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Full text of "L'Illustration horticole ?journal spec?ial des serres et des jardins, ou choix raisonne ?des plantes les plus inter?ressantes sous le rapport ornemental, comprenant leur histoire complet?e, leur description comparee?, leur figure et leur culture / red?ige ?par Ch. Lemaire."

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L'ILLUNERATION HORTICOLE, 


L'ILLUSTRATION HORTICOLE 


REVUE MENSUELLE 
DES SERRES ET DES JARDINS 


COMPRENANT 


LA FIGURE, LA DESCRIPTION, L'HISTOIRE ET LA CULTURE DES PLANTES LES 
PLUS REMARQUABLES, LES INTRODUCTIONS NOUVELLES; 
LA CHRONIQUE HORTICOLE, LES VOYAGES BOTANIQUES, LE COMPTE-RENDU DES 
GRANDES EXPOSITIONS ET DES OUVRAGES NOUVEAUX SUR LA 
BOTANIQUE ET L'HORTICULTURE, SrC:, ETC. 


publiée sous la direction de 


J. LINDEN 


el rédigée par 


ED. ANDRE 


AVEC LA COLLABORATION DE PLUSIEURS BOTANISTES ET HORTICULTEURS. 


nn 


Dix-huitième Volume, > 


(OU SECOND DE LA TROISIÈME SÉRIE.) 


LS 


—— 


 IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE DE E. & S. GYSELYNCK 
Rue des Peignes, 58. 


1871 


$ 


LILLUSTRATION  HORTICOLE. 


CHRONIQUE HORTICOLE. 


ARAARP PAP IINTS 


C'est dans le sang et dans les larmes que se lèvent les premiers jours 
de cette année nouvelle. Reverrons-nous bientôt l'aurore tant désirée de la 
paix? Le mouvement de renouveau des arts, des sciences, de l'industrie 
va-t-il reprendre, après l'arrêt causé par cette fatale guerre? Il est au moins 
permis d'espérer que nous touchons au terme de ces misères. 

Aux maux que nous avons signalés, aux désastres éprouvés par les hor- 
ticulteurs français, nous pourrions malheureusement ajouter une liste 
lugubre. Nos amis de Paris, ceux du Muséum d'Histoire naturelle notam- 
ment, nous signalent les ravages produits dans cet établissement par le 
ombardement. Quatre-vingt-sept obus y sont tombés, dit M. Brongniart, 
dans une lettre particulière, adressée en Belgique, et ont détruit nombre 
de précieuses collections. Malgré tous les soins préventifs, beaucoup d'objets 
précieux, qu'il avait été impossible de déplacer, sont perdus. Ainsi, plu- 
sieurs bombes, tombées dans les grandes serres, et surtout dans la serre à 
Orchidées, ont brisé toutes les vitres et ont laissé au grand air ces belles 
plantes par un froid de 10 degrés. Quelles pertes inappréciables, surtout 
si l'on considère que beaucoup des végétaux gelés n'étaient pas encore 
décrits ou se trouvaient réprésentés en Europe par des spécimens uniques! 
Nous reviendrons aux détails sur ce sujet. . 
= Dans les établissements particuliers, les pertes sont plus grandes encore. 
M. Carrière me cite les établissements des environs de Paris, comme pres- 
que tous ruinés par le siége : jardins bouleversés, maisons renversées, serres 
_“criblées de projectiles, plantes mortes dans les serres faute de chauffage, 


. arbres les Prussiens pour faire des palissades, des fascines et 
des gal pinières de MM. Croux, à Chatenay Durand, Jamin, à 


. 4874. K “1 


LE À 


Mr. Qi 


Bourg-la-Reine, les serres de MM. Thibaut et Keteleer, à Sceaux, la 
plupart des cultures à Versailles, présentent les tableaux les plus lamen- 
tables. Que de ruines amoncelées sans espoir de retour! 

M. Georges, professeur d’arboriculture à Bordeaux, est mort victime 
indirecte de la guerre. M. Lierval, de Paris, resté seul dans son établisse- 
ment, est mort également. M. Billiard, dit la Graine de Fontenay aux 
Roses, le semeur émérite d'Arbustes rustiques, a succombé également. Le 
fils de M. Desnoyers, bibliothécaire du Muséum, a été tué. 


Dans une lettre que nous avons adressée au Gardeners’ Chronicle et où 
nous citions plusieurs de ces navrants exemples, le D' Maxwell Masters, 
par une erreur de copie, nous a fait dire, comme une certitude, ce qui 
n'était présenté par nous que comme une éventualité probable indiquée par 
notre ami Ernest Baltet : c’est-à-dire l'internement de son frère Charles en 


Allemagne comme ôtage. Nous n'avons pas eu confirmation jusqu'ici de 
cette nouvelle. 


La destruction des serres et des jardins des environs de Paris est com- 
plète, surtout dans les alentours de Sèvres, Ville-d'Avray, Marly, St-Cloud, 
Montretout, Versailles, ete. Fe Fe 

Quant à l'abattage des arbres qui faisaient la gloire des parcs de St-Cloud, 
des promenades de Versailles, de tous les parcs et jardins qui formaient à 
Paris une délicieuse couronne de verdure, il dépasse ce qu'on pourrait ima- 
giner, On m'a cité une plantation d’admirables Abies Pinsapo qui ont été 
coupés pour faire des palissades, à la place de Peupliers qui étaient à 
côté et qui eussent été préférables pour cet usage. : | 

Nos lecteurs savent déjà, d’après notre dernière Chronique, dans quel 
triste état se trouve le bois de Boulogne. 

Jusqu'ici nous n'avons rien appris de ce qui a pu advenir aux serres 
municipales célèbres de la ville de Paris, à la Muette. 

On raconte que beancoup des horticulteurs parisiens ont pu conserver 
une bonne partie de leurs plantes en couvrant leurs serres avec du fumier 
chaud. + 


Le récit de ces souffrances serait interminable, surtout si nous entamions 


Ja liste des informations de province que nous avons reçues. Mais il vaut 


mieux cesser des litanies stériles, et se mettre résolument à la besogne 
pour réparer le mal autant que possible. Nous savons que nos collègues 
ny failliront pas. Aussitôt après la publication de notre notice dans le 
Journal anglais que nous citions, nous avons vu avec joie qu'un mouvement 
charitable se dessinait dans ce pays en faveur de leurs confrères de France, 
et l'appel fait par M. Deal et autres a eu rapidement de l'écho dans toute la 


Grande-Bretagne. On y organise un relief fund, qui produira certainement 


d'excellents eftets, et dont nous dirons prochainement les premiers résultats. 
Des sympathies de ce genre relèveront bien des misères. à. 
Le Froid. — Comme si les catastrophes dont nous publions quelques 
effets n'avaient pas suffi à rendre à jamais cet hiver odieux dans la mémoire 
des hommes, la rigueur de la saison a été exceptionnelle. Les blés sont per- 
dus dans les endroits où les emblavures ont pu être faites, et nombre d'arbres 


&* Ed 


nm 


TS 


ordinairement rustiques sont gelés dans la partie septentrionale et moyenne 
de la France. 

M. Sahut, de Montpellier, de même que d’autres correspondants du midi, 
m'écrivent que le thermomètre est descendu, une nuit de décembre, jus- 
qu'à — 12° centigr. et que la veille on comptait 20°, soit une différence 
de 32° en deux jours. Les Lauriers d'Apollon sont gelés; on peut juger par 
là des autres pertes de cette région. ; 

Nous ne savons pas encore comment les Palmiers, sur lesquels on fon- 
dait de si grandes espérances sur le littoral méditerranéen, auront pu 
résister. : 

. Dans le centre montagneux de la France, le Limousin, par exemple, la 
neige a commencé à tomber le 21 décembre pour la seconde fois, et pendant 


_ six semaines elle a couvert le sol sans discontinuer. Le thermomètre est 


descendu à — 15°, et de longs jours se sont passés sans adoucissement à 
cette vigoureuse température. Aussi les effets ont-ils été plus terribles que 
par des écarts plus vifs, mais accidentels, du thermomètre. Les végétaux 
de plein air n'avaient pas autant souffert depuis l'hiver 1829-30. A Limoges, 


les arbres et arbustes suivants ont péri en entier pour la plupart : Magnolia 


grandiflora, Alaternes, Photinias, Troënes et Fusains du Japon, Lauriers 
amande et de Portugal, et jusqu'au Lierre d'Irlande, Dans les bois voisins, 
chose bien rare! tous les Ajoncs et les Houx des taillis sont gelés à cer- 


taines expositions. 


En venant du midi pour nous rendre à Bruxelles, nous avons constaté 
des effets variés du froid : à Poitiers, plus au nord cependant, les pertes 
étaient moins sensibles. Cependant tous les arbustes à feuilles persistantes 
de la promenade de Blossac étaient dépouillés de feuilles vertes. Les 
Mahonias, Cotoneasters, Taxodium sempervirens étaient dans ce cas, et chez 
MM. Bruant, horticulteurs, tous les arbustes Japonais avaient souffert au 


point que la plupart étaient détruits sans espoir. 


_ En nous dirigeant vers l'ouest, à Niort, par exemple, on trouvait déjà un 
climat plus doux, à raison du voisinage de la mer, et des Rosiers Banks, 


. Passiflora cœrulea et autres plantes qui n'auraient pas résisté dans le centre, 


étaient intacts. 

A Angers, l'hiver n’a été qu'un peu plus dur qu'à l'ordinaire. Ses effets 
ont été peu meurtriers à Ancenis, où les Chamærops excelsa n'ont pas eu 
une feuille touchée. 

Changement complet à Nantes. La, l'influence du gulf streum se fait sentir 
à ce point que tout y est conservé comme en serre. Au Jardin des Plantes, 
dans un bain de soleil et d'air doux au lieu des 10 degrés de froid que nous 
avions laissés à Limoges, nous avons trouvé les enfants s’ébattant comme 
en une journée de printemps. Les Camellias allaient épanouir leurs milliers 
de boutons déjà gonflés; des Azalea japonais, amæna, lilüflora, punicea, 


_ Chamærops de la Chine, Libocedrus chilensis, Hypericum calycinum, n'avaient 


pas perdu une feuille, et le long de la grande plate-bande verte du nord 


végétaient dans toute leur luxuriance des Erica arborea, Andromeda Mariana, 
Kalmia, Pernettya, Phlomis, Cistus, etc. Cependant, les Fabiana imbricata et 


6 7e 


Ceanothus divaricatus avaient été maltraités. En somme, Nantes faisait un 
contraste frappant avec ce que nous venions de voir un jour ou deux 
auparavant. 


A St-Malo et surtout à Jersey, de même qu'à Rennes, le mal avait été 
plus grand. A St-Hélier (Jersey), nous avons été visiter les cultures renom- 
mées de M. Ch. Saunders, et nous y avons vu nombre de plantes détruites, 
qu’il avait négligé de couvrir ou de rentrer, se fiant sur la douceur des 
hivers dans cette île. Les Tritomas, Escallonia floribunda, Viburnum Awa- 
fuski, Phormium tenax, Quercus glabra, Hæmanthus, Myrtus, Muehlenbeckia 
étaient tous perdus. Toutefois, un pied de Veronica Andersoni, âgé d'une 
quinzaine d'années, résistait dans un jardin non loin de là. 


À Southampton, dans l’île de Wight et à Londres, nous avons trouvé au 
moins autant de végétaux touchés d’une façon désastreuse, et en arrivant 
à Bruxelles, nous avons vu qu’en Belgique, où le thermomètre était des- 
cendu à — 17° centigr., le mal aussi avait été grand presque partout, et 

surtout dans l'intérieur du pays, où nous avons pu le constater dans plu- 
sieurs propriétés particulières. 

On voit, par ces quelques exemples, que l'hiver 1870-71 laissera de 
tristes vestiges de son passage dans les jardins, les parcs et les campagnes. 


Exposition internationale d’Horticulture de Londres. — Nous 
avons signalé les premières dispositions prises par la Commission organi- 
satrice pour cette Exposition qui doit rivaliser avec celle de Paris en 1867, 
sinon la surpasser. 


Nous venons de recevoir aujourd’hui le programme complet que la Com- 
mission publie sous le nom de « Arrangements for the fruit and floral meetings 
and exhibitions to be held at the gardens, South Kensington, W. in 1871. » 
Nous ne pouvons que résumer en peu de mots quelques dispositions impor- 


tantes de ce document, que l'on pourra demander in extenso au Superinten- 
dant of South Kensington Gardens, London. | 


Les exposants doivent envoyer au moins trois jours avant l'Exposition la 
note détaillée des plantes qu’ils désirent exposer, leurs dimensions, l'espace 


demandé, etc. Les plantes nouvelles peuvent être envoyées le matin même 
des expositions, avant 8h 30. 


Les règles ordinaires des Expositions anglaises seront suivies, ainsi que 
le détaille le programme. 


Les meetings pour les fleurs, les fruits et des réunions scientifiques auront 
lieu le 1° et le 3 mercredi de chaque mois, excepté en janvier, février, 
octobre, novembre et décembre, pendant lesquels mois un seul meeling sera 
tenu. De juin à novembre, les réunions scientifiques cesseront. ; 


Ces Expositions partielles ou meetings commenceront à 11 heures du 
matin, et finiront à 2 heures de l'après-midi, pour permettre ensuite les 
séances ordinaires de la Société. cn 


Tous les objets à exposer doivent être adressés au secrétaire du Floral 
Committee ou du Fruit Committee, dans les attributions de qui rentrent res- 
pectivement ces deux genres d'Exposition. 


—#—. 


Des certificats de première et de seconde classe, ainsi que des médailles 
pourront récompenser les produits exposés, d’après les décisions des jurys. 

Tous les horticulteurs et amateurs anglais et étrangers sont appelés à 
concourir. 

Un prix spécial de 10 livres st. (250 francs) sera accordé à l’exposant qui 
aura envoyé dans le cours de l’année les plus nombreux et les plus beaux 
spécimens de plantes obtenus par hybridation ou fécondation artificielle. 

La plus grande latitude sera laissée aux exposants pour l'envoi de pro- 
duits de leur choix qui ne seraient pas spécifiés dans le programme ou 
Schedules annexés au document que nous résumons. 

Nous appelons l'attention de nos confrères de tous pays, et surtout de 
ceux de la Belgique et de la France, sur l'importance des prix, pour la 
plupart en espèces monétaires, qui sont offerts aux vainqueurs des con- 
cours, et dont l'ensemble formera un total considérable. Ils ont mieux 
encore qu'un profit pécuniaire à en retirer, car l'honneur de triompher de 
leurs collègues d'Angleterre vaut bien la peine qu'ils prendront dans l’es- 
poir de ce résultat. 


Exposition horticole à Nottingham. — Une autre Exposition 
générale, d'un intérêt très considérable, sera également tenue dans la 
Grande-Bretagne, à Nottingham, du 27 juin au 1° juillet 1871. Le montant 
des prix qui y seront distribués dépassera mille livres st. (25,000 fr.). Elle 
comprendra les collections de plantes de serre chaude et froide, plantes 
panachées, Orchidées, Pelargoniums, Calcéolaires, Fougères, Bruyères, 
Agaves, Rhododendrons, Azalées, fleurs coupées, Antirrhinums, Roses, 
arbustes de plein air, nouveautés de tout genre, fruits et légumes. 

On en trouvera le détail des concours annexé au programme de l'Expo- 
sition de Londres. 


Teinture Solferino. — Chacun connaît la belle nuance de rouge 
appelée Solferino, qui a été obtenue de l’aniline, c'est-à-dire extraite de 
la houille. Les Américains indiquent le moyen d'obtenir autrement une 
teinture analogue. Il suffit de couper le sommet d’un jeune potiron, de 
retirer les graines de l’intérieur, de les remplacer par des baies de Phy- 
tolacea decandra, puis de boucher le trou avec la pièce de potiron enlevée. 
Enlevez le lendemain la pulpe teinte, faites-la sécher, rémettez-la et 
répétez ce procédé jusqu'à ce que la nuance rose soit obtenue, puis placez 
cette pulpe dans du vinaigre fort et vous pourrez alors l'employer comme 
une teinture de haute valeur. 


Le Godetia Whitneyi. — Nous avons souvent indiqué l'importance 
des fleurs de plein air comme décoration des jardins accessible à toutes 
les bourses. MM. Vilmorin et Cie, à Paris, et quelques autres marchands- 
grainiers ont porté très haut l’art de les cultiver et mis au commerce de 
nombreuses nouveautés. Nous voyons que d’autres horticulteurs, anglais 
cette fois, suivent cette voie. Dans son récent catalogue, M. Thompson 
d'Ipswich (Angleterre) met en vente une admirable plante récemment 
figurée dans le Botanical Magazine et digne des plus grands éloges. C'est 
‘le Godetia Whütneyi, Enothérée à grandes et innombrables fleurs roses, 


rt ar 


tachées de pourpre foncé au centre et formant des touffes du plus brillant 
effet. Nous ne saurions trop insister sur l'intérêt que va présenter cette 
superbe nouveauté dans nos jardins et nous ne voulons pas être les 
derniers à saluer son arrivée de Californie en Europe. 


Bélier hydraulique. -- La question des eaux dans les parcs ou 
jardins est toujours de la plus haute importance pour les propriétaires. 
L'eau, à la campagne, c'est la vie, c'est une nécessité absolue pour toute 
culture, et il faut l'avoir abondante pour obtenir de bons résultats. On a 
imaginé mille moyens pour suppléer à l'eau naturelle dans les endroits où 
on ne la trouve qu’à de grandes profondeurs, à de trop grandes distances 
ou en minime quantité. Les pompes, les manéges, les béliers hydrauliques 
sont essayés sans cesse et ne satisfont jamais entièrement. 

Nous venons indiquer ici un perfectionnement digne de l'attention des 
intéressés dans cette question. C’est une simplification et une augmentation 
de puissance élévatoire du bélier hydraulique ancien.Cette transformation 
est due à M. Mabille, architecte hydrographe, à Limoges (Haute-Vienne), 
à qui l'on peut s'adresser pour plus amples renseignements. L'appareil 
nouveau est breveté; il peut élever les eaux avec très peu de perte, dès 
qu'on a 50 centimètres de chute. Nous reviendrons sur le bélier hydrau- 
lique de M. Mabille avec plus de détails et des dessins si faire se peut. 


Un drame horticole. — Nous citions plus haut, parmi les victimes 


de la guerre, un horticulteur de Paris, M. Lierval. Les circonstances dans 
lesquelles il est mort sont navrantes et dramatiques au plus haut point. 
Lierval était un de ces rares horticulteurs-amateurs qui sacrifient tout 
pour obtenir et conserver de belles plantes. Il se refusait un vêtement, 
presque le pain quotidien, pour acheter une nouveauté. Vendre un bel 
exemplaire lui serrait le cœur. 

Pendant le siége de Paris, il était resté seul dans son établissement. Le 
froid vint, le combustible se fit rare, puis manqua. Il brûla successivement 
ses coffres, ses châssis, sacrifiant avec douleur ses plantes les moins pré- 
cieuses pour sauver les autres. Enfin, désespéré, il transporta dans sa 
chambre le reste de ses espèces les plus rares, et après avoir épuisé pour 
lui-même le dernier morceau de pâin, et le dernier morceau de bois pour 
ses. chères plantes, il meurt au milieu d'elles de misère et de désespoir. 


Ep. ANDRÉ. 


a 


Et 


PI. XLVIL. 
”  ROSA REGELIANA, cos sr anni. 


ROSE DE REGEL. » 


ROSACÉES. 4 
» à k. 


ÉTYMOLOGIE : du grec podwr, rosier. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Calyx ürceolatus lobis-5 foliaceis, 3 F4 pinnatifidis ; 
petala-5; stamina numerosa ; carpelli plurimi, ossiculati, in calyce aécrescente dein carnoso 
bacciformi inclusi; styli exserti, liberi brevesque, vel longiores et in columna coadnati. Suf- 
frutices aculeati; folia imparipennati ; stipulæ basi petiolorum adnatæ. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Suffrutex dumosus, ramis brevibus primum flexuosis humi- 
fusis mox erectis tomentosis, cinereo-griseis ; aculei numerosi, graciles, inæquales, albidi, 
subulati, pilis glandulosis caducis intermixti ; petioli tomentosi, cinerascentes, sparse aculeati ; 
stipulæ latissimæ, foliaceæ, subtus glaucescentes, irregulariter dentatæ, auriculis divergenti- 
bus erectis oblique acuminatis acutis; folia longe petiolata, foliolis-3 sæpissime-7 distantibus, 
patulis, robustis, subsessilibus, sæpe subalternis, læte viridibus, ovato-ellipticis crenatis, mucro- 
natis supra rugosis, glabris, subtus tomentoso-canescentibus reticulato-nervatis; corymbi ter-- 
minales multiflori; pedunculi tomentosi aculeati, bracteis foliaceis glaucescentibus ovato- 
acuminatis acutis denticulato-ciliatis; calycis tubus globosus, 5-6-8 sepalis reflexis ovatis 
longissime acuminatis integris vix appendiculatis ciliato-lanatis argenteis; corolla magna 
(0m,08 diam.) campaniformis, punicea, petalis-5 amplis ovato-obtusis late unguiculatis; styli 
breves discum convexum mammosum superantes; bacca sphærica (diam. 0w,15), succulenta, 
viridè rubra, calyce accrescente coronata, seminibus ovoïdeo-cuneatis lateraliter compressis, 
medio sulcatis. — Legit in Japonia cl. Maximowicz, unde misit in Europam, anno 1868. Vidi 
vivam florentem et descripsi in horto Lindeniano. — Ep. A. 


ENS 
: 


Le R. Regeliana, envoyé du Japon en Europe, par M. Maximowiez, le 
célèbre voyageur-botaniste russe, en l'année 1868, est un sous-arbrisseau 
à port buissonneux, à rameaux courts, d’abord flexueux ou couchés, puis 
redressés, gris cendré tomenteux. Les aiguillons, qui couvrent ses rameaux, 
sont nombreux, petits, faibles, inégaux, d’un blanc jaunâtre, subulés, à em- 
pâtement oblong et peu saillant, entremèlés de soies glanduleuses qui dispa- 
raissent plus tard. 

Les pétioles tomenteux, d'un gris léger, portant à la face inférieure quel- 
ques aiguillons petits, droits, sont accompagnés à leur base de deux stipules 
très larges, foliacées, glaucescentes en dessous, finement et irrégulièrement 
dentées, à oreillettes divergentes dressées, obliquement acuminées aiguës. 

Les feuilles sont longuement pétiolées, à 5-7 folioles distantes, bien 
étalées, fermes, subsessiles, parfois alternes, ovales-elliptiques mucronées, 
régulièrement crénelées, d'un vert vif, à surface supérieure chagrinée 
rugueuse, glabre, légèrement tomenteuses blanchâtres et fortement DeLTEes 
réticulées en dessous. 

Les fleurs sont disposées en | corymbe terminal multiflore; leurs pédon- 
cules tomenteux sont couverts d’aiguillons petits linéaires et de bractées 
nombreuses, foliacées, inégales, glaucescentes, glabrescentes, ovales-acu- 
minées aiguës denticulées, à dents ciliées de poils mous. 


= R— 


Sur le calyce à tube globuleux contracté sont insérés 5 et souvent 
6-8 sépales réfléchis, ovales très longuement acuminés aigus entiers ou à 
peine appendiculés, ciliés laineux argentés. 

La corolle est très grande, d’un diamètre de 0"08, du plus beau rouge 


 ponceau, à 5 pétales amples, disposés en cloche très ouverte, ovales obtus 


à large onglet; les styles courts sont situés au centre d'un disque convexe 
et mamelonné. Les baies, d’un beau rouge, sont grosses, d'un diamètre 


- de 015, sphériques, un peu déprimées, couronnées des lobes du calyce 
accrescent, dressé; les graines sont ovoïdes cunéiformes, jaune pâle, com- 


primées latéralement, parcourues par un sillon médian et longitudinal, 

Le clan des horticulteurs qui se décorent du nom de Rosiéristes accueillera 
avec joie cette nouvelle Rose japonaise. On sait combien les semeurs émé- 
rites de cette Reine du monde végétal, les Verdier, les Margottin, les 
Granger, etc., ont répandu d'innombrables variétés jJardiniques dans le 
monde entier, et combien aussi ils déplorent la pénurie de formes et de 
couleurs nouvelles à mesure que leurs Roses sont de plus en plus parfaites 


et leurs collections plus épurées. La Rosé paraît avoir épuisé la gamme de 


ses nuances et la variété de ses parures. Les chercheurs se débattent dans 
un cercle sans issue et en sont réduits à livrer au commerce des nouveautés 
charmantes, dont le seul défaut est de ressembler à tout ce qu'on connaît 
déjà. Nous en serons bientôt réduits, si la mode demande encore du 


nouveau, à revenir aux Roses simples. 


Avant d'en être là, nous croyons pourtant qu'il reste aux semeurs 
d'autres champs à explorer, d'autres types à essayer, une sève nouvelle 
à infuser à leurs gains futurs. L'espèce que nous venons de décrire servira 
tout particulièrement à cet usage. Elle constitue une forme bien distincte 
de toutes ses congénères et sa trace se recOnnaitra aisément dans les 
hybridations qui auront lieu par son secours. Sa forme basse, ses rameaux 
robustes et courts, d'un blanc cendré, garnis de nombreux aïguillons 
argentés et de poils glanduleux, ses longues et belles feuilles régulièrement 
crénelées, n'ont point d'analogues, à notre connaissance, dans le genre 
Rosa. Quant à ses fleurs, la seule inspection de la planche ci-jointe suffit à 
faire l'éloge de ses corymbes multiflores d’un beau rouge ponceau si brillant 
qu'il n'est pas besoin de les désirer doubles pour qu'elles tien 
de premier ordre dans la décoration de nos jardins. 

La R. Regeliana, que nous avons aïnsi nommée en l'honneur de M. Regel, 
directeur du Jardin Botanique de St-Pétersbourg, l'un des meilleurs bota- 
nistes dont s’honore notre temps, est absolument rustique. Elle résiste sans 
peine aux hivers depuis deux ans qu'elle a passés dans le jardin de 
M. Linden, à Bruxelles, où elle se couvre, depuis le mois de juillet, de fleurs 
auxquelles succèdent ses jolis fruits rouges. fi 


CULTURE, 


Cette brillante espèce est tout-à-fait rustique et se plaît surtout dañs une 
terre forte et dans les endroits exposés et humides. Elle à parfaitement 
résisté au rude hiver que nous venons de traverser et sa végétation est très 
précoce. 

J. L. 


ROSA REGELIANA (Linden et André). 


JAPON PLEIN AIR. 
de Linden pu | 


EPIDENDRUM FRIDERICI-GUILIELMI (Reich. fil). 
PÉROU SEPTENTRIONAL. SERRE FROIDE. 


J. Linden publ. 


FES |: ue 


PI. XLVIII. 


EPIDENDRUM FREDERICI-GUILIELME, roc. vu. 
EPIDENDRON FRÉDÉRIC-GUILLAUME. 
ORCHIDÉES. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir {lustration horticole, vol. I, pl. 4. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Juxta (cui non affine) E. sinuosum, foliis oblongis, pedunculo 
maximo, labelli laciniis lateralibus rotundatis, basi semi-cordatis, lacinia media ligulata acuta, 
callis 2 rhombeis in basi. À ” 

Frutex robustus, exaltatus; caules validi, foliosi; folia cuneato obovata obtuse acutata, 
spatha solitaria, lati anceps, apice oblique fissa; pedunculus spatham usque valde floridus, 
vulgo rectus, aunc cernuus, bracteæ triangulæ angustæ minutæ, ovarium pedicellatum gynos- 
temio ter ?ongius, sepalum summum ligulatum acutum, sepala lateralia subæqualia margine 
inferiori obliqua, petala lato-linearia acuminata, labelli laciniæ posticæ rotundatæ, dimidio 
inferiori postice producto semi-cordatæ lacinia antica producta ligulata acuminata, calli 
2 rhombei pagina inferiori longitudinaliter unicarinata in basi, carina interposita a basi in 
diseum. — Blüthen purpurn, vier mal kleiner, als die des gigantischen E, longiflorum. H. B. 
Kth. Peru. Warscewicz. (Walpers Ann. Bot. Syst. VI. p. 565.) 7 


RP PP P RTE 


Ce bel Æpidendrum, dont il n'existe encore qu'un pied unique en Europe, 
dans les serres de M. Linden, à Bruxelles, était en fleurs l'année dernière, 
lorsque nous étions en Belgique au mois de juin. Nous avons donc eu la 
bonne fortune de voir sa brillante floraison, dont la planche ci-jointe ne 
peut reproduire l'éclat. 

Nous serons donc forcés de nous en tenir à donner la silhouette de 
l'inflorescence de la plante, en laissant au lecteur le soin de suppléer au 
coloris terne des fleurs, que doit remplacer le violet rouge le plus éclatant. 

L'Ep. Frederici-Guilielmi a été rencontré par M. Wallis dans le Pérou 
septentrional, d’où il fut expédié vivant à M. Linden. 

Reichenbach fils l'avait déjà figuré et décrit dans sa Xenia Orchidacea. 

C’est une plante robuste, semi-arborescente, à tige très forte d'un pouce 
de diamètre à la base. Feuilles distiques cunéiformes ovales courtement 
acuminées, mesurant 1 pied de longueur sur 4 pouces de largeur. Spathe 
solitaire, obtuse, aiguë des deux côtés, épaisse et coriace. Hampe et pédi- 
celles d’un pourpre vif. Sépales et pétales cunéi-lancéolés aigus. Lobes pos- 
térieurs du labelle semi-ronds, semi-cordiformes à la base. Lobes centraux 
linguiformes acuminés; deux callosités cunéiformes à la base. Colonne moni- 
liforme épaisse ; androclinium à bords lobés. Les fleurs, d'une consistance 
charnue, sont d’un beau cramoisi, de même que les pédoncules et pédicelles. 


CULTURE. 


Cette remarquable espèce croît dans la région des brouillards perpétuels 
sur la lisière des forêts, dans un détritus de bois pourri et de feuilles et 
au milieu d'une atmosphère saturée d'humidité. 

Nous la cultivons dans des conditions analogues, dans un compost de 
fragments de terre fibreuse, de charbon de bois et de sphagnum vivant, et 
en lui donnant une place rapprochée du vitrage. Les arrosages doivent être 
copieux pendant la croissance de la plante et plus modérés en hiver. Quel- 
ques seringages par jour pendant les fortes chaleurs et beaucoup d'air lui 
sont indispensables. is ce traitement, nous avons obtenu deux floraisons 
dans l’année. 6 


TOM. XVIIL, — JANV. 1871. : 


— 4 — 


PI. XLIX. 


HÆMADICTYON ©) REFULGENS, av ant 


HÉMADICTYON A FEUILLES CHATOYANTES. 
APOCYNÉES. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Hæmadictyon, Lindley, Trans. Hort. Soc., VI, p. 70. — 
Calyæ 5-partitus, lobis squama intus stipatis. Corolla hypocraterimorpha, tubo cylindrico, 
apice subangustiore inter stamina et sinus plerumque appendicibus aueto, fauce callosa, nunc 
sublobata, lobis oblongis æstivatione sinistrorsum convolutis. Antheræ subsessiles in superiore 
tubi inclusæ vel paulo exsertæ sagittatæ, medio stigmati adbærentes. Nectarium e glandulis 5, 
liberis vel basi coalitis, obtusis, cum lobis calycinis alternantibus. Ovaria-2, nectario longiora, 
glabra. Stylus filiformis. Stigma capitatum. Folliculi (ex H. mexicano) ovoïdeo-oblongi, car- 
nosuli, polyspermi, seminibus obovoïdeis, comosis. Frutices volubiles, americani, foliis oppo- 
sitis, integris, venis sæpius coloratis, racemis axillaribus, multifloris, floribus majusculis, 
luteis. (Alph. DC. in DC. Prodr., VII, p. 426.) 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Suffrutex glaber, caule cylindrico violascente pruinoso sar- 
mentoso-volubili; folia opposita petiolata ovato-oblonga acuminata acuta integra, basi sub- 
cordata, supra paululum bullata nitentia viridi-argenteo-violaceoque refulgentia, subtus vividè 
violacea nervis prominentibus; flores?.…… Crescit in calidis Peruviæ orientalis. Vidi vivam 
haud florentem in horto Lindeniano. — En. A. 


nr 


La plante dont nous venons de donner une diagnose incomplète est une 
de ces charmantes Apocynées à feuillage coloré qui, à l'instar des £chites, 
développent rarement leurs fleurs et contraignent leur introducteur à les 
livrer au commerce avant d'avoir pu établir le genre véritable auquel elles 
appartiennent. C'est un véritable chagrin pour le botaniste, on le com- 
prendra, d'avoir à déterminer une plante sur des échantillons sans fleurs, 
et de risquer de voir son travail infirmé par la science après quelques 
années. Les exemples de ce genre sont nombreux. Aussi n'est-ce qu'avec 
doute que nous rapportons cette espèce au genre Hæmadictyon, créé par 
Lindley pour des plantes brésiliennes, guyanaises, péruviennes et mexi- 
caines, qui sont très voisines de la nôtre, au moins par le facies des 
échantillons cultivés et de ceux des herbiers. : 

Nous faisons donc toute réserve sur la sanction future de notre déter- 
mination et nous nous contentons aujourd'hui d'attirer l'attention de nos 
lecteurs sur l'intérêt horticole de la belle plante que nous figurons. 

Elle forme un arbrisseau sarmenteux et grimpant, sans vrilles, à tiges 
cylindriques, fortes; les jeunes charnues, brillantes, d’un rouge violacé, 
pruineuses et entièrement glabres comme toute la plante. Ses feuilles, 
pétiolées, opposées, sont ovales oblongues acuminées aiguës entières, un 
peu bullées à la surface. Leur couleur est superbe, quand la plante est 
bien cultivée; elle se compose d'un fond vert pourpré, sur lequel vient se 
détacher un mélange chatoyant de satin argenté, de violet pourpre et 


HÆMADICTYON REFULGENS (Linden et André). 


ER 


En PS 0 


SE 


d'émeraude du plus frappant effet. La surface inférieure, parcourue par 
les nervures saillantes, est d’un beau violet pourpré uniforme. 

En résumé, c'est une charmante liane dé serre chaude, qui tiendra une 
brillante place à côté des Æchites nutans, rubro-venia et autres belles intro- 
ductions à feuillage coloré dues à M. Linden. è 

D. À. 


CULTURE. 


Cette admirable plante, dont les reflets chatoyants des feuilles rappellent 
le moire antique, est cultivée dans le même compost que nous employons 
pour les Cissus, c'est-à-dire un mélange de terre de bruyère et de terreau 
de feuilles. Il importe de lui donner une place très ombragée, le grand jour 

faisant disparaître les nuances métalliques de ses feuilles. Elle demande 
beaucoup de chaleur et d'humidité pendant sa croissance. A 


éDé: 
—<0 


LES PALMES DU DIMANCHE DES RAMEAUX. 


La coutume catholique de porter des palmes et des rameaux d'arbres à 
la bénédiction de l'église le dimanche des Rameaux, est une commémoration, 
chacun le sait, de l'entrée de Jésus-Christ à Jérusalem. C’est une pratique 
touchante et universellement répandue. Elle ne varie point dans le rituel 
de la bénédiction par le clergé catholique, ni dans l'usage que l'on fait des 
rameaux bénits l'année suivante. Ils sont brûlés et constituent les cendres 
avec lesquelles on marque au front chaque chrétien le jour dit mercredi 
des cendres, en lui rappelant qu'il redeviendra bientôt poussière. Mais ce 
qui varie beaucoup, c'est la plante qui est employée à cet usage. dans 
divers pays, suivant la végétation dé chaque région et l'interprétation des 
textes sacrés que la cérémonie des Rameaux rappelle. 

En effet, les récits des quatre évangélistes, identiques quant au fond, 
à l'occasion de l'entrée de Jérusalem, ne sont point conformes quant aux 
détails. Saint Mathieu et saint Luc disent que la multitude jetait sur la 
route ses vêtements et des rameaux coupés sur les arbres voisins ; saint Luc 
parle seulement des vêtements étendus le long du chemin. Seul saint Jean 
est explicite et raconte que le peuple vint au-devant de Jésus-Christ en 
procession en portant à la main des branches de Palmier (Acceperunt ramos 
palmarum et processerunt obviam ei). Il est résulté de ces légères divergences 
que l'interprétation à varié sur la question de savoir quelles plantes devaient 
être portées au dimanche des Rameaux à la bénédiction ecclésiastique. 
Généralement l'usage populaire a été de consacrer à cette cérémonie des 
rameaux d'arbres ou d’arbustes à feuilles persistantes, afin de les mieux 
conserver d’une année à l’autre suspendus au chevet du lit, sur le bénitier 
de la famille. On choisit également des plantes d'un aspect élégant, à 
feuillage peu volumineux, et parmi les espèces indigènes remarquables par 
des qualités particulières d'utilité ou le rôle qu'elles avaient joué dans les 
traditions anciennes. ; 

En Italie, second berceau de la religion chrétienne, on se sert générale- 


De - 


ment de Buis et d'Olivier, à l'exception de la cour romaine, où les Palmes 
sont toujours restés en honneur. À Rome mème, et dans toutes les parties 
calcaires de l'Italie où le Buis commun (Buxus sempervirens) croit en 


Palmes 
des 
cardinaux 
et 
évêques 


abondance, c'est l'espèce employée à profusion et qui 
jonche le parvis des églises à l'heure de la messe des 
Rameaux. 

La France a généralement adopté cet arbuste, à 
l'exception de la région méditerranéenne où l'on se 
sert de l'Olivier (Olea Europæa). Cependant, on utilise 
d'autres plantes dans les régions granitiques ou schis- 
teuses où le Buis manque absolument. Mf l'évèque 
de Limoges me disait dernièrement que dans l'Anjou, 
on se sert souvent de Romarin (Rosmarinus officinalis) 
quand on ne peut trouver de Buis. À Paris, le Buis 
est souvent apporté de très loin et sa vente en détail 
est l'objet d’un commerce considérable, bien que cha- 
que parcelle ne se vende 
que cinq centimes. Les 
longs rameaux de la 
forme arborescente sont 
préférés par le peuple, 
tandis que les riches et 
les élégants rapportent 
plus volontiers au logis 
une branche minuscule 
de la variété naine em- 
ployée dans les jardins 
pour bordures. C'est prin- 
cipalement dans les jar- 
dinets des cimetières, 
toujours bordés de ce 
petit arbuste, que se re- 
cueille la majeure partie 
des Buis vendus aux por- 
tes des églises, et les 
tombes des concessions 
temporaires sont  dé- 
pouillées sans pitié à cet 
effet. 

Les rameaux en An- 
gleterre sont de toute 
autre nature. Nous n'a- 
vons pas été peu surpris, 


Palmes 
des 

particuliers 
à 

Rome. 


ESS 


le printemps dernier, de voir des fidèles revenir de l’église avec des bran- 
ches de Saule Marceau (Salix capræa), couvertes de leurs chatons fleuris. 
On les appelle Catskint, peau de chat, par allusion à leur aspect soyeux 
comme une fourrure. Ces rameaux remplacent, dans tout le nord-ouest 


ds it 


de l'Angleterre, le Buis ou l'Olivier. Nous ignorons si on emploie dans 
les autres parties du royaume uni des espèces différentes. 

Nous avons dit que les Palmes proprement dites étaient encore en usage 
à Rome. De tout temps, elles y ont été l'objet d'un commerce important, 
non seulement pour les achats des fidèles, mais comme objets de curiosité 
que tous les étrangers ne manquent jamais d’emporter de la ville éternelle. 
Ces Palmes sont faites des feuilles, ou plus exactement frondes, du Palmier 
Dattier (Phœnix dactylifera). Elles ont une belle couleur de paille blanche 
et leurs folioles sont recourbées sur le rachis en arceaux, dont l'extrêmité 
est tressée avec grâce. Le sommet de la Palme est aigu et la dernière 
foliole reste dressée comme à l’état de nature. Immédiatement au-dessous 
de cette foliole, les suivantes sont fendues en fines lanières et tressées en 
nattes aplaties, recourbées ensuite en dessous et liées par leurs pointes. 
Près de la poignée qui sert à tenir la palme, la même disposition se re- 
trouve, mais les nattes sont de plus grandes dimensions qu'au sommet, et 
leurs pointes sont réunies et couvertes d’un cordon en spirale tordu, comme 
sur l'anse d'un panier. Les dimensions de ces Palmes varient beaucoup et 
le travail de tressage diffère suivant la dignité ecclésiastique de celui qui 
les porte. Le pape les distribue lui-même à son clergé le matin du dimanche 
des Rameaux. Celle qu'il porte lui-même est plus travaillée encore que 
les autres et recoit des ornements dorés d'une grande délicatesse. Le dessin 
ci-joint représente la Palme reçue cette année par M£' Truchaud, évèque 
de Limoges, à Rome, et dont il a bien voulu me permettre de prendre un 
croquis. 

Le blanchiment de ces frondes de Dattier s'obtient également comme 
celui de la.Chicorée ou de la Scarolle : en liant la gerbe de l'arbre, de 
manière à ce que les pousses du milieu s’étiolent et se décolorent. Le centre 
de cette fabrication est pour l'Italie à Bordighiera et à San Remo, villages 
sur la route de la Corniche, de Nice à Gènes près de Vintriniglia, et, pour 
l'Espagne, dans la forêt d'Elche près d’Alicante. Des hommes agiles grim- 
pent sur les arbres, se fixent à la naissance des frondes avec une corde et 
en jetant autour de la tète du Palmier une autre corde. à crochet avec 
grande précaution pour éviter la piqure des phyllodes aiguës de la base qui 
sont très dangereuses; puis ils ramènent à eux la corde qu’ils serrent avec 
un mouvement de tourniquet. 

Après un certain temps, les frondes nouvelles sont d’un beau blanc et 
on les envoie à Rome, où elles sont tressées, perdant un peu leur blancheur 
et passant au jaune paille léger, à peu près la couleur des chapeaux de 
Panama. ; 

À San Remo la culture et la vente des Palmes pour Rome a été longtemps 
le privilége de la famille des Bresca, dont les descendants existent encore. 
Ce monopole fut donné dans des circonstances qui méritent d'être racon- 
_tées. C'était sous le pontificat de Sixte-Quint. Le pape tenait beaucoup à 
faire transporter, au centre de la place S‘-Pierre, le magnifique obélisque 
qui était jusque-là resté dans le Cirque de Néron. Il chargea l'architecte 
Fontana de cette difficile opération, qui eut lieu en présence d’une foule 
immense. On craignait si fort que l'érection fût compromise par quelque cri 


Ni 


. de la foule, que la peine de mort fut décrétée contre quiconque élèverait la 
voix pendant l'ascension du monolithe. Elle était déjà commencée avec suc- 
cès lorsqu'on vit avec stupeur que les câbles se tendaient démesurément et 
que plusieurs menaçaient d'éclater. Cent mille poitrines haletantes battaient 
de frayeur, dans un silence de mort et chacun s'attendait à un écroulement 
inévitable. « Mouillez les cordes! » s’écria du milieu de la foule une voix de 
stentor. Fontana comprit; de puissants jets d'eau furent dirigés sur tous 
les cordages et le reste de l'ascension de l’obélisque s’opéra sans encombre. 
Le pape non-seulement leva la peine édictée contre l’homme qui avait trans- 
gressé ses ordres en parlant si à propos, mais le fit chercher pour le récom- 
penser. Cet homme était un jeune marin du nom de Bresca ; il demanda et 
reçut le privilége exclusif de la culture et de la vente des Palmes et s’enri- 
chit lui et les siens en peu d'années. 

On voit que les espèces végétales usitées dans les cérémonies de l'Eglise 
ont aussi leur histoire et que l’horticulture et la botanique jouent un certain 
rôle dans cette petite étude que nous aurions voulu rendre plus complète 


si nous avions eu le loisir de faire des recherches spéciales. 
Er. A. 


NOUVEAUTÉS FLORALES POUR 1871. 


Nous constatons que la guerre a empêché tout développement de la 
floriculture française et belge dans la fin de l’année dernière. Si les plantes 
de serre chaude continuent à augmenter en nombre d'espèces, il n'en est 
pas de même parmi les plantes de plein air ou de serre tempérée. 

C'est en Angleterre qu'il nous faut regarder pour signaler aux amateurs 
quelques bonnes nouveautés et le dépouillement des catalogues serait assez 
_ difficile si nous n'avions pas à y ajouter quelques notes spéciales, recueillies 
à nos derniers voyages. 

Les maisons de commerce horticole françaises ou belges pourront fournir, 
nous l'espérons, les plantes suivantes, si nos lecteurs ne sont pas en rela- 
tions directes avec les horticulteurs obtenteurs anglais. 

MM. Downie, Laird et Laing ont fait d'une vieille plante indigène, le 
Muflier ou Antirrhinum majus, la source de très nombreuses et charmantes 
variétés pour nos jardins de plein air. On en voit de premier choix dans 
leurs pépinières de Standstead Park et les trois suivantes nous ont paru les 
plus jolies : Charming, rose marbré plus vif; Orange Bowen, écarlate à lèvres 
orangées, et Queen of Primroses, grande fleur cramoisie. Des plates-bandes 
de Mufliers, surtout si les variétés sont bien choisies, sont une source tou- 
jours renouvelée de jouissances pendant toute la belle saison. 

Les Auricules (Primula auricula var.) doivent à M. Turner, surtout depuis 
quelques années, des perfections jusqu'alors inconnues. Deux nouveautés 
hors ligne peuvent s’adjoindre aux listes de cet habile semeur. Ce sont : 
Colonel Champneys, pourpre rosé et blanc bordé de gris d'argent, et Oméga 
pourpre-noir fascié et bordé de blanc. Si l’on y ajoute des variétés de choix 
comme Clipper, Black Prince, Etna, Monarch, Selina, etc,, on aura le noyau 


” 


bus 10 


des plus belles plantes de M. Turner et le commencement d’une collection 
sans rivale. 

Parmi les nouvelles Azalées nous pouvons compter : François De Vos, fleur 
double cramoisie; Roi de Hollande, fortes fleurs saumonées; Van der Cruyssen, 
larges fleurs roses maculées; Mistress Turner, rose saumon, larges fleurs 
ponctuées; Reine Marie-Henriette, riche rose saumon. | 

Si les Lyonnais, comme M. Alegatière, ont obtenu de magnifiques choses 
dans les Œillets en arbre, les Anglais ne sont pas restés trop en arrière et 
nous recommandons ceux de MM. G. Henderson & son, de Londres. Fulcain, 
rose brillant pâle et White nun, d’un blanc pur, sont deux ravissantes variétés 
dignes de tout éloge. 

Nous avons récemment publié une liste épurée de Chrysanthèmes. M. Salter 
vient d'augmenter la section japonaise par Jane Salter et Renown, deux plan- 
tes remarquables, vendues par M. W. Bull, de Londres (Chelsea). 

Pour clore cette liste rapide, nous citerons les Clematis admirables de 
MM. Cripps : Lady Caroline Nevill, Star of India, Tunbridgensis, qui sont des 
variétés délicieuses dont nous aurons occasion de figurer bientôt quelques- 


unes. 
En. A. 


ORNEMENTS DES PARCS ET JARDINS. 
PONTS RUSTIQUES. 


Nous avons remarqué en Russie, en 1869, à l'occasion de l'Exposition 
internationale d'Horticulture de St-Pétersbourg, un ingénieux système de 
construction de pont rustique que nous avions résolu de publier et que 
nous avons vu reproduit en Allemagne à la fin de la même année. 

Ce qui en fait l'originalité, outre son aspect rustique et vraiment pitto- 
resque, c'est qu'il n’y entre ni un clou, ni un boulon, ni une mortaise, C'est 
le mode d'enchevêtrement des poutres qui le composent qui en soutient 
toutes les parties. Il est inutile d'expliquer cette disposition; un simple 
regard sur le dessin ci-joint en donnera la clef. Nous engageons fort les 
propriétaires ruraux qui nous lisent à en essayer la construction et nous 
en garantissons le bon effet dans les paysages artificiels et naturels des 
parcs. 


Er. A. 


0 


LES ANACHRONISMES DES PEINTRES. 


Nos artistes modernes en prennent vraiment bien à leur aise. Pour 
l'ornementation accessoire de leurs tableaux, ils se rendent coupables des 
plus extravagants anachronismes et s’en inquiètent fort peu, dès que pour 
eux « cela fait bien. » C’est surtout dans limitation des produits de la 
nature que cette incurie se révèle, et surtout à propos des végétaux. Il 
semblerait sans doute monstrueux à ces messieurs de peindre, au premier 
plan de leurs paysages, une vache à trois cornes où un chien à cinq 
jambes; et cependant beaucoup d'entre eux n'hésiteront pas à commettre 
une faute analogue en dessinant une plante à feuilles opposées quand elles 
sont alternes en réalité, ou une fleur bleue dans une famille où cette 
couleur n'existe pas. Pour moins sauter aux yeux et sembler s’abriter 
derrière de prétendues variations de la nature, le défaut est le même. 
Tout observateur attentif, choqué de cette inexactitude, ne pourra jouir 
de l'ensemble du tableau si son esprit n'est pas satisfait par les détails. 

Jamais un grand peintre n’est tombé dans ces travers; le respect de la 
vérité est une forme du génie des grands maîtres. Ni Raphaël ni Titien, 
en habillant leurs madones ou leurs saintes en Italiennes ou Espagnoles, 
au lieu des simples robes que portaient les Juifs; ni Paul Véronèse, en 
plaçant dans un palais de Venise, avec les costumes du temps, la scène des 
noces de Cana, n'encouraient le reproche que nous exprimions tout-à-l'heure. 
Leur composition était allégorique et l'anachronisme n'était qu'apparent. 
En plaçant le théatre de leur action dans un pays de leur choix, ils ne 
peignaient point spécialement une page d'histoire, mais en idéalisaient leurs 
personnages et en les entourant d'un luxe de fantaisie ils rendaient une 
sorte d'hommage au saint caractère de leurs personnages. Où ils eussent 
été repréhensibles, c’est en ne gardant pas d'unité dans tous les détails de 
leur conception, c’est en plaçant le théâtre d'une cérémonie à Venise, par 
exemple, dans un monument byzantin imaginaire, avec un mobilier étrus- 
que et des costumes italiens. Ils s'en sont bien gardés; dans ces abstrac- 
tions de lieu et de temps ils sont toujours restés conséquents avec leur 
idée première et savaient bien que l'impression harmonieuse de leur tableau 
venait autant de l'exactitude de reproduction des accessoires que de l’arran- 
gement général, de la composition d'ensemble. 

Plus près de nous et dans le genre paysager, avons-nous jamais vu les 
tableaux de Poussin ou de Claude Lorrain, de Ruysdael ou d'Hobbema 


ou Van Ostade ont-ils jamais placé leurs Hollandais joufflus au milieu de 
mobiliers allemands ou italiens ? 


de mêler toutes les données de la raison et de produire les plus bizarres 
fantaisies au détriment de l'exactitude historique. Le niveau général de 
l'art à beaucoup monté, dit-on. Nous le croyons sans peine; il suffit de 
visiter une Exposition annuelle de peinture moderne pour se convaincre 
que tout le monde peint agréablement et personne supérieurement. Les 


— 81 — 


individualités saillantes s'absorbent dans la masse intelligente. Beaucoup 
de talent; pas de génie. Quelques personnalités surnagent; mais elles sont 
plutôt dues au procédé qu'à une étude profonde et à de grands esprits. On 
force la note pour attirer l'attention; on outre volontairement ses qualités, 
qui deviennent alors des défauts, pour ne point faire comme tout le monde. 
L'art est alors bruyant, mais non profond; c'est l'époque du savoir-faire et 
non pas du savoir. 


Dans cet ordre d'idées, une chose nous a souvent frappé, dans les Expo- 
sitions de Peinture à Paris, à Bruxelles, en Allemagne (j'allais dire à 
Londres, mais peut-on appeler peinture la collection de croûtes exhibées 
annuellement dans les salles du National Gallery?): c'est la collection 
d'anachronismes de tout genre, et particulièrement à propos des plantes, 
que l'on peut lire sur les tableaux des artistes contemporains. Il est bien 
rare qu'en peinture, dans un épisode d'histoire rétrospective, l'auteur ait 
pris souci de s’enquérir des plantes qui étaient cultivées à l'époque qu'il 
étudie, si des ornements végétaux doivent prendre place dans son tableau. 
Un jardin du temps de François Ie sera rempli de Dahlias et de Chrysan- 
thèmes, sans‘examiner en rien si ces plantes ne sont point d'introduction 
postérieure au XVI siècle. Jamais un peintre chinois ni japonais ne tom- 
berait dans ce travers, et nous avons dit, dans ce recueil, à propos de 
l'Expositon rétrospective du Palais de l'Industrie, quel respect de la vrai- 
semblance, sinon de la vérité absolue, ces artistes professaient, même dans 
l'emploi des fleurs pour l’art décoratif. 


Il y a deux ans, nous avons remarqué au Salon de Peinture, à Paris, 
une marquise du temps de Louis XV, occupée à faire de la tapisserie dans 
un salon, sur la table duquel on admirait un superbe bouquet de Glaïeuls, 
composé des variétés obtenues par M. Souchet en 1867! 


. Cette année un grand tableau, qui ne manquait pas de qualités d’ailleurs, 
présentait en ce sens les disparates les plus choquantes. Il était signé 
d'un jeune homme, M' V. Giraud, et représentait une fête dans la Rome 
ancienne. La confusion d'ornements les plus discordants s'y montrait par- 
tout; à côté de l'architecture du temps et de costumes antiques étaient 
accumulés des meubles du XIX* siècle, des oiseaux et des plantes de tous 
les pays. Pour ne parler que de ce Capharnaüm végétal, voici quelques 
noms des plantes peintes par M. Giraud, et toutes inconnues des Romains 
à ces époques reculées : Dracæna terminalis, Lælia superba, Alsophila australis, 
Aspidistra elatior, Hedychium coronarium, Ficus elastica, Dracæna australis, 


Begonia divers, etc., ete. Des volières Trouchon et des meubles Duval ser- 


vaient de perchoirs à des Perruches ondulées, Perroquets, Cardinaux, 
Mésanges bleues, Pies, Martins-Pêcheurs, Colombes, Milans, Grands-Ducs. 
Les plantes et les bêtes de l'Amérique, découvertes en 1492, s'y montraient 
en grand nombre. Ce désordre a perdu M. Giraud et son tableau, qui 
indiquait certaines qualités, malgré un parti-pris de couleur trop crue et 
exagérée. | . re ni 
Dans une autre salle, M. Ronot exposait une jeune fille vêtue à la grecque 
et se tenant auprès d'un lion superbe en plein Sahara. Le paysage se 


D 


trouvait orné, s'il vous plait, d'un Ficus Bengalensis, de l'Inde, d'un Caladium 
odorum, du Brésil, et d’un Zamia, du Cap de Bonne-Espérance! 

M. Tourny représentait un salon du XVIII siècle et avait placé une 
soubrette enrubanée à la Watteau tout près d’une touffe de Primevères de 
la Chine des variétés récentes de MM. Vilmorin. 

Quant à M. Beaumont, ses sphinx et ses sirènes, au milieu de l'Egypte, 
étaient entourés de bouquets de Lilas Charles X. 

J'en passe, et de pires. L'énumération de toutes ces inepties deviendrait 
fastidieuse. | 

On sé demandera s'il était bien difficile à ces Messieurs de s’enquérir 
auprès d'hommes spéciaux, soit des plantes, qui, avant Jésus-Christ, 
ornaient les viridaria de Rome, ou des espèces végétales connues dans les 
jardins à une époque déterminée de l'histoire! Mais non, cette démarche 
coûte quelque dérangement; on compte sur l'ignorance du public et l'on 
figure au hasard les choses les plus hétéroclites sans s'inquiéter du juge- 
ment des hommes de sens. 

Nous savons que ces lignes constituent une sorte de sermon dans le 
désert qui n'a guère chance d’être lu par les artistes que nous voudrions 
atteindre. Mais elles constituent aussi une protestation en faveur de la 
science aimable à laquelle nous sommes attachés, et qu'il faut venger de 
toutes les atteintes portées à sa dignité, de toutes les erreurs commises 
en son nom. - 


— RE LYS —— 


Ep. A. 


REVUE DES PLANTES NOUVELLES. 


SARA PINS 


BOTANICAL MAGAZINE. 
J UILLET 1870. 


Vanda Cathcarti, Lindley. — Orchidées. — La plus belle espèce, 
sans contredit, du genre auquel elle appartient, cette plante a été recueillie 
par le D' Hooker en 1848 dans l'Inde septentrionale, et envoyée d’abord 
par lui au jardin botanique de Calcutta. MM. Veitch, depuis cette époque, 
l'ont reçue de l'Inde à leur tour et vue fleurir. La végétation du V. Cathcarti 
est vigoureuse; ses feuilles sont aussi larges et charnues que celles des 
V. suavis et tricolor. Ces fleurs, qui naissent en grappes à demi-inclinées, 
sont réunies par 3-6; leurs pétales et sépales sont ovales arrondis, presque 
égaux, d'un jaune pâle entièrement recouvert de faisceaux brun-rouge, 
disposés en lignes transversales; le labelle, lyroïde au sommet, arrondi 
biauriculé à la base, à bords crénelés recourbés en dedans, est de couleurs 
blanche, verte et jaune. Ce Vanda sera une magnifique acquisition pour 
nos serres chaudes. 

Dracœna cylindrica, J. D. Hooker. — Asparaginées. — Originaire 
de la rivière du vieux Calabar, sur la côte occidentale d'Afrique, ce beau 
Dragonnier est assez voisin du D. bicolor, mais avec des feuilles beaucoup 
plus larges et l'épi terminal, plus grand, sessile, en forme de gros Chaton. 


nn 


C'est cette forme de l'inflorescence qui lui à valu le qualificatif de cylin- 
drica. Le genre Dracæna est déjà très richement représenté dans nos cul- 
tures d'Europe. Cette espèce sera cependant une bonne addition à ses 
congénères, par l'élégance de son port et la forme tout-à-fait inusitée de 
ses fleurs. 

Iris Iberica, Hoffm. — lridées. — Plante de forme et de couleur 
étrange, à grandes fleurs, supportées par une très courte hampe et de 
petites feuilles semblables à celles du Narcisse; les lobes du périanthe sont 
amples, arrondis, les extérieurs brusquement défléchis charnus à bords 
recourbés jaune rayé de noir, les intérieurs dressés d'un beau blane, les 
stigmates retombants et noir brillant à la base. Ces couleurs sont parfois 
variables et M. Hooker doutait de l'identité spécifique de la plante avec 
celle décrite sous ce nom par M. Regel dans le Gartenflora. L'I. Iberica est 
spontané, non pas en Espagne, comme son nom semble l'indiquer, mais 
des provinces ibériennes du Caucase, d’Imeratia, de Cilicie, de Kurdis- 
tan, et, probablement de la Perse. Il croit sur les hautes montagnes, à 
une altitude de plus de 2000 mètres, et sera, par conséquent, rustique dans 
nos jardins. 

Anthurium ornatum, Schott. — Aroïdées. — Beau feuillage, ample, 
cordiforme, et spathes blanches renversées, oblongues acuminées, avec un 
spadice pourpre brun, dressé, cylindrique. La plante fut d'abord découverte 
par M. Linden au Vénézuela, en 1842, puis par Feudler en 1854-55. Kew 
la possédait déjà depuis de longues années, sans que cette belle espèce eût 
été figurée. C'est de la riche collection de M. William Saunders qu'a été 
tirée la plante dessinée par Fitch pour le Botanical Magazine. 

Saxifraga aretioïdes, Lapérouse. — Saxifragées. — Encore une de 
ces plantules alpestres que le savant directeur de Kew affectionne. Son nom 
rappelle, comme la plante, ces Aretia de Linné, qui sont devenus de vérita- 
bles Androsace. Ses toutes petites feuilles glauques glanduleuses visqueuses 
forment un épais tapis que dépassent de quelques centimètres, au printemps, 
de nombreuses fleurettes d'un beau jaune, bien égales en hauteur et d’un joli 
effet. Le S. aretioïdes croit dans les Pyrénées, en Espagne, en Turquie et 
jusque dans l'Inde du nord. Toutes les collections un peu choisies de plantes 
alpines devront le posséder, 

Aout 1870. | : 

Tillandsia Lindeniana, Morren. — Broméliacées. — Voir, pour la 
description de cette jolie plante, la description qui accompagne la figure 
coloriéæ& dans l'avant-dernier volume (1869), de lIlustration horticole. 

Cymbidium canaliculatum, Brown, Prod. — Orchidées. — Tiges 
courtes comprimées; feuilles linéaires allongées, aiguës; grappes lâches de 
fleurs longuement pédicellées, petites, à divisions ovales brun violacé bor- 
dées de vert. Plante gracieuse plutôt par son port que par l'éclat de ses 
fleurs. Elle est originaire du cap York, nord-est de l'Australie tropicale, où 
. Robert Brown la découvrit au commencement de ce siècle. Elle fut recueillie 
de nouveau en 1864 par ce pauvre J. G. Veitch, que nous venons de perdre 
si tristement, et elle fleurit au mois d'avril 1870 dans les serres de cet 
Etablissement. 


ni que 


Malope malacoïdes, Wild. — Malvacées. — On connaît cette jolie 
plante en Angleterre depuis 1710, et son introduction ne fut point difficile, 
puisqu'elle se rencontre à l'état spontané dans le midi de la France, l'Espagne, 
l'Italie, la Grèce, l'Asie mineure et le Maroc. Les graines d'où sort la plante 
figurée par le D' Hooker, lui vinrent en 1869 de M. Maw, qui fit une excur- 
sion botanique en Espagne et à Tétuan. La tige du A7. malacoïdes est cou- 
chée et ses rameaux redressés, couverts de petites feuilles ovales subaiguës 
grossièrement dentées et de larges fleurs violettes aussi grandes que celles 
du Malva alcea. On la cultivera comme plante annuelle, à l'instar du HMalope 
trifida. »- ; 

Eritrichium nanum, Schrader. — Borraginées. — Encore une minia- 
ture végétale, cultivée par M. Backhouse, d'York, sur son rocher alpestre. 
Elle est tout-à-fait couchée sur le sol et se couvre en mai d'innombrables 
fleurs d’un bleu de Gentiane, s'épanouissant presque toutes à la fois. La 
plante se trouve dans toutes les Alpes de France, jusqu'en Carniole, à des 
altitudes variant entre 2000 et 4000 mètres. 


Asimina triloba, Dunal. — Anonacées. — Cette espèce d'arbre fruitier 
nord-américain ne saurait passer pour nouveau, mais il n'a guère été figuré 
avec soin que dans les Annales de Flore et de Pomone. C'est un grand arbuste 
ou petit arbre à larges et longues feuilles, d'unvert-noir brillant. En mars- 
avril s'ouvrent des fleurs pourpre-noir à 6 lobes, auxquelles succèdent des 
fruits dont les carpelles sont au nombre de 3-15. Ces fruits deviennent 
oblongs cylindracés, verts, odorants, charnus et comestibles. On les appelle 
Custard-Apple et Papaw aux États-Unis, et en français Assiminier. L'intro- 
duction de l'A triloba en Europe remonte à Peter Collinson, en 1736. On le 
cultive comme arbre d'ornement rustique dans les jardins, mais il y fruc- 
tifie rarement sous le climat de Paris et de Londres. 

Cypripedium candidum, Mubl. — Orchidées. — Gracieuse espèce 
originaire des marais du Kentucky, du Visconsin, du Canada, de la rivière 
plate et des montagnes rocheuses. Envoyé à Kew par M. Dunlop, de Mil- 
wankie (États-Unis), elle y a fleuri cette année. On cultive le C. candidum 
comme les autres espèces rustiques : C. calceolus, quttatum, pubescens, parvi- 
forum, dont il rappelle le port. Ses feuilles sont dressées, ovales pointues. 
Les fleurs, au sommet d’une hampe haute de 30 centimètres environ, ont 
les divisions extérieures vertes lavées de pourpre, le labelle arrondi globu- 
leux utriculé blanc rayé de rose et le staminode saillant jaune d'or. La 
plante demande "a sol tourbeux mélangé de feuilles mortes et une situation 
ombragée. k 9 

En. A. 


CHRONIQUE HORTICOLE. 


Avec les premiers souffles tièdes du printemps, la paix revient, mais 
non point la confiance, ni les affaires, ni les travaux des sciences et des 
arts. La stupeur se prolonge; on pleure ses morts, on compte ses pertes 
matérielles et morales. Qu’au moins les amis du jardinage se rassemblent 
autour de leurs chères plantes, qu'ils cherchent un moment l'oubli de leurs 
misères et une consolation dans les sourires de la Nature, toujours bonne 
mère, toujours le refuge des âmes blessées. 

Faisons mieux, parlons d’autre chose, et tâchons d’enfouir ce triste passé 
sous les ruines qu'il a laissées! 

Expositions : Malines, Gand, Anvers, Bruxelles. — En Belgique, 
de nouvelles Expositions d'horticulture s'organisent. Nous venons de rece- 
voir les programmes des cinq principales de cette saison. 

À Malines, l'Exposition d'hiver se tiendra le 19 mars, dans les serres de 
Pitzembourg. Les concours ouverts s'adressent surtout aux trente plus 
belles plantes, diverses ou bien cultivées, aux Azalées, Rhododendrons, 
Camellias, Orchidées, plantes nouvelles, Agaves, plantes bulbeuses, 
Rosiers, Poires et Pommes. 

Des médailles de vermeil, d'argent et de bronze sont offertes comme 
récompenses. Les demandes d'admission devront être adressées au secré- 
taire, rue des Vaches, à Malines, avant le 15 mars au soir. 

La Société royale d'Agriculture et de Botanique de Gand invite les 
membres qui la composent à répondre à l'appel qu'elle leur adresse pour 
le 26 mars et le 25 juin 1871. 

La première de ces Expositions, du 26 au 29 mars, comprend des collec- 
tions de plantes fort variées, parmi lesquelles nous relevons les plantes 
nouvelles, Orchidées, Amaryllis, Fougères, Lycopodes, Palmiers, Cycadées, 
- Aroïdées, Bégonias, Aralias, Camellias, Azalées, Rhododendrons, Ericas, 
plantes bulbeuses, Agaves, fruits forcés, bouquets, accessoires de l'horticul- 
ture, etc. Une médaille d'or et une de vermeil seront attribuées comme prix 
d'honneur, aux deux exposants qui auront le plus contribué à l'éclat de 
l'Exposition. ee 
. La seconde Exposition de cette Société, du 25 au 28 juin, comprendra 
les Coleus, Pelargonium zonale et grandiflorum, Fuchsia,. Verbena, Petunia, 
Rosiers en fleurs, et corbelles-parterres. Des médailles d'argent et une de 
vermeil seront mises à la disposition du jury pour être décernées comme 
récompenses aux Exposants. se 

À Anvers, la Société royale d'Horticulture et d'Agriculture tiendra 
Sa 118 Exposition dans le local de la Société royale d'Harmonie, les 
2 et 3 avril. Les concours sont variés et s'appliquent nommément aux 
Camellias, Rhododendrons, Azalées, Orchidées, Rosiers, Amaryllis, Hya- 


cinthes, Cinéraires, Calcéolaires, plantes diverses ‘en fleurs et fruits. Un 


TOM, XVIII, — FÉVRIER-MARS 1871. 5 


RD 


concours extraordinaire de vingt-cinq Axalea indica sera récompensé par 
deux médailles d'or de 100 et de 50 francs et une de vermeil. Les demandes 
d'admission devront être adressées au Secrétaire, au plus tard le lundi 
27 mars. 

Enfin, la Société royale de Flore ouvrira sa 96° Exposition à Bruxelles 
les 23, 24 et 25 avril 1871. L'emplacement choisi sera encore une fois le 
Jardin Botanique de Bruxelles. Nous disons encore une fois, car il se pour- 
rait que l'année prochaine le local fût changé, cet établissement ayant été 
cédé à l'Etat qui va y organiser de nouveaux travaux d'appropriation à une 
destination nouvelle, ou plutôt des modifications importantes. La question 
a été fortement agitée à la dernière séance générale de la Société de Flore, 
à laquelle nous avons eu l'honneur d'assister. Nous espérons qu'une solution 
heureuse conservera à cette utile Compagnie l'emplacement de ses fêtes 
florales si réputées. 

Un concours spécial d’Azalées, dites de l'Inde, avec prix de 500 et de 
100 francs, sera ouvert aux lutteurs internationaux, et d'autres concours 
nombreux seront à la disposition des horticulteurs et amateurs, avec 
l'attrait de récompenses importantes. 

Les demandes d'admission devront être adressées avant le mardi 18 avril 
à M. Lubbers, secrétaire, rue du Berger, 26-28, à Ixelles-Bruxelles, qui 
enverra d'ailleurs, sur demande, le programme détaillé. 

Couverture des Palmiers rustiques. — Pendant le voyage que 
nous venons de faire du sud-ouest de la France en Angleterre et en 
Belgique, nous avons remarqué que partout les Chamærops excelsa avaient 
beaucoup souffert de la neige accumulée dans le centre de leurs pousses et 
que son eflet avait été plus désastreux pour eux que la violence du froid, 
L'abaissement de la température, chose étrange, a surtout causé la des- 
truction de leurs vieilles feuilles, au moins sur les pieds qui avaient été un 
peu protégés, en laissant intactes les jeunes du centre que l'état tendre 
de leurs tissus semblait devoir exposer davantage à la congélation. On 
remarque ce résultat dans plusieurs villes de l'ouest, — à Ancenis, par 
exemple, — dans le nord, et surtout à Paris, où tous ceux du Muséum 
sont dépouillés de leurs vieilles frondes. 

A Nantes, nous avons constaté, au Jardin botanique, que tous les Cha- 
mærops excelsa étaient en parfait état et n'avaient rien perdu de leur 

= feuillage. Ce résultat était du, non-seulement à 
la douceur du climat de cette ville, mais à ce 
qu'on avait eu soin de couvrir ces arbres d’une 
simple toile, disposée en dôme sur deux cerceaux 
en croix, montés sur quatre bâtons et formant 
contre la neige une protection très efficace, On. 
protége également le pied de l'arbre avec une 
couche de feuilles sèches, haute de 50 centi- 
.. Mètres, disposée en cône autour de la tige, et 
= empêchant son contact avec le sol gelé. Ces 


moyens protecteurs devraient être généralement 
employés. 


Me TE 


Sentiers de jardins. — En Hollande et en Angleterre, on se préoccupe 
tout spécialement des sentiers dans les jardins. J'ai raconté quelque part 
qu'un jour, me promenant à Leyde dans le jardinet d’un amateur, je fus très 
surpris de voir qu'en repassant par les mêmes allées, nous foulions toujours 
un sable nouvellement ratissé. M'étant retourné, j'apercus avec stupéfaction 
un jardinier nous suivant avec un râteau et effaçant patiemment la trace de 
nos pas à mesure que nous avancions. 

L'exagération ne va pas jusque-là en Angleterre. On y soigne cependant 
tout spécialement le premier établissement des allées, afin d'éviter pour la 
suite un entretien dispendieux. Au Jardin botanique de Sheffield, presque 
toutes les allées sont asphaltées. Pour cela on draine et on bat fortement 
le sous-sol, puis on répand une couche d’asphalte, recouverte de gravier 
blanc, qui entre dans cette matière avant son entier refroidissement. 

Un autre excellent sol d’allées peut encore être recommandé. Il est moins 
dispendieux et aussi solide, et jamais ni entretien ni ratissage ne sont néces- 
saire quand il est bien établi. On prend trois parties de gravier passé à la 
claie, une partie de chaux criblée et on y ajoute assez de coal-tar ou goudron 
pour en faire un épais mortier. Une épaisseur de 4 à 5 centimètres est 
suffisante pour sentiers de piétons, le double pour routes de voitures. On 
unit la surface avec le dos de la bèche, et le tout bien entendu repose 
sur un sol drainé et bien nivelé. Si on n’aime pas la couleur noire, on peut 
prendre trois parties de sable et une de chaux un peu humide et rouler 
fortement. L'économie d'entretien compense vite la petite dépense occasion- 
née pour la confection de ces excellents chemins, toujours propres, tou- 
jours secs et à l'abri des mauvaises herbes. 

Les Serres à Vignes de M. W. Thomson.— Au printemps de 1868, 
nous avons eu la bonne fortune de visiter les cultures par M. W. Thomson, 
à Dalkeith, en Ecosse, chez le duc de Buccleugh. Ce sont là de ces mo- 
ments qu'un horticulteur n'oublie plus jamais. La cordialité, l’affabilité de 
M. Thomson ajoutèrent encore au charme des instants trop courts que 
nous avons passés dans ces belles serres et dans ce parc, qui a peu d'égaux : 
même en Angleterre. Nous avons conservé les notes prises pendant cette 
visite et nous les publierons prochainement. 

Ce que nous voulons signaler aujourd'hui à nos lecteurs à propos de 
M. W. Thomson, c'est qu'il vient de fonder en Ecosse, sur les bords de la - 
Tweed, à Galashiels, dans le Selkirkshire, un vaste établissement où il va 
exercer dans tout son développement la spécialité dans laquelle il est passé 
maître, la culture forcée de la Vigne. M. Thomson, en effet, est fort connu 
de l'autre côté du détroit par son ouvrage intitulé « The Grape Vine, » où il 
a esquissé en peu de pages les préceptes de cette culture perfectionnée et 
son nouveau système d'aération et de ventilation du sol. Il était en même 
temps rédacteur en chef d'un journal horticole, « The Gardener, » qu'il vient 
de placer entre les mains de son frère, jardinier à Drumlanrig, Ecosse, 
pour se consacrer sans retour à la grande entreprise dont nous parlons, 
Déjà trois énormes serres, de 70 mètres de long sur 8 de haut et 9 de large, 
sont bâties et plantées de jeunes Vignes. D'autres serres, notamment des 
serres à Ananas et à Concombres, es sis à celles-ci, et l'ensemble de 


er À 


l'établissement de la Tweed « Tweed Vinegard, » promet de devenir égal, 
sinon supérieur à celui de M. Meredith de Garston, près Liverpool, dont 
nous avons parlé dans ce recueil. 

Avec nos regrets de voir M. W. Thomson quitter un emploi où il s'était 
particulièrement distingué, nous accompagnons de nos meilleurs souhaits 
l'annonce de la fondation nouvelle à laquelle il attache son nom et son 
savoir. : 

Vitalité des bulbes. — La persistance de la vitalité des graines, bien 
que sujette à caution par les contes qui ont été débités à ce propos, n'en est 
pas moins certaine et curieuse au dernier point pour certaines espèces. 
Sans parler du blé de miracle ou de momie ou des Dahlias enfouis dans un 
sarcophage romain quatorze siècles AVANT la découverte du Mexique, on 
sait de bonne source que des Framboisiers actuellement vivants au jardin 
de Chiswick proviennent de graines recueillies dans l'estomac de l'une des 
victimes de l’ensevelissement de Pompéi. 

Mais ce que l'on connait moins, c’est la force de vitalité de certains bul- 
bes. Nous apprenons qu'un énorme oignon d'Amaryllis (Brunswigia) Jose- 
phinæ, arraché au Cap de Bonne-Espérance en 1866 ou 1867, et transporté 
dans une armoire du Muséum d'Edimbourg, vient de se mettre à pousser. 
On cite également des oignons de Tulipes qui sont encore très frais après 
avoir été trois ans enfouis profondément dans le sol. Ces faits sont fort 
curieux; quelques-uns de nos lecteurs en connaissent-ils d’analogues qu'ils 
voudraient nous communiquer, et que nous pourrions ajouter au peu que 
nous savons sur cette question? 

Sarcloir américain. — M. W. Robinson, l’auteur bien connu des 
Parcs et Jardins de Paris, Fleurs des Alpes, Culture des Champignons, etc., et 
dont nous avons plusieurs fois parlé ici, revient des Etats-Unis avec toute 
une cargaison de notes horticoles curieuses, de précieuses 
indications de culture, d'instruments nouveaux, etc. Nous 
profiterons à l’occasion du résultat heureux de ses recher- 
ches chez les Yankees et les Californiens. Notons aujour- 
d'hui l'outil bien simple et bien commode qu'il nous a 
montré et dont est ci-joint un croquis. C’est un sarcloir. 
Il se compose d’un petit manche tourné, de bois blanc, 
et d'une lame de 15 millimètres de large, pliée en losange 
et à bords un peu aiguisés. On s'en sert pour sarcler, 
nettoyer les mauvaises herbes, passer entre les plantes, 
_ béquiller les pots, faire de petits labours délicats, etc. 

Rien n'est plus commode dans la pratique, et plus simple 
à construire. Nous en parlons par expérience, et recom- 
mandons ce petit instrument. 

Les plantes et les émanations chlorurées. — En faisant tout 
récemment une excursion dans les serres du Jardin botanique de Bruxelles, 
nous avons remarqué les tristes effets des émanations du chlorure de 
chaux qui avait été mis en dépôt dans les salles voisines. On ne s'imagine- 
rait guère à quel degré délétère pour les végétaux les effluves chlorurées 
peuvent atteindre. M. Lubbers, jardinier en chef de cet établissement, a 


bien voulu écrire pour nous à ce propos un article dont nous recommandons 
la lecture, et qui montrera quelle est la résistance relative des genres et 
des espèces cultivés, à ces influences pernicieuses. 

Le Muséum de Paris bombardé. — Le Muséum d'Histoire natu- 
relle de Paris, ce même établissement auquel se rattachent tant de souve- 
nirs scientifiques internationaux, a été victime du bombardement, ainsi que 
nous l'avons dit. M. Chevreul, directeur, a adressé à l'Académie des 
Sciences une protestation dont l'Académie a voté l'impression à la tête 
de ses Comptes-rendus, et le Comité des professeurs du Muséum a décidé 
qu'un monument de marbre, portant cette inscription, sera placé dans 
l'une des galeries d'histoire naturelle et entouré des projectiles venant des 
batteries ennemies et tombés dans l'établissement. 

Vertus curatives des feuilles d’Eucalyptus. — On a déjà indiqué 
les qualités de l'écorce et des feuilles de l'Zucalyptus globulus, non-seule- 
ment comme toniques, mais encore comme fébrifuges. Dans certaines villes 
d'Espagne, à Valence, par exemple, on les emploie avec succès contre les 
fièvres paludéennes. M. Cloez a découvert dans ces feuilles un principe par- 
ticulier, l’Æucalyptine, qui se rapproche de la Cinchonine. 

Un nouvel intérêt va donc s'attacher à cet arbre déjà si précieux comme 
bois de construction et aromate. Le Gardeners Chronicle a publié la lettre 
suivante, de Cannes, dont voici un extrait traduit : « Nous avons reçu de 
» l'armée 100 blessés et invalides. Le docteur C. Buckersley a 16 cas dan- 
* gereux dans un hôpital où il se trouve en compagnie de deux docteurs 
» français. Les malades sont admirablement soignés par les petites sœurs, 
» qui, à l’instigation du médecin français D" Gimbert, emploient, pour 
» panser les blessures, des feuilles d'£Zucalyptus en guise de charpie. On les 
» applique immédiatement sur la blessure, qu'elles contribuent à guérir 
» très rapidement, en enlevant toute mauvaise odeur après quelques 
» heures. » 

Réclames anglaises et américaines. — L'art des réclames en 
Angleterre et aux Etats-Unis est proverbial. Quelques horticulteurs même 
s'y entendent remarquablement bien. L'un d'eux s'y prend ainsi : Il loue la 
quatrième page entière d’un grand journal et la laisse en blanc de haut en 
bas, à l'exception de cette courte ligne : « La Maison So & So avait loué 
» cette page pour ses annonces, mais ses affaires sont devenues si considé- 
» rables que toute réclame lui est désormais inutile. » Il faut convenir que 
ceci touche presque au sublime du genre. A 

Tout sert à ces industriels, même et surtout l'effet que l'on fait pour 
les combattre. Sans doute, le commerce rend nécessaire une légitime con- 
currence et l'annonce des produits des spécialistes, mais dans des conditions 
normales et non au mépris de la dignité personnelle. En Amérique, un 
journal très répandu, l'American Agriculturist, signale des abus bien autre- 

‘ment criants, et qui rappèlent le mode d'action des frères Brame et autres 
escrocs de même farine. Une compagnie de chevaliers d'industrie exploite 
les Etats-Unis d'une façon scandaleuse, changeant à chaque instant de 
noms et de résidences, envoyant des millions de prospectus, achetant des 
marchandises sans les payer et les revendant, cela se comprend, à bas prix. 


— 30 — 


On voit que cette maladie n’est pas spéciale à nos pays; mais en Amérique 
on se ligue entre honnêtes gens, on a vite formé « une liste noire » (black 
list), qui comprend les noms connus de ces -exploiteurs, et déjà on a réussi 
à extirper une bonne partie de ce chiendent humain. 

Les vers, chenilles et limaçons végétaux. — Une distraction bien 
innocente et dont nous avons eu récemment un nouvel exemple, consiste à 
semer, dans la salade en la servant sur la table, les fruits ou gousses de trois 
petites Légumineuses, qui ressemblent à s’y méprendre à des vers de terre 
ou lombrics, à des chenilles vertes et à des limacons. ‘La contenance des 
convives non initiés à cette petite supercherie est parfois très amusante, 
quand ils rencontrent ces objets dans leur assiette. On a dit que si la sur- 
prise était naïve, elle n'était pas agréable. Cela est vrai pour certains 
convives, et dans ce cas on doit s'abstenir et réserver la plaisanterie pour 
les gens de bon caractère. Ces plantes ne réclament aucune culture spéciale ; 
on les trouve chez tous les marchands de graines, et on n'a qu'à en semer 
quelques pieds dans un coin du jardin potager. Voici leurs noms botaniques 
respectifs : Limaçon végétal (Wedicago orbicularis), Chenille végétale (Scor- 
Piurus vermiculata) et Lombric végétal (Astragalus hamosus). 

Teinture de la mousse en vert. — La mousse des bois, que les 
fleuristes utilisent pour les fleurs artificielles, pour les bouquets d'hiver, ou 
que l'on place dans des jardinières de salon pour couvrir le sol, perd sa 

belle couleur verte si on ne prend le soin de la teindre. Le moyen est facile, 
peu connu; nous l'indiquerons à ceux de nos lecteurs qui l'ignorent, et sont 
_ contraints d'acheter la mousse parfois assez cher pour divers usages. On 
prend environ deux litres d’eau que l’on porte à l’ébullition et dans laquelle 
on verse 16 centigrammes d'acide picrique et une quantité convenable de 
carmin d'indigo. Cette quantité doit varier selon la nuance du vert que 
l'on désire. On ajoute un peu d'acide picrique pour obtenir une nuance plus 
tendre. On lie la mousse en petits paquets, et on plonge la partie supérieure 
pendant une minute environ, puis on retire et l'on fait sécher. 

Nouvelle classification des Lis. — Les travaux récents de MM. de 
Cannart d'Hamale et Duchartre sur le genre Lis n'ont touché qu'avec beau- 
coup de réserve à la question de classification des espèces, qui est restée 

jusqu'ici embrouillée. Un botaniste distingué de Kew, M. J. G. Baker, vient 

d'entreprendre ce travail. Il donne d'abord, dans le Gardeners’ Chronicle, un 
conspectus général des organes sur lesquels porte son étude pour la classi- 
fication : bulbe, tige, pétiole, feuille, inflorescence, périanthe, étamines, 
pistil et capsule, et décrit les caractères que ces parties revèêtent dans les 
principales espèces. j 

M. Baker divise alors le genre Lis en deux sous-genres, ainsi distribués : 

Sous-genre [. NornoztrioN (Lis de l'Himalaya).— Bulbes à tunique comme 
les Tulipes; stigmate profondément fendu en trois divisions subulées cro- 
chues. — Exemples : L. roseum, L. Hookeri (n. sp.). 

Sous-genre II. Lizrum PROPRES. — Bulbes écailleux; stigmate capité en 
haut du style, avec trois lobes peu marqués. 

- Groupe I. Eurrrion. (Lis à fleurs en entonnoir). — Périanthe infondibuli- 
forme, horizontal ou légèrement pendant, à divisions plus larges au dessus 


PIS. 


du milieu, graduellement rétrécies à la base s'étendant seulement dans leur 
quart extérieur quand elles sont tout-à-fait ouvertes; filets et style parallèles. 
— Exemples : L. longiflorum, candidum, cordifolium. 

Groupe Il. ARCHELIRION (Lis à fleurs ouvertes). — Périanthe largement 
campanulé, horizontal ou légèrement pendant, à divisions ovales, plus larges 
au dessous du milieu, non onguiculées, s’étalant depuis la partie inférieure au 
milieu à leur complet épanouissement; étamines divergeantes de tous les 
côtés. — Exemples : Z. auratum, speciosum, tigrinum. 

Groupe IIT. IsozrrioN (Lis à fleurs dressées). — Périanthe largement cam- 
panulé, tout-à-fait dressé, à divisions oblongues lancéolées plus larges vers 
le milieu, rétrécies brusquement et étroitement en griffe vers le bas dans la 
_ plupart des espèces, étalées dans leur moitié ou leur tiers supérieur à leur 
complet épanouissement; étamines divergeant de tous côtés. — Exemples : 
L. bulbiferum, philadelphicum, Catesbæi. 


Groupe IV. MARTAGoN (Lis à turban). — Périanthe largement campanulé, 
toujours pendant, à divisions lancéolées, plus larges. Vers le milieu, non 
distinctement onguiculées, réfléchies ordinairement depuis leur moitié ou 
les deux tiers à leur entier épanouissement: étamines divergentes de tous 
les côtés. — Exemples : L. martagon, Pomponicum, chalcedonicum. 


M. Baker continuera la révision du genre Zilium par les études de détail, 
sur lesquelles nous reviendrons. Pour aujourd'hui nous appelons l'attention 
des liliophiles sur l'opportunité de ce travail qui leur permettra de distribuer 
leurs plantes par sections distinctes et d'éviter les erreurs de détermination. 


Mort de M. Miquel. — C'est avec un profond regret que nous annon- 
çons la mort d'un botaniste éminent, le D' Miquel, professeur à l'Université 
d'Utrecht. Il s'était occupé de botanique Systématique depuis de longues 
années ; ses publications sur les Artocarpées, les Pipéracées et les Cycadées 
ont force de loi dans la classification actuelle et les études sur ces familles. 
Il s'était spécialement occupé aussi de la détermination des plantes prove- 
nant des possessions hollandaises dans l'archipel indien, notamment de 
Surinam et de celles de Japon et de l'Australie. La science perd en lui un 


appui solide, un travailleur consciencieux et ardent, et tous ceux qui l'ont 


Connu un ami fidèle et un cœur libéral. : 
Ep. ANDRÉ. 


L 


PE EE 


CLEMATIS (HYBRID. VEL VAR. CRIPPSIANÆ). 


CLÉMATITES HYBRIDES DE CRIPPS. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir Illustration horticole, vol. I, pl. 14, 
et vol. VIT, pl. 254. 
CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Voir ibid., sub CL. lanuginosa et CL. patens variet. 


‘uv 


VARIÉTÉS : C1. Star of India. — Tiges vigoureuses; feuilles ovales 
acuminées courtement pétiolées, subcordiformes à la base ; fleurs larges de 
15 centimètres, à sépales larges, ovales aigus, d'un violet bleu foncé réticulé 
de noir, avec une bande pourpre au centre; milieu de la fleur orné d’une 
couronne d'étamines blanches à pointes roses. 

CI. Tunbridgensis. — Feuilles largement ovales ondulées parfois 
lobées triangulaires profondément cordiformes à la base; fleurs étalées, 
larges de 16 centimètres, à sépales obovales obtus creusés en dedans, 
côtelés en dessous, à extrémité mucronée, d'un violet éclatant trés foncé 
uniforme avec nervures plus intenses encore et une étoile d’étamines 
blanches radiées au centre. = | 

C1. Lady Caroline Nevill. — Forme de la C{. lanuginosa; feuilles 
ovales aiguës cordiformes à la base, à surface bullée; tiges vigoureuses ; 
fleurs énormes, de 20 centimètres de diamètre, à 6-7 sépales étalés, longs 
de 0,10, larges de 0®,07, obovales obtus mucronés, creusés au centre par 
trois nervures enfoncées; nuance du fond bleu lilacé tendre, relevé d'un 
ton plus foncé au centre; milieu de la fleur portant une large houppe 
d'étamines recourbées, à filets verts et blancs, à anthères brunes. 

Ces trois magnifiques variétés ou hybrides sont dues aux semis de : 
M. Th. Cripps, horticulteur, à! Tunbridge Wells (Angleterre), Elles conti- 
nuent la série déjà nombreuse des gains obtenus par MM. Jackmann, de 
Woking, Simon frères, à Metz, et quelques autres semeurs émérites. Les 
CL. patens et lanuginosa ont été les premiers parents de ces plantes, dont la 
haute valeur ornementale ne peut être dépassée et qu'on emploie aujour- 
d'hui à tant d'usages dans les jardins. On en forme des tonnelles, bordures, 
corbeilles, festons, colonnes, etc., de l’aspect le plus charmant et d'un éclat 
éblouissant pendant toute la belle saison. Nous publierons prochainement 
un article spécial sur l'histoire et la culture de ces admirables Clématites. 


Ep. À. 
CULTURE, 


En attendant une notice spéciale, nous conseillons de cultiver ces Cléma- 
tites dans un sol léger, sableux, siliceux s’il se peut. L'élément calcaire leur 
est tout-à-fait contraire. On les taille très court tous les ans, le jeune bois 
seul donnant des fleurs. Leur multiplication se fait par greffe sur racines 
de la CI. viticella. 


VU CUIR. 


CLEMATIS (HYE1D. VEL. VAR. CRIPPSIANÆ). 


Star of India. . Laiaroline Nevill. 


Tunbridgensis. | 


de Li.Strocb 


rave énnmaeatae à 


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se 


à 


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Et Lith 


den et André). 


in 


SERRE CHAUDE 


ECUADOR 


CARICA ERYTHROCARPA (L 


i 


L LA 


PL. LI. 


CARICA ERYTHROCARPA, urvoë gr awoni. 


PAPAYER A FRUITS ÉCARLATES. 
PAPAYACÉES. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Carica, Linn. Gen. ne 1127. — Flores unisexuales, sæpissime 
dioici. Calyx liber minimus quinquedentatus. Masc. Corolla hypogyna infundibuliformis, limbo 
quinquepartito. Stamina 10, corollæ fauci inserta, alterna limbi laciniis opposita longiora; fila- 
menta complanato-linearia, antheræ introrsæ, biloculares, loculis contigue adnatis, longitudi- 
naliter dehiscentibus. Ovarii rudimentum. Fem. Corollæ petala 5, hypogyna libera. Staminum 
rudimenta nulla, v. minima ad basin petalorum. Ovarium sessile, liberum, uniloculare, pla- 
centis parietalibus quinque, multo ovulatis. Stylus brevissimus ; sfigma radiata quinquelobum, 
lobis fimbriatis. Bacca ovata, quinquangulata, unilocularis, pulposa. Semina plurima, parietalia, 
baccata. Embryo in axi albuminis carnosi orthotropus, magnus, cotyledonibus ellipicis, folia- 
ceis, radicula brevissima, centrifuga. (Endlicher, 1. d. n° 5119.) 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Arbuscula glabra cortice cinerascente, trunco carnoso, sim- 
plici, eramoso, cylindraceo scutellato: folia longe petiolata palmata triloba, lobis ovato-lan- 
céolatis acuminatis apice tortili, lateralibus basi rotundatis sinu angustato; /fores albi mtinuti, 
masculi calyce subnullo, corolla 3-fida infundibuliformi, filamentis in tubo corollæ alternis 
brevioribus; fœminei calyce 3-dentäto, corolla 5-petala, stigmatibus-5; bacca ovo gallinaceo 
magnitudine formaque similis, succulenta, vix edulis, subcostata, nitens, purpureo-scarlatina, 
unilôcularis, polysperma, seminibus suberosis magnis nigrescentibus, albumine carnoso. — 
Prope Guayaquil (Ecuador), legit el. Wallis, 4866. — Ad vivum et fructus ferentem descripsi in 
horto Lindeniano. E, A. 


Ce curieux petit arbre, qui porte dès sa jeunesse de nombreux et jolis 
fruits écarlates de la grosseur d'un œuf de poule, a été découvert par 
M. G. Wallis dans les environs de Guayaquil (Ecuador), et envoyé en 
Europe en 1866. Il fructifie dans les serres de M. Linden depuis deux 
ou trois ans déjà. On nous l'avait signalé comme produisant des fruits 
comestibles. Nous les avons goûtés dernièrement; leur chair épaisse et 
laiteuse, douce d'abord, laisse au palais un arrière-goût âpre, qui nous a 
paru peu agréable. Nous conseillons donc de conserver au Carica erythro- 
carpa une place seulement comme arbuste d'ornement de serre chaude, soit 
par son joli feuillage vert palmé, soit par ses fruits qui ressemblent à des 
œufs rouges de Pâques où mieux aux baies du Solanum betaceum. 


Le C. erythrocarpa forme un petit arbre glabre à suc laiteux, sans 4 


rameaux, au moins dans les spécimens que nous avons étudiés et dont la 
bauteur n'atteignait pas 1 mètre. La tige, charnue, gris cendré, cylindrique, 
anguleuse au sommet, porte les cicatrices des feuilles tombées. Le pétiole 
dressé, cylindrique, canaliculé en dessus, rougeâtre, long de 10-12 centi- 
mètres, supporte un limbe étalé, plan, trilobé, à lobes ovales lancéolés 


TOM. XVII, — FÉVRIER-MARS 1871, 4 


us 


acuminés, à pointe tordue, à surface d’un vert gai, plus pâle en dessous, 
brillante, couverte de corpuscules hyalins globuleux caduques. 

Les fleurs, blanches, petites, sont monoïques ; les mâles à calyce presque 
nul, à corolle 5-fide en entonnoir. à filets des étamines courts, alternes, 
insérés sur le tube de la corolle; les femelles à calyce 5-fide; à corolle à 
o pétales; 5 stigmates. - 

Les fruits, disposés autour et au sommet du tronc, sont des baies soli- 
taires, penchées au sommet d’un pédoncule court, ridé, robuste. Leur 
grosseur égale celle d'un œuf de poule avec une forme identique, à l’excep- 
tion d'un court mucron, terminal de cinq côtes obscures longitudinales et 
d'une ligne ventrale comme dans les Pêches. L'épicarpe, lisse, brillant, est 
d'abord vert, puis d’une magnifique couleur pourpre-écarlate, uniforme à 
la maturité. Le mésocarpe est de l'épaisseur d’une forte peau d'orange, 
charnu, blanc jaunâtre laiteux, et de la saveur que nous avons indiquée. 
Les graines de la baie, uniloculaires, sont portées sur les ramifications 
d'un axe, qui n’atteint que la moitié de la cavité centrale ; elles sont 
entourées d'une substance blanche flocconeuse. Leur testa est revêtu d’un 
liége épais, profondément fendillé, brun-roux, et l'embryon orthotrope est 
placé au centre d’un albumen charnu. 

Ep. A. 


CULTURE. 


Serre chaude ordinaire; terre très substantielle; repos l'hiver pour 
obtenir une bonne fructification. Les plus jeunes pieds que nous cultivons 
portent des fruits aussitôt que le bois du tronc a pris une couleur grise et 
une consistance solide. Dans cet état, la plante est très ornementale, soit 
dans les serres, où ses grosses baies rouges persistent longtemps, soit 
comme décoration d'appartements et de tables. 


J. L. 


pe 


Va 


CAMELLIA VESSILLO DELL' ARNO. 
SEMIS. ITALIE. 
J. Linden publ. 


EE 


L 


PL. 66. 
CAMELLIA VESSILLO DELL ARNO. 
TERNSTRŒMIACÉES. 


ÉTYMOLOGIE, CARACTÈRES GÉNÉRIQUES et SPÉCIFIQUES : Voir Iustr. hortic., t. VII, 
pl. 506, t. X, pl. 345, etc. 

Var. Vessillo dell Arno, semis d'Italie; grande fleur imbriquée d'un magnifique rouge 
écarlate réticulé veiné de lignes plus foncées. * 


(Suite des Notices de culture.) 


Les seringages ne sont guère moins utiles aux Camellias que les arrose- 
ments de la terre même où ils sont plantés. Ils seront commencés dès le mois 
de février, au moment où le soleil commence à avoir un peu de force, et 
seulement quand il donne, de manière à favoriser le gonflement des bou- 
tons. Ces seringages ont surtout pour avantage de gêner les incursions des. 
insectes et de les forcer à s'éloigner. 

Dès que l'hiver approche, les arrosements seront plus rares et distribués 
enfin avec beaucoup de parcimonie pendant la mauvaise saison, depuis la 
rentrée jusqu'à la floraison. Toutefois, ils ne seront jamais cessés complète- 
ment : les Camellias n'ont point de période de repos, nous l'avons dit: on 
peut s'en assurer par le travail incessant de leurs racines tout l'hiver. 
À chaque rayon de soleil, pendant cette saison, il faut faire une revue 
d'arrosage, et donner ensuite beaucoup d'air pour empêcher la stagnation 
de l'eau. L’arrosage du matin est alors préférable à celui du soir: il permet 
une plus rapide évaporation. 

Si le chauffage de la serre répand une chaleur trop sèche, il sera bon de 
mouiller copieusement les sentiers et mème les tuyaux; rien n'est plus 
nuisible aux Camellias qu'une atmosphère tout-à-fait aride. 

Enfin on obtient de bons résultats en conservant les Camellias longtemps 
en serre, jusqu'à l'achèvement de la pousse, c'est-à-dire en juin, surtout 
si l'on a soin d'ombrer, d'aérer fortement et de multiplier les bassinages 

il frappe les vitres. 
quand le soleil frapp Eo À. 


ue 


VASES ET CORBEILLES DE FLEURS. 


Au centre des compartiments réguliers qui se trouvent dans les jardins 
à la française, ou des terre-pleins sablés qui entourent l'habitation, dans 
les cours qui précèdent un hôtel à la ville, enfin dans tous les espaces où 
l'on trouve des axes qui demandent un dessin régulier, peut se placer la 
corbeille de fleurs représentée par le dessin ci-contre, 


Les bordures sont en pierre à moulures, en marbre, en terre cuite ou en 
bois rustique, ad libitum. Le centre est OCCupé par un piédestal en pierre 
taillée et un vase en fonte ou de marbre, dans lequel on place une grande 
plante, par exemple un Agave. Entre la bordure et le vase, on plante des 
espèces variées, à beau feuillage et à fleurs brillantes, dans un sol riche 
et bien drainé. Nous avons même vu, dans plusieurs villes d'Allemagne, 
relier les bords du vase aux coins de la bordure par des fils de fer auxquels 
s'entortillent des Capucines, des Thunbergia, Cobæa, Maurandia ou des 
Volubilis. 

Le même modèle peut servir pour décoration d'appartements, vestibules, 
halls, ete., pour centre de salons ou salles de bals. On y plante alors des 
Fougères, Aroïdées et Palmiers, comme le montre notre dessin, et le fond, 
tenu étanche pour éviter les infiltrations d'eau, doit être garni d'une cuve 
de zinc et drainé par du charbon de bois, le reste de l'encaissement étant 
occupé par de la terre de bruyère. 

On peut tirer de ces motifs de décoration des effets charmants, que nous 
trouvons trop rarement cherchés, et pour la réalisation desquels nous don- 
nerons de temps en temps des exemples choisis, 1 

D. À. 


me M 


MARCOTTAGE EX POTS DEN STOLONS DE FRAINIERS, | 


Cette opération doit être recommandée, non-seulement pour obtenir de 
fortes plantes; bien établies avant les froids et destinées à être forcées l'hiver 
en serre, mais aussi et surtout pour la plantation en plein air. Les coulants 
enracinés spontanément que l'on prend chaque année pour repiquer et for- 
mer de nouveaux carrés de Fraises ne produisent que très peu le printemps 
suivant, surtout si ce sont des grosses Fraises américaines. Il faut donc 
attendre la pleine récolte plus d'un an. 

Il n'en sera pas de même si l’on prend la précaution de placer un godet 
plein de terre bien fumée sous chaque stolon ou coulant avant son enraci- 
nement. Ce pot enterré jusqu'au bord, recevra les racines du stolon que 
l'on séparera de la plante-mère après qu'il sera solidement établi. On le 
plantera à la fin de l'été en planche, même par les temps chauds; il conti-. 
nuera de croître et formera avant l'hiver une forte plante prête à porter au 
printemps une abondante récolte. 


, ; 
Pour forcer en serre, on laisse les pots sans séparer le stolon du coulant 
jusqu'à l'hiver, afin qu'il devienne très vigoureux. On rentre avant les 


gelées et l'on commence à forcer en décembre. 
Ep. A. 


À 
nd 


Tuyaux en béton de ciment comprimé pour conduits d'eau. 


Dans un bon nombre de résidences, châteaux, maisons de campagne, 
fermes, fabriques, établissements horticoles, les eaux de sources naturelles 
captées, ou même dérivées d’un cours voisin, pourraient procurer profit au 
propriétaire en embellissant la propriété; mais il arrive souvent que la 
mauvaise qualité ou le prix des tuyaux qui pourraient conduire ces eaux 
font renoncer à ce projet. a. 

Les tuyaux façonnés en terre cuite se désagrègent dans certains terrains, 
se pourrissent au bout d'un certain temps et laissent pénétrer les racines 
des plantes voisines, qui sé ramifient, s’entrelacent et obstruent compléte- 
ment le vide intérieur. En outre, ces tuyaux en terre ou en grès ne peuvent 
supporter qu'une pression d’une ou de deux atmosphères. Le prix des 
tuyaux en plomb est souvent trop élevé pour le propriétaire qui désire 
avoir dé l'eau à bon marché. Le prix des tuyaux de fonte est relativement 

% 


. 


. , 


si 


élevé, et ils s'oxydent promptement sous l'influence des eaux ferrugineuses. 
. C'est pour obvier à ces divers inconvénients que nous avons imaginé 
les tuyaux en béton de ciment comprimé. 

L'application de ces tuyaux se fait de deux manières, soit par parties, 
soit d'une facon continue sans morcellement. E 

Les premiers sont moulés à l'atelier ou près du conduit d'eau, par 
longueurs variant de 0",60 à 1 mètre et posés dans la tranchée après coup, 
puis reliés par des manchons disposés à cet effet. Maïs ce mode n'est pas 
sans inconvénient ; il faut d’habiles ouvriers pour opérer les soudures et 
empêcher les joints de faire eau. Cette difficulté disparait par la fabrica- 
tion des tuyaux en béton de ciment continus ou sans joints. Ces tuyaux 
sont composés de la même matière que les premiers, c'est-à-dire de diverses 
parties de ciment de sable et de gravier. La quantité de ciment qui y 
entre est proportionnelle à la force de la colonne d'eau que les tuyaux 
ont à supporter. Les tuyaux sont moulés dans la tranchée à la place 
même quils doivent occuper, de telle sorte que l'extrémité du second 
tuyau forme manchon et emboîte le premier; par ce moyen le joint 
disparaît, le ciment encore mou s’unissant avec le premier tuyau et l’em- 
placement du joint se trouvant simulé par un bourrelet, qui empêche toute 
solution de continuité. On procède ainsi successivement ; le poseur allant 
à reculons, de sorte qu'arrivé à la fin le conduit ne forme plus qu'un 
immense tuyau sans solution de continuité. | 

Le béton de ciment offre une garantie de durée et de solidité que n 
présente pas la fonte, et son prix est de 50 °/, inférieur. On peut obtenir 
la résistance qu'on désire en augmentant l'épaisseur des parois. 

Par ce moyen on peut conduire l'eau à travers une propriété, alimenter 
l'habitation, la ferme, l'écurie, créer et irriguer des prairies, alimenter un 
bassin, une rivière anglaise, former des cascades, chutes d'eau, etc., etc. 

Un conseil municipal, s'il-a une source à sa disposition, peut doter sa 
commune de bassins, de réservoirs, de jets d'eau, de bornes-fontaines, et 
mettre l'eau à la disposition et à la commodité de ses habitants. : 

Ce système breveté est employé déjà sur une grande échelle par l’auteur 
de cette notice, qui l’applique sur demande en France et à l'étranger. 


 : 7 à MABILLE, architecte-hydrographe, 


à Limoges (Haute-Vienne, France). 


PT 
NOT 


TODEA ANTARCTICA, En. AnDré. 


La belle Fougère que nous avons déjà figurée et que les anteurs ont dé- 
crite sous les noms de Todea africana, T. barbata, etc., dérivés de sa station 
africaine, présente deux formes bien distinctes. La première, celle qui a 
servi aux descriptions de Linné, de Willdenow, etc., habite le Cap de 
Bonne-Espérance; la seconde, les environs de Melbourne (Australie). Les 
seules plantes cultivées jusqu'ici en Europe proviennent de cette dernière 


ee 


D 


localité, et il était difficile de contrôler leur identité spécifique avec celles 
d'Afrique. , 

Nous avons vu chez un horticulteur de Gand, M' A. Van Geert, un 
envoi de ces plantes arrivées du Cap, et n'avons pas été peu surpris 
de les trouver très différentes de celles de Melbourne, bien que portant 
les mêmes caractères spécifiques. Certains botanistes en feraient deux 
espèces ; nous ne voyons là, nous, qu'un nouvel effet de l'influence du milieu 
sur les formes végétales. Mais il y a lieu de distinguer ces deux variétés, 
et surtout de changer l'ancien nom de l'espèce, qui indiquait une plante 
spéciale à l'Afrique, tandis que celle-ci croît sur deux points très éloignés 
l'un de l’autre dans l'hémisphère austral. 

Voici donc la nomenclature rectifiée et les diagnoses différentielles de 
ces deux variétés : 


TODEA ANTARCTICA, Ed. André. 


a. T. ant. australis, caudicibus plurimis agglomeratis, radicibus adventitiis compactis, 
frondibus numerosioribus, petiolis glabris, pinnulis crenato-serratis in rachidem decurren- 
tibus, sporangiis perpaucis ad medium frondis agglomeratis. — Australia, in Monte Macedonio, 
prope Melbourne. 

Ê.T. ant. africana, caudice simplice vel pauciramoso, erecto, radicibus adventitiis raris, 
frondibus perpaucis coronantibus, petiolis robustis lana rufa decidua basi dense copertis, 
pinnis pinnulisque distantibus, nervato-translucentibus vix decurrentibus, pagina inferiore 
frondis omnino sporangiis coperta. — Africa meridionalis, prope Promont. Bonæ Spei. 


En. A. 


EFFETS DES ÉMANATIONS DU CHLORURE DE CHAUX 


AU JARDIN BOTANIQUE DE BRUXELLES. 


Nous avons signalé, dans notre Chronique, notre surprise de trouver 
récemment à Bruxelles la plupart des plantes contenues dans les serres du 
Jardin Botanique dans un état déplorable, la plupart ayant leurs feuilles 
tombées, brûlées ou jaunies. Ces résultats étaient le fait d'émanations de 
chlorure de chaux qui s'étaient répandues à travers des barils contenant 
cette substance et déposés dans la grande salle voisine servant de magasin 
à la Société internationale de la Croix Rouge. 

Les effets ont été très variés et il peut paraître de quelque importance 
d'étudier le degré de résistance de certaines espèces à ces influences perni- 
cieuses. Nous commencions un relevé sur ce sujet, lorsque le jardinier en 
chef, M. Lubbers, le dévoué secrétaire de la Société royale de Flore, voulut 
bien nous offrir d'écrire un résumé qu'il vient de nous envoyer et que nous 
publions ci-après, en le recommandant aux méditations de nos lecteurs. 
Ep. A. 


I. — Plantes qui ont perdu leurs feuilles en une seule nuit, sans avoir 
jauni : Aralia japonica, A. jap. fol. var., Paratropia Teysmaniana, CϾsalpinia 
tortuosa, Cocculus laurifolius, Laurus cinnamomum, Combretum elegans, Xan- 


“thochymus ovalifolius, Hippomane longifolia, Theophrasta, Bombax Ceiba, Cerbera 


lactaria, etc., etc. 
IT. — Ont jauni complétement en moins de trois jours : les Agave, 
Dasylirion, Dracæna, Pincenectitia, Musa, Hedychium. 


# 


LE —- 


Les taches jaunes apparaissaient tantôt à la base des feuilles, tantôt au 


sommet, sur les bords du be c ou par macules au milieu et allaient en 


s’'agrandissant. 
III. — Se sont desséchées lentement : les jeunes frondes des Palmiers, 


les feuilles développées des Arenga saccharifera, Sabal Adansoni, Cocos 
fleæuosa, Latania rubra, Caryota, Astrocaryum, Acrocomia et Wallichia. 

IV. — Les espèces suivantes présentent des taches analogues à celles 
produites par les rayons du soleil, concentrés au moyen d'une lentille ou 
par le contact de la flamme : Encephalartos Altensteini, Dioon edule, Cerato- 
zamia MmexiCAna. 

V.— Les Pandanus, Amomum, Musa, Hedychium, etc., portent des traces 
de désorganisation, visibles par transparence, offrant des parties opaques 
et d’autres diaphanes, sur une même feuille. 

VI. — Ont peu souffert : les Charlwoodia stricta, Dracæna Draco, Begonia, 
les Aroïdées, à l'exception des Scindapsus pertusus, dont certains exemplaires 
ont perdu toutes leurs feuilles, tandis que des exemplaires de la même 
espèce, se trouvant dans leur voisinage immédiat, sont restés intacts. 

VII. — Ont résisté jusqu'ici : les Clivia nobilis, Imantophyllum miniatum, 
Aspidistra elatior, Ficus elastica, Porliera hygrometrica, Corypha australis, 
Latania borbonica, Curculigo sumatrana, Carludovica palmata, Gardenia florida, 
Angiopteris hypoleuca, Strelitsia augqusta, et diverses Fougères. 

L. LUBBERS. 


REVUE DES PLANTES NOUVELLES. 


CA TS 
- 


BOTANICAL MAGAZINE. 


SEPTEMBRE 1870. 


Cereus fulgidus, Hook. fil. — Cactées. — Magnifique espèce à fleurs 
d’un écarlate fulgurant, très grandes, fleurissant en juillet, et rappelant de 
près le port du C. speciosissimus. On n'en connaît point l’origine, et le docteur 
Hooker n'est pas éloigné de croire qu'elle serait un hybride entre le C. varia- 
bilis de Pfeiffer, lequel proviendrait lui-même de plusieurs formes mélangées 
d’une espèce brésilienne de Jacquin, et le C. Pitajaya. Dans tous les cas, le 
C. fulgidus est une superbe plante qui peut rivaliser avec les plus brillantes 
espèces du genre. 

Brodiæa coccinea, Asa Gray. — Liliacées. — Nouvelle espèce origi- 
naire des comtés de Shasta et Humboldt, en Californie. où elle fut d’abord 
découverte par M. Low, puis retrouvée et nommée par M. Wood Brevoortid 
Ida-Maia, nom qui n’a pas été conservé. Cette charmante Liliacée, à feuilles 
étroites, et qui épanouit en mai-juin ses fleurs pendantes rouge sang à extré- 
mité jaune et lobes recourbés verts, sera une précieuse addition aux plantes 
bulbeuses de nos serres. 

Oncidium cryptocopis, Reich. fil. — Orchidées. — Importée du 
Pérou dans l'établissement de M. Linden, d'où un exemplaire passa chez 
W Bull, à Londres, où il fleurit en mai 1870, cette belle plante appartient 
oupe Cyrtochilum du genre Oncidium, principalement recruté parmi les 
es de la Cordillière, à grappes longues et entrelacées, leurs périanthes 


A 


marron et de forme crispée bordée d'or et leur labelle généralement petit. 
Les feuilles sont longues, gladiées, récurves; les fleurs longuement pédicel- 
lées, à sépales rétrécis à la base, les deux inférieurs très longs. C’est une 
jolie espèce sous tous les rapports, et qui tiendra bien son rang parmi ses 
congénères. 

Tabernæmontana Bartéri, Hook. fil. — Apocynées. — Arbuste 
haut de 2 à 3 mètres, voisin du T. subsessilis, à rameaux arrondis, dichoto- 
mes, à larges feuilles oblongues aiguës, courtement pétiolées ; à fleurs 
grandes; tube égalant la largeur de la corolle blanche, de 5 centimètres de 
diamètre, à limbe plat. Découvert par feu Barter, à Eppah, dans l'expédition 
de Baikie sur le Niger, et depuis par Irving, à Abeokuta, et par Mann, près 
de la rivière du Vieux Calabar. 

Salvia interrupta, Schousb. — Labiées. — Plante vivace, rustique, 

_assez connue dans les jardins du continent européen, mais jusqu'aujourd'hui 
ignorée en Angleterre, où elle avait cependant été introduite depuis 1798. 
M. Maw vient de la réexpédier de Tanger à Kew. Le port de cette espèce 
est dressé, les tiges, feuilles et inflorescences duveteuses; ses feuilles sont 
pinnatiséquées, ses corolles grandes, d'un bleu violet, à gorge blanche, en 
longues grappes dressées, très élégantes. Bonne acquisition pour les jardins 
de plein air. 


OCTOBRE. 


Lissochilus Krebsi, Reich. fil — Orchidées. — Décrite d'abord, 
en 1847, par Reichenbach, sur des échantillons envoyés en Europe par 
Krebs, cette espèce fut réintroduite, mis cette fois vivante, de Natal, par 
M. J. Sanderson, ainsi que par MM. Mac Kew et Gerrard. Elle forme une 
plante à pseudo-bulbes petits, ovoïdes, à feuilles largement lancéolées, pâles, 
faibles, fortement nervées dessous. Les épis, hauts de 50 centimètres, por- 
tent des fleurs distantes, à pétales subcordiformes dorés ainsi que le labelle 
court sacciforme, à sépales renversés, petits, verts rayés de pourpre. La 
plante n’est pas d’un effet très brillant, mais elle offre une originalité de 
formes peu habituelle dans les collections ordinaires d'Orchidées. 

Calochortus Leichtlini, Hook. fil. — Liliacées. — Petite plante bul- 
beuse, à feuilles graminées, à tiges bi- ou triflores, hautes de 15 cent., à 
larges périanthes dont les segments extérieurs sont jaunâtres, petits, dé- 
combants, aigus, zébrés de brun, les intérieurs (pétales) larges, obovales, 
cunéiformes blanes, avec une tache pourpre au-dessus du nectaire cilié, vert 
bordé de jaune. Charmante espèce découverte d'abord par Douglas, puis en- 
voyée de la Sierra-Nevada de Californie à M. Max Leichtlin, de Carlsruhe, 
par M. Roezl. | 

Leptosiphon parviflorus, var. rosaceus. — Polémoniacées. — 
Parmi les plantes naines pour rocailles, dont le docteur Hooker continue 
de s'occuper depuis quelque temps dans les pages du Botanical Magazine, 
celle-ci brille d’un éclat tout particulier. Les milliers de délicieuses fleurs 
d'un rose vif à disque doré ou blanc, qui ne s'élèvent que de quelques centi- 
mètres au-dessus du sol, en font au mois de juin une ravissante miniature 
La plante est originaire de Californie; elle est parfaitement rustiqu 
fleurit abondamment dans lés jardins de M. Thompson, à Ipswich. 

TOM. XVII. — FÉVRIER-MARS 1874. 5: 


D 


Passiflora arborea, Spreng. — Passiflorées. — Seule, ou à peu près, 
parmi ses cent vingt congénères, cette Passiflore se distingue par son port 
arborescent, non grimipant, son vaste feuillage ovale oblong et l'absence de 
vrilles sur ses tiges. Ses fleurs blanches redressées, à rayons dorés, ne sont 
pas sans beauté, mais beaucoup d’autres espèces la surpassent de si loin en 
ce sens, qu'on ne peut la citer que par sa singularité de forme. L'arbuste, 
qui atteint 3 ou 4 mètres de hauteur dans les forêts colombiennes, laisse 
pendre des feuilles Le long de la tige et ressemble, dit le docteur Masters, 
d'après M. Cross, à un grand parapluie vert qu'on aurait planté dans le sol. 
Il croît dans les forêts humides de l'Equateur, de la Nouvelle-Grenade, du 
Vénézuela, où MM. de Humboldt, Linden, Goudot, Triana, Spruce et Fendler 
l'ont successivement trouvé. Il fleurit pour la première fois, en 1870, en 
Angleterre, dans les serres de M. W. Bull, à Chelsea (Londres). 


Clusia odorata, Seem. — Guttifères. — M. Hooker voit dans cette 
espèce, qui croît dans la Nouvelle-Grenade, près de Veraguas, -où elle fut 
découverte en 1847 par le D' Seeman, la même plante que MM. Planchon 
et Linden ont nommée C. rosæflora, que M. Sutton Hayes avait aussi ren- 
contrée près de Panama, et M. Linden à Truxillo, Vénézuela. L’arbuste est 
 pseudo-grimpant, c'est-à-dire qu'il s'appuie aux arbres jusqu’à ce que ses 
racines aériennes entrelacées puissent le soutenir. Les fleurs sont petites, 
roses, odorantes, de la grandeur et de la forme d'une Eglantine de nos 
haies (Rosa canina). On les nomme dans l'Amérique espagnole Copuicillo 
oloroso. 

Barleria Mackenii, Hook. fil. — Acanthacées. — Voisin du 2. Gib-. 
soni, dont il rappelle la corolle, ce Barleria en diffère par la forme des 
bractées et des sépales. Trouvée près des mines d’or latines de la colonie de 
Natal par M. Mac Ken, directeur du Jardin botanique de Natal, la plante 
fut obtenue de graines et fleurit à Kew en juin 1870. Elle forme un petit 
arbuste glabre, à feuilles recourbées ovales subaiguës, à fleurs en cymes 
terminales, à sépales amples arrondis verts, à corolles en entonnoir à limbe 
rosacé, large de 4-5 centimètres, à pétales arrondis d'un beau violet foncé. 


NOVEMBRE. 


Œnothera (Godetia) Whitneyi, Asa Gray, — Œnothérées. — « Le 
plus beau des Godétias, » dit le D' Asa Gray, et de l'effet le plus orne- 
mental, par la belle couleur et la dimension de ses fleurs, rassemblées au 
sommet de la tige. En effet, à en juger par la planche et la description 
données par le Botanical Magazine, d'après un pied fleuri chez M. Thompson, 
d'Ipswich, l'été dernier, c’est bien là une splendide plante. Les fleurs, 
rassemblées en bouquet compacte au sommet d’une tige qui ne dépasse pas 
30 centimètres de haut, sont très ouvertes, à pétales obovales cunéiformes 
échancrés, rose tendre, plus blanc à la gorge et maculés au centre d'une 
superbe tache pourpre cramoisi, comme dans les plus beaux Pelargoniums 
Odier. Comme fleur annuelle, ce sera là une précieuse conquête pour nos 
jardins, et l'une des plus belles Œnothères connues. Elle est originaire des 
laines de Shelter Cove, comté de Humboldt, en Californie, où le D' Bo- 
der la recueillit pour la première fois en 1867. 


0 


Serapias cordigera, Lin. et S. lingua, Lin. — Orchidées. — Deux 
espèces méditerranéennes, assez connues des botanistes par leurs fleurs en 
épi, à labelle cordiforme marron dans la première, et linguiforme écarlate 
dans la seconde. Dans des pots bien drainés, avec un sol argileux léger, 
on les cultive facilement, comme le fait à Twickenham S. A. le comte de 
Paris, qui possède une très belle collection d'Orchidées terrestres. 


Aristolochia barbata, Jacq. — Aristolochiacées. — Liane de serre 
chaude originaire du Vénézuéla et de la Nouvelle-Grenade, d’où elle a été 
introduite simultanément par M. Ernst, qui l'envoya à Kew, et par les 
collecteurs de M. Linden, dans les établissements duquel elle existe depuis 
plusieurs années et qui la met dans le commerce au 1% mai prochain. Elle 
forme une plante grimpante élégante, à rameaux grêles, à feuilles deltoïdes 
sagittées pubescentes en dessous, à fleurs petites, dont le tube est très 
renflé à la base et le limbe en entonnoir, divisé en deux parties, ouvertes 
comme la gueule d'un serpent. La lèvre supérieure est prolongée en un 
appendice suborbiculaire, couvert de poils pourpres dans sa dernière moitié. 
Le ton de la fleur est vert pâle, locellé de marron à l’intérieur du limbe. 
Cette plante est une nouvelle preuve de la bizarrerie et du polymorphisme 
qui se rencontrent dans les fleurs des Aristoloches, et nous ne croyons pas” 
qu'on ait encore relevé dans le genre de formes plus curieuses que celle-ci. 

Grevillea Banksi, Brown. — Protéacées. — Découvert d'abord en 
Australie par R. Brown, pendant le voyage de Flinders, et retrouvé depuis 
par d'autres collecteurs, ce beau Grevillea fleurit en août dernier chez 
MM. Osborn, de Fulham, près Londres. Il forme un arbuste de serre froide 
à port robuste, à feuilles pennées, à segments linéaires, à grappes com- 
pactes terminales de fleurs rouge pâle nuancées d'or à l’orifice et au sommet 
du pistil pourpre très saillant. C’est une acquisition importante pour nos 
collections déjà si riches en beaux Grevilléas. 

Dodecatheon meadia, var. frigidum. — Primulacées. — Variété 
arctique d’une de nos plus charmantes Primulacées de l'Amérique du Nord. 
Elle se trouve sur les montagnes rocheuses, le long des côtes ouest, depuis 
le 35° lat. N. jusqu'à la côte arctique, abondante sur les rochers et les 
pentes des montagnes jusqu’à 2000 mètres d'altitude. La plante ne dépasse 
pas 15 centimètres de hauteur; elle se distingue facilement par la brillante 
couleur de ses fleurs, ses rares bractées involucrantes et ses étamines 
foncées, étroites, bien que la plupart de ces caractères varient suivant les 
milieux où croit la variété. Nous n'avons pas besoin d'ajouter qu'elle est 
parfaitement rustique, en terre de bruyère, sous nos climats. 


DÉCEMBRE. 


Stenoglottis fimbriata, Lindl. — Orchidées. — Malgré quelques 
différences dans les pétaes peu frangés des fleurs, le D' Hooker rap- 
porte cette espèce au S. fimbriata de Lindley, petite plante originaire du 
district du Cap, depuis Graham'’s town jusqu'à Port-Natal. Du centre d'une 
rosette de feuilles nombreuses, radicales, oblongues ondulées maculées de 
taches brunes transversales sur deux ou trois rangs longitudinaux, s'élève 

une tige grêle, haute de 10-15 centimètres, portant un épi de fleurs petites, 


— A4 — 


rose tendre, à lobes extérieurs ovales acuminés, concaves, à labelle trifide, 
maculé de pourpre. La plante a fleuri dans la belle collection de M. Wilson 
Saunders, en août dernier. | ra 

Gladiolus Saundersii, Hook. fil. — Iridées. — Nous ne mentionne- 
rons cette espèce bien distincte, trouvée au Cap (Albert district) par 
M. Cooper, que parce qu'elle présente un intérêt botanique par la déflexion 
inaccoutumée de ses pétales coccinés à centre blanc. Elle est d'ailleurs 
inférieure, comme ornement, à la plupart des magnifiques métis et variétés 
obtenus dans ces dernières années par plusieurs semeurs et notamment 
par M. Souchet. 

Cassia mimosoïdes, Linn. var. Telfairiana, Wall. — Légumineuses. 
— Plante le plus souvent annuelle, assez connue, croissant sur les rivages 
secs depuis la côte est d'Afrique à Zanzibar, jusqu'à Natal. Elle est presque 
naturalisée à l'Ile-de-France (Mauritius). Son joli feuillage plumeux, vert 
brillant, son port élégant, l'abondance de ses belles fleurs d'or supportées 
par des pétioles filiformes, sont des titres à l'adoption de cette espèce dans 
nos serres. | - 

Eulophia helleborina, Hook. fil. — Orchidées. — Le Dr Hooker a 
nommé ainsi cette plante, à cause de sa ressemblance avec l'Epipactis lati- 
folia, que les Anglais appellent, on ne sait pourquoi, Æelléborine. (En France 
on nomme ainsi l'Eranthis hyemalis.) C'est une espèce originaire de Sierra- 
Leone, d'où elle fut envoyée par M. Bockstalt; elle arriva à Kew en pleine 
floraison, dans une caisse Ward, en septembre 1870. La plante n'a point de 
pseudobulbes; elle atteint 30 centimètres environ de haut, et porte des 
feuilles distantes qui ressemblent à celles du Zilium speciosum. Les fleurs 
distantes, en grappe feuillue allongée, ont les sépales et pétales connivents 
en dessus, bruns-roux, et le labelle rose tendre, grand, contracté à la base, 
ondulé, ponctué de violet au centre. En somme, c'est une plante plus 
curieuse que belle. 

Tacsonia Quitensis, Benth. — Passiflorées. — Espèce hâtive de 
l'Ecuador et de la Nouvelle-Grenade, voisine des T. eriantha et mollissima. 
On la trouve dans les Andes de Quito, où Hartweg, Jameson, Spruce, Mac 
Lean l'ont successivement rencontrée, de même qu'au Pérou et à Pichincha. 
Ses feuilles sont tripartites, dentées en scie, ses bractées petites dejetées, 
falciformes dentées, et ses bractées connées jusqu'à moitié: ses fleurs assez 
longuement tubulées, à pétales oblongs obtus, d'un beau rose à sépales d’un 
rouge plus vif à l'extérieur. Sans atteindre au degré de beauté du 7. Van 
Volxemi, le T. Quitensis est une jolie liane de serre chaude, qui fera tonner 
à ses introducteurs à Kew, M. J. Anderson Henry, et M. Jameson, de Quito. 

Geissorhiza grandis, Hook.— Iridées. — Jolie plante bulbeuse à tige 
dressée, haute de 30 cent., à feuilles linéaires, gladiées, à épis 5-7 flores, à 
bractées spathacées, à fleurs tubulées jaune d'or rayé de pourpre à l'intérieur, 
à limbe en entonnoir régulier large de 5 cent., à segments obovales obtus, 
couleur paille, à veine centrale linéaire rouge sanguin. Espèce d'une beauté 
délicate, originaire du Cap de Bonne-Espérance, d'où M. Wilson, de 
S'-George’s Park, à Ste-Elizabeth, l'envoya à Kew en mai 1868. 


Ep. Anpré. 


nr 


CHRONIQUE HORTICOLE. 


APR PRPAPII AR 


Etablissement Veitch. — Dans un des faubourgs de Londres, à 
Chelsea, King's road, est situé un remarquable établissement d'horticulture 
que toute l'Angleterre et le continent connaissent et apprécient. C’est le 
siége de la maison Veitch et fils, représentée aujourd'hui par les deux plus . 
jeunes fils, MM. Harry et Arthur, leur père et leur frère aîné John étant 
morts dans les deux dernières années. 

À presque toutes nos visites en Angleterre, nous ne manquons guère 
d'aller jeter un coup-d'œil dans ces belles cultures, où le botaniste et l'hor- 
ticulteur trouvent toujours quelque bonne pratique à noter, quelque nou- 
veauté à glaner. À 

Nous indiquons au passage quelques notes prises. La collection de 
Crotons apportée par M. John Veitch de l'Archipel du Sud devient de 
plus en plus belle à mesure que les plantes acquièrent de la force. Trois 
Surtout sont des variétés de premier ordre: C. maximum, Veitchi et 
undulatum. Ce dernier est le plus beau sans contredit par ses larges 
macules écarlates sur fond vert sombre. Nous avons vu ces belles plantes 
à leur arrivée en Angleterre, et nous avons eu la bonne fortune de nom- 
mer les principales variétés : Veüchi, undulatum, cornutum, interruptum, 
irregulare, etc., en compagnie de M. Harry Veitch (Voir Revue de l'Horti- 
culture, t. I, 1867). 


Les Dracæna nouveaux ne sont pas moins beaux. Aux plantes déjà con- 
nues sous les noms de D. regina, Mooreana, Maclayi, une superbe espèce 
vient s'ajouter, le D. porphyrophylla, aux larges feuilles pourpres dessous et 
d'un pourpre vert à nuance porphyroïde dessus. 

Parmi les Orchidées, peu fleuries d'ordinaire en février, nous avons 
cependant remarqué en fleurs les Catileya linguella, Mormoues colossus, 
Aerides teretifolia, Saccolabium Harrissoni, Bolbophyllum vernicosum, Dendro- 
chilum glumaceum, Odontoglossum carinatum, etc. 

Une belle Fougère nouvelle de la Nouvelle-Zélande, le Leptopteris (Todea) 
Wilkesiana, va être mise au commerce en mai prochain. Elle est arbores- 
cente quoique de petite taille, avec des racines adventives, et de longs 
pétioles un peu laineux roux qui portent des frondes bipennées à lobes 
dentés et distants, non pressés compacts comme dans le Lept. superba. Ce 
sera une charmante acquisition de serre froide. — Nous recommandons 
également aux amateurs les Gymnogramma Pearcei, à frondes très fines, à 
côtes filiformes, très jolie espèce péruvienne au commerce depuis quelques 
années; l'Asplenium formosum, très élégant, et le Davallia Mooreana, de 
Bornéo. Ce sont là des espèces moins nouvelles prises au hasard dans cette 
belle et nombreuse collection. 


Éd 


Hybrides de Dominy. — Le chef des cultures de l'établissement 
Veitch, M. Dominy, s'occupe depuis longtemps d'hybridation entre les 
espèces d'Orchidées et de Nepenthes, pendant qu'un jeune homme de la 
maison, M. Seden, obtint des succès de ce genre sur les Aroïdées de 
serre chaude. M. Dominy nous a tout dernièrement montré ses gains nom- 
breux, dont il est fier à juste titre, et dont il a fait réunir les divers types 
sur une grande feuille de vélin par le peintre Chandler. 

Ses principales obtentions dans les Nepenthes sont les HN. hybrida et 
hyb. maculata. 

Un Fuchsia qui porte son nom (F. Dominyana) est le produit du F. serra- 
tifolia et du F. spectabilis. Il est supérieur à ses parents, fleurit beaucoup, 
tout l'hiver et est aussi robuste que le F. serratifolia. 

C'est dans les Orchidées que les résultats obtenus par M. Dominy sont le 
plus remarquables. Nous avons surtout noté les hybrides suivants, dont 
plusieurs sont de charmantes plantes : 


l. Phajus irroratus, Reich. fil., rose tendre, labelle blanc, obtenu des 
Phajus grandifolius et Calanthe vestita alba. ; : 


. Cypripedium Dominyanum, des Cypripedium caudatum et Selenipedium 
Pearcei. 


. Cypripedium vexillarium, Reich. fil., des Cyp. barbatum et C. Fairieanum. 
. Cypripedium Harrisianum, des C. barbatum et C. villosum. 

. Cattleya exoniensis, des Lælia purpurata et Cattleya Mossie. 

. Caitleya Devoniensis, de deux variétés. de 

. Cattleya Dominyana, ” ” 

. Cattleya hybrida, des C. rosea et C. Harrisonie. 

. Cattleya hybrida picta, » » 

. Lelia Pilcherit, nn. * 

. Cattleya Manglesii, ” » 

- Anœctochilus Dominyi, entre Goodyera discolor et Anœct. æanthophyllus. 
. Goodyera Veitchi, entre G. discolor et An. Veitchi. 

. Aerides hybridum, entre Aer. affine et À. Fieldingii. 

; Cattleya irrorata, des C. amethystina et Lelia elegans. 

. Catileya quinquecolor, des C. Acklandiæ et C. Forbesii. 

17. Cattleya Brabantiæ, des C. Loddigesii et C. Acklandiæ. 

. Catileya Sideneyana, des Lelia crispa et C. granulosa. 


- Calanthe Veitchi, des Limatodes rosea et Calanthe vestita, charmante plante 
à fleurs grandes roses, et que nous avons vue en fleurs. 
20. Calanthe Dominyana, entre Cal. masuca et Cal. furcata. 
Nous savons que M. Dominy poursuit le cours de ses expériences et qu'il 
a déjà obtenu des fécondations curieuses dont nous espérons voir les pro- 
duits enrichir avant peu nos collections. 


Pots à Fougères. — Nous avons trouvé dans plusieurs établissements, 
à notre dernière excursion en. Angleterre, des modèles de pots à Fougères 
qu'il nous semble utile de signaler. L'un d'eux, très simple et très répandu 


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— 47 — 


dans les serres anglaises, l'est peu en Belgique et 
moins encore en France. On s'en sert toutefois chez 
M. Linden pour les Orchidées. Pour les Fougères, sur- 
tout les espèces à frondes légères, comme les Adian- 
tum, ce pot est très utile en ce qu'il permet aux pousses 
de se répandre tout autour, de passer à travers les 
fentes, et de former une charmante boule de verdure, 
quand on l’emploie comme suspension. 

L'autre de ces pots, également destiné aux Fougè- 
res, S'applique le long des murailles et est très élégant. 
Il suffit de regarder le croquis ci-joint pour s’en faire 
une idée suffisante. On peut les remplir de terre de 
bruyère et de sphagnum et planter des Adiantum dans 

les fentes latérales en faisant occuper le sommet par 
une Fougère à feuilles dressées d’une espèce différente. 
Il va de soi qu'on peut varier les plantes qui vivent 
dans ces vases et que nombre de petites Broméliacées 
s'accomodent volontiers de cette situation horizontale. 
C'est là un ornement précieux pour les murailles des 
serres que l’on néglige trop d'ordinaire. 

Les Lapins et les Arbres fruitiers. — Plu- 
sieurs moyens existent, tous assez simples, de protéger 
l'écorce des arbres, surtout des arbres fruitiers, contre 

les lapins qui la dévorent pendant l'hiver. Les ravages que ces animaux 
occasionnent sont parfois considérables. Il suffit d'enduire le tronc, à la 
hauteur que peuvent atteindre les lapins, soit avec de la fiente de pore, 
soit avec des excréments humains, soit avec du sang frais. On conseille 
également le goudron de gaz, et nous avons vu récemment un verger de 
pPommiers, à Mariemont (Belgique), chez M. Warocqué, préservé par cet 
enduit à la base des arbres jusqu’à 50 centimètres de hauteur. 

Pavia californica. — M. W. Robinson, qui, comme nous: l'avons 
annoncé, revient d'Amérique et qui a poussé jusqu'aux montagnes rocheuses 
en Californie, nous à donné quelques nouveaux détails snr l'habitat du 
Pavia californica, très bel arbre importé il y a plusieurs années en Frarice 
par M. Bourcier de la Rivière. M. Carrière, du Muséum, l'a déjà répandu 
de tout son pouvoir, grâce aux greffes qu'il en a faites et aux graines qu'il 
récolte abondamment sur le pied-mère. C'est un superbe végétal, qu'on ne 
saurait trop recommander et qui est, bien entendu, parfaitement rustique 
Sous nos climats. : 

«“ Sur ses montagnes natales, » nous a dit M. W. Robinson, « le Pavia 
» Californica semble de loin des masses de rochers, quand ses feuilles sont 
» tombées. Ses rameaux compactes, gris de pierre, et son port buissonneux 
» lui prêtent cet aspect. Il garnit le « cost range » ou chaine qui borde la 
» Côte du Pacifique sur une assez grande étendue, et depuis San Francisco 

» jusqu'au pied des Sierras il.est si abondant qu'il constitue le trait principal 
» du paysage auquel il donne un caractère tout particulier. Les indigènes, 
‘ i nt de son bois et de ses fruits, que les 
» qui le nomment « Buckie », se serve 


» écureuils mangent aussi avec avidité. » 


LL 


M. Robinson partage notre opinion sur la valeur ornementale de cet 
arbre, que nous voudrions voir planté dans tous les parcs. 

_ Ravages du siége à Paris. — Nous venons de contrôler de visu les 

ravages que nous avions déjà signalés d'après des lettres particulières, à 
Paris et dans les environs, et nous pouvons y ajouter quelques détails encore 
inédits. 

Le Jardin du Luxembourg a peu souffert, grâce à l'intelligente activité 
du jardinier .chef, M. Rivière, qui a imaginé de transformer ses appareils 
de chauffage de manière à utiliser, en l'absence de la houille, des huiles 
lourdes de gaz comme combustible. Il a aussi pu sauver la plupart de ses 
plantes. 

Les Champs Elysées ont été saccagés par le peuple, qui a cherché du 
bois de chauffage dans les massifs, et par les Prussiens qui ont attaché 
leurs chevaux aux arbres et arbustes rares, tous broutés ou brisés. 

Les belles plantations arbustives de l'Avenue de l'Impératrice, qui con- 
stituaient, en même temps qu’un jardin mouvementé et charmant, un arbo- 
retum où avaient pris place presque tous les végétaux arborescents rustiques 
cultivés, n’est plus qu’un souvenir. Toute la collection de Conifères, si riche, 
a été détruite par le peuple pour se chauffer. 

A deux pas de là, après avoir franchi les monceaux de terre qui servent 
de fortification, à la place de la grille élégante qui s'ouvrait jadis à la porte 
Dauphine pour les cavaliers et les équipages de luxe, on entre dans le Bois 
de Boulogne. Le spectacle de cette dévastation est navrant, et l'on peut à 
peine retenir ses larmes: Dans cette plaine naguère boisée et charmante, 
aujourd'hui absolument nue, on voit çà et là se dresser la silhouette d'un 
pavillon restaurant, d’un abri pour les cavaliers, d’un embarcardère sur le 
bord du lac autrefois si animé. Le désert a remplacé l'oasis, et c'est ainsi 
depuis la porte Maillot jusqu'à Auteuil et Boulogne. Il ne reste que les 
parties maigres et éloignées du bois où les arbres soient conservés. Près de 
la mare d'Auteuil, le magnifique massif de plusieurs hectares, composé de 
Quercus rubra, coccinea, tinctoria, palustris, macrocarpa, phellos; de Carya 
porcinea, olivæformis; de Fraxinus juglandifolia, sambucifolia, alba, cinerea, 
enfin de tous les beaux arbres de l'Amérique du Nord rapportés par André 
Michaux et son fils et plantés il y a plus d’un demi-siècle par M. de Sahune, 
ce massif est anéanti. On ne voit plus à la place que quelques chicots qui 
ne repousseront plus. . 

Au Muséum, nous avons vu M. Houllet s'occuper avec courage de réparer 
ses serres à Orchidées et à Fougères, absolument détruites, et le grand 
pavillon chaud, où les beaux Palmiers ont péri en grande partie, à l'excep- 
tion du grand Sabal Blackburnianum, qui est resté aussi vert qu'autrefois. 

Mais cest à la Muette, établissement municipal d'horticulture, que le 
spectacle est navrant au-delà de toute expression. De ces quarante belles 
serres, remplies de tant de richesses, que M. Barillet avait réunies avec 
tant d'ardeur pendant plus de dix ans, de cet établissement que nous avons 
eu l'honneur de diriger pendant cinq années, il ne reste à peu près rien. Les 
magasins ont été converties en dépôts militaires et les caves en récipients 
pour 2500 tonneaux de poudre. Toute la rangée de petites serres à multipli- 


40. 


cation est vide de plantes, les châssis brisés, les coffres déserts. De cent 
ouvriers il en reste vingt; la plupart ont été occupés aux travaux du siége, 
dans les corps du génie; plusieurs y sont restés; d’autres ont souffert plus 
qu'on ne saurait dire, et c'est avec une triste émotion que nous avons serré 
la main de ces anciens serviteurs, qui n’ont point oublié le temps où nous 
vivions heureux ensemble au milieu de nos belles plantes. 

Quelques Palmiers d'espèces robustes sont encore debout, mais la majeure 
partie de l'admirable collection de ces princes des végétaux est morte. Les 
arbres fruitiers et utiles des tropiques sont perdus. Tous les Theophrasta, 
Melastoma, Terminalia, dont un portait cinq fruits, les Barringtonia, Anona, 
tous les Zrora, Spathodea, Guarea, Passiflora, Brownea, un admirable Strava- 
dium insigne de trois mètres de haut, les Corcoloba, Coffea, Carolinea, les 
Artocarpées sont absolument détruits. La belle collection d'Aroïdées, impos- 
sible à réunir de nouveau aujourd'hui, est à peu près éteinte, de même que 
la riche collection d'Agaves. Les Pandanus sont plus maltraités encore que 
les Palmiers. Un exemplaire énorme de Philodendrum pertusum, que nous 
avions planté nous-même sur un tronc d'arbre au-dessus d’un bassin il ya 
huit ans, et qui se couvrait de fruits chaque année, est gelé. La serre dite 
du sevrage, si riche en belles plantes, a subi le sort commun. A peine 
reste-t-il les Camellias, quelques Azalées et plantes dures de peu de valeur. 

Telles sont les ruines que nous avons de nos yeux vues dans cet établisse- 
ment jadis si florissant. Pourquoi faut-il que nous ajoutions que cette des- 
truction n'est pas la conséquence seule et fatale du siége, mais aussi celle 
de l'incurie et de l'incapacité de l'homme qui était placé à la tête du 
fleuriste de la Muette. Depuis le départ de M. Barillet, depuis que le chef 
des cultures, M. Ermens, a quitté la Muette pour aller au Caire comme 
jardinier du khédive, le fardeau des cultures de la ville, pendant ces 
circonstances difficiles, a reposé sur des épaules trop faibles et un cerveau 
trop étroit pour une pareille tâche. 

Tandis que M. Rivière, un véritable ami des plantes celui-là, s'ingéniait 
pour parer aux désastres et y réussissait, l'anéantissement du jardin fleu- 
riste de la Muette s’accomplissait faute d'un esprit ingénieux et instruit, 
qui eût sauvé la majeure partie des plantes, que tant de Français et 
d'étrangers avaient tour à tour admirées. 

Les herbes voyageuses. — Franchissons d'un trait quelques milliers 
de lieues, si vous le voulez bien, afin d'oublier ces tristes récits de sauva- 
gerie, d'ignorance et de charlatanisme. 

Un journal américain, le Philadelphia Ledger, publie une note curieuse 
sur le nombre et les espèces de plantes européennes qui se sont trouvées 
introduites et naturalisées aux États-Unis. La plus grande partie viennent 
d'Angleterre. Le total est maintenant de 214 espèces observées. En 1837, il 
n'était que de 137, et en 1672 un auteur ne comptait que 22 plantes ou 
herbes étrangères importées avec le bétail de la mère-patrie. Le plantain, 
le mouron, plusieurs chardons ont a ce point envahi le pays en quelques 
années, qu'ils ont maintenant atteint les lieux habités les plus éloignés. 
Beaucoup d’autres plantes ont suivi cette loi et de jour en jour nos espèces 
européennes envahissent l'Amérique, comme le Nouveau-Monde, à son tour, 


TOM. XVIII, =— FÉVRIER-MARS 1871. MISSOURI . : 
BOTANICAL 


PA À em Pn PANT 


nee 


nous a donné de maüvaises herbes, telles que l'Zrigeron canadense et 
l'Elodea canadensis. Ces migrations accidentelles des plantes rendront la 
tâche difficile aux botanistes de l'avenir. 


Le Lichen aux cheveux d’or. — Parmi les curiosités que M. Ro- 
binson a rapportées d'Amérique, et dont la liste est loin d'être épuisée, il 
faut compter un magnifique Lichen à chevelure d'or, dont il nous a donné 
un échantillon qui a fait l'admiration de plusieurs personnes. 

Ce beau spécimen de eryptogame couvre, paraît-il, des étendues entières 
de forêts sur les versants humides des montagnes rocheuses. Il croît de 
préférence sur l’Abies nobilis, dont il entoure les rameaux de la tête aux 
pieds, et l'échantillon que nous possédons, pour preuve, contenait dans 
l'intérieur de son thalle rameux des feuilles de cette Conifère. 

Cette espèce se rapporte au Chlorea vulpina de Nylander (Cornicularia 
vulpina, DC.; Evernia vulpina, Ach.). ainsi décrit par Fries: « C. thallo 
ramosissimo angulato lamoso citrino vel læte flavo, subnudo, passim longissimo 
filamentoso. In truncis Pini, præcipue cembræ, in alpestribus Europææ mediæ et 
Europææ borealis. » Nylander l'indique également dans les Vosges et les 
Pyrénées, et nous avons d'ailleurs que son habitat géographique est fort 
étendu. 


D'un autre côté, M. Robinson, qui a porté sa plante au meeting du 


15 février de la Société d'Horticulture de Londres, l'a vu déterminer sous 
le nom de Borrera flavicans, ce qui est une erreur facile à reconnaitre, car 
nous avons nous-même retrouvé la plante dans les exsiccata de Rabenhorst (1) 
sous son vrai nom de Ævernia (chlorea) vulpina, Ach., d'après des échan- 
tillons avec fruits recueillis près du Monte Rosa (Suisse italienne) en 1856. 
M. Berkeley fera donc bien de revoir sa détermination et de la rectifier. 
Ce Lichen est fort beau et si on pouvait le cultiver il serait certainement 
un ornement digne de remarque dans les jardins ou même les serres 
froides. 


Rectification. — Nous avons maintenant, pour notre compte per- 
sonnel, à réparer une erreur que, nous dit-on, nous aurions commise en 
déterminant la belle Rose japonaise, publiée dans la première livraison 
de 1871. | 

Cette espèce, quoique nouvellement introduite, serait depuis longtemps 
décrite par Thunberg sous le nom de Rosa rugosa. Nous ignorons si cette 
critique est fondée, mais nous n’en serions pas surpris. Notre excuse serait 
alors bien simple et nous avons confiance que nos lecteurs la trouveront 
justifiée : Pendant plus de neuf mois, nous avons été privé, par la guerre 
et surtout par le siége de Paris, de tout moyen d'étude, de notre biblio- 
thèque, et nous en avons eté réduit à nos notes personnelles antérieures 
ou à nos descriptions sur le vif. Les sources nous ont donc manqué pour 
les recherches que nous faisons toujours longuement et scrupuleusement et 
c'est sur la foi d’un de nos amis, botaniste distingué, que nous avons publié 
l'espèce comme nouvelle. 

En ‘attendant un examen attentif de la question, nous voulons prendre 


(1) Rabenhorst, Lichenes Europæi, fase. VII, n° 191. 


. 


nn Te 


date pour cette rectification, et nous espérons en l'esprit bienveillant et 
sympathique du public éclairé qui nous fait l'honneur de nous lire. 
SE Ep. A. 


Mort de M. Hartweg. Les rangs des botanistes et voyageurs de 
renom s'éclaircissent d'une manière effrayante. Hier M. Miquel, maintenant 
. M. Hartweg, qui s'est éteint, le 3 février dernier, à Schwetzingen, où il 
était inspecteur du jardin grand-ducal. 

Carl-Théodore Hartweg naquit en 1812 à Carlsruhe, où son père, inspec- 
teur des jardins grands-ducaux, lui enseigna de bonne heure les éléments de 
la botanique et de l'horticulture. Après la mort de son père, il se rendit à 
Paris pour y continuer ses études, puis il fut envoyé par la Société d'Horti- 
culture de Londres au Mexique, qu'il explora de 1836 à 1840. Ses plantes 
furent décrites par M. Bentham, sous le titre de Plantæ Hartwegianæ. C'est 
à la fin de ce voyage, qu'arrivant à Comitan, sur la frontière du Guatimala, 
il vit arriver un voyageur, à cheval comme lui, au détour d'un sentier, dans la 
forêt vierge, et que tous deux s'écrièrent réciproquement, sans s'être jamais 
vus :« Linden! Hartweg! » En effet, les deux voyageurs se croisaient en 
tous sens depuis quatre ans dans ces parages, entendant à chaque instant 
parler l’un de l’autre, sans que le hasard les eût encore réunis. 

Hartweg visita ensuite l'État de los Altos et celui de Guatimala, d’où il 
s'embarqua pour Guayaquil au commencement de 1841. De là il vint à Loxa, 
puis à Quito par Rio-Bamba. En décembre 1842, je le rencontrai de nou- 
veau entre Villa de Purificacion et Popayan, puis à Bogota, d'où Hartweg 
se rendit à Santa-Martha, puis en Angleterre. 

Il repartit en 1845 pour la Californie, qu'il parcournt jusqu'en 1848, 
toujours pour la même Société. 

Nous ne saurions rapporter ici ses nombreuses découvertes, mais nous 
devons rappeler que ce fut lui qui le premier introduisit l'Abies nobilis, le 
Sequoia gigantea, le Pinus Hartwegü. Une Orchidée, modeste comme lui, a 
reçu son nom par les soins du D’ Lindley; c'est le Zartwegia purpurea, qui, 
avec les Lupinus Hartwegii, Berberis Hartwegii, etc., perpétueront son sou- 
venir. Le grand-duc de Bade le nomma inspecteur des jardins de Schwet- 
zingen, où il se maria et où il est mort d'une maladie de cœur, contractée à 
la suite de la perte d’un de ses enfants. 

Hartweg a été un des premiers voyageurs-botanistes de ce siècle; il a 
enrichi les cultures européennes d’un grand nombre de belles plantes et les 
herbiers d'espèces précieuses et jusque-là inconnues. Sa mémoire vivra long- 
temps parmi les cœurs qui savent inscrire en eux les noms des fidèles appuis 
de la botanique. LL 


ne - en 


PI. LIIT. 


DIOSCOREA MULTICOLOR, uv Er ani (Varietates). 


DIOSCORÉES MULTICOLORES (Variétés). 
DIOSCORÉES. 


ÉTYMOLOGIE : De Dioscorides, célèbre médecin et naturaliste grec. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Dioscorea, Plum. Gen. t. 26; Linn. Gen. N° 1122. — Flores 
dioici. Perigonium herbaceum, tubo triptero cum ovario connato, limbi supero sexpartito, 
persistente. S{amina 6, basi perigonii inserta; filamenta subulata, antheræ subglobosæ. Ova- 
rium cum perigonii tubo connatum, triloculare. Ovula in loculis 2, superposita anatropa. 
Styli 5, distincti; stigmata obsoleta. Capsula membranacea, trilocularis, triangularis, com- 
pressa, angulis salientibus loculicida-dehiscens. Semina in loculis 2 compressa, membranaceo- 
alata. Embryo minimus, in albuminis cartilaginei cavitata majore prope umbilicum situs. — 
Herbæ perennes v. suffrutices, sinistrorsum volubiles in regionibus tropicis sublropicisque 
totius orbis obvii ; rhizomate tuberoso, interdum mazximo, quandoque lignoso, foliis petiolatis, 
- alternis v. nonnunquam oppositis, plerumque cordatis v. hastatis, nervosis, venosis, SŒ@pius 
integerrimis interdum palmatifidis, floribus aæillaribus spicatis v. racemosis. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Trop variables pour que nous assumions la responsabilité 
d'une diagnose générale ou d’une description devant les plantes polymorphes que nous avons 
eues sous les yeux et dont aucune n’a encore fleuri au moment où nous publions cette notice. 
Nous devons donc nous en tenir prudemment à décrire les variétés. 


n 


I. — Diosc. m. chrysophylila, Lind. et And. — Tiges et pétioles 
grêles un peu anguleux; feuilles moyennes, ovales hastées aiguës, à 
oreillettes obtuses larges, à sinus très aigu; surface supérieure du limbe 
d'un brun fauve doré chatoyant glacé, parcouru par des taches sous- 
épidermiques nébuleuses grisâtres, et relevée d'une bande médiane jaune 
pâle. L'ensemble est revêtu d'un glacis d'or comme celui que la patine des 
annnées à donné aux peintures de l’école vénitienne, et qui distingue entre 
toutes les peintures du Titien. 

II. — Diosc. m. sagittaria, Lind. et And. — Tiges cylindracées, 
vertes et grèles ; pétiole dressé, vert tendre, relativement robuste, renflé 
et plus pâle dans deux extrémités; limbe moyen longuement ovale acuminé 
hasté bullé ondulé; fond vert ou blanc argenté, bords et nervures longitu- 
dinales et transversales d'un vert émeraude; sinus aigu, longues oreillettes 
arrondies inégales obtuses ou anguleuses à l'extrémité. 

III. — Diosc. m. melanoleuca, Lind. et And. — Tiges grèles angu- 
leuses, saumon léger; feuilles grandes largement ovales cordiformes, brus- 
quement acuminées à longue pointe, à sinus étroit, à oreilles courtes et 
arrondies ; couleur de fond vert foncé uniforme, sur lequel une large bande 
centrale et de larges macules blanches se détachent aussi nettement que 
dans certains Dieffenbachia; page inférieure violet foncé. Varié parfois à 
fond vert sombre pourpré avec tache centrale blanc jaunâtre ou vert éme- 
raude, Très jolie variété, bien distincte. 


1. DISCOREA CHRYSOPHYLLA. — II. D. SAGITTARIA. — III. D. MELANOLËUCA. — 14 D METALLICA — V D. ELDORADO — Vi 


: NTRIONAL. 
RIO-NEGRO, BRÉSIL SEPTE SERRE CHAUDE. . PROV® DE MINAS. 
J. Linde publ. 


. D. PRISMATICA. 
PÉROU ORIENTAL. 


| — 18 — 

IV.— Diosc. m. metallica, Lind. et And. — Tiges grèles, cylindra- 
cées, un peu anguleuses, violet foncé; pétiole grêle, renflé aux deux extré- 
mités, anguleux, saumoné; limbe ovale acuminé cordiforme, à longues 
oreillettes rapprochées, à sinus très étroit, à bords ondulés comme frangés ; 
nervures principales enfoncées confluentes au nombre de 7-9; couleur de 
fond vert satiné cuivré, métallique; nervures purpurines; macule centrale 
longitudinale barbelée, saumon clair avec petites taches de même ton près 
des oreillettes et parfois des taches de feu; page inférieure carmin fauve. 


ESPÈCES (!?). 


V. — Diosc. Eldorado, Lind. et And. — Tiges très grèles, pur- 
purines ou saumonées, ainsi que les pétioles ailés renflés aux deux extré- 
mités ; feuilles moyennes ovales régulières acuminées aiguës, à sinus étroit, 
à oreillettes moyennes, arrondies; couleur de fond soit vert foncé pres- 
que noir avec de larges taches argentées passant au doré, soit vert-jaune 
foncé doré relevé par des côtes plus intenses sur les nervures transversales ; 
nervures primaires et secondaires argentées satinées entourées d'une zone 
de même ton et de ponctuations vert foncé, ou dorées, ou argentées, ou 
carminées. Quelquefois encore le limbe, sur un fond doré, porte des plaques 
vertes éparses. Plante polychrôme, variant beaucoup dans la disposition 
de ses nuances, mais cependant facile à reconnaître par l'ensemble de sa 
végétation. Le dessous du limbe est presque toujours rouge vineux très 
pâle avec transparence blanche. 

VI. — Dioscorea prismatica, Lind. et And. — Tiges volubi- 
les, anguleuses, pourpre violacé; feuilles pétiolées, grandes, à pétioles 
renflés à la base et au sommet, cylindracés anguleux canaliculés, comme 
ailés; limbe orbiculaire cordiforme mucroné à sinus très profond, à oreillettes 
obtuses: surface bullée entre les nervures, dont les primaires sont curvi- 
lignes concentriques et confluentes au sommet, et reliées par les transver- 
sales. La couleur de la partie supérieure du limbe varie du fond vert éme- 
raude à un vert satiné foncé ou pourpré, mais toujours chatoyant; les 
‘nervures sont pourpres, argentées ou blanches, suivant l'âge de la feuille, 
avec une zone médiane inégale, longitudinale, argentée, parfois accom- 
pagnée de taches violettes; la page inférieure, bullée concave entre les 
nervures, est du violet foncé le plus vif. 

Ces six brillantes plantes, qui rivalisent en éclat et en variété de nuances 
avec les plus beaux Anæctochilus et qui égalent ou dépassent les plus éclatants 
Cissus océaniens ou américains, sont destinées à un grand avenir horticole. 

Toutes ont été découvertes sur les bords du Rio-Negro (Brésil septen- 
trional) par M. Baraquin, en 1868. 

Les deux dernières paraissent être des espèces nettement définies, à en 
juger par l'ensemble de leurs caractères, moins les fleurs. Es. A. 


CULTURE. 


Ces Dioscorea, aux feuilles brillamment coloriées, sont cultivés sous 
châssis ou sous cloche, dans une terre légère fibreuse, mélangée de gros 
sable et de charbon de bois pilé. Ils demandent une grande humidité, une 
place ombragée pendant la période de végétation et le repos absolu après la 
chute des feuilles. JL 


ee. er 


PI. LIV. 


VERSCHAFFELTIA MELANOCHÆTES, 1. wenozan. 


VERSCHAFFELTIA A ÉPINES NOIRES. 


PALMIERS. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir Uustr. hortic. 1865, p. 5, Miscellanées. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Caudex simplex erectus basi incrassatus nigrescens aculeatus ; 
frondes juniores bifidæ, adultæ bi-vel paucifidæ , vagina tubulosa basi clavata, nigricante, 
petiolo obscure triangulo supra vix canaliculato inermi salmoneo; lamina obovato cuneata 
bifida læte viridi inermi sulcata infra squamulosa, marginibus integerrimis superiore excepto 
præmorso breviter truncato denticulato, nervis exsertis basi supra excavatis; fruclus In 
calidioribus terris Seychellarum. — Vidi vivam et descripsi in horto Gandavensi Lindeniano. E. A. 


Cette nouvelle et superbe espèce du genre, dédié par M. H. Wendland 
à M. A. Verschaffelt, sans effacer la première, décorée à juste titre du nom 
de splendida, n'en est pas moins une pre de premier ordre. Elle est éga- 
lement originaire des îles Seychelles. Des jeunes pieds que nous avons vus, 
la plupart portent ce caractère de frondes entières, seulement bifides, que 
revêt la première espèce introduite. Quelques-uns seulement, des plus 
vigoureux, commencent à montrer quelques lanières qui se séparent; mais 
nous croyons que jamais cette espèce, même tout-à-fait adulte, ne se 
révélera comme un Palmier à feuillage penné. 

Le tronc ou stipe, renflé pyriforme à la base et probablement pourvu plus 
tard de racines adventives, s’allonge en gaine invaginée cylindrique, d'un 
noir purpurin, devenant vert olive au sommet. Cette tunique, striée côtelée, 
se rompt bientôt et devient brusquement auriculée membranacée arrondie 
au sommet, à l'emplacement où le pétiole reste libre. Ces gaines sont au 
nombre de trois pour faire une révolution autour du stipe. Elles sont cou- 
vertes abondamment d’aiguillons épars, longs de 4 ou 5 centimètres, insérés 
à angle droit, d’un noir de jais, à base tuberculeuse ovoïde comprimée blanc 
verdâtre. Le pétiole, long et dressé, est obscurément triangulaire aplati 
canaliculé dessus, légèrement furfurescent d'une nuance saumonée. 

Le limbe, étalé, entier, retombant, concave presque cucullé dessous, long | 
de 60 centimètres sur les jeunes pieds observés et d'une largeur égale, est 
obovale cunéiforme à base divisée en deux parts jusqu’à son milieu, à bords 
entiers, excepté ceux de l'extrémité, qui sont tronqués denticulés émoussés. 
Surface supérieure vert tendre, relevée par les nervures saillantes, roses 
d'abord, blanchâtres ensuite, accompagnées d’une dépression à la base; 
surface inférieure pourvue de quelques écailles scarieuses caduques fixées 
par leur milieu. 

D'une végétation analogue à celle du V. splendida, le V. melanochætes s'en 
distingue de la façon la plus tranchée par ses longs pétioles, ses grandes 
feuilles en coque de chaloupe renversée, ses pétioles inermes, l'absence de 
couleur orangée, et surtout la curieuse forme tuberculeuse de la base de 
ses longs aiguillons noirs. 

C’est absolument une très belle plante, et nous regrettons qu’une planche 
noire, aussi imparfaite, ne nous permette pas d'en donner une idée plus 
fidèle, qui serait toujours, quoi qu'on fasse, au-dessous de la vérité. 


Ep. A. 
CULTURE. 


Cette espèce, originaire des îles Seychelles, réclame la haute serre chaude, 
de la chaleur au pied et une place rapprochée du jour. Compost formé d'un 
mélange de terre de bruyère, de terre argileuse et de terreau.  J. L. 


24 de 


Etab Lath. de L. Strocbant a Gand 


VERSCHAFFELTIA MELANOCHÆTES (Æ. Wendl.)  GEONOMA SCHOTTIANA (Martius). 
ILES SEYCHELLES. SERRE CHAUDE. BRÉSIL. SERRE CHAUDE. 


J. Linden publ. 


Se EL 


Ph -LY: 


GEONOMA SCHOTTIANA, warons. 


GÉONOMA DE SCHOTT. 
PALMIERS. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Geonoma, Willd. Sp. IV. 595. Mart. Palm. 6.t. 4-20. — 
Flores monoici, spadicibus diversi sexus in eadem stirpe v. androgynis, rarius dioicis, in 
foveolis rhacheis immersi, spatha duplici, exteriore concava, interiore compressa v, fusiformi. 
Masc. Calyx triphyllus, foliolis carinato concavis. Corolla tripetala, petalis planis. Stamina 6: 
filaimenta inferne in cylindrum connata, apice libera, antherarum loculis divaricatis. Ovarii 
rudimentum. Fem. Calyx triphyllus. Corolla gamopetala, trifida. Urceolus sexdentatus, ovarium 
ambiens. Ovarium triloculare. Stylus basilaris, stigmatibus 5, revolutis. Bacca monosperma. 
Embryo æquabile. Albumen sublateralis vel basilaris. (Endlicher, Genera Plant. N° 1751.) 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Caudex elegans, simplex, erectus, inermis, cylindraceus, 
vaginis basi ruptis funiferis fulvis medio costatis ; frondes bipinnatæ, petiolo gracili, nervoso, 
subtereti, supra plano, suflurfuraceo, rachide triquetro, pinnis lineari-lanceolatis acutis per 
20-50 paria dispositis equidistantibus alternis apice suboppositis, utrinque viridissimis, planis, 
glabris, nervis-5 exsertis; flores fructusque..…… Habitat in Brasilia australi. — Vidi vivam et 
descripsi in horto Lindeniano Gandavensi. — En. A. 


À première vué, ce charmant Palmier rappelle le Glaziova elegantissima 
Où Cocos Weddelliana Il à été introduit du Brésil, en 1856, par M. Porte 
dans l'établissement de Bruxelles. Ë 

Le Geonoma Schottiana forme un petit arbre dressé, très élégant, élancé, 
à tronc ou stipe cylindrique, revêtu de gaines roux fauve, embrassantes, 
très dilatées triangulaires costées à la base, puis ailées déchirées en lanières 
réticulées appliquées. Le pétiole, à angle aigu avec le stipe, est grêle, 
nerveux, long, un peu furfuracé, arrondi dessous, plane dessus, prolongé 
en rachis triquètre, long de 0"70 sur une plante haute de 1", Le limbe 
est divisé en 20-30 paires de pinnules alternes, les supérieures souvent 
opposées bijuguées, linéaires-lancéolées équidistantes, du même vert foncé 
sur les deux faces, larges de 0015-20, longues de 0-40, planes, glabres, à 
3 côtes ou nervures principales saillantes dessus, longuement filiformes 
aiguës à pointe noire. 

Ce gracieux petit arbre, qui paraît s'éloigner des Geonoma par la division 
extrême de ses frondes, les rappelle cependant par un accident qui arrive 
souvent à leur extrémité, c'est-à-dire qu'elles restent conjuguées ou sou- 
dées obliquement et irrégulièrement. 

Nos serres trouveront là une charmante espèce à ajouter aux nombreux 
Palmiers cultivés en serre chaude. En. A. 


CULTURE. 


Comme tous ses congénères, ce Palmier habite les montagnes et croit 
généralement dans l'épaisseur des forêts. Il demande une terre riche formée 
d'humus et de terre forte et une place éloignée du jour. La tannée lui con- 
vient particulièrement. ï HA 


+ 


PI LVT. 


ODONTOGLOSSUM WALLISIE, nnon. ru. 


ODONTOGLOSSE DE WALLIS. 


ORCHIDÉES. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir Iustr. hortic., 1870, p. 114. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : pseudo-bulbi ovoïdeo-ancipites esulcati; folia lineari-lan- 
ceolata basi angustiora plicata; panicula radicalis bracteis raris adpressis amplexantibus acu- 
tis; scapo gracili subcompresso; flores longe pedicellati bracteolati distantes; sepala pelalaque 
oblongo lanceolata acuta apice reflexo, margine rimoso, pallide lutea brunneo maculata ; label- 
lum columnæ adnatum tubuloso-clavatum canaliculatüm mox deflexum limbo ovato fimbriato 
albo-tigrino maeula centrali hemicyclaria marginata floccoso-barbulata, apice acuto decurvato ; 
crisla basi G-cornuta; columna clavata, apice galeata bicallosa, alis-2 deflexis filiformibus 
brunneis; pollinia ovoïdea longe caudiculata. — In frigidis (Noyvæ-Granatæ) legit G. Wallis, 
1868. — Vidi florentem et ad vivum descripti in horto Lindeniano. — En. A. 


Odont. Wallisii, Rch. fil. in Gardeners’ Chronicle, 1870, p. 104. 


Cette jolie espèce, découverte par M. G. Wallis, en 1868, dans les régions 
froides de la Nouvelle-Grenade, rentre dans la section des plus gracieuses, 
sinon des plus ornementales du genre. Elle rappelle d'abord, soit par son 
aspect, soit par la forme tubuleuse soudée de la colonne et de la base du 
labelle, l'Od. Lindleyanum, dont elle s'éloigne par plus d'un autre caractère. 
Nous venons de la voir en fleurs pendant plusieurs semaines dans les ser- 
res de M. Linden, à Bruxelles, où nous avons pu en apprécier tout le 
mérite et en étudier les caractères. 

Ses pseudobulbes courts, ovoïdes ancipités, sans côtes, sont parfois 
ponctués de violet foncé, et portent de longues feuilles linéaires lancéolées, 
larges seulement de 1 centimètre, de contexture légère, et recourbées, 
rétrécies et pliées à la base. 

De la base des pseudobulbes sort la hampe grèle, un peu comprimée, 
portant quelques écailles embrassantes longues à pointe aiguë appliquées. 
Les bractées qui accompagnent les fleurs, paniculées distantes et longue- 
ment pédicellées, sont ovales- allongées et appliquées sur les pédicelles a 
les ovaires, dont la longueur réunie est de 3 centimètres. 

Les sépales et les pétales sont oblongs lancéolés, étalés en croix, à pointe 
aiguë rejetée en arrière et à bords un peu rongés ; leur couleur est un jaune 
pâle largement maculé marron, surtout sur les deux pétales latéraux. Le 
labelle, soudé à la colonne en tube claviforme comprimé, est canaliculé, 
puis déjeté en un limbe pendant frangé sur les bords, aigu recourbé au 
sommet, blanc tigré de rouge-violet à la base avec une tache semi-circu- 
laire blanche centrale entourée de violet et floconneuse barbelée; la crête 
se compose de 2 appendices cornus déjetés et de 4 autres filiformes laté- 


ODONTOGLOSSUM WALLISI (Reich. fil). 
 NOUVELLE-GRENADE. SERRE FROIDE, 


__J. Linden publ. 


Re ue 


raux blancs. La colonne, claviforme, longue de 0,015, a son sommet bical- 
leux accompagné de 2 barbules filiformes déjetées marron; les masses 
polliniques sont ovoïdes longuement caudiculées. 
C'est vers 2000-3000 mètres d'altitude que se rencontre cette jolie espèce 
dans les alpes néo-grenadiennes; elle se contentera par conséquent d’une 


culture analogue à celle de ses congénères de serre froide. 
En. A. 


— 0 


LA LÉGENDE DES LIS ROUGES. 


« À Kintzheim (Alsace), il y a un château en ruines, qui était la demeure 
du jeune, brave et beau Thierry de Kænigsheim, le dernier de son illustre 
race. Il y vivait avec sa mère et la pupille de sa mère, fille de noble 


maison, compagne de son enfance, qu'il devait bientôt épouser. Ils étaient 


tous deux fervents catholiques; je n’ai pas besoin de vous dire qu'ils 
s’aimaient : ils s’aimaient comme dans les légendes. Or, une bande d'héré- 
tiques, venant du centre de la France, se répandirent en Alsace, prêchant 
une religion meilleure, disaient-ils, que l’ancienne. Ils pillaient les châteaux, 
dévastaient les églises, mettaient tout à feu et à sang. Les nobles s’armèrent. 
Thierry de Kœnigsheim descendit dans la plaine à la tête de ses vassaux, 
atteignit les hérétiques, les combattit vaillamment et délivra le pays. Mais 
à la dernière rencontre, celle qui consomma la défaite des envahisseurs, 
le bon jeune chevalier reçut une blessure mortelle. Sentant qu'il ne guérirait 
pas, il se fit ramener à Kintzheim pour embrasser une dernière fois sa mère 
et dire adieu à sa fiancée. On put l’apporter jusqu'au seuil de la tour. Là, il 
fallut s'arrêter, tant ses forces déclinaient vite. On le déposa donc sur les 
herbes et les fleurs qui croissaient en cet endroit; et parmi les fleurs s'éle- 
vaient de beaux Lis, blancs comme la parure des vierges, purs comme le 
cœur des enfants. La dame de Kœnigsheim et sa pupille accoururent en 
larmes. Le doux blessé leur fit signe d'attendre; le chapelain du château 
seul approcha : il entendit la confession sincère du bon chevalier qui avait 
offert sa vie pour la sainte mère Eglise et tout le peuple chrétien. Quand le 
bon chevalier eut reçu l’absolution, alors la pauvre mère et la triste fiancée 
s’'avancèrent, et le bon chevalier leur dit adieu et mourut. On emporta la 
mère, qui avait perdu tout sentiment; la fiancée s'agenouilla près du 
cadavre, immobile comme lui, dans la première angoisse d’une éternelle 
douleur, essayant pourtant de prier. En ce moment un ange apparut et lui 
dit : « Console-toi, de la part de la Vierge Marie et de Jésus notre Sauveur. 
Dieu a fait grâce à ton fiancé, qui a été fidèle à tout ce qu'il aimait et qui a 
donné sa vie pour ses frères. Thierry est dans le ciel. Pour preuve de sa 
gloire, regarde ces fleurs où son sang a coulé. » Elle regarda. Les Lis 
 baignés du sang de Thierry étaient rouges; et c'est de là que les Lis rouges 

sont venus. Et, triste jusqu'à la mort, jusqu'à la mort elle rendit grâce à 


Dieu. » Louis VEUILLOT. 


- 


TOM. XVIII, —— FÉVRIER-MARS 1871, 


%. 


2.180 


LA VÉGÉTATION DE LA GUIANE BRÉSILIENNE. 


Sous ce titre général, M. Gustave Wallis a publié, pendant le cours de 
l'année dernière, à son retour d'Amérique, une série d'articles dans le 
Wochenschrift. Nous en donnons ici une traduction libre. Le nom de ce 
voyageur est connu par les découvertes qu'il à faites en explorant pour 
compte de M. Linden le bassin de l'Amazone et de ses principaux affiuents. 


Ep. A. 


I. — CouP-D'ŒIL GÉNÉRAL. 


La région supérieure du Rio-Branco, — affluent du Rio-Negro, — porte 
une empreinte fort différente du caractère général des vallées de l'Ama- 
zone. Des savanes, dont l’ensemble forme une zône géographique qui com- 
prend la Guiane dite brésilienne, en occupent la plus grande partie. La 
végétation y est, en général, moins vigoureuse et moins brillante que dans 
les autres régions équatoriales et peu de formes saillantes rompent la mo- 
notonie de cette contrée. Toutefois ces solitudes ne sont pas sans quelque 
variété ; elles n’attristent pas le regard comme les vastes plaines desséchées 
du Mexique, de la Patagonie et de l'Asie, où le pied du voyageur rencontre 
à peine, cà et là, une fleurette qui survit, mais des oasis de verdure, des 
îles fraîches rompent de distance en distance l’uniformité du tableau. Au 

bord des fleuves, des ruisseaux et des lacs isolés on trouve même une végé- 
tation luxuriante. Enfin, une série de petites montagnes, dernières ramifi- 
cations de la chaîne des Andes et dont les plus élevés atteignent à peine 
1000 mètres, s'élèvent parfois pour entrecouper l'uniformité des prairies 
lointaines. 

Les saisons humide et sèche, connues sous les noms d'été et d'hiver des 
tropiques, divisent l'année en deux parts inégales. Pendant les mois de 
mai, juin, juillet, août, la pluie tombe en telle abondance, qu'à la fin du 
second de ces mois, le fleuve atteint le maximum de sa crue annuelle, 
s'élevant de plus de six mêtres au-dessus de son plus bas niveau. À peine 
les pluies ont cessé, la sécheresse commence; des vents violents soufflent 
sans relâche et l’aridité n’a plus d'interruption. Tout se flétrit rapidement 
et quand viennent décembre et janvier le sol est à ce point brûlé que les 
bestiaux sont obligés d'émigrer sur les montagnes pour trouver quelques 
places où l'herbe est restée fraiche et abondante. 

C’est à cette époque que la savane justifie son nom et prend son vrai 
caractère. L’herbe, brûlée par le soleil et les vents aigus, est à peine 
éclairée de temps en temps par l'étoile fugitive d'une fleur, qui vient 
égayer un moment le voyageur harassé. Des cerfs fugitifs errent, poussés 
par la faim, sur les plaines dépouillées. Le chasseur est attiré à chaque 
pas par le Tamanoir au long museau, le Renard qui poursuit les oiseaux, 
l'Armadille, le Tatou, la Tortue Jabuti, le Porc musqué, le Tapir et autres 
animaux sauvages. Les steppes, de plus en plus étendues, se peuplent de 
troupes criardes d'oiseaux aquatiques : Canards, Plongeons, Spatules, 


D. 
Cigognes et de Tuyuyus (Zantalus lotulator), à la démarche grave et perchés 
sur leurs jambes de 1"50 de hauteur. Les rivages sont animés par une 
population nombreuse, au milieu de laquelle on distingue les oiseaux 
babillards, comme les Ciganes croassantes (Ophistocomus), le Rossignol 
brésilien, le Cassidus au nid élégamment suspendu, et plusieurs gallinacés, 
notamment le Jacamin (Psophia), à la démarche niaise, et les Hoccos (Crax). 
Rien n’est plus étrange que le concert formé par ces oiseaux sur les arbres 
qui bordent les rivières, bruit auquel s'ajoutent les sifflements discordants 
des serpents et les bruissements des animaux tapis sous les taillis. 

Si, du rivage, nous jetons un regard sur le fleuve, quelle animation dans 
tout ce qui l'entoure! Les arbres et arbrisseaux qui croissent dans le limon 
transporté par le flot nous présentent une forêt à demi-suspendue au-dessus 
des eaux mortes ou faiblement courantes qui baignent leurs pieds. Des îles 
laissées à découvert semblent des étoiles blanches sur le bleu des eaux et 
contrastent avec l'horizon de sable qui encadre le tableau. 

Mais le caractère le plus saillant de la vie qui anime le Rio-Branco et 
ses rives est fourni par le nombre prodigieux de poissons et de tortues qu'il 
nourrit. Sous ce rapport, aucun affluent des Amazones ne saurait lui être 
comparé. Quelles bénédictions la nature n’a-t-elle pas répandues sur ces 
sables interminables? Le pied heurte, à chaque pas, d'innombrables œufs 
_ de tortues, ressource précieuse pour le voyageur. Indépendamment de ces 
animaux, combien d'êtres inférieurs sont compris par le fleuve dans sa 
masse luxuriante! Les indigènes et les marchands de l'intérieur viennent 
-y recueillir des végétaux précieux : le Regaton, dont on convertit le pro- 
duit en eau-de-vie; la Salsepareille, — produite par plusieurs espèces de 
Smilax, — le Castanha, — fruit du Bertholletia excelsa, — le Piassaba, que 
fournissent les fibres du Leopoldinia piassaba, et nombre d’autres substances 
utilisées dans les grandes villes. 

Le contraste de la végétation des savanes du Rio-Branco avec les autres 
parties de l'Amérique que j'avais déjà parcourues me rendit très pénibles 
les recherches premières que j'y fis pendant la sécheresse terrible du mois 
de janvier. Quelle fatigue que d'errer tout le jour à la découverte de plantes 
introuvables, avec l'éternel aspect de ces herbes desséchées! Je me persua- 
dais que j'étais peut-être le seul être humain qui eût osé rester dans ces 
solitudes à une pareille époque, avec la perspective d'attendre quatre ou 
cinq mois la saison des pluies, mon seul espoir. Cinq mois! temps précieux 
pour un collecteur, dont les heures solitaires sont si longues, loin de la 
patrie et des êtres chers! La foule de mes pensées se reportait vers tous 
ces souvenirs, s'arrêtant sur ceux qui m'avaient d'abord accompagné, puis 
m'avaient abandonné à l'époque des hautes eaux, où il est si difficile 
d'atteindre les villages des Indiens. Cependant, forcé de vivre avec ceux-ci 
pendant de longs mois, j'utilisais ce séjour pour m'instruire, grâce à leur 
complaisance remarquable, sur toutes les particularités de ces contrées peu 
étudiées jusqu'ici. ne 

Les bords du Rio-Branco sont excessivement riches en Myrtacées et en 
espèces buissonneuses d'Znga et de Zixyphus, qui n'acquièrent pas toujours 
une force suffisante pour arriver à mürir leurs fruits. Des Zriplaris et des 


0 — 


Cecropia viennent s’y adjoindre de distance en distance. Mais les genres 
Psidium et Æugenia, parmi les Myrtacées, sont répandus en quantités 
innombrables d'individus et d'espèces, qu'il conviendrait d'étudier de plus 
près comme plantes sociales et de déterminer scientifiquement. Parmi ces 
plantes vivant de compagnie, plusieurs de celles que l’on rencontre con- 
stamment sur les bords de l'Amazone et de ses affluents, par exemple les 
Gynerium saccharoïdes, Hermesia castaneæfolia et Salix Humboldtiana, man- 
quent complétement ici. Peut-être faut-il à ces espèces des terrains plus 
anciennement émergés que ceux du Rio-Branco. La composition géologique 
de ces deux régions est en effet très différente; le sol argileux est formé, 
sur le fleuve des Amazones, par un terrain volcanique, tandis que celui du 
Rio-Branco se compose de débris de granit et de quartz mêlés à une 
grande quantité de sable roulé et déposé. 

On sait peu de chose, d’ailleurs, sur les lois qui ont présidé à la distri- 
bution de ces plantes sociales, en dehors de quelques documents de géogra- 
phie botanique. Combien de fleuves, bordés d'une flore spéciale, se trouvent 
dans le même cas? Les éternelles Myrtacées caractérisent le Rio-Branco; 
les Graminées bordent en nombre immense le fleuve des Amazones; l'aspect 
général des rives du Rio-Purus est une variété infinie de grandes Aroïdées, 
de Saules et d'Euphorbiacées; le Rio-Mauhes nourrit, dans ses larges et 
tranquilles baies, toute une légion d’Apocynées. : 

Cette uniformité de végétation donne aux rives du Rio-Branco une teinte 
grise générale, assez semblable à celle que produisent les Saules en Europe. 
Mais cette monotonie n'est qu'apparente; en s’approchant, on aperçoit des 
rameaux entrelacés, étincelant de mille fleurs charmantes produites par la 
quantité de plantes grimpantes, Bignoniacées, Passiflores, Combrétacées, 
qui enveloppent les Myrtes et les Znga de leur manteau varié à plaisir. 
Une de ces charmantes lianes est la plante aux violettes, sorte de Schweigeria 
indéterminé, qui pourrait bien être le type d'un nouveau genre. Le sommet 
des rameaux de cet arbuste se couvre abondamment de fleurs brillantes 
et parfumées, d’une forme bizarre et suspendues à l'extrémité des longs fils 
qui les supportent comme une nuée de petits oiseaux verts et blancs. 

Le commensal des lieux frais, qui indique de loin le voisinage de l'eau, 
le Palmier Mauritia (Mauritia fleæuosa) se dresse comme une sentinelle 
blanche au bord des ruisseaux et des rivières. Quelques Syagrus et Bactris, 
de taille plus humble, l'accompagnent fréquemment; ce sont les seuls Pal- 
miers remarquables de ces Savanes. 

Les étapes naturelles des voyageurs et des Indiens dans ces déserts sont 
les bosquets, les bouquets d'arbres que l'on aperçoit de loin en loin. On 
trouve là les végétaux, dits des campements, qui sont de bien curieux 
exemples de la pauvreté de la nature dans ces contrées. L'œil le plus indiffé- 
rent serait frappé de la forme surbaissée de ces végétaux, de leurs branches 
noueuses et cassantes, de leur verdure qui semble roulée sur le sol. Le: 
Canambé (Curatella sambaïva) se distingue entre tous par son feuillage si 
rugueux que les ébénistes brésiliens s’en servent comme de papier de verre 
pour polir les meubles qu'ils fabriquent. Sa couronne de feuillage est tou- 
jours unilatérale et cette disposition lui vient de la persistance et de la 


ES à 


violence des vents qui soufflent toujours du même côté et le forcent, dès 
sa Jeunesse, à prendre cette forme penchée vers le sud, qu'il conserve tou- 
jours. J'ai découvert également, près de ces campements, des Plumeria, 
Byrsonima, Psidium, Amyris, Rhopala de diverses espèces, et un Palicourea 
à très belles fleurs qui ferait un précieux ornement de nos serres chaudes, 
s'il était plus facile de cultiver ces enfants capricieux de la nature. Les 
petits Psidium ou Goyaviers qui ombrageaient ma tête, laissaient constam- 
ment tomber une pluie de fruits mûrs à travers leur feuillage épais et 
obtus; ces fruits semblaient vissés sur le sol qu'ils couvraient souvent d'une 
couche continue. Une petite Malpighiacée à racine renflée comme un navet 
qu'on aurait greffé sur une tige hors terre, me produisait l'effet le plus 
burlesque. Et cependant, cette forme était encore une prévoyance du Ciel, 
qui a voulu que le pauvre bétail de ces contrées trouvât une nourriture 
saine dans ces tiges de consistance charnue, renflées hors du sol, quand la 
sécheresse a détruit toute verdure. 

Cependant, de cette végétation misérable, on passe parfois, en pénétrant 
dans les forêts vierges, à un plus riant spectacle et plus digne des régions 
tropicales. Là, de nombreuses tribus de beaux arbres entrelacent leurs 
rameaux : Grandes Myrtacées, Lecythis, Laurinées, Légumineuses, Amyris, 
Apocynées, Sapotacées, Mimosées, Sterculiacées, Platonia, Clusia, ete., etc. 


Sous ces arbres et arbustes éternellement verts et fleuris, sommeillent 
pendant la plus grande partie de l’année, de septembre à mai, ces petites 
plantes bulbeuses ou tubéreuses qui se cachent dans le sol de longs mois 
et dont l'œil ne voit point la trace. Mais la pluie a-t-elle commencé à 
tomber, que cette armée innombrable soulève la terre amollie et renaît à la 
lumière. Le réveil de la végétation est accompagné des mêmes phénomènes 
que dans nos climats du Nord. En peu de jours, les Caladium, Costus, 
Maranta, Amaryllis, Dracontium, toute la tribu des Orchidées terrestres : 
Phajus rosellus, Sobralia, Cyrtopedium, sortent de terre, poussent et fleuris- 
sent. Comme animée par un coup de baguette magique, la nature engour- 
die renaît à la vie; la savane se drape d'une fraiche verdure et le grand 
jardin a rouvert ses portes. Le collecteur se remet à la besogne avec une 
nouvelle ardeur, et profite, pour faire sa gerbe, du court moment de répit 
que lui donnent ces trois mois de végétation active, avant que le tout ne 
retombe dans ce repos qui ressemble, pour une longue période, au som- 
meil de mort. 


II. — TABLEAUX ISOLÉS. 
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De Cunhapüca, au-dessous de l'embouchure du Rio-Tacutü. 


La première de mes excursions, pendant la saison sèche dont je viens 
de parler, fut celle qui me conduisit au pied du Caruma, montagne dressée 
pittoresquement au-dessus de toutes les autres hauteurs qui dominent le 
fleuve. Je me dirigeai dans sa direction en prenant pour boussole son som- 


= (UN 


met, que j'avais le projet d'atteindre, bien que n'ayant trouvé personne 
dans les environs pour me servir de guide. 

Cependant l’entreprise, dans ces conditions d'isolement, ne laissait pas 
que d'être un peu aventureuse, et ce fut pour moi une bonne fortune de 
pouvoir à la fin déterminer deux jeunes Indiens, nommés Dick et Dünn, 
et un nègre de bonne volonté à m'accompagner dans cette course. J'avais 
indiqué mon intention, peu de temps auparavant, à plusieurs voyageurs, 
parmi lesquels se trouvait le commandant du fort Joaquin. Tous voulurent 
. me suivre; mais suivant un usage trop fréquent, personne ne fut prêt au 
moment décisif. 

Je suivis la première partie du chemin en compagnie de mes trois domes- 
tiques, sans rencontrer autre chose que des tapirs, que nous faisions fuir 
du milieu des massifs d’arbustes, et des serpents qui traversaient devant 
nous le chemin escarpé et rocailleux. Maïs bientôt un petit lac, très touffu 
sur ses bords, nous barra le chemin. Un Anaconda y était tranquillement 
occupé à dévorer un porc musqué. Cette espèce de serpent, que les indi- 
gènes nomment Sucurÿju et dont la dénomination scientifique est Boa aqua- 
tica où Eurrectes murinus, est aussi peu craint des Indiens que le petit Boa 
constrictor qu'ils gardent dans les maisons pour détruire les rats et les 
souris. Ici, le passage devint difficile. Moitié nageant, moitié rampant en 
nous suspendant aux racines funiformes des Clusia et des Aroïdées, nous | 
nous dirigeàmes vers le sommet du mont, guidés par le bruit sourd des 
torrents que nous entendions au loin se précipiter sur les rochers. Enfin, 
après mille zigzags, nous retrouvâmes le chemin des tapirs, à une altitude 
d'environ 500 mètres, c'est-à-dire à 60 mètres de la cime mesurée par 
R. Schomburgk. Il me fallut renoncer à atteindre ce but; mes guides, 
effrayés de la perspective de monter plus haut, refusèrent d'avancer, pré- 
férant renoncer à leur salaire. « Entendez-vous la voix des esprits, disaient- 
ils en réveillant les échos; c'est l'âme d'un voyageur que le diable à 
étranglé! » Et il me fut impossible d'aller plus loin, et de songer à autre 
chose qu'à la descente. 

La végétation de ces montagnes est absolument différente de celle des 
savanes. Je récoltai, dans cette excursion, beaucoup plus de plantes que : 
n'en indique Schomburgk; il avait cependant de meilleurs guides que les 
miens et put compléter l'ascension. Cependant le nombre des végétaux que 
je recueillis fut au-dessous de mes espérances. 

Un des arbres les plus remarquables, qui s'avancent au pied de ces mon- 
tagnes, est une espèce de Centrolobium, que les Portugais nomment le Bois 
de la Reine /Pao de Reinha). Je ne crois pas que cette espèce ait été décrite. 
Ses fruits sont ailés, longs de 20 à 24 centimètres, et forment une gousse 
armée d’aiguillons acérés, longs de 2 à 3 centimètres et crochus à leur 
extrémité. Les fleurs se montrent en juin et les graines sont mûres au mois 
de février; elles étaient tombées lors de ma visite. Les jeunes feuilles 
agentées et comme plumeuses de l'arbre le font distinguer de très loin. On 
en recherche beaucoup le bois pour l'ébénisterie, et l'on tire un grand parti 
de ses nuances jaunes, roses et rouges, qui brunissent en vieillissant. Sa 
station naturelle, sur les bords du Rio-Branco, est au-dessus des cascades 


#08 — 


inférieures, où il marque un des traits les plus distinctifs de la végétation. 

Sur les premières pentes du Caruma, on rencontre une Myrtacée à 
feuilles de Romarin, que Schomburgk a citée et dont le feuillage froissé 
répand une odeur de lavande ou de romarin. Ces feuilles, coriaces et d’un 
vert foncé, sont longues de 3 centimètres et larges de 6 millimètres. Entre 
les rochers erratiques qui montrent leurs formes bizarres sur les flancs de 
la montagne, une végétation vraiment tropicale se développe. Le Fourcroya 
gigantea, des Catasetum, des Hechtia à port roide, hauts de 2 mètres, y 
constituent des fourrés impénétrables. Dans les crevasses des roches stra- 
tifiées, fortement frappées par le soleil, croît une autre belle espèce de 
Plumeria aux grandes fleurs blanches parfumées. A l'ombre des mêmes 
roches, au nord, le regard perçoit des Mélastomacées rampantes, parmi 
lesquelles j'ai remarqué une jolie espèce à rameaux renflés et étranglés aux 
articulations. Parmi les Cactées, assez nombreuses sur les pierres dessé- 
chées, une espèce de Cierge fournit des fruits rafraichissants qui sont un 
soulagement précieux pour le voyageur altéré, Des Melocactus, hauts de 
25 centimètres, ornent également les rochers nus de leurs sphéroïdes verts, 
surmontés de houppes grisonnantes. Des Orchidées peu abondantes, comme 
le Zygopetalum rostratum et l'Epidendrum viviparum, développent chaque 
année de nouvelles grappes de fleurs sur leurs vieilles hampes. Sous l'ombre 
noire des buissons touffus, se confondent les feuilles charnues et spatulées 
d'un Anthurium terrestre qui se distingue au milieu des Fougères les plus 
délicates, Polypodes, Adiantes, et une autre Cactée, le Cereus trigonus, 
autour duquel grimpent les Alstræmeria salsilla et sanilla aux fleurs tigrées. 

Peu de nouveautés se rencontrent dans la végétation arborescente. Un 
fait assez étonnant, c'est l'absence complète de nouveaux Palmiers dans 
une région qui semble réunir toutes les conditions pour des formes incon- 
nues dans cette famille si largement représentée dans toutes les latitudes 
analogues. à 

Je ne puis me séparer de la montagne de Caruma, sans donner un sou- 
venir au panorama superbe dont on jouit de ces hauteurs. A vos pieds se 
déroule majestueusement le cours du Rio-Branco, comme un fil d'argent 
qui va se perdre en serpentant à l'horizon. Ces interminables savanes, vues 
ainsi de haut, sont admirables dans le calme de leur ensemble jusqu’au pied 
des montagnes, enveloppées dans le brouillard, et çà et là des points ver- 
doyants ou fauves indiquant les bouquets de bois, où les troupeaux errants 
ajoutent au charme de cette scène, dont ils relèvent la monotonie sans lui : 
ôter son calme et son ampleur. 


ei 


Le point le plus éloigné que j'aie atteint dans la Guiane brésilienne, à 
ce premier voyage, fût à huit journées de marche vers l'ouest, et à deux 
journées au-dessus de la mission de Porto-Alegre. Cette mission m'ofirit 
l'image de la désolation. Les bâtiments étaient abandonnés; les rues et les 
places envahies par de mauvaises herbes de la hauteur d'un homme et au 
travers desquelles on se frayait difficilement un passage. On rencontrait, 
en avançant, une quantité de plantes et de graines épineuses, des Mimoses, 


LA 


T7 


des Mauves et quelques Graminées. Mais un tourment plus grand encore 
était causé par une quantité inimaginable de puces des sables et de petites 
mouches, qui ajoutaient, à l'ennui de leur bourdonnement insupportable, 
l'inconvénient de s’introduire dans la bouche, les yeux et les oreilles. Si je 
les chassais de l'un de mes yeux, l'autre était envahi aussitôt. Tout était 
réuni en cet endroit, chauves-souris, teignes, rats, fourmis, pour en faire 
un lieu de tourment perpétuel. Dans les forêts les plus voisines crépitaient 
désagréablement des feux allumés par la sécheresse et qui terminaient la 
misère des êtres dont on entendait au loin les cris. Rien n’est exagéré dans 
cette description, et la vue de la mission de Porto-Alegre, dans son état 
actuel, fournit une preuve nouvelle de la fragilité des institutions et des 
œuvres humaines. 

Il est cruel de se trouver dans des contrées semblables, si loin de toute 
civilisation et pour de si maigres résultats. Le voyageur-collecteur doit 
être muni d'un riche fond de bonne humeur, s'il veut mériter un plus haut 
grade dans son emploi. Je me suis trouvé dans ce pays désolé, sans con- 
solation, presque sans espérance, et soutenu seulement par les quelques 
bonnes découvertes que j'y faisais de temps en temps, grâce à des courses 
incessantes. He 


Dans le voisinage de la mission et un peu plus haut sur la rive dos F 


je recueillis un jour un magnifique Catileya à fleurs bigarrées. Je le pris 
d'abord pour le C. superba, son proche voisin, dont les fleurs éi | 


comme des rubis sur le fond vert des forêts. Le coloris de ma no 


plante était plus foncé et plus riche encore. Le labelle est d'un pourpre 


foncé, de même que les pétale:, dont l'extrémité est plus pâle et agréable- 
mént rayée. La couleur du labelle est jaune avec des veines rouges et le 
centre est d'un blanc pur. Sur les sépales, de longues bandes purpurines se 
détachent sur un fond plus pâle ; leur face postérieure est blanc pur et les 
pointes sont vertes. Toute la fleur scintille comme d'un reflet de filigrane. 
Même en l'absence des fleurs la plante se distingue facilement du C. superba, 
par ses feuilles plus pâles et sa vigueur beaucoup moindre. Cependant, 
nous ne conseillons guère aux voyageurs de retourner chercher cette belle 
Orchidée dans ces parages, s'ils n'ont pas beaucoup de temps à consacrer 
à leurs investigations; je ne l'ai trouvée que sur le bord d'une petite cas- 
cade formée par le fleuve et croissant parmi les rochers, parfois aussi sur 


des troncs d'arbres. 
G. WALLIS. 


(La suite à la prochaine livraison.) 


: 
ee 


CHRONIQUE HORTICOLE. 


PPPPPPPPPPPPII 


Exposition de Londres. — La partie horticole de l'Exposition de 
Londres continue à être l'objet des préparatifs de la commission nommée 
à cet effet et dirigée, comme nous l'avons dit, par MM. les secrétaires 
suivants : D' Hogg, pour les fruits; D' Masters, pour la division étrangère 
de la floriculture, et T. Moore, Esq., pour la division nationale du même 
département. 

Nous venons de recevoir à ce propos un nouveau document, qu'il est 
bon de mettre en extrait sous les yeux des intéressés et qui complétera 
les renseignements que nous avons publiés sur les règlements de l'Exposition. 

« Tout étranger peut exposer des nouveautés ou autres plantes à tous 
les meetings des Comités des fruits ou des fleurs. 

» Tout horticulteur étranger représentant son pays à l'Exposition ou 
assez expérimenté pour rendre service aux comités de l'Exposition, sera 
installé comme membre pro tempore et prendra part aux délibérations. 

__ » Les secrétaires formeront le noyau d'un jury international pour les 


| nouveautés étrangères exhibées dans chaque département; ils pourront 
_ S'adjoindre des membres spéciaux et instruits présents aux meetings, sui- 


re 


vant qu'ils le jugeront convenable. 

» Les Expositions permanentes seront examinées au le meeting de cha- 
que mois; leurs mérites seront marqués par des points qui seront addi- 
tionnés à la fin de la saison pour la distribution des récompenses. Les - 
récompenses pour nouveautés étrangères seront les certificats ordinaires 
de première et de seconde classe, en usage dans la Société. 

» Les étrangers concourant dans les classes spécifiées sur les schedules 
(programmes) pourront, s'ils le veulent, faire changer en médailles les 
prix indiqués en numéraire. 

» Les prix pour les Expositions permanentes et pour les Expositions 
spéciales étrangères, telles que plantes nouvelles, Orchidées, Palmiers, 
Pommes, Poires, groupes de plantes, fleurs ou fruits, etc., consisteront 
en médailles, qui pourront être converties en argent ou objets d'art sur la 
demande préalable des titulaires. . 

» On recommande aux Exposants étrangers qui ne font pas accompagner 
les envois, dè transmettre sans retard le connaissement (bill of lading) au 
secrétaire-assistant, M. James Richard, aux bureaux de la Société, South 
Kensington, pour éviter tous délais et pertes de marchandises. 

» Pour tous autres détails, revoir les programmes déjà publiés. » 

L'Exposition horticole de Londres commence donc ce mois-ci (avril). 
Nous verrons si elle tient ses promesses et si elle égale ou surpasse, soit 
ses aînées anglaises, soit celle de Paris en 1867. On doit attendre beaucoup 
d'une nation comme l'Angleterre et principalement de ses horticulteurs. 

Les plus belles Jacinthes. — Au moment où les Jacinthes défieu- 
rissent, nous retrouvons, dans des notes de l'Exposition universelle de 1867 


TOM. XVIII. — AVRIL 1871. 8 


a pg s 


à Paris, une liste très épurée des plus belles variétés hollandaises et: nous 
pensons qu'elle pourra être de quelque utilité à nos lecteurs pour leurs 
plantations de l'automne prochain. Ils auront au moins le temps de s'y 
prendre à l'avance et de commander les bulbes dans les maisons spéciales. 
La plupart de ces variétés ont été notées sur les collections de M. Krelage, 
de Haarlem. Nous les recommandons tout spécialement, pour les avoir vues 
et admirées,. soit à diverses Expositions, soit dans l'établissement même à 
Haarlem, et nous conseillons aux amateurs de s'adresser directement au 
producteur, au lieu de passer par les mains des marchands qui eux-mêmes 
font venir de Hollande leurs ognons à fleurs pour être revendus. 

Nous rappelerons à ce propos, que la plantation des Jacinthes doit com- 
mencer vers le 15 octobre et dans tous les cas, ne jamais dépasser la 
deuxième quinzaine de novembre. La plupart des insuccès dans la floraison 
des Jacinthes viennent principalement de l'oubli de cette précaution et la 
plantation tardive doit être déconseillée. 

Jacinthes blanches simples : Alba superbissima, Grand Alexandre, Grand 
Vainqueur, Jenny Lind, Mammouth, Prince d'Orange. 

Blanches doubles : Anna Paulowna, Prince de Waterloo, Sultan Achmet, 
la Virginité. - nr. 

Rouges et roses simples : Aurora, Amphion, Amusement champêtre, Baron 
van Thuyl, Cléomène, De Candolle, Duc of Devonshire, Graaf van Nessel- 
rode, Honneur d'Overween, Ko-i-noor, Dame du. Lac, Rachel, Unique. 

Rouges et roses doubles : Bouquet royal, Henri IV, Joséphine, la Cochenille, 
la Virginité, l'Eclipse, Rex rubrorum, Suzanna-Maria. 

Bleues et violettes simples : Argus, Charles Dickens, Darwin, Follens, 
Grand Lilas, Général Havelock, Haydn, la Nuit, Général Pélissier, 
Palmerston, Leviathan, Lamartine, Madame Reston, Prince Alexandre, 
Voltaire, Zriny. ; 

Bleues et violettes doubles : Albion, Blosberg, Kaiser Alexandre, Enfant 
de France, Othello, Prince Frédérie, John Franklin. 

Jaunes simples : Châteaubriand, Duc de Malakoff, Grand Jaune, Ida, Vic- 
tor Hugo. : 

Jaunes doubles : Goëthe, Ophir, Van Dyck, Lord Anson, Reine des Jaunes. 

La liste précédente, maintenue dans une soixantaine de plantes de premier 
ordre, pourrait être beaucoup plus étendue. Mais nous avons la conviction de 
_ satisfaire le public le plus nombreux en donnant une liste restreinte ne com- 
prenant que des variétés hors ligne. Aux amateurs spécialistes ensuite d'y 
faire des additions selon leur fortune et leurs goûts ! 

Maackia amurensis. — Notre ami et confrère, le professeur Edouard 
Morren, a donné, dans la Belgique horticole, une étude intéressante sur ce 
bel arbre rustique, découvert par M. Maack dans la région du fleuve Amour, 
et qui sera une bonne acquisition pour les jardins et les parcs. C'est un ar- 
buste voisin du Virgilia lutea, Reich. (Cladrastis lutea, Raf.), et MM. Bentham 
et Hooker en ont même fait le Cladrastis amurensis. Son bois est robuste, ses 
feuilles imparipennées trijugées, à folioles entières et épaisses. Il produit des 
grappes blanches de fleurs papilionacées, composées d’un calyce campanulé 
sublobé, à lèvre supérieure formée d’un lobe relativement grand, à lèvre 


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inférieure terminée par trois dents petites, et d’une corolle blanche légère- 
ment pointillée de rose, avec dix étamines monadelphes à la base, un ovaire 
en légume pubescent, et le fruit glabre en gousse comprimée brun fauve. 
M. Van Volxem cultive avec succès le M. amurensis dans ses pépinières de 
Perck (Belgique), où il a déjà donné des graines. 

Nous avons publié, dans notre ouvrage intitulé : Un mois en Russie, une 
liste de quelques arbres et arbustes rustiques de la région de l'Amour. 
Plusieurs sont déjà introduits, mais ce pays n’a pas dit son dernier mot et 
nous espérons avant peu voir nos jardins lui emprunter quelques végétaux 
d'une véritable valeur ornementale. 

Taille sur nœud. — Un amateur distingué d’horticulture, M. J. Cour- 
tois, vice-président de la Société d’Horticulture d'Eure-et-Loir, nous a 
autrefois parlé d'un petit procédé applicable à la taille de la vigne et qui 
produit de grands résultats. On sait que le sarment de la vigne présente des 
nœuds de bois plein et des mérithalles ou entrenœuds creux à l’intérieur. Si 
l'on taille entre les nœuds, la pluie se glisse dans le tuyau restant, pourrit 
la moelle et bientôt le bois, et cause des blessures fatales à la plante. Cet 
inconvénient ne se produit pas si l’on fait avec la serpette, au moment de 
la taille, la section au travers du nœud qui surmonte l'œil de prolongement 
_ que l'on a combiné pour la pousse prochaine. La pluie glisse sur cette 
coupe, le bois au-dessous reste sain, et on se contente d'enlever l’année 
d'après le chicot protecteur du nouveau rameau. Cette petite opération 
s'appelle la taille sur nœud. Nous la recommandons comme une pratique 
intelligente et simple, que les résultats récompensent amplement. 

Greffe du Poirier sur le Pommier. — A côté des greffes fantasti- 
ques que nous avons déjà signalées dans ce recueil, et qui n'ont pas cessé 
d'être cornées aux oreilles des pauperes spiritu depuis Virgile, jusqu'à 
M. de Caylus et nos contemporains, il faut citer les exceptions réputées 
impossibles et qui sont cependant du domaine des faits. Il est admis géné- 
ralement que la greffe du Poirier sur le Pommier ne réussit pas. Cela est 
vrai pour la plupart des cas. Cependant M. Carrière montre, dans les 
pépinières du Muséum, deux exemples qui font échec à cette loi. L'un est 
un Beurré de Malines, l'autre un Beurré Spence ou Fondante des bois, qu'on a 
pu voir, l'automne dernier, chargés de fruits magnifiques et qui ont été 
greffés sur Pommier doucin en 1856. On voit done qu'il n'y a pas de règle 
sans exception et il serait bon de faire des expériences suivies avec soin sur 
les prétendues incompatibilités d'union entre certains genres, en greffant, 
soit en fente, soit en écusson, un grand nombre de variétés sur des sujets 
de genres différents. 

Culture alternante des Fraisiers. — Le même M. Carrière, qui a 
été forcé par la guerre d'interrompre la publication de la Revue horticole et 
qui va bientôt, nous l'espérons, reprendre son utile mission, rapporte dans 
son dernier numéro (16 septembre 1870) une idée ingénieuse de M. le mar- 
quis de St-Innocent pour prolonger la durée des planches de Fraisiers de 
tous les mois. Au lieu de cultiver un, deux ou trois ans, un carré de 
Fraisiers jusqu'à épuisement et de le transporter ensuite ailleurs, comme 
on le fait d'ordinaire, il conseille de ne point supprimer les coulants qui 


D. 


s'enracinent dans l’année entre les pieds-mères. Le printemps suivant, il 
arrache ces pieds-mères et laisse un sillon bêché à la place, reconstituant 
ses lignes avec les jeunes coulants enracinés l’année précédente. Ceux-ci 
produisent à leur tour des stolons qui s'implantent dans la terre meuble du 
sillon et qui formeront la récolte de l'année à venir. Il y a, par ce moyen, 
une alternance de culture et un repos de la terre très profitables à la bonne 
production des Fraisiers. L'économie de travail est également considérable, 
car on n’a besoin d'aucun frais de replantation, et c'est là un avantage qui 
est à considérer. On peut prolonger ainsi la durée d’une planche ou d’un 
carré de Fraisiers pendant sept à huit ans en faisant d'abondantes récoltes. 

Les Eucalyptes. En Portugal, on se préoccupe fortement de la 
plantation en grand des Eucalyptes. Notre confrère M. Oliveira junior nous 
apprend, dans une de ses chroniques du Jornal de Horticultura pratica, que 
le conseil municipal de Grandola a demandé 200 exemplaires d'£Eucalyptus 
globulus pour être plantés près de la ville. D'un autre côté, le général 
Vasconcellos a planté en même essence des terrains dénudés de la forte- 
resse de la Serra do Pilar. C'est là une excellente idée, et si, comme on a 
lieu de le croire, les résultats sont conformes aux espérances, ce sera le 
signal d’un reboisement général des Serras do Pilar, montagnes stériles et 
pittoresques qui deviendraient d’une rare beauté et d’un immense produit. 
On se fera une idée du développement des Eucalyptes en Portugal par les 
exemples suivants, pris dans les pépinières de la vallée de Cannas (Coïmbra). 
Cinquante Euc. globulus plantés en décembre 1867, et ayant 0"50 de haut, 
ont donné en 1870 une hauteur moyenne de 8 mètres sur un diamètre de 
0=10 à la base. L’E. piperita, planté à la même époque, a donné 5" de haut 
sur 006 de diamètre; l'£. obliqua, 5"50 sur 005. En une année, 1869-70, 
on a constaté les dimensions suivantes sur un certain nombre d'espèces : 
Eucal. amygdalina, 4°; gigantea, 4"50:; globata, 4°50; resinifera, 4" ; Risdoni, 
4%; falcata, 3"; globulus, 6%: marginata, 2*; robusta, 3"; pendula, 3"50; occi- 
dentalis, 2%; montana, 3"; Reciana, 5m. Ces arbres, plantés en pépinière, 
étaient très exposés au vent; aucun n’a souffert, à l'exception de l'E. Gun- 
nü, que l'on nous dit cependant former des forêts dans les alpes d'Australie, 
à 1200" d'altitude. 

On voit que les essais se multiplient pour le reboisement par ces beaux 
et utiles arbres dans le sud de l'Europe, de même qu'en Algérie, où de 
vastes espaces ont déjà été plantés. Espérons que des travaux de ce genre 
vont désormais occuper les hommes de notre génération, au lieu des œuvres 
de massacre et de dévastation qui ont signalé les tristes temps que nous 
venons de traverser. 

La Soupe aux Bégonias. — « À quelque chose malheur est bon », 
a-t-on dit souvent. Nous trouvons une confirmation de ce vieil aphorisme, 
de ce qu'on appelle la sagesse des nations, dans les découvertes qu'a fait 
naître le siége de Paris. Au moment où l'alimentation des habitants deve- 
nait de plus en plus problématique, on imagina d'essayer comme nourri- 
ture quelques plantes de serre que l'on allait perdre d'ailleurs par faute de 
combustible. Des centaines de Bégonias provenant des serres du Luxem- 
bourg furent livrés à la consommation en guise d’oseille. L'eau dans laquelle 


— 69 — ; 


on les fit cuire devint d’une couleur vermeille, et on trouva soit à la soupe, 
soit aux plats de légumes séparés qu’on fit des plantes, une saveur analogue 
à celle de l'oseille. L'analyse montra à M. Chatin qu'elles contenaient du 
bioxalate de potasse et qu'il faudrait par conséquent les blanchir avant de 
les livrer à la consommation. Les espèces les meilleures furent les Begonia 
rex, lucida ou semperflorens, et incarnata. Nous ne pensons pas que jamais 
la culture des Bégonias en serre comme légume soit assez rémunératrice 
pour être tentée sérieusement, mais il pourrait en être autrement dans le 
midi de l'Europe. Nous nous souvenons d'avoir vu cultiver à Nice, à la villa 
Gastaud, des planches de B. rex et B. grandis en plein air, à l'ombre, comme 
on aurait fait des planches de salade, et y produire d'énormes feuilles. Il y. 
a peut-être là quelque chose à tenter. 

Le géant des Wellingtonias. — Nous citions dernièrement les 
dimensions des plus gros Wellingtonias de Californie. Elles sont aujourd'hui 
effacées par celles du géant de l'espèce, qu'on vient de découvrir près de 
Visalia, dans la Californie du Sud. | 

Le diamètre de son tronc à la base est de 40 PIEDS 4 POUCES ANGLAIS 
(12m24). 

Un tronçon de ces arbres énormes, maintenant exposé à Cincinnati, a été 
transporté de Mariposa dans trois énormes chariots, après avoir été coupé 
par tronçons numérotés et rassemblés après coup. Ce fragment a 14 pieds de 
haut et 76 pieds de circonférence à la base. 

Ces dimensions colossales donnent assez clairement aux spectateurs une 
idée de l'ensemble de l'arbre. 

Plantes pseudomorphiques. — A l’une des réunions de l’année der- 
nière de la Société d'Horticulture de Londres, un membre présenta une série 
de plantes et rassemblées par groupes de familles différentes, et cependant 
d'un facies tellement identique qu’il fallait un examen attentif pour découvrir 
qu'elles appartenaient chacun à une espèce et à un genre distincts. Le pré- 
sentateur les nommait mimetic plants (plantes mimiques), nom qu'un auteur 
a proposé de remplacer par le terme plus exact de PSEUDOMORPHIQUES. 
M. Wilson Saunders vient d'offrir un nouvel exemple de ces ressemblances 
bizarres en exhibant à la Société Linnéenne les plantes suivantes que nous 
réunissons deux par deux pour indiquer leur identité d'aspect: 


Olea Europæa . . . . . . . . Oléacées. 
Swammerdamia antennaria . ., . . Composées. 

Anemone coronaria. . . . : . . Renonculacées. 
Pelargonium triste. . . , . . . (Géraniacées. 

Osmanthus heterophyllus . . . . . Oléacées. 
Ilex aquifolium var. . . . . . . Aquifoliacées. 

Gnaphalium orientale. . . . . . Composées. 
Lavandula lanata . . . . ... . Labiées. 

Iris pulchella . . . . . . . . Iridées. 
| Dicrypta iridioides. . . . . . . Orchidées. 

Pothos arqyræa, +. , . .'. + ,  Aroïdées, 
Peperomia arifolia . . . . . . . Piperacées. 


Adonis autumnalis . . . . . . . Renonculacées. 
Pyrethrum inodorum . . . . . . Composées. 
Heterotropa asaroïdes . . . . . . Aristolochiacées. 
Cyclamen Persicum var. . . . . . Primulacées. 
Oxalis Plumieri . : . . . . . Oxalidées. 
Crotalaria laburnifolia. . . . . .  Papilionacées. 
Gentiana lutea…. . + . , . + | Gentianées, 
Veratrum viride. . . . . . . . Mélanthacées. 
Gymnostachium Verschaffelti. . . . Acanthacées. 
| Echites rubro-venosa . . . . . . Apocynées. 
Grevillen spec. + . . . :. . , ,  Proteacées. 
Acacin ape... 5 : + : . + + Légainouses 
DORE MN ee à un: 0.26 « NOR 
Xanthoxylon spec. . . . . . . . Xanthoxylées. 


ÆEuphorbia mamillaris. . . . . . Euphorbiacées. 
Apteranthes Gussoniana . . . . . Asclepiadées. 
Daucus carbla ::, , . ., +, Ormbellifères, 
Pelargonium rutæfolium . . . . . (Géraniacées. 


Il serait difficile, dit le Gardeners’ Chronicle, qui relate ces faits, de donner 
de ces ressemblances une explication plausible. Ce parallélisme des formes 
est indépendant de la culture, de l'hybridation, des climats, etc.; il se repro- 
duit d’ailleurs dans d’autres règnes de la nature et résiste à toute disserta- 
tion que la science pourrait essayer sur ce sujet. Combien de faits curieux 
d’ailleurs ne faisons que constater, sans qu’il soit possible d'en déterminer 
les causes, ou plutôt que savons nous, sinon constater des faits? 

_ Un nouvel ennemi des Conifères. — À une récente visite à Gand, 

M. Edouard Pynaert nous à montré, dans les pépinières de son beau-père, 
M. A. Van Geert, les traces de ravages causés sur de nombreux spécimens 
. de Conifères par un insecte coléoptère qui passait pour inoffensif, au moins 
pour les résineux. C’est le Lucane cerf-volant, dont la larve, en forme de gros 
ver blanc de 5 à 6 centimètres de longueur, rongeait les racines des jeunes 
Taxus, Thuiopsis, Chamæcyparis, Abies, etc., jusqu'à ce que mort s’en suivit. 
Ces redoutables larves avaient été apportées par la vieille tannée, sortie des 
couches de l'établissement, et leurs ravages avaient été considérables. Il y à 
donc un danger évident à se servir comme engrais de la vieille tannée des 
serres ou des couches et il vaudrait mieux, dans tous les cas, ne l'employer 
qu'après l'avoir exposée préalablement au soleil ou l'avoir aspergée d’eau 
bouillante, pour faire périr les larves dont nous parlons. 

Nous sommes de l'avis de M. Pynaert, mais nous nous demandons si c’est 
bien de la larve du Lucane cerf-volant qu’il entend parler, comme d’un 
insecte commun, dans les vieilles couches. Ne serait-ce pas plutôt la’ larve 
du coléoptère nommé vulgairement Rhinocéros, gros, brun-roux, avec 
une corne dressée sur la tête, et dont le nom scientifique est Oryctes 
nasicorne? Celui-ci est très commun dans le vieux tan et les terreaux de 
feuilles surtout. N'y aurait-il pas eu confusion de la part de notre confrère? 
Nous n'avions vü jusqu'ici le Lucane commun que dans les bois et ne l’avions 
guère constaté dans les cultures. 

En. ANDRé. 


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(Ruis ct Pavon). 


SERRE CHAUDE. 


PLUMERIA LUTEA 


GUATEMALA. 


J. Linden publ. 


M 


PI. LVII. 


#” PLUMERIA LUTEA, ru gr rwox. 


PLUMÉRIA A FLEURS JAUNES. 
APOCYNÉES. 


ÉTYMOLOGIE : Dédié au R. P. Plumier, auteur de travaux importants sur la botanique des 
Antilles. 

CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Calyæ apice 5-lobus, lobis rotundatis, rarissime integer. 
Corollæ tubus gracilis, rectus vel incurvus, fauce exappendiculata, lobis 5 dextrorsum con- 
volutis. Sfamina 5, basi corollæ inserta, filamentis brevissimis; antheræ basi sæpe dilatatæ, 
apice obtusiusculæ. Ovaria 2, disco immersa; stylus 1, stigmate oblongo apice bifido, ovula ©, 
suturæ ventrali aflixa. Folliculi 2, polyspermi, suturæ ventrali dehiscentes, externe carnosuli. 
Semina oblonga, compressa, hinc membranaceo-alata, hilo elongato, ala laciniata, albumine O ; 
cotyledones amplæ. — Arbusculæ pleræque Americanæ, ramis crassis cicatrisatis. Folia al- 
terna, ampla; flores ampli in cymas terminales corymbosas dispositi, speciosi, sæpe fra- 
grantes. Azpx. DC. Prod. V, 8, p. 391. 

CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Folia oblongo-obovata acuta in petiolum angustata glabra. 
Cyma terminalis umbellata multiflora folio subæquali; calyx lobis truncatis; corollæ lobi 
obovati pallide rosei disco aurei tubo fere recto triplo longiores. Folliculi recti elongati utrin- 
que obtusi (J. D. Hook. Bot. Mag. t. 5779). 


AARAAAAIN 


Le genre Plumeria fait partie de la tribu des Plumériées, caractérisée 
par un ovaire double, des follicules en partie charnus et pulpeux, et des 
graines non soyeuses, le plus souvent peltées. Les espèces qui le composent 
appartiennent presque toutes à l'Amérique tropicale et constituent des 
végétaux à très belles fleurs, à rameaux charnus et à port peu rameux. 

C'est à M. J. Linden que nous devons l'introduction du P. lutea, déjà 
décrit depuis longtemps par Ruiz et Pavon dans la Flora Peruviana, et dont 
le D' Hooker a donné en 1869, dans le Botanical Magazine, une figure peinte 
par Fitch, que nous reproduisons aujourd'hui. A Kew, où un beau specimen, 
dû à M. Linden et haut de six à sept pieds, fleurit abondamment chaque 
année en juin dans la grande serre aux Palmiers, il produit un magnifique 
effet au moment de la floraison. L'espèce est originaire du Guatemala. 

Son indigénat au Pérou est assez problématique; on l'y cultive dans les 

jardins, sous le nom vulgaire de Carhuas Suche ou Suche amarillo, et il 
_ épanouit ses cymes de belles fleurs blanc rosé à centre jaune de janvier à 
mars dans ces contrées. 

Dans la serre de M. Linden, où nous l'avons observé, le P. lutea présente 
une tige charnue, peu rameuse, d'un gris cendré, et rendue noueuse par les 
cicatrices en forme de dépressions ovales ou semi-circulaires, provenant de 
la chute des pétioles. Les rameaux, dressés, d'un vert olive zébré de gris 
et devenant cendrés en vieillissant, sont contractés à leur base comme ceux 
de certaines Euphorbes arborescentes ou de quelques Cereus. Sa hauteur 


ee 

totale peut atteindre de 3 à 6 mètres. Au sommet des rameaux se rassem- 
blent les feuilles, longues de 25 à 45 centimètres, oblongues obovales, à 
base descendant sur le pétiole court et robuste, subaiguës, d'un vert brillant 
en dessus, plus pâles dessous. Les cymes terminales, en forme d'ombelle, 
d’une longueur à peu près égale aux feuilles, sont multiflores. Sur les pédon- 
cules et les pédicelles verts et robustes restent des marques en croissant, 
causées par la chute des bractées et des bractéoles. Une odeur douce 
s'exhale des fleurs. Le calyce est vert, à tube urcéolé, à cinq lobes courts 
transversalement oblongs tronqués crénelés pubérulents. La corolle, large 
de 10 centimètres, porte 5 lobes élargis oblongs obtus, trois fois plus longs 
que le tube, légèrement recourbé; sa couleur est d’un blanc rosé avec une 
large base jaune d’or pâle; le tube est poilu à l'intérieur. Les étamines, 
placées à la base du tube, sont petites, avec des anthères subaiguës. Le 
style est très court, à sommet cupuliforme, à deux stigmates peu saillants. 
Les fruits ou follicules, comme on les nomme dans les Apocynées, sont 
indiqués par Ruiz et Pavon comme d’une longueur égale à celle de la main. 

Ainsi qu'on peut le voir par la planche ci-contre, le PL. lutea est une de 
nos plus belles plantes de serre chaude, où ses fleurs paraissent avec une 
grande abondance après la période de repos nécessaire à sa végétation. 
Nous espérons que les amateurs seront séduits par ces qualités de premier 
ordre et qu'ils attribueront aux espèces d’un genre si remarquable une place 
qui leur a été refusée jusqu'aujourd'hui, sans qu’on en sache la raison. 


Explication des Figures analytiques. 


. 1. Tube de la corolle ouvert. — 2. Etamine. — 3. Calyce. — 4. Ovaire, style et stigmate. — 
5. Coupe transversale de l'ovaire (le tout deux fois grandeur naturelle). 
Ep. A. 


CULTURE. 


Aux Antilles comme au Mexique et au Guatemala, les Plumeria croissent 
spontanément sur les rochers ou dans les terrains sablonneux, exposés à 
toute l’ardeur du soleil. Nous les cultivons en serre chaude dans un com- 
post de terre de bruyère, de terre forte et de sable, peu d’arrosements et 
une place rapprochée du grand jour. 

Le 


dley). 


{Lin 


SERRE FROIDE. 


J. Linden publ. 


NTOGLOSSUM HALLI 


ODO 


OR. 


ECUAO 


10 


PI. LVIII. 


ODONTOGLOSSUM HALLI, uns. 


ODONTOGLOSSE DU COLONEL HALL. 
ORCHIDÉES. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir Hustr. hortic., 1870, p. 114. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : pseudobulbi longe acuminati ancipites ; folia lineari-oblonga, 
_carinata, 0w30-0m40 longa, 004 lata; squamæ pseudobulbis minores, scariosæ ; scapi robusti, 
sæpe 075 alti, e basi pseudobulborum orientes, primum erecti, dein deflexi ; flores ampli, 
distantes, bracteolati, diametro 010, sepalis petalisque subconformibus, ovato oblongis acu- 
minatis acutis undulatis apice decurvo, atrobrunneis luteo-marginatis maculatisque ; labellum 
columnæ tubo adnatum mox deflexum, basi biauriculatum, limbo subpanduriformi albo macu- 
lis purpureis, margine fimbriato, apice cornuto decurvato, crista in fauce inserta multiradiata 
aureo-eburnea; columna erecta, claviformis, albida; rostellum obtusum, rostratum, foveola- 
tum, alis duabus antice projectis filiformibus; ovarium eylindraceum sulcatum, viride. — In 
Novæ-Granatæ montibus frigidis legerunt Hall (fide Lindley) et G. Wallis, 1868. — Ad vivum 
descripsi florentem in horto Lindeniano. — En. A. 


Odont. Halli, Lindley, Bot. Reg. t. 1992. 


D'abord décrit et nommé par Lindley d'après des échantillons recueillis 
dans la vallée de Lloa, sur le versant du Chimboraco, par le colonel Hall; 
puis retrouvé par Hartweg au Pérou, sur le Pichincha, ce magnifique 
Odontoglossum de serre froide a été plus récemment importé en assez 
nombreux exemplaires par M: J. Linden, à Bruxelles. Il égale en beauté 
les O. triumphans et Nevadense, entre lesquels il forme un intermédiaire 
par son dessin et son coloris. Nous l'avons admiré développant, au mois 
de mars dernier, ses grandes hampes d'abord dressées, puis se cour- 
bant sous le poids de leurs grandes fleurs épanouies, et nous avons pu en 
prendre la description suivante, plus détaillée que les diagnoses rapides 
publiées jusqu'ici : 

Pseudobulbes ovales longuement accuminés comprimés ancipités non 
sillonnés; feuilles longues de 30-40 centimètres, dressées, étroitement 
canaliculées carénées à la base puis dilatées en limbe lancéolé aigu un peu 
contourné, larges de 0"04, vert pâle comme les pseudobulbes. Ecailles 
scarieuses, basilaires, moins longues que les pseudobulbes, à la base des- 
quels sont insérées les hampes vigoureuses, d'abord dressées puis défléchies 
au moment de l’anthèse. Fleurs grandes, écartées, à pétiole et ovaire 
d'abord recourbés sur la hampe, puis insérées à angle droit et accompa- 
gnées de petites bractées vertes appliquées membranacées aiguës. Sépales 
et pétales de même forme et couleur, étalés, donnant à la fleur un diamètre 
de 0"10, ovales oblongs acuminés aigus à bords ondulés, à pointe recourbée 
en arrière, d'une belle couleur marron pourpré foncé, à bords et larges 


TOM. XVIII, — AVRIL 1871. » 


a ee 


taches transversales jaunes. Labelle d’abord soudé en tube avec la colonne 
sur une longueur de O"01, puis brusquement défléchi et élargi en limbe 
pourvu au sommet de deux oreillettes obtuses, dressées; partie étalée du 
limbe subpanduriforme blanc maculé de pourpre, frangé sur les bords et 
roulé au sommet en cornet aigu. Crête située à la gorge et composée de 
rayons nombreux, les petits au centre d’un jaune d'or, les inférieurs charnus 
grands, d'un blanc d'ivoire. Colonne dressée, claviforme, blanc rosé, sur- 
montée d’un rostellum obtus au sommet, à longue pointe infléchie en forme 
de bec et située au centre d'une cavité ovale, puis canaliculée jusqu'à 
la base; oreillettes jaune pâle filiformes à pointe marron, projetées en avant; 
masses polliniques obovoïdes à caudicule comprimée aplatie; style aminci, 
stigmate mucilagineux. 

Il ne faut pas confondre le vrai Od. Halli avec l'espèce qui a été autrefois 
répandue en Europe sous ce nom quand Warscewicz l'introduisit de la 
Nouvelle-Grenade, et qui n’est autre que l'Od. triumphans, Rchb. f. Cette 
dernière plante, bien connue, à été figurée et décrite dans ce recueil. Nous 
oubliions de dire que non-seulement M. Linden introduisit la plante en 
grand nombre d'exemplaires, mais qu’on la trouve aussi sous le N° 1263 de 
son Catalogue comme découverte par lui-même dans les vastes forêts de 
Pamplona, à une hauteur de 8500 pieds supra marins. Les proportions de 
ses fleurs jaunes ponctuées de pourpre et à lèvre blanche étaient de 3 pou- 
ces et demi de diamètre, ainsi qu'il l'indique dans ses notes. On voit donc 
que l'Od. Halli rentre dans la section des plantes de serre froide, dont ce 
beau genre forme les principales recrues. On verra cette belle espèce se 
répandre facilement dans les collections, dont son prix abordable lui facili- 


tera l'entrée. 
ÉD: À. 


CULTURE. 


Même culture que celle indiquée pour l'Od. triumphans. 
Le à 


n et André). 


> 


ENUM AUREUM (Lindi 


LONICERA PERYCLIM 


PLEIN: AIR. 


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PL'LEE 
LONICERA PERYCLIMENUM AUREUM, nom ve avoné 
aus CHÉVREFEUILLE DES BOIS A FEUILLES DORÉES. 
CAPRIFOLIACÉES. 


ÉTYMOLOGIE : Dédié au botaniste allemand Adam Lonicer. 

CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Calyæ tubo ovato vel subgloboso, cum ovario connato, limbo 
supero, brevi, quinquedentato, persistente vel deciduo. Corolla supera, tubulosa, campanulata 
vel infundibuliformis, tubo æquali vel basi hine gibbo, limbo quinquefido regulari vel ringente. 
Stamina 5, corollæ tubo inserta, exserta vel inclusa. Ovarium inferum, tri-biloculare, Ovula 
in loculis plura, ex angulo centrali pendula, anatropa. Stylus filiformis; stigma capitatum. 
Bacca carnosa, trilocularis vel dissepimentis demum obliteratis unilocularis, oligosperma. 
Semina inversa, crustacea. Embryo in axi albuminis carnosi brevis, orthotropus, cotyledoni- 
bus ellipticis, radicula umbilico proxima, libera. — Frutices erecti vel scandentes, in hemis- 
pheræ borealis regionibus extratropicis et calidioribus obvii, inter tropicos Asiæ et Americæ 
rari; foliis oppositis, petiolatis v. sessilibus, interdum connalis, integris vel in eadem specie 
subruncinatis, floribus axillaribus varie dispositis. (ExoL. Gen. PI. 3351.) 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Folia libera, decidua, puberula vel subglabra, subtus glauca, 
ovato-obtusa, basi attenuata ; flores in capitulos terminales imbricatos dispositi,-ringentes. 


CARACTÈRES DE LA VARIÉTÉ : Folia elliptico-oblonga subtus pallida, supra lætè viridia 
valde luteo albidoque maculata et punctata. — Ep. A. 


RS A A A 


Tout le monde connaît le Chèvrefeuille des bois, dont les jolies têtes de 
fleurs blanc jaunâtre, marquées de rose au dehors, se détachent au printemps 
sur le fond léger d'un feuillage glauque et pubérulent. On en cultive déja 
quelques variétés dans les jardins, entre autres les L. p. serotinum, L. p. 
belgicum, et le L. p. quercifolium, à feuilles découpées comme celles du 
Chène commun. 

Rien de plus rustique et de plus gracieux que ces plantes comme orne- 
ment des tonnelles, treillages, où leurs tiges s’enroulent toujours de l’est à 
l'ouest, et où leurs jeunes feuilles apparaissent après l'hiver au premier 
rayon du soleil, saluant le retour de la vie végétale avant tous les arbres 
de nos forêts. 

La variété que nous figurons aujourd'hui, trouvée accidentellement dans 
un bois et fixée par la culture, s'ajoutera aux précédentes et sera la digne 
émule de la variété japonaise si élégante, connue sous le nom de Zonicera 
brachypoda aureo-reticulata. Notre plante, qui offre tous les autres caractères 
du type, se distingue par ses pétioles courts, pubescents, ses feuilles d’un 
vert très pâle dessous, plus foncées dessus, et largement maculées de 
bandes souvent obliques, variant du blanc jaunâtre au jaune vif, et occupant 
‘la plus grande partie de la surface du limbe. Les feuilles adultes vigou- 
reuses deviennent cendrées et pointillées. . | 

La panachure est très nette, et pour la conserver telle, il sera bon de 
surveiller la pousse de la plante, de ne pas la planter dans un sol trop 
riche, et de supprimer les pousses vertes s'il s'en présentait. Ep. A. 

‘: 


CULTURE. | 
De plein air, aussi rustique que le type; terre maigre et situation om- 
bragée, pour que le soleil ne brûle pas les feuilles. J. L. 


mn 10 


PI. LX. 


GLONERIA JASMINIFLORA, unoëx gr avoni. 


GLONÉRIE A FLEURS DE JASMIN. 


\ 


RUBIACÉE S-HEDYOTIDÉES? 


ÉTYMOLOGIE : en l'honneur de Prosper Gloner, ditecteur de l'Établissement J. Linden, 
à Gand. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Gloneria, Ed. André, Gen. nov. — Calyx tubo obovoïdeo, 
cum ovario connato, limbo supero, brevissimo, persistente, quadridentato. Corolla supera, 
infundibuliformis, tubo tereti, longo, gracili, fauce dilatata, limbi 4-partiti laciniis oblongo- 
acutis apice subcalcaratis, subanthesi patentibus, æstivatione contorto-imbricatis. Sfamina 4, 
medio corollæ tubo inserta, exserta; filamenta filiformia, longa; antheræ lineares, bifidæ, 
erectæ. Ovarium inferum, biloculare; ovula in placentis carnosis, dissepimento utrinque 
insertis plurima. Séylus simplex, staminibus dimidio brevior ; sligmata 2, linearia, inclusa, 
divergentia. Capsula ovoïdea, calycis limbo coronata, bilocularis..…. — Frutex brasiliensis; 
habitu specioso, erectus, ramosus, cortice albido ; rami ad nodos pilosulos compressi; foliu 
breviter petiolata, coriacea, ovato-oblonga breviter acuminata integra, marginibus subrevolu- 
tis, supra glabra, subtus tomentoso-albida; panicula terminalis corymbosa, fasciculis opposi- 
tis compresso-clavatis trichotomis bracteolatis, floribus subsessilibus niveis. — En. A. 

Gloneria jasminiflora, L. et A.; espèce unique, caractères du genre. — Province de 
Ste-Catherine, au Brésil. — Libon, 1860. 


e 


Malgré toutes nos recherches, il nous a été impossible d'identifier cette 
charmante plante à aucun genre décrit dans les ouvrages que nous avons 
consultés. M. J. Linden, qui la reçut de l’infortuné voyageur Libon il y a 
une dizaine d'années, la croyait un Remijia, genre duquel, en effet, elle se 
rapproche notablement. Cependant, en y regardant de plus près, on voit 
que les Remijia, DC., ont le limbe du calyce et de la corolle à 5 divisions, 
5 étamines incluses à filets courts, inégaux, un ovaire à placenta linéaire, 
des ovules: ascendants, et que les espèces qui composent le genre, bien que 
brésiliennes, sont grèles, peu rameuses, différent peu des Cinchona, portent 
des feuilles profondément sillonnées en dessus, des rameaux velus ferru- 
gineux, des stipules lancéolées, etc., tous caractères qui s'éloignent abso- 
lument de notre plante. 

Le genre Aspidanthera de Bentham, plus nouveau, faisant partie de la 
tribu des Gardéniées et créé sur un arbuste de la Guiane, paraissait s'en 
rapprocher davantage, mais nous n’avons pu retrouver la forme en bouclier 
des anthères, la corolle à lobes obtus, la glabriété générale, les feuilles 
cunéiformes souvent colorées, les stipules foliacées, lancéolées caduques, 
la panicule compacte et le tomentum caduque, qui sont attribués à ce genre. 
D'ailleurs, nous doutons très fort, même en l'absence de fruits, que notre 
espèce puisse rentrer dans les Gardéniées. 


#3 


Gand. 


à 


Ltb 


M ed 
Fe 


Li de LStroobart, 


LORA (Linden et Andr 


é). 


GLONERIA JASMINIF 


SERRE CHAUDE. 


J. Linden publ. 


AUSTRAL. 


BRÉSIL 


PT 


Au contraire, nous trouvons que les Hédyotidées offrent, les caractères 
généraux de notre Gloneria, par leurs stipules intrapétiolaires invaginantes 
et connées, accompagnées ‘de soies, et que la section Rachicallis du genre 
Hedyotis, à l'exception de ses fleurs et de ses anthères sessiles, touche de 
près à l'espèce dont nous nous occupons. 

C'est donc dans les Rubiacées-Hedyotidées que devra prendre place le 
genre Gloneria, si les fruits mûrs ne donnent point de caractères différents 
de ceux que nous avons observés dans les ovaires rudimentaires. 

L'espèce, jusqu'ici unique, que nous nommerons Gl. jasminiflora, forme un 
charmant arbuste à port régulier, dressé, à rameaux divariqués, cylindri- 
ques comprimés aux nœuds, d’un beau vert dans leur jeunesse et devenant 
bientôt d'un gris presque blanc argenté. A l’aisselle et sur la surface des 
rameaux, les feuilles, opposées courtement pétiolées, entières, ovales-oblon- 
gues peu aiguës, épaisses, parcheminées, convexes ondulées et à bords un 
peu révolutés, sont accompagnées de stipules très courtes en formes de poils 
dressés rameux; le limbe, d'un beau vert glacé et glabre en dessus, est 
blanchâtre et finement tomenteux en dessous, à nervures non saillantes. 
L'inflorescence en panicule courte ou corymbe terminal, multiflore, se 
. décompose en fascicules pédicellés, trichotomes unilatéraux, accompagnés 
de deux bractéolés dentées conjuguées ou disposées en anneau, et portant 
des fleurs subsessiles. Le calyce ovoïde un peu anguleux dressé, à quatre 
dents courtes aiguës ciliées, surmonte de son limbe l'ovaire semi-supère et 
entoure la base de la corolle, à long tube grêle, arrondi, un peu sinneux, 
dilaté au sommet, à gorge nue, à surface extérieure pubescente, et couronné 
par un limbe à quatre divisions étalées oblongues portant une saillie en 
éperon court au sommet. La longueur de ces fleurs est de 0025 et leur 
couleur d'un blanc de neige. Les étamines, insérées sur la moitié du tube, 
sont alternes avec les lobes de la corolle; elles sont saillantes, à filets filifor- 
mes, à anthères oblongues bifides, à déhiscence externe. Le style, filiforme, 
inclus, moitié plus court que les étamines, se termine par deux stigmates 
linéaires divergents. L'ovaire, biloculaire, à cloison longitudinale charnue, 
contient de nombreux ovules insérés sur chaque côté du placenta, et autant 
que nous avons pu voir, sans trace d'ailes, ce qui les éloigne des Cinchonées. 
Jusqu'ici nous n’avons pu voir aucun fruit en voie de développement. 

Le Gloneria jasminiflora, on peut s'en rendre compte par la planche 
ci-contre, sera l'un de nos plus jolis arbustes de serre tempérée. C'est à 
son robuste feuillage persistant, à sa floraison facile, à la régularité de son 
port qu'il devra d'être accueilli avec joie par les amateurs, et nous lui 
prédisons sans crainte une faveur marquée. Fa 

D. À. 


CULTURE. 


Ce charmant arbuste, originaire des régions australes du Brésil, réclame 
la serre tempérée froide. Nous les cultivons dans un mélange de terre de 
bruyère et de terre forte, dans une situation ombragée mais aérée. Il 
développe ses jolies fleurs jasminiformes dès le mois d'avril et continue à 


fl ‘en juin. 
eurir jusqu'en j ‘r 


Li 


Figures analytiques du Gloneria jasminiflora. 


a. Fascicules trichotomes de l'inflorescence avec bractéoles connées. — b. Calyce. — 
c. Étamine. — d. Style. — e. Ovaire, coupe transversale. (Les 4 derniers dessins au double 
de nature.) 


—— 04 — 


LA VÉGÉTATION DE LA GUIANE BRÉSILIENNE. 
(Suite et fin, voir page 64.) 


À ma première visite, j'avais déjà remarqué les fruits de deux espèces 
curieuses de Passiflores, sans avoir pu en récolter les fleurs. L'une d'elles, 
la plus intéressante, était confinée dans un lieu aride ; son feuillage était 
replié comme celui d’une plante qui sommeille. La forme de ces feuilles était 
tellement inusitée, que je crus d’abord qu’elles appartenaient à une tout 
autre plante, quelque chose comme une Cucurbitacée ou plutôt une Hellé- 
bore. A cet aspect se joignait l'attrait de leur port horizontal et d'un vert 
si brillant, si doux, si gai, que je fus frappé de sa beauté. Aussi l’on peut 
juger de ma joie lorsque, vers la fin d'août, à ma troisième excursion, je 


la vis couverte de nombreuses fleurs du plus beau bleu d'azur! Ces char- 


mantes fleurs semblaient mettre de la coquetterie, comme le feuillage, à se 
présenter horizontalement, étendant la couronne de leurs rayons entourés 
d'un anneau violet, comme pour se faire mieux admirer. Elles'se succèdent 
avec une grande abondance; j'en ai compté 24 sur un seul rameau, et 


d'autres boutons devaient encore paraître. J'envoyai cette belle plante en 


Europe sous le nom de P. helleborifolia. 
L'autre espèce n'est pas moins remarquable que celle-ci. Son fruit est 
gros, charnu, à trois cloisons élastiques qui éclatent à la maturité. Le pistil 
est persistant et accrescent. Les graines, cornues, très ridées, pendent 
librement sur le placenta, et ne sont pas entourées de pulpe. Les feuilles 
de cette Passiflore sont elliptiques, longues de 25 centimètres, larges de 20, 
et échancrées aux deux extrémités. Ayant recueilli des fruits mûrs en juin- 
juillet, je croyais pouvoir placer la floraison entre janvier et février. Aussi 


RS, es 


. grand fut mon étonnement, lorsque je trouvai en septembre la plante en 
fleurs, ce qui suppose un espace de neuf mois pour la maturation des fruits. 
Ces fleurs, quoique leurs dimensions ne fussent pas en rapport avec l’am- 
pleur du féuillage, étaient fort belles, d'un blanc pur, couleur rare dans les 
Passiflores ; leur couronne de rayons, insérée un peu obliquement, était 
d'un jaune de chrôme léger, passant souvent au blanc et parfois au violet 
tendre. Les rameaux ne portaient guère à la fois que 6 à 7 de ces fleurs. 

Ces deux plantes, malgré leurs dissemblances, me frappèrent par ce fait, : 
que toutes deux portaient des fruits sans pulpe et non comestibles, et 
qu'elles fleurissaient à une époque inusitée dans les autres espèces du 
genre. Les terrains brûlés du soleil plaisent à la première, et l’autre, à 
fleurs blanches, préfère les sols frais et profonds, au bord des fleuves et 
des lacs. 

Pour cultiver avec succès la P. helleborifolia, je conseille de chercher 
d'abord un développement très abondant du feuillage, à la reprise de la 
végétation, coïncidant avec la reprise de la saison des pluies dans son pays 
natal. Dès que cette saison est passée et que la plante est abondamment 
pourvue de rameaux, souvent longs de 4 ou 5 mètres et feuillus d’un bout 
à l'autre, elle se met à fleurir à l'apparition des premiers jours de séche- 
resse. Il faudra donc, dans les serres, provoquer d'abord la végétation 
herbacée par de copieux arrosements et les cesser tout-à-fait pour faire 
apparaitre les boutures et les fleurs, sans oublier ensuite une période de 
repos nécessaire. 

3. 


Le sol des plaines du Rio-Branco est généralement infertile, peu encou- 
rageant pour l'explorateur, et contraste vivement avec la forte végétation 
qui s'étale au pied des montagnes. Ce fut là que je dirigeai de préférence 
mes excursions, loin des solitudes habitées seulement par des peuplades 
indiennes et que les blancs ont depuis longtemps dévastées. La vie dans 
ces régions manquant de tout est difficile, et les bois seuls sont habités 
par quelques blancs, qui doivent aller au loin, près de la mer, chercher les 
objets qui leur manquent en échange de quelques produits naturels. 

J'ai trouvé, dans le voisinage de ces montagnes, des sites qui ne le 
cédaient en rien aux forêts vierges les plus réputées. Des groupes immenses 
de Papayers (Carica papaya), de Manioc (Jatropha manihot), de larges plan- 
tations de Bananiers (Musa paradisiaca et M. sapientum), montraient une 
rare puissance de végétation dans ces fécondes colonies sub-andines ! 

Dans ma dernière tournée vers ces parages, j'appris que la chaîne de 
montagnes de Cunucu, située non loin de là, au nord-est, formait une sorte 
de jardin d'une prodigieuse fécondité. Cette chaine, pourtant, n’est point 
considérée comme brésilienne; elle forme une sorte de territoire neutre, 
sur lequel les couronnes respectives du Brésil et de la Grande-Bretagne 
ont des droits de possession encore mal déterminés. Je profitai de l'occasion 
pour visiter cette contrée. Entre autres végétaux intéressants, j'y rencon- 
trai, pour la première fois, le célèbre arbre aux tortues (Pao de Tortuga), 
que je n'avais pas encore vu vivant. Je n'arrivai point sans difficultés, 


Le 00 — 


toutefois, à me procurer ce précieux arbre. Non-seulement les indications 
- précises sur sa station me manquaient, mais le voyage était matériellement 
assez difficile. : 

Pirara, localité indiquée pour l'arbre aux tortues, est très mal famé à 
cause des nombreux meurtres que les Indiens ont perpétré sur les blancs. 
Cependant ces indigènes sont, pour la plupart, très poltrons. Si un danger 
se présente quand ils vous escortent, ils prennent aussitôt la fuite, et 
s'écrient en vous regardant avec une compassion simulée : « Je ne veux pas 
assister au moment de votre mort! » Sur ces terres, en effet, le meurtre 
n’est pas rare, et il ne faut qu'une occasion pour que les Indiens le com- 
mettent, s'ils le peuvent sans crainte. Ces considérations ne m'empêchèrent 
pas de poursuivre mon projet d'atteindre Pirara. J'essayai d'obtenir pour 
guides quelques soldats de la forteresse que je demandai au commandant, 
mais sans aucun succès. Je trouvai même que les Indiens des sources du 
Macusi, qui constituent la population de Pirara, se montraient plus récal- 
citrants qu'aucun de leurs confrères. Il me fallut enfin me contenter de 
deux hommes, espérant bientôt les congédier en les renouvelant de proche 
en proche, par des indigènes d’autres peuplades, et je m'acheminaï hardi- 
ment vers Cunucu, afin d'y recueillir l'arbre où tendaient mes efforts. 

Cunucu est situé sur la rive droite du Rio-Tacutu; on peut gagner son 
port en quatre jours de marche à partir des basses cataractes. Le fleuve 
s'étant trouvé en crue, il nous fallut, à un endroit difficile, retourner en 
arrière à la distance d'une journée environ. A partir de ce point, nous 
eûmes une route intéressante et semée de toutes sortes d'aventures. Nos 
provisions furent augmentées par la chair d'un cerf et d'un tapir que nous 
abattimes et qui me fut d'une grande utilité pour la nourriture de mes 
Indiens. Mais le martyre du moustique vint bientôt nous torturer, sans 
nous laisser un jour ni une nuit de répit. Le Rio-Branco, qui est délivré de 
cette peste épouvantable pendant la saison sèche, fourmille de ces insectes 
au moment des pluies. Poursuivi et atteint chaque jour par les attaques des 
Plums et des Borraschudos, on peut imaginer quel redoublement de souf- 
rance, lorsque, au crépuscule tombant, des troupes nouvelles de moustiques 
font continuellement irruption sans qu'on puisse entrevoir le moindre adou- 
cissement à ce supplice. La lune se lève; une nouvelle plaie arrive. Des 
myriades d'atomes vivants, presque invisibles, les Micuims par exemple, vous 
couvrent toute la portion libre du visage, et du corps, le cou, les mains, se 
cachent sous les cheveux et vous épuisent quand vous tombez de sommeil 
et de fatigue. Les Indiens même, entièrement nus, sont sensibles à cette 
souffrance, malgré leur habitude de l’endurer, et parfois ils lèvent le camp 
au milieu de la nuit pour aller chercher ailleurs un repos problématique. 

J'aurais pu épargner ces litanies au lecteur, et pourtant la plainte du 
martyre est si étroitement liée à la jouissance des beautés de la nature 
tropicale, qu’il est impossible de parler de l'une sans l’autre. Je pensais 
souvent que ces satisfactions de l'esprit, si supérieures à celles du proprié- 
taire paisible au coin de son feu, pouvaient s'acheter au prix de quelques 


tourments corporels; mais qu'au travers de ces belles perspectives une 


troupe de ces diables aïlés vienne vous ensorceler, toute considération sur 


sé 5 


les plantes ou les grands paysages s'envole dans les nuages pour vous 
ramener aux souffrances du moment. + 

Cependant nous touchions au terme; tout allait être oublié. Après avoir 
erré dans toutes les directions, et souvent m'être éloigné de deux ou trois 
lieues de nos campements, je commencçais à me fatiguer et à douter de la sin- 
cérité de mes gens, lorsque le premier Arbre aux tortues s'offrit à mes yeux. 

Son tronc élevé, de 2 mètres de circonférence, s'élançait d’un seul jet à 
10 mètres de hauteur. Le bois en était si dur, que deux hommes travaillè- 
rent trois heures pour l’abattre, et encore il ne faut pas moins que les 
haches américaines pour avoir raison de cette dureté extraordinaire. En 
examinant la structure des feuilles et des fruits, quel ne fut pas mon éton- 
nement de voir que l'arbre appartenait à la famille des Artocarpées, qui est 
remarquable par le bois mou des plantes qu'elle renferme! Quant au suc 

laïteux qui en découlait, cela ne me présentait rien de nouveau, car j'avais 
déjà trouvé dans la zône équitoriale sub-andine des Sapotacées à bois remar- 
quablement serré. 

Les feuilles de l’Arbre aux tortues sont petites, elliptiques aiguës, poly- 
morphes, vert foncé, entières, et rassemblées Surtout au sommet des ra- 
meaux. L'arbre forme une couronne ample et élevée. La partie intérieure 
du bois, ou cœur, est d’une densité remarquable, qui dépasse celle de l'eau, 
et d'une beauté qui fait son prix élevé; le reste, ainsi que l'aubier, est 
blanc. et considéré comme de nulle valeur. Le noyau de ce bois est d’une 
couleur de fond rouge pâle avec des taches noires ou rouge-noir, et il 
imite, quand il est poli, une écaille de tortue, d'où son nom. Si l'on réussis- 
sait à introduire ce bois en Europe, il y serait très en faveur et nul doute 
qu'il ne soit vendu à un très haut prix, au poids, comme objet de haut luxe 
pour la tabletterie. On l'appelle également bois de serpent parmi les indi- 
gènes de Cunucu. 

Parmi les autres matières intéressantes qui se rapportent à la botanique, 
j'ai encore à parler d'un arbre à odeur balsamique et de la plante Curare, 
qui sert aux Indiens à empoisonner leurs flèches. L'Indien marche volon. 
tiers entouré de poison. Il tue les gros poissons au moyen de flèches 
trempées dans la sève du Paullinia timbo et les petits à l’aide du Baïllera 
verbasco (espèce de Zonchocarpus). Je me procurai jusqu'à dix espèces de 
plantes dont les propriétés étaient analogues à celles-ci, mais j'étais resté 
longtemps sans réussir à voir celle qui fournit le curare. Sans nul doute elle 
crossait dans ces parages, et si je ne pouvais la rencontrer, c'était par la 
méfiance des Indiens qui m'en éloignaient sous le prétexte que je voulais 
arracher leur plante. Enfin, une seule fois, elle me fut timidement montrée ; 
elle grimpait, entortillée autour du tronc d’un arbre dont elle atteignait le 
sommet. Sur le sol gisait une quantité de fruits mûrs tombés. Leur pulpe 
était réduite en bouillie, et leurs graines, arrondies et charnues, étaient 
entourées d'une mince croûte ligneuse épaisse de quelques millimètres et à 
surface fendillée comme des cristaux de gypse cristallin. Ces graines, au 
nombre d'environ 20-25 pour chaque fruit, sont éparses et entourées par la 
pulpe; elles germent en quatorze jours et produisent de jeunes plantes dont 
la racine ressemble à un navet. 


= # = 


Chose étrange! ce terrible poison est tout-à-fait inoffensif tant que la 
plante reste à l'état cru. Elle ne devient vénéneuse qu'après une mani- 
pulation spéciale et après avoir subi, par l'ébullition, une transformation 
chimique qui lui donne sa redoutable puissance. Quelle idée singulière put 
conduire le premier Indien qui découvrit ce poison? N'est-ce point un trait 
de hasard analogue à celui qui mit entre les mains du moine franciscain 
Berthold Schwartz le mélange d'où sortit la poudre à canon? L'habitant 
du monde civilisé et l'Indien doivent rendre grâce tous les deux à la haute 
victoire remportée ici par le pur hasard qui leur a mis en main de pareilles 
découvertes. 


Malgré sa superstition si développée, l'Indien ne montre aucune peur 
des diverses parties de cette plante. Cette sécurité me fit même commettre 
une assez grande imprudence : après avoir récolté de ces graines, je les 
lavai par inadvertance après en avoir écrasé l'écorce, et je me souvins . 
plus tard qu'à ce moment j'avais un doigt blessé. 


Après la cuisson préalable qui doit développer les propriétés dangereuses 
du Curare, la sève prend la consistance et la couleur d'un sirop, et peu à 
peu elle acquiert à l'air libre la dureté de la pierre. Cette viscosité et cette 
- consistance s’obtiennent surtout par l'addition du suc d’un Cissus pendant 
l'ébullition. En l'absence de cette dernière espèce, on la remplace par une 
espèce d'Euphorbiacée. 

L'arbre à baume, dont j'ai parlé plus haut, est une nouvelle espèce d 
Myrospermum. L'huile volatile abondante que renferment ses graines lui a 
valu une grande réputation curative. Les blancs payent très cher ces 
graines, dont les Indiens font de longs chapelets qu'ils portent autour de 
leur cou, et auxquels ils attribuent des vertus merveilleuses. 


Il me reste à indiquer, parmi les plus belles lianes que j'aie rencontrées, 
un superbe Allamanda que j'ai vu en cet endroit pour la première fois, des 
Thevetia (?), Ferraria, et, comme plantes à feuillage, de nombreux Maranta et 
un Cissus. L’Allamanda, qui porte des fleurs larges de 13 centimètres et à 
odeur suave, me paraît se rapprocher beaucoup de l'A. nobilis. IL s'éloigne 
des autres espèces par ce point caractéristique que ses fruits sont lisses, 
tandis que les Allamanda les ont presque tous hérissés. 

Tel est le résumé de mes observations pendant huit mois de séjour cou- 
tinuel dans la vallée du Rio-Branco. Dans ces notes se trouvent énoncés 
des faits qui m'ont offert de l'intérêt, bien que l'ensemble n'ait pas répondu 


complétement à mon attente. En somme, la Flore de la Guiane brésilienne, 7 


qui est tout-à-fait analogue à la Guiane britannique, est misérable, malgré 
l'originalité qu'elle présente sous de nombreux rapports. L'horticulture n'y 
peut trouver que de faibles ressources, et les points de vue géographique 
et climatologique n’y présentent rien de bien saillant. Si d'un autre côté, 
on considère que R. Schomburgk, le voyageur le plus instruit et le plus 
consciencieux qui ait parlé de la Guiane, a eu le bonheur de faire d'heu- 
reuses trouvailles dans ces régions (comme celle de la Victoria regia, qui 
croit d'ailleurs, dans tous les affluents de l'Amazone), personne ne pourra 
s'étonner que notre sujet ait été passablement mis à sec, d'autant plus que 


par 


le célèbre voyageur avait parcouru la Guiane anglaise pendant sept années 


entières, sous la protection de son gouvernement. 
: G. WaLLis. 


Phi 


L’Arboriculture dans la Russie du Nord. 


Le « Messager de l'Horticulture » (Westnik Sadowodstwa), journal de la 
Société impériale d'Horticulture de Russie, publie les recherches du savant. 
chef des cultures au jardin botanique de St-Pétersbourg, D' Regel, sur les 
arbres et. arbustes rustiques sous le climat de Russie septentrionale, Ce 
grand travail, fondé sur les observations faites pendant quinze années con- 
sécutives au jardin botanique de St-Pétersbourg et aux environs de cette 
capitale, présente une haute importance scientifique et offre un intérêt tout 
particulier pour le jardinage. , 

Le troisième cahier du Westnik contient le commencement de ce remar- 
quable travail. Après un aperçu des caractères distinctifs de familles et de 
genres auxquels appartiennent les arbres et les arbustes rustiques de 
St-Pétersbourg, le savant auteur passe en revue et donne la description 
détaillée de ces plantes, ayant soin de tracer les traits les plus saillants 
de chaque espèce mentionnée. 

Suivant le système d’Endlicher, M. Regel débute par les Conifères. 
Comme espèces de cette grande et importante famille rustiques à St-Péters- 
bourg, il indique les suivantes : 

Juniperus communis, L., J. nana, Willd., et J. Sabina, L. La rusticité dn 
J. cœsia, H. P. (espèce de Tchougoutchak), ainsi que celle du J. pseudo- 
Sabina, Fisch. et Mey. (d’Altaï), est douteuse. 

Thuja occidentalis, L. 

Picea excelsa, Lk. (avec les variétés : pendula et Clanbrasiliana (— Pinus 
Pygmæa), P. obovata, Ledb., P. nigra, Lk., P. alba, Lk., et P. rubra, Lamb. 

La rusticité du P. ajanensis, Fisch., et du P. Schrenkiana, Fisch. et Mey., 
deux belles plantes de Sibérie, n’est pas confirmée par les expériences faites 
au jardin botanique de St-Pétersbourg. 

Abies balsamea, Mill, et À. sibirica (pichta), Ledb. 

A. pectinata, DC., et A. Nordmanniana, Spach, ne supportent pas le climat 
et gèlent à rase terre. 

Pinus sylvestris, L., P. uncinata, Ram., P. Pumilio, Hæncke, P. Cembra, L., 
P. pumila, Rgl., et P. strobus, L. 

Larix europæa, DC., à trois variétés : typica (— L. pyramidalis, Salisb.), 
pendulina (= L. archangelica, Laws.) et pendula (— L. pendula, Salisb.), 
L. dahurica, Turcz, L. microcarpa, Forbes, et L. sibirica, Ledb. 

Par ce nombre restreint des Conifères disponibles pour l'ornementation 
des jardins et des parcs de la capitale de Russie, nos lecteurs doivent 
juger que pour en tirer un parti convenable, le jardinier de St-Pétersbourg 
doit posséder un goût et un talent bien développés. 


HU. 


Nous tiendrons compte des articles suivants de M. Regel sur la Dendro- 
logie russe, au fur-et à mesure de leur publication dans le Westnik. 


F. WOLKENSTEIN. 


CORBEILLE DE FLEURS SUSPENDUE. 


On peut construire soi-même ce modèle de corbeille pour antichambres, 
salons, vestibules ou même plein air, soit au moyen de morceaux de bois 
découpés qu'on ajuste 
d’après la figure ci-con- 
tre, soit tout simplement 
en bois rustique. Tout 
jardinier intelligent de- 
vrait meubler la rési- 
dence de ses maîtres de 
semblables ornements. 
Rien n’est plus gracieux, 
dans les situations à de- 
mi-ombragées des parcs, 
et surtout près de l'habi- 
. tation, que de rencontrer 
une de ces corbeilles : 
fixes, plantées dans le 
sol et décorées avec goût 
d'une gerbe de fleurs et 
de feuillage que l’on re- 
nouvelle au besoin. L'in- 
térieur de la vasque est 
garnie d'une cuvette de 
zinc dont on garnit le. 
fond avec un drainage de 
briques cassées ou de 
charbon de bois. Au cen- 
tre, sur une petite tor- 
chère dissimulée dans le 
feuillage, on place un 
Pucca, un Dracæna, un Agave, un Aloës ou une plante analogue. Des Fou- 
gères, Dracénas, Commelynes, Pelargoniums lierre, Lobélies, Capucines 
(Tropæolum Lobbianum), Bégonias, et des plantes à belles fleurs sont plan- 
tées en pleine terre ou en pots cachés par de la mousse et renouvelées de 
temps en temps. Des trous sont ménagés dans le zinc pour laisser l'eau 
surabondante s’écouler, et au moyen de seringages fréquents, on entretient 
facilement l’ensemble toute la saison d'été. 


CRT Es 


Ep. A. 


CHRONIQUE HORTICOLE. 


De l'utilité des études botaniques. — Malgré les services rendus 
chaque jour par la botanique à la grande et à la petite culture, aux 
sciences, à l'industrie, au commerce, on entend contester encore son utilité 
par les personnes même qui en profitent à leur insu. Pour elles, son rôle 
se réduit à la connaissance stérile des plantes et à leur classification. C'est 
une erreur contre laquelle il faut protester. Il est facile de démontrer 
combien au contraire de bienfaits sont attachés à cette science et quelle 
source de jouissances morales et de bien-être physique découle de l'étude 
des plantes. 

On peut dire que parmi les sciences qui touchent de près à l'agriculture, 
notamment, la botanique occupe le premier rang. L'homme des champs 
plus qu'aucun autre, est en contact étroit et permanent avec la nature, 
à l'exception des savants spécialement attachés à l'histoire naturelle, car 
son travail, ses recherches, ont toujours lieu au milieu du grand laboratoire. 

La botanique, même maintenue dans la connâissance des noms et des 
propriétés des plantes, arbres, herbes et fleurs qui entourent les habita- 
tions de nos campagnes, ajoute un charme inappréciable à la vie rurale. 
De même que le voyageur, familier par ses études avec l’histoire, les 
antiquités, la littérature des peuples et des pays qu'il traverse, trouvera 
dans ses pérégrinations un plus grand intérêt que le touriste indifférent 
Ou ignorant, de même tout habitant des campagnes, ouvrier ou proprié- 
taire, riche ou pauvre, qui sera initié aux études botaniques, découvrira 
une source de plaisir sans cesse renaissante dans la contemplation des 
produits de la nature qu'il aura appris à connaître. 

Mais ce qui est un plaisir pour l'amateur devient une nécessité pour 
le cultivateur. Il doit étudier les plantes qui entourent la ferme, non- 
seulement pour leur nomenclature aride, mais pour leurs usages, leur 
histoire, leur importance dans la culture, et le reste pour s’en faire une 
distraction toujours nouvelle et toujours charmante. La tâche n'est pas 
si formidable qu'on pourrait le supposer. Le commencement seul est 
difficile, comme pour toutes les choses à apprendre. Après un bon point 
de départ, l'intérêt s'accroît, s'intensifie, devient presque une passion, et 
les progrès subséquents, loin de coûter de laborieux efforts, portent avec 
eux leur récompense. 

Notre éducation populaire ou primaire est défectueuse sous bien des 
rapports. Elle dépend trop de la science des livres, pas assez de la con- 
naissance des êtres et des choses. Elle s'adresse à l'intelligence seule, et 
laisse à part l'examen du monde pratique de la nature. Il ne peut en 
être longtemps ainsi, avec les idées qui dominent maintenant les peuples. 
Le jour viendra sans doute où la jeunesse sera plus sérieusement armée 
pour remplir les devoirs de la vie de chaque jour. A ce moment là, l'étude 
de la botanique sera élevée à un rang distingué, et prendra la position 


TOM. XVIII, — MAI 1874. u 


que son importance justifie. Ce serait faire acte de bon sens que d’en agir 
ainsi, et préparer plus sérieusement des hommes qu’en leur bourrant le 
cerveau de connaissance abstraites et sans utilité immédiate pour la vie 
qui s'ouvre aux jeunes gens. Chacun d'eux, sorti du collége, veut passer 
pour un savant ou pour un homme d'esprit. L'esprit, cet ennemi intime 
du bon sens! Il faut croire quil en a toujours été ainsi, témoin l’anecdote 
que raconte Voltaire : 

-« Le contrôleur-général donnait audience ce jour là. Des hommes d'un 
génie profond lui présentèrent des projets. L'un avait imaginé de mettre 
des impôts sur l'esprit. Tout le monde, disait-il, s'empressera de payer, 
personne ne voulant passer pour un sot. Le ministre lui dit: je vous 
déclare exempt de la taxe. » 

De combien de gens n'en pourrait-on pas en dire autant aujourd’hui? 
Au lieu d'appliquer la jeunesse d'abord au grec, au latin, à l'histoire, 
à la philosophie, toutes choses qui devraient être réservées pour un âge 
plus mûr, pourquoi ne commencerait-on pas l'instruction et l'éducation 
par les premières notions exactes des objets qui nous entourent et au 
milieu desquels nous devrons passer notre vie? En un mot, pourquoi faire 
connaître à un enfant la législation des Grecs sous Lycurgue avant de 
lui apprendre ce que c'est qu'un épi de blé ? 

L'étude de la botanique est donc étroitement liée, ou devrait l'être, 
aux premiers pas de l'intelligence de l'enfant, comme elle doit le devenir 
aussi à l’âge mûr de l’homme. Espérons que ces pensées viendront un jour 
à ceux qui gouvernent les peuples, à la place de ces fausses idées de … 
gloire, d'ambition, de conquêtes et de massacres qui viennent de nous 
plonger hier encore dans les ténèbres de la barbarie ! 

Un préservatif des suites de la variole. — Combien sont plus 
dignes d'intérêt les vrais amis de l'humanité, qui consacrent leurs veilles 
à calmer ses souffrances et à guérir ses maux! 

Nous avons autrefois raconté, dans ce journal, les tentatives faites par 
un pharmacien de Bourges, M. Mille, pour faire adopter les préparations 
pharmaceutiques du Sarracenia purpurea comme préventif et curatif de la 
variole. Les résultats qu'il avait obtenus étaient, dit-on, des plus remar- 
quables. Malheureusement, M. Mille vient de mourir et probablement ses 
essais ne seront point continués, au moins que nous sachions. Ce qui 
est certain, c'est que les tribus sauvages de l'Amérique du Nord emploient 
le Sarracenia de nos jours encore comme préservatif de la terrible maladie 


qui vient de désoler l'Europe occidentale et dont nous ne sommes pas 


quittes à l'heure qu'il est. 
Dans l'Inde, les naturels, faute de Sarracenia, ont imaginé un autre 
remède pris également sur une plante indigène, bien connue et cultivée 
dans le midi et le centre de la France, le Melia axedarach, L., vulgaire- 
ment nommé Lilas des Indes ou arbre à chapelets. Ses feuilles, reduites 
à l'état de bouillie, ne guérissent point la petite vérole et ne la pré- 
viennent même pas; mais, si on les applique sur le patient après l’éruption, 
elles empêchent toute trace de la maladie de paraître après guérison. 
Les feuilles du Melia exercent le même effet sur toutes les maladies 


éruptives susceptibles de laisser des traces sur la peau. L’attention de nos 
médecins peut être utilement appelée sur un pareil sujet. 

Exemple d’échenillage. — A ceux qui préconisent l'échenillage et 

le hannetonnage comme seuls moyens de conjurer jusqu'ici deux fléaux 
terribles pour les cultures, on répond généralement, — je parle des esprits 
chagrins et arriérés, — que ces moyens sont trop locaux et qu'ils ne 
sont, pour l'extinction du mal, qu'une goutte d'eau dans l'Océan. Ce système 
d'abstention paresseuse est fatal, devant la nécessité d'agir contre de 
pareils envahisseurs. Nous n'avons qu'à citer l'exemple suivant, pour 
prouver que l'on pourrait arriver promptement à la destruction des che- 
nilles, si les hommes savaient s'entendre pour faire le bien comme il ne 
le font que trop souvent pour le mal. Nous empruntons cette petite 
relation au Cercle professoral d'Arboriculture de Gand : 
. “ À Beirvelde, près Gand, on ne trouve presque plus de nids de che- 
nilles, ni anneaux, ni œufs. Les enfants des écoles communales les 
recueillent à l'envi. Leurs maîtres, MM. Vandevelde et Paelinck, avaient 
acheté quelques petits volumes pour les distribuer aux élèves qui auraient 
rapporté le plus de ces insectes. Quatorze élèves (dont on donne les 
noms) ont réuni le nombre immense de 219,377 nids ou cocons, plus de 
300 anneaux et 7 kilogrammes 2 décagrammes d'œufs. 

» Voilà ce que peuvent des enfants, malgré leur jeune âge, alors qu'on 
leur apprend à suivre d’utiles conseils. Ces enfants certes sont dignes d’une 
belle récompense et leurs maitres méritent de trouver des imitateurs. » 

Voilà un exemple de cet enseignement pratique et vrai que nous vou- 
drions voir inculquer aux enfants, et que nous recommandions en tête de 
cette chronique. 

Commerce des fruits en Belgique. Dans le même recueil, se 
trouve une intéressante statistique du commerce des fruits en Belgique, 
d'après des documents recueillis par notre collègue et ami M. Ed. Morren. 
En 1867, l'exportation des fruits de provenance belge s'est élevée à 
24,517,577 kilogrammes, représentant une valeur de 7,555,273 francs. 
Dans ces nombres, l'Angleterre seule figure pour 23,748,575 kilogrammes 
où 6,864,898 francs. D'autres part, l'importation, en 1867, s'est bornée à 
une valeur de 167,592 francs, soit une balance supérieure à sept millions 
en faveur de la Belgique. Ces chiffres sont une éloquente réponse à ceux 
qui contesteraient l'importance de l'arboriculture fruitière et les progrès 
qu'elle à accomplis en Belgique depuis quelques années. 

Secours aux horticulteurs français. — Nous apprenons avec une 
vive satisfaction que le Comité anglais intitulé : French horticulturists’ relief 
fund Committee, dans une de ses dernières séances au siége de la Société 
royale d'Horticulture de Londres, a appris du D Maxwell Masters qu'une 
somme de 500 liv. st. (12,500 fr.) était déjà réalisée, indépendamment de 
nombreux dons en nature offerts avec empressement par les horticulteurs 
anglais à leurs confrères d'Outre-Manche. Nous savons que ce noble exemple 
est également suivi par la Belgique, et de pareilles marques de sympathie 
dans les temps de calamité sont de nature à rapprocher encore des hommes 
déjà habitués à s'estimer et à s'aimer mutuellement. 


+ , 


Exposition de Londres. — L'exposition internationale de Londres 
s'est ouverte le 1° de ce mois sans beaucoup de solennité. La parole était 
malheureusement au canon chez d’autres nations voisines et le contrecoup 
d'événements aussi fatals s'est fait sentir violemment en Angleterre. 
L'Horticulture n’y occupe d’ailleurs qu'une place assez effacée et ses expo- 
sitions de quinzaine ne sont guère plus que des apports libres de plantes 

‘un peu supérieurs en nombre et en importance aux présentations ordinaires 
faites aux séances de la Société royale à Kensington. Certainement la réca- 
pitulation des produits exposés bimensuellement du 1 mai à la fin de 
septembre ne manquera pas d'intérêt, mais nous attendions quelque chose 
d’analogue à ce qui s'est fait en 1867 à Paris, et notre espoir a été déçu. 
Avec des secrétaires généraux tels que MM. Masters, Hogg et Moore, le 
conseil de la Société, aidé du gouvernement, avait voté des subsides, on 
eût pu espérer de grandes choses, mais d'autres préoccupations, parait-il, 
ont empêché la réalisation de ce projet. 

C'est à Nottingham que va se reporter cette année l'action horticole 
anglaise de 1871. Nous savons que les préparatifs sont déjà considérables, 
et tout fait espérer que l'industrieuse cité verra dans ses murs, du 27 juin 
au 3 juillet, une imposante manifestation du jardinage anglais. 

Cocos Weddelliana. — A l’occasion de cette charmante espèce, qui 
a paru dans les collections sous plusieurs noms différents, nous devons 
mettre sous les yeux de nos lecteurs les renseignements suivants, fournis 
par M. Wendland, de Herrenhausen, qui éclaircissent tout à fait une 
question controversée : es. 

Ce beau Palmier fut découvert en 1831 par le D: Weddell (le seul nom, 
entre parenthèses, que nous connaissions ayant toutes ses lettres redou- 
blées!}, sur les pentes méridionales des montagnes des Orgues, au Brésil. 
En 1832, M. Riedel le retrouva près de Macahé. Il fut introduit par 
M. Van Houtte en Belgique il y a quelque dix ans, et quelques années 
après importé en assez grande quantité par M. Linden, qui le mit au 
commerce, en l'absence de déterminations scientifiques, sous le nom de 
Leopoldinia pulchra, Lind. Enfin il parut encore un peu plus tard sous le 
nom de Glaziova elegantissima. Martius le considérait comme un nouveau 
genre, mais M. Wendland ne voit pas qu'il diffère sensiblement des Cocos. 
La description que ce botaniste en donne est ainsi conçue : Cocos Weddel- 
liana, Wendl. mss. — Plante de 2" à 3"; tronc très grèle, de 1" 30 à 2"; 
feuilles de 1" à 1" 30, couverte d'écailles brun noirâtre; les segments ou 


pennes au nombre de 50 à 60 sur chaque côté, linéaires étroites, oblique- lé 


ment aiguës, vert foncé, argentées dessous, longues de 0"20, larges de 
001; spadices longs de 0"60 à 1", dressés, avec 2 enveloppes, l’extérieure 
longue de 0"15, l'intérieure de 5-8; pédoncule du spadice comprimé au 
sommet, à 30-50, rameaux étalés, grèles, longs de 2-6 cent. Calice et 
_ corolle triphylles, sépales et pétales subconformes, les derniers plus grands, 
courtement acuminés avec éperon; anneau de staminodes très court; Six 
étamines: ovaire ovoïde; stigmate trifide. Fleurs monoïques. Fruits incon- 
nus, à moins que sur des renseignements écrits qui indiquent les noix 
comme presque globuleuses, petites, à trois loges. 


Fee on 


Biota aurea à haute tige.— Dans l'établissement de MM. Simon frères, 
à Metz, MM. Thomas, les habiles chefs de culture qui le dirigent depuis de 
longues années, ont imaginé de greffer le Biota aurea, cette variété naine en 
boule que tout le monde connaît, à haute tige sur le Thuia du Canada (Thuia 
occidentalis). C'est une idée ingénieuse et qui donnera un ornement de plus 
pour les jardins réguliers, les encoignures de parterres, les centres de cor- 
beilles circulaires, etc. C’est par la greffe herbacée, greffe ordinaire des 
Conifères, que MM. Thomas ont obtenu ce résultat. Pour cela ils n'ont 
point déplanté ni mis en serre le sujet, mais un simple cornet de papier 
a protégé au printemps le greffon herbacé qui reprend facilement, dans une 
situation semi-ombragée surtout. 


LA 
Emploi du Biota aurea dans les jardins symétriques. 


Nous ne voudrions pas nous faire l'avocat du Biota aurea ‘sous cette 
forme, nous qui ne l’aimons déjà guère dans sa forme ordinaire en boule 
sur le sol. Nous trouvons qu'il est déplacé dans les jardins paysagers, 
ennemis des silhouttes régulières et où le pittoresque est la première loi. 
Il est, au contraire, du meilleur goût dans les parterres réguliers et les 
jardins symétriques. Nous savons même un endroit où il fait un remar- 
quable effet. C’est à Baden-Baden, où nous l'avons vu, en septembre 1869, 


M. 


employé dans le mode suivant : 4, 4, a, bandes fleuries entourées de lierre; 
b, b, b, gazon; c, c, c, Biota aurea isolés sur le gazon et garnis au pied d’une 
petite butte plantée de Lobelia erinus; d, d, allées circulaires et extérieures. 
Dans-ces conditions l'effet était excellent, surtout avec le relief de la cor- 
beille, qui était très bombée au centre et ornée au sommet de quelques 
hautes plantes à grand feuillage. Nous croyons que tous les éléments, mis 
à notre disposition par la nature où l'industrie horticole, peuvent être utile- 
ment employés à la décoration des jardins, mais trouver leur véritable place, 
c'est le difficile, et personne ne peut dire qu'il y est passé maître. Nous 
aurons occasion de revenir sur ces questions. 
_ Epine cramoisie à fleurs doubles. — Nous venons de voir, dans 
une récente visite aux pépinières de MM. Simon Louis frères, à Metz, 
un carré tout entier d'un arbrisseau admirable, que nous savions exister, 
mais que nous n'avions pas encore vu en fleurs. C’est la variété à fleurs 
‘doubles de l'Aubépine cramoisie (Cratægus oxyacantha punicea plena). Les 
variétés rose double et blanche double sont fort connues et appréciées, et 
la ponceau ou cramoisie simple ne l'est pas moins. La plante dont nous 
voulons parler est aussi éclatante que celle-ci et aussi double que les pre- 
mières. C’est une acquisition de premier ordre. On la doit à M. Christophe 
Boyd de Waltham Cross (Angleterre) et elle a été figurée dans ce recueil, 
1867, pl. 536, mais la planche en donne une idée bien au-dessous de la 
réalité. Mélangée au printemps avec des boules de neige (Viburnum opulus 
sterilis) l'effet en est remarquable au plus haut dégré. C’est tout à fait une 
magnifique plante, que tous les jardins devront d'autant mieux posséder, 
qu'elle est aussi rustique que l'Aubépine de nos haies. 
Voyage du D' J. D. Hooker au Maroc. — Nous apprenons que 
le D' J. D. Hooker, le célèbre voyageur aux terres boréales et dans 
l'Himalaya, le directeur des jardins de Kew, vient de partir pour le Maroc, 
en exploration botanique, en compagnie de M. John Ball et d'un jardinier 
de Kew. Nous avons lieu d'espérer que l'expédition sera fertile en résultats 
botaniques et horticoles, surtout si les voyageurs dépassent la côte et 
pénètrent dans l'intérieur, et nous attendons avec impatience des nou- 
. elles qu’ils ne manqueront pas d'envoyer si leur entreprise réussit. 
Voyages de M. Roezl. - M. Roezl, après avoir pendant longtemps 
exploré la partie occidentale de l'Amérique nord, le Mexique, l'Amérique 
centrale, a porté récemment ses pas dans la Nouvelle-Grenade et diverses 
régions de l'Amérique méridionale, qu'il explore actuellement pour compte 
de M. Linden et d’où il ne manquera pas d’expédier de précieuses collections. 
Cette attraction de la nature tropicale sur ceux qui l'ont une fois admirée 
est invincible. Al. de Humboldt disait toujours, à la fin de sa carrière, qu'il 
ne voulait pas mourir sans revoir l'Amérique. Nous avons entendu M. de 
Siebold annoncer qu'il se préparait, à plus de 75 ans, à un nouveau voyage 
au Japon. Combien de fois notre directeur et ami, M. Linden, ne nous a-t-il 
pas parlé de cet aimant enchanté qui l’attira sans cesse vers les régions 
luxuriantes qu'il a parcourues pendant douze années de sa vie? Avec quelle 
ardeur n'y courrait-il pas de nouveau! Mais les devoirs de la famille, les 


intérêts, les affections, et aussi les atteintes éprouvées par la santé dans 


PS lon 


ces courses lointaines sont autant de réalités qui conduisent à s'abstenir, et 
il faut se contenter de jeter de loin des regards d'envie sur cette patrie 
absente des forêts vierges et des splendeurs de la végétation ! : 

Pour les vrais amants de la nature, il n'y a pas d'obstacle. Combien de ces 
apôtres de la science et des voyages en sont devenus les martyrs? Victor 
Jacquemont, mort dans l'Inde à 52 ans, en pleine jeunesse et en plein 
talent, et dont les correspondances ont révélé un si grand esprit; Duvaucel, 
Quantin Dillon, Heudelot, Steinhel, Aucher-Eloy, Libon, Porte, Pearce, 
qui ont succombé à la suite de grandes fatigues ou de maladies contractées 
dans leurs expéditions botaniques; l'infortuné Bertero, qui périt dans la 
traversée de Taïti au Chili; Allan Cunningham, que des sauvages indigènes 
assassinèrent dans les forêts australiennes; Petit, compagnon de Quantin 
Dillon, qui fut dévoré par un crocodile en traversant le Nil à la nage; David 
Douglas et tant d’autres! La mort de Douglas est horrible; son souvenir est 
resté dans toutes les mémoires. Il explorait l'ile d'Hawaï (groupe des 
Sandwich); en parcourant une forêt, il fut précipité dans une fosse creusée 
par les naturels pour prendre les animaux sauvages et dissimulée par des 
branchages. Tout meurtri de sa chûte, le malheureux Douglas se trouve en 
face d’un taureau furieux, tombé avant lui dans le piége, et en quelques 
instants il est mis en pièces. Son cadavre fut retrouvé horriblement 
défiguré. 

Le martyrologe serait long des pauvres explorateurs restés à la peine 
dans ces courses aventureuses. Chacun sait à quoi il s'expose en se mettant 
en route, et cependant la soif de l'inconnu est si grande et la jouissance 
de ceux qui réussisent, probablement si intense, que tous les jours s’accroiït 
leur nombre, au grand profit de la science des voyages et de l'histoire 
naturelle. 

Nécrologie. — Dans nos courtes notices nécrologiques sur les illustra- 
tions de la science des plantes et des jardins, nous avons oublié de signaler 
la mort du prince Puckler Muskau, à son château de Branitz. Il naquit 
le 30 octobre 1785 à Muskau, étudia la jurisprudence de 1800 à 1803 à 
Leipsig, combattit à Dresde dans les gardes du corps, et rendu à la vie 
privée, se mit avec ardeur à créer à Muskau un parc où il voulait ren- 
. fermer toutes les beautés de la nature, en poussant l'art des jardins à 
ses dernières limites. Il publia en 1834, sous le titre : « Andeutungen über 
Landschaftsgärtnerei » un traité d'architecture paysagère et des albums d'une 
grande beauté, qui eurent à cette époque un certain retentissement par 
la nouveauté des vues qu'ils exprimaient. Après avoir passé de longues 
années à l'arrangement de son pare et y avoir dépensé la plus grande 
partie de sa fortune, il fut obligé de le vendre, et l'on dit qu'il venait 
souvent errer la nuit sous ces ombrages qu'il avait plantés et dont il ne 
pouvait se séparer sans avoir le cœur brisé. Il a laissé en Allemagne quel- 
ques élèves ou plutôt des imitateurs de son style, plutôt recherché que 
naturel, et l'on cite M. Jäger, d'Eisenach, comme ayant conservé ses 
traditions pour le tracé et la plantation des parcs et jardins. 


Ev. ANDRé. 


Lo DD 


PI. LXI. 


GONGORA PORTENTOSA, uno. er etc. ru. 


GONGORA. 
ORCHIDÉES. 


ÉTYMOLOGIE : Dédié à Antonio Caballero y Gongora, ami du botaniste Mutis. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Perigonii patentis foliola exteriora lateralia libera, divaricata, 
supremum columnæ dorso adnatum; interiora minora, columnæ medio connata. Labellum 
cum basi columnæ continuum, liberum, unguiculatum, dimidio inferiore (hypochilio) expla- 
nato, utrinque cornuto, superiore (epichilio) verticali, ancipiti (faciebus oppositis complicatis, 
connatis), acuminato. Columna elongata, areuata, clavata, marginata. Anthera incomplete 
bilocularis. Pollinia 2, linearia, in caudicula cuneata sessilia, — Herbæ americanæ, epiphytæ, 
pseudobulbosæ; folis plicatis, racemis elongatis flexuosis, multifloris. — Gongora, Ruiz et 
Pay. Prodr, 117, t, 95. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Racemus elongatus pluriflorus; flores longepedicellati ; sepa- 
um dorsale ligulato acutum ; sepala lateralia oblonga apiculata; petala carnosa lineari-falcata ; 
labellum carnosissimum compressum, medio superne angulato aristis geminis retrorsis in 
basi laminarum dolabriformium antice acutarum, antice aditum in antrum labelli aperientium ; 
epichilium tabulæforme anceps parvum ligula lineari bicurva anteposita (G. portentosa, Lind. 
et Reich. fil. in Gard. Chron. 1869, p. 892). — Cundinamarca, prov. Bogota (Nova-Granata). 
Wallis, 1868. — Vidi vivam haud florentem in horto Lindeniano. — Ep. A. 


Cette nouvelle et curieuse plante, découverte par M. Wallis en 1868 à 
Vergara, dans la province de Bogota (Nouvelle-Grenade), fait partie 
d'un genre remarquable par l'étrangeté de ses formes, et situé entre les 
Stanhopea et les Coryanthes. Elle présente de grandes fleurs jaunâtres, à 
larges sépales, à pétales charnus aigus, violet tendre ponctués de pourpre, 
à labelle triangulaire élargi de la même couleur que les sépales. Ces fleurs 
sont disposées en grandes grappes pendantes à la manière des Stanhopées, 
mais plus longues et plus grêles. Chaque fleur est longuement pédicellée ; 
le sépale dorsal est ligulé aigu, appliqué, verdâtre, les latéraux grands 
oblongs, apiculés, ondulés, d’une couleur jaune violacé ponctué de brun; 
les pétales, charnus, linéaires cornus, falciformes, sont violets pointillés. 
Le labelle, très charnu comprimé, est anguleux dans la moitié supérieure, 
avec deux arêtes ou barbes rétrorses vers la base de deux lames étalées 
dolatriformes aiguës en avant, s'ouvrant en fosse profonde au-dessus du 
labelle, avec un prolongement en corne dressée linéaire au sommet; la 
moitié inférieure du labelle (épichilie) est en forme de table triangulaire 
ancipitée petite avec une ligule linéaire bi-recourbée placée en avant. 

Nous empruntons à M. H. G. Reichenbach la description de cette sin- 
gulière fleur, que nous n'avons pas vue épanouie et de laquelle nous ne 
pouvons dire que ceci de visu, c'est qu’elle est portée par une plante dont 
les pseudobulbes sillonnés oblongs rappellent ceux des Stanhopées, et des 
feuilles longues et grandes acuminées au sommet, longuement rétrécies en 
pétiole à la base, sillonnées et de consistance peu charnue. 

Le G. portentosa, qui fleurit abondamment chaque année dans les serres 
de M. Linden, est une de nos plus bizarres Orchidées américaines. 


Er. A. 
CULTURE, 
Culture sur bois ou en corbeille, dans un compost de terre fibreuse, de tessons et de 
sphagnum haché. Serre tempérée, beancoup de seringages pendant la période de végétation 
et peu d'humidité pendant le repos. J. L. 


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P Stroobant, adnat. px in Horto Land. EE Etab.Lifh. de Li Stroobant, à Gent 


| | Vie EGR  poonae 
| | : + <ERPE CHAUDE NOUVELLE-GRENADE. 
J. Lind. publ. 


js UE 


PL: XIE 


WELFIA REGIA, 1. wnoum. 


WELFIA ROYAL. 
PALMIERS. 


L 
ÉTYMOLOGIE : En l'honneur de la famille royale de Hanovre (Guelfe). 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Char. a clar. Wendland non adhuc omnino desumpti. Genus 
a Geonoma differt staminibus numerosioribus (36-42), staminodiis 18, seminum rapbe in dorso 
ramosa, etc. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Arbuscula erecta, trunco gracili; folia (juniora purpureo- 
salmonea biloba) longe petiolata, petiolo basi dilatato vaginante triangulari, supra cylindrico 
gracili, erecto, purpurascente ; adultorum foliorum primæ plurimæ lineares inæquales alternæ, 
in rhachidem supra furfuraceum angulatum decurrentes, nervis prominentibus erubescen- 
tibus ; inflorescentia racemosa multifida, nutans, ad basim foliorum truncum coronans, ramis 
octogonis, elongatis; flores. . .... ; semina minoria, ovoïdea, basi foveata unguiculata, in 
lineas dorsales singule disposita . . ... — In Nova-Granata legit G. Wallis, anno 1868. — Vidi 
vivam plantam juniorem in horto Lindeniano. — Ep. A. 


Welfia regia, H. Wendl Mss.? 


Ann 


L'élégance des formes et le charme des couleurs sont le partage de ce 
ravissant Palmier, reçu par M. Linden en-1868 de M. G. Wallis, qui le 
découvrit dans les régions tempérées de la Nouvelle-Grenade, à 1,200 mè- 
tres d'altitude. 

* Les jeunes plantes, dès-à-présent mises au commerce et que les serres de 
l'importateur contiennent en assez grand nombre, présentent un tout autre 
aspect que les plantes adultes observées par M. Wallis dans leurs sites 
natals. En effet, dans le jeune âge, elles offrent des feuilles bilobées, puis 
pourvues de quelques rares pennes alternes comme dans certains Geonoma. 
Ce n’est qu'à l'état complet de formation que le Welfia regia forme un petit 
arbre du port le plus gracieux, à frondes découpées comme celles d'un Cocos, 
et ayant le port d'un Seaforthia elegans en miniature. Si les jeunes enfants 
dont nous parlons ne prennent point cet aspect, ils en offrent un autre qui 
ne le cède en grâce à aucune autre espèce. Leurs frondes, doucement 
inclinées sur leurs pétioles de pourpre, avec deux grands lobes bifurqués 
terminaux oblongs et obliques, d'un beau rouge passant au vert glacé et 
foncé, leurs nervures purpurines sous la face verte des feuilles adultes, et 
ce port régulier sans raideur, cet air princier que tous les Palmiers revêtent 
sans exception, même dans les espèces humbles, tout contribue à faire de 
cette charmante espèce une acquisition de premier rang. 

Nous n’en connaissons point les fleurs et notre description sommaire doit 
se réduire à ceci à l'heure présente : petit arbre dressé, à tige grêle, feuilles 
(les plus jeunes bilobées pourpre saumoné) à long pétiole dilaté invaginant 
à la base triangulaire, puis cylindrique grèle, dressé, purpurin; les adultes 


TOM. XVIII. — MAI 4871. 43 


— 94 — 


à pennes nombreuses linéaires inégales alternes décurrentes sur le pétiole 
anguleux, rouge, et farineux en dessus; nervures saillantes rouges; inflo- 
rescence rameuse, pendante, à divisions nombreuses, couronnant le stipe; 
et portant des rameaux octogones, allongés; fleurs …..; graines petites, 
ovoïdes, à base creusée et onguiculée, disposées une à une en rangées 
dorsales. 

Depuis l'impression des lignes qui précèdent, nous avons reçu de M. Her- 
mann Wendland, de Herrenhausen, le phénicographe le plus distingué depuis 
Martius, la lettre suivante, qui ajoute quelques utiles indications à celles 
que nous venons de donner et dont nous voulons faire profiter nos lecteurs : 

« Le genre Weifia est nommé en l'honneur de la famille royale de Hanovre, 
spécialement du roi Georges V. Il n’a pas été publié encore avec détail. 
Je l'ai d'abord mentionné dans un recueil d'histoire naturelle à Hanovre 
en 1861, et j'en ai publié une courte notice en 1869 dans le Gartenflora, 
p. 242. Le genre diffère des Geonoma par le plus grand nombre des éta- 
mines (36-42 au lieu de 6), des staminodes (18 au lieu de 6) et par les 
graines, qui ont un raphé rameux extérieurement, pendant que les Geonoma 
présentent un raphé courbe et simple. ee 

» Je ne connais actuellement que deux espèces : Welfia Georqü et W. regia. 
Le premier vient de Costa-Rica; le second de la Nouvelle-Grenade. 

» Le Welfia Georgü offre un tronc de 20" de hauteur, avec 20-30 feuilles 
de 6-7" de longueur, portant 40-60 segments de chaque côté du rhachis. 
Le régime, presque sessile, est peu rameux, à rameaux hexagones de 1" de 
longueur sur 0,03 de diamètre. Les fruits atteignent 34-45 mm. de long 
sur 12-14 mm. de diamètre, et sont plus gros que ceux du Welfia regia. 

» Le W. Georgi est également un Palmier de la plus grande beauté, 


comme l'espèce que vous publiez. » 
Ep. A. 


CULTURE. 


Nous cultivons cette espèce dans un mélange de terre de gazon, de 
terreau et de terre de bruyère. Elle réclame la serre chaude-tempérée 


et beaucoup d'humidité. 
J. L. 


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ARISTOLOCHIA BARBATA (Jacquin). 
SERRE CHAUDE. NOUVELLE-GRENADE. 


J. Lind. publ. 


PR 


PI. LXIIT. 


= ARISTOLOCHIA BARBATA, nc 


ARISTOLOCHE BARBIGÉRE. 
ARISTOLOCHIACÉES. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir IUustration horticole, 1870, pl. I. 

CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Fruticosa; caulis volubilis angulatus ramulis foliisque subtus 
pubescentibus; folia longiuscule petiolata deltoïdeo vel sagittato cordata obtusa vel acuta 
supra glabra, auriculis basi magnis rotundatis, sinu semiclauso vel aperto; flores longiuscule 
pedicellati axillares solitarüi, perianthio pallido, tubo basi obovoïdeo globoso inflato, fauce 
late infundibuliformi, ore lato hiante oblique truncato buccæformi venoso, labio parvo stipitato 
 suborbiculari intus supra medium processubus elongatis purpureis dense barbato (J. D. Hooker, 
in Bot. Mag. t. 5869). 

À. barbata, Jacq. Coll. bot. III, p. 221. Stirp. rar. v. HI, p. 17,t. 608. — Willd. Sp. pl. 
V. IV, part. I, p. 156. — Duchartre in DC. Prod. XV, part. I, p. 447. — Griseb. F1. brit. 
W. Ind. p. 299. 

A. dictyantha, Duch. in Ann. Sc. nat. sér. 4, v. If, p. 49, et in DC. Prod. I. c. p. 446. 

Howardia barbata, Klotzsch. in Monatsb. Ac. Bei. 1859, p. 615. 


Encore une singularité à ajouter aux espèces déjà qui composent ce genre, 
et dont nous avons publié plusieurs remarquables espèces nouvelles. 

Ici ce n'est plus le vaste pavillon d’un cor de chasse, ni une étoffe indienne 
élégante, ni un vaste lambeau de pourpre à odeur cadavéreuse, ni une 
pipe turque, ni des lanières tortillées et pendantes. C'est une petite fleur 
verte et brune s’ouvrant en deux parties comme la gueule d'un serpent 
dont la lèvre supérieure serait barbue intérieurement. La plante n'a pas 
encore fleuri à Bruxelles, mais la planche que nous donnons d'après le 
Botanical Magazine offre une idée exacte de cette bizarre espèce. Elle est 
originaire des environs de la Trinidad (Vénézuela), d'où M. Ernst, de Ca- 
racas, l'envoya à Kew, et depuis elle a été retrouvée par M. Roezl, dans 
la Nouvelle-Grenade, qui l'expédia à M. Linden. 

C'est un arbrisseau de serre chaude, à tiges nombreuses, grimpantes, 
anguleuses, grèles, ligneuses à la base, hautes d'un mètre et plus. Les 
branches sont pendantes; les feuilles, sur des pétioles longs, sont longues 
de 10 cent., de largeur variable, cordiformes deltoïdes, oblongues cordées 
ou subsagittées, à oreilles arrondies, à bords recourbés, glabres ou à peu 
près en dessus, pubescentes et glauques dessous. Les fleurs sont solitaires, 
axillaires, sur des pétioles recourbés plus longs que les pétioles. Le pé- 
rianthe est long de 6 à 7 centimètres, avec la portion basilaire en forme 
d'outre obovoïde, vert pâle, le tube presque droit, veiné, s’étalant en une 
expansion en entonnoir velu intérieurement, fortement réticulé, brun pâle 
à l'intérieur, vert tendre au dedans. Lèvre dressée plus petite que l’orifice 
du périanthe, comme pédicellée, suborbiculaire un peu arquée, brune et 
réticulée vert à l'extérieur, verdâtre à l'intérieur avec de nombreux poils 
bruns claviformes accumulés à la moitié supérieure. Six anthères linéaires, 
et six stigmates deltoïdes tubulés, récurves, jaunes ocreux, sont réunis en 
colonne ou gynostème. Ep. A. 

CULTURE. 
Même culture que celle indiquée pour l'A. Duchartrei. J. L. 


PI. LXIV. 


| UTRICULARTA MONTANA, scoun. 


UTRICULAIRE DES MONTAGNES. 
LENTIBULARIÉES. 


ÉTYMOLOGIE : Du latin wtricula, petite outre, petite bouteille, par allusion aux vésicules 
aérifères qui soutiennent sur l’eau les rameaux de quelques espèces. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Calyæ diphyllus, foliolis æqualibus, indivisis. Corolla hypo- 
gypa, personata, tubo subnullo, basi antice calcarata, labio superiore bifido, inferiore, lon- 
giore, palato prominente. Sfamina 2, corollæ labio superiori inserta; filamenta conniventia 
ineurva, apice intus antherifera; antheræ cohærentes, uniloculares, simplices vel didymo- 
constrictæ, longitudinaliter dehiscentes. Ovarium uniloculare, placenta basilari globosa. Ovula 
plurima, anatropa? Stylus brevissimus, crassus ; sigma bilabiatum, labio superiore brevissimo 
vel obsoleto, inferiore lamelliformi, dilatato. Capsula globosa, unilocularis, demum irregu- 
lariter rupta. Semina in placenta basilari globosa, libera plurima, umbilico basilari. Embryo 
exalbuminosus, indivisus. .. — Herbæ cosmopolitæ in America boreali temperata et Nova- 
Hollandia imprimis copiosæ, aliæ aquaticæ, libere natantes foliis radicalibus demersis, multi- 
fidis, vesiculis plurimis aëriferis instructis, aliæ paludosæ, radicantes, foliis radicalibus 
confertis, indivisis, vesiculis interdum radicalibus, scapis nudis, nunc squamulis paucis vel 
foliis vesiculiformibus instructis, floribus spicatis, racemosis vel solitariis. 

Utricularia, Linn. Gen. n° 31, etc. (ex Endlich. Gen. 4195). 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : repens, stolonifera; tubercula oblonga albo translucentia 
fibrillis utriculiferis; folia radicalia erecta integerrima lanceolata basi attenuata rubescentia, 
glabra, carnosa, enervosa ; scapus erectus gracilis, 1-2 florus, viridi-purpurascens, articulatus, 
squamis caulinis minutis remotis linearibus; calycis lobi ovato-cordati obtusi basi auriculati 
marginibus revolutis, patuli v. erecti, albo flavescentes, extus purpureo lineati; corolla magna, 
albida, breviter tubulosa, Iobo superiore retuso obovato erecto sepaloque superiore subadnato, 
fauce curvata, labello sacciformi ore ovato antice producto gibboso angulato aureo, dein 
limbo undulato dejecto expanso basi rotundato, calcare infero, 0»03 longo, infra labellum 
antice incurvo eoque longiore. Sfamina 2, in superiore faucis parte insertis, antheris quadri- 
fidis, brunneis, subexsertis, filamentum curvato-calcaratum clavatum superantibus. Ovarium 
sphæroïdeum, sessile, superum, uniloculare, multiovulatum; sfigma subsessile, in ore hiante 
dilatato insertum. — Crescit in humidis altisque montibus Martinicæ, Sancti Vincentii, Trini- 
tatis, Granatæ, Montis Serrati, etc. In frigidis provinciæ Ocana (Nova-Granata) detexit Roezl 
misitque in Europam anno 1870. — Vidi vivam et descripsi in horto Lindeniano. — Ep. A. 

Utricularia montana, Jacq. Amer. p. 7, t. 6. # 


RAS PPIS SSII PIIS 


Beaucoup de botanistes et d'horticulteurs ne connaissent, parmi les 


Utriculaires, que les quelques espèces à fleurs jaune d'or et à rameaux 
aquatiques, capillaires et vésiculeux qui parsèment la surface des petits 
‘étangs de nos régions tempérées. Ils ignorent que des centaines d'espèces, 
particulières aux Indes, à l'Australie, à l'Amérique du Sud, produisent des 
profusions de charmantes et étranges fleurs rouges, bleues, jaunes ou blan- 
ches, d'une grande variété de formes et du tissu le plus délicat. C'est qu’en 
effet, peu ou point d’entre elles ont pu parvenir jusqu’en nos cultures. Si on 
les introduit, elles fondent le plus souvent avant de fleurir. Or, comme dans 


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UTRICULARIA MONTANA (Wacquin}: 
: SERRE TEMPÉRÉE. NOUVELLE-GRENADE. 


3, Lind, publ. 


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les herbiers leurs tissus légers se décolorent et se déforment, nous ne con- 
naissons ces plantes que par les figures et les descriptions. 

Nous avons aujourd'hui enfin la bonne fortune de faire exception à 
cette fâcheuse règle et de pouvoir donner à nos lecteurs une de ces jolies 
Utriculaires, arrachée par M. Roezl l'année dernière aux régions froides 
d'Ocaña (Nouvelle-Grenade), d'où il l'envoya à M. Linden à Bruxelles. La 
plante avait été découverte déjà depuis longtemps dans plusieurs autres 
régions : la Martinique, Saint-Vincent, la Trinité, etc., et même dans la 
Nouvelle-Grenade, sans qu'on put l'avoir, que nous sachions du moins, 
conservée vivante dans les serres. : 

Nous l'avons vu prospérer et fleurir chez M. Linden, où la présente 
planche a été faite sous nos yeux. 

C'est une petite plante traçante, produisant, autour de ses racines fibroso- 
charnues, des tubercules oblongs transparents, pédonculés, d'abords blancs, 
puis verdâtres, et eux-mêmes pourvues de fibrilles à utricules. Les feuilles, 
toutes radicales, insérées une à une sur le rhizôme traçant, sont dressées, 
longuement lancéolées, atténuées à la base en pétiole rougeâtre, vertes sur 
les deux faces, très entières et charnues, à nervures peu apparentes en 
dessus et nulles en dessous. Les hampes grêles, pauciflores (une ou deux 
fleurs sur celles que nous avons vues), sont vert teinté de pourpre à la base 
et aux articulations, où se trouvent de petites écailles éloignées, aiguës; les 
pédicelles, égalant les fleurs, sont accompagnés à la base de trois bractées 
linéaires acuminées. Le calyce est à deux sépales colorés de jaune pâle et 
vergetés de pourpre saumoné à l'extérieur : ils sont ovales cordiformes obtus 
auriculés à la base, le supérieur dressé plan, l'inférieur déjeté latéralement, 
tous deux à bords révolutés. La corolle, grande et blanche, courtement 
tubuleuse à lobe supérieur obovale dressé sous le sépale supérieur, à gorge 
semi-circulaire, présente un labelle d’abord sacciforme à ouverture ovale, 
projeté en avant en une bosse anguleuse d'un beau jaune doré, s’étalant 
ensuite en un limbe déjeté, élargi arrondi à la base. Un éperon infère, long 
de 0"03, recourbé en avant sous le labelle dont la pointe aiguë le dépasse, 
est étroitement appliqué sous cet organe. Les deux étamines, insérées à la 
partie supérieure du fond de la gorge, offrent des anthères brunes quadrifi- 
des au sommet d’un filet en éperon recourbé et renflé en massue. L'ovaire 
sphéroïde, sessile, uniloculaire, multiovulé, est couronné par le stigmate 
sessile, contracté, puis dilaté en orifice ouvert comme une lèvre béante. 

Ces charmantes fleurs durent plusieurs jours épanouies. D'abord blanches 
plus ou moins teintées de rose, elles jaunissent en se flétrissant. Nous con- 
seillons de leur donner, en serre tempérée (sous cloche ou sous châssis spé- 
spéciaux), un traitement voisin de celui des Sarracenia, Darlingtonia ou 
Cephalotus, avec un peu plus de chaleur.  . 

D. A. 


ms 0 


LES JARDINS PUBLICS AUX ÉTATS-UNIS. 


_ A mon départ pour le « grand pays » (c’est ainsi que les Américains 
appellent avec raison le vaste territoire de l'Union), je me tins le raison- 
nement suivant : je vais me trouver transplanté dans un ordre de choses 
tout différent du nôtre: ici les nécessités de la défense contre l'ennemi 
n'ont pas contraint les hommes à s'agglomérer en masses compactes, en 
villes étroites d'où la brise du ciel est impuissante à chasser les exha- 
laisons délitères; ici, où de grandes étendues de terrain sont souvent 
concédées gratis au fermier émigrant, je verrai à plus forte raison des 
espaces attribués dans les villes aux jardins et aux plantations, qui sont 
la santé, la joie et la consolation des créatures humaines forcées de sup- 
porter la vie artificielle des cités populeuses. Dans ce pays jeune et sans 
préjugés, parmi une nation qui progresse dans des conditions de richesse 
et de force inconnues jusque là, je pourrai constater, sinon la présence de 
monuments superbes, au moins de larges voies pour la commodité des com- 
munications et le développement futur des villes. 


Je fus cruellement désabusé. Peu de cités du vieux monde m'ont offert 
des rues plus étroites et plus sales que celles de New-York; peu de capi- 
tales sont aussi dénuées de jardins et de places, dans toute la vieille Europe. 
Même dans les tristes conditions où se trouve Londres sous ce rapport, on 
ne saurait y voir une circulation plus difficile que dans Broadway, et il est 
très rare de constater, dans la grande ville commerçante de l'Union, qu'on 
se soit préoccupé de créer de grandes et spacieuses voies plantées qui 
apportent l'air et la lumière comme dans les nouveaux boulevards de Paris. 
Dans toutes les villes d'Amérique, à l'exception d'une seule, les rues sont 
longues, droites et étroites, et c’est là presque tout ce qu'on en peut dire. 
Combien de fois, quand vous vous trouvez seul à: demander une adresse ou 
un nuinéro, on vous répond simplement : « Tout droit, à cinq milles d'ici, 
sur votre droite! » Les places plantées sont rares, et très éloignées les 
unes des autres et généralement d’un détestable arrangement, d'après ce 
vieux faux principe qu'il faut entasser les arbres les uns sur les autres. 


Cet état de choses, toutefois, est aisément explicable. Dans beaucoup de 
cas, lorsqu'on traçait le plan d'une ville, il ne venait à l'esprit de personne 
qu’elle atteindrait jamais la dixième partie de son développement actuel, 
et il eût été ridicule de voir dans un village d'énormes places et de vastes 
artères. Mais actuellement ces mêmes villes sont honteuses de cet état 
de choses et l’on se préoccupe, dans le plus grand nombre, de distribuer 
autrement les nouvelles annexes suivant un plan rationnel, commode et 
agréable. 

Il existe cependant deux séries de jardins publics dans lesquels les 
Américains semblent destinés à nous dépasser de bien loin : les grands 
parcs et les cimetières. On doit reconnaitre qu'ils sont conçus avec une 
ampleur remarquable et d'immenses sommes d'argent sont consacrées à leur 
création. Les cimetières surtout laissent loin derrière eux tout ce que j'ai 


PAT Ve 


vu d'analogue en Europe, et sont aussi supérieurs à nos nécropoles que la 
tombe de Napoléon aux Invalides surpasse un simple mausolée du Père- 
Lachaise. 

C'est avec une vive satisfaction que dans un pays encore aussi jeune, j'ai 
noté la présence de si beaux parcs, qui donnent le meilleur augure des 
développements futurs de la nation en ce sens. Dans chaque État des cime- 
tières sont disposés avec tant de goût qu'ils forment de très beaux jardins 
publics, et sont une vive protestation contre les agglomérations de tombes 
en désordre comme dans les cimetières de Paris et Londres. Au lieu d'en- 
terrer les corps pressés les uns contre les autres comme des allumettes dans 
une boîte, chaque famille est propriétaire d’un petit lot de terrain formant 
un jardinet dans lequel les tombes sont placées isolément. A Cincinnati on 
améliore même ce système en cachant les limites de chaque lot derrière 
le gazon, et en ne permettant au propriétaire qu'un seul monument dans 
l'espace qui lui est attribué. Sur cette construction sont inscrits les noms, 
— si même inscription il y a, — des diverses personnes enterrées auprès. 
Par ce moyen l'effet disgracieux ordinairement produit par le fait de cou- 
vrir le sol de milliers de monuments hétéroclites est évité en grande partie, : 
tandis que le dessinateur du jardin peut obtenir de très beaux effets paysa- 
gers en ménageant des vues, de vastes pelouses et des plantations bien 
agencées qui produisent de véritables scènes de parcs. 

New-York, la principale ville dés États-Unis, est sous certains rapports 
la ville la plus désagréable et la plus sale que j'ai vue. Le fameux Broadway, 
à part sa longeur, est inférieur à la plupart des boulevards de second ordre 
à Paris. Comme je le disais, à l'intérieur on trouve fort peu de plantations, 
et quand il s'en rencontre, c'est en bordure de voies étroites, de sorte 
que les Vernis du Japon (Ailantus) et quelques autres arbres employés, dès 
qu'ils prennent un peu d’accroissement, remplissent à moitié la rue et 
obstruent le jour. Les squares sont rares et très inférieurs à ceux de 
Paris ét mème de Londres. Ordinairement ils sont traversés par des 
allées droites et parsemés d'arbres communs, de sorte qu'on n'obtient 
aucun effet ornemental. Dans les parties les plus fashionables de la ville, 
les rues sont propres; mais combien d'autres quartiers où la saleté est 
incroyable et la boue permanente ! On a conservé cette bonne vieille 
habitude de répandre les immondices des maisons dans les rues, et 
la municipalité, bonne mère, seconde le mouvement en laissant pourrir 
indéfiniment ces tas d'ordures. On aimerait mieux être Indien dans les 
forêts de l'Amazone que « l'habitant respecté » de nombreuses rues de 
New-York, que j'ai eu le malheur de traverser. Plusieurs même de celles 
qui vont de Broadway au quai sont les plus mal tenues. A ce triste spectacle 
vient s'ajouter l'inconvénient plus sérieux des tas de pavés qui roulent sur 
la chaussée et sont un danger pour les véhicules passants, ou des rues sans 
empierrement d'aucune sorte et recouvertes d'un épais lit de boue. 

Sous d’autres aspects cependant, New-York est une grande et belle ville, 
et rachète les fautes ci-dessus. Comme toutes les grandes cités de l'Est- 
Amérique, elle est bâtie sur un très beau port, à cheval sur une ile bordée 
d'un côté par la rivière Hudson et de l’autre par le grand estuaire nommé 


sa 100: 


East river, qui forment de larges boulevards aérés et apportent une excel- 
lente ventilation aux populations denses qu'elles traversent. 


On sait combien le Central-Park est magnifique. Le jardinage ornemental 
proprement dit n’y occupe pas une grande place, et c'est avec raison que 
cette sobriété de décoration y est en usage; mais sous le rapport du dessin 
il est certainement supérieur aux parcs de Londres les plus étudiés. On y 
trouve des pelouses vastes et tranquilles, et de nombreux rochers naturels 
conservés, mais pas encore ornés de plantes saxatiles et de buissons 
pittoresques. On a eu le tort cependant d'y multiplier outre mesure les 
ponts au-dessus des routes, dans le but de maintenir les chemins de cava- 
liers isolés de ceux destinés aux voitures et aux piétons. Les dépenses 
occasionnées inutilement dans ce but sont énormes. Dans Hyde-Park 
aussi bien qu’au Bois-de-Boulogne, où la circulation est beaucoup plus 
considérable, il n’a pas été nécessaire d'employer cette mesure. 


Le cimetière de Greenwood, à Brooklyn, est très étendu et très beau; sa 
surface très variée et plantée avec discernement. C’est aujourd'hui un véri- 
table jardin public, et nous espérons qu’il conservera ce caractère. Prospect 
Park, également à Brooklyn, seconde partie de New-York, n'est pas 
moins remarquable et tracé avec beaucoup d'art. Les voies et boulevards 
qui en font les approches sont larges et bien percés et l'ensemble est digne 
d'un grand pays. Si les autres villes américaines suivent ces modèles, elles 
laisseront loin derrière elles, sous ce rapport, les créations analogues de la 
pauvre vieille Europe. 


J'ai été fort désappointé à Philadelphie par la monotonie de ses longues 
rues, quoique la ville soit vaste, saine et intéressante à de nombreux points 
de vue. Les égouts sont à découvert et traversent les trottoirs par de petits 
canaux La chose n’est rien moins qu'agréable par les grandes chaleurs et 
ressemble plutôt à une rue de vieille ville irlandaise qu'à ce qu'on est en 
droit d'attendre d’un peuple jeune et d’une civilisation avancée. On a essayé 
de planter un square avec les arbres indigènes d'Amérique, mais comme 
toujours, les arbres sont trop rapprochés les uns des autres et produisent 
une confusion complète, bien loin d'ajouter à la beauté du lieu et de pré- 
senter un développement satisfaisant. 


Mais dès que le promeneur entre dans Fairmount-Park, il est frappé de 
l'ampleur et de la magnificence avec lesquelles ont sait traiter les parcs 
dans l'Amérique du Nord. Qu'on imagine une immense pièce de terre, 
inclinée sur les bords d'une large rivière bordée des rocs les plus pittores- 
ques, mesurant une étendue de 3000 acres (plus de 1200 hectares) et d’une 
telle diversité d’aspects que tout lé talent d'un habile architecte paysagiste 
pourrait s'y excercer à plaisir pendant un grand nombre d'années pour en 
développer les beautés. Si ce beau parc est traité avec goût et modération, 
dans le style naturel, et si l'on sait y dépenser de l'argent pour l'embellir 
par les éléments que la végétation peut fournir, il surpassera de beau- 
coup tout ce qui est connu jusqu'ici. Mais à Dieu ne plaise qu'il tombe 
entre les mains de ces prétendus artistes qui, au lieu de l’enrichir par ces 
éléments, lui enlèvent son caractère et le sillonnent d'allées droites, de 


x 


— 101 — 


dessins géométriques, de fontaines et de ponts coûteux, statues, etc., en un 
mot, chercheraient à le dénaturaliser! : 

On admire également à Philadelphie un cimetière contenant plusieurs 
centaines d'acres de superficie, très bien orné et entretenu, et non moins 
bien planté. J'y ai recueilli des spécimens d’un superbe Gordonia, arbuste 
couvert de belles grandes fleurs blanches ressemblant à celles du Magnolia 
glauca. ” 

À Baltimore, un parc, taillé sur des dimensions analogues, semble un + 
coin de la Suisse et commande de* magnifiques. perspectives sur le pays 
avoisinant., Le genre de destructeurs dont je parlais plus haut y a laissé sa 
trace, en imaginant deux longues lignes de vases massifs rangés près d'une 
route voisine de l'entrée, tous du même modèle et faisant l'effet de senti- 
nelles de pierre gardant cette partie du parc. Si les Baltimoriens conti- 
nuent dans ce genre de laisser gâter leurs parcs, les beaux effets de la 
nature y seront bientôt soumis aux caprices du mouleur ou du tailleur de 
pierre. Fe, 

La ville de Boston m'a paru de beaucoup supérieure comme tracé et 
bonne tenue des voies de communication, aux autres cités de l'est, et se 
rapproche de la disposition donnée aux villes anglaises les mieux bâties. 
Un point célèbre, connu sous le nom de Boston common, est une chose assez 
ordinaire et le jardin qu'on y a créé ressemble à ‘un caprice d'enfant ou de 
petit rentier. On n’y trouve ni grandeur ni variété, mais un semis sans 
ordre et sans fin de corbeilles de fleurs et de bordures régulières, et le 
bassin du milieu a reçu la forme de trois violons rassemblés par le haut, 
le tout bordé de pierre, un hybride monstrueux et détestable entre le 
genre naturel et le genre symétrique. A côté de cet exemple, je sais que 
Boston se prépare à créer un nouveau parc, à limitation de beaucoup 
d’autres villes des États-Unis, et je ne doute pas que ce parc soit digne 
de cette noble cité. J'y ai déjà remarqué un excellent modèle de boule- 
vard, avec une pelouse au milieu, ornée d’arbustes et de fleurs, et une voie 
pour voitures de chaque côté. 

Chicago, la nouvelle grande ville de l'Ouest, que l'on nomme bien à tort 
la ville des jardins, n'est rien moins qu’un lieu de plaisance. Elle est vaste 
et vivante, sans doute, mais sa situation est à un niveau très bas, sans 
posséder l'agrément des vastes rivières ou estuaires que l'on rencontre 
dans les villes de l'Est. Si on embrasse son ensemble du haut d'une maison, 
cette surface se rapproche plutôt de celle de Chelsea ou des parties basses 
de Rotherithe que de Manhattan ou Boston. On y trouve de belles rues, 
mais de fort laides aussi, dans lesquelles une population sans nombre 
d'affreux rats pullule sous les trottoirs en bois. Comme à New-York, 
l'agréable usage de laisser les immondices dans les rues a prévalu, et 
beaucoup de ces rues sont assez longues pour un pèlerinage. La ville est 
située sur le bord du grand lac Michigan, et l'on sSupposerait que les habi- 
tants sont fiers de sa belle surface et la maintiennent pure avec soin, car 
c'est le seul point environnant où la nature soit séduisante. Il n’en est pas 
ainsi. Tous les décombres y sont jetés; des lignes d'affreux wagons en sui- 
vent les bords et dans la plupart des cas en cachent la vue de la ville. 


TOM: XVIII. — MAI 1817, 15 


—102 — 


M. Olmsted, le dessinateur du Central-Parc, architecte-paysagiste de 
grand talent, qui a les idées les plus vraies et les plus larges sur son art, 
est occupé à dessiner pour Chicago plusieurs parcs et jardins publics et de 

mure boulevards plantés pour y accéder, de sorte que dans un court délai 

_ les environs, qui se trouveront ainsi reliés agréablement entre eux, forme- 
ront à la ville une ceinture rapidement entourée d'habitations. 7 

Je termine cette esquisse par Washington, capitale des Etats-Unis. Les 

« rues y sont magnifiques, bien tracées, souvent bien plantées, bien qu'il 

reste encore beaucoup à, faire. Plusieurs dépassent cinquante mètres de 

largeur; on y peut planter des arbres sans crainte d'obscurcir la vue des 

fenêtres. La situation de la ville est superbe, les vues étendues et fort 

belles et en matière horticole et agricole, elle est un point central, le siége 

d'un établissement unique au monde et dont j'aurai occasion de parler 


prochainement. ds + 
« W. RoBINSON. « 
## bé 


PLANS DE JARDINS. 


Notre éditeur nous a plusieurs fois demandé de donner à nos lecteurs de 
temps en temps des plans de pares et de jardins comme modèles à consulter. 
Nous nous étions abstenu jusqu'ici de peur qu'on ne nous accusât de mêler 
le métier à la science, et en voyant un architecte-paysagiste recommander 
sa marchandise, que l'on ne s'écriât : « Vous êtes orfèvre, M. Josse Lo» 

Aussi nous en étions nous tenu jusqu'ici à quelques dessins de petits par- 
terres de peu d'importance et pris à des sources étrangères. 

On me dit que ces scrupules sont exagérés. « Pourquoi, m'a t'on objecté, 
ne préconiseriez-vous point dans votre journal ce que vous conseillez à des 
propriétaires éclairés ? N'est-ce pas, d’ailleurs, à peu près le mème public? 
Le plus grand nombre de vos abonnés n'est-il pas recruté parmi les pro- 
priétaires ruraux pour qui l'arrangement extérieur de leurs jardins n'est 
point indifférent ? » Et une foule d’autres raisons qui n'ont pas eu de peine 
à faire pencher vers ce sens quelqu'un d'à-moitié converti. 

Je donne done aujourd’hui le plan d'un jardin d’un peu moins d'un hectare. 
Il est tiré des gravures déjà prêtes pour le Traité général des Jardins que 
je prépare depuis de longues années et qui paraitra prochainement chez 
Victor Masson et fils à Paris. 

La propriété est celle de M. le baron de Cr...r, dans le département du 
Cher. L'échelle du plan est de 1 millimètre par mètre. La largeur des 
grandes allées est de 3 mètres ; celle des sentiers de 150. 

L'entrée G est la principale, bien qu'elle soit d'une largeur égale à la 
grille H, qui sert de sortie des voitures sur la campagne. L'habitation À 
est isolée et entourée de massifs de Rhododendrons, de 4 côtés. Les deux 
autres côtés libres doivent conserver le jour des cuisines et soubassements 
divers. 

Une petite pelouse ovale, vallonnée, portant une corbeille de fleurs P, 
un massif 1 d'arbre à belle floraison et d'arbustes à feuilles persistantes, 


— 103 — 


d'un Marronnier rouge N° 10, d'un Yucca 11, d'un Paulownia 12 et d'un 
Sorbier hybride 13, sépare l’habitation et la masque des communs F. Les 
écuries et remises B, hangars, brichers, maison de jardinier et vacherie EE, 


‘2483994 unp udoSes{ed urpreg 


A 


le chenil C et le poulailler D, entourent la cour centrale de service, cachée 
d'ailleurs par les massifs extérieurs. 

Dans le jardin paysager proprement dit, naturellement incliné en pentes 
douces sur les bords d'une petite rivière, on a capté les eaux pour les faire 


M 


partir d'une petite cascade M, garnie de plantes grimpantes et saxatiles. 

Un pont de bois rustique, un autre de fil de fer K et un troisième en 

rocailles O la franchissent au passage des allées; elle forme une expansion 

en forme de bassin ovale un peu plus loin, puis elle entoure une petite île 
de Saules et Tamarix, et se perd dans les prés après le jardin. 

En N, se trouve une place de pêche; en L, une salle verte avec table et 
chaises de fer ; en J, une place analogue ombragée d'une tente-abri; ça et là 
enfin sont des bancs de jardin placés aux extrémités des points de vue 
ménagés entre les plantations. 

Les massifs 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8,9, qui constituent le cadre du jardin, 
comprennent un grand nombre des arbres-et arbustes qui peuvent entrer 
dans les terrains frais et y former des groupes harmonieux defeuillage et 
de fleurs. La nomenclature en est un peu longue; nous la donnerions volon- 
tiers à qui nous exprimerait le désir de l'obtenir. + 

Il n’en est pas de même des arbres et arbustes isolés, dont la liste est 
assez restreinte et dont la position offre une certaine importance. Ils sont 
ainsi distribués : 14, Magnolia grandiflora; 15, Catalpa commun; 16, Chêne 
pyramidal; 17, Pin noir d'Autriche; 18, Plaqueminier d'Italie; 19, Taxodium 
distichum; 20, 3 Sapinettes bleues; 21, Peuplier de la Grèce; 22, Bambou 
grêle; 23, Noyer d'Amérique; 24, Négondo argenté; 25, Noyer cendré; 
26, 3 Pinus excelsa; 27, Peuplier de Russie; 28, Olivier de Bohème; 
29, 3 Taxodium sempervirens; 34, 3 Arundo donax; 35, Plaqueminier de 
Virginie; 36, Tamarix indica ; 37, Tulipier de Virginie; 38, Cryptomeria ele- 
gans; 39, Aulne lacinié; 40, Bouleau pleureur; 41, Erable jaspé; 42, Acacia 
visqueux; 43, Frêne d'Amérique; 44, 3 Abies morinda; 45, Cedrus deodara; 
46, Épine cramoisie double; 47, Vernis du Japon; 48, Poirier à feuilles de 
Saule; 49, Frêne pleureur; 50, 3 Saules romarin; 51, 3 Tamarix tetrandra; 
52, 1 Saule pleureur; 53, Pinus strobus; 54, Virgilia lutea; 55, Peuplier 
d'Ontario; 56, Aulne à feuilles en cœur; 57, Acacia rose; 58, Saule ar- 
genté; 59, Araucaria imbricata; 60, Rosier Malton. 

Nous ne parlons pas, s'entend, des nombreuses plantes vivaces, à fleurs 
ou à feuillage ornemental, qui peuvent orner les pelouses et le bord des 
eaux indépendamment des arbres que nous indiquons. On peut aussi garnir 
les murs et clôtures, de même que le pied des arbres avec des plantes 
grimpantes de diverses espèces. On trouvera des listes de ces plantes à 
belles silhouettes dans notre traité des Plantes à feuillage ornemental. 

Tel est l'arrangement que nous proposerions pour une propriété d'un 
hectare dans des conditions comme celle-ci. Nous avons négligé exprès le 
potager, qui est en dehors de la propriété, mais qu’il serait facile d'y an- 
nexer, en prenant les terrains indiqués par la rubrique champs cultivés. 


Er. A. 


ND = 


CHRONIQUE HORTICOLE. 


Exposition de Nottingham. — L'Exposition de Nottingham, que 
nous avons annoncée naguère, vient d'avoir lieu; elle a obtenu un très vif 
succès. La presse horticole anglaise avait « chauffé à blanc » la réussite de 
cette exhibition provinciale de la Société royale d'Horticulture de Londres, 
dépossédée pour un moment de son local ordinaire. Les noms bien connus 
des principaux organisateurs, MM. Lowe et Reynolds Hole, avaient été mis 
en avant, leurs portraits publiés avec leur biographie en vedette: des 
excursions, avec déjeuners, luncheons, diners, soupers, toasts, etc., complé- 
ments obligatoires de toute fête anglaise, petite ou grande, avaient été 
préparées pour les plus beaux jardins du voisinage: les compagnies de 
chemins de fer avaient réduit leurs tarifs, la ville de Nottingham s'était 
pavoisée et mise en fête; aucune espèce d'attraction n'avait été omise. 


Les apports, nombreux, variés et choisis, ont été dignes de LEUR 
et les prix n'ont pas manqué aux vainqueurs. Leur total dépassait 62,500 fr. 


Voici les apports qui nous ont le plus frappé : 


Plantes nouvelles : Ont reçu des certificats de 1re classe, MM. Veitch, 
de Chelsea, pour Begonia Chelsoni, Dieffenbachia Bausei, Dracæna Wise- 
mani et D. amabilis; M. B. S. Williams, pour Trichomanñes auriculatum ; 
MM. Fischer, Holmes et C°, pour Thymus citriodorus aureo-marginatus ; 
M. G.F. Wilson, pour Lilium californicum; L. puberulum, L. penduliflorum, 
L. canadense flavum ; M. C. Turner, pour Pelargonium Achievement, Zéphyr, 
Cæsar, Pompey, Charlemagne; M. J. E. Mapplebeck, pour variétés curieuses 
de Fougères de plein air : Pteris aquilina vars. incurva, grandiceps, cristata, 
gloveri; Lastræa filix-mas. vars. revolvens ; Athyrium filix-fœmina vars. dila- 
tatum, Mapplebeckii, rectangulare, caudiculatum, Ceratophyllum, flabellifolium, 
tenue, Gillsoniæ, Craigii glomeratum; Blechnum spicant var. crispatum ; 
M. Lowe enfin, pour une autre collection de Fougères rustiques, dont nous 
donnerons plus loin la longue énumération avec quelques réflexions. 


Les premiers prix pour plantes de serre variées ont été remportées par 
MM. Jackson et Son, de Kingston; Baines, jardinier de M. Nicholls, 
à Southgate; Stevenson, de Timperley. Pour les plantes panachées ou à 
beau feuillage, par MM. Baïnes et B. S. Williams, Londres. Pour les Pal- 
miers et les Orchidées par le même M. Williams. Pour les Pelargoniums, par 
M. Edwards, de York. Pour les Fougères exotiques, par MM. Shuttleworth, 
de Preston, Williams et Stevenson, de Timperley. Pour les Fougères indi- 
gènes, par M. Mapplebeck, M. Thompson, de Leicester, et M. Edwards, 
de Muthall. Pour les Roses, par MM. Laxton, de Stamford, Paul et Son, 
de Cheshunt, Johnson, de Nottingham, et Timson, d°. Enfin des concours 
spéciaux, dignement remplis par des horticulteurs venus de tous les points 


TOM. XVII. — JUIN 1874. is 


de HE 


du Royaume-Uni, ont fourni la preuve éclatante que l'Angleterre soutient 
toujours sa supériorité culturale. 


Exposition de Bruxelles. — La Société royale de Flore de Bru- 
xelles, de son côté, a maintenu sa vieille réputation, et à l'Exposition qu'elle 
a tenue à la fin d'avril dernier dans le magnifique local du Jardin botanique, 
elle est restée digne d'elle-même et des horticulteurs éminents qu'elle 
compte dans son sein. 

Un concours spécial pour les Azalées dites de l'Inde, ainsi que nous l'avons 
annoncé dans notre Chronique de février dernier, tentait les amateurs par 
les prix substantiels de 500 fr. et de 100 fr. qui y étaient annexés. 
MM. Vervaene, père et fils, de Gand, ont été vainqueurs. 


Les nouvelles variétés les plus remarquables étaient : 


Mont blanc, strié, fond blanc, dianthiforme ; 

Triomphe de Wondelghem, double, saumon, énorme fleur de 10 centimètres 
de diamètre. 

Bernhard Andrea alba (ILLUSTR. HORT. 1870. PI. XV.), fleur blanche 
double, forme du Bernhard Andrea. 

Cérès, très grande fleur à fond blanc; 

ame ch, M rameau fixé de la variété roi Léopold; 
Me Van Houtte, énorme fleur blanche strié rose ; 
Président Ghellinck de Walle, coloris très délicat ; 


Au chapitre nouveautés étaient inscrits en tête les apports de Mes- 
sieurs J. Linden, de Bruxelles, et Jacob Makoy, de Liége. Ce dernier 
exposait 10 plantes importées du Mexique récemment par M. Omer de 
Malzinne, et que M. Ed. Morren a surtout étudiées de près. Malgré la 
médaille d'or attribuée par le jury à ces plantes, dont plusieurs sont d'ail- 
leurs remarquables, on leur a trouvé un intérêt plutôt botanique qu’horticole 
et ornemental. Leurs noms étaient : Æchmea Morreniana, Tillandsia Morre- 
niana, Alsophila Malzinneana, Lycopodium Malzinneanum, Lycop. taxifolium, 
L. mandiocanum, Peperomia (sp. de Cordova), Billbergia e de Cordova), 
Tillandsia steptophylla. 


Dans le lot de M. J. Linden, exposé pour le même concours, on comptait L 
les : Acer palmatum ornatum (Japon, 1871); Agave Lindeni (Colombie, 1870); 
Arisæma filiformis (Japon, 1870); Carludovica imperialis (Eucuador, 1869); 
Dieffenbachia nobilis (Pérou, 1869); Dracæna lentiginosa (N'e-Zélande, 1868); 
Encholirion Libonianum (Brésil, 1868); Philodendron sp. (Amazone, 1870); 
Rapatea pandanoïdes (Para, 1866); Zamia cylindrica (Australie, 1870). 


Une grande partie de ces dernières espèces sont des plantes de premier 
ordre, qui ont été, sont ou seront figurées dans l’/llustration horticole et dont 
nos lecteurs pourront juger en connaissance de cause. 

Nous n'avons pas besoin d'ajouter que, dans les concours d’Orchidées, les 
plantes de M. Linden ont été dignes d'une collection aujourd'hui sans rivale 
en Europe, de même que les Palmiers, où se faisaient remarquer les espèces 
suivantes : Calamus lanatus, Astrocaryum Malyba, Acanthorhiza Warscewiczit, 
Cocos Bonneti, Deckeria Corneto, Triartea zamorensis, Chamærops (sp. nova), 


— 107 — 


Livistona Martiana, Malortiea speciosa, Thrinax elegantissima, Welfia regia, 
Caryota præmorsa. 

Cet ensemble hors ligne était encore rehaussé par de magnifiques échan- 
tillons fleuris du Cochliostema Jacobianum, et du gracieux Primula cortusoïdes 
grandiflora. 

Enfin, dans ces notes süséiites sur les principales richesses de l'Exposition, 
nous nous faisons un plaisir de citer une collection d'Orchidées de serre 
froide d'une culture sans reproche. Elle était due à un amateur passionné de 
Bruxelles, M. Van Branteghem. Le soin qu'il apporte à ses plantes est 
récompensé par une exellente végétation et des floraisons superbes. Nous 
savons qu'il porte toute sa sollicitude sur un genre charmant et peu collec- 
tionné, les Masdevallia, dont il possède toutes les espèces aujourd’ hui intro- 

 duites. La liste de ses plantes exposées doit prendre place ici : Odontoglossum 
nœvium, ©. nebulosum, O. roseum, O. Halli, O. cristatum, O. Pescatorei, 
O. cordatum, O. triumphans, O. pulchellum, Masdevallia Veitchiana aurea, 
Lælia superbiens, L. præstans, Oncidium pachyphyllum, O. serratum, O. pubes- 
cens, Epidendrum purum, Cypripedium villosum. 


Semis de Fougères. — En citant tout-à-l'heure le nom de 
M. Edw. J. Lowe comme l'un des plus actifs organisateurs de l'Exposition 
de Nottingham, l'importance de ses travaux pratiques sur des Fougères 
nous revient en mémoire et nous croyons utile d'en dire quelques mots. 
Huit volumes des « Ferns British et Exotic » et deux des « Native Ferns » 
ont rendu M. Lowe populaire parmi les nombreux Ptémidophiles de la 
Grande-Bretagne. Comme expérimentateur, il à empli son jardin de 
Fougères et il a obtenu de tels succès dans cette culture que plus de cent 
certificats de première classe ont été le résultat de ses présentations à 
diverses Sociétés horticoles. ‘ 

Le secret des résultats qu'il a atteints dans ses semis en produisant des 
formes nouvelles, est dû au mélange des spores d'espèces diverses. On le 
trouve consigné dans une notice lue à la « British association » (1870, p. 120), 
avec les remarques suivantes : 

« Les spores semées d’une fronde normale ont reproduit la plante normale. 

- Les spores d'une espèce semées dans une même terrine en quantité égale 
avec celle d'une autre espèce, ont donné 90 °/, de plantes anormales. 

» Les spores de frondes remarquables semées à part, on reproduit les 
parents. 

» Les spores d'une douzaine de frondes atrophiées de diverses espèces 
ont donné un grand nombre de variétés remarquables. 

» Les spores provenant du résultat du précédent semis, mélées toutes 
ensemble, ont donné 4000 plantes, dont on ne pouvait trouver deux 
semblables. » 

Les conclusions de ces observations, qu'il serait bon de rapprocher de 
celles de M. Stelzner, de Gand, sur le même objet, est que les spores de 
diverses espèces mêlées ensemble conduisent à FORRUPE certaine de nou- 


velles variétés horticoles. 
Voici la liste des plantes de semis exposées par M. Lowe à Nottingham 


— 108 — 


et qui lui ont valu des certificats de première classe : Scolopendrium vulgare 

Vars. perfectum, virginale, acceplum, cochleatum, tumulum, Mooniæ, innoculum, 
Davyi, Krespedon, Thaumaston, Kephalodon, Fellowsii, Smeei, omnilacerum, 
Lowei, Keralvwphoron, dichotomum, Prœcinctum; Asplenium marinum vars. 
Thompsoniæ, admirabile, capitatum ; Pleopeltis (Microsorium) irroïdes, var. 
cristata; Lastræa filix-mas, vars. Belperi, depauperata Padleyi, variegata ; 
Athyrium filix-fœæmina, vars. Gullsoniæ, Bellairsiæ, invincere, trossulum, Lowei, 
triumphale, Alexandræ, secule, Lawsoni; Lastræa dilatata, vars. calomelanos, 
speclabilis ramosa; Polystichum angulare, vars. transforme, ariprepes; Adiantum 
Capillus-Veneris, vars. amabile, daphnite, perfectum ; Hymenophyllum unila- 
terale, var. Kinahani. 

Que toutes ces variétés soient nouvelles, nous le voulons croire; qu’elles 
soient toutes dignes de la culture, nous n'oserions nous en porter garant, 
Mais cette liste n'est-elle pas la meilleure preuve de l'estimé particulière 
où l'on tient les Fougères rustiques dans le Royaume-Uni; fait qui devrait 
bien trouver des imitateurs sur le continent ? 

Importation du Darlingtonia californica. — Nous sommes heu- 
reux d'annoncer que notre collaborateur M. W. Robinson, à son retour des 

Montagnes Rocheuses, a rapporté tout un stock de cette curieuse plante. 

Les spécimens, que nous avons observés, sont bien portants et poussent 

vigoureusement chez MM. Veitch à Chelsea, Londres, où nous les avons 

vus, de même que chez M. Linden, à Bruxelles. Cette singularité végétale, : 
que la plupart de nos lecteurs connaissent au moins de nom, sera pro- 

chainement l'objet d'un article et d’une figure dans ce recueil. 

Floraison des Phormiums panachés. — Il n’est pas très rare de . 

_voir fleurir le Phormiumtenax dans le midi et dans les régions un peu chaudes 
où il passe à la pleine terre. Dans le sud de la France, on en voit chaque 
année des exemples. Nous nous rappelons même qu'un jour, nous promenant 
à Nice dans le jardin d’un écrivain célèbre : 

« Je voudrais bien, fit-il, voir la fleur de cette plante, qu’on dit curieuse ! » 
Et il indiquait une énorme touffe de Phormium. 

Pour toute réponse, ayant écarté les feuilles, nous montrâmes à notre 
interlocuteur plusieurs hampes de fleurs brunes cachées au centre de la 
touffe et qu’il n'avait pas apercues jusque-là. ee 

Cette année, non-seulement le type a fleuri, mais les variétés panachées, 
si fort à la mode depuis quelques années, ont épanoui leurs fleurs sur 


plusieurs points, chez M. Desmet, à Gand, où la hampe mesurait 2,25 de 


hauteur; au fleuriste de la Muette, à Paris, où nous avons vu récemment 
des fruits qui paraissent noués. Le Ph. Colensoï variegatum à également 
fleuri cet été chez M. De Groote, horticulteur à Steenbrugge. Cette simul- 
tanéité tient sans doute à la sécheresse exceptionnelle de l’année dernière 
qui a mûri ces plantes et les à incitées à la reproduction. 

La Revue horticole de Ringelheim, — Nous apprenons avec 
plaisir que notre collègue M. E. Rodigas, ancien professeur à l'École 
d'Horticulture de Gendbrugge-lez-Gand, vient de prendre la direction de 
la feuille horticole ({ustrirte Berichte über Gartenbau) que l’Institut pomo- 
logique de Ringelheim (Hanovre) publie sous le contrôle de ses directeurs. 


ms ON 


Peu d'écrivains initiés au mouvement horticole et botanique de notre temps 
pourraient être opposés à M. Rodigas pour bien remplir l'office qui lui est 
confié, Nous l'avons vu à l'œuvre dans de nombreux articles publiés dans 
la Flore des Serres. Depuis plusieurs années il ne cesse de rendre des services 
comme secrétaire général du Cercle d'Arboriculture de Gand, utile association 
sur laquelle nous revenons souvent avec intérêt. La Revue horticole de Rin- 
gelheim, publiée en français, allemand et anglais, trouvera ainsi un public 
cosmopolite. Le soin du texte, le luxe de l'impression et des illustrations, 
rien ne manquera pour classer cette publication parmi les meilleurs organes 
de la presse horticole européenne. 

Herbier Delessert. — Tout botaniste se rappelle avec quelle géné- 
rosité M. François Delessert, digne successeur de M. Benjamin Delessert, 
l'ami du pauvre et le Mécène de la science des plantes, mettait son herbier 
et sa magnifique bibliothèque à la disposition des gens studieux. A son nom 
s'ajoute celui de M. Lasègne, qui a été si longtemps l'aimable et excellent 
Conservateur de ces riches collections. A la mort de M. F. Delessert, il y a 
quelques années, sa bibliothèque fat donnée à l'Institut de France, où l'on 
peut la consulter pourvu qu'on soit présenté annuellement par un des 
« immortels », et l’herbier alla enrichir les collections de Genève. Nous 
venons d'apprendre que cet herbier à été récemment placé dans un bâtiment 
Spécial du jardin botanique, et que de zélés botanistes le remettent en ordre. 
Si on ajoute à cette magnifique collection celles de MM. De Candolle et 
Boissier, on peut imaginer l'intérêt que présentera Genève aux botanistes 
descripteurs. 

Voyage du D' Hooker au Maroc. — Nous avons annoncé (p. %) 


l'expédition du D' Hooker au Maroc. Des nouvelles des 5, 14 et 19 mai nous 


le montrent poursuivant résolument son voyage avec MM. Ball et Maw. 
À cinq jours de marche de Mogador ils atteignirent Maroc, après avoir 
traversé des forêts d'Argan (Argania sideroxylon) et une contrée de petites 
montagnes pittoresques. Puis des plaines remplies d'Artemisias, de Zizyphus 
et de Withania frutescens, se déroulèrent pendant plus de 100 milles anglais 
(165 kilom.), à peine coupées çà et là par des Oliviers ou des Dattiers. Près 
de Maroc se trouvent des parties couvertes d’Atriplex, Z'ixyphus, Salicornia, 
Lycium barbarum, Nerium oleander, au milieu des plaines et surtout près des 
sources d'eau. De magnifiques Palmiers sont cultivés dans des jardins 
entourés de murs de boue. La ville elle-même est hideuse. « On n'y voit 
qu'un seul Européen, dit le D‘ Hooker parlant de lui-même, et encore il 
part demain ! » La végétation arborescente se complète enfin de quelques 
Figuiers, Micocouliers, Oliviers et Peupliers. 

Après une réception gracieuse du gouverneur de Maroc, El Grawi, nous 
retrouvons le D' Hooker et ses Compagnons le 14 et le 19 mai dans l'Atlas, 
dont les sommets de 3 à 4 mille mètres renferment des trésors minéra- 
logiques encore inconnus, de par la défense que fait le sultan à tout 
Européen de pénétrer dans ces riches régions géologiques. Arrivé à 200 ou 
300 mètres des sommets de l'Atlas, les voyageurs durent redescéndre sous 
une violente tempête de neige, sans avoir touché les cimes de ces montagnes. 
La Flore de ces hauteurs, excessivement pauvre, ne comporte aucune de ces 


+ 


* 


— 110 — 


-espèces qu'on appelle plantes des Alpes, et les neiges et les vents, Sirocco 
et autres, laissent à nu le porphyre, le granit et le calcaire dans toute leur 
sauvagerie. Au contraire, des plantes fort intéressantes et variées crois- 
sent au-dessous de 7000 pieds et là les collections du docteur se sont vite 
enrichies. 

L'ensemble de la végétation est analogue à celle de l'Espagne. Les flancs 
des montagnes sont couverts de Cistes, Lentisques, Arbousiers, Chênes 
ballota, Filarias, Lauriers tins. De nombreux Rosiers, Peupliers, Saules, 
Chèvrefeuilles, Ornus, Genévriers, Callitris, Noyers, Oliviers, Sureaux et 
Chamærops forment la parure ligneuse, tandis que des plantes vivaces, 
nombreuses et nouvelles tapissent le sol. 

Au total, végétation sèche, Fougères rares (cinq en tout découvertes), 
quelques Saxifrages et peu de plantes saxicoles, tel est le bilan de la pre- + 
mière partie de l'expédition. Nous poursuivrons ces notes si de nouvelles 
correspondances parviennent du D' Hooker au Gardeners’ Chronicle. 

Fécondation artificielle. — Un habile horticulteur de Meaux, 
M. Quétier, dont nous avons déjà parlé, poursuit assidûment des expériences 
de fécondation artificielle. On voit aujourd'hui dans son jardin les produits 
suivants, hybrides ou métis, dont voici la généalogie, d'après M. Carrière : 

1° Tritoma uvaria fécondé par Funkia japonica ; 

2° Trioma uvaria par Lilium lancifolium rubrum ; 

3° Eucomis punctata par Lilium lancifolium rubrum ; 

4° Funkia japonica par Lilium lancifolium rubrum : 

9° Lilium lancifolium rubrum par Crinum Meldense : 
6° Crinum Meldense par Lilium lancifolium ; 

7° Vigne Meunier par Précoce Malingre; 

8° Poirier Passe Colmar par Doyenné d'hiver; 

9% St-Germain par Bon chrétien d'hiver ; 

10° Beurré gris d'hiver nouveau par Bon chrétien d'hiver: 

11° Doyenné d'hiver par Bon chrétien d'hiver. 

12° Tecoma radicans par Bignonia jasminoïdes. 

13° Chou rave fécondé par Raphanus caudatus, et provenant déjà de cette 
dernière espèce fécondée par Sinapis arvensis. 

Nous nous informerons de ce que sont devenus ces curieux produits, et 
nous verrons s'ils vivront et se reproduiront, ou s'ils s'éteindront comme 
des monstres accidentels. Mais M. Quétier ne se fatigue point et il nous 
montrera bien autre chose encore, si Dieu lui prête vie! ue 

Les plantes et l'hiver 1870-71. — Au milieu des désastres que 
la guerre à semés, quelques résultats curieux, dus à cet état exceptionnel, 
ont été obtenus. Nombre de plantes, abandonnées dehors, ont péri; d’autres, 
que l'on croyait délicates, ont résisté. Au fleuriste de la ville de Paris, les 
Fuchsia Carter's meteor, Pachysandra terminalis variegata, Niphobolus linqua, 
Rhynchospermum jasminoïdes ont passé sans aucune couverture. Les Averrhoa 
carambola, Posoqueria macrantha, Cephælis ipecacuanha, Coffea arabica, Citrosma 
Lindeni, Harpulia pendula, E sychotria leucocephala, ont enduré pour la plupart 


3 degrés sous zéro sans souffrir, malgré leur réputation de plantes de serre 
chaude. 


— 111 — 


Nouveautés pour 1871. — Les catalogues d’horticulteurs et d'im- 
portateurs de plantes contiennent leurs listes ordinaires de nouveautés. 
Celui de M. J. Linden est cette année un véritable volume. Il comprend les 
espèces et variétés suivantes, que l’espace nous empêche de décrire, et qui 
paraîtront, d'ailleurs, ou ont paru pour la plupart dans l'Alustration horticole : 
Aristolochia barbata, Jacq. (N'e-Grenade): Arist. clypeata, Lind. et Andr. 
(N°°-Grenade); Begonia œnea, L. et A. (Assam); Caladium Jules Putzeys, 
(Brésil); Cissus albo-nitens, L. et À. (Brésil): Dichorisandra vittata, L. et A. 
(Brésil); Dioscorea chrysophylla, L. et A.; D. melanoleuca, L. et À.; D, metal- 
lica, L. et A. (tous 3 du Rio-Negro); Graptophyllum mediauratum, L. et À. 
(Brésil; Hæmadictyon refulgens, L. et A. (Pérou); Maranta undulata L. et A. 
(Ecuador); M. pacifica, L. et A. (Ecuador); Martinesia erosa, (Antilles) : 
Passiflora sanguinolenta, Masters et Linden, (Colombie); Peperomia eburnea, 
Lind. (N1e-Grenade); Pep. resedæflora, L. et A. (N'e-Grenade); Pep. velutina, 
Lind. (Ecuador); Posoqueria multifiora, Ch. Lemaire (Brésil); Sciadocalyx 
digitaliflora, L. et À. (Nie-Grenade) ; Sphærogyne imperialis, Lind. (Pérou), 
Utricularia montana, Jacquin (N'e-Grenade). Toutes ces plantes sont de 
serre chaude. : 

Parmi les introductions de serre froide, M. Linden met également en 
vente : Azalea indica Alice, Arthur Warocqué, Bernhard Andrea alba, Valérie, 
mistress George Merritt; Camellia M de Cannart d'Hamale; Cordyline lenti- 
ginosa, À. Versch.; Rhododendrum M. Effner; Themistoclesia coronilla, L. et A. 
(N'e-Grenade). ; 

Enfin la pleine terre fournit les plantes suivantes : Acer palmatum orna- 
tum, Siebold (Japon); Canna indica Brenningsiü, Hort. (semis de Kiel); 
Elæagnus longipes crispa, Thunb. (Japon); Primula cortusoïdes grandiflora 
(semis Anglet.); Quercus striata, Siebold (Japon); Rhododendrons Henri Doucet 
et Souvenir de Hartweg. 

Dans le catalogue de MM. Veitch, Chelsea, Londres, nous trouvons à 
l'article « New plants for 1871 : » Adiantum Veitchi, Moore (Pérou); Begonia 
Chelsoni, H. Veiïtch (hyb. de Boliviensis et Sedeni); Croton Johannis (Syn. an- 
gustissimum) H. Veitch (iles Salomon); C. multicolor, H. Veitch: C. Hookeri, 
H. Veitch, des mêmes îles; Dieffenbachia Bowmani, H. Veitch (Brésil méri- 
dional); Dracæna Dennisoni, H. V. (iles de l'Archipel du Sud); D. magnifica, 
(même patrie); Nepenthes Sedeni, H. V. (hybride Veitch); Pandanus Veitchi, 
H. V. (iles de la Mer du Sud); Rhodod. Brookeanum gracile, var. Veitch 
(Bornéo); Todea Wilkesiana, Moore. 

Nous avons vu vivantes toutes ces plantes dans l'établissement Veitch: 
plusieurs sont d'un grand mérite. 

M. William Bull, de Chelsea (Londres) met en vente les Primula Jjaponica, 
Asa Gray (admirable espèce récemment importée par M. Fortune et dont 
nous donnerons prochainement une figure et une description) ; Agave bulbosa 
(N'e-Grenade); Allamanda Chelsoni (Afrique occidentale); Zertolonia guttata 
vars. alba, splendens, superba; B. punctata; Bignonia Roezliana, (N"e-Grenade); 
Tecoma Valdiniana (Chili); Curculigo striata ontium elatum , (Afrique 
occidentale); Zrythrina compacta (Philadelph s elegans (Java); Gastro- 
nema flammeum (Afrique sud); Gladiolus cruentus (Natal); Goodyera Dawso- 


% 


#* 


— 112 — 


niana picta et G. D. atroviridis; Heliconia vinosa, N'e-Grenade); Jonesia 
declinata (Java); Libonia Penrhosiensis (croisement du Zibonia floribunda 
avec Sericographis Ghiesbreghtiana) ; Mackaya bella (Natal); Musa africana 
(Angola); M. Assamica (Haut Assam); Oncidium cryptocopis; Pandanus fur- 
catus (Inde); P. laïs (Java); Syngonium «lbo-lineatum (Amérique centrale); 
Tacsonia tomentosa speciosa (N!e-Grenade); Tydæa display; nouveaux Coleus, 
Fuchsia, Achimenes, Petunia, Verbena, Pelargonium, et la collection des 
nouveaux Chrysanthèmes de Chine due aux semis de M. Salter. 

H. Benj. S. Williams, Victoria et Paradise nurseries, upper Holloway, 
Londres, met au commerce les nouveautés suivantes : Adiantum Capillus- 
Veneris crispulum, Moore; plusieurs Fuchsias; Zxora Prince of Orange et 
J. Williamsi; Pelargonium Princess Beatrix et P. Lord of Lorne; Passiflora 
Innesti; Pteris serrulata corymbifera, Moore; Toxicophlæa Thunbergii: Viola 
cornuta Enchantress. 

MM. Backhouse et Son, à York, livrent au public une charmante plante 
qui peut rivaliser avec les Centaurea candidissima et C. gymnocarpa, et être 
employée aux mêmes usages. C'est le Senecio argenteus, Kunze, qui croît au 
Chili sur les sables et les rochers et dont nous publions la description. 
Parmi les rosistes français, nous ne voyons encore rien paraître. En 
Angleterre, MM. Paul et Sons, de Cheshunt, ont obtenu et mis au com- 
merce les variétés de Roses suivantes : Princess Louise, fleur blanc bleuâtre, 
large et belle; Prince of Wales, rose argenté foncé, énormes dimensions, 
superbe rose; Climbing Victor Verdier, variété grimpante ou sarmenteuse, 
portant des fleurs rouge cerise comme Victor Verdier. 

Catalogues 1871. — Nous avons reçu les catalogues suivants : 

CH. Huger & Cie, Hyères, Var (France). Nouveautés en graines : Carduus 
cinarescens, H. Hub. (Utah): Carduus Verdii, H. Hub. (Sierra Nevada de Ca- 
lifornie) ; Cleome integrifolia (Californie); AMalva aurantiaco-rubra, Roezl 
(Etats-Unis); Zriogomme suffrutescens, H. Hub. (Californie). Autres graines 
de plantes nouvelles, fleurs, graminées ornementales, Cucurbitacées , 
Cannas, etc. 

GROENEWEGEN & Cie, à Amsterdam (Hollande). Nouveautés : Artocarpus 
(Sp. Java); Ardisia villosa mollis (recommandé); Calamus (sp. Bornéo); Calamus 
Oxleyanus, Reidia glaucescens. — Plantes de serre chaude et tempérée, etc. 

Louis VAN HouTTE, à Gand (Belgique). Arbres et Arbrisseaux de plein 
air, Conifères, Rosiers, Gesnériacées (magnifique collection), Arbres 
fruitiers (Catalogue n° 136). — Plantes de serre etc. (Catal. n° 138). 


BRuANT, à Poitiers (France). Nouveautés en plantes de plein air et serre | 
pour l'ornementation des jardins d'été : Dahlias, Pétunias, Fuchsias, 


Verveines, Pelargoniums, Lantanas, Phlox, Balisiers, etc. (Catal. n° 85). 

BALTET, frères, à Troyes (France). Supplément aux arbres fruitiers, 
Rosiers, arbres d'ornement, plants divers, plantes vivaces, etc. 

J. LINDEN, Bruxelles. Catalogue spécial d'Orchidées, collection dépassant 
1200 espèces, la plupart. en, forts exemplaires. Notice sur les principaux 
genres et espèces d'Orc ’ 

CH. SAUNDERS, à St-H 

J. Duranp, à Bourg-l 


rsey). General catalogue of fruit trees, etc. 
(Seine). Nouveau Fraisier Docteur Morère. 


À 


— 113 — 

Obtention de M. Berger, à Verrières-le-Buisson (Seine et Oise), très recom- 
mandable pour sa fertilité, la beauté et la bonté de ses fruits, que nous 
avons dégustés et dont nous pouvons parler de visu et gustu. 

Louis LEROY, à Angers (France). Prix-Courant (sans remise) des arbres 
fruitiers, forestiers, d'ornement, etc. 

AUSSEUR-SERTIER, à Lieusaint (Seine et Marne). Prix-Courant des arbres 
fruitiers, forestiers, arbustes, Conifères, Vignes, Rosiers. 

AUDUSSON-HIRON, fils, à Angers (Maine et Loire). Prix-Courant pour 
marchands (sans remise), arbres fruitiers, forestiers, d'ornement, etc. 

Nécrologie. — Nous terminons bien tristement cette Chronique. 
M. Lemaire, notre prédécesseur à la rédaction de l’Zllustration horticole, 
vient de mourir à Paris. Nous consacrons plus loin un article spécial à sa 
mémoire. C'est un triste et dernier honneur que nous voulons rendre à un 
maitre et un ami. 

ED. ANDRÉ. . 


"+ 


BROMELIA FERNANDÆ. 
CULTURE. 


Espèce terrestre, croissant dans les endroits rocailleux et arides. Nous 
la cultivons dans un compost formé de terre de bruyère, de sable et de 
racines fibreuses. 

Elle demande le grand jour et beaucoup d'humidité pendant la période 
de végétation. D 


RE APR PSP RE PES 


Explication des figures analytiques de la planche LXV. 


. Une bractée isolée. 

. Calyce à 5 divisions aiguës, un peu plus courtes que celles de la corolle qui paraissent 
au-dessus. a : 

3. Le même, avec les lobes de la corolle ouverts pour montrer le stigmate triparti. 

4. Une des divisions ovales aiguës, à bords convolutés, du calyce. 

ÿ 

6 


+ Une étamine, insérée au fond de son sillon, avec son filet dilaté à base dentée, 
. Coupe longitudinale de l'ovaire, montrant les ovules attachés à l'angle interne des loges, 
le stigmate convoluté et deux des étamines libres. 
7. Coupe transversale de l'ovaire trigone et triloculaire montrant une loge stérile. 
8. Membrane accompagnant les fleurs. 


(N. B. Toutes ces figures sont de grandeur naturelle, à l'exception des trois dernières, 
un peu amplifiées.) ; : 


TOM. XVIII. — JUIN 1871. 45 


— 114 — 


PL LXV. 


BROMELIA FERNANDEÆ, n. MORREN. 


BROMÉLIE DE FERNANDE. 
BROMÉLIACÉES. 


ETYMOLOGIE : du grec Bp@u», nourriture. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Perigonii superi sexpartiti laciniæ extériores calycinæ 
erectæ, carinatæ, interiores petaloideæ convolutæ, erectæ vel apice patentes, basi intus nudæ. 
Stamina 6, imo perigonio inserta, filamentis brevibus, crassiusculis, basi dilatatis, ple- 
rumque inter se et cum laciniis connatis, antheris linearibus subsagittatis, erectiusculis. 
Ovarium inferum, triloculare. Ovula in placentis e loculorum angulo centrali prominulis plu- 
rima, versus apicem confertiora, horizontalia, anatropa. Stylus brevis, trigonus; sigmata-5, 
brevia, carnosa, erecta. Bacca oblonga vel ovata, trilocularis, pulposa. Semina plurima, ovata, 
testa coriacea fusca, rhaphe lineari concolore, umbilicum basilarem chalazæ apicali tuberculi- 
formi jungente. Embryo parvus, in basi albuminis dense farinosi uncinatus, extremitate radi- 
culari incrassata, centripeta. — Herbæ americanæ tropicæ, acaules vel caulescentes, foliis 
radicalibus linearibus canaliculatis, dentato-vel ciliato-spinosis, floribus laxe spicatis vel dense 
corymbosis, bracteatis (Exnz. Gen. 1300.). 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Planta robusta, Ananassæ habitu; folia longa, acuminata, 
canaliculata, undulata, inferiora patentia arcuata, superiora evecto-patentia, dorso rubescen- 
tia, margine retrorsum uncinato-aculeata, interiora breviora basi ventricosa arcte scapum 
brevem usque ad apicem amplexantia. Inflorescentia capitata, primum tabulæformis, mox 
Ovato-sphæroïdea, bracteis coronata. Singulorum florum bracteæ lanceolatæ acutæ, spinoso- 
serratæ durissimæ, apice acutissimæ, adultæ deflexæ floribus longiores, supra pulchre cinna- 
barinæ, subtus albido-furfuraceæ. Flores sessiles, liberi. Calyx adhærens, segmentis-5 lanceo- 
latis acuminatis aculis coriaceis carnosis basi subcohærentibus, erectis, irregulariter compressis, 
margine subconvoluto membranaceo. Corolla ochroleuca, in calycis tubo inserta, basi breviter 
tubulosa, lobis-3 erectis, convolutis, linearibus acuminatis, calycem paullo superantibus, 
0®,055 longis, 0m,004 latis. Séamina inclusa, in tubo corollæ inserta, tria corollæ lobis oppo- 
sita, sulco dentato adhærentia, tria libera, omnia filamento expanso subulato; anthera dorsi- 
fixa, erecta, oblonga. Stylus erectus, trigonus, stigmate tripartito stamina æquante, partibus 
anguste convolutis. Ovarium inferum, bacciforme, ter-quaterve lateraliter compressum, 
loculis-3 è quibus 1-2 interdum sterilibus; ovula subsphærica, interno loculorum angulo 
aflixa, horizontalia. — Prope Para (America brasiliana calidior) legit G. Wallis, anno 1866. — 
Vidi vivam et descripsi (notulis Ed. Morrenii additis) in horto Lindeniano. 

Clar. Lindeni optatd adventæ nepti Fernandæ Gloner die quarta (albo notanda lapillo!) 
calend. septembri 1870 natæ, comiter a cl. Ed. Morren dicata. — E. A. 


Bromelia Fernandæ, Ed. Morren, mss., 1870. 


Cette magnifique plante, découverte en 1866 par M. G. Wallis, au Para, 
non loin des bords du fleuve des Amazones, par conséquent en pleine 
Amérique équatoriale, a fleuri pour la première fois en juillet 1870 dans 
les serres de M. Linden, à Bruxelles, où nous avons pu la décrire dans son 
plein épanouissement. 

Elle a été dédiée par 
l'université de Liége, à | 
le 4 septembre 1870. 

C'est une riche et noble plante, dont le port rappelle celui des Ananas, 


tre ami Ed. Morren, professeur de botanique à 
tite-fille de M. Linden, Fernande Gloner, née 


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BRÉSIL. 


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Linden publ. 


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SERRE CHAUDE 


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J. 


— 115 — 


mais qui diffère de ce dernier genre par la corolle gamopétale propre aux 
Bromelia, les ovaires indépendants, les loges pluriovulées, le placenta non 
palmatifide et les graines horizontales. 

L'espèce fait partie du groupe Karatas de Linné et de Jussieu (Juss. 
gener. plant. p. 50), dont les fleurs sont en corymbe serré, et les baies 
ovales. 

Ses caractères spécifiques sont les suivants : plante robuste, à feuilles 
longues (de 0,60 à 0®,80), acuminées, canaliculées, ondulées, armées de 
robustes aiguillons onguiculés rétrorses, les inférieures étalées-arquées, les 
supérieures dressées-étalées, à surface inférieure rouge; celles qui accom- 
pagnent l'inflorescence beaucoup plus courtes, atteignant le sommet de la 
hampe et entourant étroitement la base du corymbe de fleurs, dressé, 
robuste et haut de 30-40 centimètres. 

Cette inflorescence, en tête compacte ovoïde ou subsphérique à l'état 
adulte, est d'abord aplatie, de forme tabulaire au sommet, jusqu'au moment 
où l’anthèse approche; alors elle s’arrondit. La bractée qui accompagne 
chaque fleur est lancéolée aiguë à sommet renversé; sa consistance est très 
dure et des épines très roides la bordent comme une scie, la dernière étant 
fort piquante et dangereuse à toucher. Toute la beauté de la plante, à part 
son port et son feuillage, réside dans l’admirable couleur vermillon ou 
cinabre de la partie supérieure de ces bractées, qui sont sur l’autre face 
blanchâtres et farineuses. 

Les fleurs, sessiles, libres, ont un calyce adhérent, à trois segments 
lancéolés acuminés aigus très durs, coriaces, cohérents à leur base char- 
nue, irrégulièrement comprimés et à bords subconvolutés membranacés. 
La corolle est d'un jaune pâle, insérée sur le tube du calyce, brièvement 
tubuleuse à la base, à trois lobes dressés convolutés, linéaires acuminés, 
un peu plus longs que le calyce, de consistance molle, longs de 0,035, 
larges de 0,004. Les étamines sont incluses, trois étant opposées aux 
lobes de la corolle et fixées au fond d'un sillon denté, les trois autres 
libres, toutes composées de filets dilatés subulés et d'une anthère dorsi- 
fixe, dressée oblongue. 

Le style est érigé, trigone, à stigmate égalant les étamines et divisé 
en trois parties étroitement convolutées. L'ovaire infère, bacciforme, à 
trois ou quatre compressions latérales, à trois loges, dont une ou deux 
sont parfois stériles, contient des ovules subsphériques attachés à l'angle 
interne des loges et horizontaux. , 

Nous n'avons pas encore vu les graines mûres contenues dans ces fruits, 
dont les plus avancées étaient bacciformes et ovoïdes comprimés. 

Le Bromelia Fernandæ fera partie, dans nos serres chaudes, de ces 
. Broméliacées à robuste végétation, qui caractérisent plusieurs espèces 

de Pourretia, Vriesea, Puya, Bromelia, Disteganthus, Hechtia, Ananassa, etc. 
En plus de la beauté de son feuillage, il aura l'attrait considérable des 
inflorescences les plus éclatantes du genre, dues à la couleur cinabre ou 
écarlate qui orne ses étranges et immenses capitules.  :: 

D. À 


Culture et Explication des figures analytiques, voir p. 113. 


— 116 — 


PI. LXVI. 


ODONTOGLOSSUM ROSEUM, nouer. 


ODONTOGLOSSE À FLEURS ROSES. 
ORCHIDÉES. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir Ilustr. hortic. 1870, p. 114. 

CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Pseudobulbi ovato-ancipites atrovirides violaceo tincti: folia 
brevia ovato-lanceolata obtusa atroviridia; racemus gracilis, rigidus, purpurascens, horizon- 
talis vel erecto-patens, sinuatus ; bracteæ majores oblongæ concavæ subacutæ pedicellis bre- 
viores ; los substellatus vivide roseus, longe persistens, 0,03 diam.; spala petalaque subcon- 
formia, lanceolata acuta plana patula; labellum trilobum lobis lateralibus brevibus rotundatis, 
intermedi» obeuneato unguiculato apice emarginato, mediis striis-4 albis ornato; columna cum 
labello connata arcuata apice alba alis-3 erectis emarginatis ; genilalia minuta. — In Quebrada 
de las Juntas Peruvia) legit Hartweg. — E Peruvia septentrionali misit vivum in Europam 
G Wallis, anno 1865.  Descripsi florentem in horto Lindeniano. — Ep. A. 

Od. roseum, Lindley, in Benth. Plant. Hartw. p.151, L. F. n° 65. — Rchb. fil. in Walp. 
Ann VI, 848. — Id. in Garden. Chron. 1867, p. 404, et in Xenia Orchidacea. 


Il faut l'attention d'un botaniste ou d'un horticulteur expert ha dv 
porter cette délicieuse petite espèce au genre Odontoglossum, tellement la 
couleur de ses fleurs est insolite, ainsi qu'on en peut juger par les espèces 


“ 


déjà nombreuses que nous avons publiées dans ce recuei 

C'est une des plus charmantes découvertes de M. Hartweg, qui la ren- 
contra dans la Quebrada de las Juntas, près de Loxa, sans pouvoir l'intro- 
duire vivante. Cette bonne fortune devait échoir à M. G. Wallis, qui, 
en 1865, la retrouva non loin des mêmes régions et l’expédia en quelques 
exemplaires qui arrivèrent enfin sains et saufs chez M. Linden. 

Nous l'avons vue en fleurs et avons admiré ces ravissantes grappes 
horizontales de périanthes rose vif qui durent très longtemps sans se flétrir, 
et qu'aucune espèce du genre ne surpasse en gracieux aspect. 

L'Od. roseum, d'abord nommé et décrit par Lindley dans les plantes de 
Hartweg, forme une plante de moyenne végétation, à pseudobulbes ovales 
ancipités vert-noir et violacés, qu'accompagnent des feuilles courtes, ovales 
lancéolées obtuses vert foncé. Les grappes de fleurs, grèles mais fermes, 
sont étendues horizontalement, sinueuses, purpurines, et sont munies de 
bractées assez pes, enveloppant chaque pédicelle sans atteindre son 
sommet, et de forme oblongue aiguë concave. 

Les fleurs sont distantes, bien étalées, portées par des pédicelles rigides, 
et présentent cette belle couleur cramoisie ou laque carminée dont nous 
venons de parler. Elles paraissent d'abord régulières et comme étoilées, 
à cause de la conformité des sépales et pétales lancéolés aigus planes. Le 
diamètre de la fleur ne dépasse pas Om 03. La forme du labelle est parti- 
culière ‘et se compose de trois lobes, dont les latéraux sont courts et 
arrondis, tandis que celui du milieu et obcunéiforme onguiculé échancré 
au sommet et orné de quatre stries blanches au milieu; la colonne, adnée 
au labelle, est arquée, blanche au sommet et à trois ailes dressées échan- 
crées; les pollinies et le stigmate sont petits. 

La rareté de l'Od. roseum est le seul obstacle à la diffusion rapide d'une 
ne que tous les amateurs d'Orchidées vont se disputer et qui a fait 
es délices des visiteurs ce mois-ci à l’exposition de Londres (juin). 


Ep, À. 
CULTURE. 


Même cülture que celle indiquée pour l'Od. triumphans. 


Etab Lath. de Li Stroobant, 2 Gand. 


ODONTOGLOSSUM ROSEUM (Lindley). 
SERRE FROIDE. PÉROU. 


Le KL sur cleas +2 I 


CAMELLIA ELVINA DELLI. 
SEMIS: ITALIE 
J. Linden publ. 


— 117 — "à 
ne — _ 


PI LXVII. 


CAMELLIA ELVINA DELL 


TERNSTRŒMIACÉES. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES et SPÉCIFIQUES : Vois IUustr. hortic., 1870, 
pages 55, etc. 


CARACTÈRES DE LA VARIÉTÉ : Fleur moyenne rose tendre, bordé d’un blanc parcouru 
par des veines rose chair. Une bande rose, située au milieu de chaque pétale et dans le sens 
_de sa longueur, complète l'effet ornemental de cette belle plante, parfaite sous le rapport de 

l'imbrication régulière des pétales comme sous celui de la fraicheur des nuances. 


Taille des Camellias. 


Les Camellias se prêtent à la taille avec la plus grande docilité. Cette 
opération commence avec leur première éducation. Dès que la jeune plante, 
reprise de greffe, a développé une pousse, il est bon de la couper à cinq 
ou six yeux, dont l'un sera le prolongement de la tige ou l'axe, et les 
autres formeront les branches latérales, rudiments d'une charpente en 
pyramide absolument dressée comme dans la taille du Poirier. De toutes 
les formes que peuvent prendre les Camellias, aucune n'est plus commode 
que la forme pyramidale; elle donne des plantes faciles à loger, d'un 
agréable aspect, et dont les fleurs se groupent avec beaucoup de grâce. 
On ne doit cependant pas exclure les autres formes que peut aimer un 
amateur fantaisiste. Cette taille est continuée ainsi jusqu'à parfait établis- 
semnet de la plante. La meilleure saison est le premier printemps, avant 
le départ de la pousse et après le rempotage, afin d'établir un équilibre 
nécessaire entre la suppression des racines et celle des rameaux. 

La taille peut encore être appliquée avec succès aux Camellias pour le 
rajeunissement des vieilles plantes épuisées, déformées, dégarnies, qui 
vont dépérissant. On peut alors les récéper comme les orangers ou les 
arbres fruitiers. Ils produiront de jeunes pousses sur le vieux bois: ces 
pousses seront aussitôt placées dans une bonne direction au moyen de 
tuteurs légers. Il importe de donner dès le début un aspect agréable à la 
plante rajeunie : on ne pourrait plus l'obtenir quand les rameaux auraient 


poussé confusément et sans direction. 
Er. A. 


PARTERRE CIRCULAIRE. 


L'effet de ce parterre est surtout agréable s'il est dessiné sur une assez 
grande échelle, c'est-à-dire avec 10 mètres au moins de diamètre. Quelle que 
soit la variété de couleurs qu'on veuille introduire dans les plantes qui le 
composent, on doit rechercher des alternances symétriques. D'ailleurs, 
l'imagination du jardinier peut se donner libre carrière pour l'arrangement, 
pourvu qu'il ait un certain sentiment de l'harmonie des couleurs et l'expé- 
rience des hauteurs respectives des plantes. 


Nous pouvons toutefois recommander la disposition suivante : 

Au centre, un vase rempli de Pelargonium à feuilles de lierre, avec un 
Agave au milieu. Fr, +, Pelargon. roses: 2, 2, 4, 4, Pel. blancs ; 3, 3, Jresine 
Lindeni; 5,5, Pétunias violets; 6, 6, Calcéolaires jaunes; 7, 7, Salvia splen- 
dens nana; 8, 8, Glaïeuls, et 9, 9, Lobelia cardinalis ou Glaïeuls. 

On peut border les compartiments de Cerastium tomentosum ou de Cen- 
laurea gymnocarpa, et mettre en frange sur le gazon une bordure de Zobelia 
erinus. 

Les intervalles peuvent, être considérés comme sentiers et couverts de 

sables jaune, blanc ou rouge. 
Er. A. 


‘POLYGONUM VACCINIFOLIUM, Warrior. 


On ignore généralement de quelles ressources les jardins peuvent dis- 


dentés. Au lieu de s'en tenir perpétuellement aux mêmes espèces mille fois 
répétées ; de se réduire aux Pélargoniums, Fuchsias, Héliotropes, Agérates, 


ornement végétal; pourquoi ne Pas utiliser dans les parties variées des 


De Es 


Un auteur anglais, véritable amateur, horticulteur instruit, dont le nom 
a été souvent inscrit dans ces colonnes, a récemment publié un charmant 
livre, intitulé : « the wild Garden, » (le Jardin sauvage). Avec un véritable 
talent, il développe une idée que nous avons eue depuis bien longtemps 
et que nous avons en partie réalisée au parc des Buttes Chaumont, à 
Paris : l'introduction des plantes indigènes ou exotiques qui ne réclament 
aucune Culture et qui donneraient une variété charmante aux paysages 
toujours artificiels de nos jardins. 

La liste est immense de ces espèces délaissées, qui ne demandent qu'un 
peu de soin et un peu de tendresse d’amateur pour rivaliser de grâce avec 
les plus rares et les plus coûteuses commensales de la flore exotique. 

Nous en signalerons une pour aujourd'hui, des plus jolies et des moins 
connues. Nous l'avons remarquée pour la première fois, il y a quelques 
semaines, croissant dans toute sa fraicheur sur les rocailles qui bordaient 
un bassin, dans un jardin de l'ile de Jersey. Elle formait un tapis de tiges 
grêles enchevêtrées, couvertes de myriades de petites feuilles buxiformes, 
assez semblables à celles du Vaccinium (Arctostaphylos) uva ursi. Sur ce 
fond de verdure rampante se dressaient par centaines, comme autant de 
cylindres d’un rose chair délicieux, les épis de fleurs de la plante. Tout 
l'été ces floraisons se sont succédé avec une profusion sans exemple, 

Cette charmante espèce, sous-frutescente, rustique sous nos climats, 
est une des découvertes hymalayennes de Wallich. qui la nomma Poly- 
gonum vaccinifolium où Renouée à feuille d'Airelle. Elle croît entre 3000 et 
4000 mètres d'altitude, presque à la limite des neiges éternelles, près de 
cette région où le docteur Hooker trouva le Rhododendrum nivale, formant, 
aux courts mois d'été, des pelouses odorantes. 

Sa tige, épaisse, tortueuse, traîne sur le sol des rameaux écailleux, à 
entrenœuds très courts, sur lesquels sont insérées les feuilles brièvement 
pétiolées, ovales ou elliptiques atténuées aux deux extrémités. Les épis, 
un peu lâches, subcylindriques, offrent un calyce corollin, rose, étalé. 

On en connaît trois variétés spontanées, qui se reproduiront probable- 
ment dans les cultures : 

PA obtusifolium, à rameaux contractés, à feuilles ramassées, petites, 
obtuses, à épis courts solitaires. e 

8, medium, à rameaux subdressés, à feuilles relativement grandes, plus 
aiguës ou courtement acuminées, à épis solitaires. 3 

7, flagelliforme, à rameaux nombreux allongés grêles, couchés subpani- 
culés, portant le plus souvent plusieurs épis au sommet. 

Nous ignorons la date d'introduction du Pol. vaccinifolium dans les cul- 
tures anglaises, d'où il s'est répandu dans les îles de la Manche. C'est 
probablement à la troisième des variétés citées que se rapporte la plante 
que nous avons vue à Jersey et dont nous avons heureusement rapporté 
des échantillons vivants. 

La plante croît dans tout terrain, mais mieux entre des rocailles qu'elle 
tapisse de la façon la plus élégante toute la belle saison. 

Nous l'avons facilement multipliée par marcottes naturelles, faites des 
branches couchées qui s'enracinent avec facilité. Er. A.“ 


a = 120 — 


CHARLES LEMAIRE. 


Charles-Antoine Lemaire naquit à Paris en 1801, et fit ses études univer- 
sitaires avec distinction dans cette ville. Il exerça les fonctions de profes- 
seur de littérature classique pendant un certain nombre d'années, et ses 
relations l'ayant mis, lorsqu'il demeurait rue de Buffon, en rapport avec 
M. Neumann, chef des serres du Muséum, il prit un goût très vif pour la 
Botanique et l'Horticulture. D'accord avec M. Mathieu, horticulteur du 
voisinage, il forma une collection de Cactées, qu'il étudia avec passion, et 
qui devint l'objet de ses préférences de botaniste. Vers 1835, M. Cousin, 
éditeur à Paris, fonda un journal horticole dont il confia la rédaction à 
Lemaire. Pendant de nombreuses années, l'Aorticulteur universel, le Jardin 
fleuriste furent presque en entier le produit de sa plume, illustrant les. 
plantes nouvelles, alors nombreuses, introduites en France. Son talent 
descriptif le recommanda bientôt à M. Van Houtte, qui le fit venir à Gand 
et le conserva plusieurs années comme rédacteur de la Flore des Serres et 
des Jardins de l'Europe. Il devint enfin, en 1854, chargé de la rédaction de 
l'llustration horticole, que venait de fonder M. Amb. Verschaffelt, et il resta 
à ce poste pendant seize ans, traitant les sujets botaniques et horticoles les 
plus variés, décrivant un nombre considérable de plantes nouvelles et 
publiant des articles critiques sur la nomenclature botanique avec beaucoup 
de savoir et de vigueur. Indépendamment de l'exercice de ces fonctions, 
Ch. Lemaire amassait depuis de longues années les matériaux d'une mono- 
graphie systématique des Cactacées, qui attendit en vain, hélas! un Mécène 
horticole pour paraître. Cependant ses travaux sur cette famille ne restèrent 
pas tout-à-fait inédits, et il publia naguère à la Librairie agricole de la maison 
rustique, à Paris, deux petits volumes, un sur les Cactées, et l’autre sur les 
plantes succulentes de diverses familles. Lemaire s'occupa peu d'anatomie 
et de physiologie végétales. A l'exception d'une théorie concernant les 
boyaux polliniques qu'il émit au Congrès d'Amsterdam en 1864, et qui 
rencontra peu d'adhérents,: il se renferma presque exclusivement dans la 
botanique descriptive. Des déterminations faites avec soin, des descriptions 
détaillées marquées au coin d'un grand talent de discrimination, comme on 
dit en Angleterre, des observations motivées sur les créations de genres et 
d'espèces, dé laborieuses recherches historiques et un amour de la recti- 
tude terminologique poussé parfois à l'excès, tels sont, à notre avis, les 
qualités qui ont distingué Lemaire comme botaniste descripteur. Qu'il mit 
de la passion dans ses discussions, de la diffusion dans quelques-uns de sés 
textes, ce sont là de légers défauts qu'on n'évite souvent que pour tomber 
dans d’autres, et ce n’est pas à nous qu'il appartient de le juger sur ces points. 

Malheureusement son talent et ses labeurs de 40 années ne conduisirent 
point Lemaire à la fortune. On vit rarement de la science; on en meurt 
parfois, quand elle est la seule ressource , l'unique gagne-pain. L'exemple 
de Lemaire n'est point isolé, et la seule consolation, pour ces hommes 
dévoués qui restent aux prises avec le « res angusta domi » et ne désertent 
pas leur poste de chercheur, se trouve dans les satisfactions que leurs dé- 
couvertes leur procurent et dans la contemplation des beautés végétales. 


— 121 — 


Nous avons confiance que le jugement de la postérité sur Lemaire sera 
honorable pour sa mémoire. Il a beaucoup contribué au mouvement bota- 
nique de son temps, à.la popularité et à la richesse de l'horticulture gantoise 
et les travaux de sa longue carrière resteront surtout un monument con- 
dérable élevé àl a science des plantes introduites dans la première moitié 
du XIXe siècle. Ep. A. 


RHODODENDRONS HYBRIDES. 


M. W. Tillery, de Welbeck (Angleterre), a croisé en 1868 le Rhododendron 
Jenkinsiüi avec Prince Albert, ce dernier choisi comme mère. Les jeunes 
plantes provenant de cette fécondation artificielle sont maintenant en végé- 
tation. En même temps, le contraire a eu lieu sur d’autres pieds, le Jenkinsii 
fécondant le Prince Albert. Les jeunes plantes issues de ces graines sont 
également bien venantes. On attend leurs floraisons respectives. 

Une autre expérience, consistant dans le croisement de Rhod. Aucklandii 
avec Axalea Veitchs Stella, ce dernier étant choisi comme plante pistillée, a 
eu pour résultat, dit le Florist and Pomologist, de produire des plantes plus 
fortes à feuilles plus larges que celles des Azalées ordinaires de semis. 

Nous enregistrons ces faits pour prendre date et voir si les produits, à 
leur floraison, confirmeront ou infirmeront les théories émises sur les 
fécondation croisées. We À 


À. 
+ 


D à 
+ 


Multiplication de l'ARUNDO DONAX panaché. 


La variété panachée du Roseau à quenouille ou Canne de Provence est 
une des plus jolies plantes ornementales de nos jardins. Chaque horticul- 
teur et amateur la connaît et la cultive. Mais ce que l'on sait moins, c'est 
la manière de la multiplier. 7 

Voici le moyen qui nous a réussi à merveille, après en avoir essayé dix 
autres sans succès : 

Au mois de juillet, quand les jeunes tiges de l'Arundo panaché sont déjà 
fortes et dures, nous les coupons, les dépouillons de leurs feuilles et les 
posons dans leur longueur dans un large baquet plein d’eau, où ils flottent 
librement. 

Cette eau est exposée en plein soleil, près d'un mur, et on la laisse 
sans la renouveler jusqu'à ce qu'à chaque nœud apparaissent des racines 
et un bourgeon. 

Alors on coupe des tronçons de ces tiges en autant de morceaux qu'il 
y à de pousses nouvelles et on les plante avec une partie du nœud dans 
des godets placés aussitôt sur une couche à l'étouffée. Les racines ont 
tapissé le pot en peu de jours et la plante est faite. On la conserve en 
hiver en serre froide; les grands froids la tueraient. 

Tel est le moyen simple et excellent que nous employons. D'autres ont 
pu le découvrir comme nous; il n'en est pas moins utile à faire connaître. 

A.-Louis LEROY (horticulteur, à Angers). 
TOM. XVUI, — JUIN 4871. 16 


ss D 


LE SOUFRE SOLUBILISÉ. 


M. S. Diricq, gérant de l'usine de Jette-St-Pierre, lez-Bruxelles, livre 
dès aujourd'hui aux horticulteurs ce nouveau produit, dont on dit mer- 
veilles. C'est le soufre rendu soluble dans l'eau, ce que l'on croyait impos- 
sible jusqu'ici. Son emploi en jardinage deviendrait ainsi d'une extrême 
facilité, et les champignons microscopiques, Oïdium, Puccinia, Œtvidium, 
de même que les insectes et leurs larves, en plein air et en serre, ne 
pourraient plus se soustraire à l'action de cet agent redoutable pour eux. 
Si les services que rendra le soufre solubilisé sont de même ordre que 
ceux qu'il rend déjà étant sublimé ou pulvérisé, nous pouvons hautement 
affirmer que c'est là une grande découverte. 

On peut écrire directement à l'adresse que nous venons d'indiquer. 


Ep. A. 


CRINOLINE PAXTON POUR FRAISIERS. 


Sir Joseph Paxton, le même grand architecte et grand botaniste qui 
éleva les serres de Chatsworth, le Palais de Cristal de Londres et de 
Sydenham et rédigeait le Flower garden, ne dédaignait pas de descendre 
aux plus petits détails de l’horticulture pratique. Indépendamment de ses 
serres économiques à vignes, connues du monde entier sous le nom de 
Hothouses for the million, il imagina une quantité de petits perfectionne- 
ments de culture, parmi lesquels vient se placer avantageusement son 
support ou .crinoline en fil de fer pour soutenir le fruit du Fraisier. 


Une simple inspection du croquis ci-joint suffit pour comprendre ce petit 
appareil, qui n'est pas nouveau, mais que nous croyons utile de faire con- 
naître davantage. On le fixe en terre autour du pied de Fraisier, dont on 
relève et on fixe les fruits au centre. Les Fraises retombent, s'appuient 
sur les fils de fer circulaires et s’y maintiennent propres sans nécessiter de 
taillis en dessous. : 

La Crinoline Paxton est brevetée et se trouve à Londres chez 
M. Holliday, 2a, Portobello terrace, Notting hill gate. 


Ep. A. 


se 10. 


BIBLIOGRAPHIE. 


The wild Garden, par W. Robinson. — Nous nous promenions un 
jour à Paris, — il y a de cela cinq ou six ans, — avec M. W. Robinson, 
l'auteur de charmants et utiles ouvrages d'horticulture dont nous avons 
déjà parlé. En voyant le développement exagéré du point de vue décoratif 
dans les jardins, nous lui exprimions le désir de voir les horticulteurs et 
surtout les architectes-paysagistes conseiller l'emploi, à l'état demi-sauvage 
ou subspontané, de nombreuses espèces de plantes qui croîtraient sans 
culture et varieraient la silhouette trop régulière de nos massifs. Pour 
preuve, nous lui montrions l'essai que nous avons fait aux Buttes-Chaumont 
d'un coin artificiel de végétation alpine près d'un ruisseau qui sortait spon- 
tanément du sol. : / 

L'idée a germé. Le livre dont nous parlons maintenant (Le jardin sauvage) 
donne les moyens, presque tous fort simples, d'exécuter cette intelligente 
copie de la distribution naturelle et paysagère des plantes rustiques dans 
les jardins et les parcs, au lieu de les confiner exclusivement dans des 
Corbeilles ou des plates-bandes géométriques. La première partie, sorte de 
préface et d'explication préliminaire du but à atteindre, est suivie d'une 
énumération descriptive des plantes exotiques convenables pour être natu- 
ralisées dans nos bois, parcs, arbusteries, jardins, les indications de leur 
patrie, mode de propagation, meilleur emploi, etc. Une liste des plantes 
indigènes à effet ornemental suit ce travail et complète le livre, qui est des 
plus attrayants, comme forme et comme fond, et qui n'a qu'un défaut à nos 
yeux, c'est d'être trop succinct dans le mode d'emploi des plantes citées. 


The subtropical Gardening, par W. Robinson. — Le même auteur, 
dont la fertilité est inépuisable, vient de publier chez le même libraire 
(J. Murray, Albemarle street, London), un très joli volume, accompagné 
de gravures sur bois, et traitant des plantes exotiques réputées de serre 
Chaude, dont les formes et les feuilles ornementales sont devenues le plus 
bel attrait des jardins d'été. Le traité de M. W. Robinson est rempli 
d'utiles observations, de bons conseils et de goût. Un dictionnaire des- 
criptif indiquant les caractères, la patrie, l'emploi et la culture de chaque 
plante rend l'ouvrage des plus pratiques. 


Nous y relevons cependant plusieurs défauts. Le premier, d'avoir omis 
d'indiquer l'auteur en face de chaque nom d'espèce, respect dû à la science 
que M. Robinson est digne de montrer, ensuite d'avoir passé sous silence 
le rôle joué par l'administration de la ville de Paris dans la décoration 
des jardins par les plantes à feuillage ornemental. On croirait, à lire 
M. Robinson, que c'est à l'Angleterre que l’on doit le « Subtropical Garde- 
ning. » Il n'en est rien. Bien avant les essais de M. Gibson au pare de 
Battersea, les squares de Paris, la Tour S'-Jacques, les Champs Élysées, 
puis le Parc Monceau, contenaient les belles plantes à feuillage, qui ont 
été une révélation dans le jardinage de plein air. Nous même, qui avons 
eu l'honneur d'appartenir à cette administration de 1860 à 1869 avons 


PE ER 


cultivé ces plantes et écrit leur histoire en 1866 (1). Nous pensons donc que 
M. W. Robinson aurait pu, tout en restant bon patriote, rendre à César 
ce qui appartient à César. La part qui lui reste comme auteur et comme 
amateur est encore assez belle. 

Ce sont là d’ailleurs des critiques légères, tout amicales, comme elles 
devraient toujours être entre gens qui s'estiment. Le livre de M. Robinson 
continue donc la série des ouvrages déjà populaires qui s'attachent à son 
nom et que le succès encouragera de plus en plus, nous en avons toute 
confiance. 

Sertum angolense, F. Welwitsch (in-4°, 25 planches: Londres, 1869). 
— Les découvertes du D° Welwitsch dans plusieurs régions de l'Afrique 
occidentale, notamment à la côte d'Angola et au Benguéla, ont rendu son 
nom populaire, surtout depuis l'apparition de la singulière Gnétacée qui 
porte son nom: le Welwischia mirabilis. La publication des matériaux 
recueillis par ce voyageur vient de s'enrichir encore de l'opuscule ci-dessus 
indiqué, contenu dans les Mémoires de la Société linnéenne de Lon- 
dres (t. 27). Il décrit les plantes qu'il a récoltées de 1854 à 1860 dans la 
Guinée inférieure. Ce mémoire sera très bien accueilli; il est un pas de 
plus fait vers la connaissance de cette Afrique ouest-centrale, dont le 
retour probable du D" Livingstone contribuera à dévoiler les mystères. 

Synonymia botanica locupletissima, L. Pfeiffer (1 vol. in-8; 
Cassel). — Enumération de tous les genres qui ont été publiés depuis 
Endlicher; cet ouvrage est indispensable à tous les botanistes descrip- 
teurs. 

Contributions to Winter flora (Flore de Menton et des environs), 
par Moggridge. Londres. — Nous apprenons que la 4e et dernière partie 
de ce bel ouvrage, très étudié comme texte, et contenant de splendides 
planches qui sont toutes dues aux dessins de l'auteur, va prochainement 
paraître. C'est un très utile Compendium pour tout botaniste qui veut con- 
naître la Flore méditerranéenne du midi de la France et de la route de la 
Corniche, de Nice à Gênes. \ 

Culture des arbres fruitiers au point de vue de la grande 
production, Ch. Baltet (Troyes, 1871, broch. in-8). — Notre ami 
M. Baltet n'a point perdu courage pendant les tristes mois qu'il a passés 
sous l'occupation étrangère. Ses loisirs forcés ont été occupés à écrire un 
très bon mémoire sur la culture en grand dés arbres fruitiers. Rien de 
plus net, de plus pratique, de plus étudié au point de vue économique et 
on pourrait dire national, car la production des fruits est une des richesses 
de la France. Bien que le travail de M. Baltet soit surtout fait pour le 
climat de la Champagne, nous en conseillons la lecture et l'application à 
tout de nana désireux d'essayer en grand la production fruitière. 


Ep. A. 


(1) Ed. André: Les plantes à feuillage ornemental. Paris, in-12, 256 pages, 37 grav. 


PS 
POG 


se TUE 


CHRONIQUE HORTICOLE. 


RP PPS PP PIAIS 


Les froids de mai-juin. — Aux rigueurs exceptionnelles de l'hiver 
1870-1871, il faut ajouter les dépressions de températures qui ont été 
observées dans toute l'Europe moyenne les 18 mai et 15 juin de cette 
année, En Belgique et sous le climat de Paris, où le thermomètre est des- 
cendu le 18 mai au point de congélation, les Dahlias, Haricots, Pommes 
de terre, les bourgeons de Chêne, les Vignes, les fleurs des arbres frui- 
tiers ont beaucoup souffert. 

Le 5 juin, nous étions dans le Grand-Duché de Luxembourg et nous 
avons constaté deux degrés sous zéro. C'est un fait des plus rares en 
cette saison. Tous les Noyers, les Frênes, les Platanes, etc., ont eu leurs 
feuilles gelées, et les Hêtres dans les forêts n'ont présenté depuis le 4 juin 
que des masses rouge-brun, indiquant que toute la frondaison nouvelle 
était détruite. Dans les parties découvertes du Grand-Duché, on cherche- 
rait en vain une seule Noix de l'année 1871. À peine quelques fruits ont-ils 
échappé dans les situations abritées de la vallée de la Moselle. 

À Metz, chez MM. Simon Louis, les pépinières ont été atteintes. Des : 
carrés entiers de jeunes Conifères ont eu leurs sommités brûlées, notam- 
ment les Abies pectinata et espèces de la même tribu. Nombre d’arbustes 
et d'arbres rustiques ont été attaqués de même. La végétation arbores- 
cente de l'année s’est trouvée ainsi notamment retardée. 

Une particularité assez curieuse est la différence d'intensité du mal sans 
cause apparente. Ainsi, nous avons remarqué, dans les forêts du Luxem- 
bourg, que des plantations séculaires de Hêtres étaient gelées, leur jeune 
feuillage roussi de haut en bas, tandis qu à côté, les autres arbres de même 
essence étaient verdoyants et intacts. On voyait par exemple 20 hectares 
verts, et 20 hectares gelés dans le voisinage. Dans d'autres parties, un 
arbre rôti était entouré par certains autres parfaitement épargnés. A quoi 
cela tient-il? Est-ce aux différences de niveaux des plantations, dont les 
plus basses sont généralement les plus maltraitées? Mais on constatait le 
même fait sur les plateaux que dans les vallées. Aux courants atmosphé- 
riques? A la direction des vallées? Mais la gelée du 5 juin s’est effectuée 
par un temps calme. 

Nous livrons ce problème à résoudre aux météorologistes spéciaux, qui, 
à l'exemple de M. Ch. Martins, de Montpellier, étudient de plus près les. 
phénomènes atmosphériques dans leurs rapports avec la végétation. 

Bleuissement des Hortensias. — L'année dernière, nous avons 
indiqué dans ce recueil, page 132, un moyen de bleuir les Hortensias, en 
les empotant dans un mélange de terre de bruyère, de terre de jardin et 
des raclures de places à charbon. Cette question vaut la peine qu'on y 
- revienne. A l'occasion d’un voyage à Jersey, au mois de juin de cette année, 
nous avons observé, en compagnie de notre collègue et collaborateur, le 


TOM. XVIII, — JUILLET 4871. 17 


un 106 


D: Eug. Fournier, de magnifiques Hortensias bleus sur les jardins en ter- 
rasse de l'Hôtel royal. Leur couleur était celle du plus bel outremer et 
d'une merveilleuse uniformité. Nous remarquâmes que parmi les plantes 
bleues, il s'en trouvait de roses sur les pieds beaucoup moins vigoureux. 
La coloration bleue était toujours en raison directe de la vigueur de la 
plante ; il était facile d'en conclure que la substance colorante agissait en 
même temps comme engrais dans le sol et que le rose est l'état chlorotique 
de l'Hortensia, tandis que le bleu en serait l'état normal ou même 
pléthorique. > 

Quoi qu'il en soit, le bleuissement est le résultat de substances particu- 
lières mélangées au sol, et il n'est pas hors de propos d'en dire quelques mots. 

En 1857, M. Luscombe exposa à Londres de magnifiques Hortensias 
bleus. Il s'était contenté de les planter dans un petit bois de Sapins, dans 
le terreau formé par la décomposition des feuilles de ces Conifères. 

Or, avant cette expérience, personne n'avait pensé que les Hortensias 
pussent bleuir autrement que par les substances suivantes, et cela à des 
degrés différents : 

Eau de chaux; 

Eau ferrugineuse naturelle; 

Sable rouge commun; 

Terre franche de Norwood; 

Eau dans laquelle on a trempé du fer rouge; 

Solution d’alun; 

Limaille de fer mêlée au sol. 

On attribuait à la présence du fer en solution, de la chaux et de l'alun, 
l'action des diverses substances que nous venons de citer. 

Or, le professeur Solly prouva expérimentalement que la chaux. l'alun 
ou le fer, rendus plus solubles par l'acide chlorhydrique ou moins solubles 
par le carbonate de soude, n'avaient qu'une médiocre influence sur la colo- 
ration des plantes du genre Æydrangea. 

Au contraire M. Fortune, qui ne put faire bleuir ses Hortensias dans du 
fer‘pur, ÿ parvint en les arrosant d'alun dilué ou en poudre. 

Cependant ni la terre de bruyère ni le terreau de feuilles de sapin ne 
contiennent d'alun. 

On ne peut chercher d'explication de l'action de ces terreaux que dans le 
tannin qu'ils contiennent et sur lequel agirait le peroxyde de fer contenu 
dans les tissus de l'arbuste. On pourrait faire cette expérience, que con- 
seillait autrefois le D' Lindley, en arrosant d'abord les plantes avec de 
l'eau mélangée de peroxyde de fer, puis avec une faible infusion de tannin. 

Ceci n'est qu'un côté de la question. 

En 1861, un autre Anglais mit en avant ce fait que les Hortensias peuvent 
être obtenus bleus dans toute terre, pourvu qu’elle n'ait jamais été cultivée. 
Il essaya plusieurs fois des cultures alternatives, dans un sol de jardin ou 
dans de la terre neuve et tourbeusé, et constata le même fait pendant cinq 
ans consécutifs. Bien plus, un pied planté dans le sol cultivé du jardin et 
fleurissant rose se mit à produire des corymbes bleus dès que ses racines 

“touchèrent de la terre vierge qu'on lui apporta. 


— 127 — 


D'autre part on sait que dans les terrains granitiques, schisteux, mica- 
schisteux, et généralement dans les sols de formation ignée, les Horten- 
sias se colorent fortement en bleu. 

On en était là de la question et quelques expériences nouvelles de 
M. A. Gris n'y avaient apporté que peu de lumière, lorsque M. Eug. Four- 
nier se mit à faire des essais à l'occasion d’une discussion qui S'était élevée 
sur ce sujet à la Société Botanique de France. « 

Il arrosa des Hortensias à fleurs roses avec les solutions titrés suivantes, 
jour par jour, et par qnantités égales, à partir du 1° mai. 

1° 20 gram. d'alun ammoniacal par litre d'eau distillée (suggestion du 
D' Boisduval): | 

2 20 gr. de sulfate de fer (selon l'opinion répandue): 

3° 20 gr. de carbonate de cuivre (à l'instigation de M. Crochard); 

4 Ammoniaque non dosée. 

Le 15 juin, les sujets arrosés par l'ammoniaque et le carbonate de cuivre 
étendus d'eau avaient péri. 

Ceux qui avaient été traités par le sulfate de fer, présentaient une vigueur 
médiocre et des sépales roses. 

La solution d'alun ammoniacal, au contraire, avait provoqué une végéta- 
tion luxuriante et de grandes fleurs d'un bleu violacé. 

Des autres expériences de M. E. Fournier, que leur étendue ne nous 
permet pas de rapporter ici, il résulte que si le fer colore en bleu les Hor- 
tensias dans certaines conditions, cela tient à ce qu'il active la végétation 
comme l'alun ammoniacal. 

Avant tout, le bleuissement des Hortensias est une conséquence d'un 
excès de végétation artificiellement obtenu. 

Nous avons voulu rapporter en quelques mots ces expériences intéres- 
santes, en n'ajoutant qu'une observation, c'est que, si nous avons vu à 
Jersey, de même qu'à Guernesey, les Hortensias les plus vigoureux fleurir 
bleus et les autres roses, nous avons bien souvent aussi constaté une végé- 
tation exhubérante de cette plante coïncidant avec la production de 
capitules absolument roses. Nous n'avons besoin de citer pour cela que 
l'Hydrangea Otaksa, introduit depuis peu d'années, et qui n'est qu’une variété 
Japonaise de l’Avrtensia. Nous en avons mesuré des corymbes à Versailles 
qui dépassaient 40 centimètres de diamètre et qui avaient été exposés 
par M. Duval en mai 1870. 

Le Boussingaultia baselloïdes. — Une de nos plantes grimpantes 
les plus jolies et les moins répandues est celle-ci. Sa vigueur est extrême; 
elle porte à profusion des tiges qui atteignent 10 à 15 mètres et garnissent 
un mur en une année; se couvre par les plus chauds étés de feuilles char- 
nues cordiformes ondulées, d’un vert magnifique, et enfin en septembre se 
pare de milliers de longues et fines grappes de fleurs blanches odorantes qui 
sont la grâce et la délicatesse mêmes. On en conserve les tubercules comme 
des Dahlias sous le climat de Paris. Chez moi, en Touraine, au pied des 
murs, ils ne gèlent jamais et repoussent chaque année. On devrait donc 
cultiver plus généralement cette jolie Liane. Elle est indigène de Quito, 
Loxa, de Buénos-Ayres, des îles Gallopagos, etc. 


En. de 


Lors de son introduction on avait vanté sa beauté et même ses vertus. 
Ses tubercules devaient être un succédané de la Pomme de terre; ses 
feuilles, de l'Epinard. Nous venons d'y goûter sans prévention. Cela est 
tout bonnement détestable. Les feuilles arrangées au beurre et au sucre, 
comme les Épinards, sentent l'eau corrompue dans laquelle on a mis 
plusieurs jours tremper des fleurs coupées, ou bien encore le pétiole d'un 
épi de Réséda quand on met cette fleur à sa bouche. Les tubercules sont 
immangeables. Il est bon de faire connaître ces essais, pour fermer la 
bouche aux mauvais plaisants qui vantent les qualités culinaires de la plante. 

Destruction du puceron lanigère. — De tous les moyens indiqués 
pour détruire le puceron lanigère : brossage, lavage avec essence de menthe, 
térébenthine, alcool, savon noir, tabac, potasse, huiles diverses, ete., nous 
n'avons rien trouvé d'absolument efficace. 

On nous signale de plusieurs endroits un remède infaillible que nous nous 
empressons d'indiquer : 

C'est l'huile de pétrole, tout simplement. s 

Il suffit de brosser une fois les arbres atteints avec un pinceau trempé 
dans cette huile pure, et de le passer sur tous les points où l'insecte exerce 
ses ravages. 

Puisse cette propriété être confirmée et atténuer la triste impression 
que produit maintenant ce nom de pétrole, depuis qu'il a été mis entre les 
mains de monstres à face humaine qui l'ont employé à tout détruire sur 
leur passage! | | 

Le Fraisier l’Inépuisable. — M. Mabille, horticulteur et dessinateur 
de jardins à Limoges (Haute-Vienne), vient de faire une découverte que 
nous considérons comme très importante, si les conséquences en suivent les 
prémisses. Il à obtenu, de semis du Fraisier Ananas du Chili, fécondé par 
l'excellente variété anglaise Victoria (Trollope), une grosse Fraise remon- 
tante, donnant des fruits de la dimension des Fraises anglaises ou améri- 
caines et produisant jusqu'aux gelées, On avait déjà obtenu (c'était 
M. Gloede, je crois) une grosse Fraise, dite remontante, mais dont « les 
feuilles seules » remontaient. Celle de M. Mabille, que nous avons vue et 
dégustée, est tout autre chose. Nous n'hésitons pas à la recommander très 
chaudement, non-seulement par sa valeur intrinsèque, mais parce qu’elle 
va sans doute faire souche de variétés à gros fruits réellement remontantes 
et supérieures à celle-ci. La consommation populaire et générale de cet 
excellent fruit est tellement désirable qu'il faut applaudir à tout ce qui 
peut l’augmenter et la faciliter à toutes les bourses. 

Nous publions plus loin l'article que M. Mabille vient de nous adresser 
au sujet de son nouveau gain. : : 

On verra que cet horticulteur vient également d'obtenir une variété à 
fruits énormes, sur la qualité de laquelle il fait toutefois des réserves. 

À ce propos nous venons de lire les lignes suivantes dans l'Écho du 
parlement belge : « On a ouvert ces jours-ci, à Boskoop (Hollande), une 
Exposition de Fraises. On y a remarqué un lot de quatorze de ces fruits 
pesant un demi-kilogramme. » 

Nous voici, on le voit, bien près de la douxe à la livre de M. Mabille. 


se 100 


Plaise à Dieu qu'elle devienne excellente et productive comme les Caprons 
des marais de St-Laud, à Angers, que nous achetions autrefois cinq sous la 
pannerée de cinq livres! 

Dans certaines contrées de la Bretagne, à Plougastel, par exemple, on 
voit encore de petits bateaux à vapeur, au mois de juin, convier les popula- 
tions à des parties de Fraises. Moyennant cinquante centimes, on traverse la 
rade jusqu'à Lauberbach où l'on est libre de manger les Fraises des champs 
de Plougastel. Cette culture y est d’une importance telle que les Fraises 
ont payé, il y a deux ans, cent trente-deux mille francs de transport sur le 
chemin de fer de l'Ouest. ss 

Et nous ne parlons ni des Fraises d’Aberdeen, en Ecosse, si célèbres 
dans tout le Royaume-Uni, ni des millions qui sont produits chaque année 
par la seule Fraise Princesse royale aux environs de Paris! | 

Combustible économique. — Avant que la saison d'hiver arrive et 
que l'on se préoccupe de la question du chauffage, signalons un combus- 
tible à bon marché, qui a été employé durant l'hiver dernier et le siége 
de Paris. Pour économiser le charbon de terre, on l'a mélangé, après 
l'avoir pilé, à de l'argile ou même à de la terre forte ordinaire, avec 
laquelle on le pétrissait en boules ou en briquettes. Les boules ainsi intro- 
duites dans les foyers des chaudières, après être devenues rouges, conser- 
vaient fort longtemps une chaleur intense et chauffaient très bien les serres. 
Le procédé n’est pas nouveau; nous l'avons vu pratiquer il y a plusieurs 
années par M. Chantrier, horticulteur, à Mortefontaine, et notre ami, 
Ed. Morren, nous a dit qu'on le connaissait depuis bien longtemps à Liége, 
où des femmes sont occupées à fabriquer ces boules de coal-clay, qui ont 
même reçu un nom particulier. Nous le recommandons aux horticulteurs 
soucieux de leurs deniers et surtout aux propriétaires qui ont de petites 
serres, où ils ne tiennent guère à aller faire de fréquentes rondes de nuit. 

Le Cabbage stick. — L'Angleterre est la patrie des excentricités. 
Au dernier voyage que nous avons fait dans ce pays, nous avons vu 
MM. les fashionables, cette aimable et oisive race de boulevardiers qui 
fleurissent aussi bien sur les dalles de Regent's street que sur le bitume 
du boulevard des Italiens, se promener en tenant à la main un énorme 
gourdin qui semblait de nature à assommer un bœuf. Tout bien considéré, 
il s’est trouvé, à notre grand « esbahissement, » que ces formidables tri- 
ques n'étaient autres que des tiges desséchées de Chou cavalier ou Chou 
vache, nettoyées, raclées, peintes et vernies. Ces bâtons n'offrent bien en- 
tendu aucune solidité; elles n'offrent que le mérite contestable d'être légè- 
res, incommodes et inutiles. Nous doutons fort que par ce trait d'esprit 
l'inventeur fasse fortune de ce côté-ci de la Manche, et la mode du « Cabbage 
stick » ne durera guère plus que le pied de Chou qui lui a donné naissance. 

Le Rosier d’Hildesheim. — On lit dans le Fremdenblatt de Vienne : 
«“ Le plus ancien Rosier connu (?) est celui qui tapisse un mur de la cathé- 
» drale d'Hildesheim (Allemagne). Il a un millier d'années. De son tronc 
» principal, qui a un pied de diamètre, s'étendent six branches d'une hauteur 
» de quinze pieds. Déjà au moyen-âge, l'évèque Hézilon le fit garantir par 
» une toiture contre les intempéries. » 


— 109 — 


Nouveaux Cyclamens. — Depuis deux ans, ces jolies plantes ont 
fait de considérables progrès entre les mains des horticulteurs anglais. 
Nous en avons vu de charmantes variétés, à fleurs larges, variées et bien 
colorées, se vendre communément à cinq ou six pences chez les marchands 
de Covent-garden. L'horticulteur qui tient maintenant le haut du pavé pour 
cette culture, est M. Henry Little, de Cambridge Park, à Twickenham, 
près de Londres. Ses semis poursuivis avec intelligence et ses fécondations 
_artificielles l'ont conduit à améliorer considérablement les variétés exis- 
tantes. Sa collection est déjà magnifique. Voici son programme de perfec- 
tions à atteindre pour chaque variété de choix : port régulier; plante 
portant une masse légèrement convexe de feuilles épaisses, fortes, bien 
dressées, panachées nettement comme le Sonerila margarilacea; au-dessus 
de ces feuilles, un bouquet de fleurs toutes de même hauteur ou le centre 
un peu élevé; les fleurs grandes, de couleurs vives et pures, les pétales 
larges, obtus, non tordus, et l'œil très ouvert. 

Un grand nombre, sinon l'ensemble, de ces qualités sont réunies dans 
les plantes dues aux semis de M. Little. Nous engageons nos lecteurs à 
retenir son adresse. s'ils veulent obtenir une collection d'élite de ces ravis- 
santes plantes de serre tempérée. 

Viola cornuta perfection. — Une autre nouveauté anglaise, qui est 
bien le bijou de la saison, porte le nom ci-dessus et fait fureur à Londres. 
Elle a été obtenue d'une plante sauvage des Pyrénées, le V. cornuta, qui 
faisait déjà un charmant effet en bordures. La V. cornuta perfection surpasse 
le type de cent coudées. C'est une acquisition hors ligne pour corbeilles, 
bordures, plates bandes, etc., de plein air. Elle est rustique en Angleterre, 
où le climat humide paraît lui mieux convenir que la sécheresse du conti- 
nent. Tous les horticulteurs anglais la mettent en vente à des prix modérés. 

L’Asplenium lucidum, plante sacrée. — Le docteur George Ben- 
net a recueilli, au dire du Gardeners Chronicle, de curieux détails sur les 
usages superstitieux des Néo-Zélandais à propos de cette plante. Le prêtre- 
médecin ou Tohunga, en agite les frondes au-dessus de la personne qu'il 
prétend guérir, pour écarter les mauvais dieux, cause du mal selon lui. Il 
secoue de même la fronde en invoquant la Divinité, et si la plante se brise, 
l'augure est funeste. On l'emploie également en signe de deuil, et les 
femmes s'en entourent la tête à la mort de l’un de leurs proches, de même 
que les hommes s'ils viennent à perdre leurs femmes. Quand un chef se 
fait tondre la chevelure, on trempe cette fronde dans l'eau, et si elle se 
brise en l'agitant ensuite, le signe est également néfaste, tandis que, si 
elle reste entière, elle indique succès, santé et longue vie. 

Exposition de Londres. — L'exhibition partielle du 5 juillet à 
Londres a été remarquable à plusieurs titres. Des délégués étrangers assez 
nombreux s’y sont trouvés réunis : MM. Regel et Wolkenstein, de St-Pé- 
tersbourg; C. Koch et von Heyder, de Berlin: Ed. Morren, de Liége ; 
J. Linden, de Bruxelles ; Antoine, d'Autriche; D. Moore, de Dublin ; Gloner 
et prof. Pérard, de Belgique, etc. 

Les plantes nouvelles de M. Linden ont obtenu grand succès, notamment 
les Alloplectus vittatus,  Dieffenbachia imperialis, Dioscorea chrysophylla, 


— 131 — 


Eldorado, prismatica, meleagris, Maranta Maxelli et Wallisi discolor, Fatsia 
japonica variegata, Epidendrum Friederici-Guilielmi. L'ensemble des apports 
de M. J. Linden a reçu trois médailles et neufs certificats. M. Dallière, 
pour d'excellents spécimens de culture de Maranta et Calathea, a obtenu une 
médaille et un certificat. 

Les Roses de MM. Ch. Turner, Veitch, Paul et Sons, W. Paul, ont été 
admirables. - 

Les Orchidées de M. Denning, jardinier de lord Londesborough, étaient 
d'une superbe santé; les Pelargoniums colorés de MM. Henderson et Son, 
dignes de la réputation des exposants, de même que les Pelargoniums à 
grandes fleurs et les Verveines de M. Turner, et les Zrora de M. Parker, de 
Tooting. 

En somme, bonnes présentations, mais trop peu d'exposants, et surtout 
d'étrangers, qui auraient absolument manqué, sans l'esprit entreprenant 
des Belges. bd 

À la séance du 19 juillet, M. le D' Masters a présenté à la Société les 
magnifiques Amaraboya de M. J. Linden, Mélastomacées nouvelles de la 
N'e-Grenade, dont nous aurons occasion de reparler amplement dans ces 
colonnes. 

Vente des Orchidées de M. Rucker. — Une des plus riches 
collections du continent, celle de M. Sigismond Rucker, auquel a été dédié 
l'Angülon Ruckeri ainsi que plusieurs autres Orchidées, vient d'être vendue 
en Angleterre, d'abord à MM. Veitch, puis en vente publique par les soins 
de M. Stevens. Les prix ont atteint des proportions considérables. 

Les meilleures Pommes. — Nous avons déjà publié, d'après le 
bulletin du Cerele d’Arboriculture de Gand, la liste des meilleures Poires 
de verger. Voici, d'après M. Burvenich, l'un des plus érudits collaborateurs 
de cette publication et des plus actifs d'entre les membres de l'Association, 
ce quil considère comme les meilleures Pommes pour les jardins de la 
Belgique : Alexandre 1, Baldwin, Bedjorshire’s foundling, Bleinheim pippin, 
Borsdorfer, Borawinsky, Cadeau du Général, Calviile barré, Calville St-Sauveur, 
Duchesse d'Oldenbourg, Fenouillet doré, Hawthornden, Linnœus pippin, Newton 
pippin, Northern Spy, Pépin doré, Reinette d'Angleterre, R. d'Anjou, Reine des 
Reinettes, R. Thouin,, R. de Canada, R. franche, R. de Canterbury, R. grise, 
Ribston pippin, Royale d'Angleterre. 

Exposition internationale de fruits, à Londres. — Frappée du 
peu d'éclat obtenu jusqu'ici par ses Expositions partielles, la Société royale 
d'Horticulture de Londres à décidé d'ouvrir une grande Exposition pomolo- 
gique le 4 octobre prochain. Un appel pressant a été fait aux horticulteurs 
et pomologues étrangers. Nous comptons bien que ceux du continent rem- 
porteront les palmes, et aflirmeront une fois de plus leur vieille réputation. 

D'ailleurs nous nous proposons d'assister à cette solennité et nous 
espérons parler de l'Exposition des fruits de visu, sinon de gustu et palato. 


Ep. ANDRé. 


ss TD — 


PI. LXVIII. 


AZALEA MOLLIS, sur : 


AZALÉE A FEUILLES MOLLES. 


ERICACÉES. 


ÉTYMOLOGIE : du grec "AËæAtos, aride, desséché, par une allusion assez peu justifiée aux 
lieux arides où croissent ces arbustes, dont beaucoup sont particuliers aux bords des ruisseaux 
et contrées fraîches de la Chine, du Japon et de l'Amérique du nord. 

” CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir Hustration horticole, t, 1, 1854, sub pl. 58 et années 
suivantes. 

CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : ramuli, petioli pedunculique setoso-pilosi; folia obovato- 
vel-oblanceolato-oblonga obtusa glanduloso-apiculata pilosa hirsutave nervis utrinque cosiæ ad 
10 patulis parallelis ; flores 5-10 subpræcoces umbellati longe pedunculati, sepala brevia ovata 
+7 ra corolla infundibulari-campanulata extus puberula ad medium 5-loba, lobis elliptico- 
ovatis; sfamina 5 stylo vix brevioria, capsula ovoïdeo-oblonga profunde sulcata parce setosa 
lucida (Hooker fil. in Botan. Magaz. t. 5905). 

Azalea mollis, Blume, Bijdr. 855. — Regel, Gartenflora, 1867, p. 289, t. 556. — Ed. 
André, Plantes de terre de bruyère, p. 186, 1864 (et p. 185, sub. Az. sinensis, Lodd.). 

Azalea japonica, A. Gray, in Mem. amer. Acad. Sc. Vol. VI, p. 400. 

Azalea sinensis (?), Lodd., Bot. cab., vol. IX, t. 883. 

Rhododendrum molle, Sieb. et Zuccarini, F1. jap. Fam. nat., part. 2, p. 151. 

Rhododendrum sinense, Sweet, Brit. F1. Gard., IT, t. 290. Maximowicz, in Mem. Acad. imp. 
Sc. Petersb., vol. XVI, n° 9, p. 13. — Hook. fil. in Botan. Magaz., t. 5905. 


ARAAAANNI 


À l'inspection des synonymes qui précèdent, le lecteur verra que l'espèce 
dont il s’agit est depuis longtemps connue et décrite. Envoyée en Angle- 
terre en 1824, elle y fut importée de nouveau par R. Fortune en 1845, mais 
resta toujours rare dans les collections. Elle vient d’être réintroduite par 
M. Maximowicz, le célèbre voyageur et botaniste russe, de graines reçues 
du Japon. Ce botaniste a conservé à la plante le vieux nom de Rhododendron 
sinense, que Sweet lui avait donné dans son British Flower Garden. Nous 
n'adoptons pas cette dénomination, tout en respectant les motifs qui font 
assimiler à juste titre les Azalées aux Rhododendrons. Nous y trouvons 
l'inconvénient d'une confusion horticole qu'il faut éviter, et d'ailleurs rien 
n'est plus facile que d'adopter les Azalea comme une tribu du genre Rho- 
dodendron, en conservant l'usage des horticulteurs pour les nommer dans 
la pratique. 

L'Azalea mollis, qui a fourni aux horticulteurs japonais un certain nombre 
de jolies variétés à fleurs blanches, jaunes, carnées, rouges, orangées, porte 
les caractères suivants : buisson dressé, À rameaux nus, étalés, les jeunes 
velus, comme les feuilles, les pétioles, pédoncules et calyces. Feuilles étalées, 
de 5 centimètres environ de longueur, membraneuses, courtement pétiolées, 
obovales ou oblancéolées oblongues obtuses, à mucron glanduleux, ciliées, 
velues sur les deux faces, à 10 nervures environ, étalées sur chaque côté 
de la cote médiane. Fleurs par 5-10 en ombelles: pédicelles de 2 à 6 centi- 
mètres de longueur. Calyce à lobes petits, obtus. Corolle à demi-campanulée 
où demi-tubuleuse, à 5 lobes ovales oblongs obtus atteignant son milieu, 
variant en couleur du jaune pâle au rose et à l'orangé; 5 étamines à filets 


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{Blume). 


BRÉSIL. 


AZALEA MOLLIS 


PLEIN AIR. 


— 133 — 


pubescents vers la base: anthères jaunes, petites. Ovaire velu, à 5-loges; 
style grêle, pubescent à sa base; stigmate petit. Fruit (d'après Maximowicz) 
ovoïde oblong, sillonné, luisant, un peu velu. 

Pour rester dans la vérité, il nous faut ajouter que déjà plusieurs des 
variétés cultivées de l'Axalea mollis présentent des différences avec la des- 
cription précédente, prise sur la plante à fleurs jaunes que l'on peut consi- 
dérer comme le type de l'espèce, en l'absence de documents certains. 

Non-seulement l'43. mollis n’est une nouveauté que par sa réapparition 
récente sur la scène horticole, mais ce que l'on sait moins, c'est qu'il y a 
trente ou quarante ans, il a formé, en Angieterre, souche de curieux 
bybrides horticoles dans les circonstances suivantes : 

M. Smith, de Norbiton, près de Kingston (comté de Surrey), avait imaginé 
de féconder le Rhododendrum ponticum par une Azalée chinoise à feuilles 
caduques, qui n'était autre que l'Azalea mollis ou sinensis. Les résultats de ce 
premier croisement furent importants : cinq hybrides distincts, cinq plantes 
nouvelles, se montrèrent ensemble. Les deux ou trois plus belles apparurent 
_ un beau jour, en 1839, à l'Exposition de Gand, au grand étonñement des 

amateurs. ù 

En 1844, une série perfectionnée et plus nombreuse de la même origine, 
exposée en Angleterre, attira l'attention d'un habile horticulteur français, 
M. Paillet, qui revint plein d'admiration pour les Rhododendrons à fleurs 
Jaunes (c'est ainsi qu'on les appelait alors), les rapporta en France et les 
multiplia en nombre. Ils furent l'objet d'une mode enthousiaste de 1845 
à 1850, puis ils tombèrent peu à peu dans l'oubli et disparurent, excepté 
dans quelques collections d'amateurs, où nous avons retrouvé leurs traces, 
lorsque nous rédigions notre Traité des plantes de terre de bruyére. 

Les hybrides de Rhododendrum ponticum et d'Azalea mollis ou sinensis sont 
caractérisés par des feuilles persistantes, pubescentes et non glabres comme 
dans la plupart des Rhododendrons, larges, peu épaisses, molles, plus ou 
moins glaucescentes en dessous, de forme ovale-obtuse ou ovale-acuminée. 
Leurs corymbes de fleurs égalent souvent l'ampleur des beaux Rhodo- 
dendrons hybrides. 

Pas une de ces plantes n'est rustique. Le traitement qui leur convient 
est la serre froide avec la culture des Azalées di'e de l'Inde. Elle se greffent 
assez bien sur Rhododendrons, mais ne vont pas sur Azalées. Leur plus sûre 
multiplication s'effectue par le bouturage. 

Voici la liste des meilleurs de ces hybrides des semis de M. Smith, qué 
l'on retrouverait encore aujourd'hui dans quelques établissements, et que 
nous voudrions voir remises en faveur : Rh. Norbitonense (le premier obtenu), | 
aureum superbum, Burlingtoni, Broughtonianum, cupreum elegans, Jenkinsoni, 
carneum, elegantissimum, ochroleucum, spectabile grandiflorum, Victoria regia. 

Quant à l’Asalea mollis et à ses variétés que M. Linden a remis au com- 
merce depuis quelques années, ce sont des plantes rustiques qui s'accom- 
modent fort bien de la culture ordinaire, en pleine terre de bruyère et 
à l'air libre, comme les Azalées pontiques et autres espèces à feuilles 


caduques. 
Es. A. 


TOM. XVIII, = JUILLET 1871. : 18 


— 134 — 


PI. LXIX. 


PRIMULA JAPONICA, avi car. 


PRIMEVÈRE DU JAPON. 


PRIMULACÉES. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir {lustr. hortic. 1866, p. 482. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : glabra : folia vix petiolata obovato-oblonga vel spathulata 
argute dentata vel duplicato-dentata venosa efarinosa ; scapus elatus; flores numerosi verti - 
cillati, involucri bracteæ lineari-subulatæ inappendiculatæ integerrimæ pedicello multo- 
breviores;  calyæ Ovoïdeo-campanulatus, lobis triangulari-subulatis, tubo intus farinifero 
æquilongis; corollæ purpureæ tubus calycem longe superans lobis obcordatis ; capsula globosa 
vertice nuda demum irregulariter rupta (Hook. fil. Bot. Magaz., 1. 5916). 

Primula, japonica, A. Gray, in Mem. amer. Acad. Sc., vol. VI, p. 400. — Bot. Mag. 
L. 9916, — Gard. Chron., 1871, p. 1224. 


ns 


La Reine des Primevères! C'est sous ce nom qu'un journal anglais salue 
la magnifique plante que M. W. Bull exhiba pour la première fois à la 
Société d'Horticulture de Londres, séance du 3 mai de la présente année. 
Un certificat de 1° classe lui fut voté par acclamation, et toute la presse 
horticole de la Grande-Bretagne fut unanime pour célébrer sa beauté 
hors ligne. 

« Elle est rustique comme un paysan, et resplendissante comme une 
princesse! » disait M. Moore! 

Il y à juste dix ans que M. Robert Fortune la rencontra au Japon, au 
seuil de sa porte, où un panier plein de ces admirables fleurs avait été 
apporté. L'acheter, l'emballer, l'expédier en Angleterre, cela fut fait avec 
toute la hâte que M. Fortune put mettre pour doter son pays d'une aussi 
belle conquête; mais, hélas! la traversée fut trop longue et toutes les 
plantes arrivèrent mortes. 

Après plusieurs tentatives infructueuses, la Primula Japonica fut enfin 
introduite dans les circonstances suivantes, que raconte M. Fortune dans 
une lettre adressée par lui le 26 avril dernier au docteur J. D. Hooker : 
« J'ai vu cette plante en fleur en mai 1861, dans les jardins des environs 
» de Yédo. J'ai expédié d'abord en Angleterre des graines, qui ne ger- 
» mèrent pas et des pieds vivants, qui moururent dans le voyage. Les 
» graines que j'ai reçues l’année dernière et qui ont produit les plantes 
* actuelles, m'ont été envoyées par MM. W. Keswick, de Hong-Kong, et 
» Walsh, Hall et C°, de Yokohama. Cette espèce sera parfaitement rus- 
» tique en Angleterre; elle est aujourd'hui, 26 avril, en pleine floraison à 
» Chelsea, chez M. W. Bull. Elle a déjà produit plusieurs variétés toutes 
» charmantes, et nul doute qu'elle en produira de plus nombreuses. » 

La description donnée par le prof. Asa Gray, qui nomma la plante et la 
publia en 1859, fut prise d'après des spécimens collectés près de Hakodadi, 


Ptab.La6h.a8 Li. 


= PRIMULA JAPONICA (Asa Gray). à 
PLEIN AIR. JAPON. 


J. Linden publ. 


cs 18 


par Charles Wright, qui la recueillit en 1855. L'espèce est proche voisine 
du P. prolifera, des montagnes de Khasia, dans le Bengale oriental, récoltée 
par les voyageurs de Wallich, et que le D' Hooker retrouva lui-même 
dans ces parages à une altitude de 1500 mètres. Le P. imperialis (Jungh.), 
‘ de Java, en est également un allié de très près. 

Le P. japonica a été rencontré également par M. Maximowiez, à Yoko- 
hama, et par le consul C. P. Hodgson, près Hakodadi. 

Les caractères de l'espèce sont ceux-ci : plante vivace, glabre, sans 
pubescence ni poudre, à l'exception de quelques atomes en dessous des 
feuilles. Feuilles subsessiles, longues de 8 à 15 centimètres, larges de 
3 à 8, obovales-oblongues ou subspatulées, obtuses, à un ou deux rangs 
de dents fines, convexes dessus, ridées et veinées. Hampe élevée de 30 à 
45 centimètres, forte, dressée, roide, portant de trois à six verticilles étalés 
de fleurs d'un beau pourpre clair, large de 2 1/, centimètres et disposées 
par 6-18 sur chaque verticille. Pédicelles de la longueur des fleurs. Tube 
du calyce subhémisphérique, surface inférieure saupoudrée de poussière 
jaune, lobes triangulaires subulés. Corolle à tube trois fois plus long que le 
calyce, à lobes obcordés. Style grêle. Capsule subglobuleuse, dépassant à 
peine les dents du calyce, irrégulièrement déhiscente par 5 valves. 

Les variétés suivantes, auxquelles M. Fortune fait allusion, ont déjà été 
observées : 

P, japonica llacina, fleurs un peu plus grandes que le type, œil entouré 
d'une zone nette de rouge orangé, passant à l'extérieur à un beau rose lilas, 
le reste des lobes blanc. Variété d'une nuance chaste et charmante, qui a 


obtenu un certificat de 1° classe. 

P. japonicata carminata, fleurs rouge carmin pur, avec un anneau marron 
cramoisi autour de l'œil. 

P. jap. alba, fleurs blanches à œil entouré d'une zone d'or; fleurs un peu 
plus petites que le type. 

P. jap. splendida, variété plus naine et d'un port plus dense avec des 
fleurs plus grandes que le type, d'un ton magenta brillant, la zone d'un 
riche cramoisi, entourant un œil large et ouvert, qui montre le tube jaune 
à l'intérieur; segments de la fleur légèrement recourbés. 

P. jap. rosea, très distincte, fleurs d'un lilas rose, avec un anneau cra- 
moisi au centre. 

Ces superbes Primevères seront une noble addition à notre flore exo- 
tique de pleine terre. Leurs nombreuses fleurs, par verticilles distincts, 
s'étagent comme des girandoles et se montrent dans un éclat qui n'est 
guère dépassé parmi les autres plantes vivaces et que n'égale aucune autre 
espèce du genre. 

Ce sont les favorites du jour, et elles le méritent bien. 

Leur succès ne sera pas éphémère, et avec une telle propension à varier 
dès le début, il n'est pas douteux qu'elles soient bientôt variées à l'infini. 

Quant à leur rusticité, un hiver passé impunément sans couverture 
aucune, dans un jardin de Londres, sous l'influence d'une atmosphère de 
fumée et de brouillards, est le meilleur criterium qu'on ait pu choisir. Les 
plantes ainsi traitées se sont montrées au printemps pleines de vigueur, de 
santé, et ont abondamment épanoui leurs belles fleurs. … Er. A. 


PI. LXX. 


: ENCHOLTRTUM CORALLINOM, x uw 


ENCHOLIRION A FLEURS DE CORAIL. 


: BROMÉLIACÉES. 


ETYMOLOGIE : de syxes, pique, lance, et Aeipior, lis, par allusion à la forme lancéolée 
des hampes florales. 

CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Perigonii liberi sexpartiti laciniæ exteriores calycinæ 
æquales, breves, erectæ, interiores petaloideæ rectiusculæ. Stamina 6, hypogyna ; filamenta 
basi dilitata, plana, brevissima; antheræ lineares, suberectæ, conniventes. Ovarium liberum, 
pyramidato-trigonum, triloculare. Ovula plurima, adscendentia. Stylus trigonus; sfigmata-5 
crassiuscula, ovato oblonga contorta. Capsula ovato-cylindrica, v. subangulata, mucronata. 
Semina oblongo compressa membranaceo-marginata v. pilis setaceis utrinque stipata. — Herbæ 
brasilienses, scapigeræ, foliis radicatibus rosulatis Lincari lanceolatis, margine spinosis v. 
integris, floribus in spica disticha bracteatis (Endlicher, Genera plantarum, n° 1513, auctis 
emendatisque characteribus). ” 

Encholirion Martius, 1850, in Schultes f., Syst. veg., NII, LXVIII, 1935. — Endlich., Gen. 

PL, 1515. — Beer, p. 16, 27, 163. — Koch, Bert. allg. Gart., 1857, p. 22. — Do Wochens., 
1868, p. 91. — Walp. Ann., I, 840. 
_ CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : folia integerrima, subviolaceo-glaucescentia, lineari-canali- 
eulata obtusa mucronata, 0,50 longa, 0,05 lata, oblique erecla, supra zebrinula; inflores- 
centia erecla, 0w,60-0®,80 alta, folia superans, bracteis foliaceis lævibus integris ovato-acutis 
semi amplexantibus viridi-violaceis in tota rhachidis flexuosi subpolygonati superficie sparsis ; 
spica. disticha, remotiflora; flores primum erecto-patuli, post anthesim deflexi, subsessiles, 
bracteis lanceolatis amplectentibus lucidis integris pallide rubescentibus v. corallinis petalis- 
quam brevioribus ; calycis sepala tria, libera, lanceolata, crassiuscula lucida subcontorta post 
anthesim conniventia, viridi-ochroleuca summosa; pelala tria libera, ochroleuca, sepalis 
7-8 millim. longiora, obovata, ligulata, canaliculata, basi Squamis-2 membranaceis maximis 
integris pellucidis, limbo erecto apice cucullato; stamina-6 libera, inserta, filamentis brevis- 
simis dilatato-compressis,. antheris oblongis dorsifixis conniventibus; stylus erectus stamina 
superans ; sigmalis lobi-3 breves, patuli, fimbriati; ovarium pyramidato-trigonum, triloculare, 
ovulis numerosis: capsula deflexa, cylindrico-subangulata; semina filiformia in interno locu- 
lorum angulo adscendentia, pilis setaceis inæqualibus utrinque stipata, — In provincia Sanctæ 
Catharinæ brasiliensis legit clar. infortunatusque Libon, anno 1862, — Ad vivum et florentem 
descripsi in horto Lindeniano, 4870. — En. A. 

Encholirion corallinum, J. Linden, Catal. 19, 1865, p. 27. 

Vriesea corallina, Regel, Gartenflora, 1870, p. 554, pl. 671. 


POP RP PRIS 


Nous avons eu quelques hésitations, malgré l'affirmation de MM. Ed. Mor- 
ren et Regel, à référer cette plante au genre Encholirium ou Encholirion, 
créé en 1830 par Martius, et qui ne comprenait, au temps de sa formation, 
qu'une seule espèce à graines différentes de celles que présentent les autres 
espèces. En effet, il est dit dans Schultes, Syst. veg., d'après Martius, que 
les graines des Encholirions sont comprimées et entourées d'une membrane 
sur leur bord, tandis que dans notre plante les funicules, très allongés et 
soyeux, filiformes, leur prêtent un tout autre aspect. D'un autre côté, nous 


{J. Linden). 


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ne saurions la rapporter davantage au genre Vriesea comme l'à fait M. Régel. 
Les étamines de ce dernier genre, exsertes et dont 3 sont libres et les 
à autres adnées au pétales, diffèrent des étamines égales, conniventes, 
réunies en anneaux de la plante que nous figurons et décrivons aujourd'hui. 

Toutefois, au lieu de créer un genre nouveau dans une famille déjà si 
difficile à étudier, et en attendant le grand travail que notre ami Ed. Morren 
prépare, nous conserverons le genre Encholirium pour notre plante, en mo- 
difiant un peu les caractères que Martius lui avait primitivement attribués. 
L L’Encholirium corallinum, Mart., est une plante vigoureuse, à port régu- 


lier, à feuilles toutes radicales, très entières, linéaires canaliculées obtuses 


mucronées, longues de 050, larges de 005, couvertes en dessous d'une 
glaucescence violacée et en dessus d'un ton vert bleuâtre légèrement rayé 
de zébrures transversales. 

L'inflorescence, haute de 60 à 80 centimètres, est dressée et dépasse les 
feuilles. Elle se compose d’une hampe cylindrico-polygonale accompagnée 
de bractées foliacées pourpre violet, entières, ovales, semi-amplexicaules, 
coniques au sommet, et d'un épi grand, dressé, distique, de fleurs charnues, 
écartées d'abord, dressées-étalées, puis défléchies après la floraison, sub- 
sessiles. Ces fleurs sont entourées de bractées lancéolées embrassantes 
mucronées, luisantes, entières, et de la longueur des sépales d'une cou- 
leur variant entre le pourpre violacé et le rouge vif. 

Le calyce est à trois sépales libres lancéolés, un peu épais, luisants, 
contournés connivents après l'anthèse, Jaunâtres ou verdâtres, exsudant 
une gomme visqueuse et diaphane. Les trois pétales libres, jaune pale, 
dépassent la longueur des sépales de 7 à 8 millimètres: ils sont obovales 
ligulés canaliculés, à limbe dressé capuchonné au sommet et accompagnés 
à leur base de deux grandes écailles membranacées entières translucides. 

Les étamines, incluses, au nombre de six, ont des filets très courts, 
dilatés comprimés, et des anthères oblongues dorsifixes, bilobées, conni- 
ventes en un anneau conique. Le style est dressé, dépasse les étamines. 
et est couronné par un stigmate à trois lobes courts frangés. L'ovaire est 
pyramidal, trigone et triloculaire et contient de nombreux ovules fixés à 
l'angle interne des cloisons. | 

La capsule, cylindrique anguleuse acuminée mucronée, est défléchie à la 
maturité; elle contient les graines filiformes dressées sur un funicule ou 
podosperme très long, soyeux, et qui sont terminées au sommet par une 
soie analogue, plus courte. Ê . 

Cette Broméliacée est une plante de premier ordre. Port régulier, 
feuillage lustré, délicatement coloré, végétation robuste, floraison facile, 
hampes robustes de fleurs empourprées, rien ne lui manque pour en faire 
une précieuse décoration de serre ou d'appartement. 

On: en doit l'introduction à l'infortuné voyageur Libon, qui la découvrit 
dans la province brésilienne de St-Catherine et l'envoya à l'établissement 


Linden en 1862. 
: ' En. A. 
CULTURE. 


Culture des Broméliacées épiphytes. 
* 


mu OÙ 


-PE-EXXI: Ê 


2 


HOULLETIA CHRYSANTHA, mon er ani 


HOULLÉTIA A FLEURS D'OR. 


ORCHIDÉES. F 
s # i 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir Ilustr. hortie., 1870, p. 59. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Pseudobulbi, sphæroïdeo-v. ovoïdeo sulcati; folia solitaria 
ampla ovato-lanceolata, utrinque longe acuminata, 0,50 longa, 0w,12 lata, pergamenea, 
kæte viridia, sulcata, costa subtus prominente, petiolo profunde canaliculato; squamæ basi- 
lares ovato-acutæ amplexantes; scapus erectus, brevis, robustus, erubescens, bracteis raris, 
acutis, pallidis, pedicellis patulo-deflexis, elavatis; flores Ow05 diam. periantho subregulari, 
ConCavO, sepalis pelalisque subconformibus late obovato-obtusis obscure mucronulatis cucul- 
latis, extus flavis, intus aureis purpureo-punctatis; labelli brevis epichilium intus verrucosum 
lobis posticis ovatis apice oblique curvatis, columneæ incurvæ clavatæ æqualibus ; mesochilium 
truncatum ; hypochilium subhastatum medio breviter mucronulatum cornubus duobus deflexis. 
— În prov. Antioqnia (Nova-Granata) ; Wallis, 1868. — Ad vivum descripsi (haud florentem) in 
horto Lindeniano, — Ep. A. 


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Charmante espèce aux fleurs d'or tigrées de pourpre, à ajouter aux 
magnifiques et étranges plantes que contient déjà ce beau genre. Elle est 
originaire des parties occidentales de la Nouvelle-Grenade. 

Espèce encore toute nouvelle et inconnue dans les cultures de l'Europe, 
elle obtiendra sans nul doute plein succès quand sa multiplication per- 
mettra de la répandre. 

Le Houlletia chrysantha est une plante à bulbes courts sphéroïdes ou ovales 
sillonnés. Ses feuilles, grandes, atteignent 50 centimètres de longueur sur 
12 de large et présentent une consistance parcheminée, avec une forme 
accuminée aux deux extrémités, ovale lancéolée, et une teinte vert clair et 
brillante. La côte médiane est très saillante en dessous, prolongée en pétiole 
profondément canaliculé et les nervures secondaires sillonnent le limbe par 
leurs fortes saillies. Les fleurs, portées par des hampes courtes assez 
robustes, entourées à la base d'écailles embrassantes et de bractées aiguës, 
sont portées par des pédicelles étalés ou un peu défléchis, renflés en massue 
au sommet. Elles présentent un périanthe presque régulier, comme campa= 
niforme, à sépales et pétales subégaux, largement ovales obtus cucullés 
mucronulés, jaune pâle à l'extérieur, jaune d'or ponctué de pourpre sur 
toute la surface interne. Le labelle se compose de trois parties : l'épichilie, 
ou lobe supérieur à deux ailes ovales recourbées obliquement en pointes 
divergentes au sommet, égalant la colonne centrale ovale claviforme: de 
l'articulation médiane tronquée (mésochilie), et de l'hypochilie ou lobe 
extrème .subtriangulaire mucroné au milieu, avec deux appendices ou 
cornes défléchies aiguës. 

En. A. 


HOULLETIA CHRYSANTHA (Linden et André). 


SERRE TEMPÉRÉE. NOUVELLE-GRENADE. 


J. Lioden publ, 


— 139 — 


CAMPANULA GARGANICA. 


En nous promenant l'été dernier dans les rues de St-Hélier, à Jersey, 
nous avons été surpris de voir, à un grand nombre de ces petites serres- 
fenêtres (window gardens), dont les Anglais sont si grands amateurs, une 
charmante fleur bleue, retombant à profusion autour de pots suspendus. 

En nous approchant, nous reconnûmes bien vite la plante. C'était une 
Campanule autrefois assez Connue, la Campanula garganica de Tenore, que 
l'on ne rencontre guère aujourd'hui que dans quelques jardins botaniques. 

Originaire du mont Gargan, en Apulie, et dé Dalmatie, cette espèce 
fut signalée en 1827 par Tenore, dans les actes de l'Académie de Naples, 


puis dans sa Flore napolitaine, dans le British Flower Garden, sér. 2, t. 252. 


et enfin par Pres], sous le nom de Wahlenbergia flaccida. 

Elle forme une jolie touffe à rameaux intérieurement laiteux, rampants 
ou retombant avec grâce autour du vase où elle est plantée. Ces ramifica- 
tions, un peu anguleuses, sont plus ou moins pubescentes et portent des 
feuilles réniformes crénelées, assez longuement pétiolées, les supérieures 
ovales dentées, les florales entières acuminées, 

À l'extrémité de ces rameaux, les pédoncules portent de nombreuses et 
grandes fleurs, réunies, par une ou deux sur chaque pédicelle. Leur calyce, 
à tube sphéroïde côtelé, est couronné par cinq lobes ovales acuminés 
entiers, grands et alternant avec ceux de la corolle. 

Rien de plus frais et de plus gracieux que l'aspect de cette corolle 
rotacée, bien épanouie, d’un bleu tendre, luisant et légèrement violacé, 
divisée en cinq grands lobes cordiformes aigus veinés, au milieu desquels 
se dresse un long style renflé en massue au sommet. 

La disposition régulière de ces fleurs autour des suspensions, leur longue 

durée (nous en avons conservé en fleurs tout l'été), la verdure sombre des 
petites feuilles charnues, la largeur même des corolles qui atteignent 
5 centimètres de diamètre, font de cette jolie Campanule une plante digne 
de toute recommandation. 
. Elle sera la bienvenue dans chaque salon, dans les serres tempérées, et 
même en plein air, où elle supporte parfaitement les hivers. Nous parlons 
au moins pour le climat de Jersey, qui est très doux, mais tont porte à 
croire qu'elle est rustique sous nos latitudes. 

Nous la cultivons avec succès dans du terreau de feuilles et de terre de 
bruyère mélangé de terre de jardin, et nous la multiplions de boutures sous 
cloche, qui reprennent rapidement. EL . 

D. À. 


LE FRAISIER L'INÉPUISABLE. 


Monsiéur le Rédacteur, 

En 1867, j'ai fondé à la Souterraine (Creuse) une petite pépinière, un peu trop éloignée de 
mes soins. Un an après, je transférais à Limoges, dans un vaste terrain, toutes les plantes 
transportables. Dès cette même année, je m'occupai sur une assez vaste échelle de la culture 
du Fraisier, et je commençai des semis continués depuis. Des semis faits en 1869, un sujet 


* 


+ 


— 140 — 


attira mon attention dans une planche (semis d’abord enterriné) composée de jeunes plants 
hybridés de l’Ananas perpétuel et de la Victoria (TroLoprr). Ce sujet paraissait plus vigoureux 

” que les autres, tout en se maintenant plus trapu. Dès le commencement de 1870, je fis soigner 
tous ses coulants et je le multipliai. J'en plantai, en août de la même année, et cela à plusieurs 
reprises, une plate-bande mesurant 120 mètres. Au printemps de 1871 cette plate-bande me 
donna 180 livres de Fraises! Depuis le mois de mai, les fleurs succèdent aux fleurs, qui 
produisent chaque jour de très beaux et bons fruits. 

Je classe ce Fraisiér dans la catégorie des variétés à gros fruits. Au printemps, mes fruits 
dépassent la grosseur moyenne; ils sont un peu aplatis, carminés du côté du soleil; ils sont 
pleins et délicieux. Pendant l'été et l'automne, le fruit est moins gros, plus pâle et aussi plus 
arrondi. 11 faut, à cause de la vigueur, planter les pieds à 40 centimètres au moins. Ce Fraisier, 

% auquel j'ai donné le nom de &Inépuisable, à cause de son rendement exceptionnel et continu, 
- m'a danné sur quelques pieds choisis, âgés de deux ans, jusqu'à 170 fruits, qui, sur chaque 
pied, formaient au printemps une épaisse collerette de fruits. Je fais en ce moment Quelques 
* expéditions pour les plantations de septembre et d'octobre, pour les personnes qui ont vu à 
Limoges et dégusté cette nouveauté. à “+ 
Je vous envoie plusieurs pieds portant des fleurs et des fruits. Comme vous pouvez le 
+ reconnaître, sa forme tient de l'Ananas perpétuel et un peu de la Victoria, T.; mais il est 
beaucoup plus fertile et surtout plus remontant que Ananas. Sur votre appréciation, vous lui 
donnerez la publicité qu'il mérite. l 
J'ai obtenu par semis, l'an dernier, un nouveau sujet ressemblant beaucoup au fruit du 
Fraisier Le Docteur Nicaise, que j'ai classé sous le nom de Douze à la Livre. Comme forme, 
il ressemble beaucoup à celui du Dr, quoique plus arrondi, mûrissant mieux et beaucoup plus 
gros. Les fruits qu’il m'a donnés ont atteint jusqu'à 0m,145 de circonférence et 0,06 de 
longueur. Sa qualité n’a rien de remarquable. Sa place est dans le jardin de l'amateur, où il 
attire, par son volume gigantesque, l'œil du promeneur. 
J'ai fait planter les quelques filets que j'ai obtenus, afin d'en étudier la valeur au printemps 
prochain. Les plants que je vendrai au printemps ne seront livrés que sous ces réserves. 


MABILLE, 


2, Place du Champ de Foire, 
à Limoges (Haute-Vienne, France). 


D — 


LE JARDIN FRUITIER-POTAGER. 


« Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci, » a dit le grand législateur 
de la poésie latine. C’est l'explication toute naturelle de l'apparition à 
cette page d'un plan de JARDIN FRUITIER-POTAGER, que nous recomman- 
dons à nos lecteurs comme une œuvre remarquable. 11 est du au doyen 
de l’arboriculture et de la pomologie françaises, M. Jamin père (Jean 
Laurent), dont la réputation est européenne et dont la.vie a été consacrée 
en entier à l'étude et à la propagation des meilleures variétés d'arbres 
à fruits. | 

La planche ci-contre, que M. Jamin père a bien voulu faire reproduire 
exprès pour nous d'après le. jardin qu'il a exécuté chez M. de Morny, et 
qui est maintenant l'une des plus belles créations de ce genre qu'il soit donné 
de voir, la planche ci-contre doit prendre place dans notre Traité général 
des Parcs et Jardins. Nous la donnons comme un excellent spécimen de 
jardin utile approprié à une résidence luxueuse, nous proposant de passer 

en revue plus tard quelques exemples plus modestes, 

Laissons maintenant la parole à M. Jamin : 


— 141 — 


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Terre de Nades.(Allier et Puy-de-Dôme) 
(Jardin fruiuer-potager, dessiné par Mami père. 


a Ed André del! 


— 142 — 


Jardin fruitier-potager de Nades, créé en 1855-56. 


La distance du Jardin au château nouvellement construit est d'environ 500 mètres. Au 
milieu des quatre faces du jardiu se trouve une grande porte grillée, ayant de chaque côté 
des pilastres surmontés de coupes élégantes dans lesquelles il y a des plantes à effet. A l’extré- 
mité de chaque mur de refend, il y a également des pilastres surmontés de coupes, comme 
celles qui sont mentionnées ci-dessus. 

Chaque pilastre est encadré de treillage en losange, formant saillie et se détachant du 
treillage régulier des murs. Ces pilastres sont garnis de plantes grimpantes variées, offrant un 
ravissant coup-d'œil. Pour masquer les murs du jardin en vue du château et de la ferme, se 
trouvent quatre grands massifs d'arbres et d’arbustes d'ornement, PER en avant de chaque 
surface de murs pour les dissimuler. 

Le dit jardin contient 2 hectares de superficie. Il est entouré d'un mur de 3 mètres de 
hauteur sous chaperons, avec quatre murs de refend de la même hauteur. Il y a quatre portes 
grillées, dont une sur chaque face avec pilastres et chapiteaux, ornés de vases de fleurs. 

La largeur des allées principales est de quatre mètres; celle des, autres allées de trois 
mètres; celle des plates-bandes de deux mètres. 

Des costières de trois mètres de largeur, ménagées le long des murs de clôture, sont garnies - 
d'arbres fruitiers sur leurs deux faces. 

Pour la distribution de l'eau, 32 bassins ont été construits en briques sur ChMap Ces bas- 
sins ont 1",20 de diamètre et contiennent chacun 10 hectolitres d’eau. 

Près des serres se trouve le réservoir principal qui alimente tous les bassins du jardin, 
ainsi que ceux des serres. Sa capacité est de 36 hectolitres ; cette eau est distribuée dans toules . 
les parties du jardin pour les arrosements. 

Les costières à l'extérieur des murs de clôture ont 3 mètres de largeur; elles sont bordées 
d'une palissade en bois découpé de 1,60, garnie de Groseilliers palissés sur le dit palis. 

Un second jardin d'un hectare et demi a été créé à la suite du premier. Ce jardin verger 
est destiné à la culture des gros légumes et des arbres fruitiers à haute tige qui n’ont pas 
été plantés avec raison dans le premier jardin, À peu de distance sont plantés 600 Fram- 
boisiers et 200 Noiïsetiers Aveline. 

Dans l'intérieur, à grande distance, sont plantés 40 Cerisiers, haute tige. 

60 Pruniers, — 
20 Abricotiers, — 
12 Amandiers, — 


Allée parallèle aux serres. 


Poiriers formés en pyramides, âgés de 12 à 15 ans, Srefés sur franc +, , 4. 0 
Rosiers tiges intercalés dans les Poiriers ci dessus COsigNés M se 0 
Différentes plantes ont été aussi intercalées pour orner la plate-bande. 


Grande allée longitudinale. 


Poiriers formés en pyramides, âgés de 4 à 6 ans, greffés sur franc. . . , . . . 62 
Pommiers fuseaux sur doucin, intercalés dans les Poiriers ci-dessus. . . . . . . 36 
Pommiers formés en cordon, greffés sur paradis et dirigés sur des fils de fer . . . 72 


Grande allée transversale. 


Poiriers pyramides greffés sur franc. . . . . . . . . Nr ae | F: 2 

Pommiers fuseaux sur doucin, intercalés dans les Poiriers ci-dessus. . . . . . . 44 

Pommiers sur paradis formés en cordon et dirigés sur des fils de fer . . . . . 62 
Allée longitudinale. Partie droite, 

Poiriers pyramides greffés sur cognassier . , . . Nue + 2 0e, do ie 

Pommiers fuseaux sur doucin, intercalés dans les Poiriers CONS à 0 

Pommiers sur paradis formés en cordon et dirigés sur des fils de fer . . . . . ,  80- 


ee 


Allée longitudinale. Partie gauche. 


Poiriers pyramides greffés sur cognassier A ee. . 
Pommiers fuseaux sur doucin, intercalés dans les Poiriers ci -donbus: 
Pommiers sur paradis formés en cordon et dirigés sur des fils de fer 


Allée transversale, traversant les murs de refend. 


ne MB és  de dtn o OR A ee UE 


Allée transversale de la partie inférieure. 


Poiriers pyramides snr cognassier . . . ou Beat 
Pommiers fuseaux sur doucin, intercalés dis tes Poiriers ci- acids es 
Pommiers formés en cordon, sur paradis et dirigés sur des fils de fer. 


Allée de pourtour. 


Poiriers formés en palmette, âgés de 4 à 6 ans, dont 20 faisant face au nord-est et 
20 au nord-ouest . . . . Der k 
Pommiers formés en palmette, âgés de. 4 à 6 ans, Ada face au É sutont : 
Nora. Ces 60 Palmettes sont dressées sur un palis, composé de quatre lignes de fils 
de fer, tendus horizontalement et de liteaux posés dans le sens vertical; le tout 
soutenu par des poteaux. 


Poiriers formés en cordon greffés sur cognassier : .: 4.2": 4, 4 +114 1447: 


Premier mur de refend à droite. 


é 


4o Côte ouest : 


Pêchers formés en espalier carré. . . . SE 

Poiriers fuseaux-palmettes intercalés dans les Pêchers ci-dessus PAS ET D + di 
20 Côté est : 

Poiriers formés en palmette . . . D RE + a Rat nos 


Poiriers fuseaux-palmettes intercalés dur les Polriors Sd dessns ; 


Deuxième mur de refend du côté des châssis : 


4° Côté ouest : 


NPC CODdMITCS OI COCOON 14 ThOMETYLS 5 Pi dd LUN LU 4. 
2 Côté est : ; 
PES DOS RD D se este 


Troisième mur de refend à gauche. 
4o Côté ouest : 


Pêchers formés en palmette (espacés de 8 mètres). . . dir oe 2 
Poiriers fuscaux-palmettes, intercalés dans les Pêchers ci-dessnt 
20 Côte est : 


iriers formés en palmette (espacés de 6 mètres). . . ie se eu 
 fuseaux-palmettes, intercalés dans les Poiriers ci diet : 


Quatrième mur de refend. 
° Côté ouest : 


_ Pêchers formés en U ou en double palmette . . . A en 
à Poiriers fuseaux-palmettes, intercalés dans les Pêchers ci-dessus . on id en 
2 Côté est : 
Poiriers formés en palmetle , .. : ue don «à 


Poiriers fuseaux-palmettes, intercalés dans les Poiriers ci-dessus ‘ Fe ne 


RER 


F à & 


40 
20 


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12. 


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10 


-— 144 — 


Müûrs de clôture à l'intérieur. 


40 Côté est : 
Abricotiers formés en palmette . . . . . . . . . , . NN php pe (l 
Cersiors fonniés ch pihmelle 5 2... 0 ee D me ot a cn LL 
2 Côté nord : 
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OR ONE SO tr Phadede |. A0 
3° Côté ouest : : 
Pêchers pour espalier oblique … : :, .  .  , Éd deie Doc D 
Abricotiers formés en palmette . . . . . . : . . Pen te eu 24) 


Murs de clôture à l'extérieur. 
4 Côte est : 


Vignes chasselas de Fontainebleau, pour cordon à la TAOMOPE ct sai ETS 
2 Côté ouest : 
Pruniers formés en RE ds ed 10 
Poiriers formés en palmette . . . . . . , . . D Te ie SNS 

5° Côte nord : 
Pommmers-lormés en palmetiess 50 ii Louer LR CN 


Allée extérieure formant avenue. 
Côté sud et ouest : 


Pranièrs: à "haute. Uge "50: ns : é 
Cerisièes" 2: Date tige, 5 ir Me Mie 


S 


Note des Arbres et des Vignes plantés dans les serres, tant en pleine 
terre qu'en pots, pour la culture forcée : 


50 Péchers. Cordons obliques et candélabres. 
36 Abricotiers. —. — — 
30 Cerisiers. Pyramides, palmettes et en pots. 
50 Pruniers. — — — 
36 Fiquiers. Palmettes, buissons — 
60 Vignes. — 
160 — Cordons. 
40 — Cultivées en pots. 
36 Groseilliers. — — 


Deux compartiments de serres chaudes A sont occupés complètement par des Ananas. Deux 
autres compartiments À en plantes de serre tempérée placées sur des gradins en fer, avec des 
tablettes et de la Vigne en cordon, occupent le mur du fond; la Vigne en palmette est sur le 
devant et garnit le comble à 23 centimètres au-dessous du vitrage. Elle est tendue sur des 
fils de fer, et il y a de la Vigne dans tous les compartiments de la serre. Quatre compartiments 
sont occupés par des Arbres fruitiers et quatre pavillons faisant face aux allées longitudinales 
du jardin, dépassant en hauteur les autres compartiments, sont occupés par des plantes 
d'agrément , telles que : Camellias; Azalées de l'Inde; Mimosa dealbata, cordata, longifolia 
et autres; Hibiseus, Abutilon, Passiflores, Plumbago, Pervenches de Madagascar, Bananiers, 
Palmiers, plantes grimpantes qui se mêlent avec les rochers et les cascades. La longueur de 
la serre est de 130 mètres sur 4,50 de largeur; chaque compartiment est séparé par 
cloison vitrée. LÉ 


LÉGENDE DU PLAN. 


À, A. Serres. — B, B. Murs de clôture avec espaliers. — C, C. Murs de refe il 
E, E. Châssis, — F, F. Plate-bande bordée de Pommiers nains en cordons. — G, G. B : 
d’arrosement. — H, H. Deuxième carré de Châssis. — I, [. Plate-bande devant les serres, 
arbres fruitiers et fleurs. — J, J. Plates-bandes de Poiriers. — K, K. Allée avenue exté- 
rieure. — L, L. Allée extérieure, arbres tiges. — M, M. Plate-bande extérieure des serres, 
pour Vignes. — N, N. Parc. 

| J. L. JAMIN. 


— 145 — 


CHRONIQUE HORTICOLE. 


# 


2 # 


Concours de jardins. — Le comité du Cercle d'Arboriculture de Gand 
se propose d'ouvrir un concours pour la meilleure tenue des jardins belges. 
Les diverses catégories comprendront : 1° les amateurs; 2° les pépinié- 
ristes; 3° les jardiniers en maison, 4° les instituteurs; 5° les propriétaires 
de vergers. Ce concours, restreint à la culture des arbres fruitiers, fait 
appel au plus grand nombre possible d'horticulteurs, et le programme 
détaillé en sera prochainement publié. Le jugement aura lieu à l'automne 
1872. Nous engageons dès maintenant les intéressés à se préparer à entrer 
en lice, certain que le rapport des jurés contiendra d’intéressants détails à 
ce propos sur les jardins fruitiers belges qu'ils auront visités. 

Déjà un concours analogue, mais sur des bases plus restreintes, puisqu'il 
ne comprenait que les vergers, avait été ouvert en 1868, 69 et 70, et les 
visites du jury à douze vergers ont produit de très bons résultats. Le 
premier prix, consistant en une médaille d'argent et 100 francs, a été 
décerné à M. A. Vyncke, de Tronchiennes; le 2% prix, 75 fr. et une 
médaille d'argent, à M. C. Verschragen, de Destelberghen, et trois autres 
prix de moindre importance à MM. L. Rooman, de Baarle; Brunon Schel- 
straete, de Tronchiennes; C. Verbiest, de Baarle. 

D'un autre côté, la Fédération agricole de la Flandre-Orientale, compre- 
nant l'intérêt de pareils encouragements, vient d'organiser un concours du 
même genre sur de plus larges bases. Les visites ont commencé en juin de 
cette année et se continuent encore aujourd'hui par un jury composé de 
MM. Jaequemyns, président, Tydgadt, secrétaire, Berghgracht, Burvenich, 
Pynaert, Van Hulle, Van Santen, E. Rodigas. Les sujets qui doivent fixer 
l'attention du jury sont : 1° nature, étendue, condition, situation et qualité 
des terrains occupés par le verger; 2° formation et condition des sauva- 
geons ou autres sujets sur lesquels les arbres sont greffés; 3° préparation 
du sol et mode de plantation, distribution des arbres; 4° choix des variétés 
fruitières et mode de greffage suivi; 5° formation de la couronne et formes 
adoptées; 6° soins d'hiver et d'été administrés aux arbres; 7 utilisation du 
terrain entre les arbres. 

Puissent les indications données par ce programme attirer l'attention des 
arboriculteurs d’autres régions et les engager à ouvrir de semblables con- 

ours ! Si les cultivateurs qui y prendront part ne gagnent pas tous des prix, 
seront néanmoins sollicités à soigner la plantation de leurs vergers et 
t de la récompense les aura forcés à créer de bonnes plantations. 
position horticole de Louvain. — La Société royale d'Horticul- 
ture de Louvain ouvrira une exposition dont le programme fixe l'inaugura- 
tion au 3 septembre prochain. Elle comprendra, entre autres concours plus 
spéciaux à la Pomologie, des prix pour la plus belle collection de fruits 
obtenus par Van Mons, pour 30, 20 et 10 variétés de Poires dont on indique 
les noms (procédé que nous n'avions pas encore vu employer), 15 et 10 va- 


TOM. XVIII, — AOÛT 1871, " 20 


riétés de Pommes également indiquées, etc., etc. Cette exposition aura 
lieu à l'occasion d'un jubilé de la ville, et attirera beaucoup de visi- 
teurs. Le secrétaire, qui recoit les envois, est M. Michiels, rue de Diest, à 

Louvain. « "* 
_ Les Auricules en 1871. — Les amateurs de ces charmantes plan- 
tes, qui continuent d'être en faveur en Angleterre et qui font la gloire de 
M. Turner principalement, pourront trouver quelque intérêt à la liste 
suivante, qui comprend les variétés les plus admirées ‘aux expositions 
printannières de cette année à la Société d'Horticulture de Londres : Colonel 
Champneys, George Lightbody, Colonel Taylor, Prince of greens} Buckstone, 
Richard Headley, M. Rucker, Alderman Wisbey, Ethibitor, Lovely Anne, 
Earl Grosvenor, Arabella, Ne plus ultra, MS Sturrock, Lancashire Hero, 
Robert Traill, Cheerfulness, Bessy Bell, Robert Burns, Enseign, Miss Giddrings, 
Sophia, Smiling beauty. 

Voilà une liste de tout premier ordre, qui doit faire rêver plus d’un col- 
lectionneur! 

A ce propos, quelques notes, d'après M. Ball, auriculimane anglais, sur. 
le rempotage de ces plantes, si peu compris d'ordinaire : 

Ne rempotez pas en août, mais en mai, au moment de l'émission des 
nouvelles racines, et enlevez en même temps les œilletons, qui prendront 
toute leur force avant l'hiver. Le meilleur sol pour rempoter est : quatre 
boisseaux de bonne terre franche de gazons, un boisseau de bouse de vache 
depuis longtemps pourrie (trois ans si l’on peut), un boisseau de terreau de 
feuilles bien consommé, un boisseau de terre de bruyère, et un demi-bois- 
seau de sable blanc, le tout bien mélangé. Des pots de 5 pouces suffisent 
pour les fortes plantes. Un bon drainage des pots, de l'ombre d'été, avec 
le grand air, protection contre les grandes pluies, rentrée à la fin d'octo- 
bre, tel est le secret d’une bonne culture. 

Acrostichum Herminieri, Bory. — Le D' Berthold Seemann a 

récemment importé de l'Amérique centrale, région de l'or, des échantillons 
vivants de cette curieuse plante qu'il propose d'appeler la Fougère anguille, 
à cause des frondes rampantes, brillantes et irisées de cette espèce. Elle 
est décrite dans le Sinopsis filicum de MM. Hooker et Baker et fait partie 
du sous-genre Ælaphoglossum. On la distingue par ses larges frondes nues, 
coriaces, ressemblant à une épée, et qui forment un étrange contraste 
avec les frondes fertiles petites et subsessiles. Son habitat s'étend entre 
Cuba et le Brésil. 

Les Giroflées d’Erfurt. — Pour se faire une idée de l'immense 
commerce de graines de cette ville, qu'on se représente les chiffres sui 
vants : plus de 600,000 pots de Giroflées, contenant 3,600,000 plantes, sont 
annuellement cultivés comme porte-graines. On les place sur des rayons de 
planches ou barres de bois en plein air, formant des gradins abrités à 
plusieurs étages. Nous en donnerons prochainement un dessin pris sur 
place. Ces pots, placés sur un seul rang, atteindraient une longueur de 
82 kilomètres. En 1863, le total des pots ne dépassait pas 150,000, et leur 
rapport était déjà de 50,000 thalers.(187,500 fr.). C'est à la production des 
Giroflées quarantaines naines, qui comprennent maintenant 16 variétés 


= M = # 


types et plus de 200 nuances diverses, que la ville d'Erfurt doit le commen- 
- cement de sa réputation comme ville de fleuristes. 

Bouquet de la marquise de Lorne. — La jeune princesse Louise 
d'Angleterre, fille de la reine Victoria, à l'occasion de son mariage avec le 
marquis de Lorne, a reçu le bouquet, blanc suivant, composé par M. C. Tur- 
ner, de Slough : Phalænopsis grandiflora, Cymbidium eburneum, Odontoglossum 
Alexandræ, Od. pulchellum, Lycaste Skinneri alba, Calanthe vestita alba, 
Gardenia florida} Rhododendrum jasminiflorum, Rosa alba var., Bouvardia 
longiflora, Citrus aurantium, feuillages d’Adiantum cuneatum, Gleichenia flabel- 
lata et Myrtüs communis. 

Les Lycopodium mexicains. — Nous signalons à l'attention de nos 
lecteurs un très bon travail que vient de publier notre ami Ed. Morren sur 
les Lycopodiacées du Mexique. Des synonymies rigoureusement étudiées, 
de bonnes figures coloriées, une discrimination sérieuse, comme disent les 
Anglais, la question historique et géographique, tout forme un ensemble 
bien présenté et des détails élaborés à fond qui sont dignes d'être recom- 
mandés aux spécialistes. Ces plantes ont été recueillies par M. Omer de 
Malzinne dans les environs de Cordova en 1869-70. Les espèces étudiées et 
déterminées par M. Morren sont les Zycopodium Mandioccanum, Raddi; 
L. taxifolium, Swartz; L. dichotomum, Jacq.; L. linifolium, Linn. Il a observé 
les plantes vivantes chez MM. J. Makoy, à Liége, et s'est aidé par des 
déterminations, à ce qu'il nous apprend lui-même, de l'herbier de Martius 
actuellement à Bruxelles, de celui de M. Van Heurck, et surtout des 
conseils de M. le D" Spring, professeur à l'Université de Liége, le mono- 

graphe des Lycopodiacées. 
Voyages de M. Rœzl. — Le voyageur naturaliste Rœzl, si connu 
par ses explorations du Mexique et de Californie, explore en ce moment 
plusieurs parties du continent américain pour le compte de M. J. Linden. 
Avant de relater ses récentes découvertes, qui feront parler d'elles, nous 
en avons la conviction, donnons quelques détails de sa correspondance sur 
les lieux qu'il a visités avant de repartir pour son voyage actuel. 
La plupart des plantes qu'il a découvertes au nord-ouest de l'Amérique, 
surtout dans la province de Santa-Martha, notamment de nouveaux Bill- 
bergia, ont été expédiées à M. Ortgies, qui en a été l'entrepositaire en 
Europe. 
Parti en août de San-Francisco, M. Rœzl trouva à Astoria, à l'embou- 
chure du fleuve de Columbia, des forêts de Tsuga Mertensiana, Carr. (Abies 
Albertiana des Anglais) et de Picea Mensiesi, Carr., atteignant 50-70 mètres 
de haut. 
En remontant le fleuve apparaissent les Thuia gigantea, Nuttall (Libo- 
rus.decurrens, Torr.); Abies amabilis, Forb.; Ab. Douglasi, Linäl. (pseudo- 
tsuga Douglasi, Carr.); et le Cornus Nuttalli, Audub. (C. florida, Hook.), 
dont l'introduction en Europe n'a pas encore été réalisée, et dont les 
fleurs ressemblent à celles d'une Pivoine blanche. 

Vers Portland, dans l'Orégon, M. Ræzl rencontra un beau Mahonia à 
larges feuilles, le Ribes sanguineum, les Spiræa Douglasi et Meniesi. 

A Vancouver, un Gaillardia, quelques Penstemon et un superbe Lis à 


È Ré pa 

ÿ Là : 
fleurs jaunes tachetées de noir furent surtout remarqués par le voyageur. 
Revenu vers le sud, à 1100 milles anglais de ce dernier point, M. Ræzl 
reparut dans la Sierra-Nevada pour y chercher des cônes, mais il ne put 
en trouver un seul, la fructification des espèces qu'il cherchait n'ayant lieu 
que tous les deux ans. er 


Arrêté par la fièvre, puis reparti pour la vallée de Napa, où il trouva un 
bel Zrythrina à fleurs carmin, M. Rœzl revint à Panama, pour delà explorer 
les Andes de Colombie. + 

Les mousses de la Belgique, par M. L. Piré. — 1 fascic., chez 
l'auteur, rue Keyenveld, 111, à Ixelles (Bruxelles). — M. Piré, aidé de 

Iques botanistes belges, nommément MM. Graves et Marchal, a entre- 
pris de publier en herbiers parfaitement préparés toutes les Mousses de 
Belgique. Le premier fascicule vient de paraître. Ce sont là d'excellents 
matériaux pour les botanistes encore peu au courant des espèces de la 

* Flore cryptogamique. Même avec les meilleurs livres, comme le Bryologia 
europæa de Schimper ou les British mosses de Berkeley, les commençants 
arrivent difficilement aux déterminations exactes, et le système des exsiccata 
vulgarisera la connaissance des Mousses comme Rabenhorst l'a fait en 
Allemagne pour les Lichens. 


Une invasion de chenilles. — Nous avons observé cette année, à 
une époque inusitée, une invasion de chenilles, qui a déterminé de notre 
part une communication à la Société centrale d'Horticulture de France, dont 
nous demandons à extraire quelques passages : 

« Une grande partie du centre de la France est actuellement (août) 
ravagée par une quantité extraordinaire de chenilles qui ont envahi les 
bois et les vergers. L'espèce est le Zombyx (Liparis) chrysorrhæa, Lin., vul- 
gairement appelé papillon cul doré. La chenille de ce Lépidoptère, si com- 
mun, n'éclôt d'ordinaire qu'au commencement de septembre et cause peu 
de ravages avant l'hiver, à cause de sa petite taille. Elle passe la saison 
froide sous les épaisses bourres de soie à compartiments, dont elle enveloppe 
l'extrémité des rameaux et d'où elle sort au printemps pour s'attaquer aux 
jeunes feuilles. 


Mais cette année, dans nos régions du moins, il n’en a pas été ainsi. 
L'éclosion à eu lieu de la fin de juillet au commencement d'août et les 
jeunes chenilles ont immédiatement commencé à tout dévorer dans leur 
voisinage. Dans les forêts, le dommage causé, alors que le bois est aoûté et 
la feuille déjà dure, est d’une importance relativement modérée. Il n’en est 
pas de même pour nos arbres fruitiers, notamment pour les Poiriers et les 
Pruniers. Outre les feuilles, dont le parenchyme a été entièrement rongé, 
les fruits ont eu leur peau attaquée. Dans certaines propriétés, pas un n’a 
été épargné. La peau à été seule dévorée et la chair laissée intacte. Ce 
travail, qui semblerait tout d'abord impossible pour les mandibules de 
jeunes insectes ne dépassant pas 8 millimètres de longueur, s’est effectué en 
société, les chenilles étant rangées en ligne droite ou courbe, se touchant 
toutes, et la tête de l'une ne dépassant pas celle de l'autre. En un ou deux 
jours un fruit est ainsi entièrement écorcé et la surface rongée parfaitement 


— 149 — dt 

| + . 

nette : il se flétrit bientôt, ou pourrit et tombe, ou bien il reste noir et ridé 
sur la branche. 

Mais le pis est que, sur les arbres atteints (et ils le sont presque tous), le 
Tigre (Tingis pyri) et le ver des fruits (Carpocapsa pomonana) ont achevé 
l'œuvre de destruction ; le premier rongeant le dessous des feuilles restantes 
et les couvrant de ses déjections mélangées à ces exostoses caractéristiques 
qui ressemblent à des thèques de Puccinia, l'autre s'attaquant au cœur des 
fruits arrivés presqu'à maturité et ne laissant rien d’une récolte magnifique. 
Les Poires surtout, si belles et si abondantes cette année, seront toutes 
perdues. 

La dévastation est si complète sur certaines pyramides de mon jardin, 
que plusieurs paraissent tout-à-fait mortes, notamment les Beurrés d'Har. 
denpont (B. d'Arenberg, Hort. GaLr.), dont toutes les feuilles et les fruits 
ont séché et sont devenus entièrement noirs. Leur bois est ridé; ils parais- 
sent morts et en réalité leur existence est fort compromise. J'ai aussi une 
certaine quantité de pyramides, d'un âge moyen de 15 à 20 ans, qui sem- 
blent avoir été trempées dans l’eau bouillante. 

Pour remède, j'ai essayé d'arrosages ou seringages au moyen de l'huile 
lourde (huile de goudron des usines à gaz), dans la proportion de un litre 
par hectolitre d'eau. J'ai ainsi entravé le mal en partie; mais il était bien 
tard. 

Pour conjurer le retour du même fléau au printemps prochain, il faut 
un échenillage sévère, car les chenilles braveront l'hiver sous leur manteau 
de feutre, et en mars elles se répandraient partout, dévorantes comme des 
nuées de sauterelles. 

Porter ces faits à une publicité étendue est un devoir pour tous; je serais 
heureux de savoir si cette irruption extraordinaire s'est produite ailleurs 
qu'en France, et dans ce cas si on a trouvé quelque palliatif au mal. 

Le Haricot intestin. — C'est sous ce nom, assez malsonnant et 
choisi d'après la forme de la gousse, que M. Perrier de la Bathie, amateur 
à Albertville (Savoie), fait connaître à la Revue horticole un Haricot excel- 
lent, dit-il, à manger en gousses vertes. Les graines, entièrement blanches, 
de 10-13 mill. de long sur 6-7 de large, sont elliptiques oblongues dépri- 
mées à l’ombilic, et au nombre de 3300 au kilogramme. On cultive cette 
variété en Savoie depuis de longues années; elle y serait venue de l'Isère. 
Sa gousse gonflée, succulente, spongieuse, en fait le meilleur des Haricots 
à manger en cosse, et son grain sec est aussi d'excellente qualité. On 
trouvera cette variété chez MM. Vilmorin, 4, Quai de la Mégisserie, à 
Paris. 

Coloration des fleurs. — Nous lisons dans le Journal of Botany que 
le D' R. Macdonnell, de Dublin, à fait de récentes expériences sur la 
coloration des fleurs dans l'obscurité. Il a cultivé trois variétés de Jacinthes 
de trois couleurs primitives dans une cave obscure. Les feuilles, naturelle- 
ment, furent décolorées, tandis que les fleurs de la variété rouge devinrent 
parfaitement blanches, celles de la jaune d’un ton très pâle presque 
blanc, et celles de la bleu-violette ne souffrirent aucune altération. 

Il faudrait poursuivre ces expériences, les varier davantage et en tirer 


* 


ue TN 


des déductions, en reprenant ce qui a été publié à ce sujet depuis un certain 
nombre d'années. 

Engrais pour les Conifères. — C’est là une importante question, 
à laquelle nous trouvons une réponse envoyée au Gardeners Chronicle par 
un des hommes les plus capables de donner entière satisfaction sous ce 
rapport. Elle est due à M. Frost, l'habile jardinier en chef des jardins de 
Dropmore, près Londres, qui contiennent ces admirables Araucarias de 
90 pieds de haut, Cèdres déodora, Abies Douglasi, Pinus insignis immenses 
et des bois entiers de Rhododendrons, que nous avons visités avec grand 
plaisir en 1866. 

« Je n'ai jamais usé ici d'aucun engrais pour les Conifères et ne voudrais 
pas l'essayer, « dit M. Frost; » cependant on ne pourrait trouver d'arbres 
plus vigoureux que les nôtres. Mais je me sers, pour la plantation, du sol 
pris dans des lieux incultes et je l'emploie dans son état primitif. Chaque 
-arbre en recoit. sur une profondeur de 3-5-6 pieds, en l'élevant de 3 pieds 
au-dessus du niveau commun du sol environnant, et je répands par dessus 
du terreau-débris de rempotages. Mais je proscris toute espèce de fumier, 
excepté peut-être comme paillis. Souvent je couvre le sol d'une espèce de 
marne, non trop près du tronc, mais à partir d'un pied de distance jusqu'à 
20 pieds, et les arbres paraissent s'en trouver fort bien. » 

Avis aux cultivateurs de Conifères : le conseil de M. Frost est de ceu 
qu'on grave en lettres d'or au fond de son cerveau. 

Retour du D: Hooker. — Le retour du D" Hooker et de ses com- 
pagnons, dont nous avions donné des nouvelles venant du Maroc, s’est 
effectué dernièrement dans d'excellentes conditions, après une heureuse 
campagne botanique. Nous savons que dès-à-présent le savant directeur 
des jardins de Kew est occupé à classer les matériaux recueillis et à les 
décrire. La publication ne s'en fera pas longtemps attendre. 


Ep. ANDRé. 


CÆNA LUTESCENS STRIATA (4 


. Verschaffelt), 


La 


La 


SERRE TEMPEREE, 


ADAGASCAR. 


M 


DRA 


— 151 — 


PI. LXXII. 


DRACÆNA LUTESCENS STRIATA, à vensoneur. 


-DRAGONNIER A FEUILLES PALES STRIÉES. 
ASPARAGINÉES. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir {Uustr. hortie., vol. VI, pl. 264. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : . ..... folia patulo-recurva lineari-lanceolata robusta 
yuccæformia, acuta, undulata, enervia marginibus membranaceis, costa subtus vix prominente, 
pallide viridia, striis inæqualibus longitudinalibus intense viridibus percursa.…. Flores fruc- 
tusque desiderantur. — Vidi vivam in horto Gandavensi Lindeniano. — Madagascar, 1865. 
— Er. A. 


PAP PPPIR PP PS IENE 


Voici encore une de ces belles plantes qui paraissent souvent sur la scène 
horticole sans baptème régulier, venant à peu près on ne sait d'où et se 
multipliant dans les collections sans qu'on puisse leur assigner une place 
botanique exacte. L'horticulture s'en empare, chacun la baptise à sa fan- 
taisie et augmente cette confusion synonymique si regrettable, contre 
laquelle les protestations les plus sages et les plus réitérées ne sauraient 
prévaloir. ; 

Le Dracæna lutescens striata, que l'on croit originaire de Madagascar, 
rentre par son facies dans la section des Dracæna proprement dits dont le 
D. draco est le type atlantique et le D. Rumphi ou angustifolia le type 
indien. Il semble même se rapprocher considérablement de cette dernière 
espèce. 

La Nouvelle-Zélande, l'Australie, l'Archipel du Sud, surtout les Nou- 
velles-Hébrides et les îles Salomon, la Nouvelle-Calédonie, renferment, 
dit-on, des Dragonniers splendides et fort nombreux dont les introductions 
récentes donnent une large idée. Des formes que le public a depuis trois 
ou quatre ans admirées aux expositions de Londres, S'-Pétersbourg, Gand, 
Hambourg, il résulte clairement que ces plantes varient énormément 
dans leur patrie même et que les types spécifiques sont moins abondants 
que les différences de leurs feuillages ne le feraient supposer. Une mono- 
graphie du genre dernièrement publiée en Allemagne sur des matériaux 
imcomplets ne saurait, à notre avis, être prise en sérieuse considération 
jusqu'à ce qu'on ait vu fleurir et qu'on ait resemé les nouvelles introduc- 
tions. Jusque là, il faut contenir son impatience, réserver son opinion 
et décrire simplement les plantes au point de vue horticole. 

Le D. lutescens striata, exposé pour la première fois en 1869 à St-Péters- 
bourg et qui a récemment obtenu un certificat de 1" classe à l'Exposition 
internationale de Londres en 1871, est une plante dont les plus forts spé- 
cimens n'ont pas encore atteint un mètre de hauteur, bien qu'ils fassent 


nn. 


présager une plante robuste et de noble végétation. Ses feuilles linéaires 
aiguës, dont le robuste empâtement et la forte contexture rappellent les 
Fourcroya, sont étalées, recourbées comme le montre notre planche coloriée 
et leur surface vernissée, d’une nuance de fond vert pâle ou jaunâtre, est 
striée inégalement de bandes d’un vert plus foncé très élégantes et disposées 
longitudinalement. Elles sont ondulées canaliculées assez profondément à 
la base et leurs bords sont membranacés translucides: leur côte médiane 
est peu marquée même en dessous et les veines secondaires manquent 
entièrement. 

Le port régulier, la végétation rapide et forte de cette belle plante, sa 
robusticité en terre froide ou tempérée en sont une aquisition précieuse 
pour nos cultures comme feuillage ornemental. 


Nous disions que la monographie des Dragonniers était encore à faire. . 


M. Regel, le savant directeur du Jardin botanique de St-Pétersbourg, vient 
de tenter un essai en ce genre. Il a commencé le travail en décrivant les 
Dracæna vrais dans un des récents numéros du Gartenflora. Nous analyse- 
rons ce travail et en publierons très prochainement une traduction résumée. 
Les horticulteurs seront ainsi à même de se rendre compte du nombre et 
de l'histoire botanique des Dracæna vrais aujourd'hui connus et cultivés, et 
de les distinguer des Cordyline, avec lesquels on les confond le plus souvent. 


ÉD, A. 
CULTURE. 


Même culture que celle indiquée pour le D. Guilfoylei 


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SERRE FROIDE. 


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PI. LXXIII. 


ODONTOGLONUM LUTEO-PURPUREUM, VAR, SCEPTROM, nom. ru. 


ODONTOGLOSSE JAUNE ET POURPRE, VARIÉTÉ ROYALE. 


ORCHIDÉES. 
ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir Ilustr. hortic., 1870, p. 114. 
CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Folia ensiformia basi longe angustata; flores racemosi ; brac- 
teæ ovatæ squamæformes; labellum obovata quadrilobum fimbriatum lamellis quinque laceris 


_ pubescentibus; columna pubescens alis in cirrhos numerosos longos solutis. (Lindley, Orch. 
Lind. No 85.) 


Speciei characteres emendati varietatisque præsentis additi : 


Pseudobulbi ovato-acuminati compressi punctati; folia breviter ovata acuminata pergamenea 
basi canaliculata ; racemus robustus horizontalis bracteis ovato acutis membranaceis; pedunculi 
cylindrico-clavati crassi striatis flores speciosi (0"06-0m08 diam.) lobis subconformibus ovato 
oblongis dentatis; sepala dentato undata a tergo ante apicem corniculata, brunneo-purpurea, 
margine maculaque basilari aureis additis; petala grosse dentata v. fimbriata undulata, luteo- 
purpurea, latimaculata; labellum ovato-quadrifidum vel cordatum, apice retrorsum cornuto, 
fimbriatum, albo-luteum, medio purpureum, apice roseo maculatum, callo lamelloso v. pecti- 
nato media parte subtus bicornuta carnosa; columna lutea galeiformis, rostello purpureo, 
auriculis duabus magnis reflexis, violaceis, pectinatis. — Nova-Granata; Wallis, 1868. — 
Ad vivum et florentem descripsi in horto Lindeniano. — En. A. * 


PPS PPL PP III III 


L'épithète de royale ou de porte-sceptre que M. Reichenbach fils a 
décerné à cette magnifique variété est de tout point justifiée. En effet, elle 
se distingue du type décrit et nommé par Lindley par la beauté de ses 
couleurs, leurs vivacité, leur intensité, en même temps que par la perfec- 
tion des formes et les caractères de détail que notre description énumère 
plus bas. 

M. Wallis la découvrit dans les forêts de la Nouvelle-Grenade en 1868 
et l'introduisit chez M. Linden, où nous l’avons vue en fleurs en mars de 
la présente année. | 

L'espèce type, l'Od. luteo-purpureum, qui est une fort belle plante sans 
égaler celle-ci, était due à M. Linden, qui l'avait découverte lui-même 
dans les forêts vierges du Quindiu (mème région), où elle épanouissait ses 
gracieuses grappes de fleurs à 8000 pieds au-dessus du niveau de la mer. 

Voici donc une nouvelle forme à ajouter à ces nombreux Odontoglossum 
de serre froide, qui sont la joie de nos cultures et dont l'introduction est 
dûe en majeure partie aux recherches de M. Linden et de ses collecteurs. 
L'/llustration horticole n’en a pas fini avec cette brillante phalange et nous 
comptons bien publier encore nombre d'espèces nouvelles ou récemment 
introduites dont les amateurs ne se plaindront certes pas. 

L'Od. luteo-purpureum sceptrum se distingue par les caractères suivants : 


TOM. XVIII, — AOÛT 1871, + 


se 14 


pseudobulbes ovales acuminés comprimés ponctués de brun-pourpre sur 
vert foncé: feuilles courtes ovales lancéolées parcheminées creusées en 
gouttière à leur base seulement; grappes vigoureuses de fleurs étalées 
horizontalement et munies de bractées ovales aiguës membranacées; pédon- 
cule strié costé cylindrique claviforme robuste confondu avec l'ovaire; 
fleurs de 6-8 centimètres de diamètre à pétales et sépales ovales oblongs 
Subégaux acuminés aigus ondulés; les sépales pourvus un peu avant leur 
sommet d'un appendice dorsal cornu, bruns pourprés sur toute leur surface 
moins le bord doré et une macule jaune près de leur base; pétales à bords 
grossièrement dentés comme frangés, d'un fond jaune chrome à larges 
macules brun-pourpre, les intérieures plus petites et plus rouges; labelle 
ovale cordiforme blanc jaune avec centre pourpre- -violet, déjeté en arrière, 
à extrémité élargie lamelliforme d'abord, puis aiguë et à bords frangés; 
callus multifide, comme pectiné, à deux cornes déjetées en dessous, char- 
nues blanches; colonne jaune en casque à l'extrémité, à rostellum pourpre, 
à auricules grandes, barbelées retombantes, violacées à l'extrémité. 


Ep. A. 


CULTURE. 


Culture de l'Odontoglossum triumphans. 


nr ETIENNE 


LINDENIA RIVALIS (Bentham). 
GUATEMALA SERRE CHAUDE 


ps 


PI. LXXIV. 


LINDENIA RIVALIS, vera. 


LINDÉNIE DES RUISSEAUX. 


RUBIACÉES. 


ÉTYMOLOGIE : genre dédié par le botaniste anglais Bentham à J. Linden, voyageur-bota - 
uiste du gouvernement belge au Brésil, au Mexique, au Vénézuéla, en Colombie, aux Indes- 
Occidentales, etc., et introducteur de collections très importantes de plantes dans les herbiers, 
les serres et les jardins de l'Europe. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Calyx tubo turbinato, cum germine connato, quinquecostato, 
limbi quinquepartiti laciniis angustis, erectis. Corolla supera, hypocraterimorpha, tubo lon- 
gissimo, tenui, æquali, limbi quinquepartiti laciniis oblongis, patentibus. Antheræ 5, lineares, 
in limbi corollini sinubus sessiles. Germen inferum, biloculare. Gemmulæ in trophospermiis 
dissepimento insertis plurimæ. Stylus filiformis, glaber, apice incrassatus ; stigma brevissime 
bifidum. Capsula calycis limbo coronata, bilocularis. Semina plurima, angulata. (Char. e Benth. 
Plant. Hartw. a cl. Endlicher desumpti.) (Genera Plantarum, suppl. IE, p. 53.) 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Frutex 2-3 pedalis, tam habitu quam characteribus Augustæ 
afiinis, corollæ forma generice distinctus. Folia ad apices ramorum approximata, opposila, 
breviter petiolata, oblongo lanceolata, acutiuscula, integerrima, basi angustata, juniora præ- 
sertim ad venas uti ramuli et petioli pube brevi tomentella, adulta supra fere glabra. Stipulæ 
utrinque solitariæ, latæ, subulato-acuminatæ, fusco membranaceæ, in vaginam brevem con- 
natæ, deciduæ. Corymbus terminalis, condensatus, pauciflorus. Bracteæ oblongo-lineares, 
ovario paulo longiores. Flores subsessiles. Calycis tubus per anthesin 3-4 lin. longus, laciniæ 
anguste lineares 5-6 lin. longæ. Corollæ tubus 5-5 !/, poil. longus, tenuis, pucescens ; laciniæ 
limbi pollicares. Forma floris Tocoyenam refert, characteres vero carpologici omnino Augustæ 
v. Portlandiæ. (Linnen, in Hortus Lindenianus, fase. 1, p. 11.) Guatemala. 


Lindenia rivalis, Benth. Plant. Hartweg. p. 84. — Id. in Hook. Icon. Plant. t. 476. 


Le genre Lindenia, créé il y a plus de trente ans par Bentham, ne con- 
tient encore que deux espèces, les Z. rivalis et L. acutiflora, toutes deux 
décrites par ce botaniste dans les Zcones plantarum de Hooker. Celle qui 
fait l’objet de la notice et de la planche que nous publions aujourd'hui a été 
d'abord découverte par M. Linden dans l'État de Tabasco, au Mexique, 
formant de ravissantes franges de verdure et de corolles blanches sur les 
rives du Rio-Puyopatengo. Elle à été retrouvée peu de temps après sur 
les bords de la Vera-Paz, Guatémala, par M. Hartweg, qui en envoya des 
échantillons secs à M. Bentham. Son introduction à l'état vivant ne date 
que de 1856, époque où M. Ghiesbreght réussit à rapporter de bonnes 
graines à M. Linden. Les pieds actuellement existants en Europe datent 

tous de cette époque. Nous en avons récemment vu un au Muséum de 
mParis, que M. Houllet nous a montré comme un des rares survivants du 
bardement. 
 L. rivalis forme un joli arbuste de 1 mètre environ de hauteur, 
nifié dès sa base, dit M. Linden, à feuilles assez épaisses, saliciformes, 
longues fleurs tubuleuses d'un blanc pur ». Il fleurit en août-septembre, 

À Er. A. 


CULTURE. : 
Serre chaude humide; compost formé de terre de prairie et de terreau. 
Arrosages copieux et fréquents. 


PI. LXXV. 


DARLINGTONIA CALIFORNICA, rorer. 


DARLINGTONIE DE CALIFORNIE, 


SARRACÉNIACÉES. 


ÉTYMOLOGIE : dédicace de M. John Torrey au Dr William Darlington, botaniste de West 
Chester (Pennsylvanie). : 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES et SPÉCIFIQUES : Calyx ebracteolatus, quinquesepalus, sepalis 
distinctis subpetaloïdeis ; corolla quinquepetala, petalis latissime unguiculatis, lamina ovata 
ungue multo minore; stamina 12-15 uniserialia, filamentis brevibus subulatis, antheris oblongo- 
linearibus, loculis inæqualibus ; ovarium turbinatum, quinqueloculare, d-lobatum, apice dila- 
tatum concavum; s/ylus brevis columnaris, 5-fidus, laciniis linearibus, divergentibus, apice 
intus stigmatosis; capsula ovato-turbinata, apice depressa ÿ-dentata ; ovula plurima, anatropa, 
minima, placentariis latis axilibus bilobis affixa; semina obovato-clavata; {esta membranacea, 


setis squarrosis; albumen farinosum ; embryo minimus, cotyledonibus brevissimis, radicula 
cylindrica. 


Planta herbacea, Californica, paludicola, Sarraceniæ foliorum habitu; ascidia appendiculata 
apice lobis-2 longis divergentibus; scapi uniflori, bracteati, bracteis superioribus congestis, 
imbricatis, inferioribus sparsis ; flores cernui purpurescentes striatis. — Habitat in calidioribus 
paludibus Californiæ borealis prope Shasta Peak (Brackenridge, Hulse, W. Robinson). — 
Charact. e Torreyi descriptione desumptis, a nobis auctis emendatisque secundum plantam 
culiam in horto Lindeniano. — Ep. A. < 


Darlingtonia californica, Torrey, in Smithsonian contributions to Knowledge, Was- 
hington, 1854. 


APP P APP PAPAS 


En l'an de grâce 1842, un M. J. D. Brackenridge, botaniste de l'expédi- 
tion envoyée en exploration des montagnes rocheuses par les États-Unis, 
sous la conduite du capitaine Wilkes, découvrit, dans un marais près de 
Shasta Peak, l’une des plus curieuses plantes qu'il lui eût encore été donné 
de voir. Ses formes insolites éveillèrent au plus haut degré l'attention du 
voyageur qui recueillit tous les spécimens secs qu'il put obtenir, la saison 
étant fort avancée. Avec ces matériaux incomplets, on ne sut guère à 
quelle plante on avait affaire. 

Mais en 1850, le D' W. Hulse, de la Nouvelle-Orléans, traversant la 
même localité, retrouva l'espèce en pleine floraison, et se hâta d'en envoyer 
des échantillons au Dr Torrey, le savant botaniste américain. Celui-ci “. 
reconnut bien vite un genre nouveau, qu'il dédia au Dr Darlington, botaniste 
de ses amis, président du West Chesterbank, État de Philadelphie. k ; 

Le nouveau genre, qui prenait place à côté des Sarracenia et de l’Æelia 
phora, est basé sur d'excellents caractères dont nous venons de donner le 
détail dans la description précédente. Il a été accepté par tous les botanistes, 
et MM. Bentham et Hooker, fils, l'ont placé dans leur Genera, vol. I, p. 148. 
Il se rapproche des Pyrolacées par le genre Moneses. 

Les publications européennes se saisirent de la notice américaine, à 


ey}. 


4h 


(Toi 


SERRE FROIDE 
den publ. 


J. Linden 


CALIFORNIE. 


“ 


ARLINGTONIA CALIFORNICA 


D 


PET 


rte 


mano rer) 


— 157 — 


défaut de la plante vivante, et la Belgique horticole, en 1855, la Flore des 
serres, en 1859, enfin le Botanical Magazine, en 1871, en publièrent des 
figures et des descriptions. 

Jusque là, on avait en vain tenté de l'introduire dans les cultures. En 1864, 
le professeur W. H. Brewer, agissant comme botaniste du California geolo- 
gical Survey, en envoya des graines bien mûres, cueillies sur place, et qui, 
après avoir germé, ne fournirent que de faibles plantes qui moururent bientôt. 

Un peu auparavant, M. Van Houtte en avait reçu qui neurent guère 
meilleur sort en Europe. 

Enfin depuis l'ouverture du chemin de fer du Pacifique, plusieurs envois 
sont arrivés à bon port sur divers points de l'Union et même en Angleterre. 

- Notre ami M. W. Robinson, qui était dans les montagnes rocheuses en 
octobre 1870, en recueillit une quantité assez considérable que nous avons 
vus vivants chez lui et chez MM. Veitch, à Chelsea, d'où ils commencent à 
se répandre dans un certain nombre de serres du continent. 

M. J. Linden en possède de beaux exemplaires qu'il cultive avec les Dro- 
sera, Sarracenia et Leptopteris, dans une serre froide humide et peu éclairée. 

Au lieu d'offrir à nos lecteurs le maigre plat d’une longue description 
botanique de cette curieuse plante, nous préférons leur donner un extrait 
de la lettre écrite par M. Robinson etdont le D° Hooker apublié l'original 
dans le Botanical Magazine, auquel nous avons emprunté la planche ci-contre : 

-« Le Darlingtonia croît dans des marais spongieux de sphagnums, au 
milieu des jones et des Drosera, dans la Sierra-Nevada, de Californie, 
à 5000 pieds au-dessus du niveau de la mer. Ses urnes ressemblent à des 
trochets de poires Jargonelle. Ils atteignent de 10 à 22 pouces de hauteur, 
et entourent des tiges hautes de trois pieds à trois pieds et demi, qui à la 
maturité portent des capsules grosses comme des noix. Le sommet de l'urne 
est recourbé en dessous, formant un dôme qui, de même que toute la partie 
supérieure de la feuille, rappelle la couleur jaune d'une poire mûre. Ces 
feuilles-ascidies sont toutes contournées en spirale, principalement au 
sommet, et leur fond est rempli, sur une hauteur de deux à trois pouces, 
d'une couche d'insectes de toute sorte et de toute dimension, depuis les 
petits coléoptères jusqu'aux grands papillons de nuit. On ne sait guère ce 
qui peut attirer ces petits animaux, mais on voit fort bien comment ils ne 
peuvent sortir de leur prison. Au sommet et à l'intérieur, la surface de 
l'ascidie est lisse, puis apparaissent quelques poils qui deviennent de plus 
en plus nombreux et garnissent toute la surface d'une couronne dont les 
pointes transparentes et rigides sont tournées vers le bas à angle aigu, et 
convergent au centre de manière à fermer toute issue à l'insecte qui s'est 
fraÿé un passage au travers. : 

» Dans leur jeune âge ces feuilles sont comme quadrillées de marques 
vert foncé très élégantes avec leurs appendices pendants et purpurins ». 

Ce que nous ne trouvons indiqué ni par M. Robinson ni par les autres 
auteurs qui ont parlé du Darlingtonia, c'est la ressemblance de la forme de 
ces ascidies avec le Dauphin de nos mers (Delphinus globiceps, Risso) et sur- 
tout avec les sculptures et images de cet animal que les artistes anciens et 


D 


du moyen-âge nous ont légués. Le dos voûté au-dessus de la tête, les 
nageoires latérales représentées par les appendices divergents cités plus 
haut, le corps effilé imité par le tube, tout rappelle l'aspect du dauphin et 
contribue à classer cette bizarrerie végétale dans ces plantes pseudomorphi- 
ques où ménechmes dont les Anglais se sont récemment préoccupés. 


Le D. californica, maintenant dûment introduit, se verra désormais dans 
tous les jardins botaniqnes, nous l'espérons, et il n’y formera pas un objet 


de médiocre intérêt pour les curieux. or 
D. À. 


RAJEUNISSEMENT DES COCOTIERS. 


Les Indiens, quoi qu'on en ait dit et que l'on puisse encore en dire avec 
raison sous certains rapports ayant trait à l'horticulture et à l'agriculture, 
ont parfois des procédés qui feraient honneur aux Européens. En voici 
deux qui pourraient trouver une application avantageuse dans les serres et 
qu'il serait surtout bon de répandre dans les autres contrées où la culture 
du Cocotier est en pratique. Il est même probable qu'on pourrait l'employer 
avec un égal succès pour d’autres genres de cette belle et grande famille 
des Palmiers. | 

Quand, par une cause quelconque, mauvaise qualité du sol, mutila- 
tion, etc., un Tenna-marom (Cocotier), comme disent les Tannidjars, atteint 
de 5 à 15 ans d'âge et ne se développe pas avec vigueur, que la fructifi- 
cation ou la production de la sève vineuse ne sont pas d'une abondance 
normale, les indigènes les plus soigneux pratiquent l'opération suivante : 

Une motte d'environ deux mètres de diamètre (souvent moins, ce qui est 
un mal) est découpée jusqu'à un mètre de profondeur. Cette première . 
opération terminée, on fouille au-dessous pour en retirer le sous-sol jusqu'à . 
ce que la masse entière soit descendue par son propre poids à la profondeur 
voulue, d'ordinaire un mètre. On remplit le vide fait au-dessus au moyen de 
la terre extraite de la fouille, quand celle-ci est de bonne qualité, c'est-à-dire 
sableuse; dans le cas contraire on fait un apport de sol nouveau et fertile. 


Deux causes principales produisent l'amélioration que l'on à ainsi en vue : 
le rapprochement des racines existantes de la couche aquifère, et le déve- 
loppement d'un nouveau système radiculaire: sur toute La partie du tronc 
enterrée. Cette opération se fait aux âges ci-dessus pour des troncs de 
050 à 4 mètres de hauteur. 

J'ai tiré parti de l'observation de ce procédé pour transplanter des indi- 
vidus de ces mêmes Cocotiers ayant 15 ans de plantation et qui n'avaient 
pas prospéré dans le sol où ils se trouvaient, parce qu'il était trop argileux. 
Pour ce, ayant en vue une grande quantité d'exemplaires de cette précieuse 
espèce qui doivent céder la place à un tronçon de voie ferrée, j'ai dû 
installer de toutes pièces un appareil qui convint à une population agricole, 
réfractaire aux innovations compliquées, par la bonne raison qu'elle n’a pas 
les moyens d’en faire l'acquisition. C'est avec cet appareil, qu’il serait trop 


— 159 — 

long de décrire ici, que depuis six ans je replante les allées d'un grand parc 
dont la moitié des arbres, d'essences très variées, étaient détruits. 

L'adaptation de cette coutume indienne au rajeunissement des Palmiers 
souffreteux de nos serres est des plus simples : on dégage le collet de la 
plante, si l'on ne veut pas la dépoter en entier, et on garnit cette partie de 
terre nouvelle contenue dans les deux moitiés d'un pot de terre, que l'on a 
fendu en deux longitudinalement et que l'on rapproche de manière à serrer 
étroitement ce sol nouveau. De nouvelles racines se développent, et au fur 
à mesure qu'elles prennent de l'accroissement, on enlève la vieille motte 
inférieure en retranchant les racines gâtées, puis successivement le vieux 
tronc enterré et décrépit (1). 


Un autre procédé; plus rarement pratiqué par les aborigènes, n'est 
employé que pour des arbres auxquels on a reconnu des qualités hors 
ligne et dont on prévoit la décrépitude. Ces arbres ont dans ce cas une 
grande élévation : 10 à 15 mètres. Voici l'opération : à un ou deux mètres 
au-dessous de la couronne de feuilles, on installe solidement, à l’aide de 
branches, de paille et de cordages, une sorte de grand panier à marcottes 
que l'on remplit de terreau, de menues plantes aquatiques qui peuvent 
remplacer la mousse ou la sphaigne, telles que Potamogeton, Wallisneria, 
Myriophyllum, ete. Le Sauraire, espèce de gymnasiarque chargé de récolter 
la liqueur alcooligène, n’a plus qu'à y monter une panelle d'eau par jour. 
Les racines se développent bientôt en abondance dans ce lit d'humus. 
Quand celui-ci en est suffisamment garni, — ce qui n'arrive guère qu'au 
bout d'une année, — on supprime environ la moitié des feuilles pour alléger 
le fardeau et diminuer l'expiration. Enfin on coupe au-dessous de la nou- 
velle souche, après avoir assujetti le tout au moyen de bambous et de 
cordes et l'on descend avec précaution. 

Cette coutume si simple est d'une efficacité parfaite, et elle donne des 
arbres nains qui se couvrent de fruits. 


Dans une serre devenue trop basse par suite de la végétation des arbres, 
l'un ou l’autre, même l'un et l'autre de ces deux moyens trouveraient un 
emploi tout naturel. 


CoNTEST-LACOUR, 


Directeur du jardin botanique de Pondichéry (Inde française). 


(1) Avant de recevoir de notre collaborateur M. Contest-Lacour la notice précédente, nous 
avons vu employer au même usage le procédé suivant, dû à M. Decraen, chef de cultures de 
Vétablissement de M. Linden, à Bruxelles : Le collet de la plante ayant été mis à nu et la plante 
démottée, après l’abblation des racines gâtées, M. Decraen garnit ce collet d'un fort tampon 
de mousse fraîche et plonge le tout dans la tannée d’une couche dans une partie chaude de la 
serre aux Palmiers. De nouvelles racines ne tardent pas à faire irruption dans la couche de 
mousse, que l'on augmente peu à peu et que l’on remplace par de la terre quand l'émission 
du nouvèl appareil radiculaire est suffisante. Nous avons vu ainsi rajeunir des Cocos, 
Geonoma, etc., qui semblaient perdus auparavant. (Note du Rédacteur.) 


Bdéé She à. 


MES: : es 


CORBEILLE DE FLEURS POUR VESTIBULE. 


Au lieu de maintenir la décoration des vestibules de château et de 
maisons de campagne, même des habitations de ville, dans la gamme 
froide de l'architecture et de l'ameublement, on pourrait obtenir la grâce 
et le charme, la vie, par des ornements floraux bien entendus dans le 
genre de la corbeille dont nous donnons le dessin ci-contre. 

Elle est construite en 
bois découpé, assemblé 
au milieu avec une légère 
armature de fer et gar- 
nie à l'intérieur d'une cu- 
velle de zinc double, dont 
la première partie est per- 
forée pour laisser passer 
l'eau surabondante des 
arrosements. Une tige de 
fer avec torchère au cen- 
tre et deux branches à 
volutes, servent de sup- 
ports à trois vases en po- 
terie artistique ou mieux 
en fil de fertreillagé avec 
goût et retenant de la 
mousse où sont logées 
les plantes. Au bas, sont 
plantés des Dracæna, Ca- 
ladium, Begonia, Fougè- 
res, Pelargonium, jeunes 
Palmiers, Fuchsias, avec 
bordure de Lycopode. Un 
Cissus ou un Tropæolum 
Lobbianum grimpe le long 
de la tige de fer. Le vase 
le plus élevé contient un 
Palmier ou un Yucca, quelques Pteris légers ou des Nephrolepis, des Comme- 
lyna zebrina en festons retombants, et les vases latéraux une décoration 
analogue. L'effet de cette corbeille est très joli; elle demande peu d'entretien. 

Il va de soi que nous n’indiquons point le mode de construction détaillé 
de la corbeille elle-même, ce qui est le fait du menuisier ou du serrurier, 
pourvu qu'on s'adresse à quelque artiste renommé pour son bon goût dans 
ces sortes de choses. Ce que nous recommandons, en dehors des suggestions 
horticoles qui précèdent, c’est de conserver les proportions indiquées par 
notre dessin. 


Ep. A. 


— 161 — 


LISTE DES ORCHIDÉES FLEURIES 


DANS LES SERRES DE M. J. LINDEN, A BRUXELLES. 


Aerides erispum, Lino. 

— Larpentæ. 

— odoratum, Lour. 

— quinquevulnerum, Linpz. 

— spec. nov. 

Aspasia epidendroïdes, LinpL. 

Brassia Ocanensis, Lino. 

— verTrucosa. 

Burlingtonia granatensis, LiNpz. 

— rigida, Lip. 

Cattleya Mossiæ, Park. 

— Skinneri, BATEM. 

— var. (Manley Hall). 

Cirrhæa viridi-purpurea, Lip. 

Cleisostoma crassifolium. 

— roseum, LiINpL. 

Cypripedium barbatum caules- 
cens. 

— hirsutissimum. 

— Lowi. 

— villosum. 

Cyrtochilum leucochilum, PL. 

Dendrobium Dalhousianum. 

— densiflorum, WALL. 

— moschatum, WALL. 

Echioglossum muticum,Rces. f. 

Epidendrum Friederici Gui- 
lielmi, Warsz. 

— glumaceum, LinpL. 

— nov. spec. (Espiritu Santo). 

— selligerum, BaTEn. 

— Sophronitis (?). 

Stamfordianum, BATEM. 

triste, Ricn. et GALEOT. 

virgatum, LiNDL. 

vitellinum, LinpL. 

Epiphora pubescens, Lip. 


— 


Acineta Humboldti, Linz. 
Aerides quinquevulnerum. 
Auguloa Clowesi, Lin. 
Aspasia epidendroiïdes, LixpL. 
— lunata, Linz. 
Brasavola Mathieuana, KLoTz. 
Brassia cinnabarina, Lixn. et L. 


TOM. XVIII. — AOÛT 1874. 


Juin 1871. 


Eria sp. (?). : 

Gongora portentosa, Lin. RoH.f. 

Lælia euspatha, Rous. f. | 

— grandis, LiNpL. 

— purpurata Linôr. el var. 

— Stelzneriana. 

Lycaste cruenta, Lip. 

Masdevallia civilis, Rous. et 
_WaRSC. Ë 

— Lindeni, En. Ar. 

— ochthodes, Roms. f. 

Maxillaria tetragona, Lino. 

Mesospinidium sanguineum. 

Miltonia spectabilis, Linpz. 

— Warscewiezi, Rens. f. 

Odontoglossum cariniferum. 

cordatum, LinpL. 

cristatum, Linz. 

— Argus, Rens. f. 

— Dayanum, Roms. f. 

fallax, En. AND. (sp. no0v.). 

— Jæve, LinpL. 

— Lindleyanum, Roms. f. 

— Juteo-purpureum, Linpz. 

— Phalænopsis, Linn. 

— prasinum. 

— pulchellum, BATEM. 

— sceptrum, Rous. f. 

— Schlimi, Linp. 

— Pescatorei, Linp. 

Oncidium abortivum, Rens. f. 

altissimum, Sw. 

andigenum (?). 

crispum, Lonn. 

cucullatum, Linz. (varie- 

tates). 
divaricatum, LinpL. 


Juillet 1871. 


Brassia Lanceana, Lin. 
— verrucosa. 

Calanthe veratrifolia, R. Br. 
Cattleya Eldorado, Linn. 
— micrantha. 

— Wallisi. 

Cœlogyne pandurata, Lip. 


# " 

Oncidium longipes, Lino. 

— macranthum, Lip. hasti- 
ferum. * 

— nubigenum, LixpL. 

— roseum (?). 

— serratum, Lips. 

Pescatorea cerina is f. 

Pleurothallis tardhoë a. 

— cardium, Rens. f. 

— Chamensis, LiNDL. 

— lamprophylla 

— trichorhachis. 

Pholidota pholas, Rcus. f. 

Physosiphon Loddigesi, Rens. f. 

Pilumna fragrans, Lips. 

Promenea (Zygopetalum) sta- 
pelioïdes, Lin. 

Restrepia elegans. 

Saccolabium ampullaceum. 

— densiflorum, LiNpL. 

— micranthum (?). 

Sarcanthus paniculatus (?). 

— spec. nov. 

— rostratus. 

Selenipedium caudatum super- 
bum. 

— Schlimi. 

Sophronitis coccinea. 

Trichopilia crispa. 

— coccinea, Warsc. 

Vanda Batemani, Lino. 

suavis. 

tricolor, Rens. 

— cinnamomea. 

— formosa. 


Li 


* 


— 
— 


Cœlogyne speciosa, LiNDL. 
— Thuniana, Rens. f. 
Cleisostoma latifolium, LinpL. 
— Cumminghi. 
— roseum, Lino. 
Cymbidium tigrioum. 
Cypripedium barbatum. 

22 


Cypripedium barbatum majus. 
— Lowi. 
— superbiens. 
— villosum. 
Dendrobium cochleatum. 
— densiflorum, WaLL. 

— formosum, LINDL. 
- Dendrocolla arachnites, BLUME. 
Duboisea Raymondi. 
Echioglossum muticum,Rcas.f. 
Epidendrum atropurpureum. 
— equitans, Lip. 
— Pamplonense, Roms. f. 
— Parmentieri. ; 
— pentotes, Rens. f. 
prismatocarpum, Roms. f. 
radiatum, HormmG. 
vanillæflorum. 
vitellinum, Lixpu. 
Gongora macrantha, Hook. 
Lælia crispa, Rous. 
— elegans candida, Roue. f. 
— grandis, Linz. 
Lycaste Deppei, Lixps. 
— lanipes, Lino. 
— Reichenbachi, Gireou». 
— tricolor, KL. 
Masdevallia civilis, Rome. et 

Wars. 

Maxillaria luteo-alba, Lino. 


REVUE 


— 162 — 


Maxillaria Macleei, BaTEw. 

— unipunctata Henchmanni. 

— veuusta, LINDL. - 

Mesospinidium sanguineum. 

Nasonia cinnabarina. 

Miltonia pulchella. 

— cereola. 

Odontoglossum Alexandræ. 

— gariniferum, Roms. f. 

citrosmum, LixpL. 

cordatum, LinpL. 

cristatum, LiNpL. 

Ehrenbergi, V. Hour. 

roseum, Lip. 

— hastilabium, LinpL. 

— Lindleyanum, Ress. f. 

— Pescatorei, Linn. 

— Phalænopsis, Lips. 

— Reichenheimi, Lino. 

— Schlieperiaoum  (prelio- 
sum). 

Oncidium abortivum, Rens. f. 

— cucullatum maculatum. 

— incurvum, Bark. 

— leucochilum, BATEM. 

— linguiforme, Lino. 


L 


# 


— macranthum, LaixpL., var. 


hastiferum. 
— nubigenum, Lin. 


— pulvinatum, Linpc. 


: 


——— 18 — 


" 
Oncidium Schlimi, Lino. 
— serratum, LiNDL. 
— Wentworthianum, BATEM. 
Peristeria elata, Hook. | 
Physosiphon Loddigesi, Rens. f. 
Pilumna fragrans, LinpL. 
Pleurothallis tridentata. 
— Chamensis, Linpz. 
Polycycnis lepida, Lip. Rene. f. 
— muscifera. 
Promenea stapelioïdes, Linpz.. 
Restrepia antennifera. 
— elegans. 
Saccolabium calceolare, Lips. 
Sarcopodium Lobbi, LixpL. 
Selenipedium Pearcei. 
Sobralia macrantha. 
— Lindleyana. 
Stelis tristyla. 
Stenia fimbriata. 
Trichopilia coccinea, Warsc. 
— crispa gloxiniæflora. 
Trigonidium ringens, Lin. 
Vanda Batemani, Lino. 
— teres, LinpL. 
— tricolor, Rene. 
— — aurea. 
Warscewiczella discolor. 
Zygopetalum Mackayi, Hook. 


A. GODEFROY. 


DES PLANTES NOUVELLES. 


EE 


GARDENERS CHRONICLE. 


Juizer A DÉCEMBRE 1870. 


Brassia farinifera, Lind. et Reich. fill — Orchidées. — Nouvelle 
espèce voisine du B. glumacea, portant des fleurs rouges tachées de brun, 
avec labelle en forme de violon et demi-cercle farineux. Introduit chez 
M. Linden, à Bruxelles, par M. Wallis, qui la découvrit dans l'Ecuador. 

Spiranthes Weiri, Reich. fil. — Orchidées. — Feuilles oblongues 
aiguës, presque sessiles, vert pourpré dessus, avec nombreuses taches blan- 
ches, pourpre foncé dessous, suivant la notice de M. W. Saunders. Par l'in- 
florescence, la plante ressemble au S. Funkiana; les grappes portent des 
fleurs rougeâtres avec bractées blanches cuspidées. La plante a été dédiée 
par M. Reichenbach, qui n’en indique pas la patrie, à M. Weir, collecteur 
de la Société d'Horticulture de Londres, et qui a perdu la santé par les 
fatigues endurées pendant ses voyages. 


NO 
+ 

Tacsonia tomentosa, Juss. var. speciosa, Mart. — Passiflorées. — In- 
troduite de la Nouvelle-Grenade par M. Bowmann, cette plante a fleuri à 
Kew cette année en juillet, et se rapporte au T. speciosa de Kunth, qui n'est 
qu'une variété du T: tomentosa de Jussieu. Les rameaux sont tomenteux, 
anguleux, ses feuilles brillantes, trifides à lobes lancéolés dentés en scie; 
les pétioles sont longs de 25 mill., et les pédoncules, de même longueur, 
portent les fleurs, à tube vert long de 10 centimètres, _sépales verts à 
l'intérieur, roses en dedans, oblongs obtus, à corolle de deux rangs de 
pétales, l'un à tubercules maculés de rouge près la gorge, l'autre membra- 
neux, blanc, défléchi. Plante demi-rustique : résisterait peut-être près d'un 
mur, si elle était greffée sur Passiflora cœrulea. À. 

Notylia albida, Klotszsch. — Orchidéés. — Par ses belles fleurs 
blanches, cette espèce ressemble plutôt à un Æria ou un Angræcum qu'à un 
Notylia. Le D' Lindley avait déjà pu l'observer avant que la botanique la 
perdit. Des spécimens ont été récemment expédiés à MM. Veitch de 
Costa-Rica et Nicaragua, ce qui a permis à M. Reichenbach de voir 
une belle inflorescence de cette plante. ps 

Odontoglossum prasinum, Lind. et Reich. fil. — Orchidées. — 
Peu ornementale, mais curieuse à plus d'un titre, cette espèce à fleur 
verdâtre ponctués de noir, à labelle blanchâtre, callus ocracé, androcli- 
nium brun, a été introduite de l'Ecuador par M. Linden, dans les serres 
de qui elle a fleuri pour la première fois en 1869. 

Oncidium lepidum, Lind. et Reich. fil. — Orchidées. — Plante grêle, 
de l'Ecuador, introduite par M. Linden, portant une grande panicule de 
fleurs petites, pâles, maculées, dans le genre de l'O. Boothianum. Bien que 
son intérêt soit principalement botanique, l'amateur de plantes « modestes » 

lui trouvera des mérites. 

Oncidium vernixium, Lind. et Reich. fil. — Orchidées. — Jusqu'ici la 
plus curieuse espèce du genre, au dire de M. Reichenbach. Les sépales et 
les pétales ressemblent à ceux d'un petit Cyrtochilum avec une large labelle 
ressemblant parfois à ceux des Oncidium planilabre où pardothyrsus. La 
panicule thyrsoïde recourbée supporte des fleurs à pétales et sépales 
cannelle bordés de jaunâtres; le labelle est jaune à oreillettes basilaires 
émoussées rétrorses jaunes à leur extrémité réniforme, avec un callus de 
forme bizarre, et un disque brun verni. Introduite de la Nouvelle-Grenade 
par M. Linden. 

Cœlogyne psittacina, var. Æuttom, Reich. fil. — Orchidées. — Assez 
voisine du C. speciosa, cette espèce en diffère toutefois par la couleur et la 
forme de sa crête. On n'en connaissait que des exemplaires d'Amboine. 
MM. Veitch l'ont reçue de leur malheureux collecteur, M. Hutton, à qui 
elle est dédiée: c'est une variété bien distincte du type spécifique, à fleurs 
blanches et brunes. 

Oncidium rusticum, Lind. et Reich. fil. — Orchidées. — L'inflores- 
cence en zigzag de cette plante la rapproche de l'O. cimiciferum. Les fleurs, 
vert oignon, portent des taches d'un brun léger; le callus du labelle est 
orange, et le labelle porte plusieurs raies brunes sur son fond jaune pâle. 
C'est encore une introduction de M. Linden, qui la reçut de l'Ecuador. 


— 164 — 


Cœlogyne viscosa, Reich. fil. se Orchidées. — Jolie petite espèce, 
distincte du C. flaccida par ses ovaires rouges visqueux, des sépales plus 
étroits et plus aigus, les veines des lobes latéraux confluentes, la colonne 
rouge en arrière, le lobe antérieur du labelle jaune foncé, et deux taches 
de même couleur extérieurement. Les sépales et les pétales sont blancs, et 
les larges raies du lobe latéral du labelle d'un beau brun. Plante rare, que 
M. Reichenbach avait vue dès 1856 chez MM. Booth, de Hambourg, et 
qu'il reçut de nôuveau récernment de MM. Veitch, de Londres. 


Mormodes tibicen, Reich. fil. — Orchidées. — Comme le M. colossus, 
dont nous avons naguère donné quelques lignes de description, cette espèce 
produit de grandes fleurs comme celle du M. igneum, Lindl. avec des barres 
pourpres sur fond jaune, le labelle blanchâtre, avec le bord et la griffe 
jaunâtres et de nombreux points purpurins le long du bord. Sa station 
uaturellé ést probablement la Nouvelle-Grenade. 


Oncidium Hartwegi, Lind. var. paruiflorum, Reich. fil. — Orchidées. 
— Diffère du type en ayant, non pas la magnifique couleur de l'O. Hartwegi, 
mais un ton marron brun et des fleurs moitié plus petites. Reçu par 
M. Linden des forêts de l'Ecuador. 


Pandorea austro-caledonica, Seem. — Bignoniacées. — Liane 
très jolie et très gracieuse, originaire des montagnes de Balade, Nouvelle- 
Calidonie, où M. Vieillard la découvrit, en même temps que MM. Milne et 
Mac Gillivray la trouvaient dans l'île de Lord Home. Au dire du docteur 
Leemann, M. Bentham a oublié cette espèce dans sa Flore d'Australie, 
l'ayant probablement confondue avec une des nombreuses formes du Pando- 
rea australis. Dans la révision des Bignoniacées que M. Bureau a insérée 
dans le Bulletin de la Société Botanique de France, cette plante porte le 
nom de Tecoma austro-caledonica, l'auteur n'admettant les Pandorea que 
comme une section du genre. Elle est glabre, à feuilles imparipennées, à 
folioles elliptiques larges obtuses peu dentées, à panicules terminales compo- 
sées, portant de 15-20 fleurs plus petites de moitié que celles du P. australis. 


Dioscorea retusa, M. Masters. — Dioscorées. — Présentée à la 
Société d'Horticulture de Londres, au printemps 1870, par MM. Veitch, 
cette élégante plante grimpante, à fleurs jaune sombre en longs chatons 
rameux, à feuilles quinquéfides comme le D. pentaphylla, fut étudiée etnommée 
par le D' M. Masters. Elle a été d'abord trouvée par Burke sur la rivière 
Macalis, Afrique méridionale, ainsi qu'il appert d'un spécimen conservé 
dans l'herbier de Kew, et probablement à Natal par Gérard. Les pieds 
vivants sont dus à M. Th. Cooper, qui les envoya à M. Trevor Clarke, d'où 
ils passèrent dans les mains de MM. Veitch, de Chelsea. Bien que d’une 
culture facile et d'une santé robuste, il faut à cette jolie liane la serre 
chaude pour développer ses fleurs peu décoratives, mais douées d’un doux 
parfum, et s’harmoniant bien avec le ton vert foncé, uni, du feuillage. 


Ep:.A. 


se 108 


CHRONIQUE: HORTICOLE. 


RRPRRPPRAIIIR 


Exposition internationale d’Horticulture de Gand, en 
mars 1873. — Nous avons reçu du comité directeur de cette Exposition 
Ja circulaire suivante, avec prière de la publier : 

« L'administration de la Société royale d'Agriculture et de Botanique de 
Gand a l'honneur d'informer MM. les horticulteurs et amateurs belges et 
étrangers, qu’à la fin du mois de mars 1873 aura lieu l'Exposition inter- 
nationale de plantes, que d'ancienne date elle ouvre tous les cinq ans. 

» Cette exposition, dont le programme paraîtra au printemps de 1872, 
dépassera en importance celle par laquelle fu inauguré, en 1868, le nou- 
veau local de la Société. 


» Le Secrétaire, » Le Président, ê 


n CHARLES LEIRENS. » DE GHELLINCK DE WALLE. » 


Les jets de Houblon. — Nous lisons, dans la Revue que publient les 
rédacteurs du Bulletin du Cercle d'Arboriculture de Gand, sous le titre : « le 
Jardin d'agrément et le Potager, » une note qui préconise la culture d'un 
légume économique fort usité en Belgique, et qui est trop peu connu 
ailleurs. C’est l'emploi des jets de houblon en guise d'asperges. Tout jardin 
devrait posséder quelques pieds de houblon pour cet usage. Nulle culture 
spéciale ne lui est nécessaire; on coupe les pousses quand elles ont 
10 centimètres ou un peu plus de longueur, qu'elles sont tendres et vert 
pâle, presque blanches; on peut même les couvrir de terre pour les faire : 
blanchir, et on les accommode comme les Salsifis ou les Scorsonères, avec 
une sauce blanche bien liée, relevée d’un peu de crème de tartre. Les jets 
de houblon sont sans doute inférieurs en finesse de goût aux pousses 
d’asperges, mais comme ils précèdent ces dernières d'un mois environ, c'est 
un mets qu'on ne devrait point dédaigner. Après la récolte, on laisse, bien 
entendu, la plante croître en liberté, et l'on sait quelle précieuse espèce 
grimpante elle forme pour couvrir les tonnelles et les treillages, cacher les . 
- vieux murs, les dépôts de fumier et d'immondices, etc. : 

Les Haricots en cotylédons. — M. Ed. Pynaert recommande éga- 
lement l'emploi des haricots, qui viennent de germer, comme un légume 
très friand. On confie à la terre et à la chaleur pendant quelques jours des 
haricots d'une variété quelconque, et lorsque la plante a développé ses 
feuilles séminales, on aecommode le tout à la crème, en ne supprimant que 
la racine. Nous croyons sans peine que ce mets ainsi préparé est très 
délicat. 

Le cassement pour la fructification du Poirier. — Dans l'une 
des séances de 1871 de l'Association susnommée, une intéressante discus- 
sion s’est élevée sur l'opportunité de substituer le cassement des rameaux 
secondaires ou à fruits du Poirier, à la coutume si bien établie de pratiquer 
le pincement. Il va de soi .que les opinions ont été fort diverses. M. Van 


TOM, XVII, — SEPT. 1871. ; ; 23 


O0 —— 


Halle n’admet le cassement que pour modérer les rameaux trop vigoureux; 
M. Daumerie proposé de le substituer à tout autre mode de taille pour les 
branches à fruit; M. Burvenich est l'adversaire de cette proposition; 
M. Bamps l’approuve si l’on casse tard, au mois d'août, etc. 

Nous avouons que pour nous, cette discussion a plus d'importance qu'on 
ne le croirait d’abord, 

Elle nous incite à jeter en passant une pierre (non pas un pavé) dans 
le jardin de MM. les professeurs d'arboriculture et de taille des arbres à 
fruits, sauf tout le respect que je leur dois (1). Ils ont fait beaucoup de bien 
en répandant le goût de la culture des fruits par leurs cours et leurs livres, 
mais à mon sens, ils ont de beaucoup dépassé le but en compliquant les 
procédés pratiques au lieu de les simplifier. La taille des arbres (n'en 
déplaise à ceux qui vont crier bien haut haro! et tout bas : il a raison!) est 
une pratique intelligente : ELLE N’EST PAS UNE SCIENCE. Tout ou presque 
tout y est empirique ou le résultat de l’observation, la consécration de pro- 
cédés utiles obtenus par des tâtonnements, le produit de la fantaisie et de 
la patience de ceux qui trouvent plaisir (quelques-uns profit) à utiliser la 
docilité des arbres à se laisser dresser et former de facons diverses. On a 
reconnu qu'il faut traiter de telle ou telle façon les branches d'un arbre 
pour le faire prendre en un court espace de temps une forme voulue; qu’en 
les abaissant on les affaiblissait; qu'en les relevant on les renforçait; que 
les productions fruitières se renouvelaient ou non sur la même branche; 
que suivant le genre elles mettaient une ou plusieurs années à se parfaire; 
et on a agi en conséquence. no 

Tout cela est au mieux. Si l'on ajoute à ces connaissances ce qui se rap- 
porte au choix des sujets, à la notion des sols, au mode de plantation, à la 
“ sélection des variétés et espèces pour un climat déterminé; voilà de quoi 
défrayer sans doute des cours très intéressants et écrire quelques bonnes 
pages. 

Mais de là à avoir voulu ériger ces connaissances en corps de doctrine, 
en science complète; à y avoir fait entrer la botanique, et de prétendues 
lois de la physiologie végétale observées seulement dans des livres; à 
justifier l'entassement de centaines de volumes et de milliers d'articles; de 
là à justifier l'enseignement doctoral, grave, haüt en cravate, des titulaires 
de soi-disant chaires d'arboriculture, et la course au clocher des honneurs 
et des faveurs, il y a loin; il y a un abîme d'excès et de ridicule dans 
lequel on s'est plu à patauger, au grand ébahissement des auditeurs et 
des lecteurs trop confiants. 

On à fait de l'arboriculture une sorte d’arche sacro-sainte à laquelle il est 
défendu de toucher, et la génération qui nous suivra rira bien de tout le 
se s'est fait autour de cet art insigne de charcuter les pauvres 
arbres! 


Je demande à faire observer que je ne parle que des excès et point de ce 


L 


(1) Ces Messieurs ne devront pas s’en plaindre, car, suivant un proverbe arabe : « On ne 
jette des pierres qu'aux arbres qui portent des fruits. » 


* 


— 167 — + 


qu'il y a de bon dans la vulgarisation de procédés intelligents de culture et 
_de taille, appliqués avec modération. Mais, de par Dieu! quand finira donc 
la comédie dans laquelle nous voyons tant d'acteurs engagés avec un 
sérieux apparent, devant tant d'auditeurs qui croient que « cela est arrivé? » 
Ou nous nous trompons fort, ou cet engouement aura une fin assez pro- 
chaine. On reviendra malgré soi à la vérité, à la pratique simple et à l’en- 
seignement modeste de quelques bons préceptes; on délaissera l'art de 
couper une feuille en quatre et d’inclimer une branche à cent douze degrés 
et demi (!), et l’on fera comprendre dans le peu de mots de quelques leçons 
claires, sans échafaudage et faux étalage de science professorale et univer- 
sitaire, que tel procédé est bon dans tel sens ou dans tel autre à l'exclusion 
de la routine et de l'ignorance. | 

Nous reprendrons ce sujet à l'occasion. En attendant, parlons du casse- 
ment des‘branches à fruit du Poirier. . | 

Pour pratiquer convenablement le pincement, j'ai vu qu'il faut un jardi- 
nier à l’année dès qu'un jardin fruitier a une certaine importance. Tout est 
perdu si l'on cesse un instant la surveillance des arbres! Ce qu'on a publié 
de volumes là-dessus est incaleulable, et plus innombrables encore les 
journées passées de bonne foi à cet effet par d'honnèêtes gens de loisir. 

Oui le pincement, même avec son excès de soins, est excellent si l'on 
tient à des arbres irréprochables et nous le recommandons à tout petit 
rentier dont l'horizon se borne à ses 200 mètres de jardin et dont la vie se 
renferme entre ses quarante poiriers! Qu'il passe sa vie à cette distraction 
ou à jouer aux boules, nous n'y voyons aucun inconvénient majeur. 

Mais, qu'on nous permette de le dire, là n'est pas la moyenne des posses- 
seurs de jardins. Ceux-ci ont à la fois un potager, un jardin fruitier, des 
fleurs, parfois des serres. Un jardinier, seul ou avec plus ou moins d'aides, 
doit entretenir tout cela. On veut des arbres d'une forme agréable sans 
chercher une régularité mathématique. On cherche surtout des fruits! 

Eh bien, nous n'hésitons pas à dire que le cassement doit être dans ce 
cas préféré au pincement. Laissez vos arbres pousser vigoureusement au 
printemps, bien établir leurs rameaux, développer leurs feuilles, nouer leurs 
fruits, les grossir même, et pousser normalement en un mot. Aidez simple- 
ment à l'équilibre de la charpente par les procédés connus, ou si vous avez 
un moment à perdre, pincez cà et là en vert quelque rameau trop vigoureux, 
sans en chercher bien long sur la facon de placer l'ongle ou là serpette. 
Pendant l'été, à votre heure, avec la serpette appuyée sur le saillant 
du pouce, abattez tous les bourgeons trop longs et qui s’emportent à bois, 
comme disent les académiciens de l'arboriculture. Vous verrez l’année 
prochaine les boutons à fruits se répandre sur la partie de branche restée 
_ après le cassement. Si vos arbres ne sont pas assez vigoureux, plantez sur 
franc, ou tenez vous à des variétés qui poussent bien, si vous êtes obligé 
par le terrain de vous en tenir au Coignassier. 

On me dira que je manque d'expérience en la matière. C'est une erreur. 
Je taille les arbres de quelques amis depuis plusieurs années, cela en fort 
peu d'heures, on peut le croire, et ces arbres sont suflisamment beaux et se 
couvrent de fruits. Mon propre jardin fruitier est planté de plus de cent 


— 168 — 


pyramides de Poiriers, dont l'âge varie de dix à vingt ans, sans compter 
les jeunes. Ces arbres sont bien formés sans être des joujoux mécaniques, 
et à l'heure qu'il est, mon fruitier s'emplit. C’est tout ce que j'ai à en dire, 
et j'invite à venir voir qu'ils ne sont pas l'objet d'autre taille que le casse- 
ment en été, et la taille en sec l'hiver. 

J'engage donc le public soucieux de son temps et de ses intérêts à croire 
à l'efficacité de la taille, en tant qu’elle reste simple, économique, pratique, 
vulgaire, je puis dire. Tout le reste est inventé pour faire un piédestal d'or 
à une statue de plâtre! 


Les Moïineaux et les Boutons d’Arbres fruitiers. — Si nous 
prêchons une croisade contre le fatras d'inutilités qui encombrent l’ensei- 
gnement horticole, nous ne proscrivons pas, au contraire, la vulgarisation 
des petits procédés, en apparence peu importants, mais qui sont d’un emploi 
facile et donnent de bons résultats. Nous tenons le suivant de notre ami, 
M. Rodigas, à qui il a été récemment communiqué à Gand : 

Par les printemps secs, avant l'épanouissement des boutons à fleurs des. 
Poiriers, l'espoir de la fructification est souvent compromis par des nuées 
d'oiseaux, surtout de moineaux qui viennent picoter, lacérer les boutons et 
en disperser au vent tout l'intérieur. Or, on vient de découvrir que la gent 
emplumée n'agit ainsi que pour se désaltérer. Placez de loin en loin un petit 
vase plein d'eau au pied de vos arbres, et pas un bouton ne sera désormais 
touché. Voilà le secret; il est bien simple, et il paraît que rien n'est plus 
efficace. Au moment où nous écrivons ces lignes, nous apprenons que 
plusieurs jardiniers anglais se plaignent que les moineaux détruisent de la 
même façon les boutons à fleurs de leurs Glycines en avril. Le remède, on le 
voit, n'est pas loin du mal, si, comme nous le pensons, la cause est la même 
que pour les boutons des arbres fruitiers. 


Nouvel emploi des Choux. — Nous apprenons, par le même 
M. Rodigas, qu'on peut utiliser, comme le fait M. J. Winand, jardinier à 
Rochefort (Belgique), les choux de la manière suivante, quand les légumes 
sont rares au printemps : 


Du 15 août jusqu'en septembre on sème dru de la graine de chou hâtif 


d'Ulm, et on fait un deuxième semis en février-mars. Le premier sera 
éclairci au premier printemps, le second à la fin de mai jusqu’à l’arrivée 
des choux pommés, et l'on mange ces jeunes plants à la manière des choux 
ordinaires dans une saison où ce légume est rare. Au fur et à mesure qu'on 
éclaircit les plants, ls autres restants se développent et remplissent les 
vides, pour être bientôt enlevés à leur tour. On peut consommer ainsi des 
bottes de jeunes choux comme des bottes d'asperges, et à la même saison. 
Ce mode si simple rend de très grands services à cette époque de l’année. 


Destruction des Vers et de la Mousse sur les Pelouses. — 
M. Ph. Crowley, à Croydon (Angleterre), a détruit à la fois les vers qui 
infestaient ses pelouses et la mousse qui les couvrait, au moyen d'une 
solution de sublimé corrosif, dans la proportion d'une cuillerée et demie 
à thé pour 100 litres d'eau. Un seul arrosage a fait disparaître les vers et 
la mousse sans affecter le gazon en aucune manière. 


2 


Vente des collections horticoles de M. Laurentius, à Leipzig. 
— Le célèbre établissement d’horticulture de M. H. Laurentius, à Leipzig, 
aura vécu à la fin de ce mois. La vente a lieu depuis le 11 septembre 
jusqu'au 1 octobre. Elle comprend 4125 lots importants, et un nombre 
immense de plantes de toute sorte. Une maladie incurable force cet habile 
horticulteur à se défaire de ses collections et à cesser le commerce des 
plantes. 


Crocus d'automne. — Les fleurs d'automne sont rares. Nous enga- 
geons les amateurs de jardins qui désirent prolonger leur jouissance avant 
la venue des frimas à tenir compte de la liste suivante de Crocus d'automne, 
que nous empruntons à l'excellent Journal of horticuliure de notre confrère 
et ami le docteur Robert Hogg, de Londres : 

Crocus Boryi, blanc; fleurit en septembre-octobre; 


C. Pallasiü, lilas; d° d° 

C. medius, violet; d° octobre ; 

C. cancellatus var. Mazxiaricus, blanc; fleurit en octobre; 

C. pulchellus, bleu pâle; d°  octobre-novembre; 
C. Scharajani, jaune ; d° d° d° 


Plus de trente autres espèces de Crocus, de printemps et d'été, peuvent 
être ajoutées à cette liste. Nous recommandons surtout le beau C. speciosus. 
Le C. Scharajari est une espèce de la Russie occidentale, qui est encore rare 
dans les collections. 


Fruits de choix. — Nous recevons de M. Ch. Baltet, le pomologue 
bien connu dont nous avons souvent parlé dahs ce recueil, une lettre qui 
contient le passage suivant, intéressant pour les amateurs d'arboriculture 
fruitière que le choix des fruits préoccupe : 

« Nous récoltons cette année des poires Clapp's favour ite et de L'Assomption 
qui sont délicieuses, de tout premier ordre et qu'on ne saurait trop recom- 
mander urbi et orbi. Souvenir du Congrès, superbe également, mais de qualité 
moins fine, est également à faire ressortir. 

»# La pomme transparente de Croncels, très belle et très bonne, est un fruit 
gros, blanc et incarnat, müûrissant en août-septembre, et portée par l'arbre 
le plus vigoureux qui se puisse voir. 

» La prune Souvenir de Madame Nicolle est celle qui approche le plus de la 
Reine Claude, avec le mérite de mûrir plus tard. Sa forme est oblongue et 
sa couleur celle de la Reine Claude. 

» Les abricots Jacques et Pourpre de Meylan sont beaux, à chair ferme. 
Nous ne saurions trop les recommander pour le transport et les conserves. » 


Germination du Gui. — Les phénomènes qui accompagnent la ger- 

mination et la végétation du Gui (Viscum album L.) commencent à être 
bien connus. Nous n’en voulons point relater ici la bibliographie, mais 
seulement attirer l'attention de nos lecteurs sur une notice que vient de 
publier M. Ed. Morren d'après des observations de M. Charles Van Geert, 
pépiniériste à Anvers. Depuis 1863, M. Van Geert poursuit ses expériences 
sur la germination du Gui et sur sa culture. Après avoir vu les spécimens 
obtenus par le R. P. Bellynck, à Namur, il voulut à son tour essayer sur 


— 170 — 


des Cratægus oxyacantha de ses pépinières. Il réussit à souhait, en obtenant 
trente-deux touffes de Gui qui mirent trois ans à se développer et qui for- 
maient enfin, en 1868, de petites boules dont les deux tiers étaient femelles. 

Depuis cette époque, M. Van Geert essaya en vain de faire germer de 
nouveaux Guis. En désespoir de cause, il tenta la greffe sur Aucuba, 
Ligustrum, Castanea, Phylliræa, Cratægus, mais sans plus de succès. Enfin, 
le même observateur a constaté que des Guis greffés sur Cratægus et qui 
avaient été brisés par le vent, ont repoussé quelques centimètres plus bas 
après être restés plus d’un an sans montrer de traces de végétation. 

Les observations de M. Van Geert sont curieuses et dignes d'être rap- 
pelées. Que de choses on découvrirait, s’il existait beaucoup de chercheurs 
de ce genre! 

Voici ce que nous savons à notre tour sur la question : 

Il y a deux ans, nous promenant dans les pépinières de M. Richard 
Smith, à Worcester (Angleterre), nous aperçûmes des Pommiers tiges mis 
en jauge et présentant des têtes de Gui de diverses grosseurs. M. Smith 
m'apprit que ces arbres étaient vendus par lui chaque année en assez grand 
nombre à l'occasion de la Christmas, et qu’il n’en avait jamais assez. On 
sait qu'à la Noël, en Angleterre, les jeunes gens offrent aux jeunes filles 
des branches de Wistletoe (Gui), que l'on suspend au chevet du lit et aux- 
quelles se rapportent des légendes anciennes assez curieuses. . 

Nous avons revu cette année même des Pommiers au Gui chez M. Smith. 
Il nous a dit que cette culture parasite n'offrait pas beaucoup de difficultés 
et que des ouvriers habiles réussissaient chez lui à coup sûr chaque année. 

Nous demandons à M. Smith une note sur ce sujet et nous la communi- 
querons à nos lecteurs. 

Fécondité d’un pied de Vigne. — Chacun connaît, de visu ou de 

 auditu, le célèbre pied de Vigne de Hampton-Court et sa fécondité prover- 
biale. Nous trouvons dans le Messager du Midi quelque chose d'analogue à 
ce colossal enfant de Noé, dans la relation de la prodigieuse fertilité d'un 
cep de vigne à S'e-Hélène (Montastruc), France méridionale, — Il portait 
cette année 970 raisins, qui mûrissent parfaitement et dont le poids n'a pu 
être encore évalué, la récolte n'étant pas faite. La grêle, qui avait ravagé 
les vignobles en 1863, avait d'abord épuisé ce remarquable espalier; mais 
il est aujourd’hui, comme on le voit par sa fécondité, pleine de vigueur, et 
il fait espérer qu’il vivra longtemps encore en produisant d’abondantes 
récoltes. 

La plante de la Résurrection. — Sous ce nom (Resurrection plant) 
les Américains du nord désignent une Lycopodiacée du Texas, nommée 
scientifiquement Selaginella lepidophylla, Spr., et qui a la faculté de renaître 
à la vie sous l'influence de l'humidité, lorsqu'elle a été repliée sur elle-même 
en forme d'œuf par la sécheresse. En 1868, MM. Vilmorin réintroduisirent 
cette curieuse espèce et voulurent bien nous en envoyer deux exemplaires, 
qui sont restés dans une boîte fermée depuis cette époque. En juillet der- 
nier, nous retirâmes ces deux boules sèches de la caisse, nous les fimes 
planter par notre jardinier chacun dans un pot, en terre de bruyère, et 
placer sous cloche dans une serre chaude humide. 


OPE à à 


Quel ne fut pas notre étonnement, lorsque nous vimes les feuilles recro- 
quevillées se dérouler lentement, reprendre leur forme primitive, et s'étaler 
sur le pot en une rosette verte et charmante! 

Les plantes sont restées en cet état depuis ce temps; nous ne savons si 
elles sont vraiment vivantes encore et si c’est la véritable résurrection d'une 
momie, ou s'il n’y a là qu'un fait hygroscopique qui ne permette pas à la 
plante de pousser ensuite. Une pareille longévité dans ces conditions serait 
bien curieuse! Plus de trois ans dans une boîte, sans terre, sans humidité, 
sans compter que les pieds avaient dù être déplantés au Texas un an 
auparavant peut-être, et être transportés à sec à travers les mers! 
Nous livrons ce fait à l'attention des physiologistes. 


Les Groseillers à grappes. — M. Billiard, habile et heureux semeur 

d'arbres et d'arbustes à Fontenay-aux-Roses (Seine), vient de mourir. C’ est 
une véritable perte pour l’horticulture ; il était un chercheur digne de tout 
éloge et ses obtentions utiles sont nombreuses. Nous trouvons de lui, dans 
la Revue horticole, une notice sur les Groseillers à grappes, écrite peu de 
‘jours avant sa mort. Elle est utile en ce sens, qu'elle donne la liste d’une 
collection aussi complète que possible des variétés de Groseillers cultivés, 
que l'on peut. se procurer chez sa veuve (M"° veuve Billiard, dit la graine, 
horticulteur à Fontenay-aux-Roses, près Paris). 

Ces variétés sont les suivantes : 


Belle de Fontenay. De Boulogne. Impérial à fruits blancs. 
:— de St-Gilles. De Hollande à feuilles bordées. | — à fruits rouges. 

— de Verrières. — à fruits blancs Knight à fruits doux. ! 
Cerise blanche. — à fruits rouges. : — hâtif. 

— rouge Fertile d'Angers. Queen Victoria. 
Chenonceaux. — de Palluau. Red dutch short bunch. 
Commun à feuilles d'Erable. | Gondouin à fruits blancs. Versaillaise. 

— à fruits blancs. — à fruits rouges. White grape. 

— couleur chair. Grosse transparente. 

— Gloire des Sablons. Hâtif de Berlin. 


Nous publierions les descriptions de ces variétés, si quelqu'un de nos 
lecteurs nous en faisait la demande. 


M. Sénéclauze. — Une autre perte à inscrire au nécrologe de cette 
année néfaste est celle d’un horticulteur des plus distingués, M. Sénéclauze, 
propriétaire et fondateur de l’un des plus vastes établissements de France, 
à Bourg-Argental (Loire). Il s'était surtout consacré à l'étude des Conifères, 
dont il possédait une très remarquable collection, qu'il nous a été donné de 
visiter en 1862. M. Sénéclauze s'était fait connaître également par des 
travaux sur le reboisement, sur les Mûriers, sujets des plus importants pour 
la partie montagneuse de la France qu'il habitait, et par des catalogues où 
_ les Conifères étaient étudiés d’une manière qui indiquait sa EE 
pour cette belle famille. La mort de M. Sénéclauze est d'autant plus à 
déplorer que nous ignorons si son établissement de Bourg-Argental conti- 


nuera d'exister après lui. ° . 
P Ep. ANDRÉ. 


— 172 — 


LXX VI. 


PHILODENDRON CALOPHYLLUM, 0. mmovexunr. 


| PHILODENDRON A BELLES FEUILLES. 
AROÏDÉES. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir Endlicher, Gen. Plant. 1690. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : acaule; folia erecta, coriacea, oblongo-lanceolata ad basim 
cuneata, e vaginis foliaceis 0w,20-0",40 longis adscendentibus viridi-zebrinis roseo-marginatis 
orientia, petiolo brevi (0w,08-0»,10) eylindrico-compresso subalato basi vaginaceo prope laminæ 
basim supra violascente-maculato, lamina plana integerrima, supra nitida, apice acuta retroacta 
(1® longa, 0»,20 lata), marginibus undulatis complanatis purpurascentibus, costa supra appla- 
nata, subtus prominente semi-terete, lenticellis oblongis violaceis adspersa, nervis lateralibus . 
parallelis remotis ante marginem confluentibus ; flores solitarii; pedunculus in petioli fissi basi 
invaginatus, cylindricus, 0w,30-0m,40 altus, erectus; spalha ovato-oblonga lanceolata carnosa 
cucullata adscendens, basi ovata clausa, medio obstricta, apice obtusa aperta, 0w,12-0m,15 longa, 
extus nivea flavotincta, prope marginem roseo-lineata, intus vivide chermesina albo--marginata ; 
spadix rectus, robustus, albo-flavescens, spatha paulum brevior, cylindraceus, medio inflatus, 
basi ovoïdeus, demum viscosissimus, pede obliquo, brevi... 


Species ab omnibus alteris valde distincta, florum colore habituque speciosissima. — “à valle 
Rio-Brancensi (Brasilia) a el. peregrin. Wallis lecta, auno 1864. — Vidi vivam florentem in 
horto Lindeniano. — En. A. ; 


Philodendron calophyllum, Ad. Brongt. ss. 
— niveo-chermesinum, Lind. et André. 


A A A A AA a A A Te 


Depuis l'introduction de l'Anthurium Schertzerianum, aux spathes écar- 
lates, rien d'aussi brillant n'avait été importé dans nos serres que cette 
admirable Aroïdée. Nous n'en connaissons point qui réunisse à un pareil 
degré la richesse et l'ampleur du feuillage à des fleurs aussi fulgurantes que 
ces spathes de carmin et de neige. Les deux couleurs y sont merveilleuse- 
ment tranchées et contrastantes et c'est une véritable révélation que l'entrée 
triomphale de cette plante dans les serres de l'Europe. Notre planche 
d'ailleurs en donne une idée fidèle, et nous ne craignons pas d'être taxé 
d'hyperbole en appuyant sur le mérite transcendant de cette ee 
espèce. 

Dans la famille même, nous ne lui connaissons rien d'analogue, si ce 
n'est peut- -être le Philodendron speciosum, figuré par Schott et qui croit dans - 
la province de Rio de Janeiro. Encore la vivacité du coloris est elle loin 
d'égaler celle-ci, et les feuilles de cette espèce grimpante sont cordiformes. 

Le Philodendron calophyllum, d'abord découvert dans la Guyane francaise, 
a été retrouvé en 1864 par M. G. Wallis sur les bords du Rio-Branco 
(Brésil) et de là introduit dans les serres de M. J. Linden à Bruxelles, 
où nous l'avons admiré en pleine floraison au mois de juin de cette année. 
Par son port et la forme de ses feuilles, il rentre dans la section des Philo- 


PHILODENDRON CALOPHYLLUM (Brong.). 


rer k > 


— 173 — 


dendrons à feuilles entières, radicales, que rappelle la belle espèce décrite 
par M. Ad. Brongniart sous le nom de P. Melinoni. 

C'est une plante acaule dont les feuilles sont érigées, épaisses, oblongues 
-lancéolées cunéiformes à la base et accompagnées d'écailles ou gaines 
foliacées longues de 20 à 40 centimètres, dressées vertes zebrées et mar- 
ginées de rose. Le pétiole, long de 8 à 10 centimètres seulement, est cylin- 
drique comprimé ailé invaginé à la base et maculé de pourpre en dessus 
auprès de la souche. Le limbe, plane, très entier, est d'un vert brillant en 
dessus, à pointe aiguë rejetée en arrière : sa longueur totale, pétiole compris, 
est de 1" et plus, et sa largeur de 20 centimètres. Les bords, ondulés amincis, 
sont liserés de pourpre ; la côte médiane, aplatie en dessus, est saillante et 
arrondie en dessous, aspergée de lenticelles oblongues violacées, et les ner- 
vures latérales, distantes et parallèles, se réunissent en une ligne qui suit 
le bord du limbe de très près. 

Les fleurs sont solitaires, portées sur des pédoncules de 30 à 40 centi- 
mètres de hauteur, dressés, cylindriques, sortant de la base des feuilles 
comme d’une gaîne qu'ils déchirent en passant. La spathe, ornement de 
premier ordre de cette belle espèce, est longue de 12 à 15 centimètres, . 
oblongue lancéolée charnue cucullée dressée, étranglée au milieu, ovoïde 
à la base fermée, à pointe obtuse au sommet ouvert en nacelle. Sa couleur 
exterieure est un blanc de neige ça et là teinté de jaune pâle et limité par 
une ligne rose à une petite distance du bord ; à l'intérieur, cette nuance 
fait place à un ton du plus brillant cramoisi parcouru par des lignes plus 
foncées, avec une bordure blanche autour du bord. Un spadice robuste, un 
peu plus court que la spathe, d’un ton blanc jaunâtre et farineux, cylindracé, 
renflé puis étranglé au milieu, à support oblique à la base et empreint 
d'une abondante mucosité visqueuse qui tache les doigts en brun d'une 
manière presque indélébile lorsque la fleur se passe, tels sont les prin- 
cipaux caractères de cette conquête hors ligne que viennent de faire nos 

serres chaudes. 

Après avoir fait de consciencieuses recherches dans les auteurs, nous 
‘avions pensé avoir affaire à une espèce entièrement nouvelle, lorsque nous 
avons appris que cette plante se retrouvait à la Guyane française, d'où 
M. Mélinon l'avait envoyée il y a quelques années au Muséum de Paris. 
: M. Brongniart l'avait désignée d'abord sous le nom de Ph. Prieureanum, 
mais il changea ce nom pour celui de Calophyllum, qui rappelle la beauté du 
feuillage. « C'est sans doute la plus belle espèce du genre, nous écrit 
M. Brongniart; elle est très digne d'être progagée, mais la brièveté de 
son rhizôme doit rendre la multiplication assez difficile ». 

Bien qu'aucune publication imprimée n'ait reçu communication du nom 
donné par M. Brongniart, nous regardons la priorité comme acquise et le 
conservons avec déférence pour un maître vénéré, à la place du Ph. niveo- 
chermesinum que nous en avions fait tout d'abord.  , 


CULTURE. 


Serre chaude humide ; compost formé de terre de bruyère, de sphagnum 
haché et de charbon de bois concassé. 
‘TOM. XVIII, — SEPT, 1871. a 


— 174 — 


PI. LXXVII. 


CALATHEA ARRECTA, uno à av. 


CALATHÉA DRESSÉ. 


CANNACÉES. 


. ÉTYMOLOGIE ET CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir Mustration horticole, 1870, p. 34. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Glabra, acaulis, procera; folia longissime petiolata, con- 
gesla; squamæ (vaginæ) basilares longiores scariosæ luride rubescentes carina tereti; petioli 
arrecti canaliculati, usque ad medium longitudinis et ultra complanati subdistici, marginibus 
convolutis membranaceis, dorso et apice teretes, 0®,40-0m,60 alti, basi violaceo purpuras- 


centes, apice sordide virides intensioribus punctis sub epidermide percipiendis, geniculo 


erecto subcontorto, cylindraceo, oleagino colore in laminæ costa subtus producto; lamina 
erecta, oblongo elliptica, basi subcordata, 0w,20-0w,25 longa, 0m,10 lata, apice breviter acumi- 
nata mucrone retorto, marginibus undulatis, supra plana nervis transversalibus pinnatis albidis 
valleculata, nitida, viridi-olivacea argenteo refulgens, costa pallidiore vix canaliculata, subtus 
purpurascente colore trans-epidermidem percipienda, costa prominente semi-tereti flavida. 
Flores... — Ecuador, Wallis, 1866 (?). — Ad vivum descripsi in horto Lindeniano Gandavensi. 

Species nova, primum Marantæ setosæ, À. Dietr. (a toto cœlo præsertimque pilis setosis 
discrepandzæ) , referta, recte nostro sub appellatione cognoscenda. — Ep. A. 

Calathea arrecta, Linden et André (loco præsenti). 

Maranta setosa, Lind. catalog. (non A. Dietrich). 


VU 


Cette délicate et gracieuse, espèce, distincte à première vue par son port 
dressé, arrigé pourrions nous dire, — et le ton uniforme vert olive glacé et 
purpurescent en dessous de son feuillage nerveux, avait été envoyée à 
M. Linden sous le nom inexact de Maranta setosa. Cette dernière espèce 
nommée d'abord Phrynium setosum par Roscoe, puis Maranta setosa par 
Dietrich, M. secunda à Edimbourg, et Thalia setosa par C. Koch, ést absolu- 
ment différente de la nôtre et n'appartient pas au même genre. Sans entrer 
dans l'examen de ses caractères distinctifs, nous n’en citerons qu'un seul, 
qui lui a valu son nom, c'est qu'elle est couverte de poils longs et soyeux, 
roux, tandis que notre Calathea arrecta est entièrement glabre. Nous 
n'appuierons pas davantage sur cette distinction nécessaire et nous passe- 
rons à la description de cette jolie espèce, qui est toute nouvelle comme 
détermination, sinon comme culture, puisque M. Linden l’a déjà mise au 
commerce depuis une couple d'années. 

Le Calathea arrecta, découvert par M. G. Wallis dans la République 
de l'Ecuador et envoyé par lui à M. J. Linden, est une plante glabre, 
acaule, d'un port dressé élevé. Les feuilles très longuement pétiolées, attein- 
draient sans doute 1 mètre et plus si elles étaient soumises à une riche cul- 
ture. Elles sortent ramassées, serrées, d'entre des écailles ou gaines longues 
scarieuses arrondies au dos et d’un ton vineux, Les pétioles dressés canali- 


nden & André). 


SERRE CHAUDE 


u 


 CALATHEA, ARRECTA 


ECU 


ADOR. 


mn 176 -= 


culés sont aplatis à bords membranacés convolutés jusque au-delà de la 
moitié de leur longueur qui atteint 40 à 60 centimètres et plus. La base de 
ces pétioles est purpurine vineuse et leur sommet vert olive ainsi que 
l'appendice géniculé uñ peu tordu cylindrique qui les termine et se prolonge 
en dessous du limbe en une côte médiane arrondie saillante jaunâtre. Le 
limbe, dressé elliptique oblong subcordiforme à la base, brusquement accu- 
miné en pointe tordue au sommet, à bords largement et irrégulièrement 
ondulés, présente une surface uniformément vert olive foncé chatoyant à 
reflets d'argent. De petites nervures blanchâtres entre les secondaires plus 
saillantes par un pli tous les 1 à 2 centimètres, creusent transversalement 
la surface plane en petits sillons presque réguliers, jusqu'à la nervure 
médiane un peu canaliculée et plus pâle. Le dessous de la feuille est d’un 
ton lie de vin pourpré qui se voit par transparence sous l'épiderme vert, 
et se trouve zébré plus foncé par les lignes des nervures. 

La plante est peu touffue; les feuilles semblent distiques à la base des 
pétioles invaginés; le port en est d'une extrême élégance et certainement 
la plante tiendra une place de choix parmi ses congénères à feuillage plus 
éclatant, mais non plus gracieux. PE 

D'après l'opinion de M. Linden, nous avions d’abord rapporté au genre 
Phrynium, même en l'absence de fleurs, cette jolie espèce. On sait à quel 
degré M. Linden possède ce flair des plantes qui les lui fait rapporter 
presque à coup sûr à leur nom vrai d'après des spécimens souvent très 
imparfaits. Il avait donc reconnu à première vue que la plante devait 
rentrer dans les Phrynium; maïs nous avons encore entendu récemment 
M. A. Gris, bien connu par ses travaux sur les Marantacées, soutenir que 
ce genre ne s'appuyait sur aucun caractère solide et qu'il fallait le 
supprimer. Nous suivons ce conseil d'un botaniste compétent, jusqu'à ce 
que nous possédions un meilleur travail d'ensemble sur cette belle famille. 


| Er. A. 
CULTURE. 
Même culture que celle indiquée pour le Maranta (Calathea) smaragdina. 


— 176 — 


PI. LXXVIIL. 


DIOSPYROS KAKI var. COSTATA, cine. 


PLAQUEMINIER A FRUITS COTELÉS. 
ÉBÉNACÉES. 


ÉTYMOLOGIE : De Auos, Dieu, et par altération de æwos (pour Pyrus), poire. — Poire 
des Dieux. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir DC. Phases, t. VIII, p. 222. — Endlicher, Genera 
Plant. No 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Rami apice tomentosi ; folia ovato elliptica acuminata basi 
acuta subtus puberula ; pedunculi florum masculorum 3-flori petiolo subbreviores pedicellique 
tomentosi ; calyx campanulatus profunde 4-fidus utrinque pubescens lobis lanceolatis ; corolla 
campanulata semi 4-fida calyce vix duplo longior lobis ovatis obtusis patentibus utrinque seri- 
ceis; flores fœminei solitarii pedicello petiolo subbreviore; corolla calyce ampliato brevior. — 
In Japonia et China boreali spontanea, in Asia meridionali frequenter culta. 


Diospyros Kaki (Linn. fil. Suppl. p. 459). u 


CARACTÈRES DE LA VARIÉTÉ costata : Arbuscula dioïca; rami juniores tomentoso- 
albidi; folia breviter petiolata alterna decidua, late ovata obtusa apice acutiuscula, inferiora 
.sæpe latiora, 0®,16-0m,25 longa, 0,09-0m,14 Le coriacea, integerrima, intense viridia, supra 
nitida, subtus pallidiora; #ores masculi ……..?; fl. fæminei solitarii axillares brevissime (Om,01) 
pedunculati, Junio expandentes; calyx iobis-4 amplis patulis obovato-cuneatis carnosis ; 
corolla urceolata subtetragona, ochroleuca, lobis crassis revolutis; stylus bipartitus irregula- 
riter fissus; ovarium angulatum, breve depressum, læte pruinosum; bacca 0,05 diam., ovato 
depressa, profunde sulcata v. costata, Novembro matura et tunc aurantiaca, pruinosa, edulis, 
Armeniacæ vulgaris drupæ saporem referens. — Floribus masculis deficientibus, loculorum 
seminumque caracteres adhuc ignoti. — E Japonia in horti Musei parisiensis misit cultam 
E. Simon anno 1865 (?). — Vidi vivam fructus ferentem in hort. Mus. par. — Ep. A. 


Diospyros Kaki, L. fil. var. costata. 
Diosp. costata, Carr. in Revue horticole, 1870, p. 151. 


D. Schi-tse, Bunge, fide Decaisne in Gard. Chron., 1870, p. 39 (non Carr. secundum 
_ejus dissertationem in Rev. hort. 1870, p. 151, et 1871, p. 410 et seq.). 


‘Un arbre fruitier nouveau, et de plein air, voilà une séduisante annonce 
et une rare bonne fortune pour les cultures des régions tempérées et occi- 
dentales de l'Europe!- 

La chose est pourtant certaine. Le Kaki, ce fruit si estimé au Japon, en 
Cochinchine, en Chine, dans presque toute l'Asie orientale enfin, est introduit. 
Nous l'avons vu fleurir et fructifier : nous en avons mangé. Le fruit ressemble 
à un gros abricot, dont il rappelle aussi la saveur, avec quelque différence 
cependant. Le pied-mère existe dans les pépinières du Muséum de Paris, 
où nous le suivons dans sa végétation et sa fructification depuis trois ans. 

Il a été introduit en France il y a quelques années par M. E. Simon, 
consul en Chine, dont le nom est bien connu par ses importations de plantes 
et d'animaux, principalement au Jardin d'Acclimatation de Paris. 


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J. Linde 


— 171 — 


La première fructification du Æaki au Muséum a eu lieu en 1869; elle est 

mentionnée dans la Revue horticole de la dite année, p. 284. : 
Une discussion intéressante, mais passionnée, dont nous voudrions parler 

avéc autant d'impartialité que de ménagement et de déférence pour les deux 

adversaires, a eu lieu à cette occasion entre MM. Decaisne et Carrière. 

__ Lorsque l'arbre, envoyé au Muséum par M. E. Simon, fructifia en 1869, 
M. Carrière, chef des pépinières, crut pouvoir le rapporter au Diospyros 
Kaki, et en parler sous ce nom. L'exactitude de cette détermination fut 
contestée par M. Decaisne qui écrivit au Gardeners’ Chronicle, 1870, p. 39, 
que l'espèce du Muséum, originaire de Mongolie et du nord de la Chine 
était le D. Schi-tse, décrit par Bunge dans son Ænumération des plantes du 
nord de la Chine, et non le D. Kaki, espèce méridionale qui ne saurait mûrir 
ses fruits même à Pékin, ni à plus forte raison sous le climat de Paris. 

Pendant le temps qui s'était écoulé entre ces deux communications, les 
fruits du Diospyros du Muséum avaient mûri. Ils présentaient une silhouette 
maliforme, mais avec des côtes plus ou moins développées, quelquefois 
tout-à-fait séparées, et M. Carrière, sans cesser d'y voir une forme du 
D. Kaki, nomma la plante D. costata. : 

C’est contre l'inexactitude (à son point de vue) de ces deux dénominations 

. que s'éleva M. Decaisne, ajoutant que le dernier nom, pris sur un caractère 
“anormal du fruit, ne valait pas mieux que le premier. 

M. Carrière persista toutefois dans son dire, dans une lettre au Gardeners 
Chronicle et dans de nouveaux articles de la Revue horticole, 1870-71, 
pp. 131, 410 et suivantes, appuyés par des citations de Thunberg, Linné fils, 
Siebold, Loureiro et autres auteurs. 

Prendre parti dans un pareil débat serait difficile en l'absence de docu- 
ments suffisants pour établir la vérité, surtout étant donnée la valeur des 
deux auteurs en présence, dont l’un, M. Carrière, a très minutieusement 
étudié la plante ad vivum, et l'autre, M. Decaisne a travaillé les Diospyros non 
seulement d'une manière générale, mais tout spécialement pour les espèces 
qu'il a décrites dans son mémoire sur l'Aerbier des plantes de Timor. 


Toutefois, voici ce que notre examen personnel nous permet de voir dans 
la solution de la question, en attendant que l’histoire de ce précieux arbre 
fruitier s'éclaircisse : 

On connaît aujourd'hui cent quinze espèces de Plaqueminiers (Diospyros), 
disséminés sur une grande surface des deux hémisphères et habitants des 
régions les plus diverses. Tous, ou presque tous ont des fruits assez charnus 
pour devenir comestibles par la culture, s'ils ne le sont pas à l'état sauvage. 

Ces espèces ont été successivement connues et décrites depuis des temps 
très reculés, puisqu'on attribue au fruit du D. lotus, qui aurait été introduit 
d'Afrique dans le sud de l'Italie, les prétendues propriétés qui auraient 
ensorcelé les compagnons d'Ulysse. 

Dalechamp, le célèbre auteur de l'Historia generalis plantarum (Lyon, 1586), 
fut le fondateur du genre. Longtemps on ne connut guère que le D. lotus, puis 
le D. virginiana, et enfin le D. Kaki, que Linné fils décrivit en termes fort 
vagues probablement sur la foi des voyageurs ou sur des échantillons secs 
fort incomplets. Nous ne parlons pas du D. ebenum (bois d'ébène), connu dès 
la plus haute antiquité. 


— 178 — 


Dès que Commerson eut exploré avec soin les iles Maurice et Bourbon, 
un grand nombre d’autres D. se révélèrent. Puis vinrent les voyages dans 
l'Inde, où le quartier général des espèces fut trouvé, grâce surtout-aux 
recherches de Wight, et l'Afrique orientale qui contient un assez grand 
nombre de Plaqueminiers. - 

Dans les cultures on ne connut bien longtemps encore que le D. lotus, 
_ Qui devint presque naturalisé en Italie, et qui d’ailleurs s’avance spontané- 
ment jusqu'en Europe par les montagnes du Taurus et plusieurs parties du 
Caucase. On ajouta plus tard (1629) à la flore de nos jardins le D. virginiana, 
qui est une espèce beaucoup plus belle et dont les fruits sont estimés à l'état 
blet dans l'Amérique nord, tandis que ceux du D. lotus ne sont mangeables 
que desséchés, lorsqu'ils ont perdu leur acerbité, par la transformation du 
principe astringent en sucre. 

Miller, dans son Dictionnaire des Jardiniers, ne mentionnait encore que 
ces deux espèces, comme cultivées en Angleterre il y a un siècle, en 1788. 

Vers 1812, le D. pubescens, également des parties chaudes de l'Amérique 
du Nord, fut introduit en Angleterre. Ce sont les trois seules espèces que 
Loudon mentionne comme connues dans les culturés dans la première 
moitié de ce siècle. | 

Le catalogue de M. André Leroy indique deux espèces de plus, les 
D. lucida et D. angustifolia, que j'ai des raisons de considérer comme de 
simples variétés du virginiana, et MM. Simon Louis, à Metz, en ajoutent 
deux autres, les D. digyna et. D. virq. calycina, dont je connais la seconde 
pour l'avoir vue aux pépinières du Muséum de Paris. La première dénomi- 
nation est probablement inexacte, le véritable D. digyna étant une espèce 
de l'ile Célèbes, cultivée à Maurice sous le nom de faux Mangoustan, et qui 
exigerait la serre chaude sous nos climats. 

Enfin, on nous dit qu'il existe à Libourne (Livorno) en Italie, et dans le 
midi de la France, chez M. Thuret, à Antibes, un autre Diospyros, qui nous 
a tout l'air d’une variété de Æaki du Japon ou de la Chine. | 

Tel est, à notre connaissance, l'état des espèces de Plaquemiers répan- 
dus actuellement dans les collections d'Europe. 

Nous avons dit que 115 espèces étaient aujourd'hui plus ou moins bien 
connues et décrites. 


La distribution de ces espèces se décompose ainsi : 
Bengale... : . . . . . . . 4 espèces. 
COR ne Te: 

MNepatl= si re sie 
Cia, pe nes 
Poulo-Peñang 52 2, 
Birmanie : "Ste 
Cochinchiné = 
Malabar,. "5" Eee 
Chuesse, Taurus: 5 5 
ee TR Nr 
MONO: 1 ne 
Diverses localités de l'Inde, ete. 28 


” 


» 


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Asie : 57 espéces. 


mt 0 et à OT D À O5 
N 


Se 
Fimor: 
Philippines , 
Moluques . . 


Célèhes . . . 


Guyane . . . 
Jamaïque . . 


Pérou et Brésil. . 


Afrique orientale, 


Abyssinie . . 
Madagascar 


Maurice et Bourbon, 


Sénégal . . . 
Fox: à 4: 


LI 


Louisiane, Virginie . 


Mexique. . . 
Australie . . 


LA 


— 179 — 


mi bed pu se HR pu bi © bn CO pu pa 0 
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La = | 
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Go 
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9 espèces. | 


” Océanie : 21 espèces. 


 : 


se me Sud-Amérique : 


10 espèces. 


Afrique : 24 espèces. 


Nord-Amérique : 
3 espèces. 


» 


» 


espèce. | 


l espèce. Australie : 1 espèce. 


- En tout 115 espèces, relevées jusqu'à la date de 1858. Nous ignorons 
si les récents travaux de M. F. Mueller et de M. Bentham ont ajouté 
d'autres espèces australiennes à cette liste, mais comme nous ne faisons 
point ici une monographie du genre, nous considérerons ces totaux comme 


suffisants pour notre étude actuelle. 


En examinant la distribution géographique qui précède, on est frappé de 
la prédominance des espèces de Diospyros en Asie par rapport aux autres 
régions. La moitié appartiennent à cette seule partie du monde, et nous ne 
comptons pas les espèces océaniennes qui toutes en sont voisines. 

Si l'on ajoute que là plupart des espèces de ces régions qui ont été nom- 
mées, introduites dans les herbiers et décrites par des botanistes européens, 
proviennent d'échantillons cueillis sur des arbres cultivés (car les Diospyros 
sont des plus fréquents et des plus variés parmi les arbres fruitiers de 
l'Asie orientale); si, d'autre part, on se souvient que ces arbres sont 
dioïques, et que l'arbre qui porte l’un des sexes peut différer de port de 
l’autre sexe, tandis que souvent un seul spécimen a dû suffire à la détermi- 
nation botanique, sera-t-il téméraire d'avancer que les Plaqueminiers 
d'Orient au moins sont mal connus? Nous ne doutons pas un instant que le 
nombre des espèces ait été considéré comme beaucoup plus grand qu'il ne 
l'est en réalité, et que, de même que nos arbres à fruits, Poiriers, Pom- 
miers, Pruniers, son sortis d'un très petit nombre de types bien définis, de 
même aussi les Plaqueminiers de Chine et de l'Inde rentreraient probable- 
. ment dans un très petit nombre de souches primitives, dont une seule espêce 
pourrait comprendre les Diospyros Kaki, Schi-tse, costata et, sans doute bien 


d’autres. 


Que sous l'influence des climats, d'une longue et habile culture, de eroi- 
sements spontanés ou artificiels, les variétés issues des types primordiaux 
aient pu varier au point de ne plus permettre de retrouver leur souche 


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as SN de 


primitive, qui en pourrait douter après ce que nous voyons taus les jours 
dans nos jardins, nous qui étions encore à l'état sauvage, quand l'horticul- 
ture chinoise et japonaise était déjà remarquablement perfectionnée! 

Ce raisonnement admis, et si, comme on le prétend, Xaki au Japon et 
Schi-tse en Chine sont la dénomination générale de ces fruits comme chez 
nous les termes poire et pomme, il ne faut plus considérer les appellations 
des variétés introduites ou à introduire que comme les distinctions qu'ont 
recu nos variétés fruitières. 

On dira donc : Drospyros KAKï à côtes 

comme on dit 
Prrus coMMUNIS Duchesse d'Angoulème. 

Et si, comme l’a voulu faire M. Carrière, on désire être compris à la fois 
des savants et des cultivateurs, on pourra déroger à la loi qui veut que le 
nom de la variété ne soit pas en latin, et dire: D. Kaki costata. 

Voilà toute entière et dénuée d'artifice notre opinion sur la matière. 
Espèce ou variété, nous n'avons plus qu'à décrire la plante que nous avons 
vue au Muséum et que nous figurons d’après une admirable aquarelle de 
M. Riocreux, publiée par M. Carrière, auquel nous empruntons les lignes 
suivantes : 

« D. K. CosrarTa : Arbrisseau ou petit arbre dioïque. Jeunes bourgeons 
(feuilles, pétioles, écorce), gris blanchâtre par une sorte de tomentum soyeux 
et court qui disparait à peu près complétement sur les rameaux adultes. 
Feuilles caduques alternes, largement ovales, brusquement arrondies au 
sommet, qui est très courtement acuminé, obtus, les inférieures parfois 
suborbiculaires, les supérieures plus ovales elliptiques, longues de 16 à 
25 centimètres et plus, sur 9 à 14 centimètres de largeur, coriaces, épaisses, 
d'un vert très foncé, glabres unies, luisantes et comme vernies en dessus, 
plus pâles en dessous, très entières; pétiole gros, court, arrondi en dessous, 
légèrement canaliculé en dessus. Fleurs femelles solitaires axillaires, sur 
un fort pédoncule d'environ 1 centimètre de longueur, s'épanouissant vers 
le commencement de juin. Boutons acuminés en pointe au sommet, très 
gros, subanguleux, à divisions rapprochées, subconjointes, d'un vert glau- 
cescent par une sorte de villosité courte. Calyce à quatre divisions étalées, 
grandes, épaisses. Corolle urcéolée, tétragone arrondie, d'un jaune beurre 
très pâle, à divisions épaisses, révolutées. Style irrégulièrement et profon- 
dément bifide, à subdivisions inégales. Ovaire anguleux, très gros, court, 
comme écrasé (déprimé), d'un vert blond par une sorte de pruinosité villeuse. 
Fruit mûrissant en octobre-novembre, persistant sur l'arbre longtemps après 
la chute des feuilles, atteignant 5 centimètres de diamètre, déprimés au 
deux bouts, fortement et largement côtelés arrondis (les côtes varient 
de 4 à 7), d'un vert herbacé foncé, glaucescent, prenant à la maturité une 
belle couleur rouge orangé, qui se couvre d’une pruinosité transparente 
analogue à celle qu'on voit sur les raisins, et que vulgairement on nomme 
fleur. Chair d'un jaune d’abricot ou rouge orangé à la maturité du fruit, où, 
alors pulpeuse, elle rappelle la marmelade d’abricots, d'abord très astrin- 
gente puis sucrée, d'une saveur agréable et analogue à celle des abricots, 
et-qui se transforme successivement, pour arriver à la saveur des nèfles, 


— 181 — 


À son dernier état, la pulpe, devenue peu consistante, est d’un roux 
brunâtre, et sa saveur, alors, est très affaiblie. Graines nulles, c'est du 
moins ce que nous avons constaté dans tous les fruits que nous avons 
coupés ; loges rudimentaires en forme d'étoile au centre du fruit. » 

La description détaillée qui précède est plus que suffisante pour éviter 
toute confusion avec les espèces ou variétés qu'on pourra introduire désor- 
mais en Europe. 

Ajoutons que de jeunes multiplications, déjà obtenues par marcottes et 
greffage en approche sur d’autres Plaqueminiers, permettront de voir ce 
bel arbre bientôt répandu dans les jardins, où il sera à la fois précieux par 
son beau port, son feuillage semblable à celui du Magnolia Soulangeana, et 
ses beaux et bons fruits, de la grosseur d'une pomme moyenne ou d'un gros 


abricot. Ep. A. 
: : CULTURE. 
Pléin air; terre légère, fraiche, profonde et substantielle, comme pour le 
D. virginiana. Su PRÉ Lie 


LE JARDIN AGRICOLE NATIONAL DE WASHINGTON. 


- Si l'on considère la vaste étendue du territoire des États-Unis et la puis- 
sance de production qu'offrent ses différentes parties pour les substances 
alimentaires ou industrielles, on concevra toute l'utilité de l'établissement 
agricole qui a été fondé à Washington. Un rapide coup d'œil sur cette 
institution peut intéresser les hommes qui s'occupent d'horticulture et 
spécialement d'arboriculture fruitière. 

Le siége de ce département situé sur un vaste terrain dans là partie la 
plus ouverte et la mieux aérée de la cité, est un bâtiment de grande dimen- 
sion et de belle apparence. Il est principalement consacré aux collections 
agricoles et horticoles nationales. Tout y est représenté avec soin et abon- 
_ dance d'exemples, depuis le bœuf jusqu'à la pomme, et depuis la pomme 
jusqu'au limaçon qui la dévore. Eu égard à la nouveauté de cette fondation, 
ou plutôt en jugeant d'une façon absolue, la disposition donnée aux collec- 
tions est digne des plus grands éloges, et sera de la plus grande utilité 
pour le pays. 

Ce qui nous a frappé par dessus tout est la facilité entrème avec laquelle 
se trouvent les renseignements démandés. Qu'un fermier de l'ouest vienne 
s'informer des questions relatives au poulailler, en un moment il trouvera les 
variétés dé poules qui l'intéressent, les détails qui s'y rapportent, y compris 
le renvoi aux travaux imprimés, les plus recommandables sur cette matière. 

Au contraire, un habitant du sud, méprisant la galliculture, peu intéressé 
aux Pêches ou aux Poires, et ne voyant au monde qu'un produit : celui que 
les anglais ont surnommé le roi Coton, s'adresse sans hésiter à la section des 
plantes textiles. Non seulement il y verra d’ excellents spécimens de chaque 
variété, mais encore des échantillons de différentes provenance où cette 
variété a été expérimentée avec succès. Ainsi, en quelques «minutes il sait 
‘ quelles sortes de Cotonnier sont les mieux appropriées à son terrain. Il 
trouve là résumées des leçons excellentes que ni Pere ni sa propre 


expérience ne pourraient lui fournir. 


TOM. XVIH. — SEPT, 1871. ” 


— 18 — 


Un arboriculteur s'approche du département des fruits de verger, dési- 
rant voir les Pommes et spécialement la tribu des variétés américaines 
nommées Baldwin. Il se trouve en quelques pas devant une série de cases 
contenant des modèles de toutes les pommes cultivées dans les Etats de 
l'Union, coloriées et moulées d'après nature. Il rencontrera bientôt la sec- 
tion des Baldwin, imitées d'après les fruits provenant des régions où ces 

pommes croissent le mieux, et sont le plus recherchées comme fruits d'hiver, 
ÿ compris les plus gros spécimens, et d'autres en même temps de localités 
où la varieté est moins rustique et sujette à manquer. 

Cette inspection rapide peut le sauver de la ruine, car la culture des 
fruits est pratiquée ici sur une échelle que nous ne soupçonnons pas en 
Angleterre. On comprendra que des hommes qui entreprennent cette indus- 
trie et qui vivent du produit de dizaines de milliers d'arbres prêtent à ce qui 
les intéresse dans la culture une plus grande attention que l'amateur anglais 
qui possède deux ou trois jouets d'enfant appelés arbres fruitiers. 

Enfin arrive un quatrième chercheur. Celui-ci donnerait gros pour trou- 
ver quelqu'un ou quelque chose qui puisse détruire une peste inconnue, 
mortelle pour ses plantations de Houblon. Eh bien! on a pris des mesures 
pour lui répondre sans retard. Les insectes qui attaquent le Houblon sont 
représentés à leurs différents âges et dans leurs diverses positions. Il y 
trouve sa « bête noire » et apprend le moyen de la détruire. 

Spécialement en ce qui concerne la section entomologique, l’ensemble et 

les détails sont si utilement et si bien entendus, que le système ne peut 
manquer d'être adopté ailleurs, quand on connaitra cette tentative et ses 
résultats. L'auteur est M. Glover, le conservateur, qui à lui-même figuré 
chaque insecte dans ses diverses situations. On peut aisément consulter son 
travail, qui, sans doute, sera publié un jour, au grand avantage des pays 
qui l’étudieront et l'imiteront. - 

Le soin apporté à ce département entomologique donne pleine satisfaction 

_ à ceux qui connaissent l'extrême variété des insectes qui attaquent les arbres 
fruitiers aux États-Unis. Presque tout arbre d'un bois ou d’un jardin a son pa- 
rasite, son ronge-bois, son ver, sa chenille. Les forêts, au lieu de fruits ou de 
feuillage, sont couvertes de toiles de chenilles, qui dévorent tout. Ce n'est 
pas là le maigre appétit de nos insectes de l'Angleterre, qui ne nous causent 
guère qu'un faible embarras: en Amérique c'est un danger réel et perma- 
nent. L'homme qui s'amuserait à de semblables bagatelles et que nous 
prendrions ici pour un esprit léger, est obligé de devenir ici un entomolo- 
giste au petit pied. S'il veut cueillir ses prunes, il doit veiller à la mouche 
qui les pique. 

Dans les jardins d'expériences qui sont les dépendances de cette section, 
un très large espace est attribué aux essais de diverses espèces et variétés 
de fruits. Nous y avons compté 123 variétés de Vignes, et encore la Vigne 
est là-bas d'une importance relativement médiocre, puisqu'on ne peut culti- 
ver aux États-Unis que des Raisins d'origine américaine. Ces variétés sont 
encore de peu de valeur, comme raisins de table surtout, si on les compare 
à nos meilleurs raisins asiatiques. La différence est celle d'un mauvais lapin 
“maigre comparé à un bon gigot de mouton Southdown. Quand vous goûtez 
ces fruits, un agréable parfum, entre la peau et la chair, prévient en leur 


cs TO = 


faveur; mais bientôt une acidité mêlée d’un goût de renard vous ferait 
croire que vous avez mal choisi, si tout ce que vous pourriez goûter n'était 
aussi mauvais. De tristes vins, dont quelques-uns de table, sont le produit 
de ces raisins; culture ingrate, qui pourra toutefois devenir profitable si les 
variétés s'améliorent. Nous avons cependant dégusté deux variétés, Delaware 
et Zowa, qui dénotent de remarquables progrès. La première est à petits 
fruits, à grains gros comme ceux du Cassis, avec un parfum agréable de 
muscat. Naturellement ces pauvres variétés seraient renvoyés dans leurs 
bois natals, si nos sortes européennes pouvaient être acclimatées. Mais 
chose étrange, aucune vigne européenne ne veut prospérer et porter de beaux 
fruits dans cette région fertile et chaude, où j'ai vu le Melon acquérir sa 
plus haute perfection, où on le sème comme des Pois en Angleterre et où 
il:produit d'excellents fruits à profusion. Certaines fermes produisent les 
Pêches quotidiennement par centaines de boisseaux. L'Aubergine, traitée 
comme nous: faisons des Tomates, ressemble à des Potirons pourpres 
allongés, mürissant à merveille sous un ciel aussi pur que le ciel d'Italie. 
Dans toutes les situations les Vignes européennes ont été essayées; elles 


dépérissent. On suppose que ce fait vient de la rosée des nuits; mais 


bonne apparence de la contrée pour cette culture. 

Il en est tout autrement sur l’autre versant des montagnes rocheuses, 
où la vieille et véritable Vigne atteint une haute perfection. 

En attendant d'autres travaux sur cette importante question, je dois 
cependant relater que M. Saunders, surintendant des jardins d'expériences 
du gouvernement, considère les variétés améliorées du Vitis æstivalis 
commé offrant un grand avenir aux viticulteurs américains. 

Il est résulté de nombreuses expériences faites sur la conduite du Poirier 
dans l'Amérique du nord que la taille courte est un obstacle à la produc- 
tion des boutons à fruit. On doit en inférer que, comme règle de taille, pour 
les autres arbres à fruits ën pyramide ou à haute tige, il faut s'en tenir à 
un simple pincement et à l'ébourgeonnement et proscrire la taille courte. 
Ce procédé, d'ailleurs, n'est pas seulement applicable aux arbres à fruits de 
l'autre côté de l'Atlantique : nous voudrions le voir généralement adopté 
chez nous (1). 

Un autre fait très intéressant pour nos arboriculteurs est que plus d’une 


la cause est encore obscure, bien que l'effet soit très frappant, malgré la 


douzaine de Poires des plus importantes comme produit commercial ont été 


trouvées aussi fertiles ici sur franc que sur coignassier, autre preuve de 
l'utilité qu'il y aurait à étudier les préférences des diverses variétés sur les 
différents sujets et les différents sols. 
Tout est sujet d'intérêt dans ce pays sur la question de production frui- 
tière et nous n'avons qu'un chiffre à rapporter pour donner une idée de 
l'extension qu'on lui donne, en disant qu'un seul cultivateur des environs de 
Philadelphie possède un verger contenant 80,000 pieds d'arbres, en Poiriers 


seulement. £ 


(1) L'observation de M. Robinson est très juste, mais seulement pour son pays, le climat 
de l'Angleterre n'excitant jamais les arbres à fruits à une végélation vigoureuse. La taille en 
sec, plus ou moins courte, est souvent nécessaire sur le continent, au moins pour les arbres 
à formes symétriques et à végétation exhubérante. (Réd.) 


— 184 — 


M. Capron, président de cette Institution en sa qualité de Commissaire 
de l'Agriculture, a lui-même mis en avant la nécessité de créer aux États- 
Unis un vaste jardin expérimental où toutes les productions végétales de 
chaque pays seraient mises à l'étude. Il a fait preuve en cela d'une haute 
raison, car il n’est pas de région sur la surface du globe aussi en état de se 
suffire à elle-même sous ce rapport. Depuis les magnifiques fraises qui 
garnissent la table du propriétaire et de l'artisan jusqu'aux énormes et déli- 
cieuses pastèques qui atteignent fréquemment un poids de quarante livres, 
tout atteste la richesse du sol, l'excellence du climat, de même que l'intel- 
ligence du producteur. 

M. Capron me déclara que deux millions de dollars (10,000,000 francs) 
furent payés l'année dernière par les États-Unis pour les productions 
végétales étrangères. Je n'hésite pas à dire, d’après ce que je sais de la fer- 
tilité de ce pays, que la plus grande partie de ces objets d'importation pour- 
raient être cultivés sur le sol des Etats-Unis. Certains articles, comme le 
Chanvre et la Garance, croitraient tout aussi bien que l’'Armoise commune 
qui envahit tous les endroits humides. Mais avant d'essayer ces cultures en 
grand, il faudrait être sûr du succès, et la ville de Washington, avec son 
nouveau jardin, serait, par sa position intermédiaire entre le: Nord et le 
Sud, le véritable endroit pour essayer toutes les plantes dont les Américains 
pourraient tenter la culture. 

Un des traits principaux du Jardin d'Agriculture de Washington est 
un Arboretum d'espèces rustiques, planté sur de larges bases. Il contient 
environ 2500 espèces et variétés d'arbres et d’arbustes, dont l'étude se 
popularisera et. deviendra très utile à la population de ce vaste pays, 
jusqu'ici indifférente aux plus belles productions de la nature. Le peuple 
américain est maintenant absorbé par les intérêts matériels, le désir de 
jouir, de posséder, de s'enrichir. Mais bientôt le regret viendra de n'avoir 
pas su respecter les admirables groupes et spécimens d'arbres indigènes 
qui ornaient les territoires où les planteurs se sont fixés. L’Arboretum 
de Washington est un degré franchi dans cette utile voie de la reconstitu- 
tion des paysages détruits et de la création de beaux jardins. 

Son étendue de 25 acres (10 hect. 11 à.) est déjà digne de remarque. 
Néanmoins il ne faudrait pas s'arrêter là et croire qu’on aura ainsi choisi 
un espace suffisant pour donner des spécimens de tout ce que l'Amérique 
du nord est capable de produire en végétation, car elle possède les climats 
les plus variés, depuis les forêts neigeuses au nord des grands lacs et des 
montagnes rocheusesgjusqu'aux plantations d'Orangers de la Floride et de 
la Californie. Vingt-cinq acres sont un beau terrain pour pratiquer des 
essais par petits groupes et exemplaires isolés, mais quand on aura planté 
dans cet espace seulement la collection complète des Chènes d'Amérique 
de manière à leur donner de quoi se développer dans toute dci) splendeur, 
ce seul genre aura absorbé le jardin d'expériences. 

C'est à Philadelphie, dans son pare de 3000 acres (1214 ses que le 
gouvernement de l'Union trouvera plus tard un merveilleux champ pour : 
l'établissement d'un Arboretum qui deviendrait une des merveilles du monde! 


WiLLIAM RoBINson. 
(Traduit de l'anglais par En. A.) 


ss 1e 


CHRONIQUE HORTICOLE. 


RAR RP PPIRRÉAAIS 


Les Amaraboya. — Nous avons oublié de mentionner dans nos 
dernières Chroniques, la présentation qui a été faite de ces plantes à la 
Société royale d'Horticulture de Londres par M. Linden, dans la séance 
du 19 juillet. Voici un extrait traduit du procès-verbal de cette séance : 

“ Le D' Masters montre, de la part de M. Linden, de Bruxelles, des 
dessins coloriés représentant les fleurs des Mélastomacées qui ont été 
précédemment exhibées devant les membres de la Société sous les noms 
provisoires d'Amaraboya princeps, splendida et amabilis. Le port des Mélas- 
tomacées se retrouve bien dans ces plantes, mais les fleurs semblent en. 
différer par les dimensions et la contexture. À. princeps est représenté avec 
de magnifiques corolles d'un rose pâle; A. splendida les a un peu plus 
petites et d’un carmin brillant, tandis que A. amabilis montre des fleurs 
également plus petites et roses. Dans ces trois espèces les étamines sont 
représentées comme étant partiellement unies à la base et formant un 
anneau incomplet. Ces étamines sont dites ressemblantes à de l'ivoire ou 
à de la cire. Les pétales paraissent d'une texture épaisse et coriace et sont 
au nombre de six. Le fruit est décrit comme bacciforme. Ces plantes ont été 
découvertes dans le Choco (Nouvelle-Grenade) par M. Wallis, mais les 
dessins, quoique servant à en donner une idée générale, ne peuvent servir 
_à déterminer les genres auxquels elles appartiennent. Le D' Hooker pense 
“qu’elles pourraient être voisines du genre Bellucia ou des Blakea. En 
tout cas ces plantes seront de magnifiques additions à nos jardins. Il y a 
lieu d'espérer qu'elles fleuriront prochainement chez M. Linden, et que leur 
véritable place botanique pourra être alors fixée. » 

Tel est le résumé de ce qui a été dit à Londres sur ces admirables 
plantes, dont les fleurs sont fantastiques et dont le feuillage suffit déjà 
pour leur valoir un très haut rang dans les cultures de serre tempérée. 
Nos notes sont prises sur les differentes espècés que contiennent les serres 
de M. Linden et nous n’attendons plus que leur floraison pour en compléter 
les descriptions et les déterminations. 


Dimorphisme des Champignons microscopiques. — On savait 
depuis longtemps que les fermiers se plaignent du voisinage des Berberis 
vulgaris placés près de leurs blés, en disant que le champignon parasite de 
l'Epine-vinette croit également sur le froment lorsqu'il se trouvent des 
semences dans le voisinage. On a longtemps traité aussi de fable la possi- 
bilité de transformation du Podisome Sabinæ en Œcidium cancellatum, comme 
passant du Genévrier Sabine aux feuilles du Poirier. Rien n'est plus vrai 
cependant, de même que l'Uredo rubigo des céréales n'est qu'une forme de 
l'Œcidium. berberidis. Fe 

Une discussion très prolongée s'était engagée à ce sujet, il y a quelques 
années, à la Société d'Horticulture de Paris, et le fait avait paru d'autant 


TOM. XVII, — OCT. 1871. 25 


— 186 — 


mieux hors de doute que M. Œrsted, un savant botaniste de Copenhague, 
avait inoculé lui-même avec succès le champignon de la Sabine sur des 
feuilles de poirier. 

Nous apprenons aujourd'hui que M. Roze. notre collaborateur au Traité 
des Fougères (1) et secrétaire de la Société botanique de France, vient de 
reprendre avec succès les expériences de M. Œrsted. Il a fait plus, il a 
étendu ses essais jusqu’à l'inoculation d'un autre champignon du Genévrier, 
le Podosima clavariæforme, sur l'Aubépine, où il s’est transformé en Œcidium 
laceratum. 

Pour cette expérience, M. Roze détacha du Genévrier des masses char- 
nues et linguiformes du Podosima, les mouilla et les plaça sous des verres 
d'horloger, sous cloche. Après vingt-quatre heures les sporanges se dres- 
sèrent et plusieurs des sporédies se mirent à germer. Dans cet état, au 
moyen d'un léger pinceau, les petits fils furent transportés sur de jeunes 
pousses et feuilles d'Aubépine, où les filaments pénétrèrent presque aussitôt 
sous l'épiderme. Huit jours après on voyait des points jaunes sur ces 
feuilles, et en moins d'un mois l'Œcidium laceratum était dûment établi sur 
l’Aubépine. 

Nous félicitons M. Roze des résultats de ses délicates et patientes expé- 
riences. Nous savons quel cryptogamiste distingué il est déjà et nous avons 
passé avec lui d'excellentes séances à étudier la fécondation chez les orga- 
nismes inférieurs du règne végétal. Il n'arrêtera pas là ses recherches, et 
il nous ménage pour bientôt d'autres surprises. 

Champignons monstres. — On vient de cueillir, dans la paroisse de 
Fenton, Lincolnshire, un champignon pesant 2 kilos 500 grammes et de 
1",35 de circonférence, sain et d'une belle couleur rouge. Dans le Leices- 
tershire un autre de 75 centimètres de circonférence ; à Bromsgrove (Wor- 
cestershire) un de 28 centimètres de diamètre; à. Enstone (Oxfordshire) un 
de 77 centimètres de circonférence, tous parfaitement bons, -ont été re- 
cueillis cet été. Tous ces monstres cryptogames paraissent appartenir à 
l'espèce nommée Agaricus arvensis. 

Déplacement du marché de Covent-Garden, à Londres. Nous 
espérons bien voir le jour où la vieille noblesse anglaise et ses préjugés, ses 
chambres des lords et priviléges, tomberont en miettès. On commence à la 
battre fortement en brèche. Un de ces pig-headed, comme les appellent 
poliment un chroniqueur anglais (nous ne voulons point traduire cette 
aimable expression), est propriétaire du marché de Covent-Garden. Malgré 
les supplications réitérées des locataires, il ne veut pas consentir à les 
laisser bâtir à leurs frais dés cabanes à l'abri de l’eau, qui souille leurs 
légumes, vendus ensuite à vil prix et devenus un aliment malsain pour le 
peuple, et à couvert pour éviter à eux-mêmes les fluxions de poitrine. 

Nous apprenons avec plaisir que ce duc ami du progrès au rebours va 
payer cher son obstination maladroite. Lés marchands de Covent-Garden 
viennent de se réunir, de se cotiser pour quitter leur vieille place et se 


(1) 2 vol. in-8° avec nomb. planches coloriées, par Rivière, André et Roze. — Paris. — 60 fr. 


— 187 — 


grouper dans de meilleures conditions d'espace et de bien-être, à Farring- 
don market. Les plans sont prêts; ils seront bientôt exécutés, l'argent est 
trouvé, et le tout ira grand train, nous l'espérons. Mais quel dommage que 
l'administration municipale ait des ressources si divisées, ou que l'État ne 
prenne pas occasion de ce changement pour bâtir à la capitale de l’Angle- 
terre des Halles monumentales dignes d'elles, à l'instar de celles de Paris, 

par exemple! 


Ouverture des jardins de la Tamise. — eine: ou plutôt 
l'ouverture au public des nouveaux jardins qui bordent les quais de la 
Tamise, depuis Waterloo bridge jusqu'à Charing cross, a eu lieu tout 
récemment. On à maintenant des arbres, des fleurs, des gazons, de l'air 
enfin, où nous avons vu ces affreux wharfs et ces pilotis noirs et boueux! 

M. Mac Kenzie a été l'architecte de ces jardins, et l'entrepreneur 
M. Meston. 


Fructification des Conifères. — L'année 1871 est remarquable sous 
le rapport de la fructification des Conifères, au moins en France et en 
Angleterre. Les Abies pinsapo dans le Blaisois et la Touraine sont couverts 
de cônes d'une manière inaccoutumée. A Amboise, chez M. S'-Bris, nous 
venons d'en voir un, haut de 10 mètres, qui a plus de cent magnifiques 
fruits. A Blois, un autre au pied du château, côté du sqare S‘-Louis, en 
porte un grand nombre. Chez M. Leroy, à Angers, le Pseudolarix Kæmpferi 
vient de fructifier pour la première fois, de même que les Abies Cilicica, 
Gordoniana, Carr. (Picea grandis, Gord.), siberica, spectabilis, magnifica, à - 
Metz, MM. Thomas, établissement Simon, ont des Torrea myristica portant 
des fruits. Partout nous avons vu des Wellingtonia couverts de strobiles. 

M. Bennet, à Euville (Angleterre), dit qu'un Abies nobilis de 50 pieds de 
haut est plein de cônes. Nous venons de voir fructifier aussi plusieurs 
autres Conifères rares dans ce pays. En somme, l'année sous ce rapport 
est de celle dont on se souvient avec plaisir, quand cette fécondité ne nuit 
pas à la pousse des arbres.’ 

Maladie des Pommes de terre. — La terrible peste, qui nous avait 
laissé quelque répit depuis un certain nombre d'années, reparait avec 
intensité en Angleterre et en France. Les journaux anglais nous en font 
de tristes tableaux. En Irlande, elle sévit fortement dans certains districts. 
Chez nous, en Touraine, elle se localise jusqu'ici à quelques régions. J'ai la 
triste chance d'en être atteint dans mon jardin; la récolte est perdue, sur-. 
tout dès qu'on l’arrache. En terre la maladie se développe moins vite. Nous 
faisons bouillir les Pommes de terre attaquées et les faisons donner aux 
pores; c'est le meilleur parti à en tirer. Elles sont pourries en trois jours, 
après avoir paru saines. Avis aux savants, qui n'ont encore rien pu trouver 
pour guérir ce fléau ni l'éloigner, pas plus que pour le Phylloxera, la 
pébrine, etc., en dépit des mémoires, des primes et des décorations! 


Exposition de Louvain. — Le 2 septembre dernier, Louvain a 
célébré le 50° anniversaire de la fondation de la Société royale d'Agricul- 
ture et de Botanique d’une manière digne d'elle et de l'horticulture. Le 
local de l'Exposition, disposé par les soins de M. Rosseels, représentait un 


= 1 — 


jardin paysager des plus heureux, dans lequel les lots avaient été distri- 
bués avec goût. | 

Dans le lot de M. J. Linden, qui a remporté la médaille du Roi, on 
remarquait une superbe collection d'Orchidées, parmi lesquelles des nou- 
veautés hors ligne, comme Oncidium macranthum et xebrinum, et au milieu 
- d'autres nouveautés, un bel exemplaire fleuri de l'Aristolochia Duchartrei, 
Ed. André. M. Lucien Linden, fils du directeur de ce journal, avait exposé 
son premier lot d'Orchidées qui lui a valu une distinction flatteuse. 

Un beau Phormium panaché de M. Jean Verschaffelt, les collections de 
M. Lison, président de la Société et celles de M. Rosseels aîné, les Palmiers 
de MM. Linden, Dallière et Brion, les Orchidées de M. Beaucarne, sans 
parler de lots variés qui se répartissaient dans cent quinze concours, ont 
frappé les regards des visiteurs de cette belle Exposition. Nous n'y avons 
point d'ailleurs signalé d'autres nouveautés qui valussent de mention 
spéciale. 


- La Société zoologique de Londres. — Dans sa récente adresse 
présidentiélle à la Société Linnéénne, M. Bentham vient de révéler un 
fait qui montre quelles sont les ressources considérables que possède 
l'histoire naturelle en Angleterre et combien les sacrifices que font les amis 
de cette science pour la développer sont considérables. La somme annuelle 
consacrée à l'entretien du Jardin zoologique de Regent's Park est de 
23,000 livres sterling (575,000 francs). Les collections de vertébrés sont 
de plus de mille animaux, dont beaucoup sont fort rares, presque tous 
d'une magnifique santé et d'une force exceptionnelle, les Rhinocéros par 
exemple. Voilà des résultats qui montrent ce que peut l'Angleterre quand 
elle veut. 


Destruction des Conferves. — Les pièces d'eau sont bien souvent 
envahies par de longs filaments verts qui se développent avec une étonnante 
rapidité, salissent les bassins et rivières d'agrément, et contre lesquels on 
n'a guère de moyens de destruction efficaces. Ces plantes appartiennent à 
diverses espèces de Conferves. 
Nous trouvons cependant dans le Gartenflora un moyen fort simple de 
supprimer ces plantes, indiqué par M. J. Reschow, jardinier à Bielitz. Il 
s’agit tout simplement de mettre des poissons dans le bassin. M. Reschow 
avait plusieurs fois vidé, nettoyé, raclé ses bassins sans succès. Il y plaça 
des carpes qui ne réussirent pas, mais les tanches vécurent parfaitement et - 
les Conferves disparurent comme par enchantement. Rien n'est plus élémen- 
taire, on le voit, ni plus aisé à pratiquer. : 


Jardin botanique de Bruxelles. — Nous avons déjà signalé les 
transformations en voie d'étude, après l’acquisition du Jardin botanique de 
Bruxelles par l'Etat. Ces dispositions s’affirment de plus en plus. Un règle- 
ment roÿal, inséré dans le Moniteur belge, organise le nouvel établissement 
sur de larges bases, dignes de la capitale de la Belgique. Ce document est 
daté du 5 septembre 1871. Le lendemain, 6 septembre, un arrêté du Minis- 
tre de l'Intérieur, signé Kervyn de Lettenhove, publiait le règlement 
d'ordre de cet établissement, qui se trouve ainsi sérieusement constitué. : 


=> D 

Le personnel nommé à cet effet par l'arrêté royal se compose de MM. : 

J. E. Bommer, conservateur des collections, musée carpologique, plantes 
vivantes, herbiers : ; 

L. Lubbers, chef de culture : 7 

E. Marchal et À. Martius, aides naturalistes : 

La direction provisoire incombe à M. Bommer, et à M. Lubbers celle 
d'agent comptable. : 
La direction scientifique de l'établissement sera exercée par la com- 
mission de surveillance suivante : MM. de Cannart d'Hamale, Doucet, 
Dumortier, Linden, Putzeys, Ronnberg et Warocqué. pe 

Voici done les fondements bien établis pour cet établissement appelé à 
un grand avenir. Nous attendons beaucoup du personnel choisi par l'arrêté 
ci-dessus, pour développer les destinées futures du Jardin botanique de 
Bruxelles à l'instar de Kew et autres grandes fondations du même genre. 


Destruction des chenilles du Groseiller épineux. — Les Gro- 
seillers épineux ou à maquereau sont souvent ravagés au printemps par la 
chenille du Geometra grossularia, Lin., qu'il n’est pas facile de détruire à 
cause des aiguillons de la plante qui empêchent de la chercher avec les 
doigts. Nous lisons dans le Gardeners’ Chronicle qu'on s'en débarasse très 
aisément au moyen de poudre d'Hellébore que l'on répand le matin sur les 
feuilles et mieux sur les insectes si on les voit, avec une boîte percée de 
trous au sommet comme une poivrière. Nous recommandons ce procédé, 
en avertissant nos lecteurs qu'ils doivent tenir pendant l'opération un 
mouchoir sous leur nez, s'ils ne veulent être pris d'un éternuement inex- 
tinguible. La poudre d'Hellébore étant un poison, il sera bon de laver les 
fruits ainsi poudrés avant de les livrer à la consommation. 


Le Chou-fleur automnal de Veitch. — MM. Veitch et fils ont 
mis au commerce une nouvelle variété de Chou-fleur qui est un légume des 
plus remarquables. Les cultivateurs anglais font beaucoup de bruit autour 
de cette plante. Presque tous s'accordent à la considérer comme la meil- 
leure variété connue. Nous partageons cette opinion, car nous venons de 
voir à Londres, sur le bureau de la Société d'Horticulture, à South-Ken- 
sington, de superbes échantillons du Chou-fleur de Veitch. Ils étaient ronds, 
blancs, fermes, parfaits de forme, de 25 centimètres de diamètre, et leur 
saveur égalait leur beauté. Nous nous faisons volontiers l'avocat de cette 
précieuse acquisition, que l'on trouve en vente à Chelsea, Londres, chez 
MM. Veitch et fils, en graines à un prix modéré. à 

Extirpation des mauvaises herbes aquatiques. — Le jardin 
botanique de Manchester avait ses ruisseaux et bassins autrefois remplis 
de mauvaises herbes (Anacharis alsinastrum, Myriophyllum, Chara, Potamo- 

geton, etc.), qu'il fallait couper plusieurs fois chaque année sans réussir à 
‘les extirper. On introduisit un couple de Cygnes, et la peste végétale fut 
bientôt détruite. Avis aux propriétaires de jardins qui se trouvent dans 
ce cas. 


Prix des Orchidées en Angleterre. — Nous avons annoncé récem- 
ment la vente aux enchères de l’une des plus riches collections d'Orchidées 


— 190 — 

de l'Angleterre, celle de M. Rucker. Voici quelques-uns des prix qui ont 
été atteints par ces on: 1 Cymbidium eburneum, 215 francs; 1 Masde- 
vallia candida, 165 fr.; 1 Saccolabium quitatum, 200 fr.; 1 Epidendrum vitel- 
linum majus, belle variété, 415 fr.; 1 Cattleya labiata, magnifique spécimen, 
fleurissant en automne, fr. 818-75 (D; Phalænopsis amabilis, 215 fr.; 
Ph. Schilleriana, 165 fr.; Cattleya Devoniana, 375 fr.; Colax jugosus, 215 fr.; 
Angræcum sesquipedale, fr. 393-75; Cattleya Mossiæ, 225 fr.; Dendrobium 
Wardiunwm, 375 fr.; Cypripedium lϾvigatum, 215 fr.; Aerides Veitchi, fr. 551-25; 
Aerides Fieldingi (de Bornéo), 365 fr.; Vanda insignis, 315 fr.; autre Aer. Fiel- 
dingi, 375 fr.; Cattleya Reichenheimi, fr. 437-50; Cattleya Schilleriana, 500 fr..; 
Laœlia anceps Barkeriana, 210 fr.; Lælia elegans, 500 fr.; Oncidium Rogersi 
(dont on connaît seulement quatre plantes en Europe), 300 fr; Cypripcdium 
villosum, 250 fr.; Vanda Lowi, 500 fr.; Millonia candida major, 340 fr ; Mas- 
devallia coccinea, fr. 262-50 ; Odontoplosmen:malohellers. fr. 312-50; Cymbidium 
_eburneum, enfin, spécimen splendide, fr. 1837-50 (dix-huit cent trente-sept 
francs 50 centimes!). Les principaux acquéreurs étaient lord Londesborough, 
lord Rendlesham, MM. J. Day, R. Hambury, Bockett, Terry, Rev. Ellis, 
M. B.S. Williams, M. W. Bull, MM. Jackson et fils, etc. 

. Les chiffres précédents ont leur éloquence. Nous n'ajouterons rien à cet 
exposé de la passion Orchidomane de nos voisins d'Outre-Manche! 

Rusticité du Choisya ternata et de quelques autres plantes. 
— Parmi les arbustes d'ornement que les événements dont Paris a été le 
théâtre l'hiver dernier auront servi à montrer comme rustiques, il faut citer 
le Choisya ternata, Humb. B. et K., charmante Diosmée du Mexique im- 
portée au Muséum de Paris en‘ 1866. Cet arbuste, dont MM. Thibaut et 
Keteleer possédaient un pied dans leur établissement de Sceaux, ayant été 
forcément abandonné en plein air, a passé l'hiver 1870-71 sans souffrir. 
Il est donc acquis à la pleine terre, et c'est une addition précieuse pour 
nos jardins, où ses jolies feuilles trifides et persistantes et ses fleurs blan- 
ches en corymbes odorants, lui assurent une place d'honneur. 

* Une observation analogue a été faite sur le Polypodium (Niphobolus) 
lingua, Sw., fougère du Nord de l'Inde, de Ceylan et du Japon qui a passé 
sans souffrir en plein air au fleuriste de la ville de Paris. 

Dans une serre du même établissement, où le thermomètre est plusieurs 
fois descendu à 12° au-dessous de zéro, par faute de combustible, les Agave 
mitræformis, micrantha, Salmiana, Jacobiana, Fourcro, ya tuberosa et Bedin- 
ghansi, Echinopsis Monvillei, n'ont pas du tout souffert. On savait déjà que 
les Opuntia (O. vulgaris et Rafinesquiana) ne craïgnaient pas les froids ordi- 
naires de nos régions; les additions ren en augmenteront la liste 
au grand profit de nos jardins. . 

Destruction des vers gris. — M. J. Lisley, horticulteur-amateur 
à Montplaisir près Lyon, voyait périr tous ses Pelargoniums de semis, 
dévorés par le ver gris (chenille d'une espèce de Noctuelle). Suivant le 
conseil de M. Alégatière, horticulteur de la même ville, il fit dissoudre du 
savon noir dans la proportion de un kilog., pour 20 litres d’eau, en arrosa - 
ses Pel. zonales, et les vers gris disparurent à jamais. 

Encre pour écrire sur le zinc. — C'est au même zélé et inventif 

ê 


: — 191 — 
amateur que nous devons cette recette qui simplifie singulièrement la 
fabrication de l'encre à écrire sur zinc, que certains marchands vendent 
fr. 1-50 à 2 fr. la bouteille, et qui souvent ne vaut rien : 

« Achetez chez un épicier une bouteille d'encre de 20 centimes, chez un 
droguiste un petit morceau de sulfate de cuivre qui coûte 30 centimes le 
kilo; puis mettez en deux morceaux de la grosseur d'une noisette dans la 
bouteille d'encre. Servez-vous d'une plume d'oie pour écrire. Pour enlever 
cette écriture, ineffaçable à l'air et à l’eau, il faut frotter l'inscription avec 
un bouchon de liége trempé dans de l'acide chlorhydrique. Ainsi préparé, 
cette encre ne coûte pas 25 centimes la petite bouteille. 

Mort de M. Lecoq. - Un des savants des plus distingués dont la 
France s’honore, M. Lecoq, professeur de botannique à Clermont-Ferrand, 
correspondant de l'Institut, vient de mourir, le 4 août dernier, à l’âge de 
69 ans. C'est une grande perte pour la botanique en général, et particulière- 
ment pour son pays. M. Lecoq s'était d'abord consacré à la pharmacie; 
il avait inventé le café de glands doux, qui est devenu l'objet d'un commerce 
considérable. Pendant de longues années, il explora géologiquement et 
botaniquement l'Auvergne. Il publia de remarquables études sur la géologie 
de la France centrale, sur la géographie botanique, sur la flore de l'Auvergne 
de concert avec M. Lamotte, sur la botanique populaire, sans parler de 
nombreux mémoires et articles épars dans divers recueils et de ravissantes 
pages sur les scènes végétales de la nature. 

En mourant, M. Lecoq a couronné une existence des plus estimables par 
des dons très importants faits à la ville de Clermont, ainsi distribués : 
50,000 fr. pour lé Jardin des Plantes, 50,000 fr. pour l'entretien des eaux 
et 50,000 fr. pour l'établissement de marchés couverts, indépendamment du 
don à la ville de ses vastes collections d'histoire naturelle. Ce testament, 
chef-d'œuvre de bonté intelligente, aidera à perpétuer à Clermont le sou- 
venir d'un homme généreux, savant, aimable entre tous et d'une rare 
éloquence. Nous l'avions eu pour compagnon de route avec tant de plaisir 
lors de notre voyage en Russie en 1865. M. Lecoq laisse, comme homme 
et comme savant, une mémoire digne d'être à jamais respectée et honorée. 

M. Rendatler. — À ce nécrologe nous avons encore à 2 ajouter les mots 
suivants sur un horticulteur distingué, M. Rendatler, mort à Nancy à la 
fin de l'année dernière, à l'âge de 61 ans. M. Rendatler a laissé les meilleurs 
souvenirs comme praticien éclairé, et surtout comme semeur émérite de 
Pétunias, Delphinium, Phlox, Pelargonium, Penstemon, ete. Les désastres 
que la guerre avait déterminés pour son pays le frappèrent au cœur: ilne 
put survivre à son chagrin. Son établissement est passé entre les mains de 
son gendre, M. Bertier, qui saura conserver les traditions de renommée 
florale que le fondateur avait si légitimement conquise. , 
Ep. ANDRé. 


au ED 


. PL:LXXIX: 6e 7 9 


PHILODENDRON DAGUENSE, ve « axnné. 


* 


è PHILODENDRON DU RIO-DAGUA. 
AROÏDÉES. 


ÉTYMOLOGIE : De @r26æ, j'aime, d'eyde, arbre, par allusion au caractèregrimpant de la 
plupart des espèces, qui vivent en pseudo-parasites sur les arbres des Tropiques. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Spatha basi convoluta, recta, post florescentiam reclusa. 
Spadix continuo androgynus, genitalibus rudimentariis infra stamina, appendice sterili nuila. 
Antheræ biloculares, distinctæ, 2-7 dorso per areolas dispositæ, loculis intra connectivum 
delitescentibus, apice apertis. Ovariæ plurima, e loculorum angulo centrali adscendentia, or- 
thotropa. Stylus brevissimus, nullus ; sfigma capitatum, truncatum vel radiato sublobatum. 
Baccæ discretæ, polyspermæ. — Herbæ americanæ tropicæ; rhizomate in caulem elongatum 
scandentem vel subarborescentem mutato, foliis remotis maximis, sæpius lobato-laceris, vagi- 
nis petiolaribus brevissimis, stipularibus opposilifoliis, elongatis, deciduis. (ExoL. Gener. 
Plant. 1690.) 

CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Affine Phil, Lindeni et erubescenti ; caulis ramosus, longe 
scandens, angulato-cylindraceus, ad nodos distantiores tumidos valde radicans, griseo-cine- 
reus, Scaber, lenticellatus, radicibus velatis; vaginæ (stipulariæ) scariosæ fulvido-roseæ, 
amplæ, oblongo-obtusæ, ad nodos laceræ; petiolus robustus, basi incurvatus, teretiusculus, 
v. subangulatus, intense erubescens pilis carnosis tortilibus mollibus erectis viridioribus 
undique hirtus, 0,40 longus; lamina ovato-cordata, mucronata, 0,40 Tonga, 0,30 lata, 
auriculis duabus magnis oblique rotundatis obtusis, sinu mediocri acuto vel subaperto, utrin- 

que glabra, marginibus undulatis integris pallide lineatis, nervis centrali secundariisque semi- 
teretibus salmoneis in pagina inferiore emergentibus, basi violascenti-purpureis: laminæ color 
Supra atroviridis nitens vel striis pallidioribus nervisque immersis refulgens, subtus læte 
viridis, villis salmoneo-violaceis inter nervos secundarios pictis: flores … fructusque …. desi- 
derantur. — A clar. G. Wallis ad Rio-Daguæ rivos collectum, Europamque missum, anno 1868. 
— Vidi vivum in horto Gandavensi Lindeniano. — Ep. A. è 


APPART AS 


Les serres de Belgique connaissent déjà le Philodendron Lindeni, espèce 
voisine de notre plante, et dont les tiges barbues enlacent le tronc des 
arbres ou se suspendent aux treillages, produisant le plus riche spectacle 
par leur feuillage aux tons d'émeraude, satiné de chamois et de rouge, qui 
miroitent comme une étoffe de moire aux rayons du soleil. 

Le Ph. Daguense l'efface encore par sa vigoureuse végétation, ses larges 
limbes de feuilles aux pétioles tordus et couverts d'une chevelure verte, et 
la vivacité des couleurs qui revètent le dessous de son feuillage. Nous en 
avons vu l'année dernière un exemplaire dans les serres de M. J. Linden, 
à Gand, qui nous à fourni les éléments de la description ci-jointe et qui 
formait l'un des plus beaux ornements de la grande serre chaude aux 

plantes à feuillage, où elle avait pris place sur un tronc d'arbre entouré 
de mousse. 


PHILODENDRON DAGUENSE (Linden & André). 


SERRE CHAUDE, 


nm. 


NOUVELLE-GRENADE.. 


+, 


La plante est encore due aux investigations de M. G. Wallis, qui la 
rencontra pi 1868 sur les bords du Rio-Dagua (Nouvelle-Grenade). Elle 
n'a pas encore fleuri chez M. Linden, mais personne ne peut douter qu'elle 
appartienne au genre Philodendron, et à la section qui contient ” Ph. eru- 
bescens de C. Koch. 

Ses caractères sont les suivants : plante grimpante rameuse, à tiges cy- 
lindracées anguleuses gris cendré, scabres par des lenticelles très saillantes 
et rudes, à nœuds renflés éloignés pourvus de racines adventives. Gaïnes 
stipulaires scarieuses, d'un rose fauve, grandes, oblongues obtuses, déchi- 
rées par les pétioles qui sont très robustes, courbés à la base, longs de 
_0m,40, subcylindriques anguleux, d’un rouge vineux foncé, hérissés de poils 
longs, mous, dressés, contournés, d'un vert vif, et qui leur donné l'aspect 
d'une brosse à bouteilles. Limbé de la feuille ovale cordiforme, mucroné, 
long de 40 centimètres, large de 30, à deux oreillettes ou lobes basilaires 
grands, obliquement arrondis obtus, laissant un sinus plus ou moins étroit, 
glabre sur l'une et l’autre face; surface supérieure d'un vert foncé velouté, 
plus pâle et satiné surtout autour des nervures enfoncées, bords sinueux 
liserés plus pâle; nervure médiane aplatie dessus et rouge à la base, 
saillante et plus pâle sous le limbe, qui est d'un vert tendre relevé large- 
ment de violet saumoné disposé par bandes entre les nervures. 

Cette magnifique et très vigoureuse plante présente le plus bizarre et le 
plus beau coup d'œil en même temps, par le contraste de ses feuilles viola- 
cées dessous et de ses pétioles verts hérissés sur fond violet. Elle est des 
plus reconnaissables et tiendra une haute place parmi les Aroïdées grim- 
pantes de serre chaude. 

Ep. À. 


CULTURE. 


Même culture que celle indiquée pour le P. Lindeni. 


TOM. XVIIT, — OÙT, 1871. 27 


4 


— 194 — 


PI. LXXX. 


STENIA FIMBRIATA, co & netcuexmacn, 


STÉNIA A FLEURS FRANGÉES. 


E ORCHIDÉES. 


ÉTYMOLOGIE : Zrevos, étroit, de la forme des masses polliniques. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Perigonii explanati foliola exteriora lateralia basi obliqua, 
interiora subconformia. Labellum eum basi columnæ continuum, indivisum, concavum, disco 
appendiculatum. Columna semi-teres, basi producta, apice rotundata, mutica. Anthera bilo- 
cularis. Pollinia 4, linearia, geminata, basi sejuncta, postica minima, caudicula subquadrata, 
acuta, pubescente. — Herbæ Americæ tropicæ, epiphytæ, acaules, ebulbes ; foliis oblongis, basi 
anguslalis, apice recurvis, floribus radicalibus solitariis, ovarii basi bracteata. 

Stenia, Lindley, in Botanical Register, N° 1991. : 

CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Ebulbis, foliis cuneato-oblongis acutis, pedunculis erectis 
unifloris, flore membranaceo pellucido, mento obtusangulo; sepalis ligulatis acuminatis; petalis 
oblongis obtuse acutis crenulatis; labello flabellato oblongo trilobo, lobis lateralibus obtusan- 
gulis, lobo antico producto retuso, omnibus fimbriatis; callo depresso bidentato in disco, in 
carinam utrinque oblique retrorsam ascendente, callis parvis numerosis uniseriatis antepositis ; 
columna clavata utrinque sub androclinio angulata. _ 


Stenia fimbriata, Lind. et Rchb. . . 


PRRRARIAAPSAS Re 


Le genre Stenia, établi par Lindley, ne possédait Jusqu'à ces dernières. 
années qu'une espèce, le S, pallida, Lindl., à fleurs pales pontuées de rouge, 
introduite de Demerara par M. Barker, de Birmingham. 

Cette seconde et charmante espèce, que nous avons vue vivante, mais 
dont nous n'avons pu étudier la fleur, a été découverte par M. Schlim. Son 
introduction dans les serres de M. Linden est due à M. Wallis, qui la 
rencontra dans la province d'Ocaña, Nouvelle-Grenade. 

Elle forme une plante de petite taille, épiphyte, sans bulbes ni rhizôme 
apparents, à feuilles oblongues aiguës, rétrécies et carénées à la base. 


Ep. A. 


+ 


CULTURE. 


Les Stenia, dont 3 espèces seulement sont connues en Europe, se cul- 
tivent comme les Warscewiczella dans un compost de terre fibreuse de 
sphagnüm haché et de charbon de bois concassé. ‘espèce en question 
réclame la serre tempérée, peu d'arrossements pendant l'hiver mais en 
revanche une atmosphère humide et beausoup d'eau à l'époque de son 
développement. Le Stenia fimbriata fleurit depuis juin jusqu’en septembre. 


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SERRE TEMPEREPE: 


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” 


NOUVELLE-GRENADE. 


J. Linden publ. 


CAMELLIA ITALIA UNITA. 
SEMIS. ITALIE. 


J. Linden publ. 


10 


PL'LXXXEL. 
CAMELLIA ITALIA UNITA. 
TERNSTRŒMIACÉES. 


ÉTYMOLOGIE et GARACTÈRES GÉNÉRIQUES et SPÉCIFIQUES : Voir Hlustr. hortic., 
t. VII, pl. 506, et t. X, p. 545. 


CARACTÈRES DE LA VARIÉTÉ : Maguifiques fleurs de première grandeur, très pleines, 
parfaitement imbriquées, à larges pétales étalés recourbés ovales obtus, parfois très courte- 
ment mucronés ou légèrement émarginés, d’un rouge cerise cramoisi uniforme ou à peine 
ombré de blanc pâle au sommet des pétales extérieurs, et nervé réticulé de fines stries foncées 
régulières sur toute leur surface supérieure. 

Semis d'Italie, plante de premier ordre par son coloris et la dimension de ses fleurs. 


» 


SORTIE DES CAMELLIAS À L'AIR LIBRE. 


Du 20 mai au 20 juin, selon l’état de l'atmosphère, tous les Camellias 
vigouroux doivent être mis hors de la serre. L'expérience a condamné la 
mauvaise habitude, préconisée par quelques horticulteurs, de laisser toute 
l'année les Camellias sous verre. Cette méthode ne peut être utile qu'aux 
plantes malades et aux variétés plantées en pleine terre dans les jardins 
d'hiver de grandes dimensions. Encore connaissons-nous de grandes serres 
à Camellias, comme celle de M. Warocqué, à Mariemont (Belgique), où les 
fortes plantes sont toutes maintenues en pots pour pouvoir être transportées 
facilement où l'on veut, varier les effets de la floraison en les disposant 
différemment chaque année, et être sorties après la pousse, au grand 
profit de l'épanouissement annuel des boutons. Nous avons vu ces plantes 
l'année dernière au mois de mars dans tout le luxe d'une merveilleuse 
floraison. 

Les Camellias étant originaires de contrées presque identiques à l'Europe 
moyenne comme climat, on doit se rapprocher le plus possible de ces condi- 
tions dans leur culture artificielle. Le nord, et une exposition abritée et 
suffisamment aérée, voilà leur véritable place pendant l'été. Les horticul- 
teurs ont l'usage de les tenir dans des abris de Thuias dirigés de l’est à 
_: l’ouest, autant que possible, et de les laisser là, les pots enterrés jusqu’au 
bord, jusqu'aux premiers froids, époque de la rentrée. Dans cette situation, 
sous l'influence du grand air, des rosées de la nuit et d’une chaleur tempé- 
rée, ils mürissent parfaitement leur bois, développent et gonflent leurs 
boutons à fleurs et font pour l'hiver ample provision de santé. 


(A suivre). 
Év. À. 


” 


= 
TIMBRES-ÉTIQUETTES POUR MARQUER LES FRUITS. 


Les étiquettes imprimées et gommées que nous avons imaginées, pour mar- 
quer les fruits, ont été accueillies avec une grande faveur, non-seulement 
en Belgique, où elles ont été récompensées à diverses expositions pomologi- 
ques, mais en Angleterre, en Allemagne et en France, où les pomologues 
et les pépiniéristes les plus renommés se sont empressés de les adopter. 

Nous avons commencé par les poires et les pommes; cent cinquante 
étiquettes des premières et cinquante des secondes sont aujourd'hui dispo- 
nibles, par tableaux complets, de cinquante variétés; un quatrième tableau 
de poires est sous presse. Ces tableaux généraux comprendront ainsi suc- 
cessivement la presque totalité ou même, s’il y a lieu, la totalité des variétés 
cultivées. Pour toutes les variétés déjà très répandues, telles que Duchesse 
d'Angoulême, Van Marum, Beurré Clairgeau, Passe Colmar et maintes autres 
qui entrent nécessairement dans toutes les collections, il est formé des 
tableaux spéciaux ne se composant que d’une seule variété. 

Ces étiquettes gommées sont perforées à la manière des timbres-poste. 

Elles se recommandent spécialement aux exposants de fruits. Combien 
de fois, dans les expositions, n’a-t-on pas vu des collections remarquables 
exciter la risée des connaisseurs par leur dénomination incorrecte. 

Mème en dehors des concours pomologiques, les amateurs de fruits 
trouveront intérêt et profit dans l'emploi de nos étiquettes. Nous sommes 
tous quelque peu gastronomes, et l’on aime tout autant à connaître le nom 
d'un fruit qu'on déguste, que celui de la provenance d’un vin de bon crû. 

Les personnes qui récoltent beaucoup de fruits et qui partagent leur 
surplus avec leurs parents et amis, les pépiniéristes et les pomologues qui 
se communiquent mutuellement des collections dénommées, les propriétaires 
et les cultivateurs qui destinent à la vente tout ou partie de leur récolte, 
trouveront dans l'emploi des étiquettes imprimées et gommées un grand 
soulagement et une notable économie; économie de temps et économie 
dans la dépense, car le prix des étiquettes gommées ordinaires, sur 
lesquelles les noms s'inscrivent à la main, est au moins de trois fois plus 
élevé que celui des étiquettes imprimées, qui n’est que de 2 fr. le mille. 

Il est incontestable que le fruit de dessert, le fruit de choix, muni d’une 
étiquette, aura toujours, à mérite égal, chez le marchand, un débit plus 
facile que celui qui se vend sans dénomination. : 

En dehors de ces considérations, qui sont essentiellement pratiques, on 
en conviendra, il en est une qui nous vaudra l’appui de tous les amis 
sincères du progrès. C'est celle-ci : l'emploi général de nos étiquettes, 
non-seulement dans les expositions pomologiques, mais à toutes les vitrines 
des marchands fruitiers, et surtout à toutes les tables, répandra en peu de 
temps le goût et la connaissance des meilleures variétés et aidera puissam- 
ment à la diffusion des sortes les plus recommandables et, par conséquent, 
au développement de l'arboriculture fruitière. ne 

C'est donc avec confiance que nous faisons un appel à nos amis et à nos 


“confrères, ainsi qu'à tous ceux qui prennent à cœur le progrès de la pomo- 
logie, en les priant de seconder nos eflorts pour faire adopter partout nos 


. étiquettes imprimées. x Ep. PYNAERT 


Architecte de jardins, à Gand. 


mn. us 


ÉTIQUETTES GOMMÉES POUR FRUITS. 


Tableau general. B 


N°51 N°52 [N°53 N°54 N°55 
POIRE MADAME BON CHRETIEN ||]: ANANAS JALOUSIE 
PÊCHE. TREYVE. D'ÉTÉ DE COURTRAI. | || DE FONTENAY. 
Août Fm Août. Août. Sept.  Aoüt.Scpt Sept. 
N°56 N°57 N°5 - N°59 N°60 
BELLE ; BEURRE DELICES 
DE BRUXELLES. STNICOLAS. HARDY. DE LOVENJOUL. URBANISTE 
Sept. Sept. Sept.Oct. Sept. Oct. Sept. Oct. 
N°61 N°62 [N°63 N°64 N°65 
So SURPASSE- DES DEUX ST MICHEL | 
ANANAS. MEURIS . SOEURS. ARCHANGE. [|| THOMPSON. 
Sept. Oct. Sept.Oct. Oct. Oct. Oct. 
N°66 N°67 N°63 [N°69 N°70 
FONDANTE EMILE GENERAL NCUVE AU DOYENNE 
DE CHARNEUX.||| D'HEYST. TOT TLEBEN. POITEAU. DU COMICE. 
Oct. Oct. Nov. Oct. Nov. Oct. Nov. Oct. Nov: 
Me EN ER œ . Me 
[N°71 N°79 [N°73 N°74 N°75 
BARONNE BEURRE PIE 1X ALEXANDRINE BEURRE 
DE MELLO. BERCKMANS. . DOUILLARD. BACHELIER. 
Oct Nov. Oct.Noi Oct. Nov. Oct. Nov. Oct Dec. 
[N°76 N°77 N°78 N°79 N°60 
FONDANTE DOCTEUR LOUISE BONNE || ALEXANDRE |||BONCHRETIEN. 
DU PANISEL. ||| TROUSSEAU. ||| (ANCIENNE LAMBRÉ. D'ESPAGNE. 
Nov. Nov Nov. Dec. Nov. Dec. Nov: Janv. 
[N°81 [N°82 . [N°65 N°84 [N°85 : 
GRAND ST GERMAIN ALEXANDRE BEURRÉ 
SOLEIL. vmiver. || CASTELRE. || givorT. DE LUÇON. 
Dec Nov Mars Déc Janv. Dec. Janv. Dec.Fev. 
N°86 [N°87 . [I [N°88 [N°89 N°90 
TE. 
JAMINETTE prints CATILLAC. [ll PREVOST. | |BROOMPARK. 
Deéc.Fér. Déc Mars. Janv. Fev: Janv. Mars. Janv. Mrs. 
N° [N°92 N°93 N°94 N°95 , 
DOYENNÉ OLIVIER TARDIVE SUZETTE BESI 
D'ALENCON . DE SERRES. DE TOULOUSE DE BAVAY. DES VEÉTÉRANS. |! 
Janv. Avril. Janv, Avril. Janv. Avril. Fév. Avril. Janv. Mu 
= ee = ee ne = 
N°96 [N°97 N°98 N°99 N°100 . 
BÉSI-MAI BEURRE FONDANTE || IBERGAMOTTE ||IBERGAMOTTE 
: BRE TONNE AU. DE MARS. CHERTRICK. |||PHILIPPOT. 
L Mars.Mai. Mrs Ma. || Hiver. Hiver. Hiver. || 


DÉPOSÉ. 


ED. PYNAERT, À GAND, ED. 


ORCHIDÉES EN FLEURS EN AOÛT 1871 


_° 198 — 


CSS: SE in dues. à 


DANS LES SERRES DE M. J. LINDEN. 


Acineta Humboldti, Lino. 

— Warscewiezi, KL. 

Aerides quinquevulnerum den- 
siflorum. 

Auguloa Clowesi, LixpL. 

Aspasia lunata, Lino. 

Bifrenaria tetragona pallida. 

Brassavola filifolia. 

— Mathieuana, KLorzscu. 

Brassia cinnabarina, Lin». et L. 

— Lanceana, Linz. ; 

— Verrucosa. 

Calanthe veratrifolia, R. Br. 

Cattleya Eldorado, Linp. 

— elegans, More. 

— Maxima, LixpL. 

— Wallisi, Lin. et Roue. f. 

Cleisostoma latifolium, Linoz. 

—‘roseum, Linpz. 

Cœlogyne cristata, LixpL. 

— pandurata, Linz. 

— speciosa, Lixpz, 

— Thuniana, Roue. f. 

Cypripedium Lowi. 

— (plurim. spec.). 

Dendrobium chrysanthum. 

— viridi-roseum, Res. f. 

Dendrochilum filiforme. 

Dendrocolla arachnites, BLUME. 

Disa grandiflora, Lx. f. 

Duboisea Raymondi, 

Echioglossum muticum,Reue.f. 

Epidendrum citriodorum (an 
citrinum, Hook.?). 

— eéquitans, Linz. 

— paniculatum. fl. Rerxw. 

— prismatocarpum, Res. f. 

— radiatum, Linp, 

— scriptum, Ricx. et GALEoT. 

— Sophronitis. 

— vitellinum, Linz. 

Eria eburnea. 


Eriopsis biloba, Linpz, 


Gomeza Barkeri. 

— planifolia, Ki. 

Helcia sanguinolenta, Lixoz, 

Kefersteinia graminea. 

Lælia euspatha, Roms. f. 

— Escalvana. : 

Lycaste aromatica, Lin. 

— costata, Lixpr. 

— Deppei, Lips. 

— gigantea, Linpz. 

— Reichenbachi, GiREoun. 

— tricolor, KL. 

— xytriophora (?). 

Masdevallia civilis, Roms. et 
Wars, 

— ochthodes, Rous. f. 

Maxillaria nigrescens, Lips. 

— leptosepala, Hook. 

— luteo-alba, Lino, 

— Macleei, Bat». 

— venusta, Linpz, 

Mesospinidium sanguineum. 

Miltonia cereola. 

— pulchella. 

— Regneli purpurea, Rens. f. 

— Spectabilis, Linpz. 

Nasonia cinnabarina. 

Odontoglossum Alexandræ, 

— Cariniferum, Roue, f. 

cordatum, Lip. 

cristatum, LinpL. 

Ehrenbergi, Lx., KL., Orro. 

— roseum, Lip. 

— hastilabium, Lino. 

— Lindleyanum, Ross. f. 

— nævium, Linpz, 

— Pescatorei, Lin. 

— Reichenheimi, Lixp., R. f. 

— Schlieperianum. 

Oncidium abortivum, Roms. f, 

— aurosum, Rens. f. 

— Cucullatum macülatum. 

— flexuosum, Linpz, 


a 


— nubigenum, Linpz. 


| Polycyenis lepida, Lip. Ress. f. 


:Oncidium hians, Lixpr. à 4 

Fo incurvum, Bark. 

— leucochilum, Barem. : - 

— Limminghei, Morr. 

— linguiforme, Lixpz, 

— Macranthum, LiNpL., var. 
hastiferum. x 


— planilabre, Lin. 

— pulvinatum, Linpu, 

— Serratum, LinpL. 

— Wentworthianum , BATEx. 
Physosiphon Loddigesi. 
Pilumna fragrans, Lanpr. 
Pleurothallis Chamensis, LixoL, 
— tridentata. 


D PE LOC VOIR! 


— musCifera, Rens. f. 
Promenea stapelioïdes, Lixpz. 
Renanthera bilinguis. 
Restrepia elegans. 
Saccolabium Blumei, Lino. 
— calceolare, Linpz. 

— trichromum. 

Sarcopodium Lobbi, LinpL, 
Selenipedium Pearcei. _ 
— Schlimi. 

Sobralia Lindleyana. 

— macrantha, Linpe. 
Stanhopea bucephalus, L. 0. 
Stenia fimbriata. 

Stelis tristyla. 

Starmia foliosa. 

Thunia alba. 

Trichopilia suavis gloxiniæflora 
— tortilis, LiNpL. 
Trigonidium ringens, LinpL. 
Vanda Batemani, Lips. 

— SuAvis. - 

— — Veitchi, 

— teres, LinpL. 
Warscewiczella discolor, Rex. f. 
Zygopetalum Mackayi, Hook. 


"LR 


F3 re SE 


« 


A. GODEFROY. 


— ]99 as 


LE SÉNECON ARGENTÉ. 


MM. Backhouse et fils, horticulteurs à York (Angleterre), bien connus 
des amateurs par leurs collections magnifiques de plantes vivaces et sur- 
tout alpines, viennent d'importer et de mettre au commerce une plante à 
feuillage d'ornement de premier ordre, dont nous ayons récemment signalé 
l'apparition. C'est le Sénecon argenté (Senecio argenteus, Kunze), décrit dans 
les collections, rapportées du Chili par Pœppig. 

C'est une plante sous-frutescente dressée rameuse, couverte sur toute sa 
surface d'une épaisse pubescence, argentée ou tomentum. Ses feuilles sont 
petites linéaires très entières obtuses, celles du sommet plus rares et 
aiguës. Les rameaux, striés, portent chacun aù sommet un capitule ou 
involucre campanulé très peu bractéolé, enveloppé par une vingtaine 
d'écailles aranéeuses aiguës au sommet et comihe brûlées: les ligules, 
linéaires oblongues, sont au nombre de 12, et le disque comprend 40 fleurs 
environ, auxquelles succèdent des achaines légèrement hérissés ou pu- 
bescents. : 

La plante varie à feuilles longues de 1 centimètre et demi à de plus 
grandes dimensions et à ligules rares ou quelquefois nulles. Elle porte les 
Synonymes suivants, contre lesquels nous mettons en garde les horticul- 
teurs qui la recevraient avec un baptème différent : Cineraria tillandsiæfolia, 
Pœppig; Senecio tillandsiæfolius, Pœpp.; Senecio linearifolius, Colla. 

On la trouve à l'état sauvage au Chili dans les sables et sur les rochers 
des provinces australes, notamment à Antuco, près du fleuve Cachagual, 
près de Raucagua et, selon CI. Gay, dans les Andes à Talcaregué. 

Elle est fortement recommandée comme succédané des Cineraria marilima, 
Centaurea gymnocarpa et C. candidissima, pour bordures, touffes isolées, 
bords de massifs et ornement rnstique des rocailles. Fe 

| D. À. 


1 


nnenmenens 29° mme 


LES FLEURS DES ALPES. 


Tandis que l’horticulteur veille sans repos à sa tâche infinie, les heureux 
du jour se dispersent et désertent les grandes villes, les théâtres-fournaises, 
le soleil torride et la poussière des boulevards. Ils vont, qui aux bains de 
mer, qui aux Pyrénées, ceux-ci en Italie, ceux-là aux glaciers des Alpes. 
C’est si bon, la Suisse, les montagnes et la neige... en été! 

Les jeunes couples, unis d'hier, ont bouclé leurs malles et vont chercher 
au loin la solitude à deux; les vieillards courent après leurs émotions 
d'autrefois. Le touriste de profession a ferré ses souliers, guétré sa jambe 


bords, arboré l'alpenstock, et le voilà prêt aux ascensions les plus émou- 
vantes. + 

Au véritable botaniste, il faut moins que cela, et ses préparatifs se 
réduisent à peu de chose. Il est calme et modeste, comme la fleurette 


er. c 


et serré le ceinturon, endossé le havre-sac, coiffé le chapeau aux larges 


: — 0) — 


qu'il court arracher à son roc natal : la boîte de fer blanc et le bâton ferré, 
quelques feuilles de papier à dessécher, une petite caisse pour couserver 
les plantes vivantes, un ou deux bons livres, surtout l'amour de la science 
et de la nature, voilà tout son bagage. Sa peine, il ne la compte pas; s'il 
trouve une plante rare ou pour lui nouvelle, il oublie ses longues marches 
et son pied meurtri par les cailloux du chemin; et ces douces émotions, il 
les rencontre à chaque pas dans les Alpes, où la main qui sème et féconde 
toutes choses a établi le quartier-général de l'histoire naturelle de nos 
régions. 

Pour peu que vous ayez d'enthousiasme devant les productions de la 
nature inépuisable, nous vous engageons à profiter de vos promenades 
d'homme de loisir dans les.montagnes pour botaniser un peu, si faible 
naturaliste que vous soyez. À chaque plante que vous aurez rapportée et 
que vous reverrez en herbier, au coin du feu, durant les longues soirées 
d'hiver où la bise souffle aux vitres, s'attachera le souvenir de la fissure 
où vous l'aurez cueillie en grand danger de vous rompre les os, du petit 
gave chantant au bord duquel elle fleurissait contente. Vous reverrez en 
esprit tous les incidents de votre voyage, à travers le prisme doré des 
réminiscences dépourvues des mille petits ennuis de la réalité. 

Si la fleur sèche et décolorée vous fait peine à voir, qui vous empêche de 
la récolter vivante et d'en parer votre jardin? Une petite caisse de bois 
blanc, un lit de mousse sur lequel vous placez vos plantes enlevées en motte 
avec soin, pressées les unes contre les autres et tournées tige contre tige, 
racine contre racine, expédition par grande vitesse à votre jardinier avec 
recommandation de les planter au nord, à l'ombre et de les arroser légère- 
ment et souvent, il n'en faut pas davantage pour obtenir, en toute leur 

_grâce native, la plupart des fleurs qui auront charmé vos courses dans la 
montagne et que nos jardins délaissent trop souvent. ; 

D'ailleurs, si vous lisez l’anglais, prenez au plus vite un charmant petit 
livre, que nous avons déjà signalé et que vient de publier un auteur très. 

expert en la matière, M. W. Robinson. Il vous dira comment toutes les 
plantes des Alpes peuvent se cultiver sans difficulté dans nos régions, Si 
_vous suivez fidèlement les indications qu'il vous donne (1). 

Près de la limite qui sépare les neiges de la végétation (c'est là qu'il faut 
commencer la récolte, on l'achève en descendant), vous trouverez les 
pelouses émaillés de Gentianes acaules et vernales aux tubes de saphir et 
de lapis lazuli, la Soldanelle des Alpes aux étoiles d'azur et le Safran 

printanier dressant ses coupes blanches auprès des ombelles roses de la 
Primevère farineuse. La Renoncule glaciale semble fière de chasser la 
neige derrière elle, tandis que la Saxifrage à feuilles opposées, toute 
violette de froid, ressemble aux joues transies des bambins de la montagne. 
Quel immense choix de jolies fleurs, et toutes si vives en leur mille nuances! 
L'aspect âpre et sauvage des hauts sommets s'égaye par la Potentille prin- 
tanière, la Primevère oreille d'ours, jaune d’or, et les Saxifrages blanches. 
Plus bas, c’est par centaines que vous pourrez recueillir les espèces les plus 


(1) Alpine flowers, by W. Robinson; John Murray, Albemarle street, London. 


à: en 


charmantes : Rhododendron ferrugineux (on l'appelle la Rose des Alpes et 
les jeunes filles s'en parent aux jours de fête), le Polygala à feuilles de Buis, 
la Renoncule à feuilles de Platane, les Chrysosplenium, de ravissants Œillets, 
des Sedum à profusion, les Zrollius aux capitules dorés, les Airelles aux 
fruits bleus et pruineux. Cà et là, sur les gazons courts, vous récolterez la 
grande Gentiane et ses girandoles jaunes accompagnées de feuilles magni- 
fiques, le Lis martagon aux panicules de fleurs roses et recourbées, les mille 
corolles roses de la Silène acaule, les Scutellaires, les Campanules bleues, 
les Valérianes et les Pédiculaires, toute la tribu élégante des Fougères, 
des Anémones, des Violettes et des Orchidées. La nomenclature en est 
immense et pas une ne manque d'un attrait particulier. Les espèces les 
plus intéressantes, les plus rares, sont souvent disséminées sur de vastes 
espaces ; d'autres fois elles semblent s'être données rendez-vous sur un point 
très peu étendu. C'est ainsi qu'au Lautaret, on peut facilement, dans une 
seule herborisation, cueillir trois cents espèces remarquables, si l'on parcourt 
ces montagnes en juillet. 
 Apportez donc des plantes des. Alpes. Elles prendront un double intérêt 
lorsque vous les verrez refleurir chez vous et récompenser vos soins; et 
comme ici bas le plaisir s’'augmente de toute la peine qu'on a prise pour 
l'obtenir, les plus précieuses seront pour vous celles que vous aurez eu le 
plus de difficulté à découvrir, à déplanter, à transporter en votre jardin. 


Ep. A. 


+ 
4 


REVUE DES PLANTES NOUVELLES. 


PR TS LP PSS ITS 


GARDENERS’ CHRONICLE, 
Juier À DÉCEMBRE 1870. 


Cypripedium Dominyanum, Reich. fill — Orchidées. — Hybride 
obtenu par M. Dominy, chef de cultures chez MM. Veitch, d'un croisement 
entre les C. Pearcei et caudatum, et portant chaque organe intermédiaire 
entre les deux. On le reconnait du C. caudatum par les bractées aiguës, et 
du C. Pearcei par le staminode transversal et non rhomboïde, ainsi que 


l'ovaire poilu. “Re T 

Campsidium chilense, Reiss. et Seem. — Bignoniacées. — Cette 
belle plante, pour laquelle le genre Campsidium a été formé spécialement, 
est originaire de Chiloë, de l'ile de Huago, d’Arique, près Valdivia, de 
plusieurs points enfin de la côte chiliénne, bien que Gay n’en fasse point 
mention dans sa Flore de ce pays. Le professeur Philippi, de Santiago du 
Chili, l'avait déjà nommée Zecoma Valdiviana, avant qu'elle ‘fût déterminée 
. par les docteurs Reisseck et Seemann, de sorte que ce dernier nom doit 
être conservé si le genre nouveau n'est pas accepté par la science. L'ar- 
brisseau est grimpant, sans vrilles, à feuilles imparipennées, à folioles 


TOM. XVIII, — OCT, 1871. ' 28 


mn 8 


“elliptiques dentées au sommet, à grappes terminales penchées de fleurs 
orangées tubulées, longues de deux centimètres, à lobes étalés courts, 
égaux. Nous apprenons qu'il est mis en vente par M. W. Bull. 


Oncidium splendidum, A. Rich. — Orchidées. — Très belle espèce, 
originaire de Guatémala, et introduite d'abord par M. Herment, de Caen, 
puis chez MM. Thibault et Keteleer, où elle fut nommée et décrite par 
Achille Richard; M. Reichenbach raconte les tribulations qu'il a éprouvées 
pour obtenir des échantillons complets de la plante et se complait à décrire 
avec humour les ennuis qui sont parfois imposés aux botanistes, soit par la 
négligence de leurs correspondants à donner des documents complets, soit 
par le fait de certains horticulteurs peu scrupuleux qui vont jusqu'à leur 
envoyer des fleurs anormales pour obtenir des noms de nouvelles espèces. 
. L'O. splendidum, de même que les O. macranthum, serratum, Marshallia- 
num; funereum, est une superbe plante digne de toutes les faveurs des 
amateurs. Elle porte, sur des feuilles d’un vert sombre, des grappes de 
fleurs à sépales et pétales vert jaune fascié de brun-pourpre, un. labelle 
jaune orangé et une colonne jaune pâle à oreillettes blanches. Elle a été 
décrite déjà par M. Duchartre, après Richard, et figurée dans la Flore des 
Serres. 

Epidendrum microcharis, Reich. fil. — Orchidées. — Très jolie 
petite espèce produisant de nombreux pseudobulbes petits, piriformes, des 
feuilles linéaires et des grappes pauciflores de fleurs couleur d'ocre, blan- 
châtres, maculées de pourpre. Elle fut introduite du Guatémala par 
M. Green, dans la riche collection de M. Wilson Saunders. 

Dendrobium chrysotis, Reich. fil, — Orchidées. — Voisine du D. 
fimbriatum, cette plante était déjà connue de M. Reïchenbach en 1863 et 
dernièrement il en reçut de nouvelles fleurs de M. Moore. Elle est origi- 
naire d'Assam; MM. Brooke et C°, de Manchester, en ont acheté un pied 
du commissaire priseur anglais, M. Stevens. On la distingue par ses tiges 
sveltes, hautes de 1" à 1",20, ses feuilles sessiles, oblongues aiguës, légères, 
distantes, ses épis grêles, longs de 20 centimètres, portant environ six 
grandes fleurs jaune foncé, mesurant jusqu'à 7 centimètres de diamètre. 
Ce sera une adjonction précieuse à un genre déjà si. fécond en nobles 
espèces. hs ; 

Odontoglossum blandum, Reich. fil. — Orchidées. — Les affinités de 
cet Odontoglossum avec l'O. nœvium sont frappantes ; il dépasse peut-être cette 
dernière espèce en beauté, car le limbe ovale acuminé du labelle est beau- 
coup plus développé. Le premier échantillon fut envoyé à M. Reichenbach 
par M. Stuart Low, et l'on ignore si la plante est encore vivante. Depuis 
M. Rœzl a envoyé à M. Ortgies, à Zurich, un certain nombre de ces 
plantes, qui sont toutes mortes. L'introduction à nouveau de cette espèce 

.=sest donc à désirer. 

Lilium Thunbergianum flore pleno. — Liliacées. — M. W. Bull 
a reçu du Japon cette variété à fleurs doubles, que M. Standish avait déjà 
eue dès 1862, bien que M. de Cannart d'Hamale n'en fasse pas mention 
dans sa monographie des Lis. La tige atteint 30 centimètres ou un peu plus 


— 203 — 


de hauteur, porte des feuilles lancéolées, longues de 8 à 10 centimètres, et 
est terminée par une ou deux fleurs à segments étalés recourbés. Le dia- 
mètre de chaque fleur est de 15 centimètres (!); les six étamines sont chan- 
gées en organes pétaloïdes bifides, avec une anthère insérée au centre du 
sinus, et la couleur de l'ensemble est d'un beau rouge ponctué de noir; les 
filaments pétaloïdes ont une tache cramoisie, le bord plus pâle et sont 
légèrement ponctuées. 

Cypripedium vexillarium, Rsioh: fl. — Orchidées. — Hybride des 
C. Fairrieanum et C. barbatum, obtenu par M. Dominy, intermédiaire entre 
ces deux espèces, et continuant la série heureuse des croisements pratiqués 
avec tant d'intelligence par l'habile chef de culture de MM. Veitch. 

Stelis Endresii, Reich. fil. — Orchidées. — Le Jardin botanique de 
Hambourg a reçu cette plante de Costa-Rica, d’où elle fut envoyée par les 
soins de M. Endres. Elle fleurit dans cet établissement en décembre 1869 et 
juillet 1870. Les sépales barbus à l’intérieur sont une ne an qui serait 
fort appréciée d'un amateur des plantes de ce genre. 

Stelis glossula, Reich. fil. — Orchidées. — Petite espèce gazonnante, 
ornée de feuilles spatulées ligulées et une curieuse inflorescence. Les fleurs, 
brunâtres, sont placées transversalement sur deux rangs; le sépale supé- 
rieur est beaucoup plus long que tous les autres organes de la fleur pris 
. ensemble. MM. Veitch l'ont importée de Costa-Rica. 


 Cattleya velutina, Reich. fil. — Orchidées. — Déjà décrite dans le 
même journal (1870, p. 140), cette belle espèce a montré une forme nou- 
velle dans les serres du feu consul Schiller, à Flottbeck. Cette magnifique 
_ plante ressemble, par ses ondulations, à un Mäültonia curvata ou un Schom- 
burgkia. Les sépales et les pétales sont légèrement orangé, avec de nombreuses 
‘taches et raies pourpres. Le labelle, orangé à la base, est velouté, et son 
limbe est blanc veiné de violet. Une odeur parfumée s’en dégage. La plante 
se rapproche du C. bicolor, et si elle est un produit métis, elle doit descen- 
dre de cette espèce et des C. Schilleriana ou C. Gardneriana. Les posses- 
seurs du C. bicolor feront bien de veiller à la floraison de leur plante, pour 
s'assurer de son identité avec le type, qu'il serait difficile plus tard de ne 
point confondre avec le C. velutina. Le seul exemplaire connu se trouve 
actuellement dans la colloction de M. Linden. 


Cyrtopera flava, Lindl. — Orchidées. — Orchidée terrestre, des 
vallées de l'Himalaya, d'où elle fut d’abord reçue par MM. Henderson et 
ensuite par MM. Veitch. Elle porte des épis de 60 à 90 centimètres de hau- 
teur, avec de nombreuses fleurs aussi grandes que celles du Bifrenaria 
inodora, et d'une couleur citron aussi pure que celle du Cattleya citrina. Le 
labelle est jaune pâle, plus foncé et taché de brun à la base. C’est tout-à-fait 
une belle espèce, que l'on peut planter par plusieurs pieds à la fois dans un 
même vase, et qui prendra un rang très distingué parmi ces Orchidées æ 
terrestres qui deviennent, avec raison, à la mode. ë 

Oncidium crista-galli, Reich. fil. — Orchidées. -— Espèce douteuse, 
qui pourrait bien se rapporter à l'O. iridifolium où à l'O. decipiens de 
Lindley. Trouvé par M. Wendland à Costa-Rica, par M. Galeotti à Oaxaca, 


OÙ = 


au Mexique, la plante est remarquable à la fois par sa petite taille et la 
grandeur comparative de ses fleurs couleur citron, quelquefois un peu 
tachée. On la connaît en Angleterre depuis 1835, où elle fleurit dans les 
serres de lord Fitzwilliam, à Wentworth, puis elle se perdit, et elle à 
récemment reparu dans la collection de MM. Veitch. 

Strophanthus Bullenianus, M. Masters. — Asclépiadées — Plante 

grimpante, spontanée au vieux Calabar, où elle fut trouvée par Thomson et 
Mann, et à Fernando-Po, où la rencontra ce dernier voyageur. Elle fut 
introduite récemment au jardin botanique de Glasgow, et M. Bullen, le 
directeur, l'envoya pour détermination au D' M. Masters. Des feuilles ovales 
aiguës, courtement pétiolées, opposées, sont accompagnées par les fleurs 
à sépales étalés longs linéaires, à tube rose renflé à la base, à lobes du 
limbe ovales, jaunes tachés de pourpre prolongés en longue pointe recourbée 
pourpre. Ces fleurs curieuses ne manquent pas de beauté, et la plante ne 
paraît pas plus difficile à cultiver que l’ancien S, dichotomus. 
… Luisia microptera, Reich. fil. — Orchidées. — Petite plante à feuilles 
arrondies aiguës et à grappes de petites fleurs; sépales et pétales couleur 
paille; labelle moitié pourpre moitié jaune, colonne et loge des anthères 
pourpre, cette dernière avec deux yeux jaunes dans le centre des deux 
moitiés. Le colonel Benson, à qui l'on doit déjà tant et de si belles Orchi- 
dées, l'a envoyée de l'Assam à MM. Yon. En. A. 

(La suite à la prochaine livraison.) 


\ 


TREILLAGE POUR PLANTES GRIMPANTES EN. POTS. 


Ceci est-une bluette, un de ces mille détails du jardinage que tout le 
monde croit avoir en garde dans quelque coin de sa mémoire, et qu'on ne 
trouve pas nue on le cherche. L'art de disposer les plantes avec goût 

joue un rôle énorme en horticulture. : 

Ce n'est rien, et c'est tout en même 

temps. 

Il ya un prov erbe anglais trop 
peu connu qui dit : « trifles make 
perfection, and perfection is not a 
trifle. » Les riens conduisent à la 
perfection, et la perfection n’est pas 

rien! 

C'est pour cela que nous indi- 
quons le croquis ci-joint comme 
digne d'être ‘reproduit. Chacun, 
avec deux ou trois bouts de fil de 
fer léger galvanisé, peut construire 

cette petite armature de fer, très propre, très élégante, et autour de 
laquelle s'enroulent avec grâce les plantes grimpantes de toute sorte. 

Nous donnerons d’autres modèles de ces constructions légères et gra- 
cieuses autant qu'économiques. Ep. A. 


= 05 — 


CHRONIQUE HORTICOLE. 


La greffe des Pommes de terre sur Artichaut! — Ceëi n'est 
point un lapsus calami, lecteur. Dans la seconde moitié du XIX: siècle, en . 
pleine Angleterre, au beau milieu des colonnes des journaux horticoles et 
botaniques les plus autorisés, on lit des élucubrations signées Th. Simson, 
de Broomfield, sur ce sujet. Cet honnête farceur raconte tout au long ses 
expériences, ses résultats pharamineux, la création d'hybrides fixes entre 
. ces deux genres, et réplique vertement, à ceux qui lui font une modeste 

opposition, qu'il confondra ses opposants à une prochaine séance de la 
Société royale d'Horticulture de Londres. Allons! nous commencons à 
croire qu'on aime aussi à rire de d'autre côté du détroit. L'art de désopiler 
la rate trouve une nouvelle édition dans la brumeuse Albion, et le fameux 
sieur de Caylus, qui obtenait des cerises sans noyau en raclant la moelle de 
ses Cerisiers, et croisait sans façon le pêcher et la vigne, a trouvé un digne 
pendant en la personne du Cynara-solaniculteur Simson ! 

Vitalité des Graines. — A côté de ces balourdises, nous trouvons 
d'intéressantes études sur la vitalité des graines du Capsella bursa-pastoris, 
cette Crucifère si connue sous le nom de Bourse à berger. Un habitant de 
Halse, près Taunton, Angleterre, ayant enlevé le gazon d'un pré voisin de 
son habitation, vit le terrain, dit le Gardeners Chronicle, se couvrir en 
quelques jours d'une profusion extrême de pieds de cette plante. Il avait 
connu cette prairie sans trace de Capsella depuis plus de quarante ans, et 
probablement bien auparavant elle existait déjà. Cette conservation des 
facultés germinatives est un fait déjà bien des fois signalé, mais un peu 
au hasard, sans qu'on ait fait à ce sujet des expériences longtemps suivies 
dont les résultats ne manqueraient pas d'intérêt. : 

Destruction du Phylloxera. — Le gouvernement français, après 
avoir pris l'avis d'une commission de savants (1), et en présence du danger 
qu'offre pour la viticulture le développement croissant dans les vignobles du 
Midi du Phylloxera vastatrix, vient d'ouvrir un concours pour la présenta- 
tion de moyens curatifs de ce terrible fléau. A l’auteur du remède efficace 

et préventif sera décerné un prix de vingt mille francs. Les communications 
seront reçues au ministère de l'agriculture, à Paris, jusqu'au 31 décem- 
bre 1872. 

Conservation des Pommes de terre. — Au moment où la maladie 
des pommes de terre revient avec intensité sur plusieurs points de l'Europe, 
les remarques suivantes, sur la récolte et la conservation du précieux 
tubercule, ont été faites par M. Bennet, d'Enville, dans le Florist and 
Pomologist : « On doit rentrer les Pommes de terre dans un état aussi sec 
que possible. Si l'on y découvre trace de maladie, on doit mettre les tuber- 


bn j 


(1) Cette commission était composée de MM. Dumas, président, Duchartre, Milne-Edwards, 
de Lavergne, Vialla, Marès, S. Gervais, Lefebvre de Ste-Marie, Porlier, secrétaire. 


TOM. XVII, — NOV. 1871, 20 


cules en petits tas, moins d'une voiture pour chaque monceau, au centre 
duquel on pourra placer un morceau de chaux gros comme la tête d'un 
homme. Avant de couvrir les tas, on les saupoudrera de chaux vive, qui 
absorbera l'humidité au moment où les Pommes de terre perdent leur eau 
surabondante et pourraient s'échauffer. Après un mois, on doit défaire les 
tas, les regarder avec soin, les replacer de la même manière, mais non au 
même endroit et toujours avec des morceaux ou plutôt des paniers de 
chaux. On peut aussi à ce moment réunir les tas en billons longs et étroits, 
saupoudrés de chaux, au lieu de les disposer en tas haut et large, ce qui 
. conserve moins bien les tubercules. » 

Fruits du Thuiopsis dolabrata. — En Angleterre, à Perryfield, 
Goston, un spécimen de ce bel arbre du Japon, introduit d'abord à Leyde 
par Siebold en 1853, a produit cette année des cônes pour la première fois. 
Le jardinier, M. Richardson, dit que son arbre atteint aujourd'hui 6 pieds 
G pouces de hauteur (1"85) sur 5 pieds 5 pouces de large à la base et 


16 pieds de circonférence près du sol. Nous pensons que ce cas de fructifi- : 


cation est le premier en Europe, et nous serions heureux que nos lecteurs 
voulussent bien nous informer de ce qu'ils savent à ce sujet. 
L'hiver de 1870-71 à Montpellier. — Une publication récente de 
M. Ch. Martins, directeur du Jardin botanique de Montpellier, signale les 
effets du froid de l'hiver dernier dans cette région. Dans le Jardin des Plan- 


tes ont péri les plantes suivantes, qui avaient jusqu'ici résisté aux hivers : 


3 Dattiers (Phœnix dactylifera), 3 Palmiers nains (Chamærops humilis), un 
vieux Æriobotrya japonica, Benthamia fragifera, Schinus molle, Opuntia ficus 
indica. Les Lauriers ont été gelés jusqu’au sol, mais ils repousseront. Le 
prof. Martins a vu avec étonnement que les jeunes plantes avaient mieux 
résisté que les vieilles. Le plus vieux Laurier de Montpellier est mort 
presque entièrement. Beaucoup de plantes, plus ou moins rares et ordi- 
nairement rustiques, ont perdu toutes leurs feuilles. 

D'autres observations, faites par M. Martins sur des plantes considérées 
comme naturalisées dans cette région et presque devenues indigènes, le con- 
duisent à reconnaître que ce ne sont en réalité que des espèces exotiques. 
Tels sont l'Olivier, le Grenadier, le Myrte, le Térébinthe, le Câprier. On 
doit d'autant plus considérer ces plantes comme étrangères à ce pays, que 


toutes leurs congénères le sont, et que leurs types contrastent avec ceux. 


de la flore méditerranéenne. Plusieurs ont traversé l'époque miocène et la 
période glaciale sans disparaître tout-à-fait, mais leur rareté et leur sensi- 


bilité au froid décèlent une origine paléontologique, de la période géolo- 


gique où le Languedoc était plus chaud qu'aujourd'hui. 

On connaît l'époque de la naturalisation en Provence et Languedoc des 

Agave americana, Jussieua grandiflora, Aponogeton distachyon, Opuntia inermis, 
Onopordon tauricum, mais le botaniste qui ne le saurait pas serait d'abord 
frappé par leur aspect étranger. Cette connaissance explique tout. Mais 
quoique les autres plantes ci-dessus nommées et qui ont péri soient connues 
en Languedoc de plus vieille date, nul doute qu’elles n'y aient été apportées 
de main d'homme. Il y a dans ces remarques de M. Martins un esprit de 
philosophie botanique, qui conduit sûrement toutes les déductions et les 
rend des plus intéressantes, 


sen. ST: sie 


Essais sur les meilleurs Pois. — En Angleterre, à Seaham Hall, 
le jardinier M. R. Draper a fait une suite d'expériences pour découvrir les 
meilleures variétés de Pois. — Cinquante-six variétés ont été soigneuse- 
ment semées, cultivées et suiviès dans toutes les phases de leur végétation. 
Sans rapporter tous les considérants du jugement que reproduit le Garde- 
ners Chronicle, nous indiquerons les variétés que M. Draper recommande 
comme extrà, et nous pensons ainsi rendre service à nos lecteurs, qui 
pourront demander ces es à Londres, chez MM. Veitch, Carte. 
Spies, etc., etc. : 


Dickson's first and Best, hauteur 4 pieds, mûr 6 juillet. 


Eastes Kentish Invicta, Éd BE | NE is 
F. ortyfold, ” #£ ” ” 23 Y: 
Hundredfold, » 8 »” » 20 »” 
Littlegem, ” 2 »” » 10 .» 
Laxtons quantity, » 7 » CR". ET 
Lazxtons’ alpha, » 6 » #12" 074 
Laxtons’ süpreme, » + ” SP + 
Macleans Premier, Si" SE: TS 
Nec plus ultra, » 8 PE dr. et 
Princess royal, 3 1 » s 0 + 
Ringleader, CEE » V0: 
Sutton's early champion, As We PORN 
Taber's perfection, » :56lh » Tire 
Veitch's perfection, CRUE RE de Le 
Waterloo dwarf branching, "JAN #5 5% D 1e 
Yorkshire Hero, » 4 » #00: "+ 


Influence de la greffe sur le sujet. — Un nouvel exemple de ce 
curieux effet rétroactif, dit le même journal, nous est fourni par le fait 
suivant, communiqué par M. W. Paul, le Rosiériste bien connu de 
Waltham Cross. Une variété de Châtaignier à feuilles panachées, ayant 
été insérée sur un sujet de Châtaignier commun, la grefle prit, mais 
mourut ensuite. Quel ne fut pas l'étonnement de M. W. Paul lorsqu'il vit 
à la base de la tige un nouveau scion paraitre sur le sujet avec toutes 
les feuilles panachées de blanc et marginées de même, de la variété 
chlorotique. 

Nous ne voyons rien là d'absolument impossible après les expériences 
concluantes faites dans cet ordre d'idées sur l'Abutilon Thompsoni, mais nous 
nous demandons si la panachure vient bien vraiment de l'influence des sucs 
sèveux de la greffe qui auraient modifié ceux du sujet, ou s’il n'y a pas là 
. un simple effet mécanique ou pathologique plutôt que physiologique ; c'est- 
à-dire si la souffrance éprouvée par le sujet après le dessèchement de la 
tête et la mort de la greffe n'aurait pas affaibli le sujet et ne l'aurait pas 
conduit à pousser des feuilles décolorées ou chlorotiques? Nous pencherions 
_ vers cette dernière explication. Dans tous les cas, il faut juger dans ce cas 
avec une bien grande circonspection. Nous avons vu ce printemps un des 
horticulteurs les plus érudits de France nous montrer un Betula laciniata 


— 208 — 


dont la greffe était morte et qui pensait qu'une pousse du Bouleau commun, 
qui se montrait en dessous avec quelques feuilles laciniées, pouvait provenir. 
d'un glissement intracortical de la greffe dessèchée. Nous avons pu le dis- 
suader de cette opinion en lui faisant regarder de plus près l'arbre en 
question. = 

Les Raphanodes en Angleterre et en Portugal. — Depuis plu- 
sieurs années M. Carrière, chef des pépinières du Jardin des Plantes et 
rédacteur en chef de la Revue horticole, se livre à des semis répétés et à 
de curieuses expériences sur le Radis sauvage de nos champs (Raphanus 
raphanistrum). Il en a obtenu des produits extraordinaires, devenus rapide- 
ment comestibles, atteignant le poids d'un kil. et plus en trois ou quatre 
générations et présentant les formes et les couleurs les plus diverses. Ces 
expériences ont été publiées et nous-même les avons étudiées dans une 
brochure avec planche coloriée, qui a d’abord paru dans le journal la Bel- 

gique horticole de notre ami Ed. Morren (1). - 
= Nous avons nommé ces curieux produits des RAPHANODES, nom que 
M. Carrière lui-même a cru devoir adopter. - 

Or, nous croyions ces résultats sans précédents jusqu'ici. Voilà cepen- 
dant que tout dernièrement, nous promenant dans le Musée des aliments 
(food Museum), à South Kensington (Londres), nous trouvons dans des 
bocaux d'énormes racines, dont deux mesuraient respectivement 35 et 

40 centimètres de longueur sur 5-10 centimètres de diamètre, avec l'éti- 
quette suivante, que nous traduisons de l'anglais : Radis de semis de Lis- 
bonne, offerts par J. P. Monteiro, Esq., 29, Harewood Square, N. W. 
London. 

On voit que les Radis-Navets que M. Carrière a obtenus ne sont pas 
confinés seulement au Muséum de Paris, et que nos confrères les horticul- 
teurs lisbonnais sont arrivés, peut-être en un plus grand nombre de géné- 
rations, à des résultats analogues aux siens. 

Étiquettes gommées de M. Pynaert. — Nous ne saurions trop 
chaudement recommander cette invention, simple comme l'œuf de Chris- 
tophe Colomb, mais qu'il s'agissait de trouver, et qui fait honneur à notre 
ami Ed. Pynaert. Elle vient d'avoir grand succès à l'Exposition de Londres 
et ailleurs. L'auteur prépare de nouveaux tableaux, et son prix de 2 fr. 
le mille ne doit pas effrayer la bourse même des plus modestes amateurs. 

Pomme de terre très prolifique. — Nous empruntons au Journal 
of Horticulture de notre excellent confrère le D' Robert Hogg la note sui- 
vante, due à M. Th. Pender, de Sharpham (Angleterre) : « J'ai planté ce 
» printemps une livre de pomme de terre américaine Bresee’s peerless, 
» coupée en 46 morceaux. Le 22 août j'ai arraché la récolte, qui se mon- 
» tait au chiffre énorme de 135 livres. Plusieurs tiges avaient à leur pied 
» cinq à six gros tubercules, chacun pesant souvent 2 livres. » — Un tel 
fait ne mérite-t-il pas un entrefilet dans nos colonnes? 


(1) De l'origine des Radis cultivés et des théories de M. Darwin, broch. in-8° avec planche 
coloriée et gravures noires. — Ed, André, 


one TUE 


Chou-fleur impérial. — Notre confrère M. Bossin, propriétaire à 

Hanneucourt, par Mantes (Seine et Oise), et qüi consacre depuis plusieurs 
années à l’horticulture les loisirs qu'il a conquis par une longue carrière 
passée dans le commerce des graines à Paris, nous recommande très parti- 
culièrement, comme dépassant en mérite toutes les autres variétés, le Chou- 
fleur impérial. D'où vient la plante et le nom, il n’en sait pas plus que nous, 
si ce nest-qu'il en a reçu la graine de M. Dufot, marchand-grainier à 
Paris, chez qui on peut se la procurer. Nous connaissons assez le jugement 
de M. Bossin, pour que nous n’hésitions pas à nous joindre à lui dans la 
recommandation de cette variété. Nous avons récemment cité le Chou-fleur 
géant de Veitch, comme un légume de premier ordre. Mais nous ne savons 
comment il se comportera sur le continent. Nous engageons donc nos lec- 
teurs à l'essayer concurremment avec le Chou-fleur impérial et à nous faire 
connaître le résultat de cette comparaison (1). 
_ Azalées rustiques. — Nous avons signalé dans notre dernière chro- 
nique (octobre 1871) la rusticité constatée, à l'occasion du siége de Paris, 
de quelques plantes considérées jusque-là comme appartenant à la serre 
et qui avaient parfaitement résisté à l'hiver 1870-71. De ce nombre sont 
les variétés suivantes d'Azalées, que MM. Thibaut et Keteleer, en quittant 
leur établissement de Sceaux devant les Prussiens, ont dû abandonner, et 
qui se sont montrées rustiques au grand étonnement de ces habiles horti- 
culteurs. : 

Ces variétés sont surtout issues des Azalea liliiflora ou ledifolia. D'autres 
sont des espèces différentes. N'ont aucunement souffert les : A. amæna, 
Pulchella, p. rôsea, lateritia, barbata, dulcis major, Fortunei, Mad. Wagner, 
liliiflora, narcissiflora, obtusa, prolifera, vittata alba, v. rosea, v. punctata, ete. 

Ont perdu seulement leurs feuilles et bien repoussé ensuite les A. Schener- 
mann, Aphrodite, Bouquet de Flore, Charlotte, Coquette de Gand, Domi- 
nique Vervaene, Dona Maria, exquisita, Flag of Truce, formosa (Ivery), 
Madame Perrin, marginata formosissima, lineata, nobilis, Prince Paul Galit- 
zin, Purity, Reine des Roses, Rosy, Schüne Mainzerin, Souvenir de l'Expo- 
sition, etc. 

Voilà donc les Azalées dites de l'Inde, ou mieux de la Chine, rustiques 
sous le climat de Paris, et à plus forte raison dans les parties plus tempé- 
rées du continent et de l'Angleterre. C'est une véritable découverte pour 
lhorticulture. 


Fructification des Retinospora plumosa et Cryptomeria 
elegans. — Nous apprenons de M. Carrière que la première de ces deux 
espèces, introduite du Japon il y a quelques années par N. J. Gould Veitch, 
vient de fructifier chez MM. Thibaut et Keteleer, à Sceaux, près Paris, 
probablement pour la première fois en Europe. Le pied qui a porté les 
strobiles, et que nous avons vu ce printemps, est un charmant arbre haut 
- de plus de deux mètres. — Quant au Cryptomeria elegans, il a fructifié chez 


(1) Nous apprenons à l'instant que l'obtention du Chou-fleur impérial est due à M. Monnier, 
horticulteur-grainier, à la Pyramide-Trélazé (Maine et Loire), qui l'obtint en 1868 et le vendit 
à M. Dufot, 25 


— 210 — 


les mêmes horticulteurs, et chez M. Cochet, à Suisnes, (Seine et Marne). 
Ce n’est pas d’ailleurs la première fructification de cet arbre, qui avait déjà 
fourni des strobiles chez M. André Leroy, à Angers, en 1866. 

Identité de l’Ampelopsis Veitchi et du Cissus Roylei. — C'est 
encore à M. Carrière, dans la Revue horticole, que nous empruntons ce fait, 
que la plante mise récemment au commerce en Angleterre sous le premier 
de ces noms n’est autre que l’ancien Cissus Roylei, joli arbuste grimpant, 
très recommandable sans doute, et pas assez connu, mais qu'on n'aurait 
pas vendu comme nouveau sous un autre nom s'il avait été plus répandu 
dans les jardins. 

Les Pivoines de M. Guérin-Modeste. — La nombreuse et belle 
collection réunie par ce semeur émérite dans son établissement de La Va- 
renne St Maur, près Paris, va se trouver dispersée par son possesseur qui 
désire la vendre. Nous en avertissons les amateurs, qui ne sauraient 
trouver une meilleure occasion de se procurer des plantes de premier 
choix en forts spécimens. 

Le Phytosmegma. — Depuis longtemps déjà, nous voyons les pages 
d'annonces des principaux recueils horticoles anglais flamboyer du nom 
fantastique de « PHYTOSMEGMA ». Cela poursuit partout le lecteur, dans 
le texte, aux réclames, de même que sur les murs de Londres et en 
feuilles-prospectus détachés. Quel est donc la vérité vraie sur cette panacée 
nouvelle ? 

Tout bien considéré, il paraît que la chose n'est point si mauvaise, 
et que le Phytosmegma est un insecticide excellent. On l'emploie au moyen 
d'un fumigateur spécial que vend l'inventeur de cette composition. Elle 
détruit en une seule fois les Thrips, l'Araignée rouge des serres, les Coche- 
nilles, les Chermès de toute espèce et même le Puceron lanigère pour que 
l'on s'y prenne à deux fois. Tous les épiciers de Londres vendent des bou- 
teilles de six pence et d’un shilling du Phytosmegma. 

Nécrologie : Nous avons à annoncer de nouvelles pertes dans le 
domaine horticole. | 

Le Rev. Josaua Dix, président du comité de Floriculture de la Société 
d'Horticulture de Londres, promoteur éclairé et grand amateur du jardi- 
nage, est mort à Langley, près Slough, le 12 septembre. 

La veuve de Sir Josepx PAxTON, le grand horticulteur, botaniste, archi- 
tecte- paysagiste et constructeur du palais de cristal, s'est éteinte le même 
jour à Chatsworth (Derbyshire). 

M. FRÉDÉRIC WATERER, l'un des associés de la célèbre maison de 
Bagshot, Angleterre, si connue par ses cultures et obtentions de Rhodo- 
dendrons, est mort d’apoplexie le 3 octobre. 

‘Enfin M. TayLor Pince, d'Exeter, un des plus habiles et des plus 
estimés parmi les horticulteurs anglais, a été enlevé à ses collègues le 
9 du même mois. 

Ep. ANDRÉ. 


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SERRE CHAUDE. 


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— 211 — 


LXXXII. 


CALATHEA C(MARANTA) LINDENT, wuus & ann 


CALATHÉA DE LINDEN. - | 


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CANNACÉES. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir Hustr. hortic., 1870, p. 54. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : acaulis ; petioli erecti, graciles, cylindracei, 1"50 alti, basi 
invaginati vaginis membranaceis 0m30 longis, purpureo-violacei v. viridescentes, apice longe 
geniculati glabriusculi v. læte furfuracei; lamina plana ovato-elliptica marginibus undulatis, 
apice breviter acuminata acuta, basi attenuata convoluta subauriculata 0w50 longa, 025 lata, 
supra intense viridis in utraque laminæ parte bifasciata fasciis viridioribus, vita centrali pal- 
lide lutea viridi-pectinata costam canaliculatam argenteo-refulgentem circumdante, subtus 
costa tereti prominente rosea vittisque quibusdam violaceo-purpurascentibus, alteris læte viri- 
dibus, omnibus translucentibus; flores — Ad rivos Huallagæ (Peruvia) legit cl. peregr. 
G. Wallis, anno 1865. — Ad vivum descripsi in horto Lindeniano. — Ep. A. 


RP PP LPS PSP SPP PP PRINT 


Lorsqu'apparut cette splendide Marantacée à l'Exposition universelle de 
1867, il n'y eut qu'un cri d’admiration. C'était incontestablement la reine de 
la famille, par l'ampleur du feuillage et la peinture merveilleuse qu'offraient 
ses limbes fenestrés et coloriés comme des vitraux d'église. Lorsque 
M. G. Wallis la découvrit en 1865 au Pérou, sur les bords du Rio Huallaga, 
il fut saisi d'une émotion qui se traduisit par une explosion soudaine 
d'éloges à l'adresse de cette nouvelle conquête, et dont nous faisons un 
extrait d'après une lettre reçue à cette époque par M. Linden : 

« J'ai donc atteint enfin l’objet de més rêves, ce Maranta à feuilles trans- 
parentes dont les formes précédemment découvertes m'avaient graduelle- 
ment annoncé l'approche et dont je vous avais déjà prédit l'existence. 
Encore sous l'impression des découvertes remarquables que je venais de 
faire, je me réjouissais intérieurement, lorsque cette perle du jour resplendit 
tout à coup devant moi, dans l'épaisseur de la forêt. Ses feuilles, fièrement 
dressées, produisirent sur moi l'effet d’un vitrage colorié, à travers lequel 
mon regard devait pénétrer dans un sanctuaire inconnu. La joie que je 
ressentis fut des plus saisissantes, et mon attendrissement alla jusqu'aux 
larmes. La fantaisie la plus exaltée n'eût rien pu imaginer de plus splen- 
dide! Ce joyau des forêts est le non plus ultra de ce genre, qui m'a cepen- 
dant livré tant de beaux représentants. Je ne puis plus rien attendre de 
supérieur. Il y aurait en effet trop d’exigence à prétendre davantage de la 
nature qui a dù s'épuiser dans la création de ce chef-d'œuvre. Le port de la 
plante est d'une suprême noblesse; ses feuilles s’étalent dressées sur un 
pétiole de deux pieds et demi et présentent, au regard émerveillé, un disque 
blanc transparent sur fond pourpre, éclairé comme par une lumière magi- 
que. Elles semblent dire : Voyez et admirez! » 


— 212 — 


Le C. Veitchi, moins élevé, mais d'un aussi riche assemblage de nuances, 
est le seul qui puisse rivaliser avec notre plante. Mais la beauté absolue du 
C. Lindeni n'en subsiste pas moins entière et l’on peut dire avec justice 
qu'aucune de ces deux plantes ne saurait remplacer l'autre. 

Les beaux échantillons que nous avons vus dans les serres de M. Linden, 
_à Bruxelles et à Gand, dépassent un mètre cinquante de haut sur plus d'un 

mètre de diamètre; ils sont d'une vigueur remarquable et touffus de 
manière à former des plantes d'une régularité, d'une ampleur superbes, et 
cela en trois ans au plus, 

Les pétioles sont dressés, grèles, ou plutôt fins et nerveux, subeylindri- 
ques, pourvus à leur base comprimée d'une gaine invaginée de 0"30 de 
long, membranacée à bords convolutés, et à leur sommet d'un genou 
dressé glabriuscule ou finement pubérulent. Leur couleur est un vert foncé 

violet ou un pourpre violacé. 

Le limbe, plane, ovale elliptique à bords ondulés, courtement acuminé 
aigu au sommet, à base atténuée et à bords relevés ondulés comme auri- 
culés à leur jonction avec le pétiole, est long de 0%50, large de 025. 

Sa surface supérieure, côtelée, d'un vert foncé cliéé et chatoyant, est 
éclairée et striée sur le bord et porte au centre de chaque moitié du limbe 
deux zones foncées. Au milieu de la feuille et entourant la côte médiane 
enfoncée est une large bande rongée aux bords, comme pectinée, d’un vert 
jaune brillant liseré de vert sombre tout contre la côte qui est elle-même 

_ argentée. 

_ La surface inférieure, d'un pourpre violet ou lie de vin, présente des 
zones vineuses correspondant aux zones vertes du dessus, et laisse trans- 
paraitre le vert doré des parties claires. 

C'est cet effet de vitrail, cette disposition fenestrée qui fait du C. Lindeni 
une plante si étrange et si belle à la fois, et qu'aucun éloge ne saurait 
dépasser dans les peintures que la pme cherche à en faire. 

Ep. A. 


CULTURE. 


Mème culture que celle indiquée pour le Maranta (Calathea) smaragdina.… 


: aan  Etab üth.de Li Strool 


CYPRIPEDIUM NIVEUM (Reichenb. fil.). 
ILES TAMBELAN. SERRE TEMPÉRÉE. 


RS EE RER 


— 213 — 


PI LXXXIII. 


CYPRIPEDIUM NIVEUM, 1. nucnixoacn nu. 


CYPRIPÈDE A FLEURS DE NEIGE. 
ORCHIDÉES. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir Ilustr. hortic., vol. II, pl. 64. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : acaule ; folia 4-6 patentia disticha oblonga acuta v. emargi- 
nata basi arcte imbricata canaliculata supra luride viridia albo-maculata una cum scapo unifloro 
et ovario pubescente luride purpurea; bracteæ parvæ ovario elongato multoties breviores; 
flores candidi ; sepalum posticum suborbiculatum acutum, lateralia in unum ovatum emargi- 
natum superiore multoties minus connata; petala late oblonga patentia apice rotundata punctis 
sanguineis Conspersa ; labellum saccatum parvum subsessile ovoïdeum ore contracto, stamino- 
dium transverse oblongo-apiculatum. (Ex Hook. fil. desc. in Bot. Mag. t. 5922.) — V. v. In 
horto Bulliano Londinensi. — In insulis Tambelan. 


Cypripedium niveum, H. Reichb. f. in Gard. Chron: 1869, p. 1058. — Hook. in Bot. 
Mag. t. 5922. - - Le 


« Cette espèce est un bijou, » s’écrie M. Reichenbach dans le Gardeners 
Chronicle, à propos de la description de la plante. Ses fleurs, d'un blanc de 
neige, poudrées de points purpurins, luisprètent en effet un aspect nouveau 
des plus gracieux, et qui efface de beaucoup celui de son allié, le C. concolor, 
aux tons jaunâtres et à la tenue un peu molle. D'ailleurs, les deux espèces 
ont de telles affinités, que M. Reichenbach n'avait vu dans notre plante 
qu'une simple variété du concolor; mais en l'examinant plus attentivement, 
il fut d'avis de la distinguer spécifiquement, opinion à laquelle s'est rangé 
le D' Hooker. Si les Orchidées varient considérablement, on ne peut pas 
dire qu'il en soit des Cypripèdes comme de tant d’autres genres, et certes 
les caractères distinctifs des €. concolor et niveum portent sur un assez 
grand nombre de points. En voici les principaux : dans le C. niveum les 
bractées sont beaucoup plus petites et d'une forme différente, le sépale 
supérieur ou dorsal beaucoup plus large, les sépales latéraux combinés en 
une lamelle comparativement très petite, les pétales beaucoup plus amples, 
le labelle plus petit, d'une forme toute différente avec un orifice contracté 
et non très ouvert, le staminode ou gymnostème plus large que long. 

Indépendamment de ces différences de structure, on peut ajouter que la 
hampe est plus longue, la coloration des feuilles également différente, car 
des taches blanches oblongues les couvrent, leur axe étant parallèle à la 
longueur de la feuille. Eufin la couleur des fleurs est un des principaux 
caractères à invoquer. 

Le C. niveum, addition des plus précieuses aux espèces déjà cultivées, est 
originaire des iles Tambelan, petit archipel entre Singapore et la côte de 
Bornéo, d’où il fut envoyé à M. W. Bull, à Londres, en 1870. Depuis on 
l'a retrouvé sur la côte de Siam, et nous ne savons d'où il a été expédié à 
MM. Veitch, à Londres. He En. À. 
CULTURE. : 

Serre tempérée, compost formé de fragments de terre de bruyère, de 
terre de gazon fibreuse et de sphagnum haché. Atmosphère humide et place 
rapprochée du vitrage. | J. L. 


TOM, XVII, =— NOV. 4871, 50 


— 814 — 


PI. LXXXIV. 


FRAISE DOUBLE PERPÉTUELLE, x. cms. 


ROSACÉES. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : genre Fragaria, Lin. — Voir Endlicher, 
Gen. Plant. 6561. “ 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : hybride ou plutôt métis de variétés du Frag. vulgaris, 


croisé probablement avec d’autres variétés cultivées. > 


PPS PPLPPISPP SPP PPS IIS 


DESCRIPTION DE LA VARIÉTÉ : feuillage vert clair, de dimension moyenne, 
croissance très vigoureuse, belles touffes; fructification extrêmement abon- 
dante, se prolongeant jusqu'aux gelées, fruits gros — on pourrait dire 
relativement très gros pour une perpétuelle, — oblongs, plus rarement 
arrondis ou offrant parfois la forme crête de coq, souvent irréguliers ; peau 
rouge foncé à la maturité complète ; graines très proéminentes ; chair assez 
ferme, très fine, très fondante, d’un rose foncé, très sucrée et délicieusément 
parfumée. 

Nous avons obtenu cette variété par voie de sélection, en choisissant, 

durant six générations successives, des graines sur les meilleurs pieds issus 
de la fraise perpétuelle Janus. 
Les plantes issues du 4" semis donnaient déjà de bien plus beaux fruits 
que le type. Dans les derniers semis, qui ont fructifié en 1870, nous en avons 
surtout remarqué un dont les pédoncules droits et raides étaient chargés 
de fraises plus grosses que toutes les autres. Les unes étaient ovales oblon- 
gues, les autres en forme de crête de coq. 

Les coulants de ce fraisier, plantés à part, ont fructifié tout l'été dernier, 
et au mois de septembre ils étaient encore littéralement couverts de fruits. 
C'est alors que nous en avons coupé deux pédoncules qui ont servi de 
modèle pour la planche coloriée figurée dans le N° 11, 1871, du Bulletin du 
Cercle d'Arboriculiure de Belgique et que nous reproduisons aujourd'hui. 

Nous avons nommé cette variété DOUBLE PERPÉTUELLE À cause de sa 
grosseur, Car ses dimensions atteignent le double et le triple des perpé- 
tuelles ordinaires. 

NaARCISSE GAUJARD, 


“horticulteur à Gand. 


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LA 


FRAISE DOUBLE PRERRÉTUELRBE 4 at 


PLEIN AIR. 


SEMIS GAND. 


J. Linden publ. 


— 215 — 


EXPOSITION INTERNATIONALE DE FRUITS A LONDRES. 


L'évènement du mois précédent a été l'Exposition de fruits que la Société 
royale d'Horticulture de Londres a ouvert le 4 octobre dans la grande 
serre et les salles de South Kensington. 

Nous avions l'honneur d'assister à cette solennité comme membre du 
Jury et délégué de la Société centrale d’Horticultüre de France, et nous 
pouvons parler avec quelque développement de ce que nous avons vu. 

Les Exhibitions de fruits, si répandues en France et en Belgique, sont 
d'une importance capitale pour la pomologie et le commerce, en ce qu'elles 
permettent aux spécialistes de comparer un grand nombre de variétés 
provenant de sols et de climats divers, de vérifier la rectitude des déter- 
minations et décider sur le degré de foi à apporter aux catalogues des 
pépiniéristes. Aux propriétaires elles fournissent l’occasion de juger de la 
beauté des fruits et, si l'étiquetage est soigné et détaillé, de l'époque de 
leur maturité, de leur qualité et de la fertilité des arbres. 

L'Angleterre est encore loin du continent dans cette/voie. Au-dessus de 
toute l'horticulture européenne pour les cultures de luxe, à part quelques 
spécialités de la Belgique et de la Hollande, elle. est très inférieure en 
arboriculture fruitière de plein air. La connaissance des fruits et la taille 
des arbres n'y sont que fort peu répandues. Aussi faut-il applaudir à toute 
tentative faite pour sortir de cette infériorité relative, et c'est pourquoi 
nous avons eu grand plaisir à assister à la réunion du 4 octobre. 

Notre premier mot sera, par justice d'abord, par courtoisie ensuite, pour 
les merveilleux raisins provenant des serres anglaises. Une grappe de 
Barbarossa où Gros Guillaume, à grains gros comme de belles prunes, pesait 
7 livres et 12! et n’a cependant pas remporté le premier prix, échu à 
M. Bannerman, jardinier de lord Bagot, de Blithfield Hall, Rugeley, pour 
une grappe de 6 livres irréprochable dans sa beauté. : 

Les serres de MM. Lane, de Great Berkhampstead, avaient fourni de 
magnifiques Muscat d'Alexandrie, circonstance d'autant plus curieuse que 
leurs cultures reposent sur un sol bas, souvent inondé. Les racines de 
leurs vignes baignent parfois dans l’eau fournie par la petite rivière que 
nous avons bien souvent vue couler ses flots d'argent dans leurs pépinières, 
en passant devant Berkhampstead pour aller à Liverpool. Que l'on vienne 
dire ensuite que le drainage du sous-sol et des racines de la vigne est une 
condition sine qua non du succès! 

Parmi les plus beaux et les meilleurs raisins exposés dans les collections 
d'ensemble et provenant surtout des serres de Chiswick, nous avons men- 
tionné tout spécialement les variétés suivantes, bien connues dans les serre 
anglaises, mais beaucoup trop peu sur le continent : 

BLANCS : Muscat d'Alexandrie, Foster's Seedling, Chavousk, Trebbiano, Buck- 
land Sweetwater, Gros Colman. 

ROUGES ET NoIRs : Barbarossa ou Gros Guillaume, M'S Pinces Black Mus- 
cat, Alicante, Gromier du Cantal, Frankenthal (Black Hamburgh) et 


Black Prince, 


ir DIE 2, 


Une variété de melon, nommée Cox's Golden Gem, présentait des fruits F4 
de 75 centimètres de circonférence, couverts d'une légère broderie continue 
en relief, arrondis et lisses comme une orange, et d'un charmant aspect. 4 
Nous n'en connaissons point la qualité. 

Arrivons aux Poires, le principal attrait de l'Exposition, et approchons- 
nous des tables garnies de ces précieux fruits sous le grand palais de verre 
de la Société. Ici le doute n’est pas possible un instant. C'est aux fruits du 
continent qu’appartient la palme, et MM. Baltet, frères, de Troyes, ont 
enlevé la médaille d'or pour ainsi dire sans combat. Leur collection, com- 
posée de 350 variétés, représentée par un total d'environ 1500 fruits, la 
plupart d'énormes dimensions, frappait d'abord tous les regards. Nous y 
avons relevé toutes les bonnes variétés connues, dont nous ne parlerons 
que pour signaler les nouveautés ou les très bons fruits trop peu répandus. 

Alexandrine Mas (Mas), fruit moyen, de bonne qualité, mûrit de février 
en avril ; - 

Comte Lelieur, exquis, mis au commerce et obtenu de semis par 
MM. Baltet, frères; arbre d'une bonne vigueur, excessivement fertile; fruit 
gros, turbiné, court, jaune fin nuancé rose; chair fine, beurrée; jus par- 
fumé, sucré, acidulé, relevé d’un goût d'amande. Très bonne poire se 
gardant mûre de la fin d'octobre au commencement de décembre; 

Auguste Mignard (Grégoire), arbre vigoureux et fertile; fruit gros, forme 
de Calebasse ou de Coing ; épiderme roux grisâtre ; chair fondante, juteuse, 
vineuse, de 1° qualité, maturité d'octobre à décembre : 

Beurré Ladé (Grégoire), arbre très vigoureux, fertile; fruit gros, forme 
de Bon Chrétien, vert-jaune lavé carmin brillant au soleil; chair fondante, 
juteuse, aromatisée, 1"° qualité; octobre à décembre; 

*  Hébé et Newhal, deux beaux et bons fruits d'origine américaine, exposés 
pour la première fois en Angleterre; 

Souvenir de Léopold I (Grégoire), gain des plus remarquable; arbre 

- vigoureux et fertile; fruit gros ou très gros, jaune clair, fondant, beurré, 
_ juteux, sucré et parfumé, de 1° qualité; octobre. 

Fondante Thirriot (Thirriot, de Charleville), arbre très vigoureux, très 

. fertile; fruit gros, vert clair, passant au jaune, pointillé et coloré carmin 

au soleil; chair fondante, très juteuse, sucrée, parfumée, aromatisée, très 

bonne; octobre-novembre; 

Bonneserre de S'-Denis (A. Leroy), forme de Doyenné d'hiver; 

British Queen (Ingram, de Windsor); Madame Hutin (Hutin, de Laval); 
Knights Rhode Island, Havell, Onondaga, America, Damas Howey, Goodale, 
toutes les huit d'Amérique ; ie ee 

Beurré de Naghin, 

—  pringalle, 

Délice Evrard, 

Colmar Darras, 

Robert Treel, 

Beurré Van Geert, 

— de Ghélin, 
— Spa, 


appartenant à la Pomone belge; 


— R17 — 


Prince Camille de Rohan, 
Tournay d'hiver, 


Passe Crassane; Olivier de Serres; 


Et surtout les excellents fruits suivants, tous dus aux semis de l'infati- 
gable M. Grégoire, de Jodoigne, le Van Mons moderne : 

M°° Grégoire, Zéphyrin, Léon, Louis, Fulvie, Hélène, Aglaé, Iris, Hubert 
Grégoire, Monseigneur Sibour, Walflore de Fontenelle, Pirmez, Avocat Allard 
(petite mais délicieuse), Souvenir de la reine des Belges, Sœur Grégoire, 
Eugène Moisin, Commissaire Delmotte, Docteur Lenthier, Beurré Delfosse. 


Le rôle attribué à la Belgique dans ce choix de bons fruits, était, on le 
voit, considérable. 

Nous passons sans nous arrêter devant les lots de poires à dessert d'or- 
nement et à cuire, qui ne nous présentent qu’un intérêt secondaire. 

M. William Paul, de Waltham Cross, avec 170 variétés de pommes, rem- 
portait le premier prix de ce concours. Malgré le dire de la presse anglaise 
qui se prévaut fort de ce succès, le lot de M. Paul se composait de fruits 
beaucoup moins beaux et moins bién choisis que les 150 variétés de 
MM. Baltet; mais le nombre seul prévalût, le programme était formel, et 
le jury dut se maintenir dans la lettre de la rédaction préalable. 


Nous avons donné attention à quelques pommes anglaises, que nous 
voudrions voir plus répandues sur le continent : Winter gold pearmain, 
Ribston pippin, Royal Russet, Bedfordshire foundling, Canterbury, Leardman, 
Dertfordshire, etc. MM. Lucombe, Pince et Cie, d'Exeter; M. Gardiner, de 
Eatington Park, et M. Sidney Ford, de Leonard's Lee, exposaient égale- 
ment de beaux lots de pommes. 

Dans la collection de pommes de MM. Baltet, nous avons encore inscrit 
les gros fruits suivants : Empereur Alexandre, Ménagère, belle Dubois, Lin- 
neous pippin; puis dans les variétés à recommander les : Reinelle ananas, 
tranparente de Croncels (gain de MM. Baltet, frère), fraise de Hoffinger, Calville 
neige, Bonne de mai, doux d'Argent, dorée de Tournay, Reinette Baumann, 
R. plate, R. des Carmes, Wagener, Gravenstein, etc. : 

Enfin, une charmante pomme anglaise, le Fairy apple, si jolie pour desserts 
qu’elle peut rivaliser avec l'Api rose, et une bonne poire obtenue récemment 
par MM. Wheeler et Sons, et nommée par eux Brockworth Park, complètent 
le dépouillement de notre Memorandum book pour les fruits. 

L'Exposition contenait encore quelques Miscellanées, dont nous pou- 
vons dire un mot. Les fleurs y étaient admises par surcroît, les nouveautés 
“surtout. : 

A une extrémité de la grande table, s’épanouissait une collection de 
belles Orchidées fleuries de MM. Veitch, à l’autre extrémité les plantes 
de MM. Henderson et Sons, de Wellington road. Dans le lot de MM. Veitch, 
une ravissante terrine du rare «Pleione lagenaria montrait des bulbes dépri- 

| més, petits, ponctués de pourpre-brun, et ses fleurs courtes, sortant du sol 
comme des Crocus, avec leur labelle blanc rosé rayé de violet et la gorge 
jaune. On remarquait encore un Odontoglossum grande portant à la fois 
93 fleurs; un Vanda cœrulea avec deux panicules comptant 40 fleurs; les 


appartenant à la Pomone belge; 


— 218 — 


labelles roses et bruns de l'Odontoglossum Bictoniense ; le Catileya Exoniensis 
_aux périanthes rose tendre, à labelle en entonnoir rose et pourpre violet à 
la base avec le centre jaune, hybride de M. Dominy; le Saccolabium Harri- 
soni, blanc pur; l'Oncidium varicosum aux légers pédoncules portant des 
fleurs jaunes à large labelle; les Colaæ jugosus, Zygopetalum maxillare, Onci- 
 dium macranthum, Miltonia Moreliana, Vanda insignis, Catileya Dominyana, 
Vanda Bensoni. Quelques autres plantes de choix, comme Thymus citriodo- 
rus aureo-marginatus, Solanum capsicastrum en fruits, de beaux Dracæna nou- 
veaux, occupaient les intervalles des pots d'Orchidées de MM. Veitch. 


Dans l'apport de MM. Henderson on comptait une belle variété toute 


nouvelle de Caladium, qui sera mise au commerce sous le nom de Prince 
Albert Edward, et sur laquelle nous reviendrons ultérieurement. Un lot de 


plantes alpines pour rocailles, très jolies et bien cultivées, un autre du lis 


de Guernesey (le délicieux Nerine Sarniensis), avec ses hampes nues et ses 
ombelles solferino tendre, à longues étamines, telles étaient les plus jolies 
plantes à détacher de ces intéressants produits. 

- Enfin M. W. Bull, qui ne concourait pas pour les nouveautés, avait des 
lots de plantes variées, parmi lesquelles des plantes à feuillage très bien 
cultivées, le joli Gastronema sanguineum, le candide Bouvardia jasminoides et, 
- parmi un certain nombre d'Orchidées, la fameuse plante du St-Esprit 
(Peristeria elata) en fleur. 

Nous avons beaucoup remarqué aussi des collections de champignons, 
. comestibles et vénéneux, exposés par des amateurs et connaisseurs distin- 
gués. Les étiquettes pour fruits de M. Ed. Pynaert, la Tomate Æepper's 
Goliath, les Oignons Nuneham Park, Nasbey Mammoth et Bedfordshire Globe, 
les Chicorées monstres de MM. Veitch, des fruits de Persea gratissima 
obtenus par M. Carr, jardinier chez M. Hinds, à Weybridge, sont encore 
des sujets dignes d’être mentionnés au passage. 

En terminant ce court résumé de nôtre visite à l'Exposition de Londres, 
nous nous faisons un véritable plaisir de mentionner l'accueil cordial que 
nous avons trouvé chez des collègues, dont plusieurs étaient pour nous 
d'anciens amis, et nous témoignons ici aux docteurs Maxwell Masters et 
R. Hogg l'expression du bon souvenir que nous avons emporté d'avoir 
passé avec eux quelques heures trop couttes au gré de nos désirs, 


+: 


» 


LES MAGASINS DE VIVRES DES PICS-VERTS D'AMÉRQUE. 


La gravure ci-jointe, reproduite avec une grande exactitude d'après des 
photographies originales rapportées de Californie par M. W. Robinson, 
illustre un fait particulier à un Pin superbe de ces régions, le Pinus 
ponderosa. . : 


Nous avons dit dans un récent article sur les Wellingtonia de Mariposa, 


que l'écorce de cet arbre était en rapport avec ses autres dimensions, et. 


qu'il n'était pas rare de lui voir atteindre 50 centimètres d'épaisseur sur 
les vieux troncs. Or, l'écorce du P. ponderosa est également très épaisse. 


+ - 


019 = 


C'est dans cette écorce spongieuse qu'une espèce de Pic-vert, le Mela- 
nerpes formicivorus, Bor., creuse des trous dans la saison de la récolte du 
maïs, et y enfonce des épis par le gros bout jusqu'à ce que l'extrémité 
seule apparaisse à l'extérieur. Il choisit pour cela un temps sec, afin 
que l'écorce, en se gonffant, presse étroitement l'épi et empêche ainsi les 


écureuils de le déloger. Ce sont là les magasins de nourriture hivernale 
des Pics-verts (Woodpeckers’ storehouses). 


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LS TROOBAñ 


Le Pic-vert prévoyant, 


C'est par milliers qu'on péut voir cès ouverturès comme des trous d'écu- 
moire sur les arbres adultes, et notre gravure en donne une idée fidèle. 

Le fait est inconnu, nous n'en doutons pas, d'un grand nombre de nos 
lecteurs, et il doit être mis au chapitre des singularités qui se rapportent 
à ces arbres Mammouth qui restent les prodiges de la végétation sur 
notre globe. _e 


Ep. ANDRE. 


ee 
ÉCOLE D’HORTICULTURE DE L'ÉTAT — 


En vertu d'un arrêté royal en date du 15 septembre 1871, l'École d'Hor- 
ticulture de l'État, précédemment établie à Gentbrugge, dans l’établisse- 
ment de M. L. Van Houtte, est annexée au Jardin botanique de l'Université 
de Gand. 

C’est le 6 de ce mois que commencent les cours, pour fai au 15 août 1872, 
pour la première année scolaire. 

Le personnel de l’école, dirigé par M. J. J. Kickx, professeur à l'Univer- 
sité de Gand, a été exactement recruté, nous le constatons avec le plus 
grand plaisir, parmi les professeurs qui donnaient autrefois les cours de 
l'École de Gentbrugge, moins M. Crépin. Nous retrouvons enfin à leur 
véritable place des amis dignes du poste qui leur est confié. Sous leur 
impulsion, l'École d'Horticulture de. Gand continuera ses traditions de 
pépinière choisie de jeunes jardiniers mstrujts. 

Le personnel se composera donc de : 

Directeur : M. J. J. Kickx, professeur à l'Université de Gand; 

Professeur maître d'études : M. Emile Rodigas; 

Professeurs : MM. Pynaert et Burvenich; 

: Professeur chef de culture : M. Van Hulle, jardinier en chef du Jardin 
botanique de l'Université de Gand. 

Le RÈGLEMENT suivant a été ppets le 30 septembre dernier par le 
Ministre de l'Intérieur de Belgique : 

« Art. 1%. Une école théorique ät pratique d’horticulture est établie à 
Gand et annexée au Jardin botanique de cette ville. 

» L'enseignement y est donné gratuitement. nd 

» Art. 2. Les cours donnés pendant l'année scolaire 1871-1872, et cor- 
respondant à la 1° année d'études, comprennent, outre la religion et la 
morale, dont l'enseignement est réglé par des dispositions spéciales, les 
matières ci-après : 

» Les langues française et flamande, l'arithmétique, la géographie, le 
dessin linéaire, la botanique (éléments d'anatomie et de physiologie végé- 
tales, organographie et morphologie), l'horticulture (culture des plantes 
vivaces de plein air, des plantes molles et des plantes bulbeuses), l'arbori- 
culture (organisation de l'arbre, pépinières, multiplication), des notions de 
culture maraichère. 

» Les cours commencent le 6 novembre, pour finir le 15 août. 

» Les cours des deuxième et troisième années d'études seront déterminés 
ultérieurement. 

» Art. 3. Les élèves sont externes. 

» Pour être admis à l'École, il faut être âgé de 14 ans au moins au 
moment de l'inscription, avoir la force nécessaire pour exécuter régulière- 
ment tous les travaux de culture, savoir parler, lire et écrire correctement 
le français, posséder les notions générales de géographie et connaitre les 
éléments du calcul. 

» Il est tenu compte aux récipendiaires flamands de l'instruction qu'ils 
possèdent dans leur langue maternelle. 


hi 


» Art. 4. Les jeunes gens qui désirent se présenter à l'examen d'admis= Fe 


sion, doivent se faire inscrire à cet effet chez le directeur de l'École, en 
lui adressant : 

» 1° Leur acte de naissanee; 

» 2 Un certificat de bonne conduite délivré par l'administration du lieu 
de leur domicile: | 

» 3 Un cértificat de santé délivré par un docteur en médecine. 

» Ces pièces doivent être légalisées. 

» Art. 5. Les examens d'admission ont lieu au jour fixé par le directeur; 
ils sont faits par écrit et oralement, par les professeurs de l'École, sous la 


présidence du directeur. 


» Art. 6. Des examens généraux ont lieu à la fin de l’année scolaire 
pour constater le degré d'instruction des élèves et s'assurer qu'ils possè- 
dent des connaissances suffisantes pour passer à la section suivante. 

» Ces examens se font par les professeurs, sous la présidence du direc- 
teur et en présence de l'inspecteur-général de l’agriculture. 

.» Art. 7. Il ÿ a une vacance de quinze jours à l'époque des fêtes de 
Pâques. 

» Art. 8. Des bourses peuvent être accordées aux élèves peu favorisés 
de la fortune qui se distingueront dans les examens d'admission ou dans 
leurs études. 

» Art. 9. Un subside est mis à la disposition du directeur de l'École 
pour couvrir les frais de l'enseignement et les dépenses du matériel, qui 


‘ sont à la charge de l'État. 


» Art. 10. Sont provisoirement applicables à l'École d'Horticulture de 
Gand, les articles 1“, 3 à 11, 12, à l'exception du dernier paragraphe, 
13 et 14, 16 et 17, 21, 24 à 27, 29, 33 à 35 et 69 à 73 du règlement minis- 


_ tériel du 26 octobre 1860, les articles 1er à 4, 6 et 7, 9 à 11, 17 à 21, 


28, 31 et 32, 36 et 37 du règlement de discipline intérieure portant la 
même” date, concernant l'École qui était précédemment établie à Gent- 
brugge, ainsi que l'arrêté ministériel du 13 mars 1865, relatifs aux examens 
à subir par les personnes qui ont suivi les conférences publiques sur 
l'arboriculture fruitière. ; 

» Bruxelles, le 30 septembre 1871. | 
» Le Ministre de l'Intérieur, 
# KERVYN DE LETTENHOVE. » 


Suit un long détail réglementairé concernant les fonctions des profes- 
seurs, les herborisations, les examens, la police des cours, la distribution 
des travaux, la question financière et la discipline intérieure de l'École. 

Les examens d'admission ont eu lieu cette année le mardi 31 octobre, 
à 10 heures du matin, au Jardin botanique de Gand. RE À 

, p. À. 


TOM. XVIII. — NOV, 1874. : : k Se à 


sé 00 Fe 
COMPARAISON . 
DES 


à : 
Thermomètres Centigrade, Réaumur et Fahrenheït. 

Il arrive souvent que des horticulteurs qui lisent les journaux anglais ou 

américains sont arrêtés par les chiffres du thermomètre Fahrenheit, dont 


la comparaison avec les th. Centigrade ou Réaumur ne leur est pas fami- - 


lière. Ils lisent avec stupéfaction : chauffez votre serre à 80 ou 85 degrés, 
et ne comprenant pas, ils passent outre. Quelques-uns ouvrent des traités 
de physique et trouvent, pour faire la réduction, des formules algébriques 
qui sont de l’hébreu pour eux. 
Il y a pourtant un moyen bien simple de fairé cette conversion. Le voici : 
Pour convertir des degrés Fahrenheit en centigrades, déduire d’abord 32°, 


puis multiplier les degrés restants par 5/9" ou 0,555. (Notre 0° correspond 


à 32° Fahr.) 

Pour convertir en degrés Réaumur, déduire d'abord 32, et multiplier 
par 0,444. 

Ainsi on a 86 degrés Fahrenheit à convertir en centigrades. Voiei l'opé- 
ration : è 

5 86 degrés 
‘moins 32 
Reste 54 
mult. par 0,555 — 29 degrés 9 dixièmes 7 cent. Soit en 

chiffre rond 30 degrés centigrades. 

Donnons d’ailleurs, pour plus de commodité, une table de concordance 
des trois thermomètres de 5 en 5 degrés. 


Cent. | Ré. | Fah. || Cent. | Ré. | Fah. || Cent: | Ré. | Fah. 
œ | | 3% | 35 | 928 | 95 | 70 | 56 | 158 
ÿ 4 41 40 32 | 104 75 60 | 167 
10 50 | 45 | 36 | 113 | 80 | 64 | 17% 
15 | 42 | 59 | 50 | 40 |122 | 85 | 68 | 185 
20 | 16 | 68 || 55 | 44 |151 | 90 | 72 | 194 
25 | 920 |.77 | 60 | 48 |140 | 95 | 76 | 203 
30 | 24 | 86 | 65 | 52 | 149 Le 80 | 212 
| 


Nous ajouterons, à ces éclaircissements, que plusieurs opticiens vendent 
maintenant à Londres, à Paris, à Bruxelles, dans toutes les grandes villes, 
des thermomètres gradués de ces trois manières. Nous pouvons indiquer à 
Paris M. Eon, fils, 13, rue des Boulangers. 

Er. A. 


LU Hd Te SE, 
ne 0 LE à En 
BIBLIOGRAPHIE. 


+ 

Les meilleurs fruits : Tome III, le Poirier, par M. P. ne Mor- 
TILLET, 1 vol. in-8° de 512 pages, avec gravures sur bois, chez Prudhomme, 
éditeur à Grenoble; prix : 9 fr. — Nous venons de recevoir ce beau livre 
des mains de M. Prudhomme, l’un des apôtres les plus zélés de l'Agriculture 
française, et qui a donné une si vive impulsion à la vie rurale autour de 
lui par ses publications et ses exemples. Nous reviendrons quelque jour 
sur cette personnalité trop peu connue et très digne de l'être. 
- Parlons du livre de M. de Mortillet : le Poirier. Les titres courts sont 
ambitieux, dit-on, et engagent fortement l'auteur envers le public. Il faut 
convenir qu'ici jamais ambition ne fut mieux justifiée. Nous avons rarement 
vu de monographies traitées avec plus de soin, de conscience, mieux 
fouillées dans tous leurs détails et plus loyalement écrites. Nous ne con- 
naissons guère que M. de Lambertye qui puisse être opposé à M. de Mor- 
tillet pour le soin qu'il met à bien faire et à bien dire. 

Nous avions déjà du même auteur le PÊCHER et le CERISIER, qui nous 
avaient accoutumés à sa manière, à cette forme dialoguée que nous trou- 
_vons un peu familière pour des œuvres de cette importance, mais que 
M. de Mortillet affectionne, car elle le force. à se faire des objections à 
lui-même et à y répondre au grand profit du lecteur. 

Dans le traité du Poirier, qui fait suite au Pêcher et au Cérisier et 
forme un beau volume à part, M. de Mortillet a procédé en tout par 
sélection, par séries, dans ses classifications. Après avoir publié, en 1859, 
un travail dans le Sup-EsT, divisé en quatre séries de 10 Poires chacune, 
M. de Mortillet reproduisit cette distribution dans une brochure, intitulée : 
Quarante Poires pour les mois de Juillet à Mai, esquisse qui obtient un très 
vif et très légitime succès. En cherchant l'explication de ce succès, l'auteur 
crut pouvoir l'attribuer à la réduction sévère des variétés et à leur distri- 
bution en séries, par ordre de maturité. Il n'hésita pas à suivre cette 
marche pour son nouveau livre, et il fit bien. Si l'on songe en effet que toutes 
les classifications proposées par les auteurs échouent devant l'application, 
qu'elles reposent sur des caractères inconstants, on comprendra que des 
pomologistes les plus accrédités les rejettent, comme l’a fait M, Decaisne 
dans le Jardin fruitier du Muséum. 

Ainsi en 1850, M. Willermoz avait essayé de diviser les. fruits du genre 
Poirier en sept groupes : Bon Chrétiens ou Cydoniformes ; Colmars ou turbini- 
formes; Doyennés ou doliformes; Bergamottes ou sphériformes; Calebasses ou 
claviformes; S'-Germains ou pyriformes, et Rousselets où micropyres. 

° Le Congrès pomologique de France, qui avait d'abord adopté ce système 
si simple en apparence, dut le rejeter en 1867 « en attendant de nouvelles 
données de l'expérience, » les fruits ainsi classés variant souvent de formes et 
par conséquent étant difficiles à faire rentrer dans leurs groupes respectifs. 

D'autres méthodes furent proposées en Allemagne : elles étaient tout 
aussi artificielles et impraticables. 

M. de Mortillet en est donc revenu à conserver : 

Une série de Poires d'été, une de Poires d'automne, _une de Poires 
d'hiver, une de Poires anciennes et une enfin de Poires à cuire, 


— 224 — 

Le deuxième entretien du livre, qui traite du Poirier considéré comme 
espèce, dénote une grande érudition et une connaissance entière du sujet, 
au point de vue historique. Il passe en revue tous les auteurs qui ont écrit 
sur ce sujet, depuis David, le roi prophète (!), jusqu'à MM. Decaisne et Mas; 
ce chapitre est remarquablement traité. Le suivant s'occupe de la question 
si controversée de la dégénérescence ou plutôt de l'extinction des variétés. 
M. de Mortillet conclut à l’affirmative, et bien que toute son argumentation 
ne nous ait point convaincu, nous avouons très volontiers que rien n’est 
plus intéressant que cette dissertation pleine et substantielle. 

Puis vient la description de 90 variétés, comprenant pour chaque fruit le 
nom, les synonymes, la forme, la peau, l'œil, la queue, la chair, la maturité, 
l'origine, les caractères spéciaux, la culture, et une dissertation historique. 

Dans la seconde partie, qui traite de la culture et de la taille du Poirier, 
M. de Mortillet, en praticien consommé, outre un grand nombre de sugges- 
tions qui lui sont personnelles et que nous voudrions avoir l’espace de 
reproduire, rentre tout-à-fait dans l'idée que nous émettions récemment 
ici, par rapport au pincement. Il s'insurge comme nous contre les formules 
doctrinales des professeurs d’arboriculture, dont la plupart sortent d’une 
université inventée par leur ingénieux cerveau et qui se sont intitulés de 
leur propre mouvement les conférenciers de ces académies de village. 
M. de Mortillet, nous le voyons avec plaisir, cherche à simplifier, supprime 
la pratique longue du pincement, et comme nous la remplace par le casse- 
ment, opération que recommandait d'ailleurs feu M. Verrier, de la Saul- 
saye, à coup sûr le premier dresseur d'arbres fruitiers de ces derniers temps. 
Seulement, au lieu de le faire en août, comme nous, il le conseille à une 
époque plus hâtive. Nous nous rangeons volontiers à cette opinion d'une 
autorité comme la sienne. Disons seulement que nous ne cassons en août 
que parce que nos arbres sont dans nn terrain frais où ils poussent toute 
l'année sans interruption de sève, de manière que nous cassons souvent à 
cette époque sur du bois encore herbacé. 

En résumé, le livre de M. de Mortillet est de ceux qui vivent, et dont les 
destins sont, comme le bon vin, de gagner en vieillissant. De si précieux 
gages de savoir nous font bien augurer du volume qui suivra, et qui sera 
consacré au PoMmrer. Ep. A. 


nds 
en 42 


LITTÉRATURE HORTICOLE. 


LES TRISTESSES DE L'HIVER. — L'hiver étend ses voiles gris sur la terre 
attristée, le froid siffle et pleure autour de nos toits. Mais quelquefois encore, à midi, les 
lueurs empourprées percent la brume et viennent réjouir les tentures assombries de ma 
chambre. Alors mon bengali s’agite et soupire dans sa cage en apercevant sur le lilas dépouillé 
du jardin un groupe de moineaux silencieux, hérissés en boule et recueillis dans une béatitude 
mélancolique. Le branchage se dessine en noir dans l'air chargé de gelée blanche. Le genêt, 
couvert de ses gousses brunes, pousse encore tout en haut une dernière grappe de boutons 
qui essayent de fleurir. La terre,-doucement humide, ne crie plus sous les pieds des enfants. 
Tout est silence, regret et tendresse. Le soleil vient de faire ses adieux à la terre, la gelée 
fond et des larmes tombent de partout; la végétation semble faire un dernier effort pour 


. reprend”e à la vie; mais le dernier baiser de son époux est si faible, que les Roses du Bengale 


tombent effeuillées sans avoir pu se colorer et s'épanouir, Voici le froid, la nuit, la mort. 
G. Sax», 


EE 


CHRONIQUE HORTICOLE. 


Accroissement nocturne des tiges de Bambous et des ham- 
pes d’Agaves. — Dans une récente communication à la Société centrale 
d'Horticulture de France, M. Rivière a fait connaitre de curieux détails sur 
la végétation des Bambous en Algérie. D'après ses observations et celles de 
son fils, les grands Bambous indiens ont une végétation estivale, tandis que 
les espèces de la Chine ou de Cochinchine se développent surtout au prin- 
temps. De ceux-ci le Bambusa wnitis est une superbé espèce qui pourrait se 
répandre avec avantage sur les bords des ruisseaux de toute la région 
méditerranéenne. Sa végétation est prodigieuse; on a vu la tige s’allonger 
de 57 centimètres en vingt-quatre heures! L'accroissement nocturne est supé- 
rieur d'environ un tiers à l'accroissement diurne. 

De la constatation de ce fait naquit pour M. Rivière fils l'idée d'examiner 
si la même loi se répétait pour le développement de la hampe florale des 
Agaves. Il constata, au contraire, que la hampe de l'Agave mexicana, L. 
. s’allonge plus fortement pendant le jour que pendant la nuit. Il observa 
également que le degré de la chaleur atmosphérique était sans influence 
sur l'accroissement de la tige dans la saison de la pousse. Une seule fois, 
en septembre 1869, il remarqua, pendant que le sirocco soufflait violem- 
ment, et par une chaleur de 53° à l'ombre, que la tige du Bambusa arundi- 
nacea s'allongeait plus rapidement que de coutume. 

Société botanique de France. — Après tant de misères et une sus- 
pension de travaux inévitable pendant les deux guerres terribles qui ont 
pesé sur Paris, cette Société a pu reprendre ses séances et ses publications. 
Le premier compte-rendu des séances nous arrive; le bulletin bibliographi- 
que et celui de la session de 1870 dans le Morvan nous étaient déjà par- 
venus depuis quelque temps. Nous trouvous dans le compte-rendu précité, 
p. 7, une note de M. Paul Woelzel, sur une substance peu connue et qu'il 
est bon d'indiquer : le Soumboul. 2 

Il y a quinze añs environ, le gouvernement russe avait offert une prime 
de 400 fr. pour le premier échantillon complet de la plante qui produit cette 
substance, fort estimée en Orient comme curatif du choléra. On n'en con- 
naissait que la racine, qui se vend dans le-Turkestan à un prix modéré. 
Cependant on n'avait rien pu découvrir dans le pays même et le savant . 
M. Favitski avait échoué dans ses tentatives 

Borchtchof, dans ses études sur le pays aralo-caspien, dit que cette 
plante serait une Ombellifère, peut-être du genre Heracleum. 

Mais voici qu'on annonce dans une publication moscovite, les Javestiya, 
que le Jardin botanique de l'Université de Moscou possède sept pieds 
vivants, que M. Fedtchenko a rapportés lui-même de l'expédition du Tur- 
kestan. Ce voyageur se propose de retourner explorer prochainement les 
parties du territoire de Magniane, d'où viennent les exemplaires de Soum- 


boul cultivés à Moscou. 


. TOM, XVII. — DÉC. 1874. 52 


= 2 — 


D'après M. de Schoenefeld, ce nom serait en Tamoul celüi du Pimpinella 
anisum, L. ; 

S'il en était ainsi, la découverte ne serait pas grand chose, car cette 
plante qui fournit l'anis vert, l'anis d'Espagne et l'anis d'Albi, est fort 
connue et cultivée, et ce serait, comme dit Shakespeare : much ado about 
nothing. , 

Mais le Soumboul est tout autre chose. D'après M. Cauvet (Histoire 


naturelle médicale), c'est la racine d’une Ombellifère orthospermée de la 


tribu des Angélicées. Son nom est Angelica moschata, Wiggers. Elle croît 
dans les montagnes du nord de l'Inde anglaise. Sa saveur est d'abord douce, 
puis amère, balsamique, avec une odeur forte et franche du musc. On en 
obtient une résine comme le Jalap, qui s'emploie dans les fièvres adyna- 
miques, la dyssenterie et la diarrhée asthérique, le choléra, le delirium 
tremens, l'aménorrhée, la chlorose, etc., comme stimulant nerveux. 

Dans le même bulletin, M. A. Delondre, en énumérant les dégâts commis 
au Muséum de Paris en janvier 1871 par les obus prussiens, publie une : 
liste des végétaux detruits, dressée par M. Decaisne, et qui ne comprend 
pas moins de 231 genres de plantes de serres. Nous nous associons aux 
vœux de notre collègue à cette Société, pour prier tous les possesseurs de 
plantes intéressantes pour la botanique d'aider à la reconstitution de ces 
collections précieuses. 


Destruction de la chenille du Chou. — Le rédacteur du Wochen- 
schrift du 1° juillet dernier préconise un moyen excellent de détruire la 
chenille du Chou (larve de la Piéride de ce nom), qui fait tant de ravages 
dans les potagers, Ce moyen, — je vous le donne en mille, — ‘c'est de 
ramasser une à une les petites chenilles quand elles sont écloses, en juin- 
juillet! — Rien de plus simple en effet. — Ceci nous remet en mémoire le 
moyen si connu d'attraper les Pies, et celui de détruire les Hannetons en 
saisissant délicatement les mâles de ce Coléoptère entre le pouce et l'in- 


_dex et... leur fendant le ventre d'un coup de canif. Plus de mâles, plus 
de fécondation, plus de postérité! S | 


‘ Procédé Gülich. — Dans le même journal (8 juillet), on recommande 
le procédé allemand Gülich qui consiste à coucher les tiges des pommes de 
terre, afin de les marcotter pour qu'elles produisent davantage. On ajoute, 
il est vrai, que dès 1827, le pasteur Puttsche a décrit ce procédé. 
86 expériences ont été faites, 8 ont donné des produits égaux de part et 
d'autre, 23 ont été avantageuses au procédé Gülich, et CINQUANTE-CINQ 
ui ont été défavorables. Cherchons mieux, s'il vous plait! : 


Floraison en plein air de l'Agave Salmiana. — Chez M. Goupil, 
propriétaire au Pecq, près Paris, deux magnifiques spécimens de cette 
rare espèce mexicaine viennent de fleurir. Ces deux plantes, dont les feuilles 
ont deux mètres de longueur, sont en pleine terre au milieu d’une pelouse. 
L'hiver on se contente de les couvrir d'une cabane de planches, contenant 


un poële pour les grands froids. Ces plantes ont donné déjà de nombreux 


rejetons qui commencent à se répandre dans les jardins de Paris. 
Ce fait nous rappelle que nous avons vu cette année, dans l'ile de Guer- 


\ 


DT 


nesey, des exemplaires d'Agave americana, qui passent l'hiver en plein air 
sans aucune couverture et dont les dimensions sont de plus de 3 mètres de 
hauteur sur près de 4 mètres de diamètre. Ces co!osses sont sur une pelouse 
devant le château de M. de Saumarez, à Saumarez (Guernesey),et ils ne 
sont pas les seuls dans l'ile qui atteignent cette taille. - 
Fructification de l’Araucaria imbricata à Paris. — M. Quihou 
a constaté la présence de deux cônes femelles sur un de ces arbres âgé de 
15 ans et haut de 2"50, au Jardin d'acclimatation du Bois de Boulôgne. 
Cette fructification prématurée est due sans doute à l'influence du mau- 


vais sol.” 


A ce propos, M. Vavin a signalé à la Société d'Horticulture que les plus 
beaux Araucarias de l'Europe (au moins le plus beau) existent à Penendreff 
dans le département du Finistère. Ces arbres, au nombre de six, ont été 
plantés en 1823 par M. de Kersauzon. Le plus fort d'entre eux dépasse 
aujourd'hui 20 mètres de hauteur, et son tronc, à un mètre du sol, mesure 
2%10 de circonférençce. Il est garni régulièrement de branches de la base. 
au sommet. C'est le seul des six qui soit fertile et il porte des cônes femelles 
tous les ans. Les autres, moins élevés, mais plus élancés, sont probable- 
ment des mâles. : 

Nous avons vu une photographie de ce bel arbre, qu'il a été question un 
instant d'acquérir pour la ville de Paris quand nous étions attaché à 
l'administration municipale. C’est un végétal de la plus grande beauté, 
à branches trainant à terre, à verdure compacte, formant un cône régulier. 


_ Ceux de Dropmore, et celui de Eaton Hall, chez le marquis de West- 


minster, près de Chester, que nous avons vus également, ne sauraient 
être comparés ni en force ni en hauteur avec les Araucarias de M. de Ker- 
Sauzon. Il peut être utile de fixer ainsi les tablettes d'inscription des 
beaux arbres exotiques dans nos régions. 

Journal d’Horticulture pratique, par la Jeunesse horticole 
de Gand. — Au lieu de courir sans cesse les bals et les cafés et de 
perdre un temps précieux pour leur instruction, les jeunes horticulteurs 
de Gand viennent de fonder une association qui publie le résultat de sestra- 
vaux sous forme d'une feuille périodique intitulée comme ci-dessus. Bravo! 
jeunes gens! Nous ne voulons point vous parler latin et vous faire reculer 
aux premiers pas, mais laissez-nous vous dire avec le poëte que c’est en 
travaillant jeunes qu'on atteint la renommée (1). Nous comptons bien que 
ce beau feu ne s'éteindra pas et que les jeunes publicistes gantois devien- 
dront vieux par le savoir et l'esprit, sans cesser d'être corporellement 


. Jeunes, actifs et vigoureux. 


« The Garden. » — Une autre publication des plus importantes et du 


plus haut avenir, si nous en jugeons par ses prémisses, vient de lancer ses 


premiers numéros en Angleterre. Elle est dirigée et rédigée en grande 
partie par notre actif collègue et ami M. William Robinson. Divisée avec 
méthode, imprimée sur beau papier, format petit in-4°, constellée de 


» 


(1) Macte animo, puer, sic itur ad astra. 


D- 


déssins et de croquis pleins d'à propos, écrite par des praticiens de grand 
mérite, en un mot remplie de documents comme savent les classer les 
Anglais, the Garden se présente avec un grand cachet d'originalité et 
d'élégance devant la presse horticole anglaise. Le côté scientifique ne sera 
pas sa spécialité; il restera entre les mains du Gardeners’ Chronicle et des 
publications botaniques; mais nous pouvons affirmer que rien ne sera plus 
complet au point de vue pratique. L'activité, le savoir de M. Robinson en 
sont de sûrs garants. Nous l'avons vu à l'œuvre et connaissons sa puissance 
de travail. Nous ferons souvent des emprunts à la nouvelle feuille, qui 
paraîtra chaque semaine, et nous lui souhaitons grand succès de tout cœur. 

De la dégénérescence des variétés fruitières.—Il nous est arrivé 
plusieurs fois déjà d'exprimer notre opinion sur cette question qui a donné 
lieu à de vives controverses. Dans ce pays même, en Belgique, où la 
dégénérescence ou extinction graduelle des variétés fruitières a été affirmée 
par Van Mons, cette théorie a trouvé un ardent défenseur en l’un de nos 
amis, M. Ed. Pynaert, qui a pris fait et cause pour un mémoire de 
M. de Bouteville dans le même sens, et a traité plusieurs fois la question. 

Nous sommes d’un avis diamétralement opposé au sien, ce qui n'empêche 
que nous soyons les meilleurs amis du monde. Nous pensons que les variétés 
fruitières fixées par la greffe se gardent pures, tant qu'on prend soin de 
les perpétuer par des rameaux sains sur des sujets sains, et que si elles 
doivent s'éteindre, les moyens que nous avons de les contrôler sont tout-à-fait 
insuffisants pour pouvoir hous fournir même des présomptions, étant données 
les périodes de temps si courtes sur lesquelles portent nos observations. 
Si un fruit dégènère, cela tient à des causes locales, accidentelles : mauvais 
climat, mauvais sol, greffons malades, choix mal fait des sujets, intempé- 
ries, etc., etc. La perpétuation des maladies ainsi contractées conduirait à 
l'extinction, comme des générations d'hommes scrofuleux finiraient par 
s'éteindre par stérilité s'ils ne renouvelaient leur sang vicié, sans que pour 
cela un membre de leur famille, regreffé sur bonne souche, soit incapable 
de relever ce sang appauvri. : 

Quoi que nous puissions faire, nous avons peur de ne convaincre aucun de 
nos adversaires, car cela devient presque une question de mots et s'échappe 
à l'expérience courte et décisive, Qu'il nous suffise de dire que non-seule- 
ment nous ne sommes pas seul de notre bord, mais que nous venons de 
recevoir de M. Porcher, président de la Société d'Horticulture d'Orléans, 
une remarquable brochure sur cette question, où l’auteur partage entière- 
ment notre manière de voir. Il serait trop long de donner même des extraits 
de cet intéressant travail, mais nous tenions à en prendre acte et à en. dire 
le bien que nous en pensons. 


Campanula laciniata. — MM. Ch. Huber et Ce, horticulteurs, à 


25 


Hyères (Var), mettent en vente cette année une charmante plante recueillie 
autrefois par Tournefort (en 1700) dans son voyage du Levant et qui n’était 
pas jusqu'ici introduite. C’est le Campanula laciniata, L. — MM. Huber la 
doivent à M. Orphanidès, professeur de botanique, à Athènes, qui vient de 
la retrouver sur un ilot de l'archipel. 


Tournefort la décrit ainsi (Relation d'un voyage du Levant, t. I, p. 260, 


__nières dues aux introductions américaines de M. Ræzl; Coronilla viminalis, 


LA 


— %9 —" 


Paris, 1717) : « C'est la plus belle espèce de Campanule qui soit en Grèce. 
» La plante, haute d'environ deux pieds, est arrondie én sous-arbrisseau, 
» touffue et branchue dès le bas; ses premières feuilles ont environ huit 
» pouces de long sur deux pouces et demi de large, découpées profondé- 
» ment à la manière de celles de la Jacobée ordinaire, luisantes, parsemées 
» de veines blanches. La tige est ligneuse, grosse comme le pouce à sa 
» naissance, toute chargée de fleurs à ses extrémités. Chaque fleur est 
+ une cloche haute d'environ 15 lignes, évasée jusques à près de deux 
» pouces, bleues, etc. » — 

Nous dirons à chacun de nos lecteurs : préparez un coin de votre jardin, 
et demandez, comme nous venons de le faire, la Campanula laciniata. On 
la dit très rustique, au moins sous le climat du midi; espérons qu'elle 
le sera de même sous nos latitudes. : : 

Parmi les autres nouveautés en graines que mettent en vente cet automne 
MM. Huber, nous pouvons encore recommander : Amarantus atropurpureus 
A. bicolor Olbiensis, Antennaria Reœxlii, Astragalus Marianus, ces deux der. 


Euphorbia pandurata, Hesperis speciosa, Œnothera gigantea, Papaver seligerum, 
Penstemon acuminatum et verticillatum, Salvia camphorata, Zauschneria ?, etc. 

Pseudolarix Kæmpferi. — Ce bel arbre japonais, que M. Ch. Le- 
maire à autrefois étudié dans ce recueil, et qui avait été cause d’une polé- 
mique assez vive entre lui et M. Carrière, vient de fructifier pour la pre- 
mière fois en Europe chez M. André Leroy, à Angers. Nous avons vu 
l'exemplaire; il mesure 4 à 5 mètres de haut; il est incomparablement 
moins beau que celui qui existe actuellement dans le jardin de M. Linden, 
à Gand, et qui mesure près de six mètres de hauteur sur autant de diamè- 
tre. Mais le fait n'en est pas moins intéressant. L'arbre de M. Leroy porte 
200 à-300 cônes. Celui de Gand n’a pas encore fructifié. 

L’Horticulteur Lyonnais. — L'année 1872 s'ouvrira avec une nou- 
velle publication horticole française, portant le titre ci-dessus. Elle sera 
dirigée par M. Cusin, secrétaire-général de la Société d'Horticulture du 
Rhône, déjà connu avantageusement par ses études botaniques et ses 
herbiers de Graminées par impression. Le programme du nouveau recueil 
sera, essentiellement pratique; il paraîtra deux fois par mois, le 1° et le.16, 
sans figures coloriées, et se consacrera surtout aux intérêts des horticul- 
teurs lyonnais qui le rédigeront en plus grande partie. Bonne chance à 
notre nouveau confrère. Il y a partout de bonnes choses à dire et du bien à 
faire. La nouvelle feuille aura tout ce qu’il faut pour cela. 

Concours spécial et international de Rhododendrons. — A la 
97e Exposition d'Horticulture de la Société royale de Flore de Bruxelles, 
qui aura lieu du 28-30 avril 1872, un concours spécial et international de 
Rhododendrons sera ouvert. 

Une médaille d'or de cinq cents francs comme premier prix et une 
médaille d'or et prime dé cent francs comme deuxième prix sont attribués 
au premier de ces concours. : 

« Collection de 25 variétés de Rhododendrons les plus remarquables par 
» leur beauté, leur floraison, leur développement et leur culture, » 


x “! 


ae VOD — 


Les envois destinés à prendre part aux concours spéciaux doivent être 
annoncées au plus tard le 15 avril à M. LuBBers, Secrétaire de la Société, 
rue du Berger, 26-28, à Ixelles (Bruxelles). 

Il est accordé une réduction de 50 p. c. sur les prix de transport des 


n 


plantes destinées à ces concours. 


Au revoir! — En terminant cette chronique, qu'il nous soit permis 
d'adresser à nos lecteurs un remerciment, un souhait, une promesse. 
_ L'année qui vient de s'écouler, triste au plus haut point pour l’horticul- 
ture européenne, a porté dans toutes nos régions occidentales le contre- 
coup d'une guerre terrible suivie d’une révolution plus désastreuse encore. 
_ Que ce passé fatal s’engloutisse à jamais, et plaise au ciel qu'avec lui 
puissent sombrer les misérables de tout ordre qui ont plongé dans ces 
abîimes tant de travailleurs innocents, tant de familles aujourd'hui déso- 


en revenant aux fleurs! Nous avons tenu bon, tant bien que mal, parmi 
tous ces orages. 

L'ILLUSTRATION HORTICOLE a subi dans son émission des retards imposés 
par les évènements désastreux des deux dernières années, mais à peu près 
le seul dans les journaux horticoles, publiés en français, elle n'aura pas 
interrompu l'ordre de sa collection. Nous avons donc franchi aujourd'hui 
le cap des tempêtes; il s'appellera désormais le cap de bonne espérance. 

En transmettant nos meilleurs vœux à notre public ami des fleurs, nous 
avons à lui annoncer une bonne nouvelle. C'est celui d'une amélioration 
importante dans notre recueil. Nous augmenterons avec 1872 notre nom- 
bre de pages, remplacerons une des quatre planches coloriées par de nom- 
breuses gravures, et donnerons par an 24- livraisons (au lieu de 1%, qui 
paraitront régulièrement le 1* et le 15 de chaque mois. — Les tradi- 
tions d'autrefois, celles de la science et des informations sérieuses touchant 
la partie spéeulative de la botanique et de l'horticulture, notre recueil les 
conservera religieusement. 

Il faut que nous puissions dire avec Cicéron : « Ce livre est à la fois mon 
” ouvrage et mon guide (1). » Mais le temps vole {time flies) et nous entraîne 
après lui si nous ne le suivons pas. On veut aujourd'hui non pas seulement 
de la science pure, mais de la pratique, des faits, des renseignements 
nombreux de toutes choses. Notre publication embrassera, par chapitres 
distincts, toutes les spécialités de l'horticulture, et nous tiendrons bureau 
ouvert des renseignements utiles à la culture. Il faut que tout lecteur 
trouve toujours dans nos numéros de quoi satisfaire désormais sa spécialité. 

Tel est notre projet, notre programme. Nous ne demandons en revanche 
qu'un peu de bonne volonté dela part de nos lecteurs et beaucoup d'indulgence. 


Ep. ANDRÉ. 


(1) Duz nobis el auctor opus est (Cic. litt.). 


DIEFFENBACHIA IMPERIALIS (Linden & André). 
PÉROU ORIENTAL. SERRE CHAUDE. 
J. Linden publ. 


Le 5e 


PI. LXXXV.. 


DIEFFENBACHIA  IMPERIALIS, max à an 


DIEFFENBACHIE IMPÉRIALE. 
= AROÏDÉES. 


ÉTYMOLOGIE ET CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Voir [ustration horticole, 1870, p. 57. 


CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Herbacea, glabra, glaucescens; caulis robustus, simplex, 
succulentus, cylindrico-annulatus, erectus ; petioli amplexicaules, basi subcontorti, 0w60 longi, 
usque ad medium in membranam canaliculatam albo- marginatam rugosam expansi, in nervum 
grossum teretem subtus prominentissimum atroviridem Supra Canalieulatum producti; folii 
limbus amplitudine texturaque robusta conspicuus, 0w60 longus, 0»30 latus, ovato-ellipticus 
subinæqualis breviter acuminatus mucronatus, basi Subcordatus, nitente-atroviridis, supra 
maculis raris irregularibus luteis adspersus, vitta centrali magna nivea secundariisque minori- 
bus in lineis gracillibus parallelis paululatim adductis ornatus, subtus læte viridi-glaucescens ; 
flores fructusque …. desidèrantur. — In Peruvia orientali legit cl. Baraquin, anno 1868. — Ad 
naturam vivam descripsi in horto Lindeniano Gandavensi. — Ep. A. 


rg 


« Autant les fiers Cyprès dépassent des humbles Viornes », comme disait 
le Cygne de Mantoue, autant le Dieffenbachia imperialis est supérieur 
en beauté à ses congénères, y compris le D. Baraquini aux pétioles 
d'ivoire. Aucune autre espèce n'atteint la noblesse de son feuillage, la 


netteté de ses maculatures jaunes et de ses larges bandelettes nivéennes. à 
On en doit l'envoi en Europe à M. Baraquin, qui le découvrit en 1868 


dans le Pérou oriental et l'expédia à Gand, dans l'établissement qui appar- 
tient aujourd'hui à M. Linden. Sa vigueur est si grande, que nous avons vu 


des exemplaires atteindre en peu de semaines près d'un mètre de hauteur. 


La plante est glabre, glaucescente. Sa tige, robuste, plus grosse que 
le bras, dressée, simple, cylindrique annelée par la chute des feuilles, est 
charnue et d'un vert foncé dans le jeune âge. di. 


De très forts pétioles embrassants, légèrement tordus à la b 
60 centimètres, obliquement dressés, sont canaliculés et le 


terminent par une membrane blanche rugueuse qui ne dépasse pas la pre- 


mière moitié de la longueur du pétiole, prolongé au-dessus en une forte 
nervure médiane un peu creusée en gouttière en dessus et très saillante 
arrondie en dessous. Le limbe, qui atteint 60 centimètres de long sur 
30 de large, est remarquable par son ampleur et la solidité de sa texture: 
sa forme est ovale elliptique, brusquement acuminée et courtement mu- 


cronée au sommet, subcordiforme à la base avec ses deux-lobes légèrement 


irréguliers. Sur le fond vert foncé de la feuille une large bande blanche 
entoure la côte ou nervure médiane et les nervures secondaires, avant de 
se noyer dans le ton général, en passant graduellement par des lignes ou 
stries très fines; la surface inférieure est d'un vert léger, glaucescent. 


nn 


Aucun des échantillons que nous avons observés n'avait encore fleuri, mais 
. les autres caractères de la plante nous ont paru très suffisamment distincts 
pour constituer, jusqu'à plus ample informé, une véritable espèce. 
Le D. imperialis, dont le nom indique la majestueuse beauté, vivra plus 
longtemps sans doute que beaucoup de ces empires dont il rappelle la 
grandeur... et la fragilité. Image de la vanité des calculs des hommes et 
du peu de stabilité de leurs institutions, dont le Ciel se fait un jeu, tandis 
qu'il assure la conservation du moindre brin d'herbe dans sa descendance 


avec une prévoyance toute paternelle! : 
Er. A. 


CULTURE. + 


Les Dieffenbachia se cultivent en serre chaude, soit sur couche de tannée, 
soit sur les scories des tablettes. Ils réclament une atmosphère humide et 
des arrosements fréquents durant l'époque de végétation, qui commence = 
vers la fin d'avril et se prolonge jusqu'à la fin de l'été, où l'on diminue les 
arrosements et les bassinages pour amener insensiblement la plante au 
repos, sans toutefois laisser dessècher la terre. 

Le compost de terre diffère entièrement d'après la manière dont on les 
cultive. Pour bien réussir par la culture sur tannée on fera un compost de 
1% sphagnum haché, 1}; charbons de bois, 1/4 tessons concassés et 3/5 de 

terre de bruyère, le tout bien mélangé; on y met la plante, on enterre le 

pot dans la couche et on la mouille modérément. Cette culture donne des 
résultats très satisfaisants; cependant nous préférons de beaucoup la cul- 
ture sur tablettes. 

Les Dieffenbachia sont très voraces et préfèrent un sol substantiel, qui 

conserve bien l'humidité, au compost léger que nous sommes forcés de 

_ leur donner dans la culture sur tannée, où l'évacuation de l’eau est difficile. 
Pour la culture sur tablettes un mélange de terre de couche bien décom- 
posée, 1/; de sable blanc et 2/; de terre de bruyère leur couvient le mieux. 
Le drainage sera bien soigné, afin d'empêcher la stagnation de l'eau qui 
ferait pourrir les racines. : 

Le rempotage a lieu au printemps quand la végétation renaît. 

Les Dieffenbachia réclament une température de 17 à 20° Réaumur, un 
emplacement ombragé et humide durant la belle saison, des bassinages 

_ fréquentsquelques arrosages avec de la bouse de vache délayée dans 
l'eau activeront beaucoup la végétation, et donneront aux feuilles ces r flets 
métalliques, qui en font le plus bel ornement. La 


L. DEMAERSCHALK. 
Sous-chef à l'établ. Linden. : 


eg Ba Es 


Po 


. 


a _  Étab. Lith.de L.Stroobant, à Gand. | 


_ LONICERA (SEMPERVIRENS) PLANTIERENSIS 


SEMIS. BENIN ALE 
J. Linden publ. 


Ed. 


André). 


PI. LXXXVI. 


L 


LONICERA (SEMPERVIRENS) PLANTIERENSIS, to. at. 


CHÈVREFEUILLE DE PLANTIÈRES. 
CAPRIFOLIACÉES. 


ÉTYMOLOGIE : dédié à Adam Lonicer, Allemand, né en 1598, mort en 1586. 


CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : Calycis tubus 5-dentatus. Corolla tubulosa campanulata aut 
infundibuliformis, limbo 5-fido sæpe irregularis. Stamina 5; stylus filiformis ; sigma capita- 
tum ; bacca trilocularis, loculis oligospermis; semina crustacea. — Frutices interdum scanden- 
tes; folia opposita, interdum connata, integra aut in iisdem speciebus subruncinata; flores 
axillares dispositione varii. (DC. Prodr. IV, p. 550.) 

CARACTÈRES SPÉCIFIQUES : Frutex scandens glaberrimus; foha perennantia oblonga 
subtus glauca supra nitida, summa connato-perfoliata; .spiei terminales subnudi verticilliflori ; 
flores superne ventricosi coccineo-flammei, limbo subregulari, lobis 5 rotundatis, — In sylvis 
siceis lapidoSis a Carolina ad novum Eboracum. + 

Lonicera sempervirens, Aiton, Kew. 1, p. 250. 

Caprifolium sempervirens, Michx. F1. bor. am. I, p. 105. , 

Peryclimenum sempervirens, Mill. Dict. Ne 1. À 

Alaternus sempervirens, Rœhl et Steud. 


Tous les jardins possèdent le type d'où est sortie la plante que nous 
figurons et décrivons aujourd'hui, le Chèvrefeuille cocciné ou toujours 
vert (Lonicera sempervirens, d'Aiton), si facile à distinguer par son feuillage 
persistant et ses nombreuses fleurs coccinées. 

Cette espèce a produit jusqu'à ces dernières années trois variétés, les : 

L. s. major, décrit par Curtis, et qui se distingue par une végétation 
plus vigoureuse et des feuilles plus arrondies; 

L. s. minor, du Bot. Magaz., à feuilles oblongues, à végétation moindre; 

L. s. Brownüi, de Gordon, à fleurs plus grandes et plus brillantes, avec 
un ton plus foncé que dans l'espèce. rt ti 

C'est de cette dernière variété, par voie de sélection, qu'est sortie la 
plante que nous avons nommée ZL. s. Plantierensis, et que MM. Simon 
Louis frères ont obtenue de semis dans leurs pépinières de Plantières- 
lez-Metz. =. nn 

Nous ne saurions mieux faire, pour la décrire, que d'emprunter la plume 
même de M. ©. Thomas, l'un des chefs de culture de ce remarquable 
établissement, et qui a fait les semis dont elle est issue : 

« Commé vigueur, la plante est intermédiaire entre les Z. sempervirens 
» et L. Brownii. Les jeunes bourgeons, qui dans le Brownii, sont d'un rouge 
» brun et dans le L. sempervirens d'un rouge pâle violacé au soleil, sont 
» dans celui-ci d'un rouge pâle orangé au soleil, d'un vert jaunâtre à 
» l'ombre. Les feuilles des bourgeons stériles, de forme presque exactement 


TOM. XVIII, — DÉC. 18708 53 


+ 


L 1 
de D 


ME — 
“e % 
» orbiculaire dans le L. sempervirens, et ovales lancéolées dans le Z. Brownii, 
» sont de forme ovoïde et planes au lieu d'être révolutées; leur face supé- 
» rieure, qui dans le ZL. Brown est d'un vert noir luisant, et dans le 


-% L. sempervirens d'un vert moins foncé luisant aussi, est ici d’un vert pâle 


» et presque mat. Les verticilles qui composent l’épi, très espacés dans le 


_» L. sempervirens; au contraire denses ou rarement un peu espacés dans 


» le L. Brownii, ont ici une disposition intermédiaire, de sorte qu'ils for- 
» ment un épi qui n'offre ni l’un ni l’autre des inconvénients que l'on peut 
» reprocher à ces deux plantes. Les tubes des fleurs, qui sont d'un rouge 
» vermillon foncé dans le L. Brownii et d'un rouge vermitlon vif dans le 
» L. sempervirens, sont ici d'un rouge vermillon pâle, fortement nuancé 


» d'orange dans la moitié supérieure. Dans le bouton, cette partie supé- 


» rieure est plus élargie, moins pointue. Le limbe des fleurs sensiblement 
» bilabié mais beaucoup moins profondément que dans le Z. Brownii, est à 
» divisions plus larges, bien planes, c'est-à-dire non contournées, d'un 
» Superbe coloris orange foncé brillant, au lieu d'être jaune nuancé de rouge 
» comme dans le L. Brownii. Les divisions de la corolle se tenant beaucoup 
» mieux et étant moins allongées et plus larges, la fleur est plus grande 
” et plus belle que celle du L. Brownt, indépendamment de ‘la richesse 


» du coloris. : 

» Tels sont les caractères qui différencient notre plante des Z. semper- 
» virens et Brownüi. Tous les autres caractères dont je ne fais pas mention, 
» tels que : mode de végétation, glaucescence de la face inférieure des 
» feuilles, disposition des fleurs en un ou trois épis au-dessus de deux 
» feuilles connées, époque de floraison, etc., etc., sont les mêmes que ceux 
» des deux plantes précitées. J'ajouterai seulement que le Z. Plantierensis 
» surpasse de beaucoup le Z. Brownii en vigueur et en floribondité, car 
» VOUS savez que c'est par ces deux côtés que pèche ce dernier. 
Le. Le L. Plantierensis a été obtenu d'un semis de L. Brownii fait en 1867. 
» Il n'est pas suffisamment multiplié pour être mis au commerce cette 


-» année : il ne le sera qu'au l* novembre 1872. 


” 0. THoMAs. » 


‘ 


CULTURE, 


Plein air; rustique sous nos climats, ne demande qu’un bon sol léger, 
plutôt sablonneux, sans exiger la terre de bruyère. Belle variété, très. 


désirable, suivant l'expression horticole anglaise, 
En. A. 


CHRYSANTHÈMES D'AUTOMNE. 


NOUVELLES VARIÉTÉS. 
J. Linden publ. ki 


. de forme subglobuleuse; = 


— 23 — 


“PF EXXXVIT, 


CHRYSANTHÈMES D'AUTOMNE cuves vis unes, 


PYRETHRUM HYBRIDUM, HORT. (varserares HORTENSES). 
CoMPOSÉES-SÉNÉCIONIDÉES. 


ÉTYMOLOGIE et CARACTÈRES GÉNÉRIQUES et SPÉCIFIQUES : Voir. lUustration horti- 
cole, 1870, p. 38. 


sr 


PPPP SR 


Nous engageons nos lecteurs à se reporter au volume précité de l’llus- 
tration horticole, pour les renseignements scientifiques, historiques et cultu- 
raux qui se rapportent à ces jolies plantes de plein air, si rustiques et si 
variées. 

.… Les variétés figurées ci-contre, qui proviennent de nouveaux semis encore 
inédits de M"° veuve Lebois, de Toulouse, sont, comme on peut le voir, de 
charmantes adjonctions à faire aux collections d'amateurs. 

En voici la description : 

N° 1. Aurélien. — Variété lilliputienne, à très nombreux capitules 
jaune soufre, sùbsphériques, pointés de blanc à l'extérieur, avec quelques 
stries noires au centre des ligules du milieu; 

N° 2. Taïda. — Fleurs moyennes, bien fournies, forme de Reine- 
Marguerite, ligules cucullées oblongues obtuses; 

N° 3. Maurice Jougla. — Toutes petites fleurs, très abondantes, à 
ligules renversées, marginées de jaune d’or sur fond rouge-brun; 

N° 4. M°'° Autier. — Délicieuse miniature à fleurs subglobuleuses, 
lilas foncé, d'une tenue parfaite; 

N° 5. Madame Gambu. — Petites fleurs à ligules très étroites, 
renversées, coloris blanc pur, étoile jaune au centre; fleurs rmantes, 


N° 6. Souvenir de M' Dommage. — Fleurs moyennes, de forme 
irrégulière à ligules grandes, inégales, jaune indien uniforme. 

N° 7. Aissa. — Fleurs de forme très régulière, subglobuleuse, plus 
grandes que celles du N° 4, du. même ton lilas foncé, mais éclairé de 


blanc au centre; charmante variété. 
Ep. A. 


0. 


DE L'EMBALLAGE DES VÉGÉTAUX. 
197 ARTICLE. 


J'ai reçu il y a peu de jours, d'un des principaux établissements horti- 
coles d'Angleterre, un envoi de Conifères et autres articles déjà forts, dont 
l'emballage était si peu soigné que la plus grande partie est arrivée perdue. 

Je crois donc utile d'appeler l'attention des horticulteurs sur la question 
si importante de l'emballage des plantes, opération d’où dépend souvent la 
bonne réussite des transplantations et que l’on néglige trop, surtout pour 
les plantes déjà fortes et par conséquent d'un prix élevé. 

Je sais qu'un bon nombre d'amateurs et même d’herticulteurs jettent les 
hauts cris en voyant qu'un panier ou une caisse leur ont été facturés plus 
cher que de coutume. Ceux-ci objectent que le prix des emballages absorbe 
une grande partie de leur bénéfice, et pour cette raison ou d’autres analo- 
gues l'expéditeur, qui ne veut pas perdre un client, économise et néglige 
ces petits détails peu importants en apparence, mais essentiels pour la 
bonne conservation des plantes; il cote son emballage moins cher et les 
- plantés arrivent en mauvais état. L'acheteur se plaint et demande une 
réduction, qu'on lui accorde en partie, mais qui ne compense jamais les 
pertes qu'il subit; Si bien que vendeur et acquéreur finissent pas perdre 
plusieurs fois ce que leur aurait coûté un supplément d'emballage conve- 
nable pour que l'envoi arrivât à bon port. é 

Pardon, mon cher rédacteur, de ce long préambule, mais il-ne dit que 
‘ la vérité, malheureusement, hélas! 

J'arrive au fait. 

Il y a trois modes d'emballage généralement employés pour les arbres et 
les plantes : la caisse, le panier et le paquet. : 

Le premier, peu usité jusqu'ici pour les petits trajets, est sans contredit 
le meilleur eë dans certains cas le plus économique. Il est surtout employé 
pour les plantes en mottes et les jeunes plants qui-ont un long trajet à 


vite en grande partie la dessiccation des racines, qui se pro- 
duit dans l'emballage en panier et en paquet. 

_Les plantes à mettre en caisse doivent être préalablement enmoussées, 
puis tenues à l'abri de l'humidité, afin que le feuillage et le bois soient 
parfaitement secs au moment de la mise en caisse. 

Les mottes doivent être légèrement humides: de cette façon les plantes 
ne s'échauffent pas par la tige et ne meurent pas de soif. - 

La disposition à donner aux mottes dans la caisse varie suivant la nature 
des plantes; mais dans aucun cas le feuillage ne doit être mélangé avec les 
mottes, dont chaque rang doit être solidement fixé par un tasseau trans- 
versal, cloué aux deux côtés de la caisse. 

Il faut éviter soigneusement la trop grande abondance de feuillage dans 
les caisses, ce qu'on obtient facilement, en mettant alternativement une 
couche d'arbustes à feuilles persistantes et une à feuilles caduques, ou a 


— 231 — 


défaut de l'un d'eux, en employant des caisses plus longues. En un mot, 
moins les plantes sont foulées et mieux elles se portent. 

Il est très important de ne pas faire de caisse trop lourde. Au-dessus 
de 400 kil. elles sont peu maniables et exposées à la négligence des com- 
pagnies chargées du transport. 

Le meilleur bois est le bois blanc, ou à défaut le Sapin du nord, à cause 
de leur légèreté et de la modicité de leur prix. Toutefois les traverses 
doivent toujours être en chêne ou autre bois dur. 

Lorsqu'une caisse pèse plus de 100 kil., je considère comme indispensable 
d'y mettre des lanières en fer à chaque angle. | 

J'ai dit que dans certains cas . caisse était meilleur marché que le 
panier. 

A volume égal, on peut en effet mettre un plus grand nombre de plantes 
dans la première. Or, le panier qui a servi une seule fois pour un long 
trajet est inserviable, tandis que quelques pointes suffisent pour remettre 


la caisse en état. : 
Ë L. LEROY, 


(A suivre.) Horticulteur, à Angers. 


POÉSIES HORTICOLES. 


La littérature française cultive peu les fleurs et les chante moins encore. 
Il en est autrement en Angleterre, où l'observation des beautés naturelles 
et le développement de la vie rurale, pleine de doux calme et d'heureux 
loisir, ont créé des poëtes familiers qui ont chanté Flore et ses dons d'une 
lyre souvent harmonieuse et délicate. 

Pourquoi ne pas sortir de cet abandon regrettable, et ne pas accueillir 
les tentatives des jeunes poëtes désireux de se montrer les amants de la 
nature en décrivant les joyaux de sa couronne! 

C’est un hors-d'œuvre à nos maigres festins de science sèche et de culture 
pratique; c'est le souvenir fixé de quelque douce émotion de l'âme; c'est 
un délassement innocent qui repose de la vulgarité des descriptions et qui 
donne au rêve une place momentanée au sein de la réalité! Ep. A. 


LA FOUGÈRE. 


Dans les grands bois, au doux murmure Il est une herbe ravissante 
D'une onde au limpide courant, = Cachée au regard indiseret, 
Où mille fleurs, sous la verdure Sans montrer de fleur apparente 
Forment un ombrage odorant; _ Qui trahirait son doux secret; 
Quand le merle aux notes moqueuses Qui n’a point de parfums suaves 
Et le geai aux ailes d'azur, =? Ni grappes de fruits savoureux, 
Avec les mésanges rieuses - -_ Ni le sucre des betteraves 
Font leur trio dans le ciel pur; Ni le baume des malheureux. 
Quand du sol le sein qui s’entrouvre Mais sa beauté tendre et légère 
Répand sur nous son doux trésor; Garde pour moi ses doux appas. 
‘ Quand la corolle se découvre C'est la gracieuse FOUGÈRE, 


Montrant ses étamines d'or; Vers qui se dirigent mes pas. 


= 999 © 


J'aime à voir sa fronde plumeuse + J'aime ces fruits mystérieux 

D'or, d'émeraude, et de satin, Qui mûrissent sous son feuillage, 

Qui de la brise du matin Plus nombreux que sous l'œil des cieux 
Reçoit la caresse amoureuse ; Les grains de sable du rivage. : 
J'aime à voir la fine dentelle Le voile de ses traits charmants 

Qui borde son léger réseau, Reste baissé pour le vulgaire, 

Et ce plumage de l'oiseau Et les amours de la Fougère 

Que son reflet brillant rappelle; Sont connus de ses seuls amants. 


Ainsi de Dieu la bonté souveraine 
Sur tout être vivant a déversé ses dons : 
La splendeur aux grands monts, à la cîme hautaine, 
Le charme et la grâce aux vallons. : 


S'Il a vêtu le lis d'une robe éclatante, 
De l'humble violette il parfume l'odeur, 

Et ce n’est pas la parure brillante 
Qui lui dicte le choix des enfants de son cœur. 
À 


+ 


= VITALITÉ DU CONVOLVULUS ARVENSIS. 


: On a beaucoup parlé de la vitalité des graines et des bulbes, et ici même 
nous avons cité plusieurs fois des exemples à ce sujet. Connaît-on aussi 
bien la force de vitalité des tiges, même herbacées, de certaines plantes? 
J'en doute, et voici un fait à l'appui. ' 

Le 10 novembre dernier, je faisais enlever une partie du parquet de 
mon Cabinet pour placer une cheminée. La portion découpée se trouvait à 
trois mètres des murs extérieurs, dont une partie au couchant était con- 
struite en pierre tendre de Tourraine, dite de Bourré. 

Je relevai avec surprise de longs filaments herbacés, totalement blancs, 
couverts aux nœuds de rudiments de feuilles microscopiques, et déliés 
comme des cheveux. Leur longueur était considérable : elle dépassait deux 
mètres, mais elle n'atteignait pas le mur. Je reconnus dans cette plante, 
non sans , des tiges étiolées du Liseron des Champs (Convolvulus 
arvensis, Lin 

Le mur, à l'extérieur, n'était pas garni par la plante, et on n’en voyait 
aucun pied dans le voisinage, qui est un terre-plein sablé. Cependant, en 
plusieurs endroits, ce mur était traversé dans toute son épaisseur par des tiges 
blanches analogues, qui venaient chercher la lumière dans la partie chaude 
de l'appartement, et rampaient derrière ma bibliothèque. D'autres avaient 
également glissé sous le parquet et y avaient végété; mais les premières 
que j'avais recueillies avaient leurs racines dans la pièce même. 

J'interrogeai le maçon de la maison. Il m'affirma, avec raison, que le 
parquet avait été refait il y a 12 ans, et n'avait jamais été touché depuis. 
Avant cette époque, la pièce était carrelée depuis plus d’un siècle. 

Ainsi donc voilà des fragments de racines, enfouies là dépuis douze ans 
au moins, et peut-être beaucoup plus, dans une obscurité complète, sans 
air et sans beaucoup de fraicheur, qui poussent tous les ans régulièrement 


um DD = 

de longues tiges blanches de 2 à 3 mètres dans tous les sens et sans paraître 
épuisées. D'autres ont eu assez de force pour passer entre les joints des 
pierres, désagréger le mortier, et venir chercher la chaleur dans l'appar- 
tement. Placées sous le champ du microscope, les cellules se sont montrées 
absolument dépourvues de chlorophylle, et cela n’a rien que de naturel, 
après une longue végétation dans une obscurité complète. 

Nous avons voulu signaler ce fait aux physiologistes et montrer quelle 
résistance la vie peut acquérir dans certaines espèces végétales. 


Ep. ANDRÉ. 
: Se Le Le 


LS 


REVUE DES PLANTES NOUVELLES. 


PAP PE PET SPP PTT RATS 


GARDENERS CHRONICLE, 


Juizuer À Décemere 1870. 
(Suite.) 


Cucumis Hookeri, Naudin. — Cucurbitacées. — Venue de graines 
d’origine africaine et envoyées à M. Naudin, à Collioures, par le docteur 
J. Hooker, cette espèce est très distincte par la couleur de ses fruits et 
ses aiguillons robustes, presque spinescents. L'espèce, annuelle, est carac- 
térisée par des tiges grimpantes, grêles, longues de deux mètres, très sca- 
bres; des feuilles à 5 lobes profonds, obtus crenelés denticulés; à sinus 
arrondis; à fleurs jaunes; à fruits gros comme le pouce d'un homme, 
ovoïdes-cylindriques, très épineux, d'un pourpre brun orné d'environ dix 
lignes blanches longitudinales. Cette plante sera un ornement de plus pour 
nos berceaux, treillages et tonnelles; elle a mûri ses fruits facilement cette 
année à Collioures, bien qu’elle n'ait été semée qu'à la fin de juin. 

Jacobinia ciliata, Nees ab Esenb. — Acanthacées. — MM. Veitch 
ont recu cette plante du Vénézuéla. Elle avait été déjà découverte au Chili 
_ par Tweedie, et à Panama par Seemann, Sutton Hayes, ete. Son aspect 
est celui d'un Justicia anisophylla, mais ses fleurs se rapprochent d'un Æran- 
_themum ; elles sont rassemblées en grappes courtes axillaires, se succèdent 
constamment, et leur couleur purpurine se détache bien sur le fond vert des 
feuilles lancéolées. Le J. ciliata sera une addition importante à nos collec- 
tions de plantes de floraison hivernale. x 

Polygonum Sachalinense, F. Schmidt. — Polygonacées. — Nous 
avons remarqué cette plante, en 1869, sur une pelouse située près du 
. Casino, dans le Jardin zoologique de Moscou. M. Desmur, qui l'avait reçue 
de St-Pétersbourg, où elle était arrivée des bords du fleuve Amour, ne 
savait rien de plus de son histoire. Nous sommes heureux de la voir intro- 
duite en Europe, où elle sera appréciée, comme plante à feuillage orne- 
mental, pour ses hautes tiges triangulaires et ses larges feuilles ovales 
oblongues acuminées. Elle croît dans l'ile de Sachalin, territoire Est de 
l'Amour, et M. Linden l'a mise au commerce depuis 1868. 


ER ee 


Hydrangea Thunbergi, Sieb. — Saxifragées. — Arbuste rameux, 
haut d'un mètre, à feuilles ovales oblongues aiguës pétiolées, crénelées, 
à cymes terminales, à fleurs fertiles au centre, à fleurs stériles quadrifides, 
à lobes réniformes, bleus, veinés-radiés. MM. Cripps, de Tunbridge- Wells, 
ont de cette plante une variété à fleurs roses, phénomène qui ne nous étonne 
pas, puisque le bleu des Æydrangea ne vient que du sol dans lequel ils sont 
cultivés ou de l’eau des arrosements. Le type croît au Japon dans les mon- 
tagnes élevées des provinces Awa et Sanuk dans l'île de Sikok, et aussi sur 
les montagnes de Nippon. Les feuilles sèches ont un parfum délicat qui les 
fait surnommer au Japon Ama-tsja, où thé céleste, dit Siebold. On prend ce 
thé le jour anniversaire de la naissance de Bouddha, le huitième jour du 
quatrième mois. Cette cérémonie s'appelle le baptème de Siaka (Bouddha). 


Ep. A. 


EXPOSITIONS ANNONCÉES POUR 1872. 
Belgique et Étranger. 


dut ni ts latte at ci Boo à 9 0 0e + 128 ANR. 
PEN De 6) SN en aies em me spa Qu Rec MED) 
BIRMINGHAM . . . . : 
BRUXELLES (Societé DE à ra Flore). ne international d 


Rhododendrons . . . . . ni 4 et «- 28-00 AVTIE 
DRESDE (Société POUR), + ie ee © + + . 4 + . » ‘27 juilieté#"a0et. 
GAND. SA eee La ed el urit ee ci co et. dÉe97 DA, 
MORT Ts uen pioneer ane mur rene à cr 48 OL IR avril. 
LONDRES RS En a Le Da Pl 
RENAN Li à à D D ni ee me te. es as 00 je0l AS ANrIL 
LYON. Exposition intétiétionste . de Bee ns de + à so. 2 +: OCIONIC. 
MA a nn cs + é + s 11-10 Mas, 
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» 


TABLE DES MATIÈRES 


CONTENUES DANS LE XVII VOLUME DE L'ILLUSTRATION HORTICOLE. 


TEXTES ET PLANCHES COLORIÉES. 


. LXNI. 


LXVII. - 

LXV. 
 LXXVIT. 

LXXXII. 


LXXXV IT. 
5 


LXXXII. 
LXXV. 
LXXXV. 
LIT. 
LXXVIIL. 
LXXII. 
LXX. 


EN. 


LXXXIV. 
LV. 

LX. 
LXI. 
XLIX. 
LXXI. 
LXXIV. 
LIX. 
LXXXVI. 


- LVII. 


LXXII. 


LXVI. 


Sn. 


» 
» 


L 
2. 
LVII. 
LXIX. 
XLVIL. 
LXXX. 
LXIY. 
LIV. 
LXII./ 


Azalea mollis 


Aristolochia barbata 


Bromelia Fernandæ 
Calathea arrecta . 
(Maranta) Lindeni 
Camellia Elvina Delli . 
Italia unita . é 
—  Vesillo dell’ Arno . 
Carica erythrocärpa 
Chrysanthèmes d'automne 
Clematis (Aybrid. vel var. 
Crippsianæ) . 
Cypripedium niveum . 
Darlingtouia californica 
Dieffenbachia imperialis 
Dioscorea multicolor, vars 
Diospyros Kaki, var. costata. 
Dracæna lutescens striata 
Encholirium corallinum 
Epidendrum Frederici - Gui- 
Fraise double Derféirolle ‘ 
Geonoma Schottiana . . 
Gloneria jasminiflora . . 
Gongora portentosa . . 
Hæmadictyon refulgens . . 
Houlletia chrysantha . . 
Lindenia rivalis . 
Lonicera peryclimenum aureum. 


. . 


. pag. 95 


—  (sempervirens) Plantie- 


TÉHSIS 
Odontoglossum Halli 
lutéo-purpureum, var. 

sceptrum . j 
'OPOURL 
Waillisii ; è 
Philodendron calophsan - 
— Daguense. . . ; 
Plumeria lutea | 
Primula japonica 
Rosa Regeliana . . . . 
Stenia fimbriata . é 
Utricularia montana . . . 
Verschafleltia melanochætes . 
WOHIA PESR , no 


96 
54 
93 


GRAVURES NOIRES. 


Palmes du dimanche des Rameanx . . 16 
Pont rustique . 19 
Couverture des Palmiers fiétiques 26 
Sarcloir américain . . . , . RE 
Corbeille de fleurs. . . . . 56-160 
Marcottage en pots des stolonis de Fraisiers. 37. 
Pots à Fougères. . :: . ee 1 
Figures analytiques du Gionipié jasmini- 
AO _.. 78 
Corbeille de fleurs Hipéiios ; 7 84 
Emploi du Biota aurea dans les jévdios 
‘symétriques . . . « 89 
Jardin paysager d’un hectare 103 
Parterre circulaire. . 118 
Crinoline Paxton pour Fraisiers 122 
Jardin fruitier potager de Nades, créé en 
ASPDBE  N en à «A AU 
Étiquettes gommées pour fruits . . . # 197 
Treillage pour plantes grimpantes en pots. 204 
Le Pic-vert prévoyant, : 4 47: ., 219 
MISCELLANÉES. 
Arboriculture dans la Russie du Nord (l) 85 
Campanula garganica . . . . ... 159 
Charles Lemaire à UN. er | 
Comparaison des lneéiitré entigrades, 
Réaumur et Fabren “ 23 
Corbeille de fleurs pour v à 100 
— — suspendue + + , . 84 
Crinoline Paxton pour Fraisiers . , . ,. 122 
École d’'Horticulture de l'État belge . 220 
Effets des émanations du chlorure de chaux. 39 
Emballage des végétaux (de F) . . . . . 236 
Exposition internationale de fruits à Lon- 
| DRE Pre re: 
Fleurs des Alpes (les) . CURE 199 
Fraisier l'Inépuisable (le) 159 
Jardin agricole national de W rasliingion (te). 181 
—  fruitier-potager (le) . . : . . 140 
Jardins publics aux États-Unis (les) . 98 
Légende des Lis rouges (la). . . . . . ‘57 
Liste des Orchidées fleuries. . . . . .-161 


Littérature horticole : Les tristesses de l'hiver 224 
Marcottage en pots des stolons de Fraisiers. 37 


— 242 — 


Magasins de vivres des Pics-verts d’Amé- 
rique (les). . . ox 218 
Multiplication de PArindo dog panaché. 121 

. Orchidées en fleurs en juin-août 4871. 161, 498 
Parterre circulaire. "#5 "+ 2. M8 


Plans de jam: ETS AZIET 08 
Poésies horticoles : La Fougère 257 
Polygonum vaccinifolium 118 


Rajeunissement des Cocotiers . . . . . 158 
Revue des plantes nouvelles. 40, 162, 201, 239 
Rhododendrons hybrides. . . . . . . 121 
Sénécon argenté (IF: .. .. . . .. 199 
Soufre solubilisé . . . Su et 
Timbres-étiquettes pour her les fruits, 196 
Todea-antarchien et. Var. .:.,. 2: + 4 
Treillage pour plantes grimpantes en pots. 204 
Tuyaux en béton de ciment comprimé pour 
CONRIES DOM. SUR SE 06 
Vases et corbeïlles de fleurs. . . . . 36 
Végétation de la Guiane brésilienne (la) . 58, 78 
Vitalité du Convolvulus arvensis . . . . 238 


CHRONIQUES HORTICOLES. 


Accroissement nocturne des tiges de Bam- 
bous et des hampes d’Agaves , . 9225 
Acrostichum Herminieri _. , . . . . 146 


Amaraboya (les) . . 185 
Asplenium lucidum, se sacrée e + . 150 
Au refüir! . . . dus se 
Auricules en 1871 (les) RÉ R Ree © 1 
Azalées rustiques . . , . 209 
Bélier hydraulique. . , se ee 40 
Bleuissement des Hortensias . . . . . 125. 


Biola aurea à haute tige . . . . . . 89 


- Bouquet de la marquise de Lorne . 147 
Boussingaultia baselloïdes (le). . .-. 127 
A D SP RE à 
Campanula laciniata, . : . . . . , 22% 
Cassement pou cation du Poirier (le) 165 
Catalogues de + Mise énte NES 


Classification des Lis (nouvelle) . . . . 30 
Champignons monstres . . . , +. . 
Chou-fleur automnal de Veitch . . . . 
—.. HNPDÉRÉA NE nn er ent 
Choux (nouvel emploi des). , . . . . 
Gocos Weddelligna, 3. à vu. 8 
Goloralion des Henrs. 
Combustible économique . . . . . 
Commerce des fruits en Belgique TE 
Concours de jardins . . . É : 
— spécial et international de. bodedes- 
drONS: 5 Nu 7 Rte 
Conservation des Pommes de terre . , . 
Couverture des Palmiers rustiques : . . 26 
Gnolne PAXDR. 2: 6. iii ui 
@rpeus d'automne. …: .°... . . 


Culture alternante des Fraisiers . 
Cyclamens (nouveaux) . . . vs 
Dégénérescence des variétés fruitières (de la) 
Déplacement du marché de étens 
à bomes 
Destruction de la chenille du Chou . 
— des chenilles du Groseiller épineux. 
— des Conferves . £ 
— des vers et de la mousse sur le pe: 
louses 
— des vers Fe : 2e 
— du Phylloxera . . .,. 


— du puceron lanigère . . . . 
Dimorphisme des CHADENRPR meroagopr: 
De . 


Drame horticole (un) 

Échenillage (exemple d’) 

Encre pour écrire sur lé zinc. .… , 
Engrais pour les Conifères  . . 
Ennemi des Conifères (un nouvel) . . 
Épine cramoisie à fleurs doubles. 
Essais sur les meillieurs Pois. 
Etablissement Veitch . ; 
Étiquettes gommées de M. sel - 


Euealyptes (lesh."... . 
Exposition de Bruxelles. . . . . + . 
—. de Londres... :. : . :;..+ 05,8, 
— dS LOUVAM. ee, 
— de Nottingham . . . . 


— horticole de Louvain . . . *« + 
— — à Nottingham . . + - - + 
— internationale de fruits, à Londres. 
d'Hortic. de Gand, en mars 1875. 
— — .— de Londres. . . . . 
— Malines, Gand, Anvers, Bruxelles 
Extirpation des mauvaises herbes aquatiques 
Fécondation artificielle . . . . 
_Fécoudité d'un pied de Vigne. . . :* : 
Floraison des Phormiums panachés . . . 
— en plein air de l'Agave Salmiana . 
Fraisier l'Inépuisable (le) . . . . . - 


D ne: 


Froids de mai-juin (les). . « + + - - 
Fructification de l'Araucaria imbricala à. 
PR Sn nue © + re 

— des Conifères . ... + + + + 
— des Retinospora plumosa et Cryp= 
tomeria elegans , . + - + * 


Fruits de choix. +. . . ME eve 
— du Thuiopsis Élareta EE 
Garden (the) . :. Des «1 


Géant des Wellisgioniss (le) . rss 
Germination du Gui . . . : . . . 
Giroflées d'Erfurt (les) 


_ | k.: 


_ Godetia Whitneyi (le). . 


Greffe des Pommes de terreaur Atéchaut (0) 
— du Poirier sur le Pommier . . 


Mise TT 


Groseillers à grappes (les) 
Haricot intestiu (le) 
Haricots en cotylédons (les) 
Herbes voyageuses 
Herbier Delessert . à 
Hiver de 1870-71 à Montpellier @ 
Horticulteur Lyonnais (l) . 
Hybrides de M. Dominy 


Identité de l'Ampelopsis Veitchi et da Cisaus. : 


SES Ces: 


Roylei . ; 
Importation du Dartiigtonia californica 6 
Influence de la greffe sur le sujet . 
Invasion de chenilles (une). 
Jacinthes (les plus belles) . 

Jardin botanique de Bruxelles. 
Jets de Houblon (les) À : 
Journal d'Horticulture pratique, ue la pus 
nesse horticole de Gand . : 
Lapins et les arbres fruitiers (les) 
Lichen aux cheveux d'or (le) . 
Lycopodium mexicains (les) 
Maackia amurensis 
Maladies des Pommes de terre 
Meilleures Pommes (les). . 
Moineaux et les bontons d'arbres fraitiers 
les) …. ke 
. Mousses de la Belgique ire 
_ Muséum de Paris bombardé (le) . 
Nouveautés pour 1871 
Ouverture des jardins de la Tamise. 
+ —Parterre circulaire. 
Pavia californicæ . 
Phytosmegma (le). 
_ Pivoines de M. Guérin- ; 
Plante de la Résurrection (la). 
Plantes et les émanations chlorurées (les). 
— et l'hiver 1870-71 (les) . 
—  pseudomorphiques 
Pomme de terre très prolifique . 
Pots à Fougères 
Préservatif des «oies. dé la variole (un) 
Prix des Orchidées en sers 
Procédé Gülich . 
 Pseudolarix Kæmpferi + 
Raphanodes en Angleterre et en | Portugal (les) 
Ravages du siége à Paris . 


_—-Réclames anglaises et américaines 
i R mom. + + à mms 
Retour du.Dr Hooker . -+ + : 


Revue horticole, de Ringelheim 


. . 


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. . . 


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45 


xs 


Rosier d'Hildesheim (le) . 129 
Rusticité du Choisya ternata et de quelques 
autres plantes £ , 190 
Sarcloir américain. a 0. 
Secours aux horticulteurs français ot 
Semis de Fougères ' s + it 
Sentiers de jardins k 97 
Serrés à Vignes de M. W. Ftiémsoh qe 27 
Société botanique de France . 295 
— zoologique de Londres (la) 188 
| Soupe aux Bégonias 68 
Taille sur nœud de 67 
Teinture de la mousse en vert g 3û 
— Solferino. . . Fe: 
Utilité des études Éotsniqués (de r) 85 
Vente des collections horticoles de M. Lau- 
rentius, à Leipzig . Tor . 169 
— des Orchidées de M. Rucker . 151 
Vers, chenilles et limaçons végétaux (les). 30 
Vertus curatives des feuilles d'Eucalyptus. 29 
Viola cornuta perfection ke + AN 
Vitalité des bulbes ; D 


des graines . ; 203 
Voyage du D° J. D. Hooker au n Mat, 90, 109 


Voyages de M. Roezl . 90, 147 
BIBLIOGRAPHIE. 
The wild Garden, par W. Robinson . 195 


The subtropical Gardening, par W. Robagon 125 
Sertum angolense, par F. Welwitsch . ; 
Synonymia botanica dr rl par 

L. Pfeiffer . * à 124 
Contributions to Winter ford Ve Moggridge 124 


. . 


. 


: Culture dés arbres fruitiers au point de vue 


de la grande production, par Ch. Baltet. 124 
Les meilleurs fruits, par M. P. de Mortillet. 225 
NÉCROLOGIE. 

Mort de Joshua Dix . ‘ + 40 
— M. Hartweg. ; “01 
— MT + e ts , 1 
— M. Lemaire. rs s W5 
— M. Miquel : Se, rl 
— prince Puckler Must : ë 91 
— Mad. veuve Joseph Paxton . . 20 

… 210 


M. Taylor Pince . 

M. Frédéric Waterer. 
M. Rendatler 
M. Sénéclauze . . 


. . 


ES 


Le l+ volume de la 3m 


de l'Alustration horticole (année 1870) est 


encore disponible au prix d'abonnement (20 francs, sans le port). 


Table des Matières de ce volume (année 1870) : 


ï, 


TEXTES ET PLANCHES COLORIÉES. 


ADpe palmatum crispum. 

_ornatum. 
 reticulatum. 
Alloplectus vittatus. 
Alternanthera amabilis tricolor. 
Aristolochia clypeata. 

— cordiflora. 

—  Duchartrei. 
Azalea Bernhard Andrea alba. ë 

— Monsieur Warocqué. | 
Buddleia curviflora. 

Caladium (nouvelles variétés). 
Calathea chimboracensis. 

— (Maranta) smaragdina. 
Camellia Luisa Bartoloni. 

— Me de Cannart d'Hamale. 

—  Nazzari. 

—  Teresita Canzio Garibaldi. 
Cattleya Eldorado splendens. 

—  maxima. 

Ceratostema speciosum. 
Chrysanthèmes d'automne. 
Cissus Lindeni. 

Cordyline lentigi 
Coussapoa dealbata. 
Dieffenbachia Wallisi. 

Fatsia japonica aureo-reticulata. 
Helcia sanguinolenta. 

Houlletia odoratissima Antioquiensis. 
Masdevallia Lindeni. 

Maxillaria grandiflora. 

Odontoglossuni “cristi A 
“ ; = névadense. 

— odoratum, var. latimaculatum. 
Oncidium aurosum. 
 —  Phalænopsis. 

Peperomia resedæflora. 
Pepinia aphelandræflora. 
Polyeycnis lepida. | 
_ Posoqueria fragrantissima. 
_ Quercus striata. * 

Seiadocalyx digitaliflora. 

Themistoclesia coronilla. 

Todea africana. 

—  (Leptopteris) s 
_ Tussaccia semi-clausa. 


— — 


, var. Argus. 


Les Plantes uliles, par Arthur Mangin %. 


La Culture maraichère pratique, par 1. Ponce. 
_Mushroom culture, its extensions and improve 


GRAVURES NOIRES. 


Cissus Lindeni. 

Erythroxylum Coca. — E. suberosum. 

Les Parterres-vitraux de Hambourg. 

Figures analytiques du Ceratostema speciosuin. 
Erythroxylum Coca. 

Abies pectinata Massonii. 

Siéges-Champignons. 

Chêne-Bouleau des Loges. 

Détails analytiques er Todea. 

Fucca patens. £ 


CHRONIQUES HORTICOLES. 


MISCELLANÉES. 


Produits végétaux des Tropiques. Le Coca. 

Les Parterres-vitraux de Hambourg. L 

Les Gazonnières. 

De la distribution géographique des Fougères: 

Les plantes pour rocailles. 

Les berges du canal de Suez et la fixation des 
sables du désert égyptien. ” 

Abies pectinata Massonii. Eee 

Fucca patens. js 

Le Japon. Manuscrits inédits de Von Sicbold: 2 

Les premières études botaniques. ré: 


Les Serres à À 2 
La Polymnie comestible. 


Le Poirier sauvage. # 
Nouvelles forêts de Wellingtonias en Californie. 
Le Chène-Bouleau des Loges. 

Le Jardin botanique de Kew. 

Les Plantes alimentaires du Queensland. 

La collection d'Orchidées du Consul Schiller. 

Les Botanistes d'Oxford. as 
Choix de Rosés-Trémières. 
La Végétation et l'Électricité. ds F0 
Revue des Plantes nouvelles. : 


BIBLIOGRAPHIE. . 
Arboriculture fruitière et Viticulture, par Ce | 
les ses $ 


Un mois en Russie, ou noles de voyage. de 
André, par Jules Janin. 


“ - 


ment, by W. Robinson. 
ardin fruitier du Muséum, par J. Decaisne. 


ion de la Méthode naturelle par A. Lde 
Jussieu, par Le Maout et J. Decaisne.