plus ou moins complet du sol. L'Olivier me parait donc 
réellement étranger à la flore spontanée de la France. 

Le méme procédé de recherches conduit à une conclusion diffé- 
rente pour le Figuier. S'il n'est pas douteux que beaucoup de 
Figuiers ont une origine subspontanée, autour des villages, le 
long des voies ferrées et ailleurs, il n'est pas moins certain, sui- 
vant moi, que le Ficus Carica est bien spontané dans le Midi de 
la France. Si le Figuier vient bien dans les sols profonds et les 
lerains plats, c'est avant tout un végétal caractéristique des ro- 
chers et des falaises calcaires. C'est là que nous l'observons de 
préférence. 11 occupe, sur le versant N. du Pic Saint-Loup, une fa- 
laise inaccessible; il vit dans les mémes stations, dans les hautes 
Corbières (gorges de l'Aude et du Rébenty), dans les combes les 
plus profondes du Ventoux et presque toujours hors de portée. Les 
gorges de l'Aude étaient à peu près fermées à toute civilisation 
avant qu'un long tunnel n'ait permis de les franchir; comme les col- 
lines desenvironsdu Pic Saint-Loup, elles appartiennent aux paysles 
plus déshérités du Midi, où la population atteint son minimum de 
densité. Ilen a sans doute été toujours de méme, puisque la stérilité 
du sol n'a pas varié. Si, à ces renseignements topographiques, 
nous ajoutons ceux que nous fournit la paléontologie, nous 
sommes amenés à admettre que le Figuier est indigène dans le 
Midi de la France. G. Planchon et de Saporta ont recueilli des 
feuilles et des fruits de Figuier, le premier dans les tufs quater- 
naires des environs de Montpellier, le second dans ceux des Ayga- 
lades, près de Marseille. Il nous semble tout à fait rationnel 
d'admettre que, dans le Midi de la France, les Figuiers, répandus 
aujourd’hui loin de tous les centres de population, y sont bien 
SPontanés et qu'ils sont les descendants des Figuiers qui vivaient 
Sur les rochers au voisinage des sources quaternaires. 

La Vigne donne lieu à des observations de même nature. on 
lrouve assez communément des pieds de Vitis vinifera dans b 
Plaine littorale méditerranéenne; c'est surtout dans les hares 
épaisses, sur les berges boisées des ruisseaux, qu'on les observe, 
Nous en avons recueilli dans la plaine de Perpignan, dans la 
basse vallée de PAude au voisinage de Narbonne, pres de Mont- 


CVI "SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), Mar 1899. 


pellier, en Camargue, sur les bords du Gapeau, aux environs 
d'Hyéres. Dans ces stations, le Vilis vinifera est une liane assez 
élevée atteignant 5 mètres de hauteur et plus, avec des sarments 
longs de2 à 3 mètres, après l’aoûtement ; les feuilles en sont assez 
variées quant à la forme, quant à la pubescence ; les grappes, tou- 
jours petites, donnent quelques fruits de la grosseur de groseilles 
ordinaires. Nous sommes enclins à penser que ces vignes sont nées 
des vignes cultivées dans les plaines et qu'il y faut voir des indi- 
vidus subspontanés issus des divers cépages en usage dans le pays. 
Mais le Vitis vinifera occupe aussi une autre station dans le Midi. 
On ne le trouve à peu prés pas dans les collines inférieures, dans 
les garigues qui bordent la plaine; mais il est trés répandu dans 
cette zone des basses montagnes où le Chène-vert cesse d’être 
dominant, où le Chêne Rouvre commence à prédominer, c’est-à- 
dire vers l'altitude de 400 à 800 mètres en moyenne. A ce niveau, 
la Vigne a cessé d'étre une plante de grande culture, elle est sub- 
ordonnée et n'oecupe plus que les terres les mieux exposées. De 
plus, ces vignes des basses montagnes appartiennent à un type 
uniforme. Les lianes qu'elles forment atteignent 2 ou 3 mètres 
au plus; les sarments annuels dépassent rarement un mètre de 
longueur aprés aoütement; ils ont une coloration uniforme gris 
cendré; les bourgeons, rosés, sont couverts d'une pubescence 
épaisse au débourrement ; les feuilles développées sont couvertes 
aussi d'un épais tomentum blanchátre; les grappes, longues de 
8 à 10 centimètres au plus, comprennent 30 à 40 fleurs dont un 
petit nombre seulement produit des fruits verts de la grosseur 
de groseilles. En un mot, les vignes sauvages de nos basses mon- 
tagnes, séparées de la zone de grande culture de la Vigne, par 
une zone de garigues où la vigne sauvage est presque une rareté, 
paraissent bien représenter ün type spontané indigène, tandis que 
les vignes sauvages des haies et des buissons du littoral seraient 
issues, par accident, des vignes cultivées voisines. Pour la Vigne, 
comme pour le Figuier, nous eroyons qu'il faut admettre l'indi- 
génat dans le Midi de la France et la continuité de l'espéce depuis 
l'époque quaternaire. 


FLAHAULT. — NATURALISATION ET PLANTES NATURALISÉES. CVII 


CONCLUSIONS. 


1. Si, dans certains pays, des espèces étrangères s'installent 
aisément à côté des espèces autochtones et les supplantent mêmé, 
il n’en est pas ainsi dans l’Europe occidentale. Les plantes adven- 
lices y sont nombreuses ; mais trés peu s'y sont réellement natu- 
ralisées depuis quatre siècles. | 


2. Il semble que le peuplement végétal de l'Europe occidentale 
ait atteint un état d'équilibre qui ne laisse plus guère de place à 
des introductions définitives nouvelles, que toutes les espèces 
$pontanées y soient bien adaptées aux conditions de milieu et de 
so! où elles vivent, que la lutte pour la vie leur ait assuré la 
place qu'elles sont susceptibles d'occuper dans l'état actuel de 
notre globe. 


3. Les quelques plantes naturalisées dans l'Europe occidentale 
sont herbacées, une seule exceptée ; elles paraissent s'étre installées 
chez nous, à la faveur d'une prolection passive de l'homme, sur 

es sols nouveaux ou dépouillés de leur végétation naturelle. 


4. À l'exception du Nicotiana glauca, aucune espèce ligneuse 
n'est réellement naturalisée dans l'Europe occidentale. L'expé- 
rience poursuivie depuis quarante ans par les forestiers français 
ne paraît pas devoir modifier la composition de nos forêts. Les 
nombreuses espèces introduites dans nos forêts, nos parcs el nos 
jardins cessent de se multiplier ou de se reproduire quand l'homme 
cesse de les protéger dans la lutte pour la vie; c’est le cas pour le 
Noyer, le Châtaignier, le Robinier, le Grenadier. 


9. Parmi les espèces ligneuses cultivées dans le Midi de la 
France, l'Olivier parait n'y étre nulle part spontané. Le Figuier et 
la Vigne, au contraire, souvent subspontanés, semblent y ètre 
5Pontanés dans des stations naturelles bien déterminées. Il n'y a 
Pas lieu de penser que ces deux espèces aient disparu de notre 
Pays depuis l'époque quaternaire et qu'elles y aient été réintro- 
duites par Ja civilisation. 


6. Bien que les plantes adventices ne soient pas appelées, pour 
la plupart, à s'installer définitivement dans un pays, leur étude 


CVII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), Mar 1899. 


wen demeure pas moins intéressante. Elles nous donnent des 
indications précieuses sur les rapports climatiques de pays éloignés 
et sur les conditions de la lutte possible entre la végétation d'un 
pays et les immigrants étrangers. | 


M. Gerber fait la communication suivante : 


LES PASSERINA PROVENÇAUX; ESSAI DE CLASSIFICATION 
ET RECHERCHES SUR LA NATURE DU DISQUE HYPOGYNE ET DES ÉCAILLES 
PÉRIANTHIQUES[ par M. €h. GERBER. 


Aux environs de Marseille, on rencontre quatre Passerina : 

P. Tarton-raira DC., P. hirsuta L., P. Thymelea L. et P. an- 
nua Spreng. f 

Dès 1843, Meyer (1), à la suite d'une étude approfondie des 
genres de Daphnacées sans écailles périgvnes, répartit ces plantes 
dans trois genres différents : 

4° Genre CHLAMYDANTHUS, contenant P. Turlon-raira DC. et 
P. Thymelæa. ` 

2° Genre PıprocuLamys, renfermant P. hirsuta L. 

3 Genre Lycia (créé en 1787 par Fasano), contenant le P. an- 
nua Spreng. 

Peu de temps aprés, Meisner, l'auteur de la Monographie des 
Thyméléacées dans le Prodrome, fait passer ces trois genres à l'état 
de sections du genre Thymelæu. Depuis, tous les botanistes ont 
respecté ce dernier groupement, de sorte qu’actuellement, en 
dehors des Flores, les quatre Passerina provençaux portent les 
noms suivants : Thymelæa Tarton-raira All., Thymelæa hirsuta 
Endl., Thymelea Sanamunda All., Thymelæa arvensis Lamk, 
le dernier nom étant celui du P. annua Spreng et l'avant-dernier 
celui du P. Thymelea L. | 

Nous craignons fort que ces dernières appellations ne soient pas 
définitives, Voici pourquoi : 

Les fleurs d'un grand nombre de Thyméléacées offrent, entre 
l'androcée et le gynécée, un verticille surnuméraire le plus sou- 


(1) Meyer, Remarques sur les genres de Daphnacées sans écailles péri- 
gynes, et etposition des caractères de ces genres, in Bull. Soc. imp. des 
natur. de Moscou et Ann. sc. nat. Bot., 2 série, t. XV, p. 45. | 


i 
1 


GERBER. -— LES RASSERINA PROVENCAUN. : CIX 


vent hypogyne et se présentant sous la forme d'un anneau lobé ou 
sous celle de squamules; c’est un disque. Tous les auteurs qui ont 
étudié cette famille considèrent la présence ou l'absence de ce 
disque comme un caractére générique de la plus haute impor- 
lance; aussi ne manquent-ils pas, dans la diagnose des genres, 
d'indiquer cette présence ou celte absence de disque. Or toutes 
les Monographies des Thyméléacées indiquent le genre Thyme- 
læa comme dépourvu de disque. Eh bien, l'examen des fleurs des 
quatre Passerines provençales nous a permis de constater, dans 
trois d'entre elles, la présence constante d'un disque hypogyne. 
Il n'y a done qu'une seule espèce, Thymelwa arvensis Lamk, qui 
réponde à la diagnose du genre telle que Meisner l'a donnée et 
mérite de rester dans ce genre; quant aux trois autres, nous 
n'avons pas le droit de les laisser dans le genre Thymelæa tel 
qu'il est actuellement compris. 

Deux alternatives s'offrent à nous : ou bien modifier la diagnose 
de ce genre, ou bien en faire sortir les trois espèces à disque 
hypogyne et leur chercher une meilleure place dans la famille des 
Thyméléacées. 

Afin de rechercher les véritables affinités de ces espéces, nous 
avons étudié de trés prés leurs fleurs et montré combien la mor- 
phologie florale rapproche ces trois espèces (1). Nous ne revien- 
drons pas, ici, sur ce sujet, et nous nous demanderons s'il est pos- 
sible d'attribuer nos trois Passerines à des genres existants. 

Pouvons-nous, avec de Candolle, les mettre dans le genre Pas- 
serina ? -Certes non, puisque ce genre comme le genre Thymelea 
à pour caractéristique de ne pas avoir de disque el que, de plus, 
les Passerina ont des fleurs hermaphrodites, alors que nos plantes 
ont des fleurs unisexuées. DEE o. , 

Il resie encore le genre Daphne auquel on pourrait étre tenté 
de rapporter l'espéce en question. Les Daphne possèdent en effet 
un disque; de plus ce disque ressemble beaucoup à celui du Tar- 
lon-raire; mais les fleurs sont hermaphrodites, alors que nos 
trois espèces provencales sont unisexuées. u MM 

Si les fleurs sont unisexuées dans le genre Ovidia constitue. par 
les espéces du genre Daphne (sensu latissimo) qui sont dioiques 


anatomiques, systématiques 


(i) C. Gerber, Recherches morphologiques, de Marseille, in Bull. sc. de 


et lératologiques sur les Thymelæa des envivons 
la Fr. el de la Belg., 1. XXXIII. 


Cx SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1890. 


par avortement, il faut reconnaitre que le disque, dans ce genre, 
est formé de quatre écailles assez grandes et, par suite, est bien 
différent du disque de nos trois plantes; d'ailleurs les caractères 
anatomiques de ces derniéres sont trop différents de ceux des Ovi- 
dia, tout aussi bien que de ceux des Daphne, pour permettre de 
les placer dans l'un de ces deux genres. En effet, M. Van Tieghem, 
dans la remarquable étude anatomique qu'il a faite des Thymé- 
léacées, divise les Thymélées proprement dites en deux groupes, 
d'aprés le mode de formation du périderme. Dans le premier 
groupe, c'est l'épiderme de la tige qui engendre le périderme ; 
dans le second, le périderme prend naissance au-dessous de 
l'épiderme, dans l'assise corticale externe ou exoderme. Le genre 
Daphne (1) appartient au premier groupe ; au contraire, les genres 
Thymelæa et Ovidia se trouvent dans le second et même dans une 
section spéciale de ce groupe, caractérisée par l'absence de tubes 
criblés péridesmiques dans la feuille. Quinze genres composent 
cette section et se répartissent dans deux sous-sections d’après la 
présence ou l'absence totale de cristaux d'oxalate de chaux dans 
les diverses régions de la tige et de la feuille. Le genre Thyme- 
læa (2) fait partie des trois genres dépourvus de cristaux, tandis 
que le genre Ovidia (3) est parmi les douze possédant des cris- 
taux. 

Ainsi l'anatomie, pas plus que la morphologie externe, ne nous 
permet de faire entrer les trois Passerines dans un des genres de 
Thyméléacées existants. 

Comparons, maintenant, ces trois plantes entre elles. Leurs 
fleurs ont les plus grandes analogies les unes avec les autres; mais 
nous devons faire observer, en outre, que les fleurs de Thymelea 
hirsuta. Endl. et de Thymelæa Tarton-raira All. ressemblent 
beaucoup plus l'une à l'autre qu'elles ne ressemblent à Thy- 
melæa Sanamunda All., puisque les fleurs des deux premières 
espéces sont unisexuées, tandis que les fleurs de la dernière sont 
polygames. Il est vrai que Meisner donne, dans le Prodrome, 
Thymelæwa hirsula Endl. comme polygame; mais, sur les noni- 


(1) Ph. Van Tieghem, Recherches sur la structure et les affinités des Thy- 
méléaceées et des Peneacées (Ann. sc. nat. Bot., T° série, pp. 190-195). 

(2) Jdem, pp. 198-199 et 227. 

(3) Idem. pp. 200 et 227. 


GERBER. —- LES PASSERINA PROVENCAUX. CXI 


breux échantillons que nous avons examinés, il nous a été impos- 
sible de constater la présence d’une seule fleur hermaphrodite. 

Il existe bien une différence, cependant, entre T. Tarton-raira 
All. et T. hirsuta Endl.: tandis que le périanthe des fleurs femelles 
tombe lorsque l'ovaire s'est transformé en fruit dans le T. hirsuta 
Endl., il persiste autour du fruit dans T. Tarton-raira All., ainsi 
d'ailleurs que dans T. Sanamunda All. C'est cette. différence qui 
à décidé Meyer à créer, pour la premiére plante, le genre Pipto- 
chlamys et, pour les deux dernières, le genre Chlamydanthus; 
mais hâtons-nous de dire que cette différence n'est pas essentielle, 
car non seulement la chute du périanthe est trés tardive dans 
T. hirsuta Endl., mais encore, souvent, elle ne se produit pas. 


Si nous consultons l'anatomie, nous trouvons d'autres caractères 
permettant de rapprocher étroitement nos trois plantes. 

M. Van Tieghem étudiant la section Chlamydanthus a trouvé 
que la tige du Thymelæa Tarton-raira All. présente un péri- 
derme exodermique, et qu'aucune région de la plante n'offre de 
crislaux d'oxalate de chaux. Nous avons fait des recherches de 
méme ordre sur Thymelea Sanamunda All. que n'avait pas 
étudié le savant botaniste et nous avons trouvé que non seulement 
le périderme est de méme origine (exodermique), mais encore 
que l'oxalate de chaux cristallisé fait complètement défaut dans 
toutes les parties de la plante. | 

D'autre part, M. Van Tieghem étudiant Thymelæa hirsuta a 
montré que le périderme de la tige est iei encore exodermique, 
C'est-à-dire a la mème origine que dans les Chlamydanthus. Il a 
trouvé également que les diverses régions de la tige et de la feuille 
de cette plante se comportent comme celles du T. Tarton-ratra 
AlL, etc., en ce qui concerne les cristaux d'oxalate de chaus qui 
font complétement défaut. l | 

On voit que l'anatomie donne son appui important à la mor- 
Phologie externe pour abaisser la barrière que Mever el. Meisnet 
$valent. établie entre les T. Tarton-raira el Sanam unda ALL, 
d'une part, et T. hirsuta Endl., de l'autre, lorsqu'ils les placérent 
dans deux genres ou deux sous-genres différents. u 1 

Au contraire, l'anatomie accentue encore la diflérence que’ ta 


tablissait entre Thymelwa arvensis Lamk 


morphologie externe é i 
P o ogle exte ce de disque). M. Van Tieghem 


et les trois autres Passerines (absen 


CxI! SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


a, en effet, fait ressortir le caractére palissadique de la couche 
externe de l'écorce dans la tige de Thymelæa arvensis Lamk; il 
n’y a pas de périderme, l'épiderme de cette tige gélifie la face in- 
terne de la plupart de ses cellules. Ces caractéres ne se trouvent 
pas dans les trois autres espèces. En voilà plus qu'il n'en faut pour 
séparer de celles-ci, génériquement, Thymelæa arvensis Lamk. 
Nous considérerons cette plante comme le type du genre Thymelæa 
de Meisner et à celle espèce viendront s'ajouter tous les Thymelæa 
dépourvus de disque, tandis que les trois autres espèces consti- 
tueront un second genre, différent du précédent par l'exislence 
d'un disque hypogyne court et multilobé. 

Quel nom donner à ce genre? Les caractères anatomiques et 
floraux qui rapprochent du T. Tarton-raira All., la seule espèce 
qui constitue la section Piptochlamys, en nous faisant rejeter celle 
section, nous obligent à supprimer son nom; du même coup il 
nous est impossible de conserver le nom Chlamydanthus pour un 
genre dans lequel, à côté de certaines espèces conservant leur fruit 
enveloppé par le périanthe, il en est d’autres dont les fruits se dé- 
barrassent de cette enveloppe. 

Nous proposons, pour T. Tarlon-raira All., T. hirsuta Endl., 
T. Sanamunda All. et pour toutes les espèces du genre Thyme- 
læa actuel, chez lesquelles on constate la présence d'un disque, 
le nom générique de Giardia (1). Les quatre Thymelæa des envi- 
rons de Marseille deviendront ainsi : 


Thymelæa Tarton-raira M. : Giardia Tarton-raira. 
Thymelæa hirsuta Endl. : Giardia hirsuta. 

Thymelea Sanamunda AM. : Giardia Sanamunda. 
Thymelea (Lygia) arvensis Lamk : Thymelæa arvensis Lamk. 


Cette étude de systématique terminée, abordons celle de la na- 
ture du disque des Thyméléacées et des écailles microscopiques 
que porte le périanthe des fleurs femelles de nos trois Giardia. 

1° Le disque des Thyméléacées et, en particulier, celui que nous 
avons observé dans le genre Giardia, constituent un verticille 
supplémentaire placé entre l'androcée et le wynécée. Quelle es! la 
signification de ce verticille? Que veulent dire les lobes ou les 
squamules qui le constituent? Sont-ils, comme les piéces des 


TM . iologie 
(1) En l'honneur de l'éminent naturaliste de la Sorbonne, auquel la biolog 
est redevable de tant de progrès. 


GERBER. — LES PASSERINA PROVENCAUX. CXIN 
autres verticilles de la fleur, des feuilles plus ou moins modilices ? 
Ne sont-ils point, plutót, de simples productions réceptaculaires 
n'ayant aucun rapport avec les feuilles? 

2' Les écailles microscopiques qui sont insérées sur la face 
interne du périanthe des fleurs femelles des trois Giardia proven- 
caux représentent-elles réellement des étamines avortées, c'est-à- 
dire des feuilles? Certes, l'identité de situation et de rapport de 
ces écailles et des étamines des fleurs máles avec les faisceaux libé- 
ro-ligneux du périanthe rend cette hypothése bien probable; mais, 
d'autre part, on sait qu'un certain nombre de Thyméléacées 
présentent, à la gorge du tube périanthique, des formations que 
l'on peut considérer, suivant les genres, comme des glandes ou 
des pétales. Nos écailles microscopiques ne seraient-elles pas des 
productions semblables, plus ou moins réduites? 

Ce n'est que par l'étude des fleurs virescentes que l'on peut 
espérer résoudre ces deux problémes. La virescence, en effet, a 
pour résultat de rendre plus visibles, ou de faire réapparaitre les 
caractéres foliaires qui se sont atténués ou qui ont disparu lors de 
la métamorphose florale. 

Étudions donc les deux cas de virescence qu'il nous a été donné 
d'observer sur Giardia hirsula et sur Giardia Sanamunda. 

Sur le périanthe des fleurs virescentes de ces deux espèces, on 
ne voit aucune des huit étamines à anthéres jaune rougeâtre et à 
filet court si caractéristiques des fleurs mâles, aucune des huit 
écailles mieroscopiques des fleurs femelles; mais on trouve, in- 
sérées, comme les premiéres et les secondes, sur le périanthe, et 
formant deux écailles alternes, des feuilles souvent aussi grandes 
que les feuilles périanthiques, parfois plus grandes. 

Ces feuilles sont vertes, rétrécies en pétiole à leur base, acu- 
minées au sommet; elles se rapprochent beaucoup plus des feuilles 
ordinaires de ces deux plantes que des feuilles périanthiques. Ce 
sont des étamines transformées; la preuve en est donnée par 
l'existence fréquente, sur leurs bords, de deux renflements cor- 
respondant aux loges anthériques, mais ces renflements ne con- 
tiennent aucun grain de pollen. | 

Gomme certaines de ces fleurs virescentes, ainsi que nous l avons 
établi ailleurs (1), proviennent de fleurs mâles, tandis que d'autres 

(1) C. Gerber, Bull. sc. de la Fr. et de la Belg., t. XXXIII, pp. 490 à 454, 
avec 23 figures. H 

T. XLVI, 


EIV SÉANCE DU 27 Mai [809. 


sont des fleurs femelles transformées, on voit que écailles micro- 
scopiques et étamines subissent la même régression foliaire; elles 
sont de méme nature. En d'autres termes : les écailles microsco- 
piques de la fleur femelle, se transformant dans cerlains cas en 
des feuilles à caractères staminaux, doivent être considérées comme 
des élamines avorlées et non comme des glandes ou des pélales. 
Le centre des fleurs virescentes est occupé par un corps ovoide 
beaucoup plus gros et plus vert que l'ovaire des fleurs femelles, 
présentant une cavité toujours dépourvue d'ovule et dans laquelle 
on rencontre parfois une petite foliole. Ce corps occupe la place 
du résidu microscopique du pistil des fleurs mâles aussi bien que 
celle du gynécée des fleurs femelles. Autour de lui, il ne nous a 
jamais été possible de rencontrer la moindre trace du disque hypo- 
gyne si caractéristique; or celui-ci se serait développé considéra- 
blement, s'il avait une origine foliaire. La cupule plurilobée qui 
entoure la base de l'ovaire des Giardia n’est donc pas formée de 
feuilles concrescenles ; c'est une émergence florale, un disque. 


SÉANCE DU 27 MAI 1899. 
PRÉSIDENCE DE M. CARRIÈRE, 


| En l'absence de M. Heckel, président, et de MM. Olivier et 
Orzeszko, vice-présidents, M. Carrière, ancien Président du 
Bureau de la session extraordinaire de 1897, prend place au 
fauteuil. 


M. Lutz, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la 
séance du 24 mai, dont la rédaction est adoptée. 

Par suite des présentations faites dans la séance précé- 
dente, M. le Président proclame membres de la Société : 


Ne Mapi : T ) i : ^e 
M”? Marie-Louise Amor, rue Weber, 4, à Paris, présentée 
par M"* Bris et M. Flahault. 


OLIVIER. — NOTE SUR L HERBIER DE GÉRARD. CXV 


M. Philippe Autor, rue Weber, 4, à Paris, présenté par 
MM. Flahault et Franchet. 


M. Malinvaud, aprés avoir excusé M. Ernest Olivier, qui a 
été empêché à son grand regret d'assister à la dernière séance 
de la session, donne lecture de la Note suivante : 


NOTE SUR L'HERBIER DE GÉRARD, par M. Ernest OLIVIER. 


Le botaniste provençal, Louis Gérard, de Cotignac, est bien 
connu, surtout par son Flora gallo-provincialis publié en 1761 
et qui fut un des premiers ouvrages où fut appliquée la méthode 
naturelle de Jussieu. 

Gérard avait formé un herbier assez considérable qui, après sa 
mort, fut relégué dans un grenier et complètement abandonné, et 
ce n'est qu'en 1833 que, sur la proposition d'un conseiller général 
intelligent, le préfet du Var fit l'acquisition de cet herbier moyen- 
nant la somme de 1500 francs et le fit transporter au Musée de la 
ville de Draguignan. 

Je viens d'avoir l'occasion de visiter cette collection de plantes 
formée il y a plus de cent ans et j'ai la satisfaction d'annoncer à la 
Société qu'elle est dans un état de conservation parfaite. 

Elle est composée de trente cartons qui comprennent 3470 es- 
pèces, tant Cryptogames que Phanérogames. Les plantes, qui 
avaient été empoisonnées par Gérard lui-même à l'aide d'une 
Solution arsenicale, sontadmirablement étalées et collées, chacune 
sur une feuille de papier blanc, encadré d'un trait noir et d'un 
format approprié à la dimension de chaque échantillon et cette 
feuille est collée elle-màme sur un autre format uniforme in- 
folio, 

La grande majorité de ces plantes ont été récoltées en Provence, 
Mais On y voit aussi un certain nombre d'exotiques ou qui pro- 
viennent d'autres parties de la France. |. 

Snr chaque feuille, à côté de la plante, sont écrits de la main 
de Gérard le nom donné par Linné et la synonyme qui était déjà, 
à cette époque, considérable dans plusieurs cas. uu 

M. Burtez, professeur au collége de Draguignan, qui est Min 
de l'entretien de cet important herbier, vient de publier (Bulle- 


CXVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), Mal 1899. 


tin de la Société d’études scientifiques et archéologiques de la ville 
de Draguignan, t. XXI, 1896-1897) le Catalogue des plantes qui 
le forment avec les étiquettes et annotations que son auteur à 
mises à chacune. Les numéros du Catalogue correspondent à ceux 
de l'herbier, de sorte que les recherches sont on ne peut plus 
faciles. Cette collection est assurée désormais contre la destruc- 
tion, et nous devons nous féliciter de la conservation des nom- 
breux documents qu’elle contient. 


M. Alfred Chabert appelle l'attention des botanistes sur 
les Rhinanthus (1) et signale des faits intéressants sur ceux de 
la flore francaise qui ont été peu étudiés et sont mal connus 
jusqu'à ce jour. Les Alpes du Dauphiné et les Pyrénées en 
nourrissent plusieurs formes trés probablement inédites. 


Ceux qui étudieront ce genre ne doivent pas s'attendre à y trou- 
ver des espéces linnéennes. Chez lui, comme chez les Rosa, les 
Rubus, les Hieracium, ete., on ne constatera l'existence que de ce 
qu'on a nommé « petites espèces », c'est-à-dire de formes très 
voisines les unes des autres et se reliant entre elles par de fré- 
quentes transitions que l'on ne sait pas toujours à quoi rapporter. 

La distinction que l'on a faite des Rhinanthus en précoces et 
tardifs est fondée sur des faits réels et judicieusement observés; 
mais c’est dépasser la mesure que vouloir en faire tout autant 
d'espéces distinctes. Le botaniste herborisant trouvera rarement, 
il est vrai, parmi les Rhinanthus précoces, des individus ayant la 
livrée des tardifs; mais, trés fréquemment, il observera, au milieu 
des tardifs, des individus ayant l'aspect, le port, la tige, la rami- 
fication et la foliaison des précoces, et avec eux tous les degrés 
intermédiaires qui lui fourniront l'occasion d'enrichir son her- 
bier d'échantillons dont l'étiquette portera l'indication à la mode 
aujourd'hui « vergens ad... ». 

Le Rhinanthus Alectorolophus (Scop.) commun dans une grande 
partie de la France et sa forme tardive nommée patulus par M. de 
Sterneck en donneront facilement la preuve. 


(1) A. Chabert, Élude sur le genre Rhinanthus, in Bulletin de t Herbier 
Boissier, 1899, pp 425 et 497, et tirage à part. 


te — 


MALINVAUD. — (ENOTHERA ET NON ONOTHERA. CXVII 


M. Malinvaud fait ensuite la communication suivante : 


QUESTIONS D'ORTHOGRAPHE : ŒNOTHERA ET NON ONOTHERA, 
RÉPONSE A M. LE D' SAINT-LAGER; par M. Ernest MALINVAUD. 


Répondant, l'année dernière (1), à une lettre trés courtoise de 
M. le D° Gillot (partisan de la nouvelle graphie Onothera), j'avais 
soumis à notre confrére diverses considérations en faveur du 
maintien de la forme traditionnelle. M. le D' Saint-Lager a cru 
devoir, à ce propos, intervenir dans la discussion, celle-ci se ratta- 
chant, il est vrai, à un débat linguistique dont l'initiative lui ap- 
partient (2), et, dansune séance de la Société botanique de Lyon (3), 
passant au crible d'une critique minutieuse, voire méme un peu 
mordante, les termes de la réponse faite à M. Gillot, il y a trouvé 
malière à des reproches dont j'essayerai de me justifier. 


1. Un parallèle hasardé. 


Afin qu'on ne puisse ajouter aux autres motifs de blàme celui 
d'avoir affaibli la portée des observations critiques de notre érudit 
confrére ou méme la forme piquante dont il les a revétues, je vais 
les rapporter dans toute leur verdeur. Voici le premier paragraphe : 


M. le D" Saint-Lager, se souvenant du proverbe : € Il n'est pire sourd 
que celui qui ne veut pas entendre », renonce à vouloir convertir à son 
opinion les rigides observateurs du code Candollien des Lois. Toutefois 
il ne peut s’empècher de reprocher à son honorable contradicteur une 
inconséquence flagrante, puisque, à la méme page où il nous oppose 
comme fin de non-recevoir l'article 66 des Lois, il se vante, à bon droit 
suivant nous, d'avoir réclamé en 1880 la correction d'une cacographie 
à l'usage de la plupart des mycologues, Æcidium pour O&cidium (ofxtàwov, 
cellule). Cependant le transfert d'un nom du groupe A de l'Index au 
groupe O apporte une perturbation bien autrement grave (risum teneur 
lis) que le recul de quelques lignes nécessité par le changement, dans 


le groupe O, de Œnothera en Onothera. 


pp. 69 et sui. 


Le : : . XLV (1898), 
(1) Voy. le Bull. Soc. bot. de France, t ( Saint-Lager, 


" (2) Onothera ou (Enothera; les Anes et le Vin, par M. le D' 
irage à part (Baillière et fils, 1893). u 
.(8) Annales Soc. botanique de Lyon, t. XXII (1898), Comptes rendus des 

Séances, p. 31. M. le D' Saint-Lager nous a obligeamment communique 


compte rendu renfermant son article. 


CXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Sans regretter d'avoir fourni, méme involontairement et à mes 
dépens, à quelques uns de nos confrères un motif d'innocente 
gaieté, je ne saurais souscrire au parallèle établi entre les deux 
exemples cités. Au sujet d Æcidium écrit par ae, grâce à la no- 
tion précise de l’étymologie aucun doute ne subsiste sur la réalité 
de la corruption orthographique et, si l’on veut être correct, on 
est obligé de restituer, dans l’Index, au nom écrit par oe la place 
qui lui revient d’après l'ordre alphabétique. Lorsqu'il s'agit, au 
contraire, d’une orthographe des plus litigieuses, il serait sage 
de prendre en considération le trouble au moins prématuré, en 
même temps que la possibilité d'erreur, que pourrait causer un 
changement non suffisamment justifié. 


2. Autonomie de l'orthographe Linnéenne. 


Notre confrére continue l'exposé de ses griefs dans les termes 
suivants : 


M. Malinvaud a commis une autre imprudence quand il a affirmé que, 
lors méme qu'il serait prouvé que Onothera est bien la véritable forme 
grecque, il ne serait pas nécessaire de rétablir celle-ci, puisque les 
espèces américaines auxquelles Linné a donné ce nom étaient inconnues 
des anciens botanistes. Si notre honorable confrère avait pris la peine 
de relire la phrase de l'Hortus Clifforlianus qu'il avait citée sept lignes 
plus haut « OEnothera nomen est Theophrasti... », il aurait compris 
que Linné avait réellement l'intention de reprendre un ancien nom tombé 
en désuétude... 


D'accord! Mais en condamnant formellement la graphie Ono- 
thera dans la suite de la phrase « ... Quid botanicis cum asinis vel 
onaqris ? Quid animalia hybrida pro nominibus plantarum ?», 
Linné ne laissait aucun doute sur son intention de faire exclusive- 
ment usage de la forme Œnothera, dont il entendait appliquer le 
sens étymologique aux plantes de son genre américain. Or le souci 
de l'exactitude interdit d'attribuer à un auteur ce qu'il n'a pas 
voulu dire, et ce serait enfreindre cette règle élémentaire que de 
substituer au nom adopté par l'illustre Suédois, pour un genre 
de sa création, un autre nom impliquant une dérivation différente 
et expressément repoussé par lui. Cette raison, en dehors de 
toute hypothése linguistique, commande impérieusement la con- 
servation, dans la nomenclature botanique, de la graphie Lin- 
néenne. Celle-ci est d'ailleurs, à tous les points de vue, la. seule 


MALINVAUD. —- ŒNOTHERA ET NON ONOTHERA. CXIX 


admissible. Ma conviction à cet égard, rendue naguére un peu 
hésitante par l'ingénieux plaidoyer de notre confrère, s'est raf- 
fermie à la suite d'un nouvel examen, plus attentif, des pièces 
du procés et conformément à l'opinion exprimée par de savants 
hellénistes. 


3. Les prétendues preuves de la graphie « Onothera ». 


M. Saint-Lager, résumant ensuite les faits qui constitueraient 
d'aprés lui des « preuves irréfutables » à l'appui de sa thése, con- 
sacre à cette démonstration les paragraphes ci-après : 


1° Tous les manuscrits et toutes les éditions imprimées des œuvres 
de Dioscoride, de Galien, de Rufus d'Ephése, de Paul d'Egine et 
d'Oribaze donnent exclusivement les graphies Onothera, Onotheras, 
Onotheris, qui évidemment sont des variantes d'Onother, mot qui 
signifie « Ane sauvage », tout comme onagra, onagron (contraction de 
onos agrios), autre nom donné à la méme plante parles susdits auteurs. 

2 Les anciens manuscrits de l'Histoire des plantes de Théophraste 
et notamment celui de la Bibliothèque du Vatican qui est considéré 
comme le meilleur; tous les anciens manuscrits de l'Histoire naturelle 
de Pline donnent également les susdites variétés de onother, ainsi que 
le synonyme onagra. | 

3° Les cacographies Œnothera, OEnotheris apparaissent, pour la 
première fois, dans l'édition latine des œuvres de Théophraste, publiée 
en 1483 par Théod. Gaza, et dans l'édition grecque-latine, publiée en 
1497 par le méme grammairien. L'altération OEnothera fut faite à lin- 
Stigation de deux botanistes de Ferrare, Hermolaus Barbarus et Leoni- 
cenus, qui attribuèrent faussement une valeur étymologique à la porase 
simplement deseriptive : € La racine a une.odeur vineuse quand elle 


est sèche... » 


Arrétons-nous là! — Au proverbe précédemment cité : « lu n'est 
pire sourd que celui qui ne veut pas entendre » on pourrait sub- 
Slituer : « [I n'est pire aveugle que celui qui ferme volontairement 
les yeux à la lumière ». Comment, en effet, peut-on ne pas voir 
que la valeur à la fois descriptive et étymologique de la phrase 
théophrastique est ici, avec une pleine évidence, la clef de voûte 
de tout le débat? 

Les noms donnés aux plantes dans les écrits des naturalistes de 
l'antiquité renfermaient le plus souvent une allusion mr poo 
priétés qu'on leur attribuait. Pline, aprés avoir dit de M: d 
gala : pota lactis abundantiam facit, n'a pas eu besoin ajou alii 
* unde nomen a zos mullum et ydo. lac »; il a laissé à l'intelli- 


CXX SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


gence du lecteur le soin de saisir un rapport aussi manifeste. 
Théophraste a fait de méme pour son (Enothera ; il serait proba- 
blement fort surpris, s'il revenait en ce monde, d'apprendre qu'on 
veut remplacer le radical oivoc, faisant allusion aux vertus vineuses 
de sa plante, par évoc, désignant un animal dont il n'a pas dit mot 
el qui n'a ici aucune application. 

Pour tout esprit libre de préjugé en celte matière, l'argument 
tiré dela supputation et de la comparaison des anciens manuscrits 
portant l'une ou l’autre graphie est dénué de toute signification. 
Les altérations de toutes sortes imputables aux négligences des 
copistes, qui successivement jusqu'à la fin du xv° siècle nous ont 
transmis les ouvrages des auteurs de l'antiquité, ont donné lieu 
aux innombrables variantes dont les contradiclions ne cessent 
d'exercer depuis des siècles la sagacité des commentateurs et des 
lexicographes. Les différences que présentent les copies du mème 
texte affectent souvent des phrases entières, à fortiori elles peuvent 
se borner à la mutation d’un mot ou plus simplement encore à 
celle d'une lettre, telle que o pris pour œ et vice versa (1). Les 
anciens manuscrits, qu'on les consulte à Rome, à Florence ou à 
Lyon, sont sujets aux mêmes incertitudes. Pour se guider dans 
le labyrinthe des « lecons » et des variantes d'orthographe, au 
milieu du désaccord des manuscrits, c'est, en dehors de ceux-ci, 
dans les indications souvent fournies par le texte lui-même et 
dans les annotations des commentateurs qu'on doit chercher le fil 
conducteur. Or, à l'exemple de Théophraste, les anciens écri- 
vains qui mentionnent l'(Enothera (Dioscoride, Pline, Galien, 
Üribase, etc., etc.) préconisent son odeur vineuse (oivos, vin); 
nulle part, on ne saurait trop le répéter, une allusion n'est faite 
à l'animal appelé Zvoz. 

Aussi l'on constate avec notre confrère, mais sans partager son 
étonnement, que l'opinion de « certains commentateurs, préten- 
dant que Onothera est un mot altéré par les copistes, a été adoptée 


(1) Dans les ouvrages imprimés, des négligences typographiques donnent 
lieu à des corruptions analogues; la cacographie Æcidium qui a prévalu sur 
Œcidium en est un exemple, et il y en a beaucoup d'autres. Plusieurs gra- 
phies ineptes, allosurus, cirrhosus, etc., circulant encore dans la plupart des 
Flores, ont presque remplacé de nos jours la véritable orthographe, allosorus; 
Cirrosus, etc. Doit-on conclure, du nombre et du mérite des auteurs qui ont 
successivement copié ces évidentes fautes d'impression, qu'on doit imiter € 
négligence à son tour ? 


€ 


i 


MALINVAUD. — RÉPONSE A M. SAINT-LAGER. CXXI 


depuis la fin du xv' siécle par la plupart des botanistes et des lexi- 
cographes... » (1). L'événement contraire serait invraisemblable. 

Reste à examiner un argument philologique, plus subtil que 
solide. D'aprés notre confrére, « Le synonyme onagra explique la 
signification de onother, tandis que œnother (béte vineuse) serait 
une absurdité ». 

D'abord čvaypa est la corruption de oivéypa (2). Les explications 
précédentes seraient ici applicables; mais il ne s'agit que du nom 
théophrastique. 

M. Saint-Lager admet la légitimité de onother, signifiant, 
d'après lui, « âne sauvage ». Pourquoi dés lors enother signi- 
liant « vin sauvage » (et non « bête vineuse ») serait-il moins légi- 
time (3)? Si l'un est incorrect, l'autre le sera au méme litre ; 
est-il admissible qu'un vice linguistique de cette nature, s'il était 
réel, ait pu échapper aux hellénistes de profession et aux princes 
de la philologie, tant à notre époque qu'à travers les âges ? 


4. Ortliographe ni arbitraire ni imposée. 


Passant ensuite à d'autres doléances, notre confrére les énonce 
tn ces termes : 


En terminant, M. Saint-Lager rappelle que, quelques mois aprés la 
publication de son ouvrage intitulé : « Réforme de fa nomenclature », 
il adressa en 1881 une lettre dans laquelle il demandait au Bureau de la 
Société botanique de France, d'autoriser le Secrétaire général, chargé 
de la rédaction du Bulletin, à corriger, sans consulter qui que ce soit, 
les expressions qui violent les règles de l'orthographe et de la gram- 
maire... Aucune suite ne fut donnée à la proposition de M. Saint-Lager... 


Et aucune suite ne pouvait y être donnée (4). Cette proposition 


(1) D" Saint Lager, loc. cit. NM 

(2) övaypos (5), désignant l'àne sauvage, et oivaypa S appliquant à ? 
ces deux noms, de forme presque semblable malgré la Anne des tran 
tions, ont dà embarrasser plus d'une fois les scribes à gages chargés de ne" 
crire des manuscrits d’une lecture souvent difficile et peu intelligibles. i 
serait plutôt invraisemblable, dans ces circonstances, que l'un de run mots 
weùt jamais été pris pour lautre, devenant ainsi le point de départ c une gra 
phie vicieuse que transmettaient ensuite inconsciemment tous les copistes qui 
S elaient servis du manuscrit fautif. . : , 

(3) Si la syllabe ther signifie sauvage dans Onother, pourquoi aurait-elle 
un autre sens dans Œnother ? . EU 

() Voyez dans le Bulletin, t. XXVIII (1881, séance du 13 mai), pp-151-153, 
es Observations que j'eus l'honneur de présenter à propos et apres a ^t ans 
de la lettre de M. Saint-Lager. Quoiqu'elles remontent à plus de vingt ans, 
Je n'aurais pas un mot à y changer aujourd'hui. 


une plante, 


CXXII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


est revenue un peu modifiée devant la Société à une date plus 
récente, et l’on trouvera au Bulletin des séances (28 janvier 1898) 
un compte rendu abrégé du débat qu'elle fit naître (1). Son adop- 
tion serait une source de difficultés nouvelles dont la discussion 
soulevée par (Enothera vient à point pour donner un exemple. 
Les partisans des deux graphies adverses sont également férus 
de la justesse de leur thése. Si le Secrétaire général, conséquent 
avec lui-même, bannissait du Bulletin la variante qu'il a déjà ré- 
cusée, on lui reprocherait d'étre en méme temps juge et partie; 
si, comme ce serait préférable, on remettait à un comité de phi- 
lologues, choisis parmi nos confrères, le soin de prononcer la 
sentence, elle ne serait pas moins pénible de la part de plusieurs 
arbitres que d'un seul à ceux dont elle condamnerait la thèse, 
et l'on finirait sans doute par s'aviser qu'une réunion de bota- 
nistes n'est pas mieux qualifiée pour résoudre, du moins avec 
une incontestable compétence, les difficultés philologiques que 
le serait une Société de mathématiciens ou une Compagnie litté- 
raire pour trancher une question ardue de botanique. 

La Société botanique de France a toujours ouvert largement son 
Bulletin aux discussions courtoises sur tous les sujets qui l'inté- 
ressent; elle recommande le souci de la correction grammaticale 
et elle en donne l'exemple autant qu'il dépend d'elle; mais, sui- 
vant une tradition constante, elle entend laisser à chacun la 
pleine responsabilité de ses opinions et s'abstenir de prendre 
parti, encore plus de dogmatiser, dans n'importe quel débat. 

Les régles de l'orthographe botanique, aussi bien que celles de 
la nomenclature, selon la judicieuse observation d'Alphonse de 
Candolle (2), « ne peuvent être ni arbitraires ni imposées ». 


M. Flahault rappelle que la loi de priorité et d’autres 
articles des Lois de la nomenclature ayant pour but d'assu- 
rer la stabilité de celle-ci interdisent de modifier arbitraire- 
ment ou pour des raisons relativement accessoires, telles que 
la correction. grammaticale absolue, la forme des noms 
générique et spécifique, lorsqu'ils ont été fixés par un usage 
séculaire. | 


(1) Voy. le Bulletin, t. XLV (1898), pp. 74 et suiv. 
(2) Lois de la Nomenclature botanique, art. 2. 


—Q 


SÉANCE DU 27 Mar 1899. CXXHI 


MM. Bazot et Gerber ajoutent quelques observations sur le 
même sujet. 

M. Malinvaud présente au nom de M. Abel Albert deux 
plantes offertes en plusieurs exemplaires à la Société. L'une 
d'elles est le Styrax officinalis L., abondant dans les bois, le 
long des vallons, sur le caleaire jurassique et dolomitique 
des communes de la Farlède, Solliès-ville, Solliés-Toucas, 
Belgentier et Méounes (Var). La seconde espèce, Ranunculus 
millefoliatus Vahl, est nouvelle pour la France; M. Abel 
Albert, auquel revient le mérite de cette belle découverte, l'a 
récoltée pour la premiere foisle 29 mars 1894, au quartier des 
Pouraques, commune de Solliès-Toucas. Ce quartier forme 
une sorte de plateau, d'une altitude d'environ 400 mètres, 
dominé au sud, à l'ouest et au nord par des collines de 500 
à près de 800 mètres d'altitude. Le terrain est calcaire; la 
plante abondait dans trois champs d'Oliviers contigus; M. A. 
Albert l'a retrouvée les années suivantes dans des champs 
plus éloignés, mais toujours sur le méme plateau. La florai- 
son commence dans les derniers jours de mars et se prolonge 
jusque vers le milieu d'avril; elle peut étre reculée jusqu'en 
avril dans les années oü la végétation est en retard. Dans les 
premiers jours de mai, la plante se montre en fruit dans les 
champs de blé; ailleurs elle a été enfouie par les labours. 
Elle se multiplie avec rapidité sur de vastes surfaces, et il 
n’y a pas à craindre qu'elle disparaisse. E 

M. Alfred Chabert signale comme un fait nouveau de géo 
graphie botanique des plus intéressants pour la flore fran- 
caise la découverte du Ranunculus millefoliatus qui enrichit 
la série déjà longue des remarquables observations ante-- 
rieures dont on était redevable à M. Abel Albert. 

L'ordre du jour étant épuisé, M. Malinvaud rappel e 
qu'avant de se séparer les Membres présents sont invités a 
faire connaître leurs préférences au sujet du lieu de la pro- 
chaine session extraordinaire de la Société; celle-ci ne se 
tiendra d’ailleurs qu’en 1901, en raison de l'Exposition ue 
verselle, qui fournira l’occasion de convoquer à Paris en 190 


CXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


un Congrès international de botanique. Divers projets de 
session extraordinaire pour 1901 sont successivement exa- 
minés; celui d’une réunion extraordinaire en Corse parait 
rallier de nombreux suffrages; mais, comme il présente de 
sérieuses difficultés d'exécution qui ne permettent pas d'en 
faire l'objet d'un vote deux années à l'avance, le secrétariat 
étudiera ce projet et fera connaitre, en temps opportun, à la 
Société par voie de circulaire le résultat de cette enquéte. 

La Société, avant de se séparer et sur la proposition de 
M. Malinvaud, délégué du Conseil d'administration, vote à 
l'unanimité des remerciements à MM.les Membres du Bureau 
de la session, ainsi qu'à M. Carriére qui a bien voulu se 
rendre au vœu de ses collègues en présidant la dernière 
séance. 

M. le Président, au nom de tous ceux qui ont pris part à 
cette session si heureusement organisée et si bien remplie, 
adresse de vifs remerciements aux personnes auxquelles on 
en est le plus redevable, particulièrement à M. Flahault pour 
son habile direction et MM. les autres Membres de la Com- 
mission exéeutive, enfin à M. le Maire et aux bienveillants 
habitants de la ville d' Hyères. 

La session extraordinaire de 1899 est déclarée close. 


RAPPORTS 


SUR LES 


EXCURSIONS DE LA SOCIÉTÉ 


COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS : par M. Ch. FLAHAULT. 


La Société botanique de France a consacré deux de ses sessions ex- 
traordinaires à l’étude de la flore des côtes de Provence ; elle s’est 
réunie à Nice en 1865, à Antibes en 1883. C'est dans les sols calcaires 
qu'elle a surtout herborisé alors; les 14 et 15 mai 1883 seulement, elle 
a entrevu le caractère particulier de la flore des terrains éruptifs sous 
le climat provencal dans une excursion à l'Estérel et une herborisation 
aux collines de Biot. 

Le Comité d'organisation a voulu, cette année, faire connaitre à la 
Société le massif des Maures, remarquable par l'absence à peu prés 
compléte de roches calcaires et par son unité géologique. 

Comme l'Armorique, comme l'Auvergue et les Vosges, le massif des 
Maures constitue un ilot de terrains primitifs émergé dés la première 
formation des dépôts stralifiés ; c'est, plus exactement encore, l'extrémité 
orientale de l'axe cristallin d'une chaine disloquée et effondrée sous les 
eaux du golfe de Lion, qui reliait la. Provence aux Corbiéres et aux 
Pyrénées. La presqu'ile du Cap Sicié qui couvre la rade de Toulon, 
les coteaux du Mourillon et du Cap Brun, la presqu'ile de Giens et les 
iles d'Hyéres sont des débris encore émergés du massif englouti. Cet 
ensemble constitue une unité géologique indécomposable et, comme 
conséquence, une unité phytogéographique inséparable aussi, à la- 
quelle il convient de consacrer une étude spéciale. 

Nous avons visité, en 1891, le petit chainon des Albères adossé aux 
Pyrénées méditerranéennes et plongeant, comme les Maures, sous les 
eaux de la mer. Les dépóts qui composent les deux groupes sont syn- 
chroniques et de méme nature ; les conditions climatiques étant à peu 
prés les mémes, la flore des Albéres est parfaitement comparable à celle 


CXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAL 1899. 


des Maures ; cependant les caractères spéciaux de la flore des sols sili- 
ceux sont plus accusés dans les Maures que dans les Albères, en raison 
sans doute de la plus grande étendue du premier de ces deux massifs, et 
les espèces caractéristiques des stations les plus chaudes du domaine 
méditerranéen français y sont plus abondantes à cause de l'abri que les 
Maures et les Alpes leur offrent contre les vents froids du nord, abri qui 
leur manque sur les cótes du Roussillon. 


Le massif des Maures appartient dans toute son étendue et jusqu'à ses 
sommets au domaine français de la Région méditerranéenne ; ses plus 
grandes altitudes n'atteignent pas 800 mètres. La partie provenço-ligu- 
rienne du domaine méditerranéen français est suffisamment caractérisée 
par la forte proportion d'espèces appartenant au domaine italien, qui dé- 
bordent les contreforts des Alpes méditerranéennes, peuplent une zone 
littorale plus ou moins large et s'étendent dans les basses montagnes 
jusqu'à unealtitude qui peut dépasser 1000 mètres. La section provenco- 
ligurienne s'étend de l'origine des Alpes maritimes en Italie (du col de 
San Bernardo, au N.-W. d'Albenga) aux collines de l'Estaque, au N.-W. 
de Marseille. Le tunnel de la Neïthe, aux portes mêmes de la grande 
cité phocéenne, en marque exactement le terme par rapport à la section 
qui comprend la basse vallée du Rhóne. C'est là que le Myrte (la Nerto 
des Provencaux), si abondant sur toute la Cóte d'Azur, disparait brusque- 
ment pour ne reparaitre, de l'autre cóté du Rhóne, que dans les collines 
de la Gardiole, à PW. de Montpellier. 

Nous évaluons à 85 le nombre des espèces qui caractérisent la zone la 
plus chaude de la section provenço-ligurienne. Elles nous viennent 
d'Italie ou des iles Tyrrhéniennes. Quelques-unes d'entre elles pourtant 
sont répandues en Espagne, mais elles n’ont pas jusqu'à présent dé- 
bordé les contreforts des Pyrénées pour arriver en France du cóté du 
Roussillon ; 19 d'entre elles appartiennent en propre à la flore ita- 
lienne et accentuent, par conséquent, le caractère de la section pro- 
venço-ligurienne. Le Genista linifolia L. est une espèce endémique 
confinée daus cette section. Si nous ajoutons qu'une douzaine d'espéces 
des basses montagnes pénètrent en France par les Alpes et que plusieurs 
d'entre elles manquent à la. péninsule ibérique, nous aurons indiqué, 
d'une manière sommaire, les différences qui existent entre la section 
provenco-ligurienne et la section roussillonnaise. 

La section provenço-ligurienne n'est pas homogène. Des bords de l'étang 
de Berre aux environs de Toulon, le sol est presque partout formé de 
roches calcaires appartenant à la série des dépôts crétacés et jurassiques; 
il en est de méme des environs d'Antibes jusqu'à Vintimille. Les deux 
plateaux du Faron et du Coudon, qui commandent la rade de Toulon, 


| 


FLAIIAULT. — COMPTES RENDUS DES HERDORISATIONS. CXXVI 


ont la teinte bleuàtre et l'aspect aride qu'affectent les roches calcaires 
de l'époque secondaire autour du bassin méditerranéen. Au contraire, 
le massif des Maures que tourne la ligne ferrée de Toulon à Saint- 
Raphaël et celui del Estérel, qu'elle traverse et qu'elle longe du golfe de 
l'Argens à Cannes, sont à peu prés complétement dépourvus de roches 
calcaires. 

La presqu'ile du Cap Sicié, les coteaux du Mourillon et du Cap Brun 
sont formés de phyllades ou de schistes satinés qui se relient par des 
transitions insensibles à la série des micaschistes et des gneiss. L'ori- 
gine sédimentaire en est nettement marquée; nous aurons l'occasion de 
l'observer maintes fois (colline de Fenouillet, presqu'ile de Giens, pointe 
W. de l'ile de Port-Cros, ete.). A peine a-t-on quitté, à la Pauline, la 
grande ligne de Toulon à Nice pour suivre le troncon qui aboutit aux 
Salins d'Hyères, qu'on touche aux îlots détachés du massif des Maures, 
enveloppés par les alluvions de la Crau d'Hyéres. Toutes les montagnes 
qui s'étendent au nord et à l'est de la ligne, aussi loin que porte la vue, 
sont formées par ces phyllades superposés aux gneiss et aux mica- 
schistes. À peine y observerons-nous des variations; les phyllades sont 
traversés par un lit calcaire à PW. de la presqu'ile de Giens; c’est à peu 
près le seul accident qui puisse nous intéresser sur lout le territoire que 
nous aurons à parcourir. 

Ces conditions s'étendent à tout le massif des Maures, à la montagne 
de Tanneron, qui en est délachée au nord de l’Argens, et, en ce qui con- 
cerne l'absence de roches calcaires, à tout le groupe éruptif de l'Esté- 
rel. Une large ceinture de grés et d'argiles rouges permiens, avec des 
conglomérats porphyriques et gneissiques intercalés, enveloppe d'ailleurs 
à la fois les Maures et l'Estérel, de manière à en marquer plus nette- 
ment encore l'unité géologique et géographique. 

Le Comité ne pouvait songer à fournir, daus les délais accordés par 
r usage, tous les moyens de comparer la flore du district des Maures et de 
'Estére] avec le district calcaire de la Basse-Provence ou avec le district 
calcaire ligurien. Il a tracé un programme approprié à ce but pour ceux 
de nos confrères qui ont pu continuer leurs observations au delà de la 
semaine de Pentecôte, en leur conseillant de visiter les montagnes cal- 
caires qui dominent Toulon, les montagnes de la Sainte-Baume el de 
Sainte-Victoire, ete. Nous n'avons voulu qu'indiquer sommairement les 
différences floristiques essentielles qui existent, dans notre domaine mé- 
diterranéen francais, entre les sols calcaires et siliceux, en inscrivant au 
programme une seule excursion, la dernière, à la colline de Carquey- 
ranne et de Costebelle. On y observe, en succession à peu prés régu- 
lière, les grès et les argiles rouges permiens, les conglomérats et les 
grés bigarrés triasique:, les calcaires du Muschelkalk, les calcaires ce 


CXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


l'infralias et des calcaires appartenant à plusieurs étages jurassiques. Les 
différences floristiques s'y révèlent avec netteté, par quelque côté qu'on 
aborde cette colline. 


Le programme proposé à la Société par le Comité d'organisation com- 
portait trois parties : 

1* Étude de la flore des sols siliceux caractérisant le district des 
Maures et de l'Estérel ; 


2 Étude de la flore halophile des côtes de Provence ; 


3° Étude des conditions de l'acclimatation et des végétaux introduits 
dans les jardins des environs d Hyères. 


Comme il arrive toujours, il a fallu sacrifier un peu la méthode aux 
possibilités matérielles. Dans ces comptes rendus, je n'ai pas hésité à 
grouper les divers éléments d'un méme chapitre, certain que nos confrères 
me sauraient gré de synthétiser les observations sur le méme sujet, 
comme nous nous sommes efforcés de le faire ensemble sur le terrain. 


|. — Flore du district méditerranéen des Maures 
et de l'Estérel. 


Ce qui fait sa caractéristique essentielle, c'est l'absence à peu pres 
compléte de calcaire qui puisse étre absorbé par les plantes. La moindre 
promenade dans la riche plainealluviale qu'on nomme la Crau d'Hyéres 
révèle le caractère calcifuge de la flore; ces alluvions se composent d'ar- 
giles et de cailloux provenant des vallons des Maures ; le sol en est riche 
et largement arrosé en beaucoup de points. On y pourra récolter beau- 
coup d'espéces propres à la région méditerranéenne, comme 


Ranunculus chærophyllos. Vicia bithynica. 

Nigella damascena. Lathyrus Clymenum. 
Alvssum maritimum. Rosa sempervirens. 
Diplotaxis erucoides. Daucus maximus. 
Fumaria major. Chrysanthemum Myconis. 
Silene galliea. Anacyclus radiatus. 
Dianthus prolifer. Phagsalon telonense. 
— hirtus. Galactites tomentosa. 
— liburnicus. Picridium vulgare. 
Lavatera Olbia. Crupina vulgaris. 
Althiea hirsuta. Crepis bulbosa. 
Erodium malacoides., Andryala sinuata. 

— romanum. Vaillantia muralis. 

— chium. Vinca acutiflora. 
Ornithopus ebracteatus. Convolvulus althæoides. 


Vicia lutea. Echium italicum. 


oo" 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. 


Linaria græca. 
— Pelisseriana. 
Sideritis romana. 


Rumex bucephalophorus. 


Allium roseum. 
Iris germanica. 


Arisarum vulgare. 

Briza maxima. 

Aira Cupaniana. 

— elegans. 

Piptatherum multiflorum. 
Melica major. 


CXXIX 


Gladiolus communis. 


et une foule d'autres. Cependant ces alluvions renferment encore des 
éléments calcaires provenant des massifs de la Basse-Provence qui bordent 
le Gapeau. 

Il n'est pas sans intérêt de rappeler que la température moyenne de 
l'hiver et l'humidité assez grande de cette saison favorisent singulié- 
rement le développement trés hâtif de la végétation sous le climat 
d'Hyéres, en méme temps qu'une reprise de la végétation estivale, 
entravée jusqu'à l'automne par de hautes températures combinées avec 
de longues sécheresses. 

Les observations que j'ai poursuivies à plusieurs reprises, du 23 au 
31 décembre, aux environs immédiats d'Hyéres, m'ont permis de recon- 
naitre 156 espéces spontanées en fleur, en cette saison. 

Parmi elles, 16 sont de ces plantes cosmopolites, ou à peu prés, qui 
fleurissent en n'importe quelle saison sous les climats tempérés-froids; 
31 sont des espéces automnales, dont la floraison se prolonge jusqu'à la 
fin de l'hiver ou recommence aprés les pluies d'automne (Senecio 
Jacobea, Picris stricta, Centaurea paniculata, C. aspera, Lepidium 
graminifolium, etc.); 109 sont des espèces printanières, dont la flo- 
raison commence en cette saison et se prolonge jusqu'aux sécheresses de 
l'été, vers la mi-juin. Indépendamment de ces plantes fleuries, qui ne 
comprennent que 5 espèces vivaces à réserves souterraines, il convient 
de retenir que presque toutes les Monocotylédones bulbeuses ou tuber- 
culeuses (Liliiflores, Orchidées) étalent sur le sol, dés la fin de novembre, 
leurs rosettes de feuilles vertes; que 41 des espéces printaniéres déjà 
fleuries sont ligneuses ou frutescentes et que la plupart des autres espéces 
ligneuses ou frutescentes développent des ce moment leurs jeunes 
bourgeons. Si donc il reste bien établi que la flore méditerranéenne 
atteint, sous la latitude du midi de la France, son maximum annuel de 
développement vers le 15 mai, pour passer assez brusquement entre le 
10 et le 30 juin à une période de repos, sous l'influence de la sécheresse, 
il faut admettre que la période de végétation prinlaniere commence de 
bonne heure en automne; la marche ascendante de la végétation est trés 
lente d'abord, devient trés active dés les premiers Jours de mars et 
Jusqu'au 45 mai pour se ralentir et s'arréter presque, avant la fin de 
juin. | 

Les chiffres que nous venons de donner peuvent varier d'une année à 

T. XLVI. 


CXXX SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


une autre; ils ne seraient pas exactement les mémes pour le Roussillon, le 
bas Languedoc et la Provence littorale; mais ils conduiraient à la méme 
conclusion pour tout le domaine méditerranéen francais. 


Une première excursion aux Ruines du vieux cháteau d'Hyéres avait 
pour but de donner une idée générale du pays, de jeter un coup d’œil 
d'ensemble sur le massif des Maures, sur les iles qui s'y rattachent, de 
faire saisir combien est grande la différence entre la végétation du massif 
cristallin et celle des montagnes calcaires qui dominent la rade de 
Toulon. Cette promenade nous mettait d'ailleurs, tout de suite, en pré- 
sence de la flore méditerranéenne sous sa forme la plus normale, avec 
prédominance presque exclusive de végétaux ligneux à feuilles persis- 
tantes, d'arbrisseaux aromatiques et de plantes bulbeuses à vie active 
printaniére; elle nous promettait, en outre, la récolte de plusieurs 
espèces rares caractéristiques de la section provenço-ligurienne du 
domaine méditerranéen. 

Le chàteau d'Hyéres occupait le sommet d'uue colline escarpée, 
formée de phyllades à peine altérés à la surface. Dominant la petite 
plaine alluviale connue sous le nom de Crau d'Hyéres et la plage, elle 
forme à la ville un abri parfait contre le vent du nord. Il est évident 
qu'il ne faut pas voir dans les pentes ensoleillées de la colline du château 
une station naturelle intacte. Des olivettes occupent aujourd'hui les 
pelites terrasses qui se succédent et qui ont été, de toute évidence, 
cultivées depuis de longs siècles, Il faut done renoncer à y apprendre les 
rapports des espéces entre elles; la végétation primitive a repris, tant 
bien que mal, possession du sol abandonné. Nous ne pouvons qu'y 
. recueillir des espèces. 

Négligeant celles qui sont plus ou moins cosmopolites, nous pouvons 
signaler celles qui y ont été observées, suivant l'ordre méthodique des 
familles : 


Clematis Flammula. 
Nigella damascena. 
Fumaria capreolata. 
— major. 

Cheiranthus Cheiri. 


Alyssum maritimum. 


Cistus albidus. 
Alsine tenuifolia. 
Silene italica. 
Linum tenuifolium. 
Lavatera Olbia. 


Erodium malacoides. 


Vitis vinifera, 
Ruta angustifolia. 


Ruta bracteosa. 
Rhamnus Alaternus. 
Pistacia Lentiscus. 

— "lerebinthus. 
Calycotome spinosa. 
Medicago scutellata. 
Trifolium angustifolium. 
— stellatum. 

—* subterraneum. 

— scabrum. 

Psoralea bituminosa. 
Vicia sativa var. macrocarpa. 
— hybrida. 

Lathyrus Clymenum. 


~ — 


] 
i 
i 
i 
1 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. 


Scorpiurus subvillosa. 
Ornithopus compressus. 
Ceratonia Siliqua. 
Punica Granatum. 
Sedum dasyphyllum. 
— nicæense. 

— anopetalum. 
Daucus maximus. 
Ferula nodiflora. 
Smyrnium Olusatrum. 
Viburnum Tinus. 
Lonicera implexa. 
Rubia peregrina. 
Vaillantia muralis. 
Centranthus ruber. 
Knautia arvensis. 
Scabiosa maritima. 
Phagnalon telonense. 
Bellis silvestris. 

Aster acris. 

Senecio Cineraria. 
Artemisia arborescens. 
Chrysanthemum segetum. 
— Myconis. 
Asteriscus spinosus. 
Cupularia viscosa. 
Helichrysum Stæchas. 
Filago eriocephala. 
Logfia subulata. 
Galactites tomentosa. 
Carlina corymbosa. 
Tolpis barbata. 
Rhagadiolus stellatus. 
Hedypnois cretica. 
Hypochæris radicata. 
Urospermum Dalechampii. 
— picroides. 
Tragopogon australis. 
Picridium vulgare. 
Crepis bulbosa. 
Andryala sinuata. 
Campanula Erinus. 
Arbutus Unedo. 


Olea europæa var. Oleaster. 


Phillyrea angustifolia. 
Vinca major. 
~ acutiflora. 
rythræa pulchella. 
Convolvulus althæoides. 
schium plantagineum. 
Verbascum Boerhavii. 
Yoscyamus niger. 


Antirrhinum majus. 
Linaria striata. 

— minor. 

Lavandula Stæchas. 
Phlomis fruticosa. 
Sideritis romana. 
Acanthus mollis. 
Plantago Lagopus. 

— Psyllium. 
Euphorbia Characias. 
Osyris alba. 

Ficus Carica. 

Parietaria lusitanica. 
Thelygonum Cynocrambe. 
Quercus Suber. 

— Ilex. 

Allium roseum. 
Asparagus acutifolius. 
— albus. 

Ruscus aculeatus. 

— Hypoglossum. 
Smilax aspera. 

lris germanica. 
Limodorum abortivum. 
Serapias cordigera. 

— Lingua. 

Arum italicum. 

— Arisarum: 

Carex divulsa. 

— Linkii. 

Phleum arenarium. 
Andropogon Ischæmum. 
— pubescens. 

— distachyum. 
Lagurus ovatus. , 
Stipa juncea. 
Piptatherum multiflorum. 
— cærulescens. 

Avena barbata. 
Scleropoa rigida. 

Melica major. 
Cynosurus echinatus. 
Vulpia uniglumis. 
?romus rubens. 
Ægilops ovata. 
Brachypodium ramosum. 
Gaudinia fragilis. 
Juniperus Oxycedrus. 
Ceterach officinarum. 


Asplenium Adiantum-nigrum. 


Grammitis leptophylla. 
Selaginella denticulata. 


CXXXI 


CXXXII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), Mai 1899. 


On peut avoir quelque doute sur la spontanéité réelle, en ce point, des 
Ceratonia Siliqua, Vitis vinifera, Ficus Carica, Ruscus Hypo- 
glossum, Asparagus albus, Phlomis fruticosa, puisque toute culture 
horticole a cessé depuis des siécles dans l'enceinte du chàteau d'Hyéres; 
il faudrait admettre, en tout cas, une introduction fort ancienne et le 
maintien ‘de ces plantes à l'état d'individus naturalisés, suivant l'ex- 
pression d'A. de Candolle. 

En faveur de leur spontanéité, ou peut faire valoir la présence, à cóté 
d’elles, d'un certain nombre d'espéces, caractéristiques, comme elles, des 
districts les plus chauds du nord de la Méditerranée: Lavatera Olbia, 
Ruta bracteosa, Ferula nodiflora, Phagnalon telonense, Artemisia 
arborescens, Arum Arisarum, etc. 

Ajoutons que l'Asparagus albus, connu en Corse, en Sardaigne, dans 
le S. de l'Italie et l'Algérie, n'a pas encore été signalé sur le continent 
francais. Le Phlomis fruticosa, plus abondant dans le bassin oriental 
de la Méditerranée qu'à PW. de la Sicile, se trouve pourtant jusqu'en 
Sardaigne. La localité nouvelle où nous le signalons marquerait sa 
limite extréme vers l'Ouest de la région méditerranéenne. 

On mentionne encore aux environs du château d'Hyères l'Orchis 
Champagneuxii Barnéoud. C'est en vain que, depuis quatre ans, 
nous avons cherché cette remarquable espèce. Il parait certain qu'elle 
a disparu, 'ensevelie sous les constructions qui couvrent la colline vers 
l'Est; c’est là que nos confrères la trouvaient il y a vingt ans environ. 


La colline de Fenouillet fait suite directement à celle du château 
d Hyères, qui n'en est qu'un promontoire, séparé de l'ensemble, par un 
petit col. Dès qu'on l'a dépassé, on pénètre dans de véritables maquis et 
dans les foréts;de Chénes-liéges. 

Les foréts de Chénes-liéges et les maquis sont le but principal de nos 
excursions. Ces deux sortes de stations constituent à elles seules à peu 
prés toute la surface des Maures et de l'Estérel, soit plus de 260 000 hec- 
tares. Les foréts;de Chénes-liéges couvriraient en entier les deux massifs, 
dont la faiblealtitude ne saurait les limiter, si les incendies ne détrui- 
saient trop aisément ces foréts. Les espéces dominantes en sont, avec 
le Chéne-liege, le Pin maritime et le Pin d'Alep; le sous-bois est formé 
par un nombre considérable d'arbustes et d'arbrisseaux dont beaucoup 
sécrétent des essences ; la moindre étincelle qui tombe parmi les herbes 
grillées pendant les longues sécheresses de l'été allume la forét, qui 
flambe sur des centaines d'hectares. La destruction se poursuit pendant 
des jours sans qu'on puisse arréter le fléau. L'Administration forestière 
et les? Compagnies de chemins de fer s'efforcent de garantir les foréts 
par un moyen préventif; il consiste à diviser la forét par de larges 
bandes, dites bandes garde-feu, dont on débroussaille avec soin la sur- 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. CXXXIII 


face, qu'on débarrasse méme de toutes les longues herbes susceptibles de 
transmettre l'incendie avec une effrayante rapidité. 

L'expérience de ce qui se passe sous nos yeux et l'observation méme 
de la forét ne laissent pas penser qu'un seul point des Maures soit cou- 
vert de foréts anciennes; on n'y trouve pas de vieux arbres, comme on 
peut en observer quelques-uns isolés au milieu de propriétés particu- 
liéres. Aussi la forét est-elle partoutentrecoupée de maquis. Le maquis, 
c'est la forêt des sols siliceux dépouillée de ses arbres; les espèces ar- 
bustives, trés nombreuses, prennent alors un développement énorme, 
formant une broussaille continue, rigoureusement impénétrable, haute 
de 1 à 3 mètres, sous laquelle les animaux se frayent des passages où le 
chasseur ne saurait les suivre. 

La végétation dominante des forêts des Maures comprend, par ordre 
approximatif de fréquence : 


Pinus Pinaster. Pistacia Lentiscus. 
Quercus Suber. Juniperus Oxycedrus. 
Erica arborea. Lavandula Stæchas. 
— scoparia. Arbutus Unedo. o 
Cistus albidus. Phillyrea angustifolia. 
— salvifolius. Helichrysum Stæchas. 
Calycotome spinosa. Quercus Ilex. - 
Pinus halepensis. Calluna vulgaris. 

— Pinea. Myrtus communis. 
Cistus monspeliensis. Lonicera implexa. 


Sur 77 espéces ligneuses que nous y avons observées, 20 seulement 
ont les feuilles caduques; non seulement aucune d'elles n'est abondante, 
mais elles sont toutes rares dans les Maures, à l'exception de quatre qui 
ne quittent guère les bords des ruisseaux etles fonds de ravins humides; 
ce sont : Alnus glutinosa, Acer campestre, A. monspessulanum, Sorbus 
Aria. | | 

Parmi les espèces ligneuses à feuilles caduques, il convient de ed 
le Châtaignier qui peuple volontiers le versant des ravins exposé au nord, 
à la condition que l’altilude dépasse 300 mètres. Le Quercus pubescens 
est aussi répandu dans les vallons frais. 

Il faut faire remarquer que quelques espéces, dominantes dans les so 
calcaires, susceptibles d’ailleurs de vivre dans les sols siliceux, M ^ i 
minées ici par la lutte qu’elles subissent sans doute de la » » 
nombre trop grand d'espéces. Tels sont Lavandula latifolia, Genista 
Scorpius, Plantago Cynops. La rareté de quelques autres meri fra- 
d'étre signalée : Satureia montana, Quercus coccifera, Jasminum m 
ticans, Teucrium Polium, Helleborus fætidus, Bupleurum fru 
sum, Thymus vulgaris. 


2a: ‘mitë b e toutes 
La colline de Fenouillet facilite, par sa proximité, la récolte d 


CXXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


les espèces répandues dans les Maures; mais isolée de l'ensemble du 
massif et entourée de tous les cótés de terres cultivées, elle donne asile 
à un grand nombre d'espéces adventices, qui l'envahissent à la faveur 
des cultures éparses au milieu des bois ; nous les omettons dans la liste 


qui suit : 


Clematis Vitalba. 

— Flammula. 
Ranunculus chærophyllos. 
— monspeliacus. 

— lanuginosus. 
Delphinium fissum (1). 
Fumaria capreolata. 
Cistus albidus. 

— salvifolius. 

— monspeliensis. 
Helianthemum guttatum. 
— Tuberaria. 

Fumana procumbens. 


Silene gallica var. quinquevulnera. 


Dianthus prolifer. 

— hirtus. 

— liburnicus. 

Linum gallicum, 

— strictum. 

Lavatera arborea. 

— Olbia. 

Althiea hirsuta. 
Erodium malacoides. 
— romanum. 
Hypericum montanum. 
— ciliatum. : 

Acer monspessulanum. 
Rhamnus Alaternus. 
Pistacia Lentiseus. 
Calycotome spinosa. 
Spartium junceum. 
Genista pilosa. 

— linifolia. 

— candicans. 

Cytisus triflorus. 
Adenocarpus grandiflorus. 
Lupinus hirsutus. 
Trifolium angustifolium. 
— ligusticum. 

— scabrum. 

— glomeratum. 


Doryenopsis Gerardi. 
Dorycnium suffruticosum. 
Lotus ornithopodioides. 
Ornithopus compressus. 
Psoralea bituminosa. 
Vicia lutea. 

— bithynica. 

Lathyrus Clymenum. 

— latifolius var. ensifolius. 
losa sempervirens. 
l'otentilla hirta. 
Cratægus monogyna. 
Pirus amygdaliformis. 
Sorbus domestica. 
Myrtus communis. 
Sedum nicæense. 

— anopetalum. 
Umbilicus pendulinus. 
Daucus maximus. 
Peucedanum Cervaria. 
Ferula nodiflora. 
Smyrnium Olusatrum. 
Lonicera implexa. 
Rubia peregrina. 
Centranthus ruber. 
Scabiosa maritima. 

— Succisa. 

Phagnalon telonense. 
Bellis silvestris. 
Senecio Cineraria. 
Pulicaria odora. 
Helichrysum Stochas. 
Galactites tomentosa. 
Onopordon Acanthium. 
Carduus Sanctæ-Balmæ. 
Crupina vulgaris. 
Carlina corymbosa. 
Tolpis barbata. 
Hypochæris radicata. 
Thrincia tuberosa. . 
Urospermum Dalechampn. 


(1) Nous n'avons pas de certitude complète au sujet de cette espèce que 
nous navons pas réussi à recueillir en fleur. 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. 


Picridium vulgare. 

Crepis bulbosa. 

Hieracium sabinum. 

Andryala sinuata. 

Jasione montana. 

Campanula Rapuneulus. 

Viburnum Tinus. 

Arbutus Unedo. 

Calluna vulgaris. 

Erica arborea. 

— scoparia. 

Fraxinus excelsior. 

Phillyrea angustifolia. 

Vinca major. 

— acutiflora. 

Erythræa pulchella. 

— Centaurium. 

— maritima. 

Convolvulus althæoides. 

Echium italicum. 

Verbascum Chaixii. 

Odontites lutea. 

Lavandula Stæchas. 

Thymus vulgaris. 

Rosmarinus officinalis. 

Brunella hyssopifolia. 

Teucrium Chamædrys. 

Rumex bucephalophorus. 

Daphne Gnidium. 

Laurus nobilis. 

Osyris alba. 

Cytinus Hypocistis (sur Cistus mons- 
peliensis et salvifolius). 

-— kermesinus (sur C. albidus). 

Euphorbia segetalis. 

— amygdaloides. 

— Characias. 

Thelygonum Cynocrambe. 

Quercus Suber. 

— lley. 

— sessiliflora var. pubescens. 

Castanea vesca. 

Corylus Avellana. 

Scilla autumnalis. 

Allium roseum. 

Ornithogalum pyrenaicum. 

Asphodelus cerasifer. 

Simethis planifolia. 


On y rencontre aussi Pisum granu 
Godron) et Convolvulus siculus L. Nous ne 


CXXXV 


Asparagus acutifolius. 
Ruscus aculeatus. 
Smilax aspera. 

Tamus communis. 
Gladiolus communis. 
Epipactis latifolia. 
Limodorum abortivum. 
Serapias cordigera. 

— longipetala. 

— Lingua. 

Aceras anthropophora. 
Orchis Morio var. picta. 
Arum italicum. 
Arisarum vulgare. 
Arundo Donax. 

Carex glauca. 

— olbiensis. 

— gynobasis. 

Lagurus ovatus. 
Piptatherum cærulescens. 
— multiflorum. 

Aira Cupaniana. 

— elegans. 

— provincialis. 
Trisetum flavescens. 
Briza maxima. 

— minor. 

Melica major. 
Cynosurus elegans. 
Andropogon hirtum. 

— distachyum. 
Nardurus Lachenalii. 
Vulpia Myuros. 
Brachypodium ramosum. 
Juniperus Oxycedrus. 
Pinus halepensis. 

— Pinea. 

— Pinaster. 

Ceterach officinarum. 
Cheilanthes odora. 
Polypodium vulgare. 
Grammitis leptophylla. 
Asplenium Trichomanes. 
— Adiantum-nigrum. 
— lanceolatum var. obovatum. 
Pteris aquilina. 
Equisetum maximum. 
Selaginella denticulata. 


latum Lloyd (d'aprés Grenier et 
les avons pas vus sur place. 


CXXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Le sommet de la colline de Fenouillet est à la cote 360; malgré cette 
faible altitude, quelques-unes des plantes de la zone la plus chaude, qui 
tapissent les rochers du cháteau, n'existent plus ici. 

Quelques autres, redoutant la sécheresse et le soleil trop chaud, ne se 
rencontrent guère, à la colline de Fenouillet, que vers le thalweg humide 
des ravins et mieux encore sur le versant Nord ; il doit à l'abondance de 
quelques-unes d'entre elles une physionomie qui le distingue aisément 
du versant Sud. Parmi les espéces qui se trouvent de préférence au Nord, 
il convient de citer : Clematis Vitalba, Hypericum montanum, Cra- 
tegus monogyna, Scabiosa Succisa, Hedera Helix, Calluna vulgaris, 
Fraxinus excelsior, Osyris alba, Euphorbia amygdaloides, Quercus 
sessiliflora, Castanea vesca, Corylus Avellana, Simethis planifolia, 
Tamus communis ,Asphenium lanceolatum var. obovatum. 


La forêt domaniale du Dom, située au milieu du massif, à 25 kilo- 
mètres environ au N.-E. d'Hyéres, représente le meilleur exemple de 
forêts de Chênes-lièges et de Pins maritimes qu'on puisse voir dans tout 
le pays, en méme temps que les maquis les plus étendus et les plus 
intéressants au point de vue botanique. Çà et là des clairiéres, des 
rochers, des fonds de ravins humides offrent des stations spéciales 
entrainant quelque variété dans la flore. Toutes ces stations mériteraient 
une étude particulière, car chacune a sa flore spéciale, bien caracté- 
risée et son intérét phytogéographique ; mais cette étude détaillée nous 
entrainerait bien loin. Considérant que la colline de Fenouillet nous a 
renseignés sur la composition générale de la flore des foréts des Maures, 
nous nous contenterons de mentionner ici les espéces les plus remar- 
quables qui aient été observées, dans la Forêt du Dom et sur les versants 
dominant la baie de Cavalaire, soit par la Société, soit par les membres 
du Comité d'organisation, au cours des herborisations préparatoires. 


Barbarea patula. 


ul Geranium sanguineum. 
Hesperis laciniata. Hypericum australe. 
Biscutella cichoriifolia Gr. Godr. | — ciliatum. 

, (non Lois.). Ruta bracteosa. 
Iberis linifolia. Calycotome spinosa. 
Helianthemum Tuberaria. Genista candicans. 
Hypericum Androsemum. Cytisus triflorus. 
Silene Saxifraga. Lupinus hirsutus. 
Saponaria ocymoides. Ononis reclinata. 
Dianthus liburnicus. Medicago orbicularis. 
Velezia rigida. Trifolium Cherleri. 
Mæhringia pentandra. — ligusticum. 
Paronychia cymosa. — Bocconi. 

Malva Tournefortiana. — scabrum. 
— Alcea. Dorycnopsis Gerardi. 


ARRET 


— S. 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. 


Biserrula Pelecinus. 

Vicia lutea. 

— melanops. 

Cracca varia. 

— atropurpurea. 

Lathyrus Clymenum. 

— latifolius. 

Coronilla Emerus. 

Ornithopus ebracteatus. 

Ceratonia Siliqua. 

Spiræa Filipendula. 

Geum silvaticum. 

Potentilla argentea. 

— recta. 

Rubus tomentosus. 

Rosa sempervirens. 

— gallica (an spontan.?). 

Pirus amygdaliformis. 

Sorbus Aria. 

Amelanchier vulgaris. 

Myrtus communis. 

Epilobium tetragonum. 

Lythrum Hyssopifolia. 

Saxifraga tridactylites. 

— hypnoides. 

Daucus maximus. 

Thapsia villosa. 

Peucedanum Cervaria. 

Opoponax Chironium. 

Bunium Bulbocastanum. 

Conopodium denudatum. 

(Enanthe pimpinelloides. 

Galium parisiense. 

— tricorne. 

— cinereum. 

Crucianella angustifolia. 

Valerianella microcarpa. 

Phagnalon telonense. 

Senecio lividus. 

— Cineraria. 

Leucanthemum corymbosum. 

Chamomilla mixta. 

Anthemis Gerardiana Jordan (4. 
montana L. var. a.). 


Achillea Ageratum. 


Pulicaria odora. 

Logfia subulata. 
Echinops Ritro. 
Galactites tomentosa. 
Onopordon Acanthium. 
Cirsium bulbosum. 

— monspessulanum. 


Carduus Sanctæ-Balmæ. 
Crupina vulgaris. — . 
Kentrophyllum lanatum. 
Stehelina dubia. 
Tolpis barbata. 
Hedypnois polymorpha. 
Thrincia tuberosa. 
Helminthia echioides. 


Podospermum laciniatum. 


Chondrilla juncea. 
Lactuca perennis. 
Picridium vulgare. 
Crepis bulbosa. 
Hieracium præaltum. 
— buglossoides. 

— cymosum. 

— sabinum. 

Andryala sinuata. 
Jasione montana. 
Campanula Trachelium. 
Asterolinum stellatum. 
Coris monspeliensis. 
Phillyrea media. 

Vinca acutiflora. 
Erythræa maritima. 
Convolvulus althioides. 
— cantabrica. 
Symphytum tuberosum. 
Echium italicum. 

— plantagineum. 

— creticum. 

Myosotis intermedia. 


Nicotiana glauca (natural.). 


Verbascum Boerhavii. | 
— Blattaria. 
Antirrhinum majus. 
Linaria græca. 

— Pelisseriana. 

— arvensis. 
Eufragia viscosa. 
Odontites lutea. 
Veroniea Anagallis. 
Lamium maculatum. 
Betonica officinalis. 
Sideritis romana. 
Laurus nobilis. 
Daphne Gnidium. 
Thesium divaricatum. 
Osyris alba. 


CXXXVII 


Cytinus Hypocistis (sur Cistus salvi- 


folus). , 
Euphorbia Gerardiana. 


CXXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Euphorbia dendroides. Ophrys apifera. 

— biumbellata. Aceras anthropophora. 
— amygdaloides. — densiflora. 

Castanea vesca. Arum Arisarum. 
Corylus Avellana. Luzula Forsteri. 

Alnus glutinosa. Juncus diffusus. 

Scilla autumnalis. — capitatus. 
Ornithogalum umbellatum. Carex Linkii. 

— narbonense. — œdipostyla. 

Allium triquetrum. — olbiensis. 

— acutiflorum. Scirpus Savii. 

— rotundum. Andropogon pubescens. 
— roseum. — hirtum. 

Simethis planifolia. Aristella bromoides. 
Phalangium Liliago. Aira Tenorei. 
Asphodelus microcarpus. — provincialis. 
Aphyllantes monspeliensis. — cupaniana. 
Polygonatum vulgare. Briza maxima. 

Tamus communis. — minor. 

Iris olbiensis. Melica major. 
Gladiolus communis. Vulpia Myuros. 
Cephalanthera rubra. — sciuroides. 

— ensifolia. Gaudinia fragilis. 
Epipactis latifolia. Nardurus Lachenalii. 
— microphylla. Asplenium lanceolatum var. obova- 
Serapias cordigera. tum. 

— neglecta. : — septentrionale. 

— Lingua. Cheilanthes odora. 
Orchis bifolia. Isoetes Duricei. 

— Morio var. picta. Selaginella denticulata. 


On juge, d’après cette liste, de la richesse et de la variété de la flore 
des Maures. Bien que nous ayons à peine dépassé laltitude de 
400 métres, on est frappé de voir paraitre les uns à cóté des autres les 
noms d'espéces trés xérophiles et de celles que nous cherchons volontiers 
aux stations humides. C'est que nous avons choisi la forét du Dom entre 
loutes les foréts des Maures, parce que, mieux que les autres, elle 
marque les différences entre le versant exposé au midi, grillé par le 
soleil pendant toute l'année, et les pentes abritées du cóté du Nord. 
Pendant le court hiver, des ruisseaux murmurent au fond des ravins, 
cachés sous l’impénétrable maquis; une abondante rosée humecte, 
pendant tout le jour, le tapis végétal où Mousses et Lichens rivalisent 
d'épaisseur avec les herbes fleuries. La vie végétale s'y développe dou- 
cement jusqu'au moment où le soleil a tari les sources et séché le sol 
jusqu'en ses profondeurs. Méme alors, les versants exposés au Nord ne 
sont pas abandonnés par la vie. Sous les grands Chátaigniers, sous les 
Chénes-Rouvres, au fond des ravins, s'étale une végétation puissante, 
herbe épaisse et profonde où l'on retrouve la plupart des espèces des 


ne D letus t Bi rà n ete o 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. CXXXIX 


climats tempérés, avec beaucoup d'autres. Des lianes (Lierre, Ronces, 
Rosa sempervirens, Smilax, Clematis Vitalba) enguirlandent jusqu'à la 
couronne les arbres qui cachent le moindre filet d'eau, enlacent les 
Myrtes et les Lauriers. Les Fougéres émaillent le délicat tapis des 
Sélaginelles, rappelant l'un des aspects de la nature tropicale. Les 
relations sont des plus étroites et des plus constantes entre la végétation, 
le sol et le climat local. Les mémes stations ont exactement la méme 
flore, en harmonie d'autant plus parfaite avec le milieu que l'homme y 
a moins touché. Là se révéle mieux qu'ailleurs le désordre que l'homme 
a jeté dans la nature. Son action est trop souvent destructive. Il a 
demandé à la nature de le nourrir, mais il l'a presque toujours appau- 
vrie, lorsqu'il ne s'est pas ruiné en la maltraitant. ll en a si profon- 
dément troublé l'harmonie, que celle-ci échappe presque partout à 
l'attention, méme des mieux préparés pour la saisir. 

Tout ce massif des Maures mériterait une étude approfondie. Il récom- 
pensera par de précieuses découverles les naturalistes qui chercheront 
à le bien connaitre; ils n'y parviendront pas sans fatigue, mais nous leur 
promettons aussi bien des joies. 


Les Stechades, les Iles d'Or, sont inséparables des Maures au point 
de vue botanique, comme à celui de leur structure et de leur origine 
géologique. Il était de notre devoir de l'établir. Le Comité, jugeant qu'il 
devait cette démonstration à la Société, songea d'abord à faire connaitre 
à nos confréres l'ile de Porquerolles, étudiée avec tant de soin, peudant 
un demi-siécle, par le vénérable abbé Ollivier (1), mais l'étendue de 
l’île n’eût pas permis de l'explorer pendant le temps dont nous disposions 
et des nécessités militaires rendent inabordable le point le plus inté- 
ressant de l'ile. Ajoutons que l'accés de Porquerolles est si facile que 
chacun peut y aller à son gré et y demeurer le temps qu'il lui plait. 
Plusieurs de nos confréres y ont passé quelques heures. 

Port-Cros est plus éloignée de la cóte; elle communique avec le con- 
nent par le port de Toulon, d’où un vapeur vient, trois fois par semaine, 
mouiller pendant une heure dans sa petite rade, lorsque le temps Sy 
prête. Grande difficulté pour les botanistes! car il faut demeurer deux 
jours au moins, si l'on veut herboriser, au risque de ne point trouver un 
gile et de ne pas voir venir à son jour le vaisseau libérateur. Quelques 
habitants à peine, au bord de l'eau, hospitaliers d’ailleurs autant qu'on 
peut l'étre. s. 

Les Flores sont à peu prés mueltes sur Port-Cros; c'était assez pour 
nous tenter (2). 


(1) Olivier (l'abbé), Flore de l'ile de Porquerolles. I" | 
) Les personnes hu désireraient connaitre Port-Cros avant d'y débarquer 


liront avec autant d'intérêt que de plaisir Jean d'Agréve de M. Melchior de 


CXL SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Nous n'avons pourtant pas fixé notre choix sans avoir touché à l'ile du 
Levant, la plus orientale des Steechades, comme le dit son nom. Moins 
accidentée et moins pittoresque que Port-Cros, à peu prés inhabitée 
aujourd’hui, elle n’offre aucune ressource matérielle, aucun abri en cas 
d'intempérie. | 

Embarqués dès l’aurore au mouillage des Salins, nos confrères ont pu 
consacrer une journée entière à étudier la végétation de Port-Cros. 

L'ile de Port-Cros occupe une superficie d'environ 1000 hectares; elle 
est couverte de maquis et de bois de Pins d'Alep, quelques champs occu- 
pent le voisinage immédiat des criques et quelques fonds de vallons. 
Elle est formée, à PW., des mêmes phyllades qui composent la colline 
de Fenouillet et supportent les ruines du château d'Hyéres, à FE., de 
gneiss qui jalonnent la direction primitive du massif des Maures vers 
les Pyrénées du Roussillon. Indépendamment de la flore littorale, dont 
il sera question plus loin, on y remarque l’abondance extrême du Teu- 
crium Marum; il occupe dans le maquis de Port-Cros la place qu oc- 
cupe le Thymus vulgaris dans les garigues du Languedoc et de la 
Provence calcaire. 

Le Chéne-liége ne parait pas exister actuellement à Port-Cros, du 
moins à l'état spontané; c’est une particularité, à laquelle l'homme n est 
peut-être pas étranger; nous y reviendrons plus loin. À part cela et 
lextréme abondance du Teucrium Marum dans le maquis de Port- 
Cros, l'aspect de la végétation est bien le méme qu'à la Forét du Dom, 
à Fenouillet et sur tout le massif des Maures. 

Cependant, en raison de la faible étendue de l'ile, les espéces halo- 
philes se mêlent plus ou moins à la végétation 'calcifuge du maquis. 
Nous pourrions les mentionner en traitant de la flore littorale ; il nous à 
paru meilleur de signaler ici celles des plantes halophiles qui sont 
associées aux espéces du maquis, pour donner une meilleure idée de 
l'aspect de la végétation de l'ile, Nous négligeons encore les plantes 
cosmopolites ou tout à fait vulgaires, déjà signalées à la colline de Fe- 
nouillet, pour nous limiter aux éléments intéressants de la flore, telle 
que nous l'avons observée, soit avec nos confréres, soit pendant les 
divers séjours que nous avons faits dans l'ile : 


Ranunculus parviflorus. Silene gallica. 

— chærophyllos. Dianthus velutinus. 
Papaver setigerum. — Lavatera arborea. 
Fumaria capreolata. . | — Olbia. 
Helianthemum guttatum. Hypericum ciliatum. 


, . . ; 'jle. 
Vogüé; elles y trouveront une lumineuse description du paysage de quis 
Cette jolie œuvre a été écrite dans l’hospitalière demeure de M. le m 
Costa de Beauregard, de l’Académie française. 


— — 


—— 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. CXLI 


Ruta angustifolia. 
Calycotome spinosa. 
Genista linifolia. 

— candicans. 

Cytisus triflorus. 
Lupinus hirsutus. 
Ononis reclinata. 
Anthyllis Barba-Jovis. 
Lotus angustissimus. 
— Allionii. 

— ornithopodioides. 
— edulis. 

Cracca atropurpurea. 
— var.a. 

Lathyrus Clymenium. 
Ceratonia Siliqua. 
Pirus amygdaliformis. 
Epilobium tetragonum. 
Myrtus communis. 
Daucus gummifer. 

— maximus. 
Feniculum vulgare. 
Lonicera implexa. 
Rubia peregrina. 
Crucianella angustifolia. 
Centranthus Calcitrapa. 
Senecio lividus. 

— Cineraria. 

Bellis silvestris. 
Artemisia arborescens. 
Chrysanthemum Myconis. 
Anacyclus clavatus. 

— radiatus. 
Phagnalon telonense. 
Stehelina dubia. 
Filago eriocephala. 
Logfia subulata. 
Tyrimnus leucographus. 
Galactites tomentosa. 
Silybum marianum. 
Tolpis barbata. 
Hedypnois polymorpha. 
Lactuca virosa. 

Seriola ætnensis. 
Hyoseris radiata. 
Sonchus glaucescens. 
Crepis bulbosa. 
Andryala sinuata. 
Arbutus Unedo. 

Erica scoparia. 

— arborea. 

Phillyrea angustifolia. 


Phillyrea media. 

Asterolinum stellatum. 

Erythræa Centaurium. 

Convolvulus althæoides. 

Echium plantagineum. 

Cynoglossum pictum. 

Nicotiana glauca (natur.). 

Verbascum Blattaria. 

Linaria Pelisseriana. 

Trixago Apula. 

Odontites lutea. 

Orobanche minor. 

Lavandula Stæchas. 

Rosmarinus officinalis. 

Salvia clandestina. 

Teucrium Marum. 

Plantago subulata. 

Daphne Gnidium. 

Passerina hirsuta. | 

Cytinus Hypocistis (sur Cistus salvi- 
folius). 

Aristolochia rotunda. 

Euphorbia serrata. 

— Characias. 

— segetalis. 

Parietaria lusitanica. 

Thelygonum Cynocrambe. 

Pinus Pinaster. 

— halepensis. 

Juniperus Oxycedrus 

— phœnicea. 

Allium polyanthum. 

— roseum. 

— triquetrum. 

Asphodelus microcarpus. 

Asparagus acutifolius. 

Ruscus aculeatus. 

Smilax aspera. 

Tamus communis. 

Romulea Columna. 

Gladiolus communis. 

Limodorum abortivum. 

Serapias cordigera. 

Ophrys apifera. 

Arisarum vulgare. 

Piptatherum multillorum. 

Aira Tenorei. 

— Cupaniana. 

Avena barbata. 

Milium effusum. 

Briza maxima. 

— minor. 


CXLH SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1829. 


Melica major. Grammitis leptophylla. 
Scleropoa rigida. Asplenium Adiantum-nigrum. 
— loliacea. — lanceolatum var. obovatum. 
Brachypodium ramosum. Pteris aquilina. 

Gaudinia fragilis. Selaginella denticulata. 


Ceterach officinarum. 


La presqu'ile de Giens est couverte de maquis entrecoupés de cul- 
tures florales et maraichéres ; on y cultive les Narcisses, les Anémones, 
les Marguerites (Chrysanthemum frutescens) dont les fleurs alimentent 
le marché de nos grandes villes; ces cultures ajoutent à l'agrément du 
paysage. Quelques bois, oà dominent le Pin d'Alep et le Chéne-vert, 
occupent la partie la plus occidentale de la presqu'ile; mais la proxi- 
mité d'un village et l'exploitation du sol ont profondément modifié la 
végétation primitive; nous n'y avons pas observé d'espéces que nous 
n'ayons trouvées au cours des herborisations précédentes. L'intérêt de 
la presqu'ile de Giens se portera principalement sur la flore littorale. 


Cherchons à synthétiser les observations recueillies dans les foréts des 
Maures, à en réaliser une restitution, à la manière des archéologues. 
Il n'est pas douteux, en effet, que la végétation du massif des Maures, si 
peu peuplé qu'il soit de nos jours, ait subi de nombreuses modifications 
au cours des siècles. Le rôle qu'il a joué dans la lutte des princes chré- 
tiens contre les Sarrasins ne va pas sans impliquer, pour la forét, des 
fortunes diverses. Mais, si nous connaissons les principaux incidents de 
cette histoire, la tradition reste muette sur le milieu où ils se sont pro- 
duits. Au surplus, point n'est besoin de remonter si haut; nous pouvons 
juger du passé par l'état présent. 

Les gneiss constituant les plus stériles de tous les sols, il est probable 
que les premiers agriculteurs n'ont pas tenté d'exploiter les Maures. Les 
premiéres colonies, quelle que füt leur origine, s'étaient établies dans 
les estuaires et dans les baies où les navires trouvaient abri. La mer, 
d'oü elles venaient, absorbaient leur activité; marins, marchands, pi- 
rates, ils n'avaient souci de cultiver la terre. 

Quand, plus tard, naquit l'agriculture, le contraste était trop grand 
entre l'incomparable fertilité des vallées d'alluvions, des plages et des 
craus arrosées et l'aridité des montagnes. Mais, si nous jugeons du passé 
par le présent, il faut tenir grand compte des incendies dans l'histoire 
des foréts des Maures. Dans ces montagnes oü régnent des sécheresses 
de plusieurs mois, avec des températures élevées, l'incendie est d'autant 
plus redoutable que les essences dominantes sont des Conifères riches 
en résine et des Chénes à feuilles persistantes, s'enflammant avec une 
extréme facilité. 

Les pêcheurs atterrissent dans les criques et y allument des feux; le 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. CXLIII 


bois abonde; car la forét est baignée par la vague. Les gens reprennent 
la mer, laissant des brasiers mal éteints. Survienne le vent, les char- 
bons sont chassés parmi les aiguilles de pins, les cônes ouverts et les 
herbes séchées; l'incendie s'allume et s'étend avec une effrayante rapi- 
dité. Il se passe peu d'années où l'on ne déplore la destruction de 
milliers d'hectares de ces précieuses foréts, due toujours aux mémes 
causes. 

On est en droit de penser qu'aucune partie des Maures et de l'Estérel 
n'a échappé à l'incendie, à une date plus ou moins lointaine. Nulle part, 
en tout cas, nous n'avons trouvé à leurs forêts cette majestueuse unifor- 
mité, cette parfaite harmonie de tous les éléments constituants, qui 
font la grandeur et la beauté des foréts primitives ou anciennes. Point 
de vieux massifs, point de vastes futaies ombreuses, mais une extréme 
variété dans le détail du paysage! Ici c'est une jeune futaie, débrouis- 
saillée avec soin, là un taillis impénétrable, ailleurs des ermes ou landes 
herbeuses émaillées d'arbrisseaux ; le plus souvent, c’est le maquis, type 
vers lequel, sous ce climat et sur ce sol, la végétation revient toujours, 
d'elle-méme. 

Que la hache ou le feu mettent le sol à nu et, l'année suivante, le sol 
Se tapisse de plantes herbacées (Medicago, Trifolium, Vicia, Lathy- 
rus, diverses Composées, des Dianthus, Silene, Linum, Euphorbia, 
l'Helianthemum guttatum, des Graminées : Aira, Briza, Avena); 
elles disparaitront dés le premier automne. Beaucoup d'autres, péren- 
nantes, demeureront jusqu'au moment où le maquis cachera le sol; tou- 
jours, s'il ne se forme pas ou s'il est détruit. Mais, dès la première 
année, parmi les herbes annuelles, germent par milliers les Bruyéres, 
les Pins, les Papilionacées frutescentes, les Cistes et la plupart des 
autres espèces ligneuses qui grandissent côte à côte et forment, en moins 
de dix ans, des fourrés inextricables. Fait curieux, le Tamus com- 
munis qui, dans le maquis, forme une liane élégante portant ses feuilles 
au-dessus de la voüte de verdure, au sommet de tiges gréles, forme, 
sur le sol herbeux des maquis disparus, des tiges droites, hautes au 
plus de 20 centimétres, marquant à peine une tendance à S enrouler et 
très comparable par l'aspect aux individus de Vincetoxicum officinale 
lels qu'on les voit sur les landes calcaires de nos basses montagnes. 

Il n'est pas possible d'établir quelle place appartient au MM iege 
dans la végétation spontanée des Maures. Les propriétaires te pro- 
tègent et l'entretiennent, plus mal que bien, et l'on pourrait croire de 
son importance économique lui vaut une place plus grande que ce e 
qu’il doit à la nature. Nous avons des raisons de penser qu'il n'en es 

as ainsi. . 
Le Chène-liège est, en effet, mal exploité dans les Maures; il y donne 


CXLIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


un rendement bien inférieur à celui qu’on en pourrait attendre. Il est 
rare d'y trouver un groupe de Chênes-lièges en état prospère. La surface 
exploitée pourrait, sans peine, être décuplée et l’on obtiendrait aisément 
des produits meilleurs et plus abondants, à égalité de surface. Il semble 
qu'on se contente à peu prés partout d'exploiter les arbres venus par 
hasard. Or, si le Chêne-liège n'est pas protégé dans les foréts des Maures, 
il est bien vite dominé. C'est d'abord le Chéne-vert qui lui dispute la 
place. Si le premier ne vient pas dans les sols calcaires, le second est 
indifférent au sol et, dans les gneiss des Maures, la lutte est à peu prés 
égale entre les deux espéces. 

De plus, malgré ce qu'on pourrait croire à priori, les incendies qui 
détruisent si rapidement les résineux, leur donnent un grand avan- 
tage. Il faut expliquer ce paradoxe. Lorsque le feu passe dans la forêt, 
il brûle lentement, mais sûrement, les Chênes avec leurs glands; si 
ceux-ci éclatent, l'embryon qui tombe, mis à nu, est perdu. Plus aisé- 
ment encore que les Chénes-verts l'incendie détruit les Chênes-lièges, 
dont l'écorce brüle lentement comme fait le charbon de bois et jus- 
qu'au cambium. La mort est certaine et la régénération à peu prés im- 
possible. 

Àu contraire, la flamme vole parmi les Pins; les vapeurs résineuses 
s'enflamment dans l'air surchauffé portant l'incendie au delà de ravins 
qui lui échappent; la flamme léche le tronc des Pins, grille en passant 
les aiguilles, si rapide que les fléches et les extrémités des branches 
sont souvent respectées. L'arbre ne meurt pas toujours; de plus, les 
cônes, brusquement séchés par l’air échauffé, s'ouvrent avec bruit et 
lancent au loin leurs graines. La grande épaisseur relative de leur 
enveloppe scléreuse les protège. Lorsque le feu a ravagé une de ces 
forêts où les Pins et les Chénes-liéges sont associés, un semis serré de 
Pins lève les années suivantes ; les Chênes ne reviennent pas, ou à peu 
près. De plus, les Pins, essences de pleine lumière, se développent ra- 
pidement et étouffent les quelques Chénes qui lévent par hasard. Si l'on 
n'y prend. garde, l'incendie a donc pour effet de favoriser le dévelop- 
pement des résineux au détriment des Chénes. De nombreuses observa- 
tions me font penser qu'il en est ainsi dans l'ensemble du massif que 
nous étudions. 

Réservons donc le probléme relatif à la place que les Chênes occupent 
normalement à cóté des résineux. Ceux-ci appartiennent à trois espèces. 
Le Pin Pignon domine sur les sols profonds et au voisinage de la mer; 
c'est l'arbre des estuaires boisés, des alluvions comprises cà et là dans 
la forêt. Le Pin d’Alep occupe les sols rocheux littoraux; il s'élève peu 
dans l'intérieur du massif, où le Pin maritime est au contraire dominant 
sur tous les versants exposés au Sud. A l'exposition Nord, les résineux 


-— 


- 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. CXLV 


font place au Châtaignier et, dans les stations les plus fraiches, au 
Chéne-Rouvre; mais où ils sont, le maquis disparaît ou perd son carac- 
tére pour passer aux taillis moins serrés, tels qu'on les observe sur les 
sols calcaires des basses montagnes méditerranéennes. 

Quant au maquis naissant sous ces arbres ou à leur place et, dans 
ce cas, plus épais, plus impénétrable que jamais, qu'on nous permette 
d'en faire une sorte de synthése, en groupant, par ordre approximatif 
d'importance, les espéces qui sont dominantes dans la forét et le ma- 
quis des Maures. On comprend que, d'un point à un autre, des varia- 
tions se produisent, en rapport avec les différences plus ou moins grandes 
du milieu. Daus la liste qui suit, nous avons nolé quelques-unes de ces 
particularités. 


Pinus Pinaster. Myrtus communis, domine dans le 


Quercus Suber. 

Eriea arborea. 

— scoparia, parait éliminé en cer- 
tains points par la lutte avec 
d'autres espéces. 

Cistus albidus. 

— salvifolius. 

Pinus halepensis, domine dans les 
sols rocheux du littoral. 

— Pinea, domine dans les sols pro- 
fonds du littoral. 

Cistus monspeliensis. 

Pistacia Lentiscus, domine sur les 
versants trés chauds. 

Juniperus Oxycedrus. 

Lavandula Stechas, domine surtout 
.dans les ermes ou landes her- 
beuses. 

Arbutus Unedo, domine dans les par- 
ties un peu fraiches. 

Phillyrea angustifolia. 

Helichrysum Stœchas (comme Lavan- 
dula Stechas). 

Quercus Ilex. 

Calluna vulgaris, domine daus les par- 
ties élevées, et sur les versants 
frais. 


thalweg des ravins. 
Genista pilosa. 
Lonicera implexa. 
Smilax aspera. 
Ruscus aculeatus. 
Asparagus acutifolius. 
Brachypodium ramosum. 
Piptatherum multiflorum. 
Briza maxima. 
Avena barbata. 
Aira Cupaniana. 
Trifolium angustifolium. 
— stellatum. 
— ligusticum. 
— campestre. 
Silene gallica. 
Galactites tomentosa. 
Lathyrus Clymenum. 
Helianthemum guttatum. 
Tolpis barbata. 
Picridium vulgare. 
Arisarum vulgare. 
Asphodelus cerasifer. 
Ranunculus chærophyllos. 
Carlina corymbosa. 
Psoralea bituminosa. 


Ajoutons à ces noms ceux de quelques espèces plus localisées dans 
les maquis des Maures, mais qui sont assez abondantes, là où elles sont, 


pour contribuer à la physionomie du maquis; ce Sont : 


Spartium junceum. 


Cytisus triflorus. Viburnum Tinus 
ibur . 


Adenocarpus grandiflorus. 
T. XLVI. 


CXLVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Rosmarinus officinalis. Teucrium Marum. 
Dorycnium suffruticosum. Senecio Cineraria. 


ces deux dernières aux îles. 

Remarquons encore, pour finir, la rareté relative des Crucifères, des 
Hieracium (1), du Sarothamnus vulgaris et abondance des Fougères 
qui deviennent souvent dominantes par le nombre des individus dans 
le fond des ravins où règne toujours une certaine fraîcheur, même au 
cœur de l'été. 

De méme qu'en 1883 la Société avait voulu comparer la végétation 
des terrains calcaires quiforment la masse du pays aux environs d'Antibes 
avec celle des roches éruptives de l’Estérel et de la colline de Biot, elle 
n'a pas cru inutile cette fois de consacrer une journée à la comparaison 
de la végétation des Maures avec celle des sols calcaires voisins. Le 
temps dont nous disposions ne nous permettait pas pourtant de consa- 
crer à cette étude tout le temps que nous aurions souhaité lui donner. Il 
eüt été bon de mettre en opposition la colline de Fenouillet et les pentes 
du Coudon qui lui font face sur l'autre bord dela Crau d'Hyéres; cette 
montagne, qui domine la Grande rade de Toulon, est à peu prés entié- 
ment formée de roches calcaires jurassiques. Des difficultés maté- 
rielles ne le permettaient pas; cette excursion rentre d'ailleurs dans le 
programme naturel d'une exploration des montagnes calcaires qui 
s'étendent au N. de Toulon et de Marseille. La Société voudra l'entre- 
prendre un jour, nous en avons la certitude. Mais nous avions tout prés 
de nous, aux portes mêmes d'Hyéres, le premier témoin de ce massif, 
dans la double colline de Costebelle et Carqueyranne. Les deux sommets, 
dépassant à peine l'altitude de 300 mètres, sont formés de calcaires 
jurassiques couronnant des dépóts triasiques (grés bigarrés, marnes 
irisées, etc.). . 

Le Pin d'Alep est l'espéce dominante des bois qui couvrent la colline 
entière, mais gravissons rapidement les pentes où se développe une flore 
trés semblable à celle des Maures, pour atteindre le petit plateau ter- 
minal du sommet de Costebelle, quelques hectares seulement. 

La marche est facile sous les Pins d'Alep; elle n'est incommodée cà 
et là que par les broussailles de Quercus coccifera que les maquis nous 
avaient fait oublier. Ici point de trace de maquis. Sur le tapis d'aiguilles 
de Pins que transperce çà et là une pointe de roche gris perle, sans 
Mousses ni Lichens, quelques buissons efflanqués de Spartium junceum, 
Pistacia  Lentiscus, Phillyrea angustifolia, Juniperus Oxycedrus, 


(1) Notre confrère, M. Gaston Gautier, a bien voulu se charger de déter- 
miner les Hieracium que nous avons recherchés à son intention. 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. CXLVII 


quelques maigres touffes presque étiolées de Cistus albidus, Thymus 
vulgaris, Dorycnium suffruticosum, Coronilla juncea, Rosmarinus 
officinalis, Cistus monspeliensis, cà et là un Chéne-vert. Dans les clai- 
riéres toutes ces espéces prennent leur physionomie normale; mais ce 
sont toujours des buissons épars. Et combien moins variés que ceux qui 
composent le maquis! Il est permis de dire maintenant que l'un des 
principaux caractères du maquis est fourni par la multiplicité des espèces 
à la fois frutescentes et sociales qui le forment. Toutefois, il faut retenir 
que quelques espéces sociales manquent à peu prés dans les maquis ; 
telles sont : Quercus coccifera, iThymus vulgaris, Jasminum fruti- 
cans, Teucrium Polium, Plantago Cynops, Satureia montana, La- 
vandula latifolia. La nature siliceuse du sol n'est pour rien dans cette 
exclusion presque compléte; ces espéces sont dominées, dans la lutte 
pour la place, par d'autres espéces sociales qui ne supportent pas le cal- 
caire ou le supportent mal. Nous en avons la preuve dans ce fait que 
toutes celles que nous venons de nommer se rencontrent de loin en loin 
dans les Maures, et seulement dans des terrains abandonnés par la cul- 
ture. Elles s'y développent, au hasard des graines transportées, dans les 
mémes conditions que les autres; elles disparaissent, étouffées par elles, 
dés que le maquis se compléte et couvre le sol. 

Encore une observation! nous n'avons observé ni dans les Maures, ni 
dans les calcaires de Costebelle les Genista Scorpius, Coronilla glauca 
et Bupleurum fruticosum; la première, si caractéristique des sections 
du Roussillon et du Rhône inférieur, est remplacée ici par le Coronilla 
juncea ; Coronilla glauca parait manquer à la flore spontanée de la 
Provence et Bupleurum fruticosum y est rare. 

Comme nous l'avons fait pour les Maures, citons les principales espèces 
recueillies au sommet calcaire de Costebelle; nous signalons, par un 
astérisque, celles qui n'ont pas été observées dans les Maures. 


Pistacia Terebinthus. 
* Argyrolobium linnæanum. 
Ononis minutissima. 
Anthyllis tetraphylla. 
Dorycnium hirsutum. 
Lathyrus latifolius var. angusti- 


Nigella damascena. 
* Iberis linifolia. 
Fumaria capreolata. 
* Fumana lævipes. 
* Silene inflata. 


+ + 


— italica. s 
Dianthus prolifer folius. 
— liburnicus. * Coronilla juncea. 

* Linum glandulosum. * Onobrychis supina. 
— strictum. Rosa sempervirens. 

* — narbonense. Peucedanum Cervaria 


Opoponax Chironium. 
Rubia peregrina. 

* Crucianella latifolia. 
Centranthus Calcitrapa. 


Lavatera Olbia. 
Althæa hirsuta. 
Erodium malacoides. 
Ruta angustifolia. 


CXLVIII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Scabiosa maritima. Thesium divaricatum. 

* Leucanthemum pallens. * Euphorbia nicæensis. 

Pulicaria odora. — serrata. 

Galactites tomentosa. — Characias. 

Tyrimnus leucographus. — amygdaloides. 
Stæhelina dubia. l'icus Carica. 

Catananche caerulea. Quercus coccifera. 
Campanula Rapuneulus. Ornithogalum narbonense. 
Coris monspeliensis. Allium roseum. 

* Jasminum fruticans. Aphyllanthes monspeliensis. 
Phillyrea angustifolia. * Cephalanthera grandiflora. 
Erythræa pulchella. Serapias cordigera. 
Chlora perfoliata. — Lingua. 

.* Cerinthe aspera. * Orchis conopea. 
Orobanche cruenta. — bifolia. 

* Lavandula latifolia. ` Ophrys aranifera. 

Thymus vulgaris. * — Bertoloni. 

* Satureia montana. * Anacamptis pyramidalis. 
Rosmarinus officinalis. Carex provincialis. 

* Sideritis romana. * Gastridium lendigerum. 
Teucrium Chamædrys. Stipa juncea. 

* — Polium. Melica major. 

* Plantago arenaria. * — Magnolii. 

* — Cynops. Ceterach officinarum. 

* Globularia vulgaris. 


Des indications qui précédent on ne conclura pas qu'en Provence, 
telles espèces sont calcicoles et telles autres calcifuges ; nous avons assez 
souven{ appelé la critique sur ces désignations pour n'avoir pas à insister 
en ce moment sur les réserves qu'il convient de faire à ce sujet. Rappe- 
lons seulement qu'ici l'Eryngium campestre et le Teucrium Chame- 
drys se rencontrent également sur les sols calcaires-et sur ceux dé- 
pourvus de calcaire. 


II. — Flore halophile des côtes de Provence. 


La flore de la zone soumise à l'influence constante du sel marin est, 0n 

sait plus semblable à elle-méme, sous des climats un peu différents, 
que les flores qui échappent à cette influence. Cependant la florej halo- 
phile est d'autant plus riche, en général, qu'on passe des pays froids ou 
lempérés aux contrées plus chaudes. Aussi la flore littorale de la Pro- 
veuce maritime est-elle plus riche que celle de tous les autres points de 
uos cótes de France. Elle échappe, beaucoup plus que la flore de l'inté- 
rieur, à l'action des éléments minéralogiques du sol autres que le chlo- 
rure de sodium. | 

Sur le littoral des Maures que nous allons parcourir (et sur celui de 
l'Estérel), les grèves sont formées de galets de toute nature, provenant 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. CXLIX 


des montagnes calcaires comme des massifs siliceux ; les plages sableuses 
ont, à plus forte raison, la même composition mixte; leurs éléments, plus 
réduits, peuvent être transportés de plus loin et par des courants moins 
forts. Les dunes ont naturellement la même composition variée que les 
plages voisines. Mais on remarque que la flore des falaises battues par 
les embruns est aussi moins sensible à la nature minéralogique des 
roches que celle de l’intérieur; les différences qu'on observe entre celle 
des falaises maritimes calcaires et celle des falaises siliceuses méritent 
d'autant plus d'être relevées avec soin. , 

Nous avons eu l’occasion de visiter les stations halophiles suivantes : 

Plages et rochers submergés, avec leur végétation d’Algues, de Posi- 
donies et de Zostères (Port-Cros, Giens, plage d'Hyères); 

Dunes mobiles actuelles (plage des Salins d'Hyéres aux Pesquiers); 

Dunes fixées et boisées (des Salins d'Hyéres à Giens) ; 

Marais salants (aux Pesquiers à Giens); 

Falaises maritimes (Port-Cros, presqu'ile de Giens). 

Nous espérons que notre confrére M. Sauvageau nous donnera le 
bénéfice des observations qu'il a faites sur la flore marine. 

Nous nous bornerons à relever les observations faites par l'ensemble 
de nos confrères sur la flore halophile littorale. 

Il serait hors de propos de faire une distinction entre les diverses 
localités où nous avons étudié les mêmes stations. De Toulon jusqu'aux 
cótes liguriennes, nous n'avons saisi aucune différence notable dans la 
végétation des sables littoraux, plages ou dunes mobiles. Les dunes 
fixées et boisées ont aussi la méme flore, ou trés peu s'en faut, du pied 
des Pyrénées au golfe de Génes; les marais salants littoraux, ou plus ou 
moins débarrassés du sel marin, sont encore plus uniformes. Les diffé- 
rences qu'offre la flore des falaises, suivant la nature des roches qui les 
forment, sont secondaires, si on les compare à l'uniformité du plus grand 
nombre des éléments de leur flore. 

Nous examinerons donc chacune de ces stations, en signalant au pas- 
sage les espéces que nous n'aurions trouvées qu'en un point déterminé. 


La végétation des sables maritimes a été étudiée sur les plages de la 
rade d'Hyéres et en particulier sur la plage du cordon oriental de 
l'isthme de Giens, sur les petites plages de la presqu'ile de Giens et de 
Port-Cros. 

Nous y avons recueilli : 


Matthiola sinuata. 

— tricuspidata. — Plage des Pes- 
quiers à Giens. 

Cakile maritima. 


Papaver setigerum. 
Glaucium luteum. 
Alyssum maritimum. 
Malcolmia parviflora. 


CL SESSION EXTRAORDINAIRE À HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Silene nicæensis. — P lige € EjO€ | Plantago Psyllium- 


Frankenia lævis. — arenaria. . 
Erodium cicutarium. Polygonum maritimum (Petite plage 
Reseda suffruticulosa. au N. de Port-Cros). 
— Luteola. Camphorosma monspeliaca. 
Medicago marina. Salsola Kali. 

— littoralis. Euphorbia Paralias. 

Daucus gummifer. Asphodelus microcarpus. 
— maximas. | Pancratium maritimum. 
Echinophora spinosa. Cyperus schoenoides. 
Eryngium maritimum. Juncus acutus. 

Orlaya maritima. Scirpus Holoschenus. 
Crucianella maritima. Psamma arenaria. 
Anacyclus radiatus. Phleum arenarium. 
Artemisia glutinosa. Polypogon maritimum. 
Diotis candidissima.—Plage d'Hyères. | Lagurus ovatus. 

Crepis bulbosa. Scleropoa maritima. 
Scolymus hispanicus. — Hemipoa. 

Erythræa maritima. Sporobolus pungens. 
Convolvulus Soldanella. Cynodon Dactylon. 
Teucrium Polium. Brachypodium distachyum. 
Plantago Bellardi. Lepturus incurvatus. 


Les dunes fixées tirent un intérét tout particulier du róle que diverses 
espèces jouent dans leur fixation. Nous avons étudié cette question en 
collaboration avec notre élève M. P. Combres, que la mort a enlevé pré- 


maturément; cette étude a fait l'objet d'un court Mémoire inséré 'au 
Bulletin en 1894. 


Aux environs d'Hyéres nous avons exploré surtout la forét de Pinus 
Pinea couvrant les dunes fixées à l'est. de l'isthme de Giens, la bordure 


septentrionale de la presqu'ile, la baie de Cavalaire et la calanque vot" 
sine de Bonporteau. | 


La forêt de Pins Pignons d'Hyéres ressemble singulièrement à celles 
de la Camargue. 


La végétation dominante y comprend surtout : 


Pinus Pinea. 

— halepensis. 
Quercus Ilex. 

— coccifera. 
Juniperus phenicea. 
Pistacia Lentiscus. 
Phillyrea angustifolia. 
Smilax aspera. 

Cistus salvifolius. 


Passerina hirsuta. 
Asphodelus microcarpus. 
Alyssum maritimum. 
Crepis bulbosa. 

Lagurus ovatus. 
Scabiosa maritima. 
Daucus Carota. 
Helichrysum Stæchas. 


auxquels il faut ajouter les espèces, très abondantes, qui suivent : 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. CLI 


Calycotome spinosa. 
Spartium junceum. 
Juncus acutus. 
Arundo Phragmites. 
Cistus monspeliensis. 
Asparagus acutifolius. 
Euphorbia segetalis. 
Lavandula Stæchas. 
Erodium cicutarium. 
Scilla autumnalis. 
Plantago Coronopus. 
— arenaria. 
Teucrium Polium. 


* 


Ruscus aculeatus. 
Psoralea bituminosa. 
Geranium purpureum. 
Daphne Gnidium. 

Rubia peregrina. 
Clematis Flammula. 
Lychnis dioica. 
Ornithopus compressus. 
Campanula Rapunculus. 
Erica scoparia. 

Pteris aquilina. 

Ophrys apifera. 
Serapias longipetala. 


ll est à peine utile d'appeler l'attention sur l'union intime qui se ma- 
nifeste ici entre les éléments dits calcicoles et calcifuges. Au surplus, 
il n'est pas sans intérét de donner la liste compléte des espéces re- 
cueillies dans la forêt de Pins Pignons de la plage d'Hyères, en raison 


méme de la rareté des forêts de cette sorte dans notre pays : 


Clematis Flammula var. maritima. 

Alyssum maritimum. 

Cistus albidus. 

— salvifolius. 

— monspeliensis. 

Helianthemum guttatum. 

Reseda suffruticulosa. 

Polygala monspeliaca. 

Frankenia levis. 

Silene gallica. 

— italica. 

— conica. 

Lychnis dioica. 

Dianthus prolifer. 

— velutinus. 

Arenaria serpyllifolia var.' lepto- 

clados. 

Linum gallicum. 

Polycarpon tetraphyllum. 
avatera cretica. 

— Olbia. 

Geranium columbinum. 

— purpureum. 

Erodium cicutarium. 

Pistacia Lentiscus. 

Calycotome spinosa. 

Spartium junceum. 

Ononis reclinata. 

Medicago lappacea. 

— littoralis. 

Melilotus parviflora. 


Melilotus permixta. 
Trifolium stellatum. 

— maritimum. 

— subterraneum. 

— nigrescens. 

— campestre. 
Dorycnium suffruticosum. 
Psoralea bituminosa. 
Vicia hybrida. 

— varia. 

Ervum tetraspermum. 
Lathyrus aphaca. 
— Jatifolius var. angustifolius. 
Ornithopus compressus. 
Onobrychis Caput-galli. 
Rubus discolor. 
Mesembryanthemum edule (natur.). 
Daucus Carota. 

— maximus. 

Lonicera implexa. 

Rubia peregrina. 
Vaillantia muralis. 
Centranthus Caleitrapa. 
Scabiosa maritima. 
Artemisia campestris. 
Chamomilla mixta. 
Anacyclus radiatus. 
Asteriscus aquaticus. 
Helichrysum Stæchas. 
Evax pygmæa. 

Carlina corymbosa. 


CLII 


Tolpis barbata. 
Hyoseris radicata. 
Hypochæris radiata. 
Urospermum Dalechampii. 
Sonchus asper. 
Picridium vulgare. 
Crepis bulbosa. 
Hieracium Pilosella. 
Andryala sinuata. 
Scolymus hispanicus 
Jasione montana. 
Campanula Rapunculus. 
Erica scoparia. 
Asterolinum stellatum. 
Coris monspeliensis. 
Phillyrea angustifolia. 
Erythræa Centaurium. 
— maritima. 
Convolvulus althæoides. 
Verbascum sinuatum. 
Linaria Pelisseriana. 
— simplex. 
Eufragia latifolia. 
Lavandula Stæchas. 
Sideritis romana. 
Teucrium Polium. 
Statice echioides. 
Plantago Coronopus. 
— Lagopus. 
— Bellardi. 
— arenaria. 
Camphorosma monspeliaca. 
Salsola Kali. 
— Soda. 
Daphne Gnidium, 
Passerina hirsuta. 
Osyris alba. 
Cytinus Hypocistis (sur Cistus salvi- 
folius). 
Aristolochia Clematitis. 
Euphorbia Peplis. 
— Pithyusa. 
— biumbellata (1). 
— segetalis. 
Quercus Ilex (rare). 
— coccifera. 


(1) Baie de Cavalaire, 


SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Qnercus Ilex X coccifera (Q. Auzan- 
di). 

Scilla autumnalis. 

Allium acutiflorum. 

Asphodelus microcarpus. 

Asparagus scaber. 

— acutifolius. 

Ruscus aculeatus. 

Smilax aspera. 


Romulea Columna. 


Iris spuria. 

Gladiolus communis (2). 
Serapias longipetala. 

— lingua. . 
Orchis coriophora var. fragrans. 
Ophrys apifera. 

Arum italicum. 

Juncus acutus. 

— maritimus. 

— Gerardi. 

Schænus nigricans. 
Scirpus Holoschœnus. 
Carex muricata. 

— divulsa. 

— distans. 

Phleum arenarium. 
Cynodon Dactylon. 
Spartina versicolor. 
Erianthus Ravenne. 
Phragmites communis. 
Polypogon monspeliensis. 
— maritimum. 

Lagurus ovatus. 
Corynephorus articulatus. .. 
— fasciculatus. 

Aira Cupaniana. 

Avena barbata. 

Briza maxima. 

— minor. 

Scleropoa loliacea. 

— rigida. . 
Dactylis glomerata. 
Vulpia Pseudomyuros. 

— Myuros. 

— ligustica. 

Bromus madritensis. 


(2) Les Gladiolus de Provence mériteraient une étude comparative appro- 
fondie. Nous n'avons pu, ni M. Legré ni moi, distinguer nettement les G. com 


munis, dubius, illyricus. 


noms DE 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. CLIII 


Bromus rubens. 
— mollis. 
Hordeum maritimum. 


Brachypodium distachyum. 


Gaudinia fragilis. 
— filiformis (1). 


Lepturus filiformis. 

Pinus Pinea. 

— halepensis. 

Juniperus phænicea form. oocarpa. 
— Oxycedrus. 

Pteris aquilina. 


Lepturus incurvatus. 


Nous avons fait remarquer ailleurs combien grande est la part des 
espèces vulgaires de nos champs au milieu des éléments nettement halo- 
philes de cette flore. Elles y ont la valeur d'espèces adventices locales, 
venant là comme dans les terres cultivées, parce qu'elles y trouvent un 
sol relativement libre encore. 


Nous avons visité les marais salants de l'isthme des Pesquiers, des 
Salins d'Hyéres, de la crique de Port-Cros et de quelques calanques de 
la rade de Bormes. La végétation en est parliculiérement uniforme, 
comme il arrive pour toutes les stations dont l'eau fait le caractère 


essentiel. | 


Nous y avons observé : 


Hutchinsia procumbens. 
Frankenia pulverulenta. 
Althæa officinalis. 
Tamarix gallica. 

Linum angustifolium. 
Dorycnium gracile. 
Trifolium nigrescens. 
— resupinatum. 

— maritimum. 

— lappaceum. 


Tetragonolobus siliquosus. 


(Enanthe pimpinelloides. 
Apium graveolens. 
Inula crithmoides. 
Bellis annua. 

Aster Tripolium. 
Artemisia gallica. 
Sonchus maritimus. 
Chlora perfoliata. 
— imperfoliata. 
Samolus Valerandi. 
Myosotis lingulata. 
Eufragia viscosa. 
Trixago apula. 


(1) M. Husnot, nous devons le dire, c 
comme une simple forme du G. fragilis P. Beauv. 


tinguer spécifiquement. 


Plantago Coronopus. 

— crassifolia. 

Statice Limonium. 

Obione portulacoides. 

Salicornia fruticosa. 

— sarmentosa. 

Euphorbia pubescens. 

Triglochin Barrelieri. 

Narcissus Tazetta. 

Juncus acutus. 

— bufonius var. fasciculatus (J. fas- 
ciculatus). 

— maritimus. 

Serapias Lingua. 

Orchis coriophora. 

— laxiflora. 

— palustris. 

Schenus nigricans. 

Scirpus Holoschænus. 

— Savii. 

— maritimus. 

Cyperus badius. 

Carex distans. 

— divulsa. 


considere le Gaudinia filiformis Albert 


, qu'il ne faudrait pas dis- 


CLIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Carex muricata. Æluropus littoralis. 

— vulpina. Phragmites communis. 
Anthoxantum odoratum. . | Lepturus incurvatus. 
Briza minor. — filiformis. 


Spartina versicolor. 


Comme toutes les riviéres du bassin méditerranéen, le Gapeau dé- 
barrasse peu å peu le rivage qu'il arrose du sel qui pénètre les alluvions 
marines. Le cours d'eau apporte lui-méme de l'intérieur sa part d'allu- 
vions et réalise un bienfaisant travail de colmatage partout oü il n'est 
pas contenu par des digues insubmersibles. Lorsque la riviére ne peut 
déposer ses troubles sur la plaine inférieure, comme ici, les eaux d'in- 
filtration transforment le marais salant en marais d'eau douce. C'est ce 
qui a lieu sur une surface de 3 kilométres carrés environ, au S. W. 
d'Hyéres. Les Marais du Ceinturon, comme on les nomme, cachent 
quelques espéces rares ; ils constituent un remarquable exemple d'une 
station que nous observons rarement sur une aussi grande étendue. Nous 
avons eu la bonne fortune d'y étre guidés spécialement par M. Albert 
qui en connait toutes les richesses. 

La Société y a observé : 


Thalictrum mediterraneum (T. fla- | Tamarix africana. 

vum var. angustifolium). Œnanthe peucedanifolia. 
Ranunculus Philonotis. Bupleurum tenuissimum. 
— Flammula. Helosciadium nodiílorum. 
Hutchinsia procumbens.. Galium palustre. 
Polygala exilis. — debile. 
Spergularia marginata Aster Tripolium. 
Linum tenuifolium. Bellis annua. 
— catharticum. Artemisia glutinosa. 
Lavatera cretica. Anacyclus radiatus. 
Althæa officinalis. Tragopogon australis. 
Melilotus messanensis. Sonchus maritimus. 
— permixta. Samolus Valerandi. 
Trifolium maritimum. Myosotis lingulata. 
— resupinatum. Eufragia viscosa. 
— nigrescens. Lycopus europæus. 
— tomentosum. Rumex crispus. 
Dorycnium gracile. Euphorbia pubescens. * 
Tetragonolobus siliquosus. Alisma Plantago. 
Lotus hispidus. Iris Pseudo-Acorus. 
— decumbens. — spuria. 
Vicia lutea var. hirta (V. hirta). Narcissus Tazetta. 
— villosa. Orchis laxiflora. 
— tenuifolia. Serapias Lingua. 
Ervum tetraspermum. Ophrys atrata. 
Lathyrus hirsutus. Sparganium ramosum. 
Ornithopus ebracteatus. Juncus Gerardi. 
Tamarix gallica. Cyperus longus. 


FLAHAULT. — COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. CLY 


Cyperus badius. Carex hispida. 
Scirpus maritimus. — distans. 

— Holoschenus. — extensa. 
Heleocharis palustris. Alopecurus bulbosus. 
Carex divisa. Phragmites communis. 
— vulpina. Bromus erectus. 

— maxima. 


Ici, comme dans les Polders des Pays-Bas, deux plantes, Aster Tri- 
polium et Apium graveolens, suffiraient, à elles seules, à marquer l'ori- 
gine marine des marais. Elles survivent pendant des siècles à la dispari- 
tion du chlorure de sodium, comme le prouve leur présence persistante 
dans les Moéres des environs de Dunkerque méthodiquement soustraites 
à l'influence des eaux salées depuis le dix-septiéme siécle. 


Il nous reste, pour en finir avec la flore halophile littorale, à étudier 
la flore des falaises et des rochers battus par les vagues, comme ceux 
qui bordent toute la presqu'ile de Giens, à l'exception de l'isthme étroit 
qui la relie au continent, comme ceux qui limitent de tous cótés l'ile 
de Port-Cros, que nous retrouvons encore sous la colline de Costebelle, 
prés des ruines de Pomponiana et qui s'étendent, en somme, tout le 
long des rivages des Maures, des environs d'Hyéres à la baie de Fréjus, 
interrompus seulement à l'embouchure des ruisseaux qui descendent du 
massif. 

Comme nous l'avons fait pour la flore des sables maritimes, nous 
donnons une liste commune des espéces, en signalant seulement celles 
qui n'ont pas été observées sur toutes les falaises de la cóte. T 

Cette manière de faire se justifie par la grande uniformité de la végé- 
tation des rochers et falaises, qui ont, sans exception, la méme compo- 
sition géologique essentielle partout où nous les avons visitées. 


Brassica Robertiana (1). Artemisia arborescens (2). 
Fumaria capreolata. Senecio Cineraria. 
Matthiola incana. Asteriscus maritimus (1). 
Frankenia intermedia (1, 2). Zacintha verrucosa. 
Lavatera Olbia. Hyoseris radiata (2). 
Anthyllis Barba-Jovis. Seriola ætnensis. 


Picridium vulgare. 
Sonchus glaucescens (2). 
Asterolinum stellatum. 


Lotus parviflorus. 
— angustissimus (2). 


—- Allionii. stere - 
— ornithopodioides. Nicotiana glauca (na ura P tu A 
— edulis. Orobanche crinita, sur Lotus 


lionii (2). 
Plantago subulata. 
Statice minuta (1, 2). 


Polycarpon tetraphyllum. 
Crithmum maritimum. 
Umbilicus pendulinus. 


(1) Presqu'ile de Giens. 
(2) Port-Cros. 


CLVI SESSION EXTRAORDINAIRE A EYERES (VAR), MAI 1899. 


Camphorosma monspeliaca. Parietaria lusitanica. 
Euphorbia Pithyusa. Juniperus phonicea. 
— dendroides (1). 


RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. 


1. La végétation de lasection orientale (Provence maritime et Ligurie) 
du domaine méditerranéen frangais porte, plus fortement encore que 
celle du Roussillon, l'empreinte du climat méditerranéen. Elle se déve- 
loppe sous l'abri des Préalpes de Provence, à partir du point où la ligne 
ferrée de Tarascon à Nice débouche, à travers les collines de l'Estaque, 
dans le bassin de Marseille au sortir du tunnel de la Nerte (Nerto est le 
nom provencal du Myrte dont ce point marque la limite vers le Rhóne). 

Cette section est abritée contre les vents du nord, froids et secs, qui 
ravagent souvent les cótes du Roussillon; elle est soumise à l'action 
incessante des vents chauds et humides de la Méditerranée. Ils lui 
assurent, pendant l'hiver, un état hygrométrique toujours élevé qui se 
traduit par une évolution lente, mais continue, de la végétation pendant 
l'hiver. 

La température descend rarement et faiblement au-dessous de zéro, 
condition qui étend beaucoup les limites de possibilité d'existence pour 
un grand nombre de plantes; 85 espéces, qu'on chercherait en vain à 
VW. du tunnel de la Nerte, caractérisent la section provenço-ligurienne 
du domaine méditerranéen français. 

2. Le district des Maures et de l'Estérel, couvert de foréts serrées 
de Pins maritimes et de Chénes-liéges, où le Pin d'Alep est toujours sub- 
ordonné, se distingue à première vue du district de la Provence littorale 
calcaire, comme on peut le voir en traversant le pays qui s'étend de 
Marseille à Toulon. Les basses montagnes calcaires sont couvertes de 
foréts claires de Pins d'Alep et de Chénes verts; ces foréts détruites, les 
montagnes demeurent presque nues en apparence. Elles ont, en réalité, 
une maigre végétation de broussailles éparses où domine Quercus cot- 
cifera, de sous-arbrisseaux aromatiques et de nombreuses espéces het- 
bacées. Les forêts détruites dans les Maures et l’Estérel sont remplacées 
par le maquis, fourré inextricable composé d'une foule d'espèces frutes- 
centes sociales, couvrant le sol au point de n’y plus laisser de place pour 
une végétation herbacée. Ces différences sont en relation étroite avec la 
constitution géologique du sol. 

| 3. La flore présente une grande uniformité générale dans tout le mas- 
sif des Maures. Il ne semble pas, cependant, qu'on y puisse observer 
nulle part la forêt sous sa forme primitive ou méme ancienne. 


(1) Cette espèce est très rare à PW. du cap Cavalaire; àl'E. de ce point, 
elle devient de plus en plus abondante. LEES 


—Ü 


 —— urnes one nt 


FLAHAULT. —— COMPTES RENDUS DES HERBORISATIONS. CLVH 


4. Nous avons observé quelques-unes des espèces méditerranéennes 
qui ne paraissent venues en France que par l'Italie; elles sont, pour le 
domaine francais, des espéces méditerranéennes transalpines. Tels 
sont : Helianthemum Tuberaria, Lavatera cretica, L. Olbia, Hype- 
ricum ciliatum, Ruta bracteosa, Biserrula Pelecinus, Daucus maxi- 
mus, Teucrium Marum, Euphorbia dendroides, Aira Tenorei. 

Nous en avons recueilli d’autres qui, occupant la péninsule ibérique 
et l'Italie, ont débordé les limites naturelles de notre domaine pour y 
pénétrer à la fois par les Pyrénées et par les Alpes inférieures de Pro- 
vence, comme : 


Cytisus triflorus. Convolvulus althæoides. 
Lupinus hirsutus. Echium creticum. 
Anthyllis Barba-Jovis. Linaria greca. 

Melilotus messanensis. Orobanche crinita. 
Trifolium ligusticum. Plantago subulata. 

Lotus ornithopodioides. Euphorbia biumbellata. 
— edulis, Thelygonum Cynocrambe. 
Myrtus communis. Arisarum vulgare. 
Chrysanthemum Myconis. Melica major. 

Hyoseris radiata. Lamarckia aurea. 


Des espèces disjointes soulèvent des problèmes importants; une 
étude attentive de leur distribution aidera à les résoudre. Tels sont, 
parmi celles que nous avons recueillies : Malva Tournefortiana, Ge- 
nista linifolia, Adenocarpus grandiflorus, Paronychia cymosa, Filago 
eriocephala, Vulpia ligustica. 

Nous n'avons pas recueilli en fleur Delphinium Requienii, Orobanche 
fuliginosa et quelques autres espéces endémiques du domaine méditer- 
ranéen frangais, dont il serait intéressant d'établir nettement les affi- 


nités avec les espèces les plus volsines. 


9. La flore halophile littorale présente une remarquable uniformité - 
sur une grande étendue de côtes. Les différences sont bien faibles entre 
les différents points des rivages méditerranéens de France et en rapport 
avec la diversité des stations plutót qu'avec le climat et le sol. Les dif- 
férences sont assez faibles entre la flore littorale du Roussillon et la 
flore côtière des Maures pour qu'il ne soit pas possible de les séparer. 
En attendant des travaux plus précis, nous les considérons comme ap- 
parlenant à un méme district embrassant tous les rivages de la Méditer- 
ranée occidentale. 


6. Dans les limites où nous l'avons explorée à l'occasion de cette 
session, on observe, dans la flore halophile provençale, de grandes 
différences en rapport avec la diversité des stations; mais pour une 


CLVIII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


même station, on ne peut signaler que des particularités locales et sans 
intérêt général. 

Parmi les plantes halophiles observées par la Société, il en est à peine 
quelques-unes qu’on ne rencontre pas dans les mêmes stations du Rous- 
sillon, entre Collioure et Port-Bou. Telles sont : 


Matthiola tricuspidata. Sonchus glaucescens. 
Silene nicæensis. Orobanche crinita. 
Lotus ornithopodioides. Statice minuta. 
Asteriscus maritimus. Euphorbia dendroides. 


Artemisia arborescens. 


C'est le meilleur témoignage de l'uniformité de la flore halophile. 
Comme on doit s'y attendre, les différences sont moindres encore entre 
la flore halophile littorale de Provence et celle de Corse. 


1. ll y a lieu de désirer vivement une Monographie détaillée de la 
flore et de la végétation de la Provence littorale. Nous reconnaissons 
qu'il existe entre l'Estérel et les Maures beaucoup de caractéres com- 
muns; nous ne saurions dire encore s'il y a entre eux des différences 
assez sensibles pour permettre de considérer chacun d'eux comme un 
sous-district naturel. 

Ce ne sont là que des indications. Une visite rapide ne suffit ni pour 
résoudre, ni méme pour poser tous les problémes. Nous les recomman- 
dons aux botanistes qui ont la fortune d'habiter ce pays privilégié. 


: 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CLIX 


L'HORTICULTURE A HYERES, RAPPORTS SUR LES VISITES FAITES 
PAR LA SOCIÉTÉ AUX PRINCIPAUX JARDINS PARTICULIERS ET ÉTABLISSEMENTS 
HORTICOLES D'HYERES; par M. Ch. FLAHAULT. 


La Société botanique avait inscrit à son programme l'étude des 
conditions de l’acclimatation et des végétaux introduits dans les 
Jardins des environs d'Hyéres. Cette ville a été le berceau de l'hor- 
ticulture méridionale. Forcé de faire un choix, le Comité d'orga- 
ganisation a dü nécessairement laisser de cóté bien des choses 
qui eussent mérité une étude spéciale; il s'est attaché surtout à 
mettre en relief les rapports nécessaires de l’horticulture méri- 
dionale avec la géographie botanique. Il n'a pas cru pouvoir 
négliger la question, si importante aujourd'hui pour la produc- 
tion horticole, des hybrides et des métis. 

Dans un rapport publié en décembre 1899, aux Annales de la 
Sociélé d horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault, nous 
avons donné sur ce sujet quelques développements qui n'ont pas 
ici leur raison d'étre. Nous y avons étudié, entre autres, les condi- 
tions commerciales de la production intensive des plantes et ar- 
bustes d'ornement. Hyéres est un lieu d'élection pour l'horticulture 
méridionale; ce n'est pas en passant qu'on peut songer à tout voir 
€t nous ne pouvons rendre compte ici que de ce que nous avons 
pu montrer trop rapidement à nos confrères. 


I. L'ACCLIMATATION À HYÈRES ET SUR LA COTE D AZUR. 


L'acclimatation est la culture des plantes dans des pays nou- 
veaux pour elles (1). D'aprés cette définition, il semble, à première 
vue, que ce soit chose facile et qu'il suffisede connaitre les di- 
verses opérations de la culture pour étre en état d acclimater des 
végétaux ; il est impossible, au contraire, au plus habile praticien, 
d'aeclimater une plante d'une manière raisonnée, S il ne possède 
des connaissances d’un tout autre ordre. 

On sait l'histoire du Choisya ternala rapporté du Mexique en 
1866 par Hahn et Bourgeau. Ce précieux arbuste fut d’abord cul- 
livé dans les serres chaudes du Muséum. L'habile chef de cultures, 


(1) Naudin, Manuel de l'acclimateur, introduction, p. 7. 


CLX SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


M. Houllet, fatigué de voir languir les jeunes pieds qu'il essayait 
de cultiver, en jeta plusieurs, infestés de pucerons, au dépôt des 
fumiers et terreaux. Il fut tout étonné de les retrouver, après 
quelques mois, prospères et plus forts que ceux auxquels il conti- 
nuait à prodiguer ses soins dans les serres. C’est de cette époque 
(1870) que date sa culture en serre froide, puis sa multiplication 
rapide! dans les jardins du centre et du midi de la France, dont 
elle est l’un des plus beaux ornements. 

La condition essentielle, à défaut de laquelle tout effort d'accli- 
matation est illusoire, c’est que le climat sous lequel vit la plante 
à l'état spontané différe le moins possible de celui sous lequel il 
s'agit de la cultiver. 

La flexibilité des plantes vis-à-vis du climat, c'est-à-dire leur 
aptitude à s'accommoder de conditions diverses, est variable.jD'une 
maniére générale, elle est trés faible; compter sur une adaptation 
immédiate d'une espéce à des conditions climatiques différentes 
de celles qui lui conviennent, c'est se préparer tous les déboires. 

Sous la notion de climat, il faut entendre d'ailleurs l'ensemble 
complexe des facteurs physico-chimiques, eau, chaleur, lumière, 
atmosphére, agissant individuellement sous les formes les plus 
diverses et réalisant entre eux les combinaisons les plus variées. 
Aux conditions de climat, il faut ajouter celles qui dépendent du 
sol, de sa profondeur, de sa nature, des substances qu'il renferme 
_à titre accessoire, sels, humus, eau, etc., funestes à certaines 
plantes, favorables ou nécessaires à d'autres. 

Or une plante quelconque ne peut étre acclimatée que là où elle 
trouve un ensemble de conditions de climat et de sol aussi voisin 
que possible de celui auquel elle est adaptée dans son pays d'ori- 
gine. La conformité plus ou moins parfaite de ces conditions entre 
le lieu d’où elle vient et celui où on l'introduit donne la mesure 
exacte du succés qu'on en peut attendre; il est en raison directe 
de cette conformité des conditions extérieures et dans le rapport 
le plus étroit avec elles. 

On a presque toujours accordé une importance exclusive à la 
température comme facteur climatique déterminantles possibilités 
de l'acclimatation dans nos pays tempérés. Dans les nombreuses 
études relatives à ces sortes de questions, c'est presque toujours 
de température qu'il s'agit; les autres agents sont oubliés ou à 
peine indiqués. 


—— M 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CLXI 

En réalité, l'eau à l'état de pluie, à l'état de nuages ou de vapeur, 
joue, dans la répartition des plantes et par suite dans la possibilité 
de les acclimater, un rôle au moins aussi considérable que la tem- 
pérature. L'eau délermine les formes de la végétation; si elle est 
abondamment fournie à la plante, sous forme utilisable, c'est-à- 
dire à une température assez élevée en toute saison, la végétation 
est continue comme dans les forêts équatoriales et essentiellement 
hygrophile. Si les plantes ne peuvent utiliser l’eau que pendant 
une saison périodiquement interrompue, leur physionomie varie 
suivant la mesure et les conditions où celle utilisation est possible. 
La forme des arbres à feuilles caduques et à feuilles dures persis- 
tantes, des plantes grasses, des plantes bulbeuses ou tubercu- 
leuses à réserves souterraines, des espéces alpines méme, dépend 
de la quantité d'eau mise à la disposition des plantes et de sa ré- 
partition suivant les saisons; on l'oublie trop souvent. 

Si l'on tient trop peu de compte du régime des pluies, il est 
plus rarement encore question de l'état hygrométrique (1) et de la 
nébulosité. On s'est plu à comparer les rivages de la Méditerranée 
à de vastes serres découvertes; la comparaison est inexacte. 

L'état hygrométrique peut étre maintenu trés élevé dans les 
serres, surtout dans les pays où le ciel est fréquemment couvert; 
il est à peu prés toujours trés peu élevé sous le ciel méditerranéen, 
où les vents dominants dessèchent rapidement l'atmosphère. C'est 
celle circonstance qui rend à peu près impossible, dans la pratique 
horticole dela région méditerranéenne, la culture de certains genres 
de plantes, tels que Camellia, Fuchsia, Begonia, beaucoup de 
Fougères dont on obtient de si bons résultats dans des contrées 
moins sèches, où le ciel, fréquemment couvert, détermine une 
humidité atmosphérique constante. 

Rien ne compense l'élévation de l'état hygrométrique et la né- 
bulosité qui diminuent dans de fortes proportions la transpira- 
tion. La culture sous verre est le seul remède qu'on puisse offrir 
sous les climats secs aux plantes qui redoutent une forte transpi- 
ration; ce n'est plus alors de l'acclimatation. Nous avons, à plu- 
sieurs reprises, rapporté au Jardin botanique de Montpellier 
l'Asplenium marinum récolté sur les cótes septentrionales de la 
Bretagne ; nous n'avons pas réussi à le conserver jusqu au Jour ou 


(1) P. Duchartre, Notice sur le Jardin d'essai ou du Hamma (Journ. Soc. 
centr. d'hortic. de France, 3° série, Il, 1880). k 
T. XLVI. 


CLXII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


nous avons eu l'idée d'en recommander la culture en serre. Grâce 
à cet expédient, nous en possédons des individus aussi beaux 
qu'on puisse les voir sur les falaises battues par l'Océan. 

L'acclimateur se trouve chaque jour en face de difficultés de 
méme ordre. Il doit renoncer à les vaincre, il peut les tourner 
dans certains cas. 

Ces principes posés, il est facile de déterminer quels pays peu- 
vent fournir à l'horticulture du midi de la France des éléments 
d'acclimatation et le caractère général des végétaux qu'il est pos: 
sible d'introduire dans notre domaine méditerranéen francais. 

La région médilerranéenne appartient au groupe des régions 
tempérées chaudes, à élés secs et hivers humides. Les différents 
domaines suivant lesquels l'ensemble se subdivise, présentent ces 
caractéres à des degrés variables; entre les cótes allantiques de 
Portugal et d'Espagne d'une part, la Syrie et l'Arabie d'autre 
part, il y a des différences notables. Notre domaine méditerranéen 
francais représente une moyenne. 

La végétation des contrées tempérées chaudes oü la saison des 
pluies coincide avec le repos hivernal est dominée par la nécessité 
où elle se trouve d'utiliser pendant la saison sèche les réserves 
d'eau emmagasinées dans le sol ou dans ses propres tissus ou 
d'évoluer rapidement pour échapper aux effets désastreux d'une 
saison trop sèche; en tout cas, la plante doit user de l'eau dont 
elle dispose avec une rigoureuse économie. Au contraire de ce qui 
à lieu pour les végétaux des foréts tropicales humides, ceux des 
contrées tempérées chaudes à régime pluvial hivernal sont orga- 
nisés de maniére à transpirer le moins possible et à puiser en 
temps opportun ou à mettre en réserve, quand ils le peuvent, 
l'eau. qui leur est fournie avec parcimonie. 

Les formes de la végétation sont les mêmes dans ces dernières 
contrées. La végétation ligneuse, arborescente ou arbustive, OC 
cupe la première place parmi elles. Les feuilles sont persistantes, 
capables d'assimiler en hiver à la condition que la température 
soit assez élevée, capables aussi de résister aux ardeurs du soleil ; 
elles sont le plus souvent petites, dures, protégées par un épi- 
derme épais et cutinisé, pourvues de stomates peu nombreux inva- 
ginés ou protégés par des dispositions anatomiques diverses. Les 
feuilles peuvent être extrêmement réduites (feuilles éricoïdes) ou 
fugaces (Spartium junceum, Colletia, etc.). Les tissus mécaniques 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÉRES. CLXTIT 


protecteurs sont trés développés dans les tiges comme dans les 
feuilles. Notre Chéne-vert est le type de ces arbres xérophiles. 

Les plantes bulbeuses ou tuberculeuses représentent un autre 
type, moins abondant que le précédent dans notre domaine médi- 
terranéen, mais aussi caractéristique. Elles se défendent contre 
les mauvais effets de la sécheresse au moment où elle survient ; 
elles passent l'été à l'état de vie latente. 

Les Palmiers représentent une forme de végétation tropicale 
avant tout; pourtant plusieurs espéces jouent un róle important 
dans la flore de la région méditerranéenne. Le Dattier qui peuple 
les oasis de l'Afrique septentrionale, le Dattier des Canaries (Phæ- 
nix canariensis), le Palmier nain (Chamærops humilis) tiennent 
une place considérable dans les domaines méditerranéens qu'ils 
habitent. 

L'aeclimatation s'est emparée d'un certain nombre d'espéces qui 
ont pour ainsi dire débordé les diverses régions tropicales vers 
les régions tempérées chaudes à étés secs et qui y occupent une 
place à part, comme le font dans la région méditerranéenne les 
Palmiers que nous venons de nommer. Le Phenix reclinala de la 
cóte S.-E., humide, du Cap, est un émigré des tropiques vers les 
terres australes. Le Jubæa spectabilis qui s'étend au Chili jusqu'à 
39° lat. S. et s'y élève dans les montagnes jusqu'à 1300 mètres, les 
Cocos australis, Trithrinax brasiliensis, Copernicia campestris 
sont des représentants amoindris des Palmiers de l'Amérique 
tropicale. Les Rhopalostylis, Howea, Archontophænix, Corypha, 
Hedyscepe continuent dans l'Australie séche et tempérée la flore 
des Palmiers ‘tropicaux de l'Australie et de la Polynésie équato- 
riales. Dans l'hémisphère boréal, les Livistona chinensis Martius, 
Trachycarpus Fortunei Wendl. en Chine et au Japon, les Sabal, 
le Washingtonia filifera Wendl., Erythea armata Watson 
représentent aussi dans l'Amérique septentrionale des termes 
extrêmes échappés des régions tropicales et amoindris par suite 
de leur adaptation à des conditions moins favorables à leur épa- 
nouissement. Les Palmiers constituent par suite une forme excep- 
lionnelle, aberrante, dans la flore spontanée de la région méditer- 
ranéenne comme dans les types qui y alimentent 1 acclimatalion. 

L'hiver est toujours assez chaud dans les contrées doni il s agit 
pour que la végétation ne soit pas complètement inter rompue. 

C'est, au point de vue commercial, l'un des avantages principaux 


CLXIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), Mar 1899. 


de la situation du domaine méditerranéen au voisinage de la région 
tempérée froide de l’Europe occidentale; c'est à cette circon- 
stance qu'Hyéres, Antibes et Nice doivent d'alimenter les marchés 
de Paris et de Londres. 

Tout le pourtour du bassin méditerranéen et les iles atlantiques 
appartiennent à la méme région naturelle, avec des différences en 
plus ou en moins qui permettent dela subdiviser en domaines. Les 
côtes atlantiques de Portugal et d'Espagne, celles du Maroc recoi- 
vent plus d'eau que les nótres; les températures y sont moins 
extrémes, l'état hygrométrique y est plus élevé. Madére et les 
Canaries bénéficient de leur situation insulaire; le climat mari- 
time y est plus accentué encore. Au contraire, le climat est de 
plus en plus sec à PE. du bassin. Ces différences retentissent sur 
les possibilités de l'acclimatation dans notre Midi; nous l'avons 
dit, elles sont, pour un lieu donné, en raison directe de la con- 
formité de son climat avec celui dont il s'agit d'aeclimater les 
espèces. A cet égard, la situation d'Hyéres est privilégiée en France. 
Abritée des vents du N. et du N.-W. parle massif calcaire qui 
commande la rade de Toulon, elle est abritée contre les vents 
froids du N.-E. par le massif des Maures. Le sol alluvial qui 
forme toute la plaine environnante, la Crau d'Hyéres, doit à sa 
composition minéralogiqüe variée et à sa légèreté d’être particu- 
liérement favorable à l'horticulture. Le voisinage de la Méditer- 
ranée et des îles lui assure des précipitations atmosphériques plus 
fréquentes et un état hygrométrique plus élevé qu’en beaucoup 
d’autres points du littoral. Il était naturel qu'Hyéres vit naître 
le commerce horticole intensif; il devait, nécesairement, se déve- 
lopper à mesure que les communications plus faciles lui ouvri- 
raient de nouveaux débouchés. 

Il résulte de ce que nous avons dit que les mêmes climats pro- 
duisent les mémes formes de végétation, et réciproquement, que 
les mêmes formes de végétation sont les témoignages irrécusables 
de la similitude des climats. 

Les éléments floristiques peuvent être très différents, pour des 
raisons antérieures à l’état géologique actuel; mais, à quelque 
famiile qu'elles appartiennent et en quelque lieu du monde que 
ce soit, les espéces soumises aux mémes conditions de climat ont 
les mêmes types physionomiques. Les survivants des temps anté- 
rieurs, les Coniféres, par exemple, se sont réfugiés aussi sous des 


- 


res ee 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CLXV 
climats appropriés à leur forme végétative; c'est du moins là seu- 
lement qu'ils ont'survécu. 

En résumé, les espéces susceptibles d'étre acclimatées dans un 
pays appartiennent aux formes de végétation qui dominent dans 
la flore spontanée du pays. Ce sont, avant tout, pour le littoral 
méditerranéen, les arbres et arbustes à feuilles persistantes, les 
plantes bulbeuses et tuberculeuses. Nous pourrions y ajouter les 
grandes herbes de steppes; mais, à part quelques espèces remar- 
quables à divers titres, Gynerium, Ampelodesmos, Eulalia, Stipa, 
l'horticulture n'a pas trouvé qu'elles dussent procurer à la déco- 
ration de nos jardins des avantages proportionnés aux efforts que 
nécessiterait leur acclimatation. | 

Les espèces appartenant à des formes de végétation étrangères 
à la flore spontanée d’un pays ne sauraient y être cultivées que 
grâce à divers artifices; ils n'y trouvent pas toutes les conditions 
favorables. 

En dehors de la région méditerranéenne elle-même, quatre do- 
maines naturels présentent avec le nótre une étroite conformité 
climatique et fournissent par conséquent aux horticulteurs du 
midi de la France le plus grand choix d'espéces à acclimater. 


1. Afrique du S.-W. — L'Afrique sud-occidentale ct, plus 
exactement, le domaine qui s'étend le long de la cóte atlantique, 
du fleuve Orange au cap de Bonne-Espérance, avec les chaines et 
les plateaux qui la dominent, méritent la premiére place dans cette 
énumération. La sécheresse y est plus grande encore que dans la 
région médilerranéenne; ies jours nuageux surtout y sont sensi- 
blement moins nombreux. Le caractère xérophile de la flore en 
est accentué. On y trouve une majorité d'espèces frutescentes ; les 
Ericacées y dominent, avec les Diosmées, Rutacées et Rhamnacées ; 
c’est la patrie des Pelargonium, des Polygala frutescents, de plu- 
sieurs Tecoma. 

La sécheresse extrème du climat y développe, plus que dans le 
bassin méditerranéen, le type des plantes grasses. La nombreuse 
série des Aloe, des Mesembryanthemum, la plupart des Crossin 
et Cotyledon, Rochea, plusieurs espèces les plus remarquables du 
genre Euphorbia (E. cærulescens Kaw., E. Caput-M mE L., etc. » 
les Senecio de la section Kleinia (K. repens Haw., K. Anteuphoi - 
bium DC., K. articulata Haw.), etc., appartiennent à ce domaine. 


CLXVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Les plantes bulbeuses y sont représentées surtout par les A gapan- 
thus, Himantophyllum (Clivia), Gladiolus, Ixia, Freesia, etc.; les 
Géraniacées à huiles essentielles (Pelargonium capilatum, inqui- 
nans, zonale, ete.) y remplacent les Labiées de la région médi- 
terranéenne. 


2. Australie du S.-W. — La partie sud-occidentale du conti- 
nent australien et une grande étendue de l'Australie méridionale 
ont avec notre région méditerranéenne les rapports climatiques 
les plus étroits. La quantité annuelle des pluies est à peu prés la 
même à Perth qu'à Montpellier, mais l'état -hygrométrique y 
atteint des minima auxquels il n'arrive pas en Europe; il en ré- 
sulte que l'évaporation y est souvent supérieure à la quantité d'eau 
reçue par le sol, que les sécheresses y sont persistantes. Comme 
dans le domaine précédent, le caractère xérophile de la flore est 
plus profondément imprimé que dans la région méditerranéenne: 
Les formes ligneuses y dominent; elles forment des foréts claires, 
sans ombre, sans sous-bois, abritant seulement un tapis de Gra- 
minées vivaces et dures; ou bien elles constituent |le scrub, 
broussaille serrée d'arbustes trapus, à feuillage gris, coriace et 
sec, alteignant rarement la hauteur d'homme. Les Mimosées, 
Myrtacées, Protéacées, Thyméléacées y dominent; les Myrtacées 
n'y comptent pas moins de 660 espèces ; c'est là qu'on trouve la 
plupart des Epacridacées à physionomie de bruyéres, les Casua- 
rina, beaucoup de Papilionacées à forme de Spartium et le 
charmant Chorizema ilicifolium qu'on prendrait volontiers pour 
un jeune Chéne-vert, si l'on ne voyait les élégantes grappes de 
ses fleurs. 

Les plantes bulbeuses v occupent une place importante avec 
des Liliacées appartenant à des genres différents des nótres, des 
Orchidées, des Hémodoracées. 

Les Composées à bractées persistantes auxquelles nous avons 
donné le nom d'Immortelles sont aussi caractéristiques de cette 
flore xérophile d'Australie. Le genre Heliehrysum n'y comprend 
pas moins de 61 espèces et l'on y compte 36 espèces d'Helip- 
terum ; l'une d'elles. est devenue le Rodanthe Manglesii de nos 
jardins. 
| C'est l'est du continent, beaucoup plus humide, que caracté- 
risent les foréts d'Eucalyptus. Ces arbres puissants ne sauraient 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CLXVII 


se contenter des faibles ressources en eau que leur offre l'Ouest 
australien; leur existence n'est compatible qu'avec une alimen- 
tation abondante, soit qu'ils en jouissent sous forme de pluies 
réguliéres, soit qu'ils trouvent l'eau emmagasinée dans les pro- 
fondeurs du sol. A ce point de vue, les Eucalyptus ont les mémes 
exigences que tous les arbres de haute taille; ils n'échappent pas 
à la loi; les mêmes formes de végétation sont liées aux mêmes 
conditions de climat. Les Eucalyptus exigent donc un sol profond 
et arrosé; les en priver, c'est les condamner à une vie misérable 
et précaire. 


3. Chili moyen. — Le Chili, dans sa partie movenne, au S. du 
20° parallèle, jouit d'un climat étroitement comparable à celui de 
l'Espagne méridionale. Les pluies d'hiver sont équivalentes dans 
les deux pays; mais la saison séche est généralement plus longue 
au Chili qu'à Gibraltar ou à Malaga. Elle est moins favorable à 
la végétation arborescente qui n'y trouve pas de provision d'eau 
suffisante. Les arbres y sont de petite taille; les arbustes épineux, 
comme les Colletia, représentent les formes les plus capables de 
résister aux longues sécheresses. Signalons comme espèce domi- 
nante, Quillaja Saponaria, et, comme types abondamment repré- 
sentés, les Escallonia, Psoralea, Persea, Rhus, Baccharis, et la 
remarquable Solanée éricoide, Fabiana imbricata. | 

La diminution des formes arborescentes est compensée par 
l'augmentation des plantes grasses, Cereus, Echinocactus, Ma- 
millaria. l 

Les plantes bulbeuses sont représentées par des O.zalis, par les 
Alstræmeria, Sisyrinchium et d’autres Liliiflores. Les Graminées 
de steppes, vivaces et dures, Stipa, Andropogon et autres, abon- 
dent, avec beaucoup d’Avénacées annuelles. 


4. Littoral californien. — Les côtes de la Californie sont cou- 
vertes de forêts d'arbres de petite taille, la plupart à feuilles per- 
sistantes, passant à une végétation arbustive dans les stations les 
plus séches. Les Quercus et Castanopsis y dominent; les Ceano- 
thus, les Ericacées, Anacardiacées, Légumineuses et Labiées à 
feuilles persistantes, y sont abondantes. Les Cactacées y occupent 
une place d'autant plus grande que le climat est plus sec. O 

Les Conifères, survivants des époques géologiques anterieures, 


CLXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


y sont plus abondantes que partout ailleurs; elles y sont repré- 
sentées par 28 espèces. Les unes appartiennent aux plaines sèches; 
les autres s'échelonnent sur les montagnes. C'est dans les zones 
élevées qu'est localisé le Sequoia gigantea ; on sait qu'il vient mal 
dans les plaines méditerranéennes. Parmi les plus remarquables 
de celles qui sont adaptées à nos climats, il convient de men- 
tionner Sequoia sempervirens, Pinus Lambertiana, P. ponderosa, 
P. Coulteri, P. Sabiniana, Libocedrus decurrens, Cupressus 
Lambertiana (macrocarpa hort.). 

Le Washingtonia filifera Wendland (Pritchardia hort.) nous 
vient d’un domaine voisin mais plus désertique, des vallées arides 
du Colorado et de l'Arizona. 


Les divers domaines de la région méditerranéenne jouent eux- 
mémes un róle différent vis-à-vis de l'horticulture méridionale. 
Madére, les Canaries et les Acores, l'Afrique septentrionale, 
l'Orient et l'Archipel des iles grecques, l'Italie, l'Espagne avec les 
iles dela Méditerranée occidentale, fournissent un nombre assez 
élevé de végétaux d'autant plus précieux pour l'horticulteur que 
leur acclimatation est plus aisée. | 

Le Levant méditerranéen nous a donné : 


Juniperus drupacea Labill. Euphorbia rigida Bieberstein. 
Cupressus sempervirens L. — antiquorum L. 
Cedrus Libani L. Ranunculus asiaticus L. 
Abies cephalonica Link. Iberis sempervirens L. 
— cilicica Carrière. Capparis spinosa L. (1). 
— Pinsapo Boissier. Medicago arborea L. 
Cyperus Papyrus L. Zizyphus vulgaris Lamk. 
Arum Dracunculus L. Helichrysum orientale Tournef. 
=- crinitum Aiton. Periploca græca L. 
Iris cretensis Janka (pseudo-stÿlosa | Arbutus Andrachne L. 

_hort.). Azalea pontica Siebold. 
Hyacinthus orientalis L. Diospyros Lotus L. 
Euphorbia biglandulosa Desf. Acanthus spinosus L. 


L'Afrique septentrionale (de la Tunisie au Maroc) vaut aux jar- 
dins du Midi un petit nombre d’espèces; mais plusieurs d'entre 
elles ont une importance exceptionnelle. Ce sont surtout : 


. (1) Dans les listes qui suivent, certaines espèces, ayant une aire d'exten- 
sion trés vaste, sont indiquées dans le domaine où elles semblent le plus frè- 
quentes; nous n'avons pas la prétention de détailler la distribution géogra- 
phique de toutes les espèces que nous mentionnons. 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. 


Callitris quadrivalvis Ventenat. 


Cedrus atlantica Moretti. 
Chamærops humilis L. 
Phoenix dactylifera L. 


Iris stylosa Desf. 
Ampelodesmos tenax Link. 
Retama monosperma Boissier. 
Ceratonia Siliqua L. 


CLXIX 


Aux iles atlantiques (Madère, les Canaries, les Acores) nous 
sommes redevables d'espèces qui ont pris dans l’horticulture une 
valeur trés inégale, depuis le Solanum pseudo-capsicum, qui dé- 
core les jardins les plus modestes, jusqu'au glorieux Pheniz 
canariensis. ll convient de signaler entre toutes : 


Pteris arguta Aiton. 
Pinus canariensis Smith. 


Phœnix Jubæ Webb. (P. canariensis 


hort.). 
Dracæna Draco L. 
Euphorbia canariensis L. 


Persea indica Sprengel (Laurus L.). 


Genista canariensis L. 


Pittosporum coriaceum Aiton. 
Chrysanthemunı frutescens L. 


Senecio cruentus DC. (la Cinéraire 


des jardiniers). 
— populifolius DC. 
Jasminum odoratissimum L. 
— azoricum L. 
Solanum pseudo-capsicum L. 


De l'Espagne et des Baléares nous avons tiré, entre autres : 


Ephedra altissima Desf. 
Narcissus Jonquilla L. 
Buxus balearica L. 


Iberis gibraltarica L. 
Cytisus albus Link. 
Prasium majus L. 


De l'Italie méridionale et de Sicile, nous avons recu Iberis 
semperflorens L., Genista æœtnensis DC., Rosa moschata Aiton, 


Campanula fragilis Cyrillo, etċ. 


Le domaine méditerranéen français lui-même nous a fourni 
des espèces très précieuses à divers titres, par leur floraison 
hâtive, par leur port, par leur feuillage persistant. Signalons en 


particulier : 


Allium neapolitanum Cyrillo. 
— triquetrum L. 

Arundo Donax L. 

Narcissus Tazetta L. 

— poeticus L. 

Passerina hirsuta L. 

Ficus Carica L. 

Euphorbia dendroides L. 
Laurus nobilis L. 

Cneorum tricoccum L. 


Anemone coronaria (et autres). 


Matthiola incana L. 
Cistus ladaniferus L. 
Anagyris fœtida L. 
Coronilla glàuca L. 


Genista linifolia L. 
Anthyllis Barba-Jovis L. 
Cercis Siliquastrum L. 
Myrtus communis L. 

— — var. microphylla. 
Punica Granatum L. 
Viburnum Tinus L. 
Senecio Cineraria L. 
Artemisia arborescens L. 
Nerium Oleander L. 
Arbutus Unedo L. 

Vitex Agnus-castus L. 
Acanthus mollis L. 
Teucrium fruticans L. 


CLXX SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


La flore spontanée du bassin méditerranéen est loin d’avoir 
donné tout ce que nous pouvons lui demander pour la déco- 
ration de nos jardins. La flore de la Grèce, celle des Baléares 
possèdent beaucoup d'espèces du plus bel effet décoratif, sup- 
portant de grandes sécheresses et capables de donner les meilleurs 
résultats dans les jardins où les arrosages ne peuvent être con- 
stants. Une quantité de Labiées, de Papilionacées de ces prove- 
nances pourraient prendre une place honorable dans nos cul- 
tures. Le nord de l'Afrique devrait nous enrichir d'un grand 
nombre d'espéces bulbeuses. Nous pourrions encore puiser dans 
la flore spontanée du midi de la France des richesses qui ont été 
trop négligées jusqu'ici : les Ferula, les Verbascum, les Ono- 
pordon, les Cynara et Cirsium, les Galactites tomentosa, les 
Lavatera maritima et Olbia, l'Astragalus narbonensis, pour n'en 
signaler que quelques-unes, nous paraissent d'autant plus re- 
commandables que le succés de leur introduction dans nos jardins 
est certain. 


L'horticulture du Midi ne se contente pourtant pas de puiser 
des espéces à acclimater dans les trésors de la flore méditerra- 
néenne et dans celles qui rentrent dans le méme groupe clima- 
tique. Les régions phytogéographiques ne sont pas si rigoureu- 
sement limitées qu'il n'y ait encore, à cóté des régions les plus 
conformes à la nótre, des territoires plus ou moins étendus dont 
le climat diffère assez peu du nôtre pour que la végétation en 
réalise, en partie du moins, les mêmes formes de végétation. Nous 
avons rappelé plus haut que la forme Palmier, essentiellement 
tropicale, déborde dans diverses directions les régions chaudes, 
pour occuper une place subordonnée dans les régions tempérées 
chaudes. 

Il serait facile d'établir de même que les différentes formes de 
la végétation propres aux climats tempérés chauds, à étés secs et 
hivers humides, se retrouvent plus ou moins sous des climats peu 
différents; ils y rencontrent, dans des stations spéciales, ce qu'ils 
ne trouvent pas dans l'ensemble de la région. 

Les forêts équatoriales à végétation continue se développent 
Surtout sur le rivage des mers et dans les bases vallées toujours 
soumises à l'influence des océans ; mais, à mesure qu'on pénètre 
dans l'intérieur des continents, le climat devient moins maritime 


FLAHAULT. —- L'HORTICULTURE A HYÉRES. CLXXI 


et moins humide. Le type de la forêt se modifie; la végétation 
équatoriale perd son exubérance. Pour peu que le sol s'élève, 
comme c'est la règle, les températures s'abaissent, les précipita- 
tions atmosphériques sont moins abondantes, au moins pendant 
une saison, l’état hygrométrique moins élevé; la végétation change 
dans la mesure même où le climat se modifie. Les arbustes pré- 
dominent peu à peu sur les arbres à haute tige. Les savanes et les 
Campos des plaines et des plateaux intérieurs de l'Amérique méri- 
dionale ont plus d'un caractère commun avec notre végétation 
méditerranéenne. Des arbres de petite taille, à cime arrondie, 
Acacias, Césalpiniées, Myrtacées, Protéacées, beaucoup d'arbustes 
à croissance lente, trés rameux, à feuilles dures, et des Graminées 
vivaces à feuilles protégées par les débris des feuilles anciennes, 
comme nos Andropogon, nos Koleria, représentent les formes 
essentielles de cette végétation (1). Les plateaux du Mexique, de 
l'Abyssinie, les montagnes de la Perse, de l'Afghanistan, du 
Népaul, les montagnes du N.-E. des Indes réalisent aussi des 
formes de transition entre le régime des forêts équatoriales et le 
climat des régions tempérées chaudes à hivers humides. 

Les plateaux d'Abyssinie ont donné entre autres à notre horti- 
culture Sparmannia africana L., Solanum marginatum L., In- 
digofera argentea L., Ricinus communis L. 

Des savanes et des steppes du Brésil méridional et de la Répu- 
blique Argentine nous viennent Trithrinax brasiliensis Martius 
(T. Chuco), Copernicia campestris et Cocos australis, Gynerium 
argenteum ; les forêts tempérées ou montaggeuses de l'Amérique 
méridionale nous ont donné la plupart des Passiflora, des Sola- 
num et notamment S. jasminoides, Libonia floribunda, des 
Abulilon, une nombreuse série de Salvia, Bougainvillea specta- 
bilis, Nicotiana glauca, Lantana Camara, etc., ete. 

Du Mexique montagneux et plus ou moins sec, nous avons 
tiré tous les Agave, Yucca, Fourcroya, Dasylirion, la plupart des 
Opuntia et Cereus, types de végétation désertique, mais aussi 
Ceanothus azureus Desf., Choisya ternata H.B. K., plusieurs 
Acacias, un grand nombre de Salvia, les Cobra scandens, mE 
Ageratum cœruleum, Brahea dulcis Martius (Corypha H. B. K.). 


, Lagoa Santa, petit in-4° de 336 pages. 


(D Voy. par exemple Mann ue générale de Botanique, V, 18%, 


Copenhague, 1892; résumé dans la Rev 
pp. 97 et suivantes. 


CLXXII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Il nous reste, pour finir, à énumérer un dernier groupe de 
domaines naturels à la flore desquels l'horticulture du midi de la 
France demande des espèces à acclimater; ce sont les domaines 
tempérés chauds qui ne subissent de sécheresse en aucune saison. 
Tandis que, dans tous les domaines examinés jusqu'ici, la moyenne 
annuelle des pluies demeure au-dessous de 1 métre, comme dans 
la région méditerranéenne, les domaines tempérés chauds sans 
saison séche recoivent au moins 120 centimétres de pluies ré- 
parties entre toutes les saisons. Ils se rapprochent par là des 
domaines tropicaux; comme eux, ils sont peuplés surtout de 
végétaux à transpiration active, à absorption intense. Le 5. de la 
Chine et les iles les plus méridionales du Japon avec le S.-E. de 
l’île de Nippon au S. du 36° parallèle (Tokio), la Tasmanie avec 
l'extréme S.-E. du continent australien, la Nouvelle-Zélande avec 
les iles de Lord Howe et de Norfolk, le Chili méridional au S. de 
Valdivia forment les principaux domaines appartenant à ce type 
climatique. : d 

Avec leur humidité constante, ils gardent des régions tropi- 
cales quelque chose qu'ils ne sauraient transmettre à notre région 
aussi chaude mais plus séche. Nous ne pouvons songer à accli- 
mater ni les Lianes du Japon méridional, ni ses Orchidées, ni 
méme ses Camélias; ces plantes ne supportent pas plus la séche- 
resse de notre atmosphère que les Fougères arborescentes de la 
Tasmanie (Alsophila, Dicksonia et autres). C'est de notre Bre- 
tagne que ces domaines se rapprochent le plus par le climat; aussi 


ne pouvons-nous nous étonner de voir prospérer sur nos côtes 


bretonnes un certain nombre d’espèces qu'il nous est impossible 
de cultiver en plein air, sous le ciel pur et dans l'atmósphére trop 
sèche du Midi. Quelques-unes pourtant occupent une place impor- 
tante dans l'horticulture méridionale et y donnent les meilleurs 
résultats. Les jardins du Midi doivent à la Chine méridionale et au 
S. du Japon, entre autres espèces : 


Uycas revoluta Thunb. Rhapis flabelliformis Aiton. 
Podocarpus chinensis Wall. Ophiopogon japonicus Gawl. 
Bambusa nigra Lodd. Aspidistra elatior Blume. 
Arundinaria japonica Sieb. et Zucc. | Bæhmeria nivea Hook. et Arn. 
, (Bambusa Metake hort.). Laurus Camphora L. 
l'rachycarpus Fortunei Wendl. Sterculia platanifolia L. 
Livistona chinensis Martius (Latania )rachychiton japonicum Hisf. 
borbonica Commerson). Camellia japonica. L. 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CLXXITI 


Ægle sepiaria DC. Pittosporum Tobira Aiton. 

Albizzia Julibrissin Dur. Zanthoxylum Bungei Planchon. 

Acacia Farnesiana Willd. Gardenia florida L. 

Rosa Banksiæ R. Br. Viburnum odoratissimum Ker. 

Rosa indica L. Diospyros Kaki L. 

Raphiolepis indica Lindley. Ardisia crenata Sims. 

Photinia serrulata Lindley. Osmanthus fragrans Loureiro. 

Eriobotrya japonica Lindley. Ligustrum japonicum (hort.). 

Acanthopanax aculeatum Seem. (Ara- | Jasminum floridum Bunge (J. subu- 
lia trifoliata Meyen). latam Lindl.). 

Fatsia papyrifera Benth. et Hooker | Clerodendron fragrans Willd. 


(Aralia Hooker). 


Le grand intérêt que portait à l'horticulture le botaniste Ferd. 
von Müller et les nombreuses relations qu'il entretint pendant sa 
longue carrière avec les botanistes et les amateurs des rivages mé- 
diterranéens ont assuré sans doute à notre horticulture à peu près 
toutes les acquisitions possibles de la flore de la Tasmanie, du 
S.-E. de l'Australie et des îles voisines (1). La plupart d'entre, 
elles ont été cultivées d'abord à la villa Thuret, à Antibes, parles 
soins de Thuret et de M. Bornet d'abord, de Ch. Naudin ensuite. 
La plupart des espèces de cette origine sont bien acclimatées dans 
l'étroite zone de l'oranger, de Toulon à Gênes, où elles trouvent à 
la fois un abri contre les vents du N. et du N.- E. et une humidité 
atmosphérique assez grande, grâce au voisinage immédiat de la 
mer; mais elles n'ont pas pris place dans l'ensemble du domaine 
méditerranéen francais, généralement trop froid et trop sec pour 
elles. La liste en est trés nombreuse. Qu'il nous suffise de citer 
quelques exemples; ils fournissent une nouvelle démonstration de 
ce que nous affirmions au début de cette Note, à savoir que les 
espèces ne s'adaptent pas à des conditions de climat differentes de 
celles qui leur conviennent, mais qu’elles viennent volontiers où 
elles rencontrent des conditions peu différentes de celles qu'elles 
trouvent dans leur pays d'origine. C'est ainsi qu'on cultive avec 
un plein succés, entre Menton et Toulon, des espéces qui ne sup- 
portent pas le climat de Marseille, de Montpellier ou de Perpi- 
gnan. : 

Ce sont, entre autres, des Palmiers : 


Archontophænix Cunninghami Wendl. et Drude (Seaforthia elegans R. Br.). 
Rhopalostylis sapida Wendl. (Areca Martius). 


(1) Surtout de l'ile de Lord Howe et de Norfolk. 


CLXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Rhopalostylis Baueri Wendl. (Kentia Seem.). 

Howea Belmoreana (Kentia Moore et Müller). 

— Forsteriana Beccari (Kentia hort.). 

Hedyscepe canterburyana Wendl. et Drude (Kentia hort.). 
Corypha australis R. Br. (Livistona R. Br.). 


Signalons encore la majorité des nombreuses espèces d'Euca- 
lyptus, plusieurs Casuarina, Kennedya, Tecoma, Brachychiton, 
Ficus, les Araucaria Bidwilli Hooker, A. Cunninghami Aiton, 
A. excelsa R. Br. 

Les Cordyline indivisa Kunth, Phormium lenax Forster, Vero- 
nica speciosa Hooker et V. salicifolia Forster nous sont venus de 
la Nouvelle-Zélande et l’Araucaria Cookii de la Nouvelle-Calé- 
donie; ils rentrent dans la méme catégorie que les précédents 
au point de vue des exigences climatiques. 

Notre but serait atteint s'il ne nous paraissait opportun de de- 
mander une nouvelle démonstration de la thése que nous avons 
posée à une série de faits trés connus de la plupart des botanistes 
de la France tempérée. En effet, nous n'avons pas eu l'occasion de 
signaler, à propos de l'acclimatation dàns le midi de la France, 
la flore des États septentrionaux de l'Union américaine et du 
Canada, non plus que celle de la Chineet du Japon septeutrionaux. 
La frappante similitude des climats de l'Europe moyenne occi- 
dentale et de l'Amérique du Nord orientale, les rapports clima- 
liques étroits qui existent entre la région des steppes de l'Europe 
orientale et la « région des prairies » de l'Amérique du Nord, ont 
assuré le succés des échanges entre les flores de l'Europe tempérée 
froide et des régions américaines de méme climat. On ne compte 
pas moins de 440 espéces spontanées communes à l'Europe tem- 
pérée froide et aux États du Nord de la Confédération américaine, 
en faisant abstraction du territoire situé au S. du 37° paralléle. Il 
faut remarquer toutefois que cette remarquable communauté de 
types spécifiques entre deux régions séparées depuis longtemps 
par un vaste océan porte surtout sur les espèces herbacées.. 

C'est à ces rapports si étroits entre l'Amérique du N. tempérée 
froide et l’Europe moyenne occidentale que nous devons l'intro- 
duction dans les cultures de la France tempérée des espèces sui- 
vantes : 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CLXXV 


Pinus Strobus L. (Pin de Weymouth). | Ribes aureum Pursh., etc. 
Picea canadensis Mill. (et les autres Thuya occidentalis L. 
Sapinettes). | Populus balsamifera L. 
Tsuga canadensis Carrière. Quercus rubra L. 
Liriodendron tulipifera L. | — palustris Du Roi. 
Berberis Aquifolium Pursh. Liquidambar styraciflua L. 
Philadelphus coronarius L. Platanus occidentalis L. 
— inodorus L. Ilex (spec. plur.). 
— grandiflorus Willd. | Staphylea trifoliata L. 
Gleditschia triacanthos L. Acer rubrum L., etc. 
Robinia Pseudo-Acacia L. Ceanothus (spec. plur.). 
Amorpha fruticosa L. | Symphoricarpos racemosus Michaur. 
Cladrastis lutea Koch. (Enothera (spec. plur.). 
Ptelea trifoliata L. Rhododendron maximum L. 
Spiræa (spec. plur.). — catawbiense Michaux. 
Cratægus (spec. plur.). Tecoma radicans L. 
Prunus (spec. plur.). Phlox paniculata L. 
Ribes rotundifolium Michaux. Solidago canadensis L. 


divers Asclepias, Chelone, Pentslemon, Aster, Helianthus et Ver- 
nonia, etc. Or, bien que toutes ces espèces, si répandues dans les 
Jardins de l’Europe tempérée froide, trouvent dans ceux du Midi 
des conditions de température aussi favorables que celles qui 
règnent dans leur patrie, la plupart ne supportent pas les séche- 
resses du midi de la France et sont par là méme exclues des possi- 
bilités de l'acclimatation. | 

On peut citer de méme un bon nombre d'espèces de la Chine 
septentrionale et des iles du Japon au N. de Tokio qui font mer- 
veille dans les jardins de la France tempérée froide et qui ne 
viennent pas dans le Midi ou qui n'y prospérent que dans les si- 
tuations les plus fraiches, les plus ombragées, dans des conditions 
exceptionnelles en somme ; tels sont : 


Hoteia japonica Morren et Dec. 
Deutzia scabra Thunb. 
— gracilis Sieb. 


Dic stabilis Miquel. Aucuba japonica Thunb. 
sentra spectabilis Miquel Jasminum nudiflorum Lindl. 


Kerria japonica DC. a a peaa | 
» m : y les | Forsythia viridissima Lindl. 
Cydonia japonica Pers. (Chænomele Rhododendron sinense Sweet (Azalea 


Lindl.). C 
Saxifraga sarmentosa L. mollis Blume). 


Magnolia conspicua Salisb. (M. Yulan 
Desf.). 
Bocconia cordata Willd. 


En résumé et pour conclure, quand il s'agit d'acclimatation, 
l'horticulteur ne peut espérer provoquer une adaptation immé- 
diate d’une plante à un climat nouveau pour elle. Toute espèce 
succombe dans un pays où elle ne trouve pas un ensemble de con- 


CLXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


ditions climatiques très voisin de celui auquel elle est soumise 
dans sa patrie. Nous nous sommes efforcé de classer les princi- 
pales régions et les domaines naturels les plus voisins du domaine 
méditerranéen français par leur climat, de manière à montrer ce 
qu'ils peuvent nous donner et ce que nous pouvons leur demander. 

C'est avec beaucoup de raison que nous avons emprunté à 
l'Australie occidentale ses Protéacées, ses Myrtacées, ses Mimosées 
et tant d'autres; l'horticulture méditerranéenne fait appel, avec le 
méme succés, aux éléments de la flore du Cap, de la Californie, 
du Chili moyen. Elle peut encore prélever dansla flore de quelques 
autres domaines un certain nombre d'espéces qui lui donnent 
pleine satisfaction. Ces introductions, d'ailleurs, ont un grand 
intérêt scientifique et mettent une heureuse variété dans nos jar- 
dins. Cependant, en application des principes posés dés le début 
de cette Note, la flore spontanée d'une région naturelle fournira 
toujours les éléments essentiels de la décoration des parcs et Jar- 
dins dans cette région. Rien ne saurait remplacer les grands 
arbres spontanés dans le pays; rien, méme dans le Midi méditer- 
ranéen les Eucalyptus, ni ailleurs le Sequoia gigantea; quoi 
qu'on fasse, ces arbres s'accommodent moins bien des climats de 
l'Europe que nos espèces spontanées. On néelige trop souvent les 
éléments indigénes; nous avons fait remarquer plus haut que 
l'horticulture du Midi a trop peu demandé jusqu'ici aux flores 
méditerranéennes elles-màmes, que l'Espagne et les Baléares, la 
Gréce, l'Asie Mineure et l'Afri ique septentrionale possèdent des 
richesses bien connues des botanistes mais trop ignorées des 
horticulteurs. 


IT. LES PARCS ET LES COLLECTIONS DE VÉGÉTAUX 
VIVANTS A HYÈRES. 


La Société botanique de France, réunie à Antibes au mois de 
mai 1883, s'était fait un devoir de visiter les plus beaux des jardins 
créés et entretenus par les particuliers au Golfe-Jouan; c'était le 
complément nécessaire de l'étude qu'elle avait faite des jardins 
de la villa Thuret, créée par un savant qui fut un homme de bien. 
Elle est aujourd'hui propriété de l'État et consacrée aux études 
supérieures. Notre regretté confrère Henry de Vilmorin a donné 


juncti ce prier duit M 


1 
| 
f 
f 
| 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CLXXVII 


de ces visites de remarquables comptes rendus, fort appréciés de 
ceux qui s'intéressent à l'horticulture (1). 

Nous ne pouvions songer à trouver à Hyères rien de comparable 
à la villa Thuret par la valeur scientifique des collections qui y 
ont été réunies; nous n'avions pas, comme au Golfe Jouan, l'em- 
barras du choix entre de nombreuses propriétés particuliéres riva- 
lisant par le luxe des plantations et la beauté des sites. 

Le choix s'imposait ici. La Villa des Kermés, ‘créée par M. Vil- 
lard à Carqueyranne, posséde le jardin le plus riche et le mieux 
situé de cette partie dela cóte. M. H. Dellor, soit à titre particu- 
lier, soit jadis comme attaché à la maison Ch. Huber et C^, a beau- 
coup contribué à introduire dans l'horticulture méridionale de 
précieux éléments étrangers ; sa Villa de la Blocarde a précieuse- 
ment conservé les témoignages de ses efforts. Enfin, la ville d’ Hyères 

- doit à la générosité d'un ancien officier la possession de l'opulente 
demeure et du jardin qu'il avait planté dans la première moitié 
de ce siècle, à une époque où les bords du Var et le pays de Nice 
nous étaient encore fermés. Situé en pleine ville, le Jardin Denys 
est le rendez-vous des étrangers qui y trouventsans fatigue l'ombre, 


le calme et le plaisir des yeux. 


I. Villa des Kermés. — C'est en 1880 que M. Th. Villard, au- 
jourd'hui vice-président de la Société centrale d'horticulture de 
France et membre du Conseil supérieur de l'agriculture, a com- 
mencé la plantation de ses jardins. On reconnait dés l'abord l'in- 
tention de créer une demeure agréable dans un site bien choisi. 
Sous l'abri de la colline de Costebelle, la villa occupe la partie la 
plus élevée d’un jardin de 4 hectares s'étendant entre la route 
d'Hyères à Carqueyranne et le rivage qui se dresse en falaise en 
cet endroit. Tout prés de là, le flot bat les ruines de l'antique 
Pomponiana. Des terrasses de la maison en facade sur le midi, le 
regard se repose par delà les cimes des Pins, sur les eaux mE 
du golfe de Giens; la ligne blanche du lido des Pesquiers el a 
bande sombre des Pins Parasols frangent l'azur du côté de l'Est. 
Vers le Sud, à 2 milles marins environ, la presqu'ile de Giens pro- 
file ses plus vives arêtes; les récifs qui la bordent, battus par es 
lames du large, limitent vers le S.-W. une large échappée vers 


(1) Bulletin Soc. bot. de France, XXX, 1883. ; 
T. XLVI. 


CLXXVHI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


la grande mer. En différents points du jardin, sous l'ombre bien- 
faisante, on a ménagé la vue des lointains lumineux sous les riches 
frondaisons des Palmiers. 

Au nord de la route, sur les pentes mémes de la colline, s'éten- 
dent encore 3 hectares de jardins consacrés surtout à l'horticul- 
ture économique. Cultures maraichéres, cultures en vue de la fleur 
coupée d'hiver, en vue de la production des primeurs, y occupent 
la première place. C'est que M. Villard a voulu aussi créer un jar- 
din d'aeclimatation d'espéces utiles, un champ de démonstration 
et d'expériences horticoles qui püt étre un moyen d'enseignement 
pour les horticulteurs du pays. A-t-il complétement réalisé ce 
réve? Nous ne le pensons pas. Il y a trop loin de la théorie à la 
pratique pour qu'un établissement où la balance de la dépense et 
de la recelte ne saurait étre faite puisse exercer une influence 
considérable sur les progrés de l'horticulture commerciale. Le- 
commerce compte avec tous les détails, avec le prix de la main- 
d'œuvre, les qualités individuelles des ouvriers, les facilités d'ac- 
cés, le prix de l'eau, la facilité des opérations culturales et mille 
autres, plus négligeables en apparence. 

Et, justement, les cultures de la villa des Kermés sont à plus 
d'un point de vue dans des conditions peu favorables à la produc- 
tion économique. Si l'exposition en plein midi est excellente pour 
les cultures hivernales et, en particulier, pour les cultures de la 
fleur à couper, Narcisses, Anémones, Giroflées, Tubéreuses, etc., 
la rareté de l'eau ne permet pas d'utiliser comme il conviendrait 
les terrasses pendant la saison séche. La Compagnie des eaux 
d'Hyères ne fournit guère à la propriété entière que 20 mètres 
cubes par jour ; c'est peu et c'est pourtant une grosse dépense. 
Le moindre terrain de la plaine alluviale de la Crau se trouve, à 
cet égard, en meilleure position. La villa des Kermés se trouve à 
4 kilométres environ de la gare; c'est beaucoup quand il s'agit 
d'expéditions de fleurs ou de fruits. Enfin, le sol de la propriété 
ne semble pas propre aux cultures intensives; il est formé de 
grès et d'argiles rouges permiennes compactes, d'aspect schistoide ; 
c'est un sol froid en hiver, retenant longtemps l'eau qui le pénétre 
avec peine, où les arrosages d'été sont à peu près sans effet. Ajou- 
tons encore — c'est la condition essentielle — que M. Villard est 
retenu loin des Kermés par d'autres devoirs et qu'il ne peut 


PA 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CLXXIX 


accorder à ses cultures que des loisirs trop rares. On sait ce que 
fait l'oeil du maître et combien il manque là où il manque. 

Il convient pourtant de retenir que la culture des Citronniers 
et Mandariniers donne les meilleurs résultats aux Kermés ; ils y 
produisenten abondance des fruits d'excellente qualité. En somme, 
la culture économique la plus recommandable aux Kermés est 
celle de la Vigne, dans les conditions ordinaires de la grande cul- 
ture, c'est-à-dire en vue de la production du vin. Cultivée dans les 
terres rouges du coleau bien défoncées, la Vigne produit sûrement 
des vins d'excellente qualité. 

Ces réserves faites, laissons de cóté les cultures économiques et 
revenons au jardin paysager ; il offre assez d'attractions pour cap- 
tiver longtemps l'attention. En l'absence du propriétaire, sescon- 
frères de læ Société d'horticulture d’Hyères nous ont fait, très 
aimablement, les honneurs du jardin... et de la maison. Nous 
la jugeons fort hospitaliére. Que serait-ce si nous y avions trouvé 
celui qui en est l’âme! 

Le Catalogue des plantes cultivées aux Kermés a été dressé avec 
soin par B. Verlot et imprimé en 1890 (1); comme il arrive tou- - 
jours, le Catalogue n'est plus complet ; car la sollicitude de M. Vil- 
lard ne chóme pas, il veille chaque année à compléter ses collec- 
tions. Nous avons constaté de récentes introductions d'un grand 
intérêt. Il faut remplacer les disparus, les morts, et il y en a beau- 
coup; les longues sécheresses et l'insuffisance de l'eau d'arrosage, 
la compacité et l'aridité du sol opposent des difficultés insurmon- 
tables à l'acclimatation de beaucoup d’espèces. Que peut-on 
attendre, par exemple, sur un sol à peu près imperméable, des 
Eucalyptus qui exigent des terrains meubles et profonds"? Ils y 
demeurent fréles, misérables, inférieurs à la plupart denos arbres 
indigénes et moins décoratifs qu'eux. ns ONN 

Nous ne songerons pas à donner de longues listes d'espèces 
cultivées aux kermés ; ce serait faire double emploi avec le Cata- 
logue dressé par Verlot ; il nous semble préférable de signaler les 
Particularités qui nous ont frapp®. bles aux Kermés sont le 


De tous les Palmiers, les plus remarqua»'es 2 Le Palmier nain 
Washingtonia filifera et le Phœnix canariensis. e Palmier n: 


- (1) Paris, typogr. G. Chamerot ; album in-12 de 102 pages, 1890. 


CLXXX SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


d'Algérie y prospère sur les sols les plus arides et s'y mulliplie 
abondamment par semis naturel. 

Parmi les arbres Dicotylédones, nous avons remarqué surtout 
la bonne végétation des Casuarina et surtout du C. tenuissima, 
des Melaleuca decussata, de beaucoup d'Acacias, parmi lesquels 
quelques-uns sont aussi recommandables par leur port, comme 
A. verticillata, A. pinifolia, A. cultriformis, A. Latrobei ; des 
Brachychiton populneum et acerifolium, des Polygala du Cap, 
Camphora officinarum, Hakea eucalyptoides. 

Il est à remarquer que l'Acacia dealbata vient mal aux Kermés; 
il y est toujours chlorotique; greffé sur A. retinodes pourtant, il y 
végéte avec vigueur, mais sans fleurir. 

En résumé, M. Villard a trouvé aux Kermés un site admirable 
et un sol de médiocre qualité, subissant d'une maniére fácheuse 
l'influence des sécheresses. L'expérience lui a montré qu'aucun 
effort ne saurait faire prospérer certains végétaux dans un sol 
défavorable. Sans renoncer à les cultiver, il a cessé de leur deman- 
der les grands effets décoratifs et il a multiplié ceux qui trouvent 
chez lui ce qui leur convient. On sent quels efforts il a fallu pour 
créer d'épais ombrages sur ce terrain compact et stérile. ll y a 
réussi pourtant; le jardin des Kermés peut, à cet égard, servir 
d'exemple et de modèle. 

Une chose a vivement intéressé les membres de la Société bota- 
nique, c'est qu'il n'est pas une plante qui ne soit nommée dans ce 
jardin. Chaque espèce est étiquetée dès son entrée; pour peu que 
les exemplaires d'une méme espèce soient éloignés les uns des 
autres, chacun d'eux porte son étiquette, de sorte que le prome- 
neur est toujours renseigné sur les noms, la famille, les princi- 
pales propriétés et la patrie des plantes qu'il rencontre. Par là, le 


jardin des Kermés est supérieur aux jardins botaniques les mieux . 


tenus; malgré l'intérét spécial qui s'y attache, l'étiquetage y est 
toujours incomplet. Non seulement toutes les espéces et les exem- 
plaires dispersés dans le jardin sont étiquetés, on a pris soin ici 
de conserver, dans le jardin méme, la trace des efforts qui n'ont 
pas élé couronnés de succès. Une allée retirée est bordée de toutes 
les étiquettes métalliques inaltérables, qui établissent l'état civil 
des disparus. m 

Cete visite, dont nous rendons un compte trop: imparfait, 
peut-elle nous donner l'occasion de formuler un veed? On nous 


- 


- 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CLXXXI 


pardonnera peut-être de le faire ici, nous ne saurions trouver de 
meilleure occasion. 

Depuis quelques années, des jardins botaniques nouveaux ou 
rajeunis ont été l'objet d'innovations qui intéressent la géographie 
botanique. 

En outre des parties consacrées au groupement systématique 
des plantes vasculaires, on s'efforce d'y donner une idée de la 
distribution géographique des espéces, dans la mesure ou le per- 
met le climat du pays. La flore alpine, la flore méditerranéenne, 
la flore des steppes, etc., ont leurs principaux représentants réu- 
nis en groupes qui donnent une idée de leurs associations (1). 
Mais cette utile innovation est impossible dans la plupart des jar- 
dins; leur surface limitée ne permet pas d'ajouter de nouvelles 
cultures à celles qu'elles consacrent à la science. Les particuliers 
qui créent des parcs serviraient la science et l'horticulture en rap- 
prochant les éléments empruntés à une méme région botanique. 
La connaissance de la géographie botanique étant la condition 
essentielle du succés en matiére d'acclimatation, ce groupement 
servirait à l'instruction des horticulteurs et des Jardiniers. 

Sur ces bords de la Méditerranée, on pourrait aisément grou- 
per en massifs distincts les espèces appartenant aux différents 
domaines de la région, à la Gréce, au Levant, à l'Afrique du N., 
aux iles atlantiques, etc. Les représentants des flores du Cap, de 
l'Australie, du Chili, de la Chine et du Japon, etc., formeraient 
des groupes qui donneraient une notion d'ensemble de la flore 
des pays auxquels le nótre emprunte le plus pour la décoration 
des jardins. [n o- 

Quoi qu'il en soit, les botanistes savent gré à ceux qui, ass 
ciant la science au plaisir des yeux, forment de riches collections 
pour les mettre à la disposition des travailleurs. La Société pni 
nique a trouvé trop courtes les heures qu elle a nin pon . 
més; ceux qui ont eu la fortune d y multiplier eurs v | 
trouvent toujours de nouveaux sujets d'étude. 


| . . B ^S à , e 

(1) Depuis longtemps déjà, la plupart des jardins botaniques de ora 
tempérée réservaient une place spéciale à la culture des P sd An 
Ceux de Genève, Munich, Vienne, Kew, Bruxelles et Liège se sig ——Á 
la richesse de leurs collections de plantes alpines. Les jardin Praed 
Berlin, de Copenhague, de Dorpat ont multiplié ces en ape ni tes 
phiques irréalisables pour la plupart des jardins, serrés 


villes qui les étreignent. 


CLXXXII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


II. Villa la Blocarde. — A la Blocarde, c'est le propriétaire 
qui fait les honneurs de chez lui. M. Hippolyte Dellor se fait hon- 
neur d’être jardinier. De fait, il a consacré toute sa vie aux 
plantes et aux jardins, comme attaché à la maison Ch. Huber et C* 
d'abord, à titre personnel ensuite. Jardinier, il l'est dans l’âme; 
il aime la plante pour elle-méme, pour sa beauté, pour ses qua- 
lités qu'il connait à fond, qu'il apprécie. Il aime les plantes 
comme une mére son enfant, pour les sacrifices qu'il a faits pour 
elles, pour les soins qu'il leur a prodigués, pour les inquiétudes 
et les déboires qu'elles lui ont valus. Il en jouit et il en est jaloux. 
Son jardin, c'est sa vie! Queles dilettantes n'aillent pas l'impor- 
tuner! M. Dellor est un homme occupé, qui ne livre pas son 
temps aux oisifs. Mais qui aime les plantes est bien accueilli dans 
ce tout petit cabinet de travail que l'on quitte bientót, tout travail 
cessant, pour suivre M. Dellor au milieu de ses arbres et de ses 
plantes. 

Il ne s’agit pas ici d'une demeure opulente ni d'un Éden tracé 
par les architectes en renom et planté à grands frais. Un vignoble 
de quelques hectares, bordé d'une haie de Rosiers, entourait au- 
trefois l'habitation ; c’est aujourd'hui un vaste champ de Roses en 
terrain plat, dans le sol alluvial fécond des environs d'Hyéres, 
dans cette terre de Crau qui a faitla fortune du pays ; l'eau y est 
abondante et on nel'y ménage pas. Ne cherchons pas ici des 
points de vue ménagés avec art; la ligne bleue de la mer est là, à 
deux ou trois kilométres, par-dessus les bois d'Eucalyptus et de 
Pins de la plage, avec toute la ligne des iles; mais aucun artifice 
ne fait valoir tout cela. L'art n'ajouterait rien à tant de beauté. 

Que venons-nous donc chercher à la Blocarde? — Nous venons 
écouter M. Dellor! Il va nous présenter ses éléves les uns aprés 
les autres, ceux qu'il aime le mieux d'abord, ceux pour lesquels 
il a le plus fait, le plus lutté, avec lesquels il a le plus souffert, 
disons le mot, ou qui lui font le plus honneur. Puis, discrètement, 
de peur de nous ennuyer, il essayera de se dérober; mais la curio- 
sité s'éveille aux récits qu'il nous fait; il cède à nos instances et 
quand, après des heures, on n’ose plus demeurer plus longtemps, 
que de faits intéressants on a appris, que d'anecdotes touchantes 
on a retenues! Et l'on s'est retrouvé en contact avec tous les 
hommes qui, depuis le second quart de ce siécle, se sont occupés 
d'acclimatation et d'explorations scientifiques ; il les a tous con- 


Le do d 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CLXXXIII 


nus. Chaque arbre de ce jardin est un souvenir pour M. Dellor. 
Il a introduit en France une foule de plantes exotiques qui font 
aujourd'hui l'objet d'un commerce considérable ; il a vulgarisé la 
plupart de celles qu'il n'a pas introduites. Il en a gardé, autant 
que possible, un exemplaire qu'il a cultivé pour lui. Il posséde 
donc de beaux spécimens, souvent les plus beaux qu'on puisse 
voir en France, d'une foule d'espéces cultivées dans le Midi depuis 
un demi-siécle. Ce sont là les éléves auxquels M. Dellor donne 
toute son affection. 

Les Eucalyptus sont aujourd'hui les plus grands arbres du 
pays. M. Dellor nous apprend que lorsque Ramel, « le pére de 
l'Eucalyptus », se rendit à Melbourne, il y a environ trente ans, il 
y trouva prospérant sous le climat du S.-E. australien le Chéne- 
liége des Maures, les meilleures variétés d'Oliviers de Provence, 
nos meilleures vignes et surtout celles des Charentes ; c'est de 
M. Dellor que F. von Müller avait recu ces richesses. 

Frappé de ce succés, Ramel revint en France avec sa conviction 
. faite sur les services que les Eucalyptus y pouvaient rendre; il 
rechercha les traces des essais tentés pour les introduire à Hyéres 
dix ans auparavant. Il n'en retrouva qu'un pied (E. diversifolia), 
encore venait-on de l'abatire comme tenant trop de place au 
cimetière de la ville. C'est. à partir de 1862 que de nouveaux 
efforts ont été réalisés; on sait ce qu'ils ont donné. 

Au cours d'un des nombreux voyages qu'entreprit Ramel dans 
le but d'en répandre la culture, il remarqua un jour d'été, dans 
les ruines de Constantine, les restes desséchés d'une plante dont 
les tiges inférieures conservaient pourtant un reste de vie. Sa 
curiosité toujours en éveil le détermina à les mettre en porte- 
feuille. A Hyéres, ou il arriva huit jours plus tard, on ne put faire 
que des hypothéses sur la nature de ce débris. La tige pourtant 
n'était pas tout à fait morte. M. Dellor la prit, l'entoura de soins 
paternels ; elle se remit, prospéra; ce futla souche de la cn 
odorante à longs pédoncules qui, connue sous le nom de Violette 
Wilson, jouit encore d'une juste faveur dans le commerce. ; 

Passons une revue rapide des élèves aimés de M. Dellor. En 
cheminant, nous apprendrons bien des détails curieux, S 

Voici d'abord l'Erythea edulis, représenté par les premiers 
indivi ne té ivé Europe. L'un d'eux est en 
individus qui aient été cultivés en p l'année derniére, une 
pleine floraison (25 mai); on espère, comme f annee ce À 


CLXXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


abondante récolte de fruits mûrs et comestibles. L’ Erythea armala 
(Brahea Rezli) n’est ni moins robuste, ni moins beau. Beaucoup 
d'autres Palmiers nous arrêtent. Les Phœnix leonensis que nous 
voyons ici sont nés de graines reçues de la côte occidentale 
d'Afrique. La grande avenue bordée de superbes P. canariensis, 
dontles régimes mürs pendent jusqu'à terre, est venue des graines 
envoyées d'Orotava, il y a prés de vingt-cinq ans. M. Dellor ne 
voit dans ce Dattier (Phœnix Jubæ Webb) qu'une forme robuste 
du P. leonensis; c'est une des acquisitions les plus précieuses de 
l'horticulture moderne ; leur valeur commerciale a été énorme 
au début. On en achète aujourd'hui les graines à raison de 
50 franes les 50,000. Le P. silvestris est trés résistant, mais trop 
trapu ; le P. reclinata est trop maigre; quant au P. dactylifera, 
on sait maintenant que s'il ne produit pas sur notre littoral médi- 
terranéen des dattes comestibles, ce n'est pas qu'il trouve chez 
nous des températures insuffisantes, maissimplement parce qu'on 
a négligé d'y planter les bonnes variétés. On récoltera des dattes 
comestibles en France lorsqu'on se sera donné la peine d'aller 
chercher dans les oasis d'Algérie des drageons des variétés les 
plus recommandables. 

Voici le vrai Pritchardia filamentosa et, à cóté delui, le Was- 
hingtonia robusta qu'on a longtemps confondu avec lui; le Jubæa 
spectabilis, dontla couronne surmonte un tronc énorme et quelque 
peu disproportionné ; des Cocotiers : Cocos fleæuosa, C. Yatai du 
Brésil, qui depuis vingt ans donne des régimes mürs de 500 à 
600 fruits, C. Romanzoffiana, C. australis, dontun individu porte 
à la fois des fleurs máles et femelles (c'est M. Glaziou qui a fait 
parvenir à Hyères les premiers exemplaires de cette espèce) ; Livis- 
tona sinensis, Corypha australis et C. Gebanga. Une allée de 
Trachycarpus Fortunei issus de semis et présentant une nom- 
breuse série de variations nous intéresse vivement; elle montre 
combien il faut étre prudent dans l'appréciation des formes nou- 
velles, trop facilement enregistrées et baptisées par certains jardi- 
niers dans le but de tenter l'acheteur. M. Dellor nous rappelle à 
celte occasion que, passant par Bordeaux en 1866, il vit au Jardin 
botanique de cette ville les premiers fruits portés par les Trachy- 
carpus rapportés par Fortune en 1847; il en obtint toute la 
récolte, qui fut semée; c'est de ce semis que proviennent les pre- 


"1 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CLXXXV 


miers, Trachycarpus qui aient été livrés au commerce en 
Europe. 

Voici encore une collection de Chamærops humilis parmi les- 
quels la fameuse variété inermis qui a si vivement intrigué cer- 
tains botanistes. Parmi ces Palmiers nains se trouve un individu 
qui a produit successivement des fleurs toutes máles et, l'année 
suivante, des fleurs toutes femelles. 

Parmi les Gymnospermes, citons un pied mále et un pied 
femelle, tous deux en fleur, de Cycas revoluta, Encephalartos 
Lehmanni qui n'a pas encore fleuri ici, E. Friedrich-Wilhelmi, 
Araucaria Bidwilli, Pinus Sabiniana et un P. canariensis, âgé 
de six ans, portant déjà des cônes. 

Une collection des plus belles espèces de Mimosas représente 
quelques types spontanés primitifs; car ils sont nés des graines 
venues des forêts d'Australie : nous remarquons, entre autres, 
Acacia dealbata, A. myriobotrya, A .verticillata, A . cyanophylla, 
À. Julibrissin, A. spectabilis var. excelsa. ; 

La collection des Citrus (Orangers, Mandariniers, Citronniers, 
Cédratiers, etc.) est nombreuse. Le Goyavier (Psidium Cattleya- 
num) donne ici des fruits aussi savoureux qu'aux Antilles. Parmi 
les Myrtacées, nous admirons Melaleuca diosmefolia, M. ericifolia, 
M. decussata, M. linearifolia, divers Callistemon ; citons encore 
une remarquable collection de Protéacées, parmi lesquelles on 
ne peut passer sous silence Hakea eucalyptoides et Grevillea 
robusta; le Lagunea Patersonia, Malvacée arborescente à poils 
sécréleurs odorants, Laurus regalis à odeur enivrante. | 

Parmi les plantes grasses, nous admirons une riche collection 
d'Agave; parmi lesquels A. Consideranti; pour la première fois 
en Europe cette espèce a donné en 1898 une abondante floraison 
qui a fourni à M. Deleuil l'occasion de produire les hybrides 
dont nous parlerons ailleurs ; de superbes Doryanthes excelsa el 
D. Palmeri, Bonapartea, Xanthorræa, Beschorneria argyı ^ 
Phylla; les Yucca les plus variés, parmi lesquels d'étonnan S 
hybrides : Y. dracænoides, Y. Parmenleri ; des Dasylirion, 
entre autres D. quadrangulalum, etc. | 

Citons, pour finir, les magnifiques exemplaires de : 

Phytolacca dioica. Viburnum Awabuki C. Koch (Y. odo- 
Schinus Molle. ratissum Ker.). 
Laurus Camphora. Ipomanhe spinosa. 


CLXXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Beyeria viscosa (indiv. femelle). Raphiolepis indica. 
Myrsine africana. Sophora grandiflora. 
Evonymus fimbriatus. Arbutus Andrachne. 
Cocculus laurifolius. | Aucuba japonica. 

Buxus balearica. | Brachychiton populneum. 


Ceratonia Siliqua. | 


Des plantes d’allure plus modeste, comme le Pyrèthre du 
Caucase (Pyrethrum Lehmanni), Armeria formosa, Phormium 
Collensoi, Salvia Grahami, etc., ont aussi toutes les sympathies 
de M. Dellor. 

Mais les heures passent, il faut s’en aller! On regrette de ne 
pouvoir plus longtemps provoquer les récits de cet homme 
modeste qui garde religieusement ses souvenirs sans croire qu'ils 
méritent que d’autres les retiennent. Nous livrons quelques-uns 
de vos secrets, monsieur Dellor! Vous n’aimerez pas moins vos 
plantes, parce que nous les aimerons avec vous, et nous re- 
viendrons confiants frapper à la porte de votre tout petit cabinet 
de travail, à l'ombre du grand Phytolacca. 


III. Jardin Denys. — Un jardin ouvert tout le jour aux enfants 
et aux nourrices ne saurait ressembler à ceux qui viennent 
de nous occuper. Les enfants sont destructeurs par incon- 
science etles gens qui les gardentignorent souvent le respect 
de l'ordre. Nous savons quels frais considérables d'entretien 
exige un jardin, par le seul fait qu'il est ouvert au public. 

Feu M. Denys a fait à la ville d'Hyéres un cadeau princier en 
lui abandonnant sa belle habitation et son vaste jardin. ll y 
laissait de beaux arbres qu'on admire avec raison. Parmi eux, il 
convient de citer en premiére ligne un Pinus longifolia de grande 
taille et de belle venue, un Araucaria Cunninghami planté 
vers 1845, qui a 2 métres de circonférence à 1 métre de sa base, 
un Laurus Persea (Persea gratissima) de 17,50 de circonférence, 
un Erythrina Crista-galli dont le tronc mesure plus de 1 mètre 
de circonférence; un Laurus Camphora mesure 1 métre de dia- 
mètre. On y voit aussi de beaux exemplaires de : 


Taxodium sempervirens. Hakea eucalyptoides. 
Podocarpus neriifolius. Grevillea robusta. 
— elongatus. Lantana Camara. 


— latifolius. 
Ephedra altissima. 
Cocos Yatai. 


Cocculus laurifolius. 
Brachychiton populneum. 
Mimosa longissima var. glauca. 


€———— I I aa 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CLXXXVII 


Diospyros virginiana. Justicia lucida. 
Pittosporum nemorosum. Arbutus canariensis. 
Bignonia capensis. ! — Andrachne. 


Il faut regretter que tant de précieuses espèces ne soient pas 
protégées contre les méfaits et les mutilations. Les pelouses ne 
sont pas entretenues, du moins en cette saison; les enfants S'y 
roulent et les détruisent, ils foulent aux pieds les corbeilles et les 
massifs, jouent parmi les groupes d'arbres et escaladent ceux qui 
ne se défendent pas par eux-mêmes. C’est grand dommage. Les 
villes du Midi ont appris peu à peu des pays du Nord la valeur des 
jardins pour l'embellissement et l'hygiéne des agglomérations 
urbaines. Il n'est pas une ville qui ne se fasse un devoir d'offrir 
aux promeneurs de belles promenades soigneusement plantées et 
entretenues. Hyères, qui tient une si belle place dans l'histoire de 
l'horticulture, qui a maintenant le bénéfice d'une école spéciale 
d'horticulture, devrait tenir à honneur d'offrir aux étrangers qui 
la visitent un jardin qui füt un modéle;le jardin Denys est bien 
tracé, planté d'arbres de choix en exemplaires remarquables ; la 
ville n'aurait donc qu'à l'entretenir. Nous n'interviendrons pas 
dans la question des moyens ; nous ignorons les ressources de la 
ville et les dépenses qu'elle peut faire. Nous émettons seulement 
le vœu que le jardin Denys, surveillé et entretenu par des jardi- 
niers ayant l'amour-propre de leur travail, soit assez copieuse- 
ment arrosé; nous voudrions aussi que les beaux arbres qu'il 
renferme fussent étiquetés, afin que le jardin fût, comme les beaux 
Musées de la ville, un moyen d'instruction pour tous. Nous osons 
croire que la ville trouverait une compensation à cette dépense 
dans l'intérét que prendraient ses hótes des mois d ie : la 
remarquable promenade dont ils jouiraient plus qu'aujourd hui. 


HI. LA GRANDE CULTURE DES PLANTES DÉCORATIVES A HYÈRES. 


Le climat privilégié des rivages de la Provence maritime devil 
assurer à la Côte d'Azur de grands avantages au point de vue du 
commerce horticole. L'opulence romaine y aval Mas jadis " 
service de son luxe les végétaux rares qu'elle tirait des provinc 


mpire. Lorsque les rois de France s'arré- 


les plus éloignées de l'E ils s'émerveillaient d'y 


taient sur les bords de la Méditerranée, Les Agaves du 
trouver des vergers de Citronniers et d'Orangers. Les Ag 


CLXXXVIIL SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Mexique s’y étaient naturalisés et y venaient comme chez eux. 
Mais, sauf quelques voyageurs courant les routes au trot des 
diligences, on ignorait à peu près ces particularités en France; 
le commerce ne connaissait guère la Provence que par ses huiles. 

Le jour où l'on sut que les plantes de l'Afrique australe, de 
l'Australie, de la Chine et du Japon, du Chili et du bassin infé- 
rieur du Mississipi trouvaient sur les bords de la Méditerranée 
des conditions particulièrement favorables à leur développement, 
l'horticulture vit s'ouvrir devant elle des horizons nouveaux. 
Cela date de quarante ans à peine. L’horticulture en est redevable 
surtout aux botanistes, comme Thuret, qui, appliquant les données 
de la géographie botanique, s'efforcérent les premiers de cultiver 
dans la France méridionale les arbres et les plantes originaires 
de ces divers pays. 

Il semblait jusque-là que la plupart des végétaux exotiques ne 
pouvaient étre cultivés que sous verre, ou en orangerie, à moins 
qu'on ne les considérát comme des végétaux annuels. Chaque 
grand centre de population avait, dans sa banlieue, quelques éta- 
blissements qui suffisaient à la consommation locale; on y culti- 
vait à la fois tous les produits horticoles, la fleur pour le bouquet, 
les plantes annuelles qu'on vendait en bourriches pour la garni- 
ture des jardins, les plantes en pots pour appartements, et bien 
d’autres choses. Sauf de rares exceptions, la réputation de ces 


établissements ne dépassait pas les limites de la ville ou de la pro- 
vince. 


Il existait bien cà et là quelques grandes maisons horticoles 


justement réputées dans le monde entier pour leurs spécialités, 
en Hollande, en Allemagne, en Belgique comme en France; 
l'extension des chemins de fer et la rapidité toujours plus grande 
des communications leur donnait chaque jour une plus grande 
importance en étendant leur zone d'influence. C’étaient, en somme, 
des exceptions. 

Lorsque le littoral de la Méditerranée fut ouvert aux communi- 
cations rapides, on eut bien vite l'idée d'en envoyer les fruits et 
les légumes sur les marchés des grandes villes moins favorisées 
par le climat; ils y furent appréciés; ce fut l’origine du com- 
merce intensif des primeurs dans le bassin inférieur du Rhône 
et le Roussillon. De là à reconnaître la possibilité de fournir les 
fleurs comme les légumes et les fruits, il n'y avait qu'un pas qui 


TA do e m o Eae OI 


— 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CLXXXIX 


fut bientôt franchi; nous avons dit quelque chose de la part qui 
en revient aux habitants d'Hyères. 

Ce triple courant établi, pourquoi ne compléterait-on pas 
l'œuvre en livrant à bon marché aux horticulteurs des régions 
froides ou moins tempérées toutes les plantes décoratives qui y 
exigent l'abri des serres et qui peuvent étre ici cultivées en plein 
air? On arriverait ainsi à supprimer des frais considérables de 
construction, d'entretien et de chauffage des serres, à produire 
en grand nombre et rapidement des plantes de bonne venue, 
vigoureuses et résistantes, à les livrer, par conséquent, à bas prix 
aux horticulteurs des grands centres; et, pourvu que les frais de 
transport fussent favorables (et, pour l'étranger, les tarifs doua- 
niers assez peu élevés), ils auraient intérét à renoncer à l'éducation 
lente et coüteuse d'éléves qui ne sauraient acquérir sous verre 
loutes les qualités que leur donne la culture en plein air et en 
pleine terre; ils auraient avantage à les recevoir tout formés, à 
neles voir chez eux qu'en transit, en plein air ou sous verre 
suivant la saison, pour les revendre au détail à leur clientéle de 
tous les jours. 

La tentative en fut faite et fut heureuse. La culture en grand 
des plantes décoratives pour le commerce s'est donc développée 
naturellement à cóté de celle des légumes, des fruits et des fleurs, 
et aprés elle. nose a 

C'est la spécialité de l'Établissement d'horticulture et d'accli- 
malalion du Gros Pin à Hyères. Il a succédé au Jardin d'aceli- 
matation créé par la ville d'Hyéres en 1869, grâce à la libéralité 
d’un de ses citoyens. Le Jardin d'acelimatation avait une super- 
ficie de 6 hectares; on y avait réuni de précieuses collections de 
végétaux exotiques à côté desquelles on développait des idein 
commerciales. Elles prirent une importance de plus M um 
grande à mesure que s'étendait le réseau de nos dra "i 
Société qui exploitait le Jardin d acclimatation, I "e cmn al 
engagements envers la ville d'Hyéres par l expirahon a e 5 ! leur 
à la date du 17 juin 1898, s'établit aux jardins - Ron 
nom à la présence d'un des plus beaux exemplaires " le din 
qui soient sur les côtes de Provence- Deux annexes, Les 
Guiet et les jardins de la colline de | Hermitage, su d'hui re vré- 
aux cultures du Gros Pin. La surface exploitée aujout i 

G La surface vitrée (serres et surtout 
sente plus de 20 hectares. | 


CXC SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


châssis) dépasse 6,000 mètres carrés; la superficie couverte en 
hiver est supérieure à 10 hectares. Des serres et châssis, de con- 
struction trés économique, sont destinés surtout aux semis; on 
abrite aussi temporairement sous verre des végétaux dont la 
reprise exige certaines précautions, comme les Cycas qui récla- 
ment des soins aprés la longue traversée du Japon à Marseille. 
C'est au moven de claies légères formées de bruyére en arbre que 
la plupart des cultures sont abritées contre le soleil ou les intem- 
péries. Les forêts des Maures, très voisines, fournissent la bruyère 
à trés bas prix, et les Eucalyptus cultivés dans les coins du jardin, 
inutilisables autrement, fournissent les piquets nécessaires Soixante 
ouvriers sont occupés toute l'année par l'établissement. 


IV. HYBRIDES ET MÉTIS, A L'OCCASION D'UNE VISITE A L'ÉTABLIS- 


SEMENT DE MM. J.-B.-A. DELEUIL ET FILS, HORTICULTEURS A 
HYÈRES. 


Quelques botanistes parlent volontiers d'hybrides. Qu'une 
forme observée dans la nature ne réponde pas parfaitement aux 
descriptions classiques, ils croient résoudre d’une manière satis- 
faisante le problème de son origine et de ses parentés en la consi- 
dérant comme un hybride de deux espèces bien définies croissant 
spontanément dans le même lieu. Ils jugent le fait suffisamment 
élabli, lorsqu'ils inscrivent à côté de la mention du prétendu 
hybride une indication comme celle-ci : « croît au milieu des 
parents »; parfois ils examinent sommairement les organes de la 
sexualité et croient pouvoir dire qu'ils ne sont pas parfaitement 
développés; mais aucune expérience n'est tentée pour confirmer 
cette assertion. Des observations de ce genre n'ont aucune valeur 
scientifique et méritent l'oubli où elles se perdent bien vite. 

On sait pourtant d’une manière positive que certaines espèces 
de plusieurs genres, tels que Cistus, Dianthus, Rosa, Rubus, Cen- 
laurea, Girsium, Verbascum, Primula, Saliv, Narcissus, elc., 
s’hybrident spontanément dans nos régions tempérées. Suivant 
M. E.-G. Camus (1), des faits d'hybridité ont été signalés dans 
394 genres sur les 1216 dont se compose la flore européenne, et le 
nombre total des formes hybrides distinguées dans la flore spon- 


(1) Revue des travaux scientifiques. Imprim. nation., décembre 1897. 


FLAHAULT. — L HORTICULTURE A HYÈRES. CXCI 


lanée de l'Europe s'éléve à prés de 2900, dont plus de 300 pour le 
seul genre Mentha et 360 pour le genre Hieracium. 

Dans quelques eas, trés rares, les hybrides observés dans la na- 
ture ont été reproduits expérimentalement. M. Bornet, par 
exemple, a cherché à justifier les hypothèses émises au sujet des 
hybrides spontanés des Cistes. Plus de 3000 fécondations artifi- 
cielles entre Cistes et Hélianthémes ont abouti à 234 combinaisons 
différentes ; elles ont présenté des phénoménes assez imprévus 
pour qu'on en déduise la nécessité d'interpréter avec beaucoup de 
prudence les faits entrevus dans la nature. Rappelons-en quel- 
ques-uns. 

L'autofécondation est impossible chez plusieurs espéces de 
Cistes, bien que le pollen et les ovules en soient en parfait état et 
fécondent les fleurs d'autres individus ou se laissent féconder par 
elles. Le pollen du Cistus monspeliensis féconde la plupart des 
espéces de Cistes à fleurs blanches, tandis qu'il est difficilement 
fécondé par elles; sur 200 fécondations opérées sur cette espèce, 
une seule plante est venue à bien. D'autres espèces manifestent les 
mêmes différences dans l'aptitude à féconder ou à être fécondées. 
Dans les croisements où le rôle des parents est interverti, les pro- 
duits sont parfois tout à fait pareils; quelquefois ils sont dissem- 
blables; C. ladaniferus fécondé par C. hirsutus forme un arbuste 
élevé, C. hirsutus fécondé par C. ladaniferus forme une plante 
basse comme la mére (1). ; 

Les travaux de Kælrenter, de Gärtner, de Nägeli, de Naudin, 
pour ne citer que les plus importants, révélent dans d'autres fa- 
milles des faits aussi inattendus que ceux que nous venons de 
rappeler. Ils prouvent surabondamment que le problème de d 
gine des hybrides est moins facile à résoudre qu'on ne "; v 
croire parfois; ils méritent qu'on en tienne grand compte e 
ne le fait pas assez dans la pratique des études floristiques. ond 

Lorsqu'il est queslion d'hybrides en hortiealture, on entone 
sous ce nom le produit, fertile ou non, de la fécondation crois 


srg ; spèces s diffé- 

entre plantes de variétés, de races, d'espèces ou de genre Lettre 

rents ; c'est un sens large que la science exacte ne saurai adn » M" 

D S . . . S 
Pour l'adopter, l'horticulture a une raison valable; c'est qu'i 


i a paternité d'une 
impossible, le plus souvent, de déterminer la pate 


(1) Ed. Bornet, Notice sur les travaux scientifiques. Paris, 1886. 


Cxclt SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


plante issue d'une fécondation croisée, ayant acquis, par suite de 
cette origine, des caractéres particuliers. En fait, c'est le plus 
souvent de métis qu'il s'agit. On sait, en effet, grâce à des expé- 
riences longuement répétées sur des sujets variés, que les produits 
du croisement de deux espèces vraiment distinctes sont habituelle- 
ment stériles; s'ils sont fertiles, leur fertilité est si limitée qu'elle 
ne fait pas souche. Les espéces du genre Vitis font à cet égard une 
exception des plus remarquables. M. Millardet (1) a réussi à hybrider 
entre elles quinze espéces de ce genre et, fait plus important, tous 
les hybrides obtenus sont féconds et se comportent comme des 
métis; les vignes se comportent de la méme maniére dans la na- 
ture (2). Les divers genres d'une méme famille, les différentes 
espèces d'un même genre présentent, du reste, de grandes diffé- 
rences au point de vue de l'aptitude à s'unir par fécondation 
croisée. 

3i lecroisement a lieu entre variétés produites accidentellement 
ou entre races différentes d'une méme espèce, il y a fusion et 
combinaison des caractéres, parfois exagération de certains d'entre 
eux, mais cela dans des proportions impossibles à prévoir exacte- 
ment. La fécondation croisée a ce résultat inexpliqué, mais bien 
constaté, d'émielter pour ainsi dire les caractères des plantes qui 
y sont intervenues et de les grouper dans les diverses graines ré- 
sullant du croisement en combinaisons et en proportions très 
variables (3). Sur ces produits indéfiniment variés, et dont, nous 
le répétons, les caractères n'ont pu être prévus, la sélection inter- 
vient pour perpétuer les propriétés qui recommandent telle ou 
telle forme nouvelle. 

C'est là le rôle essentiel de l'horticulteur hybrideur. Il féconde 
les races qui lui semblent pouvoir donner des produits recom- 
mandables, c'est-à-dire présentant certaines qualités à un degré 
plus élevé que les parents ; il rejelte comme négligeable une part 
plus ou moins grande des produits et sélectionne attentivement 
les plus remarquables d'entre eux par le choix diligent des porte- 
graines, Une imprudence, une inattention dans ce choix peut com- 


X Millardet, Essai sur l'hybridation de la vigne, p. 5. Paris, G. Masson, 
(2) P. Viala, Une mission viticole en Amérique, p. 170 et suiv., 1889. 


iex H. de Vilmorin, L'hérédité chez les végétaux. Paris, Impr. nationale, 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÉRES. CXCIII 


promettre ou réduire à néant des années d'efforts. Il ne faut donc 
pas croire qu'on est en possession d'une race nouvelle parce qu'on 
a obtenu dans un semis des individus présentant des caractéres 
nouveaux qui les recommandent. M. H. de Vilmorin insiste sur ce 
point que ces formes intéressantes ne sont encore que des unités. 
Elles commencent à compter comme races lorsque la reproduction 
s'en fait pendant plusieurs générations avec une fixité satisfaisante 
des caractéres; c'est un travail difficile et méritoire, long et 
délicat, que celui par lequel on arrive à régulariser, à fixer une 
race de maniére à pouvoir la décrire et la mettre dans le com- 
merce (1). 

Les hybrides semblent se produire plus aisément, d'ailleurs, 
entre des végétaux soumis depuis longtemps à la culture qu'entre 
les plantes spontanées. C'est vrai quand il s'agit d'espèces voi- 
sines; c'est plus vrai encore pour des genres, méme trés voisins ; 
les hybrides bigénériques se produisent, en somme, rarement. 

On a parfois essayé de formuler les lois des croisements entre 
espèces et entre races; l'expérience démontre que ces prétendues 
lois sont l'expression de cas particuliers. Contrairement à une 
conclusion générale formulée par Gærtner en 1849, dans quelques 
cas bien observés, les métis comme les hybrides peuvent présenter 
d'une maniére exclusive les caractéres, soit du pére, soit de la 
mére. M. Millardet fait remarquer que c'est le terme extréme d'une 
série de faits bien constatés. Sensiblement intermédiaires aux 
parents dans la majorité des cas, il mibi souvent qu'ils se rap- 
prochent beaucoup plus de Pun que de l'autre, jusqu’à présenter 
tous les caractères de l'un à l'exclusion de ceux de lautre 
D Les produits obtenus par l'hybridation de plusieurs espéces de 
Fraisiers et les métis dans le méme genre reproduisent intégra- 
lent Je ge d pire ou ei de ame Qe plus sot ri 
de la mère) et ressemblent exclusivement, soit à ! un, $01 , 

tane [ Jur ; ctéres distinctifs des deux 
sans réunir jamais à la fois les cara " 
, ‘des manquent donc du caractère 
espèces composantes. Ces hybrides manq 


essentiel attribué généralement à ces produits de EM 

c’est-à-dire de la réunion plus ou moins compléte, n un in li- 

vidu, des caractères propres à chacun des parents (2). | en co 
(1) H.-L. de Vilmorin, Les plantes potagéres; inten, Peut 1o Md 
(2) Millardet, Note sur l'hybridation sans croisem » 


T. XLVI. 


CXCIV SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


naissait pourtant plusieurs exemples, sur lesquels les expérimen- 
tateurs eux-mémes ont gardé des doutes, tant ces faits paraissaient 
incompatibles avec les possibilités de la nature. 

Les expériences poursuivies depuis de longues années par la 
maison Vilmorin-Andrieux et auxquelles M. Henri de Vilmorin a 
pris une si large part établissent que la variation des hybrides de 
Blés est souvent désordonnée, suivant l'expression de Ch. Naudin, 
que les produits sont souvent affectés de caractères trés différents 
de ceux des parents; l'action de l'hérédité est profondément trou- 
blée, la plante est affolée. Naudin était arrivé aux mémes résultats 
avec les Cucurbitacées. 

Les horticulteurs les plus attentifs de la Cóte d'Azur déclarent 
que l'hybridation, provoquée ou spontanée, des différentes espéces 
d Eucalyptus et d’Acacia cultivées en Provence aboutit à une va- 
riation si désordonnée des formes de ces deux genres qu'il faut 
renoncer à retrouver la filiation de beaucoup d'entre elles. On ne 
réussira, suivant eux, à connaitre les types et à en distinguer les 
formes dérivées que par une étude attentive dans la patrie méme 
de ces plantes. 

Il ne faut donc pas songer à formuler par avance les résultats 
probables des hybridations. Il est prudent aussi de ne pas déduire, 
des caractéres extérieurs d'une forme observée en passant, qu'elle 
est hybride, quels sont ses parents et quel róle a joué chacun d'eux 
dans la formation de l'hybride. 

La pratique horticole s'étendant chaque année à des types 
nouveaux confirme sur ce point les résultats des expériences les 
mieux conduites. 

Cet état de nos connaissances relativement à la question des 
hybrides et des métis rendait particuliérement intéressante pour 
la Société botanique de France réunie à Hyéres la visite d'un éta- 
blissement dont le chef s'est acquis depuis trente ans une grande 
réputation parmi les hybrideurs. Aussi avons-nous saisi l'occasion 
qui nous était offerte de constater sur de nombreux produits hy- 
brides horticoles ce que la nature procure de surprises dans les 
résultats des croisements et ce que peut la sagacité de l'horticulteur 
pour prévoir et pour fixer les formes de choix. 

Malheureusement pour nous, les plantes variées soumises aux 
efforts de l'hybrideur n'atteignent pas au méme moment de 
l'année leur développement optimum et leur floraison. Nos con“ 


Cr 


a. 


FLAHAULT. — L'HORTICULTURE A HYÈRES. CXCV 


frères n'ont pu voir, le 25 mai, chez M. J.-B.-A. Deleuil et fils, que 
quelques témoins dans les meilleures conditions pour l'étude : un 
champ d'Amaryllis en pleine floraison, des Richardia dans la pre- 
miére période de développement, des Canna floriféres commen- 
cant à épanouir leurs bouquets indéfiniment variés, et surtout 
une collection d'Aloe, d'Agave, de Yucca et d'Echeveria hy- 
brides présentant par rapport aux parents la plus étonnante va- 
riabilité. | 

D'autres, plus heureux, assez voisins d'Hyéres pour y revenir en 
toutes saisons, pourront admirer la collection des Glaieuls sélec- 
tionnés dans un but spécial, et bien d'autres. 


Tout ce que nous avons vu prouve surabondamment que les 
botanistes doivent, comme nous le disions au début, envisager 
avec une extréme prudence la question des hybrides produits spon- 
tanément dans la nature. i 

Il est certain que les hybrides s'y produisent plus rarement 
qu'entre les plantes cultivées dans les jardins; il est certain que 
des espèces voisines et susceptibles de s’hybrider y vivent peu au 
voisinage les unes des autres; elles s’éliminent habituellement par 
la lutte pour la vie. Les métis y sont aussi beaucoup moins fré- 
quents que dans les cultures. Chaque espéce occupe les stations 
qui lui sont le plus favorables ; elle est exclue des stations où elle 
ne trouve pas les conditions qui lui conviennent. Une espèce, 
forme ou variété horticole, est, au contraire, cultivée de manières 
très diverses, l’objet de soins assidus d'une part, abandonnée 
d'autre part ou méme livrée par l'ignorance à des traitements qui 
lui nuisent. C'est pour cela que les amateurs sont obligés de re- 
nouveler périodiquement les graines des variétés de pars 
annuelles qui dégénèrent promptement, quand la pre e el 
la sagacité de l'horticulteur ne les protègent pas contre a ol 
nérescence. Ces conditions diverses, favorables ou défavorab es, 
sont l'origine de variations qui facilitent les croisements. » ya 
rien de pareil dans la nature. M. Daveau a fail ME d) i 
l'hybridation des espèces spontanées semble à priori i e 
plus facile dans les jardins botaniques ou les espéces os p n 
voisines sont cultivées côte à côte, que dans la nature; cependant, 


(1) Bull. Soc. bot. de France, XLIV, 1897, p. 270. 


CXCVI SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


les hybridations spontanées sont assez rares dans les jardins bo- 
taniques, sauf dans quelques genres, Cistus, Mentha, Verbascum, 
chez lesquels elles se produisent aussi aisément que dans nos 
campagnes. 

Toutefois, la conclusion essentielle que nous tirons de nos 
études chez M. Deleuil, c'est que les produits d'une méme hybri- 
dation entre deux espéces sont extrémement différents les uns 
des autres et d'autant plus dissemblables que les espéce croisées 
sont elles-mémes plus distinctes l'une de l'autre. Les botanistes 
qui jugent à premiére vue la nature et l'origine d'un hybride 
supposé observé en passant dans la flore spontanée apprécieront 
eux-mémes le cas qu'on peut faire de leurs observations. 


VISITE AU MUSÉE DE LA VILLE D'HYERES. RAPPORT de M. FLAHAULT. 


Le Musée de la ville d'Hyéres a pour conservateur M. Alfred 
Caval, un de ces hommes amoureux de la nature, qui, pour n'a- 
voir pas été coulés dans les moules officiels, n'en apportent pas 
moins à leur œuvre des qualités maîtresses. Leur œuvre! On en 
peut parler lorsqu'il s'agit d'hommes qui se sont faits eux-mêmes, 
sans maitres ou à peu prés. Les botanistes honorent un trop grand 
nombre de maitres qui reconnaissent cette origine modeste pour 
qu'il soit besoin d'insister. Encouragé par J.-B. Jaubert, dont les 
collections ornithologiques sont l'une des richesses du Musée de 
Marseille, M. Caval provoqua la création d'un Musée à Hyères en 
offrant sa précieuse collection ornithologique. Elle comprend au- 
jourd'hui 1200 exemplaires, dont 190 espèces d'oiseaux de Pro- 
vence. Le Musée fut définitivement créé en 1883. 

M. Abeille de Perrin enrichitle Musée naissant d'une remarquable 
collection entomologique et d'une série d'œufs d'oiseaux qui com- 
pléta la collection Caval. M. Ch. de Boutiny, ancien éléve de l'École 
des Mines, lui fournit une riche contribution minéralogique. 
M. H. Dellor le gratifia d'une nombreuse série de coquilles ma- 
rines, fluviales et terrestres. 

La Commission du Musée, pleine de sollicitude, a eu l'excel- 
lente idée de séparer, autant que possible, les objets de prove- 
nance étrangère des produits indigènes, et surtout des échantillons 
régionaux. La ville accorde au Musée une subvention annuelle de 


MOUILLEFARINE. — SUR L'HERBIER DE LA VILLE D'HYÉRES.  CXCVII 


900 francs. Ce sont là deux excellents exemples, qui méritent 
d'étre relevés et loués. 

Arrétons-nous un peu sur la belle série de Vertébrés de ce char- 
mant Musée. Elle comprend tous les mammiféres du Midi, beau- 
coup de poissons, trés bien conservés dans le formol. Parmi les 
reptiles, signalons la Tortue grecque, Testudo greca, provenant 
de la presqu'ile de Giens, où l'on en trouve quelquefois des pontes 
de seize œufs; la Tortue d'eau douce, Cistudo europea, qui se 
rencontre dans les marais du Ceinturon. 

Chaque espéce d'oiseau est représentée, autant que possible, 
par un couple, avec son nid et ses œufs. Chaque fois qu'il a été 
possible, on y a joint toute la série des livrées saisonnières et les 
variations, albinos et autres. La classification adoptée est celle de 
Degland et Gerbe. Signalons, comme exemple du soin avec lequel 
M. Caval veille sur ses richesses, la reconstitution du nid souter- 
rain quele Guépier (Meriops apiaster) se creuse dans le sable des 
dunes; du nid du flamant rose (Phænicopteris) ; les nids de Pic 
vert, de Grimpereau, du Cysticole d'Europe, du Loriot, de la 
Bousserolle et les oiseaux rarissimes du pays, réunis par le dévoue- 
ment de M. Caval, comme le Thalassidrome (Thalassidroma pela- 
gicola), tué à l'ile du Levant, l'Oiseau-serpent (Plothus Anhinga), 
provenant de Toulon. mE 

Ajoutons encore des collections régionales de Coléoptéres, de 
Lépidoptères et même d’Hyménoptères, une série régionale de 
roches, etc. 0. 

Voilà un musée vraiment régional, tel qu'il en devrait exister 
beaucoup dans nos provinces, d'autant plus précieux qu'ils sont 
plus rares. | 

Nous rendons hommage aux généreux fondateurs, à la ville, 
qui trouve des ressources pour l'instruction des citoyens ; au dé- 
voué conservateur, qui donne toute son activité à une si louable 
entreprise et qui la fait sienne en se donnant à elle tout entier. 


RAPPORT SUR L'HERBIER DE LA VILLE D'HYÈRES; 
par M. MOUILLEFARINE. 


on voudrait trouver dans 


. TT 3, e que l : 
La ville d'Hyéres posséde ce q herbier local. Il faut dire 


chaque canton de France, à savoir un 


CXCVII SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


que peu de cantons pourraient en former un aussi riche sans sortir 
de leurs frontières. 

Cet herbier se compose de sept fascicules. Chaque espèce garnit 
une feuille, rarement plus ; chaque genre est enclos dans une che- 
mise. La disposition est tout à fait heureuse pour l'étude. Cet her- 
bier a été formé en 1842 par Champagneux, botaniste de mérite, 
en relations avec les botanistes contemporains et auquela été dédié 
un Orchis. Parmi les collecteurs de 1843 est nommé Jordan. Il 
s'est enrichi depuis des dons de divers botanistes, spécialement de 
M. Couforiner et de M"* Cadueil. Il est intéressant de signaler parmi 
les dons de cette derniére, en 1885, l'Ozalis libyca Viv. qui, 
assurément, n'eüt pas échappé à l'attention de Champagneux 
S'il avait été aussi répandu à Hyéres qu'il l'est aujourd'hui. Nous 
croyons savoir que c'est peu aprés 1860 que cette belle étrangère 
a été signalée dans la Provence ligurienne, qu'elle a rapidement - 
envahie. 

L'herbier a été certainement empoisonné lors de sa formation, 
mais il aurait grand besoin de quelques soins pour assurer sa 
durée, qui intéresse la science. Les botanistes ne sauraient être 
trop reconnaissants pour de telles institutions locales et devraient 
se faire un devoir d'y déposer les plantes nouvelles pour la région 
qu'ils auraient la bonne fortune d'y rencontrer. 

La ville d'Hyéres possède, en outre, un herbier qualifié de cos- 
mopolite, provenant d'une dame botaniste anglaise, M” Townsend. 
Cet herbier, contenu dans trente fascicules et qui paraît provenir 
surtout des localités classiques du tourisme européen, n'est pas à 
dédaigner comme herbier d'études, malgré quelques erreurs et 
l'insuffisance des indications de localités. 


RAPPORT SUR LES CHAMPIGNONS RÉCOLTÉS PENDANT LA SESSION D'HYERES; 
par M. L. LUTZ. 


. L'époque à laquelle a eu lieu la Session est en général peu fa- 
vorable au développement des Champignons ; ceci est encore plus 
net dans les régions méridionales qui jouissent d'un climat beau- 
coup plus sec que le Nord et le Centre de la France. 

Les mycologues faisant partie des excursions n'en ont pas moins 


exploré les régions parcourues et ont recueilli un certain nombre 
d'espèces. 


LUTZ. — CHAMPIGNONS RÉCOLTÉS PENDANT LA SESSION.  CXCIX 


Avant d'en commencer l'énumération, je me fais un devoir de 
signaler parmi nos zélés confrères : MM. Flahault, Dumée et 
Peltereau, auxquels nous sommes redevables de la plupart des 
échantillons recueillis, ainsi qu'au distingué mycologue local, 
M. Pierrhugues, pharmacien et propriétaire à Carqueyranne, qui 
a pris part à plusieurs herborisations et qui, aprés la Session, a 
continué à récolter et à communiquer une assez grande quantité 
d'échantillons. 

Les Agaricinées rencontrées dans les environs d'Hyéres pendant 
les courses effectuées par la Société sont en trés petit nombre. On 
peut seulement citer : 


Russula cyanoxantha. Schizophyllum commune. 
— alutacea. Coprinus micaceus. 
Lactarius velutinus Bart. Pholiota squarrosa (Ke Kavandou). 


Lentinus squamosus Schæf. 
Les Polyporées ont fourni les espèces suivantes : 


Poria vulgaris. 


Polyporus pinicola. 
Trametes Pini. 


— biformis. 
— abietinus. 


Les Champignons supérieurs sont encore représentés par : 


Clathrus cancellatus. 
Utraria pratensis. 


Stereum hirsutum. 
— rugosum. 
Hirneola Auricula-Judæ. 


Les Rouilles sont aussi en faible proportion : 


Puccinia Allii. 

— Pimpinellæ (sur Heracleum). 

— Rubigo-vera (sur Lagurus ovatus). 

Tuberculina phacioides (sur feuilles 
rougies de Rumex). 


Uromyces Fabæ. 

Puccinia cancellata form. Uredo sur 
Juncus acutus. 

— Glädioli (formes commençante et 


adulte). 

En dehors de la Session et à une époque plus favorable, d’autres 
Champignons ontété trouvés, la plupart par M. Pierrhugues, les 
autres par M. Flahault. En voici l'énumération que nous croyons 
devoir faire, étant donné l'intérét qu'elle peut présenter pour la 
géographie botanique de la région des Maures. 

Le 2 mars 1899 : 
Schizophyllum commune (Carqueyranne). 


Le 2 décembre 1899 : 


Polyporus lucidus. 
P. (Polystictus) velutinus (sur bois 


de Chène-liège), 


cc 
tous deux de la forêt des Maures; 
Spumaria alba (château d'Hyéres). 

Le 7 décembre 1899 : 


Amanita virosa. 

— echinocephala. 
Tricholoma ustale. : 
— Russula. 

— terreum. 

— sejunctum. 

— nudum. 

— maculatum. 
Armillaria mellea. 
— robusta. 
Collybia fusipes. 
Laccaria laccata. 
Pleurotus olearius. 
— dryinus. 

— ostreatus. 
Russula cyanoxantha. 
— lutea. 

— maculata. 

— Queletii. 

— consobrina. 


Toutes ces espèces proviennent de la plaine d'Hyéres et des envi- 


rons de Carqueyranne. 


À la même époque, M. Flahault récoltait dans l’île de Port- 


Cros : 


Gloniopsis Mulleri (sur bois de Myr- 
tus). 


Enfin la liste des Hypodermées s'enrichissait de : 


Gymnosporangium juniperinum (for- 
me écidienne sur Amelanchier 
vulgaris, récolté à Hyères, en 
mai 1899). 


Je ne terminerai pas cette énumération sans remercier M. E. 
Boudier, qui a bien voulu, avec son obligeance habituelle, vérifier 
les dénominations d’un certain nombre des espèces récoltées. 


Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, 


5572, — Libr.-Impr. réunies, rue Saint-Benoît, 7, Paris. — Morrghoz, directeur. 


SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES (VAR), MAI 1899. 


Puccinia Vincæ (sur feuilles de Vin- 


Russula delica. 

Lactarius volemus. 

— sanguifluus. 

— cimicarius. 

— azonites. 
Hygrophorus nemoreus. 
— hypotejus. 
Schizophyllum commune. 
Inocybe rimosa. 

— geophila. 

Crepidotus croceo-cannellatus. 
Hypholoma capnoides. 

Boletus variegatus. 

Hydnum ferrugineum. 

— nigrum. 

Clavaria pistillaris. | 
Clathrus ruber. 
Phallus impudicus. 
Peziza vesiculosa. 


Gloniopsis pulla (sur bois d'Erica 
arborea). 


ca major, Hyéres, décembre 
1899). 


ERN. MALINVAUD. 


TABLES DU VOLUME QUARANTE-SIXIEME 
(1899) 


(Troisième série. — TOME VI). 


I. — ÉTAT DU PERSONNEL. 


Additions et changements à la liste des Membres de la Société pendant 
l'année 1898...... ten dues POENI OPURE "o Tcp)" — 


II. — COMPTES RENDUS DES SÉANCES. 


SÉANCE DU 13 JANVIER 1899, 


Admission de MM. Langeron et Urban ........ Peegenserkeovos opo exi LE 
Fliche. — Une nouvelle localité d'Ostrya carpinifolia Scop. en de RAD ss 10 
SÉANCE DU 27 JANVIER, 

Allocution de M. Zeiller, Président......... MMS vus VA PRA TREE ev) Vlr (ci 10 

Décés de MM. Feuilleaubois et Le Dien....... 19535233 vA oa $2227 AOL 
Letellier. — L'électricité à l'état statique exerce une action directrice sur les 

| racines de la Féve vulgaire....... neuve dip PEE RU ET ee 8 à 9 0 à 0 0 11 

SÉANCE DU 10 FÉVRIER. 

Décès de M. Henri Caron... m M] drip 21 

Admission de M. Arpad von Degen..........-....... E irssi 24 
Lecture d’une communication de M. Gandoger : Plantes nouvelles pour 

U*, M 


np 


les îles Agores........,......sesve ` * 
T. XLVI. 


CCII TABLES DU VOLUME XLVI. 


SÉANCE DU 24 FÉVRIER. 


Décès de M. Beautemps-Beaupré.............,,..,,.............. eee. 25 
Admission de M. Villard ............ eretoeeoecooooe eee hh tn 25 
Gomont. — Sur quelques Oscillariées nouvelles (Planche 1)........... pese 25 
D' Avice. — Lettre à M. Malinvaud sur le Solanum Dulcamara var. maritima.. 44 
Heckel. — Sur la présence du cuivre dans les plantes..,...........,........ 42 


SÉANCE DU 10 MARS. 


La Société décide de se réunir extraordinairement dans le Var en 1899. 81 


Sudre. — Revision des Rubus de l'herbier du Tarn de de Martrin-Donos....... 81 
Observations de MM. G. Camus et Malinvaud..............,. ee o eter 99 
Frère Sennen. — Mes herborisations dans les Pyrénées-Orientales............ 100 

M. G. Camus fait une communication sur les anomalies florales dans le 
genre Salix....,......,..,.,.,.4 ses "T 116 


Payot. — Énumération des Lichens des Grands-Mulets (chemin du Mont-Blanc). 116 


SÉANCE DU 24 MARS.. 


Décès de M. Charles Naudin. Liste des articles qu'il a publiés dans le Bul- 


letin de la Société...,..... (i UP EE Eiéeoedoocotestoecovo eécoeooooen 119 
Th. Delacour. — Sur le Viola Vilmoriniana Delacour et Mottet.............. 120 
Observations de MM. Malinvaud, H. de Vilmorin et G. Camus....... 121-122 


SÉANCE DU 14 AVRIL. 


Décés de M. William Nylander..... qeveieseesesseéneosaae "—"--"--— 129 
MM, labbé Hippolyte Coste et J. Foucaud proclamés membres hono- 
TAÏTES. soso ssss ones TE" 129 


Mottet. — Note sur une collection de plantes alpines, rares ou intéressantes 
(fleuries), cultivées à Verrières-le-Buisson (Seine-et-Oise) et présentées, 


au nom de M. Henry de Vilmorin...........,.,......,...... sors 130* 
Aznavour. — Nouvelle contribution à la flore des environs de Constantinople.. 135 
Abbé Hue. — William Nylander (Planche II; Portrait)...................... 153 
Lassimonne. — Sur une Rose prolifère........,...........,....... Sees. 166 
Comére. — Conjuguées des environs de Toulouse (Planche Ill)... ...... S... 168 


ADDITION A LA SÉANCE DU 10 Mans. 


G. Camus. — Fleurs faussement hermaphrodites et anomalies florales dans le 
genre Salix (Planches IV, V et VI).............. 185 


gore. 


SÉANCE DU 28 AVRIL. 


Admission de M"* Bris et de MM. Arcangeli, Gèze et Puech........... ^ 192 


II. — SOMMAIRES DES SÉANCES. CCIII 


Subvention de 1000 franes accordée à la Société par M. le Ministre de 


l'Instruction publique.........,...,...,.,,..,,.,,,.. sli 192 
Rouy. — Hieraciotheca gallica et hispanica (auctor. C.-Arvet-Touvet et G. 
ID MM 193 


SÉANCE DU 12 MAI. 


Admission de M. Cantrel...... PPP eese ooecesceese 204 
Subvention de 1000 francs accordée à la Société par M. le Ministre de 
PAgriculture.......,.. esee eese eee EU! 
Finet et Franchet. — Sur une collection de plantes réunie dans le Fokien 
par M. et M™ de la Touche (Planche VII).....,.,...............,.. 204 
Communications de M. Picquenard (Lecanora lacustris et punicea, et 
Anemone apennina L. dans le Finistère). .,....... eee ees. 214-215 
Observations de MM. Malinvaud et Franchet..,,.......,..,............ 215 


SÉANCE DU 9 JUIN. 


Réponse de M. Prillieux à une lettre de félicitations du Président......... 225 
Décès de M. le D" Le Sourd.......,..,,. eere TOTEM 2 
Drake del Castillo. — Les Vernonia de Madagascar......... nn . 
Picquenard. — La dispersion des Lichens bretons étudiée dans ses rapports 
avec l’état hygrométrique habituel de l'air ambiant.................. 
Chatenier. — Lettre à M. Malinvaud sur une question de priorité.....,..... 2 


Abbé Coste. — Note en réponse à la lettre précédente.................,.... 251 
ADDITION A LA SÉANCE DU 10 FÉVRIER. 
îles Açores. ............ side vire 252 
Gandoger. — Plantes nouvelles pour les iles Açores ....... 
SÉANCE DU 23 JUIN. 
'Artfemare...s.eeseehthm hm hh 259 
Décès de M. Eugène Gonod d'Artemare..... FIT "PT M 
Admission de M. Guéguen......... sense MUT TERCER " 
Dons faits à la Société................ MEAE ageekogecuequesesvvotae . " 
Louis Vidal. — Une fleur de Fuchsia virescente et zygomorphe. . Viren etel " 
Dumée et Malinvaud. — Un Vicia nouveau de la flore francaise. .... : vai 2 
éri À > ?es ar- 
Battandier. — Revision des Paronyques algériennes à grandes bractée os 
gentées. .... elle MM M HM - 272 
Géneau de Lamarliére. — Contribution à la Flore de la Marne... +- ee » 
Observation de M. Malinvaud........s.+es.. reet ; . " nd p^ 
Picquenard. — Lettre à M. Malinvaud sur quelques Lichens bre "PP 
SÉANCE DU 98 JUILLET. 
i 280 
tique... …. - 
Battandier. — Note sur quelques plantes de la flore atlantiq TT ago 


Briquet, — Sur quelques Buplèvres de l'Herbier de Linné...... 


CCIV TABLES DU VOLUME XLVI. 


Foucaud. — Recherches sur le Trisetum Burnoufii Requ.................,.. 
Jeanpert et de Vergne, — Le Dentaria pinnata aux environs de Paris......... 
Observation de M. Malinvaud......:..............,.............. sereo 

Lutz. — Observations sur l'ovaire. du Cytinus Hypocistis. (Figures dans le 
texte)....... esssoosesscecococesesecocsoosososossseoosseoceeoceeoo 
Franchet. — Les Swertia et quelques autres Gentianées de la Chine.......... 
Godírin. — Double coloration par le violet neutre..................,........ . 
Finet. — Sur une fleur monstrueuse de Calanthe veratrifolia R. Br. (Figures 
dans le lexte)............................... etes 

M.. Malinvaud donne quelques, détails sur un Congrés de botanique in- 
ternational qui se réunira à Paris en 1900......,..,............... m 
Communication de M, Candargy.............,........... TREE OD 


SÉANCE DU 10 NOVEMBRE. 


Décès de MM. Émery, A. Legrelle, Leutwein, Quélet, Tempié, A. Vial- 


lanes et H. de Vilmorin.........,.,.,.,....,,.,..,,,,,,......,... tt 
Flahault. — Henry Lévêque de Vilmorin (Planche VIII; Portrait)........... , 
Hommage rendu par M. Malinvaud à la mémoire de H. de Vilmorin..... 
D'Arbaumont. — Notices sur MM. Émery et Viallanes........ eecmeetocot T 
Flahault. — Notices sur MM. Tempié, Leutwein de Fellenberg et Legrelle.. 
Maur. de Vilmorin. — Sur un Chêne hybride (Quercus Phellos X rubra). ...- 
Gandoger: — Note sur la flore du mont Kosciusko (Australie méridionale)..... 
Fliche. — Lettre à M. Malinvaud (sur le Goodyera repens dans l'Yonne)....... 
Clos. — Les tuberculoides des Légumineuses, d'après Charles Naudin........ . 
M. Malinvaud donne lecture de l'extrait d'une lettre de M. le D" Avice 

sur le Solanum Dulcamara var. maritima....... TER cesse T 


ADDITION A LA SÉANCE DU 23 JUIN. 


L. Planchon. — Sur le polymorphisme des Alternaria (Figures dans le texte).. 


SÉANCE DU 24 NOVEMBRE. 


Admission de.MM..Barbry.et Kolderup-Rosenvinge................... 
Boudier. — .Notice.sur le D' Quélet............ esessoseosqosoceosseseoccceon 
Gandoger. — Note sur quelques plantes nouvelles de l'Himalaya occidental.... 
Roze. — Charles de l'Escluse et l'idée de la sexualité végétale........ ons. 
Jeanpert. — Le Carex punctata Gaud. aux environs de Paris......... eee 

Observation de M. Malinvaud.......... soso. .. eesdesstosostoseoseno 
M. de Vilmorin. — Decaisnea Fargesii Franch........... PRET SEEETIITEE . 


Finet. — Quelques espèces nouvelles du genre Calanthe (Planches IX el X). . 


SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE. 


Don de 500 francs fait à la Société par M^* veuve Gonod d'Artemare.... 
M. Malinvaud présente à la Société une Table générale des.articles ori- 


404 


419 


ginaux contenus dans les quarante premiers volumes du Bulletin de 
la Société botanique de France et donne quelques détails sur cette pu- 
blication...............,....,.... eetoeosstossetetocosóoens . 
Picquenard. — Note sur quelques Parmelia du Finistère 
D. Clos. — L'Agrostis dispar Mich. a-t-il qualité d'espéce?,.......... 


II. — SOMMAIRES DES SÉANCES.. 


Lassimonne. — Observations tératologiques ....... TP eesteseoosos 


SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE. 


.... 


Dons faits à la Société................... ss... BEEN 
Elections annuelles. M. Drake det Castillo est élu Président.......... " 
Bureau et Conseil d'administration de la Société pour 1900. ............ e 


La Société vote des remerciements à M. Zéillér, Président sortant..,.... 


ses 


ee. tuc e vo 


ss. 


.. 


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Lopere serrees 


ss. 


ccv 


449 
450 
455 
459 


463 
465 
465 


‘IL — SESSION EXTRAORDINAIRE TENUE A HYÈRES 


Comité local d'organisation.......... esasesososossoscoseceoeee . 
Listes des membres de la Société et des autres personnes qui ont 
pris part à la session.......... T" erescessasecoes sou. 


RÉUNION PRÉPARATOIRE DU 20 MAI. 


Élection du Bureau spécial de la session....,.................. 
Adoption du programme de la session.......................... 


SÉANCE DU 20 MAI. 


Discours de M. Heckel, Président de la session...... EPPPEDPD . 

M. le Maire d'Hyères souhaite la bienvenue à la Société......... 
Gerber. — Les fruits tri et quadriloculaires de Crucifères, leur valeur 
théorique (Figures dans le texte.)........ ede sos TM 

Dumée. — Note sur le sac embryonnaire des Orchidées (Planches XI et 
XII) . ....... e... TOPPED PRET EELETT Tm e.. 

Legré. — La botanique en Provence au xvi° siècle : I. Louis Anguillara. 
= — II. Rauwolff...... e 


Heckel. — Note sur le parasitisme des racines de Ximenia americana L. 
Malinvaud. — Lettres d'Augustin-Pyrame de Candolle à Prost et à Bon- 
jean de Chambéry..... sensor soso JT" 

— Lettre d'Alexis Jordan à Bonjean............- eecvostorsotes 
Observations de MM. A. Chabert et Heckel......... 

Abbé Hue. — Lichens du massif des Maures et des environs d'Hyéres 
(Var), récoltés par M. Charles Flahault, en mai, juin et décembre 

1898 et janvier 1899 et déterminés par M. l'abbé Hue.......... 


SÉANCE DU 24 MAI. 


M. le Président souhaite la bienvenue à M. Chodat, professeur de 
botanique à l'Université de Genève, qui assiste à la séance.... 
Daveau. — Le Quercus occidentalis Gay..... TP PATTES co. 
Flahault. — La naturalisation et les plantes naturalisées en France... 
Gerber. — Les Passerina provençaux ; essai de classification et recher- 
ches sur la nature du disque hypogyne et des écailles périan- 
thiques.........., sors 


*0*92002599*98»256009899c€0999992«0»0990229* 


II 


III 


LXXII 


LXXXVI 
LXXXVI 
XCI 


CVIII 


III. — SESSION EXTRAORDINAIRE A HYÈRES. CCVII 


SÉANCE DU 27 MAI. 


Admission de M"* Louise Amiot et de M. Philippe Amiot......... CXIV 
Olivier. — Note sur l'herbier de Gérard..... esesoseoesose rss cxv 
Remarques de M. le D' Alfred Chabert sur le genre Rhinanthus.. CXVI 
Malinvaud. — Questions d'orthographe : (Enothera et non Onothera, ré- 
ponse à M. le D" Saint-Lager...........,,..,..,.,,.......... Cxvti 
Observation de M. Flahault............ T TA soso. CXXII 


Présentation, au nom de M. Albert, du Styrax officinalis L. et du 
Ranunculus millefoliatus Vahl (nouveau pour la flore francaise), 


récoltés dans le Var.........,.......,......,...... T CXXIIT 
Observation de M. A. Chabert..,.........,,.............,...... CXXIII 
Discussion sur un projet de session extraordinaire pour 1901..... CXXII 

La Société vote des remerciements aux personnes qui ont concouru 
CXXIV 


à l'organisation de la session et à M. le Maire d'Hyéres........ 


RAPPORTS SUR LES EXCURSIONS DE LA SOCIÉTÉ ET SUR LES VISITES 
QU'ELLE A FAITES A DIVERS ÉTABLISSEMENTS. 


Flahault. — Comptes rendus des herborisations.......,....., CXXV 
I. Excursions diverses ..... ARE EEE TEST TES EEE TEE CXXV-CXLVIII 
II. Flore halophile des côtes de Provence............. CXLVI 
Résumé et conclusions............ sssseoeeocooo CLVI 
— L'Horticulture à Hyères................,,,.......... CLIX 
I. L'acclimatation à Hyères et sur la côte d'Azur..... CLIX 

II. Les pares et les collections de végétaux vivants à 
Hyères...,............ T T CLXXVI 
IUI. La grande culture des plantes décoratives à Hyères. — CLXXXVII 
IV. Hybrides et Métis............ T" "T CXC 
— Visite au Musée de la ville d’Hyères................. CXCVI 
CXCVII 


Mouillefarine. — Rapport sur l'Herbier de la ville d'Hyéres... 


Lutz. — Rapport sur les Champignons récoltés pendant la ses- 
sion d'Hyéres...... e eet CXCVIIL 


IV. — TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS. 


Albert (Abel), cxxi. — Arbaumont (Jules d"), 381. — Avice (D), 41, 403. — Azna- 
vour (Georges), 135. 

Battandier (A.), 265, 281. — Boudier (Émile), 414. — Briquet (James), 289. 

Camus (Gustave), 99, 116, 122, 185. — Candargy (Paléologos), 330. — Carriere, 
CXXIV. — Chabert (Alfred), LXXI, CXVI, CXXHI. — Chatenier (Constant), 251. — Clos 
(D.), 396, 455. — Comère (Joseph), 168. — Coste (abbé H.), 251. 

Daveau (Jules), LXXXVI. — Delacour (Théodore), 120. — Drake del Castillo (Emm.), 
225. — Dumée (Paul) et Malinvaud (E.), 263. — Dumée, xxx. 

Finet (Achille), 326, 434; — et Franchet (Ad.), 204. — Flahault (Charles), 353, 387, 
XCI, CXXII, CXXV, CLIX, CXCVI; — et Hue (abbé), LXXII. — Fliche (Paul), 8, 394. 
— Foucaud (Julien), 292. — Franchet (Adrien), 215, 302; voy. Finet. 

Gandoger (Michel), 24, 252, 391, 447. — Géneau de Lamarliére (L.), 272. — Gerber 
(Charles), 1x, cvi. — Godfrin, 324. — Gomont (Maurice), 25. 

Heckel (Édouard), 42, vi, Lxi, LXXI. — Hue (abbé A.-M.), 153, LXXII; voy. Flahault. 

Jeanpert (Édouard), 431; — et Vergne (de), 297. 

Lassimonne (S.-E.), 166, 459. — Legré (Ludovic), xxxi. — Letellier, 11. — Lutz 
(L.), 299, cxcviu. 

Malinvaud (Ernest), M, 99, 116, 124, 129, 199, 215, 279, 299, 330, 378, 403, 432, 


449, LXII, LXV, CXVII, cxxiu; voy. Dumée. — Mottet, 130. — Mouillefarine (Ed- 
mond), 11, cxcvrr. 


Olivier (Ernest), cxv. 

Payot (Vénance), 116. — Picquenard (Charles), 214, 215, 245, 979, 450. — Planchon 
(Louis), 280, 404. 

Rouy (Georges), 193. — Roze (Ernest), 421. 

Sennen (frére), 100. — Sudre, 81. 


Vergne (de), voy. Jeanpert. — Vidal (Louis), 2601. — Vilmorin (Henry de), * 122. — 
Vilmorin (Maurice de), 390, 432. 


Zeiller (René), 10. 


V. — TABLE 


PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS 


DES OUVRAGES ANALYSÉS DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 


ARBAUMONT (Jules d'). Une poire mons- 
irueuse, 67. 

ARVET-TOUVET (C.). Deux espèces nou- 
velles du genre Hieracium, 513. 

BACCARINI (Pasq.). Caractères de la flore 
méditerranéenne, 474. — et CANNA- 
RELLA (D°). Contribution à l'étude de 
la structure et de la biologie du Cy- 
nomorium coccineum, 461 

BERRO. Végétation de l'Uruguay, 477. 

BESCHERELLE (Émile). Bryologiæ Japonicæ 
Supplementum 1 (suite), 500. 

Bois(D.) Dictionnaire d' Horticulture, 486. 
— Voyez Paillieux. 

BONNET. Voy. Ravaz. 

BOUBIER (A.-M.). Contribution à l'étude 
du pyrénoide, 498. — Voy. Chodat. 
Boupier (Ém.). Quelques Champignons 

nouveaux des environs de Paris, 506. 

BoviLnac (R.). Sur la végétation de quel- 
ques Algues d'eau douce, 64. 

BOULAY (abbé). Flore fossile de Gergovie 
(Puy-de-Dôme), 46. 

BOUvET (G.). Voy. Préaubert. 

BRIQUET (John). Observations critiques 
sur les conceptions actuelles de l'es- 
pèce végétale, 475. — Recherches sur 
le fruit du genre (Enanthe, 509. — 
Note sur la carpologie du Bupleurum 
croceum Fenzl. et du B. Heldreichii 
Boiss., 510. — Note sur l'organisation 
et le mode de dissémination du fruit 
chez le Bupleurum lophocarpum Boiss. 
et Bal., 510. — Sur la biologie florale 
de quelques Dianthus, 511. — Nou- 
velles notes floristiques sur les Alpes 
Lémaniennes, 515. — et HOCHREUTI- 
NER (G.) Énumération critique des 
plantes du Brésil méridional récoltées 


par E.-M. Reineck et J. Czermak, 
515. 

BRUNOTTE (C.). Sur l'origine de la double 
coiffe de la racine chez les Tropéo- 
lées, 72. — Nouvelles stations de 
plantes rares dans le massif du Hoh- 
neck, 342. 

BuRNAT (Ém.). Note sur le Rosa ischiana 
Crépin, 543. 

BuscaLioNi. Voy. Pirotta. 

CA uus (D' F.). Muscinées de l'ile de Groix 
(Morbihan), 500. 

CANDOLLE. (C. de). Sur les feuilles pel- 
tées, 218. 

CANNARELLA. Voy. Baccarini. 

CHABERT (D' A.). Étude sur le genre Rhi- 
nanthus, 312. 

CuopAT et BOUBIER. La plasmolyse et la 
membrane plasmique, 443. 

CumisT (H.). Énumération de quelques 
Fougéres de l'herbier Delessert, 514. 

COSTANTIN (J.). La nature tropicale, 4H, 

CURLE. Voy. Tracy. - 

DAGUILLON (Aug.), Sur les feuilles pri- 
mordiales des Cupressinées, 69. — 
Sur une Diptérocécidie foliaire d'Hy- 
pericum perforatum, 72. — Observa- 
tions morphologiques sur là feuille des 
Cupressinées, 445. : 

DrgnAY (F.). Florule des Algues marines 
du nord dela France, 446. 

DiTrTRICH (G.). Histoire du développement 
des Helvellinées, 55. 

DUBOULE (E.). Anatomie comparée de la 
feuille dans le genre Hermas, 511. 
DUGGAR (B.-M.). Trois importantes mala- 
dies fongiques de ia Betterave à sucre, 
991. — La « Criblure en grains de 
plomb » des feuilles dans le genre 


CCx 


Prunus, 299. — Cloque des feuilles 
de Pécher, et notes sur la « Criblure 
en grains de plomb » des Péchers et 
des Pruniers, 223. — Comment la 
plante emprunte sa nourriture au sol, 
332. — Comment la plante emprunte 
sa nourriture à l’atmosphère, 332. 

ERIKSSON (J.). Études sur la Puccinie de 
l'Épine-Vinette, 58. 

ERRERA (L.). Hérédité d'un caractère ac- 
quis chez un Champignon pluricellu- 
laire, 503. 

FARLOW (D' W.-G.). Quelques Champi- 
gnons comestibles et vénéneux, 224. 

FELTGEN (J.). Prodrome d'une Flore de 
Champignons du Grand-Duché de Lu- 
xembourg, 502. 

FISCHER (Ed.). Contribution à l'étude des 
Rouilles de Suisse; suite, 74. 

FISCHER (Hugo). Sur l'inuline et sa ma- 
niére d'étre en dehors et en dedans 
de la plante, 47. 

FLICHE (P.). Note sur la flore des lignites, 

~ des tufs et des tourbes quaternaires 
ou actuels du Nord-Est de la France, 
123. — Sur la présence du Pin syl- 
vestre (P. silvestris L.) dans les gra- 
viers quaternaires, aux environs de 
Troyes, 124. — Note sur les bois sili- 
cifiés de Ronchamp, 124. — Les natu- 
ralisations forestières en France et la 
paléontologie, 125. — Note sur les 
tufs du Brabant (Vosges) et les va- 
riations du Noisetier commun (Cory- 
lus Avellana L.), 126. 

GALLOWAY (B.-T.). Maladies de la Pomme 
de terre et leur traitement, 331. 
GAUCHER (L.). Étude anatomique du genre 

Euphorbia L., 50. 

GiLLOT (D' X.). Contribution à l'étude 
des Orchidées, 344. — Une plante 
nouvelle : Vicia Marchandi, 541. 

GRAVIS (A.). Recherches anatomiques et 
physiologiques sur le Tradescantia 
virginica L., 73. 

GUÉGUEN. Recherches sur les organismes 
mycéliens des solutions pharmaceu- 
tiques : études biologiques sur le Pe- 
nicillium glaucum, 504. 

GUÉRIN (P.). Sur le développement du té- 
gument séminal et du péricarpe des 
Graminées, 438. 


TABLES DU VOLUME XLVI. 


HARMAND (abbé). Catalogue descriptif des 
Lichens observés dans la Lorraine, 
507. 

HÉRIBAUD-JosEPH (frère). Les Muscinées 
de l'Auvergne, 337. 

HiRASE. (Sakugoro). Étude sur la fécon- 
dation et l'embryogénie du Ginkgo 
biloba, 53. 

HOCHREUTINER (G.). Dissémination des 

graines par les poissons, 512. — Voy. 
Briquet. 

Hozm (Tu.) Rech. sur les Cypéracées 
(Scleria), 219. — Germination du Ja- 
tropha multifida L. et du Persea gra- 
tissima Gærtn., 481. — Rech. sur les 
Cypéracées; genre Lipocarpha, 498. 
— Rech. sur les Cypéracées : étude 
anatomique d'espèces nord-améri- 
caines du genre Fimbristylis, 498. 
— Sur un développement anormal 
de Carex stipata. 499. — Étude mor- 
phologique du Podophyllum peltatum, 
499. — Étude morphologique et ana- 
tomique du Juncus repens Mchx, 499. 

HUSNOT (Th.). Graminées de France, Bel- 
gigue, Iles Britanniques et Suisse, 489. 
— Une Graminée à maintenir dans 
la flore française, 493. 

JAKOWATZ. Espèces du genre Gentiana, 
sect. Thylaciles, 493. 

JANCZEWSKI (Ed.). Sur la pluralité de 
l'espèce dans le Groseiller à grappes, 
491. 

KoEHNE (E.). Quatre nouveaux végétaux, 
478. — Caractères anatomiques des 
espèces de Berberis, 418. — Sur quel- 
ques espèces de Fraxinus, 479. 

KoHLER (G.). Une nouvelle localité suisse 
du Galium triflorum Mchx, 514. — 
Indications de quelques Épervières de 
la Suisse et de la Savoie d'aprés les 
déterminations de M. Arvet-Touvet, 
915. 

LANGERON et SULLEROT (H.). Muscinées 
de la Cóte-d'Or, 126. 

LAURENT (Émile). Recherches expérimen- 
tales sur les maladies des plantes, 58. 

LE GRAND (Ant.). Quatrième Notice sur 
quelques plantes critiques ou peu con- 
nues de France, 345. — Histoire du 
Valerianella cupulifera Le Gr., 541. 

LEGRÉ (L.). L'indigénat en Provence du 


V. — TABLE DE LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 


Cotoneaster Pyracantha Spach, 346. 
— La Botanique en Provence au 
Xvi* siècle : Pierre Pena et Mathias 
de Lobel, 544. 

LE MoNNIER (G.). Le Néflier de Bronvaux, 
347. 

LÉVEILLÉ (Hector). 4% et 2° Suppléments 
à la Flore de la Mayenne, 538. 

LEVIER (Em.). Le  Marchanlia paleacea 
Bert. retrouvé à Florence, 502. — Voy. 
Sommier. 

LIGNIER (0.). Miscellanées biologiques, 
origine de la génération, etc., 469. 
LoEw (Oscar). Le rôle physiologique des 

engrais minéraux, 480. 

Lurtz (L.). Recherches sur la nutrition des 
végétaux à l’aide de substances azo- 
tées de nature organique, 349. 

MACBRIDE (Thomas). Les Myxomycétes de 
l'Amérique du Nord, 470. 

Mac MILLAN (Conway). La végétation au 
Minnesota, 471. 

MAGnNiN(Ant.). Le botaniste lyonnais Clau- 
dius Martin et les Acer et Typha Mar- 
lini qui lui ont été dédiés, 545. 

MASTERS (Maxwell T.). Le Genévrier des 
Bermudes et les espèces affines, 481. 

MoNGUILLON. Voy. Thériot. 

MOoNTEMARTINI (L.). Les Chlorophycées de 
la Valteline, 63. — Structure du sys- 
tème assimilateur de la tige du Poly- 
gonum Sieboldii, 334. 

MOUILLEFERT (P.). Traité des Arbres et 
Arbrisseaux forestiers, etc., 60. 

MUELLER (J.-H.). Recherches d'histoire 
naturelle; Bactéries, etc., 75. 

OFFNER (J.). Capitule d’Inula glandulosa 
Willd. à prolifération latérale, 444. 
PAILLIEUX (A.) et Bois (D.). Le Potager 

d'un curieux, 61, 

PÉE-LABY (E.). Étude anatomique de la 
feuille des Graminées de France, 216. 

PERROT (E.). Anatomie comparée des Gen- 
tianacées, 50. — Le tissu criblé, 430. 

PIROTTA (R.) et BUsCALIONI (L.). Présence 
d'éléments vasculaires multinucléés 
chez les Dioscoréacées, 332. 

PLANCHON (L.). Récolte et conservation 
des drogues exotiques, 71. 

Poisson (J.) et BÉHAGUEL. Le Mimulus 
luteus L. dans le département du Pas- 


de-Calais, 537. 


CCXI 

PoLLAccI (D* G.). Sur l'aldéhyde formique 
dans les végétaux, 468. 

PRÉAUBERT (E.) et BOUVET (G.). Obser- 
vations sur quelques plantes critiques 
de l'Anjou, 539. 

RADDE (G.). Traits essentiels de la dis- 
tribution des végétaux dans la région 
du Caucase, 471. 

Ravaz (L.). La maladie d'Oléron, 67. — 
et BoNNET (A.). Effets de la foudre sur 
la Vigne, 68. — Recherches sur le 
Black-rot, 68. 

RENAULT (B.). Sur la constitulion des 
tourbes, 45. — Sur les tourbes, 497, 
— et RocnE (A.). Notice sur la consti- 
tution des lignites et les organismes 
qu'ils renferment, 44. 

REY-PAILHADE (C. de). Les Selaginelles 
de France, 552. 

ROCHE (A.). Voy. Renault. 

Rouy et F. Flore de France, t. V, 339. 

RozE (E.) Histoire de la Pomme de 
terre, 79. 

SACCARDO (P.-A.). Sylloge Fungorum om- 
nium hucusque cognitorum ; vol. XII 
et XIII, 505. — vol. XIV, 505, 506. 

SCHIFFNER (D' V.). Conspectus Hepatica- 
rum Archipelagi indici, 446. 

ScHIMPER (A.-F.-W.). La Géographie des 
plantes avec la physiologie pour base, 
16. 

ScuiNz (Hans). Contributions à la con- 
naissance de la flore africaine, 482. 
ScHRENK (H. von). Sur un mode de dis- 
sémination de l'Usnea barbata, 52. 
SCHWENDENER (Publication en l'honneur 

de), 70. 

SEBIRE (Rév. P. A.). Les plantes utiles du 
Sénégal, 66. 

SuirH (Erwin-F.). La flétrissure du Co- 
tonnier, du Melon d'eau, etc., 480. 
Sommier (S.). Au sujet du Cistus laurifo- 
lius et de ses droits de cité en Italie, 
482. — Le séjour de la Société bota- 
nique italienne à l'ile de Gorgona; 
plantes récoltées par elle, 482, — 
Additions à la florule de l'ile de Ca- 
praja, 535. — Localités nouvelles pour 
la flore d'Italie du Spergularia sege- 
talis, 536. — Anomalie du Platanthera 
b folia Reichb., 536. — Observations 
critiques sur quelques Papilionacées 


| CCXII 


de Toscane, et localités nouvelles, 
536. — Pugillus plantarum Caucasi 
centralis a cl. de Déchy lectarum, de- 
terminaverunt Sommier et Levier, 
537. — et LEVIER (E.). Enumeratio 
plantarum anno 1890 in Caucaso lec- 
tarum, 541. 
STERNECK (J.). Revision des Alectorolo- 
` phus de l'Herbier Delessert, 513, 

SULLEROD (H.). Voy. Langeron. 

THERIOT (J.) et MoNGUILLON. Muscinées 
du départ. de la Sarthe, 501. 

TRACY (S.-M.) et CuRLE (F.-S.). Champi- 
gnons du Mississipi, liste addition- 
nelle, 220. 

VIDAL (Louis). La course des faisceaux 
dans le réceptacle floral des Labiées, 
474. — Sur le placenta des Primu- 
lacées, 474. 

WILDEMAN (E. de). Prodrome de la Flore 
algologique des Indes néerlandaises; 
Supplément, 466. 

ZEILLER (R.). La flore fossile du bassin 
houiller d'Héraclée, 335. | 


PÉRIODIQUES. 


Annales des sciences naturelles, huitième 
série : BOTANIQUE, tomes VII, VIII, IX, 
X (1899), 492. 

Association française pour l'avancement 
des sciences; 28*session à Boulogne- 
sur-Mer (1899), 517. 


NOUVELLES, 80, 128, 224, 352, 448, 496. 


TABLES DU VOLUME XLVI. 


Bulletin de la Société mycologique de 
France; tome XV (1899), 518. 

Journal de Botanique, directeur M. Louis 
Morot, 13e année (1899), 519. 

Revue générale de Botanique, dirigée 
par M. G. Bonnier, t. XI (1899), 485. 


Annales de la Société botanique de Lyon 
tome XXIV (1899), 522. 
Archives de la flore jurassienne, 491. 
Bulletin de l'Association francaise de Bo- 
tanique; 2° année (1899), 524. 


Société d'histoire naturelle d'Autun ; 
12* Bulletin (1899), 525. 
Société botanique Rochelaise; Bulletin 


XX (1898), 525. 
Société pour l'étude de la flore franco- 
helvétique ; 8° Bulletin (1898), 526. 


Bulletin des travaux de la Société bota- 
nique de Genève (1898-1899), 527. 
Bulletin de l'Herbier Boissier; tome VII 
(1899), 528. 

Archives de l'Institut botanique de l'Uni- 
versité de Liège, 443. 

Bulletin de la Société royale de Bota- 
nique de Belgique, t. XXXVIII (1899), 
596. 


Journal de Botanique de la Grande-Bre- 
tagne et de l'étranger; directeur 
M. J. Britten; vol. XXXVII, n** 433- 
444 (1899), 532. 

Contributions extraites de l'Herbier na- 
tional des Etats-Unis; vol. V (1899), 
941. 

Missouri Botanical Garden (1898), 348. 

La Naturaleza (1899), 492. 


NÉCROLOGIE : Feuilleaubois, 10; Le Dien, 11; Henri Caron, 24; Beautemps-Beaupré, 
25; Charles Naudin, 119, 127; William Nylander, 129, 153; D' Le Sourd, 225; Eug. 
Gonod d'Artemare, 259; Émery, 353, 381; Henry de Vilmorin, 352; D" Quélet, 353, 
414; Leutwein, 353, 387; Léon Tempié, 353, 387; Alfred Viallanes, 353, 383; 


Arsène Legrelle, 353, 388. 


E ou IE 


VI.— TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS LATINS 
DE PLANTES (1). 


Les noms de genres nouveaux sont imprimés en ÉGYPTIENNES MAJUSCULES; 
ceux des espèces, hybrides et variétés nouvelles, en égyptiennes ordinaires. 


Agrimonia odorata, 273. 

Agrostis dispar, 455. 

Alchemilla minutiflora Aznav., 141. 

Alternaria, 404. 

Althæa officinalis, 431. 

Anagallis pheenicea (monst.), 459. 

Andropogon himalayensis Gdgr, 421. 

Androsace eritrichioides Gdgr, 420. 

Anemone apennina, 215. 

Anthemis montana var. numidica, 283. 
— A. nobilis (monst.), 459. 

Aphanizomenon Flos-aquæ, 31. 

Artemisia Verlotorum, 431. 

Aspidium aculeatum, 278. 

Avena fatua, 278. 

Barkhausia setosa, 275. 

Berberis vulgaris var. angustifolia Cha- 
ten. (— var. microphylla Coste), 251. 

Brassica campestris, XIII. 

Bupleurum angulosum, Odontites, pe- 
træum et semicompositum, 289-291. 

Calanthe Balansæ, Delavayi, Fargesii 
et pusilla Finet, 435-436. — C. gra- 
cillima et veratrifolia (C. thriantheri- 
fera), 326. 

Carex brizoides et ericetorum, 277. — C. 
Maidenii Gdgr, 392. — C. punctata, 
431, 432. 

Carica Papaya, 421. 

Cerastium Gussonei, 282. — C. trigynum 
f. cachemirica Gdgr, 419. 

Ceterach officinarum, 278. 

Chiodecton myrticola, LXXXIV. 

Choisya ternata, CLIX. 

Cicendia tiliformis, 275. 


(1) Ce relevé ne comprend pas les noms de plantes mentionné 


bibliographiques. 


Clinopodium vulgare f. Treleasei Gdgr, 
256. 

Closterium calosporum, 179. 

Collema thysanæum, Lxxu. 

Convolvulus tricolor var. hortensis, 285. 

Coronilla minima, 283. 

Crawfurdia Delavayi et thibetica Fran- 
chet, fasciculata et Pterigocalyx, 306, 
307. 

Cryphæa heteromala, 432: 

Cuscuta corymbosa, 275. — C. cuspidata 
et monogyna, 285. — C. obtusiflora, 
144. 

Cytinus Hypocistis, 299. 

Davallia canariensis f. azorica Gdgr, 
257. 

Decaisnea Fargesii, 432. 

Dentaria pinnata, 272, 279, 297. 

Draba cachemirica Gdgr, 418. 

Elatine hexandra, 273. 

Eleusine barcinonensis f. mixta Gdgr, 
257. 

Epilobium latifolium f. himalayensis 
Gdgr, 419. 

Erica cinerea, 275. 

Euphorbia dendroides, CLVI. 

Faba vulgaris, 11. 

Festuca petræa f. villosa Gdgr, 257. 

Ficus Carica, CY. 

Fuchsia coccinea, 261. 

Gagea algeriensis, 288. 

Galium silvaticum, 275. 

Gentiana Duclouxii Franch., 305. 

GIARDIA Gerb., €xit. 

Glypholecia rhagadiosa, LXXXV. 


s dans les analyses 


CCXIV 


Goodyera repens, 276, 395. 

Halenia corniculata et elliptica, 323. 

Hedera canariensis f. azorica Gdgr, 254. 

Heleocharis ovata, 277. 

Helianthemum umbellatum var. 
sum, 102. 

Helosciadium repens, 275. 

Herniaria hírsuta, 274. 

Hieracium gallicum et hispanicum, 193. 

Holargidium Kusnetsowii, XIII. 

Hypecoum procumbens var. macropeta- 
lum Aznav., 137. 

Jlonopsidium acaule, XH, XXVII. 

Isatis arenaria et f. hirsuta et glabrata 
Aznav., 138, 139. 

Juncus diffusus, 431. 

Lamium amplexicaule var. Nemetzii 
Aznav. et Aznavourii Gdgr, 147. 

Lasianthus Hartii Franch., 209. 

LATOUCHEA  (Gentianacées) Franch., 
212. — L. fokienensis, 212, 309. 

Lecanora badia, gangaleoides, parella, 
subfusca var. campestris et sulfurata, 
LXXVIII, LXXX. — L. lacustris, poly- 
tropa et punicea, 215. — L. rhaga- 
diosa (Glypholecia rhagadiosa), LXXXV. 

Lecidea scopulicola, LXXXI. 

Lemna polyrhiza, 277. 

Leontopodium brachyactis Gdgr, 420. 

Linum hirsutum subsp. byzantinum 
Aznav., 140. 

Lotus hispidus f. Carreiro Gdgr, 254. 

Luzula Novæ-Cambriæ Gdgr, 392. 

Lycopodium clavatum, 278. 

Lysimachia Alfredi, 211. 

Menyanthes trifoliata, 394. 

Myosotis silvatica, 275. 

Nasturtium palustre, x, XVI, XXII. 

Œnothera, cxvir. 

Ononis angustissima et Clausonis, 282, 
283. 

Onosma proponticum Aznav., 145. 

Ophelia, 302. 

Orchidaceæ, xxx. 

Oreocharis fokienensis Finet, 212. 

Orlaya platycarpos v. elatior Aznav., 143. 

Ornithogalum byzantinum Aznav., 149. 

Orobanche Artemisiæ, minor et Teucrii, 
276. 

Orthotrichum obtusifolium, 432. 


Oscillatoria geminata et Lloydiana Go- 
mont, 39, 40. 


visco- 


TABLES DU VOLUME XLVI. 


Ostrya carpinifolia, 8. 

Oxyria digyna f. macroptera Gdgr, 421. 

Papaver nudicaule f. brachyantha Gdgr, 
418. 

Parmelia cetrata, nilgherrensis, perlata, 
Pilosella et trichotera, 450. — P. cons- 
persa var. stenophylla et hypoclysta, 
LXXV. 

Paronychia arabica (subsp. aurasiaca, 
Cossoniana, desertorum et longiseta), 
argentea, capitata, chlorothyrsa et 
variétés, 265-271. 

Passerina annua, hirsuta, Tarton-raira 
et Thymelæa, CVIII. 

Pertusaria amara et Wulfenii f. rupicola, 
LXXX-LXXXI. 

Phormidium cebennense, Ectocarpi, 
subsalsum et Treleasei Gomont, 37- 
33. | 

Photinia glabra var. fokienensis Franch., 
207. 

Physcia parietina et subvenusla, LXXVI, 
LXXVII. 

Pilularia globulifera, 279. 

Pinus Laricio var. austriaca, CHI. 

Pirola umbellata, 395. 

Pirus longipes, 283. 

Plantago C»..ops, 276. 

Platysma glaucum et sæpincola var. ulo- 
phyllum, 280. 

Plectonema Battersii, Boryanum, ca- 
lotrichoides,  Golenkinianum et 
norvegicum, 30-36. 

Pleurogyne carinthiaca, diffusa et rotata, 
309. — PI. carinthiaca f. himalayen- 
sis Gdgr, 420. 

Pleurotæniopsis pseudoconnata, 180. 

Polycarpæa spirostylis, 42. 

Polygala Latouchei Franch., 206. — P. 
macroneura Gdgr, 418. 

Polystichum Oreopteris et Thelypteris, 
278. 

Potamogeton acutifolius, obtusifolius, 
plantagineus et rufescens, 276, 277. 
— P. gramineus, 431. — P. odonto- 
carpus Gdgr, 393. 

Potentilla gelida f. ramigera Gdgr, 419. 

Poterium alveolosum, 283. 

Prunus fruticans, 273. 

Pseudophyscia aquila, LXXVI. 

Pulsatilla Duthiei Gdgr, 417. 

Pyrethrum Clausonis, 283: 


VI. — TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PLANTES. 


Quassia gabonensis, 43. 

Quercus occidentalis, LXXXVI. -— Q. Phel- 
los X rubra, 390. 

Ramalina evernioides, inæqualis, pusilla 
et scopulorum, LXXIII, LXXIV, 

Ranunculus millefoliatus, cxxi. — R. ne- 
morosus, 272, 459. — R. ophioglos- 
sifolius var. byzantinus Aznav. et 
R. thracicus Aznav., 136. 

Raphiolepis indica var. grandiflora, 207. 

Rapistrella ramosissima, 281. 

Rhinanthus, CXVI. 

Rhododendron fokienense et Latoucheæ 
Franch., 210. 

Roccella phycopsis, LXXV. 

Rosa (Rose prolifère), 166. 

Rubus, 82, — R. adenanthus Franch., 
208. — R. argenteus, bellulus, bi- 
frons, Bosquetianus, collinus, cons- 
picuus, corylifolius, fusco-ater, Guen- 
theri, hololeucos, platypetalus, robus- 
tus, separinus, thyrsiflorus, tomento- 
sus, Victoris, villipes et autres, 84-98. 
— R. lacertosus Sudre (R. phyllos- 
tachys), 99. 

Salix, 116, 185. — S. alba, caprea, cine- 
rea, fragilis, Hoppeana, pentandra, 
purpurea et triandra, 185-187. — X 
S. cuspidata, híppophaefolia, rubra, 
sepulcralis, Timmi et undulata, 187- 
190. 

Saxifraga Duthiei Gdgr, 419. 

Scandix Pecten-Veneris et var., 142. 
Schizothrix Muelleri f. lyngbyoidea et 
Sch. septentrionalis Gomont, 27. 
Scirpus pauciflorus ct Tabernæmontani, 

277. 

Scrofularia variegata f. himalayensis 
Gdgr, 420. 

Silene nocturna var. byzantina Aznav., 
139. | 

Sison Amomum, 431. 

Sisymbrium anomalum Aznav., 137. 

Solanum Dulcamara var. maritima, 41, 
403. 


“Sorbus latifolia, 273. 


Sparganium neglectum, 431. 


CCXV 


Spergula pentandra, 282, 

Spirogyra tolosana Comère, 174. — S. 
rivularis, 176. 

Stachys ambigua, 431. 

X Statice Maclayii Batt., 287. 

Stellaria bulbosa f. glabra Gdgr, 419. 

Stereoeaulon coralloides, 280, 

Styrax officinalis, cxxru. 

Swertia, 302. — Sw. asarifolia, cali- 
cina, decora, Delavayi, gentia- 
noides, gracilis, kouitchensis, Le- 
duci, longipes ,membranifolia, Mus- 
soti, pubescens et stricta Franch., 
311-323. 

Tetrapoma barbareifolia et piriforme, XI- 
XIII, XIV, XV, XXV. . 

Teucrium Degenianum Aznav., 147. 

Thrincia hispida, 275. 

Thymelæa arvensis, hirsuta, Sanamunda 
et Tarton-raira, CVIII, 

Thymus candidissimus Batt. et lanceo- 
latus, 286, 287. 

Trisetum Burnoufii, 292. — T. subspica- 
tum form. Maidenii Gdgr, 393. 

Tropidocarpum capparideum, XII. 

Tunica compressa et var. australis 281. 

Urceolaria ocellata, LXXXV. 

Veratrilla Bailloni Franch., 311. 

Vernonia, 225. — V. asclepiadea, Ber- 
nieri, betsilensis, brachyscypha, 
Campenoni, Catati, Ghapellieri, 
colorata, eriophylla, Goudotii, Gran- 
didieri, Grevei, hispidula, Hum- 
bloti, Ikopæ, Lantziana, Lastellii, 
Perrieri, platylepis, Sanctæ-Mariæ 
et Vilersii Drake, 229-244. 

Veronica hederæfolia v. eriocalyx Balt., 
285. 

Viburnum Trełeasei Gdgr, 255. 

Vicia pannonica et purpurascens, 263. ~- 
V. purpurascens, 273. 

Viola Munbyana, odorata et sulfurea, 
121, 122. — V. Vilmoriniana Dela- 
cour et Mottet, 120. 

Vitis vinifera, Cv. 

Vulpia bromoides, 278. 

Ximenia americana, LXI. 


CCXVI TABLES DU VOLUME XLVI. 


ADDENDA ET ERRATA 


Page 111, entreles lignes 6 et 7 (en remontant), ajoutez : « Cynoglossum 
Dioscoridis Vill. — La Font-de-Comps, au chalet du Génie; 


pentes du Canigou. » ps 
— 413, ligne 7 : après hyssopifolia L., ajoutez : vallée d'Eyne. 
— 136, ligne 16 (en remontant) : au lieu de 23, lisez 2-3. 
— 198, ligne 12 : au lieu de malacotrichum, lisez Coderianum. 
— 910, ligne 7 : au lieu de Picris, lisez Pieris. 
— 230, ligne 14 : aprés Madag., ajoutez plant. — 
— 250, ligne 1 (en remontant) : au lieu de Gallois, lisez Gallots. 
— 298, ligne 5 (en remontant) : au lieu de Paiss, lisez Paris. — 
— 325, lignes 7 et 8: au lieu de : et la cutine sont, lisez la cutine 
cal sont... 
— 435, ligne 22 : au lieu de vaginibus, lisez vaginis. 


et le 


— 448, ligne 1 (en remontant) : au lieu de Montaigne, lisez Montagne. 


—  rxxir, ligne 10 (en remontant): au lieu de « R. cuspidata Ach. », 


lisez « R. cuspidata Nyl. » 
— LXXIV, ligne 9, au lieu de sur, lisez sous. 
—  XCVI, ligne 1 (en remontant) : au lieu de 1828, lisez 1898. 


AVIS AU RELIEUR. 


Planches. — Ce volume renferme douze planches qu'on peut réunir 


à la fin ou placer de la maniére suivante : 


Planche I (Schizothrix septentrionalis, etc.)..... enregard de la page 
— J (Portrait de W. Nylander)............ = 
—  Mi(Spirogy.a tolosana, ete.)........ TU "- 
— 1V, V, VI (Anomalies dans le genre Salix). m 
— Vil (Latouchea fokienensis sp. nov.).... Ea 
— VIN (Portrait de Henri L. de Vilmorin) .. fe 
— 1X et X (Calanthe nouveaux)..... stat — 
— M et XII (sac embryon. des Orchidées). e 


27 
153 
174 
190 
214 
393 
436 

XXXII 


Classement du texte. — Comptes rendus des séances et Revue bibliogra- 


phique, 552 pages; Session extraordinaire et Tables, CCXVI pages. 


N. B. Le supplément de Revue bibliographique pp. 497-552, placé dans le 
numéro 10 avec les tables et dont la pagination fait suite à celle des comptes 
rendus des séances, doit être intercalé entre ceux-ci et la session extraordi- 


naire, la pagination de celle-ci étant continuée dans les tables. 


Le Secrétaire général, gérant du bulletin, 


ERN. MALINVAUD. 


12815, — Libr.-Impr. réunies, rue Saint-Benoît, 7, Paris. — MOTTEROZ, directeur. 


Mte itn ao tns