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MONOGRAPHIE
DES
BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE
PAR
LE Dr J. JULLIEN
(Extrait du BiiHelvi de la Socirlê 7.oo\o(jique de France, l. X, 1885)
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MEULAN
ÏMPHI.MERIE DE SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE
18 8 0
EXTRAIT DU BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE,
t. X, 1885.
MONOGRAPHIE
DES
BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE
Par le D^ J. JULLIEN.
Depuis qu'on a adopté la classitication des Bryozoaires selon la
forme des cellules ou zoœcies, on n'a pas essayé d'y faire entrer les
genres d'eau douce.
J'ai étudié avec le plus grand soin ceux des environs de Paris
et de Bourgogne comparativement avec ceux des pays étrangers,
et j'ai pu me convaincre qu'aucune classification ne correspond
avec le résultat de mes recherches. Je ne veux pas analyser tous
les travaux publiés jusqu'à présent ; je ne parlerai que des classi-
fications les plus intéressantes. Sur cette question délicate on a
écrit des choses absolument insensées. Quoiqu'il en soit, Dumor-
tier, en 1833, a nommé Lophopodes tout ce qui était connu, à son
époque, en fait de Bryozoaires à tentacules disposés en fer-à-che-
val, y compris la Tubularia sultana de Blumenbach. Ses Lopho-
podes comprenaient donc les genres Cristatella Guvier, Pluma-
tella Lamarck, Lophopus Dumortier et Alcyonella Lamarck. De la
Tubularia sultana, il a fait la Plumatella sultana, à la suite de la
Plumatella lucifuga de Vaucher, et il avait raison ou du moins il
approchait de la vérité ; car, comme on le verra dans la suite,
les Frédéricelles ne sont que des variétés de Plumatelles. Cette
classification fut détrônée par celle de Paul Gervais.
Quand cet auteur s'occupa de ces animaux en 1836, ce fut par
suite de la trouvaille d'un corpuscule charmant, un statoblaste
de Gristatelle. 11 constata que cet œuf reproduisait le Kleinere Fe-
derbuch-Polyp deRosel; cette découverte jetée par le hasard entre
s es mains ne le conduisit pas bien loin dans la connaissance des
4 J. JULLIEN
Bryozoaires d'eau douce; en 1837, il publia sa classification des
Polypiaires, désignant par les noms de Polypiaria hippocrepia les
Bryozoaires à tentacules disposés en fer-à-cheval, réservant ceux
de Polypiaria infundibulata à tous ceux dont les tentacules n'étaient
point disposés ainsi. 11 décrivit quelques espèces des environs de
Paris en essayant de rétablir leur synonymie où il s'est fort em-
brouillé. Après quoi il ne s'en occupa plus. Ses études insuffi-
santes lui firent placer la Frédéricelle sultayie à côté de la Paludi-
celle articulée, animaux qui ne se ressemblent guère ; cette faute
fut relevée par Allman qui répudia la classification de Gervais
pour lui substituer la sienne en 1856. Le livre d'AUman est écrit
avec un sérieux d'autant plus comique qu'il est plein d'erreurs,
comme on le verra plus loin.
Allman voulut lui aussi trouver un caractère sur lequel il put
appuyer une classification ; sans tenir compte de celle de Dumor-
tier, il prétendait que les Polyzoa de Thompson, équivalents des
Bryozoa d'Elirenberg, pouvaient se diviser selon la présence ou
l'absence de cette lèvre mobile au-dessus de la bouche dont
parle Dumortier ; comme les Frédéricelles portent cette lèvre, il
les replaça à la suite des Plumatelles. ainsi que Dumortier l'avait
déjà fait; et il donna le nom d'épistome à cette lèvre. Il repoussa
le terme d'Hippocrépiens de Gervais et le remplaça par le nom de
Phylactolemata sous lequel il réunit les Hippocrépiens de Gervais.
et les Bryozoaires pourvus d'un épistome, c'est à dire avec le
genre Frédéricelle du même auteur et avec le genre Pedicellina
de Sars; enfin il donna le nom de Gymuolcemata aux Infundibulés
du zoologiste français et aux Bryozoaires dépourvus d'épis-
tome.
Cette classification, adoptée aujourd'hui, a une solidité au
moins discutable, l'observation directe nous faisant voir que le
caractère qui forme sa base peut manquer à la fois sur divers
individus d'une même colonie.
Ainsi, pendant le mois de septembre 1883, en étudiant des Plu-
matella repens que j'avais recueillies dans les montagnes du Gha-
rollais (Saône-et-Loire), j'ai remarqué que certains polypides
étaient avortés. Le lopliophore considérablement diminué d'im-
portance ne portait que dix-sept tentacules au lieu de cinquante
comptés sur les autres polypides de la même colonie. Dans ces
avortons (fig. i et 3), les deux bras du lopliophore étaient soudés par
le bord interne où de toutes petites verrues rempdaçaient les tentacules;
Vépistome n'existait pas au-dessus de la bouche. Ces polypides avaient
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
néanmoins un canal digestif complet, remplissant bien ses fonc-
tions, mais réduit proportionnellement au reste.
Les bras du lophophore
des Hippocrépiens peuvent
subir une modification assez
intéressante : c'est l'arrêt de
développement d'un des bras-
Il m'est arrivé fréquemment
de voir des polypides étalés
présentant cet écart organi-
que; le bras avorté ne por-
tait qu'une très petite quan-
tité de courts tentacules ,
tandis que l'autre restait nor-
mal avec des tentacules très
longs. Il y a peut-être là un
acheminement vers la forme
des Rhabdopleura d'Allman.
Sur une Phimatella luci-
fuga de l'Étang de Saint-Hu-
bert près Rambouillet, j'ai
vu un polypide dont tous les
tentacules internes étaient au moins de moitié plus courts que
les externes ; d'autres polypides avaient des tentacules plus
courts que les autres, mais disséminés parmi eux.
En somme, la classification d'Allman ne se base
que sur la présence ou labsence de l'épistome,
puisque le genre Frédéricelle n'est maintenu dans
le sous-ordre des Lophopiens qu'en raison de fé-
pistome ; mais les avortons des Plumatelles privés
d'épistomes conservant le rudiment du lophophore
bilatéral, ce dernier caractère, indiqué d'abord par
les auteurs, doit passer avant celui fournis par l'épi-
tome.
Telles sont les raisons qui nous font revenir à la
classification de Dumortier en la complétant, et
sans tenir compte de l'épistome , le caractère du
lophophore étant suffisant.
Je propose à présent la classification suivante pour les Bryo-
zoaires d'eau douce.
Fig. 1.
6 J. JULLIEN
Class. BRYOZOA Ehrenberg, -1834.
la S. -class. BRYOZOA LOPHOPODA Dumortier, iSSo.
4 a Tribus. B. loph. caduca J. Jullien.
1^ Famil. Pedicellinidœ Hincks, 1880.
Genus Pedicellina Sars. \
— Barentsia Hincks. ' marins.
— Pedicellinopsis Hincks. y
— Urnatella Leidy, \ 851 .
— gracilis Loidy, 18o4. États-Unis.
2^ Famil. Loxosomidœ Hincks^ 1880.
Genus Loxosoma Keferstein, inarin.
2a Tribus. B. loph. perstita J. Jullien.
1* Famil. Plumatellidœ J. Jullien,
Genus P/M/Hrt/e//a Lamarck, 1816.
— reyens Linné, 1758. Europe et Asie (Inde).
— /«ci/'Hj/a Vaucher, 1804. Europe.
— arethusa Hyalt, 1868. États-Unis.
— diffusa Leidy, 1851. États-Unis.
— Aplinii Mac Gillivray, 1869. Australie.
Genus Hyalinella J. Jullien.
— vesicularis Le\dv, 1854. États-Unis.
— ? vitrœa Hyatt, 1868. États-Unis.
2a Famil. Lophopusidœ J. Jullien.
Genus Lophopus Du.movV\ei\ 1835.
— Ti^emhleyi J. Jullien, 1884. Europe,
Genus Pectinatella Leidy ^ 1851.
— viaynifica Leidy, 1851. États-Unis.
— Carteri Hyatt, 1868. Inde.
Gen. Cristalella G. Cuvier, 1798.
— Mucedo G. Cuvier, 1798. Europe.
— Idœ Leidy, 1859. États-Unis.
— ophidioidea Hyail, 1868. États-Unis.
— 't lacustris Potts, 1884. États-Unis.
3a Famil, Rhahdopleuridœ Hincks, 1880,
(îou. [{habdopU'ura Allman. iiiarin.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 7
2^ S.-class. BRYOZOA INFUNDIBULATA P. Gênais, 1837.
la Fam, Pahtdicellidœ Allman. '1836.
Gen. Paludicetla P. Gervais, 1836.
— articulata Ehrenberg, 1831 . Europe et Amérique septentrio-
nale.
— erecta Volls, 1884. Amérique septentrionale.
2^ Famil. Hislopidœ J. Jullien.
G. Norodoniai. Jullien, 1880.
— Cambodgiensis J, .Jullien, 1880. Indo-Chine.
— sinemis i. Jullien, 1880. Chine.
G. Hislopia J. Carier, 18.58.
— lacMstris S. Carter, 1838. Inde.
Pendant que je rédigeais cette Monographie, Leidy, en Améri-
que, a publié une note sur V Umatella gracilis; il a placé son espèce
dans la famille des Pédicellinidées; déplus, il a fait entrer dans
cette famille le genre Loxosoma, de Keferstein. Cependant, les ten-
tacules des Loxosomes sont si petits, si peu développés que je ne
puis admettre qu'avec réserve l'idée du savant américain. Toutes
les espèces de Loxosomes sont marines, elles sont dépourvues de
pédicule vrai ; le leur, faisant partie de la zooecie, périt avec cette
dernière, et ne persiste pas comme celui des autres Pédicéllinides.
C'est pour cette raison que j'ai conservé la famille des Loxosomi-
dées établie par Hincks.
Quant au genre Rhabdopleura d' Allman, je le place à la suite
des Lophopodes persistants, avec lesquels il a de nombreuses
affinités. C'est un Lophopode modifié, comme le genre Fréderi-
celle est une Plumatelle modifiée; je ne trouve point chez cet
animal le motif d'une sous-classe, comme l'ont pensé les auteurs
anglais. Je rejette donc les Pterobranchia de Ray Lankester, aussi
bien que son ordre des Podostomata, comme absolument inutiles ;
ces grands mots sont le résulat de l'ignorance, dans laquelle se
trouve Ray Lankester vis-à-vis des variations des Lophopodes.
Hincks lui-même nous dit que « par la forme du zoarium et pour
divers autres sérieux motifs, ce genre se rapproche du groupe
d'eau douce des Phylactolœmata »; cependant il accepte l'opinion
de Ray Lankester. Une particularité intéressante est que la con-
tractilité du funicule, niée par Allman, mais que j'ai constatée
nombre de fois, se retrouve très énergique dans le genre en ques-
J. JULLIEN
tion, où elle agit absolument seule pour le retrait du polypide
dans la zoœcie.
Classe des BRYOZOAIRES Ehrenberg, 1834.
Animaux possédant : des branchies ciliées affectant la forme de
tentacules oraux, un tube digestif complet, un pied rudimentaire
ou avorté; ils sont renfermés dans des zoœcies soit gélatinoides,
soit chitineuses, soit calcaires, formant ordinairement des colonies
par bourgeonnement.
V° Sous-classe : BRYOZOAIRES LOPHOPODES Dumortier, 1835.
Synonymie: Polypiaria duhia de Blainville, 1834; Polypiaria
hippocrepia P. Gervais, 1837; Polyzoa phylactolœmata AUman,
1856.
Bryozoaires dont la couronne branchiale ou lophophore est gar-
nie d'une double rangée de tentacules, possède la forme d'un fer-
à-cheval plus ou moins régulier, ou bien est ovalaire avec deux
tentacules rentrants.
Bryozoaires lopliopodes caducs.
Bryozoaires lopliopodes dont les zoœcies sont caduques après
la mort du polypide ; la gaîne tentaculaire en est incomplètement
rétractile dans l'ectocyste.
Famille des Pedicellinidées.
Zoœcies charnues, presque globuleuses, dont le polypide ne
peut s'étendre complètement au-dehors pendant son extension,
et ne contenant jamais de statoblastes; elles sont supportées iso-
lément à l'extrémité des branches d'un zoarium simple ou ra-
mifié.
Cette famille comprend les quatre genres : PedicelUna^ Barenû-
sia, Pedicellinopsis et UrnateUa, Le dernier seulement vit dans les
eaux douces.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE <j
Genre URNATELLA Leidy (1851), fig. 4-8.
Zoœcies charnues, campanulées, portées par un zoarium ra-
meux et segmenté.
Urnatella gracilis Leidy (1854).
Fig. 4 à 8.
« Tiges (1) isolées ou groupées par six, fixées à leur extrémité
inférieure par une substance granuleuse de couleur rouge. Seg-
Fig. 4.
(1) Proceedings Acad. Nat. Se. of Philaiielphia, V, p. 321.
10
J. JULLIEN
ments urniformes de 0™"i22o de longueur sur ()'""' 18 de largeur,
devenant plus petits vers les extrémités libres des tiges ; chaque
segment urniforme est transparent, blan-
châtre, avec des stries et des ponctuations
transversales, couleur de terre de Sienne; il
porte de chaque côté, inférieurement, un
processus arrondi, ce sont les restes des
branches antérieures; l'étroit sommet et la
portion inférieure des segments sont bruns
et annelés. L'antépénultième et le pénultième
des segments ainsi que leurs branches sont
oblongs et transparents. Les polypides ont
0"i"^225 à O'^n^iS de long; ils sont campa-
nules, étendus, la bouche est circulaire, leur
diamètre égale la longueur du corps sur-
monté par quatorze tentacules cylindriques,
ciliés et rétractiles.
» Les tiges ont environ 4 millimètres de
long. « (Traduction du texte de Leidy).
Habitat : Face inférieure des pierres dans
les eaux douces :
Rivière Schuyikill dans la ville de Philadelphie (États-Unis),
D»- Leidy.
Lea a découvert V Umatella dans le Scioto
sur une Unio qu'il a donnée au Musée de
Philadelphie.
11 est évident que la seule et unique es-
pèce de ce genre a des rapports très étroits
avec les animaux des autres genres de cette
famille. L'intestin, qui est droit chez les
Pédicellines, est coudé chez les Urnatelles ;
ces dernières possèdent aussi presque le
double de tentacules, mais ces caractères
sont secondaires et ne peuvent être utilisés
ici qu'à séparer les genres. Je suis tout à
fait poussé à croire que l'Urnatelle a la
même disposition de lophophore que les
Pédicellines. Pour moi, l'Urnatelle est une Pédicelline ramifiée,
même développée dans ses différents organes, comme les genres
marins Barentsia et PedicelUnopsis établis par Ilincks.
Fif
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
11
Fig.
Dans sa monographie, AUman a donné, à la page 20, la figure
de la Pedicellina cernua, on y voit le lo-
phophore décrire un croissant hippo-
crépien simple, croissant dépourvu de
tentacules internes, mais dont les bras
ne sont pas soudés entre eux à leurs
extrémités. Les Urnatelles, comme les
Pédicellines , sont des Hippocrépiens
avortés qui n'ont pas la faculté de dé-
velopper complètement leurs tentacu-
les; elles sont même d'une petitesse
très grande comparativement aux au-
tres Hippocrépiens dont elles se rappro-
chent par la disposition du lopliophore
et par la présence de l'épistome.
Je n'ai pas encore eu l'occasion d'étudier des Pédicellines vi-
vantes, et je n'ai pu voir, sur celles
que je possède dans l'alcool, la dis -
position indiquée par Allman; c'est
seulement après l'examen de ses
dessins que j'ai eu l'idée de placer
le genre Umatella parmi les Hippo-
crépiens, malgré la grande simpli-
cité de son organisation si différente
de celles des autres groupes. All-
man, je ne sais pourquoi, l'a placée
parmi les Gymnolœmata.
Leidy vient de publier dans le
Journal de V Académie des sciences
naturelles de Philadelphie une lon-
gue note sur cette Umatella. l\ a
eu les mêmes vues que je viens de
développer et il a ajouté à son texte
une superbe planche dans laquelle
j'ai copié quelques figures (1).
(1) J. Leidy, Umatella r/racilis, a fresli-
water Polyzoan. — Journal of the Acadeniy
of natural Sciences of Philadelphia, (2), IX,
part I. 1881 (avec figures dans le texte et
une planche coloriée), p. 5.
12 .1. .IULLIEN
Bi'yoxoaîres lopliopotîe» persistants.
Bryozoaires lophopodes dont les zoœcies charnues ou cornées
sont persistantes après la mort des polypides. La gaîne tentacu-
laire est complètement rétractile dans l'ectocyste ; les tentacules
sont réunis inférieurement par une membrane délicate.
l'"e Famille. Plumatellidées, J. Jullien.
Zoœcies cornées ou charnues , tubuleuses , constituant des
zoaria de formes variables, mais surtout étalés et rameux, quel-
quefois dendroïdes ; ces zoœcies sont soudées entre elles ou bien
tout à fait libre les unes des autres, sauf à leur point d'origine.
Vers la fin de leur vie on les rencontre ordinairement plus ou
moins remplies de statoblastes dépourvus d'épines marginales;
ces statoblastes sont libres et fixes, ou simplement libres.
Cette famille comprend les genres Plumatella et HyaUnella.
Genre PLUMATELLA Lamarck.
Zoœcies hyalines dans le jeune âge, devenant brunes et cornées
ensuite, tubuleuses, libres entre elles ou soudées, formant par
leur réunion des zoaria rampants ou dendroïdes, ou quelquefois
en amas développés autour et sur les corps étrangers; crête
anale (1) plus ou moins évidente, ordinairement transparente, et
formant arête; lophophore hippocrépien , et quelquefois ovale;
statoblastes libres, ou libres et adhérents, presque toujours abon-
dants.
Plumatella repens Linné, 1758.
Fig. 1 à 3 et 9 k 84.
Zoœcies subclaviformes, à sections transversales ordinairement
(1) Je donne le nom de crête anale à cette saillie plus ou moins constante à
laquelle Allman a improprement donné le nom de sillon (Furrow et Keel). Quand
elle existe, elle est toujours située sur la région frontale de la zoœcie; son point de
départ se trouve à la région postérieure; elle se termine constamment à la place
occupée par l'anus pendant l'expansion du polypide. C'est grâce à elle qu'Allman
a si magnifiquement multiplié ses diagnoses, et, qu'avec quelques autres caractères
illusoires, l'auteur anglais dépassant d'Orbigny a fait deux genres et dix espèces
avec le même animal.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
13
triangulaire ou subcylindrique, avec ou sans crête anale; quand la
crête anale existe, elle est simple ou bifurquée; si elle est simple,
elle se termine à l'orifice qu'elle entoure comme
une bague et aboutit à l'anus; elle se dirige en
arrière en suivant la ligne médiane de la ré-
gion dorsale de la zoœcie, sur laquelle elle a
commencé ; si elle est bifurquée, elle se termine
de la même manière, mais les branches de la
fourche naissent en arrière de chaque côté de
la zoœcie, puis se réunissent bientôt pour former
une ligne aboutissant a l'orifice ; enfin il arrive
très souvent qu'on rencontre des zoœcies qui sont subcylindri-
ques sans trace de cette crête. Ces trois formes zoœciales exis-
tent séparément sur certaines colonies et sont
mêlées sur d'autres. Zoaria, soit filiformes, rami-
fiés, rampants et adhérents donnant quelquefois
naissance à des branches libres, soit en amas
plus ou moins volumineux, atteignant quelque-
fois le volume du poing, étalés sur les corps
immergés ou encore formant autour des tiges
de bois ou de fer des anneaux complets aplatis
sur leurs bords; ces amas se rencontrent égale-
ment sur les tiges délicates des Potamogeton
natans, où ils atteignent souvent de sept à vingt
centimètres de longueur, sur un à un centimètre
et demi de diamètre.
Sur 50 polypides bien constitués, et pris au hasard chez diverses
colonies, le nombre des tentacules a varié dans
les proportions suivantes :
44 tentacules.
45 —
46 —
47 —
48 —
49 —
50 —
51 —
52 —
53 —
\ fois
3 —
3 —
<o
3
18
9
6
3
Fig. 11.
Comme on le voit, ce nombre est excessivement variable, puis-
14
J. JULLIEN
qu'un tiers environ seulement peut être considéré comme type
principal avec 50 tentacules, que le second tiers en possède plus
de 50 et le troisième moins. Mais je n'ai jamaiis vu, en aucune
circonstance, un polypide porter les soixante tentacules annoncés
parles auteurs, depuis Gervais jusqu'à Allman. Il est impossible
de les compter dans leur position normale, à moins qu'ils ne
soient étalés de face, qu'on domine l'orifice buccal ; on les compte
au contraire facilement en décollant le zoarium avec une aiguille
et en l'observant renversé dans un verre démontre où on a versé
quelques gouttes d'eau limpide.
Sur deux polypides à bras loplioplioriens inégaux, il y avait 40
et 44 tentacules : sur celui avec 40 tentacules, un bras en portait
11 et l'autre 20; celui qui en avait 44 en portait 19 d'un côté et
25 de l'autre, les tentacules étaient plus courts sur la branche
avortée; sur l'autre ils étaient très inégaux, quelques-uns dépas-
sant leurs voisins d'un tiers de leur longueur.
Fig. 12.
Fig. 15.
Un polypide avorté ne portait que 17 ou 18 tentacules, alors
que sur ses congénères on en comptait de 49 à 52 ; il offrait cette
particularité d'avoir les deux branches du loidiopliore soudées par
leur bord interne. Cette anomalie était accompagnée de l'arrêt
de développement des tentacules internes, qui ne se montraient
plus que sous la forme de petites verrues peu nombreuses, sur
l'espèce de crête formée par les branches du lophopliore; je n'ai
pu découvrir l'épistome sur ce polypide (1).
Sur des polypides résultant de l'éclosion de deux statoblastes,
le 11 avril 1884, j'ai pu compter 31 et 33 tentacules.
Rœsel donne sur ses dessins 52 tentacules à un polypide de la
planche 75, et 56 à un autre polypide de la planche 74; Allman en
a dessiné 39 et 43 à sa Plumatella repens ; Van Beneden pour VAl-
(1) Le 31 mai 1885, j'ai trouvé dans l'étang de Villcbon, près Paris, une colonie
développée sur un petit caillou. Un des polypides ne portait que 14 tentacules
disposés en forme de Frédéricelle; il était mêlé à des polypides réguliers; je n'ai
pu mallieiircu.^enicnt ni'sssurer de l'existence ou de l'absence de l'épistome.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
15
Fig. 16.
cyonella stagnorum en indique 42 à 46 dans l'espèce qui a servi à
ses études; il ajoute qu'il en a vu de 50 à 60, et que le nombre
des tentacules lui paraît très variable.
Le calyce qui garnit la base des tentacules
ne peut servir aux diagnoses d'une espèce,
comme Allman l'a pensé ; l'insertion de cet
organe varie non seulement sur les polypides
d'une même colonie, mais encore sur le même
polypide, où il n'est pas toujours identique
sur tout son pourtour. Il est d'ailleurs difficile
à étudier.
L'estomac est rayé longitudinalement de jaune foncé sur un
fond jaune pâle dans les beaux exemplaires, mais cette nuance
peut s'amoindrir et devenir simplement laiteuse sur des échan-
tillons dégénérés.
Les statoblastes
sont ovales, guère
plus longs que lar-
ges ; leur taille et
leur forme varient
d'un polypide à l'au-
tre et même cliez un
seul polypide. Ils
sont formés de deux
valves dont la supé-
rieure est plus apla-
tie, avec l'aréa cen-
trale plus étroite que
chez l'inférieure.
D'après Meyer, Van
Beneden et Allman
les embryons ciliés
de cette espèce don-
nent d'emblée nais-
sance à deux poly-
pides jumeaux.
Cette Plumatelle
est répandue dans
toute la France, elle abonde dans beaucoup d'eaux dormantes ou
d'un cours peu rapide. Aux environs de Paris je l'ai rencontrée :
— à l'étang de Brise-Miche près Ghaville, sous les feuilles et sur
les pétioles de Nymphœa alba, le 24 août 1884; les exemplaires y
Fig. 17-47.
16
J. JULLIEN
étaient peu abondants et assez petits, à peu près, mais non com-
plètement, dépourvus de crête anale; zoarium rampant et ramifié,
/;c=5;^ ^r:^ ^ . ,<=5n ^-^ non arborescent.
— A l'étang de La
Tour, près Ram-
bouillet ( Seine -
et-Oise), sous les
feuilles de Nym-
phœa alha, le 17
août 1884 ; des
statobl aste s ,
ayant déjà subi
un certain déve-
loppement sont
entrouverts dans
le tube de l'endo-
cyste, l'un a ses deux valves séparées ; un autre, qui n'est qu'en-
tr'ouvert d'un seul côté, pirouette dans le sens de la fente sans
s'arrêter, rien ne dépasse les valves et on ne distin-
gue pas le détail du contenu. Les zoaria sont super-
bement ramifiés à la surface inférieure des feuilles
et les zoœcies sont dépourvues de crête anale. —
A l'étang de Saint-Cucufa dans la forêt de Marly, le
7 septembre 1884; sous les feuilles de Nymiyhœa^on
rencontre de jolies Plumatelles largement développées avec des
Fig. 48-62
Fig. 63
"^"5 .<
Fis. 61.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE
17
statoblastes, mais je n'y ai pas vu de testicule en activité; il y
avait seulement dans la cavité périgastrique des spermatozoïdes
immobiles, peut-être morts, qui étaient agités par les courants
intérieurs. — Dans le lac d'Enghien, qui n'est qu'un étang, elle
est très abondante sur les murs submergés, sur les grilles en fer
qui séparent les eaux du lac des fossés des parcs voisins, elle est
là à fleur d'eau sous forme d'Alcyonelle ; près du pont de Saint-
Gratien, sur les bois
des fascines , qu'elle
recouvre parfois en-
tièrement sur toute
leur longueur, elle s'y
présente sous toutes
les formes, alors ces
immenses colonies
sont le résultat de
l'enchevêtrement et
de la diffusion des co-
lonies produites par
l'éclosion, sur la mê-
me branche d'innom-
brables statoblastes
libres ou iixes, visi-
bles encore au com-
mencement des zoœ-
cies d'origine. Sous
les pierres de petite
dimension et sous les
débris de bouteilles,
de briques, de verre,
de chaussures, etc.,
on la voit former de
petites colonies ram-
pantes et ramifiées
sur lesquelles on voit quelques rares branches devenir libres de
toute adhérence; là elles ont le même aspect que les colonies si
communes sous les feuilles des Nymphœa. — Au Champ-des-
Biens à Orgeval, je l'ai rencontrée sous les feuilles de Nymphœa
dans un très-grand vivier de jardin ; une de ces colonies avait
pris la forme d'Alcyonelle, elle formait sous la feuille une sorte
de massepain abords aplatis ; les autres colonies étaient de forme
Fig. 65.
18
J. JULLIEN
normale. Je l'ai encore rencontrée dans des mares à Alfort, sous
forme d'Alcyonelle sur des branches mortes. P. Gervais et Van
Beneden, Raspail et beau-
coup d'autres l'ont aussi
signalée aux environs de
Paris.
Dans les montagnes du
Charollais et du Brionnais
(Saône-et-Loire) , je l'ai
> trouvée partout ; cette
montagneuse région est
couverte de prés , les
bœufs en broutent l'herbe
pendant toute la belle sai-
son, aussi est-on obligé
de creuser dans chaque
pré une fosse qui sert
d'abreuvoir, l'eau s'y re-
nouvelle facilement, elle
y est ordinairement très
limpide, et garnie de di-
verses plantes, surtout de
PotamogétonSjde Macres,
etc. ; les parois sont le
plus souvent des murs en pierres sèches à travers lesquelles pas-
sent les racines des arbres riverains, chêne, aulne', noisetier,
églantier, etc. Les grands étangs, les ri-
vières, les torrents, les ruisseaux abon-
dent, dans les fonds de ces coteaux de
granit rose sur lesquels s'étalent les ro-
ches jurassiques. Aussi la Plumatella re-
pens trouve-t-elle de quoi pulluler dans
ces eaux si riches en matériaux de toutes
sortes, où l'on trouve des myriades d'In-
fusoires.
Ainsi je l'ai pêchée dans la Reconce à
Charolles et à Varennes-sur- Reconce ;
dans l'étang du Verdrat près Charolles;
à Saint-Christophe en Brionnais dans les
mares qui sont derrière les Eaux miné-
Fig. 67. Fig 68. raies, dans le grand étang de Saint-Chris-
Fig. 66.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
l'J
tophe, dans les mares du hameau de Fougères, du hameau de
Tréhi, du hameau de Ponay, dans les étangs de Bataillis, de Loury,
des Sertines, de la Clayette, etc. , etc. Enfin je l'ai rencontrée, sous
forme d'Alcyonellc sur une branche morte, dans la Loire près
de Bourbon-Lancy.
Risso et Paul Gervais l'ont signalée dans le midi de la France.
A l'étranger on l'a rencontrée depuis les Orcades jusqu'en
Russie, où il est peu probable qu'elle se soit arrêtée aux Monts
Oural; et depuis la Suède jusqu'en Italie et aux Pyrénées; elle
est certainement beaucoup plus étendue encore.
Carter prétend l'avoir trouvée dans l'Inde près de Nagpoor.
Notre collègue M. Chaperm'a donné
deux Unio rapportés par lui de l'é-
tang de Darodji, qui se déverse dans
la Tungapatra, affluent de laKistna,
Présidence de Madras, district de
Bellari (décembre 1882), sur les co-
quilles desquelles existent des sta-
toblastes fixes très semblables à
ceux de notre espèce ; cette obser-
vation pourrait bien fortifier celle de
Carter, mais elle n'est point suffi-
sante pour fixer la question. Il fau-
drait étudier l'animal tout entier.
Elle se plaît dans les lieux ombra-
gés, mais non pas obscurs , on la
trouve sous les corps immergés et
quelquefois aussi sur eux cela tient
à la légèreté des statoblastes qui
s'arrêtent dans leur ascension, là où
un corps rigide peut les fixer, mais
la colonie peut très bien avoir des
rameaux supères et d'autres infères.
Elle est fréquente sous les feuilles
de Nénuphars, de Potamogeton natans et P. crùpus. de Trajoa
natans, dCAlisma plantago, sur leurs tiges et sur leurs pétioles, sur
les bois morts, sur les pierres, sur les herbes aquatiques et sur
tout ce qui est immergé et solide. On doit la chercher de préfé-
rence au-dessous des changements possibles de niveau dans les
étangs, les mares, les rivières.
Elle varie à l'infini de taille et de forme. Ici, elle atteindra la
20
J. JULLIEN
forme d'Alcyonelle, à côté elle gardera celle de Plumatelle, bien
malin celui qui dira pourquoi ; mieux encore, dans certaines mares,
dans certaines étangs, les colonies auront un tel aspect qu'on
croira avoir une espèce distincte et qu'on fera comme Allman
Fig. 70.
dix espèces avec la même. Certes, le savant Anglais avait sûre-
ment bien travaillé la question et il croyait bien la tenir, quand
Fig. 71.
il a publié sa Monographie des Bryozoaires d'eau douce ; il s'est
trompé quand même d'une façon lamentable, car aucun de ses
caractères ne peut être conservé. Passons les en revue :
MOxXOGRAPHlE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
21
Zoœcies. — Leur forme est très changeante, surtout quand le
polypide vit encore à l'intérieur, elles peuvent être subcylindriques
ou claviformesouurcéolées; cela dépend seulement du contenu et
du moment de l'observation, dans certains exemplaires elles for-
ment les trois quarts d'un cylindre porté sur une base plate, ailleurs
elles sont triangulaires; elles peuvent se souder entre elles ou
rester libres; elles peuvent ramper bout à bout comme elles peu-
vent former des rameaux libres. Ces différents états peuvent se
rencontrer fsur les mêmes colonies. Le diamètre est encore très
variable. Aliman nous signale que la forme alcyonelle ne se ren-
Fig. 72.
contre jamais en Irlande tandis que la forme plumatelle y abonde,
ce n'est pas une raison suffisante pour en faire une espèce à part,
quand on trouve tous les intermédiaires entre l'Alcyonelle et la
Plumatelle ordinaire. Seulement il faut savoir que, à tel endroit,
les zoœcies auront une forme, à tel endroit elles en affecteront
une autre, et qu'ailleurs la même colonie présentera des zoœcies
réunissant toutes les variétés précédentes, détruisant ainsi leur
spécificité.
9->
J, JULLIEN
Fi", -n.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
23
Fig. 74.
Zoœcies jumelles. — Van Beneden et AUman ont trouvé extraor-
dinaires les formes qu'ils ont nommées Alcijonella ftabelhcm et
Plumatella jugalis iparce que le zoarium commence
par deux zoœcies jumelles, or cette disposition
s'observe sur toutes les variétés de Plumatella rc-
pens; je l'ai également observée sur la Plumatella
lucifuga. Cette disposition paraît naturelle quand
le zoarium naît d'un œuf et non d'un statoblaste ;
l'œuf contient une larve ciliée donnant naissance
à deux polypides jumeaux, il faut bien que ces
deux polypides se logent séparément, il en résulte
Isi Plumatella jugalis qui devient V Alcyonella flahel-
lum si les zoœcies se soudent. Sur ces zoaria on ne
trouve jamais d'écaillés de statoblastes parce qu'il
n'y en a jamais eu.
Les zoœcies jumelles ne peuvent donc pas servir de caractère
spécifique.
Crête anale. — AUman a donné à cette crête les noms de sillon
et de carène (Furrow and Keel), je préfère à
ces noms ceux de crête anale parce que l'anus
est toujours son point de terminaison et
qu'elle oriente la disposition du polypidedans
le tube zoœcial. Grâce à ce rapport, nous af-
firmons que la figure, placée par Allman sous
le n° 6 de sa planche 7 est tout-à-fait erro-
née, le dessin en est mauvais. Cette crête
existe ou n'existe pas, et son existence n'est
pas non plus un caractère spécifique puis-
qu'on la voit sur des colonies où certaines
zoœcies en sont privées. Je ne l'ai point vue
sur les Plumatella repens du lac d'Enghien, de
l'étang du Verdrat, de la Loire; dans beau-
coup de mares toutes les zoœcies la possèdent dans beaucoup
d'autres (comme à Saint-Gucufa) les zoœcies sont toutes mélan-
gées, les unes sont presque cylindriques, les autres avec une crête
anale simple et transparente, d'autres avec une crête anale four-
chue à son origine sur le fond de la zoœcie, également trans-
parente, enfin il y a des zoœcies qui portent une crête simple
dépourvue de toute transparence.
Statoblastes. — Voici à présent des corps particuliers, des bour-
geons, comme dit Allman, entourés par une coque chitineuse
Fig. 75.
24
.T. .IULLIEN
séparée en deux valves que réunit et consolide un anneau de
même nature qui ferme les bords; mais ces statoblastes sont très
variables de forme, depuis les circulaires jus-
qu'à l'ovale le plus prononcé, et on trouve faci-
lement des échantillons divers dans une même
colonie. C'est donc un caractère qu'il ne faut em-
ployer qu'avec une certaine prudence ; on peut
juger sa valeur en comparant les dessins de
Hyatt et les nôtres.
Calice. — Allman a cru pouvoir tirer de cet
organe de bons caractères, il a desssiné ce qu'il
a cru voir, car il m'a été impossible de retrouver
ses croquis. Je noterai en passant que cet organe
est d'une étude délicate, et que sa disposition
varie constamment par les mouvements des ten-
tacules. Cependant j'ai constaté que non seulement il était va-
riable sur les divers polypides d'une même colonie, mais encore
sur les divers points de la même couronne
tentaculaire. Alors quel caractère spé-
cifique peut-on espérer tirer de là ?
Taches blanches de Vendocyste. — Ces
taches d'un blanc bleuâtre, quand on les
voit à la lumière incidente , paraissent
jaunâtres à la lumière transmise; l'acide acétique les fait dispa-
raître sans effervescence. Ordinairement on les voit dispersées
sur l'endocyste de la gaine tentaculaire, ce n'est
qu'exceptionnellement qu'il s'en trouve sur l'esto-
mac lui-même, et sur le funicule si volumineux
qui fait suite aux corps bruns, ainsi que je l'ai
observé, sur la Plumatella repens de l'étang du Ver-
drat, le 19 septembre 1883. Ces taches sont souvent
absentes et leur excès n'est pas admissible pour
caractériser une espèce, comme Hancock l'a pensé
et Allman après lui.
Ainsi se trouvent élagués tous les caractères
établis par Allman avec un talent apparent qui en
impose, mais qui ne résiste pas à une étude atten-
tive de ces animaux.
Synonymie. — Comme conséquence de ce qui vient d'être dit,
je vais établir la synonymie de la Plumatella repens telle qu'elle
doit être :
Fig. 7-
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE
25
Ttibipora repens Linné. 1758.
Tubularia fungosa Pallas, 1768.
Spongia lacustris Schmiedel.
Leucophra heteroclita Millier.
Alcyonium fluviatile Bruguière, Bôsc,
Laraouroiix.
A Icyonella stagnoram Lamarck, Schweig-
ger, Lamouroux, Meyen, Ehrenberg,
Blainville, Carus, Duraortier, Teale,
Johnston, Siebold.
A Icyonella fluviatilis Raspail. P. Gervais .
Plumatella campanulata var. dumetosa
P. Gervais.
Alcyonella fungosa van Beneden, Du-
mortier et Van Beneden, Allman.
Alcyonella anceps Dalyell.
Alcyonella gelatinosa Dalyell.
Polype à panache P. Gervais.
Alcyonella lienedeni Allman.
Alcyomlla flabellum Van Benedon, All-
man.
Corallenartiger Kamm^olyp Sehaffer.
Tubularia repens Millier, Gmelin, Turton.
Der polyp mit dem Feder-busch Eichorn.
Alcyonella, Icrtius cvolutionis gradus
Raspail.
Plumatella repens Lamarck, Blainville,
Dumortier, Johnston, Fleming, P. Ger-
vais, Allman, Thompson, Dalyell.
Plumatella campanulata Van Beneden,
Lamarck , Schweigger , iBlainville ,
Risso. P. Gervais.
Federbuscli-polyp Rœsel.
Tubularia gelatinosa Pallas.
Tubularia campanulata Blumenbach ,
Gmelin.
Tubularia reptans Turton.
Naisa campanulata Lamouroux
Plumatella punctata Hancock, Allman.
Plumatella coralloides Allman.
Plumatella emarginata Allman.
Plumatella elegans Allman.
Plumatella Dumortieri Allman.
Plumatella jugalis Allman.
Voilà pour le coup une synonymie qui fera réfléchir les débu-
Fig. 79.
Fig. 80.
26 .1. JULLIEN
tants et beaucoup d'autres; elle prouve que l'étude des Bryo-
Fig. 81.
Fiff. 82.
iioaires d'eau douce n'est pas ce qu'il y a de plus facile, au
moins pour ce qui regarde la Plumatella repens.
Fis. 83.
Fig. 84.
Cette espèce ne produit pas de Frédéricelle.
Plumatella lucifaga Vaucher, 1804.
Fig. 8.5 à 125.
Zoœcies tubuleuses, augmentant de diamètro depuis le cora-
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE
•27
mencement de la zoœcie jusqu'à l'extrémité; à sections transver-
sales toujours triangulaires, jamais subcylindriques ni cylindri-
Fi-. 8Ô
Fig. 80.
ques; toujours avec une créùe anale simple et dépourvue de
transparence, l'extrémité zoœciale est ordinairement liyaline et
renflée plus ou moins. Les zoaria formés par ces
zoœcies sont comme toujours très variables :
1° souvent ils sont rampants, chaque zoœcie adhé-
rente sur moins de la moitié de sa longueur, la
portion libre toujours beaucoup plus longue et
beaucoup plus grêle que dans la Plumatella repens,
ces zoœcies ne fournissent pas de branches ; 2o d'au-
tres fois, il riait quelques rameaux qui sont formés
seulement par un petit nombre de zoœcies, et si une
de celles-ci touche un corps résistant, elle s'y fixe
et produit une nouvelle portion rampante ; 3° il y a
des zoaria disposés comme au n'^ 1 mais dont quel-
ques zoœcies produisent de petites branches formées par quatre
ou cinq zoœcies seulement autour des branches, les autres
ramuscules coloniaux sont rampants :
4° on voit quelquefois des zoaria sur
lesquels des zoœcies deviennent im-
menses, leur côté est orné de trous
arrondis disposés sur une seule ligne,
ces trous sont tout ce qu'il reste de
zoœcies charnues qui ont disparu, mais
V'v^. 8"
Firr. K.-<.
28
J. JULLIEN
dont la dernière peut être encore en place au moment de l'obser-
vation; cette forme est l'une des plus curieuse
de cette espèce, je croyais avoir trouvé là
une espèce nouvelle mais les zoœcies ram-
pantes ne lui ressemblaient guères ; j'ai'
compté jusqu'à douze de ces trous sur une
même zoœcie, ce bourgeonnement est exces-
Fig. 89.
Fi,::. 90.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE
sivement curieux ; 5^ enfin le zoarium peut aussi être dendroïde
OU frutescent , alors il naît d'un statoblaste et ce n'est que la
zoœcie de ce statoblaste qui adhère au support ou encore quel-
ques-unes des zoœcies suivantes, leur nombre est toujours très
restreint; il y a des zoœcies qui forment des touffes libres de la
taille d'une belle noix, entièrement supportées par une seule
zoœcie; ces zoœcies se rencontrent ordinairement sous les pier-
Fig. 92.
res, mais j'en ai aussi trouvé sur ces dernières, plantées droit
comme un arbre ; je n'en ai pas trouvé qui aient plus de 22""» de
hauteur, c'est celle de mes plus beaux exemplaires de Bourgogne.
Vaucher attribue à cette espèce les nombres 25 et 32 pour les
tentacules du lophophore ; mais il n'y a pas de Frédéricelle avec
2o tentacules, personne n'en a signalé autant, x\llman seul en
30
J. JULLIEN
signale 24; le nombre 32, quoique excessivement faible, ne se
rapporte qu'à une Plumatelle. La Tuhularia repens, du même
auteur, me paraît être la forme
stricta d'Allman , mais les grains
arrondis et aplatis qui représen-
tent les statoblastes me semblent
bien extraordinaires. Comme Linné
avait déjà employé le nom de re-
pens, j'ai dû conserver le nom de
lucifvga pour notre seconde espèce
de Phcmatella, bien que les des-
criptions de Vauclier, auquel La-
mouroux attribue une grande sa-
gacité, soient absolument incom-
plètes et un tant soit peu erronées.
Sur trente et un polypides bien
constitués et pris au hasard, le
nombre des tentacules a varié dans
les proportions suivantes :
42 tentacules 6 fois
43 — 2 —
44 — M —
46 — i —
47 — 1 —
50 — -1 —
51 — 4 —
53 — 2 —
54 — 3 —
Fig. 93.
Sur un polypide à lophophorc irrégulier, un des bras portait
Fig M.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
31
19 et l'autre 22 tentacules, soit un total de 41, il y avait un épis-
tome au-dessus de la bouche.
Fig. 95.
Trois polypides privés d'épistomes m'ont offert 40, 37 et 21 ten-
tacules. Ces chiffres de 40 et de 37 sont vraiment bien élevés pour
cette anomalie, qui est
d'ailleurs assez fréquente
sur les colonies, et corres-
pond ordinairement à une
diminution des tentacules.
Enfin, chez la Frédéri-
celle sultane, qui n'est
qu'une monstruosité de
cette Plumatelle, il y a de
19 à 24 tentacules ; All-
man en donne 24, je les ai
rencontrés sur des Frédé-
ricelles de l'étang de Ville-
bon (bois de Meudon) ; Van
Beneden en a compté de 20
à 22. Deux jeunes poly-
pides sortant de leurs sta-
toblastes n'en portaient
que 15. Remarquons ici
que la Frédéricelle porte
à peu près juste moitié des
tentacules de la Pluma-
telle. Les Frédéricelles, comme les Plumatelles, sont pourvues
d'épistome.
Le calyce des tentacules est aussi variable ; dans la même colo-
nie je l'ai trouvé siu^ple et non festonné sur quelques polypides,
Fig. 96.
32
J. JULLIEN
sur un petit individu chaque godet se terminait en pointe à son
milieu comme une baleine de parapluie ; ces godets sont plus
ou moins saillants.
Fis;. 97.
Fis. 100.
Les statohlastes de cette espèce sont toujours très allongés et
ovales, la valve supérieure est aplatie, l'inférieure est concave;
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
33
elles sont réunies par un anneau, quand elles atteignent leur par-
fait développement, alors sur la valve supérieure cet anneau
celluleux laisse au centre un espace très petit, taudis qu'il est
PHH
Fi.s. 101.
Fig. 102.
FiL'. 103.
beaucoup plus étendu sur la valve inférieure. Ces statoblastes
sont d'un brun foncé et l'anneau est plus pâle, ce dernier ne se
développe pas chez les Frédéricelles.
D'après Allman, les embryons ciliés de la Plumatella hccifuga
ne donnent naissance qu'à un seul polypide ; cependant, j'en
possède des colonies à formes jugales qui ne peuvent pas, je crois.
Fig. 104.
Fig. lOG. Fig. 105.
Fig. 107.
se produire autrement que par deux polypides jumeaux.
La Frédéricelle sultane ne constitue pas un genre distinct, elle
est un arrêt de développement de la Plumatella lucifuga ; nous
croyons pouvoir l'affirmer pour les raisons suivantes :
1° 11 est impossible de ditlerencier les deux zoaria si on ne voit
pas les tentacules ou les statoblastes ; et encore on peut mettre
ces derniers de côté, car on en trouve d'identiques, c'est-à-dire
privés d'anneau, chez la Plumatella lucifuga.
'1" Le zoarium présente les mêmes variétés que celui de la
34
.1. JULLIEN
Fig. 108.
Plumatella lucifurja; daus celle où il se développe sur une zoœcie
plusieurs bourgeons la-
téraux, ils sont égale-
ment tous tournés du
même côté, mais ils sont
un peu moins serrés.
Van Beneden nous
dit que le polypide se
subdivise d'une ma-
nière irrégulièrement
bifurquée, mais pres-
que toujours en dou-
blant ses rameaux du
même côté; il a vu par
conséquent la variété
dont nous parions.
3" On rencontre quel-
quefois (Reconce près
Gharolles, Septembre
1883) la Plumatella lu-
cifuga et la Fredericella
sultana mêlées dans une seule touffe. Croyant avoir affaire à la
Plumatella, je commis la faute de
ne pas détacher au ciseau le
morceau de pierre, qui portait la
petite toufle, pour voir le point
ou les points d'origine ; ce groupe
était tout seul sous les pierres
d'un petit mur de soutien de trois
ou quatre mètres de long. Le
mélange de ces deux espèces dans
cette solitude ne paraît-il pas
extraordinaire ?
4° Le lophophore est ovale et
non pas circulaire comme on l'a
dit jusqu'à présent pour la Fré-
déricelle d'Europe, moi du moins
je ne l'ai jamais vu autrement, et
de profil il affecte la forme des
Ilippocrépiens. Il est hippocrépien quand il sort de la gaîne ten-
taculaire ; une fois développé, il est légèrement réniforme, le
Fig. 109.
MONOGRAPHIE DES RKYOZOAIRES d'eAU DOUCE
35
creux du liile placé derrière l'épislome ; cette disposition réni-
forme s'accentue davantage quand le lophopliore s'incline du côté
opposé. Van Beneden a, lui aussi, reconnu cette disposition du
lophopliore chez la Frédéricelle; il dit que « les tentacules sont
disposés en entonnoir, mais d'un côté ils sont plus allongés que
de l'autre ; cette inégalité dans la longueur est un passage vers
les Polypes à panache en fer-à-cheval. Dans les jeunes individus,
outre l'inégalité dans la longueur, on aperçoit quelques tenta-
cules en dedans du cercle du côté où se trouve la lèvre (épis-
tome)»; disposition que j'ai parfaitement vérifiée à mon tour.
AUman n'avait donc pas besoin d'épistome pour placer cet animal
à sa place, puisqu'il est positivement hippocrépien ; mais je dois
reconnaître que cette disposition est encore très variable.
5° Les statoblastes de Fredericella ne sont pas tous réniformes
comme Van Beneden et Allman
les ont dessinés, il y en a qui
sont absolument ovales (comme
quelques-uns de ceux de Plu-
matella lucifuga) et d'autres
sont très allongés avec un con-
tour quadrilatéral à angles ar-
rondis. Ils sont toujours pri-
vés de l'anneau extérieur des
Plumatelles, encore par arrêt
de développement.
Leur coloration a lieu abso-
lument comme chez les Pluma-
telles.
6° Jusqu'à présent je n'ai pu
rencontrer de Plumatella luci-
fuga dans les étangs pourvus
de Fredericella suUana , cela
tient-il à la nourriture que fournit l'étang, ou au milieu am-
biant? Une seule fois, il m'est arrivé de les trouver intimement
mêlées en une petite touffe, sous les pierres d'une rivière où elle
était unique, loin autour d'elle. Fait excessivement rare et très
important, reconnu déjà par Van Beneden.
Tels sont les motifs pour lesquels je repousse la légitimité du
genre Fredericella; je n'admets pas davantage les espèces améri-
caines de Leidy et de Hyatt parce qu'elles me paraissent se
rapporter aux Plumatellidées du pays.
36 J- JULLIEN
La Synonymie de cette espèce doit donc s'établir ainsi
Tubularia lucifuga Vaucher (1804;.
Plumatella lucifuga J.aniarck, Blainville.
Naïsa repcns Lamouroux.
Naïsa lucifuga Lamouroux, Deslong-
chanips.
Plutnatclla frulicosa Allnian.
Fis. 111.
Fi,2;. 112.
l'IiDnalella Allmani Hancock.
Plumatella repens Van Benedcn.
PluinntcUa stricta Allnian.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
37
Et pour sa monstruosité
? Tubulariu coralloides Pallas {I76S).
Tubalaria sultana Blumenbach (1777),
Laniouroux.
Naïsa sultana Lamouroux^.
Plumafella geldtinosa Fleming. Johnston.
Bifflugia proteiformis Meyen.
Plumatella sultana Dumortier, Johnston.
Fredericella sultana P. Gervais , van
Benedcn , Thompson ,
Allman, Johnston, Du-
mortier et van Benedcn,
Hancock.
Fredericella dilatata Allman.
La Plumatella lucifuga est loin d'être aussi facile à se procurer
que la Plumatelta repens, il y a des localités où on ne trouve
qu'elle, il y en a où elle se trouve avec la PL repens, mais plus
rarement, enfin il y a des points où la lucifuga est plus abondante
que la repens; il est toujours plus facile d'avoir
la seconde que la première. Cette espèce est
plus difficile à trouver parce qu'elle se cache
mieux que l'autre; ordinairement elle vit à
une plus grande profondeur, sous les pierres;
on la rencontre assez fréquemment sous les
bois flottants, et d'autres fois sous des feuilles
de Nymphœa et de Potamogeton, ce qui est
l'exception. La forme Frédéricelle a les mêmes
habitudc^è, j'ai constaté qu'elle pouvait en outre vivre en plein
soleil (mare de Fougères, près Saint-Christophe-en-Brionnais
(Saône-et-Loire) et étang de Villebon, dans le bois de Meudon,
près Paris.
Cette Plumatelle a été découverte dans le Rhône par Vaucher
en 1804, mais Blumenbach l'avait déjà rencontrée en 1777 près de
Gœttingen à l'état de Frédéricelle. Mal étudiée
jusqu'à présent, elle est cependant commune dans
nos eaux douces, et je la crois aussi répandue que
la Plumatella repens dans les ditférents pays d'Eu-
rope.
En France, je l'ai découverte aux environs de
Paris : à Chaville, dans l'étang de Brise-Miche, //^
sous les pierres de la vanne et sur les feuilles
du Potamogeton crispus, où elle afleclait la forme de Plumatella
stricta, et celle à bourgeonnement latéral linéaire; j'y ai recueilli
une colonie jugale qui ne peut s'expliquer que par une larve
ciHée à deux bourgeons jumeaux. J'ai aussi trouvé, sous les
feuilles de Nymphœa de cet étang, quelques belles colonies de
Plumatella repens et quelques petites colonies de lucifuga à forme
^
38 .T. .TULLIEN
rampante ou stricta. Pas une seule Frédéricelle dans cet étang.
— Elle existe à l'étang de Saint-Hubert près Rambouillet, mais
y est peu abondante, je l'ai retirée d'une profondeur de près d'un
mètre, sur la face inférieure de pierres éboulées à la chaussée
de Pourras; c'était des zoaria de petite taille rampants d'abord,
puis fournissant de distance en distance de petits rameaux : pas
de Frédéricelle dans cet étang. — On la trouve dans l'étang de
Saint-Cucufa de la forêt de Marly, près de Bougival; bien que cet
étang renferme énormément de Nénuphars blancs, aucune des
feuilles que j'ai examinées n'en portait trace, elle existait cepen-
dant sous les écorces flottantes de Peuplier, sous les bois flot-
tants , où elle formait des colonies rampantes
portant quelques rameaux. — J'en ai encore
rencontré quelques rares exemplaires à l'étang
des Moës près le Mesnil-Saint-Denis (S.-et-O.), le
18 août 1884, elle rampait sous les feuilles de
Potamogeion natans, puis par ci, par là, fournissait
des jets de '.deux ou trois zoœcies; sous une
feuille j'ai récolté une petite colonie non ram-
pante et parfaitement ramifiée. Là encore pas de Frédéricelle. —
Au Champ-des-Biens , près Orgeval (S.-et-O.), je l'ai trouvée ex-
cessivement abondante dans un grand vivier, sous des feuilles de
Nénuphar, tandis que la Plumatella repens y était très rare, mais
il faut considérer ce fait comme une exception; les zoaria étaient
arborescents et naissaient de quelques zoœcies rampantes. Tou-
jours pas de Frédéricelle.
Dans le lac d'Enghien et dans l'étang de Villeneuve, près Gar-
ches, à l'extrémité du parc de Saint-Gloud, j'ai trouvé des Frede-
ricella sultana, mais pas de Plumatella lucifuga. Cette variété gar-
nit, de ses jolis petits buissons, les
pierres, les brindilles et tous les corps
solides où elle peut se fixer; elle de-
vient superbe dans le lac d'Enghien où
j'en ai recueiUi de magnifiques colonies; dans l'étang de Ville-
neuve, près Garches, j'ai vu des pierres en porter sm' plus de dix
centimètres de longueur. C'est aussi la forme de cette Plumatelle
à l'étang de Villebon, près Paris; elle y croît en plein soleil, sur
les cailloux du bord.
Van Beneden et P. Gervais l'avaient déjà découverte à Enghien
en 1838. P. Gervais l'a aussi trouvée à l'étang de Plessis-Piquet,
près Fontenay-aux-Roses.
MOMOGRAPIIIE DES RRYOZOAIRES d'e.VU DOUCE 39
En Bourgoc:ne, cette Plumatelle atteint un superbe développe-
ment, je ne l'y ai guère trouvée qu'en toulFes, portées par une
ou seulement quelques zoœcies rampantes, fixées aux pierres
immergées et abritées du grand jour, dans les fentes des murs
de soutien on à l'abri, sous des touffes de broussailles surplom-
bantes, dans la Reconce associée à la Frédéricelle ; dans les mares
qui se trouvent derrière les Eaux Minérales de Saint-Ghristophe-
en-Brionnais, dans les prés de M. Maudre et de M. Polette, sans
Frédéricelle, mais en compagnie de la PlumateUa repens; dans
l'étang de Lourj, elle existe toute seule sous p^==-— — .
les cailloux abrités, elle y forme des zoaria i-^— -=4.--L — z^
rampants émettant quelques petits rameaux
libres; dans cet étang, je n'ai rencontré ni PlumateUa repens ni
Frédéricelle sultane.
Quant cà cette dernière, je l'ai trouvée une fois excessivement
abondante en plein soleil, rampant et se ramifiant sur toutes
les herbes immergées d'une mare à fond de cailloux, dont l'eau
était très limpide; à côté d'elle, sous les feuilles
de Potamogeton et de Trapa natans, j'ai récolté de _ ^^^
fort belles colonies de PlumateUa repens, mais pas
une seule PI. lucifuga: cette mare se trouve dans le pré qui
forme l'angle de la vieille route de la Clayette et du chemin de
Fougères, près Saint-Christophe. Enfin, comme je l'ai déjcà dit plus
haut, la Frédéricelle existe dans la Reconce, où je l'ai recueillie
dans une situation absolument exceptionnelle.
PlumateUa arethusa Hyatt, 1868.
Fig. 126 à lU.
Zoœcies distinctes, brunes ou incolores selon l'âge; les inco-
lores sont les plus jeunes; en vieillissant elles brunissent et la
crête anale se dessine ; zoaria en forme d'Alcyonellc ou de Plu-
matelle ; il y a de 40 à 60 tentacules ; les sta-
tohlastes sont de forme et de taille très varia-
bles ; ils ont de id'^^xm de large sur 0"'"^266
de long, 0m™266 de large sur 0"^'"399 de long;
en nombres égaux, les statoblastes mesurent
6 sur 8, 6 1/4 sur 9, 6 1/2 sur 10, 7 sur 9, 7
sur 11 1/2, 8 sur 1 1 cà 8 sur 12, chez des stato- Fig. 12G
blastes bien développés.
40
J. JULLIEN
Synonymie : Planiatclla aretJiusa Hyatt, 1868 ; ? Fredericella re-
gina Leidy.
Fîg. 127.
@(Q(2)0©O
V — ■^ V' y ..i j}f j^s /sr
'" TiS
,S^ /}f /3f f>/
(iH ni fit t^l
i}Ht\
Fig. 143.
Fie. 11-2.
Fie. 141.
Habitat : Etats-Unis, dans les étangs, rivières et ruisseaux des
Etats du Maine et Massaclmssetts. On la trouve ordinairement dans
MONOGRAPHIE DES BHYOZOAIllES d'eAU DOUCE
41
l'eau douce, mai.s il paraît qu'elle vit aussi dans l'eau sau
Ilyatt a découvert cette espèce dans
des courants modérés ou eu eau dor-
mante couvrant généralement de gran-
des surfaces; il en existe encore de
petites colonies sur des ramuscules et
sur des racines ; dans le ruisseau de
Tommy la variété alcyonelloïde est
associée à la même variété de Frederi-
cella regina Leidy , et dans une région
plus rapide de ce ruisseau la forme
plumatelle de cette Frédéricelle vit côte
à côte avec la véritable Plumatella are-
tJiusa.
mâtre.
Fig. ii::
Fig. 14(5.
Fig. 117.
42
.1. .lULLIEN
La question des Frédéricelles américaines est donc à revoir,
pour saisir les rapports qui servent de
trait-d'union entre les différentes es-
pèces de ce pa3's ; il est impossible
actuellement de se prononcer là-dessus
avec les descriptions incomplètes que
L'3idy et Hyatt nous ont données ;
cependant il est probable que la Fre-
dericella regina est la Frédéricelle de la
PlumateUa arethusa, mais je ne l'affirme
pas. Hyatt ajoute, que dans le Great
Pond (grand étang), au cap Elisabeth,
où l'eau est saumàtre , on trouve de
petites colonies de cette Plumatelle
ayant le caractère général des petites r'rédéricelles qu'on trouve
aussi là. A Fresh Pond on rencontre la forme plumatelloïde de
cette espèce avec les mêmes
(^ ] /— \ formes de Fredericella regina,
de PlumateUa vitrœa et Plu-
mateUa vesicularis. L'auteur
«f /se fil ifs- *^' ^^-^ américain prétend que ces
variétés sont le résultat de l'association des différentes espèces
sous l'action de semblables causes physiques.
Fie. 148.
PlumateUa diffusa Leidy, 1851.
Fig.
lo5 à 164.
Zoœcies urcéolées (Keg-shaped) an voisinage des orifices, ceux-
ci sont rendus
émarginés par la
crête axiale qui se
continue en ar-
rière par le côté
de la cellule sur
une faible crête ;
cette crête est
d'ailleurs très va-
riable ; zoaria
Fig. 155. Fig. 150. „ , ', .
^ adhérents et ram-
pants; tentacules ^n nombre de quarante-deux, leur longueur est
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
43
-^M.
Fie. 158.
(le i'i""353; la couleur de Vestomac est jaime-verdàtre; statohlastes
allongés.
Synonymie : Plumatella diffusa Leidy, Allman, Hyatt.
? Frcderidella Walcotti Hyatt.
Habitat. — États-Unis, *,,
rivière de Peusylvanie , v'/^
étangs et ruisseaux près
de Cambridge et de Balti-
more.
Le D"" Leidy en donne Fig. iôt.
la description suivante : « Polypidome divergeant du centre sur
de grandes surfaces, consistant en une série de branches simples,
courbes, d'une longueur de 2ram25(3 à 4"""o02,
naissant les unes des autres sur le côté convexe
et fixeéssur toute leur longueur, excepté aux
extrémités, sur une longueur de 0"''"564 à0™'^902,
où elles sont dressées et urcéolées, ou un peu
dilatées au milieu et contractées à l'orifice. Le
bord des orifices est profondément échancré, et il se continue avec
une crête fissuroïde par le côté interne ou concave des branches.
La colonie est d'un brun-oli-
vâtre sale, avec les extrémi-
tés dressées des branches
jaunâtres ou d'un blanc trans-
parent. Les polypes ont qua-
rante-deux tentacules sig-
moïdes divergents, disposés
au sommet et sur le bord
externe d'un disque réni-
forme. Les tentacules ont une
longeur d'environ l"'"i2o3; la
couleur de l'estomac est jaune-verdàtre. L'œuf (statoblaste) avec
son anneau marginal est semi-ovale (Leidy veut probablement
dire semi-ovoïde) ; il a une longueur de 0'n™373 et une larg-eur de
0"'"'0762. L'anneau est transparent, lisse et celluleux, avec l'ou-
verture sur son côté convexe, d'un diamètre de 0"""i78, tandis
que sur son côté plat, il n'est que de 0'""'0762. L'œuf (statoblaste)
lenticulaire est d'un bran-rougeâtre. »
Hyatt « a trouvé cette espèce en abondance dans les étangs et
les ruisseaux près de Cambridge et de Baltimore. Les colonies
des ruisseaux sont très différentes de celles qui vivent dans les
Fig.
159.
44 .1. JULLTEN
étangs. Chez la première, les zoœcies sont ordinairement caré-
nées, elles portent souvent la crête anale, mais ce caractère n'est
pas constant ; les zoœcies sont distinctes, pourvues d'un ectocyste
brun et dur, elles forment des branches ditTuses et rarement
adhérentes : dans les variétés stagnicoles, les branches sont ordi-
nairement adhérentes, et dans Mystic Pond, les branches sont si
étroitement serrées que les colonies forment de minces feuilles
gélatinoïdes d'une étendue considérable dans lesquelles on ne
peut suivre aucune branche au-dessous de Li niasse. Les cellules
ou zoœcies ont aussi les limites hexagonales ordinairement attri-
buées aux Alcyonelles, et leur por-
tion postérieure est plus ou moins
enfoncée dans la branche. Les sta-
toblastes varient de ^"'"IQQ en lar-
geur, sur 0"""333 en longueur, à
0nim249 de large sur 0"'"'349 de long. A nombres égaux, ils varient
de 6 sur 10 à 6 sur 12, de 6,5 k 11,5 et de 7,3 à 10,.o. Ici d'ailleurs,
comme dans les autres espèces, le diamètre transversal augmente
constamment, tandis que le diamètre longitudinal oscille entre 10
et 12. L'anneau varie entre — et — aux extrémités, et entre ' - m — ^
o i 2,3 cl/ 1,5
sur les côtes. »
Nous ferons observer ici que la répudiation du i^enre Alcijonella
que Hyatt paraît avoir établie d'après ses idées personnelles, a eu
déjà pour premier défenseur M. Raspail en France pendant l'an-
née 1828, mais personne ensuite n'avait admis cette manière de
voir qui est cependant absolument exacte.
La Frédéricelle de cette espèce pourrait bien èlre la. Fredericella
Walcotti de Hyatt, forme encore mal connue puisqu'elle n'a été
trouvée qu'une fois à Georgetown (Massachussetts) aux États-Unis
et que ses variations n'en ont pas été étudiées; les zoaria que
Ilyatt a dédié à Miss Elisabeth Walcott, de Salem, ne contenant
pas de statoblastes, n'étaient certainement pas dans une situation
complète pour l'étude; on sait que les animaux qui vivent mal
ne reproduisent pas. Ce que j'ai dit plus haut des. Frédéricelles
américaines se rapporte encore à celle-ci.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 4H
Genre HYALINELLA nov. «en.
s^
Ce genre ne diffère des Plumalelles que par son ectocyste qui
est gélatinoïde au lieu d'être corné. Cet ectocyste n'est pas con-
stamment incolore, il peut être brun dans quelques localités, mais
le plus souvent il reste hyalin.
C3 genre établit le passage de la famille des Plumatellidées à
celle des Cristatellidées.
Hyalinella vesiadaris Leidy, 1854.
Fig. 165 cà 172.
Zoœcies légèrement dilatées, beaucoup plus larges que l'orifice
saillant de sortie, et aussi longues que larges, un millimètre envi-
ron ;,elle forme dos zoaria rayonnants et rameux, rampants, inco-
lores ou passant au brun mais transparents; animal incolore;
statohlasies ovales, lenticulaires.
Synonymie : Plumatella vesicularis Leidy, Allman, Hyatt.
? Fredericella indcherrima Hyatt.
Habitat : États-Unis; Rivière Sclmylkill, Philadelphie; environs
de Cambridge (Massachussetts), lac Sebago (Maine).
Sur cette espèce Leidy s'exprime ainsi : « Cette espèce de Plu-
matelle est aussi transparente que l'eau dans laquelle elle vit ; elle
ressemble à des rangées de vésicules incolores avec une
ligne blanchâtre passant à travers leur axe. On la trouve \-^
fréquemment avec des séries d'oeufs noirâtres imbriqués, ^ ^
à la place de cette dernière ligne. Les taches couvrent des x
surfaces de six à cinquante millimètres carrés. » g^
Allman lui trouve quelque ressemblance avec la Plu-
mateUa punctata d'Hancock.
Hyatt, qui l'a pêchée dans des étangs du Massachussetts et du
Maine, nous dit que les zoœcies en sont distinctes, que ces zoœ-
cies se groupent en grandes colonies sur les écorces lisses de
Spy Pond près Cambridge, les branches souvent serrées ne sont
jamais adhérentes; mais dans ce même étang elle pénètre dans
les sillons des écorces raboteuses, des bois morts que les intem-
péries ont sillonnés et n'y est plus aussi rayonnante ni aussi ser-
rée ; au pont de White, dans le lac Sebago, il a trouvé sur une
même colonie une variété d'une structure intéressante : le som-
met d'une branche, soit en raison de quclqu'empêchement sur la
f\.
46 J- JULLIEN
surface, soit par un développement soudain et excessif des éner-
gies vitales, parvient à produire trois bourgeons au lieu d'un,
donnant ainsi à la branche un aspect lobé.
L'ectocyste n'est pas incolore, il peut brunir dans quelques
localités.
Le cœcum gastrique est très émoussé. Les rétenteurs posté-
rieurs ont environ huit rayons, et les antérieurs dix ou onze;
il y a cinquante ou soixante tentacules. Les statoblastes varient
entre 0"""199 de large sur 0'"'"333 de long, et 0"""233 de large
sur 0'"'"349 de long. Les proportions sont également de 6 sur
10 à 6 sur 12, 6 V2 sur 11 V-2 ^^ 7 V2 sur 10 V-2; l'anneau varie
de - sur les côtés à ~ sur les côtés et ^ aux extrémités.
4 52 O
La Frédéricelle de cette Hyalinelle me paraît être la Frcc?mcg//a
pulcherrima de Hyalt, dont les zoœcies presqu'incolores, fixées
ordinairement sur toute leur
longueur, avec la partie libre
subdivisée accidentellement
en branches libres, corres-
7?t- tp; '!>'« /sj /70 t7' ^^"^ pondent assez bien à celles
de l'espèce que je viens de décrire; les zoaria sont rayonnants
et semblables à ceux des Plumatelles. Les polypides ne difTè-
rent pas sensiblement de ceux de la Fredericella regina. Les
statoblastes ont à peu près 0"""S0 de long sur 0'""'16 de large.
Hyatt ne l'a rencontrée qu'au pont de Wliite à la sortie du
lac Sebago. Cette forme est encore assez mal connue, car son
auteur ne l'a vue que dans cette localité, sur l'écorce des bran-
ches et en développement, dit-il, incomplet, il ajoute qu'il est
probable que les adultes sur les mêmes surfaces ne sont jamais
aussi symétriques que celles qui recouvrent les tiges des Nénu-
phars. Je ferai remarquer ici qu'il a cependant vu des statoblastes,
ce qui indique un bon état des polypides.
HyaUnella vitrea Hyatt, 1868.
Fig. 173 à 179.
'■E3*
Zoœcies gélatinoïdes, épaisses et incolores, formant des zoaria
rayonnants ou parfois linéaires sur lesquels les zoœcies sont plus
ou moins saillantes. Statoblastes ovales presque deux fois aussi
longs que larges.
Synonymie : Plmnatella vitrea Hyatt (18(58).
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
47
;£^^Eii:-^îwV^-'^v'î't^J..
Fig. 173.
Fi,?. 174.
Habitat. — États-Unis, trouvée seulement dans Mystic et Fresli
Ponds, deux étangs des environs de Cambridge (Massacbussets).
Ce n'est qu'avec une extrême
hésitation que je conserve cette
espèce qui me semble n'être qu'une
variété de la Hyalinella vesicularis
dont elle a presque tous les ca-
ractères; je ne la connais point autrement que par le récit de
Hyatt que voici :
« Les cœnœcia de cette espèce sont couverts par des ectocystes
gélatineux incolores, plutôt plus épais que dans aucune autre
Plumatelle, excepté la variété alcyonelloïde de Plumatella diffusa.
» La variété a a ses branches rayonnantes, et les cellules sont
plus distinctes que dans la
variété p; mais les por- ^f»,„^_ %^,_ ^^
tions postérieures sont plus
enfoncées dans la branche
commune que dans les for-
mes diffuses de Plumatella
vesicularis ou diffusa. Quand
elles sont contractées, les
cellules sont tout à fait distinctes et proéminentes. Elle est com-
mune sur les petites tiges et sur les ramuscules dans l'eau douce
de Mystic Pond. Cet étang est divisé par une écluse de telle façon
que la partie supérieure est entièrement ali-
mentée par de l'eau douce, tandis que l'eau
salée pénètre dans la partie inférieure et la
rend tout à fait saumàtre.
•» La variété 6 se développe en longues li-
gnes, rarement rameuses, sur la surface des
planches et toujours solitaire; les polypides
sont quelquefois disposés sur un seul rang,
mais on les voit le plus souvent groupés de-
puis deux jusqu'à vingt individus de toutes
grandeurs. Les portions postérieures des cel-
lules sont enfoncées dans la principale bran-
che ; la largeur du repli iiivaginé est plus faible
quand le polypide est tout à fait étendu, et le polypide peut être
plus complètement évaginé que dans aucune autre espèce. Quand
elles sont contractées, les cellules se projettent, mais légèrement,
sur la branche. Vue en dessus, une branche est semblable à
48
J. JULLIEN
la variété de PlumateUa vesicidaris dessinée dans la fig. 165.
La variété y se rencontre sur des pièces plates d'étain et sur
d'autres larges surfaces dans l'eau saumâtre de Mystic Pond. Les
colonies diflfèrent de celles de la variété p par leurs branches
diffuses et serrées, formant un épais tapis gélatineux.
» Les statoblastes mesurent de 0'"'"266 sur 0'"'^365 à On^mSSS sur
O'^^^SeG. En parties égales ils donnent 8 sur 11 à 9 sur 15 et 10 sur
16 àll sur 15, 11 sur 16, 11 Vs sur 16 et 11 J^ sur 17. L'anneau four-
nit de — aux extrémités à - sur les côtés ; -| aux extrémités à ^~ sur
5 3 o s, 5
les côtés. »
On voit que cette description est peu caractérisante si on ne tire
pas profit de la disposition gélatineuse de l'ectocyste ; en cela
Fis. 176.
elle se rapproche énormément de l'espèce précédente, dont elle
est très voisine.
Parfitt (1) a décrit deux espèces de Plumatelles qu'il a figurées,
mais le tout est si baroque que je ne puis y croire; ces deux
espèces sont probablement la PlumateUa rcpens. Il leur donne les
noms de PL Uneata et PI. limnas. Je n'ai jamais rien rencontré de
pareil; la. PI. Uneata est iouie striée longitudinalement et l'extré-
mité libre de la zoœcie est annelé; la PL Umnas a une forme telle
qu'elle doit former un genre à part si elle existe ; ses zoœcies
sont spatulées, aplaties et entièrement adhérentes, l'orifice est
situé sur la partie élargie de la spatule en son milieu.
En 1860, d'Oyly C. (2) a annoncé qu'il venait de trouver en Aus-
tralie, près de Melbourne, une Plumatelle qu'il n'a pu rapporter
aux espèces décrites par Allman et un autre genre de Bryo-
zoairehippocrépien, qu'il n'a pu déterminer avec le même auteur,
mais qu'il croit nouveau; il n'en a donné aucune description, ce
qui est fort regrettable. C'est sans doute à la première que Mac
Gillivray a donné le nom de PhimateUa Ax)Uni.
fl) Pai-fitt E., On two new xpeciex of Freshwater Polyzoa Annals and Magaziii
of Nat. Hist., (3), XVIII, 1866, t. 18, pi. XII.
(2) D'Oyly C. H. A|iliri, Frvswalrr [Pohj'zoa i» Ausiraliti. Ann. and Magazin of
nat. Hiht., (:i), Yl, 1860, p. I.jI.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 49
En terminaDt l'histoire des Plumatellidées, je noterai quelques
observations anatomiques et physiologiques faites pendant mes
recherches.
1° (.i Le ganglion nerveux, nous dit van Beneden, fournit un collier
œsophagien, on voit en outre d' autres filets qui se rendent aux muscles.»
Je n'ai vu aucun filet se rendre aux muscles, mais il m'est
arrivé, quatre ou cinq fois, de voir des polypides raccourcis, sur
lesquels on ne distinguait plus rien des anciens organes, jouir
encore de la rétractilité qui leur est propre pendant la vie; il y a
conservation de la rétractilité des muscles chargés de cet office,
après la mort posilive et le raccornissement partiel du polypide ;
j'ai vu de ces polypides informes et tout ridés, encore pourvus de
faisceaux musculaires rétracteurs, suivre au fond de leur zoœcie
un polypide voisin intact, en exécutant les mêmes saccades que
pendant la vie du polypide. La cause directe de la contractilité
musculaire des muscles rétracteurs des Bryozoaires n'est donc
pas située dans le ganglion œsophagien, puisque cette rétractilité
persiste après la mort du ganglion.
2° La rentrée du polypide dans sa zoœcie ne s'effectue pas d'un seul
coitp.-la. première contraction rentre le polypide entièrement, puis
le funicnle se raidit, quoiqu'en dise Allman, et, comme Raspail
l'a très bien vu, attire par saccades l'estomac au fond de la zoœcie.
Au moins cela est vrai pour les Plumalelles d'Europe. On voit
très bien ces contractions successives en ajoutant à l'eau qui
entoure les Bryozoaires un peu d'acide osmique, mais on les voit
aussi sans acide osmique.
3° Si on détache un/^ zoarium du corps qui le supporte, V endocyste
ajjpliqué contre l'ectocyste s'en sépare en enveloppant étroitement tout
son contenu.
J'ai vérifié ce fait sur les Plumatella repens et lucifuga, l'endo-
cyste prend dans la zoœcie la forme d'un cône dont la région
basilaire entoure le polypide, tandis que le sommet reste fixé au
septum interzoœcial. I^ans cette opération je n'ai pu voir par où
le contenu zoœcial s'est échappé, ni par où le liquide environnant
a pénétré entre l'ectocyste et l'endocyste. Après un certain temps,
r endocyste s'applique de nouveau contre l'ectocyste et l'animal
ne se ressent de rien. On voit quelquefois le funicule s'insérer
tout à fait au fond de cet entonnoir, mais cette insertion est fort
délicate et ne dure point longtemps, elle se rompt et le funicule
s'attache sur le côté.
50 .1- .lULLIEN
4° Le testicule des Plumatelles najms une place fixe sur le funi-
ciile, 2')ar rapport aux statohlastes .
Le 27 juillet 1883, j'ai poché dans l'étang de Saint-Hubert quel-
ques rameaux de Plumatella lucifuga ; une zoœcie dont le polypide
était passé à l'état de corps brun, possédait un testicule couvert
de spermatozoïdes en mouvement ; ce testicule entourait le fuui-
cule juste au-dessus du corps brun, l'extrémité inférieure du
funicule portait deux superbes statoblastes arrivés à un degré de
développement parfait.
Le 13 juillet 1884, j'ai péché à Chaville, dans l'étang de Brise-
Miche , une colonie de cette espèce , sur laquelle une belle
zoœcie portait un testicule énorme en pleine activité, tout au bas
du funicule ; tandis que de très fins granules statoblastiques
existaient au-dessus de lui. Ces jeunes statoblastes continuèrent
à grossir après l'atrophie de l'organe mâle, que je ne pus suivre
que pendant quelques jours. 11 en est de même pour la Plumatella
rep^ens.
5° Spasmes tentaculaires .
Sur plusieurs polypides de Plumatella repens du lac d'Enghien,
j'ai observé la contraction isochrone et spasmodique de tous les
tentacules externes, jusqu'à une petite distance de l'extrémité
des bras lophophoriens ; de telle façon que les 24 tentacules in-
ternes restaient immobiles pendant que tout le reste de la cou-
ronne s'abaissait régulièrement 150 à 180 fois par minute (8 juillet
1883).
6° Les tentacules ne sont pas sensibles sur toute leur longueur.
Le 4 septembre 1883 j'ai observé sur une Plumatella repens, que
si on touche, avec une aiguille à disséquer, l'extrémité ou le milieu
des tentacules, le polypide ne rentre pas dans sa loge, mais la
rentrée est instantanée si on s'approche de la base des tentacules ;
et il en est de même si on pique le lophophore, dans ce cas le
retrait du polypide est encore plus énergique.
7'^ Le ganglion nerveux sus-œsophagien est recourbé sur lui-même
dans la Plumatella repens.
Sous un grossissement d'environ 300 diamètres, j'ai observé
que le ganglion en question se replie sur lui-même comme l'indique
la figure 76. Gela se voit très bien sur un polypide de profil, mais
je n'ai pu en distinguer le contenu.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 51
2'= Famille Lophopusidées.
Zoœcies disposées irrégulièrement à la surface d'un zoarhmi
charnu, gélalinoïde et fortement tubercule, dont chaque tubercule
contient une ou plusieurs zoœcies ; chacune de ces zoœcies peut
produire plusieurs statohlastes . Statohlastes épineux.
Dans cette famille, je comprends les genres : Lophopus Dumor-
tier; Pectinatella Leidy; Cristatella G. Cuvier.
Il est évident que ces trois genres ont de très grandes affinités,
si on ne tient compte que du zoarium ; leur ectocyste est hyalin,
gélatinoïde et forme des masses plus ou moins régulières dans
lesquelles plongent les polypides. Il y a tant de rapports entre un
jeune Lophopus et une jeune Cristatella, que Dumortier et Van
Beneden les ont confondus sous le titre de Lophopus cristallinus,
et ont donné le statoblaste de la Cristacella mucedo pour celui du
Lophopus en question. Il n'est pas logique d'établir une famille
sur la forme d'un œuf ou plutôt d'un statoblaste, une pareille di-
vision doit s'appuyer sur un ensemble organique et non pas sur
un seul organe ni sur une seule propriété physiologique.
C'est pour cela que j'ai groupé ces trois superbes genres, remar-
quables parla grosseur de leurs polypides et de leurs colonies.
Allman n'a-t-il pas hésité lui-même à introduire dans le genre
Lophopus l'animal que Leidy nomma d'abord Cristatella magnifica
et qui forme aujourd'hui le type de son genre Pectinatella?
L'erreur de Dumortier et van Beneden et l'hésitation d'Allman
démontrent bien les affinités de ces groupes; je les réunis d'après
le caractère le plus certain qui soit admis aujourd'hui, c'est-à-dire
d'après la forme zoœciale.
Genre LOPHOPUS Dumortier, 1835.
Zoœcies dispersées à la surface d'un zoarium sacciforme, hyalin,
transparent, jouissant d'un mouvement des plus faibles constaté
par les uns, nié par les autres, se fixant aux corps immergés par
une base opaque chez les vieilles colonies, ou transparente comme
le reste du zoarium chez les jeunes; formant ordinairement des
masses épaisses qui deviennent ensuite lobées et même ramifiées;
orifices dispersés ; statohlastes elliptiques pourvus d'un anneau sur
le pourtour, anneau terminé en pointe aux extrémités du grand
diamètre.
«2
J. JULLIEN
Fig. 180.
Lojihopus Tremhleyi J. JiiUien , 1884.
Fig. 180 à 195.
Mêmes caractères que pour le genre.
Cette espèce est la première des Bryozoaires d'eau douce qui
ait été connue.
Trembley en a publié la description, il y a
cent quarante ans, en 1744, avec une exactitude
si grande et avec tant de détails que je veux la
reproduire ici selon son propre texte :
« En cherchant des Polypes verts (Hydra
viridis Linn.) au mois d'Avril 1741, je découvris
les Polypes à panache. 11 y en avait plusieurs
sur les plantes aquatiques que j'avais rassem-
blées dans des verres pleins d'eau. Ils réveillèrent d'abord dans
mon esprit l'idée d'une fleur épanouie, et comme il y en avait
plusieurs ensemble , ils formaient une sorte de
bouquet. Leur corps a environ une ligne de lon-
gueur (2'"'"256) sans compter le panache qui est
presque aussi long que le corps. Celui-ci est fort
mince, il est à peu près cylindrique, et sa peau
est parfaitement transparente. Le panache n'est
que la continuatoin de cette peau transparente ;
il est plus large à proportion du corps, et d'une
ligure très remarquable. Sa base est faite en
forme de fer-à-cheval, et des bords de cette base
sortent les bras du Polype : ils sont tous recour-
bés en dehors. Le panache, qu'ils forment par
leur assemblage, a l'air d'une fleur monopétale
épanouie. Ces bras (tentacules) sont fort près
les uns des autres; j'en ai compté au-delà de
soixante (1) à un seul panache. On pourrait les
comparer, par rapport à leur transparence, à des
fils de verre très fins. La base du panache est
Fis. 181.
(1) Je ferai remaïqiior ici que le dessin de Trembley ne porte que 50 tentacules;
que ceux de van Beneden en portent 51 et 54; enfin que celui d'Allman n'en a que
41. D'après van Beneden, Baker en indique seulement 40. Nous sommes donc encore
loin de 60.
Il en est peut-être du Lophopier comme de la PlumalelJe rampante qu'on dit
avoir 60 tentacules que je n'ai jamais pu trouver. Le nombre de ces tentacules est
donc encore à véiifier sui- un grand nombic de poly|)ides. Il doit être certainement
très variable. .
MONOGRAPIIIK DES 15RY0/0AIRES D KAU DOUCE
o3
Fig. 182.
creusée en gouttière, elle tient au Polype par le milieu du fer-
à-cheval qu'elle forme, et c'est là qu'est une ouverture qui sert de
bouche à cet animal. Ses intestins se distinguent facilement à
travers la peau transparente du corps. Ils sont d'un brun assez
foncé dans les Polypes qui ont bien mangé.
Après avoir observé pendant quelque temps
les Polypes à panaches et être parvenu à les
voir manger, j'ai été eu état de distinguer trois
parties principales dans leurs intestins, savoir :
l'œsophage, l'estomac et l'intestin droit.
Ces animaux sont voraces et même très vo-
races. A la vérité, ils ne peuvent manger que ^^
des animalcules fort petits, mais en un jour
ils en dévorent un grand nombre. Le panache
des Polypes est pour ces petits animaux un
goufre dans lequel sont précipités la plupart
de ceux qui en approchent en nageant. Si on
observe attentivement à la loupe des Polypes
à panache, placés dans de l'eau bien peuplée
de fort petits insectes, il sera très facile de voir par quel moyen
ils attirent leur proie et la font tomber dans leur bouche : on
verra d'instant en instant un bras ou deux se recourber subite-
ment en dedans du panache et puis se remettre dans leur pre-
mière situation. Il arrive rarement
que le même bras se recourbe deux
fois de suite. Ces bras ne touchent
point la proie, mais ils occasionnent
dans l'eau par leur mouvement, une
sorte de tournant qui la conduit dans
le panache. Elle fait souvent des efforts
pour s'échapper, mais l'inflexion su- ^'•^' ^^'^'
bite d'un bras donne au torrent qui l'entraîne un nouveau degré
de rapidité qui la porte malgré elle jusqu'au fond du panache.
J'ai dit que la base du panache était creusée en gouttière. Les
petits insectes qui doivent servir de proie au Polype, tombent
dans cette gouttière, et ils coulent ensuite dans la bouche qui
est au milieu. Quand le polype se présente à l'œil, de côté, on
peut facilement lui voir avaler sa proie. On la voit passer de
l'œsophage dans l'estomac, et si elle n'est pas extrêmement petite
on la distingue même dans cet estomac, parce que toutes les
parties de ces Polypes sont transparentes. J'appelle œsophage,
M
J. JULLIKN
tomac au Polype. L'œsophage finit un peu au-dessous de l'extré-
mité supérieure de l'estomac. Les aliments rendent cet estomac
très reconnaissable. Ils sont ballotés dedans d'une manière très
sensible, et beaucoup plus vite que dans les Polypiers à bras en
forme de cornes. Ils sont successivement poussés de bas en haut
et de haut en bas. On peut facilement se tromper sur la véritable
longueur de l'estomac. On pourrait croire qu'il va jusqu'à la base
du panache. Mais pour prévenir cette erreur, il suffit de bien
remarquer jusqu'où sont portés les aliments, lorsqu'ils sont pous-
Fig. 18i.
ses vers le haut de l'estomac. On s'apercevra qu'ils s'arrêtent
un peu au-dessus de l'endroit où l'œsophage rencontre l'esto-
mac, et que c'est de là qu'ils partent pour retourner vers l'autre
extrémité.
Entre ce bout supérieur de l'estomac et la base du panache il
y a donc un espace occupé par un petit sac, qui est très souvent
parfaitement rempli par une matière brune et pins foncée que
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
OD
celle qui est dans l'estomac. Ce sac est l'intestiu droit, et cette
matière brune est celle des excréments. Elle forme un grain un
peu oblong, très facile à remarquer, et qui occupe toute la capa-
cité de l'intestin droit. Il se vuide entièrement en une seule fois.
Ce grain de matière brune qui le remplit, en sort tout entier par
une ouverture qui est à la base ou à côté de la base du panache.
J'ai vu souvent des Polypes rendre leurs excréments, mais je n'ai
jamais pu découvrir précisément la situation de l'ouverture dont
ils sortaient. Après que le Polype a rendu ses excréments, l'in-
testin droit, qui est alors vuide, paraît d'un brun fort clair; il est
même assez transparent. Si cet animal est dans une eau bien
peuplée d'Insec-
tes, et s'il en
avale beaucoup,
comme cela ar-
rive ordinaire-
ment, de nou-
veaux excré-
ments passeront
bientôt de l'es-
tomac dans rin-
testin droit ; il
se remplira, et
reprendra sa
première cou-
leur et son opa -
cité.
Lorsqu'il est tombé dans le panache un animal trop grand
pour pouvoir être avalé, ou quelqu' autre corps, les Polypes s'en
débarrassent en ouvrant leur panache en tout ou en partie ; ils
renversent beaucoup leurs bras en dehors et les remettent en-
suite dans leur attitude ordinaire ; ces bras se renversent et se
remettent tous ensemble (1).
Les Polypes à panache sont incapables de contraction. L'attou-
chement, ou le mouvement qu'on leur fait éprouver, ne laisse
pas cependant de changer beaucoup leur attitude et leur situation ;
ce petit canal qui va de la bouche jusqu'à un sac qui sert d'es-
Fig. 185.
(l) J'ai observé cela sur [' Alcyonidium hirsutum, les polypides se débarrassent
ainsi des bulles d'air qui se collent sur les tentacules, quan.l on remet dans l'eau
une colonie laissée à sec pondant f|uel(|ues heures.
56
.1. .IULLIEX
ils disparaissent môme alors très subitement; ils se retirent entiè-
rement dans une cellule qui est d'une matière semblable à celle
Fig. 186.
des parties que j'ai déjà décrites, et dont le corps ces de animaux
est une production. On peut voir très distinctement, à travers les
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
57
parois transparentes de cette cellule, le Polype, lorsqu'il s'y est
retiré. Pour comprendre dans quelle situation est un Polype qui
est retiré dans la cellule, on doit savoir, que la peau du Polype
est attachée à l'orifice de la cellule, en sorte que quand il rentre
dedans, cette peau ne peut pas le suivre. Elle reste donc attachée
F .s. 187.
par son extrémité inférieure à l'orifice de la cellule, et elle y rentre
en se renversant. Le panache qui tient par sa base à Textrémité
supérieure de cette peau rentre avec elle, et se trouve logé dans
le tuyau qu'elle forme lorsqu'elle est toute rentrée et toute
58
.1. .TULLIEN
renversée. Les intestins sont plus enfoncés dans la cellule
qu'aucune autre partie. Comme l'orifice de la cellule et le
tuyau que forme la peau sont beaucoup plus étroits que le pa-
nache, il est obligé de se fermer pour pouvoir y entrer : les bras
(tentacules) se rapprochent comme le feraient les barbes d'une
plume qu'on forcerait à entrer dans un tuyau étroit. Après avoir
vu le Polype rentrer dans sa cellule, on l'en verra bientôt sortir,
si on le laisse tranquille. On voit d'abord paraître les bras qui
sont réunis en faisceau ; mais quand ils sont environ sortis à
moitié, ils commencent à s'éloigner par leur extrémité ; enfin
le panache s'ouvre, il reparaît comme il était auparavant, et le
corps se montre en dehors de la cellule.
Si l'on observe avec attention un Polype qui sort de sa cellule,
on verra clairement que la peau se
retourne lorsqu'il y entre et qu'elle
renferme ensuite le panache. Quand
le panache commence à paraître
hors de la cellule, on remarque la
peau qui paraît avec lui, on voit le
panache se détacher de cette peau,
à mesure qu'elle se remet dans son
premier état, et les intestins entrer
dans le tuyau qu'elle ferme de nou-
veau en dehors.
J'ai vu distinctement, lorsque les
Polypes à panache étaient bien en
dehors de leur cellule, un fil (funi-
cule) qui tenait d'un côté à l'extré-
mité inférieure de l'estomac, et de
l'autre au fond de la cellule, j'en ai vu d'autres qui m'ont paru
s'attacher par une extrémité près de la base du panache, et par
l'autre, aussi au fond de la cellule. Il est apparent que ces fils
servent à retirer le Polype dans la cellule.
On trouve rarement un Polype à panache seul, il y en a ordi-
nairement plusieurs ensemble ; et ceux de l'espèce dont je parle
sont rangés à côté les uns des autres. Souvent il y en a plusieurs
qui sortent d'une même cellule, mais par des orifices ditïérents.
Il faut avoir une idée bien nette de la figure du Polype à pa-
nache, et être déjà exercé à les observer pour voir distinctement
les jeunes lorsqu'ils commencent à pousser. Il se fait d'abord une
petite élévation sur la superficie de la cellule d'un Polype déjà
Fis. 188.
MONOGRAPHIE DES 13RYOZOA1RE3 d'eAU DOUCE o9
formé, on découvre ensuite le corps et le panache, ou plutôt la
base du panache du jeune qui commence à pousser, et la pointe
des bras qui sortent des bords de cette base. Ces bras croissent à
mesure que le corps croît. Le jeune Polype est d'ordinaire en état
de manger au bout de quelques jours. Ses intestins,
qui étaient d'abord tout à fait transparents, deviennent
bruns, après qu'il a pris des aliments. Quand la nour-
riture est abondante dans l'eau où sont les Polypes à
panache, les jeunes poussent en grande quantité. J'en
ai souvent vu plus de cent qui étaient réunis ensemble,
et qui formaient un fort joli bouquet. Ils se séparent Fig- 189.
ensuite, mais non un à un. Le bouquet se partage en
deux ou trois parties qui ont plus ou moins de Polypes. Cette
séparation se fait fort insensiblement. D'abord la masse que for-
ment toutes les cellules ou pour mieux dire, la cellule commune,
se divise en deux ou trois branches, et puis ces branches se
séparent peu à peu entièrement les unes des autres. Pour obser-
ver immédiatement ce que je viens de décrire, j'ai fait en sorte
que des bouquets de Polypes à panache se
soient attachés contre les parois d'un pou-
drier. J"ai pu les observer avec une forte
loupe. Non seulement j'ai vu par ce moyen
multiplier ces animaux , et les différentes
branches des bouquets qu'ils forment se sé-
parer; mais encore j'ai remarqué que ces
branches s'éloignaient ensuite les unes des
autres. Leur mouvement progressif est si lent
qu'il est absolument imperceptible. Je n'ai
jamais observé de Polypiers peuplés de Poly-
pes, qui ait fait plus d'un demi pouce de che- ^jg ^qq
min en huit jours de temps. J'en ai aussi
observé plusieurs qui sont pendant longtemps restés au même
endroit.
J'ai dit ci-dessus que le corps des Polypes était une production
de la cellule dans laquelle il se rétrécit, afin qu'on ne crût pas
que ces cellules sont leur ouvrage comme les fourreaux des Tei-
gnes (Tipules) sont l'ouvrage des Teignes. Les cellules doivent
être regardées comme une partie du corps des Polypes, elles
croissent avec lui, et comme lui, et sont composées de la même
matière, au moins celles des Polypes que j'ai vus.
Ils multiplient non seulement par rejetons mais ils font aussi
60
J. JULLIEN
Fig. 191.
(les œufs. C'est ce que nous apprend M. de Réaumur; il a observé
avec M. Bernard de Jussieu que les Polypes d'eau douce à panache
ont pondu des œufs bruns et un peu aplatis, et ils ont vu des
petits naître de ces œufs. J'ai vu dans plusieurs Polypes à pana-
che, sur lesquels j'ai fait mes observations, de petits corps sphé-
riques de différentes grandeurs, blancs et transparents. J'ai seu-
lement soupçonné que ces petits corps étaient des
œufs, mais je n'ai pas eu occasion d'examiner si ce
soupçon était fondé ou non.
Ces petits corps, dont je parle, étaient très faciles
à distinguer à travers la peau transparente du Polype
et celle de la cellule. Ils étaient dans un mouvement
continuel et comme ballotés d'un endroit à l'autre.
Je les voyais passer de la cellule dans le corps d'un
Polype, et monter entre la peau et les intestins, jusque
près de la racine du panache, et de là retourner ensuite
dans la cellule. Ce n'est pas tout : tous ceux qui sor-
taient du corps d'un Polype, et passaient dans la
cellule, n'étaient pas toujours poussés dans le corps du même
Polype, mais successivement dans celui de divers autres. Ce
fait prouve clairement que les cellules de différents Polypes com-
muniquent entre elles, ou plutôt que plusieurs de ces animaux
ont une cellule commune; et si ces corps sphériques, que j'ai
vu passer successivement dans le corps de différents Polypes,
sont des œufs, on pourrait dire que ces œufs
sont en commun îx tous les Polypes, dont les
corps communiquent ensemble par leur cel-
lule. »
La clarté et l'exactitude de cette longue
description n'a pas empêché les naturalistes
de divaguer pendant de longues années sur
cet animal. Sa rareté l'a fait confondre avec
la Plumatella repens par tous les auteurs au
commencement de ce siècle. Baker en Angle-
terre et Dumortier en Belgique furent les
premiers à en parler d'une façon qui fixa la cer-
titude de son existence, dont on doutait tou-
jours, malgré Pallas; et c'est en 1836, c'est-à-dire 94 ans après
la découverte de Trembley, que Dumortier établit pour cet ani-
mal le genre Loplwpus, dont la signification rappelle le nom donné
par Trembley. C'est surtout depuis le travail de Dumortier, ac-
Fig. 192.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 61
compagne de fort bonnes planches, que l'on a su ce qu'était le
Polype à panache.
Bien que Trembley ait trouvé de superbes exemplaires de cette
espèce, il n'en a pas vu ni soupçonné les statoblastes, parce
qu'au mois d'avril ces statoblastes ne sont pas encore formés, on
ne les voit qu'en été et en automne.
Van Beneden ainsi que Dumortier, en 1848, ont pris les stato-
blastes de la Cristatella mucedo J. Guv. pour ceux du Lojjhojms
cristallinus ; leur planche 5 his donne ce statoblaste très bien
dessiné, aux figures 22, 23 et 24, on ne peut s'y tromper, et on
peut dire que leur erreur est des plus grossières après les travaux
de Turpin et de P. Gervais, travaux qu'ils connaissaient cepen-
dant, ou du moins qu'ils devaient connaître.
Trembley affirme positivement qu'il existe un mouvement ex-
cessivement lent chez quelques colonies, il a
mesuré ce mouvement ; et si quelques auteurs,
comme Allman, le nient, Baker et van Beneden
le confirment. La conclusion qu'on peut en
tirer, est encore ici celle de Trembley, qui
constate que quelques colonies possèdent la
faculté de se mouvoir, tandis que d'autres en
sont dépourvues. Ne pourra-t-on pas un jour
expliquer cette différence par l'influence de
la captivité, captivité durant laquelle la co-
lonie manque de nourriture et perd, par ina-
nition ou autrement, une partie de ses pro- Fig- 193.
prié tés vitales.
Pour bien étudier les Bryozoaires, il faut avoir des sujets en
parfait état; je crois que, pour cela, il faudrait élever en cage ces
animaux qu'on laisserait toujours plongés dans l'eau où ils sont
nés, ou au moins dans une eau très riche en organismes micro-
scopiques. Leur énorme appétit détruisant rapidement tous les
Microzoaires et tous les Microphytes de l'eau dans laquelle on les
élève chez soi, ils ne tardent pas à |s'y atrophier et k périr. J'ai
essayé bien des fois de rapporter, après mes pêches, des bouteil-
les de l'eau dans laquelle je les avais péchés, mais cette eau s'al-
tère et ne peut être utilisée que très rapidement. Aussi l'éducation
des Bryozoaires en ville présente-t-elle de grandes difficultés
après quelques jours.
Trembley ni Dumortier n'ont pu voir les cils vibratils sur les
tentacules, et le premier a eu le tort de croire que le tourbillon
62 J. JULLIEN
tcntaculaire était le résultat des secousses de ces tentacules,
quand il est le fait des cils vibratils qui existent sur les tenta-
cules de toutes les espèces de Bryozoaires tant d'eau douce que
marins.
Le même auteur s'est trompé en prenant pour des œufs les
corpuscules flottants de la cavité périgastrique dont il a parfaite-
ment décrit les allées et venues, sauf en ce qui concerne le corps
du Polype; je ne sais trop ce qu'il appelle ainsi, je pense que ce
doit être l'estomac ou l'appareil .digestif, dans lesquels il n'entre
rien par la paroi externe ; le sens positif des mots corps du Polype
me paraît présenter quelque obscurité.
Malgré ces quelques erreurs et lacunes, la note de Trembley
est fort remarquable pour l'époque où elle a paru, et ses torts
sont bien excusables quand on songe aux difficultés de ce genre
d'études.
C'est sur le Lophopus que Dumortier a découvert le système
nerveux des Bryozoaires, facile à voir sur les polypides
placés de profil; il consiste en un ou deux ganglions
placés contre le pharynx entre celui-ci et l'anus, ils
sont formés de cellules sphéroïdales très ténues divi-
sées par des tractus fibreux. Reinhard ('l)en a donné
une coupe dans une brochure écrite en russe, il l'avait
pratiquée sur la Cristatelle, fig. 224.
Van Beneden et Dumortier ont commis une grosse
erreur , en décrivant le statoblaste de la CrlstatcUa
mucedo , comme l'œuf d'une autre espèce de Lophopus,
alors que P. Gervais avait décrit le statoblaste depuis
Fig. 194. des années, comme appartenant à la Cristatelle de
Rœsel; les statoblastes de Lophopus n'ont pas d'autres
épines que celles qui terminent le grand diamètre.
Le Lophopus est une des plus grandes espèces de Bryozoaires,
et la transparence de l'ectocyste en fait un excellent sujet d'étude ;
mais il ne faut pas en généraliser les résultats à la Classe entière,
comme le veutAllman; les différents groupes n'étant pas tous
construits sur le même type.
Je propose de donner le nom de Trembley à cette ancienne
espèce, car elle lui appartient; Pallas aurait dû vraiment agir
ainsi, puisqu'il n'avait pas découvert ce Bryozoaire et qu'il n'en a
parlé que 22 ans après Trembley.
fl) Description, xlructurc et dcveloppemcnt den Bryozaires d'eau douce, par
Reinhard. CharkofT, 188-2, avec 7 planclies.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE
63
Synonyuxie
Polype à panache Trembley, Baeek.
Bell~flowei' animal Baker.
Gepluymden Polypnx Baker.
Tubularia cristallina Pallas.
Tubularia reptans Gnielin.
Campanulate tubularia Shaw.
Plumatella cristala Lamarch
ger, Blainville.
Naisa reptam Lamouroux ,
champs.
Schweig-
Desloug-
Alcyonella , tertius evolutionis gradus
Raspail.
Plumatella campunalata P. Gervais.
Àlcyonella stagnorum Johnston, Allraan.
Plumatella crystallina P. Gervais.
Lophopus crystallinus Dumortier, vaa
Beneden, Allman.
Lophopus liakeri van Beneden.
Habitat. — Lamouroux l'a trouvée aux (?) environs de Gaen en
1816; c'est sa Naisa reptans. Pour moi, je l'ai pêchée en juillet
1869, dans les fossés du Jardin d'Acclimatation au Bois de Bou-
logne, près Paris, elle était fixée sur une tige herbacée morte et
inondée, dans le courant du ruisseau des Palmipèdes, exposée
toute lajournée en plein soleil. Le zoarium était
gros comme le bout du doigt , très ramifié et
transparent, il contenait une quantité de stato-
blates. Gomme Trembley, c'est le premier Bryo-
zoaire vivant que j'ai vu, j'en fis à l'époque un
dessin très soigné, dont je fis présent à M. le
Professeur Desbayes ; il prit l'animal pour une
bête marine. Depuis cette époque je n'ai jamais
retrouvé de Lophopus. J'ai vu au Laboratoire
d'anatomie comparée du Muséum de Paris, des Fig. 195.
préparations microscopiques de cette espèce, dont les colonies
avaient été recueillies dans les bassins de l'École botanique ;
toujours est-il que les Lophopiers sont des animaux très diffi-
ciles à se procurer, surtout à l'état de colonies ramifiées. L'irré-
gularité de station de cette espèce la rend difficile à trouver,
sa découverte étant toujours l'elfet du hasard ; aussi tous ceux
qui en ont parlé ne l'ont-ils pas indiquée comme une espèce
commune. Elle est cependant fort répandue, puisque les natura-
listes la signalent en Hollande, en Belgique, en Allemagne, en
Angleterre et en France. Jusqu'à présent elle n'a été trouvée que
dans les fossés et les étangs, je crois être le premier à la signaler
dans l'eau tout à fait courante et en plein soleil, sous Ui forme
d'une superbe colonie, dont je donne^le dessin incomplet d'un
bourgeon.
64
J. JULLIEN
En 1859, le docteur Leidy (1) a déclaré qu'il a découvert un
Lophopus dans Schuylkill river, à Philadelphie, il n'a pu jusqu'à
présent en déterminer les caractères.
J. Mitchell (2), en 1862, dit avoir trouvé aux Grandes Indes,
sur des racines de Lemna dans le réservoir d'un petit jardin, une
espèce de Lophopus qu'il appelle Loplwpia avec incertitude, il n'a
pas étudié suffisamment sa trouvaille qui reste inconnue.
Genre PECTINATELLA Leidy, 1851.
Zoœcies dispersées irrégulièrement à la surface d'un zoarium
gélatinoïde, massif, hyalin, fixe ; orifices groupées en aréoles lobées,
irrégulières sur la surface libre; statoblastes lenticulaires avec un
anneau et des épines marginales.
Pectinatella magnifica Leidy, 1851 .
Fig. 196 à 213.
Synonymie: Cristatella inagnifca Leidy, \8^[; Pectinatella magni-
/?m Leidy, 1851, Allman, Hyatt.
Le Professeur Leidy (3) en
a donné la description suivante
que j'ai traduite en français :
« Polypidome massif, encroû-
tant les corps, depuis quelques
pouces jusqu'à plusieurs pieds
de long, par des traînées de
cinq centimètres de diamètre ;
gélatinoïde, consistant, hyalin,
avec de nombreux Polypes sur
la surface libre disposée en
aréoles irrégulières serrées.
Les Polypes sont pourvus de
deux lobes réunis ensemble
en forme d'U, renfermant la
bouche à la base et possédant
Fig. 196.
(1) Proceeding<! nf the Acad. nal. se. of Philadelphia, 1859 (séance du 2 nov.).
(â) Mitchell J., Notes froin Madras (in Quart. Journ. microsc. science, 3« série,
t. II, p. 61).
(3) Leidy. l'torcidixcjs Anid. nal. Se. of Philadelphia., Sept. 1851 and Nov. 1851-
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
65
Fis. 197
de 50 à 80 tentacules sigmoïdes, divergeant du bord, disposés au
sommet de la double ligne extérieure de l'U, avec les extrémités
des bras de la dernière inclinant vers chaque autre ;
la lèvre relevée (épistome) avec la base des lobes
tentaculaires et le quart inférieur du bord interne
des tentacules, dans le voisinage de la bouche, est
de couleur carminée ou rose-rouge sombre; l'œso-
phage est incolore ; l'estomac plié longitudinalement est d'un brun
jaunâtre ; le rectum est dilatable, hyalin, son extrémité légèrement
saillante, mais rétractile. La longueur du fond de
l'estomac au sommet des tentacules étendus,
égale 3™'"384 ; le plus grand diamètre des tenta-
cules étendus (cloche tentaculaire) est de l'"ml28
à l"""3o36. Les tentacules ont une longueur de
O'""'63o et une largeur de 0"^™0254. L'œuf (stato-
blaste) est lenticulaire, brun, limité au bord par ^'*iI5&S'^
un bourrelet cellulaire annulaire d'un blanc bru- '
nâtre, ayant une largeur de 0'""U27 sur une face, fis- i98.
et 0"""254 sur l'autre, pourvu sur son bord externe
de 14 à 16 appendices d'une longueur de 0'"™127, terminés par un
grappin double et rarement triple. L'œuf (statoblaste), avec son
bourrelet mince, discoïdal, intact, a une largeur
de 0"'™770, y compris ses appendices enveloppés
dans une masse hyaline albuminoïde ; quand il
est mCir il peut flotter. La surface du polypier a
l'aspect d'une mucosité épaisse d'où sort une
quantité de tentacules. Immédiatement sous elle,
existe un lit de couleur rose clair,' coloration due
à la teinte rouge du pourtour de la bouche des
Polypes; puis vient une autre couche de couleur jaune sale, due
à la coloration de l'estomac des animaux; au-dessous de celle-ci
apparaissent de nombreuses taches blanches,
jaunes et brunes qui sont des œufs à divers degrés
de développement ; enfin la plus grande partie
de la masse consiste en une substance parfaite-
menthyaline, consistante et gélatinoïde. L'animal
n'est pas aussi irritable que celui desPlumatelles,
mais comme ce dernier, il est capable de se_ re-
tirer entièrement dans son tube, position dans la-
quelle l'estomac paraît replié transversalement. Quand les œufs se
détachent de la masse, ils viennent flotter à la surface de l'eau. »
/'^^
Fig. 199.
Fis. 200.
66
JULLIEN
Hyatt Alpheus (1) a complété cette description par de nouveaux
détails et par de superbes dessins. Voici la traduction de son
Fig. 202.
Fis. 201.
Fig. 203.
texte : « Les polypides sont disposés sur les lobes, quelquefois
sur un seul rang, mais généralement sur deux, placés alternati-
vement. L'ectocyste est d'une grande épaisseur
au centre et peut avoir de dix à vingt centimètres
ao *i7^ ^^ profondeur ; bras aussi longs que le tube éva-
ginable du polypide. 11 y a de 60 à 84 tentacules.
Fig. 204. La partie inférieure de ceux-ci et la bouche sont
(1) Hyatt Alpheus, Observations on Polyzoa suborder Phylactolœmata. (In com-
munications Essex Institute. Vol. V, 1868, p. 227, fig. 20, et vol IV, pi. 9 figs. 4-13.
pl. 10, 11 et 12.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE
67
""Vjr^
Fie. 205.
cramoisies. Les statoblastes varient de 0'""'8Û0 en largeur sur 0""n90Û
en longueur. Les proportions en nombres égaux sont 24 sur 27, ou
26 sur 27, 27 sur 28, 28 sur 29, 29 sur 30 et 30 sur 30. L'anneau varie
de I- à 4 sur les côtés, et de -| à — aux extrémités. Les épines ont
à o 3 4
environ 0"""233 de long, en les mesurant du bord
externe de l'anneau vers le dehors.
Les exemplaires trouvés dans PYesh Pond, Mas-
sachussetts, et ceux se rencontrant dans Pennis-
sewassee Pond, Maine, difTèrent par le nombre de
tentacules et des épines. Les premiers ont de 60
à 75 tentacules et les statoblastes de 12 à 17 épines ;
tandis que les derniers ont de 72 à 84 tentacules
et de 20 à 22 épines. Les variétés de forme dans
les masses sont entièrement dues au contour des surfaces sur
lesquelles elles se développent. Si ces surfaces sont aplaties, les
masses deviennent subconiques ; si le développe-
ment se fait sur une tige, la masse est fusiforme; à
l'extrémité d'une branche, la masse devient arron-
die comme dans la pi. IX fîg. 4. Quand l'ectocyste
vieillit, la plupart des colonies mourant ou flottant
au loin, se fixent et vivent pendant quelque temps
isolées, mais ne grandissent plus ; quelquefois ce-
pendant elles continuent à vivre plus ou moins
largement séparées sur les restes de leur ectocyste,
mais en raison de l'enlèvement de la pression latérale, les colonies
nouvelles perdent leur forme hexagonale sub-anguleuse.
Pendant la résorption des polypides morts, les estomacs
disparaissent les premiers, puis les tentacules et enfin les
gemmes. La persistance de ces dernières est intéressante,
parce qu'elles disparaissent chez les Plumatelles et Fré-
déricelles bientôt après la saison de la reproduction qui
passe rapidement. La grande taille de l'enveloppe albu-
mineuse des bourgeons d'hiver gêne très sérieusement
la hberté des mouvements, dans les muscles des poly-
pides vivants et abaisse les estomacs hors de leurs places.
Les statoblastes sont plus grands et plus serrés près du centre
où les premiers polypides sont morts ; les circonstances impli-
quent que la couverture gélatineuse n'est pas seulement une
matrice pour les crochets, mais qu'elle sert encore (en partie du
moins) à faire périr les premières Hgnes des polypides. Cependant
il n'en est pas de même dans les colonies qui ont peu de stato-
Fig. 206.
Fig. 20^
(i8
J. .IULLIEN
blastes, et où l'on voit comme quelques polypides morts luté-
rieurement parmi les autres. Cela paraît dépendre tout- à-fait de
l'âge des polypides. Les exemplaires peuvent être maniés assez
Fig. 200.
Fig. 210.
brutalement sans que les polypides se rétractent, même si on les
retire de l'eau on n'obtient pas d'effet, ils s'étendent aussitôt
quand on les y replace. Conservés ensuite
en captivité pendant quelques semaines, ils
deviennent plus peureux, et quand on les
inquiète ils restent plus longtemps rétractés,
ils paraissent même alarmés de se voir ainsi
contractés et semblent trouver nécessaire
d'étendre au-dehors leurs tentacules pour
les aérer très vite, après la disparition de
leur ennui, quoiqu'il puisse ensuite se passer
une heure avant l'extension du reste du
polypide. «
Habitat. — États-Unis, environs de Phila-
delphie ; dans les étangs appelés Fresh Pond et Mystic Pond près
Cambridge (Massachussetts), et dans celui de Pennissewassee
Pond (Maine). Dans les fossés et eaux dormantes, encroûtant les
branches mortes et les pierres.
Le Docteur Leidy rapporte que le docteur Wm. Spillman, de
Columbus (Mississipi), a péché, dans les lacs des environs, des
masses de Pectinateila magnifica suspendues aux extrémités des
branches, et atteignant trente-huit centimètres de long sur trente
de large. Quelles colonies gigantesques!
MONOGRAPIIIK DKS BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE
69
Pectinatella Carteri (1) Hyatt, 1868.
Fig. 214 à 216.
Hyatt a donné ce nom à l'espèce dont Carier a décrit et figuré
le statoblaste qui ne ressemble
guère à celui de l'espèce améri-
caine. La Pectinatella Carteri se
trouve dans les étangs des envi-
rons de Bombay sur Paludina Ben-
galensis, le statoblaste est ovale,
orné de 14 épines à chaque ex-
trémité ; chaque épine porte vers ^^^
son extrémité libre des barbelures en crochets recourbés vers le
corps du statoblaste.
Carter a fait un Lophopus de cette espèce.
Genre CRISTATELLA G. Cuvier, 1798.
Zoœcies à peine saillantes, disposées en plusieurs séries margi-
nales et concentriques sur la face supérieure d'un zoarium gélati-
noïde, aplati, rubané dont la face inférieure est susceptible d'une
locomotion très lente. Statoblastes orbiculaires avec un anneau
cellulaire marginal et des épines marginales sur les deux faces.
Ce genre a été formé pour le petit animal décrit par Rôsel (2),
sous le nom de « Der Kleinere Federsbusch Polyp mit dem ballen-
fôrmigen Kôrper ». Cuvier l'a établi dans le Tableau élémentaire de
l'histoire naturelle des Animaux, publié l'an 6 ou en 1798, où il le
donne sous le titre suivant : « Des Cristatelles ou Polypes à plu-
mets (Cristatella) , qui ont sur la bouche une espèce de plumet
formé par des tentacules portés sur une tige commune, et rangés
parallèlement ou en pinceau. Leurs mouvements servent à ame-
ner vers la bouche les corpuscules dont l'animal se nourrit. Les
Cristatelles habitent les eaux stagnantes, et leurs amas ne parais-
sent à l'œil nu que comme des taches de moisissure. » A la pi. 14
(1) Carter H.-J, On the identîty in structure and composition of the so-called
Seed-like Body of Spongilla with tiie Winter-egg of tlie Bryozoa; and tlic présence
of Starch-granules in each. (In Aimais and Magazine of Nat. Hist., 3= série vol.
III, 1859, p. 338, pi. 8 fig. 8-15).
(2) Insecten Belmtigung (1755;. Der Kleinere FedorlMisch Polyp mit den ballen-
fôrmigen Kui-per, t. III, p. 559, pi. xci.
70
J. JULLIEN
il eu donne les branchies (1); mais Cuvier ne le connaissait pas
autrement que par les dessins de l'auteur allemand. Dans la
deuxième édition de son Règne animal (2), il modifie sa descrip-
tion que voici : « Les Cristatelles ont sur la bouche une double rangée
de nombreux tentacules, courbée en demi-lune, faisant un panache de
cette figure et attirant, par leur tnouvement régulier, les molécules nu-
tritives. Ces bouches sont portées sur des cols courts attachés à un corps
gélatineikc commun qui se transporte comme des Hydres, on trouve ces
animaux dans nos eaux dormantes. A Vœil nu ils ne paraissent que de
petites taches de moisissure. » On voit que, même en 1830, Cuvier
n'avait point vu la Gristatelle dont il faisait à juste titre un excel-
lent genre.
S'il en a été du Kleinere Federbusch Polyp de Rôsel, comme du
Polype à panache de Trembley, c'est que la découverte de ces
deux animaux est accidentelle et difficile, et que les naturalistes
ne les retrouvant pas, ne purent croire à leur existence et con-
fondirent ces animaux avec la Plumatclla repens dont toutes les
formes sont excessivement abondantes et faciles à se procurer.
Cristatella mucedo J. Cuvier, 1798.
Fig. 217 à 224.
Zoarium ovale, convexe en dessus, aplati en dessous, d'un
jaune terne ou terre de Sienne, dont les plus grands spécimens
atteignent cinquante millimètres de long sur treize de large,
Fig. 217.
Fig. 218.
Fig. 219.
Fig. 224.
d'autant plus mobile qu'il est plus jeune et pouvant atteindre une
vitesse de plusieurs pouces par jour; zoœcies formant trois séries
(1) Tableau élément, de l'Hixt. naturelle des Animaux (an VI, 1798), p. G56, pi. xiv.
(2) Ri'gne animal, 2» Mit., 1H30, III, p. 29(;.
JrfOMOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAIi DOUCE
71
régulières concentriques, alternes et marginales, sur la face supé-
rieure; les Polypides portent de trente-deux à quatre-vingts tenta-
cules, ils ont la même couleur que le zoarium, sauf l'intestin qui
est d'un bleu-verdâtre pâle quand il est bien nourri. La face infé-
rieure porte en son milieu un disque ovale, contractile, de forme
très changeante qui sert de moyen de locomotion. Des bords du
disque s'étend extérieurement une surface aplatie, dépassant les
séries externes des orifices, sous la forme d'une marge; cette
marge est occupée intérieurement par une série de cellules ou
chambres tubuleuses, visibles à travers la peau transparente, qui
s'étendent en rayonnant de ce disque au dehors, mais ne possè-
dent aucune ouverture. Statohlastes arrondis, lenticulaires, bordés
d'un anneau sur les bords duquel naissent de chaque côté des
épines cornées, dirigées vers le bord du statoblaste qu'elles sui-
Fig. 220.
Fig. 221.
Fig. 222.
vent jusqu'au bord libre, les plus longues se redressent brusque-
ment en dehors, elles se terminent toutes par des grappins simples
ou multiples ; il y a environ vingt-deux épines d'un côté et douze
de l'autre, elles sont plus longues du côté où elles abondent; la
couleur des statohlastes mûrs et en liberté est d'un rouge brun
foncé. Ils ont environ 0'^"^769 de diamètre.
Synonymie :
Der Kleiner Federbusch Polyp Rosel.
La seconde sorte de Polypes à bouquets
Ledermuller.
Cristatella mucedo G. Cuvier, Turpin,
P. Gervais, Thompson, Allman, Van
Beneden, Reinhard.
Cristatella vagans Lamarck, Goldfuss,
de Blainville, Lamouroux, Schweiger.
Cristatella mirabilis Dalyell.
Habitat. Elle habite les lacs, les étangs et les fossés d'eau lim-
pide, où elle rampe à la surface supérieure des pierres immergées
72
J. JULLIEN
et des tiges de plantes aquatiques, surtout au soleil. Elle paraît
être annuelle.
Localités : Cette Cristatelle est commune aux environs de Paris;
P. Gervais l'a trouvée adulte dans l'étang du Plessis-Piquet, il en
a découvert les statoblastes dans le canal de l'Ourcq en 1836, en
plein Paris ; Allman l'a rencontrée à Fontainebleau dans le grand
étang; moi je l'ai constatée à l'état de statoblastes dans les fossés
qui suivent l'étang du Perray près Rambouillet en Juillet 1884,
il y en avait d'éclos et d'entiers que j'ai mis tout de suite dans
l'alcool, j'en ai encore trouvé le même jour dans l'étang de Saint-
Quentin, près de l'École militaire de Saint-Gyr, mais malgré tout,
j'avoue n'avoir pu me procurer les colonies que je désirais.
Fig. 223.
On la rencontre en Europe depuis la France et l'Angleterre
jusqu'aux environs de Karkow en Russie, dans les grands lacs de
la Suisse et dans tous les cours d'eau.
J.-G. Dalyell (l j est le premier observateur qui a vu la Cristatelle
(1) Report Brit. Assoc, 1831. p. 601; et Edimbourg, new Philosoph. Journ..
vol. XVIII, p. 4U.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 73
dans un complet développement; il la décrivit en 1834 et lui
donna le nom de Cristatella mirabilis, tant l'adulte diffère des
jeunes colonies dessinées par Rôsel et Turpin. C'est en'Écosse
que Dalyell fit sa découverte. Les dessins qu'il en a publiés en
1848 (l), sont absolument mauvais et insuffisants; les tentacules
sont représentés par de simples traits disposés irrégulièrement ne
donnant aucune idée de ces animaux.
Les meilleurs dessins qu'on en connaisse sont ceux de Rôsel et
de Turpin pour les jeunes colonies, et ceux d'Allman pour l'adulte.
Le nombre des tentacules paraît être aussi très variable; si on
compte leur nombre sur les dessins des auteurs, on trouve que
Rôsel en a dessiné 32, 33, 40 et 43 à ses Polypides ; P. Gervais en
donne 60, ainsi que Johnston et van Beneden. Allman les porte à
80 et Dalyell à une centaine. Mais je crois que ces auteurs ont eu
tort de ne pas compter ces organes sur un certain nombre de
colonies, ils auraient constaté certainement des différences,
comme cela m'est arrivé pour les Plumatelles.
C'est des statoblastes que lui avait donné P. Gervais, que Tur-
pin s'est procuré les animaux qu'il a dessinés, et dont l'image a
été reproduite dans quantités délivres élémentaires. Cependant
cette figure est ti'ès inexacte pour les lophophores.
Il est très facile de se procurer les statoblastes de cette espèce
à l'état isolé. Pour cela on agite un instant dans l'eau des fossés
ou des étangs un salabre en toile qu'on lave bien ensuite en le
retournant plusieurs fois, pour qu'il n'y reste rien, ni boue ni
corps étrangers, alors on aperçoit sur la- toile de petits points
noirs arrondis ; ce sont les statoblastes en question qui sont restés
accrochés par leurs griffes, par leurs grappins et qu'on enlève
facilement avec une petite pince ou avec une épingle.
Cristatella Idœ Leidy, 1859.
Zoarium ovale, aplati, d'un jaune blanchâtre transparent, pas-
sant au jaune d'ambre, d'environ 2.^""" cà ^"'"' de long, sur 4'""'5 cà
6"""33 de large, pouvant se déplacer de 2d à 26 millimètres par
jour. Zoœcîes disposées sur trois rangs autour du zoarium ; chaque
polypide portant soixante-douze tentacules environ sur le lopho-
phore. Statoblastes biconvexes, lenticulaires et arrondis, avec un
(I) Rare and Rnn'irkihle Aniiwih of Sritland, 18i8, vol. (T, p. 87. pi. xxvii
et xxvui.
6
74 ■!• JULLIEN
anneau marginal et discoïde un peu plus large d'un côté que de
l'autre. Des bords internes de l'anneau partent environ soixante-
dix appendices en forme d'ancre, dont cinquante d'un côté for-
mant deux séries géniculées sur le bord extérieur de l'anneau,
les vingt autres sont plus courts et divergent du côté opposé.
Le diamètre des statoblastes est de l"'"4o2 ou 1/2 ligne sans les
ancres.
Syn. Cristatella Idœ Leidy, Hyatt, Potts.
Habitat. Eaux dormantes des États-Unis.
Trouvée à Newport (Rhode-Island) et Philadelphie.
Voici ce qu'en a dit Leidy (1) à l'Académie des Sciences natu-
rrelle de Philadelphie :
« Le Docteur Leidy fait observer, ([ue pendant les quelques
semaines qu'il a passées l'été dernier en compagnie de M. Bridge
chez M. Powel à Newport, Rhode-Island, ils ont examiné ensem-
ble les ruisseaux et les étangs d'eau douce des environs pour y
trouver des Bryozoaires. Ils ont eu la bonne fortune de découvrir
une nouvelle espèce de Cristatella; c'est la première espèce de ce
genre découverte en Amérique. La localité de ce Bryozoaire est
Lily-Pond (étang des Nénuphars), près Newport, dans lequel on
le trouve très abondamment, à la face inférieure des pierres qui
forment les bords de cet étang.
» Pendant le mois d'août, cette Gristatelle forme des masses
aplaties, elliptiques, d'environ 25'""'4 de long sur 4™'"5 de large,
et sont d'un jaune blanchâtre transparent. Environ trois rangs de
Polypes entourent les masses. Chaque Polypide porte 72 tenta-
cules sur ses bras en fer à cheval (lophophore), tentacules réunis
à leur base par une membrane délicate festonnée et aréolée.
» Les colonies de Cristatella placées dans un vase d'eau, s'y
sont déplacées de 23 à 26 millimètres en vingt-quatre heures.
» Les œufs ou statoblastes étaient imparfaitement développés
pendant mon séjour à Newport. Dans le présent mois, M. Powel
m'a envoyé de beaux spécimens accompagnés d'une note où il
me dit : « J'ai fait une expédition cà Lily-Pond, et je me suis pro-
curé un grand nombre de Cristatella avec des œufs. J'ai trouvé
sur une seule pierre cinquante-quatre colonies séparées, dont
une, de 44"""45 de long sur 6"^"'3o de large, était d'une belle cou-
leur d'ambre, et contenait des œufs à différents degrés de déve-
loppement. »
(1) Pronot'dings of tho Arndoniy nf nainral Sniencps of Pliilndolphin. 2 nov. 18.59.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 75
» Ces œufs sont les plus grands que j'aie vu chez les Bryozoaires.
Ils sont biconvexes, lenticulaires et circulaires, avec un anneau
marginal et discoïdal un peu plus large d'un côté que de l'autre.
Des bords internes de l'anneau partent environ soixante-dix ap-
pendices en forme d'ancre dont cinquante d'un côté, formant
deux séries géniculées sur le bord extérieur de l'anneau; les vingt
qui restent sont plus courts et divergent du côté opposé. La lar-
geur du statoblaste est de 1'"™ 152 sans les ancres. Cette espèce
américaine de Crhtatella est respectueusement dédiée à la sœur
de M. Powel sous le nom de Cnstatella Idœ.
» L'espèce américaine diffère de l'espèce européenne Cristatella
mucedo par son port aussi bien que par différents points d'organi-
sation. Le Professeur Allman, dans sa remarquable monographie
sur les Bryozoaires, dit : « Tandis que le plus grand nombre des
Bryozoaires d'eau douce se cachent sous les pierres ou dans des
endroits obscurs, la Cristatelle aime à s'exposer à la plus brillante
lumière et à la chaleur du soleil. »
» Le polype de la C. mucedo a environ quatre-vingts tentacules;
et l'intestin est d'un bleu-verdàtre pâle. Celui de la C. Idœ porte à
peu près 72 tentacules et l'intestin est jaunâtre. Les œufs ou sta-
toblastes de C. viucedo ont environ 0'"'"769 de diamètre; ceux de
C. Idœ atteignent à peu près I'"'"128. Les statoblastes de C. mucedo
figurés par Allman ont les ancres sigmoïdes; celles de la dernière
espèce ont un double crochet. »
Quelques années après, en 1879, Leidy retrouva à Philadelphie
même, son espèce de PJiode Island. Je traduis encore le texte des
Proceedings (1) : « Le Professeur Leidy raconte qu'il y a quelques
jours (30 septembre) en se promenant dans le parc avec sa petite-
lîlle, elle appela son attention sur ce qu'elle prenait pour un
grand nombre de chenilles au fond du ruisseau. Or ces chenilles
n'étaient autre chose qu'une accumulation extraordinaire de Cris-
tatella Idœ. Cette espèce de Bryozoaire ou de Polype cilié d'eau
douce, a été découverte à Newport, R. IsL, il y a vingt ans envi-
ron, et décrite dans les Proceedings de cette Académie (1858-59).
M. Leidy l'a cherchée bien des fois aux environs de Philadelphie
et ne l'avait pas encore rencontrée. »
Le développement de la Cristatelle dans la locaUté indiquée est
très remarquable et merveilleux par son étendue. Des milliers de
il) On Crùtalella Id'V. Proceedings of the Acadeiiiy of Nat. S(;. of Philadelphia.
p. 203, 1879.
76 -I. .IULLIEN
groupes verraiculaires couvraient le fond du ruisseau sur environ
trente pieds (9'"141) de longueur, avec une largeur d'un yard
(0"'914) et finissaient en se rétrécissant à une largeur d'un pied
(0'"3048). Ils couvraient toutes les pierres et les plantes submer-
gées, et, si serrés qu'ils s'entrelaçaient les uns avec les autres,
laissant seulement d'étroits intervalles, sans espaces pour le
mouvement, si ce n'est par leur mutuel déplacement. Les groupes
étaient tous attachés à une membrane basilaire commune, de
laquelle cependant, ils étaient susceptibles de se séparer eux-
mêmes. Un grand lambeau de la membrane, couvert de groupes
de Cristatella ayant été placé dans un vase avec de l'eau, on vit
deux jours après que la plupart des groupes s'étaient répandus
vers le fond et sur les côtés du vase. La membrane basilaire est
de couleur ambrée homogène et obscurément granuleuse. Un lam-
beau de celle-ci de dix centimètres de long sur cinq de large,
entièrement couvert de groupes de ce Polype, conservé dans
l'alcool est offert pour le Musée.
Il est certain que pendant le développement et la croissance
des groupes de Gristatelle, ils se séparent de temps en temps en
plus petits groupes, ne conservant leur connexion que par la mem-
brane basilaire qui paraît avoir un caractère excrémentitiel.
La membrane basilaire de la Gristatelle était rendue encore
plus intéressante, par cette circonstance que dans les intervalles
séparant les groupes de Polypes, elle portait une multitude de
Difflugia corona.
Dans cette saison (fin septembre), les groupes de Gristatelle
sont remplis de statoblastes ou œufs d'hiver, à toutes les époques
de développement. Les statoblastes mûrs portant l'anneau, mais
sans les épines marginales en forme d'ancre, mesurent de 1"""2d
à l'"'"225 de diamètre. Sur quinze spécimens, sept mesuraient
|mm2 de large. Le nombre des épines en forme d'ancre, varie de
60 à 70 ; mais dans quelques exemplaires on en trouve pour le
moins 53 et au plus 74. Par la taille, aussi bien que par le nombre
des épines, ils ditïèrent considérablement de ceux des Cristatella
mucedo et ophidio'idea.
Les Polypides de la Cristatella Idœ, bien étendus, ont environ
3""^ de longueur, et leurs bras supportent à peu près quatre-vingts
tentacules. L'estomac est brun chocolat, quelquefois jaune pâle
ou brun-verdàtre. »
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
77
Cristatella ophidioïdea Hyatt, 1868.
Fig. 225 à 236.
Zoarium arrondi dans le jeune âge, atteignant plus tard une
forme de ruban longue de vingt centimètres et large de quatre à
vingt-cinq millimètres avec une épaisseur de trois millimètres ;
un petit zoarium de vingt-cinq millimètres peut ramper de toute
tzf
Fig. 226.
sa longueur en vingt-quatre heures. Zoœcies disposées sur quatre
à huit rangs concentriques, leurs Polypides ont environ quatre-
vingt-dix tentacules. Statohlastes peu abondants, orbiculaires, et
garnis sur les bords de l'anneau de cinquante-deux à cinquante-
neuf spinules dont trente-deux ou trente-sept longues et vingt à
vingt-deux courtes, leurs pointes sont ornées de petites dents
crochues, faisant de une à six pointes à chaque extrémité. Ils ont
de 0""'^800 à 0'"'"830 de diamètre.
78
.1. JULLIEN
Syn. Cristatella ophidio'idea Hyatt, Leidy, Potts.
Habitat. Environs do Salem (États-Unis).
Fis. 227.
Fig. 228.
C'est en 1868 que Hyatt a publié la description et les figures
de cette magnifique espèce dont la taille atteint de surprenantes
dimensions. Voici la traduction
de son texte (1) : « Gœnœcium
arrondis dans le jeune âge. mais
dans les colonies adultes, il at-
teint aisément environ vingt
centimètres de long sur quatre
à vingt-cinq millimètres de large ; un exemplaire de cette taille
affecte toujours une forme sinueuse; les plus petits cœnœcia
Fi". 230.
Fis;. 231.
Fig. 2.32.
sont quelquefois en ligne droite, et une colonie d'une longueur de
(1) Observalionn on Polyzoa subordcr J'hylactolœmata. Communications of the
Esscx Institut, 186S. V, p. 229; fii;. 21. vol. IV. pi. xiii ot xiv.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
79
vingt-cinq millimètres rampera de sa propre longueur en vingt-
quatre heures.
» Les Polypides adultes sont sur deux rangs, les tentacules du
troisième rang ne sont pas bien développés à l'extrémité des bras,
et jusqu'au dehors, tous les âges de croissance sont représentés
par des lignes de bourgeons et de jeunes Polypides variant de
deux à cinq.
» Le lophophore est aussi long que le tube périgastrique, quand
il est bien étendu et porte quatre-vingt-dix tentacules.
» Les statoblastes sont orbiculaires et frangés de vingt à vingt-
Fig. 231.
Fig. 235.
Fig. 236.
deux épines courtes et de trente-deux à trente-sept épines lon-
gues, aux pointes fourchues, déterminant de une à six pointes à
chaque extrémité. Les diamètres varient de 0™™8 à 0"'"'83.
» Cette espèce a été trouvée sous la forme de nodosités et de
lames supportées par un extocyste commun comme dans la Pec-
tinatella magnifica. Elle forme une même feuille peut-être en
vastes établissements de trois millimètres d'épaisseur.
» Les statoblastes sont peu nombreux et diffèrent tout à fait de
ceux figurés par le professeur Allman pour la Cristatella mucedo.
Le bord externe de l'anneau est entier et non découpé comme
dans cette dernière, l'enveloppe brune du statoblaste est lisse
au lieu d'être recouverte de petites bosses comme dans la C. mu-
cedo; le bord du statoblaste de notre espèce, vu de profil, est aussi
beaucoup moins symétrique.
» La Cristatella Idœ décrite par Leidy a seulement trente milli-
mètres de long, elle ne porte que soixante-douze tentacules, et le .
statoblaste est chargé de soixante-dix épines. »
Cristatella lacustris Potts, 1884.
Fig. 237 et 238.
Zoœcies peu saillantes, éparses à la surface d\m zoarium vermi-
80
.T. JULLIEN
forme, très peu adhérent, d'une longueur d'environ 152'nm dans
les plus beaux exemplaires, plus ou moins sinueux ou en spirale,
les très jeunes zoaria ayant la forme d'un soulier où les zoœcies
occupent la partie la plus élevée. Polypicles plus courts que les
tentacules du lopliophore, ces derniers varient de 52 à 60, il y en
a ordinairement 54. Statohlastes orbiculaires, rouge-brun, épais;
anneau marginal arrondi, entouré par une double série de grap-
pins; leur face la plus grande a une courbure" régulière, tandis
que la plus petite a une convexité plus marquée vers le centre.
Habitat : Sur les bois morts, dans les lacs, à un ou deux pieds
de profondeur.
Localité : Lac d'Harvey, Luzerne, États-Unis d'Amérique.
Cette Cristatelle est en efet très remarquable par sa grande
taille et par la forme de ses statohlastes. Mais comme le profes-
137
seur Potts, je trouve que ce genre n'a pas encore été assez
étudié au point de vue de ses formes, pour qu'on puisse à présent
affirmer la solidité de ses différentes espèces. J'ai maintenu dans
cette monographie toutes les espèces décrites, et je garde à leur
égard la judicieuse réserve de Potts.
La description que cet auteur en donne étant pleine d'intéres-
santes remarques, en voici la traduction :
« Je (1) désire annoncer la découverte que je fis en Automne
(1) On a siipposod species of Cristatella in Procccd. Acacl. nat. Se. of Philadolpliia,
part II, May-OcU)l)er 1881. p. 193, i>l. IV, (igs. 1-2. (Note comniiini(iucc Je 8 Juillet.)
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 81
dernier, dans les eaux du lac d'Harvey, Luzerne, Go. Pa., de
grandes colonies, ou en langage technique, d'aggrégations de
colonies, d'une espèce de Cristatella. offrant plusieurs particula-
rités, lesquelles semblent la distinguer de la C. mncedo d'Europe,
et d'autres formes américaines connues.
» Le lac d'Harvey est une belle nappe d'eau située à une altitude
d'environ 1200 pieds (365'"748) au-dessus du niveau de la mer,
parmi des collines partiellement boisées, de peu de hauteur. Il
affecte grossièrement la forme de la lettre T. Sa plus grande lon-
gueur est d'environ deux milles (Si^'' 218™). On dit sa profondeur
très considérable sur la plus grande partie de son étendue, elle
augmente rapidement à peu de distance du rivage.
» Les premiers groupes de cette superbe espèce ont été trouvés
sur un gros tronc d'arbre plongeant dans l'eau à un ou deux pieds
de la surface.
» Les colonies y apparaissent comme des masses vermiformes,
éparses, beaucoup plus longues que celle de Cristatella Idœ Leidy,
et rivalisent presque en longueur avec la Cristatella ophidioïdea
Hyalt, Les plus longues ont environ six pouces (152'"'"394). De
plus, bien qu'elles suivent parfois les lignes sinueuses, décrites
par ce dernier auteur, comme caractérisant son espèce, elles
suivent le plus souvent des lignes courbes, isolées, ou continues
comme une portion de la lettre 0 ou d'un C irrégulier. Depuis,
en trois ou quatre circonstances , nous avons retrouvé cette
espèce dans de nouvelles localités.
» Les extrémités des arbres morts, ou des grandes branches,
gisant à 20 ou 30 pieds (6 à 9'") du rivage, et s'étendant sur un dia-
mètre de 10 à 12 pieds (3™ à 3'"65), sont couvertes par des cen-
taines ou des milliers de ces colonies, s'entrelaçant et entourant
chaque branche et chaque ramuscule, cependant elles adhèrent
si faiblement, qu'elles se détachent des rameaux par douzaines,
rien qu'en secouant ceux-ci dans l'eau. Quand elles pendent tem-
porairement par une extrémité, elles prennent une forme spirale,
étroitement resserrées sur elles-mêmes. Leur ectocyste gélatineux
commun a presqu'une ligne d'épaisseur (2'°ni2o6), il couvre les
branches, autant que j'ai pu le voir. Sa persistance, sur les ra-
meaux que nous avons péchés, est fort remarquable, puisque,
après sept mois d'immersion dans l'eau, il est encore facilement
reconnaissable. Sous le microscope, on le voit formé d'un plexus
de lignes délicates, comme un mycélium très fin qui peut bien
avoir maintenant remplacé la structure normale.
82 .1. .IULLIEiN
» La loupe de l'auteur était d'un pouvoir trop faible pour ré-
véler aucun caractère distinctif chez les individus composant ces
colonies, et nous ne pouvons rien dire de leur être vivant étudié
au microscope; nous avons attendu le développement de quelques
statoblastes pour déterminer cette espèce. La mort d'un certain
nombre de colonies, dans la vase où elles avaient été placées,
rendit, pendant l'hiver dernier, plusieurs lavages nécessaires
pour enlever l'eau de macération et la matière corrompue.
Dans ces circonstances, les statoblastes ont été recueillis sur un
tamis.
» L'hiver passé, avril et mai arrivés, voyant que rien ne germait,
nous étions sur le point de tout jeter, quand nous avons heureu-
sement découvert plusieurs colonies embryonaires, attachées aux
parois latérales du vase. Elles consistaient en un ou huit Poly-
pides et offraient une particularité constante.
» Le cœnœcium vu latéralement peut être comparé à un soulier ;
les cellules cœnœciales occupent seulement, plus ou moins, la
portion élevée; l'autre extrémité est toujours prolongée en ma-
nière de chaussure, depuis la forme actuelle jusqu'à celle que les
Chinois considèrent depuis des siècles comme le type de la
beauté. Cet aspect est très remarquable, mais comme nous
sommes dans l'impossibilité de comparer ces jeunes colonies avec
celles du même âge des autres espèces, j'hésite à les déclarer
d'une nouvelle espèce. Dans les dernières éclosions, cet aspect
était beaucoup moins saillant, et dans les stages les plus avancés
des colonies les mieux développées, la prolongation n'a plus
de physionomie particulière.
» Une ilole contenait une quantité de statoblastes que nous sup-
posions avoir perdu leur vitalité par suite de l'entassement. Nous
les avons lavés sur un tamis et placés dans un demi gallon d'eau
(2'"2o0). Environ, dix jours après, nous avons été récompensé en
les retrouvant germes par groupes, la surface de l'eau était tache-
tée par de petits groupes flottants avec leurs disques placés supé-
rieurement, les têtes des Polypes et les beaux panaches tentacu-
laires pendant et étendus au-dessous.
» En examinant sous le microscope quelques statoblastes, soli-
dement tenus ensemble par leurs épines marginales, nous les
avons trouvés tous dans le premier état de leur développement;
cette conservation était due sans doute à leurs longues cellules
cornées qui ont probablement caché le principe conservateur à la
vie, sous l'enveloppe chitineuse de leurs valves, d'où il a été
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 83
chassé à droite et à gauche, amenant ainsi le jeune animal à la
nouvelle phase qu'il doit traverser.
» Les statoblastes, comme dans les autres espèces de ce genre,
sont orbiculaires, d'une couleur rouge brune, relativement épais,
avec un anneau marginal arrondi, et luie double série de crochets
rétenteurs.
» Les derniers s'étendent, d'une ligne membraneuse circulaire,
jusqu'auprès de la circonférence du corps chitineux, à l'un des
côtés ; ils sont réfléchis sur le bord, tandis que ceux qui appar-
tiennent à l'autre côté, se recourbant brusquement, entourent
une partie de l'anneau et rayonnent dans le plan équatorial; leur
surface est rugueuse, ou finement granuleuse. 11 y a peu de diffé-
rence entre les diamètres, ou les degrés de convexité des faces
du statoblaste, si ce n'est que les crochets les plus longs sont
ordinairement fixés à la plus grande face, dont la courbure est
régulière, tandis que l'autre face a une convexité plus marquée
vers le centre. La portion chitineuse est composée de petites cel-
lules hexagones, dont les surfaces externes paraissent être con-
caves ou déprimées, mais leurs bords sont relevés ça et là vers
leurs angles en papilles épineuses, avec les sommets arrondis,
plus nombreux près de la circonférence du statoblaste.
» Quand le développement de l'embryon commence, les faces ou
valves sont forcées sur les bords où elles se séparent toujours à
la même place; la totalité de l'anneau restant fixée, comme il a
été dit, tandis que l'autre se détache en dessous comme une boîte
à pilule se détache de son couvercle. Ce fait forme un contraste
frappant avec la façon dont les valves se séparent chez la Pecti-
natella comme le montre le diagramme ci-joint, fig. 212-213.
» Le bord arrondi du cœnœcium demi-transparent paraît main-
tenant, il sort lentement lui-même de telle sorte qu'en quelques
heures, le premier Polypide projette ses tentacules rudimentaires.
Au commencement, et pendant plusieurs jours, le cœnœcium est
presque rempli par des corpuscules de matière vitelline, opaques
à la lumière transmise, et jaunâtres à la lumière réfléchie; ils
sont fréquemment réunis en groupes sphériques, et on peut en
voir accidentellement un ou plusieurs dans le courant circula-
toire, ou, après une violente révolution, poussés probablement
par des cils vibratils à l'intérieur du cœnœcium. Ces masses gra-
nuleuses adhèrent à l'estomac et aux autres organes internes,
obscurcissent leurs bords et rendent presqu'impossible la décou-
verte de l'apparition des Polypides secondaires; ceux-ci, cepen-
84 J. .lULLIEN
dant, suivent plus rapidement le premier qu'on ne le croit, et plu-
sieurs tètes apparaissent avant la séparation des valves des
statoblastes.
» Les tentacules du premier Polypide sont généralement beau-
coup mieux développés que ceux des suivants, leur taille indique
un plus grand état de maturité. L'effet de l'action ciliaire est cer-
tainement évidente avant la maturité des tentacules, mais les cils
eux-mêmes sont petits et difficiles à définir. Les corps granuleux,
et les groupes qui obscurcissent le cœnœcium, sont résorbés gra-
duellement ou, en quelques cas, éliminés, restant en dernier lieu
dans la projection caudale d'où ils disparaissent enfin entière-
ment.
» Le cœnœcium entier devient alors d'une belle transparence,
qui ne permet cependant pas de voir clairement la structure des
Polypides , même quand ils sont rétractés, mais les contours
délicats des nombreux muscles rétracteurs peuvent être réelle-
ment tracés depuis leurs connexions avec l'estomac et les bran-
chies jusqu'à leur insertion sur le disque ou portion postérieure
de l'endocyste. Le fait que l'insertion de ces muscles a lieu pres-
qu'en ligne parallèles ou rayonnantes sur le disque du cœnœ-
cium peut rendre compte du terme employé par les écrivains qui
parlent des cellules du cœnœcium ; mais il n'y a pas ici de parois
cellulaires, et quand ils sont entièrement rétractés, les estomacs
des Polypides passent à travers les lignes des filaments muscu-
laires et reposent partout où ils peuvent trouver place. Cette
difficulté de trouver place pour leurs diverses personnalités est
souvent l'occasion d'une grande gêne pour eux, et d'un véritable
amusement pour l'observateur, lequel, quand une colonie est
troublée, verra les premiers Polypides se retirer avec l'apparence
d'une grande facilité, tandis que les derniers se débattent pour
se replier eux-mêmes, dans un lit où six ou huit sont déjà cou-
chés; les poussées, les secousses répétées sont nécessaires avant
qu'ils puissent finalement se cacher, comme ils paraissent le dé-
sirer en tirant ensemble la couverture transparente de l'endocyste,
au-dessus de leurs têtes.
» Les cellules de la couche externe de l'endocyste sont plus
grandes et plus profondes dans ce genre que les séries corres-
pondantes chez la Pectinatelle. Dans ces deux genres elles parais-
sent être du même caractère, sur toute la surface du cœnœcium;
il n'y a pas, sur la surface inférieure, la disposition de l'appareil
locomoteur, décrite par AUman, pour la Cristatella mucedo. Dans
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 8o
les deux genres aussi, avec un bon éclairage, et sous un fort
grossissement, on peut découvrii' les lignes délicates du tissu
musculaire transversales et longitudinales, formant les troisième
et quatrième couches des séries du professeur Hyatt, elles sont
visibles aussi sous la plus mince couche cellulaire du Polype
évaginé.
)) On admet généralement que l'ectocyste qui, chez la Pectina-
telle forme une masse de matières gélatinoïdes s'épaississant cons-
tamment, se trouve dans ce genre rejeté au-dehors, comme une
fugitive tunique, ou plus souvent comme une couche inerte qui
supporte les colonies, et sur laquelle leur locomotion s'effectue.
Lorsque dans mon aquarium les jeunes colonies se sont débar-
rassées des statoblastes flottants, elles restent, comme nous l'avons
déjà dit, avec leur disque à la surface de l'eau, une membrane
délicate et invisible s'étend sur cette surface, réunissant les co-
lonies voisines et formant une base de support, sur laquelle elle
ne paraissent pas se mouvoir volontairement. A l'état normal
dans un cours d'eau ou un étang, le vent, les courants les pous-
sent bientôt vers quelqu'objet solide sur lequel ils se fixent, et
qu'ils habitent. Nous l'avons déjà dit, aucune aptitude spéciale
n'existe pour faciliter la locomotion de ces colonies, et comme
sous ce rapport leur puissance est inappréciable, l'auteur hésite
à décider si elle est exercée volontairement et avec raisonnement,
ou bien si elle est le résultat accidentel des contractions et des
expensions fréquentes des muscles rétracteurs, troublant la posi-
tion des diverses parties du disque. Ceci nous paraît plus plau-
sible, n'ayant pu trouver chez cette espèce aucune méthode de
préhension dans les colonies, mais seulement une cohésion géla-
tineuse ou visqueuse à l'ectocyste.
» A maturité, dans cette espèce, l'évagination du Polypide est
complète; elle ne laisse non seulement aucun ph' invaginé, mais
elle montre la totalité du système digestif du Polype à une cer-
taine distaoce au-delà de la surface du cœnœcium. La longueur
totale de l'appareil digestif est plutôt moindre que celle des bras
du lophophore, environ égale à celle des tentacules externes. Ces
derniers, moins nombreux que dans aucune espèce déjà décrite,
varient de 50 à 60. Dans la plus grande majorité des têtes de Po-
lypes examinés, le nombre des tentacules était de 54, moins fré-
quemment il y en avait 56, 58 et 60 ; je n'ai trouvé ce dernier
nombre qu'une seule fois. D'un autre côté les grappins des stato-
blastes sont plus nombreux que dans CristatcUa opliidio'idea, à peu
biG J- JULLIEN
près les mêmes que dans les autres espèces. Jusqu'à présent, ce
genre comprend trois espèces, Cristatella mucedo G. Cuvier, Eu-
rope, Cristatdla Idœ Leidy et Cristatella ophidio'idea Hyatt, qui sont
américaines. Les différences qui les séparent ne sont pas consi-
dérables et il est permis de se demander si toutes ne pourraient
pas être réunies sous le premier titre. Dans la situation actuelle
on peut voir que l'espèce nouvellement découverte est au moins
aussi nettement différente des anciennes, que celles-ci le sont
les unes des autres. C'est à cause décela que je la nommerai
provisoirement Cristatella lacustris. »
2e S.-class. BRYOZOAIRES INFUNDIBULÉS,
Bryozoaires dont la couronne branchiale forme une cloche ré-
gulière.
V<^ Fam. Paludicellidées Allman, 1885.
Zoœcics cornées, lagéniformes, à orifice tubuleux se dressant à
angle droit sur la portion rampante ; le Polypide possède deux
funicules gastriques dont le supérieur aboutit à l'ovaire et l'infé-
rieur au testicule.
Allman a donné cette famille sans la définir ; elle ne renferme
encore qu'un seul genre.
Parmi les autres Bryozoaires infundibulés, cette famille doit se
placer à la suite de celle des Valkeridœ, dont elle diffère par son
double funicule, et par l'absence des soies à l'orifice.
Genre PALUDICELLA P. Gervais, 1836.
Zoœcies naissant bout à bout, et encore bourgeonnant latérale-
ment.
Synonymie :
Alcyo7iella Ehrenberg, Norman. | Allmaa, Thompson, Johnston, Hancock.
Pahidicella P. Gervais, Van Bencdon, | Leidy, Potts.
Paludicella Ehrenhergi Van Beneden 1848,
Fig. 239 à 243.
Zoœcies disposées bout à bout, avec un processus anastomo-
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
87
tique à la région inférieure de la grosse extrémité, séparées
de l'autre par des cloisons complètes ; orifice tubuleux sit
avant de la portion renflée, et lais-
sant sortir un Polypide pourvu d'une
cloche régulière de seize tentacules ;
ces zoœcies forment des zoaria li-
néaires, d'un brun plus ou moins
foncé, ramifiés, rampants et portant
des branches nombreuses disposées
en petits buissons. Reproduction par
œufs, statoblastes (?), bourgeonnement et hybernacles.
Synonymie :
l'une
ué en
i i)
Alcyonella arlictdaia Ehrenberg, 1831.
Alcyonella diaphana Nordniann.
Paludicella articula P. Gervais, Allman,
Thompson, Johnston.
Paludicella Ehrenbergi Van Bcneden
Allman, Parfitt.
Paludicella procumbens Hancock.
Paludicella clongata Leidy.
Localités : Sur les corps immergés et fixes, dans les eaux dor-
mantes ou d'un cours peu rapide, elle est lucifuge.
Européenne et Américaine, on la
trouve en France aux environs de
Paris ; P. Gervais l'a rencontrée dans
l'étang du Plessis-Piquet; je l'ai pê-
chée abondamment dans le lac d'En-
ghein en 1882 avec la Plumatella repens
et la Fredericella sultana, mais je ne
l'ai pas trouvée en Bourgogne dans
les montagnes du Charollais. Elle
existe encore en Angleterre, en Ir-
lande, en Ecosse, en Prusse, en Bel-
gique , dans les grands lacs de la
Suisse et de l'Italie septentrionale, on
la trouve en Russie et Leidy l'a dé-
couverte aux États-Unis, où il l'a dé-
crite et figurée sous le nom de P.
elongata.
Cette espèce a été découverte par Ehrenberg aux environs de
Berlin, en 1831, il en donna la description dans Symholœ physicœ,
Dec. I, pol. fol. a. Quelques années après d'autres naturalistes la
trouvèrent également sur différents points; mais P. Gervais en
2Mo
vÀi
-f^î-
88
J. JULLIEN
fit le genre Paludicella qui a été accepté depuis. Van Beneden a
observé qu'à la fin de l'automne, on voit se produire à la place où
Fig. yi^!.
MO^^OGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE. 89
se forment les bourgeons, c'est-à-dire de chaque côté de l'orifice,
un hybernade qui conserve l'espèce pendant l'hiver. Les hyber-
nacles de Van Beneden se montrent au commencement de l'hiver,
ils sont semblables aux bourgeons mais pourvus tout autour d'une
membrane solide. Ils n'ont pas cette régularité dans le volume
et la forme que présentent les statoblastes des autres genres, ils
sont toujours fortement comprimés, leur contour varie et les
uns sont beaucoup plus allongés que les autres. L'extrémité est
toujours terminée en tubercule arrondi. Ils sont d'un noir grisâtre,
couleur qui contraste avec celle du zoarium. Ils se composent
d'une enveloppe assez solide, dans l'intérieur de laquelle on voit
des globules ou cellules semblables aux cellules du vitellus. Cette
enveloppe se divise au printemps en deux valves qui se séparent
sur le bord et qui forment le commencement du zoarium. On voit
poindre alors le Polypide au milieu, et souvent on trouve encore
en Été les débris de l'hybernacle, qui font connaître le point do
départ du pied polypiaire (1).
E. Parfitt (2) prétend avoir découvert les statoblastes de la
Paludicelle, il les décrit ainsi : « Le bord forme une ellipse très
allongée, la cellule est très petite si on la compare avec sa très
large bordure, plan-convexe; la cellule est rouge-brun, l'anneau
ou la bordure d'un pourpre-bleuâtre, superbement réticulée et
réfléchissant les couleurs du prisme. Il y en a trois dans chaque
cellule, disposés bout à bout ».
A ces différents moyens de reproduction, on doit ajouter les
œufs véritables. Ces œufs sont produits par l'ovaire. Ce dernier
organe termine le funicule supérieur de l'estomac, tandis que le
funicule inférieur aboutit au testicule. Le funicule ovaire a été
découvert par Allman; j'en ai parfaitement constaté l'existence
sur mes exemplaires du lac d'Enghein.
Les touffes de Paludicelle ressemblent à un réseau de petites
racines rousses embrouillées.
Paludicella erecta Ed. Potts, 1884.
Zoœcies disposées pèlc-mèle, plus ou moins soudées entre elles,
(1) Duraortier et Van Beiieden, Histoire nat. dex Polypes composés d'eau douce.
Méra. Acad. de Bruxelles, IX, 1850. Tirage à part, p. 51.
(2) E. Parfitt, On tvjo mw Species of Frethwater Po^yzaa. Ann. and Magaz. of
nat. Hist , Ci), XVIII, 1866, p. 171.
7
90 ■'• JULLIEN
portant leurs orifices à l'extrémité de longs tubes toujours libres,
dépassant 2'"™ ; elles forment des zoaria rampants, que les orifices
rendent hérissés comme la surface d'une coque de châtaigne;
Polypides pourvus de 19 à 21 tentacules, mais plus souvent de
20. Reproduction par œufs et bourgeonnement.
Habitat. Rivières et ruisseaux des États-Unis, Amérique septen-
trionale, sur les pierres.
Localité. Tacony Creek, comté de Montgomery (Pensylvanie),
>'et dans les rivières Delaware et Schuylkill près de Philadelphie.
Voici la traduction de la note lue par Potts à l'Académie des
Sciences naturelles de Philadelphie :
« M. Edward Potts (l), fait une communication sur sa récente
découverte d'une nouvelle espèce de Paludicelle, qu'il nomme
Paludicella erecta.
» Ce genre de Bryozoaires d'eau douce ne contient, jusqu'à
présent, que la Paludicella Ehrenbergi Van Beneden {Alcyonella
articulata Ehrenberg) ; les deux autres noms, P. procumbens et
P. elongata, donnés par Albany Hancock et le Prof. Leidy étant
considérés, par Allman, comme identiques au type original. La
forme présente est absolument différente de l'ancienne par le
nombre des tentacules ciliés et par les caractères des cellules
cœnœciales. Un certain doute a existé dans l'esprit de l'auteur
sur cette espèce, en raison de la détermination difficile des septa
caractéristiques entre les cellules, par le fait de leur absence
apparente, absence pour laquelle on ne doit pas établir un nou-
veau genre.
» Elle a été, d'abord, découverte à Tacony Creek, dans un ruis-
seau du comté de Montgomery (Pensylvanie), k environ cinquante
pieds au dessus de la basse mer (Tide water). Quelques jours
après, elle a été aussi recueillie aux limites des basses eaux, dans
les rivières Delaware et Schuylkill près de Philadelphie. A la pre-
mière localité, elle a été trouvée en abondance dans des cavités
parmi les rapides du courant, couvrant fréquemment la surface
des pierres, à une profondeur d'un pied au plus, sur une surface
de plusieurs pouces carrés. Les terminaisons verticales des cel-
lules cœnœciales dans les parties serrées des colonies, ont envi-
ron une ligne de hauteur (2'""'224), et, s'étendant très pressées,
(1) E(J. Potts, On Paludicella erecta. Proceedings Acad. nat. Se. Philadelphia,
p. 213, 5 august 1881. — Ihid,, in Ann. and Magaz. iiat. Hist., (5), XIV, p. 4.37.
UôccMiibro 1881. (Miscell).
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 91
peuvent se comparer à la surface d'une coque de châtaigne. Dans
les rivières, on la trouve pénétrant les masses des éponges en-
croûtantes, particulièrement de la Meyenia Leidyi.
» Ces petits tubes droits sont les prolongements chitineux de
cellules renflées très irrégulièrement, adhérant en désordre et
serrées au support de la colonie, s'entrecroisantet s'anastomosant
d'une façon incompréhensible, par des rhizomes enchevêtrés,
quelquefois d'une longueur relativement considérable.
» Ils sont le plus souvent simples et terminaux, parfois ramifiés ;
ils naissent fréquemment d'une partie latérale quelconque d'une
cellule. Les prolongations tubuleuses sont toujours isolées; le
polype invaginé se retirant dans la partie renflée de la cellule.
» Dans les rhizomes on rencontre quelquefois les septa près de
l'anastomose des premiers avec la portion renflée des cellules.
Les extrémités supérieures des cellules qui paraissent avoir été
formées les dernières sont plus allongées que celles de leurs voi-
sines plus anciennes, subclaviformes ou fusiformes et arrondies
à l'orifice. Les autres sont cylindriques ou légèrement élargies en
bas, et plus courtes que les premières à cause de l'invagination
de la portion terminale de l'ectocyste. 11 en résulte une apparence
anguleuse de l'orifice, ordinaire dans la plus vieille espèce; mais
taudis que celle-ci est généralement quadrangulaire, la nôtre
a fréquemment cinq pans ou plus. Les cellules les plus jeunes
sont ordinairement transparentes, elles brunisssent avec l'âge et
deviennent quelquefois encroûtées de particules adhérentes, amas-
sées par des parasites tels que Limnias, Pyxicola, etc.
» Les Polypides sont craintifs, mais ne redoutent pas la lumière;
quand on ne les trouble pas, ils restent longtemps étalés sous
une grande clarté, à l'éclairage microscopique. On voit alors, que
le lophophore est circulaire, sans épistome, supportant ordinai-
rement vingt tentacules, prenant la forme d'un verre à bon vin,
quand il est étalé. (J'ai compté avec doute dix-neuf et vingt et un
tentacules, tandis que le nombre que j'ai indiqué est le plus fré-
quent; la P. Ehrenbergi est universellement considérée comme
n'en portant que seize). Une particularité des tentacules est la
présence, sur la ligne médiane externe de chacun d'eux, de séries
peu rapprochées de cils vibratils, contrastant énormément avec
les mouvements rapides des autres cils qui les environnent.
» La reproduction par œufs de ce Polype a élé obtenue, et les
particularités de sa structure interne sont réservées pour une
étude prochaine. Si les résultats sont satisfaisants, nous les pu-
92 .1. .IULLIEN
blierons dans une autre note. L'observation simultanée de cette
espèce dans trois localités distinctes et son abondance dans cha-
cune, indique qu'elle est probablement commune; il est surpre-
nant qu'on ne l'ait pas encore étudiée. »
2e Fam. Hislopidées Mihi.
Zoœcies cornées, aplaties, plus ou moins arrondies sur leurs
bords ; paroi latérale épaisse entourant une area fermée d'une pel-
licule mince et cornée. Zoaria ramifiés ou lamelleux, mais tou-
jours rampants et fortement adhérents aux corps qui les suppor-
tent.
Cette famille renferme mon genre Norodonia (1) et le genre His-
lopia (2) de H.-J. Carter. C'est par erreur que j'avais, tout d'abord,
pris le genre Norodonia pour un Chéilostomien, l'orifice zoœcial de
mes exemplaires avait été déformé par la dessicationdu zoarium.
Cette famille est établie sur des espèces toutes Asiatiques jusqu'à
présent.
Genre NORODONIA J. Jullien, 1880.
Zoœcies cornées, rampantes, adhérant fortement aux corps
immergés, naissant les imes des autres au-dessous du sommet
pour former des séries linéaires; axe primitif du zoarium fournis-
sant rapidement des axes secondaires, tertiaires, etc., ils appa-
raissent au niveau du tiers supérieur de la zoœcie, tantôt d'un
seul côté, tantôt sur les deux ; paroi latérale épaisse, soutenant
une area membraneuse délicate près du sommet de laquelle se
trouve V orifice. Polypides inconnus.
J'ai dédié ce genre à S. M. Norodon P"", ex-roi du Cambodge, en
souvenir de sa généreuse assistance pendant ma mission de 187:}
à 1874.
(1) Guide du Naturaliste, 2' année, n" 5, p. 112, 15 mars 1880, Bull. Soc Zool. de
France, 1880, p. 77.
(2) Description ofa lacii'itrinr Bryoznnn nlh'pd tn FUixtra. Ann. nni Mag. of nat.
llist., 1858, (3). 1, p. 16i).
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
93
Norodonia Cambodgiensis J. Jullien (1).
Fig. 244 à 24o.
Zoœcies cordiformes, trapues, pédonculées à la base, fond plus
large que le sommet, orifice subquadrangulaire, parois latérales
épaisses et continues sur tout le pourtour. Area lisse et unie, pé-
nétrant jusqu'à la cellule inférieure par le pédoncule qu'elle re-
couvre. Mesurées dans leurs grandes dimensions, les zoœcies ont
environ O^^'^GO de large sur 0'"'"85 de long. Ces zoœcies forment des
zoaria ou colonies d'un brun foncé, rameux, dont l'area desséchée
brille comme la trace d'une limace sur un mur.
Fig. 244-245.
J'ai trouvé cette espèce sur un morceau de bois fossile, au bord
du Mékong te 9 février 1874, à la pointe de l'île Go-Kaû. Cette île
est située à deux heures de barque au-dessus du village Péam-
Siam-Boc qui établit la limite du royaume du Cambodge et du
royaume de Siam sur la rive droite du Mékong. J'ai encore
recueilli cette espèce dans l'arroyo de Peam-Chetang (Cambodge),
où elle s'était fixée sur le processus aliforme qui surmonte la
charnière de VUnio delphinusLea.. Je l'ai encore rencontrée dans la
collection de M. A. Bouvier sur la surface externe et antérieure
(1) Guide du Naturaliste, loc. cit.. et Bull. Soc. Zool. de France, 1880, p. 11 et
78, fis.s. 1, 2 et 3.
94 J- JULLIEN
d'une coquille d'eau douce de la Chine, la Symphùiota hialata Lea
qui se trouve aux environs de Canton.
Norodonia Sinensis J. Jullieu (l), 1880.
Fig. 246 à 247.
Zoœcies cordiformes, allongées, aplaties, ventrues au milieu,
pédonculées à la base, s'effilant aux deux extrémités, surtout au
sommet; orifice arrondi ou oblong; parois latérales épaisses deve-
nant très minces tout autour de l'orifice, continues dans toute la
région inférieure de la zoœcie ; area lisse ne s'étendant pas jus-
qu'à la zoœcie inférieure, portant en son milieu une sorte de jetée
qui commence à l'ouverture dont elle forme la lèvre inférieure
pour se terminer en pointe aiguë au niveau du quart postérieur du
diamètre longitudinal.
/,/rri-yr^
[Fig. 246-247
Mesurées dans leurs grandes dimensions, les zoœcies ont envi-
ron O'^'^SS de large sur 1""" de long. Ces zoœcies forment des zoa-
ria blonds et rameux.
J'ai découvert cette espèce dans la collection du Muséum de
Paris à l'intérieur d'une Anodonta securiformis Say, rapportée de
la province du Ngan-Houï, Chine, par le R. P. Eudes.
(1) Guide du Naturaliste, 2« année, n° 5, p. 102, 15 mars 1880 et Bull. Soc. Zool.
de France, 1880, p. 78 et 79, figs. 1, 2 et 3.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
9o
Genre HISLOPIA J. Carter, 1838.
Zoœcies cornées, rampantes, aplaties, à paroi antérieure mince
et transparente, à parois latérales plus épaisses, percées de deux
à quatre trous stolonifères ; formant sur les surfaces lisses des
zoaria quelquefois linéaires, mais le plus souvent sans arrange-
ment défini. Orifice subquadrangulaire avec une épine assez forte
à chaque angle. Polypide pourvu d'environ seize tentacules, avec
un phar^'^nx pyriforme et glanduleux, un gésier globuleux, un
estomac en cornemuse et un gros intestin glanduleux; ces orga-
nes sont alliés entre eux par de simples tubes qui constituent
l'œsophage, reliant le pharynx au gésier, le pylore reliant l'esto-
mac au gros intestin, et le rectum qui termine l'appareil digestif.
Jlisîopia laciistris H.-J. Carter 1858.
Fig. 248 à 250.
Mêmes caractères que ceux du genre.
Syn. Hislopia laciistris (1) H.-J. Carter.
Habitat : Mares d'eau douce ne se
desséchant jamais, sur Paludina
hengalensis. et sur les tiges de plantes
aquatiques.
Localité : Nagpoor , Inde centrale.
Voici la traduction du texte de
Carter : « Ce qui suit est la descrip-
tion d'un Polypidome que m'a en-
voyé le pasteur Hislop ; il l'a trouvé
pour la première fois en Avril der-
nier, magnifiquement développé sur
la Paludina hengalensis et sur les .
tiges de diverses plantes aquatiques
dans une mare d'eau douce près de
Nagpoor, Inde centrale. Cette forme
me paraît appartenir à la classe des
Bryozoaires ; étant encroûtante et dépourvue de substance cal-
caire dans le squelette, nous en ferons le type d'un nouveau
Fig. 248.
(1) H.-J. Carter, Description of a lamslrine Bryosoon alUed to Fliistra. kun. and
Magaz. of nat. History, (3). I, p. 169, 1858, pi. vu.
96
.1. JULLlEiN
genre pour lequel nous proposons le nom IJislop-ia en l'honneur
du gentleman mentionné ci-dessus.
» Il diffère des Fhistres par la forme et la disposition des cel-
lules, il n'est pas dressé; et des Membranipores et Lepralies en
n'étant point calcaire ; mais il se rapproche des Flustres par ce
dernier caractère, et des Lepralia en étant rampant, surtout avec
la subdivision qui porte des épines orales sans autre appendice
externe,
» Heureusement les échantillons dans l'alcool, que j'ai reçus,
me sont arrivés dans un état de conservation suffisant pour me
permettre de les décrire non seulement avec le Polypier ou sque-
lette, mais encore avec l'animal.
» Hislopia lacustris n. sp., pi. VII, figs. 1-3.
y Polypier corné-membraneux, dépourvu de matière calcaire.
Cellules irrégulièrement ovales,
aplaties, s'étendant en bourgeon-
nant sur des surfaces lisses, quel-
quefois linéairement, mais le plus
souvent sans arrangement défini.
Orifice subquadrangulaire, sup-
porté par un col circulaire fermé
par quatre valves triangulaires dont
les postérieures sont les plus gran-
des; surmontées par une bordure
cornée saillante, sur les angles de
laquelle se dressent quatre épines;
bord postérieur moins saillant que
le reste, ce qui permet une conti-
nuité presqu'ininterrompue entre
la grande valve ou lèvre et la por-
t^ion membraneuse de la cellule'
Bord de la cefiule corné, percé de
deux à quatre trous stolonifères.
En moyenne, la plus grande lar-
geur d'une cellule est de 0'""'747 et la plus grande longueur 0""''875.
» Habitat : Mares d'eau douce qui ne se dessèciient jamais, sur
Paludina benfjalensis et sur les tiges de plantes aquatiques.
» Localité : Nagpoor, dans l'Inde centrale.
» Animal : Contenu dans un sac membraneux qui double la
cellule et qui communique avec deux ou quatre cellules voisines
Fig. 249.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 97
par des stolons à travers les trous déjà mentionnés, savoir : pos-
térieurement avec la cellule mère, antérieurement et latéralement
avec des cellules filles. Bouche triangulaire, bordée par les valves
mentionnées, conduisant dans une gaine buccale délicate et trans-
parente, plissée antérieurement, au fond de laquelle (quand elle
est retournée) se trouve l'orifice de la gorge surmonté par seize (?)
tentacules. Pharynx pyriforme, présentant une couche de cellules
ou de pellicules internes, s'étendant du commencement de l'œso-
phage, lequel est étroit, long et replié sur lui même. Après l'œso-
phage vient un corps globuleux et dilaté appelé le gésier, qui est
très épais, présente deux corps chitineux, linéaires, internes, et
s'ouvre par une large bouche dans la moitié pylorique d'un grand
estomac irrégulièrement ovoïde. Estomac entièrement doublé par
une couche de cellules hépatiques, et contracté près de son ex-
trémité pylorique où il se continue avec l'in-
testin grêle. Intestin grêle court, suivi par une
portion globuleuse, quelquefois eUiptique et
dilatée (corre^^pondant au gros intestin des
animaux supérieurs) (?), également doublée
par des cellules, mais différant en apparence
de celles de l'estomac ; se terminant par une
portion rectale contractée qui s'ouvre dans
la gaîne buccale (quand elle est rentrée). '"'*
» Observations : Outre le muscle réfracteur, il y en a d'autres
qui vont delà membrane interne de la cellule, et probablement de
la cellule elle-même, aux différents organes viscéraux ; mais leur
déchirure produite par l'esprit de vin, dans lequel je les ai reçu,
prévient contre ma description et contre mes dessins. La cavité
péritonéale aussi, dans plusieurs cas, renferme des groupes de
cellules de différentes tailles et des corps fusiformes qui peuvent
avoir été des éléments procréateurs; mais ne les ayant pas observé
à l'état vivant, je ne puis eu parler. Je n'ai pu découvrir ni testi-
cule ni ovaire; pour la même raison, je n'ai pu établir sûrement
le nombre des tentacules. Enfin, cependant, avec leur gaîne buc-
cale déficate qui se trouve à différents états de sortie dans quel-
ques cellules, il a été facile de voir que la portion plissée précède
l'extension des tentacules, comme chez les autres Bryozoaires
d'eau douce , et dans le genre Boicerhankia avec lequel notre
espèce a beaucoup de rapports organologiques. »
98 J. JULLIEN
EXPLICATION DES FIGURES.
Fig. I . — Plumatella repens. Zoarium corné, blond, très pâle, gaîne à peu
près dépourvue de macules cornées ; tentacules au nombre d'une cinquantaine
environ. Un des polypides représentés, ici ne portant que 17 ou 18 tentacules,
offrait cette curieuse particularité d'avoir les deux branches du lophophore sou-
dées par leur bord interne. Cette anomalie avait entraîné l'arrêt de développe-
ment des tentacules internes, ils n'existaient plus que sous la forme de verrues
peu nombreuses sur le côté interne de l'espèce de crête de coq formée par les
branches du lophophore. Je n'ai pu découvrir l'épistome sur ce polypide
(Exemplaire de Saint-Christophe-en-Brionnais, mare de Fougères, 7 septembre
1883).
Fig, 2. — Plumatella repens. Polypide régulièrement développé ; vu de
profil, et grossi 15 fois et demi (Saint-Christophe-en-Brionnais, 7 septembre
1883).
Fig. 3. — Plumatella repens. Polypide avorté dont les deux bras du lopho-
phore ne sont pas soudés, mais sur lesquels les tentacules internes n'existent
qu'à l'état rudimenlaire sous la forme de petites verrues. 14,o/1 (Saint-
Christophe-en-Brionnais, mare de Fougères, 7 septembre 1883).
Fig. 4. — Unintella gracilis. Disposition du zoarium et des zoœcies, quand
on inquiète la colonie. 75/1. (D'après Leidy).
Fig. 5. — Urnai. gracilis. Extrémité d'une branche portant une zoœcie
étalée (dessin de Leidy, publié par Allman).
Fig. 6. — Uni. gracilis. Vieux zoarium sur lequel s'est développé une
zoœcie avec son pédicelle. Un bourgeon se développe sur ce dernier. 18/1.
(D'après Leidy).
Fig. 7. — Jeune Urnatelle ; chaque tige est formée d'un polypide et d'un
simple pédicelle. 55/1. (D'après Leidy).
Fig. 8. — Zoœcie d'Uniatella^ montrant ses diverses parties. 120/1 (Leidy).
Fig. 9. — Plumatella repens. Embryon de grandeur naturelle. Les plus gros
très grossis sont représentés nageant. (D'après Allman).
Fig. 10. — Embryon de PL repens, contenant deux polypides retirés à
l'intérieur. L'embryon est libre, il nage dans l'eau. (Allman).
Fig. 11. — Embryon de PI. repens plus avancé, les polypides ont pres-
qu'atteints leur entier développement. (Allman).
Fig. 12. — Embryon de PI. rep., dont les polypides sortent presque tout à
fait de l'enveloppe. (Reinhard).
Fig. 13 et M. — Embryons de PI. rep., encore plus développés que les
précédents et montrant une sorte de prolongement caudal contenant sans doute
des granulations vitellines qui vont disparaître. (D'après Reinhard).
Fig. 15. — Jeunes polypides d'un embryon de PL repens, débarrassés de
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 99
l'enveloppe larvaire. J'ai trouvé ce rudiment de colonie sous une feuille de
Nymphéa dans l'étang de Saint-Cucufa, prèsSaint-Cloud, 7 septembre 1884. —
Dessin d'après nature.
Fig. 16. — Alcyoneîla flabellum. Van Beneden. C'est une colonie de P/Mma-
tella repens née d'une larve comme celle que représente la fig. 13, et dont les
zoœcies se sont soudées comme dans la variété alcyonelle ordinaire (d'après
Van Beneden).
Fig. 17 à 47. — Statoblastes libres de Plum. repens. Il y a là 37 formes
différentes représentant les principales variétés de ces objets ; j'ai laissé
pourrir dans l'eau des branches de fascines recueillies dans le lac d'Enghien
au mois de juillet, j'ai obtenu ainsi des milliers de statoblastes libres qui ont
servi à faire ces dessins. On peut voir que leur grande variabilité leur enlève
tout caractère spécifique.
Fig. 48 à 62. — Statoblastes adhérents de Plum. repens, recueillis sur les
fascines qui ont fourni ceux des fig. 17 à 47. Eux aussi sont excessivement
variables dans leur forme et dans leurs dimensions.
Fig. 63. — Jeune colonie de Plum. repens dont les zoœcies sont en partie
libres et en partie soudées. Van Beneden, auquel j'ai emprunté cette figure la
donne comme une Alcyoneîla flabellum. Une écaille de statoblaste se voit à
l'origine de la colonie.
Fig. 64. — Plumatella repens. Polypidc étalé et vu de trois quarts. Ce bel
exemplaire a été dessiné à la chambre claire. Saint-Christophe-en-Brionnais,
septembre 1884. 29,4/1.
Fig. 65. — Plumatella repens, à forme jugale, développée sous \me feuille
de Nymphœa alba, détachée avec une aiguille à disséquer et retournée sans
dessus dessous. Les polypides étalés ont été dessinés dans cette position qui
permet d'en compter facilement les tentacules. Exemplaire assez typique des
Nymphœa, recueilli dans l'étang de Brise-Miche, à Chaville, près Paris, le
16 juillet 1884. 2,33/1.
Fig. 66. — Federbusch-polyp Rœsel. Ce dessin, que j'ai emprunté à l'illustre
naturaliste Allemand, représente une colonie de Plumatella repens, développée
sur des lentilles d'eau (Lemna minor, ou plutôt gibba). Cette figure donnée en
1755, est la première représentation de cette espèce, elle est assez bien réussie
pour l'époque où elle parut ; on remarquera que l'auteur n'a pas distingué
l'appareil digestif et qu'il s'est attaché surtout à la reproduction des lopho-
phores. Les corpuscules dessinés autour des panaches représentent les infu-
soires et les algues microscopiques dont ces animaux font leur nourriture en
les attirant par leurs cils vibratils.
Fig. 67 et 68. — Jeunes colonies de Plum. repens, développées de stato-
blastes adhérents. Traitées par l'acide osmique faible, l'endocyste s'est coloré
en noir; on voit à l'extrémité de chaque branche une masse grisâtre qui
100 J- JULLIEN
représente le polypide terminal vu par dessous ; la colonie ayant été détachée,
avec précaution, de la branche qui la portail. 11 m'a semblé que la forme
alcyonelloïde de cette Plumatelle naissait surtout de statoblastes adhérents, ces
derniers, plus volumineux que ceux restés libre, donnent certainement, au début
de la colonie, des polypides plus vigoureux que leurs congénères. Lac d'En-
ghien, 9 août 1883. 6,o6/'l.
Fig. 69. — Alcijonella fungosa Pallas. Cette forme représente le développe-
ment le plus énergique de la Plumât, repens. Ici tout le centre de la colonie
est formé de tubes soudés entre eux dans leur longueur, les branches à forme de
Plumatelle ne se voient que sur les bords, et les zoœcies y sont encore serrées.
Ce dessin exécuté d'après une superbe photographie ne donne pas les détails
infinis de cette dernière, la copie exacte étant presqu'impossible ; j'espère que
celle-ci en donnera une idée cependant assez nette. La colonie n'entoure pas
complètement le morceau de bois sur lequel elle s'est développée, elle s'amin-
cit sur ses bords, d'où partent quelques petitesbranches isolées. Lac d'Enghien,
8 juillet 1883. — Grandeur naturelle.
Fig. 70. — Plumatella jîigalis Allman. Colonie de Plumalella repens, ayant
pour origine un statoblasle, dont les valves se voient encore sur la première
zoœcie ; les crêtes anales existent comme dans l'espèce anglaise, mais Allman
n'ayant pas compris l'origine de sa colonie, en fit une espèce particulière,
comme Van Bcneden a créé V Alcyonella flabellum pour le môme motif. On
remarquera dans cette colonie deux zoœcies beaucoup plus renflées que les
autres ; ces deux zoœcies représentent la PlumateUa Dmnortieri d'Allman ;
cela fait deux espèces dans une même colonie ; sir Allman est trop généreux,
on ne peut accepter sa manière de voir. Exemplaire recueilli à Saint-Christophe-
en-Brionnais (mare do Fougères, 7 septembre 1883, sous une feuille de
Potamogéton). 5/1 .
Fig. 71 . Plumalella jugalis. — Exemplaire de PlumateUa repens corres-
pondant parfaitement à la P. jugalis d'Allman, Il provient d'une larve à deux
embryons, telle que la représente les figs. 10-15. Toutes les zoœcies portent la
crête anale, elles semblent en faire une véritable espèce; une étude d'ensemble des
diverses colonies de l'espèce, comme je la comprends, détruit celte manière de
voir. Cette forme bourgeonne abondamment ; ici on voit une zoœcie mère qui
a produit quatre zoœcies filles, celte énergie diminue progressivement, elle
tombe à trois, puis à deux, puis à une et enfin reste stérile. Les statoblastes y
sont très rares et très petits ; Allman n'en a jamais vu dans ses exemplaires ;
le mien n'en contient qu'un seul, bien que la colonie ail été recueillie au mois
de septembre, c'est-à-dire à une époque où les PlumateUa repens sont toujours
remplies de statoblastes parfaitement mûrs. Il existe donc là une sorte d'arrêt
de développement, mais on voit que la forme en question peut naître aussi
bien d'un statoblasle (pio d'une larve. Saint-Chrislopho-cn-Brionnais, mare
MONOGRAPHIE DKS BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 101
de Fougères, 7 septembre I 883, sous une feuille de Po<amo^e/oH Jta/aMs; dessin
exécuté à la chambre claire d'après le zoarium mort et débarrassé de ses
polypides par la putréfaction et le lavage. 5/1 .
Fig. 72. — Pliimatella repens var. furcifer nobis. Curieuse variété dans
laquelle la plupart des zoœcies possèdent une crête anale bifurquée sur le fond
zoœcial ; la première fois que je la vis, je crus avoir une nouvelle espèce de
Plumatelle ; mais il est certain qu'on se trouve encore là en face d'une simple
variété, car il y a dans la même colonie des zoœcies dont la crête anale est
simple, et des zoœcies dépourvues décrète anale. Je possède en outre d'autres
colonies de la même région, à forme d'Alcyonelle, où la plupart des zoœcies
ont la crête anale bifurquée. Ces dernières ont été trouvées dans le pré de
M. Polette, derrière les bains de Saint-Ghristophe-en-Brionnais, elles couvraient
la face inférieui-e des pierres d'une très grande mare, sur une surface plus
large que celle des deux mains. Je n'ai jamais rencontré cette forme aux envi-
rons de Paris.
La colonie dessinée ici est fixée sur une feuille de Potamogeton nalans, elle
vient encore de la mare de Fougères, près Saint-Christophe-en-Brionnais, où
je l'ai pêchée le 7 septembre 1883. Les polypides avaient 50 tentacules, et
l'estomac portait des lignes jaunes longitudinales. Les parois zoœciales sont
couvertes de grains quartzeux hyalins agglutinés ; la crête anale, très vigou-
reuse, en est à peu près complètement dépourvue. 5/1 .
Fig. 73, — Pliimatella repens. Superbe colonie dont le milieu est tout à
fait Aleyonelle, tandis que les bords deviennent Plumatelle, en fournissant des
rameaux isolés excessivement nombreux. Toute cette colonie paraît provenir
d'un seul statoblaste ou d'une seule larve, car tous ses points rayonnent vers
l'extérieur, sauf au milieu, où il n'y a pas de distinction possible. Les zoœcies
portent presque toute la crête anale simple, elles sont très minces, et surpren-
nent par leur petitesse. Cette forme en son milieu représente V Alcyonella
Benedeni d'AUman, mais elle redevient P/M»m<e//e sur ses bords. Celexemplaire,
des plus intéressants, s'est développé sous une planche de chêne servant à laver
le linge, restée immergée pendant toute l'année dans la mare du pré de
M. Meaudre, derrière les bains de Saint-Christophe, où je l'ai péché le
4 octobre 1884. 1/1.
Fig. 74. — PI. repens. Extrémité zoœciale dans laquelle on aperçoit les
tentacules d'un polypide au moment où l'animal va sortir de la zoœcie. Au-
dessus de lui on voit l'orifice contracté et maintenu rentré par les muscles
monocellulaires pariéto-vaginaux postérieurs ou rétenteurs antérieurs, avec
leurs noyaux. Au-dessous des tentacules commence la crête anale qui se dirige
en bas et à droite du lecteur.
Fig. 75. — PL repens. Muscles rétracteurs du polypide ; vus de haut
en bas, on trouve d'abord les rétracteurs brachiaux, et au-dessous se voient
iO'2 J- JULLIEN
les rétracteurs du lophopliore. Observés sur un exemplaire de l'étang de Brise-
Miche.
Fig. 76. — Dessin schématique sur lequel on voit: la disposition tenta-
culaire ; la bouche et son épistome ; le tube digestif tout entier ; le ganglion
nerveux replié sur lui-même, prè§ du sommet de l'œsophage ; les fibres mus-
culaires pariéto-vaginales antérieure^ ; les fibres musculaires pariéto-vaginales
postérieures ; et enfin l'endocyste transparent avec ses taches ovales de couleur
blanc-bleuâtre à l'état normal.
Dessiné d'après nature, sur un exemplaire de l'Étang de Saint-C-ucufa,
forêt de Marly (près Paris), 7 septembre 1884.
Fig. 77. — PL repens. Calice des tentacules présentant une irrégularité
sur son trajet. Même localité que la fig. 76.
Fig. 78. — PL repens. Corps brun commençant à se former. On voit que
l'estomac est le premier à se rétracter, puis les tentacules se flétrissent et
enfin l'intestin. Le funicule relie le fond de l'estomac à l'endocyste pariétal,
et porte des germes de statoblastes. Même localité que pour la fig. 76.
Fig. 79. — PL repens. Statoblaste venant d'éclore. Les écailles des stato-
blastes sont séparées sur chaque jeune zoarium dont l'un, a, a son polypide
étalé et l'autre, b, rétracté. (D'après Allman).
Fig. 80. — PL repens. Estomac pendant la digestion; des contractions
vermiculaires énergiques renvoient alternativement les alimentsdehaut en bas,
puis de bas en haut, dans l'espace situé entre le fond de l'estomac et la val-
vule gastro-intestinale. Dans a, les aliments occupent le haut de cet espace,
dans b, ils en occupent le fond. 1, œsophage; 2, intestins; 3, amas de matières
fécales; 4, bol alimentaire ; 3, estomac; 6, lignes jaunes longitudinales; 7, funi-
cule; 8, cardia; 9, pylore; 10, gésier.
Fig. 81. — PL repens. Végétaux des excréments d'une colonie à forme
d'Alcyonelle, recueillie dans le lac d'Enghien, le 4 août 1883. On ne trouve
là aucun débris d'animaux, ces derniers ayant été entièrement digérés. Plu-
sieurs de ces végétaux sont déformés, la Chlorophylle ayant été écrasée ou
déplacée dans les cellules. On y distingue des Oscillaires, des Diatomées, des
Palmelles et beaucoup de Desmidiées. L'eau du lac est tellement chargée de
ces plantes qu'elle en est trouble; aussi les Bryozoaires trouvent-ils une nour-
riture surabondante, et les colonies y sont superbes.
Fig. 82. — PL repens. Le funicule est toujours latéral par rapport aux
statoblastes; il se fixe à la paroi de l'ectocyste par une dispersion fibrillaire;
il se contracte par saccades ; il s'allonge dans la sortie du polypide ; il reste
toujours tendu. Sur sa longueur la place des statoblastes et du testicule est
très variable, tantôt les statoblastes sont placés au-dessus du testicule, tantôt ils
sont placés au-dessous. (Allman, Monog. Fresh.wafer Polyzoa, pi. III, fig. 17).
Des'îiné d'après un exemplaire de l'étang de Saint-Cucufa, forêt de Marly,
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 108
7 septembre 1884. 1, fond de l'estomac; 2, funicule ; 3, statoblastes ; 4, ovu-
les slatoblasliques ; 5, testicule flétri ; 6, terminaisons fibrillaires du funicule
adhérant à l'endocyste.
Fig. 83. — PI. repens. Extrémité d'une zoœcie dont le polypide réduit
presque à l'état de corps brun, c'est-à-dire où le ganglion œsophagien est
aussi mort que tout le reste du polypide, est encore retiré au fond de la zoœcie
par les contractions répétées du funicule et par celles des rétracteurs du poly-
pide. Ces contractions successives et presqu'isochrones me paraissent être
dues surtout au funicule, c'est d'ailleurs ainsi qu"il agit à l'état normal. Il est
cependant à noter qu'il y a encore possibilité de mouvement dans les rétrac-
teurs du polypide et dans le funicule même après la disparition du ganglion
œsophagien ; cela peut-il s'expliquer par la conservation de la vie dans des
branches nerveuses du ganglion, après la mort de ce dernier ? Nous ne le
pensons pas absolument, car chez les animaux on voit bien des organes sépa-
rés des centres nerveux agités par des sortes de convulsions; ainsi, par
exemple, la queue d'un Lézard, des lambeaux du manteau de certains Mol-
lusques, etc., mais ces convulsions n'ont pas l'apparence intelligente de ce
corps brun qui descend dans le fond de sa loge quand on agite le poly-
pide. Il y a donc non seulement conservation de la contractililé , mais
encore conservation de la sensibilité dans les parties charnues de la zoœcie
après la mort du polypide et de son ganglion. Le corps brun dessiné ici était
d'une couleur de miel jaune un peu foncée. Étang de Brise-Miche, près Cha-
sible, 24 août 1884. — Dessiné d'après nature.
Fig. 84. — PL repens. Macules sclérodermiques disséminées à la surface
de l'ectocyste transparent qui termine les zoœcies. Elles sont plus ou moins
constantes et manquent souvent. Elles ont l'aspect chitineux de la zoœcie.
Étang de Saint-Christophe-en-Brionnais, 4 septembre 1883. 200/1. — Dessiné
à la chambre claire.
Fig. 85. — Plumatella lucifuga. Larve provenant d'un œuf et déjà déve-
loppée, d'après Allman. — Je n'ai jamais vu de larve de Plumatelle, mais si
la fig, d'Allman est exacte, je puis certifier qu'elle n'est point caractéristique
de son espèce, attendu que j'ai trouvé des colonies jugalcs (fig. 94), qui ne
pouvaient avoir eu d'autre origine qu'une larve à deux polypides comme celles
de la PI. reyens.
Fig. 86. PL Allmani Hancock. Forme rampante de Plumatella lucifuga
du lac Bromley ; Hancock nous dit que ces colonies ne sont formées que de
quelques zoœcies, dépassant à peine le nombre six ou huit, et" qu'elles pro-
viennent toujours d'un statoblaste dont la noire enveloppe reste adhérente.
Allman reproche à Hancock de ne pas parler de l'entaille, si caractéristique
selon lui, qui termine la crête anale en avant; Hancock donne bien son espèce
comme carénée, mais la carène ne se termine pas par un élargissement, comme
104 .1. .IULLIEN
dans les variélcs de PL repnns qui la portent, elle disparaît par amincissement ;
le reproche d'Allman n'a donc aucune portée, l'observation d'Hancock est bien
correcte. La disposition claviforme des zoœcies est caractéristique de cette espèce,
on peut s'en assurer sur mes dessins, mais elle est peut-être plus accentuée ici
que sur les exemplaires ramifiés, où on la retrouve toujours plus ou moins
nette, surtout postérieurement. La forme des statoblastes correspond encore à
celle des statoblastes de la lucifuga. Les polypides portent 42 tentacules. On
la trouve sous les pierres. — Exemplaire un peu grossi. (D'après Hancock).
Fig. 87. — Colonie prise sur la figure 86 et grossie davantage. Deux poly-
pides sont éialés ; mais celui qu'on voit de profil est dessiné ainsi par erreur,
la crête anale n'aboutissant pas à l'anus du polypide en question. La zoœcie
d'origine porte encore une des valves du statoblaste générateur. (D'après
Hancock).
Fig. 88. — Petite colonie ramifiée de Plumalella lucifuga, d'après Allman;
cet auteur l'appelle PL fruticasa. Exemplaire dessiné plus grand que nature,
Allman le donne cependant comme de grandeur naturelle.
Fig. 89. — PL lucifuga. Colonie superbement ramifiée, recueillie en par-
fait état dans une petite mare derrière les bains de Saint-Chrislophe-en Brion-
nais, le 30 septembre 1883. J'ai trouvé là plusieurs colonies de la même
forme ; quelques-unes pendaient au-dessous des pierres du mur immergé qui
retient les terres autour de cette mare ; mais sous une petite touffe d'aulne,
j'ai rencontré trois colonies contiguës, absolument verticales comme un arbre;
étaient-elles soutenues ainsi par les statoblastes dont les zoœcies sont pleines?
C'est bien probable. — Dessiné d'après une photographie que j'ai tirée en
plein soleil ; l'exemplaire était placé dans une petite cuve en glace à faces
parallèles. Grandeur naturelle.
Fig. 90. — Branche du même zoarium, dans laquelle les zoœcies sont re-
présentées avec les polypides en place, mais rentrés ; on distingue par trans-
parence une quantité de statoblastes soit adhérents au funicule, soit libres de
toute adhérence avec lui ; les premiers polypides ont produit des chaînes de
sept statoblastes ; ce nombre diminue progressivement dans les zoœcies sui-
vantes. On voit également des diaphragmes qui séparent les zoœcies ou les
groupes zoœciaux. 9,6/1.
Fig 91 . — Plumaiella frulicosa Allman. Petite branche de Plumatella luci-
fuga, montrant un polypide étalé vu de profil. Le zoarium est caréné, la carène
ou crête anale se terminant latéralement sur deux zoœcies. Quelques stato-
blastes sont disposés sans ordre à l'intérieur des tubes. (D'après Allman).
Fig. 92. — PL lucifuga. Fragment de zoarium, portant cinq zoœcies à dif-
férents degrés de développement. Les polypides rentrés dans leurs zoœcies
sont ombrés pour montrer les détails de leur organisation ; chez les mieux
dt'veloppés on remarquera la brièveté des tentacules, relativement h l'estomac
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCK 105
OU plutôt relativement à l'appareil digestif, ce dernier atteignant facilement
une longueur presque double. Je signalerai encore dans ce dessin la valvule
circulaire gastro-pharijngienne et la valvule en languette gastro-intestinale .
D'après un exemplaire de Saint-Christophe-en-Brionnais (mare du pré situé
derrière les bains), récolté le 30 septembre 1883. 14/1.
Fig. 93. — PI. lucifuga. Fragment du même zoarium que celui de la fig. 92,
portant sept zoaires à différents degrés de développement. — Dessiné en trait
pour mieux préciser les détails. 1 4/1 .
Fig. 94. — PL lucifuga var. proliféra nobis. Curieuse variété où les zoœcies,
quelquefois aplaties, bourgeonnent successivement sur un de leurs bords, tandis
que la zoœcie mère continue à se développer avec un superbe polypide. Cette
colonie est jugale, c'est-à-dire qu'elle provient d'une larve à deux bourgeons;
la fig. 8.5, que j'emprunte à Allman, n'est pas le moins du monde caractéristique
de son espèce, elle prouve seulement que les larves de Plumatelle peuvent
avoir un ou deux bourgeons à polypide.
.l'ai rencontré cette colonie dans l'étang de Brise-Miche, près de Chaville,
le 24 août 1884, sur des feuilles de Polanwgeton crispus. 6,97/1 . — Dessinée à
la chambre claire.
Fig. 95. — PL lucifuga. Colonie de la même variété que celle de la fig. 94,
mais non jugale. On remarquera que les zoœcies de ces colonies sont libres
sur une très grande étendue et fixes sur le reste ; ainsi, dans la fig. 94, une
des zoœcies d'origine n'est adhérente que sur la cinquième partie de la lon-
gueur, tandis que sur diverses autres zoœcies l'adhérence se produit sur les
20 25®% sur les 18 43"% sur les 14 47^% sur les 15 oOes de longueur totale.
Exemplaire de la même localité que celui de la fig. 94. 6,97/1. — Dessinée
à la chambre claire.
pig. 96. — PL lucifuga var. proliféra. Zoœcie magnifiquement dévelop-
pée, portant supérieurement une jeune zoœcie alors que les onze qui l'ont
précédée sont tombées. Cette zoœcie nouvelle m'a paru entourée d'un ecto-
cyste corné des plus minces, comme hyalin, incolore, tandis que la zoœcie
mère de ses douze filles était d'un jaune d'ocre ou de caramel assez foncé, sa
substance cornée était beaucoup plus épaisse, et en conséquence plus résis-
tante; c'est certainement à leur mollesse que les cellules filles doivent leur
destruction précoce. J'ai dessiné d'après nature cette intéressante zoœcie. Elle
provient encore de l'étang de Brise-Miche, où je l'ai pêchée en même temps
que les exemplaires des fig. 94 et 95.
pig, 97_ — PI, lucifuga. Zoœcie dans laquelle le polypide est passé à l'état
de corps brun ; au-dessous de lui, le funicule très épaissi, dont la vie est indé-
pendante de celle du polypide, porte un testicule en pleine activité; ce testi-
cule est couvert de zoospermes en mouvement et agités dans tous les sens; il y
en avait do libres dans la zoœcie, nageant dans le liquide de la cavité péri-
8
106 .T. .lULLIEN
gastrique. Au-dessous du testicule se voient deux statoblastes parfaitement
développés, les cellules de l'anneau ont été dessinées à la chambre claire, elles
sont absolument exactes ; le statoblaste supérieur présente sa face plane ou
supérieure, le statoblaste inférieur présente sa face bombée ou inférieure, la
face supérieure a son area centrale toujours plus petite que celle de la face
inférieure. L'endocyste forme une véritable enveloppe autour de tous ces or-
ganes ; il se termine en bas par un filet assez mince d'endocyste qui pénètre
dans la zoœcie voisine, et par une volumineuse protubérance arrondie à centre
obscur qui résulte du raccornissement de l'endocyste postérieur après déchi-
rure. Ces déchirures, très fréquentes chez les Plumatelles et chez les Frédéri-
celles, sont le plus souvent dues à des larves de Chironomes et à diverses
espèces de Vers, qui trouvent dans une colonie de quoi vivre longtemps sans
se donner beaucoup de peine; ces animaux construisent des tubes soyeux côte
à côte avec les zoœcies, mordillent constamment l'ectocyste des zoœcies voi-
sines, jusqu'à ce qu'un trou leur mette l'endocyste entre les mâchoires, ils
agrandissent le trou, s'introduisent par la plaie dans la zoœcie et y dévorent
tout ce qu'ils trouvent; mais leur mouvement perpétuel les ramène bientôt au
dehors, où ils continuent ce manège selon leurs besoins. Je possède dans
l'alcool des Plumatelles dont quelques zoœcies contiennent encore des Chiro-
nomes et des Vers qui y sont restés prisonniers. — Étang de Saint-Hubert
(près Rambouillet), Seine-et-Oise, 29 juillet 1883. Sous les pierres éboulées
et immergées à la chaussée de Pourras. 44,5/1. Dessinée à la chambre claire
d'après l'animal vivant.
Fig. 98. — Cette zoœcie, tirée du même zoarium que celle de la figure 97,
a une très grande importance. Elle représente le polypide retiré dans sa zoœcie
il a 48 tentacules dont une partie seulement à été dessinée, lelophophore était
hippocrépien dans toute la valeur de ce mot, c'est donc bien à une Plumatelle
que nous avons eu affaire. Or la chaîne des statoblastes en porte deux encore
assez jeunes, qui sont réniformes et que, s'ils étaient isolés, tous les zoologistes
rapporteraient à une Frédéricelle. Le statoblaste réniforme ne peut donc pas
servir de caractère générique ; d'ailleurs, comme on le voit fig. 1 18 à 125, la
Frédéricelle d'Europe, connue sous le nom de Sultane, peut avoîr des stato-
blastes se rapprochant bien plus de ceux de la Plumatelle luciftige que des
formes indiquées par Van Beneden et par Allman. On peut voir par les dessins
que j'ai reproduits et les miens, comment la Plumatelle lucifuge passe à la
Frédéricelle.
Celte figure a été dessinée à la chambre claire d'après l'animal vivant à une
époque où je ne pensais guère à détruire le genre Frédéricelle de Paul Gervais;
<îelte idée ne m'est venue qu'au mois de septembre 1883, après les études que
j'ai faites en Bourgogne à cette époque. Dessiné à la chambre claire rl'après
J'animai vivant. 4 4,5/1 .
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 107
Fig. 99. — Schéma de PL hicifuga, montrant la disposition de l'endocyste
et du funicule en place après le détachement du zoarium, s'il y avait adhérence
zoœciale à un corps étranger. Il m'est arrivé plusieurs fois de voir le funicule
fixé au diaphragme dont il bouche l'ouverture par un léger épanouissement de
son extrémité inférieure; cette disposition ne dure pas longtemps, bientôt il
se détache et se fixe latéralement à l'endocyste.
Fig. '100. — PL lucifuga. Zoœcie contenant l'extrémité inférieure d'un esto-
mac ; le funicule qui lui fait suite au lieu de porter le testicule en haut, comme
cela se passe dans la fig. 97, le porte tout en bas avant l'insertion ; de très
jeunes staloblastes sont fixés sur le funicule au-dessus du testicule ; on voit
nager dans le liquide périgastrique de nombreux zoospermes, ceux qui adhèrent
encore au testicule sont en pleine agitation.
Exemplaire recueilli le 13 juillet 4 884 dans l'étang de Brise-Miche, près
Chaville, sous une feuille de Nénuphar. Dessiné d'après nature.
Fig. 101. — PL lucifuga. Lophophore dessiné de profil pour montrer la
place du ganglion nerveux.
Fig. 102. — PL lucifuga. Lophophore d'un polypide dans lequel les bras
ne sont pas soudés entre eux, mais les tentacules internes sont avortés et
l'épistome est absent. On y compte 37 tentacules, y compris les verrues inter-
nes. Étang de Brise-Miche, près Chaville, ■17 juillet 1884. Dessiné d'après
nature.
Fig. 103. — PL lucifuga. Portion delà couronne tentaculaire avec une
partie du calice dont la «forme est normale. Sur un autre polypide (fig. 104)
de la même colonie, le calice a chacune de ses valves terminées en pointe
dans leur milieu. Ces deux formes trouvées sur une même colonie n'enlèvent-
elles pas au calice la possibilité de servir de caractère spécifique? Je n'ai vu
qu'une seule fois la forme de la figure 104, sur un polypide de la variété pro-
liféra trouvé à l'étang de Brise-Miche le 24 août 1 884. — Vue prise de l'inté-
rieur de la cloche tentaculaire et dessinée d'après nature.
Fig. 105. — PL lucifuga. Statoblaste vu de face. (D'après Allman).
Fig. 106. — PL lucifuga. Statoblaste vu de profil, avec deux faces de
môme forme, ce qui est absolument inexact. (D'après Allman).
Fig. 107. — PL lucifuga v^v Frcdericella sultana. Zoarium de grandeur
naturelle. (D'après Allman). Les dimensions de ce dessin me paraissent un
peu exagérées, les exemplaires nombreux que je possède ne sont pas de celte
taille; les zoœcies sont presque deux fois trop larges. Sept polypides sont éta-
lés au dehors.
Fg. 108. — PL lucifuga var Freder. suit. Cette figure représente deux po-
lypides d'une Frédéricelle sultane de Bourgogne. Le zoarium formait une petite
touffe, une sorte de petit buisson au milieu de laquelle j'ai observé deux
branches de Plumatelle lucifugc. Ayant pris cette colonie pour une Phimatello
108 J. JULLIEN
vraie, je n'ai point pris la précaution de la détacher entièrement pour suivre
la relation des parties rampantes avec les branches libres, ce n'est que l'obser-
vation directe des lophophores qui m'a tiré de l'erreur où j'étais. Cependant
il y a une telle ressemblance entre mon exemplaire et la Plumatelle type de
l'espèce, que j'ai voulu en conserver le souvenir et je l'ai dessiné immédiate-
ment. On voit en effet que le lophophore se projette à droite beaucoup plus
qu'à gauche et qu'il est extrêmement saillant au-dessus de la portion chitineuse
de l'ectocyste, quoiqu'on ait dit Van Beneden qui affirme que le polypide sort
à peine de la zoœcie. Le ganglion nerveux, facile à voir, se trouve à la place
indiquée par les auteurs. Sur le plus petit polypide on remarque très bien la
brièveté des tentacules qui surmontent l'anus, et dont parle Van Beneden. —
Recueillie sous les pierres au bord de la Reconce, près de Varenne-sur-Reconce
(Saùne-et-Loire), 24 sept, -1883. — Dessiné à la chambre claire.
Fg. 109. — PL lucifaga var Freder. suit. — Portion de lophophore, de
son calice et de l'appareil digestif. Le calice est formé d'une membrane hya-
line, anhiste sur laquelle s'applique un délicat réseau de fibres musculaires
susceptible de resserrer le godet intertentaculaire selon le besoin. On voit le
ganglion à sa place ordinaire, très détaché de l'œsophage qu'il ne touche qu'à
sa partie inférieure. Dessiné à la chambre claire d'après un exemplaire péché
dans la Reconce (Sa6ne-el-Loire), près Varennes-sur-Reconce, le 24 septembre
1883.
Fig. 110. — PL liicifuga var. Fred. suit. — Portion grossie d'un zoarium
d'après Allman. — (Je n'ai pas vu l'empâtement qui ^e trouve aux bifurca-
tions zoœciales, peut-être n'est-il qu'une faute de dessin. J. J.). Dans les
polypides le lophophore paraît être tout à fait circulaire.
Fig. 111. — PL lucifuga var. Freder. suit. — Dessin très grossi du poly-
pide et de la zoœcie, laissant voir les détails anatomiques. (D'après Allman)*
Fig. 112. PL lucifuga var. Fred. suit. — Extrémité d'une branche vue à un
fort grossissement, montrant deux polypides épanouis et vus de profil. A, C,
deux polypides épanouis. B un autre sur le point de s'épanouir ; b, couronne
tentaculaire; c, membrane intertentaculaire (ou calice); d. la bouche et la
lèvre; e, cavité buccale; /", œsophage; g, anus; h, fèces; i, estomac; k, ovaire;
/, muscle rélracteur de l'estomac; m, muscle long rétracteur; n^ peau (ou en-
docyste); ::, ganglions nerveux. (D'après Dumortier et Van Beneden).
Je prie le lecteur de remarquer la grande différence qui existe entre les
lophophores de cette figure et le plus grand de la fig. 108. 11 est évident que
ces figures aussi bien que celles d'Allman sont exactes, nous avons donc là
trois belles variétés de polypides chez la Frédéricelle ; c'est la forme de la
fig. 108 qui se rapproche le plus de la Plumatelle vraie.
Fig. 113. — Statoblaste de Frédéricelle sultane vu de face. Il est réniforme.
(Dumortier et Yan Beneden) .
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 109
Fig. 114. — Statoblaste (le Fréd. sultane vu de profil. (Dum, et v. Ben.).
Fig. 115. — Statoblaste de la même venant d'éclore. (Dum. et v. Ben.).
Fig. 116. — Statoblaste de la même vu de face. (Allman).
Fig. 117. — Statoblaste de la même vu de profil. (Allman).
Fig. 118 à 123. — Statoblastes de FredericeUa sultana de diverses formes,
trouvés desséchés sur une pierre. Ils sont tous dépourvus de l'anneau des Plu-
matelles, leur couleur est brune très foncée. La fig. 118 correspond bien au
statoblaste de la Piumatella lucifuga. Étang de Villeneuve, parc de Saint-
Cloud, près Paris.
Fig. 124-125. — Statoblastes de F)-ede>'iceWasM//ana fi.xés au fond des tubes
rampants qui adhèrent aux corps étrangers. Ces quatre statoblastes ainsi que
ceux des fig. 118 à 123 sont de formes très différentes, et pas un n'a pris la
disposition réniforme, la seule qui ait été indiquée parles auteurs jusqu'à pré-
sent pour la Frédéricelle d'Europe. J'ai trouvé aussi à Enghien des statoblastes
rénifornies.
Fig. 126, — Piumatella arethusa Hyatt. Vue générale d'une colonie, avec
beaucoup de polypides rétractés (Norway, Me.). Trois orifices au début du
tronc principal indiquent les premières positions de plusieurs polypides vi-
vants, ils montrent que cette colonie n'est qu'une portion d'une autre plus con-
sidérable, dont elle a été séparée par la mort et la destruction de la portion
d'origine. (D'après Hyatt).
Fig. 127. — PL arethusa. — Polypide étalé avec un autre polypide plus
jeune invaginé dans la même zoœcie. D, ectocyste ; E, endocyste; Y, bourgeon;
M, rétracteurs gastriques ; M', rétracteurs du lophophore ; M" rétracteurs bra-
-I-
chiaux ; M, troncs des rétracteurs; F, collet brachial; V, funicule; W, stato-
blastes; W"", enveloppe gélatineuse des statoblastes; N, rétenteurs antérieurs;
A"", orifice cœnœcial ; L, région du sphincter. (D'après Hyatt).
Fig. 128. — PL arethusa. — Vue d'un polypide mort à moitié flétri, mon-
trant la constriction particulière de la zoœcie, déterminée par des bandes
musculaires annulaires. D, ectocyste; E, endocyste; H, tentacules; I", bouche;
L, région de sphincter; K', estomac; M, tronc des rétracteurs. (D'après Hyatt).
— Ce que Hyatt appelle ici le tronc des rétracteurs me paraît être simplement
le funicule; cet organe ne se soude jamais avec les rétracteurs du polypide, il
est cependant rétracteur lui même, ainsi que je l'ai constaté nombre de fois.
Fig. 129. — PL arethusa. — Vue d'un diaphragme situé entre la zoœcie
de la figure 127 et les polypides qui l'ont précédés; il est formé par une dila-
tation annulaire interne avec épaississement de l'endocyste. D, ectocyste; E,
endocyste. (D"après Hyatt).
Fig. 130-131 et 131 bis. — PL arethusa. — Faces supérieure et inférieure
avec profil d'un statoblaste. W, enveloppe cornée; W", gaine annulaire;
W", enveloppe gélatineuse. (D'après Hyatt).
1 10 J. JULLIEN
Fig. 'I32-'I4'I . — PI. arethusa. — Statoblasles de tailles et de formes dif-
férentes, vus de face et de profil. (D'après Hyatt).
Fig. 142. — PL arethusa? var. Fredericellaregina Leidy. Mes. — Colonie
de grandeur naturelle avec toutes les branches rampantes et adhérentes, de
Jorham, Maine. Dessinée et offerte à Hyatt par M. Morse. (D'après Hyatt).
Fig. 143. — PL areth.yar. Frcder. reg. — Deux branches d'une colonie • l'une
est adhérente et l'autre est libre. De Cambridge, Massachussetts. (D'après Hyatt).
Fig. 144. — Fred. reg. — Branche adhérente d'une colonie. De Jorham
Maine. (D'après Hyatt).
Fig. 145, — Fred. regina. — Variété alcyonelloïde du ruisseau de ïom-
my, Jorham, Maine. L'aspect de la colonie se voit sur la gauche de la figure,
les branches ont toutes été rejetées en avant pour montrer leur disposition et
leur connexion avec la tige de bois sur laquelle elles se sont développées.
(D'après Hyatt).
Fig. 146. — Fred. regina. Vue grossie d'un zoïde adulte (Norway, Maine).
D, ectocyste; E, endocyste; V, funicule; M, rétracteurs gastriques; M', ré-
tracteurs du lophophore; M" rétracteurs brachiaux; N, muscles rétenteurs an-
térieurs; N', rétenteurs postérieurs; F, collet brachial; G, calice; H, tenta-
cules. (D'après Hyatt).
Fig. 147. — Fred. regina. Cette figure représente un fragment d'étude
dont le dessin exécuté par le Prof. H.-J. Clarh a été mis gracieusement à ma
disposition par son auteur. C'est la section d'un jeune polypide, montrant sa
structure interne et le peu d'étendue du pli invaginé (Cambridge, Massach.).
D, ectocyste; E, endocyste; B, pli invaginé; Y, bourgeon; N, rétenteurs an-
térieurs; K, œsophage; H" cils vibratils; K'" cardia; K', estomac; K"", py-
lore; K", intestin; K, anus; I, lophophore; 1", épistome; I', bouche; H, ten-
tacules; F, collet brachial; S, ganglion nerveux. (D'après Hyatt).
Fig. 148. — Fred. regina. — Lophophore vu d'en haut avec les tentacules
coupés, montrant les nerfs. C, calice; H, tentacules; l' épistome; 1", bouche;
M, contracteur du lophophore; U, branches nerveuses du lophophore; U',
branches nerveuses des tentacules. (D'après Hyatt).
Fig. 149-154. — Fred. regina. — Statoblastes de taille et de forme diffé-
rentes, vus de face et de profil. (D'après Hyatt).
— Ces figures indiquent qu'en Amérique comme en France la disposition
réniforme n'est point caractéristique des statoblastes de Frédéricelle, puisqu'ici
il y en a de réniformes, de plan-convexes, de biconcaves, et enfin de circu-
laires; le vrai caractère des statoblastes de Frédéricelles est l'absence d'an-
neau marginal.
Fig. 155. — Plumatclla diffusa Leidy. Vieille colonie de grandeur natu-
relle, mais ne portant (pio quelques polypides vivants. (Cambridge, Mass.)
(D'après Hyalt).
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 111
Kig. 1o6, — PL diffusa. — Vue grossie d'une autre variété de cette espèce,
avec tous les polypides rétractés. (D'après Hyatt).
Fig. 157, — PL diffusa. — Vue grossie du profil d'une branche prise chez
une jeune colonie, montrant différents degrés d'invagination. La première
zoœcie sur la gauche a sa partie supérieure mobile retirée dans l'ectocyste ; la
seconde zoœcie est vacante, le polypide et les parties molles étant tout à fait
flétris ; les troisième, quatrième et sixième zoœcies montrent différents degrés
d'invagination. (D'après Hyatt).
Fig, 158. — PL diffusa. — Face ventrale du lophophore épanoui d'un
polypide de la fig. 156. M', rétracteur du lophophore. M', rétracteurs bra-
chiaux, (D'après Hyatt).
Fig. 159. — PL diffusa? var. Fredericella Walcotti Hyatt. Var. a de cette
variété ; de Georgetown, Massachussetts. (D'après Hyatt).
Fig. 1 60-1 64. — PL diffusa. Statoblastes de tailles et de formes différentes,
vus de face et de profil. (D'après Hyatt),
— Si on compare ces cinq figures aux statoblastes des deux espèces Euro-
{)éennes, on voit que les figs. 160 à 162 se rapprochent des statoblastes de la
Plumatella hicifuga tandis que les fig. 1 63 et 1 64 ressemblent aux statoblastes
de la PL repens.
Fig. 165. — Hyalinella vesicidaris Leidy (sp.). — Colonie développée au
bout d'nne branche, (D'après Hyatt).
Fig. 166 à 172. — PTyaL vesic. Statoblastes de tailles et de formes diffé-
rentes vus de face et de profil. (D'après Hyatt).
Fig. 173. — Hyalinella vitrea Hyatt (sp,). — Colonie de grandeur natu-
relle avec quelques polypides épanouis. (D'après Hyatt).
Fig. 174. — Hyal. vitrea. — Vue grossie de cinq groupes étalés sur une
branche, pris au commencement et à gauche de la fig. 173. (Cambridge,
Mass.), (D'après Hyatt).
Fig, 175. — Hyalinella vilrea. Cette figure montre la grande extension que
peut prendre le polypide évaginé. D, ectocyste; E, endocyste ; B, pli inva-
giné; K', estomac. (D'après Hyatt).
Fig. 176, — Fredericella puleherrima Hyatt. Colonie de grandeur natu-
relle (Lac Sebago, Maine). (D'après Hyatt).
J'ai rapproché cette colonie de la Hyalinella vitrea parce qu'elle possède des
zoœcies incolores, mais elle ressemble beaucoup à la Fred. regina, comme
Hyatt l'indique lui-même ; peut-être n'est-elle qu'une simple variété incolore
de cette dernière Frédéricelle, car les zoœcies sont tubuleuses, isolées et très
minces, tandis que la Plumatella vitrea de Hyatt a les siennes plus renflées et
surtout beaucoup plus courtes; ce n'est très probablement qu'une variété locale
de Frcd. reijinn, elle n'a été trouvée juscju'à présent (pie dans le lac Sebago,
112 J. JULLIEN
c'esl donc une variété à étudier, coinine toutes les Plumateiles Américaines
sur lesquelles il règne encore un peu d'incertitude.
Fig. 177 à '179. — Hyalinella vilrea. Slatoblasto vu de face et de proGl.
(D'après Hyatt).
Fig. 180. — Lopliopiis Trembleyi. Zoarium fixé sur un morceau de bois par
la base du polypier. Cette base n'est qu'un amas de matière qui a servi de
cellules aux polypides, mais qui n'a plus cet usage depuis que le zoarium
s'est augmenté et allongé. On trouve souvent des zoaria qui n'ont point de
pareille base. On voit dans cette figure que le zoarium qu'elle représente a
commencé à se partager en trois branches, dont l'une est prête à se séparer
entièrement des deux autres. (D'après Trembley). — Cette figure copiée sur
Trembley a été réduite par le graveur; Trembley l'avait dessinée de grandeur
naturelle, mais ici elle ne représente que 0,623/1 .
Trembley traite de jeunes polypides les plus petits de ces êtres, c'est une
erreur de sa part, chez les Bryozoaires le bourgeonnement n'est pas indéfini,
il est rapidement limité, et quelque soit la taille du zoarium, l'arrêt d'accrois-
sement de la colonie finit toujours par arriver; ces animaux subissent celte
terrible loi qui régit toutes les aggrégalions humaines et animales, physiques
et morales, détruisant avec la même facilité les grands et les petits. Le bour-
geonnement diminue d'intensité, les polypides restent rabougris et stériles à
côté de leurs superbes anciens, non pas par manque de nourriture, mais par
manque de vitalité; l'ensemble des forces vitales dont la résultante constitue
l'énergie vitale a des limites infranchissables, où les nations périssent comme
une colonie de Bryozoaires; pour les premières les jours sont des siècles, pour
les dernières bien peu de temps. C'est à ce moment qu'on peut trouver des
polypides avoués, ou sinon d'un type beaucoup plus simple que celui des po-
lypides plus anciens ; quelquefois même le polypide ne peut se développer,
l'endocysle sans vigueur ne peut plus rien produire, la colonie agonise de vieil-
lesse.
Fig. 181. — Loph. Trembleyi. — Exemplaires attachés aux racines de
Lemna polyrhiza. Grandeur naturelle. (D'après Allman).
Fig. 18 2. — Loph. Trembleyi. Trois polypes à panache d'eau douce, grossis
au microscope. L'un est en dehors de la zoœcie, un autre s'est retiré à l'inté-
rieur, enfin un plus jeune se voit à gauche (voy. ce que j'ai dit pour la fig. 180).
Trembley distingue dans le premier polypide ce qu'il appelle lui-même l'œso-
phage, l'estomac et Finteslin droit II distingue l'ectocyste qu'il nomme peau
du Polype. Cette figure remarquable a été donnée par Trembley en avril 1 741 .
Yan Bcneden prétend que cet auteur n'a point vu l'anus de son Polype à pa-
nache, et Trembley en dit autant, mais Trembley raconte qu'il a très bien vu
l'évacuation des matières focales, s'il a vu celle évacuation, il a vu du même
coup par où elle s'eirccluail, Raspail n'a pas vu autre chose pour connaître la
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 113
place de l'anus, et je trouve qu'en cette circonstance Trembley a été trop
facile à s'accuser.
Fig. 183. — Lophop. Tremhleiji. — Vue d'un jeune zoarium. L'endocyste
général est enveloppé dans un ectocyste gélatinoïde qu'il exsude. Divers poly-
pides sont épanouis, d'autres sortent de leur étui, d'autres enfin sont rentrés
dans la masse commune. Quelques bourgeons naissants vont produire d'autres
polypides. Exemplaire grossi. (D'après Dumortier),
Fig. 184. — Loph. Trembleyi. — Lophopus dans lequel l'ectocyste gélati-
noïde du jeune âge diminuant d'épaisseur se colle à l'endocyste et auquel Du-
mortier et van Beneden ont donné le nom de Lophopus Backeri. Cette varia-
tion est produite par l'âge, et non point par un état maladif comme Allman
l'a pensé. Cette belle colonie a été trouvée au mois de janvier 1839 sur la
tige d'une Veronka beccabunga. Plusieurs polypides sont étalés dans différentes
positions. (D'après Dumortier et van Beneden).
Fig. 185. — Lophopus Trembleyi. — Jeune zoarium avec deux polypides.
L'ectocyste y est très développé. (D'après Allman). Très grossi.
Fig. 186. — Lophop. Trembleyi. — Jeune zoarium mieux développé, con-
tenant dix polypides. Exemplaire très grossi qu'Allman considère comme adulte.
Allman ajoute ici une erreur aux autres, sa colonie est encore très jeune, les
rares statoblastes qu'elle contient sont encore adhérents aux funicules, tandis
que beaucoup de ces corps sont tout à fait libres intérieurement dans les vieux
zoaria. J'en conclus qu'Allman, comme beaucoup d'aulres naturalistes, n'a
jamais vu cette espèce adulte.
Fig. 187. — Loph. Trembleyi. — Fragment d'un zoarium que j'ai trouvé
au mois de septembre 1869 au Jardin d'Acclimatation de Paris; ce zoarium
était gros comme le bout du pouce et très ramifié, ils se rapprochait par son
organisation de celui de Trembley, fig. 180. C'était un exemplaire parfaitement
adulte, le seul que j'ai j'amais vu ; le modeste dessin que j'en donne n'a pas
été terminé, il a été exécuté à la chambre claire, en conséquence ce qui est
représenté est absolument exact. On voit que la fig. 184 et la mienne ont
beaucoup do rapports en ce sens que l'ectocyste gélatinoïde a considérablement
diminué d'épaisseur, puisqu'il se confond avec l'endocyste, le zoarium était
cependant tout à fait transparent. Il y a de nombreux statoblastes dispersés
intérieurement et sans aucun rapport avec les polypides. 1 4/1 .
Fig. 188- — Loph. Trembleyi. — Vue moitié schématique d'une partie du
lophophore et de la couronne tentaculaire d'un lophopus, montrant la bouche
et les parties voisines, avec la distribution des nerfs. Ses tentacules sont par-
tiellement coupés pour laisser voir la surface supérieure du lophophore.
(D'après Allman).
Fig. 189. — Loph. Trembleyi. — Très jeune statoblasle. (Dumort. et van
Bencd.).
114 J. JULLIEN
Fig. 190. — Loph. Trembleyl. — Cul-de-sac de l'esloniac avec un slalo-
blaste presqu'enlièrement développé. (Dum. el van Bened.).
Fig. 191 . — Loph. Trembleyi. — Statoblaslc isolé et vu de profil. (Dum. et
van Bened.).
Fig. 192. — Loph. Trembleyi. — Statoblaste vu de face. — (Dumoit. et
van Bened.).
Fig. 193. — Loph. Trembleyi. — Statoblaste grossi environ 50 fois vu de
face. (D'après Allnian).
Fig. 194. — Loph. Trembleyi. — Statoblaste vu de profil. (Allman).
Fig. 195. — Loph. Trembleyi. — Statoblaste de la colonie représentée en
partie dans la figure 187. Les cellules de l'anneau marginal ont été dessinées
presques toutes à la chambre claire, leur taille diminue de l'extérieur à l'inté-
rieur et leurs proportions sont exactes dans ce dessin. 34/1 .
Fig. 19C. Pectinatella magnifica. — Limites d'une colonie développée à
l'extrémité d'une branche morte. (Norway, Me.), La partie recouverte de cette
branche est limitée par une ligne ponctuée. Cette figure montre l'aspect géné-
ral de la colonie, la grande épaisseur de l'ectocyste et la disposition des lobes.
(D'après Hyatt) Plus petite que grandeur naturelle.
Fig, 197 et 198. — Pecl. magn. — Jeunes colonies. (D'après Hyatt).
Fig. 199. — Pecl. magn. — Limites d'un lobe d'une grande colonie, des-
sinée de grandeur naturelle, ce lobe est lui-même divisé en lobes plus petits
rayonnants et tripartites. (D'après Hyatt).
Fig. 200. — Pect. magnifica. — Lobe représenté fig. 1 99, il a été traité par
l'alcool. Les polypides raccornis sont représentés par les petites lignes angu-
leuses disséminées les unes devant les autres; on voit des statoblastos dans le
milieu du zoarium. (D'après Hyatt).
Fig. 201. — Pect. magn. — Vue grossie d'un polypide situé à l'extrémilé
d'un lobe. (Norway, Maine). (D'après Hyatt).
Fig. 202. — Pecl. magn. — Profil d'un polypide rétracté, montrant l'as-
pect de la quatrième membrane et la disposition des rétracteurs pendant l'in-
vaginalion. La quatrième membrane du canal alimentaire forme un arc exté-
rieur entre l'estomac et l'intestin, et un autre arc à concavité interne entre
l'estomac et l'extrémité inférieure de l'estomac et l'extrémité inférieure de
l'oesophage. (D'après Hyatt), — La quatrième membrane n'existe pas chez les
Plumatellidées.
Fig. 203. — Pect. magn. — Vue ventrale d'un polypide tout à fait rétracté,
montrant les positions et relations des trois paires de rétracteurs. (Norway,
Maine). Au-dessous de l'orifice se voit la couronne des rétenteurs dont les
fibres musculaires rayonnent des parois de la gaine tentaculaire à la paroi
externe que forme l'cndocyste; au-dessous se trouve le faisceau des tenta-
cules supporté par le lopliophorc ; enfin plus bas se trouve le fond de l'e^to-
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'eAU DOUCE 115
mac. En reprenant de haut en bas l'étude des muscles latéraux, on trouve les
rétracteurs brachiaux, les rétracteurs du lophophore et enfin les rélracteurs de
l'estomac. (D'après Hyatt).
Fig. 204. — Pect. magn. — Coupe transversale schématique du zoarium
de la fig. 199 avec les polypides étendus; des slatoblasles sont dispersés vers
le milieu et dans le bas. (D'après Hyatt).
Fig. 205. — Pect. magn. — Statoblaste vu par sa face supérieure.
Fig. 206. — Pect. magn. — Statoblaste vu par sa face inférieure.
Fig. 207. — Pect. magn. — Statoblaste vu de profil. Du centre de l'exté-
rieur on voit l'enveloppe cornée, l'anneau marginal, enfin les crochets. (Ces
trois dernières figures sont empruntées à Hyatt).
Fig. 208, — Pect. magn. — Ganglion nerveux œsophagien avec ses prin-
cipaux troncs nerveux. Le filament supérieur droit constitue le nerf de l'épis-
tome, les autres nerfs appartiennent au lophophore. (D'après Hyatt). Très
grossi (Hyatt n'indique pas ses grossissements).
Fig. 209. — Pect. magn. — Ganglion œsophagien très grossi, montrant
l'extrême variabilité des ganglions et des troncs nerveux. (D'après Hyatt).
Fig. 210. — Pect. magn. — Même ganglion que celui de la fig. 209, mais
contracté, il porte les mêmes nerfs. Dans ces ganglions le gros nerf supérieur
bifurqué en bas représente le tronc nerveux lophophorique ; le filet situé à
droite du ganglion est le nerf de l'épistome; des deux nerfs qui résultent de
la bifurcation inférieure du filet ganglionaire, le gauche est le nerf du polypide,
le droit est le nerf du bras du lophophore. (D'après Hyatt).
Fig. 211. — Pect. magn. — Statoblaste coupé transversalement; cette
figure montre la disposition des cellules de l'anneau marginal. (D'après
Potts). — a, a, surface libre des valves; b,b, série unique des grappins; d, d,
sections de l'anneau marginal, divise lui-même par la ligne c, e, le long de
laquelle s'opère la déhiscence des valves dans ce genre.
Dans les deux figures suivantes les lettres ont la même signification.
Fig. 21 2. — Pect. magn. — Statoblaste. Section transversale de l'anneau mar-
ginal de la valve supérieure montrant la forme prismatique des cellules vides ; à
l'aide de cette figure, on peut comprendre le mode de déhiscence du statoblaste.
Fig. 213. — Pect. magn. Section transversale de l'anneau marginal de la
valve inférieure du même statoblaste que celui de la fig. 213. D'après Potts.
Fig. 214. — Pectinaiella Carteri Hyatt. — Un statoblaste vu de face.
Fig. 215. — Id., le même statoblaste coupé transversalement.
Fig. 216. — Id., épines barbelées marginales.
(Ces trois dernières figures sont empruntées à Carter).
Fig. 217. — Cristalella mucedo G. Cuvier. — Statoblaste en voie d'éclo-
sion vu de face. Sur la droite apparaissent les jeunes polypides qui en naissent
(D'après Dumortier et van Beneden).
116 J. JULLIEN
Fig. 218. — Crist. mucedo. Le même statoblasle vu de profil. (Dum. et
van Ben.).
Fis. 219. — Crisi. mucedo. — Jeune zoarium débarrassé des valves du sta-
toblaste. (Dum. et van Bened.).
Fig. 220 à 222. — Crist. mucedo. — Jeunes zoaria qui ont servi de types
à l'espèce. (Empruntés à Rœsel).
Fig. 223, — Crist. mucedo. — Zoarium adulte avec la plupart des poly-
pides épanouis. On voit les slatoblastes dans le milieu de la colonie. (Allman).
Fig. 224. — Crist, mucedo. — Ganglion nerveux coupé transversalement,
on voit les cellules nerveuses centrales et les nerfs qui en partent. (Nous devons
cette coupe intéressante au professeur Reinhardt de Charkow (Russie).
Fig. 223. — Cristatella ophidioidea Hyatt. — Zoarium de grandeur ré-
duite, dans sa position normale. Les polypides sont figurés aux extrémités seu-
lement, le bord de la colonie entre elles est indiqué par des lignes ponctuées
(Norway, Maine). (D'après Hyatt).
Fig. 226. — Crist. ophid. — Vue grossie d'un polypide adulte dans sa
zoœcie. La zoœcie est soutenue par un réseau musculaire à faisceaux énormes
limitant des espaces de grandeur très variable excessivement irréguliers, dont
l'ensemble est fort élégant. (D'après Hyatt).
Fig. 227. — Crist. ophid. — Vue d'un polypide du premier rang, entière-
ment invaginé. Elle a été prise par la face inférieure, avec l'endocyste tourné
de côté. Les rétracteurs gastriques et du lophophore n'ont pas été dessinés.
(D'après Hyatt).
Fig. 228. — Crist. ophid. — Vue grossie du côté postérieur de la moitié
d'une jeune colonie avec l'ectocyste et l'endocyste enlevés sur une portion de
la base, découvrant les estomacs des polypides et les bases des parois muscu-
laires. Sur le bord les bourgeons sont fixés à la face supérieure de l'endocyste
et au centre se trouve le cône renversé formé par le bord interne des parois
musculaires. Sur la gauche se voit la portion découverte, les lignes noires mon-
trent les positions des parois musculaires, mais sur la droite qui est encore
couverte, elles indiquent seulement les plis externes temporaires de l'endo-
cyste, causés par la contraction du cœnœcium. Les relations et positions de
toutes ces parties sont plus faciles à comprendre dans une coupe idéale telle
que la représente la fig. 229. Dans cette dernière les lettres se traduisent
ainsi : E, endocyste; C, estomac des polypides entièrement rétractés; Q, pa-
rois musculaires ; Y, bourgeons; Y', polypides jeunes susceptibles d'évagination
(voyez l'explication de la fig. 180); X, statoblastes fixes; A', tronc cœnœcial.
(D'après Hyatt).
Fig. 230. — Crist. ophid. — Lophophore vu d'en haut, les tentacules et le
calice ont été enlevés pour montrer la distiibution des nerfs. L'area centrale,
formant une bande blanche dans chaque bras, est formée par un nerf lopho-
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 117
phorique, tandis que chacune des lignes noires qui en portent, et qui simulent
les limites des tentacules, n'est autre chose qu'un nerf tentaculaire. (D'après
Hyalt).
Fig. 231 . — Crist. ophid. — Lophophore vu d'en haut, chez un jeune po-
lypide. Les bras sont encore soudés près des extrémités, et les tentacules ainsi
que le calice ne sont point développés le long de la ligne de jonction (Norway,
Maine). (D'après Hyatt).
Ce lophophore se rapproche beaucoup de celui de la fig. i ; je regrette que
Hyatt n'ait pas parlé de l'épistome de ce singulier et anormal lophophore, il
aurait été intéressant de le comparer avec les lophophores anormaux de Pluma-
telle. Je répète ici que ces anomalies ne sont pas des états de passage d'un
âge à un autre, mais bien des arrêts de développement par suite de décrépi-
tude sinon du zoarium entier au moins des polypides générateurs.
Fig. 232. — Crist. ophid. — Zoœcie du premier rang, son orifice est fermé
sur le polypide invaginé. On voit tout autour de cet orifice la couronne des
muscles rétenteurs antérieurs. (D'après Hyatt).
Fig. 233. — Crist. ophid. — Même zoœcie que dans la fig. 232, vue de
profil. (D'après Hyatt).
Fig. 234. — Crist. ophid. — Statoblaste. Face supérieure. )
Fig. 235. — — — Face inférieure. [ (D'après Hyatt).
Fig. 236.— — — Vue de profil. )
Le dessinateur a mal copié le dessin de Hyatt; dans la figure type, les cro-
chets sont en dedans du bord interne de l'anneau marginal ; le lecteur voudra
bien tenir compte de cette rectification.
Fig. 237. — Cristatella lacustris Potts. — Section transversale passant par
le centre d'un statoblaste de cette espèce; a, a, surfaces chitineusesdes valves;
b, b, leur portion réfléchie formant grappins; c, c, les grappins rétenteurs plies
et tordus ; d, d, section de l'anneau marginal ou bague de cellules aérifères
surmontant le corps chitineux du statoblaste ; e, e, partie du bord où les
valves se séparent au moment de l'éclosion, ainsi qu'on le voit dans la figure 238 .
(D'après Potts).
Fig. 238. — Crist. lacust. — Cette figure représente l'extrémité de la sec-
tion d'un semblable statoblaste au moment de la séparation des valves. Les
parties indiquées par des lettres correspondent à celle de la figure 237, sauf
pour la lettre f qui indique une membrane délicate cachée sous la surface
interne de l'anneau marginal, et pour g, g, qui indiquent les différentes tailles
et la fréquence des papilles chitineuses sur les surfaces libres des valves. (D'après
Potts).
Fig. 239. — Paludicella Ehrenbergi van Beneden. — Zoarium fixé à une
pierre submergée. (D'après AUman). — La reproduction de ce dessin n'est pas
absolument exacte, le dessinateur a un peu grossi leszorecies; les deux zoœcies
118 J- JULLIEN
placées an point n sont de grandeur naturelle, mais ie^ antres me paraissent
bien grossi d'un tiers de la grandeur naturelle.
Fig. 240. Paliid. Ehrenh. — Zoarium avec ses hybernacles. — (D'après
Dumortier et van Beneden).
Figs. 241 à 242. — Pahul. Elirenb. — L'hybernacle se sépare en deux
valves comme un Mollusque acéphale. On voit poindre successivemeut la zoœcie
et ses bourgeons. On voit quelquefois de ces valves encore attachées au poly-
pier vers le milieu de l'été. (D'après Dumortier et van Beneden).
Fig. 243. — Palud. Ehrenb. — Coupe d'une zoœcie avec son polypide
épanoui et montrant les détails anatomiques. L'ovaire et le testicule sont par-
faitement développés. — a, endocyste ; b, ectocyste ; b', diaphragme inter-
zoœcial ; h, intestin; h', pylore; i, anus; k, lophophore; l, tentacules;
n, muscles rétracteurs du polypide; s, muscles pariétaux vaginaux postérieurs;
V, muscles pariétaux; 0, funicule testiculaire; 6', funicule ovarien, |, sperma-
tozoïdes; X) testicule; ^, ovaire. (D'après Allman).
Ce dessin me fait l'effet d'un superbe schéma, il est très exact.
Fig. 244. — Norodonia cambodgiens is i. iuWien. — Rameau grossi 9 fois
et demi.
Fig. 245. — Norod. cambodg. — Zoœcie en bourgeonnement et bourgeon,
grossi 36 fois et 30 centièmes.
Fig. 246. — Norodomia sinensis J. Jullien, — Zoarium de grandeur natu-
relle.
Fig. 247. — Norod. sinensis. — Rameaux grossis 9 fois et demi.
Fig. 248. — Hislopia lacnstris Carter. — Zoarium très grossi. La grandeur
naturelle des zoœcies est de 0"^"'87.5 de longueur. — D'après Carter.
Fig. 249. — Hislop. laciist. — Zoœcie avec l'animal, d'après un exem-
plaire conservé dans l'alcool et très grossi. D'après Carter.
Fig. 250. — Hislop. lacust. — Zoœcie avec l'animal en partie évaginé.
Dessin un peu moins grossi que celui de la figure 249. D'après Carter. —
a, a, a, a, bords de la zoœcie; b, tentacules; c, gaîne buccale montrant la
portion plissée; f, pharynx; g, œsophage, /*, gésier; i, estomac; k, intestin
grêle; l, rectum; m, muscle rétracteur ainsi allongé pendant l'extension du po-
lypide.
Tous mes dessins, accompagnés d'un indice de grossissement, ont été exé-
cutés avec un microscope de Nachet, après examen de l'objet au microscope
binoculaire du même fabricant. Je regarde l'appareil binoculaire comme indis-
pensable pour ce genre d'études. Quant aux objectifs dont je me suis servi,
je n'en connais pas de supérieurs à ceux de Nachet. Je n'ai pas employé la
chambre claire du même constructeur pour le microscope vertical, à cause
(le l'énnrmo déformation qu'elle produit dans sa projection lumineuse, d'où
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES d'EAU DOUCE 119
résulle une impossibilité absolue de raccorder plusieurs esquisses en un
seul dessin. Dans sa nouvelle chambre claire, où le prisme est doré sur
une de ses faces, le ton bleu que prend la lumière est une gène véri-
table pour le dessinateur qui ne voit plus les contours délicats de l'objet;
cette couleur bleue, loin d'être un avantage pour la chambre, n'est qu'un
défaut à ajouter aux autres. J'ai donc été obligé de faire mes dessins avec
une chambre claire parfaite pour les microscopes pouvant se renverser,
et que j'ai achetée en 1863 chez Mirand, fabricant à Paris, elle ne déforme pas
d'une façon sensible les objets qu'on dessine avec elle.
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