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Full text of "Monographie des bryozoaires d'eau douce"

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MONOGRAPHIE 


DES 


BRYOZOAIRES  D'EAU  DOUCE 


PAR 


LE   Dr  J.   JULLIEN 


(Extrait  du  BiiHelvi  de  la  Socirlê  7.oo\o(jique  de  France,  l.  X,  1885) 


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MEULAN 
ÏMPHI.MERIE  DE  SOCIÉTÉ  ZOOLOGIQUE  DE  FRANCE 


18  8  0 


EXTRAIT  DU  BULLETIN  DE  LA  SOCIÉTÉ  ZOOLOGIQUE  DE  FRANCE, 

t.  X,  1885. 


MONOGRAPHIE 

DES 

BRYOZOAIRES  D'EAU  DOUCE 

Par  le  D^  J.  JULLIEN. 


Depuis  qu'on  a  adopté  la  classitication  des  Bryozoaires  selon  la 
forme  des  cellules  ou  zoœcies,  on  n'a  pas  essayé  d'y  faire  entrer  les 
genres  d'eau  douce. 

J'ai  étudié  avec  le  plus  grand  soin  ceux  des  environs  de  Paris 
et  de  Bourgogne  comparativement  avec  ceux  des  pays  étrangers, 
et  j'ai  pu  me  convaincre  qu'aucune  classification  ne  correspond 
avec  le  résultat  de  mes  recherches.  Je  ne  veux  pas  analyser  tous 
les  travaux  publiés  jusqu'à  présent  ;  je  ne  parlerai  que  des  classi- 
fications les  plus  intéressantes.  Sur  cette  question  délicate  on  a 
écrit  des  choses  absolument  insensées.  Quoiqu'il  en  soit,  Dumor- 
tier,  en  1833,  a  nommé  Lophopodes  tout  ce  qui  était  connu,  à  son 
époque,  en  fait  de  Bryozoaires  à  tentacules  disposés  en  fer-à-che- 
val, y  compris  la  Tubularia  sultana  de  Blumenbach.  Ses  Lopho- 
podes comprenaient  donc  les  genres  Cristatella  Guvier,  Pluma- 
tella  Lamarck,  Lophopus  Dumortier  et  Alcyonella  Lamarck.  De  la 
Tubularia  sultana,  il  a  fait  la  Plumatella  sultana,  à  la  suite  de  la 
Plumatella  lucifuga  de  Vaucher,  et  il  avait  raison  ou  du  moins  il 
approchait  de  la  vérité  ;  car,  comme  on  le  verra  dans  la  suite, 
les  Frédéricelles  ne  sont  que  des  variétés  de  Plumatelles.  Cette 
classification  fut  détrônée  par  celle  de  Paul  Gervais. 

Quand  cet  auteur  s'occupa  de  ces  animaux  en  1836,  ce  fut  par 
suite  de  la  trouvaille  d'un  corpuscule  charmant,  un  statoblaste 
de  Gristatelle.  11  constata  que  cet  œuf  reproduisait  le  Kleinere  Fe- 
derbuch-Polyp  deRosel;  cette  découverte  jetée  par  le  hasard  entre 
s  es  mains  ne  le  conduisit  pas  bien  loin  dans  la  connaissance  des 


4  J.    JULLIEN 

Bryozoaires  d'eau  douce;  en  1837,  il  publia  sa  classification  des 
Polypiaires,  désignant  par  les  noms  de  Polypiaria  hippocrepia  les 
Bryozoaires  à  tentacules  disposés  en  fer-à-cheval,  réservant  ceux 
de  Polypiaria  infundibulata  à  tous  ceux  dont  les  tentacules  n'étaient 
point  disposés  ainsi.  11  décrivit  quelques  espèces  des  environs  de 
Paris  en  essayant  de  rétablir  leur  synonymie  où  il  s'est  fort  em- 
brouillé. Après  quoi  il  ne  s'en  occupa  plus.  Ses  études  insuffi- 
santes lui  firent  placer  la  Frédéricelle  sultayie  à  côté  de  la  Paludi- 
celle  articulée,  animaux  qui  ne  se  ressemblent  guère  ;  cette  faute 
fut  relevée  par  Allman  qui  répudia  la  classification  de  Gervais 
pour  lui  substituer  la  sienne  en  1856.  Le  livre  d'AUman  est  écrit 
avec  un  sérieux  d'autant  plus  comique  qu'il  est  plein  d'erreurs, 
comme  on  le  verra  plus  loin. 

Allman  voulut  lui  aussi  trouver  un  caractère  sur  lequel  il  put 
appuyer  une  classification  ;  sans  tenir  compte  de  celle  de  Dumor- 
tier,  il  prétendait  que  les  Polyzoa  de  Thompson,  équivalents  des 
Bryozoa  d'Elirenberg,  pouvaient  se  diviser  selon  la  présence  ou 
l'absence  de  cette  lèvre  mobile  au-dessus  de  la  bouche  dont 
parle  Dumortier  ;  comme  les  Frédéricelles  portent  cette  lèvre,  il 
les  replaça  à  la  suite  des  Plumatelles.  ainsi  que  Dumortier  l'avait 
déjà  fait;  et  il  donna  le  nom  d'épistome  à  cette  lèvre.  Il  repoussa 
le  terme  d'Hippocrépiens  de  Gervais  et  le  remplaça  par  le  nom  de 
Phylactolemata  sous  lequel  il  réunit  les  Hippocrépiens  de  Gervais. 
et  les  Bryozoaires  pourvus  d'un  épistome,  c'est  à  dire  avec  le 
genre  Frédéricelle  du  même  auteur  et  avec  le  genre  Pedicellina 
de  Sars;  enfin  il  donna  le  nom  de  Gymuolcemata  aux  Infundibulés 
du  zoologiste  français  et  aux  Bryozoaires  dépourvus  d'épis- 
tome. 

Cette  classification,  adoptée  aujourd'hui,  a  une  solidité  au 
moins  discutable,  l'observation  directe  nous  faisant  voir  que  le 
caractère  qui  forme  sa  base  peut  manquer  à  la  fois  sur  divers 
individus  d'une  même  colonie. 

Ainsi,  pendant  le  mois  de  septembre  1883,  en  étudiant  des  Plu- 
matella  repens  que  j'avais  recueillies  dans  les  montagnes  du  Gha- 
rollais  (Saône-et-Loire),  j'ai  remarqué  que  certains  polypides 
étaient  avortés.  Le  lopliophore  considérablement  diminué  d'im- 
portance ne  portait  que  dix-sept  tentacules  au  lieu  de  cinquante 
comptés  sur  les  autres  polypides  de  la  même  colonie.  Dans  ces 
avortons  (fig.  i  et  3),  les  deux  bras  du  lopliophore  étaient  soudés  par 
le  bord  interne  où  de  toutes  petites  verrues  rempdaçaient  les  tentacules; 
Vépistome  n'existait  pas  au-dessus  de  la  bouche.  Ces  polypides  avaient 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU   DOUCE 


néanmoins  un  canal  digestif  complet,  remplissant  bien  ses  fonc- 
tions, mais  réduit  proportionnellement  au  reste. 

Les  bras  du  lophophore 
des  Hippocrépiens  peuvent 
subir  une  modification  assez 
intéressante  :  c'est  l'arrêt  de 
développement  d'un  des  bras- 
Il  m'est  arrivé  fréquemment 
de  voir  des  polypides  étalés 
présentant  cet  écart  organi- 
que; le  bras  avorté  ne  por- 
tait qu'une  très  petite  quan- 
tité de  courts  tentacules , 
tandis  que  l'autre  restait  nor- 
mal avec  des  tentacules  très 
longs.  Il  y  a  peut-être  là  un 
acheminement  vers  la  forme 
des  Rhabdopleura    d'Allman. 

Sur  une  Phimatella  luci- 
fuga  de  l'Étang  de  Saint-Hu- 
bert près  Rambouillet,  j'ai 
vu  un  polypide  dont  tous  les 
tentacules  internes  étaient  au  moins  de  moitié  plus  courts  que 
les  externes  ;  d'autres  polypides  avaient  des  tentacules  plus 
courts  que  les  autres,  mais  disséminés  parmi  eux. 

En  somme,  la  classification  d'Allman  ne  se  base 
que  sur  la  présence  ou  labsence  de  l'épistome, 
puisque  le  genre  Frédéricelle  n'est  maintenu  dans 
le  sous-ordre  des  Lophopiens  qu'en  raison  de  fé- 
pistome  ;  mais  les  avortons  des  Plumatelles  privés 
d'épistomes  conservant  le  rudiment  du  lophophore 
bilatéral,  ce  dernier  caractère,  indiqué  d'abord  par 
les  auteurs,  doit  passer  avant  celui  fournis  par  l'épi- 
tome. 

Telles  sont  les  raisons  qui  nous  font  revenir  à  la 
classification  de  Dumortier  en  la  complétant,  et 
sans  tenir  compte  de  l'épistome ,  le  caractère  du 
lophophore  étant  suffisant. 

Je  propose  à  présent  la  classification  suivante  pour  les  Bryo- 
zoaires d'eau  douce. 


Fig.   1. 


6  J.    JULLIEN 

Class.  BRYOZOA  Ehrenberg,  -1834. 

la  S. -class.  BRYOZOA  LOPHOPODA  Dumortier,  iSSo. 

4  a  Tribus.  B.  loph.  caduca  J.  Jullien. 

1^  Famil.  Pedicellinidœ  Hincks,  1880. 

Genus  Pedicellina  Sars.  \ 

—  Barentsia  Hincks.  '  marins. 

—  Pedicellinopsis  Hincks.  y 

—  Urnatella  Leidy,  \  851 . 

—        gracilis  Loidy,  18o4.  États-Unis. 

2^  Famil.  Loxosomidœ  Hincks^  1880. 
Genus  Loxosoma  Keferstein,  inarin. 

2a  Tribus.  B.   loph.  perstita  J.  Jullien. 

1*  Famil.  Plumatellidœ  J.  Jullien, 

Genus    P/M/Hrt/e//a  Lamarck,  1816. 

—  reyens  Linné,  1758.  Europe  et  Asie  (Inde). 

—  /«ci/'Hj/a  Vaucher,  1804.  Europe. 

—  arethusa  Hyalt,  1868.  États-Unis. 

—  diffusa  Leidy,  1851.  États-Unis. 

—  Aplinii  Mac  Gillivray,  1869.  Australie. 
Genus    Hyalinella  J.  Jullien. 

—  vesicularis  Le\dv,  1854.  États-Unis. 

—  ?  vitrœa  Hyatt,  1868.  États-Unis. 

2a  Famil.  Lophopusidœ  J.  Jullien. 

Genus   Lophopus  Du.movV\ei\  1835. 

—         Ti^emhleyi  J.  Jullien,  1884.  Europe, 
Genus    Pectinatella  Leidy ^  1851. 

—  viaynifica  Leidy,  1851.  États-Unis. 

—  Carteri  Hyatt,  1868.  Inde. 
Gen.  Cristalella  G.  Cuvier,  1798. 

—  Mucedo  G.  Cuvier,  1798.  Europe. 

—  Idœ  Leidy,  1859.  États-Unis. 

—  ophidioidea  Hyail,  1868.  États-Unis. 

—  't  lacustris  Potts,  1884.  États-Unis. 

3a  Famil,  Rhahdopleuridœ  Hincks,  1880, 
(îou.    [{habdopU'ura  Allman.  iiiarin. 


MONOGRAPHIE   DES   BRYOZOAIRES    d'EAU    DOUCE  7 

2^  S.-class.  BRYOZOA  INFUNDIBULATA  P.  Gênais,  1837. 

la  Fam,  Pahtdicellidœ  Allman.  '1836. 

Gen.  Paludicetla  P.  Gervais,  1836. 

—  articulata  Ehrenberg,  1831 .  Europe  et  Amérique  septentrio- 

nale. 

—  erecta  Volls,  1884.  Amérique  septentrionale. 

2^  Famil.  Hislopidœ  J.  Jullien. 

G.  Norodoniai.  Jullien,  1880. 

—  Cambodgiensis  J,  .Jullien,  1880.  Indo-Chine. 

—  sinemis  i.  Jullien,  1880.  Chine. 
G.  Hislopia  J.  Carier,  18.58. 

—  lacMstris  S.  Carter,  1838.  Inde. 

Pendant  que  je  rédigeais  cette  Monographie,  Leidy,  en  Améri- 
que, a  publié  une  note  sur  V  Umatella  gracilis;  il  a  placé  son  espèce 
dans  la  famille  des  Pédicellinidées;  déplus,  il  a  fait  entrer  dans 
cette  famille  le  genre  Loxosoma,  de  Keferstein.  Cependant,  les  ten- 
tacules des  Loxosomes  sont  si  petits,  si  peu  développés  que  je  ne 
puis  admettre  qu'avec  réserve  l'idée  du  savant  américain.  Toutes 
les  espèces  de  Loxosomes  sont  marines,  elles  sont  dépourvues  de 
pédicule  vrai  ;  le  leur,  faisant  partie  de  la  zooecie,  périt  avec  cette 
dernière,  et  ne  persiste  pas  comme  celui  des  autres  Pédicéllinides. 
C'est  pour  cette  raison  que  j'ai  conservé  la  famille  des  Loxosomi- 
dées  établie  par  Hincks. 

Quant  au  genre  Rhabdopleura  d' Allman,  je  le  place  à  la  suite 
des  Lophopodes  persistants,  avec  lesquels  il  a  de  nombreuses 
affinités.  C'est  un  Lophopode  modifié,  comme  le  genre  Fréderi- 
celle  est  une  Plumatelle  modifiée;  je  ne  trouve  point  chez  cet 
animal  le  motif  d'une  sous-classe,  comme  l'ont  pensé  les  auteurs 
anglais.  Je  rejette  donc  les  Pterobranchia  de  Ray  Lankester,  aussi 
bien  que  son  ordre  des  Podostomata,  comme  absolument  inutiles  ; 
ces  grands  mots  sont  le  résulat  de  l'ignorance,  dans  laquelle  se 
trouve  Ray  Lankester  vis-à-vis  des  variations  des  Lophopodes. 
Hincks  lui-même  nous  dit  que  «  par  la  forme  du  zoarium  et  pour 
divers  autres  sérieux  motifs,  ce  genre  se  rapproche  du  groupe 
d'eau  douce  des  Phylactolœmata  »;  cependant  il  accepte  l'opinion 
de  Ray  Lankester.  Une  particularité  intéressante  est  que  la  con- 
tractilité  du  funicule,  niée  par  Allman,  mais  que  j'ai  constatée 
nombre  de  fois,  se  retrouve  très  énergique  dans  le  genre  en  ques- 


J.    JULLIEN 


tion,  où  elle  agit  absolument  seule  pour  le  retrait  du  polypide 
dans  la  zoœcie. 


Classe  des  BRYOZOAIRES  Ehrenberg,  1834. 

Animaux  possédant  :  des  branchies  ciliées  affectant  la  forme  de 
tentacules  oraux,  un  tube  digestif  complet,  un  pied  rudimentaire 
ou  avorté;  ils  sont  renfermés  dans  des  zoœcies  soit  gélatinoides, 
soit  chitineuses,  soit  calcaires,  formant  ordinairement  des  colonies 
par  bourgeonnement. 

V°  Sous-classe  :  BRYOZOAIRES  LOPHOPODES  Dumortier,  1835. 

Synonymie:  Polypiaria  duhia  de  Blainville,  1834;  Polypiaria 
hippocrepia  P.  Gervais,  1837;  Polyzoa  phylactolœmata  AUman, 
1856. 

Bryozoaires  dont  la  couronne  branchiale  ou  lophophore  est  gar- 
nie d'une  double  rangée  de  tentacules,  possède  la  forme  d'un  fer- 
à-cheval  plus  ou  moins  régulier,  ou  bien  est  ovalaire  avec  deux 
tentacules  rentrants. 


Bryozoaires    lopliopodes    caducs. 

Bryozoaires  lopliopodes  dont  les  zoœcies  sont  caduques  après 
la  mort  du  polypide  ;  la  gaîne  tentaculaire  en  est  incomplètement 
rétractile  dans  l'ectocyste. 


Famille  des  Pedicellinidées. 

Zoœcies  charnues,  presque  globuleuses,  dont  le  polypide  ne 
peut  s'étendre  complètement  au-dehors  pendant  son  extension, 
et  ne  contenant  jamais  de  statoblastes;  elles  sont  supportées  iso- 
lément à  l'extrémité  des  branches  d'un  zoarium  simple  ou  ra- 
mifié. 

Cette  famille  comprend  les  quatre  genres  :  PedicelUna^  Barenû- 
sia,  Pedicellinopsis  et  UrnateUa,  Le  dernier  seulement  vit  dans  les 
eaux  douces. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU   DOUCE  <j 

Genre  URNATELLA  Leidy  (1851),  fig.  4-8. 

Zoœcies  charnues,  campanulées,  portées  par  un  zoarium  ra- 
meux  et  segmenté. 

Urnatella  gracilis  Leidy  (1854). 
Fig.  4  à  8. 

«  Tiges  (1)  isolées  ou  groupées  par  six,  fixées  à  leur  extrémité 
inférieure  par  une  substance  granuleuse   de  couleur  rouge.  Seg- 


Fig.  4. 


(1)  Proceedings  Acad.  Nat.  Se.  of  Philaiielphia,  V,  p.  321. 


10 


J.    JULLIEN 


ments  urniformes  de  0™"i22o  de  longueur  sur  ()'""' 18  de  largeur, 
devenant  plus  petits  vers  les  extrémités  libres  des  tiges  ;  chaque 

segment  urniforme  est  transparent,  blan- 
châtre, avec  des  stries  et  des  ponctuations 
transversales,  couleur  de  terre  de  Sienne;  il 
porte  de  chaque  côté,  inférieurement,  un 
processus  arrondi,  ce  sont  les  restes  des 
branches  antérieures;  l'étroit  sommet  et  la 
portion  inférieure  des  segments  sont  bruns 
et  annelés.  L'antépénultième  et  le  pénultième 
des  segments  ainsi  que  leurs  branches  sont 
oblongs  et  transparents.  Les  polypides  ont 
0"i"^225  à  O'^n^iS  de  long;  ils  sont  campa- 
nules, étendus,  la  bouche  est  circulaire,  leur 
diamètre  égale  la  longueur  du  corps  sur- 
monté par  quatorze  tentacules  cylindriques, 
ciliés  et  rétractiles. 

»  Les  tiges  ont  environ  4  millimètres  de 
long.  «   (Traduction  du  texte  de  Leidy). 

Habitat  :  Face  inférieure  des  pierres  dans 
les  eaux  douces  : 
Rivière  Schuyikill  dans  la  ville   de   Philadelphie  (États-Unis), 
D»-  Leidy. 

Lea  a  découvert  V Umatella  dans  le  Scioto 
sur  une  Unio  qu'il  a  donnée  au  Musée  de 
Philadelphie. 

11  est  évident  que  la  seule  et  unique  es- 
pèce de  ce  genre  a  des  rapports  très  étroits 
avec  les  animaux  des  autres  genres  de  cette 
famille.  L'intestin,  qui  est  droit  chez  les 
Pédicellines,  est  coudé  chez  les  Urnatelles  ; 
ces  dernières  possèdent  aussi  presque  le 
double  de  tentacules,  mais  ces  caractères 
sont  secondaires  et  ne  peuvent  être  utilisés 
ici  qu'à  séparer  les  genres.  Je  suis  tout  à 
fait  poussé  à  croire  que  l'Urnatelle  a  la 
même  disposition  de  lophophore  que  les 
Pédicellines.  Pour  moi,  l'Urnatelle  est  une  Pédicelline  ramifiée, 
même  développée  dans  ses  différents  organes,  comme  les  genres 
marins  Barentsia  et  PedicelUnopsis  établis  par  Ilincks. 


Fif 


MONOGRAPHIE   DES   BRYOZOAIRES   D  EAU   DOUCE 


11 


Fig. 


Dans  sa  monographie,  AUman  a  donné,  à  la  page  20,  la  figure 
de  la  Pedicellina  cernua,  on  y  voit  le  lo- 
phophore  décrire  un  croissant  hippo- 
crépien  simple,  croissant  dépourvu  de 
tentacules  internes,  mais  dont  les  bras 
ne  sont  pas  soudés  entre  eux  à  leurs 
extrémités.  Les  Urnatelles,  comme  les 
Pédicellines ,  sont  des  Hippocrépiens 
avortés  qui  n'ont  pas  la  faculté  de  dé- 
velopper complètement  leurs  tentacu- 
les; elles  sont  même  d'une  petitesse 
très  grande  comparativement  aux  au- 
tres Hippocrépiens  dont  elles  se  rappro- 
chent par  la  disposition  du  lopliophore 
et  par  la  présence  de  l'épistome. 

Je  n'ai  pas  encore  eu  l'occasion  d'étudier  des  Pédicellines  vi- 
vantes, et  je  n'ai  pu  voir,  sur  celles 
que  je  possède  dans  l'alcool,  la  dis  - 
position  indiquée  par  Allman;  c'est 
seulement  après  l'examen  de  ses 
dessins  que  j'ai  eu  l'idée  de  placer 
le  genre  Umatella  parmi  les  Hippo- 
crépiens, malgré  la  grande  simpli- 
cité de  son  organisation  si  différente 
de  celles  des  autres  groupes.  All- 
man, je  ne  sais  pourquoi,  l'a  placée 
parmi  les  Gymnolœmata. 

Leidy  vient  de  publier  dans  le 
Journal  de  V Académie  des  sciences 
naturelles  de  Philadelphie  une  lon- 
gue note  sur  cette  Umatella.  l\  a 
eu  les  mêmes  vues  que  je  viens  de 
développer  et  il  a  ajouté  à  son  texte 
une  superbe  planche  dans  laquelle 
j'ai  copié  quelques  figures  (1). 

(1)  J.  Leidy,  Umatella  r/racilis,  a  fresli- 
water  Polyzoan.  —  Journal  of  the  Acadeniy 
of  natural  Sciences  of  Philadelphia,  (2),  IX, 
part  I.  1881  (avec  figures  dans  le  texte  et 
une  planche  coloriée),  p.  5. 


12  .1.    .IULLIEN 

Bi'yoxoaîres  lopliopotîe»  persistants. 

Bryozoaires  lophopodes  dont  les  zoœcies  charnues  ou  cornées 
sont  persistantes  après  la  mort  des  polypides.  La  gaîne  tentacu- 
laire  est  complètement  rétractile  dans  l'ectocyste  ;  les  tentacules 
sont  réunis  inférieurement  par  une  membrane  délicate. 

l'"e  Famille.  Plumatellidées,  J.  Jullien. 

Zoœcies  cornées  ou  charnues ,  tubuleuses ,  constituant  des 
zoaria  de  formes  variables,  mais  surtout  étalés  et  rameux,  quel- 
quefois dendroïdes  ;  ces  zoœcies  sont  soudées  entre  elles  ou  bien 
tout  à  fait  libre  les  unes  des  autres,  sauf  à  leur  point  d'origine. 
Vers  la  fin  de  leur  vie  on  les  rencontre  ordinairement  plus  ou 
moins  remplies  de  statoblastes  dépourvus  d'épines  marginales; 
ces  statoblastes  sont  libres  et  fixes,  ou  simplement  libres. 

Cette  famille  comprend  les  genres  Plumatella  et  HyaUnella. 


Genre  PLUMATELLA  Lamarck. 

Zoœcies  hyalines  dans  le  jeune  âge,  devenant  brunes  et  cornées 
ensuite,  tubuleuses,  libres  entre  elles  ou  soudées,  formant  par 
leur  réunion  des  zoaria  rampants  ou  dendroïdes,  ou  quelquefois 
en  amas  développés  autour  et  sur  les  corps  étrangers;  crête 
anale  (1)  plus  ou  moins  évidente,  ordinairement  transparente,  et 
formant  arête;  lophophore  hippocrépien ,  et  quelquefois  ovale; 
statoblastes  libres,  ou  libres  et  adhérents,  presque  toujours  abon- 
dants. 

Plumatella  repens  Linné,  1758. 
Fig.  1  à  3  et  9  k  84. 

Zoœcies  subclaviformes,  à  sections  transversales  ordinairement 

(1)  Je  donne  le  nom  de  crête  anale  à  cette  saillie  plus  ou  moins  constante  à 
laquelle  Allman  a  improprement  donné  le  nom  de  sillon  (Furrow  et  Keel).  Quand 
elle  existe,  elle  est  toujours  située  sur  la  région  frontale  de  la  zoœcie;  son  point  de 
départ  se  trouve  à  la  région  postérieure;  elle  se  termine  constamment  à  la  place 
occupée  par  l'anus  pendant  l'expansion  du  polypide.  C'est  grâce  à  elle  qu'Allman 
a  si  magnifiquement  multiplié  ses  diagnoses,  et,  qu'avec  quelques  autres  caractères 
illusoires,  l'auteur  anglais  dépassant  d'Orbigny  a  fait  deux  genres  et  dix  espèces 
avec  le  même  animal. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


13 


triangulaire  ou  subcylindrique,  avec  ou  sans  crête  anale;  quand  la 
crête  anale  existe,  elle  est  simple  ou  bifurquée;  si  elle  est  simple, 
elle  se  termine  à  l'orifice  qu'elle  entoure  comme 
une  bague  et  aboutit  à  l'anus;  elle  se  dirige  en 
arrière  en  suivant  la  ligne  médiane  de  la  ré- 
gion dorsale  de  la  zoœcie,  sur  laquelle  elle  a 
commencé  ;  si  elle  est  bifurquée,  elle  se  termine 
de  la  même  manière,  mais  les  branches  de  la 
fourche  naissent  en  arrière  de  chaque  côté  de 
la  zoœcie,  puis  se  réunissent  bientôt  pour  former 
une  ligne  aboutissant  a  l'orifice  ;  enfin  il  arrive 
très  souvent  qu'on  rencontre  des  zoœcies  qui  sont  subcylindri- 
ques sans  trace  de  cette  crête.  Ces  trois  formes  zoœciales  exis- 
tent séparément  sur  certaines  colonies  et  sont 
mêlées  sur  d'autres.  Zoaria,  soit  filiformes,  rami- 
fiés, rampants  et  adhérents  donnant  quelquefois 
naissance  à  des  branches  libres,  soit  en  amas 
plus  ou  moins  volumineux,  atteignant  quelque- 
fois le  volume  du  poing,  étalés  sur  les  corps 
immergés  ou  encore  formant  autour  des  tiges 
de  bois  ou  de  fer  des  anneaux  complets  aplatis 
sur  leurs  bords;  ces  amas  se  rencontrent  égale- 
ment sur  les  tiges  délicates  des  Potamogeton 
natans,  où  ils  atteignent  souvent  de  sept  à  vingt 
centimètres  de  longueur,  sur  un  à  un  centimètre 
et  demi  de  diamètre. 

Sur  50  polypides  bien  constitués,  et  pris  au  hasard  chez  diverses 
colonies,  le  nombre  des  tentacules  a  varié  dans 
les  proportions  suivantes  : 


44  tentacules. 

45  — 

46  — 

47  — 

48  — 

49  — 

50  — 

51  — 

52  — 

53  — 


\    fois 
3  — 
3   — 
<o  


3 
18 
9 
6 
3 


Fig.  11. 


Comme  on  le  voit,  ce  nombre  est  excessivement  variable,  puis- 


14 


J.    JULLIEN 


qu'un  tiers  environ  seulement  peut  être  considéré  comme  type 
principal  avec  50  tentacules,  que  le  second  tiers  en  possède  plus 
de  50  et  le  troisième  moins.  Mais  je  n'ai  jamaiis  vu,  en  aucune 
circonstance,  un  polypide  porter  les  soixante  tentacules  annoncés 
parles  auteurs,  depuis  Gervais  jusqu'à  Allman.  Il  est  impossible 
de  les  compter  dans  leur  position  normale,  à  moins  qu'ils  ne 
soient  étalés  de  face,  qu'on  domine  l'orifice  buccal  ;  on  les  compte 
au  contraire  facilement  en  décollant  le  zoarium  avec  une  aiguille 
et  en  l'observant  renversé  dans  un  verre  démontre  où  on  a  versé 
quelques  gouttes  d'eau  limpide. 

Sur  deux  polypides  à  bras  loplioplioriens  inégaux,  il  y  avait  40 
et  44  tentacules  :  sur  celui  avec  40  tentacules,  un  bras  en  portait 
11  et  l'autre  20;  celui  qui  en  avait  44  en  portait  19  d'un  côté  et 
25  de  l'autre,  les  tentacules  étaient  plus  courts  sur  la  branche 
avortée;  sur  l'autre  ils  étaient  très  inégaux,  quelques-uns  dépas- 
sant leurs  voisins  d'un  tiers  de  leur  longueur. 


Fig.  12. 


Fig.  15. 


Un  polypide  avorté  ne  portait  que  17  ou  18  tentacules,  alors 
que  sur  ses  congénères  on  en  comptait  de  49  à  52  ;  il  offrait  cette 
particularité  d'avoir  les  deux  branches  du  loidiopliore  soudées  par 
leur  bord  interne.  Cette  anomalie  était  accompagnée  de  l'arrêt 
de  développement  des  tentacules  internes,  qui  ne  se  montraient 
plus  que  sous  la  forme  de  petites  verrues  peu  nombreuses,  sur 
l'espèce  de  crête  formée  par  les  branches  du  lophopliore;  je  n'ai 
pu  découvrir  l'épistome  sur  ce  polypide  (1). 

Sur  des  polypides  résultant  de  l'éclosion  de  deux  statoblastes, 
le  11  avril  1884,  j'ai  pu  compter  31  et  33  tentacules. 

Rœsel  donne  sur  ses  dessins  52  tentacules  à  un  polypide  de  la 
planche  75,  et  56  à  un  autre  polypide  de  la  planche  74;  Allman  en 
a  dessiné  39  et 43  à  sa  Plumatella  repens ;  Van  Beneden  pour  VAl- 

(1)  Le  31  mai  1885,  j'ai  trouvé  dans  l'étang  de  Villcbon,  près  Paris,  une  colonie 
développée  sur  un  petit  caillou.  Un  des  polypides  ne  portait  que  14  tentacules 
disposés  en  forme  de  Frédéricelle;  il  était  mêlé  à  des  polypides  réguliers;  je  n'ai 
pu  mallieiircu.^enicnt  ni'sssurer  de  l'existence  ou  de  l'absence  de  l'épistome. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


15 


Fig.  16. 


cyonella  stagnorum  en  indique  42  à  46  dans  l'espèce  qui  a  servi  à 
ses  études;  il  ajoute  qu'il  en  a  vu  de  50  à  60,  et  que  le  nombre 
des  tentacules  lui  paraît  très  variable. 

Le  calyce  qui  garnit  la  base  des  tentacules 
ne  peut  servir  aux  diagnoses  d'une  espèce, 
comme  Allman  l'a  pensé  ;  l'insertion  de  cet 
organe  varie  non  seulement  sur  les  polypides 
d'une  même  colonie,  mais  encore  sur  le  même 
polypide,  où  il  n'est  pas  toujours  identique 
sur  tout  son  pourtour.  Il  est  d'ailleurs  difficile 
à  étudier. 

L'estomac  est  rayé  longitudinalement  de  jaune  foncé  sur  un 
fond  jaune  pâle  dans  les  beaux  exemplaires,  mais  cette  nuance 
peut  s'amoindrir  et  devenir  simplement  laiteuse  sur  des  échan- 
tillons dégénérés. 

Les  statoblastes 
sont  ovales,  guère 
plus  longs  que  lar- 
ges ;  leur  taille  et 
leur  forme  varient 
d'un  polypide  à  l'au- 
tre et  même  cliez  un 
seul  polypide.  Ils 
sont  formés  de  deux 
valves  dont  la  supé- 
rieure est  plus  apla- 
tie, avec  l'aréa  cen- 
trale plus  étroite  que 
chez  l'inférieure. 
D'après  Meyer,  Van 
Beneden  et  Allman 
les  embryons  ciliés 
de  cette  espèce  don- 
nent d'emblée  nais- 
sance à  deux  poly- 
pides jumeaux. 

Cette    Plumatelle 
est   répandue    dans 

toute  la  France,  elle  abonde  dans  beaucoup  d'eaux  dormantes  ou 
d'un  cours  peu  rapide.  Aux  environs  de  Paris  je  l'ai  rencontrée  : 
—  à  l'étang  de  Brise-Miche  près  Ghaville,  sous  les  feuilles  et  sur 
les  pétioles  de  Nymphœa  alba,  le  24  août  1884;  les  exemplaires  y 


Fig.  17-47. 


16 


J.    JULLIEN 


étaient  peu  abondants  et  assez  petits,  à  peu  près,  mais  non  com- 
plètement, dépourvus  de  crête  anale;  zoarium  rampant  et  ramifié, 
/;c=5;^  ^r:^  ^ .  ,<=5n  ^-^       non  arborescent. 


—  A  l'étang  de  La 
Tour,  près  Ram- 
bouillet  (  Seine - 
et-Oise),  sous  les 
feuilles  de  Nym- 
phœa  alha,  le  17 
août    1884  ;    des 
statobl aste  s , 
ayant   déjà   subi 
un  certain  déve- 
loppement    sont 
entrouverts  dans 
le  tube  de  l'endo- 
cyste,  l'un  a  ses  deux  valves  séparées  ;  un  autre,  qui  n'est  qu'en- 
tr'ouvert  d'un  seul  côté,  pirouette  dans  le  sens  de  la  fente  sans 
s'arrêter,  rien  ne  dépasse  les  valves  et  on  ne  distin- 
gue pas  le  détail  du  contenu.  Les  zoaria  sont  super- 
bement ramifiés  à  la  surface  inférieure  des  feuilles 
et  les  zoœcies  sont  dépourvues  de  crête  anale.  — 
A  l'étang  de  Saint-Cucufa  dans  la  forêt  de  Marly,  le 
7  septembre  1884;  sous  les  feuilles  de  Nymiyhœa^on 
rencontre  de  jolies  Plumatelles  largement  développées  avec  des 


Fig.  48-62 


Fig.  63 


"^"5  .< 


Fis.  61. 


MONOGRAPHIE   DES    BRYOZOAIRES    d'eAU    DOUCE 


17 


statoblastes,  mais  je  n'y  ai  pas  vu  de  testicule  en  activité;  il  y 
avait  seulement  dans  la  cavité  périgastrique  des  spermatozoïdes 
immobiles,  peut-être  morts,  qui  étaient  agités  par  les  courants 
intérieurs.  —  Dans  le  lac  d'Enghien,  qui  n'est  qu'un  étang,  elle 
est  très  abondante  sur  les  murs  submergés,  sur  les  grilles  en  fer 
qui  séparent  les  eaux  du  lac  des  fossés  des  parcs  voisins,  elle  est 
là  à  fleur  d'eau  sous  forme  d'Alcyonelle  ;  près  du  pont  de  Saint- 
Gratien,  sur  les  bois 
des  fascines ,  qu'elle 
recouvre  parfois  en- 
tièrement sur  toute 
leur  longueur,  elle  s'y 
présente  sous  toutes 
les  formes,  alors  ces 
immenses  colonies 
sont  le  résultat  de 
l'enchevêtrement  et 
de  la  diffusion  des  co- 
lonies produites  par 
l'éclosion,  sur  la  mê- 
me branche  d'innom- 
brables statoblastes 
libres  ou  iixes,  visi- 
bles encore  au  com- 
mencement des  zoœ- 
cies  d'origine.  Sous 
les  pierres  de  petite 
dimension  et  sous  les 
débris  de  bouteilles, 
de  briques,  de  verre, 
de  chaussures,  etc., 
on  la  voit  former  de 
petites  colonies  ram- 
pantes   et    ramifiées 

sur  lesquelles  on  voit  quelques  rares  branches  devenir  libres  de 
toute  adhérence;  là  elles  ont  le  même  aspect  que  les  colonies  si 
communes  sous  les  feuilles  des  Nymphœa.  —  Au  Champ-des- 
Biens  à  Orgeval,  je  l'ai  rencontrée  sous  les  feuilles  de  Nymphœa 
dans  un  très-grand  vivier  de  jardin  ;  une  de  ces  colonies  avait 
pris  la  forme  d'Alcyonelle,  elle  formait  sous  la  feuille  une  sorte 
de  massepain  abords  aplatis  ;  les  autres  colonies  étaient  de  forme 


Fig.  65. 


18 


J.    JULLIEN 


normale.  Je  l'ai  encore  rencontrée  dans  des  mares  à  Alfort,  sous 
forme  d'Alcyonelle  sur  des  branches  mortes.  P.  Gervais  et  Van 

Beneden,  Raspail  et  beau- 
coup d'autres  l'ont  aussi 
signalée  aux  environs  de 
Paris. 

Dans  les  montagnes  du 
Charollais  et  du  Brionnais 
(Saône-et-Loire) ,  je  l'ai 
>  trouvée  partout  ;  cette 
montagneuse  région  est 
couverte  de  prés ,  les 
bœufs  en  broutent  l'herbe 
pendant  toute  la  belle  sai- 
son, aussi  est-on  obligé 
de  creuser  dans  chaque 
pré  une  fosse  qui  sert 
d'abreuvoir,  l'eau  s'y  re- 
nouvelle facilement,  elle 
y  est  ordinairement  très 
limpide,  et  garnie  de  di- 
verses plantes,  surtout  de 
PotamogétonSjde  Macres, 
etc.  ;  les  parois  sont  le 
plus  souvent  des  murs  en  pierres  sèches  à  travers  lesquelles  pas- 
sent les  racines  des  arbres  riverains,   chêne,    aulne',  noisetier, 

églantier,  etc.  Les  grands  étangs,  les  ri- 
vières, les  torrents,  les  ruisseaux  abon- 
dent, dans  les  fonds  de  ces  coteaux  de 
granit  rose  sur  lesquels  s'étalent  les  ro- 
ches jurassiques.  Aussi  la  Plumatella  re- 
pens  trouve-t-elle  de  quoi  pulluler  dans 
ces  eaux  si  riches  en  matériaux  de  toutes 
sortes,  où  l'on  trouve  des  myriades  d'In- 
fusoires. 

Ainsi  je  l'ai  pêchée  dans  la  Reconce  à 
Charolles  et  à  Varennes-sur-  Reconce  ; 
dans  l'étang  du  Verdrat  près  Charolles; 
à  Saint-Christophe  en  Brionnais  dans  les 
mares  qui  sont  derrière  les  Eaux  miné- 
Fig.  67.  Fig  68.        raies,  dans  le  grand  étang  de  Saint-Chris- 


Fig.  66. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


l'J 


tophe,  dans  les  mares  du  hameau  de  Fougères,  du  hameau  de 
Tréhi,  du  hameau  de  Ponay,  dans  les  étangs  de  Bataillis,  de  Loury, 
des  Sertines,  de  la  Clayette,  etc. ,  etc.  Enfin  je  l'ai  rencontrée,  sous 
forme  d'Alcyonellc  sur  une  branche  morte,  dans  la  Loire  près 
de  Bourbon-Lancy. 

Risso  et  Paul  Gervais  l'ont  signalée  dans  le  midi  de  la  France. 

A  l'étranger  on  l'a  rencontrée  depuis  les  Orcades  jusqu'en 
Russie,  où  il  est  peu  probable  qu'elle  se  soit  arrêtée  aux  Monts 
Oural;  et  depuis  la  Suède  jusqu'en  Italie  et  aux  Pyrénées;  elle 
est  certainement  beaucoup  plus  étendue  encore. 

Carter  prétend  l'avoir  trouvée  dans  l'Inde  près  de  Nagpoor. 
Notre  collègue  M.  Chaperm'a  donné 
deux  Unio  rapportés  par  lui  de  l'é- 
tang de  Darodji,  qui  se  déverse  dans 
la  Tungapatra,  affluent  de  laKistna, 
Présidence  de  Madras,  district  de 
Bellari  (décembre  1882),  sur  les  co- 
quilles desquelles  existent  des  sta- 
toblastes  fixes  très  semblables  à 
ceux  de  notre  espèce  ;  cette  obser- 
vation pourrait  bien  fortifier  celle  de 
Carter,  mais  elle  n'est  point  suffi- 
sante pour  fixer  la  question.  Il  fau- 
drait étudier  l'animal  tout  entier. 

Elle  se  plaît  dans  les  lieux  ombra- 
gés, mais  non  pas  obscurs  ,  on  la 
trouve  sous  les  corps  immergés  et 
quelquefois  aussi  sur  eux  cela  tient 
à  la  légèreté  des  statoblastes  qui 
s'arrêtent  dans  leur  ascension,  là  où 
un  corps  rigide  peut  les  fixer,  mais 
la  colonie  peut  très  bien  avoir  des 
rameaux  supères  et  d'autres  infères. 
Elle  est  fréquente  sous  les  feuilles 
de  Nénuphars,  de  Potamogeton  natans  et  P.  crùpus.  de  Trajoa 
natans,  dCAlisma plantago,  sur  leurs  tiges  et  sur  leurs  pétioles,  sur 
les  bois  morts,  sur  les  pierres,  sur  les  herbes  aquatiques  et  sur 
tout  ce  qui  est  immergé  et  solide.  On  doit  la  chercher  de  préfé- 
rence au-dessous  des  changements  possibles  de  niveau  dans  les 
étangs,  les  mares,  les  rivières. 

Elle  varie  à  l'infini  de  taille  et  de  forme.  Ici,  elle  atteindra  la 


20 


J.    JULLIEN 


forme  d'Alcyonelle,  à  côté  elle  gardera  celle  de  Plumatelle,  bien 
malin  celui  qui  dira  pourquoi  ;  mieux  encore,  dans  certaines  mares, 
dans  certaines  étangs,  les  colonies  auront  un  tel  aspect  qu'on 
croira  avoir  une  espèce  distincte  et  qu'on  fera  comme  Allman 


Fig.  70. 

dix  espèces  avec  la  même.  Certes,  le  savant  Anglais  avait  sûre- 
ment bien  travaillé  la  question  et  il  croyait  bien  la  tenir,  quand 


Fig.  71. 


il  a  publié  sa  Monographie  des  Bryozoaires  d'eau  douce  ;  il  s'est 
trompé  quand  même  d'une  façon  lamentable,  car  aucun  de  ses 
caractères  ne  peut  être  conservé.  Passons  les  en  revue  : 


MOxXOGRAPHlE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


21 


Zoœcies.  —  Leur  forme  est  très  changeante,  surtout  quand  le 
polypide  vit  encore  à  l'intérieur,  elles  peuvent  être  subcylindriques 
ou  claviformesouurcéolées;  cela  dépend  seulement  du  contenu  et 
du  moment  de  l'observation,  dans  certains  exemplaires  elles  for- 
ment les  trois  quarts  d'un  cylindre  porté  sur  une  base  plate,  ailleurs 
elles  sont  triangulaires;  elles  peuvent  se  souder  entre  elles  ou 
rester  libres;  elles  peuvent  ramper  bout  à  bout  comme  elles  peu- 
vent former  des  rameaux  libres.  Ces  différents  états  peuvent  se 
rencontrer  fsur  les  mêmes  colonies.  Le  diamètre  est  encore  très 
variable.  Aliman  nous  signale  que  la  forme  alcyonelle  ne  se  ren- 


Fig.  72. 


contre  jamais  en  Irlande  tandis  que  la  forme  plumatelle  y  abonde, 
ce  n'est  pas  une  raison  suffisante  pour  en  faire  une  espèce  à  part, 
quand  on  trouve  tous  les  intermédiaires  entre  l'Alcyonelle  et  la 
Plumatelle  ordinaire.  Seulement  il  faut  savoir  que,  à  tel  endroit, 
les  zoœcies  auront  une  forme,  à  tel  endroit  elles  en  affecteront 
une  autre,  et  qu'ailleurs  la  même  colonie  présentera  des  zoœcies 
réunissant  toutes  les  variétés  précédentes,  détruisant  ainsi  leur 
spécificité. 


9-> 


J,    JULLIEN 


Fi",  -n. 


MONOGRAPHIE    DES   BRYOZOAIRES   D  EAU   DOUCE 


23 


Fig.  74. 


Zoœcies  jumelles.  —  Van  Beneden  et  AUman  ont  trouvé  extraor- 
dinaires les  formes  qu'ils  ont  nommées  Alcijonella  ftabelhcm  et 
Plumatella  jugalis  iparce  que  le  zoarium  commence 
par  deux  zoœcies  jumelles,   or  cette  disposition 
s'observe  sur  toutes  les  variétés  de  Plumatella  rc- 
pens;  je  l'ai  également  observée  sur  la  Plumatella 
lucifuga.  Cette  disposition  paraît  naturelle  quand 
le  zoarium  naît  d'un  œuf  et  non  d'un  statoblaste  ; 
l'œuf  contient  une  larve  ciliée  donnant  naissance 
à  deux  polypides  jumeaux,  il  faut  bien  que   ces 
deux  polypides  se  logent  séparément,  il  en  résulte 
Isi  Plumatella  jugalis  qui  devient  V Alcyonella  flahel- 
lum  si  les  zoœcies  se  soudent.  Sur  ces  zoaria  on  ne 
trouve  jamais  d'écaillés  de  statoblastes  parce  qu'il 
n'y  en  a  jamais  eu. 

Les  zoœcies  jumelles  ne  peuvent  donc  pas  servir  de  caractère 
spécifique. 

Crête  anale.  —  AUman  a  donné  à  cette  crête  les  noms  de  sillon 
et  de  carène  (Furrow  and  Keel),  je  préfère  à 
ces  noms  ceux  de  crête  anale  parce  que  l'anus 
est  toujours  son  point  de  terminaison  et 
qu'elle  oriente  la  disposition  du  polypidedans 
le  tube  zoœcial.  Grâce  à  ce  rapport,  nous  af- 
firmons que  la  figure,  placée  par  Allman  sous 
le  n°  6  de  sa  planche  7  est  tout-à-fait  erro- 
née, le  dessin  en  est  mauvais.  Cette  crête 
existe  ou  n'existe  pas,  et  son  existence  n'est 
pas  non  plus  un  caractère  spécifique  puis- 
qu'on la  voit  sur  des  colonies  où  certaines 
zoœcies  en  sont  privées.  Je  ne  l'ai  point  vue 
sur  les  Plumatella  repens  du  lac  d'Enghien,  de 
l'étang  du  Verdrat,  de  la  Loire;  dans  beau- 
coup de  mares  toutes  les  zoœcies  la  possèdent  dans  beaucoup 
d'autres  (comme  à  Saint-Gucufa)  les  zoœcies  sont  toutes  mélan- 
gées, les  unes  sont  presque  cylindriques,  les  autres  avec  une  crête 
anale  simple  et  transparente,  d'autres  avec  une  crête  anale  four- 
chue à  son  origine  sur  le  fond  de  la  zoœcie,  également  trans- 
parente, enfin  il  y  a  des  zoœcies  qui  portent  une  crête  simple 
dépourvue  de  toute  transparence. 

Statoblastes.  —  Voici  à  présent  des  corps  particuliers,  des  bour- 
geons, comme  dit  Allman,  entourés  par  une   coque   chitineuse 


Fig.  75. 


24 


.T.    .IULLIEN 


séparée  en  deux  valves  que  réunit  et  consolide  un  anneau  de 
même  nature  qui  ferme  les  bords;  mais  ces  statoblastes  sont  très 
variables  de  forme,  depuis  les  circulaires  jus- 
qu'à l'ovale  le  plus  prononcé,  et  on  trouve  faci- 
lement des  échantillons  divers  dans  une  même 
colonie.  C'est  donc  un  caractère  qu'il  ne  faut  em- 
ployer qu'avec  une  certaine  prudence  ;  on  peut 
juger  sa  valeur  en  comparant  les  dessins  de 
Hyatt  et  les  nôtres. 

Calice.  —  Allman  a  cru  pouvoir  tirer  de  cet 
organe  de  bons  caractères,  il  a  desssiné  ce  qu'il 
a  cru  voir,  car  il  m'a  été  impossible  de  retrouver 
ses  croquis.  Je  noterai  en  passant  que  cet  organe 
est  d'une  étude  délicate,  et  que  sa  disposition 
varie  constamment  par  les  mouvements  des  ten- 
tacules. Cependant  j'ai  constaté  que  non  seulement  il  était  va- 
riable sur  les  divers  polypides  d'une  même  colonie,  mais  encore 

sur  les  divers  points  de  la  même  couronne 
tentaculaire.  Alors  quel  caractère  spé- 
cifique peut-on  espérer  tirer  de  là  ? 

Taches   blanches    de  Vendocyste.    —  Ces 
taches  d'un  blanc  bleuâtre,  quand  on  les 
voit  à  la  lumière   incidente ,  paraissent 
jaunâtres  à  la  lumière  transmise;  l'acide  acétique  les  fait  dispa- 
raître sans  effervescence.  Ordinairement  on  les  voit  dispersées 
sur  l'endocyste  de  la  gaine  tentaculaire,  ce  n'est 
qu'exceptionnellement  qu'il  s'en  trouve  sur  l'esto- 
mac lui-même,  et  sur  le   funicule  si  volumineux 
qui  fait  suite  aux  corps  bruns,  ainsi  que  je   l'ai 
observé,  sur  la  Plumatella  repens  de  l'étang  du  Ver- 
drat,  le  19  septembre  1883.  Ces  taches  sont  souvent 
absentes  et  leur  excès   n'est  pas  admissible  pour 
caractériser  une  espèce,  comme  Hancock  l'a  pensé 
et  Allman  après  lui. 

Ainsi  se   trouvent   élagués  tous  les  caractères 
établis  par  Allman  avec  un  talent  apparent  qui  en 
impose,  mais  qui  ne  résiste  pas  à  une  étude  atten- 
tive de  ces  animaux. 

Synonymie.  —  Comme  conséquence  de  ce  qui  vient  d'être  dit, 
je  vais  établir  la  synonymie  de  la  Plumatella  repens  telle  qu'elle 
doit  être  : 


Fig.  7- 


MONOGRAPHIE   DES    BRYOZOAIRES    d'EAU    DOUCE 


25 


Ttibipora  repens  Linné.  1758. 

Tubularia  fungosa  Pallas,  1768. 

Spongia  lacustris  Schmiedel. 

Leucophra  heteroclita  Millier. 

Alcyonium  fluviatile  Bruguière,  Bôsc, 
Laraouroiix. 

A  Icyonella  stagnoram  Lamarck,  Schweig- 
ger,  Lamouroux,  Meyen,  Ehrenberg, 
Blainville,  Carus,  Duraortier,  Teale, 
Johnston,  Siebold. 

A  Icyonella  fluviatilis  Raspail.  P.  Gervais . 

Plumatella  campanulata  var.  dumetosa 
P.  Gervais. 

Alcyonella  fungosa  van  Beneden,  Du- 
mortier  et  Van  Beneden,  Allman. 

Alcyonella  anceps  Dalyell. 

Alcyonella  gelatinosa  Dalyell. 

Polype  à  panache  P.  Gervais. 

Alcyonella  lienedeni  Allman. 

Alcyomlla  flabellum  Van  Benedon,  All- 
man. 

Corallenartiger  Kamm^olyp    Sehaffer. 


Tubularia  repens  Millier,  Gmelin,  Turton. 

Der  polyp  mit  dem  Feder-busch  Eichorn. 

Alcyonella,  Icrtius  cvolutionis  gradus 
Raspail. 

Plumatella  repens  Lamarck,  Blainville, 
Dumortier,  Johnston,  Fleming,  P.  Ger- 
vais, Allman,  Thompson,  Dalyell. 

Plumatella  campanulata  Van  Beneden, 
Lamarck  ,  Schweigger  ,  iBlainville , 
Risso.   P.  Gervais. 

Federbuscli-polyp  Rœsel. 

Tubularia  gelatinosa  Pallas. 

Tubularia  campanulata  Blumenbach , 
Gmelin. 

Tubularia  reptans  Turton. 

Naisa  campanulata  Lamouroux 

Plumatella  punctata  Hancock,   Allman. 

Plumatella  coralloides  Allman. 

Plumatella  emarginata  Allman. 

Plumatella  elegans  Allman. 

Plumatella  Dumortieri  Allman. 

Plumatella  jugalis  Allman. 


Voilà  pour  le  coup  une  synonymie  qui  fera  réfléchir  les  débu- 


Fig.  79. 


Fig.  80. 


26  .1.   JULLIEN 

tants  et  beaucoup  d'autres;  elle  prouve  que  l'étude  des  Bryo- 


Fig.  81. 


Fiff.  82. 


iioaires  d'eau  douce  n'est   pas    ce    qu'il  y  a  de  plus  facile,  au 
moins  pour  ce  qui  regarde  la  Plumatella  repens. 


Fis.  83. 


Fig.  84. 


Cette  espèce  ne  produit  pas  de  Frédéricelle. 

Plumatella  lucifaga  Vaucher,  1804. 
Fig.  8.5  à  125. 


Zoœcies  tubuleuses,  augmentant  de  diamètro  depuis  le  cora- 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'EAU    DOUCE 


•27 


mencement  de  la  zoœcie  jusqu'à  l'extrémité;  à  sections  transver- 
sales toujours  triangulaires,  jamais  subcylindriques  ni  cylindri- 


Fi-.  8Ô 


Fig.  80. 


ques;  toujours  avec  une  créùe  anale  simple  et  dépourvue  de 
transparence,  l'extrémité  zoœciale  est  ordinairement  liyaline  et 
renflée  plus  ou  moins.  Les  zoaria  formés  par  ces 
zoœcies  sont  comme  toujours  très  variables  : 
1°  souvent  ils  sont  rampants,  chaque  zoœcie  adhé- 
rente sur  moins  de  la  moitié  de  sa  longueur,  la 
portion  libre  toujours  beaucoup  plus  longue  et 
beaucoup  plus  grêle  que  dans  la  Plumatella  repens, 
ces  zoœcies  ne  fournissent  pas  de  branches  ;  2o  d'au- 
tres fois,  il  riait  quelques  rameaux  qui  sont  formés 
seulement  par  un  petit  nombre  de  zoœcies,  et  si  une 
de  celles-ci  touche  un  corps  résistant,  elle  s'y  fixe 
et  produit  une  nouvelle  portion  rampante  ;  3°  il  y  a 
des  zoaria  disposés  comme  au  n'^  1  mais  dont  quel- 
ques zoœcies  produisent  de  petites  branches  formées  par  quatre 
ou  cinq  zoœcies  seulement  autour  des  branches,  les  autres 
ramuscules  coloniaux  sont  rampants  : 
4°  on  voit  quelquefois  des  zoaria  sur 
lesquels  des  zoœcies  deviennent  im- 
menses, leur  côté  est  orné  de  trous 
arrondis  disposés  sur  une  seule  ligne, 
ces  trous  sont  tout  ce  qu'il  reste  de 
zoœcies  charnues  qui  ont  disparu,  mais 


V'v^.  8" 


Firr.  K.-<. 


28 


J.    JULLIEN 


dont  la  dernière  peut  être  encore  en  place  au  moment  de  l'obser- 
vation; cette  forme  est  l'une  des  plus  curieuse 
de  cette  espèce,  je  croyais  avoir  trouvé  là 
une  espèce  nouvelle  mais  les  zoœcies  ram- 
pantes ne  lui  ressemblaient  guères  ;  j'ai' 
compté  jusqu'à  douze  de  ces  trous  sur  une 
même  zoœcie,  ce  bourgeonnement  est  exces- 


Fig.  89. 


Fi,::.  90. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'eAU    DOUCE 


sivement  curieux  ;  5^  enfin  le  zoarium  peut  aussi  être  dendroïde 
OU  frutescent ,  alors  il  naît  d'un  statoblaste  et  ce  n'est  que  la 
zoœcie  de  ce  statoblaste  qui  adhère  au  support  ou  encore  quel- 
ques-unes des  zoœcies  suivantes,  leur  nombre  est  toujours  très 
restreint;  il  y  a  des  zoœcies  qui  forment  des  touffes  libres  de  la 
taille  d'une  belle  noix,  entièrement  supportées  par  une  seule 
zoœcie;  ces  zoœcies  se  rencontrent  ordinairement  sous  les  pier- 


Fig.  92. 

res,  mais  j'en  ai  aussi  trouvé  sur  ces  dernières,  plantées  droit 
comme  un  arbre  ;  je  n'en  ai  pas  trouvé  qui  aient  plus  de  22""»  de 
hauteur,  c'est  celle  de  mes  plus  beaux  exemplaires  de  Bourgogne. 
Vaucher  attribue  à  cette  espèce  les  nombres  25  et  32  pour  les 
tentacules  du  lophophore  ;  mais  il  n'y  a  pas  de  Frédéricelle  avec 
2o  tentacules,  personne  n'en  a  signalé  autant,  x\llman  seul  en 


30 


J.    JULLIEN 


signale  24;  le  nombre  32,  quoique  excessivement  faible,  ne  se 
rapporte   qu'à   une  Plumatelle.   La   Tuhularia  repens,  du  même 

auteur,  me  paraît  être  la  forme 
stricta  d'Allman  ,  mais  les  grains 
arrondis  et  aplatis  qui  représen- 
tent les  statoblastes  me  semblent 
bien  extraordinaires.  Comme  Linné 
avait  déjà  employé  le  nom  de  re- 
pens, j'ai  dû  conserver  le  nom  de 
lucifvga  pour  notre  seconde  espèce 
de  Phcmatella,  bien  que  les  des- 
criptions de  Vauclier,  auquel  La- 
mouroux  attribue  une  grande  sa- 
gacité, soient  absolument  incom- 
plètes et  un  tant  soit  peu  erronées. 
Sur  trente  et  un  polypides  bien 
constitués  et  pris  au  hasard,  le 
nombre  des  tentacules  a  varié  dans 
les  proportions  suivantes  : 


42  tentacules 6  fois 

43  —  2  — 

44  —  M  — 

46  —  i  — 

47  — 1  — 

50  —  -1  — 

51  —  4  — 

53  —  2  — 

54  —  3  — 


Fig.  93. 


Sur  un  polypide  à  lophophorc  irrégulier,  un  des  bras  portait 


Fig   M. 


MONOGRAPHIE   DES   BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


31 


19  et  l'autre  22  tentacules,  soit  un  total  de  41,  il  y  avait  un  épis- 
tome  au-dessus  de  la  bouche. 


Fig.  95. 

Trois  polypides  privés  d'épistomes  m'ont  offert  40,  37  et  21  ten- 
tacules. Ces  chiffres  de  40  et  de  37  sont  vraiment  bien  élevés  pour 
cette  anomalie,  qui  est 
d'ailleurs  assez  fréquente 
sur  les  colonies,  et  corres- 
pond ordinairement  à  une 
diminution  des  tentacules. 

Enfin,  chez  la  Frédéri- 
celle  sultane,  qui  n'est 
qu'une  monstruosité  de 
cette  Plumatelle,  il  y  a  de 
19  à  24  tentacules  ;  All- 
man  en  donne  24,  je  les  ai 
rencontrés  sur  des  Frédé- 
ricelles  de  l'étang  de  Ville- 
bon  (bois  de  Meudon)  ;  Van 
Beneden  en  a  compté  de  20 
à  22.  Deux  jeunes  poly- 
pides sortant  de  leurs  sta- 
toblastes  n'en  portaient 
que  15.  Remarquons  ici 
que  la  Frédéricelle  porte 
à  peu  près  juste  moitié  des 
tentacules  de  la  Pluma- 
telle. Les  Frédéricelles,  comme  les  Plumatelles,  sont  pourvues 
d'épistome. 

Le  calyce  des  tentacules  est  aussi  variable  ;  dans  la  même  colo- 
nie je  l'ai  trouvé  siu^ple  et  non  festonné  sur  quelques  polypides, 


Fig.  96. 


32 


J.    JULLIEN 


sur  un  petit  individu  chaque  godet  se  terminait  en  pointe  à  son 
milieu  comme  une  baleine  de  parapluie  ;  ces  godets  sont  plus 
ou  moins  saillants. 


Fis;.  97. 


Fis.  100. 


Les  statohlastes  de  cette  espèce  sont  toujours  très  allongés  et 
ovales,  la  valve  supérieure  est  aplatie,  l'inférieure  est  concave; 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


33 


elles  sont  réunies  par  un  anneau,  quand  elles  atteignent  leur  par- 
fait développement,  alors  sur  la  valve  supérieure  cet  anneau 
celluleux  laisse  au  centre  un  espace  très  petit,  taudis  qu'il  est 


PHH 


Fi.s.  101. 


Fig.  102. 


FiL'.  103. 


beaucoup  plus  étendu  sur  la  valve  inférieure.  Ces  statoblastes 
sont  d'un  brun  foncé  et  l'anneau  est  plus  pâle,  ce  dernier  ne  se 
développe  pas  chez  les  Frédéricelles. 

D'après  Allman,  les  embryons  ciliés  de  la  Plumatella  hccifuga 
ne  donnent  naissance  qu'à  un  seul  polypide  ;  cependant,  j'en 
possède  des  colonies  à  formes  jugales  qui  ne  peuvent  pas,  je  crois. 


Fig.  104. 


Fig.  lOG.     Fig.   105. 


Fig.  107. 


se  produire  autrement  que  par  deux  polypides  jumeaux. 

La  Frédéricelle  sultane  ne  constitue  pas  un  genre  distinct,  elle 
est  un  arrêt  de  développement  de  la  Plumatella  lucifuga  ;  nous 
croyons  pouvoir  l'affirmer  pour  les  raisons  suivantes  : 

1°  11  est  impossible  de  ditlerencier  les  deux  zoaria  si  on  ne  voit 
pas  les  tentacules  ou  les  statoblastes  ;  et  encore  on  peut  mettre 
ces  derniers  de  côté,  car  on  en  trouve  d'identiques,  c'est-à-dire 
privés  d'anneau,  chez  la  Plumatella  lucifuga. 

'1"  Le  zoarium   présente    les  mêmes  variétés  que  celui  de  la 


34 


.1.    JULLIEN 


Fig.  108. 


Plumatella  lucifurja;  daus  celle  où  il  se  développe  sur  une  zoœcie 

plusieurs  bourgeons  la- 
téraux, ils  sont  égale- 
ment tous  tournés  du 
même  côté,  mais  ils  sont 
un  peu  moins  serrés. 

Van  Beneden  nous 
dit  que  le  polypide  se 
subdivise  d'une  ma- 
nière irrégulièrement 
bifurquée,  mais  pres- 
que toujours  en  dou- 
blant ses  rameaux  du 
même  côté;  il  a  vu  par 
conséquent  la  variété 
dont  nous  parions. 

3"  On  rencontre  quel- 
quefois (Reconce  près 
Gharolles,  Septembre 
1883)  la  Plumatella  lu- 
cifuga  et  la  Fredericella 
sultana  mêlées  dans  une  seule  touffe.  Croyant  avoir  affaire  à  la 

Plumatella,  je  commis  la  faute  de 
ne  pas  détacher  au  ciseau  le 
morceau  de  pierre,  qui  portait  la 
petite  toufle,  pour  voir  le  point 
ou  les  points  d'origine  ;  ce  groupe 
était  tout  seul  sous  les  pierres 
d'un  petit  mur  de  soutien  de  trois 
ou  quatre  mètres  de  long.  Le 
mélange  de  ces  deux  espèces  dans 
cette  solitude  ne  paraît-il  pas 
extraordinaire  ? 

4°  Le  lophophore  est  ovale  et 
non  pas  circulaire  comme  on  l'a 
dit  jusqu'à  présent  pour  la  Fré- 
déricelle  d'Europe,  moi  du  moins 
je  ne  l'ai  jamais  vu  autrement,  et 
de  profil  il  affecte  la  forme  des 
Ilippocrépiens.  Il  est  hippocrépien  quand  il  sort  de  la  gaîne  ten- 
taculaire  ;  une   fois  développé,  il  est  légèrement  réniforme,  le 


Fig.  109. 


MONOGRAPHIE    DES    RKYOZOAIRES    d'eAU    DOUCE 


35 


creux  du  liile  placé  derrière  l'épislome  ;  cette  disposition  réni- 
forme  s'accentue  davantage  quand  le  lophopliore  s'incline  du  côté 
opposé.  Van  Beneden  a,  lui  aussi,  reconnu  cette  disposition  du 
lophopliore  chez  la  Frédéricelle;  il  dit  que  «  les  tentacules  sont 
disposés  en  entonnoir,  mais  d'un  côté  ils  sont  plus  allongés  que 
de  l'autre  ;  cette  inégalité  dans  la  longueur  est  un  passage  vers 
les  Polypes  à  panache  en  fer-à-cheval.  Dans  les  jeunes  individus, 
outre  l'inégalité  dans  la  longueur,  on  aperçoit  quelques  tenta- 
cules en  dedans  du  cercle  du  côté  où  se  trouve  la  lèvre  (épis- 
tome)»;  disposition  que  j'ai  parfaitement  vérifiée  à  mon  tour. 
AUman  n'avait  donc  pas  besoin  d'épistome  pour  placer  cet  animal 
à  sa  place,  puisqu'il  est  positivement  hippocrépien  ;  mais  je  dois 
reconnaître  que  cette  disposition  est  encore  très  variable. 

5°  Les  statoblastes  de  Fredericella  ne  sont  pas  tous  réniformes 
comme  Van  Beneden  et  Allman 
les  ont  dessinés,  il  y  en  a  qui 
sont  absolument  ovales  (comme 
quelques-uns  de  ceux  de  Plu- 
matella  lucifuga)  et  d'autres 
sont  très  allongés  avec  un  con- 
tour quadrilatéral  à  angles  ar- 
rondis. Ils  sont  toujours  pri- 
vés de  l'anneau  extérieur  des 
Plumatelles,  encore  par  arrêt 
de  développement. 

Leur  coloration  a  lieu  abso- 
lument comme  chez  les  Pluma- 
telles. 

6°  Jusqu'à  présent  je  n'ai  pu 
rencontrer  de  Plumatella  luci- 
fuga dans  les  étangs  pourvus 
de    Fredericella    suUana ,    cela 

tient-il  à  la  nourriture  que  fournit  l'étang,  ou  au  milieu  am- 
biant? Une  seule  fois,  il  m'est  arrivé  de  les  trouver  intimement 
mêlées  en  une  petite  touffe,  sous  les  pierres  d'une  rivière  où  elle 
était  unique,  loin  autour  d'elle.  Fait  excessivement  rare  et  très 
important,  reconnu  déjà  par  Van  Beneden. 

Tels  sont  les  motifs  pour  lesquels  je  repousse  la  légitimité  du 
genre  Fredericella;  je  n'admets  pas  davantage  les  espèces  améri- 
caines de  Leidy  et  de  Hyatt  parce  qu'elles  me  paraissent  se 
rapporter  aux  Plumatellidées  du  pays. 


36  J-    JULLIEN 

La  Synonymie  de  cette  espèce  doit  donc  s'établir  ainsi 


Tubularia  lucifuga  Vaucher  (1804;. 
Plumatella  lucifuga  J.aniarck,  Blainville. 
Naïsa  repcns  Lamouroux. 


Naïsa  lucifuga    Lamouroux,    Deslong- 

chanips. 
Plutnatclla  frulicosa  Allnian. 


Fis.  111. 


Fi,2;.  112. 


l'IiDnalella  Allmani  Hancock. 
Plumatella  repens  Van  Benedcn. 


PluinntcUa  stricta  Allnian. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


37 


Et  pour  sa  monstruosité 


?  Tubulariu  coralloides  Pallas  {I76S). 
Tubalaria  sultana  Blumenbach   (1777), 

Laniouroux. 
Naïsa  sultana  Lamouroux^. 
Plumafella  geldtinosa  Fleming.  Johnston. 
Bifflugia  proteiformis  Meyen. 
Plumatella  sultana  Dumortier,  Johnston. 


Fredericella  sultana  P.  Gervais ,  van 
Benedcn  ,  Thompson  , 
Allman,  Johnston,  Du- 
mortier et  van  Benedcn, 
Hancock. 

Fredericella  dilatata  Allman. 


La  Plumatella  lucifuga  est  loin  d'être  aussi  facile  à  se  procurer 
que  la  Plumatelta  repens,  il  y  a  des  localités  où  on  ne  trouve 
qu'elle,  il  y  en  a  où  elle  se  trouve  avec  la  PL  repens,  mais  plus 
rarement,  enfin  il  y  a  des  points  où  la  lucifuga  est  plus  abondante 
que  la  repens;  il  est  toujours  plus  facile  d'avoir 
la  seconde  que  la  première.  Cette  espèce  est 
plus  difficile  à  trouver  parce  qu'elle  se  cache 
mieux  que  l'autre;  ordinairement  elle  vit  à 
une  plus  grande  profondeur,  sous  les  pierres; 
on  la  rencontre  assez  fréquemment  sous  les 
bois  flottants,  et  d'autres  fois  sous  des  feuilles 
de  Nymphœa  et  de  Potamogeton,  ce  qui  est 
l'exception.  La  forme  Frédéricelle  a  les  mêmes 
habitudc^è,  j'ai  constaté  qu'elle  pouvait  en  outre  vivre  en  plein 
soleil  (mare  de  Fougères,  près  Saint-Christophe-en-Brionnais 
(Saône-et-Loire)  et  étang  de  Villebon,  dans  le  bois  de  Meudon, 
près  Paris. 

Cette  Plumatelle  a  été  découverte  dans  le  Rhône  par  Vaucher 
en  1804,  mais  Blumenbach  l'avait  déjà  rencontrée  en  1777  près  de 
Gœttingen  à  l'état  de  Frédéricelle.  Mal  étudiée 
jusqu'à  présent,  elle  est  cependant  commune  dans 
nos  eaux  douces,  et  je  la  crois  aussi  répandue  que 
la  Plumatella  repens  dans  les  ditférents  pays  d'Eu- 
rope. 

En  France,  je  l'ai  découverte  aux  environs  de 
Paris  :  à  Chaville,  dans  l'étang  de  Brise-Miche,  //^ 
sous  les  pierres  de  la  vanne  et  sur  les  feuilles 
du  Potamogeton  crispus,  où  elle  afleclait  la  forme  de  Plumatella 
stricta,  et  celle  à  bourgeonnement  latéral  linéaire;  j'y  ai  recueilli 
une  colonie  jugale  qui  ne  peut  s'expliquer  que  par  une  larve 
ciHée  à  deux  bourgeons  jumeaux.  J'ai  aussi  trouvé,  sous  les 
feuilles  de  Nymphœa  de  cet  étang,  quelques  belles  colonies  de 
Plumatella  repens  et  quelques  petites  colonies  de  lucifuga  à  forme 


^ 


38  .T.    .TULLIEN 

rampante  ou  stricta.  Pas  une  seule  Frédéricelle  dans  cet  étang. 
—  Elle  existe  à  l'étang  de  Saint-Hubert  près  Rambouillet,  mais 
y  est  peu  abondante,  je  l'ai  retirée  d'une  profondeur  de  près  d'un 
mètre,  sur  la  face  inférieure  de  pierres  éboulées  à  la  chaussée 
de  Pourras;  c'était  des  zoaria  de  petite  taille  rampants  d'abord, 
puis  fournissant  de  distance  en  distance  de  petits  rameaux  :  pas 
de  Frédéricelle  dans  cet  étang.  —  On  la  trouve  dans  l'étang  de 
Saint-Cucufa  de  la  forêt  de  Marly,  près  de  Bougival;  bien  que  cet 
étang  renferme  énormément  de  Nénuphars  blancs,  aucune  des 
feuilles  que  j'ai  examinées  n'en  portait  trace,  elle  existait  cepen- 
dant sous  les  écorces  flottantes  de  Peuplier,  sous  les  bois  flot- 
tants ,  où  elle  formait  des  colonies  rampantes 
portant  quelques  rameaux.  —  J'en  ai  encore 
rencontré  quelques  rares  exemplaires  à  l'étang 
des  Moës  près  le  Mesnil-Saint-Denis  (S.-et-O.),  le 
18  août  1884,  elle  rampait  sous  les  feuilles  de 
Potamogeion  natans,  puis  par  ci,  par  là,  fournissait 
des  jets  de '.deux  ou  trois  zoœcies;  sous  une 
feuille  j'ai  récolté  une  petite  colonie  non  ram- 
pante et  parfaitement  ramifiée.  Là  encore  pas  de  Frédéricelle.  — 
Au  Champ-des-Biens  ,  près  Orgeval  (S.-et-O.),  je  l'ai  trouvée  ex- 
cessivement abondante  dans  un  grand  vivier,  sous  des  feuilles  de 
Nénuphar,  tandis  que  la  Plumatella  repens  y  était  très  rare,  mais 
il  faut  considérer  ce  fait  comme  une  exception;  les  zoaria  étaient 
arborescents  et  naissaient  de  quelques  zoœcies  rampantes.  Tou- 
jours pas  de  Frédéricelle. 

Dans  le  lac  d'Enghien  et  dans  l'étang  de  Villeneuve,  près  Gar- 
ches,  à  l'extrémité  du  parc  de  Saint-Gloud,  j'ai  trouvé  des  Frede- 
ricella  sultana,  mais  pas  de  Plumatella  lucifuga.  Cette  variété  gar- 
nit, de  ses  jolis  petits  buissons,  les 
pierres,  les  brindilles  et  tous  les  corps 
solides  où  elle  peut  se  fixer;  elle  de- 
vient superbe  dans  le  lac  d'Enghien  où 
j'en  ai  recueiUi  de  magnifiques  colonies;  dans  l'étang  de  Ville- 
neuve, près  Garches,  j'ai  vu  des  pierres  en  porter  sm'  plus  de  dix 
centimètres  de  longueur.  C'est  aussi  la  forme  de  cette  Plumatelle 
à  l'étang  de  Villebon,  près  Paris;  elle  y  croît  en  plein  soleil,  sur 
les  cailloux  du  bord. 

Van  Beneden  et  P.  Gervais  l'avaient  déjà  découverte  à  Enghien 
en  1838.  P.  Gervais  l'a  aussi  trouvée  à  l'étang  de  Plessis-Piquet, 
près  Fontenay-aux-Roses. 


MOMOGRAPIIIE   DES    RRYOZOAIRES    d'e.VU    DOUCE  39 

En  Bourgoc:ne,  cette  Plumatelle  atteint  un  superbe  développe- 
ment, je  ne  l'y  ai  guère  trouvée  qu'en  toulFes,  portées  par  une 
ou  seulement  quelques  zoœcies  rampantes,  fixées  aux  pierres 
immergées  et  abritées  du  grand  jour,  dans  les  fentes  des  murs 
de  soutien  on  à  l'abri,  sous  des  touffes  de  broussailles  surplom- 
bantes, dans  la  Reconce  associée  à  la  Frédéricelle  ;  dans  les  mares 
qui  se  trouvent  derrière  les  Eaux  Minérales  de  Saint-Ghristophe- 
en-Brionnais,  dans  les  prés  de  M.  Maudre  et  de  M.  Polette,  sans 
Frédéricelle,  mais  en  compagnie  de  la  PlumateUa  repens;  dans 
l'étang  de  Lourj,  elle  existe  toute  seule  sous      p^==-— —  . 

les  cailloux  abrités,  elle  y  forme  des  zoaria     i-^— -=4.--L — z^ 
rampants  émettant  quelques  petits  rameaux 
libres;  dans  cet  étang,  je  n'ai  rencontré  ni  PlumateUa  repens  ni 
Frédéricelle  sultane. 

Quant  cà  cette  dernière,  je  l'ai  trouvée  une  fois  excessivement 
abondante  en   plein  soleil,  rampant   et  se  ramifiant  sur  toutes 
les  herbes  immergées  d'une  mare  à  fond  de  cailloux,  dont  l'eau 
était  très  limpide;  à  côté  d'elle,  sous  les  feuilles 
de  Potamogeton  et  de  Trapa  natans,  j'ai  récolté  de     _    ^^^ 
fort  belles  colonies  de  PlumateUa  repens,  mais  pas 
une  seule  PI.  lucifuga:  cette  mare  se   trouve    dans  le  pré  qui 
forme  l'angle  de  la  vieille  route  de  la  Clayette  et  du  chemin  de 
Fougères,  près  Saint-Christophe.  Enfin,  comme  je  l'ai  déjcà  dit  plus 
haut,  la  Frédéricelle  existe  dans  la  Reconce,  où  je  l'ai  recueillie 
dans  une  situation  absolument  exceptionnelle. 

PlumateUa  arethusa  Hyatt,    1868. 
Fig.  126  à  lU. 

Zoœcies  distinctes,  brunes  ou  incolores  selon  l'âge;  les  inco- 
lores sont  les  plus  jeunes;  en  vieillissant  elles  brunissent  et  la 
crête  anale  se  dessine  ;  zoaria  en  forme  d'Alcyonellc  ou  de  Plu- 
matelle ;  il  y  a  de  40  à  60  tentacules  ;  les  sta- 
tohlastes  sont  de  forme  et  de  taille  très  varia- 
bles ;  ils  ont  de  id'^^xm  de  large  sur  0"'"^266 
de  long,  0m™266  de  large  sur  0"^'"399  de  long; 
en  nombres  égaux,  les  statoblastes  mesurent 
6  sur  8,  6  1/4  sur  9,  6  1/2  sur  10,  7  sur  9,  7 
sur  11  1/2,  8  sur  1 1  cà  8  sur  12,  chez  des  stato-  Fig.  12G 

blastes  bien  développés. 


40 


J.    JULLIEN 


Synonymie  :  Planiatclla  aretJiusa  Hyatt,  1868  ;  ?  Fredericella  re- 
gina  Leidy. 


Fîg.  127. 


@(Q(2)0©O 

V — ■^       V'  y         ..i         j}f        j^s        /sr 


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,S^         /}f        /3f        f>/ 


(iH    ni  fit  t^l 


i}Ht\ 


Fig.  143. 


Fie.  11-2. 


Fie.  141. 


Habitat  :  Etats-Unis,  dans  les  étangs,  rivières  et  ruisseaux  des 
Etats  du  Maine  et  Massaclmssetts.  On  la  trouve  ordinairement  dans 


MONOGRAPHIE    DES    BHYOZOAIllES    d'eAU    DOUCE 


41 


l'eau  douce,  mai.s  il  paraît  qu'elle  vit  aussi  dans  l'eau  sau 

Ilyatt  a  découvert  cette  espèce  dans 
des  courants  modérés  ou  eu  eau  dor- 
mante couvrant  généralement  de  gran- 
des surfaces;  il  en  existe  encore  de 
petites  colonies  sur  des  ramuscules  et 
sur  des  racines  ;  dans  le  ruisseau  de 
Tommy  la  variété  alcyonelloïde  est 
associée  à  la  même  variété  de  Frederi- 
cella  regina  Leidy  ,  et  dans  une  région 
plus  rapide  de  ce  ruisseau  la  forme 
plumatelle  de  cette  Frédéricelle  vit  côte 
à  côte  avec  la  véritable  Plumatella  are- 
tJiusa. 


mâtre. 


Fig.  ii:: 


Fig.  14(5. 


Fig.  117. 


42 


.1.    .lULLIEN 


La  question  des  Frédéricelles  américaines  est   donc  à  revoir, 

pour  saisir  les  rapports  qui  servent  de 
trait-d'union  entre  les  différentes  es- 
pèces de  ce  pa3's  ;  il  est  impossible 
actuellement  de  se  prononcer  là-dessus 
avec  les  descriptions  incomplètes  que 
L'3idy  et  Hyatt  nous  ont  données  ; 
cependant  il  est  probable  que  la  Fre- 
dericella  regina  est  la  Frédéricelle  de  la 
PlumateUa  arethusa,  mais  je  ne  l'affirme 
pas.  Hyatt  ajoute,  que  dans  le  Great 
Pond  (grand  étang),  au  cap  Elisabeth, 
où  l'eau  est  saumàtre ,  on  trouve  de 
petites  colonies  de  cette  Plumatelle 
ayant  le  caractère  général  des  petites  r'rédéricelles  qu'on  trouve 
aussi  là.  A  Fresh  Pond  on  rencontre  la  forme  plumatelloïde  de 

cette  espèce  avec  les  mêmes 
(^  ]  /— \  formes  de  Fredericella  regina, 
de  PlumateUa  vitrœa  et  Plu- 
mateUa vesicularis.  L'auteur 
«f  /se  fil  ifs-  *^'  ^^-^  américain  prétend  que  ces 
variétés  sont  le  résultat  de  l'association  des  différentes  espèces 
sous  l'action  de  semblables  causes  physiques. 


Fie.  148. 


PlumateUa  diffusa  Leidy,  1851. 


Fig. 


lo5  à  164. 


Zoœcies  urcéolées  (Keg-shaped)  an  voisinage  des  orifices,  ceux- 
ci  sont  rendus 
émarginés  par  la 
crête  axiale  qui  se 
continue  en  ar- 
rière par  le  côté 
de  la  cellule  sur 
une  faible  crête  ; 
cette  crête  est 
d'ailleurs  très  va- 
riable ;  zoaria 
Fig.  155.  Fig.  150.  „   ,        ',       . 

^  adhérents  et  ram- 

pants; tentacules  ^n  nombre  de  quarante-deux,  leur  longueur  est 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


43 


-^M. 


Fie.  158. 


(le  i'i""353;  la  couleur  de  Vestomac  est  jaime-verdàtre;  statohlastes 
allongés. 

Synonymie  :  Plumatella  diffusa  Leidy,  Allman,  Hyatt. 

?  Frcderidella  Walcotti  Hyatt. 

Habitat.  —  États-Unis,  *,, 

rivière    de    Peusylvanie  ,  v'/^ 

étangs  et  ruisseaux  près 
de  Cambridge  et  de  Balti- 
more. 

Le  D""  Leidy  en  donne  Fig.  iôt. 

la  description  suivante  :  «  Polypidome  divergeant  du  centre  sur 
de  grandes  surfaces,  consistant  en  une  série  de  branches  simples, 
courbes,  d'une  longueur  de  2ram25(3  à  4"""o02, 
naissant  les  unes  des  autres  sur  le  côté  convexe 
et  fixeéssur   toute  leur  longueur,   excepté  aux 
extrémités,  sur  une  longueur  de  0"''"564  à0™'^902, 
où  elles  sont  dressées  et  urcéolées,  ou  un  peu 
dilatées  au  milieu  et  contractées  à  l'orifice.  Le 
bord  des  orifices  est  profondément  échancré,  et  il  se  continue  avec 
une  crête  fissuroïde  par  le  côté  interne  ou  concave  des  branches. 
La  colonie  est  d'un  brun-oli- 
vâtre sale,  avec  les  extrémi- 
tés  dressées    des    branches 
jaunâtres  ou  d'un  blanc  trans- 
parent. Les  polypes  ont  qua- 
rante-deux   tentacules    sig- 
moïdes  divergents,   disposés 
au    sommet    et  sur  le  bord 
externe    d'un    disque    réni- 
forme.  Les  tentacules  ont  une 
longeur  d'environ  l"'"i2o3;  la 
couleur  de  l'estomac  est  jaune-verdàtre.  L'œuf  (statoblaste)  avec 
son  anneau  marginal  est  semi-ovale  (Leidy  veut  probablement 
dire  semi-ovoïde)  ;  il  a  une  longueur  de  0'n™373  et  une  larg-eur  de 
0"'"'0762.  L'anneau  est  transparent,  lisse  et  celluleux,  avec  l'ou- 
verture sur  son  côté  convexe,   d'un  diamètre  de  0"""i78,  tandis 
que  sur  son  côté  plat,  il  n'est  que  de  0'""'0762.  L'œuf  (statoblaste) 
lenticulaire  est  d'un  bran-rougeâtre.  » 

Hyatt  «  a  trouvé  cette  espèce  en  abondance  dans  les  étangs  et 
les  ruisseaux  près  de  Cambridge  et  de  Baltimore.  Les  colonies 
des  ruisseaux  sont   très  différentes  de  celles  qui  vivent  dans  les 


Fig. 


159. 


44  .1.    JULLTEN 

étangs.  Chez  la  première,  les  zoœcies  sont  ordinairement  caré- 
nées, elles  portent  souvent  la  crête  anale,  mais  ce  caractère  n'est 
pas  constant  ;  les  zoœcies  sont  distinctes,  pourvues  d'un  ectocyste 
brun  et  dur,  elles  forment  des  branches  ditTuses  et  rarement 
adhérentes  :  dans  les  variétés  stagnicoles,  les  branches  sont  ordi- 
nairement adhérentes,  et  dans  Mystic  Pond,  les  branches  sont  si 
étroitement  serrées  que  les  colonies  forment  de  minces  feuilles 
gélatinoïdes  d'une  étendue  considérable  dans  lesquelles  on  ne 
peut  suivre  aucune  branche  au-dessous  de  Li  niasse.  Les  cellules 
ou  zoœcies  ont  aussi  les  limites  hexagonales  ordinairement  attri- 
buées aux  Alcyonelles,  et  leur  por- 
tion postérieure  est  plus  ou  moins 
enfoncée  dans  la  branche.  Les  sta- 
toblastes  varient  de  ^"'"IQQ  en  lar- 
geur, sur  0"""333  en  longueur,  à 
0nim249  de  large  sur  0"'"'349  de  long.  A  nombres  égaux,  ils  varient 
de  6  sur  10  à  6  sur  12,  de  6,5  k  11,5  et  de  7,3  à  10,.o.  Ici  d'ailleurs, 
comme  dans  les  autres  espèces,  le  diamètre  transversal  augmente 
constamment,  tandis  que  le  diamètre  longitudinal  oscille  entre  10 
et  12.  L'anneau  varie  entre  —  et  —  aux  extrémités,  et  entre  '  -  m  — ^ 

o  i  2,3  cl/   1,5 

sur  les  côtes.  » 

Nous  ferons  observer  ici  que  la  répudiation  du  i^enre  Alcijonella 
que  Hyatt  paraît  avoir  établie  d'après  ses  idées  personnelles,  a  eu 
déjà  pour  premier  défenseur  M.  Raspail  en  France  pendant  l'an- 
née 1828,  mais  personne  ensuite  n'avait  admis  cette  manière  de 
voir  qui  est  cependant  absolument  exacte. 

La  Frédéricelle  de  cette  espèce  pourrait  bien  èlre  la.  Fredericella 
Walcotti  de  Hyatt,  forme  encore  mal  connue  puisqu'elle  n'a  été 
trouvée  qu'une  fois  à  Georgetown  (Massachussetts)  aux  États-Unis 
et  que  ses  variations  n'en  ont  pas  été  étudiées;  les  zoaria  que 
Ilyatt  a  dédié  à  Miss  Elisabeth  Walcott,  de  Salem,  ne  contenant 
pas  de  statoblastes,  n'étaient  certainement  pas  dans  une  situation 
complète  pour  l'étude;  on  sait  que  les  animaux  qui  vivent  mal 
ne  reproduisent  pas.  Ce  que  j'ai  dit  plus  haut  des.  Frédéricelles 
américaines  se  rapporte  encore  à  celle-ci. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'eAU    DOUCE  4H 

Genre  HYALINELLA  nov.  «en. 


s^ 


Ce  genre  ne  diffère  des  Plumalelles  que  par  son  ectocyste  qui 
est  gélatinoïde  au  lieu  d'être  corné.  Cet  ectocyste  n'est  pas  con- 
stamment incolore,  il  peut  être  brun  dans  quelques  localités,  mais 
le  plus  souvent  il  reste  hyalin. 

C3  genre  établit  le  passage  de  la  famille  des  Plumatellidées  à 
celle  des  Cristatellidées. 

Hyalinella  vesiadaris  Leidy,  1854. 
Fig.  165  cà  172. 

Zoœcies  légèrement  dilatées,  beaucoup  plus  larges  que  l'orifice 
saillant  de  sortie,  et  aussi  longues  que  larges,  un  millimètre  envi- 
ron ;,elle  forme  dos  zoaria  rayonnants  et  rameux,  rampants,  inco- 
lores ou  passant  au  brun  mais  transparents;  animal  incolore; 
statohlasies  ovales,  lenticulaires. 

Synonymie  :  Plumatella  vesicularis  Leidy,  Allman,  Hyatt. 

? Fredericella indcherrima  Hyatt. 

Habitat  :  États-Unis;  Rivière  Sclmylkill,  Philadelphie;  environs 
de  Cambridge  (Massachussetts),  lac  Sebago  (Maine). 

Sur  cette  espèce  Leidy  s'exprime  ainsi  :  «  Cette  espèce  de  Plu- 
matelle  est  aussi  transparente  que  l'eau  dans  laquelle  elle  vit  ;  elle 
ressemble  à  des  rangées  de  vésicules  incolores  avec  une 
ligne  blanchâtre  passant  à  travers  leur  axe.  On  la  trouve       \-^ 
fréquemment  avec  des  séries  d'oeufs  noirâtres  imbriqués,      ^  ^ 
à  la  place  de  cette  dernière  ligne.  Les  taches  couvrent  des   x 
surfaces  de  six  à  cinquante  millimètres  carrés.  »  g^ 

Allman  lui  trouve  quelque  ressemblance  avec  la  Plu- 
mateUa  punctata  d'Hancock. 

Hyatt,  qui  l'a  pêchée  dans  des  étangs  du  Massachussetts  et  du 
Maine,  nous  dit  que  les  zoœcies  en  sont  distinctes,  que  ces  zoœ- 
cies se  groupent  en  grandes  colonies  sur  les  écorces  lisses  de 
Spy  Pond  près  Cambridge,  les  branches  souvent  serrées  ne  sont 
jamais  adhérentes;  mais  dans  ce  même  étang  elle  pénètre  dans 
les  sillons  des  écorces  raboteuses,  des  bois  morts  que  les  intem- 
péries ont  sillonnés  et  n'y  est  plus  aussi  rayonnante  ni  aussi  ser- 
rée ;  au  pont  de  White,  dans  le  lac  Sebago,  il  a  trouvé  sur  une 
même  colonie  une  variété  d'une  structure  intéressante  :  le  som- 
met d'une  branche,  soit  en  raison  de  quclqu'empêchement  sur  la 


f\. 


46  J-    JULLIEN 

surface,  soit  par  un  développement  soudain  et  excessif  des  éner- 
gies vitales,  parvient  à  produire  trois  bourgeons  au  lieu  d'un, 
donnant  ainsi  à  la  branche  un  aspect  lobé. 
L'ectocyste  n'est  pas  incolore,  il  peut  brunir  dans  quelques 

localités. 

Le  cœcum  gastrique  est  très  émoussé.  Les  rétenteurs  posté- 
rieurs ont  environ  huit  rayons,  et  les  antérieurs  dix  ou  onze; 
il  y  a  cinquante  ou  soixante  tentacules.  Les  statoblastes  varient 
entre  0"""199  de  large  sur  0'"'"333  de  long,  et  0"""233  de  large 
sur  0'"'"349  de  long.  Les  proportions  sont  également  de  6  sur 
10  à  6  sur  12,  6  V2  sur  11  V-2  ^^  7  V2  sur  10  V-2;  l'anneau  varie 
de  -  sur  les  côtés  à  ~  sur  les  côtés  et  ^  aux  extrémités. 

4  52  O 

La  Frédéricelle  de  cette  Hyalinelle  me  paraît  être  la  Frcc?mcg//a 
pulcherrima  de  Hyalt,  dont  les  zoœcies  presqu'incolores,  fixées 

ordinairement  sur  toute  leur 
longueur,  avec  la  partie  libre 
subdivisée  accidentellement 
en  branches  libres,  corres- 
7?t-  tp;  '!>'«  /sj  /70  t7'  ^^"^  pondent  assez  bien  à  celles 
de  l'espèce  que  je  viens  de  décrire;  les  zoaria  sont  rayonnants 
et  semblables  à  ceux  des  Plumatelles.  Les  polypides  ne  difTè- 
rent  pas  sensiblement  de  ceux  de  la  Fredericella  regina.  Les 
statoblastes  ont  à  peu  près  0"""S0  de  long  sur  0'""'16  de  large. 
Hyatt  ne  l'a  rencontrée  qu'au  pont  de  Wliite  à  la  sortie  du 
lac  Sebago.  Cette  forme  est  encore  assez  mal  connue,  car  son 
auteur  ne  l'a  vue  que  dans  cette  localité,  sur  l'écorce  des  bran- 
ches et  en  développement,  dit-il,  incomplet,  il  ajoute  qu'il  est 
probable  que  les  adultes  sur  les  mêmes  surfaces  ne  sont  jamais 
aussi  symétriques  que  celles  qui  recouvrent  les  tiges  des  Nénu- 
phars. Je  ferai  remarquer  ici  qu'il  a  cependant  vu  des  statoblastes, 
ce  qui  indique  un  bon  état  des  polypides. 

HyaUnella  vitrea  Hyatt,  1868. 
Fig.  173  à  179. 


'■E3* 


Zoœcies  gélatinoïdes,  épaisses  et  incolores,  formant  des  zoaria 
rayonnants  ou  parfois  linéaires  sur  lesquels  les  zoœcies  sont  plus 
ou  moins  saillantes.  Statoblastes  ovales  presque  deux  fois  aussi 
longs  que  larges. 

Synonymie  :  Plmnatella  vitrea  Hyatt  (18(58). 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


47 


;£^^Eii:-^îwV^-'^v'î't^J.. 


Fig.  173. 


Fi,?.  174. 


Habitat.  —  États-Unis,  trouvée  seulement  dans  Mystic  et  Fresli 
Ponds,  deux  étangs  des  environs  de  Cambridge  (Massacbussets). 

Ce  n'est  qu'avec  une  extrême 
hésitation  que  je  conserve  cette 
espèce  qui  me  semble  n'être  qu'une 
variété  de  la  Hyalinella  vesicularis 
dont  elle  a  presque  tous  les  ca- 
ractères; je  ne  la  connais  point  autrement  que  par  le  récit  de 
Hyatt  que  voici  : 

«  Les  cœnœcia  de  cette  espèce  sont  couverts  par  des  ectocystes 
gélatineux  incolores,  plutôt  plus  épais  que  dans  aucune  autre 
Plumatelle,  excepté  la  variété  alcyonelloïde  de  Plumatella  diffusa. 

»  La  variété  a  a  ses  branches  rayonnantes,  et  les  cellules  sont 
plus  distinctes  que  dans  la 

variété   p;    mais    les   por-  ^f»,„^_  %^,_  ^^ 

tions  postérieures  sont  plus 
enfoncées  dans  la  branche 
commune  que  dans  les  for- 
mes diffuses  de  Plumatella 
vesicularis  ou  diffusa.  Quand 
elles  sont  contractées,  les 

cellules  sont  tout  à  fait  distinctes  et  proéminentes.  Elle  est  com- 
mune sur  les  petites  tiges  et  sur  les  ramuscules  dans  l'eau  douce 
de  Mystic  Pond.  Cet  étang  est  divisé  par  une  écluse  de  telle  façon 
que  la  partie  supérieure  est  entièrement  ali- 
mentée par  de  l'eau  douce,  tandis  que  l'eau 
salée  pénètre  dans  la  partie  inférieure  et  la 
rend  tout  à  fait  saumàtre. 

•»  La  variété  6  se  développe  en  longues  li- 
gnes, rarement  rameuses,  sur  la  surface  des 
planches  et  toujours  solitaire;  les  polypides 
sont  quelquefois  disposés  sur  un  seul  rang, 
mais  on  les  voit  le  plus  souvent  groupés  de- 
puis deux  jusqu'à  vingt  individus  de  toutes 
grandeurs.  Les  portions  postérieures  des  cel- 
lules sont  enfoncées  dans  la  principale  bran- 
che ;  la  largeur  du  repli  iiivaginé  est  plus  faible 
quand  le  polypide  est  tout  à  fait  étendu,  et  le  polypide  peut  être 
plus  complètement  évaginé  que  dans  aucune  autre  espèce.  Quand 
elles  sont  contractées,  les  cellules  se  projettent,  mais  légèrement, 
sur  la  branche.    Vue  en  dessus,  une  branche   est  semblable  à 


48 


J.    JULLIEN 


la    variété    de     PlumateUa   vesicidaris   dessinée  dans  la  fig.  165. 

La  variété  y  se  rencontre  sur  des  pièces  plates  d'étain  et  sur 
d'autres  larges  surfaces  dans  l'eau  saumâtre  de  Mystic  Pond.  Les 
colonies  diflfèrent  de  celles  de  la  variété  p  par  leurs  branches 
diffuses  et  serrées,  formant  un  épais  tapis  gélatineux. 

»  Les  statoblastes  mesurent  de  0'"'"266  sur  0'"'^365  à  On^mSSS  sur 
O'^^^SeG.  En  parties  égales  ils  donnent  8  sur  11  à  9  sur  15  et  10  sur 
16  àll  sur  15,  11  sur  16, 11  Vs  sur  16  et  11  J^  sur  17.  L'anneau  four- 
nit de  —  aux  extrémités  à  -  sur  les  côtés  ;  -|  aux  extrémités  à  ^~  sur 

5  3  o  s,  5 

les  côtés.  » 

On  voit  que  cette  description  est  peu  caractérisante  si  on  ne  tire 
pas  profit  de  la   disposition  gélatineuse  de  l'ectocyste  ;  en  cela 


Fis.  176. 


elle  se  rapproche  énormément  de  l'espèce  précédente,  dont  elle 
est  très  voisine. 

Parfitt  (1)  a  décrit  deux  espèces  de  Plumatelles  qu'il  a  figurées, 
mais  le  tout  est  si  baroque  que  je  ne  puis  y  croire;  ces  deux 
espèces  sont  probablement  la  PlumateUa  rcpens.  Il  leur  donne  les 
noms  de  PL  Uneata  et  PI.  limnas.  Je  n'ai  jamais  rien  rencontré  de 
pareil;  la.  PI.  Uneata  est  iouie  striée  longitudinalement  et  l'extré- 
mité libre  de  la  zoœcie  est  annelé;  la  PL  Umnas  a  une  forme  telle 
qu'elle  doit  former  un  genre  à  part  si  elle  existe  ;  ses  zoœcies 
sont  spatulées,  aplaties  et  entièrement  adhérentes,  l'orifice  est 
situé  sur  la  partie  élargie  de  la  spatule  en  son  milieu. 

En  1860,  d'Oyly  C.  (2)  a  annoncé  qu'il  venait  de  trouver  en  Aus- 
tralie, près  de  Melbourne,  une  Plumatelle  qu'il  n'a  pu  rapporter 
aux  espèces  décrites  par  Allman  et  un  autre  genre  de  Bryo- 
zoairehippocrépien,  qu'il  n'a  pu  déterminer  avec  le  même  auteur, 
mais  qu'il  croit  nouveau;  il  n'en  a  donné  aucune  description,  ce 
qui  est  fort  regrettable.  C'est  sans  doute  à  la  première  que  Mac 
Gillivray  a  donné  le  nom  de  PhimateUa  Ax)Uni. 

fl)  Pai-fitt  E.,  On  two  new  xpeciex  of  Freshwater  Polyzoa  Annals  and  Magaziii 
of  Nat.  Hist.,  (3),  XVIII,  1866,  t.  18,  pi.  XII. 

(2)  D'Oyly  C.  H.  A|iliri,  Frvswalrr  [Pohj'zoa  i»  Ausiraliti.  Ann.  and  Magazin  of 
nat.  Hiht.,  (:i),  Yl,  1860,  p.  I.jI. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'eAU    DOUCE  49 

En  terminaDt  l'histoire  des  Plumatellidées,  je  noterai  quelques 
observations  anatomiques  et  physiologiques  faites  pendant  mes 
recherches. 

1°  (.i  Le  ganglion  nerveux,  nous  dit  van  Beneden,  fournit  un  collier 
œsophagien,  on  voit  en  outre  d' autres  filets  qui  se  rendent  aux  muscles.» 

Je  n'ai  vu  aucun  filet  se  rendre  aux  muscles,  mais  il  m'est 
arrivé,  quatre  ou  cinq  fois,  de  voir  des  polypides  raccourcis,  sur 
lesquels  on  ne  distinguait  plus  rien  des  anciens  organes,  jouir 
encore  de  la  rétractilité  qui  leur  est  propre  pendant  la  vie;  il  y  a 
conservation  de  la  rétractilité  des  muscles  chargés  de  cet  office, 
après  la  mort  posilive  et  le  raccornissement  partiel  du  polypide  ; 
j'ai  vu  de  ces  polypides  informes  et  tout  ridés,  encore  pourvus  de 
faisceaux  musculaires  rétracteurs,  suivre  au  fond  de  leur  zoœcie 
un  polypide  voisin  intact,  en  exécutant  les  mêmes  saccades  que 
pendant  la  vie  du  polypide.  La  cause  directe  de  la  contractilité 
musculaire  des  muscles  rétracteurs  des  Bryozoaires  n'est  donc 
pas  située  dans  le  ganglion  œsophagien,  puisque  cette  rétractilité 
persiste  après  la  mort  du  ganglion. 

2°  La  rentrée  du  polypide  dans  sa  zoœcie  ne  s'effectue  pas  d'un  seul 
coitp.-la.  première  contraction  rentre  le  polypide  entièrement,  puis 
le  funicnle  se  raidit,  quoiqu'en  dise  Allman,  et,  comme  Raspail 
l'a  très  bien  vu,  attire  par  saccades  l'estomac  au  fond  de  la  zoœcie. 
Au  moins  cela  est  vrai  pour  les  Plumalelles  d'Europe.  On  voit 
très  bien  ces  contractions  successives  en  ajoutant  à  l'eau  qui 
entoure  les  Bryozoaires  un  peu  d'acide  osmique,  mais  on  les  voit 
aussi  sans  acide  osmique. 

3°  Si  on  détache  un/^  zoarium  du  corps  qui  le  supporte,  V endocyste 
ajjpliqué  contre  l'ectocyste  s'en  sépare  en  enveloppant  étroitement  tout 
son  contenu. 

J'ai  vérifié  ce  fait  sur  les  Plumatella  repens  et  lucifuga,  l'endo- 
cyste  prend  dans  la  zoœcie  la  forme  d'un  cône  dont  la  région 
basilaire  entoure  le  polypide,  tandis  que  le  sommet  reste  fixé  au 
septum  interzoœcial.  I^ans  cette  opération  je  n'ai  pu  voir  par  où 
le  contenu  zoœcial  s'est  échappé,  ni  par  où  le  liquide  environnant 
a  pénétré  entre  l'ectocyste  et  l'endocyste.  Après  un  certain  temps, 
r  endocyste  s'applique  de  nouveau  contre  l'ectocyste  et  l'animal 
ne  se  ressent  de  rien.  On  voit  quelquefois  le  funicule  s'insérer 
tout  à  fait  au  fond  de  cet  entonnoir,  mais  cette  insertion  est  fort 
délicate  et  ne  dure  point  longtemps,  elle  se  rompt  et  le  funicule 
s'attache  sur  le  côté. 


50  .1-    .lULLIEN 

4°  Le  testicule  des  Plumatelles  najms  une  place  fixe  sur  le  funi- 
ciile,  2')ar  rapport  aux  statohlastes . 

Le  27  juillet  1883,  j'ai  poché  dans  l'étang  de  Saint-Hubert  quel- 
ques rameaux  de  Plumatella  lucifuga  ;  une  zoœcie  dont  le  polypide 
était  passé  à  l'état  de  corps  brun,  possédait  un  testicule  couvert 
de  spermatozoïdes  en  mouvement  ;  ce  testicule  entourait  le  fuui- 
cule  juste  au-dessus  du  corps  brun,  l'extrémité  inférieure  du 
funicule  portait  deux  superbes  statoblastes  arrivés  à  un  degré  de 
développement  parfait. 

Le  13  juillet  1884,  j'ai  péché  à  Chaville,  dans  l'étang  de  Brise- 
Miche  ,  une  colonie  de  cette  espèce ,  sur  laquelle  une  belle 
zoœcie  portait  un  testicule  énorme  en  pleine  activité,  tout  au  bas 
du  funicule  ;  tandis  que  de  très  fins  granules  statoblastiques 
existaient  au-dessus  de  lui.  Ces  jeunes  statoblastes  continuèrent 
à  grossir  après  l'atrophie  de  l'organe  mâle,  que  je  ne  pus  suivre 
que  pendant  quelques  jours.  11  en  est  de  même  pour  la  Plumatella 
rep^ens. 

5°  Spasmes  tentaculaires . 

Sur  plusieurs  polypides  de  Plumatella  repens  du  lac  d'Enghien, 
j'ai  observé  la  contraction  isochrone  et  spasmodique  de  tous  les 
tentacules  externes,  jusqu'à  une  petite  distance  de  l'extrémité 
des  bras  lophophoriens  ;  de  telle  façon  que  les  24  tentacules  in- 
ternes restaient  immobiles  pendant  que  tout  le  reste  de  la  cou- 
ronne s'abaissait  régulièrement  150  à  180  fois  par  minute  (8  juillet 
1883). 

6°  Les  tentacules  ne  sont  pas  sensibles  sur  toute  leur  longueur. 

Le  4  septembre  1883  j'ai  observé  sur  une  Plumatella  repens,  que 
si  on  touche,  avec  une  aiguille  à  disséquer,  l'extrémité  ou  le  milieu 
des  tentacules,  le  polypide  ne  rentre  pas  dans  sa  loge,  mais  la 
rentrée  est  instantanée  si  on  s'approche  de  la  base  des  tentacules  ; 
et  il  en  est  de  même  si  on  pique  le  lophophore,  dans  ce  cas  le 
retrait  du  polypide  est  encore  plus  énergique. 

7'^  Le  ganglion  nerveux  sus-œsophagien  est  recourbé  sur  lui-même 
dans  la  Plumatella  repens. 

Sous  un  grossissement  d'environ  300  diamètres,  j'ai  observé 
que  le  ganglion  en  question  se  replie  sur  lui-même  comme  l'indique 
la  figure  76.  Gela  se  voit  très  bien  sur  un  polypide  de  profil,  mais 
je  n'ai  pu  en  distinguer  le  contenu. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'EAU    DOUCE  51 

2'=  Famille  Lophopusidées. 

Zoœcies  disposées  irrégulièrement  à  la  surface  d'un  zoarhmi 
charnu,  gélalinoïde  et  fortement  tubercule,  dont  chaque  tubercule 
contient  une  ou  plusieurs  zoœcies  ;  chacune  de  ces  zoœcies  peut 
produire  plusieurs  statohlastes .  Statohlastes  épineux. 

Dans  cette  famille,  je  comprends  les  genres  :  Lophopus  Dumor- 
tier;  Pectinatella  Leidy;  Cristatella  G.  Cuvier. 

Il  est  évident  que  ces  trois  genres  ont  de  très  grandes  affinités, 
si  on  ne  tient  compte  que  du  zoarium  ;  leur  ectocyste  est  hyalin, 
gélatinoïde  et  forme  des  masses  plus  ou  moins  régulières  dans 
lesquelles  plongent  les  polypides.  Il  y  a  tant  de  rapports  entre  un 
jeune  Lophopus  et  une  jeune  Cristatella,  que  Dumortier  et  Van 
Beneden  les  ont  confondus  sous  le  titre  de  Lophopus  cristallinus, 
et  ont  donné  le  statoblaste  de  la  Cristacella  mucedo  pour  celui  du 
Lophopus  en  question.  Il  n'est  pas  logique  d'établir  une  famille 
sur  la  forme  d'un  œuf  ou  plutôt  d'un  statoblaste,  une  pareille  di- 
vision doit  s'appuyer  sur  un  ensemble  organique  et  non  pas  sur 
un  seul  organe  ni  sur  une  seule  propriété  physiologique. 

C'est  pour  cela  que  j'ai  groupé  ces  trois  superbes  genres,  remar- 
quables parla  grosseur  de  leurs  polypides  et  de  leurs  colonies. 

Allman  n'a-t-il  pas  hésité  lui-même  à  introduire  dans  le  genre 
Lophopus  l'animal  que  Leidy  nomma  d'abord  Cristatella  magnifica 
et  qui  forme  aujourd'hui  le  type  de  son  genre  Pectinatella? 

L'erreur  de  Dumortier  et  van  Beneden  et  l'hésitation  d'Allman 
démontrent  bien  les  affinités  de  ces  groupes;  je  les  réunis  d'après 
le  caractère  le  plus  certain  qui  soit  admis  aujourd'hui,  c'est-à-dire 
d'après  la  forme  zoœciale. 


Genre  LOPHOPUS  Dumortier,    1835. 

Zoœcies  dispersées  à  la  surface  d'un  zoarium  sacciforme,  hyalin, 
transparent,  jouissant  d'un  mouvement  des  plus  faibles  constaté 
par  les  uns,  nié  par  les  autres,  se  fixant  aux  corps  immergés  par 
une  base  opaque  chez  les  vieilles  colonies,  ou  transparente  comme 
le  reste  du  zoarium  chez  les  jeunes;  formant  ordinairement  des 
masses  épaisses  qui  deviennent  ensuite  lobées  et  même  ramifiées; 
orifices  dispersés  ;  statohlastes  elliptiques  pourvus  d'un  anneau  sur 
le  pourtour,  anneau  terminé  en  pointe  aux  extrémités  du  grand 
diamètre. 


«2 


J.    JULLIEN 


Fig.  180. 


Lojihopus  Tremhleyi  J.  JiiUien ,  1884. 
Fig.  180  à  195. 

Mêmes  caractères  que  pour  le  genre. 

Cette  espèce  est  la  première  des  Bryozoaires  d'eau  douce  qui 
ait  été  connue. 

Trembley  en  a  publié  la  description,  il  y  a 
cent  quarante  ans,  en  1744,  avec  une  exactitude 
si  grande  et  avec  tant  de  détails  que  je  veux  la 
reproduire  ici  selon  son  propre  texte  : 

«  En  cherchant  des  Polypes  verts  (Hydra 
viridis  Linn.)  au  mois  d'Avril  1741,  je  découvris 
les  Polypes  à  panache.  11  y  en  avait  plusieurs 
sur  les  plantes  aquatiques  que  j'avais  rassem- 
blées dans  des  verres  pleins  d'eau.  Ils  réveillèrent  d'abord  dans 
mon  esprit  l'idée  d'une  fleur  épanouie,  et  comme  il  y  en  avait 
plusieurs  ensemble ,  ils  formaient  une  sorte  de 
bouquet.  Leur  corps  a  environ  une  ligne  de  lon- 
gueur (2'"'"256)  sans  compter  le  panache  qui  est 
presque  aussi  long  que  le  corps.  Celui-ci  est  fort 
mince,  il  est  à  peu  près  cylindrique,  et  sa  peau 
est  parfaitement  transparente.  Le  panache  n'est 
que  la  continuatoin  de  cette  peau  transparente  ; 
il  est  plus  large  à  proportion  du  corps,  et  d'une 
ligure  très  remarquable.  Sa  base  est  faite  en 
forme  de  fer-à-cheval,  et  des  bords  de  cette  base 
sortent  les  bras  du  Polype  :  ils  sont  tous  recour- 
bés en  dehors.  Le  panache,  qu'ils  forment  par 
leur  assemblage,  a  l'air  d'une  fleur  monopétale 
épanouie.  Ces  bras  (tentacules)  sont  fort  près 
les  uns  des  autres;  j'en  ai  compté  au-delà  de 
soixante  (1)  à  un  seul  panache.  On  pourrait  les 
comparer,  par  rapport  à  leur  transparence,  à  des 
fils   de  verre  très  fins.  La  base  du  panache  est 


Fis.   181. 


(1)  Je  ferai  remaïqiior  ici  que  le  dessin  de  Trembley  ne  porte  que  50  tentacules; 
que  ceux  de  van  Beneden  en  portent  51  et  54;  enfin  que  celui  d'Allman  n'en  a  que 
41.  D'après  van  Beneden,  Baker  en  indique  seulement  40.  Nous  sommes  donc  encore 
loin  de  60. 

Il  en  est  peut-être  du  Lophopier  comme  de  la  PlumalelJe  rampante  qu'on  dit 
avoir  60  tentacules  que  je  n'ai  jamais  pu  trouver.  Le  nombre  de  ces  tentacules  est 
donc  encore  à  véiifier  sui-  un  grand  nombic  de  poly|)ides.  Il  doit  être  certainement 
très  variable.     . 


MONOGRAPIIIK    DES    15RY0/0AIRES    D  KAU    DOUCE 


o3 


Fig.   182. 


creusée  en  gouttière,  elle  tient  au  Polype  par  le  milieu  du  fer- 
à-cheval  qu'elle  forme,  et  c'est  là  qu'est  une  ouverture  qui  sert  de 
bouche  à  cet  animal.  Ses  intestins  se  distinguent  facilement  à 
travers  la  peau  transparente  du  corps.  Ils  sont  d'un  brun  assez 
foncé  dans  les  Polypes  qui  ont  bien  mangé. 
Après  avoir  observé  pendant  quelque  temps 
les  Polypes  à  panaches  et  être  parvenu  à  les 
voir  manger,  j'ai  été  eu  état  de  distinguer  trois 
parties  principales  dans  leurs  intestins,  savoir  : 
l'œsophage,  l'estomac  et  l'intestin  droit. 

Ces  animaux  sont  voraces  et  même  très  vo- 
races.  A  la  vérité,  ils  ne  peuvent  manger  que  ^^ 
des  animalcules  fort  petits,  mais  en  un  jour 
ils  en  dévorent  un  grand  nombre.  Le  panache 
des  Polypes  est  pour  ces  petits  animaux  un 
goufre  dans  lequel  sont  précipités  la  plupart 
de  ceux  qui  en  approchent  en  nageant.  Si  on 
observe  attentivement  à  la  loupe  des  Polypes 
à  panache,  placés  dans  de  l'eau  bien  peuplée 
de  fort  petits  insectes,  il  sera  très  facile  de  voir  par  quel  moyen 
ils  attirent  leur  proie  et  la  font  tomber  dans  leur  bouche  :  on 
verra  d'instant  en  instant  un  bras  ou  deux  se  recourber  subite- 
ment en  dedans  du  panache  et  puis  se  remettre  dans  leur  pre- 
mière situation.  Il  arrive  rarement 
que  le  même  bras  se  recourbe  deux 
fois  de  suite.  Ces  bras  ne  touchent 
point  la  proie,  mais  ils  occasionnent 
dans  l'eau  par  leur  mouvement,  une 
sorte  de  tournant  qui  la  conduit  dans 
le  panache.  Elle  fait  souvent  des  efforts 
pour  s'échapper,  mais  l'inflexion  su-  ^'•^'  ^^'^' 

bite  d'un  bras  donne  au  torrent  qui  l'entraîne  un  nouveau  degré 
de  rapidité  qui  la  porte  malgré  elle  jusqu'au  fond  du  panache. 
J'ai  dit  que  la  base  du  panache  était  creusée  en  gouttière.  Les 
petits  insectes  qui  doivent  servir  de  proie  au  Polype,  tombent 
dans  cette  gouttière,  et  ils  coulent  ensuite  dans  la  bouche  qui 
est  au  milieu.  Quand  le  polype  se  présente  à  l'œil,  de  côté,  on 
peut  facilement  lui  voir  avaler  sa  proie.  On  la  voit  passer  de 
l'œsophage  dans  l'estomac,  et  si  elle  n'est  pas  extrêmement  petite 
on  la  distingue  même  dans  cet  estomac,  parce  que  toutes  les 
parties  de  ces  Polypes  sont  transparentes.  J'appelle  œsophage, 


M 


J.    JULLIKN 


tomac  au  Polype.  L'œsophage  finit  un  peu  au-dessous  de  l'extré- 
mité supérieure  de  l'estomac.  Les  aliments  rendent  cet  estomac 
très  reconnaissable.  Ils  sont  ballotés  dedans  d'une  manière  très 
sensible,  et  beaucoup  plus  vite  que  dans  les  Polypiers  à  bras  en 
forme  de  cornes.  Ils  sont  successivement  poussés  de  bas  en  haut 
et  de  haut  en  bas.  On  peut  facilement  se  tromper  sur  la  véritable 
longueur  de  l'estomac.  On  pourrait  croire  qu'il  va  jusqu'à  la  base 
du  panache.  Mais  pour  prévenir  cette  erreur,  il  suffit  de  bien 
remarquer  jusqu'où  sont  portés  les  aliments,  lorsqu'ils  sont  pous- 


Fig.  18i. 


ses  vers  le  haut  de  l'estomac.  On  s'apercevra  qu'ils  s'arrêtent 
un  peu  au-dessus  de  l'endroit  où  l'œsophage  rencontre  l'esto- 
mac, et  que  c'est  de  là  qu'ils  partent  pour  retourner  vers  l'autre 
extrémité. 

Entre  ce  bout  supérieur  de  l'estomac  et  la  base  du  panache  il 
y  a  donc  un  espace  occupé  par  un  petit  sac,  qui  est  très  souvent 
parfaitement  rempli  par  une  matière  brune  et  pins  foncée  que 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


OD 


celle  qui  est  dans  l'estomac.  Ce  sac  est  l'intestiu  droit,  et  cette 
matière  brune  est  celle  des  excréments.  Elle  forme  un  grain  un 
peu  oblong,  très  facile  à  remarquer,  et  qui  occupe  toute  la  capa- 
cité de  l'intestin  droit.  Il  se  vuide  entièrement  en  une  seule  fois. 
Ce  grain  de  matière  brune  qui  le  remplit,  en  sort  tout  entier  par 
une  ouverture  qui  est  à  la  base  ou  à  côté  de  la  base  du  panache. 
J'ai  vu  souvent  des  Polypes  rendre  leurs  excréments,  mais  je  n'ai 
jamais  pu  découvrir  précisément  la  situation  de  l'ouverture  dont 
ils  sortaient.  Après  que  le  Polype  a  rendu  ses  excréments,  l'in- 
testin droit,  qui  est  alors  vuide,  paraît  d'un  brun  fort  clair;  il  est 
même  assez  transparent.  Si  cet  animal  est  dans  une  eau  bien 
peuplée  d'Insec- 
tes, et  s'il  en 
avale  beaucoup, 
comme  cela  ar- 
rive ordinaire- 
ment, de  nou- 
veaux excré- 
ments passeront 
bientôt  de  l'es- 
tomac dans  rin- 
testin  droit  ;  il 
se  remplira,  et 
reprendra  sa 
première  cou- 
leur et  son  opa  - 
cité. 

Lorsqu'il  est  tombé  dans  le  panache  un  animal  trop  grand 
pour  pouvoir  être  avalé,  ou  quelqu' autre  corps,  les  Polypes  s'en 
débarrassent  en  ouvrant  leur  panache  en  tout  ou  en  partie  ;  ils 
renversent  beaucoup  leurs  bras  en  dehors  et  les  remettent  en- 
suite dans  leur  attitude  ordinaire  ;  ces  bras  se  renversent  et  se 
remettent  tous  ensemble  (1). 

Les  Polypes  à  panache  sont  incapables  de  contraction.  L'attou- 
chement, ou  le  mouvement  qu'on  leur  fait  éprouver,  ne  laisse 
pas  cependant  de  changer  beaucoup  leur  attitude  et  leur  situation  ; 
ce  petit  canal  qui  va  de  la  bouche  jusqu'à  un  sac  qui  sert  d'es- 


Fig.  185. 


(l)  J'ai  observé  cela  sur  [' Alcyonidium  hirsutum,  les  polypides  se  débarrassent 
ainsi  des  bulles  d'air  qui  se  collent  sur  les  tentacules,  quan.l  on  remet  dans  l'eau 
une  colonie  laissée  à  sec  pondant  f|uel(|ues  heures. 


56 


.1.    .IULLIEX 


ils  disparaissent  môme  alors  très  subitement;  ils  se  retirent  entiè- 
rement dans  une  cellule  qui  est  d'une  matière  semblable  à  celle 


Fig.  186. 


des  parties  que  j'ai  déjà  décrites,  et  dont  le  corps  ces  de  animaux 
est  une  production.  On  peut  voir  très  distinctement,  à  travers  les 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


57 


parois  transparentes  de  cette  cellule,  le  Polype,  lorsqu'il  s'y  est 
retiré.  Pour  comprendre  dans  quelle  situation  est  un  Polype  qui 
est  retiré  dans  la  cellule,  on  doit  savoir,  que  la  peau  du  Polype 
est  attachée  à  l'orifice  de  la  cellule,  en  sorte  que  quand  il  rentre 
dedans,  cette  peau  ne  peut  pas  le  suivre.  Elle  reste  donc  attachée 


F  .s.  187. 


par  son  extrémité  inférieure  à  l'orifice  de  la  cellule,  et  elle  y  rentre 
en  se  renversant.  Le  panache  qui  tient  par  sa  base  à  Textrémité 
supérieure  de  cette  peau  rentre  avec  elle,  et  se  trouve  logé  dans 
le   tuyau  qu'elle  forme    lorsqu'elle  est   toute    rentrée    et  toute 


58 


.1.    .TULLIEN 


renversée.  Les  intestins  sont  plus  enfoncés  dans  la  cellule 
qu'aucune  autre  partie.  Comme  l'orifice  de  la  cellule  et  le 
tuyau  que  forme  la  peau  sont  beaucoup  plus  étroits  que  le  pa- 
nache, il  est  obligé  de  se  fermer  pour  pouvoir  y  entrer  :  les  bras 
(tentacules)  se  rapprochent  comme  le  feraient  les  barbes  d'une 
plume  qu'on  forcerait  à  entrer  dans  un  tuyau  étroit.  Après  avoir 
vu  le  Polype  rentrer  dans  sa  cellule,  on  l'en  verra  bientôt  sortir, 
si  on  le  laisse  tranquille.  On  voit  d'abord  paraître  les  bras  qui 
sont  réunis  en  faisceau  ;  mais  quand  ils  sont  environ  sortis  à 
moitié,  ils  commencent  à  s'éloigner  par  leur  extrémité  ;  enfin 
le  panache  s'ouvre,  il  reparaît  comme  il  était  auparavant,  et  le 
corps  se  montre  en  dehors  de  la  cellule. 
Si  l'on  observe  avec  attention  un  Polype  qui  sort  de  sa  cellule, 

on  verra  clairement  que  la  peau  se 
retourne  lorsqu'il  y  entre  et  qu'elle 
renferme  ensuite  le  panache.  Quand 
le  panache  commence  à  paraître 
hors  de  la  cellule,  on  remarque  la 
peau  qui  paraît  avec  lui,  on  voit  le 
panache  se  détacher  de  cette  peau, 
à  mesure  qu'elle  se  remet  dans  son 
premier  état,  et  les  intestins  entrer 
dans  le  tuyau  qu'elle  ferme  de  nou- 
veau en  dehors. 

J'ai  vu  distinctement,  lorsque  les 
Polypes  à  panache  étaient  bien  en 
dehors  de  leur  cellule,  un  fil  (funi- 
cule)  qui  tenait  d'un  côté  à  l'extré- 
mité inférieure  de  l'estomac,  et  de 
l'autre  au  fond  de  la  cellule,  j'en  ai  vu  d'autres  qui  m'ont  paru 
s'attacher  par  une  extrémité  près  de  la  base  du  panache,  et  par 
l'autre,  aussi  au  fond  de  la  cellule.  Il  est  apparent  que  ces  fils 
servent  à  retirer  le  Polype  dans  la  cellule. 

On  trouve  rarement  un  Polype  à  panache  seul,  il  y  en  a  ordi- 
nairement plusieurs  ensemble  ;  et  ceux  de  l'espèce  dont  je  parle 
sont  rangés  à  côté  les  uns  des  autres.  Souvent  il  y  en  a  plusieurs 
qui  sortent  d'une  même  cellule,  mais  par  des  orifices  ditïérents. 
Il  faut  avoir  une  idée  bien  nette  de  la  figure  du  Polype  à  pa- 
nache, et  être  déjà  exercé  à  les  observer  pour  voir  distinctement 
les  jeunes  lorsqu'ils  commencent  à  pousser.  Il  se  fait  d'abord  une 
petite  élévation  sur  la  superficie  de  la  cellule  d'un   Polype  déjà 


Fis.  188. 


MONOGRAPHIE    DES    13RYOZOA1RE3    d'eAU    DOUCE  o9 

formé,  on  découvre  ensuite  le  corps  et  le  panache,  ou  plutôt  la 
base  du  panache  du  jeune  qui  commence  à  pousser,  et  la  pointe 
des  bras  qui  sortent  des  bords  de  cette  base.  Ces  bras  croissent  à 
mesure  que  le  corps  croît.  Le  jeune  Polype  est  d'ordinaire  en  état 
de  manger  au  bout  de  quelques  jours.  Ses  intestins, 
qui  étaient  d'abord  tout  à  fait  transparents,  deviennent 
bruns,  après  qu'il  a  pris  des  aliments.  Quand  la  nour- 
riture est  abondante  dans  l'eau  où  sont  les  Polypes  à 
panache,  les  jeunes  poussent  en  grande  quantité.  J'en 
ai  souvent  vu  plus  de  cent  qui  étaient  réunis  ensemble, 
et  qui  formaient  un  fort  joli  bouquet.  Ils  se  séparent     Fig-  189. 
ensuite,  mais  non  un  à  un.  Le  bouquet  se  partage  en 
deux  ou  trois  parties  qui  ont  plus  ou  moins  de  Polypes.  Cette 
séparation  se  fait  fort  insensiblement.  D'abord  la  masse  que  for- 
ment toutes  les  cellules  ou  pour  mieux  dire,  la  cellule  commune, 
se  divise  en  deux  ou  trois  branches,  et  puis  ces  branches  se 
séparent  peu  à  peu  entièrement  les  unes  des  autres.  Pour  obser- 
ver immédiatement  ce  que  je  viens  de  décrire,  j'ai  fait  en  sorte 
que  des  bouquets  de  Polypes  à  panache  se 
soient  attachés  contre  les  parois  d'un  pou- 
drier.  J"ai   pu  les   observer  avec  une  forte 
loupe.  Non  seulement  j'ai  vu  par  ce  moyen 
multiplier   ces  animaux  ,   et   les  différentes 
branches  des  bouquets  qu'ils  forment  se  sé- 
parer;   mais  encore  j'ai  remarqué  que    ces 
branches  s'éloignaient  ensuite  les  unes  des 
autres.  Leur  mouvement  progressif  est  si  lent 
qu'il  est  absolument   imperceptible.    Je  n'ai 
jamais  observé  de  Polypiers  peuplés  de  Poly- 
pes, qui  ait  fait  plus  d'un  demi  pouce  de  che-  ^jg  ^qq 
min    en  huit  jours  de  temps.  J'en  ai  aussi 
observé  plusieurs  qui  sont  pendant  longtemps  restés  au  même 
endroit. 

J'ai  dit  ci-dessus  que  le  corps  des  Polypes  était  une  production 
de  la  cellule  dans  laquelle  il  se  rétrécit,  afin  qu'on  ne  crût  pas 
que  ces  cellules  sont  leur  ouvrage  comme  les  fourreaux  des  Tei- 
gnes (Tipules)  sont  l'ouvrage  des  Teignes.  Les  cellules  doivent 
être  regardées  comme  une  partie  du  corps  des  Polypes,  elles 
croissent  avec  lui,  et  comme  lui,  et  sont  composées  de  la  même 
matière,  au  moins  celles  des  Polypes  que  j'ai  vus. 

Ils  multiplient  non  seulement  par  rejetons  mais  ils  font  aussi 


60 


J.    JULLIEN 


Fig.  191. 


(les  œufs.  C'est  ce  que  nous  apprend  M.  de  Réaumur;  il  a  observé 
avec  M.  Bernard  de  Jussieu  que  les  Polypes  d'eau  douce  à  panache 
ont  pondu  des  œufs  bruns  et  un  peu  aplatis,  et  ils  ont  vu  des 
petits  naître  de  ces  œufs.  J'ai  vu  dans  plusieurs  Polypes  à  pana- 
che, sur  lesquels  j'ai  fait  mes  observations,  de  petits  corps  sphé- 
riques  de  différentes  grandeurs,  blancs  et  transparents.  J'ai  seu- 
lement soupçonné  que  ces  petits  corps  étaient  des 
œufs,  mais  je  n'ai  pas  eu  occasion  d'examiner  si  ce 
soupçon  était  fondé  ou  non. 

Ces  petits  corps,  dont  je  parle,  étaient  très  faciles 
à  distinguer  à  travers  la  peau  transparente  du  Polype 
et  celle  de  la  cellule.  Ils  étaient  dans  un  mouvement 
continuel  et  comme  ballotés  d'un  endroit  à  l'autre. 
Je  les  voyais  passer  de  la  cellule  dans  le  corps  d'un 
Polype,  et  monter  entre  la  peau  et  les  intestins,  jusque 
près  de  la  racine  du  panache,  et  de  là  retourner  ensuite 
dans  la  cellule.  Ce  n'est  pas  tout  :  tous  ceux  qui  sor- 
taient du  corps  d'un  Polype,  et  passaient  dans  la 
cellule,  n'étaient  pas  toujours  poussés  dans  le  corps  du  même 
Polype,  mais  successivement  dans  celui  de  divers  autres.  Ce 
fait  prouve  clairement  que  les  cellules  de  différents  Polypes  com- 
muniquent entre  elles,  ou  plutôt  que  plusieurs  de  ces  animaux 
ont  une  cellule  commune;  et  si  ces  corps  sphériques,  que  j'ai 
vu  passer  successivement  dans  le  corps  de  différents  Polypes, 

sont  des  œufs,  on  pourrait  dire  que  ces  œufs 
sont  en  commun  îx  tous  les  Polypes,  dont  les 
corps  communiquent  ensemble  par  leur  cel- 
lule. » 

La  clarté  et  l'exactitude  de  cette  longue 
description  n'a  pas  empêché  les  naturalistes 
de  divaguer  pendant  de  longues  années  sur 
cet  animal.  Sa  rareté  l'a  fait  confondre  avec 
la  Plumatella  repens  par  tous  les  auteurs  au 
commencement  de  ce  siècle.  Baker  en  Angle- 
terre et  Dumortier  en  Belgique  furent  les 
premiers  à  en  parler  d'une  façon  qui  fixa  la  cer- 
titude de  son  existence,  dont  on  doutait  tou- 
jours, malgré  Pallas;  et  c'est  en  1836,  c'est-à-dire  94  ans  après 
la  découverte  de  Trembley,  que  Dumortier  établit  pour  cet  ani- 
mal le  genre  Loplwpus,  dont  la  signification  rappelle  le  nom  donné 
par  Trembley.  C'est  surtout  depuis  le  travail  de  Dumortier,  ac- 


Fig.  192. 


MONOGRAPHIE   DES   BRYOZOAIRES   d'eAU   DOUCE  61 

compagne  de  fort  bonnes  planches,  que  l'on  a  su  ce  qu'était  le 
Polype  à  panache. 

Bien  que  Trembley  ait  trouvé  de  superbes  exemplaires  de  cette 
espèce,  il  n'en  a  pas  vu  ni  soupçonné  les  statoblastes,  parce 
qu'au  mois  d'avril  ces  statoblastes  ne  sont  pas  encore  formés,  on 
ne  les  voit  qu'en  été  et  en  automne. 

Van  Beneden  ainsi  que  Dumortier,  en  1848,  ont  pris  les  stato- 
blastes de  la  Cristatella  mucedo  J.  Guv.  pour  ceux  du  Lojjhojms 
cristallinus ;  leur  planche  5  his  donne  ce  statoblaste  très  bien 
dessiné,  aux  figures  22,  23  et  24,  on  ne  peut  s'y  tromper,  et  on 
peut  dire  que  leur  erreur  est  des  plus  grossières  après  les  travaux 
de  Turpin  et  de  P.  Gervais,  travaux  qu'ils  connaissaient  cepen- 
dant, ou  du  moins  qu'ils  devaient  connaître. 

Trembley  affirme  positivement  qu'il  existe  un  mouvement  ex- 
cessivement lent  chez  quelques  colonies,  il  a 
mesuré  ce  mouvement  ;  et  si  quelques  auteurs, 
comme  Allman,  le  nient,  Baker  et  van  Beneden 
le  confirment.  La  conclusion  qu'on  peut  en 
tirer,  est  encore  ici  celle  de  Trembley,  qui 
constate  que  quelques  colonies  possèdent  la 
faculté  de  se  mouvoir,  tandis  que  d'autres  en 
sont  dépourvues.  Ne  pourra-t-on  pas  un  jour 
expliquer  cette  différence  par  l'influence  de 
la  captivité,  captivité  durant  laquelle  la  co- 
lonie manque  de  nourriture  et  perd,  par  ina- 
nition ou  autrement,  une  partie  de  ses  pro-  Fig-  193. 
prié  tés  vitales. 

Pour  bien  étudier  les  Bryozoaires,  il  faut  avoir  des  sujets  en 
parfait  état;  je  crois  que,  pour  cela,  il  faudrait  élever  en  cage  ces 
animaux  qu'on  laisserait  toujours  plongés  dans  l'eau  où  ils  sont 
nés,  ou  au  moins  dans  une  eau  très  riche  en  organismes  micro- 
scopiques. Leur  énorme  appétit  détruisant  rapidement  tous  les 
Microzoaires  et  tous  les  Microphytes  de  l'eau  dans  laquelle  on  les 
élève  chez  soi,  ils  ne  tardent  pas  à  |s'y  atrophier  et  k  périr.  J'ai 
essayé  bien  des  fois  de  rapporter,  après  mes  pêches,  des  bouteil- 
les de  l'eau  dans  laquelle  je  les  avais  péchés,  mais  cette  eau  s'al- 
tère et  ne  peut  être  utilisée  que  très  rapidement.  Aussi  l'éducation 
des  Bryozoaires  en  ville  présente-t-elle  de  grandes  difficultés 
après  quelques  jours. 

Trembley  ni  Dumortier  n'ont  pu  voir  les  cils  vibratils  sur  les 
tentacules,  et  le  premier  a  eu  le  tort  de  croire  que  le  tourbillon 


62  J.    JULLIEN 

tcntaculaire  était  le  résultat  des  secousses  de  ces  tentacules, 
quand  il  est  le  fait  des  cils  vibratils  qui  existent  sur  les  tenta- 
cules de  toutes  les  espèces  de  Bryozoaires  tant  d'eau  douce  que 
marins. 

Le  même  auteur  s'est  trompé  en  prenant  pour  des  œufs  les 
corpuscules  flottants  de  la  cavité  périgastrique  dont  il  a  parfaite- 
ment décrit  les  allées  et  venues,  sauf  en  ce  qui  concerne  le  corps 
du  Polype;  je  ne  sais  trop  ce  qu'il  appelle  ainsi,  je  pense  que  ce 
doit  être  l'estomac  ou  l'appareil  .digestif,  dans  lesquels  il  n'entre 
rien  par  la  paroi  externe  ;  le  sens  positif  des  mots  corps  du  Polype 
me  paraît  présenter  quelque  obscurité. 

Malgré  ces  quelques  erreurs  et  lacunes,  la  note  de  Trembley 
est  fort  remarquable  pour  l'époque  où  elle  a  paru,  et  ses  torts 
sont  bien  excusables  quand  on  songe  aux  difficultés  de  ce  genre 
d'études. 
C'est  sur  le  Lophopus  que  Dumortier  a  découvert  le  système 
nerveux  des  Bryozoaires,  facile  à  voir  sur  les  polypides 
placés  de  profil;  il  consiste  en  un  ou  deux  ganglions 
placés  contre  le  pharynx  entre  celui-ci  et  l'anus,  ils 
sont  formés  de  cellules  sphéroïdales  très  ténues  divi- 
sées par  des  tractus  fibreux.  Reinhard  ('l)en  a  donné 
une  coupe  dans  une  brochure  écrite  en  russe,  il  l'avait 
pratiquée  sur  la  Cristatelle,  fig.  224. 

Van  Beneden  et  Dumortier  ont  commis  une  grosse 
erreur ,  en  décrivant  le  statoblaste  de  la  CrlstatcUa 
mucedo ,  comme  l'œuf  d'une  autre  espèce  de  Lophopus, 
alors  que  P.  Gervais  avait  décrit  le  statoblaste  depuis 
Fig.  194.  des  années,  comme  appartenant  à  la  Cristatelle  de 
Rœsel;  les  statoblastes  de  Lophopus  n'ont  pas  d'autres 
épines  que  celles  qui  terminent  le  grand  diamètre. 

Le  Lophopus  est  une  des  plus  grandes  espèces  de  Bryozoaires, 
et  la  transparence  de  l'ectocyste  en  fait  un  excellent  sujet  d'étude  ; 
mais  il  ne  faut  pas  en  généraliser  les  résultats  à  la  Classe  entière, 
comme  le  veutAllman;  les  différents  groupes  n'étant  pas  tous 
construits  sur  le  même  type. 

Je  propose  de  donner  le  nom  de  Trembley  à  cette  ancienne 
espèce,  car  elle  lui  appartient;  Pallas  aurait  dû  vraiment  agir 
ainsi,  puisqu'il  n'avait  pas  découvert  ce  Bryozoaire  et  qu'il  n'en  a 
parlé  que  22  ans  après  Trembley. 

fl)  Description,  xlructurc  et  dcveloppemcnt  den  Bryozaires  d'eau  douce,  par 
Reinhard.  CharkofT,  188-2,  avec  7  planclies. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'eAU    DOUCE 


63 


Synonyuxie 


Polype  à  panache  Trembley,  Baeek. 
Bell~flowei'  animal  Baker. 
Gepluymden  Polypnx  Baker. 
Tubularia  cristallina  Pallas. 
Tubularia  reptans  Gnielin. 
Campanulate  tubularia  Shaw. 
Plumatella  cristala  Lamarch 

ger,  Blainville. 
Naisa  reptam    Lamouroux , 

champs. 


Schweig- 


Desloug- 


Alcyonella ,    tertius  evolutionis  gradus 

Raspail. 
Plumatella  campunalata  P.  Gervais. 
Àlcyonella  stagnorum  Johnston,  Allraan. 
Plumatella  crystallina  P.  Gervais. 
Lophopus  crystallinus   Dumortier,   vaa 

Beneden,  Allman. 
Lophopus  liakeri  van  Beneden. 


Habitat.  —  Lamouroux  l'a  trouvée  aux  (?)  environs  de  Gaen  en 
1816;  c'est  sa  Naisa  reptans.  Pour  moi,  je  l'ai  pêchée  en  juillet 
1869,  dans  les  fossés  du  Jardin  d'Acclimatation  au  Bois  de  Bou- 
logne, près  Paris,  elle  était  fixée  sur  une  tige  herbacée  morte  et 
inondée,  dans  le  courant  du  ruisseau  des  Palmipèdes,  exposée 
toute  lajournée  en  plein  soleil.  Le  zoarium  était 
gros  comme  le  bout  du  doigt ,  très  ramifié  et 
transparent,  il  contenait  une  quantité  de  stato- 
blates.  Gomme  Trembley,  c'est  le  premier  Bryo- 
zoaire  vivant  que  j'ai  vu,  j'en  fis  à  l'époque  un 
dessin  très  soigné,  dont  je  fis  présent  à  M.  le 
Professeur  Desbayes  ;  il  prit  l'animal  pour  une 
bête  marine.  Depuis  cette  époque  je  n'ai  jamais 
retrouvé  de  Lophopus.  J'ai  vu  au  Laboratoire 
d'anatomie  comparée  du  Muséum  de  Paris,  des  Fig.  195. 

préparations  microscopiques  de  cette  espèce,  dont  les  colonies 
avaient  été  recueillies  dans  les  bassins  de  l'École  botanique  ; 
toujours  est-il  que  les  Lophopiers  sont  des  animaux  très  diffi- 
ciles à  se  procurer,  surtout  à  l'état  de  colonies  ramifiées.  L'irré- 
gularité de  station  de  cette  espèce  la  rend  difficile  à  trouver, 
sa  découverte  étant  toujours  l'elfet  du  hasard  ;  aussi  tous  ceux 
qui  en  ont  parlé  ne  l'ont-ils  pas  indiquée  comme  une  espèce 
commune.  Elle  est  cependant  fort  répandue,  puisque  les  natura- 
listes la  signalent  en  Hollande,  en  Belgique,  en  Allemagne,  en 
Angleterre  et  en  France.  Jusqu'à  présent  elle  n'a  été  trouvée  que 
dans  les  fossés  et  les  étangs,  je  crois  être  le  premier  à  la  signaler 
dans  l'eau  tout  à  fait  courante  et  en  plein  soleil,  sous  Ui  forme 
d'une  superbe  colonie,  dont  je  donne^le  dessin  incomplet  d'un 
bourgeon. 


64 


J.    JULLIEN 


En  1859,  le  docteur  Leidy  (1)  a  déclaré  qu'il  a  découvert  un 
Lophopus  dans  Schuylkill  river,  à  Philadelphie,  il  n'a  pu  jusqu'à 
présent  en  déterminer  les  caractères. 

J.  Mitchell  (2),  en  1862,  dit  avoir  trouvé  aux  Grandes  Indes, 
sur  des  racines  de  Lemna  dans  le  réservoir  d'un  petit  jardin,  une 
espèce  de  Lophopus  qu'il  appelle  Loplwpia  avec  incertitude,  il  n'a 
pas  étudié  suffisamment  sa  trouvaille  qui  reste  inconnue. 


Genre  PECTINATELLA  Leidy,  1851. 

Zoœcies  dispersées  irrégulièrement  à  la  surface  d'un  zoarium 
gélatinoïde,  massif,  hyalin,  fixe  ;  orifices  groupées  en  aréoles  lobées, 
irrégulières  sur  la  surface  libre;  statoblastes  lenticulaires  avec  un 
anneau  et  des  épines  marginales. 


Pectinatella  magnifica  Leidy,  1851 . 
Fig.  196  à  213. 

Synonymie:  Cristatella  inagnifca Leidy,  \8^[;  Pectinatella  magni- 
/?m  Leidy,  1851,  Allman,  Hyatt. 

Le  Professeur  Leidy  (3)  en 
a  donné  la  description  suivante 
que  j'ai  traduite  en  français  : 
«  Polypidome  massif,  encroû- 
tant les  corps,  depuis  quelques 
pouces  jusqu'à  plusieurs  pieds 
de  long,  par  des  traînées  de 
cinq  centimètres  de  diamètre  ; 
gélatinoïde,  consistant, hyalin, 
avec  de  nombreux  Polypes  sur 
la  surface  libre  disposée  en 
aréoles  irrégulières  serrées. 
Les  Polypes  sont  pourvus  de 
deux  lobes  réunis  ensemble 
en  forme  d'U,  renfermant  la 
bouche  à  la  base  et  possédant 


Fig.  196. 


(1)  Proceeding<!  nf  the  Acad.  nal.  se.  of  Philadelphia,  1859  (séance  du  2  nov.). 
(â)  Mitchell  J.,  Notes  froin  Madras  (in  Quart.  Journ.  microsc.   science,  3«  série, 
t.  II,  p.  61). 
(3)  Leidy.  l'torcidixcjs  Anid.  nal.  Se.  of  Philadelphia.,  Sept.  1851  and  Nov.  1851- 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


65 


Fis.  197 


de  50  à  80  tentacules  sigmoïdes,  divergeant  du  bord,  disposés  au 
sommet  de  la  double  ligne  extérieure  de  l'U,  avec  les  extrémités 
des  bras  de  la  dernière  inclinant  vers  chaque  autre  ; 
la  lèvre  relevée  (épistome)  avec  la  base  des  lobes 
tentaculaires  et  le  quart  inférieur  du  bord  interne 
des  tentacules,  dans  le  voisinage  de  la  bouche,  est 
de  couleur  carminée  ou  rose-rouge  sombre;  l'œso- 
phage est  incolore  ;  l'estomac  plié  longitudinalement  est  d'un  brun 
jaunâtre  ;  le  rectum  est  dilatable,  hyalin,  son  extrémité  légèrement 
saillante,  mais  rétractile.  La  longueur  du  fond  de 
l'estomac  au  sommet  des  tentacules  étendus, 
égale  3™'"384  ;  le  plus  grand  diamètre  des  tenta- 
cules étendus  (cloche  tentaculaire)  est  de  l'"ml28 
à  l"""3o36.  Les  tentacules  ont  une  longueur  de 
O'""'63o  et  une  largeur  de  0"^™0254.  L'œuf  (stato- 
blaste)  est  lenticulaire,  brun,  limité  au  bord  par  ^'*iI5&S'^ 
un  bourrelet  cellulaire  annulaire  d'un  blanc  bru-  ' 

nâtre,  ayant  une  largeur  de  0'""U27  sur  une  face,  fis-  i98. 

et  0"""254  sur  l'autre,  pourvu  sur  son  bord  externe 
de  14  à  16  appendices  d'une  longueur  de  0'"™127,  terminés  par  un 
grappin  double  et  rarement  triple.  L'œuf  (statoblaste),  avec  son 
bourrelet  mince,  discoïdal,  intact,  a  une  largeur 
de  0"'™770,  y  compris  ses  appendices  enveloppés 
dans  une  masse  hyaline  albuminoïde  ;  quand  il 
est  mCir  il  peut  flotter.  La  surface  du  polypier  a 
l'aspect  d'une  mucosité  épaisse  d'où  sort  une 
quantité  de  tentacules.  Immédiatement  sous  elle, 
existe  un  lit  de  couleur  rose  clair,' coloration  due 
à  la  teinte  rouge  du  pourtour  de  la  bouche  des 
Polypes;  puis  vient  une  autre  couche  de  couleur  jaune  sale,  due 
à  la  coloration  de  l'estomac  des  animaux;  au-dessous  de  celle-ci 
apparaissent  de  nombreuses  taches  blanches, 
jaunes  et  brunes  qui  sont  des  œufs  à  divers  degrés 
de  développement  ;  enfin  la  plus  grande  partie 
de  la  masse  consiste  en  une  substance  parfaite- 
menthyaline,  consistante  et  gélatinoïde.  L'animal 
n'est  pas  aussi  irritable  que  celui  desPlumatelles, 
mais  comme  ce  dernier,  il  est  capable  de  se_  re- 
tirer entièrement  dans  son  tube,  position  dans  la- 
quelle l'estomac  paraît  replié  transversalement.  Quand  les  œufs  se 
détachent  de  la  masse,  ils  viennent  flotter  à  la  surface  de  l'eau.  » 


/'^^ 


Fig.  199. 


Fis.  200. 


66 


JULLIEN 


Hyatt  Alpheus  (1)  a  complété  cette  description  par  de  nouveaux 
détails  et  par  de  superbes  dessins.  Voici  la  traduction  de  son 


Fig.  202. 


Fis.  201. 


Fig.  203. 


texte  :  «  Les  polypides  sont  disposés  sur  les  lobes,  quelquefois 
sur  un  seul  rang,  mais  généralement  sur  deux,  placés  alternati- 
vement. L'ectocyste  est  d'une  grande  épaisseur 
au  centre  et  peut  avoir  de  dix  à  vingt  centimètres 
ao  *i7^  ^^  profondeur  ;  bras  aussi  longs  que  le  tube  éva- 
ginable  du  polypide.  11  y  a  de  60  à  84  tentacules. 
Fig.  204.  La  partie  inférieure  de  ceux-ci  et  la  bouche  sont 


(1)  Hyatt  Alpheus,  Observations  on  Polyzoa  suborder  Phylactolœmata.  (In  com- 
munications Essex  Institute.  Vol.  V,  1868,  p.  227,  fig.  20,  et  vol  IV,  pi.  9  figs.  4-13. 
pl.  10,  11  et  12. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'EAU    DOUCE 


67 


""Vjr^ 


Fie.  205. 


cramoisies.  Les  statoblastes  varient  de  0'""'8Û0  en  largeur  sur  0""n90Û 
en  longueur.  Les  proportions  en  nombres  égaux  sont  24  sur  27,  ou 
26  sur  27,  27  sur  28,  28  sur  29,  29  sur  30  et  30  sur  30.  L'anneau  varie 
de  I-  à  4  sur  les  côtés,  et  de  -|  à  —  aux  extrémités.  Les  épines  ont 

à  o  3         4 

environ  0"""233  de   long,  en  les  mesurant  du  bord 
externe  de  l'anneau  vers  le  dehors. 

Les  exemplaires  trouvés  dans  PYesh  Pond,  Mas- 
sachussetts,  et  ceux  se  rencontrant  dans  Pennis- 
sewassee  Pond,  Maine,  difTèrent  par  le  nombre  de 
tentacules  et  des  épines.  Les  premiers  ont  de  60 
à  75  tentacules  et  les  statoblastes  de  12  à  17  épines  ; 
tandis  que  les  derniers  ont  de  72  à  84  tentacules 
et  de  20  à  22  épines.  Les  variétés  de  forme  dans 
les  masses  sont  entièrement  dues  au  contour  des  surfaces  sur 
lesquelles  elles  se  développent.  Si  ces  surfaces  sont  aplaties,  les 
masses  deviennent  subconiques  ;  si  le  développe- 
ment se  fait  sur  une  tige,  la  masse  est  fusiforme;  à 
l'extrémité  d'une  branche,  la  masse  devient  arron- 
die comme  dans  la  pi.  IX  fîg.  4.  Quand  l'ectocyste 
vieillit,  la  plupart  des  colonies  mourant  ou  flottant 
au  loin,  se  fixent  et  vivent  pendant  quelque  temps 
isolées,  mais  ne  grandissent  plus  ;  quelquefois  ce- 
pendant elles  continuent  à  vivre  plus  ou  moins 
largement  séparées  sur  les  restes  de  leur  ectocyste, 
mais  en  raison  de  l'enlèvement  de  la  pression  latérale,  les  colonies 
nouvelles  perdent  leur  forme  hexagonale  sub-anguleuse. 

Pendant  la  résorption  des  polypides  morts,  les  estomacs 
disparaissent  les  premiers,  puis  les  tentacules  et  enfin  les 
gemmes.  La  persistance  de  ces  dernières  est  intéressante, 
parce  qu'elles  disparaissent  chez  les  Plumatelles  et  Fré- 
déricelles  bientôt  après  la  saison  de  la  reproduction  qui 
passe  rapidement.  La  grande  taille  de  l'enveloppe  albu- 
mineuse  des  bourgeons  d'hiver  gêne  très  sérieusement 
la  hberté  des  mouvements,  dans  les  muscles  des  poly- 
pides vivants  et  abaisse  les  estomacs  hors  de  leurs  places. 
Les  statoblastes  sont  plus  grands  et  plus  serrés  près  du  centre 
où  les  premiers  polypides  sont  morts  ;  les  circonstances  impli- 
quent que  la  couverture  gélatineuse  n'est  pas  seulement  une 
matrice  pour  les  crochets,  mais  qu'elle  sert  encore  (en  partie  du 
moins)  à  faire  périr  les  premières  Hgnes  des  polypides.  Cependant 
il  n'en  est  pas  de  même  dans  les  colonies  qui  ont  peu  de  stato- 


Fig.  206. 


Fig.  20^ 


(i8 


J.    .IULLIEN 


blastes,  et  où  l'on  voit  comme  quelques  polypides  morts  luté- 
rieurement  parmi  les  autres.  Cela  paraît  dépendre  tout- à-fait  de 
l'âge  des  polypides.  Les  exemplaires  peuvent  être  maniés  assez 


Fig.  200. 


Fig.  210. 


brutalement  sans  que  les  polypides  se  rétractent,  même  si  on  les 
retire  de  l'eau  on  n'obtient  pas  d'effet,  ils  s'étendent  aussitôt 

quand  on  les  y  replace.  Conservés  ensuite 
en  captivité  pendant  quelques  semaines,  ils 
deviennent  plus  peureux,  et  quand  on  les 
inquiète  ils  restent  plus  longtemps  rétractés, 
ils  paraissent  même  alarmés  de  se  voir  ainsi 
contractés  et  semblent  trouver  nécessaire 
d'étendre  au-dehors  leurs  tentacules  pour 
les  aérer  très  vite,  après  la  disparition  de 
leur  ennui,  quoiqu'il  puisse  ensuite  se  passer 
une  heure  avant  l'extension  du  reste  du 
polypide.  « 
Habitat.  —  États-Unis,  environs  de  Phila- 
delphie ;  dans  les  étangs  appelés  Fresh  Pond  et  Mystic  Pond  près 
Cambridge  (Massachussetts),  et  dans  celui  de  Pennissewassee 
Pond  (Maine).  Dans  les  fossés  et  eaux  dormantes,  encroûtant  les 
branches  mortes  et  les  pierres. 

Le  Docteur  Leidy  rapporte  que  le  docteur  Wm.  Spillman,  de 
Columbus  (Mississipi),  a  péché,  dans  les  lacs  des  environs,  des 
masses  de  Pectinateila  magnifica  suspendues  aux  extrémités  des 
branches,  et  atteignant  trente-huit  centimètres  de  long  sur  trente 
de  large.  Quelles  colonies  gigantesques! 


MONOGRAPIIIK    DKS    BRYOZOAIRES    D'EAU   DOUCE 


69 


Pectinatella  Carteri  (1)  Hyatt,  1868. 
Fig.  214  à  216. 

Hyatt  a  donné  ce  nom  à  l'espèce  dont  Carier  a  décrit  et  figuré 
le    statoblaste  qui    ne   ressemble 
guère  à  celui   de  l'espèce  améri- 
caine.   La   Pectinatella    Carteri   se 
trouve  dans  les  étangs  des  envi- 
rons de  Bombay  sur  Paludina  Ben- 
galensis,  le   statoblaste   est  ovale, 
orné  de  14  épines   à  chaque   ex- 
trémité ;  chaque   épine  porte  vers  ^^^ 
son  extrémité  libre  des  barbelures  en  crochets  recourbés  vers  le 
corps  du  statoblaste. 

Carter  a  fait  un  Lophopus  de  cette  espèce. 


Genre  CRISTATELLA  G.  Cuvier,  1798. 

Zoœcies  à  peine  saillantes,  disposées  en  plusieurs  séries  margi- 
nales et  concentriques  sur  la  face  supérieure  d'un  zoarium  gélati- 
noïde,  aplati,  rubané  dont  la  face  inférieure  est  susceptible  d'une 
locomotion  très  lente.  Statoblastes  orbiculaires  avec  un  anneau 
cellulaire  marginal  et  des  épines  marginales  sur  les  deux  faces. 

Ce  genre  a  été  formé  pour  le  petit  animal  décrit  par  Rôsel  (2), 
sous  le  nom  de  «  Der  Kleinere  Federsbusch  Polyp  mit  dem  ballen- 
fôrmigen  Kôrper  ».  Cuvier  l'a  établi  dans  le  Tableau  élémentaire  de 
l'histoire  naturelle  des  Animaux,  publié  l'an  6  ou  en  1798,  où  il  le 
donne  sous  le  titre  suivant  :  «  Des  Cristatelles  ou  Polypes  à  plu- 
mets (Cristatella) ,  qui  ont  sur  la  bouche  une  espèce  de  plumet 
formé  par  des  tentacules  portés  sur  une  tige  commune,  et  rangés 
parallèlement  ou  en  pinceau.  Leurs  mouvements  servent  à  ame- 
ner vers  la  bouche  les  corpuscules  dont  l'animal  se  nourrit.  Les 
Cristatelles  habitent  les  eaux  stagnantes,  et  leurs  amas  ne  parais- 
sent à  l'œil  nu  que  comme  des  taches  de  moisissure.  »  A  la  pi.  14 

(1)  Carter  H.-J,  On  the  identîty  in  structure  and  composition  of  the  so-called 
Seed-like  Body  of  Spongilla  with  tiie  Winter-egg  of  tlie  Bryozoa;  and  tlic  présence 
of  Starch-granules  in  each.  (In  Aimais  and  Magazine  of  Nat.  Hist.,  3=  série  vol. 
III,  1859,  p.  338,  pi.  8  fig.  8-15). 

(2)  Insecten  Belmtigung  (1755;.  Der  Kleinere  FedorlMisch  Polyp  mit  den  ballen- 
fôrmigen  Kui-per,  t.  III,  p.  559,  pi.  xci. 


70 


J.    JULLIEN 


il  eu  donne  les  branchies  (1);  mais  Cuvier  ne  le  connaissait  pas 
autrement  que  par  les  dessins  de  l'auteur  allemand.  Dans  la 
deuxième  édition  de  son  Règne  animal  (2),  il  modifie  sa  descrip- 
tion que  voici  :  «  Les  Cristatelles  ont  sur  la  bouche  une  double  rangée 
de  nombreux  tentacules,  courbée  en  demi-lune,  faisant  un  panache  de 
cette  figure  et  attirant,  par  leur  tnouvement  régulier,  les  molécules  nu- 
tritives. Ces  bouches  sont  portées  sur  des  cols  courts  attachés  à  un  corps 
gélatineikc  commun  qui  se  transporte  comme  des  Hydres,  on  trouve  ces 
animaux  dans  nos  eaux  dormantes.  A  Vœil  nu  ils  ne  paraissent  que  de 
petites  taches  de  moisissure.  »  On  voit  que,  même  en  1830,  Cuvier 
n'avait  point  vu  la  Gristatelle  dont  il  faisait  à  juste  titre  un  excel- 
lent genre. 

S'il  en  a  été  du  Kleinere  Federbusch  Polyp  de  Rôsel,  comme  du 
Polype  à  panache  de  Trembley,  c'est  que  la  découverte  de  ces 
deux  animaux  est  accidentelle  et  difficile,  et  que  les  naturalistes 
ne  les  retrouvant  pas,  ne  purent  croire  à  leur  existence  et  con- 
fondirent ces  animaux  avec  la  Plumatclla  repens  dont  toutes  les 
formes  sont  excessivement  abondantes  et  faciles  à  se  procurer. 

Cristatella  mucedo  J.  Cuvier,  1798. 
Fig.  217  à  224. 


Zoarium  ovale,  convexe  en  dessus,  aplati  en  dessous,  d'un 
jaune  terne  ou  terre  de  Sienne,  dont  les  plus  grands  spécimens 
atteignent  cinquante  millimètres  de  long  sur  treize  de   large, 


Fig.  217. 


Fig.  218. 


Fig.  219. 


Fig.  224. 


d'autant  plus  mobile  qu'il  est  plus  jeune  et  pouvant  atteindre  une 
vitesse  de  plusieurs  pouces  par  jour;  zoœcies  formant  trois  séries 


(1)  Tableau  élément,  de  l'Hixt.  naturelle  des  Animaux  (an  VI,  1798),  p.  G56,  pi.  xiv. 

(2)  Ri'gne  animal,  2»  Mit.,  1H30,  III,  p.  29(;. 


JrfOMOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAIi    DOUCE 


71 


régulières  concentriques,  alternes  et  marginales,  sur  la  face  supé- 
rieure; les  Polypides  portent  de  trente-deux  à  quatre-vingts  tenta- 
cules, ils  ont  la  même  couleur  que  le  zoarium,  sauf  l'intestin  qui 
est  d'un  bleu-verdâtre  pâle  quand  il  est  bien  nourri.  La  face  infé- 
rieure porte  en  son  milieu  un  disque  ovale,  contractile,  de  forme 
très  changeante  qui  sert  de  moyen  de  locomotion.  Des  bords  du 
disque  s'étend  extérieurement  une  surface  aplatie,  dépassant  les 
séries  externes  des  orifices,  sous  la  forme  d'une  marge;  cette 
marge  est  occupée  intérieurement  par  une  série  de  cellules  ou 
chambres  tubuleuses,  visibles  à  travers  la  peau  transparente,  qui 
s'étendent  en  rayonnant  de  ce  disque  au  dehors,  mais  ne  possè- 
dent aucune  ouverture.  Statohlastes  arrondis,  lenticulaires,  bordés 
d'un  anneau  sur  les  bords  duquel  naissent  de  chaque  côté  des 
épines  cornées,  dirigées  vers  le  bord  du  statoblaste  qu'elles  sui- 


Fig.  220. 


Fig.  221. 


Fig.  222. 


vent  jusqu'au  bord  libre,  les  plus  longues  se  redressent  brusque- 
ment en  dehors,  elles  se  terminent  toutes  par  des  grappins  simples 
ou  multiples  ;  il  y  a  environ  vingt-deux  épines  d'un  côté  et  douze 
de  l'autre,  elles  sont  plus  longues  du  côté  où  elles  abondent;  la 
couleur  des  statohlastes  mûrs  et  en  liberté  est  d'un  rouge  brun 
foncé.  Ils  ont  environ  0'^"^769  de  diamètre. 

Synonymie  : 


Der  Kleiner  Federbusch  Polyp  Rosel. 
La  seconde  sorte  de  Polypes  à  bouquets 

Ledermuller. 
Cristatella  mucedo   G.   Cuvier,   Turpin, 


P.   Gervais,  Thompson,  Allman,    Van 

Beneden,  Reinhard. 
Cristatella  vagans  Lamarck,    Goldfuss, 

de  Blainville,  Lamouroux,  Schweiger. 
Cristatella  mirabilis  Dalyell. 


Habitat.  Elle  habite  les  lacs,  les  étangs  et  les  fossés  d'eau  lim- 
pide, où  elle  rampe  à  la  surface  supérieure  des  pierres  immergées 


72 


J.    JULLIEN 


et  des  tiges  de  plantes  aquatiques,  surtout  au  soleil.   Elle  paraît 
être  annuelle. 

Localités  :  Cette  Cristatelle  est  commune  aux  environs  de  Paris; 
P.  Gervais  l'a  trouvée  adulte  dans  l'étang  du  Plessis-Piquet,  il  en 
a  découvert  les  statoblastes  dans  le  canal  de  l'Ourcq  en  1836,  en 
plein  Paris  ;  Allman  l'a  rencontrée  à  Fontainebleau  dans  le  grand 
étang;  moi  je  l'ai  constatée  à  l'état  de  statoblastes  dans  les  fossés 
qui  suivent  l'étang  du  Perray  près  Rambouillet  en  Juillet  1884, 
il  y  en  avait  d'éclos  et  d'entiers  que  j'ai  mis  tout  de  suite  dans 
l'alcool,  j'en  ai  encore  trouvé  le  même  jour  dans  l'étang  de  Saint- 
Quentin,  près  de  l'École  militaire  de  Saint-Gyr,  mais  malgré  tout, 
j'avoue  n'avoir  pu  me  procurer  les  colonies  que  je  désirais. 


Fig.  223. 

On  la  rencontre  en  Europe  depuis  la  France  et  l'Angleterre 
jusqu'aux  environs  de  Karkow  en  Russie,  dans  les  grands  lacs  de 
la  Suisse  et  dans  tous  les  cours  d'eau. 

J.-G.  Dalyell  (l  j  est  le  premier  observateur  qui  a  vu  la  Cristatelle 

(1)  Report  Brit.  Assoc,  1831.  p.  601;  et  Edimbourg,  new  Philosoph.  Journ.. 
vol.  XVIII,  p.  4U. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'eAU    DOUCE  73 

dans  un  complet  développement;  il  la  décrivit  en  1834  et  lui 
donna  le  nom  de  Cristatella  mirabilis,  tant  l'adulte  diffère  des 
jeunes  colonies  dessinées  par  Rôsel  et  Turpin.  C'est  en'Écosse 
que  Dalyell  fit  sa  découverte.  Les  dessins  qu'il  en  a  publiés  en 
1848  (l),  sont  absolument  mauvais  et  insuffisants;  les  tentacules 
sont  représentés  par  de  simples  traits  disposés  irrégulièrement  ne 
donnant  aucune  idée  de  ces  animaux. 

Les  meilleurs  dessins  qu'on  en  connaisse  sont  ceux  de  Rôsel  et 
de  Turpin  pour  les  jeunes  colonies,  et  ceux  d'Allman  pour  l'adulte. 

Le  nombre  des  tentacules  paraît  être  aussi  très  variable;  si  on 
compte  leur  nombre  sur  les  dessins  des  auteurs,  on  trouve  que 
Rôsel  en  a  dessiné  32,  33,  40  et  43  à  ses  Polypides  ;  P.  Gervais  en 
donne  60,  ainsi  que  Johnston  et  van  Beneden.  Allman  les  porte  à 
80  et  Dalyell  à  une  centaine.  Mais  je  crois  que  ces  auteurs  ont  eu 
tort  de  ne  pas  compter  ces  organes  sur  un  certain  nombre  de 
colonies,  ils  auraient  constaté  certainement  des  différences, 
comme  cela  m'est  arrivé  pour  les  Plumatelles. 

C'est  des  statoblastes  que  lui  avait  donné  P.  Gervais,  que  Tur- 
pin s'est  procuré  les  animaux  qu'il  a  dessinés,  et  dont  l'image  a 
été  reproduite  dans  quantités  délivres  élémentaires.  Cependant 
cette  figure  est  ti'ès  inexacte  pour  les  lophophores. 

Il  est  très  facile  de  se  procurer  les  statoblastes  de  cette  espèce 
à  l'état  isolé.  Pour  cela  on  agite  un  instant  dans  l'eau  des  fossés 
ou  des  étangs  un  salabre  en  toile  qu'on  lave  bien  ensuite  en  le 
retournant  plusieurs  fois,  pour  qu'il  n'y  reste  rien,  ni  boue  ni 
corps  étrangers,  alors  on  aperçoit  sur  la-  toile  de  petits  points 
noirs  arrondis  ;  ce  sont  les  statoblastes  en  question  qui  sont  restés 
accrochés  par  leurs  griffes,  par  leurs  grappins  et  qu'on  enlève 
facilement  avec  une  petite  pince  ou  avec  une  épingle. 

Cristatella  Idœ  Leidy,  1859. 

Zoarium  ovale,  aplati,  d'un  jaune  blanchâtre  transparent,  pas- 
sant au  jaune  d'ambre,  d'environ  2.^"""  cà  ^"'"'  de  long,  sur  4'""'5  cà 
6"""33  de  large,  pouvant  se  déplacer  de  2d  à  26  millimètres  par 
jour.  Zoœcîes  disposées  sur  trois  rangs  autour  du  zoarium  ;  chaque 
polypide  portant  soixante-douze  tentacules  environ  sur  le  lopho- 
phore.  Statoblastes  biconvexes,  lenticulaires  et  arrondis,  avec  un 

(I)  Rare  and  Rnn'irkihle  Aniiwih  of  Sritland,    18i8,  vol.    (T,  p.  87.    pi.  xxvii 
et  xxvui. 

6 


74  ■!•    JULLIEN 

anneau  marginal  et  discoïde  un  peu  plus  large  d'un  côté  que  de 
l'autre.  Des  bords  internes  de  l'anneau  partent  environ  soixante- 
dix  appendices  en  forme  d'ancre,  dont  cinquante  d'un  côté  for- 
mant deux  séries  géniculées  sur  le  bord  extérieur  de  l'anneau, 
les  vingt  autres  sont  plus  courts  et  divergent  du  côté  opposé. 
Le  diamètre  des  statoblastes  est  de  l"'"4o2  ou  1/2  ligne  sans  les 
ancres. 

Syn.  Cristatella  Idœ  Leidy,  Hyatt,  Potts. 

Habitat.  Eaux  dormantes  des  États-Unis. 

Trouvée  à  Newport  (Rhode-Island)  et  Philadelphie. 

Voici  ce  qu'en  a  dit  Leidy  (1)  à  l'Académie  des  Sciences  natu- 
rrelle  de  Philadelphie  : 

«  Le  Docteur  Leidy  fait  observer,  ([ue  pendant  les  quelques 
semaines  qu'il  a  passées  l'été  dernier  en  compagnie  de  M.  Bridge 
chez  M.  Powel  à  Newport,  Rhode-Island,  ils  ont  examiné  ensem- 
ble les  ruisseaux  et  les  étangs  d'eau  douce  des  environs  pour  y 
trouver  des  Bryozoaires.  Ils  ont  eu  la  bonne  fortune  de  découvrir 
une  nouvelle  espèce  de  Cristatella;  c'est  la  première  espèce  de  ce 
genre  découverte  en  Amérique.  La  localité  de  ce  Bryozoaire  est 
Lily-Pond  (étang  des  Nénuphars),  près  Newport,  dans  lequel  on 
le  trouve  très  abondamment,  à  la  face  inférieure  des  pierres  qui 
forment  les  bords  de  cet  étang. 

»  Pendant  le  mois  d'août,  cette  Gristatelle  forme  des  masses 
aplaties,  elliptiques,  d'environ  25'""'4  de  long  sur  4™'"5  de  large, 
et  sont  d'un  jaune  blanchâtre  transparent.  Environ  trois  rangs  de 
Polypes  entourent  les  masses.  Chaque  Polypide  porte  72  tenta- 
cules sur  ses  bras  en  fer  à  cheval  (lophophore),  tentacules  réunis 
à  leur  base  par  une  membrane  délicate  festonnée  et  aréolée. 

»  Les  colonies  de  Cristatella  placées  dans  un  vase  d'eau,  s'y 
sont  déplacées  de  23  à  26  millimètres  en  vingt-quatre  heures. 

»  Les  œufs  ou  statoblastes  étaient  imparfaitement  développés 
pendant  mon  séjour  à  Newport.  Dans  le  présent  mois,  M.  Powel 
m'a  envoyé  de  beaux  spécimens  accompagnés  d'une  note  où  il 
me  dit  :  «  J'ai  fait  une  expédition  cà  Lily-Pond,  et  je  me  suis  pro- 
curé un  grand  nombre  de  Cristatella  avec  des  œufs.  J'ai  trouvé 
sur  une  seule  pierre  cinquante-quatre  colonies  séparées,  dont 
une,  de  44"""45  de  long  sur  6"^"'3o  de  large,  était  d'une  belle  cou- 
leur d'ambre,  et  contenait  des  œufs  à  différents  degrés  de  déve- 
loppement. » 

(1)  Pronot'dings  of  tho  Arndoniy  nf  nainral  Sniencps  of  Pliilndolphin.  2  nov.  18.59. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'eAU    DOUCE  75 

»  Ces  œufs  sont  les  plus  grands  que  j'aie  vu  chez  les  Bryozoaires. 
Ils  sont  biconvexes,  lenticulaires  et  circulaires,  avec  un  anneau 
marginal  et  discoïdal  un  peu  plus  large  d'un  côté  que  de  l'autre. 
Des  bords  internes  de  l'anneau  partent  environ  soixante-dix  ap- 
pendices en  forme  d'ancre  dont  cinquante  d'un  côté,  formant 
deux  séries  géniculées  sur  le  bord  extérieur  de  l'anneau;  les  vingt 
qui  restent  sont  plus  courts  et  divergent  du  côté  opposé.  La  lar- 
geur du  statoblaste  est  de  1'"™  152  sans  les  ancres.  Cette  espèce 
américaine  de  Crhtatella  est  respectueusement  dédiée  à  la  sœur 
de  M.  Powel  sous  le  nom  de  Cnstatella  Idœ. 

»  L'espèce  américaine  diffère  de  l'espèce  européenne  Cristatella 
mucedo  par  son  port  aussi  bien  que  par  différents  points  d'organi- 
sation. Le  Professeur  Allman,  dans  sa  remarquable  monographie 
sur  les  Bryozoaires,  dit  :  «  Tandis  que  le  plus  grand  nombre  des 
Bryozoaires  d'eau  douce  se  cachent  sous  les  pierres  ou  dans  des 
endroits  obscurs,  la  Cristatelle  aime  à  s'exposer  à  la  plus  brillante 
lumière  et  à  la  chaleur  du  soleil.  » 

»  Le  polype  de  la  C.  mucedo  a  environ  quatre-vingts  tentacules; 
et  l'intestin  est  d'un  bleu-verdàtre  pâle.  Celui  de  la  C.  Idœ  porte  à 
peu  près  72  tentacules  et  l'intestin  est  jaunâtre.  Les  œufs  ou  sta- 
toblastes  de  C.  viucedo  ont  environ  0'"'"769  de  diamètre;  ceux  de 
C.  Idœ  atteignent  à  peu  près  I'"'"128.  Les  statoblastes  de  C.  mucedo 
figurés  par  Allman  ont  les  ancres  sigmoïdes;  celles  de  la  dernière 
espèce  ont  un  double  crochet.  » 

Quelques  années  après,  en  1879,  Leidy  retrouva  à  Philadelphie 
même,  son  espèce  de  PJiode  Island.  Je  traduis  encore  le  texte  des 
Proceedings  (1)  :  «  Le  Professeur  Leidy  raconte  qu'il  y  a  quelques 
jours  (30  septembre)  en  se  promenant  dans  le  parc  avec  sa  petite- 
lîlle,  elle  appela  son  attention  sur  ce  qu'elle  prenait  pour  un 
grand  nombre  de  chenilles  au  fond  du  ruisseau.  Or  ces  chenilles 
n'étaient  autre  chose  qu'une  accumulation  extraordinaire  de  Cris- 
tatella Idœ.  Cette  espèce  de  Bryozoaire  ou  de  Polype  cilié  d'eau 
douce,  a  été  découverte  à  Newport,  R.  IsL,  il  y  a  vingt  ans  envi- 
ron, et  décrite  dans  les  Proceedings  de  cette  Académie  (1858-59). 
M.  Leidy  l'a  cherchée  bien  des  fois  aux  environs  de  Philadelphie 
et  ne  l'avait  pas  encore  rencontrée.  » 

Le  développement  de  la  Cristatelle  dans  la  locaUté  indiquée  est 
très  remarquable  et  merveilleux  par  son  étendue.  Des  milliers  de 

il)  On  Crùtalella  Id'V.  Proceedings  of  the  Acadeiiiy  of  Nat.  S(;.  of  Philadelphia. 
p.  203,  1879. 


76  -I.    .IULLIEN 

groupes  verraiculaires  couvraient  le  fond  du  ruisseau  sur  environ 
trente  pieds  (9'"141)  de  longueur,  avec  une  largeur  d'un  yard 
(0"'914)  et  finissaient  en  se  rétrécissant  à  une  largeur  d'un  pied 
(0'"3048).  Ils  couvraient  toutes  les  pierres  et  les  plantes  submer- 
gées, et,  si  serrés  qu'ils  s'entrelaçaient  les  uns  avec  les  autres, 
laissant  seulement  d'étroits  intervalles,  sans  espaces  pour  le 
mouvement,  si  ce  n'est  par  leur  mutuel  déplacement.  Les  groupes 
étaient  tous  attachés  à  une  membrane  basilaire  commune,  de 
laquelle  cependant,  ils  étaient  susceptibles  de  se  séparer  eux- 
mêmes.  Un  grand  lambeau  de  la  membrane,  couvert  de  groupes 
de  Cristatella  ayant  été  placé  dans  un  vase  avec  de  l'eau,  on  vit 
deux  jours  après  que  la  plupart  des  groupes  s'étaient  répandus 
vers  le  fond  et  sur  les  côtés  du  vase.  La  membrane  basilaire  est 
de  couleur  ambrée  homogène  et  obscurément  granuleuse.  Un  lam- 
beau de  celle-ci  de  dix  centimètres  de  long  sur  cinq  de  large, 
entièrement  couvert  de  groupes  de  ce  Polype,  conservé  dans 
l'alcool  est  offert  pour  le  Musée. 

Il  est  certain  que  pendant  le  développement  et  la  croissance 
des  groupes  de  Gristatelle,  ils  se  séparent  de  temps  en  temps  en 
plus  petits  groupes,  ne  conservant  leur  connexion  que  par  la  mem- 
brane basilaire  qui  paraît  avoir  un  caractère  excrémentitiel. 

La  membrane  basilaire  de  la  Gristatelle  était  rendue  encore 
plus  intéressante,  par  cette  circonstance  que  dans  les  intervalles 
séparant  les  groupes  de  Polypes,  elle  portait  une  multitude  de 
Difflugia  corona. 

Dans  cette  saison  (fin  septembre),  les  groupes  de  Gristatelle 
sont  remplis  de  statoblastes  ou  œufs  d'hiver,  à  toutes  les  époques 
de  développement.  Les  statoblastes  mûrs  portant  l'anneau,  mais 
sans  les  épines  marginales  en  forme  d'ancre,  mesurent  de  1"""2d 
à  l'"'"225  de  diamètre.  Sur  quinze  spécimens,  sept  mesuraient 
|mm2  de  large.  Le  nombre  des  épines  en  forme  d'ancre,  varie  de 
60  à  70  ;  mais  dans  quelques  exemplaires  on  en  trouve  pour  le 
moins  53  et  au  plus  74.  Par  la  taille,  aussi  bien  que  par  le  nombre 
des  épines,  ils  ditïèrent  considérablement  de  ceux  des  Cristatella 
mucedo  et  ophidio'idea. 

Les  Polypides  de  la  Cristatella  Idœ,  bien  étendus,  ont  environ 
3""^  de  longueur,  et  leurs  bras  supportent  à  peu  près  quatre-vingts 
tentacules.  L'estomac  est  brun  chocolat,  quelquefois  jaune  pâle 
ou  brun-verdàtre.  » 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


77 


Cristatella  ophidioïdea  Hyatt,  1868. 


Fig.  225  à  236. 


Zoarium  arrondi  dans  le  jeune  âge,  atteignant  plus  tard  une 
forme  de  ruban  longue  de  vingt  centimètres  et  large  de  quatre  à 
vingt-cinq  millimètres  avec  une  épaisseur  de  trois  millimètres  ; 
un  petit  zoarium  de  vingt-cinq  millimètres  peut  ramper  de  toute 


tzf 


Fig.  226. 

sa  longueur  en  vingt-quatre  heures.  Zoœcies  disposées  sur  quatre 
à  huit  rangs  concentriques,  leurs  Polypides  ont  environ  quatre- 
vingt-dix  tentacules.  Statohlastes  peu  abondants,  orbiculaires,  et 
garnis  sur  les  bords  de  l'anneau  de  cinquante-deux  à  cinquante- 
neuf  spinules  dont  trente-deux  ou  trente-sept  longues  et  vingt  à 
vingt-deux  courtes,  leurs  pointes  sont  ornées  de  petites  dents 
crochues,  faisant  de  une  à  six  pointes  à  chaque  extrémité.  Ils  ont 
de  0""'^800  à  0'"'"830  de  diamètre. 


78 


.1.    JULLIEN 


Syn.  Cristatella  ophidio'idea  Hyatt,  Leidy,  Potts. 
Habitat.  Environs  do  Salem  (États-Unis). 


Fis.  227. 


Fig.  228. 


C'est  en  1868  que  Hyatt  a  publié  la  description  et  les  figures 
de  cette  magnifique  espèce  dont  la  taille  atteint  de  surprenantes 

dimensions.  Voici  la  traduction 
de  son  texte  (1)  :  «  Gœnœcium 
arrondis  dans  le  jeune  âge.  mais 
dans  les  colonies  adultes,  il  at- 
teint aisément  environ  vingt 
centimètres  de  long  sur  quatre 
à  vingt-cinq  millimètres  de  large  ;  un  exemplaire  de  cette  taille 
affecte  toujours   une  forme  sinueuse;   les  plus  petits  cœnœcia 


Fi".  230. 


Fis;.  231. 


Fig.  2.32. 


sont  quelquefois  en  ligne  droite,  et  une  colonie  d'une  longueur  de 


(1)  Observalionn  on  Polyzoa  subordcr  J'hylactolœmata.   Communications  of  the 
Esscx  Institut,  186S.  V,  p.  229;  fii;.  21.  vol.  IV.  pi.  xiii  ot  xiv. 


MONOGRAPHIE   DES   BRYOZOAIRES   D  EAU   DOUCE 


79 


vingt-cinq  millimètres  rampera  de  sa  propre  longueur  en  vingt- 
quatre  heures. 

»  Les  Polypides  adultes  sont  sur  deux  rangs,  les  tentacules  du 
troisième  rang  ne  sont  pas  bien  développés  à  l'extrémité  des  bras, 
et  jusqu'au  dehors,  tous  les  âges  de  croissance  sont  représentés 
par  des  lignes  de  bourgeons  et  de  jeunes  Polypides  variant  de 
deux  à  cinq. 

»  Le  lophophore  est  aussi  long  que  le  tube  périgastrique,  quand 
il  est  bien  étendu  et  porte  quatre-vingt-dix  tentacules. 

»  Les  statoblastes  sont  orbiculaires  et  frangés  de  vingt  à  vingt- 


Fig.  231. 


Fig.  235. 


Fig.  236. 


deux  épines  courtes  et  de  trente-deux  à  trente-sept  épines  lon- 
gues, aux  pointes  fourchues,  déterminant  de  une  à  six  pointes  à 
chaque  extrémité.  Les  diamètres  varient  de  0™™8  à  0"'"'83. 

»  Cette  espèce  a  été  trouvée  sous  la  forme  de  nodosités  et  de 
lames  supportées  par  un  extocyste  commun  comme  dans  la  Pec- 
tinatella  magnifica.  Elle  forme  une  même  feuille  peut-être  en 
vastes  établissements  de  trois  millimètres  d'épaisseur. 

»  Les  statoblastes  sont  peu  nombreux  et  diffèrent  tout  à  fait  de 
ceux  figurés  par  le  professeur  Allman  pour  la  Cristatella  mucedo. 
Le  bord  externe  de  l'anneau  est  entier  et  non  découpé  comme 
dans  cette  dernière,  l'enveloppe  brune  du  statoblaste  est  lisse 
au  lieu  d'être  recouverte  de  petites  bosses  comme  dans  la  C.  mu- 
cedo; le  bord  du  statoblaste  de  notre  espèce,  vu  de  profil,  est  aussi 
beaucoup  moins  symétrique. 

»  La  Cristatella  Idœ  décrite  par  Leidy  a  seulement  trente  milli- 
mètres de  long,  elle  ne  porte  que  soixante-douze  tentacules,  et  le  . 
statoblaste  est  chargé  de  soixante-dix  épines.  » 

Cristatella  lacustris  Potts,  1884. 
Fig.  237  et  238. 


Zoœcies  peu  saillantes,  éparses  à  la  surface  d\m  zoarium  vermi- 


80 


.T.    JULLIEN 


forme,  très  peu  adhérent,  d'une  longueur  d'environ  152'nm  dans 
les  plus  beaux  exemplaires,  plus  ou  moins  sinueux  ou  en  spirale, 
les  très  jeunes  zoaria  ayant  la  forme  d'un  soulier  où  les  zoœcies 
occupent  la  partie  la  plus  élevée.  Polypicles  plus  courts  que  les 
tentacules  du  lopliophore,  ces  derniers  varient  de  52  à  60,  il  y  en 
a  ordinairement  54.  Statohlastes  orbiculaires,  rouge-brun,  épais; 
anneau  marginal  arrondi,  entouré  par  une  double  série  de  grap- 
pins; leur  face  la  plus  grande  a  une  courbure"  régulière,  tandis 
que  la  plus  petite  a  une  convexité  plus  marquée  vers  le  centre. 

Habitat  :  Sur  les  bois  morts,  dans  les  lacs,  à  un  ou  deux  pieds 
de  profondeur. 

Localité  :  Lac  d'Harvey,  Luzerne,  États-Unis  d'Amérique. 

Cette  Cristatelle  est  en  efet  très  remarquable  par  sa  grande 
taille  et  par  la  forme  de  ses  statohlastes.  Mais  comme  le  profes- 


137 


seur  Potts,  je  trouve  que  ce  genre  n'a  pas  encore  été  assez 
étudié  au  point  de  vue  de  ses  formes,  pour  qu'on  puisse  à  présent 
affirmer  la  solidité  de  ses  différentes  espèces.  J'ai  maintenu  dans 
cette  monographie  toutes  les  espèces  décrites,  et  je  garde  à  leur 
égard  la  judicieuse  réserve  de  Potts. 

La  description  que  cet  auteur  en  donne  étant  pleine  d'intéres- 
santes remarques,  en  voici  la  traduction  : 

«  Je  (1)  désire  annoncer  la  découverte  que  je  fis  en  Automne 


(1)  On  a  siipposod  species  of  Cristatella  in  Procccd.  Acacl.  nat.  Se.  of  Philadolpliia, 
part  II,  May-OcU)l)er  1881.  p.  193,  i>l.  IV,  (igs.  1-2.  (Note  comniiini(iucc  Je  8  Juillet.) 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'EAU    DOUCE  81 

dernier,  dans  les  eaux  du  lac  d'Harvey,  Luzerne,  Go.  Pa.,  de 
grandes  colonies,  ou  en  langage  technique,  d'aggrégations  de 
colonies,  d'une  espèce  de  Cristatella.  offrant  plusieurs  particula- 
rités, lesquelles  semblent  la  distinguer  de  la  C.  mncedo  d'Europe, 
et  d'autres  formes  américaines  connues. 

»  Le  lac  d'Harvey  est  une  belle  nappe  d'eau  située  à  une  altitude 
d'environ  1200  pieds  (365'"748)  au-dessus  du  niveau  de  la  mer, 
parmi  des  collines  partiellement  boisées,  de  peu  de  hauteur.  Il 
affecte  grossièrement  la  forme  de  la  lettre  T.  Sa  plus  grande  lon- 
gueur est  d'environ  deux  milles  (Si^''  218™).  On  dit  sa  profondeur 
très  considérable  sur  la  plus  grande  partie  de  son  étendue,  elle 
augmente  rapidement  à  peu  de  distance  du  rivage. 

»  Les  premiers  groupes  de  cette  superbe  espèce  ont  été  trouvés 
sur  un  gros  tronc  d'arbre  plongeant  dans  l'eau  à  un  ou  deux  pieds 
de  la  surface. 

»  Les  colonies  y  apparaissent  comme  des  masses  vermiformes, 
éparses,  beaucoup  plus  longues  que  celle  de  Cristatella  Idœ  Leidy, 
et  rivalisent  presque  en  longueur  avec  la  Cristatella  ophidioïdea 
Hyalt,  Les  plus  longues  ont  environ  six  pouces  (152'"'"394).  De 
plus,  bien  qu'elles  suivent  parfois  les  lignes  sinueuses,  décrites 
par  ce  dernier  auteur,  comme  caractérisant  son  espèce,  elles 
suivent  le  plus  souvent  des  lignes  courbes,  isolées,  ou  continues 
comme  une  portion  de  la  lettre  0  ou  d'un  C  irrégulier.  Depuis, 
en  trois  ou  quatre  circonstances  ,  nous  avons  retrouvé  cette 
espèce  dans  de  nouvelles  localités. 

»  Les  extrémités  des  arbres  morts,  ou  des  grandes  branches, 
gisant  à  20  ou  30  pieds  (6  à  9'")  du  rivage,  et  s'étendant  sur  un  dia- 
mètre de  10  à  12  pieds  (3™  à  3'"65),  sont  couvertes  par  des  cen- 
taines ou  des  milliers  de  ces  colonies,  s'entrelaçant  et  entourant 
chaque  branche  et  chaque  ramuscule,  cependant  elles  adhèrent 
si  faiblement,  qu'elles  se  détachent  des  rameaux  par  douzaines, 
rien  qu'en  secouant  ceux-ci  dans  l'eau.  Quand  elles  pendent  tem- 
porairement par  une  extrémité,  elles  prennent  une  forme  spirale, 
étroitement  resserrées  sur  elles-mêmes.  Leur  ectocyste  gélatineux 
commun  a  presqu'une  ligne  d'épaisseur  (2'°ni2o6),  il  couvre  les 
branches,  autant  que  j'ai  pu  le  voir.  Sa  persistance,  sur  les  ra- 
meaux que  nous  avons  péchés,  est  fort  remarquable,  puisque, 
après  sept  mois  d'immersion  dans  l'eau,  il  est  encore  facilement 
reconnaissable.  Sous  le  microscope,  on  le  voit  formé  d'un  plexus 
de  lignes  délicates,  comme  un  mycélium  très  fin  qui  peut  bien 
avoir  maintenant  remplacé  la  structure  normale. 


82  .1.    .IULLIEiN 

»  La  loupe  de  l'auteur  était  d'un  pouvoir  trop  faible  pour  ré- 
véler aucun  caractère  distinctif  chez  les  individus  composant  ces 
colonies,  et  nous  ne  pouvons  rien  dire  de  leur  être  vivant  étudié 
au  microscope;  nous  avons  attendu  le  développement  de  quelques 
statoblastes  pour  déterminer  cette  espèce.  La  mort  d'un  certain 
nombre  de  colonies,  dans  la  vase  où  elles  avaient  été  placées, 
rendit,  pendant  l'hiver  dernier,  plusieurs  lavages  nécessaires 
pour  enlever  l'eau  de  macération  et  la  matière  corrompue. 
Dans  ces  circonstances,  les  statoblastes  ont  été  recueillis  sur  un 
tamis. 

»  L'hiver  passé,  avril  et  mai  arrivés,  voyant  que  rien  ne  germait, 
nous  étions  sur  le  point  de  tout  jeter,  quand  nous  avons  heureu- 
sement découvert  plusieurs  colonies  embryonaires,  attachées  aux 
parois  latérales  du  vase.  Elles  consistaient  en  un  ou  huit  Poly- 
pides  et  offraient  une  particularité  constante. 

»  Le  cœnœcium  vu  latéralement  peut  être  comparé  à  un  soulier  ; 
les  cellules  cœnœciales  occupent  seulement,  plus  ou  moins,  la 
portion  élevée;  l'autre  extrémité  est  toujours  prolongée  en  ma- 
nière de  chaussure,  depuis  la  forme  actuelle  jusqu'à  celle  que  les 
Chinois  considèrent  depuis  des  siècles  comme  le  type  de  la 
beauté.  Cet  aspect  est  très  remarquable,  mais  comme  nous 
sommes  dans  l'impossibilité  de  comparer  ces  jeunes  colonies  avec 
celles  du  même  âge  des  autres  espèces,  j'hésite  à  les  déclarer 
d'une  nouvelle  espèce.  Dans  les  dernières  éclosions,  cet  aspect 
était  beaucoup  moins  saillant,  et  dans  les  stages  les  plus  avancés 
des  colonies  les  mieux  développées,  la  prolongation  n'a  plus 
de  physionomie  particulière. 

»  Une  ilole  contenait  une  quantité  de  statoblastes  que  nous  sup- 
posions avoir  perdu  leur  vitalité  par  suite  de  l'entassement.  Nous 
les  avons  lavés  sur  un  tamis  et  placés  dans  un  demi  gallon  d'eau 
(2'"2o0).  Environ,  dix  jours  après,  nous  avons  été  récompensé  en 
les  retrouvant  germes  par  groupes,  la  surface  de  l'eau  était  tache- 
tée par  de  petits  groupes  flottants  avec  leurs  disques  placés  supé- 
rieurement, les  têtes  des  Polypes  et  les  beaux  panaches  tentacu- 
laires  pendant  et  étendus  au-dessous. 

»  En  examinant  sous  le  microscope  quelques  statoblastes,  soli- 
dement tenus  ensemble  par  leurs  épines  marginales,  nous  les 
avons  trouvés  tous  dans  le  premier  état  de  leur  développement; 
cette  conservation  était  due  sans  doute  à  leurs  longues  cellules 
cornées  qui  ont  probablement  caché  le  principe  conservateur  à  la 
vie,  sous  l'enveloppe  chitineuse  de  leurs  valves,  d'où  il  a  été 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'eAU    DOUCE  83 

chassé  à  droite  et  à  gauche,  amenant  ainsi  le  jeune  animal  à  la 
nouvelle  phase  qu'il  doit  traverser. 

»  Les  statoblastes,  comme  dans  les  autres  espèces  de  ce  genre, 
sont  orbiculaires,  d'une  couleur  rouge  brune,  relativement  épais, 
avec  un  anneau  marginal  arrondi,  et  luie  double  série  de  crochets 
rétenteurs. 

»  Les  derniers  s'étendent,  d'une  ligne  membraneuse  circulaire, 
jusqu'auprès  de  la  circonférence  du  corps  chitineux,  à  l'un  des 
côtés  ;  ils  sont  réfléchis  sur  le  bord,  tandis  que  ceux  qui  appar- 
tiennent à  l'autre  côté,  se  recourbant  brusquement,  entourent 
une  partie  de  l'anneau  et  rayonnent  dans  le  plan  équatorial;  leur 
surface  est  rugueuse,  ou  finement  granuleuse.  11  y  a  peu  de  diffé- 
rence entre  les  diamètres,  ou  les  degrés  de  convexité  des  faces 
du  statoblaste,  si  ce  n'est  que  les  crochets  les  plus  longs  sont 
ordinairement  fixés  à  la  plus  grande  face,  dont  la  courbure  est 
régulière,  tandis  que  l'autre  face  a  une  convexité  plus  marquée 
vers  le  centre.  La  portion  chitineuse  est  composée  de  petites  cel- 
lules hexagones,  dont  les  surfaces  externes  paraissent  être  con- 
caves ou  déprimées,  mais  leurs  bords  sont  relevés  ça  et  là  vers 
leurs  angles  en  papilles  épineuses,  avec  les  sommets  arrondis, 
plus  nombreux  près  de  la  circonférence  du  statoblaste. 

»  Quand  le  développement  de  l'embryon  commence,  les  faces  ou 
valves  sont  forcées  sur  les  bords  où  elles  se  séparent  toujours  à 
la  même  place;  la  totalité  de  l'anneau  restant  fixée,  comme  il  a 
été  dit,  tandis  que  l'autre  se  détache  en  dessous  comme  une  boîte 
à  pilule  se  détache  de  son  couvercle.  Ce  fait  forme  un  contraste 
frappant  avec  la  façon  dont  les  valves  se  séparent  chez  la  Pecti- 
natella  comme  le  montre  le  diagramme  ci-joint,  fig.  212-213. 

»  Le  bord  arrondi  du  cœnœcium  demi-transparent  paraît  main- 
tenant, il  sort  lentement  lui-même  de  telle  sorte  qu'en  quelques 
heures,  le  premier  Polypide  projette  ses  tentacules  rudimentaires. 
Au  commencement,  et  pendant  plusieurs  jours,  le  cœnœcium  est 
presque  rempli  par  des  corpuscules  de  matière  vitelline,  opaques 
à  la  lumière  transmise,  et  jaunâtres  à  la  lumière  réfléchie;  ils 
sont  fréquemment  réunis  en  groupes  sphériques,  et  on  peut  en 
voir  accidentellement  un  ou  plusieurs  dans  le  courant  circula- 
toire, ou,  après  une  violente  révolution,  poussés  probablement 
par  des  cils  vibratils  à  l'intérieur  du  cœnœcium.  Ces  masses  gra- 
nuleuses adhèrent  à  l'estomac  et  aux  autres  organes  internes, 
obscurcissent  leurs  bords  et  rendent  presqu'impossible  la  décou- 
verte de  l'apparition  des  Polypides  secondaires;  ceux-ci,  cepen- 


84  J.    .lULLIEN 

dant,  suivent  plus  rapidement  le  premier  qu'on  ne  le  croit,  et  plu- 
sieurs tètes  apparaissent  avant  la  séparation  des  valves  des 
statoblastes. 

»  Les  tentacules  du  premier  Polypide  sont  généralement  beau- 
coup mieux  développés  que  ceux  des  suivants,  leur  taille  indique 
un  plus  grand  état  de  maturité.  L'effet  de  l'action  ciliaire  est  cer- 
tainement évidente  avant  la  maturité  des  tentacules,  mais  les  cils 
eux-mêmes  sont  petits  et  difficiles  à  définir.  Les  corps  granuleux, 
et  les  groupes  qui  obscurcissent  le  cœnœcium,  sont  résorbés  gra- 
duellement ou,  en  quelques  cas,  éliminés,  restant  en  dernier  lieu 
dans  la  projection  caudale  d'où  ils  disparaissent  enfin  entière- 
ment. 

»  Le  cœnœcium  entier  devient  alors  d'une  belle  transparence, 
qui  ne  permet  cependant  pas  de  voir  clairement  la  structure  des 
Polypides  ,  même  quand  ils  sont  rétractés,  mais  les  contours 
délicats  des  nombreux  muscles  rétracteurs  peuvent  être  réelle- 
ment tracés  depuis  leurs  connexions  avec  l'estomac  et  les  bran- 
chies jusqu'à  leur  insertion  sur  le  disque  ou  portion  postérieure 
de  l'endocyste.  Le  fait  que  l'insertion  de  ces  muscles  a  lieu  pres- 
qu'en  ligne  parallèles  ou  rayonnantes  sur  le  disque  du  cœnœ- 
cium peut  rendre  compte  du  terme  employé  par  les  écrivains  qui 
parlent  des  cellules  du  cœnœcium  ;  mais  il  n'y  a  pas  ici  de  parois 
cellulaires,  et  quand  ils  sont  entièrement  rétractés,  les  estomacs 
des  Polypides  passent  à  travers  les  lignes  des  filaments  muscu- 
laires et  reposent  partout  où  ils  peuvent  trouver  place.  Cette 
difficulté  de  trouver  place  pour  leurs  diverses  personnalités  est 
souvent  l'occasion  d'une  grande  gêne  pour  eux,  et  d'un  véritable 
amusement  pour  l'observateur,  lequel,  quand  une  colonie  est 
troublée,  verra  les  premiers  Polypides  se  retirer  avec  l'apparence 
d'une  grande  facilité,  tandis  que  les  derniers  se  débattent  pour 
se  replier  eux-mêmes,  dans  un  lit  où  six  ou  huit  sont  déjà  cou- 
chés; les  poussées,  les  secousses  répétées  sont  nécessaires  avant 
qu'ils  puissent  finalement  se  cacher,  comme  ils  paraissent  le  dé- 
sirer en  tirant  ensemble  la  couverture  transparente  de  l'endocyste, 
au-dessus  de  leurs  têtes. 

»  Les  cellules  de  la  couche  externe  de  l'endocyste  sont  plus 
grandes  et  plus  profondes  dans  ce  genre  que  les  séries  corres- 
pondantes chez  la  Pectinatelle.  Dans  ces  deux  genres  elles  parais- 
sent être  du  même  caractère,  sur  toute  la  surface  du  cœnœcium; 
il  n'y  a  pas,  sur  la  surface  inférieure,  la  disposition  de  l'appareil 
locomoteur,  décrite  par  AUman,  pour  la  Cristatella  mucedo.  Dans 


MONOGRAPHIE    DES   BRYOZOAIRES    d'EAU    DOUCE  8o 

les  deux  genres  aussi,  avec  un  bon  éclairage,  et  sous  un  fort 
grossissement,  on  peut  découvrii'  les  lignes  délicates  du  tissu 
musculaire  transversales  et  longitudinales,  formant  les  troisième 
et  quatrième  couches  des  séries  du  professeur  Hyatt,  elles  sont 
visibles  aussi  sous  la  plus  mince  couche  cellulaire  du  Polype 
évaginé. 

))  On  admet  généralement  que  l'ectocyste  qui,  chez  la  Pectina- 
telle  forme  une  masse  de  matières  gélatinoïdes  s'épaississant  cons- 
tamment, se  trouve  dans  ce  genre  rejeté  au-dehors,  comme  une 
fugitive  tunique,  ou  plus  souvent  comme  une  couche  inerte  qui 
supporte  les  colonies,  et  sur  laquelle  leur  locomotion  s'effectue. 
Lorsque  dans  mon  aquarium  les  jeunes  colonies  se  sont  débar- 
rassées des  statoblastes  flottants,  elles  restent,  comme  nous  l'avons 
déjà  dit,  avec  leur  disque  à  la  surface  de  l'eau,  une  membrane 
délicate  et  invisible  s'étend  sur  cette  surface,  réunissant  les  co- 
lonies voisines  et  formant  une  base  de  support,  sur  laquelle  elle 
ne  paraissent  pas  se  mouvoir  volontairement.  A  l'état  normal 
dans  un  cours  d'eau  ou  un  étang,  le  vent,  les  courants  les  pous- 
sent bientôt  vers  quelqu'objet  solide  sur  lequel  ils  se  fixent,  et 
qu'ils  habitent.  Nous  l'avons  déjà  dit,  aucune  aptitude  spéciale 
n'existe  pour  faciliter  la  locomotion  de  ces  colonies,  et  comme 
sous  ce  rapport  leur  puissance  est  inappréciable,  l'auteur  hésite 
à  décider  si  elle  est  exercée  volontairement  et  avec  raisonnement, 
ou  bien  si  elle  est  le  résultat  accidentel  des  contractions  et  des 
expensions  fréquentes  des  muscles  rétracteurs,  troublant  la  posi- 
tion des  diverses  parties  du  disque.  Ceci  nous  paraît  plus  plau- 
sible, n'ayant  pu  trouver  chez  cette  espèce  aucune  méthode  de 
préhension  dans  les  colonies,  mais  seulement  une  cohésion  géla- 
tineuse ou  visqueuse  à  l'ectocyste. 

»  A  maturité,  dans  cette  espèce,  l'évagination  du  Polypide  est 
complète;  elle  ne  laisse  non  seulement  aucun  ph'  invaginé,  mais 
elle  montre  la  totalité  du  système  digestif  du  Polype  à  une  cer- 
taine distaoce  au-delà  de  la  surface  du  cœnœcium.  La  longueur 
totale  de  l'appareil  digestif  est  plutôt  moindre  que  celle  des  bras 
du  lophophore,  environ  égale  à  celle  des  tentacules  externes.  Ces 
derniers,  moins  nombreux  que  dans  aucune  espèce  déjà  décrite, 
varient  de  50  à  60.  Dans  la  plus  grande  majorité  des  têtes  de  Po- 
lypes examinés,  le  nombre  des  tentacules  était  de  54,  moins  fré- 
quemment il  y  en  avait  56,  58  et  60  ;  je  n'ai  trouvé  ce  dernier 
nombre  qu'une  seule  fois.  D'un  autre  côté  les  grappins  des  stato- 
blastes sont  plus  nombreux  que  dans  CristatcUa  opliidio'idea,  à  peu 


biG  J-    JULLIEN 

près  les  mêmes  que  dans  les  autres  espèces.  Jusqu'à  présent,  ce 
genre  comprend  trois  espèces,  Cristatella  mucedo  G.  Cuvier,  Eu- 
rope, Cristatdla  Idœ  Leidy  et  Cristatella  ophidio'idea  Hyatt,  qui  sont 
américaines.  Les  différences  qui  les  séparent  ne  sont  pas  consi- 
dérables et  il  est  permis  de  se  demander  si  toutes  ne  pourraient 
pas  être  réunies  sous  le  premier  titre.  Dans  la  situation  actuelle 
on  peut  voir  que  l'espèce  nouvellement  découverte  est  au  moins 
aussi  nettement  différente  des  anciennes,  que  celles-ci  le  sont 
les  unes  des  autres.  C'est  à  cause  décela  que  je  la  nommerai 
provisoirement  Cristatella  lacustris.  » 

2e  S.-class.  BRYOZOAIRES  INFUNDIBULÉS, 

Bryozoaires  dont  la  couronne  branchiale  forme  une  cloche  ré- 
gulière. 

V<^  Fam.  Paludicellidées  Allman,  1885. 

Zoœcics  cornées,  lagéniformes,  à  orifice  tubuleux  se  dressant  à 
angle  droit  sur  la  portion  rampante  ;  le  Polypide  possède  deux 
funicules  gastriques  dont  le  supérieur  aboutit  à  l'ovaire  et  l'infé- 
rieur au  testicule. 

Allman  a  donné  cette  famille  sans  la  définir  ;  elle  ne  renferme 
encore  qu'un  seul  genre. 

Parmi  les  autres  Bryozoaires  infundibulés,  cette  famille  doit  se 
placer  à  la  suite  de  celle  des  Valkeridœ,  dont  elle  diffère  par  son 
double  funicule,  et  par  l'absence  des  soies  à  l'orifice. 


Genre  PALUDICELLA  P.  Gervais,  1836. 

Zoœcies  naissant  bout  à  bout,  et  encore  bourgeonnant  latérale- 
ment. 

Synonymie  : 

Alcyo7iella  Ehrenberg,  Norman.  |       Allmaa,  Thompson,  Johnston,  Hancock. 

Pahidicella  P.   Gervais,  Van   Bencdon,    |       Leidy,  Potts. 

Paludicella  Ehrenhergi  Van  Beneden  1848, 
Fig.  239  à  243. 

Zoœcies  disposées  bout  à  bout,  avec  un  processus   anastomo- 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


87 


tique  à  la  région  inférieure  de  la  grosse  extrémité,  séparées 
de  l'autre  par  des  cloisons  complètes  ;  orifice  tubuleux  sit 
avant  de  la  portion  renflée,  et  lais- 
sant sortir  un  Polypide  pourvu  d'une 
cloche  régulière  de  seize  tentacules  ; 
ces  zoœcies  forment  des  zoaria  li- 
néaires, d'un  brun  plus  ou  moins 
foncé,  ramifiés,  rampants  et  portant 
des  branches  nombreuses  disposées 
en  petits  buissons.  Reproduction  par 
œufs,  statoblastes  (?),  bourgeonnement  et  hybernacles. 

Synonymie  : 


l'une 
ué  en 


i  i) 


Alcyonella  arlictdaia  Ehrenberg,  1831. 
Alcyonella  diaphana  Nordniann. 
Paludicella  articula  P.  Gervais,  Allman, 
Thompson,  Johnston. 


Paludicella    Ehrenbergi    Van   Bcneden 

Allman,  Parfitt. 
Paludicella  procumbens  Hancock. 
Paludicella  clongata  Leidy. 


Localités  :  Sur  les  corps  immergés  et  fixes,  dans  les  eaux  dor- 
mantes ou  d'un  cours  peu  rapide,  elle  est  lucifuge. 

Européenne  et  Américaine,  on  la 
trouve  en  France  aux  environs  de 
Paris  ;  P.  Gervais  l'a  rencontrée  dans 
l'étang  du  Plessis-Piquet;  je  l'ai  pê- 
chée  abondamment  dans  le  lac  d'En- 
ghein  en  1882  avec  la  Plumatella  repens 
et  la  Fredericella  sultana,  mais  je  ne 
l'ai  pas  trouvée  en  Bourgogne  dans 
les  montagnes  du  Charollais.  Elle 
existe  encore  en  Angleterre,  en  Ir- 
lande, en  Ecosse,  en  Prusse,  en  Bel- 
gique ,  dans  les  grands  lacs  de  la 
Suisse  et  de  l'Italie  septentrionale,  on 
la  trouve  en  Russie  et  Leidy  l'a  dé- 
couverte aux  États-Unis,  où  il  l'a  dé- 
crite et  figurée  sous  le  nom  de  P. 
elongata. 

Cette  espèce  a  été  découverte  par  Ehrenberg  aux  environs  de 
Berlin,  en  1831,  il  en  donna  la  description  dans  Symholœ  physicœ, 
Dec.  I,  pol.  fol.  a.  Quelques  années  après  d'autres  naturalistes  la 
trouvèrent  également  sur  différents  points;  mais  P.  Gervais  en 


2Mo 


vÀi 


-f^î- 


88 


J.    JULLIEN 


fit  le  genre  Paludicella  qui  a  été  accepté  depuis.  Van  Beneden  a 
observé  qu'à  la  fin  de  l'automne,  on  voit  se  produire  à  la  place  où 


Fig.  yi^!. 


MO^^OGRAPHIE   DES    BRYOZOAIRES    d'eAU    DOUCE.  89 

se  forment  les  bourgeons,  c'est-à-dire  de  chaque  côté  de  l'orifice, 
un  hybernade  qui  conserve  l'espèce  pendant  l'hiver.  Les  hyber- 
nacles  de  Van  Beneden  se  montrent  au  commencement  de  l'hiver, 
ils  sont  semblables  aux  bourgeons  mais  pourvus  tout  autour  d'une 
membrane  solide.  Ils  n'ont  pas  cette  régularité  dans  le  volume 
et  la  forme  que  présentent  les  statoblastes  des  autres  genres,  ils 
sont  toujours  fortement  comprimés,  leur  contour  varie  et  les 
uns  sont  beaucoup  plus  allongés  que  les  autres.  L'extrémité  est 
toujours  terminée  en  tubercule  arrondi.  Ils  sont  d'un  noir  grisâtre, 
couleur  qui  contraste  avec  celle  du  zoarium.  Ils  se  composent 
d'une  enveloppe  assez  solide,  dans  l'intérieur  de  laquelle  on  voit 
des  globules  ou  cellules  semblables  aux  cellules  du  vitellus.  Cette 
enveloppe  se  divise  au  printemps  en  deux  valves  qui  se  séparent 
sur  le  bord  et  qui  forment  le  commencement  du  zoarium.  On  voit 
poindre  alors  le  Polypide  au  milieu,  et  souvent  on  trouve  encore 
en  Été  les  débris  de  l'hybernacle,  qui  font  connaître  le  point  do 
départ  du  pied polypiaire  (1). 

E.  Parfitt  (2)  prétend  avoir  découvert  les  statoblastes  de  la 
Paludicelle,  il  les  décrit  ainsi  :  «  Le  bord  forme  une  ellipse  très 
allongée,  la  cellule  est  très  petite  si  on  la  compare  avec  sa  très 
large  bordure,  plan-convexe;  la  cellule  est  rouge-brun,  l'anneau 
ou  la  bordure  d'un  pourpre-bleuâtre,  superbement  réticulée  et 
réfléchissant  les  couleurs  du  prisme.  Il  y  en  a  trois  dans  chaque 
cellule,  disposés  bout  à  bout  ». 

A  ces  différents  moyens  de  reproduction,  on  doit  ajouter  les 
œufs  véritables.  Ces  œufs  sont  produits  par  l'ovaire.  Ce  dernier 
organe  termine  le  funicule  supérieur  de  l'estomac,  tandis  que  le 
funicule  inférieur  aboutit  au  testicule.  Le  funicule  ovaire  a  été 
découvert  par  Allman;  j'en  ai  parfaitement  constaté  l'existence 
sur  mes  exemplaires  du  lac  d'Enghein. 

Les  touffes  de  Paludicelle  ressemblent  à  un  réseau  de  petites 
racines  rousses  embrouillées. 

Paludicella  erecta  Ed.  Potts,  1884. 
Zoœcies  disposées  pèlc-mèle,  plus  ou  moins  soudées  entre  elles, 

(1)  Duraortier  et  Van  Beiieden,  Histoire  nat.  dex  Polypes  composés  d'eau  douce. 
Méra.  Acad.  de  Bruxelles,  IX,  1850.  Tirage  à  part,  p.  51. 

(2)  E.  Parfitt,   On  tvjo  mw  Species  of  Frethwater  Po^yzaa.   Ann.  and  Magaz.  of 
nat.   Hist  ,  Ci),  XVIII,  1866,  p.  171. 

7 


90  ■'•    JULLIEN 

portant  leurs  orifices  à  l'extrémité  de  longs  tubes  toujours  libres, 
dépassant  2'"™  ;  elles  forment  des  zoaria  rampants,  que  les  orifices 
rendent  hérissés  comme  la  surface  d'une  coque  de  châtaigne; 
Polypides  pourvus  de  19  à  21  tentacules,  mais  plus  souvent  de 
20.  Reproduction  par  œufs  et  bourgeonnement. 

Habitat.  Rivières  et  ruisseaux  des  États-Unis,  Amérique  septen- 
trionale, sur  les  pierres. 

Localité.  Tacony  Creek,  comté  de  Montgomery  (Pensylvanie), 
>'et  dans  les  rivières  Delaware  et  Schuylkill  près  de  Philadelphie. 

Voici  la  traduction  de  la  note  lue  par  Potts  à  l'Académie  des 
Sciences  naturelles  de  Philadelphie  : 

«  M.  Edward  Potts  (l),  fait  une  communication  sur  sa  récente 
découverte  d'une  nouvelle  espèce  de  Paludicelle,  qu'il  nomme 
Paludicella  erecta. 

»  Ce  genre  de  Bryozoaires  d'eau  douce  ne  contient,  jusqu'à 
présent,  que  la  Paludicella  Ehrenbergi  Van  Beneden  {Alcyonella 
articulata  Ehrenberg)  ;  les  deux  autres  noms,  P.  procumbens  et 
P.  elongata,  donnés  par  Albany  Hancock  et  le  Prof.  Leidy  étant 
considérés,  par  Allman,  comme  identiques  au  type  original.  La 
forme  présente  est  absolument  différente  de  l'ancienne  par  le 
nombre  des  tentacules  ciliés  et  par  les  caractères  des  cellules 
cœnœciales.  Un  certain  doute  a  existé  dans  l'esprit  de  l'auteur 
sur  cette  espèce,  en  raison  de  la  détermination  difficile  des  septa 
caractéristiques  entre  les  cellules,  par  le  fait  de  leur  absence 
apparente,  absence  pour  laquelle  on  ne  doit  pas  établir  un  nou- 
veau genre. 

»  Elle  a  été,  d'abord,  découverte  à  Tacony  Creek,  dans  un  ruis- 
seau du  comté  de  Montgomery  (Pensylvanie),  k  environ  cinquante 
pieds  au  dessus  de  la  basse  mer  (Tide  water).  Quelques  jours 
après,  elle  a  été  aussi  recueillie  aux  limites  des  basses  eaux,  dans 
les  rivières  Delaware  et  Schuylkill  près  de  Philadelphie.  A  la  pre- 
mière localité,  elle  a  été  trouvée  en  abondance  dans  des  cavités 
parmi  les  rapides  du  courant,  couvrant  fréquemment  la  surface 
des  pierres,  à  une  profondeur  d'un  pied  au  plus,  sur  une  surface 
de  plusieurs  pouces  carrés.  Les  terminaisons  verticales  des  cel- 
lules cœnœciales  dans  les  parties  serrées  des  colonies,  ont  envi- 
ron une  ligne  de  hauteur  (2'""'224),  et,  s'étendant  très  pressées, 


(1)  E(J.  Potts,  On  Paludicella  erecta.  Proceedings  Acad.  nat.  Se.  Philadelphia, 
p.  213,  5  august  1881.  —  Ihid,,  in  Ann.  and  Magaz.  iiat.  Hist.,  (5),  XIV,  p.  4.37. 
UôccMiibro  1881.  (Miscell). 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'eAU    DOUCE  91 

peuvent  se  comparer  à  la  surface  d'une  coque  de  châtaigne.  Dans 
les  rivières,  on  la  trouve  pénétrant  les  masses  des  éponges  en- 
croûtantes, particulièrement  de  la  Meyenia  Leidyi. 

»  Ces  petits  tubes  droits  sont  les  prolongements  chitineux  de 
cellules  renflées  très  irrégulièrement,  adhérant  en  désordre  et 
serrées  au  support  de  la  colonie,  s'entrecroisantet  s'anastomosant 
d'une  façon  incompréhensible,  par  des  rhizomes  enchevêtrés, 
quelquefois  d'une  longueur  relativement  considérable. 

»  Ils  sont  le  plus  souvent  simples  et  terminaux,  parfois  ramifiés  ; 
ils  naissent  fréquemment  d'une  partie  latérale  quelconque  d'une 
cellule.  Les  prolongations  tubuleuses  sont  toujours  isolées;  le 
polype  invaginé  se  retirant  dans  la  partie  renflée  de  la  cellule. 

»  Dans  les  rhizomes  on  rencontre  quelquefois  les  septa  près  de 
l'anastomose  des  premiers  avec  la  portion  renflée  des  cellules. 
Les  extrémités  supérieures  des  cellules  qui  paraissent  avoir  été 
formées  les  dernières  sont  plus  allongées  que  celles  de  leurs  voi- 
sines plus  anciennes,  subclaviformes  ou  fusiformes  et  arrondies 
à  l'orifice.  Les  autres  sont  cylindriques  ou  légèrement  élargies  en 
bas,  et  plus  courtes  que  les  premières  à  cause  de  l'invagination 
de  la  portion  terminale  de  l'ectocyste.  11  en  résulte  une  apparence 
anguleuse  de  l'orifice,  ordinaire  dans  la  plus  vieille  espèce;  mais 
taudis  que  celle-ci  est  généralement  quadrangulaire,  la  nôtre 
a  fréquemment  cinq  pans  ou  plus.  Les  cellules  les  plus  jeunes 
sont  ordinairement  transparentes,  elles  brunisssent  avec  l'âge  et 
deviennent  quelquefois  encroûtées  de  particules  adhérentes,  amas- 
sées par  des  parasites  tels  que  Limnias,  Pyxicola,  etc. 

»  Les  Polypides  sont  craintifs,  mais  ne  redoutent  pas  la  lumière; 
quand  on  ne  les  trouble  pas,  ils  restent  longtemps  étalés  sous 
une  grande  clarté,  à  l'éclairage  microscopique.  On  voit  alors,  que 
le  lophophore  est  circulaire,  sans  épistome,  supportant  ordinai- 
rement vingt  tentacules,  prenant  la  forme  d'un  verre  à  bon  vin, 
quand  il  est  étalé.  (J'ai  compté  avec  doute  dix-neuf  et  vingt  et  un 
tentacules,  tandis  que  le  nombre  que  j'ai  indiqué  est  le  plus  fré- 
quent; la  P.  Ehrenbergi  est  universellement  considérée  comme 
n'en  portant  que  seize).  Une  particularité  des  tentacules  est  la 
présence,  sur  la  ligne  médiane  externe  de  chacun  d'eux,  de  séries 
peu  rapprochées  de  cils  vibratils,  contrastant  énormément  avec 
les  mouvements  rapides  des  autres  cils  qui  les  environnent. 

»  La  reproduction  par  œufs  de  ce  Polype  a  élé  obtenue,  et  les 
particularités  de  sa  structure  interne  sont  réservées  pour  une 
étude  prochaine.  Si  les  résultats   sont  satisfaisants,  nous  les  pu- 


92  .1.    .IULLIEN 


blierons  dans  une  autre  note.  L'observation  simultanée  de  cette 
espèce  dans  trois  localités  distinctes  et  son  abondance  dans  cha- 
cune, indique  qu'elle  est  probablement  commune;  il  est  surpre- 
nant qu'on  ne  l'ait  pas  encore  étudiée.  » 


2e  Fam.  Hislopidées  Mihi. 

Zoœcies  cornées,  aplaties,  plus  ou  moins  arrondies  sur  leurs 
bords  ;  paroi  latérale  épaisse  entourant  une  area  fermée  d'une  pel- 
licule mince  et  cornée.  Zoaria  ramifiés  ou  lamelleux,  mais  tou- 
jours rampants  et  fortement  adhérents  aux  corps  qui  les  suppor- 
tent. 

Cette  famille  renferme  mon  genre  Norodonia  (1)  et  le  genre  His- 
lopia  (2)  de  H.-J.  Carter.  C'est  par  erreur  que  j'avais,  tout  d'abord, 
pris  le  genre  Norodonia  pour  un  Chéilostomien,  l'orifice  zoœcial  de 
mes  exemplaires  avait  été  déformé  par  la  dessicationdu  zoarium. 
Cette  famille  est  établie  sur  des  espèces  toutes  Asiatiques  jusqu'à 
présent. 


Genre  NORODONIA  J.  Jullien,  1880. 

Zoœcies  cornées,  rampantes,  adhérant  fortement  aux  corps 
immergés,  naissant  les  imes  des  autres  au-dessous  du  sommet 
pour  former  des  séries  linéaires;  axe  primitif  du  zoarium  fournis- 
sant rapidement  des  axes  secondaires,  tertiaires,  etc.,  ils  appa- 
raissent au  niveau  du  tiers  supérieur  de  la  zoœcie,  tantôt  d'un 
seul  côté,  tantôt  sur  les  deux  ;  paroi  latérale  épaisse,  soutenant 
une  area  membraneuse  délicate  près  du  sommet  de  laquelle  se 
trouve  V orifice.  Polypides  inconnus. 

J'ai  dédié  ce  genre  à  S.  M.  Norodon  P"",  ex-roi  du  Cambodge,  en 
souvenir  de  sa  généreuse  assistance  pendant  ma  mission  de  187:} 
à  1874. 


(1)  Guide  du  Naturaliste,  2' année,  n"  5,  p.  112,  15  mars  1880,  Bull.  Soc   Zool.  de 
France,  1880,  p.  77. 

(2)  Description  ofa  lacii'itrinr  Bryoznnn  nlh'pd  tn  FUixtra.  Ann.  nni  Mag.  of  nat. 
llist.,  1858,   (3).  1,  p.  16i). 


MONOGRAPHIE   DES   BRYOZOAIRES    D  EAU    DOUCE 


93 


Norodonia  Cambodgiensis  J.  Jullien  (1). 
Fig.  244  à  24o. 

Zoœcies  cordiformes,  trapues,  pédonculées  à  la  base,  fond  plus 
large  que  le  sommet,  orifice  subquadrangulaire,  parois  latérales 
épaisses  et  continues  sur  tout  le  pourtour.  Area  lisse  et  unie,  pé- 
nétrant jusqu'à  la  cellule  inférieure  par  le  pédoncule  qu'elle  re- 
couvre. Mesurées  dans  leurs  grandes  dimensions,  les  zoœcies  ont 
environ  O^^'^GO  de  large  sur  0'"'"85  de  long.  Ces  zoœcies  forment  des 
zoaria  ou  colonies  d'un  brun  foncé,  rameux,  dont  l'area  desséchée 
brille  comme  la  trace  d'une  limace  sur  un  mur. 


Fig.  244-245. 


J'ai  trouvé  cette  espèce  sur  un  morceau  de  bois  fossile,  au  bord 
du  Mékong  te  9  février  1874,  à  la  pointe  de  l'île  Go-Kaû.  Cette  île 
est  située  à  deux  heures  de  barque  au-dessus  du  village  Péam- 
Siam-Boc  qui  établit  la  limite  du  royaume  du  Cambodge  et  du 
royaume  de  Siam  sur  la  rive  droite  du  Mékong.  J'ai  encore 
recueilli  cette  espèce  dans  l'arroyo  de  Peam-Chetang  (Cambodge), 
où  elle  s'était  fixée  sur  le  processus  aliforme  qui  surmonte  la 
charnière  de  VUnio  delphinusLea..  Je  l'ai  encore  rencontrée  dans  la 
collection  de  M.  A.  Bouvier  sur  la  surface  externe  et  antérieure 


(1)  Guide  du  Naturaliste,   loc.  cit..  et  Bull.  Soc.  Zool.  de  France,  1880,  p.  11  et 
78,  fis.s.  1,  2  et  3. 


94  J-    JULLIEN 

d'une  coquille  d'eau  douce  de  la  Chine,  la  Symphùiota  hialata  Lea 
qui  se  trouve  aux  environs  de  Canton. 


Norodonia  Sinensis  J.  Jullieu  (l),  1880. 
Fig.  246  à  247. 

Zoœcies  cordiformes,  allongées,  aplaties,  ventrues  au  milieu, 
pédonculées  à  la  base,  s'effilant  aux  deux  extrémités,  surtout  au 
sommet;  orifice  arrondi  ou  oblong;  parois  latérales  épaisses  deve- 
nant très  minces  tout  autour  de  l'orifice,  continues  dans  toute  la 
région  inférieure  de  la  zoœcie  ;  area  lisse  ne  s'étendant  pas  jus- 
qu'à la  zoœcie  inférieure,  portant  en  son  milieu  une  sorte  de  jetée 
qui  commence  à  l'ouverture  dont  elle  forme  la  lèvre  inférieure 
pour  se  terminer  en  pointe  aiguë  au  niveau  du  quart  postérieur  du 
diamètre  longitudinal. 


/,/rri-yr^ 


[Fig.  246-247 


Mesurées  dans  leurs  grandes  dimensions,  les  zoœcies  ont  envi- 
ron O'^'^SS  de  large  sur  1"""  de  long.  Ces  zoœcies  forment  des  zoa- 
ria  blonds  et  rameux. 

J'ai  découvert  cette  espèce  dans  la  collection  du  Muséum  de 
Paris  à  l'intérieur  d'une  Anodonta  securiformis  Say,  rapportée  de 
la  province  du  Ngan-Houï,  Chine,  par  le  R.  P.  Eudes. 


(1)  Guide  du  Naturaliste,  2«  année,  n°  5,  p.  102,  15  mars  1880  et  Bull.  Soc.  Zool. 
de  France,  1880,  p.  78  et  79,  figs.  1,  2  et  3. 


MONOGRAPHIE   DES   BRYOZOAIRES   D  EAU   DOUCE 


9o 


Genre  HISLOPIA  J.  Carter,  1838. 

Zoœcies  cornées,  rampantes,  aplaties,  à  paroi  antérieure  mince 
et  transparente,  à  parois  latérales  plus  épaisses,  percées  de  deux 
à  quatre  trous  stolonifères  ;  formant  sur  les  surfaces  lisses  des 
zoaria  quelquefois  linéaires,  mais  le  plus  souvent  sans  arrange- 
ment défini.  Orifice  subquadrangulaire  avec  une  épine  assez  forte 
à  chaque  angle.  Polypide  pourvu  d'environ  seize  tentacules,  avec 
un  phar^'^nx  pyriforme  et  glanduleux,  un  gésier  globuleux,  un 
estomac  en  cornemuse  et  un  gros  intestin  glanduleux;  ces  orga- 
nes sont  alliés  entre  eux  par  de  simples  tubes  qui  constituent 
l'œsophage,  reliant  le  pharynx  au  gésier,  le  pylore  reliant  l'esto- 
mac au  gros  intestin,  et  le  rectum  qui  termine  l'appareil  digestif. 

Jlisîopia  laciistris  H.-J.  Carter  1858. 
Fig.  248  à  250. 


Mêmes  caractères  que  ceux  du  genre. 

Syn.  Hislopia  laciistris  (1)  H.-J.  Carter. 

Habitat  :  Mares  d'eau  douce  ne  se 
desséchant  jamais,  sur  Paludina 
hengalensis.  et  sur  les  tiges  de  plantes 
aquatiques. 

Localité  :  Nagpoor ,  Inde  centrale. 

Voici  la  traduction  du  texte  de 
Carter  :  «  Ce  qui  suit  est  la  descrip- 
tion d'un  Polypidome  que  m'a  en- 
voyé le  pasteur  Hislop  ;  il  l'a  trouvé 
pour  la  première  fois  en  Avril  der- 
nier, magnifiquement  développé  sur 
la  Paludina  hengalensis  et  sur  les . 
tiges  de  diverses  plantes  aquatiques 
dans  une  mare  d'eau  douce  près  de 
Nagpoor,  Inde  centrale.  Cette  forme 
me  paraît  appartenir  à  la  classe  des 
Bryozoaires  ;  étant  encroûtante  et  dépourvue  de  substance  cal- 
caire dans  le  squelette,  nous  en  ferons  le  type  d'un  nouveau 


Fig.  248. 


(1)  H.-J.  Carter,  Description  of  a  lamslrine  Bryosoon  alUed  to  Fliistra.  kun.  and 
Magaz.  of  nat.  History,  (3).  I,  p.   169,  1858,  pi.  vu. 


96 


.1.    JULLlEiN 


genre  pour  lequel  nous  proposons  le  nom  IJislop-ia  en  l'honneur 
du  gentleman  mentionné  ci-dessus. 

»  Il  diffère  des  Fhistres  par  la  forme  et  la  disposition  des  cel- 
lules, il  n'est  pas  dressé;  et  des  Membranipores  et  Lepralies  en 
n'étant  point  calcaire  ;  mais  il  se  rapproche  des  Flustres  par  ce 
dernier  caractère,  et  des  Lepralia  en  étant  rampant,  surtout  avec 
la  subdivision  qui  porte  des  épines  orales  sans  autre  appendice 
externe, 

»  Heureusement  les  échantillons  dans  l'alcool,  que  j'ai  reçus, 
me  sont  arrivés  dans  un  état  de  conservation  suffisant  pour  me 
permettre  de  les  décrire  non  seulement  avec  le  Polypier  ou  sque- 
lette, mais  encore  avec  l'animal. 

»  Hislopia  lacustris  n.  sp.,  pi.  VII,  figs.  1-3. 

y  Polypier  corné-membraneux,  dépourvu  de  matière  calcaire. 

Cellules  irrégulièrement  ovales, 
aplaties,  s'étendant  en  bourgeon- 
nant sur  des  surfaces  lisses,  quel- 
quefois linéairement,  mais  le  plus 
souvent  sans  arrangement  défini. 
Orifice  subquadrangulaire,  sup- 
porté par  un  col  circulaire  fermé 
par  quatre  valves  triangulaires  dont 
les  postérieures  sont  les  plus  gran- 
des; surmontées  par  une  bordure 
cornée  saillante,  sur  les  angles  de 
laquelle  se  dressent  quatre  épines; 
bord  postérieur  moins  saillant  que 
le  reste,  ce  qui  permet  une  conti- 
nuité presqu'ininterrompue  entre 
la  grande  valve  ou  lèvre  et  la  por- 
t^ion  membraneuse  de  la  cellule' 
Bord  de  la  cefiule  corné,  percé  de 
deux  à  quatre  trous  stolonifères. 
En  moyenne,  la  plus  grande  lar- 
geur d'une  cellule  est  de  0'""'747  et  la  plus  grande  longueur  0""''875. 

»  Habitat  :  Mares  d'eau  douce  qui  ne  se  dessèciient  jamais,  sur 
Paludina  benfjalensis  et  sur  les  tiges  de  plantes  aquatiques. 

»  Localité  :  Nagpoor,  dans  l'Inde  centrale. 

»  Animal  :  Contenu  dans  un  sac  membraneux  qui  double  la 
cellule  et  qui  communique  avec  deux  ou  quatre  cellules  voisines 


Fig.  249. 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES   d'eAU   DOUCE  97 

par  des  stolons  à  travers  les  trous  déjà  mentionnés,  savoir  :  pos- 
térieurement avec  la  cellule  mère,  antérieurement  et  latéralement 
avec  des  cellules  filles.  Bouche  triangulaire,  bordée  par  les  valves 
mentionnées,  conduisant  dans  une  gaine  buccale  délicate  et  trans- 
parente, plissée  antérieurement,  au  fond  de  laquelle  (quand  elle 
est  retournée)  se  trouve  l'orifice  de  la  gorge  surmonté  par  seize  (?) 
tentacules.  Pharynx  pyriforme,  présentant  une  couche  de  cellules 
ou  de  pellicules  internes,  s'étendant  du  commencement  de  l'œso- 
phage, lequel  est  étroit,  long  et  replié  sur  lui  même.  Après  l'œso- 
phage vient  un  corps  globuleux  et  dilaté  appelé  le  gésier,  qui  est 
très  épais,  présente  deux  corps  chitineux,  linéaires,  internes,  et 
s'ouvre  par  une  large  bouche  dans  la  moitié  pylorique  d'un  grand 
estomac  irrégulièrement  ovoïde.  Estomac  entièrement  doublé  par 
une  couche  de  cellules  hépatiques,  et  contracté  près  de  son  ex- 
trémité pylorique  où  il  se  continue  avec  l'in- 
testin grêle.  Intestin  grêle  court,  suivi  par  une 
portion  globuleuse,  quelquefois  eUiptique  et 
dilatée  (corre^^pondant  au  gros  intestin  des 
animaux  supérieurs)  (?),  également  doublée 
par  des  cellules,  mais  différant  en  apparence 
de  celles  de  l'estomac  ;  se  terminant  par  une 
portion  rectale  contractée  qui  s'ouvre  dans 
la  gaîne  buccale  (quand  elle  est  rentrée).  '"'* 

»  Observations  :  Outre  le  muscle  réfracteur,  il  y  en  a  d'autres 
qui  vont  delà  membrane  interne  de  la  cellule,  et  probablement  de 
la  cellule  elle-même,  aux  différents  organes  viscéraux  ;  mais  leur 
déchirure  produite  par  l'esprit  de  vin,  dans  lequel  je  les  ai  reçu, 
prévient  contre  ma  description  et  contre  mes  dessins.  La  cavité 
péritonéale  aussi,  dans  plusieurs  cas,  renferme  des  groupes  de 
cellules  de  différentes  tailles  et  des  corps  fusiformes  qui  peuvent 
avoir  été  des  éléments  procréateurs;  mais  ne  les  ayant  pas  observé 
à  l'état  vivant,  je  ne  puis  eu  parler.  Je  n'ai  pu  découvrir  ni  testi- 
cule ni  ovaire;  pour  la  même  raison,  je  n'ai  pu  établir  sûrement 
le  nombre  des  tentacules.  Enfin,  cependant,  avec  leur  gaîne  buc- 
cale déficate  qui  se  trouve  à  différents  états  de  sortie  dans  quel- 
ques cellules,  il  a  été  facile  de  voir  que  la  portion  plissée  précède 
l'extension  des  tentacules,  comme  chez  les  autres  Bryozoaires 
d'eau  douce  ,  et  dans  le  genre  Boicerhankia  avec  lequel  notre 
espèce  a  beaucoup  de  rapports  organologiques.  » 


98  J.    JULLIEN 

EXPLICATION  DES  FIGURES. 

Fig.  I . —  Plumatella  repens.  Zoarium  corné,  blond,  très  pâle,  gaîne  à  peu 
près  dépourvue  de  macules  cornées  ;  tentacules  au  nombre  d'une  cinquantaine 
environ.  Un  des  polypides  représentés,  ici  ne  portant  que  17  ou  18  tentacules, 
offrait  cette  curieuse  particularité  d'avoir  les  deux  branches  du  lophophore  sou- 
dées par  leur  bord  interne.  Cette  anomalie  avait  entraîné  l'arrêt  de  développe- 
ment des  tentacules  internes,  ils  n'existaient  plus  que  sous  la  forme  de  verrues 
peu  nombreuses  sur  le  côté  interne  de  l'espèce  de  crête  de  coq  formée  par  les 
branches  du  lophophore.  Je  n'ai  pu  découvrir  l'épistome  sur  ce  polypide 
(Exemplaire  de  Saint-Christophe-en-Brionnais,  mare  de  Fougères,  7  septembre 
1883). 

Fig,  2.  —  Plumatella  repens.  Polypide  régulièrement  développé  ;  vu  de 
profil,  et  grossi  15  fois  et  demi  (Saint-Christophe-en-Brionnais,  7  septembre 
1883). 

Fig.  3.  —  Plumatella  repens.  Polypide  avorté  dont  les  deux  bras  du  lopho- 
phore ne  sont  pas  soudés,  mais  sur  lesquels  les  tentacules  internes  n'existent 
qu'à  l'état  rudimenlaire  sous  la  forme  de  petites  verrues.  14,o/1  (Saint- 
Christophe-en-Brionnais,  mare  de  Fougères,  7  septembre  1883). 

Fig.  4.  —  Unintella  gracilis.  Disposition  du  zoarium  et  des  zoœcies,  quand 
on  inquiète  la  colonie.  75/1.  (D'après  Leidy). 

Fig.  5.  —  Urnai.  gracilis.  Extrémité  d'une  branche  portant  une  zoœcie 
étalée  (dessin  de  Leidy,  publié  par  Allman). 

Fig.  6.  —  Uni.  gracilis.  Vieux  zoarium  sur  lequel  s'est  développé  une 
zoœcie  avec  son  pédicelle.  Un  bourgeon  se  développe  sur  ce  dernier.  18/1. 
(D'après  Leidy). 

Fig.  7.  —  Jeune  Urnatelle  ;  chaque  tige  est  formée  d'un  polypide  et  d'un 
simple  pédicelle.  55/1.  (D'après  Leidy). 

Fig.  8.  —  Zoœcie  d'Uniatella^  montrant  ses  diverses  parties.  120/1  (Leidy). 

Fig.  9.  —  Plumatella  repens.  Embryon  de  grandeur  naturelle.  Les  plus  gros 
très  grossis  sont  représentés  nageant.  (D'après  Allman). 

Fig.  10.  — Embryon  de  PL  repens,  contenant  deux  polypides  retirés  à 
l'intérieur.  L'embryon  est  libre,  il  nage  dans  l'eau.  (Allman). 

Fig.  11.  —  Embryon  de  PI.  repens  plus  avancé,  les  polypides  ont  pres- 
qu'atteints  leur  entier  développement.  (Allman). 

Fig.  12.  —  Embryon  de  PI.  rep.,  dont  les  polypides  sortent  presque  tout  à 
fait  de  l'enveloppe.  (Reinhard). 

Fig.  13  et  M.  —  Embryons  de  PI.  rep.,  encore  plus  développés  que  les 
précédents  et  montrant  une  sorte  de  prolongement  caudal  contenant  sans  doute 
des  granulations  vitellines  qui  vont  disparaître.  (D'après  Reinhard). 

Fig.  15.  —  Jeunes  polypides  d'un  embryon  de  PL  repens,    débarrassés  de 


MONOGRAPHIE   DES    BRYOZOAIRES    D'EAU    DOUCE  99 

l'enveloppe  larvaire.  J'ai  trouvé  ce  rudiment  de  colonie  sous  une  feuille  de 
Nymphéa  dans  l'étang  de  Saint-Cucufa,  prèsSaint-Cloud,  7  septembre  1884. — 
Dessin  d'après  nature. 

Fig.  16.  —  Alcyoneîla  flabellum.  Van  Beneden.  C'est  une  colonie  de  P/Mma- 
tella  repens  née  d'une  larve  comme  celle  que  représente  la  fig.  13,  et  dont  les 
zoœcies  se  sont  soudées  comme  dans  la  variété  alcyonelle  ordinaire  (d'après 
Van  Beneden). 

Fig.  17  à  47.  —  Statoblastes  libres  de  Plum.  repens.  Il  y  a  là  37  formes 
différentes  représentant  les  principales  variétés  de  ces  objets  ;  j'ai  laissé 
pourrir  dans  l'eau  des  branches  de  fascines  recueillies  dans  le  lac  d'Enghien 
au  mois  de  juillet,  j'ai  obtenu  ainsi  des  milliers  de  statoblastes  libres  qui  ont 
servi  à  faire  ces  dessins.  On  peut  voir  que  leur  grande  variabilité  leur  enlève 
tout  caractère  spécifique. 

Fig.  48  à  62.  —  Statoblastes  adhérents  de  Plum.  repens,  recueillis  sur  les 
fascines  qui  ont  fourni  ceux  des  fig.  17  à  47.  Eux  aussi  sont  excessivement 
variables  dans  leur  forme  et  dans  leurs  dimensions. 

Fig.  63.  —  Jeune  colonie  de  Plum.  repens  dont  les  zoœcies  sont  en  partie 
libres  et  en  partie  soudées.  Van  Beneden,  auquel  j'ai  emprunté  cette  figure  la 
donne  comme  une  Alcyoneîla  flabellum.  Une  écaille  de  statoblaste  se  voit  à 
l'origine  de  la  colonie. 

Fig.  64.  —  Plumatella  repens.  Polypidc  étalé  et  vu  de  trois  quarts.  Ce  bel 
exemplaire  a  été  dessiné  à  la  chambre  claire.  Saint-Christophe-en-Brionnais, 
septembre  1884.    29,4/1. 

Fig.  65.  —  Plumatella  repens,  à  forme  jugale,  développée  sous  \me  feuille 
de  Nymphœa  alba,  détachée  avec  une  aiguille  à  disséquer  et  retournée  sans 
dessus  dessous.  Les  polypides  étalés  ont  été  dessinés  dans  cette  position  qui 
permet  d'en  compter  facilement  les  tentacules.  Exemplaire  assez  typique  des 
Nymphœa,  recueilli  dans  l'étang  de  Brise-Miche,  à  Chaville,  près  Paris,  le 
16  juillet  1884.  2,33/1. 

Fig.  66.  —  Federbusch-polyp  Rœsel.  Ce  dessin,  que  j'ai  emprunté  à  l'illustre 
naturaliste  Allemand,  représente  une  colonie  de  Plumatella  repens,  développée 
sur  des  lentilles  d'eau  (Lemna  minor,  ou  plutôt  gibba).  Cette  figure  donnée  en 
1755,  est  la  première  représentation  de  cette  espèce,  elle  est  assez  bien  réussie 
pour  l'époque  où  elle  parut  ;  on  remarquera  que  l'auteur  n'a  pas  distingué 
l'appareil  digestif  et  qu'il  s'est  attaché  surtout  à  la  reproduction  des  lopho- 
phores.  Les  corpuscules  dessinés  autour  des  panaches  représentent  les  infu- 
soires  et  les  algues  microscopiques  dont  ces  animaux  font  leur  nourriture  en 
les  attirant  par  leurs  cils  vibratils. 

Fig.  67  et  68.  —  Jeunes  colonies  de  Plum.  repens,  développées  de  stato- 
blastes adhérents.  Traitées  par  l'acide  osmique  faible,  l'endocyste  s'est  coloré 
en  noir;  on  voit  à  l'extrémité  de    chaque   branche   une   masse  grisâtre  qui 


100  J-    JULLIEN 

représente  le  polypide  terminal  vu  par  dessous  ;  la  colonie  ayant  été  détachée, 
avec  précaution,  de  la  branche  qui  la  portail.  11  m'a  semblé  que  la  forme 
alcyonelloïde  de  cette  Plumatelle  naissait  surtout  de  statoblastes  adhérents,  ces 
derniers,  plus  volumineux  que  ceux  restés  libre,  donnent  certainement,  au  début 
de  la  colonie,  des  polypides  plus  vigoureux  que  leurs  congénères.  Lac  d'En- 
ghien,   9  août  1883.  6,o6/'l. 

Fig.  69.  —  Alcijonella  fungosa  Pallas.  Cette  forme  représente  le  développe- 
ment le  plus  énergique  de  la  Plumât,  repens.  Ici  tout  le  centre  de  la  colonie 
est  formé  de  tubes  soudés  entre  eux  dans  leur  longueur,  les  branches  à  forme  de 
Plumatelle  ne  se  voient  que  sur  les  bords,  et  les  zoœcies  y  sont  encore  serrées. 
Ce  dessin  exécuté  d'après  une  superbe  photographie  ne  donne  pas  les  détails 
infinis  de  cette  dernière,  la  copie  exacte  étant  presqu'impossible  ;  j'espère  que 
celle-ci  en  donnera  une  idée  cependant  assez  nette.  La  colonie  n'entoure  pas 
complètement  le  morceau  de  bois  sur  lequel  elle  s'est  développée,  elle  s'amin- 
cit sur  ses  bords,  d'où  partent  quelques  petitesbranches  isolées.  Lac  d'Enghien, 
8  juillet  1883.  —  Grandeur  naturelle. 

Fig.  70.  —  Plumatella  jîigalis  Allman.  Colonie  de  Plumalella  repens,  ayant 
pour  origine  un  statoblasle,  dont  les  valves  se  voient  encore  sur  la  première 
zoœcie  ;  les  crêtes  anales  existent  comme  dans  l'espèce  anglaise,  mais  Allman 
n'ayant  pas  compris  l'origine  de  sa  colonie,  en  fit  une  espèce  particulière, 
comme  Van  Bcneden  a  créé  V Alcyonella  flabellum  pour  le  môme  motif.  On 
remarquera  dans  cette  colonie  deux  zoœcies  beaucoup  plus  renflées  que  les 
autres  ;  ces  deux  zoœcies  représentent  la  PlumateUa  Dmnortieri  d'Allman  ; 
cela  fait  deux  espèces  dans  une  même  colonie  ;  sir  Allman  est  trop  généreux, 
on  ne  peut  accepter  sa  manière  de  voir.  Exemplaire  recueilli  à  Saint-Christophe- 
en-Brionnais  (mare  do  Fougères,  7  septembre  1883,  sous  une  feuille  de 
Potamogéton).  5/1 . 

Fig.  71 .  Plumalella  jugalis.  —  Exemplaire  de  PlumateUa  repens  corres- 
pondant parfaitement  à  la  P.  jugalis  d'Allman,  Il  provient  d'une  larve  à  deux 
embryons,  telle  que  la  représente  les  figs.  10-15.  Toutes  les  zoœcies  portent  la 
crête  anale,  elles  semblent  en  faire  une  véritable  espèce;  une  étude  d'ensemble  des 
diverses  colonies  de  l'espèce,  comme  je  la  comprends,  détruit  celte  manière  de 
voir.  Cette  forme  bourgeonne  abondamment  ;  ici  on  voit  une  zoœcie  mère  qui 
a  produit  quatre  zoœcies  filles,  celte  énergie  diminue  progressivement,  elle 
tombe  à  trois,  puis  à  deux,  puis  à  une  et  enfin  reste  stérile.  Les  statoblastes  y 
sont  très  rares  et  très  petits  ;  Allman  n'en  a  jamais  vu  dans  ses  exemplaires  ; 
le  mien  n'en  contient  qu'un  seul,  bien  que  la  colonie  ail  été  recueillie  au  mois 
de  septembre,  c'est-à-dire  à  une  époque  où  les  PlumateUa  repens  sont  toujours 
remplies  de  statoblastes  parfaitement  mûrs.  Il  existe  donc  là  une  sorte  d'arrêt 
de  développement,  mais  on  voit  que  la  forme  en  question  peut  naître  aussi 
bien  d'un  statoblasle  (pio  d'une   larve.    Saint-Chrislopho-cn-Brionnais,   mare 


MONOGRAPHIE    DKS    BRYOZOAIRES    D'EAU    DOUCE  101 

de  Fougères,  7  septembre  I  883,  sous  une  feuille  de  Po<amo^e/oH  Jta/aMs;  dessin 
exécuté  à  la  chambre  claire  d'après  le  zoarium  mort  et  débarrassé  de  ses 
polypides  par  la  putréfaction  et  le  lavage.  5/1 . 

Fig.  72.  —  Pliimatella  repens  var.  furcifer  nobis.  Curieuse  variété  dans 
laquelle  la  plupart  des  zoœcies  possèdent  une  crête  anale  bifurquée  sur  le  fond 
zoœcial  ;  la  première  fois  que  je  la  vis,  je  crus  avoir  une  nouvelle  espèce  de 
Plumatelle  ;  mais  il  est  certain  qu'on  se  trouve  encore  là  en  face  d'une  simple 
variété,  car  il  y  a  dans  la  même  colonie  des  zoœcies  dont  la  crête  anale  est 
simple,  et  des  zoœcies  dépourvues  décrète  anale.  Je  possède  en  outre  d'autres 
colonies  de  la  même  région,  à  forme  d'Alcyonelle,  où  la  plupart  des  zoœcies 
ont  la  crête  anale  bifurquée.  Ces  dernières  ont  été  trouvées  dans  le  pré  de 
M.  Polette,  derrière  les  bains  de  Saint-Ghristophe-en-Brionnais,  elles  couvraient 
la  face  inférieui-e  des  pierres  d'une  très  grande  mare,  sur  une  surface  plus 
large  que  celle  des  deux  mains.  Je  n'ai  jamais  rencontré  cette  forme  aux  envi- 
rons de  Paris. 

La  colonie  dessinée  ici  est  fixée  sur  une  feuille  de  Potamogeton  nalans,  elle 
vient  encore  de  la  mare  de  Fougères,  près  Saint-Christophe-en-Brionnais,  où 
je  l'ai  pêchée  le  7  septembre  1883.  Les  polypides  avaient  50  tentacules,  et 
l'estomac  portait  des  lignes  jaunes  longitudinales.  Les  parois  zoœciales  sont 
couvertes  de  grains  quartzeux  hyalins  agglutinés  ;  la  crête  anale,  très  vigou- 
reuse, en  est  à  peu  près  complètement  dépourvue.  5/1 . 

Fig.  73,  —  Pliimatella  repens.  Superbe  colonie  dont  le  milieu  est  tout  à 
fait  Aleyonelle,  tandis  que  les  bords  deviennent  Plumatelle,  en  fournissant  des 
rameaux  isolés  excessivement  nombreux.  Toute  cette  colonie  paraît  provenir 
d'un  seul  statoblaste  ou  d'une  seule  larve,  car  tous  ses  points  rayonnent  vers 
l'extérieur,  sauf  au  milieu,  où  il  n'y  a  pas  de  distinction  possible.  Les  zoœcies 
portent  presque  toute  la  crête  anale  simple,  elles  sont  très  minces,  et  surpren- 
nent par  leur  petitesse.  Cette  forme  en  son  milieu  représente  V Alcyonella 
Benedeni  d'AUman,  mais  elle  redevient  P/M»m<e//e  sur  ses  bords.  Celexemplaire, 
des  plus  intéressants,  s'est  développé  sous  une  planche  de  chêne  servant  à  laver 
le  linge,  restée  immergée  pendant  toute  l'année  dans  la  mare  du  pré  de 
M.  Meaudre,  derrière  les  bains  de  Saint-Christophe,  où  je  l'ai  péché  le 
4  octobre  1884.  1/1. 

Fig.  74.  —  PI.  repens.  Extrémité  zoœciale  dans  laquelle  on  aperçoit  les 
tentacules  d'un  polypide  au  moment  où  l'animal  va  sortir  de  la  zoœcie.  Au- 
dessus  de  lui  on  voit  l'orifice  contracté  et  maintenu  rentré  par  les  muscles 
monocellulaires  pariéto-vaginaux  postérieurs  ou  rétenteurs  antérieurs,  avec 
leurs  noyaux.  Au-dessous  des  tentacules  commence  la  crête  anale  qui  se  dirige 
en  bas  et  à  droite  du  lecteur. 

Fig.  75.  —  PL  repens.  Muscles  rétracteurs  du  polypide  ;  vus  de  haut 
en  bas,  on  trouve  d'abord  les  rétracteurs  brachiaux,  et  au-dessous  se    voient 


iO'2  J-    JULLIEN 

les  rétracteurs  du  lophopliore.  Observés  sur  un  exemplaire  de  l'étang  de  Brise- 
Miche. 

Fig.  76. —  Dessin  schématique  sur  lequel  on  voit:  la  disposition  tenta- 
culaire  ;  la  bouche  et  son  épistome  ;  le  tube  digestif  tout  entier  ;  le  ganglion 
nerveux  replié  sur  lui-même,  prè§  du  sommet  de  l'œsophage  ;  les  fibres  mus- 
culaires pariéto-vaginales  antérieure^  ;  les  fibres  musculaires  pariéto-vaginales 
postérieures  ;  et  enfin  l'endocyste  transparent  avec  ses  taches  ovales  de  couleur 
blanc-bleuâtre  à  l'état  normal. 

Dessiné  d'après  nature,  sur  un  exemplaire  de  l'Étang  de  Saint-C-ucufa, 
forêt  de  Marly  (près  Paris),  7  septembre  1884. 

Fig.  77.  —  PL  repens.  Calice  des  tentacules  présentant  une  irrégularité 
sur  son  trajet.  Même  localité  que  la  fig.  76. 

Fig.  78.  —  PL  repens.  Corps  brun  commençant  à  se  former.  On  voit  que 
l'estomac  est  le  premier  à  se  rétracter,  puis  les  tentacules  se  flétrissent  et 
enfin  l'intestin.  Le  funicule  relie  le  fond  de  l'estomac  à  l'endocyste  pariétal, 
et  porte  des  germes  de  statoblastes.  Même  localité  que  pour  la  fig.  76. 

Fig.  79.  —  PL  repens.  Statoblaste  venant  d'éclore.  Les  écailles  des  stato- 
blastes sont  séparées  sur  chaque  jeune  zoarium  dont  l'un,  a,  a  son  polypide 
étalé  et  l'autre,  b,  rétracté.  (D'après  Allman). 

Fig.  80.  —  PL  repens.  Estomac  pendant  la  digestion;  des  contractions 
vermiculaires  énergiques  renvoient  alternativement  les  alimentsdehaut  en  bas, 
puis  de  bas  en  haut,  dans  l'espace  situé  entre  le  fond  de  l'estomac  et  la  val- 
vule gastro-intestinale.  Dans  a,  les  aliments  occupent  le  haut  de  cet  espace, 
dans  b,  ils  en  occupent  le  fond.  1,  œsophage;  2,  intestins;  3,  amas  de  matières 
fécales;  4,  bol  alimentaire  ;  3,  estomac;  6,  lignes  jaunes  longitudinales;  7,  funi- 
cule; 8,  cardia;  9,  pylore;  10,  gésier. 

Fig.  81.  —  PL  repens.  Végétaux  des  excréments  d'une  colonie  à  forme 
d'Alcyonelle,  recueillie  dans  le  lac  d'Enghien,  le  4  août  1883.  On  ne  trouve 
là  aucun  débris  d'animaux,  ces  derniers  ayant  été  entièrement  digérés.  Plu- 
sieurs de  ces  végétaux  sont  déformés,  la  Chlorophylle  ayant  été  écrasée  ou 
déplacée  dans  les  cellules.  On  y  distingue  des  Oscillaires,  des  Diatomées,  des 
Palmelles  et  beaucoup  de  Desmidiées.  L'eau  du  lac  est  tellement  chargée  de 
ces  plantes  qu'elle  en  est  trouble;  aussi  les  Bryozoaires  trouvent-ils  une  nour- 
riture surabondante,  et  les  colonies  y  sont  superbes. 

Fig.  82.  —  PL  repens.  Le  funicule  est  toujours  latéral  par  rapport  aux 
statoblastes;  il  se  fixe  à  la  paroi  de  l'ectocyste  par  une  dispersion  fibrillaire; 
il  se  contracte  par  saccades  ;  il  s'allonge  dans  la  sortie  du  polypide  ;  il  reste 
toujours  tendu.  Sur  sa  longueur  la  place  des  statoblastes  et  du  testicule  est 
très  variable,  tantôt  les  statoblastes  sont  placés  au-dessus  du  testicule,  tantôt  ils 
sont  placés  au-dessous.  (Allman,  Monog.  Fresh.wafer  Polyzoa,  pi.  III,  fig.  17). 

Des'îiné  d'après  un  exemplaire  de  l'étang  de  Saint-Cucufa,  forêt  de  Marly, 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    D'EAU    DOUCE  108 

7  septembre  1884.  1,  fond  de  l'estomac;  2,  funicule  ;  3,  statoblastes  ;  4,  ovu- 
les slatoblasliques  ;  5,  testicule  flétri  ;  6,  terminaisons  fibrillaires  du  funicule 
adhérant  à  l'endocyste. 

Fig.  83.  — PI.  repens.  Extrémité  d'une  zoœcie  dont  le  polypide  réduit 
presque  à  l'état  de  corps  brun,  c'est-à-dire  où  le  ganglion  œsophagien  est 
aussi  mort  que  tout  le  reste  du  polypide,  est  encore  retiré  au  fond  de  la  zoœcie 
par  les  contractions  répétées  du  funicule  et  par  celles  des  rétracteurs  du  poly- 
pide. Ces  contractions  successives  et  presqu'isochrones  me  paraissent  être 
dues  surtout  au  funicule,  c'est  d'ailleurs  ainsi  qu"il  agit  à  l'état  normal.  Il  est 
cependant  à  noter  qu'il  y  a  encore  possibilité  de  mouvement  dans  les  rétrac- 
teurs du  polypide  et  dans  le  funicule  même  après  la  disparition  du  ganglion 
œsophagien  ;  cela  peut-il  s'expliquer  par  la  conservation  de  la  vie  dans  des 
branches  nerveuses  du  ganglion,  après  la  mort  de  ce  dernier  ?  Nous  ne  le 
pensons  pas  absolument,  car  chez  les  animaux  on  voit  bien  des  organes  sépa- 
rés des  centres  nerveux  agités  par  des  sortes  de  convulsions;  ainsi,  par 
exemple,  la  queue  d'un  Lézard,  des  lambeaux  du  manteau  de  certains  Mol- 
lusques, etc.,  mais  ces  convulsions  n'ont  pas  l'apparence  intelligente  de  ce 
corps  brun  qui  descend  dans  le  fond  de  sa  loge  quand  on  agite  le  poly- 
pide. Il  y  a  donc  non  seulement  conservation  de  la  contractililé ,  mais 
encore  conservation  de  la  sensibilité  dans  les  parties  charnues  de  la  zoœcie 
après  la  mort  du  polypide  et  de  son  ganglion.  Le  corps  brun  dessiné  ici  était 
d'une  couleur  de  miel  jaune  un  peu  foncée.  Étang  de  Brise-Miche,  près  Cha- 
sible,  24  août  1884.  —  Dessiné  d'après  nature. 

Fig.  84.  —  PL  repens.  Macules  sclérodermiques  disséminées  à  la  surface 
de  l'ectocyste  transparent  qui  termine  les  zoœcies.  Elles  sont  plus  ou  moins 
constantes  et  manquent  souvent.  Elles  ont  l'aspect  chitineux  de  la  zoœcie. 
Étang  de  Saint-Christophe-en-Brionnais,  4  septembre  1883.  200/1.  —  Dessiné 
à  la  chambre  claire. 

Fig.  85.  —  Plumatella  lucifuga.  Larve  provenant  d'un  œuf  et  déjà  déve- 
loppée, d'après  Allman.  —  Je  n'ai  jamais  vu  de  larve  de  Plumatelle,  mais  si 
la  fig,  d'Allman  est  exacte,  je  puis  certifier  qu'elle  n'est  point  caractéristique 
de  son  espèce,  attendu  que  j'ai  trouvé  des  colonies  jugalcs  (fig.  94),  qui  ne 
pouvaient  avoir  eu  d'autre  origine  qu'une  larve  à  deux  polypides  comme  celles 
de  la  PI.  reyens. 

Fig.  86.  PL  Allmani  Hancock.  Forme  rampante  de  Plumatella  lucifuga 
du  lac  Bromley  ;  Hancock  nous  dit  que  ces  colonies  ne  sont  formées  que  de 
quelques  zoœcies,  dépassant  à  peine  le  nombre  six  ou  huit,  et" qu'elles  pro- 
viennent toujours  d'un  statoblaste  dont  la  noire  enveloppe  reste  adhérente. 
Allman  reproche  à  Hancock  de  ne  pas  parler  de  l'entaille,  si  caractéristique 
selon  lui,  qui  termine  la  crête  anale  en  avant;  Hancock  donne  bien  son  espèce 
comme  carénée,  mais  la  carène  ne  se  termine  pas  par  un  élargissement,  comme 


104  .1.    .IULLIEN 

dans  les  variélcs  de  PL  repnns  qui  la  portent,  elle  disparaît  par  amincissement  ; 
le  reproche  d'Allman  n'a  donc  aucune  portée,  l'observation  d'Hancock  est  bien 
correcte.  La  disposition  claviforme  des  zoœcies  est  caractéristique  de  cette  espèce, 
on  peut  s'en  assurer  sur  mes  dessins,  mais  elle  est  peut-être  plus  accentuée  ici 
que  sur  les  exemplaires  ramifiés,  où  on  la  retrouve  toujours  plus  ou  moins 
nette,  surtout  postérieurement.  La  forme  des  statoblastes  correspond  encore  à 
celle  des  statoblastes  de  la  lucifuga.  Les  polypides  portent  42  tentacules.  On 
la  trouve  sous  les  pierres.  —  Exemplaire  un  peu  grossi.  (D'après  Hancock). 

Fig.  87.  —  Colonie  prise  sur  la  figure  86  et  grossie  davantage.  Deux  poly- 
pides sont  éialés  ;  mais  celui  qu'on  voit  de  profil  est  dessiné  ainsi  par  erreur, 
la  crête  anale  n'aboutissant  pas  à  l'anus  du  polypide  en  question.  La  zoœcie 
d'origine  porte  encore  une  des  valves  du  statoblaste  générateur.  (D'après 
Hancock). 

Fig.  88.  — Petite  colonie  ramifiée  de  Plumalella  lucifuga,  d'après  Allman; 
cet  auteur  l'appelle  PL  fruticasa.  Exemplaire  dessiné  plus  grand  que  nature, 
Allman  le  donne  cependant  comme  de  grandeur  naturelle. 

Fig.  89.  —  PL  lucifuga.  Colonie  superbement  ramifiée,  recueillie  en  par- 
fait état  dans  une  petite  mare  derrière  les  bains  de  Saint-Chrislophe-en  Brion- 
nais,  le  30  septembre  1883.  J'ai  trouvé  là  plusieurs  colonies  de  la  même 
forme  ;  quelques-unes  pendaient  au-dessous  des  pierres  du  mur  immergé  qui 
retient  les  terres  autour  de  cette  mare  ;  mais  sous  une  petite  touffe  d'aulne, 
j'ai  rencontré  trois  colonies  contiguës,  absolument  verticales  comme  un  arbre; 
étaient-elles  soutenues  ainsi  par  les  statoblastes  dont  les  zoœcies  sont  pleines? 
C'est  bien  probable.  —  Dessiné  d'après  une  photographie  que  j'ai  tirée  en 
plein  soleil  ;  l'exemplaire  était  placé  dans  une  petite  cuve  en  glace  à  faces 
parallèles.  Grandeur  naturelle. 

Fig.  90.  —  Branche  du  même  zoarium,  dans  laquelle  les  zoœcies  sont  re- 
présentées avec  les  polypides  en  place,  mais  rentrés  ;  on  distingue  par  trans- 
parence une  quantité  de  statoblastes  soit  adhérents  au  funicule,  soit  libres  de 
toute  adhérence  avec  lui  ;  les  premiers  polypides  ont  produit  des  chaînes  de 
sept  statoblastes  ;  ce  nombre  diminue  progressivement  dans  les  zoœcies  sui- 
vantes. On  voit  également  des  diaphragmes  qui  séparent  les  zoœcies  ou  les 
groupes  zoœciaux.  9,6/1. 

Fig  91 .  —  Plumaiella  frulicosa  Allman.  Petite  branche  de  Plumatella  luci- 
fuga, montrant  un  polypide  étalé  vu  de  profil.  Le  zoarium  est  caréné,  la  carène 
ou  crête  anale  se  terminant  latéralement  sur  deux  zoœcies.  Quelques  stato- 
blastes sont  disposés  sans  ordre  à  l'intérieur  des  tubes.  (D'après  Allman). 

Fig.  92.  —  PL  lucifuga.  Fragment  de  zoarium,  portant  cinq  zoœcies  à  dif- 
férents degrés  de  développement.  Les  polypides  rentrés  dans  leurs  zoœcies 
sont  ombrés  pour  montrer  les  détails  de  leur  organisation  ;  chez  les  mieux 
dt'veloppés  on  remarquera  la  brièveté  des  tentacules,  relativement  h  l'estomac 


MONOGRAPHIE    DES   BRYOZOAIRES    d'eAU    DOUCK  105 

OU  plutôt  relativement  à  l'appareil  digestif,  ce  dernier  atteignant  facilement 
une  longueur  presque  double.  Je  signalerai  encore  dans  ce  dessin  la  valvule 
circulaire  gastro-pharijngienne  et  la  valvule  en  languette  gastro-intestinale . 
D'après  un  exemplaire  de  Saint-Christophe-en-Brionnais  (mare  du  pré  situé 
derrière  les  bains),  récolté  le  30  septembre  1883.  14/1. 

Fig.  93.  —  PI.  lucifuga.  Fragment  du  même  zoarium  que  celui  de  la  fig.  92, 
portant  sept  zoaires  à  différents  degrés  de  développement.  —  Dessiné  en  trait 
pour  mieux  préciser  les  détails.  1  4/1 . 

Fig.  94.  —  PL  lucifuga  var.  proliféra  nobis.  Curieuse  variété  où  les  zoœcies, 
quelquefois  aplaties,  bourgeonnent  successivement  sur  un  de  leurs  bords,  tandis 
que  la  zoœcie  mère  continue  à  se  développer  avec  un  superbe  polypide.  Cette 
colonie  est  jugale,  c'est-à-dire  qu'elle  provient  d'une  larve  à  deux  bourgeons; 
la  fig.  8.5,  que  j'emprunte  à  Allman,  n'est  pas  le  moins  du  monde  caractéristique 
de  son  espèce,  elle  prouve  seulement  que  les  larves  de  Plumatelle  peuvent 
avoir  un  ou  deux  bourgeons  à  polypide. 

.l'ai  rencontré  cette  colonie  dans  l'étang  de  Brise-Miche,  près  de  Chaville, 
le  24  août  1884,  sur  des  feuilles  de  Polanwgeton  crispus.  6,97/1 .  —  Dessinée  à 
la  chambre  claire. 

Fig.  95.  —  PL  lucifuga.  Colonie  de  la  même  variété  que  celle  de  la  fig.  94, 
mais  non  jugale.  On  remarquera  que  les  zoœcies  de  ces  colonies  sont  libres 
sur  une  très  grande  étendue  et  fixes  sur  le  reste  ;  ainsi,  dans  la  fig.  94,  une 
des  zoœcies  d'origine  n'est  adhérente  que  sur  la  cinquième  partie  de  la  lon- 
gueur, tandis  que  sur  diverses  autres  zoœcies  l'adhérence  se  produit  sur  les 
20  25®%  sur  les  18  43"%  sur  les  14  47^%  sur  les  15  oOes  de  longueur  totale. 
Exemplaire  de  la  même  localité  que  celui  de  la  fig.  94.  6,97/1.  —  Dessinée 
à  la  chambre  claire. 

pig.  96.  —  PL  lucifuga  var.  proliféra.  Zoœcie  magnifiquement  dévelop- 
pée, portant  supérieurement  une  jeune  zoœcie  alors  que  les  onze  qui  l'ont 
précédée  sont  tombées.  Cette  zoœcie  nouvelle  m'a  paru  entourée  d'un  ecto- 
cyste  corné  des  plus  minces,  comme  hyalin,  incolore,  tandis  que  la  zoœcie 
mère  de  ses  douze  filles  était  d'un  jaune  d'ocre  ou  de  caramel  assez  foncé,  sa 
substance  cornée  était  beaucoup  plus  épaisse,  et  en  conséquence  plus  résis- 
tante; c'est  certainement  à  leur  mollesse  que  les  cellules  filles  doivent  leur 
destruction  précoce.  J'ai  dessiné  d'après  nature  cette  intéressante  zoœcie.  Elle 
provient  encore  de  l'étang  de  Brise-Miche,  où  je  l'ai  pêchée  en  même  temps 
que  les  exemplaires  des  fig.  94  et  95. 

pig,  97_  —  PI,  lucifuga.  Zoœcie  dans  laquelle  le  polypide  est  passé  à  l'état 
de  corps  brun  ;  au-dessous  de  lui,  le  funicule  très  épaissi,  dont  la  vie  est  indé- 
pendante de  celle  du  polypide,  porte  un  testicule  en  pleine  activité;  ce  testi- 
cule est  couvert  de  zoospermes  en  mouvement  et  agités  dans  tous  les  sens;  il  y 
en  avait  do  libres  dans  la  zoœcie,  nageant  dans   le  liquide  de  la  cavité  péri- 

8 


106  .T.    .lULLIEN 

gastrique.  Au-dessous  du  testicule  se  voient  deux  statoblastes  parfaitement 
développés,  les  cellules  de  l'anneau  ont  été  dessinées  à  la  chambre  claire,  elles 
sont  absolument  exactes  ;  le  statoblaste  supérieur  présente  sa  face  plane  ou 
supérieure,  le  statoblaste  inférieur  présente  sa  face  bombée  ou  inférieure,  la 
face  supérieure  a  son  area  centrale  toujours  plus  petite  que  celle  de  la  face 
inférieure.  L'endocyste  forme  une  véritable  enveloppe  autour  de  tous  ces  or- 
ganes ;  il  se  termine  en  bas  par  un  filet  assez  mince  d'endocyste  qui  pénètre 
dans  la  zoœcie  voisine,  et  par  une  volumineuse  protubérance  arrondie  à  centre 
obscur  qui  résulte  du  raccornissement  de  l'endocyste  postérieur  après  déchi- 
rure. Ces  déchirures,  très  fréquentes  chez  les  Plumatelles  et  chez  les  Frédéri- 
celles,  sont  le  plus  souvent  dues  à  des  larves  de  Chironomes  et  à  diverses 
espèces  de  Vers,  qui  trouvent  dans  une  colonie  de  quoi  vivre  longtemps  sans 
se  donner  beaucoup  de  peine;  ces  animaux  construisent  des  tubes  soyeux  côte 
à  côte  avec  les  zoœcies,  mordillent  constamment  l'ectocyste  des  zoœcies  voi- 
sines, jusqu'à  ce  qu'un  trou  leur  mette  l'endocyste  entre  les  mâchoires,  ils 
agrandissent  le  trou,  s'introduisent  par  la  plaie  dans  la  zoœcie  et  y  dévorent 
tout  ce  qu'ils  trouvent;  mais  leur  mouvement  perpétuel  les  ramène  bientôt  au 
dehors,  où  ils  continuent  ce  manège  selon  leurs  besoins.  Je  possède  dans 
l'alcool  des  Plumatelles  dont  quelques  zoœcies  contiennent  encore  des  Chiro- 
nomes et  des  Vers  qui  y  sont  restés  prisonniers.  —  Étang  de  Saint-Hubert 
(près  Rambouillet),  Seine-et-Oise,  29  juillet  1883.  Sous  les  pierres  éboulées 
et  immergées  à  la  chaussée  de  Pourras.  44,5/1.  Dessinée  à  la  chambre  claire 
d'après  l'animal  vivant. 

Fig.  98.  —  Cette  zoœcie,  tirée  du  même  zoarium  que  celle  de  la  figure  97, 
a  une  très  grande  importance.  Elle  représente  le  polypide  retiré  dans  sa  zoœcie 
il  a  48  tentacules  dont  une  partie  seulement  à  été  dessinée,  lelophophore  était 
hippocrépien  dans  toute  la  valeur  de  ce  mot,  c'est  donc  bien  à  une  Plumatelle 
que  nous  avons  eu  affaire.  Or  la  chaîne  des  statoblastes  en  porte  deux  encore 
assez  jeunes,  qui  sont  réniformes  et  que,  s'ils  étaient  isolés,  tous  les  zoologistes 
rapporteraient  à  une  Frédéricelle.  Le  statoblaste  réniforme  ne  peut  donc  pas 
servir  de  caractère  générique  ;  d'ailleurs,  comme  on  le  voit  fig.  1 18  à  125,  la 
Frédéricelle  d'Europe,  connue  sous  le  nom  de  Sultane,  peut  avoîr  des  stato- 
blastes se  rapprochant  bien  plus  de  ceux  de  la  Plumatelle  luciftige  que  des 
formes  indiquées  par  Van  Beneden  et  par  Allman.  On  peut  voir  par  les  dessins 
que  j'ai  reproduits  et  les  miens,  comment  la  Plumatelle  lucifuge  passe  à  la 
Frédéricelle. 

Celte  figure  a  été  dessinée  à  la  chambre  claire  d'après  l'animal  vivant  à  une 
époque  où  je  ne  pensais  guère  à  détruire  le  genre  Frédéricelle  de  Paul  Gervais; 
<îelte  idée  ne  m'est  venue  qu'au  mois  de  septembre  1883,  après  les  études  que 
j'ai  faites  en  Bourgogne  à  cette  époque.  Dessiné  à  la  chambre  claire  rl'après 
J'animai  vivant.  4  4,5/1 . 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'EAU    DOUCE  107 

Fig.  99.  —  Schéma  de  PL  hicifuga,  montrant  la  disposition  de  l'endocyste 
et  du  funicule  en  place  après  le  détachement  du  zoarium,  s'il  y  avait  adhérence 
zoœciale  à  un  corps  étranger.  Il  m'est  arrivé  plusieurs  fois  de  voir  le  funicule 
fixé  au  diaphragme  dont  il  bouche  l'ouverture  par  un  léger  épanouissement  de 
son  extrémité  inférieure;  cette  disposition  ne  dure  pas  longtemps,  bientôt  il 
se  détache  et  se  fixe  latéralement  à  l'endocyste. 

Fig.  '100. —  PL  lucifuga.  Zoœcie  contenant  l'extrémité  inférieure  d'un  esto- 
mac ;  le  funicule  qui  lui  fait  suite  au  lieu  de  porter  le  testicule  en  haut,  comme 
cela  se  passe  dans  la  fig.  97,  le  porte  tout  en  bas  avant  l'insertion  ;  de  très 
jeunes  staloblastes  sont  fixés  sur  le  funicule  au-dessus  du  testicule  ;  on  voit 
nager  dans  le  liquide  périgastrique  de  nombreux  zoospermes,  ceux  qui  adhèrent 
encore  au  testicule  sont  en  pleine  agitation. 

Exemplaire  recueilli  le  13  juillet  4  884  dans  l'étang  de  Brise-Miche,  près 
Chaville,  sous  une  feuille  de  Nénuphar.  Dessiné  d'après  nature. 

Fig.  101.  —  PL  lucifuga.  Lophophore  dessiné  de  profil  pour  montrer  la 
place  du  ganglion  nerveux. 

Fig.  102.  —  PL  lucifuga.  Lophophore  d'un  polypide  dans  lequel  les  bras 
ne  sont  pas  soudés  entre  eux,  mais  les  tentacules  internes  sont  avortés  et 
l'épistome  est  absent.  On  y  compte  37  tentacules,  y  compris  les  verrues  inter- 
nes. Étang  de  Brise-Miche,  près  Chaville,  ■17  juillet  1884.  Dessiné  d'après 
nature. 

Fig.  103.  —  PL  lucifuga.  Portion  delà  couronne  tentaculaire  avec  une 
partie  du  calice  dont  la  «forme  est  normale.  Sur  un  autre  polypide  (fig.  104) 
de  la  même  colonie,  le  calice  a  chacune  de  ses  valves  terminées  en  pointe 
dans  leur  milieu.  Ces  deux  formes  trouvées  sur  une  même  colonie  n'enlèvent- 
elles  pas  au  calice  la  possibilité  de  servir  de  caractère  spécifique?  Je  n'ai  vu 
qu'une  seule  fois  la  forme  de  la  figure  104,  sur  un  polypide  de  la  variété  pro- 
liféra trouvé  à  l'étang  de  Brise-Miche  le  24  août  1  884.  —  Vue  prise  de  l'inté- 
rieur de  la  cloche  tentaculaire  et  dessinée  d'après  nature. 

Fig.  105.  —  PL  lucifuga.  Statoblaste  vu  de  face.  (D'après  Allman). 

Fig.  106.  —  PL  lucifuga.  Statoblaste  vu  de  profil,  avec  deux  faces  de 
môme  forme,  ce  qui  est  absolument  inexact.  (D'après  Allman). 

Fig.  107. — PL  lucifuga  v^v  Frcdericella  sultana.  Zoarium  de  grandeur 
naturelle.  (D'après  Allman).  Les  dimensions  de  ce  dessin  me  paraissent  un 
peu  exagérées,  les  exemplaires  nombreux  que  je  possède  ne  sont  pas  de  celte 
taille;  les  zoœcies  sont  presque  deux  fois  trop  larges.  Sept  polypides  sont  éta- 
lés au  dehors. 

Fg.  108.  —  PL  lucifuga  var  Freder.  suit.  Cette  figure  représente  deux  po- 
lypides d'une  Frédéricelle  sultane  de  Bourgogne.  Le  zoarium  formait  une  petite 
touffe,  une  sorte  de  petit  buisson  au  milieu  de  laquelle  j'ai  observé  deux 
branches  de  Plumatelle  lucifugc.  Ayant  pris  cette  colonie  pour  une   Phimatello 


108  J.    JULLIEN 

vraie,  je  n'ai  point  pris  la  précaution  de  la  détacher  entièrement  pour  suivre 
la  relation  des  parties  rampantes  avec  les  branches  libres,  ce  n'est  que  l'obser- 
vation directe  des  lophophores  qui  m'a  tiré  de  l'erreur  où  j'étais.  Cependant 
il  y  a  une  telle  ressemblance  entre  mon  exemplaire  et  la  Plumatelle  type  de 
l'espèce,  que  j'ai  voulu  en  conserver  le  souvenir  et  je  l'ai  dessiné  immédiate- 
ment. On  voit  en  effet  que  le  lophophore  se  projette  à  droite  beaucoup  plus 
qu'à  gauche  et  qu'il  est  extrêmement  saillant  au-dessus  de  la  portion  chitineuse 
de  l'ectocyste,  quoiqu'on  ait  dit  Van  Beneden  qui  affirme  que  le  polypide  sort 
à  peine  de  la  zoœcie.  Le  ganglion  nerveux,  facile  à  voir,  se  trouve  à  la  place 
indiquée  par  les  auteurs.  Sur  le  plus  petit  polypide  on  remarque  très  bien  la 
brièveté  des  tentacules  qui  surmontent  l'anus,  et  dont  parle  Van  Beneden.  — 
Recueillie  sous  les  pierres  au  bord  de  la  Reconce,  près  de  Varenne-sur-Reconce 
(Saùne-et-Loire),  24  sept,  -1883.  —  Dessiné  à  la  chambre  claire. 

Fg.  109.  —  PL  lucifaga  var  Freder.  suit.  —  Portion  de  lophophore,  de 
son  calice  et  de  l'appareil  digestif.  Le  calice  est  formé  d'une  membrane  hya- 
line, anhiste  sur  laquelle  s'applique  un  délicat  réseau  de  fibres  musculaires 
susceptible  de  resserrer  le  godet  intertentaculaire  selon  le  besoin.  On  voit  le 
ganglion  à  sa  place  ordinaire,  très  détaché  de  l'œsophage  qu'il  ne  touche  qu'à 
sa  partie  inférieure.  Dessiné  à  la  chambre  claire  d'après  un  exemplaire  péché 
dans  la  Reconce  (Sa6ne-el-Loire),  près  Varennes-sur-Reconce,  le  24  septembre 
1883. 

Fig.  110.  —  PL  liicifuga  var.  Fred.  suit.  —  Portion  grossie  d'un  zoarium 
d'après  Allman.  —  (Je  n'ai  pas  vu  l'empâtement  qui  ^e  trouve  aux  bifurca- 
tions zoœciales,  peut-être  n'est-il  qu'une  faute  de  dessin.  J.  J.).  Dans  les 
polypides  le  lophophore  paraît  être  tout  à  fait  circulaire. 

Fig.  111.  —  PL  lucifuga  var.  Freder.  suit.  —  Dessin  très  grossi  du  poly- 
pide et  de  la  zoœcie,  laissant  voir  les  détails  anatomiques.  (D'après  Allman)* 

Fig.  112.  PL  lucifuga  var.  Fred.  suit.  —  Extrémité  d'une  branche  vue  à  un 
fort  grossissement,  montrant  deux  polypides  épanouis  et  vus  de  profil.  A,  C, 
deux  polypides  épanouis.  B  un  autre  sur  le  point  de  s'épanouir  ;  b,  couronne 
tentaculaire;  c,  membrane  intertentaculaire  (ou  calice);  d.  la  bouche  et  la 
lèvre;  e,  cavité  buccale;  /",  œsophage;  g,  anus;  h,  fèces;  i,  estomac;  k,  ovaire; 
/,  muscle  rélracteur  de  l'estomac;  m,  muscle  long  rétracteur;  n^  peau  (ou  en- 
docyste);  ::,  ganglions  nerveux.  (D'après  Dumortier  et  Van  Beneden). 

Je  prie  le  lecteur  de  remarquer  la  grande  différence  qui  existe  entre  les 
lophophores  de  cette  figure  et  le  plus  grand  de  la  fig.  108.  11  est  évident  que 
ces  figures  aussi  bien  que  celles  d'Allman  sont  exactes,  nous  avons  donc  là 
trois  belles  variétés  de  polypides  chez  la  Frédéricelle  ;  c'est  la  forme  de  la 
fig.  108  qui  se  rapproche  le  plus  de  la  Plumatelle  vraie. 

Fig.  113.  —  Statoblaste  de  Frédéricelle  sultane  vu  de  face.  Il  est  réniforme. 
(Dumortier  et  Yan  Beneden) . 


MONOGRAPHIE   DES   BRYOZOAIRES   d'EAU   DOUCE  109 

Fig.  114.  —  Statoblaste  (le  Fréd.  sultane  vu  de  profil.  (Dum,  et  v.  Ben.). 

Fig.  115.  —  Statoblaste  de  la  même  venant  d'éclore.  (Dum.  et  v.  Ben.). 

Fig.  116.  —  Statoblaste  de  la  même  vu  de  face.  (Allman). 

Fig.  117.  —  Statoblaste  de  la  même  vu  de  profil.  (Allman). 

Fig.  118  à  123.  —  Statoblastes  de  FredericeUa  sultana  de  diverses  formes, 
trouvés  desséchés  sur  une  pierre.  Ils  sont  tous  dépourvus  de  l'anneau  des  Plu- 
matelles,  leur  couleur  est  brune  très  foncée.  La  fig.  118  correspond  bien  au 
statoblaste  de  la  Piumatella  lucifuga.  Étang  de  Villeneuve,  parc  de  Saint- 
Cloud,  près  Paris. 

Fig.  124-125.  —  Statoblastes  de  F)-ede>'iceWasM//ana  fi.xés  au  fond  des  tubes 
rampants  qui  adhèrent  aux  corps  étrangers.  Ces  quatre  statoblastes  ainsi  que 
ceux  des  fig.  118  à  123  sont  de  formes  très  différentes,  et  pas  un  n'a  pris  la 
disposition  réniforme,  la  seule  qui  ait  été  indiquée  parles  auteurs  jusqu'à  pré- 
sent pour  la  Frédéricelle  d'Europe.  J'ai  trouvé  aussi  à  Enghien  des  statoblastes 
rénifornies. 

Fig.  126,  —  Piumatella  arethusa  Hyatt.  Vue  générale  d'une  colonie,  avec 
beaucoup  de  polypides  rétractés  (Norway,  Me.).  Trois  orifices  au  début  du 
tronc  principal  indiquent  les  premières  positions  de  plusieurs  polypides  vi- 
vants, ils  montrent  que  cette  colonie  n'est  qu'une  portion  d'une  autre  plus  con- 
sidérable, dont  elle  a  été  séparée  par  la  mort  et  la  destruction  de  la  portion 
d'origine.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  127.  —  PL  arethusa.  —  Polypide  étalé  avec  un  autre  polypide  plus 
jeune  invaginé  dans  la  même  zoœcie.  D,  ectocyste  ;  E,  endocyste;  Y,  bourgeon; 

M,  rétracteurs  gastriques  ;  M',  rétracteurs  du  lophophore  ;  M"  rétracteurs  bra- 

-I- 
chiaux  ;  M,  troncs  des  rétracteurs;  F,  collet  brachial;  V,  funicule;  W,  stato- 
blastes; W"",  enveloppe  gélatineuse  des  statoblastes;  N,  rétenteurs  antérieurs; 
A"",  orifice  cœnœcial  ;  L,  région  du  sphincter.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  128.  —  PL  arethusa.  —  Vue  d'un  polypide  mort  à  moitié  flétri,  mon- 
trant la  constriction  particulière  de  la  zoœcie,  déterminée  par  des  bandes 
musculaires  annulaires.  D,  ectocyste;  E,  endocyste;  H,  tentacules;  I",  bouche; 
L,  région  de  sphincter;  K',  estomac;  M,  tronc  des  rétracteurs.  (D'après  Hyatt). 
—  Ce  que  Hyatt  appelle  ici  le  tronc  des  rétracteurs  me  paraît  être  simplement 
le  funicule;  cet  organe  ne  se  soude  jamais  avec  les  rétracteurs  du  polypide,  il 
est  cependant  rétracteur  lui  même,  ainsi  que  je  l'ai  constaté   nombre  de  fois. 

Fig.  129.  —  PL  arethusa.  —  Vue  d'un  diaphragme  situé  entre  la  zoœcie 
de  la  figure  127  et  les  polypides  qui  l'ont  précédés;  il  est  formé  par  une  dila- 
tation annulaire  interne  avec  épaississement  de  l'endocyste.  D,  ectocyste;  E, 
endocyste.  (D"après  Hyatt). 

Fig.  130-131  et  131  bis.  —  PL  arethusa.  —  Faces  supérieure  et  inférieure 
avec  profil  d'un  statoblaste.  W,  enveloppe  cornée;  W",  gaine  annulaire; 
W",  enveloppe  gélatineuse.  (D'après  Hyatt). 


1  10  J.    JULLIEN 

Fig.  'I32-'I4'I .  —  PI.  arethusa.  —  Statoblasles  de  tailles  et  de  formes  dif- 
férentes, vus  de  face  et  de  profil.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  142.  —  PL  arethusa?  var.  Fredericellaregina  Leidy.  Mes.  —  Colonie 
de  grandeur  naturelle  avec  toutes  les  branches  rampantes  et  adhérentes,  de 
Jorham,  Maine.  Dessinée  et  offerte  à  Hyatt  par  M.  Morse.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  143.  —  PL  areth.yar.  Frcder.  reg.  —  Deux  branches  d'une  colonie  •  l'une 
est  adhérente  et  l'autre  est  libre.  De  Cambridge,  Massachussetts.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  144.  — Fred.  reg.  — Branche  adhérente  d'une  colonie.  De  Jorham 
Maine.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  145,  —  Fred.  regina.  —  Variété  alcyonelloïde  du  ruisseau  de  ïom- 
my,  Jorham,  Maine.  L'aspect  de  la  colonie  se  voit  sur  la  gauche  de  la  figure, 
les  branches  ont  toutes  été  rejetées  en  avant  pour  montrer  leur  disposition  et 
leur  connexion  avec  la  tige  de  bois  sur  laquelle  elles  se  sont  développées. 
(D'après  Hyatt). 

Fig.  146.  —  Fred.  regina.  Vue  grossie  d'un  zoïde  adulte  (Norway,  Maine). 
D,  ectocyste;  E,  endocyste;  V,  funicule;  M,  rétracteurs  gastriques;  M',  ré- 
tracteurs du  lophophore;  M"  rétracteurs  brachiaux;  N,  muscles  rétenteurs  an- 
térieurs; N',  rétenteurs  postérieurs;  F,  collet  brachial;  G,  calice;  H,  tenta- 
cules. (D'après  Hyatt). 

Fig.  147.  —  Fred.  regina.  Cette  figure  représente  un  fragment  d'étude 
dont  le  dessin  exécuté  par  le  Prof.  H.-J.  Clarh  a  été  mis  gracieusement  à  ma 
disposition  par  son  auteur.  C'est  la  section  d'un  jeune  polypide,  montrant  sa 
structure  interne  et  le  peu  d'étendue  du  pli  invaginé  (Cambridge,  Massach.). 
D,  ectocyste;  E,  endocyste;  B,  pli  invaginé;  Y,  bourgeon;  N,  rétenteurs  an- 
térieurs; K,  œsophage;  H"  cils  vibratils;  K'"  cardia;  K',  estomac;  K"",  py- 
lore; K",  intestin;  K,  anus;  I,  lophophore;  1",  épistome;  I',  bouche;  H,  ten- 
tacules; F,  collet  brachial;  S,  ganglion  nerveux.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  148.  —  Fred.  regina.  —  Lophophore  vu  d'en  haut  avec  les  tentacules 
coupés,  montrant  les  nerfs.  C,  calice;  H,  tentacules;  l' épistome;  1",  bouche; 
M,  contracteur  du  lophophore;  U,  branches  nerveuses  du  lophophore;  U', 
branches  nerveuses  des  tentacules.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  149-154.  —  Fred.  regina.  —  Statoblastes  de  taille  et  de  forme  diffé- 
rentes, vus  de  face  et  de  profil.  (D'après  Hyatt). 

—  Ces  figures  indiquent  qu'en  Amérique  comme  en  France  la  disposition 
réniforme  n'est  point  caractéristique  des  statoblastes  de  Frédéricelle,  puisqu'ici 
il  y  en  a  de  réniformes,  de  plan-convexes,  de  biconcaves,  et  enfin  de  circu- 
laires; le  vrai  caractère  des  statoblastes  de  Frédéricelles  est  l'absence  d'an- 
neau marginal. 

Fig.  155.  —  Plumatclla  diffusa  Leidy.  Vieille  colonie  de  grandeur  natu- 
relle, mais  ne  portant  (pio  quelques  polypides  vivants.  (Cambridge,  Mass.) 
(D'après  Hyalt). 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'EAU    DOUCE  111 

Kig.  1o6,  —  PL  diffusa.  —  Vue  grossie  d'une  autre  variété  de  cette  espèce, 
avec  tous  les  polypides  rétractés.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  157,  —  PL  diffusa.  —  Vue  grossie  du  profil  d'une  branche  prise  chez 
une  jeune  colonie,  montrant  différents  degrés  d'invagination.  La  première 
zoœcie  sur  la  gauche  a  sa  partie  supérieure  mobile  retirée  dans  l'ectocyste  ;  la 
seconde  zoœcie  est  vacante,  le  polypide  et  les  parties  molles  étant  tout  à  fait 
flétris  ;  les  troisième,  quatrième  et  sixième  zoœcies  montrent  différents  degrés 
d'invagination.  (D'après  Hyatt). 

Fig,  158.  —  PL  diffusa.  —  Face  ventrale  du  lophophore  épanoui  d'un 
polypide  de  la  fig.  156.  M',  rétracteur  du  lophophore.  M',  rétracteurs  bra- 
chiaux, (D'après  Hyatt). 

Fig.  159.  —  PL  diffusa?  var.  Fredericella  Walcotti  Hyatt.  Var.  a  de  cette 
variété  ;  de  Georgetown,  Massachussetts.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  1 60-1 64.  —  PL  diffusa.  Statoblastes  de  tailles  et  de  formes  différentes, 
vus  de  face  et  de  profil.  (D'après  Hyatt), 

—  Si  on  compare  ces  cinq  figures  aux  statoblastes  des  deux  espèces  Euro- 
{)éennes,  on  voit  que  les  figs.  160  à  162  se  rapprochent  des  statoblastes  de  la 
Plumatella  hicifuga  tandis  que  les  fig.  1 63  et  1 64  ressemblent  aux  statoblastes 
de  la  PL  repens. 

Fig.  165.  —  Hyalinella  vesicidaris  Leidy  (sp.).  —  Colonie  développée  au 
bout  d'nne  branche,  (D'après  Hyatt). 

Fig.  166  à  172.  —  PTyaL  vesic.  Statoblastes  de  tailles  et  de  formes  diffé- 
rentes vus  de  face  et  de  profil.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  173.  —  Hyalinella  vitrea  Hyatt  (sp,).  —  Colonie  de  grandeur  natu- 
relle avec  quelques  polypides  épanouis.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  174.  —  Hyal.  vitrea.  —  Vue  grossie  de  cinq  groupes  étalés  sur  une 
branche,  pris  au  commencement  et  à  gauche  de  la  fig.  173.  (Cambridge, 
Mass.),  (D'après  Hyatt). 

Fig,  175.  —  Hyalinella  vilrea.  Cette  figure  montre  la  grande  extension  que 
peut  prendre  le  polypide  évaginé.  D,  ectocyste;  E,  endocyste  ;  B,  pli  inva- 
giné;  K',  estomac.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  176,  —  Fredericella  puleherrima  Hyatt.  Colonie  de  grandeur  natu- 
relle (Lac  Sebago,  Maine).  (D'après  Hyatt). 

J'ai  rapproché  cette  colonie  de  la  Hyalinella  vitrea  parce  qu'elle  possède  des 
zoœcies  incolores,  mais  elle  ressemble  beaucoup  à  la  Fred.  regina,  comme 
Hyatt  l'indique  lui-même  ;  peut-être  n'est-elle  qu'une  simple  variété  incolore 
de  cette  dernière  Frédéricelle,  car  les  zoœcies  sont  tubuleuses,  isolées  et  très 
minces,  tandis  que  la  Plumatella  vitrea  de  Hyatt  a  les  siennes  plus  renflées  et 
surtout  beaucoup  plus  courtes;  ce  n'est  très  probablement  qu'une  variété  locale 
de  Frcd.  reijinn,  elle  n'a  été  trouvée  juscju'à  présent  (pie  dans  le  lac  Sebago, 


112  J.    JULLIEN 

c'esl  donc  une  variété   à  étudier,  coinine  toutes  les  Plumateiles  Américaines 
sur  lesquelles  il  règne  encore  un  peu  d'incertitude. 

Fig.  177  à  '179.  —  Hyalinella  vilrea.  Slatoblasto  vu  de  face  et  de  proGl. 
(D'après  Hyatt). 

Fig.  180.  —  Lopliopiis  Trembleyi.  Zoarium  fixé  sur  un  morceau  de  bois  par 
la  base  du  polypier.  Cette  base  n'est  qu'un  amas  de  matière  qui  a  servi  de 
cellules  aux  polypides,  mais  qui  n'a  plus  cet  usage  depuis  que  le  zoarium 
s'est  augmenté  et  allongé.  On  trouve  souvent  des  zoaria  qui  n'ont  point  de 
pareille  base.  On  voit  dans  cette  figure  que  le  zoarium  qu'elle  représente  a 
commencé  à  se  partager  en  trois  branches,  dont  l'une  est  prête  à  se  séparer 
entièrement  des  deux  autres.  (D'après  Trembley).  —  Cette  figure  copiée  sur 
Trembley  a  été  réduite  par  le  graveur;  Trembley  l'avait  dessinée  de  grandeur 
naturelle,  mais  ici  elle  ne  représente  que  0,623/1 . 

Trembley  traite  de  jeunes  polypides  les  plus  petits  de  ces  êtres,  c'est  une 
erreur  de  sa  part,  chez  les  Bryozoaires  le  bourgeonnement  n'est  pas  indéfini, 
il  est  rapidement  limité,  et  quelque  soit  la  taille  du  zoarium,  l'arrêt  d'accrois- 
sement de  la  colonie  finit  toujours  par  arriver;  ces  animaux  subissent  celte 
terrible  loi  qui  régit  toutes  les  aggrégalions  humaines  et  animales,  physiques 
et  morales,  détruisant  avec  la  même  facilité  les  grands  et  les  petits.  Le  bour- 
geonnement diminue  d'intensité,  les  polypides  restent  rabougris  et  stériles  à 
côté  de  leurs  superbes  anciens,  non  pas  par  manque  de  nourriture,  mais  par 
manque  de  vitalité;  l'ensemble  des  forces  vitales  dont  la  résultante  constitue 
l'énergie  vitale  a  des  limites  infranchissables,  où  les  nations  périssent  comme 
une  colonie  de  Bryozoaires;  pour  les  premières  les  jours  sont  des  siècles,  pour 
les  dernières  bien  peu  de  temps.  C'est  à  ce  moment  qu'on  peut  trouver  des 
polypides  avoués,  ou  sinon  d'un  type  beaucoup  plus  simple  que  celui  des  po- 
lypides plus  anciens  ;  quelquefois  même  le  polypide  ne  peut  se  développer, 
l'endocysle  sans  vigueur  ne  peut  plus  rien  produire,  la  colonie  agonise  de  vieil- 
lesse. 

Fig.  181.  —  Loph.  Trembleyi.  —  Exemplaires  attachés  aux  racines  de 
Lemna  polyrhiza.  Grandeur  naturelle.  (D'après  Allman). 

Fig.  18  2.  —  Loph.  Trembleyi.  Trois  polypes  à  panache  d'eau  douce,  grossis 
au  microscope.  L'un  est  en  dehors  de  la  zoœcie,  un  autre  s'est  retiré  à  l'inté- 
rieur, enfin  un  plus  jeune  se  voit  à  gauche  (voy.  ce  que  j'ai  dit  pour  la  fig.  180). 
Trembley  distingue  dans  le  premier  polypide  ce  qu'il  appelle  lui-même  l'œso- 
phage, l'estomac  et  Finteslin  droit  II  distingue  l'ectocyste  qu'il  nomme  peau 
du  Polype.  Cette  figure  remarquable  a  été  donnée  par  Trembley  en  avril  1 741 . 
Yan  Bcneden  prétend  que  cet  auteur  n'a  point  vu  l'anus  de  son  Polype  à  pa- 
nache, et  Trembley  en  dit  autant,  mais  Trembley  raconte  qu'il  a  très  bien  vu 
l'évacuation  des  matières  focales,  s'il  a  vu  celle  évacuation,  il  a  vu  du  même 
coup  par  où  elle  s'eirccluail,  Raspail  n'a  pas  vu  autre  chose  pour  connaître  la 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'EAU    DOUCE  113 

place  de  l'anus,  et  je  trouve  qu'en  cette  circonstance  Trembley  a  été  trop 
facile  à  s'accuser. 

Fig.  183.  —  Lophop.  Tremhleiji.  —  Vue  d'un  jeune  zoarium.  L'endocyste 
général  est  enveloppé  dans  un  ectocyste  gélatinoïde  qu'il  exsude.  Divers  poly- 
pides  sont  épanouis,  d'autres  sortent  de  leur  étui,  d'autres  enfin  sont  rentrés 
dans  la  masse  commune.  Quelques  bourgeons  naissants  vont  produire  d'autres 
polypides.  Exemplaire  grossi.  (D'après  Dumortier), 

Fig.  184.  —  Loph.  Trembleyi.  —  Lophopus  dans  lequel  l'ectocyste  gélati- 
noïde du  jeune  âge  diminuant  d'épaisseur  se  colle  à  l'endocyste  et  auquel  Du- 
mortier et  van  Beneden  ont  donné  le  nom  de  Lophopus  Backeri.  Cette  varia- 
tion est  produite  par  l'âge,  et  non  point  par  un  état  maladif  comme  Allman 
l'a  pensé.  Cette  belle  colonie  a  été  trouvée  au  mois  de  janvier  1839  sur  la 
tige  d'une  Veronka  beccabunga.  Plusieurs  polypides  sont  étalés  dans  différentes 
positions.  (D'après  Dumortier  et  van  Beneden). 

Fig.  185.  —  Lophopus  Trembleyi.  —  Jeune  zoarium  avec  deux  polypides. 
L'ectocyste  y  est  très  développé.  (D'après  Allman).  Très  grossi. 

Fig.  186.  —  Lophop.  Trembleyi.  —  Jeune  zoarium  mieux  développé,  con- 
tenant dix  polypides.  Exemplaire  très  grossi  qu'Allman  considère  comme  adulte. 
Allman  ajoute  ici  une  erreur  aux  autres,  sa  colonie  est  encore  très  jeune,  les 
rares  statoblastes  qu'elle  contient  sont  encore  adhérents  aux  funicules,  tandis 
que  beaucoup  de  ces  corps  sont  tout  à  fait  libres  intérieurement  dans  les  vieux 
zoaria.  J'en  conclus  qu'Allman,  comme  beaucoup  d'aulres  naturalistes,  n'a 
jamais  vu  cette  espèce  adulte. 

Fig.  187.  —  Loph.  Trembleyi.  —  Fragment  d'un  zoarium  que  j'ai  trouvé 
au  mois  de  septembre  1869  au  Jardin  d'Acclimatation  de  Paris;  ce  zoarium 
était  gros  comme  le  bout  du  pouce  et  très  ramifié,  ils  se  rapprochait  par  son 
organisation  de  celui  de  Trembley,  fig.  180.  C'était  un  exemplaire  parfaitement 
adulte,  le  seul  que  j'ai  j'amais  vu  ;  le  modeste  dessin  que  j'en  donne  n'a  pas 
été  terminé,  il  a  été  exécuté  à  la  chambre  claire,  en  conséquence  ce  qui  est 
représenté  est  absolument  exact.  On  voit  que  la  fig.  184  et  la  mienne  ont 
beaucoup  do  rapports  en  ce  sens  que  l'ectocyste  gélatinoïde  a  considérablement 
diminué  d'épaisseur,  puisqu'il  se  confond  avec  l'endocyste,  le  zoarium  était 
cependant  tout  à  fait  transparent.  Il  y  a  de  nombreux  statoblastes  dispersés 
intérieurement  et  sans  aucun  rapport  avec  les  polypides.  1 4/1 . 

Fig.  188-  —  Loph.  Trembleyi.  —  Vue  moitié  schématique  d'une  partie  du 
lophophore  et  de  la  couronne  tentaculaire  d'un  lophopus,  montrant  la  bouche 
et  les  parties  voisines,  avec  la  distribution  des  nerfs.  Ses  tentacules  sont  par- 
tiellement coupés  pour  laisser  voir  la  surface  supérieure  du  lophophore. 
(D'après  Allman). 

Fig.  189.  —  Loph.  Trembleyi.  —  Très  jeune  statoblasle.  (Dumort.  et  van 
Bencd.). 


114  J.    JULLIEN 

Fig.  190.  —  Loph.  Trembleyl.  —  Cul-de-sac  de  l'esloniac  avec  un  slalo- 
blaste  presqu'enlièrement  développé.  (Dum.  el  van  Bened.). 

Fig.  191 .  —  Loph.  Trembleyi.  —  Statoblaslc  isolé  et  vu  de  profil.  (Dum.  et 
van  Bened.). 

Fig.  192.  —  Loph.  Trembleyi.  —  Statoblaste  vu  de  face.  —  (Dumoit.  et 
van  Bened.). 

Fig.  193.  —  Loph.  Trembleyi.  —  Statoblaste  grossi  environ  50  fois  vu  de 
face.  (D'après  Allnian). 

Fig.  194.  —  Loph.  Trembleyi.  —  Statoblaste  vu  de  profil.  (Allman). 

Fig.  195.  —  Loph.  Trembleyi.  —  Statoblaste  de  la  colonie  représentée  en 
partie  dans  la  figure  187.  Les  cellules  de  l'anneau  marginal  ont  été  dessinées 
presques  toutes  à  la  chambre  claire,  leur  taille  diminue  de  l'extérieur  à  l'inté- 
rieur et  leurs  proportions  sont  exactes  dans  ce  dessin.  34/1 . 

Fig.  19C.  Pectinatella  magnifica.  —  Limites  d'une  colonie  développée  à 
l'extrémité  d'une  branche  morte.  (Norway,  Me.),  La  partie  recouverte  de  cette 
branche  est  limitée  par  une  ligne  ponctuée.  Cette  figure  montre  l'aspect  géné- 
ral de  la  colonie,  la  grande  épaisseur  de  l'ectocyste  et  la  disposition  des  lobes. 
(D'après  Hyatt)    Plus  petite  que  grandeur  naturelle. 

Fig,  197  et  198.  —  Pecl.  magn.  —  Jeunes  colonies.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  199.  —  Pecl.  magn.  —  Limites  d'un  lobe  d'une  grande  colonie,  des- 
sinée de  grandeur  naturelle,  ce  lobe  est  lui-même  divisé  en  lobes  plus  petits 
rayonnants  et  tripartites.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  200.  —  Pect.  magnifica.  —  Lobe  représenté  fig.  1 99,  il  a  été  traité  par 
l'alcool.  Les  polypides  raccornis  sont  représentés  par  les  petites  lignes  angu- 
leuses disséminées  les  unes  devant  les  autres;  on  voit  des  statoblastos  dans  le 
milieu  du  zoarium.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  201.  —  Pect.  magn.  —  Vue  grossie  d'un  polypide  situé  à  l'extrémilé 
d'un  lobe.  (Norway,  Maine).  (D'après  Hyatt). 

Fig.  202.  —  Pecl.  magn.  —  Profil  d'un  polypide  rétracté,  montrant  l'as- 
pect de  la  quatrième  membrane  et  la  disposition  des  rétracteurs  pendant  l'in- 
vaginalion.  La  quatrième  membrane  du  canal  alimentaire  forme  un  arc  exté- 
rieur entre  l'estomac  et  l'intestin,  et  un  autre  arc  à  concavité  interne  entre 
l'estomac  et  l'extrémité  inférieure  de  l'estomac  et  l'extrémité  inférieure  de 
l'oesophage.  (D'après  Hyatt),  —  La  quatrième  membrane  n'existe  pas  chez  les 
Plumatellidées. 

Fig.  203.  —  Pect.  magn.  —  Vue  ventrale  d'un  polypide  tout  à  fait  rétracté, 
montrant  les  positions  et  relations  des  trois  paires  de  rétracteurs.  (Norway, 
Maine).  Au-dessous  de  l'orifice  se  voit  la  couronne  des  rétenteurs  dont  les 
fibres  musculaires  rayonnent  des  parois  de  la  gaine  tentaculaire  à  la  paroi 
externe  que  forme  l'cndocyste;  au-dessous  se  trouve  le  faisceau  des  tenta- 
cules supporté  par  le  lopliophorc  ;  enfin  plus   bas   se  trouve  le  fond  de  l'e^to- 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'eAU    DOUCE  115 

mac.  En  reprenant  de  haut  en  bas  l'étude  des  muscles  latéraux,  on  trouve  les 
rétracteurs  brachiaux,  les  rétracteurs  du  lophophore  et  enfin  les  rélracteurs  de 
l'estomac.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  204.  —  Pect.  magn.  —  Coupe  transversale  schématique  du  zoarium 
de  la  fig.  199  avec  les  polypides  étendus;  des  slatoblasles  sont  dispersés  vers 
le  milieu  et  dans  le  bas.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  205.  — Pect.  magn.  —  Statoblaste  vu  par  sa  face  supérieure. 

Fig.  206.  —  Pect.  magn.  —  Statoblaste  vu  par  sa  face  inférieure. 

Fig.  207.  —  Pect.  magn.  —  Statoblaste  vu  de  profil.  Du  centre  de  l'exté- 
rieur on  voit  l'enveloppe  cornée,  l'anneau  marginal,  enfin  les  crochets.  (Ces 
trois  dernières  figures  sont  empruntées  à  Hyatt). 

Fig.  208,  —  Pect.  magn.  —  Ganglion  nerveux  œsophagien  avec  ses  prin- 
cipaux troncs  nerveux.  Le  filament  supérieur  droit  constitue  le  nerf  de  l'épis- 
tome,  les  autres  nerfs  appartiennent  au  lophophore.  (D'après  Hyatt).  Très 
grossi  (Hyatt  n'indique  pas  ses  grossissements). 

Fig.  209.  —  Pect.  magn.  —  Ganglion  œsophagien  très  grossi,  montrant 
l'extrême  variabilité  des  ganglions  et  des  troncs  nerveux.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  210.  — Pect.  magn.  —  Même  ganglion  que  celui  de  la  fig.  209,  mais 
contracté,  il  porte  les  mêmes  nerfs.  Dans  ces  ganglions  le  gros  nerf  supérieur 
bifurqué  en  bas  représente  le  tronc  nerveux  lophophorique  ;  le  filet  situé  à 
droite  du  ganglion  est  le  nerf  de  l'épistome;  des  deux  nerfs  qui  résultent  de 
la  bifurcation  inférieure  du  filet  ganglionaire,  le  gauche  est  le  nerf  du  polypide, 
le  droit  est  le  nerf  du  bras  du  lophophore.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  211.  —  Pect.  magn.  —  Statoblaste  coupé  transversalement;  cette 
figure  montre  la  disposition  des  cellules  de  l'anneau  marginal.  (D'après 
Potts).  —  a, a,  surface  libre  des  valves;  b,b,  série  unique  des  grappins;  d,  d, 
sections  de  l'anneau  marginal,  divise  lui-même  par  la  ligne  c,  e,  le  long  de 
laquelle  s'opère  la  déhiscence  des  valves  dans  ce  genre. 

Dans  les  deux  figures  suivantes  les  lettres  ont  la  même  signification. 

Fig.  21  2.  —  Pect.  magn.  —  Statoblaste.  Section  transversale  de  l'anneau  mar- 
ginal de  la  valve  supérieure  montrant  la  forme  prismatique  des  cellules  vides  ;  à 
l'aide  de  cette  figure,  on  peut  comprendre  le  mode  de  déhiscence  du  statoblaste. 

Fig.  213.  —  Pect.  magn.  Section  transversale  de  l'anneau  marginal  de  la 
valve  inférieure  du  même  statoblaste  que  celui  de  la  fig.  213.   D'après  Potts. 

Fig.  214.  —  Pectinaiella  Carteri  Hyatt.  —  Un  statoblaste  vu  de  face. 

Fig.  215.  —  Id.,  le  même  statoblaste  coupé  transversalement. 

Fig.  216.  —  Id.,  épines  barbelées  marginales. 

(Ces  trois  dernières  figures  sont  empruntées  à  Carter). 

Fig.  217.  —  Cristalella  mucedo  G.  Cuvier.  —  Statoblaste  en  voie  d'éclo- 
sion  vu  de  face.  Sur  la  droite  apparaissent  les  jeunes  polypides  qui  en  naissent 
(D'après  Dumortier  et  van  Beneden). 


116  J.    JULLIEN 

Fig.  218.  —  Crist.  mucedo.  Le  même  statoblasle  vu  de  profil.  (Dum.  et 
van  Ben.). 

Fis.  219.  —  Crisi.  mucedo.  —  Jeune  zoarium  débarrassé  des  valves  du  sta- 
toblaste.  (Dum.  et  van  Bened.). 

Fig.  220  à  222.  —  Crist.  mucedo.  —  Jeunes  zoaria  qui  ont  servi  de  types 
à  l'espèce.  (Empruntés  à  Rœsel). 

Fig.  223,  —  Crist.  mucedo.  —  Zoarium  adulte  avec  la  plupart  des  poly- 
pides  épanouis.  On  voit  les  slatoblastes  dans  le  milieu  de  la  colonie.  (Allman). 

Fig.  224.  —  Crist,  mucedo.  —  Ganglion  nerveux  coupé  transversalement, 
on  voit  les  cellules  nerveuses  centrales  et  les  nerfs  qui  en  partent.  (Nous  devons 
cette  coupe  intéressante  au  professeur  Reinhardt  de  Charkow  (Russie). 

Fig.  223.  —  Cristatella  ophidioidea  Hyatt.  —  Zoarium  de  grandeur  ré- 
duite, dans  sa  position  normale.  Les  polypides  sont  figurés  aux  extrémités  seu- 
lement, le  bord  de  la  colonie  entre  elles  est  indiqué  par  des  lignes  ponctuées 
(Norway,  Maine).  (D'après  Hyatt). 

Fig.  226.  —  Crist.  ophid.  —  Vue  grossie  d'un  polypide  adulte  dans  sa 
zoœcie.  La  zoœcie  est  soutenue  par  un  réseau  musculaire  à  faisceaux  énormes 
limitant  des  espaces  de  grandeur  très  variable  excessivement  irréguliers,  dont 
l'ensemble  est  fort  élégant.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  227.  —  Crist.  ophid.  —  Vue  d'un  polypide  du  premier  rang,  entière- 
ment invaginé.  Elle  a  été  prise  par  la  face  inférieure,  avec  l'endocyste  tourné 
de  côté.  Les  rétracteurs  gastriques  et  du  lophophore  n'ont  pas  été  dessinés. 
(D'après  Hyatt). 

Fig.  228.  —  Crist.  ophid.  —  Vue  grossie  du  côté  postérieur  de  la  moitié 
d'une  jeune  colonie  avec  l'ectocyste  et  l'endocyste  enlevés  sur  une  portion  de 
la  base,  découvrant  les  estomacs  des  polypides  et  les  bases  des  parois  muscu- 
laires. Sur  le  bord  les  bourgeons  sont  fixés  à  la  face  supérieure  de  l'endocyste 
et  au  centre  se  trouve  le  cône  renversé  formé  par  le  bord  interne  des  parois 
musculaires.  Sur  la  gauche  se  voit  la  portion  découverte,  les  lignes  noires  mon- 
trent les  positions  des  parois  musculaires,  mais  sur  la  droite  qui  est  encore 
couverte,  elles  indiquent  seulement  les  plis  externes  temporaires  de  l'endo- 
cyste, causés  par  la  contraction  du  cœnœcium.  Les  relations  et  positions  de 
toutes  ces  parties  sont  plus  faciles  à  comprendre  dans  une  coupe  idéale  telle 
que  la  représente  la  fig.  229.  Dans  cette  dernière  les  lettres  se  traduisent 
ainsi  :  E,  endocyste;  C,  estomac  des  polypides  entièrement  rétractés;  Q,  pa- 
rois musculaires  ;  Y,  bourgeons;  Y',  polypides  jeunes  susceptibles  d'évagination 
(voyez  l'explication  de  la  fig.  180);  X,  statoblastes  fixes;  A',  tronc  cœnœcial. 
(D'après  Hyatt). 

Fig.  230.  —  Crist.  ophid.  —  Lophophore  vu  d'en  haut,  les  tentacules  et  le 
calice  ont  été  enlevés  pour  montrer  la  distiibution  des  nerfs.  L'area  centrale, 
formant  une  bande  blanche  dans  chaque  bras,  est  formée  par  un  nerf  lopho- 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'EAU    DOUCE  117 

phorique,  tandis  que  chacune  des  lignes  noires  qui  en  portent,  et  qui  simulent 
les  limites  des  tentacules,  n'est  autre  chose  qu'un  nerf  tentaculaire.  (D'après 
Hyalt). 

Fig.  231 .  —  Crist.  ophid.  —  Lophophore  vu  d'en  haut,  chez  un  jeune  po- 
lypide.  Les  bras  sont  encore  soudés  près  des  extrémités,  et  les  tentacules  ainsi 
que  le  calice  ne  sont  point  développés  le  long  de  la  ligne  de  jonction  (Norway, 
Maine).  (D'après  Hyatt). 

Ce  lophophore  se  rapproche  beaucoup  de  celui  de  la  fig.  i  ;  je  regrette  que 
Hyatt  n'ait  pas  parlé  de  l'épistome  de  ce  singulier  et  anormal  lophophore,  il 
aurait  été  intéressant  de  le  comparer  avec  les  lophophores  anormaux  de  Pluma- 
telle.  Je  répète  ici  que  ces  anomalies  ne  sont  pas  des  états  de  passage  d'un 
âge  à  un  autre,  mais  bien  des  arrêts  de  développement  par  suite  de  décrépi- 
tude sinon  du  zoarium  entier  au  moins  des  polypides  générateurs. 

Fig.  232.  —  Crist.  ophid.  —  Zoœcie  du  premier  rang,  son  orifice  est  fermé 
sur  le  polypide  invaginé.  On  voit  tout  autour  de  cet  orifice  la  couronne  des 
muscles  rétenteurs  antérieurs.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  233.  —  Crist.  ophid.  —  Même  zoœcie  que  dans  la  fig.  232,  vue  de 
profil.  (D'après  Hyatt). 

Fig.  234.  —  Crist.  ophid.  —  Statoblaste.  Face  supérieure.  ) 

Fig.  235. —  —  —         Face  inférieure.  [  (D'après  Hyatt). 

Fig.  236.—  —  —         Vue  de  profil.      ) 

Le  dessinateur  a  mal  copié  le  dessin  de  Hyatt;  dans  la  figure  type,  les  cro- 
chets sont  en  dedans  du  bord  interne  de  l'anneau  marginal  ;  le  lecteur  voudra 
bien  tenir  compte  de  cette  rectification. 

Fig.  237.  —  Cristatella  lacustris  Potts.  —  Section  transversale  passant  par 
le  centre  d'un  statoblaste  de  cette  espèce;  a,  a,  surfaces  chitineusesdes  valves; 
b,  b,  leur  portion  réfléchie  formant  grappins;  c,  c,  les  grappins  rétenteurs  plies 
et  tordus  ;  d,  d,  section  de  l'anneau  marginal  ou  bague  de  cellules  aérifères 
surmontant  le  corps  chitineux  du  statoblaste  ;  e,  e,  partie  du  bord  où  les 
valves  se  séparent  au  moment  de  l'éclosion,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  la  figure  238 . 
(D'après  Potts). 

Fig.  238.  —  Crist.  lacust.  —  Cette  figure  représente  l'extrémité  de  la  sec- 
tion d'un  semblable  statoblaste  au  moment  de  la  séparation  des  valves.  Les 
parties  indiquées  par  des  lettres  correspondent  à  celle  de  la  figure  237,  sauf 
pour  la  lettre  f  qui  indique  une  membrane  délicate  cachée  sous  la  surface 
interne  de  l'anneau  marginal,  et  pour  g, g,  qui  indiquent  les  différentes  tailles 
et  la  fréquence  des  papilles  chitineuses  sur  les  surfaces  libres  des  valves.  (D'après 
Potts). 

Fig.  239.  —  Paludicella  Ehrenbergi  van  Beneden.  —  Zoarium  fixé  à  une 
pierre  submergée.  (D'après  AUman).  —  La  reproduction  de  ce  dessin  n'est  pas 
absolument  exacte,  le  dessinateur  a  un  peu  grossi  leszorecies;  les  deux  zoœcies 


118  J-    JULLIEN 

placées  an  point  n  sont  de  grandeur  naturelle,  mais  ie^  antres  me    paraissent 
bien  grossi  d'un  tiers  de  la  grandeur  naturelle. 

Fig.  240.  Paliid.  Ehrenh.  —  Zoarium  avec  ses  hybernacles.  —  (D'après 
Dumortier  et  van  Beneden). 

Figs.  241  à  242.  —  Pahul.  Elirenb.  —  L'hybernacle  se  sépare  en  deux 
valves  comme  un  Mollusque  acéphale.  On  voit  poindre  successivemeut  la  zoœcie 
et  ses  bourgeons.  On  voit  quelquefois  de  ces  valves  encore  attachées  au  poly- 
pier vers  le  milieu  de  l'été.  (D'après  Dumortier  et  van  Beneden). 

Fig.  243.  —  Palud.  Ehrenb.  —  Coupe  d'une  zoœcie  avec  son  polypide 
épanoui  et  montrant  les  détails  anatomiques.  L'ovaire  et  le  testicule  sont  par- 
faitement développés.  —  a,  endocyste  ;  b,  ectocyste  ;  b',  diaphragme  inter- 
zoœcial  ;  h,  intestin;  h',  pylore;  i,  anus;  k,  lophophore;  l,  tentacules; 
n,  muscles  rétracteurs  du  polypide;  s,  muscles  pariétaux  vaginaux  postérieurs; 
V,  muscles  pariétaux;  0,  funicule  testiculaire;  6',  funicule  ovarien,  |,  sperma- 
tozoïdes; X)  testicule;  ^,  ovaire.  (D'après  Allman). 

Ce  dessin  me  fait  l'effet  d'un  superbe  schéma,  il  est  très  exact. 

Fig.  244.  — Norodonia  cambodgiens is  i.  iuWien.  —  Rameau  grossi  9  fois 
et  demi. 

Fig.  245.  —  Norod.  cambodg.  —  Zoœcie  en  bourgeonnement  et  bourgeon, 
grossi  36  fois  et  30  centièmes. 

Fig.  246.  —  Norodomia  sinensis  J.  Jullien,  —  Zoarium  de  grandeur  natu- 
relle. 

Fig.  247.  —  Norod.  sinensis.  —  Rameaux  grossis  9  fois  et  demi. 

Fig.  248.  —  Hislopia  lacnstris  Carter.  —  Zoarium  très  grossi.  La  grandeur 
naturelle  des  zoœcies  est  de  0"^"'87.5  de  longueur.  —  D'après  Carter. 

Fig.  249.  —  Hislop.  laciist.  —  Zoœcie  avec  l'animal,  d'après  un  exem- 
plaire conservé  dans  l'alcool  et  très  grossi.  D'après  Carter. 

Fig.  250.  —  Hislop.  lacust.  —  Zoœcie  avec  l'animal  en  partie  évaginé. 
Dessin  un  peu  moins  grossi  que  celui  de  la  figure  249.  D'après  Carter.  — 
a,  a,  a,  a,  bords  de  la  zoœcie;  b,  tentacules;  c,  gaîne  buccale  montrant  la 
portion  plissée;  f,  pharynx;  g,  œsophage,  /*,  gésier;  i,  estomac;  k,  intestin 
grêle;  l,  rectum;  m,  muscle  rétracteur  ainsi  allongé  pendant  l'extension  du  po- 
lypide. 

Tous  mes  dessins,  accompagnés  d'un  indice  de  grossissement,  ont  été  exé- 
cutés avec  un  microscope  de  Nachet,  après  examen  de  l'objet  au  microscope 
binoculaire  du  même  fabricant.  Je  regarde  l'appareil  binoculaire  comme  indis- 
pensable pour  ce  genre  d'études.  Quant  aux  objectifs  dont  je  me  suis  servi, 
je  n'en  connais  pas  de  supérieurs  à  ceux  de  Nachet.  Je  n'ai  pas  employé  la 
chambre  claire  du  même  constructeur  pour  le  microscope  vertical,  à  cause 
(le  l'énnrmo  déformation  qu'elle  produit  dans  sa  projection   lumineuse,  d'où 


MONOGRAPHIE    DES    BRYOZOAIRES    d'EAU    DOUCE  119 

résulle  une  impossibilité  absolue  de  raccorder  plusieurs  esquisses  en  un 
seul  dessin.  Dans  sa  nouvelle  chambre  claire,  où  le  prisme  est  doré  sur 
une  de  ses  faces,  le  ton  bleu  que  prend  la  lumière  est  une  gène  véri- 
table pour  le  dessinateur  qui  ne  voit  plus  les  contours  délicats  de  l'objet; 
cette  couleur  bleue,  loin  d'être  un  avantage  pour  la  chambre,  n'est  qu'un 
défaut  à  ajouter  aux  autres.  J'ai  donc  été  obligé  de  faire  mes  dessins  avec 
une  chambre  claire  parfaite  pour  les  microscopes  pouvant  se  renverser, 
et  que  j'ai  achetée  en  1863  chez  Mirand,  fabricant  à  Paris,  elle  ne  déforme  pas 
d'une  façon  sensible  les  objets  qu'on  dessine  avec  elle. 


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