FLORE MÉDICALE
FLORE
MÉDICALE
DÉCRITE
PAR MM. CHAUMETON, POIRET,
CHAMBERET
PEINTE
PAR-M EE. Pi ET PAR M. J. TURPIN
NOUVELLE PUBLICATION
8 TOME SIXIÈME.
PARIS
à IMPRIMERIE DE C. L. F. PANCKOUCKE
CHÉVALIER DE L'ORDRE ROYAL DE LA LÉGION D'HONNEUR
RuE pes PoiTEvins, N° 14
M DCCC XXXIL
Mo. Bot. Garden
1509
.CGXCIL.
RAIFORT.
Grec... ,., «. papas, Dioscorides
RAPHANUS MAJOR ORBICULARIS. Bauhin Hivæ£, hb. 3, sect. 1. Tour-
nefort, clas. 5, sect. 3,
RAPHANUS SATIVUS; séliquis À rite torosis, bilocularibus. Linné, te-
latin. , ie iq
Pédjaamis pese Jussieu, clas. 13, ord. 3, famille des cruci-
ères.
TDR F5: .. RAVANO; RAVANELLO,
PP :,..... BANO
POFEUIS. 5. RABANO.
Français... .,.... RAIFORT; RALFORT CULTIVÉ,
AS. ne RADISH ; GARDEN-RADISH.
Allemand. ::::.. RETTIG ; GARTENRETTIC.
] Rx ice REDIKE.
SUCRES, a RAETTIKA,
CARO. ++ TSAI-FU-KEN,
Par le nom de raifort, appliqué ici à la plante que Linné à
nommée raphanus sativus , il ne faut pas entendre le grand raifort
sauvage ou le raïfort des boutiques , qui est le cochlearia armoracia,
Lin., mais une variété de radis, connue sous lés noms de radis noir,
raifort cultivé, raifort des Parisiens.
La forme des racines, dans cette espèce, en détermine les varié-
tés : quand elles sont tubéreuses, arrondies, blanches ou rougeä-
tres à l'extérieur , elles prennent le nom de radis; de petits radis,
lorsqu'ils sont petits et globuleux; de gros radis blancs, lorsqu'ils
sont beaucoup plus gros, arrondis ou un peu fusiformes : enfin, on
les nomme raves, lorsque leur forme est grêle, allongée , fusiforme,
ordinairement de couleur rougeâtre.
Cette plante est cultivée depuis bien long-temps dans nos jardins ;
mais sa patrie n’est pas bien connue. On la soupconne originaire de
la Chine.
Ses tiges sont hautes de deux ou trois pieds, rameuses, rudes au
toucher, garnies de feuilles amples , altérnes, pétiolées, rudes, prit
cipalement celles du bas, découpées en forme de lyre; les __ iné-
76e Livraison.
RAIFORT.
.gaux, ovales ou oblongs, dentelés, arrondis ou aigus à leur sommet;
le terminal plus grand que les autres; les feuilles supérieures pres-
que simples.
Les fleurs sont blanches où d’un pourpre très-pâle , solitaires pé-
dicellées, réunies en grappes lâches, allongées.
Leur calice est composé de quatre folioles droites , Serrées, con-
niventes. La corolle a quatre pétales en croix, six étamines tétrady-
names ; quatre glandes sur le disque de l'ovaire ; un style très-court,
le stigmate simple en tête.
Le fruit est une silique oblongue, presque conique , renflée vers
sa base, prolongée en une pointe subulée, divisée intérieurement en
deux loges; les semences arrondies. (PF
La racine du raifort cultivé offre deux principales variétés : l’une,
plus petite, fusiforme, recouverte d’un épiderme blanc ou rouge
pourpre; l'autre, plus grosse, orbiculaire, plus âcre et d’une cou-.
leur brune. Toutes deux ont un parenchyme blanc, ferme, charnu
et succulent, d’une odeur forte, analogue à celle qu’exhalent les
crucifères , et d’une saveur fraîche, piquante et âcre. Cette dernière
qualité du raifort tient à une certaine quantité d'huile volatile, qu’on
extrait par divers procédés chimiques , de presque toutes les plantes
de la même famille, qui passe en partie dans l’eau, par la distilla-
tion , et qui est la source de ses propriétés stimulantes. Mais ce prin-
cipe volatil y est uni à une petite quantité de matière sucrée, et à
beaucoup de mucilage, auxquels cette racine doit les qualités nutri-
tives dont elle jouit à un faible degré. Si le raifort, à l'exemple des
autres crucifères , exhale une odeur fétide et fournit de Pammoniaque
pendant la distillation et la putréfaction, ce n’est pas, comme les
premiers chimistes l'avaient cru, que cet alcali y soit contenu tout
formé, mais bien parce qu’il s’y développe , dans les circonstances
que nous venons d'indiquer, à cause de la grande quantité d’azote
qui entre dans la composition de cette plante.
Appliquée à demeure, à la surface du corps, la racine de rai-
fort irrite la peau, la rougit et y détermine une véritable phlo-
gose; ce qui la fait employer quelquefois comme dérivatif. Lors-
qu'on la mâche, elle stimule vivement la membrane muqueuse de
la bouche.
RAIFORT.
Introduite dans l’estomac, elle y occasione un sentiment de chaleur,
augmente l’action de cet organe, facilite la digestion et augmente
l'appétit. En assez grande quantité, elle excite le système nerveux, et
active par conséquent toutes les fonctions qui sont sous sa dépendance
immédiate. De là, les effets toniques, diurétiques, diaphorétiques
béchiques, apéritifs, etc. , qu’on lui attribue, et qu’elle opère en ef-
let quelquefois, selon qu’elle porte plus spécialement son action sur
le système nerveux, sur les reins, sur les exhalans cutanés, sur les
poumons ou sur les vaisseaux lymphatiques. Cependant, comme ces
effets secondaires ne sont autre chose que le résultat de son action
stimulante , il en résulte qu'ils n’ont point lieu lorsque l’économie
animale est dans un état de surexcitation, ni lorsque nos organes
sont en proie à une irritation quelconque, ou dans un état de phlo-
gose, et que par conséquent , les propriétés particulières qu’on at-
tribue à cette racine, n'existent que relativement à la débilité des
forces vitales.
Le raifort, quoique réputé très-stomachique, ne peut donc avoir
cette vertu que dans les seuls cas où l’estomac est dans un état d'ato-
nie, comme cela a souvent lieu chez certains individus, dans les saisons
et dans les pays humides. Malgré les éloges qu’on lui a donnés contre
l'ischurie et les calculs urinaires, il ne peut évidemment convenir,
comme diurétique , lorsqu'une partie quelconque de l’appareil urinaire
est en proie à l'inflammation ou à la douleur, ou que les affections,
dont il est le siège, sont accompagnées de chaleur à la peau, de
soif et de sécheresse générale. Mais, ainsi que Lobb paraît lavoir
observé, il peut être avantageux dans les engorgemens indolens des
reins. et de la vessie, chez des sujets pâles, peu sensibles , et d’une
constitution humide et épaisse , pour activer la sécrétion de l’urine,
et pour favoriser ainsi la dissolution et la sortie des petits calculs
ou des graviers qui se forment dans ces organes. C’est en agissant
ainsi, comme diurétique, chez des individus lymphatiques dont les
organes, exempts d'irritation , languissaient dans la torpeur, qu’il a
pu être employé avec succès contre lhydropisie; mais il est évi-
dent qu’un semblable moyen serait illusoires, ou même nuisible,
lorsque la collection séreuse est le résultat de l’inflammation du pé-
riloine ou autre membrane diaphane. La même distinction s’appli-
RAIFORT.
que aux x prétendues vertus béchiques et expectorantes de id racine
du raifort, que Lanzoni employait, sous forme de sirop, dans les
angines, et Etmuller contre l'asthme pituiteux. Car, toutes les fois
que le tissu ou la membrane muqueuse du poumon sont enflam-
més, ou en proie à une irritation spéciale, comme dans la phthisie,
dans lasthme nerveux, dans les toux sèches avec chaleur, le rai-
fort ne ferait qu'augmenter le mal. De toutes les maladies pour les-
quelles on a recommandé cette racine, il n’en est pas où elle soit
réellement plus utile que dans le scorbut.
On peut l’administrer intérieurement, en décoction aqueuse, ou
en infusion vineuse, convenablement édulcorée avec le miel ou le
sucre, de quatre à huit grammes (un à deux gros), sur un litre de
liquide. Son eau distillée, jadis préconisée comme lithontriptique,
n’est guère en usage que dans certains\gargarismes. À l'extérieur, on
l'applique, avec avantage, comme rubéfiant, soit coupé en tranches,
soit pilé et réduit en pulpe grossière, sous forme de sinapisme.
Presqu’exclusivement consacré, parmi nous, à l’usage diététique,
le raifort se mange crû, au commencement, et en certains pays à la
fin du repas : il est ordinairement associé aux viandes, auxquelles il
sert ainsi de condiment. Pris en grande quantité, l'irritation qu'il
opère sur l'appareil digestif donne lieu au développement de beau-
coup de gaz, et à des éructations fétides, très-désagréables, ce qui
doit porter les personnes délicates à en user modérément. Les sujets
qui sont disposés aux hémmorragies, à la phthisie, aux dartres, doi-
vent même s’en abstenir.
ON DE LA PLANCHE.
A A )
\ Ls 5 naturelle,
. Feuille inférieure, au trait. glandes situées entre l'ovaire et le fila-
alice , étamines et pistil. ment des deux courtes étamines, deux
; Pétale détaché. autres plus petites s’observent à la
4. Étamines et pistil, afin de faire voir e chaque paire des longues.
qu’indépendamment des deux grosses : 5. Anthère vue par le dos,
erv. La partie supérieure des folioles calicinales est glanduleuse, et porte sur chaque
glande un poil roide ; la partie qui S’articule avec le filet de l’étamine et qui porte les loges de
l'anthère (connectif), est en partie composée de grosses glandes transparentes. T.
6. Fruit ou silique de grandeur naturelle. 8. Fruit coupé en travers.
-. Le même coupé longitudinalement, 9. Graine isolée.
ZurrumP. Lambert J° rculp.
REGLISSE.
CCXCIIT.
RÉGLISSE.
GLYCYRRHIZA SILIQUOSA VEL GERMANICA. Bauhin, TivaË, |. 9, sect. 6,
Tournefort, clas, r@, scct. r, gen
* “À GLYCYRRHIZA GLABRA ; bn eihs abris, stipulis nullis, folio im-
pari pefiolato. Linné, 4 dr décandrie. Jussieu, elas. 14,
+ ord. 11, famille des légumineuses
ÉSRRE 2 ++ REGOLIZIA.
a NE REGALIZA ; PALO DULCE.
Portugais... REGATI?.
Français... ...... RÉGLISSE; MOIS DOUX,
ñ es LS CIS ++ LIQUORICE.
and... ..... LACKRRIZEN; SUESSHOLZ.
pare De à SC LOËTHOUT
Daho... 0 LA
SHédoiEs 3, °- LAKRRITS 3
Polonais... ...... rarrycya.
Haies. ut + + «+ DUBEZ SOLOTKO!
ao : 04 # SCHIKER BOJA.
Chine ++ FAN-CHAU-CAN-TSAO.
Cochinchinois... . . . cam rmao.
D’après Dioscorides, les anciens connaissaient la réglisse, sous le
nom de glycyrrhiza (racine douce), et faisaient de ses racines les
mêmes usages que nous en faisons encore aujourd'hui. Elle était
commune en Grèce ; elle ne l’est par moins en Italie, en Espagne,
dans les département méridionaux de la France, dans les prés, aux
lieux humides, sur le bord des, ruisseaux. Son caractère essentiel
consiste dans un calice tubulé, à deux lèvres; la supérieure à quatre
découpures inégales, inférieure simple et linéaire : une corolle pa-
pilionacée; la carène à deux pétales distincts, munis d’un onglet
aussi long que le calice; dix étamines diadelphes ; un style subulé ;
le stigmate ascendant. Le fruit est une gousse un peu comprimée,
ordinairement polysperme.
Les racines de cette plante sont longues, cylindriques, très-éten-
dues et rameuses, jaunâtres en dedans , d’une saveur douce et sucrée.
76€ Livraison, 2°
RÉGLISSE.
11 s’en élève des tiges fermes, glabres, rameuses , hautes de deux ou
trois pieds et plus.
Les feuilles sont alternes , pétiolées, très-glabres, ailées avec une
impaire, un peu visqueuses; les folioles, au nombre de treize à
quinze, opposées, presque sessiles, ovales, très-entières, obtuses,
rétrécies en pointe à leur base.
Les fleurs sont petites, rougeâtres ou purpurines, disposées en
épis grêles, un peu lâches, axillaires, pédonculés.
Les gousses sont glabres, oblongues, comprimées, aiguës, lon-
gues d’un pouce, renfermant trois ou quatre semences. (P.)
La racine de cette légumineuse est longue, cylindrique, de la
grosseur d’un doigt et d’une structure ligneuse. Son odeur, un peu
muqueuse dans l’état frais, est nulle après la dessiccation. Elle est
remarquable par cette saveur sucrée et mucilagineuse bien connue,
qui la rend agréable à presque tous les hommes, quoiqu’elle de-
vienne un peu amère et légèrement nauséeuse quand on la mâche
long-temps.
L’extrait aqueux et doux, qu’on en retire, égale la moitié de son
poids. Son extrait spiritueux, encore plus doux, ne s'élève guère
qu’au quart. D’après les recherches de M. Robiquet , outre la sub-
stance ligneuse qui forme le squelette de cette racine, elle contient
de la fécule amilacée , une matière insoluble dans l’eau froide, inca-
pable de fermenter, et par conséquent sans aucune analogie avec le
sucre proprement dit, et une petile quantité d'huile résineuse, qui
donne à la décoction de cette racine un certain arrière-goût âcre
qui lui est propre.
La racine de réglisse est, jusqu’à ur certain point, nourrissante ,
mais elle est plus particulièrement douée des propriétés adoucis-
santes, incrassantes et tempérantes, qui lui ont été reconnues dès
l'enfance de l'art. Cest sans doute en vertu de ces propriétés que
les anciens lui ont attribué la faculté spéciale d’étancher la soif, soit
mâchée en substance , soit prise en décoction. Théophraste, Dios-
corides, Pline , parlent , sous ce rapport, de son utilité dans l'hydro-
pisie, où la soif est souvent un symptôme très-fatigant pour les ma-
lades, mais contre laquelle ses avantages sont au moins douteux.
Cest probablement aussi par suite de cette opinion, dont rien n€
RÉGLISSE.
prouve la certitude, que son usage est consacré, parmi nous, dans
presque toutes les maladies aiguës et chroniques, comme élément
nécessaire et banal de toutes les tisanes que l’on donne aux malades.
Sa décoction , sucrée et mucilagineuse, est très-souvent employée dans
la néphrite, la strangurie, et autres maladies des Voies urinaires. On
s'en sert également contre les aphtes, angine, la diarrhée; mais
c'est surtout contre les rhumes, la toux et l’enrouement, dans les
phlegmasies aiguës et chroniques du poumon, et dans ja. _phthisie,
qu’elle est plus particulièrement en usage. Toutefois, on lui associe
presque toujours d’autres substances plus abondantes en mucilage,
et, la plüpartsdu temps, elle ne sert même qu’à édulcorer des ti-
sanes. Dans ce cas, il faut avoir soin de ne pas trop prolonger son
ébullition, sans cela elle leur imprimerait une saveur amère et
comme nauséeuse, qui dégoûte bientôt les malades.
Réduite en poudre impalpable, cette racine était jadis appliquée
en aspersion sur la peau affectée d'érysipèle, pour absorber, disait-
on, la prétendue âcreté à laquelle on attribuait cette maladie. Cette
pratique erronée est entièrement proscrite depuis que le danger des
topiques , quels qu’ils soïent, a été reconnu dans cette affection. On
pourrait, tout au plus, se servir de la poudre de réglisse, en rempla-
cement de celle de lycopodium, pour s'opposer au frottement et
pour prévenir l’intertrigo ou la phlogose de la peau des aines, et
auires jointures des petits enfans.
La racine de réglisse sèche se donne de quatre à huit grammes
(un à deux gros) en décoction dans un kilogramme d’eau. Son
extrait aqueux, dont la dose peut être portée de quatre à huit
grammes et au delà, en vingt-quatre heures, est d’un usage banal
dans les rhumes. Cet extrait, qui se fabrique en grand , en Espagne,
dans le midi de la France, et autres contrées, se présente , dans le
commerce, en morceaux de la longueur d’un décimètre, sur envi-
ron deux ou trois centimètres de large, un peu aplatis, bruns, d’une
saveur sucrée et mucilagineuse, avec un arrière-goût amer et un
peu âcre. Il est quelquefois brûlé , et alors il est cassant et plus noir.
D’autres fois , il renferme des parcelles de cuivre qui y ont été in-
troduites en râclant trop fortement la fond des cuves de ce métal
dans lesquelles où le prépare. Ges parties étrangères restent dans
RÉGLISSE.
la bouche lorsque l'extrait de réglisse est fondu, et doivent par con-
séquent en être séparées par une purification préliminaire avant
d'en faire usage.
Cette racine entre dans la composition d’un grand nombre de
tisanes, de potions, de juleps, de loochs, et autres préparations
magistrales. Elle fait partie d’une quantité innombrable de médica-
mens officinaux , dont les principaux sont : les sirops de guimauve,
de chicorée composé, de jujubes, de tussilage, de tortues, et an-
tiasthmatique ; les tablettes de guimauve composées, la poudre dia-.
tragacante, rafraîchissante, et celle de roses aromatique; le catholi-
cum double, l’électuaire lénitif, et celui de psyllium; les trochis-
ques de Gordon , de darhioio, etc.
Son extrait constitue la base 4 sirops de Mésué, des trochis-
ques béchiques de Valerius Cordus et Citrius de Hambourg, des ta-
blettes béchiques de la pharmacopée de Paris, de la confection Re-
becha, du suc blanc de réglisse, de la pâte de réglisse, etc.
Tout porte à croire que les anciens ne connaissaient pas notre
réglisse actuelle, et qu'ils faisaient usage de la racine du g/ycyrrhiza
echinata, qui croit en abondance dans l’Orient.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
{ La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.)
. Fleur entière. 4. Fruit.
2. Parties d’une corolle, -5. Morceau de racine.
3. Pistil et étamines.
‘æ° / Pi À E À N
Dj Re D À à Jeubr.
RENONCULE .
CCXCIV.
RENONCULE.
Grec... ., «. .... Barpaysov, Dioscorides.
RANUNCULUS PRATENSIS ERECTUS ACRIS ; D reve TivaË, lib. 5, sect. 3.
Tournefort, clas. 6, sect.
RANUNCULUS ACRIS ; cb a, pme sulcatis, caule erecto,
ds Mel rio Linn poemes PONEY nie. Jussieu, clas. 13
ord, 1, famille des renonculacées
Italien BENUNCOI.O.
Espagiol.:. 45% RANUNCULO
Portigais.. te RANUNCULO
Fe + RENONCULE ACRE; BOUTON D'OR ; GRENOUILLETTE
M ARR ne UPRIGHT CROW-
Allemands: 5. SCHARFER HABNENFUSS
fers rs VELD HAANEVOET ; BOTERBIOEM.
DéhouS=r: SMOFRURT. .
Suédois; #2. SMOERBLOMSTER..
CE genre de plantes est un des plus brillans par le nombre de ses
belles espèces, dont la beauté, la variété et la vivacité des couleurs ,
ainsi que leurs formes gracieuses, forment , au retour de chaque prin-
temps, l’éclat et la richesse de nos parterres : elles fournissent éga-
lement plusieurs espèces importantes à la science médicale.
Son caractère essentiel consiste en un calice inférieur, à cinq fo-
lioles caduques, souvent colorées ; cinq pétales munis, à leur base
interne , d’une fossette ou d’une petite écaille concave : un grand nom-
bre d’étamines insérées sur le réceptacle; des ovaires nombreux,
agrégés , terminés par autant de stigmates en forme de pointe courte,
droite ou recourbée; point de style. Ces ovaires se convertissent en
autant de capsules monospermes indéhiscentes, soudées ensemble,
lisses ou garnies de pointes ou de tubercules.
La renoncule äcre, vulgairement grenouillette, a des racines fi-
breuses , presque Frais: elles produisent plusieurs tiges saroites,
76° Livraison,
RENONCULE.
fistuleuses, rameuses, médiocrement feuillées, glabres ou un péu
velues, hautes d’un à deux pieds.
Les feuilles radicales sont pétiolées, légèrement velues , palmées,
anguleuses, divisées en trois ou cinq lobes principaux; ceux-ci en
plusieurs autres moins profonds, ovales , aigus, incisés, dentés à leur
sommet, quelquefois marqués d’une tache brune dans leur milieu;
les tuilles des tiges digitées ou plus profondément découpées ; les
supérieures partagées en trois lanières étroites, quelquefois simples
et linéaires.
Les fleurs sont peu nombreuses, terminales, pédonculées ; les fo-
lioles du calice glabres, obtuses, colorées; la corolle d’un beau
jaune, luisante et comine vernissée.
Les fruits sont de couleur brune , ovales, aigus, comprimés , très-
glabres , terminés par une pointe recourbée.
On en cultive, dans les jardins, une belle variété dont les fleurs
doubles portent le nom de bouton d’or. Ses feuilles radicales sont
plus découpées.
Cette espèce est très-commune dans les prés, les paturages et les
champs. (F
Toutes les parties de cette plante sont excessivement âcres; leur
âcreté, et les qualités vénéneuses qui en sont la suite, paraissent
tenir, comme dans la plupart des plantes du même genre, à un prin-
cipe délétère d'une nature peu connue, mais très-singulière , et di-
one de toute l'attention des chimistes. Ce principe est tellement vo-
latil, que la dessiccation à l'air , l’infusion dans l’eau, et la coction
le détruisent ou laffaiblissent beaucoup. Il n’est ni acide , ni alcalin ;
mais, d’après les expériences de Krapf, il augmente d'activité et d'é-
nergie par le mélange de cette renoncule avec les acides minéraux;
le miel, le sucre, le vin, l'alcool , et autres substances.
M. Orfila ayant introduit cinq onces du suc de cette renoncule dans
l'estomac d’un petit chien robuste, dont il lia ensuite l'œsophage, et
appliqué deux gros d'extrait aqueux de la même plante sur le tissu
cellulaire de la partie interne de la cuisse d’un autre chien très-fort ;
ces deux animaux périrent au bout de douze et de quatorze heures,
sans avoir éprouvé d’autres accidens qu’un abattement considérable.
Tous deux offrirent , après la mort, les poumons engorgés , rougeñ-
RENONCULE.
tres et couverts de quelques taches livides. Chez le premier , la mem-
brane interne de l'estomac présentait en outre plusieurs taches d’un
rouge vif, et chez le second, le membre opéré, énormément gonflé,
était le siège d’une inflammation considérable.
Il paraîtrait, d’après ces faits, que la renoncule agit en détermi-
nañt une vive irritation locale, suivie de l’inflammation des parties
sur lesquelles elle est appliquée , et que la mort a lieu par l’irritation
sympatique du système nerveux.
Des propriétés aussi corrosives et aussi délétères que celles de
cette plante , ont dû inspirer de bonne heure, aux médecins prudens,
de justes craintes sur son emploi médical, et s’opposer à son admi-
nistration intérieure, Aussi s’est-on borné jusqu’à présent, à en faire
des applications extérieures, dont les effets irritans, vésicans, sti-
muülans , révulsifs et dérivatifs, sont très-énergiques.
Appliquées sur la peau, toutes les parties de cette renoncule, et
surtout ses feuilles, qui sont le plus en usage, y déterminent de la
douleur, de la rougeur,; du gonflement, le soulèvement de lépi-
derme, l’exhalation d’une plus ou moins grande quantité de sérosité ,
et même de profondes ulcérations. Elle agit ainsi à la manière des
cantharides, et on pourrait s’en servir, comme vésicatoire , avec
d'autant plus d'avantage, qu’elle n’affecte point les voies urinaires ,
comme ces dernières, et qu’elle agit avec plus de rapidité et d’inten-
sité. Mais ces avantages sont amplement compensés par le gonile-
ment énorme, les vives douleurs, les ulcérations profondes et re-
belles, la gangrène ; et autres accidens auxquels elle peut donner
lieu. Pour prévemr ées graves inconvéniens, il faut avoir soin de
n’en appliquer qu’une très-pelite quantité à la fois, de donner très-
peu d’étendue à son application , et de l'enlever au bout de quelques
heures. Avec ces précautions, auxquelles on doit donner d'autant
plus d'attention, que la peau est plus fine et plus sensible, on peut
s’en servir comme d’un des plus puissans dérivatifs que la médecine
possède.
On l’a mise en usage, sous ce point de vue, dans la céphalalgie
chronique et l’hémicranie, l'ischialgie, les douleurs arthritiques, et
autres douleurs anciennes et rebelles, contre lesquelles l’expérience
a constaté l'utilité des irritans externes. Toutefois, c'est contre les
RENONCULE.
fièvres intermittentes que ses effets stimulans et dérivatifs ont élé
plus particulièrement signalés. Sous ce rapport , elle a été appliquée,
sous forme de cataplasme, quelquefois à l’épigastre, d’autres fois
sur les carpes, et, dans l’un et l’autre cas, elle a quelquefois fait dis-
paraître des fièvres d’accès qui avaient résisté à d’autres moyens.
Parmi les faits qu’on pourrait citer à l'appui de ce procédé thérapeu-
tique, un des plus remarquables est celui que rapporte Sennert,
d’une fièvre quarte ancienne , accompagnée d’une vive douleur dans
l'épaule, et qui disparut, ainsi que cette douleur, par l'application |
de la renoncule âcre sur les poignets, avant l'accès. Van Swiéten
parle d’un homme qui s'était guéri plusieurs fois d’une semblable
pyrexie en appliquant cette plante , réduite en pulpe, sur ses doigts
seulement. Toutefois , pour mettre les esprits présomptueux , et les
partisans des moyens violens , en garde contre l’usage d’une plante
aussi dangereuse, il suffit de rappeler le fait cité par Murray, d’un
enfant de huit ans, qui, ayant été intempestivement délivré d’une
fièvre intermittente, par l'application de cette plante sur les: poi-
gnets, fut immédiatement atteint d’hydropisie ascite, d’hydrocèle,
et d’un profond ulcère au poignet , qui altéra les tendons des mus-
cles fléchisseurs des doigts, au point de gêner les mouvemens de ces.
organes.
Si l’on voulait tenter d’administrer éette plante à l’intérieur, dans
quelque maladie chronique très-grave, comme la paralysie, il fau-
dirait commencer par de très-petites doses, qu’on augmenterait peu
à peu, à mesure qu’on en observerait les effets avec une attention
scrupuleuse. En substance, on pourrait la donner à la dose de quel-
ques grains; et, en décoction, à celle d’un demi ou d’un gros, dans
un litre d’eau, et à doses fractionnées , de crainte d’accident.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est de grandeur naturelle.)
r. Tige et racine. Le méme grossi.
LA
Œe
2. Calice, étamines et pistils. 5. Graine
5. Fruit de grosseur naturelle. 6. Pétale:
296
RENONCULE gr maraër.
er
#
CCXC V.
RENONCULE DES MARAIS.
Gloss, Er Bagpayior, Diocorides.
RANUNCULUS PALUSTRIS; Apt Late lœvis. Bauhin, Mivag, L D} soc. 3;
Tournefort, clas. 5, sect. 7,
Latin. ....ÿ. RANUNGULUS SGELERATUS ; foliis rs LA dés palmatis; summis digita-
lis, fructibus oblongis, Linné, polyandrie polygynie. Jussieu, cl. 13,
ord. 1, famille re renonculacées.
Tidlienvisiust 65.2 RANOCCHIETTA ACQUATICA ; PIE CORVINO.
Fhnignol:. ;: ....,. RANUNCULO MALVADO
POFTHRAIS, + és re «4 RAINUNCULO MATABOY
Français... ...... RENONCULE DES MARAIS ; GKENOUILLETTE D'EAU,
dass SE MARSH CROW-FOOT.
Allemand... :..,,. GIFTIGER HANENFUSS,
Hollandais. . ..... WATER HAANEVOET,
Danoise ss: PUGGEPEBER,
CETTE espèce est très-abondante dans les marais, sur le bord des
eaux et des étangs. Elle se distingue aisément de toutes les autres
espèces par ses petites fleurs, et par ses semences globuleuses et
menues.
Ses racines sont composées de fibres niongées, nombreuses, blan-
châtres, fasciculées; elles donnent naissance à des tiges glabres,
droites, fistuleuses, un peu SAS» très-rameuses , longues d’envi-
ron un pin Ft-demi 4 3e
Les feuilles radicales sont olées, arrondies, très-glabres, à
demi découpées en trois lobes incisés et crénelés, an: d’un vert
pâle; les feuilles caulinaires à découpures plus profondes, plus étroi-
tes, linéaires, digitées ou palmées; les feuilles supérieures sessiles.
Les fleurs sont d’un jaune pâle, fort petites, nombreuses, termi-
nales ; les pédoncules filiformes; les folioles du calice un peu pubes-
centes, colorées, concaves, ovales, obtuses; la corolle à peine plus
grande que le calice : les ovaires, plus longs que les fleurs , se con-
vertissent en un fruit formant un épi allongé, ovale, un peu conique,
"6: Livvraison, &
RENONCULE DES MARAIS.
obtus, chargé d’un grand nombre de capsules glabres, fort petites,
un peu comprimées latéralement , très-caduques.
Le titre de scélérate ‘que cette plante a reçu, est pleinement jus-
tifié par ses qualités vénéneuses et par l'énergie de ses effets délétè-
res sur l'économie animale. Elle est , en effet , une des plantes les plus
âcres et'des plus corrosives de la redoutable famille des renoncula-
cées. Sa racine, toutefois, a beaucoup moins d’âcreté que ses autres
parties , et que sa tige surtout. Cette dernière, qui, suivant Murray;
est d'autant plus âcre qu’elle est plus jeune, ne l’est presque point à
sa base et près de la racine. Lorsqu'on écrase cette plante, dans l’état
frais, les émanations qui s’en exhalent, quoique inodores , sont telle-
ment virulentes, qu’elles irritent violemment le nez et les yeux, et
produisent l’éternuement et un abondant écoulement de larmes. Au
rapport de Krapf, elle perd en grande partie son âcreté par la des-
siccation. [ébullition paraît même la dépouiller entièrement de ses
qualités vénéneuses puisque, suivant cet auteur, les bergers de la
Dalmatie en font usage, dans cet état, comme aliment. Son sue
même, si âcre et si virulent lorsqu'il est frais, perd toutes ses pro-
priétés délétères, lorsque , par l’évaporation successive, il est réduit
en extrait. Toutefois, comme on pourrait fort bien avoir confondu
avec cette plante d’autres renoncules beaucoup moins vireuses, il
faut remarquer, avec le judicieux Murray , que ces faits auraient he-
soin d’être confirmés par de nouvelles expériences.
Plenck rapporte qu’un chien auquel on avait fait avaler une assez
grande quantité du suc de cette renoncule, mourut après avoir
éprouvé beaucoup d’anxiété et des vomissemens , et que son estomac
fut trouvé contracté sur lui même, enflammé en plusieurs points, et
le pylore livide et considérablement gonflé. Après avoir mâché des
feuilles de eette plante, Krapf éprouva un sentiment de chaleur âcre
et brûlante dans la bouche, l'écoulement d’une grande quantité de
salive, la tuméfaction et l’ulcération de la langue, et l'abolition pas-
sagère du goût. L'ingestion d’une fleur de la même plante lui pro-
cura des douleurs très-vives et des mouvemens convulsifs dans lin-
térieur du bas-ventre. Deux gouttes de son suc exprimé Jui occasio-
nèrent des coliques vives, et une douleur brûlante dans toute la
longueur de l'æsophage. Murray observe cependant que ce suc, dé-
ES
RENONCULE DES MARAIS.
layé dans une grande quantité d’eau, peut être avalé sans danger,
même à un gros.
C’est sous cette forme, ou bien en décoction très-étendue, que la
renoncule scélérate peut être administrée intérieurement , et qu’on
pourrait l'employer dans certaines maladies chroniques qui réclament
l'administration des stimulans les plus énergiques. Toutefois, on n’en
à presque point fait usage : on manque par conséquent de données
positives sur la nature des effets consécutifs qu’on peut en espérer
dans ces maladies, de sorte que si sa virulence surpasse celle de la
renoncule âcre, avec quelles sait et quelle prudence ne doit-
on pas en fire usage ?
A l'extérieur, elle produit rapidement la rubéfaction , la vésication
et même lulcération. C’est un moyen que les mendians emploient
quelquefois pour se procurer des ulcères, à l’aide desquels ils cher-
chent à exciter la commisération publique. Aussi bien que la renon-
cule âcre, elle a été appliquée sur les poignets, pour arrêter les fiè-
vres intermiltentes; mais Tissot en a vu résulter des ulcères très-
douloureux et très-rebelles, une fièvre aiguë, le délire, la frénésie, la
gangrène du bras, et autres accidens beaucoup plus graves que la
fièvre intermittente; ce qui doit engager à ne l’employer qu'avec la
plus grande circonspection dans cette maladie.
Je ne parle pas des effets diurétiques et dépuratifs que Krapf at-
tribue à cette plante, qu’il recommande, sous ce rapport , dans les
maladies chroniques des voies urinaires et des poumons, parce que
les éloges qu'il lui donne n’ont point encore été sanctionnés par
l'expérience.
Cette plante pourrait être administrée à la dose de quatre grammes
(un gros) en décoction dans un litre d’eau; et son suc, à la dose
de quatre ou six grammes (un gros ou un gros et demi}, étendus
dans huit hectogrammes (environ six onces) d’eau. Il est inutile de
rappeler que la violence d’une semblable substance exige d’en sur-
veiller les effets avec le plus grand soin, et de ne s'élever que peu à
peu à l'administration de cette dose entière.
Le À. flammula, et le À. bulbosus , jouissent, quoiqu’à un plus
faible degré, des mêmes propriétés que le 2. scelcratus. Ve R. fica-
ria, connu sous le non d’herbe aux hémorroïdes , à cause de l'effi-
RENONCULE DES MARAIS.
cacité prétendue qu’on lui a faussement attribuée contre cette aflec- à
lon , ne jouit d'aucune qualité vénéneuse, ni d'aucune propriété
médicale. Elle figure même parmi les plantes culinaires, et n’a dû 1
sa réputation usurpée -en médecine, qu'à l’idée préconisée de sa :
vertu hémorroïdaire, fondée sur lanalogie de forme qui existe entre |
|
les tubercules de ses racines et les hémorroïdes naissantes.
EXPLICATION DE LA PLANCHE. :
(La plante est de grandeur naturelle.)
r. Tige, feuille radicale et racines. 3. Le mème grossi.
2. Fruit de grandeur naturelle. 4. Graine.
RHAPONTIC.
5 #7
CCXCVI.
À
RHAPONTIC.
OT ST À pnuv , Dioscorides
PONTICUM folio depaiki majoris sétbré Bauhin, Tliwaf , lib. 3,
sect. 4.
Latin. . .......-)RBaBARBARUM ! rorre Dioscoridis e/ antiquorum ; TORRES » 2 ;
> sect. 5
RHEUM RHAPONTICUM ; foliis glabris, petiolis Mn: Là en-
néandrie trigynie. Jussieu, clas. 6, ord, 5, famille des polygonées.
Italien... ....... raponrico.
Espagnol. ss... RAPONTICO ; RUIBARBO DE LOS FRAYLES.
Pôrtugats, ; sr... RAPONTICO
Francais... ..... RHAPONTIC; RHUBARBE DES MOINES. je.
pe Fa er vi RHAPONTIC. j
Allemand... .:. +. RHAPONTIK ; MUENCHSRHABARBER. _
LR «+. RBAPONTIC, mn.
Le rhapontic appartient aux rhubarbes, plantes remarquables par
la grosseur et les propriétés de leurs racines , par leurs grandes et
larges feuilles, et par leurs fleurs réunies en simples panicules. Ces .
fleurs sont caractérisées par un calice à six divisions persistantes,
alternativement un peu plus courtes; point de corolle; neuf étami-
nes attachées au fond du calice; un ovaire supérieur, surmonté de
trois stigmates plumeux , presque sessiles. Le fruit consiste en une
semence triangulaire, membraneuse sur ses angles.
Le rhapontic, que quelques auteurs soupconnent être la rhubarbe
des anciens, croît sur les bords du Wolga, et dans plusieurs con-
trées de la Scythie, le long du Bosphore, et sur le mont Rhodope ;
on prétend l'avoir trouvé en France, dans les montagnes d’Auver-
one, au mont d'Or. |
‘ Suivant Tournefort, ce mot vient de rka, nom sous lequel le Wolga est
désigné par les Tatares ou Barbares. Cette étymologie, quel que soit mon respect
pour l'illustre auteur des /nstitutions, me parait invraisemblable. Je pense que
rhabarbarum , mot que l’on ne trouve que dans les écrivains postérieurs aux
temps classiques , vient de p4, racine, et fapBapey, étrangère ou _
77° Livraison,
RHAPONTIC.
Ses racines sont grosses, épaisses, divisées en plusieurs portions
un peu charnues, jaunes en dedans, un peu rougeâtres en dehors;
elles produisent de grosses tiges charnues, glabres, épaisses, d’un
vert jaunâtre, ou purpurines ; médiocrement rameuses.
Les feuilles, particulièrement celles du bas, sont amples, très-
larges, alternes, pétiolées, glabres, ôvales en cœur, obtuses, pres-
que planes, un peu sinueuses à leurs bords , d’un vert foncé, légè-
rement pubescentes en dessous, principalement sur leurs nervures;
les feuilles caulinaires distantes, peu nombreuses, plus petites ; les
supérieures presque sessiles ou amplexicaules.
Les fleurs sont petites, d’un blanc jaunâtre, disposées en grappes
nombreuses, paniculées. Les semences sont assez grosses , triangu-
laires , de couleur brune , garnies à chaque angle d’une aile membra-
ueuse. (P.)
Cette plante, originaire d'Asie, a été souvent confondue avec la
rhubarbe. Plusieurs auteurs pensent, avec Prosper Alpin, qu’elle est
le rheum , pyoy des anciens. Sa racine, telle qu’on la trouve dans le
commerce, est un peu spongieuse , brune à l'extérieur , jaune inté-
rieurement , avec des cannelures disposées en rayons. Son odeur est
très-faible; sa saveur plus astringente qu’amère, est moins désagréa-
ble que celle de la rhubarbe. Elle ne résonne point sous la dent
comme cette dernière. Quand on la mâche, elle laisse dans la bou-
che une viscosité douce et gluante, qui suffirait seule pour la distin-
guer de la rhubarbe proprement dite. Elle présente, toutefois, à peu
près la même composition chimique. On y trouve en effet une subs-
tance résineuse, une matière gommeuse , beaucoup plus abondante
que la première, une matière colorante orangée, qui lui donne la
faculté de teindre l’eau et la salive en rouge orangé, une certaine
quantité de matière amilacée, et un principe astringent, qui tend à
noircir le sulfate de fer, et qui paraît être la source des propriétés
styptique, tonique, stomachique et purgative dont elle est douée.
Cette racine exerce , en effet, sur l'appareil digestif une excitation
tonique très-propre à réveiller l’action de l'estomac et de l'intestin.
À haute dose , elle provoque en outre la sécrétion des mucosités in-
testinales, et détermine la purgation. Sous ces différens rapports:
elle a été recommandée et préconisée dans l’atonie des premières
Le LP
RHAPONTIC.
voies, contre les saburres gastriques, dans les flux de ventre et con-
tre la plupart des écoulemens muqueux ; tels que la blennorrhagie
ct la leucorrhée chroniques. Chaque jour on en fait encore usage
dans les langueurs d’estomac ; pour faciliter la digestion; dans lhy-
pocondrie et autres névroses de l'appareil digestif, pour remédier à
l'état de torpeur dont il est frappé, et. à Ja constipation qui en est la
suite. Comme ses qualités astringentes sont beaucoup plus dévelop-
pées que ses propriétés purgatives, elle a été spécialement recom.
mandée contre la diarrhée et la dysenterie. Mais si elle peut être
quelquefois utile, dans ces affections, pour modérer la sécrétion
muqueuse dont l'intestin semble avoir contracté l'habitude, dans
certains cas où la fréquence des évacuations alvines ne reconnaît pas
d'autre cause, le plus souvent elle ne pourrait y être que nuisible.
En effet, la diarrhée et la dysenterie étant dues à l'irritation ou à
l’inflammation de l'intestin, tout ce qui est susceptible d’augmenter
cette irritation ne pourrait que les aggraver. Or, le rhapontic est
précisément dans ce cas, comme tous les autres excitans de lappa-
reil digestif.
Comme légèrement purgatif et tonique, on administre la racine
de rhapontic, en substance, de huit à seize grammes (un à quatre
gros ), soit sous forme pulvérulente, soit en électuaire, soit en pilu-
les. En infusion ou en décoction, la dose en est de (demi à une
once), seize à trente-deux grammes, pour un kilogramme (deux
livres ) d’eau. Elle entre dans la composition des poudres de diar-
rhodon abbatis et diatrilon santalon, ainsi que dans la thériaque
d'Andromaque Vancien.
Dans plusieurs contrées septentrionales , cette plante est employée
en usages culinaires, comme la chicorée, les épinards, et autres
plantes oléracées. En Suède et en Sibérie, on mange les feuilles et
les jeunes pousses, préparées de différentes manières. Les Persans
font leurs délices des larges pétioles des feuilles, auxquels ils font
également subir différentes préparations qui les rendent très-agréa-
bles. La plante entière teint en jaune, et s'emploie plus particulière-
ment à la teinture des cuirs.
On vend souvent, dans les boutiques, et on substitue quelque-
fois à la racine de rhapontic, diverses racines que l’on apporte des
RHAPONTIC.
Alpes, des Pyrénées ou du mont d'Or, et qui proviennent de plu-
sieurs espèces de lapathum. M. Decandolle s’est assuré que celle que .
l’on recueille dans les montagnes d'Auvergne, pour la vendre, sous
le nom de rapotin, appartient au rumex alpinus.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
( La plante est rédaite au quart de sa grandeur naturelle.)
r. Fleur entière, grossie. 3. Fruit de grosseur naturelle, !
2. Pistil.
RHUBARBE .
MS à 4
Lambert Te ever "
Æ: F7
CCXCVIL
RHUBARBE.
RHEUM PALMATUM; foliis palmalis acuminatis. Linné, ennéandrie
Latiniss. Srcsé ...
{ hexagynie. Jussieu, clas. 6 , ord. 5, famille des polygonées.
Italiens HiFi : . . RABARBARO : REOBARBARO
LS dE - RUIBARBO
Portugais. . ...:.. RUIBARBO
Français PE RHUBARBE
nglais. ......+.. R
Wir. ST RHABARBER
Hollandais. . . . ... RHABARBER
Danois. rs RABARBER.
Soi RABARBER.
CHARE SE. TAY-HUAM
Ox a été long-temps incertain à quelle espèce on devait rapporter
cette précieuse racine, connue dans le commerce sous le nom de
rhubarbe. I est aujourd’hui hors de doute qu’elle appartient au
rheum palmatum , de Linné, que l’on recueille en Chine, dans les
provinces de Su-Civen, Xen-Sy.et Socieu, proche la grande mu-
raille des Chinois, dans une terre rouge et limoneuse. Quelques-uns
prétendent qu’elle croît dans toute la Chine , et qu'on la nomme {ay-
huam , c’est-à-dire très-Jaune...
Ses racines sont grosses , épaisses , A un bean ; jaune 7 à partagées
en ramifications charnues : elles émettent des tiges glabres, cylin-
driques , un peu jaunâtres , striées, peu rameuses. , |
Les feuilles inférieures sont très-nombreuses, fort grandes, pé-
tiolées, épaisses, rudes et vertes. en dessus, pubescentes, un, peu
blanchâtres en dessous, traversées par de grosses nervures jaunà-
tres, partagées, la plupart, jusque vers leur milieu, en cinq ou
sept segmens lancéolés aigus; chaque segment divisé en. lobes
courts, anguleux, acuminés.
Les fleurs sont d’un blanc jaunätre, assez petites, disposées en
77° Livraison,
RHUBARBE.
grappes redressées, presque simples, formant par leur réunion une
ample panicule.
Les semences sont triangulaires, d’un brun noirâtre, garnies sur
chaque angle d’une aile membraneuse, striée, un peu échancrée au
sommet, souvent teinte d’un rouge vif. (P.)
La racine de cette plante, qui est cultivée, aujourd’hui, avec suc-
cès, dans presque toutes les parties de l’Europe, se présente, dans
le commerce, en morceaux de différentes grosseurs, presque cylin-
driques, légers, ordinairement percés d’un trou , d’un jaune-brun à
l'extérieur, et intérieurement d’une couleur.safranée, mêlée de stries
blanches et rougeâtres, qui donnent à sa cassure l'aspect marbré,
et une sorte de ressemblance avec la substance de la noix muscade.
Elle est plus ou moins cassante, friable, parseméede points brillans,
comme cristallisés. Son odeur, d’un caractère spécial, est très-dé-
sagréable ; et sa saveur, amère, astringente , un peu âcre , est légère-
ment nauséeuse.
Une matière extractive amère, du tannin , de la résine, du mu-
queux , une substante amilacée, de l’oxalate de chaux, et une ma-
tière colorante jaune, sont les principes composans de cette racine.
Leurs proportions varient dans les différentes variétés de rhubarbes
qu'on trouvé dans les boutiques. Aussi, M. Henry à réconnu que
celle de Chine contient plus d’oxalaté caléaire que célles de Moscovie
ct de France, tandis que cetté dernière renfermé üne plus grande
quantité de tannin et de matière amilacée. Toutefois, les plus abon-
dans de ces différens matériaux immédiats de la rhubarbe sont, en
général , les parties résineuse et muqueuse, puisqu'elles constituent
environ la moitié de son poids. La matière colorante, jaune, paraît
plus spécialement unie à cette dernière, cé qui fait qu’elle est solu-
ble dans la salive, et même dans là plupart dés liquides ânimaux :
en effet , elle teint fortément en jaune l'urine, le lait , la sueur, et
même les matièrés fécales de ceux qui en font usage. La rhubarbe
renferme en outre un principe odorant particulier, qui en fait une
partié intégrante d'autant plus essentielle, qu'elle lui doit la-plu-
part de ses propriétés médicalés. Ce principe, en effet, s’évapore et
disparait par une longue exposition à Pair, par la décoction pro-
longée, par la torréfaction; et alors la rhubatbe cesse d’être purga-
RHUBARBE.
tive, tandis que l’eau , qui se charge de ce principe par la distilla-
tion, acquiert cette propriété.
Personne n'ignore que la rhubarbe est à la fois tonique et purga-
tive. Ces propriétés lui ont été reconnues depuis des siècles, elle est
même devenue d’un usage tellement banal, sous ce double rapport,
que les médecins instruits ont bien plus souvent occasion de s’oppo-
ser à son emploi intempestif, que de l’administrer. La première de
ces propriétés parait découler de ses qualités amère et styptique. On
n’a pas de données bien positives sur la source de la seconde. Tou-
tefois, comme cette racine perd avec son arôme la faculté de provo-
quer les évacuations alvines , on doit croire que sa propriété purga-
tive réside dans ce dernier principe. On peut aussi faire prédominer
l’un ou l’autre de ses effets , selon les préparations qu’on lui fait subir,
et suivant son mode d'administration.
Comme tonique, on l’emploie spécialement pour exciter le ton de
l'estomac dans les cas de dyspepsie idiopathique, pour favoriser la
digestion et remédier aux flatuosités, pour arrêter les vomissemens
qui dépendent de la lésion de la contractilité organique insensible de
l'estomac, pour faire cesser les diarrhées par atonie. Sous ces diffé-
rens rapports, son usage a été quelquefois utile aux sujets hypocon-
driaques , aux femmes chlorotiques, aux scrofuleux, dans certaines
gouttes atoniques , dans les écoulemens muqueux anciens et rebelles,
et autres maladies chroniques, qui portent plus ou moins atteinte,
par leur durée, à l'exercice des fonctions digestives. Comme purga-
tive, elle peut convenir dans certains embarras intestinaux, et dans
la plupart des maladies anciennes exemptes d'inflammation, de cha-
leur, de soif et de sécheresse générale, soit qu'il faille simplement
remédier à la constipation, soit que l’on se propose d’opérer une dé-
rivation salutaire sur l'intestin, soit enfin qu’on veuille expulser des
vers ou les amas de mucosités qui semblent quelquefois leur servir
de foyer. Sous ce rapport , la rhubarbe peut même être considérée, à
juste titre, comme un excellent anthelmintique, ainsi que l’ont cons-
taté Duret, Forestus, Rivière, Pringle , et autres observateurs , et
comme le confirme chaque jour l'expérience. C’est pour la même rai-
son qu’elle convient particulièrement aux enfans, aux femmes et aux
sujets lymphatiques ou leucophlegmatiques, qui sont plus que les
RHUBARBE.
autres individus exposés aux affections vermineuses. La rhubarbe,
en outre, a été excessivement préconisée contre la diarrhée et la
dysenterie. Il n’y a pas d’éloges qu’on ne lui ait prodigués, surtout
contre cette dernière affection. Les humoristes lui attribuent la fa-
culté d’envelopper la saburre, d’évacuer la bile, de déterger lintes-
tin, d'en émousser, corriger et détruire les acrimonies, d’exercer
même une action site sur cet organe ; mais si, à la place de ces
vains produits de l'imagination, et d’un semblable roman pathologi-
que, on compare les effets de la rhubarbe avec la marche de cette
phlegmasie intestinale, et avec les phénomènes d’anatomie patholo-
gique auxquels elle donne lieu, on reconnaîtra sans peine qu’elle ne
peut y être, en général , que nuisible. Quelques auteurs ont cru ob-
vier aux inconvéniens de cette substance, dans la maladie qui nous
occupe, en l’administrant torréfiée, et par conséquent dépouillée de
sa vertu purgative. Mais, si lon considère que la dysenterie, même
dans l’état chronique, tient à l’inflammation , et souvent même à
l’ulcération de la membrane muqueuse de l’intestin, et que, dans cet
état, la rhubarbe est toujours tonique et styptique, on adwettra dif-
ficilement qu’un médicament de cette nature puisse y être utile. Les
prétendus succès qu'on lui a faussement et longuement attribués daus
les maladies du foie; l’action particulière qu’on lui a supposée sur la
bile, et qui lui avait jadis mérité le titre de cholagogue, ne reposent
que sur des préjugés ou des erreurs. La couleur jaune que cette ra-
cine communique aux évacuations alvines, aura probablement con-
duit à l’idée prématurée et entièrement fausse de son efficacité con-
tre les affections bilieuses et hépatiques; de même que la couleur
citrine qu'elle donne à l'urine, lui a fait attribuer , sans motif, une
action particulière sur les maladies des reins, dans lesquelles, la
plupart du temps , elle ne pourrait être que dangereuse. Ce médi-
cament ne convient point, en effet, dans aucune maladie inflam-
matoire , quel que soit l’appareil qui en soit le siège. Murray a judi-
cieusement signalé les dangers auxquels son emploi pourrait plus spé-
cialement donner lieu dans les affections aiguës de la poitrine ; et;
par une de ces funestes inconséquences auxquelles l'esprit humain
semble éternellement condamné, on vante encore ses effets dans les
phlegmasies de l'appareil digestif, où il n’est pas moins nuisible.
RHUBARBE.
On peut mâcher cette racine et avaler ce que la salive en dissout.
On peut administrer sa poudre en suspension dans un liquide quel-
conque, incorporé dans un corps mou, ou sous la forme de pilules,
depuis deux décigrammes jusqu’à un gramme. En infusion, ou en
décoction, on peut la donner à la dose de huit grammes. Son extrait
aqueux est employé , de deux décigrammes à un gramme et au delà,
soit sous forme pilulaire, soit en solution aqueuse ou alcoolique. Cet
extrait , quoique administré à la même dose que la poudre, n’est pas
également susceptible de purger. Schwilgué a observé que la macé-
ration et l’infusion aqueuses, de cinq grammes de rhubarbe, expo-
sées à la chaleur jusqu’à ce qu’elles aient perdu leur odeur, n’agis-
sent plus que comme tonique. Il s'ensuit que, pour purger, on doit
administrer la racine en substance ou en infusion instantanée, et
l'extrait ou la décoction évaporée, comme tonique seulement. On
prépare, avec cette racine, différentes teintures aqueuses et spiri-
tueuses , dont la dose est de quatre à huit grammes. On en fait un
sirop, qu'on donne de seize à trente-deux grammes. Elle entre dans
le sirop de chicorée composé, d’un très-grand usage pour les en-
fans. Elle fait partie de l'extrait planchymagogue de Crollius, de
l’'élixir de propriété composé, de l’élixir viscéral de Rosenstein, de
la poudre vermifuge de la Pharmacopée de Wurtemberg, et autres
préparations officinales, qui commencent à être appréciées à leur
juste valeur par les bons esprits, et dont l'expulsion de la matière
médicale serait un bienfait pour l’humanité.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite au dixième de sa grandeur naturelle.)
r. Fleur entière, grossie. 3, Graine.
2. Pistil. 4. Fruit.
az ere
EE
en. ue” 7 Ep
Turprr Pennt Lambere S° Seugrt
RICIN.
se 24 2L
CGXCVIIT.
RICIN.
Grec... re... #25; xporæv, Dioscorides, Théophraste
RICINUS VULGARIS ; Bauhin, TivæË, lib. 11, sect. 6.
RICINUS AFRICANUS MAXIMUS, caule geniculato, rutilante. Tournefort ,
Latin........... clas. 15, sect. 5, gen. 6.
for communis ; foliis pellatis subpalmatis serratis. Linné, monoë-
cie monadelphie. Jussieu , clas. 15, ord. 1, famille des euphorbes.
HAER EE PE 54 RICINO ; GIRASOLE,
Espagnol... .....:..…. RICINO
POTURO. es + re RICINO
Francais ; ICIN.
Anglais... COMMON FALMA.CHRISTI
Dr uns WUNDERBAUM
Hollandais. ,,.... WONDERBOOM
Danbis.. Rés isss Lu ©E £
RUES CT UNDERTRARD,
Le ricin, dans l'Orient et sur les côtes de Barbarie, où je lai
rencontré plusieurs fois, est un arbre d'une grosseur médiocre, qui
s'élève à la hauteur de dix-huit ou vingt pieds. Cultivé dans les jar-
dins de l'Europe, ce n’est plus qu’une très-belle plante annuelle,
recherchée pour l'élégance de son port, la forme et la grandeur de
ses feuilles. Ses tiges sont hautes, un peu purpurines, souvent de
couleur glauque, terminées par un long épi rameux, d’un bel as-
pect, surtout lorsqu'il se montre chargé de fruits. Cette plante ne
paraît guère que dans le mois de juin; elle pousse alors avec une
telle rapidité qu'on la voit, vers la fin de juillet, haute de quatre à
cinq pieds, couverte de fleurs, auxquelles succèdent peu après des
fruits, qui ont quelque ressemblance avec la tique des chiens de
chasse, que les Latins nommaient ricinus : ses feuilles palmées lui
ont fait donner le non vulgaire de palma christi. On dit que le ricin
n’est chez nous qu’une plante annuelle, que parce qu'il fleurit dès la
3.
77° Livraison.
RICIN.
première année; mais on pourrait demander pourquoi , dans un ch-
mat aussi tempéré que le nôtre, fleurit-il la première année, tandis
que dans son pays natal, où les chaleurs sont plus fortes, plus pré-
coces et plus longues , retarde-t-il sa fleuraison jusqu’à ce qu'il ait
acquis la vigueur de nos végétaux ligneux ?
Le caractère essentiel du ricin consiste dans des fleurs monoïques,
sans corolle. Dans les fleurs mäles, le calice est à cinq divisions con-
caves : il renferme un grand nombre d’étamines, munies de filamens
rameux à leur base. Le calice des fleurs femelles est partagé en trois;
l'ovaire supérieur chargé de trois styles bifurqués : il lui succède
une capsule à trois coques, hérissée de pointes, à trois loges monos-
permes.
Dans le ricin cultivé les racines sont fibreuses, divisées en ramifi-
cations peu nombreuses. Il s’en élève une tige droite, haute de qua-
tre à cinq pieds et plus, un peu fistuleuse, glabre, cylindrique, un
peu ramifiée vers son sommet.
Les feuilles sont fort amples, pétiolées , alternes, palmées , lisses
à leurs deux faces, partagées en sept ou neuf digitations inégales,
lancéolées, aiguës , dentées en scie; les pétioles, cylindriques, glan-
duleux vers leur sommet.
Ses fleurs sont disposées en un bel épi rameux, composé de plu-
sieurs panicules partielles, munies de bractées petites et membra-
neuses. 4
Leur calice est petit, d’un vert glauque; les fruits également glau-
ques, à trois coques soudées ensemble, garnies extérieurement de
pointes molles , subulées ; les semences ombiliquées à leur sommet,
souvent marquées de taches irrégulières. (P.)
Les semences de cet arbre, très-anciennement connues en méde-
cine, soit par leurs qualités vénéneuses, soit par leurs propriétés
médicales, sont de la grosseur d’un haricot, un peu aplaties d'un
côté et convexes de l'autre. Leur odeur est nulle et leur saveur oléa-
gineuse, douceâtre , nauséeuse, âcre et brûlante. Elles rancissent en
vieillissant, et prennent alors un goût de chenevis. Leur substance
est blanche, ferme, de nature émulsive et analogue à celle des aman-
des. Elles renferme donc, probablement, du mucilage et de Ja fé-
cule comme ces dernières; mais elle recèle surtout une grande quan-
RICIN.
tité d'huile grasse et douce, qu'on en retire facilement, soit par
expression, soit par infusion dans l’eau bouillante.
Remarquons, toutefois, que les qualités émulsives, oléagineuses
et adoucissantes de ces fruits appartiennent exclusivement au péris-
perme , et que leurs qualités âcres, irritantes et nauséeuses parais-
sent uniquement résider dans l'embryon : de sorte qu’ils jouissent de
propriétés médicales très différentes selon qu’ils conservent ou qu'ils
sont privés de cet organe central, essentiellement vénéneux, auquel
ils doivent la propriété d’exciter le vomissement, de provoquer une
violente purgation, d’enflammer et d’ulcérer différentes parties de la
membrane muqueuse qui recouvre l'appareil digestif. En effet, les
chiens auxquels M. Orfila a fait ingérer la substance de ces fruits ,
depuis trente grains jusqu’à trois gros, et sur lesquels il a lié en-
suite l’œsophage, sont tous morts dans l’espace de vingt-quatre heu-
res, après avoir éprouvé des efforts de vomissement, des évacua-
tions alvines, beaucoup d'abattement et d’anxiété ; lon a trouvé en-
suite, sur leur cadavre, le pylore enflammé, ou la membrane in-
terne de l'estomac parsemée de plusieurs points d’ulcération, et le
rectum toujours plus ou moins phlogosé : ce qui prouve que cette
substance agit à la manière des poisons âcres, en exerçant une vio-
lente irritation locale, et que son action, sur le système nerveux ,
n’est que consécutive. Les semences entières, lorsqu'elles sont ava-
lées, même en très-petite quantité, à la dose de deux ou trois, ou
même d’une seule , provoquent également, chez l'homme, des vomis-
semens, d’abondantes évacuations alvines , et même une violente su-
perpurgation avec tranchées, écoulement de sang par l'anus, et un
sentiment de chaleur brûlante le long de l'œsophage, dans l'estomac
et au rectum. Des observateurs dignes de foi attestent en avoir vu
résulter les accidens les plus funestes, et même la mort, chez des
sujets qui s'étaient bornés à en ingérer une, deux ou trois. Toute-
fois, divers auteurs, appuyés de l'usage qu’en font les habitans du
Brésil, n’ont pas craint de recommander les semences du rie,
comme purgatives , dans les coliques, la goutte, la sciatique, l’hydro-
pisie, et autres maladies chroniques, contre lesquelles les drastiques
ont quelquefois du succès, en opérant une puissante dérivation sur
l'intestin. C'est ainsi qu'on à prétendu, sans en fournir aucune
RICIN.
preuve positive, que, prises pendant dix à douze jours, à la dose
d’une ou deux chaque jour, elles sont un moyen infaillible contre la
gonorrhée et autres symptômes syphilitiques. Les graves accidens
qui peuvent résulter de leur emploi, suivant l’aveu très-prudent de
Rolfinck, ne doivent-ils pas néanmoins engager à s’en abstenir ?
L'huile grasse qu’on retire de ces semences, dès long-temps con-
nue , et employée, par les anciens, sous le nom de xx10y saæ1oy, oleum
cicinum , jouit également de qualités opposées , et de propriétés très-
différentes, selon qu’elle a été fournie par le périsperme seul, et
séparé de son embryon, ou bien par l'amande entière. Dans le pre-
inier cas , elle est douce, d’un goût agréable, adoucissante , lubré-
fiante, émolliente, relâchante; elle constitue un purgatif très-doux,
et jouit, en un mot, de toutes les propriétés des autres huiles douces.
Dans le second, elle est âcre et plus ou moins nauséeuse, elle excite
inflammation du pharynx , elle provoque le vomissement , enflamme
l'estomac, irrite l'intestin, produit des superpurgations terribles et
autres accidens formidables, et quelquefois mortels. Or, comme
l'huile de embryon sort avec beaucoup plus de difficulté que celle
du périsperme, et exige une beaucoup plus forte pression pour être
obtenue, il arrive qu'en soumettant les semences de ricin entières
à une pression modérée, ou bien en employant leur immersion dans
Veau chaude, pour obtenir leur huile, qui vient alors nager à la
surface du liquide, on obtient une huile très-douce, en tout sem-
blable à celle des autres substances émulsives; tandis que, si on
presse fortement, l'embryon, forcé de céder ses principes âcres et
vénéneux, communique à cette huile son âcreté et ses propriétés
drastiques et corrosives , et en fait ainsi un des purgstifs drastiques
les plus violens et les plus dangereux que l’on connaisse. On propose,
il est vrai, de débarrasser l'huile de ricin de tous ses principes
extractifs âcres, par des lavages réitérés, avec de l’eau légèrement
imprégnée d'acide sulfurique, mais je ne sais pas jusqu’à quel point
ce procédé est susceptible de la purger de toute qualité nuisible et de
la rendre propre aux usages alimentaires. Cette huile, lorsqu'elle
est exempte d'âcreté, a été recommandée comme un purgatif très-
avantageux dans un grand nombre de maladies, soit aiguës, soit
chroniques. D'après certains auteurs, sa manière d'agir est même si
RICIN.
douce, et son administration si facile qu'on peut la préférer à la
plupart des laxatifs, pour évacuer le méconium des enfans nouveau-
nés, et faire cesser les coliques qui les tourmentent. On loue ses
bons effets contre le volvulus, l’iléus, les hernies étranglées, les em-
barras intestinaux, les constipations opiniâtres, et presque loutes
les coliques. On en a particulièrement fait usage contre la colique
saturnine, et contre les différens accidens nerveux qui en sont la
suite, On s'en est également servi pour combattre la douleur occasio-
née par la présence des calculs biliaires dans les canaux cystique ou
cholédoque, et pour faciliter leur évacuation. Son emploi n’a pas
reçu moins d’éloges dans les maladies des voies urinaires, telles que
la néphrite, l'ischurie, la strangurie, et contre les calculs des reins
et de la vessie. Plusieurs observateurs assurent en avoir obtenu
beaucoup d'avantages dans le traitement de la dysenterie. Mais, de
toutes les maladies contre lesquelies on a plus ou moins préconisé
l'emploi de l'huile douce de ricin, les affections vermineuses sont
celles où elle a été le plus souvent administrée, et contre lesquelles
elle a eu le plus de succès. Un grand nombre d'observations fai-
tes en France, en Allemagne, en Suisse et en Angleterre, prouvent
en effet qu’elle est un des médicamens les plus certains que nous
possédions contre les ascarides lombricoïdes, et contre les ténias.
MM. Odier et Dunant, de Genève, ont particulièrement reconnu
son efficacité contre les vers de ce dernier genre, et, chaque jour,
on l’emploie avec succès dans les hôpitaux de Paris, après que les
autres prétendus anthelmintiques ont échoué.
On peut administrer cette huile, depuis trente-deux jusqu’à cent
trente grammes (une à quatre onces) et au delà. Pour plus de sû-
reté, on la fait prendre à la dose de demi-once, chez les adultes,
et d'un ou deux gros, chez les enfans, toutes les demi-heures ou tou-
tes les heures, jusqu'à ce qu’elle produise son effet. On peut lingé-
rer, soit seule, soit associée avec le sucre ou un sirop, avec le suc
de citron ou toute autre substance aromatique agréable. Souvent
on l’unit avec nn quart ou la moitié de son poids de jaune d’œuf ou
de gomme arabique, et on en fait une émulsion que l’on édulcore
et aromatise convenablement. On peut l’administrer en lavement,
et même en onctions sur le ventre.
RICIN.
Loin d'être âcres et vénéneuses , ainsi que certains auteurs l'ont
trop légèrement avancé , les feuilles du ricin paraissent jouir de qua-
lités exclusivement émollientes, relâchantes et adoucissantes. Lors-
, A # 2 # .
qu’elles sont fraîches ou légèrement fanées, on les applique quel-
quefois sur les articulations, pour calmer les douleurs atroces de
l’arthritis et de la podagre; appliquées sur la tête, on leur a attri-
P es ie ,
bué la guérison de la migraine, et, sur le ventre, la cessation des
coliques, qui, probablement, devaient leur disparition à d’autres
causes. Pilées et réduites en cataplasmes, on les applique sur les
yeux, dans l’ophthalmie, et, sur différentes parties du corps, contre
les panaris, les bubons et autres inflammations locales. En macéra-
üon dans le vinaigre, on leur a en outre attribué, contre la gale,
la teigne, les dartres, et autres affections chroniques de la peau,
une efficacité qui aurait besoin d’être confirmée par l'expérience
clinique.
L'huile de ricin est employée, dans certaines contrées, avec avan-
tage, pour éclairer. Si elle était préparée avec le soin convenable,
on pourrait également l’employer aux usages culinaires. Les habi-
tans de Java et de Malacca en font une espèce de vernis dont ils en-
duisent les vaisseaux.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite à la moitié de sa graudeur naturelle.)
1. Fleur mâle de grandeur naturelle. . Le même coupé Ragpoe 5
Paquet d’étamines soudées en un fais- à L'une des coques déta
ceau. 9. Graine surmontée sir caroneule.
3. Anthère, 10, La mème coupée verticalement, pour
4. Anthère coupée en travers. faire voir que l'embryon est au milieu
5. Fleur femelle. d’un périsperme
6, Fruit mûr
:
2 99:
RIZ.
CCOREEX.
RIZ.
Grec. ........:. opu£2: Dioscorides
oRyza; Bauhin, TiuvaË , lib. 1, sect. 4. Tournefort , clas, 15, sect. 3,
Latin, __
: ORYZA SaTiVa; Linné, hexandric digynie. Jussieu , clas. 2 , ord. 4,
famille des graminées.
Italien... . .. M.
Espagnol. ....... ARROZ
Poltagais:. 512... ARROZ
Français... .....,
ESPRITS RICE,
Allemahd..; .. #2: REISS
Hollandais. a
FLNIT RÉ DRASS AUS,
SRB. ie 15
Polonais A ide
Russè. :, :.,: «3 : ŒTRERD,
HORREUR TL. RISKASA,
je TS RE ARZ,
Japonais RAA A SE OME
Chinois; 5. . - MEU-HO,
Malais.
Chiot: : ter LU
“
Le riz, oryza , a été mentionné par tous les anciens botanistes
sous le nom qu’il porte encore aujourd’hui. Originaire des Indes
orientales, il s’est répandu rapidement dans tous les pays où il a pu
être cultivé. Partout il rivalise avec le froment , qu’il remplace chez
les Indiens, dont il est le principal aliment.
Cette intéressante graminée a ses fleurs disposées en une belle
panicule : chaque fleur est composée d’une bale calicinale fort
petite, à deux valves presques égales, uniflores; les valves de la co-
rolle sont naviculaires, comprimées latéralement, égales en lon-
gueur; l'extérieure cannelée, anguleuse, terminée par une longue
arête; deux petites écailles à la base de l'ovaire; six étamines ; deux
4
77e Livraison.
RIZ.
styles ; les stigmates plumeüx, en massue. Les semences sont blan-
ches, obtuses à leurs deux extrémités, marquées de deux stries à cha-
que face, de consistance cornée.
Les racines sont touffues , fibreuses et capillaires ; elles produisent
plusieurs chaumes épais, cannelés, cylindriques, glabres, articulés,
longs de trois ou quatre pieds.
Les feuilles sont fermes, larges, fort longues, striées, très-gla-
bres, assez semblables à celles de nos roseaux; leur gaîne très-lon-
gue, cylindrique, finement striée, munie d’une large membrane à
son orifice.
Les panicules sont longues, terminales, touffues, un peu serrées;
les rachis rudes , comprimés, un peu flexueux ; les fleurs blanchâtres;
les valves de la corolle persistantes sur les semences, dont la forme
et la grosseur varient, comme il arrive à toutes les plantes céréales
dont la culture a obtenu un grand nombre de variétés. (P3
Les semences sont les seules parties de cette graminée que la mé-
decine mette en usage. Lorsqu’elles ont été dépouillées de leur enve-
loppe corticale, elles sont oblongues, obtuses, sillonnées, blanches,
sèches, dures, friables sous la dent, inodores et d’une saveur fari-
neuse, Par la décoction, elles donnent à l’eau une couleur blanche,
opaque, et une consistance mucilagineuse. De toutes les graines
céréales, le riz est, sans contredit, celle qui, sous un volume donné,
contient la plus grande quantité de fécule nutritive. M. Vauquelin
et M. Braconnot ont en effet prouvé, par des analyses très-exactes,
qu'il est presque entièrement composé de matière amilacée, mais
aussi qu'il ne renferme qu'une très-petite quantité de gluten. D'a-
près le dernier de ces chimistes , on en retire 0,85 d’amidon;,
0,05 d’eau, et 0,04 de parenchyme. Les six centièmes qui restent
sont composés de très-petites fractions de matière végéto-animale;
de sucre incristallisable, de matière gommeuse , d'huile et de phos-
phate de chaux. :
Le riz doit les propriétés éminemment nutritives qui le distin-
guent de toutes les autres semences des graminées, et qui lui assi-
gnent le premier rang parmi les substances alimentaires, à la très-
grande quantité de matière amilacée qui entre dans sa composition:
Toutefois, associé à l’eau, soit en décoction, soit sous forme de
RIZ.
bouillie, il jouit de propriétés médicales très-manifestes , et agit avec
efficacité , à la manière des adoucissans, des émolliens et des lubri-
fians. On en fait des boissons mucilaginenses et ROBE .
l'usage est extrêmement utile dansles hé
des membranes muqueuses , et surtout dans fs catarrhes des bron-
ches, de la vessie, de l’urètre et du vagin. On loue, avec raison, ses
bons effets contre les irritations du canal intestinal. Les succès qu'on
en obtient, chaque jour, contre la diarrhée et la dysenterie, lui
ont acquis une réputation méritée dans le traitement de ces mala-
dies. Ses succès contre les flux de ventre ne sont cependant pas
dus, comme on l’a gratuitement avancé, à un principe astringent ,
qu'on y chercherait en vain, mais bièt à ses effets lubréfians
et adoucissans. Sous le double rapport de ses propriétés adoucis-
santes et analeptiques, le riz a été recommandé en outre, et à juste
titre, dans la phthisie pulmonaire, dans la fièvre hectique et dans la
plupart des consomptions. Divers observateurs en ont obtenu d’excel-
lens effets dans le traitement du scorbut, où, à cause de ses quali-
tés nutritives, il doit être en effet d’un très-grand secours, surtout
‘lorsqu'on a soin de l’associer aux acides végétaux, au sucre, au lait,
aux aromates, selon la nature des symptômes prédominans. Enfin,
cette substance pourrait être administrée avec beaucoup d'avantage
dans les affections des voies urinaires, et autres maladies, soit ai-
guës, soit chroniques, où le principal objet est d’étancher la soif par
des boissons douces et nourrissantes.
Toutefois, le riz est bien plus important «et d’un usage bien plus
étendu ; par ses usages diététiques que comme médicament. Modi-
fié par la coction dans l’eau, et par diverses préparations, il consti-
tue un aliment analeptique, très-facile à digérer, et très-agréable.
Il convient à tous les sexes, à tous les âges, à toutes les constitu-
tions, aux forts comme aux faibles, aux sujets sains comme aux
convalescens et aux malades , avec cette seule différence, que, pour
les hommes forts, il suffit de lui donner un léger degré de coction,
à la manière des Orientaux , tandis que, pour les sujets faibles et dé-
licats, il vaut mieux qu'il soit très-cuit ou réduit en bouillie. C'est à
tort qu’on lui a reproché de produire la constipation. S'il supprime
la diarrhée chez les malades, et s’il rend, dans l’état de santé, les
RIZ.
selles plus rares et moins abondantes, cela ne tient point aux vertus
styptiques ou astringentes qu'on lui a faussement attribuées, mais
bien à ce qu’il apaise, dans le premier cas, l'irritation dont le cours
de ventre était la suite, et à ce que, étant composé de matière pres-
que entièrement assimilable, il est , dans le second cas, absorbé pres-
que en entier , et ne laisse presque rien pour les matières fécales. Ce
n'est pas avec plus de raison qu’on a attribué à son usage la fré-
quence des cécités qu’on observe, dans l’Inde, parmi les peuples
dont il est la nourriture exclusive. Tant de causes puissantes con-
courent, dans ces contrées brûlantes, à la production de cette ma-
ladie , qu’il est souverainement absurde d’en accuser un aliment dont
l'excellence et la salubrité se manifestent à tous les yeux, par la
bonne santé, la force et la vigueur de tant de peuples , qui, de temps
immémorial, en font la base de leur alimentation.
En effet, les Chinois, les Persans, les Arabes, les Tures, les
Egyptiens, les Grecs modernes, et toutes les nations policées ou
plus ou moins barbares de l’Asie et de l'Afrique, en font leur nour-
riture habituelle. Les insulaires de la mer des Indes ne connaissent
presque pas d'autre céréale. Il est d’un très-grand usage dans le vaste
continent d'Amérique et dans les îles de la mer Atlantique. En Eu-
rope même, où il n’est, en général, considéré que comme un aliment
accessoire, il sert de nourriture habituelle à plusieurs nations. C’est
ainsi que les Piémontais, les habitans de la Lombardie, ceux d’une
partie de l'Italie méridionale , du royaume de Valence, en Espagne,
et de plusieurs cantons de Portugal , en font la base de leur nourriture.
On le mange , cuit à l’eau, avec du sel et des aromates. On le pré-
pare, avec le lait, le beurre, le sucre, le lard ou les jus de viandes.
On en fait des bouillies, des pâtes, des crêmes, des gâteaux très-
nourrissans et d’excellent goût; on l’associe aux viandes rôties et
bouillies; on le cuit avec le fromage, les raisins et toutes sortes de
fruits. Enfin, on le réduit en farine , on le pétrit avec l’eau, et on en
fait du pain. Ce pain, toutefois, est peu lié, sec, friable , à cause de
la petite quantité de gluten du riz, qui ne permet à sa pâte qu'une
fermentation et une panification incomplètes,
«x Le riz se donne; dans les maladies, à la dose de quatre grammes
ù {(demi-once) , en frais dans un some (deux livres ) d’eau,
RIZ.
et on a soin de l’édulcorer et de l’aromatiser, pour en rendre la bois-
son plus agréable, On peut le donner sous forme de gelée ou de
crême, à la dose de plusieurs onces par jour. Les Chinois en prépa-
rent , sous le nom de samsec, et les Japonais sous celui de sakkr,
une liqueur spiritueuse d’une odeur infecte, mais très en usage dans
ces contrées. À Java et à Malacea, on le distille avec le sucre et les
noix de coco, pour en obtenir l’arack, liqueur alcoolique très-eni-
vrante et très-recherchée en Orient.
La plante qui fournit le riz offre deux variétés remarquables. L'une
croît sans eau dans les terrains secs et sur les montagnes de la Co-
chinchine et de plusieurs autres contrées ; l’autre exige nécessaire-
ment des terres humides et submergées. Cette dernière, qui est la
plus répandue, et malheureusement la seule cultivée en Europe, est
aussi la cause de l’insalubrité des rizières et de la dépopulation des
pays où elles sont établies. Comme les terres où on cultive le riz sont
submergées pendant la plus -grande partie de l’année, lorsque les
eaux s’écoulent, la grande quantité de matières animales et végétales
qu’elles laissent à découvert, répandent, dans l'atmosphère, en se
putréfiant, des émanations tellement délétères, qu’il est impossible
d'échapper à leur redoutable influence. Les peuples qui se livrent à
cette culture sont pâles, flasques, décharnés, leucophlegmatiques,
sans cesse en proie aux fièvres intermittentes, aux lésions organiques
des viscères, au scorbut , aux hydropisies, et meurent presque tous
à la fleur de l’âge, avec tous les attributs de la cachexie. On y voit
rarement des hommes au delà de quarante ans; la mortalité y est
telle, et les générations y passent si rapidement, que les pays au riz
seraient bientôt dépeuplés, si les habitans des contrées plus saines,
attirés par le gain certain attaché à cette insalubre culture, ne ve-
naient chaque année remplacer ceux qui y ont trouvé leur tombeau.
Les émanations pernicieuses des rizières s'étendent même, quelque-
fois, à de grandes distances, où elles occasionent des épidémies
meurtrières, ce qui a obligé les gouvernemens éclairés à leur assigner,
à une certaine distancé des villes, des limites,au delà desquelles il
n’est pas permis d’en établir. Si la voix de l'humanité outragée peut
se faire entendre quelque jour de ceux qui ont entre les mains les
destinées des peuples, il faut espérer qu’on abolira complètement les.
RIZ.
rizières , et qu'on remplacera la pernicieuse culture de la variété
aquatique du riz, par celle qui croît sur les parties les plus arides et
les plus froides de la Cochinchine, et qui réussirait très-bien dans
nos contrées. Cependant, avant que ce vœu se réalise, combien de
victimes auront été dévorées par le fléau dévastateur des rizières, et
combien de générations d’hommes laborieux auront été sacrifiées
aux avantages inappréciables que cet aliment procure à presque tou-
tes les nations du globe?
Les tresses délicates dont se composent ces élégans chapeaux de
paille dont les femmes d'Europe ornent leur tête, sont construites
avec la paille de riz.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
fY À: RULES EN NUS S | sé Æ * |
(ERP F4 naturelle.)
1. Fleur entiere, grossie. 2. Graine.
300.
#
Zurpm P
ROMARIN.
_ ZLembert À D7/E
«al :
CCC.
ROMARIN.
Grec ysak ae MBavarie, Dioscorides , en,
ROSMARINUS SPONTANEUS , air folio ; Bauhin, TrvaË, lib. 6, sect. 3.
Tournefort, elas. 4,
ROSMARINUS OFFICINALIS ; ie dielilé monogynie. Jussieu, clas. 8,
ord. 6, famille des labiées.
Latin... si 420
HART à - ROSMARINO ; ROMERINO
OR 8»: MERO
Portugais. . :....,. ROSMARINHO
DRE Lun dd ROMARIN
nou ÉTÉ OSEMARY
Allemand, ....,.. ROSMARIN
Hotandair. ROSMARYN
LL PERS re ue ROSMARYN.
SRÉTOISÉ. SEL in ROSMARIN,
A RSS RER KLIT,,
CRE YONG-TSA0,
LE romarin croît en abondance sur les rochers des contrées méri-
dionales de l'Europe, dans la Grèce, le Levant, la Barbarie, etc.
Les anciens l’ont aussi nommé herbe aux couronnes , probablement
parce qu'il entrait dans la composition des bouquets, s’entrelaçait
dans les couronnes avec le myrte et le laurier : on le trouve cité fré-
quemment dans presque toutes les vieilles chansons érotiques, dans
les fabliaux et les tensont des troubadours. Son arôme, en exaltant
le cerveau , favorisait l'enthousiasme, et ajoutait à l'ivresse des fêtes
de l'amour.
Le caractère essentiel du romarin consiste dans un calice à deux
lèvres, comprimé à son sommet, nu à son orifice pendant la matu-
ration ; la lèvre supérieure est entière, l’inférieure à deux lobes; la
corolle labiée ; deux étamines; les filamens arqués , munis d’une seule
dent; un style; un stigmate simple, quatre semences nues au fond
du calice.
Cet arbrisseau s'élève sur une tige droite , rameuse, à la hauteur
1.
LS 78: Livraison.
ROMARIN.
de trois à quatre pieds et plus : ses‘rameaux sont grêles, allongés,
d'une couleur cendrée. ,
Les feuilles sont sessilés, opposées, un peu dures, étroites, li-
néaires, vertes en dessus, blanchâtres en dessous, et un peu roulées
à leurs bords; dans les individus sauvages , elles sont un peu plus
larges, vertes à leurs deux faces, à peine repliées sur leurs bords.
Les fleurs sont disposées en petites grappes touffues, axillaires,
opposées; leur pédoncule est pubescent, muni de petites bractées
tomenteuses et caduques.
Leur calice est légèrement pubescent ; la corolle d’un bleu pâle
où blanche, avec des pointes bleuâtres; son tube plus long que le
calice; le limbe à deux lèvres; l’inférieure réfléchie, à trois lobes
inégaux , celui du milieu plus grand et concave. (P.)
Le romarin est très-connu et dès long-temps célèbre par l'odeur
fragrante, aromatique, très-agréable, qu'il exhale, soit dans l’état
frais, soit dans l’état de dessiccation. Sa saveur est chaude , aroma-
tique, et un peu amère. Cette dernière qualité parait être due au
principe gommo-résineux qu’il renferme, tandis que son arôme pa-
raît tenir, en grande partie, à l’huile volatile limpide et très-odo-
rante qu'on en retire par la distillation. Il contient, en outre, du
camphre , et même en plus grande quantité que la plupart des au-
tres labiées. Neumann, Léwis et Cartheuser, en ont obtenu un
extrait alcoolique, le premier essentiellement amer, et le second
aromatique.
Cette plante , qui figure avec honneur parmi les médicamens aro-
matiques indigènes, est essentiellement tonique et excitante. Lors-
qu'on l'ingère, elle fait éprouver un léger sentiment de chaleur
à l'estomac, et y exerce une excitation prompte et vive, qui se
transmet bientôt aux différens appareils de l’économie animale, sur-
tout au système nerveux, et active consécutivement toutes les fonc-
tions organiques. Aussi elle augmente l’action du cœur et accélère
la cireulation; elle sollicite celle des vaisseaux exhalans, cutanés,
bronchiques, utérins, et provoque la transpiration ou la sueur, les
exhalations pulmonaires et l'écoulement des menstrues, selon que
son action est plus spécialement dirigée sur le cœur, sur la peau,
sur les bronches et sur l'utérus. C’est ainsi qu’on peut se rendre
ROMARIN.
raison des propriétés céphalique, nervine, cordiale, diaphorétique,
béchique, emménagogue, etc., dont elle a été décorée, et dont elle
jouit réellement dans certains cas d’atonie et de débilité. Mais il ne
faut pas oublier que tous ces effets secondaires , aussi bien que les
propriétés échauffantes , apéritives , incisives , résolutives , qu’on lui
a libéralement accordées sous l'empire des théories mécaniques, dé-
pendent nécessairement de son action tonique et de l'excitation
qu'elle exerce sur nos organes. On ne doit donc point en faire usage
dans les maladies inflammatoires , ni dans celles qui sont accompa-
gnées de chaleur , de soif, de sécheresse à Ja peau , ou d’un état gé-
néral d'irritation. Mais elle peut être très-utile dans les affections
accompagnées de débilité, où il faut mettre en jeu l’action de cer-
tains organes et activer la circulation.
Comme nervine et céphalique, elle a été spécialement recomman-
dée contre les vertiges, la syncope, l’asphyxie, l'hystérie, la para-
lysie , l'asthme humide, et contre les accès de certaines fièvres inter-
nittentes. En raison de ses vertus tonique et stomachique, elle a été
singulièrement vantée contre la dyspepsie idiopathique , la chlorose
et l'hypocondrie. Comme cordiale, on l’a vantée dans l’asphyxie et
les défaillances. C’est à ses effets diaphorétiques qu’elle est redevable
des succès qu’on lui attribue dans les catarrhes chroniques, et au-
tres affections des membranes muqueuses , qui sont liées, comme on
sait, par une si étroite sympathie avec la peau. Si, comme le pré-
tend Welsch, elle a été utile contre la diarrhée , et si, comme Schultz
l’a expérimenté, elle a été employée avec avantage dans la leucor-
rhée, on ne peut attribuer ces succès qu’à la dérivation salutaire
qu’elle aura opérée sur la peau, en déterminant la transpiration. Enfin,
les avantages qu'on lui attribue, comme emménagogue, s'expliquent
très-bien par lutile excitation qu'elle opère sur utérus lorsque la
suppression menstruelle est due au défaut d’action de cet organe.
A l'extérieur , on applique le romarin ou ses produits, comme ré-
solutif, sur les tumeurs froides, sur les engorgemens pâteux et indo-
lens, et sur les ecchymoses exemptes de douleurs. Heister a obtenu
surtout de très-bons effets de son application topique sur des tu-
meurs scrofuleuses du cou. D’autres auteurs l'ont employé en sachets
contre l'œdème, et l’on conçoit que, dans tous ces cas, il a pu être
ROMARIN.
utile , sous différentes formes, pour augmenter l'absorption et favo-
viser la résorption des fluides épanchés.
Le romarin est ordinairement administré, en infusion théiforme,
convenablement édulcorée; son huile peut être ingérée à la dose
d’une à six gouttes dans du sucre, un jaune d'œuf, ou toute autre
substance appropriée. A l'extérieur, on l'applique en sachets qu’on
laisse à demeure sur les parties affectées, ou en infusion, sous forme
de fomentations et d’embrocations fréquemment renouvelées. On
administre aussi son huile essentielle, en onctions, après l'avoir in-
corporée dans une huile grasse. Le miel an/hosantum jadis très-
célèbre , et aujourd’hui oublié, s'obtient par la macération des feuil-
les et des fleurs de romarin dans le miel. En l’associant avec le su-
cre, on en prépare une conserve, qui est très-peu usitée. Cette plante,
enfin, est un des principéaux ingrédiens de l’eau céphalique de
-Bocler , et de la fameuse eau de la reine de Hongrie, laquelle était
préparée par cette reine elle-même, qui prétendait en avoir reçu la
formule d’un ange.
Le romarin sert à aromatiser le riz en ftalie, et les jambons parmi
nous. Les habitans du midi de l'Europe l’emploient en outre commé
assaisonnement dans plusieurs circonstances. Il est d’un grand usage
dans l’art du parfumeur , pour la préparation de divers cosmétiques.
Il donne, dit-on, un excellent goût à la chair des moutons qui le
broutént. Lés anciens en composaient des couronnes, dont ils or-
naient leur tête dans les cérémonies religieuses. Il est d'usage, dans
certains pays, de placer üne branche de cette plante Aromatique
dans la main des morts avant de les ensevelir.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plañte est de grandeur naturelle.)
r, Fleur entière. 4. Pistil.
2. Calice. 5. Une graine,
3. Corolle ouverte,
Zurpin Pit
ROSAGE.
a-{l
CCCI
ROSAGE.
RHODODENDRON CHRYSANTHUM, Pallas.
RHODODENDRON MAXIMUM; foliis nitidis, ovalibus, obtusis, venosis,
Laliti3s: 572 .
margine acuto reflexo, pedunculis unifloris. Linné, décandrie mo-
nogynie, Jussieu, clas. 9, ord. 5 , famille des rosages.
Français... ..,. .. ROSACE
RES... GICHTNOSE; SIBIRISCHE SCHNCEROSE.
MS Eur SCHABINA TRAWA
Ares nr ET SCHET
IL croît sur les hauteurs des Alpes, et dans les montagnes des
Pyrénées, plusieurs belles espèces de rLododendron , qui rivalisent
aujourd'hui, dans nos jardins, avec les lauriers-rose, surtout quel-
ques-unes qui nous viennent du Levant et de l'Amérique septentrio-
nale; mais celle dont il s’agit ici est différente. Elle a été découverte
par Pallas sur les montagnes les plus froides de la Sibérie.
C'est un arbrisseau bas et rampant, dont les tiges sont chargées
de rameaux nombreux et diffus, très-glabres, d’un brun cendré.
Les feuilles sont médiocrement pétiolées, alternes, éparses, plus
nombreuses vers l'extrémité des rameaux, ovales-oblongues, ridées,
quelquefois rétrécies à leurs deux extrémités, glabres, entières;
vertes en dessus, plus pâles et un peu roussâtres en dessous, à ner-
vures réticulées.
Les pédoncules sortent d’un bourgeon latéral; ils supportent des
corymbes presque en ombelle, composées de grandes fleurs d’un beau
jaune, campanulées , presque en roue.
Le calice est d’une seule pièce, à cinq découpures persistantes ; la
corolle monopétale, le tube court, le limbe étalé , à cinq lobes arron-
dis ; dix étamines insérées sur le tube de la’ corolle; un ovaire supé-
rieur, à cinq faces; un style; un stigmate obtus.
Le fruit consiste en une capsule ovale, presque angulems à cinq
78c Livraison,
ROSAGE.
loges; les semences nombreuses, adhérant à un placenta central,
muni de cinq crêtes saillantes dans le milieu des loges.
Cette plante, lorsqu’elle est sèche et en paquets, exhale une odeur
légèrement nauséeuse. Ses feuilles, dont on fait plus particulière-
ment usage en médecine, sont astringentes et amères; à une saveur
très-austère, ses Jeunes rameaux joignent une certaine âcreté.
L'eau s'empare de toutes les propriétés actives du rosage, soit par
la décoction , soit par linfusion long-temps prolongée : de sorte que
la décoction aqueuse de cette plante est astringente, amère et âcre,
et précipite en noir par le sulfate de fer.
Introduite dans la matière médicale par les médecins russes, cette
espèce de rhododendron est encore très-peu usitée en Europe, où
l'on ne connait guère ses propriétés, que par ce que rapportent de
son action les voyageurs qui ont parcouru la Russie et la Sibérie, et
particulièrement par ce qu’en ont dit Gmelin et Pallas.
Au rapport de ce dernier, il paraît que les cerfs la broutent impu-
nément. Les habitans du nord de la Russie se servent même avec
avantage de l'infusion légère de ses feuilles en guise de thé; mais il
paraît qu’elle n'a pas la même innocuité pour tous les homimes, ni
pour toutes les espèces d'animaux. Son action varie en effet, selon le
sol qui lui a donné naissance, selon l'époque à laquelle elle à été
récoltée, selon les parties qu'on en emploie, selon l'habitude et le
degré dé susceptibilité des individus qui en font usage; souvent
même elle est douée de qualités très-vénéneuses.
Murray rapporte qu'un chevreau, après avoir mangé quelques
feuilles de rosage, commença à trépigner, à donner de la tête con:
tre térre, sa démarche devint chancelante; il tomba enfin sur les
genoux, et cet état ayant disparu au bout de quatre heures, il ne
voulut plus en manger. Chez l’homme , son infusion concentrée,
ainsi que sa décoction , produit une légère ivresse, une chaleur vive;
la suspension des fonctions de l’entendement , une foule d'anomalies
nerveuses, el autres phénomènes variés : ainsi , tantôt elle provoque
le vomissement , tantôt elle produit des évacuations alvines. Dans
quelques cas, il en est résulté üne abondante sécrétion d’urine , des
sueurs ; ou l'écoulement des larmes; très-souvent elle a donné lieu à
l'obscurcissement de la vue, à V'ardeur et à la constriction de l’æso-
ROSAGE.
phage , à la dyspnée et à l'oppression de poitrine ; dans certains cas,
le prurit des yeux, du nez ou de quelque autre partie du corps , des
douleurs dans les membres, des fourmillemens, un sentiment de
brûlure ou de piqüre dans différentes régions, ou même un état de
torpeur en ont été les résultats. Enfin , on lui a vu produire des con-
vulsions et des exanthèmes. Or, de semblables effets , résultant , d’une
part, de l'excitation des organes sécréteurs, et, d’une autre part,
d’une influence vénéneuse spéciale sur le système nerveux, tendent à
manifester dans cette plante des propriétés excitantes qui paraissent
résider dans ses principes amer et astringent , et une âcreté partieu-
liëre dont le principe n’a point encore été déterminé par l’analyse ,
mais qui semblerait rapprocher le rosage de la plupart des poisons
âcres. M. Orfila signale même le décoctum de ce rhododendron,
comme susceptible d’'enflammer les tissus , et par conséquent, comme
très-vénéneux. Divers auteurs lui attribuent en outre, une propriété
narcotique , mais elle aurait besoin d’y être mieux constatée qu’elle
ne l’a encore été.
A l'extérieur, on à fait usage de cette plante contre l’odontalgie
et dans le traitement local de certains ulcères qui étaient probable-
ment de nature atonique. En Sibérie , on s’en est servi comme errhin,
sous forme pulvérulente, dans la céphalalgie et dans le catarrhe pi-
tuitaire, où il est difficile de croire qu'un semblable irritant puisse
avoir beaucoup de succès. Elle a été quelquefois appliquée en as-
persions sur la peau et sur le cuir chevelu, contre les pous.
A l’intérieur, on a particulièrement annoncé ses succès contre les
douleurs arthritiques et rhumatismales, dans des circonstances, sans
doute, où ces affections étaient exemptes d’excitation générale et de
symptômes inflammatoires. On trouve dans Murray qu’elle a été
administrée avec avantage dans un cas d’ischialgie. Différens succès
lui sont attribués contre la maladie vénérienne, la paralysie, et
plusieurs autres affections chroniques de la famille des névroses.
Cependant, le rosage n’a été jusqu’à présent employé que par un
trop petit nombre de médecins, et les cas dans lesquels on en a fait
usage, sont trop peu nombreux, pour qu’on puisse généraliser les
avantages qu’on paraît en avoir obtenus : de sorte que, en attendant
que les expériences et les observations cliniques aient fixé les idées
ROSAGE.
des praticiens sur la nature des effets consécutifs qu’on peut atten-
dre d’un semblable médicament dans les maladies, il est prudent de
ne l’administrer qu'avec une grande circonspection.
On pourrait le donner en poudre à la dose de quelques grains, en
suspension dans un liquide ou sous forme pilulaire , avec l'attention
d’en augmenter la dose successivement et jour par jour, à mesure
qu’on en observerait les effets ; en infusion dans le vin ou dans l’eau,
et en décoction dans ce dernier liquide, elle pourrait être adminis-
trée d’un scrupule à un gros dans quatre onces de liquide, une ou
plusieurs fois le jour; mais comme ses effets sont très-variables et
peu connus, et qu'il est susceptible de produire des accidens graves,
on doit porter la plus grande attention à son mode d'administration.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
{La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.}
1. Étamine. 4. Fruit coupé horizontalement.
2. Pistil, 5. Graines de grandeur naturelle.
3. Fruit. 6. Graine grossie.
Zurre PZ: Lambert À Seul
ROSE.
Fe a. £ C.
CCCIT
ROSE.
Grec, ste nx «6 à 5 PUR
ROSA RUBRA MULTIPLEX ; Bauhin, TivaË, lib. 12, sect. 4. Tournefort ,
r, sect. 8, gen. 7
Latin... ... ** * *\ Rosa GALLICA ; germinibus ovatis pedunculisque hispidis, caule petio-
lisque hispido-aculeatis. Linné, icosandrie polygynie. Jussieu,
as. 14, ord. 10, famille des rosacées.
MOMER: 5 un ROSA,
POBNOE ei: - ROSA
Portugais. . ... 05
PORDBIL 5. 652558 ROSE; ROSE DE PROVINS
MR dé e à à à R
ARMARL.EE SET PE ROSE
Hollandais. . ..... ROOS
DO, 5 ce ROSE
SHÉADIS. 5 Ms ns R
Polonais. ares ROZA
La rose, une des plus brillantes productions du règne végétal, à
été chantée, par les poètes de tous les âges, comme la reine des
fleurs; célébrée chez toutes les nations, comme l'emblème de la
beauté, dans le premier éclat de sa fraîcheur. Tout ce qu’on peut
imagimer de plus parfait dans les formes, de plus suave dans les
odeurs, de plus séduisant dans les couleurs, se trouve réuni dans
la rose.
La rose a fourni de nombreuses et de très-belles variétés; mais,
sous ce luxe de beauté, disparaissent les caractères du genre , et ces
précieux attributs qui assurent la reproduction de l'espèce : ils ne
se trouvent que dans la rose simple et modeste des champs, dans
laquelle on distingue un calice ovale ou sphérique, rétréci à son
orifice, et divisé en cinq découpures concaves, puis alongées, lan-
céolées, dont deux ou trois sont munies à leurs bords d’appendices
foliacés , en forme d’aile; cinq pétales en cœur, insérés à l'orifice du
calice, ainsi que les nombreuses étamines; des ovaires nombreux
3
78° Livraison.
ROSE.
renfermés dans le calice, surmontés par autant de styles rappro-
chés, dans quelques espèces, en une colonne cylindrique. Après sa
fécondation , le calice s'agrandit, devient un péricarpe charnu ;
une forte baie couronnée par les divisions du limbe, renfermant
des semences hispides, osseuses, attachées aux parois internes du
calice.
Les roses de Provins (rosa gallica, Lin.) sont fournies par un
arbrisseau qui croît naturellement sur les collines boisées et pier-
reuses dans plusieurs contrées de la France, en Auvergne, aux envi-
rons d'Orléans, de Genève, de Turin, etc.
Ses tiges sont rameuses, hautes de trois à quatre pieds, armées
d’aiguillons nombreux, un peu crochus, épars, rougeâtres, persis-
tans ou caducs.
Les feuilles sont alternes , pétiolées , ailées, composées de cinq à
sept folioles ovales ou un peu arrondies, fermes, glabres, d’un vert
foncé en dessus , glauques, blanchâtres et un peu pubescentes en-des-
sous , bordées de dents glanduleuses ; les nervures, les stipules, les
pétioles, les pédoncules, et la base des calices chargés de poils
glanduleux.
Les fleurs sont solitaires, pédonculées, latérales ou terminales ;
les pédoncules allongés, plus ou moins hispides; le calice ovoïde ; le
limbe à cinq découpures alternativement pinnatifides : la corolle
grande, d’un rouge pourpre très-foncé, panachée dans quelques
variétés ; les pétales légèrement échancrés , un peu crénelés, Les styles
libres et un peu velus; les fruits rouges, ovales, presque glabres.
Les pétales sont les seules parties de cette plante qui soient em-
ployées en médecine. On les récolte avant leur épanouissement ;
lorsqu'ils sont desséchés, et ils ne jouissent qu’à un faible degré de
l'odeur fragraute et suave de la rose, mais ils offrent une saveur
styptique et amère très-prononcée . Léwis a observé que leur qualité
astringente est beaucoup plus développée lorsque leur dessiccation à
été opérée rapidement , à l’aide du feu, que lorsqu'ils sont desséchés
lentement. La chimie ne nous a point encore convenablement éclaire
sur la nature des principes constituans de la rose rouge. Tout c®
qu'on connaît, à ce sujet, se borne à savoir qu'elle contient du mu-
L
ROSE.
cilage, du tannin soluble dans l’eau froide, et qui donne à son in-
fusion aqueuse la propriété de noircir, quand on y verse du sulfate
de fer, et une certaine quantité d'huile volatile, qui jouit à un haut
degré de l'odeur suave et délicieuse qui caractérise cette fleur.
Par ses qualités astringente et amère, elle agit comme tonique sur
l'appareil digestif, et par suite sur le reste de l’économie animale; et,
en vertu de son arôme, elle exerce une excitation vive et instantanée
sur le système nerveux. Mais ce dernier effet appartient plus parti-
culièrement à l’huile volatile fragrante qu’on en retire par la distil-
lation, et qui, par cette raison, a été placée au rang des cordiaux ,
des céphaliques et des antispasmodiques, tandis que les pétales eux-
mêmes ont été plus particulièrement décorés des vertus roboran-
tes, apéritives, résolutives, répercussives, etc. Quelques auteurs leur
reconnaissent en outre une propriétés purgative, résultat de l’exci-
tation qu'ils exercent sur le canal intestinal. Potérius a même expéri-
menté, plusieurs fois, qu’un gros de ces pétales, réduits en poudre,
suffit pour procurer trois ou quatre selles; mais on ne les emploie
point parmi nous, sous ce rapport. On y a ordinairement recours
pour relever le ton de l’estomac et de l’intéstin , et consécutivement
celui des poumons et autres organes qui sympathisent avec l'appareil
digestif. C’est ainsi qu’on en recommande l’usage dans les catarrhes
chroniques, et particulièrement eontre les écoulemens des membra-
nes muqueuses, On a surtout préconisé leurs succès contre la leucor-
rhée et la diarrhée, où on les administre , soit par la bouche, soit
en injection. Déjà , du temps d’Avicenve, on avait attribué aux roses
rouges une grande efficacité contre la phthisie pulmonaire. D’après
quelques faits cités par Valériola, Forestus, Rivière, Buchan, on
pourrait croire, en effet, que ces auteurs sont parvenus , au moyen
de leur administration long-temps continuée, à suspendre la marche
de la phthisie, et même à la guérir. Mais ces observateurs adminis-
traient cette substance sous forme de conserve, c’est-à-dire avec une
très-grande quantité de sucre, souvent même avec du lait ou des
substances mucilagineuses : ils faisaient prendre de très-grandes
quantités de ces mélanges, puisqu'ils citent des inalades qui ‘en
avaient ingéré jusqu’à viugt ettrente livres dans le cours de leur trai-
tement. Or, 1l est évident que les succès qu'on a pu raisonnablement
ROSE.
obtenir d’un semblable moyen diététique et analeptique, doivent
être attribués, en grande partie, au sucre et aux mucilagineux aux-
quels, dans ce cas, les roses rouges pourraient être considérées
comme servant de simple condiment. On a également préconisé la
rose contre les hémorragies pulmonaires, utérines et autres, dans
un temps où les astringens étaient mal-à-propos regardés comme le
spécifique de ces affections. Mais si, comme les physiologistes mo-
dernes l'ont prouvé, les hémorragies sont le résultat de l'irritation
des membranes, il est évident que leurs moyens de guérison doivent
être pris bien rarement dans les toniques et les excitans.
Comme cordial et céphalique, ou plutôt pour agir instantanément
sur le système nerveux, et par conséquent sur le cœur, on a plus
particulièrement recours à l’huile essentielle de rose , connue sous le
nom d'essence de roses. Les anciens n’ont point ignoré ses effets exci-
tans; Hippocrate en recommandait l'usage dans les maladies de
l'utérus, et Galien pour dissiper les inflammations commençantes.
Aujourd’hui on ne s’en sert guère que comme adjuvant, dans diffé-
rentes préparations toniques et stimulantes, dont elle masque, par
son arôme délicieux, lodeur et la saveur désagréables.
Comme topique, on associe quelquefois la poudre des pétales de
roses rouges aux différens sternutatoires. On en fait des cataplasmes
résolutifs et des sachets toniques qu’on applique avec avantage sur
les tumeurs froides et indolentes, sur les engorgemens pâteux et ato-
niques , pour en favoriser la résolution ; ces derniers sont aussi quel-
quefois employés contre l’œdème des membres, pour solliciter lab-
sorption de la sérosité épanchée dans le tissu cellulaire. Leur infu-
sion aqueuse ou vineuse est en usage, sous la forme de bains locaux
et de fomentations, pour remédier au relâchement de certains or-
ganes.
Les roses rouges sont employées intérieurement, en poudre, à la
dose de deux à quatre grammes ( demi à un gros), ou, en infusion,
depuis quatre jusqu’à huit grammes et plus, dans un kilogramme
d'eau ou de vin. Son huile volatile ne se donne que par gouttes;
soit avec du sucre, soit en oléo-saccharum , Soit dans un julep ap-
proprié. La dose de leur conserve est de trente-deux à cent cin-
quante grammes par jour (une à huit onces}). Leur sirop se donne
ROSE.
ordinairement à la dose de trente-deux ou soixante grammes ( envi-
ron une ou deux onces). Elles entrent dans une quantité innombra-
ble de médicamens officinaux, et autres préparations pharmaceuti-
ques, tombées en oubli, et dont les plus remarquables sont le miel
rosat, le sucre rosat, le vinaigre rosat, les teintures alcooliques de
roses, plusieurs eaux distillées de roses, soit simples , soit compo-
sées; l’électuaire de suc de roses de Myrcneté, des rer rosat de
Mésué, et le cérat de Galien.
L'eau distillée de roses, et leur huile volatile, sont quelquefois
employées par les cuisiniers pour aromatiser certaines préparations
culinaires; par les limonadiers, pour la préparation des sorbets, des
glaces et des liqueurs. Les confiseurs composent, avec leurs pétales,
des tablettes, des pastilles, des conserves et des dragées ; les parfu-
meurs en font un très-grand usage pour la fabrication des pommades,
des poudres, des pâtes et autres cosmétiques. Les pharmaciens em-
ploient , chaque jour, leur huile volatile, pour aromatiser les médi-
camens , et pour en masquer l'odeur et la saveur rebutantes.
Le rosier est cultivé avec soin dans tous les jardins. Ses fleurs
flattent également nos sens par l'éclat de leur couleur et par la sua-
vité de leur arôme.
ROSENBERGIUS (1.-c.), Rhodologia; in-4°. Argentorati, 1628.
kkaus (rudolphus-culielmus), Disserta io de rosé; in-4°. Jenæ, 1732.
HERRMANN (1.), Dissertatio de rosä ; im-4°. Argentorati, 1562.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
PA PA SET tdi deux tiers de sa grandeur naturelle.)
Zopn2t - Zaméert F Seup!
ROSE AU - AROMATIQUE .
ab.
CCCTIT.
ROSEAU AROMATIQUE.
Crétip iii .. a%opoc, Dioscorides
ACORUS VERUS, SiVE CALAMUS AROMATICUS OFFICINARUM ; Pauhin » Tiva£ ,
1b. r , sect. 6
PAT, NE De È
p ACORUS CALAMUS; Linné , hexandrie monogynie. Jussieu, cl. 2, ord. ,
mille des aroïdes
FOR SE ACORO ; CALAMO; CANNA ODORIFERA.
HIDE rire, ACORO CALAMO.
Portugais. . ...... ACORO CALAMO; CANNA CHEIROSA.
Français... ...... ROSEAU AROMATIQUE.
PAPER: 5 25 04e SWEET SMELRING FLAG; SWEET CANE.
Alleman . KAI
Hollandais. . ..,.. KALMUS
Die not KALMUS
SUÉAOIES 5. 04 KALMUS
ArObES NTI AS 'AGE
Crrre singulière plante n’a pas échappé aux regards des premiers
observateurs. Elle habite les fossés et le bord des eaux dans plusieurs
contrées de la France dans l'Alsace, la Hollande, la Belgique, le
Piémont, etc.
Ses racines sont de la grosseur du doigt, noueuses , ‘traçantes,
horizontales, blanches en dedans, et garnies de beaucoup de cheve-
lus; elles répandent une odeur aromatique, ainsi que les feuilles,
lorsqu'on les froisse entre les mains, De différens points de Ja racine
s'élèvent des tiges droites , glabres, simples, comprimées , assez sem-
blables aux feuilles.
Celles-ci sont droites, longues, étroites, en forme de lame d'épée,
s’'engainant par le côté comme celles des iris.
Les tiges se fendent latéralement, à peu près vers le milieu de leur
hauteur; il sort, de cette fente, un chaton en forme d’épi, sessile,
assez épais, un peu rétréci vers son sommet, à peu près long de
deux pouces, tout couvert de petites fleurs sessiles, très-serrées les
unes contre les autres.
78° Livraison.
ROSEAU AROMATIQUE.
Chaque fleur offre un calice, ou une corolle, composé de six
pièces courtes, ovales, persistantes ; six étamines libres, opposées
selon les uns, alternes selon d’autres, avec les divisions du calice;
un ovaire supérieur surmonté d’un point court , qui forme le stigmate;
point de style.
Le fruit est une capsule pyramidale , triangulaire, obtuse, sillon-
née, à trois loges monospermes.
La racine du roseau aromatique est la seule partie de cette plante
que la médecine mette en usage. On en trouve deux variétés dans le
commerce. L'une, apportée de la Tartarie et de la Pologne, géné-
ralement connue sous le nom d’acorus verus , est de la longueur et
de la grosseur du doigt, noueuse, cylindrique , un peu aplatie, rous-
sâtre à l'extérieur, et blanchâtre intérieurement; l’autre désignée
sous le nom de calamus aromaticus, et qui nous vient du Levant,
par Marseille, est de la grosseur d’une plume, d’un gris rougeñtre
au dehors, et blanche au dedans. Toutes deux exhalent une odeur
agréable , et offrent une saveur chaude, amère, âcre et aromatique ;
une petite quantité d'huile volatile, un extrait aqueux très-aromati-
que, et un extrait spiritueux, presque inerte, sont les principes
qu'on s’est borné à y reconnaître jusqu'à présent.
Par suite de l’action tonique, prompte, intense et instantanée que
cette plante exerce sur l’économie animale, elle a été réputée exci-
tante, stomachique, diaphorétique, alexitère, diurétique, inci-
sive, etc., mais elle ne peut produire ces différens effets secondai-
res, on le sent très-bien , que lorsque nos organes, exempts d’inflam-
mation et d'irritation, sont dans un état d’atonie et de relâchement.
Ainsi elle a été souvent employée dans l’état de débilité gastrique,
pour remédier à l’inappétence, aux flatuosités et aux diarrhées mu-
queuses qui en sont quelquefois la suite. On l’a également adminis-
trée contre les vertiges, la céphalalgie, les douleurs hypocondria-
ques, et autres accidens nerveux, qui tiennent souvent à l’altération
des propriétés vitales du canal intestinal. Quelques auteurs ont loué
ses bons effets dans la leucorrhée et les catarrhes pulmonaires chro-
niques ; d’autres ont vanté ses succès contre la dysenterie. Mais elle
paraît être bien plus utile dans ces phlegmasies, pour exciter secon-
dairement l’action de la peau et augmenter Ja transpiration , que
ROSEAU AROMATIQUE.
pour agir directement sur les membranes muqueuses, dont elle ne
pourrait qu'augmenter lirritation. C’est par suite de ses effets dia-
phorétiques, qu'on en a recommandé l'usage dans les affections
exanthématiques , lorsque l’éruption languit par défaut d'action de
la peau, comme cela a lieu chez les sujets faibles et cacochymes.
Quelques observateurs enont , en outre, conseillé l'emploi dans les
lésions de la menstruation chez les femmes lymphatiques et décolo-
rées, où les aromatiques conviennent généralement, On à encore
annoncé ses succès contre les fièvres intermittentes accompagnées
de débilité, contre les affections vermineuses ; et je ne doute pas que,
dans beaucoup de cas, elle n’y soit utile; mais je ne pense pas qu'il
y ait le moindre avantage à administrer cette racine aromatique ,
dans les hémmorragies, quand je réfléchis que les excitans ne peu-
vent, en général , qu'augmenter l’irritation locale, qui est la cause
de ces sortes d’exhalations sanguines.
La racine d’acorus peut être ingérée, en substance, à la dose d’un
à deux grammes (dix-huit à trente-six grains), et, en infusion , de-
puis quatre jusqu’à huit grammes (un à deux gros ) et au delà, dans
un kilogramme d’eau ou de vin. Confite avec le sucre, on la mâche
entière et on l’avale ensuite comme un excellent et très-agréable sto-
machique. Pulvérisée et associée avec une certaine quantité de sirop
ou de miel, on en fait des électuaires et des pilules. On en prépa-
-rait, jadis, une confection, un extrait, et une eau distillée, dont
l’usage est tombé en désuétude. Il en est de même de l’élixir de vie
de Matthiole, de l’élixir de Mynsicht, et autres préparations offici-
nales , dont elle fait partie.
Cette racine, très-estimée dans l'Inde, y est souvent employée,
sous forme de masticatoire, comme un moyen de corriger les effets
du mauvais air, et de se préserver des épidémies.
weDez (soannes-adolphus), Dissertatio de calamo aromatico ; in-4°, Len , 1918.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite an cinquième de sa grandeur naturelle.)
1. Fruits mûrs.
{
Lambert J° Je cugp?
PP À
Grec, Sr sir re mywyavoy, Dioscorides
{ RUTA SILVESTRIS MAJOR ; Bauhin, MivaË , lib. 9, sect. ». Tournefort ,
e. à clas. 4, sect. 4, gen.
D 171777 7 RUTA GRaVroLENS ; foliis. decompositis, floribus ns quadrif-
* dis. Linné, décandrie Le. hi Jussieu, clas. r3, ord. 27 ; Ja-
_. des rutacées.)
Haha}. fi. ,:! HUTA L.. 4C 4
Espagnol: .,..... RUDA ; ni. “.
MFP ects ets RUDA ; RRUDA.
Fhencais:s sir es ss RUE ; RUE DES JARDINS
ue FERRER D COMMON R Fe
ATemANE TA RAUTE; GARTENRAUTE #
Hollandais. À RUITE
Dons... RUD
SUIS. era RUTA ; VINRUTA
Polonais $ RUT
sS. HS marrie.s à RUTA.
\
Une odeur fétide, particulière à cette plante, suffirait presque
seule pour nous la faire distinguer; elle forme d’ailleurs un genre
très-naturel. Son calice est court, persistant , à quatre ou cinq divi-
sions; quatre ou cinq pétales concaves, rétrécis en onglet; huit ou
dix étamines ; un ovairé supérieur, portant à sa base huit ou dix
pores neclarifères ; un style; un stigmate simple; une capsule glo-
buleuse , à quatre ou cinq lobes , autant de loges et de valves, ren-
fermant des semences dus , réniformes.
L'espèce dont il est ici question croît sur les montagnes et dans
les lieux stériles des départemens méridionaux de la France, en
Espagne, en Italie, etc. Ses tiges sont dures, cylindriques, rameuses ,
verdâtres ou cendrées, hautes de deux ou trois pieds.
Les feuilles sont alternes, pétiolées , d’un vert glauque, presque
deux fois ailées, composées de folioles un peu épaisses , ovales, un
peu allongées, es rétrécies et même un peu décurrentes à leur
base, cunéiformes dans les individus cultivés.
79: Livraison.
RUE.
Les fleurs sont jaunes, pédonculées, terminales, disposées en
corymbe : leur calice glabre ; ses découpures obtuses ; la fleur supé-
rieure et centrale est ordinairement à cinq parties; les autres n'en
ont que quatre. Les capsules sont globuleuses, à quatre ou cmg
lobes, qui s’écartent à leur sommet en autant de valves.
Quelques auteurs ont réuni à cette espèce la re des montagnes,
distinguée par ses folioles linéaires, très-aiguës, d’un vert blanchä-
tre; les fleurs plus petites, d’un jaune verdâtre. (P.
La rue est remarquable par l’odeur forte, stimulante et très-dé-
sagréable qu’elle exhale, et par une saveur chaude, âcre et très-
amère. Ces qualités, toutefois, sont.plus prononcées dans la plante
sauvage que dans celle qui est cultivée dans nos jardins; elles dimi-
nuent également par la dessiccatioh. L'huile volatile qu’on retire
plus abondamment de ses semences que de ses autres parties, est
d’une couleur jaunâtre, d’une odeur moins désagréable que celle de
la plante elle-même, et se coagule par le froid. Des deux extraits
aqueux et spiritueux qu’elle fournit, le premier est beaucoup plus
abondant et-moins âcre que le second.
Cette plante est tellement stimulante, qu’elle excite une sorte de
prurit sur les mains, quand on en broie quelque temps les feuilles.
Appliquée à demeure, sur la peau , elle l'irrite et y détermine la ru-
béfaction. Introduite dans l'appareil digestif, elle y exerce une exci-
tation très-prononcée, qui se transmet bientôt au reste de l’économie
animale , et donne lieu à divers phénomènes consécutifs , dont la thé-
rapeutique a su tirer parti. À dose un peu forte, elle cause même,
suivant Bulliard, une grande agitation , des bâillemens, de la séche-
resse dans la bouche, et beaucoup de mal à la gorge. Dans lanti-
quité, elle était cutael en honneur comme exerçant une action
puissante sur le système nerveux en général, et sur l'utérus en par
ticulier. Sous ce rapport, elle était même célèbre du temps de Pytha-
gore. Hippocrate la considérait comme résolutive; diurétique et
alexitère. Galien lui supposait une vertu carminative, et la recom-
mandait contre les flatuosités. D’après l'autorité de l'illustre méde-
cin de Pergame, quelques modernes l'ont administrée dans celte
affection , et l'ont préconisée contre les coliques. Mais, ainsi que
paraît l'avoir observé Simon Pauli, un semblable stimulant ne pour-
RUE.
rait qu'augmenter le mal, lorsque les flatuosités et les coliques sont
dues à l'irritation de l'intestin, comme cela a lieu le plus souvent.
Les succès que divers observateurs attribuent à cette plante , contre
les affections vermineuses, et qui lui ont mérité le titre d’anthel-
mentique, sont bien plus conformes à sa manière d'agir, et doivent
engager les praticiens à ne pas négliger un pareil vernufuge. Toute-
fois, la rue a été spécialement recommandée contre lépilepsie,
l’hystérie , et autres maladies nerveuses, Alexandre de Tralles, Va-
lériola, Boerhaave, et plusieurs autres observateurs, paraissent en
avoir obtenu des succès dans ces affections. Elle n’a pas été moins
préconisée contre les désordres de la menstruation, et les anciens
ainsi que les modernes l'ont très-souvent employée comme un em-
ménagogue puissant. Cependant , ces désordres peuvent tenir à tant
de causes variées, et exiger des méthodes de traitement si différen-
tes, qu'on ne peut point, d’après quelques faits heureux , faire une
règle générale de son emploi pour leur guérison. Si l’aménorrhée,
par exemple, était due à un excès de sensibilité de l’utérus, ou à un
état de pléthore, soit générale, soit locale, il est bien évident que
l'usage de la rue n’y pourrait être que très-funeste, À l'égard des
propriétés antisyphilitiques, qui lui ont été attribuées, elles auraient
besoin d’être confirmées par de nouvelles observations. Quant aux
vertus antivénéneuses et alexipharmaques dont elle a été également
décorée, elles doivent être relégués au rang des fables, avec tout ce
qui a été gravement débité sur son efficacité prétendue contre la
peste et les maladies dites malignes, dans un temps où une patho-
logie erronée attribuait ces maladies à des principes occultes et ve-
néneux.
A l'extérieur, on applique la rue pilée, comme rubéfiant. On en
fait aussi des sinapismes et des épithèmes, qu’on a quelquefois ap-
pliqués, avec succès, sur les carpes, contre les fièvres intermitten-
tes. En décoction et en infusion aqueuse , on l'injecte dans les fosses
nasales contre l’ozène. On introduit dans la bouche, sous forme
de gargarisme, dans le traitement des ulcères fétides des gencives.
On l’administre en lavement, dans les affections vermineuses, sur-
tout pour expulser les ascarides vermiculaires. On lemploie, en
. poudre et en décoction contre les pous. On pourrait également s'en
RUE.
servir contre la gale. Rosenstein prétend que l’haleine d’un homme
sain, qui mâche de la rue, exhalée sur l'œil, guérit l’affaiblissement
de la vue, surtout lorsque cet affaiblissement est dû à des lectures
trop prolongées. La vapeur qui s'élève de la décoction de cette
plante, dirigée sur les yeux, au moyen d’un entonnoir, serait une
manière beaucoup plus simple de lemployer, s’il est reconnu , quel-
que jour, qu’elle soit réellement utile.
A l'intérieur, on peut donner cette plante pulvérisée, depuis un
jusqu'à quatre grammes (environ un scrupule à un gros), soit en
suspension dans un liquide , soit associée à une suffisante quantité de
sirop et de miel, sous forme de pilules ou d’électuaire. On adminis-
tre plus souvent son infusion théiforme, qui se prépare avec deux où
trois pincées de feuilles sèches, sur un kilogramme d’eau. Son huile
‘volatile ne se donne qu’à la dose de quelques gouttes, dans du sucre
ou quelqu’autre préparation convenable. On en composait jadis un
extrait, une conserve, un baume de rue, dont l'usage est tombé en
désuétude. Le vinaigre de rue, long-temps préconisé comme prophy-
lactique de la peste, des fièvres putrides , st a également perdu sa
réputation usurpée.
Le fameux antidote de Mithridate, dont Pompée trouva la formule
dans la cassette de ce prince, était composé, dit-on, de vingt feuil-
les de rue contuses, avec deux noix sèches, deux figues et un peu
de sel. Quand on se représente le roi de Pont avalant, chaque ma-
tin, un semblable mélange, avec la ferme conviction d’être à l'abri
de tout empoisonnement pendant le jour, pourrait-on s'empêcher
de rire, si l'on ne réfléchissait que l'ignorance et la crédulité figurent
honorablement parmi les nobles qualités des héros?
SLEVOGT (s0annes-nadrianus), Dissertatio de ruté; in-4°. Le næ, 1715.
varer (abraham), Dissertatio de rutä, ejusque virtutibus ; fée: Vitembergæ, 1734-
srenzer. (christianus-codofredus), Dissertatio de ruté medicind et veneno, in-4°. Vilemberg®
735;
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite aux trois quarts de sa grandeur naturelle.
1. Feuille inférieure, au trait, 4. Fruit coupé en travers.
2. Fleur grossie, dont on a détaché les pé- 5. Graine de grandeur naturelle.
aies. 6. Graine grossie.
3. Fruit entier.
SABINE.
nn
CCC.
SABINE.
Grec. airs Babe. Le.
a FOL10 CUPRESSI; Bauhin, IluvæË, lib. 1
Latin JUNIPERUS SABINA ; oliis o posilis, erectis, Farine si, To.
bus pyxidatis, Linné, dioécie monadelphie. Jussieu, el. 15, ord. 5,
famille des conifères.
FAheR, ,: . e1 + -+ SABINA.
Espagnol. . ‘5. SABINA ù
Portugais, . .. :.:. SABLNA
Français. . ...... SABINE; SAVINIER.
LU ÉESRSÉ SLT SAVIN.
Allemand. ....... SADEBAAUM, SAVENBAUM.
Hollandais, . ..... SEVENBOOM ; SAVELBOOM.
Dançls 515945" SEVETROEE.
Suédois; is. SAEFVENTRAED.
La sabine appartient au même genre. que le genévrier, dont il a
déjà été fait mention. C’est un fort joli arbrisseau, toujours vert,
d’une odeur forte et pénétrante, qui croît naturellement sur les mon-
tagnes de nos départemens méridionaux, dans les Alpes, le Levant,
l'Italie, ete. On en distingue deux variétés, improprement nommées
sabine male et sabine femelle.
La première s'élève à la hauteur de huit à dix pieds, sur un tronc
droit, divisé en branches flexibles, ascendantes, très-rameuses , cou-
vertes d’une écorce rude, cendrée, un peu rougeâtre, ainsi que le
bois.
Les rameaux sont grêles, très-nombreux , chargés de petites feuil-
les opposées, serrées contre les tiges, courtes, ovales-aiguês; les
supérieures un peu plus läches.
Les baies sont arrondies, d’un bleu noirâtre, latérales, compo-
sées ordinairement de trois semences.
La seconde variété, connue sous le nom de sabine femelle, sabine
stérile ou sabine commune , s'élève beaucoup moins; ses tiges sont
moins fortes, ses rameaux plus étalés, très-divisés ; ses feuilles un
79° Livraison, =
SABINE.
peu plus longues , lancéolées , aiguës, moins serrées, surtout les su-
périeures. Elle fructifie rarement. On en cultive une sous-variété,
dont le feuillage est agréablement panaché de blanc et de vert.
| (P.)
Cette plante exhale une odeur forte, fétide, fatigante, et offre une
saveur chaude, résineuse, amère, désagréable. On y trouve de la
résine, de l'huile volatile, même en assez grande quantité, puisque
Hoffman en a retiré environ le cinquième de son poids. Elle four-
nit, en outre, un extrait aqueux peu odorant, mais piquant et amer;
ce qui annonce que ses propriétés actives ne résident pas exclusive-
ment dans son huile volatile, ni dans sa résine.
Des qualités physiques aussi prononcées ont dû fixer, de bonne
heure, l'attention des hommes sur cette plante, et lui ont acquis,
en effet , une grande réputation , dès le berceau de la médecine. Elle
est tellement stimulante , qu’elle enflamme la peau sur laquelle elle
reste appliquée pendant quelque temps. Lorsqu'on l’ingère, même à
petite dose, l’irritation qu’elle détermine, sur le canal alimentaire,
peut se transmettre, plus ou moins énergiquement, aux poumons,
à l'utérus ou à d’autres organes, et donner lieu à l’hémoptysie, à
des hémorragies utérines ; quelques observateurs ont même reconnu
qu’elle excitait les hémorroïdes, Ces faits ont fait donner à la sabine
une place parmi les médicamens les plus actifs et les plus dangereux;
et font une loi de ne l’employer qu'avec réserve et beaucoup de cir-
conspection. Deux chiens, auxquels M. Orfila avait fait avaler, à
Vun quatre gros, à l’autre six gros de cette plante, sont morts dans
l'espace de douze à seize heures , et ont présenté des traces d’inflam-
mation sur l’estomac et au rectum. Deux gros de la même substance
ayant été appliqués sur une plaie faite à la partie interne de la cuisse
d’un troisième chien, l'animal est mort au bout de vingt-quatre heu-
res, Sans manifester aucun symptôme remarquable; mais lon à
trouvé des traces d’inflammation au duodénum et des taches livides
sur le rectum.
Cependant l’action de la sabine sur Vutérus ayant fixé depuis très-
long-temps l'attention des médecins , elle a été préconisée comme
l'emménagogue par excellence. La plupart des auteurs de matière
médicale la signalent encore comme un moyen efficace de ramener
SABINE.
et de régulariser l’écoulement menstruel, quoique plusieurs observa-
teurs aient remarqué, avec Scopoli, qu’elle ne produisait pas tou-
Jours cet effet. De bonnes femmes, dignes héritières des erreurs médi-
cales des siècles passés, se sont même persuadées qu’il suffit d’en in-
troduire quelques feuilles dans la chaussure des jeunes filles, pour
provoquer chez elles la menstruation. Très-heureusement cette
pratique erronée ne peut avoir aucun danger; plût à dieu qu'il en
fût de même de celles d’une foule de matrones hardies et d’auda-
cieux empiriques , qui ne se font aucun scrupule d’administrer cette
plante stimulante, pour les motifs les plus frivoles, et souvent au
grand préjudice de malheureuses victimes de leur cupidité et de leur
ignorance! La sabine, en effet , peut déterminer , non-seulement l’in-
flammation , des hémorragies redoutables de la matrice, mais elle
estencore susceptible de provoquer l'expulsion du fœtus, avec des
accidens qui mettent la vie de la mère en très-grand danger.
A l'extérieur, sa décoction a été employée en lotions contre la
gale et contre les ulcères putrides, fongueux, gangréneux. En pou-
dre, on l’applique, dans quelques cas, sur les dents gâtées, pour
calmer l’odontalgie : on en saupoudre aussi, quelquefois les os ca-
riés, pour favoriser la séparation des portions osseuses nécrosées,
Enfin, on l'a appliquée, comme cathérétique, sur les fongus de la
dure-mère, et sur les porreaux vénériens, pour les consumer et les
détruire.
Cette plante irritante peut être administrée intérieurement, en
poudre, à la dose de deux grammes (demi-gros), soit en suspen-
sion dans un liquide, soit associée au miel, et sous forme pilulaire ou
‘’électuaire. En infusion, on la donne à la dose de quatre grammes
(un gros) dans un kilogramme de liquide.
Les maquignons allemands la font avaler à leurs chevaux, pour
leur donner du feu et de l’activité.
WEDEL, (ceorgius-wolffgang), Dissertatio de sabinà ; in-4°. Jenæ, 1707. *
SABINE.
EXPLICATION DE LA PLANCHE
(Les d eaux anche, représentés de grandeur naturelle, appartiennent aux deux variétés
l'un marqué mâles, est la variété B, connue sous les noms de sabine commune, sabine à
feuilles de eee et sabine stérile ; l'autre‘, marqué B, chargé de fruits , est la sabine à feuilles de cyprès.)
1. Chaton m
2. Écaille Ne détachée d’un chaton.
3. Fruit
la moitié de la partie charnue, afin de
mettre à découvert les trois osselets.
dont on a enlevé circulairement 4. Osselet isolé
Try. HAN N Lo Per M 7
SAFRAN.
eZ.
CCCVE.
SAFRAN.
Greci:sé ia es xpoxoc,} Dioscorides.
| cRocUS sarivus; Bauhin , TivaË , lib. 2, sect. 2. Tournefort , clas. 9.
É.3 gen
PA Tr), RS RE ee ’ =: PPT SELS
CROGUS SATIVUS; spatha univalvi radicali, corolla tubo longissimo.
| inné, triandrie monogynie. Jussieu, clas. 3, ord. 8, famille des
iris.
| Éc RraEe e ZAFFERANO.
Espagnol:. :.. ... AZAFRAN
Portüpats, .. 7. ACAFRAO
Français. SAFRAN
ABS LS Gt 2 SAFFRON
A GR sie ue sie SAFRAN
Hollandais... ... SAFFRAN,
RE SAFRAN
Snrdoiti. se Ltée SAFFRAN
Polonais SZAFRAN
PT me SCHAFRAN.
Hébraique. . ...... KARKOM.
Arübe; Rise ZAHAFARAN.
IL croit en France, ainsi que dans les Alpes, les Pyrénées, l’'Es-
pagne et l'Italie, plusieurs espèces de safran, dont les unes fleuris-
sent au printemps , d’autres en automne, qui ont fourni, aux ama-
teurs des jardins, de très-jolies variétés par un mélange agréable
de couleurs ; mais l’espèce dont il est ici question est originaire de
l'Orient; on la cite aussi comme naturelle à la Sicile et à quelques
autres contrées de l'Italie : Allioni assure même l'avoir rencontrée à
Saint-Martin de Maurienne. C’est cette même espèce que l’on cultive
en grand dans plusieurs départemens de la France, sous le rapport
de ces propriétés économiques. Sa culture date du quatorzième siè-
cle. Un gentilhomme, de la famille des Porchaires, passe pour le
premier qui en ait distribué les bulbes.
Le caractère du safran consiste dans une spathe membraneuse,
d’une seule pièce, tenant lieu de calice : une corolle régulière, lon-
79° Livraison. 3:
SAFRAN.
guement tubulée, divisée à son limbe en six divisions profondes ,
égales ; trois étamines insérées sur le tube de la corolle ; un ovaire
inférieur, surmonté d’un style filiforme , terminé par trois sligmates
épais, colorés, roulés en cornet, souvent dentés ou découpés en
forme de crête : une capsule ovale, trigone , à trois valves, à trois
loges polyspermes.
Dans le safran cultivé, la racine est composée d’une bulbe arron-
die, de la grosseur d’une noisette, couverte d’une pellicule brune,
sèche, fibreuse; il en sort plusieurs fibres allongées et profondément
enfoncées dans la terre.
Une gaîne membraneuse enveloppe, à leur partie inférieure , des
feuilles nombreuses, toutes radicales , très-étroites , creusées en gaut-
tière, longues de plusieurs pouces , aiguës , traversées par une ner-
vure blanche.
Du centre des feuilles, sort une hampe très-courte, qui supporte
une grande fleur, assez semblable à celle du colchique, d’un pourpre
clair, munie d’un tube long, très-grêle, évasé en un limbe campa-
nulé, à six divisions ovales, un peu obtuses, beaucoup plus courtes
que le tube.
Le style se divise, à son sommet, en trois stigmates d’un rouge
orangé , d’une odeur aromatique, plus longs que les étamines , inci-
sés et renflés à leur sommet. (P.)
Les stigmates sont les seules parties de cette plante que la méde-
cine mette en usage. Leur couleur est d’un rouge foncé; leur odeur.
pénétrante, agréable au premier abord, bientôt après fatigante, et
leur saveur chaude, aromatique et amère. On en retire une huile
volatile très-odorante, une matière extractive rouge , de l'extractif
oxigéné jaune, et un principe colorant d’une nature particulière.
Ce principe, que MM. Bouillon Lagrange et Vogel ont proposé de
nommer polychroîte, est détruit par l’action des rayons solaires ;
même en petite quantité , il donne sa couleur à une grande masse
d’eau; il donne de belles nuances bleue et verte lorsqu'on le traite
par les acides sulfurique et nitrique. L'eau, le vin, la bière, le vi-
naigre, se chargent également des parties odorantes , sapides et co-
lorantes du safran. On en obtient ainsi, à laide de: ces différens
menstrues , plusieurs extraits utiles à l'art de guérir.
SAFRAN.
Les émanations de cette substance agissent avec tant de force, sur
le système nerveux, qu’elles occasionent quelquefois des douleurs de
tête, des vertiges, le tremblement et une sorte d'ivresse à ceux qui la :
récoltent. Borel, Schenck , et autres observateurs , rapportent même
des cas où elles ont occasioné le coma et même la mort, à des indi-
vidus qui avaient eu l’imprudence de se livrer au sommeil, dans des
chambres où il y avait beaucoup de safran, et sur des sacs qui en
étaient remplis. Ces faits, et plusieurs autres phénomènes qui résul-
tent de son action sur l’économie animale lorsqu'on l’ingère , semblent
rapprocher sa manière d'agir de celle de l’opium, et justifient, jus-
qu’à un certain point , les propriétés anodines, hypnotiques, hilari-
fiantes, antispasmodiques, utérines, diaphorétiques, diurétiques,
lactifères, résolutives, etc., dont ce médicament a été gratifié. Le
safran n'était pas moins en honneur chez les anciens que parmi les
modernes. Hippocrate l’employait, à l'extérieur, contre les douleurs
et les engorgemens de nature arthritique et rhumatismale. Sérapion
l'avait en grande vénération contre les maladies de la poitrine et de
l'utérus, et Galien vante ses effets résolutifs. La plupart des au-
teurs modernes le placent au rang des antispasmodiques les plus puis-
sans, et ont loué, avec plus ou moins d’éxagération, ses succès dans
les maladies accompagnées de spasme et de douleur, telles que l'hys-
térie, l'asthme, la coqueluche, les toux chroniques, les vomisseniens
nerveux et les affections goutteuses. À raison de l'excitation directe
qu’il exerce sur les organes sécréteurs, et de la sédation consécutive
qu’il paraît opérer sur le système nerveux, le safran a pu être, sans
doute, quelquefois utile à la guérison de ces maladies ; mais quel suc-
cès peut-on raisonnablement en espérer dans la dyseuteries la dysurie *
certaines coliques et l'ictère, contre lesquelles il a été préconisé? Ce mé-
dicament à acquis surtout une grande réputation comme emménago-
oue; il est même regardé, par quelques auteurs, comme un des plus
puissans moyens de provoquer l’écoulement des règles ; et, d’après cette
opinion, il figure sans cesse parmi les stimulans qu’on emploie d’une
manière bannale , et qu’on prodigue sans cesse dans les altérations de
la menstruation. On en a également recommandé l'usage pour rappe-
les lochies supprimées. Mais, si la suppression de cet écoulement est
due à l’inflammation de l'utérus ou du péritoine, ainsi que cela à
SAFRAN.
lieu le plus souvent , une semblable substance ne pourrait qu'y être
funeste. ;
A lextérieur, on a recommandé l'application du safran , sur les
yeux , dans l’ophthalmie et dans l'inflammation des paupières. Comme
résolutif, on en a aussi conseillé Pemploi contre les engorgemens
froids et indolens, contre les ecchymoses : on s’en est même servi
pour le pansement des ulcères ; mais son utilité, dans la plupart de
ces cas, est au moins douteuse. On a cru que le safran, appliqué sur
l'épigastre, était susceptible d’arrêter les vomissemeus spasmodiques,
et qu'il pouvait ainsi prévenir le mal de mer. C’est un fait qu'il serait
curieux et important de vérifier.
Si l’on rassemble les effets les plus constans et les plus avérés de
cette substance sur l’économie animale, on voit que, lorsque le safran
est administré intérieurement , il augmente le ton de l’estomac, la
chaleur générale et la fréquence du pouls, qu’il rend la transpira-
tion cutanée, la sécrétion urinaire, et quelquefois même celle de
plusieurs autres organes, plus abondantes. A haute dose , il peut oc-
casioner la purgation , exciter la gaîté ou produire la somnolence et
un sommeil inquiet et fatigant. Enfin, il peut déterminer la céphalal-
gie, le délire et même la mort. Ce dernier effet, toutefois, ne s’ac-
corde point avec l'expérience d'Alexandre , qui assure en avoir avalé
quatre scrupules sans en éprouver le plus léger phénomène apprécia-
ble. Après un mûr examen, Cullen semble même douter de l’action
qu'on lui attribue. « Les auteurs de matière médicale, dit-il, en ont
parlé comme d’un remède fort actif; mais ce qu'ils rapportent de
ses effets est évidemment exagéré. Des observations , très - souvent
réitérées dans la pratique, ne confirment nullement les opinions
qu'on s'est formées du safran. Je l'ai donné, à grandes doses, sans
en observer d'effets sensibles; à peine augmente-t-il la fréquence
du pouls ; et je ne me suis guère aperçu qu'il agisse comme anodin
ou antispasmodique. J'ai eu dans un cas ou deux, quelques raisons
de croire qu'il jouissait d’une puissance emménagogue; mais, dans
beaucoup d’autres, il a absolument trompé mes espérances ; quoique
réitéré à fortes doses. » Des résultats aussi différens sur les effets du
safran , prouvent, d’une manière évidente, qu’on a singulièrement
exagéré ses vertus. Toutefois, ils peuvent tenir, en partie, au pays
SAFRAN.
où cette plante a été cultivée, à l’époque à laquelle on en a fait la ré-
colte, et en partie aux procédés employés pour cueillir et dessécher
ses stigmates , et surtout à leur sophistication. Des commerçans avi-
des et infidèles y mêlent souvent différentes substances étrangères,
pour en augmenter le poids, et entre autres des fibres de viande de
bœuf cuite, des étamines de carthamus tinctorius, des pétales du
calendula arvensis, du cnicus sikestris. Or, ces différentes circons-
tances peuvent singulièrement modifier ses propriétés médicales.
On administre le safran, en poudre, à la dose d’un à deux gram-
mes (environ un scrupule à demi gros), et, en infusion, à celle de
deux à huit grammes. Son extrait se donne depuis vingt-cinq jusqu’à
soixante-quinze centigrammes (cinq à quinze grains). Sa teinture
alcoolique, qu’on prépare par macération, se donne de vingt à trente
gouttes. On en fait un sirop fort agréable, qu’on peut administrer
aux enfans, de seize à trente-deux grammes ( demi à une once). Il
fait partie du laudanum liquide de Sydenham, de lélixir de pro-
priété , et de beaucoup d'autres préparations pharmaceutiques.
Les anciens employaient le safran comme parfum , dans les tem-
ples, au théâtre et dans les festins. De nos jours, il est d’un très-
grand usage, surtout dans les pays méridionaux, et notamment en
Espagne, pour colorer le pain, les gâteaux, le riz, les sauces, les
liqueurs, et autres préparations culinaires. Les confiseurs , les gla-
ciers, les patissiers , etc., s’en servent fréquemment pour colorer les
produits de leur industrie. Les teinturiers en composent des couleurs
de très-bon teint, et les peintres le font entrer dans plusieurs vernis.
nerTopT (soannes-ré rérdinandius), Crocologia ; in-4°. Zenæ , 1675.
RAUCH (G.-A.), Dissertatio de usu et abusu croci; in-4°. Viennæ, 1764.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite à la moitie de sa grandeur naturelle.)
er ouvert, étamines et pistil. 3. Le même coupé horizontalement.
2. Frui 4. Graine.
, "
AN
YA
ts
PA
GA
PA
ALL titi
Lambert ?° Seul -
Tarprr 2°
a. l'£
CCCVIT
SAGOU.
CXGAS GIRGINAUS; frondibus pinnatis circinalibus, foliolis linearibus
Latin. : | sr Linné, cryptogamie, ordre des dé Jussieu, elas. 1,
ord. 5, famille des cycadées.
Jtallensisiiis dis SAGO.
Esp LENS
PR ie v SAGUEIRO
Francais.... u
tu SAGO TREE,
AHeMARd: : ie SAGU ; SAGUBAUM ; SAGUPALME.
Hollandais + - SAGOFBOOM
NOR et ce vioe SAGUTRORE
Suédois. LR SAGUTRAD
| © (AP RE RRATE Pre 1 PR TODDA-PANNA
Mai, A SH... COELAT SAGU
Cochinchinois... ... cAx san Tue.
CETTE substance, connue sous le nom de sagou, est fournie en plus
ou moins grande abondance, par plusieurs espèces de palmier. On a
cru d’abord qu’on la retirait uniquement du cycas; mais, d’après les
observations de Rhumphius et de voyageurs plus modernes, il est
assez prouvé que le sagou du commerce provient aussi du sagus ra-
phia (Encrcel., vol. vi, pag. 303).
Le cycas, qui fournit le sagou, croît dans les Indes orientales.
Ordinairement il s'élève peu; son tronc est court, simple, épais,
écailleux, couronné par une touffe de belle feuilles : mais, lorsqu'il
parvient à la hauteur de quinze ou vingt pieds, ce qui arrive quel-
quefois, alors son sommet se partage en quelques rameaux courts,
et son tronc est chargé de protubérances annulaires.
Les feuilles sont ailées, longues de trois ou quatre pieds, compo-
sées de deux rangs de nombreuses folioles planes, étroites, linéaires,
rès-rapprochées les unes des autres, glabres, sessiles, aiguës, un
peu courbées en dehors; leur pétiole armé, à sa partie inférieure,
d'un grand nombre de petites épines très-aiguës.
* 79: Livvraison, 4. k>
SAGOU.
Ses fleurs sont dioïques; les fleurs mâles sont réunies en un cha-
ton terminal , un peu conique, ovale, composé d’écailles charnues,
imbriquées, ovales-spatulées , terminées par une pointe molle, char-
gées d’un grand nombre d’anthères à une loge, s'ouvrant en deux
valves. Quelquefois ces chatons sont fort gros et prennent lappa-
rence du fruit de l'ananas.
Les fleurs femelles naissent entre les feuilles, sur des espèces de
lanières coriaces ou de pédoncules aplatis, cotonneux, ensiformes,
élargis et pointus à leur sommet, munis de quelques crénelures à
leur partie moyenne. Entre chacune de ces crénelures, est situé un
ovaire sessile, chargé d’un style court et d’un stigmate simple.
Le fruit consiste en une noix ovoïde, de la grosseur d’une petite
orange; d’un jaune rougeâtre à sa maturité, renfermant, sous un
brou charnu peu épais, une coque mince, ligneuse, à une seule loge,
un peu comprimée , contenant une semence dure, arrondie, munie
d’une fossette à sa base. | P:
A l'exemple de plusieurs arbres de la même famille, le tronc de ce
palmier renferme une moelle blanche, fongueuse, plus ou moins
transparente, de nature farineuse, et qui, par ses qualités éminem-
ment nutritives, est un des dons les plus précieux dont la nature ait
‘gratifié les habitans de l'Asie. La plupart des animaux en sont très-
#riands, on raconte même que, pour s’en repaître, ils endommagent
souvent l'arbre pendant sa vie.
Lorsque les feuilles de ce palmier se couvrent d’une sorte d’efflo-
rescence blanchâtre, ce qui est une preuve, dit-on, que sa moelle a
acquis toute la maturité convenable , les Indiens l’obtiennent de la
manière suivante : On coupe l'arbre près de sa racine, on le scie en
tronçons de six-ou sept pieds de longueur , on fend ces tronçons lon-
gitudinalement , et on en arrache la moelle en la séparant, autant
que possible, de la matière ligneuse. Alors, on écrase cette substance ;
lorsqu'elle est réduite en poudre grossière, on l’agite fortement dans
des vases remplis d’eau, on passe le tout à travers un tamis ou une
espèce de filtre. Les matières filandreuses et hétérogènes restent sur
le filtre , et sont rejetées, l’eau entraîne avec elle la fécule amilacée;
et lorsque celle-ci s'est déposée, par le repos, au fond du liquide»
on décante avec précaution , et l’on trouve , au fond des vases, cette !
à.
SAGOU.
fécule pure, sous la forme d’une pâte blanche, très-douce au toucher.
Les Indiens alors déssèchent cette pâte, et la conservent , sous forme
de farine, pour leur usage ; ou bien en la comprimant sur des pla-
ques de terre cuite, percées d’une infinité de petits trous, à travers
desquels ils obligent ainsi de passer, ils lui donnent la forme de
grains, lesquels, desséchés au feu, constituent le sagou du commerce.
Cette substance granuleuse amilacée n’a été connue , en Angleterre,
que vers l'année 1729. C’est en 1740 qu’elle fut introduite en France,
et quelques années après en Allemagne. La forme des grains dont
elle se compose, est arrondie ou anguleuse; leur grosseur est à peu
près celle du millet ; leur couleur est d’un blanc jaunâtre à l'extérieur,
et d’un blanc très-pur intérieurement. Le sagou est inodore, d’une
saveur farineuse, d’une consistance très-dure, friable, tenace et dif-
licile à pulvériser. L’humidité le morcelle et l’altère promptement,
mais il peut se conserver des années entières, sans altération, dans
un endroit sec. L'eau chaude le ramollit, le gonfle , et lui donne un
certain degré de transparence. Sa décoction offre une consistance mu-
cilagineuse , une saveur douce, et se prend, par le refroidissement ,
en une masse gélatineuse, tremblante, à la manière de l’amidon.
Le sagou, ainsi associé à l’eau, jouit, à un très-haut degré, des
propriétés adoucissantes, émollientes, lubréfiantes et analeptiques,
qui caractérisent toutes les substances amilacées. S'il était nécessaire
d'aller chercher dans l’Inde une matière que la plupart de nos cé-
réales, les pommes de terre, et beaucoup d’autres productions indi-
gènes nous fournissent en abondance, on pourrait, au besoin, en
administrer la décoction , plus ou moins édulcorée ou acidulée, se-
lon les indications, dans la plupart des maladies où il faut nourrir
légèrement, étancher la soif, apaiser la chaleur et calmer l’irritation
des organes. Ainsi elle serait utile dans la plupart des fièvres aiguës,
dans les phlegmasies des membranes séreuses, dans les affections ca-
tarrhales, dans les aphtes, la diarrhée, la dysenterie, et autres af-
fections de l’appareil digestif et des voies urinaires. Enfin, son usage
ne serait pas moins avantageux, dans la phthisie pulmonaire, que
celui des autres substances mucilagineuses qu’on y administre jour-
nellement.
Toutefois, les usages alimentaires du sagou ont prévalu sur son
SAGOU.
emploi médicamenteux , et l'on ne s’en sert guère que comme ali- #
ment. Sous ce rapport, il occupe même un rang très-distingué dans
la diététique des maladies chroniques. Comme analeptique, on le
prescrit plus spécialement dans celles qui sont accompagnées de sé-
cheresse, de maigreur, d’émaciation et de beaucoup de débilité ;
telles que la fièvre hectique, les phlegmasies chroniques des mem-
branes muqueuses et des viscères, certaines névroses rebelles, qui
pervertissent les fonctions digestives. Mais c’est surtout contre la
phthisie pulmonaire que son usage a été particulièrement consacré
comme un de ces alimens doux et très-nourrissans, qui, sous un très-
petit volume, contiennent une très-grande quantité de molécules
alibiles, qui n’ont besoin, pour être assimilées, que d’un très-léger
travail de la part de nos organes, et qui sont, par conséquent, très-
propres à réparer les pertes, à soutenir les forces et à retarder la
funeste terminaison de la maladie. A tous ces titres , il convient par-
faitement , dans l’état de santé, aux nourrices , aux femmes délicates
tourmentées par des affections spasmodiques, aux vieillards décré-
pits, aux convalescens , à ceux qui digèrent péniblement, aux sujets
d'un tempérament nerveux, à ceux qui sont épuisés par l'onanisme
ou par l'abus des plaisirs énervans, par de longs chagrins, des veil-
les prolongées, des études abethéles ou de profondes méditations.
Il est également très-utile aux habitans des pays chauds, qui ont; en
général, besoin d’une nourriture douce et facile à digérer; maïs ,
par la même raison, son usage est peu convenable dans les pay
froids, aux sujets robustes, et à ceux qui se livrent à la fatigue et à
des exercices violens, parce que, n'offrant pas une assez grande 1
sistance aux pus digestives , il ne leste point convenablement
l'estomac, et n’apaise qu imparfaitement le sentiment de la faim.
On peut admniatner le sagou, en décoction, dans l’eau, le lait.
le bouillon ou le vin, à la dose de trente à soixante-cinq grammes
(à peu près une à ro onces) sur un kilogramme ( deux livres) de
liquide , et l’on a soin d’édulcorer, d’aciduler ou d’aromatiser celle
boisson selon le goût du malade. La gelée , ou crême de sagou , coN-
venablement aromatisée ou édulcorée, peut se donner à la dose de
soixante à cent quatre-vingt-dix grammes (deux à six onces ) el
vingt-quatre heures. On l’administre aussi sous forme de bouillie:
SAGOU.
La farine de moelle de sagou sert d’aliment à une grande partie
des habitans de l’Asie et des îles de l'Océan indien. Ils en font des
bouillies et des pâtes, qui servent à leur nourriture journalière. Le
sagou qu'ils en préparent, et qui est apporté en Europe par le com-
merce, devient chaque jour, parmi nous, l’objet d’une grande cou-
sommation. Les cuisiniers en préparent des potages au gras , au lait
etau jus ; ils en font des bouillies, des crêmes, des gateaux. En lasso-
clant à une certaine quantité de farine de froment , on en fait même
un pain fort bon, quoique, en général, friable et granuleux comme
celui de mais |
Le sagou étant exclusivement composé de fécule amilacée, il est
évident qu'on peut le préparer, en tous lieux, avec cêtte substance ;
quelle que soit l'espèce de végétal d’où on la tire. Quelques auteurs
pensent même que le cycas circinalis et le sagus raphia ne sont pas
les seuls arbres d’où les Orientaux tirent le sagou qu'ils nous en-
voient , et que cette substance est également fabriquée par eux , avec
la moelle du palma farinaria. On peut en préparer d’aussi bon avec
la farine de la racine du manihot, Jatropha manihot, lorsqu'elle a
été privée du principe vénéneux qui est uni à sa fécule; avec la fa-
rine des fèves , vicia faba; avec celle de la plupart de nos céréales.
Le couscou , dont se nourrissent les nègres de l'Afrique, est une es-
pèce de sagou, qu’ils fabriquent avec la fécule du triticum. Enfin, la
pomme de terre peut être employée , avec un grand avantage, à la
fabrication de cette substance.
Les feuilles du cycas circinalis sont employées, dans l'Inde, à la
toiture des habitations. Leurs nervures fournissent une sorte de
chanvre grossier , qui sert à la fabrication des cordes.
EXPLICATIONS.
PLANCHE 307.
{L'arbre représenté dans cette planche est réduit au quinzième de sa grandeur naturelle.)
1. Individu femelle,
SAGOU.
PLANCHE 307 bis.
1. Cône composé de fleurs mâles. 7. La même, pr verticalement, a, cu-
2. Le même, coupé dans sa longueur. pule,
3. Une écaille vue en dessous. 8. Fruit mûr, us horizontalement.
4. La me , vue du côté des étami-
9. Fruit coupé dans sa longueur.
10. ryon,
11. Un autre, dont les lobes sont écartés et
montrent quatre autres embryons
ortés.
5. spadis Gas 4 de fleurs femelles et de
frui
6. Fleur femelle
307 {es )
»: : LS Le
A HASES
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Zurpen P. Lambert T° Seulr
SAGOU arialerue #
sn “: VA £. s
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Zion PE & re age.
SALSEPAREILLE,,
PV
CCC VIIT.
SALSEPAREILLE.
SMILAX ASPERA PERUVIANA , Sive SaRSArARILLA ; Bauhin, Tivaf, lib. 8,
dé sect. 1. Tournefort, 4ppendix.
Latin... .......{ smrirax sarsararinea ; caule aculeato angulato, foliis inermibus ova-
tis retuso-mucronatis trinerviis. Linné, dioécie hexandrie, Jussieu ,
clas. 3, ord, 2, famille des asperges.
Haken,. , .. .....-:S8ALSAPARIGLIA.
Espaghol, ....... ZARZA-PARILLA
Portigiiaissié 3x SALSAPARILH
Français SALSEPAREILLE
Anglais. . , + + SARSAPARILLA
Allemand... ... .. SASS ILLE
Hollandais, :.... . SARZAPARILLE,
La salsepareille a été envoyée en Europe, par les premiers Espa-
gnols qui ont habité le Pérou. La plante qui fournit cette racine ap-
partient à un genre très-naturel, dont nous possédons quelques es-
pèces en Europe, telles que le smilax aspera. Ce genre se caractérise
par des fleurs dioïques ; une corolle (ou un calice coloré) campanu-
lée, très-ouverte, divisée profondément en six découpures recour-
bées au sommet; six étamines : dans les fleurs femelles, un ovaire
supérieur; un style fort ceurt ; trois stigmates oblongs, pubescens,
réfléchis. Le fruit consiste en une baie arrondie, renfermant trois
et plus souvent une seule semence par avortement.
La salsepareille officinale croît au Mexique, au Pérou , dans le
Brésil, et plusieurs autres contrées de l'Amérique Méridionale. Ses
racines sont composées de fibres grêles, très-longues, presque sim-
ples, d’un blanc cendré, souples , entrelacées les unes dans les au-
tres : elles produisent des tiges un peu ligneuses , très-longues , rous-
sâtres, anguleuses, glabres, rameuses, munies d’aiguillons droits,
élargis, assez forts, très-aigus.
80e Livraison.
SALSEPAREILLE.
Les feuilles sont alternes, pétiolées, glabres, simples, coriaces,
dépourvues d’aiguillons , larges, ovales, un peu courtes, mucronées,
échancrées en cœur, presque auriculées à leur base, à trois ou cinq
nervures, munies à l'insertion du pétiole de deux vrilles capillaires.
Les pédoncules sont simples , droits, axillaires , une fois plus longs
que les pétioles, soutenant des fleurs blanches, assez nombreuses,
réunies en ombelle, soutenues par des pédicelles courts.
Leur corolle est petite ; ses découpures courtes, presque droites;
les fruits globuleux, de couleur bleuâtre, monospermes. (P.)
_ Des racines sarmenteuses, de la longueur de plusieurs pieds, et
de la grosseur d’une plume d’oie, sont les seules parties de cette
plante qui soient employées en médecine. Lorsqu’elles sont dessé-
chées , elle offrent une couleur fauve à l'extérieur , et blanche inté-
rieurement. Leur odeur est nulle, leur saveur mucilagineuse et fai-
blement amère. Par l'ébullition , elles cèdent leur qualité mucilagi-
neuse à l’eau, et ce liquide dépose alors, en se refroidissant, de Ja
fécule amilacée, qui, avec la matière ligneuse, constitue presque
exclusivement cette racine. Neumann en a retiré un extrait aqueux,
salé, légèrement amer, et un extrait résineux un peu âcre : mais,
d'après des analyses plus récentes, le mucilage et le ligneux en sont
les matériaux immédiats les plus importans.
L'amertume légère et l'état mucilagineux auxquels se bornent les
qualités physiques appréciables de cette racine, sont loin de justifier
les éminentes propriétés médicales dont elle à été décorée, et doi-
vent inspirer une juste défiance sur l'efficacité qu'on lui attribue
contre la gale, les dartres , les engorgemens lymphatiques , la goutte;
la cachexie et la maladie vénérienne. C’est surtout contre cette der-
mière affection qu’elle a été particulièrement préconisée. Depuis son
introduction en Europe par les Espagnols, vers le commencement
du seizième siècle, une foule d'auteurs , parmi lesquels se distinguent
Vidus-Vidius, Trinçavel, Fallope, Césalpin, et plus récemment
Fordyce , Stoerck, Hunter, etc. , n’ont cessé de la vanter comme an-
tisyphilitique. Plusieurs observateurs, à la vérité, loin de se laisser
éblouir par ce concert de louanges exagérées , ont formellement dé-
claré son insuffisance dans cette affection. M. Alihert a remarqué ;
bien souvent , que les décoctions qu’on en prépare fatiguaient l’esto-
SALSEPAREILLE.
mac en pure perte. Il avoue que, quoique la voyant donner chaque
Jour sous ses yeux, il serait fort embarrassé de dire qu’elle a concouru
pour quelque chose aux guérisons qu'il a vu opérer. L’illustre Cullen
assure positivement que, s’il n'avait consulté que sa propre expé-
rience , il aurait bannie de la matière médicale. « Je l’ai employée,
dit-il, sous toutes les formes, soit dans la maladie vénérienne, soit
dans d’autres affections, sans en éprouver aucun effet. Cependant
le peuple dont l’aveugle et robuste crédulité a sans cesse besoin d’a-
liment, et beaucoup de médecins qui lui ressemblent, n’ont cessé de
considérer la salsepareïlle comme un puissant antivénérien, et de
vanter son efficacité contre les chancres, les bubons, les caries, les
exostoses , les pustules , et autres accidens qu’on attribue à la syphi-
lis. On n’est cependant pas d'accord sur sa manière d'agir; car les
uns pensent, avec Sydenham, qu’elle guérit en excitant la sueur,
tandis que d’autres attribuent ses effets salutaires aux qualités
adoucissantes de la fécule qu’elle contient. Beaucoup de partisans
des propriétés antisyphilitiques de cette racine, conviennent même
qu’elle n’est réellement avantageuse dans cette affection que lors-
qu'on a déjà employé le traitement mercuriel, et qu’elle réussit
spécialement dans les cas où les malades sont en quelque sorte
saturés de mercure.
Que la décoction de la salsepareille, prise en grande quantité et
à une haute température, produise une abondante transpiration, et
excite la sueur : c’est ce dont on ne peut douter. Que, dans certains
cas, surtout sous l'influence d’une température basse, cette même
décoction agisse comme diurétique, et provoque une abondante sé-
crétion d'urine : c’est encore ce que l'expérience confirme. On ne
peut nier que, dans les pays chauds, et notamment dans le midi de
l'Espagne, en Portugal, et à plus forte raison sous la zone torride,
la maladie vénérienne ne guérisse tous les jours sous le simple em-
ploi de cette même décoction , secondée par un régime sobre et adou-
cissant. Mais est-ce une raison pour la qualifier des titres de diuré-
tique, sudorifique et antisyphilitique, quand on voit la sueur et la
diurèse produites également par toutes les boissons abondantes
chaudes, et les affections syphilitiques les plus graves disparaître,
dans les climats chauds, sous l'influence d’une simple limonade,
SALSEPAREILLE.
lorsqu'on a soin d'éviter les écarts du régime? Il faut donc convenir
que les propriétés médicales de la salsepareille ont été singulière-
ment exagérées, que les vertus qu’on lui a accordées sont très-dou-
teuses , et que les effets consécutifs qu’on lui attribue, dans ces ma-
ladies, reposent sur des faits peu exacts et mal observés.
On prescrit d’administrer cette racine à la dose de quatre-vingt-
quinze grammes (trois onces), en décoction dans un kilogramme et
demi (trois livres) d’eau réduite à un kilogramme, que l'on fait
prendre, par verres, dans l’espace de vingt-quatre heures. En pou-
dre, on la donne quelquefois à la dose de deux grammes (un demi-
gros). Elle est un des principaux ingrédiens du sirop de Cuisinier et
du trop fameux rob de Laffecteur, dont l’un a eu jadis autant de
vogue que l’autre en a acquis depuis, et de beaucoup d’autres pré-
parations dites sudorifiques et antivénériennes , bien plus propres à
favoriser les spéculations honteuses des empiriques et des charla-
tans, qu'à guérir ou à soulager les malades.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.)
. à
1. Fleur mâle, grossie, les deux graines, la troisième etant
2. Fleur femelle, grossie. avortee. j
‘
3. Fruit coupé en travers, pour faire voir
Le d
j
urpen Pak Lambert TS culpt
SANG-DRAGON.
Er Pa
CCCIX.
SANG-DRAGON.
Lalesliuri. SE PTEROGARPUS DRACO; folis pinnatis. Linné, diadelphie décandrie, Jus-
sieu, clas. 14, ord. 11, famille des légumineuses.
HaheniEr Sie SANGUE DI DRAGONE
Portugais. épars + DRAGONE F
FROM Lie à 65: SANG-DRAGUN
a: RAGON TREE
Allemand: 55 524 DRACHENBAUM ; DRACHENBLUTBAUM
Hollandais, ....., DRAARBOOM
CETTE résine coule par incision et en larmes sobpritres du tronc
d'un arbre des Indes orientales, que Linné a nommé pterocarpus
draco. 11 appartient à la famille des plantes légumineuses, et se ca-
ractérise par un calice campanulé, à cinq dents aiguës; une corolle
papilionacée ; l’étendard arrondi, presque en cœur, longuement
onguiculé; les ailes lancéolées; la carène courte; dix étamines ; les
filamens libres à leur partie supérieure; un ovaire pédicellé, com-
primé; un style; un stigmate simple. Le fruit est une gousse courbée
en faucille ou échancrée latéralement, comprimée, membraneuse ,
renfermant une, quelquefois deux ou trois semences.
Son tronc est droit; les rameaux glabres, alternes, revêtus d’une
écorce rougeâtre , chatte de feuilles ailées , alternes, pétiolées , gla-
bres à leurs deux faces, composées de flioles alternes, pédicellées ,
membraneuses, ovales, acuminées, très-entières | longues d'environ
trois pouces, larges de deux. |
Les fleurs sont blanches, nombreuses, disposées en grappes à
l'extrémité de pédoncules longs, rameux, axillaires et presque ter-
minaux.
Le fruit consiste en une gousse assez grande, comprimée, orbi-
culaire, munie dans son milieu de grosses nervures saillantes, envi-
ronnée à son contour d’une large membrane mince, ferme, ner-
veuse, courbée en faucille avec une pointe me formée
80e Livraison.
SANG-DRAGON.
par une échancrure médiocre et latérale : elle renferme, dans une
seule loge, deux ou trois semences ovales, oblongues , rougetres.
Le suc de cet arbre, connu sous le nom de sang-dragon, se pré-
sente quelquefois en larmes, mais le plus souvent en petites masses
ovales ou arrondies, de la grosseur d’une olive ou d’une noix, enve-
loppées dans des feuilles de palmier ou de roseau liées à leur extré-
mité. C'est une substance d’un rouge foncé, couleur de sang , inodore,
insipide , dure, friable, sèche, fusible, inflammable, et qui répand
une odeur balsamique quand on la brûle. Presque entièrement soluble
dans l’alcool et dans les huiles, elle est presque insoluble dans l'eau.
Elle contient beaucoup de résine, du tannin insoluble dans l'eau
froide, et, selon quelques auteurs, une petite quantité de mucilage,
qui paraît être dû aux matières étrangères qu’on y introduit souvent
pour en augmenter le poids; car il est peu de médicamens qui
soient aussi fréquemment sophistiqués.
Le sang-dragon du commerce n’est cependant pas exclusivement
fourni par le pterocarpus draco. On le retire aussi des troncs du
Pterocarpus santolinum , du dracæna draco , du dalbergia moneta-
ria, et des fruits du calamus rotang. Les anciens le connaissaient
sous le nom de cinnabre. Il est généralement regardé, parmi nous;
comme une substance résineuse astringente Cependant, le tannin
auquel il doit cette dernière qualité , y est ordinairement en st petite
proportion , qu’il ne jouit, en général , que d’une stypticité très-fai-
ble, et qu'il est très-peu propre , par conséquent, à justifier les puis-
sans effets qu’on lui attribue sur l’économie animale. Toutefois, les
epithètes de dessiccatif, de resserrant , d'incrassant et de vulnéraire
ne lui ont pas été épargnées. Il a été particulièrement décoré de la
propriété de supprimer ou de diminuer les sécrétions et les exhala-
lions très-abondantes , et préconisé en conséquence contre les écou-
lemens muqueux et les hémorragies passives. Ainsi, on l'a recom-
mandé, et peut-être quelques vieux praticiens en font encore usage;
dans les flueurs blanches , la blennorrhagie et le catarrhe vésical. On
a également vanté ses succès contre les catarrhes chroniques des
bronches , et surtout contre la diarrhée et la dysenterie. Lorsque ces
affections existent depuis long-temps, et que l'habitude, plutôt que
SANG-DRAGON.
l'irritation des organes, est la cause des sécrétions morbides et de la
continuité des écoulemens dont ils sont le siège, le sang-dragon pour-
rait sans doute y être utile par sa propriété légèrement astringente.
Mais cette qualité y est si peu marquée, qu’on a recours, pour l’or-
dinaire, à des substances où elle est plus développée. On ne l’em-
ploie pas davantage aujourd’hui dans les hémorragies des poumons
et de l'utérus, contre lesquelles certains auteurs ont singulièrement
vanté ses prétendus succès, et encore moins dans la lithiasie et au-
tres maladies des voies urinaires , où les astringens ont joui, comme
on sait, d’une grande vogue.
Au total, on n’administre presque plus le sang-dragon à l’inté-
rieur. Mais, comme il a été signalé par divers auteurs de matière
médicale, ainsi que la plupart des résines, comme propre à aggluti-
ner les parties divisées, à cicatriser les plaies et à consolider les ul-
cères, il a été long-temps employé comme topique vulnéraire, avant
que la chirurgie moderne, forte de ses solides progrès , et de la mar-
che scientifique que lui ont récemment imprimée quelques esprits
supérieurs , eût banni pour jamais les onguens, les emplâtres, et
tous les topiques du traitement.des solutions de continuité.
A l’intérieur, on pourrait administrer cette substance résineuse,
depuis deux jusqu’à six grammes (demi-gros à un gros et demi),
soit en poudre, soit en pilules, soit sous forme de pastilles ou d’é-
lectuaire. Elle entre dans la composition de la poudre antidysenté-
rique de Charas, dans les pilules du même pharmacologiste contre
la gonorrhée, et dans plusieurs médicamens emplastiques, tels que
l’emplâtre styptique, celui d’albâtre et celui pour l’enclouement des
pieds des chevaux. Les peintres s’en servent pour la composition d’un
vernis rouge en usage pour peindre les meubles.
ocms (3.-rr.), Dissertatio de sanguine draconis ; in-4°. Altdorfi, 1712.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.)
‘310.
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Zur LP: Lambert À L 7/24
SANTOEINE :
as LE
CCCX.
SANTOLINE.
geps@rov, Dioscorides.
ABSINTHIUM SANTONICUM GALLICUM; Bauhin, Tiva£ , 1 4, sec. 2. Tour-
nefort, clas. 12, sect. 3, gen. 2.
FE UT ARTEMISIA SANTONICA; foliis caulinis linearibus pinnato -multifidis ,
ramis indivisis, spicis secundis reflexis, floribus quinquefloris.Linné,
syngénésie polygamie superflue. Jussieu , clas. 10, ord. 3, famille
êres.
des corymbif.
HORS. sr ue + + SANTOLINA; SEME SANTO.
PPOBNOL. 2. SANTOLINA ; SEMILLA SANTA.
Portugais... .... SANTOLINA.
Français. ........ SANTOLINE; CYPRÈS DES SARDINS: BARBOTINE.
ANT, es TATARIAN SOUTHERN WOOD ; WORMSE
Allemand. ../.... HEILIGER BEYFUSS; HEILIGE PFLANZE. ;
Hollandais... .... severacaric »vvorr.
La plante qui porte ici le nom de santoline, différente du genre
auquel Linné a donné ce nom , est placée, ainsi que l’absinthe, dont
il a déjà été fait mention, dans le même genre que l’armoise, et
offre, pour caractère essentiel, des fleurs flosculeuses, assez petites,
réunies dans un calice commun oblong, cylindrique, composé d’é-
cailles serrées , imbriquées, obtuses , arrondies; les fleurons du cen-
tre sont nombreux , hermaphrodites tubulés, à cinq dents; ils ren-
ferment cinq étamines syngénèses , les ovaires surmontés d’un style
et de deux stigmates; les fleurons de la circonférence sont grêles,
fertiles, peu nombreux , femelles et entiers ; les semences nues, fort
petites, sans aigrette, placées sur un réceptacle nû , ou velu dans
quelques espèces.
L’armoise santonique est originaire de la Tartarie et de la Perse.
Ses tiges sont à demi-couchées, ligneuses à leur partie infériéure :
elle produisent un grand nombre de rameaux alongés, redressés,
longs de deux ou trois pieds, d’un vert blanchâtre, glabres, angu-
leux, étalés en panicule.
80° Livraison, 4,
SANTOLINE.
Les feuilles sont alternes, d’un vert un peu blanchâtre, à décou-
pures nombreuses, courtes, planes, linéaires, fort menues; celles
des rameaux une fois plus courtes; les feuilles qui terminent les
jeunes pousses sont blanchâtres et cotonneuses.
Les fleurs sont petites, disposées en grappes nombreuses, me-
nues, presque filiformes, paniculées , recourbées, entremêlées de
folioles simples, petites et linéaires : les calices cylindriques, pres-
que glabres ; le réceptacle nu. k
Les semences de cette plante, que l’on conserve sèches pour l’u-
sage médical, exhalent une odeur fragrante analogue à celle de la
camomille, quoique moins forte et moins désagréable. Leur saveur
est aromatique, amère et un peu âcre. Elles renferment un principe
amer et une matière résineuse, ce qui fait que l'extrait qu’elles four-
nissent, à l’aide de l’aloool, est plus âcre que celui qu’on en obtient
au moyen de l’eau.
Les qualités physiques de ces semences justifient pleinement le
rang qui leur a été assigné parmi les toniques stimulans. On a pu
même , avec raison, leur accorder les titres de stomachiques, anthel-
mentiques, résolutives, etc., qu’elles portent dans presque tous les
traités de pharmacologie, et qui résultent de l’action tonique qu’elles
exercent sur l’économie animale. Introduites dans estomac, elles
augmentent en effet le ton de cet organe, et activent consécutive-
ment plusieurs de nos fonctions organiques. Toutefois, elles parais-
sent agir plus particulièrement sur l'intestin, et provoquer l’expul-
sion des vers qui peuvent y être contenus. La plupart des auteurs
de matière médicale parlent au moins de leurs vertus anthelmenti-
ques, comme. d’un fait constaté par l’expérience. On doit croire
qu'une substance aussi amère et aussi aromatique que le sont les se-
mences de la santoline, doit avoir, dans les affections vermineuses,
au moins autant d'efficacité que la plupart des plantes qui sont pré-
conisées comme vermifuges. Toutefois, je ne trouve aucune série
d'observations cliniques propres à en donner la certitude. En exci-
tant le ton des organés qui sont. dans un état d’atonie, la santoline
est bien réellement susceptible de favoriser la résolution de certains
engorgemens froids et. indolens ; mais lui reconnaître, avec divers
auteurs, la faculté de résoudre les obstructions, lorsque, sous ce
SANTOLINE.
nom bannal, on exprime vaguement toutes sortes de maladies du
caractère le plus opposé, c’est ce qui est absurde , à moins qu’on ne
commence par déterminer le siège et le caractère spécial de ces
sortes d’engorgemens. Dans le squirre au pylore, par exemple, dans
les inflammations chroniques du foie, des glandes mésentériques et
autres viscères abdominaux, qui, suivant le système vieilli des mé-
caniciens, sont aussi des obstructions, il est bien évident qu'un
semblable remède ne pourrait être que funeste.
L'odeur fragrante de ces semences ne permet pas de douter de
leur influence sur le système nerveux. Sous ce rapport, leur admi-
nistration à pu être quelquefois utile dans le traitement de l’hysté-
rie. On ne peut cependant accorder beaucoup de confiance à leur
efficacité prétendue dans cette affection, et dans plusieurs autres
névroses, jusqu’à ce qu’elle soit constatée par des expériences cli-
niques. En attendant , on doit gémir de voir cette plante stimulante,
qui jouit, dans certaines contrées, de beaucoup de réputation dans
presque toutes les maladies, administrée à tort et à travers, comme
une sorte de panacée, dans les maladies où elle est même le plus
contraire , par d’obligeantes commères, des charlatans de place, des
dames de châteaux, en un mot, par une foule d'ignares empiriques,
beaucoup plus funestes à l'espèce humaine, que la guerre et la
peste réunies, et qui, au grand scandale des lois, exercent de toutes
parts, avec audace, souvent même avec autorisation, un art dont ils
ignorent jusqu'aux premiers élémens.
En substance, on donne intérieurement les semences de santoline
pulvérisées, à la dose d’un à deux grammes (environ un scrupule à
un gros), ou bien, en infusion, en quantité double. Dans le pre-
mier cas, on peut les associer au miel , et en fairé des bols, des pi-
lules ou un électuaire. Dans le second, on peut leur donner pour
excipient , l’eau , le lait, le vin ou la bière.
La plante que les Italiens nomment santonica, santonique, et qui
paraît être l’artemisia cœrulescens de Murray, est réputée fébrifuge,
et, comme telle, on en fait un grand usage en Italie contre les fiè-
vres intermittentes qui se développent dans les contrées marécageu-
ses, soit en poudre, soit en macération dans le vin, soit en infusion
dans l’eau.
\
N ASUTE
SN \° /
CCCXIH.
SAPONAIRE.
Gr, St nr 3 AULME Dioscorides
SAPONARIA MAJOR LÆVIs; Bauhin, NMivaË, lib. 6,
YCHNIS SILVESTRIS, QU@æ SAPONARIA Vulgd, esse du 8, sect. r,
PR rss rss en. 2.
SAPONARTA OFFICINAUS; calycibus cylindricis, foliis ovato-lanceolatis.
Jussieu, clas. 13, ord. 22, famille des car yophyllées.
Jialien.. ..,..... SAPoNaRrA.
Espagnol. ......, JABONERA
POrUOSE. fs 15e SABOEL
Français … «+ + SAPONAIRE ; SAVONNIÈRE
Anglais. ... «+ + SOAPKORT.
Alihahid.i 24 02% SEIFENKRAUT
Hollandais. . ..... ZEEPKRUID
QUE ie us SAEBEURT.
SRB ETS FPT SAOPAOERT.
Bôhémer: MYDELNJK.
La saponaire est une plante agreste, d’un beau feuillage , se rap-
prochant de l’œillet par ses fleurs d’une odeur douce, légèrement
purpurines; formant , par ses jolis bouquets, un parterre champêtre
sur le revers des collines, dans les vallées des montagnes, ou sur le
bord des ruisseaux.
Ce genre ne se distingue essentiellement des œillets que par l'ab-
sence des écailles à la base du calice : celui-ci est tubulé, à cinq
dents ; cinq pétales onguiculés ; les onglets de la longueur du calice;
dix étamines ; deux styles; une capsule à une seule loge; un récep-
tacle libre et central supportant des semences nombreuses.
Ses racines sont grêles, d’un blanc jaunâtre, dures, traçantes,
très-étendue : elles produisent plusieurs tiges glabres, cylindriques,
fistuleuses, articulées, hautes d'environ deux pieds, médiocrement
rameuses.
Les feuilles sont glabres, très-lisses, d’un vert foncé ALES
81e Livraison.
SAPONAIRE.
presque sessiles, ovales-lancéolées, très-entières, à peine aiguës,
rétrécies à leur base, traversées par trois nervures.
Les fleurs sont terminales, disposées en un corymbe presque sem-
blable à une ombelle, blanches ou légèrement purpurines, d’une
odeur assez agréable; leur calice est très-glabre, cylindrique, long
de huit à dix lignes, à cinq dents courtes, aiguës; la corolle est
assez grande ; les capsules cylindriques , allongées, à une seule loge,
s'ouvrant au sommet en quatre parties. On rencontre quelquefois
des individus à fleurs doubles. (BA
Cette plante , dont on met également en usage la racine, les feuil-
les, et les semences, est presque sans odeur. Sa saveur est amère,
légèrement âcre. Sa décoction , surtout celle de ses feuilles, qui pa-
raissent en être les parties les plus actives, noircit lorsqu'on y verse
du sulfate de fer; ce qui est un indice qu’il entre du tannin dans sa
composition. De plus, quand on l’agite, elle mousse à la manière
d’une solution de savon. On y trouve en effet une matière extractive
qui a toutes les propriétés de cette dernière substance ; cet extrait
savonneux est beaucoup moins abondant dans la plante desséchée
que dans celle qui est fraîche. T’une et l’autre fournissent , à l’aide de
l'alcool, un extrait résineux un peu âcre.
Quoique la saponaire soit aujourd’hui rarement employée en mé-
decine, elle est , en quelque sorte, devenue célèbre dans la matière
médicale, par ses qualités savonneuses, et par la réputation qu’elle a
acquise, en vertu de cette propriété, pour fondre les engorgemens
lymphatiques, les concrétions morbides , et pour résoudre les ob-
structions. Outre les vertus fondantes, désobstruantes, résolutives
et apéritives, dont elle a été ainsi décorée, on lui a encore attribué
la faculté de provoquer la transpiration, d’exciter la sécrétion des
urines, de favoriser l’écoulement menstruel, et même d’expulser les
vers intestinaux. Stahl, Bergius et beaucoup d’autres, l'ont signalée
comme un puissant moyen contre la goutte, les rhumatismes et la
syphilis. On a surtout vanté ses succès contre les douleurs articu-
laires, soit vénériennes, soit goutteuses. Quelques auteurs ont même
pensé que sa décoction était plus efficace contre les affections syphi-
litiques que celle de la salsepareille, à laquelle les praticiens ont
cependant accordé une si aveugle confiance. On lui a même accordé
SAPONAIRE.
la propriété de guérir la vérole sans le secours d'aucun autre re-
mède. La plupart de ses partisans pensent, toutefois, qu'elle n’y a
réellement du succès que lorsque son administration a été précédée
ou accompagnée de celle des préparations mercurielles. M. Alibert
l’a souvent employée avec avantage contre les dartres squammeuses
et furfuracées. Bourgeois en faisait usage dans l'hystérie et l’hypo-
condrie. On a également préconisé ses succès contre les flueurs
blanches, où il est bien rare qu’elle puisse avoir un avantage mar-
qué; contre l’ictère, qui peut être le symptome d’un grand nombre
de maladies disparates, dans lesquelles la saponaire pourrait être
quelquefois nuisible, et qui guérit très-bien, sans aucun remède ,
lorsqu'il est idiopathique; et contre les obstructions du foie et des
autres viscères abdominaux, dont il eût fallu, avant tout, détermi-
ner la nature et les caractères. Le professeur Peyrilhe, qui, un des
premiers, parmi nous, a introduit quelques rayons de lumière dans
les ténèbres de la matière médicale, accordait une très-grande con-
fiance à cette cariophyllée, dans le traitement des engorgemens lym-
phatiques et des cachexies. Cependant , comme les faits à l'appui des
succès qu'on attribue à la saponaire sont peu nombreux et manquent
quelquefois d’exactitude, on doit n’admettre qu'avec réserve les pro-
priétés dont elle a été décorée, jusqu'à ce que l’on ait déterminé,
par des observations précises, son mode d'action sur l’économie ani-
male, et ses effets consécutifs dans les maladies. En attendant, il pa-
raît raisonnable de se borner à la considérer comme une plante exci-
tante, dont l’action, analogue à celle des irritans, est propre à sti-
muler les organes, à provoquer leurs sécrétions , et à activer, dans
quelques cas , certains mouvemens organiques.
La saponaire est ordinairement administrée à la dose de quatre,
huit ou seize grammes (un à quatre gros), en décoction dans un
kilogramme d’eau. On peut aussi en administrer l'extrait aqueux. On
a quelquefois recours au suc de la plante fraiche.
Cette plante, à raison de ses qualités savonneuses, est employée,
avec avantage, en guise de savon, pour blanchir le linge, et pour
enlever les taches des vêtemens.
SAPONAIRE.
Luvourr (nieronymus) ; Dissertatio de radice saponarid ; in-4°. Erfordiæ, 1756.
carreeuser (sohannes-rridéricus) , Dissertatio de saponarid; in-4°. Francofurti ad Viadrum,
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
{ La plante est réduite aux deux die de sa grandeur naturelle.)
1. ge ouvert , dans lequel on distingue 3. Le même, dépouillé du calice et coupé
pistik, les étamines et les péta- en travers.
5 s, . Graine gross v:
2. Fruit entier entouré de son calice, . Graine de Fée naturelle.
312.
CCCXIL.
SASSAFRAS.
7 ARBOR , ex florida, ficulneo folio. Bauhin, Tiva£, lib. 11,
sect. 6.
Latin: HER
os sassarRas; foliis integris trilobisque. Linné , ennéandrie mono
gynie. Jussieu , clas. 4 , ord. 6, famille des lauriers.
dtalien.sii sise «+ SASSAFRAS,
7.) NÉE SALSAFRAS
PORN 1-0 SASSAFRAZ
Français... …. .... SASSAF
Anglais... see FRASS TREE
Allemand. . . SASSAFRASBAUM
Hollandais. . . .... SASSAFRASSBOOM
Ses S'ils ce SASSAPRASTRAE
Suiélois. = 5: 7.2: SASSAFRASTRAED
Chns FR ire HOA
Brésilien. :. ...... AVHUIBA.
Le sassafras appartient au même genre que le laurier, dont J'ai
exposé ailleurs le caractère essentiel (Ÿ’oyez LaurIER ). Cet arbre a
été découvert dans les vastes forêts de l'Amérique Septentrionale : il
a été introduit et cultivé, en Europe, dès l’année 1555, par Muntin-
gius : peu auparavant, Monardès en avait publié une description et
une figure.
Ses racines sont traçantes et s'étendent au loin; elles fournissent,
surtout dans leur pays natal, un grand nombre de rejets; son tronc
s'élève, dans les terrains favorables, jusqu’à la hauteur de vingt ou
trente pieds; il se termine par une ample cime très-étalée, et garnie
d’un beau feuillage; son bois est odorant , léger, d’un blanc tirant sur
le roux; ses rameaux glabres , cylindriques, recouverts d’une écorce
lisse et verdâtre.
Les feuilles sont alternes, pétiolées variables dans leur forme et
leur grandeur , glabres, d’un vert foncé en dessus, plus pâles et un
peu glauques en dessous, les unes ovales, entières, les autres plus
ou moins profondément découpées en deux ou trois lobes, à peu
81° Livraison.
SASSAFRAS.
près comme celles du figuier commun ; dans leur jeunesse elles sont
molles, velues , lanugineuses en dessous.
Les fleurs sont petites, herbacées ou d’un blanc jaunâtre, herma-
phrodites sur certains individus, mâles ou stériles sur d’autres , dis-
posées en petites grappes lâches, presque en corymbes ou panicu-
lées , longues de deux ou trois pouces ; les pédoncules velus, munis
de bractées linéaires, caduques.
Le calice (ou la corolle ) est partagé en six découpures profondes,
linéaires, concaves, ouvertes en étoile; six étamines plus courtes
que le calice; leurs filamens privés de glandes; un ovaire ovale, :
surmonté d’un style plus long que les étamines ; le stigmate obtus
et tronqué.
Les fruits sont des baies ovales, bleuâtres à ‘époque de la matu-
rité, entourées, à leur base, par le calice , sous la forme d’une petite
cupule rougeître. (P.)
’écorce de cet arbre est rugueuse à l’extérieur, friable et d’un
brun ferrugineux; son bois est léger et d’une couleur gris de fer.
L’une et l’autre exhalent une odeur aromatique, fragrante et suave,
analogue à celle du fenouil, et offrent une saveur chaude et aroma-
tique. Ces qualités, toutefois, sont plus prononcées dans l'écorce
que dans le bois, quoique celui-ci soit beaucoup plus employé. Le
bois du tronc est moins aromatique et beaucoup moins actif que
celui des branches et des rameaux.
Le sassafras contient une assez grande quantité d’huile volatile
fragrante, très-aromatique, âcre, incolore d’abord, mais qui de-
vient ensuite jaunâtre et même rouge. Par analogie avec les autres
lauriers, on croit généralement qu'il renferme du camphre. On u
retire, en outre, une substance muücilagineuse et un principe rési-
neux , la première plus abondante que l’autre, et plus particulière-
ment associée au principe aromatique, puisque l’eau s’empare spé-
cialement de l’arôme de ce végétal et l'alcool de sa saveur.
Placé avec avantage parmi les toniques diffusibles, ce médica-
ment agit à la manière des substances aromatiques, en excitant le
ton des organes, et probablement aussi en stimulant instantanément
le système nerveux. C’est en vertu de son action excitante, qu'il
augmente l'énergie de l'estomac et favorise la digestion, qu'il excite
SASSAFRAS.
la transpiration cutanée et même la sueur, qu'il provoque la sécré-
tion des urines , l'écoulement des règles, et quelquefois même la ré-
solution de certains engorgemens atoniques, selon qu’il exerce plus
particulièrement son influence sur l'appareil digestif, sur les exha-
lans de la peau, sur les reins, sur l’utérus ou sur d’autres organes,
qui, faute d’une réaction suffisante, se laissent engorger par diffé-
rens liquides, Par suite de cette manière d'agir , le sassafras à été re-
commandé comme stomachique contre la dyspepsie idiopathique,
les spasmes abdominaux des hypocondriaques, et les flatuosités in-
dépendantes de l’inflammation ou de l’excès de sensibilité de l’appa-
reil digestif. Beaucoup d'auteurs attestent ses succès dans les catar-
rhes chroniques, dans les cachexies froides et les hydropisies primi-
tives. On lui attribue beaucoup d'efficacité, surtout contre la/goutte
atonique et les rhumatismes anciens, Enfin, on lui a également donné
des éloges dans le traitement de la gale, des dartres et de la syphi-
lis. L'utilité qu'on lui attribue dans plusieurs de ces maladies, peut
être attribuée à la dérivation qu'il opère sur les exhalans cutanés :
sans cet eflet consécutif, son usage, à cause de son action directe-
ment stimulante, ne pourrait avoir que des inconvéniens, lorsque
ces affections sont accompagnées de chaleur, d’inflammation et de
fièvre aiguë. Aussi Murray a:t-il judicieusement remarqué que le
sassafras ne convient point aux sujets d’une constitution sèche, aux
bilieux, aux pléthoriques, à ceux qui sont doués d’une sensibilité
excessive, et qui sont sujets aux phlegmasies ou aux hémorragies.
En revanche, il peut être d’un grand avantage dans les maladies
que nous venons d'indiquer, et dans beaucoup d’autres affections
chroniques, lorsqu'elles sont exemptes de phlogose, et accompagnées
de pâleur , de flaccidité et d'atonie; ainsi que cela à lieu ordinaire-
ment chez les sujets d’un tempérament lymphatique, d’une sensibilité
obtuse, et d’une constitution épaisse, froide et humide. Cependant,
l'usage du sassafras a singulièrement prévalu dans le traitement des
maladies syphilitiques et chaque jour il y est employé avec plus ou
moins de succès, quoique d'une manière banale. Les praticiens, en
général, ont même d'autant plus de confiance en ses vertus antivé-
nériennes , qu'il est regardé, à juste titre, comme un des plus puissans
sudorifiques, dont la routine a consacré l'usage dans cette affection.
SASSAFRAS.
On pourrait administrer le sassafras en poudre , à la dose de quatre
grammes (un gros), soit en pilules, soit en électuaire, soit en suspen-
sion dans un liquide quelconque. Räpé ou réduit en minces copeaux,
on l’administre quelquefois en décoction, à la dose de trente-deux
à soixante-quatre grammes (une à deux onces) pour un kilogramme
(deux livres) d’eau; et l’on peut augmenter singulièrement la force
de cette décoction, en y ajoutant quelques onces de vin blanc. Pour
lui conserver son arôme, il vaut mieux l’administrer en infusion
aqueuse dans des vaisseaux clos, à la dose de seize à trente-deux
grammes (quatre à huit gros) sur un kilogramme de liquide. Son ex-
trait, soit aqueux , soit alcoolique, se donne à la dose d’un à deux
grammes (dix huit à trente-six grains ). Son huile volatile peut être
ingérée à la dose d’une à dix gouttes, sur du sucre, en oléosac-
charum, ou dans un excipient quelconque. Ce bois fait partie d’une
foule de médicamens composés, prétendus antisyphilitiques, et re-
produits sans cesse par lesprit mercantile et par la cupidité des
empiriques , comme de précieuses découvertes.
En Amérique, on emploie avec avantage le bois de sassafras à
faire des pieux et des cloisons, qui résistent long-temps aux injures
de l'air. Tant qu’il conserve son odeur, on dit qu’il repousse les vers
les punaises et les teignes, et, dans cette vue, on l’emploie à la fa-
brication des bois de lit et des garde-robes. Quelquefois aussi on en
répand des fragmens dans les armoires où l’on conserve les vêtemens,
pour détourner les teignes qui détruisent les étoffes de laine. Son
écorce sert à teindre en couleur orangée. Les vaches sont très-avides
de ses feuilles , lesquelles, lorsqu'elles ont été desséchées et pulvéri-
sées , servent, à la Louisiane, pour aromatiser les sauces. Ses fleurs
sont iraloéée en guise de thé dans plusieurs parties de l'Amérique,
et ses fruits servent d’alimens aux oiseaux.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.)
- Rameau pÈ fleurs. 4. Le même coupé horizontalement, pour
+ Étam faire voir le noyau.
À Fruit e entier.
: il
SAUGE .
ml
CCCXIIT
SAUGE:
Grêc, sé PE RAP Dioscorides.
: SALVIA MAJOR , Bauhin, TlsvaË , lib. 6, sect. 6. Tournefort, clas, 4,
bé
Latin. ...... , SALVIA OFFICINALIS; foliis lanceolato-ovatis, integris, crenulatis, flori-
. bus spicatis, calycibus acutis. Linné, diandrie monogynie, elas. 8,
ord. 6, famille des labiées.
aliens: 5, 1x5 SALVIA,
Espagnol. . ...... SALVIA
FORTS ee «à 1 SALVETTA
Français SAUGE; PETITE SAUGE
HAE. 5 S AGE
ADEMARES. Sen 22 SALBEY
Hollandais 3 À SALLE
Dañais..ssss tas SALVIE
SRÉAOIS LE à es SALVIA
Polonais. . : SZALWI
Mie RM SCHALWEJ A,
LA sauge officinale a joui, de tout temps, de la plus haute répu-
tation; elle est même devenue une plante d’ornement par les belles
variétés que la culture en a obtenues. Le genre qui porte son nom,
est aujourd’hui très-nombreux en espèces, remarquables surtout par
le caractère des étamines, dont le filament est porté transversale-
ment sur un pivot qui naît du fond de la corolle. Ce filament porte
à une de ses extrémités une seconde anthère avortée : on trouve en-
core, au fond de la corolle, deux rydimens d’étamines avortées. Le
calice est un peu campanulé, strié, à deux lèvres, la supérieure à
trois dents, l’inférieure à deux lobes; une corolle à deux lèvres ; deux
étamines fourchues ; un style très-long ; le stigmate bifide; quatre
semences au fond du calice.
Cette espèce a une tige, ou plutôt une souche ligneuse, d’où s’é-
lèvent un très-grand nombre de rameaux droits, presque quadran-
gulaires, velus, un peu blanchâtres , longs d'énvisdls deux _. ,
81e Livraison,
SAUG E.
Les feuilles sont opposées, assez longuement pétiolées, ridées,
comme chagrinées, épaisses, ovales-lancéolées , un peu crénelées à
leurs bords, d’un vert sombre en dessus ; blanchätres en dessous,
quelquefois agréablement panachées.
Les fleurs sont disposées en un épi simple, lâche et terminal,
réunies par verticilles rapprochés, munis de bractées caduques,
ovales, mucronées. |
Le calice est strié, quelquefois coloré, à deux lèvres, à cinq dents
très-aigués , les trois supérieures plus petites ; la corolle assez grande,
d’un bleu rougeître, à deux lèvres ; la supérieure obtuse, échancrée;
l'inférieure à trois lobes ; celui du milieu plus grand , échancré.
Elle croît dans les contrées méridionales de la France et de l'Eu-
rope. Il en existe encore d’autres espèces européennes; la plus com-
mune est la sauge des prés, qu'on rencontre partout dans les terrains
secs et les prés. (P.)
Les fleurs et les feuilles de cette plante sont également en usage.
Elles exhalent une odeur aromatique, agréable au premier abord,
mais qui bientôt devient fatigante. Leur saveur est aromatique,
chaude, amère et un peu astringente. Lewis et Cartheuser en ont
retiré un extrait aqueux, astringent et un peu amer, un extrait spi-
ritueux aromatique, et de l’huile volatile. Mais outre ce dernier prin-
cipe, les chimistes modernes y ont reconnu la présence d’une ma-
tière extractive, d’une certaine quantité de tannin et du campbre.
Les qualités amère et aromatique prédominent dans la sauge,
comme dans la plupart des labiées. En vertu de ces propriétés phy-
siques , elle excite l’action des organes, et active momentanément la
plupart des fonctions de l’économie animale, En un mot, elle est
essentiellement tonique, et de là découlent les propriétés stomachi-
que, cordiale, nervine, utérine, corroborante, résolutive, etc. , dont
elle a été décorée. En effet, elle peut relever le ton de l'estomac et
faciliter la digestion; solliciter les contractions du cœur et accélérer
la circulation générale ; exciter l’action de l'utérus et favoriser la
menstruation ; augmenter l'énergie de l’influence nerveuse et occa-
sioner ainsi la résolution de certains engorgemens indolens. Toute-
fois, ces effets n’ont lien réellement que dans les cas de faiblesse et
d’atonie, chez des sujets d’une constitution froide et humide, dont
SAUGE.
la peau est pâle, les chairs flasques , la sensibilité obtuse, et dont les
organes sont exempts d’inflammation. C’est dans de semblables cir-
constances que cette labiée a pu être administrée avec succès contre
la paralysie et le tremblement musculaire, la suppression des règles
et la leucorrhée ancienne, la goutte vague et les rhumatismes chro-
niques. Comme diaphorétique et alexitère , elle a été préconisée,
jadis, contre les maladies pestillentielles et contagieuses; quelques
médecins l'ont même employée en infusion vineuse , à l'invasion des
accès des fièvres intermittentes. Mais, en même temps qu’on lui at-
tribuait la faculté de prévenir ainsi le retour de ces affections, en
expulsant, au moyen de la sueur, le prétendu principe morbifique,
on l’employait , comme astringente et roborante, pour diminuer et
supprimer les sueurs excessives, et les autres évacuations trop abon-
dantes, qui affaiblissent et fatiguent si souvent les malades dans les
affections chroniques. C’est ainsi que Van Swiéten lui donne des
éloges contre les écoulemens abondans de lait qui tourmentent cer-
taines nourrices à l'époque du sevrage.
On a cru trouver, dans l’analogie grossière qui existe entre les
petites papilles dont est hérissée la surface des feuilles de sauge, et
celles qu'on remarque à la surface de la langue, un indice de cer-
taines vertus occultes propres à guérir les maladies de cet organe ;
et c’est probablement à cette idée erronée qu’elle est redevable de la
réputation dont elle a long-temps jou, contre les aphtes des enfans,
où elle ne peut être réellement utile que lorsque cette affection est
compliquée de gangrène. La décoction de cette plante a été employée
avec succès, en gargarisme , pour déterger les ulcères de la bouche,
et favoriser la résolution des engorgemens fongueux dont les genci-
ves sont souvent affectées , dans le scorbut et autres maladies. À l’exté-
rieur, la sauge est quelquefois appliquée avec succès, comme réso-
lutive, soit en sachet qu'on laisse à demeure sur la peau, soit en fo-
mentation, au moyen de sa décoction aqueuse où de son infusion
vineuse, contre les ecchymoses, les œdèmes locaux, les tumeurs
froides et les engorgemens atoniques, dont ses diverses préparations
sont très-propres à déterminer la résolution. Cependant, cette plante
aromatique était beaucoup plus en honneur chez les anciens, qu’elle
: ; ss : » ;
ne l’est parmi nous. Orphée, suivant Aëtius, en avait connu l'usage ;
SAUGE.
Hippocrate l’employait dans les maladies de la poitrine et de luté-
rus, et Galien loue beaucoup ses propriétés échauffantes et resser-
rantes.
On pourrait l’administrer intérieurement en substance et pulvéri-
sée, à la dose de quatre grammes (un gros), soit en suspension
dans un liquide, soit en pilules ou en électuaire. Ordinairement , on
la donne à la dose de quelques pincées en infusion dans cinq hecto-
grammes (une livre) d’eau ou de vin. On en prépare une teinture
alcoolique que l'on prescrit de quatre à huit grammes (un à deux
gros ), dans des potions ou des mn appropriés. Son huile volatile
peut être ingérée depuis une jusqu’à dix gouttes, sous forme d’oléo-
saccharum, dans un jaune d'œuf ou toute autre préparation ana-
logue.
Les feuilles de sauge sont quelquefois employées, pour fumer, en
guise de tabac. Plus souvent on en fait des infusions théiformes , qui
font partie de la diététique de plusieurs peuples. Les Chinois en sont
même , dit-on , aussi avides que nous le sommes de leur thé: de sorte
que les négocians hollandais, suivant Bomarre, enlèvent avec soin
toute la sauge qui est recueillie sur les côtes de Provence, pour la
porter en Chine et au Japon , où ils reçoivent en échange le thé qu'ils
apportent en Europe, Ce qu’on a dit des qualités vénéneuses que les
crapauds et certains insectes communiquaient aux feuilles de sauge,
est entièrement fabuleux. Toutefois, comme beaucoup de corps
étrangers et d’impuretés se fixent entre les papilles dont elles sont
hérissées, il est utile de les laver avant d’en faire usage.
weper (Georgius-wolgang), Dissertatio de saivia ; in-4°. Ienæ
srenzez (christianus-codofredus), De sabia pre thee chinensi present; ; in-4°. Vitemberge,
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est de grandeur naturelle.)
1. Calice et pistil. 3. Étamines , a. filet, #. connectif, c. an-
. Corolle ouverte, pour faire voir les deux thére ds at les ”_. sont distantes.
étamines à anthères, à ba- 4. Pistil.
lanciers , et les autres avortées. 5, Fruits.
SAULE .
Dre. a ££.
CCCXIV. ‘
SAULE.
Grec, % .% +. + ++: + 1743 Dioscorides.
SALIX VULGARIS ALBA ARBORESCENS; Bauhin, Iltvæ£ , lib. 12, sect. 3,
e Tournefort, clas. 19, sect. 6, gen.
Lames ere SALIX ALBA ; foliis dal, acuminatis his utrinque pubescenti-
bus, serraturis infimis glandulosis. Linné, dioécie triandrie. Jus-
sieu, clas. 15, ord. 4, fille des PRE 54
PTT RENE SALICE ; SALICE BIANCO
de di ai SANCE ; SALGE BLANCO.
Portugais 3. 5 SALGUEIRO ; SALGUEIRO BRANGO,
Français... 2 +. + SAULE ; SAULE BLANC.
ARMES: 2 » eo. WBITE WILLOW
Alémand, ss. WEISSE WEIDE.
Hollandais. . .:... WITTE WILG
AnOIS..: - : sebrice. HNID PI
Süédots. 54. SX HVIT PIHL,
Les saules forment, dans la série de leurs espèces, un genre des
plus intéressans, et dans lequel nous trouvons cette admirable va-
riété qui caractérise les productions de la nature. Quoiqu'il ne soit
ici question que d’une seule espèce, nous croyons devoir la faire pré-
céder de quelques observations sur les variations que présentent , dans
leurs formes , la plupart des autres espèces, selon les climats et les
localités.
Tandis que les saules -osiers se fixent dans les terrains inondés
par les eaux, et livrent leurs rameaux flexibles aux mains industrieu-
ses de l'homme , nous voyons les saules-marseaux s'élever graduel-
lement du bord des ruisseaux jusque sur les hauteurs, gagner les
forêts, et s'établir dans les sols même les plus abandonnés : il n’est
pas de terrains qu'ils n’abordent, point de hauteurs auxquelles ils
ne parviennent. Sur les sommets des Alpes, ils deviennent le dernier
terme de la végétation. A la vérité, ce ne sont plus ces mêmes arbres
qui, dans les plaines, nous couvraient de leur ombre; ils ne s'offrent
plus à nous que comme de très-petits arbustes perdus dans le gazon
Â-
81e Livraison,
SAULE.
que broute le chamois ; leurs rameaux tortueux ne forment plus que
des buissons rampans, annoncant les derniers efforts de la végéta-
tion luttant contre les glaces et les frimas. Ensevelis, pendant huit
à neuf mois de l’année, sous des montagnes de neiges, il leur ré-
sistent, et, vainqueurs des hivers, ils se hâtent, au retour de la
chaleur, de reproduire leurs feuilles, leurs chatons et leurs fruits :
tels sont, dans la race humaine, ces malheureux Lapons, à taille
courte, relégués dans les climats hyperboréens, végétant une par-
tie de l’année sous des huttes basses et enfumées.
Le saule blanc, si commun le long des routes , près des villages,
et qui croît naturellement dans les bois , est une espèce très-élégante.
A l’aspect de son feuillage d’un vert argenté, luisant et soyeux, le
voyageur qui s’est reposé sous les beaux protea du cap de Bonne-
Espérance, s’y croit transporté de nouveau. Malgré sa beauté, il
n’éprouve que notre indifférence ; nous le reléguons dans les bourgs
et les campagnes, et rarement nous lui permettons l’entrée de nos
jardins de plaisance.
Cet arbre s'élève à la hauteur de vingt-cinq ou trente pieds sur
un tronc droit , revêtu d’une écorce cendrée : ses rameaux sont nom-
breux, élancés, de couleur purpurine où d’un brun verdâtre, un
peu pubescens vers leur sommet.
Les feuilles sont alternes, pétiolées, lancéolées, alongées , dentées
en scie sur leurs bords, vertes et luisantes en dessus, d’un blanc
soyeux en dessous. :
Les fleurs sont très-souvent dioïques, réunies en chatons qui nais-
nent peu après les feuilles.
Les chatons mâles sont cylindriques, pédonculés, un peu velus,
munis de quelques feuilles à leur base, composés d’écailles imbri-
quées, puis réfléchies , ovales, concaves, renfermant chacune deux
étamines.
Les chatons femelles sont grèles , alternes , longs de deux pouces,
les écailles oblongues, un peu aiguës, munies d'un style court, bi-
fide à son sommet , terminé par quatre stigmates obtus.
Les capsules sont glabres, ovales-oblongues, ventrues à leur
base, presque sessiles , à une seule loge, s'ouvrant à leur sommet,
en deux valves fortement réfléchies en dehors, contenant une S€-
SAULE.
mence entourée d’une aigrette blanche luisante. On trouve quelquefois
des fleurs femelles à la base des fleurs mâles sur le même chaton. (P.)
Toutes les parties de cet arbre offrent une odeur faible qui ne dé-
plaît point, et une saveur amère et styptique. Ses fleurs ou chatons,
ses feuilles et son écorce ont été introduites depuis long-temps dans
la matière médicale. De nos jours, cette dernière est presque seule
en usage, par ses qualités amère et astringente, Cependant il faut
qu’elle soit prise sur des branches de trois ou quatre ans , desséchée
avec soin et conservée à l'abri du contact de l'air et de l'humidité.
La couleur noire que prend sa décoction aqueuse, lorsqu'on y verse
du sulfate de fer, y manifeste la présence du tannin. On en retire
aussi un extrait aqueux très-amer.
Elle exerce une action tonique sur l'appareil digestif, et consécu-
tivement sur le reste de l’économie : action qui est prompte et du-
rable, mais peu intense. Par suite de cette manière d'agir, elle a été
employée contre la débilité de l'estomac, et pour expulser les vers
intestinaux. Haller conseillait l'usage des bains pris dans sa décoc-
tion, pour remédier à la faiblesse des membres abdominaux des en-
fans. Stone, Clossius, Gunz, et plusieurs autres, l'ont administrée
contre les fièvres intermittentes. Elle a même été tellement préconi-
sée contre ces affections, que certains auteurs la regardent comme
un fébrifuge aussi puissant que le quinquina. Si, dans quelques cas,
l'écorce de saule peut augmenter le ton de l'estomac, et favoriser
l'expulsion des vers lombrics, on ne peut pas douter que, par ses
qualités amère et astringente, elle ne soit quelquefois utile contre
les fièvres intermittentes accompagnées de pâleur, d’atonie ; et
exemptes de phlogose et d’irritation de l'appareil digestif. Mais on
ne doit point accorder une confiance illimitée à ses propriétés fébri-
fuges, quand on réfléchit que Bergius et plusieurs autres observa-
teurs, parmi lesquels je pourrais me citer , l'ont administrée dans des
fièvres intermittentes de tous types, sans aucun succès. Cette écorce
a pu être employée avec avantage, localement, soit en poudre, soit
en fomentation , contre les ulcères atoniques et fongueux, contre la
gangrène et contre la pourriture d'hôpital, comme le sont chaque
jour les substances qui contiennent beaucoup de tannin; mais ce
n’est pas une raison pour la décorer des titres pompeux d’antiputride
SAULE.
et antigangréneux, qui lui ont été gratuitement accordés. Comment
admettre du reste, la prétendue efficacité qu'on lui attribue si mal-
à-propos dans la dysenterie, les hémorragies et la phthisie pulmo-
naire, lorsqu'on a étudié la nature et la marche de ces maladies, et
que l’on s’est convaincu , par une longue expérience, des graves in-
convéniens qu’il y a à leur opposer des excitans. Sans doute , les effets
de l'écorce de saule ne peuvent pas être aussi dangereux dans les
maladies nerveuses, dans la goutte, dans certains engorgemens du
foie, et dans les maladies vénériennes, contre lesquelles elle a été
plus ou moins préconisée. Mais comme aucune série d'observations
précises ne vient à l'appui de sa prétendue efficacité dans ces aflections,
il faut attendre que l'expérience clinique ait prononcé sur ce point.
En substance, on donne l'écorce de saule pulvérisée, à la dose
d’un ou plusieurs gros. Mais il est évident que si on l'emploie comme
fébrifuge , il faut en porter la quantité au moins à trente-deux gram-
mes (une once) dans l'intervalle de deux accès. Cette poudre doit
être préparée récemment , et administrée, soit en suspension dans le
vin, soit sous forme de bol ou d’électuaire. On donne son extrait
à la dose de quatre à six grammes. On l’administre également en in-
fusion vineuse et en décoction aqueuse, à la dose de soixante-quatre
grammes (deux onces) pour un kilogramme (deux livres) de liquide.
L’écorce de saule tanne les cuirs. Le bois est employé à la confec-
tion des cercles pour les tonneaux. Le charbon qui en provient passe
pour être le meilleur dont on puisse se servir pour la fabrication de
la poudre à canon. On attribue aussi à ce bois le singulier privilège
d’aiguiser les couteaux , et de les rendre aussi polis et aussi tranchans
que la pierre à aiguiser; mais une propriété aussi remarquable au-
rait besoin d’être confirmée par l'expérience. Les jeunes rameaux du
saule produisent, au printemps, une espèce de coton, qui, CORVE-
nablement préparé, peut rendre de nombreux services à l'économie
domestique.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La pl présentée réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.)
1, Chaton mâle. 4. Fruit
>. Fleur mâle, accompagnée de son écaille. 5. Le même ouvert.
3, Chaton femelle, dont les fruits sont par- 6. Graine isolée.
venus à leur état de maturité,
SAXIFRAGE .
pe
CCCX V.
SAXIFRAGE.
Grec. eus se +. sumerpoy, Dioscorides.
| SAXIFRAGA ROTUNDIFOLIA ALRA; Bauhin, [iva£, lib, 8, sect. 3, Tour-
L 22 #4
, nefort, clas 6 , sect, 3, gen. 2
Latin... .. SAXIFRAGA GRANULATA ; foliis bus reniformibus lobatis, caule ra-
moso, radice granulata. Linné. décandrie digynie. assieu, el. 14,
ord. 2, fa mille hi saxifrages
HARRIS à . ‘,. . SASSIFRAGIA ; SASSIFRAGIA BIANCA.
Espagnol. . .. . ... SAXIFRAGA ; SAXIFRAGA BLANCA.
Portugais, ., ..... SAXIFRAGA ; SAXIFRAGA BRANCA.
Fränçcaiiis Lit. SAXIFRAGE GRANULÉE , SAXIFRAGE BLANCHE.
FT RO ER WHITE SAXIFRAG
AUEMORL 7 5 LS WEISSER STEINBRECH ; KEILKRAUT,
Hollandais. , . ,..,. WiPTE SEEN
Danois... sw sus HVID STENBRAER
SUORORE Es dec HUIT STENBRAECHA
Bohémien. . ...... LOMKAM
Quanp on a visité les hautes montagnes des Pyrénées et des Al-
pes, avec quel plaisir on se rappelle ces tapis de verdure embellis par
ces jolies et nombreuses espèces de saxifrages, qui succèdent aux
neiges sur ces monts glacés : ce sont, en général, de petites plantes,
dont les feuilles radicales sont réunies en gazons touffus, très-serrés,
et qui se plaisent de préférence dans les froides régions des hauteurs :
quelques-unes cependant eroissent dans les plaines; telle est celle
dont il s’agit ici, qu'on rencontre assez communément dans les prés
secs et sur le bord des bois. Elle présente, en commun avec les au-
tres espèces, pour caractère essentiel : un calice à cinq divisions,
tantôt libre, plus souvent adhérent avec l'ovaire; cinq pétales insé-
rés sur le calice; dix étamines ; deux styles, une capsule de forme
variable, à deux loges, terminée par deux becs recourbés, s’ouvrant
plus ou moins au sommet en deux valves courtes.
Ses racines sont composées de fibres roussätres, re E gar-
82, Livraison.
SAXIFRAGE.
nies d’un grand nombre de petites bulbes arrondies, granuleuses,
souvent réunies par paquets.
Ses tiges sont cylindriques, velues, un peu rudes, nédioetiil
rameuses , peu feuillées.
Les feuilles inférieures ou radicales sont longuement pétiolées,
réniformes, un peu velues, vertes à leurs deux faces , bordées de lar-
ges cr droles: les supérieures ee presque sessiles, incisées,
presque palmées.
Les fleurs sont blanches, assez grandes , formant à l'extrémité des
iiges une panicule lâche, étalée, chargée sur les pédonceules , et les
calices de poils glanduleux et visqueux. (F3
Cette plante est inodore. Son herbe offre une saveur légèrement
âcre et piquante, selon les uns, et comme acidulée selon d’autres. Sa
racine, composée de petits grains ou tubercules farineux , qui ont
déterminé sa dénomination spécifique, est amère. Comme son
usage est presque entièrement tombé en désuétude, personne ne
s'est sérieusement occupé de son analyse chimique. Bergius a remar-
qué, toutefois, que sa décoction aqueuse noircit lorsqu’on y verse
du sulfate de fer, ce qui est une preuve qu’elle contient un principe
astringent. Les qualités légèrement styptiques de la saxifrage, aux-
quelles la présence de ce principe donne lieu, sont probablement la
source des propriétés que les anciens lui ont gratuitement attribuées,
de dissoudre les calculs urinaires, ou d’en favoriser l'expulsion, et de
la réputation dont elle a long-temps joui comme lithontriptique. À
l'exemple de beaucoup d’autres plantes un peu amères et légèrement
astringentes, cette plante peut bien , dans quelques cas, exciter l’ac-
tion des reins et provoquer la sécrétion de l'urine, surtout chez les
sujets catarrheux, leucophlegmatiques, et d’une sensibilité obtuse.
C’est au moins PES que les pharmacologues se forment , en gé-
néral, de l’action de ces sortes de substances. Mais si cette circon-
stance peut justifier, ; Jusqu'à un certain point la faculté diurétique
qu'on a accordée à cette plante, elle ne suffit pas pour qu’on lui at-
tribue la moindre efficacité contre les concrétions urinaires. C'est
cependant à sa prétendue vertu lithontriptique , que Pline rapporte
l'origine du nom de la saxifrage [saxum frango), tandis qu'il était
bien naturel, ainsi que le remarque M. Decandolle, de le faire
SAXIFRAGE.
dériver de la manière dont elle végète dans les fentes des rochers,
En rejetant comme purement illusoires les prétendues vertus an-
ticalculeuses de cette plante, si on lui accorde encore quelques pro-
priétés diurétiques, il faut convenir qu’elle est, sous ce rapport, au-
dessous d’une foule de végétaux de ce genre, dans lesquels cette pro-
priété est bien plus développée, et que même, pour cette raison,
elle pourrait être bannie, sans inconvénient, de la matière médicale,
déjà trop surchargée de substances inertes et superflues.
On n’a rien de certain sur la dose à laquelle on peut administrer
cette plante, ni rien de positif sur les formes sous lesquelles il serait
le plus avantageux de la donner. Mais on pourrait probablement en
faire prendre jusqu’à une once, en décoction, dans un kilogramme
r £
d’eau.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
( La plante est de grandeur naturelle.)
1, Racine et feuille radicale. 5. Fruit.
2. Feuille caulinaire, 6. Le même conpé en travers.
3. Calice, étamines et pistil. 7. Graines de grosseur naturelle,
a. Pistil, 8. Une graine grossie.
SCABIEUSE.
nn
CCCX VE.
SCABIEUSE.
(SCABTOSA PRATENSIS HIRSUTA, ge OFFICINARUM ; Banhin, Fevaf, L 7,
4. Tournefort, clas. 12,
SCABIOSA ARVENSIS ; RE Pre PT AS Pr foliis pinnatifi-
dis incisis, caule hispido. Linné, tétrandrie monogynie. Jussieu ,
clas, 11, ord. 1, famille des dipsacées.
PA i. Edge er
Tialien 5. ,:.. ,. SCABBIOSA
HSPOEROE + 0 ESCAB1OSA.
Portugais. 27 5. ESCABIOSA DOS CAMPOS.
Français... ...... SCABIEUSE; SCABIEUSE DES CHAMPS.
5 PC RENE FIELD-SCABLOUS
Alimand;"i. ES SKABIOSE ; ACKER-SKABIOSE
Hollandais. . ..... GEMEEN SCHURFTKR
1 5 TNT FAR RES SKABIOS ; SKAB
DHÉUONE Cie cs AOKERVAED
Polonais. :54 1: DRYIAKIEW POLNE
Les scabieuses méritaient, par la beauté de leurs fleurs, d’être
placées parmi nos plantes d'ornement; plusieurs y ont été admises.
Ces fleurs sont réunies en tête dans un involucre ou un calice com-
mun, à plusieurs folioles , placées sur un réceptacle hérissé de poils
ou d’écailles. Chacune d’elles est pourvue d’un double calice; l’exté-
rieur membraneux ou scarieux sur ses bords, souvent élargi en une
lame campaniforme , plissé à sa partie inférieure; le calice interne
se termine par un petit évasement calleux, d’où partent souvent cinq
arêtes ouvertes en étoile. La corolle est tubulée, placée sur le calice
intérieur, à quatre ou cinq lobes inégaux; quatre ou cinq étamines
attachées à la base du tube de la corolle; un ovaire renfermé dans le
calice intérieur; un style; un stigmate échancré ; une semence ren-
fermée dans les deux calices persistans.
La scabieuse des champs est une des plus communes , on la ren-
contre partout, le long des chemins , dans les champs et pe ie Ses
82° Livraison,
SCABIEUSE.
racines sont courtes , peu fibreuses , presque simples, d’une épaisseur
médiocre.
Ses tiges sont droites, un peu fistuleuses, cylindriques, peu ra-
meuses, légèrement pileuses, longues de deux pieds.
Les feuilles sont opposées, pétiolées ; les radicales ovales-allongées,
souvent entières et lâchement dentées à leur contour ; les autres ai-
lées ou pinnatifides; le lobe terminal très-grand , aigu , un peu denté,
toutes plus ou moins velues et ciliées.
Les fleurs sont d’un bleu-rougeâtre, terminales, soutenues par de
longs pédoncules simples, striés, velus, les corolles divisées en qua-
tre lobes presque égaux : celles de la circonférence plus grandes; le
calice commun presque de la longueur des fleurs; le réceptacle velu.
P.)
Cette plante est sans odeur; sa saveur est herbacée , amère et un
peu astringente; tout ce que l’on connaît deses propriétés chimiques,
c'est qu'elle contient une petite quantité de tannin qui se manifeste
par la couleur noire que le sulfate de fer donne à sa décoction
aqueuse.
La scabieuse a joui , autrefois, d’une grande réputation médicale,
mais aujourd’hui elle est bien déchue de la haute estime dont elle
jouissait parmi nos crédules aïeux. Cependant elle est encore décorée,
dans beaucoup de livres de matière médicale, des titres pompeux de
sudorifique, résolutive , détersive, dépurative, anti-vénérienne ; con-
solidante, vulnéraire, lithontriptique, etc., etc., dénominations qui
ne reposent, pour la plupart, que sur des idées vagues, ou même sur
des doctrines entièrement hypothétiques. À la manière de beaucoup
de plantes un peu amères et légèrement styptiques, il est bien vrai
qu’elle peut exercer , jusqu’à un certain point, une action tonique
sur nos organes , mais cette action est si peu intense, si faible même,
qu'on ne peut guère ‘espérer d'en obtenir des effets marqués. Toute-
fois, Rivinus la regardait comme un béchique des plus puissans et
d'une grande utilité dans l'empyème et la phthisie pulmonaire. Boer-
haave accordait beaucoup d'avantages à sa décoction miellée, dans
le traitement des pleurésies et des péripneumonies parvenues à leur
dernière période. On la surtout préconisée contre les maladies cu-
tanées , et long-temps elle à été administrée avec une extrême con-
SCABIEUSE.
fiance, soit intérieurement , sous forme d’extrait, soit à l'extérieur ,
en bains contre la gale, les dartres, la teigne, la lèpre, et autres
maladies chroniques de la peau. Quelques auteurs l'ont même signa-
lée comme un excellent remède contre les affections vénériennes ;
mais ces assertions ne reposent évidemment que sur des faits douteux ,
des observations incomplètes, ou sur des opinions purement erro-
nées. Il ne nous est donc point permis de distinguer la scabieuse de
cette multitude de plantes de la même nature, dont l’action est si
faible et les effets si peu appréciables, qu’on peut les employer
dans les maladies du caractère le plus opposé, avec la même appa-
rence de succès, puisqu'elles n’y opèrent aucun changement sen-
sible.
Cette plante a été administrée, en décoction , à la dose de trente-
deux à soixante-quatre grammes (une à deux onces) dans un kilo-
gramme ( deux livres) d’eau. Son suc a été quelquefois associé à
celui des autres plantes réputées dépuratives.
La scabiosa succisa, mors du diable, a joui d’une réputation au
moins égale à celle de la scabiosa arvensis. Elle n'offre cependant
pas de propriétés plus énergiques, c’est-à-dire qu’elle ne mérite pas
plus de confiance. L’infusion de ses racines a une odeur analogue à
celle du thé. Ses fleurs desséchées teignent en jaune. Du reste , ainsi
que le remarque Spielmann : Æbsurdum commentum de radice à
dæmone morsa, occasionem dedit, ut a non paucis qui sibi plus fic-
tionibus quam vert studio placent , ad gravissimos morbos fuerit com-
mendata , sed nulla observatio circa eam aliquid, præ reliquis ama-
115 præstantius detexit.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
L t t à: 1 elle.)
: 5 salurelle.
1. Tige et feuilles caulinaires , au trait, 3. Fleur du centre,
2. Fleur de la circonférence, accompagnée 4. Fruit mûr, couronné de son calice.
de son écaille,
ÉeS à LE Lambert ? 72 ë
SCAMONEE.
us
a
COCXWNTE
SCAMMONÉE.
Cheb 3 Trauuuwviæ, Dioscorides
SCAMMONIA SYRIACA ; AT A Tliva£, Lib, virr, sect. 1.
i CONVOLVUEUS SYRIACUS ET SCAMMONIA SyrrAca. Tournefort, clas. 1,
Latid. Lis ts ss sect. 3, gen. 5.
CONVOLVULUS SCAMMONIA ; foliis sagittatis postice truncatis, pedunculis
teretibus subtrifloris. Linné, pentandrie monogynie. Jussieu, clas. 77,
\ _ord. 9, famille des liserons,
Italien... ++. SCAMONEA,
Espagnol, ....... ESCAMONEA
Portuphis. 515 #3: ESCAMONIA
Fr ançais SCAMMONEE
RS eo etes SCAMMON
Allemand: : 5. SCAMMONIENWINDE.
Hollandais... .... scammoneum; svRISCHE Winne.
DUT PSE de re SKAMMONEUM,
SO SA" SKAMMONEUM
SACHMUNIA.
La scammonée est une substance fournie par les racines de la plante
connue depuis très-long-temps sous le même nom, qui croit en
Syrie, dans les campagnes de la Mysie, ainsi que dans plusieurs
contrées du Levant, et dans laquelle on a reconnu tous les caractères
des liserons, ayant, comme eux , un calice persistant à cinq divisions
profondes ; une corolle campaniforme, plissée à son limbe ; cinq éta-
mines ; un ovaire supérieur ; un style, deux stigmates. Le fruit est une
capsule à deux loges, renfermant chacune deux semences arrondies.
Ses racines sont longues, ép épaisses »très-charnues : : il en découle un
suc laiteux, par incision : ell 1 t des ti rêl
grimpantes, un peu velues ; ougues de trois ou ji GoMas pile el plus.
Les feuilles sont ts alternes, pétiolées, hastées, triangu-
laires, aiguës , longues de deux pouces ; leurs angles postérieurs di-
vergens, munis, à leur côté intérieur, d’une petite dent.
Les pédoncules sont solitaires, axillaires, au moins une fois plus
82e Livraison
SCAMMONÉE.
longs que les feuilles, chargés d'environ deux ou trois fleurs pédi-
cellées ; les pédicelles munis de deux petites bractées subulées.
Les folioles du calice glabres , obtuses et même un peu échancrées
à leur sommet. La corolle est grande, campanulée, d’un blanc teint
de pourpre. (P.)
La racine de cette plante contient un suc laiteux, qui, obtenu,
soit par incision , soit par différens procédés sur lesquels les voya-
geurs ne sont pas d'accord, et épaissi au contact de l'air, est répandu
dans le commerce, à l’état concret, sous le nom de scammonée. Cette
substance se présente en masses ou en fragmens irréguliers, tantôt
d’un blanc jaunâtre ou verdâtre, tantôt d’un gris brun et quelque-
fois d’une couleur noire. Elle est sèche, légère, cassante et friable.
Sa cassure est brillante, son odeur est piquante, un peu nausta-
bonde, et sa saveur, qui est nulle au premier abord, finit par don-
ner une sensation d’âcreté et d’amertume remarquables. On en dis-
tingue deux principales variétés dans les officines : la scammonée
d'Alep, qui est la plus estimée, est d’un gris noir, légère, très-fria-
ble, et provient exclusivement du convolvulus dont il est question.
Celle de Smyrne, beaucoup moins précieuse, est noire, plus pesante,
moins friable , et paraît appartenir au periploca scammone. Cette der-
nière contient , d’après l'analyse de MM. Bouillon-Lagrange et Vo-
gel, 0,29 de résine, et 0,08 de gomme ; tandis que la première
offre 0,60 de résine, et 0,03 de matière gommeuse. Mais, pres-
que toujours, cette gomme résine est sophistiquée avec les sucs con-
crets de diverses espèces de tythymales et d’apocinées, avec de lami-
don, des cendres, du sable, et autres substances étrangères propres
à en augmenter le poids aux dépens de ses qualités.
La scammonée a été connue des anciens. Elle était même d’un très-
grand usage parmi les Grecs et les Arabes. Hippocrate en employait
la racine comme un purgatif drastique très-puissant. Ses successeurs
en recommandaient la décoction acéteuse associée aux farineux, en
applications locales, contre lischialgie; ils composaient aussi avec la
scammonée concrète, divers topiques qu'ils employaient contre les
douleurs locales fixes, la goutte, le rhumätisme chronique, et certai-
nes maladies de la peau. Mais cette gomme résine a surtout été célébrée
. , - é *
aujourd’hui, comme elle l'est encore , Pour ses qualités purgatives-
SCAMMONÉE.
Son usage, sous ce dernier rapport, a même tellement prévalu,
qu'on ne l’emploie plus, depuis long-temps, que pour provoquer les
évacuations alvines. Elle agit, en effet, avec beaucoup Enxgie sur
le canal intestinal, et purge avec une telle intensité, qu'on s’ac-
corde pénéraléme à la regarder comme un drastique des plus vio-
lens. Il serait ridicule de prétendre, avec les humoristes, qu'elle
évacue plus particulièrement la pituite, ou qu’elle agit d’une manière
spéciale sur certaines parties de la bile, plutôt que sur quelques au-
tres : ces idées sont de pures fictions , indignes de nous arrêter.
Mais il serait intéressant de savoir si les qualités vénéneuses qu'Ori-
base, Aëtius, Hoffmann et plusieurs autres observateurs lui ont at-
tribuées , existent réellement. Or, quelques expériences de M. Or-
fila, dans lesquelles cette substance a été introduite jusqu’à la dose
de quatre gros dans l'estomac de plusieurs chiens, sans qu’il en soit
résulté autre chose que des évacuations alvines, sembleraient an-
noncer qu'elle ne possède aucune propriété délétère, Cependant, l'ir-
ritation qu'elle détermine sur lintestin est si violente que, si elle
était ingérée en trop grande quantité, elle pourrait produire la su-
perpurgation, des coliques , l’inflammation et même l’ulcération de
cet organe; et, sous ce rapport, c’est avec raison qu’elle a été signa-
lée par d’habiles médecins comme un purgatif dangereux, qu'il ne
faut donner qu’à petite dose et avec beaucoup de circonspection.
D'après ces considérations, il est important de remarquer que si.
Ja scammonée est un purgatif avantägeux aux hommes forts, aux su-
jets robustes et très-exercés, aux individus lymphatiques et d’une
sensibilité obtuse, elle ne convient nullement aux enfans , aux fem-
mes, aux convalescens , ni en général aux hommes faibles et délicats,
doués d'un tempérament nerveux , d’une vive sensibilité, ou dispo-
sés aux inflammations, aux-hémorragies et autres maladies aiguës.
Cela indique assez que cette gomme résine peut être très-utile,
comme drastique, dans certains catarrhes anciens et rebelles, dans
les hydropisies essentielles, dans la goutte atonique, dans certains
cas de manie, d’hydropisie et de colique saturnine, contre les vers
intestinaux, et surtout dans le traitement de la gale invétérée, des
dartres et de la teigne, et autres maladies chroniques de la peau,
lorsque la médication purgative y est nécessaire; mais qu'il ne faut
SCAMMONÉE.
jamais se servir d’un pareil dérivatif dans les fièvres , dans les exan-
thèmes aigus, dans les phlegmasies des viscères, dans la phthisie et
autres maladies, soit aiguës, soit chroniques, accompagnées de soif,
de chaleur, de sécheresse, de maigreur ou d’une grande débilité.
En substance , on l’administre de vingt-cinq à soixante-quinze cen-
tigrammes (cinq à quinze grains ); à la dose d’un scrupule, elle a,
suivant Russel, occasioné six selles. On la fait ingérer directement,
après l'avoir triturée -avec une certaine quantité de sucre, ou asso-
ciée à différentes substances mucilagineuses qui modèrent son action.
Les différentes préparations qu’on lui fait subir dans cette vue, por-
tent le nom de diagrèdes. Les livres de matière médicale et les phar-
macopées ont retenti long-temps des éloges fastueux prodigués au
diagrède cydonié, au diagrède glycyrrhizé, au diagrède soufré, ete.,
résultats du mélange de la scammonée avec la pulpe du coing,
l'extrait de réglisse, ou le soufre. Ce dernier diagrède est particu-
lièrement remarquable en ce qu’il était la base de la fameuse poudre
de Tribus. Cette poudre devait guérir toutes les maladies; elle a
été successivement préconisée sous les titres de poudre des #rois
dables, des comtes de Warwick : le titre de Cornachine, sous le-
quel elle a été également désignée, est tiré du nom de Cornachini,
professeur de Pise, qui a bien eu la folie de consacrer un livre en-
tier à célébrer les vertus admirables et la toute-puissance de cette
nouvelle panacée. La scammonée fait en outre partie d'un grand nom-
bre de médicamens officinaux : tels sont les pilules polychrestes, Co-
chées, dorées, fétides, sine guibus et mésentériques de Charas, mer-
curielles de Bontius, le sagapenum de Camäülli, la bénédicte laxative,
les sucres de coloquinte de Pachius, le diaprum solutif composé,
le diaphœnix, la confection Hamech, l’électuaire de psylhum, le
caryocostin , l'opiat mésentérique laxatif, l’électuaire diacarthame ,
l'extrait panchymagogue de Crollius, et autres monstrueuses pro-
ductions de la polypharmacie galénique.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite à la moitié de sa grandeur aéturelle.)
r. Corolle ouverte, à la base de laquelle on 3. Pistil.
voit cinq étamines. 4. Graines.
2. Calice,
Se SR ELA L AT
SR 6 alto
Lambert S Seulp.
3
ET ?
Pen t
27
À ar ptrt
mr rémensrents ml
SCILLE .
—.
CCCX VIIL.
SCILLE.
Grec... ., :..... usa, Dioscorides
SCILLA VULGARIS; reliée rubra. Bauhin , NivaË, lib.
ORNITHOGALUM MARITIMUM, seu scilla radice rubra. Aa 3 eL 9,
PM la r2: sect. 4, gen. 9
SGILLA MARITIMA ; Audiflora , bracteis refractis. Linné, hexandrie mo-
nogynie. Jussieu, clas. 3, ord. 6, famille des asphodèles.
DR, 5: SCILLA ; PANCRAZIO.
ESPONOL ET ESCILA ; CEBOLLA ALBARRANA.
Porfügaiss/. fie us SCILLA ; ESQUILLA ; ALVARRANA.
Français... ....…. 4 SCILLE.
Anglais, .,. 1.4. Qui
llemand........ MEERZWIEBEL; SQUILLE-
Hollandais. . ..... SQUILLE ; ZEEAJUIN
Dont, is. SKILLE
Suédois 1330. SKILLA.
ATODE SEE. RS ALASCHIL
LA grande scille, la scille maritime ou la squille, lorsqu'elle est
ornée de ses longues et belles grappes de fleurs blanches, ouvertes
en étoile, est un des plus beaux spectacles qui puisse frapper les re-
gards du voyageur dans les plaines incultes, désertes et sablonneu-
ses des côtes maritimes : telle je l’ai souvent rencontrée en Barbarie ,
couvrant de vastes campagnes par le luxe de sa végétation; elle
croît également dans la Syrie, en Sicile, en Espagne, et sur les bords
de la mer, dans la Bretagne et la Normandie.
Les bulbes de ses racines sont quelquefois de la grosseur de la
tête d’un enfant, composées de plusieurs tuniques épaisses, char-
nues, blanches ou rougeâtres, selon les variétés, ovales, visqueuses,
garnies en dessous de grosses fibres nombreuses , épaisses, charnues.
Il en sort des feuilles amples, toutes radicales, un peu charnues ,
étalées sur la terre, ovales, oblongues , glabres, obtuses, entières ,
longues d’environ un pied.
82° Livraison.
4.
SCTLLE.
Du centre des feuilles s'élève une hampe épaisse, droite, simple,
cylindrique , haute de trois ou quatre pieds, garnie dans presque la
moitié de sa longueur de fleurs nombreuses, pédicellées, réunies en
une grappe dense, un peu conique ; les pédicelles plus longs que les
feuilles, garnis à leur base de bractées membraneuses et subulées.
Chaque fleur est composée d’une corolle à six découpures très-
profondes, elliptiques, ouvertes en étoile ; point de calice; six éta-
mines de la longueur de la corolle; leurs filamens comprimés; les
anthères oblongues, pendantes; un ovaire supérieur, arrondi ; un
style, un stigmate simple.
Le fruit est une capsule presque ovale, triangulaire, à trois loges,
à trois valves, renfermant plusieurs semences arrondies. (P.)
La bulbe de cette plante est seule en usage; elle est pyriforme,
de grosseur variée, composée de squammes larges , charnues , succu-
lentes, lesquelles sont recouvertes d’autres squammes minces et sè-
ches , de couleur rouge ou blanchâtre. Son odeur est piquante , ana-
logue à celle de l’ognon , et irrite les yeux ainsi que le, nez. Sa sa-
veur , d’abord mucilagineuse, devient bientot après amère, âcre et
nauséabonde. Les chimistes y avaient déjà reconnu la présence d’une
huile volatile, d’une certaine quantité de fécuüle amilacée et d’une
matière gommo-résineuse très-amère. Mais M. Vogel a fait voir par
une analyse très-soignée de cette bulbe, qu’elle contient surtout deux
principes actifs bien distincts, savoir : une matière âcre volatile qui
se décompose à la température de l’eau bouillante, et une substance
amère, visqueuse, soluble dans le vinaigre et dans l'alcool, qui à
reçu le nom de scillitine, et qui paraît être la principale cause de
l’action de la scille sur l’économie animale.
D'après les expériences de Hillefeld et de M. Orfila, cette sub-
stance donne la mort aux chats et aux chiens. Bergius assure qu ’elle
tue les rats. On prétend que la pâte qui a servi à envelopper cette
bulbe, lorsqu'on la fait cuire dans le four, a été funeste aux cochons
et aux poissons à qui elle avait été donnée comme aliment. Geiler
a vu des pintades tomber dans une sorte d'ivresse pour en avoir
avalé avec leurs alimens. Plusieurs faits rapportés par Lange,
Quarin, Murray et autres observateurs , au sujet de son administra-
Uon intempestive par des empiriques, attestent qu ’administrée à
SCILLE,
haute dose, elle a quelquefois produit chez l’homme de très-graves
accidens et même la mort. Des nausées, des vomissemens, la cardial-
gie, des coliques , des évacuations alvines sanguinolentes , l’hématu-
rie, la strangurie, des mouvemens convulsifs, l’inflammation , la
gangrène de l’estomac et des intestins, sont les phénomènes patholo-
giques auxquels elle a ordinairement donné lieu, et la mort souvent
en a été la suite. Ces faits qui, sans doute, n’ont point été inconnus
aux anciens , expliquent toutes les précautions prises par eux pour
affaiblir et modifier, par différentes préparations pharmaceutiques ,
les qualités vénéneuses qui lui ont été attribuées dès l'enfance de l’art.
Cependant si l’âcreté réelle de la scille doit la faire considérer comme
un médicament dangereux, dont l’administration exige beaucoup
d'habileté, de prudence et de circonspection, il en est à son égard
comme des médicamens les plus héroïques et des poisons même les
plus dangereux , qui, entre les mains des médicastres et des empi-
riques, produisent chaque jour les accidens les plus funestes, mais
qui, administrés par des hommes instruits et expérimentés, peuvent
produire les résultats les plus avantageux.
Si l’on se borne à étudier les effets immédiats dé cette racine sur
l'économie animale, on voit qu’à petite dose elle excite le ton de
l'estomac et rend la digestion plus facile. Elle augmente en outre la
sécrétion urinaire, facilite et provoque l’excrétion muqueuse des
bronches, et semble même augmenter l'énergie des vaisseaux absor-
_bans : à dose un peu plus forte, elle produit les nausées et les vomis-
semens; à grande dose, elle détermine la purgation, quelquefois
l’hématurie, et autres accidens précédemment énumérés. Son usage
long-temps continué, même en très-petite quantité, affaiblit l’es-
tomac et trouble la digestion , ce qui arrive également aux toniques
et aux amers.
La scille est un des plus anciens médicamens que nous possédions.
Epiménide passe pour avoir le premier introduit son usage en méde-
cine. Pline rapporte que Pythagore avait écrit sur ses propriétés un
livre qui ne nous est pas parvenu. Généralement regardée comme
une des substances les plus utiles de la matière médicale, elle est
placée à juste titre à la tête des diurétiques les mieux éprouvés. Sous
ce rapport, les anciens et les modernes l’ont employée avec beau-
SCILLE.
coup de succès dans l’ascite, l’hydrothorax, la leucophlegmatie et
autres hydropisies essentielles. Tissot et Stoll, entre autres, se louent
beaucoup de ses bons effet dans ces affections , où j'ai eu moi-même,
depuis dix ans, de fréquentes occasions de l’administrer dans les
hôpitaux militaires. Eile est également avantageuse dans certains
catarrhes chroniques du poumon, qu’il ne faut pas confondre avec
la phthisie, et à la fin de la pleurésie et de la péripneumonie, chez
des sujets pâles, lymphatiques, d’une sensibilité obtuse , lorsqu'il n'y
a plus de soif, de chaleur ni de fièvre. Divers observateurs l'ont ad-
ministrée, avec non moins de succès, dans l'asthme humide et dans
certaines toux chroniques produites par l'engouement ou la sur-
charge des bronches. On en à également recommandé l'usage dans
certaines maladies des voies urinaires exemptes de douleur et d'in-
flammation, telles que la néphrite calculeuse, les affections catar-
rhales anciennes de la vessie et.du canal de l'urètre; mais, pour
qu'elle y soit réellement utile, il faut qu'il n’y ait point de chaleur
ni de sécheresse générales. Ce n’est pas en effet seulement par une
trop forte dose, que la scille peut être nuisible; elle peut encore de-
venir funeste, même à petite dose, par suite de certaines dispositions
organiques de l’économie animale, soit à l’occasion de l’état particu-
lier d'irritation de certains organes. Par exemple, l’expérience a ap
pris qu’elle ne convient point aux personnes grêles, maigres et très-
irritables; aux tempéramens bilieux et nerveux ; aux sujets qui ont
une disposition imminente: aux phlegmasies, aux hémorragies, €t
surtout qu'elle est redoutable pour lés phthisiques. Divers observa-
teurs attestent même qu’elle a été très-nuisible à des individus at-
teints de squirre, de cancer, de phthisie, de suppuration intérieure:
Il résulte de ces considérations, qu’autant la scille peut être utile
lorsqu'elle est administrée par un médecin instruit, judicieux, el
expérimenté, autant elle peut être dangereuse entre les mains des
médicastres et des empiriques , qui , prodiguant de toute parts, aV€t
ou sans autorisation, et avec une audace qui serait risible si elle
était moins meurtrière, les substances. les plus. incendiaires, sont
plus funestes à l'espèce humaine que la peste et la famine réunies:
La scille sèche se donne en poudre à la dose de cinq centigramme*
(un grain) à des distances plus ou moins éloignées , jusqu'à ce qu'il
SCILLE.
survienne. des nausées. On l'ingère après l'avoir triturée avec une
certaine quantité de sucre, ou bien sous forme de pastilles ou de pi-
Inles. Son extrait aqueux, beaucoup moins fidèle, se donne de la
même manière et à la même dose. On la fait macérer dans l’eau, le
vin, le vinaigre ou l'alcool, dans la proportion de cinq à quinze
parties sur cent parties de liquide, et l’on administre ces différens
liquides, convenablement édulcorés, ou sous forme de sirop , à doses
fractionnées; mais, de toutes les préparations de cette bulbe, la
meilleure, la plus usitée et la plus agréable pôur les malades, est
l'oxymel scillitique, que Von prépare avec le vinaigre, le miel et la
scille. On le donne d’une à trois onces en vingt-quatre heures, soit
seul, soit incorporé dans une potion ou une boisson appropriée. Sui-
‘ vant Van Swiéten, on peut même l’administrer à plus haute dose,
jusqu’à ce que les malades commencent à éprouver des nausées.
Cette racine bulbeuse entre dans les compositions de l’élixir pec-
toral de #’edel, de la poudre composée de Stahl, des trochisques
d'Andromaque , du looch antiasthmatique de Mesué, et dans beau-
coup d’autres préparations pharmaceutiques entièrement discrédi-
tées.
LL
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
{La plante est réduite au tiers de sa grandeur naturelle.)
1. Calice ouvert et étamines. 4. Le même coupé horizontalement.
istil, 5. Graine,
2. Pistil,
3. Fruit,
SCOLOPENDRE .
”
CCCXIX.
SCOLOPENDRE.
Grét: ja: «-. «omanvoy, Dioscorides.
LINGUA GCERVYINA OFFICINARUM; Bauhin, PT lib. ro, sect, 1. Tour-
3 | nefort, clas. 16, sect. en.
Latin. ......:.. ASPLENIUM SCOLOPENDRIUM ; prie simplicibus cordato- -lingulatis
| integerrimis, tro mins Linné, cryptogamie, ordre des fou-
J
gères. Jussieu, clas . 5, famille des fougères.
Italien... ....... scororenprra ; LINGUA pr cErvo.
Espagnol. . ...... RTE LENGUA CERVINA.
POrIHYNIS. Te. NGUA CERVINA.
Pranpais... 1.1: SCOLOPENDRE; LANGUE DE CERF; DORADILLE,
Anglais. En és al HARTS TONGUE
DE UELTTT ARS HIRSCHZUNGE
Hollandais. . ..... uenrsronc
MAO EE cp Sri HIORTETUNGE.
Suédois... ..,.,., HBIORTTUNGA
OU ns JELENI SZCZAW.
Carniolien.. . ..... 3ELENO sesaex.
La scolopendre ou langue de cerf faisait d’abord partie du genre
asplenium de Linné, mais, depuis les réformes établies parmi les
fougères, elle constitue un genre particulier caractérisé par sa fruc-
tification disposée sur le revers des feuilles en lignes éparses,
iransverses, recouvertes par deux tégumens parallèles, superficiai-
res, d'abord soudés, s’ouvrant par une fente longitudinale.
Ses racines sont brunes et fibreuses ; elles donnent naissance à plu-
sieurs feuilles simples , presque longues d’un pied, larges d’un à deux
pouces, un peu coriaces , vertes , très-lisses, planes, oblongues, ai-
guës, échancrées en cœur à leur base , entières ou ondulées à leurs
bords, soutenues par des Fe. très-souvent chargés de poils ou
d balles roussâtres.
La fructification est placée sur le dos des feuilles, disposée, de
chaque côté de la principale nervure, par paquets nombreux , oblongs
83° Livraison,
SCOLOPENDRE.
ou linéaires, parallèles entre eux, un peu obliques où presque per-
pendiculaires à la nervure du milieu. Ces paquets sont composés de
très-pelites capsules à une seule loge, munies d’un anneau élastique,
d'où s'échappe une poussière très-fine qu'on regarde comme les se-
mences.
Cette plante croît en Europe, sur les murs, dans les lieux humi-
des et couverts, dans les puits et sur le bord des ruisseaux : elle offre
plusieurs variétés remarquables dans ses feuilles ordinairement pla-_
nes et entières à leurs bords, quelquefois ondulées et légèrement in-
cisées ; plus fortement découpées et élargies en crête à leur sommet
dans une autre variété. (P.)
Cette plante, lorsqu'elle est fraîche, offre une odeur herbacée et
une saveur légèrement styptique; mais ces qualités disparaissent par
la dessiccation, et alors elle exhale une odeur aromatique, agréa-
ble, quoique très-faible. Elle contient du mucilage uni à un prin-
cipe légèrement astringent qui noircit la solution du sulfate de fer;
elle a un léger arôme, qui fait que son infusion plaît généralement.
Toutes les qualités physiques de la scolopendre consistent donc
essentiellement dans une faible stypticité et dans un léger arôme.
Elles ont suffi, toutefois, aux pharmacologistes, pour la décorer des
titres d’astringente, résolutive, altérante, diurétique , béchique, vul-
néraire , etc., mais il faut convenir que, si elle possède réellement
ces verlus, ce qui n’a encore été confirmé par aucune expérience di-
recte, elles y sont bien peu développées. De semblables propriétés
médicales ne pourraient être, en effet , que le résultat de son action
lonique ou excitante; or, la scolopendre agit, sous ce rapport, avec
si peu d'énergie sur l’économie animale, que ses effets consécutifs
sont, la plupart du temps, inappréciables.
Cependant les anciens médecins en faisaient beaucoup de cas. Ga-
lien, entre autres, vante ses bons effets contre la diarrhée et la
dysenterie. On la recommande contre les écoulemens muqueux et
contre les hémorragies. Elle a même particulièrement joui d’une cèr-
laine réputation contre le catarrhe pulmonaire, la toux et l’hémop-
tysie. On lui a également attribué, comme à la plupart des plantes
un peu astringentes, la faculté d’expulser les graviers qui se forment
dans les reins, et qui sont quelquefois charriés par les urines. Il est
SCOLOPENDR E.
facile de voir , néanmoins, que ces éloges sont exagérés, et que, si
elle a été quelquefois utile dans ces maladies, ce n’a pu être cer-
tainement dans leur première période , ni lorsqu'elles ont eu un ca-
ractère aigu et décidément inflammatoire; car, dans ces cas, les mu-
cilagineux les plus doux peuvent seuls y convenir. La scolopendre
a bien été décorée, en outre, de la propriété illusoire de résoudre
les obstructions ; mais cette assertion doit être regardée comme non
avenue, jusqu’à ce que l’on ait donné à ce mot banal une significa-
tion moins vague que celle qu'il présente à un esprit exact : aussi son
usage médical est presque entièrement tombé en désuétude. On se
borne ordinairement à l’associer aux capillaires et autres feuilles de
la famille des fougères, pour en faire des infusions théiformes qui
plaisent par leur léger arôme, et qui peuvent quelquefois provoquer
la transpiration, augmenter la sécrétion de lurine, et faciliter l’ex-
pectoration , mais plutôt par l’action de l’eau et de la chaleur aux-
quelles elles servent d’excipient, que par leurs vertus spéciales.
Les feuilles de scolopendre, qu’on peut aussi administrer en infu-
sion dans l'eau, le lait ou le vin, font partie des espèces prétendues
vulnéraires, que des “mes vendent sur les places ee”
sous le nom de /altranck ou vulnéraire suisse.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est de grandeur naturelle.)
+ Portion de -S sur laquelle on a re- 2. Capsule DE un
résenté deux lignes de fructfication 3, La m éme ouvert
(sores). a. see double, à. Indusie . Séminules
plus ouverte,
ET. À À. se * Q
+ #2 à
“ LS
Ÿ EN Ÿ
4 'rnprise Æ umberlT seulp +
SCORDIU M,
—t
SCORDIUM.
Greë sis st 00 gxopdsov, Dioscorides.
scorptuM ; Bauhin ; Tivaë, lib. 7, sect. r.
CHAMÆDRYS PALUSTRIS, CANESCENS , SeU SCORDIUM OFFICINARUM ; Tour-
nefort, clas. 4, sect. 4 , gen. 1.
TEUCRIUM SCOR DIUM ; ; foliis oblongis sessilibus dentato-serratis, flori-
bus geminis axillaribus ‘pedunculatis, caule diffuso. Linné, didy-
namie OR pop: clas. 8, ord. 6, famille des labiées.
Espagnol, ....... ESCORDIO
PÉPOUSEES, CRE, ESCORDIO F.
Francais. ........ SCORDIUM; GERMANDRKE AQUATIQUE.
ARS 1, WATER GERMANDER
Allemand. ....... WASSERKNOBLAÜCH
Hollandais. .… : WA
Didi. 57, 2: SKORD
Polo... CZOSNKOWCG ZIELE.
Lithuanien..…. . EMBUTT
Bohémien.: i..::": WODNJ CZESSNEK
0! MR Ac VIZL FOGHAGYMA.
Arabe... ,...,,,. SCORDEON.
Le scordium croît dans les fossés humides, aux lieux aquatiques
et marécageux. Il répand une odeur assez forte, mais qui n’est point
désagréable, quoiqu’elle approche un peu de celle de l'ail; il appar-
tient à un genre très-nombreux en espèces , caractérisé par un calice
campaniforme, plus souvent tubulé, à cinq dents ; une corolle labiée;
le tube court; la lèvre supérieure fort courte, presque nulle , avec
une échancrure d’où sortent les étamines, l’inférieure assez grande ,
étalée , à trois lobes; celui du milieu plus grand, échancré au som-
met : quatre étamines didynames, les filamens inclinés et arqués; un
ovaire supérieur, à quatre lobes; un style bifide à son sommet ;
deux stigmates ; quatre semences nues au fond du calice.
Ses racines sont fibreuses, ses tiges faibles, ordinairement cou-
8% Livraison. ÿs
SCORDIU M.
chées sur la terre, velues, un peu rameuses, longues d'environ un
pied et demi.
Les feuilles sont opposées, sessiles, pubescentes, molles, ovales-
oblongues, d’un vert blanchätre, obtuses, dentées à leur contour,
longues d'environ un pouce.
Les fleurs sont peu nombreuses, axillaires, ordinairement deux
dans chaque aisselle, portées sur des pédoncules courts; la corolle
est blanchâtre ,un peu purpurine, ou d’un rouge un peu blanchâtre.
Dans l’état frais, le scordium exhale une odeur alliacée qui porte
facilement à la tête, sa saveur est amère, âcre et persistante; avec
le temps, son odeur s’évanouit, et sa saveur devient plus désagréa-
ble. Les premiers chimistes qui se sont occupés de recherches sur la
composition chimique de cette plante, en ont retiré un extrait
aqueux et un extrait alcoolique : ce dernier, moins abondant, mais
plus amer et beaucoup plus actif que l’autre. On a reconnu, depuis,
qu’elle recèle une petite quantité d’huile volatile, et un principe
gommo-résineux , qui est la principale source de ses propriétés mé-
dicales. Ces dernières sont très-nombreuses, si lon s’en rapporte
aux livres de matière médicale; puisque le scordium est réputé to-
nique, excitant, échauffant, stomachique, cordial, sudorifique,
emménagogue, et qu’il passe même, avec encore moins de raison,
pour être anthelmentique, fébrifuge, alexitère, alexipharmaque ,
antiputride, etc. On a remarqué qu’il communique son odeur allia-
cée au lait des vaches qui en broutent.
Si l’on examine avec soin l’action de cette plante sur l’économie
animale, on reconnaît facilement qu’elle augmente le ton de l’esto-
mac et de l'intestin, la contractilité du cœur, et l’action de la plu-
part de nos organes Fr he Elle peut aussi faciliter la digestion,
provoquer l’expulsion des vers intestinaux , accélérer la circulation,
augmenter la chaleur générale, la transpiration cutanée, la sécrétion
de l’urine, l’exhalation pulmonaire, et même favoriser l’éruption
des menstrues.. Par la même raison, elle peut, dans certains Cas;
donner plus d'énergie à l'absorption ou. et solliciter la ré-
solution des engorgemens pâteux et indolens : aussi en a-t-on recom-
mandé l'usage dans latonie de l'estomac, les flatuosités et autres ac-
SCOR DIU M.
cidens qui en dépendent; dans l’hydropisie , lanasarque , l'aménor-
rhée, l'asthme humide, et autres maladies chroniques exemptes de
soif, de sécheresse, de chaleur et de fièvre. Quelques auteurs ont
vanté ses succès contre les affections vermineuses , d’autres s’en sont
servis contre les fièvres intermittentes ; mais la peste, les maladies con-
tagieuses, putrides'et la gangrène, sont les affections contre lesquelles
le scordium a été le plus préconisé. Ses propriétés antiputrides et alexi-
pharmaques non-seulement ont été portées jusqu'aux nues, mais il
s’en faut peu qu’il n’ait été considéré comme le spécifique de la peste
et de la gangrène. Cependant comment admettre l'efficacité du scor-
dium dans les maladies pestilentielles, lorsqu'on réfléchit que ces
terribles affections résistent souvent aux méthodes de traitement les
plus variées, les mieux combinées, et les mieux adaptées à leurs dif-
férentes périodes, aux symptômes qui y prédominent , et autres cir-
constances qui les compliquent? En admettant même, comme une
vérité, la fable rapportée par Galien , qu’à la suite d’une bataille , les
morts, qui étaient gisans sur des plantes de scordium, furent long-
temps exempts de putréfaction, et qu’ainsi fut découverte sa pro-
priété antiseptique; doit-on juger de ce qui se passe dans nos orga-
nes doués de la vie, parce qu’ils éprouvent après la mort, et croire
que cette plante soit susceptible de prévenir la putridité et la gan-
grène, lorsqu'on réfléchit que ces accidens, étant le‘résultat d’un
excès d'irritation ou d’inflammation des organes, ne peuvent être que
favorisés et déterminés par l'administration d’un pareil excitant ?
Les propriétés antiputrides du scordium ne sont donc pas moins il-
lusoires que ses propriétés alexitères , à moins qu’on ne l'emploie à
l'extérieur pour exciter l’inflammation des parties saines qui aboutis-
sent à des parties gangrénées, pour favoriser la séparation et la
chute des escarres. Comme topique stimulant, on l’emploie aussi
quelquefois dans cette vue, soit en cataplasme, soit en poudre, con-
tre les ulcères atoniques et la pourriture d’hôpital.
Intérieurement , on peut le faire prendre en poudre de quatre à
huit grammes (un à deux gros). Son suc exprimé et clarifié se donne
de seize à trente-deux grammes {quatre à huit gros). Le plus souvent
on ladministre en infusion à la dose de quelques pincées pour un
kilogramme d’eau ou de vin. Cette plante entre dans la composition
SCORDIUM.
d'un grand nombre de préparations pharmaceutiques, parmi les-
quelles on peut citer le diascordium liquide d’Hofmann, l'essence
alexipharmaque de Stahl, et surtout le fameux diascordium de Fra-
castor. Ce farrago, jadis si estimé, si souvent et si mal-à-propos
employé encore par les esclaves de la routine, dans la dysenterie, la
phthisie pulmonaire, et autres maladies que tous les excitans aggra-
vent, est composé du reste d’une foule de substances gommeuses,
toniques, aromatiques , amères, astringentes et narcotiques, à cha-
cune desquelles il serait difficile d'indiquer la part qu’elles ont eue
aux prétendues guérisons qu’on lui attribue.
cam£RaRiuS (rudolphus-sacobus), Dissertatio de scordio ; in-4°. Tubingæ, 1706.
weper, (soannes-adolphus) , Dissertatio de scordio ; in-4°. 1enæ, 1716.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est de grandeur naturelle.)
1. Fleur entière grossie. 3. Pistil.
2. La méme, vue de face. 4. Graine mûre grossie.
2
7 LOI
+.)
1
)
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SCROPHULAIRE..
Lambert TE Jrulr{
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CCCXXI.
SCROFULAIRE.
SCROPHULARIA . MAJOR ; Bauhin , Fivaf, lib. 6, sect, 5. Tour-
; t, clas. 3, »gen. 3
Latin... .......! sonopsuranta AQUATICA ; à; foliis cordatis petiolatis decurrentibus obtu-
membranis angulato , racemis terminalibus. Linné, didy-
namie angiospermie. Jussieu, clas. 8 , ord. 6, famille des labiées.
cA
Portugais SÉNNTON RS EE EN ESCROFULLARIA DOS RIOS
Français... .... SCROFULAIRE; SCROFULAIRE AQUATIQUE.
MORE, à «4 es WATER-FIGWORT
Allemand. .....1. WASSER-BRAUNWURZET
Hollandais. . ..... WATER-SPEEN-KRUID
La scrofulaire vient, sur le bord des ruisseaux, se réunir aux
plantes aquatiques, et contribuer avec elles à l’ornement de ces lieux
champêtres : elle s'élève, par ses fleurs en girandole et d’un brun-
rougeûtre, au dessus de la plupart des autres plantes. Très-voisine
de la scrofulaire noueuse , elle s’en distingue par ses racines non tu-
berculées , par ses feuilles obtuses, ainsi que les crénelures ; elle pré-
sente, pour caractère essentiel, un calice persistant, à cinq lobes
arrondis; une corolle presque globuleuse, à cinq lobes inégaux,
presque à deux lèvres , le tube court et renflé; la lèvre supérieure
orbiculaire , bilobée, souvent munie d’une écaille vers son milieu;
l'inférieure à trois lobes, celui du milieu réfléchi; quatre étamines
didynames , inclinées sur la lèvre inférieure; un style; une capsule
bivalve, à deux loges, arrondie, acuminée au sommet ; les valves
séparées par une double cloison ; les semences petites et nombreuses.
Ses racines sont composées de fibres grêles et touffues, presque
fasciculées, sans tubercules : il s’en élève des tiges droites, glabres,
rameuses, tétragones , un peu ailées sur leurs angles, hautes de trois
à quatre pieds.
83° Livraison.
SCROFULAIRE.
Les feuilles sont opposées, pétiolées, ovales-oblongues , presque
en cœur, simplement crénelées, un peu obtuses à leur sommet,
ainsi que les nervures, vertes, glabres, plus pâles en dessous.
Les fleurs sont rougeâtres, un peu ferrugineuses; elles forment
une grappe nue, terminale, interrompue, garnie de petites bractées
opposées , lancéolées ; les pédoncules partiels plusieurs fois bifurqués.
Êr
La scrofulaire exhale, lorsqu'on la froisse, une odeur fétide, très-
repoussante. Sa saveur est amère, un peu äcre et extrêmement nau-
séeuse. On en a retiré à peu près, en égales proportions, un extrait
aqueux amer, et un extrait spiritueux d'une amertume plus grande
encore. |
. Quoiqu’elle soit réputée anodine, résolutive , carminative , anthel-
mentique, sudorifique, vulnéraire; quoiqu’on lui ait prodigué de fas-
tueux éloges pour la guérison des hémorroïdes , de la gale et des af-
fections scrofuleuses, ses véritables propriétés médicales sont très-
peu connues ; et il serait à désirer, pour les progrès de la science,
que quelque médecin habile et zélé s’occupât de les soumettre à une
série d'expériences cliniques.
Ainsi que ses qualités physiques semblent l’annoncer , cette plante
paraît, toutefois, agir sur l’économie animale, à la manière des
excitans amers. On a observé, en effet, qu’elle détermine la purga-
tion, et qu'à haute dose:elle provoque le vomissement. C’est proba-
blement à son action purgative qu’elle doit la propriété de favoriser
l'expulsion des vers intestinaux; et. l'évacuation des gaz qui s’accu-
mulent quelquefois en si grande quantité dans le canal intestinal. Il
n'est point déraisonnable de penser que les éxhalations chtanées puis-
sent recevoir, dans certains cas , l'influence de ses effets excitans , et
l’on peut expliquer ainsi les effets sudorifiques qu’on lui attribue. Si
elle a été utile contre la gale, ainsi que divers auteurs l’attestent, et
si son emploi, soit à l'intérieur , soit à l'extérieur’, a eu, contre les
scrofules, les succès qu'on lui attribue, et qui semblent lui avoir fait
imposer le nom de scrofulaire, c’est bien évidemment aussi à l’exci-
tation qu'elle exerce sur l'économie animale qu'il faut rapporter ce
phénomène. Cependant ; comment concilier une semblable manière
d'agir, avec les avantages qu'on prétend en avoir obtenus, contre les
SCROFULAIRE.
hémorroïdes et l’esquinancie, qui, en général , réclament l'emploi
des médicamens adoucissans ?
De nos jours, cette plante est rarement administrée intérieure-
ment, elle est même exclusivement en usage comme topique. Divers
auteurs l’on employée en fomentation ou en cataplasme sur les tu-
meurs scrofuleuses, sur les ulcères atoniques et -gangréneux : on
prétend même qu’elle est extrêmement utile pour favoriser la cica-
trisation des plaies. On s'appuie d’une prétendue expérience faite,
pendant un long siège de la Rochelle, sur un grand nombre de
blessés qu’on fut obligé de panser avec la décoction de scrofulaire,
après avoir épuisé tous les autres médicamens des pharmacies, et
qui guérirent parfaitement. Mais en admettant cette histoire comme
authentique, on conviendra qu'elle est complètement illusoire, si
l’on veut réfléchir un instant que les plaies guérissent tout aussi bien,
et même beaucoup plus promptement , lorsqu'elles sont pansées avec
de l’eau pure, et même avec de simple charpie.
A l’intérieur , on pourrait administrer la scrofulaire depuis huit
jusqu’à seize grammes ( deux à quatre gros), en décoction dans un
kilogramme (deux livres) d’eau; mais on y a rarement recours , à
cause du peu de données positives que nous possédons sur sa ma-
nière d'agir et sur les effets consécutifs auxquels elle peut donner
lieu.
D’après le botaniste Marchand, les feuilles de cette plante, mé-
lées avec celles du séné, enlèvent, à la décoction de ces dernières,
le mauvais goût qui la caractérise, sans altérer en rien ses propriétés
purgatives.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est de grandeur naturelle. }
1. Feuille caulinaire , inférieure, au trait. 5. Pistil dont l'ovaire est entouré, d’un
>. Cali istil côté, d’un corps glanduleux.
3. Corolle, Fruit de grosseur naturelle.
. Corolle ouverte dans laquelle on voit Le mème coupé horizontalement
6
7
quatre étamines. 8. Graine de grosseur naturelle.
9
. Une graine grossie.
#
ZL'urrin PE RE pe pe care
: Lambert Srelp
NSEBESTE.,
7 et
CCCX XI.
SÉBESTE
[2
PR
Grec. ,.,.,. .... puËæ, Dioscorides.
SEBESTENA SYLVESTRIS ET DOMESTICA ; Bauhin , Tiva£ , lib. 11, sect, 6.
Lai: 3508 6953 coRDIA MyxA; foliis ovatis supra glabris, corrmbis latéralibus bei.
| bus decemstriatis. Linné, pentandrie monogynie. Jussieu, clas. 8 ,
ord. 9, der des borraginées.
Htaliéhiesf ess st EBESTO
Fapagnol, : . , ; . : s
POTIUPOIS 5: oo SEBESTEIRA,
Français. SEBESTE; SEBRSTIER DOMESTIQUE
DL cree SE
RSR... SEBESTENBAUM
Hollandais... .... SEBESTENBOOM
er SEBESTENTRÆE,
SHOES s - s: SEBESTENTRAED,
RES Trocs DAUN-CAUDAT.
L’ARBRE qui produit les sébestes dont les Arabes font usage depuis
long-temps , croît en Égypte : on prétend qu il croît également dans
les Indes ; mais quelques auteurs sont portés à croire que l’arbre des
Indes est une espèce différente. Les sébestes appartiennent à un
genre dont le caractère essentiel consiste dans un calice persistant,
un peu tubulé, à cinq divisions; une corolle infundibuliforme , à
cinq, quelquefois six ou huit lobes; cinq étamines, quelquefois qua-
tre ou huit, attachées au tube de la corolle; un ovaire supérieur ;
le style bifide; ses divisions fourchues. Le fruit est un drupe globu-
leux, contenant un noyau à deux ou quatre loges, dont quelques-
unes avortent; une semence dans chaque loge.
Le sébestier est un arbre d’une médiocre grandeur ; son tronc est
épais; son bois blanchâtre; son écorce écailleuse , avec quelques li-
gnes purpurines ; les rameaux ponctués , lisses et cendrés.
Les feuilles sont grandes, alternes, pétiolées, presque ovales,
rétrécies à leur base, un peu aiguës, pubescentes dans leur jeunesse,
83 Livraison. 4.
SÉBESTE.
rudes dans leur vieillesse, dentées vers le sommet; les pétioles deux
fois plus courts que les feuilles.
Les fleurs sont odorantes, disposées en un panicule ample , termi-
nal, un peu resserré. Leur calice est vert, cylindrique , marqué de
dix stries, à cinq découpures aiguës : la corolle est blanche, à cinq
ou six lobes très-ouverts, et même un peu réfléchis. Le fruit consiste
en un drupe glabre , pulpeux , ovale, acuminé, contenant un noyau
profondément sillonné, réduit à deux loges par avortement.
(P.)
Les fruits de cet arbre sont de petits drupes noirs, de la grosseur
et de la forme d’une petite prune. Ils renferment une pulpe roussi-
tre, inodore, succulente, d’une saveur douce et mucilagineuse qui
a béaucoup de rapport avec celle des prunes, des jujubes et autres
fruits analogues. On ne s’est point occupé de leur analyse chimique,
sur laquelle on ne possède par conséquent que de vagues aperçus ;
mais tout porte à croire qu’à l'exemple de ces autres fruits, ils con-
tiennent du sucre associé au mucilage visqueux et abondant dont ils
sont essentiellement composés.
Si les sébestes ont beaucoup d’analogie avec les figues, les dat-
tes, etc., par leurs qualités physiques, ils s’en rapprochent égale-
ment par leurs propriétés médicales : ils sont en effet très-nutritifs,
et jouissent, en même temps, de propriétés éminemment adoucissan-
tes, émollientes, lubréfiantes , relâchantes et légèrement laxatives.
Dent décoction dans l’eau , comme toutes les boissons douces et mu-
cilagineuses, peut être dbléyée avec succès dans la plupart des
maladies fébriles et d'irritation. Ainsi, on en fait usage dans les
phlegmasies des membranes muqueuses, telles que les aphthes, l’an-
gine, la diarrhée, la dysenterie, le éatarrhe vésical, la leucorrhée,
la blennorrhagie aiguës , et le catarrhe pulmonaire. Les anciens l'ont
particulièrement recommandée dans les affections de la poitrine,
telles que la pleurésie, la péripneumonie , la toux, l'enrouement el
la phthisie pulmonaire. Elle n’est pas d’un moindre avantage dans
la néphrite, la strangurie et autres lésions des voies urinaires. La
pulpe des sébestes peut être employée comme un doux laxatif dans
toutes les maladies où les purgatifs sont à redouter , et plus particu-
lièrement lorsque quelqu'un de nos viscères ést lé siège d’une inflam-
SÉBESTE.
mation ou d’une vive irritation. Matthiole observe que dix à douze
gros de cette pulpe purgent autant que celle de casse.
A l'extérieur, les Égyptiens appliquent le mucilage de ces fruits
sur diverses espèces de tumeurs ; et, à leur exemple, nous pour-
rions en appliquer la pulpe, comme émolliente, sur les bubons, les
panaris, le furoncle et autres tumeurs inflammatoires , si nous étions
moins riches que nous ne le sommes en substances indigènes de
même nature; en un mot, les sébestes conviennent , soit à l’intérieur ,
sous différentes formes, dans toutes les circonstances où les mucila-
gineux sont indiqués. Il faut seulement avoir soin de ne pas trop en
surcharger l'estomac dans les maladies aiguës, de crainte que le
travail que nécessiterait la digestion du mucilage visqueux qui y
abonde ne fatigue cet organe, n’occasione du malaise, de l’anxiété,
et autres accidens qui pourraient entraver ou retarder la solution de
la maladie.
On peut les donner en décoction à la dose de trente ou soixante-
cinq grammes (environ une ou deux onces) sur un kilogramme
(deux livres) d’eau. Leur pulpe, comme purgative, doit être admi-
nistrée d’une once à une once et demie. On en fait des pâtes, des
tablettes , et des sirops qui sont réputés contre les rhumes.
Par leurs qualités nutritives, les sébestes sont dignes de figurer
parmi les plus salutaires alimens de l’homme; ils conviennent sur-
tout dans les pays chauds et secs, aux sujets maigres et ardens, aux
tempéramens bilieux et sanguins, aux jeunes gens , à ceux qui sont
sujets aux hémorragies, aux phlepmasies ; ils sont surtout très-
avantageux aux dartreux , aux phthisiques , à ceux qui sont atteints
de maladies organiques ou en proie à des irritations spéciales.
Les Égyptiens composent avec ces fruits une glu très-visqueuse,
qui est en usage pour prendre les oiseaux à la pipée, et qui, impor-
tée en Europe sous le nom de glu d'Alexandrie, est employée dans
plusieurs arts.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
{ La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.)
1. Fruit entier.
>. Le même conpé horizontalement pour faire voir Île noyau.
È
Thrpen Penz
Lembert F Sfeutr.
CCCXXIIT.
SÉNÉ.
GC sv ss: -. sevz, Lé Grecs du moyen à
SENNA A sive FOLIIS ACUTIS ; Bauhin, Iyæf, 1. rx, sect, r.
Tournefort, clas, 2 LE.
CASSIA SENNA ; folis à du spa, petiolis eglandulatis. Linné,
décandrie monogynie. Nussieu, clas. 14, ord, 11; Jamille des légu-
mineuses.
LR. Ti ms
Italien. . LS N
Espagnol. .......
PôFgais. EL SRNNE
Français SËNÉ
a à nr ne SENNA
Allemand. ....... SENNETSTR AUCH
Hollandais. . ..... SE
DOME. ch SENET
LE ES or SENNET
drébessti sites SENE.
Quaxp on ne considère que les gousses plates et comprimées du
séné, on est étonné de le voir placé dans le même genre avec la
casse, dont les gousses sont si différentes; mais Linné, dans l’éta-
blissement de ce genre, n’a considéré, comme caractère essentiel ,
que la forme de la corolle et des étamines, les seuls constans et uni-
formes ; tandis que ceux du fruit sont très-variables , selon les espè-
ces : d’où il suit, que les casses se distinguent par un calice à cinq
folioles caduques, concaves et colorées; cinq pétales très-ouverts,
concaves, arrondis , inégaux ; les deux inférieurs un peu plus grands,
dix étamines libres, inégales, trois petites souvent stériles, quatre
de grandeur moyenne, droites et fertiles ; trois inférieures très-gran-
des, à anthères oblongues et arquées; un ovaire supérieur, pédi-
cellé; le style court ; le stigmate simple. Le fruit est une gousse plus
ou moins allongée, tantôt mince et aplatie , tantôt enflée et cylin-
drique, avec des cloisons transverses plus ou moins complètes, et
des semences attachées à la suture supérieure.
84° Livraison, .
SÉNE.
Il parait, d’après les observations de Forskhal, et de quelques bo-
tanistes plus modernes, qu'il y a eu de la confusion dans l'exposé
de la synonymie appliquée par Linné au cassia senna , et que deux
espèces différentes s’y trouvent réunies.
La première, que l’on cultive en Italie, et que l’on soupçonne ori-
ginaire du Levant, s'élève à la hauteur d’environ un pied et demi
sur une tige médiocrement rameuse.
Ses feuilles sont pétiolées, alternes , aïlées, vertes en dessus , un peu
glauques et à peine pubescentes en dessous, composées de six paires de
folioles ovales, obtuses ou elliptiques, à côtés inégaux à leur base;
la dernière paire plus grande; point de glandes sur les pétioles.
Les fleurs sont d’un jaune pâle, traversées par des veines purpurines,
réunies en grappes sur de longs pédoncules axillaires et terminaux.
Les gousses sont ovales-oblongues, comprimées, courbées en are,
contenant des semences noirâtres, en cœur.
La seconde espèce, le cassia lanceolatu de Forskhal , que l’on croit
être le véritable séné d'Alexandrie, plus efficace que le premier, est un
arbrisseau de deux ou trois pieds, muni de rameaux allongés et plians.
Ses feuilles sont composées de cinq paires de folioles plus étroites,
toutes égales, lancéolées, aiguës, glabres , d’un ver clair, longues d’un
pouce; le pétiole muni, au dessus de sa base, d’une glande sessile.
Les fleurs sont d’un jaune.pâle, disposées en grappes longuement
pédonculées; elles produisent des gousses ovales-oblongues, très-
comprimées, arquées, velues dans leur jeunesse; les semences en
cœur, petites et blanchâtres.
Les feuilles et les fruits ou follicules de ce végétal, sont égale-
ment employés aux usages de la médecine. Dans le commerce, On
Des trois variétés des premières; savoir, le séné d'Italie, com-
posé de folioles obtuses au sommet, arrondies , d’une couleur verte;
d’une odeur nauséeuse, d’une saveur amère, âcre, nauséabonde ; le
sené d'Alexandrie, de Seyde, de la Palte, de la Ferme, etc, dont
les folioles sont aiguës, ovales, d’un jus verdâtre, presque Sans
odeur , dans l’état de siccité; enfin, le séné de Tripoli, composé de
(olioles s plus grandes, vertes et peu pointues , d’une odeur et d'une
saveur faibles. Ces différentes variétés, dont la première seule ap-
partient au cassia senna, sont souvent mélangées par les droguisles ;
SÉNÉ:
avec Îles feuilles du baguenaudier , colutea arborescens , qui sont éga-
lement purgatives. Soumis à l’analyse chimique, le séné a fourni de
l'huile volatile , qui ne paraît pas étrangère à son action purgative,
puisqu'il perd cette propriété par l’ébullition; une matière soluble
dans l’eau, qui renferme plusieurs sels, et entre autres du sulfate de
potasse, et un principe soluble dans l'alcool, dont on ne connaît pas
bien la nature, mais qui se change en résine par l'addition de l’oxigène.
Ce médicament paraît avoif été introduit dans la matière médicale
par les Arabes : depuis cette époque, il est peu de purgatifs qui aïent
une aussi grande réputation, et dont on fasse un aussi fréquent
usage. Il est vrai qu’on à débité bien des fables sur sa manière d’agir :
ainsi, les uns avec Actuarius lui attribuent la faculté de purger la
bile et la pituite; d’autres , à l’exemple d’Averroès, bornent sa puis-
sance à l’expulsion de la pituite seule; Mésué lui accordait la pro-
priété spéciale d’évacuer la mélancolie ou bile noire, et d’autres au-
teurs out porté la fiction jusqu’à prétendre qu'il agissait à la fois sur
toutes les humeurs corrompues. Mais de semblables hypothèses
doivent , on le sent très-bien, être condamnées à un éternel oubli.
Lorsqu'il est'introduit par la bouche dans l'appareil digestif, le
séné trouble plus où moins la digestion ; il excite quelquefois les nau-
sées et le vomissement, et toujours des évacuations alvines. Son
odeur suffit même pour purger certains individus. Son action pur-
gative, constante et assez énergique, quoique modérée, est accom-
pagnée d’un sentiment de chaleur à l'estomac , de quelques coliques,
de flatuosités et de soif. Il doune une couleur jaunâtre aux évacua-
tions alvines ; son usage n’est pas ordinairement suivi de constipation.
À tous ces titres, il est un des purgatifs les plus utiles, lorsqu'on
veut purger et produire en même temps une légère excitation géné-
rale ; mais, par le fait même de cette excitation , il ne doit point être
employé chez ceux dont l'appareil digestif est doué d’une susceptibi-
lité excessive, ou en proie à une irritation manifeste. Son usage se-
rait même dangereux, ainsi que l’ont reconnu plusieurs habiles ob-
servateurs , dans les fièvres aiguës, dans les phlegmasies des membra-
nes et des viseères, dans les hémorragies, dans certaines lésions
organiques, telles que le squirre, le cancer , la phthisie pulmonaire ;
les tubercules, les concrétions hépatiques , et dans la suppuration
SÉNÉ.
des viscères. En revanche , il peut être d'un très-grand avantage et
les praticiens s'accordent généralement à le regarder comme un
excellent purgatif dans l'embarras intestinal et les affections vermi-
neuses, dans les hydropisies essentielles, dans les dartres, l’éléphan-
tiasis , et autres maladies chroniques de la peau. On peut s’en servir
avec beaucoup de succès dans l’apoplexie, et autres névroses où il
faut opérer une puissante dérivation sur l'intestin, et lorsqu'on veut
supprimer d'anciens exutoires. On peut aussi l’administrer en lave-
ment pour remplir la même indication.
Quelques auteurs ayant accordé une vertu purgative plus pronon-
cée , les uns aux follicules , les autres aux feuilles et même aux pé-
tioles, de cette plante, Schwilgué n’a pu observer cependant aucune
différence entre la manière d’agir de ces différentes parties du séné.
Le séné est rarement employé en substance, à cause du volume
considérable qu'il occupe sous forme pulvérulente. C ependant on
l’administre quelquefois, réduit en poudre, et associé à une sub-
stance aromatique quelconque et au miel, sous forme d’ électuaire,
à la dose de quatre ou huit grammes (un à deux gros). Il faut, tou-
tefois, que cette poudre soit préparée récemment , car elle perd ses
vertus purgatives par le contact de l'air. Ordinairement on admi-
pure le séné en macération à froid, ou en infusion à vaisseaux clos,
à la dose de quatre à seize grammes (un à quatre gros ); Sur
soixante à deux cents grammes (environ deux à six onces) d’eau,
que l’on aromatise convenablement : presque toujours on l'associe
à quelque sel purgatif ou à quelque doux minoratif. On ne l'admi-
nistre point en décocuon , parce qu’il perd par cette opération sa
propriété purgative. “sm aqueux , et la teinture alcoolique qu ‘on
en préparait jadis, ne sont plus en usage. Le séné faisait partie d'un
grand nombre de préparations officinales, aujourd'hui tombées Jus-
tement dans le plus profond discrédit.
SeNNER ; Dissertatio de senna; in-4°. Altdorfii, 1733:
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La planté est réduite à la moitié dé sà grandeur naturelle.)
: VAT ition
1. Peétale inférieur, valve pour faire voir la dispositi®
2. Pétale supérieur. des graines
3. Fruit dont on a enleve la moitié d’uné À. Graine grossie,
SENECÇOX.
EECCX XIV:
SÉNECON.
Grec. 5:12 9 npsyepuy, Théophraste, Dioscorides.
SENECIO MINOR , Vulyaris ; Bauhin, Tivaf , lib. 3 , sect. 6. Tournefort,
clas. 12, sect. 2, gen. 15.
neue SE * + * À sENECIO VULGARIS ; corollis nudis , foliis pinnato-sinuatis amplexicau-
| libus, floribus sparsis. Linné, syngénésie polygamie superflue. Jus-
sieu, clas. ro, ord. 3 , famille des corymbifères.
POUR Pr SENECIONE , CARDONCELLO
Æspagnol. . ...... HIERBA CANA 3 BONVARON. *
FOMUGBIE. 5»: +. + - TASNEIRIHNA.
Français... ...... SENECON ; SENECON COMMUN,
MMS Se à + à SIMSOM ; COMMON GROUNDSEL.
AMAR SL TE KREUZKKAUT ; GEMEINE KREUZPFLANZE.
Hollandais. . . .... GÉMEEN KRUISKRU1D.
ST RE ER KAARSURT.
SREADE. HT. STENOERT.
Polonais: nas STARZER WIELK I;
Russes se 4.0 + 4 0 RRRSTONIE,
LE sénecon était connu chez les Grecs sous le nom d'érigeron :
les Latins y ont substitué celui de sezecio, comparant aux cheveux
des vieillards, la blancheur de l’aigrette qui couronne les semences.
Cette plante est très-commune, et se montre dans toutes les saisons
de l’année : on la rencontre plus particulièrement dans les lieux
cultivés. Elle appartient à un genre très-étendu , dont le caractère
essentiel consiste dans un calice commun, cylindrique, composé de
folioles égales entre elles, membraneuses et noirâtres à leur sommet,
entourées à leur base de quelques petites écailles en forme de second
calice; la corolle est flosculeuse (radiée dans quelques espèces ); les
fleurons tubulés, hermaphrodites , à cinq dents; les demi-fleurons
femelles et fertiles, lorsqu'il en existe; cinq étamines syngénèses; un
style; deux stigmates réfléchis ; les semences surmontées d’une ai-
grette simple , molle, sessile; le réceptacle nu.
84: Livraison. k
SÉNECON.
Le senecon commun , ou herbe au charpentier, a une tige tendre,
rameuse, fistuleuse, presque glabre, haute d'environ un pied.
Les feuilles sont molles , sessiles , alternes, amplexicaules, un peu
épaisses, ailées, sinuées, denticulées à leurs bords, irrégulières ,
glabres ou un peu blanchâtres , et légèrement cotonneuses en des-
sous.
Les fleurs sont disposées en une sorte de corymbe très-lâche, ter-
minal; les pédoncules grêles et pendans; les calices cylindriques,
composés de folioles glabres, fort étroites, aiguës et noirâtres à leur
sommet, entièrement rabattues sur les pédoncules après l'émission
des semences; la corolle est jaune, à peine plus longue que le ca-
lice, uniquement composée de fleurons hermaphrodites ; les semen-
ces étroites, un peu noirâtres, couronnées d’une aigrette très-blan-
che, simple et soyeuse ; le réceptacle nu , médiocrement alvéolé.
(P.)
Cette plante inodore offre une saveur herbacée , légèrement acide
où comme salée; du reste, elle ne présente aucune qualité physique
qui la distingue de la plupart des plantes oléracées. On ne sait rien :
sur Sa composition chimique. Ses propriétés médicales, si elle en
possède réellement, ne sont pas mieux connues. Quelques auteurs,
il est vrai, l’ont placée parmi les plantes émollientes; et, à ce titre,
elle a été considérée comme adoucissante, et comme jouissant de la
faculté de résoudre ou de favoriser la suppuration des tumeurs et
des engorgemens inflammatoires, Or, comment concilier ces effets
avec les propriétés vomitives et purgatives qu’on lui attribue?
Divers auteurs de matière médicale rapportent en effet que ser:
suc administré à l’intérieur provoque le vomissement , et détermine
la purgation. C’est probablement à son action supposée purgative
sur le canai intestinal , qu'il faut rapporter la faculté, que Tourne-
fort lui reconnaît, d’expulser les vers intestinaux. Rai rapporte
même que les hippiatres anglais s’en servent, sous ce rapport, dans
les affections vermineuses des chevaux. Le sénecon a été vanté en
outre contre les coliques , l'ictère , les maladies du foie et la leucor-
rhée : mais si ses effets purgatifs et anthelmentiques ne sont pas en-
core suffisamment prouvés, les succès qu'on lui attribue dans les
différentes maladies que je viens d'indiquer sont bien plus douteux
SÉNECON.
encore, et ne peuvent pas plus servir à fixer nos idées sur les véri-
tables vertus de cette plante, qu’ils ne permettent de l’administrer
à l'intérieur dans le traitement de nos maladies.
Comme topique , on l’a employée à l'extérieur dans plusieurs cir-
constances. Cuite dans le lait ou dans le beure, elle a été surtout
recommandée, sous forme de cataplasme, contre les hémorroïdes, les
furoncles , et les engorgemens laiteux des mammelles, à l’époque du
sevrage, où autres circonstances dans lesquelles le lait ne peut s’é-
couler. Si les applications du sénecon ont été utiles dans ces diffé-
rens cas, Ce n’a pu être qu’en agissant à la manière des émolliens.
Or, nous possédons un très-grand nombre de substances où cette
qualité est bien plus prononcée et beaucoup mieux prouvée. Ces
considérations , très-propres à jeter du doute et de lincertitude sur
les effets qu’on a attribués à cette plante, justifient pleinement les
auteurs qui l'ont expulsée de la matière médicale, et le peu d’estime
qu'elle a conservée parmi nous.
Toutefois, si on voulait tenter de la soumettre à des expériences
cliniques, on pourrait, d’après l’indication de lillustre Tournefort,
en administrer le suc à la dose de soixante-quatre grammes (deux
onces ), ou la poudre à celle d’un à quatre grammes et plus.
Les lièvres et les lapins sont très-avides de cette plante.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est de grandeur naturelle.)
1. Feuille inférieure, au trait. 2. Fleurou grossi.
FA
RO TT
Lambert! fexb
ÈS
Tiryes PE
SERPENTAIRE.
si
sir
CCCXX V.
SERPENTAIRE.
ARISTOLOCHIA SERPENTARIA ; foliis cordato-oblongis era caulibus in-
Latin........3:., € firmis flexuosis teretibus, floribus solitariis. Linné, hexandrie, Jus-
sieu , clas. 5, ord. 1 , famille des aristoloches.
TB ts. SERPENTARIA DI VIRGINIA.
Espagnol. : ...... SERTENTARIA DE VIRG
Français... . SERPENTAIRE; ARISTOSOCHE SERPENTAIRE.
Pl’. [reg Re r VIRGINIAN SNAKE-ROOT,
Hlémändi 55:00 VIRGINISCHE SCHLANGENWURZET..
Hollandais... . ... VIRGINISCHE SLANGENWORTEL,
Danois. users SLANGROED.
OI 52 see re RMROT.
La serpentaire , dont les racines nous sont envoyées de la Virgi-
nie, et que l’on a ainsi nommée à cause des propriétés qu’on lui at-
tribue contre la morsure des serpens, appartient aux aristoloches,
genre très-remarquable par la forme de ses fleurs composées d’une
corolle ( ou d’un calice coloré) tubulée, ventrue à sa base, dilatée à
son orifice , tronquée obliquement à son bord, qui se prolonge d’un
côté en une languette plus ou moins longue, de forme variée; six
anthères presque sessiles, placées sous le stigmate ; un ovaire infé-
rieur, surmonté d’un style très-court , terminé par un stigmate con-
cave, à six divisions. Le fruit est une capsule hexagone, à six loges,
renfermant chacune plusieurs semences comprimées.
L’aristoloche serpentaire a pour racines un faisceau de fibres d’un
gris cendré, très-serrées , fort menues , entremêlées les unes dans les
autres, presque simples , longues de trois ou quatre pouces : elles
produisent plusieurs tiges presque droites, un peu flexueuses, fai-
bles, point rameuses , longues de huit à dix pouces.
Les feuilles sont alternes , médiocrement pétiolées , planes, vertes,
minces, oblongues, en cœur, parsemées de quelques poils courts,
longues de trois pouces sur un et demi de large.
Les fleurs sont solitaires, portées sur. des nm courts et
84e Livraison.
SERPENTAIRE.
simples , qui naissent de la base des feuilles et même du collet de la
racine. La corolle est d’un pourpre foncé ; la capsule arrondie, angu-
leuse, s’ouvrant en six valves à son sommet, renfermant quatre à six
semences en cœur, un peu épaisses, de couleur grisâtre. CP
La racine est la seule partie de la serpentaire qui soit employée en
médecine ; elle est composée d’un grand nombre de petites radicules
ou fibriles longues, minces, tortueuses , brunes à l’extérieur , et blan-
châtres intérieurement. Son odeur est aromatique, très-forte , comme
camphrée, et sa saveur aromatique, âcre et amère. La chimie ne
nous a point encore suffisamment éclairé sur la nature des principes
qui la constituent. Toutefois, d'après Schwilgué, elle contient de
l'huile volatile, du camphre et de l’extractif : l’eau et lalcool s’em-
parent également de ses qualités actives. Murray a observé que sou
extrait spiritueux, qui pèse moitié moins que son extrait aqueux , à
des propriétés beaucoup plus énergiques.
Cette racine, introduite dans la matière médicale par les Anglais,
vers la fin du dix-septième siècle, est éminemment tonique. L’exci-
tation qu’elle exerce sur l’économie animale, est prompte, vive et
très-intense ; les phénomè cutifs auxquels elle donne lieu, par
suite de cette manière d'agir, peuvent être locaux ou généraux :
ainsi, elle est stomachique , et quelquefois purgative si l’on considère
les effets de son action stimulante sur l'estomac et l'intestin; diapho-
rétique , diurétique, emménagogue , lorsqu'on a égard à l'excitation
qu’elle exerce sur la peau, sur les reins ou sur l'utérus, et à l'aug-
mentation de la transpiration , de la sécrétion urinaire ; ou à l'écou-
lement des menstrues qui en sont la suite.
On lui a attribué en outre beaucoup d’autres propriétés médicales ;
ainsi on l’a signalée comme propre à expulser les vers intestinaux,
à favoriser l’éruption des exanthèmes languissans, à guérir les fiè-
vres intermittentes , les fièvres pétéchiales , putrides , malignes; ner-
veuses , et autres de mauvais caractère; comme susceptible de préve-
nir et de dissiper les-accidens qui résultent de la morsure des serpens
venimeux et des animaux enragés; d'arrêter et de corriger la putri-
dité. Examinons jusqu’à quel point on peut lui accorder de sembla-
bles vertus.
Comme cette racine stimule vivément le canal intestinal, et deter-
SERPENTAIRE.
mine même à haute dose la purgation , il n’y a rien d'étonnant qu'elle
provoque en même temps la sortie des vers intestinaux. À raison de
l'excitation générale qu’elle produit sur l’économie en général, et
sur le système nerveux en: particulier, elle a pu , dans beaucoup de
cas , arrêter les fièvres intermittentes qui étaient exemptes d’inflam-
mation de l’appareil digestif, qui existaient depuis long-temps et
étaient accompagnées de pâleur et d’atonie : mais lorsque ces fièvres
sont accompagnées de l’irritation des premières voies, ou entretenues
par quelque inflammation latente, non-seulement la serpentaire ne
pourrait point en arrêter les accès, mais elle pourrait augmenter la
maladie. À légard des fièvres putrides ou adynamiques , pétéchia-
les , etc., et des fièvres malignes ou nerveuses , ainsi que ne permet-
tent pas d’en douter les collections de symptomes sympathiques dont
on a composé ces prétendues fièvres ; si elles sont réellement le ré-
sultat, dans le premier cas, d’une atteinte profonde portée aux pro-
priétés vitales et même au tissu de l’appareil. digestif, et, dans le
second, d’une vive irritation ou d’un état dé. phlogose du: système
nerveux, on reconnaîtra facilement:que-la-serpentaire ne peut pas
y être plus utile que.les autres médicamens incendiaires ; et nonob-
stant les assertions de la plupart des-praticiens de nos jours, et mal-
gré les pompeux éloges que Sydenham,. Pringle, Hillary, lui ont
prodigués dans ces affections , nous ne pouvons qu'élever des doutes
sur sa prétendue efficacité. Quant à sés propriétés alexitères, et à
ses prétendus succès contre la rage, ils sont purement illusoires, et
tiennent bien plus aux opinions erronées des humoristes, qu'à des
faits bien observés. Il en est de même de sa faculté antiseptique, qui
en a fait préconiser l’usage dans la gangrène. Il est bien évident, en
effet, que la serpentaire, en excitant localement, peut, dans la gan-
grène primitive et par atonie, comme cela a lieu chez les vieillards,
déterminer l’inflammation dans les parties encore saines, établir une
ligne de démarcation qui s'oppose aux progrès de la mortification ,
et favoriser la chute des escarres; mais lorsque la gangrène est le
produit de l'infammation portée au plus haut point d'intensité, il
est bien évident qu'une semblable substance ne pourrait qu'étendre
ses ravages.
On voit donc que celte racine ne convient que dans quelques cas
SERPENTAIRE.
particuliers, contre les fièvres intermittentes et contre les affections
gangréneuses; qu'elle est bien plus nuisible qu’utile dans les fièvres
putrides et malignes, et que ses prétendus succès contre le venin
des serpens et contre la rage, ne reposent que sur des idées précon-
çues. En revanche, elle peut convenir dans diverses névroses, telles
que l’épilepsie, l'hystérie, la paralysie, lorsque ces affections sont
accompagnées de flaccidité, de päleur et d’une sensibilité obtuse,
dans plusieurs hydropisies essentielles , et autres affections chroni-
ques où il faut augmenter le ton des organes, ou activer certaines
sécrétions languissantes.
En substance , on la donne pulvérisée à la dose d'un à deux gram-
mes, soit en suspension dans un peu d’eau-de-vie, soit associée au
miel sous forme de pilules:et d’électuaire. On l’administre aussi en
infusion ; à vaisseaux clos, à la dose de deux à quatre grammes, sur
cinq hectogrammes ou un kilogramme d’eau ou de vin. Sa décoction
est moins en usage : on y a cependant quelquefois recours, en y
associant de l'alcool , dé l’hydrochlorate d’ammoniaque , et autres sti-
mulans propres à augmenter son activité.
Elle entre dans la composition de plusieurs médicamens, tels que
la poudre antiépileptique de Londres, et celle d’écrevisses de Cha-
ras ou de la comtesse de Kent.
EXPLICATION DE LA PLANCHE
ft 1! F0 à1 CPC 1 Ua Ÿ
\ L 5 naturelle, }
1. Graine capsulaire, 2. Graine.
# ID +
: TR MES
B 77272 Lenbert27 cmt
SERPOLET.
me æ, 2
CCCXX VE
SERPOLET.
Greg cs spmvnos, Dioscorides.
SERPYLLUM VULGARE, MINUS; Bauhin , Tsva£ , lib. 6, sect. 4. Tourne-
fort, clas. 4, sect. 3, gen. 8.
Latin........... THYMUS SRRPIELUM ; Poribus capitatis, caulibus repentibus, foliis pla-
nis obtusis ciliatis. Linné, didynamie gYmnospermie, Jussieu, cl. 8 ;
ord. 6, famille des labiées.
0
Italien... à .. ..... SRRPILLO:; SERPOL To.
Espagnol. ; ...,... SERPOL.
POFIULOIS, à SERPOL; SERPIL.
Français... ...... SERPOLET; THYM SAUVAGE.
Anglais, ......,. MOTHER OF TRYM&.
ARR. à ni: » « QUENDET..
Hollandais. . .... « QUENDEL; WILDE THYM.
UNE TES EE VILDTIMIAN,
Suédois. ET. cs BRACKTIMIAN
Polonais. ......,.. MACIERZANKA.
Résse he LITE SCHADOWNIK.
Le serpolet est, parmi les plantes aromatiques, une des plus
communes; il croît partout, sur les pelouses sèches, les collines, le
long des chemins et dans les terrains arides , dont il couvre la surface
par ses tiges rampantes, et qu'il parfume par son odeur pénétrante ,
approchant quelquefois de celle de la mélisse. Il est du même genre
que le thym , offrant, comme lui, pour caractère essentiel, un calice
tubulé, strié, à cinq dents, presque à deux lèvres, fermé par des
poils pendant la maturation; une corolle courte, à deux lèvres, la
supérieure plane, échancrée, l'inférieure plus longue, à trois lobes
obtus; quatre étamines didynames; un style; le stigmate aigu, bi-
fide ; quatre petites semences au fond du calice.
Les racines sont dures, grêles, ligneuses ; elle produisent un grand
nombre de tiges très-rameuses, couchées sur Ja terre, presque
ligneuses ; les rameaux grêles, rougeâtres, un peu velus, souvent
redressés à l’époque de la floraison.
84e Livraison. &
SERPOLET.
Les feuilles sont petites, planes, un peu dures, presque sessiles,
souvent traversées par un sillon longitudinal , ciliées à leurs bords,
plus ordinairement à leur base, de forme variable, ovales-élargies
ou ovales-lancéolées, quelquefois beaucoup plus étroites, aiguës.
Les fleurs sont d’un pourpre plus ou moins foncé, quelquefois
tout à fait blanches, disposées en petites grappes très-courtes, oppo-
sées , axillaires, pédicellées , qui, par leur réunion, forment des épis
très-courts, souvent en forme de tête terminale.
Les calices sont souvent d’un pourpre violet ou un peu rougeätre,
la corolle variable dans sa grandeur ; les étamines tantôt plus cour-
tes, quelquefois plus longues que la corolle.
Parmi les variétés que fournit cette espèce, on en rencontre une
qui répand une odeur très-pénétrante de citron ou de mélisse; une
autre , qui n’est qu’un accident occasioné par la piqûre d’un insecte,
et qui produit de petites têtes blanches tomenteuses , situées au som-
met des rameaux. (P.)
Cette plante, très-connue par l’odeur suave , aromatique et fra-
grante qu’elle exhale, soit dans l’état frais , soit après la dessiccation,
offre une saveur aromatique et amère, et contient comme les autres
labiées, une huile volatile très-odorante, du camphre et une ma-
tière extractive amère : l’eau et l’alcool se chargent également de
ses qualités actives.
À l'exemple des autres substances aromatiques et äcres , elle dé-
termine sur l’économie animale une excitation prompte et instanta-
née, qui tient à la fois à l'impression tonique qu’elle exerce sur l'es-
tomac, et à son influence très-marquée sur le système nerveux en
particulier : ainsi, à toutes les qualités toniques , stomachiques, diu-
rétiques, résolutives, qu’elle partage avec les autres labiées, elle
joint une propriété céphalique et antispasmodique manifeste. Ce-
pendant l'usage médical de cette plante est presque entièrement
tombé en désuétude , tandis que l'on prodigue les plus fastueux élo-
ges à des végétaux bien moins actifs, et dont tout le mérite con
siste souvent à offrir une odeur et une saveur insupportables.
L'illustre Linné attribue à l'infusion du serpolet la faculté de
dissiper les céphalalgies produites par l'ivresse. Cette plante ne
parfaitement pour élever modérément le ton de l'estomac et de l'in-
SERPOLET. |
testin, dans l’apepsie idiopathique et certaines flatuosités des hypo-
condriaques , dans là gastrodynie, ét autres douleurs abdominales
qui tourmentent si souvent les mélancoliques, les hystériques , et les
sujets affaiblis par les travaux de l'esprit et par une vie sédentaire.
Son infusion chaude, dont on se sert avec avantage pour provoquer
la transpiration, exciter la sécrétion urinaire, augmenter l’exhala-
tion pulmonaire, et favoriser l'écoulement menstruel, pourrait être
extrêmement utile dans la leucorrhée ancienne, la diarrhée chroni-
que , les catarrhes de vieille date, et autres affections lentes accom-
pagnées de päleur, de relâchement , de débilité, et dans lesquelles
il est important de solliciter l’action de la peau et d'augmenter ses
sécrétions. En bain, soit général, soit local, on emploie avec non
moins de succès son infusion aqueuse dans certaines maladies chro-
niques de la peau, telles que la galle invétérée, le prurigo; dans les
scrofules, le rachitis et le scorbut ; dans certaines névroses accompa-
gnées de débilité; dans l’aménorrhée, la chlorose, et dans l’épuise-
ment causé par l’onanisme et l’abus des plaisirs énervans.
On y a plus souvent recours, comme topique, pour favoriser la
résolution de certains épanchemens séreux dans le tissu cellulaire,
des engorgemens pâteux et de certaines tumeurs atoniques. On l’em-
ploie aussi, soit en fomentations, soit en sachets, qu'on laisse à de-
meure sur les parties affectées.
Intérieurement , on pourrait administrer le serpolet en poudre à
la dose de quatre grammes (un gros) et plus, soit en suspension
dans un peu d’eau ou de vin, soit mêlé au miel sous forme
de pilules ou d’électuaire. On le donne plus souvent en infusion
dans l’eau, dans le vin ou dans le lait, que l’on édulcore avec une
suffisante quantité de sucre ou de miel. Son huile volatile s'emploie
à la dose d’une à dix gouttes dans un excipient convenable; on en
fait une teinture alcoolique dont on peut donner plusieurs grammes
(un gros) à la fois.
Les abeilles, qui aiment beaucoup cette plante, vont puiser dans
ses fleurs des principes qui donnent à leur miel un goût extrêmement
délicat. Elle donne à la chair des moutons qui la broutent une saveur
très-recherchée.
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GCCXX VIE
SIMAROUBA.
QUASSIA SIMARUSA ; floribus desert ae abrupte re ; foliolis
lo
Latin... .:......) alternis, subpetiolatis ; petiolo 0, floribus paniculatis, Liuné ,
dé candrie monogynie. Jussieu , de 13, ord. 15 Es des ma-
gnoli
lialien, 5.4 aie SIMARUBA,
Espagnol... . SIMARUBA
pe + - Passe SIMARUBA
ais... ...... SIMAROUBA
de LP PERS RUBRRINDE.
AUBLET est le premier qui nous ait fait connaître , avec les détails
convenables , la plante qui fournit cette écorce intéressante, dont les
habitans de la Guiane faisaient usage dans plusieurs de leurs mala-
dies. Linné a rapporté cette plante à son genre quassia : quelques
auteurs modernes en ont fait un genre particulier, d’après ses fleurs
monoïques et quelques autres particularités dans la fructification.
Le simarouba est un arbre d’une médiocre grandeur , dont les ra-
cines , ainsi que le tronc , sont revêtus d’une écorce d’un jaune pâle,
d’où découle un suc amer , laiteux et jaunâtre; le bois est blanc ; les
rameaux d’un brun noirâtre.
Ses feuilles sont alternes, pétiolées, fort amples, ailées, sans im-
paire , composées de folioles alternes , presque sessiles , au nombre de
douze à quatorze, ovales-lancéolées, fermes, coriaces, entières, gla-
bres, et d’un vert foncé à leurs deux faces.
Les fleurs sont monoïques, disposées en un panicule ample, là-
che, latéral, garni, à la base de ses rameaux, d’une petite foliole
sessile.
Le calice est court, persistant, divisé en cinq découpures ovales,
aiguës; la corolle blanche, à cinq pétales lancéolés, aigus , insérés
au fond du.calice, dix étamines libres; un ovaire divisé en cinq lobes ;
un style marqué de cinq stries; le stigmate à cinq de: ouverts
85° Livraison.
SIMAROUBA.
en étoile; le réceptacle épais, charnu, accompagné de dix écailles
velues. ,
Le fruit consiste en cinq capsules conniventes à leur base, un
peu charnues, de la forme et de la grandeur d’une olive, renfer-
mant chacune une semence ovale.
Les fleurs mâles ne diffèrent des femelles que par lavortement
de leurs ovaires, privés d’ailleurs de style et de stigmate : les éta-
mines manquent dans les fleurs femelles. (P.)
L’écorce de cet arbre, desséchée, se présente dans le commerce
en longs morceaux roulés sur eux-mêmes ; elle est mince, flexible,
tenace, de texture fibreuse, pâle, inégale, comme couverte de ver-
rues à sa face externe , et d’un gris jaunâtre intérieurement. Entiè-
rement dépourvue d’odeur, elle offre une saveur amère, franche, et
dépouillée de toutes stypticité. Son principe amer est parfaitement
soluble dans l’eau et l'alcool. Son infusion ne subit aucun change-
ment par son mélange, soit avec les sels à base de fer, soit avec la
noix de galle; elle précipite en blanc avec les nitrates de plomb et
d'argent.
Cette substance, qui fut introduite dans la matière médicale en
1717, était employée, dit-on , de temps immémorial à Surinam , dans
le traitement des fièvres putrides, si connues dans ce pays, lorsqu'un
esclave noir, nommé Quassi, la fit connaître à Dahlberg, qui en
adressa un échantillon à l'illustre Linné, des mains duquel elle se
répandit en Europe. On la regarde généralement comme l’amer le
plus pur et le plus intense que nous possédions; et, en vertu de
cette qualité, elle a été placée parmi les toniques et les stomachiques
les plus puissans. Son action est lente, peu intense, mais durable;
elle augmente l'appétit pendant un certain temps, et; à l'exemple de
tous les amers , son usage long-temps continué finit par détruire les
forces digestives. On lui a attribué la faculté d'arrêter le vomisse-
ment et la diarrhée provenant d’atonie, comme si l’atonie pouvait
produire le vomissement et la diarrhée? Ses effets consécutifs sont
extrêmement obscurs. Elle n’opère, en effet, aucun changement ap”
préciable dans la chaleur générale, dans la circulation, dans la
transpiration, ni dans les différentes sécrétions. Cependant son sé
tion secondaire se manifeste, dans certains cas, par la suspension
SIMAROUBA.
des accès des fièvres intermittentes , par l'éloignement des attaques
de goutte, et par le soulagement des douleurs occasionées par les
calculs urinaires, phénomènes qui lui sont communs, du reste, avec
tous les amers. On voit clairement , d’après ces considérations, com-
ment le simarouba peut être employé avec avantage dans la dyspep-
sie atonique, dans certains cas de flatuosités intestinales, dans les
affections vermineuses ; comment il peut favoriser la guérison de
certaines hydropisies essentielles, de l’anasarque , des scrofules , de
la leucorrhée chronique, de la chlorose , et des catarrhes anciens
accompagnés de päleur et d’atonie générale. On conçoit également
que son usage a pu être utile dans les fièvres intermittentes qui ten-
dent à la chronicité, et qui sont exemptes d'irritation gastrique et
de lésions de tissu. On peut admettre, enfin , que des femmes épui-
sées par de longues et anciennes hémorragies utérines, se sont bien
trouvées de l'emploi de cette écorce amère, ainsi que l’attestent
Jussieu, Degner , Speer et autres observateurs; mais admettre d’une
manière absolue son efficacité dans les fièvres putrides , malignes,
nerveuses et hectiques, ainsi que dans les hémorragies en général,
serait s’exposer nécessairement à de funestes erreurs de thérapeuti-
que. Malgré les éloges pompeux qui lui ont été prodigués contre ces
fièvres , je ne doute pas que le simarouba ne soit complètement exclus
un jour de leur traitement, si, libre de tous préjugés, et plus fami-
lier qu’on ne l’est encore avec l’autopsie cadavérique, on parvient un
jour à reconnaître, avec M. Broussais ;, que ces prétendues fièvres ne
sont autre chose que des collections arbitraires de symptômes , résul:
tats d’une atteinte formidable portée aux propriétés vitales , et sou-
vent même au tissu de l'appareil digestif, du système nerveux , ou de
quelque viscère essentiel à la vie. Du reste, quoique cette écorce ait
élé signalée, en quelque sorte, comme le spécifique du flux de ven-
tre , que son efficacité ait été préconisée surtout contre la diarrhée
et la dysenterie, par Antoine Jussieu , Tissot, Pringle, Lind, Wer-
Ihoff, Zimmermann, et beaucoup d’autres médecins français, an-
glais et allemands, je pense qu’on peut raisonnablement douter de
son avantage dans les affections qui tiennent évidemment à l'irrita-
tion ou à l'inflammation de la membrane muqueuse de l'intestin, in-
flammation ou irritation que tous les toniques aggravent et exaspè-
SIMAROUBA.
rent. Que peut-on conclure, en effet, d'observations semblables à
celle que rapporte Deguner, d’une femme qui, long-temps tourmentée
par un flux de ventre rebelle, en fut délivrée par l'usage du sima-
rouba continué pendant six semaines; quand on réfléchit que ce
terme est bien rarement dépassé par la dysenterie la plus intense
abandonnée aux seuls efforts de la nature? L’illustre Antoine Jussieu,
qui a tant mérité des sciences naturelles, a malheureusement beau-
coup contribué à étendre la réputation antidysentérique de cette
écorce, en lui attribuant de grands succès dans une épidémie de dy-
senterie qui régna a Pau en 1723. Il est obligé de convenir, toute-
fois, qu’elle occasionait souvent le vomissement , qu’elle augmentait
le flux de sang et de sérosité; c’est-à-dire qu’elle aggravait considéra-
blement la maladie, au point qu'il avoue avoir été souvent obligé
d'en diminuer la dose; mais l'engouement pour cette nouvelle sub-
stance , que l'imagination avait décorée d'avance des propriétés les
plus héroïques, sur la foi aveugle de quelque Africain sauvage et
superstitieux, empêchait ce savant botaniste de réfléchir sur des
faits aussi évidens ; et, lorsque la nature triomphait à la fois de la
maladie et du remède, il attribuait à ce dernier une guérison qui
n'avait pu qu’en être retardée et considérablement entravée.
Comme la tenacité de cette écorce rend sa pulvérisation très-dif-
ficile, on l’'administre rarement en substance : on pourrait, toute-
fois, la donner en poudre à la dose d’un à quatre grammes (environ
un scrupule à un gros), soit en suspension dans de l’eau on du
vin, soit sous forme de pilules ou d’électuaire, associée au miel ou
au sirop. Ordinairement on l’emploie en infusion , à la dose de huit
à seize grammes (deux à quatre gros), dans un demi ou un kilo-
gramme d’eau ou de vin. Quelques auteurs la prescrivent jusqu’à la
dose de trente-deux grammes (une once) en décoction dans U?
kilogramme ( deux livres ) d’eau, qu’on fait prendre peu à peu dans
l’espace de vingt-quatre heures.
sussieu (antonius), #n in inveteratis alvi fluxibus simaruba ? in-4°. P. arisiis, 1730
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(ÎLa plante est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.)
1. Fleur bermaphrodite, grossie, 3. Fruit coupé horizontalement.
2. Fruit coupé dans sa longueur. 4. Embryon.
Lurgen P* D T onésemsbees
e Lambert Te Jeu
a dE
CCCEXX VII.
SOUCI.
CATHA VULGARIS; Baubin, Tliva£, lib. 7, sect. 4. Tournefort, clas. 15,
sect. 4, gen. 1
Latin... {...s. ee CALENDULA OFFICINALIS ; seminibus cymbiformibus muricatis incurvatis
omnibus. Linné, Fhpitesr Her nécessaire, Jussieu , elas. 10
FR 3, famille de. ser ré
Italien... ., .. 4. FIORRANCIO ; CALENDULA ORTE
Espagnol. : ... _... CALENDULA OFICINAL.
Portugais... ..:. CALENDULA ORTENSE ; MARAVILHA BASTARDA.
Français. 3, 5 souct.
ARGlais ue ie COMMON MARIGOLD,
amant... 2... RINGELBLUME; GOLDBLUME
Hollandais, ...... AMME GOUD
Hhnnif. site 1 ALMINDELIGE KOEBLOMME,
Stone me RINGBLOMMA
POIORMRE.: : :2 à N
less SU za. NOGOTKI.
IL croît en France deux espèces de souci, lune à grandes fleurs,
qui se trouve dans nos départemens méridionaux , et que l’on cultive
dans tous les jardins, où elle produit un grand nombre de belles
variétés. C’est le calendula officinalis , Linn. L'autre, beaucoup plus
petite, connue sous le nom de calendula arvensis, à petites fleurs,
est très-commune dans les champs et parmi les vignes. Elles offrent,
pour caractère essentiel, un calice commun , composé de plusieurs
folioles presque égales, ordinairement disposées sur un seul rang ;
une corolle radiée; les fleurons du centre, mâles et stériles , ceux
qui les entourent, hermaphrodites et fertiles; les demi-fleurons de
la circonférence , femelles et fertiles; cinq étamines syngénèses; un
style; deux stigmates recourbés ; le réceptacle nu; les semences très-
irrégulières, membraneuses, arquées, ntrrns d’aigrettes.
Le souci des jardins a des tiges assez fortes, épaisses, rameuses ,
presque glabres, longues d’un pied et plus, un peu rudes.
Les feuilles sont alternes, sessiles, glabres, charnues, très-entiè-
85, Livraison. 2
SOUCI.
res ; celles du bas, plus grandes, en forme de spatule; les supérieu-
res , plus petites, presque lancéolées, aiguës.
Les fleurs sont grandes, solitaires , terminales, d’une belle cou-
leur jaune; les semences du centre courbées en arc, hérissées d'as-
pérités sur leur dos; celles de la circonférence , élargies, obtuses,
en forme de nacelle, rudes sur leur dos en carène.
Le souci des champs, assez semblable au précédent, est plus
petit dans toutes ses parties. Ses tiges sont grêles, striées; ses feuil-
les sessiles, lancéolées, point spatulées, entières ou un peu sinuées,
et même munies de quelques petites dents à leur contour; les fleurs
petites, de couleur jaune, les semences du centre renfermées dans
des espèces de capsules membraneuses et convexes; celles de la cir-
conférence, plus longues, prolongées en pointe, souvent bifurquées.
(P.)
Les fleurs de cette plante exhalent, dans l’état frais, une odeur
forte, particulière , qui, sans être agréable, a quelque chose de nar-
cotique. Leur saveur, ainsi que celle des feuilles, est comme acidule
et modérément amère; mais toutes ces qualités disparaissent par la
dessiccation. On en retire un extrait alcoolique et un extrait aqueux,
ce qui annonce que leur principe amer réside dans une résine asso-
ciée à une substance mucilagineuse.
On a attribué à cette plante des vertus sudorifiques , emménago-
gues, exanthématiques, antispasmodiques, fébrifuges, et même une
vertu narcotique. Cette dernière propriété, toutefois, est loin d'y
avoir été constatée par des faits bien observés. À l'égard des autres,
elles ne sont réellement que des effets secondaires de l’action du
souci sur l’économie animale : or, comme cette action, dont on n'a
pas encore convenablement déterminé la nature, paraît fort modérée ,
si lon en juge par les qualités physiques de cette plante, on est
fondé à ne leur accorder qu’une faible confiance, jusqu'à ce que
l'expérience clinique ait définitivement prononcé.
Cependant on a vanté les bons effets du souci contre les vertiges,
contre les fièvres intermittentes, dans les affections exanthématiques
dont l’éruption languit, dans l’'aménorrhée, la chlorose, et dans les
affections scrofuleuses. On en a généralement recommandé l'emploi
contre l'ophthalmie; mais si, comme amer, il a pu être quelquefois
_
SOUCI
utile dans le traitement des maladies que nous venons d'indiquer, il
est bien évident que ce n’est que par ses prétendues qualités narco-
tiques, qu'on est fondé à lui attribuer de l'efficacité contre l’inflam-
mation de la conjonctive, efficacité qui aurait besoin, du reste, d'être
appuyée par des faits. Les anciens accordaient surtout une confiance
aveugle aux fleurs de cette plante, dans la peste et les fièvres mali-
gnes; ils croyaient même que, prises comme aliment, elles étaient
un excellent préservatif contre ces affections.
Les feuilles fraîches , suivant Hecquet, écrasées sur les verrues et
les durillons , font disparaître ces excroissances. Tournefort attribue
à leur application la faculté de détruire les callosités des vieux ul-
cères.
Comme la dessiccation rend le souci entièrement inerte, on ne
l'emploie que dans l’état frais, à la dose de seize à trente-deux gram-
mes, en infusion dans un kilogramme d’eau ou de vin. Son eau dis-
tillée est dépourvue de propriétés médicales. Le vinaigre qu’on en
prépare par infusion, et qui a joui autrefois d’une sorte de réputa-
tion contre la peste, n’a pas, sous ce rapport, plus de vertus que le
vinaigre seul.
Les fleurs du souci sont employées dans la teinture pour les cou-
leurs jaunes; elles servent d’ornemens dans les parterres et les jar-
dins.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
À TS
nälurelle.)
7 }
4
1 Fleur femelle, de la circonférence.
2. Fleur hermaphrodite, du centre.
3. Fruit stérile.
4 et 5. Autres fruits appartenant aux deux
es de fleurs.
SQUINE,
CCCXXIX.
SQUINE.
cæina Raprx; Bauhin, TuivæË, lib, 8, sect. 7.
smrLax cmina; caule aculeato teretiusculo, folis inermibus ovato-cor-
latins ss.
7 datis quinquenerviis. Linné, dioécie hexandrie, Jussieu, el. 3, ord. 2,
famille des asperges.
Espagnol. 52 2 RAIZ CHINA ; ESQUINA.
POUSSE. il - ESQUIN A
Français... ..,., à, SQUINES
ANgÜEIs. 5 à Là à CHINESE SMILAX.
Allhand, =: CHINAWURZEL.
Hollandais. .., .... cutnaworTet.
J'ar exposé, à l’article salsepareille, le caractère essentiel du
genre smilax, auquel appartient la squine, plante qui croît à la
Chine et au Japon : elle fut mise en vogue, pour la première fois,
en 1535, par des marchands chinois , qui la vendirent aux Espagnols
comme un puissant spécifique contre les maladies vénériennes, Char-
les-Quint , de son propre mouvement, en fit usage contre la goutte,
à l'insu de ses médecins : dès-lors cette recette devint publique, et
mit la squine en grande réputation.
Ses racines sont d’un brun rougeâtre en dehors, blanchâtres et
teintes de rouge en dedans, noueuses, fort grosses, tuberculeuses ;
elles donnent naissance à des tiges glabres, cylindriques, un peu
anguleuses, rameuses, alongées, munies, Surtout vers leur base,
d’aiguillons courts et forts.
Ses feuilles sont coriaces, alternes , pétiolées, les inférieures très-
grandes, les supérieures plus petites, ovales, en cœur, obtuses , très-
entières, dépourvues d’aiguillons, glabres à leurs deux faces, munies
de cinq à sept nervures, accompagnées de vrilles à la base des pé-
tioles.
Les fleurs sont axillaires, assez nombreuses, réunies en ombelle
85° Livraison. 2:
SQUINE.
à l'extrémité d’un long pédoncule; la corolle est blanche ou d’un
vert jaunâtre, à six découpures profondes, un peu réfléchies : il leur
succède des baies arrondies, de la grosseur d’une petite prune.
La racine de la squine est grosse, noueuse, pesante, ligneuse,
composée de tubercules inégaux , d’un brun rougeâtre à l’extérieur,
et d’un blanc rose en dedans; elle est sans odeur, et d’un goût ter-
reux. Son extrait alcoolique est peu sapide, et celui qu’on en obtient
par le moyen de l’eau , est absolument sans saveur. Elle contient des
traces d’un principe amer, du mucilage et de la fécule amilacée,
qui se précipite, sous forme de gelée, par le simple repos, au fond
de sa décoction aqueuse.
D'après Amatus, les Portugais sont les premiers qui ont connu
l'usage de cette racine; tandis que, selon Vesale, c’est aux Vénitiens
que nous sommes redevables de son emploi en médecine : quoi qu'il
en soit, il paraît que c’est vers l’an 1535 qu’elle a été introduite
dans la matière médicale. Fallope assure qu’elle a eu beaucoup de
succès dans lhydropisie, la mélancolie et les défaillances ; Amatus
lui attribue de bons effets dans les engorgemens de la rate ; Rivière,
contre les obstructions , la phthisie, la gale et la lèpre; Garcias la
dit utile pour guérir la paralysie, les tremblemens, la goutte, la
sciatique , les scrofules , les squirres, etc.; Acosta la vante contre la
migraine , les hernies et les ulcérations de la vessie , et Monard con-
tre la jaunisse, les fièvres continues ; intermittentes et malignes. On
a prétendu que son usage entretenait la beauté ; et c’est dans cette
vue que les Egyptiens, au rapport de Prosper Alpin, Padministrent
en bains à leurs femmes , pour leur donner cet embonpoint, qui est
la qualité la plus recherchée dans les beautés de leurs sérails.
Cependant, comment admettre que cette racine puisse produire
des effets aussi contradictoires, qu'elle puisse avoir une semblable
efficacité dans des maladies du caractère le plus opposé et même
dans des affections décidément reconnues incurables? Comment con-
cilier, d’ailleurs, la propriété singulière que Prosper Alpin lui at-
tribue, de use de lembonpoint, avec la propriété sudorifique
dont elle a été spécialement décorée, et qui la fait figurer encore
dans toutes nos pharmacopées, au PAS des quatre bois décorés
SQUINE.
du titre de sudorifiques ? Malgré les éloges pompeux qui lui ont été
prodigués par une foule d'auteurs, pour la guérison de la maladie
vénérienne , et quoique ses prétendues vertus antisyphilitiques aient
été préconisées, au moins autant que celles du gayac et de la salse-
pareille, on ne peut pas y ajouter plus de foi qu’à celles de cette
dernière, dont elle se rapproche, du reste, beaucoup par sa nature
chimique et par ses faibles propriétés médicales. Quoique plusieurs
malades aient été guéris pendant son usage, observe judicieuse-
ment Peyrilhe , on ne peut assurer, d’après l'observation, qu’elle ait
opéré directement aucune de ces guérisons.
Du reste, on l’administre en décoction à la dose d’une once (trente-
deux grammes) dans deux kilogrammes d’eau réduite à la moitié;
mais il est nécessaire de la réduire préalablement en copeaux très-
minces, et de la soumettre à la macération pendant un jour. Dans
le Nord de l'Amérique, elle sert à la nourriture des cochons.
Faute d’autres substances alimentaires, les hommes pourraient
même s’en servir comme aliment. M. Decandolle rapporte que les
Américains du Nord en obtiennent, par la macération dans l’eau,
une poudre rougeâtre, qui , mêlée avec l’eau bouillante , forme une
gelée qu’on mange assaisonnée avec le miel ou le sucre.
VESALIUS (andreas), Radicis chinæ usus; in-fol. Pasileæ, 1546.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plant sduit d tiers de sa grandeur naturelle.)
4. Fruit coupé circulairement, dans lequel
on voit deux graines, la troisième étant
avortée.
r. Rameau portant deux ombelles de fleurs
mâles.
2. Fleur mâle, grossie.
3. Fleur femelle, id.
C1
[+ |
e)
%
Tierpun Ÿ ea Lambert Seule t
STAPIISAICRE .
ES.
CCCXXX.
STAPHISAIGRE.
Gréce ss ccésatrh + _slaQue aypse, Dioscorides.
srapais AGRIA ; Bauhin, TivaË , lib. 8, sect. 5.
DELPHINIUM PLATANI FOHIO, STAPHISAGRIA dictum. Tournefort, cl. 50,
Latin; HALL sect, 2
DELPHINIUM STAPHiSAGRIA ; nectaris tetraphyllis petalo brevioribus ,
foliis palmatis, lobis obtusis. Linné, polyandrie digynie. Jussieu,
clas. 13, ord. 1 , famille des renonculacées.
ltalien: ss ternte STAFISAGRIA
Espagnol... ...... LBARRAZ.
Portugais. ..... +. ALVARRAZ.
Francais... ..... STAPHISAIGRE; HERBE AUX POUX.
ADEME te = STAVESACRE ; LICEBANE.
A ME Lin re LAENSERRAUT ; STEPHENSKDERNER.
Hollandais LE LUISKRUID
RE VE PE UUS-URT
Suédois: 254 LUS-0ERT
Cerre plante a reçu des Grecs le nom de staphisaigre où d'herbe
aux poux : c’est ainsi qu'elle a été désignée par Dioscorides, et puis
mentionnée par Pline. Elle appartient au genre delphinium, dont
le caractère essentiel consiste dans un calice en forme de pétale,
coloré, à cinq folioles un peu inégales, la supérieure prolongée en
éperon à sa base; deux à quatre pétales, savoir : deux pédicelles qui
manquent dans plusieurs espèces; deux autres prolongés à leur base
en deux éperons insérés dans l’éperon du calice; quelquefois ces
deux pétales sont soudés ensemble; des étamines nombreuses; un à
trois ovaires, terminés chacun par un style court; un stigmate sim-
ple. Le fruit consiste.en upe ou trois capsules uniloculaires, unival-
ves , s’ouvrant à leur côté intérieur , et renfermant plusieurs semen-
ces anguleuses. D} | L
La staphisaigre a.des, tiges droites, pleines, cylindriques , médio-
| 2
g5e Livraison. $
STAPHISAIGRE.
crement rameuses, hérissées de poils mous, hautes d’un à deux
pieds.
Ses feuilles sont glabres, alternes, pétiolées vertes, souvent ta-
chetées de brun, assez fermes, grandes , presque palmées , profondé-
ment découpées en lobes divergens, incisés, lancéolés, aigus , quel-
quefois bifurqués au sommet ; les pétioles velus.
Les fleurs sont assez grandes, de couleur bleue, pédonculées , al-
ternes, disposées en grappes lâches et terminales, simples ou ra-
meuses.
Le calice est un peu velu, à cinq folioles ; ovales obtuses, ouver-
tes, la foliole supérieure terminée postérieurement en un éperon
court, courbé en crochet à son extrémité; la corolle divisée-en qua-
tre lobes inégaux , ivréguliérs ; l’éperon divisé en deux pièces à l’in-
térieur ; le fruit composé de trois capsules.
Cette plante croît aux lieux ombragés, dans les départemens mé-
ridionaux de la France, en Halie, etc.
Les semences de cette plante sont seules employées en médecine;
elles sont d’une forme trigone où polyèdre, d’une couleur grise,
et renferment une substance jaunâtre de nature oléagineuse. Cette
substance, ainsi que son enveloppe corticale, sont douées, d’une
amertume et d'une âcreté remarquables, mais plus énergiques ce-
pendant dans l’amande que dans l'écorce. L’eau s'empare en partie,
et l'alcool en entier, de leurs principes actifs. Neumann en a retiré,
par expression, une certaine quantité d'huile grasse.
Ces fruits, dont les anciens paraissent avoir connu les qualités
âcres et corrôsives, agissent avec tant d’ énérgie sur l’économie ani-
male , qu'ils ont été placés, pat la plupart des toxicologues , au rang
des poisons les plus redoutables. Les expériences de Hillefeld et de
M. Orfila sur les chiens, ont prouvé que les semences de la staphi-
saigre introduites dans l'estomac, où appliquées sur des plaies faites
aux membres, donnaient la mort à cés animaux, après avoir occa-
sioné dés efforts de Yomissemens, la débilité, le tremblement, l’a-
phonie, les convulsions ; et qu’elle laissaient des traces de phlogose
dans l'estomac, un engorgement inflammatoire énorme du membre
sur lequel elles avaient été appliquées, et quelquefois même une
sorte de congestion sanguine dans les poumons:
STAPHISAIGRE.
Mächées, ces semences provoquent une abondante sécrétion de
salive, ce qui les a fait placer au rang des apophleomatisans. Lors-
qu'on les ingère, elles font éprouver un sentiment d’âcreté et de
constriction dans le pharynx, provoquent le vomissement, excitent
violemment les évacuations alvines , et procurent même, dans quel-
ques cas, l'expulsion des vers intestinaux; mais comme elles sont
susceptibles d’enflammer les tissus avec lesquels on les met en con-
tact, et de donner même la mort par suite de l'irritation locale
qu’elles déterminent, et de la lésion sympathique du système ner-
veux qui en est la suite, on doit être en garde contre leurs proprié-
tés vomitives, purgatives et anthelmentiques, et ne les administrer
à l’intérieur qu’avec la plus grande circonspection.
Comme topique, on en a recommandé l'application sur les dents
cariées, pour calmer lodontalgie. Toutefois, leurs qualités véné-
neuses , et l’intolérable exacerbation d’une semblable douleur que
Schulz a vu résulter de son application sur une dent, dans un cas
semblable, doit faire regarder cette pratique comme téméraire. Leur
emploi a été quelquefois utile contre la gale, qui guérit, comme on
sait, par l'application , sur la peau, de beaucoup d’autres substances
irritantes. La propriété que les anciens leur avaient reconnue, de
tuer les poux humains, et qui avait mérité à la staphisaigre le nom
de Orespoxouxos, herbe aux poux, l’a fait quelquefois employer dans
les affections pédiculaires; elle est même, en quelque sorte, unique-
ment réservée, parmi nous, à cet usage. En effet, si l'énergie de
l’action de cette plante porte à croire qu'on pourra peut-être un
jour en retirer de grands avantages dans le traitement de certaines
affections chroniques, ses propriétés caustiques et délétères doivent
faire singulièrement redouter son administration intérieure jusqu’à
ce que des expériences cliniques bien faites aient fait connaître le
genre de succès qu'on peut s’en promettre dans ces maladies.
En substance, on pourrait administrer les semences de staphisai-
gre pulvérisées , de cinq à dix pures, sont en suspension dans un
liquide, soit en pilules. Pour l'usage extérieur, on peut les employer ,
sous forme pulvérulente, en aspersion , en décoction dans l’eau, ou
en infusion dans le vin et le vinaigre. Cette dernière préparation a
même joui de beaucoup de réputation autrefois. Elles sont la base
STAPHISAIGRE.
de l’onguent «d phthiriasin où pédiculaire; elles enivrent les pois-
sons, à la manière de la coque du Levant.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.
Let
1. Pistil et étamines. 3. Étamine grossie.
a. Corolle, 4. Pistil,
f:
Lambert À Seutot
STORAX.
sÛT.
CCCXXXTIT.
#:-
STORAX.
CR A eut à Vie œtupaË vapma@ôn.
{ LIQUIDAMBAR ; Baubin, TivaË , lb. r2; 6ecE. 6.
Mr Lan 55 4 LIQUIDAMBAR SEYRACIFLUA ; foliis palmato-angulatis, lobis indivisis
Le acutis. Linné, monoëcie polyandrie. Jussieu, clas. 15, ord. 3 , fa-
mille des amentacées.
Italien... .. : CE.
Espagnol. . ESTORAQ
POPRES dr is LIQUIDAMBREIRO
Français... .. + STORAX; STYR
ADR MAPPLE-LEAVED LIQUID AMBER.
Allemand. ....... AMBERBAUM.
Hollandais. ... ... . AmBER5OOM ; GULDENSOOM.
US Pr GYLLENTRAED j
Æ
Le storax fluide, plus généralement connu sous Je nom de co-
palme , est une résine liquide et jaunâtre produite par un arbre qui
croît dans la Virginie, le Maryland et la Pensylvanie, nommé ligui-
dambar styraciflua ; 4 ressemble à üun érable par son feuillage,
mais il en diffère essentiellement par ses fleurs et ses fruits.
Son tronc s'élève à la hauteur d'environ quarante pieds ; il sup-
porte une cime pyramidale, d’un beau feuillage, dont les rameaux
sont cylindriques, glabres et rougeâtres dans leur jeunesse.
Les feuilles sont alternes, pétiolées souvent fasciculées sur le
vieux bois, vertes à leurs deux faces, un peu visqueuses, palmées,
divisées en cinq, quelquefois sept lobes divergens, allongés, très-
aigus, finement dentés à leurs bords, un peu velus sur leurs nervu-
res, chargés-de poils dans les aisselles de ces nervures.
Les fleurs sont monoïques, réunies sur des chatons globuleux, en
forme de grappes terminales un peu plus courtes que les feuilles.
Les fleurs mâles sont munies à leur base d'un involucre à quatre
ou cinq folioles inégales, membraneuses et caduques ; point de calice
86e Livraison.
STOR AX.
ni de corolle; des étamines nombreuses, réunies en un paquet dense.
Les fleurs femelles, placées. audessous des mâles, sur le même
chaton, sont également pourvues d’un involucre à leur base, situées
sur un réceptacle commun, sphérique , alvéolé : elles ont un calice
campanulé, anguleux; point de corolle; un ovaire oblong, adhérent
au calice; deux styles; des capsules bivalves, uniloculaires, enfon-
cées dans les alvéoles du réceptacle, formant une boule hérissée de
toute parts par les pointes saillantes des capsules.
Les semences sont lisses, oblongues, mêlées dans les capsules
avec des sortes de paillettes courtes, irrégulières. (P.)
Le suc gommo-résineux qui découle spontanément de cet arbre,
qu'on obtient , en outre, par des incisions pratiquées à son tronc, et
quelquefois aussi par l'évaporation de la décoction aqueuse de ses
branches et de ses rameaux, est connu dans le commerce sous les
noms de s{orax et de styrax liquide. N ne faut pas le confondre avec
le storax calamite, gomme-résine, qui s’en rapproche, du reste,
beaucoup par sa nature chimique, par ses qualités physiques, et
par ses propriétés médicales, mais qui paraît provenir du séyrax
officinal , et qui offre une consistance solide. Le suc du liquidambar,
tel qu’on le trouve dans le commerce, est une substance opaque
glutineuse, de la consistance du miel, d’une couleur gris-brun,
d’une odeur balsamique, très-forte, qui est très-suave au premier
abord, mais qui devient bientôt fatigante, et d’une saveur aromati-
que, chaude et amère, analogue à celle des résines. Sa composition
chimique n’est pas bien connue; mais il paraît être composé d’une
petite portion de gomme et de beaucoup de résine.
Cette gomme résine a été jadis d’un très-grand usage dans Part
de guérir; mais elle est singulièrement déchue aujourd'hui de son
antique réputation; d'abord, parce qu’elle est presque toujours s0-
phistiquée avec des résines, des huiles et autres substances, et en
ce que les propriétés qu’on lui a attribuées dans certaines maladies,
sont bien plus fondées sur l’analogie, qui est souvent trompeuse ;
que sur des expériences directes. Toutefois, d’après ses propriétés
physiques, et d’après l'impression vive et instantanée qu’elle exerce
sur les organes du goût et de l’odorat , on est fondé à croire qu'elle
agit sur l’économie animale , à la manière des baumes et des résines ;
STORAX.
en augmentant le ton des organes : c’est ainsi qu’il faut entendre
les propriétés corroborante, résolutive, apéritive, incisive , excitante
et emménagogue qu’on lui attribue,
Toutefois, on n’en a guère fait usage qu'a l'extérieur; ainsi on a
recommandé son application emplastique à l’épigastre, pour aug-
menter l’action de l’estomac, et remédier aux effets de la débilité de
cet organe. On paraît s'être bien trouvé de son emploi en onction
le long de la colonne vertébrale et des nerfs principaux dans certains
cas de paralysie. On a cru qu’elle était utile dans le traitement des
engorgemens chroniques des viscères exempts de douleur. On a
vanté ses succès contre l’hystérie , la chlorose et l’aménorrhée ; mais
le styrax ne peut convenir, dans la première et la dernière de ces
maladies, que dans les seuls cas où elles sont dues au défaut d’action
ou à un état de torpeur de l'utérus. On lui a donné surtout beau-
coup d’éloges comme vulnéraire , dans le pansement des plaies et des
ulcères, où il ne peut cependant avoir aucun avantage, si ce n’est
lorsque ces solutions de continuité sont exemptes de douleur et
d’inflammation.
Le storax ou styrax liquide est la base de l’onguent et de l’em-
plâtre qui porte son nom. Mais ces topiques, jadis employés d'ung
manière banale au pansement des ulcères et des plaies, sont aujour-
d’hui bannis de la pratique chirurgicale par tous les chirurgiens qui
ne sont pas demeurés étrangers aux progrès de cet art salutaire.
Les parfumeurs font un grand usage du styrax pour les prépara-
tions des parfums, des essences et des cosmétiques. Les Orientaux ,
à qui son odeur forte et suave plaît beaucoup, en font surtout une
grande consommation sous ce rapport. On s'en servait jadis en
France pour parfumer les gants et autres pelleteries. De temps im-
mémorial il a été employé à l’embaumement des corps. Le bois
du lquidambar styraciflua paraît même avoir été employé par les
anciens, à la fabrication des cercueils odorans, qui contribuaient
par leur arôme à parfumer les restes de ceux qui y étaient déposés,
et à les garantir de la putréfaction.
RIRSTEN (1.-J.), De styrace, dissertatio ; in-4°. Altdorfii, 1736,
STORAX.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.)
1, Étamine détachée d'un chaton mâle. 4. Fruit.
2. Chaton femelle. 5, Graine.
3. Péricarpe détaché.
STRAMOINE..
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CCCXXXIL
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STRAMOINE. .
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GTEs. + « MES LE Ar RE Dioscorides ”
ns its spinoso oblongo fol lb Han, sd ;
pue 5, sect, t
STRAMONIUM fructu spinoge , rotundo, flore ste. simplici Tourne-
fo n,
Latin: FFSAPEIE rt, clas. 2, sect. 1,8
DATURA STRAMONIUM ; péricarpiis Spinosis erectis ovalis, Jfoliis ovatis
glabris. Linné, pentandrie monogynie. Jussieu, clas. 8
famille des solanées.
LORS EST STRAMONIO ; POMO nr US
Espagnol. +++. ESTRAMONIO. gs: dé
Portugais, ::3 5% pus ESTRAMONIA
Français... ...... STRAMOINE; ss dE à AUX SORCIERS.
anglais: gienr. THORN-APPLE à
demand, .:,. .:: … « A TOLL date. re 4
Hollandais PP
DÉS LS + rer ELSKOVS-VILLIE.
Suédois... .*. . SPIKKLUBBA
Polonais . + SRE > PSINKI
USse. . .…: .. . , .- DURNISCHNIK.
e els. sr
LE stramoine est, à ce que l’on croit, originaire de l'Amérique.
Cette plante, cultivée d’abord dans les jardins de l'Europe, s’est se-
mée d° elle-même, turalisée, et propagée partout dans les champs,
depuis plusieurs siècles, tant en Europe, que dans le Levant et la
calice tubulé, vébtfa, à cinq angles, à cinq découpures ; une corolle
fort grande ; slsnéer en form d’entonnoir, dont le tube s’évase in-
sensiblement en un limbe nq angles, à cinq dents ; cinq étami-
“ux lames ; une capsule Le ou héris-
chées sur des __. épais ‘ , saillans, phouinés..
Cette plante pee une odeur narcotique et repouspantee Ses
86: Livraison.
STRAMOINE.
tiges sont Rhsinsés, droites, glabres, herbacées, fistuleuses, très-
ramifiées , hautes de deux ou trois pieds; ses rameaux diffus . un
peu comprimés, tors ou cannelés.
Les feuilles sont amples, pétiolées, alternes, glabres, ovales,
élargies, molles, anguleuses, sinuées à leurs bords; les angles i iné-
gaux , très-aigus.
Les fleurs sont grandes , blanches ou un peu violettes, une fois
plus longues que le calice, latérales, presque solitaires, soutenues
par des pédoncules courts. 1 leur succède des capsules ovales, de la
grosseur d’une prune , marquées de quatre sillons , armées de fortes
pointes droites, raides, aiguës et piquantes ; elles renferment des se-
mences noirâtres, réniformes, un peu comprimées. (F:)
L'aspect sinistre de cette plante, l'odeur vireuse, nauséabonde et
repoussante que ses différentes parties exhalent, sa saveur amère,
nauséeuse , narcotique, sont autant d'indices de ses propr iétés véné-
neuse et délétère. Nous ne possédons aucune analyse exacte de ses
principes. Schwilgué y reconnaît toutefois de lhuile volatile et de
l'extractif. On sait aussi que son suc, réduit à la consistance d’ex-
trait, paraît contenir du nitrate de potasse. Du reste, l’analogie de
ses effets avec ceux de l’opium, fait présumer qu’elle s’en papproe
par sa composition chimique.
Les effets vénéneux de cette plante ne sont point douteux, des
expériences nombreuses et de malheureuses observations ont prouve
que sa racine, ses feuilles, ses capsules et ses semences produisent
les mêmes accidens. Elle agit à la fois comme narcotique et comme
irritant , et mérite, à tous égards , le rang qu'elle occupe parmi les
poisons narcotico-âcres. Elle ne se borne pas à produire l'ivresse ,
et toutes sortes d'actions et de paroles extravagantes ; les faits rap-
portés par Swaine, Kramer, Vandermonde, Storck, Sauvages ,
Haller, Lobstein, Pinel, Alibert, et autres observateurs , attestent
qu'elle détermine la soif et un sentiment de strangulation, le bal-
lonnement du ventre, une chaleur vive, la rougeur de la face, la
paralysie, des tremblemens la chorée ou des comulsions , l'hydro-
phobie, un délire fnrieux, laliénation mentale, toutes sortes de
gestes et de contorsions Rte Dans l'espèce d'ivresse que les
Asiatiques se procurent par l'usage de différentes préparations, dont
STRAMOINE.
le stramoine est la base, ils éprouvent toutes sortes d'illusions fan-
tastiques dans leur délire, et, d’autres fois , une fureur aveugle qui
les pousse à commettre les plus grands crimes avec audace. Ses effets
vont même jusqu’à donner la mort, ainsi que l’attestent divers ob-
servateurs. Les vomitifs, donnés sur-le-champ, sont de tous les
moyens le plus convenable pour remédier à lempoisonnement
qu’elle occasione, et, lorsqu'on a ainsi expulsé les matières véné-
neuses, on administre les boissons acidulées.
Quels que soient les effets délétères de ce végétal, et la gravité
des accidens auxquels son administration donne lieu, on a cher-
ché à tirer parti de son action narcotique dans le traitement de
certaines maladies. À l'extérieur, on l’a appliqué, soit en décoction ,
soit en cataplasme, sur les chancres et les carcinomes, contre la
brûlure et les hémorroïdes, sur certaines tumeurs inflammatoires où
autres, accompagnées de douleurs; sur les mamelles gorgées de lait ,
pour suspendre leur sécrétion. Sous ces différens rapports, elle à
été décorée des titres d’hypnotique, anodine, résolutive, calmante, etc.,
parce qu’en assoupissant le sentiment de la douleur, elle a pu per-
mettre le sommeil, et favoriser la résolution des engorgemens.
A l’intérieur, on en a fait usage contre différentes maladies ner-
veuses. Storck, le premier, a cherché à administrer le suc de ses
feuilles épaissi , dans l’épilepsie et les convulsions. 1l a été suivi, dans
cette pratique, par Odhel, Bergius, Durande, Maret, et autres
praticiens , qui en ont fait usage dans ces affections, ainsi que dans
la chorée, la manie, la mélancolie et autres névroses, mais avec des
succès douteux ; car, s'ils en ont obtenu quelquefois des avantages ,
e plus souvent ils n’en ont retiré aucun résultat satisfaisant. 1] est
même difficile d'admettre l'efficacité de cette plante narcotique, en
principe, dans le traitement de ces névroses, jusqu’à ce que les cas
particuliers où elle réussit aient été déterminés avec plus de soin
et d’exactitude qu'ils ne l’ont été jusqu'à présent. En attendant, si
l’on se borne à l'examen des effets immédiats de ce médicament sur
l’économie animale, on voit qu'il excite ordinairement la nausée,
qu’il occasione la soif, et qu'il augmente la sécrétion de la salive. Il
excite quelquefois l'appétit , et produit, dans certains cas, de légères
coliques, de la diarrhée ou la constipation; il provoque, en outre,
STRAMOINE.
dans diverses circonstances , la transpiration cutanée et la sécrétion
urinaire. Son usage, long-temps continué, occasione, à certains ma-
lades, des douleurs dans les membres, du prurit à la peau, le ho-
quet, la somnolence, ou un sommeil très-agité. Il rend quelquefois
les malades comme stupides et produit diverses anomalies de la vue
et autres fonctions nerveuses; enfin, imprudemment administrée,
cette plante peut occasioner l’inflammation de l'intestin, le narco-
tisme et la mort, ce qui fait un devoir de ne l’administrer qu'avec une
extrême circonspection.
A l’imitation de Storck, on n’a guère employé que le suc des
feuilles du stramoine, épaissi en consistance d'extrait. On peut l’ad-
ministrer , sous forme pilulaire, à la dose de cinq à dix centigrammes
(un ou deux grains), dont on augmente journellement la dose, jus-
qu'à deux grammes (demi-gros) en vingt-quatre heures : mais si
on la donnait, de prime-abord, en aussi grande quantité, on pro-
duirait certainement l'ivresse , la somnolence et autres accidens ner-
veux ; on pourrait peut-être, avec beaucoup plus d'avantage, admi-
nistrer la plante entière, ou chacune de ses parties sèches et pul-
vérisées, avec la même précaution que son extrait, et à la dose de
quelques grains seulement.
On dit que les Orientaux emploient cette plante narcotique pour
se procurer cette espèce de délire voluptueux qui les soulage momen-
tanément du fardeau de la servitude et de la vie. Les femmes turques
en mêlent souvent aux liqueurs excitantes ‘qu’elles font prendre à
leurs époux, sous prétexte de les exciter aux plaisir de l'amour,
pour les endormir ou les stupéfier ; elles se vengent ainsi de l’es-
clavage et de l'oppression de leurs tyrans, en se livrant alors avec
sécurité à leurs intrigues amoureuses. On sait le criminel usage que
des brigands firent pendant un temps en France du stramoime; ils
en mêlaient au vin et autres liqueurs qu’ils offraient aux voyageurs,
et ils les dépouillaient lorsqu'ils étaient assoupis.
WEDENBERG, De stramonii usu in morbis convulsivis ; in-4°. Upsalæ, 1772.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
+ F Te
(La plant naturelle.)
o
r. Corolle ouverte pour faire voir les cinq 3. Fruit coupé horizontalement.
élamines. 4. Graine isolée,
2. Pistil.
;
ap
rt IE de
Luméert we
Zip
SUCRE :
LÉ
J
CCCXXXIIE £r CCCXXXIV.
SUCRE.
Ps ce se TARYApOV,
ARUNDO SACCHARIFERA ; Bauhin, TsvæË, lib, r, sect. 3.
SACCHARUM OFFICINARUM; floribus paniculetis, foliis planis. Linné,
triandrie digynie. Jussieu, clas. 2, ord. 4, famille des graminées.
S
à
ni.
”
ee
ORNE ZUCCHERO
Espagnol. . ...... AZUCAR,
Portugais... ..... ASSUCAR
Français... : 7. SUCRE
Anglais. ss: 5. SUGAR
Allemand... ..... ZUCKER,
Hollandais. . ..... SUIKER
mois: 2 SUKKER
Suédois. es. 5-5. : SORKER
RE... TER
LE sucre, cette substance si agréable, si généralement répandue
aujourd’hui chez toutes les nations, est le produit d’une simple gra-
minée, que l’on nomme vulgairement canne à sucre où canamelle ,
et en latin saccharum officinale. W est très-probable qu’elle ure’son
origine des Indes Orientales. Elle a été cultivée en Chine dès la plus
haute antiquité : pendant bien long-temps les Egy PES; les _…
les Latins n’ont connu d’autre sucre que celui qu’ils obtenaient d’une
espèce de bambou, jusque vers la fin du treizième sous, époque à
laquelle des marchands , qui faisaient le commerce ss pp en rap-
portèrent la véritable canne à sucre, qui fut Dee d'abord dans
l'Arabie Heureuse, puis en Nubie, en Égypte et dans l'Ethiopie. Quel-
que temps après la découverte de l'Amérique, on la transporta aux
Antilles, à la Guiane et dans toutes les îles Sa rte
Cette précieuse graminée est d’un aspect très-agréable, __—.
orsqu’elle est en fleurs. Ses racines Se fibreuses ” obliques ; géni-
culées ; elles produisent plusieurs tiges me ge À luisantes, ue
d’un pouce et plus, hautes au moins de En à dix pieds, et 7
d’une moelle blanchâtre et sucçulente, nues à leur partie inférieure.
D 3,
86° Livraison, :
de.
de
SUCRE.
Ses feuilles, assez semblables à celles des roseaux , sont planes,
striées, glabres , rudes à leurs bords, d’un vert glauque ou jaunâtre,
larges d’un pouce, longues de trois où quatre pieds, traversées par
une nervure blanche, terminées par une longue pointe aiguë.
Un long pédoncule lisse, terminal et sans nœuds, supporte un
très-beau panicule ample, argenté, long de deux pieds, divisé en
ramifications grêles et nombreuses, chargé d’un grand nombre de
petites fleurs blanches et soyeuses.
Chaque fleur est composée de deux valves calicinales ; munies exté-
rieurement et à leur base d’un duvet long et soyeux; elles ne con-
tiennent qu’une seule fleur composée de deux valves corollaires;
trois étamines; deux styles.
La culture a obtenu de cette plante plusieurs variétés, mention-
nées dans les ouvrages d'agriculture, et que plusieurs auteurs ont
décrites comme espèces. :
Le suc de cette plante, dont l’usage à été introduit en Europe
par les Portugais, au commencement du dix-septième siècle, n’est
pas moins remarquable par sa saveur douce et extrêmement agréa-
ble, que par le grand nombre d’usages auxquels il est employé :
il contient beaucoup d’eau, du sucre cristallisé, du sucre incristal-
lisable, et un peu de gomme, de ferment, d’albumine ou de fécule
verte, du ligneux et quelques sels ; il a une grande tendance à la
fermentation acéteuse et alcoolique.
Pour l'obtenir en grand, on coupe les tiges de la canne à sucre,
trois ou quatre mois après la floraison ; on en sépare les feuilles , qui
sont rejetées, et on les soumet à la pression entre deux rouleaux de
bois durs, qu’on désigne sous le nom de roles, et qui sont mus en
sens contraire par le mécanisme des moulins. Le suc doux et vis-
queux qui en découle, est recueilli sous le nom de vesou ou vin de
canne; et les tiges, qui en sont privées, portent le nom de Zagasse,
et sont employées à la nourriture des bestiaux. Le vesou est porté
dans des chaudières où on le fait bouillir avec un peu de chaux.
Dans cette opération l’albumine se coagule, vient nager à la surface
du liquide sous forme d’écume que l’on enlève avec une écumoire :
alors on filtre la liqueur à travers une étoffe de laine placée sur une
claie d’osier; on la laisse reposer puis on la décante pour en séparer
SUCRE.
quelques matières terreuses ; on la remet dans des chaudières, où
on la fait évaporer jusqu’à consistance d’un sirop épais, et on la
verse ensuite dans des caisses, dont le fond est percé de trous que
l’on bouche avec des chevilles, Au bout de vingt-quatre heures, lors-
que la matière commence à eristalliser, on lagite pour favoriser sa
solidification ; cinq à six heures après, on débouche les trous du
fond de la caisse pour donner issue au sirop non cristallisé , que, l’on
recueille sous le nom de moscouade où miel de sucre, pour le sou-
mettre à une nouvelle évaporation. La matière solide qui reste dans
les caisses est exposée pendant quelques jours à l’action de l'air , et,
lorsqu'elle est suffisamment desséchée, on la livre au commerce sous
le nom de cassonade, sucre brut, etc. Dans cet état, le sucre con-
tient diverses matières étrangères et jaunâtres , dont on le prive par
le raffinage. Cette opération consiste à dissoudre la cassonade dans
de l'eau, à y ajouter du sang de bœuf, et à soumettre le tout à l’é-
bullition. L’albumine du sang, à mesure qu’elle se coagule dans cette
opération , qui doit être répétée trois fois, s'empare de toutes les
matières étrangères insolubles, et forme use écume que l’on enlève.
Lorsque le liquide est ainsi bien. elarifié, on le passe à travers une
étoffe en laine, on l’évapore. jusqu’à consistance d'un sirop épais,
que l’on met dans des rafraichissoires. Quand sa température est
descendue à 40°, on le verse dans des, cônes de bois, dont le som-
met, dirigé en bas, doit être percé par un trou, que lon bouche
avec une cheville : le sucre ne tarde pas à s’y cristalliser ; alors on
débouche le sommet du cône, la partie liquide, qui porte alors le
nom de mélasse, s'écoule dans des pots. disposés pour la recevoir;
et le sucre qui reste dans les cônes, n’a plus besoin que de l’opéra-
tion du terrage pour être entièrement purifié. Do
Cette dernière partie du raffinage a pour objet de priver le ri
des dernières parcelles de sirop coloré qu'il contient encore ; et 8 0-
père ainsi : On recouvre la base des cônes de.sucre dans leurs mou-
les, d’une légère couche d'argile delayée dans l'eau. Cette argile
cède peu à peu son eau à la matière sucrée qu’elle traverse insensi-
blement en entier, dissout complètement les particules sirupeuses ;
et les entraîne avec elle par l'ouverture du sommet du cône par:
elle s'écoule. Ce terrage doit être renouvelé quatre fois, à huit jours
SUCRE.
d'intervalles, pour rendre le raffinage parfait; alors les pains de
sucre sont Pa de leurs cônes. On les laisse sécher pendant un ou
deux mois à l’étuve, pour les affermir, et on les livre ensuite au
commerce sous le nom de sucre pur, sucre raffiné.
Dans cet état de pureté, le sucre est amorphe, blanc, brillant,
d’une cassure grenue ou vitreuse, fragile, phosphorique, inodore,
d’une saveur particulière, très-douce et extrêmement suave : il est
entièrement soluble dans la salive, dans la moitié de son poids d’eau,
et dans cent fois son poids d’alcool à 25°. Par l’évaporation lente de
ses dissolutions, il est susceptible de cristalliser en prisme hexaèdres,
terminés par des sommets à deux faces , et alors il prend de nom de
sucre candt.
Le sucre, tel que nous venons de le décrire, n’a pas été connu
des anciens; et il est bien probable, ainsi que le remarque Murray,
que la matière douce qu'ils employaient sous les noms de Zaxxyæpor,
saxyxap, n'était autre chose qu’une substance sucrée , associée à
beaucoup d’autres matières étrangères, telle que nous l'offrent en-
core spontanément certains végétaux dans les contrées méridionales.
Le sucre, en effet, ne se trouve pas seulement dans le suc de canne;
il est un des matériaux immédiats des végétaux les plus répandus.
On peut même l'obtenir en grand de la rave, du navet, de la bet-
terave, de la carotte , du scorsonère, et autre racines mucilagineuses
et sucrées. On le saite également des tiges du maïs, du sorgho et
de plusieurs graminées; la moelle de certains nullitents le suc de
l’érable, plusieurs espèces de lichen en fournissent une grande quan-
tité : il est, en outre, plus où moins abondant dans les fruits de
plusieurs palmiers, dans les figues, les raisins, les dattes, les juju-
bes, les prunes, les pêches, les poires , les cerises, les groseilles , les
châtaignes , et autres fruits soit à pépins, soit à noyaux , qui nous
servent de nourriture. Mais ce n’est que par des procédés très-
savans et très-compliqués qu’on l'isole des autres substances aux-
quelles il est uni; et ces procédés étaient entièrement inconnus aux
Grecs et aux Romains.
Sous le rapport médical, le sucre jouit de propriétés adoucissan-
tes, relâchantes et en même temps très-nutritives. En grande quan-
tité, il devient même quelquefois purgatif. On lui a attribué, en ou-
SUCRE.
tre une vertu résolutive; mais cette propriété ne peut être en lui que
le résultat de la faculté qu'il paraît avoir de calmer l'irritation des
organes , irritation dont la cessation amène nécessairement le dégor-
gement. C’est probablement à son action ses qu és Les rap-
porter les succès que Lobb lui a att
et calculeuses, we pour diminuer la douleur, soit pour énirainer les
graviers qui se forment dans les reins. Chaque jour, en effet , on em-
ploie avec succès sa solution aqueuse dans ces affections; et on pourrait
en retirer le même avantage dans les maladies de la poitrine, dans
celles de ring gras, et même riens les pütres dé aéli des
voies urinai t i lui
Beccher, sm Macbride, Dee PE aucun fondement vdi,
puisqu'elles ne reposent que sur des expériences faites sur des matières
animales privées de vie, dont le sucre retarde en effet la putréfaction :
mais il n’en est pas moins vrai que le sucre, par ses qualités adoucis-
santes et alimentaires, peut être d’une grande utilité dans le traitement
des maladies faussement dites putrides, et particulièrement dans le
scorbut, et les prétendues fièvres nerveuses et adynamiques. On sait
que l'opinion populaire accuse le sucre de favoriser le développement
des vers intestinaux chez les enfans; mais, sans invoquer, contre
cette erreur , l’action délétère que le sucre, soit en poudre, soit en
solution, exerce sur les lombrics terrestres, dont on les saupoudre,
ou qui y sont plongés , ainsi que l’a expérimenté Rédi, n'est-elle pas
suffisamment démentie par l'observation journalière de personnes
exemptes de vers, quoique faisant usage de beaucoup de sucre ?
Andry et plusieurs autres observateurs attestent même que cette
substance a quelquefois provoqué l'expulsion d’une grande quantité
de vers intestinaux, particulièrement d’ascarides lombricoïdes, et
semblent lui accorder une vertu anthelmentique. Toutefois, de tou-
tes ses propriétés médicales, la plus remarquable est sans contredit,
celle que présente le sucré, de prévenir les accidens de l'empoison-
nemeñt par le vert-de-gris,.et de neutraliser complétement l'action
de ce poison, lorsqu'il est ingéré immédiatement en grande quan-
tité, soit en poudre, soit en solution aqueuse. En effet, M. Duval a
prouvé, par des expériences très-exactes, que le sucre, avalé en
grande quantité, prévenait entièrement les accidens auxquels donne
SUCRE.
lieu ce sel cuivreux. Les expériences que M. Orfila à faites sur les
chiens confirment pleinement ce fait; de sorte que l’on peut regar-
der le sucre comme un des meilleurs antidotes dans cet empoison-
nement.
Appliqué à l'extérieur, comme topique, sous forme pulvérulente,
le sucre à été regardé comme détersif, discussif et léger cathérétique.
Ces propriétés sembleraient contredire la vertu adoucissante qui lui
a été assignée plus haut. Mais je pense que dans ce cas le sucre en
poudre agit mécaniquement , en irritant un peu les parties dénudées
sur lesquelles on l’applique, jusqu’à ce que ses mollécules aient été
dissoutes dans les liquides animaux. Ainsi on en recommande l’ap-
plication en aspersion sur les ulcères blafards et atoniques, sur les
fissures des mamelles, sans inflammation et peu douloureuses ; en
insufflation sur les petits ulcères et les taies de la cornée. On pré-
tend aussi qu’insufflé dans les fosses nasales, il a quelquefois guéri
le coryza chez de jeunes sujets. Sa solution, dans l’eau, a été recom-
mandée en gargarisme contre les aphtes des enfans, et contre certai-
nes ulcérations de la bouche; en injection dans le conduit auditif
externe, pour remédier à certains écoulemens sanieux de l'oreille,
ten clystère pour solliciter doucement l’action du gros intestin.
La vapeur épaisse, aromatiqueet suave du sucre brûlé passe pour
avoir la propriété de purifier l'air et de sanifier les lieux infects.
Toutefois, cette vapeur n’a pas plus d'action que les autres vapeurs
aromatiques sur les miasmes contagieux et sur les émanations délé-
tères : elle se borne à les masquer, à rendre le nerf olfactif insensi-
ble à leur action ; et lorsque ces miasmes où ces émanations ont un
caractère pernicieux, ils n’en agissent pas moins d’une manière fu-
neste sur l'économie animale, ‘quoique à l'insu de l'organe de l’o-
dorat. À
Le sucre, considéré comme aliment, a eu beaucoup de détrac-
teurs et d’apologistes. Les premiers, à la tête desquels se présente
l'illustre Starck, accusent le long usage du sucre d’altérer le tissu
des dents, d’occasioner des ulcérations sur les parois de la bouche,
d'opérer Ja dissolution du sang et des humeurs, comme si un liquide
pouvait être dissous , et de produire beaucoup d’autres inconvéniens
également controuvés ou entièrement illusoires.“Ils se fondent sur
SUCRE.
ce qu'il donne la mort aux sangsues , aux vers qui sont plongés dans
sa solution aqueuse, à des grenouilles, à des lézards, à des colombes
à qui on en fait avaler une certaine quantité, Mais peut-on conclure,
des effets en apparence délétères du sucre sur de semblables ani-
maux, à ses qualités malfaisantes sur l’homme, dont l’organisation
et la sensibilité diffèrent tant de celles des premiers ? Je ne le pense
pas. M. Magendie, il est vrai, a observé que le sucre pur, à exem-
ple de plusieurs autres substances privées d’hydrogène, donné pen-
dant long -temps, pour seule et unique nourriture, à des chiens,
finissait par amener la faiblesse , le marasme et la mort. Mais ne per-
dons pas de vue que les expériences de M. Magendie n’ont été faites
que sur des carnivores, et qu’on ne doit pas conclure , des effets d’un
semblable aliment sur ces animaux , à son action sur les herbivores,
ni sur l’homme, qui vit également de matières végétales et animales.
Comment admettre d’ailleurs des qualités malfaisantes dans une
matière que la nature semble avoir essentiellement créée pour la
nourriture de l’homme et des frugivores, en la répandant en abon-
dance , et souvent même avec une généreuse prodigalité, dans
les substances qui, sur toutes les parties du globe, nous fournis-
sent les alimens les plus agréables, les plus salutaires et les plus
nourrissans , et qui est recherchée avec avidité par les insectes, par
plusieurs oiseaux , par les rongeurs, par les herbivores, par les
singes, et par l’homme surtout? Ne voyons-nous pas dans les colo-
nies, les hommes qui sont employés à la fabrication du sucre, ac-
quérir beaucoup d’embonpoint, et offrir tous les signes de la force et
la santé la plus florissante, en mangeant en abondance de la mélasse,
de la cassonade ou du sucre? Parmi nous, voyons-nous des man-
geurs de sucre moins bien portans que ceux qui n’en font aucun
usage? et, parrni les nombreux exemples de longévité que l’on pour-
rait citer, chez les individus qui consomment habituellement une
grande quantité de cette substance, on peut se rappeler le duc de
Beaufort, qui, pendant quarante ans, en a mangé plus d’une livre.
par jour, et a vécu jusqu’à soixante-dix ans; et le célèbre juriscon-
sulte batave Coster , qui a poussé sa carrière jusqu’à l'age de quatre-
vingt-dix ans, quoiqu'il en ait fait, pendant sa vie , une énorme con-
sommation. : P
SUCRE.
Si cette substance, prise en excès, peut être nuisible, comme le
sont les substances les plus salutaires dont on fait abus, elle n’en
constitue pas moins , lorsqu'elle est prise avec modération, un ali-
ment très-sain , très-nourrissant et très-agréable. Le sucre , en effet,
plaît à presque tous les hommes ; mais il est plus particulièrement et
plus vivement appeté par les enfans , par les femmes, par les vieillards,
et par les sujets délicats et d’un tempérament nerveux, ce qui est
encore une preuve de sa qualité alibile. Les adultes, et surtout ceux
qui mènent une vie très-exercée, qui ont de la rudesse dans les ma-
nières, des passions féroces , le goût blasé, et la sensibilité de l’es-
tomac épuisée par lusage du vin, des liqueurs alcooliques, des
épices et du tabac, y sont beaucoup moins portés. Par la même rai-
son, les habitans du nord en font beaucoup moins usage que ceux
du Midi, qui, en général, en font leurs délices, et auquels la nature
le fournit en abondance dans les fruits et autres substances dont ils
tirent presqu’entièrement leur nourriture.
La pharmacie fait un grand usage du sucre pour édulcorer les bois-
sons des malades, pour rendre certains médicamens plus agréables,
et pour cacher l’amertume ou le mauvais goût de certains autres;
pour favoriser la trituration du camphre, et autres drogues qui ne
peuvent être pulvérisées sans cela; pour étendre, augmenter le vo-
lume, et permettre de mesurer de très-petites quantités de certains
médicamens très-actifs, tels que le kermès , le sublimé corrosif, l'é-
picacuanba qu'on ne peut donner qu’à très-petite dose. Sous forme
de sirop, il sert d’excipient, et conserve les qualités médicamenteu-
ses de plusieurs substances , dont il rend l'administration facile; enfin,
il entre dans la composition des conserves, des confections, des
pâtes, des pastilles, des tablettes, des trochisques , des robs et autres
préparations pharmaceutiques. Associé au mucilage d’orge, au suc
des roses rouges , des violettes, etc., il porte le nom de sucre d'orge,
rose, violet, etc.
Sous le rapport de l’économie domestique , ses usages sont si nom-
breux et si variés, que plusieurs arts s'occupent à l’envi de lui faire
subir les formes nombreuses et les modifications variées propres à
flatter le goût et la sensualité, Les ménagères l’emploient pour con-
fire et conserver les fruits pulpeux et autres substances végétales ali-
\
SUCRE.
mentaires. Les cuisiniers l’associent avec avantage à diverses matiè-
res nutritives , dans les crèmes, les beignets , les tourtes , les compo-
tes, les marmelades et autres productions de leur art. Les limona-
diers ne peuvent s’en passer dans la préparation des limonades, du
punch, des glaces et des sorbets. Les confiseurs, dont l'occupation
unique est de transformer le sucre et de l’associer de toutes les ma-
nières possibles à d’autres substances , en forment une innombrable
quantité de liqueurs, de pâtes, de confitures, de dragées et autres
bonbons. Le suc de canne donne, par la fermentation, une liqueur
alcoolique, un peu amère et puissant tonique, connue sous le nom
de rum ou taffia. La plante elle-même, privée de son suc, sert de
nourriture aux bestiaux , et de combustible pour alimenter le feu des
chaudières où l’on évapore la mélasse; enfin , le sucre est un des pro-
duits les plus remarquables de l'industrie moderne. C’est lui qui a
donné tant d’activité, d’étendue et d'importance à la culture de la
canne qui le produit : il est un des principaux objets du commerce
qui s’exerce entre l'Ancien et le Nouveau monde, entre les colonies
et leurs métropoles; il est employé, enfin, à tant d’usages divers ,
sous les rapports médical, diététique, pharmaceutique, économi-
que, qu’il est devenu, pour toutes les nations civilisées, un objet de
première nécessité.
HOFFMANN (rridericus), Dissertatio sistens sacchari historiam naturalem et medicam ; in-4°.
alæ, 1701. .
auys, Dissertatio de sacchari effectibus salubribus et insalubribus in corpus humanum ; in-4°,
Duisburgi, 1775.
EXPLICATIONS.
PLANCHE 333.
(ia gène PRES" de sa grandeur naturelle.)
1, Rameau de fleurs, composé de quelques 2. Fleur entière , grossie,
épillets, détaché d'un panicule. 3. La même ouverte.
PLANCHE 334.
(La plante est réduite au quinzième de sa grandeur naturelle.)
3. Le même ouvert.
1. Épi.
. 2, Epillet uniflore.
584
SUMAC VENENEUX
ni
CCCXXX V.
SUMAC.
[51 THÉ en ... pous, Dioscorides
/Raus FoL10 uLMI; Bauhin, TivaË, lib. 2, sect, 4
jar TRIPHYLLON , folio sinuato pubescente. Tournefort ,
UE. clas. ar, sect. 1, gen. 2.
RBUS TOXICODENDRON ; foliis terratis, foliolis petiolatis angulatis pu-
bescentibus, caule radicante. Linné, pentandrie trigynie. Jussieu,
clas. 14, ord. 12 , famiile des térébinthacées.
LIL, Be de sOMMA
Espagnol. . ...... ZUMAQUE.
PRRAERIE. . oi e « SUMAGRE.
rangais.. SUMAC ; SUMAC VÉNÉNEUX
NE 2) POISON-0AK
Allemand... ..... GIFTSUMACH
Hollandais. . , .... VERGIFTBOOM. ik
DONNE AE UE FOERGIFTIGA TRAED, .
LE caractère commun aux différentes espèces de sumac, consiste
_ dans des fleurs hermaphrodites : mais, dans quelques espèces, on
trouve aussi des fleurs mâles mêlées avec les hermaphrodites ; d’au-
tres dont les mâles sont séparées des femelles sur des pieds différens.
Le calice est petit, à cinq divisions ; la corolle à cinq pétales; les
étamines au nombre de cinq; trois styles courts ; un petit drupe su-
périeur , renfermant une, quelquefois deux ou trois semences osseu-
ses, presque globuleuses. à
Le sumac vénéneux, cultivé dans nos jardins , est un arbrisseau
peu élevé. M. Bosc, qui l'a observé dans la Caroline, où il croît,
ainsi que dans la Virginie et au Canada, m'a dit que c'était une
plante grimpante, qui parvenait quelquefois jusqu’au sommet des
plus grands arbres, et acquérait un tronc d'environ quatre pouces
de diamètre. Dans sa jeunesse, ses tiges sont rampantes, et ses feuil-
les sinuées ou dentées ; mais, dès que ces tiges rencontrent.un arbre,
elles s'y cramponnent par de petites racines latérales, s'élèvent le
long du trone, et se divisent en plusieurs rameaux. Ft
87° Livraison.
SUMAC.
Les feuilles sont alternes , distantes, longuement pétiolées, com-
posées de trois folioles pédicellées, minces, vertes, glabres, ovales,
longues d'environ trois pouces, quelquefois pubescentes en dessous,
d'ailleurs variables dans leur forme et leur grandeur, quelquefois
anguleuses et même lobées , accuminées à leur sommet.
Les fleurs sont dioïques, latérales et axillaires, disposées, vers
l'extrémité des rameaux, en petites grappes courtes, glabres , médio-
crement étalées, peu ramifiées, d’un vert blanchâtre, longues d’un
à deux pouces. |
Elles produisent de petits drupes secs, d’un blanc jaunâtre, striés ,
ne renfermant qu’une seule semence globuleuse et striée. (P.)
Ce végétal n’a point d’odeur manifeste ; mais il possède une âcreté
virulente , telle que le simple contact de ses feuilles et de son écorce
suffit pour déterminer, dans certains cas, une cuisson brûlante de
la peau, avec rougeur, gonflement, vésication, en un mot, une vé-
ritable inflammation érysipélateuse , accompagnée de pustules rem-
plies d’une sérosité limpide, ainsi que Fontana et M. Amoureux l'ont
éprouvé eux-mêmes. Cette plante, pulvérisée, introduite dans l’es-
tomac d’un petit chien, à la dose de trois gros, et son extrait
aqueux, appliqué sur le tissu cellulaire d’un autre chien , à la dose
d'un gros et demi, n'ont produit aucun accident; mais le même
extrait, à la dose de demi-once, soit qu’il ait été avalé par l'animal ,
soit qu’on l'ait introduit dans une plaie faite à la cuisse, a produit,
le second ou le troisième jour, un grand affaiblissement, l’immobi-
lité, l’insensibilité et la mort, sans laisser d’autres lésions anatomi-
ques, que des traces d’inflammation de l'estomac, lorsqu'il avait été
introduit dans cet organe, et dans le membre blessé, lorsqu'il avait
été appliqué sur le tissu cellulaire.
On n’est point d’accord sur la source des propriétés vénéneuses
du toxicodendron. On a long-temps attribué ses effets délétères au
suc laiteux , gommo-résineux , qu’il renferme ; mais, d’après les expé-
riences de M. Van Mons, on est fondé à croire qu’elles résident
dans un gaz particulier que cet arbre exhale pendant la nuit, à
l'ombre et sous un ciel couvert, et qui, d’après l’auteur que nous
venons de citer, paraît être un hydrogène fcarboné , tenant en disso-
lution un miasme hydrocarboné, très-délétère. Une chose fort remar-
SUMAC.
quable, et bien digne de fixer l'attention des physiologistes , c’est que
ce gaz, recueilli en plein jour, sous l'influence des rayons solaires ,
ne produit aucun effet, tandis que celui que l'arbre exhale en l’ab-
sence du soleil, occasione tous les accidens d’une inflammation
érysipélateuse et pustuleuse très-intense. M. Van Mons a reconnu,
en outre, que les effets qu'il exerce sur l’économie animale, varient
selon le degré de susceptibilité individuelle ; de sorte que tel individu
n'en recevra aucune impression, tandis que tel autre en sera très-
vivement affecté.
Le suc laiteux de ce sumac ne paraît cependant pas plus exempt
de qualités vénéneuses que le gaz qui s’en exhale. M. Alibert parle
d'un de ses élèves qui en éprouva les effets nuisibles après se l'être
inoculé. Toutefois, si l’on considère que ce suc, ainsi que l’a observé
l'illustre Fontana, appliqué sur le tissu cellulaire des lapins, des
cochons d'Inde et des pigeons, n’a produit aucun accident; que
M. Boullon se l’est inoculé impunément ; si on remarque , en outre,
que beaucoup d'animaux en mangent, en Amérique, sans en être
incommodés , on sera tenté d'admettre qu’à l'exemple du gaz dont
nous venons de parler, le suc laiteux du toxicodendron ne manifeste
ses qualités délétères, et n’agit, comme poison ; que dans certaines
circonstances dépendantes de Ja susceptibilité individuelle, et peut-
être aussi de la quantité de la substance employée.
En attendant que de nouvelles observations aient fixé définitive-
ment les idées sur ce point, on peut conclure, provisoirement , que
la poudre, l'extrait, le suc et les émanations gazeuses de cet arbre,
agissent, dans certaines circonstances, sur l’économie animale, à la
manière des poisons âcres et narcotiques , en déterminant une vive
irritation locale , suivie d’une inflammation pustuleuse particulière;
et, qu'après avoir été absorbés, ils stupéfient le système nerveux.
Si ce poison avait été introduit dans l’estomac, les vomitifs, d’abord,
et ensuite les boissons adoucissantes et laxatives, sont les moyens
les plus propres à prévenir et a remédier aux accidens qu’il occa-
sione; et, lorsque ses effets sont purement locaux , l'eau pure, que
les Américains emploient pour les combattre, est bien préférable
aux huileux et à l’'ammoniaque, qui ont été préconisés en Europe
comme l’antidote du sumac.
SUM AC.
Malgré ses qualités vénéneuses , ce végétal a été introduit dans la
matière médicale comme un médicament heroïque; et peut-être un
jour aura-t-on à se féliciter de cette conquête moderne. Une foule
d'observations tendent à établir son efficacité contre les dartres, et
surtout contre l’hémiplégie et la paralysie. Dufrenoy, à Valencien-
nes; Verdeyen Kok, Van Baerlen, Rumpel, à Bruxelles; Poutingon
et Gouan , à Montpellier ; Alderson , Kellie et Duncan, en Angleterre,
attestent, à l’envi, ses succès presque merveilleux dans ces maladies.
Leurs observations paraissent même si concluantes, qu’on serait
tenté d'admettre avec eux l'efficacité de ce végétal, s’il n’était plus
sage de douter encore, quand on songe, suivant la remarque judi-
cieuse de M. Alibert, combien ont été déçues les espérances qu’on
avait fondées sur les vertus chimériques de tant d’autres plantes,
dont les prétendues propriétés n’ont été ni moins exaltées, ni moins
préconisées que celles du toxicodendron.
Les feuilles de cet arbre, desséchées, peuvent être administrées
en poudre à la dose de cinquante centigrammes à un gramme (dix
à vingt grains), et, en infusion aqueuse, à dose double. On a eu
plus souvent recours à leur extrait aqueux, que l’on donne d’abord
à la dose de cinquante centigrammes (dix grains ), et dont on aug-
mente successivement la quantité, jusqu’à une once par jour.
L'écorce et les feuilles du rhus toxicodendron , ainsi que celles des
rhus corearia, radicans , vernix et typhinum , contiennent beau-
coup de tannin, de l'acide gallique, un peu de fécule verte, de
gomme et de résine. Ces trois dernières espèces de sumac jouissent
à peu près des mêmes propriétés que le toxicodendron, quoique à
un plus faible degré. Le rhus corearia, ainsi nommé à cause de
l’usage qu’en font les tanneurs pour la préparation des cuirs, a été
mal-à-propos recommandé contre la diarrhée et la dysenterie. Son
écorce est employée beaucoup plus utilement dans la teinture. Ses
semences servaient jadis d’assaisonnement dans les cuisines.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite aux denx tiers de sa d turelle.)
La /
r. Fleur entiere, grossie. 3. Graine.
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CCCXXX VI.
SUREAU.
Nr 5 à ax», Dioscorides.
samsucus fructu in umbella nigro ; Bauhin, MivaË, lib. va, sect. 1.
Tournefort, clas. 20 , sect. en. 3.
||; << péhena SAMBUCUS NIGRA; cymis quinquepartilis, caule arboreo, Linné, pen-
tandrie tryginie. Jussieu, elas. 11, ord. 3, famille des chèvre-
feuilles. RER 2
Italien... ., ..... sAmBuco; sAmBuGaARo.
POPORNOT. .. . . re SAUCO.
Fortigais:. it. SUBUGUEIRO.
ER SUREAU ; SUREAU COMMUN.
RO T. à - à COMMON ELDER. ,
Allemand. ....... HOHLUNDER ; HOLDER; FLIEDER.
Hollandais. . ..... VLIERBO0M.
RS se à HYLD.
un CAE Pas FLAEDER.
Pobaäisus À. gi BEZ.
Br BUSINA.
Lithuanien... ..... PLuSCHu KkOHRS "
bois Say U-CHU-YU
LE sureau croît avec facilité dans toute sorte de terrain, quoi-
qu'il préfère les sols un peu humides et les haies, où il produit se
très-bel effet par son feuillage élégant , et par ses jolies fleurs d’une
odeur douce, d’une blancheur éclatante, relevée par le vert foncé
des feuilles. Théophraste et Dioscorides l'ont mentionné sous le nom
*«x8y. Son caractère essentiel consiste dans un calice à cinq divisions
courtes ; une corolle en roue, à cinq lobes ; cinq étamines alternes,
avec les divisions de la corolle; trois stigmates sessiles; une baie à
trois semences.
Cet arbrisseau s'élève à la hauteur de huit à douze pieds et plus.
Son écorce est de couleur cendrée; son bois blanc et ere , Ses r'a-
meaux verts, fistuleux, remplis d’une moelle abondante très-blanche.
Les feuilles sont opposées, pétiolées , ailées avec une impaire ,
glabres, d’un vert foncé, composées de cinq à sept _—— oppo-
87 Livraison.
SUREAU.
sées, pédicellées, ovales-lancéolées, dentées en scie, acuminées.
Les fleurs sont blanches, odorantes, petites et nombreuses , dis-
posées en un ample corymbe terminal , presque en ombelle, sur des
pédôncules partiels et rameux.
Leur calice est glabre , fort petit; leur corolle à cinq lobes conca-
ves, obtus; les baies succulentes, un peu globuleuses, d’abord rou-
ges, puis noires en mürissant. On en connaît une variété à fruits
blancs , une autre à fruits verts. Une des plus remarquables est celle
à feuilles laciniées, quelquefois panachées. É À
L'écorce moyenne du sureau est inodore ; mais elle est remarqua-
ble par sa belle couleur verte, et par sa saveur douceâtre, amère,
âcre et nauséeuse. L’odeur de ses feuilles est fétide, et très-repous-
sante lorsqu'on les froisse, et leur saveur est herbacée et nauséeuse.
On connaît la saveur amère des fleurs , et surtout l'odeur aromati-
que, fragrante, qu’elles exhalent dans l’état frais, comme après la
dessiccation, odeur qui, suave au premier abord, devient bientôt
fatigante et nauséabonde. Quant aux baies, elles sont inodores, d’un
goût acidule, et renferment une pulpe molle, de couleur pourpre,
qu’elles communiquent à la salive et à divers tissus. Lorsqu’elles
sont desséchées , elles sont improprement désignées sous le nom de
grana actes, graines de sureau. Les véritables semences de cet arbre
sont très-petites, et renferment une certaine quantité d'huile grasse.
Les fleurs de sureau fournissent une très-petite quantité d'huile vo-
latile. Par la distillation, l’eau et l'alcool se chargent de leur arôme
et de leurs qualités actives. Du reste, on ne connaît point encore la
nature chimique des principes auxquels les différentes parties de ce
végétal doivent leurs propriétés médicales,
Toutes ces parties, dont les propriétés physiques semblent indi-
quer une action très-prononcée sur l’économie animale, agissent à
la manière des toniques amers et aromatiques, en excitant l’action
des organes; et toutes sont plus ou moins vomitives et purgatives :
cependant, les fleurs ne produisent cet effet que dans l’état frais.
Lorsqu'’elles sont desséchées elles agissent plus particulièrement sur
les exhalans cutanés, et augmentent la transpiration ou provoquent
la sueur, ce qui leur à acquis une sorte de réputation, comme
diaphorétiques et sudorifiques. Les meilleurs praticiens s'accordent
SUREAU.
à regarder , sous ce rapport, leur infusion comme très-utile à Vin-
vasion des catarrhes pulmonaires, du coryza , de l’angine, et autres
affections soit du poumon, soit de l'intestin , qui tiennent à la sup-
pression de la transpiration. On en fait également usage, avec suc-
cès, dans la dernière période du catarrhe bronchique et des affec-
tions pulmonaires lorsqu'il n’y a plus ni fièvre, ni chaleur, mi soif,
pour appeler les forces vitales à la périphérie du corps. On a surtout
vanté leurs succès dans la répercussion de la variole, de la rougeole,
de la scarlatine et autres exanthèmes, produite par l’action du froid,
ou par un état de débilité générale, pour ramener léruption à la
peau. Comme topique, on les applique, soit en infusion , soit dans
des sachets, sur les engorgemens pâteux des articulations, sur des
tumeurs froides, et sur les membres œdémateux, pour en opérer la
résolution.
Les baies sont manifestement purgatives; mais, comme légère-
ment excitantes, on leur a également accordé des propriétés sudo-
rifiques et apéritives. Hippocrate les employait, comme drastiques,
dans l’hydropisie, et dans certaines maladies de lutérus. Parmi les
modernes , le rob qu’on en prépare a été surtout préconisé comme
sudorifique , et même propre à combattre les rhumatismes. Quant
aux semences, elles passent pour être laxatives.
L’écorce et les feuilles du sureau en sont les parties les plus éner-
giques; elles excitent le vomissement, et purgent avec violence :
elles produisent même quelquefois une si grande sécrétion du mucus
intestinal, et des évacuations alvines si abondantes, qu’il en résulte
un état de débilité et de somnolence , qu’on a attribué à la vertu nar-
cotique de ce végétal, mais qui pourrait bien n'être que l'effet de la
violente irritation qu’elles déterminent sur le canal intestinal. Hip-
pocrate employait surtout ces feuilles dans l’hydropisie et dans la
suppression des lochies , contre laquelle elles ne pourraient être que
nuisibles si la suppression de cet écoulement était due, ainsi que
cela a lieu le plus ordinairement , à l'inflammation de l'utérus ou du
péritoine. L’écorce moyenne a été également préconisée comme un
excellent hydragogue. Boerhaave, Sydenham , et autres observateurs ,
attestent, sous ce rapport, son efficacité contre l'hydropisie ascite ,
où l'on sait que les drastiques réussissent en effet assez bien, lors-
SUREAU.
qu’elle est primitive , accompagnée d’atonie, et exempte d'inflamma-
tion ou de lésions organiques. Les feuilles faîches passent pour avoir
la propriété, douteuse à mon avis, de calmer la douleur des hémor-
roïdes , sur lesquelles on les applique. Rudolphi cite même un exem-
ple de leur succès dans un cas semblable.
Cette écorce, ainsi que les feuilles, peuvent être administrées , à
la dose de trente-deux grammes (une once), en décoction dans un
kilogramme (deux livres) d’eau ou de lait. Leur suc , exprimé,
purge à la dose de quatre à seize grammes; les baies, ainsi que le
rob qu’on en prépare, produisent le même effet à la dose de quatre
à seize grammes ( un à deux gros), et les semences à celle de seize
à trente-deux grammes (une once). On administre les feuilles en in-
fusion théiforme convenablement édulcorée. L'eau distillée des fleurs
du sureau , l'esprit et le vinaigre qu’on préparait jadis avec ses baies,
ne sont plus employés de nos jours. Le miel, l’emplâtre, le julep
du sureau, et autres nombreuses compositions pharmaceutiques
dont ce végétal fait partie, sont dignes d’un éternel oubli.
Le bois de sureau, à cause de sa dureté, est utile aux tour-
neurs et aux tabletiers pour plusieurs ouvrages. Les fleurs , lors-
qu’on les fait fermenter avec le vin, donnent à ce liquide une odeur
de muscat très-agréable; et les marchands de vin s'en servent très-
souvent, sous ce rapport, pour fabriquer du vin de Frontignan.
On dit que les baies du sureau tuent les poules, et que les fleurs
sont funestes aux dindons. Murray rapporte aussi que le sureau est
tellement redouté des chenilles, qu’on peut en préserver facilement
les fruits et les plantes oléracées qu’elles dévorent, en plaçant autour
des rameaux de sureau chargés de leurs feuilles et de leurs fleurs.
L'ombre de cet arbre passe également pour être dangereuse pour
l’homme. Les oiseleurs tirent un grand parti de ses baies, qui sont
avidement recherchées par la plupart des oiseaux, pour les attirer
et les prendre dans leur filets.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est rédnite à la moitié de sa grandeur naturelle.)
1. Fleur entière, grossie.
* h
4. Fruit de grosseur naturelle. \
2. Calice, 5. Le même coupé horizontalement.
in
6. Graine
3.. Corolle renversée,
7? urpin +: Lambert LS. cui ;
all.
| CCCXXX WII.
TABAC.
{ NICOTIANA MAJOR LATIFOLIA; Rank, TivaË, lib, 5, sect. r. Tourne-
fort, clas. 2, sect. 1,
Latin... .{ icortim TABACUM ; fobs 1 à APP ovatis sessilibus decurrentibus,
: | floribus acutis. Linné, pentandrie monogynie, Jussieu, clas. 8
ord. 8, famille des solanées.
Cco.
Han... .: 2 ° - TABA
£spagnol, . ... “+. TABACO.
Portapais, . 4, L:: TABACO. M
Prengais, : À: 2 4. . TABAC; NICOTIANE ; PETUN ; HERBE A LA REINE,
Anglais. ........ ronacco.
MORE 5 5 Se . TABAK; TOBAK.
Hollandais... vasax
DRE, . OBAKR
Sd. TOBAK,
AN rise tu TAMEK
Brésilien... ..... prrune
Boôhémien, : ....:. QUAURYETL. “ É
x
ms
‘u tabac n’était d'abord qu'une plante sauvage qui croissait ve ;
rée dans quelque cantons de l'Amérique; mais depuis que les Euro-
péens en ont fait un objet de jouissances habituelles et diversement
modifiées , la culture du tabac est devenue la base d’un commerce
très-étendu. Les habitans de la Floride et du Brésil le nomment
s, qui le découvrirent pour la première fois à
l’île de Tabaco, dans la mer du Mexique, lui donnèrent le nom de
tabac : 1 fut ensuite appelé nicotiane, du nom de M. Nicot , ambas-
sadeur. de France à la cour de Portugal. A son retour en France,
il présenta à la reine Catherine de Médicis, du tabac qui il avait regil
d’un marchand flamand. D’autres personnes , qui, les premières, in-
“troduisirent le tabac ‘dans plusieurs autres royaumes de l'Europe ,
lui donnèrent leur nom; mais celui de tabac a été le seul conservé
en francais , et en latin celui de ricotianu.
87e lâvraison.
TABAC.
Le caractère essentiel du tabac consiste dans un calice persistant,
à cinq divisions; une corolle infundibuliforme; le limbe divisé en
cinq lobes; cinq étamines ; un ovaire supérieur; un style; un stig-
mate échancré. Le fruit est une capsule ovale, à deux loges , à deux
valves, s’ouvrant au sommet ; les semences nombreuses, attachées à
un placenta adhérant à la cloison.
On connaît plusieurs espèces de tabac : celle dont il est ici ques-
tion est la plus commune. Ses tiges sont cylindriques, assez fortes,
un peu fistuleuses, légèrement pubescentes, ramnifiées, glutineuses,
ainsi que toute la plante, hautes de quatre à cinq pieds.
Les feuilles sont molles, fort grandes, sessiles , un peu décurren-
tes à leur base, ovales-lancéolées, aiguës, très-entières , vertes, pres-
que glabres.
Les fleurs, d’un pourpre rougeñtre, sont disposées en un beau
panicule terminal ; la corolle est velue en dehors ; son tube une fois
plus long que le calice; le limbe plane, à cinq lobes aigus ; les cap-
sules ovales, marquées d’une rainure de chaque côté, accompagnées
du calice persistant, un peu velu. ni va
Cette plante exhale une odeur forte, piquante et vireuse. Sa sa-
veur est âcre, amère, nauséabonde, Ses feuilles , qui sont seules en
usage, d’après l'analyse de M. Vauquelin contiennent une grande
quantité d'albumine, une matière rouge peu connue, qui se bour-
souffle beaucoup quand on la chauffe , et qui se dissout dans l’eau et
dans l’alcool; un principe âcre, volatil, incolore, bien soluble dans
l'alcool, beaucoup moins soluble dans l’eau , et auquel le tabac doit
ses propriétés vénéneuses ; de la résine verte, du ligneux , de l'acide
acétique, et plusieurs sels à base de chaux, de potasse et d’am-
moniaque. Lorsqu'on les distille, elles fournissent une huile em-
pyreumatique, qui surpasse en âcreté et en virulence tous leurs au-
tres produits les plus vénéneux.
Le tabac, dont l'usage a été introduit en France, en 1550, par
Nicot, ambassadeur français en Portugal , agit, sur l’économie ani-
male, à la manière des poisons âcres et narcotiques; il détermine
l'irritation , et même l’inflammation des organes avec lesquels on le
met en contact, et, porté par absorption sur le système nerveux, il
opère la sédation des propriétés vitales. Si on lapplique sur la pi-
+
TABAC.
tuitaire, il détermine l’éternûment, et augmente la sécrétion du
mucus nasal. Lorsqu'on le mâche , il excite une abondante sécrétion
de salive et de mucosités buccales. Quand on l’avale, il occasione des
nausées, des vomissemens, l’anxiété, d’abondantes évacuations al-
vines; quelquefois aussi il semble solliciter l’action des reins ou celle
de la peau, et provoquer la diurèse ou des sueurs abondantes ; mais,
plus souvent, il donne lieu aux vertiges, à la céphalalgie, au trem-
blement , à des défaillances, à la paralysie, aux convulsions, à l’état
comateux , à l’apoplexie. S’il a été pris en assez grande quantité, la
mort survient à la suite de cette série d’accidens formidables ; et l’on
trouve souvent alors des traces d’inflammation ou d’ulcération sur
les parties avec lesquelles le poison a été mis en contact, sans au-
cune altération sensible dans le système nerveux. D’après les expé-
riences que MM. Brodie et Orfila ont tentées, à ce sujet, sur des
chiens, des chats et des lapins, ces phénomènes sont également
produits par le tabac en substance, par sa décoction, par son extrait
aqueux et par sa fumée. Ils ont également lieu , soit qu'il soit intro-
duit dans l’estomacou dans le rectum, appliqué sur des surfaces dé-
. nudées, inséré dans le tissu cellulaire, ou injecté dans les veines; soit
qu’il ait été simplement appliqué sur la peau affectée d'excoriations.
Quelquefois même ces effets délétères se manifestent par la seule ap-
plication de la poudre ou de la fumée de tabac, en trop grande quan-
tité, sur la membrane muqueuse de la bouche ou des fosses nasales :
ainsi on a vu des hommes tomber dans la somnolence, et mourir
apoplectiques, après avoir pris par le nez une trop grande quantité
de cette poudre. Le célèbre Santeuil éprouva de violens vomissemens
et des douleurs atroces, au milieu desquelles il expira, après avoir
bu un verre de vin, dans lequel on avait mis du tabac d’Espagne.
Murray rapporte l’histoire de trois enfans qui furent pris de vomis-
semens, de vertiges , de sueurs abondantes, et moururent, en vingt-
quatre heures, au milieu des tremblemens et des convulsions, pour
avoir eu: la tête frottée avec un liniment composé de tabac, dans
l'espoir de les délivrer de la teigne.
Ces faits, et beaucoup d’autres qu’on pourrait ajouter, prouvent
bien manifestement les propriétés délétères de cette plante solanée;
mais rien n’égale la virulence extrême, et la redoutable énergie de
TABAC.
' huile empyreumatique qu’on en retire par la distillation. Cette sub-
stance est tellement vireuse, qu'appliquée sur la langue d’un chien de
moyenne taille, à la dose d’une seule goutte, elle a produit de vio-
lentes convulsions et une mort prompte. Le même effet à lieu lors-
qu’elle est introduite dans l'estomac , dans le rectum, ou dans le tissu
cellulaire des chiens et des chats, sur lesquels on en a fait la triste
expérience.
Les émanations de cette ss solanée , elles-mêmes, ne sont pas
exemptes de dangers : on a vu le narcotisme et tous les accidens que
nous avons indiqués plus haut, être produits instantanément chez
des sujets qui y avaient été subitement exposés. On peut juger, d’ail-
leurs , par la maigreur,, le teint hâve, et la décoloration générale des
ouvriers qui sont employés dans les manufactures de tabac, de la
pernicieuse influence de ses émanations. D’après l'observation de
M. Cadet de Gassicourt, ces ouvriers sont même exposés à des ma-
ladies particulières, telles que des vomissemens, des coliques, la
céphalalgie, les vertiges, les flux de sang , le tremblement muscu-
laire, et des affections aiguës et chroniques de la poitrine , qui n’ont
pas d’autres sources que ces émanations délétères.
Il résulte, de toutes ces considérations, que le tabac est doué de
propriétés vénéneuses très-énergiques; que sa partie la plus active
paraît résider dans ses principes solubles et dans son huile empyreu-
matique; que ses effets délétères paraissent dépendre d’une action
spéciale sur le système nerveux, et d’une irritation locale susceptible
d’enflammer les tissus avec lesquels il est mis en contact.
Cependant on n’a pas craint d'employer une substance aussi vé-
néneuse dans le traitement de diverses maladies. À l’intérieur, on en
a particulièrement fait usage dans l'asthme, la paralysie et les affec-
tions soporeuses.: En lavement, il a été recommandé, comme anthel-
mentique, contre les ascarides vermiculaires qui s'accumulent quel-
quefois en si grande quantité dans le rectum; mais c’est surtout con-
tre l’asphyxie qu'il a été plus spécialement administré, sous cette
forme, soit pour solliciter les évacuations alvines , soit pour déter-
miner une vive irritation , qui puisse se transmettre, de l'intestin, qui
est un des organes les derniers vivans, au reste de l’économie, quoi-
que la vie y paraisse déjà éteinte , ainsi que cela a lieu à la suite de
Ll
TABAC.
submersion , de la strangulation ou de l'asphyxie par défaut d'air
respirable : dans ce cas, on peut l’introduire dans le rectum, soit en
décoction, soit en fumée, au moyen de divers appareils, plus ou
moins ingénieux , qui ont été inventés pour cet objet. Diemerbroeck
regardait l’usage du tabac comme un excellent prophylactique contre
la peste. Administré intérieurement, à petite dose, on lui a égale-
ment attribué la propriété de résoudre les obstructions commençan-
tes, et surtout les engorgemens des glandes mésentériques ; mais
l’une et l’autre de ces assertions sont entièrement dénuées de preuves,
et également illusoires.
Comme topique, le tabac en feuille, en poudre ou en fumée, peut
être introduit dans la bouche et dans le nez pour augmenter les sé-
crétions buccales et nasales, pour exciter l’éternûment , et pour opé-
rer , par ces émonctoires naturels, une dérivation salutaire dans cer-
taines maladies de la tête. Ainsi on en a recommandé l'usage, et il
a été quelquefois employé avec succès contre la céphalalgie, les
douleurs de dents, certaines surdités ou autres lésions de l’ouie,
dans l’enchifrenement ancien, l’ophthalmie chronique, les fluxions
habituelles sur la figure, et autres affections locales exemptes d’in-
flammation et de chaleur, ou d’une nature froide et indolente.
À l'extérieur , on s’en est quelquefois servi, comme excitant, pour
déterger des ulcères atoniques , pâles, blafards, sanieux et putrides;
pour guérir la gale et la teigne; pour faire disparaître les poux de
la tête et du pubis : mais, de quelque manière qu’on l’emploie, il
ne faut pas perdre de vue qu’il est un poison dangereux, et que,
chez les sujets qui n’y sont pas habitués, il peut produire les acci-
dens les plus graves, tels que le tremblement, les convulsions, la
paralysie, le coma, l’insensibilité et la mort. On doit chercher, par
conséquent , à le remplacer, dans les cas où il est indiqué, par d’au-
tres médicamens susceptibles d'opérer les mêmes effets, et exempts
de ses inconvéniens.
Quoique son usage habituel ou diététique soit quelquefois très-
utile aux sujets épais, lourds, replets et chargés d'embonpoint, aux
temperamens lymphatiques, aux individus d’une constitution hu-
mide et froide, dont la sensibilité est obtuse, dont les membranes
muqueuses sont habituellement surchargées de mucosités; en géné-
TABAC.
ral, il ne convient point aux personnes maigres et délicates ; aux
tempéramens nerveux, aux constitutions sèches et très-irritables :
il est surtout nuisible aux sujets qui sont disposés au tremblement
et aux convulsions. Des observateurs dignes de foi attestent même
que son usage, modéré, a aggravé diverses névroses, et provoqué
le retour de l’épilepsie, de l’hystérie et de la manie.
Comme émétique, les feuilles de tabac, séchées, se donnent inté-
rieurement, en décoction ou en infusion, de deux à quatre ou six
grammes dans un kilogramme d’eau : on donne la même prépara-
tion en lavement. Leur extrait aqueux peut être administré à la
dose de cinq à vingt-cinq centigrammes. Le fameux sirop de Quer-
cetan, préparé avec l’infusion de tabac, le miel et le vinaigre, a été
employé de huit à trente-deux grammes pour une dose.
En voyant de toutes parts les hommes fumer , priser ou mâcher
du tabac, sur toutes les parties du globe, à toutes les latitudes, sous
l'influence de tous les climats , dans tous les degrés de la civilisation,
dans toutes les conditions de la vie sociale, dans les palais et dans
les chaumières, sous la tente et sur le tillac; en considérant qu'il est
partout vivement appeté, que partout on est avide de la sensation
qu’il produit , que sa privation cause un malaise et un véritable tour-
ment difficiles à supporter par ceux qui y sont habitués; qu’en tous
lieux , enfin, son usage est tellement nécessaire, qu’il est devenu une
source abondante de richesses pour la plupart des gouvernemens
habiles à spéculer sur les vices des peuples et sur le penchant irré-
sistible du vulgaire à limitation; en se livrant à ces considérations,
dis-je, on aurait lieu d’être surpris que les accidens formidables, et
souvent funestes, qui peuvent en être la suite , ne se manifestent pas
plus souvent chez les personnes qui en font usage, si l’on ne savait
que l'habitude a l’heureux privilège de rendre l’économie animale
insensible aux influences les plus délétères, et de neutraliser, en
quelque sorte, les causes les plus pernicieuses.
Cependant, comment se fait-il qu'une substance aussi vireuse , et
qui, lorsqu'on n’y est pas habitué, affecte très-désagréablement nos
organes , soit devenue un objet si précieux pour tant de nations sau-
vages, barbares ou plus où moins civilisées? Ce n’est pas ici le lieu
de résoudre cette importante question médico-philosophique. Obser-
TABAC.
vons, toutefois, qu'en vertu de son organisation, l’homme a sans
cesse besoin de sentir; que presque toujours il est malheureux, soit
par les fléaux que la nature lui envoie, soit par les tristes résultats de
ses passions aveugles, de ses erreurs, de ses préjugés, de son 1gno-
rance et de ses barbares institutions. Le tabac exerçant sur nos orga-
nes une impression vive et forte, susceptible d’être renouvelée fré-
quemment et à volonté, on s’est livré avec d’autant plus d’ardeur
à l'usage d’un semblable stimulant, qu'on y a trouvé, à la fois, le
moyen de satisfaire le besoin impérieux de sentir, qui caractérise la
‘nature humaine, et celui d’être distrait momentanément des autres
sensations pénibles ou douloureuses qui assiègent sans cesse notre
espèce , que le tabac aide ainsi à supporter l’accablant fardeau de la
vie. Avec le tabac, le sauvage endure plus courageusement la faim,
la soif, et toutes les vicissitudes atmosphériques ; il aide le barbare
et l'esclave à souffrir patiemment la servitude, la misère, l’oppres-
sion et le honteux avilissement auxquels il est éternellement con-
damné sous le despotisme. Parmi les hommes qui se disent civilisés,
son secours est souvent invoqué contre l'ennui et la tristesse; il
soulage quelquefois momentanément les tourmens de lambition
déçue de ses espérances, et concourt à consoler, dans certains cas,
les malheureusés victimes de l'arbitraire et de l’injustice.
Aussi voyons-nous que le tabac est beaucoup plus avidement re-
cherché par les peuples sauvages ou entièrement barbares, que.par
les nations dont la civilisation est la plus avancée, et que son usage
est beaucoup moins étendu parmi les hommes qui vivent dans un
beau climat, au milieu de l'abondance , et sous l'égide tutélaire des
lois, que parmi ceux qui habitent un pays malsain, qui végètent
sous un ciel inclément, ou qui sont soumis aux caprices d’un maître.
Il est aussi d’un usage beaucoup plus fréquent dans les classes abjec-
tes, avilies, et les plus malheureuses de la société, telles que les sol-
dats, les marins, les hommes livrés aux arts mécaniques, les men-
dians, qui sont sans cesse sous Ja Fpoiance des hommes et des
choses, que dans les classes qui jouissent d’un certain degré de hi-
berté et d’aisance, dont l'existence morale est bien développée, qui
cultivent leur raison, exercent leur esprit, et se livrent à létude
des sciences ou aux professions libérales; et si, dans cette dernière
TABAC.
classe, on voit quelques individus asservis à l'habitude du tabac, ce
sont bic plus souvent des hommes à passions noires et concentrées,
des égoistes, des ambitieux, des êtres altérés de la soif de l’or ou du
pouvoir , dévorés par l'envie, rongés par les soucis, ou tourmentés
par les remords; des despotes farouches, d’avides conquérans, de
sanguinaires usurpateurs, que des hommes portés à la bonté et à la
bienveillance, aux doux épanchemens de l'amour et de l'amitié, dont
les idées sont libérales, l’âme élevée, les sentimens affectueux, et
qui sont animés d’une ardente et généreuse philantropie. Ces der-
niers peuvent s’arrêter et se complaire dans ces nobles et précieux
sentimens , source intarissable du vrai bonheur; les autres, en proie
aux soucis rongeurs , aux passions les plus sinistres, ou aux tortures
d’une âme coupable, ont besoin d’affaiblir leurs tourmens par des
sensations violentes. De là l’usage du tabac et de tant d’autres sti-
mulans , tels que l’opium, l’eau-de-vie , etc., où tant d'hommes mal-
heureux , et pr de nations mal civilisées vont chercher un allège-
ment passager à leurs souffrances.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
"af L t t rédni a 1 Sie EL F | \ ra
{ P £ naturelle. }
1. Feuille inférieure , au trait. &. Fruit.
2., Pistil. 5. Le même coupé en trave
- Base d’une corolle sur laquelle sont in- 6. Graines de grosseur Se
sérées cinq étamines d’inégale gran- 7. Une autre, grossie.
eur,
Zrryen LE Lambert JE Jeudrt
PAT A £
|:
CCCXXX VII
TAMARIN.
SILIQUA ARABICA, QUή TAMARINDUS; Bauhin, bu: %, sect. 2.
nn x TAMARINDUS ; Tournefort, appendix.
TAMARINDUS INDICA ; Linné, triandrie : obgtié Jussicu, clas. 14,
ord. 2, ee des légumineuses.
LUTTE. 4e TAMARINDO È 7. '
ns. 1. TÂMARINDO ” 3
#
Portugai his TAMARINHEIRO
Pain. 5 : TAMARIR ; TAMARINIER
RU ne TAMARIND-TREE
Alle Diet TAMARINDENBAUM
Hollandais. . TAMARINDENBOOM
Es TAMAR E . £
DS. TAMARINTRÆD # :
Es. +. +... TAMMER BENDI . ÿ
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ue
Le ‘ ve
Le tamarin est la pulpe des gousses du tamarinier arbre à
beau port, qui croît dans les Indes Orientales, qu'on; Lrouve aussi
dans l'Amérique, dans l'Égypte et dans l'Arabie. Son tronc est assez
élevé, revêtu d’une écorce brune, divisé en branches trèpétalées, en
rameaux diffus, un peu cendrés.
Les feuilles sont d’un beau vert, alternes, pétiolées , ailées avec
une impaire; les folioles nombreuses, opposées, presque sessiles ,
linéaires , entières, obtuses, quelquefois un peu échancrées à leur
sommet , longues de six à dix lignes, un peu Pr Hs
Jeunesse.
Les fleurs sont alternes, réunies au nombre de cinq à six en petites
grappes lâches, un peu pendantes; les pédicelles un peu arqués,
plus longs que les fleurs.
Le calice est turbiné, strié à sa base, divisé à son limbe en quatre
folioles caduques , colorées, un peu pubescentes ; trois pétales pres-
que ‘égau , obtus, ondulés; trois étamines fertiles, réunies à leur
base en 1 ssl paquet, quatre autres plus petites, séries, et deux
£ #r ss.
LS
TAMARIN.
filamens sétacés ; un ovaire supérieur, pédicellé; le style arqué; le
stigmate épais.
Le fruit consiste en une gousse allongée, un peu comprimée, lon-
gue de trois à cinq pouces, indéhiscente, remplie, entre les deux
enveloppes, d’une pulpe épaisse, d’une acidité agréable, contenant
plusieurs semences assez grandes, luisantes, anguleuses et compri-
mées. ,
La pulpe des fruits de cet arbre, introduite dans la matière médi-
cale par les Arabes, est d’une consistance molle et gluante, d’une
couleur brune tirant sur le noir; elle offre une odeur vineuse et une
saveur très-acide, fort agréable quand elle est récente, mais plus ou
moins nauséabonde lorsqu'elle a vieilli dans les magasins et les offi-
cines, où elle est ordinairement parsemée de graines et de débris des
siliques d’où elle a été retirée. M. Vauquelin en a retiré de l’amidon,
du sucre, de la gelée, de la gomme, beaucoup d'acide citrique, du
tartrate-acide de potasse, de l'acide tartarique , de l'acide malique et
de l’eau.
En vertu de plusieurs de ses principes constituans, cette pulpe jouit
de propriétés nutritives ; mais elle est essentiellement rafraîchissante,
relâchante et laxative. Lorsqu'elle est fraîche, elle forme, par sa dis-
solution dans l’eau, une boisson acidule fort agréable et très-utile
pour étancher la soif, pour apaiser l’ardeur des premières voies et la
chaleur générale qui se développe à l'invasion de la plupart des ma-
ladies aiguës. On s’en sert plus particulièrement dans les fièvres et
les phlegmasies qui ont pour principe l’irritation de l'appareil diges-
tif, comme d’une boisson rafraîchissante, et propre à expulser les
matières fécales, qui, par leur séjour prolongé dans l'intestin, de-
viendraient une nouvelle source d'irritation. Ainsi, on l’administre
fréquemment dans les fièvres primitives de tous genres, et surtout
dans les fièvres bilieuses, dans la fièvre jaune et dans le typhus. Son
usage n'est pas moins utile dans les embarras gastriques et intesti-
naux ; dans les hernies étranglées dans la dysenterie et la péritonite.
On y a également recours contre la néphrite aiguë et la blennorrha-
gic; mais autant cette boisson est agréable lorsqu'elle est préparée
avec les tamarins frais, ainsi que cela a lieu en Amérique, où ils
sont indigènes , autant sa saveur est désagréable lorsqu'on s’est servi
TAMARIN.
de ceux de nos officines, ce qui fait qu’on administre rarement leur
pulpe, sous cette forme, parmi nous. Lorsqu'on a recours à cette
pulpe comme laxative, on lui donne une forme plus concentrée , et
on l’associe même ordinairement à diverses autres substances pur-
gatives.
Les recherches de M. Vauquelin ont jeté une vive lumière sur la
nature des mélanges qu’on peut se permettre à cet égard, et de ceux
que la composition chimique de cette substance doit exclure. C’est
ainsi que les acides tartareux et citrique, que contient la pulpe des
tamarins, décomposent l’acétite, le tartrite de potasse et le tartrite
de soude , qu’on lui associe par conséquent fort mal-à-propos, et don-
nent naissance à des tartrites acidulés, qui se précipitent, et à des
citrates de potasse et de soude, qui restent suspendus dans la liqueur.
L’acide tartareux possède, en outre, la propriété de décomposer une
partie du sulfate, du nitrate et du muriate de potasse : de sorte que,
toutes les fois qu’on ÿ associe ces sels pour aider son action purgative,
ils sont décomposés, et leur action devient nulle.
Cette pulpe peut se donner , en substance, à la dose d’une ou deux
onces, soit seule, soit associée au miel ou au sucre sous forme d’élec-
tuaire. On l’administre plus souvent en décoction , à la même dose,
dans une plus ou moins grande quantité d’eau : elle entre dans la
composition des électuaires de casse, de séné, catholique, lénitif, et
autres préparations pharmaceutiques inusitées.
Les tamarins du commerce sont souvent avariés et sophistiqués ;
ceux qui sont envoyés en pulpe contiennent souvent du cuivre qui
provient des vases dans lesquels leur pulpe a été préparée. L’exces-
sive acidité qu’ils présentent, dans certains cas, tient quelquefois à
la fermentation acéteuse qu'ils ont subie dans la traversée, et d’au-
tres fois à l'acide sulfurique que les marchands ÿ introduisent.
Les Turcs et les Arabes font un grand usage de ses fruits frais,
dans leurs voyages, pour se désaltérer. Dans l'Inde et en Amérique,
on les confit au miel et au sucre; dans cet état, ils constituent un
aliment aussi agréable que salutaire , et qui est d’un grand avantage
à bord des vaisseaux. En Afrique, les nègres en mêlent avec le riz et
le couscon dont ils se nourrissent.
TAMARIN.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est de grandeur naturelle.)
1. Étamines et pistil. tion de valve, afin de faire voir la
2. Étamines insérées sur l’orifice du tube pulpe et une graine,
calicinal, 4. Graine isolée.
3. Fruit entier, dont on a enlevé une por-
CCCXXXIX
TANAISIE.
[TANACETUM VULGARE , luteum ; Bauhin , TivæË, lib. 4, sect. 1. Tourne-
L fort, clas. 12, sect. 3 7.
Latin... ,...:. TANACETUM VULGARE; foliis bipinnatis incisis serratis, Linné, syngé=
nésie polygamie superflue. Jussieu, clas. 10, ord. 3, famille des
corymbifères
Italien... ... ranacero.
Espagnol. ......, TANACETO
Portugais. ...,... TANASIA
rancats, …., é TANASIE
. TANSY
Allemand. ....... RHEINFABRN ; WURMFARRN.
Hollandais. .., :... REINEVAREN ; WOOMKRUID
Da : REINFAN ; ORMEKRUD.
MO ut ie RENFANA
Polonais... ....:. WRUTECZ
M Le de se DEWETILNIK
Bohémien KA
.....
Des fleurs touffues, d’un beau jaune doré, en forme de petites
têtes hémisphériques, réunies en gros bouquets, à l'extrémité d’un
grand nombre de rameaux , sur une tige de deux ou trois pieds, telle
se présente la anaisie dans les terrains incultes ; pierreux et un peu
humides : leur, éclat est relevé par un feuillage d’un vert foncé,
agréablement découpé, répandant une odeur particulière , assez pé-
nétrante et balsamique. Considérée dans ses caractères génériques,
cette plante offre des fleurs toutes flosculeuses; les fleurons du disque,
hermaphrodites, à à cinq lobes; ceux de la circonférence, femelles et
à trois lobes; le calice commun, composé d’écailles imbriquées
aiguës, petites, très-serrées ; le réceptacle nu; cinq étamines syn-
génèses; un style; deux stigmates; les semences couronnées gi un
rebord membraneux.
Ses tiges sont droites, fermes, presque glabres, striées , as.
88€ Livraison.
TANAISIE.
ques, rameuses, quelquefois un peu velues; les rameaux nombreux,
paniculés.
Les feuilles amples , alternes, pétiolées, planes, glabres ; les infé-
rieures deux fois ailées ; les folioles très-découpées, presque sessiles,
alternes, étroites, linéaires, aiguës, un peu décurrentes, plus ou
moins crépues dans une variété cultivée.
Les fleurs, d’un jaune brillant , sont disposées en corymbes ter-
minaux , munis de petites bractées courtes , aiguës; les calices gla-
bres , hémisphériques , d’un vert un peu jaunâtre; la corolle à peine
plus longue que le calice ; le réceptacle conique, ponctué; les semen-
ces pentagones , en cône renversé, couronnées par une très-petite
membrane , à cinq dents à peine sensibles. EF)
Cette plante corymbifère exhale une odeur forte, fragrante et
désagréable; sa saveur est amère et nidoreuse ; ellé contient une
huile volatile, jaunâtre, âcre et amère. L'eau et l'alcool lui enlèvent
également ses principes actifs. Son extrait spiritueux a cependant
plus d'énergie que celui qu’on obtient au moyen de l’eau; ce qui
tend à prouver que ses propriétés médicales résident essentiellement
dans une matière de la nature des résines. Toutefois, on est encore
très-peu éclairé sur sa composition chimique.
Ses feuilles , ses fleurs et ses semences jouissent à peu près égale-
ment des qualités physiques que nous venons d’énoncer, et des
mêmes propriétés médicales; ellés sont éminemment toniques et sti-
mulantes. C'est à l'excitation prompte et durable que les différentes
parties dé cette plante exercent sur léconomie animale, qu'il faut
attribuer les nombreuses propriétés secondäires qui lui sont accor-
dées. La tanaisie , en effet ; est réputée stomachique, carminative,
vermifuge, sudorifique ; emménagogue, antispasmodique : elle le
devient bien réellement, selon qu’elle porte plus particulièrement
son action sur l'estomac, sur l’intéstin , sur les exhalans cutanés, sur
l'utérus ; et sur le système nerveux en général ; mais il faut que ces
différens effets aient lieu, que nos:organes soient dans un état d’ato-
nie, qu'il y ait un affaiblissement réel de leurs propriétés vitales.
S'ils étaient le siège d’une irritation, d’une inflammation, où même
si leurs fonctions étaient troublées par un excès d'action, où une trop
grande énergie vitale, la tanaisie , comme tous les stimulans, au lieu
TANAISIE.
de favoriser la digestion et l'expulsion des gaz intestinaux, au lieu
d’exciter la sueur ou l'écoulement menstruel , et au lien de calmer les
spasmes , ne ferait qu'augmenter le trouble : c’est ce qu'il faut avoir
sans cesse sous les yeux, si l’on veut apprécier les éloges que les
auteurs de matière médicale ont prodigués à cette plante dans le
traitement des maladies.
Ainsi elle a été vantée contre les fièvres intermittentes. On en à
fait usage dans l’hydropisie, dans la goutte et dans la chlorose, où
elle peut avoir, en effet, quelques succès lorsque ces affections sont
atoniques et exemptes d’inflammation locale. Elle a été également
recommandée contre les vermifuges et l’épilepsie, où il ne paraît
cependant pas qu'elle puisse avoir beaucoup d'utilité, si ce n’est
dans les cas où ces affections tiennent à un état de débilité générale,
ou à la présence des vers intestinaux. C’est, en effet, contre ces ani-
maux parasites , que la tanaisie a été plus particulièrement signa-
lée. Hoffmann et Rosenstein attribuent beaucoup d'efficacité à
l'usage de sa décoction en lavement contre les ascarides vermicu-
laires : mais ce sont ses semences, dont les qualités anthelmentiques
ont surtout été célébrées ; tandis que ses fleurs ont été particulière-
ment administrées, par Simon Pauli, contre l’hystérie.
À l'extérieur, la tanaisie, en cataplasme et-en infusion, à été re-
recommandée contre les entorses, les contusions, les engelures et
autres affections dans lesquelles elle peut, à la manière des stimu-
lans, être utile ou nuisible, selon qu’elle est bien ou mal appliquée ;
en un mot, cette plante, amère et fétide, peut être employée, soit
extérieurement, soit intérieurement, dans tous les cas où il faut dé-
‘ terminer une action tonique locale, ou une excitation générale, vive
et durable. Mais, à cause de son odeur et de sa saveur désagréables,
elle est ordinairement remplacée par d’autres plantes de la même
famille, qui peuvent produire des effets analogues, sans avoir le
même inconvénient.
En substance, on pourrait l’administrer sous forme pulvérulente
de deux à quatre grammes (un demi à un gros ). On la donne ordi-
nairement en infusion , à la dose de quatre ou huit grammes (un ou
deux gros ) dans un kilogramme (deux livres) d’eau, de vin ou de
lait. En lavement , on peut augmenter sa dose d’un tiers ou du dou-
TANAISIE.
ble. Son suc peut être administré à la dose de cent vingt-huit gram-
mes (quatre onces). On ne se sert plus de-sa conserve, malgré la
réputation qu’elle a usurpée jadis contre l’épilepsie.
On prétend que, répandue entre les matelas , la tanaisie met en
fuite les puces et les punaises. Dans quelques contrées du Nord, ses
feuilles sont employées, à titre de condiment, ainsi que celles du
tanacetum balsamita, grand baume ou coq des jardins, dans la
préparation des gâteaux et autres alimens.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
{La plante est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.)
1. Feuille mférieure, au trait. 3. Fleuron hermaphrodite de la circonfé-
rence à
2. Calice commun et receptacle, Ê
4. Fleuron hermaphrodite du centre.
L ÉSSRS EURE L
Ze 7 :
Zurpen LP. Laribert L,
CCCXL.
ibn THEA VIRIDIS; #oribus enneapetalis. Linné, polyandrie monogynie.
-: ts Jussieu, clas. 13, ord. 10, famille des orangers.
Italien... ..... ve;ve v
Espagnol. . .. . ... TE; TE VERDE
05 à CHA; CHA VERDE
Mental, V0. THÉ; THÉ VERT
ng M patio TEA ; GREAN TEA.
PRO... : : THEE ; GRUENER THEE.
Hollandais... .... THKE; GROENE THEE
Panpits arr bi: 3 THE; GROENEE THE.
ROUE six à THEE ; GROENT THEE.
POUR. . 5" TE.
Me EE, ist TSCHAL
Re, CHA
Japonais.E.., ...:.. TEH ; TSJA
IL serait difficile de fixer l’époque où les Chinois commencèrent
à faire usage du thé, elle est sans doute très-reculée ; mais nous
savons que le thé ne fut introduit en Europe que vers le milieu du
dix-septième siècle. Tulpius, médecin hollandais, fit, le premier,
connaître cette plante, dans une dissertation pubhée en 1641. Jonc-
quet, médecin français, en fit le plus grand éloge en 1657, la
nomma herbe divine, la comparant à l’embroisie; mais l'usage du
thé ne commenca à se répandre qu'en 1659, époque à laquelle
Bontekoi, médecin de l'électeur de Brandehours en loua beau-
coup les propriétés dans un traité qu'il publia ; sur le café, le thé
et le chocolat. Cette plante offre, pour sé ic esse) un Ca-
lice à cinq ou six divisions profondes, de mois à neuf pétales ; des
étamines très-nombreuses, insérées sur le réceptacle; un ovaire su-
périeur ; un style; trois stigmates; Je capsule à Hole cogues à gi
dies, à trois loges, s'ouvrant longitudinalement d’un seul côté, ren-
fermant une ou deux semences sphériques-
88< Livraison.
THÉ.
Le thé croît naturellement à la Chine et au Japon : c’est un ar-
brisseau toujours vert, dont les tiges sont très-rameuses, et s'élèvent
à la hauteur de quatre à six pieds. Quelques voyageurs prétendent
qu'elles parviennent quelquefois jusqu’à trente: pieds.
Ses feuilles sont alternes, très-médiocrement pétiolées, d’un vert
un peu luisant, dures, glabres, ovales-lancéolées ou elliptiques,
dentées en scie à leur moitié supérieure, entières à leur base.
Les fleurs sont solitaires, ou réunies deux à deux , dans l’aisselle
des feuilles, sur des pédoncules courts.
Le calice est persistant, court , à cinq divisions obtuses ; la corolle
blanche; trois, six, quelquefois neuf pétales étalés, arrondis ; les
étamines plus courtes que la corolle; les anthères à deux loges; les
capsules à trois coques réunies par leur base, et monospermes. Les
semences sont sphériques, de la grosseur d’une aveline, contenant,
sous une peau brune, luisante, un noyau huileux, d’une saveur
amère.
Plusieurs botanistes ont, d’après Linné, distingué le #hé bou
et le {hé vert, comme deux espèces, le premier ayant six pétales ,
et le second neuf; caractère inadmissible dans un genre où le nom-
bre des pétales est variable. Les différentes dénominations par les-
quelles on distingue plusieurs sortes de {hé, n’annoncent ni des
espèces, ni même souvent des variétés, mais elles dépendent des dif-
férentes préparations qu'on lui fait éprouver. Ainsi, dans le hé
vert impérial, les feuilles ne sont point roulées, elles sont d’un
vert clair et d’un parfum agréable; dans le hé hysson, les feuilles
sont petites , fortement roulées , d’une couleur tirant sur le bleu; dans
le thé bou, les feuilles sont d’un vert-brun; elles sont larges, non
roulées, d’une couleur tirant sur le jaune dans le hé bou-sou-chong.
Le thé sumlo a le parfum de la violette : son infusion est pâle ; elle
est plus colorée, et les feuilles plus larges dans le {hé congou.
Les feuilles de cet arbrisseau sont seules en usage. Les Chinois les
récoltent avec le plus grand soin, aux mois de mars et d'avril, à
l'époque de leur épanouissement. Ils les font chauffer sur des pla-
ques de fer ou de terre, en les retournant sans cesse jusquà ce qu’el-
les se fanent : alors on les étend sur des nattes pour les refroidir et
THÉ.
les éventer ; ensuite on les hamecte avec de l'eau chaude, et on les
dessèche et humecte ainsi alternativement ‘trois ou quatre fois de
suite, sur des plaques de fer médiocrement chaudes. Quand elles sont
bien desséchées, on les enferme dans des bouteilles de verre bien
bouchées, où dans des boîtes vernissées en dehors, et intérieurement
tapissées de lames de plomb, dans lesquelles elles sont apportées en
Europe.
Dans cet état, le thé se présente en petites feuilles allongées,
ridées , contournées , et roulées sur elles-mêmes , d’une couleur ver-
dâtre, d’une odeur aromatique très-suave et d’une saveur fort agréa-
ble, quoique amère et un peu styptique. Ainsi que le remarque
M. Virey, ces feulles, dans l’état frais, paraissent renfermer un
principe âcre et enivrant, combiné avec du tannin et de l'acide gal-
lique; mais ce principe, auquel il faut rapporter les qualités séda-
tives ét narcotiques qu’on attribue au thé, se dissipe en grande
partie par la dessiccation, et autres préparations que l’on fait subir
à ses feuilles avant de les livrer au commerce.
Les Chinois distinguent deux sortes de thé, les noirs et les verts
dans chacune desquelles ils reconnaissent sept variétés distinctes :
le thé impérial, le thé vert et le thé bout sont les plus remarquables.
Quoique ces quatorze variétés de thé soient réellement la feuille du
même végétal, elles présentent d'assez nombreuses différences, qui
résultent du terroir, de l'exposition, de la culture, de l’époque à
laquelle les feuilles ont été cueillies , de la manière dont elles ont été
récoltées, du degré de torréfaction qu’on leur à fait subir, et du
temps plus ou moins long qui s’est écoulé depuis leur récolte. Les
jeunes feuilles de thé sont beaucoup plus actives que celles qui sont
entièrement épanouies ; celles qui ont été fortement torréfiées le sont
beaucoup moins que celles qui n’ont subi qu’un léger degré d’ustion.
Le thé récent est beaucoup plus fort que celui qui à vieilli dans les
magasins, et celui qui nous vient par terre, que celui qui nous est
apporté par les vaisseaux. A toutes ces différences, que présente le
thé du commerce, si on ajoute celles qui résultent de sa fréquente
sophistication, des procédés qu'on emploie pour ladministrer, des
substances qu'on lui associe, des dispositions individuelles des per-
sonnes qui en font usage, on pourra se rendre raison des effets con-
THE.
tradictoires qu’on lui attribue, des avantages dont on le gratifie, des
maux dont on l’accuse, et de la difficulté réelle qu’on éprouve à
déterminer son mode d’action sur l’économie animale.
Quoique le thé, en général, puisse exercer une action tonique sur
nos organes, en vertu du tannin et de l'acide gallique qui entrent
dans sa composition, ses principaux effets paraissent tenir à l’in-
fluence que son principe âcre et odorant exerce sur le sytème ner-
veux. Ce principe, dont l’eau s'empare par la distillation, exerce
une action stupéfiante si énergique, que, d’après les expériences de
Lettsom et de Smith, l’eau distillée de thé, introduite dans l’esto-
mac d’une grenouille, on appliquée sur ses nerfs cruraux , détermine
promptement la paralysie. Le premier de ces observateurs a vu un
gramme de thé en poudre, pris trois ou quatre fois par jour, pro-
duire, quelques heures après, une débilité génerale, le refroidisse-
ment du corps et un état de somnolence. Whytt, après avoir bu à
jeun une forte infusion de thé, a éprouvé lui-même des vertiges,
une grande débilité, et beaucoup de fréquence dans le pouls. Cette
même boisson a fait éprouver à Murray un sentiment d'ivresse, l’af-
faiblissement passager de la mémoire, un état de langueur et de
débilité remarquable.
Cependant le thé, en infusion légère ou à petite dose, excite le
ton de l'estomac, et produit quelquefois un bien-être général : il
augmente la transpiration cutanée ou la sécrétion de l'urine, selon
que l’on est exposé à une température chaude ou froide; il excite
quelquefois la gaîté, et donne de l'activité aux sujets lourds dispo-
sés à l’assoupissement. À haute dose, surtout lorsque le système ner-
veux jouit d’une sensibilité vive, et que l'estomac participe à cette
exaltation vitale, il produit de l'anxiété, un sentiment de pesanteur
à l’épigastre, des nausées, des flatuosités , et quelquefois même des
évacuations alvines. Dans ces mêmes circonstances, il peut occasioner
des vertiges, un état de stupeur, la tristesse, une faiblesse générale,
des tremblemens et quelquefois même des convulsions. Des observa-
teurs dignes de foi assurent lui avoir vu produire des attaques d’hys-
térie et d'hypocondrie; mais, ainsi que le remarque Murray, ces
accidens primitifs n’ont ordinairement lieu que chez des sujets très-
délicats, d’un tempérament nerveux, d’une constitution mobile et
THÉ.
très-irritable, comme sont ordinairement les femmes vaporeuses et
les hommes hypocondriaques.
Son usage, prolongé et abusif, rend, dit-on, le teint plombé ou
livide, ébranle et noircit les dents , rend les hommes mous , timides
et languissans ; il occasione des tremblemens aux personnes maigres,
qu'il dessèche davantage, selon M. Virey, et aux personnes énervées ,
qu'il énerve encore plus. Toutefois , en rapportant au thé ces diffé-
rens accidens , il ne faut pas perdre de vue qu’ils sont dus en grande
partie à la grande quantité d’eau chaude qui lui sert d’excipient , et
qui, à elle seule, serait bien susceptible d’engourdir, d’affaiblir et
de troubler la plupart de nos fonctions.
Si le thé produit des accidens graves, à l'exemple de toutes les
substances dont les propriétés médicales sont très-énergiques , il est
‘également susceptible de produire, dans certains cas, des effets très-
salutaires. Percival lui attribue, comme à l’opium, la faculté d’apai-
ser les mouvemens nerveux désordonnés, de dissiper les spasmes et
l'insomnie ; d’autres ont.cru qu'il pouvait diminuer l’inflammation
des organes, opinion qui n’est pas aussi bien fondée. Bucchan l’a
employé avec succès contre la cardialgie, celle surtout qui a lieu
chez les femmes enceintes. Des individus affectés d’hystérie, d’hypo-
condrie, d’asthme et autres affections nerveuses, se sont quelquefois
trouvés instantanément soulagés par quelques tasses d’infusion de
thé, surtout lorsqu'ils n'étaient pas habitués à son usage. Chaque
jour on l’administre avec avantage dans les indigestions, pour aider
l'appareil digestif à se débarrasser des matières alimentaires qui le
fatiguent, et contre les flatuosités. Son infusion remédie souvent aux
effets de l'ivresse et de la crapule : on lui attribue même la faculté
d’émousser l’action irritante des liqueurs alcooliques. A l'invasion des
phlegmasies thoraciques, et des affections catarrhales, telles que le
coryza, l’angine, la diarrhée, la dysenterie, etc., si souvent produi-
tes par la cessation subite, directe ou sympathique des fonctions de
la peau , il peut être très-utile pour rappeler la transpiration et pour
opérer une prompte solution, et, en quelque sorte, l'avortement de
ces maladies. Son usage ne serait pas moins utile dans les exanthèmes
aigus, chez certains sujets pâles et faibles, dans les temps froids et
humides, lorsque l’éruption languit ou menace de délitescence. Son
THÉ.
emploi peut être fort avantageux dans diverses affections des voies
urinaires , et surtout dans les rhumatismes.
En général, on recommande de n’employer le thé qu’au bout d’un
ou deux ans, lorsqu'il a perdu une partie de son énergie. On s’en
sert rarement en poudre, forme sous laquelle il pourrait cependant
être admimistré à la dose de cinquante centigrammes, répétée plu-
sieurs fois par jour. Le plus souvent on l’administre en infusion à la
dose d’un gramme dans un kilogramme d’eau. On diminue l’activité
de cette infusion en l’édulcorant avec le sucre, et en la coupant avec
le tiers, la moitié, ou le double de son poids de lait. On rejette le
produit de la première et même de la seconde infusion , pour ne faire
usage que de la troisième, selon que l’on redoute plus ou moins son
action sur le système nerveux.
Le thé qui est conservé depuis long-temps , est moins propre à pro-
duire des accidens que celui qui est nouveau. Le thé bohea excite
moins que le thé vert, l’infusion moins que la décoction, le produit
de la première infusion beaucoup plus que celui des infusions sub-
séquentes. Ses effets, constamment subordonnés à l’idiosyncrasie
des individus, sont, par cela même, très-variables, et souvent même
contradictoires ; ce qui fait qu'il est très-rarement employé comme
médicament.
En revanche, son usage diététique, emprunté aux Chinois, et
introduit en Europe par les Hollandais vers le milieu du dix-septième
siècle, s’est tellement répandu parmi nous, que, suivant Lettsom,
la quantité-de celui qui est importé actuellement s'élève à vingt-une
mille livres pesant chaque année : on l'emploie en infusion , surtout
au repas du matin, et on l’associe ordinairement au sucre, au lait
et au beure. Son usage, d’après ce que nous avons dit précédem-
ment, ne convient point aux personnes maigres ,sèches, très-irritables ;
aux tempéramens nerveux, ni à ceux qui sont disposés aux tremble-
mens et aux convulsions. Il ne convient pas non plus dans les lieux
secs et élevés , ni sous l'influence d’une température sèche et chaude ;
mais il a, dans certains cas, des avantages réels. Ainsi, il diminue
l’embonpoint excessif; il produit une exaltation passagère; il est utile
aux individus lourds , épais, corpulens , aux tempéramens lymphati-
ques, aux vieillards pituiteux , aux personnes sédentaires , à celles qui
THÉ.
mangent beaucoup, et qui vivent surtout de substances grasses ; 1l
convient particulièrement dans les pays plats, dans les temps humides
et dans les contrées froides. Le thé a surtout un avantage très-impor-
tant et incontestable, qui rend son usage indispensable aux Chinois
et aux Hollandais, c’est celui de purifier les eaux troubles, puantes
et insalubres, dont ces peuples et beaucoup d’autres sont obligés de
se servir , en précipitant les matières étrangères qui y sont contenues,
et en remédiant , par son odeur aromatique, à la fadeur désagréable
et malsaine que leur donne l’ébullition.
Un des faits, qui n’est pas le moins curieux de l’histoire médicale
du thé, c’est que les Chinois et les Japonais sont aussi avides des
feuilles de notre sauge officinale, que nous le sommes des feuilles de
leur thé vert. Tandis que les spéculateurs intéressés à cet échange
vont acheter à grands frais le thé à ces peuples asiatiques, ils leur
vendent chèrement les feuilles de sauge , qui ne leur coûtent presque
rien en Europe, et pour lesquelles les Chinois ont une estime parti-
culière. La sauge, toutefois, n’est pas la seule plante indigène qui
puisse remplacer le thé avec avantage. Vingt plantes diverses , pres-
que toutes indigènes, lorsqu'elles sont convenablement desséchées ,
exhalent une odeur et offrent une saveur analogues à celles du thé,
forment , par l’infusion , une boisson aromatique non moins agréable
que lui, et produisent à peu près les mêmes effets. Il ne manque
même à plusieurs d’entre elles , que de n’être pas nées à l’extrémité
de l'Asie, pour avoir une répufation égale à celle du thé, sous le
rapport diététique.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
( La plante, chargée de fleurs et de fruits, est réduite aux trois quarts de sa grandeur naturelle.)
1. Calice et pistil. 3. Graine,
2. Étamine.
Turpin P£
Lambert J° Jeulp
M.
> ER
ne.
CCCX LI.
THYM.
FREE + Buuos, Dioscorides.
THYMUS VULGARIS ; folio tenuiore. Bauhin, Tivæ£ , lib. 7, sect. 4.
THYMUS supinus caudicans odoratus ; Tournefort, clas. 4, sect. ;
gen. 7.
THYMUS VULGARIS ; anti A. revolutis s ovatis, floribus verticillato -
spicatis. Linné, did) gym e. Jussieu, clas, 8, ord, 6,
famille des labiées.
DR TIMO
Espagnol. ....... TOMILLO
Fonigais:ss. se. TOMILHO
Francais. . TEYM
AAPIO TS.
Allemand... ..:.. THINUAN
Hollandais. , . .:... TAYM
[ITR Rae TIMIAN
SRNOIs ESS. 4 SE TIMIAN
Polonais csv TYM.
LR SR à FIMIAN,
Bohémien, ....... WLASKA
Les émanations aromatiques du thÿm, plus particulièrement en-
core la qualité de ses fleurs, attirent sur les montagnes des genres
d’abeilles qui viennent y recueillir ce miel parfumé dont les poètes
ont chanté l'excellence.
Redolentque thymo fragrantia mella ; à dit Virgile dans ses Géor-
giques. Théophraste, et avec lui la plupart des anciens ont vanté
également la délicatesse du miel aromatisé par le thym. Il est à croire
que c’est principalement à cette plante que le ya ‘du mont Hymette
à dû son ancienne réputation. Cet arbuste croît sur les rochers et
sur les collines arides de nos départemens méridionaux, ainsi que
dans le Levant, les îles de la Grèce, PENPAGRE; l'Italie, ete. Jai
exposé le caractère essentiel de ce genre à à l’article SERPOLET:
Ses racines sont tortueuses, dures , ligneuses, ramifiées : il s’en
élève plusieurs tiges droites, cylindriques, cendrées où d’un brun
: #
8° Livraison.
THYM.
rougeâtre, légèrement velues, chargées de rameaux nombreux, grê-
les , opposés, redressés.
Ses feuilles sont opposées, sessiles, fort petites, ovales, un peu
repliées à leurs bords, étroites, presque obtuses, ponctuées, d’un
vert cendré en dessus, un peu pubescentes en dessous.
Les fleurs sont réunies en verticilles rapprochés en tête ou en épi
au sommet des rameaux , accompagnés de bractées.
Leur calice est tubulé, velu, strié, à cinq dents tubulées, inéga-
les, un peu ciliées ; la corolle petite, blanchâtre ou légèrement pur-
purine ; le lobe du milieu de la lèvre inférieure entier.
Cette espèce fournit quelques variétés , les unes à feuilles plus lar-
ges, quelquefois panachées ; d’autres chargées sur les rameaux d’un
duvet blanchâtre et cotonneux. P.
On sait que l'odeur forte, aromatique et agréable du thym est
plus suave dans l’état frais qu'après la dessiccation. Sa saveur est
aromatique , chaude et amère. La couleur brune que prend son in-
fusion aqueuse, lorsqu’on y verse du sulfate de fer, y décèle une cer-
taine quantité de tannin; elle contient en outre une huile volatile
jaunâtre, très-odorante, âcre, et une certaine quantité de camphre,
que Neumann avait pris mal-à-propos pour une substance résmeuse.
Ces qualités physiques du thym et la nature de ses principes cons-
tituans le placent naturellement parmi les substances toniques et
excitantes. À l’exemple des autres plantes aromatiques, il élève le
ton des organes sur lesquels on lapplique, et détermine une exci-
tation générale : de là les propriétés stomachique, céphalique,
expectorante, emménagogue, nervine, corroborante, résolutive
qu’on lui a attribuées. En effet, il est susceptible d'augmenter lac-
tion de l'estomac, de donner plus d'énergie à l'influence nerveuse ou
cérébrale; d’exciter les exhalations pulmonaires, et de favoriser
l’expectoration; de solliciter l’action de l'utérus, et de provoquer par
conséquent l’éruption des règles; enfin, l’on sait qu’en augmentant
la sensibilité et la contractilité insensibles, il peut, dans quelques
cas, favoriser la nutrition des organes et provoquer l'absorption des
fluides épanchés , mais il faut pour cela que le sujet soit dans un état
d’atonie et de relâchement.
Cette plante aromatique a été ainsi recommandée dans la dyspep-
THYM.
sie des vieillards qui tient à l’atonie de l’appareil digestif, dans les
catarrhes chroniques des bronches, du vagin et du canal de l’urètre,
lorsqu'il n’y a plus ni phlogose, ni douleur; dans l’aménorrhée et la
chlorose qui sont accompagnées de paleur générale et d'inertie de
l'utérus, dans la leucophlegmatie et autres maladies exemptes d’in-
flammation.
A l'extérieur, son infusion a été appliquée en fomentation pour
déterger les ulcères atoniques et blafards , et en sachets pour résou-
dre d’anciens engorgemens pâteux et indolens. Son huile essentielle
a été appliquée, et quelquefois avec succès, comme toutes les sub-
stances âcres , sur les dents cariées, dans l’odontalgie; en un mot, le
thym peut être administré avec succès , à l’exemple des autres plan-
tes aromatiques, soit intérieurement , soit à l'extérieur, dans tous les
cas où il faut exercer une médication tonique, soit générale, soit lo-
cale : mais son action est trop faible pour qu’on puisse le considérer
autrement que comme auxiliaire dans le traitement de la plupart des
maladies où 1l est indiqué.
On pourrait l’administrer en poudre à la dose de quatre grammes
et plus; mais on ne l’emploie guère qu’en infusion, depuis quatre
jusqu’à seize grammes, dans cinq kilogrammes d’eau ou de vin. Son
huile volatile se prescrit, depuis une jusqu'à dix gouttes, en oléo-
saccharum ou dans un excipient convenable.
Le thym est bien plus cèlèbre et bien plus en vogue par ses usages
économiques que par ses propriétés médicales : il est un des condi-
mens les plus agréables, les plus vulgaires et les plus employés parmi ,
nous dans nos préparations culinaires. Les ménagères en aromati-
sent les sauces, les jambons, etc. ; les charcutiers en font un grand
usage dans les préparations de charcuterie ; les épiciers et les con-
fiseurs s’en servent pour aromatiser les figues, les dattes, les rai-
sins, les pruneaux, et autres fruits secs qu'on veut conserver long-
temps.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est de grandeur naturelle.)
1. Fleur entière, grossie.
-
4
=
Lérpern Pres!
Lambert TE Seseler
CCCXLIT.
TILLEUL.
APCE RE, Ur Draupa, Dioscorides
qe FEMINA , pes qe Re Tivaf , hb. 11, sect. 5. Tour-
nefort, clas. 21, sect. n,
bp PP PSE Aoribus n brie ae. Linné, polyandrie mono-
gynie. Jussieu, clas. 13, ord, 19, famille des tiliacées.
GLIA.
a TILO
Portugais. | :..... tx
Français... ...... “vILLEUL; VILLAU; TILEET; TILIER ; TIL.
.. : . ... LIME-TRAE ; LINDEN-TRAE
HS 4 LINDE ; LINDENBAUM
Hollandais. ++. LANDE; LINDENBOOM.
POUR, LS à de LIND ; LINDETRÆE
Suédois... IND
ns, 5, LiPA.
es ss gi 5 AE
Hongrois... . HARS-FA
JEU 59.4 ou
ru en UGLAM
Géorgien... ...... wercawry.
Japonais... .... +. BADA
Le tilleul est un ancien habitant de nos forêts : il est mentionné
dans Théophraste sous le nom de #ilia qu’on lui à conservé. On a
désigné sous celui de phylira les feuillets du Xber employés aux mé-
mes usages que le papier : les anciens en formaient aussi les bande-
lettes de leurs couronnes. Pline cite l'écorce du tilleul comme servant
à couvrir les toîts des chaumières, à fabriquer des corbeilles et de
‘grands paniers pour le transport du blé et des raisins. Son bois flexi-
ble était employé pour les boucliers.
Le caractère essentiel du tilleul consiste dans un calice ads
cinq divisions profondes ; une corolle à cinq pétales alternes avec les
divis ions du calice, nus à leur base dans les tilleuls d'Europe, munis
e petite écaille dans ceux d'Amérique; un grand nombre d’éta-
4.
83+ Livraison.
TILLEUL.
mines libres, insérées sur le réceptacle; un style; une capsule supé-
rieure, coriace , globuleuse , indéhiscente, d’abord à cinq loges, puis
souvent à une seule loge monosperme par avortement.
Sous le nom de tilleul d'Europe (tilia europæa), Linné avait reuni
comme variétés deux plantes, que l’on a depuis distinguées avec
raison comme deux espèces bien caractérisées.
La première; le tilleul sauvage, tilia sylvestris, Desf., seu ta mi
crophylla, Vent., est un arbred’environ quarante ou cinquante pieds,
dont l’écorce est épaisse, crevassée; le bois blanc, coriace, léger; les
rameaux glabres, nombreux, un peu anguleux dans leur jeunesse.
Les feuilles sont fermes, pétiolées, alternes, un peu arrondies,
échancrées en cœur à leur base, acuminées au sommet, vertes, gla-
bres en dessus, très-légèrement pubescentes en dessous, et munies,
dans l’aisselle des nervures, d’une petite touffe de poils ferrugineux ;
les dentelures mucronées.
Les fleurs sont odorantes, axillaires, d’un blanc sale, réunies de
deux à six en forme de petit corymbe à l'extrémité d’un pédoncule
commun , inséré vers le milieu d’une bractée membraneuse, étroite,
allongée, lancéolée, d’un blanc jaunûtre.
Les fruits sont petits, presque globuleux, un peu pubescens, quel-
quefois un peu aigus à leurs deux extrémités, munis de cinq côtes
peu sensibles ; leur péricarpe est mince et fragile.
La seconde espèce, distinguée sous le nom de éilia platyphyllos,
par Ventenat, diffère de la précédente par son tronc moins élevé,
par ses feuilles plus molles, plus velues, d'environ un tiers plus gran-
des, à dentelures inégales. Les fleurs paraissent un mois plus tard;
les fruits sont plus gros, ovales, presque en toupie et non globuleux,
à cinq côtes saillantes ; le péricarpe est d’une consistance plus é épaisse :
presque ligneuse. Cette espèce est moins commune que la précé-
dente; elle est cultivée sous le nom de #{/eul de Hollande. : (P.)
L'écorce, les semences et les fleurs de ce végétal ont été jadis
employées en médecine ; aujourd'hui, on ne fait usage que de ces
dernières. Toutes ces parties du tilleul, ilest vrai, contiennent une
plus ou moins grande gamanité de mucilage doux et visqueux ; mais ,
tandis que l'écorce unit à sa qualité mucilagineuse une légère amer-
tume , et que les semences recèlent une quantité notable d’huile
TILLEUL.
grasse, les fleurs se distinguent par un arome particulier, d’une
odeur extrêmement suave, qui se fait sentir à plusieurs mètres de dis-
tance lorsqu'elles sont fraîches, mais qui diminue par la dessiccation.
En vertu de sa nature mucilagineuse, l'écorce moyenne du tilleul
a été préconisée comme émolliente et antiphlogistique ; elle a même
été particulièrement signalée comme propre à diminuer la douleur
de l’inflammation et de la brûlure , parce qu’elle renferme un principe
légèrement amer. Nous possédons d’ailleurs un grand nombre de
substances mucilagineuses, plus pures et plus faciles à obtenir ; mais
son usage médicamenteux est entièrement tombé en désuétude sous
ce rapport.
Les fleurs de tilleul, souvent et mal-à-propos confondues avec les
bractées, communiquent leur arome à l'eau par la distillation : ce
qui reste est une matière mucilagineuse , douce et suave , susceptible
d’éprouver la fermentation vineuse lorsqu'elle est étendue d’eau et
exposée à une température convenable, et dont on peut aussi retirer
de alcool. Cartheuser en a également obtenu un extrait spiritueux,
austère et sans amertume. Ces fleurs , à raison de leur arome, ainsi
que leur eau distillée, exercent une influence manifeste sur le système
nerveux. L'impression qu’elles déterminent sur l'économie animale
peut même occasionner la sédation , ainsi que le prouvent les vertiges
et la somnolence que différens individus ont éprouvés dans certains
cas, en se promenant dans une atmosphère saturée de leurs émana-
tions odorantes. Ordinairement , toutefois, elles produisent un cer-
tain bien-être, qui diminue ou apaise les troubles nerveux ,et au-
quel elles doivent la grande réputation dont elles jouissent depuis
une époque très-reculée, comme anodines et antispasmodiques. Les
anciens leur attribuaient surtout beaucoup d'efficacité contre lépi-
lepsie ; on a même prétendu que l'ombre du tilleul ghérrssitt les épi-
leptiques, ce qui devrait s'entendre tout au plus des émanations odo-
rantes et suaves qui sont répandues autour de cet arbre pendant sa
floraison. Plusieurs observateurs assurent en effet que les fleurs du
tilleul, administrées d’une manière quelconque, ont fait disparaître
dans certains cas cette terrible maladie; et chaque jour on l’emploie,
sinon avec le même succès, au moins sans aucun inconvénient, dans
cette névrose, ainsi que dans l’hystérie, l'asthme, la toux convul-
sive, les vomissemens nerveux, les convulsions, les spasmes abdo-
TILLEUL.
minaux qui tourmentent les hypocondriaques, et autres affections
spasmodiques.
J'ignore sur quel fondement on a accordé aux semences du tilleul
pulvérisées la propriété d'arrêter l'hémorragie nasale lorsqu'on. les
prend en guise de tabac; leurs qualités muqueuses et oléagineuses
semblent n’avoir que bien peu de rapports avec cette manière d’agir,
aussi sont elles entièrement oubliées. Quant aux fleurs, on les ad-
ministre en infusion théiforme, convenablement édulcorée , ou bien
on donne leur eau distillée à la dose de trente-deux à soixante-quatre
grammes.
Par l'élégance de son feuillage, par son aptitude à prendre toutes
les formes que la tonte lui imprime , surtout par l'odeur suave qu’il
exhale pendant sa floraison, le tilleul est utilement employé aux
plantations des promenades publiques. Son bois, tendre et léger,
est utile aux sculpteurs, aux layetiers, et son charbon est recherché
par les peintres. La grande quantité de mucilage que contient son
écorce lui donne des qualités nutritives , et pourrait la faire employer
comme aliment dans des temps de famine. Après avoir été macérée
dans l’eau, et convenablement préparée, on en fabrique des cordes,
des câbles et des toiles d'emballage; ses feuilles desséchées servent.
de fourrage aux vaches, aux chèvres et aux brebis. On a cru que la
pâte muqueuse, oléagineuse qui résulte de la trituration des semen-
ces du tilleul avec le sucre, pourrait former une sorte de chocolat ;
mais cette pâte diffère trop de celle du cacao, pour pouvoir rempla-
cer cette substance; enfin, la sève du tilleul contient une assez
grande quantité de sucre qu’on pourrait en extraire avec avantage.
Huit tilleuls ont fourni, dans l’espace de sept jours, à M. Dalhman,
quatre-vingl-quatorze pots suédois de sève ou de liquide, qui, sou-
mis à l’ébullition pendant quelques heures, ont donné trois livres
et demie de sucre brun, une demi-livre de sirop ou moscouade ,
et quatre onces de sucre en poudre,
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est de grandeur naturelle. )
. Fleur entière, grossie.
tamine.
ruit.
4. Coupe transversale du mème,
5. Une autre coupe présentant quelques-
unes des loges oblitérées
D bn
E :
7- La même vue du côté anguleux.
Lure PT
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Ed
a LE.
CCCX LITE.
TUSSILAGE.
RE nie edvce Bny10v, Dioscorides.
TUSSILAGO VULGARIS ; D. TluvaË, Mb. 5, sect. 6, Tournefort,
clas. sé sect. 1, ui
Latin... ... *| TUSSILAGO FARFARA; $CapO is cato unifloro, foliis subcordatis an-
gulatis PUR Linné, Her ec superflue. Jussieu ,
clas. ro, ord. 3, famille des corymbiftres
Italien... ....... TUSSILAGGINE ; UNGHIA CAVALLINA,
spagnol. ....... TUSILAGO ; UN
Portugais, .. ..... TUSSILAGE
Français TUSSILAGE ; PAS D’ANE; TACONNET.
iso us COLTS
Allemand. ..... HUFLATTICH,
"RSS cédant RORFSLAD, cl
LOT COR HESTEHOV.
Dh st LM
CE tussilage, connu sous le nom vulgaire de pas d'äne, par la
comparaison que l’on a faite de la forme de ses feuilles avec l’em-
preinte du pied d’un äne, a été mentionné par Dioscorides, sous le
nom de bèchion , faisant allusion à la propriété qu'on lui attribue
de calmer la toux. Pline lui a conservé la même dénomination;
mais, dans les siècles d’ignorance, d'anciens botanistes l’ont désigné
sous le nom bizarre de filius ante patrem , à cause de ses fleurs qui
paraissent avant les feuilles. Le caractère essentiel de cette plante
consiste dans un calice commun , à plusieurs folioles disposées sur
un seul rang; des fleurs flosculeuses ou radiées ; les fleurons tantôt
tous hermaphrodites , tantôt femelles, fertiles vers la circonférence,
hermaphrodites dans le centre; cinq étamines syngénèses ; un style;
deux stigmates; les semences couronnées par des aigrettes sim-
ples et sessiles, quelquefois pédicellées; le réceptacle nu.
Les racines du pas d'âne sont fort longues, grêles, pnpaptes,
Sg: Livraison.
TUSSILAGE.
blanchâtres. Après l'émission des fleurs , elles produisent des feuilles
toutes radicales, assez grandes , pétiolées , ovales, un peu arrondies,
échancrées en cœur, légèrement anguleuses, lisses, d’un vert gai en
dessus, blanchâtres et cotonneuses en dessous, die à leurs bords
de petites dents charnues et rougeûtres.
Les hampes s'élèvent immédiatement des racines : a sont droi-
tes, simples, uniflores, fistuleuses, longues de six à dix pouces, un
peu rougeâtres, chargées d’un duvet blanchâtre , garnies d'écailles
éparses, membraneuses, lancéolées, aiguës.
Les fleurs sont radiées, solitaires, d’un beau jaune; les écailles
du calice glabres, étroites, linéaires, toutes égales, accompagnées
à leur base de quelques petites bractées cotonneuses à leur bords;
des fleurons hermaphrodites dans le centre; des nn rron fe-
melles à la circonférence.
Cette plante croît sur les pentes un peu humides, stériles, sa-
blonneuses , aux lieux exposés au soleil.
On distingue encore plusieurs autres espèces de tussilage, tels
que le tussilage odorant, qui fleurit en hiver, que l'on cultive
comme plante d'agrément depuis quelques années, qui croît en Ita-
lie, et que j'ai recueilli en Barbarie, sur les bords d’un ruisseau,
proche les ruines de l’ancienne Tabrarca. Notre {ussilage pétasite
est remarquable par ses grosses racines, par ses grandes et larges
feuilles , par ses belles fleurs d’une teinte purpurine, mélangées de
blanc , disposées en un panache élégant, se montrant avant les feuil-
les , dans les premiers jours du printemps , sur le bord des ruisseaux ,
et des fossés humides. (P.)
Le tussilage est presque inodore. Sa saveur est muqueuse, désa-
gréable, amère et un peu styptique. Cette dernière qualité, ainsi
que la couleur noire que son infusion acquiert par le contact ‘du
sulfate de fer, y décelent bien un principe astringent; mais, du
reste , on ne connaît point la nature de ses principes constituans. Si
ses qualités physiques, expliquent jusqu'à un certain point, sans
_les justifier toutefois’, les propriétés directement opposées et souvent
contradictoires dont il a été décoré, comment concilier les vertus
tonique, stomachique, fébrifuge, sudorifique, béchique , alexitère,
que certains auteurs lui attribuent, avec les propriétés émolliente,
TUSSILAGE.
relächante et antiphlogistique, qui ‘lui sont non moins libérale-
ment accordées par d’autres?
Cependant cette plante a été employée, dès l'enfance de Fart,
dans le traitement de la toux et autres affections de la poitrine. Hip-
pocrate faisait usage de sa racine dans l’ulcération des poumons.
Pline et Dioscorides nous apprennent que la fumée de ses feuilles
était recommandée par les anciens contre la toux et l’orthopnée; et
cet usage antique, au rapport de lillustre Linné, se retrouve parmi
les habitans de quelques contrées de la Suède. Divers auteurs lui
ont donné de grands éloges contre le catarrhe pulmonaire. Fuller et
après lui Cullen l'ont employée contre la phthisie scrofuleuse ; mais
le célèbre professeur d'Édimbourg avoue que, si le mucilage lui a
paru quelquefois utile contre les écrouelles, dans beaucoup de cas
il n’en a obtenu aucun effet. M. Alibert, sous les yeux duquel cette
plante a été administrée à l'hôpital Saint-Louis, dans diverses affec-
tions scrofuleuses, n’a pas été plus heureux. Malgré ces faits positifs
très-propres à nous mettre en garde contre les éloges exagérés qui
ont été prodigués au tussilage, on ne s’est pas borné à vanter son
efficacité contre la toux, l'asthme, la phthisie, et autres maladies
chroniques des poumons; on l’a singulièrement préconisé dans les
phlegmasies aiguës de ces organes, lorsque la chaleur et les autres
symptômes sont modérés. Toutefois, comme aucun fait précis ne
sert de preuve aux assertions qu'on a débitées en sa faveur, il est
permis de douter des prétendus succès qu'on lui attribue; il est
même raisonnable de penser que, si cette plante ne peut convenir
dans les phlegmasies à cause de son amertume et de l'excitation lé-
gère qui en est la suite, son action tonique est trop faible pour qu’on
puisse y avoir recours avec succès dans les maladies où il faut aug-
menter l’action des organes par une médication de cette nature : de
sorte que, sous aucun rapport, la matière médicale n’a point à re-
gretter l’oubli presque absolu dans lequel le tussilage est enfin tombé
après avoir joui si long-temps d’une réputation usurpée.
Comme topique, la fumée de cette plante a été recommandée
contre l’odontalgie, et ses feuilles , en cataplasmes contre les inflam-
mations locales. A l’intérieur, on l’administre, soit en infusion, soit
en décoction à la dose de huit à seize grammes ( deux à quatre gros)
TUSSILAG E.
dans un kilogramme (deux livres) d’eau. Son suc a été donhé de
trente-deux à cent vingt grammes. Son eau distillée est entièrement
inerte. Le sirop et la conserve qu'on en préparait jadis n’ont d’au-
tres propriétés que celles. que leur imprime lé sucre qui entre dans
leur composition.
EXPLICATION DE LA PLANCHE. 1
(La plante est de grandeur naturelle.)
1, Feuille radicale, 3. Fleuron femelle de la circonférence.
2. Deux écailles détachées du ealice com- 4. Fleuron hermaphrodite du centre.
L
VALERIANE.
CCCXLIVY.
VALERIANE.
Gretists 4 +... Œov, Dioscorides
VALERIANA SYLVESTRIS MAJOR ; Bauhin , Tsv4£, lib, 4, sect. 6. Tourne-
1 js t, clas. 2 , sect. 2
Fatinens. à is re 53 VADEÈLANS | 9 LS; dns triandris, foliis omnibus pinnatis.
PE monogynie. Jussieu, elas. 11, ord. 1, famille des
Italien à VALERIANA
Espagnol. x..:5258 VALERIANA
Porhurats. . 1 VALERJIANA.
Francis.) M4 4 VALERIANE ; VALÉRIANE SAUVAGE.
Mao. iiise VALERIAN ; OFFICINAL VALE
AUEMONE. = 5. BALDRIAN ; OFFICINELLER BALDRIAN
Hollandais. . ..... VALERLAAN; WILDE VALERI
ROIS... , «ss se BALDRIAN ; VELANDSURT
CL NT PT ŸE oT
FOREST LKI. sé
Hdssts IL PS SE MAUN ; BALDERJAN
Ceres belle plante croît aux lieux un peu humides , dans les bois :
elle se fait remarquer par ses amples bouquets de fleurs odorantes,
portées au sommet d’une haute tige presque simple, et garnie de
feuilles ailées ; elle appartient à un genre très-étendu, caractérisé par
un calice à peine sensible, adhérent avec l'ovaire , dont le limbe,
roulé en dedans pendant la floraison, se développe ensuite de ma-
nière à former une sorte d’aigrette qui couronne la semence; une
corolle plus ou moins irrégulière, tubulée, à cinq lobes un peu iné-
gaux, quelquefois en bosse ou éperonnée à sa base ; les étamines or-
dinairement au nombre de trois, rarement solitaires, quelquefois
avortées, insérées sur le tube de la corolle; un seul style; le fruit
est une capsule à une ou plusieurs loges avortées; une semence ;
point de périsperme; l'embryon droit; la radicule supérieure.
La valériane officinale a des racines blanchâtres, fibreuses, un
peu amères, d’une saveur forte et pénétrante : elles produisent des
3
89° Livraison.
VALÉRIANE.
tiges droites, cannelées , fistuleuses, d’un vert jaunâtre, glabres ou
un peu velues, hautes de quatre à cinq pieds.
Les feuilles sont opposées, pétiolées, distantes, ailées avec une
impaire; les folioles sessiles , lancéolées, aiguës, glabres ou un peu
velues , lâchement dentées à leurs bords.
Les fleurs sont rougeâtres , quelquefois blanches , légèrement odo-
rantes, disposées en un panicule très-étalé, composé de rameaux
opposés , terminé par de petits corymbes partiels.
Le limbe du calice est roulé en dedans, et forme un rebord épais ;
la corolle est tubulée, infondibuliforme, munie d’un petit renflement
latéral vers sa base; le limbe divisé en cinq lobes presque égaux ;
trois étamines saillantes ; les semences oblongues, cylindriques, cou-
ronnées par une aigrette plumeuse. (P.)
La racine de cette plante, telle qu’elle se présente dans les offci-
nes, est fibreuse, d’une consistance ligneuse, brune en dehors, et
d’un blanc jaunâtre en dedans , d’uné odeur forte, pénétrante, nau-
séeuse, comme camphrée. Elle à la singulière propriété d'attirer les
chats. Sa saveur est chaude, amère, salée et un peu âcre : elle con-
tient une petite quantité d’huile volatile, qui paraît être la source de
son arôme ; une matière résineuse, cause de son âcreté, et un extrait
mucilagineux.
Lorsqu'elle a été cueillie avant la fructification, desséchée avec
soin, et conservée à l’abri de l’humidité dans des vaisseaux. bien
bouchés, cette racine exerce une action prompte , intense et instan-
tance; ses effets ; bornés d’abord à l’organe sur lequel on l’applique,
devierinent bientôt généraux, en s'étendant rapidement à tous les
appareils, soit de la vie organique, soit de la vie animale. Lorsqu'elle
est ingérée, elle augmente l’action de l'appareil digestif, au point de
provoquer, à haute dose, le vomissement, la purgation et l’expul-
sion des vers intestinaux. Consécutivement elle excité la sueur, pro-
voque la sécrétion de l'urine, ou sollicite l'écoulement des règles ;
mais elle est spécialement réputée par son action sur le système ner-
veux, et par ses effets légèrement narcotiques et puissamment anti-
spasmodiques. |
Elle à été plus particulièrement administrée dans les maladies
nerveuses; mais c’est surtout contre l’épilepsie qu'elle paraît avoir
VALÉRIANE.
eu le plus de succès. Depuis lheureux emploi que le noble Italien
Fabius Columna en fit sur lui-même contre cette redoutable affec-
tion dont il était atteint; un grand nombre d’observateurs, parmi
lesquels se distinguent Cruger, Lentilius, Schuckmann , Sauvages ,
Scopoli, Marchant , Stoerck, Tissot et le savant Haller ; ont constaté
son efficacité dans cette névrose, soit chez les enfans, soit chez les
adultes. IL est bien remarquable que la valériane a eu surtout des
succès contre l’épilepsie produite par la peur, la colère et autres af-
fections morales. D'après ses effets sur le canal intestinal et sur les
vers intestinaux, on peut croire aussi à son utilité contre celle qui
est due à la présence de ces animaux parasites; mais comme cette
maladie convulsive reconnaît un grand nombre de causes diverses,
qui réclament des moyens de traitement très-variés et souvent entiè-
rement opposés, il n’est point étonnant que cette racine stimulante,
après avoir réussi dans certains cas qui ne sont pas encore assez
exactement déterminés, ait échoué dans beaucoup d’autres, ainsi
que l'ont observé Rocher, et plus récemment M. Alibert. Toutefois,
l'épilepsie n’est pas la seule névrose dans laquelle la valériane ait été
administrée avec succès , elle a été employée dans les convulsions,
dans l’hystérie, la chorée, la colique saturnine. Quelques faits épars
sembleraient même indiquer qu’on s’en est servi avec avantage dans
la paralysie, l’hémicränie, la leucophlegmatie, et dans les névroses
de la rétine.
A l'extérieur, son huile volatile a été administrée en onction sur
les membres paralysés. On a prétendu que, mélée au tabac, et in-
troduite sous forme pulvérulente dans les fosses nasales , elle avait
la propriété de remédier à laffaiblissement de la vue. Cette assertion
aurait besoin d’être confirmée par l’expérience.
La manière la plus sûre et la plus convenable d'employer intérieu-
rement cette racine, est de l’administrer en poudre, depuis deux jus-
qu’à quatre grammes et plus, soit en suspension dans un peu d’eau,
de vin ou de lait, soit incorporée avec le miel ou tout autre corps
mou , sous forme de pilules, de bols ou d’électuaires. On peut aussi
donner son infusion aqueuse, préparée à vaisseaux clos, dans la
proportion de dix à vingt parties de racine sur cent parties d’eau
bouillante. Sa macération alcoolique, que l'on prépare avec dix ou
VALÉRIANE.
quinze parties de racine sur cent parties d'alcool à dix degrés, peut
être administrée, à la dose de seize ou trente grammes, dans une
certaine quantité de vin. Son extrait aqueux est entièrement inerte.
Son huile volatile se donne intérieurement , à la dose de cinq à six
gouttes, dans un excipient convenable. La racine de valériane , ainsi
que le remarque Cullen, est souvent mal conservée et détériorée
dans les officines : la propriété singulière qu’elle a d'attirer les chats,
peut servir à reconnaître si elle est de bonne qualité. La grande va-
lériane , valeriana phu, et le nard celtique, valeriana celtica, pa-
raissent jouir des mêmes propriétés médicales.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduit trois quarts de sa grandeur naturelle.)
r. Racine et tige stolonifères. laquelle on ue #75 suspendu au
2. Fleur entière accompagnée de son écaille. sommet de la cavité de lovaire, et au
3. Pistil, au sommet de l’ovaire duquel on dessus, dans le te de ni corolle ; la
a laissé la base de la corolle, afin de cloison qui sépare le vrai
faire voir qu’en cette partie sont deux lui de l’éperon.
lobes distincts. 5. Fruit mûr,
4. Coupe verticale d’une fleur entière, dans
Trpin ? d4 Lambert SES calp
VANILLE.
CCCXLY.
VANILLE.
EPIDENDRON VANILLA ; scandens, foliis ovato-oblongis nervosis sessili-
EE . bus caulinis, cirrhis spiralibus. Linné , gynandrie diandrie, Jussieu ,
clas. 4, ord. 3, famille des orchidées.
DORE IT EF, VANIGLIA
Espagnol... ... . VAYNILLA
Portugais sr riad VANILHA
Français . VANILLE
ne é + + VANIELA
Me hs ci VANILLE.
Bolt est tds BANILJE.
ic +... 2 44. FLILXOGHITE (f/eur noire).
CETTE plante, si intéressante par l’odeur agréable de ses fruits,
appartient à la famille brillante des orchidées. Linné lavait placée
parmi les epidendrum; des auteurs plus modernes l'en ont retirée
pour en former un genre particulier, caractérisé par une corolle ca-
duque, articulée avec l'ovaire , composée de six pétales ; cinq oblongs
très-ouverts presque égaux ; un sixième en lèvre, creusé en capuchon
à sa base, dilaté ensuite en une lame élargie; point de calice; une
anthère terminale, operculée ; le pollen en petits paquets granulés;
un ovaire oblong, supportant un style très-court, élargi en un stig-
Mate concave , faisant corps avec la lèvre. Le fruit est une capsule
en forme de silique, charnue, cylindrique, à une seule loge, à deux
valves ; des semences globuleuses.
Cette plante a des tiges sarmenteuses qui grimpent et s’attachent
Par des vrilles aux arbres qu’elles rencontrent, et souvent les sur-
montent : elles sont vertes, cylindriques, noueuses, de la grosseur
du doigt, remplies d’un suc visqueux; les racines sont rampantes,
très-longues, tendres, succulentes, d’un roux pâle.
Les feuilles sont sessiles, alternes, distantes, ovales-oblongues,
aiguës , lisses, molles, un peu épaisses, longues de neuf où LA pou-
89° Livraison.
VANILLE.
ces sur environ trois de large, traversées par des nervures longitudi-
nales ; les vrilles simples, plus courtes que les feuilles.
Les fleurs sont disposées, vers le sommet des tiges, en grappes
axillaires, pédonculées, de la longueur des feuilles. La corolle est
grande, fort belle , blanche en dedans, verdâtre en dehors, composée
de cinq pétales presque égaux, très-ouverts, ondulés à leurs bords,
souvent roulés vers leur extrémité; le sixième, plus court, très-blanc,
roulé en cornet presque comme la fleur de la digitale.
Le fruit est une capsule pulpeuse, charnue, presque de la gros-
seur du petit doigt, longue de six à sept pouces, presque cylindri-
que, un peu arquée, noirâtre, s’ouvrant en deux valves, très-odo-
rante, remplie d’un grand nombre de petites semences noires. On en
distingue plusieurs variétés, qui toutes paraissent appartenir à la
même espèce.
La vanille croît aux lieux humides et ombragés , sur le bord des
sources et des ruisseaux, dans presque toutes les contrées chaudes
de l'Amerique méridionale. (£.)
Le fruit de cette plante exotique renferme une pulpe molle et
brune. Il est remarquable par une odeur balsamique, forte, très-
suave, et par une saveur chaude et piquante, fort agréable. On en
retire une huile volatile, très-odorante, et de l’acide benzoïque.
L'eau et l'alcool paraissent également se charger de ses principes
actifs : du reste, on est très-peu éclairé sur la composition chimique
de ce fruit , et sur la nature de l’efflorescence cristalline et blanchâtre
dont sa surface se recouvre dans certaines circonstances. On distin-
gue trois sortes de vanilles dans le commerce : la première, nommée
pompona où bova par les Espagnols, offre des gousses plus grosses que
les autres, comme renflées et d’une odeur très-forte; la seconde,
beaucoup plus estimée, est désignée sous le nom de vanille de ley
ou légitime : ses gousses sont minces, son odeur est: très-suave; la
troisième, qui est la moins estimée de toutes, est la vanille bätarde.
Ces différentes sortes de vanilles ne sont toutefois que de simples
variétés du même fruit, dépendantes du terroir, de la culture , de
l'exposition, de son degré de maturité, et peut-être aussi des pré-
parations qu'on Jui à fait subir. Lorsque la vanille est de bonne
qualité , un paquet de cinquante gousses doit péser de cinq à huit
VANILLE.
onces ; mais il n'est pas rare qu’elle soit sophistiquée , soit par les
Mexicains, soit par les marchands d'Europe.
Il est encore incertain si les qualités actives de ce fruit résident
dans ses semences ; ainsi que le pensait l’illustre Linné; ou ‘dans sa
pulpe, comme on le croit généralement. Quoi qu'il en soit, ses qua-
lités physiques très-prononcées sont un indice certain de l'énergie
de ses propriétés médicales. La vanille, en effet, exerce'une action
puissante sur l’économie animale, et justifie pleinement les titres
de tonique, stimulante, échauffante, corroborante, stomachique,
céphalique, diurétique, emménagogue, aphrodisiaque, ete., qu’on
lui a accordés. L’impression vive et forte qu’elle détermine sur le
système nerveux par son arôme fragrant, et sur l'estomac lorsqu'on
lingère, se transmet rapidement et d’une manière sympathique. à
ious nos organes, dont elle active plus ou moins les fonctions.
Ainsi , lorsque l’économie animale est dans un état d’atonie et de
relâchement, la vanille peut faciliter la digestion, activer la nutri-
tion, augmenter la transpiration cutanée où la sécrétion de l’urine,
solliciter l’écoulement des règles, exciter des désirs vénériens, pro-
voquer même les contractions de l'utérus , et occasioner divers au-
tres effets secondaires, résultat de son action tonique.
Elle a été recommandée, sous ces différens rapports, contre la
dyspepsie atonique, dans la mélancolie, l’hypocondrie et la chlorose,
dans lesquelles l'appareil digestif est si souvent frappé d’atonie, ou
dans un état de torpeur. On en fait quelquefois usage dans les ca-
tarrhes chroniques anciens et dans les écoulemens muqueux rebel-
les , pour exciter les émonctoires cutanés, et changer l’ordre vicieux
des mouvemens vitaux qui accumulent les forces vitales sur les
membranes muqueuses. On y a quelquefois recours dans la ménor-
rhée atonique, chez les femmes pâles, indolentes. Dans les mêmes
cas, on lui attribue la faculté de déterminer les contractions de
l'utérus, et de favoriser l'expulsion du fœtus lorsque l’accouche-
ment languit par défaut d'action de l’utérus.
On peut l’administrer en substance à la dose d’un ou deux gram-
mes, ou en infusion, depuis deux jusqu’à quatre grammes, dans
cmq hectogrammes d’eau , de vin ou de lait; cependant on y a ra-
rement recours comme médicament. À cause de la suavité de son
VANILLE
odeur ; elle est presque exclusivement réservée aux usages économi-
ques.
Son usage peut avoir beaucoup d’inconvéniens chez les jeunes
gens, chez les sujets secs, ardens et très-irritables ; il serait égale-
ment nuisible aux personnes disposées aux inflammations, aux hé-
morragies, ou tourmentées par des maladies de la peau et autres
irritations habituelles ; mais, comme condiment, la vanille peut être
utile aux personnes faibles , qui mènent une vie sédentaire , dont les
fonctions digestives sont languissantes. Sous ce rapport, les cuisi-
niers lassocient avec avantage aux crêmes, aux gâteaux, et autres
préparations culinaires, dont un semblable condiment est très-propre
à favoriser la digestion. Les limonadiers s’en servent pour aromati-
ser le punch, les glaces et les sorbets ; les confiseurs en préparent
beaucoup de liqueurs de table, des conserves et autres bonbons.
Mais la vanille est surtout d’un très-grand usage pour aromatiser le
chocolat, auquel elle donne une odeur et une saveur très-agréables,
en même temps qu’elle le rend plus facilé à être digéré par les su-
jets faibles et d’une sensibilité obtuse.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.)
. Fruit entier. petites es aines nichées dans une pulpe
2. Coupe du méme, pour faire voir se ‘il blanchât
contient un grand nombre d
Le € PS
nr DAT Per D à à
VERONIQUE.
Re PT AA
CCCXELVE
VÉRONIQUE.
VERONICA MAS SUPINA ET VULGATISSIMA ; Bauhin, TuvæË, lib. 7, sect, 1
Tournefort , clas. 2, sect. 6, ge
laine 231 L2S41) 1 Quaobiol OFFICINALIS ; ré lateralibus peduncalatis, foliis oppositis,
; caule procumbente. Linné, diandrie mono ogynie. Jussieu, clas. 8,
ord. 2, famille des pédiculaires é
Haëens}...,,,:% VERONICA.
Espagnol. :..,. .:,.: Verowrca.
Portugais... ..... VERONICA,
Français. 5 «+ + + NÉRONIQUE; VÉRONIQUE MALE; THÉ D'EUROVE,
Anglais. .(iUHRL : MALE SPEEDWELT.
M. LE, à EHRENPREIS ; WUNDKRAUT,
Hollandais... .... EERENP
DE. UE 1 AERENP
Médoiss 2 us AERENPREIS ; JORDKRYPA
IL est peu de genres dont les espèces soient plus variées, plus
répandues en Europe que celui des véroniques : elles croissent pres-
que partout, mais sous des formes différentes; les unes habitent le
bord des ruisseaux , les lieux humides, marécageux; d’autres font
briller dans les champs, au milieu des prés, leur corolle d’un bleu
céleste : les collines, les pelouses sèches, les revers gazonneux des
montagnes en sont agréablement tapissés, ainsi que le bord des
chemins que les haies couvrent de leur ombre; on en trouve jusque
sur le sommet des Pyrénées et des Alpes. Les bois en renferment
de très-belles espèces, telles que celle dont il est ici question. Tou-
tes sont caractérisées par un calice à quatre lobes un peu inégaux ;
deux étamines ; un style; une capsule plus ou moins comprimée,
Ovale, ou en cœur renversé, à deux loges renfermant plusieurs
semences arrondies. ;
Les tiges de la véronique officinale sont très-souvent rampantes,
quelquefois redressées, dures, cylindriques , velues, longues de six
4.
89° Livraison,
VÉRONIQUE.
à dix pouces, simples ou divisées, dès leur base, en rameaux sem-
blables aux tiges.
Les feuilles sont opposées, médiocrement pétiolées, ovales, obtu-
ses ou un peu aiguës, rétrécies à leur base, rudes, velues et comme
chagrinées, dentées en scie à leurs bords, quelques-unes sont pres-
que rondes et plus petites.
Les fleurs sont petites, d’un bleu pâle traversé par des veines
rougeâtres, disposées ordinairement en deux grappes latérales, axil-
laires, qui quelquefois paraissent terminales. Ces grappes sont pu-
bescentes, droites, longues de trois à quatre pouces.
Les quatre divisions du calice sont pileuses, obtuses; les lobes
de la corolle obtus; les capsules, ovales, comprimées, échancrées
en cœur à leur sommet, un peu pubescentes et ciliées. (PA
Quoique la véronique soit inodore , l’eau distillée qu’elle fournit
est très-faiblement aromatique. Sa saveur est amère, un peu chaude
et styptique : elle paraît contenir de l’extractif et du tannin. Toute-
fois, ce dernier principe y est en si petite quantité, que le sulfate
de fer n’opère aucun changement dans son infusion aqueuse, L'eau
et l’alcool se chargent également de ses principes actifs; mais son
extrait spiritueux est beaucoup plus amer que celui qu’on en obtient
au moyen de l’eau.
Cette plante se rapproche beaucoup des substances amères par sa
manière d'agir sur l’économie animale : elle élève un peu le ton des
organes. Toutefois, son action tonique est si faible, si lente, et les
effets secondaires auxquels elle donne lieu sont si obscurs, qu’elle à
été également recommandée contre des maladies qui demandent des
toniques, et contre celles qui ne réclament que des adoucissans.
Elle a surtout été long-temps en usage , etse trouve encore quelque-
fois employée dans diverses maladies de la poitrine. La toux, la dys-
pnée, les rhumes, l'asthme, la phthisie pulmonaire, sont les affec-
tions contre lesquelles elle a été spécialement préconisée: Hoffmann
a surtout contribué à accréditer sa réputation par les succès qu'il
prétend en avoir obtenus dans ces affections: Cependant ne doit-on
pas craindre , avec le sage Murray : ne adstringens stirps screatum
potius colubeat, quam-adjuvet, nisi debilitas pulmonum subsit, cui
subvenire potest quodammodo roborans véronicæ vis? À Fexemple
VÉRONIQUE.
de tous les végétaux légèrement astringens, la véronique a été pré-
conisée contre les affections calculeuses. 11 est possible, en effet,
qu'elle puisse quelquefois exciter l’action des reins, et provoquer une
abondante sécrétion d'urine, lorsque ces organes sont dans l’atonie;
mais si, par cette plus grande quantité d’urine , elle peut prévenir la
formation ou opérer la solution des petites concrétions urinaires
rénales, son utilité contre les calculs de la vessie est entièrement
illusoire : du reste, elle ne peut convenir dans aucun cas, lorsque
les voies urinaires sont le siège d’une inflammation quelconque.
Certains auteurs ont loué ses bons effets dans la gale, le prurit, et
autres affections de la peau, contre lesquelles ses succès sont au
moins douteux. L'efficacité qu’on lui attribue comme vuluéraire
dans le traitement des plaies n’est pas moins illusoire. Quant à la
guérison des ulcères cacoèthes, que Pauli lui attribue, si elle a eu
lieu dans quelques cas par l'application locale de cette plante, ce
dont il est très-permis de douter, il faut avouer que ces ulcères
avaient besoin d’une bien faible excitation.
Si l’on en croit certains auteurs allemands, tels que F. Hoffmann
et J. Franck, qui ont élevé jusqu'aux nues les propriétés réelles ou
supposées de la véronique, cette plante serait aussi précieuse que
le thé, son infusion serait même préférable à celle des feuilles du
thea viridis. On Yemploie en effet souvent sous cette forme , à la dose
de quatre ou huit grammes pour un kilogramme d’eau : alors elle
agit manifestement comme diurétique et sudorifique, selon le degré
de température auquel on est exposé; mais cet effet est bien moins
dû à son amertume légère , qu’à l’eau et à la chaleur, qui en sont
l’excipient.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
{La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle )
1. Fleur entière, de grandeur naturelle. 4. Pistil
2. Corolle onverte pour faire voir l'inser- 5. Fruit grossi.
tion des deux étamines. Le mème, coupé horizontalement.
3. Calice et pistil. 7. Graine isolée.
3406.
| | —
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Lambert À Sec
PARA
CCCXLVIT.
VERVEINE.
Mass 5x sepoBoravn, mp éine
VERBENA COMMUNIS, Hors RÉ Baubhin, Tiwa£, lib. 7, sect, 4.
he ar os sect. 3, gen. 4.
Batiniisusipits 4e VERBENA OFF ru a, sé filiformibus paniculatis, si 4
multifido sr Ho solitario. Linné, diandrie mono gynie
Jussieu, clas. 8, ord. 5, famille ss Pr
Italien... ..... versena.
DagTot. : 2554 VERBENA
PaRUROis.. | VERBENA
FPARÇOIS. - . . de VERVEINE ; HERBE SACRÉE
aplaies dr ox tes VERVAI
Allemand. .....,, EISENKRAUT
Hollandais. . ..... : YZERKRUID
DanGisé, 5 SUIS F1 JERNURTZ
Moins. Et ds JOERNOERT
Polondis.s 5: ZELEZNIK
Russe, SNL ET SCHEL
CHRIS SEE. MA-PIEN=TSAO
. L'érymooerr du mot verveine, composé du latin, kerba V’eneris,
rappelle les propriétés que les anciens attribuaient à cette plantes
ils la croyaient propre à rallumer les feux d’un amour près de s’é-
teindre. Les magiciens la faisaient entrer dans leurs enchantemens ;
les Grecs en formaient des couronnes pour les hérauts d'armes char-
gés d'annoncer la paix ou la guerre. C'était avec cette plante que les
prêtres nettoyaient les autels pour les sacrifices ; d’où vient qu’elle
se nommait eu grec Aterobotane (herba sacra , le sacrée ). Les
druides la féispiéiet entrer dans l’eau lustrale, et la cueillaient avec
des cérémonies particulières.
La verveine est très-commune dans les champs , le long des haies,
sur le bord des chemins : elle offre pour caractère essentiel un calice
à cinq dents, dont une presque tronquée ; une corolle courbée, en
forme d’entonnoir, à cinq lobes irréguliers; quatre étamines op didyp
gue Livraisors
VERVEINE.
mes ; deux plus courtes, très-souvent stériles; un style; un stigmate
: obtus; quatre semences oblongues, environnées, surtout avant leur
maturité , d’un tissu utriculaire un peu charnu.
Ses tiges sont droites, tétragones, dures, striées, un peu purpu-
rines , rudes sur leurs angles, simples ou munies vers leur sommet
de quelques rameaux opposés, très-étalés.
Les feuilles sont opposées, pétiolées, ovales-oblongues, un peu
ridées, d’un vert sombre, parsemées de quelques poils courts, pro-
fondément découpées en lobes inégaux, obtus, incisés, le terminal
beaucoup plus grand.
Les fleurs sont petites, sessiles, d’un blanc-violet, disposées en
épis longs et filiformes, accompagnées de bractées courtes, aiguës.
Le calice est pubescent ; l’orifice de la corolle fermé par quelques
poils ; le limbe, à cinq lobes arrondis. (CP:
La verveine est inodore. Sa saveur est un peu astringente et très-
faiblement amère. On ne s’est point occupé de son analyse chimique,
mais le faible développement de ses propriétés physiques annonce
qu'on ne doit en attendre aucun des effets merveilleux que la super-
stition des anciens s’en promettait, et tout semble justifier le discré-
dit dans lequel elle est tombée parmi les médecins les plus éclairés
de notre époque.
Cependant, d’après la puissance miraculeuse que les anciens attri-
buaient à cette plante herbacée, les modernes, long-temps asservis
aux idées les plus absurdes et aux opinions les plus fabuleuses sur
les propriétés des médicamens, lui ont servilement accordé une foule
de propriétés médicales tellement contradictoires, que leur simple
comparaison suffirait pour les faire rejeter par tout esprit juste’,
comme de vains produits de l'imagination, accrédités par l’igno-
rance, la crédulité et l’imposture. Comment concilier, en effet, les
pompeux éloges qu'on lui a prodigués contre les maux de gorge,
la jaunissé , et les ulcères de la bouche, avec l'efficacité qu'on lui
attribue contre l’hydropisie commençante , la chlorose et les ulcères
de mauvais caractère ? Peut-on s'empêcher de sourire, quand on lit
que l’infusion de cette plante merveilleuse dissipe les vapeurs et fait
disparaître les coliques; que son eau distillée guérit l’ophthalmie et
augmente le lait des nourrices? Malgré notre vénération pour les
VERVEINE.
noms justement célèbres de Forestus, Hartmann, de Haen, ete. ,
pouvons-nous admettre, d'après l'autorité de ces auteurs, que la
verveine, appliquée sur la tête en cataplasmes ou en décoction, a
guéri de ‘redoutsbl céphalalgies? ou plutôt, si cette guérison a eu
lieu, ne doit-on pas l’attribuer à l’action de l’eau chaude dont ces
cataplasmes étaient l’excipient? 11 est vrai qu’on attribue la même
efficacité contre les douleurs de tête à la plante elle-même, séchée -
ou verte, suspendue au cou; mais on sait aujourd’hui à quoi s’en
tenir sur la vertu de sésblabiles amulettes, qui n’exhalent aucune
odeur , et qui n’exercent aucune impression sur la peau. L’applica-
tion de cette plante sur la poitrine, préconisée contre la pleurésie
et les douleurs de côtés , ne paraît pas avoir d’autres effets que ceux
des cataplasmes, ou autres applications émollientes susceptibles de
_ produire un bien local sur la partie douloureuse; car l'effet vésicant
que certains auteurs lui attribuent paraît entièrement controuvé.
Les propriétés médicinales de la verveine ne reposent donc que sur
des faits douteux, de fausses observations ou des préjugés. C’est une
plante purement magique, dont le nom se retrouve dans les char-
mes, les enchantemens des anciens, comme dans les mystères téné-
breux de la cabale chez les modernes, et autres opérations des sor-
ciers du moyen âge, qui ont encore des successeurs parmi nous,
malgré les étonnans progrès des sciences physiques depuis ces temps
d'ignorance et de barbarie. Les anciens s’en servaient pour purifier
les autels de Jupiter. On lui attribuait la propriété de resserrer les
nœuds de l'amitié, et de réconcilier les cœurs aliénés par la haine.
Elle était en grande vénération parmi les druides. Avant de la cueil-
lir, ils faisaient un sacrifice à la terre; ils ne l’arrachaient qu’à la
pointe du jour. Au temps de la canicule, ils s’en servaient pour
l’aspersion de l’eau lustrale et pour chasser les esprits malins.
Cependant il est douteux que toutés ces propriétés médicinales,
sacrées , magiques et cabalistiques puissent être rapportées à la plante
dont nous nous occupons. S'il est vrai, comme le pensent Haller,
Spielmann et autres savans, que les anciens aient donné le nom de
verveine à beaucoup de plantes diverses qu'il est impossible de déter-
miner , il faudrait partager entre elles les vertus vraies ou fausses
que la superstition et la crédulité réunies ont accumulées sur notre
VERVEINE.
verveine, qui ne mérite, du reste, aucune confiance ;'et dont l'usage
médical est entièrement tombé en désuétude.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est un peu plus petite que nature.)
1. Feuille inférieure, au trait. 5. Pistil.
2. Fleur entière, grossie. 6. Fruit de grosseur naturelle,
3. Calice accompagné de son écaille, 7. Le mème, grossi.
4. Corolle ouverte pour faire voir les qua- 8. Le mème, dépouillé de son calice.
tre etamines,
CCCXLVIIL.
VIGNE.
A PERS PMP Se CRE aumeoc , Dioscorides
(ue, VINIFERA ; bouée: IivaË, lib. 8, sect, r. Tournefort, clas. 21
relaie sect. >, gen. 4.
. VINIFERA ; foliis Éhänts; rer 4 nudis, Linné, pentandrie mo-
nogynie, Jussieu, elas. 13, 2, famille des vignes
Hide... 1... VITE.
Pspapnol si RCE v3
Portugais De COURS VIDEIRA
Français. VIGNE
Ds ton. SR ÈS ST VINE
Allemand... :.... WEINSTOCK
Hollandais... .... WYNGAARD
UE, ds du 1e WUNTRÆE
Suédois ist 0 VINSTOCK
Polonais HSE à INNA MACICA
UISE sa CRE WINOGRAD
Bohémien. . :..... NNY :
APPROPEMRRS SAT on
Géorgien WAST,
MR I. |. GHEPHEN
Bo 15 OI A - AENÆ
Rabadk: is ses SUR MEDUN
CR 5. PU-TAO.
IRAQRE.L . ,. : . . .. OAIGUR.
EN vain l’on chercherait à fixer l’époque à laquelle remonte la
connaissance de la vigne et l’invention du vin : elle se perd dans
’obscurité des siècles les plus reculés. Les uns prétendent qu'Osiris,
le Bacchus des Grecs, a découvert la vigne dans les environs de
Nysa, dans l'Arabie Heureuse; d’autres attribuent cette découverte
à Noé. On pense que ce fut le roi Géryon qui transporta la vigneen
Espagne. Les Phéniciens en introduisirent la culture dans les îles-de
l’Archipel, dans la Grèce, dans la Sicile, enfin en Italie et:dans le
territoire de Marseille. Son pays natal n’est pas mieux connu ; il est
cependant à croire qu'elle est originaire de l’Asie. an 2 elle croisse
go+ Livraison.
:VIGNE.
assez bien dans tous les terrains, elle préfère les sols légers et gra-
veleux, les coteaux découverts, exposés au midi.
Le caractère essentiel de la vigne consiste dans un calice fort pe-
tit, à cinq dents; cinq pétales réunis au sommet , se détachant par la
base et tombant tous ensemble; cinq étamines; un stigmate sessile;
une baie à deux loges ; deux ou trois semences dans chaque loge.
La vigne, cultivée, offre un trop grand nombre de variétés pour
être décrite avec exactitude; je me borneraï à faire connaître la vigne
sauvage, telle qu’elle s’est présentée à mes observations sur les côtes
de Barbarie. Ses tiges se divisent en rameaux souples, très-longs,
difformes, sarmenteux , s’entortillant autour des corps qui les envi-
ronnent , s’y attachant par leurs vrilles contournées en spirale, s’é-
levant quelquefois jusqu’au sommet des plus grands arbres, ou se
répandant au loin sur les broussailles.
Les feuilles sont simples , planes , alternes, pétiolées , tomenteuses
et très-blanches en dessous dans leur jeunesse, velues en dessus,
puis presque glabres, échancrées en cœur à leur base, divisées en
trois ou cinq lobes dentés, incisés, aigus; les wrilles opposées aux
feuilles. :
Les fleurs sont petites, odorantes, d'un vert jaunâtre, disposées
en grappes latérales, touffues , opposées aux feuilles; les étamines
sont étalées, un peu plus longues que la corolle. T'ovaire est ovale,
divisé en cinq loges ; il lui succède une petite baie globuleuse, or-
dinairement noire à sa maturité, d’une saveur aigrelette, renfer-
mant plusieurs semences dures et osseuses. (P.)
La vigne n’est pas moins célèbre par l'antiquité de sa culture,
que par lutilité que la médecine retire de ses nombreux produits,
dont nous allons examiner rapidement les propriétés.
La sève de ce végétal est un liquide aqueux , transparent, inodore
et insipide, Suivant M. Deyeux, elle contient une matière végéto-
animale, qui y est dissoute par de l’acide acétique et de l’acétate de
chaux. Elle,se putréfie facilement au contact de l'air : du reste, élle
paraît entièrement inerte, et n’agit pas différemment de l’eau pure.
Quoiqu’elle soit en grande vénération parmi les commères et les
empiriques contre les maladies des yeux, elle ne peut donc y avoir
aucune efficacité, et ne mérite aucune confiance.
VIGNE.
Les fruits de la vigne, connus sous le nom de raisins, se présen-
tent en grappes plus où moins volumineuses , sont très-austères et
fortement acides avant leur maturité. Leur suc, alors connu sous
le nom de verjus, exerce une astriction puissante sur nos organes ;
En gargarisme, il a été recommandé à la fin des angines, dans le
relâchement de la luette, et contre le gonflement des gencives
exempt de douleur. On s’en est servi aussi quelquefois pour remé-
dier aux lipothymies, à l’asphyxie, et à l’apoplexie commençante.
À leur maturité, les raisins sont remarquables par la délicieuse
saveur de leur pulpe succulente, douce, sucrée, légèrement acidule,
et quelquefois même accompagnée d’un arôme très-suave : ils con-
tiennent beaucoup d’eau, une assez grande quantité de sucre, du
mucilage et quelquefois'un peu d'acide.
Dans l’état frais, les raisins, à l’exemple des autres fruits horai-
res, jouissent de propriétés rafraîchissantes , adoucissantes, relà-
chantes , lépèrement laxatives et éminemment nutritives. Leur usage
sous le rapport thérapeutique est extrêmement avantageux dans ie
cours des maladies organiques et des affections nerveuses , chroni-
ques, accompagnées de constipation, de chaleur , de fhéduénée dans
le pouls, d’amaigrissement, de fièvre hectique et de consomption.
Leur emploi a quelquefois produit des succès inattendus dans l'hys-
térie, l’'hypocondrie, la manie, et surtout dans le scorbut. Les rai-
sins né sont pas moins avantageux dans la convalescence de la plu-
part des fièvres dites primitives, des diarrhées , des dysenteries , des
hémorrhagies et des affections aiguës des voies urinaires. Sous le
rapport de la diététique, ils conviennent peu dans les pays froids et
humides, dans les temps pluvieux, surtout aux vieillards décrépits,
aux sujets qui mènent une vie sédentaire, qui ont l'estomac affaibli,
et qui sont disposés à la leucophlegmasie; mais en revanche leur
usage est extrêmement avantageux aux jeunes gens et aux adultes,
aux tempéramens bilieux et nerveux, aux constitutions sèches, mo-
bilés et très-irritables. Ils sont un aliment extrêmement salutaire
dans les climats chauds et secs. En général, ils apaisent la soif,
diminuent la chaleur générale, favorisent ou entretiennent la liberté
du ventre, et fournissent un chyle doux et réparateur.
Ces fruits, desséchés au soleil ou dans des fours, et conservés
VIGNE.
l'abri du contact de l'air, constituent les raisins
secs, passulæ, uvæ passæ. Dans cet état, ils renferment beaucoup
moins d’eau, leurs principes sont plus concentrés, et ils contiennent
une beaucoup plus grande quantité de sucre. Leur décoction est
souvent employée comme émolliente, adoucissante et relâchante
dans le traitement des maladies de la poitrine , des affections catar-
rhales, et autres lésions des membranes muqueuses. Pris en grande
quantité, ils agissent comme laxatifs. Les raisins secs constituent un
aliment de dessert très-agréable, très-salutaire. Les ménagères et
les cuisiniers les emploient en outre comme condiment dans un
grand nombre de préparations culinaires, et les confiseurs en com-
posent des confitures et des bonbons très-délicats. On peut, en les
faisant fermenter avec une certaine quantité d’eau, en obtenir d’ex-
cellent vin.
:
dans des caisses à
Le suc des raisins, obtenu par expression, et connu sous le nom
de moût , mustum , est un liquide plus on moins épais, d’une couleur
plus ou moins He d’une saveur muclaginenses douce et sucrée :
il contient de l’eau , une grande quantité de sucre, une matière par-
ticulière soluble dans l’eau, susceptible de se transformer en ferment
par le contact de l'air, un peu de mucilage, du tartrate acide de
chaux et plusieurs sels. Il est ann. et très-nutritif, et ses
qualités se bornent à celles des sirops et du miel, qu'il peut fort
bien remplacer dans la plupart des préparations pharmaceutiques :
pour retirer avec avantage Je sucre que contient assez abondam-
ment son suc, on sature l'excès d’acide tartarique avec de la craie,
on agite lorsqu'il n’y a plus d’effervescence, on laisse déposer la li-
queur, on la décante, on la traite par du sang ou du blanc d'œuf,
on fait évaporer le liquide, puis on le laisse réfroidir et cristalliser :
en soumettant alors cette matière au raffinage, on obtient un
sucre blanc et cristallisé, entièrement semblable à celui de la canne
à sucre. Le moût de raisin, exposé au contact de l’air et à la tem-
pérature de 15 ou 20°, éprouve la fermentation vineuse, et donne
ainsi naÏssance au vin.
Ce qui reste sous le pressoir lorsqu'on a exprimé le suc des
raisins , ou le marc, mis à l'écart dans des celliers ou dans des han-
gars, ne tarde pas à s’échauffer; il acquiert même parfois une tem-
VIGNE.
pérature de 30° et au delà. Dans cet état, on en fait usage sous
forme de bain. Son premier effet est de déterminer une abondante
transpiration : l'excitation vive qu’il exerce sur la peau se transmet
avec énergie aux tissus sous-jacens , surtout au système nerveux. Sous
ces différens rapports, le bain de marc est souvent employé avec
succès dans la paralysie et la contracture des membres, dans les
rhumatismes , la sciatique, et les douleurs rebelles des articulations.
Le vin est le produit le plus précieux et le plus important de la
vigne : c’est un liquide d’une odeur et d’une saveur particulières,
quoique variables. Les nombreuses modifications qu’il présente sous
le rapport de la couleur, de la densité , de la force, de la dureté; de
la douceur, de l’äpreté, du moelleux, et autres qualités physiques
beaucoup mieux. appréciées par les gourmets que par les chimistes
et les médecins , résultent, comme celles des raisins dont il provient,
du climat, du sol, dé la culture, etc., quelquefois aussi de sa pré-
paration.
En général, le vin est composé d’eau, d’une quantité d'alcool
plus ou moins considérable, d’un peu de mucilage, de matière
végéto-animale , d’une petite quantité de tannin, qui lui communi®
que une saveur âpre, de tartrate de chaux et autres sels. On croit
aussi qu’il.renferme une huile particulière, à laquelle il devrait ce
que les gourmets appellent le bouquet du vin; mais ce principe n'a
jamais été isolé. Il est des vins qui contiennent du sucre; ils ont
alors une saveur douce et sucrée, comme les vins de Malaga , d'Ali-
cante, de Lunel et de Frontignan; mais cela n’a lieu que lorsqu'ils
proviennent de raisins qui en contiennent eux-mêmes beaucoup, et
que la fermentation a été incomplète. 1l en. est d’autres, tels que
nos vins mousseux de Champagne, qui contiennent beaucoup d'acide
carbonique : ce qui leur donne un goût piquant et acide, avec la
faculté de mousser. On peut obtenir des vins de cette nature avec
toutes sortes de raisins : il suffit, pour cela, de les mettre en bouteille
avant que la fermentation soit achevée; cette opération eontimue
dans la bouteille : l'acide carbonique qui se forme, ne pouvant se
dégager, se combine avec le liquide, dont il tend à se séparer aus-
sitôt qu’en débouchant on enlève les obstacles qui s’opposaient à son
dégagement. Les vins rouges présentent en outre une matière colo-
VIGNE.
rante, bleue, qui est avivée par les acides , et dont les vins blancs
sont entièrement privés. Ce principe colorant réside dans l’enveloppe
du raisin : ce qui fait qu'on peut fabriquer du vin blanc avec des
raisins noirs, lorsqu'on a soin de les débarrasser de leur enveloppe.
Les vins du Midi, en général, sont beaucoup plus sucrés et surtout
beaucoup plus spiritueux que les autres; ils contiennent commu-
nément de 20 à 25 centièmes d'alcool : c’est ce qui fait qu'ils sont
plus nourrissans et surtout beaucoup plus stimulans, et qu’on ne
peut en user qu'avec modération : tels sont les vins de Grèce, de
lItalie méridionale, des îles Canaries, de l'Espagne, du Portugal.
Ceux du Nord, au contraire, sont peu spiritueux , puisque la pro-
portion de alcool n’y est guère que de 12 à 15 centièmes, et, au
lieu d’être sucrés, ils sont plus ou moins acides : tels sont les vins
des départemens de la Meurthe et de la Moselle, les vins du Rhin,
de Hongrie et d'Autriche. Les vins de France tiennent le milieu
entre les vins du Nord et ceux du Midi, et participent des proprié-
tés des uns et des autres ; mais ceux de nos contrées méridionales,
comme les vins de Bordeaux, du Languedoc , du Roussillon et de
la Provence, se rapprochent des vins du Midi par leurs qualités su-
crées ou spiritueuses , tandis que ceux du Poitou, de l’Angoumois,
de la Touraine, de la Bourgogne, et surtout ceux de la Champagne,
se rapprochent des vins du Nord.
Le vin est un des toniques les plus utiles que possède la matière
médicale ; et, quoique en général il produise , à cause de l'abus qu’on
en fait, beaucoup plus de mal que de bien, il peut être considéré
comme un des plus puissans moyens dont la thérapeutique et la dié-
tétique puissent faire usage. A petite dose, surtout lorsqu'on n’y est
pas habitué, il détermine un agréable sentiment de chaleur dans
l'estomac, il augmente l'action de cet organe, facilite la digestion,
et perfectionne la nutrition; il active la circulation, augmente la
chaleur générale et la transpiration cutanée; il provoque dans cer-
tains cas la sécrétion de l'urine, du lait, du sperme; il excite les
fonctions cérébrales , dispose à la gaîté, à la joie, à la confiance; il
donne de la valeur et de la jactance ; il imprime plus d'énergie aux
mouvemens musculaires. Les vins rouges foncés en couleur exercent
une impression plus durable que les vins légers et que les vins blancs :
VIGNE.
ceux-c1 excitent plus particulièrement l’action des reins, et sont sou-
vent employés avec succès comme diurétiques. Les vins doux sont
très-nourrissans; ils occasionent souvent des aigreurs et quelquefois
la purgation. Ceux qui sont très-spiritueux portent plus particulière-
ment leur action sur le système nerveux, et produisent facilement
l'ivresse. Les vins nouveaux âpres et austères occasionent dés coli-
ques. Chez les sujets d’un tempérament nerveux, et dont là sensibi-
lité est très-exaltée, le vin de la meilleure qualité, même en très-
petite proportion, peut produire une excitation générale tellement
intense, qu'il en résulte du trouble dans la digestion , une chaleur
incommode, une sorte de malaise , de l'embarras dans l’exercice des
fonctions intellectuelles; mais , à haute dose, il détermine l’affaiblis-
sement des sens et des mouvemens volontaires, le trouble de l’enten-
_dement, la somnolence, l'ivresse enfin , qui peut être accompagnée
de délire gai ou furieux , de coma, et même d’un état apoplectique.
Cette ivresse est passagère lorsqu'elle est produite par des vins aci-
dules, chargés d’acide carbonique; elle est plus durable lorsqu'elle
est due à des vins très-spiritueux. Le vin est ordinairement dange-
reux et souvent funeste aux sujets grêles ét très-irritables, à ceux
qui sont disposés aux dartres , à éléphantiasis , à la phthisie pulmo-
naire, à l’hémoptysie, aux individus affectés dé gastrites et de pneu-
monies, soit aiguës, soit chroniques. Son usage rend souvent ces
dernières maladies mortelles.
Le long usage du vin finit par nous rendre insensibles à ses effets ;
son abus affaiblit et finit par oblitérer la sensation du goût; il débi-
lite l'estomac, détruit l’appétit , engourdit les facultés intellectuelles,
affaiblit les mouvemens volontaires; il rend dur , grossier, querel-
leur ; il ferme toutes les avenues aux affections douces de l’âme , aux
suaves épanchemens du cœur et aux jouissances pures de l’entende-
ment; il dispose aux tremblemens, à l’apoplexie, à la goutte, et, st
l’on en croit certains observateurs, il est une des causes les plus puis-
santes des calculs urinaires. L'abus du vin peut donner lieu enfin à
des inflammations chroniques de Vappareil digestif ou autres viscères
abdominaux, et occasioner des hydropisies incurables.
Cependant , comme sé mir ce liquide, à petite dose , est un des
médicamens les plus utiles qu’on puisse employer pour activer le ton
VIGNE.
de l'estomac, et pour favoriser la digestion et la nutrition languis-
sante. Il est souverainement salutaire dans lhypocondrie, la mélan-
colie, la chlorose et l’aménorrhée; il n’est pas moins avantageux
dans les catarrhes chroniques, les hydropisies essentielles, la pa-
ralysie idiopathique, le scorbut et les affections scrofuleuses ; il est
souvent beaucoup plus puissant que le quinquina pour arrêter les
fièvres intermittentes , lorsqu'elles sont exemptes d'irritation gastri-
que ; l'expérience même confirme au vin rouge vieux la qualité d’an-
thelmintique efficace.
Le vin convient surtout aux vieillards, aux tempéramens lympha-
tiques, aux constitutions lentes et humides, aux personnes qui mè-
nent une vie trop sédentaire, à celles qui se nourrissent d’alimens
grossiers et peu nutritifs; il est d’un très-grand avantage à ceux qui
habitent des pays froids et humides , des contrées aquatiques, surtout
dans les saisons pluvieuses et brumeuses , à ceux dont les habitations
sont insalubres, qui fréquentent les hôpitaux et les prisons ; il est
un excellent prophylactique contre. les affections miasmatiques et
contagieuses, et contre les effets du chagrin et de la tristesse; mais
il convient peu aux sujets maigres, secs et très-irritables, aux tem-
péramens sanguins et nerveux, aux individus pléthoriques, à ceux
dont la sensibilité est très-exaltée; il ne convient pas mieux dans les
climats chauds et secs, ni dans les fortes chaleurs de l'été, quoique
l’on pense généralement le contraire : c’est ce qui fait que les Espa-
gnols, les Napolitains et les Grecs en boivent si peu, et que la loi
de Mahomet en défend l'usage aux Musulmans répandus sur le vaste
continent de l’Asie et dans la partie la plus chaude de l'Europe.
Le vin rouge, comme topique, est employé en fomentation, en
embrocation, en injection, etc., pour exciter la réaction des parties
affectées d’engorgemens pâteux, de tumeurs indolentes, de gonfle-
mens fongueux, ou d’ulcérations atoniques et gangréneuses; mais
son emploi le plus important est comme boisson diététique.
Sous ce rapport, le vin oceupe un des premiers rangs, et peut-
être la première place parmi les substances stimulantes dont Fhabi-
tude a rendu lusage un objet de première nécessité parmi presque
toutes les nations. Le vin , en effet, plaît à presque tous les hommes ;
tous les peuples en sont. avides. Ceux: à qui la mature a refusé la
VIGNE.
vigne, cherchent à y suppléer par différentes boissons alcooliques
préparées avec les fruits muqueux et acides, avec les céréales, avec
le lait; et ce goût dominant, ou plutôt cette fureur universelle des
hommes pour le vin ou les boissons vineuses , est le plus fort argu-
ment de ceux qui pensent que cette boisson est absolument et essen-
tiellement nécessaire à l'espèce humaine. Cependant, si le vin ou les
boissons alcooliques en général étaient aussi nécessaires qu’on le
dit à l’entretien de notre vie, à la conservation de nos forces , com-
ment se fait-il que des nations entières, qui n’en connaissent d’au-
cune espèce, jouissent d'autant de force ét de vigueur que celles qui
en font le plus d'usage ? et, chez le même peuple, comment arrive-
t-il que la santé, la longévité et l'énergie physique et morale se ren-
contrent , en général, à un plus haut degré, dans les classes qui ne
boivent jamais de vin , que dans celles qui.en font la plus grande
consommation ? Si je compare, en effet, les robustes habitans des
montagnes de la Suisse et de l'Écosse, et même nos bons paysans
de l'Auvergne et du Limousin, qui ne boivent jamais que de l’eau
pure , avec les habitans de la Flandre et de la Champagne, et ceux
de Paris ou de Londres, où il se fait une si grande consommation
de vin et de liqueurs alcooliques de toute espèce, je vois que le ré-
sultat, sous le rapport de la santé, de la longévité et de la vigueur,
est en faveur des premiers. Il paraît donc que le vin, comme l'opium,
le thé, le tabac, etc., est bien plus recherché à cause de la sensa-
tion vive qu'il pren sur l'organe du goût, que par son utilité
directe pour l’entretien de la santé; il paraît enfin que la sensualité
et le besoin de sentir ont seuls accrédité son usage.
L'alcool qu’on obtient par la distillation du vin est un liquide
transparent , incolore , d’une odeur forte et agréable, d’une saveur
chaude et caustique; il est volatil, inflammable, et se réduit par
l'analyse en hydrogène et en carbone; il agit comme le vin, mais
avec beaucoup plus d'intensité et d'énergie : il donne lieu par con-
séquent aux mêmes inconvéniens. On l'emploie dans les mêmes cas
que le vin, mais avec beaucoup plus de circonspection et à beaucoup
plus petite dose, parce qu'il peut donner lieu à des accidens bien
plus graves. En qualité de médicament, on l’emploie rarement seul;
mais, comme il dissout facilement les résines, le camphre, on s'en
VIGNE.
sert comme excipient pour favoriser l'administration , et pour secon-
der les effets des toniques, des amers et autres médicamens sti-
mulans.
Un dernier produit de la vigne ou du raisin, également utile à la
médecine, aux arts et à l’économie domestique, c’est le vinaigre.
On l’obtient en abandonnant le vin au contact de l’air à la tempéra-
ture de 18 à 20° : il est liquide, blanc ou rouge, d’une odeur pi-
quante, d’une saveur très-acide; il est en grande partie composé
d'eau et d'acide acétique. Ce liquide exerce une excitation vive,
mais d’un genre tout différent de celle du vin et de l'alcool, car il
désaltère et produit consécutivement un sentiment de fraicheur ; du
reste, il excite l’appétit, favorise la digestion, augmente la transpi-
ration cutanée et la sécrétion urinaire; il excite aussi Pappareil pul-
monaire, au point qu’il détermine la toux et quelquefois même l’hé-
moptysie , surtout chez les sujets dont la sensibilité des poumons est
très-exaltée; il exerce aussi une excitation notable sur le système
nerveux; mais ces effets immédiats, au lieu d’être suivis de soif et
de chaleur , occasionent un sentiment de fraîcheur, qui le fait regar-
der comme un des moyens les plus rafraîchissans. On y a recours
pour augmenter l'appétit, pour supprimer les hémorrhagies de Pap-
pareil digestif et des organes qui sympathisent avec lui. On en fait
usage pour exciter les poumons à la fin de certaines péripneumonies
accompagnées de faiblesse générale, dans la troisième période des
catarrhes pulmonaires , et alors on lassocie au miel. Étendu d’une
grande quantité d’eau, on l'emploie dans les phlegmasies de l’appa-
reil digestif et des voies urinaires, ainsi que dans les fièvres aiguës
et les maladies pestilentielles , telles que le typhus, la peste et la
fièvre jaune.
Il constitue un des médicamens les plus en usage et les plus uni-
versellement répandus. On l’associe aux alimens végétaux et ani-
maux pour en relever le goût, pour les préserver de la putréfaction,
et pour les conserver. Associé à l’eau, il corrige la fadeur et le mau-
vais goût de celle qui est insalubre, et forme ainsi une boïsson
agréable et salutaire, dont les Grecs et les Romains faisaient ancien-
nement usage sous le nom d'oxycrat et de posca. Cette eau vinai-
grée, associée au miel ou au sucre, forme une limonade très-agréa-
VIGNE.
ble, et qui peut remplacer toutes les boissons acides; on en fait aussi
un sirop acide très-agréable, et d’un usage très-salutaire en été et
dans les maladies aiguës.
Enfin, les feuilles de la vigne servent de pâture aux vaches , aux
chèvres et autres animaux. Les branches ou sarmens, réduits en fa-
gots, en brülant dans nos foyers, servent à réchauffer et à égayer le
vigneron , en même temps Ayo fournissent des cendres précieu-
ses pour les blanchisseuses , Qui s’en servent pour les lessives, et pour
les chimistes, qui en retirent de l’alcali.
BUECHNER (andreas-Elias), Déercstie de vino, ut medicina et veneno ; in-4°. Halæ, 1756.
BURMESTER (w.), Dissertatio de usu vini medico ; in-4°. Gottingæ, 1797.
RusCA (senjamin), 47 cz into the effects of ardent spirits upon the humano body and
ind È est-à-dire , es sur les effets des liqueurs spiritueuses sur le physique et le
moral de l’homme ; eV Philadelphie, 1805
BERNARDIN di Dissertation sur le vin et les liqueurs spiritueuses ; 30 pages in-4
CANU cou, Recherches sur l'histoire, la nature, les 7 et l'emploi hygiénique du
et des liqueurs spiritueuses; 39 pages in-4°. Paris, 182
BENSTEIN LOEBEL ( Eduard), Die Anwendung und Wirkung Te Weine in me a
lichen Krankheiten , und deren Verfaelschungen ; c'est-à-dire, L'emploi et 1
aladies dangereuses , et les falsifications dont cette liqueur est susceptible ; in-8°.
Paris, 1816,
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite à la moitie de sa grandeur naturelle.)
1. Fleur dont la corolle s'ouvre de bas en 3. Fruit.
haut
F 4. Le mème, coupé dans sa longueur.
2, La même, dégagée de sa corolle. 5. Grain
348.
CCCXLIX.
VIOLETTE,
GTR) avis rs 40v, mopŒDupouy, Dioscorides
VIOLA MARTIA, flore hs} odorato ; Bauhin, Tiva£, L 6, sect. r.
. Tournefort, clas. 11, sect. 1, gen. 2.
Latin... ,....... VIOLA ODORATA ; acaulis, foliis cordatis, stolonibus reptantibus. Linné ,
syngénésie monogamie. Jussieu, clas. 13, ord. 20; famille des cis-
es.
VIOLA ; VIOLA MARZIA; VIOLA MAMMOIA.
VIOLETA
VIOLETTA,
+ VIOLETTE ; VIOLETTE ODORANTE ; VIOLETTE DE MARS.
MARTSFIOLER.
AEKTA FIOLER,
SKOPEK.
. tar tn 2 FIALKO,
IL n'est pas, au retour du printemps, de fleur plus récherchée, il
n’en est point de mieux connue que la violette. En vain elle se cache
sous l'herbe; son parfum la trahit ; le bleu empourpré de sa corolle
perce à travers le gazon. Enlevée à son obscurité, elle reçoit les hon-
neurs auxquels elle semblait vouloir se dérober. Elle croît dans les
bois, le long des haïes et dans les lieux un peu couverts. Le caractère
de ce genre consiste en un calice persistant , à cinq divisions pro-
longées au dessous de leur base; cinq pétales inégaux ; le supérieur
plus grand , terminé en éperon à sa base; cinq étamines libres, ep
rentes par leurs anthères ; les deux filamens supérieurs prolo: jés en
appendices qui pénètrent dans l’éperon ; les anthères me euses
à leur sommet; l’ovaire supérieur ; un style; le stigmate aigu ou en
go* Livraison. 3.
VIOLETTE.
entonnoir. Le fruit est une capsule à trois angles, à une seule loge,
s’ouvrant en trois valves très-étalées ; les semences nombreuses , at-
tachées le long du milieu des valves; un périsperme charnu ; l’em-
bryon droit ; la radicule inférieure.
Ses racines sont composées d’un grand nombre de fibres touffues.
Il sort du collet de ces racines plusieurs rejets traçans et des feuilles
toutes radicales , longuement pétiolées, en forme de cœur , finement
crénelées à leurs bords, vertes, glabres, quelquefois légèrement pu-
bescentes, obtuses ou un peu aiguës à leur sommet.
Les fleurs sortent immédiatement des racines, portées sur de longs
pédoncules très-simples, glabres, uniflores munis de quelques pe-
tites bractées lancéolées , aiguës.
Les folioles du calice sont glabres, obtuses ; les pétales arrondis à
leur sommet. Les capsules s'ouvrent en trois valves concaves, ovales,
contenant un grand nombre de semences petites, arrondies et blan-
châtres.
On rencontre dans les champs, les bois, les prés humides, plu-
sieurs autres espèces de violette, parmi lesquelles se trouve la pen-
sée (viola tricolor); la violette de chien, sans odeur; la violette
hérissée, celle des marais, etc.
Cette plante a été beaucoup plus employée autrefois en médecine
qu’elle ne l’est aujourd’hui ; son usage est même en quelque sorte
tombé en désuétude.
Sa racine , fibreuse, noueuse, géniculée, est brune à l'extérieur,
blanchâtre intérieurement, d’une saveur un peu nauséeuse, et se
rapproche de l’épicacuanha par ses propriétés physiques comme par
son action sur l’économie animale. Les expériences de MM. Coste
et Villemet prouvent, en effet, qu’à la dose de demi-gros elle pro-
voque le vomissement et détermine la purgation. Sous ce rapport,
elle peut être considérée comme suecédanée de la racine du Brésil,
et employée dans les mêmes cas.
Ses feuilles, inodores, d’une saveur herbacée , muqueuse et un
peu amère , ont été décorées de propriétés rt lbnitaihe par Ga-
lien , et de vertus vomitives et purgatives par plusieurs de ses suc-
cesseurs. Ces deux dernières propriétés n’y sont cependant pas très-
bien constatées , de sorte que la plupart des auteurs se bornent à les
VIOLETTE.
regarder comme émollientes : on ne les emploie même que sous ce
rapport et comme topiques, soit en cataplasme, soit en décoction.
Les fleurs de la violette, remarquables surtout par la douceur et
la suavité de l'odeur qu’elles exhalent dans l’état frais, et qu’elles
perdent en se desséchant, sont un peu amères et légèrement muci-
lagineuses. C’est sans doute à ces deux qualités qu’elles sont rede-
vables de l’action purgative que certains auteurs leur attribuent,
et que Péchlin leur a vu produire, mangées en salade. Toutefois,
leurs principales propriétés sont dues à l’arôme suave et fragrant
dont elle sont douées, et que l’eau leur enlève, soit par la distilla-
tion, soit par la simple infusion. Cet arôme exerce une impression
si énergique sur le système nerveux, qu'il a quelquefois produit la
céphalalgie, la syncope et même l’apoplexie, ainsi que Murray le
rapporte d’après Triller , d’une dame qui mourut apoplectique, pour
avoir été exposée, pendant la nuit, aux émanations d’un pot de vio-
lettes imprudemment placé près de son lit. Mais si ces fleurs odo-
rantes peuvent être quelquefois nuisibles, dans certains cas elles
paraissent avoir été salutaires. Dioscorides atteste leur avantage
dans l’épilepsie des enfans, et Baglivi leur efficacité contre toutes
les affections nerveuses ou convulsives; les médecins de nos jours
les emploient, comme légèrement anodines, en infusion théiforme,
dans les maladies inflammatoires de la poitrine, des membranes
muqueuses, et surtout contre les affections exanthématiques.
Les semences de cette plante ont joui pendant quelque temps
d’une certaine réputation, comme diurétiques et lithontriptiques ;
elles ont été préconisées pour exciter la sécrétion de l’urine et pour
dissoudre ou favoriser l'écoulement des calculs urinaires. Schulz
rapporte que leur emploi fit rendre une grande quantité de calculs
rénaux ou de graviers à l’empereur Maximilien; et cette prétendue
cure impériale n’a pas peu contribué à les accréditer et à les mettre
en vogue parmi les courtisans, et la foule des empiriques qui leur
ressemblent : mais les médecins éclairés et vraiment dignes de ce
nom savent à quoi s’en tenir sur les prétendues vertus et sur la répu-
tation usurpée de ces semences, comme sur tant d’autres drogues
que les progrès des sciences médicales condamnent à un éternel
oubli. ,
VIOLETTE.
La racine de violette se donne en substance et sous forme pulvé-
rulente à la dose d’un à deux grammes, et en infusion à une dose
double ou triple. Ses feuilles sont employées en quantité suffi-
sante, et à l’extérieur seulement, en décoction ou sous forme de
cataplasme. Ses fleurs ne sont guère administrées qu’en infusion
théiforme, convenablement édulcorée. On fait toutefois avec leurs
pétales un sirop qui conserve l’agréable odeur de la violette, et qui
est très-utile pour aromatiser certains médicamens, et particulière-
ment les tisanes et les potions que l’on donne aux malades. On a
depuis long-temps renoncé à l'emploi de ses semences.
La couleur pourpre des pétales de cette fleur, séparée par le
moyen de l’eau , est très-précieuse pour les chimistes : ils s’en servent
dans les laboratoires comme réactif, pour reconnaître la présence
des acides, qui la rougissent , et des alcalis, qui la colorent en vert.
WEDEL (Georgius-wolfgang), Dissertatio de viola martia Frpurpas in-4°. Zenæ, 1716.
TRILLER (paniel-Guilielmus), Dissertatio de morte subita ex nimio violarum odore suborta ;
in-4°. Vitembergæ, 1762.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est de grandeur naturelle.)
1. Calice , étamines et pistil. 3. Fruit entier, accompagné de son calice
. Pétale inférieur , d’une corolle, à on- persistant.
glet cucullé ou terminé en capuchon. . Fruit tel qu’il s'ouvre dans la maturité,
“ Graine grossie,
Zrpn Pt Lambert S Scale.
«æ. "y 4
CCCL.
ZÉDOAIRE.
Grec. “ss... Éadoup, Eadpa des Grecs du moyen âge
ZEDOARIA ROTUNDA ; Bauhin, Hiva, Hib. 1
Lans Paille. © eue» ROTUNDA ; foliis n. petiolatis. Liané, monandrie
monogynie, Jussieu , clas. 4, ord. 2, famille des balisiers.
Italien... : #. “..::/EDOARN.
Esp Pris ZEDOARIA
Porfugis, : ... . .:. EDOARIA.
Français. ee ed ZÉDOAIRE ; ZÉDOAIRE BULBEUSE,
D ZEDOARY ri
| CITÉE VERRE ZITTWER
Hollandais. .., ... RONDE ZEDOAR.
D cn MALANKUA.
La zédoaire est ne très-belle plante, qui croit dans les Indes
re É SH ue l'île de Java. Elle se distingue, comme genre,
par une corol le monopétale , : à double limbe; l'extérieur partagé en
trois découpures fort étroites ; l’intérieur irrégulier, à quatre décou-
pures, une droite, plus étroite; les trois autres fort larges, celle du
milieu bifide ; une sorte de calice tubulé, transparent , ouvert obli-
quement au sommet; une anthère sessile , géminée, placée sur la dé-
coupure la plus étroite du limbe intérieur; un ovaire inférieur,
ne un style terminé par un stigmate obtus, à deux lames. Le
fruit est une capsule trigone, un peu ronde, à trois loges, à trois
valves polyspermes.
Ses racines sont très-odorantes, ainsi que toute la plante, blau-
eue intérieurement , revêtues en dehors d’une écorce cendrée, com-
de bulbes ovales, arrondies, lisses, fibreuses , queleliinis
réunies deux à deux : elles produisent des feuilles toutes radicales :
glabres , d’un vert gai, lancéolées, aiguës, longues de sept à huit
pouces , s'emboîtant les unes dans les autres par une base rétrécie
en un pétiole vaginal.
é k rs n
- go: Livraison. 4.
ZÉDOAIRE.
Les fleurs sont presque sessiles; elles sortent immédiatement
des racines, renfermées d’abord dans une spathe à deux ms
ovales, lancéolées, aiguës.
La corolle est Lu, quelquefois mélangée de pourpre, de rouge
et de blanc, d’une odeur très-agréable, approchant de celle de la
violette; son tube est grêle, cylindrique; le limbe partagé jusqu'à
sa base en trois découpures extérieures, fort étroites, allongées,
linéaires, aiguës, souvent réfléchies; les trois intérieures larges,
ovales, mucronées; l'intermédiaire bifide. 57
Cette racine se trouve dans les officines en fragmens cylindriques
ou orbiculaires , d’un ou deux pouces delong. Sa surface estrugueuse,
sa consistance compacte, et sa couleur d'un gris pâle, un peu plus
foncé à l’intérieur qu’extérieurement. Elle offre une légère odeur
camphrée, une saveur aromatique, chaude et amère. On en retire
de l'huile volatile très-odorante, du camphre et une certaine quan-
tité de fécule. Ses principes aromatiques et amers se transmettent à
l’eau par la macération : on en retire, du reste, un extrait aqueux,
amer et nauséeux, et un extrait spiritueux , aromatique.
Les Arabes sont les premiers qui aient introduit cette plante dans, \
la matièré médicale. Il est difficile, toutefois, de déterminer avec
précision si la zédoaire, dont parlent Sérapion, Avicenne et Rhazès,
est véritablement celle dont il est ici question. Quoi qu’il en soit,
cette racine aromatique et amère que ses qualités physiques placent
naturellement parmi les toniques, agit à la manière du gingembre,
quoique plus faiblement , et excite directement le ton de l'estomac,
et consécutivement l’action des différens systèmes d'organes avec
lesquels il sympathise. Ainsi la zédoaire facilite la digestion, et aug-
mente secondairement la transpiration cutanée, l’exhalation pul-
monaire et l'influence nerveuse : de là les propriétés stomachique,
fortifiante, sudorifique, alexipharmaque, incisive, anthelmentique ,
carminative , etc. , dont elle a été décorée.
A l'exemple des autres substances amères et aromatiques, elle
peut en effet avoir été administrée avec succès contre l’inappétence
et l’atonie des premières voies , avoir favorisé l'expulsion des faz et
des vers contenus dans l'intestin , et soulagé les malades affectés de
flatuosités, de chlorose et d’hypocondrie. On peut croire aussi à ses
ZÉDOAIRE.
bons effets dans l’aménorrhée et l'hystérie qui sont accompagnées
d’un état de débilité, soit générale, soit locale, dans la paralysie
essentielle,-dans Péstlime humide et les engorgemens muqueux des
poumons , ainsi que dans beaucoup d’autres maladies chroniques
dans lesquelles la médication tonique est nécessaire; mais il est facile
de voir que la puissance qu’on lui a attribuée de résister à leffet des
poisons , à la morsure des animaux venimeux et à la peste, n’a ja-
mais eu d'autre fondement que l'ignorance des lois de l’économie
animale , l’imposture et une aveugle crédulité.
En admettant dans cette racine une propriété manifestement toni-
que , il faut convenir que lefficacité qu’on lui attribue dans les ma-
ladies chroniques que nous venons d'indiquer, repose bien plutôt
sur l’analogie, que sur des faits positifs et bien observés. Quoiqu'elle
ait été introduite par les arabistes dans une multitude de compositions
officinales qui encombrent nos pharmacies, surchargent et appau-
vrissent toutes les pharmacopées, elle ne mérite aucune préférence
sur plusieurs plantes indigènes qu’il est bien plus facile de se pro-
curer.
Toutefois, la zédoaire en substance se donne de deux à quatre
grammes, soit sous forme pulvérulente, soit en électuaire. En infu-
sion aqueuse ou vineuse, cette dose peut être doublée ou triplée.
Sa teinture et son extrait alcooliques, jadis vantés comme stomachi-
ques ; ne sont plus en usage; mais on la confit au sucre , et on l’avale
ainsi après l'avoir long-temps mâchée. Elle entre dans la composition
du vinaigre thériacal, de l’eau prophylactique de Sylvius, du grand
élixir de vie de Matthiole, de l’eau impériale de Londres, de la pou-
dre de joie de Charas, du philonium romain , etc. , etc. Il serait fas-
tidieux de rapporter ici toutes les formules surannées dans lesquelles
figure la zédoaire.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
(La plante est réduite aux deux tiers de sa grandeur naturelle.)
LÀ
1. Fleur entiere. 2, Pistil ct étamine.
+
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