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Full text of "Flore me?dicale /de?crite par MM. Chaumeton, Poiret, Chamberet ; peinte par Mme E. P. ... et par M. J. Turpin."

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FLORE MÉDICALE 


FLORE © 


DÉCRITE 
PAR MM. CHAUMETON, POIRET, 


CHAMBERET 


PEINTE 


PAR E. Ps ET PAR M. J. TURPIN 


NOUVELLE PUBLICATION 


g TOME QUATRIÈME. 


PARIS 


IMPRIMERIE DE C. À F. PANCKOUCKE 
CHEVALIER DE L'ORDRE ROYAL DE LA LÉGION D'HONNEUR 
Rue Des Poirevins, N° 14 


M DCCC XXX. 


Mo. Bot. Garden 
160GS 


L 


FUMETERRE. 


CLXXIIT. 


FUMETERRE. 


Grec. «eo ce sv. »xañvoc; Dioscorides. 
FUMARIA OFFICINARUM et pioscontpis; Bauhin, Tliva£ , lib. rv, sect. 3- 
Tournefort, clas. 11, le 
Latin: ..... ." e : + { FUMARIA OFFIGENAUIS ; ue monospermis , racemosis , caule dif- 
fuso é, clas. 17, diadelphie hexandrie. Jussieu, clas. 15, 
er 2, rer 
Zialiensoi. sis. FUMMOSTERNO ; FUMARIA 
Espagnol, ....... FUMARIA ; PALOMILLA. 
Français... ...... FUMETERRE! 
Anglais. . .... +. + FUMITORY. 
Allemand... ..... ERDRAUCH; TAUBENKROPF. 
Hollandais. ...... AARDROOK ; DUIVEN - KERVEL. 


Dioscoripes a mentionné, sous le nom de x47v0ç, une espèce de 
fumeterre qui est probablement la fumaria officinalis, Lin., plante 
herbacée qui croît partout dans les jardins, les champs et les lieux 
cultivés. 


Ses racines sont blanches, fibreuses, allongées, perpendiculaires ; 
elles produisent des tiges grêles, tendres, étalées, lisses , succulentes, 
très-rameuses, longues de huit à dix pouces. 

Les feuilles sont glabres, alternes, pétiolées, deux fois ailées, 


* Cette dénomination est évidemment traduite du mot grec xarva, par lequel 
Diva a sit cette plantés et EG SE >", malgré cette 
explication, un voile que je trouve 
be En effet, Pline suppose, et l’on a presque généralement répété, 
sur la parole de ce savant compilateur , que la fumeterre était appelée ainsi, parce 
que son suc, mis dans l’œil, produit le larmoiement à l'instar de la fumée. Or, 
chacun voit aisément que le suc d’une foule de plantes, introduit dans les yeux, 
déterminerait plus rapidement et plus énergiquement encore que celui de fume- 
terre une vive douleur et l’excrétion des larmes. Théis dit qu'il est plus naturel 
d’attribuer l’origine de ce nom au détestable goût de fumée ou de suie qui carac- 
térise la fumeterre. J'avoue que, ne sentant point comme M. Théis, je ne puis 
admettre son opinion 


46° Livraison. 


FUMETERRE. 
d'un vert glauque ou cendré; leurs ——— planes, un peu élar- 
gies, à deux ou trois lobes obtus. 

Les fleurs sont d’un blanc rougeître, ce de pourpre à leur 
sommet, disposées en épis lâches, une bractée membraneuse et blan- 
châtre sous chaque fleur. 

Leur calice est fort petit, à deux folioles caduques, opposées; la 
corolle oblongue, irrégulière, à quatre pétales :inégaux, d’une ap- 
parence papillonacée, l’un deux prolongé en éperon, six étamines en 
deux faisceaux. 

Un ovaire supérieur , un peu comprimé, surmonté d'un style et 
d'un stigmate en forme de tête. | 

Le fruit est une petite silique globuleuse, à une seule loge mo- 
nosperme. 

On distingue encore 1°. la fumeterre à épi, remarquable par son 
feuillage très-menu, approchant de celui du fenouil; ses fleurs dis- 
posées en épis courts, serrés; elle croît dans les ion: méri- 
dionaux; 2°. la pe alisée , dont la racine est composée 
d'un tubercule creux ou solide, sphérique, la tige simple ou bifur- 
quée, les folioles assez larges, oblongues. Quelques auteurs moder- 
nes en ont fait un genre nouveau, sous le nom de corydalis, à cause 
de ses fruits fine par une sorte de silique à une seule loge, à deux 
valves, renfermant plusieurs semences noires, arrondies en forme 
de rein : on la trouve dans les bois de l'Erôpe. 

Lorsqu'on l’écrase, cette plante exhale une odeur habite La 
saveur amère, désciphieitas qu'elle présente dans l’état frais, aug- 
mente par la dessiccation, mais n’est pas assez prononcée pour em- 
pêcher les vaches et les moutons de la brouter. Nos connaissances 
sur sa composition chimique se bornent à savoir qu’elle fournit un 
extrait muqueux et un extrait résineux , le premier a plus 
amer que le second. 

Si les éloges prodigués à un végétal suffisaient pour fo imprimer 
de grandes propriétés médicales, la fumeterre serait, sans contredit, 
un des plus puissans moyens de la thérapeutique. Les anciens et les 
modernes ont préconisé à l’envi ses prétendues vertus dépurative, 
balsamique, tonique, savonneuse , anti-acide , laxative » corroborante, 
emménagogue, etc. Galien, Ori, Aëtius, Paul d'Égine, Séra- 


FUMETERRE. 

pion, Avicenne, Mésué, Pemployaient avec confiance dans lés obs- 
tructions, la cachexie et les maladies chroniques du foie. Caméra- 
rius, Hoffmann , Rivière, Boerhaave, lui attribuent de grands succès 
contre les affections lentes des viscères, la mélancolie, l’hÿpocondrie : 
et les scrophules. Plusieurs praticiens attéstent en avoir faït un usage 
avantageux contre la goutte, le scorbut et les maladiés vermineuses. 
Le docteur Gilibert la regarde comme un excellent antiscorbutique. 
Cependant les maladies chroniques de la peau sont les affections con- 
tre lesquelles la fumeterre paraît avoir acquis plus de réputation. 
Plusieurs observateurs en ont retiré des avantages manifestes dans 
le traitement des dartres. L’illustre professeur Pinel rapporte même 
l'histoire d’une affection de ce genre, très-rébelle, qui fut guérie au 
bout de six mois de persévérance dans l’usage du suc de cetté planté. 
Au rapport de M. Chaumeton, Leidenfrost, Thomson, Bodard ran- 
gent la fumeterre parmi les meilleurs moyens curatifs dé la lèpre 
en général, et pärticulièrement du radesyge que M. Démangeon 
désigne sous le titre de lèpre du Nord. Appliquée à l'extérieur en 
onctions, où lui accordé la propriété de guérir la gale: Pauli pré- 
tend.même avoir fait disparaître cette affection en administeant la 
douce-amère, soit en infusion dans le lait, soit en décoction dans la 
bière. À la vérité les malades avaient usé auparavant de divers au- 
tres moyens antipsoriques qui ont eu au moins part à ces guérisons : 
mais telle est la manière de raisonner qui à long-tèmps régné en 
matière médicale, que dans l’administration simultanée de plusieurs 
substances diverses pour la même maladie, on a souvent attribué 
les effets produits à celle de ces substances qui ÿ avait eu le moins 
de part. Sans doute les propriétés physiques de la fumeterre, quoi- 
que peu énergiques , la rapprochent des amers, avec lesquels Cullen 
lui trouve beaucoupde rapports, et semblent indiquer qu'elle agit 
sur l’économie animale, en augmentant l’action des organes, à la 
manière de ces médicamens. Toutefois ses effets immédiats sont loin 
d’avoir été appréciés avec assez d’exactitude, pour ne laisser aucune 
incertitude dans l'esprit, sur son action secondaire, et, par consé- 
quent, pour ne pas laisser beaucoup de vague et d’obscurité dans 
les idées, sur son influence dans les maladies. 

La fumeterre est quelquefois administrée en infusion ou en dé- 


FUMETERRE. 

coction dans l’eau, le lait ou la bière, comme boisson. Le plus sou- 
vent on en prescrit le suc à la dose de trente-deux ou quatre-vingt- 
seize grammes (une à trois onces) en vingt-quatre heures. L’essence 
de fumeterre qu’on préparait jadis dans les pharmacies, se donne 
de cinquante à quatre-vingt gouttes. On en compose une eau dis- 
tillée, une conserve, un extrait. « On fait avec le suc de fumeterre, 
dit M. Pinel, un sirop que les enfans prennent sans difficulté. » Elle 
entre aussi dans le sirop de chicorée composée; enfin elle va se con- 
fondre et se perdre dans un amas monstrueux de drogues, je veux 
dire dans l’électuaire de Psilium, l’électuaire de séné, les pilules 
angéliques , la confection Hamech , et là je défie l'esprit le plus sub- 
til, de déterminer le rôle qu’elle peut jouer dans la guérison des 
maladies. 

Dambourney , au rapport de M. Chaumeton, regarde la fumeterre 
comme une des plantes indigènes les plus précieuses pour donner 
aux étoffes de laine une couleur jaune, pure et solide. 

La fumeterre bulbeuse, fwmaria bulbosa , 1, nommée dans les 
pharmacies aristolochia fabacea, à cause de la forme de sa racine 
analogue à celle de Varistoloche, a été préconisée, en vertu de cette 
similitude, comme emménagogue, anthelminthique et antiseptique. 
Sa racine qui fournit de l’amidon, sert d’aliment aux Kalmoucks et 
autres peuplades de la Russie. Ses feuilles et ses tiges sont quelque- 
fois employées en remplacement de la fumeterre offcinale. 


RtEC (sean-christophe), De fumarid, Diss. med. inaug. præs. Rud. Jac. Camerarius ; in-4°. 
Tubingæ, januar, 171 


roussy (soseph-rouis), De Sonbrié vulgari, Diss. in-4°. Argentorati, 1749. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est de grandeur naturelle.) 


1, Fleur entiere. 
2. Pistil et étamines. 
3. Fruit entier, grossi. 


4. Le mème coupé horizontalement. 
5. Graine isolée. 


l 


| 


GALANGA, 


Lambert I 07/7 ‘ 


CLXXIV. 


GALANGA. 
AT = DEF 4 
Ch Es ET qanayyat, yartyua ; Paul ne Aeëtius. 
GALANGA ; Bauhin, TivaË, lib, r, s 
Eatinats mister: frame MARANTA GALANGA ; CUlmO Fret r Linhé . clas. 1, monandrie mono- 
e. Jussieu , clas. 4, ord. 2, balisiers. 
Hiahén =; GALANGA 
Espagnol RS x S + GALANGA 
Francais. #5: GALANGA. 
sn os à oi id GALANGAT,. 
eVCIFONFRS LG 
mie PR GALANGE 


Les racines connues depuis long-temps sous le nom de galanga, 
ont occasioné de grandes difficultés aux botanistes qui ont cherché à 
déterminer les plantes qui les produisent. On distingue le grand et 
le petit galanga , que quelques-uns ont rapportés à la même plante, 
que d’autres plus récemment ont cru appartenir à deux plantes dif- 
férentes; mais ces deux sortes de racine sont si rapprochées, que. 
cette dernière opinion exige de nouvelles observations. 

Quoi qu'il en soit, il paraît assez bien prouvé aujourd’hui que 
le véritable galanga est la plante que Rumphius a décrite et figurée 
sous ce nom (Hort. amb. tom. 5, pag. 143, tab. 63), qui est la 
maranta galanga de pins qui croît aux lieux humides dans les 
Indes orientales. | 

Ses racines sont née. noueuses , inégales, géniculées, d’un 
brun rougeâtre en dehors, plus pâles en dedans, d’une odeur aro- 
matique, de la grosseur d’un pouce et demi ou deux pouces, ra- 
meuses, entourées de bandes circulaires, recourbées comme par 
articulations, garnies en dessous de longues fibres, enfoncées per- 
pendisulsinemceh dans la terre. 

Il s’en élève des tiges droites, très-simples, hautes d'environ six 
pieds, garnies à leur moitié supérieure de feuilles étroites, dé de 


46° Livraison. 


GALANGA. 
lancéolées, aiguës, longues d’un pied et demi sur trois ou quatre 
pouces de large. 

Ses fleurs sont blanchâtres, pédonculées, disposées en une grappe 
terminale, étroite, paniculée. 

Leur calice est petit, d’une seule pièce, à trois divisions; la co- 
rolle monopétale, tubulée, à trois découpures extérieures, réflé- 
chies; une quatrième plus grande, plus intérieure, concave, spatu- 
lée; un filament linéaire, pétaliforme, soutenant une anthère; un 
style filiforme; le stygmate en forme de tête. : 

Le fruit est une petite capsule en forme de baie, rouge dans sa 
maturité, renfermant plusieurs semences dures, en cœur. 

La racine du petit galanga , assez semblable à celle du grand, est 
beaucoup plus petite, à peine de la grosseur du petit doigt; elle est 
douée d’une odeur aromatique plus pénétrante; sa saveur est beau- 
coup plus piquante. É se, 

La racine de galanga est noueuse, tortue, recourbée, inégale, 
dure, solide, de la grosseur d’un pouce et au delà, d'un brun rou- 
geätre à l'extérieur et pâle intérieurement. Elle exhale une odeur 
piquante, aromatique, plus forte dans l’état frais qu'après la dessic- 
cation. Sa saveur chaude, aromatique, est âcre et persistante. Toute- 
fois ces propriétés physiques sont beaucoup plus développées dans 
la variété qui porte le nom de petit galanga, que dans celle qui est 
désignée sous celui de grand galanga. Cette dernière variété offre en 
revanche des dimensions beaucoup plus considérables : mais toutes 
deux se trouvent confondues dans le galanga du commerce, d’où 
l’on retire un extrait muqueux aromatique, un extrait résineux-âcre 
plus abondant que le premier, et une petite quantité d'huile volatile. 

Cette plante n’était point inconnue aux Grecs, ainsi que l’obser- 
vent Spielmann et Murray. Toutefois son introduction dans la ma- 
tière médicale ne paraît pas remonter au delà des médecins arabes. 
« Les Indiens, en général, et notamment les Malabares, dit M. Chau- 
meton, accordent une estime particulière aux racines du galanga , 
qu'ils emploient comme aliment, comme assaisonnement et comme 
remède. Ils les réduisent en farine, et en préparent avec le suc de 
coco, des pains et des gâteaux qu'ils mangent avec délices, et dont 
ils prétendent avoir constaté les vertus merveilleuses dans les cas-de 


GALAN GA. 

dyspepsie, d'hystérie, de colique, et dans les affections des voies 
urinaires, » L’impression stimulante que cette racine détermine sur 
l'organe du goût , fixe naturellement son rang parmi les toniques, à 
côté du poivre, du gingembre et de la cannelle, dont elle se rappro- 
che plus ou moins par sa manière d'agir. Ainsi elle a pu être utile- 
ment employée soit intérieurement, soit à l'extérieur pour stimuler 
le système nerveux, provoquer l’action musculaire, exciter les fonc- 
uüons digestives, et pour augmenter les sécrétions, mais dans les cas 
seulement où les affections pathologiques contre lesquelles on en a 
fait usage tiennent à un état d’atonie, ou à la diminution des pro- 
priétés vitales. Ainsi quelques faits semblent annoncer qu’on s’en est 
servi avec succès dans l’atrophie des membres et dans la paralysie 
de la langue, pour combattre les flatuosités, dissiper les embarras 
muqueux des premières voies, et remédier à la dyspepsie. On sent 
aussi que dans quelques cas le retour des menstrues, une abondante 
sécrétion d'urine, et l'augmentation de la transpiration ont pu être 
le résultat de son administration ; mais seulement lorsque les appa- 
reils sur lesquels cette substance a été dirigée, étaient dans un état 
d’atonie et de relâchement, et le système général des forces au des- 
sous de l’état normal. Cependant cette racine qui doit être exclue 
du traitement des maladies, lorsqu'il y a de la soif et de la chaleur, 
de la sécheresse à la peau, et de la fréquence ou de la dureté dans 
le pouls , est-elle plus propre à opérer la médication excitante qu’une 
foule de toniques soit exotiques , soit indigènes, que nous possédons ? 
c’est ce que je ne pense pas. 

Cette racine a été administrée en substance de cinq à quinze dé- 
cigrammes (dix à trente grains), et en infusion aqueuse ou vineuse 
jusqu’à quatre grammes (un gros). « Lorsqu'elle fut expédiée pour 
la première fois en Europe, dit M. Chaumeton, elle obtint de tou- 
tes parts, mais spécialement en France, cet accueil fanatique, ré- 
servé à toutes les drogues qui joignent, au prestige de la nouveauté, 
le mérite de venir de loin. On soutint que la racine de galanga était 
le plus précieux des aromates, le plus puissant des toniques ; on en 
distilla des huiles, on en fit des essences, des teintures; on en sur- 
chargea des préparations antiques, et on l’introduisit dans les nou- 
velles. Aussi la voit-on figurer dans les species imperatoris de la phar- 


GALANGA. 
macopée de Wittemberg , dans l’électuaire bénédict laxatif de Nico- 
las de Salerne, dans l'esprit carminatif de Sylvius, dans l'essence 
carminative de Wedel, dans l’élixir de vitriol de Mynsicht, etc. » 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est réduite au quart de sa grandeur naturelle.) si 


, 2 
. Fleur enti 3. Le même coupé horizontalement. 


2. Fruit de grseur aaturellts 4. Graine isolée, 


go, 


Lambert seul ; 


CEXX V. 
GALBANUM. 
Grec, ce sr HAN 


GALBANUM ; Bauhin, IivaË, lib. xrr, sect. 6, 
OREOSELINUM AFRICANUM GALBANIFERUM ; Tournefort, clas. 17 , ombel- 
res 


Latin... BUBON GALBANUM ; foliolis rhombeis, dentatis, glabris, striatis, um- 
; Linné, clas. 5, pentandrie digynie. at clas. 12, 

j ord. x ombell ifères.. ” 

HE Ni. =, GAL 

Espagnol: #45: GALBANO à ‘ 

Français .: 6e GALBANUM RS 

ARBRE; SET... GALBANUM É 

Allemand... ..... GALBANPFLANZE 

Hollandais. . ..... GALBANUM 


Le galbanum est un suc visqueux, condensé en larmes, que l’on 
croit produit par le bubon galbanum, Lin., plante originaire de 
l’Éthiopie et non de Syrie : il est alors douteux que ce soit le galba- 
num des anciens, que Dioscorides dit être fourni par une férule de 
Syrie, mais dont il ne donne aucune description. 

Le bubon galbanum , de la famille des ombellifères, se distingue 
par un involucre à plusieurs folioles étroites, et par ses semences 
ovales, striées. r 

Ses tiges sont ligneuses, glabres, rameuses, hautes de quatre à 
cinq pieds, garnies de feuilles alternes, deux et trois fois ailées, d’un 
vert tendre, un peu glauque; les Giles en coin, élargies en éven- 
tail, assez grandes, fortement incisées à leur partie supérieure. 

Les fleurs sont disposées en une large ombelle convexe, termi- 
nale, composée d’un grand nombre de rayons, accompagnée d'un 
ee 5 de dix à douze folioles étroites, renversées, membraneuses 
à leurs bords. 

La corolle est composée de cinq pétales d’un jaune verdâtre. 

Le fruit est formé de deux semences glabres, allongées, un peu 
convexes, striées par trois petites côtes longitudinales. (P. 

3, 


A6: Livraison, 


GALBANUM. : 

Toutes les parties de cette plante sont remplies d’un suc visqueux, 
lactescent, qui, au rapport de Geoffroy, découle en petite quantité, 
par lincision et quelquefois spontanément, des nœuds des tiges 
âgées de trois ou quatre ans. Mais, pour l'obtenir, on coupe ordinai- 
rement ces tiges à deux ou trois travers de doigt de la racine; le 
suc coule alors goutte à goutte; il s’épaissit, se durcit et forme des 
larmes solides ou des masses agglomérées que l’on recueille pour 
les livrer au commerce, sous le titre de galbanum. La gomme-ré- 
sine qui porte ce nom, quoique en grande partie obtenue du bubon 
galbanum , est également fournie par plusieurs autres ombellifères. 
Elle se présente en grains irréguliers ou en pains dans lesquels elle 
est souvent mêlée à des matières étrangères; le galbanum enfin est 
une substance de la consistance de la cire, demi-transparente, te- 
nace, de couleur fauve ou jaunâtre à l'extérieur, grisâtre avec des 
taches blanches intérieurement. Son odeur est forte et désagréable, 
et sa saveur chaude et amère. 11 blanchit l’eau dans laquelle on le 
triture, et ne s’y dissout que très-imparfaitement ; le vin, l’alcoo!, 
le vinaigre, l'huile ne le dissolvent également qu’en partie. Il ren- 
ferme une petite quantité d'huile volatile, de la résine, de la gomme 


du ligneux, et se rapproche beaucoup de la gomme ammoniaque et 


de l'opopanax par toutes ses qualités physiques et chimiques. 

Cette gomme-résine a joui de beaucoup de réputation comme an- 
uspasmodique, tonique, carminative, emménagogue, expectorante, 
maturative, etc. L’hypocondrie, l’hystérie , l’asthme sont les affec- 
tions nerveuses contre lesquelles elle a été le plus préconisée. On a 
recommandé son usage soit à l’intérieur, soit en topique , sur lPépi- 
gastre pour combattre les faiblesses d'estomac, les flatuosités et les 
coliques qui en dépendent. On prétend l’avoir employée avec suc- 
cès dans les spasmes de la poitrine, les toux invétérées, et contre 


lirrégularité et la suppression des menstrues. On y a également re-. 


cours pour échauffer et stimuler les organes , dans les engorgemens 
atoniques et la cachexie. On en a composé une foule de topiques di- 
vers, décorés des titres de résolutifs, maturatifs, attractifs, ete., et 
dont on a prôné les effets merveilleux dans les tumeurs et les en- 
gorgemens locaux, soit pour en opérer la résolution, soit pour en 
faciliter la suppuration. Si l’on remonte à l’action immmédiate de cette 


4 


GALBANUM. 

substance sur l’économie animale, il est facile de reconnaître qu’à 
raison de ses qualités stimulanies, le galbanum ne peut produire les 
bons effets qu’on lui attribue dans les troubles de la digestion et de 
la menstruation , dans les névroses, les affections pulmonaires et dans 
les apostèmes, que lorsque ces affections sont exemptes d'irritation 
fébrile et d’inflammation. On se gardera bien , par conséquent , d’em- 
ployer cette gomme-résine dans ces toux opiniâtres qui tiennent à 
une pleurésie chronique, à la présence des tubercules dans le pou- 
mon, ou à la suppuration de cet organe. Il en est de même des tu- 
meurs inflammatoires qui réclament les applications émollientes les 
plus douces, tandis que le galbanum ne peut convenir qu’à des tu- 
meurs indolentes et atoniques, dont la nature impuissante ne peut 
amener la résolution ou la suppuration, si on ne l’excite par des to- 
niques. Du reste, le galbanum, que Peyrilhe regarde comme d’un 
effet très-incertain, et auquel Cullen et M. Alibert accordent une très- 
faible activité, ne doit qu’à son antique renommée, ainsi que l’observe 
M. Chaumeton, l'avantage de figurer encore parmi les substances 
médicinales. 

Cette gomme-résine peut être administrée à la dose de vingt-cinq 
centigrammes et jusqu’à quinze décigrammes (cinq à trente grains), 
suspendue dans un jaune d'œuf ou dans le mucilage de gomme-ara- 
bique. On l’emploie plus souvent à l’extérieur en liniment, en on- 
guent, en emplâtre , en fumigations. « Digérée dans l'huile de térében- 
thine, elle lui communique une couleur bleuâtre, et constitue le gal- 
banetum de Paracelse, qu’on a vanté avec la plus fastueuse et la plus 
ridicule exagération. » Le galbanum entre dans une foule de mélanges 
pharmaceutiques qui, mal ition bizarre et monstrueuse, 
n'ont pas entièrement perdu leur vogue, et conservent même di 
partisans , à la vérité, plus ardens qu’éclairés. Je citerai seulement la 
thériaque , le mithridate, l'orviétan, le diascordium de Frascator, 
l’onguent des apôtres ou dodécapharmaque d’Avicenne, le baume 
utérin de Charas, les emplâtres diaphorétiques de Mynsicht, diachy- 
lon gommé, d’althéa de Nicolas Myrepsus , divin de Jacques Lemort, 
manus Dei, magnétique d’Ange Sala, opodeldoch, diabotanum de 
Blondel. 


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e. 


/ 


GLXX VI. 


CALECA. 


GALEGA VULGARIS; Bauhin , Hivæ£ , lib. 1v, sect. 6. Tournefort, clas, 10, 


papillonacées. 

Letinsts te en SE GALEGA OFFICINALIS ; leguminibus strictis ; erectis , foliolis lanceolatis, 
striatis, nudis; Linné, clas. 17, diadelphie décandrie. Jussieu, 
clas. 14, ord, 11, lécumineuses : 

HORREEEN IT GALEGA ; RUTA CAPRARIA; LAVANESE 

Espagnol. ….. GALEGA ; RUTA CABRUNA ; RUDA DE CABRA 

Franpais:;;. 24: GALEGA; LAVANÈSE ; RUE DE CHÈVRE 

ANR ist ee GALEGA ; GOAT'S- 

AVENANT M'A GALEGA ; GEISSRAUT 

Hollandais. :..... GALEGA; GEITENRRUID. 

« # 


LE galéga, une des plus belles décorations de la nature cham pêtre, 
forme dans les prés, sur le bord des ruisseaux, des touffes de verdure 
hautes de trois pieds, d’un aspect fort agréable, relevées par de beaux 
épis de fleurs bleuâtres, purpurines, quelquefois blanches. Placée 
dans la famille des légumineuses par ces fleurs papillonacées, elle se 
distingue des autres genres de cette famille , Surtout des astragales , 
par son calice campanulé, à cinq dents aiguës, presque égales; par. 
ses gousses droites, alongées , un peu comprimées , souvent bosselées 
par la saillie des semences, munies sur chaque valve de stries trans- 
verses ou obliques. p. 2 RE on 

Ses racines sont grêles, blanchâtres et rameuses : elles produisent 
des tiges droites, fistuleuses ; striées et rameuses. #; 

Les feuilles sont ailées avec une impaire, composées de quinze à 
dix-sept folioles, glabres, oblongues, obtuses, souvent échancrées 
et mucronées à leur sommet, longues d’un pouce et plus , accompa- 
gnées à la base du pétiole de stipules en fer de flèche. 

Ses fleurs sont disposées en longs épis axillaires, pédonculées; la 


plupart pendantes et médiocrement pédicellées , munies de bractées 


LA g 
setacées. 


. s : hpe ès nr : +1 À 
Ses gousses sont redressées, grêles, linéaires, aiguës, à peine lon- 
w x 


46: Livraison, » 4 F 
” : 
Li j be 


* 


GALÉGA. 
gues de deux pouces , contenant trois ou quatre semences oblongues, 
un peu réniformes. 

Le galéga croît particulièrement en Espagne, en Italie, dans les 
Pyrénées : on le trouve aussi en France, mais plus rarement. Je lai 
recueilli en abondance proche la ville de Laon, le long du chemin 
qui conduit de cette ville à Soissons. - 

Cette plante légumineuse est insipide, à peine odorante dans l’état 
frais, et entièrement inodore lorsqu'elle est sèche. L'action qu’elle 
exerce sur nos organes, si elle n’est pas absolument nulle, est au moins 
complètement inappréciable, de sorte qu’on peut regarder comme il- 
lusoires les vertus sudorifiques ,anti-vénéneuses , alexitères, etce., dont 
elle a été fastueusement décorée. Cependant on a prétendu qu’elle 


avait la faculté de neutraliser le venin introduit dans l’économie ani- 


male par la morsure des animaux venineux. On lui a attribué la 
même action sur le virus pestilentiel , et sur les miasmes des fièvres 
nerveuses ou du typhus. Cette opinion paraît être fondée sur de pré- 
tendus avantages qu’on aurait obtenus de l'emploi de cette substance 
dans la peste qui ravagea la Lombardie en 1576; avantages qui ne 
sont démontrés par aucun fait précis et par aucune observation 
exacte. Par suite de cette opinion erronée, on a cru que le galéga 
devait exercer une influence particulière sur le virus variolique, sur 
le principe inconnu de la plupart des exanthèmes , et son usage a été 
recommandé contre les pétéchies, la variole, la rougeole, les erup- 
tions miliaires , et autres affections exanthématiques. La faculté d’ex- 
pulser les vers intestinaux, qui lui est accordée par C. Hoffmann, 
est tout aussi douteuse que les succès qu’on lui a attribués contre la 
chorée et l'épilepsie. A l'égard de la guérison d'une hydropisie que 
M. Molien prétend avoir obtenue par l'administration de cette plante, 
«quelles conséquences peut-on tirer d’une observation aussi insigni- 
fiante, dit M. Guersent ; Sinon que cette hydropisie était du nombre de 
celles qui guérissent sans l'emploi d'aucun médicament? et beaucoup 
de maladies sont dans le même cas. Les autres observations qu'on à 
alléguées en faveur des propriétés du galéga sont à peu près aussi con- 
cluantes. Nous pensons donc que cette plante n'offre jusqu’à présent 
aucune propriété bien constatée qui mérite de fixer l'attention du 


+ 


ARR 


CALÉEG A. 
médecin, et qu'on peut, sans inconvénient, la rayer des ouvrages de 
matière mélesle et de thérapeutique. » 

Le suc de cette léguminéuse a été administré de trente-deux à 
soixante-quatre grammes (une à deux onces). En substance, elle se 
donne à la dose de trente-deux à cent trente grammes (une à quatre 
onces) en infusion dans le vin ou en décoction dans l’eau. On en pré- 
parait jadis une eau distillée inerte, et qui n’est plus en usage. Elle 
fait partie de divers bouillons et de plusieurs apozèmes alexitères en- 
tièrement décrédités. 

En Italie, on mange quelquefois les feuilles de galéga en salade. 
Cette plante, soit crue, soit cuite, a été préconisée comme un excel- 
lent aliment prophylactique pendant les épidémies pestilentielles. 
Dans certaines contrées elle sert de fourrage aux bestiaux. M. Decan- 
dolle rapporte que plusieurs espèces de galéga sont employées en 
Amérique , à la manière de la coque du Levant, pour assoupir les 
poissons et les pêcher plus facilement. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est de grandeur naturelle.) 


r. Fleur entière. 6. Fruit légumineux, de grandeur natu- 
2. Pavillon détaché d’une fleur, relle. 
3. Aile détachée d’une fleur 7. Graine de grosseur naturelle. 


Carène détachée d’une fleur. 8. La même, grossie, vue du côté de l’om- 
Calice , pistil et étamines. ilic. 


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Ti urpinP 


GARAN CE. 


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CLXX VIL. 


GARANCE. 
Grece ss sv - epuSpod'ævoy ; speudod'ævoy ; Tsudprov. 
RUBLA TINCTORÜM 5 rss Iiva£, lib. xx, sect. x. Tournefort, 
Latin. denis ti) 08.1, campaniform 


RUBIA TINCTORUM; bu c annuis, caule aculeato ; Linné, clas. 4, te- 
trandrie re Jussieu , clas. 11, ord. 2, rubiacées 


liens ssl ROBBIA ; RUBIA 

Espagnol. ...,... RUBIA. 

Frahgais.i.z .".: GARANCE ; GARENCE, 

Anglais. . ,...... manner. 

AlemaRd, si 2e, FÆRBERRÆTHE ; KRAPP ; GRAPP. 
Hollandais, . ..... KRAP; MEEKRA?. 


MaLcré les aspérités dont cette plante est hérissée, malgré son ap- 
parence sauvage et sans éclat, elle n’a pas moins fixé l'attention des 
anciens botanistes par la couleur rougeâtre de ses racines, employées 
depuis long-temps pour la teinture de laines en rouge. La garance 
était déjà cultivée du temps de Dioscoride : il la nomme epu0pod ayoy : 
elle appartient à la famille des rubiacées , se rapproche des asperula 
et des galium , s'en distingue par sa corolle en cloche évasée, à qua- 
tre ou cinq divisions; quatre ou cinq étamines. Le fruit est composé 
de deux baies glabres, arrondies et accolées, non couronnées par le 
calice. Dans les asperula, la corolle est en entonnoir, les fruits secs; 
dans les galium , les fruits sont capsulaires, non pulpeux. 

La garance croît le long des haies, parmi les buissons, particuliè- 
rement dans le midi de la France, en Suisse, en Italie, dans le Le- 
vant : je lai trouvée à Laon sur les vieux murs, et très- fréquem- 
ment sur le rocher du mont Atlas. 

Ses racines sont longues , rameuses, articulées, rougeâtres et ram- 
pantes; ses tiges noueuses , tétragones , faibles, diffuses , longues de 
deux ou trois pieds, hérissées sur leurs angles de petites pointes 
crochues. 

Les feuilles sont grandes, sessiles, lancéolées, d’un vert luisant 


47° Livraison, Le 


GARANCE. 
emménagogues , etc. , dont elle a été décorée beaucoup trop libéra- 
lement, sont encore à constater. 

Cette racimea été administrée en substance de deux à quatre 
grammes (demi à un gros), et de huit à trente-deux grammes en dé- 
coction; elle fait partie des cinq racines apéritives majeures ; mais 
n'ayant justifié, ainsi que le remarque Peyrilhe, ni les promesses 
exagérées des uns, ni les espérances trompeuses des autres, elle n’est 
presque plus employée en médecine. 

Cultivée en grand dans plusieurs provinces de France, et dans 
presque toutes les parties de l’Europe, la garance est d’une grande 
importance pour l’agriculture , le commerce et les arts. L’herbe fau- 
chée en septembre fournit un excellent fourrage aux bestiaux , sans 
que la couleur rouge qu’elle imprime au lait des vaches, altère en 
rien la nature salutaire de ce liquide. Les tiges et les feuilles sont 
employées avec avantage pour polir et pour fourbir les métaux; elles 
donnent surtout beaucoup de brillant aux vases d’étain. La racine, 
objet d’une culture très-lucrative et d’un commerce très-étendu, est 
une des substances les plus utiles à la teinture. Elle imprime aux lai- 
nes, à la soie et au coton une couleur rouge, qui est à la vérité peu 
éclatante, mais qui a l'avantage de résister à l’action de l'air, de la 
lumière et du lavage. On s’en sert aussi pour donner plus d'éclat et 


de solidité à plusieurs autres couleurs que l’on fixe sur différentes 
étoffes. 


WURFBAIN (rrédéric-sigismond ), De rubià tinctorié , Diss.in-4°. Basileæ, 7é 

BOEHMER (Jean-senjamin), De radicis rubiæ tinctorum effectibus in corpore animali, Diss. 
inaug. resp, C. A. Gebhard; in-4°. Lipsiæ, 1751. 

— Prolusio anatomica, qué callum ossium e rubiæ tinctorum radicis pastu infectorum 
describit ; in-4°. fig. Lipsiæ, 1752. 

DEnTLerr (rierre), De ossium calli generatione et naturd Per fracta in animalibus rubiæ ra- 
dice pastis ossa demonstratä » Diss. in-4°. Gottinge , 1753. 

Mémoire sur la garance et sur sa culture , avec la descrip- 

” et des moulins pour la pulvériser; in-4°. fig. Paris, 1797: 

— Nouv. édition ; in-r2, fig. Paris , 5, sous ce titre : Traité de la garauce , etc. 

COSNIER (LOuis-vean-saptiste), An rachitidi rubia tinctorum? affirm. Quæst. med. inaug. 
resp. M. J. C. Robert; in-4°. Paris. » 17958. 

mixer (rhilippe), The method of cultivating madder, at it is practised in Zeeland, with 
their manner of drying, stamping and manufacturing it; c’est-à-dire, Méthode de cultiver 

la garance telle qu’elle est pratiquée par les Zélandais , avec le manière dont ils sèchent et 

préparent cette racine pour l'usage tinctorial ; in-4°. fig. Londres, 1758. — Traduit en alle- 

mand ; in-4°. fig. Nuremberg, 1776. 


Stone vise 


KE 


GARANCE. 


cawazs (sean-Paul), Dissertacion sobre la rubia; c’est-à-dire, Dissertation sur la garance; 
in-4°. Madrid , 1763. 


STEINMEYER ( George-rrédéric ), De rubid sapin Diss. in-4°, Argentorati, 1763. — In- 

sérée dans le Delectus dissertationum de Witwer. 

LESBROS DE LA VERSANE (LOU ns Traité de la ee ou recherches sur tout ce qui a rapport à 
cette plante ; in-8°. Paris, 

OETINGER ( rerdinan stophe ), De viribus radicis rubiæ tinctorum antirachiticis, à virtute 

ossa animalium vivorum tingendi non pendentibus, Diss. in-4°. Tubingæ , 

rée dans le Sylloge opusculorum de Baldinger , tom. v. 

REVELLI (sean-marie-pie ), Zstruzione sulla cultura e DS della DE c’est-à-dire , 
Instruction sur la culture : he préparation de la garan 

Reuss (chrétien-rrédéric), b 


nsé- 


e; in-8°, Turin 
Anbau und Commerce “4 Krapps éder Fe “Perbereth in 
Teutschland, als eines fa nuetzlichen Landesprodukts ; c’est-à-dire, De la culture et du 
commerce de la ee en Allemagne , considérés comme un produit Rp très-utile ; 
in-8°. Leipzic, 
KANTER (vean de), F4 meekrapteler en ssh of volledige gent éd van het planten , 
ve en, reeden en bereidender me sat scription complète de la plantation , 
e la culture et de la préparation de la garance; in-8, fig. Dordrecht, 1802 
posé par un Zélaudais , cet opuscule est sans contredit le meilleur traité que nous pos- 
< arance. On trouve dans les collections périodiques 
sociétés savantes une foule de détails intéressans sur les propriétés 
très-variées et très-utiles de cette plante : la plupart ont été recueillis avec 
beaucoup d rnement , par J.-A. Murray, dans son excellent ouvrage intitulé : 4ppa- 
ratus So nr tom. 1, 1793, pag 523, ad, 535. 


t-à 


EXPLICATION DE LA PLANCHE 


{ La plante est de grandeur naturelle.) 


r. Racine, 


4. Pisuil, 
2. Fleur entière, 5. Fruit ou baie didyme de grosseur natu- 
3. Corolle ouverte, sr Inqualle on distin- relle,. 
L aard 


insertion des cinq étamines, 6. Graine isolée, 


Observ. J'ai cru devoir figurer ce fruit double on didyme , son état naturel, celui de simple 
sous lequel on le rencontre presque toujours n’étant dû qu’à l'avortement de l'une des baies. 


170. 


LambertI? seulp 


GAROU, 


LA 


CLXXVIIL 


GAROU. 


Grec. ...:...,.. Suusrasua, Dioscorides t. 


THYMELÆA FOLIS LINI ; er TluvaË , lib. x1x , sect, x, Tournefort, 
clas. 20 Pi mono 


Latin ar Ad DAPHNE GNID Med RERREE à foliis lineari-lanceolatis, acu- 
minatis ; 5% clas. 8, octandrie monogynie. Jussieu, clas. 6, 
ord, 2, thymélée 

HOnit 29 DRE TIMELEA; BIONDELEA. 

Espagnol. ; .…. .. TORVISCO ; TIMELEA 

Français. + +. + GAROU; SAIN-BOIS. 

ARGUS ES, VER FLAXLEAVED DAPHNE; THYMELEA ; SPURGE-FLAX. 

and. , :,..... SELDELBAST 
Hollandais. . ..,,. ravmerra. 


ARBRISSEAU d’un port très-agréable, qui croît aux lieux arides et 
montueux des provinces méridionales de l'Europe, dans le Levant et 
sur les côtes de Barbarie, connu sous les noms vulgaires de garou 
ou sain-bors (daphne gnidium , Lin.), il a été souvent confondu avec 
le bois-gentil (daphne mezereum , Tin.), cultivé dans plusieurs jar- 
dins sous le nom impropre de garou, mais qui en est très-différent ? 
comme on le verra à l’article mézéréon, quoique employé aux mêmes 
usages : le yxsazix de Dioscoride convient assez bien au garou , mais 
non la figure que Matthiole, son commentateur, y a jointe, qui paraît 
plutôt être celle du daphne thymelæa, Lin. 

Le caractère générique du garou est d’avoir un calice (ou une co- 
rolle) en tube coloré, divisé en quatre lobes à son limbe; huit éta- 
mines non saillantes ; les filamens très-courts, un style court, un seul 
stigmate, Le fruit consiste en une baie , à une seule loge monosperme. 


: Après avoir lu et composé les deux articles de Dioscorides , xauehara et Buus- 
ha, je pense, comme M. Poiret, que la seconde cu ges dénominations convient 
mieux que la première au dnhhe gridium de L 

Le savant Kurt Sprengel est d’une opinion différente : il rapporte le yaue- 
aux au daphne gnidium , et le évyshaix au daphne cneorum. 


47° Livraison, 


GAROU. 

Ses tiges sont droites, hautes de deux ou trois pieds, divisées dès 
leur base en rameaux souples, élancés, d’un brun cendré, garnies 
de feuilles éparses, sessiles, nombreuses, linéaires, lancéolées, très- 
rapprochées , glabres, mucronées à leur sommet. 

Les fleurs sont petites, odorantes, blanches ou un peu rougeâtres, 
pédonculées , et disposées en une panicule médiocre, terminale; les 
pédoncules et les calices couverts d’un duvet cotonneux; les baies 
peu charnues, de couleur rouge. PS > 

Les feuilles du garou, dans l’état frais, mais surtout son écorce 
el ses semences, soit fraîches, soit sèches, présentent à un haut degré 
les qualités corrosives et virulentes qu’on retrouve dans la plupart 
des végétaux de la famille des thymélées. L’écorce inodore et même 
insipide, au premier abord, fait éprouver, quand on la mâche long- 
temps, une sensation âcre et brûlante qui s'étend jusqu’au pharynx, 
et ne se dissipe que lentement. Les semences jouissent de propriétés 
analogues quoique moins prononcées. Cette qualité âcre et vénéneuse 

tell tré dans un principe âcre, soluble dans l’eau, 
et dans une résine verdâtre, que le professeur Vauquelin a reconnus 
dans l’écorce de la plupart des daphnoïdes. 

Appliquée sur la peau, l'écorce du garou y produit une vive irri- 
tation, de la douleur, de la rougeur, du gonflement , le soulèvement 


A 
parait 
à 


de l’épiderme, et une abondante exhalation de sérosité. Les obser- 
vations de Wédel, de J.-M. Hoffmann et de l'illustre Linné attes* 


tent que, introduite dans l'estomac, elle détermine la cardialgie, une 
ardeur brûlante, qui s'étend du pharynx au cardia, des tranchées, 
la superpurgation, la chute des forces, et quelquefois même la mort. 
D'aussi graves accidens auraient dû peut-être exclure cette substance 
de la liste des médicamens internes. Cependant, à l'exemple des poi- 
sons les plus redoutables, l'art a pu en obtenir des avantages dans le 
traitement de certaines maladies rebelles. Son usage intérieur n’était 
point inconnu aux anciens. Russel, Andrée, Schwediawer, Wright, 
ont administré cette écorce corrosive soit seule, soit associée à dif- 
férentes substances, qui ont influé sans doute sur ses résultats dans 
certaines maladies de la peau, telles que les dartres rebelles, dans 
le scrophule, mais surtout dans les douleurs ostéocopes, les exostoses 
vénériennes et autres accidens de la syphilis invétérée, Toutefois ces 


GAROU. 
succès ne me paraissent pas établis sur des observations assez pré- 
cises ni assez nombreuses pour justifier pleinement les éloges donnés 
à une substance aussi corrosive ; plante qu'un médecin prudent ne 
doit employer qu’avec la plus grande circonspection, et qui, d’après 
la judicieuse remarque de Tragus, sans cesse entre les mains des char- 
latans, conduit bien des malades au tombeau. 

De nos jours, le bois-gentil est uniquement consacré à l’établisse- 
ment des exutoires. Cet usage est depuis long-temps connu en Au- 
nis, province occidentale de la France, où de temps immémorial les 
paysans s’en servent sous le nom de bois d'oreille : ils l'introduisent 
dans le lobe de l'oreille des enfans, pour produire une exsudation 
séreuse qu'ils regardent comme préservative et curative des maux 
de l'enfance, et particulièrement des accidens de la dentition. L’ou- 
vrage publié en 1767, par Leroy, ayant fixé l’attention des méde- 
cins sur les propriétés rubéfiante et vésicante de cette écorce, son 
emploi a été étendu à un grand nombre de maladies. Dans sa nou- 
veauté, il n'y a pas d’espérances que l’on n’ait conçues, ni d’éloges 
que l’on n’ait prodignés à ce moyen. On a même porté l’enthousiasme 
jusqu'à lui attribuer tous les avantages réunis du cautère et du vé- 
sicatoire. Toutefois il agit avec beaucoup plus de lenteur que ce 
dernier, et n'est point, par conséquent, aussi convenable lorsqu'il 
s'agit de déterminer une irritation vive et instantanée. En outre, 
son usage, long-temps continué, produit souvent beaucoup de dou- 
leur, quelquefois une inflammation érysipélateuse, et assez souvent 
l'exsudation d’une si grande quantité de sérosité, qu’elle épuise les 
sujets faibles et délicats, et incommode la plupart des malades; in- 
convéniens qui doivent lui faire préférer la potasse, au moins chez 
les sujets maigres et très-irritables, toutes les fois qu’on veut obtenir 
un exutoire de longue durée. Au demeurant, si le garou n’est pas 
préférable dans beaucoup de cas aux cantharides ni à la potasse, il 
peut être employé dans plusieurs circonstances avec plus ou moins 
de succès, ainsi que l’attestent diverses observations. Appliqué au- 
tour de la tête, on rapporte qu’il a fait disparaître la surdité, des 
douleurs de dents, une céphalée arthritique, l’ophthalmie chronique , 
l'épiphora. Promené autour de l'articulation iléo-fémorale, on lui a 
dû la guérison d’une coxalgie. Fixé sur différentes parties de la peau, 


GAROU. 


on paraît s'en être servi avec avantage dans le traitement de la 
teigne, des dartres et des rhumatismes ehroniques. Enfin il paraît 
avoir été employé avec non moins de succès dans la répercussion de 
la goutte, du rhumatisme, des dartres , de la gale, de la variole, ete., 
pour rappeler au dehors un principe morbifique ou une irritation 
spéciale fixée sur un organe essentiel au maintien de la vie. 

Les semences du garou, désignées dans les pharmacies sous le 
nom de coccum Cnidü semina, KnSe10s xæproe , granum Cridium, 
ne sont pas moins vénéneuses que l'écorce. Linné rapporte que douze 
de ces semences ont suffi pour donner la mort à une fille. Et, selon 
laremarque de Bergius, elles ouvrent chaque jour les portes du 
tombeau aux crédules victimes des médicastres et des guérisseuses. 
Quoique funestes à la plupart des animaux, les oiseaux s’en nour- 
rissent sans inconvénient : les perdrix, en particulier, les aiment beau- 
coup, et leur chair n’en acquiert aucune qualité nuisible. 

L'écorce et les semences du bois-gentil ont été administrées en 
substance de deux à douze décigrammes, et en décoction à la dose 
de trente-deux grammes (une once) dans un kilogramme et demi 
d’eau réduite aux deux tiers. Pour s’en servir comme exutoire, On 
applique sur la peau (l’épiderme ligneux en dehors) un morceau de 
cette écorce, de la longueur de deux ou trois centimètres sur deux 
centimètres de large, après l'avoir préalablement ramollie, lorsqu'elle 
est sèche, par la macération dans l’eau ou le vinaigre. On la main- 
tient en situation avec un léger appareil, et l’on renouvelle l’appli- 
cation toutes les deux heures, ou une seule fois le jour, ou tous les 
deux jours seulement, selon l'abondance de la sérosité exhalée, et 
selon le degré d'irritation qu’on veut obtenir. 

Dans le midi de l’Europe, l'écorce du garou est employée à la 
temture. On s'en sert particulièrement pour donner à la laine une 
couleur jaune, qu’on change ensuite en vert par l'addition de l'isatis. 


Les semences sont en usage pour faire des appâts destinés à tuer les 
loups et les renards. 


RTS 


PPS TEE 


rot 


Reeen he 


GAROU. : 


LEROY (sacques- Agathe-ange) , Essai sur l’usage et les effets de l'écorce du garou, ou Traité des 
exutoires, in-12. Paris, 1768. — 1bid. 1774.— Traduit en allemand , par Juncker, in-8°. 
Strasbourg, 1 

Le | Murray reproche avec raison au docteur Leroy de s'être abandonné à des 
explications frivoles , et au traducteur allemand d’avoir plus d’une fois altéré le sens du texte 


original. 
ROSS (3.-A.), De cortice thymeleæ , Diss. in-4°, Lugduni Batavorum , 1778. 
HASCHKE Serge en-nenri), Super se Gnidii usu epispastico pauca quædam , Diss. sa 
præs. Petr. Imman. Hartmann, in-4°, Fi rancofurti ad Viadrum , 27 septembre 1 
JUSTE (aime) De thymelæä mezereo , ejusque viribus usuque medico , Dis. in-4°. 
Marburgi, 98. 
EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est de grandeur naturelle.) 
1. Fleur entière. 4. Le même dont on a io circulairement 
2. Pistil et calice ouvert pour faire voir l’in- une partie de la chair pour faire voir 
sertion des huit étamines. le noyau. 


3. Fruit de grosseur naturelle. 


EAYAC . 


CLXXIX. 


GAYAC. 


GUAJACUM MAGNA MATRICE; Bauhin, TivxË , lib. xx, sect. 6. 
Latin... .. ncux OFFICINALE ; EE bijugis, obtusis ; grasses clas. ro, dé: 
candrie monogynie. Jussieu , clas. 13, ord. 21, rufacée 
077. rer it PC GUAJACO; LEGNO GUAJACANO ; LEGNO SANTO. 
Espagnol. . ..... + GUAYACO; PALO SANTO, 
Français... ...... GAYAC;GAÏAC; BOIS SAINT. 
M GUAIACUM, 
Allemand, ..... . «+ POCKENHOLZ; FRANZESONHOLZ; GUAYAKHOLZ. 
Hollandais. . .:... rornour. 


La découverte du gayac est presque aussi ancienne que celle de 
l'Amérique. Il est très-commun à Saint-Domingue et à la Jamaïque. Au 
rapport de l’Ecluse, un naturel de Saint-Domingue, qui exerçait la mé- 
decine dans cette île, révéla à un Espagnol, attaqué du mal vénérien, 
les propriétés du bois de Gayac, dont la réputation passa rapidement 
du nouveau dans l’ancien continent. L’Ecluse en a donné une assez 
bonne figure, avec la description traduite de Monardès, et d’après lui 
les frères Bauhin : mais la connaissance exacte de ses fleurs est due 
au P. Plumier, qui en a formé un genre particulier, dont le principal 
caractère consiste dans un calice à cinq divisions inégales et cadu- 
ques, cinq pétales, dix étamines, un ovaire supérieur un peu pédi- 
cellé; une capsule à deux ou cinq angles comprimés sur les côtés, 
autant de loges; une semence dure, osseuse dans chaque loge. 

Le gayac est un assez grand arbre, dont le bois est dur, pesant, 
résineux , d’un brun jaunâtre; les rameaux presque articulés, garnis 
de feuilles opposées, ailées, sans impaire, composées de quatre ou 
six folioles sessiles, glabres, ovales, entières, un peu arrondies , lon- 
gues d'environ un pouce et demi, à nervures fines, peu saillantes. 

Les fleurs sont bleues, solitaires sur des pédoncules simples , 
réunis en ombelles à l'extrémité des rameaux, et dans l’aisselle des 
feuilles supérieures. 

47e Livraison, 3, 


GAYAC. 

Les calices sont un peu velus, ainsi que les pédoncules; la corolle 
plus grande, ouverte en rose; les filamens des étamines élargis vers 
leur base; les capsules charnues, presque en cœur, à deux angles, 
comme tronqués au sommet, d’un jaune rougeâtre, surmontés d’une 
petite pointe courbe. (P.) 

Le bois, l'écorce et la résine de gayac sont également employés 
en médecine. Le premier est dur, pesant , jaune-pâle à l'extérieur et 
gris-brun ou verdâtre intérieurement. Lorsqu'on le frotte ou qu'on 
le brûle, il exhale une odeur légèrement balsamique. Sa saveur est 
un peu amère et aromatique, ainsi que celle de l'écorce, laquelle est 
compacte, tenace, grise à l'extérieur, et intérieurement parsemée de 
taches de diverses couleurs. Le suc gommo-résineux qui découle de 
cet arbre soit spontanément, soit par des incisions pratiquées sur 
son écorce, a été improprement désigné sous les noms de gomme et 
de resine de gayac. C'est une substance résiniforme friable, demi- 
transparente, d’un brun jaunâtre ou verdâtre; projetée sur les char- 
bons ardens, elle répand une odeur suave; lorsqu'on la mâche, elle 
pique légèrement la langue , et offre une légère amertume. Entière- 
ment dissoluble dans l'alcool, et en partie seulement dans l’eau, 
cette matière diffère des résines en ce que, traitée par l'acide ni- 
trique, elle donne de l'acide oxalique, et non du tannin. Comme on 
ne l’a trouvée encore que dans le genre gayac, le nom de gayacine 
lui a été imposé par les chimistes. 

Toutes ces parties du gayac sont douées de la propriété de sti- 
muler les tissus organiques. Elles paraissent exercer plus particuliè- 
rement leur action sur le système dermoide, et augmentent d’une 
manière sensible l’activité des vaisseaux exhalans, cutanés. Toute- 
fois, ainsi que M. Biett l’a très-bien remarqué, le gayac dirige, dans 
certains cas, ses effets sur d'autres organes, et détermine ainsi la 
salivation, l'augmentation de l'appétit, la purgation, la sécrétion 
de l'urine, mais surtout la sueur; ce qui justifie jusqu’à un certain. 
point les vertus échauffante, stomachique, apéritive, diurétique et 
sudorifique qu'on lui a accordées. Il ne faut cependant point perdre 
de vue que toutes ces vertus ne sont que relatives à un certain état 
des propriétés vitales des organes, et que si la transpiration, par 
exemple, était suspendue par suite d’un état fébrile on d’une vio- 


GAYAC. 
lente irritation, le gayac cesscrait d’être sudorifique, puisqu'il aug- 
menterait, au lieu de diminuer l’état d’excitation, dont la cessation 
seule peut, dans ce cas, procurer la sueur. 

L'introduction de ce végétal exotique dans la matière médicale 
se rattache à l’époque de la découverte du nouveau monde, et ne 
date, par conséquent , que de l'invasion prétendue de la maladie vé- 
nérienne en Europe. L'origine de la grande réputation dont il a joui 
comme antisyphilitique a été rapportée à la guérison d’un chef espa- 
gnol, qui tourmenté long-temps par la vérole, qu’il avait contractée 
à Saint-Domingue, en fut complètement délivré, dans cette île, au 
moyen de la décoction du gayac, dont un Indien, qui était à son 
service, lui enseigna l'usage. Sur son exemple, les avides et sangui- 
naires compagnons de cet homme, infectés comme lui du mal véné- 
rien, eurent recours au gayac, et, en ayant obtenu le même succès, 
ils proclamèrent en Europe les vertus de ce précieux végétal, sur 
la propriété antisyphilitique duquel une multitude d'observations et 
de traités publiés depuis 1517 jusqu’à ce jour par des médecins espa- 
gnols, français, italiens, anglais, allemands, ne semblent laisser au- 
cun doute. Cependant cet enthousiasme aveugle en faveur du gayac 
a peu à peu disparu, et l’on se borne aujourd’hui à considérer ce vé- 
gétal comme un moyen accessoire qui peut bien favoriser la guéri- 
son de la syphilis, maïs qui, dans nos climats au moins, ne peut 
point seul la guérir complètement. Il est bien remarquable en effet 
que presque jamais ce prétendu antisyphilitique n’a été administré 
seul. M. Biett a très-bien vu qu’on le trouve toujours associé à d’au- 
tres substances, ou précédé d’un traitement mercuriel , dans toutes 
les observations qui ont été publiées à ce sujet. Or, il n’est point 
étonnant que chez des malades gorgés de mercure, le gayac ait pro- 
duit constamment les mêmes effets qu’on obtient chaque jour de la 
salsepareïlle et autres sudorifiques, après un traitement mercuriel 
poussé trop loin; effets qui seraient aussi sûrement obtenus par 
l'usage d’une décoction de réglisse, dans une foule de cas où la ma- 
ladie vénérienne, exaspérée par des moyens violens, cède à un simple 
régime convenable. 

Cette maladie n’est pas la seule contre laquelle on ait employé 
le gayac. Le bois de cet arbre, et surtout sa résine, ont été préco- 


GAYAC. 

nisés dans le traitement de la goutte atonique et des nombreux acci- 
dens qui laccompagnent. On en a fait usage dans les rhumatismes 
chroniques, les douleurs sciatiques, les anciens catarrhes, la leu- 
corrhée rebelle, les diarrhées atoniques, la leucophlegmatie. On y 
a eu recours contre les dartres et autres affections cutanées rebelles, 
contre les engorgemens des glandes lymphatiques, la carie et les 
gonflemens osseux; et des observateurs dignes de foi attestent que 
dans beaucoup de cas l'administration de ce végétal a été suivie de 
succès. Ces succès quelquefois réels, et souvent douteux , ont donné 
naissance à divers remèdes secrets, et à cette foule de merveilleux 
arcanes dont le gayac est la base, et qui, pompeusement décorés 
du vain titre d’anti-goutteux, d’anti-rhumatisans, ont été accueillis 
par de riches oisifs et par le peuple crédule avec cette aveugle con- 
fiance que rien n’égale, si ce n’est l'audace avec laquelle ces pré- 
tendus spécifiques sont vantés et préconisés par la cupidité et l'im- 
posture. 

Le bois et l'écorce du gayac sont administrés en macération et 
en infusion aqueuse ou vineuse à la dose de trente-deux ou soixante- 
quatre grammes (une ou deux onces) pour cinq hectogrammes (une 
livre) de liquide. La résine peut être administrée de dix à trente cen- 
tigrammes (deux à six grains ), soit sous forme pilulaire, soit en 
dissolution dans l'alcool. L'huile essentielle que fournit le gayac est 
appliquée quelquefois avec succès sur les dents cariées pour calmer 
l’odontalgie, et l'extrait qu'on en retire a été employé comme ster- 
nutatoire. Le gayac constitue un des quatre bois sudorifiques ; il est 
la base de la décoction anti-goutteuse de Vienne, de la teinture de 
gayac volatile et du baume de gayac de la pharmacopée de Londres, 
de l'élixir de gayac de la pharmacopée d'Edimbourg ; il entre enfin 
dans la composition de divers robs et sirops sudorifiques. 

La dureté et le beau poli du bois de gayac le rendent propre à 
toutes sortes d'ouvrages d'art, et, sous ce rapport, il est recher- 
ché par les ébénistes, les tourneurs, les menuisiers et les charpen- 
uers. 


GAYAC. 


scamaus (Léonard) , ire de morbo gallico et curd ejus noviter repertä cum ligno 
indico ; in-8°. Augustæ Vindelicorum, 1518. 
Il paraît que ce are bavarois est le premier écrivain qui ait mentionné et préconisé le 


gayac 
HUTTEN (vlrie ps De guaiaci medicinà et morbo gallico libellus ; in-4°. Moguntie , ns 
Ibi 


.in-8°. 1524; 1531. — In-4°. Bononiæ , 1521. — Traduit en français par J 
Chéradame ; in-4°. Lyon. — Traduit en allemand; in- La fig. 1519. — Traduit en aniiais 
par Thomas Paynell, in-8°. sassrs ; 1596 25%p} 
Enthousiaste du gayac, eomme Gonsalve Ferrando, ss qu’il lui devait également la gué- 


rison d’une syphilis invétérée , il chanta pareillement les louanges de ce bois , dont l’usage 
est effectivement suivi du plus heureux succès dans certains cas où le mercure a été admi- 
nistré sans discernement. 
BETHENCOURT (3acques de), Nova peœnitentialis quadragesima , nec non Purgatorium in mor- 
icum , seu venereum ; unà cum dialogo aquæ argenti et ligni guaiaci colluctantium 
super dicti morbi curationis prelasurd opus fractiferum; ; in-8°. Parisiis, 1527. 
itre métaphorique it pour très-ingénieux au seizième siècle , et l’on a vu de nos 
jours renouveler de pareilles gentillesses, qui n’obtiennent plus, à la vérhé; les mêmes ap- 
pos Le ca RÉ as ag par pe paye , qui exige une diète longue 
et rigoureuse ; Quoi qu’il en soit, Pouvrage de 
Bethencourt mérite une mention particulière : ce médecin normand passe pour le premier qui 
ait écrit en France sur la syphilis , et lui ait imposé le nom de maladie vénérienne, 
DELGADO ( rrançois), Del modo di adoperare il legno santo, ovvero del modo che si guarisca 
il mal francese ed ogni mal incurabile ; c'est-à-dire, De la manière d'employer le sain - bois, 
ou des moyens de guérir la vérole et les autres maladies incurables; in-4°. Venise, 1529 
Cet opuscule, écrit en italien par un prêtre espagnol , qui, pendant vingt-trois années , fut 
tourmenté par la syphilis, est demon remarquable sous plusieurs rapports, Souillé de 
contes absurdes et d’assertions meson pe 3 res apr pes un privi ège du Clé 
ment vrr en forme de bulle. L’ignora sont peints de main de 
re par le savant Astruc : Non cepone me a quo sn ea … pus Lt 
ts causà librum suum 


+ 
mn 
. 


A 


1 


# ‘4 Fo . #6 


wirialis par ati esse ré ape Soi: ed cujus pra modes um de indiistri reticet , qui 
nè à fraudes venditatoris remediorum , hs re diribitoris arcanorum apertè redolet, qui 
sibi semitam non jour alteri monstrant 
roux, (wicolas), De curé morbi gallici per rares shenintinis libellus ; im-4°. Venetiis, 1535. 
.in-4°. Basileæ , 1536. 

La dédicace au ésrdiaf Lange est du r9 décembre 1517, etles bibliographes assurent que 
la première édition de l’opuscule date de la même année; ce qui assignerait à Poll la prio- 
‘rité sur tous ceux qui ont mentionné réconisé le gayac : 27 quibusdam, 
desperationis causé, nihil medicinarum applicatum Juerat, quorum posteà omnium per 
guayacanum lignum euratio quasi pro miraculo ab omnibus habita fuit : hæc enim, uno 
quasi et eodem tempore, tria fere hominum millia ad bonam valetudinem reduxit, qui 
post convalescentiam sibipsis renati videbantur. 

rerri (alphonse), De ligni sancti multiplici medicinä et vini exhibitione libri quatuor ; in-4°. 
39.— 1d. m-8°. Basileæ, x — Id. in-12. Parisiis, 15393; 1542.—1d, in-12. 
Ris 1547.— Traduit en français par Nicolas Michel; in-8°. Poitiers, 1540, 1546, 
50.— Traduit en allemand par Gautier Herman Ryff, qui oublia de nommer l'auteur ; 
rs Ras à 1541. 

gayac est présenté comme une sorte de panacée propre à guérir les maladies les plus 

disemblables et notammant la svphilis, dont il est proclamé le spécifique. Ferri avoue néan- 


GAYAC. 


moins que dans certains cas rares le mal est tellement opiniâtre , qu'on est forcé de recourir 
ercure. Cette production ne manque pas d'intérêt ; aussi fut-elle généralement accueillie. 

eco (antoine) , en latin Gallus, De ligno sancto non permiscendo ; in-8°. Parisiis, 1540. 
L'auteur donne des détails étendus et assez exacts sur le mercure et diverses préparations 


complétée, cimentée par le gayac, et ee le gayac seul, qui possède le précieux avantage 
d'extirper jusqu'aux dernières racines al. 
rucas où ruscn (remacle), Morbi rh dre quem ali gallicum, alii neapolitanum appel- 
lant, curandi per ligni indici, quod guayacum vulgà dicitur decoctum , spi nie 
needs in qud plurima ex veterum medicorum sententià ad novi morbi curationem ma 
gis absolutam, medica theoremata excutiuntur ; in-4°. Paris 4x. 
BLONDO ie e), De origine morbi gallici deque ligni indici ancipiti proprietate ; in-4°. 
Venetiis, a 
L'auteur d’atténner le éloges + | +: ts d'après son 
expérience , que ce bois est un simpl e in, dont il faut se défier. 
RETTORI (Livorio), Disputatio apologetica de indole ac die guayaci et salsæ-parille , 
adyersüs Hieronymum Minettum ; in-4°, Bononiæ, 1 
Le gayac est-il plus âcre et plus chaud que la wlparele® telle est l'opinion de Rettori , 
combattue par Jérôme Minetti, dans un maigre opuscule intitulé : Quæstio non minüs pul- 
cra quam utilis, de salsæ-parillæ et ligni sancti viribus. 
riccoLomMiEnt (sestilio), Epistola ad Corradum horse in cs probat lignum Corradi esse 
imam speciem ligni sancti; in-4°. ï 
guiste hollandais Conrad Arnold avait expédié à dus une grande quantité de 
gayac ; mais on refusa de payer, sous prétexte que le bois reçu de Hollande n’était pas du 
i gayac. Le pape Clément vrr nes les médecins et les droguistes de décider sè question. 
Les avis ne furent unanimes. Piccolomini et Cintio Clemente plaidèrent la cause d’Ar- 
nold : Demetrio Canevari prouva au contraire, dans son Commentarius de ligno ss que 
le négociant batave avait trompé la confiance de ses correspondans, 
sunGKER (sean), Comperdiosa methodus therapeutica , quà d morborum ferè incurabilium medi- 
ca ationes prie per solam diætam et ligni guaiaci diversimodè præparati administratio- 


Erfordiæ , 1624. 
FRIDERICI camano ud), De guaiaco, Diss. inaug. resp. Georg. Keyser, in-4°. Zenæ , 1662. 
saorT (r#hi A ), De medicatà guaiaci virtute, Diss. inaug. in-4°. Lugduni Batavorum, 


28 jull. 1719. 

GAUNER (chrétien-codfro, De specifio oi americano (guaiaco), Diss. in-4°. 
Tenæ, 1778. — Insérée dans le tome 1v du Sr. e Baldinger. 

ACKERMANN (aranerréléri} De tinture guayacinæ wirtute antarthriticä; Diss. inaug. resp. 
Eckhof; in-4°. Kiloniæ, 1782. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.) 


1. Calice vu en dessous. 5. Fruit coupé dans sa longueur. 
2. Pistil et étamines. - 6. Un autre coupé en travers. 


3. “au 7. Graine isolée. 
4. Fruit mûr. 


GENEVRIER 
2 


CLXXX. 


GENEVRIER. 
x 
Grec... 4.4 +. æpreudoc ; æpxeudic 
JUNIPERUS VULGARIS ; 6 Pad : FIuÉ lib xxx, sect, %. Tournefort, 
clas. 19, arbres amentacés. # 
Latin... ....... 4 sunrperus communis; foliis ternis, GT , mucronatis, baccä 


oribus : Linné , clas. 22, diœcie monadelphie. Jussieu, clas. 15, 
5, conifères. 


FR ST 15 ° . GINÉPRO. 

Espagnol, . +, ..1:. ENEBRO. 

Français. ........ GENEVRIER. 

ARGUS ts JUNIPER-TREF. 
Allemand... .:... WACHOLDER 

Hollandais. ... ... . GENEVERB00M. 

SUÉADNS... : 4. 3 . EN; ENBUSKE ; ENEBÆRSTRÆD. 


Ur aspect sauvage, des rameaux diffus, irréguliers, en buisson 
touffu, des feuilles dures, étroites, en forme d’épines, rendent le 
genevrier facile à distinguer entre tous les autres arbrisseaux de 
l’Europe, outre qu'il habite de préférence les terrains “ et À 
reux, les collines, le revers des montagnes. 

Ses fleurs sont ds quelquefois monoïques ; les A AE mêles 
disposées en petits chatons, ovoïdes, munies d’écailles pédicellées, 
en verticille, élargies au sommet en forme de bouclier; sous chaque 
écaille trois ou quatre anthères sessiles, à une seule loge : les fleurs 
femelles en chatons globuleux ; les écailles épaisses, aiguës, disposées 
sur quatre rangs; un ovaire sous chacune d'elles, surmonté d’un 
petit stigmate. Ces écailles croissent, deviennent charnues, se sou- 
dent ensemble, et forment une baie arrondie, renfermant trois noyaux 
osseux à une seule loge. 

Ses tiges sont tortueuses, difformes; ses rameaux nombreux, irré- 
guliers ; l'écorce raboteuse, d’un brun rougeâtre; le bois dur, un peu 
rougeâtre, d’une odeur agréable quand il est sec; les jeunes pousses 
des rameaux menues, pendantes, un peu triangulaires. 


47e Livraison, 


%. 


GENEVRIER. 

Les feuilles sont sessiles, ordinairement réunies trois par trois, 
étroites, dures, très-aiguës, piquantes , concaves en dessus, souvent 
un peu glauques à leur base : elles durent toute l’année. 

Les fleurs, tant mâles que femelles, sont réunies en chatons 
courts, solitaires, axillaires, presque sessiles; les femelles pro- 
duisent des petites baies sphériques de deux ou trois lignes de dia- 
mètre, d'abord vertes, puis noirâtres en mürissant. 

Dans les pays chauds, les tiges s'élèvent souvent en arbre de 
quinze à vingt pieds de haut. : 

= Presque toutes les parties de cet arbre indigène, le bois, les 
feuilles, la résine, et surtout les baies, exhalent, principalement 
quand on les brûle, une odeur résineuse plus ou moins suave. Elles 
offrent une saveur balsamique, légèrement amère, qui est accom= 
pagnée, dans les semences, d’un goût douceâtre et aromatique. Les 
fruits, ainsi que la partie ligneuse du genevrier, fournissent une huile 
volatile, jaune, très-pénétrante; un extrait aqueux et un extrait r'é- 


sineux. Le sue qui découle, dans les pays chauds, des incisions pro. 


fondes que lon pratique au tronc de cet arbre, connu dans le com- 
merce sous le nom de sandaraque , est une résine sèche , inflammable, 
d'un jaune pâle ou citrin, assez analogue au mastic', et dissoluble 
dans l'alcool, quoiqu’elle ne le soit qu’imparfaitement dans l'huile. 

Le bois, réputé diurétique et sudorifique, ne peut avoir cette 
faculté qu'en vertu de l’action tonique qu'il exerce sur les organes 
vivans, et ne peut en produire par conséquent les effets que dans 


. 


pps LES 


les cas d’atonie et de relâchement. Il a été vanté contre les catarrhes | 


de la vessie et des poumons, contre l'aménorrhée et les obstructions 
du foie. On la employé en décoction dans le traitement de la gale, 
dela goutte et des rhumatismes. Monro s’est bien trouvé de sa 

coction en bains dans plusieurs cas de variole maligne. Les frictions 
faites avec une flanelle imprégnée de la vapeur aromatique de ce vé- 
gétal résineux paraissent avoir été favorables à divers sujets atteints 
de goutte atonique , de rhumatismes anciens, de douleurs ischia- 
tiques. Le bois de genevrier à été surtout préconisé contre la ma- 
ladie vénérienne ; quelques auteurs lui attribuent même contre cette 
affection une vertu égale à celle du gayac, tandis que d’autres réser- 
vent exclusivement cette propriété antisyphilitique aux baies. Enfin 


GENEVRIER. 
la décoction du genevrier a été employée localement comme déter- 
sive dans Île traitement de l’ozène et des ulcères atoniques. 

La résine de ce conifère, désignée sous les noms de sandaraque , 
vernis, gomme de genevrier, a toutes les qualités des résines, et agit 
sur l’économie animale à la manière des excitans. Elle a été parti- 
culièrement recommandée en application sur les plaies pour arrêter 
‘écoulement du sang, et sur les ulcères pour les déterger. Intérieu- 
rement elle a été administrée dans les catarrhes pulmonaires an- 
ciens, les diarrhées chroniques et les hémorrhagies passives. Mais 
les succès qu'on lui attribue contre ces différentes affections sont 
loin d’être constans. 

On a beaucoup plus rarement recours aux sommités et aux feuilles 
du genevrier quég ses autres produits. Etmuller leur attribue la pro- 
priété de purger; toutefois cet effet a besoin d’être confirmé par 
l'expérience, aussi bien que les succès des cendres de ce végétal 
contre l’hydropisie. 

Toutes les propriétés médicales de cet arbre résineux se trouvent 
en quelque sorte concentrées dans les baies, auxquelles, par cette 
raison, on a le plus souvent recours pour l'usage médical. Leur ac- 
tion tonique sur l'estomac et les intestins n’est pas douteuse; elles 
augmentent l'appétit et facilitent la digestion. L’impression qu’elles 
déterminent sur l’appareil digestif s’étend facilement à d’autres or- 
ganes; elles excitent aussi la sécrétion de l'urine, et activent la 
transpiration cutanée : une foule d'observations attestent que ces 
baies et les nombreux médicamens qu’on én prépare ont été admi- 
nistrés avec avantage dans l’atonie des premières voies, les catarrhes 
chroniques du poumon, de l'appareil digestif, du vagin et du canal 
de lurètre; contre la goutte atonique, l'hypocondrie, le scorbut , 
la leucophlegmatie, l’hydropisie et les affections vermineuses. Divers 
observateurs ont cru même apercevoir que la décoction de ces 
fruits était singulièrement utile contre la gravelle et les calculs de 
la vessie. Maïs si cet effet a eu lieu dans quelques cas, par exemple 
chez certains vieillards cacochymes dont les voies urinaires sont obs 
truces et fatiguées par un amas considérable de mucosités tenaces, 
l'action tonique des baies du genevrier ne pourrait être que nuisible 
dans beaucoup de ces affections calculeuses. Geoffroy et Cullen ont 


GENEVRIER. 


très-bien vu qu'administrés comme diurétiques chez des sujets où 


forts ou très-irritables, ces fruits déterminent souvent de la douleur 


aux reins et des urines sanguinolentes. On en a fait usage ave. 
beaucoup plus de succès contre les fièvres intermittentes, soit en . 


poudre, soit en décoction , et leur vapeur introduite dans le pou: 
mon par la respiration, ou appliquée sur la peau par des bains où 
par des frictions, n’est pas moins avantageuse que celle du bois où 
de la résine. Il résulte de tous ces faits que les différentes parties du 
genevrier, et surtout les baies, peuvent être employées avec succès 
dans tous les cas où les médications toniques sont nécessaires. 

Le bois râpé ou en copeaux se donne en décoction à la dose de 
trente - deux grammes (une once) dans cinq hectogrammes (unt 
livre) d’eau. L’extrait, soit gommeux, soit résineux, est administré 
depuis deux jusqu’à huit grammes ( demi à deux gros). L'huile essen- 
tielle se prescrit de cinq à vingt gouttes dans une tasse de thé, un 
julep ou tout autre liquide propre à être avalé. On l’introduit sou- 
vent dans des gargarismes contre le gonflement scorbutique des 
gencives, et dans des injections du canal de l'urètre, contre la 
blennorrhagie chronique. La dose ordinaire de la résine, prise inté- 
ricurement, est d’un à quatre grammes. Les baies peuvent être in- 
gérées en substance au nombre de six à douze. En infusion aqueuse 
ou vineuse, on les administre à la dose de trente-deux grammes (une 
once) pour un demi-kilogramme (une livre) de liquide. On en fait 
un rob de genièvre d’un usage aussi utile que commode, et souvent 
employé, en guise de miel, à ja composition des électuaires et au- 
tres médicamens toniques. Ces baies entrent dans la composition des 
élixirs de vie de Fioraventi, antipestilentiel de Sennert, et asthma- 
tique de Zwelfer; dans l’opiat de Salomon, l’antidote orviétan de 
Charas, l'huile composée de Scorpion de Mathiole. Le rob lui-même 
fait partie de la thériaque réformée de Charas, de l’orviétan de 
F. Hoffmann. L'huile essentielle se retrouve dans le baume vulné- 
raire de Metz de Schræder; et la résine dans plusieurs emplâtres: 

Le genevrier n’est pas moins précieux par ses usages économiques 
que par ses propriétés médicales. Son bois 
observe M. Jourdan, sert aux ébénistes à 
ouvrages. Îl four 


» Presque incorruptible, 
faire une foule de jolis 
mit aux habitans des campagnes des échalas qui 


HE 2 


GENE VRIER. 

durent long-temps. Son charbon est excellent. On prépare des cordes 
avec son écorce. En Lorraine et dans les Trois-Évéchés, on fait 
bouillir ses branches dans de l’eau avec laquelle on lave ensuite l’in- 
térieur des tonneaux destinés à recevoir le produit des vendanges. 
Enfin on brûle le bois de genevrier pour parfumer les appartemens 
et pour purifier l’air. Mais les vapeurs aromatiques qu’il répand dans 
l'atmosphère, loin de détruire les émanations malfaisantes suspen- 
dues dans Pair, ne font que les masquer, et inspirent ainsi une 
fausse sécurité. « Dissoute dans l'esprit de vin, la résine sandaraque 
donne un vernis blanc et brillant d’un très-grand usage dans les arts. 
Elle est également employée sous forme pulvérulente dans les bu- 
reaux pour donner plus de consistance au papier, et pour empêcher 
l'encre de s’étendre sur les points où il a été graté. En Allemagne 
et autres contrées d'Europe, les baies sont employées comme assai- 
sonnement. Pilées et macérées dans l’eau, elles donnent par la fer- 
mentation une liqueur vineuse très-agréable et très-salutaire, qui, 
sous le nom de genevrette, sert de boisson au peuple des campagnes 
dans plusieurs provinces de France. Cette liqueur vineuse, qu’on 
peut singulièrement améliorer en y ajoutant, pendant la fermenta- 
tion, un peu de sucre ou de miel, fournit par la distillation un alcool 
plus ou moins âcre dont on fait un grand commerce dans le Nord. 
Infusées dans l'alcool, ces mêmes baies forment un excellent ratafia. 
Les confiseurs en préparent diverses liqueurs et des dragées de très- 
bon goût. » 


BAPST es en oder Wachholder-Garten; etc. in-4°. Eisleben, 1601. — Jd. 
16 dt 
a dit le es Haller , et après lui M. Dupetit Thouars, une énorme et misérable 
collection de toutes les propriétés réelles et supposées du genevrier. 
SCHARF arte apueuBoroyia; seu Juniperi descriptio curiosa, etc. in-8°, fig. Lipsiæ, 
2.— Id, 1 
| Rédicé sur le sl de l'Académie des curieux de la nature, cet opuscule est peu exact pour 
la partie descriptive, et renferme une énumération fastidieuse de formules surannées. 
BANG (axel-olaus), De junipero , Diss. inaug. rep: Heldwader ; in-4°. Hafniæ, 17 
CAMERARIUS ne De cervarid nigré et junipero , Diss. inaug. hlsb. Ca Alb. 
merarius ; in-4°, ubingæ y -1712- : 
W{LHELM Sen RES , De junipero , Diss. in-4°. Argentorati, 1715. 
KLEIN (sean-conrad), De junipero, Diss. in-4°. Altdorfii, 1719. 
LUNDMANN (rierre), De junipero, Diss. in-4°. Harderovici, 1727. 


GENEVRIER. 

sruce (andré-vaniel), Observationes practicæ de radicis fruticis juniperi decocto; in8°,. 
er 17 
ur tous: a traduit, en 1642, du latin en allemand , un opuscule de Martin Ê 

ne sur le genevrier, et Pierre Kalm a écrit, en 1770 , une dissertation suédoise sur les 
priétés et les usages du même arbrisseau, 


a 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
( La plante est de grandeur naturelle, } 


1. Chaton ou cône de fleur mâle. 

2. Fruit entier. 

3. Le même coupé horizontalement pour faire voir les trois osselets, 
4. L'un des osselets isolé 


* 


161. 


mo 


Luis Je . 


| 


ZLanbert 7° sep 


GENTIAXE , 
un. 


CLXXXL 


GENTIANE. 


Grébshs res à 24 50 JAI 
GENTIANA MAJOR LUTEA; Bauhin, NuvaË, lib. v, sect. 5; Tournefort, 
clas. 1 , campaniformes. 


Latin... .........{ cewrrana LUTEA ; corollis ns , rotatis, verticillatis, ca- 
ner spathaceis ; Linné, clas. 5, pentandrie digynie. Jussieu , 
clas. 8, ord. 13, gen rase 

Lialiens is resta GENZIANA ; GENZIANA MAGGIORE. 

Espagnol.” 5 7... GENCIANA 

Frantais: 6, 4 E N TIANE JAUNE; GRANDE GENTIANE. 

ASUS de GENTIAN ; YELLOW GENTIAN. 

Allemand... ENZIAN; GELBER ENZIAN. 

Hollandais. . :.... GENTIAA 

Suédois sé. 2 5 BAGG-SOETA 


La grande gentiane, ou gentiane jaune, est la première ainsi que 
la plus belle espèce d’un genre qui en contient un très-grand nom- 
bre. Elle porte le nom d’un roi d’Illyrie, auquel on attribue la dé- 
couverte deses propriétés. Dioscorides et les anciens en parlent comme 
d’une plante connue depuis long-temps : elle se plaît dans les pâtu- 
rages des montagnes sous-alpines; c’est là que, respectée des trou- 
peaux, qui cignent son amertune, elle étale avec luxe ses belles 
fleurs jaunes, réunies en touffe dans les pisselss des feuilles supé- 
rieures. 

Son calice est divisé en cinq Lies: : sa corolle monopétale, en 
roue, à cinq divisions et plus; cing, quelquefois quatre étamines 
insérées sur le tube de la corolle; l'ovaire surmonté de deux stig- 
mates presque sessiles; une capsule à une loge, à deux valves. 

Ses racines sont longues, épaisses, jaunâtres en dedans, d’une 
saveur amère : elles produisent des tiges simples, hautes de trois 
ou quatre pieds, cylindriques, garnies de feuilles larges, ovales, 
très-lisses , opposées, amplexicaules ; les inférieures rétrécies en 
pétiole à leur base. 

Les fleurs sont nombreuses, soutenues par des PéRopeies sim- 


48° Livraison. 


GENTIANE. 
ples; fasciculées et presque verticillées dans les aisselles des feuilles 
supérieures. 
Leur calice est membraneux, transparent, déjeté d’un seul côté, 
et fendu longitudinalement , à cinq dents courtes, subulées , inégales. 


La corolle est jaune, en roue, à cinq, quelquefois huit segmens . 


allongés, aigus. 


Quelques autres espèces se rapprochent de celle-ci, telles que la, 
gentiane pourprée, la gentiane ponctuée, et plusieurs autres com 


munes dans les Alpes. . 
Desséchée, et telle qu’elle se présente dans .le commerce, la ra- 


cine de gentiane est en longs morceaux de la grosseur d’un pouce 


et au delà. Dure, cylindrique, extérieurement sillonnée par des ri: 


des annulaires , elle offre une couleur brune foncée à sa surface, 


et jaunâtre intérieurement. L’odeur qu’elle exhale, quoique à peine 
sensible, a quelque chose de vireux. Sa saveur d’une amertume 


franche, très-prononcée, est entièrement dégagée des qualités aro- 
matiques et astringentes qui accompagnent le principe amer dans 


la plupart des végétaux. On en retire un extrait muqueux et un 
extrait résineux ; le second plus abondant et plus amer que le pre- 


mer. Elle renferme en outre une matière sucrée qui la rend suscep- | 
tible de donner de l'alcool par la distillation. La chimie n’a point 


encore déterminé la nature de ses autres principes constituans. 
Les troupeaux, au rapport de Haller, ne broutent point les feuilles 
de cette plante, ce qui tient probablement à son extrême amer: 


Re 


tume. Quelques auteurs ont attribué des qualités vénéneuses à Sa 


racine. Mais les accidens nerveux, et autres symptômes d'empoison: 


nement dont elle a été accusée en Angleterre, sont dus à la racine 


du ranunculus thora, avec laquelle la racine de gentiane a été con 
fondue , qui se trouve encore quelquefois mêlée avec elle, et dont il 
est facile de la distinguer à cause du volume plus grand de cette 
dernière. 

La racine de gentiane, en vertu de son amertume, exerce, Suf 
l'appareil digestif, une action tonique lente, peu intense, mais du- 
rable, et qui devient manifeste par l’augmentation de Vappétit et 
l'activité de la digestion. A l'exemple de la plupart des amers, lors- 
qu'on la donne à trop haute dose, elle produit du malaise, de la pe 


GENTIANE. 
santeur à l’épigastre, et même le vomissement et la purgation. D'a+ 
près les témoignages unanimes des observateurs et des praticiens les 
plus éclairés, cette racine a été administrée avec succès contre l'in- 
appétence, les flatuosités et les embarras muqueux qui tiennent à 
l’atonie de l’estomac et des intestins. Elle a fait cesser dans certains 
cas l’état de torpeur du canal intestinal qui suit les fièvres intermit- 


tentes de longue durée, et qui accompagne si souvent la goutte 


erratique, l’hypocondrie, la chlorose et les cachexies. Elle a fait 
disparaître des diarrhées et des vomissemens qui résultaient d’une 
sorte de débilité ou de la lésion de la contractilité organique sensi- 
ble de l'appareil digestif. Whytt rapporte l’histoire d’un homme qui, 
par l'usage de cette racine prise chaque jour à la dose d’un gros, fut 
guéri d’une douleur d’estomac dont il était atteint depuis quinze 
ans. Dans beaucoup de cas elle paraît avoir été employée avec avan- 
tage contre les vers lombrics, et contre les hydropisies essentielles 
accompagnées de pâleur et de flaccidité générale. Chaque jour on 
l’administre avec plus où moins de succès contre le scrophule, sur- 
tout chez les enfans, et beaucoup de praticiens ne se louent pas 
moins de ses succès dans le rachitis et la coxalgie que contre cette 
affection du système lymphatique. On a recommandé la racine de 
gentiane dans le traitement des obstructions des viscères abdomi- 
naux qui surviennent à la suite des fièvres intermittentes; mais il 
est difficile de déterminer jusqu’à quel point cette plante mérite les 
éloges qui lui ont été accordés sous ce rapport, jusqu’à ce que l’on 
ait fixé avec quelque précision la nature et le caractère des affec- 
tions très-variées qu'on désigne sous le nom vague et insignifiant 
d'obstructions. Enfin plusieurs observations attestent que cette ra- 
cine amère a prévenu, dans quelques cas, des accès de goutte, 
qu'elle a calmé les douleurs produites par la présence des calculs 
urinaires, et qu'elle a arrêté des fièvres intermittentes de différens 
types. On ne donnera cependant qu’une faible confiance aux pré- 
tendus succès de la gentiane contre la goutte, si l’on réfléchit que 
les dix malades chez lesquels illustre Cullen a suivi les effets de la 
fameuse poudre du duc de Portland dont cette racine est la base, 
ont presque tous été atteints d’hydrothorax, de palpitations, d’as- 
cite et autres accidens graves, et qu'ils sont tous morts peu d'années 


GENTIANE. 


après leur prétendue guérison. A l'égard de la réputation de la gen- 


tiane contre les fèvres intermittentes, réputation justement méritée 


sous certains rapports, et que l'introduction du quinquina dans à M 


matière médicale n’a point détruite, une foule de faits semblent 


prouver que cette racine a manifestement fait cesser des fièvres d'ac: 
“ès qui avaient résisté à d’autres moyens. Moi-même je pourrais ci: 
ter, en faveur de sa propriété fébrifuge, plusieurs centaines de gué: 


risons de fièvres intermittentes de tous types, si, depuis que j'ai 


cessé de croire aveuglément à la toute-puissance des drogues, Je \ 
n'avais vu les mêmes guérisons, que j'avais attribuées autrefois à h 
gentiane, s'opérer spontanément sans le secours des médicamens. 
Toutefois je ne veux point nier qu'on ne puisse, dans certains cas; 


retirer beaucoup d'avantages de l'emploi d’un amer aussi prononcé. 


Desbois de Rochefort me paraît avoir signalé d'une manière très- 


judicieuse celles de ces fièvres dans lesquelles la gentiane peut être 
réellement utile. Elle ne convient point, par exemple, dans celles 
qui ont le plus léger caractère inflammatoire; elle ne serait pas 
moins nuisible dans celles qui sont accompagnées d’une vive irrita- 
tion gastrique. La lenteur de son action la rendrait très-certaine- 
ment insuffisante dans les fièvres intermittentes , ataxiques et adÿna- 
miques : mais elle peut produire les plus heureux effets dans celles 
qui sont marquées par la pâleur, la flaccidité ou un état leucophleg- 
matique. L'usage long-temps continué de la gentiane, comme celui 
de tous les amers, par une influence particulière que Cullen attribue 
à un principe vireux, finit par détruire la faculté digestive, et paë 
amener la dyspepsie; & sorte que, dans les maladies de long cours, 
il faut de temps en temps en suspendre l'usage, ou lassocier à diffé- 
rentes substances, soit alcooliques, soit aromatiques. 

Les rirgiend se servent quelquefois de la racine de gentiane, 
en guise d’éponge préparée pour introduire dans des orifices fistu- 


leux, et dilater certaines ouvertures. Ils appliquent aussi comme 


détersive sur les ulcères et sur les cautères. 

En substance, cette racine amère peut être administrée sous 
forme pilulaire ou pulvérulente, de douze décigrammes à quatre 
grammes (un scrupule à un gros }, et en infusion vineuse ou décoc- 
tion aqueuse, de quatre à huit grammes (un à deux gros ). Son ex- 


GENTIANE. 

trait, d’un usage beaucoup plus fréquent et beaucoup, plus com- 
mode, se donne soit en pilules, soit en dissolution dans le vin ou 
tout autre liquide, de deux à quatre grammes (demi à un gros). 
La dose de la teinture alcoolique que les pharmaciens préparent 
sous le nom d’essence de gentiane, est de quarante à quatre-vingts 
gouttes dans un liquide approprié. Cette racine entre dans la com- 
position de la plupart des vins amers : elle est la base d'une foule 
de médicamens solides et liquides. Les principaux sont l'élixir sto- 
machique de Whytt, la thériaque d’Andromaque et diatessaron, le 
Mithridate, l'orviétan, le diascordium, l’opiat de Salomon, la pou- 
dre.vermifuge de Charas, les fameuses poudres anti-arthritiques du 
duc de Portland, ou d’autres médicastres titrés et sans titre. 

En Suisse, après avoir fait macérer pendant un certain temps 
dans l’eau la racine de gentiane, on la soumet à la distillation, et l'on 
en retire un alcool d’un très-grand usage dans diverses contrées 


des. Alpes. 


weuer {sean-andré), De gentianä, Diss. inaug. pres. Joan. Hadr. Slevogt ; in-4°.1enæ, 1720, 
HARTMANxX (rierre-emmanuel), Historia gentianæ naturalis et medica ; in-4°. Francofurti ad 
Viadrum , 1574. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.) 
Feuille radicale. 4. Fruit. 


Y, 
2. Fleur entière. 5. Le même coupé horizontalement. 
3. Pisüil accompagné de son calice. 6. Graine. 


102. 


NT à | 1299929990 
ES 2ÿ LÀ AU] 
sé R # D LE es 
Zurpin.P. Lambert I° woutp 
GERANIONX. 
PE 


CLXXXII. 
GÉRANION. 
Grec. ........, ynpavor. 


ERANIUM ROBERTIANUM PRIMUM, Bauhin, IlivaË, lib. vrix, sect, 5. 
Tournefort ; clas, 6, rosacées. 


Latin........... ; pedi lis bifloris, calycibus pilosis, decem- 
angulatis ; Linné, clas. 16, monadelphie décandrie. Jussieu, dl. 13, 
ord. 13, geraines. 

Palais 5. C5 GERANIO ; N vo 

Espagnol. . . ..... GERANIA; PICO DE GRULLA, 

Français. ...,.., GÉRANION ; HERBE A ROBERT. 

ARE EN ES HERB ROBERT; FETID CRANE'S-BILL. 


; ; RUPRECHTSKRAUT, 
ROODE OJEVAARSBEK ; ROBBRECHTS-KRULD. 


LE caractère de ce genre est facile à reconnaître. 1l consiste par- 
ticulièrement dans le fruit à cinq capsules rapprochées et prolon- 
gées en un long bec que l’on a comparé à un bec de grue !; mais la 
corolle varie dans la forme et la disposition de ses pétales; les éta- 
mines dans le nombre de leurs filamens (de cinq à dix), dont plu- 
sieurs sont quelquefois stériles. Des novateurs se sont empressés de 
saisir ces anomalies pour l’établissement de deux autres genres, Sous 
les noms d’erodium et de pelargonium , lacérant ainsi sans scrupule 
un des genres les plus naturels. 

Les racines de la plante dont il est ici question sont grèles, ra- 
meuses, d’un blanc jaunâtre. 

Elles produisent des tiges hautes d’environ un pied, noueuses, ve- 
lues, rameuses et rougeâtres. 

Les feuilles sont opposées, pétiolées, ailées ou pinnatifides, par- 
semées de poils blanchâtres, à grosses dentelures obtuses; des sti- 
pules courtes, aiguës, élargies à leur base. 

Les fleurs sont axillaires, portées deux à deux sur des pédoncules 
bifides , plus longs que les pétioles. 


* Telle est l'étymologie du nom générique, geranium , de yeaves, grue. 
48° Livraison. 3: 


GÉRANION. 

Leur calice est pileux, rougeûtre, ventru, marqué de dix striés, 
à cinq folioles terminées chacune par un filet. 

La corolle d'un rouge incarnat, quelquefois blanchâtre, à cinq 
pétales ouverts, entiers, plus longs que le calice, renfermant dix 
étamines alternativement plus courtes, toutes fertiles ; cinq stigmates. 

Le fruit est composé de cinq capsules glabres, marquées de rides 
transversales ou réticulées, surmontées de filets capillaires. 

Cette plante est commune sur les vieux murs, le long des haies, 
aux lieux secs, etc. | 

Le geraine robertin répand, dans l’état frais, une odeur désa- 
gréable, hircinienne selon Linné, bitumineuse d’après Macquart, 7 
comparée par Murray à celle de l'urine des personnes qui ont mangè 
des asperges. Sa saveur est un peu amère et légèrement austère : 
mais la nature astringente de cette plante se manifeste surtout par le 
précipité noir que le sulfate de fer détermine dans sa décoction. 

C'est sans doute à ses qualités physiques, plutôt qu’à l'observa- 
tion sévère de son influence sur l’économie animale, que l'herbe à 
Robert a dû les propriétés vulnéraires et résolutives dont elle a Ci 
décorée, ainsi que la faculté d’arrêter les écoulemens séreux qu'on 
lui attribue encore dans quelques ouvrages de matière médicale. 
C'est sur le même fondement qu'elle a été préconisée contre les hé: 
morrhagies de différens appareils, et surtout contre l’hématurie. 
L’excitation légère qu'elle est susceptible de déterminer sur les 
reins, à raison de son principe astringent, a fait croire qu’elle pe 
vait favoriser l’expulsion des graviers ou concrétions d’acide une 
qui se forment dans ces organes, et on l’a employée comme durée 
que et lithontriptique dans la néphrite calculeuse. Elle a été éga 
lement administrée contre l’ictère et la phthisie scrophuleuse. Enfin, 
au rapport d’Haller, on en a fait usage dans les fièvres intermittentes: 
Mais les succès qu’on lui suppose contre ces différentes affections; 


#0 
ne reposent que sur des opinions vagues ou sur des assertions dé- 


nuées de preuves. 


Cette plante, réduite en poudre, a été directement introduite 
dans les fosses nasales, pour arrêter l’épistaxis. On l'a appliquée sur 
les plaies et sur les ulcères pour les déterger. Sous forme de cata” 
plasmes, elle à été préconisée dans le traitement des gerçures €t des 


ECS 


GÉRANION. 
engorgemens des mamelles, et même contre le cancer. Les Alle- 
mands ont cru long-temps à la toute-puissance de ses applications 
locales dans l’érysipèle, qui guérit, comme on sait, beaucoup plus 
sûrement sans aucune espèce de topique. Enfin elle a été recom- 
mandée contre l'œdème. Mais toutes ces vertus, et beaucoup d’au- 
tres, tout aussi illusoires ou au moins tout aussi peu constatées, 
ne reposent sur aucune expérience clinique; de sorte que les pro- 
priétés médicales de cette plante auraient besoin d’être soumises à de 
nouvelles recherches. 
Les bergers suédois l’emploient au traitement de l’hématurie des 
bestiaux, avec le même succès sans doute qu’elle l’a été en France 
‘contre les chutes violentes. Au rapport de Linné, son suc chasse 
les punaises. S'il est vrai que les bestiaux , ainsi que Gilibert l’assure 
des vaches et des moutons, broutent avec plaisir le géranion qui 
_croît souvent en abondance dans nos prairies, il pourrait être avec 
avantage réservé à l’économie rurale. 


BURMANX (Nicolas-Laurent), De genariis re botanicum inaugurale ; in-4°. fig. Lugduni 
Batavorum, 1759. 
HINDERER es ‘ geranio robertiano, Diss. inaug. in-4°. Gissæ, 4. 
Pour ne idée de la judiciaire du docteur allemand et du mérite de son opuseule, 


de touche dont il se sert pour apprécier les vertus de cette plante, tandis que les meilleures 
analyses répandent à peine quelques lumières sur la thérapeutique. 
L'HÉRITIER (charles-Louis), Geraniologia, seu erodii, pelargonii, geranii monsoniæ , et grieli 
historia iconibus illustrata ; in-fol. Parisiis, 1783. 
L'illustre Antoine Joseph “Cavenillés a publié en 1790, à Madrid, un travail important sur 
les plantes monadelphes, composé de dix excellentes dissertations : la quatrième est consacrée 
aux géranions, 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est de grandeur naturelle’) 


. Calice, étamines et pistil. 
2. Pétale. 
3, Colonne sg ré autour de laquelle étaient les cinq. petites capsules que l'on voit 
détachée 


4. L'une des il. 
5. Tube des étamines , ouvert. 


Lamber CFE Soeur. 


æL£. 


CLXXXIIT. 


GERMANDRÉE. 


Crée st hs Xapaid'p 
CHAMÆDRYS MAJOR REPENS ; Pauhis, Tivaf , lib. vr, sect. 1. Tourne- 


fort, clas. 4, labiée. 


Latin. ..... TEUCRIUM CHAMÆDRYS ; jolis ot ami-amaiter incisis, chattes pe- 
tiolatis, floribus ternis, 
clas. 14, didynamie gymnospermie. Jussieu, clas. 8, ati. 6, es, 

PODIREE SE, RE à CAMÉDRIO ; QUERCIOLA ; GALAÎANDRINA. 

Espagnol, . 4:53. CAMEDRIO ; ENCINILLA. 

Français... .... ++ GERMANDRÉE; PETIT CHÊNE, 

ñ mt Ve siens GERMANDER. : 
Allemand. I SSESX GAMANDER ; GERMANDERLEIN ; BATHENGEL, 
PAS een Dre MANDERKRUID ; BATHE 


On donne communément le nom de petit chéne, d'après les lobes 
variables des feuilles, à une jolie petite plante qui croît sur les co- 
teaux secs, parmi les pelouses, dans les bois montagneux. Elle fait 
partie du genre très-étendu des germandrées ( teucrium, Lin.), qui 
se caractérise par un calice tubulé, rarement campanulé, à cinq 
lobes; une corolle labiée, dont le tube est très-court; la lèvre supé- 
rieure peu sensible, partagée en deux dents, d’entre lesquelles sor- 
_tent les étamines; l’inférieure grande, étalée, à trois lobes, celui du 
milieu grand; un style; quatre semences FAX non niealécs, si- 
tuées au fond du calice. 

Ses racines sont grêles, puniires; un peu rampantes, garnies de 
fibres courtes, déliées; il s’en élève des tiges nombreuses, grêles , 
redressées, me Jongues de six à neuf pouces, peu rameuses, 
excepté vers leur base. 

Les feuilles sont opposées, pétiolées, ovales, un peu dures, lisses, 
d’un vert gai en dessus, plus pâles et un peu velues en dessous, 
préltdémient crénelées, quelquefois un ne lobées à leur contour, 
longues de six à huit bites. 

Les fleurs sont purpurines, quelquefois blanches, réunies deux 

3 


48° Livraison. 


‘ 
GERMANDREÉE. 

ou trois ensemble dans les aisselles des feuilles supérieures, soute: 

nues par des pédoncules courts. 

Leur calice est légèrement velu, souvent teint de pourpre, à cinq 
dents presque égales : la corolle une fois plus longue que le calice 
un peu pileuse à l'extérieur. 

Cette espèce offre quelques variétés remarquables, tant dans là 
longueur des tiges que dans les feuilles quelquefois très-étroites, 
d’autres fois fort larges, à lobes profonds. (P.) 

« Les qualités physiques de la germandrée, observe judicieuse- 
ment M. Chaumeton, ne semblent point assez prononcées pour jus- 
tifier la grande renommée dont cette plante à joui dès les temps les 
_ plus reculés jusqu’à nos jours. En effet elle exhale une odeur très: 
faiblement aromatique, et n’a qu’une saveur médiocrement amère.» 
L'eau et l'alcool s'emparent également de ses principes actifs. Son 
extrait aqueux est beaucoup plus amer que son extrait résineux: 
mais ni l’un ni l’autre ne prouvent guère l'énergie de cette plante, 
puisque une foule de végétaux à peu près inertes en fournissent de 
semblables par les mêmes procédés. 

Toutefois la germandrée à été regardée comme tonique, diuréti- 
que, sudorifique, atténuante , incisive, etc. Elle a été préconisée 
contre les engorgemens de la rate, l’ictère, les obstructions des 
menstrues, les fièvres rebelles, lhydropisie commençante, l'asthme 
et autres maladies chroniques des poumons. On lui a prodigué de 
fastueux éloges pour l’expulsion des vers et pour la guérison des 
scrophules, du scorbut, de l’'hypocondrie, et de la goutte surtout | 
Vésale rapporte que le goutteux Charles-Quint, à son passage à 
Gènes, fit usage, pendant soixante jours, de la décoction vineust 
de cette plante, sans obtenir une guérison que les médecins de celte 
ville lui avaient vainement promise. Solenander et Sennert ont éga- 
lement vanté le chamædris contre la maladie arthritique; mais elle 
ne se Joue pas moins des drogues de Ja pharmacie que des promes- 
ses des charlatans. La germandrée, d’ailleurs , peut-elle exercer sur 
la goutte une influence plus marquée qu’une foule de substances 
amères beaucoup plus énergiques, avec lesquelles elle est constam- 
ment associée dans cette foule de spécifiques antigoutteux, vantés 
avec une risible assurance comme des merveilles ? Et lorsqu'on fait 


D 


RE 


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4 

GERMANDRÉE. 
usage de sa raison pour apprécier les effets si souvent obscurs des 
médicamens, n’est-on pas obligé de convenir avec le savant et judi- 
cieux Cullen que si les amers ont paru quelquefois utiles à certains 
goutteux , en prévenant ou en éloignant leurs accès, ils n’ont pres- 
que jamais opéré une guérison complète de cette maladie, et ont le 
plus souvent déterminé des affections et des accidens beaucoup plus 
graves et plus funestes que la goutte elle-même ? 

À l'égard des fièvres intermittentes auxquelles, suivant Prosper 
Alpin , les Égyptiens opposent avec confiance la germandrée, et con- 
tre lesquelles Séguier, Rivière et Chomel proclament les bons effets 
de cette plante, nul doute qu'on ne doive lui préférer la gentiane 
ou autre amer plus puissant, lorsque les médicamens de ce genre 
sont nécessaires, et qu'il ne soit inutile d'y avoir recours dans les cas 
heureusement très-nombreux où ces maladies guérissent sans mé- 
dicamens ? La même réflexion s'applique à l'usage que les femmes 
anglaises, au rapport de Roi, font de cette plante pour rétablir la 
menstruation, aux éloges que Sennert lui donne contre lhypocon- 
drie, et à son emploi dans le traitement des scrofules. Que signifie 
d’ailleurs le titre de thériaque d'Angleterre que cette plante porte, 
dit-on, aux environs de Cambridge, si ce n’est que le peuple de 
ces contrées n'est ni moins crédule, ni moins facile à tromper que 
celui de Paris et de Londres ? En un mot, la germandrée peut être 
employée comme toute autre plante un peu amère et légèrement 
aromatique, lorsqu'il s’agit d’une légère médication tonique. Mais 
elle ne peut être raisonnablement placée au dessus d’une foule de 
végétaux indigènes de même nature, au moins Jusqu'à ce que des 
expériences cliniques exactes aient constaté d’une manière positive 
les effets très-douteux qu’on lui attribue. 

Cette plante est administrée de quatre à huit grammes en infu- 
sion dans l’eau ou dans le vin. Son extrait se donne à la dose de 
quatre grammes (un gros). Elle fait partie d’une foule de prépara- 
tions pharmaceutiques plus où moins monstrueuses, qu’un médecin 
instruit ne peut plus se permettre d'employer. Tels sont, entre au- 
tres, la-thériaque d’Andromaque, les sirops de germandrée de Bau- 
deron, hydragogue et apéritif cachectique de Charas, l'huile de 
scorpion composée de Matthiole, la poudre antiarthritique du comte 


GERMANDRÉE. 
de la Mirandole, celle non moins prônée du duc de Portland, l’on- 
guent martiatum , le mondificatif d’ache. 

« La germandrée maritime (zeucrium marum , L.) frappe en 
quelque sorte, avec énergie, tous les sens. Douée d’une saveur âcre, 
chaude et amère, elle exhale, surtout quand on la froisse, une odeur 
aromatique camphrée, qui pourtant n’est point désagréable, mais 
tellement pénétrante, que bientôt elle excite l’éternuement. Les 


chats ont pour cette germandrée la même passion que pour la ca- 


taire. Ils se précipitent et se vautrent sur elle avec un égal plaisir, 
ou plutôt avec une égale fureur; ils la lèchent et la mordent avec 
délices; ils la baignent de leur urine, et même parfois de leur 
sperme , ainsi que l'ont remarqué Cortusi et Geoffroy, qui con- 
seillent de la renfermer dans des cages de fer, si on veut la conser- 
ver intacte dans les jardins. Il suffit d’avoir les doigts imprégnés de 
cette germandrée pour attirer les chats, et déterminer chez ces 
animaux très-lubriques des postures, des gambades et des contor- 
sions lascives. » 

«On a droit d'être surpris, ajoute M. Chaumeton, qu’une plante 
aussi active ne soit pas plus fréquemment employée, tandis que les 
tablettes des pharmacies sont surchargées, et les ordonnances des 
médecins souillées d’une foule de drogues inertes. Ce n’est pas que 
le marum ait manqué d’apologistes. Wedel en fait une panacée, el 
le célèbre Linné en proclame les nombreuses et éminentes vertus. 
Le docteur Bodard fait des propriétés médicales de cette labiée une 
peinture séduisante, » 


Wenez, (Georges-wolfang), De maro, Diss. inaug. resp. Joan. Hermann ; in-4°. lenæ , 1703. 

MOFFMANX (rrédéric), De maro, Diss. in-4°. Halæ Magdeburgicæ , 1719. 

MNXNÉ (charles), De maro, Diss. inaug. resp. Joan. Adolph. Dahlgren ; in-4°. Upsaliæ , 3 ñ 
RSS 1774. Insérée dans le huitième volume des Amænitates academicæ de l'illustre pre- 
sident. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est de grandeur naturelle.) 


Fleur entière , grossie. 3. Pistil. 
2. Corolle vue de face, 


CLXXXIV. 


GINSENG*. 


ARALIA CANALENSIS. Tournefort, clas. 6, sect. 8, gen. 3. 
Latin,.….:::.... | PANAX QUINQUEFOLIUM ; foliis ternis quinatis. Linné, polygamie diæ- 
cie. Jussieu , famille des aralies. 
| 


Français... .,.... G@rnsenc ‘. 

Chinois 08e .. JIN-CHEN ?. 

Japonais... ...... NINDSiN; psrNpsom ©. : + 
Tatare-Mandchou., . . onkaopa ‘. è 

IFOQUOS. + ETAT GARENT-OGUEN Ÿ. 


La haute réputation du ginseng en à fait long-temps une plante 
rare et précieuse. Elle n’a été connue en Europe qu’au commence- 
ment du dix-septième siècle; elle y fut apportée par des Hollandais 
qui revenaient du Japon. Les Japonais la tiraient de la Chine. On 
prétend qu’elle croît dans les grandes forêts de la Tartarie, Nous 
savons aujourd'hui qu’elle est commune dans la Virginie, le Ca- 
nada, la Pensylvanie : on la cultive dans quelques jardins de l’Eu- 


* Avis de l'éditeur. M. Chaumeton étant tombé malade, M. Vaidy, collabora- 
teur du Dictionnaire des sciences médicales, a bien voulu se charger des syno- 
nymies de la Flore. : 

‘ Cette plante porte le même nom dans tous les idiomes de l'Europe , seu- 
lement avec quelques variantes dans l'orthographe. On aurait dû lui conserver 
son nom chinois. 

? Suivant M. Abel Remusat, docteur en médecine, et professeur de langue 
chinoise au collége de France, jin-chen vent dire /e ternaire de l’homme , ce qui 

ait trois avec l’homme et le ciel ; de jin, homme , et de chen , mot tombé en dé- 
suétude , et qui signifie ternaire. Une pareille dénomination tient évidemment à 
des idées superstitieuses fort anciennes: 

3 M. Remusat regarde ces mots japonais comme de simples altérations du jin- 
chen des Chinois. 

# Signifie La reine des plantes. - % 

5 Ce mot composé veut dire cuisse de l’homme, suivant le père Lafitau 
( Voyez la bibliographie ci-après), des radicaux orenta, cuisses et jambes, ét 
oguen, deux choses séparées. 


48: Livraison, 4. 


CR 2 


GINSENG. 
rope, particulièrement au jardin du Roi. Placée dans la famille des 
aralies, très-voisine des ombellifères, elle offre pour caractère essen- 
tiel, des fleurs polygames, un calice fort petit, à cinq dents persis- 
tantes, cinq pétales égaux, cinq étamines, deux styles, une baie 
ombiliquée, à deux loges monospermes. 

Sa racine est charnue, en forme de fuseau, de la grosseur du 
doigt, longue de deux ou trois pouces, roussâtre en dehors, jaunà- 
tre en dedans, garnie à son extrémité de quelques fibres menues. 
Au collet de cette racine est un tissu noueux, tortueux, où sont im- 
primés les vestiges d'anciennes tiges détruites. 

Elle pousse tous les ans une tige droite, simple, glabre, haute 
d’un pied, munie à son sommet de trois feuilles pétiolées, presque 
verticillées. Chaque pétiole supporte cinq folioles pédicellées, vertes, 
inégales, ovales-lancéolées, dentées à leur contour. 

Du point de division des trois pétioles, part un pédoncule com- 
mun, terminé par une petite ombelle simple, de fleurs de couleur 
RS dont un grand nombre avorte. 

Le fruit consiste en une baie arrondie, un peu comprimée latéra- 
lement, de couleur rouge quand elle est mûre. P.) 

Les savantes remarques auxquelles M. Vaidy s’est livré sur l’éty- 
mologie du mot ginseng, donnent une juste idée de la haute opinion 
que les Asiatiques se sont formée des vertus de cette plante. Sa ra- 
cine, qui est seule usitée en médecine, est recueillie par les Tarta- 
res et les Chinoïs avec beaucoup de soin et d'appareil au commen- 
cement du printemps et à la fin de l'automne. Geoffroy rapporte, 
d’après le père Jartoux, que, pour la livrer au commerce, on com- 
mence par la ratisser avec un couteau de boïs de bambou, en pre- 
nant garde de ne point déchirer son écorce. On la lave ensuite dans 
une décoction de graine de millet ou de riz, et on la fait sécher exat- 
tement à la fumée de cette même graine qui a été bouillie dans l'eau 
Quand elle est bien sèche, on en retranche les radicules, et, lorsque 
le vent du nord souffle, on l'enferme dans des vases de cuivre bien 
fermés. Toutefois, M. Vaidy a décrit, d’ après John Burow, un pro- 
cédé qui diffère de celui-ci, mais qui paraît être véritablement em- 
ployé par les Chinois, puisque l’auteur anglais le tenait de la bouche 
même d’un mandarin. Selon ce procédé, on recueille les racines de 


GINSENG. 

ginseng après la floraison, on les lave, avec l'attention de ne point 
en altérer la peau; on les plonge ensuite pendant trois ou quatre 
minutes dans l’eau bouillante, et on les essuie soigneusement avec 
un linge fin. Alors on les fait sécher dans une poêle sur un feu doux; 
quand elles commencent à devenir élastiques, on les place parallè- 
lement sur un linge humide avec lequel on les enveloppe en les liant 
fortement. Ces paquets sont placés eux-mêmes sur un feu doux pour 
les priver de toute humidité; et finalement on les met dans des boîtes 
doublées en plomb, lesquelles sont renfermées dans des boîtes plus 
grandes, avec de la chaux vive, pour écarter les insectes. Cette ra- 
cine, ainsi desséchée, est de la Fee d'environ deux pouces, de 
_ la grosseur du petit doigt, d’un jaune pâle à l'extérieur, d’une sub- 
sance demi-transparente, compacte et comme cornée intérieurement. 
Sa saveur, quoique sucrée et analogue à celle de la racine de réglisse, 
est un peu amère , et légèrement aromatique. Elle est inodore. Ses prin- 
cipes constituans n’ont point encore été analysés par les chimistes. 

- Les Indiens, et les Chinois en particulier, considèrent cette racine 
comme un analeptique précieux , comme un tonique puissant, et comme 
un excellent aphrodisiaque, Ils lui attribuent la propriété de donner 
de l’embonpoint à ceux qui en font usage, de rétablir, comme par en- 
chantement, les forces épuisées par la fatigue, les plaisirs de amour 
ou des méditations profondes. Ils lui accordent la faculté de préser- 
ver des maladies pestilentielles, et de prévenir les accidens des ma- 
ladies éruptives. Les Chinois y ont recours dans toutes leurs affec- 
tions , et les gens riches, parmi eux , ne prennent pas un médicament 
dont le ginseng ne fasse partie. Sans autre fondement que les pré- 
jugés populaires, répandus en Orient sur la toute-puissance de cette 
racine, les médecins européens, tout aussi crédules, sous ce rap- 
port, que le peuple chinois, en ont préconisé les vertus contre la 
dyspepsie, la syncope, les vertiges, la paralysie, l'engourdissement 
les convulsions et autres maladies. Toutefois, quelques auteurs l'ont 
signalée, avec plus de raison, comme susceptible d'activer la circula- 
tion, de provoquer la sueur, de produire de la chaleur, d’exciter trop 
vivement l’action des organes, et la proscrivent dans tous les cas où 
il y a des signes de phlogose ou un état d'irritation manifeste. C’est 
ce qui fait encore qu'elle a été regardée comme peu convenable aux 


GINSENG. 
individus pléthoriques , aux sujets robustes et très-irritables. On n’en 
finirait pas si, malgré ces inconvéniens , on voulait rapporter tous les 
effets miraculeux et véritablement incroyables qu’on attribue à cette 
merveilleuse racine, fastueusement décorée, dans le style figuré des 
Asiatiques, des titres d'esprit pur de la terre , de recette d’immorta- 
Lté, ete. Mais toutes ces prétendues propriétés médicales du ginseng, 
auxquelles illustre Cullen n’ajoute aucune croyance , ne paraissent 
fondées , au jugement du judicieux Peyrilhe, que sur l’exagération su- 
perstitieuse des Chinois, et sur la cupidité des négocians hollandais, 
très-flattés d’une erreur qui leur permet de vendre une seule de ces 
racines jusqu'à cent cinquante florins. De sorte qu’on serait en quel 
que sorte fondé à considérer le ginseng comme une drogue superflue, 
sil n’était plus prudent, d’après les vœux de M. Vaidy, de détermi- 
ner avant tout, par des expériences cliniques, ses effets sur l’écono- 
mie animale. 

Cette racine pulvérisée est administrée, en substance, de quatre à 
huit grammes (un à deux gros), et en firm aqueuse ou vineuse , 
à dose double et triple de cette dernière. On l’introduit dans des con- 
serves, des biscuits et des gâteaux, dont la vertu aphrodisiaque n'est 
pas mieux démontrée que celle de la racine ras pres 2 
rapport de Cullen , un homme en a fait nées 
sans que ses Slt viriles en aient Éprouvé la plus légère ja flabote 

Les feuilles du ginseng, desséchées, sont employées en guise de thé, 
pour faire une infusion que des personnes trouvent très-agréable. 


BREYNIUS Gs rhilipp.), Dissertatio botanico- medica de Se ginsem seu nisi, el 
chrysanthemo bidente zeylanico acmella dicto ; in-40. Lugdun ni batavorum, 1700. 
LAFITAU (le père soseph-rrançois) ; Mémoire présenté à M. le duc d’Orléans, régent du royaume 
e France, concernant la précieuse plante du ginseng de Tartarie, découverte en Canadi; 
in-8°, Paris, 1718. 
EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est réduite au quart ” sa grandeur naturelle.) 


1. Racine 6. Fleur mâle 

2. Fleur hope brisnie, sise 7. Ombelle dé fruits mûrs. 
gnée de l’une des écailles de lin 8. Fruit coupé pour faire voir les deux grai- 
lucre. nes qu’il contien 

3. Calice et styles. 9. Graine isolée. $ 

e même. coupé dans sa longueur pour 10. La méme coupée verticalement pour fair® 

faire voir le point d’attache des ovules. connaître la situation de l'embryon: 

5. Étamine, 


1. Embryon isolé. 


Lambert jeulr . 


GLOBTLAIRE 


a-ZZ. 


CLXXX V. 


GLOBULAIR E. 


TRYMELÆA ; foliis acutis, capitulo succisis; Bauhin, Tivaf, lib, xx, 


sect. 1. 
GLOBULARIA FRUTICOSA ; myrti folio tridentato, Tournefort, clas. 12, 
d: 


Latif rés sect. 5 , gen. 
GLOBULARIA ALYPUM ; caule fruticoso, foliis lanceolatis, tridentatis in- 

tegrisque. Linné , tétrandrie monogynie, Jussieu, clas. 8, 
nn des lysimachies. 

Italien... ...;: :: eronutanta 

Espagnol. ...:,,. + CUJARDA; CORONILLA DE FRAYLE, 

Français... ...... GrOBULAIRE TuRS 

Hémañdi Ses DREYZAEHNIGE dima 
AGIR nie à THREE-TOOTH-LEAVED-GLOBULARIA. 
Hollandais. .,..... TRIETANDIG KOGELKRUID 


Drs feuilles dures, d’un vert gai, assez semblables à celles du petit 
myrte; des rameaux nombreux surmontés d’une petite tête de fleurs 
bleues, approchant de celles des scabieuses, font reconnaître cet élé- 
gant arbuste qui croît aux lieux pierreux de nos départemens méri- 
dionaux , et que j'ai retrouvé sur les côtes de Barbarie. 

Les globulaires sont caractérisées par des fleurs réunies en une 
tête entourée d’un calice ou involucre à plusieurs folioles. Le calice 
partiel est tubulé, persistant, à cinq découpures; la corolle monopé- 
tale , à cinq divisions inégales, placées sous l’ovaire; quatre étamines 
attsthées.À à la base de la corolle , alternant avec ses divisions; l’ovaire 
supérieur ; un style, un stigmate, une semence nue, renfermée dans 
le calice; le réceptacle garni de paillettes. 

Ses racines sont dures, épaisses, noirâtres; elles produisent une 
tige droite, haute de dut pieds, brune ou rougeâtre, chargée d’un 
grand nombre de rameaux glabres, menus, anguleux. 

Les feuilles sont petites, alternes, ovales presque spatulées, fer- 
mes entières, un peu glauques, mucronées à leur sommet, quelque- 
fois dents. 


49° Livraison. 1, 


GLOBULAIR E. 

Les fleurs sont bleuâtres , et forment, à l’extrémité des rameaux, 
de petites têtes globuleuses, sessiles, solitaires. 

Le calice commun est hémisphérique, composé de folioles ovales, 
imbriquées, ciliées à leurs bords; les calices partiels couverts de poils 
blancs. | 

Il ne faut pas confondre cette espèce avec la globulaire vulgaire, 
plus commune en France, que j'ai recueillie aux environs de Sois- 
sons, qui est herbacée, à feuilles lancéolées, entières ; les radicales 
étalées sur la terre, pétiolées, ovales, spatulées : les fleurs termi- 
nales, en tête. (F9 

L’extrême amertume de cet arbrisseau lui suppose nécessairement 
des propriétés médicales très-actives; mais on n’a point encore ap- 
pliqué l'analyse chimique à l'examen de ses principes constituans. 

Son usage médical paraît avoir été inconnu aux anciens. La plu- 
part des auteurs modernes de matière médicale n’en parlent pas. 
Toutefois, les titres d’herbe terrible, Aerba terribilis, frutex terrilr- 
lis; que lui donnent Lobel, J. Bauhin, et qu’elle porta long-temps 
aux environs de Montpellier, prouvent qu’elle a été considérée 
comme un purgatif très-violent. Cette erreur, qui a régné pendant 
le moyen âge, et qui n'est pas encore entièrement détruite, tient, 
ainsi que l’a très-bien démontré M. Mérat, à ce qu’on a confondu 
cette globulaire avec l'alypum de Dioscorides, qui est en effet un 
purgatif très-énergique, et dont on lui a ainsi, d’une manière consé- 
quente , maïs très-faussement , attribué toutes les qualités dangereuses. 
Cependant Clusius, Garidel ét le docteur Ramel avaient annoncé 
que les habitans Qui Portugal, et les paysans du Languedoc et de la 
Provence, faisaient usage de cette plante, comme purgative, sans 
aucun danger : ils avaient vu que des charlatans, et même quelques 
médecins instruits l’administraient à des malades, sans qu'il en ré- 
sultât d’autres effets qu'une purgation ordinaire, Mais ces faits peu 
connus, quoique très-propres à rassurer sur les prétendues qualités 
dangereuses de la globulaire, n'avaient point encore rectifié l'opinion 
répandue sur cette plante, lorsque M. Loiseleur Deslongchamps, 
dont les recherches sur les propriétés médicales des plantes indi- 
gènes sont dignes de servir dé modèle à tous ceux qui sont jaloux 
des progrès réels de la matière médicale, est venu fixer les idées sur 


dan, : 


GLOBULAIRE. 

les véritables propriétés de cette plante. Cet observateur judicieux a 
administré les feuilles de globulaire à des sujets de sexes et d'âges 
divers, et dans des maladies très-différentes les unes des autres. Il a 
reconnu qu’à la dose de trois à six gros, en décoction dans une, 
deux ou trois tasses d'eau, édulcorée avec une once de sucre ou de 
miel, elles produisaient ordinairement cinq à six selles, et jamais 
plus de huit à dix. Ce purgatif a toujours opéré avec douceur, sans 
aucune espèce de superpurgation , sans produire ni chaleur, ni nau- 
sées, ni malaise. Sur vingt-quatre malades qui en ont fail usage, 
deux seuls ont éprouvé de légères coliques. En comparant, chez les 
mêmes individus, les effets du séné à ceux de la globulaire, M. Des- 
longchamps a constaté que tous les avantages sont en faveur de cette 
dernière; que sa décoction est même exempte de la saveur dégoû- 
tante de celle du séné, et que les évacuations qu’elle occasione sont 
en général plus égales que celles produites par ce dernier purgatif. 
De sorte que, grâces aux expériences de cet habile praticien , la ma- 
tière médicale s’est enrichie d’un purgatif indigène, qui, loin d’être 
un drastique féroce ou dangereux, doit être assimilé, suivant la 
remarque de M. Mérat , aux cathartiques les plus doux. 

Si l’on en croit le docteur Ramel, la globulaire serait en outre 
très-efficace contre l’hydropisie et contre les fièvres intermittente. 
Mais les propriétés fébrifuge et hydragogue de cette plante sont loin 
d'avoir été constatées avec autant d’exactitude que ses qualités pur- 
gatives : si elle les possède réellement, ce que des expériences clini- 
ques bien faites peuvent seules déterminer, il est permis de croire, 
avec M. Mérat , que son action contre les fièvres d’accès réside dans 
son principe amer, et qu’elle n’agit utilement contre les hydropisies 
essentielles, que par ses effets purgatifs. 

M. Deslongchamps a administré les feuilles sèches de cette plante 
de huit à seize grammes (deux à quatre gros) en décoction aqueuse, 
et de vingt-six à cinquante-deux décigrammes (deux à quatre scru- 
pules) en extrait; mais il faut, dans le premier cas, que l’ébullition 
soit continuée environ dix minutes, afin que l’eau puisse s'emparer 
de toutes leurs parties actives. En général, soit qu’on les administre 
seules, soit qu’on les associe à d’autres purgalifs, la dose de ces 
feuilles doit être double de celle du séné, 


GLOBULAIR E. 


RAMEL , agé sur lalypum, a autrement dit globularia, par Ramel le fils (Journal de méde- 
cine , tome 62, année 1784, page 

LOISELEUR DESLONGCHAMPS , Recherches & oseprätions sur sr: PA purgatives de plusieurs 
plantes indigènes (Bibliothèque médicale, tome 48 , an 1815). 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
{ La plante est de grandeur naturelle.) 


1. Fleur entière, grossie, accompagnée de 2. Fruit contenu dans une moitié de ca- 
son écaille. lice. 


186. 


CLXXX VI. 


GRATERON. 


Grec. .........: yanoy, Dioscorides 
APARINE VULGARIS; Hahiss Tuvaë , 334. 
APARINE VULGARIS ; semine minori. Tournefort, clas, 1 , sect. 9, 


Latin... "2... GALIUM APARINE, foliis lanceolatis acuminatis TR DUR 
fructu psc Linné, tétrandrie monogynie. Jussieu , clas. 11, : 
famille des rubiacées 

Hop, Ed. * + APARINE; SPERONELLA. 

Espagnol ET, ASPERGUIS ; AMOR DEL HORTELANO. 

Portugais, . ...... AMOR DO HORTELANO. 

rançais, ... GRATERON, F 

APR. TE: « GOOSE-GRASS. 

Allemand... ...... KLETTERNDES LABKRAUT, 

Hollandais. ....... KLEEK 

BAROIRS EE neue à * SNERRE ; SNERREGR ÆSS. 

DAEAOIS SRE le SNARJEGRASS; SNARPEGRASS. 

Polonais... ...... SPONA; OSTRZYKA 

MASRE. ue: ea À SMOLNAJA TRAWA 

Hongrois... ...... RAGADALY; RAGADO-FÜ. 


CeTTE plante importune ne nous avertit que trop de sa présence, 


lorsque, dans nos promenades champêtres, elle s'accroche à nos 


vêtemens par les petits aiguillons recourbés dont toutes ses parties 
sont hérissées. Comme elle est commune partout , dans les champs, 
les haies, les lieux incultes des jardins , et qu’elle s'attache à tous les 
corps qui la touchent, elle a été remarquée aisément de nos plus an- 
ciens botanistes. Dioscorides la cite sous le nom d’aparine. Elle appar- 
tient au genré galium , par son caractère essentiel qui consiste dans 
un calice à peine sensible , à quatre dents ; une corolle en roue , à qua: 
tre lobes , quatre étamines; un ovaire inférieur, à deux lobes; le style 
bifide; deux stigmates globuleux ; deux capsules globuleuses , acco- 
lées, non couronnées par le calice. 

Ses racines sont grêles, un peu quadrangulaires, garnies de quel- 
ques fibres courtes, menues : elles produisent des tiges faibles , 
noueuses , tendres, tétragones, longues de deux ou trois pieds, peu 


49° Livraison, 2, 


GRATERON. 
rameuses , hérissées sur leurs angles, ainsi que le bé des nervures 
des fouilles d’aspérités crochues. 

Les feuilles sont étroites, linéaires, un peu rétrécies à leur base, 
pubescentes en dessus, glabres en dessous, mucronées au sommet, 
réunies huit à dix à chaque verticille. 

Les fleurs sont peu nombreuses, portées sur des pédoncules axil- 
laires , ramifiés. La corolle est blanche ; les fruits globuleux, forte- 
ment hérissés de longs poils crochus. 

Dans ce genre très-nombreux en espèces, il en existe beaucoup 
également accrochantes, mais qui se distinguent du grateron par 


d’autres caractères. (P .) 


La racine de cette plante renferme une matière colorante qui rou- 
git l’eau par la macération. Ses tiges et ses feuilles contiennent un 
suc aqueux assez abondant. Dans l’état frais, elles offrent une sa- 
veur d’abord légèrement amère, mais qui, bientôt après , devient äcre 
et prend à la gorge. M. Decandolle observe que les graines torréfiées 
ont un goût analogue à celui du café. 

La racine du grateron, à l'exemple de celles de Ja garance et de 
la croisette, imprime, au rapport de Steinmeyer, une couleur rouge 
aux os des animaux qui s’en nourrissent ; et cet effet, qui lui est com- 
mun avec plusieurs espèces de la famille des rubiacées, a paru suffisant 
à divers auteurs, pour lui accorder, sans autres preuves, une action 
particulière sur. le système osseux. C’est sans doute d’après une 
semblable supposition que Glisson, Robert et plusieurs autres, ont 
préconisé les vertus de cette racine contre le rachitis. Le galium 
aparine a été décoré en outre de propriétés diurétiques , sudorifiques 
apéritives, incisives, etc. ; et sur ces propriétés qui sont au MOINS à 
constater, si elles ne sont pas entièrement imaginaires, Mayerne à 
vanté cette plante contre hydropisie; J. Rai, dans les engorgemens 
de la rate; Pauli, contre les douleurs de poitrine et des hypocondres; 
le docteur Edwars, dans le traitement du scorbut; Gaspari, contre 
les scrofules, Le suc du grateron, administré chaque jour en boisson 
à la dose d’une chopine, et appliqué en même temps à l'extérieur ; 4 
été présenté dans la Bibliothèque médicale (février 1815 ), comme 
un remède efficace contre le cancer. D'autres, enfin, ont préconisé 
ses prétendus succès dans les dartres, la pleurésie et autres maladies, 


GRATERON. 

soit aiguës, soit chroniques. Mais il est facile de voir que toutes ces 
propriétés du grateron, ou sont purement supposées, ou reposent sur 
des faits tronqués, inexacts ou mal observés. On peut donc regarder, 
avec M. Guersent, comme purement hypothétique, tout ce qu’on a 
écrit Jusqu'à ce jour sur les vertus médicales de cette plante, et se fé- 
liciter, avec l’illustre Cullen, de ce qu’elle a été retranchée de la plu- 
part des pharmacopées sédepies: 

Le galium aparine a été employé en décoction aqueuse. On a ad- 
ministré son suc dépuré ou non. Son eau distillée, préconisée contre 
les scrofules , est absolument inerte. Les cataplasmes et l’onguent pré- 
tendu antiscrofuleux qu’on forme en l’associant à l’axonge, n’ont pas 
beaucoup plus de vertu. 

La racine de cette rubiacée engraisse, dit-on, la volaille. La cou- 
leur rouge qu’elle renferme peut être fixée sur les étoffes par divers 
mordans, et la rend ainsi recommandable dans l’art de la teinture: 
Ses semences sont quelquefois en usage pour faire des têtes aux ai- 
guilles dont les femmes se servent dans la fabrication de la dentelle. 


GAsPARI (sérome), Vuove ed erudit vazioni mediche ; Venise, 1731. 

L'auteur, médecin à Feltre, rapporte, suivant Cullen , qu’il avait (ainsi que plusieurs de 
ses confrères) employé le grateron avec succès contre des tumeurs et des ulcères scrofuleux ; 
mais les essais du célèbre professeur d'Édimbourg n’ont point confirmé les assertions du mé- 
decin italie 

EDWARDS , À trealise on the goose-grass, or cliners, and its fcaog à in the cure of the most 
rte scurvy ; c'est-à-dire : Traité sur le grateron et sur son efficacité dans le traitement 
du scorbut le plus invétéré ; in-8°. Londres, 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


1 | PRES + d J1 
( I € naturelle, ) 


r. Fleur entière grossie. 
Pistil. 


+ © 
ù 


Fruit didyme de grosseur naturelle. 
Racine 


ET) 
N É |. DE, 
: ir *.,.V TA 


Lambert I! seul. 


GRATIOLE . 


CLXXX VIL. 


GRATIOLE. 


GRATIOLA CENTAUROÏDES ; Bauhin, Tivaf , 2 


, 79- 
Latin. ....".....) GRATIOLA OFFICINALIS ; foliis lanceolatis serratis , floribus peduncu- 


‘\ datis. Linné, diandrie monogynie. Jussieu , clas. 8, ord. 7, famille 
des scrophulaires. 
Pi Se docs GRAZIOLA , GRAZIADEI 
Espagnols: sis six GRACIOLA 
Portugais... GRACIOLA. 
Français..." :. GRATIOLE OFFICINALE; HERBE À PAUVRE HOMME. 
Ahÿlais ET HEAR HEDGE -HYSSOPS 
Alimanil.sx are WILDAURIN; GOTTESGNADENKRAUT, 
Hollandais. , 7 ns GENADEKRUID ; GODS GENADE 
DOnvts | 5 A UTE GUDES NAADES 
Sdédois.s. sets ustre NADEORT; JORDGALLA. 
PODAN 5 : 0h 2: KONJTRUD. 
Russe. ee + + + » + + LICHARODOTSCHNAJA TRAWA. 
Hongrois. . :... «+ CSIKORGO-FÙ 


INCONNUE aux anciens, ou du moins méconnaissable dans leurs 
ouvrages, cette plante a reçu, dans des temps plus modernes, le 
nom de grâce de Dieu, de gratiole, puis le nom vulgaire d'herbe a 
pauvre homme, à raison des puissantes vertus qu'on lui attribuait. 
Elle croît aux lieux aquatiques, sur le bord des étangs , en France, 
en Allemagne, etc. Rangée parmi les personées, elle présente, pour 
caractère essentiel, un calice à cinq folioles oblongues ; accompagné 
de deux bractées ; une corolle tubulée, à deux lèvres peu distinctes, 
la supérieure échancrée, l’inférieure à trois lobes égaux; quatre éta- 
mines didynames, dont deux stériles; un style; uri stigmate à deux 
lames, une capsule ovale, divisée en deux loges par une cloison 
simple ; les semences petites et nombreuses. 

Ses racines sont blanches, rampantes, horizontales, garnies de 
fibres qui s’enfoncent perpendiculairement dans la terre. 

Ses tiges sont droites, cylindriques, glabres, ordinairement très- 
Mr - hautes d'environ un pied et plus, garnies de feuilles sessi- 

3. 


49° Livraison, 


GRATIOLE. 
les, opposées, glabres, ovales-lancéolées, plus où moins dentées, 
marquées de trois nervures longitudinales. 

Les fleurs naissent solitaires dans l’aisselle des feuilles, pédoncu- 
lées , d’un blanc jaunâtre , quelquefois un peu purpurines à leur limbe, 
longues de six ou huit lignes ; le tube un peu courbé, la lèvre infé- 
rieure barbue intérieurement, les pédoncules presque aussi longs que 
les fleurs. (P.) 

Quoique inodore, la gratiole est douée d’une saveur amère, un peu 
nauséeuse ; elle imprime aussi une légère astriction sur la langue; 
mais la dessiccation lui enlève une partie de ses qualités physiques et 
de ses propriétes médicales. Suivant Margraf , l'extrait aqueux qu'on 
en retire est beaucoup plus amer, mais surtout beaucoup plus abon- 
dant que l'extrait résineux qu’elle fournit. D’après l'analyse de cette 
plante, par M. Vauquelin, les propriétés actives dont elle jouit, pa- 
raissent résider dans une substance très-amère qui se rapproche des 
résines par sa solubilité dans l'alcool, mais qui en diffère cependant 
en ce qu’elle est saluble, quoique moins facilement, dans une grande 
quantité d’eau chaude. 

Les qualités émétique et purgative de la gratiole ont été connues 
des anciens, et, de nos jours, les habitans des campagnes en font quel- 
quefois usage pour se purger. Au rapport de Haller, les troupeaux 
rejettent celle qu'ils trouvent dâus les prairies; les chevaux en man- 
vent quelquefois de desséchée, mêlée au foin, et l’on a remarqué 
qu’elle les amaigrit et qu’elle les purge. 

Toutes les parties de cette plante, son suc, son extrait et la ma: 
tière amère particulière qu'elle renferme, exercent une action très- 
énergique sur l’économie animale, Elle produit le vomissement, des 
selles abondantes, des coliques, la superpurgation. Ses eflets excl- 
tans s'étendent, dans certains ças, à l'appareil urinaire, au système 
dermoïde, aux glandes salivaires, à l'utérus, et, parfois, elle pro- 
duit ainsi la diurèse, des sueurs , la salivation.et l'orgasme génital. 
Cette action de la gratiole, sur divers appareils de la vie organique; 
justifie jusqu’à un certain point les vertus émétique, drastique , antel- 
minthique, emménagogue, qu'on lui a accordées ; mais doit-0n, id 
Heurnius , Ettmuller, Hartmann, Joel, etc., admettre son efficacité 
dans lanasarque , l'ascite et autres hydropisies ? A l'exemple de plu- 


GRATIOLE. 
sieurs auteurs , peut-on croire aveuglément à sa toute-puissance con- 
tre les fièvres intermittentes, la goutte, le rhumatisme, et les ob- 
structions des viscères? Les éloges que Cramer, Boulduc et autres 
praticiens ont prodigués à la racine de cette plante, administrée 
comme vomitive , en guise d'ipécacuanha dans la dysenterie, ne sont- 


_ils pas dangereux, en autorisant des hommes peu réfléchis à employer 


une substance aussi active dans une maladie qui repousse en général, 
tous les irritans? Les succès que Kostrzewski attribue à l'usage inté- 
rieur dé cette même racine contre les ulcères vénériens du nez, de 
la gorge, du front, contre les chancres du pénis, le phymosis, les 
engorgemens du testicule , suite de la blennorrhagie répercutée, con- 
tre la leucorrhée, etc., peuvent-ils être admis par un esprit sain 
comme des faits incontestables? La guérison de la gale, obtenue, sui- 
vant le docteur Delavigne, par l’administration intérieure de la dé- 
coction de gratiole, doit-elle être, avec plus de raison, attribuée à 
cette plante, quand on voit, suivant la remarque de M. Vaidy, l’on- 
guent citrin d’une part, et les lotions avec la dissolution de sublimé 
corrosif de l’autre, faire partie du traitement? enfin , les applications 
extérieures de cette plante, préconisées contre la goutte et les rhu- 
matismes, ne doivent-elles pas être sévèrement restreintes aux cas où 
ces affections se présentent à l’état chronique? et comme le remar- 
que encore judicieusement M. Vaidy, si Césalpin Matthiole et plu- 
sieurs autres de nos prédécesseurs ont eu la faiblesse de croire que 
la gratiole guérissait promptement les plaies et les ulcères sur les- 
quels on lapplique, les progrès de la chirurgie permettent-ils d’a- 
dopter aujourd’hui, d’une manière générale, une semblable opinion ? 

À raison de son action très-énergique sur l'appareil digestif, la 
gratiole est, sans contredit, un médicament très-propre à opérer la 
médication purgative avec excitation générale. Sous ce rapport, elle 
a pu être quelquefois administrée avec succès dans les hydropisies es- 
sentielles du tissu cellulaire et du péritoine, exemptes d’inflamma- 
tions et accompagnées de pâleur, de flaccidité, et d’un relâchement 
général des solides; elle a pu être avantageusement employée dans 
beaucoup de cas pour expulser les vers des intestins, ainsi que l'at- 
testent Sala, Tabernamontanus et Boulduc; comme drastique, son 
usage a pu être encore utile dans le traitement de certaines affections 


GRATIOLE. 

chroniques rebelles, accompagnées ou produites par linertie et la 
torpeur du canal intestinal, telles que l'hypocondrie, la goutte ato- 
nique, l’aliénation mentale; et c’est ainsi qu'il faut expliquer la gué- 
rison des trois maniaques dont parle Murray d’après Kostrzewski. 
Enfin des individus robustes et d’une sensibilité obtuse, comme le 
sont la plupart des paysans et des hommes livrés à des travaux péni- 
bles, ont pu, dans certains cas, se purger avec la gratiole sans m- 
convénient ; mais l’activité extrême de cette plante doit la faire reje- 
ter dans toutes les maladies accompagnées d’inflammation locale, de 
chaleur, de soif ou d’irritation générale; elle doit être en outre sévè- 
rement proscrite comme dangereuse chez les personnes faibles et 
délicates, les enfans , les femmes grosses, les vieillards, de même que 
chez les sujets pléthoriques ou très-irritables. Outre la superpurgation 
et autres accidens qui suivent, dans beaucoup de cas, l’administra- 
tion de cette plante, les observations curieuses publiées par M. Bouvier 
en 1815 ont appris que la décoction de gratiole, prise en lavement, 
a donné lieu, chez plusieurs femmes, à une vive irritation de l appareil 
sexuel, et à tous les symptômes de la nymphomanie la plus furieuse. 

La racine pulvérisée peut être administrée comme vomitive, jus- 
qu’à un scrupule. La plante elle-même se donne comme purgative; 
en substance , d’un à deux scrupules, ou en décoction dans l’eau, le 
lait et le petit-lait, ou bien en infusion dans le vin, à la dose de qua 
tre à huit grammes (un à deux gros) sur un litre de liquide. Elle . 
paraît être la base de l’eau d'Husson. 


BUERGKEL (1.-3.), De gratiolà ; in-4°, Argentorati, 1738. 
xKosrrzewsxt (sean), Dissertatio de gratiolà, cum figuré ; in-4°. Viennæ, 1775. 
20vex, De gratiolà ejusque usu, præsertim en in-4°, Erlange , 1782 
(5.), De virtute et vi medicä gratiolæ officinalis ; ; in-4°. JyDRERtS, 1796. 
DEBAVIGNE Se se Dissertatio de gratiolà offcinali ejusque usu in morbis cutaneis ; 


Erlangæ , 
EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est de grandeur naturelle.) 


1. Calice et pistil. 4. Le même coupé horizontalement; dans 
2. Corolle ouverte dans laquelle on voit Re on aperçoit deux loges 
deux étamines fertiles, et deux autres mes. 
placées plus bas, stériles. 5. FE aine grossie. 


3, Fruit entier. 


7 r + pe wméert J recul 
Zropun 2. es 
GRENA\DIER . 


ae ê 


RE 


3 


CLXXXVIIL. 


GRENADIER. 


Grec,s.r . takes @uas lscodridés: 
MALUS PUNICA SYLVESTRIS; MALUS PUNICA SATIVA, oh Tiva£ , 438. 
Latin. .........) PUNIC svrvasrais; Tourn , class. 20, sect. 8, gen. 3, 
PUNICA GRANATUM; foliis rider à caule arboreo ; Linné, icosan- 
drie monogynie. Jussieu, clas. 14, ord. 7, famille des myrtes. 
TO. 


Fi PS ME GRANA 
spagnol, . ...:-. GRANADO 

Poftugôls. "08% ROMEIRA 
Français... ,...... GRENADIER 

ais... .". .... POMD-GRANATE TREE 
A Fr PRRPATE EE GEMEINE GRANATE 
Hollandais: 5... GRANAATBOOM 

Denis à een GRANATTRÆE, 
Suede tes. #13 AN GRANATRAD. 
Polonais. ,....... DRZEWO GRANATOWE. 
FU CNE GRANATNIK, GRANATOSCHNOE DEREWO. 
ATGDE, 5 EU EE RUMMAN 
Hébreu «ni ire à 3 RIMMON 


Les fleurs du grenadier ont trop d'éclat, ses fruits trop de frai- 
cheur pour avoir été long-temps méconnus : cet arbrisseau est men- 
tionné par Théophraste sous le nom de roa; les Phéniciens le nom- 
maient sida ; Pline l'appelle malus punica; les anciens agronomes, 
granata. Sa fleur est représentée sur plusieurs médailles phéniciennes 
et carthaginoises ; les habits sacérdotaux du grand-prêtre, chez les 
juifs , étaient ornés, à leurs bords, de grenades. La mythologie grecque 
lui attribuait une origine merveilleuse. Agdeste, sorte de monstre, 
né de Jupiter et du rocher Agdus, s'étant coupé les attributs de son 
sexe, le grenadier naquit du sang qui én coula. Il a été surnommé 
punica, où de la couleur écarlate de ses fleurs, ou du territoire de 
l'ancienne Carthage, d’où l’on soupçonne qu’il a été transporté en 
Europe. 

Le caractère essentiel de ce genre consiste dans un calice coriace, 
coloré, à cinq ou six divisions, autant de Ér insérés sur le ca- 

4 


49° Livraison. 


GRENADIER. 
lice; des étamines nombreuses ; un stigmate en tête; une baie sphé- 
rique couronnée par les divisions du calice, partagée en huit ou dix 
loges par des cloisons membraneuses, renfermant un grand nombre 
de semences anguleuses, entourées d’une substance aqueuse et 
charnue, : 

Cet arbrisseau, lorsqu'il est cultivé, taillé, chargé de fleurs, se 
présente sous un aspect très-agréable : dans son état sauvage, il 
forme un buisson touffu, épineux : ses rameaux sont glabres, angu- 
Jeux , couverts d’une écorce rougeâtre. 

Les feuilles sont très-lisses, opposées, lancéolées, très-entières, 
vertes à leurs deux faces, portées sur des pétioles très-courts, un 
peu rougeûtres. 

Les fleurs sont presque sessiles, solitaires, quelquefois réunies 
trois ou quatre vers le sommet des rameaux, d’un rouge vif; les ca- 
lices épais et charnus; les pétales ondulés, comme chiffonnés. 

Les fruits sont de la grosseur d’une forte pomme, arrondis, revé- 
tus d’une écorce coriace, d’un brun rougeätre, remplis de semences 
pulpeuses, d’un rouge très-vif. 

Les individus que lon cultive pour l'agrément des jardins, pro- 
duisent de très-belles fleurs doubles ou semi-doubles, par la multi- 
plication des pétales; mais ils ne donnent jamais de fruits. (P.) 

Les fleurs du grenadier, remarquables par leur belle couleur pour- 
pre, sont désignées, en pharmacologie , sous le nom de balaustes, 
balaustia. Elles sont à peu près inodores, d’une saveur légèrement 
styptique. La couleur rouge qu’elles communiquent à l'eau par l'ébul- 
lition, noircit par le sulfate de fer. Le fruit, connu sous le nom de 
grenade, malum punicum , est recouvert d’une écorce épaisse, dure 
coriace, d’un jaune grisâtre ou rougeàtre, d’une saveur chaude et 
beaucoup plus astringente que celle d'aucune autre partie du ge” 
dier. Cette écorce, qui a reçu la dénomination de malicorium , soit à 
cause de son analogie avec le cuir, soit à raison de son usage très 
ancien dans la tannerie, renferme une petite quantité de mucilage: 
de l'huile volatile et du tannin. La pulpe rouge et succulente, ql 
entoure les semences des grenades, exhale une odeur légèrement VF 
neuse, et offre une saveur fraiche, acidule, légèrement styptique € 
fort agréable. Elle contient, avec un acide végétal et un peu de ma 


GRENADIER.' 
tière tannine, une grande quantité de mucilage. Quant aux graines 
dures et coriaces, et à la racine ligneuse, elles ne participent que fai- 
blement aux propriétés essentiellement astringentes des autres parties 
du grenadier, propriété astringente qui est surtout développée dans 
l'écorce du fruit. 

La pulpe des grenades est nutritive, rafraïchissante, diurétique. 
Dissoute dans l'eau avec une certaine quantité de sucre ou de miel, 
elle forme, à l'exemple de la plupart de nos fruits rouges, une bois- 
son acidule et très-légèrement styptique , d’un goût agréable et très- 
propre à calmer la soif dans la plupart des maladies bilieuses et pu- 
trides, surtout dans les pays chauds. On s’en sert avec avantage dans 
les typhus et dans les fièvres gastriques, adynamiques et ataxiques, 
dans les inflammations des voies urinaires, les hémorrhagies , et con- 
tre les sueurs colliquatives. Hippocrate l’employait dans la cardialgie, 
et Van Swiéten dans les dysenteries et les diarrhées où elle est en 
effet très-convenable. 

Les balaustes et l'écorce de grenade desséchées sont employées soit 
à l'intérieur, soit en topique, pour opérer les médications toniques 
avec astriction. On en a particulièrement recommandé l'usage dans 
le traitement des anciens catarrhes, des écoulemens muqueux, des 
diarrhées chroniques , des blennorrhagies rebelles. Leur décoction a 
été employée contre les hémorrhagies passives et pour remédier au re- 
lâächement de la luette et au gonflement atonique des amygdales ; 
cette même décoction a été également préconisée contre le relâche- 
ment des organes génitaux, le prolapsus du vagin, la chute du rec- 
tum. La nature chimique de ces substances porte à croire, en effet, 
qu’elles peuvent être quelquefois utiles dans ces différentes affections , 
et dans toutes celles où les astringens sont indiqués. Toutefois il faut 
se rappeler que leur qualité styptique est fort au dessous de celle de la 
noix de galle. 

Quoique les semences du grenadier jouissent de cette qualité à un 
bien plus faible degré encore , réduites en poudre, et ingérées ou 
appliquées à l'extérieur, elles ont été vantées contre les flueurs blan- 
ches et contre les ulcères atoniques. A l'égard de la racine , la répu- 
tation dont elle a joui comme anthelminthique parmi les anciens, 
pourrait bien n'être pas sans fondement, si les succès marqués , que 


: GRENADIER. 
M. W. Pollock (Gaz. de santé, n. 34, 1816) paraît avoir obtenus de 
l'emploi d’une forte décoction de cette racine pour l'expulsion du té- 
nia chez un enfant, sont confirmés par de nouvelles observations. 

La dose des différentes parties du grenadier doit être modifiée selon 
les circonstances dans lesquelles on les emploie. On peut faire une 
boisson acidule et légèrement styptique par la décoction d'une gre- 
nade entière dans cinq hectogrammes d’eau que l’on édulcore, s'il est 
nécessaire , avec du sucre ou du miel. On en fait un sirop très-agréa- 
ble que l’on mêle avec de l’eau pour en faire une boisson acidule. 
On en fait un vin aromatique et astringent , qui porte le nom de vin 
de palladius. 

La grenade bien mûre est un fruit sucré et acidule, d’une saveur 
fraîche, très-agréable en été. Mais, à l'exemple de tous les fruits 
aqueux et acidules, son usage, long-temps continué, trouble la di- 
gestion, et détruit les forces de l'estomac, surtout chez les sujets fai 
bles et délicats. En l’associant au sucre et à divers aromates, les cui 
siniérs , les confiseurs et les limonadiers en préparent des mets, des 
confitures, des sorbets, des glaces et des boissons d’excellent goût. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


{La plant bare pré réduite à 1 itié d grand naturelle.) 
1. Rameau de fleur. 3. Fruit coupé longitudinalement. 
2. Calice coupé verticalement. 4. Graine isolée de grosseur naturelle. 


Lambert I seul . 


GROSEILLER . 


CLXXXIX. 


GROSEILLER. 


GROsSULARIA ; multiplici acino, sive non spinosa hortensis rubra. GRos- 
s SULARIA HORTENSIS ; fructu margaritis. simili; Bauhin, TivaË , lib. 12, 
Lalih, hist sect. 1, Tournefort. 
RIBES RUBRUM; inerme floribus paniusculis, racemis pendulis. Linné, 
Peñtandrie monogynie. Jussieu , class. 14, ord. 3, famille des cactes. 
Italien... ....... uva pr’rratr. 


Espagnol. ....... AGRACEJO ENCARNADO. 
Porlupais. 27; GROSELHEIRA VERMELE 
range EXT. GROSEILLER COMMUN ; RIBETTE VIEUX 
ARGUS STE ENT. RED CURRANTS ; CURRANT TREE. 
M dre JOANNISREERE 

Hollandais. . ..... AALBEZIEBOOM ; AALBESSENBOOM 

Peter AL LAE RIBS ; JOHANNISB 
LP Le PR TO RODA VINBAR ; REPS 
Polonnisi. 0: + à PORZECZRI. 
MONS, ETS ISIS TRS SMORODINA KRASNAJA. 


Le groseiller, long-temps sauvage et ignoré sur les roches alpines, 
n'a été admis que depuis quelques siècles au nombre des arbres 
fruitiers de nos jardins. Quoique le nom de rbes soit employé par 
d'anciens botanistes, il est très-probable qu’il ne désignait pas alors 
notre groseiller , mais quelque autre arbrisseau à fruits acides. Dans 
l'ordre des familles naturelles, le groseiller en forme une particu- 
lière, intermédiaire entre les cactiers et les saxifrages. Il se distingue 
par un calice ventru , adhérent, à cinq divisions ; cinq pétales, au- 
tant d’étamines , attachés au calice; un style, deux stigmates , une baie 
globuleuse, surmontée d’un ombilic, renfermant plusieurs semences 
attachées à deux placentas ; embryon muni d’un périsperme charnu. 

Le groseiller à fruits rouges est un arbrisseau très-rameux, dé- 
pourvu d’épines, dont l'écorce est brune ou cendrée; les feuilles pé- 
tiolées, échancrées à leur base, à trois ou cinq lobes dentés , diver- 
gens, vertes, glabres dans les individus cultivés, pubescentes dans 
les sauvages. 

Les fleurs sont disposées en grappes simples, nn soli- 


50° Livraison. 


GROSEILLER. 
taires ou fasciculées; la corolle presque plane ; d’un vert blanchâtre, 
les pédicelles courts, accompagnés de bractées fort petites, ovales; 
plus courtes que les pédicelles. 

Les fruits consistent en petites baies globuleuses, très-succu- 
lentes, d’un beau rouge transparent, quelquefois blanches ou d'un 
blan jaunâtre, selon les variétés. 

Le cassis, groseiller noir, distingué par la couleur, la saveur de 
ses fruits, l’est encore par ses feuilles assez grandes , anguleuses, à 
trois ou cinq lobes dentés, parsemées à leur face inférieure de points 
Jaunes , glanduleux. 

Le groseiller à maquereaux est une autre espèce, armée d’aiguil- 
ions très-piquans ; ses feuilles sont arrondies, incisées ou lobées, un 
peu velues; les fleurs presque solitaires , médiocrement pédonculées; 
les fruits verdâtres, glabres dans leur maturité. Tous ces arbrisseaux 
croissent en France, ce dernier parmi les haies. F.] 

Parmi les variétés que la culture a introduites dans les fruits du 
groseiller, les plus remarquables sont celles des groseilles blanches 
et des groseilles rouges. Les unes et les autres sont inodores:; leur 
saveur, qui offre quelque chose de vineux et de sucré, est surtout 
caractérisée par une acidité piquante très-agréable, et un peu analo- 
gue à celle du citron. L'illustre Guyton de Morveau y a reconnu, 
par l'analyse chimique, 1° du sucre; 2° un acide qui résulte du 
mélange des acides malique et citrique; 3° une matière colorante 
violette, qui doit la couleur rouge, qu’elle présente dans la groseille 
_ rouge, à son union avec l'acide de ce fruit : de sorte que, sion en- 
lève l'acide par le moyen des réactifs, cette matière colorante cesse 
d'être rouge , et repasse au violet ; 4° une grande quantité de gelée 
iès-soluble dans l’eau, mais beaucoup plus à chaud qu’à froid , sus 
ceptible de se précipiter, par le repos et le refroidissement, en ge 
masse gélatineuse tremblante, pourvu, toutefois, qu’elle n’ait pas él 
trop long-temps tenue en ébullition, car alors elle ne peut plus se 
figer complètement ; ainsi que cela arrive dans les confitures de F 
seilles, lorsque lébullition du suc de ces fruits a été trop prolongée: 

L'action particulière de la matière colorante des groseilles sur us 
organes n’a pas encore été étudiée; mais la gelée, le sucre et l'acide 
qu’elles renferment ,‘leur donnent manifestement des propriétés ni- 


GROSEILLER. 

tritives, tempérantes , rafraichissantes , diurétiques et laxatives. Leur 
suc étendu d’eau, et édulcoré avec une certaine quantité de sucre 
ou de miel, forme une boisson extrêmement agréable, ettrès-propre 
à apaiser la soif, soit dans l’état sain, soït dans le cours des mala- 
dies. On s’en sert avec un grand avantage, surtout dans là plupart 
des pyrexies essentielles, telles que les fièvres inflammatoires, bi- 
lieuses, putrides, nerveuses , dans la perte et dans le typhus. L'usage 
de cette boisson acidule n’est pas moins utile dans les exanthèmes ai- 
gus, comme la rougeole, la variole, l'érysipèle, etc.; il convient 
également dans les dartres, la gale, le prurigo, et autres maladies 
chroniques de la peau, accompagnées d'irritation générale. Son em- 
ploi est extrêmement salutaire dans l'embarras gastrique, à la suite 
des empoisonnemens par des substances âcres et narcotiques, dans 
certaines diarrhées, dans la dysenterie, dans la blennorrhagie et au- 
tres inflammations de l'abdomen ou de l'appareil urinaire. Très-cer- 
tainement cette boisson est beaucoup plus convenable dans la né- 
phrite et les affections calculeuses que la plupart des médicamens 
prônés avec emphase comme des diurétiques par excellence, où van- 
tés comme lithontriptiques. 

Toutefois les propriétés alimentaires de ces baies acidules sont 
bien plus remarquables que leurs qualités médicamenteuses. Comme 
aliment diététique , leur usage est extrêmement salutaire dans le scor- 
but, dans les maladies cutanées rebelles, dans plusieurs autres affec- 
tions organiques , vaguement désignées sous le titre d’obstructions et 
de cachexies. Ces fruits conviennent surtout aux jeunes gens, aux 
sujets secs et ardens, à ceux qui se livrent à de violens exercices du 
corps, surtout dans les pays chauds et secs. Les tempéramens san- 
guins et bilieux sont ceux auxquels ils sont le plus avantageux. Ce- 
pendant , lorsqu'on en fait un très-long usage, ou qu’on en prend en 
trop grande quantité, ils troublent la digestion, altèrent plus ou 
moins profondément les fonctions de l'estomac, et cet effet se ma- 
nifeste particulièrement chez les personnes faibles et délicates. Sous 
ce rapport, elles sont peu convenables aux vieillards, aux femmes 
chlorotiques, aux sujets qui digèrent mal , à ceux qui mènent une 
vie sédentaire , et qui exercent fortement leur intelligence. Elles sont, 
par Ja même raison, un aliment moins avantageux aux tempéramens 


GROSEILLER. 
lymphatiques et nerveux, et dans les temps froids et humides , que 
dans les circonstances opposées. 

On mange quelquefois les groseilles en grappes. Leur suc, con- 
venablement épaissi par l'ébullition, forme ces gelées acidules et su- 
crées dorit tout le monde connaît l'excellent goût , ainsi que les qua- 
lités nourrissantes, et dont l’usage, aussi agréable que salutaire, est 
si favorable aux convalescens. Les confiseurs et les limonadiers en 
préparent diverses confitures solides ou liquides, des limonades, des 
sorbets, des glaces de très-bon goût. A l’aide de la fermentation, les 
groseilles fournissent du vin et du vinaigre de fort bonne qualité, et 
par la distillation on en retire de Palcool. 

Le rob et le sirop de groseilles, décrits dans la pharmacopée de 
Wurtemberg, la gélatine de groseilles de la pharmacopée de Londres, 
médicamens d’un usage très-avantageux, sont les principales compo- 
sitions pharmaceutiques auxquelles ces fruits sont employés. 

Les groseilles à maquereaux , fruits du groseiller épineux , ribes 
glossularia, L:, sont blanches , jaunes ou pourpres, beaucoup plus 
grosses que celles dont nous venons de parler, beaucoup plus dou- 
ces, et à peu près exemptes d’acidité. Elles sont nourrissantes Se 
laxatives, mais elles sont privées des autres qualités qui tiennent à 
la propriété acide des groseilles rouges. ; 

Le cassis , fruit du groseiller noir, rèbes nigrum , L. , à l’acide près 
qui s’y trouve en beaucoup plus petite quantité, contient les mêmes 
principes que les groseilles rouges; mais il renferme de plus une 
huile volatile, aromatique et amère, qui se retrouve dans l'écorce 
et autres parties de cet arbrisseau, et qui donne à ce fruit l'arome 
particulier qui le caractérise. C’est à l’action excitante que cette 
huile aromatique exerce sur nos organes, que le cassis doit les pro- 
priétés stomachiques qui ont été justement attribuées au rob et au- 
tres liqueurs qu’on en prépare. 


: EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est un peu plus petite qne nature.) 
1. Grappe de fleur. à. Éinine 
% 


2. Fleur entière grossie. Fruit coupé horizontalement. 


190 à 


7 enpent P. 
Lambert J° sentp ; 


GUEF: 
Ed 
til 


Grec. ....., .... 1£08, Dioscorides, lib. 3, cap. 87. 
VISCUM BACCIS re Baubin, Te | lib. 17, sect. 4. Tournefort, 


class. 20, séet. 7, gen. 

Latin, .......22 VISCUM ALBUM ; foli Tosntats obtusis, caule dichotomo, spicis axil- 
aribus. Linné, diæcie tétrandrie, Jussieu , class, r , ord. 3, ja- 
mille des chévrefeuilles. 

Italien. sx ne VISCHIO. 

Espagnol. :.,..,: LIGA ; MUERDAGO, 

OPLURRIST EEE 2 VISCO, 

Froniçaisi se GUI; GUI DE CHÈNE. 

ARR se. 6 he vin à MISSELTOE. 

Atemand, : Sent MISTEL, EICHENMISTEL. 

Hollandais. ...... MARENTAKKEN 

Danpis:. 0 soi FUGLELIJM ; MESTERTIENE. 

DO ere 1e MISTER, 

Polonais. Ah 1 ess JEMIEL ; JEM(OLA. 

M... dep isa OMÉLA 

Hongrois... .. :." LEr. 


Le gui, objet d’un culte superstitieux chez les anciens Gaulois, 
était tous les ans recueilli sur le chêne par les prêtres druides, re- 
vêtus d’une robe blanche, armés d’une serpe d’or. Cette cérémonie 
religieuse était accompagnée du sacrifice de deux taureaux blancs, 
et d’un repas fait sous le chêne : on y chantait des hymnes en l’hon- 
neur de la Divinité. Au premier jour de l'an, le gui était distribue 
au peuple comme une chose sainte. Ce respect, cette sorte de culte, 
rendus à une production assez singulière de la nature, avaient peut- 
être pour fondement l'ignorance des peuples sur la propagation de 
cette plante parasite. Aujourd'hui, plus éclairés sur la génération 
des êtres, nous n’admirons pas moins celle du gui, qui nous offre 
plusieurs phénomènes remarquables, très-bien observés par Duha- 
mel , développés avec tant de clarté par M. Desfontaines, dans son 
Histoire des arbres et arbrisseaux , vol. 1, pag. 339, et dont j'em- 
prunte ici les expressions : 


50: Livraison, 


GUL 

« Le gui est un arbrisseau parasite, dont la germination est très- 
différente de celle des autres plantes. On peut faire germer des graines 
de gui sur des pierres, des bois morts, et même sur la terre; mais il 
ne prend jamais d’accroissement que sur les arbres. Lorsque la graine 
de gui germe, elle pousse communément deux ou trois radicules 
terminées par un corps rond. Ces radicules s’allongent insensible- 
‘ment, et dès qu’elles ont atteint l'écorce, les corps ronds s'ouvrent, 
leur orifice présente la forme d’un petit entonnoir, dont la surface 
intérieure est tapissée d’une substance grenue et visqueuse. Du ce 
tre et des bords de cet orifice, sortent de petites racines qui sinsi- 
nuent entre les lames de lécorce , et parviennent jusqu'au bois sans 
V pénétrer. » 

Les tiges du gui sont ligneuses , hautes d’un à deux pieds , divisées 
en rameaux très-nombreux, étalés en tous sens. 

Les feuilles sont opposées, lancéolées, dures, épaisses , obtuses, 
très-entières. 

Les fleurs sont sessiles, axillaires, disposées deux ou trois ensen- 
ble , monoïques ou dioïques, chacune d'elles munie d’un calice très 
petit; le limbe à peine sensible ; la corolle, sous l'apparence d'un ca 
lice, est composée de quatre pétales courts , réunis par leur base; 
quatre anthères sessiles, situées vers le milieu des pétales : dans les 
fleurs femelles, un ovaire inférieur couronné par Îles bords du Ca- 
lice ; un style à peine sensible; un stigmate. : 

Le fruit consiste en une baie globuleuse , monosperme, blanchätre, 
remplie d'un suc visqueux. 

Le gui croît sur les troncs et les rameaux des arbres fruitiers, dés 
pomimiers , des ormes, des tilleuls ; et sur tous les arbres qui ne son! 
ni laiteux , ni résineux. P. 

Cette plante inodore et d’une saveur visqueuse, un peu auster 
dans l’état frais, présente, quand elle est sèche, une odeur désagre® 
ble, et, lorsqu'on la mâche, elle offre un goût amer légèrement 
âcre. On y trouve une grande quantité de matière glutineuse, Ge 
analogue au caoutchouc; insoluble, à froid, dans l'eau et dans l'a ; 
cool, un extrait résineux, un extrait muqueux et un principe asurin 
gent. L'extrait résineux est beaucoup plus abondant que l'extrait 
aqueux : l'un et l'autre sont amers, et en beaucoup moins grande 


GUI. 
quantité dans la partie ligneuse que dans l'écorce, ce qui fait que la 
plus grande partie des propriétés actives du gui est renfermée dans 
cette dernière. 

On a cru long-temps que les propriétés médicales de cette plante 
parasite étaient relatives à celles du végétal sur lequel elle se nour- 
rit, et C’est probablement sur cette opinion qu’est fondée la préfé- 
rence qu'on a donnée, et qu'on donne encore dans plusieurs traités 
de matière médicale, au gui de chêne sur tous les autres. Toutefois , 
l'analyse chimique n’a manifesté aucune différence entre le gui de 
chêne et celui du pommier, du poirier ou du tilleul. Les expériences 
de Cartheuser, de Kolderer et de Colbatch, ont prouvé d’ailleurs 
que, quel que fût l'arbre sur lequel le gui avait pris naissance, il 
présentait constamment les mêmes propriétés. 

Cette planteexerce une action légèrement tonique sur nos organes. 
L’excitation qu’elle détermine sur le canal intestinal provoque même 
quelquefois des évacuations alvines; ces effets excitans qui lui ont valu 
les vertus antispasmodique et résolutive dont elle a été décorée, ne 
permettent pas de la regarder comme inerte. Il ne serait cependant 
pas plus rationnel d'admettre, comme des actes de foi, les propriétés 
merveilleuses qui lui ont été accordées par une foule d'auteurs an- 
ciens et modernes. Pline, Théophraste, Matthiole, Paracelse, ont 
vanté son efficacité contre l’épilepsie. Dalechamp, Boyle, Koelderer , 
Colbatch, Cartheuser, Loseke, Van Swiéten, Dehaen, etc., assurent 
en avoir obtenu de grands avantages contre cette redoutable maladie 
et autres affections convulsives. Outre les succès que Colbatch en a 
obtenus dans le traitement de lépilepsie, cet auteur prétend s’en 
être servi avec avantage pour combattre la chorée. Koelderer atteste 
s'être bien trouvé de l'emploi de l’infusion vineuse et aqueuse du gui 
dans l’asthme convulsif et dans un cas de hoquet. Bradley se lone 
des bons effets de ce végétal dans l’hystérie, la paralysie et autres 
affections nerveuses, Divers auteurs ont vanté ses succès contre les 
flux de ventre, la ménorrhagie, les écoulemens hémorrhoïdaires ; et 
quelques autres même dans les vertiges , l’apoplexie, la dysenterie, 
la goutte et autres maladies variées. A l'extérieur, on a recommandé 
les cataplasmes faits avec le gui ou ses semences pour calmer les 
douleurs de goutte et résoudre certaines tumeurs. Toutefois les faits 


GUI. 

allégués en faveur de l'efficacité de cette plante contre ces différen- 
tes maladies, sont loin d’être concluans. Presque toujours, en effet, 
les auteurs ont négligé de déterminer , avec la précision convena- 
ble , le caractère spécial des maladies dans lesquelles ils en: ont fait 
usage, et les circonstances particulières dans lesquelles se trouvaient 
les malades. D’autres fois l'administration du gui a été accompagnée 
ou suivie de médicamens plus ou moins actifs , de sorte qu’il est im- 
possible d’assigner à chacun de ces moyens la part qu'il a eue à la 
guérison. En outre plusieurs médecins recommandables, tels que 
Tissot, Cullen, Desbois de Rochefort, Peyrilhe, n’ont point obtenu 
de l'emploi du gui les résultats avantageux que d’autres prétendent 
en avoir retirés. De sorte que, malgré les assertions exagérées de plu- 
sieurs auteurs en faveur de ce végétal, il faut convenir que nous som- 
mes très-peu éclairés sur ses effets secondaires, et que ses propriétés 
médicales ont besoin d'être soumises à de nouvelles expériences cli- 
niques. Ceux qui tenteront cette entreprise, ne doivent pas perdre 
de vue, suivant la remarque judicieuse de M. Guersent, que la ma- 
nière dont on administre le gui comme tous les autres médicamens, 
doit influer sur ses effets immédiats, et que les résultats, produits 
par ladministration de l'écorce, doivent être très-différens de ceux 
obtenus par l'emploi de sa partie ligneuse. 

Pour avoir, dans cette plante, un médicament identique, et dont 
les effets soient comparables entre eux, il faut, suivant Colbatch, 
cueillir le gui entier à la fin de l'automne, le dessécher exactement 
avec beaucoup de soin, le pulvériser et le renfermer dans un vast 
de verre bansitiensasét bouché, que l’on place dans un lieu très- 
sec. Cette poudre peut être thchodrés en substance de quatre à 
douze grammes (un à trois gros) par jour, en infusion vineuse où 
en décoction aqueuse de trente-deux à soixante-quatre grammes 
(une à deux onces), et en extrait, de quatre à huit grammes (un 
à deux gros) : elle entre dans la composition de la poudre épilepti- 
que de Guttete, 

Les baies du gui servent d’aliment à plusieurs oiseaux. On dit que 
les daims et les de s’en nourrissent: Les oiseleurs en préparent 
la glu destinée à la chasse des oiseaux. Le plus ordinairement, 0 
emploie à cet usage le gui entier. Pour cela on met une certaine 


GUL. 
quantité de cette plante, pendant huit à dix jours, dans un lieu hu- 
mide; quand elle est pourrie , on la pile jusqu’à la réduire en bouillie, 
on la place ensuite dans une terrine avec de l’eau fraîche, et on l’a- 
gite fortement jusqu'à ce que la glu s attache à la spatule. On lave 
alors cette substance dans un autre vase avec de nouvelle eau, et 
on la conserve dans des pots pour l'usage. 


Bater (1.-1.), Monographia de wisco ; in-4°. Aldorfii, 

cozsaren (1.), Dissertation concerning misleto, a most he specifick remedy for the cure 
of mea distempers : c'est-à-dire, Dissertation sur le gui, spécifique merveilleux pour 
la n des maladies convulsives ; troisième édition , in-8°. Londres, 172 

ROELDERER D ER ius), De wisco dissertatio inauguralis, in-4°. drpeboreté. 1747. 

»ucAWALD (8.-5.), Analysis wisci ejusque in morbis usus; in-4°. Havniæ, 1753. 

rrUENDEL (chr.-rr.), De spasmis visco albo persanatis ; in-4°. lenæ, 1783. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


( La plante est de grandeur naturelle. ) 


. Bout de rameau portant trois fleurs mà- quadriphylle, au centre duquel o 
les, sessiles distingue un stigmate ab t ie 
2. Autre rameau 1 portant trois fleurs fe- assis sur le sommet de l'ovaire. 
melles , sessiles. 4. Graine mise à nu, et dont une moitié 
3. Fleur femelle détachée, composée d'un du péricarpe est renversée. 


ovaire inférieur, couronné d’un calice 


191: 


CXCE 


GUIMAUVE. 


Créé SSSA es. d\Sase, 1firxos, Dioscorides 

ALTHÆA DIOSCORIDIS ET PLINI , oi: TiveË , Hib. 11, sect. 5. 

ALTHÆA DIOSCORIDIS ET PLINI, folio magis angulato ;. Tournefort, 
Le 


, sect. 6, gen. 2. 
ALTHÆA OFFICINALIS ; fO/iis simplicibus tomentosis; Linné, monadel- 
phie po sir: Je Jussieu ,clas. 13, ord. 14, famille des malvacées. 
LOL. si 0 MALVAVISCO ; BISMAL 
Fe) APCE SLR Le .  MALVAVISCO 
Portugais. ....... MAL.VAISCO 
Français. GUIM 
AND sers MARSH-HALLOW. 
Allemand... 15.4 BIS 
Hollandais. ...... EMST 
Dire seau TBISK 
USSE. à. . «+ + « + + PODSWONOK 
RORDTOES. nu te FEJÉR MALVA (guimauve blanche) 


La guimauve est une très-belle plante, de la famille des malva- 
cées : elle a conservé en latin le nom qu’elle porte dans Dioscorides. 
Théophraste lui donne celui d’hibiscus. La douceur de son duvet 
blanchâtre et soyeux , l'élévation de ses tiges, ses paquets de fleurs 
légèrement purpurines , lui donnent un port agréable. Du bord des 
ruisseaux et des lieux humides qu’elle habite, elle est passée dans 
nos jardins, mais plutôt comme plante médicale que comme fleur 
d'ornement : très-rapprochée de la mauve par son caractère généri- 
que, elle s’en distingue par son calice extérieur, à six ou neuf divi- 
sions profondes , au lieu de trois. 

Ses racines sont longues, cylindriques, blanches , pivotantes, con- 
tenant un mucilage douceâtre et gluant. 

Ses tiges, légèrement cotonneuses, sont droites, hautes de trois 
ou quatre pieds, garnies de quelques rameaux ste 

Les feuilles sont alternes , pétiolées, molles , d’un vert banchâtre, 
ovales, élargies, un peu en cœur, dentées à és contour , à trois ou 

3 


50° Livraison. 


GUIMAUVE 
cinq lobes anguleux , chargées d’un duvet cotonneux , presque soyeux. 

Les fleurs sont presque sessiles, réunies en petits paquets dans les 
aisselles des feuilles supérieures, accompagnées de stipules subulées 
et caduques. 

Leur calice est double; l’intérieur à cinq divisions, l’extérieur à 
six ou neuf découpures profondes : cinq pétales en cœur réunies par 
leur base; les anthères nombreuses, placées à l’extrémité d’un tube 
cylindrique, un ovaire surmonté d’un style à stigmates nombreux, 
sétacés. 

Le fruit consiste en plusieurs capsules monospermes, sans rebord 
membraneux, réunies en plateau autour de la base du style. (P.) 

La racine de guimauve est de la grosseur du doigt, grisâtre en 
dehors, blanche intérieurement. Son odeur est nulle, sa saveur est 
fade, muqueuse et rouceâtre. Elle contient un peu d'extrait résineux 
et plus de la moitié de son poids d’un mucilage doux et visqueux, 
qui se trouve également dans les autres parties de la plante, mais én 
berne moins grande quantité, puisque les feuilles et les fleurs 
n'en renferment que le tiers ou le quart de leur poids. Ce mucilage 
qu’on obtient très-facilement par la décoction dans l’eau, où il est 
entièrement soluble, se précipite par le refroidissement en une ma- 
tière tremblante et demi-transparente. À raison de la plus où moins 
grande quantité de mucilage qu’elles contiennent, les différentes par- 
ties de la guimauve jouissent toutes des mêmes propriétés émolliente, 
adoucissante, invisquante , lubréfiante, relâächante, rafraîchissante, 
etc.; mais on se sert plus ordinairement, et presque exclusivement, 
de la racine, comme étant la partie de cette plante où le mucilage 
est le plus abondant. 

Cette racine , soit fraîche, soit sèche, administrée sous forme molle 
où liquide, à une douce tstapééhtare exérce une action émolhente 
et relâchante sur l’économie animale: elle calme l'irritation des 0 
ganes, diminue la tension , la chaleur, la douleur dés parties enflam- 
mées, et ramène les propriltés vitales à leur état ordinaire, dans 
tous les cas où elles sont portées à un trop haut développement. Di- 
rectement ingérée en infusion, én décoction, ou sous toute autre 
forme liquide, elle convient d’une manière sléciate dans toutes les 
phlegmasies aiguës , pendant leur première période, dans les hémor- 


GUIMAU VE. 

rhagies actives, dans ies empoisonnemens produits par des substances 
_ âcres et corrosives, et dans les irritations dues à la présence des 
corps étrangers. Ainsi chaque jour on l’administre avec avantage en 
boisson, au commencement des angines et des catarrhes pulmo- 
naires, dans la pleurésie et la péripneumonie, dans la gastrite, la 
diarrhée, la dysenterie, la néphrite, la péritonite, la blennorrhagie 
aiguë et autres inflammations de l’abdomen et de l'appareil urinaire. 
Son usage n’est pas moins utile pour calmer la strangurie qui ré- 
sulte de l’action des cantharides ou de la présence d’un calcul. 

A l'extérieur la guimauve est employée dans une foule de cas avec 
le plus grand succès. On se sert de sa décoction pour fomenter les 
yeux dans lophthalmie aiguë; on lintroduit dans la bouche sous 
forme de gargarisme pour apaiser les douleurs des gencives, et cal- 
mer l’irritation de la bouche dans la salivation mercurielle, les aphthes 
et l’esquinancie. Sous forme de pastilles où de pâte, on la maintient 
long-temps en contact avec l’arrière-bouche et l’orifice de la glotte, 
pour agir sympathiquement sur la trachée et les bronches dans les 
catarrhes pulmonaires. En lavement, elle est d’une très-grande uti- 
lité dans la dysenterie, la diarrhée, la péritonite et l'inflammation de 
la vessie. Les fomentations faites avec la décoction de guimauve, et 
les cataplasmes qu’on en prépare en ÿ mêlant des fécules amilacées , 
sont appliqués chaque jour avec avantage sur les tumeurs inflamma- 
toires pour les résoudre; sur les plaies et les ulcères dont les sur- 
faces sont douloureuses , sèches et arides, pour y ramener la suppu- 
ration; sur les chancres douloureux, pour s'opposer à leurs pro- 
grès ; enfin on s’en sert avéc avantage contre les brûlures, contre les 
dartres et autres affections locales, accompagnées de chaleur, de 
tension et de douleur. 

Dépouillée de son épiderme, et comprimée entre les mâchoires , 
cette racine paraît beaucoup plus propre à soulager la douleur des 
gencives qui accompagne la dentition que les corps durs qu'on a 
coutume de mettre pour cet objet entre les mains des enfans. En un 
mot, de toutes les substances que la matière médicale nous fournit, 
la racine de guimauve est une des plus propres à opérer les médica- 
tions émollientes ou atoniques, soit générales, soit locales, et, sous 
__ce rapport, elle peut remplacer avec avantage presque toutes les sub- 


GUIMAUVE. 

stances mucilagineuses. Il ne faut point cependant perdre de vue que 
pour qu'elle puisse pleinement opérer ses effets émolliens et relächans, 
il est absolument nécessaire qu’elle soit administrée sous forme 
molle ou liquide, et que, dans ce dernier cas, elle soit à une douce 
température de vingt à trente centigrades. L'espèce d’excitation 
qu’une température plus basse imprimerait aux organes, nuirait à son 
action émolliente, s’il ne la neutralisait pas entièrement. Il faut re- 
marquer en outre que l’usage exclusif trop long-temps continué de 
cette plante, trouble les fonctions de l’estomac, et que lorsque son 
mucilage est en trop grande quantité dans les boissons qu'on en pré- 
pare, elles restent long-temps dans l’estomac, déterminent de la pe- 
santeur à l’épigastre, de l'anxiété et du malaise, ce qui oblige ordi- 
nairement de les aromatiser. 

En infusion ou en décoction, cette racine se donne de huit à serze 
grammes (deux à quatre gros) dans cinq hectogrammes (une livre) 
d’eau, que l’on édulcore ordinairement avec une certaine quantité 
de miel ou de sucre. Cette décoction, mêlée au sucre, et convena- 
blement épaissie, forme le sirop de guimauve dont l’usage est si com- 
mode et si avantageux dans les maladies aiguës. Le mucilage de cette 
racine sert à faire des pastilles, des lochs, des juleps; elle entre 
dans la composition de la pâte de guimauve, dont les effets lubré- 
fians et adoucissans égalent l'excellent goût. Elle fait également par- 
tie du sirop d’althéa de Fernel, de l'onguent d’althéa, des emplà- 
tres diachylon simple et composé, mais elle n’est qu’un des moindres 
ingrédiens de ces médicamens compliqués. 


La racine de guimauve est très-nutritive , surtout pour les estomäcs 
robustes. Son mucilage est employé dans les pharmacies pour rendre 
les gommes résines solubles, et à beaucoup d’autres usages. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.) 


Calice double. 
Île ett taminifère ouvert. 


Pistil. 

Fruit multicapsulaire” dont on_.a enlevé quelques-unes des capsules. 
Capsule isolée 

Graine. 

Racine, 


On œ N nm 
[ep 


À 


Lambert S° sel 


dE NC dl Et ge pen es Le S da dira À he Là 


CXCIT. 


GUTTE. , 


ÉÈ CAMBOGtA Gu1Ta; Linné, polyandrie monogynie. Jussieu, clas, 13, 
pe PRESSE EE { ord. 9 , famille des pre 

Ttalen: LS RES GOMMA GOTTA ; GOTAGAMB 

Espagnol, ....... GOMA GOTA; GOTA GAMBA. 

Portugais sims ENTUES GUTTEIRA. 

Frangmis.. 55, GOMME-GUTTE. 

ANPOUI F0, GUM GUITÆ TREE 

Allemand.::::3 58 2 GUMMIGUTTBAUM 

Hollandais. . :.... GITTEGOM -B00M 

D LP RME NET GUMMIGUTTÆTR Æ 

SUÉAOIS TENTE EE 4 EE GUMMIGUTTATRAD 

Malabar, .…. coppam PuLL:I ; Rheed. 

MAR ne Shen OTAPULLI 

CRINOIS San EU HOAM-LO ; Loureiro 


ON soupçonne que la gutte ou gomme-gutte est produite par un 
arbre des Indes stiéntilér, que Linné a nommé cambogia gutta, 
mais que Gærtner a réuni comme espèce au” genre garcinia (man- 
goustan). Les différences qui existent dans la forme du stigmate et 
dans le nombre des étamines, sont en effet trop légères pour caracté- 
riser deux genres bien distincts. 

Cet arbre est fort élevé : il est pourvu de grosses racines très-ra- 
mifiées , dont les rameaux s’étalent au loin dans la terre et au dessus. 
Le tronc a dix ou douze pieds de circonférence; le bois est blanc ; 
l'écorce noirâtre en dehors, rouge en dessous, d’un blanc jaunâtre à 
l'intérieur. 

Les feuilles sont pétiolées, opposées, un peu épaisses, glabres, 
ovales, entières, luisantes, d’un vert brun, rétrécies à leurs deux 
extrémités. 

Les fleurs sont peu nombreuses, imodores, d’un blanc jaunâtre, 
portées sur des pédoncules simples, très-courts, situées à l’extrémité 
des rameaux. 

Leur calice est divisé en quatre découpures profondes, concaves 


5ot Livraison, â. 


GUTTE. 
caduques : la corolle composée de quatre pétales concaves, arrondis, 
onguiculés; les étamines courtes et nombreuses; un ovaire supé- 
rieur, surmonté de quatre stigmates sessiles, persistans. 

Le fruit consiste en une baie globuleuse, de la grosseur d'une 
orange, marquée de huit côtes saillantes, divisée en huit loges, con- 
tenant chacune une semence brune, allongée, couverte d’une double 
tunique. : 

Le suc gommo-résineux qui découle par incision des feuilles, des 
branches, du tronc de cet arbre et de plusieurs autres végétaux de la 
famille des guttifères, est connu sous le nom de gomme-gutte, gummi 
gutta, gummi gotta, gommi gamandræ , gummi de goa , gummi de 
Jemu, gummi peruanum , gummi laxativum , gutta gamu , cambo- 
dium , cambogium , ete. Telle qu’elle se présente dans le commerce, 
sous forme de cylindres où de magdaléons épais, cette substance est 
solide, pesante, opaque, friable, d’une cassure luisante, d’une cou- 
leur jaune foncée à l'extérieur, tirant sur le rouge intérieurement, 
devenant jaune clair lorsqu'on l'humecte ou qu’on la pulvérise. Elle 
est inodore et insipide ; mais si on la conserve quelque temps dans 
la bouche, elle est légèrement âcre. Quand on la mâche, elle s'atta- 
che aux dents et imprime sa couleur jaune à la salive. Elle ne se dis- 
sout qu'en partie dan$ l’eau ou dans l'alcool, auxquels elle donne 
une teinte Jaune; mais une solution de potasse la dissout complè- 
tement; cette dissolution, qui n’est point troublée par l’eau comme 
celle de la gomme-gutte par l'alcool, est décomposée par les acides, 
lesquels en précipitent une matière d’un très-beau jaune soluble dans 
un excès d'acide. La gomme-gutte n’éprouve presque aucun change- 
ment dans les huiles grasses ; elle se dissout en partie dans les huiles 
essentielles, et particulièrement dans l'huile de térébenthine qu elle 
colore d’un beau rouge orangé. 

Cette gomme résine, introduite dans la matière médicale, P# 
Clusius, en 1603, a eu, comme toutes les substances médicamen- 
teuses, des apologistes et des détracteurs. Les uns l'ont présentée 
comme un purgatif puissant, d’un usage commode, d’une adrien 
ration. facile et d’une utilité constante dans tous les cas où il faut 
agir avec énergie sur le canal intestinal. D’autres l’accusent de pl? 
duire des vomissemens , des flatnosités, des tranchées, la superpur” 


GUTTE. 
galion, et la regardent comme un drastique violent et dangereux, 
qu'on doit Feléquer dans la médecine vétérinaire. L’illustre Daubanton 
avait observé qu’à la dose de trois gros elle faisait périr les brebis. 
Les chiens auxquels M. Orfila a administré cette substance, à assez 
forte dose, n’ont éprouvé que de simples vomissemens, lorsqu'il 
leur a été permis de se soustraire à l’action prolongée de la gomme- 
suite en la rejetant; mais lorsque, après li ingestion de cette gomme 
résine, on leur a lié l’œsophage, ils ont éprouvé des évacuations al- 
vines houle, l’inflammation de la membrane muqueuse de l'esto- 
mac et de l'intestin, et une mort prompte, qui paraît dépendre de 
l'irritation sympathique du système nerveux, résultat de l’action vio- 
lente de la gomme-gutte sur l'appareil Hhgpstif. Appliquée sur des 
surfaces ulcérées, cette même substance n’a occasioné chez les chiens, 
ni vomissement, ni purgation, ni inflammation de l'intestin ; mais 
la mort n’en a pas moins eu lieu dans l’espace de vingt-quatre heu- 
res, par un phénomène que M. Orfila compare aux effets d’une brû- 
lure qui ne produit point d’escarre. Chez l’homme comme chez les 
animaux, la goutte exerce donc une action spéciale et très-manifeste 
sur le système digestif. A haute dose, elle provoque le vomissement 
et pourrait déterminer l’inflammation ; à dose plus faible, elle excite 
l’action du canal intestinal et produit des selles plus ou moins 
abondantes : mais lorsqu'on l’adminisire avec précaution, et surtout 
avec l'intention d’en fractionner les doses, elle n’occasione point les 
coliques ni les superpurgations qu'on lui a reprochées. Sous ce rap- 
port, elle est justement considérée comme un drastique utile dans 
les cas où l’on veut opérer une puissante dérivation sur le tube in- 
testinal, comme dans l’hydropisie essentielle, les dartres rebelles, etc. 
Hechstetter, Lister, Werloff, Spindler, Wichmann, etc., se louent 
de ses succès dans l’ascite, l’anasarque, l'asthme des enfans, le hoquet 
spasmodique, dans les lésions de la respiration qui tiennent à l’en- 
gouement muqueux des bronches, mais surtout contre les lombrics 
et le ténia. D’autres auteurs ont vanté l’efficacité de la gomme-gutte 
contre l’ictère, les fièvres intermittentes et la cachexie. I] paraît même 
qu'on s’en est servi quelquefois comme topique pour le pansement 
des ulcères atoniques et de mauvais caractère; mais les effets délétè- 
res que cette substance a produits, doivent rendre très-circonspect 


GUTTE. 

sur son emploi. En général, l'administration de ce drastique exige 
beaucoup de prudence et de circonspection , à cause des accidens 
graves auxquels il peut donner lieu. Ses effets consécutifs dans la 
plupart des maladies où il a été le plus vanté, n’ont point été assez 
exactement constatés pour inspirer la confiance; mais l’action éner- 
gique que la gomme-putte exerce sur le canal intestinal , doit la faire 
considérer comme un moyen très-utile dans les hydropisies avec ato- 
nie, et surtout contre les vers. 

On peut l'ingérer directement en substance, de dix à soixante- 
quinze centigrammes (deux à quinze grains); on en a même quel- 
quefois porté la dose à vingt grains, mais il faut alors l’administrer 
par fractions, pour prévenir les vomissemens. La gomme-gutte est 
la base de plusieurs prétendus spécifiques contre les vers, et entre 
autres de ceux d’Herrenschwaud et de la veuve Nuffer, contre le 
ténia. Elle entre dans là composition des pilules hydropiques de Bon- 
tius, d'Hautesierk et de Lemort ; elle fait partie de l’électuaire an- 
tihydropique de Charas, des extraits catholique de Sennert, chola- 
gogue de Rolfinck, de l'essence catholique purgative de Rhotenius. 
Enfin on la retrouve dans l’élixir enthelminthique de Spielmann, et 
autres productions de la polypharmacie galénique. Nr 

La médecine vétérinaire fait un grand usage de cette gomme résine. 
La peinture l’emploie à la composition de plusieurs couleurs et de dif- 
férens vernis ; le beau rouge orange qu’elle forme par sa dissolution 
dans l’huile essentielle de térébenthine, est surtout recherché par les 
peintres. 


LOTTICHEUS, De gummi guttæ seu laxativo medico ; Francofurti, 1626. 
JAEGER (christ.) et caurr ,De cambogiæ guttæ sacro; in-4°. Tubingæ, 1777- 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.) 


1. Fruit coupé en travers. 


; Se : r faire 
3. Le méme coupé circulairement pour fa 
2. Graine entière, i 


voir l’'amande. 


H 


CXCHI. 


HERNIAIRE. ? 


POLYGONUM MINUS, SEU MILLAGRANA MAJOR; Bauhin , Mira£, lib, -, 


Latin... ** *{ nenniaRra ; alsines folio ; Tournefort, clas. 15 , sect. 2 , gen. 6 
HERNIARIA GLABRA ; glomerulis multifloris ; Linné , monoécie triandrie. 
Jussieu , clas. 7, ord. 1, famille des amaranthes. 


NIA 
£ LRU RR MILGRANOS 
Portugais...:.... HERNIARIA 
VOILE ee HERNIAIRE 
A Mar RUPTURE WORT 

Re SRÉRUC BRUCHKRAUT 
Hollandais. ...... DUIZENDGREIN 
_ LL AA Sets BRIDURT 
MOMbis RE. 3e: BRACKORT 
Polonais... ....., spoRvz rRzkci. 


Penire plante entièrement étalée sur la terre, dans les lieux incul- 
tes et sablonneux, où elle forme des touffes vertes ou jaunûtres , char- 
gées, à l’époque de la fructification , d’un si grand nombre de grains 
ou de capsules, que plusieurs botanistes lui ont donné le nom de 
millegrana. Elle est caractérisée par des fleurs très-petites, privées 
de corolle, composées d’un calice à quatre ou cinq divisions profon- 
des, colorées en dedans ; quatre ou cinq étamines ; autant d’écailles 
presque filiformes alternes avec les filamens; un ovaire supérieur , 


deux styles, une capsule indéhiscente , monosperme , renfermée dans 


le calice. 

Les racines sont grêles, blanchätres, peu ramifiées, les tiges lon- 
gues de trois à six pouces, très-rameuses. 

Les feuilles sont petites, glabres à leurs deux faces , ovales-oblon- 
gues, entières , opposées dans leur jeunesse, puis alternes par la chute 
de celles qui se trouvaient du côté de chaque rameau fleuri : de petites 
stipules blanches, scarieuses , situées aux articulations. 

Les fleurs sont sessiles, petites, verdâtres , ramassées par pelotons 


51° Livraison, 4 


HERNIAIRE. 
axillaires qui s’allongent ensuite en forme d’épis. Les calices sont gla- 
bres, verdâtres en dehors ; les anthères jaunes; les semences lui- 
santes. ee 
L’Aerniaire velue diffère peu de la précédente; elle est hérissée de 
poils sur toutes ses parties. Quant à l’herniaria lenticulata de Linné, 
on sait aujourd’hui que c’est la même plante que le cressa creñca. 


La herniaire glabre est absolument inodore et à peine douée d’une 
légère odeur herbacée. Quoiqu’elle ait joui autrefois de beaucoup de 
réputation , elle n’est plus employée en médecine. Toutefois , l’amer- 
tume légère de son infusion et la coloration en brun qu'y détermine 


le sulfate de fer, semblent y indiquer la présence d’un principe actif, 


et justifient, jusqu’à un certain point, les propriétés astringente et 
diurétique dont elle a été décorée. On peut croire, en effet, qu'en 
vertu de cette qualité faiblement astringente, la herniaire est suscep- 
tible d’exciter l’action de l'appareil sécréteur de l’urine, et d'aug- 
menter ainsi la quantité de ce liquide. Mais est-ce une raison pour 
lui accorder , à l’exemple de plusieurs auteurs, la vertu de dissoudre 
les calculs des reins et de la vessie, et de croire à son efficacité con- 
tre l’anasarque et la leucophlegmatie? On n’est pas mieux fondé, ce 
me semble, à admettre ses prétendus succès contre l’affaiblissement 
de la vue. Quant à sa vertu diurétique, nous possédons un si grand 
nombre de substances qui jouissent de cette propriété à un beaucoup 
plus haut degré, que personne ne doit être tenté de recourir à la 
herniaire pour cet objet. 

Les anciens avaient attribué à cette plante beaucoup d’autres pro 
priétés non moins illusoires que celles que nous venons dénoncer: 
Dans le dix-septième siècle , elle a particulièrement joui d’une grande 
réputation pour le traitement des hernies'. Fallope et Matthiole 
l'ont particulièrement préconisée sous ce rapport. On croyait que $0® 
suc exprimé , ou l’herbe de la plante elle-même administrée en pou 
dre par la bouche, en même temps qu'on l’appliquait en cataplasme 
sur la tumeur , était un moyen par excellence pour opérer la réduc- 


“s* at ‘aat- 
* Le nom herniaire repose évidemment sur les fausses vertus qu'on lui & # 
tribuées contre ces affections, 


LL 


HERNIAIRE. 
tion et la cure radicale de la hernie. Mais, ainsi que le remarque 
Murray, personne aujourd’hui n’atteindra, d’un semblable moyen, 
la réduction de la hernie la plus simple. Ainsi, lors même que les. 
qualités physiques de cette plante et son action sur les propriétés vi- 
tales des organes, seraient beaucoup plus puissantes qu'elles ne sont 
réellement, comme les éminentes propriétés qui lui sont attribuées, 
soit contre les affections calculeuses, soit contre certaines maladies 
des yeux, mais surtout pour la guérison des hernies, ne sont confir- 
mées par aucune observation exacte, il faut regarder comme de vains 
jeux de l'imagination des auteurs, toutes les assertions exagérées 

? Es 7 A . Q 0 
qu’on a débitées à ce sujet, et conclure avec Spielmann, Bergius, 
_ Murray et Peyrilhe, que cette plante, à peu près inerte, pourrait être 
éliminée de la matière médicale sans inconvénient. 

Son herbe se donne en macération ou en décoction à la dose 
d’une poignée, dans un demi-litre d’eau ou de vin. On peut aussi 
administrer en substance, sous forme pilulaire ou pulvérulente. 

? 
Son suc est administré à la dose de soixante-quatre à cent vingt-huit 
4 D 
grammes (deux à quatre onces) par jour. 


CRUNLMANN (c.), Herniaria remedium contra caliginem, Diss. lenæ, 1706. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


r. Racine, . Le même gross 
2. Fleur entière, grossie. 5. Le même a de son calice. 
3. Fruit de grosseur naturelle. 6. Graine isolée. 


194 


ver 


Z Ur} pur ? + 


CXCIV. 


Grec. ., .... :.. + Dnyos, Dioscorides. 
FAGUS ; Bauhin , Tivaf, lib. 7, sect. 4. Tournefort , clas. 19, sect. 2, 
gen. 


Latin: ss 
FAGUS SYLVATIGA ; foliis ovatis obsolete serratis ; Linné, monoëcie po- 
ndrie. Jussieu, las. 15; ord. 4, famille des amentacées. 

Italien... 528825 FAGGI 
Espagnot., SET HAYA 
Portugais 48 "4 FA 
Français, ns ss HÊTRE; FAU ; FOYARD; FOUTEAU 

nglals. 5... BEECH-TREE 
Ales TEE. BUCHBAUM ‘ 
Hobandaïs.… 1... BUIKEBOOM 

OS a uce BOG 
SUÉAOIS. 87e 213 2 var BOK 
Polonais: séise BUK 

Rs nr BUK 


Le hêtre est un des plus beaux arbres de nos forêts, dans les cli- 
mats tempérés de l’Europe : il se plaît particulièrement sur les co- 
teaux, au pied des montagnes. 1l s'élève avec majesté à la hauteur 
de quatre-vingts pieds , récrée par la beauté de son feuillage élégant 
et léger, procure, par l’étendue d’une cime large et touffue, une 
fraîcheur agréable. Considéré sous le rapport de son caractère géné- 
rique, il offre des fleurs monoïques; les fleurs mâles sont disposées 
en chatons pendans, serrés, globuleux; le calice divisé en quatre, 
ou six découpures ; point de corolle, huit étamines. Les fleurs femel- 
les sont renfermées deux à deux dans un involucre à quatre lobes, 
parsemé d’épines molles; un style surmonté de trois stigmates dans 
un calice à six divisions, un ovaire à trois loges; deux ovules dans 
chaque loge ; deux des loges avortent; d’où résulte pour fruit une 
noix lisse, triangulaire, à une loge, revêtue d’une peau coriace, 
contenant une ou deux semences anguleuses. 

Le tronc du hêtre est droit, très-rameux; son écorce fort unie; 


51° Livraison, 


HÈTRE. 

menuisiers et les ébénistes l'emploient pour les boiseries, et pour 
toutes sortes d’ameublemens. Les layetiers, les sabotiers , les boisse- 
liers, les tourneurs, le transforment en une foule d’ustensiles, de vases 
et d'ouvrages d'arts , tels que des boîtes, des sabots, des pêles, des 
mesures de capacité, des colliers pour les chevaux de trait, des cer- 
cles pour les tamis , des douves pour les tonneaux, etc. Les fourbis- 
seurs, les armuriers et les luthiers s’en servent pour la fabrication des 
armes et de divers instrumens de musique. Ce bois précieux est sujet 
à être percé par les vers, inconvénient que l’on prévient en l’expo- 
sant à la fumée, jusqu’à ce qu’il roussisse à sa surface. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


{ La plante est de grandeur naturelle.) 


1. Rameau portant en 4 un chaton de fleurs mûr, pour faire voir qu'à celle 
mâles, et en Z des fleurs femelles. époque il est triloculaire. 
2. Rameau muni de deux fruits mûrs, dont 5. Fruit entier. 
l'involucre de .. est ouvert. 6. Graine sur laquelle on voit le cordon 
3. Fleur mâle ombilic 


4. Coupe Rorisonta, d’un fruit avant d’être 


190. 


AC HORS 
€) 
\ 


ap'e 
LR 


CXCV. 


HIÈBLE 
. 
sta 
Grec. «su ve. yaumaæsaxrn, Dioscorides. 
; ; Bauhin, TTivaf, lib, r2, 
sect. 1. 
à | SAMBUCUS HUMILIOR FRUTESCENS ; foliis eleganter variegatis ; des 
LOTIR Sets clas. 20, sect, en. I. 
SAMBUCUS EBULUS ; CY7iS rripartis, 3 om foliaceis, caule herbaceo ; 
Linné, pentandrie trigynie. Jussieu , clas. 11, ord, 3, famille des 
chèvrefeuilles. 
TRE. re ° . EBBIO. 
pagnok oise 1e YEZGO 
Portügais,.;., . EBULO. 
Francais... LE 
Anglai Rue DWARF ELDER 
Allemand, .,..... ATTICH. 
Hollandais «+ HADDIG; LAAGA VLIER. 
DOROE, ae . SOMMERHYLD; ATTIS. 
Suéddisii. ii AE SOMMARHYLL. 
Polonais. . + CAHEBD, 
See «6 don SOWN 
Hongrois... ...... rorvr-s0pza. 


L’rièeLr diffère peu du sureau; mais ce n’est qu'une plante herba- 
cée, tandis que le sureau est un grand arbrisseau : le caractère gé- 
nérique est le même dans les deux plantes. Il consiste en un calice à 
cinq divisions courtes; une corolle en roue, à cinq lobes; cinq éta- 
mines alternes avec les divisions de la corolle; trois stigmates sessi- 
les, obtus ; le fruit est une baie inférieure, à une loge, contenant 
trois semences ridées, attachées à l’axe du fruit. 

Ses racines sont allongées, rameuses, étalées, de la grosseur du 
doigt, d’un blanc sale. 

Ses tiges sont droites, herbacées, fortement cannelées, hautes de 
deux ou trois pieds, vertes, médiocrement rameuses, garnies de 
feuilles opposées, pétiolées, ailées, composées de sept à neuf folioles 
glabres, étroites, lancéolées, aiguës , d’un vert foncé, finement. den- 
tées en scie à \esre bords. 


52° Livraison, + 


__ HIËBLE. 


Les fleurs sont blanches, disposées en cime ou en une sorte d’ombelle 


_ ample et touffue, accompagnée de petites bractées filiformes. Les 


‘© 
LS 


fruits sont des petites baies noires, glabres, pulpeuses. 

Cet arbrisseau , dont on emploie en médecine la racine, l'écorce, 
les feuilles, les fleurs, les baies et les semences, exhale une odeur 
vireuse très-fétide. Une saveur amère, âcre, désagréable , caractérise 
toutes ses parties, excepté les fruits dont le goût est amer et acidule. 
L'écorce verte est toutefois la partie la plus amère et la plus âcre de 
lhièble; elle renferme une matière extractive qui jouit de la même 
qualité. Les fleurs contiennent une huile essentielle d’une odeur fra- 
grante. Le suc que les baies recèlent en abondance, est d’une belle 
couleur pourpre, etcolore.en violet la salive.et les corps blancs sur 
lesquels on l’applique. Les semences, enfin, fournissent par la sim- 
ple expression, une certaine quantité d’huile fixe. 

A raison de la nature des divers principes constituans qui dominent 
dans les différentes parties de l’hièble, on pourrait croire que chacune 
d'elles possède des propriétés médicales particulières. Cependant 
elles exercent toutes des effets analogues sur les organes vivans. 
Toutes produisent sur l’économie animale une excitation plus 0 
moins remarquable, qui se manifeste, dans l’appareil digestif, pee le 
vomissement et la purgation ; sur Les voies urinaires, par la sécrétion 
d’une grande quantité d'urine; sur le système exhalant, par l'aug- 
mentation de la transpiration. Aussi les auteurs de matière médicale 
s'accordent-ils à décorer ce végétal des propriétés vomitives , purga- 


tives, sudorifiques et diurétiques. Toutefois, la racine amère et Vi- 
-rêuse a été spécialement vantée comme hydragogue , et préconisée 
-contre l’hydropisie. A la dose de: deux drachmes en décoction dans 


l’eau ; elle excite en effet la sécrétion: de l'urine et:d’abondantes éva- 
cuations alvines , effets qui sont très-propres, comme on sait, à fa- 
voriser da résorption de la sérosité épanchée dans le péritoine el 
dans le tissu cellulaire. La propriété drastique est cependant beau- 
coup plus: développée dans le livret ou l'écorce verte de l’hièble, 
que dans aucune autre partie de ce végétal. Et de-plus ; cette écoree 
dépouillée de son épiderme , excite la sécrétion de l'urine, et même 
les vommssemens ; triple manière d'agir ,-quifait qu'elle a été recon 
mandée dans plusieurs maladies chroniqués rébelles, telles que les 


HIÈBLE. 
dartres, l'épilepsie, etc., et qu’elle a été plusieurs fois employée avec 
succès contre l’hydropisie essentielle avec atonie, ainsi que l’attes- 
tent Brocklesby et l’'illustre Sydenham. Les feuilles jouissent à peu 
près des mêmes propriétés que l’écorce; mais on les a spécialement 
recommandées comme résolutives, en applications locales et sous 
forme de cataplasmes , à la suite des entorses et des contusions , ét 
contre les tumeurs et les engorgemens œdémateux. Les fleurs de 
l'hièble, comme celles du sureau, exercent plus particulièrement 
leur action sur le système exhalant cutané. Elles agissent en outre 
sur le système nerveux d’une manière qui n’a pas encore été conve- 
nablement étudiée , quoique ce dernier effet ait été assimilé à une ac- 
tion anodine et légèrement narcotique. Comme diaphorétique, leur 
infusion chaude est très en usage au commencement des affections 
catarrhales légères, dans la première période des exanthèmes aigus, 
dans les rhumatismes, la goutte, et dans beaucoup de maladies chro- 
niques, telles que la gale, les dartres, et autres affections où l’on a 
en vue d'augmenter l’action de la peau, ou de rappeler la transpira- 
tion. Mais on ne peut que condamner l'usage de cette infusion exci- 
tante en fomentations, dans l’ophthalmie aiguë et dans l'érysipèle , 
dont elle ne peut qu’entraver la marche, et augmenter les accidens. 
Les baies, dont plusieurs auteurs ont vanté l'efficacité contre l’hy- 
dropisie et contre les obstructions des viscères, sont douées des mé- 
mes propriétés laxative, diurétique et sudorifique que les autres par- 
ties de l’hièble. Au rapport de Haller et de Scopoli, le rob qu'on en 
prépare est d’un usage familier, et en quelque sorte populaire en 
Suisse et dans la Carniole, comme purgatif. Parmi nous, il est fré- 
quemment employé comme diaphorétique dans les maladies où les 
fonctions de Ja peau languissantes ont besoin d'être excitées, comme 
dans la syphilis et les affections cutanées chroniques. Quarin s’en 
servait souvent en boisson, dans les rhumatismes aigus, et en 
gargarisme, dans l’angine. Pour que ce rob produise l'effet diapho- 
rétique, il faut l’administrer à doses fractionnées, et étendu dans 
une grande quantité d’eau chaude; car, administré d’une manière 
rapprochée et plus concentrée, il porte toute son action sur le canal 
intestinal , et produit la purgation , action qui exclut nécessairement 
l'effet sudorifique. A l'égard des semences désignées dans les phar- 


HIÈBLE. 

macies , sous le nom de grana actes, elles purgent avec d'autant plus 
d'efficacité, qu'elles sont plus récentes. Elles augmentent ainsi la 
sécrétion des urines. Haller a même observé que, lorsqu'il les admi- 
nistrait dans cette vue, elles produisaient quelquefois le vomisse- 
ment. En résumé, quoique les faits sur lesquels repose la réputation 
de l'hièble, ne soient ni assez nombreux, ni assez positifs pour‘ad- 
mettre, comme une vérité démontrée, sa toute-puissance contre l’hy- 
dropisie, les obstructions, les flueurs blanches, les dartres, la gale, 
“épilepsie, etc., ses effets immédiats ne laissent aucun doute sur les 
avantages qu'on pourrait en retirer dans plusieurs de ces affections, 
dans les cas où l’on viendrait à manquer des purgatifs, des diuréti- 
ques et des sudorifiques, beaucoup plus puissans , que nous fournit 
la matière médicale. : 

L’écorce et la racine d’hièble se donnent en infusion vineuse, ou 
en décoction aqueuse, de huit à trente-deux grammes (deux à huit 
gros). Le suc qu’on en exprime se prescrit à la dose de quatre à huit 
grammes (un à deux gros). Le rob qu’on prépare avec ses baies est 
administré depuis seize jusqu’à soixante-quatre grammes (demi à 
deux onces). La dose de ses semences contuses est de seize à trente- 
deux grammes (demi à une once) en infusion. Ses fleurs se prescri- 
vent en imfusion théiforme de quatre à huit grammes (un à deux 
gros). L'eau distillée, le miel, le vinaigre, le rob et l’onguent d'hiè- 
ble, sont les principales préparations pharmaceutiques où Fon fait 
entrer ce: végétal. 

Les baies sont en usage dans la teinture pour colorer différens 
tissus en violet. Au rapport de Murray, les feuilles vertes, répandues 
dans les greniers, mettent les souris en fuite. On prétend aussi qu'el- 
les font périr les charançons qui dévorent si souvent les graines cé- 
réales dans les magasins. 


, EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(Ea plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.) 


1. Cahce et pistil, faire voir l’axe et les trois graines qu! 
2. Fleur entière, grossie, l'entourent. 
3. Fruit entier de grosseur naturelle, 5. Graine isolée, grossie, surface scrobicu- 


4. Le même coupé horizontalement , pour leuse. 


F 


M ! 
#0 
es ” 6 


: ô - 


Lambert J° veulp , 


HOUBLON. 


CC ie ii, de, ES + 


CXCVI. 


HOUBLON. 


LUPULUS MAS; LUPULUS FEMINA; Bauhin , Tl:y+Z, b.8, sect. r. 
LuPuLus, Tournefort, clas. r5, sect. 6, gen. 6. 
ee RER 


; Linné, d 2 Jussieu, clas, 15, ord, 3, 
{ famille des orties. 
CA LuPPoLO (plus souvent au pluriel, Lurrorr). 
Obs ss Et HOBLON. 
Portugais... LUPULO 
PTRÉRR à nas HOUBLON 
again; LA 5e 
Allemand, . ...... HOPFEN 
Hollandais. ...... HOPPE 
is 50 HP Srobté 
buddois. sé us st. RE HUMLE 
Pobondis, {5 CHMIEL 
TRS un De. CHMEL 
Hongrois... . KOMLO 


Le houblon, sous la forme d’une plante grimpante, se glisse au 
milieu des haies, s’y distingue par ses fleurs femelles réunies en un 
cône écailleux , composé de grandes folioles membraneuses, colorées, 
concaves à leur base (chacune d’elles contient un ovaire supérieur, 
surmonté de deux styles, auxquels succède une semence arilliée, rous- 
sâtre et comprimée ; tandis que les fleurs mâles, placées sur des in- 
dividus séparés, sont disposées en petites grappes paniculées , of- 
frant un calice à cinq folioles concaves, obtuses; point de corolle; 
cinq étamines courtes ; les anthères oblongues. 

Ses tiges sont dures, grêles, légèrement anguleuses , sarmenteuses , 
parsemées de petites aspérités. ” 

Les feuilles sont opposées, les supérieures souvent alternes , pétio- 
lées , en forme de cœur, dentées en scie, à trois ou cinq lobes , quel- 
quefois simples, rudes au toucher; de petites stipules bifides. 

Les fleurs mâles sont petites, blanchâtres, pédicellées, disposées 
cn grappes axiliaires , terminales, paniculées, plus longues que les 

‘ 4. 


51° Livraison. 


HOUBLON. 
per. À la fin d'août et au commencement de septembre, on fait la 
récolte des cônes ou fruits, on les fait sécher avec soin au soleil ou 
dans des fours, et quand ils sont bien secs, on les met dans des sacs 
pour les livrer au commerce. 

Les sarmens du houblon , ramollis par la macération dans l'eau, 
fournissent aux cultivateurs des liens utiles à une foule d’usages 
agronomiques. Ces mêmes sarmens , que les anciens paraissent avoir 
employés à la fabrication de tissus grossiers, renferment, comme 
plusieurs autres plantes de la famille des urticées, des fils qui, con- 
venablement préparés, pourraient être employés utilement, comme 
le chanvre et le lin, à la fabrication des cordes et des divers tissus. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
{ La plante est de grandeur naturelle.) 


1. Fleur femelle, de grandeur naturelle 3. Er de fleurs mâles [grandeur natu- 
é écaille calici 


composé une c 
renfermant à sa base un ovaire sur- 4. se < grosseur naturelle. 
monté de deux styles velus 5. Fleur mâle grossie, , 
2. Écaille calicinale à l'époque ve la matu- 6. Étamine détachée et grossie , afin de vai 
rité du fruit. voir que les loges de l'anthère s'où- 


vrent de bas en haut. 


o Haller a eu raison de dire que les écailles nn gs fleurs. La réunion des 
fleurs els dans le houblon , forme une espèce de cône composé d’une vingtain déni 
ans les desquelles , à Posception des trois ou prises premières qui sont stériles mat 
deux écailles calicinales moins grandes que la bractée, roulées à leur base , et contenant spl 
un ovaire surmonté de deux styles velus. a 


CXCVIL 


ne RÉ nn 
Grec... .. 22... MpiVOs æypiay. 
ILEX ACULEATA BACCIFERA ; M TuivaË , hb. 11, sect. 4. Tournefort, 
Lol PT 7 clas. 20, sect. 


ILEX AQUIFOLIUM ; ol ovatis acutis spinosis ; Linné, tétrandrie té 
tragynie ; Jussieu , clas. 14, ord. 13, famille des nerpruns. 


TORRES cer AGRIFOGLIO. 
Espagnol. ....... ACÉBO; AGRIFOLI0: 
Portugars.. #5. AZEVINHO ; AGRIFOLIO. 
Français... ss + TOUR 

Aplaisir RU H HOLLY. 
Allemand. ….:; STECHPALME. 
Hollandais STEEKPAI. 
Danois. . è STIKPALME 
Suddlis ss te JERNEK 
Polonais. ses 2 OSTOKRZEN 


Des feuilles épaisses, d’un beau vert, armées d’épines à leurs 
bords, contrastant agréablement avec des fruits d’une belle couleur 
écarlate, tel le houx se présente à nos regards au milieu des forêts 
de l'Europe, mentionné par Théophraste, sous le nom d’aypra. Il 
se distingue de plus par un calice très-court, à quatre dents; une 
corolle en roue, à quatre divisions profondes ; quatre étamines atta : 
chées à Ka base 4 la corolle; un ovaire supérieur; points de style; 
quatre stigmates obtus. Le ait est une baie sphérique , renfermant 
quatre osselets. 

Ses tiges s'élèvent à la hauteur de deux ou trois pieds, sous la 
forme d’un petit arbrisseau très-rameux ; quelquefois elles parvien- 
nent à vingt et vingt-cinq pieds dans les terrains. favorables ; leur 
écorce est unie et cendrée, leur bois dur, pesant et blanchâtre, noi- 
râtre dans le centre, à mesure que le tronc grossit; les rameaux très- 
lisses, souples, d’un beau vert. 

cn. feuilles sont persistantes , alternes, pétiolées, coriaces, luisan- 


52° Livraison, ra 


HOUX. 
tes, ovales, ondulées et garnies à leurs bords de longues et fortes 
épines , que souvent la vieillesse fait disparaitre. 

Les fleurs sont petites, blanches, un peu rougeâtres en dehors, 
nombreuses, axillaires, médiocrement pédonculées, ordinairement 
hermaphrodites, quelques-unes mâles par l’avortement du pistil. Il 
leur succède des baies sphériques, d’un rouge vif, à l’époque de 
leur maturité, renfermant quatre semences osseuses et cannelées. 

On donne encore le nom de petit-houx ou houx-frelon à une 
plante qui n’a que des rapports éloignés avec la précédente, apparte- 
nant à un autre genre de la famille des asperges, à fleurs dioïques. 
Sa tige est ligneuse, ses feuilles dures, nerveuses, ovales, aiguës, 
soutenant, dans le milieu de leur face supérieure, une petite fleur 
légèrement pédonculée, dépourvue de calice. La corolle est à six 
divisions étalées, six étamines; les filamens réunis en tube, portant 
les anthères dans les fleurs mâles, nus dans les femelles. Celles-ci 
ont un ovaire supérieur, un style, un stigmate. Le fruit consiste en 
une baie rouge, globuleuse, à trois loges, renfermant chacune deux 
semences. Cet arbrisseau croît dans les forêts de l’Europe. (P.) 

Cet arbrisseau n’est presque plus d’usage en médecine. Toutefois 

sa racine, son écorce intérieure ou liber, ses feuilles et ses baies ont 
été libéralement décorées de plusieurs vertus, et préconisées contre 
diverses maladies. Son odeur, quoique faible, se rapproche de celle 
de la térébenthine; sa saveur est amère et visqueuse. Cette viscosité 
tient à la présence d’une matière glutineuse qui abonde surtout dans 
le liber, et qui est généralement connue sous le nom de glu: sub- 
Stance molle, tenace, visqueuse , filante, péu soluble dans la salive, 
et agglutinant les lèvres entre elles lorsqu'on la mâche, s’épaississant 
parle froid, se liquéfiant par la chaleur, dissoluble dans l'alcool et 
dans les huiles fixes et volatiles, mais très-peu dans l’eau pure; sub- 
stance, enfin, dont les principés constituans n’ont point été convena- 
blement analysés par les chimistes. ee 

Les baies paraissent être les parties du houx les plus actives. EX 
l'exemple des fruits de l’'iex vomitoria, et de plusieurs autres plantes 
de la famille des aquifoliacées, éllés sont douées d’une assez grande 
âcreté, en vertu de laquelle elles exercent, sur l'appareil digestif; 
une excitation qui donne lieu au vomissement et à la purgation. 


HOUX. 
Dodonée, qui avait reconnu que dix à douze de ces baies suffisent 
pour provoquer d’abondantes évacuations alvines, les regardait 
comme spécialement propres à purger les matières pituitéuses. 

La racine et l'écorce intérieure de la tige ont été décorées de pro- 
priétés émollientes et résolutives , qu'aucune expérience positive n’a 
constatées. C’est néanmoins d’après une semblable suppôsition que 
quelques auteurs en ont vanté la décoction aqueuse contre les toux 
opiniâtres, et que d’autres l’ont recommandée comme résolätive, en 
fomentation sur les membres luxés ou contus. 

J. Ray rapporte que des coliques, qui avaient opiniâtrément vé- 
sisté à beaucoup d’autres moyens, cédèrent à la décoction des pi- 
quans des feuilles de houx, et, d’après ce simple fait, on a préco- 
nisé leur vertu contre les tranchées; mais on voit que rien n’est 
plus vague ni moins certain que l’action de ces feuilles contre une 
semblable affection. 

Quant à la glu, les anciens paraissent lui avoir accordé une ac- 
tion rubéfiante sur la peau. La plupart des livres de matière médi- 
cale font mention de ses propriétés émollientes, maturatives et réso- 
lutives, et en recommandent l'application sur les tumeurs ; pour en 
obtenir la résolution ou les faire suppurer. D'un autre côté, Dodonée 
attribue à cette substance la propriété d’agglutiner entre elles les 
parois des intestins, et de donner la mort lorsqu'on l'ingèré, en obli- 
térant ainsi le canal intestinal, et s’opposant à l'évacuation des ma- 
tières fécales. Mais toutes ces assertions tout aussi doutéuses les unes 
que les autres, sont également dénuées de preuves diréctes, et ne 
méritent , pär conséquent, aucune confiancé, jusqu’à ce qu'elles 
aient été confirmées par de nouvelles observations. En somme, les 
éloges qu’on a prodigués aux différentes parties du houx, contre la 
pleurésie, la toux ancienne, les coliques , la dysurie, la variole, etc. , 
ne reposent que sur des faits vagues et mal observés, et laissent 
beaucoup d'incertitude sur les véritables propriétés médicales de ce 
végétal. 

Aussi le houx , dans l’état actuel des choses, est-il beaucoup plus 
utile à l’agriculture et aux arts mécaniques, qu’à la médecie. Il sert 
à faire des baies vives très-fortes et d’une très-longue durée; des pa- 
lissades toujours vertes, non moins agréables que solides, et très- 


HOUX. 

propres à la clôture des champs. On fait avec ses branches droites 
et flexibles des houssines et des manches de fouet. La dureté et 
l'extrême solidité du bois de houx, le beau poli dont il est suscepti- 
ble, le rendent précieux pour les tourneurs, les tablettiers , les coute- 
liers, etc. Avec la seconde écorce, on prépare la glu que l'on em- 
ploie pour prendre les oiseaux à la pipée. Pour obtenir cette sub- 
stance , on récolte cette écorce au mois de juillet, on la fait bouillir 
dans l’eau pendant sept à huit heures, on la réunit alors en masse, 
et on la laisse pourrir dans un lieu humide pendant quinze ou vingt 
jours. Quand elle est transformée en une espèce de putrilage, on la 
pile dans un mortier ; jusqu’à la réduire en une espèce de pâte ou de 
mucilage. On la lave ensuite à l’eau fraîche pour en séparer toutes 
les matières étrangères ; on la place dans des vaisseaux de terre où 
on la laisse reposer pendant quatre ou cinq jours pour rendre son 
écume , et, au bout de ce temps, on la renferme dans des pots pour 
lusage. 

La dose des feuilles et des racines de houx est de huit à trénte- 
deux grammes ( deux à huit gros ) en décoction dans un kilogramme 
( deux livres) d’eau : mais on y a rarement recours. 

La racine douceâtre et amère du petit-houx , ruscus aculeatus , 
Linné, est d’un usage beaucoup plus fréquent. Elle fait partie des 
cinq racines apéritives; elle est réputée diurétique, apéritive, em 
ménagogue; on l’a préconisée contre l’ascite, la blennorrhagie, Vic- 
tère, etc. Rivière l’a particulièrement vantée contre l’hydropisie. Et, 
quoique toutes ses prétendues vertus soient très-douteuses ; elle fait 
partie d’une foule de médicamens composés, bien plus utiles aux 
polypharmaques qui les prescrivent, qu'aux malades qui les em- 
ploient. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est un peu plûs pétité que nature.) 


1. Fleur entière de grandeur naturelle. 4. L'un des osselets isolé. 
2. Calice et pistil. 5. Le même coupé verticalement , daus le- 
3. Fruit dont on a enlevé une partie de la quel on voit la position de l'embryon- 


chair afin de faire voir les quatre os- 


Q 54 


Fur pin P. Lembert. J° seudp. 
HYSSOPE, 


a. l L. 


CXCVIIL. 


HYSOPE. 
Ghécifrir ét ns ... urowmoc, Dioscorides. 
HYSSOPUS OFFICINARUM CÆRULEA , SEU SPICATA ; HYSSOPUS RUBRO FLORE ; 
LAfN.::..5 5 RSS Bauhin, TivaË , lib. 6, sect. 4. Tournefort, clas. 4 , sect. 3 , gen. 15. 


HYSSOPUS OFFICINALIS; His secundis, foliis Fat Linné, didy- 
namie gymnospermie. Jussieu, clas. 8, ord. 6, famille des labiées. 
PCI TT, PRE EE 1S0PO. . 


Espagnol. . ...... nisoro. 
Portugais, Ste, HISSOPO. 
Francais, "à fx HYSOPE. 
PCT NE 2 HYSSOP 
Allemand. . ..:... 1S0P 
Hollandais, . ..... HYSOP 
Danois... 1S0P 
SUÉDOIS, PE, so 
Polonais... :.. ..: 1S0PEK: 


IL est très-probable que l’hysope des auteurs grecs et latins n’est 
point la nôtre, encore moins celle dont il est question dans les livres 
saints, et qui était employée dans les purifications ordonnées par la 
loi de Moïse. Il faut donc se garder d'appliquer à notre hysope les 
propriétés que les anciens attribuaient à la leur. Celle que nous con- 
naissons parfume les coteaux de nos départemens du midi par son 
odeur aromatique; elle les embellit par ses fleurs bleues, roses ou 
blanches. Son caractère essentiel consiste en un calice tubulé, à cinq 
dents égales; une corolle à deux lèvres; la supérieure petite, échan- 
crée , l’inférieure à trois lobes, celui du milieu plus grand, crénelé, 
en cœur renversé : quatre étamines didynames , saillantes hors de la 
corolle ; un ovaire supérieur à quatre lobes; un style; le stigmate 
bifide ; quatre osselets ou semences ex placées au fond d’un calice sans 
poils à son orifice. 

Ses racines sont dures, ligneuses, un peu ramifiées, de la grosseur 
du doigt. 

Elles produisent plusieurs tiges presque simples, qu” hautes 


52° Livraison. 


HYSOPE. 
d'un ou deux pieds , garnies de feuilles vertes, opposées , linéaires- 
| lancéolées, aiguës, à peine pileuses, légèrement ponctuées. 

Les fleurs sont presque sessiles, la plupart tournées du même 
côté, réunies par paquets dans les aisselles des feuilles supérieures, 
formant, par leur ensemble, des épis droits, terminaux et feuillés. 

P, 

Cette plante exhale une odeur fragrante très-agréable, et offre 
une saveur chaude, aromatique , un peu amère. Lorsqu'on la mäche, 
dans l’état frais, elle détermine, sur la langue et dans l’arrière-bou- 
che, un sentiment de chaleur analogue à celui que produit le cam- 
phre, mais plus faible. T/analyse chimique y a constaté la présence 
d'une huile volatile jaumâtre très-aromatique et très-âcre, d'un 
extrait spiritueux, âcre et amer, et d’un extrait aqueux, amer, 
acerbe, et un peu salin. Lewis, Neumann, Cartheuser, varient seule- 
ment sur les quantités respectives de.ces principes constituans. Au 
rapport de Baumé, vingt livres de cette plante en fleurs ont produit 
six gros d'huile essentielle. A l'exemple de la plupart des labiées, 
l’hysope paraît contenir en outre une certaine quantité de campbhre. 

Si l’on examine attentivement les effets immédiats de cette plante 
sur l’économie animale, on ne tarde pas à reconnaître qu’elle agit à 
la manière des substances aromatiques et balsamiques. Elle excite 
manifestement, mais d’une manière légère et instantanée, les diver- 
ses fonctions de la vie organique, et quelquefois même celles de la vie 
de relation. Sous ce rapport, on peut , avec raison , lui accorder les 
propriétés toniques , stomachiques , diurétiques, sudorifiques, me cl 
torantes et résolutives, qu’on lui attribue. Ingérée en infusion thét- 
forme , elle augmente l’action de l'estomac et de l'intestin, et, pour 
cet effet, on l’emploie fréquemment chez les vieillards et les person” 
nes faibles, contre l’inappétence par atonie , contre les flatuosités des 
hypocondriaques, et dans la goutte atonique, etc. Au rapport de Bo 
senstein, cette infusion a déterminé, chez un enfant, l'expulsion 
d'une grande quantité de vers lombrics. Comme augmentant la trans- 
piration cutanée, elle est d’un usage fort utile dans les catarrhes 
pulmonaires chroniques, dans l’asthme muqueux ou pituiteux; dans 
la blennorrhagie et la leucorrhée anciennes. On s’en sert aussi ds 
avantage au commencement des exanthèmes aigus, chez les sujets 


HYSOPE. 

faibles, lorsque l’éruption languit, dans diverses maladies chroniques 
de la peau et dans les rhumatismes d’ancienne date. L’hysope, admi- 
nistrée en infusion, augmente en outre la sécrétion de l'urine, et, 
dans cette vue, on a pu s’en servir quelquefois avec avantage contre 
certaines affections calculeuses, où l’on emploie les amers et les aro- 
matiques. Mais on sent qu’elle ne peut être utile, comme diurétique, 
que dans les cas où les reins et la vessie sont exempts d’inflammation 
et. d'irritation. Comme résolutif, on en fait usage, en gargarisme, 
dans l’angine muqueuse; en fomentation, contre les ecchymoses et 
contre l’ophthalmie chronique. Rioland, Pauli et Rosenstein recom- 
mandent même de l'appliquer, en cataplasmes entre deux linges, 
sur les paupières, après l’action des sangsues, dans l’inflammation 
oculaire; mais nous avons une foule de moyens beaucoup mieux ap- 
propriés à cette affection. 

L’hysope est administrée en infusion, à la dose d’une poignée pour 
un kilogramme ( deux livres) de liquide. On en prépare une eau dis- 
tillée aromatique , qui jouit de la plupart des propriétés de la plante 
elle-même, et un sirop aromatique très-agréable, qui peut être em- 
ployé intérieurement aux mêmes usages. L'huile volatile fragrante 
et âcre qu'on en retire, se donne par gouttes dans différens médica- 
mens stimulans. 

En Perse, l’hysope jouit de la réputation de donner de l'éclat au 
tent; dans cette vue, elle est employée comme cosmétique par les 
femmes de ces contrées. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
( La plante est de grandeur naturelle. ) 


1. Fleur entière grossie. 4. Graines mûres. 


2. La même vue de trois-quarts. 5. Une graine grossie. 
3. Pistil. 


Cm arss Li +... œusaaË, Dioscorides 
png Bauhin, Tire , lib. 12, sect. 6, Tournefort, clas. 19, sect. 4; 
EG Tee ee gen. 3 
TAXUS BACCATA ; foliis approximatis ; Linné, dioécie monadelphie. Jus- 
sieu, clas. 15, ord. 5, famille des conifères. 


Italien. °- . TA850 

AAOE LE Pe TEJO. 
POFIHDAEN .e oeie e TEIXO 
Francais... 1F 
ARR Las 
Allemand. . ... .. ++ EIDENBAUM. 
Hollandais. . . .... TAxISBOOM, IBENBOOM. 

ONOIS TES EDR TÆXTRÆE, BARLIND. 

Suddois i . 5:55 0 3018 ID , BARRLINC. 


Peu d'arbres ont été, plus que celui-ci, calomniés par les anciens 
naturalistes , qui le regardaient comme vénéneux dans toutes ses par- 
ties. Pline l’a beaucoup plus maltraité que Théophraste, qui s'était 
borné à dire que les feuilles de Vif donnaient la mort aux troupeaux. 
Cet arbre n’a pas moins été, pendant long-temps, l’ornement des 
jardins, où il prenait toutes sortes de formes sous le ciseau du ton- 
deur. Il en est presque entièrement exclus aujourd’hui; on le laisse 
croître en liberté sur les montagnes de la Suisse, de l'Italie et de nos 
départemens du midi, qu’il ombrage par ses rameaux nombreux, 
mais qu'il semble attrister par sa verdure sombre et perpétuelle. 

Ses fleurs sont monoïques, quelquefois dioïques, composées de 
plusieurs écailles concaves, imbriquées, orbiculaires, qui tiennent 
lieu de calice. Point de corolle; huit ou dix étamines; les filamens 
réunis en cylindre ; les anthères à une seule loge, s’ouvrant en des- 
sous , disposées circulairement en forme de bouclier : dans les fleurs 
femelles , un ovaire percé au sommet d’un trou qui constitue le stig- 
mate; point de style. Le fruit est un drupe sphérique, pu, ac 


52° Livraison, 


; IF. 
formé par un renflement, creusé au sommet en forme d’ombilie, 
dans lequel est placé un noyau monosperme. 
Cet arbre s'élève à la hauteur d’environ trente pieds, revêtu d’une 
écorce raboteuse, s’exfoliant comme celle du platane, soutenant une 
cime ample, très-rameuse; ses rameaux sont souples et nombreux. 
Les feuilles sont persistantes, d’un vert sombre, très-rapprochées 
linéaires , aiguës, rangées comme les dents d’un peigne sur deux cô- 


tés opposés. 

Les fleurs sont petites, peu apparentes , presque sessiles, axillaires: 
les fleurs mâles nombreuses ; les femelles plus rares, ayant l'aspect 
d'un petit bourgeon verdâtre. Elles produisent de petits drupes ova- 
les, d’un rouge vif; leur péricarpe est mou , et enveloppe le noyau 
en grande partie, de manière à présenter l'aspect d’un gland en- 
touré de sa cupule. (FE 
Cet arbre résineux exhale’ une légère odeur de térébenthine. Ses 
feuilles, toujours vertes, sont douées d’une saveur amère, un peu 
âcre, et ses baies rouges ont une pulpe douceâtre et fétide. Comme 
la plupart des plantes de l’intéressante famille des conifères, l'if con- 
tent une certaine quantité de résine : du reste, l'analyse chimique 
n a point encore déterminé la nature de ses principes constituans. 

De temps immémorial, cet arbre a été regardé comme très-véné- 
neux. Les Grecs prétendaient même que l'ombre de if d'Arcadie 
donnait la mort aux hommes qui avaient l’imprudence d'y boire, dy 
manger ou d'y dormir. Si l’on en croit Matthiole, celui qui croit pus 
environs de Narbonne aurait la même influence pernicieuse, lorsqu 9 
se repose sous son feuillage. Ces faits, s’ils ne sont pas entièrement 
fabuleux, sont évidemment exagérés. Cependant Galien, Pline, 
Dioscorides, s'accordent à attribuer à ce végétal des qualités délétè- 
res, et, selon Matthiole, les poisons, désignés par les anciens SOUS 
le nom de faxica et par suite {oxica, d'où nous avons fait notre mot 
toxicologie, avec lesquels on empoisonnait autrefois les flèches, 
pourraient bien provenir de cet arbre résineux. Ray assure que les 
jardiniers, employés à tondre un if très-touffu du jardin de Pise, ne 
purent rester plus de demi-heure à faire ce travail sans être atteints 
de violentes douleurs de tête. Le jésuite Schott affirme, en outre 
que ses rameaux, plongés. dans l’eau dormante, étourdissent et 45 


IF. 
soupissent le poisson, de manière qu'il se laisse prendre à la surface 
du liquide, avec facilité. 

Les feuilles de Vif, que les animaux ruminans mangent sans au- 
cun danger, passent pour donner la mort aux chevaux. Leur simple 
odeur, suivant Matthiole, suffirait même pour tuer les rats. Val- 
mont de Bomare rapporte qu'en 1953, plusieurs chevaux périrent 
au milieu des convulsions, quatre heures après en avoir mangé, dans 
un parc de Bois-le-Duc; et qu’un âne mourut subitement au Jardin 
du Roi, à Paris, après avoir brouté les feuilles d’un if, auquel on 
l'avait attaché. Ces faits, sans doute, ne permettent pas de douter 
des effets délétères des feuilles de l'if sur certains animaux : par ana- 
logie, on peut croire qu’elles sont également dangereuses pour 
l'homme ; mais nous ne possédons à ce sujet aucune observation di- 
recte. 

Les baies de cet arbre, suivant Dioscorides, auraient la singulière 
“propriété de noircir les oiseaux qui s’en nourrissent, et de détermi- 
ner d’abondantes évacuations alvines et le flux de sang chez les hom- 
mes qui ont l’imprudence d’en avaler. Au rapport du commentateur 
de cet ancien botaniste, ces accidens et diverses inflammations des 
viscères abdominaux, ont été observés chez des bergers qui avaient 
mangé de ces fruits sur les montagnes. Mais on peut opposer à ces 
faits des observations qui prouvent que ces baies sont impunément 
ingérées par l’homme et par d’autres animaux, sans qu’il en résulte 
aucun accident. Théophraste assure positivement qu’elles ne sont 
point nuisibles. Au rapport de Lobel ; elles servent de nourriture aux 
cochons dans plusieurs contrées de l'Angleterre , où, chaque jour, 
les enfans en mangent de grandes quantités, sans en éprouver aucun 
mal. Bomare n’a jamais vu survenir le moindre accident aux enfans 
qui mangent souvent de ces baies sous les ifs du Jardin du Roi, à 
Paris. Et le botaniste anglais, Gérard, en a mangé lui-même avec 
plusieurs autres personnes, sans aucun inconvénient. Il paraît donc 
que, dans nos contrées, les fruits de l’if sont dépourvus des qualités 
délétères, dont sont manifestement doués les feuilles et les rameaux. 
Mais par suite de l'influence prodigieuse que le climat exerce sur 

les propriétés des végétaux, il est possible que sous d’autres latitu- 
des ils participent aux qualités dangereuses de ces dernières. Toute- 


IF. 
fois les opinions contradictoires des auteurs , sur les propriétés de l'if, 
laissent beaucoup de doute sur sa véritable manière d’agir, laquelle 
demanderait à être soumise à une série d'expériences cliniques. 

La pharmacie ne fait presque point usage de ce végétal. Il est, 
en quelque sorte, réservé parmi nous à l’ornement des parterres, 
des jardins, des parcs et des avenues. Il est peu d'arbres, qui soient 
plus dociles aux caprices des jardiniers, et qui puissent revêtir au- 
tant de formes variées, par le moyen de la tonte. Il sert aux agricul- 
teurs, à faire des baies et des palissades toujours vertes et très-soli- 
des. Son bois par sa dureté excessive, et par l'espèce d’incorruptibi- 
lité qui le fait résister avec avantage à toutes les causes de destruc- 
tion , le rend précieux dans beaucoup de circonstances. Les anciens 
en tient leurs arcs les plus estimés. Parmi nous les menui- 
siers, les tourneurs et les tablettiers l’emploient à divers ouvrages. 
Les charrons en font des dents pour les roues des moulins, des es- 
sieux de charrette, et autres objets destinés à présenter une grande 
résistance. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


{La plante est de grandeur naturelle.) 


. Fleur mâle, LL 0 d’un calice de 6-8 4. Péricarpe un peu 
écailles , et d’une colonne portant à 5. Graine coupée tue 
son nie 8-10 anthères. 6. Amande. 
2. Fleur femelle , composée d’un calice écail- 7. La même coupée longitudinalement por 
leux, du centre duquel s'elève un er voir la situation de l'embryon 
ovaire e perforé a au sommet. ns le péris 
3. Fruit coupé longitudinalement , dans le- 8. Érne isolé. 


quel on voit le péricarpe 


IMPERATOIRE , 


_— 


CC. 


IMPÉRATOIRE. 


1mpeRATORIA ; Bauhin, Tlsva£. 
IMPERATORIA ALPINA MAx1Ma ; Tournefort, clas. 7, sect. 4, gen. 


ÉGURE STE Tres art k PUR LÉ du 
IMPERATORIA OSTRUTHIUM ; foliis ternatis, foliolis trilobis. Linné, pen- 
tandrie digynie. J ussieu , clas. 12, ord. 2, f amille des ombellifèr es. 
‘Hälien SE . IMPERATORIA. 
Espagnol... ...: IMPERATORIA. 
POPIURALS. 5 us ee à IMPERATORIA 
Français fe Tea e IMPÉRATOIRE 
Relier Mes MASTER-WURT 
Allemand. ....... MEISTERWURZ 
Hollandais. ...... MEISTERWORTEL 


© 
& 
à 
© 
S 
” 
. 

, 
Es 
#3 
+ 


L’rmpéraroire ne diffère de l’angélique que par l’absence de la 
collerette à la base de l'ombelle générale : elle offre d'ailleurs le 
même port; son caractère essentiel est le même. Il consiste en un 
calice très-court, entier, peu apparent ; cinq pétales presque égaux ; 
courbés, échancrés en cœur à leur sommet; cinq étamines de la lon- 
gueur de la corolle, deux styles très-ouverts; deux semences bordées 
d’une aile membraneuse, munies sur le dos de trois petites côtes. 

Sa racine est grosse, noueuse, presque tubéreuse, garnie de fibres 
longues et rampantes : elle produit une tige creuse, épaisse, glabre, 
cylindrique, longue d’un à deux pieds. ; 

Les feuilles sont pétiolées, composées de trois folioles élargies é 
trilobées et dentées; les pétioles membraneux à leur partie infé- 
rieure. Fe 

Les fleurs sont disposées en. une grande ombelle privée de colle- 
rette, soutenant des ombellules qui ont pour collerette quelques fo- 
lioles très-étroites, à peine de la longueur des rayons ; la corolle est 
petite et blanchâtre,. 

Cette plante croît aux lieux ombragés, dans les pâturages des 

. 


52: Livraison, — 


IMPÉRATOIRE. 

montagnes en France, et dans les contrées tempérées de l'Europe. 

0 
La racine d’impératoire est noueuse, comme annelée, d’un brun 
grisâtre à l’extérieur, blanche intérieurement. Dans l’état frais, elle 
exhale une odeur forte aromatique ; sa saveur est âcre , amère, désa- 
gréable, et, quand on la mâche, elle pique la langue et détermine 
une sensation de chaleur jusque dans l’arrière-bouche. Lorsqu'oi 
l’incise , il en découle un fluide lactescent d’un blanc jaunâtre amer, 
et d’une âcreté presque aussi forte que celle du suc des tythymales. 
Un peu d'huile volatile très-odorante, un extrait spiritueux amer el 
très-âcre , évalué à un cinquième par Neumann, et un extrait aqueux, 
amer et nauséeux, qui va au delà de la moitié selon Lewis, tels sont 

les principes que l’analyse chimique a démontrés dans cette racine. 
Des propriétés physiques aussi prononcées assignent à l'impéra- 
toire un rang distingué parmi les plantes stimulantes; et si elle n’est 
pas d’un usage plus fréquent dans les pharmacies, cela tient moins 
à son peu d'énergie qu'à la grande quantité de substances analogues 
que nous possédons. Cette racine, en effet, excite vivement la plu- 
part des systèmes de l’économie animale. Lorsqu'on la mâche, elle 
agit sur les glandes buccales et parotides, et provoque la sécrétion 
de la salive. introduite dans l'estomac, elle excite Paction de ce vis- 
cère, active la digestion, et irrite même l'intestin au point de provo- 
quer la sécrétion et l’excrétion d’une grande quantité de gaz. Son 11 
fluence sur les propriétés vitales des reins, se fait sentir par l'émis- 
sion d’une plus grande quantité d’urine. Dans certains cas ; SOn action 
se porte spécialement sur les exhalans cutanés, et il en résulte une 
augmentation de transpiration. Elle augmente ainsi Yaction de la 
membrane muqueuse des bronches, active la sécrétion muqueuse 
dont elle est le siège, et favorise l’expectoration. Quelquefois elle 
agit sur l'utérus, et provoque l'écoulement menstruel. Enfin, PP ä 
quée à l'extérieur sur des surfaces dénudées ou ulcérées , elle avive 
les plaies blafardes , et déterge les ulcères atoniques. De ces effets 
découlent les vertus sialagogue, stomachique , diurétique ; diapho- 
rétique, expectorante, emménagogue, détersive, etc.; qu'on a © 
cordées à la racine d’impératoire. Toutefois, comme cette racine 
aromatique n’agit, comme tous les toniques, qu’en augmentant J'ac- 


IMPÉRATOIRE. 
tion des organes, il en résulte que ses propriétés ne sont que rela- 
tives à l’état d’atonie et de relâchement, dans lequel on suppose ces 
derniers; ce qu’il ne faut jamais perdre de vue, quand on examine 
les effets consécutifs que les auteurs lui attribuent dans les maladies. 
Ainsi, les éloges qui lui ont été prodigués par Hoffmann et plu- 
sieurs autres médecins, contre les flatuosités , les coliques venteuses, 
l'inappétence, et dans les affections obscures qu'on rapporte vague- 
ment aux obstructions viscérales ; les avantages que Chomel lui at- 
tribue dans la rétention d'urine et la néphrite; son efficacité, selon 
certains auteurs, contre l'asthme et l’hystérie; la réputation dont 
elle a joui comme expectorante dans certains embarras du poumon 
attribués à la pituite, ne peuvent point être admis d’une manière 
absolue, et doivent s'entendre uniquement des cas où ces maladies, 
exemptes d'inflammation et d'irritation manifestes, exigent les médi- 
cations toniques. L'on sait aujourd’hui parfaitement que si la gêne 
de la respiration, la rétention d'urine ou la suppression des règles, 
par exemple, étaient dues à un état de phlogose ou à une pléthore, 
soit générale, soit locale, la racine d’impératoire ne ferait qu'aug- 
menter le mal. Les effets immédiats de cette racine paraissent donc 
spécialement applicables aux maladies atoniques. Forestus rapporte 
que, mâchée, elle a fait cesser l’hystérie; Cullen la considère comme 
un masticatoire très-utile dans l’odontalgie et dans les fluctions den- 
taires. En poudre, elle a été administrée avec succès, par Decker, 
contre la paralysie de la langue. Lange lui attribue la même effica- 
cité qu’au quinquina dans le traitement des fièvres intermittentes re- 
belles , et particulièrement dans celui des fièvres quartes. L'on peut 
croire, en effet, qu'elle a pu être quelquefois utile contre ces af- 
fections. Mais il faut à peu près reléguer au rang des fables tout ce 
qu'on a débité sur les propriétés alexitères et alexipharmaques de 
cette plante, et sur sa vertu contre les venins. S. Pauli composait , 
avec cette racine et l’axonge, un onguent dont il se servait pour le 
traitement de la gale. On en saupoudre quelquefois les ulcères sor- 
dides et atoniques pour activer leur cicatrisation. 
Cette racine est administrée intérieurement en substance de treize 
décigrammes à quatre grammes (un scrupule à un gros), et en in- 
fusion, à dose double. Elle entre dans la composition de l’orviétan 


| IMPÉRATOIRE. 
de Charas, de la thériaque et du vinaigre thériacal. Il ne faut pas 
oublier que la racine d’impératoire a beaucoup plus d'énergie lors- 
qu'elle végète sur les montagnes, que lorsqu’elle croît dans les plai- 
nes, ou qu'elle est cultivée dans l’étroite enceinte de nos jardins. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.) 


. Fleur entière grossie. 3. Racine 
2. Fruit gro 4. Feuille radicale au trait. 
Observ. Les fleurs les plus extérieures de chaque ombellule se teignent de rose, et ont deux 
styles longs et droits ; celles du centre (étant le dernier terme de la végétation) restent blanches 
et dépourvues de styles. (T.) 


CCI. 


IPÉCACUANHA. 


Latin.:.,22,,2, { "S*cnorRia Emerica ; Linné , pentandrie monogynie. Jussieu, clas, 11, 
ord. 2, famille des rubiacées. 


Français... .,.... 1PECACUANHA. 
Alimandiss ss ESS BRECEWURZEL. 
POrTURBIS. à IPECACUAWNHA !, 


Le nom d’ipécacuanha a été appliqué aux racines de plusieurs 
plantes , toutes douées de propriétés plus ou moins émétiques, telle- 
ment qu’il est très-difficile de déterminer l’espèce à laquelle ce nom 
devrait êtré rapporté exclusivement. Les auteurs , qui ont traité de 
cette racine, sont peu d’accord entre eux. Les uns ont attribué l’ipé- 
cacuanha blanc à une violette; d’autres ont cru que le brun ap- 
partenait au psychotria emetica : des auteurs plus modernes pen- 
sent qu'il est fourni par le callicocca , seu cephœlis emetica , tandis 
que celui du psychotria emetica est gris. Le caractère de ce genre 
consiste dans un calice persistant, à cinq petites dents; une corolle 
longuement tubulée, à cinq lobes courts, cinq étamines insérées sur 
le tube; un style, un stigmate bifide; une baie couronnée par le 
calice, à deux loges, à deux semences. 

Il paraît que l’on avait confondu le callicocca , seu cephælis eme- 
lica, avec le psychotria emetica , d’après les observations de 
MM. Humboldt et Bonpland ( PZ. æquin. 2, tab. 126), qui donnent 
de la dernière plante la description suivante : 

Ses racines sont grises , plutôt que brunes, à peine rameuses; leur 
écorce épaisse. Elles produisent une tige ligneuse, haute de deux 
pieds, divisée en rameaux simples, droits, recouverts de petits poils 
bruns très-serrés. 


* Cette dénomination, que les Portugais ont empruntée aux indigènes du Bré- 
sil, a été adoptée chez presque toutes les nations de l’Europe. 


53% Livraison, 


IPÉCACUANHA. 

l'administre à dose un peu forte, elle agit à la manière des poisons 
âcres, en enflammant l'appareil digestif et les poumons, et en don- 
nant la mort au bout de vingt-quatre ou trente heures. 

Comme vomitif, on emploie l’ipécacuanha avec avantage, et l’on 
pourra , sans doute, administrer l’émétine avec le même succès, dans 
toutes les maladies, aiguës et chroniques, où la médication vomitive 
est nécessaire, soit pour faire disparaître un embarras gastrique qui 
est la cause du mal, ou qui le complique, soit pour opérer la dia- 
phorèse ou tout autre phénomène consécutif du vomissement. C’est 
ainsi qu'on l’administre chaque jour dans les fièvres bilieuses , mu- 
queuses et intermittentes accompagnées de surcharge gastrique. On 
y a recours avec le même succès dans les phlegmasies muqueuses, 
séreuses, cutanées et parenchymateuses, soit pour faire disparaître 
l'embarras des premières voies qui les complique si souvent, soit 
pour rappeler la transpiration. C’est probablement au succès qu'on 
en a obtenu, sous ce dernier rapport, dans la diarrhée et la dysen- 
terie, que l’ipécacuanha est redevable de la réputation usurpée dont 
il a joui contre ces affections. On sait, en effet, que peu de temps 
après son introduction en Europe, par Pison, en 1649, cette racine 
fut signalée comme un puissant antidysentérique, et préconisée 
par une foule d'auteurs, comme le spécifique de cette phlegmasie. 
Mais si la racine du Brésil est propre à combattre la complication 
gastrique qui accompagne si souvent cette maladie, elle ne peut 
point en général être utile contre une affection semblable qui ré- 
clame l’emploi des moyens les plus adoucissans. L’ipécacuanha , à 
dose vomitive, peut être employé avec avantage dans toutes les ma- 
ladies qui tiennent à l'affection primitive de l'estomac et que Stoll à 
si bien signalées sous le nom de maladies bilieuses. A petites doses 
souvent répétées, et de manière à produire de simples nausées où 
des vomituritions, cette racine a été recommandée et produit cha- 
que jour de bons effets, dans les engouemens du poumon et autres 
affections des voies aériennes, telles que le catarrhe pulmonaire chro- 
nique , l’angine trachéale, le croup , l'asthme, la coqueluche; mais 
si l'action de l’émétine est propre à éclairer sur les effets qu'on cé 
tribue à l'ipécacuanha dans ces circonstances , elle n’est pas moins 
propre à inspirer une sage réserve sur l'emploi d’une substance ausS! 


IPÉCACUANHA. 
irritante dans les phlegmasies des poumons et de l'intestin. Divers 
médecins anglais ont attribué une vertu fébrifuge à la racine du 
Brésil; toitefois, si, administrée immédiatement avant l'accès, elle 
semble avoir guéri sans retour des fièvres intermittentes qui avaient 
résisté à d’autres moyens de défense, il faut attribuer ce succès aux 
effets perturbateurs du vomissement, et non point à une propriété 
fébrifuge de l’ipécacuanha. Il en est de même des qualités diuréti- 
ques et diaphorétiques qu’on lui a accordées : l'augmentation de la 
transpiration et de l'urine qui a lieu quelquefois à la suite de l’ad- 
ministration de cette substance, est un effet de l'excitation générale 
qu’elle produit, et non point le résultat d’une action spéciale sur les 
reins ou les exhalans cutanés. Quant à la vertu anthelmintique que 
l’ipécacuanha à haute dose manifeste dans certains cas, ainsi que le 
prouvent les succès avec lesquels M. Coste s’en est servi pour expul- 
ser le ténia, elle tient probablement à l’action purgative de cette 
substance, et ne serait ainsi qu’un effet secondaire qui appartient à 
presque tous les purgatifs extracto-résineux. 

Je dois passer sous silence beaucoup d’autres vertus purement il- 
lusoires, faussement attribuées à l’ipécacuanha. On ne peut admet- 
tre, par éxemple, comme une vérité démontrée les avantages pres- 
que miraculeux qu’on lui a accordés contre les hémorrhagies utérines ; 
toutefois je dois rappeler que plusieurs auteurs dignes de foi, tels 
que Bergius et Dalberg, lui donnent les plus grands éloges dans le 
traitement de ces affections. Ce dernier l’administrait à la dose d’un 
tiers de grain toutes les deux heures, et Bergius assure avoir guéri 
par le même moyen plusieurs femmes atteintes d’une redoutable mé- 
norrhagie. 

La racine du psychotria emetica peut être administrée en subs- 
tance, en infusion, en décoction , et en teinture alcoélique, En pou- 


dre, on la donne comme vomitive, de cinq à treize décigrammes 
(dix grains à un scrupule), en suspension dans un verre d’eau su= 

crée. Lorsqu'on veut provoquer la purgation, on en porte la dose à 
deux grammes (demi-gros) et au delà. Pour exciter de simples nau- 
sées, on l’administre à la dose de deux à cinq centigrammes ( demi à 
un ns répétée toutes les deux heures. L’émétine , comme vomi- 


ve, doit être administrée d’un à deux décigrammes (un à quatre 


IPÉCACUANHA. 

grains ) en solution dans un ou deux verres d’eau. On peut incorpo- 
rer cette substance tout comme la racine d’ ipécacuanha pulvérisée, 
avec la gomme et le sucre, et en faire des pastilles qui sont d’un 
usage aussi agréable que commode. Chaque pastille doit contenir 
une quantité du médicament bien déterminée, par exemple, un 
huitième ou un quart de grain d’émétine , ou un grain d’ipécacuanha. 
‘La teinture alcoolique de cette racine se donne depuis quatre jusqu’à 


trente-deux grammes (un gros à une once). On en prépare un sirop, 


qui est très en vogue , et d’une administration facile pour les enfans, 
auxquels on le donne ‘depuis seize jusqu'à trente-deux grammes 
(demie à une once) et plus. Cette racine est un des principaux ma- 
tériaux de la fameuse poudre de Dover, réputée anodine, sudorifi- 
que, etc. En évaporant jusqu’à siccité un mélange-de teinture al- 
coolique d’ipécacuanha et de sucre, M. Coldefy obtient un sucre d'i- 
pécacuanha qui renferme toute la partie gommo-résineuse de cette 
racine dont il recèle toutes les propriétés, et qui, sous ce rapport, 
peut être d’un emploi très-avantageux. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


1. Racine vêtue de son écorce. enlevé circulairement une partie de L 
2. La même dépouillée. chair, afin de mettre à découvert les 
3. Calice et pistil. deux noyaux 

4. Corolle ouverte. 6. Noyau isolé 

5. Fruit de grosseur naturelle, dont on à 


biens Re di | à 


IRIS sv Uarars 
… 


æ. CT. 


CCIT. 


IRIS DES MARAIS. 


ACORUS ADULTERINUS ; Bauhin, IivaË , lib. x , sect. 6. 
1RIS PALUSTRIS LurEA; Tournefort , clas. 9, sect. 2 > gen. à: 


see srees. IRIS PSEUDACORUS ; corollis imberbibus, petalis int tigmate mi 
ae. He ensiformibus; Linné, triandrie monogynie. Jussieu , 
. 8, famille des iris. 
Italien... .....:. xRIDE GrALLA; ACORO BASTARDO. 
E CPR es ACORO BASTARDO ; LIRIO ESPADANAT.. 
Pompes. 27: TIRIO AMARELHO DOS CHARCOS. 
Français... ...... IRIS DES MARAIS; GLAYEUL DES MARAIS. 
ARGUS ere +4 YELLOW IRIS. 
LÀ T: Men Ds WASSERSCHWERTEL,, * 
Hollandais. . ....: GEEL LIS 
RS * MOT Go SWÆRDLILIE 
Suédois... . e SVARDSLILJA 
Polontis:.25, SEAT MIECZYK Z'OLTY 
Hier LS KASATNIS. : 
Morgrois .<. SARGA VIZI LILIOM. 


Ce groupe brillant de belles fleurs, auquel on a donné le nom 
d'iris où d'arc-en-ciel, si variées dans leurs formes et leurs riches 
couleurs, si nombreuses en espèces, en renferme plusieurs que la 
médecine sait employer avec avantage, et que nous allons faire con- 
naître. Toutes se distinguent par une corolle ( ou calice) à six divi- 
sions profondes, dont trois extérieures très-grandes, étalées; trois 
intérieures droites et petites : point de calice ; trois étamines libres; 
un style; trois stigmates très-grands , en forme de pitié recou- 
vrant les étamines : une capsule oblongue, à trois loges, à trois val- 
ves; les semences nombreuses, presque rondes, assez grosses. 

L'iris des marais, où glayeul, paraît avec éclat sur le bord des 
étangs , où ses fleurs, d’un beau jaune , la font aisément distinguer. se 

Ses racines offrent une souche charnue, tubéreuse, hori 2,7 
garnie de grosses fibres cylindriques, d'où s ‘élève une Hge ble: 


53° Livraison. 


# 


IRIS DES MARAIS. 
presque cylindrique, un peu en zig-zag vers son sommet, glabre, 
haute de deux ou trois pieds. 

Ses feuilles sont vertes, planes , ensiformes, striées , aiguës , par- 
faitement glabres, souvent plus longues que les tiges , aiguës à leur 
sommet. 

Les fleurs, au nombre de trois ou quatre et plus, sont situées vers 
le sommet des tiges, portées sur des pédoncules alternes. La corolle 
est longue d'environ deux pouces; ses trois plus grandes divisions 
ovalés-spatulées , très-entières, point barbues; les trois intérieures 
courtes, fort petites. Les stigmates sont jaunes, obtus, un peu échan- 
crés ou dentés, plus grands que les divisions intérieures ; le tube de 
la corolle court. (FE) 

La racine de cette plante est tubéreuse, annelée, d’une couleur 
comme ferrugineuse, Son parenchyme est charnu, fragile, d’un gris 
parsemé de rouge. L’odeur de marais qu’elle exhale dans l’état frais, 
se dissipe par la dessiccation , et alors elle est inodore, fade et styp- 
tique : son astringence est même accompagnée d’une certaine âcreté. 
De même que les racines de la plupart des autres iridées, elle con- 
tent une matière extractive brune, une huile grasse, âcre et amère, 
et une huile volatile qui se concrette en lames brillantes. Mais elle 
en diffère par une plus grande proportion du principe extractif as- 
trmgent, auquel sa décoction doit probablement la propriété de se 
colorer en noir par le sulfate de fer. 

Cette racine, douée de propriétés beaucoup plus actives dans 
l'état frais que lorsqu'elle est sèche, exerce sur l’économie animale 
une impression tonique avec une légère astriction. Toutefois ses effets 
varient selon les organes sur lesquels on la dirige spécialement. 
Ainsi son suc, introduit dans les narines, irrité vivement la mem- 
brane pituitaire, produit un sentiment d’ardeur dans les fosses na- 
sales , le pharynx, ainsi que dans la bouche , et détermine un écoule- 
ment abondant de mucosités par le nez. Cet effet, au rapport d’Ams- 
trong, a quelquefois dissipé des céphalalgies opiniâtres et des dou- 
leurs de dents qui avaient résisté à tous les autres moyens. Dans la 
même vue, divers auteurs ont recommandé la racine elle-même 
comme masticatoire, contre l’odontalgie et les fluxions aux gencives. 
L'action purgative de cette racine, lorsqu'elle est récente , est surtout . 


IRIS DES MARAIS. 

très-remarquable. Lorsqu'on l'ingère , elle provoque d'abondantes 
évacuations alvines. Ce qui fait que le suc qu'on en retire a été pré- 
conisé comme hydragogue, et administré avec avantage par Ramsay, 
dans un cas très-remarquable d’hydropisie, et par Piater, contre 
Vascite et l’anasarque, Etmuller à vu, dans certains cas, l’expulsion 
de plusieurs ascarides lombricoïdes être la suite de l'administration 
de la racine d’iris des marais. Au rapport de Murray, Blair, méde- 
cin anglais , attribuait au suc qu’elle foùrnit de bons effets contre les 
scrofules des enfans. Rien ne s'oppose, en effet, à ce que cette ra- 
cine tonique, styptique et purgative, ne puisse, ainsi que les antres . 
substances de même nature, être utile dans le traitement de ces ma- 
ladies; mais il n’est guère permis d’admettre son efficacité dans la 
diarrhée et la dysenterie, contre lesquelles on lui a prodigué de 
vains éloges, quand on réfléchit que ces phlegmasies repoussent tous 
les excitans lorsqu'elles sont aiguës, et que lorsqu'elles sont chroni- 
ques, les astringens sont loin d’y produire les bons effets qu’on leur 
attribue faussement. En somme, on ne possède, comme on voit, sur 
les effets consécutifs de cette racine, que quelques faits épars, qui ne 
suffisent point pour fixer définitivement les idées sur son influence 
thérapeutique, ni pour lui faire accorder comme tonique, astrin- 
gente où purgative, aucune préférence sur une foule de substances 
où ces propriétés sont beaucoup plus développées. 

En substance , on donne la racine d’iris des marais sous forme pul- 
vérulente, de treize décigrammes à quatre grammes (un scrupule à 
un gros); et en décoction, de trente-deux à soixante-quatre grammes 
(une à deux onces) pour un kilogramme (deux livres) d’eau. La 
dose de son suc exprimé, est depuis seize jusqu’à soixante-quatre 
grammes (demi-once à deux onces ). 

Bouillie dans l’eau avec de la limaille de fer, cette racine produit 
une assez bonne encre, dont les montagnards d'Écosse se servent or- 
dinairement, dit-on, pour écrire. On l’emploie aussi, dans le même 
pays, pour la teinture des draps en noir. 


IRIS DES MARAIS. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est réduite au tiers de sa grandeur naturelle.) 
1. Pistil et étamines. : 4. La même coupée horizontalement. 


2. Fruits, dont un ouvert. 5. Id. coupée verticalement 4, ombilic 2, 
3. Graine 4, ombilic 8, micropyle. micropyle C, chalaze. 


209. 


IRIS, Cermanique : 
= 


alt. 


CCIII. 


IRIS GERMANIQUE. 


IRIS VULGARIS GERMANICA, SivVe SyLvesrRis, Bauhin, Tyva£, lib. 1, 
sect. 6. Tournefort, clas. 9, sect. 2, gen. 


Latin,..2%..2...{ 1m1s exmanrca :; corollis barbatis, caule foliis rs multifloro, flori- 
bus inferioribus D Linné, triandrie monogynie. Jussieu , 
clas. 3, ord. 8 , famille des iris 

Ps... +... GIGLIO CELESTE AZZURRO. 

Espagnol: ©... .:. LIRIO DE ALEMANA 

Portugais... ....... LIRIO DOS MONTES 

Français IRIS GERMANIQUE ; FLAMBE 

AGE, 4 4 «ne + BLUE FLOWER DE LUC 

Allemand... ..... DEUTSCHE IRIS 

Hollandais. : DUITSCHE IRIS 

DANS ns t er BLA 

Suédois Fire BLALILIA 


En faisant naître cette belle espèce d’iris aux lieux incultes, sur les 
vieux murs, et jusque sur les toits de chaume, il semble que la nature 
ait cherché à masquer, par une de ses plus brillantes productions, 
les signes extérieurs de Pindigence, qu’elle ait voulu couvrir de fleurs 
l'habitation du pauvre, et nous offrir un de ces tableaux touchans 
que l’art s'efforce en vain d’imiter dans nos bosquets. En quittant 
son lieu natal pour passer dans les jardins de l’opulence, elle n’est 
plus qu’une belle fleur. 

Ses racines, en forme de souche, sont obliques, noueuses, Épais- 
ses, Charnues , garnies de fibres ; ses tiges , presque simples, droites, 
ghbii ét ithiqtits hautes d’un pied et demi à deux pieds, nues 
dans TS partie supérieure. 

Les feuilles sont planes, glabres, ensiformes snétileñtés ; un peu 
épaisses, plus courtes que les tiges, vaginales à leur base. 

Les fleurs sont alternes, pédonculées, trnals, peu nombreu- 
ses, d'un pourpre violet ou bleuâtre ; les supérieures presque sessi- 
les! les spathes membraneuses à leurs boss: roussâtres ou teintes de 


53: Livraison, 3. 


IRIS GERMANIQUE. 
violet : le tube de la corolle est un peu plus long que l'ovaire; les 
trois grandes divisions du limbe ovales, arrondies, munies vers 
leur onglet d’une raie de poils blancs ou jaunâtres ; les trois divisions 
intérieures , presque aussi grandes que les extérieures; les stigmates 
d'un violet mêlé de blanc, dentés, très-aigus. 

Cette plante fournit, par la culture, un grand nombre de belles 
variétés. ; 

La racine de l'iris germanique, ridée, genouillée, charnue, de 
couleur fauve, exhale, lorsqu'elle est fraîche , une odeur forte et dé- 
sagréable qui se change, par la dessiccation , en une agréable odeur 
de violette. La saveur âcre, amère , nauséeuse, est légèrement stypti- 
que. Ses principes constituans paraissent être les mêmes que ceux 
de la racine du faux acorus. Toutefois, des qualités physiques plus 
prononcées semblent y annoncer des propriétés médicales plus éner- 
giques, bien que de la même nature. 

Les différentes vertus errhines, sialagogues, purgatives, cordia- 
les, etc., etc., qu’on a attribuées à cette racine, découlent immé- 
diatement de l’action excitante qu’elle exerce sur les divers appareils 
de la vie organique. Dirigée dans les fosses nasales , sous forme pul- 
vérulente , elle excite l’éternuement et la sécrétion du mucus nasal. 
Mâchée, elle provoque l'écoulement de la salive par tous ses canaux, 
et c’est pour cette raison qu’on la fait entrer si fréquemment dans la 
composition des poudres sternutatoires et dentifrices. Toutefois elle 
est spécialement réputée par ses effets purgatifs. Les observations de 
Plater, Rivière, Ruffus, Lister, Werlhoff, attestent que son suc à 
été parfois employé avec succès dans l'ascite, l’anasarque et autres 
hydropisies, soit primitives, soit résultat des fièvres intermittentes. 
Ses succès, dans ces différens cas, tiennent essentiellement à son ac- 
tion purgative, ce qui explique, du reste, la réputation dont elle a 
joui comme hydragogue. Mais il est à regretter que les drastiques et 
autres substances toniques et astringentes auxquelles elle a été pres- 
que toujours associée par les auteurs que je viens de citer, ne per- 
mettent pas de déterminer la part que cette racine a réellement eue 
aux guérisons qu'on lui attribue si libéralement. Cette vicieuse et fu- 
neste coutume d'associer ainsi une foule de substances plus ou moins 
actives ; qui fait le triomphe de la routine et la gloire des charla- 


IRIS GERMANIQUE. 

tans , est, sans contredit, le plus grand obstacle qui se soit opposé 
jusqu’à nos jours à la détermination précise des véritables propriétés 
des médicamens; et l’on ne peut point se flatter de parvenir à des 
idées exactes sur leur action , tant que cette pharmacomanie , digne 
des temps d’ignorance et de barbarie où elle a pris naissance, ne 
sera par entièrement déracinée. Murray observe judicieusement , d’a- 
près Quarin, que la racine de l'iris germanique agit parfois avec 
tant de violence, qu'il en résulte une chaleur brûlante dans le 
pharynx et l’œsophage, de vives douleurs dans l’estomac et les intes- 
üns, et même, dans certains cas, une inflammation mortelle de ces 
organes; ce qui doit rendre prudent et circonspect sur son emploi. 
Comme purgatif, on pourrait employer son suc exprimé de soixante- 
quatre à quatre-vingt-seize grammes ( deux à trois onces ). En subs- 
tance, elle est d’un usage beaucoup plus fréquent; et, sous forme 
slpéeiiente: elle fait partie d'u une foule de médicamens dentifrices, 
sternutatoires et autres. 

La racine de cet iris, comme celle de l'iris de Florence, est fré- 
quemment employée par les parfumeurs pour aromatiser des pou- 
dres , des pommades , destinées à la toilette des femmes, et autres cos- 
méliques. Le suc, exprimé des corolles de cette plante, mêlé avec 
l'alun, donne une couleur verte dont on se sert pour écrire en vert. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est réduite au tiers de sa grandeur naturelle.) 


1. Racine, 


TurpineL. sie _— 
ur pin Duboir seul 


CCI V. 


IRIS DE FLORENCE. 


IRIS ALBA FLORENTINA ; Bauhin, Tsva£, lib. 1, sect. 6. Tournefort, cl. 9, 
sect. 2, gen. 3 


Le... . 77 "A mis FLORENTINA ; corollis barbatis, caule foliis altiore subbifloro, flo- 
ribus sessilibus. Linné, triandrie monogynie, Jussieu, clas. 3, ord. 8, 
Palin! PTE Le | IRIDE DI FIRENZE. 
Espagnol, ...,... LIRIO DE FLORENCIA, 
Fais RE | IRIS DE FLORENCA 
Franpas ss Ris IRIS DE FLORENCE. 
Anglais, ...... "+ FLORENTINE IRIS. 
| ONAIRTE FLORENTINISCHE IRIS. 
Hollandais, ...... FLORENTYNSE IRIS. 
Suédois: 08: FIOLROT. 


Drs feuilles d’un vert glauque, des fleurs légèrement odorantes et 
d'un blanc de lait, l'odeur agréable , approchant de celle des violettes 
* qui émane des racines de cet iris, le distinguent de l'espèce précé- 

dente. 

Ses racines sont épaisses, noueuses, blanchâtres, très-odorantes : 
elles produisent une tige droite, glabre, cylindrique, haute d’un ou 
deux pieds, garnie dans sa longueur de quatre à cinq feuilles droites, 
ensiformes, très-glabres , d’un vert glauque, plus courtes que la tige. 
Les fleurs sont au nombre d’une ou de deux, placées à l'extrémité 
des tiges, grandes, droites d’une blancheur uniforme , répandant une 
odeur douce, légère, très-agréable. Les divisions extérieures de la 
corolle sont grandes , ovales, obtuses, marquées vers leur onglet 
d’une raie velue; les divisions intérieures un peu plus courtes, plus 
étroites, presque spatulées ; le tube de la corolle à peine de la lon- 
gueur de l’ovaire. 

_ Cette plante croît en lalie , surtout dans les environs de Florence, 
ct dans les contrées méridionales de l'Europe. (PB 

La saveur amère, âcre et persistante, que présente la racine de 
4. 


53° Livraison, 


. IRIS DE FLORENCE. 

cette espèce d'iris dans l’état frais, disparaît en grande partie par la 
dessiccation, et alors elle exhale une odeur très-suave, analogue à 
celle de la violette. Pour qu’elle jouisse de toutes les qualités qui lui 
sont propres, cette racine odorante ne doit être cueillie qu’à l’âge 
de trois ans. Après qu’elle a été dépouillée de la pellicule brunâtre 
qui la recouvre, et desséchée au soleil avec beaucoup de soin, elle 
est en morceaux cylindriformes, aplatis, tuberculeux, d’un blanc 
. rosé. Si l’on a soin de l’enfermer dans des vases bien bouchés et à 
l'abri de l'humidité, elle peut conserver toutes ses propriétés pen- 
dant des années. entières. 

M. Vogel, à qui la science doit une analyse exacte de cette ra- 
cine, en a extrait une petite quantité de gomme et de fibre végé- 
tale, une matière extractive jaunâtre , une grande quantité de fécule 
amilacée qui forme colle avec l’eau bouillante, une huile grasse, li- 
quide, âcre, très-amère, et une huile volatile qui se concrette en 
paillettes blanches, et à laquelle la racine de cet iris doit l'odeur 
suave de violette qui la caractérise. Ces deux derniers principes pa- 
raissent être la source de ses propriétés actives. Plus puissante toute- 
fois que les racines de l'iris germanica et de l'iris pseudoachorus, 
elle exerce sur nos organes, comme ces dernières, une action d’au- 
tant plus énergique qu'elle est plus récente.’ 

Les nausées, et les abondantes évacuations alvines qu’elle déter- 
mine lorsqu'on l’ingère, lui assignent un rang distingué parmi les 
purgatifs toniques. Comme telle elle a été recommandée contre les 
coliques des enfans nouveau-nés, auxquels on l’administrait jadis à 
la dose de quelques grains. On l’a également vantée contre les embar- 
ras muqueux des premières voies, et contre les flatuosités intestina- 
les. Hoffmann lui attribuait en outre une propriété hypnotique, qui 
résulte probablement de son action excitante sur le système ner- 
veux : action à laquelle il faut également rapporter les vertus cépha- 
lique, nervine , cordiale, etc., dont elle a été décorée. 

Comme topique, on a préconisé son usage dans différentes mala- 
dies de la bouche, telles que l’odontalgie, les fluxions sur les joues, 
le gonflement fongueux des gencives, et pour prévenir l’encroûte- 
ment des dents. Dans ces différens cas, on peut la mâcher entière , 
la fure entrer dans des gargarismes, ou en faire usage en poudre. 


IRIS DE FLORENCE. 
Sous cette dermière forme, on l’applique avec avantage, comme dé- 
tersive, sur les ulcères atoniques et baveux, pour y activer le travail 
de la cicatrisation. On en remplit des sachets qui ont été vantés pour 
favoriser la résolution des engorgemens atoniques, œdémateux , et 
des tumeurs indolentes. Son odeur suave, et son action tonique, la 
rendent doublement utile pour le pansement des cautères, et pour 
entretenir la suppuration des exutoires dont elle masque en outre la 
mauvaise odeur. 

La racine d’iris de Florence se donne intérieurement en substance 
de quinze à trente centigrammes (trois à six grains) aux petits en- 
fans , et de treize décigrammes à quatre grammes (un scrupule à un 
gros ) aux adultes. La dose de son suc, comme purgatif, est de trente- 
deux à soixante-quatre grammes (une à deux onces). On en prépare 
de petites boules du volume d’un pois, pour entretenir la suppura- 
tion des cautères. Cette racine entre dans la composition de la pou- 
dre diaireos de Prevot, de la confection Rebecca , et de la thériaque 
d’Andromaque. Elle fait partie des trochisques béchiques de Cha- 
ras, de la poudre céphalique odorante, de l’élixir pectoral de #'e- 
del, de l’eau asthmatique, et d’une multitude infinie de poudres 
dentifrices et sternutatoires. L’onguent de Charas, le mondificatif 
d’ache, l’'emplâtre diachylon, le diabotanum de Penicherius, et au- 
tres farragos semblables, sont autant de monstruosités pharmaceuti- 
ques où cette racine figure. 

Les parfumeurs en font un continuel usage pour aromatiser des” 
poudres, des pommades, des huiles, des eaux distillées et autres 
cosmétiques. La grande quantité de fécule amilacée qu’elle contient, 
ainsi que les racines de la plupart des iridées, ne pourrait-elle pas la 
faire utiliser comme aliment ? 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


( La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.} 


205 


IRIS .Z4Z 


CCGV. 


IRIS FÉTIDE. 


GLADIOLUS FOETIDUS, Bauhin, TivaË , lib. 1 , sect, ue 
À IRIS FOETIDISSIMA, Su xyR1S; Tournelort, Clas. nina 
Latin... .ns ce ce € rés FOETIDISSIMA ; corollis imberbibus, petalis 2 patentissi- 
mis, caule RASE re foliis ensiformibus. Linné , triandrie mo- 
nogynie. Jussieu, clas. 3, ord. 8, famille des i iris. 


Hohenisuis ssh. à IRIDE FETIDA. 

Espagnol. . ...... LIRIO FETIDO 

Portugals. STE IRIS FETIDA 
Franchise) IRIS FÉTIDE ; GLAYEUL PUANT 
Anglais. tan 5 STINKING 1 

Allemand. . .... >. STINKENDE IRIS 


Uxe odeur désagréable qu’exhalent les feuilles de cét iris, lors- 
qu'on les froisse entre les doigts, annonce sa présence, et forme 
l’un de ses caractères, bien mieux déterminé encore par son feuil- 
lage d’un vert foncé, par la couleur de ses fleurs qui la distinguent 
de l'iris des marais, avec lequel elle a beaucoup de rapports. 

Ses racines sont médiocrement tubereuses , chargées de fibres lon- 
gues et nombreuses. Il s’en élève une tige médiocre, un peu angu- 
leuse à un de ses côtés. 

Ses feuilles sont alternes, un peu plus longues que la tige, étroites , 
vaginales à leur partie inférieure. 

Les fleurs, placées au sommet des tiges, sont assez Setites d’un 
bleu triste, tirant sur le pourpre; les plus courtes divisions de la co- 
rolle sont un peu plus grandes que les stigmates , barbues en dedans. 
Elle croît dans les bois, les lieux frais et ombragés en France, en 
Angleterre, en dla gb etc. 

La racine est la sculé partie de cette plante qui soit employée en 
médecine ; elle est genouillée comme celles de la plupart des autres 
iris ; elle Her une odeur désagréable et fétide, à ———. elle doit 


54° Livraison, 


IRIS FÉTIDE.. 
le nom spécifique qui lui a été imposé. Sa saveur est d’une âcreté 
remarquable. Les chimistes ne se sont pas occupés de son analyse; 
on suppose seulement, par analogie, qu’elle renferme à peu près les 
mêmes matériaux immédiats que la racine d’iris de Florence. f’oyez 
cette plante. 

Des qualités physiques, aussi fortement prononcées que celles qui 
caractérisent l'iris fétide, supposent nécessairement, dans cette ra- 
cine, des propriétés médicales d’une certaine énergie : mais on en 
fait si rarement usage, que ce qui en est enseigné par les auteurs de 
matière médicale, touchant sa manière d'agir, est plutôt fondé sur son 
analogie avec les autres ou sur de simples présomptions, que sur des 
faits précis et bien observés. On lui attribue toutefois des propriétés 
hydragogues, diurétiques, narcotiques, antispasmodiques, apériti- 
ves, elc.; et, sous ces différens rapports, on en a recommandé lu- 
sage contre différentes maladies. L’hydropisie, l’hystérie et les scro- 
fules sont les affections contre lesquelles on l’a spécialement em- 
ployée. Bourgeois en administrait souvent la décoction en bain 
chaud , dans l’atrophie des membres. Mais ses effets purgatifs sont 
ce qu’il y a de mieux avéré dans l’histoire médicale de cette racine. 

Cette action purgative très-énergique de l'iris fétide, a pu justi- 
fier, dans certaines circonstances, les éloges qu’on lui a donnés dans 
le traitement des hydropisies atoniques, où réussissent également 
quelquefois les autres purgatifs drastiques. Sous le même rapport, 
on a pu en obtenir quelquefois des succès dans le traitement des af- 
fections scrofuleuses, contre lesquelles on sait que les purgatifs sont 
utiles en général, soit comme stimulans, soit comme puissans déri- 
vatifs, L’impression manifeste que cette racine odorante exerce sur le 
système nerveux par sa fétidité, a pu, à l'exemple de la plupart des 
substances fétides, la faire employer avec avantage contre l’hystérie. 
L'on conçoit aussi que l’action sédative a pu, dans certains cas, ré- 
sulter de son influence sur les fonctions des nerfs. Il est plus difficile 
d'admettre son efficacité contre l’atrophie, Observons d’ailleurs que 
les succès attribués à cette iridée, contre les diverses affections que 
nous venons d'indiquer, ne reposent sur aucune expérience directe , 
de sorte que, malgré les considérations qui portent à croire aux Ver- 
tus médicales de sa racine , on ne peut raisonnablement lui accorder 


IRIS FÉTIDE. 
qu'une faible confiance , jusqu’à ce que ses propriétés aient été cons- 
tatées par des observations cliniques, bien faites. 
Le suc de cette racine se trouve prescrit, dans les pharmacolo- 
gies, de deux à quatre grammes (demi à un gros); on manque de 
données positives sur la latitude qu’on peut donner à cette dose. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
{La plante est réduite au tiers de sa grandeur naturelle.) 
1. Pistil. ; 
2. Fruit capsulaire , tel qu'il s'ouvre dans la maturité. 
3. Graine de grosseur naturelle. 
(Ces trois détails sont réduits dans les mêmes proportions que la planche.) 


4. Graine grossie, coupée verticalement pour faire voir que l'embryon est basilaire, in- 
clus dans un gros périsperme , au sommet duquel on distingue un chalaza. 


CCVI. 


IVRATE. 


GRAMEN LOLIACEUM ; angustiore folio et spicé, Bauhin, [ivæ£ , lib. tr, 
f n. 8. 


rt, elas. 25, sect. 3, ge 


ARR | ie 
LOLIUM PERENNE; spicid multic, spiculis compressis multifloris. 
né, pi digynie. Jussieu , clas, 2, ord. 4, fami ille des gra- 
NE) 
dtaliensin sr 1254 LOGLIO VIVACE. 
Espägnolss. . .. . BALLICO. 
aise ce Sens JOYO VIVAC 
Prahcaifsf suis 253 IVRALE VIVAGE ; FAUX FROMENT. 
PRE D RAY GRASS. 
RE WINTERLOLCH ; SUESSERDOLCH. * 
Hollandais. . ..... ENGELSCH RYEGRAS. 
monster. RAIGRÆS. 
PROS à RENREPE 
usse. .,,,. .. ..:PSCRANEZ. 


L'ivraie*, ou le ray-grass, . NE en Angleterre, comme un des 
meilleurs fourrages , est une très-commune dans les champs, 
aux lieux incultes, le long: des chemins êt sur les pelouses ; elle est 
facile à reconnaître par ses tiges roides , très-simples, terminées par 
des épis allongés, très-étroits : elle présente, pour caractère géné- 
rique , des épillets composés d’une seule. valve calicinale subulée, 
persistante, opposée au rachis, dont la concavité forme comme une 
seconde valve, et reçoit plusieurs fleurs sessiles , imbriquées , renfer- 
mées dans la ins calicinale, quelquefois plus longues; la corolle 
bivalve ; trois étamines ; deux styles; une semence nue, allongée. 

Ses racines sont dures, vivaces, un peu MAPS touffues et 
fibreuses. Elles produisent plusieurs tiges hautes d’un à deux pieds, 
la plupart couchées à leur base, glabres, très-lisses, dures, rarement 
ramifiées. 


C'était autrefois une croyance vulgaire, que l'ivraie vivace, améliorée par 
là culture, se change en froment, et que ce dernier Ééore négligé, se détériore, 
et se mie en ivrale vivace. 


54° Livraison, : 2e 


IVRAIE. 

Les feuilles radicales sont planes, très-étroites, lisses à leurs deux 
faces; celles des tiges un peu plus larges, rudes en dessus, plus 
courtes que les tiges. 

Les fleurs sont disposées en un long épi droit, comprimé, sim- 
ple, fort étroit, composé d’épillets alternes, sessiles, placés sur deux 
rangs opposés, appliqués contre un axe (le rachis ) un peu flexueux, 
creusé en canal à ses côtés Chaque épillet contient environ six à 
douze fleurs comprimées, imbriquées, très-serrées, dépourvues de 
barbes ou quelquefois terminées par une arète courte. 

Gette plante offre plusieurs variétés remarquables, qui l'ont fait 
confondre quelquefois avec le lolium temulentum, et lui attribuer 
les qualités délétères de cette dernière, qui s’en distingue par ses 
tiges rudes au toucher ; ainsi que la face interne de ses feuilles, par 
ses épillets très-ordinairement munis de longues arètes droites, par 
ses semences acides , au point de rougir les couleurs bleues végé- 
tales. 

Parmi les variétés du /olium perenne, on en trouve dont les fleurs 
sont vivipares; dans d’autres , l’épi se ramifie à sa partie inférieure, 
et présente l'aspect d’une panicule, ou bien les épillets élargis, rap- 
prochés, forment un épi court , ovale, obtus. Le /o/ium tenue, beau- 
coup plus grêle, et qui souvent ne renferme que trois fleurs dans sa 
valve calicinale, est considéré par les uns ; comme üne espèce dis- 
tincte, par d’autres comme une simple variété. Le grand nombre 
des fleurs ; légèrement aristées , caractérise le /olium multiflorum. 

; PR (P.) 

L'ivraie vivace, trèsimportante pour l’économie rurale, i’inté- 
resse que médiocrement le médecin. Cette plante engraisse prompte- 
ment les chevaux et lés bœufs qui s’en nourrissent ; il est probable 
que sa graine ne conviendrait pas moins aux oiseaux de basse-cour , 
et même que l’homme pourrait la manger sans inconvénient. 

Mais il n’en est pas de même de l'ivraie annuélle, ol temulen- 
tum. Celle-ci présente un des faits les plus remarquables qu’on puisse 
citer comme exception à la loi de l’analogie des propriétés médicales 
dans les plantes de la même famille. Les semences de toutes les gra- 
. minées auxquelles cette plante appartient , sont en effet constamment 
nutritives : partout l’homme y puise ses plus utiles comme ses plus 


IVRAIE. 
précieux alimens, tandis que celles de l’ivraie, loin d’être propres à 
réparer ses pertes et à le nourrir, agissent sur lui à la manière des 
poisons”’. Je ne sache pas que les chimistes modernes aient employé 
aucun moyen d’analyse à la recherche des principes composans des se- 
mences de cette plante, mais l'expérience à constaté ses effets perni- 
cieux sur l’économie animale. 

Aristote, Théophraste, Pline, Dioscorides, ont connu les propriétés 
délétères de l’ivraie ; les naturalistes, les historiens , les poètes de l’an- 
tiquité, nous parlent des accidens auxquels elle donne lieu. Les an- 
ciens croyaient même que son usage rendait aveugle. Lolo victitare 
était, chez les Romains , une expression familière, synonyme de de- 
venir aveugle. Virgile lui donne le nom de sinistre, #nfelix lolium. 
Les modernes ont confirmé les effets dangereux des semences de cette 
graminée, et c’est surtout à Seeger que l’on doit les données les plus 
positives sur leur action médicale. Un chien, auquel cet auteur avait 
fait avaler trois onces de bouillie faite avec la farine d’ivraie et l’eau, 
éprouva , au bout de cinq heures, un tremblement général; il cessa 
de marcher, la respiration devint difficile. Au bout de neuf heures, ” 
il tomba dans l’assoupissement, et devint insensible, mais il fut réta- 
blile lendemain. Chez d’autres animaux soumis à la même expérience, 
il y eut des vomissemens , des convulsions, et une abondante excré- 
tion d’urine et de sueur. Le même auteur rapporte que cinq person- 
nes, ayant mangé ensemble cinq livres de pain d'avoine mêlée d'i- 
vraie, furent toutes atteintes, au bout de deux heures, d’une cépha- 
lalgie frontale, de vertiges, de tintement dans les oreilles. L’estomac 
était douliestes: la langue tremblante, la déglutition et la pronon- 
ciation siphRéfetnt difficiles. Il y eut quelques vomissemens 
aqueux avec beaucoup d'efforts, de fréquentes envies d’uriner, une 
grande lassitude , des sueurs froides, et surtout un violent tremble- 
ment de tout le corps. Divers auteurs assurent que l’ivraie a produit 
quelquefois la paralysie, un délire furieux , et même la mort. On lui 
attribue en outre des fièvres épidémiques de mauvais caractère. Ces 
derniers faits sont sans doute exagérés. M. Decandolle remarque, en 


1 Cette plante a été ainsi nommée, parce qu’elle détermine des vertiges, des 
tremblemens, et une sorte d'ivresse chez les personnes qui en font nsage. 


IVRAIE. 

effet, que l’ivraie, mêlée au pain , ou introduite dans la bière, donne 
rarement lieu à ces accidens; il prétend même que, dans des temps 
de disette, plusieurs individus en ont mangé sans inconvéniens. Mais 
ces faits négatifs ne détruisent pas les observations positives faites 
en Allemagne, par Seeger ; de sorte qu'il paraît incontestable que 
Pivraie agit sur l’économie animale, à la manière des poisons narco- 
tiques-ifritans, en excitant l'appareil gastrique d’abord , et ensuite le 
Système nerveux et les autres, d’où résultent les effets narcotiques 
et enivrans qu'on lui reconnaît. 

On pourrait facilement remédier à ces accidens par le moyen d’un 
vomitif, à la suite duquel on administrerait des boissons délayantes 
et acidules, ou quelques toniques diffusibles, selon la nature des 
symptômes qui auraient été produits. Du reste on ne s’est livré à au- 
cune recherche clinique sur les effets consécutifs de ceite substance 
dans les maladies. On s’est borné à en faire, dans certains cas, des 
applications locales, généralement regardées comme détersives et 
résolutives; on a également prétendu que ces applications d’ivraie 
étaient propres à s'opposer à la gangrène : mais aucune expérience 
directe ne vient à l’appui dé cette assertion. 

La dose à laquelle on pourrait administrer l’ivraie, n’est pas 
mieux déterminée que l'influence qu’on peut en espérer dans le trai- 
tement des maladies; mais, à raison de ses propriétés dangereuses, 
si l'on voulait y avoir recours, il faudrait commencer par une très- 
petite dose; celle de quelques grains, par exemple , qu’on aurait soin 
d'augmenter peu à peu, à mesure qu’on en suivrait les effets avec 
attention. 

Si ce que rapporte Bourgeois, de l'usage de la pâte d’ivraie pour 
engraisser les chapons et les poulardes, est vrai, cette substance 
n'exercerait point, sur les oiseaux, la même action qu'elle exerce 
sur l’homme et sur les chiens, et on pourrait l’employer avec avan- 
tage à la nourriture de la volaille, et autres usages économiques. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
{La plante est de grandeur naturelle.) 
1. Epillet composé d'une glume uni-rabiée 3. Pistil, ayant à sa base deux petits corps 
- allongés. 


t de sept fle ; 
2. Fleur entière détachée d’un épillet. 


CONVOLVULUS JALAPPA ; fObiis d; ifformibus, cordatis, angulatis, oblon- 
Min Lies gis olatisque, caule volubili, pedunculis unifloris. Linné, pen- 
inde monogynie, Jussieu , clas. 8 ,ord. 10, famille des liserons. 
MN R., :.:2. s « <GIAG 
Espagnol... . 5. JALAPPA; XALAPPA 
Portugais VER JAL 
Français. Le a 3: FAT 
ARGNRES R re à à = JALAP 
Allemand. ....... JALAPWURZEL 
Hollandais. ...... JALAPPE 
HONG T id JALAPPE 
Suédoisiss F4 7 AP 


Piusieurs auteurs, d’après Tournefort , avaient rapporté le yalap 

à une espèce de belle-de-nuit, nommée mirabihs jalappa, L., dont 

les racines sont douées de propriétés purgatives; mais il a été bien 
reconnu depuis , que le véritable j«lap était unliseron , le convolvulus 
Jalappa, L., dont le caractère essentiel du genre consiste dans un ca- 
lice à cinq divisions ; uñe corolle monopétale, plissée, campaniforme 
où infondibuliforme; cinq étamines , un style surmonté de deux stig- 
mates. Le fruit est une capsule supérieure, entourée par le calice ; à 
deux loges , renfermant chacune deux semences. 

Ses racines sont épaisses, allongées, compactes, blanches à l'ex- 
térieur, noirâtres en dedans, remplies d’un suc laiteux. 

Ses tiges sont très-longues, herbacées et grimpantes, couvertes 
d'un léger duvet, ainsi que toute la plante, garnies de feuilles alter- 
nes , pétiolées, de formes différentes , légèrement ondulées sur leurs 
bords; les inférieures triangulaires , presque en cœur, les supérieures 
plus allongées, plus aiguës. 

Les fleurs sont solitaires, alternes, pédonculées, situées dans ais- 
selle des feuilles; les pédoncules un peu plus courts que les fleurs ; 
la corolle est assez grande, d’un jaune pâle, en forme d’entonnoir ; 
les semences hérissées. 

54° Livraison. 3. 


JA LAP. 

Cette plante croît au Mexique, aux. environs de la Véra-Cruz. 
Elle tire son nom de Xalappa, ville de l'Amérique espagnole, d'où 
elle nous est venue pour la première fois. ; 

Telle qu’elle se présente dans le commerce, la racine de jalap est 
grosse, courte, arrondie, ou en tranches épaisses, pesantes , orbicu- 
laires, rugueuses, d’une couleur jaune brunâtre à l'extérieur , et 
d’un gris veiné intérieurement. Sa cassure ondulée et lisse est parse- 
mée de points brillans ; son odeur est légèrement nauséeuse, et sa sa- 
veur âcre et piquante. On en retire une matière extractive, et une 
résine à laquelle le jalap doit toutes ses propriétés médicales. D'après 
les analyses de Gmelin , Neumann, Bergius , Cartheuser, Spielmann, 
la quantité de cette résine varie beaucoup selon différentes circons- 
tances qui n'ont point encore été déterminées, mais qui tiennent, 
selon toutes les apparences, à l’âge de la plante, à l’époque à la- 
quelle sa racine a été cueillie, à son état de fraîcheur ou de vé- 
tusté, etc. : 

Portée sur les fosses nasales, la racine de jalap pulvérisée irrite 
la membrane pituitaire, et provoque l’éternuement. Introduite dans 
l'estomac, elle produit peu d’altération dans les fonctions de cet or- 
gane; mais elle agit avec force sur le canal intestinal, et provoque 
d’abondantes évacuations alvines. « Le jalap, dit Schwilgué, admi- 
nistré à petite dose et très-étendu, provoque‘une purgation sans Co- 
liques ni phénomènes généraux notables ; à grande dose, il peut oc- 
casioner les unes et les autres. Son action est assez prompte ; elle est 
accompagnée de chaleur plus où moins grande dans l'intestin; elle 
n'est pas accompagnée de vomissemens , quoiqu’elle trouble l’action 
de l'estomac ; elle n’est pas suivie de constipation. L’extrait alcoolique 
de jalap peut déterminer les mêmes effets que la racine; il est sus- 
ceptible d’occasioner l'inflammation si on l’administre à trop grande 
dose ou trop peu étendu. Il agit d’une manière plus constante que la 
racine dont les matériaux ne sont pas toujours dans les mêmes pro- 
portions. J'ai souvent administré l'extrait alcoolique de jalap à la 
dose de demi-gramme, soit sous forme de pilules, soit en suspension 
dans cent et deux cent fois son poids d’eau, sans provoquer de co- 
liques ni de trouble général notable. Il est un des purgatifs qui méri- 
tent le plus d’être employés. On peut , en effet, l'administrer sous peu 


È 


JALAP. 

de volume, et masquer facilement sa saveur ; son action est constante ; 
il peut convenir, et lorsqu'on veut provoquer une purgation sans 
phénomènes généraux , et lorsqu'on veut déterminer un trouble gé- 
néral. » Toutefois l'expérience semble avoir constaté que le jalap, 
ainsi que la résine qu’on en retire, conviennent peu en général aux 
tempéramens nerveux, aux constitutions très-irritables, aux sujets 
secs, maigres et ardens; on doit s’en abstenir dans les fièvres aiguës , 
dans les maladies inflammatoires, et dans toutes les affections qui 
sont accompagnées d’une vive réaction vitale, ou de beaucoup d'irri- 
tation, En revanche, ce purgatif convient très-bien aux tempéramens 
lymphatiques , aux individus forts qui ont peu de susceptibilité ner- 
veuse, aux femmes et aux enfans , chez lesquels les sucs blancs pré- 
dominent, et dont le canal intestinal est habituellement surchargé 
d'épaisses et d’abondantes mucosités. Le jalap, en un mot, est un 
des purgatifs les plus utiles à employer dans les maladies chroniques. 
On en fait spécialement usage dans les affections catarrhales rebelles 
et les écoulemens de vieille date, dans les rhumatismes anciens , la 
goutte atonique, le scorbut, la mélancolie et autres névroses, contre 
lesquelles la médication purgative est utile. On s’en sert surtout avec 
succès dans l’hydropisie, les scrofules et les maladies vermineuses. Di- 
vers auteurs ont même préconisé l'efficacité du jalap dans l’hydropisie 
ascite, mais il ne peut y avoir eu du succès que lorsque cette mala- 
die est essentielle et atonique; car si elle avait le caractère inflamma- 
toire, ainsi que cela arrive quelquefois, ou si elle était le résultat de 
inflammation du péritoine, ce qui est le cas le plus ordinaire, on 
sent qu'un semblable purgatif y serait beaucoup plus nuisible qu'u- 
tile. Le seul inconvénient qu'on puisse reprocher à la racine de jalap, 
c'est que, selon la quantité plus ou moins grande de résine qu’elle 
renferme, elle produit, ainsi que le remarque Murray, des effets tan- 
tôt à peine sensibles, tantôt tellement intenses qu'il peut en résulter 
une inflammation funeste, et même la mort : circonstance qui doit 
engager à employer de préférence la résine qui, toujours identique, 
agit constamment de la même manière à la même dose, et produit 
d’ailleurs les mêmes effets que la racine elle-même. e., 

Beaucoup plus active que.cette dernière, la résine de jalap ne se 
donne guère au delà d’un gramme (dix-huit grains) aux adultes. 


& 


JALAP. 

Aux petits enfans âgés de-moins de huit ans, on l’administre à la 
dose d'autant. de grains qu’ils ont d'années, et de huit à dix grains à 
ceux qui sont âgés de huit à quinze ans. La racine est administrée 
aux adultes , d’un à deux grammes (seize à trente-six grains), et aux 
enfans, de vingt-cinq à cinquante centigrammes (cinq à dix grains). 
L'une et l'autre peuvent être données en suspension dans l’eau, le lait 
où une émulsion, ou triturées avec du sucre ou une poudre inerte, 
et administrées sous forme pilulaire ou d’électuaire. 

Il faut être prévenu que la racine de jalap est souvent vermoulue 
et détériorée par la vétusté dans les boutiques, et que sa résine est 
* souvént sophistiquée par son mélange avec la colophane ou autres 
résines. Cette racine purgative entre dans la composition d’une foule 
de médicamens surannés, tels que les électuaires hydragogue de Sy1- 
sus, et antihydropique de Charas, l'extrait catholique de Rolfin- 
ctus, les pilules antigoutteuses de Scheffer, les pilules cachectiques, 
les sirops hydragogue et apéritif de-Charas, et autres préparations 
pharmaceutiques condamnées à un éternel oubli. On retrouve encore 
lejalap dans un grand nombre de teintures stimulantes et purga- 
“tives, dont regorgent les pharmacopées et les formulaires français et 
étrangers. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est réduite au quart de sa grand naturelle.) 


1. Tube ouvert , d’une corolle, afin de faire se Fruit entier. 
voir le pistil et l'insertion des cinq . Le même À horizontalement. 
étamines. pres chevelue. 


Turpen Pen 


JOUBARBE 


CCVIIL. 


JOUBARBE. 


Cisco , as wov 0 LE, Théophraste. 
SEDUM MAJUS VULGARE; Bauhin, Tsvaf , liv. 7, sect. 5. 
É ee MAJUS; ARBORESCENS; Tournefort, clas. 6, sect 6, 
Latin... 15... SEMPERVIVUM TECTORUM; foliis ciliatis, hidht éd. 
| , do Pass dodécagynie. Jussieu, sus 14, ord, x, fa- 


Lin 
RES Pre «barbes 


TORRES RES SEMPREVIVO. 
Espagnol... . ,:, .. SIEMPREVIVA DE TEJADOS, 
Portugais PAP Me Nine SEMPREVI 
Français... ....,. JOUBARBE? ; GRANDE JOUBARBE ; JOUBARBE DES 1OITS. 
pal 2 à MMON HOUSELEER, 
Allemand... ::.. HAUSWURZEL; GROSSER HAUSLAUCH. 
Hollandais. ..,... HUISLOKÔ 
Daho ES Es. HUUSLOG 
Mbloiss HUUSLO: 
Polonais... ...... nozcaonnix Wrezer. 

AE, “Re TCHESNOK DIKOI, 
Hongrois... : 2. mont Z0LD, 


Tannis que l'imagination s’entretient d'idées mélancoliques, exci- 
tées par les effets de Fs vétusté, souvent une belle végétation ramène 
dans notre âme cette douce gaîté qu'inspire la présence des fleurs : 
c’est ainsi qu’elle adoucit le tableau toujours affligeant de la destruc- 
tion , en plaçant, sur les ruines et les vieux murs, ces jolies joubar- 
bes à fleurs purpurines, où, par un contraste avec ces arides loca- 
lités, elles forment un parterre des plus agréables.  . 

Celle dont il s agit ici , a des racines allongées, d’une grosseur meé- 
diocre, traçantes, Sststes peu ramifiées. Leur collet est garni de 
rois de feuilles persistantes, serrées les unes contre les autres. 

Ces feuilles sont sessiles ; imbriquées, tendres , charnues, ovales, 


Li sv . “ 

De ae, toujours, et Zwos,r,sv, Vivant. 
3 = “ 

De Jovis barba , barbe de Jupiter. 


54° Livraison, 


JOUBARBE. 
aiguës , glabres à leurs deux faces, ciliées à leurs bords, souvent 
rougeûtres vers leur sommet. 

De leur centre s'élève une tige droite, velue, longue d’un pied et 
demi, garnies de feuilles éparses. Elle se divise à son sommet en ra- 
meaux étalés, courbés en dehors, sur lesquels sont placées, en forme 
d'épi, des fleurs presque sessiles, purpurines, un peu velues, la plu- 
part tournées du même côté. Elles offrent pour caractère générique : 
un calice profondément divisé en douze à quinze folioles aiguës, per- 
sistantes ; autant de pétales lancéolés ; vingt-quatre à trente étamines. 

Les ovaires sont au nombre de douze à quinze, accompagnés cha- 
cun à sa base d'une écaille nectarifère; les styles simples, courbés 
en dehors. Il en résulte autant de capsules uniloculaires , s’ouvrant 
longitudinalement à leur côté intérieur, renfermant des semences 
placées sur un seul rang à la suture de chaque capsule. 

On trouve cette plante en Europe, sur les toits, les vieux murs et 
les collines pierreuses. (Bis 

La joubarbe exhale une odeur à peine sensible. Sa saveur est 
aqueuse, fraîche, âpre, styptique, et comme salée; ses feuilles suc- 
culentes renferment une grande quantité de suc aqueux, opaque, 
acidule et astringent , qui noircit avec le sulfate de fer, et forme; 
par le contact de l'alcool, un coagulum blanchâtre , dont l'aspect est 
analogue à celui de la crême de lait. 

Les feuilles de cette plante grasse déterminent, lorsqu'on les mä- 
che, un sentiment de fraîcheur et une astriction remarquable, qui 
indiquent manifestement les propriétés réfrigérantes , astringentes et 
détersives dont elles sont douées. À l'intérieur, on a fait usage de 
leur suc exprimé dans la dysenterie , où nous en approuverions vo- 
lontiers emploi, si nous pouvions admettre l’utilité des astringens 
dans cette phlegmasie. On lui a attribué de bons effets contre les ma- 
ladies convulsives. Les paysans, partout simples et crédules, s'en 
servent quelquefois contre les fièvres intermittentes qui les affligent ; 
et sans doute quelques succès peuvent être attribués à ce noyer 
tout aussi bien qu’à cette foule de prétendus fébrifuges préconisés 
avec np par les médicastres et les charlatans : mais il faut 
avouer qu ‘aucune observation exacte, ni aucune expérience positive; 
n'ont constaté son efficacité contre ces diverses affections. 


JOUBARBE. 

De nos jours , on ne fait plus usage de la joubarbe qu'à l'extérieur , 
Galien l’employait sous ce rapport contre le phlegmon et l’érysipèle. 
On en a recommandé l'application contre la brûlure. Scopoli et Ro- 
senstein faisaient usage du suc de joubarbe, associé au miel, dans 
les aphtes des enfans, et Boyle contre l’angine. Van Swiéten en em- 
ployait la pulpe au pansement des fissures des mamelles; d’autres ont 
vanté ses bons effets contre l’orgeolet ou phlegmon des paupières, et 
quelques auteurs se louent beaucoup de son application, sous forme 
de cataplasme, sur les tumeurs hémorroïdaires. Dans certaines con- 
trées le peuple croit à la toute-puissance des feuilles de joubarbe 
pour guérir les coupures. Le coagulum, que l'esprit de vin opère 
dans le suc de cette plante, a été vanté enfin comme propre à dissi- 
per les éphélides ou taches du visage, mais cet effet est plus que dou- 
teux. On sait, du reste, que la joubarbe, de même que-tous les to- 
piques , ne peut que s'opposer à la guérison des coupures, comme 
de tout autre plaie, et que le seul traitement efficace de ces sortes 
de solutions de continuité consiste dans le rapprochement pur et 
simple des parties divisées. A l'égard des hémorroïdes, les accidens 
graves qui peuvent résulter de l'application des astringens sur les 
tumeurs auxquelles elles donnent lieu, doivent rendre extrêmement 
circonspect sur l'emploi de la joubarbe dans leur traitement. Cette 
plante réfrigérante peut être appliquée avec succès sur les fissures 
des mamelles , et employée contre l’angine et contre les aphtes, lors- 
que ces affections sont lentes, peu douloureuses, el d’un caractère 
muqueux; mais elle y serait plus nuisible qu'utile, si elles étaient 
accompagnées de beaucoup de douleur et d’irritation, ou d’un état 
inflammatoire très-intense. Nous faisons la même remarque à l'oc- 
casion de la brûlure : à l'instant même de cet-accident, surtout dans 
les brûlures au premier degré, nul doute que les applications de jou- 
barbe pilée ne soient aussi avantageuses et même préférables à cette 
multitude de remèdes composés, absurdes ou intempestifs, qui ont 
usurpé une sorte de réputation populaire contre cette affection ; mais 
l'est beaucoup de cas où cette plante n’y convient pas mieux que les 
autres astringens. On sait, en outre, que l'érysipèle guérit beaucoup 
plus sûrement sans aucun topique, qu'avec la joubarbe, et que le 
phlegmon réclame en général des moyens beaucoup plus émolliens. 


JOUBARBE. 


Le suc, exprimé et dépuré de cette plante, peut être administré, 


intérieurement à la dose de soixante-quatre grammes ( deux onces) 
et plus. On en prépare un sirop qui est souvent incorporé, ainsi que 
le suc lui-même, dans des collyres, des gargarismes et autres médi- 
camens styptiques et astringens. Il suffit d’écraser ses feuilles dans 
un mortier pour les disposer à former des cataplasmes réfrigérans. 
Dans certaines contrées, la joubarbe est honorée d’une sorte de 
respect religieux ; les simples et crédules habitans des campagnes lui 
accordent la puissance de prévenir les enchantemens et les maléfices 
des prétendus sorciers. Elle croît abondamment sur les toits et sert à 
affermir ou à assujétir les tuiles et le chaume sur l’agreste habita- 
tion du laboureur. Modeste ornement des chaumières, bienveillante 


protectrice de l’humble cabane du pauvre, elle est ainsi, aux yeux 


du sage, préférable à cette foule de végétaux, que l'ignorance, l’er- 
reur, la crédulité ou l’imposture, ont fastueusement décorés des ver- 
tus les plus mensongères , des propriétés les plus contradictoires. Et 
elle est plus digne de nos hommages que tous ces monstres de végéta- 
tion obtenus avec effort, en torturant la nature, et que le luxe as- 
semble à grands frais, pour flatter, par quelques sensations stériles 
et éphémères, les sens blasés des oïsifs et des oppresseurs. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.) 


. Feuilles radicales 5. Capsule isolée. 
+ Fleur entière, de grandeur naturelle.” 6. La même coupée dans sa longueur. 
amine. 7. Graine isolée. 


. 


s. Fruit multiple. 


Turpen L. Lambert Je Je 


JOUBARBE (petrte ) 


CCIX. 


JOUBARBE PETITE. 


Grec. ...,...... ae£woy puixpoy, Théophraste, 
SEMPERVIVUM MINUS, VERMICULATUM, ACRE; Bauhin, IuvæË, Liv. 7, 


Bain; it Mer Sons SEDUM PARVUM, ACRE, FLORE LUTEO, Tournefort, cl. 6, sect. 6, gen. 1. 
SEDUM ACRE ; foliis subovatis, adnato-sessilibus gibbis erectiusculis al- 

ternis, cimd trifida. Linné , décandrie pentagynie. Tussieu, clas. 14; 
ord. 1, famille des joubarbes. 

Fallen: ss + . SEDO ACRE; PINOGHI 

Papagnel : |: SEDO ACRE; VERMICULAR 

Portugais, ....... VERMICULARI 

Francais... .: PETITE JOUBA 

Anglais: …. ALL PEPER; PEPER CROP, 

Allema +... +. MAUERPFEFFE 

Hollandais. . ; MUURP 

à FETKNOPPAR 

Re MOTODILE, 


La petite joubarbe , que l’on nomme encore vermiculaire, orpin 
brülant, etc. , n'appartient point au même genre que la précédente : 
elle est rangée parmi les sedum, genre nombreux en espèces, à 
fleurs blanches ou jaunes, beaucoup plus petites, moins brillantes 
que celles des sempervivum ; il se caractérise par un calice à cinq di- 
visions (rarement de quatre à sept); cinq pétales; dix étamines; 
cinq ovaires, autant de styles courts; cinq écailles à la base de l'o- 
Yaire; cinq capsules. 

Ses racines offrent une souche grêle, rampante, garnie de quel- 
ques fibres , d’où s’élèvent plusieurs tiges médiocrement rameuses, 
droites ou ascendantes, longues au plus de trois ou quatre pouces. 

Les feuilles sont nombreuses, éparses, serrées, droites, courtes, 
épaisses, presque ovales, un peu aplaties en dessous , prolongées _—. 
le bas à leur point d'insertion; d’un vert clair, quelquefois rougei- 
tres dans leur vieillesse, d’une saveur âcre et brûlante. 

Les fleurs sont sessiles, d’un beau jaune vif, placées le long des 
'ameaux d'une cime, souvent divisée en trois branches. 


55e Livraison, 


. 


JOUBARBE (PETITE). 

Les divisions du calice sont ovales-oblongues , obtuses ; les pétales 
ovales , lancéolés , aigus. 

Cette plante croît partout en Europe, sur les vieux murs, dans les 
lieux secs , arides, exposés au soleil. # 

L’odeur de la petite joubarbe n’est pas plus marquée que celle des 
autres plantes grasses : sa saveur esl chaude, piquante et acre, ce 
qui lui a fait donner le nom de poivre des murailles, sous lequel on 
la désigne vulgairement. Son âcreté paraît essentiellement résider 
dans le suc qu’elle renferme, et qui jouit des mêmes propriétés que 
la plante elle-même; l'analyse chimique n’a point encore fait con- 
naître sa composition. Bergius a remarqué toutefois que la décoction 
aqueuse, Jaunâtre, inodore, âcre et nauséeuse de cette plante, n’é- 
prouve aucun changement par le contact du sulfate de fer. 

Deux chiens, auxquels M. Orfila avait fait avaler quatre onces et 
demie de suc de sedum acre, et sur lesquels il a lié immédiatement 
après l'œsophage, ont éprouvé des efforts de vomissement, un acca- 
blement remarquable, une insensibilité absolue, des mouvemens con- 
vulsifs dans les pattes , et ont succombé dans l’espace de vingt-quatre 
heures. Après leur mort, on a trouvé la membrane muqueuse de l’es- 
tomac d'un rouge de feu, les poumons rougeûtres et-plus denses que 
dans l'état ordinaire. Lorsque cette plante est introduite dans l’esto- 
mac de l’homme, elle se borne, pour l'ordinaire, à produire des vo- 
missemens et une purgation plus ou moins violente. Mais son action 
excitanie peut s'exercer consécutivement sur différens appareils or- 
ganiques, et donner lieu à différens phénomènes secondaires qui lui 
ont fait donner les titres de diurétique, apéritive, détersive , fébri- 
fuge, etc. Sous ces différens räpports, on a vanté le sedum acre dans 
le traitement de plusieurs maladies , et particulièrement contre Phy- 
dropisie, le scorbut, le scrofule, les fièvres intermittentes , l’épi- 
lepsie, les ulcères sordides, les chancres, la gangrène , et même 
contre les cancers. Il ne faut cependant pas perdre de vue que l’irri- 
tation vive que le suc de cette plante produit sur l’appareil digestif, 
est susceptible d'y déterminer l’inflammation et l’ulcération, et qu’elle 
peut même douner la mort en opérant une lésion consécutive du 
système nerveux, Ce qui fait que, à l'exemple de Boerhaave, on 


doit avoir beaucoup de méfiance sur son administration intérieure. 


4 À, 


, 


JOUBARBE (PETITE). 

Au rapport de Murray, Bulow, médecin suédois, ladministrait 
intérieurement contre le scorbut , en décoction dans le lait et dans 
la bière. Cette dernière décoction était associée par lui avec le miel 
rosat dans des gargarismes dirigés contre le gonflement des gen- 
cives, et employée au pansement des ulcères qui surviennent sou- 


vent dans cette affection : il appliquait aussi la plante elle-même 


cuite, en cataplasme, sur les articulations, pour remédier à la con- 
tracture des membres chez les scorbutiques. Marquet prétendit, de 
son côté, que le suc, ainsi que la pulpe de cette joubarbe, avaient 
une grande efficacité contre les ulcères, les chancres et les cancers. 
Plusieurs faits publiés en Allemagne, et quelques observations faites 
en France, semblent annoncer que cette plante a été administrée 
avec succès dans quelques cas d’épilepsie. L'on doit, entre autres, 
à M. Peters cinq observations d’épilepsie et de chorée, dans Îes- 
quelles le sedum acre, administré en poudre de huit à dix grains 
par jour, pendant un certain temps, a guéri un malade, et retardé 
ou affaibli les accès chez les autres. Le suc et la décoction de cette 
plante paraissent avoir guéri quelquefois les fièvres intermittentes. 
Enfin, son suc et sa pulpe jouissent de beaucoup de vogue pour le 


_ traitement des cors et des durillons. Remarquons, toutefois, au 


sujet des effets thérapeutiques, sans doute trop libéralement et trop 
légèrement attribués à la petite joubarbe, que si ces applications 
ont paru quelquefois utiles pour remédier à certains symptômes du 
scorbut, nous possédons une foule de moyens beaucoup plus puis- 
sans et beaucoup plus certains contre cette maladie. Malgré les as- 
sertions de Marquet, peut-on d’ailleurs lui attribuer raisonnable- 
ment contre les ulcères carcinomateux et les cancers, d’autre effet 
que celui de déterger leur surface fongueuse, de diminuer la quan- 
tité et la puanteur de l'ichor infect qui découle parfois de ces af- 
freuses ulcérations ? Il en est de même à l’égard de la gangrène, con- 
tre laquelle nous possédons une foule de moyens dont les avantages 
sont beaucoup mieux constatés. Quant aux succès qui sont attribués 
au sedum acre contre l'épilepsie et les fièvres intermittentes , les ob- 
servations sur lesquelles ils reposent sont en trop petit nombre pour 
qu'on puisse admettre définitivement son efficacité contre ces affec- 
tions pathologiques, qui exigent, comme on sait , des méthodes de 


JOUBARBE (PETITE). 

traitement très-variées, et souvent même entièrement opposées les 
unes aux autres. 34 

On administre cette plante sèche, sous forme pulvérulente, de- 
puis vingt-cinq jusqu'à soixante-quinze centigrammes (cinq à quinze 
grains). Son suc dépuré se donne à la dose d’une demie ou d’une euil- 
lerée, et sa décoction de trente-deux à soixante centigrammes (deux : 
à quatre onces). Elle entre dans la composition de l’onguent popu- 
léum. On en préparait jadis une eau distillée, qui a joui, contre la 
gravelle, d’une réputation dont le temps a fait justice, parce que, 
à l'exemple de tant de réputations usurpées, elle ne reposait que sur 
des illusions et des erreurs. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est de grandeur naturelle.) 


1. Fruit. faire voir le point d’attache des graines. 


2. Capsule coupée dans sa longueur, pour 3. Graine grossie. 


210. 


JUJUBIER. 


a. LE 


CCX. ’ 


JUJUBIER. 
x HE 
Grecs, LS HAE Actuarius, 
_ be j AJORES, OBLONGÆ; Bauhin, sé “4 liv. r1, sect, 6. 
zuieaus ; Tournefort, elas. 27, sect, 7, 
Latin. ........ RHAMNUS Z1Zyrnus; aculeis fn nai és recurvo, floribus digynis, 
foliis ovato-oblongis. Linné, pentandrie monogynie. Jussieu , el. 14, 
ord, 13, famille des nerpruns. 

150." T HN EE GIUGGIOT.O 

spa sers bre AZUFAY 
Portugais, DE, ets MACEIRA DE ANAFEGA. 

FOR es à: JUJUBIER 
Anglais. ....,... susuve rrer. 
Allemand... .,.... BRUSTBEERE 
Hollandais. , ..... sonexsoom. 

rabe..…. 53 on 
Persan et Turc... .. unar. 
Géorgient.. .. :. .. UNABI 

MOT; ., HUM-HAO 
Japonais: SRE, NAATIME, - 


Né sur les côtes de la Syrie, le jujubier, au rapport de Pline, a 
été transporté de ce pays dans l'Italie, sous le règne d’Auguste : il 
s'est depuis naturalisé le long des bords de la Méditerranée, dans la 
Provence, le Languedoc, la Barbarie et le Levant. Linné l sr placé 
parmi les rhamnus (les nerpruns). M. Delamarck l'en a retiré pour 
en former, sous le nom de ziziphus , un genre particulier ; gué 
par un calice très-ouvert, à cinq divisions; cinq pétales ; cinq étami- 
nes insérées, ainsi que les pétales, sur un disque glanduleux , qui 
entoure un ovaire supérieur , chargé de deux styles. Le fruit est un 
drupe contenant un noyau à deux loges, à deux semences. 

Le jujubier, sous la forme d’un grand arbrisseau , s'élève à la hau- 
teur de quinze à vingt pieds. Ses tiges sont très-rameuses , tortueuses , 
revêtues d’une écorce nes un peu gercée : : ses rameaux ;, d’un 
rouge-brun, flexueux, munis à leur base de deux aiguillons , l'un 
droit, l'autre courbé en hameçon. 


55° Livraison. 


. 


JUJUBIER. 
Les feuilles sont alternes, médiocrement pétiolées, alternes, lis- 


ses, ovales, légèrement dentées , marquées de trois nervures longitu- 
dinales. 


Les fleurs naissent en paquets dans les aisselles des feuilles : elles … 


ont un calice à cinq divisions ovales; les pétales plus courts que le 
calice, étroits, creusés en forme de demi-entonnoir ; les filamens plus 
courts que les pétales ; les anthères arrondies. 

Lé fruit est un drupe pulpeux, rougeâtre, de la forme et de la 
grosseur d’une olive, contenant un noyau osseux à deux loges; une 
semence dans chaque loge. 

Il est une autre espèce de jujubier, connu depuis très-long-temps 
sous le nom de lotos {z/ziphus lotus). Homère en parle dans lOdys- 
sée. Ses fruits, d’après ce poète, avaient un goût si délicieux, qu'ils 
faisaient perdre aux étrangers le souvenir de leur patrie. Ils crois- 
saient en abondance dans le pays habité par les anciens lotophages, 
aujourd’hui gerbt , dans le royaume de Tunis. Cet arbrisseau y est 
encore très-commun ; et je l’ai rencontré frequemment dans plu- 
sieurs autres contrées, sur la côte de Barbarie. Il croit en buisson, 
et s'élève à peine à la hauteur de quatre à cinq pieds. Ses rameaux 
sont tortueux, grêles, d’un blanc cendré, garnis d’aiguillons; ses 
feuilles assez semblables, à celles du jujubier commun, mais plus 
petites, plus arrondies, à trois nervures; les fruits plus petits, pres- 
que ronds, de couleur roussâtre, d’une saveur douce, assez agréa- 
ble, mais très-inférieurs à leur ancienne réputation. On les vend 
encore aujourd’hui dans les marchés. Les-Arabes des bords de la pe- 
lite Syrte et du voisinage du désert , les mangent, et même en nour- 
rissent leur troupeaux : ils en font aussi une boisson en les broyant 
et les mêlant avec de l’eau. Tel est à peu près l’usage qu’on en fai- 
sait chez les anciens, d’après le rapport de Polybe et de Théo- 
phraste. *. (P.) 

Sous une pellicule rouge, qui se ride après la maturation, les juju- 
bes renferment un parénchyme blanchâtre, mou, pulpeux, succu- 
lent, qui devient spongieux par la dessiccation , et acquiert alors un 
goût vineux et sucré à la place de la saveur douce, légèrement aci- 
dulée, qu’elles présentent dans l’état frais. L'analyse chimique n’a 
point encore fait connaître les proportions respectives des matériaux 


=. 


Me. Ein) 5 AMÉMSEES 


LÉ 


" 


L 


JUJUBIER. 
A nédisis de ces fruits. On y reconnaît toutefois la présence du 
sucre, et d’une grande quantité de mucilage doux et visqueux, dis- 
soluble dans l’eau, de sorte qu’il n’y a pas de doute qu'ils ne soient 
susceptibles de donner de l'alcool à la distillation. 

Quelques auteurs ont cru reconnaître dans ces fruits les otepixa de 
Galien, tandis que J. Bauhin pense qu'elles ne sont autre chose 
que les fruits dont Athénée, Théophraste, Pline, et autres anciens, 
ont parlé sous le nom de lotus. Quoi qu'il en soit, ces fruits mucila- 
gineux et sucrés sont très-nutritifs, et jouissent manifestement des 
propriétés émollientes, adoucissantes, relàchantes, lubréfiantes, qui 
sont le propre de tous les fruits mucilagineux, et particulièrement 
des figues et des raisins. Sous ces différens rapports, on pourrait en 
faire usage avec succès dans le traitement de la plupart des mala- 
dies inflammatoires, et dans les affections aiguës et chroniques, ac- 
compagnées de sécheresse, d’ardeur et d’irritation. Leur décoction 
dans l’eau a été surtout préconisée contre les maladies de poitrine, 
telles que les catarrhes pulmonaires, l’enrouement, la phthisie, et 
les toux d’irritation. On peut l’employer avec le même succès contre 
la phthisie laryngée , l’angine et les aphtes, la diarrhée et la dysen- 
terie, soit en boisson, soit sous une forme plus rapprochée. À l'exem- 
ple de toutes les Bastia mucilagineuses, cette décoction peut 
encore être administrée avec succès dans la néphrite, dans l’inflam- 
mation de la vessie, dans la blennorrhagie, dans les affections cal- 
culeuses, et autres maladies des voies urinaires. Comme adoucissante 
et comme nutritive, la décoction et la pulpe des jujubes sont d'un 
avantage réel, lorsque toutefois l'estomac les supporte bien, dans la 
fièvre hectique et dans certaines maladies de la peau longues et re- 
belles, accompagnées d’ardeur et d'irritation , telles que les dartres, 
l’éléphantiasis, le prurigo, etc. Mais quels que soient les avantages 
de ces fruits dans la plupart des cas que nous venons d’énumérer , on 
ne peut pas leur accorder plus d'efficacité qu'aux dattes, aux figues 
et aux raisins , qui doivent du reste leur être préférés, parce que les 
Jujubes sont souvent moisies, vermoulues ou avariées d’une manière 
quelconque, quand elles arrivent dans nos contrées. 

Dans l’état frais, ces fruits constituent un aliment très-nutritif, 
et aussi agréable que salutaire. Les peuples du midi de l’Europe les 


JUJSUBIER. 
mangent dans cet état, ou les dessèchent en les exposant sur des ; 
claies à l’action du soleil : après leur parfaite dessiccation , on les en- * 
ferme dans des çaisses, et on les livre au commerce. Alors les juju « 
bes sont plus sucrées, mais elles sont en même temps beaucoup 4 
plus consistantes et plus difficiles à digérer, ce qui les rend peu con- … 
venables comme aliment aux personnes délicates, qui mènent uné 
vie sédentaire, et qui digèrent mal. 4 

On administre les jujubes, en décoction, dans l'eau ou dans le lait, 4 
à la dose de trente-deux à soixante grammes (une à deux onces) 
pour un kilogramme (deux livres) de liquide. Le sirop qu'on en 4 
prépare, tant vanté contre les maladies pulmonaires, peut être ad- 
ministré avec le même succès que leur décoction, mais il n’a pas è 
d'autres vertus que celui de guimauve. Ces fruits entrent dans là 
composition du sirop résomptif, du looch de santé, de l'électuaire î 
lénitif, et autres médicamens réputés pectoraux. Leur mucilage sert 
également à la préparation de la pâte et des pastilles de jujubes, : 


dont le goût est aussi agréable que leur effet est salutaire. ï 
/ 1 
EXPLICATION DE LA PLANCHE. 4 

{ La plante est de grandeur naturelle.) À 

: 

r. Fleur entière, grossie. 4: Noyau isolé. . 

2. Fruit de grosseur naturelle. 5. Le mème coupé horizontalement, dans 

3. Le même dont on a enlevé une partie de lequel on distingue deux loges mo- k 

la chair, afin de faire voir le noyau. nospermes. F. 


Dre rer ne 


Lambert T° sculp 


JUSQUIAME 


e C£. 


CCXTL. 


JUSQUIAME. 


Open, SL ie ... vosxvauoc!, Dioscorides. 
“HYOSCYAMUS VULGARIS, Vel niGer. Bauhin, Tlvæ£, lib. 5, sect. x ; 
À Tournefort, clas. 2, sect. 1, gen. 4. 
Latin... À rvoscramus NIGER ; folits amplexicaulibus sinuatis, floribus sessilibus. 
Linné, pentandrie monogynie. Jussieu, clas. 8 , ord. 8, famille des 
nées. 
ltalien. .... ..,.. cruscaramo. 
Espagnol. ....... VELENO. 
Forfugais: MEIMENDRO; YOSCIAMO. 
APORPR. D ds JUSQUIAME; HANEBANE, 
1 PPS HENBANE. 
Allemand... ..,.. misenxraur. 
Hollandais, . ,.... BILSENKRUID, 
nn RER PE Re M 
Suédois... , +. BOLMORT. 
Polonais es. + SE DETUE 


Tour, dans la jusquiame, contribue à nous donner, sur les quali- 
tés de cette plante, des idées peu favorables. Un feuillage d’un vert 
pâle et livide , couvert d’un duvet visqueux, la couleur triste et som- 
bre de ses Fee l’odeur repoussante qui s’exhale de toutes ses par- 
ties, sont autant d’attributs qui écartent de cette plante ces attraits 
répandus sur la plupart des autres fleurs. Elle appartient à la fa- 
mille eee des solanées, et se caractérise par un calice tubulé, 
persistant, à cinq lobes; une corolle presque campanulée ; le tube 
Court; le limbe partagé obliquement en cinq découpures inégales ; 
cinq étamines; un ovaire supérieur, surmonté d’un seul style, et 
g un stigmate en tête. Le fruit est une capsule ovale, obtuse, renflée 

à sa base, creusée d’un sillon sur chaque côté, s’ouvrant horizonta- 
LE vers son sommet, en forme d’opercule, partagée en deux 
loges ; les semences nombreuses. 


* De i;, cochon, et x6œuec, fève. 


55e Livraison, 3 


JUSQUIAME. 

Ses racines sont épaisses, ridées, peu ramifiées, brunes en de- 
hors, blanches en dedans : elles produisent une tige velue, haute 
d'un à deux pieds, épaisse, rameuse, cylindrique. 

Les feuilles sont fort amples , alternes, amplexicaules, molles, co- 
tonneuses , ovales-lancéolées, sinuées et découpées profondément à 
leurs bords. 

Les fleurs sont presque sessiles, disposées sur les rameaux en 
longs épis feuillés, toutes tournées du même côté. Sa corolle est d’un 
jaune très-pâle à son limbe , traversée par des veines purpurines, ré- 
ticulées; d’un pourpre noirâtre à l’orifice du tube ; les capsules uni- 
latérales. É 

Cette plante, très-commune, se plaît parmi les décombres, sur le 
bord des chemins, aux lieux incultes. (P.) 

L'aspect triste et repoussant de cette plante, son odeur vireuse et 
nauséabonde, sa saveur fade, semblent indiquer d'avance la nature 
délétère des propriétés dont sa racine, ses feuilles et ses semences 
sont douées. On en retire de l'huile volatile, une matière extractive 
et une résine. Ses graines fournissent en outre, par expression , une 
certaine quantité d'huile grasse; mais il serait à désirer que quel- 
que habile chimiste s’occupât de déterminer avec plus de précision 
qu'on ne l’a encore fait, la nature et les proportions des différens 
principes qui la composent. 

La jusquiame sert exclusivement de nourriture à une espèce de 
punaise très-puante, cimex hyosciami, L.; les chèvres et les vaches 
la broutent sans inconvenient, les cochons l’aiment beaucoup, elle 
est très-recherchée par les brebis ; et certains maquignons, au rap- 
port de Murray, la mêlent quelquefois à l’avoine des chevaux pour 
les engraisser. Toutefois cette solanée tue la plupart des insectes; sa 
seule présence, dit-on, fait fuir les rats ; elle est dangereuse pour les 
cerfs, elle est funeste aux oies, à tous les gallinacés, à beaucoup 
d'oiseaux, et mortelle pour les poissons. Enfin, elle est un poison re- 
doutable pour l'espèce humaine. Une foule d’observateurs, parmi 
lesquels on distingue Boerhaave, Van Helmont, Simon Pauli, 
Haller, Wepfer, Spielmann, etc. , attestent ses effets délétères sur 
‘économie animale, Son influence vireuse se fait également sentir 
lorsqu'elle est directement introduite dans l'estomac ou l'intestin, 


2 


É 


“yes PU 


JUSQUIAME. 

lorsqu'elle est appliquée sur des surfaces dénudées, introduite dans 
le tissu cellulaire, injectée dans les veines, et lorsqu'on est simple- 
ment exposé à ses émanations. Boerhaave éprouva lui-même un état 
d'ivresse avec tremblement pour avoir préparé un emplâtre dont la 
jusquiame faisait partie, et l’on cite des individus qui se sont trou- 
vés dans un état de délire et de stupeur, après s’être imprudemment 
livrés au sommeil sur un sol où croissait cette plante narcotique. Si 
l'on parcourt les nombreuses observations d’empoisonnemens aux- 
quels la jusquiame a donné lieu, on voit que sa racine, imprudem- 
ment prise pour celle du panais, a généralement produit un délire 
furieux ou extravagant, et la stupeur. . 

Du reste, parmi les individus soumis aux effets de ce poison vé- 


gétal, les uns ont eu la face tuméfiée et rouge, le pouls dur, un 


sommeil profond; d’autres ont éprouvé une ardeur extrême des lè- 
vres, de la bouche, de la gorge, une grande gêne de la déglutition , 
la distorsion de la bouche, des vertiges , de vives douleurs dans les 
articulations ; et toutes sortes de mouvemens insolites et ridicules. 
Les feuilles et les jeunes pousses ont particulièrement déterminé 
le délire furieux, la dilatation de la pupile, l'œil hagard , la gène de 
la respiration, l’aphonie, le trismus, la suspension de l’action des 
sens, la paralysie des membres inférieurs, des mouvemens convulsifs 
des bras, la typhomanie, la carpologie et le refroidissement des 
extrémités. Mais l'administration des vomitifs, suivie de l'usage des 
laxatifs et des acides végétaux , a suffi en général pour faire disparai- 
tre tous les symptômes de ces empoisonnemens. 

En administrant le suc et la décoction aqueuse de la jusquiame 
à plusieurs chiens, dont il a eu soin de lier immédiatement après 
l'æsophage, M. Orfila a reconnu que ces substances ne déterminent 
nullement l’inflammation du tissu de l'estomac, mais qu'elles sont 
portées dans le torrent de la circulation , et c’est très-probablement 
par cette voie que la jusquiame exerce sur le système nerveux cette : 
violente excitation qui produit l’aliénation mentale, et consécutive- 
ment la stupeur. Cependant cette plante vireuse a été considérée à 


| la fois par les praticiens comme excitante et comme narcotique, et 


d \ Ta , . + / 
cest d’après cette double manière d'agir, qu'on lui a attribué des 
propriétés sédative, anodine, antispasmodique, antimaniaque, phan- 


JUSQUIAME. 

tastique , résolutive, répercussive, et autres effets contradictoires. 

A l'intérieur, on l’a principalement administrée dans les maladies 
où l’on fait usage de l'opium. Plusieurs auteurs la préfèrent même à 
ce médicament, parce qu’elle n’a pas, comme lui, l'inconvénient de 
suspendre les évacuations. Forestus faisait particulièrement usage de 
ses semences contre l’hémoptysie, Plater les employait contre cette 
affection et contre les hémorroïdes , et Boyle vante leur efficacité 
dans toutes les hémorragies. Mais quelle conséquence peut-on tirer 
des prétendus succès qui sont attribués à ces semences contre les 
écoulemens sanguins, quand on réfléchit qu’elles ont été constam- 
ment associées à d’autres substances, auxquelles sont nécessaire- 
ment dus, en grande partie, les effets obtenus. Stoerck a procédé 
beaucoup plus sagement dans l'administration de cette plante. Il a 
pris lui-même, et a administré à différens malades l’extrait des feuil- 
les de jusquiame seul, et il assure en avoir obtenu beaucoup de suc- 
cès dans les convulsions et l’épilepsie, dans les palpitations du cœur, 
la céphalalgie invétérée, contre la manie, la mélancolie et l’hémop- 
tysie. Collin et Greding en ont fait usage dans les mêmes maladies; 
ils ont même été beaucoup plus hardis, puisqu'ils en ont porté la 
dose jusqu'à vingt et quarante grains par jour, tandis que Stoerck 
se bornait ordinairement à la dose de huit à dix grains, et dépassait 
rarement celle de quinze grains dans le même espace de temps. 
Quels que soient les avantages que ces auteurs, et beaucoup d’au- 
trés médecins, paraissent avoir obtenus de l'emploi de cet extrait, 
contre les are FR indiquées , il ne faut pas se dissi- 
muler que certains malades n’en ont retiré aucun soulagement, et 
qu'il a déterminé chez plusieurs des accidens tout aussi redoutables 
que la maladie qu’on avait en vue de guérir 

A l'extérieur, la jusquiame noire exerce, comme sédative, des ef- 
fets non douteux. Sa décoction chaude a été employée avec avantage 
en fomentations dans les entorses , les diastasis et les contusions. Ses 
feuilles cuites dans l'eau , et appliquées en cataplasmes, ont été van- 
tées contre la podagre, et ont quelquefois réussi à calmer d’horribles 


douleurs de goutte, à faire disparaître d’anciennes douleurs rhumatis- 


males rebelles, et à résoudre l'inflammation et les éngorgemens dou- 
loureux des mamelles, On a recommandé contre les douleurs de 


JUSQUIAME. 
dents, de retenir dans la bouche la fumée de cette plante sèche; 
mais ce précepte téméraire, suivant la remarque judicieuse de Mur- 
ray ; peut être suivi d’accidens tout aussi graves que l’odontalgie. 

L'extrait de jusquiame se donne d’abord de cinq à dix centi- 
grammes (un à deux grains ) par jour, et on en augmente graduel- 
lement la dose jusqu'à un gramme (vingt grains). On peut égale: 
ment administrer le suc dépuré, ou la plante elle-même pulvérisée, 
mais on ÿ à rarement recours. On en prépare , avec l’axonge, un on° 
guent , et avec diverses résines, un emplâtre, réputé contre les dou- 
leurs. Les feuilles de Jjusquiame entrent en outre dans la composition 
de l'onguent populéum, et ses semences dans un grand nombre de 
préparations vieillies, et heureusement condamnées à pourrir dans 
la poussière des officines : tels sont , entre autres, le requies de Ni- 
colas Myrepsus, le philonium romanum, le tryphera magna , les pi- 
lules de cynoglosse de Charas; les trochisques d’alkekenge,, etc. 

La jusquiame blanche jouit des mêmes propriétés que celle dont 
nous venons de parler. Quelques médecins la préfèrent, toutefois, 
Comme un peu moins irritante. Une autre espèce du même genre 
entre dans la préparation du benge, sorte de préparation enivrante, 
qui est devenue un besoin de première nécessité pour les peuples 
des contrées brûlantes de l’Inde; comme l'opium , suivant la remar- 
que de Peyrilhe, l’est devenu pour les Turcs, et le vin pour un 
petit nombre d’ivrognes répandus sur le reste du globe. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est de grandeur naturelle.) 


1. Corolle ouverte. : 4. Le même coupé horizontalement. 
2. Pistil, ‘ 5. Graine grossie, 
3. Fruit, 4 


Lurper Line ’ 


CCXII. 


LADANIER. 


CARRÉS. Axadayoy Dioscorides. 

CISTUS LEDON CRETENSE ; Bauhin , [ivæf , lib. 12, sect, 2. Tournefort, 
$ clas. 6, sect. 4, gen, 10. 

Das 77 *4 cisrus crericus ; arborescens, exstipulatus, foliis spatulato-ovatis pe- 
tiolatis enerviis scabris, calycinis lanceolatis. Linné, polyandrie 
monogynie. Jussieu, clas. 13 , ord. 20, famille des cistes. 

0. 


Italien, . . .. >. + + + IMBRENTINO; LADAN 
Spagnol. . .....,. ESTEPA DE CRETA 
Portugais. . . .. :.. ESTEVA DE C 
Français... . ..,.. LADANIER ; CISTE DE CRÈTE. 
Lu PP GUM CISTUS 
Allemand, ....:.. CRETISCHE CISTEN. 


Le ladanum est une substance visqueuse fournie par une plante 
qui appartient à un des genres d'Europe le plus nombreux en espè- 
ces, aux cistes de Linné, que plusieurs auteurs modernes ont divisé 
en deux genres, en rétablissant celui des Aelianthemum de Tourne- 
fort. D’après cette réforme, notre plante, qui appartient aux vrais 
cistes, offre pour caractère générique : un calice à cinq dixisians 
presque égales ; cinq pétales très-ouverts; un grand nombre d far 
mines insérées sur le réceptacle; un ovaire supérieur chargé d’un 
seul style ; une capsule à cinq ou à dix loges, autant de valves, mu- 
nies d’une cloison vers le milieu de leur face interne; des semences 
uombreuses, fort petites , attachées à la base de l’angle intérieur 
des loges. 

L'espèce dont il est ici question est un petit arbrisseau de l'ile de 
Candie , qui s’élève à la hauteur de deux ou trois pieds. 

Sa racine est dure, blanche en dedans , rougeûtre en dehors, gar- 
nie de longues fibres capillaires. Elle produit plusieurs tiges d’un 
brun cendré, divisées en rameaux velus dans leur jeunesse, puis 
d’un rouge-brun. 

Les feuilles sont opposées, à peine pétiolées , ovales, ondulées sur 


* 


55° Livraison, 


LADANIER. 
leurs bords, ridées en dessus, veinées et chagrinées en dessous, 
d’un vert foncé, hérissées de poils courts, longues d’un pouce. 

Les fleurs sont situées à l'extrémité des rameaux , supportées par 
des pédoncules très-courts.” 

Leur calice se divise en cinq folioles ovales, un peu soyeuses ; la 
corolle est large d'environ un pouce; les pétales arrondis, un peu 
crépus, de couleur purpurine, jaune à leur onglet. 

Le fruit est une capsule dure, brune, pubescente , environnée par 
le calice, ovale, obtuse, presque longue d’un demi-pouce, à cinq 
loges, contenant des semences anguleuses et roussâtres. [e 

Les rameaux et les feuilles de cet arbrisseau exhalent une matière 
visqueuse , qui, recueillie par les habitans de la Crête, de Candie, 
et autres contrées orientales, est livrée au commerce sous les noms 
de ladanum et de labdanum. Cette substance visqueuse s'attache, 
dit-on , à la barbe et au poil des chèvres qui vont brouter le lada- 
nier sur les montagnes, et il paraît qu’on l’obtenait autrefois en l’en- 
levant ainsi des poils de ces animaux; mais aujourd’hui on emploie 
en général le procédé suivant pour lobtenir. Dans des jours calmes, 
et pendant les plus fortes chaleurs de l'été, on se munit d’un instru- 
ment particulier qui ressemble à un rateau, dont les dents sont rem- 
placées par des lanières de cuir épais. On passe cet instrument à 
plusieurs reprises et en différens sens sur les ladaniers , afin que la 
matière qu’ils exhalent, quand il fait chaud , s'attache à ces lanières, 
dont on la sépare ensuite en les râclant avec un couteau. Dans le 
commerce cette matière présente deux variétés principales. Ou elle 
est en masses molles, gluantes, d’une consistance emplastique, d’un 
roux noirâtre, enveloppée dans des peaux ou dans des vessies, et 
constitue le /abdanum en masses ou en pains ; ou bien elle est en 
morceaux roulés et entortillés, secs, durs, cassans, d’une couleur 
noire , et alors elle porte le nom de /abdanum in tortis. Dans tous 
les cas , cette gomme résine exhale une odeur suave. Sa saveur, quoi- 
que faible, est balsamique et un peu amère. Elle est dure et friable 
sous la dent, souvent même elle est mêlée à une plus ou moins 
grande quantité de sable noir érès-fin qui en augmente le poids, et 
nuit singulièrement à sa qualité. La chaleur la ramollit et la liquéfie. 
Elle est en outre susceptible de s’enflammer , et brûle en répandant 


LA 


LADANIER. | 

une fumée épaisse, d’une odeur aromatique très-agréable. Entière- 
ment soluble dans l'alcool , elle est insoluble dans l'eau, à laquelle 
elle communique toutefois son arôme, et dans les huiles qu’elle co- 
lore en rouge-brun. Lewis en a retiré un peu d'huile volatile, et Car- 
theuser trois huitièmes de résine et un huitième d’extrait gommeux. 

Les qualités physiques du labdanum le rapprochent, comme on 
voit, des autres gommes résines, avec lesquelles il a également 
beaucoup d’analogie par ses propriétés médicales. Il jouit en effet 
d'une propriété tonique, mais à un si faible degré, qu'il peut être 
suppléé avec avantage par la plupart des résines indigènes. Toute- 
fois on lui a très-libéralement accordé diverses propriétés médicales , 
en vertus desquelles on l’a employé dans le traitement d’un grand 
nombre de maladies. A l’intérieur, on l’a administré comme stoma- 
chique dans les dyspepsies ; comme pectoral , dans les catarrhes pul- 
mopaires, chroniques, et autres affections de la poitrine, IF à’ été 
préconisé contre la diarrhée, et surtout contre la dysenterie, dans 
un temps où le véritable caractère de ces affections était peu connu. 
On à également vanté ses succès dans les maladies de lutérus, la 
leucorrhée et les écoulemens atoniques. Maïs cette gomme résine ne 
peut être réellement utile dans ces différentes maladies, que lors- 
qu’elles sont exemptes d’inflammation et de douleur; et dans les cas 
même où il peut être avantageux de l’administrer, aucune observa- 
lon positive n’a constaté l'efficacité qu’on lui attribue. À l'extérieur, 
on en fait beaucoup plus fréquemment usage que comme médica- 
ment interne. On l’emploie au pansement des ulcères atoniques et 
sordides , on l’applique en onctions ou en linimens pour faire cesser 
des douleurs locales et résoudre des engorgemens. On attribue une 
efBcacité toute particulière à l'application du labdanum sur la tête 
contre l’apoplexie séreuse , aux tempes contre le mal de dents, sur le 
thorax contre les douleurs de poitrine , et à l'épigastre dans les dou- 
leurs d'estomac. On à cru que des boules de cette substance, portées 
dans la main ou suspendues au cou, étaient un excellent prophylacti- 
que contre la peste, et un moyen sûr de se préserver de la contagion 
pendant les épidémies. On a attribué à l’épaisse fumée qu’elle exhale 
en brûlant, la propriété de purifier l'air ; mais toutes ces assertions 
lé reposent malheureusement que sur des erreurs ou sur des faits 


LADA NIER. 

inexacts et mal observés. L’excitation légère que le labdanum déter- 
mine sur les parties de la peau où on l’applique sous forme d’emplà- 
tre , est beaucoup trop faible sans doute pour opérer le déplacement 
de la douleur contre laquelle on voudrait l’employer. Ses fumigations 
peuvent tout au plus servir à masquer les émanations infectes qui 
sont répandues dans l’atmosphère, sans affaiblir en rien la nature de 
celles qui sont malfaisantes, et sans prévenir par conséquent leur 
funeste influence sur l’économie animale. En un mot, le labdanum 
est peu digne de la réputation médicale dont il a joui, et pourrait 
être expulsé de la matière médicale sans inconvénient, ainsi que l’a 
déjà remarqué le sage et savant Cullen. 

Intérieurement , on administre le ladanum comme tonique à la dose 
de quatre grammes (un gros); et à l'extérieur, on l’emploie sous les 
différentes formes d’emplâtre, d’onguent, de liniment. Cette subs- 
tance résineuse fait partie intégrante du baume apoplectique, des 
emplâtres céphalique et stomachique de Charas, des trochisques et 
des pastilles du même auteur, du fameux emplâtre du prieur de Ca- 
brières contre les hernies, et autres monstrueux produits de la po- 
lypharmacie galénique, éternel aliment de l’aveugle crédulité des 
peuples, et du charlatanisme de leurs avides et ignares guérisseurs. 

Les parfumeurs font entrer le labdanum dans plusieurs prépara- 
tions cosmétiques. Dans les sérails de l'Orient, les femmes l’asso- 
cient à certaines compositions narcotiques dont elles font usage pour 
se procurer une sorte de délire extatique, qui les dédommage, jus- 
qu'à un certain point, des dures privations qui leur sont imposées. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est de grandeur naturelle.) 
1. Calice et pisul. 4. Le même, coupé horizontalement. 


2. Etamine, 5. Graine grossie. 
3. Fruit dépouillé de son calice persistant. 


LAITUE . 


CCXIIT. 


LAITUE. 
a 
L2 

Grec. ....., .... Bpidaf, Dioscorides. 

LACTUCA ! sATIVA ; Bauhin, HivaË, Bb: 4, sect. 6. Tournefort, clas. 13, 
du sect. 1. : 

2 111 HER ** * { vacruoa sarrva; foliis rotundatis, caulinis cordatis, caule corymboso. 
Linné, syngénésie, polygamie égale. Jussieu ,‘clas. ro, ord. tr, fa- 
mille des chicoracées. 

see TRES LATTUGA 

Espagnol, ......, LECHUGA 

Portugais. ,....., ITUGA 

44. RSR RS LAITUE 
Anglais”. LATTUCE 

Ulemand., . : 

Hollandais +. LATUW, 
anois, TRE LAKTUK. 

Suédois... . se.  LAKTUR. 

Polonais à. à LOCZYGA. 
HART ES pe LAKTUK. 


Nous devons la laitue cultivée aux heureux essais de l'agricul- 
lure : c'est en quelque sorte une plante créée par l'industrie humaine, 
dont l'origine, ainsi que la patrie, nous sont également inconnues. 
I nest pas possible de la rapporter à notre laitue sauvage ; _ 3 
rait plutôt soupçonner qu’elle a été fournie par la laitue à feuilles 
de chêne, avec laquelle on lui connaît beaucoup de rapports, et 
Qui croît naturellement en Allemagne, et dans plusieurs autres Con: 
trées du nord de l'Europe. Elle occupe, dans la famille des chico- 
racées, un rang distingué, et offre, pour caractère essentiel, et 
fleurs semiflosculeuses dont le calice est presque cylindrique, peu 
Ventru, composé d’écailles imbriquées, membraneuses à leurs bords ; 
le réceptacle glabre, ponctué ; les semences couronnées par une al- 
srette capillaire, pédicellée. do 

Quoique la laitue cultivée soit difficile à bien caractériser , à rai- 

* De lac, Zactis, à cause du suc laiteux que contient cette … 
56° Livraison, 


LAITUE. 


son de ses nombreuses variétés, on pourra cependant la distinguer , 


du moins des espèces sauvages , par ses feuilles alternes , amplexicau- 


les, les inférieures plus grandes, arrondies, et ondulées à leurs 
bords, rétrécies à leur base; les supérieures plus petites, en forme 
de cœur , toutes glabres et sans épines. 

Ses tiges sont droites, glabres, cylindriques : elles se ramifient vers 
leur sommet en un corymbe.chargé d’un grand nombre de petites 
fleurs jaunes, droites , très-médiocrement pédicellées. 

Les semences sont petites, ovales-allongées, marquées de sept 
stries longitudinales, non dentelées à leur bord supérieur, couron- 
nées par une aigrette simple, très-blanche. 

Nous n’entrerons point dans le détail des variétés infinies que l’on 
obtient tous les jours de cette plante par la culture. On les divise en 
trois races bien prononcées et très-constantes, savoir : les laitues 
pommées , les laitues romaines et les laitues frisées. Chacune de ces 
races se divise en des sous-variétés très-nombreuses ; on en compte 
au delà de cent cinquante. (7 

La laitue est à peu près inodore , sa saveur est aqueuse et un peu 
amère ; dans Ja jeunesse, elle renferme beaucoup d’eau et de muci- 
lage. Parsons la maturité, presque toutes ses parties contiennent 
un suc lactiforme, amer, âcre, et de nature résineuse. On trouve 
dans ses semences du mucilage et de l’huile douce. Nous ne possé- 
dons aucune analyse chimique exacte de cette plante : toutefois son 
amertume paraît essentiellement résider dans son suc laiieux ; il en 
est de même de quelques-unes de ses propriétés médicales, qui sont, 
aussi bien que ses qualités physiques beaucoup plus prononcées 
dans plusieurs espèces de la même fainille, et notamment dans les 
lactuca sylvestris et virosa. 

Outre les vertus rafraïchissante, tempérante, relächante, et légè- 
rement laxative, qui caractérisent cette chicoracée, et qui la font 
employer avec plus ou moins d'avantage dans les maladies d'irrita- 
tion, on lui attribue une propriété narcotique. Cette vertu n'existe 
cependant pas dans la jeune plante, elle disparaît par l'étiolement ; 
elle paraît se développer avec le principe amer et n'être qu'un vestige 
de celle qui se trouve dans la laitue vireuse. La décoction de la lai- 
tue cultivée peut fournir -une boisson utile contre la constipation, 


“ 


LAITUE. 

dans les embarras gastrique et intestinal, et contre les douleurs 
d’entrailles accompagnées de chaleur et d'irritation. Lanzoni, S. 
Pauli, et l'érudit Geoffroy, assurent qu’elle est très-propre à faire 
disparaître l'anxiété, les éructations , et les flatuosités qui tourmen- 
tent les hypocondriaques. L’hypocondrie, en effet, étant due , beau- 
coup plus souvent qu’on ne le pense, à un état d'irritation de la 
membrane interne de l'estomac et de l'intestin, on conçoit que la 
chicorée est très-propre dans certains cas à faire cesser cet état, et, 
par conséquent , qu’elle est souvent beaucoup plus utile contre cette 
névrose, que les stimulans qu’on lui oppose, chaque jour, sans 
discernement. Toutefois l’hypocondrie reconnaît beaucoup d’autres | 
causes, et alors elle réclame, on le sent fort bien, des moyens 
très-différens , et souvent d’une nature entièrement opposée à celle 
de la laitue. Elle a été recommandée’en oûtre dans les phlegmasies 
des voïes urinaires , dans les afféctions calculeuses, contre le satyria 
sis, la nymphomanie , et autres lésions des organes reproducteurs : on 
a même cru qu’elle était susceptible de produire la stérilité et Pimpuis- 
sance, Mais rien n’est plus fabuleux que cette prétendue vertu anti- 
aphrodisiaque de la laitue. La propriété narcotique , qui lui est accor- 
dée par Galien, Celse et Dioscorides , ne me paraît pas mieux dé- 
montrée. 

D'après S. Pauli, cette plante soit en décoction, soit en cata- 
Plasme, peut être appliquée avec avantage sur la tête, dans le délire 
et la frénésie. On pourrait également s’en servir contre le phlegmon , 
le furoncle, la brälure , ét dans toutes les circonstances où les topi- 
ques émolliens sont indiqués. C’est en ce sens seulement qu'il faut 
entendre la propriété résolutive qu’on lui a accordée. Intérieurement, 
on peut administrer en décoction dans l’eau, et on édulcore conve- 
nablement cette boisson avec du sirop, du sucre ou du miel. Le plus 
Souvent on l’associe à d’autres plantes oléracées dans des apozèmes 
et des bouillons laxatifs rafraîchissans. En certains cas, on a recours 
à son suc exprimé et dépuré, dont la dose est de soixante-quatre 
à cent vingt-huit grammes ( deux à quatre onces). Ses semences, 
Qui constituent une des quatre semences froides mineures, servent 
à faire des émulsions tempérantes qu’on administre seules, ou 
comme base de divers médicamens anodins. L'eau distillée de laitue, 


LAITUE. 


qui est encore prescrite par quelques médecins, esclaves de la rou- 


tine, n’a pas plus d'activité que l’eau pure. Cette plante, enfin, 
entre dans la composition du sirop de chicorée composé, de l’élec- 
tuaire requies Nicolai, de longuent populeum. Ses semences font 
partie du sirop de jujubes, et du sirop de tortues de Charas. 
Admise, de temps immémorial, dans les jardins, la laitue a donné 
lieu par la culture à un grand nombre de variétés, qui toutes jouis- 
sent des mêmes qualités, et sont également employées aux usages 
culinaires. Elle est bien plus recommandable en effet par ses qualités 
alimentaires, que par ses propriétés médicales. Les jardiniers savent 
la rendre plus tendre, plus douce et plus succulente. Avant que sa 


tige s'élève, ils réunissent pour cela et lient les feuilles extérieures 


autour de la plante, qui, privée ainsi du contact de la lumière, 
s’étiole, blanchit, et s’'abreuve de sucs aqueux. Les Romains en fai- 
saient un grand usage : ils la servaient d'abord à la fin du repas du 
soir, comme on le fait encore généralement parmi nous; mais en- 
suite ils pervertirent cet ordre , ainsi que l'indique Martial : 


Claudere quæ cœnas lactuca solebat avorum, 
Dic mihi cur nostras inchoat illa dapes ? 


On la mange crue en salade, ou cuite, soit seule, soit associée aux 
viandes rôties. Elle est peu nourrissante par elle-même , mais elle est 
très-utile pour corriger les effets stimulans de cette multitude de 
mets épicés, dont sont surchargées les tables de nos modernes Api- 
cius. Elle est un aliment très-convenable aux jeunes gens, aux sujets 


bilieux , ardens, secs et irritables, surtout dans les climats brûlans, 


et dans les temps chauds. Elle convient peu aux jeunes enfans, aux 
vieillards , aux hommes sédentaires, et qui digèrent mal ; car alors, à 
moins qu’elle ne soit prise en très-petite quantité, die produit des 
borborygmes, du malaise, une sorte d’engourdissement; et c’est 
probablement cette circonstance qui lui a fait donner le titre de 
nourriture des morts. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est de grandeur naturelle.) 


. Calice commun, ou grossi 


Ë 3. Fruit mûr, couronné de son aigrette. 
2. Fleuron hévssage odite 


dé 


LAURIER . 


Zambert Je seul . 


PAP AT A 


CCXIV. 


LAURIER. 


CPE rires d'aQDrr. 
LAURUS VULGARIS; Bauhin, TivaË, lib. 12 ; sect. 1. Tournefort, cl. 0, 
é sect. 1, gen. 6. 
LORS ES Es #3 F é b ; 
* "€ rauruS Norris; foliis lanceolatis venosis perennantibus , floribus, 
quadrifidis, dioicis. Linné , ennéandrie, monogynie. Jussieu, cl. 4, 
ord. 6, famille des lauriers. 


RES ALLORO ; LAURO. 

Espagnol. ....... LAUREL 
Portugais CCS TEE LOREIRO. 
Français, Re LAURIER ; LAURIER FRANC. 

RUES Se pu LAUREL TRE 
Allemand,, ...... LORBEERBAUM. 
Hollandais, . .,.... LAURIER 

mess Dates een LAURBÆRTRÆ 
Soi... TE LAGERR ÆBSTR ÆD 
Polonais, : 2. BOBEK DRZEWO, 
Rs LAWROWOE DEREWO 
Bohémien. BOBKOWY STRO 
Hongrois... ,.... BOROSTYAN-FA. 


Le laurier, par la beauté de son port, par sa verdure perpétuelle; 
et ses émanations balsamiques, a paru digne aux anciens Grecs d’être 
Consacré au dieu de la poésie et des arts : on l'avait également des- 
liné à ceindre le front des vainqueurs. Au rapport de Pline, on le 
plantait autour du palais des Césars et des pontifes ; il avait aussi la 
réputation de garantir de la foudre les têtes couronnées de ses ra-_ 

, - Meaux , et l’empereur Tibère, dans les temps d'orage, y cherchait un 
abri contre les effets du tonnerre. Au reste, le laurier tient à un 

* genre de plantes aromatiques, dont la plupart sont très-précieuses 
* par les produits intéressans qu’elles fournissent à la médecine et aux 
arts. Ce beau genre se caractérise par un calice à quatre, cinq ou 
54 divisions ; point de corolle; six à douze étamines, disposées sur 

” deux rangs; les extérieures fertiles; les intérieures alternativement 
stériles et fertiles, ces dernières munies de deux glandes à leur base, 


56e Livraison, 


LAURIER. 
un style, un stygmate. Le fruit est un drupe supérieur, ovale, ren- 
fermant une noix monosperme. S 

Le laurier, d’une très-belle forme, s'élève à la hauteur de quinze 
à vingt pieds et plus; ses rameaux sont souples, droits, verdâtres, 
serrés contre le tronc. 

Les feuilles, toujours vertes, sont dures, coriaces, alternes, pétio- 
lées , glabres à leurs deux faces lancéolées , un peu ondulées sur leurs 
bords , longues de trois à cinq pouces. 

Les fleurs sont très-ordinairement dioïques, petites, d’un blanc 
jaunâtre, disposées, dans les aisselles des feuilles, en petites ombel- 
les médiocrement pédonculées, munies à leur base de petites brac- 
tées ovales , caduques. : 

Le calice est glabre, à quatre où cinq découpures ovales; huit 
à douze étamines. Le fruit est un drupe ovale, d’un bleu noirâtre, 
nu à sa base par la chute du calice. 

Cet arbre, connu depuis très-long-temps, croît dans la Grèce, le 
Levant, la Barbarie, l'Espagne et l’ltalie : il paraît s'être naturalisé 
dans les départemens méridionaux de la France. 

Les autres espèces de laurier sont toutes exotiques : on distingue 
parmi elles le cannellier (laurus cinnamomum , L.), Vavocatier 
(laurus persea , X..), dont les fruits se servent, en Amérique, sur les 
meilleures tables; le benjoin (laurus benzoe, L.), ce n’est pas celui 
qui fournit le véritable benjoin ; le laurier sassafras; le camphrier 
(laurus camphora, T..), etc. 

Presque toutes les parties de cet arbre exhalent une odeur fra- 
grante et balsamique très-suave. Les feuilles et les fruits ont une sa- 
veur chaude, aromatique, et un peu amère; elles fournissent une 
huile volatile très-odorante et âcre, et une huile grasse qui se con- 
crette par le moindre refroidissement. 

Les anciens , qui se servaient de l'écorce de la racine, des feuilles 
et des baies du laurier , attribuaient à cet arbre les propriétés les plus 
merveilleuses. Ses feuilles et ses fruits seuls, employés parmi nous , 
occupent un rang distingué parmi les toniques. L’excitation prompte 
et vive qu'ils déterminent sur l'appareil digestif, lorsqu'on les ingère, 
peut quelquefois provoquer le vomissement ; ce qui leur a fait accor- 
der le titre de vomitif par les anciens. Mais, à petite dose , ils se 


LAURIER. 

bornent ordinairement à augmenter l'appétit, à activer la digestion, 
et à faire cesser les flattuosités et les éructations qui tiennent à un 
état d'atonie de l'estomac; et c’est sous ce rapport qu’ils ont été dé- 
corés des propriétés stomachiques et carminatives. Leur action tou- 
tefois ne se borne pas à l'appareil digestif; elle peut s’exercer sur dif- 
férens systèmes de l’économie animale, et donner lieu à divers phé- 
nomènes consécutifs, qui varient selon les organes qui en reçoivent 
particulièrement l'influence. Administrées en infusion à une haute 
température, les feuilles de laurier peuvent agir sur le système ner- 
veux, et produire les effets nervins et antispasmodiques dont plusieurs 
auteurs assurent s'être bien trouvés dans l’hystérie, l'hypocondrie, la 
paralysie, et autres affections nerveuses. Elles peuvent exciter l’or- 
gane cutané , l'appareil urinaire, la membrane interne des poumons, 
et augmenter ainsi la transpiration, activer la sécrétion de Purine, 
solliciter l’exhalation et la sécrétion muqueuse des bronches, et favo- 
riser l’expectoration. Elles peuvent enfin, en excitant l’utérus, pro- 
voquer l’écoulement menstruel. Mais ces effets emménagogues, ex- 
pectorans, diurétiques, sudorifiques et antispasmodiques , ne peu- 
vent avoir lieu que dans les cas où nos organes sont dans un état de 
relâchement et d’atonie, ou, en d’autres termes, lorsque le dérange- 
ment de leurs fonctions tient à un défaut d'action. Car si le désordre 
de la menstruation, la suppression des urines, etc. , étaient dus, soit 
à l'inflammation des reins et de l'utérus, soit à la pléthore, à un état 
fébrile, où à une excitation générale trop vive, on sent que les 
feuilles de laurier cesseraient de produire les effets que nous venons 
d'indiquer, et qu'elles ne feraient qu’augmenter le trouble. On voit, 
d'après cela, que le laurier ne peut être réellement utile que dans 
les maladies qui réclament l’usage des toniques, et c’est ainsi que di- 
vers auteurs assurent én avoir fait usage avec succès dans le ca- 
tarrhe pulmonaire chronique, dans l’asthme humide des vieillards, 
dans les rhumatismes anciens et rebelles, contre l’inappétence, dans 
la chlorose et l’aménorrhée avec atomie. 

Les baies jouissent absolument des mêmes propriétés que les feuil- 
les ; elles contiennent seulement une plus grande quantité d’huile vo- 
latile, circonstance qui les fait considérer par quelques auteurs comme 
beaucoup plus stimulantes que ces dernières. On les à particulière- 


LAURIER. 
ment recommandées contre la suppression des règles. Mais Spiel- 
mann leur accorde la funeste prérogative de provoquer l'avortement, 
et les signale comme devant être expulsées de la matière médicale, 
à cause des graves accidens auxquels elles peuvent donner lieu. 

A l'extérieur , les baies et les feuilles de laurier, ainsi que les di- 
vers produits qu’on en retire, ont été recommandés comme détersifs, 
en lotion et en injection, contre le relâchement des organes génitaux 
dans les deux sexes; en applications locales contre les tumeurs indo- 
lentes, les ecchymoses sans douleur, et les ulcères atoniques. La 
poudre qu’on en prépare est quelquefois employée contre les pous. 
Leur décoction sert, dans certains cas, à administrer des bains to- 
niques. à: 

En substance, les feuilles se donnent pulvérisées à la dose de qua- 
tre grammes (un gros), et en infusion à celle de huit à seize gram- 
mes dans un kilogramme d’eau. L'huile volatile se prescrit d’une à 
cmq gouttes dans des potions appropriées. L'huile grasse est em- 
ployée en onctions et en linimens. Les feuilles font partie de l’on- 
guent martiatum et de Vemplâtre de bétoine. Les baies sont cin- 
ployées à la composition de l’épithème céphalique, de Pélectuaire 
de laurier, et de l’'emplâtre de cumin. L'huile grasse et l'huile vola- 
tile entrent dans la composition des emplâtres de Paracelse, styptique 
de Charas, de grenouilles, et manus Det; dans plusieurs onguens 

contre les pous et contre la gale, et autres semblables farragos. 

Très-rarement employé en médecine, le laurier est généralement 
réservé parmi nous aux usages culinaires. On s'en sert surtout 
comme condiment dans la préparation des sauces et d’une foule de 
mets qu’il aromatise, et dont il relève le goût. Nos superstitieux an- 
cêtres , qui lui attribuaient la vertu de préserver de la foudre, et de 
garantir les blés de la nielle, se servaient de ses branches comme 
d’instrumens de divination. Les rameaux de cet arbre vénéré étaient 
employés par les anciens aux cérémonies religieuses. Il était consacré 
à Apollon, en mémoire de l’amour de ce dieu pour Daphné. La cou- 
ronne de laurier est devenue un des attributs d’Esculape, fils d’A- 
pollon et dieu de la médecine. Symbole de la victoire, elle était la ré- 
compense des vainqueurs aux jeux olympiques de la Grèce. Dans le 
moyen âge , elle a servi dans nos universités à couronner les poètes, 


LAURIER. 
les artistes et les savans distingués par de grands succès. Celle qui 
ceignit long-temps, dans nos écoles de médecine, la tête des jeunes 
docteurs , devait être faite avec les rameaux de cet arbre garnis de 
leurs fruits, baccæ laurei, ainsi que l’indiquent les titres de bache- 
lier, baccalauréat, qu’on est étonné de voir revivre parmi nous au 
dix-neuvième siècle. Mais le laurier ne fut pas seulement destiné à 
consacrer les découvertes des sciences, les progrès des arts, et à ré- 
compenser le talent et le génie; d’avides usurpateurs, de sanguinai- 
res conquérans, osèrent en ceindre leur front criminel; et les nations, 
tremblantes et avilies sous le joug odieux du despotisme, prostituè- 
rent à des mains souillées de rapines, et dégoûtantes de sang hu- 
main, un prix qui n’était dû qu’au dévouement pour la patrie, et au 
noble et paisible triomphe des sciences utiles et des arts consolateurs. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


- Fleur mâle entière, . ossi 4. Fruit de grosseur naturelle 
2. us u centr de Fée est 5. Le même, dont on a re une par- 
encore fermée jé les opereules. tie de la chair afin de faire voir 
3. Étamine de la circonférence, dont les le noyau. 


opercules sont ouvertes. 


Observ. L'individu que j ’ai représenté ne portait que des fleurs mâles; chacune d'elles était 
composée d'un calice divisé en quatre parties (rarement cinq), de douze cts, dont les 
quatre plus intérieures portaient à leur base deux corps glanduleux et jaunûtres. ‘l'outes les an- 
thères biloculaires étaient munies chacune de deux opercules, s’ouvrant de bas en prés et em- 
portant avec elle la masse pollinique 

ILest à remarquer que la plupart | des lauriers que j'ai observés en Amérique, avaient des 
anthères à quatre opercules, tandis que celles du laurier noble n’en a que deux. (T) 


7 


œrn nt 


RS 


AURIER-CERISE. 


CCXV. : 


LAURIER-CERISE. 


CERASUS FOLIO LAURINO, Bauhin, I4vaË, lib. 1, séct. 6, 
fratro-cese; Tournefort, clas. 21, sect. 8, gen. 7 


Mon PRUNUS LAURO-CERASUS; #loribus racemosis; foliis sempervirentibus , 

| dorso biglandulosis. Linné, icosandrie , monogynie. Jussieu, el. 14, 
rd. 10, famille des rosacées. 

Habms:ssse, LAURO REGIO ; LAURO DE TRABESONDA: 

Espagnol. ....... LAUREI, REAL : 

POPUPOISS. EL, 1 LOIROCEREJO 

Français Fe e RMS. LAURIER-CERISE j 

7 HERRY-LAURET, 
Allemand, ....... KIRSCHLORBEERBAUM. 
Hollandais... . ... LAURIERKERS. 


Le laurier-cerise n'appartient nullement au genre laurier, ainsi 


4€ Son nom paraïîtrait l'indiquer, si ce n’est peut-être par la forme, 


l'épaisseur et Ja persistance de ses feuilles. C’est un véritable PRE 
genre que Linné n’a point distingué du prunier, et qui se caractérise 
Par un calice inférieur, à cinq divisions profondes; cinq pétales in- 
sérés sur le calice, ainsi que les étamines nombreuses ; un style; un 
stigmate. L'ovaire se convertit en un drupe ou fruit à noyau, pourvu 
d'une enveloppe pulpeuse, contenant un noyau lisse, arrondi dans 


F2 , . . , { i 
“les cerisiers, oblong dans les pruniers, oxbiculaire et comprimé dans 


les abricotiers, trois genres assez distincts par leur feuillage et la 
Saveur de leurs fruits , très-difficiles d’ailleurs à caractériser , et que, 
Par cette raison, Linné a réunis dans le genre premier. 

Le laurier-cerise ou laurier-amande est un arbre qui ne s'élève au 
plus qu’à la hauteur de quinze ou dix-huit pieds, divisé en rameaux 
nombreux, de couleur cendrée. e. 

. Ses feuilles sont alternes, médiocrement pétiolées, dures, coriaces 
luisantes , ovales-lancéolées, longues de trois à quatre pouces, se 


56: Li De 
56° Livraison. 


LAURIER-CERISE. 
conservant vertes toute l’année, munies à leurs bords de quelques 
petites dents, et de deux glandes à leur base. 

Ses fleurs sont d’un aspect agréable, de couleur blanche, odo- 
rantes, disposées en grappes plus longues que les feuilles; chaque 
fleur pédicellée; le calice urcéolé; le style plus long que la corolle; 
les fruits un peu sphériques, d’une grosseur médiocre, se teignant 
en noir à mesure qu’ils approchent de la maturité. 

Cet arbre croît aux environs de Trébisonde, proche la mer Noire. 
En 1576, l’Ecluse en reçut un individu qui lui fut envoyé par Da- 
vid Ungnad, ambassadeur de l'empire d'Allemagne près la Porte ot- 
tomane. C’est un des premiers qui aient été cultivés en Europe. 


Le laurier-cerise est presque inodore. Ses feuilles, extrêmement 
amères, sont légèrement styptiques. Au centre d’une pulpe douce, 
succulente et alimentaire, ses baies, qui offrent la forme, la cou- 
leur et la grosseur des cerises, renferment un noyau d’une amertume 
analogue à celle des feuilles, et de la nature de celle des amandes 
amères, ou du cyanogène (acide prussique ). Toutes les propriétés 
médicales du laurier-cerise paraissent dues à ce principe, dont la pré- 
sence a été constatée par plusieurs chimistes distingués, dans ses 
feuilles et dans ses amandes. Ces parties fournissent en outre une 
huile volatile, amère et très-âcre, et communiquent toutes leurs 
vertus à l’eau et à l'alcool, soit par la distillation soit par la simple 
infusion. 

Les différens produits de cet arbre vénéneux sont également délé- 
tères : toutefois, lorsqu'on les administre en très-petite quantité, ils se 
bornent à exciter l’action de l’estomac, à augmenter l'appétit, et à 
faciliter la digestion. Pour peu qu’on en augmente la dose, ils agis- 
sent tantôt comme vomitifs, et tantôt comme un violent purgatif. 
Selon divers observateurs, ils sollicitent, dans certains cas, l’action 
des reins , augmentent l’activité des organes , et produisent ainsi des 
effets diurétiques, apéritifs, ete. Mais , pour peu qu'on en donne une 
certaine dose, ils constituent un des poisons les plus dangereux du 
règne végétal; ils donnent la mort avec une rapidité étonnante, et 
semblent atteindre le principe vital jusque dans sa source. Les pro- 
priétés délétères des feuilles et des noyaux du laurier-cerise ont été 


LAURIER-CERISE. 
constatées par une foule d’observateurs, en Italie, en France, en 
Angleterre et en Allemagne. Madden, Mortimer, Langrish, Vater, 
Nicholls, Rattray, Fontana, Rosier, Duhamel, Fodéré, Orfila, etc., 
ont déterminé à l’envi les CH ic de ce poison sodusrablé, soit 
en observant les effets auxquels il a donné lieu chez des “arase qui 
en avaient été accidentellement empoisonnés, soit par des expériences 
directes tentées sur des chevaux , des chiens, des cabiais, des lapins, 
des oiseaux, des anguilles et autres animaux , auxquels l’eau distillée 
de laurier-cerise avait été administrée de différentes manières. Qu'on 
ait fait avaler directement cette substance; qu’elle ait été injectée 
dans l'intestin , appliquée sur des surfaces dénudées, introduite dans 
le tissu cellulaire, ou dans la cavité de la plèvre : les animaux sou- 
mis à ces diverses expériences ont succombé avec plus ou moins 
de rapidité, selon que la quantité de la substance employée était 
plus ou moins considérable relativement au volume et à la force de 
l'individu ; dans beaucoup de cas même, la mort a été instantanée, 
et a eu lieu dans l’espace d’une ou deux minutes. La démarche chan- 
celante, la gène de la respiration, l'abolition des mouvemens mus- 
culaires, quelquefois des mouvemens convulsifs , ou un état tétani- 
que et l’insensibilité absolue, sont les spuipiomet. qui ont ordinaire- 
ment précédé la mort, à la suite de laquelle on n’a trouvé ni inflam- 
mation de l'estomac, ni aucune autre altération organique ; si ce 
n'est l'injection des vaisseaux sanguins du cerveau et des poumons. 
Quant aux hommes qui ont été accidentellement empoisonnés par 
différens produits de cet arbre, ils ont éprouvé, en général, une 
vive douleur à l’épigastre, fixité des yeux, le resserrement tétanique 
des mâchoires; mais le plus souvent la mort a eu lieu immédiate- 
ment après l’ingestion du poison, et avant que ces symptômes aient 
eu le temps de se développer. Méad pense que le lait pourrait être 


utile contre cet empoisonnement ; d’autres croient que lammoniaque 


y Serait également avantageuse : mais on doit beaucoup plus comp- 
ler sur la prompte administration des vomitifs et des laxatifs dé- 
layans, que sur ces prétendus antidotes, sur lesquels l'expérience 
n'a pas encore prononcé. 

Il n’y à pas de doute qu’une action aussi violente et aussi énergi- 
que que celle du laurier-cerise, ne puisse produire d’utiles et puis- 


LAURIER-CERISE. 

sans effets dans certaines maladies. Au rapport de Linné, les feuilles 
ont été employées contre la phthisie pulmonaire. Bayllies, qui les 
croit très-utiles dans cette affection, en employait l’infusion saturée, 
à la dose de soixante gouttes, une ou plusieurs fois par jour dans la 
mélancolie, Pasthme et les rhumatismes. 11 en faisait à la fois usage 
intérieurement , et à l'extérieur contre les engorgemens squirreux. 
Mais Vogel avoue que ce traitement a été totalement infructueux 
contre ‘un squirre de la mamelle, qui a conduit peu à peu la malade 
au tombeau. Quelques auteurs ont attribué à l’eau distillée du lau- 
rier-cerise des succès contre la syphilis, les engorgemens du foie , et 
les fièvres intermittentes; mais aucune série d'observations précises 
ne vient à l'appui de ces assertions. Les sectateurs de la nouvelle 
doctrine du contro-stimulus, doctrine qui surpasse en extravagance 

celle de l'incitation, d’où elle dérive, placent cette substance au ris 
des contre-stimulans , c’est-à-dire, parmi les médicamens propres à 
combattre Ebees cha; et d’après cette manière de voir, plusieurs 
médecins de lécole de Pavie, où cette doctrine a pris naissance, 
lemploient avec assurance dans les maladies inflammatoires, telles 
que l’angine, la péripneumonie, et autres phlegmasies les plus ai- 
guës. Une semblable conduite est tellement opposée aux sages pré 
ceptes de la médecine d'observation, que je m’abstiens de toute ré- 
flexion sur Padministration d’une substance aussi vénéneuse dans de 
semblables maladies. Toutefois, on ne saurait trop inviter les prati- 
ciens zélés pour les progrès de leur art, à fixer leur attention, et à 
diriger leurs recherches cliniques sur une substance qui semble pro- 
mettre de puissans secours à la thérapeutique, mais dont l’adminis- 
tration exige la plus grande prudence. 

Les feuilles du laurier-cerise se donnent en poudre à la simple 
dose de quelques grains. Infusées dans l’eau ou dans l'alcool à la 
dose d’un demi-kilogramme (une livre) pour un kilogramme (deux 
livres) d’eau, elles forment une liqueur très-active, dont on peut 
donner depuis trente jusqu’à cent vingt gouttes par jour , en plusieurs 
prises. Leur eau distillée ne peut être administrée qu’à la dose de 
deux ou trois gouttes, à cause de son action vireuse; mais on peut 
en augmenter graduellement la quantité, en suivant avec attention 
les effets des premières doses : il en est de même de l'huile volatile. 


LAURIER-CERISE. 

Les oiseaux mangent avec avidité la pulpe des baies de cet arbre, 
qui pourrait aussi servir d’aliment à l’homme, car tous les principes 
vénéneux de ces fruits sont concentrés dans le noyau. Ce dernier , 
qui est un poison des plus redoutables, est employé quelquefois par 
les ivrognes pour donner de la force au vin et aux liqueurs alcooli- 
ques dont ils font leurs délices. Les confiseurs s’en servent également, 
ainsi que des feuilles, pour faire des ratafias, et pour aromatiser cer- 
taines liqueurs de table. Les cuisiniers font journellement usage des 
feuilles vertes pour relever le goût de certains mets doux, fades où 
: sucrés, tels que les crêmes, les beignets, les pâtés, les gâteaux , les 
| biscuits et autres préparations culinaires où dominent le lait, la fé- 
| 


138" 


_cule et les œufs. Quelques personnes aussi s’en servent pour donner 
plus de saveur au thé, au café, au chocolat et autres boissons alimen- 
laires d’un usage journalier. En petite quantité, le laurier-cerise 
constitue un condiment très-utile pour faciliter la digestion des 
substances fades : mais où ne doit pas perdre de vue qu'il en faut 
une très-petite quantité pour déterminer la sédation des propriétés 
vitales, et pour détruire la vie jusque dans sa source. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est de grandeur naturelle.) 
eur entière de grandeur naturelle. s du genre prunus, contient deux 
+ ice , étamines, et pistil coupé longi- SEA attachés dans la partie supé- 
ur faire voir que rieure de la cavité 


po 
- l'ovaire, comme dans toutes les espè- 


Observ. Les fleurs de cette plante offrent, si je puis m’exprimer ainsi, deux odeurs distinc- 
tes ; la première est celle du noyau, qui approche de celle de quelques genres de la même fa- 
mille ; la seconde nauséabonde, ayant beaucoup de rapport avec celle du séné en infusion , est 
presque insupportable. 


3. Coupe horizontale d'un fruit. 4. Noyau. 


LAVANDE. 


Lambert J° seule à 


‘CCXVE. 


# 

ï 

L 2 
LAVANDE’ 
: PSEUDONARDUS ; Pline. : 
£ LAVANDULA ANcusTrroLutA>; Bauhin, fivaË , lib. 6, sect. 3. Tournefort, 
Ah: -<. 3 clas. 4, sect. 3, gen. 11 

si LAVANDULA Sp1ca ; foliis lanceolatis integerrimis , spicis nudis. Linné, 


didynamie gymnospermie, Jussieu , clas. 8, ord. 6, famille des la- 
bices ; : 


Italien... ... +++. LAVENDOLA ; SP1GO. é 
Espagnol, ....... ESPLIEGO. 
éPortugais.. ALFAZERNA ; LAVANDA. 
Français. .... .... LAVANDE. : 
Minis ris, COMMON LAVENDER. 
dre LAVENDEL 
Hollandais. ... .... ravenner 
TE LAVENDEI 
Suédaré. «Sn LAVENDEL, 
Polonais... ! . .. LAWANDA 
SE. ie she LAWENDA 


Les rochers de la Provence et des autres contrées méridionales de 
l'Europe, nourrissent , au milieu de leur aridité, cet élégant arbuste, 
qui parfume, par son aromate, ces lieux stériles , les anime par ses 
beaux épis d’un bleu tendre. Son caractère essentiel consiste dans 
un calice grêle, ovale-cylindrique, le bord supérieur entier, l'inté- 
rieur à trois lobes courts; une corolle à deux lèvres; la supérieure 
plane, large, redressée , échancrée au sommet ; l’inférieure à trois 
lobes ; le tube allongé ; quatre étamines didynames, renfermées dans 
le tube de la corolle; quatre semences nuës, au fond du calice, om-. 
biliquées à leur base. T4 3 

Ce petit arbuste, pourvu d'une souche ligneuse, se divise en ra. 
meaux grêles, droits, nombreux, longs d’environ deux pieds , pres- 
que nus à leur partie supérieure. 

* De en, parce que les anciens se servaient du parfum de cette plante lors- 
qu'ils prenaient des bains. 

LS 


6: Livraison, 


À. 


Se Fm 


= LAVANDE. 

Les feuilles sont opposées , élargies, lancéolées , rétrécies vers leur 
base, entières, blanchâtres, un peu roulées à leurs bords. 

Les fleurs sont bleues, quelquefois blanches, disposées par verti- 
cilles irréguliers, interrompus, formant un épi terminal, allongé, 
simple ou un peu rameux, muni de bractées linéaires, presque séta- 
cées : les calices sont blanchâtres, fortement striés, point cotonneux. 

La plante que je viens de décrire est le véritable spic, ou par 
corruption aspic des Provençaux, duquel ils retirent l'huile volatile 
du même nom. La lavande, cultivée dans nos jardins, présentée comme 
une variété de la précédente dans l'Encyclopédie méthodique, a été 


considérée comme une espèce différente par M. Decandolle. Il la 


nomme lavandula vera (Flore franç., Sup. pag. 398). Elle se distin- 
gue de la précédente par ses feuilles linéaires, plus étroites, un peu 
verdâtres; par ses épis toujours simples, par deux bractées opposées, 
ovales à leur base, glabres, mucronées, plus courtes que les calices, 
placées au dessous de chaque verticille; enfin par les calices pubes- 
cens, finement striés. Elle croît également dans nos départemens 
méridionaux. P. 

La plante entière, mais surtout ses fleurs et ses feuilles, exhalent 
une odeur forte, fragrante et très-suave. Leur saveur est aromati- 
que, chaude et amère. Par l’analyse chimique, Cartheuser en a re- 
tiré un vingt-deuxième d'huile volatile très-odorante, environ un cin- 
quième d'extrait aqueux amer, et un quart d'extrait spiritueux, 
d’une saveur très-balsamique. D’après les recherches de M. Prous, 
on peut raisonnablement penser que cette plante contient du cam- 
phre comme la plupart des labiées. 

De même que les autres substances aromatiques, la lavande exerce 
sur: l’économie animale une excitation prompte et plus ou moins 
vive, qui a rendu son eau distillée célèbre parmi les bonnes fem- 
mes, contre la syncope, l’'asphyxie, et au début de l’apoplexie. 
Mâchée , elle excite la salivation ; introduite dans les fosses na- 
sales , elle provoque l’éternuement; en contact avec l'appareil di- 
gestif, elle augmente l'appétit , excite l’action de l'estomac, et peut 
être employée avec avantage dans les indigestions, et contre les fla- 
tuosités intestinales qui tiennent à un état de torpeur de l'estomac 
et de l'intestin. Dans certains cas, elle sollicite l’action de la peau, 


5 


LAVANDE. 
des reins, de l'utérus, et favorise ainsi la sécrétion de la sueur, de 
l'urine, et l'écoulement des menstrues. Enfin, appliquée extérieure- 
ment, elle agit comme résolutive. Toutefois, elle passe pour stimu- 
ler plus spécialement l'utérus, le système nerveux en général, et le 
cerveau en particulier, et de là les vertus céphalique, nervine et uté- 


rine dont elle a été décorée. Telle est la source en outre des éloges 


qui lui ont été prodigués contre les vertiges, l’apoplexie, le balbu- 
tiement, l’aphonie, la léthargie, le tremblement, la paralysie, l’a- 
maurose, les spasmes, l’épilepsie, etc. Elle n’a pas été moins préco- 
nisée contre l’hystérie, l’'aménorrhée et les accouchemens difficiles. 
Mais à quoi bon répéter sans cesse , avec la foule des auteurs de ma-. 
tière médicale, l’interminable liste des propriétés vraies ou fausses 
attribuées sans dicernement à cette plante, comme à la plupart des 
végétaux? N’est-il pas à la fois plus rationnel, plus profitable aux 
hommes, et plus utile aux progrès de l’art, de réduire ces préten- 
dues vertus à leur juste valeur, en assignant les limites dans lesquel- 
les elles doivent être renfermées. Si l’on étudie l’action de la lavande 
dans cet esprit, on reconnaîtra facilement que les propriétés médi- 
cales qui lui sont attribuées ne sont que relatives; qu’elle ne peut 
être avantageuse dans les maladies contre lesquelles elle a été le 
plus préconisée, que dans les cas où elles sont dues à un état d’ato- 
- nie primitive, ce qui est en général fort rare, et qu’elle serait beau- 
coup plus nuisible qu’utile dans toutes les affections qui sont accom- 
pagnées de pléthore, de fièvre, de chaleur et d'irritation. C’est ce 
qu'ont reconnu les praticiens les plus célèbres, et, entre autres, Do- 
donée, qui s’exprime ainsi au sujet des préparations de cette plante. 
« Ces remèdes chauds portent à la iêle, augmentent considérable- 
ment le mal, et mettent le malade dans un danger évident... Nous 
avons cru devoir donner cet avis, parce que beaucoup de médecins 
ignorans et téméraires , d’apothicaires audacieux, et de femmes sans 
expérience, font prendre ces sortes de compositions, non-seulement 
aux apoplectiques, mais à ceux qui sont atteints d'épilepsie avec 
fièvre. » Il est donc fort rare que la lavande soit réellement utile 
dans les maladies nerveuses ; mais en poudre, on peut en faire usage 
chez les personnes pâles et languissantes, dont la digestion languit 
par défaut d’action de l'estomac. En infusion, elle peut être employée 


LAVANDE. 
avec avantage dans les catarrhes chroniques, dans les rhumatismes 
anciens ; en teinture alcoolique, on peut l’administrer soit intérieu- 
rement, soit à l’extérieur dans la paralysie de la langue et des mem- 
bres; mais , en général, on doit s’en abstenir, comme de tous les sti- 
mulans, dans les cas où ces maladies sont accompagnées de chaleur, 
de sécheresse , et autres signes d’une vive réaction vitale. 

Les fleurs et les feuilles de lavande pulvérisées peuvent être ad- 
ministrées en substance, de treize décigrammes à quatre grammes 
(un scrupule à un gros ); et en infusion, de trente-deux à soixante- 
quatre grammes (une à deux onces) pour un kilogramme { deux li- 
vres) d’eau. L'eau distillée aqueuse, et la teinture alcoolique qu’on 
en prépare , se donnent depuis trente-deux grammes (une once ) jus- 
qu'à cent vingt-huit grammes (quatre onces). La dose de la conserve 
de lavande est ordinairement de seize grammes (demi-once), et 
celle de l’huile volatile de deux à six gouttes. On fait avec la plante 
sèche des sachets qu’on applique empiriquement sur la tête contre 
l'apoplexie, et plus rationnellement sur les parties contuses, et sur 
les tumeurs atoniques pour en favoriser la résolution; la teinture al- 
coolique est souvent employée en gargarisme contre le bégaiement 
et la paralysie de la langue. L'huile volatile, ainsi que la teinture, 
sont également en usage dans des linimens excitans. La poudre cé- 
phalique de Charas, celle du même auteur pour les embaumemens, 
la poudre sternutatoire de la pharmacopée de Londres, la décoction 
céphalique, les gouttes céphaliques anglaises, le sirop antiépilepti- 
que, et le sirop de Stæchas, sont autant de compositions pharma 
ceutiques surannées, dont la lavande fait partie. 

L'eau distillée, que les parfumeurs en préparent, est d’un grand 
usage dans la toilette. Lorsqu'on n’en met qu’une très-petite quan- 
tité dans l’eau , qu’elle aromatise agréablement , elle constitue un cos- 
métique en général fort innocent, et on pourrait en recommander 
l'usage, si l’eau pure, le cosmétique par excellence, ne lui était pré- 
férable pour entretenir la fraicheur du teint, la souplesse de la peau, 
et l'éclat des couleurs. L'huile essentielle de lavande passe pour met- 
tre les insectes en fuite, pour chasser les pous de la tête, ceux du 
pubis, ainsi que les mittes et les teignes qui dévorent nos étoffes ; 
nos livres, etc. Cette huile est employée dans les arts, sous le nom 


LAVANDE. 
d'huile d'aspic, pour la composition de plusieurs vernis. Elle est fa- 
briquée en grand dans les départemens méridionaux de la France; 
mais elle est souvent sophistiquée dans le commerce, soit avec de 
l'esprit de vin, soit avec de l'huile de térébenthine. On y reconnaît 
la présence de l'alcool en y mélant de l’eau, parce qu’alors l'alcool 
se dissout dans l’eau, et l’huile volatile seule surnage, Si, en brülant 
cette huile dans une sie de métal, il se forme une fumée épaisse, 


à 


noire, et d’une odeur désagréable , c’est une preuve de la présence de 
k. l'huile de térébenthine. 

| EXPLICATION DE LA PLANCHE. 

| (La plante est de grandeur naturelle.) 

2. Fleur ni grossie, des graines seulement s’est dévelop- 
| 2, Calice et pée, et que les trois autres lobes 
à 3. Corolle dette pour faire voir les qua- de l'ovaire sont restés avortés à sa 
& tre étamines. base. 
| _5. Calice ouvert, dans lequel on voit qu’une 6. Poil en étoile rameuse, grossi. 


Observ. Dans toutes les espèces de lavande, l’une des cinq ol du calice est d’une gran- 
deur remarquable, et sert d’opercule avant l'épanouissement de la 
Les poils qui recouvrent presque toutes les parties de la lavande pe fasciculés où en étoile 
= (T) 


217. 


Lrrpin P° 


; Zomôeré Fe rage k 


LICHEN 47 Zrérrte. 


棣. 


CEX VIT. 


LICHEN D'ISLANDE. 


LICHEN ISLANDICUS ; foliaceus adscendens laciniatus ; marginibus eleva- 
A tis ciliatis. ne cryptogamie, algues. Jussieu, clas.:1 , ord. 2 , fa- 
mille des a 
diaten En + « + LICHENE DE Lite À 
nb: 2h58 LICHÈN DE ISLANDA, 
Léna PA TORRES MUSCO DA ISLANDA, 
MPORRRE.. 5 6 LICHEN D'ISL 
dns 5 ei ICELAND-LICHEN ; LIVERWORT 
Allemand... :. ISLAENDISCHES 
Hollandais. ...... SLANDSCH MOS. 
DONGT PRHETS ISLANDS MOOS 
en. ISLANDSMOSSA 


Parrour où la végétation commence à s'établir, les lichens sont 
ordinairement les premières plantes qui s’y montrent; elles-sont aussi 
les dernières qui y restent, lorsque, par d’autres circonstances ; cette 
végétation s’altère et disparaît : on en a rencontré jusque sur le som- 
met glacé du Mont-Blanc. Si nous ne considérons les lichens que 
comparativement aux autres plantes, nous n'y trouverons que des 
végétaux imparfaits, dignes à peine de fixer nos regards : nous ne 
verrons , dans les uns, que des-croûtes lépreuses ou tuberculées ; dans 
d’autres , que des expansions membraneuses , foliacées, déchiquetées, 
ou lobées; d'autresis se présentent sous la forme de longs filamens ca- 
Pillaires et pendans, ou sous celle de petits arbustes ramifiés, den- 
droïdes, sans fleurs ni feuilles apparentes : leur fructification est en- 
core a cac on a cru la reconnaître dans les tubercules, les 
scutelles, ainsi que dans une poussière farineuse répandue sur les 
différentes parties de la plante : mais si nous considérons ces ve 
taux, dans leur ensemble; si nous les observons dans les lieux -où la 
nature les a placés, couvrant les rochers, tapissant les vieux murs, 
appliqués contre l'écorce des arbres, ou suspendus à leurs branches, 
étalés sur ds terre, se glissant entre les mousses et le ane qu’elle 


° Livraison. 


LICHEN D’'ISLANDE. 

agréable variété ces plantes, peut-être trop dédaignées, nous offri- 
ront dans leurs formes, leurs couleurs, dans leur manière de végé- 
ter et de se multiplier, les unes étalant sur l’épiderme des jeunes ar- 
bres une membrane lisse, très-blanche , parsemée de lignes noires, : 
imitant, dans leurs diverses directions, les caractères de quelque 
langue étrangère, ou une sorte de carte géographique ; d’autres pré- 
sentent des points saillans, noirs, luisans, sur un fond verdâtre et 
cendré; ailleurs elles forment sur les rochers des plaques de diver- 
ses couleurs, des croûtes parsemées de tubercules ou de petits go- 
dets, en forme d’entonnoirs simples ou prolifères , chargés sur leurs 
bords de tubercules fongueux, sessiles ou pédicellés, de couleur 
brune , noirâtre, ou d’un beau rouge écarlate. 

Linné avait réuni les lichens en un seul genre, mais le grand nom- 
bre des espèces, et la variété de leurs formes, ont déterminé à les 
regarder comme une famille particulière, et à les distribuer en gen- 
res. Le lichen d'Islande, qui est aujourd'hui le physica islandica , 
très-abondant dans l'Islande et dans les régions septentrionales de 
l'Europe , croît par touffes sur la terre, dans les prairies montueuses, 
aux lieux stériles, arides et pierreux. 

Ses expansions sont foliacées , longues de deux ou trois pouces, 
fermes, coriaces, divisées en ramifications linéaires, laciniées ; ou 
presque pinnatifides, souvent bifurquées, bordées de cils presque 
épineux ; ces lanières tendent à se courber en gouttière, surtout vers 
le bas; elles sont d’un brun verdâtre ou olivâtre, plus pâles à leur 
partie inférieure, souvent tachetées de rouge à leur base; elles pro- 
duisent des cupules assez rares, presque terminales, planes ou un 
peu concaves, sessiles, orbiculaires, d’un rouge-brun, ou de la cou- 
leur des feuilles. (P.) 

Le lichen d'Islande est inodore; sa saveur est extrêmement amère, 
et tellement tenace, qu’elle ne peut lui être complètement enlevée, 
même par plusieurs ébullitions successives. L'eau s'empare toutefois 
de la plus grande partie de son amertume, soit par infusion , soit par 
décoction. Dans le premier cas, la liqueur est limpide , et rougit par 
le sulfate de fer; dans le second, on obtient un liquide épais et vis- 
queux, qui se concrette par le refroidissement , et forme une sorte 
de gelée rougeâtre , peu collante , amère, et très-soluble dans la bou- 


SAPIN Te LP 


* 


LICHEN D'ISLANDE. 

che. D’après les recherches de Tromsdorff et d'Ebeling, cette plante 
renferme près de la moitié de son poids de mucilage, une petite 
quantité de résine, et un principe légèrement astringent. M. Berze- 
liusy a constaté en outre la présence d’une matière de nature animale, 
coagulable et analogue à la gélatine, 

C’est à ce mucilage et à cette substance gélatineuse que le lichen 
doit les propriétés nutritives dont il jouit essentiellement. IL exerce 
en outre, par sa qualité amère, une action tonique , lente, qui, de 
l'appareil digestif, se transmet à toute l'économie, et peut, à la lon- 
gue, modifier avantageusement les organes. Ainsi 1l augmente l’ac- 
tion de l'estomac, excite l'appétit, facilite la digestion, active les 
fonctions nutritives , remédie à l’amaigrissement , et soutient les for- 
ces dans la plupart des maladies de langueur et d’épuisement. Hiarne, 
Bartholin, Borrichius, Olafsen, lui attribuent en outre une vertu 
purgative; mais cette propriété, justement contestée au lichen par 


plusieurs observateurs , n'existe point dans la plante sèche, puisque 


les peuples des régions polaires qui s’en nourrissent , el les malades 
auxquels on l’administre parmi nous, n’en éprouvent aucun effet 
laxatif. À l'exemple de quelques auteurs, on pourrait donc tout au 
plus admettre cette propriété dans le lichen récent, s'il n’était plus 
prudent de suspendre son jugement sur ce point, jusqu’à ce que de 
nouvelles observations aient levé tous les doutes. Les maladies de la 
poitrine en général , et la phthisie pulmonaire en particulier, sont 
les affections contre lesquelles le lichen d'Islande a été particulière- 


* ment recommandé. Herz, Linné, Scopoli, Tromsdorff, Hiarne, Ber- 


gius, Crichton, Stoll, et plus récemment M. Regnault , ont constaté 
ses bons effets dans cette redoutable maladie. Il paraît toutefois que 
c'est contre les phthisies muqueuses et ulcéreuses que le lichen a été 
employé avec succès; car, dans la phthisie tuberculeuse, son ineff- 
cacité est tout aussi marquée que celle des pectoraux et des béchi- 
ques les plus vantés. S'il ne guérit pas cette terrible lésion des pou- 
mons, il faut convenir toutefois, avec Murray , que souvent il adou- 
cit la toux, apaise la fièvre hectique, améliore l’expectoration, rend 
la respiration plus facile, diminue les sueurs et autres évacuations 
colliquatives prolonge l'existence des malades, et rend leurs souf- 
frances plus supportables. Scopoli recommande en outre le lichen 


LICHEN D'ISLANDE. 
dans le rachitis; Cramer l’associait avec avantage au mercure, dans 
la phthisie vénérienne ; Hiarne s’est bien trouvé de son usage contre 
l’hémoptysie et le scorbut, et Tromsdorff dans cette dernière affec- 
tion et dans la goutte. Schonheyder l’a administré avec succès contre 
la toux rebelle qui survient chez les enfans à la suite de la rougeole; 
Quarin en à fait usage dans la suppuration des reins; quelques au- 
teurs lont administré contre le cancer de l'utérus. Le lichen a été 
vanté en outre contre la diarrhée et la dysenterie chroniques; mais 
Crichton , qui a déterminé avec beaucoup plus d’exactitude qu’on ne 
l’avait fait avant lui les circonstances dans lesquelles il convient de 
l’'administrer, a très-bien vu qu'il serait nuisible lorsque ces affec- 
tions intestinales sont accompagnées de douleurs d’entrailles, de cha- 
leur, de fréquence ou de dureté dans le pouls , et autres signes d’exci- 
tation. Du reste, on conçoit parfaitement que cette plante tonique et 
analeptique a pu avoir, dans certains cas, contre les différentes ma- 


ladies dans lesquelles elle a été administrée, comme dans la plupart 


des cachexies accompagnées de marasme, et de la chute des forces, 
le même avantage que contre certaines phthisies; celui de diminuer 
l'intensité dévorante de la fièvre hectique, et de retarder les progrès 
de la consomption. Mais il faut, pour que cet effet ait lieu, que le 
malade ne soit en proie à aucune inflammation locale, ni à une exci- 
tation générale trop prononcée. 

On peut administrer ce lichen en Diridre; soit en suspension dans 
un liquide quelconque, soit sous forme de pilules ou d’électuaire. On 
l'emploie beaucoup plus souvent et avec plus d'avantage en décoc- 
tion dans l’eau, le lait ou un bouillon gras, à la dose de seize ou 
trente-deux grammes (demie où une once) pour un kilogramme 
(deux livres) de liquide; et pour diminuer son amertume, on l’édul- 
core ordinairement avec une certaine quantité de sirop de sucre ou 
de miel. On a fréquemment recours à la gelée de lichen, convenable- 
ment édulcorée et aromatisée. Ce végétal , réduit en poudre, et cuit 
avec le lait, forme une bouillie médicamenteuse, aussi utile et plus 
agréable à certains malades que la gelée. On le fait entrer dans la 
composition du chocolat; M. Regnault se loue beaucoup des avanta- 
ges qu’il en a obtenus sous cette forme. À l'exemple de ce médecin, 
on peut faire préparer, avec la poudre de lichen, des crêmes , des 


Des 


Al Fe 


% 


LICHEN D'ISLANDE. 


ne" 
… conserves, des pastilles, des biscuits, et autres médicamens alimen- 


taires, qu’on peut varier à l'infini, suivant l'expression de M. Alibert, 
pour éviter aux malades l'ennui de l’'uniformité. 
Les avantages économiques du lichen d’Islande ne le cèdent point 

à ses propriétés médicales. Les habitans de l'Islande en font la base 
de leur nourriture. Chaque année ils se réunissent en troupes pour 
aller cueillir cet utile végétal sur les rochers, où il croît en abon- 
dance. Ils lemportent dans des sacs, et, après l'avoir lavé, séché au 
four, et grossièrement pulvérisé, ils le conservent dans des barils. 

. Cette substance alimentaire, à volume doublé, nourrit autant que le 
blé. Pour l'usage, on la réduit en poudre, on la fait bouillir avec 


io , Le ra 
l'eau, le lait ou le petit-lait, et on en prépare des bouillies très-nu- 


tritives. Mèêlée à une certaine quantité de farine, cette poudre est 
susceptible de faire du pain, qui, malgré son amertume, constitue 
un bon aliment. Dans la Caïniole , le lichen est employé pour engrais- 
ser les cochons ; à une certaine époque de l’année, on le fait brouter 
aux bœufs et aux chevaux épuisés , pour les refaire. 

à La médecine, l’économie domestique et les arts, emploient plu- 
sieurs autres espèces de lichen à divers usages. Ainsi la pulmonaire 
de chêne, Z. pulmonarius, a été préconisée parmi nous contre la 
phthisie et les hémorragies. Les habitans de l'Islande remplacent sou- 
vent le Z. islandicus par les Z. nivalis et proboscidus. Les Russes 
septentrionaux emploient à leur nourriture, et à celle de leurs rênes, 
les L. esculentus et rangiferinus. Enfin diverses espèces indigènes 
du même genre sont en usage dans la parfumerie et dans la teinture. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est de grand naturelle.) 


» à ñ D 


7% ur pin L: Lambert seule. 


LIERRE . 


D ÉT 


Dh! 


CCX VII. 


LIERRE. 


OR nus Ts: , 5 Niboes , Dioscorides , x/ros, Théophraste. 
HEDERA ARBOREA; H. POETICA; Bauhin, TiraË, lib. 8, sect. 3. Tourne- 


ECTS Rs ma re 
BE HELIX, foliis ovatis lobatisque. Linné, pentandrie monogynie. 

Jussieu , clas. 11, ord. 3, famille des chèvrefeuilles. 

Taken)... :: ++ EDERA, ELLERA, 

Espagnol... .. YEDRA 

Portugais, ....... EIRA. 

Pop: 2: LIERRE; LIÈERRE GRIMPANT. 

Anglais... COMMON 1Vx, 

Allemand, . .,.... EPHEU ; EPPICE, 

Hollandais “+... KLIMOP; KLYF. 

noirs. PTT ee VEDBENDE 

Res MURGROEN. 

Polonais BLUSZCZ. 
MS ue Rhie BLJUSTSCH., 

Hongrois... + + +  FAI-BOROSTYAN. 


LE lierre est un arbrisseau très-commun en Europe; il se plait 
dans les lieux sauvages , ombragés et frais, dans les bois et les haies ; 
il couvre d’une verdure perpétuelle les masures, les rochers et les 
vieux Murs ; il embrasse de ses rameaux flexibles le tronc des arbres, 
qu'il épuise , en insinuant dans les gerçures de leur écorce une mul 
litude de petites racines; il a joui de tout temps d’une grande célé- 
brité , surtout dans les fêtes bruyantes de l’ancienne Grèce. On le 
distingue » Comme genre, par un calice à cinq dents caduques ; par 
“ne corolle à cinq pétales, contenant cinq étamines alternes avec 
‘* Pétales ; un ovaire à demi inférieur; un style. Son fruit est une 
baie globuleuse, à cinq loges monospermes, couronnée un peu an 
dessous de son sommet par la base du calice. 

Ses tiges sont rameuses, sarmenteuses , rampantes, plus rs 
Srimpantes : elles s'élèvent quelquefois à une grande hauteur. d cé 
ai vu, dit M. Desfontaines, dont le tronc était de la Es un 


57° Livraison. 


LIERRE. 
homme : les rameaux sont tortueux et Bexibles le bois mou, poreux 
et léger. 

Lorsque le here est encore jeune, et qu'il rampe sur la terre, ses 
feuilles sont entières, lancéolées; quand il devient adulte, et qu'il 
grimpe sur les arbres, elles sont en cœur , se découpent en plusieurs 
lobes, souvent en trois, enfin elles deviennent ovales sur les ra- 
meaux supérieurs détachés de leur appui : toutes sont coriaces, 
épaisses, luisantes , très-glabres, entières, d’un beau vert. 

Les fleurs sont petites, d’une couleur pâle, herbacée, réunies en 
corymbes sphériques au sommet des rameaux. Elles produisent des 
baies noirâtres, globuleuses, peu succulentes, de la grosseur d’un 
pois. Il en existe une variété à fruits jaunes. (P:} 

Les feuilles du lierre sont amères, nauséeuses , légèrement austè- 
res. Les fruits, dans l’état frais, présentent une saveur acidule qui 
devient amère et un peu âcre après la dessiccation. La résine qui dé- 
coule du tronc de l'arbre, soit spontanément, soit par incision, se 
présente dans le commerce en petites masses irrégulières, compac- 
tes , friables , d’une couleur brune parsemée de veines rouges brillan- 
tes; elle est inodore dans l’état ordinaire, mais répand, lorsqu'on 
la brûle, une odeur fragrante très-suave. Cette résine ne se dissout 
point dans la salive quand on la mâche; elle est insoluble dans les 
huiles fixes et volatiles, et soluble, en partie seulement, dans l'al- 
cool. Il en résulte que cette substance n’est pas une résine pure, mais 
on ne s’est pas encore convenablement occupé de son analyse chi- 
mique. Il en est de même de celle des feuilles et des baies du lierre, 
dans lesquelles on n’a reconnu jusqu’à ce jour qu’une très-petite 
quantité d'huile volatile peu odorante , un extrait résineux très-abon- 
dant, et un extrait muqueux qui l’est moins. 

Le bois de lierre, en général mou et spongieux, n’a d'autre usage 
médical que celui de servir à faire de petites boules, dont les chi- 
rurgiens font usage pour entretenir la suppuration des cautères et 
des exutoires. Les feuilles ne sont employées de nos jours qu’à l’exté- 
rieur , et même on ne s’en sert plus que pour le pansement des cau- 
tères. Toutefois leur décoction vineuse a été vantée par divers au- 
teurs comme un détersif puissant, et quelquefois appliquée, dans 
cette vue, sur les ulcères atoniques et fongueux. On à également at- 


e 


a 


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LIERRE. ; 
_iribué à leur décoction aqueuse beaucoup d'efficacité contrée la tei- 
gne, contre la gale, et la singulière propriété de noircir les cheveux : 
mais ces faits ne sont pas suffisamment constatés. Quoique ces feuil- 
les desséchées aient été administrées intérieurement en poudre, dans 
latrophie des enfans, à la dose d’un scrupule et plus, leurs effets 
immédiats sont encore à déterminer , et leur usage entièrement tombé 
en désuétude. Il en est de même des baies dont l’action n’est pas 
mieux connue que celle des feuilles. Toutefois ces fruits semblent 
jouir de propriétés vénéneuses : les anciens les avaient placés au rang 
des vomitifs et des purgatifs. Boyle les administrait à haute dose 
pour provoquer la sueur. Hoffmann et Simon Pauli les regardent 
comme dangereuses, et peut-être fourniront-elles quelque jour à la 
thérapeutique un moyen puissant, si l’on parvient à déterminer 
leurs propriétés médicales par des observations cliniques bien faites. 
_ Quant à la résine, improprement désignée dans le commerce sous 
le titre de gomme de lierre, sa saveur aromatique âcre porte à 
croire qu’elle est la partie la plus active de ce végétal. Stahl l'em- 
ployait comme emménagogue dans les suppressions menstruelles, et 
en recommandait l'usage dans plusieurs autres maladies atoniques. 
On s'en sert quelquefois comme topique dans le traitement de la tei- 
gne; on lui attribue aussi la propriété douteuse de faire disparaître 
les pous, et de faire tomber les cheveux. On l’introduit enfin quel- 
quefois dans les cavités des dents cariées; mais ses succès dans ces 
différentes circonstances. n’ont point été suffisamment constatés. 

Les feuilles et les baies du lierre, desséchées, peuvent être admi- 
nistrées en poudre à la dose de treize décigrammes (un scrupule ), 
et en infusion à celle de deux à quatre grammes (demi à un gros ) 

* dans cinq hectogrammes (une livre) d’eau. La résine ne s'emploie 
qu'à l'extérieur; elle constitue un des principaux ingrédiens de l’on- 
guent d'althéa. 

Les anciens avaient consacré le lierre à Bacchus, peut-être 
que cet arbre croît en abondance dans les montagnes de la Thrace, 
où ce dieu était particulièrement honoré. Les Bacchantes en couron- 
naïent leurs têtes, en chargaient leurs thyrses, et en décoraient 
Pompeusement les temples dans les fêtes solennelles de la Grèce. Par 
suite de cet usage antique et sacré, le lierre est encore suspendu de 


parce 


LIERRE. 

nos jours à l’entrée des cabarets et des tavernes, seuls et indignes 
temples où le culte du dieu de la Thrace se soit conservé parmi nous. 
Quoique cet arbre agreste préfère l'ombre, et recherche la solitude, 
il s’accoutume dans nos jardins et dans nos parcs, où on l’emploie à 
divers ornemens. Il suit avec docilité toutes les directions qu'on lui 
donne. Il grimpe le long des murailles, et recouvre leur triste nu- 
dité d’un magnifique tapis de verdure. On en fait des portiques, des 
obélisques, et des palissades d’un très-bel effet. On peut également 
le tondre en buisson, en faire des haies toujours vertes et très-so- 
lides. Son bois sert aux tourneurs à faire des vases, qui, au rapport 
de Pline, avaient la réputation de laisser filtrer l’eau à travers leurs 
pores, et de retenir le vin quand on y versait les deux liqueurs réu- 
aies. Enfin la résine de lierre est employée dans les ärts à la compo- 
sition de certains vernis. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 

(La plante est de grandeur naturelle.) 
1. Fleur entière. de la pulpe, afin de mettre à décou- 
2. Calice et pistil. vert les cinq osselets 


2 
3. Fruit entier, de grandeur naturelle, 5. L'un des osselets isolé. 
Le mème, dont on a enlevé une partie 


= 


Lanhert Je seule. 


LIEBRE TERRESTRE. 
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CCXIX. 


LIERRE-TERRESTRE, 


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HEDERA TE R1S VULGARIS; Bauhin, TsvaË , lib. 8, sect. 3, 
CALAMINTHA HUMILIOR, FOLIO ROTUNDIORE. Tournefort, cl, 4, sect. 3 , 
Rs. 


+ 
. 
. 
0 


gen. 4. 
GLECOMA BEDERACEA ; foliis reniformibus crenatis. Linné, didynamie, 
ie à Jussieu, clas. 8, ord. 6, famille des labiees, 


Italien... .....'.. xrvera TERRESTR 


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Allemand. . ....,. rRDEPHEU; cuNDELRrEEN, 


Hollandais... . ... AARDVEIL, 
Mains ie JORD-VEDBENDE. 
ns. à + « à JORDREPVOR. 
aus 11 HORS BLUSZCZ POZIEMY. 
a KROTOWIK, 


* Drs tiges rampantes, une sorte de ressemblance entre les feuilles 
de cette plante et celles du lierre, ont probablement donné lieu à son 


nom vulgaire. Elle est commune le long des baies, dans les lieux 
couverts. Son caractère essentiel consiste dans un calice cylindrique, 


strié, à cinq découpures inégales ; une corolle une fois plus longue 
que le calice, à deux lèvres; la supérieure bifide et redressée , l’infé- 
rieure à trois lobes; celui du milieu échancré et plus grand; quatre 
étamines didynames ; les anthères rapprochées deux à deux en forme 
Croix ; un style; quatre semences ovales au fond du calice. 
Ses racines sont grêles et fibreuses; ses tiges menues , presque sim- 
ples, quadrangulaires étalées sur la terre, redressées à leur partie 
re au moment de la fleuraison, légèrement velues, longues 
d'un pied. 
Ses feuilles sont pétiolées, opposées, vertes, un peu velues, en 
3. 


57< Livraison, 


LIERRE TERRESTRE. 
forme de rein, presque rondes, crénelées à leur contour ; les pétioles 
des feuilles fees. très-longs et velus. 

Les fleurs sont réunies au nombre de trois ou quatre dans l’ais- 
selle des feuilles, sur un pédoncule commun très-court, pourvues 
chacune d'un pédicelle sétacé et pubescent, avec quelques petites 
bractées très-fines, subulées. 

Le calice est court, velu, à cinq dents très-aiguës ; la corolle pur- 


purine ou rougeâtre, quelquefois blanche, légèrement ciliée sur le 


dos, deux fois plus longue que le calice; le tube fort étroit, allongé. 

Le lierre terrestre exhale une légère odeur aromatique , qui est 
beaucoup plus sensible lorsqu'on le froisse entre les doigts. Sa sa- 
veur est balsamique, amère, un peu âcre; mais il ne conserve ces 
qualités, après la dessiccation, que lorsqu'il a été ‘desséché avec 
beaucoup de soin. Il contient une petite quantité d’huile volatile odo- 
‘rante, dont l'eau se charge par la distillation, un extrait résineux 
balsamique, faiblement amer, un extrait muqueux d’un goût d’a- 
bord douceâtre et amer, ensuite âcre et piquant, et en beaucoup 
plus grande quantité que le premier. Circonstance qui porte à croire 


que l’eau est plus propre que lalcool à s'emparer des principes ac- 


tifs de cette plante. 

Peu de végétaux indigènes ont eu autant de vogue, et jouissent 
encore d’une aussi grande réputation que le lierre terrestre. Les ou- 
vrages de matière médicale ne tarissent pas en éloges les plus pom- 
peux sur ses merveilleuses vertus , et le décorent fastueusement des 
propriétés les plus contradictoires. On ne s’est pas borné à le prô- 
ner comme tonique, stomachique, diurétique, apéritif, détersif, 
vulnéraire., expectorant, etc, etc.;; des auteurs même très-recom- 
mandables, l'ont signalé comme un remède souverain-contre la toux, 
la phthisie, l'asthme, et le catarrhe pulmonaire; d’autres ont préco- 
nisé ses succès dans la céphalalgie, la dyspepsie, lhypocondrie , les 
coliques et les affections calculeuses. Le public, toujours prompt 
à admettre, comme des vérités démontrées, les assertions les plus 
mensongères, quand elles ont surtout pour objet la toute-puissance 
des drogues, a renchéri sur les éloges prodigués au lierre terrestre 
par des auteurs crédules ou intéressés ; et dans l'esprit des commères 


* 


. 


+ 


4 


LIERRE TERRESTRE. 

et de cette foule innombrable de gens oisifs, dont toute la science 
médicale consiste à croire aveuglément à l’héroïque vertu des spé- 
cifiques, cet humble végétal est devenu comme une sorte de panacée 
propre à remédier à toutes les infirmités, à guérir toutes les mala- 
dies, et à l’aide duquel on peut en quelque sorte défier la mort : de 
sorte que c’est par pure complaisance que l’on consent à être malade 
avec un aussi puissant moyen de guérison. Heureusement cette . 
plante est très-peu active : sans cette circonstance, elle serait une 
arme meurtrière entre les mains profanes et inhabiles qui Padminis- 
trent de toutes parts à tort et à travers dans une foule de maladies 
où elle est au moins inutile. 

: Quoique le lierre terrestre, à raison dé ses propriétés physiques 
et chimiques, appartienne à la classe des toniques, l'excitation ‘qu'il 
exerce sur l'estomac, et par suite sur différens organes de l’écono- 
mie animale, est si légère, surtout à la faible dose à laquelle on l’ad- 
ministre ordinairement , qu'il ne mérite eh aücune manière la haute 
Opinion qu'on a eue de sa puissance. Simon Paul, Willis, Morton, 
Ettmuller, Rivière, Sauvages, et plusieurs autres médecins recom- 
mandables , ont annoncé, il est vrai, ses bons effets contre la phthi- 
sie pulmonaire, l’empyème ét certaines toux, dont le caractère est 
loin d’avoir été déterminé. Le même Pauli, Senner, Platter, etc., ne 
balancent même pas à lui attribuer là merveilleusé propriété de gué- 
rir les affections calculeuses des reins et de la vessie; mais quelle con- 
fiance méritent de pareilles assertions, pour quiconque a acquis des 
connaissances exactes sur la nature de ces maladies ; ‘et sur la faible 
action tonique du lierre terrestre? Quelle que soit: du juste vénération 
que l’on professe pour les noms célèbres, peut-on admettre avec 
Lautt l'efficacité de cette labiée contre les fièvres intermittentes , lors- 
qu’on voit chaque jour ces pyrexies guérir spontanément sans aucun 
remède , si l’on n’entrave pas les efforts salutaires de la nature par des 
ilications intempestives? Doit-on croire, sur le simple rapport de 
Rai, que le suc de cette plante, introduit dans les fosses nasales, a 
guéri, comme par enchantement , une céphalalgie invétérée ; et autres 
effets non moins miraculeux qu'aucune observation positive n’appuie 
et que la saine raison réprouve? L'illustre et savant Cullen a bien plus 
sainement apprécié les propriétés médicales du lierre terrestre. 


LIERRE TERRESTRE. 

« Ce que les auteurs de matière médicale disent de cette plante, 
écrit ce grand médecin, ne me paraît pas mieux fondé que les opi- 
nions vulgaires. Il me semble absolument dénué de probabilité 
qu'elle ait la vertu de guérir les ulcères des poumons, et différentes 
espèces de phthisie. L'autorité de S. Pauli ou des autres auteurs n’a 
. aucune valeur à mes yeux, vu la nature de ces maladies, et la diffi- 
_culté de les guérir en général. Son usage contre les calculs de la 
vessie n'est pas appuyé de meilleures autorités , ni plus probable, et 
je ne craindrais pas de commettre d’excès en l’employant à grande 
dose. » | 

On peut administrer cette plante en substance, sous forme pulvé- 
rulente; en pilules, sous forme molle, ou en suspension dans un li- 
quide quelconque, depuis deux jusqu’à quatre grammes (demi à un 
gros ) et au delà. Son suc clarifié a été donné de soïxante-quatre à 
cent vingt-huit grammes ( deux à quatre onces ). Le plus souvent on 
lemploie en infusion théiforme à dose indéterminée. L'eau distillée 
qu’on en prépare encore dans quelques pharmacies, n’a presque au- 
cune vertu. Sa conserve n’est pas plus active : on en compose un 
sirop qui a été ridiculement préconisé contre la phthisie et les cal- 
culs, et qui n’a pas plus de vertus que le sirop simple. 

Le lierre terrestre paraît avoir été en usage chez les Anglais pour 
la clarification de la bière. Quelques médecins avaient cru que, fer- 
menté avec l'orge, il pouvait donner à cette liqueur une qualité 
supérieure , mais l’expérience n’a point justifié cette opinion. Certains 
auteurs assurent que les feuilles de cette plante peuvent servir de 
nourriture aux vers à soie, quand on manque de feuilles de mürier. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est de grandeur naturelle.) 


Calice. 
2. Corolle ouverte. 5 
3. Pistil, 


Zambert F Jeulp 


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Mie e sde .. Ayoy, Théophraste et Dioscorides. 
INUM ARVENSE ; Bauhin, IlsvaË, lib. 6, sect. 3. 
LINUM SATIVUM, LATIFOLIUM , AFRICANUM; fructu majori, Tournefort, 


Fatinss. ic ie clas. 8, sect. 1, gen. 

LINUM USITATISSEMUM; calycibus capsulisque mucronatis, petalis cre- 
natis, foliis lanceolatis alternis, caule solitario. Linné, pentandrie 
pentagynie. Jussieu, clas. 13, ord. 22, famille des caryophyllées. 

Hola... ..,..,. 11760. 

Espagnol, . ....,. ro. 

FPOPRgRIS SR LINO. 
Français... 45, ; LIN ; LIN COMMUN. 
Anglais. ........ rinsexn. 
Allemand, ..,.... LEINSAAMEN, 
Hollandais... ... .. uvaszaanr 
inde ue RR 

Polonais 


NES es à ve. € 


Ce genre, qui renferme plus de quarante espèces, dont une partie, 
originaire de l’Europe, offre, pour caractère essentiel, un calice 
persistant, à cinq folioles ; cinq pétales onguiculés, cinq étamines un 
peu soudées à leur base; cinq écailles en forme de filamens stériles , 
alternes avec les étamines ; cinq styles. Le fruit est une capsule glo- 
buleuse, à cinq valves rapprochées, et dont les bords rentrans for- 
ment autant de loges qui paraissent être doubles ; une semence dans 
chaque loge, insérée à l'angle central des loges. 

Le lin commun a une racine grêle, presque simple, garnie de 
quelques fibres latérales : elle produit une tige droite, menue, gla- 
bre, cylindrique, rameuse vers son sommet, haute d’environ un 
pied et demi. 

Les feuilles sont sessiles, éparses, glabres , d’un vert un peu glau- 
que, linéaires-lancéolées, aiguës, longues d’un pouce. 

Les fleurs sont assez grandes, d’un bleu elair, les unes axillaires, 
d'autres terminales ; les pédoncules filiformes et uniflores ; les folioles 
du calice ovales, mucronées, blanchâtres et scarieuses à leurs bords ; 


57€ Livraison. 4. 


LIN. 
les pétales un peu crénelés au sommet, blancs à leur onglet; les 
capsules globuleuses et mucronées; les semences ovales, luisantes, 
comprimées , d’un jaune pâle. 

La médecine ne fait usage que des semences de cette plante. Elles 
sont inodores , leur saveur est fade, et devient mucilagineuse quand 
on les mâche. On en retire une huile douce, très-onctueuse, et un 
mucilage doux , très-abondant, dont l’eau s'empare par infusion, et 
même par simple macération. M. Vauquelin pense que le mucilage 
est composé d’une matière gommeuse, unie à une substance de na- 
ture animale, à de l’acide acétique libre, et à plusieurs sels, parmi 
lesquels figurent l’acétate et le muriate de potasse, auxquels ce célè- 
bre chimiste attribue la propriété diurétique de la graine de lin. 

La nature de l'huile et le mucilage dont ces semences sont compo- 
sées , les rendent éminemment adoucissantes, relâchantes, émollien- 
tes, lubrifiantes, antiphlogistiques, et très-propres à diminuer l’état 
d’excitation des propriétés vitales organiques. On les emploie aussi 
avec le plus grand succès pour opérer toute espèce de médication 
atonique , soit générale, soit locale. Quoique l’usage de leur infusion 
aqueuse soit spécialement accrédité pour diminuer l'irritation des 
organes urinaires, on l'emploie avec le même avantage dans la pre- 
mière et la seconde période de presque toutes les maladies aiguës, 
telles que l’angine gastrite, la dysenterie, les catarrhes pulmonaire, 
vésical, urétral et vaginal. Son administration a surtout prévalu con- 
tre la néphrite et les affections calculeuses accompagnées d’ischurie ; 
mais son usage n’est pas moins utile dans les hémorragies actives, et 
dans une foule de maladies aiguës ou chroniques, accompagnées de 
douleur , de chaleur et d’irritation. On s’en est particulièrement bien 
trouvé dans la constipation, la goutte, les hernies étranglées, dans 
l’enrouement, le ptyalisme, les aphtes, et dans la première période 
des exanthèmes aigus. En général, l’infusion de ces semences con- 
vient comme boisson dans tous les cas où il faut ramener les pro- 
priétés vitales à leur état normal, et faire cesser leur surexcitation. 
Toutefois 1l faut avoir soin qu’elle ne soit ni trop visqueuse, ni trop 
consistante, afin qu’elle ne fatigue pas l'estomac : pour la même rai- 
son, il est utile de l’édulcorer et de l’aromatiser convenablement. 

Cette infusion, plus ou moins concentrée, peut être administrée 


LIN. | 

avec beaucoup d’avantage , en lavement dans les coliques, et les in- 
flammations de l'intestin et de la vessie; en collyre contre loph-. 
talmie, en gargarisme dans l’esquinancie, contre les aphtes et le 
ptyalisme ; en looch enfin, dans les phlegmasies du larynx et de la 
trachée. Les semences du lin, écrasées et cuites dans l’eau ou le lait, 
forment des cataplasmes émolliens qu’on applique chaque jour avec 
le plus grand succès, comme adoucissans, maturatifs et résolutifs , 
sur les plaies et les ulcères compliqués de douleur et d’inflammation, 
sur les tumeurs et les engorgemens inflammatoires, tels que les bu- 
bons, les phlegmons, les panaris, les furoncles, etc. 

L'huile douce et onctueuse qu’on obtient de ces semences par 
expression, jouit des mêmes propriétés médicales que ces semences 
elles-mêmes : Sydenham, Baglivi, Gesner, Tournefort, Hagendorn, 
en ont particulièrement fait usage dans les différentes inflammations 
thorachiques , et surtout contre la pleurésie. D'autres auteurs, parmi 
lesquels on distingue le docteur Michel, ont constaté les bons effets 
de cette huile, prise intérieurement dans l’hémoptysie. Dodonée, 
Dehaen, Van Swiéten, vantent son efficacité contre l’iléus et la coli- 
que métallique. Dans un cas très-remarquable, le savant Murray 
s'en est servi avec le plus grand succès pour expulser une grande 
quantité de vers du canal intestinal; Heberden préférait même l'huile 
de lin à toute autre pour chasser les ascarides vermiculaires qui s’ac- 
cumulent parfois dans le rectum des enfans. 

Les semences du lin se prescrivent entières en infusion à la dose 
de seize grammes (demi-once) dans cinq hectogrammes (seize onces 
d’eau). L'huile se donne depuis trente-deux jusqu’à cent vingt-huit 
grammes (une à quatre onces) par jour. Mais ordinairement on fait 
prendre cette quantité par cuillerées d’heure en heure, et on a soin 
de l’aromatiser pour la rendre plus agréable à avaler. 11 faut avoir 
soin de ne l’employer que douce et récente ; et, lorsqu'elle est rance, 
il faut faire disparaître sa rancidité, en l’agitant fortement, et à plu- 
sieurs reprises, dans de l’eau tiède. Ces semences font partie du sirop 
de marrube de Mésué, de l’onguent d’althéa, du mondificatif de 
résine de Joubert, du diachylon, de l'emplâtre de mucilage; et l'huile 
qu’on en retire est la base de plusieurs linimens. 

Dès l'antiquité la plus reculée, le lin est célèbre par ses usages 


LIN. 

multipliés dans les arts et l'économie domestique. I est surtout pré- 
cieux par les fibres que l’on retire de son écorce, et qui, transfor- 
mées et torturées de mille manières par l’industrie de l’homme, ser- 
vent, sous mille formes variées , à nos besoins et à nos plaisirs. En 
filasse, sous forme de fil, il est d’une nécessité indispensable dans 
tous les arts et dans tous les usages de la vie. On en fait une 
foule de tissus divers qui sont la base de nos vêtmens, ou servent 
à la parure. Après s'être en quelque sorte épuisé pour subvenir à 
tous les besoins des hommes réunis en société, le lin va servir en- 
core à la fabrication du papier. Il devient ainsi, en dernier résultat, 
le dépositaire de nos sentimens, de nos affections et de nos idées; et, 
à l’aide de l'imprimerie, il éternise les productions du génie, les 
élans sublimes de la pensée, et assure à jamais les progrès des lu- 
mières et de la raison. Dans certaines contrées de l'Asie, le peuple 
se nourrit souvent des semences du lin, qu’il fait cuire après les avoir 
écrasées , et mêlées avec le miel. Dans des temps de famine, on s’en 
est même servi en Hollande comme aliment; mais elles constituent 
une nourriture fade, visqueuse, très-difficile à digérer, et peu con- 
venable, surtout aux personnes faibles. Leur huile pourrait être em- 
ployée à divers usages culinaires; on s’en sert plus particulièrement 
pour l’éclairage; elle entre dans la composition de l'encre dont les 
typographes font usage pour imprimer. Dans les arts mécaniques, 
elle est en usage pour lubrifier les ressorts, et pour adoucir les frot- 
temens des rouages des machines. Les peintres en composent plu- 
sieurs vernis. Enfin, la pâte solide qui reste sous le pressoir après 
l'extraction de l'huile, sert à engraisser la volaille et les bestiaux. 

Le linum catharticum , L., à la dose de treize décigrammes (un 
scrupule) en poudre, jouit de la propriété purgative, et à plus haute 
dose, il paraît exercer une action vomitive : maïs il est très-peu usité 
parmi nous. 

EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est de grandeur naturelle.) 
1. Racine, 
2. Étamines et pistil. 
3. Pétale. 
4. Fruit entier. 
5, Le mème, coupé horizontalement. 


6. Graine. 

7. La même, grossie, dont on a enlevé une 
partie du tégument pour faire voir 
l'embryon. 


CCXXI. 


LIS BLANC. 


 . :.: XPIYOY € AerpI0Y. 
[LILIUM ALBUM; flore erecto, vulgare. Bauhin, Tiva£, lib. 2, sect. 5. 
: Tournefort, clas. 9, sect. 4, gen. 3. 
D... LILIUM CANDIDUM; foliis sparsis ; corolli panulatis, intus glabris. 
Linné, hexandrie monogynie. Jussieu, clas. 3, ord. 4, famille des 


 .  . GIGLIO BIANCO, 
Espagnol, ...... LIRIO. 
Portugais. ...... LEIR10. 
Français... .,. LIS BLANC 
Ps... ..... WHITE COMMON LILY. 
Allemand... ,.... WEISSE LILIEN. 
Hollandais. . ..... ELIE 

PA LILIE. 
LL TRES LILIE. 
Polonais LILIA. 


Cuer de la brillante famille à laquelle il a donné son nom (les li- 
liacées ), le lis est un des plus beaux ornemens du règne végétal. En 
'eSpirant l’odeur suave dont il parfume l'air, nous nous croyons 
transportés dans ces riches contrées de l'Orient, qu'il a quittées 
Pour venir habiter parmi nous : on croit cependant qu'il se trouve 
également dans l’Europe. Haller l’a découvert dans la Suisse, Decan- 
dolle sur le Jura, dans les lieux sauvages, éloignés de toute habi- 
tation. 

Sous le rapport de ses caractères génériques , le lis se distingue 
Pat une corolle ample, campanulée, à six pétales ou six divisions 
profondes, distinctes, creusées chacune par un sillon longitudinal 
plus marqué vers la base, à bords dentelés; point de calice; six éta- 
mines; les anthères oblongues et versatiles; un ovaire supérieur ; 
oblong, à six cannelures; un style cylindrique; le stigmate épais, à 
trois lobes. Le fruit est une capsule trigone, à six sillons, oblongue, 
obtuse, à trois loges, à trois valves polyspermes. 


38+ Livraison, 


LIS BLANC. 

Sa racine est ovale, bulbeuse, jaunâtre, écailleuse en dehors, gar- 
nie en dessous de grosses fibres fasciculées, qui constituent la vérita- 
ble racine. 

Sa tige est simple, droite, cylindrique, longue de deux ou trois 
pieds, garnie presque dans toute sa longueur de feuilles éparses, 
sessiles, nombreuses, oblongues, très-lisses, ondulées, et un peu 
aiguës. 

Les fleurs sont remarquables par leur grandeur, leur éclatante 
blancheur, par leur odeur exquise : elles sont pédonculées, dispo- 
sées en une grappe lâche et terminale, d’abord droites sur leur pé- 
doncule, puis inclinées à mesure qu’elles se développent.  (P.) 

Le lis blanc a joui autrefois de beaucoup de réputation en méde- 
cine; mais depuis que l’on commence à observer aveë attention l’ac- 
tion des médicamens, son usage est entièrement tombé en désuétude. 
Excepté la fleur, qui exhale, dans l'état frais, une odeur suave, 
fragrante , étourdissante, toutes les parties de cette plante sont ino- 
dores, et offrent une saveur fade, douceâtre, un peu amère, extrê- 
mement visqueuse. Toutes contiennent une grande quantité de mu- 
cilage, qui forme, suivant Spielmann, environ le quart du poids des 
bulbes de cette liliacée. Ces bulbes renferment en outre de la fécule 
et de légères traces du principe amer qui se retrouve dans les racines 
de la plupart des plantes de la même famille. Les fleurs recèlent en 
particulier un arome suave et fragrant, qui disparaît par la dessicca- 
tion, et dont l’eau, l'huile et l'alcool, s'emparent par la simple in- 
fusion. 

Les bulbes du lis, comme les plus abondantes en mucilage, sont 
éminemment émollientes et adoucissantes. On ne s’en sert cependant 
point à l’intérieur , mais extérieurement on en fait très-souvent usage 
pour calmer la douleur, pour favoriser la résolution et la suppura- 
tion dans les inflammations locales de la peau et du tissu cellulaire, 
dans les tumeurs inflammatoires, les engorgemens douloureux, et 
dans les plaies et les ulcères compliqués de vive douleur ou d’inflam- 
mation. Ces bulbes n’agissent cependant pas autrement , et n'ont pas 
plus de vertu que les autres substances mucilagineuses , qu'on peut 
par conséquent leur substituer avec avantage dans tous les cas où on 
les emploie. 


RER CU) A SEM rs A > 0 Le, 


LIS BLANC. 

A raison du principe aromatique, et en quelquesorte vireux qu'elles 
exhalent dans l’état frais, les fleurs du lis, quoique également mu- 
cilagineuses, paraissent agir sur le système nerveux avec énergie, 
de manière que par leurs simples émanations elles sont susceptibles 
de produire la syncope, et même la mort, ainsi que plusieurs auteurs, 
et Murray en particulier, en rapportent des exemples. Toutefois elles 
perdent cette propriété excitante par la coction, et sont employées 
alors à l'extérieur comme les bulbes, soit en décoction, soit en ca- 
taplasmes , pour produire des médications atoniques locales, dans 
les affections inflammatoires ou douloureuses. On les administre 
aussi en lavement dans certains cas, et en collyres dans diverses 
maladies de l'œil. Leur infusion dans l’huile a été préconisée contre 
les douleurs et les engorgemens rebelles, et contre le squirre de Pu- 
térus en particulier. L’eau distilléé qu'on en retire a eu également 
des prôneurs contre la toux, l'asthme et autres affections pulmonai- 
res; cependant rien n’est moins constaté ni plus douteux que les 
effets qu’on attribue à ces différentes préparations. 

À l'égard des anthères qui paraissent être le siège principal de 
l’'arome du lis, elles ont été décorées de propriétés anodines, anti- 
Spasmodiques et emménagogues. Certains auteurs les ont même pré- 
conisées d’une manière spéciale pour favoriser l'expulsion du fœtus 


dans les accouchemens difficiles, et pour provoquer la menstrua- 


tion dans l’aménorrhée. Mais rien ne justifie les éloges qu'on leur a 
donnés à cet égard. 

À l'extérieur, les bulbes et les fleurs du lis s’emploient à dose in- 
déterminée, soit en cataplasmes, soit en décoction dans l’eau ou le 
lait. Les anthères ont été administrées soit en substance, soit en in- 
fusion, depuis treize décigrammes (un scrupule) jusqu’à deux gram- 
mes (demi-gros). L'huile de lis, qu’on obtient par la macération 
des fleurs récentes dans l’huile douce, d'amandes ou de lin, etc., n’a 
pas plus de vertu que l'huile pure; elle fait partie de l’emplâtre de 
mucilage , et de celui de grenouilles avec le mercure. 

Par l'élégance de son port, la beauté de sa fleur, et la blancheur 
éclatante de sa corolle, le lis est un des plus beaux ornemens de nos 
jardins. Mais il est dangereux de le conserver, surtout pendant la 
nuit, dans des appartemens dont l’air est difficilement renouvelé, à 


LIS BLANC 
cause des accidens re ses émanations odorantes peuvent don- 
ner lieu. L'eau distillée qu'on en prépare, jouit, comme cosmétique, 
d'une réputation que rien ne justifie. Les parfumeurs l’emploient 
souvent pour parfumer des pommades, des essences, des huiles, et 
autres préparations destinées à la toilette des courtisanes et des fem- 
mes qui les imitent. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


“1 1 4, + LP. PM "+ 
(La f tiers de sa grandeur naturelle.) 


. Pistil et étamine 
. 2. Partie inférieure à la hampe, chargée de feuilles. 


CCXXIL 


LOBÉLIE. 


RAPUNTIUM AMERICANUM; flore dilute cœrvleo. Tournefort, clas. 5, 


sect. 2, gen. 2. 

Danses. one: sxPsrcirica ; caule erecto, foliis ovato-lanceolatis subserra- 
tis, re sinubus reflexis. Tinné, syngénésie monogamie. Jus- 
sieu, clas. 9, ord. 4, ee des campanulacées. 

a Panne TICA. 

L....... roserra sœumnrrica. 
+ +... LOBELIA SIPHILITICA. 
hé LOBÉLIE SYPHILITIQUE; CARDINALE BLEUE. 
…..… . BLUE CARDINAL’S FLOWER. 


Pr se BLAUE KARDINALSBLUME. 
dais, . .. ... rorkiGx Loerra. 
+. + ++ KOPPER-LOBELIE. 


Las lobélies forment un genre très-nombreux en espèces, dont 
ieurs sont pourvues de fleurs d’un grand éclat, telles que le lo- 
lia cardinalis, que ses belles corolles, d’un rouge écarlate très- 
if, ont introduit dans nos jardins ; d’autres ont été admises parmi 
plantes médicales, telles que celle dont il est ici question. Elle 
nous à été apportée de l'Amérique septentrionale. On la cultive de- 
s long-temps en Europe. 

Le genre lobelia, consacré par Linné au botaniste Lobel, pré- 
te, pour caractère essentiel, un calice à cinq découpures un peu 
gales; une corolle irrégulière, monopétale; le tube fendu longi- 
binalement en dessus; le limbe à deux lèvres, à cinq lobes, deux 
Supérieurs, trois inférieurs plus grands ; cinq étamines ; les anthères 
réunies en cylindre; un ovaire inférieur; un style; le stigmate sou- 
XenL hispide et bilobé. Le fruit est une capsule ovale, à deux ou trois 
5 s'ouvrant au sommet, contenant des semences nombreuses, 
+ menues. 

ommée ainsi par Linné, pour honorer la mémoire de rer Lobel, né 


* No 
à Lille en 1538, mort à Londres en 1616, médecin de Jacques 


D8: Livraison, | 


LOBÉLIE. 

Le lobela syphiltica, qu’on nomme vulgairement la cardinale 
bleue , s'élève à la hauteur de deux ou trois pieds sur une tige 
droite, herbacée, à “peine rameuse, un peu anguleuse, légèrement 
pileuse. 

Les feuilles sont alternes, sessiles, un peu rudes, de couleur 
verte, ovales, lancéolées, longues d’un à deux pouces, inégalement 
dentées. 

Les fleurs sont médiocrement pédonculées, axillaires , solitaires. 
Leur calice est hispide, anguleux; ses découpures lancéolées, aiguës, 
les sinus réfléchis ; la corolle assez grande , d’un beau bleu, un peu 
hérissée sur ses angles extérieurs, munie de deux bosses à la base de 
la lèvre inférieure. Sa capsule est à deux loges polyspermes. (P.) 

Cette plante doit être d’une bien faible ressource pour la matière 
médicale , selon M. Alibert, puisque ceux mêmes qui ont la confiance 
la plus aveugle dans les vertus des végétaux, s’accordent aujour- 
d’hui à la rejeter. Cependant une odeur vireuse, une saveur âcre, 
nauséeuse, persistante, analogue à celle du tabac, sont autant de 
qualités physiques qui semblent annoncer qu’elle recèle des proprié- 
tés médicales très-énergiques. Dans l’état frais, presque toutes ses 
parties sont lactescentes, et le suc.qu’elles renferment, pris à dose 
légère , agit, au rapport de M. Decandolle, comme diaphorétique ; à 
dose plus forte, comme diurétique et purgatif; et à dose encore plus 
grande , comme vomitif. 

La racine de lobélie, qu’on emploie également dans l'état frais et 
dans l’état sec, jouit des mêmes propriétés sudorifiques , diurétiques, 
purgatives et vomitives, que le suc lactiforme qu’elle contient. Ces 
divers effets, qui tiennent à l'excitation qu’elle exerce sur les diffé- 
rens appareils organiques de l’économie animale, sont probablement 
la cause des brillans succès qu’on lui attribue contre la maladie véné- 
rienne , et la source des éloges pompeux qui lui ont été prodigués 
comme antisyphilitique. Sous ce rapport, elle est cependant très-peu 
usitée parmi nous. Mais il paraît que les sauvages du Canada l’em- 
ploient depuis très-long-temps au traitement de cette affection. John- 
son, Calm, Bartram, rapportent que les Américains, qui long-temps 
ont fait un secret de l'administration de cette racine, ont la plus 
haute opinion de ses vertus antivénériennes. À les en croire, il n'existe 


LOBÉLIE. 

pas de plus puissant spécifique contre la vérole; ses effets y seraient 
aussi certains que ceux du mercure, et il serait sans exemple qu’on 
en ait fait usage contre cette affection, sans avoir obtenu une gué- 
rison complette. Des effets aussi merveilleux seraient sans doute très- 
propres à inspirer une confiance illimitée dans la vertu antisyphiliti- 
que de la lobélie, s’ils n’étaient évidemment exagérés. Mais la crédu- 
lité vraiment risible, avec laquelle , sur de simples assertions ou faus- 
ses ou hasardées , on accorde chaque jour sous nos yeux , même dans 
les classes éclairées de la société, les vertus les plus héroïques à des 
plantes inertes, ne doit-elle pas nous mettre en garde contre les exa- 
gérations et l’aveugle enthousiasme d'hommes aussi peu éclairés que 
les Canadiens? Peut-on, d’ailleurs, admettre sans examen lopinion de 
quelques médecins d'Europe, qui s’en seront laissé imposer par des 
récits controuvés ou exagérés sur les propriétés de cette plante dont 
ils n’auront pu étudier les effets par eux-mêmes? Desbois de Roche- 
fort, d’ailleurs, a vu administrer cette racine dans la syphilis, sans 
le moindre succès. De sorte que nous sommes obligés de rester dans 
le doute sur sa prétendue vertu antivénérienne, jusqu’à ce qu’elle ait 
été constatée par une série d'observations cliniques bien faites. En at- 
tendant il faut se borner à la considérer comme une substance stimu- 
lante susceptible de produire différens genres d’excitation, selon la 
dose à laquelle on l’administre. 

La racine de lobélie se donne en décoction à la dose de seize 
grammes (demi-once) dans un demi ou un kilogramme (une ou 
deux livres) d’eau; et, en extrait, de cinq à dix décigrammes (cinq 
à vingt grains), soit en pilules, soit sous toute autre forme. Dans 
tous les cas, la vive excitation que détermine cette plante sur l'ap- 
pareil digestif, et le peu d’usage qu’on en a fait parmi nous , exigent 
qu’on suive attentivement ses effets, afin d'en suspendre l'emploi, 
lorsque la purgation ou les vomissemens surviennent. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


{ La pl td leur naturelle.) 


1. Pistil et étamines. 4. Coupe horizontale du même. 
isti 5. Graines d ur naturelle. 


k È is g 
3. Fruit entouré du calice. 6. Graine grossie. 


LYCOPODE. 


æ.lt. 


TERRES PES PT CPU 7. 


CCXXIV. 


LYCOPODE. 
|: CRIER EEE Épuoyr et mana yrov, Dioscorides. 
« MUSCUS TERRESTRIS CLAVATUS; Bauhin, Tivæ£, lib. ro, sect. 3. 
MUSCUS SQUAMOSUS ; feAUi0r, A incurvis. RAP clas. 17, 
rs a 5. sect. 1, gen. ï. 


LYCOPODIUM CLAVATUM; foliis sparsis filamentosis, spicis teretibus 
pedunculatis geminis. Linné, cryptogamie, mousses. Jussieu, cl. 1 , 
ord. 4, famille des mousses. 


n 


PR: 5. - . LICOPODIO 

Espagnol. ....... LICOPODIO 

POrHgais. . , ..... LICOPODIO. 

Francais. . +++. LYCOPODE EN MASSUE; PIED DE LOUP. 
a ... ... COMMON CLUB-MOSS 

Demand. . =... BAERLAPP. 

Hollandais. ... ..,. crknonsr worrskraauw. 

LT TROIE JORDMOS ; ULVEFOED. 

Suédois... ,...... MArTEGRæS 

ss 3 


Le port de ce lycopode est tellement remarquable, qu'il suffrait 


Presque seul pour le faire reconnaître. Des tiges dures, rameuses, 


en longues traînasses rampantes, sont couvertes dans toute leur lon- 
gueur, de petites feuilles nombreuses, éparses, imbriquées, d’un vert 
un peu jaunâtre, courtes, très-étroites, aiguës, terminées chacune 
par un poil très-fin. 

De l'extrémité de chaque rameau s’élève un pédoncule droit, pres- 
que nu, long d’environ trois pouces, couvert de petites écailles dis- 
tantes, linéaires-subulées, ordinairement terminé par deux épis 
droits, cylindriques , un peu comprimés, quelquefois trois, plus ra- 
rement un seul, d’un blanc jaunâtre, longs d’un à deux pouces, cou- 
verts de petites écailles imbriquées, dentées, et comme frangées à 
leurs bords, terminées par un poil. 

Ces billes renferment, dans leurs aisselles, de petites capsules 
sessiles, jaunâtres, presque en forme de rein, s’ouvrant en deux ou 
trois valves avec élasticité. Il s’en échappe une poussière jaunâtre, 


58° Livraison, cas 


LYCOPODE. 
très-abondante , qui s'enflamme avec facilité, et que l’on nomme vul- 
gairement soufre végétal. 

Cette plante croît en Europe, dans les bois, les lieux montagneux, 
pierreux et couverts. 

Les lycopodes, rangés d’abord parmi les mousses , forment aujour- 
d'hui une famille particulière, sous le nom de lycopodiacées. Leur 
fructification est encore obscure. On a cru la reconnaître dans les 
capsules pulvérulentes, que les uns ont regardées comme l'organe 
mâle, d’autres comme autant de semences qu’ils avaient vu germer 
et produire des individus de la même espèce : dans certaines espèces 
de lycopode, on distingue d’autres capsules particulières, qui, au 
lieu de poussière, renferment deux ou trois corpuscules sphériques , 


qu’on a présumés devoir être l’organe femelle. M. Desvaux pense que. 


ce sont des sortes de gemmes, qu’il appelle propagules ; qu’il n'existe 
point, dans ces plantes, d'organes sexuels, et que les capsules à 


poussière renferment également des gemmes d’une plus petite di-_ 


mension. Cette question délicate ne pouvant être traitée dans cet ou- 
vrage, je renvoie le lecteur à ce que j'en ai dit à l'article cxcopoDr, 
Encycl. Supp., vol. in, pag. 539. CE) 

Le lycopode est surtout remarquable par Îles différens usages 
auxquels on emploie la poussière qui se trouve dans ses coques ou 
capsules. Cette poudre jaunâtre, inodore et sans saveur, est extrême- 
ment fine, douce, et comme onctueuse au toucher. Elle est immisci- 
ble à l’eau, et insoluble dans ce liquide; mais l'alcool en dissout en- 
viron la huitième partie de son poids. Mise en contact avec un corps 
en ignition , elle s’enflamme, et brûle avec déflagration. M. Pelle- 
tier en a retiré, comme Bergius, une matière analogue à la cire; de 
plus, il y a constaté la présence du sucre, d’une manière extractive, 
et de plusieurs sels qui se trouvent dans la plupart des végétaux. 
Cette analyse semblerait confirmer l’opinion de ceux qui regardent 
la poudre de lycopode comme le pollen de cette plante : manière de 
voir qui acquiert un nouveau degré de probabilité, ainsi que le re- 
marque M. Decandolle, par l'usage où l’on est dans quelques pro- 
vinces, et notamment aux environs de Narbonne, de recueillir le 
pollen des {ypha, pour s'en servir en guise de lycopode. Celui du 
sapin , au rapport de Murray, est employé aux mêmes usages. 


à, 


FU 


# 


FEAT A 


dit 


PS SCIE 
000 FAST VIE 


MAN y 


LYCOPODE. 


La poudre de lycopode est essentiellement desséchante; elle jouit, 


- comme topique , d’une réputation méritée pour la guérison de la 


phlogose , et des ulcérations superficielles de la peau, connues sous 
le nom d’éntertrigo , qui surviennent fréquemment aux jointures chez 


.… les jeunes enfans et les personnes très-grasses. Les nourrices connais- 
…. sent parfaitement cette propriété du lycopode, et chaque jour elles 


en font avec avantage des aspersions sur les parties de la peau de 


leurs nourrissons qui s’irritent et s’enflamment par leur frottement 
réciproque. On pourrait l’employer de la même manière, et avec le 
. même succès contre la phlogose très-douloureuse, et quelquefois 
avec ulcération qui survient souvent au périnée, et à la partie interne 


des fesses, chez les sujets qui font de longues routes, soit à pied , soit 
à cheval. Helwic, au rapport de Murray, a même étendu l'usage de 
cette poudre au traitement local des ulcères serpigineux. Son admi- 


. mistration intérieure est loin d’avoir une utilité aussi marquée. Il 
est vrai qu'on lui attribue des succès contre plusieurs maladies des 
 enfans. Maïs tout ce que Wedel, Gessner, Garmann, et autres, rap. 
_portent de son efficacité contre la rétention d'urine, la néphrite, les 
calculs, l’épilepsie , et les coliques dans le premier âge, n’est appuyé 


d'aucun fait exact et positif, et ne permet point de croire à de sem- 


LI La 3 “ . 25 4 0) à 
blables vertus dans une poudre qui, à en juger par ses propriétés 


physiques, paraît entièrement inerte. 


La plante entière a été rarement en usage. Toutefois elle paraît 
« . LA pl 
exercer une action très-marquée sur l’estomac, puisque sa décoction 


_ aqueuse produit le vomissement. On a cru qu’elle était propre à ac- 


: 
ñ 


célérer les accouchemens difficiles; on prétend aussi que sa décoc- 


tion, employée en même temps à l’intérieur et à l'extérieur, est un 


excellent remède contre la plique; qu’en fomentation elle a fait ces- 
ser des douleurs et des spasmes dont on n'indique ni la nature ni le 
caractère : mais on sent facilement que de semblables assertions ne 


_ méritent aucune confiance. Jusqu'à ce que des observations bien 


faites aient mieux fait connaître l’action de cette plante, on doit 
donc placer au rang des fables tout ce qui a été débité sur ses pro- 
priétés médicales, et se borner , d’après les faits observés, à considé- 
rer la poudre qu’elle fournit comme siccative, et à admettre son 


utilité comme topique pour la guérison de l'intertrigo, et des ulcéra- 


LYCOPODE. 
tions superficielles qui surviennent par le frottement aux plis de la 
peau. 

À l'extérieur, on emploie cette poudre en aspersion avec une 
houppe, en quantité suffisante : intérieurement, on pourrait l’admi- 
nistrer de six décigrammes (douze grains) à huit grammes (deux 
gros). On s’en sert avec avantage dans les pharmacies, comme de 
tout autre poudre inerte, pour envelopper les pilules. On prétend 
que le lycopode, introduit dans le vin qui file, ou suspendu dans 
le tonneau qui le contient, fait disparaître ce genre d’altération. À 
l’exemple des Persans, les Russes en font un grand usage pour les 
feux d'artifice; il est fréquemment employé sur nos grands théâtres, 
pour imiter les éclairs par sa déflagration , et pour composer des tor- 
ches qui répandent une lumière éclatante. M. Decandolle rapporte, 
d’après Westring, que les étoffes de laine qu'on fait bouillir avec ce 
lycopode, acquièrent la propriété de se colorer en bleu lorsqu'on les 
fait passer ensuite dans un bain de bois de Brésil. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est de grandeur naturelle.) 
1. Épi interrompu pour faire voir l'axe. de laquelle on voit une capsule réni- 
euille. 


2. Feuille orme. 
3. Une écaille grossie, détachée, à la base 4. Séminules. 


Turpur Lambert J°sreulp, 6 


LUPIN. 


æ ll 


CCXXIIT. 


LUPIN. 


Grec... ........ Sepuoc, Théophraste. 
LUPINUS SATIVUS; flore albo. Bauhin, TlivaË, lib. 9, sect. 4. Tourne- 
2. 


clas. 10, sect. 2 

Latin... ........{ soprnus ! arBus éclpéihss alternis inappendiculatis : labio superiore 
bipartito, REA integro. Linné , diadelphie, décandrie. Jussieu 
clas. 14, se 1 , famille . légumineuses. 

NON... ; 

Espagnol. . ...... ALTRAMUZ 

LIL OP RREERRE LU 

A. . : LUPIN 

ss WHITE L 

Allemand. ....... FEIGBOHNEN ; WOLFSBOHNEN. 

Hollandais... ... VXGEBOONEN. 

su. ULV-BOENNE. 

. . SLONECZIK STRONCZYSTY. 


Les anciens, tels que Pline et Théophraste, ont parlé très au 
long du lupin blanc, sous le rapport de sa culture et de ses usages. 
Considéré dans son état sauvage, il forme avec ses congénères, par 
ses grandes et belles fleurs, un des plus agréables ornemens de la na- 
ture agreste : tel le lupin jaune, si commun sur les côtes de Barbarie, 
où ses fleurs, d’une odeur suave, parfument l'air à de grandes distan- 
ces, et couvrent de leurs épis dorés d'immenses plaines d’un sol sa- 
blonneux. Le caractère essentiel du lupin consiste dans un calice à 
deux lèvres; une corolle papilionacée; la carêne de la longueur des 
ailes, presque entièrement bifide; l’'étendard en cœur, arrondi; dix 
élamines diadelphes; tous les filamens réunis à leur base; un style; 
une gousse coriace, allongée, assez grande, uniloculaire, renfermant 
plusieurs semences presque orbiculaires. 

Les racines du lupin blanc sont dures, un peu grêles, médiocre- 


e lupus. Quoique cette étymologie soit incontestable, il est difficile d’en 
_ indiquer l’origine, et de la justifier. 


58° Livraison. 


LUPIN. 
ment rameuses et fibreuses : elles produisent une tige droite, cylin- 
drique, pleine de moelle, un peu velue, médiocrement ramifiée. 

Les feuilles sont herbacées, alternes, pétiolées , digitées, compo- 
sées de cinq à sept folioles molles, glabres, entières, d’un vert foncé 
en dessous , couvertes en dessus et à leurs bords de longs poils soyeux 
et couchés ; deux stipules linéaires, presque sétacées à la base des 
pétioles. 

Les fleurs sont blanches, alternes, pédicellées, disposées en une 
grappe droite, terminale; leur calice est velu, sa lèvre supérieure 
entière, l’inférieure à trois lobes; les gousses un peu épaisses, jaunä- 
tres, larges, velues, aplaties, mucronées, longues de deux ou trois 
pouces; elles renferment cinq à six semences blanchâtres, compri- 
mées, orbiculaires. 

On soupçonne cette plante originaire du Levant : elle est aujour- 
d’hui généralement cultivée , surtout dans nos départemens méridio- 
naux. (Po) 

Ses semences, désignées sous le nom de lupins, sont d’une cou- 
leur blanche à l'extérieur, jaunâtres intérieurement, inodores, d’une 
saveur désagréable, amère et comme nauséeuse. A l'exemple des 
pois, des fèves, et autres fruits de plusieurs végétaux papilionacés, 
elles contiennent une grande quantité de fécule unie à une matière 
extractive , et à un mucilage amer. Les lupins cèdent leur mucilage 
et leur amertume à l’eau par ébullition ; ils sont redevables de leurs 
propriétés nutritives à la fécule, et leur matière extractive est la 
source de leurs vertus médicamenteuses. 

Leur action sur l'appareil digestif se manifeste quelquefois par le 
développement d’une grande quantité de gaz intestinaux, d'autres 
fois par la purgation. Cependant ces effets n’ont lieu que chez les 
personnes faibles, dont l’estomac et les intestins sont doués d’une 
grande sensibilité. Les sujets forts, vigoureux, et ceux qui digèrent 
avec énergie, n’en éprouvent aucune influence sensible. Quelques 
auteurs leur ont attribué des qualités vénéneuses, qui sont complè- 
tement démenties par l'usage alimentaire qu’en faisaient les anciens, 
et qu’on en fait encore parmi nous dans certaines contrées On trouve 
en outre dans divers traités de matière médicale, qu'administrés en 
poudre ou en décoction, et même introduits dans l’économie animale 


LUPIN. 

par la voie de l'absorption cutanée, ils expulsent les vers intesti- 
naux : ce résultat aurait besoin d’être confirmé par l'expérience, car 
il ne nous paraît pas plus certain que leurs effets purgatifs. Toute- 
fois si ces semences possèdent réellement des propriétés cathartiques 
et anthelmentiques, il restera à déterminer quelle est celle de leurs 
parties intégrantes qui recèle ces propriétés, et auquel de leurs ma- 
tériaux immédiats elles appartiennent spécialement. Je passe sous si- 
lence plusieurs autres vertus ou controuvées, ou complètement illu- 
soires , attribuées sans fondement aux lupins, dont on ne fait plus 
usage de nos jours qu’à l'extérieur. 

Sous ce rapport ils sont en effet bien plus utiles qu'administrés 
intérieurement. À raison de la grande quantité de fécule qu'ils con- 
tiennent, réduits en farine, et cuits à l’eau, ils servent à faire des 
cataplasmes qui joignent à la qualité émolliente celle d'activer légè- 
rement l’action des parties sur lesquelles on les applique. Ces cata- 
plasmes sont en grande réputation comme résolutifs , maturatifs, etc. ; 
et les chirurgiens les appliquent journellement avec succès sur Îles 
tumeurs inflammatoires parvenues à la deuxième et troisième pé- 
riode , sur les indurations lymphatiques, et autres engorgemens dont 
la douleur est modérée. La décoction de ces semences, appliquée sur 
la peau, soit en lotions, soit en fomentations, a été vantée par quel- 
ques auteurs contre les dartres, la gale et autres affections cutanées 
chroniques, mais en des termes trop vagues ou trop absolus pour 
qu’on puisse y ajouter foi. 

L'usage des lupins est aujourd’hui entièrement tombé en désué- 
tude, excepté comme topique. Leur farine constitue une des quatre 
farines résolutives, qu’on emploie sous forme de cataplasmes. 

Du temps de Galien, les Romains servaient chaque jour les lu- 
pins sur leurs tables, et en faisaient un grand usage alimentaire. 
Comme ils se dépouillent de leur amertume par l'ébullition dans 
l’eau , ou peut en préparer des mets fort agréables. Ils constituent 
même, pour les personnes robustes , un aliment aussi salutaire que 
les lentilles et les haricots. En Italie, en Espagne, et dans le midi de 
la France, on cultive le lupin en grand, et le peuple se nourrit avec 
avantage de ses semences, qui servent également de nourriture à la 
volaille et aux bestiaux. La plante entière verte, constitue, dit-on, 


LUPIN.. 
un excellent engrais pour les terres. Pline la signale surtout comme 
très-propre à engraisser les vignobles. Bourgeois rapporte que les 
Savoyards la cultivent spécialement pour fertiliser leurs champs. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est de grandeur naturelle.) 


x. Fleur entière. 

2. Pistil et étamines 

3. Fruit dont on a enlevé une portion de l’une des valves , afin de faire voir la situation 
des graines 


Observ. Les fruits de a famille des légumineuses, assez généralement obliques , présentant un 
côté convexe, et un autre presque concave, offrent deux sortes d’attaches pour leurs graines, 
dans la plus grande sure: exemple (pisum sativum), le placenta se trouve placé le long de la 
suture concave, tandis que dans l’autre, exemple (les lupins), il est situé du côté convexe; mais 
il est bon de faire entra en es e temps que la position relative des étamines est la même 
partout, c’est-à-dire qu’elle est PP au point d'attache des graines dans le fruit. 


(T) 


22 5 


Lambert AÆ Jeulp ; 


TarpinP. 


ki 


MARRONIER. 


— 


“3 


CCXX V. 


MARRONNIER. 


CASTANEA ; folio multifido. Bauhin; Mivæ£ , hb. 11, sect. ns 
Bobi :5 chasse HIPPOCASTANUM VULGARE. Tournefort, clas. 21, sect. 
 æscuLUs HIPPOCASTANUM ;_ /£oribus LAN Linné, rt mo- 
nogynie. Jussieu, élas. 13, ord. 6, famille des érables, 


LT RP CO CASTAGNO D 
Æ spagnol. .. . . ,5: GASTANO DE IND1 
POFUN RS... +. CASTANHEIRO DA INDIA 
Français... 1.1. ARRONNIER D'INDE. 
 , HORSECHESNUT 
AHemand., ...... ROSSRASTANIENBAU 
Hollandais... .., PAARDENKARSTENGEBOOM 
D HESTEKASTAGN 
D. HÆSTKASTAGNIER 

Polonais. ......., KONSKI KASZTAN 

Mes one. c KONSKOL KASTAN 


Nous ne possédons en Europe aucun arbre qui puisse être com- 
paré au marronnier ; surtout lorsque, au retour du printemps, il se 
montre paré de ses loue nombreuses, parsemées de taches roses sur 
un fond blanc, s’élevant en superbes panaches du sein d’un feuillage 
ample. et touffu. Originaire, à ce que l'on soupçonne, des climats 
tempérés de l'Asie, le marronnier est aujourd'hui naturalisé dans une 
grande partie.de l’Europe. Matthiole est le premier qui en fait men- 
tion dans ses Commentaires sur Discorides, mais il ne lui était connu 
que d'après un rameau chargé de fruits qui lui avait été envoyé de 
Constantinople par.un médecin nommé Quaccelbanus F lander. Il ne 
fut.cultivé en Europe que vers l’an 1591 , ayant été envoyé à Clusius, 
qui l’introduisit dans les jardins de Vienne en Autriche : un nommé 
Bachelier l’apporta de Constañtinople : à Paris. Le premier pied parut 
au jardin de Soubise,.en 1615 ; le second, au Jardin du Roi, en 1656; 
le troisième, au jardin du Luxembourg. 

On avait d’abord réuni le genre pavia , à celui-ci; on l'en a depuis 
séparé : et, d’après cette réforme, le caractère essentiel du marron- 


59° Livraison, ne 


MARRONNIER. 
nier consiste dans un calice campaniforme , à cinq dents; cinq pétales 
inégaux ; sept étamines inclinées , mégales ; un style; une capsule co- 
riace, hérissée de pointes, à trois valves, à trois loges, renfermant 
chacune deux semences marquées d’une large cicatrice, et couvertes 
d'une peau coriace : souvent les semences et les loges du fruit 
avortent. 

Cet arbre, d’une très-belle forme, et d’un superbe feuillage, s'é- 
lève à la hétisue au moins de soixante pieds, sur un tronc épais, 
d'un bois tendre, blanc et filandreux, soutenant une grande et belle 
cime, composée da feuilles pétiolées, palmées, à cinq ou sept folio- 
les ptites , lancéolées , aiguës, dentées en scie. 

Les fleurs sont daposies en belles pyramides qui s'élèvent vertica- 
lement à l'extrémité de chaque rameau, chargées d’un duvet court 
et roussâtre. 

Le calice est petit, très-ouvert, à cinq dents ee les pétales 
finement ciliés, munis d’onglets de la longueur du calice; le limbe 
arrondi, un peu ondulé, les étamines ascendantes, au moins de la 
longueur de la corolle; les anthères à deux loges d’un jaune orange; 
l'ovaire supérieur et velu. (E.} 

Cet arbre, dont l’écorce et le fruit sont employés en médecine , a 
été introduit dans la matière médicale, vers lé milieu du dix-hui- 
tième siècle. Son écorce, inodore comme ses fruits, se rapproche de 
celle du quinquina par sa couleur d’un gris foncé ou brunâtre, et 
par sa saveur astringente et amère. Les fruits analogues aux châtai- 
gnes par leur aspect, par leur couleur et par leur forme, quoique 
plus orbiculaires et plus volumineux, joignent à une amertume 
extrême , une âpreté repoussante, et une grande stypticité. Ils con- 
tiennent une grande quantité de fécule amilacée, unie à un principe 
amer, à du tanin, et à de la potassé en assez grande quantité pour 
les rendre propres à servir de savon. L’écorce fournit un extrait 
aqueux et un extrait ue ce dernier est le plus abondant. 

Depuis 1733, époque à Miquel Zatichelli, pharmacien de Venise, 
publia un ouvrage consacré à célébrer les vertus de l’écorce du mar- 
ronnier contre différentes maladies. et particulièrement contre les 
fièvres intermittentes, la prétendue propriété fébrifuge de cette 
écorce n'a cessé d'être préconisée dans une foule de journaux et de 


MARRONNIER. 
recueils périodiques de médecine. A en croire les éloges fastueux qui 
lui ont été prodigués par certains auteurs modernes, elle aurait en 
effet , contre les fièvres intermittentes de tous types, quels que soient 
leur caractère et leur gravité, une efficacité égale à celle du quin- 
quina. Toutefois, des observateurs moins enthousiastes et plus sé- 
vères dans leurs jugemens , ont reconnu que l'écorce du marronnier 
est loin de réussir constamment dans ces maladies , et qu’à l'exemple 
des fébrifuges les plus vantés, si l’on a pu, avec gilets vraisem- 
blance , lui attribuer la guérison de la fièvre dans certains cas, le 
plus souvent elle a été manifestement sans aucun succès. Moi-même , 
à mon début dans la pratique de la médecine, j'ai souvent employé 
cette écorce à la manière du quinquina , daube les hôpitaux mili- 
taires , où l’on sait que les fièvres intermittentes se présentent sans 
cesse sous toutes les formes; et, malgré l'attention que j'avais d'y 
| préparer les malades , d'après js sages conseils de la thérapeutique, 
par la diète ou les évacuans, selon la disposition particulière des su- 
jets, je n’en ai que bien rarement obtenu des effets salutaires. Les 
bons observateurs savent , d’ailleurs, que la plupart de ces fièvres 
guérissent d’elles-mêmes au bout d’un certain nombre d'accès ; or, il 
serait bien peu rationnel d’attribuer à la toute-puissance du marron- 
nier une _… qui est uniquement due aux efforts salutaires de 
la nature et à la marche spontanée de la maladie. Cette écorce n’a 
pas été seulement préconisée contre les fièvres intermittentes : au 
récit de Murray, elle a été administrée par quelques praticiens , avec 
"succès, contre une fièvre lente, dans un cas de fièvre cardiaque avec 
déjections alvines ; ét contre la péripnéumonie et la pleurésie. Mais 
que peut-on éotielire dé ces faits isolés? Il est plus facile de croire à 
ses avantages contre certains écoulemens atoniques du canal de l’u- 
rètre, et dans certaines épilepsies, où l’on sait que les toniques sont 
employés avec succès. N’y aurail-il pas cependant un danger réel à 
faire un précepte général de son emploi dans ces affections ? 

Les propriétés médicales des fruits du marronnier d'Inde n’ont 
pas été plus exactement déterminées que celles de son écorce. Toute- 
fois ils sont employés de temps immémorial par les hippiatres, dans 
certaines affections pulmonaires des chevaux ; circonstance qui a fait 
douner au marronnier le nom d héppocshiamoii On sait aussi que , 


AS 


MARRONNIER. 

réduits en poudre et introduits dans les fosses nasales, les marrons 
d'Inde excitent l’éternuement et provoquent la sécrétion d’une grande 
quantité de mucus nasal ; ce qui a fait croire qu’on pourrait en tirer 
parti pour la guérison de l’hémicranie, de certaines céphalalgies et 
autres affections cérébrales. Mais ne sait-on pas que toutes les pou- 
dres excitantes produisent les mêmes effets lorsqu'elles sont mises en 
contact à la membrane muqueuse du nez. Parmentier rapporte que 
cette poudre a guéri l’épilepsie; on lui a également attribué une 
vertu fébrifuge. Néanmoins les faits sur lesquels reposent de sem- 
blables assertions , sont en trop petit nombre, et ont été trop vague- 
ment et trop inexactement observés, pour ne pas faire désirer que 
ces fruits ; ainsi que l'écorce de l'arbre qui les produit , soient soumis 
à de nouvelles expériences cliniques. 

‘écorce du marronnier d'Inde, retirée des jeunes branches de 
l'arbre, et convenablement desséchée, se donne en substance depuis 
huit grammes (deux gros ) jusqu’à trente-deux grammes (une once) 
et plus, en vingt-quatre heures. La meilleure manière de l’employer 
est en poudre très-fine, soit en suspension dans un liquide quel- 
conque , soit associée avec le miel sous forme de bols, de pilules ou 
d'électuaire. On peut aussi l'administrer en décoction aqueuse, en 
macération vineuse, et même en extrait ; mais on a rarement recours 
à ces dernières préparations. 

Le marronnier offre un accroissement très-rapide, et fructifie 
dans presque tous les terrains. Par la majesté de son port, l’épais- 


seur et la beauté de son feuillage, et par l'élégance de ses tyrses, 


au temps de la floraison , il est un des arbres les plus propres à om- 
brager les places et les avenues, à orner les jardins publics et les 
Parcs. Son bois mou et spongieux est rarement. employé dans les 
arts, et n’est que d’une médiocre qualité pour brûler. Toutefois les 
pauvres gens recueillent avec soin, pour cet usage , jusqu'aux feuilles 
fanées et aux enveloppes épineuses de ses fruits. Ses feuilles dessé- 
chées plaisent aux cerfs. Les abeilles puisent en abondance, dans ses 
fleurs, des matériaux pour la fabrication de la cire et du miel. Quoi- 
que d'une âpreté extrêmement repoussante, les brebis, les chèvres , 
et même les vaches, mangent ses fruit; mais on assure que ces 
animaux Mmaigrissent : quelques auteurs prétendent aussi que les 


D Le 


L: 


MARRONNIER. 

marrons d'Inde empêchent de pondre les gallinacées, à qui on les 
donne pour aliment. Murray pense qu'au moyen de la greffe, d’un 
sol convenable et d’une exposition choisie, on pourrait modifier lès 
qualités physiques des marrons d’Inde, au point d'en faire un ali- 
ment utile et agréable pour l’homme et les animaux. Réduits en 
pâte, on les a employés à la préparation d’une espèce de bougie a 
laquelle on a renoncé, à cause de sa lueur triste et sombre. La 
grande quantité de potasse qu’ils renferment les fait employer, dans 
certaines fabriques, comme décrassans, et l’on pourrait s’en servir 
en guise de savon pour le blanchissage du linge. On en retire de 
lhuile à brûler. Ils fournissent en outre une grande quantité d’ami- 
don qui pourrait servir à la nourriture de l’homme, et dont on fait 
de la poudre à poudrer et divers cosmétiques. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La fleur est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.) 


1. Calice, pistil et étamines. 
2. Capsule ouverte, dans laquelle on voit la disposition des graines. 


Lambert J° reulp. 


al L 


. _ plaine marécageuse, au bord du lac Fucin. 


CCXX VI. 


MARRUBE. 


Grec D. æbasioy, Dioscorides, 
: {MARRUBIUM ALBUM VULGARE; Bauhin, [iva£ , lib. 6, sect. 5, Tourne- 
he fort, clas. 4 , sect, 3, gen. 2. 
Latin... ...... MARRUBIUM! VULGARE; dentibus calycinis setaceis uncinatis, Linné, 
didynamie gymnospermie. Jussieu , clas. 8, ord. 6, famille des la- 
biées 


Rs is Luis MARROBIO BIANCO. 
Espagnol, . ..,.,, marnusro ncanco. 
ES... À | + MARROYO BRANCO. 
Français... . . ,., MARRUBE COMMUX. 
Anglais... ... +++ COMMON HOREHOUND. 
Allemand... ... + GEMEINER ANDORN. 
Hollandais, ...... éemeene marrovr. 
RU HVIDRUBIKE 
,. .. ANDORN . 


Polonais, . ..:... . SZANTA BIALA, 


Russe. ++ + #4 +, + MARRUB ILI SCHANDRA, 


… Quorqu'ir soit très-probable que la plante mentionnée par les an- 
ciens , surtout par Dioscorides, sous le nom de rpacicy, appartienne 
au marrube, il serait indiscret d’assurer qu’elle puisse être rapportée 


à l'espèce dont il est ici question : à la vérité elle est, surtout en Eu- 


rope, extrêmement commune ; on la rencontre partout le long des 
chemins, dans les lieux incultes, parmi les décombres : elle frappe 


 Podorat par ses émanations vives, pénétrantes, mais point désa- 


gréables. 


+ Placée déns:là fire des labiées , elle se caractérise par un calice 


: “cylindrique, à dix stries, à cinq ou dix dents; une corolle à deux 


lèvres ; la supérieure linéaire, presque droite et bifide ; l’inférieure 
réfléchie, plus large, à trois lobes ; celui du milieu plus grand , échan- 
hi Gfçant Liane, de Marta-Urbs, nom d’une ville d'Italie, située dans une 


2, 


59e Livraison. 


MARRUBE. 
cré ; quatre étamines didynames; un style; le stigmate bifide; qua- 
tre semences nues, oblongues, situées au fond du calice. 

Ses tiges sont droites, dures, rameuses, quadrangulaires, cou- 
vertes d'un duvet blanc souvent très-abondant:; les feuilles épaisses , 
opposées, pétiolées, ovales, très-ridées , inégalement crénelées, d’un 
vert cendré, lomenteuses à leurs deux faces, longues d’un pouce 
et plus. 

Les fleurs sont petites, verticillées, d’un blanc jaunâtre , réunies 
en grand nombre à chaque verticille, accompagnées de bractées sé- 
tacées et velues. Les calices sont très-velus, à dix dents crochues, 
cinq un peu plus courtes. (P.) 

Le marrube exhale une odeur fragrante, comme vineuse, agréa- 
ble d’abord et ensuite fatigante. Sa saveur est amère, un peu âcre. Il 
fournit un extrait muqueux et un extrait résineux, le premier amer 
et plus abondant que le second, lequel conserve Podeur forte et pé- 
nétrante de la plante. Son analyse chimique n’a point encore été faite 
avec le soin convenable. On sait toutefois que son infusion aqueuse 
brunit par le sulfate de fer; preuve que cette plante renferme un 
principe astringent dont l’eau s'empare, ainsi que de son principe 
amer. Cette même infusion, mélée au sang veineux, le rend, au 
rapport de Freind, plus rouge et plus fluide. 

Les qualités physiques du marrube annoncent des propriétés 1o- 
niques, qui se manifestent par l'excitation que cette plante exerce 
sur l'économie animale. Ainsi il augmente l’action de l'estomac, 
excite la sécrétion des urines, active la transpiration, facilite l’expec- 
toration des crachats, provoque l'écoulement menstruel, détermine 
la résolution des tumeurs et des congestions froides et indolentes, et 
paraît même exciter dans certains cas le système nerveux. De là, 
les vertus stomachique, diurétique, diaphorétique, béchique, em- 
ménagogue , apéritive et antispasmodique , dont cette plante est dé- 
corée dans les traités de matière médicale ,-et qu’elle développe en 
effet, selon qu'elle porte plus particulièrement son action sur tel ou 
tel appareil organique. Cependant, comme le marrube agit en exci- 
tant les propriétés vitales, il ne peut produire ces différens effets 
qu'autant que nos organes sont dans un état d’atonie ou de relâche- 
ment, et qu'ils ont besoin d’être stimulés. Si les lésions des fonctions 


UT 


ni 


MARRUBE. 

contre lesquelles on l’emploie, étaient dues à un excès d’action orga- 
nique, à la pléthore, ou à une inflammation, loin de produire les 
effets indiqués, il ne pourrait qu'augmenter le trouble, suspendre 

les sécrétions, et augmenter le mal. 
Les anciens faisaient un grand usage de cette plante, surtout 
dans les maladies de la poitrine, qu'ils attribuaient à une humeur 
froide ou à la pituite. On peut en obtenir de grands avantages, en 
effet, dans presque toutes les maladies atoniques où il n’y a ni dou- 
leur, ni fièvre, telles que les catarrhes chroniques des poumons, de 
l'urètre et du vagin, les toux rebelles qui suivent souvent la coque- 
luche et la rougeole chez les enfans, les scrofules, l’hydropisie atoni- 
que primitive, le scorbut, la leucorrhée, la dyspepsie idiopathique 
des vieillards cacochymes, les affections vermineuses , et même les 
fièvres intermittentes muqueuses. Divers auteurs paraissent lavoir 
employée avec succès dans l’hypocondrie, hystérie et autres affec- 
tions spasmodiques accompagnées de débilité. Mais le marrube a été 
spécialement vanté contre la toux, l'asthme, la phthisie pulmonaire, 
- et contre les engorgemens du foie. On sent néanmoins qu'il ne peut 
être réellement utile dans ces dernières affections, que dans les cas 
où elles sont le résultat de l'engouement muqueux des poumons ou 
de l'organe hépatique. Aussi voyons-nous que Losecke, Lange et 
Haller, l'ont administré dans l'asthme humide, dans les engorgemens 
pâteux ou aqueux des poumons, et dans une phthisie qui n'était 
probablement qu'un catarrhe pulmonaire chronique. Les engorge- 
mens du foie et l’ictère, dans lesquels Zacutus Lusitanus, Forestus, 
Chomel, et plusieurs autres, en ont fait usage avec succès, étaient 
probablement aussi de nature indolente; et cela est évident pour le 
ptyalisme mercuriel que l'illustre Linné fit disparaître par l’usage de 
cette plante, puisqu'il existait depuis un an. Du reste, il ne faut 
point perdre de vue que le marrube ne pourrait qu'être nuisible , 
Suivant la remarque d’Hoffmann, dans tous les cas où les organes 
malades sont atteints d’ulcération, d’inflammation, ou d’une exces- 
sive sensibilité. En revanche, cette plante excitante, trop négligée 
de nos jours, ainsi que le remarquent judicieusement Peyrilhe et 
M. Alibert, peut être administrée dans toutes les circonstances où les 
médications toniques sont nécessaires, avec plus d'avantages que 


MARRUBE. 
beaucoup d’autres végétaux, bien moins énergiques, quoique plus 
vantés. 

On la donne en poudre de quatre à huit grammes (un à deux 
gros), soit en suspension dans un liquide quelconque, soit sous 
forme pilulaire. La dose de son suc, exprimé et clarifié, est de. 
trente-deux à cent vingt-huit grammes (une à quatre onces ) par 
jour. On la prescrit le plus souvent en infusion aqueuse ou vineuse 
à la dose d’une demi ou d’une poignée pour cinq hectogrammes ou 
un kilogramme de liquide. Son extrait peut être administré avec 
avantage à la dose de quatre grammes (un gros). On en prépare une 
conserve qu'on pourrait donner à la quantité de trente-deux ou 
soixante grammes, mais elle a beaucoup moins d’activité que les 
autres formes médicamenteuses du marrube. Cette plante est la base 
du sirop de marrube de Mésué. Elle fait partie des pilules d’agarie 
de Charas, de la thériaque d’Andromaque , de l’hiera diacolocynthi- 
dos, de la poudre de Nicolas d'Alexandrie, etc. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est de grandeur naturelle.) 


1. Fleur entière. 4. Calice ouvert, afin de faire voir les 
2. Corolle ouverte. quatre graines qu’il contient, 
3. Pistil. 


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MATRICAIRE. 
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CCXX VIL. 


MATRICAIRE. 
ns Er 
star PRE PESTE .  maphenov, Dioscorides 
MATRICARIA VULGARIS, seu SATIVA; Bauhin, Tivaf ; lib. 4, sect. 1, 
: Tournefort, cc 14, sect, 3, " 
MM ee. : 2. MATRICARIA PARTHENIUM FJobt compositis planis, foliolis ovatis in- 


cisis, sas ramosis. Linné, syngénésie, ct mie superflue. 
Jussieu, elas. 10, ord. 3, famille des corymbifères 


: MATRICARIA 
Espagnol. . ...... marricarra 
Portugais, . ...... MATRICARIA. 
Français... .'. .. +  MATRICA 

AGEAIS, . .. . +. + + COMMON FEVERFEW 
. . ,. . MUTTERKRAUT. 
Hollandais. . ..... maarter; MorDERkRUID, 
Danois... ....... MODERURT. 

DR. EL MATRAM. 

Polonais... . MARUNA ZIELE. 

à. MATOSCHNAJA TRAWA. 


Des fleurs radiées, à disque jaune entouré d’une couronne de 
demi-fleurons blancs, une odeur vive, pénétrante, assez agréable, 
ont valu à la matricaire l'honneur d’être cultivée dans les jardins 
d'agrément, où ses fleurs, en se doublant, ont produit plusieurs 
belles variétés. On la rencontre dans son état sauvage aux lieux in- 
cultes et pierreux de l'Europe : c’est particulièrement dans ces der- 
niers individus qu’il faut observer son caractère générique. Il con- 
siste dans un calice commun , hémisphérique , composé d’écailles 
imbriquées, foliacées , aiguës ; les fleurs radiées, les fleurons herma- 
phrodites; les demi-fleurons oblongs, femelles et fertiles; cinq éta- 
mines syngénèses; deux stigmates; le réceptacle nu et conique; les 
semences oblongues, dépourvues d’aigrettes. 

Ses racines sont un peu épaisses, très-rameuses, touffues et fi- 
breuses : elles produisent des tiges droites, lisses, fermes, canne- 
lées , peu rameuses , hautes d'environ deux pieds. 

59° Livraison. ë, 


MATRICAIRE. 

Ses feuilles sont alternes, pétiolées, un peu velues, d’un vert 
blanchâtre ou cendré, assez larges , ailées; les pinnules pinnatifides ; 
leurs divisions incisées, un peu obtuses. 

Les fleurs sont pédonculées, disposées en corymbe à l'extrémité 
des rameaux et des tiges, de grandeur médiocre; le calice légèrement 
pubescent; les écailles scarieuses, un peu déchirées au sommet ; les 
semences sillonnées, non aigretiées, mais couronnées par un rebord 
membraneux , caractère qui a fait ranger cette plante parmi les pyrè- 
thres , genre établi par des auteurs modernes. : 

L'odeur vive et puante qu'exhale la matricaire, est analogue à 
celle de la camomille et de la tanaisie, quoique plus prononcée, et 
disparaît en partie par la dessiccation. Sa saveur est fortement 
amère , chaude et nauséeuse. Elle renferme une petite quantité de 
résine unie à un mucilage amer, et une huile volatile bleuâtre. 
Cette dernière s'obtient par la distillation , et les autres principes 
par la dissolution dans l’eau et dans alcool. 

L'énergie des qualités physiques des plantes est généralement, 
dit-on, l'indice de propriétés médicales très-actives ; la matricaire 
confirme cette assertion. Cette plante exerce, en effet, une puissante 
action tonique sur l’économie animale, et de l'excitation vive qu’elle 
imprime au système nerveux et aux organes de la vie organique, ré- 
sultent les effets antispasmodiques, stomachiques, diurétiques, em- 
ménagogues , résolutifs , etc., qu’on lui attribue, et qu’elle opère en 
effet selon qu’elle dirige son influence sur tel ou tel appareil organi- 
que , lorsque toutefois nos organes sont dans un état d’atonie. Cette 
plante est devenue célèbre, surtout par l’action spéciale qu’on lui a 
supposée sur l'utérus, et par les brillantes vertus qu’on lui a libéra- 
lement accordées de provoquer l'écoulement des règles et celui des 
lochies, de favoriser l'expulsion du placenta, d’activer les accouche- 
mens difficiles, et de guérir l’hystérie en faisant cesser l’état spasmo- 
dique de l'utérus qui en est la cause. « Mais, malgré les suffrages 
unanimes qu’on lui accorde, dit M. Alibert, on serait en peine de 
citer des observations qui constatent , d’une manière précise, son ef- 
ficacité. » Nul doute, cependant , que cette plante stimulante , comme 
la plupart des corymbifères, soit susceptible d'augmenter l’action de 
l'utérus , et de produire, par conséquent, les effets qu’on lui attribue, 


MATRICAIRE. 
. dans quelques cas rares où le défaut de sensibilité de cet organe est 
la cause des accidens qu'il éprouve; mais dans les cas beaucoup plus 
communs , où les différentes affections utérines sont le résultat d’un 
“excès ion , d'un état pléthorique , soit général , soit local, ou d’un 
état inflammatoire, on sent que la matricaire n'aurait aucun des 
effets indiqués , et qu’elle exposerait en outre aux plus grands dan- 
sers les malades auxquels on aurait l’imprudence de l’administrer, 
ainsi qu'on a trop souvent occasion de l’observer chez un grand nom- 
bre de victimes , auxquelles les charlatans et les médicastres des deux 
sexes prodiguent de toutes parts, avec audace, les remèdes les plus 
ncendiaires. Tous les éloges, aveuglément prodigués à la matricaire 
contre les affections de l'utérus, doivent donc s'entendre uniquement 
_ de quelques cas rares où os. la torpeur , ou un défaut d'action 
cet organe , sont la cause du ogement de ses fonctions, comme 
cela a particulièrement lieu chez certaines femmes d’un tempérament 
lymphatique, d’une extrême inertie physique et morale, chez les fil- 
s chlorotiques , au teint pâle, aux chairs flasques et décolorées. On 
“employé la matricaire dans plusieurs autres maladies. Raï et Lange 
Le sont servis avec succès sl expulser le tænia. Miller en admi- 
istrait avec avantage le suc à la dose de deux onces, deux heures 
avant l'accès, contre les fièvres intermittentes. Chomel pposte que, 
appliquée en cataplasme sur la tête , elle a fait disparaître des cépha- 
lalgies et l’hémicranie, et que des goutteux ont dû à son application 
sur es parties affectées, un grand allègement à leurs douleurs. Gette 
pue peut être cependant + à de si graves inconvé- 
niens, qu’on ne saurait y avoir recours qu'avec la plus g grande cir- 
à conspection. Mais on conçoit que, comme tonique, elle peut être un 
_ bon moyen contre les vers et contre certaines fièvres intermittentes. 
Je passe sous silence les autres prétendues vertus de cette plante, en- 
 tièrement illusoires, celle, par exemple, d'augmenter la quantité de 
ht parce qu’elles ne reposent sur aucun fait positif. 
La matricaire peut être administrée en poudre de treize à vingt- 
cinq décigrammes (un à deux scrupules), ou en infusion à la dose 
de quatre à huit grammes (un à deux gros) dans un demi ou un ki- 
… Joeramme d’eau ou de vin. Son suc exprimé se donne à soixante 
| grammes (deux onces) et plus, en vingt-quatre heures. Elle entre 


. 


MATRICAIRE. 

dans la composition du sirop d’armoise , du sirop apéritif et cachec- 
tique de Charas, de l'emplâtre de grenouilles de Jean de Vigo, etc. 

Sim. Pauli recommande aux personnes qui sont exposées à la pi- 
qûre des abeilles, de se munir d’un bouquet de matricaire pour chas- 
ser ces insectes que l’odeur de cette plante met en fuite. 

EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
{La plante est de grandeur naturelle.) 

Fleuron hermaphrodite du centre, 
Fleuron femelle de la circonférence. 


Involucre et placenta, dont on a détaché une partie des graines. 
. Graine isolée, grossie, 


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MX Pankoucke Linxt 


MAUVE, 


: Lambert FeSe 


a.lZ. 


CCXX VIII. 


MAUVE. 


 .. .« CE Théophras 
ALVA ! SYLVESTRIS ; mr sinuato, Bauhin, TivaË, lib. 8, sect, 5. 
MALVA VULGARIS; flore majore, folio sinuato. Tournefort , œ r, sect. 6, 
5. 

MALVA SYLVESTRIS; caule erecto herbaceo, foliis septemlobatis acutis, 
pedunculis oo. pilosis. Linné , monadelphie polyandrie. Jus- 
sieu, clas. 13, ord. 14, famille des malvacées. 

os. ++ ++ + MALVA MINO 


Italien 


Espagnol. .. ..... marva DE nosa RxboNDa. 
P : 


E; 


basis cs, MALNA ORDINARIA. 
Français. .., ..... mauve” 

Anglais. ........ nwarr mazrow. 
Allemand. 


+ + PAPPELN. 
.. + RUNDBLADIGE MALUWE, 
Danois... .....,, rire karosr 


OS.» © « + + « «+ KATOST, 


Polo 


en os ce SLAZ ZIELE. 
PR. 


OSWIRKI, 

LA mauve, dont les anciens faisaient un si grand usage comme 
plante alimentaire, n’est plus aujourd’hui qu'une plante agreste, 
extrêmement commune en Europe, dans les lieux incultes, le long 
des chemins, au milieu des décombres. Le genre auquel elle appar- 
tient est très-nombreux en espèces. Son caractère essentiel consiste 
dans un calice double; l'extérieur à deux ou trois folioles distinctes; 
l'intérieur plus grand, à cinq divisions ; cinq pétales ouverts, rétrécis 
et adhérens à leur base, tronqués ou en cœur au sommet; des étamines 
nombreuses ; des filamens réunis en cylindre, adhérens aux onglets 
des pétales, formant une colonne qui entoure un style court à plusieurs 
divisions filiformes. Le fruit consiste en huit capsules ou plus , dispo- 
sées circulairement, ordinairement monospermes, ne s’ouvrant pas. 

Ses racines sont épaisses, simples, blanchâtres , profondément en- 
foncées en terre, garnies de peu de fibres ; elles produisent plusieurs 


" De pañaccw ou ne jamollis. 


5ge Livraison 4 ” 


MAUVE. 
tiges droites, hautes de deux pieds, velues, divisées en rameaux 
lâches , étalés. 

Les feuilles sont alternes, longuement pétiolées, vertes, molles, 
un peu velues, larges de trois pouces, arrondies, échancrées à leur 
base, divisées à leur contour en cinq ou sept lobes obtus; les stipu- 
les ovales, ciliées. 

Les fleurs sont grandes, pédonculées, rougeâtres ou purpurines, 
réunies plusieurs ensemble dans l’aisselle des feuilles : les folioles 
du calice extérieur ovales-lancéolées, presque aussi longues que le ca- 
lice interne; les pétales échancrés à leur sommet. Le fruit est orbicu- 
laire, composé d’environ douze capsules comprimées, monospermes. 

On rencontre très-fréquemment , dans les mêmes lieux , la mauve 
à feuilles rondes (rotundifolia maba, Vin.), facile à distinguer de la 
précédente par ses tiges couchées sur la terre; les. feuilles plus petites, 
arrondies , leurs lobes peu sensibles ; les fleurs sont fort petites , d’un 
blanc un peu rougeâtre ; leur calice extérieur, divisé en trois folioles 
très-étroites ; les capsules légèrement velues et roussâtres. ré 

La mauve est inodore; sa saveur fade et herbacée devient muci- 
lagineuse quand on la mâche. Elle renferme une grande quantité de 
mucilage visqueux, doux et nutritif, qui semble réparti en abon- 
dance dans touie la plante; la racine sèche a fourni à Spielmann le 
quart de son poids de ce principe; mais les feuilles et les fleurs en 
paraissent plus copieusement pourvues que les autres parties. 

En honneur parmi les anciens comme plante culinaire, la mauve 
est entièrement réservée de nos jours aux usages pharmaceutiques. 
Ses propriétés médicales ne sont pas douteuses; elle est du petit 
nombre des végétaux sur l’action desquels il n’y a point d’équivo- 
que, À l'exemple de la guimauve, des semences du lin, et autres 
substances mucilagineuses , elle diminue la douleur, la chaleur, la 
tension, calme l’irritation des parties sur lesquelles on l’applique, et 
jouit manifestement des propriétés émollientes, adoucissantes, ra- 
fraîchissantes, lubréfiantes et relâchantes, que tous les observateurs 
s’accordent à lui attribuer. Hippocrate avait déjà reconnu à la racine 
de cette plante la faculté d’apaiser la douleur, et Galien accordait à 
ses feuilles une vertu laxative. En général, on y a recours pour opé- 
rer la médication atonique, dans tous les cas où il faut diminuer ou 


MAUVE. 
faire cesser un état d'excitation très-forte, soit générale, soit locale. 
Cette plante est même d’autant plus précieuse , qu’à raison de son 
abondance en tous lieux , on peut, par son moyen, remplir à très-peu 
de frais, chez les pauvres qui sont les seuls malades privilégiés des 
vrais médecins, les mêmes indications pour lesquelles les riches veu- 
lent, à grands frais, mettre les quatre parties du monde à contribu- 
tion. L’infusion de la mauve, édulcorée avec le sucre ou le miel, 
constitue une boisson extrêmement utile dans presque toutes les ma- 
ladies aiguës. On s’en sert avec succès dans les aphtes, langine, la 
gastrite, dans les divers empoisonnemens par des substances âcres 
Ou corrosives, dans la diarrhée, la dysenterie, et dans la première 
et la deuxième période du catarrhe pulmonaire. Pour le traitement 
de Phémathémèse, de l’hémoptysie, et de la phthisie pulmonaire, 
l'infusion de mauve est aussi avantageuse, et souvent préférable à 
cette foule de préparations chèrement payées, et vainement préco- 
nisées contre ces maladies. On l’emploie chaque jour avec succès dans 
les exanthèmes aigus, tels que la variole, la rougeole, la scarlatine , 
l'érysipèle simple, etc. On pourrait l’administrer avee le même suc- 
cès dans la péripneumonie, la pleurésie, l'hépatite, et autres inflam- 
mations parenchymateuses. Enfin, tous les praticiens ont reconnu 
depuis long-temps l’utilité de cette boisson dans la néphrite, soit cal- 
culeuse, soit inflammatoire, dans la première et la seconde période 
du catarrhe de la vessie, de la blennorrhagie, et en général dans 
toutes les affections de l'appareil urinaire. Il ne faut cependant pas 
perdre de vue que l'usage abusif, trop long-temps continué, ou tr 7 
abondant de cétte infusion comme de tout autre substance muci- 
lagineuse, finit par affaiblir l'estomac, par altérer les fonctions 
gestives , et qu’il est par conséquent nécessaire, dans les maladies ou 
on en fait long-temps usage, de l’édulcorer et de l’aromatiser ME: 
nablement , afin de prévenir ses effets trop débilitans. On en prépare 
du reste une foule de médicamens locaux d’un usage journalier: 
Ainsi on l’administre en lavement pour combatre la constipation 
chez les sujets secs, ardens et trèsirritables, pour calmer les coli- 


i É idaires 
ques, pour apaiser les douleurs du rectum chez les hémorroïdaires , 


et le ténesme des dysentériques. On en compose des gargarismes 


de 
adoucissans, extrémement avantageux pour combattre les aphtes 


MAUVE. 

la bouche, l’angine gutturale, et la salivation mercurielle. On lap- 
plique en collyre sur les yeux atteints d’inflammation, d’épiphora, 
d’ulcérations, et à la suite des opérations de la cataracte, etc. On 
l’injecte tiède dans le conduit auditif pour calmer les vives douleurs 
dont l’oreille est souvent le siège. Enfin la décoction de cette plante 
salutaire est appliquée chaque jour avec avantage, soit en fomenta- 
tion , soit en cataplasme, sur les tumeurs inflammatoires, telles que 
le phlegmon, le furoncle, le bubon, le panaris, et même sur les 
plaies et les ulcères, compliqués de douleur ou d’inflammation, pour 
calmer la douleur, dissiper l’engorgement, favoriser la résolution, 
et faciliter la formation de la cicatrice. Il ne faut cependant pas 
croire que la mauve ait une vertu spécifique contre ces différentes 
maladies; elle n’agit à leur égard que comme toutes les substances 
mucilagineuses. Mais il suffit qu’elle soit une des plus communes, et 
qu’on la trouve en quelque sorte partout sous la main, pour qu’on 
y ait recours de préférence, dans les cas nombreux et répétés sans 
cesse, qui réclament la médication atonique. 

Les feuilles et les fleurs de cette malvacée , exclusivement en usage 
parmi nous, se donnent à la dose de trente-deux grammes (une 
once ) en infusion, ou en légère décoction dans un kilogramme ( deux 
livres) d’eau. Elle constitue une des quatre espèces émollientes des 
pharmacologistes. Ses feuilles entrent dans la composition du sirop 
de guimauve de Charas. Ses semences font partie des sirops d'hys- 
sope et de jujubes de Mésué, des trochisques de Gordon, et du looch 
de santé de Charas. 

La mauve était plus estimée des anciens par ses qualités nutritives 
que par ses propriétés médicales. Les Égyptiens, les Grecs, les Ro- 
mains, en faisaient un grand usage comme aliment. 

Les feuilles de mauve, préparées de différentes manières, sont 
encore, dit-on, servies sur les tables des Chinois dans quelques con- 
trées; on mange encore parmi nous, au printemps, les jeunes pousses 
de cette plante, soit en salade, soit en marinade. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 
(La plante est réduite au tiers de sa grandeur naturelle.) 


r. Corolle et tube des étamines , euvert, 3. Fruit composé de dix capsules. 
2. Calice et pistil. 4. Capsule isolée, 


S 
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by 


MELILOT . 


Lambert J°, veulp 


CCXXIX. 


MELILOT. 


nn: :. 25.2 noroc, Dioscorides 
ste s OFFICINARUM GERMANIÆ; Bauhin, ruvaë , lib. 8, sect. 6. 
: Tournefort, clas. ro, sect. 4, gen 
Latin... ..,.....{ rrrvoLrum MELILOTUS OFFICINALIS; PRCTAT DR racemosis nudis dis- 
permis rugosis acutis, caule erecto, Linné, diadelphie décandrie. 
Jussieu, clas. 14, ord. 11, famille di papilionacées. 


a: , 
Espagnol, ....... MELILOTO 
Portugais, . ...... MELILOTO è 
Français... ....,. meztror. 
L'ÉCREE TEA MELILOT TREFOIL. 

Allemand... ..... uonroxter 

LÉ. 
.,. AMUR. 

l ÉMIS 7 AMUR ; MELOTENGRÆS. 
KOMONICA SWOYSKA ; LIPKA. 
RS  . BURKAN. 

1 PASSES LE + KOMONJK. 
Hongrois. .: SARKEREP. 


Linwé avait placé les melilots dans le même genre que les trèlles; 
plusieurs naturalistes modernes les en ont séparés. En eflet, quoi- 
que très-rapprochés par les caractères de leur fuctéentibn; ils en 
diffèrent par leur port, par leur inflorescence. Dans l’un et l’autre 
genre, les fleurs sont papilionacées; leur calice tubulé, persistant, à 
cinq dents; la carène est d’une seule pièce, plus courte que les ailes 
et l’étendard; dix étamines diadelphes ; une gousse fort petite, à une 
ou deux semences, recouverte par le calice; dans les melilots, cette 
gousse est saillante hors du calice; de plus, les fleurs sont disposées 
en grappes allongées et axillaires; les feuilles sont composées de 
troïs folioles, dont les deux inférieures sont insérées à quelque dis- 
tance de la foliole terminale; les stipules n’adhèrent au pétiole que 
par une partie de leur base, et persistent souvent sur la tige après la 

Go* Li 


MELILOT. 
chute des feuilles. La forme des gousses est très-variable, et renferme 
d’une à trois semences. 

Dans l'espèce dont il est ici question , les racines sont grèles , pres- 
que simples, droites, allongées , peu rameuses, garnies de fibres la- 
térales : il s’en élève une tige droite, ferme, rameuse, haute de deux 
pieds et plus, glabre, un peu anguleuse. 

Les feuilles sont alternes, pétiolées, composées de trois folioles 
glabres, ovales-oblongues, un peu étroites, dentées à leur partie 
supérieure; les stipules entières lancéolées. 

Les fleurs sont petites, de couleur jaune, quelquefois blanches, 
pendantes sur leur pédoncule, disposées en une grappe lâche, très- 
simple , allongée, axillaire : il leur succède des gousses pendantes, 
glabres, noïrâtres, un peu ridées, presque une fois aussi longues 
que le calice, renfermant une ou deux semences jaunâtres , un peu 
arrondies. 

Cette plante croît en Europe, dans les prés et le long des haies : 
elle acquiert, en séchant, une odeur assez agréable. (Pr) 

L'odeur fragrante qu’exhale le melilot, est suave et analogue à 


celle du miel, selon les uns, désagréable selon d’autres, et beaucoup 


plus forte après la dessiccation que dans l’état frais. Sa saveur her- 
bacée et mucilagineuse, devient amère, un peu âcre et légèrement 


styptique quand on la mâche. L'analyse chimique n’a point encore 


fait connaître la nature des matériaux immédiats dont il se compose. 
On sait toutefois, d'après Bergius, que son arôme et son principe 
amer sont solubles dans l'eau, et que ce liquide s'empare par con- 
séquent de toutes les qualités actives du melilot, soit par la distil- 
lation, soit par la simple infusion. 

Quoique les propriétés médicales de cette légumineuse ne soient 
pas mieux connues que sa composition chimique, elle n’en a pas 
moins été décorée , selon l’usage, d’une foule de vertus contradic- 
toires, Les auteurs de matière médicale, toujours prodigues d’épi- 
thètes , et rarement heureux dans la détermination précise des effets 
médicamenteux des végétaux, l'ont particulièrement décorée des ti- 
tres d’émolliente, résolutive, anodine, carminative , etc. On a 
vanté sou efficacité contre les coliques et la dysenterie, contre la 
dysurie et la néphrite. De graves auteurs ont préconisé les préten- 


#: 


MELILOT. 

dus succès de son infusion aqueuse contre les douleurs de lutérus, 
qui précèdent et qui suivent l'accouchement , contre l’inflammation 
de cet organe, du péritoine et des viscères abdominaux. D’autres 
prétendent avoir administré cette infusion avec succès dans le rhu- 
matisme , la leucorrhée, et autres affections qui n’ont pas le moin- 
dre rapport entre elles. Ce simple aperçu suffit pour montrer que le 
melilot, comme beaucoup d’autres plantes, a été administré aveuglé- 
ment par des praticiens plus crédules qu’attentifs, et par des obser- 
vateurs inexacts , qui, au lieu d'étudier avec soin sa manière d'agir, 
lui ont gratuitement supposé des succès qui ne sont dus qu'aux ef- 
forts salutaires de la nature. Quelle confiance, d’ailleurs, peuvent 
inspirer les éloges prodigués aux vertus émollientes et anodines de 
cette papilionacée , lorsque les effets irritans de ses semences ont été 
constatés par Haller, dans un cas d’angine , où leur décoction avait 
été mal à propos associée à celle des semences de lin ? 

C’est donc avec raison que l’usage intérieur de cette plante done 
teuse est tombé en désuétude. Toutefois, on l’emploie assez souvent 
à l'extérieur. Etmuller et S. Pauli la recommandent en fomentation 
sur le ventre, et en lavement contre les douleurs et l'inflammation 
de l'utérus et des viscères de l'abdomen. On en prépare des elystères 
réputés émolliens, anodins, carminatifs, et souvent administrés 
contre les coliques. Comme émollientes et discussives , les applica- 
tions locales de sa décoction ont été recommandées contre les dou- 
leurs piourétiques et contre les engorgemens et les tumeurs inflam- 
matoires. Mais, à l'exemple du nds Murray ; on doit douter 
de toutes ces vertus du melilot, jusqu’à ce que, soumis à de nouvelles 
épreuves , ses véritables propriétés médicales aient été constatées par 
des expériences cliniques bien faites. 

Intérieurement, on pourrait administrer cette plante en infusion 
à la dose de trente-deux grammes (une once) pour un kilogramme 
(deux livres ) d'eau. À l'extérieur, on emploie cette même infusion , 
en fomentations , en lavemens, en bains, en collyre, en gargarisme; 
enfin le melilot est appliqué sous forme d ’emplâtre et de cataplasme. 
L'eau distillée qu’on en prépare encore dans certaines pharmacies, 
est bien plus utile aux parfumeurs pour la composition de leurs 
odeurs, qu'aux médecins pour la guérison des malades. Ses fleurs 


MELILOT. 
constituent une des quatre fleurs dites carminatives. La plante elle- 
même entre dans la composition du fameux emplâtre de melilot, 
dont les vertus tant vantées ne reposent que sur de vaines assertions 
qui n'en ont pas plus de valeur, quoique consacrées par Galien, 
Mésué, et une foule de pharmacologues. 

Le nom de trifolium caballinum , trèfle de cheval, qui a été im- 
posé à cette plante, et que lui conservent les Italiens, indique que 
le melilot plaît singulièrement aux chevaux. Sous ce rapport, on 
pourrait en étendre la culture avec avantage, et imiter les anciens, 
qui le cultivaient comme plante fourragère. Il est employé par les 
parfumeurs pour aromatiser divers cosmétiques. Valmont de Bo- 
mare assure qu'il suffit d'en introduire une petite quantité dans le 
corps d’un lapin domestique nouvellement tué et vidé, pour que la 
chair de cet animal contracte le goût des meilleurs lapins de garenne. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est de grandeur naturelle.) 


r. Fleur entière grossie. 3. Pétales détachés d’une fleur. 
2. Calice, étamines et pistil. 4. Pistil. 


dr 
200. 


1 urpin 2. . ; ; Lambert J° soul i 
“MELISSE. 


a, £. £ 


CCXXX. 


MÉLISSE. 
LS PO DE re +. meéMTro@unror et gsxilraævæe, Dioscorides. 
MELISSA HORTENSIS; Bauhin, [livaæË, lib. 6, sect. 5. Tournefort, cl. 4, 
Pr sect. 3, gen. 3. 
LI ROSE PO . si 1 si .js “435 
{ MELISSA OFFICINALIS; floribus exalis inferioribus subsessilibus. Linné, 


didynamie gymnospermie. Jussieu, clas. 8, ord, 6, famille des la- 
bié 


Lees, 


Then... 2 1. 72. MELISSA ; CEDRONELLA. 
Espagnol. . ...... MELISA ; CIDRONELA. 
Portugais. . « :.. ELISSA. 
Français... ...... MÉLISE; CITRONELLE. 
Fe RIT COMMON BALM. 
Allemand... ..... MELISSE ; CITRONEN-MELISSE. 
Hollandais. ...... MELISSE ; CITROENKRUID. 
Dandisii}i, Ve HIERT 

Mo nrnece 185, 
Polonais: 5:56. MELISA. 

ME 


ss... 


La mélisse a reçu des Latins le même nom que les abeilles por- 
tent dans la langue grecque, probablement à cause de l'avidité de 
ces insectes pour cette plante. L'odeur aromatique, approchant de 
celle du citron, que répandent ses feuilles , lui a fait aussi don- 
ner le nom vulgaire de citronelle. On la cultive dans presque tous 
les jardins : elle est assez commune en Europe, surtout dans les 
provinces méridionales, aux lieux incultes, le long des haies, sur 
le bord des bois; on la trouve aussi aux environs de Paris, à Saint- 
Cloud, Auteuil, aux prés Saint-Gervais, etc. Le genre auquel elle 
appartient, se caractérise par un calice évasé à son sommet, dé- 
pourvu de poils à son orifice, à deux lèvres; la supérieure plane, tri- 
dentée; inférieure à deux lobes; une corolle cylindrique, à deux 
lèvres ; la supérieure voûtée, échancrée; l’inférieure à trois lobes, 
celui du milieu plus grand, entier, échancré en cœur à son som- 
met ; quatre étamines didynames; un style; le stigmate bifide; qua- 
tre semences nues, ovales, situées au fond du calice. 


| . - 
60e Livraison, 


MÉLISSE. 

Ses racines sont grêles, cylindriques, dures, un peu rameuses, 
presque obliques et fibreuses. Ses tiges sont dures, tétragones , pres- 
que glabres, très-rameuses, hautes d'environ deux pieds, garnies 
de feuilles opposées, pétiolées, d’un vert foncé un peu luisant, ova- 
les, souvent échancrées en cœur, surtout les inférieures , régulière- 
ment dentées à leurs bords, couvertes de poils courts, au moins 
longues d’un pouce et demi, presque aussi larges. 

Les fleurs sont petites, presque à demi verticillées , pédicellées à 
l'extrémité d’un pédoncule commun, toutes tournées du même côté, 
munies de quelques petites bractées. 

Leur calice est strié, quadrangulaire, élargi au sommet; la corolle 
blanche, jaunâtre, ou d’un rouge pâle; son orifice un peu renflé : 
la lèvre supérieure arrondie, bifide , un peu voûtée; l’inférieure à 
trois lobes, celui du milieu presque orbiculaire, point échancré. 


L'odeur aromatique très-suave, que cette plante exhale, a beau- 
coup d’analogie avec celle du citron : elle est beaucoup plus pro- 
noncée immédiatement avant la floraison qu’à toute autre époque, 
et diminue considérablement par la dessiccation. Sa saveur est aro- 
malique, chaude, et un peu amère. Son arôme paraît intimément 
uni à l'huile volatile d’une odeur citrine qu’elle fournit par la dis- 
tillation ; elle contient en outre un principe amer qui est en partie 
soluble dans l'eau , en partie dans l'alcool , et qui paraît être de na- 
ture gommo-résineuse. Il est probable qu’elle renferme aussi une 
certaine quantité de camphre, ainsi que la plupart des labiées, dans 
lesquelles M. Proust a constaté la présence de cette matière. 

La mélisse exerce sur le système nerveux, et sur différens appa- 
reils de la vie organique, une excitation plus ou moins vive qui est 
la source des propriétés toniques, céphaliques , cordiales, stomachi- 
ques , échauffantes , etc. , dont elle est revêtue. Les Arabes furent 
les premiers à la signaler comme propre à fortifier les nerfs, à exci- 
ter la gaîté, à activer l’action cérébrale, et à relever les forces abat- 
tues. De plus elle exerce une impression tonique sur l'estomac, aug- 
mente l'appétit, et facilite la. digestion; elle imprime consécutive- 
ment un certain degré d'activité à la circulation, aux sécrétions et 
à la nutrition, ce qui lui a mérité les titres d’échauffante, diuréti- 


MÉLISSE. 

que, diaphorétique , emménagogue, etc., selon que l'utérus, la peau, 
les reins, etc., éprouvent plus particulièrement son influence. On 
emploie chaque jour avec plus ou moins de succès, contre les ver- 
tiges, la syncope, la paralysie, l’asphyxie , lapoplexie commençante 
légère; on la recommande contre la mélancolie et autres affections 
nerveuses. Hoffmann l’administrait en poudre dans l’hypocondrie ; 
Rivière, en infusion vineuse dans la manie; et Forestus en faisait 
usage contre les palpitations du cœur, et autres affections spasmo- 
diques. On y a très-souvent recours pour calmer les accidens de l’hys- 
térie. Son infusion théiforme est d’un usage très-utile contre l’inap- 
pétence, et pour remédier aux indigestions. On l'emploie dans cer- 
tains cas, avec avantage, comme diaphorétique dans les rhumatis- 
mes anciens, la goutte vague, et dans les catarrhes chroniques. 
Dans certains cas d'aménorrhée, elle a paru singulièrement influer 
sur le retour de l'écoulement menstruel. 11 ne faut cependant pas per- 
dre de vue que la mélisse n’a pu avoir de succès contre ces différen- 
tes affections , que dans les cas d’atonie et de relâchement , et qu'elle 
ne pourrait qu'y être nuisible, si elles étaient dues à un excès d’ac- 
tion des organes, ou à un état d'irritation. S. Pauli rapporte que 
des femmes mangeaient des gâteaux préparés avec les sommités de 
mélisse, le sucre et les œufs, pour rappeler l'écoulement des lochies 
supprimées; mais un pareil moyen pourrait tout au plus avoir du 
succès dans les cas rares où la suppression de cet écoulement tient 
à une extrême inertie de l'utérus, et a un état de débilité. Avec bien 
plus de raison, Peyrilhe faisait, de l’imfusion de la mélisse, la boisson 
ordinaire des malades dans le traitement de la syphilis par l'ammo- 
niaque, et il s’en trouvait bien. En un mot, cette plante aromatique 
peut être employée avec avantage dans tous les cas où la médication 
tonique, avec excitation générale, est nécessaire; ce qui est assez 
dire qu’elle ne convient point dans les maladies où il y a de vives 
douleurs, beaucoup de chaleur et de soif, et autres signes d’une 
vive irritation. 

On administre quelquefois la méhisse en poudre à la dose de qua- 
tre grammes (un gros), soit en suspension dans un liquide quelcon- 
que , soit sous forme pilulaire. On a plus souvent recours à son infu- 
sion théiforme, à cause de son agréable odeur. On la donne aussi 


MÉLISSE. 

en macération vineuse. On en prépare une conserve dont la dose est 
de huit grammes ( deux gros) et plus. Son extrait aqueux, et son 
extrait alcoolique , se donnent à la dose de treize décigrammes (un 
scrupule). On prescrit son huile volatile d’une à quatre gouttes sur 
du sucre ou dans une potion appropriée ; son eau distillée aqueuse, 
de trente-deux à soixante-quatre grammes (une à deux onces), et 
son eau alcoolique ou spiritueuse, de huit à trente-deux grammes 
(deux à huit gros). On prépare dans les pharmacies un sirop de mé- 
lisse, d’une saveur aromatique très-agréable. Cette plante est la base 
de l’eau de mélisse antihystérique, et un des ingrédiens de l’eau de 
mélisse composée, plus connue sous le nom d’eau des carmes, et à 
laquelle la cupidité d’une part, la crédulité de l’autre, attribuent 
les vertus les plus mensongères. 

Les feuilles de cette plante sont quelquefois employées dans le 
commerce à la sophistication du thé. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


(La plante est de grandeur naturelle.) 


1. Fleur entière, grossie, ovaire 4-lobé, posé sur un corps glan- 
La même, vue de face. duleux, et surmonté d’un style bi- 
3. Tube ouvert d’une corolle, afin de faire 


voir l’insertion des quatre étamines. 5. Graine müre. 
4. Calice ouvert, dans lequel on voit un 6. L’une d'elles grossie. 


_ 
241. 


7% ur pin 2. 


MELON. 


CCXXXI. 


MELON. 


MErO vuLGaR1S; Bauhin, TivaË, lib. 3, sect. 4. Tournefort, clas. r, 


Latine 7. 4 poche De 
cucumrs meLo; foliis angulis rotundatis, pomis torulosis, Linné, 


clas. 1, ord. 2, famille des cucurbitacées. 
PONE 


Tialiabsss sel. PO 
Esp LE. Sa MELON 
POP... MELAO 
Français... ..:.; MELON 
un RE DUT ELON 
Allemand........ MELONE 
Hollandais. . . .. «+  MELOEN 

FIRST ie MELON 
DO ni : <- MELON 
Polhaiti 2. MELON 

Ma ar érestue SES MELON 
ol... 1. DEN3A 

MOI ess «+ e KAUN. 
Arabe... ;.....:. KAUUN; DUMMEIRI. 
Japonais...:..... TENKWA (Trunberg). 
É TERRA caw-qua /Loureira). 


J'ar exposé à l’article concombre, le caractère générique du genre 
cucumis. Le melon lui appartient comme espèce. Cette plante, si 
intéressante par la saveur délicieuse de ses fruits, par le parfum 
agréable qu’ils exhalent, est originaire de l'Asie, et cultivée depuis 
très-long-temps, comme plante potagère, dans tous les jardins de 
l'Europe. 

Ses tiges sont épaisses, sarmenteuses , couchées sur la terre, rudes 
au toucher, garnies de feuilles alternes, pétiolées, arrondies , angu- 


leuses, à angles très-obtus, verdâtres, denticulées, parsemées de 


poils roides, très-courts. 
Les fleurs sont jaunes, très-médiocrement pédonculées, assez pe- 
, les unes mäles , les autres femelles. 


tites , axillaires , peu nombreuses 
sse, gla- 


Les fruits sont presque ovales, pubescens dans leur jeun 
+ 3. 


60° Livraison, 


MELON. 
bres à leur maturité, marqués d'environ dix côtes longitudinales, 
couverts d’une écorce épaisse, assez ferme, marquée ordinairement 
de rides blanchâtres, saillantes, disposées en forme de réseau : la 
chair est tendre, succulente, jaune ou rougeâtre, d’une saveur très- 
agréable. 

On en cultive un grand nombre de variétés, distinétiées par leur 
grosseur , leur forme ovale, arrondie ou dure par la saillie lisse 
ou tuberculée de leurs côtes, par la couleur, mais plus particulière- 
ment par la saveur de leur chair. La variété la plus recherchée est 
celle qui porte le nom de cantalou ou de melon sucrin. (B.) 

La médecine fait usage de la pulpe et des semences des melons. 
Quelles que soient les nombreuses variétés qu’ils présentent sous le 
rapport de la couleur, du volume et du parfum, ils se distinguent 
des fruits de toutes les autres cucurbitacées, par une odeur aro- 
matique très-suave, et par une saveur fraîche, sucrée, comme vi- 
neuse, légèrement acidulée, et extrêmement agréable. Leur pulpe 
douce, succulente et aqueuse, dans laquelle réside essentiellement 
l’arôme qui les caractérise, est composée d’une grande quantité de 
mucilage, et de quelques vestiges d’un principe résineux qui se re- 
trouve en plus ou moins grande quantité dans les fruits des autres 
cucurbitacées, et surtout dans la coloquinte, qui lui doit sa pro- 
priété drastique. 

1] serait intéressant de rechercher si la qualité laxative des melons 
ne réside pas dans ce principe résineux. Quoi qu'il en soit, les fruits 
possèdent à un plus haut degré les propriétés nutritives, tempéran- 
tes, rafraïchissantes, adoucissantes, et ils en sont redevables à la 
grande quantité d’eau et de mucilage qu’ils renferment. Leur suc, 
par conséquent , pourrait être administré avec avantage dans les mala- 
dies aiguës avec excès de forces, et dans toutes les circonstances où 
il s’agit de faire disparaître ou de diminuer une vive excitation, soit 
générale, soit locale. Mais on y a rarement recours , et l’on se borne 
pour l'ordinaire à l'usage du fruit crû comme aliment diététique. Sanc- 
torius avait déjà observé que le melon diminue singulièrement la 
transpiration, mais il diminue aussi toutes les autres sécrétions, ainsi 
que la chaleur animale, On ne peut donc lui accorder la propriété 
diurétique qui lui est attribuée par divers auteurs, que dans le seul 


MELON. 

cas où les fonctions des reins sont troublées ou suspendues par un 
état de phlogose ou d’irritation que les qualités réfrigérantes du me- 
lon font cesser. Ce fruit aqueux et mucilagineux est particulièrement 
recommandable, en effet, contre la néphrite, lischurie, et la pre- 
mière période de la blennorrhagie. On pourrait l’employer avec le 
même succès comme nourrissant et réfrigérant, dans la diathèse 
scorbutique, dartreuse, cancéreuse, dans les altérations calculeuses 
des reins et de la vessie, et autres affections dans lesquelles l’écono- 
mie animale est en proie aux ardeurs dévorantes de la fièvre hec- 
tique. C’est ainsi que Borelli a vu l’usage de cet excellent fruit gué- 
rir la phthisie pulmonaire. Et, quoique un pareil résultat ne puisse 
s’obtenir que bien rarement, ce fruit doux et parfumé est bien plus 
propre à alléger les symptômes de cette terrible maladie, et à pro- 
longer l'existence du malade, que cette foule de remèdes incendiai- 
res, qui ne font que tourmenter les malheureux phthisiques, et pré- 
cipiter leur fin déplorable. Au rapport de Lange, un morceau ‘de 
melon , introduit à plusieurs reprises dans l’anus, en guise de suppo- 
sitoire , a quelquefois arrêté un écoulement hémorroïdaire trop abon- 
dant. La pulpe de ce fruit est appliquée à froid avec avantage sur les 
contusions et les brûlures récentes. À chaud, on l’applique avec le 
même avantage en cataplasme sur les tumeurs et les engorgemens 
inflammatoires, soit pour en faciliter la résolution, soit pour en hâ- 
ter la suppuration. ; 

À raison du mucilage et de l’huile douce dont les semences du 
melon sont composées, elles jouissent des mêmes propriétés émol- 
lientes , adoucissantes, lubréfiantes, relâchantes que la pulpe. On en 
prépare des émulsions qui sont d’un grand usage et d’une utilité 
réelle dans le traitement des fièvres ardentes , des phlegmasies aiguës 
de la poitrine, de l'abdomen, et des organes urinaires, et dans tous 
les cas où il existe une vive irritation , soit générale , soit locale. On 
en fait spécialement usage dans le délire, dans la néphrite, soit cal- 
culeuse, soit inflammatoire, dans l’ischurie, dans la première pé- 
riode de la blennorrhagie , et autres lésions des voies urinaires. 

Ces semences font partie des quatre semences froides majeures, - 
des species diatragacanthæ de la pharmacopée de Wurtemberg , “À 
pouillées de leur enveloppe corticale, et convenablement triturées , 


MELON. 
on les emploie à la dose de soixante-quatre grammes (deux onces ) 
pour donner la consistance d’émulsion à cent vingt-huit grammes 
(quatre onces), ou cent quatre-vingt-dix grammes (six onces) d’eau. 
Quels que soient les avantages pharmaceutiques de la pulpe et des 
semences de melons, ces fruits semblent être exclusivement réservés 
aux usages culinaires , et, par leur parfum, comme par leur excellent 
goût , ils font en général les délices de nos tables. On les mange crûs, 
soit en entrée , soit au dessert. Ils sont un fort bon aliment, surtout 
en été, et dans les pays chauds et secs, pour les tempéramens bi- 
lieux, pour les personnes robustes, et pour celles qui digèrent bien. 
Toutefois, pour peu qu’on en prenne une trop grande quantité, ils 
troublent l’action de l'estomac , produisent des coliques , la diarrhée , 
et des indigestions : de sorte qu’il est bon d’être sobre à leur égard, 
et très-utile de leur associer le sel, le sucre et la cannelle, condi- 
ment qui est bien mieux approprié à leur saveur sucrée, que le poi- 
vre que quelques personnes y mêlent, et que l’opium, avec lequel 
les Orientaux le mangent quelquefois. De toutes les manières, le 
melon convient peu aux sujets faibles et délicats, aux convales- 
cens, aux vieillards, aux mélancoliques, à ceux qui digèrent mal, 
qui mènent une vie sédentaire, et qui exercent plus leur tête que 
leurs membres. Les ménagères conservent les jeunes melons dans le 
vinaigre pour s’en servir à la manière des cornichons. Un peu avant 
leur pleine maturité, les cuisiniers, après les avoir dépouillés de 
leur écorce, en préparent d’excellentes compotes en les unissant au 
sucre, au vinaigre, et aux girofles. Les confiseurs les associent au 
sucre et aux aromates , et en composent des bonbons d’excellent goût. 


EXPLICATIONS. 
PLANCHE 23. 
(La plante est de grandeur naturelle.) 
t. Fleur femelle. 4. Pistil d’une fleur femelle, composé d’un 
2. Fleur mâle. ovaire inférieur , d'un style court, 
3. Trois étamines réunies par leurs anthè- surmonté de trois gros stigmates bi- 
res sinueuses; les filamens libres, au lobés , entouré à sa base is 
centre desquels on voit un style avorté. étamines stériles. 
PLANCHE 231 bis. 
(La plant éduite au tiers de sa grandeur naturelle.) 
1. Coupe horizontale du même. 3. La même, coupée ns sa longueur, afin 
>. Graine de grosseur naturelle. de faire voir l'am 


,. Embryon dont on a FT un des lobes.