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Full text of "Moyse, considéré comme législateur et comme moraliste"

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v^ 


^^O  Y  SE, 

^^^^^  CONSIDÉRÉ 

COMME  LÉGISLATEUR 

E  T 

COMME    MORALISTE^ 

Par  m.  de  Pastoret ^ 

Confdller  de  la  Cour  des  Aides  ^  de  l*Aca^ 
demie  des  Infcriptions  ù  Belles^ Lettres  ^ 
de  celles  de  Madrid^  Florence  ^  Cor^ 
tone  j  &c.  &c. 


A     PARIS, 

Chet  Buisson,  Libraire,  Hôtel  de  Coetïofquec^ 

rue  Hautefenille ,  N^.  zo. 


M.   DCC  LXXXVIIL 

Swi  U  Privilège  de  P Académie  Royale  des  Infcrîpthnà 
6*  Bdles'Lcttrei, 


M6 


On  trouve  chc^  le  même  Libraire  tOuvrage  fuivant , 
du  mime  Auteur  : 

ZORQASTRE,  CONFUCIUS  &  MaHOMÈT, 

confidérés  comme  Sedaires ,  comme  Légif- 
lateurs  &  comme  Moraliftçs  5  avec  Iç  tableau 
de  leurs  dogmes,  de  leurs  loix  &  de  leur  mo- 
rale. Seconde  Edition.  I  vol.  in-i^.  Prix  ,  4  liv. 
10  (.  broché ,  y  lîv.  lo  f»  relié* 


EXTRAIT  des  Regiftres  de  l'Académie  Royale 
desjnfcriptions  &:  Belles-Letcres. 


Du  Vendredi  15  Avril  1788. 


M. 


Iessieurs  de  Guignes  et  Dupuy,  Commîflaîrcs 
nommés  par  TAcadémie  ,  pour  Texamen  d'un  ouvrage 
intitulé  :  Moyfe^  conjîdéré  comme  Lépflateur  &  comme  Mo^ 
rdifle  ,  par  M.  dePastoret,  Académicien- Aflbcié,  ont 
dit  que  cet  ouvrage  leur  a  paru  digne  de  l'impreffion.  Sur 
leur  rapport,  qu'ils  ont  laiffé  par  écrit,  l'Académie  a  cédé 
fon  Privilège  à  M.  DE  Pastoret,  pour  l'impreffion  àw&X 
ouvrage. 

En  foi  de  quoi,  j'ai  figné  le  préfent  Certificat.  Fait  à  Paris, 
au  Louvre,  ledit  jour  Vendredi  25  Avril  1788. 

D  A  C I  £  R ,  Secrétaire  perpétuel  de  l'Âcadéoûe^ 


M  O  Y  s  E , 


CONSIDERE 


COMME  LÉGISLATEUR 

Et 

COMME  MORALISTE. 


CHAPITRE    PREMIER. 

1-i'EuROPE  &  rAfrique  étoient  fauvages ;     Etat  du 
les  nqms  même  de  la  Grèce  &  de  Rome  n'exif-  Sanccdc 
toientpas.  En  Afie,  la  Perfe  n'etoit  encore  que  ^^^^*^' 
la  province  d'un  empire.  Elevée ,  pendant  un 
jTiècIe  ,  au  plus  haut  degré  de  gloire  &  de 
puiflFance ,  lAflyrie  avoit  perdu  fon  ancienne 
fplendeur.  La  moUefle  &  le  defpotifme  om- 
brageux des  fuccefleurs  dé  Ninias  déshono- 
roient,  depuis  long-temps,  le  trône  qu'avoient 
illuftré  Ninus  &  Sémirariiis.  La  Phénicie  & 
TEgypte  fembloient  exifter  feules  dans  luniver»* 

A 


*-  . 

2  Moyfe^  conftàirt  comme  Ugijlatèur 

Ce  qu'c-  Les  Hébreux  n'étoîént  que  las  efclaves  mé- 
îciHébrcw!  prifés  d'une  nation  étrangère.  Voués ,  par  les 
Pharaons ,  à  Ati  tntvitux  hùiftîMan^  &  pénibles , 
ils  coiiftruifoient  des  remparts ,  élevoîent  des 
pyraniides,  crèufbient  des  canaux  pour  mul- 
tiplier la  fécondité  du  Nil ,  ou  enchaînoient 
par  des  digues  fon  débordement  &  Ton  impe* 
tuofité  (i)!  Un  édit  du  fouverain  avoir  récem- 
ment ordonné  de  précipiter  dans  le  fleuve  tous 
les  enfans  mâles  qui  naîtroient  des  Ifraélites  (2). 
Dangers  Moyfe  voit  le  jour  :  la  tendreflè  de  fes  parens 
3ès Vnîdf-  veut  le  fouftraire  à  une  mort  affurée  ;  mais 
fance:com-  bientôt  on  craiut  qu'il  ne  foif  éfcouvert ,  &: 

ment    il    y  ^  •' 

échappe,  en  proie  à  la  fureur  des  tyrans.  Treflant  en 
corbeille  le  jonc  docile ,  fa  mère  forme  un 
berceau,  qu'elle  enduit  de  poix  &  de  bitume, 
pour  que  l'eau  refpefte  l'alyle  où  fon  enfant 
repofe  (3).  On  le  fufpend  à  des  rofeaux  que 
les  flots  environnent.  Son  trépas  eût  été  certain 
fi  la  fille  du  roi ,  que  l'envie  de  fe  baigner 
amenoit  vers  le  rivage ,  ayant  apperçu  la  cor- 
.     beille ,  n'eût  ordonné  qu'on  la  lui  apportât , 

(  I  )  Exode,  chap.  i,  v.  11,  &  fuivans.  Josèphe, 
Antiquités  judaïques,  liv.  2,  chap  5  ,  pag.  54.  Philon, 
Vie  de  Moyfe ,  liv.  i ,  tom.  2,  p.  86  &  87. 

(2)  Exod,  chap.  I  ,  V.  22. 

(3)  Exode,  chap.  2,  v.  2  &  3. 


&  comme  MorétifU,  if 

te  qu'on  rouvrît  devant  elle.  Touchée  de 
l'abandon  &  des  vagiflemens  de  cet  être  in« 
fortuné ,  la  princeilè  en  efluie  les  larmes , 
&  ne  fe  bornant  pas  à  une  pitié  ftérile , 
forme  le. projet  de  lui  conferver  la  vie  (4), 
Le  voilà  conduit  dans  le  palais  des  rois  , 
cet  enfant  débile  auquel  Jehova  réferve  la 
grande  deftinée  d'être  un  jour  le  confident 
de  fes  oracles  &  le  légiflateur  de  fon  peuple. 
Fixé  dans  la  capitale  d'un  grand  empire ,  doué 
d'un  efprit  pénétrant  &  d'une  imagination 
brûlante  ,  paffionné  pour  le  travail ,  avide 
d'inftrudion  &  de  gloire ,  Moyfe  ne  négligera 
point  tant  d'avantages  que  lui  prodiguent  à  la 
ibis  les  circonllances  &  la  nature.  Je  le  vois 
étudier ,  avec  autant  d'ardeur  que  de  fuccès, 
la  géométrie ,  la  philofophie ,  les  beaux  arts  ^ 
toutes  les  fciences  qui  rendoient  alors  l'Egypte 
fkmeufe  (y)  :  il  leur  confacre  fon  enfance,  fon 
adolefcence,  fa  jeunefle;  &  comme  le  fît,  plus 
de  vingt  fiècles  après,  un  impofteur  célèbre, 
il  recevra ,  dans  la  maturité  de  l'âge  {6)  y 

(4)  Exode , chap.  a,  v.  5  &  6.  Josèphe ,  diâo  loco, 

pag.  56. 

(  5  )  Voyez  les  ASes  des  Apôtres ,  c.  7,  v.  22,  &c.  ; 
&  Philon,  vie  de  Moyfe,  liv.  i ,  tom.  2,  p.  83  &  84. 

(6)  Mahomet  cependant  n'avoit  que  quarante  ans: 
la  Bible  en  donne  beaucoup  plus  à  Moyfe« 

Ai 


^         'Moyfe^  cônfidéfé commelJgijlateùi^ 
llnfpîration  divine ,  ^&  commencera  de  vengef 
les  Hébreux ,  flétris  par  Tefclavage  &  la  misère, 
orîgîncdc   .  Moyfe,  à  en  croire  Philon  (7),  eft  d'origine 
rfurs  ftlr^'*  chaldéenne.  Ses  ayeux ,  prefles  par  une  longue 
Juifs.  ^^    famine  qui  défola  les  Babyloniens ,  fe  réfu- 
gièrent en  Egypte ,  pour  échapper  aux  hor^ 
reurs  qui  les  environnoient  s  &  ,  depuis  cette 
irruption  ,  il  étoit  le  feptième  chef  des  Hé- 
breux (8).  L^pinion  de  cet  écrivain  n'eft  pas 

(7)  Tom.  !i,  Vie  de  Moyfe,  liv.  i,  p.  81. 

(8)  On  a  difputé  fur  le  temps  ^ue  les Ifraélites 
pafsèrent  en  Egypte.  Lïxode,  chap.  12,  v.  40,  parle 
de  430  ans ,  &  S.  Paul  fait  de  même,  ad  Galàtas ,  c.  3. 
V.  17;  *mais  il  compte  de  Palliance  de  Dieu  avec 
Abraham.  J.  G.  Voffius  fixe  auflî  à  430  ans  le  temps 
quils  y  pafsèrent,  &.  fonfentiment  eft  développé  dans 
une  differtation  fort  étendue  que  fon  fils  a  publiée» 
Quoique. rarement  de  l'avis  de  fon  père ,  il  l'eft  pour- 

-  tant  en  cette  oCcafiôn.  Nous  ne  devons  pas  entrer 
dans  cette  difcuffion  chronologique;  il  faut  cependant 
convenir  que ,  d'après  la  Genèfe  &  le  livre  des  Nom- 
bres, il  eft  difficile  d'en  admettre  plus  de  215.  Amram, 
père  de  Moyfe,  étort  fils  de  Gaath  &  petit -fils  de 
Lévi  ;  Genèfe ,  ch.  46 ,  v.  1 1 .  Nombres ,  ch.  26 ,  v.  58 

,  &  59.  Heidegger  ,  Lapeyrère  ,  Salian  ,  Schotanus  ^ 
Eusèbe  &  S.  Auguftin  n'y  font  aucune  difficulté. 
Joignons-y  Leidekker,  de  republicâ  Hebraeorum ,  li  v.  3 , 
chap.  ïi,  pag.  176  &  177. Plufieurs  Juifs  très-habilei 
font  du  même  avis.  Voyez  Seder  Olam,  çhap.  3  ;  & 
le  rabbin  David  Ganz,  in  Tzemach  Dav^, 


s  comme  Màraliflè.  y 

îfoîëè-:  Tacite  la  préfente  comme  ayant  des 
défenfeurs  à  l'époque  où  il  écrivoit  (9)  ;  elle 
ferapporteàcequela-Genèfe  (10)  raconte  fur 
h  tranfmigration  de  la  famille  de  Jacob.  La 
ville  d'Ur ,.  qu- Abraham  avoit  habitée ,  étok 
dans  le  pays  des  Chaldéôns  ;  &t  ce  patriarche 
quitta,  pour  venir  en  Egypte,  la  Méfopo^ 
tamie  ,  qui  fut  enfuite  foumife  aux  rois  de 
Babylone  (11)..  Il  eft  vrai  que  Thiftorien  ro- 
main nous  donne  auflî  lé  détail*  de  pluJfîeurs 
autres  opinions  (12).  Ceux-ci  ont  regardé  lès 
Jtii&  comme  dès  fugitifs  dé  lllç  de  Crète,  qui 
changèrent  de  patrie  vers  le  temps  où  Jupiter 
détrôna*  Saturne  5  çeuxrli  les  font  ve^ir  de^ 

(  9  )  Hift.  ]iv.  5 ,  §.  3.  pag.  294.  Quelques  écrivainfi 
ont  préfendu  que  Jés  Aflyriens  &  les  Juifs  a  voient 
une  origine  commune,  parce  que  Jes  premiers,  comme 
lés  féconds,  viennent  évidemment  de  Sem ,  dont  te 
nométoitrefté  ^n  partie  dans  Sémiramîsi' De  pareilles 
fubtilités  font  beaucoup  plus»  propres  à  ébraoler  une- 
opinion  qu^  raffermir.-  •  -^ 

(k>)  Chap.  42  &  fûivans; 

(11)  Genèfe,  ch.  11,  v.  31,  &cfi.  iit,  v.  io,  &c. 

(  12  )  Tacite,  dlûo  loco.  Les  Romains  ,  comme  les 
Grecs,  quand  ils  connoiffôîent  mal  un  peuple,  don^. 
noient  une  étymologie  au  hafard',  ou  ftippèfoient 
des  conduôeurs  &  des  héros.  Ceft  une  dés  fources 
àç  pQbfcurité  &  de  la  fauiTeté  de  Thiftoire  pritnitiva^ 
4q  la.  Grèce. 

A5.   . 


^  Moyfcy  conjidéré  comme  Légiflateuf 

Ethiopiens,  dont  la  Syrie  fut  long -temps 
fusette ,  &  fous  le  règne  de  Céphée ,  que  la 
nation  avoit  en  horreur  (13)  :  les  uns  aflurent 
qu'ils  ont  pour  fondateurs  les  Solymes ,  peuple 
dont  Homère  a  parlé  dans  le  cinquième  livre 
derOdyirée(i4)5  les  autres  prétendent  qu'ils 
ëtoient  nés  en  Egypte  même  ,  &  fuppofent 
Il  I      •  fi  , 

(  13  )  Voyez  fur  la  foumiffion  de  la  Syrie  aux  Ethio- 
piens, dans  le  temps  de  Céphée ,  Pline,  liv.  6.  chap.  29, 
tom.  1 ,  pag.  376;  &,  fur  toutes  ces  opinions  en  gé- 
néraU  les  obfervations  de  M.  Tabbé  Brotier,  tom.  3 
de  fon  édition  de  Tacite ,  page  538  &  fuivantes. 
Nous  reviendrons,  vers  la  fin  de  cet  ouvrage,  fur 
l'opinion  qui  fait  venir  les  Jui&  des  Cretois.  Juftift 
les  fait  venir  de  Damas  .en  Syrie ,  liv.  36 ,  chap.  2  , 
pag.  348. 

(14)  Vers  284.  Josèphe  adopte  ce  fentiment,  liv.  i; 
contre  Appion,  pag.  1047  ^  quand  il  attribue  à  fa 
nation  ce  que  dit  un  poëte  grec ,  Chœrilus ,  d'une 
nation  qui  habitoit  le  long  d'un  grand  lac  &  dans  les 
montagnes  de  Solyme  ;  mais  Terreur  eft  manîfefte  » 
&  le  paflage  du  poëte  ne  peut  s'appliquer,  d'aucun^ 
manière  j  à  la  Palefline.  Outre  que  le  lac  Âfphaltite, 
qu'on  prétend  reconnoître  dans. ce  grand  lac,  étoità 
/ept  ou  huit  lieues  de  Jérufalem,  le  poëte  parle  d'une 
nation  qui  portoit  les , cheveux  coupés  en  rond,  rpo- 
^w^fiHî.  Or  la  loi  des  Juifs  leur  défendoit  précifé-» 
ment  de  porter  ainfi  leurs  cheveux  :  Neciue  in  rotun* 
Jum  attundebitis  comam^  dit  la  Vulgate  9  Levit.  chap.  19 , 
V.  27. 


&  comme  Moralijle.  y 

que ,  fous  le  règne  d'Ifîs ,  leur  nombre  étant 
devenu  trop  confidérable,  ils  fe  répandirent 

dans  les  terres  voifînes ,  fous  la  conduite^  de 

Jérufalem  &  de  Jvida. 

On  n'a  pas  enfanté  moins  d'erreurs  au  fujet  irrcurs 
de  Moyfe  en  particulier.  Quelques  auteurs  ont  mJJ?^^^ 
poufle  le  délire  jufqu'à  douter  de  fon  exiftence. 
Elle  eft  prouvée  cependant  par  les  témoignages 
même  des  écrivains  du  paganifme ,  malgré  le$ 
fables  dont  ils  entourent  la  vérité.  Strahon  (ly) 
voit ,  dans  le  légiflateur  des  Hébreux  ,  un 
prêtre  égyptien  qui ,  fatigué  des  hommages 
que  fes  concitoyens  rendoient  aux  animaux , 
effaya  de  changer  la  religion  de  fa  patrie ,  & 
voulut  établir  qu'il  n'exifte  d'autre  Dieu  que 
l'univers ,  ou  la  mafle  générale  des  êtres  (  i6). 

(15)  Voyez  ce  qu'en  dît  Strabon,  liv.  16,  où  il 
dotine  fon  opinion  comme  généralement  répandue. 

(16)  Cette  idée  fut  celle  de  plufieurs  grands  phi- 
ïofophes  de  l'antiquité ,  & ,  entr'autres  ,  de  Cîceroa 
de  natura  deorum  ,1.  1 ,  t.  3 ,  p.  279 ,  &  de  Pline ,  1.  2  > 
ch.  I ,  t.  1 5  p.  I  &  2 ,  mais  jamais  celle  de  Moyfe.  Elle 
cft  détruite  ,  au  contraire ,  dès  les  premiers  yerfets  de 
la  Genèfe.  Cela  explique  le  vers  de  Juvénal ,  fur  lequel 
les  Commentateurs  ont  été  partagés. 

Nil  prctter  nuhes  &  cotli  numen  adorant. 

Sat.  14,  V*  ^7- 

Il  nous  femhle,  d'après  l'opinion  qu'on  avoit  alors 
des  Juifs ,  qu'il  faut  lumen ,  &  non  pas  numen.  Cela 

V 


8  Moyfcy  conjidéré  comme  légijlateur 

Selon  Juftin  (17) ,  il  eft  fils  de  Jofeph ,  & 
joignit  a,ux  dons  de  la  nature  le  talent  profond, 
qu'il  avoit  reçu  de  fon  père ,  de  deviner  les 
fonges  &  de  faire  des  prodiges  :  il  fxit  également 
inftruit  dins  la  fcience  de  l'homme  &  dans  les 
fecrets  des  dieux.  Chafle  d'Egypte,  il  en  déroba 
les  vafes  facrés  5  &  les  Egyptiens  ayant  voulu  le 
pourfuivre  ,  une  tempête  horrible  les  punit  de 
leur  témérité.  Manéthon ,  cité  par  Josèphe(i8}, 
parle  d'une  vile  populace ,  dévorée  de  lèpr©' 
'&:  de  honteufes  infirmités,  qui,  d'abord  con- 
damnée à  travailler  le  long  du  Nil ,  dans  des 
carrières,  reçut  enfin  pour  demeure  la  ville 
4'Abaris,  alors  déferte,  &:  jadis  habitée  par  les 
pafteurs.  Ils  y  furent  à  peine  établis,  c^u'animés 
de  l'efprit  de  révolte ,  ils  élurent  pour  chef 

«* 1  '  "'  ■■  ^  ■     ■  ■'         ■'    ■ 

cft  fur- tout  confirmé  par  Diodore  de  Sicile.  11  dit  que 
Moy  Te  ne  propofa  aux  hommages  de  fon  peuple  d'autre 
divinité  que  ce  ciel  dont  la  terre  eft  environnée,  & 
le  regardoit  comme  le  dominateur  de  l'univers.  Frag. 
du  liv.  40,  tom.  2,  p.  543. 

(  17  )  Liv.  36 ,  chap.  2 ,  pag.  348  &  349. 

(18)  Josèphecpntre  Appion,  liv. i,  p.  1052 &  1053. 
Voyez  auffi  les  pages  fuivantes,  où  il  réfute  ce  que 
Cliérémon  &  Lyfimachus  avoient  écrit  de  Moyfe.  Ce 
que  dit  Tacite ,  H v.  5 ,  §.  3 ,  pag.  295 ,  fe  rapporte  affez 
à  ce  qu'a  voit  dit  Manéthon.  Voyez  auffi ,  dans  laBiblio- 
fhèque  de  Photius,  cod.  190,  l'opinion  dç  Ptolém^Q 
4'Alexandrie, 


Ç  comme  Moralijlei  jy 

Ofarfiph ,  prêtre  d'HéliopoUs ,  &:  lui  vouèrent , 
par  ferment,  une  éternelle  obéiflance.  Ce  prêtre 
leur  donna  un  culte  nouveau ,  &  changeant 
de  nom ,  comme  de  religion ,  il  fe  fit  appeller 
Moyfe.  Pline  &  Apulée  (i^)  le  rangent  parmi 
Jes  magiciens  célèbres.  Diodore  de  Sicile  (lo) 
en  fait  un  homme  diftingué  par  fa  prudence  & 
fon  courage,  qui,  chef  des  étrangers  bannis 
de  l'Egypte ,  pour  appaifer  le  courroux  des 
dieux,  fignalé  par  les  ravages  de  la  pefte,  fe 
jetta  dans  la  contrée  déferte ,  nommée  enfuite 
Judée ,  y  bâtit  plufieurs  villes ,  &  particuliè- 
rement Jérufalem,  donna  des  loix  au  peuple 
qu'il  conduifoit ,  chargea  les  plus  inftruits  du 
facerdoce ,  &  les  établit  à  la  fois  les  prêtres  & 
les  magiftrats  de  la  nation.  Cet  hiftorien  obferve 
ailleurs  (zl)  que  Moyfe  fe  prétendoit  infpiré 
par  le  dieu  laô ,  comme  Zoroaftre  prétendit 
l'être  par  un  bon  génie ,  &  Zamolxis  par  la 
déeffe  Vefta.  Ces  grands  hommes ,  ajoute-t-il , 
penfoient  apparemment  qu'on*  ne  pouvoit 
enfanter  des  loix  fagej  fans  une  infpiration 
divine,  ou  qu'en  empruntant  ainlî  le  nom  de 

(19)  PHne,  liv.  30,  chap  i,  tom.  3  ,  pag.  296. 
Apulée,  Apologet.  2. 

(20)  Frag.  du  liv.  40,  tom.  2 .  pag.  ^42  &  543. 

(21)  Liv.  I ,  §.  94?  tom.  i ,  pag.  loj, 


I  o        Moyfc  j  tonfidcrè  comme  Ugîjlateur 

la  divinité ,  ils  trouveroient  un  pouvoic  plus 

étendu  &  des  efprits  plus  dociles. 

On  voit ,  par  ce  tableau  rapide ,  que  les 
auteurs  Egyptiens,  les  Grecs  &  les  Latins, 
ont  parlé  tour-à-tour  de  Moyfe  ;  mais  leur 
opinion  ne  fe  reflemble  que  parce  qu'elle  eft 
également  faufle  &:  abfurde.  Tandis  que  les 
uns  le  placent  au  moins  parmi  les  légiflateurs 
célèbres  ,  il  en  eft  qui  le  condamnent  à  n'être 
qu'un  magicien  ,  dont  cependant  ils  admirent 
les  prodiges  ;  &  d'autres ,  non  moins  injuftes , 
ne  reconooiHènt  en  lui  que  le  chef  d'un  trou- 
peau de  lépreux  &  de  vagabonds  ,  chafles 
ignominieufement  d'Egypte ,  comme  des  cou- 
pables en  exécration  aux  dieux ,  &  repoufles 
dans  un  défert ,  où  ils  feroient  morts  de  dou- 
leur &  de  misère,  s'il  n'eût  ranimé  leur  cou- 
rage en  leur  annonçant  une  félicité  certaine 
qu'un  dieu  lui  révéloit. 
Opinion  Je  ne  parle  ici  que  des  écrivains  de  l'an- 
M.Huct.  tiquité  :  ceux  des  modernes  qui  ont  voulu 
attaquer  le  légiflateur  des  Hébreux  n'ont 
guère  fait  que  choifir  entre  ces  diverfes  erreurs. 
M.  Huet  a  un  fyftême  bien  oppofé,  quoiqu'il 
ne  mérite  guère  plus  de  fixer  l'attention  des 
amis  de  la  vérité.  En  effet,  ce  favant,  qui 
vouloit  rapporter  à  Moyfe  tous  les  dieux  & 
tous  les  perfonnages  célèbres,  voit,  dans  ce 


&  comme  Moralijie.  ii 

grand  homme ,  Ofiris ,  Apis ,  Sérapis ,  Typhon, 
Orus,  Anubis,  Mnevès ,  Thauth,  Thammus, 
Evandre,  Orphée,  Cécrops,  Vulcain,  Jahus^ 
Perfëe  ,  Minos  ,  Rhadamante ,  Vertumne , 
Priape ,  Apollon  ,  Bacchiis ,  Adonis ,  Pan , 
Efculape  &  Mercure  (iz). 

En  comparant  avec  TEcrinire  les  narrations 
fabuleufes  de  Strabon ,  de  Diodore  de  Sicile, 
de  Pline  ,  d*Apulée  ,  de  Manéthon  &  de 
Juftin ,  on  entrevoit  le  fonds  de  vérité  fur  lequel 
toute5  ces  erreurs  ont  été  tiflues.  Moyfe  nous 
y  eft  repréfentë  comme  s 'éloignant  volontaî- 
jement  de  la  cour  de  Pharaon  ;  la  raifon  qui 
l'y  porta  n'eft  point  connue  ;  mais  Taâion  eft 
^tteftée  dans  les  livres  faims  (Z3),  Il  fe  retire 

^rtm^mm^t^t^^^r^im^mm  ,     ii»        p      i  il  ■  l        II  ■  — i^— .— » 

(  22  )  Démonflrat.  évangélique,  propofit.  4,  chap.  4. 

Nous  cirerons  un  feul  exemple  pour  coavaiacre 
nos  leâeurs  de  la  manière  dont  il  développe  ion  fyf* 
tême*  Selon  lui ,  Sérapîs  ou  Sorapis  ,  loin  d'être  ^ 
conune  on  l'avoit  penfé ,  l'union  d'Ofiris  &  d'^is  , 
vient  de  ^^kt,  Saraph  ou  Séraph,  qui  peut  e^cprimer 
une  chaleur  brû]ante.(On  lit  plus  ordinairementSadaph; 
m^is,  comme  le  Daleth  &  le  Refch  des  Hébreux  ont 
ime  très-grande  reflèmbîance ,  la  confiifion  feroit  pof- 
£ble  :  au  refle,  les  deux  mots  offrent  à-peu-près  le 
même  fçns.)  Or,  dit  l'évéque  d'Avranches,  cela  pofé, 
il  eft  clair  que  Sérapis  n'eft  qu'une  qualification  donnée 
à  Moyfe,  parce  qu'il  avoit  le  vif  âge  étincelant  de  feu, 
quand  il  defcendit  de  la  montagne. 

(  23  )  A£les  des  Apôtres  »  chap.  7,  v*  22.  Saint  Paul 


ïz        Moyfe^  conjidéré  comme  Ugijlateùt 

dans  la  terre  de  Geflen  (14) ,  où  languiflbientrj 

dans  l'opprobre  &  la  misère ,  les  defcendans 

Moyfcié-  de  Jacob.  Là ,  il  devient  leur  défènfeur  &  leur 

ifraéutes    appuL  En  voit-il  accablés  fous  les  coups  d*un 

4c  Gcffcn/^  Egyptien  J  il  les  venge  par  la  niort  de  Fagref- 

feur(iy').  Bientôt  après,  il  eflaie  en  vain  de 

calmer  deux  Ifraélites  qui  fe  difputoient  entre 

eux  :  non -feulement  on  rejette  fes  confeife, 

mais  on  lui  reproche  encore  le  meurtre  dont 

îl  s'èft  fouille  (lé).  Pharaon  en  eft  inftruit.  La 

punition  de  Moyfe  eft  déjà  préparée  :  il  aban^- 

ad  Hebrseos ,  chap.  1 1 ,  v.  24  &  fuiTans.  Voyez  auffi 
l'Exode ,  chap.  2 ,  v.  11. 

(24)  Pliifieurs  éerivains  Juifs  fe  font  trompés  en 
plaçant  Geffen  dans  la  Haute-Egypte ,  vers  Thèbes  ou 
Héliopolîs.  Elle  étoit  plutôt  à  l'extrémité  d^  ce  royaume^ 
non  dans  la  partie  occidentale  qui  regarde  TAfrique ,' 
fnais  à  l'orient  &  du  côté  de  T Arabie.  Là  terre  dô 
'Gèffen  çft  la  même  que  celle  de  Ramefsès ,  appelîéè 
'ainfi  de  la  viHe  capitale  qu'on  a  foupçonnê  tirer  Ton 
notifi  dlfis.  Or ,  Ramefsès  eft  à  Textrémité  de  là  Bafle- 
Egypte,  non  loin  du  défert  de  Sin,  où  fe  retirèrent 

:  les  Hébreux  fugitifs.  Dans  la  Genèfe  ,  quand'  Jofeph 
vient  au-devant  de  fon  père  Jacob ,  ils  fe  rencontrent^ 
dans  la  terre  de  GefFeuN,  d'où  il  eft  encore  fkcile  de 
conclure  qu'^eîle  étoit  à  portée  de  lîi  Phénicie ,  ou  dà 
jays  quTiabitoîent  les  Chananéen^.  Voyez  les  chap.  46. 
&  47  de  la  Genèfe  ;  &  FExode ,  chap.  12 ,  v.  36* 

(25)  Exode,  chap.  2,  v.  12. 
(26.)  ïbid.  v.  14  &  fui  vans. 


"^ -comme  Moraûjlcl  \^ 

iianne  k  contrée  qu'il  habitoit ,  &  fuit  dans 
celle  de  Madian  ,  où  il  ne  tarde  point  à 
époufer  la  fille  de  Jéthro ,  pontife  d'un  culte 
idolâtre  (17). 

Moyfe  pafla  quarante  ans  chez  les  Macïa-  n  eflàîe 
nites.  Pendant  ce  long  intervalle ,  il  ne  fut  ^J^î^i/^i 
occupé  que  du  bonheur  de  fa  nation  \  mais  je  «^^^gyp»* 
fuccès  ne  répondit  pas  toujours  à  fes  travaux* 
Conduit  par  jéhova  qui  l'avoit  choifi  pour 
être  l'interprète  de  fes  volontés  &  le  miniftre 
de  fa  puiflance ,  il  va  folliciter  Pharaon  de 
mettre  un  terme  à  fes  rigueurs  envers  les  Hé- 
breux ,  &  on  les  redouble ,  malgré  fa  prière  (18). 
Jéhova  lui  permet  de  faire  des  miracles  nom- 
breux à  la  cour  du  roi  d'Egypte,  &  ces 
miracles  trouvent  un  cœur  incrédule  &  re- 
belle (2,5;).  Moyfe  avoir  d'ailleurs  toute  la 
confiance  des  Ifraélites.  Quelle  promeflè  plus 
capable  de  leur  en  infpirer  que  celle  de  les 
arracher  à  la  fervitude  !  Ajoutons  que  les  lu- 
mières dues  par  ce  prophète  à  fon  génie 
naturel  &  à  une  éducation  brillante ,  in- 
fluèrent fur  fon  cœur,  &  qu'il  n'infpira  pas 
moins  ce  refped  qui  naît  d'une  vie  auftère, 
•-    ■  ■         -  , 

( 27)  Exode ,  chap.  2,  v.  16  &  21 ,  &  chap.  j.  y.  i. 

(28)  Exode,  chap.  j,  v.  12  &  fui  vans. 
(•29)  Exode,  chap.  7,  &fuivans. 


1 4        Moyjty  confiâéré  comme  Ugijlateur 

fimple ,  frugile ,  ennemie  du  vice  &  cJe  îa 
•  volupté  (30). 
Ce  que  les      Long-temps  avafit  qu'il  donnât  fon  code 
toîeoc  avant  aux  Ifraélites ,   ils  ne  connoiflbient  d'autre 
^  pouvoir  que  celui  qu'un  chef  exerçoit  dans  fa 

tribu.  Eclairés  par  l'Etre  fuprême  &:  dociles 
aux  principes  immuables  de  la  vertu ,  les  pa- 
triarches faifoient  le  bien  par  goût  &  par 
devoir.  Le  peuple  malheureufèment  n'imita 
,  point  l'exeniple  de  ces  hommes  vénérables  j  il 

veut  qu^on  parle  à  fes  yeux  plus  qu'à  fon  cœur, 
&  préfère  à  à^s  leçons  des  images  fenfibles. 
Loin  de  fe  vouer  à  la  fageflfe  patriarchale ,  les 
Juifs  s'abandonnèrent  donc  à  toutes  les  abfur- 
dités  de  l'idolâtrie, 
oîcttfcrévè.  Le  terme  de  cette  erreur  eft  arrivé.  Dieu  fe 
iciMoyfc.  j.^^èig  ^  Moyfe.  Ceft  aux  pieds  du  mont  Horeb, 

près  d'un  défert ,  au  milieu  d'un  buiflbn  ardent , 
que  le  prophète  obtient  une  fi  grande  faveur  de 
l'Etre  fuprême  (51).  Aucun  témoin  n'eft  digne 
encore  de  la  partager  avec  hii  (51)  ;  mais  bien- 
tôt, aflemblé  autour  du  Sinaï,  le  peuple  entier 
recevra  les  préceptes  du  Seigneur.  Combien 

(  50  )  Philon ,  tom.  2 ,  Vie  de  Moyfe ,  liv.  i ,  p.  85. 
(  31  )  Exode ,  chap.  3 ,  v.  i  &  1. 
(31)  Exode,  chap.  3 ,  v.  2  &  fUivans,  &  notam- 
ment y.  16.  Voyez  auffi  ïe  chap.  4,  v,  i. 


&  comme  Moratifle.  ly 

ici  tout  eft  grand  !  Quel  appareil  pompeux  ! 
Comme  tout  imprime  le  refpeft  &  élève  Tima- 
gination  !  L'Eternel  paroît  au  fbmmet  de  la 
montagne  embrafée  :  fes  pieds  repofent  fur  un 
ouvrage  auflî  pur  qu'un  ciel  ferein ,  &  plus 
brillant  que  le  faphir.  L'horifon  eft  enflammé 
de  la  lueur  majeftueufe  des  éclairs ,  &  le  bruit 
redoublé  des  tonnerres  fe  joint  au  fon  de  la 
trompette,  échappé  du  fein  d'un  nuage,  pour 
annoncer,  à  Tlfraélite  étonné,  la  préfencedu 
Seigneur  (  33  ).  Déjà  la  trompette  fè  tait,  la 
foudre  s'appaife ,  les  élémens  font  enchaînés  ; 
la  nature  filencieufe  écoute ,  avec  un  refpeâ: 
attentif,  les  oracles  du  maître  des  cieux  &  de 
la  terre.  Je  fuis  votre  Dieu ,  s'écrie-t-il  (34) ,  préceptci 
adorez-moi ,  &  non  des  divinités  impuiffantes  ^"''^i*"*^"* 
&  chimériques.  Si  je  punis  ceux  qui  m'of- 
fenfent ,  je  comble  de  bienfaits  ceux  qui  me 
chériflent.  Ne  prenez  point  mon  nom  en  vain  j 
obfervez  le  fabbat  i  honorez  vos  parens  ;  ne 
vous  fouillez  jamais  par  le  vbl,  la  calomnie, 
la  concupifcence ,  Taflaffinat  &  l'adultère. 

Par  une  fublime  concifion,  toute  la  loi 
mofaïque  eft  dans  ce  petit  nombre  de  pré- 
ceptes. On  fait  qu'elle  eft  renfermée  dans  le 

(33)  Exode,  chap.  19,  v.  16  &  fuiv.;  &  chap.  24, 
V.  10. 

(34)  Exode ,  chap.  20,  v.  x  &  fui  vans. 


i6  Moyfe^  confiiéré  comme  Légljlateuf 
DaPcnta-  Pentateuquc  j  divifé  en  cinq  parties  (55).  Cet 
ouvrage,  écrit  d'abord  en  langue  hébraïque, 
avec  des  caradères  phéniciens ,  les  feuîs  dont 
les  Juifs  fe  ferviffent  avant  îa  captivité  de 
Babylone  (56) ,  eft  le  développement  àQS  pré- 
ceptes annoncés  dans  le  Décalogue ,  &  tracés 
par  Moyfe  fur  des  tables  de  pierre ,  qui  furent 
confervées  dans  une  arche  conftruite  à  ce 
deflein  par  Tordre  de  Jéhova  (57).  Cette  arche 

(35)  Les  Hébreux  rexprimoient  fôuô  le  nom  gé- 
nérique de  HTlT).  Torah,  loi. 

(36)  Le  texte  famaritain  eft  tel  encore  :  le  père 
Morin  le  fit  imprimer  en  1631  ;  Leclerc  en  a  fait  un 
examen  comparé  au  texte  hébreu ,  oii  il  donne  tour- 
à-tour  Tavantage  à  chacun  des  deux.  Le  premier  fut 
copié ,  dit-on ,  fur  la  loi  de  Moyfe ,  quand  les  Sa- 
maritains eurent  renoncé  à  Tidolatrie ,  &  bâti  un 
temple  fur  le  mont  Garizim  en  l'honneur  de  Jéhova. 
On  ajoute  que  cet  exemplaire  s'eftconfervépur,  au  lieu 
que  celui  des  Juifs  a  été  corrompu  pendant  &  après 
la  captivité  de  Babylone ,  époque  à  laquelle  ils  adop- 
tèrent les  caraôères  chaldéens.   Plus  récemment ,  on 
écrivit  le  Pentateuque  en   caraflères  grecs  ,   quand 
la  langue  grecque  fut  celle  de  toute  la  Syrie.  Voyez  i 
dans  la  Bible  d'Avignon ,  tom.  i ,  la  préface  fur  le 
Pentateuque ,  §•  6 ,  pag.  270  &  271.  Prideaux,  Hiftoire 
des  Juifs,  part,  i ,  liv.  6,  tom.  2 ,  pag.  295  &  fuiv: 
Simon  ,  Hiftoire  critique  du  vieux  Teftament ,  liv.  i , 
chap.  10,  pag.  64  &  fui  vantes. 

(57)  Exode,  chap.  24 ,  v. 4  &  12;  chap,  25 ,  v.  10; 

devint 


-  &  comme  Moralijlc.  17 

devint  un  monument  fi  facré  que  Dieu  frappoit 
de  mort  Tlfraélitè  qui  ofoit  y  toucher  (58), 

qui  ôfoit  même  la  regarder  à  découvert  (39). 

Avant  de  les  y  enfermer,  le  prophète  les  lut  au. 
peuple  5  qui  promit  d*y  foufcrire  5  &:  il  offrit 
à  Dieu  des  facrifices,  pour  le  remercier-  de  ce 
Irienfait  &  de  TilJiance  qu'il  avoit  daigné  con- 
tradier  avec  le^^faos  de  Jacob  (40). 

z6  &  21 ,  &  chap,  51  i  V.  18.  Voyez  auffi  le  Deuté* 
rbnome,  cliap.  9 ,  v.  10.  Les  tables  a'yanè  été  rompues, 
on  leis  remplaça  par  deux  autres  de  là  même  matière. 
Deut.  chap.  9 ,  V.  17 ,  &  chkp.  ib ,  y.  i  &  5.  Voyei 
encore  le  chap.  27,  v.  i  &  8.  Jofué  ayant  élevé,  fur 
le  mont  Hébal ,  un  autel  de  pierre^  non  polies  ^  qu« 
le  fer  n'avoit  pas  touchées  ,  offrit  auffi  des  facrifices^ 
&  écrivit  fur  des  pierres  le  Deutéronome,  qu'il  lut 
enfiii'te  devant:  le  peuplé  âflèihblé.  Jotùè,  c&ap.  8; 
y.  36  &  iî. 

(38)  Voyez  le  fortd'Ozâ,  qiii  cependant  ne  l'avoît 
touchée  que  pour  la  retenir ,  voyant  qiie  les  boeuFi^ 
qui  la  portoîent  là  faifoient  pencher.  2  keg.  thâp.  6  i 
V.  6*&  7.  2.  Paràlip.  chap.  13  ^  V.  îb. 

(  39  )  Dans  le  premier  livre  des  Rdïs  ,  chap.  6  ; 
V.  19 ,  on  voit  périr  un  nombre  infini  dé  perfonneS 
|)our  l'avoir  regardée  à  découvert  ;  Jéhova  l'avoit 
défendu,  même  aux  Lévites.  Nombr.  châp;  4,  v.  20. 

(40)  Exodê ,  chap.  24,  y.  4  &  fuiv.  Elle  eft  re- 
nouvellée  par  Moyfe,  chap.  29  dû  t)eutér6ri.  v.iiL' 
16,  &  par  Jofué,  chap.  24  du  livre  qui  porte  fdn 
ûom,  v.  25.  Jofué j  polir  en  conférverle  èémoigiïàfe, 

B 


iS        Moyfij  conjidéré comme  Légtjlateur 

Moyfcàia      Moyfe  ne  fut  pas  feulement  l'organe  de  la 

Jrophèu.  ^  volonté  du  Dieu  d'Ifraël ,  il  fiit  le  juge  fuprême 

de  la  nation  ;  & ,  après  en  avoir  rempli  les 

devoirs  pendant  plufieurs  années ,  appefanti 

par  rage ,  &  Tentant  approcher  fa  mort ,  il 

défigna  lui-même,  par  une  infpiration  divine, 

le  mortel  appelle  à  lui  fuccéder  &  à  conduire 

II  fc  donne  les  Hébreux  dans  la  terrt  promife  (41  )•  Les 

fcur.  Parta-  livres  faiuts  le  nomment  Ofée  ou  Jofué ,  fils 

pronùfc?"*  de  Nun  (41)  ;  car  les  Juift ,  pour  diftinguer 

les  citoyens ,  unirent  toujours  à  leur  nom  celui 

de  leur  père.  Jofué  les  introduilît  dans  cette 

contrée  heureufe ,  dont  il  divifa  les  poflèffions 

entre  eux ,  pat  k  moyen  du  fort ,  en  obfervant 

néanmoins  de  n'en  donner  aucune  à  la  tribu 

de  Lévi.  Elle  eut  en.  échange  plufieurs  villes , 

&  une  dîme  abondante  (43).  Obligés  de  remplir 

récrivit  dans  le  livre  de  la  Loi«  &  mit  une  très-grande 
pierre  fous  un  chêne  qui  étoit  dans  le  fanâuaire , 
V.  26.  Voyez  auffi  le  4c  liv.  des  Rois ,  chap.  25 ,  v.  i , 
a  &  3^  &  le  iiecond  liv.  d'Efdras ,  chap.  9,  v.  38 , 
-&  chap.  I©,  V.  I  &  27. 

(41)  Nombr.  ch.  27,  v.  18  &  23.  Deutéron.  ch.  i , 
V.  57  &  58  ;  ch.  3 ,  v.  26  &  28,  &  ch.  34 ,  v.  9. 

(4a)  Nomb.  ch.  13 ,  V.  9.  Deutér.  ch.  i ,  v.  j8.  Ris  de 
•Navech ,  félon  Josèphe ,  Antiq.  jud.  1.  3 ,  c.  2 ,  p.  75  ,  & 
ch.  1 3 ,  p.  99.  Il  étoit  de  la  tribu  dTphraïm. 

(43)  Voyez  Jofué,  ch.  15  »  v.  x  &  33  ,  &  ch.  14, 
15  &  fui  vans. 


&  comme  Moralijie^  t$ 

leurs  fondions  par  -  tout ,  les  miniftres  du 
temple  ne  pouvoient  être  irrévocablement  fixés 
à  uii  lieu ,  à  une  province»  Comme  il  kut 
falloir  cependant  des  afyles  dans  (Chacune,  on 
leut  accorda  quelques  cités.  Peut-être  auffi , 
en  les  excluant  du  partage ,  voulut-on  ne  les 
éloigner  des  occupations  temporelles  que  pout 
leur  donner  plus  de  temps  &  moins  de  diftrac-^ 
tîon  à  l'égard  des  occupations  religieufes  s  &c 
puifqu'on  leur  avoit  interdit  le  labourage ,  il 
devenoit  inutile  de  leur  laifler  un  domaine,  & 
héceflaire  qu'on  leur  donnât  une  portion  des 
fruits  de  la  terre  cultivée.  Ne  pourroiton  pas 
penfer  encore  que  Moyfe  >  (  car  Jolué  ne  fit 
qu'exécuter  ce  qu'avoir  conçu  6c  difpofé  ce 
grand  homme)  en  politique  habile,  balança^ 
par  cette  négation  de  propriété /le  pouvoir 
accordé  aux  defcendans  de  Lévi  par  l'in- 
fluence de  la  religion ,  &  dont  il  n'étoit  pas 
impollîble  qu'ils  abûTafient^ 

Les  derniers  regards  du  prophète  fô  tour^     tebUcti 
nèrent  vers  l'habitation  promife  :  fes  derniers  jj^]^,  ^ 
difcours  exhortèrent  fon  fucceflèur  à  fe  montrer  °*®^ 
toujours  ferme  &  courageux ,  &  à  ne  rien 
négliger  pour  le  bonheur  d'Ifraël  (44).    U 

mm  <     tfm >i  II  ,*i     ■     ..Il     ■       ..    ■   !■  ^  •  ■  I  I  ■■■      Il     I    I   ■» 

(44)  Deut.  chap.  jt ,  v.  i  &  8*  &  chap.  34,  v.  t 
&  5«  Les  aaciefis  d'Iihiël  hi  renouTeilèrent  ce  coafeil  » 


i(^  Moyjcj  iionfîdcré  comme  Légljlateuf 
quitta  k  vie  dans  la  terre  de  Moab,  iau  fommeC 
d'une  montagne ,  en  face  de  Jéricho  (4 j  )*  Ox% 
a  difputé  pour  favoir  fi  fa  mort  fut  naturelle  | 
ou  s'il  fut  élevé  au  ciel  par  une  efpèce  d'af* 
fomption  ,  comme  Hénoch  &  le  prophète 
Elie.  Ce.  dernier  fentiment  a  pour  dérenfeurs 
des  chrétiens  célèbres  2  faint  Ambroife ,  faint 
Clément  d'Alexandrie ,  faint  Ifidore  de  Sévillô 
&  faint  Hilaire  font  de  ce  nombre  (46),  Suivani 
les  livres  Juifs  apocryphes ,  intitulés  :  Petirath- 
Mofe  (47),  après  que  le  patriarche  eut  placé 
*  {a  tête  fur  un  oreiller  que  lui  avoit  préparé 
l'ange  Zinghiel 5  qu'il  le  fut  couché,  &  que^ 


quand  ,  à  la  tête  du  peuple ,  iU  le  reconnurent  pour 
leur-chef ,  &  promirent  de  lui  obéir  fous  peine  de  mort. 
)ofué,  chap,  I ,  V.  16,  17  &  18. 
(45)  Deut.  chap.  54,  v.  i  &  5. 
'  (46)  S.  Ambr.  liv.  i  de  Gain  &  Abel,  chap.  i; 
%:^,  S.  Qément  d'Alèxand.  Stromat.  liv.  i.  S.  HilairCi 
fur  le  y.  1 9  du  ch.  20 ,  de  S.  Matth.  Ifidore  de  Séville ,  de 
vitâ  &  morte  fàndorum ,  chap.  25.  Voyez  Calmet ,  infrà 
diâo  loco ,  &  Rupert  fur  le  Deut.  liv.  2 ,  ch.  22. 
.  (47)  Ceft-à-dire  TAflomption  de  Moyfe.  Voyez 
TEpître  de  S.  Judde,  v.  9.  Gaulmin ,  dans  fon  Commen- 
taire fur  un  ouvrage  Hétreii ,  intitulé  :  De  la  Vie  & 
de  la  Mort  de  Moyfe ,  notre  dofleur ,  lîv.  i ,  th.  2  ^ 
&  une  Difiertation  de  Calmet,  fur  la  mort  &  k  fé* 
pulture  de  ce  patriarche ,  tom.  3. ,  de  li  Bible  d-'Avigoon  ^ 
P?gv75  &  76'  UfleriuSj  Annal,  ad  an.  2553.. 


\ 


^ €<mm€  Moralijtt.  '  %t 

^r- ordre  de  Dieu,  il  eut  fermé  fes  yeux  & 
mis  fes  mains  fur  fa  poitrine ,  le  Seigneur  Ytvc^ 
brada ,  &  retira  fon  ame  par  un  baifer ,  con- 
formément à  ces  mots  du  Deutéronome  (48)  \ 
Moyfe  mourut  fur  fa  bouche  du  Seigneur. 

Le  Deutéronome  parle  de  la  fépulture  de  Dcr^rip 
Moyfe ,  &  la  fixe  dans  une  vallée  du  payi  ^^. 
dô  Moab  dont  la  véritable  pofition  n'a  jamais 
,été  connue  (49).  Suivant  Philon  &  fairft  Epi- 
.phane  (jo),  ililit  enfèveli,  non  par  des 
.hommes ,  mais  par  des  anges  ;  ce  que  d'autres 
écrivains  /  facrés  ou  profanes ,  expliquent  en 
difij-nt  qu'on  craignit  que  les  Juifs ,  entraîné* 
par  f  admiration  que  leur  infpiroit  leur  pro-r 
phète  5  &  toujours  portés  à  Tidolatrie ,  nQ 
lui  vouaflent  un  culte  &r  n'honoraflent,  par 
des  vœux,  des  hommages,  des  fàcrifices,  la 
terre  qui  renfèrmpit  les  dépouilles  de  ce  grandi 
hojnme.  (yi).  Cette  crainte  n'étoit  pas  fan^ 

(48)  Il  y  a  danslaVUlgate:MormMjtf/?;tt3e/ï/eD(7m/;2p; 
chap.  34»  V.  5  5  &  le  texte  ne  ferefufe  pas  à  cette  inter** 
prétation  ;  mais  on  peut  lire  aufli^  :  Sufcr  os  Domink 

(49)  Chap.  34,  V.  6. 

(  ^o)  S.  Epiphane ,  Haeref-'ç  &  84  contre  Origènç* 
Philon ,  tom.  2  ,  Uv,  3  ,  de  la  Vie  de  Moïfe ,  p.  179, 

(51)  S.  Chryfoftôme,  Homélies  fur  S.  Matthieu: 
Théodoret^  queft.  43  far  le  Deutéronome.  Procope 
auffi  fur  le  Deut. ,  &  Josèphe ,  Antiq.  jud.  li  v.  4 ,  ch.dern. ,, 
p.  I  )  2.  Galmet ,  diâo  IpcOk 


11  Mcyfe ,  coi^ideré  comme  Lé^Jlateur 
fondement ,  s'il  eft  vrai ,  comme  faint  Epî-^ 
phane  Taflure  (yi),  que  les  Iduméens ,  &: 
4'autres  babitans  de  rArabie-Pétrée,  fans  avoir 
eu  Moyfe  pour  conduâeur ,  pour  juge  &  pour 
oracle ,  en  firent  un  des  objets  de  leur  ado-p 
ration.  On  a  cependant  prétendu  que  fon 
tombeau,  long-temps  ignoré,  avoit  enfin  été 
découvert ,  &  confacré  par  des  miracles  (y  3)  5 
mais  rien  n*eft  moins  affuré.  Ce  qui  paroît 
certain ,  f  uivant  VEcrîture ,  c*eft  qu'il  ne  mourut 
ni  par  vieillefle  ni  par  infirmités ,  puifque  fe$ 
yeux  n'étoient  point  obfcurcis,  ni  fes  dents 
ébranlées  :  il  étoit  alors  âgé  de  izo  ans  (54). 
J-es  Ifraélites  le  pleurèrent,  pendant  trente 
jours ,  dans  la  plaine  de  Moab  (jy). 

«!'■■■    I    .  ■  ■    ■  Il  m 

^(52)  Haref.  jj. 

(  5  j  )  Hornius  prétend,  à  k  fin  de  fon  Hifloire  ecdè- 
flafiique,  que  ce  tombeau  a  été  retrouvé  en  1655, 
&  avec  cette  înfcription  Hébraïque  :  fTliT  *t^  TWO'» 
Mofis ,  fervus  Domini',  mais,  comme  on  l'a  obfervé, 
en  fuppofant  vrai  le  fait  allégué  par  Hornius,  ce  ne 
feroit  jamais  à  Moyfe  qu'il  Ëiudroit  le  rapporter  ;  rien 
nç  Iç  caraâérife.  Peut-être  eft -ce  le  tombeau  de 
Moyfe,  fils  de  Maimon,  fi  connu  fous  le  nom  de 
Maimonide,  &  qui,  en  effet,  vivoit  en  Afie,  nos 
loin  de  l'ancienne  terre  d'Ifraël, 

(54)  Deut.  chap.  54,  v,  7. 

(55)Deut.ch  34,  v.8. Aaron, àfimort, futdeméme 
pleuré  pendant  trçnte  jours,  Nombr.  çhap.  ao,  y.  jo. 


&  comm  MoraVifie.  ij 


CHAPITRE    IL 

Z?£  V adminifiration  civile  &  politique  des  Hébreux 
fous  Moyjiy  &  depuis /a  moru 

J  ÉHOVA  fut  lui-même  le  légiflateur  des  Lcprcmîcr 
Hébreux,  L'expreffion  de  fa  volonté  fouve-  S^t^'d» 
raine  fortit  de  fa  propre  bouche.  L'amour  qu'il  ^p^^f"^ 
exige  eft  la  bafe  des  devoirs  qu'il  prefcrit.  On  4"^. 
reftera  fournis  immédiatement  à  fes  ordres  & 
à  fes  regards.  Il  défend  aux  Ifraélites  d'ajouter 
ou  retrancher  jamais  aux  maximes  qu'il  daigne 
leur  publier  (y6)*  Ne  voit-on  pas ,  dans  tous 
ces  traits,  le  caraftère  certain  d'un  gouver- 
nement théocratique  i 

On  le  voit  encore  dans  ceux-ci.  Jéhova  fe 
fait-il  conftruire  un  tabernacle  ?  c'eft  au  milieu 
de  fon  peuple  s  c'eft-là  qu'il  donne  les  com- 
mandemens  &  rend  les  oracles  dont  Moyfe  eft 
Je  dépofitaire  (yy).  Tous  Us  arrêts  font  infpirés 
par  lui  ;  il  préfîde  à  tous.  Affis  avec  les  magis- 
trats ,  il  leur  dide  la  décifîon  qu'ils  pro- 
noncent (y8) ,  &:  cette  décifion  eft  appellée  le 

(0)  Deutéronome ,  cbap.  4,  v.  a. 
(ç7)  Exode,  chap.  2f ,  v.  8  &  aa^ 
(î8)  Pf.  8x,  V.  I. 

B4 


i^        Moyfe  ^confidéré  comme  Ùgijhteur 

jupment  de  CEterml  (59).  Jéhova,  comme  dk 
Tfaïe  (60) ,  eft  le  roi ,  le  légiflateur  &  le  juge. 
Les  im^ofîrions  même  fe  lèvent  en  fon  nom, 
&  le  produit  en  eft  pour  fon  temple  8f  pour 
fes  prêtres  (61), 
■  <>'  '    ■■    ■  ^'     .  » 

(59) Deutéron.  chap.  i,  v- 17>  & chap.  17,  v^  10 &  11. 
.  (60)  Chap.  33  ,  V.  22.  Voyez ,  fur  ce^te  théocratie , 
Josèphe,  antiq.  jud.  liv.  4,  chap.  8 ,  pag.  119  &  fuiv. 
Théodoret ,  fur  le  premier  chap.  du  prem.  liv.  des 
Rois.Leidekker,  de  repubticaHebrasorum,  Itv.  5  sch.  z 
&  fuiv.  p.  267  &  fmv.  Spencer,  de  Legibus ritualibus 
Hebraeorum. ,  Diflèrt.  de  Théoqr.  jud.  ç.  i  j  p.  20,2  &  fuiv. 

(61)  Oatrè  les  dîmes  &  les  prémices,  tout  homme 
au-deflus  de  vingt  ans  payoit  ,  pour  l'entretien  du 
temple ,  une  capitation  d'un  demi-ficle.  Les  pauvres 
'  Blême  y  furent  obligés  ,  Exode,  chap.  30,  v.  12  &  if. 
Voyez  auffi  les  Nomb. ,  chap.  i ,  v.  j ,  &  le  chap.  26.  Oa 
çonfacra  fpuvBnt  le  produit  de  cette capitation  af^x  objets 
publics,  aux;  pont5,  aux  aqueducç,  aux  places,  aujc 
grandschemins,Mifaa,t.2,deficlis,  ch.  1.  §•  i,  p  176. 
L'ordre ^e  payer  le  demi-ficle  étoit  renouvelle ,  chaque 
année ,  le  premier  jour  de  février ,  dans  toutes  les  villes 
dlfraël.  Trois  femaines  après  la  proclamation,  on  s*af- 
^mbloit.  Ceux  qui  ne  pay oient  pas  fur-le-champ,  doh- 
noient  un  gage.  Les  profélytes  &  les  affranchis,  tous  1^ 
Ifraélites ,  les  Lévites  mémç  y  furent  fournis;  Les 
femmes,  les  domefliques,  les  mineurs  de  vingt  ans  ne 
dévoient  ni  gage  ni  capitation.  Les  prêtres  \  dévoient, 
mais  à  caufe  de  la  confiance  qi^infpiroit  leur  miniflère, 
on  ne  leur  demandait  pas  de  gage,  s'ils  ne  racquittoiei^ 
pas  au  jour  marqué.  Mifiia,  ibid.  §.3 ,  p.  177  &  17*. 


^  comme  MoraRfle.  if 

"  Ainli,  tandis  qi\e  d'autres  nations  firent  des 
dieux  de  leurs  rois ,  les  Juift  firent  un  roi  de 
leur  dieu.  Le  grand-prêtre  étoit  fon  premier 
"miniftre ,  fon  eonfidenç ,  fon  interprète.  Il  ne 
fut  cependant,  ni  le  chef  de  la  nation,  ni 
même  celui  de  la  magiftr^ture.  Moyfe  réunit 
cette  double  fondion  jufqu*4  la  fin  de  fes  jours. 
Les  Ifraélites  étoient  alors  da!\$  le  défert ,  où  ils 
pafsèrent  trente-neuf  années  ;  ^  fi  le  fiège  de 
leur  tribunal  y  fut,  comme  eyx,  ambulant 
r&:  mobile ,  Tadminiftratiôn  de  la  juftice  y  fiit  ^ 
aifée ,  puif que  le  peuple ,  raflemblé  fous  les 
yeux  du  magiftrat ,  ne  couroit  pas  au  loin  pour 
Pobtenir^  &c  ne  trou  voit  pas,  ainfi  que  nous, 
dans  de  vaftes  pofleffions ,  une  fource  étemelle 
de  divifions  &  de  procès. 

Mais  quand  du  défert  on  pafla  dans  la  terre  jugw^tabUi 
promife,  un  feul  corps  de  magiftrats  fut  in-^aie"'^"* 
fuffifant,  ou  s'il  en  dut  refter  un  qui  con- 
feryât  l'autorité  fuprême ,  le  dépôt  des  loix 
&  du  bonheur  public,  chaque  cité  dut  avoir    * 
fes  juges.    Lie  Deutéronome  prefcrivit  d'en 
établir  aux  portes  des  villes  abandonnées  aux 
tribus  (^i)  h  établiflement  d'autant  plus  digne. 
4e  la  fageffç  ^e  Dieu ,  pour  une  nation  habi-. 
tuellement  vouée  à  l'agriculture  &:  à  tous  les 

{62)  Chap.  16,  Vt  18. 


1^  Moyfe  y  confîdéré  comme  Légijlateur 
travaux  de  la  campagne,  que  ces  villes  reflèm- 
bloient  peu  aux  nôtres ,  &  ne  confiftoient  guère 
■que  dans  les  habitations  rapprochées  des  la- 
boureurs voifins.  Auffi  furent-elles  très-nom- 
breufes.  La  feule  tribu  de  Juda  en  pofledoit 
plus  de  cent  (63),  Nous  excepterons,  de  cett« 
propofition  générale,  les  métropoles,  les  cités 
qu'habitoient  auparavant  des  rois ,  dans  la 
terre  de  Chanaan  ,  &  qui  faifoient-  la  plus 
grande  partie  de  leur  empire ,  comme  Jérufa- 
lem ,  Haï ,  Hebron ,  Debir ,  Horma ,  Bethel , 
Jéricho ,  Libna  -y  Jarmuth  ,  Lachis  ,  Mak- 
keda,  Gibeon,  Cadès,  &c.  Au  refte  les  portes 
des  villes  étoient ,  depuis  long  -  temps  ,  le 
Keu  où  fe  faifoient,  devant  témoins,  les  ventes 
&  toutes  les  autres  conventions.  Abraham  y 
achète  des  Hettéens,  &  d'Ephron  en  parti- 
culier, un  champ  pour  enfevelir  Sara  (^4)* 
Hemor  y  aflemble  fon  peuple,  pour  l'inviter 
à  une  alliance  folemnelle  avec  la  famille  de 
Jadob ,  dont  Sichem,  fon  fils,  avoit  déshonoré 

lafiUe(^j)' 

(  63  )  Jafué ,  çhap.  1  ç  ,  v.  ai ,  &  fui  vans. 

(64)  Genèfe ,  ch.  23  ,  v.  i  &  ftiivans ,  &  praecipuè 
V,  10  ,   II  ,  13  &  18. 

(65  )  Genèfe,  chap.  34 ,  v.  ao.  L'affemWée  du  peuple 
s'y  faifoit  toujours. 


&  comme  Moralifie.  27 

Sans  entrer  ici  d^ns  la  difcuflîon  des  diflerens  on  ne  con- 
tribunaux  qu'eurent  enfuite  les  Hébreux  (66),  x^^ZJ^x 
nous  nous  contenterons  d'obferver  qu'en  gé^  ZT^^' 
néral,  comme  toutes  les  loix,  religieufes, 
dviles  ou  criminelles,  s'identifioient  par  la 
théocratie,  on  connoiflbit  peu  ces  attributioi>^ 
fi  nombreufes  chez  les  peuples  modernes ,  dont      / 
le  moindre  péril  eft  de  retarder  une  décifion 
fbuhaitée  par  des  débats  fcandaleux  fur  unç 
compétence  incertaine,  &  qui ,  rendant  ainfi  la 
)uftice  plus  tardive  envers  le  citoyen  éloigné  de 
fes  foyers ,  en  agravent  leçoids  pour  le  malheu^ 
reux  forcé  d-expier  l'ignorance  des  défenfçur« 
&  la  difcorde  des  magiftrats. 

ï^a  théocratie  fubfifta  fous  Jofué ,  &  pendant    Adœînîc 
que  les  Hébreux  obéirent  à  un  juge  :  /èulementU?****"  p°^' 
elle  fembla  prendre  une  forme  plus  ariftocrar^»  ^«^«'• 
tique.  Pour  cimenter  cette  ariftocratie,  on  nevoir  &  leui» 
rendit  pas  héréditaire  la  fonâion.de  ce  ch^f  ° 
illuftre.  A  fa  mort ,  on  n'étoit  pas  même  tenu 
d'en  élire  un  autre,  avec  un  pouvoir  égal. 
Nous  ne  voyons  pas  qu'un  fîl^  y  ait  jamais 
fuccédé  à  fon  père  ,  fi  ce  n'eft  Abimélech ,  fiU 
de  G^éon,  qui  employa  la  violence  &r  la 

{66)  Cet  examen  fait  Tobjet  d\in  mémoire  parti-» 
cellier ,  4eftioé  à  être  lu  dan$  les  féances  de  racadémi^ 
des  belles-lettres. 


'iS        Moyfc  y  confiiiré  comme  Légijlattur 

fédition  pour  être  le  prepirer  des  Ifraelîtes  (67). 
Les  Ju^es  avoient  d'ailleurs  un  pouvoir  bornd" 
La  faculté  de  donner  des  loix  ne  leur  apparte- 
4ioit  pas,  &  ils  ne  fatfoient  rien  que  du  eonfeil 
des  anciens  &  du  Sanhédrin.  Ce  n'eft  que  lorl^ 
qu'il  falloit  combattre  qu'on  leur  laiflbit  une 
•grande  autorité  :  de  confuk  de  k  république  ils 
en  devenoient  les  dictateurs  5  &  ,  comme  c^x 
officier  chez  les  Romains ,  ils  avoient  alors  le 
droit  d'agir  &  d'ordonner  fans  confulter  le  fénat. 
Voilà  pourquoi  fans  doute,  quelques  auteurs,  & 
Josèphe  entr'autres ,  les  appellent  fou  vent  chefe 
de  l'armée  (68).  Les  qualités  guerrières  étoient 
fi  indifpeftfables  dans  celui  qu'on  nommoit  le 
juge  de  la  nation ,  qu'une  vidoire  fut  foûvent 
le  titre  pour  s'élever  à  cette  dignité.  Gédéoà 
avoit  foumis  les  Madianites ,  &  Othoniel ,  Aod', 
Jephté ,  délivré  leurs  concitoyens  de  l'oppref- 
fion  qui  les  menacoit  (69).  La  reconnoiflance 

A \ r rr 

(-67)  Juges,  chap.  9 ,  v.  1  &  fuivans. 

(68)  X1fa1«yo«,  mot  dont  la  langue  grecque  fouiv 
Dit,  en  le  décoinpo£inft^  une  étymologie  fi  naturelle» 
qu'il  eft  bien  difficile  de  croîi«,  comme  Font  bât 
quelques  écrivains,  qu'il  ait  été  emprunté  du  Syriaque 
Aftartig  ^D'TIDDK  qui  énonce  la  même  idée.  11  npu^ 
femble  qu'on  les  défigne ,  avec  moins  de  raifon ,  pa|f 
Moyotpx^'  >  AuToxf)ctTop«j ,  Apx^"'*'*'  >  Hyg/tw«f •• 

(69  )  Jug.  chap.  1 ,  3 ,  6 ,  7  &  II. 


-  •  êr  comme  filvraUjie.  -         ^^ 

«iu  peuple  à  cet  égard  fil t  même  fi  grande  qu'il 
y  nomma  une  femme  ,  après  une  viâoire 
qu'elle  avcit  procurée  (70).  Au  refte,  Débora 
feule  jouit  de  ce  privilège  5  &,  quand  les  rois 
gouvernèrent^la  Judée,. les  mâles  feuls  purent 
poffeder  un  trône  dont  le  devoir  principal  étoit 
auffi  de  conduire  des  armées.  On  adopta  le 
principe ,  renfermé  enfuite  dans  un  vieux  adage 
xjui  n'eft  digne  d'être  remarqué  que  par  l<s 
.mauvais  goût  qui  le  caraâérife  : 

jipta  qiddem  tela  ,  fed  inepta  efi  femlna  telo  ; 
Indignutnque  vîrisfubdere  coUa  cola. 

Bientôt  OÙ  accorda  Un  roi  à  là  nltîôn  qui  lô 
defiroit ,  & ,  à  peine  alïïs  fur  le  trône ,  il  eut  la 
plus  grande  influence.  Les  monarques  firent 
des  réglemehs,  infligèrent  des  peines-,  vou-»- 
iurent  quelquefois  établir  des  magiftrats,  & 
fen  réformer  ^décifion  (71).  Quelquefois  ils 
prirent  fur  eux  de  condamner  feuls  à  la  perte 
de  la  vie.  David  n'héfita  point  à  le  faire  envers 
les  meurtriers  de  Salil  &  cêliii  d'Isbofet  (72). 
Salômon  le  fit  enfuite ,  dans  ce  jugement  cé-^ 
lèbre  dont  on  a  vanté  la  fagefle,  &:  qui  n« 

■■'••'     ^    ■'      ■  •  ■         '  ■     •~  -> 

i'fo)  Vùyei  h  chap.  4  du  Livre  des  Juges. 
(  71  )  Voyez  I  Reg.  chap.  a ,  v.  3  ç  ;  chÂp:  1 5 ,  y.  î 
&  3  ;  2  Reg.  chap.  11 ,  v.  i. 
(72)  2  Reg,  chap.  4,  V.  12;  chap.  11 ,  y.  15. 


j  0  Moyje  j  conjidcré  comme  Légijlauuf 
(iippofe  pas  une  connoiflance  moifis  profonde 
du  cœur  hutnain.  Le  crime  avoit  été  comtriis 
pendant  la  nuit  &  fans  témoins*  Il  falloit 
donc  diercher  la  vérité  au  fond  de  l'attie  Ae^ 
coupables.  Déjà  le  glaive  eft  fufpendu  ;  les 
deux  mères  environnent  le  monarque  •,  les 
bourreaux  font  prêts;  les  flancs  d'une  jeune 
vidime  qui  ignore  fon  malheur ,  fes  flancs 
vont  être  déchirés.  Hélas  !  enpétiflant,  ce 
rejettort  infortuné  n'aura  pas  îfaême  la  dou- 
ceur de  défîgper,  par  fon  dernier  f égard,  celle 
dont  il  reçût  le  jour.  La  fâufle  mère^  tran- 
<}uille  ^  couve  une  )oie  féroce  ;  eUe  triomphe 
de  voir  rayir  à  fa  rivale  l'objet  qui  eût  fait 
fon  bonheur*  Mais  foudain  la  véritable  mère^ 
l'œil  égaré,  la  bbuche  plaintive^  les  accens 
entrecoupés  ,  vomiflant  les  pleurs  &  les  fan- 
glots  :  Arrêtez ,  cruels ,  arrêtesL  Non  y  je  ne 
fouffirirai  pas  que  mon  fils  périfle  à  mes  yeux , 
fous  la  main  d'un  barbare.  Il  fkut  perdre  ou 
fa  vie  ou  la  douceur  de  le  ferrer  dans  mes 
bras.  Mon  choix  n'eft  pas  douteux.  Je  me  fa- 
crifie.  Qu'il  vive,  qu'il  vive.  .Oui /il  n'eft 
pas  mon  fils  -,  il  n'eft  pas  le  mien }  il  eft  celui 
de  ma  rivale  :  mais^  encore  une  fois,  qu'il 
vive ,  qu'il  refpire  (73), 

(73)  Je  connois  peu  de  tableaux  plusdraiiiatiques, 
de  finiations  plus  intéreflantes.  Je  n^ai  jamais  pu  lire , 


&  comme  Moralijle*  ^  t 

Quoique  l'état  fût  monarchique,  l'admi-    letch 
mftration  n'en  appàrtenoit  point  exclufive- à^icJ^t'î» 
ment  au  monarque.  Chaque  tribu  avoit  fon  ^^^l 
chef  dans  la  branche  ainëe  des  defcendans  ^"^^ 
dîreâs  du  patriarche  qui  lui  avoit  donné  fort 
nom.  On  a  défigné  enfuite  ces  chefs  par  phy* 
larques.  Les  phylarques  n'avoient  pas  feule- 
ment une  grande  confîdération  ;  ils  affiftoient 
le  roi  dans  lesaflfaires  importantes ,  comme  ils 
av oient  auparavant  aflîfté  le  Juge,  &  ils  ju- 
roient  tous  avec  lui ,  s'il  falloit  garantir  une 
promeflè  par  un  ferment  public  (74).  Ils  avoient 


je  l'avoue,  fans  le  frémiffement  de  la  douleur,  ces  mots 
énergiques  du  cKap.  3 ,  3.Reg.,  v.  î6,  que  prononce 
la  véritable  mère^-en  voyant '^qu'on  va  partager  fon 
fils  :  Obfecro ,  Domiiie  ;  date  vivum. 

(74)  Abulenfis,  i.  Paraltponii  ch.  26,  queft.  ^4; 
Cornélius  à  Lapide,  fur  le  livre  des  Nombres ,  ch.  i , 
v.  5.  Menochius ,  de  republicâ  HebraKorum ,  liv.  i , 
chap.  (} ,  §.  8 ,  p.  42.  Voyez  ^  dans  le  chap.  19  de  lofué , 
un  ferment  fait  avec  les  douze  phylarques.  Quant  i 
Padion  de  les  confulter ,  voyez  tes  chap.  30  du  livre 
des  Nombres  ;  5 ,  29  &  3 1  du  Deuteron.  ;  8  du  3^ livré 
des  Rois  ;  28  du  ^«'  liv.  des  Paralip. ,  &  5  du  fecoùd. 
Sur  ce  qu'ils  rendoient  quelquefois ,  dans  leurs  tribus , 
une  efpèce  de  juftice ,  voyez  lePfeaume  121  ^  les  ch*  )2 
dlfde  &  19  d«  S.  MattMeti.  LesSeptante,  au  lien  de 
phylarques  >  les  appellent  quelquefois  Af>oc>fvAoi^  Ap^* 


3*^        Moyfe  ^  confidéré  comme  Légijlatcuf 

'ailleurs  chacun  daris  leurs  tribus ,  quelques- 
uns  des  droits  que  le  monarque  avoit  fur  la. 
nation  entière  j  celui  i  par  exemple ,  d'en  oir-^ 
donnet  raffembléé  j  pour  délibérer  fur  uOj 
objet  important  (75  )•  Ces  affemblées  ,  foit^ 
générales-,  foit  particulières,  avoieiit  brdU 
Clairement  trois  buts  principaux  ;  écouter, 
prier ^  agir  {76)  i  écouter ,  quand  on  âvoit. 
à  communiquer  les  ordres  de  Jéhova  ou  ceux 
du  Souverain  (77);  prier,  comme  on  en  voi^ 
des  exemples  dans  le  livre  des  juges  (78) ,  danji 
celui  des  rois  (  79  ) ,  dans  celui  des  Macca-. 
bées  (  80  )  ;  agir ,  comme  pour  nommer  uii 
chef,  applaudir  à  Téledion  d'un  roi  (81)^ 

■  ■'•  ■  I  ir»  II..  ■ M       M.     i,-.i       .  I  •  •  Il       n.i  I      '11     I  '  l'i  '■         m 

(7s)  Voyez  Jofué,  chap*  18  >  v^  i^  chap.  ai,  y:  aa.; 
Juges,  chap.  20,  v.  i.  Nombres,  «hap.  |o,  ,v,  i;. 
Peutéron.  chap.  5  ,  v.  23;  chap.  53,  v.  j.  |  Reg. 
chap.  7,  V.  5.  I  Paralipom.  chap.  5  ^  v.  a:  chap..  15  i, 
V.  19.  Efdras,  chap.  io,  v.  9. 

[y6)  Voyez  Sigonius,  de  republieâ  Hebr^ûrùm^. 
liv.  6 ,  chap.  3 ,  p.  697. 

(j?)  Voyez  le  chap.  4  du  Deut.  «  &  le  chap.  29  jdii 
i^r  liv.  des  Paralipom.  , 

(78)  Chap.  II.     *  .  \.   .    .  . 

(79)  I  Reg.,  chap.  74 

.  <8o)  Chap.  3.  .     r 

\  (8i)  Voyez  le  chap*  8  du  îiv.  des  Jugés;  le  chap.  10, 
du  i«  liv.  des  Rois,  &  le  fécond  chap.  du  i«  liv.  des- 

Maccabées.  ......    ..^ 

*  *  '■•***./• 

concourir 


&  comme  Moralljii.  | } 

concourir  à  la  décifion  de  la  guerre  &  de  U 
paix  (82). 

Un  grand  nombre  d'officiers  s'élevèrent      officia 
anffi  bientôt  dans  le  palais  du  Ibuverain.  Côm-  5e°u^*^ 
plaifans  pour  fe$  goûts,  ils  devinrent,  par  in-  ^^^^ 
térêt  ^  les  agens  de  ton  defpotifme ,  &  étendirent 
fon  autorité  pour  accroître  leur  puifTancê.  J'ai 
donné  aitleitrs  le  détail  de  ces  difierentes  di- 
gnités (  85  )i  Je  me  contenterai  de  rappeller 
ici  les  principales  de  celles  qui  ont  le  plus  de 
rapport  à  mon  fujet.  L'une  eft  la  foiiétion 
d'adminiftrateur  général ,  ou  de  premier  mi-* 
niftre  du  royaume.  C'étoit  un  vice-roi ,  fi  ott 
peut  nommer  ainfi  le  fujet  qui  gouverne  di-* 
reftement  auprès  du  monarque,  &  fous  fel 

(82)  Cbiiiflieenv^slesAiiinionites,chap.  lodulir^ 
Ass  Juges  ;  envers  les  Bônjaminites  ^  chap.  oo  da 
mteie  livr^;  envers  les  Philiflins,  i  Reg. ,  chap.  7. 
Salomon  convoque  le. peuple  pour  la  dédicace  du. 
temple,  3  Reg. ,  ch.  8 ,  v.  i  ;  2  Par.,  ch.  30,  v.  5 ,  &c. 
Roboàm ,  après  la  réparation  des  di^  tribus  »  convoque 
les  deux  qui  reftent.  )  Reg. ,  cbàp.  11  ^  v.  21.  Dans  te 
ter  Hv.  des  M^ccabèes  ,  oalit  un  décret  par  lequel  ort  o« 
permet  d'aflen^bier  le  peuple  qu'à  Sîipoo,  devenu  pfîtice. 

Ch^pt  i4«  V*  44-. 

(8))  Dans  un  mémoire  fur  Té^.de  la  magiftraturt 
&  de  la  roya^uté,  che2  les  Hébreux,  lu  dans  une  des 
féancés  de  Tacadémie  des  béllés-lettrés ,  au  ilroil  de 
Janvier  îtS/.  * 


34        Moyfi  »..  conjidéré  comme  Lcgijlatcur 
yeux*   L'autre  eft  celle  de  furintendant  de 
la  maifon  du  roi,  &  de  fes  finances  :  car  ces 
deux  places  paroiflent  avoir  été  réunies.  La 
troifième ,  celle  de  mazechir ,  que  pluiîeurs 
écrivains  modernes  défignent,  aflez  impro- 
prement ,  par  le  nom  de  chancelier ,  du  moins 
tel  que  nous  l'entendons  aujourd'hui ,  puifque, 
loin  d'être  le  chef  de  la  magiftrature ,  fou 
devoir  fut  de  conferver  les  événemens  poli- 
tiques &  les  aâions  des  rois.  Nous  ignorons  fi 
les  mazechirs  ofbîpnt  juger  ces  aâions ,  ou  fi 
la  crainte  &  la  flatterie  les  dégradoient  au 
point  de  n'en  (aire  que  les  panégyriftes  du 
monarque.   Dans  le  fécond  cas ,  regrettons 
peu  la  perte  d'une  fi  honteufe  inftitutîon  : 
dans  le  premier ,  obfervons  combien  elle  a 
quelquefois  peu  d'influence ,  puifqueles  rois  des 
Juife  fiirent  prefque  toujours  ignorans  &  féroces. 
D^ordre     L'aflociation  d'un  fi  grand  nombre  d'offi- 
rwntmSTciers  à  l'autorité ,  ou  du  mioins  aux  fonâions 
royales ,  ne  produifit  pas  cette  paix  intérieure , 
cet  ordre  civil ,   cette  tranquillité  politique 
qu'on  avoit  lieu  d'en  efpérer.  Un  défordre 
abfblu  pnSfida  au    gouvernement  de  Jéro- 
boam ,  quand  cet  Ephraïmite  ambitieux  eut 
dépouillé  ion  roi  de  la  plus  grande  parde 
4e  fbn  empire  ,  &  prenant  l'admintftradon 
de  dix  tribus,  ne  lui  eut  laiffé  que  celles  de 


é  comme  Moralijle.  jf 

Benjamin  &  de  Juda  (84).  Il  eft  vrai  que  Id 
difcours  de  Roboam  aux  Ifraélites  ,  qui  k 
prioient  de  les  traiter  avec  plus  de  douceur 
que  Ton  père  ,  le  rendoit  peu  digne  dû  trône. 
Mon  père ,  leur  dit-il  (  8 j  ) ,  vous  a  impofé 
un  joug  pefant  j  je  le  rendrai  plus  pefant 
encore  :  il  vous  a  battu  avqc  des  verges, 
&  je  vous  châtierai  avec  des  inftnuneris  de 
fer. 

Jëroboam  &  fes  fucceflfèurs  fe  vouèrent  Gouremc* 
fouvent  à  Tidolatrie  :  c'eft  dire  que  les  prêtres  SSam*  ^« 
furent  fans  pouvoir.  AuflS  TEtre  funjjême,  ja-  ^^^'""^ 
loux  de  punir  l'outrage  fait  au  régime  théocra- 
tique  qu'il  avoir  établi  ^  laifïa-t-il  peu  de  temps 
le  fceptre  dans  les  mains  de  ces  rois ,  &c  le^ 
irappa-t-il  de  mort  (8^).  Ils  étoient  d'ailleurs 
indignes  de  le  porter.  Je  n'en  veux  pour  exemple 
que  le  defpotiûne  d'Achab.  Un  traif  cité  par 
l'Ecriture  (87) ,  fuffit  pour  en  donner  une 
idée.  Un  citoyen  vertueux ,  Naboth ,  avoic 
une  vi^e  auprès  de  fon  psdaisj  le  roi  la  lui 
demande  :  Naboth  obferve  au  monarque  que 
Moyfe  a  défendu  toute  aliénation  de  l'héritage 

(84)  Voyez  le  troifieme  livre  des  Rois,  chap.  la 
&  fuivans. 

(85)  3  Regum,  chap.  11  «  v.  14. 

(86)  3  Reg.  chap.  14,  i;  &  fuivans. 
(87}  3  Reg.  chap.  21 ,  y.  i^zâ. 

Ca 


3  6        Moyfc^  conjidcré  comme  Ugifiateùr 

de  fes  pères.  Achab  furieux  ,  &  n'ofant 
violer  ouvertement  la  loi ,  fiiit  envoyer  aux 
principaux  de  la  ville  qu'habitoit  Naboth , 
des  lettres  fignées  de  fou  cachet  (  88  ) ,  pour 
fuborner  deux  témoins  qui  accufent  cet  in- 
fortuné d*avoir  blafphémé  contre  Jëhova. 
L*accufation  effi  formée  -,  une  condamnation 
la  fuit  s  &  le  prétendu  coupable  eft  lapidé. 
Nous  pourrions  rapporter  plufieurs  aâions 
femblables.  En  général  ,  la  pi^diéHon  dé 
Samuel  ne  fiit  qlie  trop  vérifiée ,  quand  il 
difoit,  aiA  Ifraélités  qui  defiroientun  roi  t  il 
vous  livrera  aux  travaux  les  plus  vils  &  les 
jplus  dufs ,  vou^,  vos  enfans  &:  vos  feryi- 
teurs  y  &  vous  obligera  à  lui  donher  une 
portion  de  vos  revenus  (  8^  ).  Prefque  tou- 
jours en  eflfet,  les  (buverains  hébreux  regar-i 
doient  leurs  fuje^  comme  des  fërfi  &  dés 

(88)  L'uiage  de  fcellçr  les  lettres  &  les  ordres 
du  roi  étoit  ancien  en  Egypte,  Voyez  le  chap.  41  de  la 
Génèfe. 

(89)  I  Reg.  chap.  8,  v.  ï\-i&.  Quelques  écrivains 
n^ontvu,  dans  le  difcours  de  Samuel,  qu^un  droit ^c- 
Clbrdé  au  prince  de  s*emparer  des  biens ,  de  la  liberté 
&  du  travail  de  fes  fujets  ;  mais  cette  opinion  a  été 
combattue,  avec  fuccés,  par  Abulenfis ,  fur  le  i«  liv. 
des  Rois ,  chap.  8,9,1^.  Voyez  Ménochius ,  de  repub. 
Hebr.  liv.  i ,  chap.  i ,  §.<>  p.  6,      . 


' &  comme  MoraTiJtc.  57 

efclaves.  Us  .les  accabloient  de  tributs  ^  en  Desimpd 
fruits ,  en  argent,  en  beftiauxj  àc^^^v  une  Stor^* 
ironie  cruelle  de  la  loi ,  on  les  nommoit  des 
préfens  ,  conune  s'ils  euflènt  été  volon- 
taires (  90  ).  Quelquefois  ils  furent  fi  excet 
iîfe ,  que  les  peuples  opprimés  fè  révoltèrent 
comme  fous  Roboam ,  où  une  partie  de  la 
nation  fatiguée  de  ce  prince  &  du  fardeau 
qu'il  impofbit ,  lapida  l'homme  envoyé  pour 
les  recueillir  (  91  ).  Avant  lui ,  Salomon  ayant 
fuit  des  dépenfes  immenfes  pour  élever  fon 
temple  ,  mit  un  tribut  confidérable  5  mais  1er 
tribut  porta  moins  fur  les  Ifraélites  que  fur 
les  étrangers  qui  habitoient  leur  contrée  (9^)^ 
Il  y  avoit  aufii  de  ces  impofitions  fous  SaliL 
Ce  roi  en  exempta  la  fdnaiïLQ  de  celui  qui 

M II»!  ■  Il  I  .11 .Ili    M  11^ 

(90)  Payer  en  beftiaux  étoir  commun  aux  an- 
ciens peuples.  Le  tribut  donné  par  le  roi  de  Moab  à 
Achab  ,  fut  de  cent  jpille  agneaux  &  de  cent  mille 
bèfiersj  avec  leur^  toifons.  4  Reg. ,  chap.  3 ,  v.  4. 
Méfa,  fouverain  des  Moabites,  ayant  refufé  de  le 
f>ayer,  fut  attaqué  &  vaincu  par  Joram.  C*eft  dans 
ce  combat  que  Méfa ,  défefpéré  ,  fe  flattant  apparem<» 
ment  de  fe  rendre  le  ciel  favorable ,  par  un  facrificc 
auffi  précieux ,  offrit  fon  fikainé  en  holocaufle,  fur  It 
muraUIe  de  la  ville.  Ibid.  v.  27. 

(91)  3  Reg.,  chap.  12,  v.  18. 

(92)  3 Reg.,  chap.  9,  v,  15-21.  2  Paralîp.,  ch.  8, 
V.  9.  Voyez  auffi  j  Reg. ,  chap.  12 ,  v.  4» 

C3 


jS  Moyfc^  conjidcré  comme  Légijlattur 
oferoit  combattre  Goliath  (  93  ).  D'autres  en- 
droits de  l'Ecriture  prouvent  qu'il  y  avoit 
outre  cela  une  fervitude  perfonnelle.  Par  quelle 
fatalité  voyons  -  nous  donc ,  en  parcourant 
rhiflQire  de  l'univers  ,  l'orient  prefque  tou- 
jours privé  de  fa  liberté  civile  ?  Ces  terres  fi 
favorifées  par  la  nature ,  n'ont  fouvent  ren- 
fermé que  des  tyrans  &  des  efdaves.  Le 
climat  feroit-il  la  caufe  de  cette  longue  & 
éternelle  fervitude  ?  Celui  des  environs  de  la 
mer  Egée  &  des  rivages  du  Tibre  eft  peu 
•diffèrent  5  &  c'eft  à  Rome  &  dans  la  Grèce 
que  parurent,  avec  toute  leur  énergie,  letf 
prodiges  &  Tenthoulîafme  de  la  liberté. 
Sacrifices  Pendant  que  les  rois  d'Ifraël  opprimoient  leur 
peuple  &  fe  déshonoroient  par  l'idolâtrie ,  les 
princes  de  Juda ,  héritiers  de  Robbam ,  n'étoient 
pasmoinscoupables(94).L'impiétéparvintàun 
tel  point  dans  leur  empire ,  qu'on  of&it  des  fâcri-' 
fices  à  Béel-phegor  ou  Priape ,  &  que  la  mère  da 
fouverain  fut  intendante  de  ces  facrifices  (93,  ). 
L'ordre  &  le  régime  facerdotal  reparurent 
fous  Jofapbat;  les  magiftrats  y  redevinrent 

les  dépofitaires  des  volontés  de  Jéhova  {96) \ 

' —il. ,-, — _^ 

(9O  ï  Reg. ,  chap.  17 ,  V.  X  ï. 

(94)  3  Reg-»  chap.  14,  i<  &  fuîvans. 

(95)  3  Reg. ,  chap.  iç ,  v.  13.  Maacha,  mère d'Afa. 
.  (96)  1  Paralip. ,  chap.  19 ,  v.  5 , 6  &  7. 


&  comme  MoraUJU.  39 

&  fî ,  des  deux  tribunaux  inilitués  ,  l'un  eut  Triiwnauy 
pour  chef  Zabadias ,  princedelamaifon  royale;  joia^LT' 
l'autre ,  compofé  de  prêtres  &  de  lévites,  fut 
préfîdë  par  le  pontife  fuprême  (97).  Il  en  avoit 
auparavant  envoyé  plufieurs  dans  toutes  les 
villes  de  fon  royaume ,  accopipagnés  des  prin- 
cipaux feigneurs  de  fa  cour,  pour  inftruire  le 
peuple  de  la  loi  (  98  ),  inftitution  fage  &  digne 
d'être  célébrée. 

L'influence  facerdotale  ,   toujours  liée  au    nAntn^ 
refpeâ:  du  peuple  &  des  princes  pour  le  culte  a^rldm^ 
de  Moyfe ,  n'éprouva ,  fous  les  règnes  fuivans,  ^"ie? 
aucune  variation  fenfible.  Si  les  fbldats  &  une 
foule  de  citoyens  armés  reconnoiffent  Joas 
pour  leur  fouverain ,  relèvent  à  la  royacuté 
&  lui  en  donnent  les  marques  augufles ,  c'eft 
dans  le  temple  que  fe  fait  la  cérémonie  ;  c'eft 
le  grand  prêtre  qui  pofe  le  diadème  j.c'eft  par 
fts  ordres  où  par  fes  confeils ,  qu'une  grande 
partie  de  la  nation  eft  raflemblée  autour  de  lui 
pour  venger  &  couronner  le  jufte  héritier  du 
trône  ;  c'efl  lui  qui  fait  prononcer  au  peuple 
le  ferment  d'être  fidèle  à  fon  nouveau  roi, 
&  au  roi  le  ferment  d'aimer  foH  peuple ,  d'ho- 
norer Jéhova,  &  d'obéir  à  la  légiflation  de 
Moyfe.  Il  va  plus  loin  ;  il  ordonne  qu  on  fe 

(97)  2  Paralip. ,  chap.  19 ,  v.  8  &  1 1. 
foS)  a  Parai,  chap.  1 7 ,  v.  7 ,  8  &  9* 

C4 


jft>  Moyfc ,  confidcré  comme  Légijtateur 
iâififlê  de  la  reine ,  qu'on  la  traniporte  ho» 
du  temple  &  de  la  ville ,  menace  de  la  mort 
ceux  qui  oferont  la  défendre ,  &  lui  fait  ar- 
racher la  vie  (99). 
Leiiejôfls  II  femble  néanmoins ,  par  une  loi  de  Joas , 
r«ionf'^'  que  la  conduite  des  miniftres  des  autels  étoit 
•*"F'*-  alors  peu*  conforme  au  cata<aère  facré  dont 
ik  (ont  revêtus.  Les  réparations  du  temple  » 
qui  dévoient  toujours  fe  faire  à  leurs  frais  ^ 
'  &  ppiir  lefquellei ,  outre  les  dons  volontaires , 
ils  recevoient  la  capitation  des  Ifraélites  au* 
dsflus  de  vingt  ans ,  étoient  négligées.  Joas 
ordonna  qu'ils  n'en  fuilènt  plus  chargée  dé^ 
formais,  &  ,  par  conféquent ,  qu'ils  ne  re-^ 
c6vroient  plus  les  femmes  qu'on  y  avoit 
deftinées.  Tout  cet  argent  fut  placé  dans 
un  endroit  particulier  ,  d'où  on  le  droit  k 
mefure  que  les  befoins  du  fanéhiaiie  l'exi* 
paient  (  100  ).  Le  roi  cependant  laifla  au* 

■'■  ■    ■■  ■  ■  I  ■  >        I     I  !■  Il  M 

(99)  4  Rcg.,  chap.  II ,  v.  4-11,  1  Paralip.,  clua3  j 

v.ii  &ia.  Josèphe,  Antiq.  jud.,Iiv.9,chap.7,  p.  \%% 
&315. 

(ioo)4Reg.,  chap.  i a,  y.  4-11.  Cet  arg«nt  n'étoît 
que  pour  les  réparations ,  &  non  pour  les  meubles 
nouveaux  dont  on  avoît  befoin,  V.  12 ,  13  &  14,  Ce-» 
pendant  on  y  employa  ce  qui  refta  d^  la  fomme  don^ 
née  pour  cette  réparation.  Josàphe ,  Antiq, ,  li v.  9 ,  ch.  $ , 
p.  3 14.  Voy.  auffi  le  chap,  a4  du  a«  \yf.  des  Paralip, 


&  comme  MoraFiJU.  41 

prêtres  le  produit  pécuniaire  de  U  peine  de$ 
£aiutes  ordinaires  &  du  pëché. 

Le  culte  des  faux  dieux  reparut  vers  la  Deiaimiâ 
fin  du  règne  de  Joas.  Ce  prince  ofa  (iûre  la-  ^faibc 
pidcr  un  grand  prêtre ,  &  ce  grand  prêtre  ëtoit  ««^^ 
le  fils  de  Ton  bienfaiteur ,  de  .l'ancien  protec- 
teur de   fes  droits  &  de  fon  trône  (  loi  ). 
Peu  de  temps  après ,  attaqué  par  Azaël ,  roi 
de  Syrie ,  qui  /àccagea  la  ville  de  Geth  ,  & 
affiégeoit  Jéruialem  ,  plein  de  frayeur  »  il  lui 
envoya  los  tréfors  du  temple ,  ceux  de  TEtat  ^ 
&  les  préfens  que  le  peuple  avoir  oflèrts  à 
Jéhova  \  mais  s'il  ne  périt  point  par  les  armes 
ennemies,  il  fut  bientôt  la  vidime  de  fes 
propres  fujets  (  loi  ) ,  on  conipira  contre  lui , 
&r  on  Taflaffina. 

Amafîas  fut  idolâtra ,  comme  Joas  fon, 
père  (103).  Ofias  ou  Azarias  lui  fuccède,  & 
tombe  dans  la  même  erreur  (104).  Joatfaam, 
qui  le  remplaça ,  fut  vertueux ,  &  cependant 
le  peuple  continua  de  préfenter  aux  idoles  ^ 

(loi)  aParalip.^  ch.  24,  v.  i8-2t.  Voy.Josèphe» 
lî  V.  9 ,  chap.  8  de  Tes  Antiq.  jujd. ,  p.  ^14. 

(i02)4Reg.,  chap.ia^v.  17-xï.  aParalip.,  €h.t4^ 
V.  13-16. 

(105)  %  Paral'ipotti.,  chap,  2f  »  ▼  14. 

(104)  4 Reg., chap.  15 ,  v.  4  &  5,  ft  Pamlip.»  chr  ^6, 
V.  i6&iî}iva«« 


4i  Moyfe^  conjideré  comme  Légljlateur 
dans  des  lieux  élevés  ^  de  l'encens  &  àe% 
facrifices  (105^).  Achas,  fils  de  Joatham ,  ra- 
mena les  eKcës  impies  de  tant  de  fouverains; 
&  félon  Tufage  des  Cananéens ,  il  ofirit  Ion 
propre  ffls  en  holocaufte  (106).  Vaincu  par 
le  roi  d'Ifraël  dans  une  guerre  qu'il  eut  à. 
foutenir  contre  lui ,  il  fbllicita  la  protedion 
du  roi  d*Aflyrie.  Celui  -  ci  n'héfita  point  à 
raccorder  :  il  combattit  avec  (iiccès  les  Ifraé- 
lites ,  en  fit  un  gi^d  nombre  de  prifonniers , 
&  les  emmena  dans  fon  royaume  (  107  ). 

(105)  4  Reg.,  chap.  15,  v.  34  &  35-  2  Paralip. , 
chap.  27,  y.  2  &  fuivans.  Voyez,  pour  la  confécration 
des  lieux  élevés  à  une  fuperftîtion  religieufé,  l'exemple 
de  Jéroboam,  3  Reg.,  chap.  12,  v.  3z;4Reg.,ch.2$, 
,  V.  I  j  ;  celui  de  Joram ,  z  Paralip. ,  chap.  21 ,  v.  2  ;  celui 
d'Achaz ,  2  Paralip. ,  chap.  28 ,  v.  25.  Voyez  auffi 
Jérémie,  chap.  19,  v.  ^  ;  chap.  26 ^  v.  18;  chap*  32^ 
▼.  35.  Ezéehiel,  chap.  16 ,  v.  i6. Ofée ,  chap.  zo ,  v.  & 
Michée ,  chap.  i ,  v.  5. 

(io6)4Reg. ,  chap.  16,  v.  2, 3  &4.  2 Paralip., ch. 28» 
y.2,3&4. 

(107)  4  Reg.  chap.  iç ,  v.  16  &  17.  Manahem,  roi 
d'Ifraël ,  avoit  payé ,  au  roi  d'Aflyrie ,  une  redevance 
de  mille  talens  d'argent ,  qu'il  leva  fur  tous  les  Ifraélites 
riches ,  en  les  taxant  à  cinquante  ficles  d'argent  par 
tête,  environ  cent  vingt-cinq  de  nos  livres.  Chap.  15,.- 
V.  20.  Le  talent  d'argent  valoit ,  à  c«  qif  on  croit  » 
quatre  mille  huit  cents  livres  de  notre  monnoie»  Il  y  avoit 
auffi  un  talent  d'or,  qu'on  fuppofe  d'eaviron  foixaofe 


&  comme  Moralijle,       ,  4) 

Quelques  années  après,  Samarie  futprife,  &  le 
peuple  captif  envoyé  en  Perfe  &  en  Médie  (bus 
le  joug  des  Aflyriens ,  tandis  qu'ils  envoyoient 
de  leurs  fujets  habiter  les  terres  d'ÏÏraël  (108). 

Dans  le  royaume  de  Juda^  échappé  à  ce  mal-  onretton- 
heur ,  l'idolâtrie  futencore  fouvent  en  vigueur,  J^l^^ 
&  quelquefois  détruite  (  ibp  ).  Sous  Jolîas  , 
qui  en  abbattit  les.  autels ,  en  renverfa  les 
fimulacres  &  les  ftatues  ,  &  fit  couper  les 
bois  qui  leur  étoient  confacrés  (i  10) ,  le  livre 
de  la  loi  eft  trouvé  dans  le  temple,  &  le 
pontife  effiraie  le  fouverain  des  menaces  qu'il 
renfennp  envers  ceux  qui  auront  violé  l'al- 
liance que  Jéhova  daigna  renouveller  avec 
ion  peuple  dans  les  pUines  de  Moab ,  peu 
de  temps  avant  la  mort  de  Moyfe  (  m }. 

&  dix  mille  livres.  Achaz ,  affiégé  dans  Jérufalein  « 
envoya ,  au  monarque  Aflyrien ,  les  tréfors  du  temple 
&  du  palais ,  pour  qull  vint  le  fecourir.  Chap.  16 ,  v.  j 

&7.  ' 

(xo8)  Voyez  le  même  chap.  x6,  &  Josèphe,  Andq. 
jud. ,  li  v.  9 ,  chap.  x  3 ,  p.  3  22. 

(109)  La  guerre  naquit  de  ce  qu*Ofée ,  roi  dlfraël  » 
&  tributaire  d'Aflyrie ,  avoit  voulu  s'affranchir  du 
tribut  annuel.  4  Reg. ,  chap.  17 ,  v.  i  &  fuîv. 

(iio)  4lleg«,  chap.  18-22.  2  Paralip.,.chap.  3; 
&  fuivans. 

(m)  2.  Paralîp. ,  chap.  34*  v.  3  &  4.  4  Regum, 
diap.25,v.4,&c.&i4, 15  &  fuivans. 


44       Moyfcj  conjiâm  comme  Légiflatair^ 

L'ordre  judiciaire  eft  afièrmi  fous  ce  prince; 
des  cenfeurs  &  des   magiftrats  font  établis 
pour  aflurer  l'exécution  des  vertus  civiles^ 
&  la  tranquillité  publique  (lit). 
Gourerae-     Sous  Joakim  qui ,  devenu  tributaire  du  roi 
jîîft  ^'  d'Egypte ,  chargea  fon  peuple  d'impôts  oné^ 
fcriifj.^®"^  (  113  )  >  les  fujets  &:  le  monarque  fe 
wirts  des    livrèrent  à  toutes  les  impiétés  de  leurs  an- 
rois  d*Egyp-     .  ,  ,     T  A  J 

te.  cêtres  (  I14).  Les  prêtres  eurent  donc  pea 

d'empire.  £n  vain  ils  condamnèrent  Jérémîe 
pour  avoir  fait  des  prédirions  défaftreufes  t 
le  fénat  de  la  nation  &^  les  princes  de  Juda 
réformèrent  leur  fentence  (iij).  Cependant , 
ils  avoient  toujours  un  rangdiftingué ,  quelque 
pouvoir  &  une  grande  confidération.  Le 
prophète  fut  emprifonné  fur  l'ordre  leul  de 
Phaflûr ,  qui  étoit  le  fécond  prêtre  du  temple , 
ou  le  vicaire  du  pontife ,  celui  qu'on  appelloit 

(112)  4  R^m,  chap.  22,  v.  8-20.  2  Parai.» 
chap.  34 ,  v.  14  &  fuivans.. 

(11$)  Josèphe>  Antiq;  jud.,  liv.  10,  chap.  {,  in 
principio. 

(114)  4Reg.^  chap.  23,  v.  35.  Il  fit  payer  à  la  fois  « 
par  tête  &  par  biens.  La  capitation ,  &  une  efpèce  de 
taille ,  furent  cumulées.  Ibidem.  Le  tribut  impofé  par 
le  roi  d*£gypte,  fut  de  100  talens  d^argent  &  un  talent 
d'or,  c'eft-à-dire,  environ  cinq  cents  cinquante  mille 
livres  de  notre  monndie. 

(115)  Jéiémie,  ch.  26,  v.  8,  lo,  n  &  fuivana^ 


&  comme  AioraUfie.  4^ 

prince  dans  la  maifon  du  Seigùeur  (116)) 
Ôc  dans  une  lettre  écrite  à  Sëphonias  qui 
rempliflbit  le  même  emploi  fous  un  des  règnes 
iïiivans ,  on  lui  obferve  que  fî  Dieu  Ta  élevé 
à  cette  fonâion  augufte  (I17)  ,  c'eft  pour 
faire  arrêter  &:  mettre  dans  les  fers  ceux  qui 
fe  difant  infpirés ,  troublent  par  leurs  prédic- 
tions ^  le  repos  des  citoyens. 

JoaKim  avoit  reçu  la  couronne  d'un  roi    Lef  ron 
d'Egypte.  Ceux  de  Babylone,  dont  la  Judée^jf^J^ 
avoit  auiiï  été  tributaire ,  ne  la  voyoient  pas^yi<»«- 
(ans  douleur  fous  la  protedion  d'un  autre 
monarque  5  ils  cherchèrent  à  reprendre  des 
droits  qu'ils  étoient  afSigés  d'avoir  perdus^ 
ic  le  fuccès  couronna  leurs  defirs.  Jérufalem 
fat  affîégée  Sf  foumife ,  6c  Joakim  emmené 
captif^  avec  un  grand  nombre  de  fes  fujets^ 
dsms  une  terre  étrangère  (  I18  )•  Mais  bientôt 

(116)  Jérèmîe,  chap.  ao,  r.  t  &  i.  Voyez  auflt 
4Rego  cliap.  2î,v.i8. 
^  (117)  4  Reg.>  ibid.  Jérémte,  fchap.  sç,  v.  25  &  28. 

(118}  2  Paralipom.,  chap.  36 ,  v. 6. 4Reg., chap. 24^ 
V.  L  Daniel,  chap.  i,  v.  î  &  2.  Daniel  nous  apprend 
^lie  ie  roi  de  Babylone  ordonna  à  Âfphenès,  chef  do 
&s  eunuques,  de  prendre  ceux  des  en^nsfiés  du  fang 
âes  rois ,  ou  des  principales  familles  du  royaume ,  qui 
.  fdoAtnent  une  taille  avantageuTe  à  une  figure  inté* 
rel^nte,  pour  les  confacrer  au  fervice  de  fon  palais. 
Chap.  I ,  T.  3  &4.  On  enleva  a«£i  une  grande  partie 


4^  Moyfe^  coi^déré  comme  Ugijlateur 
ayant  imploré  la  miféricorde  du  vainqueur  l 
auquel  il  jura  une  fidélité  &  une  foumiflîon 
qu'il  viola  dans  la  (uite ,  le  prince  de  Juda 
fut  rétabli  fur  fbn  trône.  Jéchonias ,  (on  fils , 
qui  lui  fuccédà  plufieurs  années  après  (l  i^), 
impatient  du  joug ,  tenta  de  s'y  fouftraire , 
&  fut  à  fon  tour  aflujetti  &  enfermé  dans 
une  prifon ,  où  il  termina  fès  jours  ^  après 
trente-fèpt  ans  d'efclavage  (iio). 

des  vàfes ,  des  ornemens  &  des  richefles  du  temple  de 
Jèrufalem ,  pour  les  porter  dans  celui  de  Babylooe» 
V.  2.  Cet  événement  eft  de  la  quatrième  année  du  règne 
de  Joakim ,  de  la  onzième  de  celui  de  Néchos  en 
Egypte,  de  la  vingtième  de  celui  de  Nabc^Iafiàr  i 
Bdbylone,  &  de  Tan  606  avant  Jefus-C3irift.  U  com- 
mença la  âmeufe  captivité^  qui  dura,  comme  on  fait, 
Tefpace  de  foixante  &  dix  ans. 

(119  )  L'an  598  avant  J.  C ,  par  conféquent  environ 
huit  ans  après.  Jéchonias  eft  auffi  appelle  Joaçhin  par 
FEcriture.  4  Reg.,  chap.  24 ,  y.  6 ,  8  &  12.  2  Paralip. , 
chap.  36 ,  V.  8  &  9*  Son  père  s'étoit  révolté  de  nouveau 
contre  NabuchodonoTor ,  qui  envoya  contre  lui  fiis 
généraux.  Ils  Taffiégèrent  dans  Jérufalem ,  le  prirent, 
lui  donnèrent  la  mort ,  &  faifknt  jetter  fon  corps  hors 
des  portes  de  la  ville ,  le  privèrent  de  la  fépulture. 
Voyez ,  à  ce  fujet ,  le  chap.  22  de  Jérémie ,  v.  19;  &  le 
chap.  36,  v.  30. 

(120)  Voyez4Reg.,  chap.  24,  v.  ia&  fuivans.  Au 
bout  de  ces  trente-fept  ans ,  Evilmérodac  ayant  fuccédè 
i  Nabuchodonofor.,  fon  père ,  Jéchonias  fut  tiré  de  & 


&^comme  Morahfte.  47 

Nabuchodonofor  ayant  de  nouveau  ap-  variatîoz 
pauvri  la  Judée  en  lui  raviflant  tous  ks  foldats^  Se"^^*! 
fêis  meilleurs  ouvriers  ,  fès  principaux  ci-  JS^"„^""' 
toyens ,  &  les  tréfors  qui  reftoient ,  foit  dans  le 
temple  de  Jéhova,  foit  dans  le  palais  du 
monarque  (12.1),  donna  pour  fouverain  aux 
citoyens  obfcurs  &  indigens  qu'il  laiflbit  dans 
leur  patrie ,  un  oncle  paternel  de  Jéchonias  :  ce 
fut  Mathatias ,  troifième  frère  de  Joakim  (  1 22). 
jLe  roi  de  £abylone  changea  le  nom  de  ce 
prince  en  celui  de  Sédécias,  comme  une 
preuve  de  fa  fuzeraineté  (123).  Pendant  ce 
temps  malheureux^  de  fbumiflîon  &  d'efcla- 
vage ,  on  ne  connut  aucune  forme  de  pouvoir 
ni  de  gouvernement.  Sédécias  »  infidèle  &: 
parjure  comme  la  plupart  de, fès  prédécef- 
feurs ,  avoit  encore  attiré  la  juite  vengeance 
de  Nabuchodonofor.  Ce  moharque  fupeux)»^ 

prifon,  &  jouit  de  quelque  faveur  :  mais  il  expia  bien* 
t6t  ce  foible  avantage,  en  partageant  la  mort  que  4es 
conipirateurs  donnèrent  au  nouveau  roi  de  Babylone» 

(121)  4Reg.,  chap.'24^,  v. i}-i6. 

(122)  4  Reg.^  chap.  24,  v.  vj.  %  Parai,  chap.  \6i 

(123)4  Reg, ,  chap.  24,  V.  17.  Néchot ,  roi  d'Egypte  ; 
avoit  Élit  la  même  chofe  eayers  le  père  de  Jéchonias» 
tn  lui  donnant  le  nom  de  Joakim  au  lieu  de  celui  d'Elia^ 
om ,  qu'il  portoit  auparavant  4  R^.,  cfaap.  a),  v.  34* 


48  Moyfcj  cùnfiUré  comme  Ugijlatcur 
après  avoir  dd  nouveau  affiég^  Jërufalem  ; 
qui  (iiccomba  (ôus  les  coups  de  (on  armée, 
fe  fit  amener  k  prince  rebelle  dans  une  ville 
de  Syrie  où  il  ëtoit  alors  (ii4)«  Là ,  par  une 
férocité  que  ne  peuvent  eitcufer  les  crimes 
du  roi  vaincu',  il  ordonna  qu'on  maflacrât 
en  (a  préfence  tous  (es  fib ,  &  tous  les  grands 
de  fbn  empire  {i^^)*  Les  bourreaux  crevèrent 
enfîiite  ks  yeux  de  cet  infortuné  ;  on  le  chargea 
et  chatnli,  &  on  le  traîna  ain(i  dans  les 
cachots  de  Babylone,  où  il  expira  (ii^).  Le 
pillage  &  la  rapine  dévaftèrent  Jérufalem  \ 
\t  temple  fut  incendié  h  les  remparts  furent 
abattus  \  les  édifices  renverfés  &  détruits  (  1 17)  i 
des  ruines  &  k  plus  vafte  folitude  occupèrent 
fefpace  qu'avcMt  rempli,  jufqu'alors,  une  cité 
floriflànte. 

^«  Jéchonias  ^  cependant ,  vivoit  encore  ;  àô 
quoique  ce  prince ,  enfermé  dans  les  priions 
de  Babykxne  ,  fôt  fans  autorité, 'comme  (ans 

(I24)  4Reg.,chap.  jl5,  v.i-6.  Cette  ville  de  Sy^ie 

efl  Rebla  ou  Reblata.  Voyez  auffi  Jérémîe,  chap<  39  , 

V,  1-5 ,  &  chap.  52 ,  V.  4-9. 
(125)  4  Règ.,*di.a5,  V;7.  Jérém.jch. 39,v.6,  & 

cli.52,  V.  10. 
(i26)4Reg:.,»BldJéréitî.,ch.39,t'.7,&ch.$2,viL 
(127)  2  Par. ,  chàp'.  36,  V.  19.  4  Rcg.,  chap.  2Ç  , 

V.  9&  10.  Jéréttr.,  cli^p.  39,  v.  8,  &  chap.  32,  y.  I| 

&  14. 

empire. 


&  comme  Mofalifit.  49 

empire  ,  les  Juifs  efclaves  ne  ceflbient  de  re- 
connoître  en  lui  leur  fouverain  légitime.  A 
la  mort ,  ils  regardèrent  Salathiel ,  fon  fils  , 
comme  Théritier  de  fes  droits  &  le  chef  de 
leur  nation ,  titre  qui  fe  perpétua  dans  la  maifon 
de  David,  &  qu'on  exprima  par  chef  de  la 
captivité.  Les  Hébreux  le  confervent  même 
aujourd'hui  ;  ^^s  ne  font  plus  un  peuple  5  ils 
n*ont  plus  de  patrie  ;  &  néanmoins  un  d'eux, 
aflurent  plufieurs  écrivains  diftingués  (118), 
eft  toujours  cenfé  porter  le  fceptre  de  Juda. 
N'oublions  pas  de  dire  que ,  pendant  la  cap- 
tivité ,  les  Hébreux  avoient  confervé  leurs 
juges  &  leurs  loix.  L'hiftoire  de  Sufanne  en 
fournit  une  preuve  (12.9),  Ce  furent  des 
magiftrats  nationaux  qui  condamnèrent  {^ 
xiccufàteurs. 

Environ  un  demi-fiècle  après  la  ruine  d€  Arî(bcf«ii 
Jérufalem ,  Cyrus ,  par  un  édit  dont  l'exécu- 
tion, d'abord  contrariée ,  fut  enfuite  folem- 
nellement  ordonnée  par  Darius ,  permit  aux 
Juifs  de  retourner  en  Judée  &  de  reconf- 
truire  leur  temple,  pour  lequel  ces  deux  princes 

(ia8)  Voyez  Sclden,  de  Syned.,  liv.  2 ,  chap.  7, 
§.5.  Lempereur ,  notes  fur  llnnétaire  de  Benjamin^ 
page  192,  &c.  Âltinglus,  liv.  Shilo,  liv.  i ,  chap.  3, 
13,14,  &c. 

(129)  Daniel,  chap.  13,  v.  50  Scfuiv. 

D 


5©         Moyfe^  conjidéré  comme  Ugljlatcur 

fournirent  une  fomme  confidérable  (  130). 
L'ariftocrarie  prévalut ,  &les  prêtres  reprirent 
une  grande  influence  dans  cette  nouvelle 
adminiftration  {131).  On  en  lit  une  preuve 
bien  forte  dans  Tédit  foUicité  par  Efdras 
&  donné  par  Artaxerçès,  furnommé  Longue- 
main  ,  pour  accorder  pluiîeurs  privilèges  aux 
Hébreux  (131). 

Les  prêtres  fe  foutinrent  dans  leur  primatie 
ariftocratique.  Pendant  près  de  trois  cents  ans, 
ils  furent  feuls  les  chefe  de  la  nation.  Les 
machabées ,  qui  la  défendirent  avec  fuccès 
contre  les  fouverains  de  Syrie,  devinrent  en- 
fuite  les  princes  des  Juifs.  Matathias  ,  Juda 
fon  fils,  Jonathas  &:  Simon,  frères  de  Juda  , 
&  Jiean  Hircan  ,  fils  de  Simon,  gouvernèrent 
ce  peuple  pendant  foixante-fept  ans ,  &  juf- 
^  .  .-  qu'au  moment  ov\  leur  race  afmonéenne  s*é- 
néens.  leva  enfin  à  la  royauté  ,  en  la  perfonne  d'AriP- 
tobule  fils  d'Hircan  (  133  ).  Ce  fut  par  une 
fuite  de  la  primatie  facerdotale  ,  que  I9 
pontife  Jaddus  reçut ,  dit-on ,  Alexandre  le 

(130)  i.Efdr.ch.  I ,  V,  i  ,&c.;  ch.  4,  v.  x -^2;  ch. 6, 
y.  6  - 10. 

(131)  Josèphe ,  Antîq.  judaïq. ,  liv.  i  x  ^  ch.  4 ,  p.  367; 
.  (132)  I  Efdras,  chap.7,  v.  xa  -  26.  Cet  édit  eft  de 
fan  458  avant  J.C. 

(133)  Josèphe ,  Antîq.  judaïq.  »  li v.  x  i ,  ch.  4 ,  p.  367^ 


&  comme  Moralxfte.  ft 

Grand  à^Jërufalem  (134).  Ce  fut  par  la 
même  raifon  qu'un  des  fucçelTeurs  de  Jaddas , 
Onias  III ,  entretint  avec  Aréus ,  roi  de  Sparte, 
une  forte  de  correfpondance  (ijj).  On  drefla 
même  alors  des  mémoires  de  leur  adminiUra-^ 
tion  (136),  comme  pour  éviter  le  dé/brdre 
qui  pouvoir  naître  de  la  conhifion  des  tribus 
hors  de  leur  patrie ,  on  exigea  de  ceux  qui 
le  voueroient  au  miniftère  des  autels ,  qu'ils 
produi/iffènt  les  preuves  généalogiques  de 
leur  defcendance  d'Aaron  (137). 

Jufqu'alors  le  pontificat  fuprême  avoit  été 
héréditaire  -,  il  ne  continua  pas  à  l'être  lop^ 
temps.  Les  Afinoaéens ,  parvenus  au  trône  » 
affoiblirent ,  en  rétabliffant  le  gouvernemeot 
monarchique,  la  préponderai^çe  des  grands 
(àcrificateurs.  Hérode  en  rendit  la  dignité 
éleâive,  en  l'ôtant  à  Ariilobule  fon  b^au- 
firère,  qui  y  avoir  des  droits  légitinaes,  &c 
auquel  il  la  rendit  enfuite ,  pour  la  donner  à 


(i34)Josèphe,diaolocQ,chap.8,  p.  385. 

(135)  Josèphe ,  ibid ,  1. 12 ,  cb.  j , p.  407.  i  Mac^. ; 
chap.  i2,v.  20. 

(136)  Voyez  I  Macab. ,  chap.  16 ,  v.  23  &  24. 

(137)  Voyez  Josèphe  contre  Appion ,  liv.  i ,  p.  1036. 
iEfdr.,ch.  Il ,  V.61  &  62;  2Efdr,.^ch.  n,  v.a2  &  aj. 
Léon  de  Modène ,  Hiftoria  de  gli  riti  Htebraïci ,  part,  i, 
chap.  12,  §.3,  p.  30. 

D  1 


\ 


5 1        Moyjè ,  conjidéré  comme  Légijlateur 
Hananel,  qu'il  appela  exprès  de  Babyione(  1 38). 
Obfervons  ijiie  le  grand  prêtre  conferva  une 
Jufifdiâion  fort  étendue ,  quoique  la  Judée 
fût  devenue  province  romaine  fous  Pompée  , 
&  que  Gabinius  y  eût  enfuite  établi  cinq 
tribunaux  fupérieurs  pour  le  jugement  de  tous 
les  procès   qui  naitroient  dans   un  certain 
^^lï^.  reflbrt  qu'on  leur  donna  (139).  Ceft  annoncer 
qu'il  y  avoir  eu  encore  une  révolution  dans 
le  gouvernement  des  Hébreux.  En  eflfet,  l'arif- 
tocratie  avoit  de  nouveau  remplacé  la  mo- 
narchie- Les  principaux  citoyens  compofoient 
les  tribunaux  fupérieurs  qui  régiflbient  la  na- 
tion ,  régloient  tout  ,   adminiftroient  tout  y 
chacun  dans  le  département  qui  leur  étoit 
confié.  Hircan  n'avoir  pas  feulement  perdu 
le  nom  de  roi ,  comriie  fous  Pompée  ;  il  en 
avoit  aufli  perdu  les  droits  &  la  puiflance: 
au  refte,  il  ne  tarda  point  à  les  recouvrer; 
&  la  Judée ,  par  conféquent ,  eifuya  encore 
une  fecoufle  politique.  Céfar  les  lui  rendit 
dans  un  voyage  qu'il  fit  en  Syrie  ,  &  rap-r 
pella  la  forme  ancienne  du  pouvoir  &  du 

(138)  Josèphe,  Antiquit.  judaïq.,  liv.  5,  chap.  2 
&3,p.  512&513. 
*      (139)  Josèphe  ,1.  14 ,  ch.  10,  p.  476  ;  &  de  Bello  i 
1.  ly  chap.  6  y  p.  721. 


'    ^  comme  MoraRfie*  ^^ 

gouvernement(i4o).  Elle  y  fubfifta  environ  tin 
demi-fiècie.;  mais  quelques  années  après  la 
naiffknce  de  J.  C. ,  Archékiis ,  fils  d'Hérode-, 
exerçant  fur  fon  peuple  un  odieux  defpotifme, 
la  nation  députa  yen  Àugufte  pour  accufer 
fon  fouverain.  Celui-ci  fat  contraint  de  venir 
à  Rome;  &,  s'y  étant  mal  juftifié ,  l'empereur 
le  priva  du  trône  ^  &  Texila  dans  les*  Gaûfes 
(  à  Vienne }.  Un  gouverneur  fubordonné  à 
celui  de  Syrie,  le  remplaça,  &,  fous  le  nom 
d'Augufte,  changea  les  coutumes  &  k  ju- 
rifprudence  des  Hébreux.  Ils  ne  furent  régis 
déformais  que  par  les  loix  romaines,  &  le. 
romain  procurateur ,  ou  fes  ôJËciers ,  eurent 
feuls  le  drok  de  prononcer  des.  peines  capi- 
tales (  141  ). 
Ainfî,  d'abord  abfolu  fousMbyfê,  legou- 
%vemement  fèmbla  prendre  une  forme  arifto- 
cratique  quand  ce  prophète  s'aflbcia  foixante- 
dix  anciens ,  &  la  conferva  )u£;|u'à  SaiîL  Le 
ftône  devint  héréditaire  fous  les  fucceffèurs 
<Ie  David;  mais  la  monarchie  qui  s'a£[ènnif- 
foit ,  ne  tarda,  pdint  à  être  tempérée  par  les 

(»4o)  Josè]^,  liv.  r4,.chap.  5,  la  &  17;  &  de: 
Bello»  liv.  t,  chap. 6,p*72a,&cli.8yp.  72$;. 

(141)  Voyez, S.  Jeao^^hap.  i8,  v.  31;.  &  Lîghtfoot-, 
iiir  ce  pSk^ 


'f4  Moyfe,  confidéré  comme  UgifUteur 
princèi  du  peuple,  qui  cherchèrent  à  la  ba- 
lancer par  leur  puiflance  démocratique  5  & 
les  Juifs ,  protégée  tôur-à-tour  par  Babylone 
&  par  TEgypté ,  &  tour-à-tour  infidèles  aux 
fouvcrâins  de  ces  deu^  royaumes  ,  finirent 
|>ar  être  èfdaves  d'un  peuple  étranger ,  fitué 
loin  de  leur  patrie  ,  eux  qui  avoient  toujours 
dédaigné  d'étrê  vaflàus:  &  tributaires. 


&  Comme  Afaralifie.  Sf 

i'  ■'      '  •       -  ■  ■  ,  ■■.if 

CHAPITRE    II  L 

tùIX    RHZiaiEVSES. 

JuA  divifion  des  loix  de  Moyfè  en  loix  re-  Dlfîfiot 
ligieufes,  civiles  &  criminelles,  eft  indiquée  J^ÎJ^"^ 
par  ce  légiflateur  lui  même.  Si  vous  avez  à 
prononcer,  dit  le  Deutéronome  (141),  furies 
conteftations  des  citoyens,  fur  le  fang  répandu, 
fur  les  impuretés  légales ,  recourez  aux  prêtres 
&:  aux  juges ,  &  la  vérité  vous  fera  découverte. 
Commençons  par  les  loix  religieufes.  Nous 
verrons  d'abord  celles  qui  font  relatives  à 
l'idolâtrie  -,  les  prêtres ,  les  lévites ,  leur  con- 
fécration  ,  leurs  devoirs ,  leurs  privilèges  fe- 
ront l'objet  du  fécond  article  5  &  dans  les 
fuivans ,  je  rapporterai  ce  qui  concerne  les 
fètes ,  les  facrifices ,  les  vœux  &  les  impuretés. 

Art  icle   premier. 

Des  Loix  juives  relatives  à  l'idolâtrie. 

L  A  haine  pour  l'idolâtrie  ,  eft  de  tous  Abandon 
les  fentimens  celui  qui  préfida  le  plus  au  ^^^^^^-^ 
code  religieux  des  Ifraélites.  Livrés  fouvent^««* 

(14a)  Deutéron, ,  cha]p^  17,  v.  8  &  9. 

D4 


'56        Moyje  y  cùnftdérc  comme  Léglflateur 
à  ce  culte  iiifenfë,  d'abord  avant  de  foraî 
d'Egypte(i45)  ,enfiiitetant  queMoyfe  &  Jolué 
gouvernèrent  la  nation,  les  Juifs  s  y  abandnn-1 
nèrent  encore  plus  après  la  mort  de  cq%  pet(bn- 
nages  illuftres.  Nous  ouvrons  à  peine  le  livrede 
juges ,  que  nous  les  voyons  époufer  les  filles  des^ 
Cananéens  ,  &:  adorer  leurs  dieux  (144).  Le 
Seigneur ,  pour  s'en  venger  ,  les  rend  efclavesj 
d'un  roi  de  Méfopotamie  ;  ils  gémiflent  \  leursl 
plaintes  s'élèvent  )uiqu*au  ciel ,  &:  un  libéra-*! 
teur  eft  fnfcité  :  mais,  leur  afFranchiflementj 
obtenu,  ils  rentrent  dans  l'idolâtrie  (  i^y  }J 
Une  nouvelle  fervitude  les  punit,  &:  Aod  nei 
brife  leurs  fers  que  par  un  1  âche  aflaffinat  (146). 
L'erreur  continue  ;  une  oppreffîon  de  vingt 
ans  par  un  monarque  voifin  ne  les  y  arrache  « 


(  143  )  Voyez  Jofué  ,  ch.  14,  v,  14  ;  &  Ofée,  ch- 1 1 
V.  I  &  2.  Ezèchiel  lattefte  aufli  allégoriquement, 
chap.  23 ,  V*  2 ,  3  ,  S  »  19  &  ai.  Voyez  encore  Eu- 
sèbô,  Prép.  Evang. ,  liv.  7 ,  chap,  8.  Tliéodoret  tn 
Cantic  ,  pag.  989,  &  Orat  2,  p.  496.  Maîiî;onide> 
de  Idololatriâ  ,  chsp.  i  ^  §.  to;  &  Spencer  >  de  leg, 
t\L  Heb. ,  Jiv.  i  y  cliap.  i  ,  g*  t ,  pu  22  &  23. 

{  144)  Jt]g. ,  chap.  3  ,  V.  7  ,  6  &  7.  Voyez  suffi 
le  chap.  2 ,  v.  11  &  fuiv* 

(145)  Ibid.  V.  8-11. 

(1^6)  Ibii  V,  II  -24. 


&  comme  Morarijlc.  ^y 

point;  il  faut  payer  une  liberté  defirée,  en 
trompant  le  général  ennemi  fous  l'apparence 
de  Tholpitalité ,  &  lui  perçant  le  crâne  pen- 
dant fon  fommeil  (147).  Toujours  idolâtres 
&  humiliés  pendant  fept  ans  par  les  Madia- 
nites ,  leur  voix  enfin  s'élève  de  nouveau  vers 
le  Dieu  dlfraël  ;  il  nomme  Gédéon  poàr  dé*- 
livrçr  fon  peuple  (148).  Ce  héros  renverfe  un 
autel  impie ,  &  brife  le  joug  étranger.  Mais  à  fa 
•mort ,  Baal  reprend  i^%  droits  fur  les  hom- 
mages des  Hébreux  (149).  Gédéon  avoit  re- 
fafë  le  trône  \  Abimelech ,  fon  fils ,  Tufurpe  ; 
&,  pour  s'y  afleoir  plus  sûremeiit  (lyo),  il 
donne  à  fes  frères  un  trépas  que  lui  rendent 
bientôt  la  haine  &  l'indignation  publiques. 
Les  Juifs  font  toujours  viâimes  de  l'erreur. 
Jéhova  \t%  abandonne  aux  Philiftins  &  aux 
Ammonites,  qui  ravagent  leurs  terres.  Sa  clé- 
mence eft  implorée.  Touché  àts  cris  de  (es  en- 
fans  ,  il  pardonne  encore ,  après  leur  avoir  re- 
proché une  infidélité  toujours  renaiflante  (i  5 1  )• 


(147)  Jug.,  chap.  4,  V.  17  -  22. 

(148)  Jug.,  chap.  6,  V.  7  -  14. 

(i49>  Jug.,  cfaap.  6,v.  27;  chap.  7,v.  19 -.aj; 
chap.  8 ,  V.  28  -  34. 
(iço)  Jug.,  ch.8,  V.  22  &  2);  ch.  9,  v.  i-^ç; 
(151)  Jug.  chap.  tOf  y,6-i4. 


S$        Mcyfcj  cw^Uefê  comme  Légijlateur 
Je  ne  fînirois  pas ,  fi  je  voulois  tracer   \m 
tableau  de  Tabandon  fréquent  des  Juifs  à 
ridolatrie. 
vjmsefforw     Cependant  elle  étoit  pour  eux  le  plus  grand- 
cQfèciisr.    des  crimes.  Négliger  de  rendre  hommage  i 
TEtre  fuprême ,  Tabandonner  pour  des  divi« 
nicés  étrangères ,  fut  violer  toutes  les  loix.  re« 
ligieufes  &  politiques.  Comment  donc  s'en 
rendirent-ils  fî  fouvent  coupables  \  En  vain 
on  leur  prohiba  d'imiter  les  Ammonites ,  en 
adorant  ce  Moloch  (i f  i),  dans  lequel  on  a cni 
voir  le  Mithra  des  Perfes  ,  le  Saturne  des  Car-  ' 
thaginois  &  des  Phéniciens  (i  J3) ,  Mars  (154), 
Apollon  (ry  y) ,  Mercure  (iy6) ,  la  Lune  (lyy), 

(  152)  Le  mot  hébreu  qui  revient  i  Molcch  *f71D  eft 
^70,  Melec,  roL  Les  Septante  traduifent.qoelquefrâ 
par  Afy%fTùt.  Les  Grecs  ont  dit ,  dans  ce  fèns ,  en 
parlant  de  Jupiter»  virçtrù*  scffiavro;;  &  les  Latins, 
rex  hominumque  5  deûmque. 

(  15}  )  Selden ,  de  Diis  fyriis  fyntag.  i ,  chap.  6'i 
pag.  170  &  17 1.  Grotius  &  Benfirerius  fur  le  v.  19 
du  cliap.  18  du  Deutéronôme. 

(154)  Kirclier,  Œd.  Egyp.  f3rntag.  4,  chap.  15  j 
pag.  331. 

(  155  )  Voffius,  de  Origine  &  Pn^refl.  IdoL  ^Uv.  2. 
cfaap.  5. 

(156)  Arias  Montanus,  fur  le  premiet  chapitrr 
d*Amos. 

(157)  S.  Cyrille,  fur  Atnot^  chap.  j,  v.  25. 


&  comme  Afûralijie.  j  j 

»    fc  Soleil  (  lyS)  ) ,  un  nom  commun  à  toutes 
les  divinités  (  IJ9),  variété  d'opinions  qui 
prouve  aflèz  l'ignorance  dans  laquelle  on  eft 
i  cet  égard  :  en  vain  on  menaça^  les  Hébreux 
qui,  par  une  proftitution  facrilège  ,  offriroient 
leurs  enfans  à  ce  dieu  féroce ,  d'être  retran- 
chés d'Ifraël  &  lapidés,  ou  punis  par  Jéhova 
s'ib  échappoient  aux  regards  des  hommes  (  1 60), 
ils  n'en  vouèrent  pas  moins  ces  malheureux 
«nfans ,  pour  être  confumés  dans  le  fein  do 
Tidole  bnUante,  au  fbn  des  inftrumens  Se  des 
tambours ,  qu'on  n'agitoit  que  pour  étouflfer, 
par  leur  bruit,  les   cris  effrayans  des  vic- 
times (161)  :  en  vain  on  leur  défendit  le  culte 

(158)  Jablonski^  Panthéon  .fgyptiorum ,  Pn>* 
kgoinena,'§.  i;,  pag.  ya  D'autres  ont  peofé  que 
c'étoit  â  la  fois  la  Lune  &  le  SoleiL     . 

(  H9)  Spencer,  de  Legîbus  rîtuàl.  Hebraeor.,  1. 1; 
diap.  10,  feft.  X.  p.  315  &  316. 

(160)  Lévitiq.,  chap.  î8,  v.  21  ;  chap.  19 ,  v.  29  ; 
chap.  10,  v.  2-5.  Sur  Tabandon  des  Jui&  au  culte 
de  Moloch ,  voyez  4  Reg.  chap.  16 ,  v.  3  ;  chap.  21 ,' 
V.  ^;  c.  2j  ,  v.  10  ;  pfeaume  loj,  v.  37  ;  Jérémie; 
chap.  32  ▼•  3ï.         • 

(  161  )  Voilà  pourquoi  on  a  confondu  Moloch  avec 
Saturne  qui  dévoroit  fes  eoËins.  Voyez  le  chap.  7 
du  Itv.  4  de  la  Préparât.  Evangél.  d'Eusèbe.  Dîodore 
de  Sidle,  g.  3  du  liv.  ao;  &  Jufielipfej.in  Monids 


'6o        Moyfci  confidéré  comme  Lêgijlateur 
infenfé  des  Moabites   pour  Chamoi  ,'   des 
Philiftins  pour  Béelzébuth   (i6i) ,  des  Phé- 
niciens pour  leur  Baal  (  165  )  de  plafieur? 

politîcîs  ,  chap.  3  ,  psfrrei>t  â«  fecrificefr  fèoiblablesi 
diez  les  Carthaginois. 

Selon  une  tradition  hébraïque  y  Moloch  éfoit  une 
idole  de  bronze  qui  avoit  la  tête  d'un  veau  &  le  refie 
du  corps  d'un  homme.  Revêtue  des  marques  royales,  * 
&  affife  fur  un  trône',  elle  tendoit  les  bras  pour  y  ' 
recevoir  les  enfânis  qu'on  lui  préfentoit,  &  qui  étCMent . 
bientôt  confumés  par  le  grand  feu  qu*on  pratiquok 
auffi-tôt  en*dedans  de  là  âatue. 

On  offiroLr  encore  à  Moloch  des  facrifices  fembla? 
Ues  à  ceux  Aqs  Juifs ,  des  tourterelles ,  des  béliers, 
dis  bœufs,  des  veaux,  des  brebis,  de  la  farine,  &C. 

(  162  )  Béelzébuth  exprime  le  dieu  Mouche ,  foit 
qne  les  Philiftins  adoraflent  cet  infeâe ,  foit  que  la 
flatue  qu'ils  adoroient  l'eût  fur  ia  tête  ,  fur-  £»  main 
ou  auprès  d^elIe,  foit  que  le  &ng  dont  eHè  étoitar- 
rofée  par  le  grand  nombre  des  viâimes,  y  attirât  les 
mouches  en  abondance ,  foit  enfin  qu'en*  l'invoquât 
Gontr'elles  ,  parce  qu'elles  y  etoient  multipliées  au 
pdnt  de  devenir  un  véritable  fléau.  Cette  demièœ 
optmoo  peut  s'appuyer  de  l'exemple  des  Grecs.  Les; 
Eléensavoîentuff  dieu  Mmotypo^  ou  Muftarum  Venaton^ 
PDae  en  parie,  L  50,  ch.  28,  t.  i,  p.  6S4.  Jni^eant  £lèi 
MyîagronDeumyMufcanan  muhUudmepcfiilentîam  affèrmte^ 

(  1^3  )  Quoique  Bad  ou  Béd  fut  Te  nom  générique 
doflné  aux  idoles  des  nations  orientales ,  on  s'en 
liervit  plus  particulièrement  poiir  celle  desPhénrotens; 
les  autres  peuplés  joignoîen^ordinairemest  à^ce  mit 
ime  expreâ^n  caraôériftique  de  leur  divinité. 


4 

f 


r 


^  &  comme  Moralifle.  6i 

nations  pour  Béelphégor  (164)  5  ils  n'en  adop- 
3     tarent  pas  avec  moins  d'avidité  ces  erreurs 
impudiques  (i^j).  Dans  le  temps  même  que 

/ehu  y  roi  d'ifraël ,  plein  d*horreur  pour  fiaal ,  en 
nflembla  les  prêtres  fous  prétexte  de  publier  une  fête 
iblemnelle  en  Thonneur  de  cette  divinité  ;  &,  à  peine 
raflemblés ,  Il  les  fit  pafler  au  fil  de  Tépée  ,  brifa  la 
flatue  de  Tidoie  &  en  détruifit  le  temple.  4.  Reg« 
ch.  10,  V.  18  -  28. 

(164)  Béel-Phégor  étoit  le  dieu  Ph^or  qu^on  a 
]>enfé  9  non  fans  vraifemblance ,  être  Priape.  Voyez 
S.  Jérôme,  liv.  i ,  ad  versus  Jovinianum ,  chap.  12 ,  & 
prefque  tous  les  commentateurs  de  l'Ecriture.  Il  en  eft 
plufieurs  qui  font  venir  Phégor  deipj},  Phagar,  qui 
exprime  découvrir ,  mettre  à  nud ,  &  il  eft  âmilier 
aux  Hébreux  d'exprimer  ,    par  Téquiv^dent  du  mot 
nudité,  les  parties  naturelles  de  Thomme.  Origéoe 
appel/e  Béel-Phégor  Idolun  mrphudinisy  &  il  ajoute 
qu'il  obtenoit  fur-tout  la  vén^tion  d'un  fex^  dont 
la  pudeur  fait  le  premier  charme  :  à  naûÀtnhus  prœctpuè 
coûèaiur.  Serrarius  le  penfe  ainfi ,  elench.  trihaeref. , 
pag.  18,  &  S.  Jérôme  dit  également  fur  Ofée,  c.  4, 
eoUntlhus  maxime  fœmînis  Béd^Phépr  oh  ohfcani  magni" 
tudîmm  quem  nos  Priapum  poffitmus  appeUare^  Suivant 
Maimonide,  more  nevochim,  ch.  46,  pag.  ^,  onho- 
noroit  cette  'divinité  en  découvrant,  en  fa  prèfence ,  ce 
que  Thonnêteté  publique  ordonne  de  cacher.  Voyez  les 
Mém.  del'Acad.,  1. 1,  p.  146. 

(i6( }  Nombres ,  chap.  25 ,  ▼.  )  ,  4  &  5.  Deutéro-^ 
iiOffle,  ch.  4  9  V,  3.  Voyez  auffi  Jofué ,  ch.  22 ,  v.  17  ; 
les  Juges 9  cb.  2 ,  V.  1 1  ;  ch.  3 ,  v  7  ;  chap.  10,  v.  6; 
3.  Rc£um,  ch.  1^9  T.  31  y  &  ch.  18»  v.  18  &  fuivans; 
4.R^.ch.  XyV.  2. 


fil  Moyfcy  conjidêrc  comme  Légijlatetf 
Moyfe  recevoir  fur  la  montagne  les  loix  de 
Jéhova,  ils  adoroient  le  veau  d'or  {i66)\  &  It 
prophète  fe  vit  forcé  de  defcendre  pour  brifer 
l'idole,  &  la  réduire  en  poudre  (167).  Il 'fit 
boire  enfuite  aux  Ifraélites,  dit  l'exode  (168), 
de  cette  poudre  fondue  dans  de  l'eau  j  &  ce 
fut  depuis  une  opinion  très  -  répandue"  en 
Judée  (169) ,  qu'une  pareille  boiflbn  avoit  la 
même  faculté  pour  reconnoître  les  idolâtres, 
que  celle  des  eaux  amères  pour  les  époufes 
accufées  d'infidélité. 


(  166  )  Exode ,  ch.  32  ,  V.  z  ôc  fui  vans.  La  Vulgate 
dit  à  ce  fujet ,  v.  2S ,  que  Moyfe  rua  vingt-troîs  mille 
■Ifraélites;  mais  une  faute  du  tradudeur  eft  la  fource 
àQ  Texagération.  Le  texte,  les  Septante,  toutes  les 
vcrfiçns  en  langue  orientale  ,  fi  on  en  excepte  une 
en  arabe ,  imprimée  à  Rome  dans  le  (iècle  dernier , 
&  £ûte  entièrement  d'après  la  vuigate ,  ne  parleot 
que  de  trois  mille. 

(167)  Chap.  32,  V.  19. 

(168)  Ibid.  V.  20.  Abcnefra  obferve  fur  ce  verfet, 
•  que  les  eaux  dans  lefquelles  on  mêloit  Ja  pouilière  du 

veau  d*or  qu*on  avoit  confervée  avec  loin,  dévoie 
.  être  prife  du  torrent  qui  couloît  de  la  montagne, '&  que 

Moyfe  avoit  voulu  que  tous  les  Ifraélites  en  buflent. 

(  169  )  Si  l'accufé  étoit  coupable ,  fon  ventre  s'en- 

.floit,  fit  fon  vifage  étoit  fur-le-chainp  défiguré.  Voy«i 

Selden,  de  Diis  fyriis  Syntagma>  i  ,  ch.  4,  p.  156; 
;&  Wageofeiiius  fur  la  Mifna,  tom.  3.  pag.  257. 


&  comme  Moralijle.  tf  j 

Moyfè  mit  d'ailleurs  ,  au  penchant  des  Juife  obrbcWi 
pouHi'idolatrie ,  de  fortes  entraves,  dont  lès  "a"ic  par  ' 
difciples  ont  accru  le  nombre  &  la  pefan-  ^f^^ïj^^ 
teur.  On  défendit  de  poffeder  les  fimulacres 
des  faux  dieux ,  &  d'en  avoir  l'image  tracée 
dans  des  objets  dont  on  faifoit  ufage  (170).  Si 
ces  objets  5  néanmoins ,  étoient  d'un  bas  prix , 
&  procuroient  un  avantage  confidérable ,  on 
toléra  que  la  forme  du  foleil ,  de  la  lune ,  d'un 
dragon,  d'unferpent  &c  de  tout  autre  figne  d'un 
culte  profane  y  fût  gravée  (171).  Si  on  ne  leur 
interdit  pas  les  collines ,  les  montagnes  fur 
lefquelles  ces  figures  étoient  placées  ,  parce 
que  ,  difoit-on  ,  ces  montagnes  ne  font  pas 
leurs  dieux ,  quoiqu'elles  en  renferment  les 
fimulacres^  &•  qu'elles  font  l'ouvrage  de  \3l 
nature ,  que  n'a  pu  fouiller  la  fblip  des  mor- 
'  tels ,  les  bois  leur  furent  toujours  interdits. 
Ouvrages  de  la  main  des  hommes ,  on  fuppola 
qu'ils  n'avoient  été  plantés  que  pour  envi- 
ronner la  demeure  des  faux  dieux  (  171  ). 

■  ■       ■     ■  ■      ■  ■  I         ■        '  I       ■■■!      ■     Il        ■  ■  I  ■        I  ■■  ■    I.    ■ 

(170)  Deutéronome ,  chap.  7,  v.  2«;  &  26. 

(  171  )  Mifqa ,  tom.  4 ,  de  cultu  per^riao  »  chap.  3 , 

g-  5 ,  P-  574  &  575- 

(17a)  Mifna  ,  ibîd.  §.  5  ,  p.  Î76.  Le  Deutéron., 

chap.  16  2  v.  II ,  défend  de  planter  un  bois^  un  arbre 
-même,  auprès  de  Tautel  de  Jéhova.  Voye?  le  mâme 

Peut.,  cbap.  7,  v.  s  ;  &  chap.  la,  v.  5. 


'^4  Moyfe^  con/idcré  comme  Légijlateur 
Une  maifon  conftruite  pour  fervir  à  une  ado- 
ration infenfée  ,  fut  interdite  dans  to«s  les 
temps-,  mais  fi  celle  où  on  s'y  livroit  avoir 
fervi  auparavant  à  un  autre  ufage  &  qu'on 
la  ramenât  à  fa  première  inftitutipn,  ou  bien, 
fi  on  avoit  reblanchi  &  orné  un  vieil  édifice^ 
pour  en  faire  un  temple  idolâtre  &  quQ  la 
piété  juive  en  eût  ôté  ces  ornemens,  pour 
lui  rendre  l'état  dans  lequel  il  étoit  d'abord , 
on  pouvoir  y  rentrer ,  parce  qu'elle  ceflbit 
alors  d'être  fouillée  (  173  ).  Avoit  -  on  une  ' 
maifon  dont  le  mur  fut  mitoyen  avec  celui  • 
d'un  lieu  deftiné  au  culte  d'une  idole,  &  ce 
mur  venoit  -  il  à  tomber  ,  on  ne  pouvoit  le 
faire  réparer  ni  reconftruire ,  parce  que  c'eût 
^té ,  en  même  temps ,,  redreffer  le  féjpur  d'une 
fauflè  divinité  &  contribuer  à  la  propaga- 
tion de  l'idolâtrie  (174).  On  ne  permit  pas 
même  de  fe  repofer,  de  pafler  fous  l'ombrage 
d*un  arbre  dédié  à  une  idole,  excepté  qu'il 
fut  fur  un  grand  chemin  (175)  :  comme 
alors  le  paflage  étoit  indifpenfable  ^  çn  ne  con- 
tradoit  aucune  impureté. 
Kouvciies  Pendant  trois  jours  avant  celui  où  les 
^t^aux  Juffs  Gentils  célébroient  leurs  fêtes  religieufes  j  on 


tes 
reUtiveme&c 


*i'idolaîd«.      (  173  )  Mifna,  diâo  loco ,  $.  7,  p.  377, 
(i74)Ibid,§.6.  p.  376. 
(  175  )  Mifflg,  diao  loco, §.  8 ,  p.  37». 

ne 


&  comme  Moralifle*  6f 

ne  permit  aux  Ifraélites  de  contrafter  aucune 
affaire  avec  eux.  Ils  ne  pouvoient  ni  en 
acheter,  ni  leur  vendre ,  ni  leur  prêter,  ni 
en  en^prûnter  ,  ni  acquitter  une  dette ,  ni 
même  eh  recevoir  d'eux  le  j)aiement  (176)5 
mais  ils  le  pouvoient  dès  le  lendemain  de  la 
célébration,  fans  attendre  que  trois  nou- 
veaux jours  fè  fuflènt  écoulés  (177).  Ils  I« 
pouvoient  aufli  dans  les  fauxbourgs,  fi  la 
tête  fe  célébroit  dans  une  ville ,  &  dans  Tin- 
térieur  de  la  ville ,  fi  elle  fè  célébrt)it  dans 
les  fauxbourgs  (17S).  Il  y  a  pourtant  des  chofes 
fc  '       I    ■■  ■  .         .      ■        I  ■     ■    "^ 

(176)  Ce  dernier  point  n'eft  pas  convenu  par  lei 
doâeurs ,  &  je  n'en  fuis  point  étonné.  La  raifon  fur 
laquelle  ils  s'appuient,  eft  plauéble.  Quel  a  été,  difent^ 
ils,  le  fondement  dé  la  loi?  Elle  a  voulu  empêcher  leé. 
Jai&  de  fournir ,  même  indireâement ,  des  moyenf » 
pécuniaires  df  célébrer  ces  fêtes  d'une  manière! plus 
fomptueufe.  Or ,  on  ne  pouvoit  avoir  cette  crainte  en 
permettant  aux  Ifraélites  de  recevoir  des  Gentils  l'ar- 
gent qu'ik  leur  devroient.  Au  contraire ,  en  fè  dé»- 
|K>uillant  de  leur  argent ,  ceux-ci  deyenoient  moinsl 
en  état  de  fournir  à  la  pompe  de  leurs  fêtes.  Voyez  -. 
les  commentateurs  de  la  Mifna ,  de  cultu  peregiino  » 
tom.  49  chap.  i ,  §.  1  &  2,  p.  564.  \ 

(177)  Mifna,  ibid. 

(  178  )  Ibidem,  §.  4 ,  pàg.  56$.  On  demandé  encore;  ' 
car  les  rabbins  n'épargnent  pas  les  quefBons  oifeufes, 
fi,  dans  un  jour  fèmblable^  il  étoit  permis  à  un  Juif 

E 


^66  Moyfcy  confUérc  comme  Icgijlateur 
qu'on  leur  défendoit  de  vendre ,  &  en  général, 
toutes  celles  ,  dit  la  Mifna ,  qui  font  jiuilîbles 
à  un  grand  nombre  d'hommes.  Elle  ajoute  , 
en  expliquant  ce  principe,  monument  de  fa- 
.gefle  &  de  bonté  dans  la  légiflation  des  Hé- 
breux ,  qu'ils  ne  pourront  vendre  aux  idolâtres 
ces  armes  meurtrières ,  que  la  difçorde  ou 
l'ambition  placent  dans  les  mains  des  guer- 
riers ,  ces  inftrumens  des  combats  portant  par- 
tout la  mort  &  le  ravage ,  ces  chaînes  dont 
on  fe  fervit  pour  attenter  à  la  liberté  natu- 
relle &  cimenter  l'efclavage  des  humains  ; 
de  préparer  enfin ,  ou  de  fournir  des  fecours 
aux  deftrudeurs  de  la  terre  (179).  On  prohiba 
également  (180)  de  rien  fournir  qui  aidât  à 
conftruire  ou  à  entretenir  ces  cirques,  ces 
amphithéâtres  où  de^  hommes  étoient  forcés  à 
combattre  des  bêtes  féroces ,  jçjux  cruels , 
étrangers  à  la  religion  mofaïque ,  non  moins 
qu'à  l'humanité. 

de  diriger  fa  marche  vers  la  ville  où  fe  célébroit  la 
iètei  On  décide  que  non,  fi  le  chemin  conduifant  à 
c^tte  ville ,  ne  conduifoit  que  là  ;  mais  rien  de  plus 
licite  ,  s'il  fert  de  paflage  pour  aller  en  d'autres  en- 
droits :  on  fuppofe  alors  que  Hfraélite  n'efi  venu  là 
que  pour  pafler  ailleurs. 

(J79)  Mifna,  ibid.  §.  7,  p.  367. 

(180)  Mifoa^  diaoloco. 


&  cùmme  MoraRfic,  6f 

Les  autres  objets  qu'on  défendit  de  vendra^ 
^ux  idolâtres,  font  les  chaînes,  les  anaeaux, 
les  bijoux  deftinés  à  fervir  d'ornement  aux 
idoles  (181  ),  les  fruits  encore  attachés  à 
Tarbre  (181) ,  &  à  plus  forte  raifon^  le  champ 
qui  les  produit  (185).  Les  rabbins  ont  été  plus 
loiiL  Ils  prohibent  d'expofer  fes  troupeaux 
aux  regards  d'un  idolâtre ,  &  Cela ,  parce  qu'il 
eft  fufped,  difent-ils,  de  coucher  avec  les 
^mimaux  (184).  Ils  prohibent  à  la  femme 
îuive  de  demeurer  feule  avec  lui ,  parce  qu'il 


(181)  Mifea ,  §.8,  pag.  367.  Après  avoir  dit  2 
n  Non  lîcet  facere  ornament^  iddiis  ,  verbi  causa , 
ce  catenulas  ,  inaures  atque  annules  » ,  la  Mifna 
ajQpte  :  «<  Sed  R.  Eliezer  ait  id  licitum  efle  fi  pretium 
»  folvatur  n.  Obfervez  que  ropinîon  du  rabbin  Ëliezeif 
fait  partie  du  texte.  Les  commentateurs  ne  difent 
rien  fur  ce  paflage. 

(  182  )  Mais  on  pouvoit  très-bien  leur  vendre  ceiMC 
qui  en  étoient  féparés  &  avoient  été  cueillis.  Cela 
eft  fondé,  dit -on,  fur  le  chap.  7  du  Deutéronome; 
On  y  défend  de  donner  aux  Gentils  ce  qui  eft  attaché 
à  la  terre.  .         ' 

(183  )  Pouvoit  -  on  du  moins  leur  Vendre  pu  leur 
louer  &  maifon  ?  Voyez  là^deflus  une  difcuflion 
étendue  daUs  la  Mifna ,  tom.  4 ,  de  cultu  peregrino  ^ 
4;hap.  I  »  §.  8  &  9,  p.  967  &  368. 

(184)*  Mifna  j  tom.  4,  de  cultu  peregrinp,  ch.  a. 
§.  1-  pag.  368.       . 


éS  Moyfcy  conJUcrc  comme  Légijlateur 
eft  fufpeék ,  difent-ils  auflî ,  de  fe  livrer  aux 
plaifirs^  de  Tamour  (i8y).  Ik  prohibent  enfirn 
de  fe  fervir  d'un  barbier  ou  d'un  médecin 
idolâtre,  parce  que  Tun  &  l'autre,  difent- 
ils  toujours  {i%6)  i  leur  arrachant  la  vie,  les. 
piiniroient  bientôt  de  leur  confiance, 
Hâincînrpî.  ^^^  horreur  fi  étendue  pour  l'idolâtrie, 
r^c  peur  les  ç^fiinta  néceflàkôtnent  la  crainte  de  commu- 

etraDgers. 

nîqueràvec  les  nations  voifines.  L'Ecriture  fait 
fouvent  connoître  le  danger  d'adopter  leqr^ 
moeurs  &  leurs  ufages  (187).  Elle  fépare  les 
étrangers  d'Ifraël  (1&8),  &  les  exclut,  eux  &: 


(  185  )  Miihà ,  îbîd.  Voyez  plufieurs  défenfes  du 
inème  ge^re,  dont  le  détail  feroit  trop  long  ici  > 
pag.  369  &  fui  vantes,  de  cultu  per^griao ,  chap.  2^ 
§.  2  &  fuîvaiis. 

(186)  On  permet  de  fuivre  rordonnance  du  mé-* 
decin  idolâtre ,  fi  elle  eft  verbale  ;  mais  fi  le  remède 
eft  préparé  par  lui^  c'eft  un  crime  d^  le  prendre.  On 
fouffrît  pourtant  qu'il  le  préparât  pour  une  fervante  ^ 
pour  un  efclave ,  pour  4es  animaux.  Quant  au  barbier , 
la  Mifna  défend,  de  s^en  laifler  rafer  fi  on  eft  feul 
avec  lui  ,  mais  le  permet  dans  un  lieu  public  « 
parce  qu'alors,  dit  Bartehora  ,  l'îdojâtrc  efl  retenu 
piar  Tappareil  qui  l'environne,  &  n'ofe  tuer  Tlfiaélite, 
Mîfna ,  toih.  4,  de  cuku  peregrino,  ch.  a  ,  §.  2  j  p.  369, 

(187)  Lévitique  ,  chap.  18,  v.  3;  çh^p.  20^ 
V.  23. 

(188)  2.  Efdras,  ch.  13,  v.  I»  2  &  3.  Dans: les 


&  comme  Moralijk.  .6^ 

Jeurs  enfans,  de  Taflèmblëe  du  Seigneur  (189). 
Moyfe  redouta  le  pouvoir  de  l'imitation  fut 
des  honunes  auflî  volages  que  les  Hébreux. 
Dans  leur  averfion ,  cependant ,  contre  ceux 
qui  n'adoroient  pas  le  Dieu  objet  de  leurs 
hommages  (190),  ils  diftinguèrent  les  peuples^ 


verfets  fui  vans,  4-9,  les  meubles  de  Tobie,  Amino 
nite,  font  jettes  hors  de  la  maifoa  du  tréforier  du 
temple  »  où  le  pontife  chargé  de  Tinteodance  de  ce: 
tréfor  lui  avoit  donné  un  appartement  ,  &  oa 
purifie  ce  lieu  deftiné  à  garder  les  vafes ,  les  prémi- 
tes ,  les  dîmes ,  Tencens  &  tous  les  préfens  faits  à 
iféhova. 

Nous  avons  poiu'tant  quelques  exemples  >  dans  dei 
cas  extraordinaires ,  d'exceptions  faites  k  la  loi  qui 
ieparoit  les  étrangers  d'Ifraël.  Voyez  Sérarius  fur 
Juditb,  chap.  14,  queft.  prem. ;  S.  Thomas,  liv.  a» 
queft.  150 ,  art.  3 ,  &  Ménochius,  de  republicâ  Hc* 
brasorum  »  liv.  i ,  chap.  3  ,  §.  3  ^  pag.  20. 

(189)  Ceux  qui  tiroient  leur  origine  de  Tincefte 
commis  par  Loth  avec  fes  filles,  comme  les  Amalé- 
cites,  ks  Ammonites,  lea  Moabites,  n'y  étoient  jî^- 
œais  admis.  D'autres  y  entroient  à  la  troifième  géné- 
ration^  Deut.  ch,  23,  v.  1-8.  Voyez  auffile  ch.  25,. 
Y.  17.5  l'Exôde,  chap.  17,  y.  14;  Abulenfis,  fur 
le  ch.  25  du  Deutéron. ,  v.  9 ,  queft.  prem.  ;  Méno- 
chius ,  diôo  loco ,  §.  5  &  6 ,  p.  20 ,  21  ^  î^2  i  a^  le^ 
çbap,  4  de  cet  ouvrage  ^  art.  ptçm. 

(190)  lis  le  défignoient  qa  général  par  5rij77««r  014 


7^  Moyfe^  confidéré  comme  légijlateur 
circoncis ,  des  peuples  qui  ne  Tétoient  pas  (191  ). 
Ceux-là  eurent  du  moins  avec  eux  un  carac- 
cfrconcî-  tère  commun,  puifque  la  circoncifion  fut  un 
devoir  &  un  figne  religieux  pour  les  defcen- 
dans  d'Ifraël ,  &  en  général  pour  tous  ceux 
d'Abraham ,  quelque  contrée  qu'ils  habitaf- 
fent  (191).  Dieu  la  prefcrivit  à  ce  patriarche , 


Dieu  dlfraël.  Domims ,  s'applique  dans  TEcriture  à 
FEtre  fupréme  adoré  par  les  Hébreux.  Le  mot  Deus 
ifolé  y  exprime  au  conn-aire  quelquefois  \ts  divinités 
des  nations  étrangères.  Le  père  Houbigant  Ta  très- 
bien  développé  dans  fes  notes  fur  le  24^  chap.  du 
liévitique,  v.  11.  Dominus,  c'eft  Jéhova  ;  Dcus  ^  c'eft 
*Elohinu       ,  ' 

(  J91  )  Ils  n^auroient  pas  mérité ,  fans  doute ,  envers 
ceux  qui  Tétoient ,  le  reproche  que  leur  fait  Juvenal , 
&x,  4,  V.  X03  &  104^  de  ne  vouloir  pas  même  in^ 
diqaer  le  chemin  &  une  fontaine  à  ceux  qui  ne  Tétoieut 
pas: 

Non  monftrare  vias ,  eadcm  nifî  facra  colcntî , 
Qucficum  ad  fontem  folos  deduceie  verpos. 

Cependant ,  comme  dit  fort  bien  Ennius  : 

Homo  qui  crrançi  comiccr  monftrat  viam , 
Qua^  lumen  de  fuo  luminç  acccndat ,  facit, 
Niliilominus  ipfi  lucct ,  cum  illi  accenderic. 

(  192  )  Voyez,  pour  les  Ifmaélites,  Jérémîe  c.  9  , 
V.  26.  L'expreffipn  circoncire  étoit  fi  familière  aux 
Juife,  qu'ils  s'en  fer  voient,  dans  le  fens  figuré,  pour 
exprimer  une  purification  morale.  c<  Qrcumcîdîte  pm* 


&  comme  Moralijle.  jt 

qui  dcwina  enfuite  ce.caraftère  facré  aux  mâfes 
de  fa  famille  (  193  ).  Un  des  premiers  foins 
de  Moyfe  ,  quand  Jéhova  l'eut  choifi  ,  fiit  d'y 
foumettre  fon  fils  ;  &  1  epoufe  du  prophète  fë 
chargea  de  cette  opération  pieufe  (ip4).  En 
eflfet,  aucune  loi  n*accordoit  aux  prêtres  le 
miniftèrè  de  la  circoncifion ,  &  n'exigéoit 
qu'elle  fe  fît  dans  le  temple  du  Seigneur.  On 
la  pratiquoit  dans  l'intérieur  de  fa  maifon , 
lans  aucun  appareil  religieux ,  &  jamais  on 
n'eut  pour  elle  des  miniftres  particuliers  (i^f)^ 
La  mère  même  pouvoit  l'être  {196).  Au- 

f 

ftttîum  cordîs  veflri  n  dit  le  ch.  10  du  Deutéronome; 

V.  16.  Sur  les  cérémonies  qui  précèdent ,  accompa- 
gnent &  fuivent  la  circoncifion ,  voyez  Léon  de  Mo* 
dène ,  Hiftoria  de  gli  riti  Hebraici,  &c.  part  4 ,  ch.  8  » 
§.  I  &  fui  vans  ,  p.  97-101.  Ménochius ,  liv.  3  « 
ch.  17,  §.  5  &  fuivans ,  pag.  327-334,.  Buxtorf,  Sy- 
nag.  judaïq.,  ch.  4,  pag.  87  &  fui  vantes. 

^(195)  Genèfe,  chap.  17,  v.  10&  ix*  '  ^ 

(194)  Exode,chap.  4,  v.  aj. 

(  19c)  S.  Jean-Baptifte  fut  circoncis  dans  famaifoii 
&  en  préfence  de  fa  mère.  S.  LuCj^chap.  1 ,  v.  58. 
Jefus-Chrift  le  fut  dans  Tétable  ottS  étoit  né.  Vôyet 
&  Epiphane  ^  haeref,  20 ,  contra  HerodianosJ  Voye» 
auffi  l'Exode,  ch.  4,  v.  a5  ,  &  Jofué,  ch.  y^  v.  7; 

(  196  )  Exode ,  ch.  4  ,  V.  2^.  I  Machab.  ^  ch.  i  > 
V.  63.  Les  femmes  ne  cîrconcif4înt  pas  au)ourd'hjiij^ 

E4 


71  Mayfc  j  confidere  comme  Légïjlateur 
jourd'hui  encore,  quoiqu'il  y  ait ,  dans  les 
Synagogues  ,  des  hommes  à  qui  ce  foin  eft 
confié  (197) ,  on  n'eft  point  obligé  de  recourir 
à  eux.  Le  père,  un  des  amis  peuvent  circon- 
cire, &  le  font  à  leur  gré  dans  les  murs 
domeftiques  ,  ou  dans  le  fanduaire  de  la  re- 
ligion. On  a  confervé  auffi  Tufage  de  la  pra- 
tiquer le  huitième  jour  (  198  ).  On  l'avance, 
s'il  y  a  quçlque  danger  pour  la  vie  de  l'en- 
|ànt  qui  vient  de  naître  (199).  L'Ecriture  pro- 
;ionce  une  peipe  terribjie  contre  l'Ifraélite  qui 
ji'auroit  pas  été  circoncis  (zoo).  Dès  qu'on  l'eft , 
on  reçoit  un  nom  qui  fut  fouyent  l'expr^ffion 


parce  que ,  dit-on ,  elles  ne  font  pa$  circoncifes ,  ex- 
cepté qu'on  ne  trouve  aucun  h.omme  en  état  de  le 
feire ,  §ç  que  le  cas  foit  preflant  ;  encore  les  rabbins 
ce  font-ils  pas  d'accord  fur  cette  exception.  Buxtprf , 
^nag.  Jud.,  çb.  4,  p.  90. 

(  197  )  On  les  appelle  SillO.?  mohel ,  de  SlO,  Moul , 
circumcîdî.  Cette  charge  a  de  la  confidération  ^armi 
les  }uifs.  Léon  de  Mpdène>  hift.  de  gli  riti  Hebr.  &c. 
|iv.  4,  chap.  8,  pag.  142.  Buxtorf ,  Synagogue  jud. 
ch.  4 ,  p.  90  &  fuiyantes.  Bartplocçi ,  Bibliot.  rabb., 
^om.  3,  pag.  89^11; 

(198)  Voye?  la  Genèfe,  ch,  17,  v.  uileLévit.» 
çh.  1%  ,  y.  3  i  S.  Luc  ,  çh.  2  ,  v.  21. 

-    (  199)  Buxtorf ,  Synag.  jud. ,  chap.  4  »  P«  106* 
(2qo)  Genèfe,  ch.  17,  v.  14» 


&  comme  Moralijle^  7j 

des  circonftances  ,  ou  des  fentimens  pater- 
nels (2.01).  Ilparoît  (zoi)  que  le  premier  né 
le  recevoit  du  père ,  &  que  la  mèrele  donnoiç 
aux  autres  enfans. 

Rien  de  plus  bizarre  ,  au  premier  afped , 
que  Tufage  de  la  circoncifîon.  On  fe  demande 
pourquoi  blefl^r  un  enfant  dès  fa  naiflancei 


(aoi)  Voyez  S  Luc,  ch.  i,  v,  5:9;  ch.  a,  v.  21; 
çh.  16,  V.  58.  Par  exemple,  la  flérile  Lia  ayant  ceflé 
de  l'être ,  elle  appella  fon  fils,  Ruben,  c'eft-à-dire, 
vîdtte  fiimm ,  comme  pour  fç  féliciter  de  l'avoir  enfin 
obtenu.  Genèfe,  ch.  29,  v.  32.  Beda  &  Grotius 
j)enrent  que  Tufage  de  donner  un  nom  au  circoncis 
vient  d*Abraham  ;  mais  Spencer  ne  le  fait  venir  que 
des  Machabéçs.  De  Leglbus  ritualibus  Hebrasorum  , 
liv.  I ,  ch.  4,  &&.  5  ,  pag.  57. 

(  202  )Âinfi ,  dans  la  Genèfe ,  çh.  38,  v.  3 ,  quand  oui 
lit,  en  parlant  du  premier  des  trois  fils  de  Juda, 
Vocavit  nomen  ejus  Her  ^  le  mot  K1p>1  vaïqra,  vo- 
cavît  eft  du  genre  mafculin ,  &  fe  rapporte  par  con- 
féquent  au  père  ;  mais  pour  les  deux  autres,  il  y  a 
tCbra»  vathiqra,  vocavit  au  genre  féminin,  ce  qui 
annonce  que  le  nom  fut  donné  par  la  mère.  Voyez 
Cornélius  à  Lapide  fur  ce  pafTage  de  la  Genèfe.  Dans 
ce  livre  pourtant ,  on  voit  prefque  toujours  la  mère 
«oramer  fon  fils.  Genèfe,  chap.  4 ,  v.  i  &  25  ;  ch.  16, 
V.  II  ;  ch.  19,  v.  37  &  38,  chap.  29,  v,  3» »  33  »  34 
&  35  ;  «hap.  30,  V.  6,  7,  Il ,  13,  18,  20  &  24; 
ch.  35  ,  V.  .x8.  Voyez  auffi  le  liv,  des  Juges ,  ch.  ij^ 


1  74        Moyft  y  conjiàèrè  comme  légiflattur 

pourquoi  regarder  un  être  comme  impur  J 
parce  qu^  eft  tel  que  Ta  formé  la  nature  \ 
Aufli  art-on  enfanté  plufieurs  opinions  pour 
en  expliquer  les  motife.  Abandonnons  à  d'au- 
tres ces  difcuflîons  qui  nous  font  étrangères  5 
mais ,  fans  nous  y  livrer ,  obfervons ,  &  cela 
rentre  dans  notre  fujet ,  que  les  peuples  an- 
ciens fcelloient  ordinairement ,  par  le  fang  des 
viftimes  ,  les  alliances  qu'ils  contradoient  de 
nation  à  nation ,  ou  de  citoyen  à  citoyen. 
D'après  cette  coutume  antique ,  feroit^il  im- 
poffible  que  le  Légiflateur  fuprême  eût  penfé 
que  le  fang  de  l'homme  même  étoit  nécef- 
faire  pour  cimenter  une  alliance  folemnelle 
entre  lui  &  la  divinité  \  Quoi  qu'il  en  foit , 
on  exerçoit  la  circoncifion  envers  les  efclaves 
achetés,  pour  qu'ils  mangeaflènt  de  la  Pâque; 
&  les  étrangers  ,  les  habitans  même  du 
pays  (  203  )  n^  participoient  pas  fans  s'être 
fait  circoncire. 
NooTcaux     Pour  mieux  éloigner  de  l'idolâtrie ,  pour  ci- 

profcrirc  H-  mentcr  mieux  1  umte  d  un  Etre  lupreme,  on  eta- 

°^^^^*     blit  un  feul  temple  ,  un  feul  autel.  Jénifalem 

eft  la  ville  heureufe  où  on  le  conftruira  (204). 

N'ayant  été  donnée  à  aucune  des  tribus  fé- 

(  203.)  Exode,  ch.  la,  v.  44 ,  48  &  49. 

(  204)  Outre  ce  temple  defliné  aux  grandes  fplem? 


&  comme  Morabjle»  jf 

parement ,  elle  devînt  une  cité  conunune  , 
&  les  Juifs  confervèrent  pour  elle  un^tel  ref- 
ped  ,  qu'ils  demandèrent  à  Adrien ,  long-tems 
après  5  la  permiffion  que  cet  empereur  leur 
accorda ,  d'aller ,  une  fois  par  an  ,  pleurer  le 
fort  de  leur  nation  fur  les  débris  de  cette 
enceinte  facrée  (loy).  Quant  à  l'autel,  on  en 
érige  d'abord  un  de  gafon  au  pied  du  mont 
Sinaï  (  206  ).  On  en  fait  enfuite  un  de  bois 
creux  en  dedans  (207)  ;  &  fans  défendre  d'en 
élever  un  de  pierre ,  on  ordonne ,  s'il  eft  drefle , 
de  le  compofer  avec  des  pieriies  qu'on  n'ait 
pas  taillées.  Touchées  par  le  fer ,  elles  devien- 
droient  impures  (  zo8  ).   Jofué  voulant  offrir 

nltés  /il  y  en  eut  de  petits,  des  efpèces  de  cha- 
pelles où  les  Juifs  fe  rendoient  toutes  les  fcmaînes 
pour  célébrer  le  fabbat.  Ces  chapelles  étoient  prefque 
toujours  au  bord  de  la  mer ,  d'une  rivière ,  d'une 
fontaine ,  afin  qu'on  fût  à  portée  d'y  faire  les  ablu- 
tions que  la  loi  recommandoit. 

(  20J  )  Voyez  Cunaeus  ,  de  Republicâ  HcbraeoruQi , 
ct.7»pag-  54  &  55- 

(  266  )  Exode ,  ch.  20 ,  v.  24. 

(207)  Exode,  ibid.,  &  ch.  27,  v.  8.  Voyez  auffi 
le  ch.  38 ,  v.  7. 

(208)  Exode  ^  ch.  20  ,  v.  25  ;  Denr.  ch.  27 ,  v.  ç. 
Voyei  Sérarius ,  in  Jofué  ,  ch.  8 ,  queft.  16  ;  Corné- 
lius à  Lapide ,  fur  Texode ,  chap.  20 ,  v.  24.  Us  cher- 


jj6        Moyfcy  tor^déré  comme  Légijlattut 
des   lacrifices  ,  &   écrire  le  Deutëronome  ^ 
qu'il  lit  devant  Iç  peuple  affèmblé ,  fe  fert 
de  pierres  non  polies  que  le  fer  n*a  pas  tou- 
chées (209).  On  prohibe  enfin,  &  démontera 
Tautelpardes  degçés,  de  peur  que  le  prêtre ,  en 
montant ,  ne  découvre  des  chofes  eont^îres  à 
la  pudeur  (110),  &  de  planter  autour  des  ar- 
bres ,  ce  qui  reflembk  encore  trop  à  Fidolatrie., 
Do  culte:    Que  penfer,  d'après  cela,  du  reproche  fait 
îS'StHc-^ux  Juifs  d'avoir  adoré  le  porc,  Fane,  le 
fc  S:î  w-  ^^^  niatériel ,  Bacchus  &  Saturne  \  Plutarque. 
iki,  sauir- prétend  (m)  que  le  premier  fut  très-honoré 


chus. 


chent  les  raifons  de  cette  idée  relîgieufe  ,  &  ea 
donnent  un  très-grand  nombre.  Voy.  aufS  Abulenfis  ,, 
fur  TExode a  chap.  20,  queft.  40 ,  &  Ménochius ,  de  Re- 
publicâ  Hebrsorum,  chap.  8 ,  §.  2,  pag.  154. 

(209)  Jofué,  ch,  8,  V.  31.  Voyez  ci-deffuSp  et.  1^^ 
jpag.  i7,note37, 

(210)  Exode,  ch.  20.,  v.  26. 

(211)  Sympofi.  ,  liv.  4,  queft.  5.  Les  Egyptiens 
qui  s'abftenoient,  par  refpea,  des  animaux  à  laine, 
oe  s^abftenoient  du  porc  que  par  abomination.  Les. 
Juifs  eurent  la  même  idée  fur  le  dernier  point.  Juvea. 
dit ,  en  parlant  d'eux  ,  .fat.   14 ,  v.  98  &  99  .': , 

Nec  diftare  pucanc  humanâ  caroe  faillam,^ 
Qui  pater  abitinuiç, 

Pétrone  eft  tombé  dans  la  même  erreur  que  Plutarcg;ze« 
^<etfi  >  lifons-apus  dans  fes  fragmens, 

porcintim  i^umeii  adora^. 


^  cofttmé  Moralifle^  77- 

{KStttm  eitx ,  &  fe  fonde  fur  ce  qu*ils  s*en  abt 
tenoient.  Il  ignofa  donc  que  le  taâ  feul  de  cet 
^uifanal  rendit  Impur ,  ce  qui  ne  fuppofe  pas* 
«ne  grande  vénération  (m).  Rien  n'égale 
l'averfion  réligieufe  que  lui  portent  les  Ifraé* 
lites.  Elle  eft  héréditaire.  Us  fe  font  un  foru- 
pulé  d'en  apprendre  le  nom  à  leurs  enfkns  ;  &c 
de  leprbnoncer.  Y  font?4ls  obligés  ï  Ils  enaploient 
une  périphrafe  qui  exprime  vaguement  un 
objet  impie  &fonefte(^i  5).  Enefifet  les  habîtans 
de  la  Judée^tant  fùjets ,  comme  ceux  de  l'Egypte 
&  de  ta  Syrie ,  aux  dartres ,  aux  ulcères ,  à  tous 
les  maux  peftilentiels  que  Moyfe  a  défignés 
par  le  nom  général  de  lèpre ,  il  étoit  d'un  fage 
iégiflateur  d'interdire  l'ufage  d'un  animal  dont 
la  diair  n'eft  pais  moins  indigefte,  que  fon 
extérieur  eft  immonde  (114).  Tacite  eft^  de 

(212)  Les  Romains  ne  penfoient  pas  dç  même  fur 
le  porc.  ÏIs  l'ofFroient  en  facrifice.  Horace,  ode  17 
du  liv.  3  ;  épître  16  du  prem.  liv.  &  i  du  fécond  ; 
)  du  fécond  liv.  des  iàt.  On  ne  put  fumais  en  faire 
manger,  ni  facrifier  aux  Juifs.  2  Machab.,  chap.  6^' 
V.  18.  Jofephe,  de  bello  jud.  liv.  1 ,  ch.  i,  p.  708 
&  709 ,  &  liv.  des  Machab. ,  pag.  xo88 ,  1091  & 
1092. 

v  (  113  )  Voyez  Leidekker,  de  Repub.  Hebr.,  liv.  12  i 
ch.  7 ,  pag.  6j6.  Spencer ,  de  Legibus  rituat  Hçbr. 
!.  I,  ch.  5,  feÔ.  4,  pag.  ii^ 

(214)  Le  porc  étoit  regardé  comm«  fi  immQhde^ 


jS  Moyfcy  càn^défc  comme  Legijlztiuf 
tous  les  auteurs  anciens.  Celui  qui  s'éloigne 
le  moins  de  la  vérité,  quand  il  dit  (2.15)  y 
que  les  Juifs  s'en  abftenoient ,  parce  que  cet 
animal  eft  fujet  à  une  maladie  honteufe,  ma- 
ladie dont  ils  avoiént  été  fouillés  eux-mêmes, 
&  qui  les  avoit  fait  chafler  d-Egypte. 

L'âne  ne  fut  pas  plus  honoré  quoi  qu'en 
eût  dit  Appion,  (xi6) ,  qui  fuppofe  que  \qs 
Juifs  gardoient  dans  le  fanâuaire  du  temple 
la  figure  en  or  maffif  de  la  tête  de  cet 
animal ,  qu'elle  étoit  l'objet  de  leurs  hom- 
mages ,  &  qu'on  l'y  trouva  encore  lorfque 
Antiochus  Epiphane  pilla  Jérufalem*  Selon 
Suidas  (117) ,  l'hiftorien  Damocritus  n'attef- 
toit  pas  feulement  un  pareil  culte,  mais  il 
afluroit  que  tous  les  fept  ans  les  Ifraélites  of- 


par  les  Juifs,  qu'il  paffa  en  proverbe  dé  dire  :  Sus 
ad  vol^ahrum.  Voye?  S.  Pierre ,  liv.  2 ,  chap.  2,  , 
y.  2%. 

(ai$)  Hiflqjre,  liv,  5 ,  §.  4»  t.  5  ^t  p.  296  &  297, 

(216)  Voyez  Joféphe  contre  Appion,- liv.  2  , 
pag.  1065.  Les  Chrétiens  ont  auiS  été  accufés  d'adorer 
la  tête  d'un  âne,  6^  leur  dieu  fut  appelle  o^voxoirni. 
TertuUien  a  répondu  à  cette  accufation,  g.  16  de 
l'apologétique. 

(217)  Verbo  Damocritus.  Il  en  parle  encore; 
ailleurs ,  &  dit ,  non  tous  les  fept  ans ,  mais  tous 
]^  troi^  ans. 


&  comme  Moralijiçf'^  79 

frotent  un  étranger  à  cette  idole ,  &  coupoienc 
en  petits  morceaux  les  membres  de  lavic- 
tyne.  Tacite  veut  (2.18)  qu'ils  aient  confacré, 
par  reconnoiflance ,  l'animal  qui  leur  fit  dé- 
couvrir une  eau  falutaire  ,  lorfqu'ils  étoient 
dévorés  par  la  foif  dans  le  défert  où  les  avoit 
conduit  Moyfe,  L'erreur  fur  cette  prétendue 
adoration ,  eft  venue  4e  ce  que  le  premier 
né  n'en  pouvoir  être  offert  à  Jéhova,  mais 
deyoifc  être  tué  ou  racheté  par  un  agneau  (2.1^). 
De  la  nécelHté  du  rach^ ,  on  a  conclu  que 
l'âne  étoit  facré  ,  tandis  qu'elle  avoit  pour 
caufe  le  mépris  qu'il  infpiroit  aux  Hébreux, 
comme  à  toutes  les  autres  nations  (210).  Les 
Egjrptiens  en  particulier ,  que  les  Juife  imi- 
tèrent fi  fouvent  dans  leur  idolâtrie ,  avoient 
pour  lui  une  horreur  d'autant  plus  grande, 
que  fa  couleur  étoit  ordinairement  cette  cou- 


(  218  )  Hiftoire ,  liv.  '5 ,  §.  3  ,  tom.  3  »  pag.  19^.  Il 
raconte  que  les  Ifraélites  étoient  à  demi-morts  & 
étendus  fur  la  terre ,  lorfqu'un  troupeau  d'ànes  fau- 
vages ,  qui  venoit  de  paître ,  fe  retira  vers  un  rocher 
couvert  de  verdure.  Moyfe  les  fuivit ,'  foupçonnant 
que  cette  verdure  .cachoit  ut*  terrein  humide ,  &  il 
trouva  y  en  efiet  >  de  l'eau  en  abondance* 

(219)  Exode,  chap.  13,  v.  13. 

(220)  Voyez  Selden,  de  diis  fyriîs,  ch.  17,  & 
de  jure  oatur»  &  gentium ,  liv.  2  ^  ch,  i ,  pag.  ?  ^  :.. 


td        Moyfcy  confiiéfé  tomme  Légïjlateur 
leur  roufi&tre  demeurée  infâme  parmi  eux ,  à 
caufe  qu'elle  fut  celle  de  la  chevelure  de 
Typhon  que  fes  crimes  àvoient  voué  à  Texé- 
Cration  publique  (^ii)i 

Le  reproche  d'adorer  le  ciel  matériel  n'eft 
pas  plus  admiffible.  Il  eft  fait  principalement 
J>ar  Strabon ,  Juvénal  &  Pétrone  (iii). 

El  califummas  advùcat  anriculas  y 

dît  ce  dernier  (213)* 

Plufieurs  caufés  ont  produit  cette  erreur. 
D'abord ,  les  Juifs  implorant  fouvent  leur  dieu 
dans  des  lieux  découverts ,  en  plein  air  même, 
on  a  pu  croire  qu'ils  adoroient  cette  partie 
du  monde  vers  laquelle  fe  tendoient  leurs 
bras ,  &  mbntoient  léuirs  hommages.  On  a 
pu  le  croire  encore  par  le  goût  qu'ils  acquirent 
pour  l'aftrologie  plufieurs  fiècles  après  Moyfe , 
par  l'attention  minutieufé  &  peu  éclairée  avec 
laquelle  ils  prétendoient  fuivre  les  mouvemens 


(t2i  )  Voyez  ce  que  dit  à  ce  fu]et  Cunâeus ,  de 
Repub.  Hebr. ,  livi  3 ,  chap  4 ,  pag.  43}.. 

(22a)  Fragmens  de  Pétrone.  StfaboOi  liv.  i6. 
Juvenal ,  fat*  14 ,  v.  97! 

(22))  Dans  quelques  éditions- on  lit  clUî  au  lieu 
de  cœll  II  vient  alors  de  Kiaaof  ,  afinus^  &  on  peut 
très-bien  le  lire  ainfi.  Voyez  les  notes  précédentes. 


&  comme  Moraiyic*  8 1 

desoftres  &  en  tirer  des  augures  (124).  Enfin  » 
pour  indiquer  apparemment  la  préfence  uni* 
verfelle.de  l'Etre  fupréme ,  ils  exprimoient 
quelquefois  Jëhova  par  un  mot  plus  ac* 
coutume  à  préferiter  l'idée  de  l'enveloppe  cé- 
lefte  qui  nous  environne  (12.5);  ce  qui  leur 
donna  peut-être  Tufage  d'attefter  le  ciel  dans 
leurs  fermens.  Il  naquit  enfuite  une  feâe  de 
demi- Juifs,  ou  de  chrétiens  judaïfans,  c'eft- 
à-^re ,  qui  uniflbient  le  baptême  &  les  dogmes 
du  chriftianifme  aux  cérémonies  pieufes  da 
jttdaïfme  5  on  les  appela  Cœli-coles(ii6): 
mais  leur  dodrine,  comme  on  voit,  n'a  rien 
de  commun  avec  l'accufation  faite  aux  anciens 
Ifraélites ,  &  que  nous  venons  de  repoufler. 

(224}  On  fe  rappelle  ^Tt^''^  ^^  Juvenal,  fax.  6, 
-V.  543  &  fuivahs  :  *^ 

Arcanatn  Judxa  trement  mendicat  ia  aurem , 
Incerpres  legum-Solfmarum  ,  &  magna  facerdos 
Arboris,  ac  Aimmi  fida  incemuntia  cali. 
ImpUc  &  illa  xnanum ,  fed  parciàs,  stre  minuco. 

(  2254  a»W  9  Samaim.  VoyezTen  un  exemple  daflf 
S.  Luc,  ch.  15 ,  V.  18.  Nous  avons àrpeu-près  la  mêmt 
figure  dans  liotre  langue. 

(  226  )  Voyez  Selden ,  de  Jure  Naturae  &  Gentium ,  ' 
liv.  2 ,  chnp.  1  ;  Petit,  var.  leâion» ,  liv.  2 ,  chap.  t  ; 
Jofeph  Scaliger ,  Elench.  cribseref.  ;  Leidekker ,  de  Re- 
publici  Hebrasonim,  liv.  jf ,  chap.  4>.pag.  28^    . 

F 


Sz        Mcyfcy  tmfiàcri comme  Légljlateur 
Des  loix  d^Honorius  &  de  Théodofe  (117) , 
«n  parlent  comme  d'une  opinion  nouvelle , 
foumife  à  tous  les  anadièmes  prononcés  contre 
4'hérélie  &:  la  fuperftition. 

Les  accufateurs  dès  dîfciples  de  Moyfe  fe* 
ront-ils  pins  heureux  pour  le  culte  de  Saturne  ? 
Le  feptième  jour  xks  payens  lui  étant  con- 
^fecré ,  les  Juife  femblèrent  l'honorer  auffi , 
-parce  qu'ils  confacroient  ce  jour  au  repos  (228)  : 
mais  ce  refped  pour  le  Sabbat,  loin  d'être 
une  imitation  des  peuples  éloignés ,  prend  fa 
Iburce  dans  la  religion  &  dans  Thiftoire  des 
Hébreux  ^  ou  dans  celle  des  peuples  voifins  ; 
Ibit  qu'on  en  cherche  l'origine  dans  la  per- 
miffion  que  le  roi  d'Egypte  accorda  aux  Hé- 
breux, fur  la  demande  de  JVIoyfe,  de  fufpendre 
ainii  périocUquemq/f.  leurs  travaux  (  119  )  ; 

(217)  Voyez  les  loix  19  &  43  du  liv.  12  du  Code 
Théodofien ,  de  Judxis  &  Cœlicolis. 

(  zt%  )  Voy.  ce  que  dîfent  .S.  aément  d'Alexandrie, 
ftromati,  liv.  6,  î)ag.68a&  fuîv,  Dioa.,  liv.  37,  & 
c Tacite,  liv.  5 ,  §•  4,  totn.  3 ,  pag.  698, 

(1x9)  Sémoth  Rabba^  parash.  i ,  &  le  problème  S 
du  Livre,  fur  la  création  de  Menafieh  ben  Ifniël  ^ 
.  thef  de  la  fynagogue  d'Amfierdam.  Voyez  auffi  les 
-  notes  d-Ishacar  ben  Nephtali  fur  Sémoth  Rabba ,  édi- 
.-tkMi  de  Cracovie,  pag.  xi8.  Cette  opinion  eft  com- 
battue par  Maîmgnide  \  more  Névochim ,  part,  z  , 


&  comme  Moralijic.  83 

ibic  qu'on  la  cherche,  avec  plus  de  vraifem- 
biance,  dans  ce  que  rapporte  laGenèfè  {230) , 
du  repos  de  Jéhova,  après  la  création  de  Tuni*- 
yers  \  foit  que  ,  pour  en  découvrir  la  caufe; 
on  recoure  à  une  forte  d'allégorie ,  comme 
le  rabbin  Elias  (131) ,  qui,  partageant  en  trois 
efpaces  égau^  les  ëj^oques  du  monde ,  fait , 
^près  fix  mille  ans ,  changer  Tordre  &  la  face 
de  l'univers,  &  naître  le  repos  pour  Tefpèce 
humaine  ;  ibic  qu'on  penfe ,  avec  Marsham 
&  Spencer  (2.32) ,  que  Moyfe  voulut  fimple^ 
ment  confacrer  à  Dieu  un  des  jours  de  la 
femaine  dont  les  Egyptiens  avoient ,  depuis 


ch.  51,  &  par  Selden,  de  Jure  Naturas  &  Geotium^ 
lîv:  3,  chap.  14,  pag.  361  &  363. 

(ijo)  Genèfe,  ch.  i ,  v.  3.  Voyez  auffi l'Exode, 
ch.  51,  v.  15,  &  le  Deutéron, ,  chap.  j ,  v.  14. 
Plutarque ,  le  grammairien  Appion,  Laâance  &  plu- 
(leurs  autres  écrivains  fe  font  perdus  en  étymologies 
fur  le  mot  Sabbat.  Voyez  Ribera  de  FeftisHebr.  ch.  i . 
&  Lormus ,  fur  lé  verfet  12  du  prem.  chap.  des  Aôes 
des  Apôtres.  Sabbat  vient  du  mot  hébreu  j^tf ,  cef" 
favh^  rtqtâevit. 

(231)  Cité  ,  d'après  les  livres  talmudiques  ,  par 
Cunaeus ,  de  Republicâ  Hebrseorum ,  liv.  1 ,  ch.  14^ 

pag.  3U&335• 
(t3^)  Marsham ,  Ghroniq.  ad  fecuîùm  9.  Spencer, 

de  Legibus  ritualibus  Hebr«orum ,  liv.  i,  chap^  4, 

feâ.  Il  &  II,  p^.  85  &  fuivantes. 


84       Moyfc ,  conjîdarc  cùmâte  Ugijlateur 
long-tems.  Elit  la  divifion»  d'après  le  nombre 
'<les  planètes. 

.  Jl  nous  refte  à  examiner  fi  les  Juifs  ado- 
rèrent Bacchus.  Leur  principale  folemnité  , 
dit  Flutarque  (155) ,  s'accorde  avec  la  fête  de 
ce  dieu ,  i&:  pour  l'époque ,  &  pour  la  manière 
dont  eUe  eft  célébrée.  On  choifit  la  faifon 
des  vendanges.  Des  tables  font  préparées  ^ 
couvertes  de  fruits*  Oii  s'aflîed  fous  des  tentes 
.où  le  lierre  s!enlace  avec  des  rameaux  ver- 
.doyans.  Ces  tentes  -dcmnent  leur  nom  à  la 
fète  du  premier  jour  ;  mais  celle  qu'on  célèbre 
peu  de  jours  après ,  porte  ouvertement  le  nom 
de  Bacchus.  Plutarque  parle  enfuite  d'une  fo- 
lemnité où  les  Juifs ,  des  tyrfes  dans  les  mains, 
entroient  dans  le  temple  pour  s'y  livrer  à  des 
cérémomes  qu'il  ignore,  mais  qu'il  préfume 
avoil:  pour  'objet  le  dieu  de  l'automne.  Les 
Hébreux,  comme  les  Grecs  dans  les  baccha- 
nales ,  s'y  fervoient  de  trompettes  pour  invo- 
quer la  divinité^  &  d'autres  inflrumens  ré- 
fonnoient  fous  les  doigts  de  ceux  qu'on  ap- 
pelloit  lévites ,  fnot  vifiblement  emprunté  d'un 
des  furnoms  de  Bacchus  (Z34).  La  fource  de 


(^55  )  In  Sympofia. ,  liv.  4,  ch.  5,  pag.  671. 
(234)  De  Au(rxoj  ou  d'Eiiot.   On  conclut;  encore 
que  les  Juifs  adoroient  Bacchus  ,  parce  qu'ils  ob« 


&  comme  Morafi/Fe.  tf 

Ferreur  eft  ici  facile  à  apperceivoir  \  elle  nU 
pas  même  befoki  d'être  développée.  Le  rap- 
prochement ingénieux  dé  quelques  cérémc^ 
nies  femWables  ne  fuffit  pas  pour  établît 
Videntité  entre  les  fêtes  de  deux  peuples  , 
dfont  ie  culte  &  les  mœurs  font  fi  diflërenr^ 
Tacite  Ta  compris,  quoique  ht  manière  dont 
il  s'exprime  foit  dure  &  injufte.  •*■  Quelques 
reflemblances ,  dit-il  (  2.3  j  ) ,  oat  fait  croire 
que  lès  Juifs  adorèrent  Racchus-,  ce  vainr- 
queur  de  rôrient  y  mais  il  n'y  a  aucun  rap- 
port entre  leurs  céréinoniès  reKgîeufeis.  Celles 
dès  Juifs  font  laies  &c  abfurdès ,  tandis  ^ue 
le  plàifîr  &  la  gaieté  marquent  lès  fêtes 
de  Bacchus.  «  Le  fécond  liVre  dés  MaCBa- 
béès  (  25^  ),  annoncé  même  exprefl?inent 
Faverfion  dès  Ilîâélîtes  pour  le  culte  dé  cett$ 
divinité.  Antiochus,  roi  de  Syrie  &  miître 
de  la  Judée,  les  force  à  couronner  leurs  têtes. 

ftr  voient  le  Sabbat  ;.&  pour  ceh'^  on  fit  vemr.Sahr 
batum  de  !&tjB^ft^fii^,  ce^(Iul  fe  rapproche  infiniment 
de  SotjSof  &  Set^^for,  nom  qu^on  donnoit  àBacchus^. 
.comme  Patteflfenr  îftfychîiis^  &  Sùtdas;. 

(155)  Htôoire,  liv.  f ,  §.  5  ,  pag.  301.  Lib(tr  fefiâs 
bBtoJ^ue-  ritus  pofuït  \  Judaoruni  mos  ahfurdus  firdl-/ 
duffue^. 

(^qô)  Chapitre  6,  v*-7r&  fuivans». 

^5  . 


8^        Moyfe ,  conjidcré  comme  Légijlatcur 
dé  lierre  &  à  célébrer  les  bacchanales.  Les 
uns  plient,  en  gémiffant,  fous  un  ordre  ab- 
folu  ;  les  autres  fe  font  uh  devoir  d'y  réfifter 
&  préfèrent  la  mort  à  Tidolatrie. 

Article    IL 

Vts  Prêtres^  des  Lévites ^  de  leur  confecration ^ 
de  leurs  devoirs  &  de  leurs  privilèges. 

Parcage  du  Un  pontlfe  y  des  prêtres  &  des  lévites  for- 
rûuis."^  ^  mèr^ntla  hiérarchie  facrée.  Lévi  eut  trois  fils  ; 
Gerfon ,  Cahat  &  Merari  (Z37).  Cahat  en  eut 
quatre  ;  Amram ,  Ifaar ,  Hebron  &  Oziel  (zjS) . 
D'Amram  naquirent  Aaron  &  Moyfe  j  &c 
d'Aaron ,  Eléazar  &  Ithamar.  Le  miniftère  des 
autels  ayant  été  exclufivement  lié  à  une  tribu , 
il  devint  héréditaire.  Ceux  qui  appartenoient 
à  la  famille  d'Aaron^y  fureqt  confacrésdès 
leur  naiflance.  Eléazar  remplaça  fon  père 
dans  le  pontificat  fuprême ,  qui  pafla  de  lui 
à  tous  les  premiers  nés  de  fes  defcendans.  Les 
cadets  forent  voués  au  facerdoce,  &  la  po 
téritjé  de  Gerfon ,  Celle  de  Merari ,  des  autres 
enfuis  de  Cahat,  celle  même  de  Moyfe,  at- 

(237)  Nombres,  ch.  3,  v.  17. 
(j}8)  Ibid.  V.  19. 


6r  comme  Morali^c^  %2 

fâchées  aux  places  moins  impoitantes ,  deviti- 
rent  les  lévites  da  temple.  Le  nombres  cTe  ce» 
.  derniersfut  confidérable«L^£criture  en  compta 
plus  de  vingt-deux  mille  dans  le  déoefiolKet 
ment  dlfraël  (239)-  Les  familles  Ëtcerdotales^ 
lie  devinrent  pas  moins  âombreuiès^  David 
fiit  obligé  de  les  divifer  en  vingt -quatr» 
clailês,  dont  feize  pFovenues  d'Héazar  ^  âç 
fouit  dltfaamar,  fon  frère;  Le  fort  régla  entre 
etles  la  primauté  ,  &  chacune  eut  un  chef 
pris  ckuis  fon  fein  (240)^  Elles»  fervoàeiwr  par  conrajtnt 
iemaine,  &  il  eût  été  difficile  de  ('esdemiei  iWre  a» 
autrement,  les  fondions  étant  beaucoup  moins  "^**^** 
confidérables  queles  précises  (241  )-.  Néamnoii% 
quoiqu'ordinairemem ,  ce  tesme  paflS ,  &  ce-r 
tournaient  à  leurs  a&ires  domefliqtje^^  s% 
vouk»ieiTt  continuer ,  on  le  leur  permettoit  ^ 
fkxi  comme  employés  >  mais  comme  voïon- 

'7  .        ■  \         .    •        ■    t  .     ■       . 

■'   ■       I  II        M  ..  ■   .    ■ 

7^    \^.         :.'  .  dû.  ^  .  ■ 

( r 59)  Nombres, icHap.j,  V.  •!<. 

{146)  lié  viflgt-quuhrièilfe  châfr.  du  prem.  Tiv.  des 
Paraliponrëiies^  renfëfme  .le  détail  de  ces  diffihrens 
clisf&  On  ïés.  •a^  a(>peUés  'AfXtM^ii  f  nom  qui  leur  .fut 
.toBi^iW  ^yec  Jè^ft3WYtfai»pçto|ife;d'o^  il  eft  arrivé 
*qja\>n  a  quelquefois-  confondu  le  grand-prêtre  &  h»^ 
fHrincesr  de9::p£étKes  ,  ou:  Je»  cli^  des  famHtes  facer^ 
dotales. 

(24T)  Aîiifi  lemr.  tour  rpvenort  apr&,  t6S  joua^ 
fin  cbacrs^oientie  )^u£  da  Sfli)t^^.    . 


8S  '  Moyfe^emfidéri  comme  Ugîflatewr 
tâîres.  Quant  aux  trois  grandes  folemnitës ,  ils 
pouvoient  tous  venir  à  Jérufalem  ;  mais  ils  ne 
pouvoîent  s*y  occupa  que  des  viftimes  of- 
fertes librement',  &  non  desfacrifices  ordonnés 
par  la  loi  (14Z). 

•   Oh  a  demandé  fi  les  lévites  jEureiit  partagés 

de  même.  Josèphe  Taflure  (243).  Les  Parali- 

pomènes  (244)  ne  parlent  que  des  chantres  ; 

mais  il  eft  très-vraifemblable  que  ladivifîon 

A  quel  âge  fot  générale.  Avant  David  ,  ils  ne  remplit- 

çS^&V  f<^î^^t^  *^«i^  fondions  )  qu'à  vingt- cinq  ou 

icÛlf  foàc-  trente  ans  (245 )•  'Ce*  prince  les  leur  permit 

^^*'*         quelques  années  plutôt  (245)  :  leur  fervice  ex- 

piroit  à  cinquante,  âge  auquel  ils  fe  contenu 

toieht  d*aider  leuri  frères  pour  la  garde  de 

ce  qui  leur  étoit  confié  (247)*' 


(  142)  Voyez  Cunsus,  de  RepubL  Hebraeorum  ; 
lîv.  1,  ch.  8,  pag.  216,  & 'MênochlUTTTlè  Repub* 
Hebrasorum,  liv;  àr>  chap.  &,  pag.  93.  ;; 

(  i43  )  Antiquités  Hébr. ,  liv.  7 ,  ch.  1 1 ,  p.  14S. 

(  144)  T  Parai. ,  cb..  15 ,  ¥•  t  &  Aïivans^ 

(245)  Nombres  jct^ ^4»  v.  },  &ch.8:,  v<  24. 
'    (24e)  I  Paralij^èiiesy  ch.!},  v.  m;  v  ParaK 
ch.  31 ,  V,  17. 

(147)  Nombres,  chap.  8,  v.  25  &.a6.  A  Ta  fiti 
du  prem.  chap.  du  Traité  Talmudique ,  intitidé  Maf- 
fechta  Cholin,  on  ôbferve  que  cette  loi  de  cinquante 
ans   n'eut   lieu    qu'ayant   que  le    tabernalcle  cefsâc 


&  comme  Mofàliftei  89 

Le  moment  de  la  confécration  arrivé ,  le  De  u  ««: 
jeune  candidat ,  après  s'être  purifié  en  lavant  prê"c$^&dS 
!ks  habits  &  raifant  fon  corps  ,  recevoir  ,  pac  ^^""' 
Talpeirfion  d'une  eau  luflxale,  une  purifica- 
tion nouvelle.  On  prenoit  enfuite  deux  bœufs  : 
l'un, javec  lequel  on  préfeittoit  une  oblation  de 
farine  arrofèe  d'huile ,  feryoit  d'holocaufte  ; 
l'autre ,  oflfertpour  le  péché,  étoitu^e  viftim^ 
expiatoire.  Alor^ ,  en  préfence  du  peuple  af-r 
femblé,  on  faifoit  approcher  les  lévites  du 
tabernacle  d*aUiance  ;  tout  le  monde  pofoit 
Jfes  mains  fur  eux ,  &  le  grand  prêtre  les  oflFroit 
comnoerun  préfent  des  Ifraélites  à  l'Eternel, 
pour  remplir  les  fondions  du  culte  divin.  Eux- 
mêmes  alors,  ils  pofôient  leurs  mains  fur  la 
tête  dos  animaux  qu'on  ^oit  immoler  ;  Iç 
pontife  adreflbit  à  Dieu  quelques  prières,  & 
conduifbit^  dans  le  parvis  du  tabernacle ,  les 
nouveaux  miniftres  de  Jéhpva:  (x48). 

La  confécration  des  prêtres  fut  liée  à  un 
plus  grand  nombre   de  cérémonies   tracées 


tfétre  trànfporté.  Depuis  qu'ileut  une  demeure  fixe 
i  Jérufalem  V  rage  auquel  on  étoit  ]»arvenu  ne  fiit 
plus  une  r^ifon  forcée  d'abdiquer  les  fonâions  lévi* 
tiques.  Cunsns ,.  de  Republk^^Hebrasorum,^  liv.  i  ; 
ch.  n,  pag..  i4i -r      •  - 

(248)  Nombres,  ch»  8,  v.  f -ij- 


P^        Afoyfcj^anfidcre  comme  JUgi/lateur 

ézns  le  Levitîque  (249) ,  ainfi  nommé  parce 
qu'il  exprime  les  devoirs  des  delcendans 
de  Lëvi*  Moyfe  y  confacre  Âaron  &:  fes 
quatre  ensuis ,  à  rentrée  dti  fanâuaire  Se 
devant  le  peuple  aflèmblé.  Après  les  abhmons  ^ 
il  revêt  fbn  frère  des  habits  pontificaux ,  Se 
pour  fanâifier  Tautel,  y  verfe  une  huile  d'onc^ 
tion  9  avec  laquelle  il  Taiperge  d'abord  fepr 
£bis  y  en  verfe  auffi  fur  les  vafes  ^  le  grand 
baffîn ,  le  tabernacle  Se  tous  tes  m£brumens 
religieux^  en  oint  le  pontife  Im-méme,  Se 
orne  fès  neveux  dôs  vétemem  iacerdotaux^ 
Cela  fàit^  il  s'occupe  des  facrifices.  Trois  ani- 
ii^ux  feront  imnM>lés;  un  veau  pour  l'expia- 
tion des  fautes  conïmifes ,  un  béliet  en  holo- 
catifte,  un  fécond  bélier  pour  Taâe  paiticulier 
de  la  confécratiotu  Aàron  &r  fes  enf^ns  mettent 
Us  mains  fur  la  tète  des  viornes,  foit  pour  ea 
tranfporter  le  domaine  à  Jéhova,  fbit  pour 
lés  charger  de  4eùrs  pédiés^  Mcy^è  les  frappe 

:  •  ...       ..^    •  . .     :        •     : 

-    ■  ■ 

(249)  livînquéVcïî^  8,  v.  j-"3i7""Voyèï  au^ 
le  chdp.  50  de  fE^ode ^v.  zf  &  foivauT;  Ut  Mirna, 
mfnu  I ,  de  BçnediaSombus  ,  pr  v^;  MênocHus,  Asr 
«itepobikà  Hcbraeoniii»  ,  tiv.  1,  tbip  f ,  §.  4  Se 
/aivan&y^  pag.  n^^8L:<mvaiitès^.&  daoftje  ménie> 
pour  celle  des  Lévites ,  chap.  i ,  ^  4:&ï  ltti¥ao&,, 
pag.  91  &  fuivap^ev  -    ^  ....:(• 


&  comme  Moralifte.  51 

toutes  trois  ,  touche  les  cornes  de  Tautel  de 
fon  doigt  trempé  dans  le  fang  de  la  première  ; 
répand  auteur  celui  de  la  féconde  coupée  en 
morceaux ,  &  de  fon  doigt ,  auffi  trempé 
dans  le  fang  de  la  troifième ,  touche  Toreille 
droite  &  les  pouces  de  la  main  droite  &  da 
pied  droit  des  quatre  prêtres  &  du  pontife* 
La  graifle ,  la  chair ,  la  peau ,  les  reins ,  l'en- 
Vêloppe  du  foie  de  la  viûime  d'expiation  & 
de  rhblocaufte ,  &  toutes  les  parties  de  celle- 
ci,  font  confumees  par  les  flammes.  Quant 
au  iècond  bélier ,  on  place  fur  ks  graifles  & 
fur  fon  épaule  droite ,  un  pain  azyme  &  deux 
gâteaux  dont  tin  pétri  à  Thuile.  Aaron  & 
k&  fils  les  élèvent  devant  le  Seigneur  y  &  od 
les  brûle  enfuite  fur  Tautel  des  holocauftes. 
On  élève  encore  la  poitrine  de  cet  animd] 
inais  fans  la  brûler ,  parce  qu'elb  étoit  la 
portion  du  facrificateur  dans  les  ofi^andês 
d'hoftks  pacifiques.  Moyfo  esfin  afpergç 
du  tefte  An  'iàng  dont  on  a  couvert  Tautei 
&c  de  VhxiÛQ  de  fanâification ,  les  vétemens 
&  la  peribnne  du  grand -prêtre  &  de  fes 
coopérateurs.,  qui,  après  avoir  mangé  de  la 
chair  des  vidimes  &  des  pains  de  la  confé* 
cration ,  en  livrent  le  refte  aux  flammes. 
Obfervôn^  ,  en  finiflant  cette  defcriptiqn 
tracée  par  TEcriture,  qu'une  pareille  céré- 


jr        Moyfcy  conjidiré commtIJgiJlattur 

monie  duroit  lept  jours.  Pendant  cet  efpace  J 
on  ne  quittoit  pas  le  tabernacle ,  même  pen- 
dant la  nuit,  fans  courir  le  danger  de  perdre 
laviefiyo). 
Deiacon-     Moyfe,  en  prefcrivant  ces  formalités  pour 
gTMdî^prê"  k  (acerdoce  ordinaire ,  les  prefcrit  également , 
*•'  comme  on  voit ,  pour  le  pontificat,  LTfraélite 

élevé  à  ce  rang  fublime ,  oflFrira  cependant 
quelques  facrifices  partkrufiers ,  tanè  pour  lui 
que  pour  le  peuple.  Aaron  devenu  grand- 
prêtre ,  immole  à  Dieu ,  par  le  confeil  de  fonr 
frère ,  outre  le  veau  &  le  bélier ,  un  bouc  &: 
unr  taureau,  dont  les  graifles,  la  tête,  la: 
chair ,  &c.  font  encore  confumées ,  &  dont 
le  fang  eft  répandu  autour  de  Tautel  (ry  i  ). 

Sous  le  premier  temple,  deuxcbofèsétoient 
néceflaires  pour  la  confécradon  du  pontife; 
Fonâion  &r  la  prlfe  des  habits  pontificaux  V 
mais  rbuile  deflinée  à  la  première  de  ces  cérér 
monies  ,  tfayant  pas  été  retrouvée  feus  le 
fécond  temple ,  quoique  Jofias  Teût  cachée 
avec  foin  lors  de  la  deftruÔion  du  premier, 
on  ne  confacra  plus  le  chef  de  la  rel^on 

(z^o)  Lévîtique,  ch.  8,  v.  33^  34  &  35; 

(ici)  Lévitîque,  ch.  9,  y.'j^'LU  Voyez  auIL  le 
cliap.  6,  y.  XI -1;* 


^  comme  Moralifk.  »■.  .53 
^qtfen  le  revêtant  d^s  habits  de  fa  xHgnité 
fuprême  (lyi). 

Quoique  la  naiflknce  donnât  des  droits  au  Dé/aotfqni 
miniftère  facré  ,    on   ne  dévint  xrapable  de  ^''^^^SSL 
Texercer  que  par  la  confécration.  Ori  ne  le^^» 
devenoit  pourtam  Jamais  d'exercer  le  lacer- 
^oce,  fi  on  étoit  plus  ou  moins  difgracié  de 
la  nature.  U  fufiifoit ,  pour  en  être  exclus, 
d'être  chaffieux ,  d^avoir  une  taie  fur  l'œil , 
une  tache  fur  le  corps,  le  nez  de  travers, 
trop  périt  ou   trop   grand.    A  plus   forte 
iraiioR,  les  boiTus,  les  aveugles,  les  boiteux, 
ceux  qu'affligent  la  gale  ou  une  hernie,  ceux 
dont  les  pieds  &:  les  mains  font  brifés  ^  en 
fiirent-ils  exclus  (2-53).    Mais  en  les  éloignant 
de  Tautel ,  on  leur  laifla  manger  des  pains    * 
offerts  dans  le  iànâuaire  (2.J4}.  Ils  n'eurent 


r  (iÇi)   CunsBus  ,  Kv.  a. ,  chap.  7,  pag.  m   & 
^13.  Maffechta  Joma ,  chap.  i ,  dans  les  Traités  Talr 
musqués. 
(253  )  Lévitîque  ,  xh.  21 ,  v,  17  -  ao. 

(254)  Ibidem,  v.  21,  ;22  &  23.  Voyez  Cunœus; 
de  Republicâ  Hebraeonim ,  liv.  2  >  chap*  8 ,  pag.  228. 
Josèphe  ,  ^e  Belle  judaîco ,  liv.  6 ,  pag.  918  ;  le 
cfa.  2  des  Traités  Talmudiques.  Je  crois  que  Cunsus 
ie  trompe  en  donnant  trop  d'extenfion  aux  objets  dont 
il  refloit  permis  de  fè  nourrir  :  &  Jî.multatl  face^r 


94  Moyfc^  conjidéré  comme  Légijtateur 
pas  le  même  droit  fur  les  viâknes  &:  îes  autrei 
objets  des  facrifices.  On  aflimila  leur  défaut 
à  une  véritable  impureté ,  &  le  prêtre  impur 
ne  touchoit  pas  aux  chofes  faintes ,  fous  peine 
de  la  vie  (2*y y).  La  loi  lui  interdifoit  jufqu'aux 
prémices ,  fi  nous  en  croyons  la  Mifiia  &  fès^ 
conunentateurs  (256),  Il  étoit  impur  par  la 
lèpre  &  le  flux  de  femence,  s'il  touchoit  un 
jeptile  ,  un  cadavre ,  un  objet  immonde  , 
l'homme  qui  les  avoit  touchés  comme  Celui 
qui  étoit  attaqué  de  ces  maux  ;  &:  y  alors ,  plus 
de  partage  aux  ofiîundes  facrées.  La  fouillure 
pourtant  expiroit ,  dans  ces  derniers  cas , 
^rès  une  ablution  entière  &  le  coucher  diu 
Ibleil  (257). 


-  dotîo  erant ,  tamen  nihîlomînîis  illls  y  dit -il,  jus  fitb 
cum  faeerdotîbus  ejus  flatîoms  in  quâ  if  fi  fiurani' s 
adhuc  de  facrls  tpulan.  Il  me  femble  que.  de  facrîs  eft 
trop  VAgue.  Toutes  les  ofiirandes  ne  leur  étoîent  pas 
permifes,  mais  feulement  les  pains.  Le  Lévitique 
dit  feulement  ,  panïbus  qui  offènmtur  in  fan&tano, 
V.  22. 

(255)  Lévitique,  ch.  22,  v.  2  &  j. 

(256)  Mifna,  tom.  i,  deBenediâionibus,  chap.  1; 
§.  I ,  pag.  I. 

(  257  )  Lévitique ,  chap.  22 ,  v*  4  -  7.  Mifna ,  dîflfo 
loco,  p,  I,  2  &  3. 


&  comme  Moralifie.  ^f 

.  D  €ft  naturel  de  foumettre  à  une  plus  grande  vnndcxÊ^ 
pureté  des  hommes  placés  entre  le  peuple  &u«.  *'' 
le  Seigneur ,  pour  être  les  organes  de  la  loi  &  les 
interprêtes  de  la  divinité.  Auroient-ils  mérité 
ces  titres  s'ils  n'euflent  infpiré  un  refped  &c 
une  confiance  fans  bornes  ?  Par  une  fuite  de 
cette  idée ,  on  ordonne  aux  prêtres  de  laver 
leurs  pieds  &  leurs  mains  avant  de  s'appro- 
ctier/de  l'autel  des  parfums  ou  du  taber* 
nade  (xj8) ,  cpmme  de  s'abftenir  de  leurs 
feromçs  ,  du  vin.&  des  liqueurs ,  tant  qu'ik 
feront  voués  au  fervice  du  temple  (259)  5  8c 
au  pontife  en  particulier,  de  s'éloigner  de 
fx  maifon  fept  jours  avant  le  facrifice  d'expia- 
tion ,  qu'il  a  feul  le  droit  d'oflFrir  ,  de  peur 
qu'une  incommodité  périodique  de  fon  époufe, 
ou  les  plailîrs  de  l'amour  conjugal ,  n'al- 
tèrent la  pureté  qu'exige  ce  facrifice  (  160  ) . 
■  ■  '     '  '  ■  1" 

(2j8)  Exode,  ch.  30,  v.  ai.  Jéhova  prefcrit ,  dans 
le  même  chapitre ,  v.  23  &  fuiv.  la  forme  des  par- 
fums qui  lui  feront  confàcrés  ;  &  dans  le  v.  38  »  il 
défend ,  fous  peine  de  mort ,  d*en  faire  de  fembla- 
bles  pour  en  refpirer  l'odeur. 

(259)  Lévitique,  chap.  10 ,  v.  3-9.  Voyez  S,  Jé- 
rôme fur  Ifaïe ,  ch.  19 ,  v.  24  &  28 ,  &  dans  foa 
épître  ad  Nepotianum.  Rupert ,  liv.  2  fur  le  Lévitique,  ' 
chap.  8. 

(360)  Voyez  la  Ntifna ,  de  die  expiationis ,  ch*  z  ; 
§.  I ,  tom.  2  y  pag.  206. 


i3. 


Çï  Moyfc^  conjidéré  comme  Ugtjlateur 
On  leur  défend  ,  par  la  même  raifon ,  de  fe 
marier  à  une  perfonne  ftérile ,  à  celle  q^ui  n'eft 
pas  vierge ,  ou  qu'on  prend  dans  une  autre 
tribu  que  la  tribu  fainte  de  Lévi  (i6i).  On 
condamne  à  être  brûlée  vive  la  fille  d'un 
prêtre,  qui,  violant  le  nom  de  fon  père,  s'aban- 
donneroit  à  une  impureté  criminelle  ,  à  la 
fornication  (261)  ;  &  on  ôte  pour  jamais  à 
fa  femme  lé  droit  de  manger  des  oblations , 
fi  elle  s'eft  livrée  à  un  comn^erce  illicite ,  & 
que  des  témoins  affirment-  Tavoir  vue  dans 
les  bras  d'un  autre  ;  fî  elle-même  avoue  i 
fon  mari'  qu'elle  eft  coupable  envers  lui;  ft 
•elle  refufe  de  boire  les  eaux  amères  (2.63)  : 
car  fi  elle  les  boit  &  qu'elle  le  faflè  heu- 
reufement ,  elle  ne  ceflè  pas  d'être  pure  & 
d'appartenir  à  fon  époux  (264).  Par  une  fuite 
encore  de  cette  opinion ,  le  pontife  contraéle 
une  fouillure  en  entrant  dans  les  lieux  où  gît 
un  cadavre ,  &  on  lui  interdit  d'affifter  à  des 

(261)  Vide  infrà',  chapitre  des  J-oixj  fcî viles  ., 
art.  3,  §.4.  *'      // 

(26.2)  Lé  vît.  ch.  21,  v.  9. 

(  263  )  Mifna ,  deuxore  adqlterii  fuCpeflâ,  chap.  i  ; 
§.  2  &  3 ,  tom.  3 ,  pag.  182 ,  183  &  184. 

(264)  Mifna,  de  uxore  adalt.  fufpeaâ,  chap.  4, 
5.  4,  tom.  5 ,  pag  :24o  &  241. 

funérailles 


^  comme  Mofàli/iâé  57 

fîinérailles  &  de  porter  le  deuil  des  morts  ^ 
fîût-ce  de  fon  propre  père  (264) ,  interdidion 
qui  n'a  pas  lieu  pour  les  lévites ,  &  fe  borne, 
pour  les  prêtres  ,  à  ceux  qui  ne  leur  font 
point  unis  par  les  liens  du  fang  les  plus  étroits , 
les  frères ,  les  fœurs  germaines  non  mariées , 
Jes  pères  ,  les  mères  &  les  enfans  (265).  A 
cela  près ,  continue  le  Lévitique  {166) ,  ils 
ne  raferontpas  leur  barbe  &  leur  chevelure, 
£ùt<e  pour  la  mort  du  prince,  manière  d'ex- 
primer fa  douleur  que  la  Vulgate  (2.6j)  défigna 
ibuvent  par  découvrir  fa  tàe.  Dans  le  deuil,  on 
déchiroit  fes  vêtemens  &  on  faifoit ,  fur  fon 
corps ,  des  incifions  (  268  )  :  David  &  tous 
fès  courtifans ,  les  déchirèrent  à  la  nouvelle 
<iu  trépas  de  Saiil  {'^69).  Il  ne  feportoit  pas 
uniquement  à  Toccafion  d'une  mort ,  mais  à 
celle  de  tout  événement  malheureux*  Un  habit 
greffier ,  le  front  voilé ,  la  cendre  pour  lit , 

(264)  Lévitique  chap.  21 ,  v.  10,  11  &  12, 

(265  )  Lévitique  ,.  chap.  iq  ,  v.  6  ;  ch,  21  ,  v.  i , 
a  &  3. 

(266)  Chap.  21 ,  v*  4  &  j. 

(  267  )  Voyez  entr'autres  le  v.  6  du  chap.  10  du 
Lévitique. 

(268)  Lévitique,  chap.  10 ,  v.  6 ;  chap.  21 ,  v.  5. 

(169)  2  Regum,  chap.  i ,  v.  11.  . 

G 


5^        Moyfcy  confiiéré  comme  Ugijlateur 

un  jeûne  rigoureux  jufqu'au  lever  du  foleil, 
en  étoienc  les  fuites.  Porté  ordinairement  fèpc 
jours ,  il  rétoit  un  mois  dans  les  circonftances 
extraordinaires,  comme  il  arriva  à  la  nK>rt 
de  Moyfe  &  à  celle  d'Aaron  (170). 
prérogatî.  ^  1^  plupart  des  prohibitions  dont  >'ai  parlé 
ir  fewï"  font  févères,  ^Ues  font  rachetées  par  les  nom- 
ce.  breufes  prérogatives  accordées  au  facerdoce 
&  rhonneur  attaché  à  fes  fonélions.  Nous 
avons  vu  qu'elles  furent  fouvent  unies  à  la 
magiftrature.  Ajoutons  aux  emplois  militaires. 
Le  prêtre  Banaïas  fut  capitaine  des  gardes  de 
Salomon,  &  général  de  fes  armées  (271). 
Sadoc  &  Joïada ,  tous  les  deux  defcendans 
d'Aaron ,  étoient  parmi  les  premiers  officiers 
des  troupes  de  David  {ryi) ,  &  les  Machabées 
Soient  de  la  famille  facerdotale  (2.75).  Jamais 
on  ne  marehoit  à  la  guerre  que  les  prêtres  n'y 
Ibnnaflent  de  la  trompette  (274) ,  &  n'y  exhor- 

( 270)  Voyez  I  Regum ,  ch.  3 1 ,  v.  i  j .  Ecdéfiaftique > 
chap.  21,  V.  13.  Ezéchiel,  ch.  24,  v.  17.  Nombres, 
ch.  20  ,  v.  30.  Deutéronome ,  ch.  34,  v.  8. 

(271  )  3.  Regum ,  ch.  11. ,  v.  35.  i  Paralip ,  ch.  27, 
Verfet  ç. 

(272)  I  Paralip.  ch.  12 ,  v.  27  &  28. 

(275  )  I  Machab.  chap.  11 ,  v.  54. 

(^274)  Nombres,  ch.  10,  v.  8.  Voyez  le  i*  livre 


ù  comme  Morédijlt.  53^ 

tftflèfit  \%  peuple ,  vers  Tiiiftant  de  la  bataille, 
à  fe  défendre  avec  courage  &  à  fe  confier 
4ans  le  Dieu  dlfraël(;.7y).  Leur  chef  fuivoit 
quelquefois,  orné  de  fes  vêtemens  pontificaux , 
^pour  demg.nder  au  Seigneur,  en  cas  de  befoin, 
4'éclairer  la  conduite  des  Hébreux,  &  de 
ia  diriger.  Portoit  -  on  l'arche  ï  ils  la  gar- 
cloient  {vj6).  Prenoit-on  des  tréfors  conlidé- 
jrables?  fouvent  ilsétoientpoureux,  aunom   ^^^y,^^ 
de  l'Eternel ,  &  oii  étoit  puni  fi  on  les  leur  "°  accordée 
difputoit,  comme  à  la  prife  de  Jéricho  (177).  &auxgén4- 
On  les  leur  offrit  même  volontairement ,  après  '*   ' 
la   viâoire  remportée  fur  les   Madianites  , 
comme  un  (igne   de  la   reconnoifiance  du 
peuple  pour  Jéhova,  fur  ce  qu'aucun  Ifraélite 
iVavoit  péri  dans  la  bataille  (2.78).  Ils  eurent 
toujours  une  portion  forte  du  butin,  fans 
même  avoir  été  au  cpmbat  (zj9) ,  privilège , 


des  Paralip.,ch,  13,  «^.  12.  Ces  trompettes  étoienç 
d*argent  ;  mais  celle  dont  ils  fe  fervoient  pour  an- 
noncer rinftant  des  prières  publiques,  étoit  une  cornç 
de  bélier,  d*où  vint  le  nom  de  jubilé. 

(275)  Deutéronome,  ch.  20,  v.  3  &4. 

(276)  I  Regum  ,  ch.  4,  v.  4,  14  &  x8.  2  Reg; 
ch.  15,  V.  24  &  2$. 

'  {^7?)  Jofué,  ch.  6,v.  i9&24,&ch.  7,  y.  j5.2fc 
(478)  Nombres,  ch.  31 ,  v.  48-54. 
(  *79  )  Nombres ,  ch.  19 ,  v.  jo. 


loo  Moyfcy  conjidéré  comme  Ugljlateur 
au  refte ,  qui  ne  leur  fut  point  particulier,  le 
butin  fe  partageant  toujours  entre  ceux  qui 
avoient  dû  combattre,  qu'ils  enflent  ou  non 
porté  les  armes  (280).  Seulement,  dans  le 
livre  des  Nombres  (  281  )  ,  Dieu  exige  ,  en 
forme  de  prémices,  un  fur  cinq  cents  des 
hommes  ou  animaux,  fur  la  part  des  foldats , 
&  un  fur  cinquante  de  la  part  du  peuple. 
Dès  le  temps  d'Abraham,  on  avoir  vu  un 


(280)  On  ne  pouvoir  guère  l'établir  dîfièremment 
dans  un  pays  où  tout  citoyen  au-deflus^e  vingt  ans 
étoit  foldat,  &  où  chaque  guerrier,  obligé  de  fe 
fournir  lui-même  ï^s  armes  &  fa  nourriture ,  n'avoit 
d'autre  récompenfe  à  prétendre  que  fa  part  dans  le 
pillage  fait  fur  les  ennemis.  Après  la  dé&ite  des  Ma- 
dianites ,  Moyfe  ordonna  que  chaque  Ifraélite  eût  la 
iienne  dans  les  dépouilles,  tant  ceux^ui  avoient  com- 
battu que  ceux  qui  ne  Favoîent  pas  feit.  David  fit 
à  -  peu  -  près  la  mèm^MJfiok  après  la  viôoire  fur 
les  Amalécites.  Quand  Judas  Machabée  eut  vaincu 
Nicanor ,  il  envoya  une  portion  du  butin  aux  or- 
phelins ,  aux  veuves  &  aux  malades.  Voyez  le  livre 
des  Nombres,  chap.  31 ,  v.  27.  i  Reg.  ch.  30 ,  v.  24. 
2  Machab. ,  ch.  8 ,  v.  28.  David  eut  quelques  troupes 
fbudoyées.  2  Reg.  ch..23  ,  v.  i ,  &  i  Paralip.,  ch.  11 
&  chap.  27.  Mais  il  ne  paroit  pas  que  fes  fuccefleurs 
en  aient  eu  aufli  jufqu'à  Simon  qui  réunit  le  trône 
ail  pontificat,  x  Machab.,  chap.  14,  v.  32. 

(281)  Nombres,  ch.  31,  v.  25-47. 


^  comme  Moralijle.  lor 

•préciput  accordé  aux  prêtres.  Ce  patriarche 
donne  au  pontife  Melchifédech  la  dîme  du 
pillage  Élit  fur  Codor-la-Homor  &  quelques 
autres  princes  (2.82).  Les  généraux  avoient 
auffi  une  portion  particulière.  On  la  donne 
à  David  &  à  Gédéon  (  2.83  ).  Judith  eut 
les  habits  ,  la  tente ,  &  tout  Tor  d'Holo- 
pherne  (284). 

Les.  prêtres  d'ailleurs  purent  feuls  fervir  à  Dequciquct 
Vautel  y  conferver  le  feu  perpétuel  fur  celui  ^Xucs. 
des  holocauftes ,  ojâFrir  les  facrifices  &  péné- 
trer dans  le  premier  fanduaire  (  le  Tecond 
n'étant  ouvert  qu'au  pontife  qui  n'y  en- 
troit  qu'une  fois  par  an ,  &  après  avoir  im- 
molé des  viélimes  )  (285^).  Les  prémices ,  les 
oblations  des  particuliers  &  la  reftitution 
des  ehofes  incertaines  leur  appartinrent  (i86), 
comme  le  refte  des  oflfrandes  pour  le  pé- 
ché (187) ,  &  la  poitrine ,  l'épaule  &  la  chair 


.  (282)  Genèfe,  chap.  14  ,  v.  20. 
.  (  2S3  )  Jug.  chap.  8 ,  v.  24.  I  Reg. ,  cb.  3a ,  v.  20. 
^   (184)  Juges,  chap.  iç  ,  V.  4. 

(  i8ï  ).  Lévitique  ,  ch.  6.  v.  10,  11  &  12  ;  ch.  16, 
V.  1-4. 

(286)  Nombres,  cliap.  ^,  v.  8,  9  &  10.  Voyez ^ 
auffi  le  ^h.  2  du  Lévit. ,  y.  f ,  3  ,  8  ,  10  &  16-,  & 
€h.  ç  ,  V.  16. 

(287)  Lévitique,  chap.  5 ,  v.  ij. 


ïoi  Atoyfe  ^  tonfiUré  comme  Légijlàteur 
des  hofties  pacifiques  (i88).  Le  droit  de  itianget 
des  chôfesi  fatiétifiées ,  exclufivemetlt  attaché 
à  la  famille  d'Aaron  ,  s'étendit  jufqu'à  leurt 
femmes ,  leurs  enfans  &  leurs  efclavôs  (189). 
Les  mercenaires  travaillant  chet  eux  ne  Tob* 
tinrent  pas  (290) ,  &  leurs  filles  le  perdirent 
eh  époufant  un  homme  d'une  autre  tribu. 
Elles  le  recouvrèrent  cependant ,  fi ,  veUVeS 
ou  répudiées  fans  poftérité ,  elles  rentroient 
dans  la  maifon  paternelle  (291).  Remarquons 
que  ceci  n'a  pas  lieu  dans  les  facrifices  à 
caufe  3u  péché,  La.vidime  eft  pour  le  prêtre 
feul ,  &:  il  ne  peut  la  Aianger  que  dans  le 
temple  (191). 
Nouvelles  Parmi  les  belles  prérogatives  du  facerdoce, 
SÎT^rd"  ^'oublions  pas  le  foin  dinftruire  le  peuple 
ce  chaque  jour  ,  &  l'obligation  de  lui  lire  &  die 

lui  expliquer  la  loi ,  quand  il  is'aflenibloit  pour 


(288)  Lévitîque,  cTiap.  7,  v.  3-35. 

(289)  Lévitique,  cHap,  i  ,  v.  14  ;  ch.  12,  V.  ti. 
Nombres,  ch.  18,  v.  13  &  fui  vans.  Mîfna»  deLe- 
viroruni  in  fratrias  ofHciis,  chap.  7 ,  §.  4,  tbm.  3  , 
pag.  23. 

(190)  Lévîtîque ,  chap.  22,  v.  10. 

(291)  Lévitique,  chap.  22,  v.  ï2  &  ^3. 

(  192  )  Lévitique ,  chap.  6  ,  v.  26  ;  ch.  7  ,  v.  6  ; 
ch.  8,  V.  31;  chap.  lo,  v.  i^*  Nombres,  chap.  18, 
verfet  9, 


&  comme  Moraiijle.  loj 

•célébrer  les  trois  grandes  folemnités  annuel- 
les (2.^3).  Ajoutons  que  ,  dès  que  les  Hé- 
breux eurent  des  rois  ,  leur  fouverain ,  à 
peine  naonté  fur  le  trône ,  recevoit  des  prêtres 
une  copie  du  Deutéronome  &  des  quatre 
livres  qui  le  précédèrent,  copie  qu'il  faifoit 
tranfcrire  pour  fon  ufage  ,  &  qu'il  devoit 
porter  avec  lui  &  lire  tous  les  jours  (194)- 
Enfin,  ils  imploroient  le  ciel  pour  chaque 
citoyen  en  particulier  &  pour  la  nation  af- 
femblée,  &c  Êiifoient  les  prières  publiques  ^^^^^^ 
après-midi ,  à  l'approche  de  la  nuit ,  comnle  ^^j^^"^^^ 
au  retour  de  l'aurore  (295  )►  Celle  du  matin  rcs. 

(293)  Deutéronome,  chap.  31  ,  v.  10  &  xi.  Ah- 
joar<rhui  le  livre  <le  la  loi  eft  enfermé  4ans  une  ar- 
moire ,  &  J'en  tirer  pour  le  préiTenter  au  peuple  ^ 
«ft  une  faveur  particulière  qu^bn  n'accorde  pas  à  tous 
les  Ifraélites.  Les  rabbins  la  vendent  au  piQS  offrant» 
en  promettant  d*en  contacter  le  revenu  aux  pauvres  ^S 
ou  aux  befoîns  de  la  fynagogue.  Léon  de  Modène , 
Hiftoria  de  glî  riti  Hebraici ,  part,  r ,  chap.  1 1 ,  §.  f  4  ,  ; 
pag.  29. 

(294)  Deutéronome,  chap.  17,  v.  iS  &  19. 

fi95)  Ulmann,  Hv.  2,  de  Precibus,  ch,.  1 ,  p,  r 
&  2.  Voyez  Léon  de  Modène  ,  Hiftoria  de  gli  &c. 
part,  r  ,  chap.  xi  ,  §•  i ,  pag.  %y  Voyez  auiH  les 
§.  7,  8,  9,  10  &  II  du  même  chap.,  p.  26  &  3,7. 
Ménochius ,  de  Repub.  Heb. ,  livr  2 ,  chap.  6 ,  §,  2. 

G4 


Î04  Moyfcy  confidéré  comme  Légijlateur 
ëtoit  fixée ,  au  plus  tard ,  avant  la  troifième 
heure  ,  qui  eft  notre  neuvième  ,  &:  on  ne 
pouvoit  auparavant  ni  boire,  ni  manger, 
ni  même  faluer,  l'hommage  de  la*  première 
aftion  étant  dû  au  Seigneur  (196).  On  prioit 


&  fuiv.  pag.  134  - 148.  Daniel,  ch.  6 ,  v.  iç.  Pf.  54, 
verfet  18. 

Sur  les  prières^  en  général ,  voyez  Ulmann ,  liv.  2. 
Léon  de  Modène ,  diôo  loco.  Ménochius ,  diôc  loco. 
Mifna ,  tom.  i ,  p.  i  &  fuiv.  Maimonide ,  de  Pre- 
cibus  &  benediftione  Sacerdotum ,  ch.  3 ,  §.  2.  Voifin , 
de  kge  divinâ  ,  chap.  7 ,  pag.  34  &  55  Leidckker  , 
de  Repub.  Hebr.  liv.  2 ,  ch.  5  ,  pag.  437  &  Fuivantes. 
Buxtorf,  Syn.  Jud.,  ch.  10,  p.  185  &:  fuiv.  &  ch.  15 , 
pag.  267  &  fuiv. 

(296)  Yoyez  les  auteurs  cités,  &  principalement 
Buxtorf,  pag.  192  &  193.  Aujourd'hui,  comme  ils 
n'ont  plus  ni  patrie  ni  temple,  ils  ne  font  plus  d'obla- 

^Jîxon,  mais  ils  en  récitent  toujours  l'ancienne  formule. 

JK^Les  uns  veulent  que  les  trois  prières  aient  remplacé 
le  facrifice  journalier  ;  d'autres  les  font  plus  anciennes 
&  fuppofent  qu'elles  furent  établies  par  trois  pa- 
triarches ;  celle  du  matin  par  Abraham ,  Genèfç  > 
chap.  19,  V.  27;  celle  du  foir  par  Ifaac  ,  Genèfè, 
ch.  24 ,  V.  63  ;  celle  de  la  rtuii  par  Jacob ,  Genèfe , 
chap.  28,  V.  II.  Voyez  aufli  Daniel,  ch.  6,  v.  10. 
Tout  cela  n'eft  pas  exprimé  fort  clairement ,  fur-tout 
par  la  Vulgate.  U  y  a  dans  le  texte  pour  Ifaac  :  Egreffus 
ifi  ad  meditandum  in  agro  ,  cùm  vergergt  dïes  ad  vtf" 
pcîam.  Celui  pour  Jacob  eft  encore  moins  formel  ; 


&  comme  Moratifte.  loy 

debout ,  le  corps  ceint ,  le  vifage  lavé  ,  la 
tête  couverte  &  le  front  tourné  vers  Jérufa- 
lem  (^9^).  Les  prières  appèllées  Shima^  &c 
auxquelles  toutlfraélite  étoit  obligé  pour  lui- 
même  ,  fè  récitoient  deux  fois  le  foir  & 
deux  fois  le  matin  (2,98).  Il  y  eut  cependant 
des  cas  où  on  en  fiit  difpenfé ,  par  exemple , 
la  preitiière  nuit  de  fes  noces  &  pendant 
quelques  -  uns  des  jours  fuivans  ,  pourvu 
toutefois  qu'on  épousât  une  vierge  ;  car  la 


PemoSlavu  ibî ,  qulu  fol  occubuerau  Voyez  le  pf!  5  ^  , 
V.  18  ,  &  les  Aftes  des  Apôt. ,  ch.  3,  v.  i ,  &  cL  10, 
V.3&10. 

(297)  Voyez  encore  les  auteurs  dtés,  &  princi- 
palement Buxtorf ,  p.  221  &  fuiv.  Leur  prière  eft 
de  dix-huit  articles.  D'autres  en  font  dix-neuf,  &  y 
mettent  pour  douzième  celui  -  ci  contre  ies  Héré- 
tiques ou  les  Chrétiens  :  Abnegatorihus  fidei  nulla  pu 

•  expcEtatio ,  6»  omnes  Haretici  cîtb  perçant.  Regmun  fu-^ 
perblœ  cradîcetur  6»  confringatur  cîtb  în  diehus  noflris, 
Senedidus  fis  ^  6  Domine  Deus  ,  qui  defiruîs  impîos  & 
deprimîs  fuperbos. 

(298)  Ulmann,  ibid.  pag.  2.  Mifna  de  Benedîc- 
tïonibus,  pag.  i  &  2.  Les  Juifs  .difent  dans  toutes  les 
prières  du  matin  :  Senedîélus  Deus  quod  me  creavit 
Ifraelitam  ;  benedîSus  Deus  quod  me  non  creavit  Goj 
(  Ethnïcum ,  Gentîlem  ,  vel  Chrijtîanum  ).  Voyez  la 
Préface  de  Buxtorf  le  fils ,  fur  la  Syna£;.  Jud.  de  foff 
père. 


1  o6  Moyfc ,  conjidéré  comme  Législateur 
difpenfe  n'avoit  pas  lieu  fi  on  époufoit  une 
veuve  (199).  Oh  en  fut  encore  difpenfé  ,fi 
on  avoit  perdu  un  de  fes  parens  ou  de  fès 
amis  intimes ,  &:  qu'on  fut  en  proie  à  la  dou^ 
leur  ou  livré  aux  foins  des  funérailles  (500), 
Parmi  les  prières  nombreufes  recommandées 
aux  Juifs  j  il  y  en  avoit  quelques -unes  qui 
n'étoient  pas  obligatoires  pour  les  efclave^ 
&  les  impubères  (  301  ) ,  &  auxquelles  on 
ne  pouvoit  fe  livrer ,  fi  on  étoit  impur ,  (ans 
les  avoir  fait  précéder  par  une  ablution  reli^ 
gieiife  (302). 
Ftmiêgcs  Les  lévites  avoient  quelques-uns  de  cet 
Jïj^^*"*  privilèges.  Ils  inftruifoientauffi  le  peuple  (303.)* 
Us  avoient  leur  part  dans  le  butin  fait  à  la 
guerre  (304) ,  où  portant  les  inftrumens  utiles 
pour  les  cérémonies  religieufes,  ils  campoient 


(299)  Mifna ,  diâo  loco ,  pag.  8.  Ulmaon  ,  diâo 
loco,  pag.  3. 

(300)  Ulmann,  pag.  4.  Mifna,  pag.  9  &  10.  Sur 
tous  les  autres  cas  qui  néceflîtoient  ia  prière ,  en  dit 
penfoient,  ou  en  rendoient  indigne,  voyez  UUnann, 
liv.  2,  chap.  3 ,  4,  5  ,  6,  7,  8  &  9,  pag-  4-12. 

'(301)  Ulmann,  ILv.  2,  chap.  3,  pag.  4. 

(302)  Ulmann ,  ibid.  pag.  5. 

(303)  Deut. ,  chap.  31  ,  v.  10  &  11.  2  Parolip., 
chap.  3^,  V.  3. 

(304)  Nombr. ,  chap.  19,  v.  3a 


^  &  comme  Môralijle.  107 

itatôuf  du  tabernacle ,  auquel  un  autre  Ifraé- 
hte  qu'eux  ne  touchoit  pas  fans  encourir  la 
Inort  (305).  Ils  avoient  une  portion  marquéç 
<kns  ia  pâte  pétrie ,  les  animaux  tués  &  la 
laine  dés  moutons  (306).  Point  de  réjouif- 
fance  ,  point  de  feftin  folemnel  qu'ils  n'y 
.  fiiflent  invités ,  conformément  à  la  volonté 
de  Jéhôvâ ,  qui  recommande  plufieurs  fois 
d'avoir  foin  d'eux  &  de  craindre  de  les 
abandonner  (307).  Renonçoient-ils  à  leur 
maifbn  ,  à  leur  pays ,  pour  s'attacher  à  ja- 
mais au  lieu  choifî  par  la  divinité  ?  On  fe 
dïargeoit  de  teur  nourriture  &  de  leur  entre- 
tien (508). 

On  leur  affigna  différentes  fondions.  Les  dc  leurs 
uns  furent  les  portiers  du  temple.  Dans  le^^^ 
défert ,  l'arche  étoit  gardée  à  l'orient  par  les 
prêtres ,  au  midi  par  le  refte  des  Caathites, 
par  les  defcendans  d%  Gerfon  au  couchant , 
&:  au  nord  par  ceux  de  Mérari  (309).  De 
Amples  voiles ,  &  non  des  murs ,  environ- 


()65)Nomb.^€h.i,v.5o,  5i&53;ch.3,v.io&î8. 
(506)  Deut. ,  chap.  18,  v.  5  &  4. 
■(307).  Voyei  le  Deutéroil. ,  xhap.  iz,  v.  11,  ta, 
18 &  19;  clbap.  14,  V.  15  &  26. 
(308)  D«Ut. ,  chap.  18 ,  V.  6  &  8. 
(jo^)  ^tmftts ,  chap.  5 ,  v.  .23 ,  29,  3^  &  38. 


I  o8  Moyfe  j  conjîdéré  comme  Ugijldteur 
noient  alors  le  fanduaire  :  mais  quand  le 
tabernacle  fut  tranfporté  à  Jérufalem  ,  il 
fuffit  d'en  garder  les  iflues  ,  les  cours  qui 
l'entouroient ,  l'endroit  où  le  Sanhédrin  ren- 
doit  la  juftice  (310).  Sous  Joas,.on  voit  le 
grand -prêtre  Joïada  mettre  des  portiers  à 
l'entrée  du  temple ,  pour  qu'ils  en  écartaflent 
les.  perfonnes  impures  (jii).  ÎIs  reçueilloient 
de  plus  l'argent  facré  (jli). 

Les  autres  furent  chargés  de  jouer  des 
inftrumens  pour  avertir,  à  certaines  époques, 
le  peuple  de  fe  rendre  àja  célébration  d^une 
folemnité   (313).    Il  y  en  eut  auffi  qui  en 


(310)  L'endroit  où  chacun  .d'eux  devoît  être  de 
garde,  fut  réglé  par  le  fort.  Voyez  i  Parai. ch; 26,  v.  15. 
(5 II)  a  Paralip. ,  chap.  2},  v.  5  &  firiy. 

(312)  4  Reg.,  chap.  22 ,  v.  4. 

(313)  Voyez  leiiv.  des  Nombres.,  chap.  io,  v,  2^ 
9&10,  &iParalîpom.  cl#9>  v.  17  &  fuîvans.  On 
né  peut  ofFrir  que  des  conjeflures  fur  les  inftrumens: 
dont  ils  fe  fer  voient  ;  mais  elles  ne  font  pas  fan^s 
vraifemblance.  Pour  le  découvrir,  ce  n'eft  point  à  la 
Vulgate  que  je  m'en  rapporte.  La  manière  dont  elle 
S^exprime  eft  au  moins  inexaâ^:  Cdntori's,  dit- elle ^ 
in  organis  muficorum  9 .  nablîs  vidilicet  ,  &  '  lyrts  ,  & 
cymbalîs.  i  Paralip.. ch.  15^  v.  46.  Ce  qu'elle  nomme 
nablum  ,  eft  le  nabal  ou  le  nebel  des  Hébreux  Sai-, 
mot  qui  fignifie  proprement  une  cruche ,  ou  plutôt 

'  une  outre ,  ce  qui  a  porté  pluûeurs  commentateurs» 


&  comme  MoràRJie.  109 

furent  les  chanteurs,  quand  David  eut  joint 
à  la  majefté  du  culte  la  pompe  d'une  mufique 

[  &  entr'autres  Pagninus,  dans  Ton  tréfor  de  la  langue 
hébraïque  ,  Eqgubinus  fur  le  pf.  32  >  Janfénius  fur 
le  pf.  150,  à  crofre  que  cet  înilrument  refrembloit 
à  celui  que  nous  défignons  par  cori\emufe  ;  mais 
leur  interprétation  eft  détruite  fans  reffources  par 
un  pafTage  de  Josèphe,  Antiq.  Jud.j  liv.  7,  ch.  10, 

.  pag.  243  ,  qui  nous  apprend  que  le  Nabal  des  Juifs 
tt'étoit  point  à  vent  mais  à  cordes  :  Nee^Aet,  KHxtK, 
^^oyyovj  «xouo-flfc,  tCii  /otxluAoi*  x^vTeTce*.  liahla  duodtcm 

,  fonos  habet,  fed  dïgîtis  tangitur,  Jja.  Verfion  des  Septantd 
fe  rapporte  à  ce  que  dit  Josèphe  :  elle  ne  traduit  ja- 
mais ce  mot  que  par  '^AXrfipiov ,  chharam.  Il  eft  vrai- 
femy able  que  c'étoit  une  efpèce  de  Harpe ,  &  «ette 
probabilité  devient  bien  forte  quand  ou  lit  dans  le 

troifième  livre  de  l'art  d'aimer  d'Ovide  : 
y 

Difcas  &  duplici  genialia  nablia  palipâ 

Vercere  >  conveniuuc  dulcibus  illa  modis. 

La  Vulgate  dit  enfujte  lyra.  Le  mot  hébr(jli  eft  /ft"n33  » 
kinnorot.  Elle  le  rend -d'autres  fois  par  organum ,  & 
d'autres  fois  encore  par  cïthara,  Apollinaire ,  dans  fa 
paraphrafe  du  136e  pfeaume ,  v.  2 ,  oii  on  lit  organa , 
traduit  par  çopfiiTyx  ,  qui  eft  proprement  cithara. 
Pans  tous  les  cas ,  il  eft  sûr  que  c'étoit  encore  un 
înftrument'  à  cordes  &  non  à  vent. 

Cymhalum  eft  le  troifième  :  en  hébreu ,  p>nSvQ , 

metfiltaim ,  &  auffi  p>^y^y  tfeltfdim  ;  mots  qui  expri» 

ment  çncorQ  tintinnabula ,  &  qui  viennent  évidemment 

de  SSv  ,  tfalal,  movcri  ,  ftrepere^  dont  une  dès  figni- 

||lications  eft  tinnire. 

L'origine  du  fécond^  kinnorot^  feroit  croire  qu'il 


1 1  o  Moyfe ,  conjidéré  comme  Ugijlateur 
harmonieufe.  Une  clafle  parriculière  4e  lé- 
vites fut  chargée ,  par  ce  fouverain ,  de  la 
noble  fondion  d'offrir  à  Jéhova  rhommage 
de  ces  pfeaumes  touchans  confacré$  à  fes 
louanges  (514).  On  admit  même  quelquefois 
les  filles  des  lévites  à  mêler  leurs  accords  à 
ceux  de  leurs  peines ,  pour  célébrer  la  gloire 
&  les  bienfaits  de  l'Eternel  (31J).  La  danfe 
^voit  été  liée  plus  anciennement  aux  céré- 
monies de  la  religion.  Elle  fut  une  des  ma- 
nières de  témoigner  à  Dieu  fa  reconnoif» 
fance  après  le  paflage  de  la  mer  rouge  (Ji6); 
&  le  livre  des  Juges  parle  d'une  fête  qui 
revenoit  tous  les  ans ,  où  elle  n'étoit  point; 

étoît  principalement  dcAiné  aux  cérémonies  funèbres  , 
s'il  vient  de  ^^^^p  kina^  luêlus,  lamentum.  Job  Tenlploie 
dans  ce  fens,  ch.  28,  v.  31  ;  &  les  Grecs  paroiflent  en 
avoir  enfuite  formé  ViifvpoL,  genre  d'infiniment  à  dix 
cordes  qu'on  agitoit  avec  une  efpèce  d^archet,  pleSîrum. 
Josèphe,  Antiq.  jud.,  iiv.  7,  ch.  10,  p.  243.  Voyez 
Lorinus  furies  pfeaumes  136,  v.  z,  &  150,  v.  5.  Pinèda 
fur  l'Eccléfiaft. ,  cliap.  1 ,  v.  8 ,  &  Ménochius ,  de 
Repub.  Hebr.  Iiv.  2 ,  ch.  2 ,  §.7,  p.  94  &  95. 

(3 14)  I  Paralip.  ch.  15 ,  v.  i  &  fuiv.  Le  nom  hébreu  du 
Iiv.  des  Pfeaumes  eft  en  eflèt  O^Slil  thehiUîm ,  qui  veut 
dire  louanges. 

(315)  I  Paralip.  chap.  25  ,  v.  j. 

(316)  Exode,  chap.  15,  v.  20.  im 


&  comme  Moralifle.  m 

oubliée  (317).  Qui  ne  fait  que  David,  re- 
vêtu d'un  habit  facré  (318),  fui  voit  en  dan- 
*  iant  Tarche  que  tranfportoient  les  prêtres  ? 

U  nous  refte  à  parler  des  dîmes  &  des    ^àitim. 
^  hc  des  pré- 

prémices.  La  dîme  facerdotale  fut  payée  chez  ToàtM. 

un  grand  nombre  de  peuples.  On  Toffroit  à 
Jupiter,  fuivant  Hérodote  (319)5  à  Apollon, 
foivant  Tite-Live  &  Paufanias  (32.0)  5  à 
-  IJercule  ,  fuivant  Diodore  de  Sicile  (32.1)  5 
à  Diane  &  Minerve ,  fuivant  Xénophon  (  3 12)- 
Lucien  dit  qu'on  donnoit  à  Mars  le  dixième 
des  biens  acquis  par  la  guerre  (32.3).  Moyfe 
s'y  fournit ,  après  avoir  défait  les  Madia- 
nites  (32,4).  Melchifédech  la  reçut  d'Abra- 
ham (515).  David  fit  conftruire  le  temple 
des  dépouilles  des  vaincus  (326).  La  dîme 
fur  tous  les  biens  fut  accordée  aux  enfans 

(317)  Jug.  chap.  21 ,  V.  II. 

(318)  t  Reg.  chap.  6,  v.  14.  Voyez  les  Mémoire» 
de  l'académie ,  tom.  i ,  pag.  103. 

(319)  Liv.  I ,  chap.  84. 
(32o)Paufan.inPhoc.  liv.  11  ,ch.n.  Tite-Live,  liv.i. 

^        (311)  Diodore  de  Sicile,  liv.  prem. 

(322)  Xénophon,  liv.  5,  de  Expeditione  Cyrî.      . 

(323)  De  Saltat.  Denis  d'Halicarriaffe  dit ,  liv.  i  ; 
qu'on  les  appelloit  oupUnoL, 

(314)  Nombres,  chap.  31 ,  v.  11. 

(325)  S.  Paul  ad  Hebraaos ,  ch.  7,  v.  i,  &c. 

(326)  2  Reg. ,  chap,  8 ,  v.  2. 


1 1 2  Moyje  j  con/idere  comme  Légijlateur 
de  Lévi  (32.7).  Le  légiflateur,  en  partageant 
les  terres,  n'y  admit  pas  les  Ifraélites  de  fa 
tribu,  parce  que,  difoit-il,  Jéhova  feroit 
leur  partage  (3^8).  Ils  eurent  en  échange, 
outre  les  prémices  &  les  reftes  des  oblations, 
la  dixième  partie  des  grains  &  des  fruits  de 
leurs  concitoyens  (319).  Ils  prélevoient  feu-, 
lement  pour  les  prêtres  la  dîme  de  cette 
dixième  partie  (330). 


(527)  Exode  ,  chap.  22,  v.  29  &  50.  Nombres, 
chap.  18,  V.  21.  Deutéron.  chap.  12,  v,  17;  chap.  14, 
V.  13  ;  chap.  31 ,  v.  1  gc  x. 

(328)  Deutéron.  ch.  10,  v.  9;  chap.  16  ,  v.  i  &  ». 
Voyiez  auffi  les  Nombres,  ch.  18,  v.  10  &  21,  & 
Jofué,  chap.  13  ,  V.  14-33. 

(319)  Lévitique,  chap.  i8 ,  v.  30,  31  &  32.  Quelques 
commentateurs  ont  fait  remonter  le  commencement  de 
la  dîme  jufqu'à  Abraham  6c  Melchifedech.  Ménochius 
penfe  que  les  lumières  de  la  raifon  portèrent  Abraham  à 
la  payer,  &  il  ajoute  qu'elle  n'eft  pas  feulement  de  droit 
divifti  mais  de  droit  naturel.  De  Repub.  Hebr.  liy.  2, 
ch.  4 ,  §.  2,  p.  III.  Selden ,  de  Synedr.  liv.  i ,  ch.  2 ,  p.  6. 
s'arrête  à  Ifaac.  Voyez  la  Mifna,  tom.  2,  de  Principio 
anni,  ch.  i ,  §.  i ,  p.  305  &  306.  On  penfe  bien  que  l'un 
n'eft  pas  mieux  prouvé  que  l'autre. 

(,330)  Nombres  ,  €hapitre  18,  v.  26  ,  27  &  28. 
Les  Ifraëiites  pouvoient  la  prélever  eux-mêmes  & 
l'offrir  direûement  aux  prêtres.  Mifna  ,  diûo  loco, 
tom.  2,  p.  303.  Voy^z  auffi  le  fecoftd  liv.  d'Efdras^ 

Ces 


^  comme  MoraliJU.  1 1  j 

Ces  dons  furent  inviolablement  prefcrits    objets  fur 
par  TExode  &  le  Deutéronome  (331).   Onl^^^eou  ?» 
ne  les  prit  pas  uniquen^nt  fur  les  bleds  &  P'*°**<^ 
les  fruits,  mais  fur  )es  animaux,  &  fur  les 
hommes  même  pour  les  prémices  (332.).  Les 


chap.  10,  V.  38  &  î9.  Le  livre  des  Nombres  dit 
feulement  Aaran  facerdoû ,  &  la  Vulgate  eft  ici  entiè- 
rement conforme  aux  différentes  verfions  grecque  , 
arabe ,  fyriaque ,  &c.  &  au  texte.  Plufieurs  écri- 
vains, tels  que  Lyranus  &  Abulenfis,  en  -ont  conclu 
qu*elle  n'étoit  que  pour  le  grand-prêtre  ;  mais  leur 
^  opinion  n'eft  pas  foutenable.  Tout  auroit  donc  été 
pour  lui,  &  les  prêtres  n'auroient  rien  obtenu.  Jo- 
sèphe  les  défigne  en  général ,  liv.  4,  chap.  4,  p.  109 , 
&  on  ne  peut  l'entendre  autrement.  Seulement  il  eft 
vraifemblable  que  le  pontife  a  voit  à  lui  feul  la  dime 
^  la  dime  des  prêtres.  Voyez  Ribera,  de  Templo» 
liv.  3  ,  c.  2  ,  &  Ménochius,  de^Repub.  Hebr.,liv.  *  , 
chap.  4,  §.  5^  p.  iif.  Ces  dîmes  des  dîmes  s'appor- 
toient  dans  le  tréfor  du  temple ,  &  s'y  gardoient 
avec  foin  pour  en~feire  ufage  quand  il  en  étolt  temps. 
Voyez  le  fécond  livre  d'Efdras,  ch.  10,  v.  38.    f. 

(331)  Exode,  chap.  2»,  v.  29.  Deutéron.  chap.  12, 
V.  17  &  18;  chap.  26,  v.  3 -II.  Voyez  cette  obli- 
gation renouvellée  &  confirmée  dans  le  fécond  livre 
d'Efdras,  chap,  10,  v.  35 ,  36  &  37.  Voyez  auffi  ce 
que  dit.  là-deflus  Philon,  de  Prasmiis  Sacerdotum, 
t.  a,  pag.  2^6. 

(332)  Exode,  chap.  13,  v.  2;  chap.  34,  v.  19, 
Nooibres,  cb.  3 ,  v.  15  s  chap.  18,  v.  15. 

.H 


t  i  4  Moyfe ,  conjîdéré  comme  Légijlateur 
mâles  feuis  y  étoîettt  fournis  (J35).  Une  fille 
ttiiflbif-t*ile  k  première  ^  Si  un  garçon  vènoit 
'e^fùitej  on  ne  Toffrôit  f)oint  ,  parce  qu'il 
n'étbit  pas  le  premier  des  enfiins  qui  .eût 
vu  le  jour.  On  n'oéftoit  pas  non  plus  le  fib 
aine  d'une  veuve  qui  avoit  eu  àc%  rejcttons 
du  premier  lit  (5J4).  Cette  oftande  n'étoh 
qu'une  cérémonie  religieufe.  Le  premier  fx^ 
de  rhonime  fe  rachetoit  toujours ,  un  mois 
après ,  moyennant  cinq  ficles  d*afgeht ,  lu 
•poids  du  fanétuaire  (535).  On  rachetoit  pa- 
»illement  les  pfen>iers  nés  mâles  de  torut 
acûnial  impur ,  mais  non  ceux  dU  boeuf  ^  de 


(I33)  Exode,  chfip.  13,  v,  %, 

(3^4)  Voyez  Méflôchhïs  ,  «fifle»  loeo^,  cfcép.  ifl 
§.  I,  p.  123.  Le  m0t  faébt^tt  â  ifod^ue  eftefe  dé 
plus  formel  encore  çue  \^  iitiû  piimUUty  âL  !•  Grec 
è.'KApxûi.  M$\jn  i  refkk»  exprime  inUlum ,  fnikctfiumi 
H  éroit  éonc  naturel  ^tt'ea  n\>fKt  pas  le  gaifçéi^  ni 
ap4lfc  kl  fille  »  ou  fe9  eii&fls  du  fécond  lit. 

{335)  Nombres,  chap.  18, v.  xd.  Voyez,  fiirks 
différentes  fôrmalîtés  de  ce  rachat  &  f ur  fe  manïèré 
dont  on  y  fupplée  atijdunPîrai ,  Léon  è^  Modène^ 
liîfloria^  &c.  part»  4  ^  ekap.  9 ,  §.  r  &  1  >  pèç.  irOt 
&  202;  Ménocliwsr^l^epttW.  Ile^. ,  liv.  % ,  e.  17, 
§.  4  &  fuivans  ;  pag.  224  &  2x;  ;  Buxfdrf  »  Synag,. 
Jnd.,  ch.  i,  p.  rii  &  117, &  dt  }8»  pâg*  iat  «  61} 
&  624. 


lA  (Myi^  &  d»  1^ brebis,  ^ZH»  €^'ik  otQfenc 
natuFeUeBayMC  Qù^f^Qi^  à  Jëbo^a»  qu^  leur 
iàng  deycit  aicofer  TakUiel  &  Iaut  giaiifi^  4ti?i» 
confumée»  «ei  iféfeiva»^  auot  psCtres  Vëpaok 
droite^  la  «hair  &  k  poitri«Q  (53^)^  Ofi 
«c  les  ofirpk  p^  c^pwdant  ^  malgré  l^ur 
ccmféeratiQD  natu^eUe ,  .«'Us  étoiom  avq^ugl^  » 
boiteux  y  »'ils  avaient  quelque  tacKa  q« 
qu^ua  di£R>r]Bitë î  &  aloF$,  au  Ueu  <ki  ^^ 
nangdr  eo  prëfenct  chi  Sdgneur ,  on  i^  ÊtifijM: 
dafis  l'ênceime  des  murailles  d^  la  vi]lQ ,  Q( 
le  pur  &  l'impur  s'en  XK)uirifibient  iiuiif^ 
l«|nment  y  comme, du  cerf  &:  du  cb^vreuiL 
JL  fuffîfcHt  de  n'en  pas  manger  la  ian  j ,  a^ig 
de  la  répandre  fur  la  terre  (3  57)*  £a  gjéoér 
yal  ^  il  falloir  préfeut;er  ce  qu'on  aYok  4t 
iB^iileur  (53S>  Malacbie  (  j35>)  f<;^rme  <^ 
imprécations  contra  ceux  qui  manquons  i 
^  devoir. 


(3}6)  Nombres,  chap.  it,  v.  xj ,  17  &  18. 

(337)  Deutéron.  >  chap.  15,  v.  19-2^;  Voyez; 
fer  le»  premîers-nés ,  un  trattè  partieolier  dans  la 
Mifna,  tom.  5  ^  p.  155  &  fui  vantes. 

(338)  Nombres,  chap.  18,  v.  12,  29  8c  52.  La 
Vulisate  dit  medullam  ;  Thébreu  dit  plutôt  p'mptedi* 
nm^  ce  ^'â  y  e  dt  plut  |nw^  fis  metHeur* 

(339)  Chap.  X ,  V.  14- 

Ha 


1 1 6      JMoyfe ,  confidcré  comme  Légijlateur 

Les  prémices  étoient  pour  les  prêtres  &: 
le  pontife.  On  les  payoit  trois  fois  par  an  -, 
à  Pâques  pour  les  épis  (340)  >  à  la  Pente- 
côte pour  les  nouveaux  pains  (  341  )  ;  au 
mois  de  feptembre,  lors  de  la  fête  des  taber- 
nacles, pour  les  nouveaux  fruits  (341).  Celles 
Cas  où  «A  fur  les  fruits  ,  les  animaux  &  les  liqueurs , 
Ibubi^r  fièrent  -doubles  quand  le  même  objet  pro- 
xiuifoit  l'un  &  l'autre.  Ainfî  la  portion  offerte 
-fur  la  brebis ,  fur  le  bled ,  fur  le  raifin  & 
fur  l'olive,  ne  difpenfoit  pas  d'en  offrir  une 
■fur  le  pain,  l'huile,  le  vin,  les  toifons.  On 
•ne  pouvoit  même  cumulerexclufîvement  fur 
•une  des  deux  prodiiftions  pour  affranchir 
l'autre.  Qn  ne  pouvoit  pas  davantage  mettre 
cette  contribution  dans  un  panier  ou  dans 
une  corbeille,  la  régler  au  poids,  au  nombre, 
-à  la  mefure ,  quoiqu'elle  portât  fur  des  chofes 
fufceptibles  d'être  pefées,  comptées  &  me- 
iurées.  On  n'avoit  pas  befoin  d'en  donner 
une  pour  les  chofes  communes ,  ni  pour  les 
reftes  des   moiflons ,  qu'on  les  eût  oubliées 

(340)  Lévitique,  chap.  23 ,  v.  10. 

^  -(341)  Ibidem,  y.  15. 

,    '        (342)  Nombres^  chap.  18,  v.  13  ;  Deutéronome, 
chap.  18,  y.  4,  &  ch.  26 ,  y,  z. 


&  comme  Moralijie.  ^  iij 

'ou  qu'on  les  laiflat  aux  glaneurs  (343).  Enfin ,  ^  ^"  yJjT 
on  déclare  indignes  d'offrir  les  prémices  (344),  gncs  de  lo 
I**  ceux  qui  font  fourds  &  muets  de  naif-  ^ 
fance  :  car  la  privation  des  deux  organes  eft 
néceflaire  pour  encourir  cette  incapacité  atv- 
folue  î  & ,  outre  que  fi  un  homme  privé  de 
Touie  mais  ayant  Tufage   de  la  parole  les 
offroit ,  quoiqu'il  n'eût  pas  dû  le  faire ,  fon 
oblation  étoit  bonne  &  favorable ,  celui  qui 
devenoit   fourd   après   avoir  entendu  ,    ou 
muet  après  avoir  parlé  ,  ne  perdoit  pas  le 

.droit  de  les  préfenter  4  Jéhova.  2°  Les  ia- 
fenfés.    3°  Les  mineurs.   4°   L'étranger  qui 

-oflfre  des  chofes  appartenant  à  des  Ifraélites. 
j®  L'Ifraélite  qui  n'offre  pas  fon  propre  bien. 

.  6^  L*aveugle  &  l'homme  'ivre ,  parce  qu'ils 
font  incapables  de  choifir  ce  qu'il  y  a  de 
meilleur.  7°  Le  muet ,  parce  qu'il  ne  fauroit 
prononcer  la  bénédiftion  d'ûfage  dans  cette 

-  cérémonie.  8**  Celulqui  a  un  flux  de  femence , 
.  parce  qu'il  eft  impur.  9^  L'homme  nud ,  parce      : 

.  qu'i^  eft  hors  d'état  de  rempHr  un  devoir 
pieux.  Si  ces  derniers  le  faifoient  cependant, 
Jéhova  daignoit  accepter  leur  offrande. 


(443f  Voyez ,  dans  la  Mifna  ,  le  Traité  des  pré-, 
mices,  tom.  i ,  pag.  201  &  104. 
(3,44)  Mifna ,  diao  loca ,  pag.  ioo ,  aoi  &  103* 

H3 


:riC  Moyfeyé^^fidéÊ^€O0^lmtiJgiflateury 
tiuel^tt^  ^ iquelqu^ufi ,  pAc  imprudence,  mungeoit 
%%  JS-  ^'si  buvisk  fcs  ^émices ,  4»  en  £uifok  «a 
'^^**  nfage  -profene ,  il  les  «ttitwMt  en  payait  un 
«jtiqtH&iB^  4e  ç\m.  Si  -on  les  vcâoic,  iim 
^0i^  «'cm  ^rvtt ,  ^m  payait  le  double  4e 
fcuT  valetH',  &:le  doiable^  pltKle  cioqHièffie 
«ft-éiAuis  de  l'e(ft*irmut!k>n ,  fi  on  les  «nangeok 
^u  les  employait  (345).  'Négîigieok-on ,  par 
'Ç^owttXCe  ,  ^cflfrîr  oeiles  -des  pains ,  -de  k 
farine  ,  i3es  mfeîBbns  î  -qh  focrifiok  ,  'potwr 
Thrfbcatifle,  aine  ehèf«  ou  im  veau  •«î'ttn 
"Srti ,  ft:  un  bout  ponrr  le  pêche  (54^).  L^'obK- 
^fitîon  ifc  fdBFrir  étok  îinpolee  niénne  aine 
iêiritfes.  ïls-dfe^î««  fcsfirèmwes  te  la  méil- 

-te  fiït ,  *5Dna!we  «eus  î*avon«  dk^  fa  f  ortion 
^s  *pHlttts. 
ofcfctf  oi     ^*^  ^  lî^ferwnt  les  <£mes  ^es  griHns  & 
Revoient  la^  fruks ,  MH>ra  WB ^per»ik  de  les  mdieter 

aîme.  Corn-  ..  ^f   *w         i      j«   n  • 

.nicncons*en  <^%if^  -un  ^Din^uKone  au^-âdSiKs  .lâe  a^efti^ 

^^^^""^^    maâon  t ■5*^)*  *t2«a»t  aux-dikièmes  .des  'baeiÉ&  ^. 

tfes  tAièvres ,  lies  bi^is ,  de  tout  *ce  iquti  çft ,' 

V 

•■■■«^  I  .  I      .1       ■         I  III 

(345)  Mifna ,  diâo  loco ,  pag,  223  &  224, 
()46)  Nombres,  chap.  15»  v.  19-24. 
'(34^)'WoiTtbrcs,  chap.  1*8,  -v.  ^-3^0. 
(mS)  Xévîtiq\ie^  çhap.  27,  v.  30  &  .31. 


&  comme  Moratijle.  119 

dit -il,  fous  la  houlette  du  berger,  on  ne 
choifîra  ni  un  bon,  ni  un  mauvais,  &  on 
ne  changera  point  Tun  pour  Tàutre.  Si  on 
fait  ce  changement ,  ce  qu'on  aura  changé 
^  ce  qui  aura  été  mis  à  fa  place ,  me  feront 
con&crés  &r  ne  pourront  plus  être  racher 
tés  (  3^9  ).  L'année  cpmmençoir  le  premier 
août  pour  ces  redevances  pieufes.  Ce  fiit 
l'époque  principale  à  laquelle  on  décima  le$ 
troupeaux.  L'opération  ne  portoit  que  fur  les 
apimaux  qui  avoient  jnoins  d'un  an  (jîo). 
Il  n'en  eft  pas  de  même  pour  les  fruits  ;  au 
contraire ,  les  trois  premières  années  étoient 
impures,  la  quatrièn)ç  appartenoit  à  Jéhova^ 
&•  ils  entroient  enfuite  dans  la  clafle  des 
pofleffions  communes  &:  ordinaires  (35'i).  La 
dîme  en  fut  feulement  exigible  lorfqu'on  les 
reeueilloit  pour  les  manger,  &  non  Jorfque 
c'étojt  uniquement  pour  les  vendre ,  fi  on 
s*en  rapporte  à  d'habiles  commentateurs ,  dont 

(549)  JLévitique,  chap.  27,  v.  32  &  33, 

(3^50)  Mifna,  chap.  i.  de  prindpio  anni,  tom.  !• 
pag.  300-305. 

(351)  Lévitique ,  chap.  19,  v.  23  ,  14  &  25.  Il  n'y 
eut  pas  de  dîme  la  feptième  année ,  parce  qii'alors  il 
fiy  a  volt  pas  de  moiffons.  Lèvitlque,  çb^p.  ^f ,  v.j 

&  20« 

H4 


iiô  Moyfci  conjidéré  comme  Ugijlateur 
on  peafe  bien  que  les  rabbins  n^adoptent  pas 
l'opinion  (3J2).  Ces  dodeurs  en  exceptent 
à  peine  le  cas  où  il  s'agit  de  fruits  fau- 
vages ,  &  qui  par-là  n'étant  pas  au  nombre 
des  biens  communs ,  mais  appartenant  à  tout 
le  monde  ,  font  exempts  d  une  rétribution 
qui  n'eft:  levée  que  fur  les  fruits  des  pro- 
priétés particulières  (3J3).  D'ailleurs,  ils  y 
foumettent  tout  ce  que  la  terre  produit  pour 
les  befoins  alimentaires  de  l'homme ,  f©it 
qu'il  le  nourrifle  d'abord ,  foit  qu'il  ne  le 
nourrifle  que  tard ,  &  après  un  long  accroif- 
fement  (354).  Ils  ne  la  prélèvent  même  que 
fur  ce  qui  refte  après  la  féparation  &  l'of-, 
frande  des  prémices. 


(35  a)  Ces  commentateurs  fe  fondent  fur  ce  qu'il 
y  a  dans  le  Deutéron. ,  ckap.  14,  v.  22  &  23.  De- 
'  cimam  partem  feparabîs  6»  comedes.  Cela  paroit  affez. 
concluant  d'après  Tat^chement  littéral  des  Juifs  à  la 
loi.  Les  rabbins .  cependant ,  qui  n'ont  pu  confentir  à 
perdre  la  dîme  dans  plufîeurs  cas,  ont,  pour  cçtte 
fois,  abandonné  leurs  principes.  Voyez  la  Mifna,  de 
Principio  artni,  ch.  i,  $.  i ,  tom.  2,  p.  303. 

(353)  Mifna,  dldo  loco,  &  de  fabbato,  ch.  24, 
tom.  2,  pag.  76  &  77. 

(354)  Mifna,  tom.  i ,  des  Prémices,  pag.  245.  Oh 
fe  fonde  Jur  les  v.  22  &  23  du  ch.  14  du  Deut. 


&  comme  Moralijle.  lïi 

On  pouvoit  tout  acheter  avec  Targent  Dcqueiqa» 
venu  des  premières  dîmes ,  excepté  le  fèl  &  îîïl^rdî^c. 
Veau  :  mais  les  fécondes  ne  pouvoient ,  en  gé- 
néral 5  être  mifes  en  gage ,  échangées ,  ven- 
dues ,  fi  ce  n'eft  pour  fe  procurer  des  chbfes 
de  néceffité  première ,  comme  lonaion  ,  le 
breuvage  &  la  nourriture.  On  ne  devoit  les 
manger ,  ni  dans  un  état  de  deuil ,  ni  dans 
un  état  d'impureté  ('3  J  5  ).  Je  fupprime  quelques 
autres  formalités ,  dont  le  détail  feroit  inu- 
tile, ces  redevances  facrées  n'ayant  plus  lieu 
aujourd'hui  que  les  Juifs  n'ont  ni  poflTeflîons, 
ni  troupeaux  (  35^)  :  m^s  n'oublions  pas 
que  fi  les  lévites  n'eurent  aucune  part  à  la 
diftribution  générale  des  terr.es ,  on  ne  fe  con- 
tenta pas  de  leur*  donner  en  échange  ces 
dîmes  &  ces  prémices  ;  on  y  ajouta  quarantc- 
"huit  villes  &  leurs  fauxbourgs  (3J7),  non 

,  (355)  Mifna,  deCommiftionibus  termlni  fabbaticî, 
tom.  a,  chap.  5 ,  §.  i ,  pag.  87  &  88;  &  Surenhufius , 
de  Decîmis  fecundis  ,  ch.  i ,  §.  i ,  tom.  i ,  p.  263, 

(356)  Voyez  Léon  de  Modène ,  Jiiftoria  de  gli  riti  &c. 
part.  I ,  chap.  12  ,  §.  1  &  3  ,  pag.  29  &  30.  Sur  les 
Dîmes  des  troupeaux  en  particulier,  voyez  le  Traité 
des  premiers  nés,  dans  le  5^  vol.  de  la  Mifna^  ch.  9 
&fuivans,  pag.  187  &  fuivantes. 

(357)  Nombres,  chap.  35,  v.  6,  7  &  8.  Ce  nombre 
paroît  prodigieux  quand  on  fonge  que  la  tribu  de 


122  Moyfcy  conjidéré  comme  Ugljlateur 
^as  d^ns  la  même  contrée,  mais  difperfées 
ciaQS  les  différentes  tribus  dlfraël ,  afiq  qu'ils 
foflçnt  plus  à  portée  d'inftruire  par-tput  1? 
peuple  des  maxinnes  de  la  religion  &:  dç  U 
loi. 

Article    ÎIL 

IqIxJmt  les  Facs. 

Des  tfou*  Vous  célébrerez  des  fêtes  en  mon  honneur 
S^^Hé- trois  fois  chaque  année  ,  dit  Jéhova  dans 
.  *"*^  i'Exode  (3y6).  En  mémoire  in  paflage  de 
ï'ange  fur  les  terres  des  Egyptiens  dont  il 
tua  les  premiers-4iés  en  épargnant  ceux  des 
îfraélites  (359),  gardez  la  folemnité  de  Pi- 
ques (3^0)  &  mangez  des  pains  fans  levain 

JLévî  ne  renfiermoit  gpçre  pîu^  (}e  vingt-degy  mille  pçf- 
fonnes»  &  que  celles  de  Simd||k&  de^^abulori  qui 
en  contenoient ,  Tune  ^9  mill^oo ,  Pautre  57  mîlle- 
qyarante,  n'avoient,  la  première  que  dix  fept  viKes, 
^  h  feconde^ue  doyze.  Nombres ,  ch.  i ,  v.  aj  &  31  ; 
chap.  3 ,  V.  43.  Jofyé,  chap.  19 ,  v.  j  - 16. 

(358)  Chapitre  23 ,  v.  14. 

(359)  Exode,  chap.  12,  v.  la,  i?,  &  14. 

(360)  Perfonne  n'ignore  que  piques  fignifie  pajfagc. 
Ceft  ce  qu'exprime  le  mot  hébreu  noç  »  pefach,  dont 
jpafach,  qui  a  formé  pafcha ,  eQ  la  racine;  &  on  a 
eu  tort  daller  en  chercher  Tétymologie  dans  le  mot 


4mw^  &?t  )oMr«  •  daf)(  k  mois  d^r^  bk<jf 
|^tt¥«tq^  >  t^mps  auquel  vou^  ^s  Ibixii 
4'£gyp€e  (^  ^i  ).  &^  ikfa^m^  zp^hs  ^  dlân^ 
oçmHx^^  uo^  (olemoixié  (  U.  Pientiecote  )  1^ 
«rnips  ^  k  moiâoa4^  d«$  prémices  de  yotx<p 
iiaa^il  ^  4<^  (put  <:e  4}ve  vaus  aurez  lètfié 
itws  YQfi  ch^D)p^  {5^:2').  GéLébriei^  enfin  tan^ 
^ommU^  folemaiiié  (  lU  fète  d^^  4:al>^pacle$  ) 
à  JU  £n  de  Tanoée  ^  quand  v^us  auxez  x^v 
4«ejUi  ixMa^  (es  £:usts  d^  mos  camp^tga^s  (^^3}. 

JUt  inaaièrig  4e  ies  célélver  «ft  réglée  <lan(S  ^^^^^fj* 
jflEcrîQare.  V4^  ^elk  4e  Piq^s  ,  i>Q  offrira  p^on,  <!• 
unejgerbe  d*ëpis  comme  les  prémices  de  la&d^^etv 
moiflbn ,  Un  agneau  de  Tannée  &  fans  tache  en  "^'^ 
tolocauûe,  deux  aflarons  dçpure  farine  mêlée 

MHip    I  l»f   i]>    ■      >■    I  I  >        ij      n    ■  II)     ii'^i.,    ■  1    .  ini  I      ■ 

«<t}ji/r ,  fouffrîr.  Pentecôte  vient  du  grec  au  contraire; 
€*éftir^vr«x«s«,  OU  cinquantième,  du  nombre  des  jours 
5u*âl  y  a  entre  cette  fête  &  ceHe  de  Pâques. 

(^)  Ejcodc,  chap,  i^,  v.  19&  20;  cb,  %^^y,  iç; 
>îh-  54*  y-  '8.  Eteutéppn. ,  fdiap.  1$,  y.  i ,  3  $c  8.  ^ 
«r.  mS  Â3X  xh.  25  de  rjfxoAe,,  &  Ip  v.  25  .du  cji,  ^4 
défeod^tu  d'offrir  le  faqg  lie  la  vîjflime  taiK  que  l^ 
..firirmoUé.de  pâques  dui^era  ,  &  .d'en.gai:der  la  gr^ju^ 
jttÇjlii'^'  lep^emain  du  fecrifice. 

(362)  JLèvkique,  cbgp.  z^ ,  y.  17.  J^emàron.  >.çh.  16 ^ 
lr.^&  to. 

ijjBy) 'Exode,  cbap.  2^,'V,  16;  chap.  3^^,  v.  ax. 


124  Moyfe  ,•  conjidcré  cornmt  Légijlateur 
cf  huile ,  &  une  petite  quantité  de  vin  (3^4X 
Le  Deutéronome  (365')  parle  de  facrifier,  à 
cette  occàfion ,  des  bœufs  &  des  brebis  dan$ 
le  lieu  choifi  par  Jéhova  &  non  indiffé- 
remment dans  une  des  villes  d'Ifraël ,  & 
veut  qu'il  ne  relié  rien  des  chairs  de  l'ani- 
mal immolé  le  foir  du  premier  jour ,  jus- 
qu'au lendemain  matin.  Quant  à  la  Pènte- 
^côte,  placéecinquante  jours  après,  &  établie 
pour  confçrver  le  foùvenir  de  l'alliance  de 
Dieu  avec  fon  peuple ,  l'oblation  eft  de  deux 
pains  avec  du  nouveau   froment,  de   fept 


(364)  Lévitique,  chap.  23  ,v.  10-13.  Nombres, 
ch.  28,  v.  17,  18  &  25.  * 

(365)  Chap.  16,  V.  2,  4  &  6.  La  pâque  devoit  être 
immolée  le  foir  ,  vers  le  coucher  du  foleil,  v.  6.. 
Pour  toutes  les  prières  &,  cérémonies  qui  accom- 
pagnent la  célébration  de  la  pâque,  comme  celle  de 
la  Pentecôte ,  du  Sabbat ,  &ç.  fac.  &c ,  voyez  Léoa 
de  Modène,  Hiftoria  de  gli  riti  Hebraîcî,  part.  3, 
ch-  i-io,  pag.  52-80.  Ménochius  de  Repub.  Hebr. , 
liv.  3,  ch.  I  &  fuiv.,  pag.  245-378.  Bafnage„Hift. 
des  Juifs,  tome  6,  liv.  6 ,  ch.  9,  14,  15  ,  16  &  17 » 
pag.  179  &  fuiv. ,  271  &  fuiv.  Buxtorf  ,  Synag.  Jud, 
ch.  15-30.  p.  294-563.  Leidecker,  deRepubl.  Hebr. 
liv.  9,  chap.  I  &  fuiv.,  p.  532.  &  fuiv.  On  ne  tue 
ni  ne  mange  l'agneau  pafchal  hors  de  la  Terre-Sainte. 
Buxtorf,  ibid.  ch.  18 ,  pag.  419.  Voyez  auffi ,  fur 
toutes  ces  fêtes ,  les  difFérens  iraités  qui  composent 
le  tome  2  de  la  Mifna. 


&  comme  Moralijlc.  iij 

agneaux,  dans  leur  première  année  ô^  fans 
tache,  d'un  veau  pris  du  troupeau,  de  deux 
béliers  enholocaufte,  dç-deux  agneaux  encore 
de  l'année  pour  hofties  pacifiques,  d'un  bouc 
pour  le  péché  (366),  Elle  fera  auffi  célébrée 
dans  le  lieu  choifî  par  Jéhova ,  prefcrit  encore 
le  Deutéronome  (367) ,  &  vous  y  ferez  des  fef- 
tins  ,  vous ,  votre  fils  ,  votre  fille ,  votre  fervi- 
teur,  votre  fervante,  &  le  lévite,  l'étranger,  la 
yeuve,  le  pupille  qui  habitent  dans  la  même 
Ville  que  vous.  Lors  de  celle  des  tentes  ou 
des  tabernacles  3^  rappellant  le  féjour  des  Hé- 
breux dans  le  défert ,  on  préfentoit  chaque 
Jour  des  holocauftes ,  &  chaque  jour  des  obla- 
.rions  de  liqueur  &  de  farine  (568).  Elle  duroit 
une  femaine,;  ainfi  que  la  Pâque  (3^9) ,   & 


,   {^66)  Lévitique,  ch.  23  ,  v.  1 5  - 19.  Nomb.  ch.  28 , 

V.  26  ,'27  &  ^o. 

.    (367)  Chapiîre  16,  v.  11. 

(368)  Lévitique,  cbap.  ^3,  v.  34,  36,  40  &  4j. 
Nombres,  chap.  .19,  v.  12;  ch.  29,  v.  13-39.  Sur 
tout  ce  qui  regarde  la  fête  des  tabernacles,  voyez 
.la  Mifha,  de  Tabernapulis ,  ch.  i  &  fuivans  tora.  2, 
p.  259-282.  Oa  appelle  auffi  cette  fête,  Scenopegia* 
.du'grec*2x»rOT«y«e»,  établiffement  fixe  des  tentes  ou 
des  tabernacles. 

(369)  Lévitique,  chap.  25 ,  v,  .6-41.  Nombres; 
«h,  19,  V,  12;  ch.  29,  V.  !/• 


iii     Moyfcj  conjidéré  comma  Ugijlateuf 
célébration  Tune  d'elles,  fixée  au  premier  jour  du  feptièm© 
trompette» 'naois  de  Tannée  fainte,  &  confacrée  à  rap- 
5^"^^  "H^peller  cehii  où  Jéhova,  au  fon  des  inftru- 
tioof.        mens ,  donna  fes  loix  aux  Ifraélites ,  on  im- 
moloit  ,   outre   l'oblation  des  Néoménies  , 
rholocaufte  d'un   ve^  du  troupeau  *,  d'un 
bélier ,  de  fept  agneaux  &  d'un  bouc  pour 
le  péché  {yj6).    L'autre  ,  fixée  au  dixième 
jour  du  même  mois  ,  &  deftinée  à  implorer, 
fur  les  fautes  dû  peuple,  la  miféricorde  di- 
vine ,   on  offroit  les  mêmes  viftimes ,  fans 
compter  les  oblations  ordinaires  de  farine  & 
de  liqueur  (377).  Ce  feptième  mois  de  Tannée 
6iinte  ,  qui  s'ouyroit  en  mars ,  étpit  le  pre^. 
mîer  de  Tannée  civile  ,  qui  commence  en 
feptembre ,   vers  Téquinoxe  d'automne ,  les 
Juifs  ayant  plufîeurs  manières  de  calculer  cet 


(376)  Lcvitique  ,  chap.  'a-j ,  v.  24  &  aç.  Nomb.," 
ch.  19-,  V.  a -6.  Voyez'  la  Mifna,  de  Principio  anni,' 
<*ap-  3  >  §•  3  >  ^otn.  3  ,  pag.  341. 

(377)  Lévitique,  chap.  16,  v.  29  &  30;  ch.  23, 
V.  28.  Nombres,  ch,  Ï9  ,V.  7-11.  Tout?  œuvre fer- 
vlle  étoit  auifi  défendue.  Lévitique  , .  diâo  loco. 
Vpyez,  fur  cette  fête,  la  Mifna,  de  DieExpiàtionis, 
tbm  2,  pag.  206  &  fui  vantes.  Leidekker ,  de  Rep. 
Hebr. ,  liv.  11,  ch.  47pag.  628  &  fuiv.  Maimonide,' 
de  Pœnitentiâ,  chap.  3 ,  p.  57  &  tous  les  diiïerèns' 


çommentatçurs. 


'efpace 


èr  tomme  Moralifiei  129 

éipace  de  temps.  La  Mifna  (377)  diftingue 
quatre  commeiicemens  d'année  5  celui  du  pre- 
mier mars  ,  ^our  les  rois  &  Tordre  des 
fêtes;  celui  du  premier  août,  pour  ia  dîme 
des  troupeaux  5  celui  du  neuvième  jour  dei 
ia  iune  de  feptembre ,  pour  régler  les  années 
ordinaires  ,  fixer  les  jubiiés  ,  &c.  \  celui 
du  neuvième  jour  de  la  lune  de  janvier,- 
pour  les  arbres  &  les  plantations.  L'Ecriture 
^  ,  JÈe  dit  rien  de  cette  quatrième  diyifion  qui 
paroît  être  de  llnvention  des  Rabbins.  Quant 
"  aux  mois  ,  fans  aflurer  à  quelle  époque  la 
divifion  en  fut  connue ,  il  eft  certain  c{u'elle 
Tétoit  fous  le  règne  de  Salomon.  Nou» 
toyôris ,  dans  le  troilième  livre  àes  Rois  (378}, 


(377}  ^^  Principio  anoi ,  tom.  2 ,  cfaap.  z  y  §.  1 9 
pag.  300  &  3x1. 

.  (378)  Chapitre  4 ,  v.  ^  &  fiiîvafis.  Vôyéïf  Ôaffièl, 
th.  4 ,  V.  a6 ,  &  Éfthér  ,  ch.  3 ,  ^;  7.  &s  douze 
tiioii  furent ,  Nifari ,  Jiat  »  Si  vànt ,  Tâmntus ,  Ab ,  EIuI , 
Tifri ,  Marcfiefvaù ,  Chifleu ,  Tebeth  ^  Schebath ,  Adai»j 
Mars«  AVril ,  Md ,  &c.  Coriithcf  leurs  adnèés  fônf  Iù« 
hzweé^  poui*  les  contiliet"  ^vec  le»  année»  folaires> 
ils  font  chaque  cycle  de  19  ans^  81  eomme  elles 
font  de  temps  en  temps  de  15  mots,  ils  comjrtedt* 
deux  fois  aiôfs  Iç  riioi»  Adaf ,  &!  ils  appellent  le  fé- 
cond Vè-adar.  Voyez  LéoîïdeModène,  Hiftoria  &c. 
fart.  3,  chap.  2,  §.  M  7-!^ J?-  6^»  Selden ,  de M^ 


1  jo      Moyfc  y  confideré  comme  Légïjlateur 
ce  prince  établir  douze  officiers  fur  Ifra^, 
chargés  d'entretenir  fa  table  &  celle  de  toute 
là  maifon ,  &  chacun  d'eux  fournir  à  cette 
dépenfe,  pendant  un  douzième  de  Tannée. 
Dcccuxqiw      Les  mâles  (èuls  forent  obligés  à  la  célé- 
^«iSî^df  ['  bration  des  trois  folemnités  principales  (379). 
célébration   Outre  Ics  femmes ,  on  en  difpenfa  les  muets , 
t  "principal  Ics  iufenfés ,  les  fourds ,  ne  le  foflent-ils  que 
^'  d'une  oreille ,  les  enfans,  les  hermaphrodites, 

les  efclaves ,  les  aveugles ,  les  boiteux ,  & 
ceux  auxquels  leur  vieilleflè  ou  leurs  inifir- 
mités  ne  permettoientpas  de  venir  à  pied 
&  de  monter  au  temple  (380). 


cîvili  veterum  Judsorum.  Prideaux, préface  de  lUif- 
toire  des  Juifs ,  p.  14  &  fuiv.  Sigonius  de  Rep.  Hebr. 
liv.  3  ,  ch.  X  &  2^  p.  627  &  628  ,  &  ch.  18,  p.  646. 
Bafnagè,  Hiiloire  des  Juifs,  liV.  6,  chap.  la  &  i; , 
tom.  6,  p.  220  &  fuir.  Leidekker ,  de^epub.  Hebr. 
liv.  6,  chap.  xi  ^  pag.  409  &  fuiv.  &c, 

(379)  Fondé  fur  ce  que  PExode^  chap.  23 ,  v,  17, 
dit  feulement  omnis  mafculus.  Dans  le  v.  23  du  ch.  34  » 
où*  cet  ordre  çft  renouvelle ,  il  y  a  auJIi  omne  mafcu" 
linum  y  ainfi  que  dans  le  v.  16  du  chap.  16  du  Deu- 
téronofflje  où  le  précepte  fe  trouve  pour  la  troifième 
fois. 

(380)  Mifna  ,  de  Sacris  Soletnnibus  ^  chapitre  i , 
%.  I  ,  tom.  2  s  page  4x3.  Hottinger ,  Jus  Hehr. , 
§.  71.  Leidekker,. dec  Rcpub.  Hebrœorum,  liv.  f  , 
ch.  3  ^  p.  542,  Uhermaphrodite. ,  dont  fl  eft  parlé  ici^ 


&  comme  Moralijle.  131 

Loin  d'y  paroître  les  mains  vuides  ,   on    Ocfenfcde 
devoir  apporter  des  préfens;  Les  lévites  même  ^im"yu1- 
y    fiirent  fournis.    On    ne  manquoit  point  "' 
fans  crime  à  cette  obligation,  parce  que  la 
loi  n'invite  pas  feulement  à  la  remplir ,  mais 
prohibe  formellement  le  contraire  (381).  La 
violoit-on  cependant  ï   on  n'étoit  ni  éloigné 
du  lieu  faint  à  coups  de  verges  (382,)  ,  nî 
forcé  à  quitter  Jérufalem  où  tous  les  Ifraé- 


fuivott  tour-à-tour  la  condition  des  hommes  &  celle 
des  femmes.  Dans  quelques  cas«  il  participoit  de  Tun 
&  de  l'autre ,  &  dans  quelques  autres  cas>  il  ne  par- 
ticipoit d'aucun  des  deux,  il  avoit  des  impuretés  com- 
munes avec  les  premiers.  Comme  eux  «  il  époufoir, 
par  droit  de  léviration ,  la  veuve  de  fon  frère  mort 
fans  pofiérité  mâle.  Il  épouibît  une  femme  fans  qu*il 
pût  être  époufé  en  cette  qualité.  11  fut  foumis  à  l'ob- 
îbrvation  régulière  de  tous  les  préceptes  de  la  loi  > 
quoiqu'il  y  en  eût  quelques-uns  dont  les  femmes  étoîent 
difpenfées.  D'un  autre  côté^»  il  étoit  fouillé  comme 
elles  par  le  flux  périodique  ;  comme  elles ,  il  ne  put 
demeurer  feul  avec  des  mâles  ^  &t:.  &c.  &c.  Voyez  « 
liir  tous  ces  différens  cas  &  toutes  les  quefiions  re- 
Iarives>  la  Mifna>  tom.  3^  de  Uxore  adult.  fufpeââ, 
chap.  3  ,  pag.  228  &  229. 

(381)  Exode,  chap.  23,  v.  17.  Voyez  la  Mifna; 
diâo  lo^. 

(382)  Mifna,  de  Sacris  Solemnibus  ^  chap.  1 9  §.  i; 
tom.  2  ,  pag.  414. 

Il 


i}X      Moyfe,  conjidéré commt Ltgijtateur 

lites  étoient  alors  réunis  ,  puifque  c'eft  ren- 
droit  marqué  par  Jéhova ,  le  feul  où  il  dai- 
gnât recevoir,  aux  grandes  époques  de  Tannée.^ 
rhommage  de  fon  peuple  (383). 
W maria-.    Quoique  tout  travail  foit  interdit  lors^de 
Scn$°*  pcn-  ^  célébration  des  fêtes  ,  on  permet  dans  lei 
dant  les  f^- jours  intermédiaires  ,   s'il  v  en  a,  (dans  les 

tes  ;     mais'  '  1  1  r 

quelques ac- plus  graudes ,  par  exemple,  depuis  le  fécond 
dans  les  jufqu'au  fixième  inclufivement  )  de  faire 
inédLkc$!'  quelques  ades  civils ,  de  tefter ,  d'écrire  des 
époufailles ,  àit^  lettres  de  divorce ,  des  dona- 
tions, des  jugemens  du  fénat.  On  ne  pou- 
voit  cependant ,  quoiqu'on  écrivît  les  épou- 
failles ,  fe  marier ,  foit.  à  une  veuve ,  foit  à 
une  vierge ,  mais  feulement  reprendre  une 
époufe  répudiée  (384)  ,  comme  on  'ne  pou- 
voit ,  quoiqu'on  écrivît  les  jugemens  du  fénat , 
prononcer  une  décifion  légale.  Les  Hébreux 
pensèrent  qu'en  s'aflèyant  fur  fon  tribunal 
on  viole  la  fainteté  d'une  fête ,  comme  s'il 
étoit  une  manière  plus  honorable  de  rendre 
hommage  à  la  divinité  que  d'être  le  miniftre 
de  fa  bienfaifance  &  de  fa  juflice  \  comme 
s'il  étoit  un  culte  plus  digne  du  Tqut-puif^ 


(383)  Voyez  le  Deiitéron.,  chap.  12,  v.  11  &  lai 

<384}  Mifna,  de  Feftô  parvo,  chap.  x,  §.  3^  & 

fuivans  ;  ch.  3 ,  §.  3 ,  tom,  2 ,  pag.  405 ,  406  &.  409. 


&  comme  Moralîjle.  i^f 

Tant  que  d'arracher  Tinnocence  aux  bour^ 
reaux  &  le  citoyen  paifible  aux  déprédations 
de  l*ufiirpateur  5  comme  fi  fe  magiftrat,  au 
•lieu  d'imiter  cette  attention  univerfelle  &  de 
tous  les  inftans,  déployée  par  l'Etre  fuprême-, 
pouvoit  fe  repofer  quand  un  de  fes  fembla- 
bles,  injuftement  accufé  peut-être,  languît 
&  foupire  dans  les  fers  ;  quand  le  fcélérat , 
dont  la  v%ilance  eft  la  feule  vertu- ,  déve*- 
leppant  fon  génie  adif ,  après  une  longue 
méditation ,  va  faire  éclater  autour  de  lui 
les  complots  mûris  &  préparés  dans  l'ombre 
&  le  filehce.  Les  Juifs  cependant  ne  pout- 
fbient  pas  cet  ufage  vicieux  auffi'  loin  que 
tant  de  peuples  modarnes.  Si  Taffaire  à  juger 
étoit  à  portée  de  Têtre ,  on  k  terminoit  pen- 
dant la  nuit  qui  précédoit  la  veille  de  la  fête 
du  fabbat  (  585  ).  Point  de  ces  renvois  ,  de 
ces  délais  meurtriers  que  les  défenfeurs  ont 
fi  rarement  le  droit  de  demander  ,  &  les  Juges 
plus  rarement  encore,  le  droit  d'accorder  à  un^ 

^— ^i— i^— ^1-      Il  I       ■»      ■■!!>       ■■  Il <P    I        I     I  I  I  >■     I       Wl  ■       I     II 

^585)  On  ne  jugeoit  pas  îes  procès  crlmmels  îa- 
veille  d'une  fête  ou  du  fàbbat  ,  parce  que  la  con- 
damnation pouvoît  furvcnir ,  &  qu'il  ctoît  défendu  de 
diflfërer  un  fupplice  de  deux  jours.  Or,  le  fupplice  ne: 
pouvoît  avoir  lieu  un  jour  fotemnel.  Maimonide  ,, 
de  Synedriis ,  chap.  n  §.  ii« 


I  j  4  Moyfcy  eùnfidéré  comme  Ugijlateur 
partie  quand  il  eft  conteftë  par  Fautre.  Ce  n'eft 
point  aflez  d'être  équitable ,  il  ne  faut  pas 
tarder  à  letre ,  &  la  juftice  perd  de  fa  vénéra- 
tion comme  de  fa  bienfaifance ,  fi  elle  n'eft 
auffi  adive  qu'impartiale. 

Le  refpeél  pour  les  fêtes,  &  pour  le  fabbat 
en  particulier ,  fut  porté  beaucoup  plus  loin. 
Les  Juifs  n'eurent  pas  même  le  droit  de  pré- 
parer alors  leurs  alimens  ,  d'éclai^r  leur 
lampe ,  d'allumer  ou  d'attifer  leur  feu  ^  d^ 
toucher  de  l'argent ,  d'écrire  des  lettres ,  jàe 
couper  leurs  ongles ,  d'arranger  leurs  cheveux*. 
A  peine  a-t-on  foufiert^  s'ils  font  malades, 
qu'un  médecin  les  vifite  ce  jour-là ,  encore 
faut -il  que  les  fecours  foient  preflans,  & 
qu'il  y  ait  un  grand  danger  à  en  difierer  l'ap- 
plication (386).  Les  prières,  les  ofirandes, 
les  hommages ,  les  facriâces  dévoient  feuls 
remplir  ces  auguftes  folemnités^  Quand  ceux 

(  386  )  Voyez  Léon  àt  Modène  ^  Hifioria  &ç. 
part.  3>  chap.  i ,  §.  2  &  fuivans,  pag.  52  &  fuir. 
Ménochius,  de  Repub.  Hebr.  liv.  3,  chap.  i  ,  §.  4, 
pag.  246.  La  Mifaa:,  tom.  2,  dé  Sabbato.  ch.y|,  ç 
&  fuivans  >  pag.  18  &  fuivantes  ;  chap.  10 ,  §.  6  » 
pag.  41,  &  chap.  i4>.S-  3*  Fg-  ï^-  Bafeage,  Kft* 
des  Juifs,  liv.  6 9  chap.  15,  §.  12  &  fuivans^  tom.  6» 
pag.  316  &  317.  Josèphe,  Antiq.  Jud.,  liv.  14,  ch.  17,^ 
pag.  488.  Voyez  auffi  l'Exode ,  chap.  16  »  v.  5}  ^  8t 
chap.  î5  ^  v.  5. 


&  comme  Moraûfic,  i^f 

des  Ifra)étit:es  qui  habitoient  en  lonîe  fe  plai- 
gnirent à  Agrippa  des  maux  que  les  Grecs 
leur  faifoient  éproirver  &  des  atteintes  portées 
à  leurs  privilèges,  ils  articulèrent  fur -tout 
qu'on  les  troubloit  dans,  l'exercice  de-  leur 
religion ,  en  les  forçant  à  comparoître,,  fes 
fours  de  fêtes  ,  devant  lès  juges  ^  pour  des 
affiiires  temporelles  (387)*  Agrippa  eut  igxvdt 
â  fcurs  pkintes ,  &  fesdifpenfaî déformais,, 
pendant  les  époques  religieufes,  de  toute  com- 
parution judiciaire  (588).  L'Exode ,  en  eSèt^ 
leuravoitmêmedéfendude  quitter,  pendant. 
le  fabbat,  l'enceinte  de  leur  demeure  (389),. 
défenfe  que  les  commentateurs  ont  inter- 
prétée (  390  )  en  bornant ,  les  uns  à  deux 
mille  preds ,  les  autres  à  deux  mille  coudées , 
Telpace  quil  eft  permis  alors,  de  parcourir^ 


(587}  JosèpBe  s  Antiquités  Tud.  liv.  16,  chap*  4> 
pag.  55a 

(388jt  Josèphe  »  ibid.  chap.  20,  p^.  %6%^ 

(389)  Qiap.  16,  y.  29. 

(390)  Saint  Jérôme ,  épître  15  ij  adAlga.,  quefi  f^. 
Baronius ,  aono  Chrifti  34,  Agobard ,  évêque  de  Lyoi», 
dans  tes  opufcules  fur  les  fuperilitions  judaïques', 
Maidonat.  fur  S.  Matthieu ,  chap,  j^.  v.  20,  difair 
deux  mille  pieds.  Erafme ,  fur  Jès  MKS  des  ApôtreSj^ 
çhap.  i ,  dit  deux  mille  pas,  &  quelques  aatres  com» 
jncntateurs,  comme  Euchérius,  &da ,  Lyramis-;^, 


15^      Moyfi^  tenjîdcrc^omme  légijlauuf 

ArticleIV. 

tçix  Jur  les  Sacrifices. 
Aaciçnaet^       PRÉSENTER    à   Jéhova   dfiS    obktioni 

j^Jg^®^*^  pieufes ,  eft,  dans  les  annales  des  Juifs,  un 

rtft»  par-  ufkge  établi  fur  r^nciçnneté  la  plus  reculée^ 

'^  *  *^  **  Caïn  &  Abcji,  Tun   cultivateur  &  Vautre 

bierger  5  pfiftçnt  ,  c^lui^là   des  fruits  de  H 


expriment  au®  des  pas.  Origène ,  beaucoup  plu$ 
ancien  que  ces  écrivains  >  parle  de  deux  mille  cou* 
dées,  <7ri)>:ii#;  apud  Théophylaâ.  in  Aâ. ,  chap.  i  ; 
&  Tbéophylaftç  dit  .la  inéme  chofe  ,  quoiqu'on  y 
îife,  par  erreur,  rficèv  laxa^^  pqur  /i^iAi^r,  deux 
mil|e>  comme  T^  remarqué  X)rufîus  dans  fes  quefiiofi^ 
fur  le  Nouveau  Teftament.  Voyez  Selden  ,  de  Jurç 
Naturae  &  Gentium  ,  liv.  3  ,  chap.  9 ,  pag.  318.  Les 
Talmudiftes  ont  été  plus  loin  dans  leurs  interprétations 
que  les  premiers  dod^eurs,  Sim^on,  (lillel^  A]pba, 
&  les  auteurs  chrétiens.  Maimonide ,  de  Sabbato  » 
chap.  17»  Mikotzi ,  Praecept.  negat.  66 ,  &  Shulcan 
ArUch ,  in  lib.  Orachiim  y  chap.  397.  La  Gemarre  de 
Jérufalem  ,  de  Commifiionibus  termjni  Sabbatici , 
çhap.  3  ,  fôl.  21  ,  col.  3 ,  &  celle  de  Babyloae, 
même  titre  ^  chap.  4,  fol.  49  >  jo,  &c. ,  donft^t, 
pour  fe  promener  les  jours  de  ikbbat  »  d'abord  la 
ville  entière  ^H^jnelque  grptodeur  qu'elle  foit^  &  en- 
fuite  deux  mille  coudées  au-delà  des  portes.  Léon  de 
JWodène,  part.  3  ^  chap.  1 , 1  8 ,  p.  54,  parle  auflp  dç 
^eu9(  mille  coudées  hors  de  la  yple* 


&  comme  Moralijle.  i  yj 

terre  \  celui-ci  les  premiers  -  nës  de  fon 
troupeau  (391).  Noé,  forti  de  larche,  drefle 
un  autel  &  immole  des  oifeaux  &  des 
brebis  (391).  Le  Seigneur  prefçrit  à  Abraham 
de  conduire  Ifaac  fur  la  montagne  qu'il  a 
cHoifie ,  &  de  le  préfenter  en  boloçaufte  (393). 
Ce  patriarche  avoit  auparavant  reçu  ordre 
d'offnr  une  vache,  une  chèvre,  un  bouc, 
tous  de  trois  ans ,  une  colombe  &  une  tour- 
terelle (394).  Quand  Jacob  fugitif  eft  re- 
trouvé par  Laban ,  &  qu'après  des  reproches 
mutuels^  la  paix  renaît  parmi  eux  ,  ils  la 
fcellent  par  le  fang  des  viftîmes  (39y).  Dans 
le  défert ,  Jéhova  fait  élever  une  tente ,  fous 
laquelle  ît%  miniftres  l'honorent  fans  ceflè  (396). 
II  déclare  (  J97  )  que  fi  on  tue  un  animal 
domeftique  pour  en  manger  la  chair,  fans 
Vfiuir  à  la  porte  du  tabernacle,  on  fera  traité 
en  homicide.  Il  commande  expreffément  de 


f39x)  Gcnè(c,chap.  4,  v.  3  &  4. 
(3?0  Gçnèft,  chap.  8,  v.  lo, 
(355)  Gçnèfe,  chap.  %%^  v.  2» 
(Jf4)  Genèfe,  chap.  iç,  v.  9. 
($fS)  Genèfe,  chap.  51,  v.  Ç4. 
(596)  Exode ,  ch^.  15  ,  v.   5  ;  chap.  iç  ,  V.  y. 
Nombres  «  chap.  t8  >  v.  4. 

(3t7)  Lévitîque ,  chap.  17 ,  v.  3  &  4.  DeutéroQ, 


1 1  tf      Moyft  j  ^nfiOfi  €ûmmi  Lcgijtausir 
Article:    IV* 

Iç'iX  fit  tes  Sacrijîics* 

Aneltniittl      PRESENTER    à  Jéhov4  dfis   oblatioiu 

iU!u X  P*^"^^*  •  ^»  ^^^^  *^  annales  des  Juifs  ^  un 

pif^tH  rj»-  ufiige  éubli  fur  ronciçnneté  ]a  plus  reculée, 

C%S\\  6t  Abel»    Tua    cultivateur  &  l'autre 

berger,  offrent  ,  celui -la   des  fruits  de  la 


eKprtment  mifH  des  pns.  Orîgène  ^  beaucoup  plus 
m\c\ci\  que  ces  écrivains  »  parle  de  deux  mi!îe  cou* 
déei,  7r«x*t«i;  Qpud  Théophyh)^.  in  Aél. ,  chap*  i  ; 
Ik  ThtV>phylafte  dit  Ib  même  chofe  ,  quoiqu*on  y 
IliÇi  par  erreur*  r^n^v  ir*x<***  P^^^^  /<X<^**'»  ^^^^^ 
tnUlo*  comme  Va^  remarqué  Drufiusdans  fesqueftico^ 
fur  le  Nouveau  Tift^mcnt.  Voytt  Sclden  ,  de  Jure 
Niinirt»  %\  (•cniiuiu  ^  \i\\  3  «  ch^ip*  9  >  pag.  318^  Les 
T^ilanulitlcf  ont  été  plu«  loin  dans  leurs  interprétations 

ÏUvr  lo«  premiers  do«f)cur^f  Sim^on^  Hi^^ei»  Akiba  » 
(  lei  Qiiicurft   chréricnn.    Muimonidc ,  de  Sabbato 
chnp.  i7,  MIkoni  «  Prosa'pt.  negnr*  66 , 
AiUih,  In  \\k  Onichlini ,  chap.  397.  La 
Jériiiiili'iu  I    de    OnnmiftiOnibus  terrni 
il)it(i    1  ,  (bl.   %%  ,   col   3  I  &  celte 
mi^inii  iltrvr«  clup.  4*  fol  47,  fo 
pmtr  fa  promener  les  \o\\n  de 
f  11W  entière  #miivtquc  i^rtmdeiur 


\ 


lllc  cov 


Im       1     .  mille  Ciiud\V»  ;tu  i^ 
h}  .  pt»n.  1 1  %Kap   I  -  <^ 

fNii  mille  ii)vhi^«  hs;>i 


158  Moyfcy  conjidcré  comme  Léffflatewr 
lui  ofirir ,  dans  cette  tente ,  des  hommages 
&  des  facrifices. 
jébova  En  voyant  Jéhova  les  prefcrire  impérieofe- 
^i^i^^ ciment,  &  fous  les  plus  grandes  menaces,  il 
«^t-  eft  difficile  de  penfer  qu'il  y  attachât  peu 
de  prix.  Nous  l'entendons  pourtant  dire ,  dans 
Ifaïe  y  dans  Jérémie  &  dans  Amos  (398)  : 
Que  m'importent  vos  nombreufes  viûimesï 
Qu'ai-je  befoin  de  vps  béliers  en  holocaufte^ 
de  la  graiflè  &  du  fang  de  vos  agneaux  ? 
Vos  fêtes,  vos  parfums,  vos  animaux,  toutes 
vos  oflfrandes  me  touchent  peu»  Je  n'ai  point 
exigé  de  viâimes  de  vos  pères  quand  je  les 
ai  tirés  d'Egypte  5  je  leur  ai  dit  feul^nçnt  r 
Ecoutez -moi,  ;e  ferai  votre  Dieu  &  vçus 
deviendrez  mon  peuple. 

Plufieurs  pères  de  l'Eglife  ont  juftifié  cettç^ 
contrariété  apparente.  Ils  penfent  que  Jéhova: 
marque  la  préférence  donnée  à  la  pureté  du 
cœur  fur  ces  facrifices,  quoique  commiahdés  , 
ou  qu'il  voulut  par-là  fixer  encore  pîtisf  elprit 
inconftant  des  Juifs ,  &:  les  éloigner  davantiige' 
de  l'idolâtrie*  Citons  ,  entr*autres ,  Ireiiée,  Cy- 
rille, Juftin  &  Jean-Chiyfoftôme  (399}.  Qiiaxçt 

'  ■  ■■     .     I  ,      .      ■    ,        I  1     II  w 

(3^S)  Ifaie,  chap.  i,  v,  n>  la  &  15.  Jibiaité^ 
cbap.  6y  V,  la  Amos,  chap.  ç,  v.  ir  &  %^^ 

(5f  ^)  Irénée  ,  liv.  4 ,  ch.  aS*  Jean  CKryfoflôiBe>r 
fur  le  pfeaume  49.  Juftin,  Dialogue  cpntre  Tryphoo^ 


&  comme  Morallfte.  ij^ 

A^idopte  pas  entièrement  leur  opinion.  Il  ob- 
ferve  qu'on  ne  permet  pas  feulement  ces  facrir 
fices ,  mais  qu'on  les  approuve  ,  qu'on  les 
coofeiUe  ,  qu'on  les  ordonne.  «  La  plupart , 
dit-il  (400) ,  font  d'une  obligation  indifpen- 
fable  pour  ceux  auxquels  ils  font  impofés  par 
la  loi.  Dieu  fait  de  rigoureufes  menaces  contre 
ceux  qui  y  manqueront  \  il  promet  des  récomr 
peniès  à  ceux  qui  les  pratiqueront  ». 

Mais  fi  l'Eternel  demanda  des  facrifices,    tes  Juîfs 
exigea-til  desvidimes  humaines?  Toléra-t-il facri&cf h»: 
même  jamais  qu'on  lui  en  offrît  de  pareilles  ï  °****"^ 
Des  écrivains  diftingués  en  ont  fait  le  re- 
proche à  la  légiflation  de  Moyfe.  Il  eft  trop 
important  pour  que  nous  n'examinions  pas 
s'il  eft  mérite. 

«Tout  ce  qu'on  aura  confacré  à  Dieu,* 
homme ,  animal  ou  champ ,  ne  pourra  être 
ni  vendu ,  ni  racheté ,  mais  fera  une  chofè 
iainte  y  &:  tout  homme  qui  aura  été  confacré 
,  par  anathême  ne  fera  point  racheté ,  mais  il 
mourra  ».   Tel  eft  le  texte  du  Lévitique  , 


p.  237  &  292.  Cyrille,  liv.  4  contre  Juliea.  Voy«K 
Or^ène ,  homélie  7  fur  les  Nombres ,  &  Calmet , 
Pré&ce  fur  le  Lévitique,  Bible  d'Avignon,  tome  i> 
*page  316. 

(400)  Calmet ,  diâo  loco ,  pag.  327. 


%4o  Moyfc  y  coiifidcfé  comme  Ugijlateur 
en  l'interprétant  de  la  manière  la  plus  fa- 
vorable aux  accufateurs  de  Moyfe  (401  ). 
Avouons  que  ce  texte  paroît ,  au  premier 
coup-dTœil ,  renfermer  un  ordre  de  verfer  lé 
fang  humain  r  il  paroît  du  moins  le  permettre 
•envers  ceux  qui  font  fournis  à  une  puifFanee 
particulière  avouée  par  la  loi ,  comme  l'enfant 
4  l'égard  de  fon  père  &  Tefclave  à  l'égard 
de  fon  maître.  Si  '  pourtant  ce  paflàge  eâ 
ifolé ,  s'il  peut  s'entendre  difieremment ,  s'il 
eft  contredit  par  une  foule  d^autres  dairs  & 
précis ,  que  penferons-nous  du  reproche  fë- 
vère  fuît  au  légiflateur  des  Hébreux?  Cui- 
vrons le  Deutéronome  ,  poftérieur ,  comme 
on  fait  y  au  Lévitiqu^,  &r  lifons  le  douzième 


(401  )  Lévitîcpe ,  chap..  27,  v.  28  &  29.  Ceft  Tan*^ 
thème  ,  appelle  çn  hébreu  DlCt,  cherem.  La  Vulgatè 
dit  :  Omnts  conficratîo  qua  offirtur  ah  kominti ,  fens  qui 
/ii'eft  pas^  tout-à*fait  exaâ:,  cat  H  y  a  dans  te  texte: 
Omm  anathema  qiiod  devovetur  ex  homîne.  Les  Septante 
tr^duifent  :  ic'h  hlhfM,%  làv  h^irtht  «to  t«v  «r6p»xdift, 
omne  anathema  qiiod  confecratum  fuerît  ab  ^  (ou  de^  OU 
bien  ex  )  honiinihus.  Les  Juifs  d'Efpagne  :  Todo  apar* 
iahdento  quefe  apariare  del  hombre.  Dans  les  Paraphrafes 
chaldéène  &  de  Jérufalem ,  &  dans  les  Verfions  arabes, 
on  a  confervé  la  particule  po ,  mi/2 ,  qui  dans  les  langues 
orientales  fignifie  également  ab^de  &i  ex\  elle  eft  équir 
valente  au  t<»i»  des  Grecs.  Voyez  Selden  i  de  îurQ 
îjfatura  &  Gcntium,  liv.  4,  chap.  6.,  pag-  516. 


&  comme  Motalifie.  141 

-diapitre.  Jéhova  y  renouvelle  la  dëfenfe  de 
fe  livrer  à  Tidolatrie  s  &  pour  donner  plus 
de  poids  à  fa  volonté  ,  daignant  en  dé- 
velopper les  motifs  ^  il  s'élève  avec  force 
contre  l'ineptie  &  la  férocité  des  peuples 
qui  croient  honorer  leurs  dieux  par  des  abo- 
minations ^  entre  lefquelles  il  n'oublie  pas 
le  facrifice  de  leurs  enfans  (402).  Quelque 
fage  que  fïtt  ce  précepte,  les  Juifs,  il  eft 
vrai,  ne  l'obfervèrent  pas  toujours  :  mais  la 
violation  même  fréquente  d'une  loi,  feroit- 
e^e  donc  une  preuve  que  la  loi  n'exiftoit 
pà^  \  Voyez  comme  les  prophètes  fe  plai- 
dent amèrement  de  ce  que  le  peuple  d'If- 
raël  fe  déshonore  par  l'infanticide  (403).  Avant 
cette  époque  ,  &  fous  l'empire  des  roîs  ; 
l'Ecriture  (404)  parle  de  l'horreur  qu'infpira 
aux  Hébreux  l'adion  barbare  d'un  prince  de 
Moab,  Mefa,  qui ,  dans  une  extrémité  cruelle^ 
ofirît.en  holocaufte  fon  fils  aine,  l'hériçier 
naturel  de  fon  pouvoir  &  de  fon  trône. 

De  tels  faits  ne  détruifent-ils  pas  les  con- 
*■  ■       '  ,  ■■      ■  ■ — fc  .1  »,.■■■ 

(402)  Deutéronome ,  chap.  I2  ,  v.  30  &  31. 

(403)  Voyez  principalement  Jérémie  «  chap.  19  i 
y.  %  &  fuivans.  Voyez  auffi  le  pfeaume  105 ,  v.  37 
&  fuivans. 

(404)  4  Reg.  chap.  3 ,  v.  27. 


Î4iê  Moyfe^confitéré  comme  Légijlateuf 
féquences  tirées  des  deux  verfets  du  Lëvî-» 
tique  ?  Eft  -  il  néceflaire  d'ajouter  que  fi  les 
defcendans  de  Jacob  fe  permirent,  pendant 
quelque  temps ,  des  facrifices  femblables ,  ils 
ne  les  offrirent  jamais  à  leur  Pieu,  &  qu'ils 
en  réfervèrent  Thommage  pour  une  divinité 
étrangère  ;  ou  en  prenant  même  ces  deux 
verfets  à  la  lettre ,  d'obferver,  avec  M.  Tabbé 
Guenée  (405),  qu'ils  expriment  des  perfonnes 
dévouées  par  un  anathême  folemnel,  ana- 
thème  prononcé  par  Tautorité  publique ,  & 
qu'elles  étoient  livrées  à  mort  comme  cou- 


(405)  Lettres  de  quelques  Juifs  portugais  &  alle- 
mands^ &c.  pag.  316  &  317  de  la  première  édition. 
M.  l'abbé  Guenée  examine  ce  reproche  avec  beaucoup 
d'étendue ,  &  il  eft  difficile  de  réfifler  à  renfemble 
de  fes  preuves.  Nous  invitons  à  lire  attentivement 
ce  chapitre  de  fon  ouvrage.  Voyez  fur  ce  fujet , 
l'examen  des  fondemens  &  de  la  connexion  de  la 
religion  naturelle  &  de  la  révélée  par  le  doâeur 
Sikes ,  &  Seld.  de  Jure  Nat.  &  Gem.  1.  4^  c.  6  &  fuiv. 
&  prœcipuè  ch.  9  &  10.  La  Gemarre  de  fiabylone»  de 
£flimationibus  ,  chap.  i ,  fol.  6  >  Sa  de  Dote  Litte-  ' 
rifque  matrimonialibus ,  chapitre  3  ,  fol.  37.  Sèpher 
Siphri,  col.  536.  Mikotzi,  prac.  affir.  151.  Jarchi, 
fur  le  chapitre  27  du  Lévitique.  Le  rabbin  Mosès 
Barnachman,  ibid.  AbarbeneU  in  Pirush  Tora,  fol.  175 , 
col.  2.  Le  rabbin  Bêchai,  fur  le  Pentateuque ^  fol.  161 , 
col.  I  9  &  Pefictha  Zotertha ,  fol.  36,  &c. 


&  comme  Moralifle.  i^j 

pables  envers  k  loi  ^  fans  qu'elles  aient  jamais 
été  facrifiées  comme  vidimes  \  Enfin,  j'emploie 
les  propres  termes  du  favant  académicien  que 
je  viens  de  citer  (406)  :  «  la  loi  juive  entre  dans 
les  plus  grands  détails  fur  l'article  des  facri« 
fices  î  elle  marque  les  efpèces  de  quadru-^ 
pèdes  &  d'oifeaux  qui  pouvoient  être  oflFerts 
au  Seigneur  ,  les  qualités  qu'ils  dévoient 
avoir,  le  temps  &  les  circonftances  où  on 
'  devoit  les  offrir  ,  la  manière  de  les  y  pré- 
parer ,  les  cérémonies  qui  dévoient  l'accom- 
pagner/ &c.  &c.  Si  cette  loi  eût  ordonné 
qu'on  façrifiât  des  hommes,  ix  elle  eût  re- 
gardé les  viâimes  humaines  comme  une  des 
^^blations  les  plus  agréables  au  Seigneur , 
fcroit-il  poffible  qu'elle  n'eût  rien  prefcrit , 
rien  réglé  fur  leS  rites  &  les  cérémonies  de 
ces  facrifices  ï  N'auroit-elle  pas  déterminé 
.quelles  perfonnes  dévoient  &  pouvoient  être 
offertes  ,  en  quelle  occafîon ,  de  quelle  ma- 
nière ,  &c.  &c.  ï  Ce  filence  de  la  loi ,  nous 
ofbns  le  dire ,  eft  une  démonftration  qu'elle 
n'exigeoit ,  ni  n'approuvoit  ces  facrifices  fan- 
guinaires  >». 

L  opinion  de  M.  l'abbé  Guenée  eft:  plei- 

(406)  Ibid»  pag.  311  &  3X2« 


44  ^oyfcj  conpdéré  comme  tegijlateià 
orandnom- nement  juftifiée  parlaleâure  du  Pentateuque. 
lices  *étabu$  Avec  quclle  étendue  Moyfe  n'y  rëgïe-t-Û  pas 
jarMoyfc.  ^^^j-gj  \q^  cérémotiiès  des  facrîfîcés  qu'il  éta- 
blit, &  il  en  établit  un  grand  hotnbre  ;  cefui 
de  tous  les  joUfs ,  celui  d«  chaque  femaine 
ou  du  fabbat ,  celui  àts  Néom^nies ,  ceïuf 
du  commencement  des  fêtes ,  celui  du  pré-* 
mïer  jout  de  Tannée  civile,  &c.  &c.  Oii 
peut  encore  dîftinguér  leurs  facrifices  en  ho- 
ïocaufte ,  en  facrifice  d'expiation  ou  pour  lé 
péché ,  &:  en  facrifice  pacifique.  Parcourons-» 
les  fucceffivemeritir 
Duricrifîcc  Vous  oflfrirez  tous  les  Jours,  dit  le  livre  dei 
ie^us  les  J^ombres  (  407  )  ,  deux  agneaux  de  rahnée 
fans  tache,  comme  un  holociaufte  perpétuel, 
un  le  matin ,  l'autre  le  foir ,  avec  un  dixième 
d'éphi  (trente  de  rios  pintes  )  de  farine',  qtrî 
foit  mêlé  avec  une  méfure  d'huile  trés-p'ure, 
de  la  quatrième  partie  du  hin.  Vous  dôiï- 
tierez ,  pour  oblatioiî  de  liqueur ,  une  mefurfe 
de  vin  de  la  quat'riènïe  partie  du  hin  pour 
chaque  agneau  ,  dans  lé  fanduaire  de'  Jé- 
hova.  Vous  donnerez  dé  même  le  foir  Tàutre 
agneau ,  avçc  toutes  les  cérémonies  de  l'of- 
frande  du  matin  &  fes  oblations  de  lîqueuj. 

(407)  Chap.  a8 ,  v.  5-8.     , 

/  Ce 


&  comme  Moraàjle*  14^ 

Ce  précepte  étoit  déjà  dans  TExode  {408). 

Le  jour  du  fabbat ,  continue  le  livre  des  Duûicrifics 
Nombres ,  oftez  deux  agneaux  de  l'aînée  ,  5îi!^&'"de 
•  vfans  tache,  &  deux  dixièmes  de  f^rineonêlée  «lui  «ics 
avec  rhuile ,   &   les  oblations  de  liqueurs 
qui   fe  répandent ,   ainfi  qu'il  eft  prefcrit  , 
diaque  jour  de  la  femaine ,  fur  l'holocaufte 
perpétuel  (409).  Au  premier  jour  du  mois, 
offrez  en  holocaufte  deux  veaux  du  troupeau, 
un  bélier ,  fèpt  agneaux  d'un  an  fans  tache, 
&  trois  dixièmes  de  farine  mêlée  avec  l'huilé 
pour  chaque  veau,  deux  dixièmes  pour  le 
■  bélier ,  &  le  dixième  d'un  dixième  (410) , 
toujours  mêlée  avec  l'huile ,  pour  le  facri- 
£ce  de  chaque  agneau.  Quant  aux  offrandes 
^u  vin ,  vous  en  verferez  une  moitié  du  hia 
pour  chaque  veau,  une  troifîème  partie  pour 
le  bélier ,  une  quatrième  pour  l'agneau.  Tel 
lèra  l'holocaufte  des  Néoménies.  On  oj9rira 


(408)  Chap.  2^,  v.  38-42. 

(409)  Nombres,  chap.  28,  v.  9  &  16. 

(410)  Ceft-à-dife  un  aflàron,  qui  éioîtle  dixième 
fun  éphi ,  lequel  étoit  le  dixième  d*im  chore.  L'af- 
faron,  ainfi  nommé  de  '^y  9  hàfar,  dix,  s'appelle 
auffi  orner ,  &  contenoii  environ  trois  pintes.  Voyex 
les  commentateurs  de  la  Mifna ,  de  Angulo ,  ck.  3 , 
§•  6,tom.  I,  pag.  48. 

K 


^  lifi      Moyfe  ^conjîderc  comme  Légîjlateuï 

aixffi  un  bouc  pour  le  péché ,  en  hoïocàufte 

perpétuel,  avec  fes  libations  ordinaires  (411)* 

Sacrifice  du     Oit  règle  enfuite  k  facrifice  du  comment 

Mir<?s^-  cernent  des  fêtes.  Qu'il  foit  de  quadrupèdes ,   • 

■*•  &  que  fon  prix,  ainfi  que  celui  de  Tholo* 

caufte  pour  la  comparution  dans  le  temple, 

nç  foit  pas  moindre  d'un  écu  d'argent ,  même 

de  deux ,  felon  quelques  dodeurs.  Qu'il  foie 

oflfert  le  premier  jour  de  la  célébration,  ou, 

(i  oa  ne  le  peut,  un  .des  fix  fuivans,  pùif^ 

qu'il  y  en  a  ordinairement  fept  pour  célébrer 

les  fêtes  (41 2^).  Je  ne  parle  point  ici  des  fa- 

iwrMûSï^crifices  particuliers  descelle  des  tabernacles, 

des  trompettes ,  de  la  Pâque ,  de  la  Pente- 

côte ,  des  expiadons  x  je  l'ai  fait  à  l'article 

des  fètes*  Il  me  fuffira  de  remarquer,  au  fujec 

du  Jfacnfice  expiatoire,  connu  fous  le  nom 

dé  facrifice  du  bouc  émifiaire ,  qu'on  ame- 

noit  deux  de  ces  animaux ,  dont  on  immoloit 

un  feul,  celui  que  le  fort  défignoit  (413). 

(411)  Nombres,  chap.  a8,v.  ii-xç.  Les  amis  & 
les  pareas  fe  raflembloient  ce  jour-là  pour  maoger 
enfemble.  Voyez^dans  le  premier  livrede^rois,cb.ao, 
Y.  5 ,  ce  que  David  dit  à  Jonathas. 

(4x2)  Miffia,  de  Sacris  Solemnibus,  ton.  i^cb.  i , 
§.  a^  pag.  4143  &  §*  6,  pag.  416. 

(413)  Lévitique,  chap.  i6 ,  v.  7,  8  &  j. 


autres 

ÂCCS. 


è  càffirhe  Moratific^  14^ 

Aj)rès  les  purifications  d'ufagé  &  les  fept  of- 
perfion^  avec  le  doigt  trempé  de  fkng,  b 
^ntife,  mettant  la  main  fur  la  tête  de  l'autre 
bouc ,  le  chargeoit ,  avec  des  imprécations  ^ 
de  toutes  lés  iniquités  dii  peuple,  &  Tçn- 
voyoit  les  porter  dans  un  lieu  folimire  (41 4)^ 
Une  vache  roufle  étbit  auffi  oflfeite ,  &  comme 
ie  bouc  émiflairé ,  on  Tachergit  de  l'argenlê 
du  tréfor  public,  ainfî  que  k  plus  grandej 
*  jpartie  des  .infttutnens  qui  feryoient  au  facri^ 
fice  (41 J).  &  qui  tous  étôient  ibmptueux  6£ 
du  plus  riche  métd  (416); 

(414)  Jui^mqùe  ;  ai;  iè  ,  V.  iuir-ai.  Voyeii  Sdri» 
ghamius ,  fur  la  Mifna  «  itom.  2 ,  de  Die  expiationis^ 
jpag.  231-241,  &  Bafnage,  Hiftoire  dès  Juifs ,  tom.  6^ 
livre  6 ,  chapitre'  16  ,  §.  5  &  ftiivans  ;  pa^e  pS  9k 
fuivanre^  , 

{415)  Mifna  j  (le Siclis,  fch.4,  §.i,  J&4itbiii.  ai 
pag.  188.  Vo^^ez ,  pour  les  pliis.  grands  détails  fur  ce 
facrifice,  le  même  ouvrage ,  de  ÏDie  expiationis^  ch.  3 
&  4«  pag.  222  &  fuivantels;  les  Traités  talmtidiqUes 
ïnffJmann  ,  Traité  premier ,  ch.  j ,  pag.  8  ;  Ménochius . 
dé  Republicâ  Hebrasiorum  >  liv.  j ,  ck»  7  ^  §.  2  ^  p.  27e 
&  fùivantes. 

(416)  Les  cynâ^Uirii  &  1^  l^mjIM  ètoiem  d^r. 
JLei  vafes  devaient  l'être  j,  pu  au  moifl*  4'aïgQflt.  Voye* 
i^Exode,  às^.  li,  v.  %.  VéùMM?  ie$  4ét^fe  fur  \t 
HchdETedes  Qt>}^t$  doo^oa  fe  iervoât  4df)i^  fe  kinple* 
.&  fur  la  magnificence  du  temple  lui-piâmç^  qito 


X48      Moyfc,  eonjidéri  comme  Ugiflateur 
BîToiob-i     Tels  font  les   facrifices  ,  confidërés  fous^ 
!^^c^  ^'  rëpoque  à  laquelle  on  les  célébroit.  Confidé- 
rons-les  à.préfent  relativement  à  leurs  objets* 
En  les  offrant,  Thômme  a  voulu  honorer 
,par  refped  la,  majefté  divine ,  lui  demander 
pardon  des  fautes  qu'il  avoît  commîfes ,  éc 
lui  rendre  grâces  de  fes  bienfaits  ou  en  im« 
plorer  de  nouveaux.  Les  Juifi  avoîent  admis 
cette  divifion  fimple  &  naturelle.  Ils  eurent 
en  conféquence  des  holocauftes ,  des  vidimes 
expiatoires ,  &  des  vidimes  pacifiques. 
Dci'holo-     L'holocaufte ,  ainfi  nommé  parce  qu'on 
«*«*ft«*       brûle  en  entier  la  vidime  (417) ,  fe  feifôit 
ordinairem[ent  par  le  facrifice  d'un  quadtu-* 


life  le  Tjraitéde  Ribera  fur  cet  objet;  Pineda,  de 
Rébus  Salomonis,  liv.  5  »  ch.  5.  Barradius,  Comment, 
in  concord.  evang.  tom.  i ,  liv.  3.  Louis  Cappel ,  in  . 
Compendio  Hiftoriae  judaicas  fubjunâo  Hifiori»  Âpof* 
tolicas.  Menochius,  de  Repub.  Hebrseorom  ,  liv.  2j 
chap.  9  &  fuivans.  Mikoui»Prascept.  Affirmât.  3  163. 
Selden,  de  Jure  Naturas  &  Gentium.  liv.  3,  chap.,^» 
pag.  298  &  fuiv.  Villalpandus  in  Ezéchiel ,  tom.  2 , 
part.  2 ,  liv.  1 ,  3 ,  $ ,  &c. 

.  (4x7)  ox^ttMUf  ^  entièrement  brûlé.  Ceft  auffi  ce  . 
que  figniâe  le  mot  dont  fe  fervent  les  Hébreux  pour 
l'exprimer,  kalU^  hh^-  On  confumoit  tout  en  eflEet, 
excepté  la  peau  qui  refioit  aux  pré^jres.  luéy^que» 
cl»p.  7,v-8, 


&  comme  MoraUfie.  ij^ 

pède  ou  d'un  oifeau.  Le  bœuf  ou  le  veau 
étoit  Tofirande  des  plus  riches.  Ceux  que  fv 
Torifoit  moins  la  fortune  immoloient  un 
agneau  ou  un  chevreau ,  &  les  pauvres  un 
tourtereau  ou  un  pigeon  (418).  Quel  que  Rkt 
ranimai  préfenté ,  on  exigeoit  qu'il  fût  mâle  & 
fans  tache  (419}.  Une  fois  défigné ,  on  Tamenoit . 
à  la  porte  du  tabernacle ,  &  le  prêtre ,  après 
rimpofîtion  des  mains,  le  frappoit^  Tégor- 
geoit  y  recevoit  fbn  fang  dans  un  vafe  d'où 
il  le  rëpandoit  autour  de  Tautel,  arrachoit 
fa  peau ,  le  coupoit  en  diverfes  parties  & 
le  livroit  aux  flammes,  après  en  avoir  lavé 
dans  Teau  les  pieds  &:  les  inteftins  (410).  On 
y  mettoit  quelque  différence,  s'il  s'agiâpit 
de  pigeons  ou  de  tourtereaux  ;  non  qu'ils,  na 
fîiflènt  ëjgalement  égorgés,  qu'on  ne  répandît 
leur  fang,  que  le  feu  ne  les  confumât;  mais 
leurs  membres  n'étoient  pas  divifés,  &  on 
^ettoit  leurs  plumes  autour  de  l'autel,  vers 

(418)  Lévitique ,  chap.  i ,  y.  a  &  Aiivans.  Méno- 
chuis'cte  Republicâ  Hebraoruuix  liv.  2  j,  chap.  10  » 
§.  2,  page  17^. 

(41  j)  Lévitique ,,  chap.  r ,  v.  5  &  kk 

(420)  Lévitique,  chap..i,  v.  5-i}«  Ménochiu», 
^âo- loco*.  Maimonide ,  in  more  Nevocfaim^  liv.  3,, 
€hap.  45.  Voifin,  di  Lege  divihâ^'  cb.  7>  P*  ^9» 

K5 


J50      Moyfei  iùttjtdéré  comme  légiflauur 

le -côté  de  Tonent  (411).  Quant  à  Tâge  de 

VhpTocjuftô  (4^3t),  il  ^oit  de  plus  de  huit; 

jdtirs  &:  deîifcffe'd^un  an  pour  tous  le$ 

quadrupèdes.  Le  boeuf  feul  pouvpit  ^fe  offert 

ta-d$fftis  d'une  ani\ée,i^ 

P'ifacri£cc5  "^  fecônd   laçrifice'^eft  çehi  d'expiation 

d;çxpiatiojj, pour  le  péché.  Il  varié,   comme  robferve 

-Rihéra  (425)  3^  fuivant  les  |)erfonnes ,  le  genre- 

de$  Viftimes ,  &  les  caufts  poui;  lefquelles  i\ 

eft  pflfert  i  fuivânt  les  perfonnes  ;  fl  a  lieu 

ptl  pour  les  fautes  dû  grand-prêtre,  ou  pour 

celles  du  peuple,  ou  pour  celles  d'un  prince, 

ou  pour  celles  d%n  fimple  citoyen  ':  fuivant 

k  genre  des  viftimes  ;  pn  y  çonfacre  pu  la^ 

brebis,  ott  le.  veau,  ou  le.  bélier,  ou  la  gé- 

.  niW  i  fuivapt  les  ÇAufes  pouc  lefquelles  i\ 


.  (421)  Léviûqu^,  chap.  i,  v.  14-1,7.  Voy^z.  Méno^^ 
çhius,  diao  loço,  §.  15  ,  pag.  187 ,  188  &  189.,  & 
plimann.  Traité  prem.  et  6 ,  p^g.  10  &  11.  On  jettoi^ 
aufli  vers  TOrient  les  cendres  de  la  viâime  confumée. 
J-évitiquje,  chap.  i,  v.  16, 

(422)  Ménpchius,  diâo  loco.,  §.  i}. ,  p.  185  &  18^. 
Josèphe,  Antiquités  J'udaîques  ,  liv.  j,  ch.  10,  in 
principio.  Lévitique ,  chap.  ^^ ,  v.  27* 

(423)  De  Temple  Kv.  4,  chàp.  (>.  Voyea;  Méûp- 
chius ,  diâio  loco ,  chap.  it  »  §«  i  ^  pag  I96  ôc  ijiiy. 
Leidekker  j  de  flepub.  Hebr.  liv.  11 ,  chap.  % ,  p.  62e, 
&$n.     ' '  '  ■  '    "  ■  \  ^'* 


&  comme  MoraUJle.  iji 

eft  ofiTert;  on  diftingue  Tlfraélite  qui  a  pëché 
Volontairement  &  fciemment  de  celtii  qui  eft 
devenu  coupable  par  inadverteuce  ou  par 
ignorance. 

La  faute  eft-elle  Touyiagedu  gtand-pfêtre? 
U  ofire  un  veau  fans  iache ,  &  en  .porte  la 
fang  dans  le  tabernadfe  du  témoignage  (4i4|. 
n  en  eft  abfolumenr  de  même  fi  tout  Ifiàël 
l*a  çommife  (43ky  ).  L'a-t*eHe  été  pajp  wi^ 
des  chefs  des  tribus,  un  des  princes  de  la; 
^latiori  î  II  immole,  un  bouc  fans  tache  ;  & 
une  brebis  ou  une  chèvre,  auffî  fans  tachc^^ 
eft  immolée  pour  le  citoyen  ordinaire  (42.5JU. 
Dans  les  deux  premiers  cas ,  1^^  pontife  >  trem-^ 
pant  fon  doigt  dans  le  fang  de  là  vidime ^\ 
en  fait ,  pendant  fept  fois ,  une  afpetfios^ 
devant  le  voile  qui  fépare  le  fanâuaire  di» 
refte  du  tabernacle  (417).  Dans  les,  àm%  fe*^ 
conds,  il  fe  contente  de  toucher  les  cornes 
de  l'autel  des^  holocauftes  ,  avec  fon  doigt 

(414)  LévWque  ,  chap.  4 ,  v.  j  &  ç.  Voyez  H 
Mifna»  tom.  4 ,  de  Juditum  documeqtis,  ch.  ):,  §.  f, 
page  500. 

(4a5)Lévitîqu€,  chap»  4,  v.  1^4  &  16: 
(426)  Lévitique,  chap,  4^,,  v.  ij,  ^ &  52.  Mi(ha^ 
*ào  loco.  ' 

(417)^  Lèviriqije^  chap^4>  v.  6  &  17. 

K4 


ijl  Moyfii  tûnfiiirc  comme  LégiflcLttuf 
encore  trempé  dans. un  fang  dont  il  vérfe  le 
refte  autour  de  cet  autel  (  418  ).  Dans  tous 
les  cas,  le  pécheur  place  fes  mains  fur  la 
tête  de  la  vidime ,  hors  dans  celui  du  peuple, 
où  la  loi  exigeant  la  préfence  de  ceux  qui 
font  les  ofirandes ,  ne  pouvant  être  exécutée, 
des  députés  font  choifis  pour  repréfenter 
Vuniverfahté  des  Ifraélites  (419).  Dans  tous 
les  cas;  les  fept  afperfîons  ont  lieu,  le  fang 
eft  répandu  &  on  en  naet  fur  les  cornes  de 
Vautel  des  parfums  (430).  Dans  tous  les  cas 
enfin ,  on  ôte  &:  brûle  la  graiflè  de  Thoftie 


{428)  ]Lévîtîque,  chap.  4,  v.  aç,  30  &  34. 

(429)  Lévitiquc,  cbap.  4 ,  v.  4,  iç  ,  24,  29  &  Jj; 
Ces  députes  fe  divifoient  en  vingt-quatre  dafles  dont 
chacune  avoit  un  chef,  &  comme  les  prêtres,  ils  ne 
remplifibient  leurs  fonâions  qu'à  leur  tour  &  par  ië* 
maine.  Ceux  qui  demeuroient  à  Jérufalem ,  ou  tout 
auprès,  dévoient  y  venir.  Pour  ceux  qui  en  étoient 
éloignés ,  il  fuffifoît  qulls  fe  rendiflent  dans  la  fyna-^ 
gogue  du  lieu  qu'ils  habitoient ,  &  fe  joigniflènt  de 
cœur  &  de  penfée  à  Toffradde  faite  aâuellement  i 
Jérufalem,  Les  députés  de  femaine  jeûnoient  quatre 
fois ,  le  lundi ,  le  mardi,  le  mercredi  &  le  jeudi.  Voyez 
Cunaeus,  de  RepuK  Hebr.  liv.  z,  chap.  10,  p.  lyf 

&  fuivantes! 

./ 

(450)  Lévitique,  chap.  4,  v.  7  &  18  ;  chap.  7 1 
yerièt  2. 


&  comme  Moralifle.  153 

.  expiatoire  (43 1  ).  Le  pontife  ne  manque  jamais 
,  de  prier  pour  le  coupable  (432,).  Sacrifie- 
t-on  un  veau  pour  le  chef  de  la  religion , 
ou  pour  le  peuple  i  Après  en  avoir  pris  la 
graifle ,  on  en  brûle  en  particulier  la  peau , 
toutes  les  chairs,  la  tête,  les  pieds,  lés  in- 
teftins ,  &c,  &c.  (433).  Tout  ce  qui  touche  à 
Thoftie  expiatoire  a  befoin  d'être  purifié.  Le 
fiipg  en  rejaillit-il  fur  un  vêtement  ?  Que  ce 
vêtement  foit  lavé  dans  un  lieu  faint.  L'a-t-on 
préparée  dans  un  vaiflèau  de  terre  ?  Qu'on 
le  brife  ;  qu'on  le  nétoye  avec  foin ,  fi  c'eft 
un  vaiflèau  d'airain  (434).  Sur -tout  qu'on 
prenne  garde  de  la  laifler  confumer.  Aaron 
commit  cette  faute,  &  Moyfe  (435)  la  lui 
N  reprocha  comme  un  crime ,  qu'il  exaifa  ce- 
pendant par  égard  pour  la  douleur  qui  dé- 
.  voroit  alors  le  pontife^ 

Nous  avons  dit  que  le  tourtereau  &  te  Quelles  iûk 
pigeon  fervoient  quelquefois  d'holocaufte»On[^srxJ2i^ 

toires^ 
t 

(43 1)  Lévitique ,  chap.  4  >  v.  8 ,  19  ,  26 ,  31  &  35  ; 
chap.  7 ,  y.  3-    • 

(432)  Lévitique,  chap.  4,  v.  ao,  26,  31  &  5c. 
(43))  Lévitique,'  chap.  4,  V.  10,  11,  12  &  20. 
{434)  Lévitique ,  chap.  6 ,  v.  27  &  28.  Voyez 

Ulmann,  Traité  premier,  ch.  ii,  pag.  21. 

(435)  Lévitique,  chap.  10 9  v.  12  &  fuivaus. 


1/4  Mcyfcy  conjidcré  comme  Légiflateur 
employa  auffi  des  oifeaux,  comme  viâimes 
çxpi^oires ,  par  exemple  pour  le  lépreux  guéri 
&  pour  le  citoyen  qui ,  ayant  promis  folemnel* 
lement  de  i^ire  telle  ou  teUe  aâion,  a  été  trahi 
par  fa  mémoirç  &  eft  devenu  parjurer  (436). 
Le  Lévitique ,  en  invitant  ce  dernier  à  im-» 
moler  une  chèvre  ou  une  brebis ,  lui  pennée^ 
s'il  n'en  a  pas  le  moyen ,  d'oflFHr  deux  petiti 
de  colombe  ou  deux  tourtereaux  (437)  >  & 
fi  cette  offrande  légère  eft  encore  trop  fortQ 
relativement  à  (ts  facultés,  de  préfenter  un 
aflfàron  de  fieur  de  farine ,  qu'oui  n^arrofè  pas 
d*huile  &  fur  laquelle  on  ne  met  pas  îJ'eri-^ 
cens ,  attendu  ,  obferve  la  loi  (  458  ) ,  que 
c'eft  une  oblation  peur  le  péché.  EBe  ajoute 
qu'on  remettra  cette  fleur  de  farine  au  prê* 
tre  qui  en  prendra  une  poignée  ,  la  brû-i 
lera  fur  l'autel  en  mémoire  de  celui  qui 
l'aura  ofièrte ,  priant  pour  lui  &  expiant 
fa  faute  y  &?  gardera  te  refte  comme  \xn 
^n  (  459  ).  Le  Lévirique  continue ,  6ç  or-* 

^     ■  I    II  *     If  ■    I  1 1  — 1— —  — — M^—— ^M^_ 

(436)  Lévîtiqae ,  ch^p.  5  ,  v.  6  &  7  ;.  chap.  x'4  %, 
verfet  4. 

(437)  Lévitique,  chap.  5,  v.  4-ia 

(438)  Lévitique,  chap.  5  ,  v.  11. 
(4351)  Lévitique,  chap.  5  ,  v.  12  &  vj*. 


&  comme  MaraFifte.  i  ^  y 

donne  à  celui  qui  viole,  par  ignorance,  piu&ancas 
les  cérémonies  prefçrites  à  1-égard  des  chofès  bH^a^u  *TS 
fandifiées  ,  de  réparer  fa  faute  par  un  bélier  ^^* 
fans  tache  de  la  valeur  d'environ  deux  (îcles 
d'arg^nit  y  fçlon  le  poids  du  f^nduaire ,  8ç 
$j  joindre ,  pour  reftituer  le  tort  caufé , 
une  cinquième  partie  qu'il  donne  au  prêtre , 
lequel  prie  pçur  lui ,  &  fpn  erreur  lui 
çft  pardonnée  (  446  ).  Le  bélier  ians  tache 
eft  ofiè^,  en  général,  toutes  les  fois  qu'on  a 
viplé  un  précepte  inconnu ,  &:  c'eft  alors  fui-- 
vant  la  mefure  &  reftimatia%  du  péché  (441)^ 
Viple-tron  un  dépôt  \  Prétend-on  ne  Tavoii^ 
pas  reçu  !  Ravitron  quelque  çhofe  par  force 
pu  par  a4reire  J  Nie-t^on  ,  avec  ferment, 
d'avoir  trouvé  ce  qu'on  a  réellement  trouvé  1 
Commet-on  quelque^  délit  femblable  ï  Si 
on  en  eft  convaincu  ,  il  ne  fuffit  pas  de 
rendre  ce  qu'on  a  ufurpé  au  polfejSèur  légi- 
time ^  de  lui  donner  de  plus  la  cinquième 
partie  du  prix  de  la  choie  ufurpée;  on  offre 
un  bélier  dont  le  prêtre  fixe  la  valeur  fui- 
van't  la  faute ,  &  qii*il  façrifie ,  en  priant 
toujours  pour  le  coupable  (441).. 

r      ^        ■  '  .  >    ■.   .        .'■■"■■■?  ■ 

(440)  Lévkique,  chap.  5  ,  v.  15  &  16.     - 

(441)  Lévitique ,  chap.  5  ,  v.  17  &  x8.     - 
(443)  Lévitique,  chap.  6,  y.  2-7. 


i/5  Moyfc  y  confidjsré  comme  Lcgijlatcur 
céréfflonies  L'oflFrande  d'expiatiorf  étant  la  fuite  d'une 
•TmSr  ^  ^^^^  ^  ^^  ^^  fournit  à  des  formalités  pks 
rigoureufes  &  plus  mukipliées.  Quelques- 
unes  portèrent  fur  le  facrificateur  ,  qui, 
comme  nous  l'avons  annoncé  ,  fut  toujours 
le  ^rand  -  prêtre  (  443  ).  Le  choix  de  la 
vidime  fe  régla  par  le  fort  (444)*  Une  abfti- 
jience  févère ,  qui  n'obligeoit  au  refte  ni  les 
femmes  enceintes  ni  les  malacfes  ,  eft  com- 
mandée le  jour  de  ce  facrifîce ,  &:  le  fouet 
eft  la  peine  de  ceux  qui  la  violent  ea 
buvant ,  en  rongeant  ,  &c.  (  445  ).  Tell« 
eft  du  moins  la.  jurifprudence  aâ;uelle,  at- 
teftée  par  Maimonide ,  &:  Sheringamius 
femble  être  du  même  avis  (446)  •  Le  Lévi- 
tique  avoit  prononcé  le  retranchement  (447). 


(443)  Vide  fuprà,  pag.  150, 151  &  152.  On  peut 
Toir  dans  tes  difiSrens  Traités  tdlmud.  d'Ulmaiin,  celiri 
éçs  facrifîces ,  chap.  z  &  fuîvans^  p.  i  &  fiûvantes. 

(444)  Lévitique»  ckap.  169  v.  8-  &  9. 

(445)  Mifna,  de  Die  expiationis»  chap.  8^.  §.  ç.» 
tom.  2,  pag.  25 f,  &,  Maimonide  fîir  cet  endroit  de 
la  Mifna»  pag.  252. 

(546)  Mifnaj  diSo  loco ,  pag.  252.  Voyez, 
dans  le  tome  ^ ,  un  Traité  particulier  fur  les  facrt- 
iices  où  la  plupart  de  ces  qoeftions  font  examinées 
&  réfolues ,  &  notamment  chap.  (î ,  p.  26  &  fuiv. 

(447)  Lévitique ,  chap.  23  ,  v-  ag. 


^  cdrnmc  MoraRfie.  I57 

Ôft  défend  encore  (  448  )  d'ufer  ,  avec  fx 
femme ,  le  jour  de  l'expiation ,  des  droits  de 
la  tendrefle  conjugale. 

Tout  homme  qui  veut  ofirir  une  vîAime 
ûft  doit  point  la  tuer  lui-même ,  mais  l'ame- 
ner à  l'entrée  du  tabernacle ,  afin  que  le 
j>rêtre  l'immole.  Sans  cela,  il  feroit  coupable 
dé  meurtre  &  mériteroit  la  mort  (449).  La  . 
rigueur  de  cette  loi  porte  auffi  fur  les  étran^ 
gers  qui  habitent  dans  les  terres  d'Ifraël  (4yo}. 
On  regarde  même  comme  fouillés  &  cor- 
rompus les  pains  &  les  autres  objets  qui  ^ 
fetoient  oflferts  par  leurs  mains  (4yi).  A  plus 
forte  raifon  avoit-on  interdit  (452.)  à  l'homme 
venu  du  dehors  pour  demeurer  avec  le  prêtre , 
la  liberté  de  manger  des  choies  fanâifiées. 

Le  troifîème  facrifice  eft  celui  qu'on  nomme  Du  factito 
pacifique,  &  dont  le  but  eft  tantôt  de  re-sonobjîSL 
mercier  Jéhova  de  fa  bienfaiTarice,  &  tantôt 
— ^—^ ■    I    II   I  I         II  ■  Il     i 

(448)  He  pccçado ,  dit  Men^eh  ben  Ifraël ,  tocar 
na  mulher^  como  fe  fojjft  menflniofa^  e  non  podim  dormir 
muma  mefma  cafa  por  fugtr  a  occafion  de  peccar,  Voyev 
la  Mtfoa,  dido  loco,  p.  253. 

(449)  Lévitique,  chap.  17,  v.  5-9, 

(450)  Lévitique,  chap.  17,  v.  8. 
(4;i)  Lévitique,  chap.  22,  r.  25. 
(412)  Lévitique,  «bap,  at,  y.  19» 


X^i  Moyfcy  conjidérc  comme  Légifiatcur 
d*implorer  de  nouvelles  preuves  de  fa  bontëi 
Ce  nom  lui  cfl:  Vîenu  de  ce  que ,  dans  la 
laogue  hébtaïqué ,  lé  mot  paix  fignifie  ce 
qui  eft  profpère  (453).  On  y  oflfre  indifférem- 
ment le  mâle  oU  la  femelle  du  bœuf,  dé 
Tagneau  ,  du  chevreau ,  de  la  brebis  5  mai^ 
quelle  que  foit  la  viâime  ,  on  la  demande 
fans  tache  (454);  L'effufion  du  fang  &  Tim- 
polîtion  dés  mains  ne  font  pas  oubliées  (45  j). 
Le  lobe  ,  lés  reins  ^  la  graifle  des  flancs  &: 
des  entrailles  ^  &c.  font  confuxnés  en  holo^ 
ij^fcdeCaufte  (4yë^)i  Le  verfet  qui  exprimé  cette  der- 
u'JSnrc&P^i^^^  difpofition  a  exercé  la  fubtilité  tou- 
da  cmg  ac$  jours  aâive  des  interprêtes  &  dçs  comiiasn- 
tateurs.  <»  Par  un  droit  perpétuel,  y  dit 
Moyfe ,  de  race  en  race  &  dans  toutes  voi 
demeures ,  la  graiffe  appartiendra  au  Seigneur* 
Vous  ne  vous  nourrirez  ni  de  graiflé ,  ni  dé 
fang  (4^7)  »> .  Il  eft  difficile  de  lite  une  prof^ 

(45$)  OiSp»  f^lom,  pax,  prôfperîtas*.    ,- 
(4J4)  Lévitique,  chap.  y  ^  y.  i  &l  6. 

(455)  Lévitlque,  chap.  jj  v.  2,  7,  8,  xa  &  13. 

(456)  Lévitique,  chap^  3  >  v.  3  ,  4,  j  ^  9 ,  10,  11, 
14,  15  &  16.  ^' 

(457)  Jure  perpeiuo  ^  in  gèneraàonîbus  ^  cunâîs  hahh 
taculis  veftris ,  omnls  ddeps  Domîni  erlt  ;  ntc  àdipem  om^ 
nïnh  comedetîs.  Lévitique,  chap.  3 ,  v,  17* 


&  tônùnè  Moralifie.  1^9 

triptîon  plus  étendue  &  plus  univerfelle,  Auffi 
beaucoup  d'écrivains  n'ont -ils  pas  cru  pou- 
voir s'écarter  d'un  fens  (i  natureL  Houbigant 
&  Caltnet  l'ont  cependant   reftreintér  à  la 
graiflè  &  au  fang  des  vidimês  iminolées  (4y8)i 
mais  .leur  explication ,  trop   aii>itraire ,  eft 
détruite  par  plufieurs  autres  paflages  de  TEcri- 
ture.    Dans   le  fëptième  chapitre  du  Lévî- 
tique^   on  condamne  à  perdre  la  vie  ceux 
qui  mangent  le  fang  des  animaUit  (459).  La 
gtaifle  du  boeuf,  de  la  chèvre  &^de  la  brebis, 
y   eft  également  prohibée.  Il  eft  vrai  que 
la  peine  de  mort  n'eft  prononcée  que  contre 
celui  qui  mange  de  celle  préfèntée  à  Jéhova, 
&  qu'on  fouffte  ,  pour  divers  ufages ,  l'em- 
ploi de  la  graiflè  d'une  bête  morte  d'elle- 
même ,  ou  qui  a  été  prifè   par:  un&i  autre 
bête  (4^0)  :  mais,  malgré  cette  tolérance, 
fi  on  fe  nourrit  de  la  chair  même  d'un  ani- 
mal ainfî  expiré,  il  faut  Uver  fe&  vêtemens , 
fe  laver  foi^même ,  &  on  eft  impiu:  jufqu'au 

(4^8)  Voyez  Houbigant  &  Cakoet  ^  Air  le  v.  17 
du  chap.  3. 

(459)  Lévitique,  chapitre  7,  v.  26  &  27.  Voyci 
le  chap.  17,  v.  10, 12  &  14;  lechap.  19,  v.  26,  &Ie 
Deutéronome,  chap.  12,  v.  22  &  23  ;  ch.  15  ,t.  2f» 

(460)  Lévitique,  chap.  7,  V.  25 ,  24  &  25. 


i6o      Moy/c,  cùnfidcré comme  Légi/lateur 

foir  (461).  Néglige-t-on  cette  purification  > 
,  On  porte  la  peine  de  fon  iniquité  (461),  Une 
punition  rigoureufe  eft  pareillement  réfervéé 
au  piètre  qui  ofe  en  manger  (463)  5  &,  pour 
en  revenir  au  fang,  il  eft  tellement  profcrit 
qu'on  répand  fur  la  terre  celui  de  ranimai 
permis,  pris  à  la  chaflè  ou  dans  les  filets  (4^4}. 
On  fe  fonde  fur  ce  qu'il  eft  regardé  comme 
le  principe  de  la  vie  (465),  Saiil  pourtant  (466) 
ayant  appris  que  le  peuple  avoit  mangé  des 
viandes  avec  lefang,  fe  contenta  de  le  fou^ 
mettre ,  en  expiation  de  cette  faute ,  à  égorger 
fur  une  pierre  un  bœuf  ou  un  bélier. 
Comment  Q^oî  <l^'^  ««  foit,  après  avoir  %ré  au 
iwwtof  feu  quelques  parties  de  la  viiftime,  a^rès  que 
le  miniftre  de  la  religion  avoit  pris  ce  qui 
lui  ep  appartenoit,  on  laii£i\le  refte  de  la 


(461)  Lévidque,  chap.  17,  v.  15^  On  ne  pouvoir 
pas  davantage  manger  de  la  chair  dont  les  animaux 
auroient  déjà  m^uigé. 

(462)  Léviti^ue ,  chap.  17,  v.  16. 

(463)  Lévitique,  chap.  24,  v.  8. 

(464)  Lévitique,  chap.  17,  v.  13. 

(465)  Lévitique,  chap.  17,  v.  ix  &  14.  jimnu 
0mnis  canùsy  in  fanguîne  e/l. 

(466)  I  Reg.  chapitre  14,  verfets  33  &  34.  Voyez 
le'Deutéronome,  chap.  12 ,  v.  ij  ,  16,  22,  23  & 
24>&€bap.  iç,  V.  23. 

dbair 


&  comme  Môrali/féé  i6i 

diaîr  au  citoyen  pour  lequel  fe  fàifoit  le  fa-* 
cri^ce,  &  il  eut  le  droit  de  s'en  nourrir^ 
daiis  fa   maifon   comme   dans  le   temple , 

'  pourvu  que  ce  fut  le  jour  même  ou  le  len- 
demain (467).  Plus  tard,  non -feulement 
Toblationferoit inutile,  mais  on  feroit  fouillé 
&  prévaricateur.  Le  légiflateur  craignit  qu'on 
n'expofat  à  la  corruption  ce  que  fandifioic 

,  Hne  oflfrande  à  l'Eternel.  Il  l'exprime  fur- 
tout  à  l'égard  de  l'hoftie  donnée  volontaire- 
ment ou  pour  acquitter  un  vœu  (4^8).  On 
périra  fi  on  la  mange  fans  être  pur  {/^$). 

.  Difons-en  à-peu-près  autant  du  facrifice  en 
aâions  de  grâces,  dans  lequel  on  joint  à  la 
yidime  ordinaire  des  pains  &  des  gâteaux 
ians  levain  ,  mêlés  &  arrofés  d'huile,  de  la 
plus  ,pure  farine  cuite  ,  &  des  pains  même 
avec  du  levain  ,  dont  un  s'oflFre  pour  les 
prémices  &  appartient  au  prêtre  qui  répand 
le  fang  de  l'animal  inunolé  (470).  Ces  der-  idcvainac 
niers  traits  méritent  quelque  attention.  En  [^"j^*^,^^* 
efi^t ,  par  un  précepte  général ,  le  levain  ^l  ^^\  ^* 


(467)  Lévitîque,  chap.  7,  V.  18,  30-33. 
(468J  Lévitique  ,  chap.  7,  y.  x6,  17  &  18 ,  fi| 
chap.  19 ,  v.  5  ,  6 ,  7  &  8. 
(469)  Lévitique,  chap.  7,  v.  19  &  ao, 
I470)  Lévitigue,  chap.  7,  v,  la,  13. &  14; 


^1  'Moyfc,' co/i^dérê  comme  tegzjlateté 
eft  profcrit,  &  ne  peut,  ainft  que  le  miel; 
entrer  dans  un  facrifice  5  mais  on  en  excepte 
les  cas  x)ù  ils  font  préfentés  comme  prémices 
ou  comme  dons  particuliers.  Alors  (471),  &: 
il  en  eft  de  même  dans  toutes  les  pblations 
de  pain  &  de  farine ,  il  eft  indifpenfable  de 
les  arrofer  d'huile  ,  de  les  aflàifonner  de  fel 
&  de  les  accompagner  d'encens. 
i»arqttîd«-  L'obligation  de  fournir  ce  fel,  cette  huile^ 
foMîM^S^^^  encens,  eft  impofée  à  Tlfraélite  au  nom 
<hofc$iiéccf.:^uqnel  on  préfente  l'oblation ,  de  quelque 
€xiâcci  nature  que  foit  le  (acrifice  :  mais  quand  il 
tfy  a  pas  d'oblations  particulières,  quand  le 
miniftre  des  autels  n'en  préfente  que  pour 
fatistaire  à  une  loi  exprefle ,  comme  dans  les 
offrandes  de  tous  les  jours ,  dans  VoSrzndû 
hebdomadaire ,  dans  celle  de  tous  les  mois , 
des  fètes  folemnefles  ,  de  l'expiation  ,  des 
prières  ou .  des  avions  de  grâces  pour  le 
peuple  entier,  les  prêtres  ne  font -ils  pas 


(471)  Lévkique,  diap.  2,  v.  6-15  ;  ch.  6,  v*  15 
&  17;  di.  xo^  V.  12.11  étoît  défendu  d'offrir  l'encens 
^vec  un  feu  pris  hors  tlu  tabernacle.  Deux  prêtres, 
fils  d'Aarons  Nadab  &  Abiu,  furent  confumés  par  un 
feu  foudain,  pour  avoir  violé  cette  loi,  &  Moyfe 
ne  permit  pas  feulement  à  leurs  plus  prpches  parens 
de  pleurer  leur  mort.  Lévitique,  chap.  lo,  v.  j, 
^&6.    .. 


&  comme  Môfatijiti:  t  ^| 

obligés  à  les  fournir  eux-mêmes  ?  Je  crois  , 
d'après  un  paflage  du  fécond  livre  d'Ef-- 
dras  (472),  qu'il  y  eut  à  ce  fujet  une  forte 
d'abonnement  entre  les  citoyens  ordinaires  &: 
ceux  qui  exerçoient  le  facerdoce ,  abonne- 
ment léger  puifqu'il  ne  fiit  que  de  la  troi-r 
fième  partie  d'uafîcle,  c'eft-à-dire,  un  pea 
plus  deTeizefbus  de  notre mionnoie.  L'Exod© 
&  le  livre  des  Nombres  parlent  cependant  de 
Tholocaufte  perpétuel  comme  étant  aux  frais 
f^es  defcendans  de  Lévi  (473),  &  je  ne  fai^ 
fi  le  Lévitique  n'aflure  pas  que  la  pure 
farine,  imatière  des  pains  de  propofition  fervis 
&  changés  tous  les  jours  de  fabbat ,  fut  auflî 
à  leurs  frais  (474).  Ce  qu'il  y  a  de  certain; 
c'eft  qu'il  oblige  les  Ifraélites  (  47^  )  à  leur 
apporter  de  la  meilleure  huile  d'olive  pour 
en  garnir  les  lampes  du  tabernacle. 

(472)  Chap.  10,  V.  32  &  33. 
(475)  Exode ,  chap.  29,  v,  38.  Nombres,  ch>  2?; 
V.  3  &  4. 

(474)  Voyez  le  chap.  24  du  Lévitique ,  v.  5  & 
(jiivans. 

(475)  Lévitique ,  ch.  24 ,  v.  2.  Voyez  Josèphe  i 
Antiquités  Judaïques,  Uv.  3 ,  chap.  9  ^  p,  88. 


kî?4      Moyfci  conjldéré  comme  Légtjlatcuf 

A  R  T  I  C  t  E     V. 

Loix  fur  Us  impuretés  y  les  vceux  ,  &Cm 

»«rctérc-  Quels  que  foient  les  facrifices,  la  pureté 
^"^^j^t^fl:  pareillement  exigée  dans  Toblation  pré- 
cateursiicur  fentéc  à  Jéhova  &  dans  le  prêtre  chargé  de 

babic    dans  *^ 

Je  temple,  ce  minifl;èrë*  L^î  Lévitique  (476)  la  recom- 
mande aux  facrificateurs.  Ils  ne  fervent  jamais 
dans  le  temple  que  les  pieds  nuds  ;  &  je  ne 
fais  pourquoi  tant  de  nations  ont  vu ,  dans 
cette  nudité ,  uft  ade  de  religion  &  de  ref- 
peft.  Dans  le  livre  de  Jofué  (  477  ) ,  l'ange 
femble  ne  defceridre  du  ciel  que  pour  ob- 
ferver  à  ce  chef  des  Hébreux  qu'il  eft  dans 
un  lieu  faint ,  &  que  cependant ,  il  a  eon- 
(ervé  fa  chauflurè.  Ezéchiel  (478)  nous  ap- 
prend que  la  laine  fut  interdite  aux  prêtres, 
tant  qu'ils  étoient  voués  au  miniftèire  des 
autels.  Ils  fè  revêtoient  alors  d'un  habit  de 
lin  (479) ,  dont  ils  fe  dépouilloient  en  quittant 

•  (476  )  Chap.  6 ,  v.  i8.  Vide  fuprà  ,  chap,  3 ,  art.  a , 
page  95. 

(477)  Chap.  5,  v,  15  &  16. 

(478)  Chapi  44 ,  V.  17. 

(479)  Le  matin ,  fuivant  la  Mifna ,  de  Die  expia« 
tlonis,  chap.  3,  §.  7,  tom.  2,  p.  221,  ilsportoiçnt 


&  comme  MoralïJIc^  1 6f 

Tenceinte  facrée.  Je  dis  qu'ils  s'en  depouil- 
loient ,  conformément  à  l  opinion  genéraFe 
des  auteurs  Juifs  &  des  auteurs  Chrétiens. 
Elle  a  néanmoins  été  Tobjet  d'ujiie  difpute- 
entre  Selden   &:  Shéringamius.  Le  premier 
'avoit  foutenu  qu'on    ne  portoit    ce    vête- 
lïient  que  pendant  l'exercice  des  fondions 
làcerdotales ,  &  que  hors  du  temple ,  l'habit 
des  prêtres  ne  difFéroit  pas  de  celui  des  autres 
Ifraélites.   Shéringamius  combattit  vivement 
cette   aiïêrtion  ,   mais  Selden.  l'examina   de~ 
nouveau  dans  un  autre  ouvrage  ,  &  il  l'y  a 
raflFermie  d'une  manière  inébranlable  (480).. 
Si  les  prêtres  fortirent  quelquefois  du  temple 
en  habits  facerdotaux ,  ce  ne  fiit  que  dans 
les  dangers  puWics  ou  les  grandes  néceffités,.^ 
comme  dans  ce  que  raconte  Josèphe  (481)  ♦ 
d^ Alexandre  à  Jérufalem- 

orie  robe  de  fin  de  Péîufe  ,  &  le  foir ,  de  lin  indien-^ 
Le  lin  de  Pélufe  étoit  trèis-fin  &:  tres-blanc.  Celui  qu'ont:^ 
àvoit  de  l'Inde,  n'étoit  pas  moins  renommé.  Voycr: . 
Pomponius  Mêla,  liv.  j,  cKap.  7,  &  Eline,  Uv;.  19 j,^ 
chap.  I,  tom.  2,  pag.-jji  iBf  532, 

(480)  Voyez  Sliérîqgamius  dans  foa  CopfimentaîTè: 
fur  le  titre  de  Dieexptàtionis^  ch.  3',  §'  3 ,  ?•  2.^0^^ 
&  Selden  ,  d'abord  de  Succeflîbne  in  Pontificatum  Hè— 
Èrasorum,  Hv.  2.,  chap.  7  ,  pag.  484,  &  enfuiîe  dfti 
Synedriis,  liv.  j,  chap.  n,  §.  3  ,  pag^  Sa  &  Ariv*. 

(48  iv  Antiquités  Judaïques,  liv.  11,  cfirap.  7,  p.  39.^ 


*t6S  Moyfcy  tonjiiitt  comme  JJgiJlateur 
♦urerfexi-  Avatit  de  menacer  les  prêtres  de  la  mart 
^mT^  slls  préfentent  une  oblation  dans  un  état  de 
ibuillure  (48^)  ,  le  Lévitique  avoit  exprimé 
les  défauts  qu^  rendent  impures  les  vic- 
times (483).  Elles  deviennent  par  exemple 
hors  d'état  d'être  offertes,  fi  elles  font  aveu- 
gles, cicatjrifées ,  fi  elles  ont  des  verrues,  ki^ 
gale ,  le  farcin ,  des  puftules ,  un  membre 
rompu,  &c.  &c.  On  en  excepte  le  bœuf  ou 
la  brebis  dont  on  auroit  coupé  la  queue  on 
l'oreille ,  &:  on  permet  de  les  offrir  volontai- 
rement ,  quoiqu'ils  ne  puiflènt  fervir  à  ac- 
quitter un  vœu  (  484  )  :  d'autre  part ,  Fac- 

(48»)  Lévitique,  chap.  28,  v.  52. 

(483)  Lévitique,  chap.  22 ,  v.  18 -30. 

(484)  Ibidem,  V.  22,  23  &  24.  D'abord  Phébreft 
(dit  en  général  que  Tanimal  doit  être  entier ,  Q^DH  » 
thamim  ,  inugnm.  Ce  que  la  Vulgate  rend  enfuite 
par  cicatriccm  habens^  eft,  en  hébreu,  XTlTl,  charuts, 
&  les  Hébraifans  ne  font  pas  d'accord  fur  la  manière 
de  rendre  ce  mot.  La  plupart  difent  feulement  ce  qui 
eft  coupé ,  incïfum ,  de  quelque  manière  que  ce  foit. 
Abulenfis  prétend  que  c'étoit  une  plaie  non  guérie, 
car  il  penfe  que ,  fermée ,  elle  n'y  eût  pas  mis  obftade* 
l'es  Septante  traduiiënt  par  yAdkro- jr/Airrar  feUum  rmguâ. 
La  Vulgate  ajoute  fcab'um  &  împetigînem.  Le  texte 
les  diflingue  aufli,  de  même  que  la  traduâion  des 
Septante  :  la  première^  eft /c^ W«  pundtnta  fi»  craffa^^ 


!&  comme  Mhfêdijtél  *  tff^ 

tîon  d'immoler  en  un  même  jpur  la  mèra 
&  les  petits  eft  une  foFte  de  cruauté  qi» 
réprouve  le  légiflateur  (485  )f 

On  exige,  auffi  une  grande  pureté  de.  la   ^^^^nu 
Çart  de  ceux  qui  alfiftent  aufacrifice,  Moyfe^tansaafacrit 
avant  de  communiquer  les  ordres  deJéhova,. 
ordonne  aux  Hébreux  de  laver  leur  corps 
&  leurs  habits  (48^}.   Saas  Tune  &  L'autre. 

la  iêconde  ,  fcaSïcs  arîda  y  mordTcan^^  cum  pruriiu  per 
corpus  projerpens» 

.  (485)  Ibidem ,  v.  28.  L*Exode^  chap.  23,  v.  19  i, 
&  chap,  34,  V.  26,  défend  de  cuire  le  chevreau dan& 
le.lait  dafa  mère.  Les  Juife  retendent  à  tOHS  les-am-F- 
maux  &  à  toute  fone  de  lait,  quel  qull  foit,  &  il 
leui  eft  interdit  de  manger ,  dans  le  même  repas^,  dé- 
là  viande  &  d'un  aliment  dans  la  compoCtion  duquef' 
lè  lait  feroit  entré.  Voyez  Léon  de  Modène,  Hît' 
tx)ria  &c.  part.  2  ,  cHap.  6",  §*.   12,  pag;  47  &  4S» 
On  peut   croire   que  lès  deux  verfets  cités  n'ont* 
pas  d'autre  fens,  conformément  au  paraphrafte  chal*- 
cléen  qui"  dît  :  Non  comedetis  carnem  cum  laOe^    Alors > 
par  ces  mots  :  Non  coques  hœdum  în  taSle  matrîs  fua ,  là"^ 
Vulgate  zvLroit  entcnàu  hœdùm' la^tem ^  hœdum  quam*-^ 
dîà  fuglt  lac  matrîs  \  ce  qui  ne  s'applîqueroit  jamais^. 
aux  facrifices  ordonnés  par  là  loi  d'après  Iaquelle^ 
fe  chevreau  pouvoit  être  immolé  Te  Huitième  jour^-. 
Voyez,. au  reftcTev.  27 da  chap.  22  dtrLé^itique.'. 
(486)  Exode,  chap.  19  ,  v.  lOv  Il'y^  avoft  Jeu» 
fbnes  d'ablutions  :  la  majeure  &  Ta' mineure;  Tfzt»^ 
ceUerd^on  ne.  lavoit  que  les  mafnsf  Fàntre  éttnit 

L4. 


'%a  Moyfcj  confidéré comme  Ugijlateur 
de  ces  ablutions ,  on  n*effaçoit  pas  la  fouillure 
contradée.  Le  Juif  devenu  lëpreux  ô^  dé- 
cidé, tel  par  un  jugement  facerdotal  ne  fe 
préfentoit  que  la  tête  nue ,  le  front  voilé  , 
les  vetemens  découfus  ,  &  proclamant  lui- 
même  une  impureté  qui  le  fuivoit  &  tout 
ce  qui  s*attachoit  à  lui ,  jufqu'au  moment  de 
ia  double  purification  (487).  Elle  n'étoit  pas 
jttioins  néceflaire  pour  Tlfraélite  attaqué  d'un 


Mmmerfion  du  corps  entier.  Voyez ,  fur  k  néceffité 
de  fe  laver  avant  de  venir  au  facrifice  ^  le  pfeaume  %6^ 
V.  6;  S.  Paul ,  ad  Hebrsos ,  chap.  9  ,  v.  9  &  10  5 
Ad  Timoth.  chap.  2  ,  v.  8  ,  &c.  &c.  &c. 

(487)  Voyez  le  Lévitique  «  chap.  13 ,  v.  a  &  fuiv.; 
mais  fur*tout  v.  3  ,  44  &  45.  La  gale  ne  rend  pas 
impur  comme  la  lèpre,  v.  6.  Il  y  a  même  des  cas 
où  la  lèpre  ne  rend  pas  impur;  par  exempte  ,  quand 
elle  couvre  l'homme  entier  ,  &  qu'elle  eft  toute 
blanche,  v.  13 ,  16  &  17.  Voyez  quelques  autres  cas  ^ 
V.  23  ,  34»  37>  39  »  &c.  A  la  guerre ,  le  lépreux  étoic 
renvoyé  hors  du  camp  tout  le  temps.de  fa  maladie» 
V.  46.  Les  habits  de  laine  ou  de  lin  ,  infeâés  de 
lèpre  ,  étoient  confumés  par  le  feu,  v.  47,  48,  &c: 
excepté  qu'il  n'y  eut  que  des  taches  légères  qu'on  fit 
«tifparoître  en  les  lavant,  v.  54  6c  58.  Le  chap.  14 
règle  la  manière  dont  on  purifioit  le  lépreux  ,  les 
précautions  à  prendre  pour  fe  garantir  de  cette  ma- 
Ijdiç  contagieufe ,  &  tout  ce  qui  regarde  la  lèpre  des 
.  maifons.  Voyez  fur  tout  cela  les  développcmens  trop 


&  comme  Morétàfle.  ï(fj 

fiux  impur  (488)-  Sept  Jours  après  fa  gué- 
rifon  ,  on  lavoit  fes  habits  &  fon  corps 
dans  des  eaux  vives  ,  &:  le  lendemain  on 
préfentoit  à  Jéhova  deux  petits  de  colombe 
ou  deux  tourterelles  ,  que  le  prêtre  îm- 
nioloit  pour  la  purification  (489).  Jufqu'alors 
le  malade  étoit  inipur.  Tous  les  endroits  où 
il  s'aflèyoit  l'étoient  auffi  ,  &  on  le  devenoit 
J)our  un  jour  entier ,  fi  on  s'y  afleyoit  après 
lui,  fi  on  portoit  les  chofes  fiir  lefquelles 
il  avoit  été  affis ,  fi  on  le  touchoit ,  ou  foa 
lit ,  ou  fa  chair ,  fi  on  recevoir  le  jet  de  fa 
falive  (499).  Le  vaifleau  qu'il  avoit  touché 
ëtoit  lavé  s'il  étoit  de  bois ,  &  brifé  s'il  étoit 
de  terre  (491). 


ftendus  &  prefque  toujours  minutieux  que  donne 
la  Mifna  y  tom.  6 ,  de  plagis  lepras ,  chap.  i  &  fuiv. 
pag.  213  &  fuivantes. 

(488)  On  jugeoit  qu'il  fouffroit  cet  accident  lorfqu'à 
chaque  moment  il  s'amajfToit  une  humeur  impure  qui 
8'attachoit  à  fa  chair.  Lévitique,  chap.  15  ,v.  ^. 

(489)  Lévitique,  chap^  i^,  v.  13,  14  &  15. 

(490)  Lévitique,  chap.  15  ,  v,  4-11. 

(491)  Lévitiq. ,  ch.  15,  v.  la.  Vide  fuprà ,  p.  153. 
Sur  ce  qui  rendoit  impurs  les  vaiffeaux  ,  toute  forte 
de  vafcs ,  de  fourneaux ,  de  cruches ,  de  tonneaux  , 
voyez  la  Mifna  ,tom.  6,  de  vafls ,  ch.  i  ^  §.  z  &fulv« 
p.  13.  &  fuiv. 


1 7^      Afoyjcj  cùnjidcré  comme  Légiflaîeuf 
©et  aîffS-      On  peut  dîvifer  en  trois  clafles  les  impu-i 

fentes  impu-  *-  -t 

retéf.  com-  retés  connues  des  Hébreux.  Elles  font  le 
cootraaoit^  fruit  de  la  nature  ,  d'une  maladie  ou  du 
hafard.  De  la  nature  ,  conune  l'accouche- 
ment ,  la  naiflance,  &c.  :  car  le  nouveau  né 
fut  impur  jufqu'à  la  circoncifion(492).  D'une 
maladie,  comme  la  lèpre  &  quelques  autres 
incommodités*  Du  hafard ,  conune  le  Lévi- 
tique  &  le  Deutéronome  (493)  en  four- 
niàènt  des  exemples.  Nous  pourrions  dire 
àuffi  qu'on  étoit  impur  par  foi -même  ou 
par  ce  qu'on  touchoit.  Six  manières  d'être 
impur  par  foi-même.  L'accouchement  (494)^ 
la  lèpre  (495)  ,  le  flux  de  femence  (49^  , 
le  flux  périodique  (497) ,  le  flux  de  fang  qui 
continue  après  le  terme  marqué  ordinaire- 
ment par  la  nature  (49g),   raâdon  conju- 

m  r  , 

(492)  Voyez  Ezéchiel ,  chap.  16 ,  v.  4  ;^  &  Job  i 
chap.  14,  V.  4. 

(493)  Lévitique  ,  chap.  5  5  v.  3  ;  chap.  15 ,  v.  jj 
Deutéronome,  chap.  13,  v.  lo. 

(494)  Lévitique,  chap.  12,  v.  z: 

(495)  Lévitique,  chap.  13  &  14. 

(496)  Lévitique,  chap.  15 ,  v.  2^. 

(497)  Ibid.  v.  19. 

(498)  Lévitique ,  chap.  ij ,  v.  25.  Le  fang  comf- 
nuoit-il  à  couler  aprèç  les  fept  jours  ^  Timpuieté  co»-. 


&  comme MoraTijle:  xjHr 

gale  (49^9).  Sept  manières  de  l'être  par  ce 
qu'on  touche,  i**  Si  on  touche  ceux  que 
nous  venons  d'indiquer ,  leurs  habits  ou  leurs 
fièges.  1°  Des  reptiles  ou  d'autres  animaux 
immondes  dont  il  eft  défendu  de  fe  nourrir. 
3°  Les  cadavres  des  animaux  impurs.  4°  Les 
cadavres  ^os  animaux  purs  auxquels  on  n'a- 
pas  arraché  la  vie  (yco).  y**  Les  cadavres ,  . 
les  tombeaux  ou  les  oflemens  des  hommes 
morts  (yoi).  6^  Si  on  entre  dans  la  maîfon 
ou  dans  la  tente  d'un  honune  expiré  (yoi). 
Si  on  touche  les  eaux  d'expiation  par  le£- 
quelles  les  immondes  font  purifiés  (503). 


finuolt  aui&.  Ibid.  &  v.  i6.  La  Vulgate  appelle  le$ 
femmes  qui  font  dans  ce  cas,  hemoroiffa.  Voyez,  fur 
tette  impureté,  &  la  manière  de  s'en  purifier,  Buxtorf^ 
Synagogue  Judaïque,  chapitre  42,  page  655  ,  656 
&657. 

(499)  Lévitîque,  chap.  15 ,  v.  16. 

(500)  Lévitique  ,  chap.  11 ,  r.  24 ,  jg  &  43. 
(5Q1)  Nombres,  chap.  19,  v.  11. 

(502)  Ibidem,  v.  14. 

(503)  Voyez ,  fur  toutes  ces  impuretés ,  Buxtorf , 
dans  le  chapitre  cité  ;  Spencer ,  de  Legibus  ritual.  Hebr, 
liv.  I ,  chap.  8,  pag.  16  £  &  fuiv;Ménocb''us,  deRe« 
pablicâ  Hebraeorum ,  liv.  ; ,  chap.  18 ,  §.  i  &  fuiv. 
P3&  33S  -  345  >  &c.  &c.  &c. 


tji      Moyfiy  conjidért  comme  Légijlateur 

Nous  avons  parlé  de  la  lèpre  &  du  flux 
de  femence.  L'aéiion  conjugale  fouille  éga- 
lement les  deux  époux  jufqu  au  foir  &  les 
force  à  une  ablution  (yo^).  Les  Ifraélites  , 
avant  de  recevoir  la  loi ,  fe  féparèrent  de 
leun  époufes  pendant  trois  jours  (yoy).  Les 
incommodités  périodiques  de  la  femme  la 
font  féparer  pendant  fçpt  jours  &  fouillent 
Tendroit  fur  lequel  elle  a  dormi  ou  s*eft 
affif e ,  tout  ce  qu'elle  touche  &  ceux  qui  le 
touchent  après  elle  (yo6).  L'incommodité 
pafTée ,  on  fe  purifie ,  &  le  prêtre  offre  en- 
core deux  tourterelles  ,  après  avoir  prié  pour 
la  perfonne  fouillée  (507).  Le  même  facri- 
fice^  pu  celui  du  petit  d'une  cplombe  & 
d'un  agneau  d  un  an ,  eft  pareillement  oflfert 
avec  des  prières ,  en  faveur  de  la  Juive  nou- 
vellement accouchée   (  yo8  ).   Elle  eft  auflï 


(504)  Lévitiqiie,  chap.  15,  v.  16,  17  &  18. 

(505)  Josèphe  5  Antiq.  Jud.  liv.  5 ,  chap.  4  ,  p.  9^;^ 
Tout  cela  eft  aboli ,  comme  il  paroît  dans  le  chap.  S 
de  la  première  partie  de  l'ouvrage  de  Léon  de  Mo- 
dène  fur  les  cérémonies  des  Hébreux,  pag.  18  :  EJfendo 
troppo  difficile  ^  dit  ce  rabbin,  da  ojjkrvar-fi  ftr  il  com^ 
merçio  di  marito  e  moelle  in  parturire, 

(506)  Lévitique,  chap.  i^,  v.  19-24. 

(507)  Lévitique,  chap.  15  ,  v.  28,  29  &  301; 

(508)  Lévitique,  chap.  12 ,  v.  6,  7  &  8, 


&  comme  Mofallfte.  17  j 

impure  pendant  fept  jours  pour  un  mâle  & 
quinze  jours  pour  une  fille,  &  il  lui  fallut, 
pour  être  purifiée  de  la  fuite  de  fes  cou-  ^ 
ches  ,  trente -trois  jours  dans  le  prenaier 
cas  &  fbixante  -  (ix  dans  le  fécond.  Jufqu'à 
la  fin  de  ce  délai ,  elle  li'entroit  pas  dans  le 
lieu  faint ,  c'eft-à-dire  dans  le  parvis  qui  en 
faifoit  partie  {^09)  :  car  les  femmes  n'en- 
troient  jamais  dans  le  fandtuaire. 

On  étoit   encore  fouillé  fi  on  mangeoit    ^cs  ani- 
d*un  animal  impur,  fi  on  le  touchoit  feule- pur$. 
ment,  fôt-ce  par  néceffité  (510).  Or,  il  n'y 
avoir  de  purs     parmi  les  quadrupèdes  que 
ceux   qui    ruminent   &   dont   la   corne  du 
pied  eft  fendue  (511)  :  parmi  les  poiflbns, 

(509)  Lévitique,  chap.  12,  v.  2-5.  Vpyer,  fur 
cette  impureté  &  les  purifications  d'ufage ,  Buxtorf , 
Syaag.  Jud.,  chap  5  ,  pag.  119  &  fuiv. 

(510)  Lévitique ,  chap.  5 ,  v.  2  &  3  ;  chap.  7,  v.  19 
&  21  ;  chap.  II  ,  V.  25,  Deutéronome,  ch.  14,  v.  3 
&  fuivans. 

(511)  Uunion  de  ces  deux  qualités  étoit  indifpen* 
.  iàble.  Ainfi  on  ne  mangeoit  ni  du  lièvre  ni  du  lapin;» 

parce  que ,  quoiqu'ils  ruminaflent ,  ils  n'avoient  pas 
\à  corne  du  pied  fendue,  ni  du  pourceau , parce  que, 
quoiqu'il  eût  la  corne  du  pied  fendue,  il  ne  ruminoit 
point.  Voyez  les  verfets  y ,  6  &  7  du  chap.  ii  du 
Lévitique.  Voyez  auffi  le  Deutéronome,  chap  14, 
yerfet  4-8, 


Ï74  Moyfc^  conjideré  comme  Légijlatcur 
que  ceux  qui  ont  des  nageoires  &  des  écail- 
les. Ceux  qui  n*avoient  ni  l'un  ni  l'autre 
furent  en  telle  exéci;:.tion  qu'on  ne  put  y 
toucher  même  après  leur  mort  (J12.).  Parmi 
,  les  oifeaux ,  l'aigle ,  le  hibou ,  la  chouette , 
le  milan,  Tépervier,  le  faucon,  le  corbeau, 
le  vautour ,  le  héron  &  plufieurs  autres  ne 
jouirent  pas  de  cet  avantage  (513).  Tomboit- 
il  quelque  chofe  du  cadavre  de  l'animal  im- 
pur, fur  un  fourneau,  fur  un  habit  ,  fur 
un  vafe  de  bois  oU  de  terre  ,  ils  étoiént 
fouillés  &  on  devoit  les  brifer  ou  les  puri- 
fier. Les  fontaines ,  les  citernes ,  les  réfervoirs 
d'eau  confervèrent  feuls ,  malgré  cela ,  toute 
leur  pureté  (514).   L'eau  répandue  de  ces 


(Ç12)  Lévitique,  chap.  11  ,  v.  9<ii.  Deutéron; 
chap.  14 ,  v.  9  &  10. 

(513)  Lévitique,  chap.  11 ,  v.  13-19.  Joignez-y 
plufieurs  infeâes  &  reptiles  dont  le  détail  remplit  les 
verfets  fuivans.  Le  verfet  10  veut  qu'on  ait  en  abo- 
mination tout  ce  qui  a  des  ailes  &  cependant  marche 
fur  quatre  pieds.  Le  verfet  24  &  les  fuivans  annon- 
cent qu'on  eft  fouillé  jufqu'au  foîr  fi  on  touche  un 
de  ces  animaux  impurs  quoique  morts,  &  que,  pour 
les  avoir  portés  morts ,  il  faut  laver  fes  vêtement 
Voyez  le  Deutéronome,  chafritre  14,  v.  ii-ii  ,  & 
fur  tout  cela,  Léon  de  Modène,  part.  2j  chap.  6» 
§.  I ,  &c.  pag.  45 ,  46 ,  47  &  48. 

^514)  Lévitique,  chap,  11,  v.  31-36. 


&  comme  Motallfie:,  17/ 

^afes  fouillés ,  ou  pour  la  boiflbn ,  ou  fur 
les  viandes ,  ne  fut  pas  moins  impure.  Tom:- 
boit-il  quelque  chofe  fur  des  grains  à  femer, 
ils  n'étoient  pas  fouillés  5  mais  verfoit-onde 
Teau  fur  eux  &  touchoient  -  ils  ^nfuitë  à 
un  cadavre  d'animal,  ils  Tétoient  fur  le 
champ  (y  I  y).  Rappelions  qu'on  devenoit  im- 
pur (yi^)  même  en  touchant  le  cadavre  de 
ranimai  mort  qu'il  étoit  permis  de  manger, 
fi  Tanin^al  étoit  mort  de  lui-même. 

En  général ,  comme  nous  l'avons  dit ,  on  T«iichcrmi 
étoit  fouillé  par  le  tad  d'un  corps  mort ,  l'cau  expia- 
<le  quelque  efpèce  qu'il  fôt  (y  17).  On  î'étoit  t'^^lt 
auffi  par  celui  de  l'eau  expiatoire  (y  18)  &  û<».Gua:r€. 


(515)  LévitîquB,  ch.  xi,  v.  34,  37  &  38. 

•   (516)  Ibidem,  v.  39. 

(517)  Nombres,  chap.  19,  v.  11  &  16.  Depuis  la 
jdefiruâion  du  temple ,  les  Jui&  regardèrent  comm0 
aboli  ce  précepte  fur  l'impureté  contraâée  par  le  ta* 
d^un  cadavre  >  comme  celui  fur  la  feuillure  opérée  en 
touchant  un  lépreux ,  un  reptile  ^  &c.  Léon  de  Mo» 
iéne ,  Hiftoria  de  gli  riti  [Hebraici ,  part,  i,  chap.  8, 
fttg.  17  &  18.  Voyez ,  dans  la  Mifna ,  tom.  6 ,  de 
Tentoriis^  chap.  i  &  fuivans  ,  ^ag.  146  &  fuivantes» 
fine  foule  de  quedions ,  prefque  toujoujrs  oifeufes  & 
£ivole^,  fur  Timpureté  çpntraâçe  par  le  taâ  4e$ 
inorts. 

{518)  Nombres  ^  ch^p.  19,  v.  ai. 


57^  Moyfc,  conjiiérc  comme  Ugîjlateur 
par  le  défaut  de  circoncifion  :  car  ceux  quî 
ne  Tavoient  point  reçue  paroiflToient  fi  impurs 
aux  Hébreux  que ,  pour  exprimer  une  chofo 
fouillée ,  ils  employoient  le  mot  incirconcis. 
On  letoit  enfin  par  la  guerre ,  fi  on  y  avoit 
répandu  le  fang  d'un  ennemi.  Cette  dernière 
impureté  fut  de  fept  jours  ,  &:  on  devoit 
être  purifié  le  troifième  &  le  feptième(5'l^). 
n  n'y  eut  pas  de  fouillure  particulière  pour 
une  aâ:ion  où  l'armée  entière  s'étoit  trouvée. 
Le  butin  même  devoit  être  purifié,  qu'il 
confiftât  en  vafes,  en  or,  en  vêtemens,  &c. 
Ce  qui.pouvoit  l'être  par  le  feu,  paflbit  à 
travers  les  flammes  5  on  purifioit  le  refte  par 
l'eau  d'expiation  (  Jio).  La  pureté  fut  fi  né-^ 
ceflaire  dans  les  camps  qu'on  en  excluoit 
ceux  qui  l'avoient  perdue  par  un  eflfet  in- 
volontaire de  l'imagination  pendant  le  fom- 
meil,  &  qu'ils  n'y  rentroient  qu'après  l'ablu* 
tion  de  leurs  habits  &  d'eux-mêmes  (y2.i)# 
Jéhova,  dans  le  livre  des  Nombres  {$^l)  ^ 
ordonne  de  chafler  du  camp  les  lépreux  Sc 
tous  les  impurs.   C'eft  par  une  conféquencii 


(519)  Nombres,  chap.  31,  v.  19. 

(520)  Ibidem,  v.  20-23. 

(521)  Deutéronome,  chap.  aj^  v.  lô  &  n. 
(521)  Chapitre  5>  v.  2  &3, 

do 


&  comme  Moralifle.  fjy 

é^  cette  loi  que  les  femmes  en  furent  exclues. 

La.poUutJon  xdes  mains  ruffifoit  pour  -rendre  œ  qiwlquw 
imparte  corps  entier  &  néceffiter  «ne  ablu-  5^^"^^*^ 
tioii  ^éniér^le  (52,3).  On  n'offiroit  rkn  fans 
lé^  avoir  lavées  ,  ou  l'offrande  ëtoit  fufpedé 
de  îprbfitnatîbn.  Il  îfaiHoït  nrtême  une  immer- 
fiori  particulière  pour  chaque  aéte  religiétix 
plus  important  jque  feélui  qu'on  venoit  de 
faire ,  &c  il  falknt  ^uffi  qu'elle  fîût  à  telle  ou 
telle  intention.  S-itoit-on  kvé  par  exemple 
pour  toucbér  des  cbofes  piro^nes  ï  On  ne 
touëhoit  >^9is  aîux  ^iîmcs  fans  une  ftcônde  pu- 
rification^  £toit-a:e  à  caufè  des  dîmes  î  On 
n'acquéroit  que  par  une  fécondé  purification 
le  droit  de  toucher  \  ia  première  dSrande, 
&:  de  même  pour  cefle-^ci  à  l'égard  des  chofes 
fandifiées  (5^4)» 

-  a  ■  I  II.  -Il 

(523)  Mifnaj  de  SacrisSoleinnibus ,  chap.  2,  ^.  J, 
tom.  2,  pag.  419.  Sur  toutes  tes  manières  de  eohtfaâer 
Une  impureté  6c  fur  les -caufes  qui  les  firent  établir» 
voyez  Maimonide,  More  Névoc,  part.  },  chap*  47, 
&  Spencer ,  de  Leglbus  ritualibus  :Hebr«  lir.  1  »  ch.  8.» 
feâ.  i ,  2  &  3  ,  pag.  161  &  fuiv. 

(524)  Mifna,  diâo  loco.  Cependant  celui  qui  s'étoit  *    . 
lavé  pour  une  xhofe  plus  importante ,  pouvoit  tou- 
cher ,  fans  difiiculté  ,  à  Un  objet  qui  Fétoit  moins. 
Ibidem* 

M 


178  Moyfe  ^  cbnjîdefé  conmt  Llgijlateut 
Dcfvocux.  La  pureté  exigée^pour  les  facrifices  voiott* 
SXh°d6-  ^^^  ^®  1®  ^^  P^  moins  pour  les  obladons 
«haiseoit.  fuj^g  ^j^uq  YQe^  fecret  ou  folenmel ,  qu'on  fë 
fût  voué  foi-même  ou  qu'on  eût  voué  une 
autre  perfonne  à  Jéhova*  S'étoit-on  voué, 
foi -même,  en  promettant  de  confacrer  fa 
vie  à  Dieu  ï  On  pouvoir  s'en  décharger  en 
ajoutant  une  fomme  que  la  loi  fixoit  (52,5); 
De  vingt  ans  4  foixante,  l'homme ,  de  qudique 
rang  qu'il  fut ,  payoit  cinquante  fîcles  d^'ar-^ 
gent  y  félon  le  poids  du  fanâuaire ,  &  la 
femme  trente  (52,6).  De  cinq  ans- à  vingt  j 
l'homme  en  payoit  vingt  &  la  femme  dix  j 
d'un  mois  à  cinq  ans,  le  garçon  cinq,  la 
fille  trois 5  ail-deflus  de  foixante  ans,  l'homme 
quinze,  lafemtne  dix.  Si  c'étoit  un  pauvre^ 
le  prêtre  avoit  le  droit  de.  diminuer  pour 
lui  le  prix  de  Teftimation  (517).  Celui  qui  ne 
fe  déchargeoit  pas  du  vœu  de  fa  perfonne- 
en  payant ,  mais  vouloit  le  remplir ,  étoit 
■   "■--■    -   —  .-•-..         ,    ■  - 

(<fi^)  Lévitiqué ,  chap.  i^r,  V.  2.  Voyez  dans  la 
Genèfé,  chapitre  28,  v.  20,  un  vcfeu  de  Jacob  ^  & 
chap.  35  ,  V.  7  &  14. 

(516)  Lévitique,  ch.  27,  v.  3  &  4.  Le  ficle  feifoit 
vingt  oboles.  H  valoit  environ  50  f.  de  notre  mort- 
noie.  Voyez  le  veffet  2Ç  du  même  chapitre. 

(527)  Lévitique,  chap.  27,  v.  S-8» 


&  Comme  Mordiiftè.  17^ 

Wrè  àific  plas  bas  rnirtiftères  du  temple ,  à 
balayer ,  bHrir  les  C:éndres ,  porter  le  bois  & 
i'eau.  Lei5  Nathihéens  ou  Gabaonites  y  furent 
obligés  à  jamais.  Etôiônt-ce  àts  femmes  ï  Oà 
les  occujpdit  à  filer,  à  ourdir  &  préparer  li 
toile,  à  fkire  &:  à  laver  les  habits  des  prêtres 
&  des  lévites  (5,18): 

\  V6ùoit-on  un  animal  fufceptible  d'être  inl- 
molé  \  On  ne  pouvoir  le  chàrf^er  pour  ua 
autre  qui  fut  moins  boii,  ni  même  pour  un 
ineilleun  Le  faifoit-onï  Les  deux  objets 
de  réchange  appartenoient  également  à  Jé- 
hova  (5^9)*  Eà>it-cé  Une  bête  impute  ?  Lé 
prêtre  en  fixoit  la  valeur  i,  &  fi  le  proprié- 
taire vouloir  la  racheter ,  U  ajoùtôit  un  cin- 
quième à  reftimatioh  facèrdbtale  (556).  Etoit- 
ce  une  maifon  ?  Après'  l'avoir  eftimée ,  on 
la  vendoit  au  profit  des  mitiiftres  des  autels; 
&  oîi  ne  la  rachetoit  encore  qu'en  payant 
un  cinquième  au-deflus  de  l'eftimation  (y  31): 
Etoit-ce  un  champ  ï  On  y.mettoit  un  prix 
conforme  à  ce  qu'il  produifoit  ^  &  de  trente 

(528)  Voyez  Mêtidchiuk,  dé  tleplib.  Hebr.  llv:  aj 
diap.  19,  §.  1  ;  pagi  234  &  Î3Ç. 

(529)  Levitique,  ch.  27,  v.  9  &  iô; 

(530)  ^Léiî^hique^  Ch^p."  27,  vl  n^  H  &13. 

(531)  Lçviti^uô:^  ckap.  27  j  v,  I4  &  15. 

-Ml. 


iSo  Moyje  ,  confidérc  c^^nïne  Lcgijlatcur 
txi  trente  muids  de  grains  »  on  donnoît  cin« 
tjuante  ficles  d'argent  (yj!-).  On  fe  confort 
moit  auffi  à  la  diftance  de  Tannée  jubilaire, 
&  on  diminiioit  fur  la  valeur  fixëe,  à  pro- 
portion qu'on  en  étoit  éloigné  (^35)*  Vendoit- 
on  à  un  autre  ce  champ ,  après  que  le  pro^ 
priétaire  avoit  refufé  de  le  racheter  î  Celui^ 
ci  n'y  rentroit  plus,  même  au  jubilé.  Sa 
pofleèîon  étflnt  (anâifiée  &  devenue  comme 
un  fonds  acquis  aux  prêtres^  elle  kur  re-« 
tournoit  dans  cette  année  favorable  (H4)« 
Vouoit-on  un  efclaveï  On  fe  confbrmoic 
pour  le  prix  à  la  règle  établie  envers  les 
champs.  Regardé  comine  une  véritable  po^ 
feffion  ,  il  payoit  à  proportion  du  temps 
qui  lui  reftoit  à  feryir,  s'il  étoit  Hébreu^  &c 
s'il  ne  rétoit  pas  y  la  loi  le  cmidamnant  alors 
à  une  fervitude  étemelle ,  on  l'ofifiDit  pour 
telle  ou  telle  valeur ,  qu'on  reftituoit  en  Taiig- 
mentant  d'un    cinquième ,  fi  on  défiroit  le 

(532)  Lévitique,  chap.  27,  v.  16.  La  Vulgatedit: 
proportionné  aux  grains  qu'on  emploiera  pour  le  femer  ; 
juxta  menfuram  fementis..  Mais  le  fcns  de  Thébreu  eft 
plutôt ,  proportionné  à  la  ftmenct  qu'il  produira  ,  8c  Ce 
fcns  eft  en  effet  plus  naturel. 

(533)  Lévitique,  chap,  27,  v.  17  &  18. 

(534)  Lévitique 9  chap.  27,  v.  ao  &  À 


&  comme  Moràliftc.  1 8 1 

rachçter  (J3y).  Les  premiers-nés  appartenant 
de  droit  à  Jéhova  ne  purent  être  voués  (536). 
Les  objets  livrés  à  Tanathême ,  loin  d'être 
raçheàtbles ,  forent  mis  à  mort ,  fi  c'étoient 
des  animaux,  &  abandonnés  en  toute  pro- 
priété aux  defçendans  d'Aaron,  fi  c'étoient 
des  maifons  ou  des  domaines  (y  37).  Cette  efpèce    d«»  vœu 

1  r      A^      1  r     ,      '  ,  appelle  ckc- 

de  voçu  5  ou  plutôt  de  proicription  ,  nommé  rem*. 
ckercm.^  çondamnoit  à  la  mort  naturelle  oU; 
à.  la^  mort  civile,  l'homme  qui  en  étoit  Tobjet* 
X^es  Juiife  avoient  quatre  fortes  de  cherem. 
Par  le-  premier,  on  vouoit  au  fervice  du 
temple,  à  tous  les  ufages  faints^&  religieux; 
&  la  perfonne  ainfi  çonfacrée  perdoit ,  avec 
toutes  fes  pofleffions ,  tous  les  droits  ordinaires 
des  citoyens  :  elle  ne  confervoit  pas  même 
celui  4 être  racheté  (538).   Par  le  fécond. 


(535)  Vay.  Ménochius,  de  RepublicâHebraBorum , 
liv.  a ,  chap.  19  ,  §.  3  ^  pag.  236  ,  &  Abulenfis-,  {xxx, 
le  chap.  7ç  du  Lévitique ,  queft.  55  ,  56  &  57. 

(536)  Lévitique  ,  chap.  27,  v.  26.  Voyez  TExo^, 
chap.  13.,  V.  2>;  chap  22,  v.  29;  chap.  34,  v;  19»  tls 
appartenoierrt  à  D;eu  depuis  le  Jour  qu'il  frappa  ceux 
des  Ejgyptiens.  Le  Seigneur ,  à  la  place  des  premiers- 
nés,  reçut  les  Lévites.  Voyez  le  livre  des  Nombres^ 
chap.'  5.,  v.  Il,  41  &  4$ ,  &  chap»  7,  v.  17  &  \i^ 

(537)  Lévitique  ,  chap.  27  ,  v.  18  &  19. 
(538][  I^évitiique ,  chap.  27,>.  28.. 


lit  Moyfe^  confidéré comme  Legijlauur 
çn  vouoit  il  la  mort  fon  ennemi  capital  ou 
les  ennemis  de  la  nation.  Il  y  en  a  un 
exemple  fameux  dans  le  livre  de  Jofué  , 
quand  Jëricho  eift  livrée  à  Tanathème  ;  & 
conformément  à  ce  que  nous  venons  de  dire, 
on  y  vpue  à  Jéhpva  une  partie,  des  richefiès 
qu'elle  renferme  (J39)'  Rapportons  encore  à 
cette  féconde  çlafle  l'anath^me  prononcé 
contre  les  Cuthaeçns  qui  avoient  mis  obftacle 
au  rétabliflemçnt  du  temple ,  lorfque  les  luifs 
déclarèrent  qu'ils  ne  rentreroient  jamais  ea 
amitié  avec  ce  peuple  coupable  (  540  ).  Le 
troifièmç  cherem  avoit  lieu  pour  uqe  faute^ 
çommife,  Efdras  en  fait  mention  (J41).  Par 
k  quatrième ,  on  chargeoit  quelqu'un  d*exé*-, 
crations  &  de  malédiftions.  Nous  en  trou*- 


(^39)  Jofué,  chap.  6,  v.  17,  Voyez  encore Mizpa, 
ou  Mazpha  dans  le  liv.  des  Juges,  chap.  2.1  >  v.  5  ,  & 
le  premier  livre  des  Rois,  chap.  14,  v.  24, 

(540)  Voyez  Efdras,  chap.  4,  v.  3.  Nehemias  , 
chapitre  2,  verfet  20.  Le  rabbin  Eliezer,  Pirke,  de, 
Ezrâ  ,  chapitre  38  &  chap.  47.  Sepher  Tanchuma., 
fol.  16,  col.  1.&  2.  Buxtorf,Lexic.  Chaldaïq. Selden , 
de  Jure  Naturae  &  Gentium ,  liv.  4 ,  chap  7  ,  p.  $11 
&  522. 

(541)  Chapitre  10,  §.  8.  Quoique  la  Vulgate  dife; 
dans  ce  paflage ,  aufsretur ,  le  texte  dit ,  anathemîfabitur  ; 
&  les  S«ptante  fe  fervent  également  du  mot  AvoLUfic^ 


Combîes 


&  comme  MoraRfle.  i<| 

Tons  des  exemples  dans  Jofué,  dans  Néhé- 
mias  &»  dans  les  Aftes  des  Apôtres  (^42). 

L'Ifraélite  qui  faifoit  un  vœu,  comme  celui 
quiielioit  par  un  ferment,  devoit  s'emprefler  i'«écudion 
de  le  remplir  &  le  faire  avec  une  exadi-  étoirrac^c" 
tude.  rigoureufe  (5'45).  En  fut -il  jamais  de 
plus ,  terrible  dans  l'exécution  que  celui  de 
Jephté  (544).  Il  avoit  promis,  s'il:  triomphoit 
des  Ammonites,  de  facrifier,  à  fon  retour, 
la  première  perfonne  qui  fe.  préfenteroit  à 
kii.  Sa  fille  ,  empreflfêe  de  le  revoir  &c  die. le 
féliciter  fur  fa  vidoire ,  devance  tous  les  II-: 
JFaélites  ,  &  déjà  c'eft  une  vidime  confacrée* 
Le  père  d'abord  verfe  des  larmes ,  frémit  ;. 
&  cependant  fa  piété  calme  fa  douleur  &  il 
ie  foumet  fans  muxnxure.. 


'  (54^)  lofué;  chap.  6,  v.  26.  Nehémias,  chap.  13 , 
V.  25.  Ades  des  Apôtres,  chap.  23 ,  v.  12,  14&  n. 
Sepher  Colbo. ,  folio  144.  Selden  ,  de  Jure  Na- 
tur»  &  Gentium ,  liv.  4,  chapitre  7  ,  pag.  524,  &a 
Mikotfi. ,  Prsçc.  negat,  1.19.  Voyez  ,  fur  tous  ces 
-anathêmes ,  Selden ,  de  Synedriis  tome  i ,  livre  i  , 
chap.  7,  pag.  69,  &c. 

(543)  Nombres;,  chap.  30,  v.  3.  Deutéronome , 
€b?P«  43  »  Y,  21  ,  22  &  23.  Sur,  les  différens  ferment 
&  leur  force  obligatoire  ,  voy.  Ulmann  ,  liv.  5  ,  de- 
Juramentis,  chap.  3.,  4,  5.,  6  &  7,  pag.  61-75. 

(544)  Juges,  chap.  11,  v,  li^-JJ. 


184  M-oyfcy  conjîdérc  comme  Légijlauur 
vceuxde)  La  jeune  fille  encore  dans  la  m^ifon  de 
J!i!fc\&d«  fon  père  n'eft  pas  même  difpenfée  de  Texé^ 
***^"""  cution  de  fon  vœu  ,  hors  que  £pn  père  1q 
4éfavoue  :  car  ce  défaveu  rend  nulle  robli- 
gation  çontraftée  (54^).  U  en  çft  de  même  \ 
l'égard  de  la  femme  envers  fon  mari  qui  , 
^u  refte,  en  défavouant  fon  époufe,  fe  charge 
de  toute  fpn  kiiquité.  La  veuve  &  la  répu- 
diée font  (èules  coupables,  £i  elles  n'açcom- 
plifiènt  pas  le  vœu  qu'elles  ont  formé  (^46). 
Quant  à  celui  de  la  fiancée ,  le  père  &:  le 
lutur  époux  purent  également  Tannulier,  mais 
kur  concours  fut  néçefikire  &  la  volonté, 
d'un  feul  infuffifante  (547).  Le.  père  moutoit- 
il  ?  Le  privilège  entier  ne  paflbit  pas  au 
fiancé  ,  mais  il  paflbit  entièrement  au  pre-; 
tnier ,  fi  la  mort  fr^ppoit  le  fécond.  Il  eft  juftei 
que  celui-ci  eût  plus  de  droits  que  l'autre , 
puifque  la  puiffance  paternelle  n'étpit  point 
encore  expirée  par  les  fiançailles ,  &  que  la 
puiflance  conjugale  n'étoit  point  encore  vé- 
ritablement acquife.  Si  pourtant  la  jeune  fille. 

"  1 

(545)  Nombres,  chap.  50,  v,  4,  5  &  6.  Voyc:^ 
Ulmann ,  livre  3  ,  de  Votis,  chapitre  10,  pages  \\ 
&35-  ^^ 

(546)  Nombres.,  chap.  30,  v.  7-  ?.6. 

(547)  Mifna,  de  y<ftis,  tom,  3,  pag.  13  j. 


&  comme  Moralifle.  rSy 

cft  pubère,  c'eft  au  fiancé  à  rétroûer  le  voeu 
Qu'elle  a  forme  (548). 

Outre  les  vœux  qui  confîftent  à  promettre    vw  de 
d'oflfrir  telle  pu  tçUe  çhofe  ,  &  qu'on  ap-D«  Naz'i^ 
pella  faints  parce  qu'ils  furent  à  Tufage  du'^*^^' 
jfanâuair^  &  des  autels ,  il  en  eft  d'autre^ 
qu'on  nomma  vœux  de  prohibition ,  parce 
que  leur  objet  étoit  de  fe  défendre  à  foi- 
même  àes  chofes  d'ailleurs  permifes  par  le 
culte  ou  par  la  loi ,  comme  tels  ou  tels  fruits  y 
telle  ou  telle  aâdon  (  J49  ).    Rangeons  dans 
cette  claffe  ceux  des  Naziréens  (^yo).    Ils 
peuvent  être  confidérés  de  quatre  manières  : 


(548)  Mifna,  didlo  laco,  pag.  156.  Ulmann,  diS^. 
Ibca,  pag.  54  &  35. 

(549.)  Mifna  ,  de  Votîs  ,  chapitre  x  ,  §.3  , 
tonî.  3  ,  pag.  iQ^.  Ce  vœu  étoît  obligatoire  dans 
quelque^  langue  qu'il  eût  été  formé  ,  quoiqu'on  ne  l'eût 
pas  étayé  d'un  ferment  en  atteftant  un  des  attributs 
de  l'Etre  fuprême.  Ibidem.  Voyez  aufli ,  fur  les  diffé- 
rens  vœux ,  Ulmann,  liv..  3 ,  ciiap.  3,48:  fuiyans, 
p^g.  16  &  fuivantes. 

(550)  On  nomma  ainfi  de  l'hébireu  Na^ir ,  ^}^, 
qui  fignîfie  fiparatus^  &  dont  la  racine  eft  n^ ,  Na^ar^ 
Jkparare ,  abfirahere ,  les  Ifraélites  qui  fe  féparèrent  des 
chofes  profanes  pour  fe  livrer  à  la  fainteté  &  à  des 
fondions  religieufes.  Les  Septante  ,  conformément  à 
rétymologie,  les  appellent  toujours  a;3^/sf ,  farMosyO\\ 
Jçryjiimi  conJecratQs, 


'1^6  Moyfcj  conjîdéré  comme  tégiflateuf 
par  rapport  à  leur  fèxej  car  les  femmes  pour- 
voient Têtre  (yyi)  :  par  rapport  à  feur  âgei^ 
car  les  enfans  Tétoient ,  ainfi  que  les  jeunes 
gens  (551)  -  par  rapport  i  la  durée  du  vœuj 
car,  tandis  que  les  uns  ne s'obligeoient  que 
pour  un  temps  ,  les  autres  s'ehchaînoient 
pour  leur  vie ,  comme  le  firent  Saàkfon  & 
Samuel  (555)  î  ou  enfin  félon  qu^âs  le  de-- 
venoient  volontairement,  ou  forcés  par  le 
vœu  d'un  autre  (554).  Ils  furent  toujours  en 
grand  honneur  parmi  les  Hébreux.  Jéhova 
xappellant  à  ce  peuple  ks  bienfaits  (jf y) , 
en  nomme  trois  principaux  :  Je  vous  ai  tÎTésh 
d'Egypte,  dit-ilj  j'ai  exterminé  les  Amor-. 
rhéens  j  j'ai  fufcité  parmi  vous  dèç  Nazi- 
réens  &  à^s  prophètes.  Oa  troave.  une» 
nouvelle  preuve  de,  la  çonfidération.  dont  ils 
)ouiflbient  dans  le  premier  livre  des  Macîîar. 
bées  (y  y 6).  Les  Juife  s'occupent  à  les  placeif^ 

(Ç51)  Nombres,  chap.  6*^  v.  2. 

(552)   I  Reg.  ch.  1,  v.  28.  Amos,  ch.  t,  v.  ir. 

("553)  Nombres ,  chap.  6,  y,  13  &  2ï.'Aaes  des^ 
Apôtres,  c)iap.  21,  v.  13.  i  Reg.  chag.  i  ,  v.  i8. 

(5  %4)  Nombres ,  chap,  6 ,  v.  2  &  aj .  Xuges ,  ch.  13  ^ 
yerfet  ç-. 

(555)  Chapitre  a,  d'Anjos,  Y..^,,  ito  &  11. 
^556)  Chapitre  3,  v.  19. 


,         &  comme  Moralîfh.  i^ 

dans  un  lieu  sûr  quand ,  aflemblës  à  Mafpha , 
ik  entendent  approchep  l'armée  d'Antiochus* 

De  dix  obligations  que  ks  Naziréens  con-    p»  obri- 


tradoient ,  une  feuk  eft  affirmative.  Ces  dif-  contrac 


gâtions  que 
contrac- 
tpicnr  Icf. 


fèrentes  obligations  font  i^  de  ne  pas  coupée  Ni^^rccns. 
fes  cheveux.  2i°  De  ne  pas  fe  faire  la  barbe, 
j®  De  ne  pas  boire  du  vin ,  ni  de  ce  qui  en 
^  un  mélange  ,  pas  même  du  vinaigre. 
4^  De  ne  pas  manger  des  raifîns  frais.  j°  De 
n'en  pas  manger  de  fecs.  6^  De  ne  pas 
manger  les  pépins  du  raifîn.  7°  De  n'en  pat 
manger-  la  peau,  8*°  De  ne  pas  s'approcher 
d'un  cada,vre  ,  ni  affifter  aux  foneraîUes  de 
fi)n  frère  même  ou  de  fa  fœur ,  de  fon  père 
pu  de  fa  mère.  9^  De  ne  pas  être  pollué  par 
une  mort  arrivée  fubitement  devant  lui,  ou 
par  la  vue  d'un  mort,  iç>^  De  fe  rafer  après 
l'expiration  du  vœu ,  ou  fî  on  s'étoit  pol- 
^  (5^7)\  Dans  ce  dernier  cas,  après  s'être 


•  (1 Ï7)  Nombres ,  chap.  6 ,  v.  3  &  fuivatis.  Voyez. 
Surenhufius ,  fur  la  Mifna ,  de  Nazira3is ,  tom.  3  ^ 
page  147  &  fuivantes ,  &  Ulmann ,  livre  4 ,  cha- 
pitre 6,  7  &  8  ,  pag.  49-55.  ^^  ^fi  ^^^*  ^^  ^^^ 
TJifer  pour  rendre  plus  exaûement  X^radet  de  la.  Vul- 
gâte.  Il  ne  paroît  pas  cependant  que  le  rafoir  ait  été. 
connu  des  Juifs.  On  coupoit  plutôt  les  cheveux  avec- 
tjes  efpèces  de  cifeaux.  Cette  obfervation  porte  en?-. 
ç?re  fur  le  premier  livre  des  Roisi ,  ch^  1 ,  v.  i^ 


X  R8       Moyje  j  conjidere  comfne  Légijlateur 
De  la  com- purifié  ,    oti  oflfroit   au  prêtre  ,  le  huirième 
^"n^î-  J^^^»  ^  rentrée  du  tabernacle  de  Talliance, 
*iMs.        deux  petits   de   colombe   ou  deux    tourte- 
relles.  Le   prêtre   en   facrifioit  uix  pour    le 
péché  ,    l'autre    en   hôlocaufte ,    &    prioit 
à  caufo  de  la  faute  commife.  ILfanftifioit 
de  «  nouveau  la  tête  du  Naziréen ,    &  con- 
facroit   à  Jéhova   les    jours   de    fa  fépara- 
tion  en  offrant;  un  agneau  d'un  an  pour  le. 
péché ,  de  forte  néanmoins  c^ue  toute  la  fé*. 
paratipn  antérieure  devenoît   inutile,  parcei, 
que  la  confécration  avoit  été  fouillée  (yyS)., 
Le  livre  des  Nombres  (559)  explique  en- 
foite  comment   fe  termine,  la  coofëcratioa 


Anne  humiliée  de  fa  ftérilité  ,  promet  à  Jéhova  , 
s*il  lui  donne  un  enfont  mâle  ,  de  le  lui  offrir  tous, 
les  jours  dç  fa  vie,  &  de  ne  jamais  rafer  fa  tête^ 
Non  nfcendet  noyacuU^  fuptr  caput  y  us,  Samu^  eQ  effet 
étoit  Nazirèenu 

(558)  Nombres,  chap.  6,  v.  m  ,  11  &  la. 

(5^9)  Nombres,  chap.  6,  v.  ij-aa  Les  NaziréenS: 
donnèrent  fans  doute  Tidée  des  Récabites,  efpèce  de. 
folitaires  établis.,  fuivanr  Popinion  trommune,  fous  le^ 
règne  de  Jéhu  ,  par  Jonadab ,  fils  de  Rechab  &  con-. 
temporain  d'Ejyfée.  Ils  vivoient  fous  des.  tentes,;^ 
s'interdifoient  toute  liqueur,  ne  pouvoient  ni  femer, 
ni  planter,  ni  bâtir,  &c.  Voyez  le  quatrième  livre 
•fes  Rois,  chap.  10,  v.  1.5 ,  &  Jérémie,  chap.  y  ,^ 
xerfet  ô-iq. 


èf  commt  hîcfalijlck  \t^ 

Nazireenne  ,  qui  n'étoit  que  pour  un  temps 
marqué*  Quand  les  jours  pour  lefquels  oa 
s*eft  obligé  feront  accomplis,  le  prêtre,  dit-il, 
amènera  Tlfraélite  à  l'entrée  du  tabernacle 
de  Talliance ,  &  préfentera  au  Seigneur  Tobla- 
tion  d'un  agneau  d'un  an  fans  tache  pour 
Tholocaufte,  d'une  brebis  d'un  an  fans  tach« 
pour  le  péché  ,  &  d'un  bélier  fans  tache 
pour  l'hoftie  pacifique.  H  préfentera  auffi  une 
corbeille  de  pains  fans  levain  pétris  avec  de 
l'huile ,  &  à&s  tourteaux  fans  levain  arrofés 
d'huile  par-deflus,  accompagnés  de  leurs  of- 
frandes de  farine  &  dé  liqueur.  Le  prêtre 
facrifiera  l'hoftie  pour  le  péché  ainfi  que  celle 
pour  Tholocaufte  \  il  immolera  le  bélier ,  of^ 
frira  la  colombe ,  &  rafant  devant  la  porte 
du  tabernacle  la  chevelure  du  Naziréen ,  la 
brûlera  dans  le  feu  mis  fous  lés  hofties  pa- 
cifiques. Il  recevra  enfiiite  &:  élèvera  Tépaule 
cuite  du  béher ,  un  gâteau  &  un  tourteau 
,  fens  levain  ,  qui  lui  appartiendront. 


^90      hdoyjcj  tônfidifc  conantLé^fiaxtùr 

CHAÎPITRE    IV. 

lo/r    Ci  FIL  es; 

Lj  E  s  loix  civiles  font  réelles  bu  perîbnhdles; 
Celles-ci  règlent  les  droits  &  les  devoirs  des 
pères  &  des  enfans ,  des  mlitres  &  des  éf^ 
claves,  des  étrangers ,  dès  afirahchis ,  &c.  &c. 
Celles-là  prononcent  fur  les  ades  ordinaires 
de  la  vie  ,  le  tnàriage  ,  lés  fucceflîons  y  lé 
prêt,  les  ventes,  &c.  &:(:.  &c.  Arrêtons-noùi 
d'abord  aux  loix  perfonnellés  des  Hébreux. 

Article    urémie  r; 

Loix  relatives  aux  perfonnesi  ) 

t<rfx  far     ^N  ^  puiflance  abfoluè  réfidoit  dans  les . 
1«  pdres  &  niains  du  père  avant  que  les  Hébreux  enflent 

Iti  enfaut.  **  '        r 

reçu  la  loi  divine.  Chef  &  prote<îkéur  de  fa 
famille ,  il  en  fut  le  magiftrat  fuprême.  Con- 
duits à  fon  tribunal  domeftiqùé ,  les  ènftins 
coupables  enteadbient  la  bouché  paternelle 
tes  pères  régler  la  peine  qu'ils  avaient  méritée.  L'arrêt 

Moy"r''*î'c  ^oit  irrévocable  ,  éùt:ii  prononcé  la  inort; 

^*^^^*^J^^*  Jamais  un  père  n'approcha  plus  de  la  divi- 
nité que  dans  ces  mœurs  (impies  &  tutélairesi 


.&  tomme  Mo fdîijif^  191 

Accoutumé  à  ne  fe  manifefter  comme  elle  que 
]^r  des  bienfaits  /comme  elle  il  uniflbit  le  droit 
d'exercer  une  )Uftice  fouveraine  au  bonheur  * 
de  verfer  fur  Ce  qui  Tenviroilne  une  bienfai-      i 
j&,nce  toujours  adive  &  toujours  renaiflante.   Mbyfcfnet 
Moyfe  ayant  établi  des  juges  &  des  tri- î.rutoriiép*. 
.  bunaux,  mit  des  bornes  à  l'autorité  pater-  ""^«• 
nelle.  Les  magiftrats  ne  furent  pas  moins  les 
fiirveillans  des  mœurs  privées  que  les  garans 
de  U  tranquillité  publique.  La  loi  vint  au 
(ècours  de  la  nature  pour  graver  dans  tous 
.  les  cœurs  le  plus  tendre  des  fentîmens;  Elle 
ne  commanda  point  l'amour  filial*  Et  quel 
.  homme  aflez  barbare  pour  avoir  befbin  qu'on 
lui   commande  cette  aflfedion  facrée  î  Mais 
elle  punit  (y^o)  celui  qui ,  entraîné  par  les 
mouvemens  de  fa  colère ,  ou  d'un  caradère 
.    inflexible ^  ou  d'un  amour-propre  impétueux, 
i     oubliôit  un  inftant  Combien  il  devoit  à  fbn 
î     pkre  de  réfpeét  &  d'obéifl^nce. 
1-        Si  on  perdit  le  malheureux  privilège  dé    l»  pint 
'     difpofer  de  la  vie  de  ks  enfans  fans  l'auto-  reDcl^dioïc 
rifation  du  fénat  auquel  appàrtenoit  la  ven-  f ^jJ^J^ 
geance  du  crime ,  on  conferva  la  feculté  de 

(560)  Voyez  le  chapitre  des  Loix  criminelles; 
.art.  4 4  ainfi  que  pour  les  autres  crijnes  commis. par 
I^  fils  envers  fon  père.  /'     . 


1 01      Moyfcy  conjidére  Comme  tegîjlaiéiir  ^ 
les  veridre  ,  (bit  pbuit  fournir  à  fa  propre 
febliftance ,  foit  pOor  acquitter  une  dette  pat 
leur  efckvage,  foit,  ijuaud  il  $*agiflbk  d*uné 
fille ,  pour  -en  Êiire  une  nâès  époufes  du  fé- 
cond   rang   de   fadheteur  (  561  ).    LlExode* 
fait  allufion  au  dernier  de  ces  ces  lorfqu'il 
dit  (5^i)  î  La  fille  Vendue  pour  remplir  les 
fondions  domeftiques  ne  fera  pas  renvoyée 
cotnfîœ  tes  autres  fervantes ,   non  que  îbn  ' 
maître  ne  pujflè  l  éloigner  de  lui  fi  elle  lui 
déplaît ,  mais  il  ne  pourra  la  revendre  à  «ne 
famille  étrangère  (  ^€5  )  ^   poùJr  le  punir  de 
l'avoir  méprifée. 
Rcftfiaions     ^^  doublé  principe  qu'un  tel  achat  fup- 
^oll  ^  "  ^^^  ^®  ^^^  d^époufet  ou  de  fkiœ  épottfer  à 
-*— * -^^^^^^^ ] -^ 1 — » 

(561)  Céfoit  comme  le  mariage  per  cbànthntrH  ^ 
dont  il  dft  fotovent  parlé  'dans  les  Loix  romaîtfés. 
Vide  infiA  ,  art.  5.  Voyez  J^osèphe ,  Ântiq.  lùdoiq. 
-  Jiv.  9 ,  chap.  Xj  pag.  30*.  Abulenfis  *  fur  le  diap.  ai 
dcTExode  ,  quefl.  9,  refufe  aux  péfes  cette  feculté  ; 
mais  fon  opinion  eft  fafls  preuve^.  La  nôtre  eft  fondée 
fur  TEcriture.  Voyez  les  notes  fuivantes.  Dans  les 
Pfeaumes,  chap.  71 ,  v.  4, Tparmî  les  louanges  û\in 
bofù  roi  ,  ou  dit  tfu'il  rachètera  tes  errfans  dies  pau- 
vres. Je  lis ,  avec  le  Chaldéen ,  filios  pauperum  rcdimet, 
&  non  pas,  avec  la  Vulgate ,  y^/vo^  facîet. 

(561)  Chapitre  ti ,  v.  7  (&  8. 

(563)  Lçs  commentateurs  interprètent  aîiïfi  cepaf- 
fage.  La  Vulgate  dit ,  populo  aReno.  •' 

foû 


^  comme  Moratijle.  f^f 

ion  fils  la  perfonne  vendue  ,  &  qu*elle  ac- 
quiert fa  liberté  par  la  répudiation ,  on  tira 
deux  conféquâncas  naturelles  :  la  première 
qu'ion  ne  pouvoit  vendre  deux,  fois  fa  fille  ; 
la  féconde  qu'il  étoit  des  hommes  auxquels 
cm  ne  pouvoit  la  vendre ,  comme  les  parens 
au  degré  prohibé  (^^4).  On  mit  d'ailleurs  à 
cette  vente  toutes  les  refttidions  que  fij^g- 
gère  l'humanité*  La  Mifna  ,  les  deux  Ge- 
marres  ,  Mainlonide ,  Mikotzi ,  tous  les  Au- 
teurs aflurent  (j6j)  que  la  pauvreté  feule 
faifoit  pardonner  cet  oubli  de  la  nature.  Et 
quelle  pauvreté  !  Il  falloit  n'avoir  plus ,  je 
ne  dis  pas  d'immeubles  >  mais  d'eflFets  mo- 
biliers ,  pas  même  un  vêtement  pour  fe  cou- 
vrir. Le  père  entraîné  à  cette  adion  par  un 
befoin  abfolu,  n'en  étoit  pas  moins  forcé 
par  tendrefle,  par  juftice.,  &  par  honneur 
pour  fa  famille ,  de  confacrer  au  rachat  les 


(5^4)  Abarbenel ,  dans  fon  Commentaire  furie  Pen* 
tateuque ,  fol.  178 ,  col.  4.  Wagenfeilius  (ur  la  Mifna  , 
lie  Uxore  adulterii  fufpeââ ,  c.  3  ,  §.  8 ,  tom.  3  , 
pag.  226.  Selden  ,  de  Jure  Naturas  &  Gentium ,  1.  6, 
chap.  7,  pag.  741. 

(565)  Mifna,  diâo  loco.  Gemarre  de  Jérufalem, 
de  Sponfalibus,  chap.  i,  fol.  159,  col.  3.  Gemarre 
de  Babylone,  même  titre,  fol.  18  &  fol.  19.  Mi^ 
kotzi,  Pr»c.  aft  85 ,  &  Oegat.  179. 

N 


194       Moyfcy  tonfidéré  comme  Légijlatcur 

premiers  biens  qull  acquéroit  (y 66).  S'il  n'en 

acquéroit  aucun  d'une  valeur  fulfifante,  s'il 

fuyoit ,  s'il  perdoit  la  vie ,  il  falloit  bien  alors 

que  la  malheureufe  viftime  fubît  fa  deflinée 

jufqu'au  moment  défiré  de  L'afiFranchiflèment 

de  la  loi  (567). 

Unes'éicn*      L'humanité  voulut  encore  que  le  droit  ac- 

quVfa  mè-  cordé  au  père  Rit  excluiif  ;  & ,  malgré  l'union 

les 'cnflns""^  intime   qui    attachoit   la   mère   à  lui  ,    on 

âgés  de  plus  n'étendit    pas    jufqu'à   elle    l'exercice  d'une 

de    douze     '  i    /      •  r  n        m       • 

a«s,  taculte  rigoureule  (y 68).    Toujours  par  une 

infpiration  de  ce  fentiment ,  on  ne  laiffa  au 
Aî.>V  père  lui-même  le  droit  de   vendre  fa  fille 

que  tant  qu'elle  auroit  moins  de  douze  ajis , 
c'eft-à-dire  qu'elle  feroit  dans  un  âge  où  la 
foibleflè  de  fes  connoiflances  &  de  fes  or- 
ganes s'oppolant  à  ce  qu'on  la  vouât  aux 
fondions  pénibles  de  la  fervitude ,  il  eft  dif- 
ficile ,  en  Tachetant ,  d'être  guidé  par  une 
autre  impreffion  que  le  charme  de  fes  mœurs 
&  de  la  figure  (  J69).  C'étoit  d'ailleurs ,  à  fix 
—— ^~^—  '         ■  "  — ^— — — — — ^ 

(566)  Maimonide  &  la  Mifna ,  diôis  locîs. 

(567)  Mifiia,  ibidem.  Maimonide,  diôo  loço. 

(568)  Mifna,  de  Uxore  adulterii  fufpeaâ,  tom.  3 , 
chap.  3,  §.8,  pag.  224. 

(569)  Abarbenel ,  diûo  loco.  Mifna ,  tom.  3  ,  de 
Dote,  Litt«rifque  Matrimonialibus ,  chap.  3  ,  §.  8  , 


Ê  comme  Moralisé.  i  9  y 

inbîs  près  ,  râgê  auquel  expira  la  puiflance  Majorité  dc$ 

i)ag.  66  ,  &  Bartenorà  fur  ce  g.  p;  6j.  ^agenfeililijs , 
dç  Uxore  adolterii  fufpeôâ  ,  pag.  226.  Selden  j  de 
Jure  Naturae  &  Gentium,  liv.  6,  chap.  ^i  p.  741. 
La  vente  étoit  abfolument  huile ,  fi  la  jeune  perfonne 
âvoît  plus  de  douze  ans  &  uti  jour,   fi   elle  étoit 
puella.  Voyez  la  Mifh'a,  diào  locb;  &  fur-tout  p.  66 
&  67  i  les  explications   dii  tàbbih  Meyt    &  celles 
de  Maimbnide  &  de  Bartenoira.  Une  femme ,  depuis 
le  moment  de  fa  rïaifTancô  jufqu'à  douze  ans  &  ud 
5our,  eft  nomméQ  parvula  ^  félon  les  rabbins  i /?vc  illi 
duo  adpudehdum  fuerint  pili ,  Jive  non.  Si  j  à  cet  âge ,  ellô 
a  ces  fignes  natUrelis  ,  on  commence   à  l'appeller 
puella  ou  virgunculd.  Si  elle  ne  les  a  point ,  elle  con-» 
tinùe  d'être  parvula  jufqù'â  viilgt  ans  accomplis.  Si  ^ 
à  vingt  ans  même ,  ils  n'ont  point  paru  ,  mais  qaVlId 
ak  des  marques  de  ftérilité ,  on  la  nomme  fterilisi 
[N'en   a-t-elle  aucune  ,   elle  [continue  encore  d*être 
parvula  jufqu'à  trente-cihq  ans  J  ftiais  â  trente-dûq 
ans ,  que  ces  matques  fe  foient  oii  noii  développées  ^ 
fi  elle  n^a  pa§  duos  ad  pudtndum  pïlos  ^  elle  eA  irré«* 
vocablemeht  déclarée  Àérile.  Les  a-t-elle  acquis  ^ans 
Fefpace  qUi  s'écoule  eritre  la  douzième  année  &  la 
trente-cinquième,  dès*lors  elle  eft  puella^  &  fix  mois 
^prés  puhefcens.  Àinfi ,  au  fortir  de  Ten&nce,  fix  mpit 
d'adolefcence  (fi  on  peut  appliquer  ce  mot  kpuiUa) 
fuffifoietit  pour  qu'on  fut  cenfé  &  reconnu  pubère;- 
Voyez  encore  la  Mifna  »  tom*  3  5  pag.  66  &  67.3  S^ 
237.  Voyez  aufli ,  dans  le  même  tom*  3 ,  de  Levi* 
rorum  in  fratriaS  ofHciis  )    Maimotûde  i  fur  le  §.  4 
du  chap.  6,  pag.  li,  &  Selden,  de  Succeffionikuijî 
chap.  9  ^  pag.  67  Sl  fuivànt^* 

N  z 


1 9  i      Moyfe ,  conjidéré  comme  Légijlateur 
d*im  père  fur  fa  fille.  Outre  qu'à  dou^^e  ans 
&  demi  elle  paffpit  ordinairement  fous  l'au- 
torité d'un  époux  ,  tous  les  biens  qu'elle  ac- 
quéroit  depuis  cette  époque,  de  quelque  mi- 
nière qu'ils  fuflent  acquis,  foit  par  contrat, 
Ibit  par  hérédité,  foit  par  induftrie,  ceflbient 
MâjoriUaes  d'appartenir  à  l'auteur  de  fes  jours  (570).  La 
«tf«s.        majorité  j»  pour  les  garçons ,    étoit  fixée  à 
çreize  ans.  Alors  ils  pouvoient  contrader,  & 
acquéroient  un  caradère  de  liberté  aux  yeux 
de  la  religion  &:  à  ceux  de  la  loi ,   dont  ils 
étQient  plus  étroitement  obligés  de  remplir  les 
préceptes  (571). 
L'efciavagc      Ce  que  noqs  avons  dit  du  droit  de  vendre 
Sî!z  les  Hé^  annonce  clairement  Tefclavage  parmi  les  IC- 
krcujc.        raélites.   Il  y  étoit  ancien.  Abraham  pofle- 


(570)  Mifna ,  tom.  3  ,de  Dote,LitterîfqueMatrimon. 
p'ig  69,  chiap.  4,  g.  4,  &  Bartenora  ,  fur  ce  §.  : 
9fi' Potcfiatem  kabet  patcr  in  rem  invcniam  filu  fiut\  in 
».  opus  manuum  ejus ,  &c,  &  non  cemedît  fruBus  Uld  vU 
9>  vente.  Si  nupta  fuerit  ^  pâtre  major  eft  marîtus  ^  qtàa 
^  tcmedit  fru&us  ilMvivente ,  fed  tenetur  eam  alere,  «- 
4».  £mfire  &  ftpeîire  ».  Au  refte  ,  le  père  ne  pouvoit 
jamais  avoir  que  Pufufruit.  Il  ne  deyenoît  proprié* 
nii^  que  par  la  mort  de  fa  fille.  Auparavant^il  ne 
pouvoit  pas  aliéner. 

(571)  Voyez  Léon  ds  Modéne,  Hiftoria.  de  gli  rid 
héKraki,  partie  4,  chag,  10,  §.  4  >  çag-  ^03. 


&  comme  Moralise.  iiff 

doit  lin  grand  nombre  d'efclaves  (  J72.).  Moyfé, 
en  tolérant  la  fervitude ,  fe  conforma  donc 
à  un  ufage  reçu  :  mai«  ,  lui  donnant  des 
limites  plus  étroites ,  il  eflfaya  d'en  coftcîlier 
la  rigueur  avec  la  bonté  de  l'Etre  fuprêmè. 
Chez  aucun  peuple  les  efclaves  n'excitèrent 
à  un  tel  point  la  bienveillance  de  la  loi. 

Les  Juifs  connoiflbient  trois  manières  de  lé   Différentes 

«  .  «  ,  *ir*A  manières  de 

devenir  :  quand  on  s  y  vouoit  de  lôi-même,  devenir  ef- 
quand  on  étoit  vendu  par  fon  père ,  quand  ^^^*^* 
on  y  étoit  condamné  par  les  magiftrats.  Là 
première  eft  confîgnée  dans  leLévitîqué(y75). 
Elle  n'étoit  excufée  que  par  Tindigencé  &t 
le  befoin  abfolu  des  objets  nécefliaires  à  ïa 
fubfiftance.  Il  falloit  avoir  vendu  auparavant 
tout  ce  qu*on  avoit  de  néceflaire  &  d'utile. 
Nous  avons  déjà  parlé  de  la  fécondé*  La 


(57a)  Genèfe,  chap.  14,  v.  14. 
•  (573)  Lévitique,  chap.  45,  v.  39.  Voyez  Mikotfri 
PrascaiBrmar.  83.  Gemarre  de  Babylone ,  de  Damntô^> 
liv.  2 ,  pag.  71.  Selden ,  de  Jure  Natursé  &  Gentîum  » 
liv.  6 ,  cliap.  5  ,  pag.  715  &  fuivantes.  11  en  fut  de 
même  à  Rome.  Ulpien  le  rappelle,  loi  17,  §.  iî  » 
de  iEdilio  ediâo.  Voyez  encore  l'Exode,  chap.  22^ 
V.  3.  La  captivité ,  fuite  de  h  guerre  ,  ne  frappa  qa^ 
fur  les  étrangers.  Un  Ifraélite  ne  pouvoît  y  vouer 
HH  autre  Ifraélite  quand  les  différentes  tribus  fe  corn.- 
fcattûienti.  Voyez  %  Paralipom.,  chap.  28,  v.  8-13* 


^5?       Moyfcy  êonfidéré  comme  JUgiJlateur 
liberté  cfes.  enfans  fuppléoit  quelquefois  à  fefc 
pauvreté  de  la  mère  ou  de  la  fùcçeffioçi  de 
fpn  époux.  Uiî  créanciçr  du  mari  voulut  ft 
faifîr ,  \  cet  çfFet ,  de  ceux  dç  la  veuve  que 
Le  dcve-  prptégeoit  Elyfée  (574),  Cçtte  extenfion  des 
5°;;^?P^"parolçs  de  l'Exode  &:  du  Lévitique  fiit  un 
abus  coupable,  Moyfe  n'avoit  pas  fournis  g. 
l'efclavage  Timpuiflance  de  payer  une  dette 
civile  5   &    l'y   condamner    eft;  un  attentat 
contre  la  loi  ,  l'infortune  ^  l'humamté.    Il 
étpit  loin  de  placer  dans  les  fers  ua  débiteur 
déjà  tourmenté  par  fa  misère  &  la  douleur^ 
Ja  honte  ,    fi  l'on  veut  ,   d'être  infolvable  ; 
un  débiteur  qui ,  fouvenç ,  eft  un  père  chargé 
.  d*ehfans  &  de  befoins ,  auquel  on  ôte  par 
un  emprifonnement  qui  le  condamne  à  Tinu* 
tilité ,  cet  emploi  du  temps ,  ce  revenu  de 
fon  travail ,  la  feule   reflburçe  qui  reliât  à 
fà  famille  défolée. 

La  troifième  manière  d'être  voué  à  Tefa 
clavage  fiit  la  condamnation  4es  magiftrats, 
L'Ecritur§  (575)  y  condamne  le  voleur  hors 
d'état  de  payer  la  reftitution  pécuniaire  '  à 
I^qu^Ue  foa  crime   éçoit  foumis.  Il  fervoit 


(î74)  4  Reg,  chap.  4,  v.  i. 
(57 ï)  Exode ,  chap,  zi ,  v.  1.  Deutéronome,  ch.  iç  , 
V,.i^.  M^imoqide,  Selcjen  &laGem^rre,  diâisloçi^ 


&  comme  MoraUJle.  t^^ 

Jufqu'au  moment  où  il  avoit  gagné  par  ce 
fervice  une  valeur  égale  à  celle  de  l'objet  dé- 
robé :  car  on  n*exigeoit  point  alors  le  double^ 
le  quadruple.  Il  fourniflbit  enfuite  cet  excé- 
dent, mais  après  être  devenu  libre  &  fur 
les  fruits  du  travail-  fait  hors  de  la  fervi- 
tude.  Celle  dont  nous  parlons  ne  regardoit 
que  les  hommes.  Les  femmes  ne  pouvoient 
pas  plus  être  vendues  à  caufe  du  vol  qu'elles 
ne  pouvoient  fe  vendre  elles  -  mêmes  ,  nî 
acheter  un  efclave ,  foit  Hébreu ,  foit  Cha- 
nanéen  ;  &  cela,  par  refpeft  pour  les  mœurs 
&  la  décence  publique. 
.  En  condamnant  ainfî  le  voleur ,  les  ma- 
giftrats  ne  le  rendoient  efclave  que  d'un  It 
raélite,  jamais  d'un  idolâtre  ou  d'uj^rofé- 
lyte  de  domicile,  pas  même  d'un  profélyte 
de  jufrice  (  yy^  ).  Si  un  Juif  néanmoins  fp 
vendoit  de  lui-même  à  un  profélyte  ou  à  «un 
Gentil ,  la  vente  étoit  légitime  \  mais  pen- 
dant deux  fois,  on  invitoit  au  rachat  fes 
parens  ou  le  peuple  :  la  troifîème  fois  on  le 
jugeok  indigne  d'être  racheté.  Au  refte ,  de 
pareilles  ventes  ne  fe  faifoient  point  en  pu- 


(^76)  Voyez  tes  auteurs  cités,  &  la  Mifna,  de  Dî- 
vottiîs,  chap.  4,  §.  4  &  fuivans,  tom.  3 ,  pag.  J34. 
&  fuivantes.  . 

N4 


foQ     Moyfcy  conjidérc  comme  Ugljlateur 
blic,  mais  en  fecret,  pour  conferver,  jufques 
dans  ce  moment ,  la  dignité  de  la  perfonne 
adjugée  ou  vendue. 
Manièrci      L'efclavage  finiflbit  de  plufieurs  manières  : 
ioiri'c1?ial  P*^  le  rachat  ,  comme  nous  venons  de  le 
^H'-         dire;  par  raflfranchiffèment  ^  comme  nous  le 
dirons  dans  la  fuite;  par  la  mort  du  maître, 
s^l  étoit  Gentil  ou  profélyte ,  &  par  ïa  mort 
fans  laiffer  d'enfans,    s'il  étoit  Hébreu.    Ce 
qu'on   accordoit   au  fils   fucceflèur   de    foii 
père  n'étoit  accordé  qu'à  lui.  La   fille  ou 
tout  autre  héritier,  ne  jouiflbient  pas  de  ce 
privilège  (577).    Les  rejettons  d'un  efclave 
idolâtre  reftoient  au  contraire  dans  la  lervi- 
tude;  &:  ils  furent  toujours  en  affez  grand 
Bombre,  la  loi  permettant  aux  maîtres  de 
donner  à  leurs  efclaves ,  du  moins  à  ceux 
qui  le  devenoient  par  une  condamnation  ju- 
diciaire ,  une  femme  Chananéenne ,  pour  en 
çn  avoir  des  enfans ,  privés ,  dès  leur  nait- 
lance,  de  la  Hberté  civile  &  naturelle. 
Loin  d'être  perpétuel ,  l'efclavage  d'un  If- 
rcfciavagc    raélite  envers  un  autre  Ifraélite  ne  dura  que 
a-unifraéu-  ^^^  gni^ées.  L^fçptième ,  fes  fers  étoiçnt  brifés. 


to. 


(577)  Voyez ,  outre  la  Gemarre  &  la  Mifiia,  Selden, 
de  Jure  Naturse  &  Gentium ,  liv.  6,  chap,  7  ,  p.  739, 
&  d?  Sucçeffionil)\i5  ifl  bQna,  çfe.  20,  p.  iji  &  x}2»^ 


&  comme  MoraliJU.  lot 

•Êins  rançon  (^78).  Le  droit  qu'il  poflfédoit, 
dans  cet  intervalle  ,  s'il  appartenoit  à  un 
étranger  fixé  comme  profélyte  dans  la  terre 
d'Ifraël  ,  de  fe  racheter ,  ou  la  faculté  de 
l'être  par  fes  parens  ou  fes  amis ,  s'exerçoit 
en  compenfant  le  prix  de  l'achat,  le  falaire 
qu'avoir  mérité  fon  fervice  &  le  temps  qui 
lui  reftoit  jufqu'à  l'année  (^79)  qui ,  dans 
toutes  les  circonftances  poffibles  ,  terminoit 
fon  efclavage  (y 80).  Son  maître  ne  pouvoir  Qucdcroit 
alors  le  laifler  fortir  fans  lui  fournir  de  tre,  l'cfcu- 
quoi  fubfifter  dans  la  route,  &  quelque ^^^^"^ 
chofe  de  fes  moiflbns  ,  de  fes  vendanges 
&  de  fes  troupeaux  (  ySi  ).  Si  le  ferviteur 
affranchi  étoit  entré  feul  en  efclavage ,  il  eii 
fprtoit  feul.  Si ,  étant  alors  marié  ,  il  y 
ëtoit  entré  avec  fa  femme,  elle  en  fortoit 
avec  lui.  En  avoit  -  il  reçu  une  de  fbo 
maître  pendant  ce  fatal  intervalle  ï  elle  de- 
meuroit  fous  la  domination   de   celui  -  ci . 


(578)  Exode,  chap.  21,  v,  z.  Deutéron. ,  ch.  15, 
verfet  la. 

(579)  Lévitique,  chap.  25,  v.  4S-53. 

(ç8o)  Lévitîque,  chap.  15,  v.  54.  Exode  &  Deu- 
téronomc  ,  diâis  locis.  Voyez  Jérémie,  chap.  34, 
verfët  14. 

(jSi)  Deutéronome,  chap.  15,  v.  13  ôc  14, 


jtoz  Moyfcy  conjiderc  comme  IJgiJIdteur 
Comme  nous  venons  de  robferver ,  avec  les 
enfans  furvenus  de  fon  union  (y8i)>  unioa- 
forcée,  qu'on  n'avoit  pas  le  droit  d'exiger , 
fuivant  les  Rabbins  (583) ,  fi  l'homme  s'étoit 
vendu  de  lui-même ,  ou  qu'il  eût  confenti  à^ 
vivre  dans  l'efclavage ,  quoique  le  terme  en> 
fut  expiré.  Comme  la  loi  qui  permettoit 
cette  étrange  aflbciation  &  qui  en  fixoit  les 
fuites  ne  regardoit  que  les  femmes  idolâtres , 
elle  n'altéroit  en  rien  celle  qui ,  la  feptième 
Dor^e  dc^^riée.,  rompoit  les  chaînes  de  tous  les  Hé- 
d«^éttX  ^^^^^  ^^^^  diftinékion.  Les  étrangers  feub 
jcrj.  furent  exceptés  de  la  loi.  Le  paflTage  de  l'Exode 
ne  tombe  donc  que  fur  eux.  Eût -on  penfé 
qu'un  mariage  contradé  par  deux  perfonnes: 


(582)  Exode,  chap.  zi  ,  v.  3  &  4.  II  y  a,  à  ce 
fujet ,  dans  la  Yulgate  ,  une  faute  importante  qui  a 
donné  lieu  à  des  méprifes  fingulîères.  On  y  lit,  v.  3  : 
'<c  Cum  quali  veftc  întraverîty  cumtali  eji?e/f/ »,  ce  qu'on 
regarde  comme  un  ordre  donné  au  maître  de  rendre 
à  l'efclave  fortant  de  fa  maifon  Phabît  qu'A  avoît  en 
y  entrant  :  mais  il  n*y  a  pas  un  mot  de  cela  dans  le 
texte.  Il  dit  :  Si  folus  venerît  ,  OU  plutôt,  fi  venérît 
cum  corpore  fuo^  folus ^  ou,  cum corpore  Juo  €sâbU\  par 
oppofition  au  cas  exprimé  dans  le  même  verfet  oii 
il  y  feroit  entré  avec  fa  femme. 

(585)  Les  Gemarres  &  Maîmonîde ,  diôis  locîs^ 
Selden ,  diôo  loco ,  pag.  740.  Le  rabhin  Jarchi  ^  fur 
le  chap.  21  dé  TExode. 


&  comme  Moralijle.  io  j> 

î)rivées  de  leur  liberté  eft  illégitime  ï  Saris 
être  obligé  de  rendre  la  femme  àfon  époux, 
on  l'auroit  été  de  raâranchir. 

L  efclave  réRifoit-il  la  jouiflance  du  privi-    QuM ,  il 
lège  que  lui  accordoit  Tannée  fabbatique  ,  S^forUrd'U 
foit  parce  qu'il  aimoit  fon  maître,  foit  parce ^^*^*^*^ 
qu'il  trouvoit  à  être  avec  lui  quelque  avan- 
tage? On  lui  perçoit  l'oreille  à  la  porte  de 
la  maifon  ,   en  préfènce  des  magiftrats ,  & 
c'étoit  le  fîgne  d'une  éternelle  fèrvitude  (584). 
Je  dis  éternelle ,  &  il  ne  faut  pas  entendre 
ce  mot  à  la  rigueur,  comme  l'ont  fait  quel- 
ques écrivains  trompés  par  une  mauvaife  ex- 
plication d'un  verfet  du  Lévitique  ,  qu'ils  ont 
appliqué  aux  Ifraélites ,  quoique  les  étran- 
gers feujs  en  foient  l'objet  (y8j).  On  a  cher*- 
çhé  quelle  fut  1^   raifbn  de  cette  ççrémo* 


(584)  Exode ,  chap.  ai ,  v.  5  &  6,  Deutéronome,* 
chap.  15  ,  verfet  16  &  17.  Voyez  le  Lévitique, 
ch^p.  25,  V.  46,  §c  S.  Jérôme ,  in  Epift.  ^d  Galatas, 
chap.  I.  Eternelle^  c'eft-à-dire ,  de  quarante-neuf  aps 
au  plus ,  puifque  c*étoit  alors  Tannée  jubilaire.  Le 
verfet  17  du  Deutéron^  ajoute  qu'on  fera  de  même  à 
Végard  de  fa  f^rvante  ;  mais  le  plus  grand  nombre  des 
commentateurs  aflurent  que  cela  fe  rapporte  à  la  der-i 
nière  circonftance ,  &  qu'on  ne  perçoit  point  roreiJJQ 
aux  femmes. 

(J85)  Lévitique,  dîâo  loço^ 


j;o4  Moyfc ,  conjidéri  comme  lAgiJlattut 
nie  (yStf).  Les  uns  y  voient  une  punition  J 
une  jufte  infamie  envers  Thomme  affèz  lâche 
pour  renoncer  à  fa  liberté  ;  d'autres ,  l'expret 
fion  d  une  obëiflance  abfolue  &  rengage- 
ment de  ne  pas  même  franchir  le  feuil  de 
la  porte  fans  l'agrément  du  maître  ;  d'autres , 
un  fymbole  de  ce  qu'on  aura  à  fbuftrir 
(bus  la  domination  d'un  poflTéfleur  tyran- 
nique.  Quoi  qu'il  en  foit ,  la  fervitude  ac- 
quife  par  une  telle  opération  ne  s'étendoit  pas 
fur  les  enfans.  Les  feuls  étrangers  encore  paf- 
foient  par  droit  de  fucceflîon  ,  eux  &  leur 
famille ,  à  la  poftérité  du  maître  (587).  On 


(586)  Voyez  Abulenlls ,  fur  TExode ,  chap.  ai  , 
^cft.  9,  &  Ménochius,  de  Republicâ  Hebraeoruniji 
Hv.  I,  chap.  5,  §.  10,  pag.  33  &  34. 

(587)  Lévîti^ue,  chap.  15  ,  v.  46.  Les  çn&ns,  en 
général ,  fuivoient ,  pour  l'efclavage  comme  pour 
tout  le  refte ,  le  fort  de  leur  mère.  'Tant  qu*elle  de- 
meuroit  en  {èrvitude,  ils  y  demeuroient  auffi  ;  mais, 
î\  elle  étoit  affranchie  ,  ils  acquèroient  »  ainfi  qu'elle  » 
leur  liberté.  Vroîes  fervintds ,  aut  à  facrts  pengrinitatis 
refpefiu  ,  matrem  feqmtur  ,  neque  patris  uHa  habetur  ratîo^ 
Telle  eft  la  règle  ou  la  maxime  en  cette  matière* 
Voy.  Wagenf.  fur  la  Mifna ,  de  Uxore  adult.  fùfp.  c.  4% 
§.  I ,  tom.  3  ,  pag.  2^.  Toutefclave  êtoit  affranchi 
de  droit,  s'il  embraffoit  la  religion  mofaïque.  Léo» 
de  Modène  «  Hiftoria  &c.  part,  ^j  ck  3  ^  p.  206» 


&  comme  Moralijie.  lof 

Toît  à  chaque  inftant,  dans  les  préceptes  fur     PrMUcc- 
i-e(clavage  ,   Jéhova   mettre  une  diÔërence  pow  *ie$ 
marquée  entre    fon   peuple    &  les   nations  j^"c^de*r^ 
qu'il  n'a  pas  choilies.  Il  défireroit  même  qu'on  «^v««** 
ne  prît  de  ferviteurs  que  parmi  elles  ou  parmi 
ceux  qui,  nés  dans  leur  fein,  les  ont  quittées 
pour  venir  habiter  la  terre  d'Ifraël  (588).  Il 
recommande  de  ne  pas  confondre  le  Juif  & 
le  Chananéen ,  &  de  n'impofer  jamais  au 
premier  des  devoirs  faits  pour  répugner  à  un 
hortime  libre.  Il  ordonne  que  l'époufe  &  les 
eafans  de   celui  même  qu'une  fentence  du 
magiftrat  a  adjugé  foient  nourris  &  vêtus, 
logés  avec  foin,  fans  avoir  à  remplir  aucune 
des  obligations  de  la  fervitude  (  589  ).  C'eft 
envers  l'Hébreu  forcé  par  fa  misère  à  engager     15^,,,-^^ 
ia  liberté  qu'il  reconunande  aux  maîtres  de  recommMi. 
oe  point  abufèr  de  leur  puiflànce ,  de  ne  point  1^  cfcUTcs. 
le  vendre  à  d'autres ,  de  le  traiter  non  comme 
une  viftime  dévouée  par  état  à  leurs  caprices 
•&  à  leur  tyrannie ,  mais  comme  un  fermier , 
comme  un  arti&n  utile ,  comme  un  frère  (590). 
Ceft  envers  lui ,.  û  on  l'affranchit  ou  s'il  eft 
ifihmchi  par  la  loi ,  qu'il  donne  cette  leçon  . 

(588)  Lévîtique,  chap.  iç ,  v.  44  &  45. 

(589)  MaimcnidcL  &  Seiden ,  diâis  locis. 
(550)  Lévitiqu«,  di.  25  ^  v.  39,  40  &  41. 


Xo6  Moyfc  j  .cbnfidcré  comme  UgijtateiW 
touchante  d'humanité  :  «  Ne  détournez  point 
Vos  yeux  de  deflus  vos  ferviteurs ,  après  que 
Vous  les  aurez  renvoyés  libres  ,  puifqu*ib 
Vous  ont  fervi  pendant  fix  ans ,  comme  vous 
auroitfervi  un  mercenaire  (591)  ».  Ceft  envers 
lui ,  ou  plutôt  envers  tous  les  efclaves ,  car 
TEcriture  ne  particularife  point  fon  précepte, , 
qu'il  défend  à  Tlfraélite  chez  lequel  un  d'eux 
fe  fèroit  réfugié,  de  le  livrer  à  fon  maître ^ 
&  ordonne  de  laifler  ce  fugitif  en  repos  dans 
la  terre  qu'il  aura  choifie  pour  afyle  (592.).  Il 
faut  obferver  néanmoins  que  la  défenfe  le 
rapporte  plus  particulièrement  à  celui  qui 
ëtant  l'efclave  ,  ou  d'un  Hébreu  quittant  fa 
patrie  pour  aller  vivre  dans  une  terre  étran-- 
gère ,  ou  d'un  Gentil  continuant  à  vivre 
dans  une  terre  idolâtre ,  s'enfiiyoit  dans  celle 
d'Ifraël  (  593  ).  H  eft  vraifemblable  qu'on 
dut  à  cette  loi  celle  que  porta  Hérode-le- 
Grand  (594),  par  laquelle  il  condamna  les 


(591)  Deutérononte ,  Chap.  iç,  V.  18. 

(592)  Dsuiérônome ,  chap*  23,  y«  15  &  16. 

(593)  Mikotzi  ,  prsÈcept.  riegat.  109. .  Jarcld  àd 
Deurer. ,  chap.  23 ,  v.  15.  Gemarre  dé  Babylone,  de 
Divortiis  &  Libellp  repudii ,  fol.  44  &  45.  Gemarre 
de  Jérufalem,  ibidem,  fol.  46,  oA»  t« 

(594)  Jofèphe»  Antiq,  Judaïques,  liv.  16,  eh<  x  j 
pag.  548. 


&  comme  MoraDfie.  I07 

hommes  qui  perçoiçnt  des  murs  pour  pé- 
nétrer dans  les  maifons,  à  une  fervitude  éloi- 
gnée ,  hors  des  frontières  de  l'empire. 

Si  Moyfe  exhorta  les  Juifs  à  la  douceur  vertus  p»- 
envers  leurs  efclaves ,  il  exhorta  cqs  derniers  «SItci.*"* 
à  Tobéiflance  ^  au  défintéreflement ,  à  la  pra- 

-  tique  de  la  vertu.   Celui  d*Elyfée  fiit  frappé 
.  de  la  lèpre  (595)  pour  avoir  demandé  &  reçu 

des  préfens  d'un  général  Syrien  que  le  pro-* 

phète  avoit  guéri. 

:      Leur  intérêt  exigeoit  d^ailleurs  qu'ils  niéri- 
/  taflènt ,  par  une  conduite  régulière ,  l'eftime 

&  la  bienveillance  de  leurs  maîtres.  L'aflFran- 
;  chiflement  pouvoît  devenir  leur  récompenfe. 
.  Etoit-on  fatisfait  de  leurs  fervices  ï  On  aimoit 
.  quelquefois  à  en  donner  le  prix ,  par  un  ade 

qui  leur  rendoit  la  liberté  naturelle.  Cet  afte  manière"* 

-  devoit. être  entièrement  volontaire.  Onrécri-*^**^^**'**' 
voit.   La  prononciation  des  paroles  de  l'af- 
franchiflement  n'auroit  pas  fuffi  (  596  ).    11  y 

avoit  pourtant  deux  autres  manières  de  fortir 
d'efclavage.  i®  En  rendant  au  maître  l'argent 

(595)  4  Reg.  chap.  5 ,  v.  20-27. 

(596)  Il  étoît  conçu  en  ces  termes  :  Ecce  lîbcrtusfist 
j^cce  tua  fis  poteJlatU,  Voyez  Maimonide  ,  diôo  loco  ; 
>  chap.  5  ;  Mikotzi ,  Pra»ce.  afHrmat.  87  ;  Selden>  diâo 

l«co  j  pag.  744. 


io8  Moyfe  ^  tùnfidépé  comme  Legljîateûr 
qu*avoit  coûté  le  ferviteur,  que  la  fomftie 
fôt  donnée  par  celui-ci  ou  par  toute  autre 
perfonne.  z^  Si  L'efckveavoit  été  battu  par 
lui  de  manière  qu'il  en  fut  blelTé.  Ce  dernier 
moyen  ne  fuififoit  pas  néanmoins  à  un  Gentil 
qui  n'avoit  pas  encore  dépouiUé  fon:  ido- 
lâtrie.. U  n'étoit  affranchi  que  par  les  deux  pre- 
miers (597)*  Avoit-on  une  fervante  qui  fe 
proftituât  ï  Si  le  maître  ne  Ten  puniffoit  point 
aflèz ,  les  magiftrats  avoient  le  droit  de  Taf- 
firanchir  (598)  ,  dans  fefpoir  qu'acquérant, 
par-là,  la  faculté  de  fe  marier  ,  elle  meneroit 
une  vie  plus  chafte  àc  ne  fcandaliferoit  plu» 
Ifraël. 
leiefdavcs  La  fervitude  fiifoit  perdre ,  elle  fufpendoit 
k^droit  dl:  ^^  moius  le  droit  de  cité  :  car  une  habitation 
*^*  commune  ne  fuffit  pas  pour  le  donner,  ob- 

ferve  Ariftote  (599).  S'il  eût  fuffi  en  Judée, 
ce  droit  auroit  appartenu  aux  étrangers,  aux 
bâtards ,  aux  eunuques ,  aux  profélytes  ;  & 
aucun  d'eux  n'en  jouiflbit.  Cependant,  parmi 
I^  étrangers,  quelques -xms  l'acquéroîent  à 

(597)  Voyez  les  auteurs  cités ,  &  l'Exode ,  ck  21 , 
verfet  26.  . 

(5^)  Maitnonicld  ^  diâo  loço  >  chap.  9.  Sdden  } 
diâo  loco. 

(599)  De  Republlcâ  ,  liy»  3 ,  çbap.  i ,  pag.  2094 

U 


"^comme  MoraRJk:  ié^ 

tltroîfième  génération  j  les  Iduméens  &  les    itthm^ 
Egyptiens  étoient  de  ce  nombre;  tandis  que  $o7cnt^iis câ 
les  autres ,  les  Moabites ,  les  Ammonites,  les  IcncV^^wt 
Amalécites  en  furent  exclus  à  jamais,    en  •"*• 
horreur  de  leur  naifllance  &  de  leurs  cri- 
mélB  (  600  )•  Tous  ces  obftacles  néanmoins 
étoient  brifés   par  une  aâion  éclatante  8c 
d'une  grande  utilité  pour  la  patrie.  Achior 
en  fournit  une  preuve  dans  le  livre  de  Ju- 
did[i(6oi).   Rahab  même,  cette  courtifane 
de  Jéricho ,  pour  avoir  caché  dans  fa  maifbn 
les  efpions  des  Ifraélites ,  fut  non-feulement; 
admife  par  eux  avec  toute  fa  parenté ,  mais 
c^tint  pour  époux  le  chef  de   la  tribu  de 
Juda  ,    un   des   ancêtres   de   David  (  6ox  ). 
Quand  on  n*avoit  pas  le  droit  de  cité  par 
par  la  naiflànce,   &  qu'on  le  recevoit  de  de  cité  ac- 
la  nation  ,   c'étoit  par  un    décret  public. 2Sct%^ 
Dès -lors ,  on  devenoit  capable  d'exercer  lfi&^^^-  ^  ■& 

T ■■.■■■  -  -      .  -  -  ■  ■  •    ^ 

(600)  Deutéronome ,  chap.  aj ,  v.  j ,  4,  7  &  8 j 
&chap.  25,  v.  17.  Exode,  chap.  17,  v.  14  &  16.' 
^  Efdras,  chap.  13  ,  v.  i  &  2.  Vide  fuprà  ,  pag.  (îj^ 
•  (601)  Chapitre  14 ,  v.  6.  Voyez  Serrarius  fur  ce 
chapitre,  queft.  x ,  &  S.  Thomas ,  liv.  2 ,  queft.  x  jo; 
article  3. 

(602)  Elle  époufa  Salmon  qui  eut  d'elle  Boos  Ie«* 
quel  eut  Obed  ;  Obed  eut  Jefle ,  &  JeiTé  David.  Voye2 
Joûié,  ch.  2  &  6»  &  S.  Matthieu ,  chap.  i ,  v.  5,  ' 


)^l#     Mcyft  y  çBtifidêré'ct^mfàe  Ligîjlauur 

fenâiofis  de  U  magiftramre  &  de  pârticipet 

à  l!admmiftratiQii  de  l'état ,  ce  qui  forme 

toujours ,  fuiyapt  Ariftote  (^03),  le  principal 

çaraaèrctd'an;citpyea.  . 

Des  eunii-     X^s  eUnuques  JQuiflbient  -  iU  du  droit  dd 

foient  ils  du  çïté  \  Lès  Talmudiftes  (604)  en  diftingutot  da 

^T  ^  ^  ^fiux  fortes ,  ceust  qui  le  lureipt  par  lieur  nai{-^ 

£mce  »  cfttx  qui  le  devinrent  par  la  férocité  do 

rhcmme«  Desc  conuoentatidurs  de  la  Mifna , 

^  fur- tout  W^genfeilius  (605),  qnt  indiqué 

loûs  les  fignes.  qui  faifoient  recqnnoître  les 

]^s§»^rs  :  mais  nous  fupprimohs  des  détaib 

^ui,:  fupport^l«A  dans  une Ungueétrao^e, 

aie  le  font  pâmais  dans  la  nôtre^  &  auxquels 

it  refufe  peut-être  la  décence  publique.  Le 

Deutéronome  exdud  les  eunuques  db  TégHfe 

!       ;\  ,4to  Seigneur^  c'eft-^à-ilire,^  des  afiêmblées 

'      :     *^bfiques  où  les  intérêt^  dii  peuple  font  dif- 


V  '*  '  ■ 


(603)  Diûaloca.  TCAfriif  i^kvxZit  iJ*iA  tZv  èbiXmv  &c. 
•Vieyez  fur  tout  cela  »  Ménochius,  de  Repnbw  Hebr. 
iW  I ,  chap.  5,  §..4,  pag,  ne. 

.  (604)  Eunuchos  foHs  â*  Eunuchos  bomlnis*  Voyez 
il.  Gemarre  de  Babylone  ,  de  Leyirorum  in  fratrias 
officiisy  Pag-,  75  &  7^»  &  celle  de  Jénifalem  »  ibid^ 
pag,  9,  col.  I.  Mikotfi,  Prasc.  negat.,  iiS.  S.  Mat* 
Ûù^sa  {ak  la  iii,êaie.di(tinâion,  chap.  ig-^y.  i%*  . 

,  (605)  Sur  la  MÎfoa,  de  Uxore  adulterii  fufpeâây 
ipm.  3»«hap.  4.  S-  î>  l»S-?4^    . 


&  comme  Moralifte.  tit 

cotés  par  ceux  qui  ont  droit  d'y  donner  leur 
iufifrage  {606).  Toutes  les  charges  leur  furent 
interdites.  Abulenfis  en  cherche  la  caufe  dans 
ce  qu'elles  étoient  héréditaires,  &  qu'il  de- 
venoit  par -là  injufte  de  les  confier  à  des 
hcttlUnes  qui  n'auroient  aucune  poflérité  (607)  : 
mais  a'eft-il  pas  beaucoup  plus  fimple  &; 
l)eaucoup  plus  naturel  de  croire  que  Tavilif^ 
fement  où  ils  étoieht  réduits  fut  la  caufe  de 
kJur  exclufioii  ? 

Les  bâtards  furent -ils  plus  heureux  ï  Le  tesbâtardt 
Deutéronome  ne  leur  eft  pas  moins  dëfavo-  foicn^-^iis» 
fable.  Il  les  exclud ,  jufqu'à  la  dixième  géné- 
ration (^08),  La  Vulgate  ,  en  l'énonçant ,  y 
met  une  addition  expHcative  qui  pourroit 
induire  en  erreur  (609).  Il  fuffifoit  d'être  né 


(606)  Deutéronom«,  chap.  23,  v.  i.  Vojre*  Mé-f 
liochius,  diâo  loco,  &  Ifaîe,  chàp.  56 ,  v.  ;• 

(607)  Sur  le  ch.  23  du  Deutéronomô. 

^  (608)  Chafp.  23  ,  V.  2.  Il  ert  eft  même  qui  tradûî- 
fent  >  au  lieu  de  ufque  ad  decimam  generaàoncm;  eAm 
dccma  generado.  Alors  les  enfans  des  bâtards  auroîent 
été  exclus  à  jamais.  Cette  dernière  interprétation  eft 
même  plus  conforme  au  texte.  Elle  eft  adoptée  par 
là  verfion  arabe  ,  Ma  verfion  fyriaque ,  &  on  en 
trouve  le  fens  dans  le  texte  famariuin  comme  dans 
le  texte  hébreu. 
(609)  Hoc  eft,  de Scortonatus.  Voyez  Pmeda,  d« 


i  1 1  Mcyfi^  tonfiiéré  comme  Légijlateur 
hors  du  mariage,  fans  devoir  le  jour  à  une 
proftituée.  Les  enfans  iflus  d'un  viol  ëtoient 
condamnés  comme  ceux  qui  étoient  le  fruit 
»etbitari$d*un  coufèntement  libre  (6io).  On  traitoit 
moins  rigoureufement  le  béard  douttux  ;  & 
par  cette  dénomination  qui  a  befbin  d'être 
expliquée,  on  entendit  (6ii)  celui  qui  ne 
connoît  pas  fon  père,  à  la  vérité,  mais  auquel 
fa  mère  eft  connue  ^  celui  qui  reçut  le  jour 
d'une  mère  fourde ,  muette  ,  infenfée  ;  lé 
part  qu'on  a  trouvé  expofé  fous  un  arbfe  à 
portée  de  la  ville ,  dans  une  place  publique, 
dans  l'enceinte  d'une  fynagogue  voifine ,  en-, 
reloppé  de  langes ,  circoncis,  Sec,  &ccî  (6iz). 


Rébus  Salomonis ,  liv.  i ,  chap.  5.  Ménochius  de  Re*- 
publicâ  Hebraeorum,  liv.  i ,  chap.  3,  §.  6,  p^  21, 
&  Ribenij  fur  le  v.  6  du  chap.  9  de  Zacharie. 

(610)  Voyez  "Wagenfeilius  fur  la  Miiha  ,  diâp 
loco,  p.  2.34. 

(611)  On  appella  aufli  duBie  nothus  ^  le  fils  de 
qmfquîs  îmt'famînam  de  quâ  dubîtatîo  ejt  tjft  ejus  corn' 
mercîutn  prohîbîtum  ^  utï  cwn  quis  concumbît  cùm  eâ  ,  quatn, 
mahtatam  vcl  non  maritatam^  repudîatam  vel  non  repudîatam, 
tffe incermm  eft,  Dubîe nothus eft^ natus ex hmuptS^in cujus 
conHùonem  numquan  fuit  inquijiium»  Voyez  la  Mifna» 
cQôo  I0C0,  pag.  235. 

(612)  Circumcîfus  ,  aut  fafcîls  invobiUis  ,  aut  foie 
'Confperfus^  aut  oculôs  fucatus  y  aut  amukto  çollum  orna^ 
jpj,  &c.  Ibidem,  page  23 $• 


&  comme  MoraTi/k:  tifi 

On  regardoît  au  contraire  le   part  comme 
certainement  illégitime  ,   fi  on  le  trouvoit 
fous  un  arbre  loin  de  la  ville ,  ou  fufpendtt 
à  Tes  rameaux  y  au  milieu  d'un  chemin  ^  ou 
dans  une  fynagogue  élpignée  (^15). 
.   Le  droit  de  cité  fut-il  du  moins  acCôrdé   Vàceoti»^ 
aux  profély tes  ï  On  fe  fouvient  que  ce  nom  fÉ?ytwî d« 
fut  donné  à  ceux  qui  adoptoient  la  loi  mo-J^j^^^ 
faïque  (614)  &:  à  ceux  qui,  fans  l'adopter >^*jjP~^ 
fixèrent  leur  habitation  dans    la  Paleftine.  aie 
Ces  derniers  s*obligeoient  feulement  à  garder 
certains  préceptes  que  Jéliova  >  félon  les  Hé- 
breux, prefcrivit  àNoé,  quand  ce  patriarche 
fut  échappé  à  l'inondation  de  la  terre.  Il  y 
en  avoir  fept  :  1°  Ne  pas  adorer  d'idoles.' 
z^  Bénir  Dieu,  3°  Eviter  l'incefte  &  toutes  les 
fautes  contraires  à  la  pudeur.  4^  L'homicide^ 
y^  Le  vol.  6^  Ne  pas  arracher  un  membre  à 
un  animal  vivant.  7*^  Refpeéler  les  magiftrats/ 


(615)  Voyez  encore  Wagenfeilîus^  diôo  loco.  Le» 
t^âtards  font  circoncis  chez  les  Jmfs  comme  les  enËuift 
léj^times  ornais  on  omet,  dans  IacérénK>nie,  la  partie 
de  Toraifoii  par  laquelle  on  implore,  Aur  Tenfant,  b^ 
miféricorde  dfc  Dieu.  Biutorf ,  Synagogue  Judaïque^ 
ciiàp^  4 ,  page  tio; 

(614)  De  TfQffifX^fiUit ,  accéda  j  veruo  ai.  En  \Aà 
breu,  on  les  appclla  an4,  gfrinty  étrangers. 


I 


iïi^  Moyfcy  tonfidéri  comme  Ligijlattut 
les  chcft  de  la  nation ,  &:  fe  foumettre  à  rait- 
forité  publique  (6iy).  Les  étrangers  dont  nout 
parlons  fiir.ent  appelles  profélytes  d'habkation, 
fc  les  autres  profélytes  de  juftice. 
Dcrinitia-  L'initiation  du  Gentil  dans  la  religion  ju-^ 
tjr<bîi«*îc.^*ïqtie,  avoit  trois  caradères;  la  circonci- 
judaïûne.  ç^^^^  j^  baptême,  le  facrifice  {6i€).  La  cir- 
concifîon  fiit  indifpenfable  pour  tous  ceux 
qui  n'appartenoient  point  à  un  peuple 
qui  en  connût!  Tufage  comme  les  Egyp- 
tiens ,  les  Ethiopiens ,  les  Ifmaélites  r  alors 
même  on  rëpandoit  quelques  gouttes  de 
Êirig  pour  cimenter  Talliance  avec  Jého- 
va  (617).  Quelques  auteurs  nomment  auffi 

(615)  Voyez  la  Gemarre  de  Babylone,  de  Syoe- 
ëriis ,  chap.  7 ,  pag.  56.  Mikotfi«  Prascept.  affirmât.  \i%. 
Le  rabbin  Juda  y  fils  de  Samuel ,  in  Sepher  G>2ri , 
Rart  5  j.'§»  73*  Cu.n2^u^9  A%  Republici  H^rasoruaii 
Ev.  2,  chap.  19  ,  pag.  293,  294  &  29Ç.  Selden,  de 
JureNatiirae  ScTîéntîum , liv.  i ,  chap.'i9,  p.  115 >  &c. 

(616)  Voyez  la  Genèfe,  chap.  17,  v,  10;  r&code, 
diap.  ift,  V.  48,  &  chap.  19,  v.  10;  le  Lévitique^ 
chap,  19 ,  V.  23  ,  &c.  Pour  facrifice  on  offitrit  ua 
quadrupède  en  holoc^ufie ,  des  tourtert^anx  4»  des: 
pigeons. 

(617)  Gemarre  de  Babylone  ,  de  Lçvirorum^ia 
fratrias  officiis,  chap.  4,  pag.  47.  Mil4>tfi,  Praec. 
îiegat.  1 16.  Salden ,  de  Jure  Naturas  &  Gendvm  juxti 
dirciplinam  Hebrsorum,  liv.  2,  chap»  2,  p.  139. 


&  tomme  MofàÛ/bi.  ^f^ 

les  Simaritains  :  Saint  £pi{)hafLe  eft  de  eè 
nombre  (<i8)  ;  mais  un  édit  d'ETclras  (^19) 
leur^talaÊunilté  de  devenir profélytjes ,  pouf 
les  punir  des  obftades  qulls  apportoient  a« 
rétabliâement  de  Jéntfalem» 

A  fëgard  des  fenmes  quidevenoient  proTé^ 
lytes ,  on  fe  contsntoit  pour  eiies  de  l'ablution 
du  corps  entier,  ablution  qui  fut  également 
néceflaire  pour  les  deux  fexes ,  fc' qu'on  faifoit 
dans  une  eau  courante ,  dans  celle  d'une  foo^ 
taine  ou  d'une  rivière  {6zo)..  Ce  baptême,  ng 
fe  donnoit  pas  aux  hommes  que  la  plaie  d^ 
la  circoncifion  ne  fut  guérie  (6li)^  Cipeonci$ 

(618)  De  Ponderibus  &  menfuris ,  pag,  i/a-Voyci- 
auffi  la  Gemarre  de  Jémfdltm,  de  Sabbato^^  çh.  i>8  il. 
pag.  i7,cqI.  I. 

(619)  V^yt%  Seldeti,  diSo  loce^ ,  &  Morùi^^  fof  |if^ 
Pentateuque  Samaritain,  liv.  x,  chap.  2.. 

(620)  Maîmonide ,  de  Foffis  &  ReceptacriFs  iqoa-^ 
rum  ,  chap.  i  ^  t  &  fuiv.  Selden,  diâo loco ,  pag.  141  i, 
&  de  Synedriis,  liv.  t,  chap.  3,  tom.  i,  pag.  Ib» 
les  femmes  n'étoîent  plongées  dans  Peau  que  fufqu'âtr 
cou ,  &  elles  l'étoient  par  des  femmes.  Selden ,,  det 
Jure  Naturae,  &  Gentium,  liv.  2  ,  chap.  2^».  p.  14** 

(621)  Seldeiî^  ibidem ,  pag.  141.  Sur  les  fôrmaMtés^ 
obfervées  envers  le  profélyte  qui  veut  fe  faire  J\A£p, 
&  iiir  la  manière  dont  on  le  devenoit,  voyez,  outréh 
Selden  ^  M^sionide ,  MJkotfi  >  la  Gemarre  ^  diSxi 

04 


^.£  Moyfcy  jC0i^iàéré  comme  Légijlatewr 
^purifié,  le  profélyte  ofiroit  un  homiftag^f 
à  Jéhova.  On  l'inftruifoit  enfuite  des  princi- 
jMUix  points  du  culte  &  de  la  loi ,  &  il  der 
sreQLoit  membre  de  la  république,  compris 
fous  le  nom  général  des  Hébreux.  Les  Idur 
méens  ne  furent  plus  que  des  Juifs ,  quand  ils 
en  eurent  adopté  les  cérémonies  &  les  prin- 
cipes (622). 

Trois  juges  affiftoient  à  l'initiation  du  Qentil 
dans  le  judaïfme.  Cette  iniriation  aiTuroit  l'état 


locis  ;  Léon  de  Modène ,  Hiftorîa  de  gli  riti  hebraici  ; 
part.  5,  chap*  2,  pag.  205,  &  206;  Bafnage,  Hiftoire 
des  Jui6 ,  liv.  6  ,  chap.  7,  §.  2  &  fuivans.  tom.  6, 
fsag.  1)8  &  fuivantes  ;  Serrarius  j  fur  le  premier  cha- 
pitre de  Ruth,  queft.  33;  Ménochius,  de  Republicâ 
Hebraeonim ,  liv.  i ,  chap.  3  ,  §.  2  ,  pag.  19  ,  &c.  i 
Selden  encore  tom.  i ,  de  Syoedriis ,  liv.  i ,  chap.  3  , 
iwg.  19  &  fuivantes ,  &c.  Voici  la  formule  de  ki  bé- 
nédiâion  du  nouveau  profélyte  :  a  Benedîftusfit^  Do^ 
mine  Deus^  rex  mundi ,  qui  fan^ficavit  nosprcutptis  fidsi 
&  jujjit  nos  circumcidere  profelytos  6»  ex  eu  eUcere  fan^ 
fftinem  fctderis  ;  quia ,  lùji  fanguis  fœdals  fuijffit ,  ncuù'. 
quam  firmata  fulffent  cœlum  &  terra  ^  juxta  quod  &  diciiuri 
(/érémie,  chap.  33  j  v.  25  )  M/que  paSo  meo  (feti 
faderc  meo)  fuijfet ^  diem  £*  no^cm  U^es  çoUi  &  tellwis 
non  pofiuram  aa* 

(62i)  Josèphe,  Antiquités  Judaïq. ,  liv.  15 ,  ch.  17; 
pag.  450.  Voyez  Selden ,  diâo  loco ,  chapitre  4^ 
pag.  i$S ,  &Ç.  &  le  Livre  d'Efther,  chap.  8 >  v*  i?. 


^  comme  Môralijte:  itf 

irivil  &:  les  droits  àThérédité  pour  les  cnfans 
qui  naîtroient  enfuite ,  fuûent-ils  dëjàconçusf 
mds  elle  ne  rranfportoit  pas  le  même  avan- 
tage fur  ceux  qui  étoient  nés ,  s'ils  ne  rece- 
voient  auffi  la  circoncilîon  &  une  purification 
univerfelle.  Sans  cela,  tout  lien  de  parenté 
étoit  rompu.  Bien  plus ^  fi  le  père^  la  mère,  les 
frères,  les  fœurs,  les  enfans  devenoient  tous 
profélytes  ,  ils  ceflbient ,  par  la  loi ,  d'êtrô 
parens  entre  eux  j  d  où  il  fuit ,  à  en  croire 
plufieurs  rabbins  (  6x5  )  ,  que  le  régénéré 
pouvoit  époufer  fa  fille ,  fa  fœur  ou  fa  mère- 
Suivant  les  Talmudiftes ,  il  n  y  eut  aucune 
iflerence  entre  ces  profélytes  &  les  Juife  (614)* 
hilon  Taflure  comme  eux  (6iy).  Leur  afler- 
tion  peut  néanmoins  être  combattui  dans  la 
généralité  qulls  lui  donnent.  Sans  doute^  il  n'y 
eut  aucune  diflference  entre  eux  pour  la  con- 


(62))  Voyez  les  auteurs  cités.  Dans  îa  Gemarre  de 
Jérufalem ,  de  Levîrorum  in  fratrias  officiis,  ch.  11  ^ 
pag.  Il,  col.  I  ,  on  rapporte  plufieurs  opinions  très- 
différentes.  Maimonide  eft  aflez  favorable  à  Taffirma- 
tive.  Voyez  fou  commentaire  fur  le  même  titre  de 
la  Gemarre  de  Babylonc , chap.  a,  pag.  a2>  5c  fur  le 
titre  de  Synedriis,  chap.  4,  pag.  ç8. 

{6%4)  Voyez  fur-tout  la  Gemarre  de  Babyîone, 
de  Levironim  iti  frarrias  officiis,  chap.  8>  pag.  77. 

(6a j)  De  Monarcbiâ,  liv.  i,  toia,  2,  pag.  219, 


\ 


lit  ^  Mo:fft^  tonfiiéi^  comme  ti^fiauvif 
4iiftte  civàe  &  Fobferyarion  des  préceptes  At 
Moyfe.  Les  mes  &  fcs  loix  furent  pour  tout 
^<ti«nent  Acres.  Seulement ,  quand  Tordre 
avoit  été  donné  expreflfément  aux  enfans  dlf- 
raël ,  il  n'obligeoit  pas  les  profélytes.  Mais 
ceux-ci  parvenoient-ils  aux  charges  civiles 
&  militaires  \  N*étoient-ils  pas  exclus  des  hon- 
neurs &:  de  la  n^giftrature  \  Ne  reik)it-il  pas 
toujours  une  tache  imprimée  fur  eux  &  leur 
p<^ritéï  Us  n*en  forent  pas  moins  nombreux» 
^alomon  en  compta  près  de  cent  cinquante- 
quatre  mille  (^1^),  lors  du  dénombrement 
qu'il  ordonna  dans  toutes  les  terres  dlfraël. 

Telles  font  les  loix  civiles  perfonnelles  des 
Hébreux  :  paflbns  aux  loix  réelles.  Nous  com- 
mencerons par  celles  qui  règlent  la  forme  des 
contrats,  des  ventes,  des  difierentes manières 
d'acquérir  ,  des.  cautionnemens  ,  de  Thypo- 
thèque,  &c.  &c.  Nous  rapporterons  enfuite 
ce  qui  concerne  le  mariage ,  les  fiançailles,  la 
répudiation,  la  dot,  &  nous  fixûrons  par  le& 
loix  relatives  aux  fucceffions.    / 

(6t6)  2  Paralipotnèoes ,  chap.  s»  v.  174 


ArticleII- 

Xoixfurlcs  ventes,  les  contrats^  les  ntr^ts,  le  prêt  ^ 
le  cautionnement^  l'hypothèque^  ^c.  &c.  &c» 

Les  Juifs  n'eurent  long-temps  ni  notaires,  €omnm^ 
ni  regiftres,  ni  contrats.  Deux  citoyens  vou-^*^'**"*^ 
loient-ils  former  une  convention  réciproque* 
Us  déclaroient  leur  volonté  en  préfence  de 
témoins,  dans  un  lieu  public,  &  elle  devenoit 
irrévocable.  Etoit-ce  un  marché ,  une  vente  ? 
La  monnoie  dont  on  payoit  ne  droit  fa  valeur 
que  de  fon  poids.  La  Génèfe  (  6ry  )  attefte 
Tufage  d'en  pefer  le  prix.  Jofeph  ayant  envoyé 
Ces  frères  chercher  Benjamin ,  fait  remettre 
dans  un  de  leurs  facs  l'argent  du  bled  qu'il^ 
avoient  acheté..  Ceux-ci,  étonnés,  le  rap- 
portent &  ne  manquent  pas  de  lui  dire  que  la 
poids  en  eft  égal.  Quelques  Ecrivains  ont. 
penfé  que  les  Juifs ,  &  cela  ne  leur  auroît  pas 
è^é  particulier ,  portoi^nt ,  à  cet  eflfet ,  une 
balance  fufpendue  à  la  ceinture,  &  ils  rendent 
ainfi  le  mot  du  Deutéronome  (618)  que  la 
Vulgate  &  la  plupart  des  interprêtes,  rendent 

(627)  Chapitre  43  ,  v.^  lu 

(628)  Chapitre  23 ,  v.  13  .  paxillum: 


fiH  Moyfe ,  -ionfldere  tomme  Ùgiflattwf 
par  un  petit  bacon  pointu.  Au  rcfte,  un  autre 
paflàge  de  li  Genèfe  (619)  Êiit  préfumer  que 
Jes  ventes  n^étoient  fouvent  que  des  échanges» 
Jacob  paie  cerit  agneaux  aux  enfans  d'Hémoi'^ 
pour  une  pottîon  de  terre  qu'il  en  achète  ; 
excepté  qu'on  prétende  que  le  mot  hébreu  & 
telui  de  la  Vulgate  (^30)  expriment  fimple- 
meiit  la  forme  de  l'animal  gravé,  fur  la  mon- 
ûôie  y  interprétation  qui  ne  me  paroît  ni  heu- 
jfeufè  ni  vraifemblable  ,  puifque  Targent , 
Comme  nous  venons  de  le  dire  ,  n*étoit  pas 
monnoyé ,  mais  fe  livroit  au  poids.  Nous 
voyons  d*ailleùrs ,  lorfque  Thamar  s'aban- 
donne à  Juda  (^3 1  ) ,  qu'un  chevreau  eft  le  prixr 
dé  (on  impudicité. 

Toutes  les  conditions  prefcrîtes  pour  une 
Vente  fe  retrouvent  à  la  fois  dans  le  trait 
d'Abraham  qui  achète  d'Ephron  on  champ 
pour  y  enterrer  Sara.  C*eft  à  la  porte  de-  la 
ville,  devant  une  foule  de  citoyens,  que  le 
patriarche  acquiert  le  lieu  deftiné  à  la  fépuî^' 
ture  de  fon  époufe ,  &  le  prix  en  eft  pefé  {éiz). 

'  ■  — ^-<-< — I      t. 

(6x9)  Chap.  53 ,  v.  it. 

(630)  TVPVp^  agnisy  comme  pccunîa  At  pcciui 

(631)  Genèfe ,  chap.  38  j  v.  17. 

(632)  Geaèfe,  chap.  aj,  v.  8-ifi^ 


&  comme  MofaRJle:  iijt 

Ceft  à  la  porte  de  la  ville  que  Booz ,  affis  avec 
dix  des  anciens  d'Ifraël ,  achète  ,  au  refus 
d'un  parent  plus  proche ,  une  partie  du  champ 
d'Elimelech ,  vendue  par  Noémi  5  &  ce  par 
rent ,  étant  fon  ioulier ,  le  lui  donne  en  fîgne 
de  fa  renonciation  &  de  la  ceilîon  qu'il  lui  fait 
de  fes  droits.  Je  dis ,  ôtant  ion  foulier ,  d'après 
la  Yulgate  (633).  Le  Paraphr^i-fte  chaldéen  y 
fubftitue  un  gant^  qu'on  tiroit  de  fa  maia 
droite ,  &  il  le  fait  ôter  à  l'acheteur  (^34).. 
Tous  deux  expriment  que  le  peuple  aflèmblé 
fert  de  notaire  &  de  témoin. 

Se  ferrer  mutuellement  la  main  fut  la  ma-v  Formaiitli 
Bière  ordinaire  de  padifer  (635).  Les  deux,  aJîg^^li^ 
premiers  aâes  écrits  .qu'offrent  les  livres  fainti^ 
font  dans  le  livredeTobie.  L'un  eiï  le  contrat 
de  mariage  ,4e  ce  jeune  h^^oupe ,  Tautr^  unç^ 
obligation  d'un  débiteur  (^jéJ^.Qo^nd  Jérjé«; 
mie,  long-temps  a|>rès,  &pçn4,^M.que^[abu-   , 


(653)  Ruth,  chap.  4»  v.  1-9.  Drufius  le  penfe  Je 
même  dans  fes  QUeftions  Hébraïques  »  46  j  &  fur  Ruth^ 
diap.  48. 

(634)  Exuehat  homoj  dit-il  j  chîrotccam  manus  fita 
dixttra  ,  6»  emptloms  causa,  proximo  fuo  porrîgtbau^^ 
êBxU  Redemptor  &c, 

{635)  Voyez  l'Exodej  chap.  aj ,  v.  x. 

(ôjé)  Tobie ,  çhâp.  7 ,  v.  x^ j  &  chap,  ^ ,  y.'  3; 


9LiX      May  je  y  confidiré  comme  Légiflattur 

chodonofoi'  ftffi^geoic  Jérufalem  y  achète ,  'dtt 

fein  de  la  pnfon  où  il  eft  renfermé ,  le  champ 

d'Hanaméel ,  fon  parent,  dans  la  terre  de  Ben* 

)amin,  il  en  ëcrit  Taâe  lui-même,  le  fîgne, 

le  fait  figner  par  des  témoins  en  préfence  def* 

quels  TobUgation  a  été  CGfntraâée ,  àc  pèfe 

dans  une  balance  l'argent  qui  eneftleprix(637); 

La  Yulgate  néanmoins  s'expËque  également 

^r  te  dadiet  &  par  le  feing;  &  tandis  que 

WÎébreu  Mttéral  6c  Farabe  fèmblent  exprimer 

que  les"  témoins  eux  -  mênieis  fignërent ,  elle 

laifle  croire  qu'ils  étoient  t)Iutôt  mentionhés 

-   dans  Vaâe  quTIs  n'y  attàchoîettt  leur  figna- 

r'i.V       tùfe  (  638J).  En  éfiet  I-ufâ^fe  aficz  cdiiftant  ; 

ëattl'une  gi^de  partie  de  TAfie  (6jy),  fut 

feùjcJili's/&reft- encore,  d?kppôferaà*iÊlt*.^ 

BtioîiB  tétié  figAfàtâre  que  ïé  ftèaiJrdèS  conctac^ 

cins'&f  dëtfi^niôin^.    -       '■''  -     "-  -  -  '    '    * 

Wcnfaî.  ■"  A  'ce  Cbhtfàt  iHsvàtt  àe^  fcmifiditéy  ord^^ 

^v^^c" ^1^^^^  le  prophète  j^iat wi doublequi  en eft 

^  ^        \a  copie  fid^lle.j/^fans  itre  cependant  ni  figné , 

4637)  Jérémîe,.  chap.  52,  v.  9  Scfuivans. 
;  (658)  Sipiifvi,  dk-çilp,  V.  io&y.  12  ;.Siflufinpti 
trant  in  libro  emptionis.  Le  texte  dit  -,  Qidfcripfiranl  in 
Hbro.  _.     ..  ,  ^ 

(639)  Voyez  ce  qu'en  dît  Chardin,  Voyage  df 
Perfe/toin.î;ïfeigr§Ô^    ,  .     -      • 


&  comme  Moralifie.  •  xx^ 

ni  cacheté  ;  on  le  laifle  à  découvert  (^40}» 
L'Arabe  parle  d'un  feul.  Plulieurs  commenta- 
teurs au  contraire  ont  cru  en  appercevoir 
trois  (^41).  Nous  penfons,  avec  la  Vulgate, 
qu'il  n'en  faut  admettre  que  deux  >  &  notre 
opinion  n'eft»  ni  folitaire^  ni  incapable  d'être 
juftifiée  par  des  exemples.  Un  des  plus  illuftre; 
défènfeurs  qu'aie  eus  l'églife  chrétienne ,  Saint 
Jérôme  la  foutient  dans  fon  commentaire  fur 
Jérémie  (64Z) ,  &  il  attelle  que^  dans  le  fiècb 
ou  il  vivoity  on  fe  confor^noit  encore  à  cet 
ancien  ufage  d'écrire  deux  fois  le  contrat^ 
d'en  fceller  un  &  de  lailTer  Vautre  àdécouverr. 


(640)  Sume  lièros^  i(bs^  dit  le  V.  l^^hunc  Jignatumi 
Jbtnc  qui  àperms  €JL  .  .     . 

(641.).  La  tmdu^ion. littérale  du  verfet  \i  eft  leur 
appui.  Elle  dit  :  Librum  fignatum  ^  prcueptum  &ftamta^ 
&  lihrum  apenum.  Mais  il  efF  vifible  que  là  première 
fbrtie  d«  la  phrafe  en  exprime  un  feul  qui  eft  la 
oonvenHon  fcellée,  laquelle  forme  h  loi  des  contrac^ 
tans.  Praçepium  &  ftatuta  font  le  caraâère  de  Mer 
J^atuT,  &  non  pas  un  aôe  particulier.  Voyez,  fur. 
ce  ftijet  &  fur  les  aâes  des  Hébreux  en  gin&til ,  une 
Bfflèrtation  de  Calmet ,  inférée  dans  le  tome  È  àé 
h'BHile d'Avignon, pag.  37  &  fînvantes,  &  intitulée t' 
Diflêrtafion  fur  k  forme  &  la  matière  des  livreà 
gnciensj  &  fur  les  diverfes  manières  d'écrlre« 

{642)  Page  <^.  â#  U  OPUYcUj»  ^iti^%.  -^ 


ii4      ^<^F^y  ctmjtiéri  comme  légijlateuf 
On  plaçoit  enfuite  ce  dernier  dans  un  vafe  àm 
terre,  ufage  que  nous  retrouverons  chez  les 
Grecs ,  quand  nous  tracerons  Thiftoire  de 
leur  lëgiflation. 
Date  des     Une  remarque  aflez  importante  eO:  que 

ponaao»  long -temps  avant  ce  prophète ,  long -temps 
même  avant  Tobie,  fous  Moyfe,  le  Deuté- 
ronome  (^3)  avoiç  ordonné  d'écrire  Tafte  dé 
répudiation.  Cet  afte ,  ainfi  que  tous  les  autres  ^ 
fut  daté  du  règne  des  rois ,  tant  que  les  Hé- 
breux vécurent  fous  leur  empire.  Les  années 
'  de  leur  règne  commençoient  au  mois  de  mars  ; 
de  manière  que  fi  lun  d*eux  parvenoit  ail 

»  trône  peu  de  jours  auparavant ,  la  première 

n'ea  finiflbit  pas  moins  avec  le  mois^  d'Adar 
ou  de  Février  (^44).  Depuis  >  dans  Tufage 


n  ■       •   ■■    Tjt 


'  (643)  Chap.  Mf/vu  I. 

.  (644)  Voyez  la  Mifna  &  &s  commentateurs^  de 
principio  anni  »  chap.  z,  §;  z. 'tom.  a»  pag.  }oi,. 
302  &  307.  Bartenora  induit  cette  aflertion  du  troi' 
fième  livre  des  Rois  ,  chap.  6 ,  .v.  i ,  où  oti  parle  dé 
Tan  480.  depuis  ja  fortie  d'Egypte  &  du  fécond  mois 
de  k  quatrième  année  du  règne  de  Salomon.  U  ob- 
ferve  que  les  comparer,  c'eft  indiquer  que  le  règne^ 
datoit  du  premier  NiÇui ,  Mars  >  puifque  la  fortie;  en 
datoit  inconteftablemçnt.  Am  refte,.  il  foutient  que. 
cehii  des  Rois  Jui&  en  datoit  feul»  celui  des  princes 
étnu^ers  étaât  daté  de  TÎfri  ou^Septembre: 

moderne 


m 

^r  &  comme  Moralijiè:  Hf 

[  moderne  des  Ifraélites  ,  Tépoque  du  règne 
^fcfl' Alexandre  ^  &  enfin  celle  de  la  création  du 
monde  ,  eft  devenue  Tère  des  contrats. 

Les  commentateurs  ont  diftingué  plufieurs  DiiF^rcnte/ 
manières  d'acquérir  ^  &  la  jutifpriidence  hé-  ^^^1^^^^^ 
braique  a  fur  ce  point  de  grandes  reflèmblances  ^°^^^^  ^* 
avec  celle  des  Romains*  La  mer  &  les  fleuves  cammim^^ 
étoienc  des  objets  communs  où  la  pêche  fiit 
permife  à  tous  les  citoyens,  comme  la  chafle 
le  fut  par-tout  ailleurs  que  dans  les  domaines 
des  particuliers  (645)-  On  connut  le  droit  d'oc^ 
tupanom  Un  pré ,  pn  champ  ^  &:c,  n'avoient-    du  éxdA 
ils  pas  de  maître?   Ils  appartenoient  à  celui^j*"^"^"^^*, 
qui  s*en  emparoit  le  premier.  Les  objets  perdus  ^*^«  ^»»1 
ëtoient  dans  le  même  cas,  N'avoient-ils  aucun 
ligne  qui  fît  reconnoître  leur  propriétaire j 
comme  une  pièce  d  argent  \  Celui  qui  les  trou-  j^ 
voit  en  devenoit  le  légitime  pofleflèun  Les  > 
reconnoiffbit-on  au  contraire  à  des  lignes  évi-  î 
dens  ,   comme  un  habit  ^  un  animal  ^  &:c,  î  *: 


{(i4'0  Voyez,  dans  la  Mîfna  &  dans  les  deux  Ge-    • 
marres,  le  traité  de  Damais  »  &  Je  traité  deDirortiis^   , 
fur-tout  le  premier  chap.  decelutlà^  &  le  ciEquiènuSï  . 
de  celui-ci.  Voyez  auffi,  poiir  !es  détails,  Selden*  de 
Jure  Naturae  &.  Gentitim  &c,  liyi  6  ,  ch.  4  j  p.  711 
&  fuivatitesé 


1X1^. ,    Moyfi,  cqnfiderc  comme  Légijlauur 
Oa  devoitlesrendrp  au  véritable  maître  (641^). 
FormaUtés     Jj^Sr  : .  tranflatipiis    ordinaires   de    propriété 
pow"w  11.  ne  pouvoient  fe  faire  verbalement.  L'adion 
^*^"^°*v  d'^^ttérir   étoit  liée .  à  trois  formalités   ef- 
É»t^  l'argent  domié  ,  Fade  écrit,  la 

-,  mife;ien  pofièflSon.  Sans  une  des  trois  ,  elle 
,>,;..  lii*«iftoit  pas.  Les  eflfets  mobiliers  s'aliénoient 
pafjk. vente,  l'échange,  la  donation.  Le  prix: 
pa^é;,  .ils  ne  paflbient  point  encore  en  la  pojC- 
feSi^âr.de  l'acquéreur,  s'il  ne  faifoit  aupara- 
vagt^Ae  de  propriétaii5^>  foit  en  pQrtantl'objet 
,.,  .  .acq^ji' foit  enJi'emmietnant ,  foit  en  le  traî- 
nant ,  ^foit  en  le  conduifant ,  félon  qu^on  pou- 
vcûiplus  (àifément  le  porter  ,•  l'emmener,  le 
tr^OÇC.ou  k  cionduirei  foit  par  la  tradition , 
s'ilsuafiçbuvoienti'être  autrement,  &  par  l'ufagé 
qufiSOifiaifoit  l'acHeteuc,^  avec  le  co${emement 
du  Vendeur.  Tant: qu'aucune  dei^>3$"aaions 
n'Aajît^fkite^  ils  avoient  également  le  droit  de 
reteaici  llir  le  contrat.,  &- le  prk  alori  étoit 
rendu.  L'échange  devoit  pareillement  être 
.  établi  &  par  un  contrat  &  par  l'inveftiture  de 
lapoffeffion.  La  donation  étoit  fôumifc  aux 
mêmes- formes  que  la  vente.  Elle  ti'enchaînoit 
pas  le  donateur^  tant  que  le  donataire  ne 
s'é^pit  pas  mis  en  ppfleffi6p(647)y 

(646)  lidem,  ibidem. 
(647)Voy<rl^^ouvragescité5j&Selden,du  j,p.72o; 


&  comme  Moralijle^  .ii jf 

litique  ,  Moyie  ordonne  qu'à  une  époque 
fixée,  chacun  rentre  dans  la  propriété  4e  fef 
pères  (^yi).  Citons  la  loi  en  entier.  On  y 
verra  ce  que  nous  avons  appelle  le  retrait 
lignager  &  la  réintégrande  ,  connu  des  Hé- 
breux. «  Au  bout  de  fept  fois  fept  années^ 
qui  forment  quarante  -  neuf  ans ,  le  dixième 
jour  du  feptième  mois  ,  temps  ^e  la  fêt^ 
d'expiation ,  on  fonnera  du  cor  dans  toutes 
la  terre  dlfraël  ,  &:  on  fanâifiera  la  cin- 
quantième année ,  qui  eft  la  jubilaire.  La  li^ 
berté  fera  rendue  à  ceux  d'entre  vous  qui 
Tavoient  aliénée.  Chacun  rentrera  dans  fes  an-* 
ciennes  poflTeffions  &r  retournera  à  fa  première 
famille.  Vous  ne  femerez  pas ,  ne  moiflbn-s 
herezpas,  ne  recueillerez  pas;  mais;  vous  ran- 
gerez les  premières  chofes  qui  s'oflFriront  à 
vous  {6^ii)  ».  Il  fuit  claicement  de  là  que 
le  prix  des  immeubles  fut  très  -  variable  ;  il$. 
étoient  pluç  ou  moins  çhers  fuivant  qu'oa 
étoit  plus  ou  moins  éloignjé  de  l'année  jubî-* 
laire.  Les  verfets  fuivans  l'expriment  C^jij)^ 
Jéhovaditeiafuite(6j'4)  :  U  terre  ne  fevendra» 

(651)  Lévilîquc^  ebap.  25 ,  v.  ic,  11  &  13. 
(652)»  Lévittque,  chap.  25 ,  v.  S-ij*. 
(655)  Léyitiq^ue,  çhap»  a^,  v.  14,  15  &  i6« 
(654)  Lévitique^,  chap»  25,  v.  a>-34- 


X^o  Moyfcy  conjidcré comme  Légijlateur 
point  à  perpétuité ,  parce  qu'elle  eft  à  moi  ; 
vous  êtes  comme  des  étrangers  à  qui  je  la 
loue.  Si  un  Juif  devenu  pauvre  vend  fon  hé- 
ritage ,  fon  plus  proche  piarent  pourra  le  ra- 
cheter. S'il  trouve  de  l'argent ,  il  le  rachètera 
lui  -  même  ,  en  fupputant  les  fruits  perçus 
dépuis  la  vente  &  lui  rendant  le  fur{)lus.  S'il 
h-en  trouve  point ,  il  attendra  le  jubilé.  On 
îiura  un  an  pour  retraire  une  maifoh  fituée. 
dans  l'enceinte  d'une  ville,  mais  ce  terme  fera 
de  rigueur,  &  fi  on  n'en  profite  pas,  le  pri- 
vilège fera  perdu  ,  même  celui  de  la  cinquan- 
fièilie  année.  Si ,  au  contraire ,  elle  eft  dans  un 
village  fans  murs ,  on  la  vendra  fuîvant  le 
droit  des  champs ,  &  fi  elle  n'eft  pas  rachetée, 
die  jouira  de  la  faveur  jubilaire.  Quant  aux 
ttiaifons  des  Lévites  dans  lés  cités  ,  comme 
elles  font  leur  héritage  parmi  les  enfans  d'Ifraël, 
elles  feront  toujours  rachetables',  &  profite- 
ront toujours  de  l'avantage  du  jubilé  ;  mais 
léûVs  fauxbourgs  ne' pourront  être  vendus, 
parce  que  ç'e!l  un  bien  qu'ils  pofsèdent  à 
jamais, 

Ainfî  l'ordre ,  la  paix ,  la  bienfaifance ,  Iq 
retour  à  une  forte  d'égalité  caradérifoient 
l'année  jubilaire,  une  des  inftitutions  les  plus 
touchantes  de  Moyfe,  &  qui  devoit  par  fa 
nature ,  &:  plusië^çore  par  la  nature  du  coeur 


n 


I 


&  comtm  Moralijle.  f  j  i 

îiumain ,  être  une  des  moins  durables.  Elle  eut 
lieu  cependant  jufqu^à  la  première  défolation 
du  fanduaire  par  les  Aflyriens.  Alors ,  pendant 
foixante-dix  années  ,  la  patrie  des  Hébreux 
demeura  flins  culture,  prefque  fans  habitans , 
&:  quand  ils  ftirent  rétablis  &  que  le  temple  Eit 
réédifié ,  on  n'obferv^a  plus  cet  ufage  folem- 
nel  (6y y).  Depuis  long-temps  ceux  qui ,  ayant 
une  grande  fortune  ou  un  grand  pouvoir, 
îoignoient  à  l'ambition  d'acquérir  le  défir 
avare  de  conferver  ,  regardoient  comme  un 
trouble  politique  rexécution  dîme  loi  fi  favo- 
rable à  f  infortune.  Ils  confervèrent  donc  tout 
ce  qu'ils  avoient  acquit.  Les  biens  aliénés  ne 
revinrent  plus  dans  les  mains  du  premier  pof- 
fefleur*  On  ne  renvoya  pa$  les  efclaves ,  on 
ne  délivra  point  les  captifs.  Lindigence  devint 
un  crime ,  &  l'orgueil  fe  chargea  de  le  punir 
par  loppreffion. 

Les  privilèges  de  Tannée  fabbatique,  qui  AnuLc^î»-: 
revenoit  tous  les  fept  ans ,  fans  être  auflî  étendus  ^^^H"^ 
que  ceux  de  Tannée  jubilaire,  y  avoient  le  plus 
grand  rapport.  Dans  Tune  &:  dans  l'autre,  il 
eft  défendu,  fous  peine  du  fouet ,  de  femcr,  de 


{€^^]  Cunaeus,  de  Repubîicâ  Hebrgeorumj  liv.  i^ 
cinq.  6,  pag.  37  &  jS.  PrideauXj  Hiflotre  des  Juiis* 
Préface ,  page  zj^ 

P4 


■iji  Moyfe^  cotiftdiirc  comme  Ugijlateuf 
planter ,  de  cultiver  (5y6),  Les  fruits^  que  la; 
çerre  produit  d'elle-même  ferviront  feulement 
^nourrir  le  propriétaire ,  fes  domçftiquçs ,  fes 
bêtes  de  fomme  &  fes  troupeaux  (657).  Il  n'çft 
pas  aifé  de  juftifier  cette  loi ,  principalement 
chez  une  nation  entourée  4e  bois ,  de  rochers 
&:•  de  montagnes ,  fans  commerce ,  fans  indpCr 
trie ,  &  qui  ne  pouvoit  réparer  tous  ces  tons 
de  la  nature  ou  de  l'habitude  qu'en  labourant 
la  terre  ou  fécondant  pour  Tes  brebis  denomr 
breux  pâturages.  Le  Seigneur ,  il  eft  vrai , 
^ypit  promis  upe  fixième  année  fi  fertile  qu'eUe 


(656)  Exode,  chap.  I3  ,  v.  ir.  Lévîtique,  ch.  25, 
V.  4  &  5.  Houtingius ,  fur  la  Mifna ,  de  Principio 
^tm,  tom.  a ,  chap.  i ,  §.  z ,  pag.  509. 

(657)  LévUique ,  chap.  af  ,y.  6  &  74  Les  rabbins 
ent  défendu  au  propriétaire  même  Tuâge  de  ces 
fruiti ,  fc^js  prétexte  qu'on  pourroit  engager  par-Jà 
jl  femer  ou  à  planter  en  cachette,  &  que  le  cou-, 
pâble  en  feroit  quitte  pour  dire  que  la  terre  l'âvoit , 
produit  d'elle-même. 

On  ne  pouvoit  pas  trafiquer  des  /fruits  de  la  fôp- 
fième  annéç.  Il  fallo;t  du  moins ,  (1  on  vouloit  les 
vendre,  que  l'argent  en  fut  employé  à  des  objets  né- 
ceflaires  pour  là  fubfiflance  du  vendeur ,  &  encore 
ne  pouvoit^n  les  vendre  que  dans  la  Terre-Sainfe. 
Ajoutons  que,  fi  onpiantoit  quelque  çhofe  par  errçur  ^ 
pn  étoit  tenu  de  rarracher.  Houtiqgjiua,  diâo  Içg^j^ 
^après  Maimonidç. 


r 


&  comme  Morailjlil  ij  j' 

cxcéderoit  les  befoins  de  Tannée  fuivante  (6 j  8)  : 
mais  foit  que  ce  peuple  ne  confervât  pas  avec 
foin  les  bienfaits  de  FEternel ,  foit  qu'il  en  ait 
fouvent  mérité  le  courroux  &  que  Jéhova  ait 
choifi  cette  manière  de  1^  punir,  les  Ifraélites 
hirent  accablés  plus  d\iae  fois,  à  cette  époque, 
I       d'impuiflance  &  de  misère,  Un^  roi  étranger: 

tles  foumettoitril  à  un  tribut  annuel  ï  Ils  étoient 
réduits  à  la  mendicité,  Aufïï  quand  Alexandre, 
ayant  appris  par  le  livre  de  Daniel  qu'un  Grec 
affranchi roit  les  Hébreux  de  la  domination 
des  Perfes  ^  &  fuppofant  que  la  prédidion  le 
regardoit ,  eut  invité  les  Juifs  à  lui  demander 
quelque  bienfait ,  ils  ne  virent  rien  de  plus  im- 
portant que  la  difpenfe  de  payer  les  tributs  la 
ïeptième  année  (6^9).  Dans  la  fuite,  quand, 
parmi  beaucoup  d'autres  fardeaux  ^  ce  peuple 
fut  fournis  à  nourrir  les  armées  des  fouverains 
dont  il  étoit  tributaire  ,^  on  lui  permit  {660) 
de  femer  ^  la  feptième  année ,  autant  qu'il  le 
faudroit  pour  fervir  à  cette  nourriture-  • 


(6ç8)  Lévitique,  chap,  25,  v.  21, 

(659)  Josèphe,  Antiq.  Judaïq,  lîv.  i\  ,  chap.  8  j 
pge  386, 

(660)  Cunsus  j  de  Repnblicâ  Hcbraeomm ,  lîv,  i , 
Ifhap.  4,  pag*  25.  Houtiogius  fur  la  Mîfna,  de  Priiï^ 

çipio  an^ii,  tom,  Zy  chap.  1  j  §.  1 ,  "pag*  308. 


aj4      Moyfià  cànjidérc  comme  Ugîjlateur 
Dettes.  £m-     Lcs^  dettes  çoïitx^duitsxiZT  lés  Ifraélites  entre 

prunes.  -,  ■*• 

eux ,  fe  remfettoient  Tapnée  fabbatique  {é6î)  ; 

mais  étpit-ce  à  perpétuité  \  Ici  les  opinions 

j  f e  partagent ,  &  la  moins  fuivie  nous  paroît  la 

plus  vraifemblable.  Quoi  qû^en  difent  beau- 

_çoup  d'interprètes,   il  eft  difficile  de  penfer 

;  jque  la  dette  fût  abfolument  éteinte-  Croit-on , 

fi^Uereût  été,  que,  malgré  les  foins recom- 

^  mandés  pour  les  pauvres ,  beaucoup  de  per- 

;  fonnes  fuflent  devenues  créancières  \  Le  con- 

f  feil  de  n'être  pas  retenu  par  la.  proximité  de  la 

;  feptième  année  porte  fur  ce  qu'en,  empruntant 

alors,  on  écoit  difpenfé  dé  payef  julqu'à  la 

huitième,  &  qu'une  fi  longue diftance  auroit 

^  pu  arrêter  la  bienveillance  du  prêteur.  U  étoit  • 

.  jufte,  puifqu'on  défend  de  femer  la  terre  &  de 

la  cultiver ,  qu'oïl  n'exigeât  pas  de  paiement 

du  débiteur,  tant  qu'il  étoit  privé  des  reflburces 

de  fon  travail  &  des  produdions  de  fes  do- 

.maines.    Mais  ne  l'exiger  jamais  !    Cela  eft 

d'autant  moins  admiffible  que  la  loi  qui  {^rmit 

aux  Juifs  le  retrait  pour  les  immeubles ,  fî  on 

: '. 1^ 

(66i)  Deutéronoine ,  chap.  15,  v.  ï  &  4.  Voyez 
le  fécond  livre  d'Efdras ,  chap.  8,  v.  31.  Les  Hébreux 
pouvotent  cependant  exiger  ce  qui  leur  étoit  dû  par 
les  étrangers  qui  habitoient  leur  pays.  DeutéroûQmç  » 
chap.   lî ,  v.  j. 


&  comme  Moralijle.  •  2  5  y 

les  vendoît  au  préjudice  &  en  fraude  de  fou 
créancier,  le  défendit  pour  Tor  ,  pour  l'ar- 
gent ,  pour  toutes  les  chofes  mobiliaires ,  objets 
ordinaires  des  emprunts  (662).  Ainfi,  l'homme 
de  mauvaife  foi  auroit  pu  aliéner  ce  qu'il  auroit 
reçu  en  prêt,  fans  que  le  prêteur ,  qui  n'avoit 
pas  le  droit  de  réclamer  contre  cette  aliénation  ; 
eût  même  celui  de  s'en  faire  au  moins  rendre 
la  valeur. 

Pourquoi  d'ailleurs ,  s'il  y  avoit  eu  ektinc-     caudonr 
tion  totale  de  la  dette  ,  auroit-on  employé  fi  diciaircca- 
fbuventle  cautionnement  judiciaire?  Pou^rquoi  tbèquçJ^^ 
exiger  qu'il  précédât  ou  accompagnât  l'em- 
prunt,  &  défendre  qu'il  le  fuivît?  En  effet, 
l'antidate,  dans  la  jurifprudence  des  Hébreux, 


(662)  Maimonîde  ,  fur  le  chap.  3  de  la  Mifna, 
de  Angulo ,  §.  6 ,  tom.  » ,.  pag,  47.  Tencmus  pro  fin-* 
damento^  dit  Maimonide,  pag.  47  ^quod  omncs  facuU 
tJtes  prêter  agnim  ,  ut  funt  res  mcrcator'm^  atirum  ,  argcn-' 
tum ,  lapides  pretwjî  ^  e(iam  vocentur  ^  res  ad  qiias  non 
datwr  reditus.  Et  fenfus  verhomm ,  facultates  ad  quas 
non  datur  reditus  »  cft  ,  quod  funt  facultates  qua  non 
pojfunt  repetl;  &  hoc  fit  ^  ciim  quïs  habet  debitum  aliquod^ 
'&  vendit  fua  bona  qua  accepit  pojîquam  in  fe  receplt  de^ 
hitum.  Une  putre  différence  entre  les  immeubles  &  les 
meubles,  relativement  a  leur  acquifition ,  eft  que  les 
premiers  s'acquéroîent  à  prix  d'argent ,  &  les  ièconds 
par  £prme  de  gages.  Mifna  ^  ibidem. 


1^6  M(r)(/ei  CMjîdere  Comme  Le ffijlateur 
n'empêcrhe  pas  ce  caurîonnement  d'être  va-« 
lable  ,  mais  il  eft  nul  s'il  eft  poft-daté.  Au  con- 
traire ,  les  regîftres  tenus  de  l'emprunt  font 
valables  quoique  poft- datés,  &  anti- datés 
ils  font  nuls  (663).  La  formule  de  l'afte  eft  t 
a  Je  vous  livre  ceci ,  à  vousN,  &  N. ,  juges  du 
lieu  de  N, ,  afin  de  pouvoir ,  quand  il  me 
plaira,  réclamer  l'argent  qui  m'eft dû  (6^4)  i>. 
Les  juges  fîgnent  ainfi  que  les  témoins,  ou 
Içs  premiers  feuls  fous  la  double  qualité  ;  car 
ils  peuvent  être  à  la  fois  l'un  &  l'autre.  Em- 
prunte t-on  dç  plufieurs  perfonnes  ?  On  écrit 
pôux-^ichacune  un  aâ;e  de  Cautionnement  judi- 
ciaire. Si  plufieurs  perfonnes  empruntent d*une 
feule ,  un  ade  pour  toutes  fuffit.  La  date  fè 
rapporte  à  Tinftant  du  prêt ,  &  la  néceflîté  que 
le  cautionnement  le  précède  eft  fondée  fur  la» 
raifon  :  des  témoins  y  affiftent,  &  ils  ne  pour- 
raient attefter  une  chofe  qui  ne  feroit  pas^  faite 
encore.   Si  le  gage  préfenté  eft.  d'Une,  valeur 


(663)  Mîfna,  tom.  1,  de  Septimo  anno  >  pag.  196, 
cil  a  p.  10,  $.  3.  Judkialis  cautio  cum  pfochronifmo  rata 
babetur^  cum  metachronîfmo  irrita.  JEris  alieni  tahdà  curu 
prochronifmo  irrita ,  cum  metachronîfino  rata. 

(664)  Hoc  ego  vohîs  trado  N,  &  N.  judîcei.  tpci  JY. 
m  quodcumqué  as  alicnum  mihi  dcbe(ur  ^  id  ego  i(jindiccffk 
^UQ  tempore  UMit. 


^.tonimt  MoraJùfiti  137 

înfiiffifânte ,  on  y  fupplée  en  donnant  une 
iorte  d'hypothèque  fur  fon  champ  ou  fur  toute 
autre  pofleffion  (66y).  S'ilfuffit,  mais  que  là 
dette  ne  foit  point  acquittée  au  temps  marqué, 
le  créancier  n'a  pas  le  droit  d'entrer  chez  le 
débiteur  pour  faifir  ce  gage  ;  il  doit  attendre 
fur  le  feuil  de  la  maifon  que  celui-ci  Taj^porte 
lui-même  {666). 

Article    I  I  I. 

làoixfurU  Mariage^  la  Dot  &  le  Divorce^ 

toîx  générales  fur  le  Mariage^ 

MoYSÈ  connoiflibit  trop  bien  Tinfluencè  da  . 
mariage  fur  les  mœurs  &  la  population  jf  pour    ^^^^^^^ 
ne  pas  y  inviter  les  Hébreux.  Perfuadé  qu'on  ff  '«?>™- 
trahit  la  deftination  de  la  nature  en  fe  reftifant  Hébreux, 
aux  devoirs  impofés  à  tous  les  êtres  comme 
père  &  comme  époux ,  &  qu'au  crime  en- 
^  ■■  »  ■  ■ I  I   II     .  ■  Il  . ..    Il .  ■■       ■     I.   ■ 

(665)  Mifna,  diôo  loco,  §.  5  &6,  pag.  196,  197 
&  198  3  &  Bartenora  fur  ces  diiTèrens  paragraphes^ 
(^6)  Deutéronoiae»  chap.  24^  v.  10  &  i,i« 


t^i  Moyfcytonjidéré  comme  Légijlateur 
vers  la  nature  on  en  joint  un  envers  la  fo- 
ciëté,  puifque  fans  égards  pour  l'obligation 
primitive  que  tout  citoyen  eft  cenfé  contrader 
avec  elle  on  ne  lui  rend  pas  ce  qu'on  en 
a  reçu',  il  ordonna  de  (è  marier  prèfque  au 
fortir  4e  l'adolefcence.  CroiflTez  &  multipliez , 
fut  un  des  premiers  préceptes  donnés  aux 
hommes  par  le  Légiflateur  fuprême  {66y).' 
Les  Talmudiftes  déclarent  femblable  à  un 
homicide  ,  celui  qui  ne-  s'occupe  pas  de  fa 
poftérité.  A  les  en  croire ,  éloignant  l'efprit 
fàint  du  peuple Ifraélite^  41* dutràgé  à  ïa  fois- 
la  perfedion  de  Thomme  &  la  Majefté  di- 
vine (  668  ).  Les  rabbins  e^n  ont  fixé  l'âge  à 
dix-huit  ans  {669).  Celui  qui  en  paflè  vingt 


.Ç667)  Gen^fe,  çliap.  i  ,  y.  18.  Voyez  chap.-Ç-, 
V.  17;  chap.  9  ,  V.  I,  &  chap.  35  ,  v.  11.  Ce  pré-* 
.  cei3te  confïfitîè-  par  Moyfe  ,  fut  un  des  mieux  ob- 
fervés,  6c  les  livres  faints  fcfht  remplis  de  &its  qui 
le  prouvent.  Gedeon  eut  (oixaritc^onze  etifâiis.  Juges,  . 
chap.  8  ,  V.  }o  •$£  -31.  Jàïr  en  avoit  tfeqtc.  Juges , 
chap.  10,  y.  4.^^Àbdoa  avoit  (juaraatft<il5&  trente 
petits-fils.  Juges,  chap.  12,  v.  14 '&c.  &c,  &c. 

(658)  Celîîarrè'dèBabyl.  deLevîr.  irifratr.  officiîs; 
chap.  6 ,  pags  64.  Voyez  Sçldçn^  liv.  .i  /  chap.  9  , 
pag.  62  ;  Balnage,  Hift.  des  Juifei  tom^.'6,  ch,  *2  ^  -: 
§•  i>  pag-  476>  Sluilcan  Aruch^  liv.  Aben  Haa^zer^ 
chap.  z. 


&  comme  Moralise:  i}9 

fafi'J  s'êt*é  marie ,  eft  coupable  aux  yeux  de  ^?"^i«f 

r  1  r  oh  1  a  nic^ 

la-  loi,  'Les  livres  laints   reprochent  louvent  Home  anat- 
à  dei-^fils  j  corrime  un  véritable  crime ,  de  ubat/"    ' 
n'àv^iï  pais  foutenu  la  maifon  de  leur  père 
&  -fait  revivre  fon  nom.  Les  femmes  font  com- 
ppifes:^,  ainfi  que  les  hommes ,  dans  ces  re- 
proches utiles.  Auffi,   enchaînée  au  céhbat 
parle  vœu  de  foil  père ,  la  fille  du  vainqueur 
des   Ammonites  ,    accompagnée   des  jeunes 
vierges  de  Màfpha,  parcourt-elle  les  mon- 
tagnes pendant  deux  mois  en  pleurant  fur  la. 
néceffité  à  laquelle  Jephté  Ta  condamnée  4e. 
renoncfer  pour  jamais  au  titre  de  mère  &  ^ 
d'époufe  (  670).  A  cet  exemple  ,  ajoutons-en 
deux  autres  cités  par  Calmet  (671)  d'après 
Ifaïe  &  le  Cantique  des  Cantiques  :  »  Un 
jour  viendra,  dit  le  Seigneur,  où  leshottimes  ' 
feront*  fi    ratei  que  chacun   d'eux  fera  re- 
cherché par  fept  femmes  à  la  fois;  '  Toutes 
fe  difpùteront  fon  cœur  &  fa  main ,  &  lui 
diront  :  Noiis  ne  demandons  rien;  noiis  bf*  ' 
frons  de  nous  habiller  &:  de  nous  nourrir; 


{66^^  Hiftoria  de  gli  riti  Hebraici ,  part.  4,  ch.'a, 

§.  I,  pag;83.  •         ' 

{6jà)  Juges,  chap.  II,  v.  37  &  38.,    .    , 
(671   Differtation  fur  les  mariages  des,  ÉEébreux  ; 

tom.  8  de  la  Bible  d'Avîgnôn,  pag.  4io, 


140      Moyfcj  corlfidcré  àomme  Ù^Jlaieiif 

J>ermettez  feulement  que  nous  portions  votr<i 
tiom ,   &  fauvez-nousv  de  l'opprobre  (  6yz  )i 
—  Quand  pourrai-je ,  dit  ï'époufe  à  fon  bien- 
aimé  ,  dans  le  Cantique  des  Cantiques ,  vOus 
conduire  dans  la  maifon  de  ma  mère  &  vous 
y  donner  un  baifer  ,  afin  que  je  ne  fois  plus 
méprife'e  (673)* 
fdtf garnie.      On  ne  fera  donc  pas  étonM  que  Moyfe 
âwriito  -  ^^^  permis  la  pluralité  des  femmes ,  en  la  ref* 
^  ferrant  toutefois  dans  des  limites  plus  étroites 

que  ne  l'ont  fait  un  grand  nombre  de  lé- 
gifl^teurs.  Elle  exiftoit  ayant  lui  parmi  les 
Hébreux.  De  tout  temps  n/ous  la  trouvons 
dans  leurs  annales.  Lamech,  atrière-petit-fils 
d'Irad  qui ,  lui-même ,  félon  rEeritui:e>  étoit 
arrière-petit^fils  d'Adam,  eut  tout^à-U-fois 
Ada  mère  de  Jabel,  nommé  dans  la  Ge-» 
nèfe  le  père  des  bergers  &  de  Jabal  in-* 
venteur  de  quelques  inftrumens  de  mufique, 
&  Sella  mère  de  Tubalcaïn  qui  découvrit  ^ 
ajoutent  nos  livres  facrés  (  674  )  ,  l'art  de 
dompter  le  fer  &c  de  façonner  l'airain* 


{671)  Ifaïe^  chap.  4^  y.  t. 

(673)  Cantique  8,  v.  t  &  '2.  Ceci  fait  allufîon  à 
Tufage  où  on  étoit  de  placer  le  lit  nuptial  dans.Tap* 
|«rtettîent  de  la  inére. 

(^74)  Gèhèft  ;  chap.  4 ,  y,  H  &  fiàvansi   ^ 

Le» 


^    teî  ïftaéiites  turent  même  tin  ufiige  qui  AncîeiiufV 
s*éteignit  infenfibtement»  Quand  l'époufe  étoit  ^épî)ufe  *V 
ftérile,  elk  ènvoyoit  fa  fet^ànte<lans  la  cotiche  ^^"  ^'^*^ 
nuptiale ,  partager  ks  dnoits ,  &  lui  prêter  ^ 
fi  j'ofe  m*éxp^imet  ainfi ,  tottte  fà  fécoûdit^ 
Sara  defefpéradt  d'avoir  un  fils ,  donné  Agaf  i 
tiné  defes  efclavêij  4  Abirahàiti  qui  k  tend  •  '^ 
mère  dlfitiaël  {6j^),  Rdchel  îriè  rendant  paà 
Jacob  plus  heureux  ^  &  Lia  ayant  paru  cèfleif 
de  concevoir,  lui  abandonnent  leurs  fèrvanteg 
i*une  &:  l*aiitre,  h&  il  obtient  deux  enfans  d* 
chacune  d'elles  (676)* 

Sara  &  TEgyptienne  Agar  ne  font  pas  U»    ui  àm^ 
feules  femtties  du  premier  de  ces  patriarches»  ^""^^^^1 
Il  en  prend  une  troifième ,  appellée  Céturat  /  f|f^*°' 
qui  donirie  plUfieurs  frères  à  Ifeac  {6jj)i  EfiiU 
a  auffi  trois  ëpoufes,  Jiidîth,  Bafematit  i8â 
Maheleth  (678)*  Le  pke  de  Samuel  eii  a  dfeuxj 


^(675)  Genèfe,  chap.  i6,  v.  a^  3  &  ij. 

.  (676)  Genèfe,  chap.  30 ,  v,  i^  3 ,  5 ,  9^  lO  &  tiS 

i^jj)  Genèfe,  chapitre  25,  y.  i  &  2.  Jarchi  S( 
d*autr€S  -rabbins  ont  prétendu  qu'Agar  &  Cétiirà 
étoieht  la  même  perfotlne  ;  mais  leur  opinion  établie 
ftlf  des  fubtilités ,  t  excité  les  réclamations  de  pltl* 
fieufs  autres ,  &  elle  eA  contraire  au  texte  hébrett 
comme  à  toutes  les  interprétations  qu'on  en  a  donnçeSi 

(678)  Çeoèfe/ckà6,  V^J4i  &  «^  *^,  V.rfer 


SL4i      Moyfii  modéré  eomtne  Ligifiateuf 
Annç  &  Phœenna  {6j9)s  &  David ,  outre 
plufîeurs  que  l'Ecriture  ne  nomme  pas  quoi- 
qu'elle défigne  leurs  enfans,  huit  dont  elle 
a  confervé  le  nom ,  Michol ,   Achinoam  , 
Àbigail ,  Maaçba ,  Haggith ,  Abital ,  Egla  &c 
Bethfabée(68o). 
De  cellei  :   Toutes  ces  femmes  étoient  légitimes ,  &  on 
^^eitime  a  cu  tott  de  penfgr  qu'une  feule  d'entre  elles 
^^^^*  mérita  ce  titre  &  que  les  autres,  réduites  à 
l'état  de  concubinage ,  n'eurent  aucun  lien 
conjugal.  Dans  plufieurs  circonftances,  il  eft 
vrai ,   comme  lorfqu'on  prenoit  parmi  fes  ef- 
dives  fa  feconde  w  fa  t  roifieme  éppufej,  elles 
.  "ne  çeflbient  pas.  ordinairement  de.  confèrver 

yne  forte  de  fubordination  &  les  fbnâions  de 
Ijidon^efticité.  Il  êft  vrai  encore  que  leur  union 
n^étpit  précédée  ou  fui  vie  d'aucune  folentmité  , 
.  ^  qu'elles  ne  recevoient  pas  une  dot  de  leurs 
maris  :  mais  leur  légitimité  n*en  fut  pas  moins 
aflurée.  On  les  regardera,  fi  l'on  veut,  comme 
des  époùfès  d\m  rang  inférieur  ,  &  elles 
rétôîent  en  efiet ,  mais  elles  n'en  feront  pas 
moins  de  véritables  époufes  dont  la  loi  recon-r 
jpoît  les  «rifans ,  &  qu'on  ne  peut  plus  ren- 


(^79)  ï  Regum,  chap.  i ,  v.  2. 
(680)  I  Regum,  chap.  18 ,  v.  ij.  2  Reg.  chap.  3  ; 
"V-'*^  f  3  >  4  &  î«  «  Par^ipom.  chap.  |  j  v-  j^  . 


•    tfxèmme  Moràlijki  f4| 

^yèf  qiie  par  le  fecîours  ordinaire  de  k  féptf-» 
diation.  Nos  livres  faints  l'expriment  cUire^ 
faient  dans  une  foule  de  paflagcs.  On  y  voit  qud 
îe  mot  de  concubine^  loin  d'être,  ôotimid 
thez  nous ,  un  mot  honteux  &  déshohoraiit^  * 
eft  par-tôUt  fynoiiyme  à'uxbr.  L*un  ^V^vXxé 
font  employés  indiflfeiremment  daiii  Jie  liVfé 
des  Juges  ,  en  parlant  du  Lévite  ouvragé  4 
Gabaa  {j6%i).  L'un  &  l'autre  lé  font  indiffiS^ 
jremment  dans  la  Génèfe^  ^njparlant  de  Cétura^' 
d'Agar  (  681  ) ,  &  de  Bala,  mère  de  Dan  Se 
de  NepKtali  (êSj  )<  Y  dit -on  de  celle- ci  j^ 
comitié  de  jplulîèùrs  autres ,  qù^uiie  maîtfeflië 
ftérile  k  cède  à  fdn  inari  ï  L^Ëcriturè  an?* 
iioncé  (^^4)  qu'on  la  lui  donne  pour  époufe  t 
fieduè0f7^Uxof^,  QixdeJkinconjugiutn; 

Les  i-abbins^  en  général,  reftreigtietit  i  fi^Man 
quatre  femmes  la  liberté  ac(X)rdée  aux  Ifraé-  fi!?u!pài^^ 
iitesi  Maimonide  &  Bàrteriora  j  qui  ùe  font  **®^ 

(681)  :fuges,  cîxàp:  isf ,  V.  t  &  à*; 

(68»)  Gedèfe,  ehdp;  16s  r^  |  j  &  cKapi  af  1 1.  t 

.  (683)  Gcnèfe,  chapx  3c  <  V;  àd ,  &  chap.  ^ji  1^;  *x 
Le  texte  dit  tantôt  n^»  i/^^^  qui  fignifie  (eniméi 
épbufe  ;  &  tantôt  ^^j^^  ^  piUgkes^  qui  fignifie  Hùtik 
cubine.  _ 

\  (684)  Cîenéfe,  cliap;  3Ô,  t;  4.  Vo^ei  le  iiSf .  4^| 
.  jr.  j ,  &  le  diap.  aj  ,  y«  x^  - 

f2* 


%44      Mùyfe  ^  conjtiéfi  comme  Ugijlateur 
j)as  les  moins  inftruits ,  ëtabliflent  cette  opi- 
nion (68y).    Qudques-uns   cependant  n'y 
mettent  point  de  bornes ,  tandis  que  d'autres 
A-t-cUc  profcrivent  même  la  bigamie  (686).  Au  refte , 
a'hurparmi  Jes  Hébreux  ri'abufent  guère  aujourd'hui ,  je 
UtJvft?     ^^  plus,  ils  n'ufent  prefque  jamais  d'une 
liberté  pareille.  Ils  ne  fe  la  permettent  pas  en 
^eniagne,  &  ne  la  fouffrent  en  Italie  que 
dans  le  cas  de  la  ftérilité  de  leurs  époufes  (687). 
Gn  fixe  la  diminution  lenfible  de  la  polyga-* 

(68$)  Commentaires  fur  la  Mifiia»  tom^  j,  de  Le* 
Virohim  in  fratrias  bfficiis,  chap..4,  %  }'^i  P^g-  '7* 
iVoyez  la  Gemarre  de  Babylone ,  mêmç  titre ,  ch.  6» 
fol.  JÈJ.  ^^ 

(686)  Voyez  les  dtflerens  cofflméritâ^eiirs  fur  la 
Gemarre  de  Babylone,  diâo  loco.  DHifiits ,  fur  les 
endroits  difEcUes  du  Lévitique>  chap.  61.  Pefiktha 
Zot^rtha,  pag.24,  col.  i.  Jôfepl^|taro,.iD  Shulcan 
Tlruch  ^iv.  Abcn  Haaezer  ,  chap.  1 ,  §.  10.  Selden , 
:Uxor-hebraica ,  llv.  x ,  chap.  9 ,  pag.  63 ,  67  &  68. 

(687)  Hifloria  de  gli  riti  Hebraici ,  part.  4,ch.  2  ; 
§.  %  ^  pag.  84.  Encore  ne  le  font-ils Jqu*aprës  avoir 
obtenu  la  permiflion  du  pape,  ajoutait  Léon  de  Mo- 
dène  :  Hanno  ufato  chUderne  lic€n{a  e  p'igliare  difpenfa 
del  papa.  Cette  demi-phrafë  a  été  retranchée  en  pu- 
bliant l'ouvrage  ;  mais  elle  fë  trouve  dans  un  exem- 
plaire du  manufcrit  que  Selden  avoit  fait  copier  très- 
fid^lçment  en  Italie  fur  celui  de  Tauteur.  Voyez  Ûxor 
èebrai^a,  liy.  ï  ,  chap.  ^,  pag.  73. 


&  comme  MofaR/^.  \4)l 

mie ,  parnii  les  Juifs  ^  à  la  fin  du  quatrième 
fiècle  de  rère  chrétienne.  Peut-être  une  loi  de 
Théodofè  I ,  qui  leur  défendit  de  fe  marier 
fuivant  leurs  ufages  &  d'avoir  à  la  fois  plus 
d'une  époufe,  n'y  contribua-t-elle  pas  peu, 
quoiqu'elle  n'ait  pas  été  long -temps  rigou- 
reufement  obfervée  (^88). 

Nous  venons  de  dire  qu'un  maître  fè  marioit  DunitSagi 
quelquefois  à  fon  efclave  ;  &  que  leur  union  dave?*  ^' 
fot  approuvée  par  la  loi.  C'eft  que  des  deux  '"** 
contradans  ,  le  premier  eft  entièrement  libre! 
•  S'ils  ne  l'avoient  été  ni  l'un  ni  l'autre ,  leut 
mariage ,  fans  être  défendu ,  eût  été  moins 
favorifé.  J'en  prends  à  témoin  une  difpofîtion 
févère  renfermée  dans  l'Exode*   Moyfe  veut 
que  le  ferviteur  auquel  fon  maîti^  a  donné 
une  époufe  jouifle  feul  de  la  faveur  de  l'année 
fabbatique  ,   &  que  fa  femme  &  £es  enfans. 
reftent  encore  dans  Tefclavage  (689)^  Il  fallok 
donc  choifir  entre  la  cruelle  alternative  de 
conferver  fes  chaînes  ou  de  renoncer  au  plaifir 
de  vivre  avec  ceux  dont  la  tendreflfe  eût  fait 
notre  bonheur,  La  nature  &  la  liberté  réclai- 
moient  chacune  leurs  droits.  Si  l'amour  de  I^l 


(688)  En  13^3.  Ceft  la  loi  7  du  code*  de  Xudâfiî^ 
&  Cœricolîs.  Voyez  Selden,  diélp  loco,  pag.  71^ 

(689)  Exode^  chapw  21  j  v*  4^ 


I^ê      Moyfcy  eonjîdéré  comme  lé^ijlateuf 

féconde  étoit  écouté,  avec  quellç  douleur  nflf 
.voyoit.-on  pas  des  êtres  bien  chers  meurtriç 
encore  par  les  chaînes  dont  on  venoit  dç 
^'affranchir  \  Les  cris  de  la  première  étoient-ils 
Jies  plus  forts  ï  on  fe  vouoit  donc ,  foi  &  fâ; 
f  iamille  entière ,  à  une  longue  fervitude. 

iett^a  fi  on      Si  on  donnoit  une  de  fes  efckves  en  mariage 

^4*lîaççf.  à  foa  fils ,  on  de  voit  la  traiter  comme  fes 

f^vf  ?       propres  enfans  5  &  fî,  après  l'avoir  époufée,  il 

recevpit  une  autre  femme  des  mains  de  fon 

'père ,  les  droits  de  la  première  n'en  étoient  pa$ 

ipioiqs  inaltérables,  Vêtemens  ,    nourriture  , 

devoirs  nuptiaux ,  rien  ne  ceflbit  de  lui  être 

dû  (  690  ),  Les  lui  refufoit-on  \  La  loi  brifoît 

fes  chaînes  fans  la  foumettre  à  payer  le  prix 

de  fa  liberté  (691), 


(690)  Exode,  çhap.  21,  v.  9  Çc  10,  Nuptîas ,  vef^ 
flmentum  &  pretîum  pudicîtïcz ,  dit  la  Vulgate.  Ceft  dif- 
férer effentiellement  du  texte  &  de  Finterprétation 

-  de  tous  les  commentateurs.  Rien  ne  répond ,  dans  le 
verfet  19 ,  à  nupûas  &  à  pretîum  pudicitïa,  Ubebreu 
^\t ,  INI? ,  y^r,  caro ,  OU ,  dans  un  fçn§  plus  éçeqdu, 
fout  ce  qui  fert  à  la  nourriturç ,  alimntum ,  nutri-r 
fientum',  &  enfuite  njW,  hondh,  habitation  concubitus^ 

^^ebitum  conjugale.  Les  Septante  traduifént  avec  plus 
^'ex^ûitude  que  la  Vulgate ,  païf  oçs  mots  :  Top,  </^iwTfl% 
%  ijithU  AuTÎ?,  quoique  \à  fignif^catipn  q'en  foit  point 
gJpTez  détçrn^inée, 


5  comme  Moraûfle,  Ï47 

Il  eft  clair  ^  par  cette  dîrpofitîon,  qu*iine  ^uconfcn' 
femme  efclave  n'étoit  point  néceflairement  ^T"^^  f^^ 
affranchie  par  fon  mariage  avec  fon  maître,  ^tidui 
&  il  n'eft  pas  néceflaire  d'ajouter  que  £  elle  le 
contraftoit  avec  un  autre  efclave ,  le  confente- 
ment  de  ce  maître  devenoit  indifpenfable, 
CeftàUiienefïèt  qu  appartenoient  les  enfans^ 
qtti ,  fuivant  toujours  le  fort  de  leur  mère, 
ëtoient  comme  elle  condamnés  à  la  fervitude, 
La  néceffité  de  ce  confenrement  n'eft  pourtant 
jamais  exprimée  dans  TEcriture.  Il  faut  en  dire 
autant  pour  celui  des  pères  dans  le  mariage  de 
ceux  auxquels  ils  ont  donné  le  jour.  Le  jeune 
Tobie  fe  marie  ^  pendant  nn  voyage ,  à  Tinfu 
de  fes  parens  &:  loin  des  yeux  paternels  (^9^)* 
Malgré  cela  ^  fi  l'obligation  n'en  eft  point  expri- 
mée, elle  ne  fuit  pas  moins  évidemment  de 
plufieurs  partages  des  livres  faints  que  des 
premières  loix  de  la  nature.  Tels  font  ceux  de 
VExode  &  du  Deutérononie  ,  où  >  en  parlant 
des  Chananéennes ,  on  défend  aux  Hébreux 
de  les  donner  pour  époufes  à  leurs  fils  (693). 
Tel  eft  le  chapitre  de  la  Genèfe  ou  Abraham 
choifit  la  femme  dettinée  à  Ifàac,  &  odllàac 


(692)  Tobîe ,  chap.  6,  7  &  la 
(69^)  Exode,,  chapitre  345.  v*^id  Deutérônomei 
chap.  7,  v.îj 


I 


% 


%jfi^     Moyfi  ^  conjidirè  comme  Légîjlateur 

<     envoie  Jacob  en  Méfopotamie  y  recevoir  pour 

ëpoufe  une  des  filles  de  Ton  oncle  Laban  (694); 

Tel  çft  fur-tout  celui  du  livre  des  Juges  {69^)^ 

'  dans  lequel  on  voit  Samfon  demander  à  fon 

père  la  permiffion  d'époufer  une  Philiftine ,  I0 

père  fe  refufer  d'ibord  à  la  demande  de  fon 

fils ,  celui-ci  renouveller  fa  prière  &c  fes  inf- 

tancçs ,  ÔC  obtenir  enfin  le  confentement  qu'il 

defire, 

Onnçpoa-     ^ais  fi  le  père  régloît  le  mariage  de  fes 

voit  r«fufef  ^  *^  O  6 

wn  époux  à  enrans ,  s  U  put  1  empêcher  avec  telle  ou  telle 
^  ^^^    perfonne,  dans  telle  ou  telle  circonftance ,  il 
ne  put  abufer  de  cette  faculté  pour  s'y  oppofer 
en  général  ou  pour  en  retarder  Taccompliffe-* 
ment.  Ainfi ,  la  fille  étant  parvenue  à  l'âge  de 
puberté  indiqué  par  la .  loi ,  un  refus  abfolu 
devint  illicite.  Les  jeunes  citoyennes  appar- 
tinrent alors  plus  particulièrement  à  la  fociété 
qui  rédamoit  d'elles  l'exécution  d'un  devoir 
auquel  la  puiflance  paternelle  n'eut  ni  le  droit 
ni  la  poflîbilité  de  les  fouftraire, 
l'qrrwp     La  faveur  du  mariage  fut  fi  grande ,  le 
£nc  au-'  reipeâ:  qu'il  infpira  fi  puiffant,  que  l'erreur 
fluUoitçUe^  même  dans  la  perfonne,  qui  chez  nous  offriroit 
une  nullité  légitime,  ne  l'annuUoit  pas  chez; 


{6^4)  Genèfe,  chap.  %4 ,  v.  4,  &  ch.  a8,  v.  i, 
(^95)  Juges,  chap,  m,  v.  i  &  fuivain*-. 


.  8*  comme  MoraRfiei  xjff 

les  Hébreux.  Nous  le  concluons  du  moins, 
avec  quelque  vraifemblance ,  de  Thiftoire  de 
Lia  fubftkuée  à  Rachel  par  Timpotture  de 
Laban.  Malgré  le  courroux  de  Jacob  contre 
cette  honteufe  fupercherie  &  fon  dégoût 
prefque  invincible  pour  Lia ,  il  ne  la  recette 
point  y  il  ne  fe  plaint  pas  de  llrrégularité  de 
cette  fingulière  aflbciation  {696). 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  certain  &:  de  beaucoup  oifpeiïfef 
plus  favorable  ^  c'eft  la  loi  du  Deutéronome  a^' 


qui  difpenfe  du  fervice  militaire  &  de  toutes  J^  ^^ 
les  charges  publiques  le  jetme  époux  y  dans  la 
premiière  année  de  fon  mariage.  Le  motif  de 
l'exemption  eft  touchant.  On  veut  qu'il  fe  livre 
tout  entier  aux  foins  domeftiques ,  &c  que  riea 
xie  trouble  fa  joie  &  fon  bonheur  dans  l'état 
qu'il  vient  d'embrafler  (tf^). 


(696}  Genèfe, chap.  19^  v.  20  &  fuivans. 

(697)  Deutéronome  >  ch.  24,  ▼.  ç.  Le  chap.  10, 
V.  7,  prefcrit  la  même  chofe  pour  le  fiancé  qui  n^eft 
pas  éloigné  du  mariage  ;  Qui  defponfavit  phi  uxonm 
&  nondum  accepit  eam.,  Tosèphe  parle  également  des 
deux  C9S,  liv.  4,  chap.  8,  pag.  130.  futtnt^vùLixif^t  & 
Vfydt/bt«)c<r«f.  Plufieurs  doâeurs  retendent  même  à 
celui  qui  époufoit  une  veuve,  quoique  Philon ,  tom.  2 , 
de  fortitudine,  pag.  380 ,  ne  parle  que  de  celui  qui 
époufoit  une  vierge  j  intftfror  fr^mrifji.ms^ 


fe  jb     Môyje,  coit/îdéré  comme  Légïjlateia. 

S.  II. 

Loix  fur  'Us  Fiançailles.» 

le  fflid     Les  filles  des  anciens  Ifraëlites  ne  fe  rëpan- 

^^  "*  doient  pa«  au-dehors.  Irrévocablement  fixées 

^sdc  itur  dans  la  maifon  de  leur  père,  elles  y  attendaient 

patiemment  qu*on  les  recherchât  pour  époufes. 

Les  mariages  fe  faifoient  doncprefque  toujours 

fans  que  les  contraâans  fe  connuffent.  Ce  qui 

eft  chez  nous  Teffèt  du  luxe ,  de  l'amour  de 

l'or ,  d'une  indifférence  profonde  pour  le  lien 

le  plus  étroit  &  le  plus  durable ,  Tétoit  chez 

eux  d'une  efpèce  de  pudeur  civile.   Auffi  , 

quand  l'Ecriture  défîgne  une  jeune  perfonne 

qui  n'eft  point  encore  mariée ,  elle  l'appelle 

Abna^  c'eft-à-dire ,  cachée. 

Bpoqocor.     P^"^  empêcher  cette  ignorance  mutuelle; 

j^lJJ^f  ^^«  on  les  fiançoit  quelquefois  avant  la  pubertés 

£Ue  avoit  lieu  à  douze  ans  &:  un  jour  {6^%\ 


(698)  Selden  ,  Uxor  hebraica  ,  liv.  2 ,  çhap..  3  ;: 
page  138.  Mifna,  de  Dote,  Litterifque  matrimonia- 
libus,  chap.  ) ,  §.  8,  tom.  3 ,  pag,  67,  &  de  Uxore 
adulterii  fufpeââ  ,  pag.  237  ,  chap.  4 ,  §.  3.  PwlU 
ufque  ad  ajinunjk  duodccimum  ,  dieniquc  infup^r  unicum,  « 
mînor  nuncupabatur ,  nijî  maidfefia  frœfOftm  fuhcrtaâs, 


1&  eomme  MoràR/lài  15^^ 

!iyors  (êilement  on  achevoit  le  mariage  (699)^ 
Quoique  le  temps  dont  les  fiançailles  le  pré- 
cëderoient  ne  fût  point  détermine  &  qu'on  eût 
le  droit  de  faire  prefque  au  même  inftant  cette 
double  cérémonie ,  comme  le  prouve  l'exemple 
de  Tobie  époufant  Sara  dans  fon  voyage  (700) , 
ordinairement  on  y  mettoit  un  intervalle  de  iix 
mois,  d'un  an ,  mètne  de  deux  (701).  Samfon  fe 
(bumet  à  cet  ufage  lors  de  fon  union  avec  la 
Philiftine  qu'il  defîroit  pour  époufe  (701) ,  &  ^ 
Lotb ,  fur  le  point  de  quitter  Sodome  menacée 
par  une  pluie  de  feu,  invite  à  s'en  éloigner, 
avec  lui  &  fes  enfans ,  ceux  quHl  a  choisis 
pour  devenir  fes  gendres  (703  )• 

Les  fiançailles  fe  faifoient  de  trois  manières,    TcobMi 
en  remettant  une  pièce  d'argçnt,  par  une  con-^Sl^ 
vention  écrite,  par  Taâion  conjugale,  nurn^ 
mulo  dato  ^  pà$oni$  UbcUo  ^  conmbitu  (704)* 


fiffia  nomen  juvencida  forte  ûnàcîpajftnt,  Per  ftx  qmff» 
^uuntwr  menfes  juvencula  diéU  eJL  Dim  pubenotif  trat 
pUntt.  Selden,  dido  loco. 

(699)  Selden,  diôc  loco, 

(700)  Tobie ,  ch.  6 , 7  &  xo. 

(701)  Léon.|de  Modène^  cérémonies  dés  Juifs  ^ 
part.  4>  cbap.  3 ,  §.  i ,  pag.  85. 

(702)  Juges ,  chap.  14 ,  v.  1  &  fuivani. 

(703)  Genèfe,  chap.  19,  v.  14. 

(704)  Selden  ,  Uxor  hAtskà  j  fiv*  a ,  dtap.  t  j 


<f  i      Mcyfc^  conjidéfe  comme  Ligïjlateur        / 

Je  ne  conçois  pas  trop  quelle  diflFéî^rice  il  y 

'  avoir  entre  celle-ci  &  le  mariage,  &  comment 

les  mœursi  publiques  en  ont  fi  long -temps 

permis  Texiftence  ;  car,  on  Ta  enfin  fiippri- 

mée  \  on  punîroit  aujourd'hui  celui  qui  vio- 

leroit  ainfi  la  décence  &  Thonnêteté  (705). 

De  i*aûc      Selden   donne   un  modèle  de    l'afte    des 

iMi  *°^  '  fiançailles,  dans  le  cas  où  on  le  faifbit  par 

écrit  {706).  On  y  mentionne  le  confentement 

pag.  128.  Mifna,  de  Sponfalibus,  tom.  3 ,  chap.  i , 
^.  I  ^  pag.  359.  Elle  dit  :  Argenio^  fcripturâ  &  coïtu» 
Voyez ,  fur  ces  trois  manières  ,  les  obfervadons  de 
Bartenora,  de  Maimonide  &  de  Surenhufius,  p.  359 
&  360. 

(705)  Selden,  diôo  loco,  liv.  a ,  ch.  2,  p>ag.  13c; 
Bartenora ,  fur  la  Miûia ,  de  Sponfalibus  y  chap.  i  » 

(706)  Voici  cet  aûe  en  entier  &  tel  qu'il:  le  rap4 
porte  :  Talï  ferïâ  ,  talî  die ,  menjis  N  ,  anno  talî  à  crea^ 
nom  mundi  ,  juxtà  fupputaûoncm  çud  nos  utimur  6v. 
Quo  temporcj  talis^filîus  talis^  dîxittali  puella  filuc  talis^ 
fis  mhi  fponfà  juxtâ  îriftitutum  Mofis  &  Ifracûtarum ,  6^ 
dabo  tîbi  dotent  vîrgînîtatïs  tua  argentum  fcïUcet  200  ^ 
[orum  ,  qu<z  fianma  competens  eft  ùbi  ex  ipsd  le^e.  Et  af^ 
fenfum  prczbuh  talîs  \puelh)  ut  ejus  Jam  effet  Jponfa, 
Idebque  fponfa  huîc  fmpromïfit  dotem  f^ipto  ei  confiituerc 
dîebus  eorum  nuptialibus,  Injuperque  dixît^  îa  me  fufcîpîo 
atque  in  hœredes  meos  poflerofqut  praftare  quod  in  hoc 
Ubeîlo  fponf4itio  continetur^  etiam  cm  pallio  ^wd  ïu  bu^ 


tf  comme  MoràRjfe:  i^f 

des  detix  iiitttr»  époux ,  la  promefle  de  la  dot  ^ 
&  la  parole  donnée  par  le  mari  de  répondre 
tant  pour  lui  que  pour  fes  héritiers  de  tout  ce 
idont  il  feroit  le  dépofitaire  &  de  fe  foumettre 
à  tout  ce  qui  eft  d'ufage  dans  les  contrats  de  ce 
genre  drefles  par  les  Hiraélites.  Trois  témoins  le 
iignoieht. 

On  faifbit  encore,  en  préferice  de  témoins,    p^  fini? 
les  fiançailles  par  une  pièce  d'argent.  Le  jeune  Se  pi4« 
homme  Toffroit  à  la  jeune  fille  tn  dilant  ces  ^'^^^^ 
mots  ou  quelque  chofe  de  femblable  :  Pro- 
mettez, &  que  ceci  en  foit  le  gage,  de  devenir 
mon  épOu{è«  Il  étoit  effentiel  que  Tofire  fut 
faite  par  lui  &  qu'il  prononçât  les  paroles. 
Sans  ces  deux  conditions  l'engagement  étoit 
nul,  la  femme  y  eût-elle  fuppléé  en  les  rem- 
pliflant  elle-mêm^  (707).  Dans  des  temps  plus 


meris  nuis  ,  îdque  fivt  vivant^  Jivt  motiar,  Quin  &fufcepît^ 
infe  tdis  (fponfus)  pr^ifiandî  qitod  m  Ubtllo  hoc  fponfa» 
lïùo  contmetur  omis.jjuxtâ  ea  qiia  ex^  imrt  dtûn^nt  ad  ' 
êlios  ejufmodî  IfraelUidum  libetlos  fponfallûos  £»c* 

JH.fitius^H^tefiis. 

N.  filiul  N.  r^. 

K  filius  K  teftîs. 

(707)  De  quelijue  manière  que  fe  fiflent  les  fian^ 

cailles,  la  formule  devx>it  exprimer  la  poflèffion,  h 

propriété  que  le  mari  àuroit  de  fa  femme ,  &  noa 

cdles  que  la  femme  auroit  de  fon  mari.  Il  y  avoit 


t$4      Moyjcj  eonfideré  comme  légijlateut 

modernes ,  les  Juife ,  à  l'exemple  des  autres  hâ- 
tions ,  ont  fubftitué  un  anneau  à  la  pièce  d'ar^ 
gent  ;  mais  cet  anneau  la  repréfente  ^  &  des 
témoins  font  obligés  d'affirmer  qu'il  n'eft 
pas  d'un  prix  inférieur  à  ce  qu'elle  auroit  pu 
valoir  (708). 
Des  fiaû-  Tant  que  les  fiançailles /^^r  concubitum  fubfil^ 
f  M^/^.  tèrent ,  on  exigea  aufE  la  préfence  des  témoins  ^ 
&  à'-peu-près  la  même  formule  verbale  de  la 


même  nullité,  fi  le  pronom  poiréflîf,  dont  oti  fe  (dt* 
voit ,  s'appliquoit  à  la  fille  au  liôu  de  s^appliquer  aii 
jeune  homme.  Par  exemple ,  fi  celtii-ci  difoît  :  Ecct 
ego  fponfus  tuus  fim  ;  tcceMr  tuus  :  Que  je  fois  votrt 
fiancé ,  votr€  époux.  Il  falloic  s'exprimer,  au  contraire, 
à-peu-près  de  la  manière  ('ùîvante  :  Ècet  uxor  mea 
)?y,  mesifponfa  ,  â  me  poffeffky  mihi  acqui(ua\  mea; 
nàKi  fumpta ^  addîêla  mihi,  in  mek  pouftate^  mihl  itf 
conjugalibus  utamur  ampUxibus  copuiata*  Devenez  ma 
fiancée ,  mon  époufe  >  mon  bien;  foyez  4 moi,  acquife 
par  moi ,  adoptée  par  moi,  unie  à  mol ,  en  ma  pui(^ 
fance  &C.  Voyez  Selden  ,  diôo  loco,  pag.  i)6  ,  & 
la  Gemarre  de  Babylone  ,  de  Sponfafibus  j  chap.  ï  , 
fol.  5&6. 

(708)  Selden ,  lîv.  1 ,  chap.  2 ,  pag.  13I ,  &  ch.  14; 
pag.  190  &  19T.  La  fubfiitution  de  l'anneau  à  la  pièce 
d'argent  eft  encore  rafe  en  Italie  &  en  Allemagne» 
fuivant  Léon  de  Modéne,  Hitforîa  &c.  part.  4,  ch.  5  » 
§.  1 ,  pag.  85.  Il  eft  vrai  que  fon  ouvrage  eft  écrit 
depuis  plu$  de  150  ans^        "  • 


$(  comine  Mordlifie.  i|y 

^ut  du  jeune  homme  (709).  On  la  croyoit ,  de 
même  que  Tadion ,  fondée  fur  une  loi  \  mais 
y.  étoit  difficile  de  le  croire  ainfi  fans  abufer  du 
fens  préfenté  par  le  Deutéronome  &  l'étendre 
au-delà^^des  bornes  dans  lefquelles  il  eft  natu- 
rellement reflerré.  Il  exprime  feulement  les 
époux  qui ,  après  avoir  vécu  avec  leurs 
femmes ,  conçoivent  un  dégoût  fondé  fur 
quelque  chofe  de  honteux ,  &  demandent  le 
divorce  (710). 

De  quelque  manière  qu'on  contradât  cet  en-   Droits  qui^ 
gagement ,  il  ne  donnoit  à  l'homme  aucun  droit  u^^^ 
fur  les  biens  de  celle  qu'il  avoir  choifie  (711)  ;  ^«** 
mais  il  lui  en  donnoit  fur  fa  perfonne  ;  & 
quoiquç  ,  par  refpeél  pour  les  mœurs ,  oa 
évitât  avec  grand  foin  qu'ils  ne  s'abandon- 
^aflènt  encore  à  toutes  les  libertés  du  mariage; 
fi  pourtant  la  fiancée  devenoit  coupable  avec, 
un  autre  que  celui  auquel  elle  étoit  deflinée,' 
<)n  la  regardoit  comme  adultère.  Nous  verrons        <  ' 
dans  la  fuite ,  fi  cette  infidélité  précoce  étoit 

-(709)  Ecce  fis  mîhi  fponfa  ex  hoc  coini^  difoit«Qn; 
Coaiq^e  dans  l'autre  C^s  :  £cçe  tu,  ex  hoc ^  fis  mihi  in, 
uxorem, 

(710)  Deutéronome,  chap.  24,  v.  r. 

(711)  Wàgenfeilius  ,  fur  le  chap.  4  ,  §.  i  de  la 
Mlfag ,  de  Uxore  adulterii  fufpeââ  ,  tom.  3 ,  p.  230. 


;i{C     Majjt^  confidcré comme  Legîjîateur 

punie  auflî  févèrement  que  rinfidélité  cofl« 
jugale. 
A4^îip-     Le  droit  de  fiancer  appartint  au  père,  & 
£Sî**dl''  ^^  ^^oi^  f"^  abfolu.   On  n'avoît  pas  même 
£au6cr!     befoin   du    cônfentement  de  fa  fiUe  >  taiit 
qu'elle  n'avoit  pas  douze  ans  &  un  jour, 
rii  fix  mois  après  cette  époque.  On  pouvoir 
la  lier,  par  cet  afte  important,  dès  fa  naif- 
fance  ,    fut  elle  foufde  on  infenfée.  On  le 
pouvoit,  dès  qu'elle  atteignoit  trois  ans  &r 
un  jour  ,  par  la  cohabitation  •  dont   rèflfet 
auroit  été  inutile  dans  un  âge  inférieur*  La 
volonté  de  la  jeune  perlbnne  ne  fuffifbit  pas, 
&  fi ,  avant  la  pleine  puberté  ,  elle  céiébtoit 
Ats  fiançailles  à  Tinfu  de  fon  père,  ces  fian- 
çailles ^toient  nulles  &    demeuroient  telW 
quand  le  père  appaifé  auroit  voulu  effay^ 
de  les  rendre  valides  en  les  approuvant' (7ïi)i 
jUppâttînt-ii     La  faculté  de  difpofer  de  fa  fille  étoic^Uë 
^^"^^"[J^"^  exclufîvement  attachée  à  la  pùiflance  pâter^ 
^^  nelle?  Le  texte  de  la  Mifna  raffirme-<i*tm* 

manière  précife  (71^)  >  mais  les  €onunema«> 

■»  ■       "         "■  ■      ■    ■  iii  I       ■  I ■  —  ■■ I     I  I      II       t  »iii    r     i     ■ 

(712)  Wagênfeilius,  fur  le  §.  8  du  chap.  j'ie  la 
Mifna,  de  Uxore  adulterii  fufpedèâ,  tom.  3,  p.  ^^6• 
Mikotfi,  Prasc.  affirmât.  48.  Seldén,  Vxor  hàarudà^ 
liv.  I,  chap.  3,  pag.  139^ 

(713)  §.  8>  paga  ta4^  ^       " 

teurs 


r 


&  comme  Mor^lijlc*  ijjf 

teurs  ont  cherché  à  étendre  cet  avautage 
Julquà  la  mère.  Wagenfeilius  le  lui  accorde, 
fi  le  père  eft  mort»  il  en  accorde  même  la 
faculté  aux  frères  à  regard  de  leurs  fœurs  (714}. 
Seulement ,  dans  ces  deux  cas ,  la  jeune  per- 
fonne  n'eft  pas  ^  félon  lui ,  abfokiment  en- 
chaînée par  la  promefle  qu  elle  a  faite.  Elle 
a  ,  pendant  quelque  temps  ^  la  faculté  de 
Fannuller  en  y  renonçant.  Ce  temps  eft^xé, 
par  Wagenfeilius  &  par  Maimonide,  jufqu'à 


{714)  Sur  le  §,  8 ,  pig,  226.  Dans  un  ouvrage 
quHl  cite,  &  qui  renferme  des  queftions  &  des  ré* 
ponfes  faites  par  des  hommes  dlftingués ,  on  demande 
Jufqu'à  quel  âge  la  fille  privée  de  Ion  père  peut  re- 
noncer aux  fiançailles  par  lefquelles  Ul  mère  ou, 
fes  frères  Tont  enchaînée  ?  &  on  répond  ;  quoad  /m- 
plevh  Ipfd  annos  undtcim  &  dhm  tmum.  C*eÛ  une  erreur 
qui  n'eft,  fans  doute,  comme  Wagenfeilius  k  foup* 
çoone,  qu'une  feute  dlmpreïEon,  Il  faut  aller  jufqu'à 
douze  ans  &  un  jour  ,  âge  de  la  puberté  :  i/mi 
fancmlia  pïcchla^  dit  Léon  de  Modènej  part.  4,  ch.  4^ 
di  mena  €la  dl  dieci  amû,  orfana  fen^a  padrt ,  0  kaveffk 
padre  ,  e  fqffe  gia  vedoyata  ,  cke  foj/è  fiata  fpofata  ptt 
canfcnfo  deiia  madré  ,  a  frdîeîtï  da  qualck'una^  t  che 
a  iee  non  piacejfe ,  fin  che  kahbla  figno  di  donnai  dappa 
dùdicl  annî  ed  un  giorno  ^  gâ  yien  a  tempo  S  rifimar  quel 
marlm  e  dïr  che  non  lo  vuok  j  dï  che  pîglîa  due  tejilmom , 
ed  e£igU  fcrïvûno  que  fia  rmontia,  e  cmi  quefio  puà  parûrj^ 
da  lui  £  mantar-fi  con  çhî  le  plase^ 


tji  Moyfc ,  conjîderé  comme  LégiJlaUurl 
ïâge  de  la  puberté.  L'opinion  de  ces  deux 
écrivains  eft ,  dans  toutes  fes  parties ,  celle 
tîes  Juift  modernes.  Léon  de  Modène  en  at- 
tefte  Tufage  (715).  L'ade  de  renonciation 
ëtoit  écrit,'  &  on  y  déclaroit  formellement 
que  celui  auquel  on  avoit  été  fiancé  par  fa 
mère  ou  fon  père  ne  plaifoit  pas  &  qu'on 
ne  yivrpit  pas  avec  lui.  Une  femme  digne  de 
foi  afteftoit ,  en  pleine  cohnoiflance  de  caufe , 
que  la  jeune  perfônhe  étoît  impubère  {yi6).' 


'  (t'ij)  Mîfnà ,  diâô  loco.Léon  de  Modèhe,  Hiftorîa 
dé  gfr  riti  Hcbraïci,  part.  4,  ch.  4,  J.  i ,  p.  85. 
'  i^t6)  VagenfeiSoSj'Air  la  Mifna,  dîSo  loco.  Ge- 
jharre  de  Babylone,'deteVironim  in  fratfiàs  officiis 
Aàp.  13  *,  fol.  107  &  lô*:  Gcimarre  de  Jérufalem, 
dé  Syriedriis,  chap.  t,  fol.  19.  SeldenVdiâo  loco, 
liv/2,  chap  3  ,  pag.    142  &  143.   peut  témoins 
iîgnoient  cet  aôe  qui  étoit  conçu  en  ces  termes  ; 
Ferid  N.  die  N.  merfis  N.  ahno  îi.juxtâ  computum  nojtrum  , 
recufàvit  {feu  renundayit)  coramnobls  N.  fillaîi. ,  ad  hune 
modwn  verba  factehs  :  mater  mea ,  aut  frater  meus  errare 
me  fecil^  6»  decepit  me ,  &  defpmfàv'u  me  haSieruts  mU 
norem  cuidam  îi.fillo  N.  Nunc  verb  animi  mer  fini eniiant 
coram  votis  upeno  ,  illum  mihi  non  placere\  nequt   me 
cum   illo  manfuram.  Et  înquijîtîone  à  nohis  fa^â  mani^ 
feftuM  jUbat  nobis  eam  kaSlenhs    ejfe  annis  minorem.  Es 
fcrlpfimus  hoc  ,  &  fubfignavimUs  ,  &  fecundiim  jus  e jus  ^ 
^  In  iutuieunan  rei  tepmonium  dedimus. 

Teflis  N,  filîus  N.    ' 
Tfjiis  H  ,  fiius  N, 


On  Voit  par -là  que  les  fiancées^  avant     nu^éitd 
Vâge  de  puberté ,  n'avoient  pas  befoin ,  pour  ?^^^J^ 
faire   annulTer  leur  union  ^  de  recourir  au 
divorce ,  féuIé  retfource  qui  leur  reftât ,  u 
elles   éjoierit  parvenues   à   Tépoque  où  le 
mariage  étoit  permis  6c  célébré.  Mais  fi  on 
leur  accordoit  le  droit  de  rompre  l'engagement 
cdntraâé,  on  accorda  aux  hbnunes  celui  de  hk 
répudiation ,  fans  qu'ils  furent  tenus  pour  cela 
à  aucun  dédomnvagernent*  Si  cependant  il 
y   avoit  eii  un  contrat  ,    quoique  le  ma- 
riage ne  Teût  pas  fui vi,  la  femme  pouvoit 
exiger  fa  dot.  Ce  qu'elle  pouvôit  faire  lors- 
qu'on la  répudioit,  comme  nous  le  difons, 
elle  le  pouvbRiuffl,  lôrîquè  ïa  «iorC  frappoit 
celui  auquel  elle  étoit  réfervée  (717)* 
:    Ce  dferttîèr  cài  àfkà  une  foftè  <îé  vîduîté,  .   '^*w*l 
&  Toffire  à  tel  point ,  qu'oït»  y  appliquoit  la    Z*^*^. 
loi  défî^dàrtt  àu5t  ptêtres  dPéjfibufe 
Ves  (718).  Nbus  en  avons  pirl4  cfans  le  cha^ 
pkffti  de*  loix  t^li^eufes  (71.9):  OôtitentOftsi* 
noUs  d'dbferVér^icf  c{uë  lèi  ûiii^SftH  ^  t^ 


(717)  WagenfeiHud  fur  le  §.  1  du  chap.  4  de  la 
Mifha,  de  Uxôfë^  s&dlilfëriî  rùT(>êffî^  tom.  31  p/l}d4 
«  z(  .7)[  %  )  \!/ageiiftUibif  ;  i^ideoi  \  pag.  ^\U  '  MikôcG  ^ 
PraBC.  neg.  124. 

(71^)  Art,  2 ,  pag.  $ô, 

.  &1 


afio  Moyje^  conjidctc  comme  Légifiatiur 
luftres  des  autels  donnoient  à  la  )eune  pcr-^ 
Tonne ,  ri'eût-elle  que  trois  ans  &  un  jour  , 
4ine  part  dans  les  oblations  qui  leur  appar- 
tenoient.  La  loi  divine  le  décide  exprefle- 
ment.  H  eft  vrai  que  Topiriion  des  rabbins  eft 
moins  Êivorable.  Ils  renvoient  (72.0)  lajouif- 
lance  de  ce  privilège  au  moment  où  la  fille 
eft  entrée  dans  la  couche  nuptiale  ,  fondés 
fur  la  crainte  qu'elle  ne  partageât  fes  of- 
frandes avec  fes  parens ,  puifqu*elle  ne  celle 
d'habiter  avec  eux  qu'en  devenant  époufe» 

• 

lois  fur  Ja  cclébrationilu  mariagci 

j 

w  ma-     Les  Hébreux  ne  donnoient  .pas  au  ma-^ 

**^ii^^aaî  "^S^  ^  fceau  de  la  religion.  Ce  fut  parmi 

mû.        eux  un  aâ;e  purennent  civil  qu'on  célébroit 

en  préfence  de  fes  amis  &:  de  fes  parens  af- 

femblés.  Si  la  piété  des  pères  &  cies  époux 

implora  quelquefois  le  -ci^^daijs  cette  eccar 

lion  folemnelle  ,    comme   les  livres  iaints 

nous  Vapprennênt  d'Ifàac,  de  Booz  &c  de 


:  ;  f  »  :ir 


,  (7^0)  Vqycz  la  Mifija,  djé^pL  Jocô,  chap.  i^§.  ij 
page  ï8a,  .     v         .,     •; 


&  comme  MoraKfie.  xSt 

Tbbîe  (7il),  elle  n'eut  d'autre  oBjet  que  dç 
ifolliciter  pour  leur  famille  ,  pour  leur  pof- 
térité  ,  pour  eux-mêmes ,  la  bienveillance 
de  Jëhova.  La  hénédi&îon  paternelle,  cette  Béo&irÂîé^^ 
cîërëmonie  touchante  confacrëe  clans  Fanti-^*"** 
quité  (7ii)  &  méconnue  dans  nos  mœurs ,, 
fervit  debériédidibn  nuptiafe.  Le  père,  te- 
nant lieu  de  pontife ,  difoit ,   en  plaçant  laî 
ihain  droite  de  fa  fille  dans  la  main  droite 
du  jeune  homme  i  «  que  le  Dieu  d'AbrjJiam  ^ 
le  Dieu  dlfaac ,  le  Dieu  de  Jacob ,  foit  avec 
vous  j  qu'il  préfîde  â  votre  union  &  vous? 
comble  de  fes  bienfaits  (7x3)  ».-  Où  dreflbir 
auparavant  le  contrat  (714) ,  &  voici  quelle 
en  étoit  la  formule  ordinaire.  Nous  penfons 
qu'on  nous  faura  gré ,  parmi  les  ades  nom- 
breux  des  Juifi ,  d'en  préfènter  un  en  fran- 
çois  dans  toute  fbn  étendue. 


(72r)  Genè(è,  ehap.  24,  v^  60.*  Rudi,  chap.  4^ 
v.  w.  Tobie,.chap.  7,  v.  15, 

(722)  On  voit,  dans  laGenéfe,  ITaac  bénir  Jaco£i^ 
diap.  27,  V.  28^  &  29  ;  Jacob  bénir  Ephrâim  &  Msp- 
Aaffé  y  les  deux  fils  de  Jofeph  ,.  «hapitre  4S  ^  v.  14. 
6l  1%  &c.  Stc.  &c  La  bénédiâion  fe  &ifoit  en  im^ 
pofant^les^deux  mains  fur  la  tète  de*reii£mt«.  Ibidem.^ 

(723).  Tpbîe^  ahap^.  7;y.vV.  1!}^. 

(724)  Tobie ,  ch.  7 ,  v.  n.6r  Vide  înftà,  p9S*  i66f> 
lU'  6a  de  la  note  729^ 


'x6i,  Moyfcy  cmJUUrc  comme  Lcgijlateur 
•  Formule  «Le...-jour  du  mois  d...  de  Tannée  .ri 
àt  m»ujîf.  d'après  notre  manière  de  calculer ,  Salomon 
fils  de  David ,  ^  dit  à  Ràchel ,  fille  de  Si- 
méon ,  qui  eft  vierge  :  Devenez  mon  èpoufe 
félon  U  loi  de  Moyfe  &  dlfraël ,  &  moi , 
avec  li  volonté  de  Dieu  ,  |e  ferai  plein 
d'égards  pour  vous  ;  je  vous  honorerai  \  je 
pourvoirai  a  votre  entretien  ^  à  votre  nour- 
riture ,  à  vos  vêtemens  ,  fuivant  la  coutume 
des  maris  Hébreux  qui  honorent,  fiiftentent, 
nourriffènt  &  habillent  leurs  femmes  comme  il 
convient.  Je  vous  donne ,  pour  prix  de  votre 
virginité  ,  deux  cents  zuzims  ,  formant  les 
vingt -cinq  deniers  jd'argent  qui  vous  font 
adjugés  par  la  loi  (7^5).  Je  vous  promets 
auffi ,  outre  des  alîmens ,  des  habits  &  tout 
ce  qui  vous  fera  néceflaire ,  de  vous  rendre 
le  devoir  conjugal ,  conformément  à  Tufage 
de  tous  les  peuples  de  l'univers  —  &  Rachel 
<!onfent  à  devenir  Tépoufe  de  Salomon  qui , 
4e  foti  plein  gré ,  ajoute  à  la  dot  la  fomme 
de. . .  —  Les  biens  apportés  par  la  femme. 


(7*5)  Ces  aoo  nizims  formoient  cinquante  ficks 
é'îsirgent.  Ceci  eft  un  véritable  douarre ,  &  on  trouve 
«ne  preuve  de  l'ancienneté  de  fon  exiftence  chez  les 
Juife  dans  la  recommand^on  de  I-Exode^  chap.  21 , 


'   &  tomme  Motalljte.  a<r|; 

font  eftimés  à  la  valeur  de .  • .  Le  mari  recon- 
noît  les  avoir  reçus  en  entier,  les  tenir  en  (V 
pofleffion  &  en  fa  puiflance  ,  en  être  le  garr 
diâîn  &^  te  dépofitaire ,  ce  qu'il  déclare  ciï 
ces  tiçj-mes  :  Je  preilds  fous  ma  garde  &  «î- 
raxitie  tpus  les  bien*  dotaux  ou  non  do- 
taux que  mon  époufe  a  apportés  &.  qu'elle 
pourra  acquérir  dans  la  fuite ,  foit  en  accroiP 
femént  de  dot ,  foit  de  toute  autre  manière^ 
Je  foumets ,  non-feulement  pour  moi,  mais 
pour  mes  fucceflèurs  &  héritiers ,  tout  ce  qua 
j'ai  de  plus  précieux  ,  tout  ce  que  je  poftëde 
fous  le  ciel  ,  tout  ce  que  j'y  poflederai  ,. 
meubles  ou  immeubles ,  à  fervir  de  gage  & 
d'hypothèque ,  tant  pour  la  dot  &  les  cholei 
apportées  lors  du  mariage ,  que  pour  celles 
acquifes  depuis ,  &  l'augmentation  de  cette 
dot ,  afin  que  mon  époufe  puifle  les  r'avoir 
pendant  ma  vie  comme  à  ma  mort.  J'y  foumets 
même  te  manteau  dgnt  mes  épaules  font  cou- 
vertes. En  m'obligcant  à  ce  que  je  viens  de^ 
dire ,  en  promettant  de  le  remplir ,  je  lè  ùSs^ 
moins  d'après  la  conrexture  particulière  dttk 
contrat ,  dût -elle  me  fournir  des  avantjige* 
auxquels  je  renonce ,  que  d'âpres  la  force  & 
l'effet  ordmaires  de  tous  lès  contrats  de  ma-* 
ïiage  qui  font  tftrfage  parmi  Ibs  Ifraélîtes ,  coh^ 
fermement  à  la  tradition  Ç^  aui^précejTtes  daf 

R  4,        • 


1l?4  MoyfcyàonJiderecommeLégiJtaUuf 
nos  rabbins ,  de  piêufe  mëmoire.  Et  pour  que 
ci  (bit  chofe  ferhie  &  ftable  entre  nous ,  nous 
avons  iîgné  le  prefent  aôe ,  les  jour^  mois  & 
an  ci-deflus  (71^)  >*• 
kiflcxtoiif  "  iPlufiéurs  réflexions  naîflent  de  cette  formule. 
Stîttc!  ^**'  Ell^s  tonibent  d'abord  fur  le  paiement  de  la 
virginité ,  ufage  bizarre  &  déshonnête  que  la 
plupart  des  nations  ont  adopté  ;  mais  plus 
décens  que  les  Juifs  ,  ou  peut-être  moins 
fimples ,  au  lieu  d*en  ftipuler.précifément  fous 
fbn  nom ,  nous  cherchons  à  le  couvrir  d'un 
voile.  Pourquoi  donc  mettre  à  prix  Tinnocence 
dans  Taéle  le  plus  faint  &  le  plus  important  do 
la  vie  \  Et  à  quel  prix  !  N'eft-ce  pas  un  outrage 
de  plus  fait  aux  mœurs  &  à  la  vertu?  Qu*eft-ce 
encore  que  cette  promefie  de  rendre  à  fa  femme 
le  devoir  conjugal ,  comme  le  font  toutes  les  nations 
'de  ^univers  ?  Une  pareille  obligation  a-t-elb 
befoin  d'être  exprimée  ï  Devoit-elle  l'être  de 
cette  manière  >  Quant  à  ce  qui  regarde  la  cfot 
&  la  garantie  du  mari  pour  les  biens  dotaux  ou 
non ,  apportés  par  la  femme  ou  furvenus  pen- 
dant le  mariage,  j'en  parlerai  dans  un  des 
articles  fuivans. 


.  (73^6)  Voyez  la  préface  du  tom.  3  de  la  Mîfna; 
iwr^ureiîhufius»&  Selden,  Uxor  hebraica,  livre  %^ 

*^>.  10',  pag,  164  &  fuivantçs, 

t 


w. 


&  Comme  Moralïjle*  t6f 

Cette  formule  s'obferve  encore.  Il  eft  inutile    Point  cît 
d'ajouter  que  le  pade  des  deux  Cents  zuiimSpot!ri«vctt- 
eft  fupprimé  s'il  s*agit  d*une  veuve  ou  d'usé  ^^^J^* '*' 
répudiée.  On  remplace  alors  par  une  de  ces 
deux  qualités  celle  de  vierge ,  placée  à  la  tête 
du  contrat  (7^7)- 

S'agiflbit-il  de  la  léviration  ou  du  mariage  rormde 
que  la  loi  oblige  le  frère  de  Tépoux  mort  à  léviration/ 
contrafter  avec  fa  belle-foeurî  L'ade  offrmt 
quelques  changemens.  Après  avoir  de  même 
fixé  répoque  du  jour  ,  du  mois  &  de  l'année , 
on  ajoutoit  (  718  )  :  —  Jacob  ,  fils  d'Ifaac  , 
s'étant  préfenté  devant  nous,  a  parlé  de  la 
forte  ;  Mon  frère  confanguin  eft  mort.  Il  laitTe 
^vivans  nos  rabbins  &:  tout  Ifraël ,  &:  cepen^ 
dant  il  ne  laifle  ni  mi  fils  ni  une  fille;  il  ne 
laiffe  aucun  héritier  qui  fafle  renaître  fon  nom , 
mais  fon  époule  ,  Lia  fille  de  Rachel  refte 
après  lui.  Mon  alliance  avec  elle  m*appeile  à 
répoufer  ,  félon  le  précepte  de  Moyfe,  Lia 
confent  que  Jacob  fils  d'ifaac,  ufant  de  fon 
droit,  s'unilTe  avec  elle  pour  faire  renaître, 
parmi  les  Ifraélites ,  le  nom  du  mari  qu^elIe  a 
perdu  ,  fuivant  ce  qui  eft  écrit  :  Si  tlk  accoucha 

(727')  Selcîen ,  diâo  !ocOj  pag.  167. 
(7^8)  SureoliufiiiSj  dans  la    préface   citée  de  la 
Mifna,  tom*  5.  Seld^n  diâo  loco  ,  pag,  16S  &  169* 


^ 


%6&      Moyfc  j  confidéré  comme  Légijlateuf 
,  iCun  garçon ,  u  premier^nd  portera  le  nom  du  frkrt 

mort  y  afin  que  ce  nom  ne  périffe  pas  dans  IfraèL 
•~  Et  Jacob  tient  compte  à  Lia  de  deux  cents 
xuzims  qui  lui  étoient  du$  par  le  contrat  du 
premier  mariage,  &  il  _y  ajoute  de  fon  chef 
jufqu'à  la  concurrence  de.,..  Les  biens  ap- 
portés par  l'époufe  font  efttmés  à  la  fomme 
' .  de. . . .  &c.  &rct  »   Les  autres  claufes  ne  dif- 

fèrent pas  des  claufes  ordinaires  dans  de  fem- 
blable^  contrats. 
Jours  dcf.     L'ade  drçflT^  &  figné  (729) ,  on  fixe  Tépoque 
^b^,j^^^^  de  la  célébmtipn.  Çeflt  ordinairement  le  qua- 
««n*»c-     trièrae  îom?  4^  la  femaine  pour  les  filles,  & 
k  cinquitawr  pour  les  veuves  (730).  Cela  fe 


(y^O)  Je  ^îs/^^,  quoique  la  Vulgate,  au  livre 
de  Tobiè,  celui  qui  renferme  fe  plus  de  détails  fur 
csette  matière  »  dlfe  feulemeat  quet  Paâe  fut  lécrit  fans 
fatre  meniioa  ^  la  fignature  :  Feeerunt  confinpt'fonem 
cQ^ngti  i  mais  le  grec  en  parle  formellement  :  Ty^ot^f^» 
evYY^oLph  xotï  lcr<ppoLy'!ff(tTù,fcripfis/yngraphjm  &  ohfipiavit. 
Voyez  Seîden,  livre  2,  chapitre  ij,  pag.  183.  Au 
refte,  pour  le  mariage  de  Tobie ,  le  contrat  ne  fut 
fait  y  contre  Tulàge  des  Juifs ,  qu'après  la  bénédiâion 
nuptiale.  Chap.  7,  v.  15  .&  16. 

(730)  THrgo  nuhit  die  quarto  ,  &  vldua  die  quïnto  ; 
nam  ,  lis  in  fepflmanâ  judices  fedent  in  urbîbus  >  die  /ê- 
cundo  &  die  quïnto^  ut  fiquafiîo  effet fponfo  de  virginitate^ 
mamrè  vcnîat  ad  judices.  Mifna ,  de  Dote  &  }icteris>  éxr 


.     &  comme  Mûmâfie.  .  *i6f 

pratique  exaâementdans  les  lieux  où  les  jugejç 
ne  s'affcftiblent  que  le  luridi  &:  le  jeudi  :  mais 
dans  ceux  où  ils  le  font  chaque  ;our>  on  choifiç 
à  fon  gré ,  pourvu  qu'on  ne  choififlTe  ni  1« 


tom.  3  ,  chap.  i ,  §.  i  j  pj^  56*  Vo3re2  Selden,  Vxot 
hebraica,  liv.  a,  chap.  11 ,  pag.  173  ,  &  Buxtorf  ^ 
Synagogue  judaïque,  chap.  39 ^  pag.  627.  Ceft  le 
quatrième  jour  pour  la  vierge ,  &  non  la  nuit  du 
cinquième  ,  dit  Bartenora.  Il  pourroit  fe  faire  , 
fi  on  choififlbit  cette  nuit ,  que  la  consécration  tint 
trop  long-temps  les  deux  époux ,  &  qu*il  ne  leur  eit 
reftât  plus  pour  remplir  le  devoir  conjugal.  Maimonide 
obferve  qu'on  a  fixé  ce  mariage  au  quatrième  jour, 
pour  laifTer  dans  les  trois  premiers  le  temps  nécef- 
faire  de  fe  procurer  ce  qui  tient  au  lit  nuptial.  La 
veuve  efl  fixée  au  cinqu||||pte ,  continue-t-il ,  afin 
qu'on  puifTe  fe  réjouir  avec  die  trois  jours  de  fuite, 
le  jour  des,  noces  ,  le  lendemain  qui  efl  le  fixième, 
&  le  feptièroe  qui  eft  ceh?î  du  fabbat.  Commentaire 
fur  la  Mifna,  diâo  loco  ,  pag.  56.  Voyez  Buxtorf, 
difto  loco ,  pag.  6vj  &  62S.  Quant  aux  derniers  mot» 
du  paflage  latin  que  j'ai  cité ,  je  rapporterai  Texpll- 
cation  ou  le  développement  de  Bartetiora ,  ibidem  , 
page  56  ,  mais  toujours  dans  la  même  langue  :  Ut  fi 
iixerU  fponftis ,  coïvî  cum  eâ  ,  fed  non  inveni  fan- 
guinem  ,  five  fuerit  minorennis ,  aut  puella ,  aut  pu* 
befcens;  aut  fi  dhcm^  inveni  pot  tafei ,  five  pubem 
apertam  ,  fi  fiierît  mïnorennîs  aut  puella  ;  fed  de  pubefw 
(ente  ,  five  tredecîm  annorum  &  unîus  diéi  nota  Wn 
quarîtur  de  apertâ  portât 


i^ét  Moyfc  y  cônfidcré  comme  tégijlattur 
|ii:emier  ni  le  fixième,  dans  la  crainte  que  le* 
apprêts  ou  la  fuite  du  feftin  ne  troublent  la 
fainteté  du  fabbat  (731),  ni  par  conféquent 
le  fabbat  lui-même  ou  la  folemnité  d'une 
fète  (731^.  Cette  défenfe  pourtant ,  quoique 
exprefle,  n'entraîne  pas,  fi  elle  eft  vielée,  la? 


(731)  Maimonide  nous  l'apprend ,  diôo  loco.  Otr 
n'exige,  dit-il 5  toujours  page  56,  d'autre  conditioa 
que  de  fe  procurer ,  trois  jours  avant ,  ce  qui  fem 
oéceflaire  pour  le  repas  des  noces ,  fi  on  époufe  une- 
femme  (foit  veuve, foit  répudiée)  :  car  fi  otk  époufe 
une  vierge ,  il  fem  s'y  préparer  fept  jours  auparavant^ 
parce  qu'il  doit  y  avoir  fept  jours  dt  réjouifiance. 
.Voyez  Selden,  diâo  loco  ,  chap.  11  ,  pag.  171  & 
X71 ,  &Buxtorf,  Synag^ljjj^  judaïque,  chapitre  39, 
pag.  628.  L'ufage  de  ces  fept  jours  de  réjouiflance  eft' 
attei^  Ipar  plufieurs  exemples  dans  l'Ecriture.  Voyca 
la  Cihèfe ,  chap.  29^  v.  27  ;  Tobie ,  chap.  8,  v.  2)  ;. 
Les  Juges,  chap.  14 ,  v.  15  &c.  &c.  Si  on  époufoir 

.  plufieurs  femmes  ,  les  éponsât-^on  au  même  infiant, 
pn  devoit  confacrer  fèparément  à  chacune  d'elles- 
une  femaine  de  joie  &  de  plaifirs.  Selden  ,  diâo 
loco,  pag.  172.  Suivant  Léon  de  Modène,  le  ven*^ 
dredi  efi  aujourd'hui  «  malgré  le  voifinage  du  fabbat  ^ 
un  des  jours  les  •  plus  ordinaires  du  mariage  des- 
filles. Hifioîia  de  gli  riti  Hebraici,  part.  4*  ch.  3  ^ 
§.  1,  pag.  85. 

(732)  Selden,  p^.  171 ,  d'après  la  Mifiia..  U  ear 
étoit  de  même  pour  les  fiançailles. 


&  comme  Moralijlel  16^ 

buUité  du  mariage  (733)»  .On  défend  auffi 
de  fe  marier  pendant  les  jours  confacrés  au 
|eùne(734). 

Ainfi ,  le  contrat  ne  faifoit  pas  le  mariage,   leifiancil 
En  vain  il  étoit  écrit.  X^nt  que  la  jeune  per-  fu^^^cr 
fonne  n'avoit  pas  été  conduite  dans  le  litrio^j^*^ 
nuptial,  elle  n'étoit  que  fiancée  (73 y).  Mais'*H«^ 
Ion  mari  eut  le  droit  de  Ty  conduire  à  Tinftant, 
pourvu  qu'elle  fut  pubère  &  qu'elle  y  con- 
fentît  :  car  elle  ^ouvoit  demander  un  an  de 
délai  fi  elle  n'avoit  que  douze  ans ,  &  un  mois 
fi  elle  en  avoit  treize  ou  qu'il  s'agît  d'une 
veuve  (736).  Le  privilège  de  diflPérer  ainfi  n'ap- 
partint pas  exclufivement  à  la  femme  ;  le  jeune 
homme  en  jouit  conune  elle  :  nuis  s'il  en  ufoit 
au-delà  du  terme  prelcrit ,  il  devoit  d^limens 
à  fa  fiancée ,  hors  que  la  fin  du  délai  nellmbât 


(733)  Selden,  diflo  loco,  page  171. 

(734)  Mifna,  de  Jejunîis,  chap.  i,  §.  7,  tom.  1; 
page  360. 

(735)  Wagenfeîfius  fur  le  §.  x  du  chap.  4  de  la 
Mifna ,  de  Uxote  adulterii  fufpeââ ,  tom.  3  ,.p.  230. 
Selden,  Uxor  hebraîca,  liv.  a,  chap.  13^  pag.  i8i- 
Gemarre  de  BaCbylo^e ,  de  Dote^  Lîtterifquematrimo-^ 
nîalibus,  chap.  5,  pag.  56. 

(736)  Selden  ,ïlî^ô  loco,  ch.  8 ,  pag.  156.  Mifna  ; 
de  Dote ,  Littérîfque  rtwtrimonialibus ,  tom.  3 ,  p.  7a. 
idi.  s,  ^.  2  «  &  Maîtaonîde ,  fiy  Ce  §.,  p.  72  &  7j# 


17^      Moyfcy  conJUérccommtLcgiJlauur 
dans  ces  jours  où  les  époufailles  font  défendues, 
bu  bien  qu^une  maladie  grave  n'enchaînât  Tun 
ou  l'autre  des  époux ,  deux  cas  qui  (ufpen- 
* .  dolent  jufqu'à  leur  expiration  la  condamnation 

prononcée  (737). 
i^^ineiqucs     Je  n'ai  ppint  à  retracer  les  cérémonies  dont 
rckcivcs  au  les  matiagés  des  Hébreux  font  maintenant 
"*^^*'     accompagnés  ou  fuivis.  On  peut  confulter  là- 
deflîis  Bfixtorf ,  Léon  de  Modène ,  Selden  ^ 
Bafnage ,  Ménochius ,  la  Mifna,  fes  commen- 
tateurs ,  &  tout  ce  qu'en  a  dit  Calmet  dans 
une  diflertation  faite  d'après  la  plupart  de  ces 
écrivains  (738),  Je  me  borne  à  ce  qui  regarde 
la  légiflation  fans  entrer  dans  le  détail  de  plu- 
fieurs  ulages  qui  ont  varié  fulvant  les  teipps  ôç 

Il  •     I  I     '     I  I  ^  '  '  '  .     'T  ' 

(737)  Selden^  diûo  loco,  pag.  x$7. 

(738)  Buxtprf^  Synagogue  judaïque  1  chap,  59, 
pag.  624  &  fuîvantes.  .Léon  de  Modène,  Hifioria  de 
en  riti  Hebràici,  part.  4,  chàp.  3  ,  è-  2  &  fui  vans  ^ 
p^g.  85  &  i'uiyantes»  Bafnage  >  Miâoire  des  .Juifs  » 
tpm.  6,  llv.  6,  chap.  %%\  §.  15  ,.  &c.  pag.  49^  |8f 
fuîvantes.  Selden  >  Ûxor  Hebraka^  Uv.  a^  ch^p.  11 
&  fuivans ,  p.  170  &l  fuiv.  Ménochius  ç  de  Republici 
Hebr.  lîv.  3^  chap.  ai  ,  p.  ^,59  &  fuiv.  Mifna,  d^ 
Dote,  Litterifque  matrimoniaÛbus *lora,  3:,  pag.  56  & 
fyivantes.  Calmet,  Diflertation  fur  les  mfuriages  des 
llébreux ,  Bible  d'Avignon  »  tonit  8  ,  pag.  414  fi( 
itiivantes. 


i&  comme  Moraii/le:  i;^f 

!és  lieux,  Difons  feulement  que  le  mariage  ne 
s'y  célèbre  pas  ordinairement  dans  le  temple  ^ 
mais  en  pldn  air  ou  dans  une  falle  paré^  exprès: 
Le  rabbin  ,  le  chantre  de  la  fynagogue  ou  le 
plus  proche  parent  prenant  un  vafe  de  vin , 
ou  à  défaut ,  d'une  autre  liqueur,  en  fait  goûter 
fëparément  aux  deux  époux ,  après  avoir  dît  : 
<wBéni  foit  le  Seigneur  notre  Dieu,  roi.de 
Ikmivers,  quiacr^toutcequiexifte&fermé 
l'homme  à  fon  image*  Béni  foit  le  Dieu  bien« 
iaiiant  auquel  nous  devons  la  joie,  la  paix  y 
l'amitié,  Tamour,  le  mariage  &c,  {7)9)  y>* 


(739)  lidem ,  ibidem  ;  fed  ^aecipuè  Surenhufius  in 
Mifnam,  di6^6  loco,  ch.  i,  §.  i,p.  57,  &  Selden , 
chap.  12  ,  pag.  178  &  179.  Voici  cette  formule  : 
BtnediBus  fis ,  DorÂihe  Dtus  noflcr  ^  rex  mundi^  qui  uni- 
verfa  creavit  în  gloriam  fiiam'.  B'cntdiâas  fis ,  Domine 
Deus  no  fier  y  rex  mundi^  creator  komïnîs,  BenediBus  fis, 
Dqmine  Deus  nofler  ^  qui  creavit  hominem  ad  fimilitudinem 
fuam ,  &  ad  fimlimdinem  ima^inis  archetypi  fui ,  &  pra-^ 
paravit  ei  ex  feipfi)  flruSuram  {feu  adîficium  )  ufque  in 
facuium,  Bmediéius  fis  ^  Domine  Deus  nofler  ^  creator  hih- 
ininis  ;  gaudendo  gaudebit  ,  &  exultabit- fterilis  coUigèido 
libéras  fiios  in  finum  fimm  in  Ixtitiâ,  Senediélus  fis,  Dù^\ 
piine  Deus  nofler  ,'  qui  latari  facis  Sipn  in  liberis  fiiis. 
Lœtando  latari  foc  par  hocamatum  juxtà  Itetrtiam'  à  te 
dùnatam  creatura  tuce  in  àMo  Eden  ab  antiqito,  BertediSus 
fis ,  Domfne  Deus  no  fier  ,  qii  latari  facis  fponfitm  & 
fponfam.  Ben^di^  fis.  Domine Dem  ncfitr^  rtx  mimdf^ 


iyi  Moyfe ,  conJuUré  comme  Ugijlateuf 
L'homme  place  enfuite  un  anneau  au  doigt  da 
la  femme,  &  dit  en  ppéfence  de  deux  témoins.: 
c<  Que  cet  anneau  vous  uniflTe  à  moi ,  félon  le 
^it  de  Moyfe  &  dlfrael  (740)  ».  La  ledure  du 
contrat  fe  fait ,  &  le  mari  le  remet  aux  parens 
de  répoufe.  On  préfente  encore  du  vin  &  on 
renouvelle  jufqu'^  fept  fois  la  bénédiftion 
nuptiale  (741).    Tous  les  fpedateurs  jettent 

qui  çreavU  gaudium  &  htutiam  fponfa  &  fponfût ,  exulta'^ 
tionem  ,  cantum ,  hilaritatcm ,  jubilatïoTum  j  amortm  ,  fro;^. 
temitatem ,  pacem  &.  amicitiam,  Confujlim  j  Dondne  Deus 
nofter^  audîatur  in  urbîbus  Judact  6»  ïn  plattîs  Jeruf aient 
vox  gaudii  &  iatttUe  ,  vo^  /po^fi  ^  fponfa ,  vox  affeBus 
mutui  fponforum  ex  thalamo  fiio ,  &  puerl  l  choro  modu* 
lattoms  fuct.  BenediEbis  fis  ^  Domine  Deus  nojler ,  qui 
latari  facis  fponfum  cum  fponfa.  ' 

(740)  Selden  diâoloco,  ch.  14,  p*  190  &  191; 
.  Buxtorf,  Synagogue  Judaïque,  chap.  39»^g.  65^. 

Léon  de  Modène ,  diâo  loco,  §,  4 ,  pag.  86.  Celui-ci 
aflure  que  Tufage  de  Tanneau  n'eâ  pas  général  :  Alcuni 
ufono  all'Aora  porgli  un  anello  en  dito  à  fpofarla,  ma 
in  Italia  i  Tudefchi  per  ordinario  non  lo  fanno.  Le  ma- 
nufcrit  que  Selden  avoit  vu,,  difoit  d*une  manière  plus 
générique,  ma  per  lo  pih  non  lo  fanno. 

(741)  On  béniflbit  pendant  fept  jours  fi  les  deux 
époux  ou  un  d'eux  étoit  vierge  ;  mais  un  jqur -feule- 
ment, Il  un  veuf  époufoit  une  veuve.  Maimpnide  (ar. 
la  Mifna  ,  de  Dote,  Litterifque  matrimonialibus  » 
tom.  3,  pag.  f6«  chap.  t,  §•  x.  Selden,  Vxor  he- 
braicg,  iiv«  a,  cbap.  ia>  pag.  180  &  i^^- 

auparavant 


é  comme  Motalijk.  ^^7^ 

auparavant  pendant  trois  fois,  fur  la  t|te  d^ 
mariés ,  du  froment  à  pleines  mains ,  .en  Us 
invitant  à  croître  &  i  niukiplier  (743^),  L^s 
(ètQs  du  mariage  duroient  une  femaine  entière } 
je  crois  l'avoir  obfervé.  La  Genèfe  l'annonce 
de  Jacob  &:  le  livre  des  Juges  de  Santon  (74f  ^* 

$.    IV. 

Des  mariages  prohibés  par  la  loi. 

La   légiflation  mofaïque  défend  plufieurs     Prohibi- 
fortes  de  mariages.    Les  uns  font  prohibés  à  V?'-*  ^^'^^ 
tous  les  Ifraélites  fans  exception  ;  les  autres  confanjui- 
feulement  à  quelques-uns  d'entre  eux.  Parlons 
d'abord  des  premiers. 

i  La  parenté,  la  dilBerence  de  religion  &  de 
patrie ,  la  ftérilité  font  les  caufes  de  la  prohi- 
bition. La  loi  rejette  l'union  du  père  &deïa 


(742)  Calmet,  di6lo  loco ,  pag.  415  &  418.  Léon 
de  Modène,  di^o  loco.  Selden,  diâo  loco,  chap.  15  « 
pag.  192  &  fuîv. ,  &  précipuà  pag.  195.  Buxtorf ^ 
Synagogue  Judaïque  «  chap.  j9,  pag.  éji. 

(743)  Genèftj ,  chapitre  29 ,  v.  27  iSc  28:  îuges^' 
chap.  14 ,  V.  12  &  17.  Selden,  diâo  io  o ,  cbap  ir^ 
pag.  172,  &  de  Jure  naturali  &  gemium ,  livi:e.5  ^ 
chap.  5.  Buxtorf,  Synagogue  Judaïque,  chap.  39» 
page  639. 

S 


5.74       Moyfe^'conjidcré  comme  tégiflateur 

fille,  du  fils  &  de  la  mère,  des  frères  avec  leurs 

focufs ,'  de  la  petite-fille  &  de  l'aïeul,  du  petit- 

•fils  &  de  l'aïeule ,  du  neveu  avec  la  tante 

paternelle  ou  maternelle  (744)^  Moyfe  ne  «dit 

rien  fur  relie  de  la  nièce  &  de  l'oncle ,  &r  on  a 

conclu  qu'il  la  regarde  comme  pemiife.  Il  y -a 

en  effet  entre  elle  &  Taflociatiori  de  la  tante  & 

du  neveu,  une  différence  fenfible ,  remarque 

^    Ménochius  (745).  L'époux  étant  le  chef,  le 

gouverneur  de  la  famille,  il  feroit  peu  décent 

de  lui  foumettre  une  perfonne  qui  a  droit  à.fon 

refpeft ,  mais  il  eft  naturel  de  lui  en  foumettre 

ime  qui  lui  doit  déjà  ce  fentiment, 

prohtbi-      Aux  prohibitions  dont  la  confanguînité  fut 

déwfwrâf-*^^  bafe,  joignons  celles  qui  eurent  pour  fon- 

£ûicé.        dénient  l'alliance    ou   l'affinité.   On  déclare 

illicites  (746)  les  mariages  du  fils  &  de  la 


(744)  Lévitique,  chap.  18,  v.  7  &  fuivans. 

(745    De  Republicà  Hebr^orum,  liv.  5  ,  chap,  20, 
§.  2^  pag.  349. 

<*(746)  Lévitique  ,  drdo  locd ,  v.  S  &  fuivans.  il 
y  a  dans  TEcriture  un  exemple  célèbre  d'un  marîsge 
contrafîé  avec  les  deux  fœurs;  celui  de  Jacob  qiiî 
époafa ,  comme  on  fait ,  Lia  &  Rachel  :  mais  cet 
exemple  eft  antérieur  à  la  loi  de  Moyfe.  Voyez 
le  Deutèron.  cfa.  22  ^  v.  30.  Les  rabbins  ont  encore 
éteçidu  les  prohibitions  de  la  .loi  relativement  aux 
affinités.  Voy.  auiS  la  Mifna,  t.  3  ,  dfe  Levirorum  in 


&  comme 'MoraR/k.  *      kjf 

belle-mère  (  marâtre  ) ,  du  beau-père  '&  de  la 
fille ,  du  gendre  avec  la  mère  de  fa  femme 
&  de  la  belle-fille  avec  le  père  de  fon  mari, 
de  la  tante  avec  Tépoux  de  fa  nièce  &  du 
neveu  avec  la  femme  de  fôn  oncle ,  celui 
avec  la  fœur ,  la  fille  pu  la  petite  fille  de 
fon  époufe  ,  celui  même  avec  la  veuve  de 
fon  frère  ,  s'il  n'eft  pas  mort  fans  enfans. 

Les  mariages  avec  des  étrangères  ne  fo*  i>»œ«^ 
birent-ils  pas  auffî  Tinterdiâion  de  la  loi  )  lu^ktt. 
La  religion  en  infpira  l'idée  à  la  politique. 
Dans  la  Genèfe ,  après  le  crime  de  Sichem 
envers  Dina ,  fi  les  enftins  de  Jacob  coiifen- 
tent  à  voir  leur  femille  s'unir  avec  des  He- 
véens ,  ils  font  maîtrifés  par  les  circonftances  , 
&  encore  ne'  cèdent-ils  pas  fanis  avoir  exigé 
d'Hemor  qu'il  fbumettra  fon  peuple  à  la:  cir-, 
concifion  (747).  Dans  l'Exode,  Jéhova  re- 
nouvellant  les  principales  conditions  de  (on 
alliance  avec  les  Hébreux ,  leur  interdit  ces 


fermas  offictis,  chap.  2,  §.  x  &  fui  vans,  pag.  5  & 
fui  vantes;  la  Gemarre  de  Jérufalem,  ibidem,  ch.ii> 
fol.  3 ,  col.  4  »  &  celle  de  Bâbylone ,  ibid. ,  foL  ai  ; 
Mikotfi  ,  Prâcept.  négat.  no;  Pefiktha  Zotertha, 
col.  X ,  fol.  24  ;  Selden ,  Uxor  hebraica ,  liv.  x ,  ch.  a  » 
pag.  7  >  8  &  9. 
(747)  Genèfe  /chap.  34 ,  r.  14  &  fiiîvans. 

$2. 


47^  "iMoyfe ,.  confiiéré  comme  Légijlateur 
jtnariages  comme  propres  à  entraîner  peu-à- 
peu  leurs  enfans  vers  Tidolatrie  (748),  Il  les 
interdit  de  nouveau  dans  le  Deutéronome, 
jùDujours  de  peur  que  les  Ifraélites  féduits 
fie  l'abandonnent  pour  oflFrir  à  d'autres  Divi- 
nité une  adoration  criminelle  (749).  Salomon 
4^on>mit  cette  faute  ^  &  on  la  lui  reproche 
dans  le  troifième  livre  des  Rois  (7J0).  Efdras 
ayant  appris  à  Jérufalem  que  plufieurs  Juifs  ^ 
même  de  la  tribu  de  Lévi ,  s'etoient  mariés 
avec  des  étrangères  idolâtres ,  leur  ordonne 
.<fe  les  renvoyer ,  ce  qu'on  exécute  dans  une 
aflemiblée  générale  du  peuple  (75  ï).  H  leur 
iiait  renouveller  enfuite  la  promeifledenepoint 
^pouièr  de  femmes  femblables^  &  de  ne  les 
point  faire,  époufer  à  leurs  erifens  (7yz).  Plu- 
iieurs  Ifraélites  ayant  manqué  à  cette  promette, 
Néhémias  les  reprend ,  les  maudit ,  en  bat 
quelques-uns ,  leur  Eut  rafer  les  cheveux  & 

(74?)  Exode,  chap.  34,  v.  16. 

;   (749)  Deutéronome ,  chap.  7,  v.  3  &  4.  Voye? 
auffi  Jofué,  chap.  23  ,  v.  12  &  13* 

(750)  3  Regum,  chap.  11  ,  v.  2,  3  &  4. 

(75 1)  I  Efdras  ^  chap*  9 ,  v.  i ,  2  &  3 ,  &  ch.  xoj 
y.  3,  ji,  12  &c. 

(752)  a  Efdras,  chap,  9,  v.  3Q4 


&  comme  Moralijie^  lyy 

ren©uvellef  leur  ferment  à  Jéhova  C7n)*  ^ 
chafle  même  un  des  fils  du  grand-prêtre  (754)^ 
qui  àvoit  époufé  une  étrangère.  t^preM-: 

L'exclufion  néanmoins  ne  tombe  pas  indif*  bome-f-eiie 
tinftement  for  toutes  les  femmes  qui  n'avoient  ^l^u^,^ 
pas  la  Judée  pour  patrie.  Elle  feborne  aux  peu- 
ples defcendus  deChanaan ,  dont  la  terre  étoit 
pîomife  aux  enfans  dlfaac  ^  de  Jacob  {7^^% 
Plufieurs  exemples  le  prouvent,  &  l'exemple 
de  Salomon  lui-même.  A  peine  monté  fuF 
ïê  trône ,  dans  un  temps  où  fes  vertus  lui 
obtenoient  cette  réputation;  de  fageffe  qu'il 
ne  mérita  pas  toujours ,  il  époufe  une  Egyp- 
tienne, la  fille  d'un  Pharaon  (75^).  RutÈi 
«toit  Moabite  (  757  )  ;  la  mère  d*Abfalom' , 
Maacha ,  reçut  le  jour  de  Tholmaï ,  roi  de 
^Geflîir  (  7f  8  )  >  celle  de  Roboâni ,  Nom». , 

f7  53)  Ibidem  5  chap.  i j  ,  v.  23. 
(754)  2  Bîîras  j  chap.  r3  ,  v.  iR 

(7Î5)  Voyez  l'Exode,  chap.  23 ,  v.  20  &  24,  A 
les  Nombres ,  chap.  34 ,  v.  i  &  fuiv.  Voy«z  âûffi 
Ménochius,  de  Republîcâ  Hebrafeorum,  liv.  3 ,  ch.  20V 
§.  4  ,  pag.  350  &  3^T  ;  les  deux  GemarMs,.&-Mi« 
kotfi,  PrsBcep.  negat.  ri2  &  116; 

(7Î^)  y  Regum,  chap.  ir,  \^u  ' 

(y'yy)  Ruth  y  chap.  i  ,  v.  4. 

(715^)  2  Regjim,  chap-  j,  v.  3^ 


178      Moyfcy  conjideré  comme  Légijlateur 

ëtoit  Ammonite  (7J9)  ,  &  Moyfe ,  Torgane 
&  le  pontife  de  la  loi,  fut  répoux  de  Se- 
phora ,  fille  de  Jéthro  &  Madianite  (  760  ). 
Jofeph ,  avant  lui ,  époufa ,  en  Egypte ,  Afa- 
neth ,  fille  de  Putiphar ,  non  de  celui  qui 
l'avoit  eu  pour  efclave  &  qui  étoit  maître- 
^'hôtel  de  Pharaon  s  Inais  d'un  autre  qu'on 
fuppofe  avoir  été  grand- prêtre  d'Héliopo- 
lis  (761),  Quelquefois  de  pareilles  unions  fe 
firent  par  Tordre  de  Jéhova,  Il  défigne  une 
Philiftine  à  Samfon  {j6x)  :  il  excite  Efther 


(759)  J^osèphe,  Antiquités  Judaïq.  liv.  8,  chap.'3, 
în  principio. 

t  (760)  Exode  ,cbap.  2 ,  1. 16  &  21.  Voyez  le  livre 
des  Nombres,  chap.  12,  v.  j. 

^  (761)  Josèphe,  Antiq.  Judaïq.  liy,  2 ,  chapitre  3  i 
pag.  44.  Philon,  de  Jofepho,  tom.  2 ,  p.  58.  D'autres 
font  de  ce  Putiphar  un  des  principaux  officiers  de  la 
cour  du  roi  ,  un  de  fes  confeîllers"  ou  de  {qs  mi- 
nîftres.  Le  rabbin  Eliézer  ,  pour  j unifier  Joseph 
d'avoir  épouféun^  Egyptienne,  ditqUe  cette  Afaneth 
.étoit  fille  de  Dina  6c  de  Sichem  ;  .mais  qu'un  ange 
l'enleva  de  chez  fa  mère  pour  la  tranfporter  dans  la 
inaifon  de  Putiphar  dont  la  femme  éto;(  flérile  &  qui 
la  regarda  toujours  comme  fa  propre  fille.  Pirke  , 
chap.  38.  Préfenter  de  pareilles  abfurdités,  c'eft  y 
répondre. 

{j6z)  Juges,  chap,  14,  v.  4, 


à  é^ufer  Afluérus,  (765)  :  il  a  prévu. tes.,  .     . 
avantages  qu*ai.  recueilleront.  Iss  defcendans^ 
dlfraëL  *        :. 

.  Comment,  d'ailleurs  concilier  une  exclu-  Dérn^riV' 
fioa  abfalue  avec,  ce  paflage  du  Deutéro-  ca^Uv^^  ** 
nome.-fitr  les,  pdfQmiière&  acquifes.gar  le- 
ibrt  dès  combats  (7^4)  ?.  «  Si  la  beauté-  dluner 
captive  vous  enflamme  &  que  vous  la  dér, 
firiez  pour  epoufe  ^  amenezrtla  da^s  votre; 
maifon-  Y  dëpofanjË?  Thabit  donc  ella;  était 
vême  quand  on  Ta  privée  de  fa  liberté  ^ 
que  ,  dans  Fàppareit  dé  la.  trifteffe  ,  efla- 
pleure  pendant  un  moi^  Fes  parens  qu'elle 
a  perdus  i  vous  liii  donnerez  enfuite  de^  té- 
moignages^ de  votre  tendreffe  ^  &  elfe  fera; 
votre  femnxe  »...Il  femble  néanmoins;  que  ce; 
ne  fut  pas  un  mariage  iprëvocable,  puifqtiô 
Ja  Vulgate- ajoute  r-Si^on  ceffè  dans  k  fuhè 
de:  l'aimer,  on  la  renverra  Hbre  fans^^qu*0rîf 
puifle  ni  là  vendre  ,  ni  fà.  férvir  àe  font 
pouvoir  pour  l'opprimer  ,  parce  qii'çoi  l'ai 
humiliée  (7^j).  '  '  .^ 


■    (76^3)^  Voyez- le  liv.  d'Efther,  chap.  2,  v.  rat^    "^ 
(764!)  Deitteron. ,  chap:  2V,  v.  11,  12  &  15. 
(765  )  Au  reflè ,  l^hcfbreti  nà  dit  pas  comme  Ta  Y^- 
gâte  ,  dans-  la  fuite ,  maïs  feulement,  fi  vous  ne  P^rmcj^ 
/7  ji  ;;  comme^  au  lieu  à'o^imere  j^er  ponntîam'^  il  y  9:^ 

•    S.4    '-- 


'^l8o     •Moyfci  confidéré comme  Légijlateur 

tes  3mf$  S'il  faut  reftreindre  aux  Chaninëennes  la 
îitnusdcdéfenfe  de  s'unir  à  une  érran.ère,  c'eft  le 
ic  marier    coHible  de  TerreuF  de  prête  ndra  que  les  Juifs 

dans  leurs.  _  . 

tribui.'  n*eureht  pas  la  faculté  dt  le  marier  entre 
-  eu;t  hors  de  leur  tribu.  David  naquit  dans 
ïa  tribu  de  Juda;  &  deux  de  fes  femmes , 
MichoF  &  Achinoatn,  étoient  l'une  de  celle 
de  Benjamin  (766) ,  &  Tautre  de  celle  de  Ma^ 
ioM'  '7^7).  On  CFppofe  en  vain  une  loi  qui 
fiîïiblé  établir  le  contraire ,  fur  le  prétexte 


^pirâ  tjits  fcrvili  utu  Josèpbe  dit  aiiilî^  Antîq.  Judaîq. 
lîv.  4,  chap.  8,  pag.  126  ■  ^i  vous  la  méprJfe{^  après 
avoir  fatjsfah  votre  pafflon.  Le  plus  grand  nombre  des 
fâbtiînJ 'entendent  différemment  Cq  paiTage.  Ks  difent 
^e  les  Juifs  eurent  le  droit,  q*'and  iîi  avoîent  une 
carptive,  d'en  jouir  une  fois  ;  mais  qu*ils  ine  le  pou« 
voient  une  fécond* ,  faos  fè  marier  avec  elle.Sepher 
fiphri,  col.  199.  Le  rabbin  Bêchai,  in  Biur,  fol.  222, 
col.  4.  Kimchi,  furie  lîv.  4  des  Rois,  chap.  13,  v,  1. 
Afîtotiî,  Praéc.  affirmât.  122. 

IjdS)  I  Regum  ,  chap.  9,  v.  x  &  *;  chap.  14; 
yerfet  49. 

(767)  Elle  étoît  de  Jezrahel.  1  Rois,  chap.  «ç  ; 
V.  4}  ,  &  ch^p.  27,  V*  5.  Or ,  Jezrahel  étpîr  en  S<^- 
]nàrie>  &  par  conféquent  de  la  tribu  de  Manaffé  & 
non  de  celle  d*Ephraïm,  comme  Vont  écrit,  par  inad- 
vertance fans  doute ,  quelques  écrivains  qui  ne  font 
que  fe  répéter ,  fans  prendre  même  la  peine  de  w-; 
rifier  les  affenions  qiVils  copient. 


&  comme  Moralijle.  18 1 

Àe  rendre  permanentes  les  fucceflSons  &  par 
conféquent  les  propriétés  (768).  C'eft  en  l'in- 
terprétant mal  &  en  cachant  la  circonftance 
qui  la  fit  naître  ,  qu'on  abufe  du  fens  de  cette 
loi.  Le  texte  hébreu  ne  dit  pas  feulement 
comme  la  verfion  latine  :  Toute  femme  fera 
tenue  de  prendre  un  mari  dans  fa  tribu.  Il  dit  l 
Toute  femme  qui  aura  été  héritière.  On  le  régla 
ainfi  à  Totcafion  de  la  fille  de  Salphaad  (769). 
Son  père  lui  laiflbit  une  fucceflîon  confidé- 
rable  qu'on  craignoit  de  voir  pafler  dans 
unei  autre  tribu.  Les  Sages  s'aflemblèrent  ; 
on  confulta  le  Seigneur  ,  &  il  donna  Tordre 
que  i*ai  retracé. 

Il  eft  donc  clair  que  ce  fut  ici  une  loi 
particulière  dérogeant  à  la  loi  générale  , 
&  créée  pour  empêcher  la  confufîon  des' 
biens  &  des  partages.  Il  refte  donc  certain 
qu'il  ne  fut  point  indifpenfable  de  fe  marier 
dans  fa  tribu.  Nous  conviendrons  pourtant 
que  ,  fi  TEcriture  n'y  oblige  pas  ,  elle  y 
Invite  fouvent  (770).  L'ufage  eii  eft  ancien 
parmi  les  Juifes  Abraham^  Ifaac  &  Jacob  choi* 


(768)  Nombres,  chap.  57,  v.  7. 

(769)  Nombres ,  chap.  36,  v.  i  &fiiîvans.  Voyea 
Ménochius.  liv.  3 ,  chap.  20,  §.7,  pag.  353-     . 

{770)  Vide  pracipuè  Tobie,  chap,  7,  v.  14. 


lit      -Moyfcy  conjidéré  comme  Légijlateur 

firent  leurs  époufes  dans  leur  famille  (771). 

Mariage^  .  D^  tout  tcmps  les  Juifs  livrèrent  au  mépris 

fJmmrfté.  ^  ftérilité.  Point  de  mariage  avec  les  per- 

nic.  Signes  fQjjj^gj  g^je  la  nature  V  condamnoit ,  fi  oa 

delaftérili-  |      -  ^  *  - 

té.  n'avoit  déj à  eu  une  femme  &  dfes  enfans,  (77^)* 

Les  fignes  de  la  ftërilité  qui  s'opposèrent  à 
Vaflbciation  conjugale  3,  font  rappelés  par 
Maimonide  (773).  Je  les  rapporterai  d'après 
lui,  &  pour  ne  pas  blefler  la  décence ,, je 
le  ferai  dans  une  langue  étrangère  :  Signai, 
ficrilitafis  funt  Ji  ipjî  non  fini  mammœ  ut  mammtt. 
aliarum  mulkrum  y  &  fi  illi  non  crefcai  pilus  in 
fuperficie  corporis  utl  aliis  mulicribus ,  &  fi  illi  fit 
vox  fonora  ,  utl  viris  ejl  ^  &  fi  locus  ilU  non  pro^ 
mineatextrà.corporis£uperficicmyjiixtà  namtam  alia^ 
mm  mulurum.  Et  hoc  efl  iUud  quodfapimtes  volunt  y. 
cùm  dicunt  ;  Non.  efl:  illi  venter  declivis  inflar 


(771)  Voyez  les  chapitres  -n ,  24  &  25^  cte  I» 
Genèfe*        .      .  :     - ./ 

(771)  Voyez  TExode  ,  chap.  a^ ,  y..  26.,Mi{ha> 
de  Levirorum  in  fratrias  offiçiîs  ,  chap.  6,,.§,  7» 
tom*  3  ^  pag*  il,  &  Maimbnidè  fur  ce  §..Iéhoya 
en  fra{5pe  quelquefois  les  fèmmeô  d*ont  là  conduite 
lui  a  déplu.  Michol  eft-rendue.ftérile,  pour  s'être 
moquée  de  David  qui  fautoit  devant  l'arche^  a  B^egum, 
chap.  6  .  V.  13.  .    '  ,    ^ 

(773)  Maimonide  fur  la  Mitna ,  de  tevirorunl  îa 
fratrias  offidis,  chap.  i  j^  §.  i ,  tbm.  3  ,  pag.  %^ 


r 


&  comme  Moralljie*  18  j 

mulierum»  Cc&umm  efl^  continue-'t-on,  qui  errât 
in  hoc  &  putai  quod  hac  71011  funt  Jïgna  flerili- 
mtis  ,  fid  gu/modi  qua  reperiimtur  In  plurimis 
mulkrihus  y  cujufmodi  muikres  non  lantoperè  de- 
kcîamur  coïtu  &  ^aviser  eum  fcrunt.  Cela  efl 
dit  en  d'autres  termes  dans  le  même  volume 
de  la  Mifna  (774)  :  Notœ  infœamdamm  funt 
carerc  mammis  ,  fentire  dolorem  m  re  vcnered  ^ 
non  hatere  dcdlvkattm  in  puhe  more  aliarum 
fxminarum  &c.  &c\  &c. 

Si  le  mariage  avec  une  femme  ftërile  efl:  Dcsmarî** 
défendu  aux  Ifraëlites  en  géne'ral ,  il  Feft  plus  pbs  ^rci- 
particulièrement  aux  prêtres  (775).  On  défend  ^u'^p^ialicl 
encore  à  ces  derniers ,  fur- tout  au  pontife 
fliprême ,  d'époufer  une  veuve  ,  celle  même 
'qui  Teft  par  fiançailles  ^  fut  h  fondement  , 
dit  un  commentateur  ,    que  la  veuve  n'ell 
pas  entièrement  pure,   &   que  fa  penfée  la 
reporte  fouvent  vers  fon  premier  mari  (776). 


(774  Wagenfeilius  fur  la  Mifna,  de  Uxore  adul- 
"terii  fufpeâû,  chap.  4,  g.  3  ,  tom  3,  pag.  ^37. 

(77$)  Miftid  ,  de   Loviromm  m  fratrias  ofEciîs  , 
cliap,  6,  g.   5,  tom.  3  ,  pag.  22. 

(776)  Aharbenel  ,  comment,    in   leg.  ^    pag.    259. 

IWagenfeilius  5  dldo  îoco  ,  §.  i,  pag.  231.  Voyez, 
^Arùs  le  irsême  vol.  de  la  Mifna^  le  Traité  fiir  les 
"devoirs  des  beaux-frcres  envers  leurs  belles -fœurs. 


184  Moyfcj  conjidcré  comme  Légljlatcur 
On  leur  défend  toute  union  avec  une  perfonne 
répudiée,  parce  que,  dit-on,  l'homme  qui 
répudie  n'eft  pas  cenfé  le  faire  témérairement 
ou  méchamment,  mais  pour  avoir  découvert 
^  ^elque  chofe  de  honteux  (777).  On  leur 
défend ,  quoiqu'il  n*y  ait  fur  ce  fujet  aucune 


^3P*  ^  9  §^  2  9  3  &  4  »  pag-  SX  &  22  ;  celui  fur  les 
fiançailles ,  ainfi  que  les  commentateurs ,  chap.  4 ,  §.  6 
&  fuivans  ,  pag.  380  &  fuivantes ,  &  le  tévitique  ^ 
chap.  Il ,  V.  I  r.  Les  doôeurs  cirés  bornent  la  défenfe 
au  grand-prêtre ,  &  cette  opinion  là  phi^  générale  eft 
conforme  à  celle  de  plufieurs  favans  cfirétiens  >  parmi 
lefquels  nous  citerons  Selden^  \Jx<x  bebraics,Uv.  x, 
chap.  7^  pag.  45,  &  de  Succeilionibus  in  pontiâca* 
tum ,  liv.  2 ,  cbap.  2 ,  pag.  409  &  fuivantes  ;  Bafnage, 
Hifloire  des  Juifs,  tom.  6,  lîv.  6,  cfiàp.  2X3  §•  ^r 
pag.  479  ;  Cunaeus  de  Republîcâ  Hebnéomm ,  Kv»  2', 
diap.  3 ,  pag<  1^5  ,  6c  Calixte  de  Conjur.  deric.  p.  59. 
.Grotius  pourtant  Is  combat  avec  force  ,  de  Jure 
belli  &  pacîs ,  livre  2  ,  chapitre  5  ,  §.  6  ,  &  veut 
que  la  prohibition  foit  égale  pour  tous  les  prêtres; 
mais  Wagenfetliu%;ï  répondu  avec  aiitant  de  fdrce 
&  plus  de  vraifenihkiijice ,  pag.  231  »  u^%  &  23>  de 
de  la  MUha^  tom.  |  ,  de  Uxore  adqlterii  fpfpe^â, 
'chap.  4,  §.  I.  .  .  ;    •:. 

{777)  Abarbeneï ,  dîSo  ioco ,  p.  259.  téyitîciue, 
thàp.  21 ,  V.  7  !k  8.  WagenfeiKus ,  fur  te;§.  V  dji 
cbap.  X  de  la  Mîfna,  de  tTxôre  àdultériî  fufpcât, 
tom.  y  ,  pag.  ;i3r3*  Cunasus,  de  Republicâ^llebraeorumy 
liv.  2,  cbap;  3  ,  pag.  195. 


&  comme  Moralijle.  x%f 

îoiprécife ,  d'époufer  celle  que  fon  beau-^frère 
a  reftifée  par  la  léviration,  parce  qu'elle  eft,  ea 
quelque  forte ,  répudiée.  Si  pourtant  ce  refus 
cft  incertain ,  le  prêtre  qui ,  dans  le  doute ,  s'eft 
uni  à  elle,  n'a  pas  fornié  une  union  illégitime; 
le  doute  n'autorifant  jamais  une  extenfion  ri- 
goureufe  (778).  Il  n'en  eft  pas  ainfi  de  Ja  veuve, 
de  celle  qui  a  fouffêrt  le  divorce,  de  la  profti- 
tuée  ,  de  la  femme  impure.  Moyfe  ayant 
condamné  ces  aflbciations ,  on  ne  les  contrade 
pas  fans  violer  ouvertement  la  difpofitioti 
^xpreffe  de  la  loi  (779).  C'eft  une  vierge  qu'il 
confeillfij  aux  prêtres  de  choifir  parmi  les  jfiUesi 
d'Ifraël  (780),  &  une  vierge  d'un  rang  dif- 
tingué  :  car  les  miniftres  de  Jéhova  ne  mêloient 
pas  le  fang  de  leur  race  à  celui  d'une  autre (78 1)% 

(778)  Mifna ,  diâo  loco. 

(779)  Lévitîque,  chap.  21 ,  v.  7  &  14.  Mifna; 
didlo  loco,  &  pag.  21  ,  22  &  380.  Selden,  Uxor  he- 
braïca,  liv.  i,  chap.  7,  pag.  45. 

(780)  Lévitique ,  chap.  21 ,  v.  ij  &  1-4.  Gemarre 
de  Babylone,  de  Levirorum  in  fratriasofficiis,  ch.  6, 
pag.  59  &  60.  Selden  ,  diâo  loco,  pag.  46. &  47. 
Ce  dernier  obferve  que  pour  le  grand-prétre ,  U  ne 
fuffifoit  pas  d'être  vierge  ;  il  falloir  encore  être  iov 
pubère  ,  ou  n'avoir  pas  atteint  Tâge  ordinaire  de 
la  puberté.  Pag.  46  ôc  47. 

(78;)  Lévitique,  chap,  ai ,  v.  15; 


%i6      Moyfe j  conjtdéré  comme  Légijlateur 

ils  choifîflbient  les  defcendantes  de  Lévî ,  dont 
les  fils  avoient  part  exclufivement  au  miniftère 
des  autels.  ' 

Des  maria-      Le  mariage  avec  un  bâtard  ou  une  bi- 
bâtards?  ^  tarde  n*eft  pas  feulement  profcrit  par  la  loi 
ïluf  qu»on  civile  (782)  ;  la  loi  criminelle  le  foumet  à  des 
ifiurpcrmcti  peines  affliâives  (783).  On  permit  néanmoins 
aux  bâtards  d'ëpoufer  une  efclave  ,  afin  de 
•laiflfer  à  leurs  enfans  la  poffibilité  d'être  légi- 
times :  fi  elle  étôit  afi-ranchie ,  ils  acquéroient 
Tingénuité ,  puifqu'ils  fuivoient  le  fort  de  leur 
mère  (784).  On  leur  permit  encore  d'épouf^r 
une  profélyte ,  mais  la  race  née  d'une  telle 
union  reftoit  marquée  du  Iceau  de  la  bâtar- 
dife  (785:). 

Que  ces  malheureux ,  que  les  rejettons  d'un 
fcs  avec  les  commetce  infâme  foient  exclus  pendant  dix 
eunuques,    ^^^^^^xiovis  de  raflèmblée  du  Seigneur  (786) , 


(782)  Cela  ne  pouvoir  être  autrement,  puifque  les 
bâtards  étoient  exclus  de  l'affemblée  du  Seigneur 
jufqu'à  la  dixième  génération  (videftiprà,  p.  211);  ce 
qui  renferme  par  conféquent  les  hommes  &  les  femmes. 
•  (783)  On  condamnoit  au  fouet  les  deux  époux. 
Voyez  Wagenfeilius ,  fur  la  Mifna ,  de  Uxore  adult, 
fufpedâ  ,  tom.  3  ,  chap.  4 ,  §.  i  ,  pag.  253. 

(784)  Wagenfeilius,  diQo  loco,  pag.  233  &  234. 

(785)  Wagenfeilius,  ibidem,  pag.  234. 

(786)  Deutéconome ,  chap.  23 ,  v,  2- 


&  comme  Moralijle.  ity 

cette  févérité  peut  être  juftifiée ,  fi  ce  qui  a 
la  fanétion  divine  a  befoin  de  l'être.  Un  faint 
Yele  pour  les  mœurs ,  une  jufte  horreur  du  vice, 
les  dangers  politiques  de  la  proftitution  dont 
les  ravages  font  fi  efFrayans  chez  les  natiolls 
modernes  qu'elles  regardent  comme  néceflaire 
le  gouflfre  de  corruption  ou  elles  font  plongées, 
ont  pu  infpirer  Tidée  d'étendre  la  punition 
jiifqu'aux  enfans  du  coupable:  mais,  comment 
tandis  qu'on  mettoit  des  obftacles  aux  ma- 
riages des  bâtards,  la  jurifprudence  hébraïque 
les  permet-elle  aux  eunuques  avec  les  aflFran- 
chies ,  les  profélytes  &  les  filles  de  ces  bâtards 
eux-mêmes  ?  Si  des  théologiens  diftingués  & 
de  favans  jurifconfultes  ont  réprouvé  cette  loi, 
défendue  par  beaucoup  d'autres ,  tous  con- 
viennent que ,  depuis  lès  temps  anciens.^  elte 
fut  ^dmife  par  les  Hébreux  (787). 

S.   V- 

Des  mariages  ordonnés  par  ta  tou 

S'il  fut  des  matiages  prohibés  par  la  loi>    Laiévîra- 
il  en  fut  qu'elle  exigea,  tel  que  celui  d'un  ^°°  °^^]|;^^ 

Ipi. 

(7S7)  Deutéron.  chap.  23  v.  i.  Wagenfeilius  fur 
la  Mifna  ,  de  Uxore  adulterii  fufpeââ ,  chap.  4 ,  $.  4, 
t.  3 ,  p.  241.  Du  refte,  les  eunimues  ne  poùvpient  pas  ^ 
flus^que  les  bâtards,  époufej  des  Ifraélites  d'origine. 


i8S  Moyfe ,  conjiiffc  comme  tégijlateur 
frère  avec  la  veuve  de  fon  frère  mort  fans 
poftérité.  Je  l'appellerai  léviration ,  d'après  le 
mot  latin,  pour  n'être  pas  obligé  de  recourir 
fans  cefle  à  la  longueur  d'une  périphrafe.  Le 
f)remier  des  enfans  ifllis  de  ce  mariage  portoit 
le  nom  du  parent  perdu ,  afin  que  ce  nom  ne 
s'éteignît  pas  dans  llrael,  &  il  fuccédoit  aux 
biens  laifles ,  à  Texclufion  de  fon  propre  père 
&  de  fes  frères  nés  auparavant  d'une  autre 
époufe  (788). 
rufaEccn  En  plaçant  cette  loi  dans  le  Deutéronome, 
TuofCt!^^  Moyfe  confirma,  une  coutume  ancienne.  Nou^ 
la  voyons  obfervée  avant  ce  lë^flateur,  par 
un  des  enfans  de  Jacob.  Her  Tamé  de  la  famille 
de  Juda  étant  mort  fans  poftérité,  le  père 
unit  Thamar  fa  veuve  à  Onan  fon  fécond 
fils  (789);  mais  ce  dernier  peu  jaloux  d'en- 
fanter pour  un  autre  &  de  fe  priver  par-là 

,  (788)  Deutéronome,  chap.  aç  ,  v.  ç  &  6.  Voyez 
Ruth ,  chap.  4 ,  v.  9  &  fuivans  ,  &  Selden  ,  Uxor 
Hebraica,  part  i  ,  chap.  12  ,  pag.  79  &  fuivantes. 
I^li  léviration  n*ai  guère  lieu  aujourd'hui  parmi  les 
Juifs  d'Occident .  tous  fujets  de  princes  dont  le  culte 
&  les  loix  défendent  ces  fortes  de  mariages.  Voyez 
la  préfiice  de  Surçnhufius  ,  fur  le  tome  3 .  de  la 
Mifna. 
(789)  Gtxàk^  chj^  38  #  V.  (,  8  &  9. 

d'une 


&  comme  Moralijlei  lï^, 

d'une  fucceflîon  &  d'un  droit  d'aînefle  cfui  lut 
ëtoient  également  aflurés ,  fe  permit  cet  abus 
coupable  des  plaifîrs  de  ramoun&  du  devoir 
conjugaTqui  a  donné  à  fon  nom  une  fi  malheu- 
reufe  célébrité. 

Sans  doute  la  lévitation  étoit  alors  indif-  avoîco* 
penfable,  puifque  Onan  fe  foumit  fans  réfif-|f  fg^j^ç/* 
tance  &  fans  murmure  à  la  volonté  paternelle. 
Moyfe  en  diminue  un  peu  la  ïiéceffité ,  mais  en. 
lui  fubftituant  une  forte,  d'iilfamie  publique. 
Il  ordonne  (790)  à  la  veuve  refufée  de  s'adreP 
1er  aux  anciens  qui  interrogeront  le  frère.  Si 
celui-ci  perfide  dans  ion  refus ,  elle  s'appro- 
cherra  de  lui ,  lui  ètera  fon  foulier  comme  pour 
le  punir  de  ne  vouloir  ni  prendre  poffeflîon  de 
rhéritage  fraternel ,  ni  entrer  dans  fa  famille ,  .: 

&  elle  lui  crachera  au  vifage  en  difant  :  «  Ainfi 
fera  traité  Thomme  qui  ne  veut  pas  perpétuer 
le  nom  de  fon  frère ,  &  une  dénomination  hon- 
teufè  fera  donnée  à  fa  maifon  dans  Ifrael  ». 

Nous  avons  quelques  obfervations  à  ià^re    q^^ç^^^^^ 
fur  cette  loi.  i**  Elle  n'oblige  que  les  frères  ^«'û*,  ^^ 
germams  ou  conlangums ,  jamais  les  treres 
utérins.  2.°  Si  le  mort  laifle  plufieurs  femmes. 


;  (790)  Deutéronome ,  chapitre  2^  ,  v.  7-10.  Sa 
maifon,  dit  le  y.  10,  fera  appellée  la  miifon  dd^ 
déchaujfé. 


îijb  Moyfcj  conjiâcte  cofnmt  LéglJlatcuY 
Il  fuflSt  d'en  époufer  une  ou  de  la  refofef  publi- 
quement» 3*  SU  n'y  a  qu'une  veuve  &  qu'il 
cefte  plufieurs  frères ,  ils  font  tous  dégagés  par 
le  choix  ou  le  refus  d'un  d'entr'eux.  4*^  Tous 
les  biens  du  mort,  même  la  dot  de  la  femme, 
appartiennent  au  beau-frère  qui  s'unit  à  elle. 
5^  Si  par  hafard  l'époufè  du  mari  mort  eft  la 
fille  du  frère  vivant  ou  la  lœur  de  fa  femme, 
il  n'y  a  pas  de  léviration ,  parce  qu'elle  feroit 
înceftueufe*  6^  La  confanguinité  d'une  des 
veuves  difpenfe  le  frère  de  s'unir  même  avec  les 
autres.  7®  Enfin ,  l'extradion  du  fôulier  n'eft 
jamais  permife  à  la  perfonne  incapable  d'être 


(791)  Maimonide,  fur  la  Mifna^  tom.  3  ,de  Levi- 
rorum  in  fratrias  ofliciis ,  chap.  i ,  §f  t  >  pag.  i  & 
foi  vantes.  Bartenora  ,  fur  le  même  paragraphe.  Wa* 
genfeiliuis ,  fur  le  traité  de  tJxore  adulterii  fufpedâ , 
chapitre  7,  §,  4^  pag.  a6o.  Sclden,  Uxor  Hebraica, 
liv.  X ,  chap.  12  ,  pag.  80  &  83  ;  chap.  13 ,  pag.  90^ 
&  de  Succeffionibus  in  bona  defunûorum,  chap.  14, 
pag.  100  &  10 1.  Léon  de  Modène,  Hïfloria  de  gli 
riti Hebraici,  part.  4,  chap.  7,  §.  i,  pag.  49.  Je  ne 
rapporte  que  les  cas  principaux.  Les  rabbins  donnent 
là-deflus  une  infinité  de  décifions  qui  rentrent  toutes 
dans  les  fept  que  j'ai  rapportées.  Voyez  d'ailleurs  les 
pages  5,  6,  7  &  fuivantes  du  tom.  3  de  la  Mîfna, 
&  la  pag.  48,  &  les  chap.  12  &  i}  d'Uxor  Hebr. 
|f*oublioi)s  pas  que  le  roi  &  fa  veuve  ne  furent  ja- 


^^^^  &  tomme  Mofalïjlei  i^  t' 

^1        Quel  que  Rit  le  fort  deftiné  à  la  veiive  par  Quand  lît- 
r^     fon  beau-frère,  elle  ne  Tapprenoit  qu'au  bout  [rîévua*'* 
de  quatre-vingt-dix  jours*  Les  femmes  qut^^°^* 
avoient  été  mariées  ne  f®  fiançoient  qu'après 
trois  mois ,  &  attendoient  trois  mois  encore 
pour  paflèr  au  lien  conjugal,  qu'elles  eullent 
ou  non  été  répudiées ,  quelles  enflent  ou  non 
connu  les  plaifirs  du  mariage  (791)  :  mais  il  ne 
reftoit  plus  de  doute  parce  qu'il  ne  reftoit  plus 
d'alternative ,  fi  le  frère  avoit  goûté  ces  plaifirs 
avec  fa  beUe-fœur  ^  foit  par  erreur  en  croyant 
r         que  c'étoit  une  autre  femme ,  foit  de  propos 



I  mats  fournis  â  la  léviration,  dans  quelque  fens  qU0 

^K  ce  foit  \  le  fouverain  ne  pouvant  être  expofè  à  voir 
^V  ôter  Ton  (oulier  par  fa  bdle-fœur  qui  Jui  eÛE  craché 
I  au  vifage.  Mifna,  tom.  4  9  de  Synedriis,  chap,  xi 

%.  %,  pag,  iiô  &  217.  Selden^  diûo  loco,  ch.  tO| 
pag.  74  &  7î* 

(792)  Mifna  ^  de  Leviromm  in  fratrîas  offidisi 
chap.  3  3  §*  10,  tom,  3  ,  pag,  1$.  Léon  de  Modènd 
en  donne  la  raifon  ,  Hiiloria  de  gti  riti  Hebraicî , 
part,  4,  chap,  2  ,  §.  ç  ,  pag.  84  ;  afiû  qu'on  fach0, 
dit-il ,  £1  elle  n'ell  pas  enceinte  de  fon  premier  mari^ 
&  que  le  fort  de  l'enfant  qui  pourroît  naître  ne  foit  , 
pas  douteux  :  Accîo  che  fi  fappla  fe  c  grm^ida  de  prima 
mariîQ  >  c  non  rtjîl  m  duhio  il  nato.  Buxtorf  dit  la  jnéme 
chofe ,  Synagogue  judaïque ,  chapitre  4t  ^  pag,  6^0  1 
ainfi  que  Seldçn^  Uxor  Hebraica^  liv*  1  ^  chap^  i\^ 
page  8a, 


19^'      Moyfcj  conjidéré comme  Legijlateur     . 
médité  &  par  une  débauche  criminelle.  L'eii- 
gagement  pris  alors  devenoit  facré.  C'étoient 
de  véritables  époufailles  que  le  divorce  feul 
pouvoit  anéantir  (793). 
Fcfmalkcs      Le  Contrat  de  la  lévitation  diflfere  peu  des 
dfuT*^-^"*  contrats  ordinaires  de  mariage.  Nous  en  avons 
cion.  indiqué  la  forme  (794).  Voyons  celle  de  Tafte 

établilTant  la  liberté  de  la  veuve  par  le  refus  de 
fon  beau -frère.  Les  triumvirs  s'aflembloient. 
La  veuve  annonçoit  devant  eux  qu'elle  avoir 
perdu  fon  époux,  &  qu'il  ne  reftoit  aucun 
fruit  de  leur  union  ,  pour  en  propager  le  nora 
dans  Ifraël.  S'adreflTant  à  fon  beau-frère ,  elle 
Tinvitoit  à  Tépoufer.  Les  juges  lui  en  iFépétoient 
f  invitation.  Sur  fon  refus  confiant ,  on  or- 
donnoit  à  la  veuve  de  lui  arracher  fonfoulier,- 
^  de  lui  cracher  au  vifage,  de  manière  que 

•  (793)  Mifna,  de  Levirorum  in  fratrias  ofEciis  , 
chap*  6,  §.  I,  tom.  3  ,  pag.  ao.  Il  ne  fut  pas  même 
liécefiaire  que  la  jouiflance  eût  été  telle  que  la  grof^ 
ir«fle  eût  pu  là  fuivre  :  Tarn  is  qui  d^ttpt ,  dit  le 
texte.»  quàm  is  qui  complet^  acqmfivît ;'  ntqut  dîjfèrentîd 
tjl  inter  coitum  .&  coitum.  Il  feut  entendre  par  detegh^ 
dit  le  commentatâir  Bartenora,  qm  tantàm  eoronam  in- 
troduxit  ;  fimplex  verh  iforùduefio  txtttior  <:6rùTut ,  vcatur 
pfculatto.  Maimoakle~'j>'exprime  à-peu-près  dans  les 
cernes  terines.  ''    -.  :-a,    j.    .....  ..-  .-. 

(794)  Vide  fuprà ,  §•  3  ^  p.  165  &  a66. 


.       '     &  comme  Moralijk.  '       *±^ 

tout  le  monde  en  vît  Tempreinte.  On  lui  per- 
mettoit  enfuite  d'époufer  Tlfraélite  qu'etie 
choifirdit,  &  on  lui  donnoitun  ade  écrit;  qui 
.ratteftât(79y). 


•    (795)  Voici  cet  a6le  eh  entier  : 

Dîe  N. ,  menfis  N.,  anno  N.  i  creatîone  mundî ,  juxti 
confiutum  nohîs  calculum  ,  in  loco  N. ,  Nos  judices  ex 
hâc  parte  ut  confejjus  triumviralîs  fieret  pnefe^i,  înforrm 
judicîi  comfedimus.  Venit  coram  nobis  H.y  filîa  N. ,  vîduM 
N. ,  6»  coram  nobis  adduxit  quemdam  virum  diBum  N.. , 
filium  N.  ^  &  ad  hune  modum  nobis  effata  eft  illa  N* 
IlleiV.,  filiusA''.,  frater  germanusA^.,  mariti  mei  diim 
ego  ejus  uxor  fui.  Maritus  autem  meus  dormit,  & 
vîtam  reliquit  rabbinis  noftris  &  toti  Ifraël.  At  filium, 
filiamve  fibi  haaredem  aut  qui  nomen  ejus  propagaret 
fufcitaretve  in  Ifraël  non  reliquit.  Ex  lege  verô  a^- 
tinet  ad^A^.  fratrem  ejus  jure  leviratûâ  me  ducere  in 
uxorem.  Dicant  igitur  ei  rabbini  noftri ,  fi  me  vriit 
ducere  ,  ducat  ;  sui  verô  ,  ut  difcalceetur  mihi  p^s 
ejus  dexter,  folvam  calceamentum  ejus  ,  &  exfpua/n 
in  confpeftu  ejus  (feu  versus  faciem  ejus);  6»  mani^ 
fefium  fatis  eft  N.  hune  fratrem  ejje  germanum  N.  ^u} 
demortuus  eft.  Et  dixïmus  ei- :  Si  vis  jure  affinitatis. 
tducere  cam  ,  ducas  j  sirt  verô ,  di(calceét  ea  pedéîtn 
tuum  dextrum  coram  nobis  &  folvat  calceum  à  pede 
tuo,  &  in  confpeôu  tuo  \kvL  Versus  faciem  tuam) 
exfpuat,  Ule  verb  rejpondens^  di^it  :  Nôlo  ego  jure  |e- 
viratûs  eam  ducere.  Et  ftatim  lept  nabis  illa  N.  Reniiit 
leyir  niQus  fvifcitare  fratri  fiio  nomen  in  Ifraëi,  niec 
vult  me  ùt  levir  hdbtrQ,  Jlle  etiam .nobis  legitt^Hhtk 


)l94      Moyfcy  emfiieré  comme  UgiJUtcur 

Deux  témoins  fuffifoient,  &  les  femmes; 
Igs  efclaves ,  les  perfonnes  peu  âgées  pouvoient 
Tétre,  quoiqu'elles  n'eufientpas  ordinairement 
cett^  feculté  ;  parce  qu'on  n'avoit  eu  d'autre 
objet,  difoit^on,  que  de  divulguer  ce  qui 

placet  mihi  eatn  accipere.  Et  dîfcalceavit  tUa  fcdcm 

fjus  dextrum ,  fobao  ejufdem  calceo  ,  &  exfpuh  vershs  fa* 

ciem  ejus  fputum  (  quod  à  nobîs  cemebamr  )  ex  on  fuo  in 

terram.  Et  rursîes  legehat  nobis  illa  N.  Sic  fiet  viro  qijî 

pon  aedlficat  domum  firatris  fui  &  vocabitur  nomea 

ejus  in  Ifraël,  domus  difcalceati.  Et  nos  judîces^  fy 

cttteri  unïvtrfi  qui  coram  nobis  jam  conJUtuti  refponderunt 

fofl  cam  :  pxunis  efi  calceus,  exutus  eft  calceus  » 

exunis  eft  calceus  ;  tribus  fcillcet  vicibus.  Atqut  hoc  ad 

tune  modum  p^ra&o^  intégra  datur  ei  pouftas  nubtndiubU 

çunqm  volucrit ,  nec  quifquam  ei  vir  interdiâus  efi  (  boç 

nomine  )   ab  hoc  tempore  in  pçrpctuum»    Rogavit  autim 

iila  N«   â  nobis  libellum  hune  remmtiationis  feu  cakei 

fxùti  y  quem  fctipfimus ,  çbfignavimus ,  eique  dedimu^  Ui 

f 0  Jruatur  juxtâ  infitmutn  Alqfis  &  Ifra'èl, 

N.  finus  N.  teflis. 
N.  filius  N.  tefiis. 

Voyez ,  dans  la  Mifna ,  la  pré&ce  du  tome  3 ,  & 
Seldçn ,  Vxor  Hebraica ,  part.  1 ,  chap.  14 ,  pag.  98  , 
99  &  1 00;  Buxtorf,  Synagogue  Judaïque,  chap.  41 , 
pag.  652  &  653  ;  Gemare ,  de  Synedriis^,  chap.  I3  & 
de  Levirorum  in  fratrias  ofliciis^  chap.  12;  Mikotfi,' 
Frascept.  affirmât.  52,  &  Levi  ben  Gçrfpn,  fur  le 
P^ntateuque ,  fol.  1^36 ,  col.  3. 


^^^  &  comme  Moraïijhw  iff  ^^H 

s'étoit  paffe ,  en  établiflfant  ce  témoignage  (796).  "j^l 

Ces  derniers  traits  fembleront  peut-être  trop  Qy«  P*»''^ 
torts;  mais  convenons  quen  général,  ce  tut  non  1 
une  idée  toochante ,  morale  &:  politique  que 
d'admettre  la  lévi ration.  Par  elle  la  population 
5*accrut  \  les  fucceflîons  fe  confervèrent  dans 
les  familles ,  la  veuve  infortunée  ne  perdit  pas 
pour  toujours  1  efpoir  de  fentir  les  douceurs  de 
la  maternjfé  ;  Tamitié  fraternelle  fécha  les 
pleurs  de  ramitié  conjugale  ^  &:  le  malheureux 
époux  deicendu  au  tombeau  n'y  porta  pas 
cette  pehiee  défolante  qu'il  y  enfermait  avec 
lui  fon  nom  &c  fa  poUérité- 

S,  V  r. 

toix  fur  la  répudiation  6f  le  divorce^ 
Le  divorce  eft  ancien  parmi  les  Hébreux.        .      . 

^  loi    qii4 

Il  y  exiftoit  avant  Moyfe,  s'il  eft  vrai  ^  comme  perniedcdi* 
tafïiirent  plufieurs  rabbins,    qu'on  en   voit 
une  preuve  dans  Texil  impofé  par  Abraham  à 
la  mère  dlfmaël  (797)-  La  loi  qui  le  concerne 
eft  écrite  dans  le  Deutéronome  (798)-  «Si  après 


(796)  Mifna,  diao  loco,  Seldefi,  ibidem,  p.  loij 

(797)  Gcnèfe,  chap.  21 ,  v.  14. 

I  (79^)  Deutéronome  ,  chap*  24 ,  v.  ï  ,  2  &  3.  la 

l  Vulgate  dit  en  effet  ;  Quia  foliusa  &  ahamlnahUh  faâ^ 


iJÉ      Moyfcy  conjidcrc  comme  Légïjlateur 

avoir  épôufé  une  femme  &  vécu  avec  elle  J 
vous  en  concevez  du  dégoût ,  écrivez  Tade  de 
répudiation,  remettez  le  lui  &  renvoyez-la 
hors  de»  votre  maifon.  Sortie  &  remariée,  inf- 
pire-t-elle  encore  ce  fentiment  &  la  renvoie- 
t-on  de  nouveau ,  ou  la  mort  lui  enlève-t-elle 
fon  époux  J  le  premier  mari  n'a  plus  droit  de 
la  reprendre  ;  elle  a  été  fouillée  &r  eft  devenue 
abominable  devant  le  Seigneur  ».  • 
Qu'entend-  :  Mais  quel  dégoût  autorife  le  divorce  ?  Suffit-il 
pûT'qui  "  d'en  prétexter  un ,  fans  être  tenu  à  l'exprimera 
pAutorirç?  j^ç  légiflateur  ne  défigne-t-il  pas  celui  qui 
opère  la  répudiation  ï  L'Ecriture  annonce 
quelque  chofe  de  honteux  ;  propter  aUquam 
fœditatem  {J99).  Comment  ces  termes  feront-ils 


tjl  coram  Domino.  Plus  exaSement  on  traduiroît  :  Pefl-- 
quant  îlla  poîluta  eft;  nam  abomînatto  ejl  in  confpeftu  Dcf- 
mini.  Au  refte,  ces  deux  fens  ne  font  pas  très-difFé- 
rens  entr'eux.  Le  mari  pourroit  reprendre  fa  femme , 
JK  au  lieu  de  fe  remarier  elle  s'étoit  rendue  coupable 
de  fornication  ,  ce  qui  eft  immoral  &  bizarre.  Vpye? 
Selden ,  Uxor  Hebraica  ,  liv.  i ,  çhap.  1 1 ,  pag.  yj  , 
78&79-        . 

.  (799)  Deutéronome,  difto  loco.  '  Uhébreu  dit  : 

Nuditatem  verbi  ou  negotii,  Selden  traduit  :  Turpitudinetn 

^rei  Le  Paraphrafte  çhaldéen  ,  la  verfion  arabe ,   la 

yçrfion  fyriaque  &  le  texte  famaritain  ne  s'éloignent 

ipas  dj?  la  Vulgatç  j    ils  expriment  aliquid  fœditi^tk 


.i&  comme  Morali/lei  i0 

^entendus  ?  Ici  les  commentateurs  ouvrent  une 
vafte  carrière  à  leurs  conjectures,  &  les  ca- 
fuiftes  Hébreux  à  leurs  interprétations.  On  a 
vu  fur-tout ,  vers  la  fin  de  la  république  des 
Juifs ,  deux  écoles  fameufes  s'élever  &  fournir 
des  explications  contradidoires.  Shammaï  & 
Hillel  en  furent  les  chefs.  Le  premier  a  reflerré 
le  fèns  au  cas  où  l'époufe  feroit  une  aâion 
déshonnête ,  turpituda  reiy  comme  fi  elle  fortoit , 
dit-on ,  la  tête  pu  les  bras  nus ,  ,&  la  robe 
ouverte  fur  les  flancs.  Suivant  le  fécond,  tout 
ce  qui  déplaît  au  mari ,  foit  dans  les  adions  de 
fa  femme ,  foit  dans  fon  caradère ,  foit  dans 
;fon  phyfique  ,  eft  un  jufte  motif  de  répudia- 
tion. On  y  feroit  fondé ,  n'eût-on  à  fe  plaindre 
que  de  fa  manière  d'apprêter  les  mets  qu'elle 
jTert  à  fon  époux  (800).  Il  eft  difficile  de  pouflèr 
plus  loin  l'abus  de  l'interprétation.  Hillel  ce- 


ou  rçm  turpem.  Nous  l^fo^s  dans  le  Grec  :  Jk<rxtifiùf 
^x'fiLyfM ,  remfœdam.  TertuUîen  contre  Marcion ,  liv.  4, 
chap.  34,  dit  :  Negotïum  împudicum;  la  verfion  des  Juifs 
d'Efpagne  :  Difcobermra  de  cofa  ;  celle  des  Juifs  d'Afrique , 
l'équivalent  de  rem  fa^dam  ou  indecoram,  &c.  &c.  &c. 
yoye?  Selden  ,  Uxor  Hebralca,  1.  3 ,  ch.  18 ,  p.  430. 
(800)  Selden,  Uxor  Hebraica,  liv.  3  ,  chap.  18, 
l»g.  432  &  433  ,  &  chap.  21 ,  pag.  457  &  fuivantes, 
Mifna,  tome  3  ,  dç  DiVortiis,  chapitre  9»  §•  10,^ 
pag.  35?- 


IJ^S      Moyfcy  confidcré  comme  Ugljlafeuf 

pendant  a  triomphé  de  fbn  rival  &  fon  opiniott 
cft  aujourd'hui  la  feule  qu'on  adopte.  Un  des 
dodeurs  de  fon  école ,  le  rabbin  Akiba ,  n*a. 
pas  même  craint ,  fuivant  Tufage  éternel  des  dif* 
ciples,  d'étendre,  s'ileftpoffible,  lefentiment 
de  fotl  maître.  Il  fuffit ,  lelon  lui ,  pour  auto* 
rifer  le  divorce ,  ou  de  ne  pas  plaire  aflez  à 
fon  mari  ,  ou  que  quelqu'un  lui  plaife  davan^ 
tage  (Soi  ).  Houreufement ,  on  Ta  fournis  à 
tant  de  formalités  &t  de  longueurs ,  qu'avant 
que  l'aâie  en  (bit  écrit  &  préfenté,  on  a 
le  temps ,  remarque  Léon  de  Modène  (8ox)  y 
de  fe  repentir  &  de  fe  récoôcilien 
D«  l'aôe  Les  rabbins  tirent  plufieurs  -  conféquences 
'  de  la  loi  confignée  dans  le  Deutéronome  >  & 
ils  les  érigent  en  autant  de  principes  généraux. 
Point  de  féparation,  difent-ils,  fans  la  volonté 
expreffc  de  l'époux ,  volonté  annoncée  par  ua 
ade  écrit ,  dans  lequel  il  marquera  clairement 
que  tout  lien  eft  brifé  déformais ,  qu'il  renonce 
à  la  pofleffion  de  fa  femme  &  l'éloigné  de  fa^ 


(8oi)  Mifna ,  difto  loco.  Selden ,  diSo  loco,  p.  43  j. 
Voyci  Léon  de  Modène ,  Hifiorîa  de  gli  riti  hebr. 
part.  4 ,  cbap.  6 ,  §.  2  &  fuiv.  pag.  91  ,  92  &  93  ; 
Bafnage,  Hiftoire  des  Juifs,  tom.  6,  liv.  6,  ch.  25^ 
g.  14,  pag.  524  &  525. 

(80 0  Léon  de  Modène,  dido  loco,  pag.  9!. 


&  comme  Morali/ii^  Ijf 

tnaifon,  L'afte  fait  ^  ajoutent-ils ,  on  le  remet 
àfon  époufe,  ou  à  une  de  fes  elclaves  qui  le 
reçoit  en  fon  nom  ,  en  préfence  d'un  rabbin, 
d'un  fcribe  &  de  deux  timoins  ,  ou  on  charge 
exprelTément  quelqu'un  de  le  remettre  ainfi 
dans  fes  mains.  Pour  éviter  la  conRilion  qu'une 
refîemblance  de  noms  pourroit  produire,  ils 
veulent  que  cet  aûe  exprime  les  trois  dernières 
générations  des  deux  époux.  Les  précautions 
font  fi  accumulées  qu'ils  ordonnent  qu'on 
récrive  en  caradères  ronds  ^  bien  nets  &r  bien 
diftinils ,  fur  un  papier  plus  long  que  large 
dans  lequel  on  rr'apperçoive  auctme  trace  de 
rature  ,  ni  la  tache  la  plus  légère ,  &  que  deux 
témoins  encore  y  aient  appofé  leur  fceau  (803  )• 
Quant  à  la  manière  dont  il  eft  conçu ,  après 
avoir  fixé  Tépoque ,  le  lieu ,  le  nom  des  deux 
parties  &  de  leurs  premiers  aïeux  {804} ,  le 


^ 


(805)  Surenbufiiis  ,  fur  la  Mîfna  ,  de  Divortiis, 
chap.  i,  §.  2,  tom.  3,  pag.  }i2  &.  -^23.  Gemare  de 
Babylones  de  Levirorum  in  fratrias  officiis.  chap,  12, 
fol  106;  de  Divorfiis,  fol.  81  &  88  ;  de  iEftimatio- 
nibus ,  ch,  8  5  fol.  zi,  Ménochius ,  de  Rep.  Hebrseor., 
liv,  3  »  ch.  a2 ,  §.  5  ,  p.  373  &  374.  Biixtorf ,  Synagogue 
Judaïque ,  chap,  40 ,  pag,  645  &  646.  Selden  ,  Vxot 
Hebraica  ,  Hv,  3  ,  chap,  25 ,  pag.  ço8  &:  fuivanres. 

{S04)  Mifna,  diâo  loco,  pag.  323.  S^^lden,  difto 
loco,  çhap*  24,  pag.  501   &  502.  Buxtorf,  Synag, 


.■^^o      Moyfey  tûnfidéré  comme  Législateur 
:mari  annonce  qu'il  abandonne  fa. femme,  ht 
^répudie  de  plein  gré ,  &  lui  rend ,  avec  fit 
.liberté,  le  droit  d'en  époufer  un  autre.  Il  lui 


Judaïque ,  chap.  40 ,  pag.  644.  Voici  la  formule  en- 
tière de  cet  a£le  : 

Fcriâ  N.  y  menfis  N. ,  dit  N. ,  anno  N. ,  five  à  munH 
*€ûndlitt,  five  ara  N,  qud  in  loco  N,  utîmur ,  ego  "S  ^ 
'filius  N.  ,  ex  loco  N. ,  6»  quccunque  nomîtîe  feu  cogno^ 
,m}ne  alio  five  ipfe  ego  ,  five  parentes  mei ,  five  locus  undè 
ego  dignofcor,  five  loca  undè  parentes  mei  dignofcuntar  ^ 
nuncupamnr  ,  ultrb  atque  ex  anîaii  fententiâ  6»  fine 
coaêtïone  dîmitto ,  relinquo ,  repudîo  te  tîbi  tu  N. ,  fiUa 
"N.  >  ex  loco  N  ,  6»  quocunque  nomïne  feu  cognomîne 
'SÎio ,  five  ipfa  tu ,  five  parentes  tuî ,  five  locus  undè  ùt 
,jdignofceris  ,  five  loca  undè  parentes  tul  dignofcuntur\ 
jiuncupamini'y  qua  anteâ  ,  ufque.in  hoc  momentum^  uxor 
mea  fuîjli.  Et  nunc  dimitto  ,  relinquo  6»  repudio  te  tihi 
adeo  ut  fis  libéra  &  tibi  fit  poteftas  abeundi  d»  ciàcunqt^e 
viro  velis  nubendi.  Nec  mortalîum  quifquam  te  prohibeàt 
ûb  hoc  die  in  perpetuum.  Et  ecce  fis  cuicunque  Viro  Vicîta, 
Et  hic  eflo  Ubellus  qui  tibi  à  me  Uft  libellus  repudii  ,  inflrU" 
mentum  dimijjtonîs  &  reliSlionis  epiftoh  9  juxtâ  pfaccptutfi 
Mofis  6»  Ifraelitarum, 

N.  filius  N.  tefiis. 
N.  filius  N.  tefiis. 
•  La  formule  que  je  viens  de  tranfcrire  eft  la  plus 
moderne  ;  l'ancienne  eft  moins  étendue  :  Ecce  licita 
fis  viro  ûuicunque.  Atque  hic  eft  inter  te  &  me  libellus  tt- 
pudii  ,  relidionis  epiftola  ,  ac  inflrumentum  dimijfionis  ^ 
^dehque-  tibi  liberum  fit  cuicunque  velis  nubere» , 


'&  comme  Môralijie:  'foi 

îremet  récrit  qui  attefte  la  réparation ,  toujours 
conformément  à  la  loi  de  Moyfe  &  d'Ifraël. 

Remarquons  fur  tout  cela  (8oy)  :  i^  qu'oîï  obfcm- 
kiflè  aux  femmes  renvoyées  la  faculté  de  fe^u^c*.  ^.  "^^ 
remarier,  2®  Le  divorce  eft  complet  dès  que 
Tade  en  a  été  remis  dans  les  mains  de  l'époufe  j 
la  formalité  de  l'éloigner  de  fa  maifon  en  eft 
une  fuite  ordinaire,  làns  être  indifpenfable.^ 
3?  S'il  eft  remis  pendant  qu'elle,  dort ,  ou 
iju'on  la  trompe  fur. ce  qu'il  contient,  la.ré- 
miffion  eft  illégale ,  hors  qu'on  ait  déclaré  aux 
témoins  l'intention  ferme  de,  répudier  &  que 
lafemme  ne  l'ignore,  pas.  4^  Il  n'eft  pas  nécef- 
faire  que  les  deux  témoins  en  préfence  defquels 
iè  donne  l'écrit  de  répudiation  loient  les  mêmes 
jque  ceux  qui  l'ont  figné.  ^^  L'ufage  des  Juifs, 


(805)  Voyez ,  fîir  toutes  les  conditions  &  les  for; 
imalitës,  les  deux  Gemares,  chap.  $  ,  de  Divortiis; 
Mikotiî,  PrsBc.  affirmât.  50  ;  la  Mifiia  &  fes  com- 
Éaeqtateurs ,  tom.  3,  de  Divortiis,  chap.  i ,  §.  i, 
&  chap.  4,  §.  I ,  pag,  321,  523  &  333  ;  Schickard, 
Jus  Regium Hebraeorum ,  ch,  3  ;  Théor.  9,  p.  72  & 7J  ; 
Grbtius ,  fur  S.  Matthieu,  chap.  5  ,  pag.  93  ;  Drufiùs, 
Gbfervat.  liv.  14 ,  chap.  10  ;  Fagius ,  ad  Chald.  pa-»- 
l'aphr.  Deut.  24  ;  Louis  de  Dieu,  comment,  fur  le 
<hap.  5  de  S.  Matthieu  ;  Selden ,  Uxor  Hebr*  liv.  3 , 
^hap.'  24,  pag.  503  &  fuivsuites,  &  chapitre  25  ,1 
pag.  50S  &  fuivaat«€. 


jol  Moyfe^  cor^dété  comme  LégiJUteur 
quelque  lieu  qu'ils  habitent ,  paroît  être  de 
*  récrire  en  Chaldéen ,  quoiqu'ils  puiflènt  choifir 
une  autre  langue,  &  cet  ufage  a  commencé 
pendant  la  captivité  de  Babylone  ,  le  Chaldéen 
étant  devenu  alors  très  -  familier  aux  Ifraé- 
lites  (80^).  6^  Si  on  a  confié  à  quelqu'un  l'ado 
de  divorce ,  pour  le  porter  à  la  femme ,  tant 
qu'il,  ne  Ta  pas  fait ,  on  peut  en  revenir  & 
l'abroger  ;  mais  fi  la  commiflîon  a  été  remplie, 
il  n'efl  plus  poffible  de  l'annuller. 
letfcfflmet  La  faculté  de  répudier  s'accorda-t-^lle  aux 
u'drok^de  deux  fexes ,  ou  fot-elle  exclufivement  le  par- 
répudier  ?  |.^gg  jg5  hommes  ï  La  loi  fe  tailbit  à  cet  égard 
&  il  efl  difficile  de  penfer  que  les  femmes 
enflent  le  ^oit  d'interpréter  favorablement  cô 
filence.  On  ne  voit  pas  qu'elles  l'aient  ofé 
pendant  un  grand  nombre  de  fiècles.  Si  celle 
du  lévite  d'Ephraïm  le  quitta  pour  s'enfuie  à 
Bethléem  dans  lamaifon  paternelle,  aucua 
engagement  ne  fuivit  cette  fuite  momentanée, 
&  bientôt  rendue  à  fon  époux  ^  «il  reprit  fut 


(806)  Il  eft  néceflaire  de  rapporter  le  paflage  d'oii 
cette  aflertion  eft  tirée.  Nous  le  trouvons  pag.  323  de  Ii 
Mlfiia,  loco  citato.  Ab  hinc  (la  captivité  de  Baby* 
lone  )  confuetudo  obdnuît  ut  illa  ubifuc  ttrrûrum  a^  I/rse» 
Utis  in  linpdi  chaldaâ  çonfcribatur  ^  lieit  ttïam  fas  fit 
tamâtm  in  omni  confcribcrc  lingual  •         '        . 


F 


&  comme  Mùraiyie.  34»  J 

elle  ces  droits  qu'un  malheur  affreux  ne  lui 
laifla  pas  long-temps  (807).  L'exemple  le  plus 
ancien  offert  par  Thiftoire  des  Juifs  d'une  répu- 
diation femblable  eft  du  règne  d'Augufte- 
Salomé  fœur  d'Hérode-le-Grand  répudia  Col- 
tobare ,  aftion  ^  dit  Josèphe  (808)  5  contraire 
à  nos  loix ,  qui  ne  le  permettent  qu'aux  époux. 
Malgré  cela  5  nouslifons  dans  ccthiftorien  que 
Salomé  ne  tarda  pas  à  être  imitée  (805) ,  &  le  ne  la  rfpu." 
chriftianirme  même,  dans  les  premiers  fiècles  caufc  d'à- 
de  fon  exiftence  ^  permit  aux  femmes  ^  du  moins 
en  occident ,  fi  Ton  en  croit  Calmer  qui  n'ou- 
blie rien  pour  juftifier  fon  aflerrionfSlo),  de 
répudier  leurs  maris ,  dans  le  feul  cas  ^  il  eft 
vrai,  où  ils  commettroient  un  adultère. 
A  plus  forte  raiibn  ce  crime  préfenta-t-il 

(807)  Juges,  chap.  19,  v,  i  &  fuivans. 

(808)  Antiq.  judaïq.,  liv.  15 ,  ch,  it  ,  p.  551.  Il  faut 
obferver  que  ni  Salomé ,  ni  Coflobare  n'étoient  Xulfs  de 
naîflance.  Voyez ,  du  moins  fur  cela  ,  S^îden ,  Uxor 
Hebraîca,  part.  3,  ck  19^  pag.  437  &  438, 

(809)  Josèphe,  ibid.  liv^.  18,  çhap.  7,  pag,  6%%; 
8c  liv.  10 ,  chap.  5  ,  pag,  693  &  alibi. 

(810)  Differtat-  fur  le  Divorce,  tom.  3  de  la  Bîbîe 
d'Avignon ,  pag.  63*  Cette  Diffenation  eft  tirée  en 
entier  df s  derniers  chap.  du  liv,  5  de  Selden ,  Uxor 
H^braica^ 


^  04"  Moyfe ,  conjiicri  comme  Légijlateuf 
toujours  aux  Hébreux  un  moyen  sûr'de  répiâ- 
diation  quand  leu  rs  époufes  furent  convaincues 
d'en  être  coupables*  Dans  le  doute  ,  la  loi 
ouvrit  une  autre  adion,  un  eflai  religieux  dont 
nous  parlerons  dans  le  chapitre  des  loix  crimi- 
casoùi'on  nelles  (811).  Pour  les  Juives,  fi  on  ne  leuc 
rS^me  at  accorda  pas  d'une  manière  exprefle  le  droit  de 
it  réparer  de  renvoycr  leurs  maris ,  on  les  autorifa  quelque- 
fois à  demander  leur  féparation.  Ainfi  le  légifl 
lateur  toujours  attentif  à  la  fanté  des  citoyens 
ne  laifla  point  fouiller  l'union  conjugale  par 
des  maladies  dont  la  communication  eût  été 
dangereufe ,  il  ne  s'oppofa  point  à  ce  qu'on 
demandât  de  quitter  un  mari  attaqué  de  la 
lèpre,  celui  dont  la  bouche  ou  le  nez  exha- 
Ibient  une  odeur  fétide,  celui  qui  avoir  un 
polybe,  &c.  &c.  Plufîeurs  rabbins  afliirent 
même  qu'on  étendît  ce  privilège  jufqu'aux 
femmes  descorroyeurs,  des  fondeurs,  de  ceux 
qui  tiroient  les  métaux  du  fein  de  la  terre, 
&  de  quelques  autres  dont  la  profeffionentraî- 
noit  une  odeur  défagréable  5  &  cela,  que  le 
mariage  eût  été  fait  avant  que  l'époux  em- 
brafsât  ce  métier  ,  ou  après  qu'il  l'avoir  em- 
brafle.  Il  fuffifoit  dans  ce  dernier -cas  de  dir« 


(811)  Vide  iûfrà,  çhap,  5  ,  art,  4,  §.  j,   * 

qu'on 


&  cçmmi  Mùralijle*  "^ojf 

^u'on  avoit  cru  vaincre  cet  pbftacle ,  mais  que 
rexpériençe  en  trompbit  refpoir  &  rendoiti 
tous  les  efforts  inutiles;  Jamais  précepte  fans 
doute  ne  fut  plus  facile  à  éluder^  Auffi  uii 
grand  nombre  d'autres  rabbins  ;  perfuàdës 
qu'il  vaut  mieux  borner  une  faculté  pareille 
que  lui  laifler  line  extenfion  exagérée  ;  là 
réduifent  -  ils  auîc  maux  qui  fe  propagent  i 
comme  la  lèpre  &  les  ulcères  (8i2)i  Leur  dé-*^ 
cifion  n'eft  pas  H  mpins  conforme  aux  principes 
de  Moyfe.  En  permettant  le  divorce  aux  épouxi 
il  fembla  chercher  un  motif  de  plus  d'aflPermif 
la  foumif&on  des  époufes  par  la  crainte  d'unef 
répudiation  qui  ;  fans  être  fîétriflante ,  impri- 
moit  une  efpèce  de  honte ,  puifque  les  répudiée* 
font  aii  nombre  des  femmes  dont  l'union  avec 
un  prêtre  eft  interdite  (813).  Ceci  fe  prouve  ..casoàie 
encore  par  le^  deui^  moyerii  indiqués  polir  J^aroit^^ 
échapper  à  cette  décifîon.  Le  légiflateur  prive '^P***^*** 
répoiix  de  fa  faculté  du  divorce ,  fi  la  femme 
a  été  forcée  de  s'unir  à  lui ,  ou  s'il  l'a  fau0èment 
accufée  de  n'être  pas  vierge  à  l'inftant  de  foo. 


(8ii)  Mifna,  de  Dote,  Litterîfque  matnmoQiali- 
bUs,  chap.  7,  §.  10,  tom.  3,  pag.  8,2.  Selden,  Uxoc 
Hebraica,  liv.  3 ,  chap  17,  pag.  427^*  4x8. 

'^(813)  LévitiqueVchap.  ti,  v.j  &  14.  Ezéchiel ;{ 
chàp.  4/,  v,  22.  Vide  fuprà'  le  %.  ii  p.  28^^.  ., 

X 


f06      Mcy/èj  Cùnfidiri  commt  Legijlauuf 
Tiwhation  Rtariage  (814).  D'un  autre  côté ,  Moyfe  e(^ 
mcw^dTcê  ^^y^^^  ^  ^uc  compenfer  avec  juftice  ,  invite 
^•*^        Jts  Hébreux  à  ufer  rarement  du  droit  qu'il 
leur  accorde  ,  •  fur  -  tout  envers  la  première 
^KHife^  celle  que  Malachie  ndnune  l'époufe 
de  la  puberté  (8ij),  11  ne  falloir  pas  cepen- 
dant ,  fuivant  quelques  auteurs  ,  enchaîner  fa 
liberté  &  rendre  inutiles  en  elle  les  germes 
d'une  population  néceflaire  à  l'état.   Ainfî, 
partoit-on  pour  l'armée  ,   ajoutent  ces  écri- 
vains, on  laiffoit  à  fa  femme  des  lettres  de 
divorce  dont  elle  pouvoit  faire  ufage  fi  le  mari 
Quid,  fi  le  P^^  à  la  guerre  étoit  encore  captif  au  bout  de 
^'^^^°}^  trois  années  {%l6).  La  même  idée  politique, 
deux  époux  celle  de  la  néceffiré  d'une  population  nom- 


(814)  Selden,  Uxor  Hebraica,  liv.  3,  chap.  18, 
pag.  429. 

(815)  Uxorem  pubertatU  tua,  Malachîe  ,  chap.  21, 
v.  14.  Joël  dit,  en  parlant  de  Fépoux  à  l'égard  de  la 
frmme ,  vlrum  pubmads  tua ,  ch.  i ,  v.  8  ;  &  le  livre 
des  Proverbes ,  cli^.  11 ,  v.  17^  Ducem  pubertatis  tu  a. 

(816)  Entr'autres,  S.  Jérôme,  in Traditionibus  He-. 
braicis,  furie  premier  liv.  desRois»  chap.  17)  v.  18. 
Sanchez  a  combattu  fortement  1  cette  opinion  fur  le 
iif|îme  verfet  du  même  chapitre  du  ,jmême  livre* 
Voyez  Méirochius,  liv.  6,  chap.  16,  §.  2,  p.  603 , 
il  Sdden ,  Uxor  Hebraica,  liv.  3 ,  ch.  20  j,  p.  441 
&  442. 


breufe  ,  fit  accofdôr  aux  deux  ëpoux  une 
grande  liberté  de  répudiation ,  fi,  mariés  depuis 
dix  ans,  ils  âv^diônt  été  ftëriles*  H  étdWjuft* 
de  pouvoir  fompre  uii  Iteii  inutile  &  que  tous 
les  deux  ne  fupportaflent  pas  écerneUeoaenr  la  , 
peine  d'un  défaut  qu'un  féul  avoit  probable- 
ment reçu  de  la  nature.  S'il  y  avoit  un  avorte^ 
ment  ,  les  dix  années;  ne  commençoient  à 
compter  que  de  cette  époque  ,  &  le  tempy 
pafle  hors  de  laTerre-Sainte  ou  en  captivijDé  tf  y 
fiit  pas  compris.  Si  pourtant  la  femme  ainfil 
remariée  étoit-  encore  ftérile  dix  ans,  avec  \& 
fécond  époux  ,  elle  perdoic  la  liberté  de  fc  re^ 
marier  une  troifième  fois  (817). 


ri  .trir.  tfcM\  i^ 


(817)  Mlfi»  &  fes  cominentatetirà',  de  L^irohiiii 
ifi  fratrias  officiiS  ,  chip.  6,^  §:  d>  tom.  ^,  p.  a«   ' 
&  23f.  Le  mari  ^  en  la  rèptitltahr ,  ètok  ôbHgé  de  ; 
lui  payer  &  dot,  lie-on  dan»  la  Mifna ,.  fi  el)e  difoit  j 
Si   illà  dîxerit   caufam  proccdcre    ex  ipfo   eh  quhd  non 
tûiittït  urînam  Inftar  fagitta  ;    &  on  y   ajoute  qu'elle 
eft  frappée  d'anathême ,  s'il  eft  prouvé  qu'elle  a  ffaît- 
une  fauiTe  accufation.  Le  mari  ne  fut  exempt  de  payetf> 
les  avantages  matrimoniaux  qu'en  démontrant  que  la 
fièrilité  i\€  proyênoît  pats  de^  lui.  Ibidem,  pàg.  23, 


y*- 


^iJt      'Mûyfi^  conJûUrc  comme  tiffflàttut 

S.    V  I  L 

.    Xjoix  fur  la  dot  6*  fur  les  biens  (  dotaux  ou  nm  ) 
furvenus  pendant  le  mariage. 

u  maiï  '  Tandi$  que  les  peuples  modernes  de  TEu- 
feœml.  ^De  ^^pe  foumetteiit  les  femmes  à  apporter  une 
«cccc  dou  ^Q|.  ^  1^  plupart  des  peuples  anciens  Texigèreift 
du  mari*  Je  ne  Vôîs  guère  à  en  excepter  que  lejs 
Romains  (8ï8).  Les  Hébreux  achetèrent  leurs 
tépoufes  plutôt  quils  n*en  furent  achetés.  Ce 
xl'étcrit  pas  toujours  à  prix  d'argent.  Des  grains, 
des  troupeaux  j,  des  bijoux,  k  liberté  même  y 
foppléoieat  quelquefois.  Des  pendans  d'oreille 
&  des  bralTelets  d*otj  de  riches  habits,  des 
Vafes  précieux  j  \in  certain  nombre  de  cha^ 
meaux  font  la  dot  qu'Ifaac  offre  à  Rebec^ 
ca  {^19)^  La  femme  d'Ofée  lui  coûta  une 
mefùte  &c  demie  d'orge  au-deflus  de  la  valeur 
pécuniaire  Convenue  (810).  On  fait  de  quelle 
manière  étrange  Salil  voulut  que  David  lui 
payât  le  don  de  fa  fille  Michol  (821).  Jacob j^ 


*(8i8)  Voyez*  dans  le  Dîgefte*  )e  titre  d«  /uW 
dotalî. 

(819)  Genèfe,  chap.  14,  v.  10 -j}. 

(820)  Ofée ,  chap.  3  ,  V;  jr. 

(821)  l*ar  cent  prépuces  de  Philiftins.  Saul  ayant 
çS^n  en  mariage  i  David  fy  féconde  fille»  nommée 


&  CBmmi  Moralifle*  jof 

l^eu  favorifë  alors  par  la  fortune,  ne  trouvé 
d'autre  moyen  d  obtenir  Rachel  que  de  fervir 
gratuitement  le  père  par  un  efclavage  de  qua- 
torze ans  (  811  ).  Siçhem  défirant  être  uni  à 
Dina  une  des  filles  de  ce  patriarche ,  promet  dé 
donner  tout  ce  qu'on  exigera  de  lui,  fi  on  la 
lui  accorde  pour époufe  (815). 
'  Les  parens  de  la  jeune  époufe  lui  faifoient  ^^q^cdou. 
cependant  quelques  dons  légers,  pour  la  pa-  parms  de 


répoiifc. 


J/ltchol ,  celui  -  ci  la  Tefufoit  fotis  le  prétexte  qu'il; 
n'étoît  peint  affcz  riche.  Je  ne  vous  demande  d'autr^ 
dot  pour  elle,  dit  le  roi,  que  cent  prépuces  de  Phi- 
liftîns.  Saiil  le  prqpofoit,  parce  que  redoutant  David 
dè/à  connu  avantageufement  comme  guerrier  j  il  efpé- 
roit  le  faire  tomber  par-là  dans  des  mains  ennemies. 
Le  jeune  homme  aecepta^  la  condition- >  &  peu  de 
Jours  après  cyant  apporté  deux  cents  pré  pue  çs  au 
lieu  de  cent,  ii  époufa  Michol.  1  Reguw,  ch.  x&^ 
V,  23-27.  L'exemple  d'une  pareille  condition  pour 
un  mariage  fflfai;is  doute  unique  dans. les  annales  4u 
monde.  Quelque  peu  honnéie  qu'elle  paroiffe,  ne 
pourroiî-on  pas  en  diminuer -un  peu  rindéceuce-eu 
îa  rapportant  au, point,  de  \ue  de  la  cîrçQnçïfiôn^  que 
les  Philiftins  ne  recey oient  pas  ? 

(Bii)  Genèfe,  çh^p-  29,.  v.  iS  &  fuivans  ;.  mèm^. 
de  vingt- un ,  car  jl_  y  fut  cocpre  foumis  fept  a  nu, 
gprès  fou  mariage.  Ibidem  ^  y.  jo^ 

(8^3)  Genèfe,  chap.  34^Yv,ï3k 

V  j 


1 

n 


•j.ia  Moyfcy  conpdare  commi  ligijlatcur 
nire  jîRipttak  par  exemple,  ièlon  qu'ils  ^ient 
{iflus  ou  moins  riches  \  &:  fur- tout ,  ils  payoient 
ciceilkirement  les  frais  <le  la  conduite  !<i€  U 
^mme  chezfon  marv  I^  coutume  régloit  cett^ 
'  ^^penfe^^inquantezui^ms  d'argent  pour  ceux 
à  qui  -kur  ii^digence  1^  permettoit  qu  qu'un 
rang  élevé  ne  fotçoit  pa.s  'à  u^^  plus  grande 
^égémfiité  (^24).  Si  on  trouve  dans  nos  livres 
!  î^ts  (S;i5 J  des  4pns  p}iu$  confidérables  faits  au 

jeune  Tobie,  à  Tocçafion  de  fes  époufailles, 
par  Ragu^l  fon  oncle  &  fon  beau-père ,  qui 
lùixéda  une  pârde  de:fes"bien$  &  lui  en  promit 
Fautré ,  a:près  ik  mort ,  <feft  que  Sàâu  étoit 
fîle  ilïîîqtie  &  que  Tobie  étoit  le  parent  le 
plus  proche ,  &  par  conféquent  l'héritier  lé^- 

^tima     Les  biens  |>^r,ticulkr$  que  l'époufe  Jppor- 

nphcrnauz.  tolt  ^  dçkves  ^^pief Dedes  ymeubles ,  immeubles , 

4S6iefit  mentionnés- dahs  le  contrat  &r  deve- 

ftoîéôt  pour  elle  uri  péicule.  Ils  n'étoïerit  pas 

iâlptaux,  Giais  par^j^ri^aux.  Qh  les  appelle 

^824)  Selden,  Uxor  Hebraica,  lîv.  2,  ,chî^p.  10^ 
pag.  169  &  170.  Mifna,  Se  Dote",  Lîtterifque  ma- 
rrîmonialibus,  chap.^  ^  toii^.  3  i  jag.  77  ft  ^fe.' Vcyez 
ta  Cetoare  de  Jérufafem' ,  même  titre ,  fcA.  30  j  col.  4 , 
&  celle  de  Babylcmc,  fol.  '67.  *   '  ,; 

($25)  Tobie ,  clmp.  S,  ▼;  ^4^ 


^  comme  Mofali/Ie.  '5  i.t 

mdunià  (Sz<î).  Le  mari  cependant  ta  riépon- 
^oit-il  J  En  caurionnoit-U  fe  domm^g^  futur  î 
Alors,  ils  accroiflbient  ou  idioiinuoient  ea  fit 
faveur  ou  contre  lui ,  &  conf^voient  ààm 
tous  les  cas ,  à  Tiégard  de  la  fetome^  la  valeur 
qu'ils  avoient  eue  à  l'inilant  des  épousailles^ 
De  là  vint  la  déxiofflLination-de  bonuptcûrisfirrei. 
Xlle  prît  fa  fouroe  dans  une  ancienne  coutume 
des  HebreuX;.  On  confioit.,  pend^nit  quelque 
A^iù  ^s ,  (es  troupeaux  à  <ies  J>eiCgef  s  <^i  jeuèf- 
ic:-:  r:L  dr  kur  produit ,  mais  anffi  répoadoiem: 
jde  ia  perte ,  s^il  en  furvenoit.  Par  cet  iarran- 
gement ,  la  valeur  du  troupeau  ae  variant  pas 
pour  les  propriétaires  ,  on  le,  aomma  pei^ 
ferreum^  parce  que,  difok-oa,  ièmblable  $l% 
ks:  y  il  reôe  toujours  le  même  .ndàtÎTement  1 
fon  maître.  II  en  fut  ainfi  de  J  époux  qui  caw- 
donnoit'les  nukf^ia.Monr^-^il^vzmfzfwm^t 
fes  héritiers^  réparoient  le  dommage ,  s'il  y  en 
avoit.  Ils  remettoient  les  chofes  dans  l'étiat  014 
elles  étoient  à  Tépoque  du  mariage  (817)»^  L^ 


(S26)  Surenhufiuf ,  Prçfacc  ^u  tbib.  3  de  la  Mifna  ^ 
&  lut  le  Traité  de  Dote ,  Lîtterifque  nratrimoniali-f 
bus ,  mêttje  tome,  çhap*  '  ;  S-  ^  *  P^*  5^*  Wagen- 
feîlius  y  fur  celui  de  tTxore  adulteru  fufpefiâ^  cfa.  4^ 
t  T,  p.  ia^&  130. 


,  "^jflz      Moyfêi<onfidérc  comme  t^gijlateaf. 

p<wi^ito/.*autfes  biens  que  Tëpoufe  avoit  eus  dans  C<* 

^^f'^'f:     moment  j   ou  qui  lui  étoient  furvenus,  foit 

par  donation,  foit  par  hérédité,  n'imppfoient 

pas  la  même  obligation.  Comme  le  mari  n'^ca 

|ouiflbit  pas ,  il  ne  pouvoit  les  garantir,  Auffl 

les  appellpit-on  bona  depilationis  (8i8). 

pfa*tfott      On  exprime  par  cttuba  ceux  qui  formoient 

éaûx.  varcur  véritablement  la  dot,  c'eft-à-dire ,  que  don-r 

u£^-'  HQit  le  futur  époux  (8x9).  U  l«i  étoit  défendu 

d-être  une  heure  avec  fa  femme  fans  les  avoir 

conftitués ,  de  peur  qu'elle  ne  fut  méprifée  & 

fujette  à  la  répudiation.  OflFroit-il  moins  de 

deux  cents  deniers ,  fi  elle  étoit  vierge ,  &  do 

cent,  fi  ella  étoit  veuve  ï   On  la  regardoit 

comme  coupable  de  ftupre  ou  de  fornication. 

Il  pouveit  dôtfne^  une  fomme  plus  forte  ;  mais 

la  ftipulatîon  écrite  ne  s'élevoit  jamais  ajU-delà. 

La  dot  fut  cenfée  pareille  pour  toutes  les  Ifraé- 


|a  préfaçç  du  tpm.  y^  Selden,  diiS^Q  loçq,  pag.  35^1 
&  \66,    '     "  ,«  ^  -.   - 

(82&)  Gemare  de  Babylone ,  doDote,  Lîtteriftiu^ 
Matrinippialibiîs.,  chapitre  7 ,  foliQ  yS*  Mi^na ,  di6k> 
ioço,  &.dc  tJj^pjre  àdulfô^^^  pape  230  diji. 

inême  volume,  Çeldçn  ^  diâo  Içco,  pages  3ï>^  ^  jéo. 
Bçna.  ^epiloitîonis  diffa^unt^  dit  l'atiteur  de  1^  préface  • 
€uia  marims  non  fruebatur  fruflibus  ^  fcd^  ea  \tj^  depîlajbat 
&  arrodebat ,  ut  nihil  torum  relitjuum  ejfet. 

{82.9)  Vçye^  la  préface  du  tom.  j  de  la  Mifoa* 


&  comme  Moraiijle^  $i^ 

lites  ,  &  k  loi  voulut  établir  entre  elles  au 
moiiîs  une  apparence  d'égalité  (830), 

S'uniflbic-on  à  une  fiancée  dont  le  mari  fiit  d?  <|u:!.H 
mort ,  qu'on  eût  répudiée  ,  ou  qui ,  dans  le  cas  ZuUcn!  ^'^ 
de  la  lévitation  ,  eût  été  refufée  par  fon  beau- 
frère  ?  Deux  cents  deniers  étoient  auffi  exigés , 
pourvu  qu  elle  ne  fiit  pas  entrée  dans  le  lit 
nuptiaU  Si  on  Ty  avoir  conduite ,  cent  fuffi- 
foient,  quand  elle  n'y  auroit  pas  reçu  des 
preuves  de  la  tendrefle  de  fbn  époux  (831). 
S'uniflbit-on  à  une  aflranehie,  à  une  profé- 
lyre ,  à  une  captive  rachetée  !  On  fe  bornoît 
encore  à  cent ,  excepté  qu'elles  enflent  moins 
de  trois  ans  &  un  jour  ^  quand  elles  ont  adopté 
le  profélytifme  ou  acquis  leur  liberté  3  &  cela 
par  k  confidératïon  des  dangers  dont  on  fup- 
poloit  que  leur  virginité  avoit  été  environnée. 


(830)  t7t  omnium  aqna  Jît  conditw ,  nec  uîLi  m^gh  fe 
^uàm  allas  dotatam  fuljfi  jaélare  qiuat.  Wagenfeilius ,  fur 
!a  Mifna  j  de  Uxore  adokerii  fufpeétâ,  t.  3  ,  p.  250, 
chapitre  4,  §.  i.  Selden,  Uxor  Hebraka,  ïiv.  t^ 
chap.  9,  pag.  IJ9  &  fui  vantes.  Seulement  les  prêtres 
firent  doubler  la  dot  quand  il  s'aglffoit  d'ane  de  leurs 
filles.  SeldeOj  A\ù.o  loco^  p^g.  lôi^Mifiia&Gemare, 
%\î,  de  Dote,  LitterKque  matrimonialibus  ,  chap.  ï. 
y  oyez  la  Mifna  ,  ibid.  chap.  5  ^  g,  1 ,  p,  71. 

(831)  Mifna,  diâo  loco,  pag.  ^30, 


^  14  Moyfe ,  i^nfidiré  comme  Ixgijlateuf 
fur-tout  jdans  l'itat  d'efciavage  &  de  domefti* 
cité  (851). 
""  Oisandsc  Quoique  à.ffîjrée  à  l-inâant  du  mariage  »  la^ 
dotéS^^^^o^  netoit  exigible,  conuiaç  tous  les  préfei» 
«ujihie  ?  f]^(^  à.  cette  occafion  ,  qu  aprè^  la  mort  de 
l'ipoux  ou  après  le  divorce ,  &  la  femme  qiii 
«n  pourfuivoit  Tadjudicatian  ne  Ibbteaok  or^ 
dinairement  que  iur  les  fonds  de  la  valeur  la 
plus  modique.  Ondiftinguoit  cependant  le  cas 
de  la  viduité  de  celisi  de  la  répuifiatton.  Dans 
le  premier,  elle  î^roit  aupafaviim:  for  le  livre 
4e  Ja  loi  qu'elle  ne  s  ecoit  deo  app»3|)riée ,  & 
on  e^mo4t  ies  liabits  &r  éous  Tes  vétestnens  en 
lladuâioQ  des  doaationis  nuptiales*  Daus  le 
idc^nd ,  i^wmt  <:''eft  Touvragç ,  non  d'aine 
force  mafôure  &  irréfiôiWe,  mais  de  la  vo-^ 
lonté  £euk  xiu  mari^  on  n'exigiea  ni  eftima- 
tion ,  ni  ferment  (83 5). 


<8?2)  Mifiyi/^iflto  loco.  Seldei! ,  Uxor  Hebraica, 
livre  % ,  Qh9p..99  ^ag.  15-0  &  160. 

■(833)  SéWen,  îJxor  Mebraîca,  livre  3,  chap:  9, 
page  360  &  561.  Mifna  ,  tome  3  ,  diôis  locis^ 
page  57  &  130.  Si  un  mari  mouroît  JaiBant  pîufieurs 
femmes ,  les  -droits  de  la  première  étoîcnt  avant  ceux 
ée  la  féconde;  ceur  de  la  féconde  avant  ceux  de  la 
troifième  &c*  &c.  ;  mais  fi,  après  avoir  perdu  la 
première  «    il  eo  éppu^oit  une  4ôCOude  &  iço^iroit 


&  comme  Moralifle:  5 1  y 

Malgré  qna  la  dot  fut  exigible  fur  les  poffef-  q^îj  ,  ff 
fions  immobiliaires,  on  en  excepta  les  fonds  ^/J^p^^^^^^ 
acquis  depuis  la  mort  de  FépouXp  Ils  n'auraient  i^orés^ 
même  pu  être  employés  à  nourrir  la  fille  fur- 
vivant  à  fon  père.  Les  biens,  en  général, 
ëtoient-ils  accrus  ou  améliorés?  La  femme  ne 
pouvoit  en  profiter ,  eût-on  opéré  ce  change-^ 
ment  favorable  avec  Targent  du  mari  qu  elle 
venoit  de  perdre.  Elle  ne  profita  pas  davantage 
de  Tamélio ration  faite  aux  immeubles  de  ce 
même  mari  par  la  perfonne  qui  les  avoit  ache-  , 
tés  5  quoique  les  autres  débiteurs  puflTent ,  ejj 
général  ^  revendiquer  les  améliorations  &  tous 
les  changemens  utiles  (854).  On  la  favorifoit 
encore  moins  ,  fi  la  contrat  ne  renfermoit 
qu'une  ftipulation  pécuniaire  ,  puifque  la 
moindre  valeur  lui  étoir  auflî  réfervée.  Le  taux 
derargentj  par  exemple,  étoir -il  plus  fort 
dans  le  lieu  de  la  célébration  du  mariage  que 
dans  le  lieu  où  il  avoit  -été  rompu ,  foir  par  la 
mort,  foit  par  ledivorcÇ',  ceft  d après  celui-ci 
qu'on  fixoit  le  rembpnrlcmenr*  Si  pourtant  la 
quantité    monétaire  avoit  été   réglée  d'une 


I      enfulte ,  les  droits  de  la  feconde  ctoient  alors  avant 

c«ux  <k  la  première.  Ibidem  ,  pag.  91  &  çf. 
1        (*34')  Mil'oa,  diâis  locis,  psrg*  56,  57  &  250. 


^  i^      Màyje^  conjyièrè  commt  ttgiJUuià 

inanîëre  précife ,  on  ne  pouvoir  diminuer  Iç' 
nombre  des  fiçles  ou  des  ëçus  que  l'ade  dëter-s 
minoit.  C'étoit  alorj;  uiie  créance  immuable  ; 
une  forte  d'emprunt  qu'il  falloir  payer  fcrupu-. 
leufement,  comme  oii  Tavoit  çontradé  (835). 

Il  eft  évident  que ,  parmi  les  Hébreux ,  là 
dot,  loin  d'être  uii  de  ces  objets  favorables 
qu'un  bon  légiflateur  aime  à  protéger,  fut 
mife  au  nombre  de  ceux  qu'il  eft  eflentiel  dé 
reflerrer  dans  les  bornes  les  plus  étroites.  Voilà 
pourquoi ,  fl  un  Juif  malade  lè^e  par  écrit  un 
immeuble  à  fà  femme  &  qu'elle  accepte  lé 
legs  fans  réclamer  fa.  dot,  fon  lîlençe  eft  regarde 
comme  une  renonciation  exprefle  (85^)^  Voilà 
pourquoi  là  privation  en  «ft  fréquemment 
établie  contre  les  époufçs ,  comme  nous  le 
verrons  dans  la  fuite  de  cet  ouvrage, 
tas  où  la  Au  refte ,  il  eft  utile  d'obfèrver  que  là  louif^ 
de  la  dot  fance  de  la  dot  n'appartenôit  à  la  femme  que 


Soln'asTia  fi  fa,  répudiation  où  fa  Viduité  fûïvoient  le  ma-, 
riagé.  L'un  ou  l'autre  de  ces  accidens  furve- 
noit-îl  dans  l'intervalle  quelquefois  trësJonj 


(835)  Mifta,  dîaîs  Idcîft;  ■    • — 

(836)  Mifna,  de:  Aaguloi  tom.  i  ^  p..  4Sv  $r  ÇcpOH 
dant  le  mari  revient  de  fa . n^akidie,  çonunc)  .^0^%!^ 
legs  faits  deviennent  cadyçs  ^  1^  .fefnn^e  W*^  4^* 
fes  4roitS  ordinaires.  Ibidem  ,  pag.  49, 


'^  comme  MorAâfte:  jij^ 

Bés  fiançailles  ï  Cette  jouiflaace  appartenoit 
exclulîvement  à  fou  père  (837).  C'eft  que  dans 
le  fécond  cas  ,  l'autorité  paternelle  duroit 
encore ,  &  que  dans  le  jpremier  ^  elle  étoitî 
éxpirééi  v 

A  R  t  I  e  i  É   î  V. 

loixfir  les  Succeffions.        ^ 

^^  La  fucceffion  appartenoit  aux  enfans  mâles,  loî  g^ni-* 
À  leur  défaut  les  filles  en  jouiflbient  \  au  défaut  f^çcç^onlf 
des  filles ,  les  frères ,  tt  aii  défaut  dès  frères ,  les 
dncles  pâtefûeis.  N'y  avoit-îi  âueuii  de  ctt 
parensJ  Les  plus  pwches ,  après  eux,  héri- 
tôient.  Cette  loi  fut  préfcrite  iiltîolablement 
te  à  perpétuité  aUX  énfefiS  dlfrael  (838). 

Auparavant ,  le  père  difpofoît  de  fes  biens  k   comment 
fon  gré.  Sara  craignant  que  fôn  épôui  ne  les^^]^*'^^; 
partage   également  entre  Ifaat  &  ïfitiaël  ,^c. 
Texhortê  à  chafTer  Àgar  &:  fon  fils  (839)  5 
&  Ifaac  eut  feul  en  eflfet  tous  ceux  d'Abra- 


(837  )  Bartenorâ ,  ftir  la  Mîfnà ,  difto  loco,  tom.  3 , 
page  68 ,  de  Dote  $  Litterifque  matrimonialibiis , 
.<^p.  4 ,  §'  â. 

.1(838)  Nombres,  chap.  vj^^i  8-ii.; 

<8J9)  Genèf^,  chap,  ^t ,  v.  ïO, 


51  ^  Moyfij  cùnjidtri  comme  LégïjULtcur 
Bam  (84o),  Le  père  de  Jofeph  lui  donne ,  au-' 
deflfus  de  la  parc  laiffee  à  tous  Tes  enfahs  >  une 
portion  de  terre  conquife  fur  les  Arnorrhéens 
Ott  droit  de  fon  arc*&  de  Ton  épée  (841).  Cependant  il 
eft  vraifemblable  que  dès -lors  on  admettoit 
une  forte  de  droit  d'aîneflè.  La  vente  d'Efaii  à 
Jacob  le  fait  préfumer  (  842  ).  Ruben  le 
perdit  pour  s'être  rendu  coupable  d'un  cri- 
me (843).  Enwertu  de  ce  droit,  Jofeph  à  qui 
Dieu  Tavoit  accordé ,  depuis  que  fon  frère 
Tavoit  perdu,  établit  deux  tribus  dans  Ifraël, 
par  fes  deux  fils ,  Ephraïm  &  Manafle  (844). 
L'ainé  entre  deux  jumeaux  fut  celui  qui  fbrtoit 
le  premier  du  fein  de  la  mère.  Efaii  le  devint 
à  ce  titre  (  84J  ).  Chez  d'autres  peuples ,  cela 
même  l'auroit  rendu  le  puîné.  On  y  auroit  vu 
une  preuve  qu'il  avoit  été  conçu  le  dernier. 

La  loi  de  Moyfe  étabUt  le  droit  d'aîneffe 
d'une  manière  inébranlable.  «  Si.  un  homme  a 
deux  femmes,  dit  le  Deutéronome  (846),  dont 


(840)  Genèfe,  chap.  aç  ,  v.  5. 

(841)  Genèfe,  chap.  48,  v.  aa. 

(842)  Genèfe,  chap.  x6,  v.  29-3). 

(843  )  Genèfe ,  chapitre  49 ,  V.  3  &  4.  Voyez  le 
Deutéronome  y  chap.  17,  v.  13  ,  &  chap.  33 ,  v.  6. 

(844)  Voyez  I  Panriip.  chtfp.  ç ,  v.  1  &  fuivaiw» 

(845)  Genèfe,  chap.  lé,  v.  25. 

(846)  Chapitre  a^i,  v.  15  16  &  17, 


ù  comme  Moralîfie:  jrj 

îl  aime  Tune  &  haïfle  l'autre ,  qu*il  en  ait  des 
èrîfans  &  que  le  fîb  de  celle  qu'il  détefte  foit 
rainé ,  il  ne  pourra  lui  préférer  l'autre  dans  le 
partage  des.  biens  :  mais  le  fils  de  celle  qu'il 
n'aime  pas  aura  une  double  portion  dans  ce  * 

que  le  père  pofsède ,  parce  qu'il  eft  le  premier 
né  &  que  le  droit  d'aînefle  lui  eft  dû  >>.  L'hif- 
toire  fainte  repréfente  d'ailleurs  les  premiers 
nés  comme  les  enfans  de  Jéhova,  comme  ceux 
qui  lui  font  voués  &  dont  l'oflSrande  lui  eft  la^ 
plus  agréable  (847)-  Veut-on  faire  une  terrible  / 

imprécation  ?  On  menace  de  les  ravir  aux 
auteurs  de  leurs  jours,  pour  les  perdre  &  les 
exterminer. 

Le  pafiage  du  Deutéronome  que  nous  ve-     loîx  des 
nons  de  cit^r  accorde  à  l'ainé  une  portion  «n^f^cw 
double  fur  l'héritage  paternel.  Il  ne  l'obtint  JL!^^*'' 
pas  fur  cejui  dje  fa  mère.  On  ne  l'accorda  même 
que  fur  les  biens  poffédés  à  Tinftant  de  la  mortj 
4e  forte,  par  exemple,  que  comme  les  biens 
du  père  reftoient  à  l'aïeul  furvivant ,  quand 
celui-ci  mouroit  à  fon  tour ,  l'aine  n'avoit  plus 
la  feculté  de  réclamer  un  avantage  qu'il  auroit       • 
eu,  fi  la  fucceffion  eût  pafle  direûement  de 
fon  père  à  lui.  Pour  jouir  d«  cet  avantage,  il 
— m_      — '-    -       '  - I  •        ■  ■  •  ■  ■       -^  —  -i^ 

(847)  Exode ,  chap.  13  ,  v.  2.  Nomtre»,  çhap.  3,' 
Vil  13;  chap.  8,  V.  17,  Voyez  Jofué,  ch.  6,  v.  aà 


i^xo      Moyfit  conjidéré  comme  Lcgiflaitur 

ne  fuffifoit  point  d'être  le  premier  des  enfani;» 
qui  reftoient  \  il  falloit  iiéceflairement  avoir 
été  le  premier  hé  du  mariage  ;  encore  n'ea 
jouiflbit-on  pas  ;  fi  oii  étoit  pofthuine  (848). 
Point  de  droit  d'aînefle  pour  les  filles;  Succé- 
doient-elles  feules  J  Ori  partageoit  également. 
Etoient-elles  excliies  de  la  fucceffion  par  un 
bu  plufieurs  frères  \  On  leur  dpnnoit  des  ali- 
mens  fur  les  biens  paternels,  &:  ordinaire- 
ment ,  à  répoque  de  leur  mariage,  un  dixième 
de  l'hérédité  (849):   Si  les  epfans  cohéritiers 


(848)  Voyez  la  Gemare  de  Babylone ,  îiv.  3,  dô 
Damnis,  pag.  122,  125  &  142;  Selden,de  Succef"' 
fipnibus  in  bona  deiuaâorùm  ^  chap«  5,  pag.  47  & 
fuivantes ,  &  cHap.  7  ;  pag.  60  &  61  ;  Sepher  Siphri; 
fiir  le  Deutéronome ,  pag.  48 ,  col,  191  ;  la  Mifna  ; 
libro  citatd,  dé  Ejamhîs,  chapitre  4,  &  tdrhé  3,  de 
Primogeriitis  ;  chap.  8.  Voyez  aûffi  les  obfetvations 
de  Bartenorâ  fui-  lé  §.  9  de  ce  chapitre;  Il  éft  vrai- 
femblàble  ;  puifqÙQ  rainé  avoit  une  portion  doùbW 
dans  l'héritage  ;  qu'il  y  éntroit  aufli  pour  la  ihoitiô 
des  dettes,  fi  le  père  en  laiffoit.  Il  y  a  là-deffus  dif^' 
férent^s  opinions  qu'on  peut  lire  dans  la  Gemare  de 
Babyloiie,'  diftô  loco,  &  notamment  pag.  1:14. 

(849)  Gemare  de  Bâbylôné,  diào  Ibc'o,  &  de 
Dote,  Litterifque  matrimonicilîbùs  ;  chàp.  6  5  pag.  68; 
Mifna, diftislocis. Sepher  Siphri,  diéloloco,  col.  100. 
Selden,  ibidem,  chapitre  8,  pag.  62  &  63;  chap.  9; 
im|.  65-68  j  cha|>.  10 ;  pâj.  75'  &  74; 

étôiérif 


èf  comme  Moràlijie^  \^t 

iltoîent  ou  tous  majeurs  ou  tous  mineurs,  iU 
pofledoient  pax  indivis  :  mais  on  divifoic  les 
propriétés ,  fi  les  uns  étoient  encore  mineurs 
&  que  les  autres  fuflent  déjà  parvenus  à  \% 
majorité  (8jo}.  Les  eunuques  &  les  herma- 
phrodites eurent  quelques  droits  à  la  fucceP- 
£on  ,  quoique  leur  part  fût  bien  diflfêrente  dé 
celle  de  leurs  frères ,  &  les  bâtards  héritèrent 
comme  les  enfans  légitiihes ,  pourvu  qu'ils 
Ji'euflent  pas  pour  ùière  une  fervante  ou  une 
idolâtre  (S ji). 

Non-feulement  les  mâles  fuccédoient  à  rexclu- 
ïon  des  filles, mais  encore  toute  leur  poftérité  5 
<ie  même  que  les  filles  ,&  toute  leur  poftérité 
fuccédoient  à  Texclufion  des  frères.  La  règlç 
générale  veut  que  tout  être  préféré  dans  une 
fucceffion  tranfmette  à  fa,  race  ce  privilège,  à 
TeKclufion  de  ceux  qui  n'y  arriveroient  que 
par  le  défaut  du  premier.  Cependant ,  fi  une 
^ère ,   après  avoir  eu  un  fils ,  fon  héritier 


(850)  Mifna,  diâis  locis,  &  Selden,  chapitre  gi 
pag.  64  &  65. 

(8f  i)  Tous  ces  objets  &  cçux  qui  font  renferméis 
dans  les  {^ges  fuivante$ ,  ont  été  traités  avec  beau* 
coup  d'étendue  par  Seiden  dans  l'ouvrage  cité. Voyez, 
pour  cette  note  en  particulier ,  le  chap.  3  ,  pag.  x^ 
&  fuLvantes^  &  le  chap.  xi,  pag»  75  &  fuivantes^ 

■...  X    "• 


\^i%  Moyfij  conjidcfé  comme  Légijlateur 
naturel ,  lui  furvic  &  que  celui-ci  meure  fart%, 
poftérité ,  quand  elle  meurt  à  fon  tour ,  Théri- 
tage  rîe  va  point  aux  parens  paternels  (  &  la 
4^ie  du  fils  ne  les  leur  a  point  acquis  ) ,  mais 
-aux  parens.  du  côt^  du  père  de  la  mère.  Ils  en 
jouiflent  pareillement ,  fi  elle  meurt  fans  pofté- 
rite  i  mais  (î  le  fils  furvit ,  quelque  court  qu'en 
foit  Tefpace ,  quelque  âge  qu'il  ait ,  il  fuccède 
*■&  tranfporte  alors  fes  biens  à  ks  héritiers.  Ces 
"biens  font  ou  dotaux  ou  parajphemaux.  Les 
derniers  appartiennent  à  tous  fes  érifans  mâles , 
de  quelque  mariage  qu'ils  foient  illus  ;  les  pre- 
jmiers  ,  qui  ne  font  que  la  dot  de  cent  ou  de 
deux  cents  iUzims  j[8yi)^  aux  mâles  feuls  prrf- 
venus  du  mari  qui  l'a  donnée, 
toîx  des  Tels  font  les  principes  géhéraux  des  fucceC- 
«ï^^ffvwr  ^^^^  ^^  faveur  des  defcendans.  S'il  n'y  ea 
des  afc'en-  avoit  aucuu ,  eîles  appârtenoient  au  père ,  ou: 

dans  &  des  j^      .  .  '  ^^  /■ 

ioiiâtéraujc.  a  l'aïeul  s'il  ne  rêftôit  pas  même  des  enfan» 
dit  père.  Celui-ci  mouroit-il  auparavant  &:  \9 
fils  ne  laiflToit-il  pas  de  poftéfité  ï  comme  1er 
premier  avoit;  pour,  ainfi  dire,  continué  do 
vivre  dans  la  perfonne  du  fécond,  les  héritier» 
naturels  du  père ,  fes  frères ,  leurs  enfans ,  fég 
fœurs  fuccédoient,  pourvu  que  ce  fuflent  des 
propres.  S'agiftbit^il  de  biens  adventices  î  16 

j[85z)Vide  fuprà ,  ch.  4 ,  art.  3 ,  §.  7 ,  p.  313 &  314; 


^' comme  Moratijteé  \^\ 

|Afô  fitccëdoit  à  fon  fils  s'il  lui  furvivoit  \  mais 
nefurViyoit*il  pas  5  la  race  entière  fuccédoit, 
ou  par  têtes ,  ou  par  fouches  ^  fuivant  le  droit 
peribnnël  ou  le  droit  de  repréfentation  que 
chacun  en  particulier  pouvoir  exercer.  La  mère  Effets  «kfa 
&:  la  parente 'maternelle  xiefuccedoiént  pas*^^,^"'^- 
Le  père  même  n*avoit  plus  cet  avantage ,  dani  ^*>p"**"- 
le  cas  de  la  leviration  (853  ) . ,  Le  droit  d  aig^fla 
&  d'hérédité  ïe  tranfportoit  alors  d  une  partie 
de  la  fainîllé  a  l'autre  5  &  le  premier  ne  du  fé- 
cond mafiàge  ^  du  mariage  coiitradé  avec  la 
Veuve / Irécévdit  comme  fils,  comme  feul  & 
véritable  lilritier,  les  biens  d*un  oncle  mort 
fans  poftérité  (8j^)  Cecfi  refîemble  un  peu  à 
radoptioil ,  ufage  dont  on  trouve  quelques 
traces  dans  l'Ecriture  ;  comme  lorfque  Ja- 
Cob  (SjJ)  place  au  rang  de  Sinvéon  &  Àk, 


,  (853)  Vide  fqprà,  chap*  5  ,  art.  3  *  §.  4»  pag-  aSP^ 
Sous  renyo)çons  encore,  pour  les  détails,  à  Selden, 
de  Suçceflîonibus  .ad  leges  HebraeorUm  in  bona  de^^ 
fanflorum,  &  notamment  chap.  12,  pag.  81  &  fui*.. 
vantes  )  &  chap.  14,  pag.  93  &  ftrivantcS.  ' 

(854)  Voyez  le  Deutéron* ,  chàp*  1$  ,  v.  Ç  &  6* 

(855)  G.enèfe ,  chapitre  4Ô,  v.  5.  On  a  voulu  et! 
trouver  auffi  un  exemple  dans  le  livre  d*£(iher  f 
chap.  ïi  ,  V.  7;  mais  Une  maUvâife  exprefflon  d# 
la  Viilgace  efl:  la  fourcç  de  Terreur.  Mardochausi  dif« 
irïle,  €am  adoptavit  injUiam.  Le  tôxtene  dit  que  accepi^ 

~         Xi 


314  ^-Moyje  ^  confidéré  comme  Ligijlateur 
Riiben,  Manaflfé  &  Ephraïm  que  Jofeph  avoiiî 
eus  en  Egypte. 
i<Mxfutic$  De  même  que  les  cnfans  fuccédoient  à  la 
^n\\xipXti.  mère  veuve  ou  en  fa  puiflance,  de  même  le 
mari  fuccédoit  à  fon  époufe  &  tranfportoit  à 
fes  propres  héritiers  cette  fucceffion  confondue 
avec  fon  patrimoine.  Ce  fut  apparemment  une 
forte  de  dédommagement  ou  de  compenfation 
pour  les  devoirs  qu'impofoit  le  titre  d'époux. 
Us  étoient  au  nombre  de  dix ,  dont  trois  font 
écrits  dans  le  Pentateuque  &  fêpt  ne  font 
fondés  que  fur  la  jurifprudence.  Accorder  à  fa 
femme  i®  la  nourriture  ;  i®  le  vêtement  ;  3®  le 
devoir  conjugal  (8y  6)  ;  4°  la  dot  ;  j^  des  ixiéde-» 
cins  fî  elle  eft  malades  6°  la  fépulture,  fi  elle 
meurt  ;  7®  la  racheter,  fi  elle  efl  captive  ;  8°  la 
nourrir ,  pendant  fa  viduité ,  des  biens  que 
j^ôlfédoit  le  nuri ,  &  la  garder  dans  la  maifon 
qu'il  habitoit  ;  9^  foutenir,  aux  dépens  de^ 
mêmes  biens,  les  filles  qu'elle  a  eues  de  lui^ 
tant  qu'elles  ne  font  pas  mariées  5  10^  enfin 
donner  aux  enfans  mâles  leur  portion  de  la 


(856)  Exode,  chap,  zi,  v.  10.  Camem^  operlmen» 
mm  &  habitatîonem ,  dit  le  texte ,  ou  bien ,  félon  les 
interprètes  du  Paraphrafie  Qialdéen  ,  du  Texte  Sa- 
maritain &  de  la  Verfion  Syriaque  ^  nutrjmentum ,  w- 
dumentum,  accubitum^  Vide  fuprà  »  p.  246,  la  note  690, 


&  comme  Mora!îJ!e,  3  zf 

Bot ,  outre  les  avantages  qu'ils  ont  droit  de 
prétendre  avec  tous  leurs  autres  frères ,  concime 
cohéritiers  (8^7)-  Qoelques-uns  de  cm  devoirs 
etoient  des  charges  pour  la  fucceffion  \  &:  vrai- 
femblablement ,  ce  fut  encore  par  une  corn- 
penfation  néeeffaire  qu  on  régla  que  tous  les 
biens  acquis  par  la  femme  avant  ou  depuis  fon 
mariage ,  foit  par  hérédité  >  foit  par  dona- 
tion ,  foit  par  indu  ft rie  ^  appartiendroiènt  à 
répoux  (8y 8).  On  Uii  permit  même  de  reven- 
diquer les  fonds  aliénés ,  fans  en  reftituer  le 
prix  à  Tacheteur ,  fi  ce  n'eft  que  l'argent  reftât 
encore  en  nature  î  revendication  qui  n'eut  lieu 
cependant  qu'envers  les  habitans  de  la  même 
ville  :  autrement  3  on  fuppafoit  que  l'acheteur 
•a voit  été  dans  une  ignorance  de  bonne  foi ,  & 
la  vente  alors  étoit  ferme  &  valable  (8^9)-- 


(8^7)  Sdden  ,  difto  3oco  ,  chap.  2,  pag^,  13  »  ne 
parle  que  des  fix  derniers.  Il  parle  des  dix  ,  Uxor 
Hebraica ,  liv,  3,  chap,  4,  pag,  33  y  &:  fuîvantes*. 
Voyez  Leidekker ,  de  Repiiblicâ  HebraBonim ,  liv.  6,. 
chap.  8  ,  pag^  190  5  &  les  diiférens  commentateurs. 
(  (858)  Uxor  Hebraica  5   difto  loco,   pag.   3.38    6c 

I  .  3.39.  Mlfna  ,  liv,  3.,  de  Damnis,  tom,  4  ^  chap,  8^ 
I  Cooftantitî  Lempereur  ,  de  Legibus  Forcnfibus  He* 
l      hr^eoruTîi,  codex  primas,  chap.  8,  §,  4,  page  ^09, 

I        '{^y9\  Wagenlaliusj  fur  k  Mifua,  de  Uxore  adul*^ 


1 


j  %6  Moyfe  ^  çoi^dcrc  comme  Li^iflateuf 
ï^eut-etre  auflî  rëgla-t-on  l'avantage  accordé  k 
répoux  furvivant ,  fiir  ce  que  la  femme  étoit 
peu  capable  de  pofleder.  Le  droit  ne  fut  point 
mutuel ,  &  quoique  le  mari  fuccédât  à  fon 
ëpoufe  ,  elle  ne  lui  fuccédoit  point ,  comme 
elle  ne  fuccédoit  pas  à  fes  cnfans  quoiqu'ils 
jFuflènt  fes  héritiers  légitimes  (86o)*  La  Bible 
ofFire  deux  exemples  d'une  fucceffion  con- 
jugale \  celui  d'Eléazar  fils  d'Aaron ,  qui  pof- 
fédoit ,  fur  la  montagne  d'Ephraïm ,,  une 
colline  dans  laquelle  fes  enfans  l'enfevelirent , 
&  celui  de  Jaïr  fils  de  Ségub ,  qui  pofleda 
vingt-trois  villes  dans  la  terre  de  Galaad(86i), 
ïl  eft  vraifemblable  que  ce  dernier  en  devint 
propriétaire  à  ce  titre  {%6i)  \  Ôc  pQur  Eléazar  ^ 

m******tt    >■■  wi»'  «HT*»  »l—    MWii  ■«!  wn  Piipi»»   ■«■■■■■  m   I  » » Ji      ■mil  — 

terii  furpeiftâ,  chapitre  4,  §.  i,  tom.  3,  pag.  250. 
Voyez  le  livre  de  Damnis,  &  Conftantin  Lempe- 
TWir,  diélîs  locts,  Fien  entendu  qtfil  n'y  avoit  pas 
eu  de  répudiation  >  car  a/ors  Tépoufe  âujoit  eu  le 
droit  de  reprçijKJlre  tous  les  biens  ap^prtès  ou  acquis^ 
:  (86a)  Seldeit &  Mifnp ,  dîâiis  locis.  Cônfkintin  Lem- 
P<rreur,  diôo  loco,  chapitre  5,  §.4,  pag.  11%. 

(861)  Jofué»  dtap.  44,  V.  33.  I  Paralîpomènes ; 
chap.  3,  V.  ai.  Voyez  Selden,  de  Succeffionibus ad 
bona  defiinâorum,  cHap.  18  ,  p.  ïi8  &  119.  Voyeï 
tuffi,  pour  ce  qui  précède,  le  chap.  17,  pag.  112  & 
fuivan^es^ 

(86*)  Yoyçt,  dam  la  Getnare  de  Babylone»  le 


-    &X0mme  Moratijlirl  -  ^F^ 

îl  eft  encore  plus  difficile  de  le  penfer  autre-^ 
ment,  puifqu'il  étoit  exclus  des.  fucceffiont 
par  fa  naiflance  dans  la  famille  facerdotale^^ 
Jaïr  avoit  époufé  une  femme  d*une  autre  tribu 
que  la  fienne  ,  ce  qui  a  donné  lieu  d'examiner 
Il  deux  perfonnes  d'une  tribu  différente  pou- 
voient  mutuellement  fe  {uccéder.  Le  livre  des 
Nombres  paroît  le  nier  (8^3)  :  mais  les  doc- 
teurs ont  prétendu  qu'il  n'en  faut  appliquer  le^ 
précepte  qu'au  temps  ou  on  venoît  de  partager 
la  Terre  promife ,  &  non  pas  aux  Cèdes  qui 
l'ont  fuivi» 

La  fuçceffion  des  citoyens  appartenott  quel-     toh  àts 
quefois  au  fifc*  Il  s'en  emparoit,  fi  on  s'étoit  en7a^^^a» 
rendu  coupable  d'un  crime  d'état  pu  de  lèfe-/^*^' 
majefté.  Les  biens  des  habitans  d'une  villef 
entière  abandonnée  à  l'idolâtrie  devenoient  I3. 


livre  3  de  Dafnnîs,fol.  m,.  &  les  différentes  opi- 
nions qui  y  font  expofées.  Voyer  auffi  le  r^biiK 
Saloraon  Jarchi  ,  le  rabbin  Lévi  ^,  ben  Gêrfom  ^ 
les  autres  comment'ateurs  fur  le  dernier  verfet  du* 
éernier  chapitre  de  Jofué ,  &  Sepher  Siphri,  fur  të 
Jivre  des  Nombres^  page  23 ,  cpl.  9a. 

(863)  Nombres,  diap.  36 ,  v.  7.  Voyez  Tes  comi» 
mentateiirs  fur  ce  chapitre,  &  Drufiusfur  lechap.  39  V 
îes  deux  Gemares  ,  libro  citato ,  &  Selden  ,  ài&oif 
toca,  pag«  l'iQ  Sl  fuivamsâu. 

X4  ._ 


<jiS  Moyfe^  cônjîdéré  comme  Legtjtatcvf 
proie  des  flammes  (8^4)  ;  mais  on  les  accordoîc 
^ùx  héritiers ,  fi  un  feul  Ifraélite  renonçoit  au 
Culte  de  Jéhova  poui  fe  vouer  à  celui  des  idoles. 
La  confifcation  avoit  encore  lieu  pour  plu- 
sieurs cas  dont  il  fera  queftion  dans  le  chapitre 
Det  bien»  des  loix  Criminelles.  Les  biens  du  profélyte  de  . 
le  prof^yVc.  fuftice  qui  mouroit  fans  enfans  nés  depuis  qu*il 
WdXm  ^^^^^  adopté  les  préceptes  de  Moyfe ,  n'appar- 
tenoient  pas  au  fifc ,  mais  au  premiçr  occu- 
pant (865).  Quoique  le  caradère  de  ce  nouvel 
initié,  en  le  laiflant  prefque  fans  parens ,  en 
lui  ôtant  du  moins  ceux  que  lui  avoiént  don- 
nés la  nature,  enlevât  fa  fucceffion  à  la  famille 
qu'il  avoit  eue  jufqu'alors ,  il  conferva  néan- 
moins pour  fuccéder  une  grande  fupériorité 
fur  tous  les  autres  que  les  Hébreux*  Se  trouvoit- 
il  appelle  à  partager  avec  un  Gentil  Théritage 
de  fonpère<jentilJ  II  pouvoit,  en  abandon- 
nant à  fon  cohéritier  ce  qui  tenoitàTidolatrie, 
fe  réferver  tout  Targent  &  tous  les  fruits  ,  de 
peur ,  difent  les  rabbins  {%66)  qui  effaient  de 

m  ■  I  I  II  I    I  ■  I  I  II 

(864)  Deutéronome  ;  chap*  13,  v.  12  &  fuivans. 
Selden ,  A&o  loco ,  chap  25 ,  &  praecîpuèp.  177  &  178. 

(86$)  Maimonide  cité  par  Selden,  page  188.  Le 
labbin  Saiomon  Jarchi  &  les  autres  Talinndîfies»  fur 
le  chapitre  5  du  livre  cité  de  la  Geraare  de  Babylone* 

(866)  Mifiuiy  1. 1  a  de  Re  dubiâ>  cb. 6,  §.  xo»  p.  xoi^ 


5  comme  MoraRfle»  "j  îf 

l^roiwer  que  cette  loi  n'eft  pas  injufte,  de  peur 
qu'il  ne  fôt  tenté  de  redevenir  Gentil  par  Fat- 
trait  de  k  liicceffion  de  fon  père. 

J'ai  parle  des  bâtards  (867}.  La  loi  eft  infini-  L«y tarai 
ment  fevere  envers  ceux  qui  ont  reçu  le  jourvcs  ruccé- 
d'une  étrangère  ou  d'une,  idolâtre.  Dévoués  à'=^****^'^^'  ' 
Tanathême  (8^8) ,  ils  n'eurent  aucun  droit  à 
rhéritage  de  leurs  parens.  Jephté  fut  chafTé 
par  fes  frères  de  la  maifon  paternelle  &  exclus 
de  la  fuccefOon ,  parce  qu'il  étoit  le  fruit  d'une 
union  illégitime  (869).  Quant  auxefclaves,  ils 
ferranfmirent,  comme  les  autres  objets  de  la 
fuccefGon ,  pourvu  qu^ils  ne  fuflènt  pas  Ifraé* 
lites  ;  ils  ne  paflbient,  alors,  qu^anx  enfans 
jmâles  de  la  perfonne  expirée  (870).  Un  maître 
put  laifler  tous  fes  biens  ^  à  en  croire  la  tradi- 
tion mofaïque  conlîgnée  dans  la  Mifna  (871}, 
&  il  n*eft  pas  douteux  que  la  liberté  ne  fut 
comprife  dans  cette  donation  générale  ^^au  lieu 
qu'elle  ne  le  fîit  pas  dans  la  donation  d'un  feul 
Immeuble.  On  a  demandé,  fi  elle  feroit  acquife 

^-  _ 

(&67)  Vide  fupràj  chap.  4,  art.  i ,  pag.  %i\  &  %ii^ 

(868)  Deutéronomc,  chap.  13,  v.  6. 

(869)  Juges,  chap.  ii,  v.  2  &  5, 

(870)  Vide  fuprà,  chap-  4^  an*  i,  p.  100, 

(871)  De  Aogulo,  tom.  ï,  ch.  3,  §.  8,  pag,  4^ 


fédacion* 


1^  A  Moyfi  9  conjulerc  comme  Legïjlateur 
dans  le  cas  où  le  maître  laiflèroit  tout  à  Tet* 
çlave,  excepté  telle  ou  telle  portion  qu'il  dë- 
figne  formellement.  Quelques  doâ:.eurs  penfent 
que  non  :  mais  d'autres  Taffurent ,  &  leur 
opinion  eft  aufli  Conforme  à  la  raifon  qu'à 
rhumanité. 
D^i'fxh  •-  On  ne  fe  contenta  point  d'établir  ainfi  l'ordre 
des  fucceffions  ;  on  défendit  dé  le  violer.  Le 
père  même  irrité  contre  fes  enfans  ou  ayant  à 
fe  plaindre  de  leur  conduite,  n'eut  pas  le  droit 
de  les  en  punir  en  leur  enlevant  un  patrimoine 
que  leur  tranfmettoit  la  nature.  Vainement  il 
inlticuoit  un  autre  héritier  ;  vainement  encore,, 
il  prononçoit  où  il  écrivoit  :  "  que  mon  fils  foit 
déshérité  ».  Sa  volonté  du  moins  ne  produifit 
quelque  effet  que  fi ,  en  privant  un  des  héri- 
tiers légitimes,  illaiflbit  aux  autres  la  portion 
de  celui-ci  (Syz).  Mais,  fi  rinftitution  étoît 
défëfidi^ ,  dans  le  fens  que  nous  venons  de. 
l'-exprimer,  la  donation  fut  permife;  ce  qui 


(871)  Voyez  ks  commentateurs  fur  le  chap.  2,7  di». 
livre  des  Nombres  ;  Maimonide ,  Morç  Nevochim  , 
dhap.  42 ,  part.  5  ;  la  Mifna  &  la  Gemare  de  Baby- 
lone,  livre  3  ,  de  Damnis,  chapitre  8;  Selden,  diôcr 
loco ,  chap.  24 ,  pag.  16 1  &  fui  vantes.  Vous  y  trou- 
verez de*  ^tails  très-étendu^  &  quelques  Itères  mo- 
difications à  la  règle  générale  que  cous  avons  état>)k# 


&  comme  Moralifiei  J31' 

-offrpit  un  moyen  évident  de  fe  jouer  de  la  loi, 
jpuifqu'une  telle  aliénation  ne  diflFiroit  que  par 
le  mot  d'une  exhérédation  ordinaire.  Nean-? 
moins ,  &  par  une  nouvelle  bizarrerie ,  fi  un 
père  donne  à  un  de  fes  enfans ,  la  donation 
n*a  d'autre  eflfet  que  de  le  rendre  propriétairq 
de  fa  portion  &  curateur  ou  adminiflrateur  de  ' 
celle  de  fes  frères  (873). 

Les  donations  à  caufe  de  mort  étoient  nulles ,.  ne»? <î©n«- 

lions  àcauTo 

Ç\  elles  étoient  univerfelles  ;  mais-  valides  ,  fi  ae  mon. 
le  malade  fe  réfervoit  une  partie  de  fes  biens. 
Dans  le  fécond  cas ,  on  penfoit ,  puifqu'il  s'étoit 
réfervé  quelque  chofe ,  qu'il  n'a  voit  pas  perdjo. 
l'efpoir  de  revenir  à  la  fanté ,  &  que  fon  àoxx 
avoit  été  précédé  par  une  réflexion  férieufe  &C 
volontaire;  au  lieu  que,  dans  le  preroâ^er ,  oa 
craignoit  que  le  défefpoir  ou  la  terreur  de  la 
mort  n'eût  infpiré  au  donateur  une  fi  grande 
libéralité  (874). 

Nous  ne  finirons  pas  cet  article  fans  peUfiic- 
examiner  quel  fut  Tordre  des  fucceflîons  au^^%*"^ 
trône ,  &  fi  on  connut  pour  la  royauté  le  pri-'^'j"  JÏ^'ÎJ 
yilège  attaché  à  rantériorité  de  la  naiffance.  <**aîncirci 


(873)  Bartenora ,  (ur  rendroît  cité  de  la  Mifna  , 
§.5.  Selden,  dîôo  loco,  pag.  164  &  165. 

(871^)  Voyez  la  Mifna,  tom.  i,de  Angulo,  dvj,' 
i  7  r  pag-  48. 


fjt  MoyfcytônJidérécommtLegiJlatcuf'i 
David ,  à  qui  un  grand  nombre  de  femttiei 
&  de  concubines  donnèrent  beaucoup  d'en- 
fens  (S/y) ,  ayant  perdu  le  plus  âgé  de  fes  fils 
qui  mourut  vidime  d'un  ipcefte  (876) ,  Abfa- 
lom,  que  cette  mort  rendoit  l'aine ,  n'oublia 
rien  pour  acquérir  Taffêdion  du  peuple.  Levé 
dès  l'aurore,  il  fe  tieat  à  l'entrée  du  palais, 
appelle  ceux  qui  viennent  demander  juftice  à 
fon  père  ,  &  leur  dit  :  «  Votre  droit  me  paroît 
certain  ;  mais  perfonne  n'a  ordre  de  vous  en* 
tendre.  Oh!  qui  m'établira  juge  fur  Ifraël, 
afin  qu'on  ait  recours  à  moi  &  que  je  prononce 
fuivant  l'équité  ».  Il  met  tout  en  ufage  pour  être 
aimé  des  fujets  de  David ,  &  ofe ,  peu  de  temps 
après ,  fe  faire  proclamer  roi  lui-même  (877)* 
La  fortune  ne  féconde  pas  fes  projets.  Vaincu 
par  David ,  fugitif,  fufpendu  à  un  chêne ,  on 
£ait  prefque  un  crime  à  un  foldat  de  l'avoir 
épargné.  Il  auroit  eu,  lui  dit  fon  général, 
pour  prix  d'un  tel  forfait ,  dix  ficles  d'argent 
&  un  baudrier  (878).  Quelle  idée  c'eft  avoir  de 
la  vie  des  hommes  &  de  l'aflaflînat! 

»  !■  >  I  II  I  I  I       ■      I     •  I  I  I    '  ■       I  II  ■  ■     — — 

(875)  a  Regum,  chap.  3.,  v.  2  &  fiiivans,  ch.  ^^ 
Hr.  1J-16.  I  Paralipotnènes ,  chap.  3,  v.  i  &  fuiv^ 
'  (876)  z  Regum,  chap.  13  &  14: 

(877)  2  Regum ,  chap.  rç ,  v.  2-1J. 

(878)  2  Regum ,  chap.  rô ,  r.  6- 11.  On  fe  rapipelle 
que  dix  ficles  d'argent  formoient  à-peu-près  vîngt-cinqj 
^e  nos  livres  aâuelle& 


&  comme  Moraiyie:  j^  J 

Cela  ne  prouve- 1- il  point  que  fi  Thé- 
TÎtier    du    trône    étoit    ordinairement    pris 
parmi    les   enfans    du   monarque ,    fi   Tainé 
avoit  droit  à  quelque  préférence ,  néanmoins 
Tien   ne  la  lui   aCTuroit  ,    puifque   Abfalom 
cherchoit  à  conquérir  le  fceptre  par  fa  vigi- 
lance &  par  fes  armes.  Pourfuivons.  Ce  prince 
ayant  été  lâchement  aflaffiné  ^  Adonias  devenu 
l'ainé  par  cette  mort  afpire  à  la  royauté  (Sy?), 
Bethfabée  ,  un  des  objets  de  l'adultère  de  Da?* 
VÎd  (880)  &  mère  de  Salomon^  rappelle  au 
monarque  la  promefle  qu'il  lui  a  faite  que  ce 
£ls  leroit  fon  fuccefleur.  Elle  le  plaint  des  entre- 
prifes  d' Adonias  ,   &  veut   que  tout  Ifraël 
attende  avec  impatience  que  le  monarque  in- 
dique celui  qu'il  deûine  à  gouverner  Tempire* 
David  prononce  de  nouveau  en  faveur  de  Sa- 
lomon  5  &  au(ïi-tôt  il  le  fait  facrer  &  afleoir 
près  de  lui  fur  le  trône  en  préfence  de  tous  fes 
fujets    qui  font  retentir  Tair  de  leurs  cris  de 
joie  &  du  fon  des  inftrumens{88i).  Ici  le  roi 

(879)  3  Regum ,  chap.  i ,  v.  5-10, 

(8«o)  1  Regum,  chap.  11 ,  v.  3  &  4. 

(8S1)  3  Regum,  chap.  i  ,  v.  17-40.  Roboam  qui 
fuccéda  à  Salomon ,  n'avoit  pas  de  frères  ;  ainfi  fon 
ecemple  ne  prouve  rien  ;  mais ,  ce  qui  eft  une  preuve 
fcîçn  forte,  ce  font  fes  foins  pour  aflurer  le  trône j 


n 


^  f6      Moyfif  cotifiâiri  comme  Ligîjlateuf 
d'adopter  cette  opinion  (88  j)  :  mais  les  motî& 
pour  la  combattre  font  fans  force  &  fans  vé« 
rite.  Le  plus  capable  de  féduire  eft  que  Salo- 
mon ,  Joas  &  Joachas  furent  oints ,  quoique 
d'une  tige  royale  :  mais  d'abord ,  on  ne  peut 
nier  que  les  deux  premiers  n'euflent  des  con* 
currens,  &  alors,  nous  nous  trouvons  dans  le 
cas  indiîjué.  Pour  Joachas ,  il  n'eft  pas  vrai , 
comme  le  dit  Bafnàge ,  qu'il  n'en  eût  aucun, 
.Jofias  avoit  laiffé  plufîeurs  fils,  &  celui  dont 
nous  parlons  n'étoit  pas  l'ainé.  Le  roi  mourant 
n'en  ayant  ciéfigné  aucun  pour  lui  fuccéder , 
celui-ci  fembloit  avoir  |es  plus  grands  droits 
au  trône \  &  cependant  on  voulut  len  ex« 
çlare.  D*un  autre  côté  >  la  Judée  étoit  alors 
devenue  vaflTale  &  tributaire  de  l'Egypte  par 
une  viâoire  de  Néchos,  &  les  Juifs  honteux, 
irrités  de  leur  défaite ,  fe  hâtèrent  d'élire  un 
roi  pour  n'en  pas  recevoir  un  des  Egyptiens , 
&  un  roi  qui  ne  fît  pas  hommage  du  fceptre 
au  vainqueur.  On  fent  que ,  dans  une  pareille 
circonftance ,  l'onélion  étoit  indifpenfable. 
i    Joachas ,  conformément  aux  vœux  de  fon 
peuple ,  étant  monté  fur  le  trône ,  fans  en 

(88$)  Livre  premier  de  l'Hifloire  des  Juifs ,  ch.  i  j  ; 

inftruir^ 


€^  comme  Moralijie.  *    ^         y^j^ 

inftruire  le  roi  d'Egypte  &  reconnoître  fa  fuze- 
raineté ,  Néchos  furieux  le  mande  en  Syrie  où 
il  étoit  alors ,  l'y  fait  diarger  de  chaînes ,  &: 
l'envoie  dans  une  prifon  où  il  ne  furvécut  pas 
long-temps  à  fon  efclavage.   Néchos  donne 
cnfuite  le  gouvernement  de  l'empire  à  Joakim 
ou  Eliacim  ,  un  des  aines  de  ce  Joachas  > 
nommé  auffi  Sellum  par  l'Ecriture  (886) ,  mais 
le  fécond  feulement  des  quatre  frères ,  Johanaa 
ou  Jéchonias  étant  le  premier  (887).  Obfervons 
que  les  defcendans  de  celui-ci  furent  enfuite 
placés  à  la  tête  de  la  nation  dans  la  perfonne 
de  Zorobabel  fon  petit-fils  (888). 


(886)  4  Regum i  chap.  23  ,  v.  ^i,  33  &  34.  2  Pa- 
ralipooiènes  ,  chapitre  36 ,  v.  a  &  /uivans.  Joachas 

'  n'avoit  que  23  ans  quand  il  commença  fon  r^ne  qui 
ne  fut  que  de  trois  mois,  &  Joakim  en  avoit  15. 
4  Regum,  diôo  loco,  v.  31  &  36. 

(887)  I  Paralipomènes ,  chap.  3  ,  v.  15. 

(888)  I  Efdras ,  ch.  2  &  fuiv.  Voyez  S.  Matthieu; 
chap.  I,  y.  II  &  12. 


X 


1^5*      ldoyfe\<onfidcré  comme  Ugïjlatiut 

CHAPITRE    V. 

loix    Criminelles  s. 

J^ES  loix  criminelles  des  Juifs  font  les  moins 
connues.  Celles  de  cepeuple  fur  le  mariage,  fur 
les  fucceffions,  fur  les  cérémonies  religieufes  &c. 
ont  fixé  l'attention  particulière  &  les  recherches 
de  plufieurs  écrivains  5  &  il  n'en  eft  aucun  qui 
ait  examiné  &  tracé  avec  quelque  étendue  la 
partie  de  leur  légiflation  qui  fixe  le  fort  des 
coupables.  Effayons  de  réparer  c«  filence. 

Je  ne  iUivrai  pas  d'autre  divifiori  que  celle 
du  Décalogue.  Lès  fentes  qu'il  profcrit  at- 
taquent l'homme  ou  la  divinité:  nous  parcour- 
rons ces  diverfes  oflfenfes.  Mais  auparavant, 
donnons  une  idée  générale  de  la  jurifprudence 
criminelle  des  Hébreux,  deleurinfiruâtionÔC 
de  leurs  fupplices. 

Article    Premieiu 

Dt  i*inJtrulHon  criminelle. 

Bîcnspro-     MoYSE  ne  fit  jamaîs  aux  Hébreux  que  des 
fih  aux  ob-  menaces  temporelles.  Jamais  il  ne  leur  annonça 

iTcrvdiCcurs  * 

4s  u  ici.     expreffément  une  vie  future  &  des  çourmens 
éternels.  Ce  fîit  par  des  craintes  qui  fe  réalif^ 


&^  eomme  Moratifiel  IfJJI 

iroîent  pendant  leur  vie,  qu'il  chercha,  en  les  ef^ 
frayaat,  aies  ramener  aux  principes  des  mœurs 
&^  de  la  f  àgefle ,  comme  c^eft  en  leur  promettant 
des  biens  qui  frappoient  leurs  fens  qu'il  les  excite 
à  remplir  les  devoirs  de  la  religion  &  de  la 
vertu.  Celui  qui  remplira  ces  devoirs  aura  de 
riches  moiflbn^  &  une  poftérité  nombreufe, 
Sts  adkions  feront  bénies  ;  fes  ennemis  fuiront 
de  fa  préfence  ou  tomberont  fcus  fes  coups. 
Leurs  biens  feront  en  fon  pouvoir;  il  s'endchira 
de  leurs  dépouilles ,  &  les  Ifraélites  feront  les 
premiers  des  peuples  en  gloire  &  en  puiffanee 
s'ils  obfervent  les  commandehiens  de  Jého- 
va  (889).  Mais  s'ils  font  fourds  à  la  voix  de    MaaxaA*; 
Dieu ,  leur  poftérité  fera  maudite  \  ils  le  feront  ^cux%a\^ 
dans  toutes  feurs  adions  5  la  fièvre,  la  pefte,  v»®^"^iS 
la  famine,  le  froid,  les  chaleurs  brûlantes, 
mille  autres  fljéaux  deftrudeurs  précipiteront 
fur  eux.  la  vengeance  célefte ,  les  pourfuivront 
jufqu'au  trép^,  &  leurs  cadavres  ferviront  de 
pâture  aux  oifeaux  &  aux  bêtes  féroces  (8^)  i 
ou  bien,  couverts  d'ulcères,  en  proie  aux  ma- 
ladies les  plus  honteufes ,  frappés  d'aveugle- 
ment ,  de  démence ,  de  fureur ,  flétris  par  la 

1^— —  !■■  i_p;  I  ■        I  «m         ■     I     I    II     iii.ii.i  I   |M    I 

(889)  Deutéronome ,  chap.  zg ,  v.  i  - 14. 

(890)  Deutéronome  9  €bap.  28,  v.  15 -26. 


54^  Moyfe  ^  cmjidéré  comme  Ugïjlateur 
calomnie ,  opprimés  par  la  violence ,  ils  épou- 
seront une  femme  &  elle  fera  adultère  \  ils 
iîâtiront  une  maifon  &  un  autre  l'habitera;  ils 
planteront  une  vigne  &  ils  n'en  recueilleront 
pas  les  fruits.  Leurs  filles  &  leurs  fils  feront 
'Captifs  &  efclaves  des  idolâtres.  Us  le  devien- 
dront eux-mêmes.  Accablés  par  la  faim ,  la 
foif  &  la  nudité ,  ils  fentiront  un  joug  de  fer 
j'appefantir  Ikr  eux.  Une  nation  étrangère 
viendra  des  extrémités,  du  monde  leur  faire 
fentir  fon  pouvoir.  Elle  fera  fans  pitié  pour 
les  enfans  &  pour  les  vieillards  (891).  Us  feront 
réduits  à  manger  ceux  auxquels  ils  auront 
donné  fe  jour ,  &  dans  les  tranfports  féroces 
que  le  befoia  enfantera,  le  frère  les  difputera 
a  fon  frère ,  &  la  femme  à  fon  mari  (892). 
Difperfés  dans  toutes  les  parties  de  la  terre , 
ils  ne  trouveront  ni  le  repos  du  corps  ,  ni 
la  tranquillité  de  Tame.  Dévorés  de  frayeur, 
leur  vie  fera  commue  en  fufpens  devant  eux.  Le 
foir  &  le  matin ,  ils  trembleront  de  ne  pas 
revoir  le  coucher  du  foleil  &  l'aurore.  On  les 
ramènera  par  mer  en  Egypte ,  &  les  habi- 
tans  de  cette  contrée  ne  daigneront  pas  même 

(%i)  Peutéronofflc,  chap.  28,  v.  27-50. 
(^2)  Deutéronome ,  chap*  z8,  v.  Ji-56. 


&  comme  Morarijle^  f^f 

leur  donner  dei  chaînes  &  en  feire  leurs  ef- 
cla^ves  {$9}). 

Ce  n'eft  pas  que  la  fagefle  divine  eût  borné    ïif  mit 
à  ces  menacés  éloignées  la  punition  des  fautes  ^mcm^u^ 
ordinaires  qui  troubloient  Fordre  public  &  les  o^'^^uj^ 
droits  de  la  fociété.  Leur  châtiment  iut  inva-^«t"ncs5 
riablement  réglé  par  Moyfe;  Les  peines  étoienr^ 
afflidives  ou  pécuniaires.  En  général ,  oh  net 
pouvoit  fubir  chacune  d'elles  pour  le  même- 
crime  ,  &  payer  à  la  fois  de  fa  tête  &r  de  fesi 
biens  ;  mais  il  n*eft  pas  fans  exempté  que  ^   -       r 
j>our  les  préceptes  négatifs ,  fi  on  avoit  joint  uct 
avertiffement  formel  au  précepte,  onxm  cu- 
mulât le  fouet  Se  le  retrânchèittent  (894):; 
L'aveu  du  coupable  ne  fufiifôit  pas  pour  le  con=^  L^àvctr  &> 
damner  ,^  -&  ît  enlipêch0k<|u'oa  n'accrût  fifi^SaJ"*^ 
peine.  Ainfî ,  avouoit-on  qu'ott  ^6k  pris  nd 
meuble,  un  animal  &c. l  oaétQit-tfimi.de.l& 


(895)  Dfeutéronome  ,  cE.  2?,  v.  64-68.  Voyer 
fans  le  chapitre .  des  îôir  morales  y.  pluîSeurs  aun-es 
es  ces  promèffes  &  de  ces  menaces  qui  toutes  font 
encore  temporelles  &  ne  font  allnfion.  qu'aux  trou» 
peaux  &  à  ragriculture. 

(8^94)  Mifoa,,de  Dote^Lrtterifquematrimonialibus^ 
lom.  j ,  ciiap.  3 ,  ^  1  &  a ,,  pag,  64  &  65*  Le  fouei^ 
&  Je  retrj^nchemçnt  éîoient  toujours,  uçljs  ,  fuivant 
Maiinoaide.  Ihidest». 


^42-       Moyfe  j  confidere  comme  Ugiflateur 

reftituer ,  mais  non  d'ajouter  le  double ,  \é 

triple ,  le  quadruple  de  la  valeur  au  prix  é&  hu 

:râmâîs  un  reftitution  (89 j).  Obfervons  encore  qu'on  ne 

î^^^^t  pouvoit  pas  davantage  rendre  un  citoyen  ga- 

^iw  autt^'*  rant  de  la  faute  d'un  autre.  Le  père  même  ne 

1  etoit  pas  de  fon  fils.  Qu'on  ne  le  faffe  point 

mourir  pour  fes  enfens ,  dit  le  Deutérono- 

me  (89^) ,  ni  les  enfans  pour  leur  père  s  mais 

que  chacun  périfle  pour  fon  péché  ,  &  qu'on 

ëvite  ei;i  punifljant  la  fouveraine  rigueur. 

De  rem-     Dès  qu'uu  homme  étoit  foupçonné  ou  ac- 

Slmdêrac^^  dun  forfait,  on  s*afluroit  de  lui  par 

«ïi^         l'emprifonnement.   L'écriture  en  offre  plu- 

lieurs  exemples ,  &  entr*autres  celui  de  l'If- 

'        :  raélite  lapidé  pour  avoir  ramafïe  du  bois  le 

;  _     jour  du  fabbat ,  &  celui  du  iîls  d'un  Egyptien 

lapidé  auflîpour  avoir  été  blafpbémateur  (897), 


(895)  Mifna,  fbîttem ,  §.  9,  page  67. 
-  (896)  DeutéroflOme  y  chap.  14 ,  v.  i6.  Cela  eft 
confirmé  dans  le  quatrième  livre  des  Rois ,  ch.  14 , 
V.  6;  dans  le  fécond  des  Paralipomènes^  chap.  2j, 
y,  4,  &  dans  Eîécbiel,  chap.  18,  v.  zo.  Voyez,  fur 
la  concilîatîbn  du  paffage  d'Eïéchicl ,  avec  un  paffage 
de  TExode  qu'on  a  prétendu  le  contredire  ^les  lettres 
Ôe  qudques  Juifs  portugais  &  allemands,  par  M.  Tabbé 
Guénêe,  page  344. 

(897)  Lévîtique,  chapitre  14,  v*   10  &  fuivans. 
Nombres^  çhap,  15,  v.  3a -j6. 


if  comme  Moféirifie:  '^^ 

jL'ttn  &  Tautre  font  enfermés  en  attendaac 
qu'on  prononce  fur  eux.  inùtm^ 

On  procédoit  enfuite  à  l'information ,  &  les  tîon.  i>«t  ' 
tëntoins  étoient  entendus.  Un  feul  ne  fuffifoît  ûKapabiet 
pas  ;  on  en  dgmandoit  deux  ou  trois  (898).  Les  j^, 
ufuriers  ,  ceux^qui  vendoiem  les  fruit*  de  la 
feptième  année  ,  ceux  qui  jouoient  aux  jeux 
de  hafard ,  les  femmes ,  les  efclaves ,  ceux  qui 
formoient  les  colombes  à  voles  &  les  animaux 
à  combattre  >  les  impubères ,  les^  nfeafés,  le* 
aveugles  y  les  lourds  ,  les  iiïipies ,  les  gens 
infâmes ,  les  étrangers ,  les  parens  ne  pott^ 
voient  rêtre(899)r  On  y  admit  cependant  les 
fix  premiers  dans  quelques  circonftanc^s  lé- 

(898)  Nombres',  chap,  35,  v.  3a.  Deutéronome , 
chap.  ^jyY.  6  ^  &L  chap.  19 ,  v,  15.  Cela  a  lieu  dans 
%.  cas  métne  ob  TEcrinire  nç  s'exprime  qu^au  fing«- 
lier,  teftîs^  comme  au  chap.  5  des  Nombres,  v.  13. 
Voyez  la  Mifna  ^  de  Uxore  adult.  fufpeâà,  tom,  3, 
chap.  I,  §[.  I ,  pag.  179. 

(899)  Mifna,  de  Principfo  anni,  tom.  %f  chap.  r;. 
Ç  8 ,  pag.  322  &  323  ;  de  Uxore  adulterii  fufpeffîi, 
4om.  3  ^  chap;  6 ,  §;  i:,  pag.  251 ,  8r  de  Synedrifi^,  ' 
tom.  4^  pag,  22^.  Uexcluflon  de  Taveugle  fondée  fur 
le  viderit  du  Lévitique ,  chapitre  ç  ,  v.  i  ;  celle  de 
+'impie,  fur  le  prenlier  verfet  du  chap.  23  de  TExode; 
celle  deff  efclaves ,  fur  le  mot  de  vos  frlrcs^  Dèutéron^ 
chap*  19,  V.  19  &A  &c.  &c,. 

Y4. 


^544      Moyfty  conjidéré  comme  Ugijlateur 
-  gères  ,    comme  pour  affurer  la   mort  d'un 
ëpoux  afin  que  fa  veuve  fe  remiarie ,  pour  at- 
téfter  qu'une  femme   accufée  d'adultère  eft 
fouillée  &:  la  difpenfer  par  -  là  de  boire-les 
eaux  amères ,  &  dans  tous  les  cas  que  les 
dodeuTS  Juifs  (900)  ont  défendus ,  fans  qu'ils 
l'euflènt  jamais  été  par  la  loi. 
Motifs  de^     Cette  admiffion  eft  d'autant  plus  jufte  que 
des  femmes,,  tous  ne  lout  pas  tormellement  exclus  par  nos 
&d/séuao-  livres  facrés.  Ainfi  la  pfofcription  de  la  femme 
««*•  eft  établie  fur  la  bafe  peu  folide  que  le  Deuté- 

-ronoitie  fe  fert  du  mafculin ,  en  parlant  des 
deux  témoins  (  901  )•  Celle  des  efclaves  eft 
mieux  fondée.  Le  mot  frère  dont  fe  fert  l'Ecri- 
ture ne  tombe  que  fur  des  hommes  libres;  elle 
veut  d'ailleurs  que  le  témoin  foit  d'une  con- 
dition pareille  à  l'accufé  (902.).  Celle  des  étran- 
gers l'eft  encore  mieux.  En  eflfet,  puifqu'on 
en  priva  des  efclaves  qui  du  moins  partici- 
poient  à  la  plupart  des  devoirs  pieux  de  leurs 
maîtres  &  étoient  foumis  à  l'accompliflement 
de  quelques-uns  des  préceptes ,  à  plus  forte 
railbn  les  étrangers  avec  lefquels  on  n'avoit 


I     (900)  Mifna ,  à\ùo  loco ,  tom  2,  pag.  322.  Voyez, 
à  la  tête  du  tom.  3  ^  Isé  préface  de  Surenhuilus. 

(901)  Deutéronorae,  cbap.  17,  v.  6. 

(902)  Deutéronome ,  chap.  19,  v.  ijw 


"■  ^  comme  Moralijîe^  j  4/  ^ 

tien  de  commun  pour  les  proprie'tés ,  pour  le 
culte  &c. ,  furent  -  i)s  privés  de  cet  avan- 
tage (903). 

On  fera  probablement  étonné  de^  trouver    Motif*  de 
dan$  cette  prolcnption  les  vendeurs  des  rruits  du  vendeur 
de  la  feptième  année.  C'eft  que  le  légiflateur  f^^f^Jfè^ 
permit  feulement  de  s*en  nourrir.  Ceux'  que  ^^^^* 
J 'avarice  engageoit  ainfi  à  violer  la  loi  laiflbient 
craindre  ^  avec  raifon ,  fuivant  Pobfervation 
du,  rabbin  Salomon  Jarchi  (504),  qu'ils  ne 
fuflent  féduits  par  l'argent  qu'on  leur  don- 
îieroit  pour  rendre  un  faux  témoignage.  Mais 
tquand  lès  Juifs  eurent  des  rois  &  des  tributs 
Unnuels  à  leur  payer,  ils  purent  vendre  ces 
fruits  pour  acquitter  l'impofition ,  fans  deve- 
nir,  pou  r  cela ,  i  ncapables  de  témoigner  (90  j  )  ^ 
fur  le  fondement  qu'ils  ne  vendoient  plus  vo- 
lontairement &  pour  eux-mêmes ,  mais  pour 
tin  autre  &  par  néceflîté. 

Il  y  a ,  fur  cette  matière ,  dans  k  jurifpru-      piurieurf 
<lence  des  Hébreux,  beaucoup  d'autres  difpo-  ^^^J^  ^** 

■.  '    '   ■/ 

(903)  Wagenfeilius  fur  la  Mifna,  de  Uxore  adulteriî 

fufpeââ,  tom.  3,  çhap.  6^  §.  2,  pag.  252,  in  fine. 

(904)  Voyez  là  Mifna ,  de  Principio  aniii,  tom;  2  f 

chap.  I,  §.8,  pag.  322.     .  '     ;  > 

,    (905)  Houtingius  ^  fur  {a  Mifna,  deWidCÎploanni» 
tom.  2 ,  chap.  i ,  §.  8,  pag.  323.  ::    *  '^ 


^4^     Moyfcj  eonjid^c  comme  Ugîjlateur 
litions  très-reiûarquables.  L'homme  coupable 
d'un  crime  qui  mérite  le  fouet  ou  le  retrandie- 
ment  eft  indigne  d'être  témoin,  tant  qu'il  n'a 
pas  été  puni  ;  mais  s'il  Ta  été ,  il  rentre  dans 
fon  premier  état.  A-t-on  reçu  de  l'argent  pour 
témoigner}   On  en  devient  incapable  ;  ixiais 
on  en  reprend  le  droit  en  faifant  pénitence  fut 
cette  faute  &:  en  reftituant  la  fomme  qu'on  à 
eu  la  foibleife  de  recevoir  (  906  ).  Le  témoi- 
gnage eft,  fans  valeur  fî  ceux  qui  le  portent  ne 
font  pas  d'accord  far  le  même  fait  dans  toutes 
Tes  parties.  Ainû  >  pour  l'abandon  du  culte  de 
jéhova ,  un  témoin  aflure-t-il  avoir  vu  un  It 
raélite  adorer  le  foleil ,  &  l'autre,  l'avoir  vu 
adorer  la  lune  î  Quoique  les  deux  faits  prou- 
vent également  l'idolâtrie  &  qu'elle  foit  ua 
crime  horrible ,  la  preuve  eft  incomplette  & 
l'accufé  abfous  (907).  A-t-on  dépofé  contre  la 
vérité  ?  Si  on  en  eft  convaincu ,  on  fouflte  le 
châtiment  que  l'accufé  auroit  fubi  s'il  eût  été 
condamné  d'après  ce  témoignage  (908).  C'étoit 
.  1     ■  ■    ■ ** 

(906)  Houtingius  diâo  loco.  Sclden  de  Syncdriis;;^ 
iom.  %  i  lîv,  2  ,  chap.  13 ,  §.  6 ,  pag.  334. 

(907)  Voyez  Maimonide  >  de  Synedriis ,  chap.  ad 
&  fuivans  ;  Selden  de  Syhedriîs ,  tom.  2 ,  liv.  %  ^ 
<:hap.  13,  §.  10,  pag.  349- 

(908)  Voyez  Josèphc,  Antiquités  Judaïques ,  1.  4» 
Iphap.  8 ,  pag.  122^ 


'&  comme  Mùrafi/ie:  '547 

fine  foite  de  talion  ,  genre  de  fupplice  que  lés 
Juifs  admirent  dans  toute  fon  étendue  (909)^ 
Ajoutons  qu*on  put  être  à  la  fois  juge  &  té- 
moin (91c),  &  que  ceux  qui  témoignoient 
ëtoient  ordinairement  les  bourreaux  des  cou- 
pables (911)  ;  caria  profeffion  de  ces  derniers 
xi'ëtoit ,   chez  les  Juifs  y   ni  une  profeffiocr 

—  ■    ■  .  ■      I       ■  ,    I  ■  .,1       ■!,  ,  iirw 

(909)  Œil  pour  œil ,  dent  pour  dent^  main  pour 
xnain^  pied  pour  pied  ^  plaie  pour  plaie ,  difent  les 
ve^fets  24  &  25  du  rhafijtrr  21  de  TExode.  Voyez 
le  Lévitique,  chap.  24,  v.  19  S  20^  â*^k..Peuté- 
ronome,  chap.  19,  v.  21.  On  en  voit  un  exemple 
frappant  dans  le  commencement  du  livre  des  Juges  » 
chap.  r ,  V.  1-7.  Les  Hébreux  ayant  combattu  un 
roi  ennemi,  Adonibefec ,  en  triomphent  «  &  ils^lui  font 
couper  les  extrémités  des  mains  &  des  pieds,  fupplice 
que  ce  prince  aVoit  fait  fubir  lui-même  à  foixante-dix 
rois  qui  mangeoient  fous  fa  table  les  refies  de  ce 
qu'on  lui  fervoit.  Les  hnx  accufateurs  de  Suzanne 
fubirent  au^Ie  talion,  Daniel,  chapitre  13?  verfctôi 
&  62. 

(910)  Maîmonide  &  Bartenora^  fur  la  Mifna  ,  de 
Anno  feptimo,  chap.  10,  §.4,  tom.  i ,  pag.  196. 

,  (911)  Le  Deutéronome ,  chap.  17 ,  v.  ç ,  ordonne 
que ,  pour  h  lapidation ,  la  première  pierre  foit  jettée 
par  les  témoins.  La  Mifna  l'établit  dans  tous  les 
genres  de  mort,  de  Synedriis,  chap.  6.  Voyez  Selden, 
de  Synedriis ,  tome  a,  livre  2  ,  ch^itre  13  ,  §.  3  , 
Fge  330- 


114^  Moyfcy  conjidéré  comme  iségijlatear 
particulière,  ni  une  profeflîon  infâme  (912). 
DeTînter-*  Uinterrogatoire  fuivoit  Tinformation.  Les 
nm^^itè  juges,  par  un  abus  coupable,  ne  s'y  permet- 
32tJ  ^^^'  toient  point  de  tendre  des  pièges  ou  d'irifpirer 
de  la  crainte  à  Taccufé  ,  ufage  indécent  &r 
féroce  qui  s*eft  malheureufèment  établi  chez 
là  plupart  des  nations  modernes.  On  voit  deè 
xnagiftrats  indignes  de  ce  nom,  chargés  du  fort 
d'un  de  leurs  concitoyens ,  fembler  d'abord  le 
jregarder  comme  criminel  &  chercher  avec  une 
attention  iriquiette ,  lés  preuves  de  fon  forfait 
plutôt  que  celles  de  fon  innocence.  Vous  n'êtes 
quefoupçonné,  ils  vous  fuppofent  convaincu  j"" 
ou ,  par  une  cruelle  adrefle ,  ils  feignent  de 
-préfenter  un  moyen  d'alléger  la  faute  com- 
mife ,  pour  arracher  votre  aveu  par  Tefpoir 
d'tine  punition  moins  févère.  Les  magiftrats 
hébreux  fe  permirent  feulement  d'effrayer 
quelqueftiis  les  témoins  par  des  menaces  qui 
feroient  accomplies,  s'ils  trahiflbient  la  vé- 
rité (913).  Gn  les  invitoit ,  ainfi  quel'accufa- 


(9^^)  Quand  ce  n^étoîent  pais  les  témoins ,  c'ètoîr 
ordinairement  un  des  domefliques  du  roi  bu  un  fpldat. 
Voyez  2  Regum,  chap,  4 ,  v.  12  ;  3  Regum,  ch.  11 ,. 
V.  2»  &  alibL  ' 

(913)  Voyez,  dans  le  tome  4  de  la  Mifna,  le 
traité  de  Synedrife,  chap.  4,  &  dans  le  tome  J»  te 


&  comme  MoraFifte»  34^ 

■\  -        .  • 

leur ,  à  penfer  que  le  fàng  qu'ils  aUoient  faire 
répandre ,  ne  cefleroit  de  crier  contre  eux ,  s'il 
étoit  répandu  injuftement,  &  on  leur  citoit 
l'exemple  de  Caïn  &  d'Abel  (914)-  Les  expret 
fions  employées  envers  l'accufé,  refpiroient 
4'aiIIeurs  prefque  toujours  l'humanité  &  une 
forte  de  bienveillance  (91  j).  Les  juges  fe  fou- 
venoient  que  ce  malheureux  étoit  un  de  leur^ 
femblables ,  &  qu'il  pouvoit  être  innocent. 

Cette  idée  touchante  les  animoit  fur-tout  au    J«gein«it 
moment  d'une  condamnation  capitale.  On  ne  crimfuX* 
fauroit  trop  louer  la  fagefle  des  m.agiftrats  hé-  ^^f"^ 
breux  dans  ce  moment  redoutable.  On  les  voit  "*<'"• 
pénétrés  de  cette  grande  maxime  infpirée  éga- 
lement par  la  raifon  &  par  la  nature ,  que  U 
fociété  ne  doit  pas  fouflFrir  qu'on  Jui  arrache 
légèrement  les  citoyens  qui  la  compofent  & 
dont  elle  eft  la protedrice.  L'inftrudion  finie, 
&:  toutes  les  pièces  du  procès  lues  attentive- 
ment, ils  rendoient  leur  décifîonj  mais  elle 


traité  de  Uxore  adulterii  fufpeaâ ,  chap.  1 ,  §.4  ; 
pages  185  &  186. 

(914)  Maimonide,  de  Synedriis ,  chap.  12  &  13  ; 
&  Selden,  ibidem,  tom.  2,  liv.  2,  chap.  13,  §.  3, 
page  328. 

{915)  Voyez-en  un  exemple  pour  les  accufée^ 
d^adultère  dans  le  tome  3  de  la  Mifna ,  diâo  ieco.  • 


f  j(J  Mcyfcy  conjtdirc  comme  Ugîflateuf 
n'ëtoit  point  encore  irrévocable.  Rentrés  danl 
Tenceinte  de  leur  mailbn ,  où  on  leur  com- 
mandoit  de  s'abftenir  du  vin  &  de  manger 
ibbrement  (916),  aflenablés  là  deux  à  deux, 
ils  recommençoient  en  particulier  l'examen  du 
crime ,  &  mûriflbient.par  la  communication 
plus  étendue  de  leurs  lumières,  &  par  les 
réflexions  d'un  jour  entier ,  rimpreffioh  qu'ils 
avoient  reçue.  Revenus  enfuite  fur  leur  tribu- 
nal ,  ils  approuvoient  ou  réformoient  leur 
première  fentence.  Tous  cependant  n'avoient 
pas  également  la  faculté  de  changer  d'opinion. 
Celui' qui,  la  veille,  opinoit  contre  l'accufé , 
pouvoit  le  lendemain  lui  être  favorable ,  mais 
fi  on  ia.voit  penfé  hier  qu'il  falloit  l'abfbudre , 
on  ne  pouvoit  plus  le  condamner  aujour- 
d'hui {917) y  différence  (âge,  que  je  regarde 


(916)  Même  de  ne  pas  manger  du  tout.  On  fe 
fondoit  fur  le  verfet  19  du  Lévitique,  chapitre  26  : 
Non  comeditis ,  dit-il ,  fupcr  fanguînem.  Le  texte  fama- 
ritain  eu  conforme  au  texte  bébreii  ainfi  que  le  par 
rapbraâe  chaldéen.  La  Vulgate  plus  conforme  à  la 
verfion*  arabe  dit  :  çum  fanguine.  Quant  aux  Sep- 
tante ,  ils  traduifent  :  M«  ffTflfV)  tmv  ofso»»,  non  comc^^ 
^dtds  fuper  montes» 

(917)  Le  nombre  des  voix  pour  condamner  devoit 
excéder  de  deux  celui  pour  abfoudre.  Ainfi,  dans  le 
petit  Sanhédrin ,  ou  celui  des  vingt^trois^  qui  étoit 


4&  comme  MoraRltcl  .  iS^ 

lîômme  un  bienfait  de  la  loi  envers  rhumanité. 

Pourfuivons ,  &  nous  verrons  éclater  de  nou-     ifenreU 
veau  la  fageflè  &  la  fenfibilité  profonde  du  d'huSïïhé*, 
lëgiflàteur.  Le  jugement  eft  porté.  Le  criminel  »^«i*^ 
$*avance  lentement  vers  l'échafaud  où  il  trou-^ 
vera  la  mort  &  Tinfamie.  Tourmentée  par  une 
inquiète  curiofîté ,  la  populace  attendrie  Ten- 
toure  &  cherche  à  lire  fur  fon  front  fon  repenr» 
tïr  &  Tes  remords.  Deux  magiftrats  font  auprès 
de  lui ,  chargés  d'entendre  ce  qu*il  auroit  à 
dire  pour  fa  défenfe  &  de  Tapprécier.  Un  hé- 
rault  fend  la  foule  du  peuple  &  s'écrie  :  «  Le 
malheureux  que  vous  voyez  eft  déclaré  cou- 
pable; il  marche  au  dernier  fupplice.   Eft -il 
quelqu'un  de  vous  qui  puiflè  le  juftifîer  \  qu'il 
parle  ».Un  dés  citoyens  fe  préfente-t-il?  Soudain 
le  criminel  eft  reconduit  dans  fa  prifon  &  les 
preuves  dé  fon  défenfeur  font  examinées.  La 
loi  y  dans  des  cas  pareils ,  ordonne  de  ramener 
|ufqu'à  cinq  fois  celui  qu'elle  a  condamné.  Sa 


)e  tribunal  criimnel  ordinaire  >  on  échappoit  à  la 
peine ,  quoiqu*jil  y  eût  douze  juges  pour  condamner. 
Voyez  Selden  de  Synedrîis ,  tom.  2 ,  Uv.  2 ,  ch.  5 , 
§.24  pag.  146  ;  la  Mifn^ ,  tom.  4  «  de  Synedriis  ^ 
chap.  x>  §.  6,  pag.  215;  Cocceius  &Maimonidefur 
ce  paragrai^e  ;  la  Qemarç  de  Babylone  9  ibidemi 
page  17  &c.  &c.  &c, 


3  j  2       ^oyfe ,  cônjidéré  comme  Légijlateur 

douceur  éclata  jufques  dans  l'aveu  du  forfait  ^^ 
aveu  regardé  comme  néceflaire.  Avant  que  le 
coupable  fubît  fon  châtiment ,  à  quelque  dif- 
tance  du  lieu  oii  il  devoir  perdre  la  vie ,  on  lui 
ordonnoit  de  confefler  fon  crime  (918) ,  &  on 
n'attendoit  pas  que  fon  ttouble  fût  accru  par 
Tafped  du  théâtre  d'horreur  où  il  devoir  ter- 
miner fès  jours.  On  Tenivroit  çnfuite  pour  lui 
rendre  moins  cruelles  lei approches  de  la  mort. 
Réflexions  Quelle  ame  ne  feroit  pas  émue  à  ce  tableau! 
furccucpar-  Comme  la  vie  d'un  homme  fut  refpedée  dans 

tic  de  la  ju»  .  A 

lifprudcnce  \^  terre  d'Ifraël  l  La  nécéffité  de  plufieurs  té- 
dcsHcbrcux.  moins  &  la  fobriété  recommandée  aux  juges 
font  des  obligations  communes  à  d'autres 
peuples  \  mais  où  trouvera-t-on  cette  loi  ad-» 
mirable  qui  foumet  les  magiftrats  defcendus  de 
leur  tribunal ,  à  revoir  eux-mêmes ,  à  exa- 
miner plu5  attentivement,  à  pefèr  avec  une 


(9x8)  On  robferve  pour  Achan  ,  &  il  Tavoue  ; 
mais  c'eft  à  Tinfiant  même  où  la  faute  efi  découverte. 
Jofué,  ch.  7 ,  v.  19.  La  diftance  dortt  parlent  ici  les 
Talmudiftes  eft  bien  légère;  il  n'eft  queftion  que  de 
/dix  coudées.  Voyez  la  Mifna ,  tom.  4,  de  Synedriis, 
chapitre  69  §.  2,  pag.  234 »  &  Selden,  diâo  locoj 
pag.  330.  A  quatre  coudées  du  même  lieu  on  dé- 
pouilloit  le  coupable  de  fcè  habits.  Obfervèz  encorç 
^aVri  couvrolt  k  tête  des  accufëç.  Daniel ,  ch.  13 1 
verfct  32. 

grande 


é  comme  Moralijté,  %^f 

gfâtide  maturité,  à  révoquer;  s'il  le  faut>  la 
décifion  qu'ils  ont  portée»  Et  ce  n'eft  plus 
clans  le  fanduaire  de  la  juftice ,  entourés  de  la 
pompe ^  de  l'appareil,  de  la  itiajefté  qui  les 
environnent ,  que  s'opère  cette  révifion.  On 
femblê  craindre  tant  d'éclat  ^~&c  fur-tout  ces 
impreflîons  puiflTantes  qui  fe  propagent  en  un 
jnftant  &  qu'éledrifent ,  pour  ainfi  dire,  à 
leurs  confrères ,  ceux  des  juges  auxquels  leur 
éloquence ,  leur  renommée ,  leur  âge ,  la  vé- 
nération qu'ils  infpirent ,  donnent  une  pré- 
pondérance marquée. Ces  dangers  difparoiflent" 
dans  lè^  calme  de  la  folitude.  Les  émotions 
étrangères  n'y  ont  plus  d'influence ,  pas  même 
cette  émotion  générale,  quelquefois  mal  éclai* 
rée,  qui  trompe  le  juge  aflez  foiblepour  con- 
former toujours  fans  réferve  fon  opinion  à 
rppinion  publique.  Une  loi  non  moins  adifii- 
rable  eft  celle  qui  défend  de  feré^rader ,  fi  on 
a  voté  pour  Tabfolution ,  &  principalement 
celle  qui  laifle  encore  un  efpoir  au  criminel 
dévoué  dont  la  faute  a  paru  mériter  l'animadt- 
verfion  fociale  &r  la  vengeance  de  la  loi*'  Tanc 
que  le  glaive  n'eft  qu'açité ,  fufpendu  fur  fa 
tête  ,  on  peut  échapper  à  fes  coups.  Ceux  qui 
furent  les  juges  de  l'iccufé,  devenons  fes  confo- 
lateurs  &  fes  appuis ,  n'ont  plus  d'autre  mi-* 
xuftère  que  d'entente  fa  juftification*  Tout 

Z 


\^ 


*|  j4      Moyfcj  tonjîdcrê  comme  Ugijlateur 
citoyen  eft  invité  à  élever  fa  voix ,  &  le  ctl 
d'un  feul  fuffit  pour  détourner  la  mort  dont  le 
coupable  èft  menacé, 
^ocpenfct     Telle  eft,  en  cette  partie,  la  jurifprudence 
ae  l'opinion  criminelle  des  Hébreux  affirmée  par  la  Mifna, 
toiîin?  *  par  fes  commentateurs  &  par  tous  les  rab- 
^"^'^^  bins  (919).  Une  fi  grande  unanimité  n'impofe 
point  à  quelques  écrivains  modernes.  Balhage 
&  Calmet,  par  exemple ,  perfuadés  apparem- 
ment qu'ih  connoiflbient  mieux  la  légiflation 
des  Juifs  &  leurs  ufages  que  les  Juife  eux- 
mêmes  ,  ont  prétendu  qu'on  nous  trompoit  par 
cette  narration  touchante  (92.0).  J'a>4pue  que 
je  fuis  toujours  plus  étonné  d'entendre  des 
auteurs  étrangers  à'  une  nation ,  lui  contefter 
opiniâtrement  le  détail  qu'elle  donne  de*  fes 
propres  loix  &  de  fes  propres  coutumes.  Et 
fur  quelles  raifons  eft  fondée  une  pareille  in- 
crédulité J  Nos  livres  faints  n'en  difent  rien. 


(919)  Mifna,  de  Synedriis ,  tom.  4,  chapitre  j, 
I»g.  221  &  fuivantes,  &  chap.  6,  pag.  133  &  fui- 
vantes.  Selden  de  Synedriis,  tom.  2  ,  liv.  2  ,  ch.  10, 
^.  2,  page  269,. &  chapitre  13,  §.  j,  page  329  & 
fuivantes. 

(920)  Voyez ,  dans  le  tome  2  de  la  bible  d'Avignon, 
une  dîffertation  de  Calmet  fur  les  fupplices  des  Hé- 
breux, p.  617,  &Bafnage,  Hiftoire  des  Juifs,  liv.  6, 
*hap.  r,  §.  17  &  18,  tom*.  6 ,  pag.  25  ,  26  &  27. 


&  cofnme  Moral^êi     ^  ifff^ 

D^abord^  cette  aflertion  n'eft  pas  exade.  Le 
livre  de  Daniel  nous  nciontre  ce  prophète  arrê- 
tant Sufanne  qui  marchqit  au  fupplice ,  & 
annonçant  aux  magiftrats  de  la  nation  qu  il  a 
des  moyens  évidens  de  la  juftifier  &  de  prouver 
fon  iniîocence  (92^1).  Mais  d'ailleurs,  combiea 
de  ^maximes  légales  ,  combien  de  principes 
jnoraux  &  politiques ,  combien  de  faits  n'at- 
teftent  pas  ces  mêmes  écrivains ,  quoiqu'ils 
ne  foient  point  renfermés  dans  Ttcriture  i 
Pourquoi  fe  refufer  à  admettre' Texiftence  de 
cette  loi ,  quand  elle  a  pour  garant  le  peuple 
entier  qui  lobferve ,  &  qu  elle  eft  fi  digne 
d'une  nation  éclairée  par  Moyfe  &c  pat 
l'Etre  fuprême  !  Le  fait  que  rapporte  Baf- 
nage  (92.2)  d*un  homme  puni  ^  malgré  la  ré- 
tractation des  témoins  &  quoique  l'accufé  fe 
déclarât  innocent ,  eftun  faitifolé,  qui,  en  le 
fuppofant  vrai ,  fera ,  de  la  part  du  magiilrat, 
un  forfait  exécrable ,  mais  qui  ne  détruit  pas 
plus  l'ufage  qu'une  prévarication  impunie  ne 
détruiroit  parmi  nous  la  certitude  de  la  peine 
prononcée  contre  les  prévaricateurs.  Parlerai- 


(921)  Daniel ,  chap.  13  ,  v.  46 ,  4S  &  49. 

(92.2)  Hiftoire  des  Juifs ,  tom.,  6 ,  lîv.  6 ,  Ch.  t  ; 
|.  i8,pag.  27.  11  le  tire  de  la  Geraare  ^  de  Sfùfgi 
driis^  chap.  6,  feâioa  4. 

lu    Xi 


5  j6  Moyfi,  vonjidérc  comme  IJgiJlateur 
je  de  rabfurdité  du  dodeur  Eliezer  >  Il  accufe 
de  péché  Thomme  bienveillant  qui  cherche  à 
concilier  les  difierens  de  fes  concitoyens ,  &  de 
blafphème,  celui  qui  loue  ce  pacificateur  (925): 
mais  le  délire  d'un  rabbin  dont  les  autres  prof- 
crivent  lopinion  fuffiroit-il  pour  fervir  de 
bafe  aux  jreproches  de  Calmet  î  Quel  rapport 
d*ailïeurs  entre  Tadion  blâmée  par  Eliester  & 
les  dernières  formalités  obfervées  envers  les 
coupables.  Cette  adion ,  tût-elle  vraie ,  que 
pourroit-on  en  conclure  contre  les  jugemens 
criminels  &  leur  exécution  ?  Ce  n'eft  pas  là 
feule  occafion  dans  laquelle  nous  ferons  obligés 
de  réfuter  le  favant  bénédidin ,  en  rendant 
juftice  à  fes  travaux  &  à  fes  lumières  :  nous 
nous  verrons  forcés  à  le  combattre  -  encore 
plufieurs  fois  ,  en  parlant  des  fupplices  des 
Hébreux. 

y 

A  R  T  I   C   L  E      I  L 

Des  peines  en  ufage  che^  les  Hébreux.  . 

Les  Juifs  eurent  un  grand  nombre  de 
fupplices.  Les  rabbins  nous  en  ont  confervé  le 
détail.  Il  eft  prefque  toujours-  fondé  fur  l'Ecri- 
ture ,  &  par  conféquent  plus  que  vraifem- 

•— ^ 

{923)  Voyez  Calmet,  diûo  loco. 


^  comme  Moraliftâ^  "f^^ 

blable  ,  quoi  qu'en  dife  Calmet  qui  poufle 
refprit  de  fyftême  jufqu'à  faire  un  crime  à 
Schikard,  à  Selden ,  à  Cafaubon  (914) ,  d'avoir 
adopté  la  tradition  inconteftable  &  lef  fuflFrag^ 
unanime  des  dodeurs  mofaïques.  Ces  fupplices. 
font  la  fcie ,  le  feu ,  la  potence ,  l'étranglement , 
Ja  lapidation ,  l'épée ,  le  fouet ,  la  prifon ,  l'ex- 
communication, le  retranchement.  Joignons-y 
ceux  d  ecrafer  le  coupable  fous  les  pieds .  des 
animaux  ,   fous   des  traîneaux   à   battre   le:    ' 
grain ,  foiis  des  épines  &:c.  &cc.  Nous  n'en 
préfenterons   ici   qu'un   afped  général ,    &C 
nous    renvoyons   à  un   mémoire  particulier 
les  difcuffions  &  les  détails  que  cette  matière 
exige. 

Le  plus  ancien  exemple  offert  par  l'Ecriture  DuToppiki 
du  premier  de  ces  tourmens  eft  dans  le  livre  des  ^*  ^  ^^**" 
Rois.  La  capitale  des  Ammonites  eft  affiégée^ 
prife  y    &  le  vainqueur  ,  David ,    après  erx       ' 
avoir  fait  couper  les  habitans  avec  des  fcies 
&  fait  pafler  fur  eux  des  charriots  dont  les- 
roues  font  de  fer ,  les  taille  en  pièces-  avec 
des  haches  ou  des  cout^uix  ,    &  les  jette 


(924)  Schikarcî ,  Jus. Regium  Hebr.  ch..4,tEéor.  14, 
p.  10^  &  104.-  Selden  ,  de  Synedriis  ,  liv.  2 ,  ch.  i  y  ^ 
&  Cafaubon  ,  exercitationes  in  Baroniwn.  Voyeft 
Calmet  y  diâo  loco ,  pag.  606.    , 


"j  58  Moyfâj  conjîderé  comme  Legïjlateur 
dans  des  fourneaux  où  on  cuit  la  brique  (9iy)J 
Dufappiîce  ^  fupplice  du  feu  eft  prefcrit  dans  le  Lévi- 
4ufw.  tique.  L'inceftueux  ,  dit-il  (916) ,  qui,  après 
avoir  époufé  la  fille ,  ofe  époufer  la  mère , 
fera  livré  vivant  aux  flammes  avec  les  deux 
objets  de  fon  crime  \  &c  plus  bas ,  il  y  con- 
damne la  fille  du  prêtre  qui  s'eft  abandonnée 
à  la  fornication.  Moyfe  pourtant  ne  fut  pas  le 
premier  qui  prefcrivit  cette  peine.  Les  Hé- 
breux la  çonnoiflbient  avant  lui.  Sans  rap- 
peller  ici  le  châtiment  infligé  aux  habitans  de 
Sodome  &  de  Gomorrhe  (917),  la  Génèfe 


(915)  2  Rep;um,  chap.  12,  v.  26-  51.  Populutufer- 
ravît ,  dit  le  vçrfet  31,6»  cîrcumegit  fuper  cos  firrata 
€  arpent  a  ;  divîfitque  cultris  &  traduxit  ifl  typo  latèrum^ 
îVoyéz   I  Pàralipomènes ,  chap.  20,  v.  3. 

(926)  Lévitique ,  chap.  20 ,  v.  14 ,  &  chap.  21  ; 
.  jV.  9.  Si  riêmpi  profamtur  ex  fcortatione ,  obfer ve ,  fur 
ce  paiTage  du  chapitre  ti,  le  rabbin  Salomon  Jarchi, 
vhifiurit  vîro  -conjunêia  &  fiortatur,  idquefive  defponfau 
effet  5  five  nupta,  Sed  eà  de  re  dijfentiutit  rabbîni  noflrà 
c*?/w  intereà  fateantur  ^re  uno  non  defponfatam  ea  in  lege 
non  eontineri^  • 

V  (947)  L'Ecriture  ne  parle  pas  feule  de  rincendie  de 
Sodome  fy.  de  Gomorrhe;  les  auteurs  profanes  en 
parlent  comme  elle.  Tacite  dit. que  des  villes  voifines 
4u  Jourdain  6;  fituée$  dans  une  plame  féj^nde  où 
le  bitume  étoit  très-abondant ,  furent  confumées  par 
]a  foudre,  &  qu'une  terre  hMit^  hors  dVtat  de  pro* 


&  comme  Moraîiftâ^  '^f^ 

noirs  la  montre  employée  envers  l'adultère  oit 
plutôt  la  proftitution ,  puifqu'on  éft  fur  Ja 
point  d'en  punir  Thamar ,  accufëe  &  con- 
vaincue de  ce  crime  (918).  On  l'employa  dan» 
la  fuite  pour  le  vol  facrilège:  Jéhova  l'ordonne^ 
après  le  fiège  &  la*  prife  de  Jéricho ,  contre: 
rifraélite  que  le  fort  en  défignera  coupa- 
ble (929)  î  &  dans  lé  Deutéronome  (930),  il  y 
foumet  les  villes  entières  qui  s'abandonnent: 
àVidoIatrîe. 

Ce  fupplice  ne.flit  pas  toujours  exercé  de  Ix 
même  manière.  Tantôt  avec  des  branches, 
d'arbre  ,.  on  érigea  un.  bûcher,  comme  onj 
femble  l'avoir  pratiqué  dans  lés  deux  cas  expri- 
més par  le  Lévitique;  tantôt  on  jetta  l'açcufe 
dans  des  chaudières  bouillantes  y  comme  on  le 


duire,  y  attefte  encore  ce  malheur.  II  ajoute  que* 
rien  n'y  naît  fans  fe  noircir  &  s'évaporer  bientôt  erï 
cendres  ;  ce  qu*il  attribue  à  la  corruption  de  l'air  & 
die  la  terre,  cauCée  par  le  voifinage  du  lac  Afphaltitei 
Hift.  liv.  5£,  §;  7,  tom.  5.,  pag.  304,  &  305.  Voye3K 
ce  qu^en  dîfent  Strabon,  liv.  16,  &  Solin,  cH.  475; 
Pline,  liv.  7,  cKap.  ly ,  tom.  i  ,  pag.  41?^;  Juffiir,^ 
Tivre  36,  chapitre  3,0,  page^5t5,  &.  plufieurs  autre» 
écrivains, 

(928)  Génère^  chap.  a8;  v.  ±4. 

(929)  Jofué  ,  ehap.  7  ,  v.  13  ,  14,  &  iç-      ^ 
^30)  Deutéronome,  chag.  ij^v.  lî-' 

Z4. 


^  iSd  Mcyjt ,.  eonfidéré  comme  Ugijlateuf 
fit  pour  les  Machabées  (951)  >  &  tantôt ,  fuî-f 
vant  la  Mifna(93ij,  on  le  plongeoit  dans  le 
fumier  julqu'aux  genoux ,  &  ferrant  fon  cou 
d'un  linge  qu'on  tiroit  des  deux  côtés,  pour  le 
forcer  à  ouvrir  la  bouche  par  une  efpèce  de 
bâillement ,  on  y  verfoit  du  plomb  fondu  qui 
dévoroit  bientôt  fes  entrailles. 
Pufappiko  Un  lupplice  aflez  ufité  fut  la  potence  ou  le 
DU  de  u  p^  crucifiement.  J'emploie  ces  deux  mots ,  parce 
^^^®*  que  les  avis  font  partagés  à  cet  égard  ,  & 
tandis  que  plufieurs  écrivains  voient  en  cela 
un  double  fupplice,  d'autres  affùrent  que  c'eft 
le  même  dont  on  a  confondu  les  noms, 
Calmet  a  foutenu  longuement  la  première 
opinion  ,  mais  ks  efforts  ne  font  pas  heureux, 
&  les  raifons  qui  fe  préfentent  pour  établir  la 
féconde  fonl ,  à  la  fois ,  plus  puiflantes  &  plus 
multipliées.  Il  n'y  a  pas,  quoi  qu'il  en  difej, 
un  feul  paflage  de  l'Ecriture  dont  l'interpréta- 
tion lui  foit  favorable.  Tous  au  contraire  ten- 
dent à  détruire  le  fyftême  qu'il  a  embrafTé.  Je 
tne  flatte  de  le  prouver  dans  le  Mémoire  que 


•    (9)i)  a  Machab. ,  Ichap.  7,  v.  3. 

(932)  Voyez  la  Mifna ,  de  Synedrîis ,  t  4^  ch.  7,' 
S-  »  «  pag-  ^37  &  2^38  ;  Calmet ,  difto.loco  ,  ft  636; 
Selden,  de  Synedrîis ^^  tom,  a.  Vit.  a,  chapitre  ij^ 
§.  4»pa&33i. 


^  [&  comme  Moralifte.  5  Ci 

faî  annoncé.  Je  me  flatte  d'y  prouver  aulfi 
que  la  manière  dont  on  exerçoit  le  fupplice  de 
la  potence ,  doit  plutôt  le  faire  regarder  comrna 
une  peine  infamante  que  comme  une  peinç 
^ffliélive,  puifqu'on  n'y  fufpendoit  jamais  les 
hommes  vivans,  mais  feulement  le  cadavre 
des  coupables.  Ce  cadavre  y  e'toit  attaché 
jufques  vers  le  coucher  du  foleil.  La  loi 
défendoit  d'attendre  le  lendemain  pour  l'en- 
fevelir  (933).  On  s'en  écarta  pourtant  quel- 
quefois ;  par  exemple ,  pour  les  enfans  de 
Saiil  (934) ,  quand  les  habitans  de  la  ville  de 
Gabaon ,  dans  la  tribu  de  Benjamin ,  les  fuf- 
pendirent  au  bois ,  du  confentement  de  David. 

Le  rabbin  Eliezer  affirme  que  les  deux  fexes    i^^  ^cû5 
y  furent  également  fournis.  Il  n'y  eut  d'autre  r«nt-iu  foîîî 
diflFérence  ,    félon   lui,    que   d'attacher   les"^"^ 
hommes ,  la  face  contre  le  peuple ,  &r  les 
femmes  le  yifage  tourné  contre  le  poteau  i  mais 
ce  fentiment  lui  eft  particulier.  Tous  les  doc- 
teurs aflurent  (935)  que  la  femme  n'y  fut  ja- 

(933)  l^eutéronome ,  chap.  21 ,  v.  53. 

(934)  a  Regum,  chap.  ii,  v.  8  &  9. 

(635)  lis  fe  fondent  fur  ce  que  le  Deutéronome; 
chap.  2.1  ,  V.  aa  &  23  5  dit  feulement  vlr  ou  homo  , 
&  plus  bas  fufpendes  ipfum.  Ils  ne  s'écartent  jamais 
de  TexprefEon  littérale.  Voyez  robfervation  de  Wa* 


.$6^      Moyfe^  Cônfidéré  comme  Légijlateur 

mais  fufpendue.  Ils  prétendent  même  en  voir 

la  prohibition  écrite  dans  le  Deutéronomei. 

Le  blafphême  &  l'abandon  à  Tidolatrie  font 

les  faujtes  pour  lefquelles  on  encouroit  le  plus 

fouvent  la  fufpenlion  au   bois  ,    qui ,  flans 

chacun  de  cts  deux  cas ,  étoit  toujours  précé- 

On  ne  pou-  dée  par  la  lapidation.   Un  arbre  vivant  ne 

v>oic  pendre  ^        .  , 

à  un  arbre  lervit  jamais  de  potence.  C'eût  été  le  détruire, 
puifqu'on  ordonnoit  de  Tenfevelir  avec  le  ca- 
davre ,  moins  à  caufe  de  la  fouillure  qu'il  en 
contradoit ,   que  pour  ne  pas  laifler  dans  la 
mémoire  des  hommes  la  trace  d'une  condam- 
nation que  les  paflans  rappelleroient  làns  ceflè, 
en  difarit  ;  «  Voilà  l'arbre  auquel  N.  fut  atta- 
ché (936)  »•  Au  refte ,  on  n'enfeveliflbit  paslô 
coupable  précifément  dans  le  même  lieu,  mais  à: 
fînftru-  une  très-petite  diftance,  &  on  enfermoit  auprès 
^r«  cnfc^  d^  lui  1^  f^ï*  quî  ^voit  tranché  fa  tête,  la  pierre 
mé  avec  le  q^i  pavoit  tué  &c  le  linge  par  lequel  on  Tavoit 

cadavre    du  ^  o    r  n 

ftipplicié,     étranglé  {9iy)  ;  trois  châtimens  dont  les  deux 


genfeilius  fur  là  Mifna,  de  Uxore  adulterii  fufpeftâ,* 
totn.  3,  chap.  3  «  §-  8 ,  pag.  227  &  228.  Voyez  aafiî 
le  texte  du  §.  8,  papu  224,  &  la  note  de  Barteoora. 
Voyez  enfin,  tom.  4,  le  traité  de  Synedriis,  ch.  6^ 
§.4,  page  23 ^ 

(936)  Wagenfeilius  fur  la  Mifna,  diâo  Ipco ,  p.  227. 

(937)  Selden,  de  Synedrns,tom.  2,  liv.  2 ,  ch.  i\,if 
§•  4,  pag.  532.  Voyez  Wajgerifeilîus,  diSo  loco^ 


l 

( 


avres 


&  comme  Moraîijle:  ^€f 

derniers  fur-tout  furent  très-communs*  Dans      souvent 

-     -^  --,  .     j        .  I     on  coiiTToic 

plulieurs  cas  aulfi ,  on  couvroit  de  pierres  le  de  pierres  ce 
cadavre  du  fupplicié.  On  le  pratiqua  pour  le  *^^ 
corps  d'Achan ,  après  la  lapidation ,  &  pour 
celui  du  roi  d'Haï  (938).  On  plaça  de  grofles 
pierres  à  Tentrçe  de  la  caverne  où  furent  def- 
#cendus  les  cadavres  des  cinq  rois  vaincus  par 
Jofué  (939).  Après  TafiTaffinat  d'Abfalom,  k 
corps  de  ce  prince  fut  jette  dans  une  grande 
fofle  qui  étoit  dans  le  bois  ,  fur  laquelle  on 
éleva  jin  grand  monceau  de  pierres  (940).  Les 
Juifs  penfoient  apparemment ,  comme  les  Ro- 
mains ,  que  fi  la  terre  devoir  pefer  légèrement 
fur  le  cadavre  de  Thomme  vertueux ,  elle 
devoir  prefler  celui  du  coupable.  On  fait  que 
la  formule  religieufe  dont  ces  derniers  fe  fer- 
voiehr^our  exprimer  fur  les  morts  un  vœii 
avorable ,  etoit  ; 

Slt  tlbi  terra  levîs  (941)  ; 


(938)  Jofué,  chap.  7,  V.  26,  &  chap.  8,  v,  29. 

(939)  Jûfué ,  chap.  lo ,  V.  27. 

(940)  2  Regum,  chap.  18 ,  y.  17.  Quelquefois  on 
brûloit  le  cadavre  ;  &  *  pour  éviter  une  infeftion 
dangereufe ,  on*  entretenoit  du  feu  à  cet  eftet ,  dans 
vne  vallée  voifine  de  Jérufalem. 

(941)  Voyez  Ovide  ,  élégie  ûir  la  mort  de  Tibulle  ; 
Tibulle^  liv.a ,  élég.  i|;  Martial >  L  6^  ^pign  52  &c. 


'jg4      ]Moyfcy  conjldéré  comme  Ligijlatéur 

&  qu'ils  difoient,  au  contraire,  dans  leurs 

imprécations. 

Gravis  tellus  încubet^  •  " 

OU  bien 

Infelix  urgeat  offa  lapis  (941). 

Cufuppiîcc     L'étranglement  fut ,  dit-on ,  fi  familier  aux» 
de  l'étran-  Hébreux  qu'il  en  étoit  b  châtiment  ordinaire, 

(lemenc*  *  ' 

le  châtiment  infligé  toutes  les  fois  que  le  légif- 
/  lateur  n'avoit  pas  fuit  une  mention  exprefle  dit 
foppHce  (943).  La  rail!bn  que  les  Juifs  eq  don- 
nent prend  fa  fource  dans  ThumaAité.  Quand 
la  mort ,  difent-ils  (5)44),  eft  ordonnée  & 
que  le  genre  n'en  eft  point  déterminé ,  ce  n'eft 
pas  le  plus  cruel  mais  le  moins  aflFreux  des 
fupplices  qu'il  faut  choifir.  Malgré  ce  principe 

&c.  &c.  Ces  quatre  mots  expliquent  les  quatre  let- 
tres S.  T.  T.  L.  qu'on  trouve  quelquefois  fur  d'anciens 
tombeaux.  • 

(942)  Voyez  Tibulle  llv.  i,  élégie  4;  Sénèque  dans 
Hypolite,  &c.  &:c.  &c. 

(  943  )  Supplicium  extremum  ,  \fi  non  fpecificetur  ,  ftran" 
gtdatîo  ejl,  Ceft  une  règle  établie  parmi  eux. 

(944)  Voyez  Maimonide,  chap.  14,  de  Synedriis; 
Selden,  Ukor  hebraica ,  liv.  3  ,   chap.  ^2,  p.  379» 
;      Coccéius ,  fur  la  Mifna ,  de  Synedriis ,  tom.  4 ,  cb.  7, 
§•  3  >  pag.  258. 


&  comme  Môralifie.  -  )6f 

&  cette  explication ,  je  ne  vois  pas  que  TEcri- 
ture  fafîe  jamais  une  mention  bien  claire  do 
l'étranglement ,  quoiqu'il  en  foit  parlé  dans 
un  grand  nombre  d'écrivains.  L'eflfet  en 
ëtoit  fémblable  à  celui  du  gibet  en  France, 
mais  la  manière  de  l'exécuter  étoit  diflFérente» 
On  étrangloit  le  criminel  (945)  avec  un  linge 
dont  deux  perfonnes  ferroient  en  fens  con- 
traire la  gorge  du  malheureux  enfoncé  aupa- 
f  avant ,  comme  nous  l'avons  dit ,  dans  le 
fxihiier  jufqu'aux  genoux. 

Quant  à  la  lapidation  /  on  a  penfé ,  comme  De  laiapî-; 
de  l'étranglement ,  qu'elle  fut  le  châtiment  ^'°^ 
ordinaire ,  lors  du  filence  de  la  loi  :  mais  fa 
févérité  rend  l'aflèrtion  invraifoniblable.  Elle 
étoit  connue  avant  Moyfe ,  puifque  les  Ifraé- 
lites  qu'il  conduifoit ,  égarés  par  leitrs  maux 
dont  ils  l'accufoient  d'être  la  caufe ,  voulurent 
le  laÇider  (946).  Les  crimes  pour  lefqûels  ce 
prophète  la  défigna  font  l'adultère ,  le  blaf- 
phême ,  l'incefte ,  la  violation  du  fabbat ,  le 
paflage  du  vrai  culte  à  l'idoktrie,  &r  en  géné- 


(945)  Mifna,  difto  loco,  &  Selden,  de  Synedriis, 
tom.  2,  liv'.  2.3  chap.  13  ,  §•  4,  pag.  332.    - 

(946)  Josèphe,  Antiquités  judaïques,  liv.  5,  ch.  i, 
pag.  72.  Il  rapporte  que  les  Ifraélites  voulurent  plu-  "i 
iieurs  fois  lapider  Moyfe, 


'3  (5tf      Moyfe ,  conjtdéré  comme  Ugîjlateuf 
t2\  tous  les  attentats  religieux.  Leiivitique^ 
le  livre  des  Nombres  &:  le  Deutéronome  ea 
oflfrent  plufieurs  fois  le  précepte  &  des  exem- 
ples (947).  La  lapidation  fut  un  des  tourmens 
les  plus  honteux  dans  l'opinion  des  Juifs  comme 
il  fut  un  des  plus  étendus.  Moyfe  (948)  le  porta 
jufques  fur  les  animaux  en  y  condamnant  le 
bœuf,,  qui  frappant  de  fa  corne  un  homme  ou 
une  femme ,  en  devenoit  le  meurtrier. 
Supplice  du     11  ^'^ft  ri^^  dans  nos  ufages  modernes  à, 
fi**êtc°ral!  ^^^^  on  puifle  comparer  ce  fupplice;  mais 
•*»^«*         celui  de  Tépée  a  beaucoup  de  rapports  avec 
Tadion  de  décapiter.  Nous  tranchons  la  tête 
avec    un    coutelas  ;    les  Juifs   la   coupoient 
avec  un  glaivf ,  &r  quelquefois  même  la  tran- 
choient  avec  une  hache  (949).  Hérode^  comme 
on  le  fait ,  exerça  cette  peine  envers  Saint 
Jean-Baptifte(9yo).  Jéhu  proclamé  roi  d'Ifraël 
par  fon  armée ,  &  reconnu  tel  enfin  paBfctous 
f     II    ■   I     ■    I  I    1 .1 1      11.11      ■    '        ,.  1 

(947)  Lévitique,  chap.  20,  v.  2  &  11  ;  ch.  24, 
V.  14,  15  &  16.  Nombres,  chap.  15,  v.  31-36. 
Deutéronome,  chapitre  13,  v.  6-n;  chapitre  17, 
y,  2-7;  chap.  22,  V.  20-24. 

(948)  Exode,  chap.  21  ,  v.  28,  31  &  3*. 

(949)  Mifna,  de  Synedriîs,  tom.  4,  chap.  7,  §,  3; 

(950)  S.  Matthieu,  chap.  14,  v.  8,  9  &  10. 


<&  comme  Môfà/fffe.  ^Sf 

fes  fujets ,  l'emploie  envers  les  enfans  d'Achab, 
dont  les  foixante  &  dix  têtes  lui  font  envoyées 
de  Samarie  dans  des  paniers  fanglans  (951)- 
Ce  n'eft  pas  que  le  roi  feùl  eût  la  faculté  d'en  pu- 
nir comme  lèmble  le  dire  Schickard  (9  Ji),  dont 
l'Opinion  eft  contraire  au  témoignage  de  tous 
les  Juits  qui  atteftent  que  le  fanhédrin  le  pou- 
voit  auflî  (953).  Le  fupplice  da  glaive  fut  d'ail- 
leurs regardé  comme  plus  honteux  que  tous  les 
autres.  Voilà  pourquoi  on  en  frappoit  ordinaire- 
ment les  profélytes  de  domicile  qui  étoient  cou- 
pables (954).  A  cela  près,  les  Ifraélites  n'eurent  Lesfupplîccà 
pas  des  fupplices  différens  pour  les  diflFérens  j^uj'^ierd! 
citoyens.  La  diverfité  des  crimes  opéroit  feule  ^<^«»*- 
la  diverfité  des  peines.   Ils  ne  pensèrent  pas 
comme  plu fieurs  nations  modernes  qui ,  hono- 
rant la'dignité  du  coupable  jufques  fur  l'écha- 
faud  où  il  va  périr ,  voient  encore  un  fang   • 
illuftre  dans  l'homme  qui  a  trahi  fa  patrie,  la 
nature  ou  l'humanité. 


(95 1)  4  Regum ,  chap.  10 ,  v.  6  &  7. 

(^S^)  Jus  Regium  Hebr.  chap.  4,  théor.  14,  p.  103, 

(953)  Voyez,  entr'autres ,  Maimonide ,  dans  le 
chap.  4  de  Synedriis. 

(954)  Selden  ,  de  Jure  Naturs  &  Gentium ,  juxtà 
difciplinam  Hebraeorum,  liv.  7,  chap.  6,  pag.  857. 
S.  Paul,  ad  Hebrseos ,  chap.  ii  ,  t.  37,  parle  du  fup* 
pHce  par  le  glaive  &  de  quelques  autres. 


)6$      Moyfcy  conp^é  comme  Légijlateur 

De  quel.     Entre  les  peines  de  mort  connues  des  He* 

2,"^ii*^^^*breux,  font  encore,  ainfi  que  nous  Tavons 

F«*»«**       obfervé ,  œlles  d'écrafer  le  coupable  fous  des- 

'  épines,  fous  les  pieds  des  animaux,  fous  des 

traîneaux  ou  des  charriots  armés  de  fer,  & 

de  les  précipiter  d'une  tour  ou  d'un  rochen 

On  parle  auffi  d'une  dilacération  de  tous  les 

membres  de  l'acCufé,  &  on  croit  en  trouver 

des  veftiges  dans  les  livres  des  Rois  &  dans 

Saint  Matthieu  (95 y)  i  mais  ce  fut  moins  une 

peine  judiciaire  qu'une  perfécution  violente  ou 

une  fuite  des  hoftilités ,  comme  la  mort  par  les 

flèches  dont  on  perça  quelquefois  les  çrifon- 

niers  de  guerre  (956).  Quant  aux  premiers  de 

ces  l'upplices ,  ils  furent  aflfez  rares  en  Judée, 

&  je  ne  les  vois  point  clairement  prefcrits  par 

le  légiflateur.  Le  Pentateuque  n'en  oflFre  aucun 

exemple.  On  en  parle  pour  la  première  fois  dans 

Edrafcr  le  le  livre  des  Juges  (957).  Gédéon  irrité  contre  les 

foul'acjron-lxabitans  de  Soccoth ,  une  des  villes  de  la  tribu 

^"*  de  Gad,  qui  lui  avoient  refufé  les  fecours 

(955)  I  Regum,  chap.  11,  y.  7  ;  ch.  15  ,  v.  33. 
%  Rcgum ,  chap.  12 ,  v.  21.  4  Regum  ,  ch.  15 ,  v.  16. 
S. 'Matthieu,  chap.  24,  v.  51. 

(956)  Josèphe,  Antiquités  Judaïques,  liv.  9,  cL^i 
page  303. 

(957)  Chapitre  8,  v.  5,  6>  7,  14,  &  i6* 

néceJÛTaires 


KéceCfaîres  à  fon  armée  &  joint  la  faillerie  à 
l'inhumanité  ^  fait  étendre  nuds  ,  fous  des 
ronces  &  des  épines  ^  foixante  &  dix-fept  des 
principaux  citoyens  ,  &  les  fait  écrafer ,  ea 
cet  état  3  par  de  lourdes  maffes  de  bois  ou  de 
greffes  pierres  roulées  fur  eux.  Mais  n'eftce  som  àm 
p4s  encore  ici  une  vengeance  guerrière  îNeft-ce  misae  fcr^ 
point  par  un  fêmblable  motif  que  ^  David 
ayant  triomphé  des  Ammonites,  on  ne  fe  con- 
tente pas  de  fcier  les  habitans  de  leur  capi^ 
taie ,  on  traîne  fur  eux  des  charriots  armés  de 
fer  (^y  8)  J  Pour  ce  qui  eft  du  fupplice  exécuté 
par  les  pieds  des  anijTiaux,  je  le  vois  plutôt  ^jj^^^^^f* 
exercé  contre  des  Ifraélites  par  des  rois  vain- *^*™"^*« 
quelirs  ,  que  par  les  Ifraélites  envets  leurs 
concitoyens  ou  leurs  ennemis.  Un  des  Ptole- 
niées  qui  gouvernèrent  TEgypte  y  livra  tous 
les  Juifs  d'Alexandrie  ^  leurs  femmes  &  leurs 
enfans  ^  nuds  &:  liés  à  des  éléphans  dont  il 
avoit  effayé  d'accroître  la  ifîireur  par  Tivrefle, 
&  qui  n'en  refpeclferent  pas  moins  fes  viAî- 
mes  (959).  Quant  a  celui  de  précipiter  le  cri- 


(958)  a  Regum ,  ch.  li,  v,  3^  Vide  fuprà^p.  357; 

(9^9)  Josèphe  contre  Appîon,  liv.  a,  pag.  1064^ 
lïi  lacino.  Cet  liiflorien  parle,  dans  ï^  Antiquités  Ju- 
daïques ,  des  divers  genres  de  fupplices  dont  noua 
padons  ici  ;  par  exemple ,  de  trancher  la  tête ,  tîv.  7 j 


^7o      Moyfe  j  xonjîdêré  comme  Lêgijlauur 
Précipiter  niinerdu  fommet  d'une  tour  ôu  d'un  focher^ 
^'T.  n^?r  de  rendcutir  dans  la  cendre  ou  dans  les  eaux  ^ 
cher  i  «n-  l'ancienTeriamentii'ofFre  pas  un  feulhomme, 
E  cendre  ou  obferveCalmet  (960),  d'après  Leclerc   & 
faux.  ^*     Grotius ,  jette  dans  la  mer  une  pierre  au  cou  » 
pas  un  feul  jette  du  haut  d'une  tour  fur  des  mon- 
'  .  ceaux  de  cendres  qu'elle  renfermoit  au  bas.jle 
fon  enceinte,  pour  y  être  étouffes  :  màisie^qua^ 
trième  livre  des  Rois  (961  )  nous  montre  Jefabel 
précipitée,  par  un  ordre  du  monarque^  des  rem- 
parts de  Jezraëi  ;  &  le  fécond  àos  Parali-? 
pomènes.  (9^2) ,  un  prince  de  Juda  faifant 


chap.  10,  page  24Ï  ,  &  lîv.  9,  cliap.  2  ,  pag,  304; 
d^éçrafer  avec  des  pierres ,  ibidem  ,  pag'.  306  ;  foiii 
les  pieds  des  cHevaux,  chap.  6,  pag.  310;  d'étoufFer 
avec  un  linge  mouillé  y  chap.  a,  pag.  306;.  de  préci- 
piter d'une  tojur,  chap.  6,  p^g.  310  &c.  &c.  ôcc. 
;  (960)  Dans  la  Diflertation  citée  ^  pag.  639  &  644. 

^961)  Chapitre  9j;V.  33. 

(962)  Chapitré  25  ,  v.  12.  Quant  à  être  précipité 
dans  Teau ,  DrufiUs,  obfervat.  liv.  3  ,  chap.  13 ,  attéftc 
4ué-*ce  fupplîce  étoit  d'ufage,  &  il  fe  fonde  fur  Saint 
Matthieu,  chap.  18,  v.  6^  S.  Marc,  chap.  9,  v.  14; 
S.  Luc,  chapitre  17  ,  v.  2  ;  mais  Lightfoot  le  nie,  • 
ioiïi,  2,  pag.  34V,  &  il  eft  approuvé  par  Leidekker^ 
À^  Refpublicâ  Hebnasomm ,  livre  7  j  ch.  1 2 ,  p.  484.  II 
ft'éft  cependant^as  exaft  de  dire  que  J(îfus-Chrifterf 
parlé  comme  d'un  ufage  ancien.  On  ■  ne  lit  pas ,  dans 
les  évangéllde^,  un  feûl  mot  qui  le  faiTe  foupçoanen 


ù  comme  Moralijle* .  fyt 

fônverfer  du  foixiinet  d'uii  roc  dix  mille  Idu- 
méens  que  la  victoire  avoit  rendu  fes  captifs.        '  "' 

Les  exemples  du  fouet  font  moins  rares  &   Oufoun» 
Tordre  de  l'infliger  eft  écrit  bien  clairement    '  ' 
dans  la  loi.  Il  femble  même  avoir  été  la  plur 
fréquente  des  peines  hébraïques.  On  nonune-       ^ 
jufqu'à  cent  foixante-huit  fautes  qu'il  doit 
punir  {96})é  C'eft  le  fouet  qu'on  peut  alTurer 
avec  beaucoup  plus  de  fondement  qu'on  ne  Ta- 
fiût  des  autres,  avoir  été  infligé  dans  le  cas 
du  fîlence  de  la  loi  ;  &  nous  aimions  d'autanfc . 
plus  à  le  croire  qu'il  eft  moins  févère,  &  que 
félon  le  fage  principe  didté  dans  tous  lès  terni' 
à  toutes  les  nations ,  on  ne  lauroit  trop  refferrer > 
les  condamnations  rigoureufes,  ni  trop  étendra; 
celles  qiiî  font  le  moins  défavorables  (964)*      : 

L*avoit-on  fubi  trois  fois  pout  un  délie 


(963)  Grorius,  fur  le  chap.  15  du  Oeutéronomer 
Selden  de  iSynedriis ,  liv.  2,  chap,  13  *,  §.  8,  p.  ^yf'* 
&  fuivantes<  Schickardy'Jvs  Regium  Hebrseorum  ^: 
chap.  2 ,  théor..7,.p9g.  ^7  &  lUiv.  Voyez  le  détail  def 
fautes  qui  y  font  foumifes  dans  la  Mifna  ,  tom.  4f 
de  pœnis,  chapi3j  pag.  iSi  &  fuivante5« 

(964)  Nous  ne^rlons  ici  que  du  cas  où  îa  lôîri^ 
prononçoit  abfolument  aucune  peine  déterminée.  Si7 
elle  prononçoit  ^  la  ïAort ,  ftns  dîVe  quel  genre  cte 
mort ,  nous  avrtis  fu-  -qu^on  Fentendoit  alors  ^^ 
rétnnglement.  Vide,  fuprà ,  p.  364.       '  \  ^ 


|7^     i^<vfi^  ccnjidirécmme  Ligijlat€ur 
grave ,  ou  quatre  pour  des  fautes  légères }  Plu# 
Dcr«n-de  pardon  )  fi  on  redevehoit  coupable-  Ua 
TsL^.  cachot  qui  n'avoit  pas  fix  pieds  d'élévation  &: 


fa»objcB.  jçjjQjj^gj^j  étroit  qu'on  ne  pouvoit  s'y  étendre, 
étoit  le  dernier  afyle  des  criminels.  Là,  pour 
tout  breuvage ,  ils  avoient  de  l'eau ,  du  pain 
pour  toute  nourriture  ,  &  de  l'orge  enfin 
quand  leur  afibiblilTement  annonçoit  une  more 
prochaine  (965). 

On  voit  par-là  que  Temprifônnement  avbit 
deux  objets.  Outre  celui  qu'il  eut  par-tout  d'at 
iureraux  teix  la  perfonne  de  l'accufé,  il  fervit 
de  châtiment  quand  la  vérité  de  TaCcufation 
étoit  démontrée*  Siméon  enfermé  par  Jofepb 
pour  lui  fervir  de  gage  que  fes  frères  amène- 
ront Benjamin  «n  Egypte  {^66)  ;  le  blafphé- 
imateur  dont  parle  le  Lévîtique  (967)  &  le 
.  violateur  du  fabbat  dont  parle  le  livre  des 
Nombres  (968) ,  mis  en  prifon  Tun  &  Tautref 
ep  attendant  le  jugement  du  Seigneur  ;  le  pro- 
phète Jérémie  ic  le  prophète  Michée ,  mis 
tufll  en  prifon  l"^n  &  l'autre  jufqu'à  ce  qu'on 

mimàmm^mi    i  wmmmmm^mmmmmmmm  ■     i         i     V         i      ■  % 

(965)  Mifna ,  tom.  4 ,  de  Synedriis  »  chap.  9  f  §•  5  » 

(966)  Genèfe  ^  chap.  42 ,  v.  16 ,  iS,  19  &  i$* 
{$f»7)  Lévitique,  chap,  24,  v.  i». 

^8)  Nombres  »  chap.  ij,  v.  34*  # 


tt  etmme  Moràlîjlei  fjf 

te  foît  aflurë  par  révénement  de  h  bonté  d# 
leurs  confeU^  &  de  la  vérité  de  leurs  prédic^ 
tiens  (969)  j  ibnt  des  exemples  du  premiei:  de 
ces  objets  rempli  ;  &c  pour  le  fecpnd^  nous  ci- 
terons Jofeph  qu'y  foit  envoyer  fa  réfiftance 
aux  embraiïèmens  de  Tépoufe  de  Puti- 
phar(^7o)>  réchanfon.&  le  pannetier  que 
Pharaon  y  condamne  (971)  5  ce  malheureux 
Samfon  dont  on  pouffe  le  tourment  jufqu'à  la 
barbarie  en  le  privant  tout-à-là-fois  de  la  vue 
&  de  la  liberté  (9^^,  &  plufieurs  autres  traits 
que  THiftoire  fainte  conferve  &:  que  Catmet  a 
recueillis  (973).  Un  d'eux,  s'il  étoit  rapporté 
exadement  par  cet  écrivain ,  prouvcroit  que 
la  prifon  étoit  infâme.  Il  eft  tiré  du  livre  des  tmfeitttttfi 
Rois  (9^4).  Abner  eft  tombé  fous  les  coups  da  ^  ^»*^^ 
perfide  Joib.  David  prépare  à  ce  général  des 
obsèques  magnifiques ,  Se  à  TinAant  des  funé- 
railles ,  élevant  fa  voix  fur  le  tombeau  qu'il  ar- 
Tofe  de  fes  larmes  :  a  Vous  partagez  mespleiijfs  ^ 


(969)  Jérémie ,  chap.  32  »  v..  a  &  fuivans.  3  Reg^ 
chap.  Il,  V.  7.  2  Parafipomènes,  chap.  18,  \.%^ 

(970)  Genèft ,  chap.  39 ,  v.  ao». 
<970  Genèfe,  chap.  40  ,  v*  3. 
(97a)  Juges,  chap.  x6^  v.  2U 
(973)  Diâo  loco,  page  618. 

(974}  a  Regym*  chap.  j ,  v,  35  &  j^^ 

Aaj 


574  Moyjc ,  cànjîdiré  comme  Ugijlateur 
dit-il  à  fes  fujets  aflemblés  autout  dé  Itii.  Ccft 
avec  juftice.  Nous  ayons  perdu  un  héros»  Sa  dé* 
fUte  n'a  pas  précédé  fa  mort.  Vous  ne  Tavez 
point  vu  fournis ,  humilié ,  mourir  comme  les 
lâches ,  les  pieds  &  les  mains  chargés  de  fers. 
Des  traîtres ,  des  méchans  lui  ont  arraché  U 
yie.  M  N'eft-il  pas -évident  que  David  ne  fait 
point  aUufîon  dans  ce  difcours  à  Temprifonne- 
jnçnt  légal ,  mais  à  la  captivité  guerrière  ? 
piufîcuri  Comme  on  eut  divers  objets  en  enfermant 
p^ifqnf,^'^  un  citoyen  y  on  eut  plufie^  fortes  de  prifons, 
Les  lévites  &  les  prêtres  n'étoient  pas  enfermés 
dans  le  même  endroit  que  les  autres  Ifraélites, 
Jérémie ,  qui  appartenoit  à  la  famille  d'Aaron, 
défigne  celles  qu'on  réferve  aux  miniftres  da 
Jéhova.  Un  des  chefs  du  facerdoce,  PhafTur, 
irrité  des  prédirions  faites  au  peuple  par  ce 
prophète  5  l'envoie  aux  fers  dans  un  lieu  fitué 
du  côté  de  la  porte  de  Benjamin ,  &  dans  la 
,  partie  fupérieure  du  temple  (975  )•  Qiîelquefois 
on  ne  perdit  pas  fa  hberté  toute  entière.  Lç 
même  prophète  ,  jette  par  l'ordre  àes  grands 
au  fond  d'im  horrible  cachot  où  il  eft  chargé 
de  chaînes  &:  prefque  privé  de  nourriture(97^)j 


(975)  Jérémîe ,  chap.  20 ,  v.  a. 

(276)  Jéc<;(niç5j  chap. 37,  y.  14  ^l  ïç..  . 


&  comme  Moraine.  575 

ebtient  du  roi  Sédécias  radouciflement  de  foi> 
malheur,  &  eft  tranfporté  dans  le  veftibule 
delaprifon,  où  des  alimens  lui  font  aflurés 
ainfî  que  le  droit  de  recevoir  {es  amis ,  de 
veiller  à  fes  intérêts  civils ,  d'acquérir  &  de 
contrafter  (  977  ).  D'autres  fois ,  on  fèmbla 
chercher  à  ^accroître  l'horreur  du  fêjour  de 
Taccufé.  Tel  fut  le  cachot  dont  je  viens  de 
parler.  AffàilTé  fous  les  entraves  ,  confumé  par 
la  faim ,  on  y  refpiroit  encore  un  air  imput 
&  fétide.  Mais  un  emprifonnement  plus  af- 
freux, s'il  eft  poflîble,  attendoit  Jérémie.  Sé- 
décias ,  à  qui  il  avoir  annoncé,  de  la  part 
de  Dieu ,  une  défaite  hontexife  &  la  ruine  de- 
Jérufalem,  nofant  plus  réfifter  aux  murmurés 
des  priiKipaiix  officiers  de  fon  armée,  l'aban- 
donne à  leur  fureur  ;  &:  foudain ,  le  fufpen- 
dant  à  des  cordes ,  ils  le  font  defcendre  dans 
une  foffe  profonde,  plejpe  ,  au  lieu  d'eau,, 
de  ftmge  &:  de  bourbe  (978).  Heureufement, 
Abdemeleda  attendri  obtint  du  roi  la  modé- 
ration de  ce  tourment ,  &  le  veftibule  de  la. 
prifon  fut  de  nouveau  l'endroit  ovïon  renferma 
le  prophète  (979). 

(977)  Jêremie  ,  chap.  ja ,  v.  8-12,  &  ckap.  57^ 
verfet  20.     . 

(978)  Jéremie,  cliap.  38,  v.  6. 

'*  (97g)  Jérémie,  chap.  3.8,  v.  7-13. 

Aa:4 


'J7^  Moyfci  àonjidérc  comme  Légijlatewl^ 
^^chataet  Oti  ne  fe  bornoit  pas  toujours  à  renfermer  lëf 
^^cT^Z  Hébreux.  Souvent  on  leur  donnoit  des  me* 
^  ^iSki^*  nôtres ,  des  colliers ,  des  entraves ,  des  chaînes 
de  toute  efpèce.  La  plupart  en  étoient  de  bois, 
C'eft  de  bois  qu'étoit  le  joug  danls  lequel  oa 
plaçoit  le  cou  de  la  perfonne  condamnée  (980), 
Jérémie ,  par  Tordrei  dé  Dieu ,  w  envoya  d^ 
femblables  à  pluiieurs  rois ,  &  en  porta  uq 
lui-mime  pour  annoncer  à  Sédédas  le  malheur 
qui  menaçoit  fon  empire  (981).  C*eft  de  bois 
qu'étoit  la  machina  appellée  cippus  dont  on 
fe  fervoit  pour  l§s  pieds,  &  celle  appellée 
mrvus  dedinéç  aux  jambes  qu'elle  ne  ferroit 
pas  feulement ,  mais  f^tiguoit  en  les  tenant 
|)lus  ou  moins  étenduçs  dans  dçs  trous  percés 
à  dçs  di&ances  différentes.  Tous  ces  lien^ 
pourtant  étoient  quelquefois  de  fer ,  notam^ 
ment  Içs  collier^  &  Içs  menpttes,  Quelquefois 


(980)  Çalmet,  diâo  Ipco  ,  pag.  619.  Cçft  la  nu^ 
mella  des  Romains  fuivant  cet  autei^  Feftus  n*ap» 
plique  qu'aux  animaux  le  lien  qu^iJs  défignoient 
Ibiis  ce  nom  :  Ifumcm^  dit-i),  vïnculî  genus  çft  qu^ 
quadruftdts  alligantur,  Pccus  nunullls  inducunt^  dit  Cq- 
ïumelle  dans  le  fens  de  Feftus ,  liv.  7 ,  chapitre  8 , 
&  Varrpn,  liy.  2^  çhap.  9.  Alligantur  c^es  Uvihiù 
pumdlls.  Cependant  on  en  faifoit  aufC  ufage  pour  ]ç> 
Jiommes ,  comme  Plaute  nous  l'apprend. 

(981)  Jérémie,  çhap,  27,  y.  ♦,  3^  &  i^jçfe,  :^8, 
y.  ip,  ia&  ij, 


&  comme  Moralifte^  ^7^ 

♦uffi  de  pareilles  entraves  n'étoient  pas  la  feule 
peine,  &  on  y  joignoit  une  tortilre ,  un  fup- 
plice  parriculicrs  (982e). 

Ménochius  obferve  que  les  prifbnniers  laiC- 
foient  croître  leurs  cheveux  (985)»  Rafer  les 
(îens  eft  en  efièt  un  des  premiers  foins  de  Jofeph 
au  ibrtir  de  fa  prifon  (984).  Cependant  ce  fut 
en  général  dans  le  malheur  &  Taffliâion  qiiici 
les  Hébreux  coupèrent  leur  chevelure.  On  ea 
fit  même  pour  les  criminels ,  un  objet  de  honte 
&  d'infamie.  Néhémias  s'en  fert  comme  d'une 
punition  envers  les  Ifraélites  parjures  qui  • 
^voient  contradé  avec  des  Philiftines  une  al- 
liance criminelle  (985  ),  Si  ce  gouverneur  de 
la  Judée  n'eût  pas  adouci  la  dîfpofitiondes  loix, 
la  punition  auroit  été  plus  févère.  Nous  avons 
dit  combien  elles  ptbfcrivoient  le  mariage  avec 
les  idolâtres  (986).  Le  retranchement  en  étoit  du^w^v^ 

chemcIl^ 

(982)  Ménochius  ,  de  Republîcâ  Hebraeorum  , 
|iv.  8 ,  chap.  i ,  §.  5  &  6 ,  pag.  719  61  720.  Calniet, 
(iiÔD  loco,  pag.  610.  Voyez  rEccIéfiaftique ,  ch.  33, 
V.  30;  le  v.  13  du  chapitre  28  de  Jérémîe,  &  le 
Plèaume  149 ,  y.  8. 

(983)  Diao  loco,  pag.  710. 

(984)  Genèfip^  çhap.  41 ,  v.  14. 

(985)  2  Efdras,  çhap.  13,  v.  23  &  25. 

(9l?6)  Vpyez  çi-dçfliis,  chapitre  4,  art.  3 ,  §•  4; 


57^  Moyfc^  conjiddrc  comme  Légijlateur 
Iz  peine  ordinaire  ;  &  par  retranchement  n'en- 
tendons pas  fimplement  le  fouet ,  comme  lonf 
écrit  quelques  rabbins,  mais  l'extermination 
abfolue,  comme  Calmet  ^  eflayé  de  le  dé- 
montrer (5^87);  la  mort  de  quelque  manière 
qu'elle  foit  infligée ,  pourvu  cependant  qu'elle 
le  foft ,  non  par  un  jugement  des  hommes , 
mais  par  une  punition  célefte  ,  par  Teflfet  feul 
de  la  volonté ,  de  la  toute -puiflance  de  Jé- 
hova  (988).  On  y  foumettoit  ordinairement  les 
«imes  contre  la  religion  (989).  Retrancher  ne 


pag.  275  &  276  Voyez  auffi  le  Deutéronome ,  cb.  6 
&  7 ,  &  Jofué  ,  chap.  23 ,  V.  7- 16. 

(987)  Diflo  loco,  page  720. 

(988)  Abénezra ,  fur  le  pfeaume  ç^  ,  v.  i).  Gc- 
mare  de  B^bylone,  de  fefto  parvo,  fol.  28.  Drufius, 
ad  difHciliora  loca  Genefis ,  ch.  24.  Buxtorf  in  lexico 
chaldaico ,  verbo  DTi ,  excîfîo,  Maimonide  ,  fur  le 
§.  6  du  chap.  9  du  titre  de  Synedriis'  dans  le  tom.  4 
ëe  la  Mifna.  Voyez,  fur  la  peine  du  retfancbement 
en  général  &  fur  fes  effets  ,  Abarbenel,  chap.  15 
des  nombres,  v.  jo  ;  în  Pirush  Tora,  p.  297,  col.  2; 
Selden ,  de  Synedriis ,  liv.  i ,  chap.  6 ,  tom.  i,-p.  44 
&  fuivantes. 

(989)  La  Mîfna  partage  en  trente- fîx  les  cas  qui  peu- 
vent y  donner  lieu.  Voyez  tome  5  ,  de  Pœnis  ex- 
cidii,  chap.  t  &  fuivans  ,  page  23e  &  fiilvantes. 
Voye2  auiïî  la  Genèfe,  chap.  17,  v.  14;  l'Exode  , 
chap.  12,  V.  15  ;  chap.  30,  v.  33  &  38  ;  ,chap.  31 , 


^' 


muQicauofu 


^  comme  Moralijic.  v  ^  379 
fut,  dans  certains  cas,  qu'excommunier,  c'eft- 
à-dire ,  féparer  de  tous  ceux  qui  compofoient 
l'églife ,  pu  feulement  d'une  partie  :  car  il  y 
avoir  deux  exccMnmunications ,  la  majeure  & 
la  mineure  (990).  Les  malheureux  voués  àD^rcxcom- 
Tunç  ou  l'autre  buvoient  &  mangeoient  feuls ,  ' 
&  fans  être  exclus  de  la  fynagogue ,  ils  ne  s'y 
affeyoient  qu'en  laiflant  entre  eux  &:  leur  plus 
proche  voifin ,  fi  ce  n'étoit  leur  femme  ou  un 
de  leurs  enfans,  la  diftance  de  quatre  cou- 
dées (991  ).  Tout  Ifraélite  eut  la  faculté  d'en 
excommunier  un  autre.  On  le  permet  jufqu'au 
coupable  envers  lui-même  \  &  pour  y  être 
foumis ,  il  fuffit  qu'un  rêve  ait ,  dans  fon  il- 
lufion ,  préfe^té  ce  malheur  comme  réel.  On 

V.  14;  le  Lévitique,  chap.  7,  v.  18,  20,  25  &  27; 
chap.  17,  V.  4  &  10;  chap.  18,  v.  6-21  ;  ch.  i^, 
V.  6  ;  chapitre  ^o,  v.  6  ;  chap.  22,  v.  29  ;  &  les 
Nombres ,  chap.  9,  y  13  ;  chap.  15  ,  v.  30  &  3I  ; 
chap.   19 ,  V.  13. 

f99o)  Plufieiirs  interprêtes  en  diftinguent  même  trois. 
Leur  opinion  fera  examinée  dans'  le  Mémoire  dont  J'ai 
parlé. 

(99 0  Voyez  Selden,  de  Jure  Naturas  &  Gentium , 
juxtà  &c.  liv.  4 ,  chap.  8  ,  pag.  534^  '&  de  Synedriis, 
ttv.  I ,  chap.  7 ,  tom.  i ,  pag.  61  ;  Bafnage ,  Hiûoire 
des  Juifs,  tome  6,  livre  6,   chapitre  21,  §.  40,  ' 
cage  463  &c.  '&c.  &c 


580      Mcyfcj  corfidéré Comme  Légijlateur 
penfe  que  U  volonté  de  Jéhova  petit  s*exprfift€l 
par  les  images  d'uû  fonge  {992.).  Les  ammauic 
ne  furent  pas,  exempts   de  rexconununiea* 
tion  (99J). 

Terminons  cet  article  en  parlant  d'un  genrd 
d'inïamie  que  les  Juifs ,  comme  beaucoup 
d'autres  peuples,  ont  cru,  dans  certains  cas, 
devoir  joindre  au  fupplice  dont  on  courmentoic 
le  coupable  :  je  veux  dire  la  privation  des  fu"« 
nérailles  &  de  la  fépulture. 
Infamie     Ce  moment  où  l'homme  vertueux  naît  i 

Briîatfondtfl^iinmortatité  fut  honoré  par  toutes  les  nations. 

larcpuiturc.p^^j.^^^  la  hontc  s*eft  attachée  à  k  mémoire 
de  ceux  auxquels  on  a  reftifé  le  dernier  hom« 
mage  que  la  douleur  &:  rhumasité  rendent  à 
ceux  avec  lefquels  on  ^  vécu.  Par-tout  ce  terme 
des  infirmités  humaines ,  cet  afyle  du  repos 
éternel  fut  refpedé  par  l'opinion  publicjiie,  & 
ce  fut  un  crime  énorme:  de  violer  les  tombeaux 
&  de  profaner  les  cendres  des  morts  (994)^  Ua 

'  Il  • ■■ I  I  Ml  I     II  IIL  II       <l 

(99t)  Bafnage ,  diao  loço ,  §.  4,  page  444,  &  §•  H% 
pag.  469  &  470.  Maimonide ,  de  ftudiolegis»  chap.  6^ 
pag.  3$  &  36.  Seldeo,  dç  SynedriiSj^  liv.  i,  cbap.  7* 
tom.  I ,  pag.  6o» 

(993)  Bartolocci,  Bibliothè^rabbînîque,  tom.  |; 
pag.  415  ,  &  Bafnage  diôc  Iqco,  §.  26,  pag.  47a 
&47I- 

(994)  Les  Jui&  furent  tou]curs  fi  ftriy>ulei»fuf  ce 

j  ■ 


B  comme  MoraTifle*  "^tt 

^Drime  foorme  fut  auffi  néceflkire  pour  refufer: 
mi  cadavre  du  citoyen  de  le  couvrît  de  quelques 
grains  de  pouffière  qui  Tarrachaflent  à  Vinfa- 
anie  d'être  en  proie  à  tous  les  animaux  dévo- 
rans.  Que  j'aime  à  voir  cette  piété  religieufe  f# 
fuccéder  d'âge  en  âge  chez  tous  les- peuples! 
Les  hotnmes  ,  fi  fouvent  ennemis  pendant 
leur  vie  ,  ^attendent  donc ,  pour  fe  rendre  les 
devoirs  d'une  tendrefle  fraternelle ,  que  la  mort 
leur  ait  ravi  des  émules  qu'ils  craignoient ,  des 
ihommés  riches  dont  ils  envioient  les  places, 
des  hommes  pu^ans  dont  ils  craignoient  le 
crédit ,  des  moolles  dont  la  vertu  hui;nilioit 
leur  fbibleflfe  ! 

'     La  privation  de  la  fépulture ,  t^e  que  nous    Dansqudi 
l'entendons,  ne  fut  pas  comipune  en  Judée.  Si  ^Hy^dL^ 
çn  en  excepte  la  menace  faite  à  certains  cou- f",^ ju^^^ 
pables  dans  le  Deutéronome  {99^)  y  on  auroit 
de  la  peine  à  en  diftinguèr  des  traces  marquées 
dans  lés  ouvrages  de  Moyfe.  Le  livre  des  Rois 
eft  un  peu  plus  formel.  Le  Seigneur,  irrité 
contre  Jéroboam,  annonce  que  toutes  les  per- 


point^  qu'ils  ne  fe  permirent  jamais  de  fitirè  p'âfler 
fiir  un  tombeau,  un  aqueduc  ou  un  chemin,  d'y  ra« 
mafler  du  bois,  d'y  laUTer  paître  des  troupeaux  &c. 

(995)  Chapitre  j»,  v.  14. 


j8z      Moyfcp  conjidire  comMtïAgïflcuéur 
fonhes  de  la  maifon  de  ce  prince  feront  la 
proie  des  chiens  ou  des  oifeaux  du  c^el ,  félon 
qu'ils  mourront  dans  la  ville  ou  dans  les 
chan^ps  (99e)*  Jérémie  annonce  enfuite  à  Joa;^ 
kim  qu'il  fèrvira  de  pâture  aux  animaux  [997)'^ 
Mais ,  ce  font  ici  moins  à&%  punitions  de  la  loi 
que  des  punitions  divines.  Ge  qui  fut  plus  par-^ 
ticulier  aiix  Hébreux  fur  cet  objet ,  c'eft  îtiëini 
une  privation  aWolue  que  celle  d^être  enfèvelî 
dans  le  tombeau  defès  pères.  Un  envoyé  céle£ke 
$  étant  laifle  féduire  par  un  vieux  prophète  qui 
l'engage  à  boire  &  à  mangey|tt>ntre  la  défend 
de  l'Eternel  y  Jéhova  l^en  punit  en  décidant  que 
Ion  corps  ne  fera  point  porté  au  tombeàiï  de 
(es  àncêfctês^95^8).  Une.  pilnitioti  fembllbWeft; 
infligée   au  perfide  Jafon^quî  avoic  achète 
d'Antiochus   le   facerdôcê   fujprêfne ,   quaftd 
chaffé  de'  Jéruklem  &  ayaht  vainèitient  -M? 
ploré  un  àfylë  chez  plufîetirs-peuples ,  il  ifut  lïkttir 
miféraWement  à  Laçédlmone  (5)9^).  Ifè^^lev 


(996)  3  Regum,  chap.  14,  v.  11. 

(997)  Jiei*êmîe,  cha^.  22,  V.  19/ "Voyez  le  cha-"' 
pitre 84  y»  2  ;  la  chapitre  16,  y.. 6,  §t  le  chap,  36, 
verfet  30. 

(998)  3  Regum,  chap.  13VV.  22.      ,  -rj 

(999)  Le  verfet  de  l'éçrit^ire  ôfl  remarquable  :  Et 
qui  înfepuîtos  multos  abjccerat ,  'dit  &  illamenmtus,  ^ 


&  comme  Moràlijie.  jSj 

patriarches,  pn  connoît  Tufage  des  fépukures    Dwfépui- 
particulières  à  une  Êimille.  Jacob  pénétré  du  ^^iXcsT* 
fefitiment  qui  fait  défircr  à  Thomme  d'avoir  ^^*  ^*'^ 
pour,  dernière  demeure  la  tombe  paternelle ,  & 
femble  le  confoler  un  peu  de  quitter  la  vie  en 
s  kit  peribadant  que ,  du  moins,  il  va  fe  réunîf 
3t  ceux  qu'il  à  tint  aimes  ;  Jacob  venant  vivre 
en  Egypte  avec  fon  fils- Jofeph, demande  pour 
condition  qu'après  fa  mort ,  dn  le  tranfpor- 
teradans  le  fépidcre  de  fes  aïeux  (looo).  Abra- 
ham eft  placé  dans  celui  qu'il  avoît  choifî  pour 
Sàra.  Ifaacy  eft  enfermé  à  fon  tour,  Rebecca, 
Lia ,  Jacob,  l'y  font  comme  lui  (looi).  Jofué 
l'pft  dans  un  domaine. qui  lui  appartenoitfur» 
la  montagne  d'Ephràïm  (looi),  &  les  os  de 
Jof^h  emportés  d'Egypte  par.  les  Ifràélites , _ 
comme  il  l'avoit^dèfiré,  furent  mis  dans  le 
champ  que  fpn  père  avoir  achçté  des  enfant 
d'Hémor  pour  cent  jeuiies  brebis^  &:"qui  fut 

"     '   ■  '-''■■  ■■      m     \  ,        ■  f  I 

înjepîdtus  abjkitur^  fepuUuri  neque  peregrînd  ufusy  ncqut 
pdtrîo  fepidchro  participons,  a  Machab.  chap,  5  ,  v^O» 
Vbyer  auffi  le  chap.  9  ^  v.  15.       '     -' 

(1000)  Gen^ej  chap.  47,  v*  30. 

(looi)  Genèfe ,  .chap.  ^5 ,  v.  10  ;  chàp,  3ï ,  v.  aj  ; 
chap.  49,  V.  31 ,  &  chap.  50,  V.  13;,         ^ 

(10C2)  Jofué ,  ch^p.  24  >  y-  jo^      . 


,  '5*4      ^oyfe ,  confUiri  comme  Legyiaiaef 

depuis  à  ceux  de  Jofeph  (looj).  Eléazar,  ^ 

d'Aarôn  ,  eut  auflî  pour  dernier  afyle  Ga-» 

baath  qui  appartenoit  à  Phinéès  fon  fils,  & 

qui  lui  avoic  été  donné  en  la  même  montagne 

d'Ephra'ùn  (1004)*  ^ 

On  ne  pou-      On  voit  «ncore  par  €és  exemples  que  les 

rCTauêtors  Hébreux  n'avôient  pas  eu  la  barbarie  d'enfe- 

^fviUet.     velir  les  morts  dans  les  villes  &  dans  les 

temples.  Par  une  idée  digne  de  Mézence ,  ils 

ne  forçoient  pas  les  citoyens  à  n'offrir  leurs 

prières  à  TEtre  fuprême  que  dans  les  lieux  où 

les  infeâes  achevotent  de  dévorer  la  dépouille 

de  leurs  ancêtres,  à  ne  s'^enouiller  que  fut 

•les  débris  de  ceux  dont  on  mérita  la  tendrefle* 

Eh  !  pourquoi ,  malgré  la  volonté  touchante 

du  monarque,  voyons»- nous  encore  des  paf- 

teurs  faits  pour  prefcrire  Tobéiflance  &  l'hu^* 

manîté ,  réfifter  aux  défîrs  du  prince,  &  vouloir 

toujours  environner  d'infedion  les  fèrviteurs 

fidèles  de  l'Eternel  l  Imitons  ces  Juift  que  notre 

ignorance  dédaigneufe  a  fi  fpuvent  calôtatiîés* 

UiJi  montagne ,  un  chemin,  une  caverne,  le 

creux,  d'un  rocher  renfemioient  leurs  cendres* 

■^^ 

(1003)  Genèfe,  chap.  33,  v.  19;  chap.  jo,  v.  I4i 
Jofué,  chap.  %4^  v.  32. 

(1004)  Jofué,  chap.  24 y  t.  3|^ 

Noui 


&  comme  Moralifte.  |8j 

Nous  l'avons  montrè  pour  Jacob ,  pour  Jofeph, 
pour  Jofuéj  pour  Eleazan  Sara  eft  enierrée 
clans  un  champ  qu'Abraham  avoir  acheté;  & 
environ  quarante  ans  après  ,  on  y  enfevelit  ce 
patriarche  lui-mêine.  La  nourrice  de  Rebecca 
eft  portée  dans  une  vallée  &  fous  un  chêne j 
Rachel  fur  le  chemin  qui  conduit  à  Ephrata  oa 
Bethléem  ;  Aaron  fur  une  montagne (  looy  ) ,  &c. 
Si  on  trouve  quelques  exemples  de  fépultures 
faites  dans  les  villes ^  elles  ne  font  que  pour  les 
rois  &  les  prophètes  de  la  nation.  Ainfi  Samuâ 
fut  enfçveli  dans  le  jardin  de  fa  maifon  (loofi). 


(loo^)  Genèfe,  cb.  53  »  y,  i^;  ch.  15  j  v.  9  &  10; 
rtap,  35  ,  V.  8  &  19.  Nombres  ,  chap.  20  ,  v.  a^  ; 
Deuréronome ,  chap.  10 ,  v.  6.  Sur  les  Sépultures 
liors  des  villes,  voyez  S.  Matthieu ,  chap,  17 ,  v.  5a; 
S*  Marc,  chap.  5  ,  v.  ç  ;  S.  Luc,  chap,  7,  v.  la  ; 
S.  Jean,  chap.  19 «  v.  14. 

(looô)  I  Regum  ,  chapitre  iÇ  ,  v.  1.  Doubdan, 
Voyage  de  la  Torre  -  Sainte  ,  parle  de  ces  tom* 
beaux  des  Prophètes ,  chap.  24 ,  pag.  ^6^  &  270.  Il 
y  en  avoit  ayill  de  particuliers  pour  les  Juges  de  la 
nation.  On  croit  les  voir  encore  à  quatre  milles  de  U 
ville  dans  un  champ  planté  de  vignes.  Oa  ne  trouvt 
là  ni  ofïemeos  ni  cercueil  qui  atieflent  leur  ancien 
ufage  ;  mais  la  tradition  k  perCuEde,  Voyez  Donbdan , 
chap.  Il»  pag.  98  6:  99.  Buxtorf  dît,  en  parlant  des 
Juifs  modernes,  que  leurs  cîmcnères  doivent  erre 
placés  au  moins  à  cinquaatç  £Oud(^ei  tie  Ja  ville  :  i> 


|S6  Moyfci  conjtderé comme  Lcgijlatcur 
Ainlî  les  rois  de  Juda  ^voient  leurs  tombeau* 
^ans  Jérufalem  (1007) ,  &  ceux  dlfraël  danç 
Samarie(ioo8).  Ils  y  étoient  toujours  enfevelis 
fi  leur  conduite  avoit  répondu  à  leurs  devoirs; 
mais  s'ils  les  avoient  trahis ,  le  peuple  ne  fouf- 
froit  pai  que  cet  honneur  leur  ftit  accordé. 
Dans  une  jufte  indignation ,  il  en  priva  Joram, 
quand  une  mort  horrible  eut  délivré  la  terre 
du  fpeûacle  des  crimes  &  des  fureurs  de  ce 
ibuverain  (  1009).  On  refufa  la  tombe  royale 

'  fulchra  sh  urhe  ahejfc  dehent  ad  quînquapnta  cuhîtos^ 
ne  fuhïndè  ta  homines  în  cpnfpeHu  habeant ,  &  maron 
ae  iriflnid  afficiantur.  Synagogue  Judaïque,  chap.  49, 
pageTOÇ. 

(1007;  3  Regum ,  chap.  z  ,  v.  10;  chap.  11 ,  v. 43 ; 
chap.  14 ,  V.  31  ;  chap.  15 ,  v.  8  &  14  ;  chap.  22, 
▼.  15 ,  &c.  &c.  &c. 

(1008)  3  Regum ,  chap.  16,  v.  28  ;  ch.  22,  v.  37. 
•4  Regum,  chap.  10 ,  v.  3J  ;  chap.  13  ,  v.  9  &  13  ; 
chap.  14,  V.  16  &c.  &c.  &c.  Voyez,  fur  tout  cela, 
Maîmonide ,  de  Domo  eleââ ,  chap.  7 ,  §.  13  &  14. 
Thevenor,  dans  fes  voyages,  part,  i,  liv.  x,  ch.40; 
Maundrell,  dans  fon  voyage  d'Aîep  à  Jérufalem, 
pag.  j6  de  Tédirion  angloife ,  &  Doubdan  ,  voyage 
de  la  Terre-Sainte ,  chap.  23  ,  pag.  24^  &  fuîvantes, 
parlent  d'un  édifice  appelle  encore  aujourd'hui  les 
tomicaux  de  la  maifon  de  David  ^  &  ils  en  donnent 
la  defcrîptionV Voyez  Prideaux,  Hiftoire  des  Juifs, 

fom.  I ,  page  47. 
(1009)  Josèphe ,  Antiquités  Judaïques  ,  liv.  9  ; 


&  Comme  Moralijie*  387 

à  l'impie  Achas ,  un  des  fucceflèurs  de  Jo- 
ram(ioio)*  Joas  avoir  fubi  le  même  fort  (i 01 1), 
&:  Manafle  ne  fut  pas  plus  heureux ,  quoiqu'il 
eût  eflayé  de  réparer ,  par  une  vieillefle  péni^ 
tente ,  les  fautes  de  fa  jeunefle.  Au  lieu  de  1« 
placer  dans  la  fépulture  des  monarques ,  on  le 
plaça  dans  un  jardin  de  fa  maifon  (1012); 
jardin  qui  fervit  encore  de  dernier  afyle  à  fon 
fils  Amon ,  lorfqu'il  fut  renvetfé  du  trône  ov\ 
il  étoit  à  peiîie  monté ,  par  des  confpirateurs 
qui  crurent  venger  Dieu  en  fe  fouillant  d'un 
aflaffinat  &  d'un  parricide  (1013). 

chap.  3  >  pag.  307 ,  parle  d*une  manière  plus  abfolue.' 
La  Vulgate  dit  :  Non  fccit  ei  populus  exequîàs  ,  ficut 
fearat  majorîbus  ejus  :  &  fepelieruntvum  în  cîvitate  David ^ 
verumtamen  non  in  fepuk/iro  re^um,  2  Paralip.  ch.  21  , 
V.  19  &  20, 

(loio)  2  Paralip omènes,  chap.  28,  v.  27. 

(  loi I  )  2  Paralipomènes ,  chap.  14 ,  v.  25.  Le  grand-» 
prêtre  Joad ,  au  contraire ,  fut  enterré  dans  le  tom- 
beau des  rois  ,  par  honneur  &  par  reconnoiffance. 
Il  avoit  confervé  le  trône  à  la  poflérité  de  David» 
Voyez  Joséphe,  Antiquités  Judaïques,  liv.  9,  ch.  8, 
pag.  314.  ^ 

(1012)  4  Regum ,  chap.  21 ,  v.  18.  2  Pâralipom* 
chap.  33  >  V.  20. 

(1013)  4  Regum,  chap.  21 ,  v.  26. 


▼!• 


5  8  8      Moyfe  ,  confidéd  comme  Légijlateur 
Article    III. 

Loixfur  les  crimes  qui  offenfent  la  divinité. 

offcnfcs  Parmi  les  préceptes  du  Décalogue,  trois 
envcrsJcho-  expriment  les  ofFenfes  de  Thomme  envers  la 
divinité,  & lept  les oflfènfes de  Thomnie  envers 
les  feniblables  (1014).  Les  premières  font ,  ne 
pas  adorer  Dieu  exclufivement,  employer  fon 
nom  ^n  vain  ^  violer  le  fabbat.  Elles  renferment 
par  conféquent  l'abandon  à  Tidoiatrie,  la  cré- 
dulité aux  faux  prophètes ,  aux  fonges ,  aux 
devins,  le  menfonge  fi  outrageux  pour  celui 
qui  eft  la  vérité  fuprême,  rhypocrifie,  le  facri- 
lège,  rapoftaCe,  le  blalphëme  ,   le  parjure. 


(1OT4)  Josèphe  ,  en  rapportarrt  les  préceptes  du 
Décalogue,  Antiquités  Judaïques,  liv.  3  ,  chap.  4, 
pag.  96  &  97,  les  arrange  différemment.  Il  n'en  fait 
qu  un  des  deux  derniers,  &  deux  du  premier.  Ainfi, 
il  y  en  a  quatre ,  félon  lui ,  qui  expriment  les  offenfes 
envers  la  Divinité,  .1^-  Un  feul  Dieu,  &  il  faut  Tado- 
rer.  2^.  N'adorer  la  reffemblance  d'aucun  animal  &c. 
Voyez  le  chap.  20  de  TExod^ ,  &  ce  qu'a  dit,  fur  ce 
fujet ,  Voifm ,  de  Lege  divînâ,  chap.  22,  pag.  323 
&  fuivantes,  d'après  plufxeurs  rabbins.  LeîdeWcer, 
de  Rèpublicâ  Hebraeorum ,  liv.  5 ,  ch.  3  ,  p.  %y4  &c 
les  divife  comme  Josèphe,  &  cçtte  divifion  en  effet 
nous  paroît  préférable.  . 


&^  comme  MoralïJIe.  38{) 

rinobfêrvatice  âits  fêtes ,  ToubU  des  fêcours  & 
du  refpeft  dus  aux  mihiftres  des  autels. 

Dès  que  le  Seigneur  a  choifi  pour  fon  peuple  ^^J^^^^^l 
les  defceudans  d'Abraham ,  &  contrafté  avec  njtes  étran- 
eux  une  alliance  folemnelle ,  il  déclare  avoir  ^^'^ 
feul  droit  a  lleur  adoration  &  à  leurs  hom- 
mages (1015).  II  défend  cje  les  accorder  aux 
divinités  des  autres  nations  &  d'en  conferver 
limage  dans  la  pierre  ou  le  bois  fculptés  fous  la 
forme  d'un  homme ,  d'une  femme ,  d*^un  aftre , 
d'un  reptile,  d'un  poiflbn ,  d'un  quadrupède  ou  ' 
d'un  oifeau  (1016).  Il  leur  ordonne  même  d'en 
renverfer  les  autels,  d'en  abattre  &  d'en  brifer 
les  ftatues ,  de  les  livrer  aux  flammes  (ro  17) , 
»     I    "  I       ■     I   I     I  I  111       II  I 

(1615)  Exode  ,.  cfaap.  20 ,  v^  22.  Deut^ronome  > 
cBap.  10 ,  Y.  12  &  20. 

(iai6)  Exode,  chapitre  20^^  v.  3  &  4.  LévîtiqneV 
chap.  19,  V.  4,  &  chap.  26,  v.  1.  Deutéronome , 
chap.  4  ,:v.  16-  19 ,  &  ch.  5  ,  V.  7  ^  8  &  9.  Voyez 
auffi  Jofùé,  ch.  24,.  V.  14^  &  le  pfeaume  96,  v.  7. 
Par  une  fuite  de  cette  dcfenfe,  les  Juifs  n'ont  jamais 
dans  leurs  maifons,  &  encore  moins  dans  leurs  tem*» 
pFes  ,  des  figures  ,  images  ou  ftatues.  En  Italie-^e* 
pendant  plufîeurs  fe  permettent  d'avoir  des  portraits 
&  des  tableaux  ^  pourvu  qu*iis  ne^foient  pas  en  relier 
&  que  le  corps  n'y  foit  pas  en  entier.  Léon  de  Mo- 
dêne ,  Hiftoria  de  gli  riti  Hebraici.^  part.  1 ,  chap.  2^ 
§.  3 ,  pag.  10. 

(1017I  Exode,  chap^  25 ,  r.  24;  chap.  }4 ,  v,  ij 


}«>o  Moyfcy  conjidcré  comme  Légïjlateur 
de  ne  jamais  employer  l'or  ou  l'argent  dont 
elles  feront  faites ,  de  ne  rien  apporter  dans 
leur  maifon  qui  vînt  de  l'idole  (ioi8),  de  le 
fabriquer  des  dieux  avec  ces  métaux ,  &  fi  on 
lui  élève  un  autel  de  pierre  ^  de  le  tailler  avec 
le  cifeau ,  parce  que  ce  feroit  le  fouiller  (  1019), 
Il  menace  de  l'extermination  ceux  qui  défo- 
béiront  à  fa  volonté  (loio), 
jiaHbn  de-  La  raifon  de  cette  loi  qft  expliquée  par  le  légif- 
fftcç  igi.  j^j-gm.  fuprême.  11  fait  craindre  aux  Ifraélites 
que  ce  culte  infenfé  ne  devienne  le  fujet  de  leur 


&  14.  Deutéronome,  chap.  7 ,  v.  5  &  25  ;  ch.  i%y 
V.  1  &  3. 

(1018)  Deutéronome,  chap.  7,  v.  25  &  26.  On  y 
ordonne  de  les  dénaturer  &  de  les  réduire  en  cendres, 
Moyfe  le  pratiqua  pour  le  veau  d'or.  Exode,  chap.  32, 
T.  20.  Voyez  !a  conduite  de  Jacob  ,  Genèfe  ,  ch.  35, 
V.  4.  Le  Deutéronome  défend  même  de  fe  fervir  des 
ornemens  des  idoles,  de  leurs  colliers,  des  couronnes, 
des  pendans  d'oreille  &c.  ;  car ,  quoique  la  Vulgate 
difc,  v.  25  ,  f/e  cjmhus  fzâa  funt ^  il  y  a  dans  l'hébreu, 
qu(z  funt  fuper  ea.  Dans  le  fécond  livre  des  Mâcha* 
i)ées,  chap,  12,  v.  39,  on  voit  des  hommes  tués  dans 
le  combat,  pour  s'être  emparés,  contre  la  loi,  des 
richefles.des  idoles. 

(1019)  Exode,  chap.  10,  v.  23  &  15. 

(1020)  Exode  chap.  22,  v.  20.  Deutéronome  ch.  4, 
V.  3,  4,  24,  25  &  26-;  ch.  6,  v.  14  &  15 i  ch.  8, 
V,  19  &  20;  ch.  II  j  Y.   16, 


"*  &  comme  Moralijle.  jjft-  ' 

ruine  (lozi  ).  C*eft  pourquoi  toute  alliance  avec 
les  peuples  infidèles  leur  eft  interdite  (1022)  ;." 
car,  dit  Jéhova (1013) ,  «  leurs  filles  époufées 
féduiroient  vos  enfans  &  leur  perfuaderoient 
de  me  préférer    des  divinités  étrangères  »  -y 
&  on  promet  de  leur  livrer  ,   on  leur  pref-, 
crit  de  détruire  fans  pitii  ces  jiations  crimi- 
nelles (1024).  Jéhova  promet  même  d'envoyer 
des  frelons  pour  anéantir  ceux  qui  auroient: 
efpéré,  en  fe  cachant,  ou  parla  fuite,,  échapper 
à  leur  deftinée  (loij). 

Ce  précepte  n'eft  pas  feulement  dans  lafe-      mt  cft- 
conde  loi  ("102*6)  y  les  livres  plus  anciens. lô  ^ndcDe^ 

téronomci,  . 

(1021)  Exode,  chap.  23  ,  33,  Ôtehap.  34,  v.  ia-15;. 
Deutéronome,.chap.  7,  v.  16. 

(1022)  Exode ,  chapitre  13  ,.  v,  32.  Deutéronome  ,; 
ehap.  7 ,  ^.  2  &  3.  -, 

(1023)  Deutéronome ,.  chap.  7,  v.  4. 

•(1024)  Deutéronome,  chap.  7,  v.  3  &'i6;  ch.12;^ 
v.  2  &  3. 

(1025)  -Deutéronome,. chap.. 7,  v.  2a 

(1026)  Ceft  ce  qu'exprime,  comme  on  le  fait,  lè^ 
mot  Deutéronome,  Asûrgpa$-N^/tof ,  Secunda  Lex^  àp*^ 
pelle  ainfi  parce  qu'il  comprenoit  un  abrégé  des  loi?? 
promulguées  par  Moyfe.  L'hébreu  eft  en  cela  con«^ 
forme  au  grec.  Le  nom  de  Mifna,  qwis  les ' rabl^iî^ï;. 
emploient  fi  fouvent  Se  dont  nous  àvorts  déjà  parlé-» 
fous  le  point  jde  vue  étymologique,  exprime  auflî}fe- 
double,  la  répétition  de  la, loi  '       . 


•J9*  Moyfcy  eônjideré Comme  LégiJUteur 
renferment.  Dans  celui  des  Nombres  (1017)  J 
les  Ifraëlites  étant  arrivés  dans  les  plaines  de 
Moab ,  Jéhova  leur  ordonne ,  quand  ils  auront 
pafle  le  Jourdain  &  feront  entrés  dans  le  pays 
de  Ghanaan  ,  d'en  exterminer  les  habitans , 
d'en  brifer  les  idoles  &  de  s'en  partager  les 
terres  entr'eux.  Plus  haut ,  il  commande  de 
n*y  laifler  fubfifter  aucune  trace  du  culte  rendu 
aux  faux  dieux ,  d'en  tout  renverfer  ou  dé- 
truire les  colonnes,  les  autels,  les  images , 
les  ftatues ,  les  bois  qui  leur  feroient  confa- 
pciac  de  crés  (1918).  Ailleurs ,  il  punit  févèrement  ceux 
d^cm  ics  qui  fe  font  abandonnés  au  culte  de  Béelphé- 
iâfS«!^?  gor  (I0Z9)*  Le  Lévitique  défend  de  fe  Êiire 
des  încifîons ,  des  ftigmates ,  aucune  marque 
fur  le  corps ,  de  couper  fa  barbe  &  d'arrondir 
fes  cheveux  à  la  manière  des  idolâtres  (1030), 

(1017)  Nomb;-es,  chap.  33 ,  v.  49-56. 

(lOiS)  Nombres,  chap,  6 ,  v,  x  &  fuivans.  Josèphe 
dit  cependant ,  contre  Appion ,  que ,  dans  la  guerre ,  on 
dévoît  refpeder  les  dieux  étrangers  par  honneur  pour 
le  grand  nom  qu'ils  portoient.  Je  ne  vois  pas  fur  quel 
paflage  de  l'Ecriture  cette  affcrtion  eft  fondée,  ex- 
cepté qu'elle  le  foit  fur  le  verfet  28  du  chap.  ^^  de 
l'Exode  X  Non  execraheris  Deosi  mais  cela  ne  s'adrefle 
qu'aux  magiftrats  ou  aux  adminiftrateurs  politiques^ 
tVido  infrà,  pag.  39J. 

(io>9)  Npmbres ,  chap.  25  ,  v,  5  &  4. 

(1030)  Lévitique,  <;hap,  19*  v.  57  &  a8.  Voyca 
k  Deutérooome,  chap.  14,  v.  j. 


?  comme  Morariflei  'j^jf 

fril  dévoue  à  Tanathême  &  au  dernier  fupplice 
THébreu  qui  adopte  leurs  erreurs  religieufes, 
celui  qui  Ibllidte  les  autres  à  les  adopter ,  & 
toutes  les.villes  livrées  à  cet  écrément  (103 1). 
Nous  avons  vu  que  ce  dernier  fupplice  fut  or- 
dinairement la  lapidation  (lojz).  Une  peine 
femblable  attendoit  la  crédulité  aux  fonges, 
aux  devins  ,  \wx  augures ,  aux  enchanteurs 
des  peuples  étrangers,  &  celui  qui  prophé- 
tifoit  au  nom  de  leurs  divinités ,  ou  qui ,  fans 
rougir  des  abominations  qu'elles  infpiroient, 
purifioit  fes  enfans  par  le  feu  &  les  proftituoit 
à  de  vaines  idoles  par  une  oflFrande  facri- 
lege(io33),  UExode  prononce  auffi  la  perte 
de  la  vie  contre  ceux  qui  prétendent  ufer  de 
'■  ■  I II  ■  ■■  1 1 1.     |.   ,, ,     Il  I  ■* 

(1031)  Lévitîque ,  chap.  19  ,  v.  4.  Voyez  l'Exode, 
chapitre  22 ,  v.  20;  chapitre  23  ,  v.  24  &  25 ,  &  le 
Deutéronome,  chapitre  4,  v.  16  &  17;  chap.  135 
y.  6  &c.  ;  chap.  ij ,  v.  2  &  fui  vans. 

(i0)2)  Vide  fuprà,  chap.  5 ,  art.  a,  pag.  365; 

(1033)  Deutéronome,  chap.  6,  v.  16;  chap.  18; 
y.  9-14  &  V.'  zo.  Voyez  le  chap.  19  du  Lévitique , 
V.  26,  49  &  31 ,  &  le  ch.  20,  V.  6  &  27.  Le  texte 
du  verfet  29  dit  en  général  :  Ne  proflime^  point  ;  mais 
Topinion  des  plus  favans  commentateurs  ,  &  je  la 
crois  très-fondée ,  eft  qu'il  faut  appliquer  cela  à  l'ido* 
Utrie.  Ce  qui  précède  &  ce  qui  fuit  ne  permettent 
pas  de  le  pcnfer  autrement 


}  94      Moyfe ,  confidéré  comme  Légijlateurl    ' 
fortilège 'de  magie  &  d'enchantement  (10^4);. 
Le  Deutéronome  renferme  la  même  dilpofi- 
tion  (1035)  ^ï^vers  celui  qui  prétend  avoir  eu, 
pendant  le  fommeil,  une  vifion  célefte  ou  être 
animé  d'un  efprit  prophétique. 
Mcnfonge.      Moyfe  recommande  fouvent  de  fiiir  le  men« 
H^ocrîûc.  fonge,   comme  bleflant  un  des   principaux 
BU(i!hêmc.  attributs  de  la  divinité  (1036).  f)ans  les  Pro-. 
verbes  de  Salomon ,  la  perte,  de  Tapoftat  & 
celle  de  Thypocrite  font .  déclarées   inévita- 
bles (1037).  Le  facrilège  commis  par  TlfraéKte 
qui  ne  defcendant  pas  d'Aaron  ofe  approcher 
du  fandhiaire ,  manger  des  chofes  fanftifiées  ; 
celui  que  commet  Ip  prêtre  s'il  touche  à  Tautel 
Ou  à  tous  les  objets  facrés ,  quoiqu'il  foit  impur, 
furent  punis  de  mort  (1038).  Même  châtiment 
pour  le  blafphémateur ,  qu'il  fût  étranger, 
prolélyte  ou  citoyen  (1039)  :  mais  comme  le 


(1034)  Exode,  chap.  22  ,  v.  18. 

(1035)  Chapitre  13,  v.  i-ç. 

(1056)  Exode,  chap.  23,  v.  7.  Lévîtîque ,  ch.  19, 
v.  12.  Voyez  les  Proverbes  de  Salomon ,  chapitre  6,* 
verfet  17. 

(1037)  Proverbes  de  Salomon  ,  chap.  6,  v.  12-15. 

(T038)  Lévitiquc,  chap.  12,  v.  2,  5  &  10.  Nom- 
bres ,  chap.  18 ,  V,  7. 

(10,9)  LévitiqUe,  chap.  24,  v.  11,  14,  16  &  2».- 
Outre  l'exemple  qu'en  oflFre  ce  chapitre ,  voyez-^ 


&_  comme  Moralîjle.  ^^f 

légiflateur  fuppofa  plutôt  Tinriocence  que  le 
*crime ,  la  vie  ne  fiit  arrachée  que  fi  on  pro- 
nonçoit  le  nom  de  Jéhova ,  &  ceux  qui  ne 
profanent  pas  expreffément  ce  nom  augufte , 
échappèrent  à  la  punition  de  la  loi  (1040), 
Philon  &  Josèphe  prétendent  (1041)  qu'on 
ne  pouvoit  pas  davantage  blafphêmer  lés  divi- 
nités étrangères,  &que  le  nom  facré  de  Dieu 
devoit  être  refpedé  dans  les  idoles  même  qui 
le  portèrent.  Cette  prétention  nous  paroît  in- 
foutenable.  L'Ecriture  (1041)  la  repoufle  à 
chaque  inftant ,    puifqu'elle  recommande  de 


plufieurs  autres  dans  Ifaïe ,  chap.  i ,  y.  4  ;  cHap.  5 , 
V.  24;  chap.  48,  V.  11;  chap.  52,  v.  5  ;  dans  Je- 
rémie,  chap.  23,  v.  17;  dans  Ezéchiel ,  chap.  ao, 
V.  28;  dans  le  premier  livre  des  Machabées ,  ch.  7, 
V.  38  &  41  &c.  &c.  &c.  &c. 

(1040)  Mifna  ,  de  Synedriis  ,  chapitre  7,  §.  ?• 
tOttie\4,  pgge  242.  Getnare  de  Babylone,  ibidem, 
même  chapitre,  pag.  56.  Mikotfi,  Prascept.  negat.  16. 
Maimonide ,  chap.  2  ,  de  idololatriâ. 

(1041)  Josèphe,  Antiquités  Judaïques,  livre  4, 
chap.  8 ,  p.  121 ,  &  contre  Appion  ,  iiv.  2  ,  p.  1077. 
Philon  ,  tom.  2  ,  de  Vitâ  Mofis  >  Iiv.  3  ,  p.  166. 

(1042)  On  fe  fonde  fur  le  verfet  25  du  chap.  2z 
de  l'Exode.  Diis  non  maledîces  ,  dit-il  ,  ou ,  non  de- 
trahes  ;  mais  dil ,  ou  a-nSfiC ,  elohlm  ,  exprime  ici ,, 
comme  dans  beaucoup  d'autres  endroits,  les  magiftrats 
%rêmç3. 


^9^      MoyfeieonJuléreeômmè'ÏJgiJlateuf 

ne  pas  les  fouflFrir ,  d'abolir  leur  culte  &  teurf 
-autels. 
fAàt  itt     Le  parjure  fut  quelquefois  moins  criminel,' 
S2llaî«fe^&  par  conféquent  moins  puni.    Avoit-on 
S|[^         oublié  de  tenir  une  parole  garantie  par  la  foi 
du  ferment?  Si  on  fe  refTouvenoit  de  cette 
faute  ,  la  pénitence  &  tin  facrifice  fuffifoient 
pour  Texpier  (1043).  P^  juroit  cependant  au 
nom  de  Dieu  ,    dans  les  caufes  judiciaires 
comme  dans  les  autres  aftions  de  la  vie  (1044). 
Celui  qui  le  faifoit  devant  les  magiftrats ,  pre- 
noit  dans  fes  bras  le  livre  de  la  loi  &  atteftoit 
ainfi  TEtre  fuprême  ,  ou  les  juges  Tatteftoient 
en  fon  nom  (104^).  L'Exode  (104^)  avoit 
défendu  de  jurer  au  nom  des  divinités  étran- 
gères. On  ne  put  même ,  dans  fon  ferment. 
Unir  un  autre  objet  au  nom  de  Jéhova.  Au 
refte ,  il  fuffifoit  de  jurer  par  un  des  divers 
.  noms  du  Seigneur  ou  par  un  de  fes  attri- 
buts (1047).  Les  Juifs  fans  doute  n'obfervèrent 


(1043)  Lévîtîque,  chap.  î  ,  v.  4,  5  &  6. 

fi044)  Deutéronome,  chap.  6,  v.  13;  chap.  10% 
V.  50.  Maimonîde,  de  Juramentis,  ch.  11,.  §.  I  &8»' 
Mikotfi,  Prasc^  affirmât.  123. 

(1045)  Maimonide  &  Mikotfi ,  ibidem. 

(1046)  Chapitre  :23  ,  v.  13. 

(1047)  Maimonide  &  Mikotfi ,  diôis  locis.  Les 


I 


I 

&  comme  Moralîjle:  ^^^ 

pas  exaftement  cette  défen{e.  Ils  prirent  à 
témoin  le  ciel,  la  terre,  leur  tête,  Jérufalem, 
le  temple  &c:  (1048).  Les  engagemens  con-     . 
tradés  par  le  ciel  &  par  le  temple  ont  dans 
Saint  Matthieu  (1049)  l'approbation  de  Jéfus- 
Chrift  comme  faits  implicitenient  au  nom  de 
celui  qui  les  habite.  Le  premier  des  deux  eft  * 
fouvent  dans  les  rabbins  &  dans  leurs  livres. 
Nous  ne  paflerons  point  fous  filence  une  épi- 
gramme  de  Martial  (ipyo)  qui  contient  un 
jurement  femblable.  Il  dit  à  un  poëte  Juif  qu'il 
accufoit  d'être  à  la^ois  fon  détraâeur  &  fon 
plagiaires  * 

Ecce  negas ,  jura/que  mîhiper  templa  tonantU  i 
Non  credo  ;  jura ,  vcrpe ,  per  Anchialum. 

Les  derniers  mots  du  premier  vers  préfentent     Enméit 
jm  double  fens.  Ils  expriment  le  capitole  enal"lfa^*t* 


àcefujeu 


noms  facrés  de  Jéhova  font  au  nombre  de  fept  ; 
Tétragrammaton ,  Adonaï ,  Elohé ,  Elohim ,  Eheihé , 
Sadaï,  Zébaoth,  fuivant  Selden,  de  Jure  Naturas  & 
Gentium  ,  |uxtà  difciplinam  Hebraeorum ,  livre  %  ; 
chap.  12 ,  pag.  261. 

(1048)  Voyez  S.  Matthieu,  chap.  î  ,  v.  33  &c.J 
&  chap.  23,  V.  16  &  fui  vans.  S.  Jacques,  chap.  5^ 
yerfet  12* 

(1049)  Chapitre  23 ,  v.  21  &  2a«»  / 

(1050)  livre  II,  ipî8rv94î 


'5  9$  Mcyfc ,  eonfidéré  comme  Légijlatcur 
faifant  allufion  à  l'ufage  où  étoient  quelque- 
fois les  Romains  d'attefter  Jupiter  ,  ou  bien 
ils  expriment  le  temple  de  Jérufalem ,  &  /e>- 
nantis  s'adrefleroit  alors  à  Jéhova.  Le  premier 
fens  eft  plus  naturel  à  admettre.  Le  poëte ,  ea 
jurant  ainfi,  avoit  voulu  tromper  Martial} 
il  favoit  que  fon  ferment  paroîtroit  obligatoire, 
fans  l'être  en  eflfet  :  mais  Martial ,  inftruit  que 
les  Hébreux  n'enchaînoient  pas  leur  parole  en 
prenant  pour  garans  des  divinités  étrangères, 
veut  dire  qu'il  ajoute  peu  de  foi  à  celui  qu'on 
a  prononcé  pcr  templa  tonantis.  Eût-il  parlé  de 
même  s'il  fe  fôt  agi  du  temple  de  Jérufalem } 
Ce  temple ,  nous  venons  de  l'obferver,  pou- 
voit  être  attefté  par  les  Ifraélites. 

Le  dernier  vers  démontre  encore  mieux  ce 
que  j'avance.  Comptant  peu  fur  un  fermenj 
fait  à  la  manière  des  Romains,  &  par'confé- 
quent  fans  force  pour  un  Juif,  il  défire  que 
celui-ci  prenne  Dieu  à  témoin ,  félon  la  ma- 
nière de  fa  nation  : 

Jura  s  verpc ,  per  Anchlahm. 

Arrêtons-nous  encore  un  moment  fur  ce  paf- 
fage.  Le  fens  du  dernier  niot  en  a  long-tems 
échappé  aux  commentateurs.  Les  uns  ont  fup- 
pofé  que  Martial  défignoit  une  ville.  Il  y  en 
avoit  en  eflfet  une  de  .ce  nom  près  de  Tarfecfli 


&  comme  Moralijle.  jç^ 

'  Cilicîe ,  &  c'çft  dans  fon  voifinage  que  fut  le 
tombeau  de  Sardanapale ,  dont  parlent  Athé- 
née &c  Suidas  (loji),  monument  qui ,  félon 
Arrien  (loyi),  exiftoit  encore  au  temps  d'A- 
lexandre ,  quoique  Anchialé  ne  fut  plus  alors 
qu'un  amas  de  ruines.  Mais  quelle  appapfence 
que  les  Juifs  atteftaflent  une  ville  de  CIlicie,  & 
fur-tout  une  ville  qui  n'exiftoit  plus  ?  ^ 

Les  autres  foupçonnent  que  Martial  défigne 
*Un  jeune  garçon.  Leur  foupçon  n'eft  pas  plus 
vrai ,  qupique  l'objet  de  Tépigramme  (  i  o  j  |  )  foie 
beaucoup  moins  un  vol  poétique  qu'une  riva- 
lité amoureufe.  Scàliger  (10^4)  a,  le  premier, 
(bupçonné  o^Anchialum  eft  un  mot  formé  de 
l'Hébreu  ;  &  plufieurs  favans ,  parmi  lefqùéls 
nous  comptons  Voffius  ,  Grotius ,  Tabbé 
Mignot,  fe  font  emprefles  d'adopter  fon  opi* 


(105 1)  Suidas,  verbo  Sardanapale,  Athénée ,.liv.  12; 
pag.  5a9  &  530. 

(1052)  De  Expeditione  Alexandri,  liy.  ij  p.  23. 

(1053)  Non  euro ,  dit-elle,- 

Non  euro  quod  cum  mca  cârmina  carpas  ^ 

CompiUs  j  &  (ic  y  vecpe  poeca  »  fapis. 
Illud  me  cruciac ,  SÔlymis  quod  nacus  in  ipfis  ^ 

Pcdicas  pueruni ,  verpe  poeu»  meum. 

(1054)  Dans  les  prolégomènes  de  Touvrage  intitulé  t 
le  Emendatione  temporum ,  pag.  40. 


'  400  Moyfe^  conjiâcré  comme  Légiflateur 
nion  (loyy).  Selden  en  a  une  autre  qui ,  fatis 
être  impoffibîe ,  eft  certainement  moins  vrai- 
femblable,  par  cela  feul  qu'elle  eft  moins 
limple  &  moins  naturelle.  Il  l'interprète  par 
nupunijft  t Eternel {lo^ 6).  On  peut  voir,  dans 
les  Prolégomènes  de  fbn  Traité  des  Succet 
fions ,  les  raifons  fur  lefquelles  il  appuie  (bii 
fentiment.  Nous  croyons  bien  difficile  de  n'en 
pas  trouver  l'érymologie  forcée,  en  rappli- 
quant au  vers  de  Martial.  A  cela  près ,  il  eft 
confiant  qu'en  devenant  parjure,  on  s'expofoit 
à  la  vengeance  de  l'Etre  fuprême.  Manquer  à 


(1055)  Voffius,  Hiftoria  Pelagiana,  liv.  5, part. 2. 
tîrotius.  Comment,  fur  S;  Matthieu,  chap.  J,  v,  34. 
L*abBé  Mignot ,  dans  les  Mémoires  de  l'Académie, 
tom.  40;  pag.  50.  En  EfFet  vh^  ♦H  CÎW,  am  chi  ala^ 
ou,/  vîvit  Dcus^  eft ^firé  parmi  les  Juifs  de  même 
que  le  ferment  négatif  par  lequel  Samuel  Petit  inter. 
prête  ce  paiTage ,  Xshjf  m  J'K,  an  cki  alion^  c*eft-à* 
dire  ;  non  :  Viyit  D^us  ou  Excelfus,  Liv.  i  varianw^ 
ieftiomim ,  diap.  j6.  Cela  pofé ,  il  n'eft  pas  difficile 
d'appercevoir  comment  les  Romams  latinisèrent  ce 
mot  &  t'employèrent  avec  un  changement  très-l^w: 
anchîalum ,  au  Tieu  de  an  cki  alion, . 

(1056)  Au  lieu  de ,  per  ancKui^m ,  il  lit  ,  tp^TÇ 
VI  J^Tfl»,  ï^eran  chi  oUmy  c*eft-à-dire,  ulç^fcatury  vitf 
diBam  fumât  is  gui  viyït  in  aternàm.  Le  Vers,  fdonluii 
i^  ainfi  ; 

Non  credo  y  jqra  vtrpe;  îpetan  cW  »Um 


[ 


&  comme  Moraûfiél  j^o  t 

fk  promefle  étoit  en  effet  outrager  plus  parti- 
culièrement la  majefté  divine.  Jofué  en  eft  fi 
convaincu  ,  qu'indécemment  trompé  par  les 
Gabaonites ,  malgré  les  murmures  de  fon  ar- 
mée ,  il  refpefte  leurs  jours ,  parce  qu'il  a  juré 
de  les  conferver  (loyy).  Quand  la  religion 
avoir  fcellé  ces  engagemens  folemnels ,  on  ne 
fe  permettoit  plus'  même  de  les  interpréter. 
L'auroit  -  on  pu  ï  Jéhova  en  étoit  devenu  le 
garant.  Abraham  le  prend  à  témoin  pour  aC^- 
furer  au  roi  de  Gérare  qu'il  épargnera  fa  per- 
ibnne,  fa  famille  &  fa  poftérité  (1058).  Ce 
patriarche  le  prend  encore  à  témoin  quand  il 
lève  la  main  pour  attefter  au  roi  de  Sodome 
qu'il  ne  profitera  jamais  des  dépouilles  de  fes 
ennemis  (loyp).  La  Gejièfe  parle  ici  de  lever 
la  main.  Ailleurs ,  elle  exprime  une  formalité 
plus  fingulière.  Le  père  d'Ifâac  envoyant  lln- 
tendant  de  fa  maifon  chercher  une  époufe 
pour  fon  fils ,  lui  dit  :  «  Mettez  la  niain  foiîs 
ma  cuiffe  &  jurez-moi  que  vous  ne  choifirez 
pas  une  Chananéenne ,  mais  que  vods  irefe 
dans  le  pays  où  font  mes  parons ,  dans  la  Mé- 


(1057)  Jofué,  chap.  9 ,  V.  15 ,  16  &  fuivans. 

(1058)  Genèfe ,  chap.  z\ ,  v.  ^22  &  23. 

(1059)  Genèfe,  chap.  14,  v.  22  &  53. 

Ce 


m 


4D2  Moyje  y  tonfidéré  comme  JLégiJlaieur 
fopotamie  >k  Et  le  vieux  ferviteur  remplit  M 
fcrmalité  qu'on  exige  de  lui ,  &  prononce  le 
ferment  (1060).  Jacob  (1061),  furie  point  de 
tjuitter  la  vie,  fait  venir  à  Geflen  où  il  réfi- 
doît ,  Jofeph  fon  fîls ,  &  exige  que ,  plaçant  la 
main  fous  la  même  partie  du  corps  y  il  lui  pro* 
tiaette  de  Tenfevelir  hors  de  TEgypte ,  &  dans 
le  tombeau  de  fes  pères. 
Peincaecc-  L'obfeTvancè  des  fêtes  eft  prefcrite  fous  les 
îw«v\n-^  P^^"^^  les  plus  rigoureufes.  C'eft  la  mort  fi  on 
des  fêtes,  ne  paflè  pas  dans  le  jeûne  &  Tafflidion  de 
Tanie  le  premier  Jour  de  celle  des  expia- 
tions (1062).  Ceft  la  mort  fi  on  néglige  là 
Pique  &  fes  formalités  facrées  (1063).  Ceft  la 

(1060)  Genèfe,  chap.  24,  v.  2-9. 

(îo6i)  Genèfe,  ch.  47 ,  v.  29  &  30.  Voyez,  furies 
fermens  civils  &  religieux  des  Juifs,  SeWen,  de  Sy- 
nedriis  ,  liv.  2  ,  chap.  II. 

(io6t)  Lévitique,  chap,  16,  v.  6  &  7.  Nombres,^ 
chap.  19,  v.  7. 

-  (1063)  Exode,  chap.  11,  v.  19.  Nombres,  ch.  9, 
V.  13.  Si  on  étoit  abfent  ou  impur  ,  le 'quatorzième 
jour  du  premier  m6is,  jour  de  la  pàque,  on  la  ce- 
ièbroit  le  quatorzième  j©ur  du  fécond  avec  des  pains 
fans  levain  &  des  laitues  fauvages'',  en  obfervant 
4*ailleurs  toutes  les  cérémonies  accioutùih^es-.  Itom- 
bres,  chap.  9,  v.  6-.  12, 


&-  çôfHme  Moi^lïfie.é}  ^ôj. 

inort,  fi  on  viole  le  fabbat,  (^p6j^) ,  (juélçiuè 
îégèreque  fQitjL'a^ion  par  laquelle  oa  le  viole^ 
Un  IfraéUte  y  ^ft  Condamné  pour  avoir  ra-^' 
jnaflTé  du  bois  da^s  ce  jour  To(emnel  (loj^j)^' 
pn  fut  même  tenu  d'atprci^de  rooïe^^^  Vîoiôîf-^ 

dant  la  guerrô ,-  &  les  ennemis  des  Juirs  en  me',îcVab- 
profitèrent  fouyent*  Apollonius  entre  autres^  MaV«rc^^^ 
]Un  des  généraux  4'AntiQçhus  roî  de  Syrie  ^ 
.  que  ce  prince  avoit  nommé  fiinntendant  (lès 
tributs  en  Judéie;^èn  profita  tK>ur  Icoteerfahs 
jpitie  les  Hébreux  quil  avoit  trompes  par  une 
faufle  apparence  de  modéraçion  /  pour  piller 
tous  leurs  tréfbrs ,  s'émparèr  clé 'leurs  trdù-- 
^eaux,  afleryir  leurs  feihmes  S<  lettrs  ehfiins , 
jFaire  abattre  leurs  m^ifons&  leurs  rerr^arts,    V. 
^  livrer  aux  flammes  tous  les  débris  éc::hàppés  ""  ' 
à  fa  fureur  (1066)  :  mais  1^  Juifs  fen tirent  eri^û 
qu'ils  ne  manquoient  point  à  la  Volonté  a« 
Jenova  en  le  dérobant  à  une  mort  certaiiie. 


(1064)  E^odCi  chap.  3ij!  V.  t\.  J^ombres,  ch.ij, 
V.  35.  Il  étoit  mêfiiQ  défen^du  ce  jbur-là  d^allumer.  du 
teu  dans  fa  ^aifon.  Voyez  l'Êxode  >  chapitre '^J. , 
V.  *2  &  3  ;  Si  (uprà,  chap-  3 ,  aft.  3  ,  p.'^34.  ,^ 

(1065)  Noiîîbres^^chap.  15 ,  v.  32  tIS;-^  36.    . 

•  "(1066)  I ']!ft'aciiab.  ch.  i ,  v.  3i-'3r4,-l5£  2  MacîÀb. 
chapitre  5 ,  v.  24  &  ;iç^^ Vpyezen  un  exemple  plus 
ancien  dans  Josèphe ,  Antiquités  Judaïques ,  livre  12^ 
chap.  I ,  pag.  388. 

Gc  a 


i^o4  Moyfcj  conjidéré  comme  Ugijlatcur 
éc  on  permit  de  prendre  les  armes  le  jour  du 
fabbat ,  pourvu  :tôutefbis  qu*on  n'eût  d'autref 
liâotif  qiiè  la  héCeflSté  de  fe  défendre  (lô^y)! 
Peut-être  ne  fut-ce  j[as  accorder  àflez  au  peuple 
.  .c  flra^litq.  SiTeurs  ennemis  n'abufdiéntplus  d'un 
.  repos  facré  pour  venir  les  înfûltef  dans  leurs 
villes  ^  dans  ^  leurs  camps ,  ils  s'en  fervoient 
èi^cqre  pour  réparer  les  malheurs  d'un  premier 
combat,  ratre  avancer  lès  rriacbinès  qui  pré- 
parent le  fuccës  d'un  ïîège ,  iiâter  le^  travaux 
îîéceflafres  ^  la  viàoire  &  eh  difpofèr  à  loifir 
tous  les  mcjyèns.  Pompée  ne  négligea  aucim  de 


ftmt.  peutérbnomé  j(iô&9)  exhorte  à  ne  lés  aban- 
donner jamais ,  à  veiller  \  tous  leurslDeïbins ,  à 
s'occuper  d'eux  avec  d^autant  plus  d'adivité 
'qu'ils  tforitàucuhè  part  dans  là  téfrè  pôfledéel 

;^f  1067)  I  Machab.  chap.  2,  v.  40  &  41. 
'  (1068)  Josêphe,  Antiquités  jKidaïques,  livre  14  J 
chapitre  8 ,  pag.  47i'&  474»  &  de  bello,  Jiv.  i, 
riiap.  ç,  pag.  71^.  '^  '•,      . 

£1069)  Chapitré  12,' v.  19,  &  ch/i4,  v,  22-29. 

>■■■■;  .   -■■■  .  jg„j>:.  -.■:.•   ,^       • 


V»J 


5  comme  Moralise.  2(,o^ 

Art  I  c  l  e    L  V. 

Loîx  Jur  Us  crimes  commis  par  l'homme 
envers  Jes  fimblabieri 

S.  I-. 

Des  crlm^  du  fils  envers  fort  père* 
i 
Suivons  encore  Tordre  éfaBli  par  le  DécjL^    ub  Ccum 
logue.  Les  premiers  devoirs  qu'il'  expofe  font  prononç» 

i<        ot         «•   *  .    *      .  n  t.  •       aucune  pcw 

ceux  d  un  fils ,  &  leur  violation  eft  le  premier  ne  contre  i# 
crime  à  punir.  Le  legiflateur  des  HéBréux,  ^**""  *^ 
imité  par  celui  de  la  Perfe  &  ceux.de  la  Grèce; 
ne  croyant  point  fans  doute  à  là  poffibilité  dà 
parricide,  n'exprime  envers  liii  aucuti  châ- 
timent. Et  quel  châtiment  eût-il  exprime  dont 
la  févérité  ftit  proportionnée  au  fupplice  de 
mort  ordonné  contre  celui  qijjf  frappe  fon  père    Peînfreoir. 
ou  fa  mère ,  les.  outrage  ou  les  maudit  (1070)  !  ftappc"f^'^ 
Le  Deutéronome  vait  même  que  fi  an  fils  eft  ^^^^  ^* 
infolent ,  &  rebelle  aux  ordres  paternels ,  on 
le  mène  à  la  porte  de  la  ville,  on  y  publie  ÙL 


(1070)  Exode,  chap.  21 ,  v.  rç^  &  17.  Lévitique^, 
chap.  20,  V.  9.  Il  paroit  que  Je  fupplice  duTSIs  qui» 
a\'oit frappé  fon  père  étoit  l'étranglement,  jpan-  Vbyeit 
Conilantiu  Lempereur,  cUap.  &->  §;  5 ,  pag.  znx 

Ce  5 


)^e6  Hoyfi  3  conjidéré  comrr^e  Lcgîjlateur 
faute  en  préfence  des  anciens ,  &  qu'il  y  foit 
lapidé  par  le  peuple  (1071).  Lapider  pour  une 
tléfobéiflance  pàroîtra  rigoureux  dans  un  gou- 
vernement &  dans  un  fiècje  où  cette  faute  eft 
fi  fréquente ,  &  où  la  plupart  des  loix  invitent 
à  la  commettre  par  le  peu  d'autorité  qu'elles 
accordent  aux  pères.  Je  fuis  loin  d'approuver 
une  pareille  rigueur  ;  mais,  quoique  aflFreufe, 
peut-être  eft-élle  fujette  à  moins  d'abus  que  le 
relâchement  introduit  dans  nos  coutumes  & 
dans  nos  mœurs.  Quoi  qu'il  en  foit,  le  fupplicç 
n'eft  infligé  qu'au  fils  parvenu  à  la  majorité, 
ç'eft-à-dire ,  à  treize  ans  \  &  un  attachement 
rigoureux  à  l'expreflion  du  légiflateur  perfuada 
que  les  fiUes  n'y  étoient  pas  foumifes ,  fur  le 
prétexte  que  Moyfe  ne  parlant  qu'au  mafcu- 
lin  ,  n'exprimoit  que  les  enfans  mâles,  Le  père 
pu  la  mère  pardonnoient-ils  ?  L'indulgence  de 
l'un  ençhaihoit  la  févérité  de  l'autre ,  &c  il 
p'avoit  plus  droit  de  pourfuivre  le  cou* 
pablç  5  parce  qu'il  e(l  écrit  :  c<  Son  père  ^  fa 
pjère  le  prendront  »,  Ici  eft  une  nouvelle  preuve 
de  cet  attachement  au  jtexte  de  la  loi ,  carac- 
tériïe  avçc  tant  de  raifon  ^zr  judaïque.  Les  ral> 
binç  (  1971  )  ont  décidé  que  les  paréos  ne 


(1071)  DeutéronoiBe,  chap.  2i,v.  18-21. 
(îÇ7%)  Voye?,  à  ce  fujet^^  tQut  ce  cju'a  écrit  C^lflie* 


&  comme  Moraliffu  407 

devoieat  pas  être  manchots  parce  qu*its  n'au- 
roient  fu  prendre  leur  fils ,  ni  muets  parce 
qu'ils  deyoient  Taccufer,  ni  aveugles  parce: 
qu'ils  dévoient  dire  :  <*  Voici  notre  fils  ».  Le- 
fils ,  ajoutent-ils ,  ne  doit  pas  être  fourd,  parce: 
qu'il  n'entendroit  pas  leur  voix.. 

S-    IL. 

De  l^Tiomicidè  &  dès  crimes  qui  y  ont  rapports. 

Vous  ne  tuerer  pas ,  eft  le  fécond  précepte;  sa  féu^^ 
L'homicide  dont  la  Bible  annonce  que  Caïii  "*^'^** 
donna  la  premier  exemple,  jaloux  de  ce  que 
l'Etre  fuprême  avoit  reçu  plus  favorablement- 
les  offrandes  d'Abel  (1075),.  étoit-il  prouva 
par  deux  témoins  (1074)  ï  On  le  puçiflbi^  do- 
mort  par  une  difpofition  de  l^  Gejaèfe  çop- 


dans  une  Differtation  fiir  la  policç  des^  Hébreux  >^ 
tom.  2  de  la  Bible  d'Avignon ,.  pag.  56S. 

(1073)  Genèfe,  chap.  4,  v.  4,  5  &  8. 

(1074)  Nombres  y.  chap.  î^5,,.v.  30.  Un  témoin  ftif-- 
fifoit  fi  Taccufé  étoit  un  prof'élyte  de  domicile,  & 
alors  il  fubiflbit'  la  mort  jC^uelque  homicide  quH  eût 
commis,  dans  le  cas  même  où  ne  la  fubiflbient  pas 
les  Ifraélites  ni  le*-  profélytes  de  juffice.  Voyezr  lib^ 
Gemarer.dç  gabylone,  de  Synçdriis,  chap-  7,  p.  f^^^ 
Hjl  Selden  de  Juj-e.  Na^uraî  ^  Gèntium ,  liv.  4 ,  ch.  i^^ 
pag.  482;&.4^. 


îj.o8      Moyfcy  conftdéré  comme  Lé ffflateur 

firmée  dans  l'Exode ,  dans  le  Lévitîque ,  d^os 
le  livre  des  Nombres  &  dans  le  Deutéro- 
nome  (  loyy  ).  La  peine  cependant  ne  fut. 
encourue  que  fi  on  tuoît  un  Ifraélîte  ou  un 
profélyte  de  juftice,  à  en  croire  les  Talmu- 
•  diftes ,  &  jamais  pour  avoir  tué  un  Gentil  ou 

un  profélyte  de  domicile,  Maimonide ,  qui 
Tattefte ,  fe  fonde  fur  une  interprétation  ab- 
furde  &  barbare  (1076)  que  défavouent  éga- 
lement la  Genèfe  &:  l'humanité, 
oeojmcnt     La  manière  dont  on  le  punit  aujourd'hui  eft 

on  le  punie  ^ 

aujourd'hui.         . 

(1075)  Genèfe,  chap.  9,  v.  6.  Exode,  'chap.  21, 
V.  12.  Lévitique,  chap.  14,  v.  17  &  21.  Nombres; 
chap.  35 ,  V.  16,  17  &  18.  Deutéronome^  chap.  19, 
y.  ,11  &  12. 

(1076)  On  fe  fonde  fur  ce  queTExode,  chap.  21,' 
V.  14 ,  difant  proxîmum ,  n*a  entendu  que  les  Ifraélites 
ou  les  profélytes  de  juftice  ;  nwis  proxîmum  ne  peut 
iignifier  là  que  tous  les  hommes.  La  Genèfe  fortifie 
mon  affertion ,  elle  ne  dît  ifx'homo ,  chap.  9  ,  v.  6.  Les 
Talmudifles  foutiennent  que  ce  n*eft  pas  là  une  con- 
damnation formelle  ,  mais  une  indication  divine  de 
la  haine  du  crime ,  &  la  défignation  d^une  peine  très* 
grave  que  Jéhova  laiffe  aux  hommes  la  faculté  d*itt- 
ïOger  pour  punir  une  ii  grande  \iolation.  Mais  \n* 
terpréter  ainfi,  c*eft  abufer  étrangement  de  l'Ecriture. 
Si  la  jurifprudence  des  rabbins  a  mis  cette  différence» 
'c*eft  un  abus  coupable  5  contraire  à  la  loi  elle-ihéme. 
Yoyez  le  Lévitique,  chap.  24,  v.  17,  ai  &  2a* 


'     &  tofrtÊm  MôraR/le*  40J 

rapportée  par  Buxtorf  (1077).  Le  meurtrier  eft 
chafle  de  toutes  les  villes  où  il  y  a  des  Juifs , 
pour  trois  ans ,  pendant  lefquels  il  doit ,  tous 
les  jours ,  être  châtié  par  le  fouet ,  &  répéter 
à  haute  voix  :  «  Je  fuis  homicide.  »  La  chair  des 
animaux ,  le  vin  lui  font  prohibés.  Il  doit 
Jaiflèr  croître  fa  barbe  &  fa  chevelure ,  ne 
laver  ni  fbn  corps,  ni  fes  vêtemens,  porter  le 
bras  coupable  attaché  à  fon  cou  avec  une 
chaîne  de  fer,  courir  ainfî  d'afyle  en  afyle, 
fans  ceflèr  un  inftant  de  pleurer  fur  fon 
crime.  Vagabond  comifie  celui  dont  il  fut 
l'imitateur  ,  Gain  ,  on  lui  défend  quelquefois 
de  pafler  deux  nuits  dans  le  même  Heu.  Il  en 
eft  qui  couvrent  leur  poitrine  d'une  efpèce  de 
ciHce.  D'autres ,  étendus  fur  la  porte  du  lieu 
où  s'aflemblent  les  IfraéHtes ,  doivent  y  être 
foulés  aux  pieds.  Le  fupplice  &  Texil*  finis , 
pendant  une  année  entière ,  le  coupable  jeûne 
trois  fois  par  femaîne ,  outre  les  jeûnes  ordi- 
naires. 

Par  le  livre  des  Nombres  3  fi  le  criminel  étoit    lc$  parens 
connu ,  le  plus  proche  parent  de  la  perfonne  yo^nTuT"* 
aflaffinée ,  fon  héritier  naturel  &   légitime  venger. 
pouvoit  lui-même  le  priver  de  la  vie ,  éju'on 


(1077)  Synagogue  Judaïque,  chap.  47,  page  6y6i 
diaprés  le  livre  intitulé  Colbo^  n.  67. 


410  Moyfcj  conjîderé  c^tne  Légifiatettr 
l'eût  tuée 'avec  le  fer,  dit  ce  livre,  avec  dtt 
bois ,  avec  des  pierres ,  en  la  poufiànt  rude-» 
ment  ,  en  jettant  quelque  chofe  contre  elle 
par  un  mauvais  deflTein,  en  la  frappant  (1078). 
L'argent  ne  rachetoit  pas  de  la  peine  méritée 
pour  avoir  répandu  le  fang  de  fon  fembla* 
ble  (1079).  En  vain,  on  fe  réftigioit  auprès 
de  Tautelj  le  fcélérat  en  étoit  arraché  pour 
fubir  un  jufte  châtiment  (1080).  On  y  pour- 
fuivoit  le  prêtre  lui-même  fouillé  par  cet 
attentat,  &  fuivant  quelques  auteurs,  malgré 
le  facrifice  dont  il  alloit  •offrir  Thommage  à 
TEternel  (io8i).  Dans  le  Targum  de  Jérufa- 


(1078)  Nombi^es,  çhap.  J5 ,  V.  16-21.  Voyez  Te 
chap.  19  du  Deutéronome  ,  v.  11 ,  &  Mikotfi ,  Praa 
negat.  160  &  161. 

(7079)  NombFcs,  chap.  55 ,  v.  31.  Maimoaîde  & 
Mikotfi,  diàis  locis. 

(1080)  Exode,  ch,  21,  v.  14.  Maimonide,  More 
Nevochim  ,  part.  5,  chap.  39..  De  ce  que  la  loi  pref- 
crivoit  expreffément  d'en  arracher  PhP^içid*^  vplon- 
f3ir^,  il  ^ft  facile  de  conclure  qu'elle  permettait  ?t 
rhomicide  involontaire  dç  s^  réÇLïg^ier,  &  qu'elle  re- 
gardoit  pour  lui  cet  af^^le  comme  facré,.  Voyez  Mai- 
monide ,  de  Homicidiis ,  chapitre  $ ,  &  les  différent 
commentateurs  du  chap;  21  de  TExode. 

(loSi)  Voyea?  eptr'autre^  J(açcW  &  Abeœfra  fut 
le  paflage  cité  de  l'Exoclçv;    ' 


>      ^'dôfnme  Màralifie.  ^  41 1 

iem  (io8i)  Tordreeneft  étendu  ')ûSspi'zn  pon- 
tife foprême. 

Il  y  eut  cependant  des  lieux  d'afyle  :  mais  ils  dcs  viUc» 
ne  forent  que  pour  le  meurtriec  involontaire ,  *  '  *" 
foit  Ifraélite ,  foit  étranger  (1083).  Jéhova  lui 
deftina  fix  villes  parmi  les  quarante-huit  ac- 
cordées aux  defcendans  de  Lévi,  trois*  en  delà 
du  Jourdain ,  &  trois  dans  le  pays  de  Cha- 
naan  (io84).  Les  premières  font  Bofbr ,  fîtuée 

(1082)  Voyez  Selden ,  de  Jure  N^turga  &  QentiiinS  , 
liv.  4,  chap.  a,  pag.  491  &  492,  &  de  Synedriis  , 
liv.  3  ,  chap.  8,  §.  3,  pag  60  &  61.  DrUflus  ,  ad 
ilifficilipra  loça  YÇteris  Teflamenn,  Uv.  2^  ch.  33. 

(1083)  Nombres,  chap.  35,  v.  lï  &  15.  Deutéro- 
j^ome ,  chap.  4,  v.  42.  Jcfué,  chap,  20  ,  v.  3  &  9. 
L'hébreu  dit  14  &  ^in  ,  ger  &  tofchab  ,  que  la 
VuJgate  traduit  fort  exaftement  par  advena  &  pere^ 
grinî  ,  &  les  Septante  traduifent  par  a  vpocrilwrùs  «| 
i  'jrâpopLûs.  Ger  j  en  effet,  dont  la  racine  eft  TU,  gur^ 
peregrinariy  exprime  un  étranger  qui  fe  trou  voit  en 
Judée  fans  y  avoir  d'habitation  fixe ,  au  lieu  que 
tofchab  ,  dont  la  racine  £ft  2V^  j  iafchab  ,  manere  , 
morarî^  exprime  l'homme  qui,  né  ailleurs,  s'eft  ce^ 
pendant  établi  une  habitation  fixe  en  Judée. 

(1084)  Nombres,  chap.  35,  y.  6,  ^3  &  14-  Deu- 
téronome,  çhap.  4 ,  v.  41  ,  &  ch.  19 ,  y.  i  ,  2  &  9. 
Voyez  Jofué  ,  chap.  20  &  21.  Maimonide  affure 
même  dç  Homicidiis  ,  chapitre  8  ,  que  les  quarante- 
kuit  villes  des  lévites  éroient  des  lietbc  «Si'âfylc.  'U 


%ix      MoyfctXonJiikWccmmeJj^yiaeâur  ^ 

dans  la  plaine .'  du  i  défert  &  de  la  tribu  :dl 
Huben,  Ramoth  en  Galaad  &  de  la  triba,do 
Gad ,  Gaulon  en  Bà(ab:&:  de  la  tribu  de  Ma- 
nafle  ;  &  les:  fécondes ,  Gédès  en  Galilée  fur 
la  montagne  de  Nephtali ,  Sichieiyi  fur  lernom 
Ephraïm,  &  Cariatharbe ,  nommée  auflî  Hé^ 
bron,  fiir.la  montagne  de  Juda  (io8j).  Les 
chemins  qui  conduifoient  à  ces  villes  étoient 
aifés ,  &  ils  féparoient  en  parties  à- peu-près 
égales  toute  l'étendue  du  pays ,  pour  que  lé 
fugitif  eût  un  lieu  prochain  où  il  fe  retirât  en 
sûreté (1086).  On  s'empreflbit  d'en  profiter, 
dès  qu'on  aypit  eu  le  malheur.de  priver  du 

Il  1 1    •  ■    "m'  i        — M^^— — ^i^»^— 1»^^— ^B^— — M^^— — — a 

feule  différence  qu^il  y  met,  c'eft  qii*on  fe  réfo* 
gioit  dans  tes  premières  que  les  habitans  y  confeir' 
tiffent  ou  non  ,  au  lieu  qu'on  avoir  befoin  de  leur 
confentement.pour  fe  réfugier  dans  les  fecopdes.  Sur 
ces  villes  d'afyle  &  tout  ce  qui  les  concerne,  voyez^ 
dans  le  Talmud,  le  titre  de  Plagis;  Maimonide,  fui 
ce  titre;  Mikotfi,  Praecept.  afErmat.  75  &  76 ,  & 
More  Nevochim,  lîv.  |,  chap.  59^;  Fagius,  Paulus 
Burgenfis,  fur  le  ch.  35  des  Nombres;  Seîden,  de 
Jure  Natuiae  &  Gentîum ,  liv.  4,  chap.  2 ,  p.  486  & 
fui  vantes;  Cunœus  de  Republicâ  Hebrajorum,  ch,7, 
pag.  62,  63  &  64. 

(1085)  Jofué,  cbapître  20,  v.  7  &  8.  Voyez  ïè  . 
Deutéronome,  chap.  4,  v.  43. 

(  1986)  Deutéronome,  chap.  19-,  v,  5  &  7* 


)Oïtf  Uii  de  feS'^cmckiûy^m  par^û^enidoiio 
par  hafard ,  cofnmè  fi  étant  -awc /fui  y  dias 
tihe  forêt,  à  couper  du  bob,  jte  fw'de  la 
coignéè  s^échappok^^  alloit  le  frap{ieifJ^îo87). 
C'étoit  fur -tout  -une  grande  |)^babiltté  en 
fàvéûr  du  meutjrter^jue  de  n'avoir  euièviec  la 
perfbnne  morte ,  âûCune  diflènf^on ,  •  aucune 
querelle ,  auùtine  raîfon  d'inimitié,  &  il  fuP- 
fifoit  de  proiiWqùd^efentiméntdëfavorable 
li'exiftoit  ^s  entre  èiax ,  deux  ôu  tirois^  jours 
avant  le  >hinefte  événement  <•  io88»)rîMais  fî 
rhomîcide  étbit  là  iSrmt  deja.  fttrpiife,-.detla 
tkiti^^  de  la;iméchanceté ,  ks  iahdatis  dec  la 
ville  du 'Coupable  renvdyoiènt  prendre,  le 
livroierit  aux  pàreni  de  la  perfoime  «affinée 
€^;  ûii  fupplice  que  fon  forfait  avoir  mc- 
fité-fioS^).  Les  Juifs  ne  connurent  point  d'afyle 
contre  un  pareil  attentat  j  inftitution.  fage  , 
trop^u  imijtée  «bez-d'autres  nations  ,^û,,pac 
un  facrilège  hottible,  les  plus  vils  fc^érat^  fe 
fonttou|DuYs  réfugiés  dans  le5^^mples,xomtne 
fi  le  crime  dëvoit  fè  placer  fl&fîs  ][Jrote6Hon 


'  (1687)  Dedtérohbirié;;'clwp.  i^vY-j^'^ï. 
^.  ■  tTOgg  )  Deutérbfionw  ■  <chaj).'4  ;\.  ^4*ti  ô4jîiap.  19; 
y.  4  &  6.  Jofué,  cbap/^ovy.  Ç.^  */    V"^'  "      ;    * 
(1089)  Deutéfojoôme ,^  cfcip.:  i>ï  V-*ti'&  !ra^     ' 


41 6      Moyfe ,  CdnJiiUrc  comme  Légijlateuf     ^ 
le  maître  qui  dans  les  leçons  données  à  msHà^ 
à  un  efclave,  fur  les  chofes  néceflaires,  conune 
la  loi,  le  frappant  pour  le  rorriger ,  venoient 
à  le  priver  du  jour,  n'avoîent  pas  befbin  de 
s'y  réfugier.  On  n'en  avoir  pas  befoih  davan-- 
tage  dans  le  fécond  cas ,  &  le  plus  proche 
parent  h'avoit  pas  le  droit  de  ïe  venger.  Il 
Tavoit  au  contraire  dans  le  troifième,  &  le 
coupable  ri'avoît  pas  celui  d'afyle ,  quoique  la 
peine  de  mort  n'eût  pas  été  prononcée  contre 
lui  par  le  légiflateur  (1098)- 
^uia,  fî     Ignôroit-on  l'auteur  de  raflalEnat  ?  Lès 
?autMr°'de  fénateuTs  d'Ifraël  méfuroient  Fefpace  depuis  le 
l'aiTaflînat?  ^adavre  jufqtfaùx  villes  d'alentour.  Ceux  de 
la  plus  prochaine  prenoient  une  genifle  qui 
tfavoit  pas  porté  le  joug,  ni  fillonné  la  terre. 
Ils  la  conduifoient  dans  une  vallée' couverte  de 
cailloux  &  raboteufe ,  laquelle  n'eût  jamais 
été  ni  labourée ,  ni  feméie.  Là ,  ils  coupoient  la 
tête  de  la  viâime.   S'approcfaant  enfuite  du 
cadavre ,  ils  lavoient  leurs  mains  fur  l'animal 
expiré ,  endifant  :  «Nous  n'avons  point  ré- 
pandu ce  fang  ;  nos  yeux  ne  l'pnt  point  vu 


(1098)  Maimonide,  dî6tô  loco  ^  chap;  5;.  Selden; 
diÔG  loco,  pages  487. &  488.;  Mîkotfi ,  diâo  loco. 
Le  rabbîrî 'Salomon  Jarchji  fur  l'Exàide',  chapin^  11, 
yerf.  44.  Z^'^i         .  # 

répandre  j 


ê  comme  MoYaiyici  %\f 

Répandre  5  Jéhova,  fois-nous  propice  (1099)»  5 
&:  le  chârimeilt  dé  l'homieide  ne  tomboit  pâ$ 
lur  euXi  \ 

Un  homme  avoit-il  été  tué  par  plufieurs  komfcî^pi 
perfonnes  à  la  fois?  Aucune  d'elles  n'ayant ^ag^^  ;^^ 
précifément  comnîis  le  crime  &  donné  la  mort  y  in^^?  Me. 
elles  étôierit  toutes  exemptés  du  dernier  fup-^^ortcmentj 
jplice,  félon  Maimonide  &  la  Mifnà  (lioô). départ^      ; 
•L'infanticide  y  étoit  fôumis  de  la  manière  la 
plus  rigoiireufe  j  &  l'avortenierit  fut  puni  de 
mort  comme  la  fuppreffion  de  part  (iioi). 
On  permît  cependant  dé  tuer  lé  fœtùis  j  foit 
avec  la  m-aiiij   fbit  avec  des  breuvages  ôtt 
d'autres  remèdes  ,  fi  l'accouchement  étoit  là^ 
borieux  &  qu'il  y  eût  du  danger  pour  la  vie 
de  la  mère ,  cruauté  néceflairé  ,  dit  Tèrtul- 
lien  (i loi),  pour  que  l'enfant  ne  devienne 

(1099)  Deùtérondnie ,  chapitré  ai ,  v.  1-8.  Voyez 
tout  ce  que  dit  Maimonidç  ;  More  Nevochim,  part.  3  i 
chap.  40,  pour  prouver  la  fageffe  de  cette  loi.  Yoyei 
aufii  la  Mifnà ,  de  Uxoré  adiilterii  fufpe^lâ ,  cHapi  9  i 
%.6,p.  288 ,  &  le  Talmud  BabyJ;  même  titré ,  foL  46. 

(1160)  Maiin6nide,diaoldco,chap.  i^&làMifiiài; 
tom.  4,  dé  Synedriis,  chap.  $î. 

(noi)  Jésèphé  contré  Appiori  ;  livre  2 ,  pag.  107^' 
Èusèbe ,  Prsep.  Evang.  liv.  8 ,  ch.  8 ,  p.  366.  &  Vl^ldni 
de  Spécialibus  LegibuJ  âd  Pràeceptà  6  &  7  j  tom;  i; 

(1Ï02)  De  Anima,  §.  25  ^  pag;  aSi. 

Pli 


4  ^$      Moyfe  j  cor^iéirè  comme  Ugijlateuf 

pas  matricide-  Si  néanmoins  il  montrait  àé)Z 

îa  t^e,  on  ne  pouvoit  plus  lui  donner  la  mort, 

même  pour  fauver  celle  dont  il  alloit/ecevoir 

lêjour(iiô3). 

'  lobfucUi     Joignons  à  ces  loix  quelques  paflages  de 

?«*7oîî^*  TExode  qui  prouvent  combien  fut  attentive 

t^iï^J^^  éclairée  la  vigilance  de  Moyfe.  Elle  s'éten- 

fontiafuicc.jjj   indifieremment   fur    tous  les    citoyens , 

liommes  ou  femmes ,  riches  ou  indigens,  libres 

ou  efclayes.  Si  deux  perfonnes,  y  lifons-nous, 

•fe  querellent ,  que  Tune  frappe  l'autre  avec 

une  pierre^  du  avec  le  poing ,  &  que  le  blefle 

.'ft'en  meure  pas  mais  foit  forcé  de  garder  le 

4it  &  iie  marche ,  quand  il  fe  lèvera ,   qu'en 

•«'appuyant  fuir  un  bâton ,  n'appliquez  pas  la 

•peiné  desaflaffins,  mais  obligez  le  coupable 

^à  le  dédommager ,  &  de  ce  que  lui  coûtent 

Jes  médecins ,  &  des  profits  qu'il  eût  retirés 

,<le  fon  travail  (  1 104).  Si  un  maître  frappe  avec 

(ii03)''Maimonide,  di6loIoco,  chap.  i.  Selden, 
diÔo  loco,  chap.  3  ,  pag.  502  &  503.  Voyez,  fur 
cette  queftipn ,  Sanchez  ,  livre  9  ,  de  Matrîmonio  , 
difput.  20  ;  RainaudUs ,  de  Oftu  Infantium  contra  na- 
turam,  per  feélionem  cœfaream,  chap.  9,  &.  heau- 
'çôup  d'autres  théologiens. 

(1Î04)  Exode,  chap.  21,  v.  18  &  19.  SI  quis  proxi- 
mumfuum  pugno  percujfmt ,  ditBuxtorf ,  Synagogue  Ju- 
daïque, chap;  47 ,  pag.  ^7^ ,  eq  parlant  des  fupplices 


ù  Comme  Moraïifitl  '^x^ 

lUxe  verge  fon  domeftique  ou  fa  fervâilte ,  & 
qu'ils  meurent  fous  fes  coups ,  qu'où  lui  ar- 
rache la  vie  :  mais  qu'on  l'épargne,  s'ils  fur- 
vivent  un  jour  ou  deux  ;  la  perte  de  fa  pro- 
priété &  d'une  propriété  acquife  à  prix  d'ar- 
gent ,  eft  déjà  un  châtiment  pour  lui  (iioy); 
Les  a-t-il  privés  d'un  œil  ou  d'une  dent  ï  Les 
affranchir  eft  la  réparation  qu'il  leur  doit  (iio6)é 


auxquels  ils  foumettent  aujourdTiuî  les  coupables  i 
veniam  ab  eo  petet  >  ac  pratereâ  fuJUgationem  fuftmcbiti 
RMenu  tam  autem  fanxït ,  ut  ei  pugnus  amputetur. 

(1105)  Exode ,  chap.  11 ,  v.  ao  &  11*  Philon,  dei 
Specialibus  Legibus  ad  Praecepta ,  6  &  7  ,^toine  2; 
Pirush  Tora  ,  folk)  I30.  Il  ne  s'agit  ici  qu«  du 
ferviteur  étranger.  Le  ferviteur  ifraélite  étant  moins 
tin  jefclave  qu^un  mercenaire ,  la  peine  de  rhomicide 
eft  encourue  par  fon  maître.  2^.  Elle  eft  auffi  encourue, 
quoique  celui  qu'on  frappe  ne  meure  que  quelques 
Jours  après,  s'il  n'étoit  pas  notre  efclave,  mais  celui 
d'un  autre.  3®.  L'Exode  exprime  ,  avec  une  verge  , 
parce  qu*on  s'en  fervoit  ordinairement  pour  châtier 
un  ferviteur  coupable  ;  mais  ^n  feroit  enccft'e  homi- 
cide û  onavoit  employé  une  autre  manière  de  punira 
un  glaive  par  exemple  &c.  &c.  Voyez  Abuleirfis,  (ut 
le  chap.  21  de  l'Exode ,  queft.  13  ,  &  Ménochius,  de 
Republicâ  Hebraeorum  5  livre  i,  chapitre  5  ,  §«  XI5 
page  34. 

(1106)  Exode,  chap.  21,  v.  26  &  27.  De  lîiêmèj 
s^il  les  a  privés  d'un  doigt  ^  d'une  oreille ,  du  nez  &c«^ 

Bdr 


^lo      Moyfc  y  conJuUré  comme  Ugijlatettf 

Si  dans  une  rixe ,  un  des  combattans  frappe 
tine  femme  enceinte  &  qu  elle  accouche  avant 
ion  terme ,  mais  fans  que  la  mort  fuive  Tac* 
couchement ,  il  paiera  ce  qui  fera  demandé 
par  le  mari  de  la  femme  &:  réglé  par  des  ar* 
bitres.  Si  elle  en  meurt ,  il  rendra  vie  pour 
vie  (1107).  ^ 

i«f  âiiînuwix*  Les  animaux  ne  fîifent  point  exempts  de  la 
feill^"dt  ^*  peine  de  Thomicide.  On  lapidoit  un  bœuf 
rhomicidc.  qyj  ^m^ji-  gj^  frappant  de  fa  corne  un  homme 
X)u  Une  femme ,  &  on  défendoit  d'en  manger 
la  chair  (1108)*  Le  maître  auquel  il  appartenoit 
ëtoit  réputé  innocent.  Si  pourtant  on  prou- 
voit  qu'il  n'avoit  point  renfermé  cet  animal, 
quoiqu'on  l'en  eût  averti ,  on  le  puniflbit  dd 
mort  (1109  ).  Mais  comme  la  punition  étoic 


â'une  partie  du  corps  enfin  qu'il  eft  imp^ffible  que 
la  nature  rétabliflç.  Mifna  &  les  deux  Gemares ,  de 
Sponfalibus,  chap,  i.  Mikotfi  Praecepr.  affirmât.  87. 
Jarchî,  gd  Exod.  chap.  ii ,  v.  7  &  26, 

(no7)  Exode,  cha^Titre  21,  v.  22  &  13.  Si  deux 
homfties  fe  querellent,  &  que  la  femme  de  l'un^ 
Voyant  fon  mari  plus  foible  ,  faififle  l'autre  par  les 
parties  viriles ,  on  coupera  la  main  de  la  femme , 
iàns  avoir  de  compaïfion  y  dit  le  Deutéronome,  ch.  2^ , 
y.  ïi  &  II. 
(ilôB)  Ëxode,  cliap.  21,  v.  i8  &  31, 
iuojj  Exode,  chap.  ,21 ,  v.  28  &  29, 


^     &  comme  Moraîijiei.  'J^^i 

fèvère  pour  une  telle  faute ,  on  permit  dan$ 
ce  cas ,  &  ce  fut  le  feul ,  de  fe  racheter  par 
une  fomme  péainiaire ,   à  condition  néan-i 
moins  qu'on  donneroit  tout  ce  qui  feroit  de-t 
mandé  (iiio).  Celui  dont  le  bœuf  frappok  un       crîmct 
cfclave  ou  une  fervante ,  payoit  à  leur  maître  i7,"  nimfifx 
rrejite  ficles  d'argent   (  environ  ly  écus   de  ^u  cnvca 
notre  monnoie  ) ,  &  le  bœuf  étoit  lapidé  (lin)^ 
Si  quelqu'un,  continue  l'Exode,  a  ouvert  ou 
creufé  une  citerne  fans  la  couvrir,  &  qu'il  y 
tombe  un  âne  ou  un  bœuf,  le  propriétaire  de 
la  citerne  rendra  le  prix  de  ces  animaux ,  & 
l'animal  mort  fera  pour  lui  (iiu).  Si  le  bœuf 
d'un  homme  bleflfé  ç^ui  d'un  autre  ^  qu'il  en 
meure ,  ils.  vendront  le  furviyant  &:  en  partaf 
geront  le  prix  entre  eux,  4e  mén^e  qu§  If 
bœuf  mort.  Si  le  maître  n'ignorant  pas  quô^ 
depuLj  quelque  temps,  l'animal  fr^ppoit  de  hk 
corne ,  n'a  pas  qu  foin  de  îe  garder ,  il  reiïdra 
bœ.uf  pour  bœuf,  6<  le.  boRuÇ  n^çrt  fera  ^^i\^ 
tiQrement  pour  lui  (1113), 

Toutes  ces  peines  furent  établies  par  la  ïohDeqttp|t»i«k. 
!La  jurifprudçnce'confignéé  dans  la  Mifna  enj^'^?^*^ 


(11 10)  Exode ,  €h»p.  ai ,  v.  30* 
(iiii)  Exode,  chap.  21,  v.  3». 
(un)  Exode ,  chap.  21 ,  v*  33  &  54^ 
(m 3)  ExodC',  chap.  ii ,  y.  35  &}6. 


4ii-  Moyfcy  confidcré  comme  Légijlateur 
établit  pour  les  fautes  moins  graves  (1114).  Urt 
Ifraélite  donne-t-il  un  coup  de  poing  à  unf 
autre  Ifraélite  ?  Il  paie  un  ficle.  Il  paie  deux 
cents  drachmes  fi  c'eft  un  fouiBet ,  quatre 
cents  fi  ce  foufflet  eft  donné  à  main  renverfée , 
&  quatre  cents  encore  s'il  lui  tire  les  oreilles , 
les  cheveux,  s'il  crache  fur  fa  figure >  ou  lui 
arrache  fon  manteau. 

S-   m- 

De  ^adultère. 

La  Genèfe  ,  TExode  ,  le  Lévitique ,  le 
Deutéronome  concourent  à  prohiber  Tadul- 
tèrè  (iiiy)  &  à  frapper  également  de  mort 


(1114)  Mifna,  de  Damnis,  tom.  4,  chap.  8,  §.  6, 
pag.  74  &  fuivantes.  G)nftantin  Lempereur  ,  cH.  8, 
"§.  6 ,  pag.  2ti  &  fuivantes. 

(m^)  Genéfe,  chap.  ao,  v.  3.  Exode,  chap.  20 i 
y,  14.  Lévitique,  chap,  18,  v.  20.  Deutéronome , 
chap.  f ,  v,  18.  La  peine  cependant,  quoique  toujours 
mortelle ,  ne  fiit  pas  toujours  la  même.  Le  crime 
étolt-il  commis  par  une  fiancée  non  mariée  ?  on  la 
puniflbit  par  la  lapidation.  Deutéronome,  chap.  22, 
V.  24.  L'étoit-il  par  la  611e  d-un  prêtre?  on  la  con- 
damnoit  au  feu ,  par  une  fuite  du  verfet  9  du  Lévi-* 
îique,  chapltw  ti^WQy^z  la  Mifiia  ,  dç  Synedriis, 


'     &  comme  Moralijle.    '  41  j 

les  deux  coupables  (1116).  On  les  punira  même 
dans  leur  poftéfite ,  en  la  livrant  au  mépris  & 
à  rinfortane ,  tandis  que  les  defcendans  des 
perfonnes  chaftes  feront  honorés ,  dit  le  livre 
de  la  SagelTe  (1117).  Quand  l«s  deux  vieillard^ 
amoureux  de  Sufanne ,  après  avoir  inutilement 
eflayé  de  fe  la  rendre  favorable,  Taccufent  do 
ce  crime  ,  elle  eft  condamnée  à  la  mort  5  &5 
par  une  fuite  du  talion,  quand  Daniel  a^con-^ 
vaincu  ces  deux  vieillards  d'être  de  faux  accu- 
fateurs ,  ils  y  font  condamnés  à  leur  tour  (iii8)* 
.  L'adion  en  adultère  appartint  au  mari  contre  a  qui  ap- 
fa  femme  &  non  à  la  femme  contre  fon  mari,  raaion  ex». 
Le  chef  de  la  famille  fut  chargé  d'en  conferyer^  "  ^"  ' 
rhonneur  &  de  le  rendre  auflî  pur  à  fe§  enfant 
qu'il  Tavoit  reçu  de  fes  pères  {II19),  Il  d,iit 


chap.  9.   Selden,  Uxor  hebral€a^  Rv.  i ,  cfiap.  .16^ 
pag.  115  &  126,  &  liv.  5,  ch^p.  II ,  p3g.  368. 

(m 6)  Genèfe,  chap.  20,'v.  5;  chap.  r6,  v.  11  j 
Lévitique,  ckap.  20,  v.  10.  Deutéronome,  chap.  21  ^ 
V.  22.  Voyez rEccléiîaftique,. chap.  ij,  v.  2J-36. 

(1117)  Voyez  le  livre  de  ia  Sagefl^,  chapJ^j^^^v.t^^ 
&  chap.  4^  y.  3. 

(1118)  Daniel,  chap.  ij,  v.  41  fa  6%^ 

(1119)  WagenfeiBus  in  Mitonr ,  de  Uxore  adiift^ 
fufp.  tom.  ^,  jdhap.  x ,»  §.  r,  pag.  179.  Elle  apparrintf 
exduû  veinent  au  mari ,.  ou  zu  inaglibat  fi  le  mari  é«Qi4^ 

Pd4 


^14  Moyfèy  êonjidcre  comme  Ugiflatmr 
4onc,  non -feulement  être  attentif  à  écartcf 
l'homme  foupçonné  de  vouloir,  pour  me 
fervir  d'une  expreflSon  de  Juftinien  (  iiio  ) , 
infulter  à  U  chafteté  de  fon  époufe,  mai$ 
exercer  contre  elle ,  dans  ce  cas ,  ce  qu'on 
appelle  la  zélotyjj^e ,  c'eft-à-dire ,  lui  défendre, 
en  préfence  de  deux  témoins ,  d'avoir  avec  tel 
ou  tel  honune  aucune  familiarité  &:  de  fe 
cachgr  avec  lui  (lui)-  Ce  devoir  n'eft  pas  une 
(impie  faculté.  On  étoir  forcé  de  le  remplir , 
fi  on  foupçonnoit  fa  femme.  Perfiftoit-elle , 
malgré  la  défenfe,  a  fe  cacher  avec  celui  qu'oa 


^bfent  ou  qu'il  lui  fut  impoffible  d'inteqter  cette  ac-: 
lion.  Selden ,  liv.  3 ,  ch.  16 ,  page  415. 

(nid)  Ceft  dans  la  novelle,  117»  8-  ^"i-Ahï^tnâm 
'de  quîbus  fufpîcio  efi ,  illos  cafiltatî  uxorum  velle  îUuderem 

(11217  Maimonide  fur  la  Mifna  ,  de  Uxore  adul- 
terii  fufpedâ,  tom.  3,  chapitre  i,  §.  i  ,  pag.  158. 
Gemare  de  Babylone,  même  titre  ,  fol.  25^  Voye^ 
Salpmpn  Jarchi  fur  le  chapitre  f^  dçs  Nombres.  Il  fuf- 
fifoit  ^  pour  encourir  l'épreuve  des  eaux  amères , 
que  l'époufe  eût  été  cachée ,  quantîllo  temport ,  difeni; 
les  commentateurs,  polU^i  famina  poffkt ,  id  eft^  quantîllo 
tempore  ovum  6»  affart  poffu  &  abforberu  La  Gemare  dç 
Jérufalem  eft  encore  plus  févère  fur  l'efpace  de  temps 
qu'elle  accorde.  De  Uxore  adultcrii  fufpeélâ ,  pag.  16 
f:ol.  3.  La  défenfe  du  mari  ,  pour  être  valable,  ne 
Revoit  pas  être  générale,  mais  porter  nogimément  fu» 
^  pu  ti|l  homiae,  '  :    •  .-.    -r 


'if  Comme 'Moratijte:  %if 

JTuppofoit  obtenir  fon  afifèaion  ?  elle  ne  pou  voit 
plus  être  avec  fon  mari  qu'elle  n'eut  bu  les 
eaux  amères  (iiix). 

Etoit-il  impoffible  à  Tépoux  de  faire  contre  au  défaut 
fa  femme  les  pourfuites  judiciaires,  foit  qu'il ic^^agiArac 
devînt  fourd  ou  infenfé  ,  foit  qu'il  fût  détenu  ^«^"pp^^*^«- 
dans  les  prifons  ?  Le  légiflateur  attentif  à  ne 
point  laifler  impunie  la  violation  du  ferment 
conjugal,  en  chargeoit  les  magiftrats.  On  ne 
leur  permit  néanmoins  de  diriger  leur  adion 
que  vers  les  objets  pécuniaires.  Ils  n'eurent 
donc  pas  la  liberté  de  demander  la  boiflbn 
des  eaux  amères,  mais  feulement  la  confif- 
eation  de  la  dot  &  de  tous  les  avantages  nup- 
riaux  (112.3). 

Cette  confifcation  n'avoit  pas  befoin  d'être  conôfea- 
demandée ,  elle  étok  de  droit,  fi  répoufedocBoiffon 
refufoit  de  boire  les  eaux  amères.  Elk  ne  les  mires!"*  *'* 
but  pourtant  que  dans  les  cas  douteux ,  lort- 

(1121)  Mifna,  difto  locQ,  pag.  178,. 

(n23)  Mifna,  de  Uxore  adulterii  fufpeSâ,  tom.  3  ; 
chapitre  4 ,  §.  5  ;  pag.  242.  Selden ,  Uxor  hebraica  * 
liy.  5,  chap.  13,  pag.  398.  De  même,  fi  l'époux 
mouroit  pendant  Tintervalle  dç  raccufatioa  au  juge-» 
ment  ,  il  n'y  avQit  plus  lieu  à  la  boiflbn  des  eaux 
amères  ;  mais  la  perte  de  la  dot  étoit  toujours  en-j 
courue»  Ibidçm ,  &  Selden ,  chap.  14 ,  pag.  40GU 


'i^^6  Moyfcy  conjidéré  comme  Légijlateuf 
qu'on  crut  impofiîble  d'attefter  autrement 
l'oubli  de  la  fidélité  conjugale  &  qu'aucun 
témoin  ne  déposât  du  crime.  Afluroit-on  l'avoir 
vue  dans  les  bras  d  un  autre  'i  Elle  -  même 
s'avouoit-elle  coupable  ?  Plus  de  néceffité  de 
recourir  à  une  épreuve  religieufe  ;  la  perte  de 
Bttt^raeînf  \^  Jot  étoit  encourue  (iim).  Ce  qu'il  y  a  de 

en    matière  i         i    -r     r  y 

^'adultère,  bizarre  ,  c  elc  que  les  Jmh  le  contentèrent 
pour  cela  d'un  feul  témoignage  ^  tandis  que 
dans  toutes  les  autres  circonftances ,  ils  le  re- 
gardoient  comme  infufiifant»  Un  feul  témoi- 
gnage pour  un  délit  qui  trouble  le  repos  des 
familles ,  l'ordre  des  fucceffions ,  le  bonheur 
de  l'union  la  plus  tendre  &  la  plus  facrée  !  Ce 
n'eft  pas  tout.  Ordinairement,  on  rejettoit  la 
dépofition  des  parens  &  des  efclaves  ;  ici  on 
Tadoptoit,  On  reçevoit  enfin  à  témoigner  des 
perfonnes  plus  fufpeéles  encore ,  &  qui  hors 
de  là  en  étoient  incapables ,  comme  la  belle- 
mère,  la  belle-fille,  la  beile-foehr ,  &  cette 
rivale  nommée  Mmula.  Il  eft  vrai  que  le 
témoignage  de  celle-ci  ne  fiifoit  pas  perdre 


(1124)  Mifna,  de  Uxore  adulterii  fufpedâ,  tom.  )> 
chap.  4,  §.  2  ,  pag.  2}6 ,  &  chap.  6,  §.  a ,  p.  252- 
Voyez  les  commentateurs  fur  ces  deux  paragraphes  > 
&  Selden,  Uxor  hebraica,  lîv.  3,  cb.  i3^p»  39^ 


&  comme  Moradjlei  42^ 

la  dot  à  Taccufée  5  il  la  forçoit  feulement  à  boire 
les  eaux  amères  (luy). 

On  Ty  força  encore  fi  de  deux  témoins  l'un    q«î<î,  »*iI 

m  •     1       ^  •  o     i>  1         •    •  yavoitcon- 

amrmoit  le  crime  &  1  autre  le  moit ,  pourvu  tradiaion 
qu'ils  fe  ftiflent  préfentés  en  même  temps  :  car  *"^'^  ^"* 
fi  le  témoin  négatif  y  enoit  le  dernier ,  il  étoit 
cenfé  parler  pour  épargner  à  la  femme  le  fup- 
plice  qui  la  menaçoit,  &  fans  ajouter  aucune 
foi  à  fa  dépofîtion ,  on  laiilbit  toute  fa  force  à 
celle  du  témoin  accufateur  {iii6)  ;  étrange  ju- 
rifprudence  ,  qui  fuppofe  une  grande  avi- 
dité de  trouver  u;î  coupable.  Croira -t- on 
qu'un  rabbin,  diftingué  par  fes  talens  &  foti 
érudition ,  a  ofé  dire  en  propres  termes  ? 
**  Celui  qui  attefte  l'adultère  équivaut  à  deux 
témoins  &  mérite  une  confiance  égale  à  celle 
qu'ils  obtiendroient;  mais  celui  qui  le  nie  eft 
feul ,  n'équivaut  qu'à  un  feul ,  &  l'atteftaticn 
d'un  feul  homme  ne  peut  balancer  celle  de 
deux  (1117).  «  Je  neme  permets  aucune  réflexion 


,  .  (U25  )  Mifna,  de  Uxore  adulterii  fufpe'ââ,  chap.  6, 
§.  1,  tom.  3  ,  pag.  252. 

(n26),Mifna^  diôo  loco,  chap^  6^  §.  4,  pag.  253 
&  254. 

(1127)  SI  unUs  pûfl  oTium  venerit  ,  &  prîmus  dixerlt 
'quod  polluta  efi;  aquè  ax:  duo  te  fies  fide  dîgrms  effl,  &  fe* 
cundus  qui  dixerlt  quod*  non  polluta  eft^tfi  unur.'At  non 


4i^  Moyfcy  cônjidérè  comme  Ugijlateur 
for  ce  paflage  &  fur  cette  opinion ,  qui  vraifetri- 
blablement  eft  un  abus  de  ce  vieux  axiome  : 
«  On  doit  plus  de  croyance  à  une  perfonno 
qui  affirme  qu'à  cent  perfonne^s  qui  nient  (1118). 
La  fenfibilité  de  mes  ledeurs  fuppléera  aifé-  ' 
ment  à  mon  filcnce  fur  l'application  horrible 
d'un  adage  de  philofophie  à  la  mefure  des 
peines  &  à  la  certitude  des  forfaits. 

Mais  qu'arriva -t-il  fi  la  faute  atteftée  par  un 
témoin  étoit  niée  par  deux  ?  LaMifna  permet 
alors  de  boire  les  eaux  amères.  Le  texte  eft 
précis  (1129).  Les  dodeurs  Juifs  cependant  y 
mettent  des  reftridions  difficiles  à  caraftérifer. 
Ceux  qui  nient  rie  l'emportent  dans  ce  cas, 
félon  eux ,  que  lorfque  tous  les  témoins  fopt 
également  peu  légitimes,  comme  des  femmes , 
des  efclaves,  &c.  &c.  Autrement ,  puifqu'il 
eft  de  principe ,  dif  ent-ils ,  qu'un  feul  fuffit  & 
équivaut  à  deux ,  le  nombre  de  ceux  qui  nient 

T- V  .    '    '     '     ' ■ • 

valent  verba  unîus  ubifunt  duo,  Bartenora,  fur  la  MiToa, 
tom.  3,  dç  Uxore  adulterii  fufpeââ,  chap.  6,  §.  4, 
page  254. 

(iiz8)  Pktt  credifur  wiq  agirmanti  juâm  çcntum  ne* 
gannbuJt' 

(1129)  «$i/t  unus  tejlis  vitîatam  affeveraret ,  duo  autem 
vitiatam  nçgarent ,  bib^re  non  prohiiebatur,  Mifna ,  diÔQ 


&  comme  Moratijle^  14151 

l\e  fe  trouve  pas  le  plus  fort.  Au  contraire ,  s'il 
y  a  réciproquement  nombre  égal  &  peu  do 
.  légitimité ,  lun  n'ayant  pas  plus  de  poids  que 
l'autre ,  tout  demeure  en  fufpens ,  &  il  faut 
recourir  à  l'épreuve  à  laquelle  la  vérité  eft  at-- 
tachée  (113  c)* 

Il  eft  cependant  des  perfonnes  qu'on  n'y  Femmdl 
foumettoit  jamais.  La  femme  ftérile,  incapable  fl^ll^\^ 
de  concevoir ,  celle  qui  commencoit  à  vieillir,  «*"^  *°*^- 

*■  ■*  rc$» 

en  furent  difpenfées  ^  fuivant  l'opinion  com- 
mune des  rabbins  (11 31)  ;  elles  ne  perdôient  pas 
davantage  leur  dot.*Ils  donnent  les  raifons  de 
ces  deux  exceptions  à  la  loi.  C'eft  que  ce  ma- 
riage lui  étoit  contraire  en  ce  qu'il  n'en  pouvoit 
réfulter  auciine  poftérité  ,  tandis  que  les  pré- 


(1130)  Voyez  les  commentateurs  de  la  Mifna,  diâd 
ioco,pag.  254. 

(1131)  Mifna ,  de  Uxore  adulterii  fu^eââ,  tom.  3  l 
chap.4,  §.  3 ,  pag.  236.  Le  rabbin  Eliezer  n'étoit  pas  , 
de  cet  avis.  Ibidem ,  pag.  236  &  237.  Wagenfeilius 
penfe  que  par  celle  qui  commencoit  à  vieillir ,  vetula , 
il  faut  entendre  celle  qui  paiToit  la  foixantième  année. 
ht^  autres  commentateurs  fixent  en  général  à  cette 
époque  le  commencement  de  la  vieillefle ,  &  voilà 
pourquoi ,  difent-ils ,  c*eft  yn  ufage  confiant  parmi 
nous  «dès  qu'on  eft  entré  dans  fa  foixantième  année, 
de  donner  un  grand  feftin  pour  fe  féliciter  de  ce  qu'on 
B^a  pas  péri  par  une  n^ort  prématurée.  Ibid.  p.  23(^4 


4ÎÔ  Moyfcy  conjidéré  comme  légiflateur 
ceptes  divins  recommandent  plus  particuliè- 
rement aux  Hébreux  de  propager  leur  race  & 
de  multiplier  (1131).  On  y  foumettoit  pourtant 
la:  femme  de  l'eunuque.  Le  rabbin  Akabia 
l'interdit  aux  aflfranchies  &:  aux  profélytesî 
mais  fon  opinion  ifolce  eft  contredite  par  les 
autres  dofteurs.  Les  feuls  cas ,  après  ceux  que 
j'ai  expofës,  où  cette  interdidion  eut  lieu, 
furent  que  le  mari  eût  prohibé  à  fa  femme  de 
les  boire ,  qu'elle  eût  reçu  de  lui ,  à  de  cer- 
taines époques ,  des  preuves  de  fa  tendrefie 
conjugale  (113 3) ,  d'être  fiancée ,  d'attendre lii 
léviration  (1134),  d'avoir  jnoins  de  treize  ans 


(n32)  Comment,  fur  la  Mifna ,  diao  loco ,  p.  a}6, 
Q.yj  &  238.  . 

(1133)  Mifna,  de  Uxore  adulterii  fufpeaâ,  ch.  4; 
g.  2 ,  pag.  236,  &  §.  5  ,  pag.  243. 

(1134)  Les  rabbins  Le  concluent  de  ce  qu'il  eft  écrit 
dans  le  chap.  5  des  Nombres,  v.  19  &  20,  vlro  tuo;&. 
qu'aucune  des  deux  perfonnes  dont  il  s'agit ,  n'eft 
encore  fous  la  puifTance  d'un  mari.  Ils  ajoutent  qu'il 
ne  peut  y  avoir  ici  adultère ,  puifqu'il  n'y  avoit  pas 
eu  auparavant  d'union  conjugale.  Et  en  effet  ,  lors 
de  la  condamnation ,  le  prêtre  s'exprimoit  ainC  :  Si 
indîderu  in  te  concubîtum  fuum.  Voyez  la  Mifna ,  diâa 
loco,  chap.  4,  §.  I ,  ptg.  229;  Wagenfeilius ,  fur  fc 
f.  5  de  ce  chapitre,  pag.  143  ;  Selden,Uxor  hebraica, 
liv.  3,  chap.  14,  pag.  3f/9rMaimonide,  de  Uxorc 
adulterii  fufpââ^,  chapitre  2* 


i (f  comtne Moralifie.  '  ifjU 

quoiqu'on  foit  époufe,  d*avoir  pour  ëpoujc  un 
homme  qui  eft  encore  enfant ,  un  herma- 
phrodite, un  aveugle  (1135),  ^'^^^^  boiteufe, 
muette ,  d'avoir  la  main  coupée ,  torte  ou 
deflech'ée ,  d'être  mariée  à  un  muet ,  à  un 
fourd ,  à  un  boiteux ,  à  un  honune  qui  eft 
auffi  privé  de  fa  main  ou  qui  en  a  une  défi- 
gurée ,  d'avoir  enfin  ou  un  défaut  corporel  ; 
ou  une  incommodité  dont  la  fanté  foit  al- 
térée (1136). 

Si  quelquefois  on  défendit  de  les  Boire,   DansqueM 
quelquefois  auffi  on  les  but  en  vain.  Suivant  la  ^i^^^\^ 
Gémare,  elles  n'avoient  de  vertu  fur  la  femme  «^«^^ 
que  (i  le  mari  ne  s'étoit  point  abandonné  à  des 
amours  clandeftins  (  11 37)  5  idée  morale  qui 


(1135)  Mifha,  ibidem.  Selden,  diflo  loco.  Ce  qui 
regarde  l'aveugle,  à  encore  pour  fondeii^nt  une  ex-; 
plication  judaïque.  L'Ecriture ,  dit-on ,  ne  déclare  la 
femme  coupable  que  lorfqu'elle  a  cherché  à  fe  fouftraire 
aux  yeux  de  fon  mari.  Or ,  peut-on  chercher  à  fe 
fouftraire  aux  yeux  d'un  aveugle?  peut-on  dire  qu'on 
fe  dérobe  à  fes  regards  ? 

(1136)  Je  fupprime  les  miférables  fubtilités  fur  lef- 
quelles  repofent  toutes  ces  interdiôions.  On  pourra 
les  lire  dans  la  Mifna ,  diâo  loço ,  pag.  243. 

(1137)  Gemare  de  Babylone,  de  Dote,  Lîtterifque 
matrimdnialibus ,  chap.  i ,  pag.  27  ,  &  de  Uxor9 
adulterii  fufpeââ  ,  pag.  28.  Ma'unonide,  de  Uxorq 


%ii  Moyje  j  cvnjidéii  comme  Légijlateuf 
produifôit  le  double  avantage  de  contenir  !•< 
^poux  dans  leur  vie  privée  &  de  les  empêchet 
d'être  légèrement  aceufateurs.  En  leur  infpi- 
rant  une  crainte  falutaire ,  on  favorifbit  dans 
l'un  &  dans  l'autre  cette  chafte  fidélité  fi 
tiéceflaire  au  bonheur  conunun.  Avant  la  Gé- 
mare ,  le  livre  des  Nombres  avoit  exigé  qu'on 
ne  fut  pas  fouillé  du  crime  dont  on  accufbit  fon 
«poufe  (II 5 8).  L'Jfraélite  que  n'arrêtoit  pas  unel 
volonté  fi  fage  du  légiflateur  dôubloit  fa  faute. 
Il  fotffFroit  qu'on  implorât  vainement  le  nom 
de  DifcUé  II  expofoit  les  eaux  faintes  à  êtrei 
calomniéeSi  La  coupable  bien  sûre  de  l'être, 
mais  ignorant  les  torts  de  fon  mari  ^  pou- 
voit  croire  que  le  ciel  protégeoit  fon  adul' 
tère  ,  ainfi  que  ceux  auxquels  elle  l'avoii 
avoué ,  &  fes  témoins ,  &  fon  complice } 
erreur  d'autant  {)lus  naturelle  que  celui-ci^ 

âdultet-ii  fufpeÔâ  ,  chap.  j.  Wagénfeîlius  iii  Mifnart; 
diôo  lôco,  chap.  5  ,  §.  i ,  pag.  244.  Ulpien  dit  pré- 
cifèment  la  même  chofe  fur  la  loi  Jiilià,  de  Adulteriis, 
ff.  liv.  I)  ,  §.  5.  Judex  adultcriî ante  oculos  habsre  dclftt 
6»  ïnquirtrt  an  marïtus  pudicè  vivens ,  nudieri  ^uoque  honos 
mores  coUndi  autor  fuerît.  Periniquum  enim  videtur  ejft, 
utpudiciûam  vir  ah  uxore  exigat^  quam  ipfe  non  exhïbeoL 

(n38)  Maritus  ahfque  culpâ  erit.  Nombres,  chap.  5^ 
(Terfet  iu 

Aiîà 


5  comme  Moralïfte.  45  j"" 

Sans  ropîtiion  religieufe  des  Hébreux ,  fuivoit  •. 
le  fort  de  la  femme ,  &  que  fi  elle  périflbit 
dans  l'épreuve  facrée,  il  périflbit  à  Tinflant 
même  ,  dans  quelque  lieu  de  la  terre  qu^il 
cachât  fa  faute  &  fod  repentir.  Le  défît' 
d'éviter  un  femblable  danger  contribua  dans  la- 
fuite  à  faire  abolir  ce  moyen  de  connoître  la 
vérité  ,  par  Tintérceflion  envers  i'Etre  fu- 
prême(iij9).  Aujourd'hui  (1140),  on  fe  borne 
à  priver  la  criminelle  des  avantages  nuptiaux 
&  à  lui  défendre  pour  jamais  de  fe  réunir  à  fon 
^poux. 

S.    I  V. 

Z?d  la  fornication ,  du,  rapt  &  de  quelques  autres 
crimes  contraires  à  la  pudeur. 

La  fprnication  n'eft  foumîfe ,  ni  à  la  mêmeFomica^^ 
épreuve,  ni  a  la  même  peine.  Cependant  le» 


:  (1139)  Voyez  Wagenfeilîus  fur  la  Mîfna  ,  diôo 
loco  9  chap.  ^  ^  §.  X ,  pàg*  244  ;  la  Geitiare  &  Mai«; 
inonide ,  didis  locis ,  Se  Selden  ^  Uxor  hebn  liv.  3  ^ 
chap.  14  ,  p.  401. 

(1140)  Maimonîde  fur  la  Mifna ,  diâo  loco,  ch.  1  j 
g.  I ,  pag,  179.  On  fait  la  méaie  déf^nfe  à  Vépout  ^ 
&.  il  n'a  pas  feulement  le  droit  de  renvoyer  fa  femme^ 
il  y  eft  indifpenfablement  obligé.  Léon  de  Modène^ 
de  gli  riti  Hebrâici,  part.  4,  chap.  6,  §.  i,  p.  91/ 

Ec 


iL}  4      Moy/e ,  conJûUré  comme  Ugiflatcur 

Hébreux  la  punirent  auili  par  la  mort.  On  fe 

rappelle  Thiftoire  de  Thamar,  Fatiguée  d*at- 

tendre  fi  long-tems  fon  mariage  avec  Sella  »^ 

cette  jeune  veuve  forme  laréCblution  d'obtenir 

de  Juda  des  preuves  de  fa  tendrefle.  Elle  eft 

inftruite-qu'il  doit  aller  avec^  le  chef  de  fon 

troupeau ,  célébrer ,  dans  une  ville  voifîne , 

la  fête  &  les  réjouiflances  qui ,  chez  un  peuple 

payeur ,  marquent  ordinairement  la  raifon 

deftinée  à  tondre  les  brebis.  Soudain  elle  dé- 

pojuilleces  triftes  vêtemens,  ligne  de  la  viduité. 

Une  parure  moins  fombre  les  remplace.  Un 

voile  cependant  couvre  fon  vifage.  Déjà  Tha- 

mar ,  comme  les  femmes  accoutumées  à  vendre 

leurs  moeurs  &  leur  vertu ,  fe  tranfporte  fur  la 

route  que  doit  tenir  Juda ,  pour  l'exciter  au 

cririve.  Elle  n'eft  pas  trompée  dans  fa  pré- 

-  voyance  &  dans  fon  efpoir.   A  peine  l'a-t-il 

aperçue  qu'il  s'approche ,  lui  témoigne  fes 

défirs ,  lui  promçt  un  chevreau,  fi  elle  confent 

à  le  rendrç  heureux ,  &  donqe ,  pour  gage  de 

^a  promefle ,  fon  anneau ,  fon  bracelet  &  le 

bâton  qui  efl  dans  fes  mains.  Thamar  n'héiite 

plus  à  fe  proftituer.  Mais ,  bientôt  après ,  elle 

porte  dans  fon  fein  le  fruit  de  fon  impudictté. 

Juda  en  eft  inftruit ,  &  frémit  de  rage.  Il  igno- 

roit  fon  incefte.   Auffi-tôt,  ufant  du  droit 

tju'un  père  avoir  fur  fa  famille ,  il  condamna 


&  comme  Mùrdijle:         ' '.     ^y^ 

la  coupable  à  expirer'  dans  les  flammes  (1141). 
Les  Ifraélites  qui  fe  livrèrent  à  la  fornicatioii) 
avec  les  fiUes  de  Moab  &  de  Madian,  euiflent  été. 
lapidés  &fufpendus  au  bois  en  plein  jour,  par 
Tordre  de  Jéhova,  *fi  le  fils  du  grand-prêtre 
Eléazar ,  Phinéès ,  furprenant  un  Juif  dans  la^ 
tente  d'une  Madianite  débauchée ,  n'eût  défar-. 
mé  la  colère  divine,  en  les  perçant  run&  Tautre 
d'un  poignard,  dans  la  partie  d*eux-mêmes> 
rinftrument  &  le  fujet  du  crime  (1142).  Néan- 
moins ,  fi  on  en  excepte  les  cas  de  Talliance  &c 
de  la  parenté  ,  celui  où  on  jouiflbit  d'une 
bâtarde,  &  celui  où  l'étrangère,  la  captive; 
l'efclave  dont  on  jouiflbit  aufli  avoient  été 
profély  tes ,  rachetées ,  affranchies ,  avant  d'avoic 
plus  de  trois  ans  &  un  jour(ii43),  la  femme 
feule  étoit  punie  (1144).  Abufoit-on  d'une  ef- 


(1141)  Genèfe ,  chap.  38 ,  v.  12-14. 

(U42)  Nombres  ,  ch,  iç  ,  v,  i ,  4 ,  6  ,  7  &  8. 

(1143)  Mifna,  de  Dote,Litterifque  matrimonialibus ; 
tom.  3 ,  chap.  3 ,  §.  i  *  pag.  64.  Selden  ,  Uxor  he- 
braica,  livre  i,  chapitre  16,  pag.  122.  Nous  difoiH^- 
^vant  trois  ans  &  un  )oav ,  fcificet  ^  obferve  Selden  .;- 
kafce  pofi  illam  éstatulam^  â  gentUihus ,  hofibut  ^  fervià 
vitiatas^  dùm  in  genûlîbns  ^  capthis  ^  anciliis  erata  :  pri 
vîr^nibus  ita^uc  ex  lege  bac  non  habendat. 

(1144)  Un  Juif  forniquoit-il  avec  une  idolâtre?  eifti 
étoit  condamnée  à  la  mort  &  lui  au  fouet.  MaiiM^ 

Ee2e 


§}  s  Moyfij  corifidéré  comme  Legljîateur 
clave  en  âge  d'être  mariée  (1145)  î  On  battoir 
de  verges  les  deux  coupables  \  mais  ils  ne  mour-* 
»nt  pas ,  dit  le  Lévitique  (1146 ,  parce  que  ce 
n*eft  pas  une  femme  libre.  Le  légiflateur  fup- 
pofe  évidemment  que  Tefclave  eft  fiancée.  Sans 
cela,  la  peine  eût  été  cruelle.  Que  Thomme, 
ajoute  Moyfe ,  pour  expier  fa  faute ,  offre  à 
Xéhova  un  bélier  à  l'entrée  du  tabernacle  du 
témoignage  ,  &  le  prêtre  priera  pour  lui  & 
pour  fbn  péché  qui  lui  fera  pardonlné. 
îtfduaion.  L'homme  fut  feul  puni  pour  la  fédudion  z 
vio  •  pt.  ^^.^  j^.^  d'entourer  de  gibets  &  d'échafauds 
la  malheureufe  vidtime  d'une  erreur  fouvent 
diminuée  par  la  jeuneflè,  l'amour,  la  na- 
ture ,  le  fouverain  légiflateur  fe  contente  d'exi- 


tiide,  Hal.  Ifuri  Bia>  chap.  12.  Ilétoit  donc  puni  moins 
févérement  que  pour  la  fornication  avec  une  Ifraélire. 
Que  devient  alors  ce  reproche  deTacite,hift.  liv.  5, 
§.  5 ,  tom,  3  ,  pag.  299  î  proje^JJima  adlibidinem  gens\ 
/Uienarum  concubitu  abJUmiu  :  inur  fe  nihil  înlicîtum. 

(1145)  ^  Vulgate  dit  mbHis  ;  mais  le  texte  hébreu  ; 
le  texte  famaritain ,  le  paraphrafte  chaldéen,  la  verfion 
arabe  &  celle  des  Septante  difeht  fiancée,  Tertullien , 
de  Pudicitiâ ,  §.  20 ,  p.  57  j  ,  dit  auffi  homïnî  rtfervata.  Le 
mariage  n'exiftant  pas  encore,  on  ne  pouvoir  fubir 
cette  peine  de  mort  attachée  à  l'adultère.  Il  s'agit 
;ivaifemblablement  ici  d'ancUla  paniaria, 
.  (H46)  Lévitique,  chap.  19,  v.  20,  ;ai  &  22^ 


&  comme  MofaRJie.  i^j^ 

ger  (1147)  que  le  fédtadeur  d'une  vierge  non 
fiancée  lui  donne  une  dot  &  Tépoufe ,  fanr 
.  pouvoir  jamais  la  répudier.  Refufoit-on  de  ht 
.  lui  accorder  \  Il  donnoit  au  père  la  femme  né- 
ceflaire  ordinairement  aux  filles  pour  fe  ma- 
rier (  1148  ).  La  Mifna  parle  d'une  amende 
.  pour  l'ignominie  jettée  fur  l'objet  de  fa  paf- 
fion  (1149).  A  plus  forte  raifon  fit-on  payer  une 
amende  pareille  au  raviffeur.  Celui-ci  même^ 
outre  la  honte  &  le^  dommage  j'^  paya  pour  tat 
douleur  caufée ,  ce  qu'oa  ne  demanda  point 
au  premier,  parce  que ,  difèntMaimonide & 
Bartenora  (iijo),  l'une  des  deux  jeunes  per- 
fonnesy  a  confentî  ^  tandis  que  l'autre  a  réfifte 
long-tems  &  a  cédé  malgré  elle*  L'amende 
pour  l'ignominie  ne  tomba  pas  feulement  fur 
le  crime  \  elle  s'appliqua  encore  aux  circonf- 
tances  qiiî  Taçcompagnoien^ ,  comme  s'il  étoip 
commis  par  un  honune  d'un  rang  bas  ott  inér 
diocre,  ^envers  une  fille  d?uh  rang  éfeyé*  Four 


(1147)  Bcode^  chapitre  %» ,  v.  16,  Deutéronpinei 
chap.  22,  V.  28  &  7,%..    ' 
,    (1148)  Exo,4e.^  chap.  2?.,  v. -17^ 

0i49)'£>Q  Dote,LmerHqae  œatrimonîalîbud, t.  Jjr 
chap.  5^  %'7i  pag.  66.  Voyiez  anffi  SeWen,  Uxi?C 
hebralca,  liv.'  i ,  chap.  lô  j  pag,  123. 

(njo)  Sur  la-  Miûia>  diâolocov  -' 

i  E  e  % 


4} 8      Moyfe^  cônfidéré  tomme  JJgïJlattut 
.apprécier  le  dommage,  on  confidéroît  la  jeune 
Ifraélite  comme  s'il  fe  fût  agi  d'une  efclave  à 
rendre ,  &  on  fe  décidoit  par  la  comparaifon 
^u  prix  que  cet  efclave  auroit  eu ,  vierge  en- 
core, à  celui  qu'elle  auroit  eu  fi  elle  avoit 
xreffé  d'être  vierge  (iiyi).  La  peine  fut  égale 
pour  tous  les  Hébreux ,  d'après  ce  principe 
ëtcmcl,  toujours  répété  &, toujours  violé  : 
^  «  Ce  que  fixe  la  loi  eft  également  fixé  pour 
tous  les  hommes' (iiy 2^)  »>.  La  fonîme  à  payer 
cft  réglée  dans  rEcritûre  à  cinquiante  écus 
d'argemttiy  3)  V'inâis ,  félon  Bartenora ,  on  ne 
les  payoit  que  pour  le  plaifir  de  la  jouiflance, 
fans  être  difperifé  paMà  de  payer  pjôur  la  peine, 

V '^     \  ;^  • ——, — . 

(n5i)  Mifna,  diao  loco.  Selden  ,  Uxor  hebraica, 
Tiv.  i  ,  chap.  16^'pag/  113.  iToutes  ces  amendes  fe 
-j^yoiènt  au  pèïfe  À  la  fille  tfétoît'pas  encore  dans 
fa  pïeStte  puberté ,  &  4  la  fille  elle-même  ou  à  fes  frères , 
^^le  kyoit  perdUifcÂfsètie*  Mifna  ^:^1Docé  /  Lîtté- 
\  rifquematrimonîalibus,  chap.  4,  §•  i^  tom.  3 ,  p,  67» 
"Selden ,  diôo  loco,  pag.  124. 

t  {tlf^^y^^dquii  iïmïtdmm  éft  ex  îege^  îd  àquaîe  e[! 
cmnlbus  homînîhus.  Voyez  la  Mifna ,  diâô  focô.  CTeft 
ce  qui  fait  dire  an^raMbin  Zira ,  Gemare  dé  fiaby- 
.  Jone,^  de  Dote ,  I^Hterjgl^u^.iQatrini.Tthap.  3  ;  fol.  40  : 
Mjtts  fui  cum  pu  regum  c^v^Hà ,  nad(^ft'^mnquaginia 
ficlorumy  perindè  ut  ejus  ^qui  cum  filiâ  prïvatonmù 
(1153)  Deutéro!W»pi,çhap^  ^a,  v.  29»    v  ;  s 


&  comme  Môtàltjte*  4551 

le  dommage  &  rignbininie  (lij4).  Le  paie- 
ment, de  ces  cinquante  écus ,  comme  Celui  de 
la  dot  impofée  au  fédudbeur,  eft  pouf  lé  viol 
d'une  vierge  non  fiancée  (iiy  f  ).  La  jeune  per- 
fonne  étoit  -  elle  promife  J  La  fauté  prenlôit 
tm  caradère  adultérin,  &  la  lapidation  e* 
tétoit  le  prix.  La  loi  ne  fait  plus  qu'une  dîK^ 
rence.  Si  le  crime  fe  commet  dam  k  Ville ,  lei 
deux   coupables   font   lapidés  ,    tandis    cjifè 
l'homme  feul  Teft  fi  on  le  commet  dahSTfei 
cliamps.  Là,  on  fuppofè  {iïj6)  là  filte  cëtn-^ 
plice,  puifqu'elle  auroit  pti  apffellér  dei -fé*-  -'^"^^--^ 
cours  &  qu'elle  a  négligé  de  fe  Eaitre ,;  att 
lieu  qu'ici  elle  les  eût  vâtnèmeht  implorés.    ' 
Le  plus  ancieîi  exemple  de  viblSi:  dé  tapt^ 
feflfert  dans  \ti  livffes  facrés ,  éft  tCelÉfideSichèni  ^ 
fils  dHéihôr  ehveirs  Dina^fiHé  de  JacoB  (lî/T'ji .  \ 
ttémbr  étoît  Toi  des  Mévéeni.  Dîiiia,  cédafiPâ 

.  .    -r        ...        ;.              -,  ■       ..s           •    .                         i       r  rt 
-^1 


:c.:r 


{n54)  Commentaire  fur  fa  Mifnay4iôo  locçf^^-,q 
(115 5)  Dçutérpnome ,  ch.  22  ,  v.  28.  Et  qui^njw^r 
pas  plus  de  12  mis  &  demi.  Le  verfet  28  rexpnme.r 
Juvenculà  vîrgo ,  non  pubertàûs  pkhà.  La  Vufgafi^  dîf  ': 
Pueîîa  xrîrgf.  ■  '^ 

...  (1156)  Deuteroflome,  cîiap.  22,  r.  25-^7.  Voycjç 
Mifeotfi ,  Pragcep.  affirmât.  45  ;  Philon  ,  de  Specialibu^ 
Legibus  prœc;t5  &'7,  torti.  i,  pag/3ti;  Sêltf«^> 
Uxor  hébraicâ,  ctàp.  f6,  pag.  L19  &  lio, 

(n57)  Geiièfe,'âla|>.  H>  ^*  ^'  '^'^'* 

Ee4 


44©  Moyfe ,  conjidiré  comme  Légijlateur 
une  curiofité  indifcrette ,  étoit  venue  dans  k 
capitale  de  fon  empire.  Sichem  ne  vit  pas  fans 
ëmotion  la  beauté  de  cette  jeune  Ifraélite.  En- 
traîné par  une  paffion  violente ,  il  ofe  porter 
fur  elle  des  regards  criminels ,  &  former  des 
projets  plus  coupables  encore.  Oubliant  les 
égards  dus  à  fçn  âge ,  à  fon  innocence ,  même 
à  rhofpitalité  dans  un  fiècle  où  fes  droits 
netoient  pas,  méconnus ,  il  enlève  la  fille  de 
Jacob  ,  demeure  infenfible  à  fes  larmes  , 
triomphe  de  fa  réfiftance  &  la  force  au  déshon- 
^ftç.  peur  (1158).  La  famille  de  ce  patriarche  fournit 
^ufE  le:  premier  exemple  d'incefte ,  toutefois 
après  celui  de  Loth  qui,  plongé  dans  TivrelTe, 
abufa  de  fes  filles  ^  les  rendit  mères  (1159).  Il 
îut  donné  par  Ruben  &  commis  ayec  Bala,  unç 
dçs  femmes  de  fon  père  (1160).  Déjà  c'étoit  un 
çrjme,  quoique  la  loi  de  Moyfe. n'eût  point 
panu  Elle  ajouta  une  défenfe  expreflfe  à  l'opi- 
ïiïon  publique.  Tous  les  genres  d'inceftes  furent 
proiiibés  ifbus  peine  de  la  mort,  tant  ceux  du 
fils  avec  la  mère ,  du  père  avec  la  fille,  des 
frères  &  dçs  foeurs  entre  eux^^  que  ceux  des 
oncles  &  des  nièces ,  des  tantes  &  des  neveux. 


(njS)  Genéfe,  chap.  34,  v.  i  &  a. 
(1159)  Genèfia,  chap,  19,  v.  32  &  fui  vans. 
iu6pj  Cenèfe,  cbap,  3J4  v,  a*, 


iS»  comme  Morallflel  ^4 

des  beaux-pères  &  des  belles-filles  ,  des  beaux- 
^Is  &  des  belles-mères,  des  beaux-frères  & 
des  belles-fœurs  (1161).  David  cependant  laiflà 
jimpuni  celui  de  Thamar  fa  fille  avec  fon  fils 
Amnon  qu'Abfalon  voulut  venger  enfuite  par 
l'aflaiEnat  de  fon  frère  (ii6z)*  Il  eft  vrai  que  la 
princefle  avoit  témoigné  publiquement  fon 
repentir  (1163)  en  quittant  cette  robe, traînante 
que  portoieat  ordinairement  les  fiUe^  des  rois, 
encore  vierges ,  ou  plutôt  en  la. déchirant  fur 
ion  corps  j  mettant  de  la  cendre  fur  fatête^ 
&  fuyant ,  après  fon  malheur ,  le  frQntxouvert 
de  fes  deux  mains ,  en  çouflant  des  çi;i!ç  lamen- 
.tables.  ^         ')  —  '  -r 

Si  un  trépa^;  certain    attende  r.ixiceftueu^    d«?  quel- 


ques aucret 
crimes  cou» 


dont  le  délit  outrage; plus  la.  pojiitiqujç.qye  Iç. 
mture,  avec  con^bien  moins  de  févérité  eap^"^^*  * 


(n6i)  Lévmqiie'i  chap.  18,  v.  6-ï8;  chap.  lo,' 
•V.  il,  la*  14,  17^19,  20.  Deùtéronohie,  ch..27, 
v,  ipj'  11  &  23,  Le  dernier  étoit-  puni  moins  févé*- 
renient.  Léyitique ,  chapitre  29  ,  verfet,  n.  Voyex 
la  Mifna  &  fes  commentateurs  ,  de  Levirorum  in 
fratrias  officiis,  chapn ,  §•  i  &  fuivarrs,  tom.  3  ; 
pag.  I  &  f^ivantçs«.&.Surenhufius,  .djS.Sj^nfalihus, 
chapitre  i,  §.  i ,  pag.  360,  fur  ces  diflférens  genres 
.d'inceftes.  .v  ..  :.-;..> 

^^  <fi62)  2  Reg.  diap.  13  >  V.  14.,  %\^%:{i^ry     :    . 

(1163)  2  Regum,  chap.  13,  v.  18^^  ij^^c:    :  t  \> 


j^J^i  Moyfcy  confiiéré  comme  LégiJUteuf 
ïrappe-t-on  deux  crimes  auffi  vils  qu'odieux  J 
la  fodomie  te  la  beftialité.  Jéhova  commanda 
plufîeurs  fois  d'arracher  du  milieii  du  peuple, 
d'y  faire  périr  les  Ifraélites  ou  les  étranjgért 
qu'aviliflènt  ces  paffions  infâmes  (11^4).  Sa 
colère  ëclata  par  une  pluie  de  feu  contré  les 
villes,  repaires  de  ces  excès  abominables-,  & 
quand  leur  incendie  ne  feroit  pas  venu  juftjùl 
nous  avec  l'authenticité  des  livrés  faints ,  qiiô 
de  grâces  ne  devroit-on  pas  à  ceux  qui  éil  ont 
confervë  &  publié  le  récit  !  Rien  n'eft  plus 
Signe  de  la  juftice  étemelle  que  d'anéantir, 
â'efiàcer  dé  la  tèifre ,  fî  Yx>k  me  fervit  de  cette 
expreflîon ,  un  vice  qui  détruit  les  empires 
.  dans  leurs 'foùtfceS;,  dégrada  leSéttes,  âfioiblit 
&•  dirhînuela  populâtiôit,  détourne,  aviKtfei 
affeftîohsles  jilus  tendrei',  &'bleffe  à  la  fois  les 
fentimens  de  la  nature  &  tott54es  principes  de 
U  ibciéfé ,  des  mœurs  &  d^  la.yçttu.        : ,. 

Et  ici ,  fe  préfèrite  à  moi  une  r^xion  ftap» 
pante.  Je  ne  laiS  comment  la  fodomie  atou^ 
jours  été  plus  fréquente  che!r  les  peuples  poly*: 

■  "?■■■.       ■■   .   1;  ' .  '•  y -H — f-* 

'  (ntÎ4)  Exoéie,  thap.  la,  v.  îjr/l^vîtîijtie,  ch.:if, 
V.  21,  25, 'i6'& '19;  chapîfre-io,  r.  13  ,  iç  &  lA 
Deutéronome  5  chap.  27,  v.  21.  Dans  le  cas  lîè  k 
beftialitéV-oJfyjorf&mnoif  ^uffiià  Mte.  Levifi^^, 
çhap.  tOj'VÏ  r^."-  •     •         '    •'  c  '-f  ■     ^  •  } 


i&  comme  Moralïjle.  -44) 

^games.  Les  Hebfeiix  le  forent,  &:  ib  virent 
•s*élever  à  fon  corQble  tes  t^t%  dé  cet  attache* 
'ment  criminel.  On  n'ignore  point  à  quel  excès 
le  portèrent  les  Grecs  &  les  Romains  chez 
'lefquelson  permèttoit  la  pluralité  des  épôUfes , 
&  ï*hiflx)ire  moderne  de  k  plupart  des  royâtr* 
mes  de  TAfrique  &  de  l'Afie  n'en  eft  pas  moiris 
•înfeftëe  que  rhiftoîrë  de  l'antiquité:' Où  éft 
";donc  la  caufe  de  ce  tnaîhéiir  motil?  Nefèroît- 
ce  point  qu'en  laiflànt  ùil  libre  cfôursiû!^  paf^ 
lions  des  hommes  ,  leur  force  qui  bientôt 
s'éptiife  y  fe  laflfe  encore  plus  de  Punîformit^ 
dès  objets  aiixquels  elle  çift  confâlcreè.  Lesîm- 
-preflRbns  de  la  nàtlirè  riè  font  plus  dés  bîéiiÉâîts. 
-^Dn  dédàîgn'e  ûii'  plkifîi*  qoellè  pré/éhtè  fans 
cflforts.  Quoi  qu'il  en  foit,  on  ne  lit  pas  (ans 
^cmifloment  Je*tabfeau  tracé  à  cette  tjccafioa 
par  la  Genèfe,  -Deu^^^^ges  ^mvôût'  €h*B^Loth 
•fcusia-foVme  de  deux  jeunes  voyageurs.  Les 
iiabitàns  '  de  là  viUfe  àdiburent  éfï'  '  foUlé  ;  i& 
'veulent  lés  voif  8^  les  connaître.  Loth  èflaiè 
.en  ,yam  de  réprimer,  l^ur  fougijç  ipqupable; 
en  vain  leur  psrpppf^t-il,  jK>ur?k«  «ippéûfer^ 
de  leur  livrer  fes  deux  filles ,  vierges  encore , 
pour  en  abufer  à  leujÇ^gté  >  il  ne  peut  les  con- 
tenir. Il  faut  qu'un'^BiBçiuglement  foudain  les 
punifle ,   &  que  le  ciel  lui-même  mette  un 


%^  ^oyfii  conjidéré  comme  Ugijlateur 
frein  à  leur  infâme  délire  (ii^y).  Le  livre  dd 
juges  (  1 1 66)  oflfre  un  trait  à-peu-près  fembkble. 
Un  lévite  étant  venu  avec  fa  femme  à  Gabaa, 
y  reçoit  Thofpitalité  d'un  vieillard.  Auffi-tde 
plufieurs  citoyens  entourent  la  maifbn  ,  en 
frappent  les  portes  ,  &  demandent  à  grands 
cris  le  malheureux  voyageur.  Les  difcours  dt 
vieillard  ne  peuvent  les  calmer.  Inutilemeot 
même  il  leur  dit  :  J'ai  une  fille  vierge  ;  cet 
étranger  a  fa  femme  ;  je  vous  les  amemerai 
pour  fatisfaire  votre  débauche  ;  mais  ne  vous 
fouillez  pas  du  plus  horrible  des  crimes.  & 
réfiftent  long-temps  à  cette  oflRre,  &  ayapt 
enfin  accepté  Tépoufe  du  lévite,  ils  routragent 
à  un  tel  point  qu'elle  ne  furvit  point .  à  & , 
honte. 


(ii6ç)  Geftèfe,  chap.  19,  ▼:  i-ii.  - 
(11^)  Juges 5  chap.  19,  V.  10-17.  Gabaa  .appartp» 
noit  à  la  tribii  de  Benjs^nin.  Xes  autres  Ifraélites  in* 
dignes  dems^idèrent  les  coupables  ;  on  les  leur  refufa» 
Il  fallut  combattre.  Les  Benjaminites  furent  vaincus, 
&  leurs  villes  détruites.  Il  rfen  furvécut  que  fix-ccntl 
hôrailies.  JugWi  chap.  iô,  v.  1-48.' 


> 


&  comme  Moraîijlci  |^jé 

$.    V. 

:    J}u  vol  y  de  tufurc^  &  des  crimes  qui  y  ont  rapport: 

i"' 

\     Là  peine  du  vol  eft  pécuniaire.  A-t-on  con-   puvoi.rjt 
\  lërvé  lachofe  dérobée  \  on  la  reftituera  en  y  joi-  pécuniairt^ 
'gnant  le  double  de  fa  valeur  (ii67},L'a-t  ondéjà 
vendue  ,  ou  tuée  fi  c'eft  un  animal  ï  On  paiera 
I  à  proportion,  cinq  bœufs,  par  exemple,  pour  '   ' 

j^fin  bœuf,  quatre  brebis  pour  une  brebis  (ii^8)  i         ^  y 
ï,<iifiërence  bizarre  au  premier  afped ,  mais  qui  3- 

[  ïans  doute  prenoit  fa  fource  dans  Tutilité  dont 
•le  premier  eft  pour  l'agriculture,  ou  dans  la 
I  néceffité  de  faire  refpeder  davantage  des  ani- 
lïtnaux  qui,  naturellement  répandus  dans  les 
^  campagnes ,  y  font  fous  la  fauve -garde  pu- 
"  blique  ;  au  lieu  que  chaque  citoyen  étant  obligé 
<Je  garder  fes  meubles,  fon  or  &c.,   il  peut, 
fi  on  les  lui  dérobe ,  imputer  à  fa  négligence 
tme  partie  de  fon  malheur.  Sur  la  parabole  de 
l'homme  riche  qui ,  ayant  des  troupeaux  npm-. 
breux,  ofe,  pour  nourrir  un  étranger,  en- 
lever à  un  IfraéUte  indigent  cette  jeune  brebis 
la  feule  qu'eût  fon  maître  &  qui  lui  étoit  ft 


(1167)  Exode ,  diap.  22  ,  v.  4. 

(1168)  Exode,  chap.  22,  r.  i. 


4^5      Moyfe  j  cùnpdérc  comme  LigiJ[lateur 
chère  qu'il  la  faifoit  boire  dans  fa  coupe ,  re^ 
pofer  fur  fon  fein ,  qu'il  Taimoit  comme  fa 
fille  (1169) ,  c'eft  à  rendre  le  quadruple  que  le 
voleur  eft  condamné  par  David  (  1170  ).  Q 
quadruple  ,  ce  double ,  l'augmentation  qui- 
conque écoit  prife  fur  les  efi^ts  mobiliers  du 
coupable.   S'il  n'en  avoir  pas  >  on  mettoit 
publiquement  à  l'enchère  ce  qu'il  poifêdoit  de 
g  meilleur  parmi  fes  immeubles  (1171).  S'il  net 
onétoicuop  pofledoit  aucune  efpèce  de  bien,  les  magiftrati 
ffpIy^rT^'du  lieu  le  vendoient  lui-mêmç ,  &  le  prix  qui 
en  revenoit  étoit  pour  la  perfonoe  à  laqudb 
on  avoit  dérobé  (  1171  ).  Ceci  ne  s'appliqua; 
point  aux  femmes.   On   ne  les   vendit   ja«« 
mais.  L'homme  même    n'étoit  vendu   que 
pour  fatislaike  au  pri^  de  l'objet  volé  y  & 


(U69)  Voyez  le  fécond  livre  des  Rois,  chap.  12 jj 
y.  2 ,  3  &  4. 

(1170)  2  Regum,  chap.  12 ,  v.  6.  On  lit  quelqi^e^fois 
dans  TEcriture ,  Septuplum  ;  mais  ce  mot  ne  fignifie  pas 
toujours  fept  fois  la  valeur.  Le  nombre  y^p/ eft  foU' 
vent  pris  indéfiniment  en  hébreu. 

(1171)  Voyez  WagenfWfiusfur  la  Mifna,  de  Uxore 
adulterii  ûifpeââ^  chap.  3,  §^  8,  tom.  3  ,  p.  22S. 

(1171)  &.ode ,  chap.  21 ,  V.  3.  Mifha,  diâoloco. 
Voyez  Josèphe,  Antiquités  Judaïques,  liv.  16,  ch.i, 
page  548. 


&  comme  MoraliJU:  "é^ 

non  pour  fatisÊure  à  celui  de  raugmentation 
prefcrlte  par  la  loi  (iiyj).  EfHmoit-on 
cinquante  écus  d'or  l'auteur  du  larcin  ,  & 
cent  ce  dont  il  s'étoit  emparé  \  La  vente  faite  , 
on  laiflbit  le  voleur  eh  efclavage  jufqu'à  ce  qull 
fe  fut  aflez  enrichi  pour  avoir  la  fomme  né- 
ceflaire  à  la  reftitution  5  mais  il  n'étoit  pas  :  . 
vendu. Il  on  TetHmoit  davantage  (1174).  Sa 
valeur  répondoit  du  vol ,  &  on  s'en  rapportoit 
à  lui  pour  l'acquitter  (iiyy  ). 

Surprenpit-on ,  pendant  la  nuit,  unvolem;  Desvoieuri 
brifant  la  port^  d'une  mai^jin ,  ou  en  perçant  ^    ****" 
le  mur  ï  On  n'étoit  pas  coupable ,  fi  on  le 
bleflbit  &  qu'il  en  mourût  (1176)  :  mais  fi  c'étoit 
en  plein  jour ,  on  commettpit  un  véritablçi 

(U73)  Wagenfeiiius  fur  la  Mifna ,  difto  loco.  Jarchî/ 
fur  le  Deutér^nome^  chap.  15  >  v.  11. 

(1174)  Mifna ,  diâx)  loco.  Ut  vcndioa  locwn  haheati 
difent  les  commen^teurs ,  oportct  ut  totum  furis  prcthan 
in  funlva  reî  aftimadone  abforbcatur  »  nihilquc  tx  to  fu^, 
perfit.  Pag.  228. 

(1175)  Mifna  ;  diao  loco.  Voyez-y  la  décUion  de 
plufieurs  autres  cas  fu|^  cette  matière.  Page  228.     * 

(1176)  Exode ,  chap.  22 ,  v.  2.  La  foi  mofaïque  fut 
en  cela  conforme  à  ceHe  des  douée  tables  &  aux  prin- 
cipes de  Platon.  Voyez  le  traité  des  loix  de  cephîl 
lofophe,  liv.  ^  -i 


ÏJ48  *     Moyfc ,  tonjtdéré  comme  U^îjlateur 
homicide  ,  digne  de  la  mort  (  1177  ).  Hérode J 
dans  la  fuite  ,  fit  une  loi  (1178)  par  laquelle  il 
ordonna  que  ceux  qui  perceroient  des  murs 
pour  entrer  dans  les  maifons ,  feroient  vendus 
comme  efclaves  ^   non  à  des  Ifraélites  ,  mais 
à  des  peuples  étrangers. 
Dequeiques     Le  larcin  devenoit  plus  ou  moins  criminel, 
licuiièrcs  de  fuîvant  la  qualité  de  la  chofe  ravie  &  de  celui 
^^  *  à  qui  on  la  raviffbit.  Achan ,  pour  avoir  pris 

dans  le  pillage  de  Jéricho,  parmi  les  dépouiller 
ennemies  deftinées  au  Seigneur  &  à  fes  prêtres, 
une  règle  d'or  de  cinquante  ficles,  deux  cents 
ficles  d'argent  &  un  manteau  d'écarlate ,  fubit 
la  lapidation  (1179).  S'emparoit-on  d'un  meu- 
g,J5^5[^^ble,  d'une  fomme  d'argent  dont  on  étoit  dé- 
pofitaire }  On  reftituoit  le  double  de  la  va-^ 
leur  (11 80).  On  n'en  reftituoit  que  le  prix,  fi 
on  l'avoir  feulement  laiflë  dérober  par  négli- 
gence (1181),  &  il  n'y  avoir  rien  à  rendre  lorf- 

(1177)  Exode,  chap.  22,  v.  3. 

(jLiyZ)  Josèphe ,  Antiquités  Judaïques ,  liv.  16 ,  cL  i, 
ipag.  548. 

(n79)  Jofué>  chap.  7,  v.  ai  &  iç. 
.  (1180)  Exode,  chap.  21,  v.  9.  Voyez  la  Mîfna,  de 
Pamnis ,  tom.  4 ,  -§.  8,  p.  88.,  &  Conftantin  Lempe- 
reur,  chap.  9,  §.  8,  page  253  &  254. 

(jiSi)  Exode,  chap.  22,  v.  12, 

<\VLQVk 


&  comtnc  Mordlille:  jH-^ 

tju'oft  n*avoit  aucun  reproche  à  fe  faire  (nSx). 
Si  l'auteur  du  vol  étoit  connu ,  il  pfiyoit  auffi  le 
double  dé  la  valeur  (i  183)  5  s'il  ne  l'était  pas , 
le  maître  de  la  maifon  fe  préfentoit  devant  le$ 
ïnagiftrats ,  pour  jurer  qu'il  n'y  avoit  aucune 
part  (1184).  Si  le  dépôt  étoit  un  animal  & 
qu'il  eût  été  tué  ou  dévoré  par  un  autre ,  il 
fuffifoit  de  céder  les  rêftes  de  l'animal  égor- 
gé (Ii8y)»  Sa  mort  étoit-elle  naturelle,  ou 
ëtoit-il  pris  par  les  ennemis?  On  donnoit  le 
ferment  au  dépofitaire,  &"  ce  ferment  décifif 
Texemptoit  de  toute  reftitution  (11  %6).  ' 

Plaçons  dans  ce  paragraphe  qu^ques  habi-      fâuflccf 
tudçs  criminelles  qui  foût  de  véritables  vols  ,  po^i  &*  i^ 
plus  ou  moins  déguifés ,  telles  que  la  faufTeté  ™*^"'^ 
dans  les  poids  &  dans  les  mefures»  Moyfe  la 
profcrit  plufieurs  fois ,  comme  une  fraude  abo^ 
minable  devant  le  Seigneur  (^  1 87).  Il  veut  que    . 

^'    ■ Il*  >■■>■>.■■>  I. > I  ^imtj 

(nSi)  Exode,  cliap.  a2 ,  v.  tt  &  13. 

(1183)  Exode,  chap.  il,  v.  7. 

(1184)  Exo^C)  ch9p.  11,  V.  8  &  9. 

(n85)  Exode,  chap.  22,  v.  13* 

(n86)  Exode,  chap.  12,  v.  10  &  it.  Voyet,  fttf 
les  difFérens  cas  relatifs  aux  dépôts ,  le  fecoiid  livre 
ile  Damnis,  Mifna,  toixi.  4,  pag.  107  &  fuiviiiites. 

(n87)  Léviticpie ,  chap.  19,  v.  55.  Deutéronônfô^ 
chap.  25 ,  v.  ^3 ,  14  &  15.  Voyez  ce  qu'en  diieol 

Ff 


J|.p      Moyfc,  contré x:ûmmeIJgiJlateur 
la  balance  foit  jufte ,  que  le  fetier  &:  le  boifièati 
le  foient  auffi ,  &  les  pierres  qui  fervoient  à 
pefer  toujours  parfaitement  égales  (1188).  Salo- 
mon  fe  plaint  à  ce  fujet  d'une  manière  éner- 


Ics  Proverbes  de  Salomon,  chapitre  ao,  verfets  10 
&  2;  9  &  Conftantin  Lempereur  «  de  daœnis,  liv.  i» 
chapitre  7. 

(1188)  Lévitîque,  cbap.  19,  v.  36.  La  Vulgate  fe 
fert  du  mot  pondéra ,  fans  annoncer  de  quel  genre 
étoient  ces  poids  ;  mais  Thébreu  emploie  le  mot  p{(, 
^n ,  pierre.  Les  pierres ,  en  effet ,  étoient  les  poids 
ordinaires  des  balances.  Quant  au  boiiTeau,  que  les 
luifs  appelloient  Ephî^   il  contenoit  environ  trente 
pintes.  Ces  trente  pintes  formoient  trois  fatums  & 
dix  omers  ou  ajfarons.  Le  fetier  qu'ils  appelloient  hin^ 
itoit  la  fixieme  panie  de  l'éphi  ou  du  boifTeau ,  &  par 
conféquent  formoit  environ  cinq  pintes.  Le  log  étoit  le 
demî-fetier.  Voyez  Guifius  fur  la  Mifna ,  de  Angulo, 
chap.  3 ,  §.  6 ,  tom.  i ,  pag.  48 ,  &  les  notes  fur  le 
lèvîtique ,  tom.  2  de  la  Bible  d'Avignon ,  pag.  481. 
U  y  avoit ,  outre  cela,  le  nebel  qui  contenoit  trois 
èphis,  &  k  chore  ou  chômer  qui  en  contenoit  dix, 
&  par  conféquent  trois  cents  pintes.  Dans  le  livre  de 
Ruth  cependant,  chap.  a,  v.  17,  on  parle  de  l'éphi 
comme  valant  trois  boiffeaux.  Il  y  a  là-deffus  beau- 
coup de  difficultés  qui  n'ont  pas  été  levées ,  même 
par  le  favant  Maimonide.  Si  on  en  excepte  les  me- 
/ures  principales  pour  lefquèlles  on  eft  alTez  d'accor,d, 
on  trouve  plufieurs  variations ,  entre  les  doâcurs 
}m&^  fur  tout  le  reAe* 


è  comme  Morati^i  %$% 

^qUé  (ii89)  i  de  la  mauvaife  fbi  dé  cèût  qui\| 
en  préfence  du  vendeur^  déj^rédent  tout  ce 
qu'ils  achètent  ^our  s'en  glorifier  dès  qu'ils 
lie  feront  plus  auprès  de  lui  j.  inauvaife  foi 
qu'il  eft  bien  rare  de  ne  pas  voir  rendre ,  en 
fens  contraire  ^  par  les  propriétaires  &  1^ 
tnatchandsi 

C'eft  encore  un  Vol  que  l'ufurè;  Le  Lëvitir  Scl*iifii(9 
que  (1190)  &  le  Deutétonome  (it^i)  défendent 
de  prêter  à  ce  titre  des  grains  $  dé  l'argent^ 
toute  autre  chôfe  ^  tjuelle  qu'elle  fbit  ;  iSc 
i'Eiode  (1191)  ihvite  ceux  ijûi  prêtent  tîtié 
fomme  à  des  Ifraélites  pauvres  ^  à  ne  poirit  U$ 
ficcabier  pat  Une  exaâtion  fi  criminelle^  On  eft 
étonné  que  Môyfe  borne  Tipterdiéliori  aux 
Hébreux  &  le  petmette  expteflëment  ehverS 
les  étrangers  {119^)1   Cette  tolérance  eft  \é 

(n89)  Pfovefbési  thajJ,  26 ,  V.  i4; 

(nço)  Lévitiqùe,  èhôp.  15^  v.  36  &  37. 

(n9i)  Ûeutéfonome,  châp.  13  ,  y.  J9  &  2ft 

(n92)  Exddej  chap.  21,  r.  25.- 

(  n9^  )  Deurtforiome  i  cl^alpitfé  ij  ^  Veèfef  iôi 
Voyeat  ^osèphé  j  Antiquités  Judaïques  >  livre  4  j 
chapitre  8,  page  127,  ïc  Philon^  tome  i>  de  Cha' 
fitate;  la  Miffla^  tome  4,  de  f^aifiniây  livft!  2,  chà-» 
pitre  5  ;  Mikotzi,  Prascept.  tiegat.  153  ^  Sephèr  Siphr^i 
fÈ>l.  51  i  eol  i;  Mefet  Bar  Naebmaâ  ^  Pirùsh  Tèi'àif 


^fi  Moyfe  9  confidêri comme  ÎAgiflauwt 
tfjurce  des  abus  reprochés  fouvent  par  les  nà-* 
tions  modernes  aux  defcendans  de  Jafcob. 
Flétris  de  toutes  parts,  fans  autre  demeure  que 
CCS  afyles  précaires  qu'ils  achètent  à  fi  haut 
prix  de  la  bonté  des  rois ,  incapables  d'avoir 
à!t%  poflèflîons,  d'être  membres  de  la  répu- 
blique &  de  participer  jamais  à  fa  gloire 
comme  à  fes  honneurs ,  l'amour  de  l'or  peut 
iecdles  confoler  des  perfécutions  qu'ils  éprou- 
vent &  de  la  honte  qui  les  environne.  Auffi 
prefque  toutes  leurs  paffions  fe  concentrent- 
dles  dans  l'avidité  qui  leur  fenible  néceflàire, 
même  pour  fe  venger  de  ceux  qui  les  outra- 
gent. Un  inftant  du  moins  elle  leur  donne 
cette  apparence  de  fupériorité  qu'a  toujours 
fhomme  riche ,  fur-tout  quand  oa  vient  im- 
f)(Larer  ion  opulence. 

.  Je  ne  fais  pourtant  s'il  eft  bien  dans  l'efprit 
de  leur  loi  de  regarder  comme  une  nation 
étrangère,  la  nation  à  laquelle  ils  doivent 
l'hofpitalité.  Fonder  une  telle  idée  furie  témoi- 
gnage de  Mbyfe ,  ne  feroit-ce  pas  calomnier 
ce  grand -homme  ï  Oublierions  -  nous  qu'en 
permettant  Tufure  avec  les  autres  peuples,  fa 
tolérance  eft  peu  dangereufe,  puifqu'il  met 


fol.  323.  Selden ,  dç  Jure  Natura  &  Gentium ,  liv.  6, 
l^ap.  xo/pag.  75Î  &c. 


,&  comme  Moràii^ei  ^j»^. 

tint  df'obftaclès  à;lcur  communication  ^vecîés 
Juifi  5  moins  pent-être  «icoie  par  la  diflférencçi 
de  fes  loix  que  par  côUer  des-  moeurs^  &  des» 
tifages  dont  il  les  inveftit  ïv  Giiblierions  -  notv» 
principalemefiHf quela manière^datlés  rabbinsT 
&  les  dofteurs  ont  toujourtiiaterprété  le  paC^ 
fage  de  Moyfe  ^  en  expliquant  la  volonté  de; 
ce  légiflateur  célèbre,  rabfout  d'un  reproche: 
févère  &  vraifemblabtement  inj^ftè.  Par  Pétrcin- 
gqrdont  il  pennet-de  prendra  a  ufure,.le  Deur 
téronome  a'a. entendu,  difent^ils,  qtteks  fep^ 
peuples  condamnés  par  le  Seigneur-à-  êtc6?«ft? 
terminés ,  :  Ifes  Hettéens , .  Te»- Anxofrkéeaç^,:  J^s^ 
Jébuféens-,  fes  Phérézéètw  ,  dèSfWéveenkv  1»*^ 
Gergéz^ens'i  Ifes-  Chananéëns  r  mais ,.  ënVôi* 
tous  fes  autres,  elle  e(t  néceflairèmèiifM^^ 
due,  &fitr-tQut envers jceùx^^qui l^ur SorinèM 
afyle.  (ii5>4)^'  L^  cafuifto^.Msi  plus^^lsiir^és  de^p' 
' ,    -r^?':      ■      -,  -  ''\-    •    '^^ 

;,:(ii94j  Voye^  PExode  ^cfiap>  aj  ,.y.  ,13  j.ch,  3^ijr 
V.  2  ,  &  Ip^  Deutéroflomey  cha{x.  7:^^^:.  i^Les  A^M 
des  Apôtres ,  chap.  13 ,  v.  19 ,  parlent  âiifli  de  fepût 
nations  à  exterminer  ;  mais  la  Genèfe  parle  de. dix,, 
chap.  If,  V.  19  &  ftiivans.  On  y  joint  les  Cinéens^ 
les  Cénéz^ens^  les  Cadinôc^ns,  &  à  la-  plàcô;  deâ^ 
Hévéens^  off  met  D^flyj^V^ie^/^ÂiîfOT  ,/que  lôs  Sepr 
tante  traduifent  aufli  paK^f&^ûtew,  &  que  les  traduc- 
teurs latins  du  ParapHrafe  chaldéert  ^  de  la  verÇôiH 
fyriaque  âé.  db  la^  velfioa^araba  Fendetlt  par  Gîgaafs^ 

M» 


4^4  M(rfft^€ùnfiMf4eùmmtLigiJUteur  . 
Hébreux  érigent  même  en  principe  que  fi  Tott 
ne  peut  troniper  un  Juif  fans  péché ,  le  pedié 
eft  beaucoup  plus  grand ,  fi  celui  qu^on  trompa 
cft  d'une  autre  nation  &  voué  à  un  autre  culte. 
Le  fcandale  eft  alors  à  Ton  combla ^  ^  Iq  nom 
4e  Dieu  eft  profané  (119  j). 


Voye^,  fur  ces.différens  peuples. ^  Ligtfoot  ,  opufc; 
fom.  I ,  pag.  4x8  &  5851  &  Bochart^  Phaleg^  liv.  4, 
chapitre  36.  Dans  d'autres  endroits  on  ne  parle  qu9 
de.fix,  Exode  i  chapitre  3  ,  v.  17  j  chap.  13 ,  v.  28, 
Pentéconoîne^  chap.  10 ,  v.  17. 

(u9^)  Voyez  Lion  de  Modéne ,  Hiftorla  de  gli 
V&  hebraici  »  patt.  a ,  chap.  5 ,  §.  2  «  pag.  44.  Ttnt^ 
tMsy  dont  fe  fen.quelquefoisi  la  Vulgatç,  n'eft  paa 
la.traduâion  vraie  de  Thébreu.  L'hçbreu  ixxkabtthf, 
^V|i  fignifie  fimplement  ^rittr^  mi$uum  dan,  &  non  pas 
]^t<r  4  ufure.  Il  y  éh  a  une  preuve  évidente  dans  le 
v.  '6  du  chëp.  i'^  du  Deutéronome,  Ponner  &  rece^ 
voir  à  prêtj^  y  font  oppofés  l'un  à  l'autre,  dabis  fr 
accipies  mutuum^  &  l'hébreu  fe  fert  de  iWlîH,  habuk^ 
4'uh  côté,  &  de  ^OPÏI,  thabt,  de  Vautre,  C'eft  1q 
ip^me  yerbé  fous  deux  formes  di^ércntes^ 


'4r  eoâime  MjraCJiéi  %^ 

Desfaujfes  accufittions^  éi  faux  témoignage  y  de 
la  calomnie^  &c.  &c. 

Le  paiïàge  de  fEcritm^  (u^O  ne  s*entend  R^flctc- 

7  y       c  f         '  '    r  cufacion  dic 

pas  uniquement  des  taux  témoignages  en  jul-mari  fur  u 
tke  :  oa  y  comprend  les  faufles  accufati©ns ,  la  n^ic!^. 
médifance  &  U  calomnie.  Nous  renvoyons 
pour  les  premières ,  à  ce  que  nous  avons  dit: 
au  commencement  de  ce  diapitre^  Le  Deuté- 
ronome  entre  dans  quelque  détail  (i  197)  fur  ' 
une  de  ces  faufles  accufations;  celle  d*un  mart 
qu  \  voulant  répudier  fa  femme  qulf  ed  fôchC 
d'avoir  époufée,  foutient  qu^elle  n*étoit-  pa$. 
vierge  à  l'inftant  du  mariage  Le.  père  &c  là. 
mère  de  la  fille  doivent  la  conduire  devant  les 
).uges ,  kur  expofer  Tinjuttice^  de  la  fiaine  &  dw 
reproche,  leur  préfenter  ce  drap  conjugal  té-* 
BioignagQ  de  rinnocencê  de  Tépaufe  (1198)3^; 


(n96)  Exode V  chapitre,  lo-^  y.  i6,  Deméconome  i^ 
Cïap.  ç,  V.  20. 
.  (1197)  Chapitrç  22-,  y.  13  &  fuîvanffiK. 

(W98)  Bxpandent  v:ftîmcntum  y  dit  la  Vuîgate  ;  c^éflE 
plutôt  pannum. ou  lïnteum..  Voyez-  àts  détails  fur  cette? 
accufation^  dans  lé  tome  y  de  la.  Miïna^  de  Dote,^ 
Lutcrif<iufe  Maû:iifoûialibus,,clfi  ii  §.^x>^.  56  &  (ui«K 


%f6  Moyfcy  xonjidéré  comme  Legijlateur 
&  fi  Terreur  coupable  du  mari  eft  démontrée  ^ 
on  le  condamnera  au  fouet ,  à  payer  à  fon 
beau -père  cent  ficles  d'argent,  &  la  répu- 
diation ne  lui  fera  plus  permife  dans  le  refte  de 
fa  vie  (i  199). 
bij  faux  Le  faux  témoin ,  lifons-nous  dans  un  autre 
chapitre  du  même  livre,  reconnu  tel  par  les 
)uges  &  les  prêtres ,  fera  traité  comme  il  avoit 
deflèin  de  traiter  fon  frère.  (Eil  pour  œil,  dent 
pour  dent,  pied  pour  pied,  main  pour  main: 
ce  font  les  termes  du  Deutéronome  (1100).  Nfe 
calomniez  pas  votre  prochain ,  avoit  dit  le  Lé- 
vitique  :  n'en  dites  du  mal ,  ni  en  public ,  ni 
en  fecret  (  1201  ).  Nous  voyons  dans  l'Ec- 
cléfiaftique  les  malédidions  prononcées  contre 
les  médifans  &  les  calomniateurs.  Un  coup  de 
verge,  y  lifohs-nous,  fait  une  meurtriflîire, 
mais  un  coup  de  langue  brife  les  os.  Il  eft 
mort  bien  des  hommes  pat  le  tranchant  de 

(1199)  Si  l'accufation  étoit  vraîe ,  la  femme  étoit 
chaffée  de  la  maifon  de  fon  père  &  lapidée  jufqu'à 
la  mort.  Deutéronome,  diôo  loca,  v.  20  &  ai,  & 
Mifna ,  diâo  loco ,  pag.  68  &  6^, 

(1200)  Deutéronome >  chap.  19,  v.  16-ai.  VoyeM 
lés  Proverbes  de  Salomon,  chap.  19,  v.  5  &  9,  & 
chap.  %i ,  v.  28*  Daniel ,  chap.  13  ,  v.  6%. 

{i%Qi)  Lévitîque,  chap.  i^^  Vi.  ij  &  ï^ 


'îépée  5  il  en  eft  mort  davantage  par  le 
tranchant  de  la  parole  (ixoz).  L'Exode  recom- 
mande aux  juges  de. ne  point  écouter  les  dit- 
cours  de  rimpofture ,  de  ne  jamais  prêter  la 
main  à  Timpie  pour  porter  un  faux  témoignage 
•n  fa  faveur,  de  ne  point  s'avilir  jufqu'à  pro- 
téger le  crime  &  inéconnoître  les  preuves  de 
l'innocence  (1203).  -• 


(ÎI02)  Eccléfiaftiq.  chapitre  28 ,  v.  15,  21  &  u; 
iVoyez  le  chap.  10  de  rEccl.  V.  6* 
{1203)  Exode  ^  chap.  23,  v.  i  &  7. 


•v'T 
■ .  v  0-  -"\ 


Il    .  .    . 

■  ^  nu  r  ?c 


Hfst     Jjf<jyjèj  conficUre  comme  tigiflateuf^ 


9» 


CHAPITREVI. 

jtac  i«  v^uoiQU*ôN  vante  beaucoup  la  fîmplicicé 

r«itMÔyfc.  des  moeurs  antiques ,  il  parok  qu'avant  Moyfe,* 
au  temps  des  patriarches ,  les  hommes ,  en  gé- 
néral 3  ne  méritoient^uères  une  idée  fi  favo- 
rablei    Je    vois  ,    dans  la   contrée  qu'habi- 
toient  ct%  perfodnages  iUuihres,  des  exeniple^ 
de  tous  les   crimes  &;  fur j  tout  des  crimes 
contre  la  pudeur;  de  la  fornication  &  de  Tin^ 
cette  dans  Thamar  >  de  Tincefte  encore  dans 
Ruben  &  dans  Bala  &  dans  les  deux  filles  de 
Loth,  de  Tadt^tère  dib'i^ette  Bala  &  dans 
Abimelech,  dtî  Tiol  &  du  rapt  dans  Sichem, 
de  Tabus  du  majri%ë  dans  Onati^  de  celui  de  la 
nature  dans  Ipi  babitans  dé  Sddome,  delà 
fourberie  dan^Iiàbaii  fedans^Tacob  :  j'y  vois 
venger  d'une  mahîère  atrofce^  fur  lesHévéens^ 
une  faute  que  Sichem  ofFroit  de  réparer,  & 
quoiqu'ils  fe fuflent  foumis  à  la  condition  qu'oft 
1 3ur  avoir  impofée. 
Dans  ^ei      Des  loix  morales  étoîent  donc  néceflfaires.  S\ 
toiemi"agrt  ^^^^^  ne  furcut  pas  nombreufes  ,   du  moins 
v^c^7^fr^ '^^^"^'^^^^^  propres  à  favorifer  la  pureté  des 
^-  moeurs  &  la  vertu.  Données  à  un  peuple  voua 


&  Comme  Moraf^e*  4j^ 

dès  fa  naiflance  à  l'agriculture  &  fur-tout  à  U 
vie  paftorale ,  puifque  des  premiers  citoyens  du 
monde  que  nous  offre  fbn  hiftoirc  ,  Tun  , 
Caïn,  labouroit  la  terre  ^  &r  Tautre,  Abel, 
gardoitdes  brebis  (1104)  ,  elles  encouragèrent 
toujours  ces  profeflîons  utiles  (iicj).  L'orgueil 
htimain  ne  dëdaignoit  point  encore  les  travaux 
qui  accroiflçnt  nos  richefles  en  fertilifant  nos 
campagnes.  Abraham  fut  pafteur  ;  Ifaac  le  fut 
comme  lui.  Des  troupeaux  étoient  ^opulence 
de  Jacob  (lio^.  Jofeph  en  foigna  long-temps 
avant  de  gouverner  TEgypte  (1107).  Moyfe 
avoit  l'intendance  de  ceux  de  Jethro  ,  &  c'eft 
en  les  conduifant  vers  le  mont  Horeb  ferdla 
en  pâturages ,  qu  il  entendit  la  voix  de  TEter^ 
nel  fortir  d'un  buiflbn  enflammé  (iioS)*  Gë^î 
déon  ,  choilî  poux  délivrer  la  Paleiline  de  lop-* 

(1204)  Genèfe,  chap.  4,  v,  a. 

(1105)  Voyez,  dads  le  tome  premier  de  la  M Ifna; 
deHeterogeneis,  pag.  109-1553  les  preuves  du  fotiT 
que  Moyfe  prit  de  ragriculuire,  Nqus  avons  parlé 
plufteurs  fois  de  celui  qu'il  eut  pour  les  troupeaux, 
pour  tous  les  anima  12 jc  en  général  ,  &  plus  parti- 
culièrement pour  ceux  qui  fervent  au  labourage. 

(1106)  Voyez  la  Genèfe,  chsp.  13,  14,  15,  t6^ 

.  (1207)  Genèfe,  chap.  jy,  v.  a  &  fuivans* 
(i  *oS)  Exode ,  chap.  %^  y^  i  &l  ^ 


4&0  Moyfe ,  ionjidiré  comme  LSgiJlateur 
preflîon  des  Madianites  y  efl:  trouvé  par  rang$ 
que  Jéhova  lui  envoie ,  battant  &  nétoya^nt, 
dani  un  preflbir ,  \  le  bled  néceflaire  à  fa  fubfif- 
tance  &  à. celle.de, fa  fomille '(1209)*  Quand 
les  députés  de  Jabès  arrivèrent  à  Gabaa ,  poof 
implorer  les  fecours  du  réîSaiil,  ce  prince 
étoit  dans  les  champs  où  il  diri^eoit  les  bœufe 
confacréi  ati  lai>ourage  (ixio).  E&vid  n'écoit 
qu'un  fimpk .  bfihrger  (izi^.).^:Jorfque-  Dieo 
Vappella  au  trôné  dlfraël.  .  :j. 

promcrTcs ,    Il  cft  douc  bien  naturel,  que  Jb:(btivérainlë^ 
de  Shota"  giflateur  parle  frcquemmentaux  Hébreux  de 
ragri«"^«^c  leurs  termes  &  de  leurs  troupeaux*.  EntendeE-le 
*^^*"^"®""  promettre  des  bénédiâionS' aux  obfervatéur» 
de  fa  loi  :  elles  fè  rapportent  prefcjue  toutes  à 
ees  deux  xh)éu.  On  vous  bénirai,  leur  dit-dï, 
dans  là  ville  &:  dans  lea  champsti  on  bénira 
yos  fruit^^  vQç.  beftiaux  >...Yû5Jboeufs.^.YCWi 
brebis,    vos  greniers   &  tout  ce  qu'ils  en- 
ferrent.,; yof  )îglli'Çï;&  .&  toi^  ïçs'tfavaux|  de  vo$ 
ç;iains(j.?,.iz)^  ?5<9^Sraufpz.  d^^.  iWiim^ux  fé- 
conds ycdese.càj^poghes  fertiles  ^r*^  le 'cicl> 

-     '  ."■^^^■^'^^-^■^■      y    '•-■  '  '       •  ••— : 

(  1 209 J  logeai,: ^ft^i'^t,  Y^Ijr.    •    -i::c-  - 

(iiii)  I  Regum,  chap.  16,  v*  11  &  Ur    ..        ,-r 
(i2ii),PeuiérQ5Qfn^  fh^^iYaSù,,iiv.%^  4,  J  &^ 
Voyez  le  Lévitiçus^  flj^^  j6(j.v*4&i  %^  .j 


j&  comme  Moralijiel  jfit 

prodiguant  fes  tréfors ,  verfera  fur  vous  une 
pluie  abondante  (12.13).  Mais  fi  vous  n'ob^ 
iervez  pas  les  préceptes  que  je  vous  donne, 
vous  ferez  maudits  dans  la  ville  comme  dans 
les  champs  \  vos  greniers  &  ce  qu'ils  enfer- 
ment le  feront  ainfi  que  vos  bœufe  ,  vos 
beftiaux ,  les  produdlions  de  vos  terres ,  tous 
vos  travaux  (12.14).  La  pauvreté,  la  misère, 
la  rouille  des  bleds  &  des  moiflbns ,  la  corrup- 
tion de  l'air  fe  réuniront  pour  vous  accabler. 
Le  ciel  fera  pour  vous  d'airain ,  &  la  terre  de 
fer.  Us  vous  refuferont  également  leurs  dons 
&c  leurs  bienfaits.  Au  lieu  d'une  pluie  falu- 
taire ,  des  nuées  de  cendre  &  de  pouflîère 
tomberont  fur  vous  (12.15).  Votre  bœuf  fera 
immolé  en  votre  préfence,  &  vous  n'aurez 
aucune  part  de  la  vidkime.  Vos  brebis ,  tous 
Its  animaux  que  vous  pofféderez  feront  ravis  à 
vos  yeux,  ou  livrés  à  vos  ennemis ,  fans  qu'un 
Teul  homme. fonge  à  les  fecourir  ou  à  vous  les 
i-endre  (ixi6).  Les  fruits  de  vos  fueurs  &  de 


(1213)  Deutéronome^  chap.  28,  v.  11  &  it.  hhi 
^itique,  chap.  16 ,  y.  3 ,  4  6c  9. 

(12 14)  Deutéronome ,  chap.  18,  v.  IJ-19. 

(1215)  Deutéronome,  chap.   18,  v.  20-24.  Lévi^ 
ligue,  chap.  z6,  y.  16^  19,  20,  25  &  i6. 

(1216)  Deutéro^îonae  3^  cjiap.  i8,  v.  16-31; 


i{6t      Mcyfe  ,  côn/idere  Comme  t^JîatéUf 

Votre  înduftrie  ,  ceux  de  vos  campagnes  & 
<i'une  longue  culture  ,  un  peuple  inconnu  les 
'    jdévorera.  Vous  femerez  beaucoup  &c  vous 
nioiflbnnerez  peu.  Vos  oliviers  feront  ftériles 
Comme  vos  vignes.  Les  fauterelles  ,  les  vers, 
une  foule  d'infeûes  s'y  attacheront  pouf  les 
ravager  (1x17)»  Vous  n'aurez  plus  iii  bled,  ni 
huile  )  ni  vîn*  Vos  érables  &c  vos  pacages 
feront  défetts  (  1118  ).    Vos   temples   feront 
•     abandonnés ,  &   vos   cités  d'immenfes  foli- 
tiides  (1119)* 
mkcptti     II  ne  fufïîfoît  point  à  Moyfe  d^encolifager  Ic^ 
fj^,^°J^^^^  Ifraélites  ou  de  les  épouvanter  par  la  crainte 
A  les  cr©u-  Q^  l'efpoir  de  la  fertilité  de  leurs  terres  ou  de 
leurs  troupeaux  ;  il  leur  indiqua  plus  d'une 
fois  la  manière  dont  il  fouhaitoit  qu'ils  diri-» 
geaflènt  leurs  travaux.  Tantôt  il  les  exhorte  à 
ne  rien  femer  dans  leur  vigne ,  de  peur  que  le? 
fruit  de  cette  vigne  &  la  graine  femée  ne  fe 

(1217)  Deutéronome^  chapitre  18,  y.  J3,  5?i 
59  &  40. 

(1118)  Deutéf oiiome ,  chap.  iS,  v.  çi^ 

(1119)  Lévitique,  chap.  16,  v.  ji.  Les  verfèti  Jf 
&  fuivans  du  chapitre  28  dti  Deutéronome  ,  àinâ 
<jue  quelques-uns  3e "ceux  qiii  précèdent,  annoncenf 
les  malheurs  qui  doivent  être  unis  à  ceux  relatife  ai* 
labourage  &  à  Tagricultiurei 


&  tomme  Moratlfit:  4^.^ 

corrompent  Tun  &  ràutre ,  &  en  général,  i 
fie  pas  confondre ,  dans  un  champ  ,  des  fe- 
inences  diverfes  (1x20)  z  tantôt  il  leur  reconi* 
mande  de  ne  pas  labourer  avec  un  bœuf  &  un 
âne  attelés  enfemble ,  de  ne  jataais  accoupler 
des  animaux  d'une  efpèce  diflfêrente ,  notamn- 
ment  ceux  qui  font  domeftiqu^s  avec  ceux  qui  ^ 
ne  le  font  pas  (iixi)  :  tantôt  il  défehd  de  lier 
la  bouche  du  quadrupède  chargé  de  fouler 
dans  Taire  la  récolte  des  moiflbns  (izix).  Ici^ 
prévoyant  le  cas  où  un  incendie  dévoreroit  des 
gerbes  entaflees  ou  des  bleds  en  pied  encore 
dans  les  guérêts ,  il  condamne  Tauteur  du  feu 
à  payer  la  perte  qu'il  auroit  caufée  (1223)  : 

(1210)  Lévitique,  chap.  19,  v.  19.  Deutéronome; 
chap.|  21  ^  V.  9.  Cette  défenfe  &  quelquesHin«s  de^ 
£iivantes  furent  d'ailleurs  infpirées  à  Moyfe  par  la 
haine  des  idolâtres  qui  fuivoient  toutes  ces  pratiques. 
Voyez  Spencer  ^  de  Legibus  ricualibus  Hebrsorum  ^ 
liv.  2 ,  chap.  18^  p.  412  &  fuivantes,  &  Maimonide^ 
More  Nevochim ,  liv.  3 ,  chap.  37. 

(iizi)  Lévitique,  ibidem.  Deutéro9<Hiie ,  ch.  22; 
Y.  10.  Voyez,  fur  cette  note  &  fur  I9  précédente, 
Buxtorf ,  Synagogue  Judaïque  ,  chap.  37 ,  p^.  619  , 
620  &  621  ;  Léon  de  Modènp,  Hifloria  de  gli  riti 
Hebraici,  part,  i,  chap.  I3>  §•  1^2  3,  pag.  31*. 

(12^2)  Deutéronome,  chap.  25 ,  v.  4. 

(1223}  Exode^  chap.  22,  v.  6, 


•4(î4  Moyfc^  confiderc  cemme  Légijlateut 
là ,  il  oblige  celui  qui  fait  du  dégât  dans  uiié 
vigne  ou  dans  un  champ  étrangers  ,  foit  pat 
lui-même ,  foit  en  fouflFrant  qu'une  bête  qui 
lui  appartient  aiUe  y  aflbuvir  fa  faim ,  à  payer 
le  dommage  ,  fuivant  Teftimation  ,  par  ce 
qu'il  a  de  meilleur  dans  fon  propre  champ  & 
dans  fa  vigne  (1214).  Enfin,  quand  il-prefcrit 
des  réglemens  fur  les  animaux ,  ce  font  tou- 
jours ceux  des  cultivateurs  &  des  bergers ,  le 
bœuf  &  les  brebis,  qui  fixent  fon  attention  & 
(a  bienveillance  (iziy). 
tes  mœurs  L'habitude  des  occupations  champêtres  & 
^^yntunt"  P^ftor^^s  eut  une  grande  influence  fiir  les 
y^nw^''"'  ^^^^^  des  Ifraélites.  Ce  n'en  fut  pas  le  moindre 
caraûère  que  Tabfence  de  tout  commerce  avec 
les  nations  voifmes.  Trouvant,  dans  les  terres 


(1224)  Exode,  chap.  12,  v.  5.  Les  commentateurs 
fie  font  pas  d'accord  fur  le  fens  de  ce  palTage.  Les 
uns  penfent ,  comme  je  Tai  dit  &  comme  la  Vulgate 
l'interprète ,  que  l'auteur  du  dégât  doit  payer  par  ce 
qu'il  a  de  meilleur  dans  le  champ  ou  dans  la  vigne 
qui  lui  appartient;  &  d'autres,  qu'il  doit  payer  fur 
le  pied  de  ce  qu'a  de  meilleur  dans  les  fiens  la  per* 
fonne  qui  a  foufFert  le  dommage.  Le  premier  de  Ces 
deux  avis  cft  le  plus  commun  &  le  plus  vraifemblable. 
Voyez  la  Mifna,  tom.  3,  dé  Divorriis,  chap.  jj. 
page  338. 

(1125)  Voyez  l'Exode,  chap.  u  ,  12  &  alibi. 

fécondées 


&  tàWirriè  Moral^èi  ^.'ijjj 

fécondées  par  eux  &  darfs  les  troupeaux  qu'ils 
iiourrifibient ,  dé  quoi  fuffjte  à  leurs  befoins, 
les  Juifs  s'éloignoient  peu  du  fol  qui  les  vit 
naître.  La  nature  même  les  coilcentfoit,  poiiir 
àinfi  dire ,  ,dans  leur  patrie.  De  quoi  étôiênt-ik 
fenviroilnés}  Des  tnontagrles  de  Galàad,  dei 
forêts  du  Liban  ,  des  piefres  &:  des  déferts  dô 
l'Arabie.  A  peine  quelques  routes  tracées.- Point 
de  ces  nlaifons  placées  de  diftahce  en  dif- 
tance  fur  les  chemins  d*uii  empire ,  pour  fervir 
d*afyle  au  voyageur,  &  qui  font  peut-être, 
fans  qu'on  y  réfléchifle ,  Une  forte  preuve  de 
la  corruption  des  peuples,  puifqu'elles  fup*- 
pofent  que  les  citoyens  ont  trop  de  défiance 
&  trop  peu  d'amitié  pour  fe  donner  riiUtuel*- 
lement  Thofpitalité  (1226).  S'il  y  a,  dans  \x 
Bible  entière  ,  deux  ou  trois  exemples  d^ 
maifons  pareilles ,  c'eft  par  des  femmes  dé- 


(1 216)  Lés  Juifs  la  pouffoient  bien  loin,  puifqu'ils  don- 
noient  leurs  propres  filles  pour  fauver  leurs  hôtes.  Vido 
fuprà ,  p.  443  &  444  ;  la  Genèfe  ,  ch.  19 ,  v.  i  &  fuiv* 
&  le  liv.  des  Juges,  chap.  19 ,  v.  20  &  fuiv.  Le  goût  des 
Hébreux  poiir  l^hofpitalité  eft^bien  diminué,  s*il  eft 
Vrai  5  comme  le  dit  Buxtorf ,  Synagogue  Judaïque , 
ch,  44 ,  p.  6^4  ,  qu'ils  écrivent  dan,s  leurs  falles  de 
bains  (on  fait  que  leurs  voyageurs  doivent  fe  bai- 
gner) 5  les  mots  dont  voici  la  tradiiftion  latine  :  DU 
primo  9  ho/pes  ;  fecundo ,  onusj  tcrdo,  profugus  autfattnsii 

Gg 


;f66  Moyfiy  con/idcrc  comme  Ugijlateuf 
criées  qu'ils  font  oflferts.  L'hôtefle  de  Samfott 
à  Gaza  étoit  une  courtifane  (1127).  Ge  fut  auflî 
une  proftituée  que  cette  Rahab  chez  laquelle 
fe  retirèrent  les  deux  efpions  envoyés  par 
Jofué  dans  la  ville  de  Jéricho  (1118).  Le  trafic 
des  Hébreux  fe  borna  long-temps  au  tranfport 
de  quelques  denrées  de  Paleftine  en  Egypte, 
oû  plutôt  d'Egypte  en  Paleftine. 
Moyfepor-  Si ,  pat  Ce  défaut  d'une  communication 
i^x'  fo  "  fuivie  avec  une  des  nations  les  plus  inftruites 
**^"*  ^  de  l'antiquité  &:  avec  quelques  autres  dont  ils 
auroient  retiré  moins  d'avantages,  les  Juifs 
perdirent  des  lumières  utiles,  du  moins  ne 
joignirent-ils  pas  le  goût  du  luxe  à  tant  d'er- 
reurs morales  dont  ik  furent  infeâés.  Moyfe  , 
cependant  ne  leur  avoir  pas  donné  des  loix 
fomptuaires.  Je  n'en  vois  qu'une  dans  le  Pen- 
•  tateuque ,  celle  qui  défend  de  porter  une  robe 
tiflue  de  fils  divers,  dô  laine  &  de  lin  (1229). 


'  (1*17)  Juges,  chap.  16,  v.  i. 

(1228)  Jofué,  chap.  2^  V.  I. 

(1129)  Lévitique,  chap.  19,  v.  19.  Deutéronomei 
chap.  21,  v.  II.  En  conféquence ,  les  Juifs  ne  fe  per- 
mettent pas  même  de  coudre  un  habit  de  laine  avec 
du  fil  de  lin  ou  un  habit  de  lin  avec  du  fil  de  laine. 
Léon  de  Modène ,  Hiftoria  de  gli  riti  Hebraici  ^  part,  i, 
chap.  5  ,  §.  I ,  page  13.  Le  Dcutéronome  leur  ordonne. 


&  tàmtiïe  Mordiijlc.i  4e f 

îl  s*etendit  davantage  fur  des  fautes  plus  con-  vices  t«tjf- 
traires  aux  bonnes  mœurs  ,   fur  Tivrefle  de  "iommia» 
Tamour^propre ,  fur  l'abus  des  dëfirs  &  des  *^*** 
aflFedions  de  Tame.  Il  profcrivit  la  violence ,   , 
rinjuftice,  l'orgueil,  les entreprif^s  téméraires, 
le  fouvenir  des  injufes ,  la  haine ,  la  colère  & 
la  vengeance  (1130)*  Il  voulut  que,  loin  de 
pourfuivre  fon  ennemi,  on  le  fecourût  dans 


dans  le  verfet  fuiVant,  &  I*Ordre  en  étoît  déjà  dans 
le  livre  des  Nombres ,  chap.  ifi  v*  38 ,  de  feite,  avec 
de  petits  cordons  j  des  houppes  qu'ils  mettront  aux 
quatre  coins  de  leurs  manteaux,  &  de  metti-e  des 
franges  au  bord  de  leurs  habits,  afin  que  cela,  leui* 
dit- il,  les  faffe  fouvenir  de  la  loi  dé  Jéhova.  Voyeas 
Léon  de  Modène,  diâo  loco,  §.  5^,  p.  14,  &  Buitorf^ 
Synagogue  Judaïque,  chap.  31,  p.  587  &  fuivantes^ 
Une  des  raiforis  principales  de  la  défenfe  dont  nous 
parlons,  fut",  félon  Spencer,  que  les  idolâtres  por* 
toient  des  robes  tifTues  de  différens  fils  de  laine  &  dd 
lin»  De  Legibus  ritualibus  Hebrsorum,  liv.  x  ,  cb.  ii^ 
fe£l.  3  ,  p.  434  &  fuivantes. 

(1230)  Lévitiqiie,  chap*  19,  v.  13 -18^  Voyez  cd 
que  dit  le  livre  des  Proverbes  fur  les  diffenfions,  la 
haine  &  l'envie  >  chap.  Î4,  y.  30  ;  chap.  15,  v.  18} 
chap.  16 ,  v.  18  ;  chap.  xi ,  v,  10  5  chàlp.  <a6  ^  v.  43  } 
chap.  27,  v.  4  &  6;  chap.  18,  v.  25.  Voyez,  dans 
le  même  livre ,  les  éloges  donnés  à  la  diligence  &  la 
cenfure  de  la  parefie^  chap.  6,  v.  6;  chap.  io,  v«  4} 
chap.  11 ,  v.  24  &  a7)  chap,  19^  v.  15. 


4^8  Moyféy  conjidéré  comme  tegljlateur 
les  animaux  même  qui  lui  appartenoient ,  ea 
les  relevant,  s'ils  écoient  accablés  fous  le  faix, 
ou  les  lui  ramenant  fi  on  les  rencontroit  éga'- 
rés  (1131).  Il  ordonna  d'aimer  fon  prochain 
•comme  foi-même  (1231) ,  de  réparer  le  tort 
qu'on  lui  auroit  fait ,  en  en  reftituant  le  prix 
&  y  ajoutant  un  cinquième  de  la  valeur-,  ou, 
s'il  n'y  avoir  perfonne  à  qui  le  reftituer ,  de  le 
donner  au  prêtre  avec  un  bélier  viftime  né- 
ceffaire  pour  l'expiation  (1133);  de  veiller 
aux  befoins  des  malheureux  &  de  les  préve- 
nir (1234)  jr^  de  leur  prêter  de  l'argent ,  fïit-on 


(1131)  Exode,  chap.  13 ,  v.  4  &  5.  Deutéronome, 
«•chap   iz,  v.  4. 

(1232)  Lévitique  ,  chapitre  19,  v.  18.  Voyez  le 
'^feaume  31,  v.  12;  Jérémie,  chap.  i*  ,  v.  14  ,  &  les 
"Proverbes,  chap.  17,  v.  10. 

1(1233)  Nombres,  chap.  5,  v.  6,  7  &  8. 
.<     (1134)  Deutéronome ,  chapitre  iç  ,  v.  7,  8  &  10; 

Voyez  le  chapitre  2j  de  l'Exode,  v.  11,  &  le  Lévi- 
:<tique,  chaftp.  ^3 ,  v.  1.1.  Voilà  pour  le  Pentateuque. 

Ce  précepte  fe  retrouve  dans  les  livres  qwi  ont  fuivi 
:  &  dans  tous  les  prophètes.  Rappelions  feulement  la 
.  manière  touchante  dont  l'exprime  Tobie  dans  fes 
vinftruâions  à  ion  fils,  chap.  4,  v.  9  :  «Si  vous  avez 
:l)eâucoup  de  bien,  donnez-en  beaucoup  aux  pauvres; 
.fi  vous  en  avez  peu,  donnez  du  moins  ce  peu  de 

bon  cœur  »>  ;  &  la  menace  que  fait  l'Eccléfiaftique  , 

#hap.  4^  v^  1-8^  que  Dieu  exaucera  les  imprécations 


voilin  de  Tanhée  de  la  remife  des  dettes  (1x35)^ 
de  ne  point  leur  en  demander  un  gage  (123 <^).;i 
s'ils  le  donnent ,  de  ne  pas  recevoir  rinftru-»^ 
ment-jgjle  leur  travail,  parce  que  ce  feroit  en- 
gager leur  propre  vie  (1237) ,  &  de  leur  rendrcr 
ce  gage  avant  le  coucher  du  foleil  (i2'38)  >  de^ 
,ne  pas  recevoir  davantage' les  vêtemens  de  la, 
veuve  &  de  Tindigent  &:  de  les  leur  rendre 
auffi  avant  le  coucher  du  foleil ,  parce  qu'ils  en 
auront  befoin  la  nuit  pour  cpuvrir  leur  corps  . 
&  mettre  au-deflus  d'eux  pendant  le  fomr: 
meil  (1239)  ;  de  ne  pas  laiffer  finir  le  jour  fans 
que  leur  falaîre  fbit  payé ,  qu'ils  foient  ou  nor( 


cle  celui  dont  on  aura  refufé  de  fecoyrir  rindigenceJ. 
Voyez ,  fur  la  bienfaifance  &  la  libéralité ,  le  pf.  12.^ 
y.  9  5  &  le  livre  des  Proverbes ,  chap.  18 ,  v.  16  &  27  ; 
chap.  19,  V.  6  &  17  ;  chap.  28,  v.  27.  Uamour  dô 
fes  voifins  en  particulier  eft  recommandé.  Proverbes^; 
chap.  27,  v.  16;  Jérémie^  chap.  12,  v.  14;  pf.  31, 
V.   1 2.  yT  p'ij; ,  faken  rah  ,  mauvais  voîfin ,  eft  paflè;' 

en  ufage  chez  les  Hébreux  pour  exprimer  un  trds4 
mauvais*  ci  toyem 

(1235,)  Deutéronome,  chap.  15 ,  v.  9;  . 

(1236)  Deutéronome,  chap.  24,  v.  12;, 

(1137)  Deutéronome,  chap.  ^4,  v.  6. 

(i  i.j8)  Deutéronome ,  chapi  24 ,  v.  ly. 

(1139)  Deutéronome,  cliapiti:e  a4,  v.  v^.  Exois^ 

chap.  1%. ,  V.  :î^  &.  ly^ 


%f^  Moyfe  y  con/idtré  comme  Ugijlateut 
ïfraélites  (1140)  ;  de  ne  jamais  les  prefler  pouf 
le  paiement  de  ce  qu'ils  doivent ,  comme  un 
éxafteur  impitoyable  (1241).  Il  y  a  même  des 
endroits  où  ,  par  égard  pour  les  p^krres , 
Tufage  fut  de  marier  la  veille  du  jour  du  fab- 
bat(i24i),  parce  qu'ils  avoient  des  droits  aux 
repas  des  fêtes  &:  des  folemnités. 
toîx  en     Toutes  ces  loix  méritent  des  éloges  par  la 

p!rv"rc$,a^  douceur    &    Thumanité   qui    les    infpirént. 

Pfphciins ,  Louons  de  plus  celle  qui  abandonne  ,  tous 

(les    cçran-  r  ^  » 

i;çr$^ç.&c.ies  fept  ans,  les  productions  naturelles  de 
la  terre ,  à  l'indigent ,  à  la  veuve ,  à  For- 
phelin  ,    à  l'étranger  (  12.45  ),  Louons  celle 


(1240)  Deutéron, ,  ch,  14,  v.  14  &  ij.  Le  Lévîtîque, 
chap.  18,  y.  ij ,  dit  :  Vous  ne  le  garderez  pas  jufqu'au 

-inatin.  Non  morahltur  opus  merctnan  mi  apud  te  ujque  ad 
mant.  Ce  crime  fut  même  placé  parmi  ceux  dont 
ï'horreur  eft  fi  grande  qu'ils  attirent  foudain  le  cour- 
roux du  ciel ,  comme  ToppreiTion  du  foible,  rhomicidQ 
volontaire  &  la  fodomie. 

Clamitac  in  coelum  vo^ç  fanguinis  Se  Sodomorum.» 
Vox  opprçlforimi  &  merces  deccnca  labprum. 

Voyez  Malachie,  chapitre  3  ,  v.  5  ,  &  S,  Jacques,^ 
épître  5 ,  v:  4. 

(1241)  Exode,  chap,  22,  v.  25, 

(1241)  Mifna,  de  Dote,  Litterîfque  Matrlmonla-* 
Vibus ,  tom.  3  ,  chap»  i ,  §r  i ,  pag.  56. 

^^^.43)  Çxqdç,  çh^p.  :tj ,  y.  |o  Çc  u, 


•  &  comme  MoraRfie.  %j  t 

^uî  établiflbit  ,  tous  les  trois  ans  ,  tinô> 
dîme  ,  au  profit  encore  de  l'indigent ,  da- 
ï  orphelin ,  de  la  veuve  &  de  l'étranger  (.ii44)«. 
Louons  celle  qui  protégeant  toujours  ces  dif- 
férentes clafles  de.  malheureux ,  exigea  qu'oit- 
ne  coupât  point  l'épi  jufqu'au  pied  (1245) ,  & 


(1244)  Dcutéronome  ,  chap.  14,  v.  28  &  29,  & 
chap.  26,  V.  12.  Ce  n'étoit  que  la  troifième  &  ta 
fixième  année,  la  feptièine  ayant  une  deftiratîon  par-* 
ticulière.  Outre  la  dîme  des  pauvres ,  lesrTalmudiftes 
nomment  fix  chofes  qui  étoîent  dues  à  l'indigent* 
Angulusy  fpicUegîum ,  racematio  ,  acînî  deddui ,  quod  fer 
ohlivlonem  rellnquitur,  cleemofyna.  Tout  cela  eô  renfermé 
fous  le  nom  générique  de  D*Oy  IVtanO ,  mithnoth  ainiim^, 
dona  pauperum.  Voyez  un  traité  de  Maimonide  fiir  ce 
fujet;  chap.  i,  2  &  fuivans;Mikotfi,  Prsecep.  affir* 
mat.  161  &2S4^Leidekker,  deRepubli<:âHebrasoruiD^ 
lîv.  12,  chap.  5  i  pag.  669;  Selden,  de  Jure  Natura^ 
&  Gentium,  juxtà  difcipUnam  Hebraeorum  ,  liv.  6, 
chap.  6,  pag.  724,  75.5  &  726.  Voyez  auffi ,  fur  cette 
note  &  fur  les  fui  vantes ,  la  Gemare  de  Babylone  j^ 
de  Damnis,  liv.  i,  chap.  7,  fol.  80  &  8i, 

(1245)  Lévitiquç,  chap.  19,  V.  9,  &  chap.  15 J 
V.  22.  Dautêronomé,  chap.  24,  v.  19.  C'eft  anpdusm, 
On  lit  dans  là  Vulgate  :  Non  tondehis  ufque  ad  folurm 
fnperficiem  terra  ;  mais  l'hébreu  littéral  dit  :  Non  con-^ 
fummahîs  mctcndo  angulum  agri  ml.  Les  rabbins  ne  Ycn^ 
tendent  pas  feulement  de  la-  moiffon,  mais  d/e  toute» 
ies  produisions  de.  la  terre.  La.  loi.  juive  ne  fixe  poioft 


5^7i       Moyfe,  ûohfidêré  comme  JJgiJIateuf  • 

qu'on  leur  accordât  pendant  la  moiflbn<:e  quj 
tomberoit  des  gerbes  &  les  grappes  tombées 
des  paniers  pendant  la  vendange  (iZ46)  ;  & 
non-feulement  les  ëpis  échappés  du  faifceau, 
mais  les  gerbes  entières  oubliées  dans  la  cam- 
pagne :  car  on  ne  pouvoit  retourner  fur  fes  pas 
pour -aller  les  reprendre  (1147).  Louons  celle 
oui  prefcrivit  la  même  chofe  pour  les  fruits  dé 
la  vigne  &:  de  l'olivier  (  1148  ) ,  &  celle  où 
Jéhova  dit  ••  Vous  ne  ferez  aucun  tort  à  la 
veuve ,  ni  à  l'orphelin.  Si  vous  les  offênfez  en 
quelque  chofe ,  ils  crieront  vers  moi ,  &  j'en- 
tendrai leurs  cris ,  &•  ma  fureur  s'allumera 
contre  vous,  &  je  vous  ferai  périr,  &  vos 
femmes  deviendront  veuves   &  vos  enfan$ 


l'efpace  qtie  doit  renfermer  cet  angulus ,  mais  les  doc* 
teurs  l'ont  fixé  à  la  foixantième  partie  au  moins. 
•  (1246)  Lévitique,  chap.  19,  v.  10.  Ceft  fpicile^ 
gïum  &  racematîon  Acïnî  décidai ,  font  les  grains  qui 
tombent  des  grappes.  S'il  y  avoit  plufieurs  grains  ou 
plufieurs  épis  attachés  enfemble,  au  moins  trois,  ils 
«reftoient  au  propriétaire. 

'  (1247)  Deutéronoraei  chap.  24,  v.  19.  Ceft  quod 
fer  obl'iy'ionem  reltnquitur^  Le  père  de  femille  qui ,  en 
voyageant ,  fe  trouvoit  dans  le  befoin ,  avoit  droit 
suffi  aux  reftes  des  inoiflbns  &  des  vendanges.  Mifiia, 
fie  Angulô:,  chap.  5  ,  §.  4 ,  tom.  i ,  pag.  55. 

(?^4?)  p^utérpnomç,  çhap.  ^4,  v.  %o  &  an. 


touchons  fur 
'aumône. 


Z  comme  MoraRjie.  '^yf 

©rphelins  (I149),  Louons  enfin  celle  où  recom- 
commandant  la  douceur  envers  les  étran- 
gers (iiyo) ,  iî  exhorte  à  ne  leur  pas  rendre  la  ^ 
juftice  avec  moins  d'impartialité  qu'aux  autres 
citoyens,  à  ne  leur  faire  aucun  tort,  aucun 
reproche  ,  à  ne  point  les  affliger,  à  les  aimer 
avec  tendrefle ,  à  n'oublier  jamais  qu'on  fut  ^ 

étranger  foi-même  dans  la  terre  d'Egypte. 

L'obligation  d'une  redevance  pieufe,  pref-     vtkt^tfi 
crite  à  l'homme  riche  envers  le  pauvre ,   ne  [î 
firappa   point  fur  l'étranger   devenu   profé- 
lyte  (liyi).  Les  Hébreux feuls  ^ furent  foumis, 
&  ils  remplirent  toujours  ce  devoir  touchant^ 
avec  une  attention  fcrupuleufe.   La  manière 
dont  ils  expriment  l'aumône  eft  d'une  fimpli- 
cité  fublime.  Leur  langue  n'offre  auoin  mot 
auquel  foit  précifément  attachée  cette  idée  ;  ils 
la  rendent  par  le  mQt;ufiice{iz^i).  L'aumône 
f     I'       I ..Il  ■    I         .1       I  ■   ■  ■ Il         ■ 

(1249)  Exode,  chap.  22  ,  v.  22,  23  &  14. 

(1250)  Exode  ,  chap.  22,  v.  tii  ;  chap.  23,  v.  9; 
tévitique  ,  chap.  20,  v.  33  &  34  ;  chap.  24 ,  v.  22. 

(1251)  Mifna,  de  Angulo,  chap.  4y%'6y  tom,  i, 
page  51. 

(1252)  Ttp'Ve^  tfedakah.  Voyez  S.  Matthieu,  ch.  6; 
y.  X.  Léon  de  Modéne  vante  beaucoup  leur  charité 
l^âive,  Hiftoria  de  gli  riti  Hebraici ,  part.  i>  ch.  14^ 
|.  i  &  fuivanj,  çag.  34  >  .33  &  34.  . 


;^74  ^<>yfii  con(idéfé  <omme  Légîflateur 
ne  leur  eft  pas  feulement  recommandée  ptm 
les  befoins  de  première  néceffité ,  mais  poui 
ceux  qui  le  font  devenus  par  Phabitude,  s'il 
s'agit  d'un  homme  riche  que  le  malheur  ait 
réduit  à  Tindigence.  On  le  fecourt  aflez  pour 
qu'il  conferve  des  vêtemens  analogues  à  fon 
état,  fondomeftiques'ilenAvoitun,  &c.  Au 
refte ,  il  faut  pour  cela ,  difent  Maimonide  & 
Mikotfi  qui  nous  donnent  ces  détails  (izy 5), 
que  l'indigence  foit  bien  reconnue ,  &  on  fiiit 
alors  des  recherches  fur  elle,  au  lieu  que  fi  qd 
demande  de  ^uoi  vivre  ,  il  eft  prefcrit  d'en 
donner  fur-le-champ ,  fans  aucune  recherche 
antérieure.  En  lui  accordant  ce  qui  eft  nécef- 
faire ,  on  n'ira  pas  néanmoins  jufqu'à  l'enri- 
chir. Chacun  donnoit  à  raifon  de  fes  feicultés. 
Les  plus  généreux  cédoient  aux  pauvres  le 
cinquième  de  leur  revenu  ;  les  autres  leur  en 
dévoient  au  moins  le  dixième.  Reftifoit-on 
de  donner  l'aumône  à  celui  qui  la  demandoitï 
On  étoit  cité  pardevant  les  magiftrats  &  la 
peiné  du  fouet  en  étoit  la  punition. 

Les  peuples  modernes  ont ,  dans  chaque 
ville  ,  dans  chaque  village  ,  des  colledèurs 


(1253)  Maimonide,  diôo  lôco,  chap.  7.  Mikotfii 
Pr»cept.  affirmât.  162.  Voyet  Leidekkér^  diâo  looùi 
pag.  670,  &  Seldèd  ,'pag.  727  &  72S1, 


,    &  comme  Moralijlei  àfjf 

pour  les  împofîrions.  Les  Juifs  n'en  eurent  que 
pour  les  befbins  des  malheureux.  On  foUicitoit, 
toutes  les  femaines,  la  charité  publique.  Ar- 
gent, habits,  alimens,  tout  étoit  reçu  avec 
reconnoiflance  &  confervé  avec  foin  jufqu'au 
labbat  fuivant  (12.^4).  Les  Hébreux  n'accep- 
toient  rien  des  Gentils ,  excepté  qu'on  ne  leur 
eût  oflfert  que  des  dons  infuffifans  ;  encore  alors , 
ii'acceptoient-ils  pas  en  public ,  pour  qu'on 
n'accufât  point  les  Ifraélites  de  négliger  les 
pauvres,  ce  qui  eut  été  profaner  le  nom  de 
Jéhova  (ixyj'j.  On  les  voit,  tranlportés  à 
Rome,  mendier  des  fecours  (iiy^)  :  mais 
privés  de  tout  &  loin  de  leur  patrie,  ils  étoient 
fans  refïburces.  Aujourd'hui  ,  un  fouverain 
leur  envoie-t-il  de  Targent  \  Ils  le  reçoivent 


(1254)  On  appeUoît  Hâip^  kouphah  ^  arca  ou  ci^ 
tîeemofynarîa  ,  Tendi'oit  dans  lequel  On  plaçoit  l'ar- 
gent, &  *Vton»  thamhùiâ^fcutelU^  celui  où  oh  plaçott 
les  alimens.  Voyais  les  auteurs  citéi,  &  beaucoup  d^ 
^ueflîons  fembla^les  dans  les  Talmudifles. 
-'■  (1255)  Maimbmdd , diâo  loco,  chap.  8,&Selden, 
dido  loco  i  pag.  735.  Voyez  auffi  Scaliger^  in  Elencho 
trihasres.  Çhap.  2S  ;  Serrarius.,  de  rabbinis  ^  liv.  i  « 
fcrap.  38  &  55  ;  Buxtorf ,  Synag.  Judaïque,  ch.  44  , 
pag.  66j. 

(1256)  Voyez  Juvenal,  fat^  6,  v.  $45,  &  Martial, 
liv.  ïî^épigr,  %is  • 


1lf/i^  Moyfe  y  eonjidéré  éomme  Ufpjlateur 
par  refped,  mais  ils  le  rendent  bientôtà  dei 
pauvres  Gentils  (lijy)  Les  Juifs  font  entrer 
dans  Taumône  la  conftruftion  des  temples ,  k 
rachat  des  captifs  &c. ,  &  on  a  établi  un 
ordre  pour  leur  bienfaifance.  S'agit -il  par 
exemple  du  rachat.de  la  captivité  ?  Le  prêtre 
l'emporte  fur  le  lévite ,  le  lévite  fur  un  fimple 
citoyen  ,  celui-ci  fur  le  bâtard  ordinaire  qui 
remporte  à  fon  tour  fur  le  bâtard  adulte*-, 
rin ,  ce  dernier  fur  le  Néthinaeen ,  le  Néthi-. 
nasen  fur  le  profélyte ,  &  le  profélyte  fur  l'af-^ 
franchi  (izyS). 
Qucpcnfcr  Telle  eft  la  manière  touchante  dont  les  dit* 
de  cruautc  ciples  de  Moyfe  étendirent  &  développèrent, 
fcî  °^'  par  leur  conduite ,  les  préceptes  de  ce  grand- 
homme.  On  les  voit  animés  ,  comme  hii , 
de  l'efprit   d'humanité  qui  préfida  aux  loix 


(1x57)  Voyez  les  auteurs  cités,  &  Leidekker,  à^ 
Republicâ  HebraBorum,  chap.  5,  pag.  670. 
.  (1158)  Toujours  dans  I^  fuppofition  qu'ils  font 
égaux  en  fagefle  &  en  vertus.  Leidekîker  dit,  d'âprè^ 
Maimonide  ,  chapitre  5  ,  Qu'ils  .diftinguent  quatre 
fortes  deperfonnes  :  Efi,  cnîm  qui  cufitdare  ,  &  tarmn 
non  vult  m  alîi  dent;  hic  oculo  mçlo  efl  :  eft  qui  vidt  alioâ 
dare^  ipfe  verb  nihil  dat  ;  is  invjdus  efl  :.  eft  qui  dat  & 
vult  etiam  alîos  dure;  ille  pius  eft  :  efl  qui  nihil  dat^  nte^ 
\ult  ut  alii  degt;  ifie'impiuj  eft.  De  Republicâ  He^ 
bragorum ,  chap.  5 ,  pag.  670  &  671^    .       ^ 


ù  comme  Morallfie:  ^y^t 

Tjne  nous  avons  rapportées,  en  faveur  des 
malheureux.  Elles  furent  pourtant  l'ouvrage 
de  ce  légiflateur  qu^on  a  tant  calomnié  & 
dont  le  nom  femble  attaché  aujourd'hui  à 
toutes  les  idées  qui  expriment  la  dureté ,  le  fa- 
natilme  &  l'intolérance.  Sans  doute  Moyfè 
tivoit  reçu  de  la  nature  un  capadère  inflexible, 
levère,  ardent,  impétueux  :  mais  croit-on  que 
fans  cette  ardeur  &  cette  inflexibilité  il  eût 
fubjugué  une  populace  indocile  J  Plus  propre 
même  à  brifer  les  obftacles  qu'à  les  prévoir , 
jamais  il  ne  l'eût  enchaînée  à  fa  volonté  fans 
l'intervention  de  l'Eternel.  Cette  intervention 
iacrée  ne  l'empêcha  pas,  ilefl:  vrai,  d'exciter 

'  fouvent  des  murmures  :  tantôt  nous  voyons 
les  Ifraéhtes  prêts  à  le  lapider  ;  tantôt  ils  fe 

'  plaignent  de  ce  qu'il  né  les  a  arrachés  au  joug 
des  Egyptiens  que  pour  devenir  lui-même  ^leur 
»tyran  ;  tantôt  ils  s'écrient  qu'ils  ont  été  ti'op 
long- temps  féduits  par  fes  artifices  ,  lorfqu'il 
fe  vantoit  d'être  infpiré  par  Jéhova  (iiy^). 
Mais  ne  confondons  point  l'homme  &  le  ci- 
toyen avec  le  légiflateur.  Ne  lui  attribuons 


(1259)  Philon,  tome  a  ,  Vie  de  Moyfe,  liv.  i; 
page  95 ,  108  ,  jio.  &c.  Josèphe  ,  Antiquités  Ju-»; 
daïques,  liv.  4  ,  cbap.  i,  pag,  102  &  103.,  &  ch.  6j| 
page  115  &  X16. 


47?  Moyfcy  tonjutété  comme  LégiJtdtéUf 
point  les  fautes  qu'ont  pu  commettre  les  fuc^ 
cefleurs  de  fon  rang  &  de  fa  puiflance.  S'ib 
ont  abufé  du  dépôt  que  ce  grand-homme  leur 
avoir  confié ,  fi  les  pontifes  fuprêmes  éten-^ 
dirent  trop  le  pouvoir  déjà  immenfe  qu'ils 
avoient  néceflairement  dans  un  gouvernement 
théocratique ,  fi  la  nation  fut  fouvent  accablée 
par  fes  rois ,  fi  elle  eut  tour-à-tour  &c  à  rougir 
de  leurs  excès  &  à  gémir  de  la  dureté  du  joug 
qu'on  lui  impofoit,  ces  malheurs  ne  furent 
pas  l'ouvrage  de  Moyfe.  Si  on  lui  avoitobéi, 
tant  de  maux  n'auroient  pas  été  la  fiiite  de  la 
royauté  (iz6o).  Il  leur  donna  quelquefois  des 
ordres  févères,  mais  prefque  toujours  des  loiï 
douces  &  humaines.  Qu'on  juge,  d'après  celles 
que  nous  venons  d'expofer ,  s'il  ne  fiit  jamais 
qu'un  tyran  infenfible ,  ignorant  &  féroce*  Ce 
n'eft  point  en  prenant  au  hafàrd  quelques 
réglemens  ifolés  qu'on  apprécie  bien  la  légif- 
lation  d'un  peuple  y  c'eft  en  faifiilant  la  chaîna 
des  idées  &  de  la  volonté  confiante  de  celui  \ 
qui  Ta  didtée  \  c'eft  en  confidérant  le  tableau, 
non  dans  fes  extrémités  ^  mais  dans  toute  fos 
étendue.  Pourfuivons. 


(ia6o)  Voyez  le  Deutéronome ,  chap.  17,  v.  \i 
&  fuivans. 


&  comme  Moralffie.  47*1 

Les  excès  de  tous  les  genres  attirent  l'ani-  Depiufi«irt 
madverfion  de  Moyfe  :  celui  du  vin  dont  il  profcnviu 
prohibe  même ,  fous  peine  de  la  vie ,  à  Aaron 
&  à  fes  fuccefleucs  de  boire  à  perpétuité  (  ainfi 
que  de  tout  ce  qui  peut  enivrer  ) ,  quand  ils 
entreront  dans  le  tabernacle ,  de  peur  qu'ils  ne 
diftinguent  plus  les  chofes  feintes  des  chofes 
profanes ,  &  qu'ils  ne  foient  plus  en  état  d'en- 
feigner  la  loi  au  peuple  (i  161)  -,  févérité  qui , 
pour  Tobferver  en  paflant ,  ne  tombe  que  fur 
le  grand-prêtre ,  fur  ce  grand-prêtre  en  faveur, 
duquel  étoit  faite  toute  la  légiflation  des  Hé- 
breux :  celui  du  jeu ,  puifqu'il  déclare  tous  les 
joueurs  de  hafard  incapables  ,  comme  nous 
l'avons  dit  (Iz6i) ,  d'être  juges  &  téAoins: 
celui  des  femmes ,  puifqu'il  annonce  que  la 
fornication  eft  abominable  devant  Dieu ,  qu'il 
invite  les  enfans  d'Ifraël  à  s'qïx  garantir  &:  leurs 
filles  ou  leurs  époufes  à  ne  point  s'avilir  par  la  . 
proftitution  (izéj  )-Moyfe  va  plus  loin.  Il  défend 


(1261)  Lévitique,  chap.  10,  v.  9,  10  &  11. 

(1162)  Vide  fuprà ,  chap.  5  >  art.  i ,  pag.  343. 

(1263)  Deutéronome,  chapitre  23,  verfet  17.  ]La 
Vulgate  dit  :  Nen  erît  meretrix  de  fiUabiu  Ifraêl^  nec 
fcortator  de  filîls  Ifràtl,  Dans  l'Hébreu  ,  au  lieu  de 
fcortator ,  il  ya  ^m  kades ,  cînadus  ,  que  d'autres 
4»jit    tt-aduit   par    exfefius  ,   gallus.  Voyez  Salomon 


5|8o      Moyfe ,  tùnjidcré  comme  Ugïjlateur 
à  celles-ci  d'offrir  à  Jéhova  le  prix  de  leur 
débauche  (1264).   Il  dévoue  leurs  enfans  à 
l'anathême  &  les  exclut  de  Taflemblée  du 
Seigneur  jufqu'àla  dixième  génération  (1265). 


Jarchî  &  Abenefra  ,  fur  ce  paflhge  du  Deutéro- 
nome  ;  la  Gemare  de  Babylone  ,  de  Synedriis , 
fol.  54;'Drufius  fur  Ofée,  chap.  4,  v*  14.  LeLévi" 
tique  a  voit  dit,  chap.  19,  v.  39  :  A^^  proftituas  filiam 
tuam\  ne  contaminctur  terra  &  împîeatur  piaculo  ^  OU, 
pour  traduire  plus  littéralement  :  non  pollues  filiam 
tuaniy  ut  fcortari  facias  tant  ^  ne  &  ipfa  terra  fcortetur  & 
impleatur  terra  fcelere.  On  retrouve  les  mêmes  maximes, 
a,vec  plus  d'étendue,  dans  les  Proverbes  de  Salomon, 
chap.  5 ,  V.  2  &  fuivans.  Les  lèvres  de  la  proôttuée , 
y  lifoTis-nous  ,  font  comme  le  rayon  d'où  coule  le 
miel ,  &  fon  gofier  eft  plus  doux  que  l'huile;  mais  la 
fin  en  eft  amère  comme  l'abfynthe  &  perçantç  comme 
une  épée  à  deux  tranchans.  Ses  pieds  defcendént  dans 
la  mort  &c.  &c.  Voyez  auffi  dans  le  chapitre  13, 
V.  20  &  fuivans  ,  &  dans  le  chap.  31,  v.  3  &  fui- 
vans, des  recommandations  multipliées  de  fuir  la  dé- 
bauche des  femmes  ,  celles  du  vin ,  de  la  table  &c.  &c. 
Voyez  encore  l'EccIéfiaftique ,  chap.  9,  v.  2,  3,&c, 
&  chap.  19,  v.  3. 

(1264)  Deutéronome,  chap.  23,. v.  18. 

{126$)  Deutéronome ,  chap.  23  ,  v.  2.  Ces  idées 
animent  encore  les  écrivains  facrés  qui  ont  fuccédé 
à  Moyfe.  Voyez  les  chapitres  3  &  4  du  livre  de  h 

SagefTe,  ^ 


6  comme  Moralijle.  48 1 

B  n*ëpargne  pas  fur-tout  l'adultère  {1^66) ,  ce 
crime ,  un  des  plus  importans  dans  toute  fociété 
qui  a  des  loix ,  pùifque  troublant  Tordre  deg 
propriétés  &  des  fucceflîons  ^  il  faît  paflèr 
dans  les  mains  d'un  étranger,  d'un  ufurpa- 
teur ,  les  biens  d'iih  père  qui  les  devoit  à  fej 
eo&ns. 

Tandis  que  le  légiflateur  flétrit  jufques  dans  commc»t 
leur  poftérité  les  femmes  coupables,  il  an-ârfureric 
nonce  aux  époux  fidèles  des  bénédiiïlions  mul-  ^^^1**'* 
tipliées.  Jaloux  de  fomenter  cette  amitié  do- 
meftique  à  laquelle  le  bonheur  des  mariages 
eft  attaché ,  il  en  excite  les  vertus  douces  5? 
paifibles.  Pour  tâcher  de  les  rendre  plus  aifées 


.    (1266)  Vide  fuprà ,  ch.  5 ,  art.  4,  §.  3 ,  p.  422  &  fuiv. 

Buvez  de  l'eau  de  votre  citerne,  dit  le  li  v.  des  Proverbes, 

&  des  ruifTeaux  de  votre  fontaine.  Vivez  dans;  la  joie 

&  lâ  fécondité  avec  la  femme  que  vous  avez  prife 

dans  Votre  jeunefle.  Pourquoi  vous  abandonneriez- 

vous  à  une  étrangère  ,  &  repoferiez-vous  fur  fon 

fein  ?  Chap.  5  «  v.  15 ,  iS  fe  2a  Dans  le  ch.  6,  v.  i6 

&  fuivans ,  il  fait  fentir  la  différence  qui  exifte  entre 

la  fornication  &   Tadultère -,   entre  Tadultère  &  le 

.vol  &c.  Voyez  dans  le  même  livré  j-  un  chafMtre  , 

x'efi  le  feptième,  plein  de  grâces  &  de  fraîcheur,  cti 

pn  peint  les  artifices  d'une  femme  qui  veut  engager 

un  jeune  homme  i  partager  fa  couche  &  à  com« 

mettre  avec  elle  nn  adultère» 

Hh 


jfii      Moyfcj  confidéré  comme  tegîjlateur 
&  de  les  affermir,  Moyfe  ne  diminua  point  cette 
Subordination  abfolue  à  laquelle,  depuis  long- 
temps ,  les  femmes  des  Ifraélites  étoient  fou- 
Mœurs  do- mifes.  Loin  de  regarder  lexécution  de  leurs 
a/séX^cs.  devoirs  comme  un  déshonneur  ou  comme  un 
fardeau ,  elles  faifoient  elles-mêmes  les  habiti 
de  leurs  époux  ,  apprêtoient  fa  nourriture , 
pétriflbientle  pain  néceflaire  à  fesbefbîns,  & 
le  fervoient  à  table ,  quand  il  avoit  des  étran- 
.    gers  \  ufage  fi  éloigné  de  nos  moeurs  que  le 
rappeller ,  c'eft  à  coup  sûr  faire  fourire  de  pitié 
r  Thomme  ignorant  &  léger.  Rebecca  prépare 

&  aflaifonne  les  chevreaux,  que  Jacob  a  tués 
pour  Ifaac  (12.67).  Abraham  ordonne  à  Sari 
jde  prendre  un  boiffeau  de  la  plus  belle  fafiiîe 
^  &ç  d'en  former  trois  pains  pour  le  repas  des 
trois  jeunes  voyageurs  (1268).  On  n'attendoit 


{1^67)  Genèfe,  chap.  27,  v.  9,  14  &  17. 

(ia6^)  Genèfe,  chap.  iB,  v.  6.  Les  Juifs  n'avôient 
,  pas  de  boulanger^^flujourd'bni  même  »  la  plupart  des 
Orientaux  n'en  oat  ipas.  Les  Egyptiens  en  avoient 
poi^rtant. alors,. .fi:: on  ^a. croit  quelques  auteurs  qui 
ÏQnt  préfumé,  des  yerfets;  r  i&  a  du  chap.  40  de  la 
Genèfe ,  quoique  ces  verfetsne  putffent  guère  s^ap*- 
plîquer  qu'à  une  fonâioa  domeftique.  La  Bible  fait 
.allufion^à  l'uf^ge  où  étoient  alors  les  Juifs  d'av<rir 
chacun ,  dans  leur  maifon ,  .un  four  *  où  le  pain  fe 
préparoit  j  quand  elle  les  sienace  de  les  punir  par  la, 


tè  comme  Màratifiè.  48^ 

J)as  qite  les  femmes  fuflent  mariées  pour  les    9^  f^^f^ 
accoutumer  aux  Toins  domeftiques.  Avant  de  mes  de  boD^ 
Têtte,  Rachel  conduifoit  des  troupeaux  (1169) ,  fo,mdomcf- 
&  la  fille  de  Bathuel  alloit  tirer  de  l'eau  d'un  "^""• 
puits  fitué  heurs  de  la  ville-,  en  rempliflbit  fa  , 
cruche  &:  la  rapportoit  fur  fes  épaules  dans  la 
maifon  de  fon  père  (12.70)»  L'hiftoire  de  cette 
jeune  Ifraélite  fournit  encore  un  trait  moral 
que  nous  ne  laiflerons  pas  échapper»  Les  Hé- 
breux penfoient  qu'une  des  manières  pour  les 
époufes  d'exprimer  leur.foumiflîon  &  leur 
relped  étoit  de  fe  couvrir  d'un  voile»  Rebecca 
le  fait  en  approchant  d'Ifaac  au  fort  duquel 
le  mariage  va  unir  fa  deftinée  (12.71).  Abime- 
lech  rendant  Sara  au  patriarche  Abraham  ^ 
l'avoit  exhortée  à  ne  jamais  quitter  fon  voile  ^ 
&  lui  avoit  fait  fentir  qu'on  ne  l'auroit  pas 
enie vée^fi  elle  eut  conferve  ce  figne  de  la  dépen- 
dance eoiijûgale  {tzyt).  Lés  épôufes  d^ailleiirs 
ne  s'adréfibient  jamais  à  leur  mari  fans  l'ap- 


&mine  ;  &  dé  la  porter  à  un  tel  point  que  dix  femmes 
cuiront  dans  un  feuî  four. 

(1269}  Genèfe^  chapt  29,  v^  94 

(1270)  Genèfe^  4)hap.  24,  v«  15  &  i& 

(1271)  Genèfe,  chap*  24,  v.  65. 

(1272)  Genèfe ,  çhap.  29^  y,  16* 


4S4  Moyfcj  confidéré  comme  Légijlateur 
peller  mon  feigneur  &  mon  maître  (1273)1 
Monneurt  Ajoutons  que  les  Hébreux  attachoient  de 
fkonaitédu  grands  avantages  &  beaucoup  de  mérite  à  la 
"■*'^'  population.  Jamais  peuplen'y  fîit  plus  excité. 
Le  titre  de  père  avoit ,  en  Judée ,  des  droits  cer- 
tains à  la  vénération  publique.  L'Ecriture  loue 
fouvent  des  îfraélites  de  ce  qu'ils  ont  une  famille 
étendue  (  1 174) ,  &  Jého va  fitisfait  d'Abraham 
promet  de  lui  accorder  une  poftérité  nom- 
breufe  (12-75).  La  couronne  des  vieillards ,  dit 
le  livre  des  Proverbes  {nj6) ,  ce  font  les  enfans 
de  leurs  enfans.  Outre  l'honneur  dans  lequel 
étoït  la  paternité,  une  efpérance  fondée  fur 
!à  religion  aiguillonnoit  à  en  remplir  1^ 
devoirs.  On  leur  annonça  que  d'eux  naîtroit 
le  MejQBe  (U77)*  Et  quel  Hébreu  fe  frit  ravi 


(1273)  Ceft  ce  que  fignifie  le  mot  Hébreu  ptje,' 
adcn^  que  la  Vulgate  rend  par  domims.  Voyez  la  Gc», 
nèfe,  chap.  i8,  v.  12. 

(1274)  Juges,  çhap.  xo,  y.  4;  chap*  tx^r.  14.  % 
Paralipomènes,  chap.  11 ,  v.  2  ;  chap.  13 ,  v.  2. 

(1275)  Gen^fe,  chap.  17,  v.  5. 

(1276)  Chapitre  17 ,  v.  6.  II  dit  plus  haut,  ch.  14; 
v.  28  :  ce  Un  peuple  nombreux  eft  la  gloire  d'un  roi , 
&  le  petit  nçimbï^  djes  fujets  en  eft  la  honte». 

(1^277)  Cette  promefle  fut  peut-être  une  des  caufes 
de  la  différence  que  mettent  les  Juifs  entre  la  naif- 
iance  d'un  âl|  &  celle  d'une  fiUe.  La  première  eft  u». 


&  comme  Moralijlè.  48  f 

refpoir  d'en  être  le  père  ,  dans  un  pays  fur- 
tout  où  le  luxe  ne  s'pppofok  pas  à  la  popu- 
lation !  La  fortune  manque  toujours  à  nos 
défirs ,  aux  projets  que  Tambition  nous  fug- 
gère ,  foit  pour  nous ,  foit  pour  nos^  dèfcen- 
dans.  Les  Juifs  ne  connoiflbient  pas  cette  in- 
quiétude. Leurs  fouhaits  étoienc  remplis ,  s'ils 
laiflbient  un  troupeau  phis  abondant,  &  Thé- 
jritage  paternel  mieux  cultivé,  Auflî  ne  vit-on 
jamais  dans  la  terre  dlfraël  des  époux  réfléchi* 
dans  les  tranfports  de  Tamour  conjugal  fe  faire 
un  jeu  barbare  d'en  exclure  Tefpoir  de  la 
paternité,  ou  des  mères  coupables  étouflfer 
dans  leur  fein ,  par  un  breuvage  homicide^ 
le  germe  impatient  d'éclôre* 
Il  eft  rare  que  le  temps  n'ait  pas  infenfible^  Tontetccs 

MigSKJC 

biifttoi 


grand  Aijet  de  joie  ;  il  n*en  cft  pas  de  même  de  la 
féconde.  Nous  voyons  même,  dans  les  prières  de  tous 
tes  îours  »  les  hommes  remercier  Jéhova  de  ne  les^ 
avoir  point  créés^  femmer,  &  les  femmes  en  parier 
comme  d'une  volonté  divine  à  laquelle  elle»  doivent 
fe  réfigaer.  Benedito  qu4  no  me  Ai^  muger  ^  béni  foi^ 
de  ce  que  tu  ne  m^as  point  fait  femme.  Benedito  tu 
que  me  hi[é  comofuvelontad,  bénifois  toi  qui  mh  fàiter 
copime  tu  as  voulu.  Orden  de  las  oracîones  quoridi»;» 
nas  ;  manana  de  cotîdiana,  pag»  12»  VoyerBafnage,. 
Hifloire  des  Tuifs  >  liv*  6  ^  chap.  8^  §•  22  ,  tOm.  6^ 
page  16$  &  169^ 


fabiifttoc 


.  'jfi6     '  Moyfe  >  conjldéré  conime  Ligîjlatear 
ment  altéré  les  loix  d'un  peuple  &  fur-tout 
les  loix  qui  prefcrivent  des  vertus.  Nous  ob- 
ferverons  bientôt  (1^78)  que  celles  des  Juifs 
ont  peu  fubi  une  épreuve  commune  à  prefque 
toutes  les  nations  de  la  terre.   Ce  que  nous 
difons  ici  en  eft  une  démonftration  nouvelle.  La 
population  n'eft  pas  moins  recommandée  & 
les  devoirs  des  époufes  ne  font  pas  écrits  moins 
impérieufement  dans  la  Mifna  (1179).  On  les 
y  foumet  à  pétrir  le  pain ,  à  le  faire  cuire ,  1 
laver ,  à  apprêter  les  alimens ,  à  difpofer  leur 
couche ,  à  travailler  en  laine ,  à  nourrir  elles- 
mêmes  leurs  enfans.  On  les  difpenfe  néanmoins 
<les  trois  premiers,  fi  elles  ont  une  fervante, 
&  de  plus ,  du  quatrième  &  du  feptième  ,  fi 
elles  en  cmt  deux  ,  &  de  tous  les  fept  fi  elles 
en  ont  trois.  En  ont- elles  quatre?  On  leur 
peanet  un  rQpos,  abfolu,  (iz8o)*  Maimonide  & 


'     (1278)  Vide  înfrà,  chap.  7,  pag,  49^  &  49(5. 

(1279)  Mifaa,  de  Dote,  LitteriXque  Matrîmonia- 
"îibus,  chap.  5  ,  §.  5,  tom.  }  /pag.  73..  Voyez  Léon 

de  Modéne,  Hiftoria  de  gli  rîti  Hebraicî ,   part,  a, 
chap.  8 ,  pag,  49  &  5Q. 

(1280)  Mifna,  ibidem.  Le  rabbin  Eliezer  n'eft  pas 
«ntiérement  Ao,  cet  avis.  Quand  une.  femme,  dît-if, 
'auroît  cent  fervaptes,  elte  ne  fçroît  pas  difpenfée  cfe 
travaîîîer  en  faine,  parce  que Toifiyeté  donne  occa- 
sion à  la  luxure.  Le  rabbia  Siiuéou  exhorte  te  mari 


&  comme  MoraRIfe.  487- 

Bartetioraobferventfurcepaflage  (iiSr)  qu'il 
eft  égal  que  le  mari  eût  déjà  un  certain 
nonibre  de  domeftiques ,  ou  que  fa  femme  le 
mette  en  état  de  les  avoir  par  les  biens  qu'elle 
lui  apporte.  Nous  fommes  fâchés  de  voit  l'obli- 
gation d'allaiter  fes  einfans  parmi  celles  dont 
l'époufe  peut  fe  difpenfer.  Ne  l'attribuons  point 
au  relâchement  néceflaire  que  le  temps*  ap- 
porte aux  loix  ôi  aux  mœurs ,  puifque  ce 
relâchement  eut  fi  peu  d'influence  fîir  ks  hé- 
breux. Nous  lîfons  d'ailleurs  dans  la  Genèfe 
des  preuves  bien  anciennes  de  L'ufagedexonfier 
les  enfans  à  des  bras  mercenaires- (i-^8i).  Les 
nourrices  n'en  furent  pas  moins  honorées* 
^oin  que  la  profeffion  qu'elles  avoient  exer- 
cée jufqu'alors  avilit  Içur  nouveau  miniftërer. 


qui  auroit  îaxt  vœu  que  fa  femme  ne  travailleroit  pasr 
à  la  répudier,  parce  que  le  trouble  intérieur  naitroit 
bientôt,  de  cette  oifiveté.  Ibidem  ,  pag.  75.  Voyw 
Selden,  Uxor  hebnHca,  lîv.  y,  chap.  to,  p;  363*^. 

(1281)  Selon  eux  auffi,  iry  a,  dans  tous  les  cas; 
des  foins  qu'une  femme  ne  peut  laiffer  ^-  d'autres»^ 
comme  de  laver  le  vifage,  les  mains  &  les  pieds  de 
fon  mari^  de  lui  verfer.  à  boire  &&.&C.  6ic. Ibidem, 

F&e  74,     . 

(1282)  Genèfe,  chap.  24,  v.  Ç9  ,  &  ctapître  5^;- 
T.  8,  Je  n'en  prouve  pourtant  que  trois  exemples- 
énoncés;  dans  l'ixritiire.»  à.  roccafion  de.  Rebeccffjf^ 

Ek4 


4o8  .  Moyfe ,  conjîdéré  comme  Lcgijlateuri 
il  la  faifoit  oublier.  Jacob  fait  enterrer  avec 
foin  là  nourrice  de  Rebecca,  Son  corps  eft 
placé  fous  un  chêne  au  bas  de  Bethel ,  & 
jaloux  d*étefni(èr  fa  douleur ,  le  patriarche 
donne  à  cet  arbre  le  nom  de  chêne  des  lar- 
tl^^r^ ^^  (1185).  Dans  la  fuite,  mais  long-temps 
après ,  on  régla  pour  ces  femmes  des  devoirs 
également  utiles  à  la  fanté  de  Tenfant  &:  à  la 
décence  publique.  On  leu  r  défendit  par  exemple 
déjeuner,  d'avoir  le  féin  découvert  de  peur 
que  le  lait  refroidi  n'incommodât  le  nourrif- 
fon ,  dé  le  laiflTer  aller  nud ,  même  de  la  tête 
ou  des  pieds  (1184).  Les  difciples  de  Moyfè  (e 

-,-- — . — : « 

comme  nous  venons  de  Tindiquer,  à  roccaiSon  de 
Miphibofeth ,  2  Regum,  chap.  4  ^  v.  4 ,  &  pour  Joas, 
4  Regum,  chap.  11,  v.  3. 

(iagj  )  Genèfe ,  chapitre  3c ,  v.  8.  JtD3  pfyÉC,  aldtt 
bahah,  que  laVulgate  traduit  par  quercus  fietus.  Attentifs 
.  à  conferver  la  mémoire  de  ceux  qulls  avoient  aimés, 
les  Ifraélites,  du  moins  au  temps  des  patriarches, 
leur  érigeoient  des  monumens.  Voyez,  dans  le  cha- 
pitre 35 ,  outre  le  V.  8 ,  le  v.  20. 

(1184)  Voyez  Buxtorf,  Synagogue  Judaïque,  chsl- 
pitre  7,  pag.  131-135.  Quelques  pages  plus  haut,  128 
&  129 ,  on  règle  les  alimens  dont  doit  fe  nourrir  celle 
qui  allaite,  d'après  les  doôeurs  Juifs.  Ils  défendent 
d'allaiter  un  chrétien,  même  d'avoy  une  nourrice 
.chrétienne,  quoiqu'on  le  tolère  davantjçe.  Une  Juive 

/  • 


&  comme  Mbratife.  489 

^rent  une  loi  d'imiter  le  foin  extrême  qu*il 
Avoit  eu  de  la  fanté  des  citoyens  (u8j).  Ils  ne 
furveillèrent  pas  moins  leur  éducation.  Le 
père ,  fuivant  les  rabbins ,  doit  cinq  chofes  à 
ion  fils  (ii86)  >  le  circoncire ,  le  racheter,  Tinf- 
truire  de  la  loi ,  lui  donner  une  époufe  &  une 
profeffion.  Inftruit  à  lire  &  à  écrire  prefque 
au  fortir  du  berceau ,  à  cinq  ans  on  lui  préfente 
le  Pentateuque  &  on  le  lui  explique  jufqu'à 
dix.  Alors ,  il  paflTe  à  la  Mifna.  A  treize  ans  & 
un  jour ,  il  appartient  à  la  loi  &  il  eft  tenu 
4'en  obferver  rigoureufement  les  préceptes. 
A  quinze  ans,  on  lui  lit  la  Gémare  &  on  lui 
en  explique  toutes  les  difficultés.  A  dix- huit. 


ne.  doit  pas  être  fage-femme  d'une  chrétienne.  Cepen- 
dant, fi  elle  eft  très-inftruite  dans  cet  art ,  elle  peut, 
pour  éviter  la  haine  des  Chrétiens ,  leur  prêter  fes 
•fecours  &  fes  lumières ,  pourvu  que  ce  ne  foit  ni 
gratuitement ,  ni  le  jour  du  fabbat.  Pag.  131.  Voyez 
auffi  la  Mifiia,  tom.  4,  pag.  368,  &  Selden  ,  Uxor 
hebraîca,  liv.  3  ,  chap.  10 ,  pag.  365.  On  trouve  des 
fages-femmes  dans  la  Genèfe  ;  une  d*entre  elles  rafiiire 
Rachel  effhiyée  fur  fon  accouchement.  Chap.  35  , 
verfet  17. 

(1285)  Vide  fuprà  ,  chap.  3 ,  art.  4,  pag.  158  & 
fuiv.;  art.  j ,  p.  157  &  167,  &  infrà  ,  ch.  7,  p.  Ç28. 

(1286)  Gemare  de  fiabylone  »  de  Sponfalibus^ 
fol.  29.  Voyez  Buxtorf^  diâo  loco,  pag.  136-144. 


49^      Moyfe  y  conjidéfc  comme  LégiJUtettr 
on  le  marie,  A  vingt,  il  a  le  cfroit  de  con^ 
trader ,  de  trafiquer  &c.  C'eft  la  pleine  ma- 
jorité. Qu'on  ne  penfc  pas  que  les  cinq  obli- 
gations dont  nous  parlons  foient  purement 
de  l'invention  des  rabbins.  Ils  n*ont  fait  que 
les  arranger  ainfi.  Nous  les  trouvons  écrites 
dans  le  Pentateuque  &  répétées  dans  les  livres 
qui  l'ont  fulvi  (1287). 
îiiitmloix     La  loi  pouflè  plus  loin  fa  prévoyance.  Ton- 
ladres  au    jours  attentive  à  multiplier  les  citoyens  &  à 
■""^•*     reflèrrer  les  liens  de  la  tendrefle  conjugale ,  elle 
fixe  les  obligations  fecrettes  des  époux  (ixSS). 


(1187)  Genèfe,  chap.  17,  v.  10;  chap.  34,  v.  4; 
Exode ,  chap.  lo,  v.  2  ;  chap.  iz  ,  v.  26  &  fuivans^ 
chap.  13,  V.  13  &  fuivans ;  chap.  21,  v.  10.  Deut&- 
téronotne^  chap.  4,  v.  9  ;  chap.  6,  v.  7;  chap.  11, 
V.  19  ;  chap.  32 ,  v.  46.  Proverbes ,  chap.  13 ,  v.  04.; 
diap.  19,  V.  x8;  chap;  12,  v.  6  &  15  ;.chap.  29» 
v.  17.  Eccléfiaflique ,  chap.  7,  v.  aj  &c.  &c.  &c. 

(1288)  Officium  conjugale  de  quo  in  le^e  diêbtm  eft; 
(Exode 3  chapitre  21  ,  v.  10.  Vide  fuprà,  chap  4\ 
art.  3  ,  f .  I  ^  note  690  ,  pag.  146  )  othji  ^  c'eft-à-dire 
ceux  qui  n^onc  aucun  état ,  perficiimt  finfftlis  dîeèus^; 
operarn^  bis  în  feptîmana  ^  ajinaril ,  ceux  qui  alloient  au 
marché  des  bourgs  ou  villages  voifins  y  porter  les 
provîfions  néceflaîres  à  la  vie,  fcnul  in  fepumandi  ca- 
melarii ,  ceqx  qui  apportent  de  loin  des  marcHandrfes, 
femet  in  triginta  diebus  ;  /tau  ta  ,  femel  in  fex  menfiBus  :  funr 
vtrba  raï^itti  Elis^ris.  Mi&a,]  diâo-  loco^^  %^  6 ,.  p.  75^ 


&  comme  Moratijle.  49  if 

Elle  empêche  ceux  qui  ont  un  état  fédentaire 
d'en  prendre  un  qui  les  expofe  à  des  ■abfences 
fréquentes ,  fans  l'agrément  de  leurs  fenunes 
auxquelles  on  permet  de  s'oppofer  aux  voyages 
de  leurs  maris ,  hors  que  ce  fât  pour  aller  dans 
le  voifînage  de  la  terre  qu'ils  habitent  (1289). 
Elle  condamne  à  une  peine  pécuniaire  &  infen- 
fiblement  à  la  répudiation  l'époufe  qui  refuie 
de  fatisfaire  aux  devoirs  que  ce  titre  lui  impofe. 
Cette'  peine  pécuniaire  eft  une  diminution  de 
fept  deniers  fur  la  dot ,  chaque  femaine.  Pen- 
dant les  quatre  premières  ,  la  fauté ,  fuivant 
les  rabbins  (1190),  étoit  publiée  dans  les 
écoles  ,  dans  les  fynagogues.  On  envoyoit 
quelques  membres  du  fénat  à  l'époufe ,  pour 
lui  repréfenter  que  fon  obftination  entraî- 
neroit  la  perte  entière  de  fa  dot.  Avant  la  pu- 
blication ,  on  l'inftruit  qu'on  'va  la  fiiife  : 
après  ,  on  l'inftruit  encore  qu'elle  eft  finie. 
Perfévère-t-elle  dans  fes  refus?  On  la  répudie 
fans  avoir  de  dot  à  lui  rendre.  Le  mari  ne 


Voyez Selden,  Uxor  hebraica,  liv.  3 ,  chap.  6  &  7; 
pag.  347 -35<^-  • 

(12,89)  Mifna  &  Selden,  diflis  locis. 

(1290)  Mifna,  diâo  loco,  pag.  74 & 7^  Si  le  refus 
vient  de  la  part  du  mari,  il  doit  à  fa  femme,  ai^deSiis 
de  la  dot,  trots  deniers  par  femarne. 


49^  Moyfc  y  <onpdéré  comme  Légiflatcur 
peut  la  garder  plus  long-temps ,  &  dîminaer 
toujours  dans  la  même  proportioalur  les  biens 
que  la  femme  auroit  eus  par  droit  de  fiiccefiioa 
à  fon  père ,  ni  les  mettre  dans  le  cas  de  fe 
dégrader  &  de  périr.  Il  eft  pourtant  des  citr 
confiances  où  on  avoit  interdit  runion  con- 
jugale. Elle  fut  interdite  la  veille  d'un  jour 
deftiné  à  certains  aâes  religi^ix»  Moyie 
reconunanda  aux  Hébreux  de,  s'en  abftenir^ 
quand  ils  étoient  fur  le  point  de  recevoir  la  loi 
divine  (U91).  Us  ne  le  pouvoient  pas  non  plas 
lors  du  facrifice  d'expiation  (ii^x),  fous  peine 
du  fouet  &  du  retranchement  ;  ni ,  fous  peine 
de  la  vie  3  pendant  les  jours  de  chaque  mois 
9Û  les  femmes  refientent  les  incommodkés 
naturelles  (12.93)  s  ni  pendant  les  deux  années 
confacrées  à  nourrir  les  enfans  (12^94). 
i««xino-  Les  attentats  contre  la  pudeur  avoient  été 
vcsibpti.  profcrits  par  les  loix  criminelles.   Les  loix 

{1291)  Exode,  chap.  19,  v.  iç- 

(1292)  Vide  fuprà,  chap.  3  ,  art.  4,  p.  nf7.  Cet» 
défenfê  a  été  adoptée  dans  les  jours  facrés  &  <&ns  \ti 
jours  de  jeûne  par  les  églifes  grecque  &  romaine; 
Voyez  Léooclavius  ,  Kvre  ç  Refponforam  ,  &  fe 
Décret  de  Gratien,  part.  11,  ^ufe  33,  cpseft.  ^ 

(1293)  Levitîque,  chapk  20,  v.  1?. 

(1294)  Selden  &  Mifoa,  diâis  lociSr 


&  comme  Moralifig.  495 

morales   n*oublièrent  rien  pour  exciter  les 
vertus  contraires ,  &:  defcendirent  à  cet  égard 

'  dans  les  détails  les  plus  légers.  Porter  des 
cheveux  déployés  ou  un  fein  découvert  fut 
pour  les  Juives  une  adion  infâme  (li^y)  ;  & 
cette  id^e ,  unie  dans  la  fuite  à  une  croyance 
foperftitieufe  (1196)  ,•  s'eft  perpétuée  jufqu'au 
fcrupule  parmi  les  femmes  de  cette  nation.  On 
feroit  payer  une  amende  de  quatre  cents 
drachmes  (1297)  à  celui  qui  auroit  l'audace  d© 
découvrir  em  publie  la  tête  à*uae  femme  &  fa 
chevelure. 

Les  Hébreux  d'ailleurs  font  pénétrés  aujour-*    idée  mùH 

#  d'hui  de  cette  vérité  importante,  4a  plus  utile fouc«"ca. 
peut-être  des  vérités  morales  &  religieufes ,  ^^"' 
que  fi  les  £autès  échappent  quelquefois  à  la 
punition  de  la  loi ,  ^Ues  n'échappent  jamais  à 


(1295)  Voyez  les  Commentateurs  de  la  Mifqa ,  de 
Uxore  adulterii  fufpeââ,  chap.  i,  pag.  193. 

(1296)  On  cherche  à  leur  perfuader  que  des  efprits 
malins  fe  gliflèroient  à  travers  leur  chevelure ,  fi 
elles  la  laiflbient  découverte.  AuiS ,  à  peine  fe  per- 
mettent-dles  de  la  découvrir  dans  Tintérieur  de  leur 
ménage.  Mifna,  ibidem. 

(1297)  Mifna ,  de  Damnis,  tom.  4,  pag.  74  &  7$' 
Voyez  Selden ,  Uxor  hebraica  ,  liv.  3 ,  chapitre  17 , 
pag.  420  &  42 1:, 


494  Moyfcy  confiàéré  comme  Ugijtateur 
la  punition  divine.  La  juftice  du  ciel^  ^g^ 
ment  éclairée  fur  tous  les  êtres  de  TuAvers , 
atteint  le  fcélérat  dans  robfcurité  dont  il  s'ea* 
veloppe ,  ou  fi  elle  permet  qu'il  foit  inconnu 
à  Tes  fembkbles ,  elle  ne  manque  jamais  de 
l'atteindre  pour  réternité. 


&  eôffime  Moraine:  495 


CHAPITRE    VIP   &  dernier. 

Observations  gûnûkales  sur  la 
xégjslation  de  moyse. 

A  PRÈS  s*être  montrées  pendant  quelques  Dmkkotfi 
fiècles  à  l'univers ,  les  grandes  monarchies  de  ^^^^J^ 
l'antiquité  font  difparues.  A  peine  nous  refte-  ^  ^^f^^ 
t-il  le  fouvenir  de  leur  gloire  &  de  leur  puif- 
fance.  Leurs  travaux  font  mal  connus  ,  leurs 
«exploits  foùvent  incertains ,  les  monumens  de 
leur  grandeur  écroulés ,  ou  s*ils  exiftent  encore , 
Ja  main  du  temps ,  qui  fatigue  tous  les  jours 
ces  maflès  chancelantes ,  n'en  fera  bientôt  que 
4*auguftes  dëbris.  Les  loix  de  tant  de  nations  » 
iuperbes  fe  font  englouties  comime  elles.  Dé- 
ilaignées^parles  vainqueurs,  elles  ont  fubi  le 
•deilin  xles  peuples  qu'elles  dirigeoient.  Dans 
-cette  fubmerfion  générale ,  on  ne  voit  pas  fan$ 
ëconnement ,  dans  un  coin  de  TAfie ,  fous  un 
climat  peu  fertile ,  entre  des  forêts  &  des  mon- 
tagne^ ,  douze  pétitQS  tribus ,  fans  force  &  fans 
-opulence ,   quelquefois  fans  liberté  &  fans 
patrie ,  ^happer  feules  du  naufrage  des  lîècles 
.Ôc  dçs  empires.  Minsi?  &  Séfoflrisi  Lycurgue 


49^  Mioyfty  confidéré  comme  Lêgijlateuf 
&  Numa ,  Solon  &  Zaleucus  ont  celle  d'être 
obéis  ,  &  la  légiflation  de  Moyfè  furvit  à 
celles  de  tous  les  peuples  de  la  terre.  Bannis 
des  lieux  qui  parurent  long -temps  n'être 
deftinés  qu'à  la^race  de  Jacob ,  difperfës  d^oj 
toutes  les  parties  du  monde  ^  n'ayant  ni  fou- 
Verain ,  ni  foyers ,  ni  protefteurs ,  achetant  au 
poids  de  Tor  le  droit  naturel  d'afyle  &*  d'hof' 
fatalité  y  environnés  de  toutes  parts  d'ôppref* 
fion  &  d'infamie ,  les  Hébreux  conlervent, 
depuis  plus  de  trois  mille  ans  y  cette  légifladon 
facrée.  Par-tout  les  loix  ont  fléchi  fous  les  cir- 
(Confiances;  par -tout  ellQS.  pjat  éprouvé  la 
viciffitudes  qu'entraînent  les  révolutions  dej 
mœurs  &  des  gouvernemens  \  celles  dés  Jui& 
font  refiées  immuables.  Dfs  défaites  nonir 
breufes,  une  longue  fervitude,  des  menaces, 
des  tourmens^  des  promeflès  féduifantes»  ta 
néceflîté  d'une  vie  errante  ^  fugitive ,  l'excèi 
du  malheur  &:  de  1^  misère  n'y  ont  rien  changé: 
elles  n'ont  pas  même  été  altérées  par  leur  fupr- 
preffion  du  rang  des  peuples ,  &  leur  dégrar 
dation  civile  &  politique, 
caufes  de  Une  des  caufes  principales  d'une  immuta- 
fonimmuta-  \y\^^^  fi  prodigieufe  efl  fans  doute  que  la  légiP 

lation  fut  donnée  au  nom  de  Dieu ,   dont 

•  ... 

^oyfe  s'annonça  poux  l'organe  $c  Tinterprèto» 


&  comme  Moralificé  497 

&  qu*il  établit  un  gouvernement  théocrati- 
que  [119%).  Une  liaifon  intime  uniiToit  les 
dogmes  ^  les  loix ,  &  la  défobëifiance  civile 
ëtoit  une  double  défobéiflalice.  Ce  ciment  re-  x 
ligieux ,  fi  je  puis  me  fervir  (Je  ce^tte  expreffion , 
n'a  pas  peu  contribué  à  la  ftabilité  d'un  code 
auquel   le  Seigneur  avoit  interdit  de   faire 
jamais  aucun  changement  (1299).  Il  fe  fortifia 
par  la  déftnfede  communiquer  avec  les  étran- 
gers (i  3001  i.  de  peur  qu'abandonnés  à  un  p^-i 
chanf  naturel  pour  l'imitation ,  les  Hébreux 
ne  fuiviiïèqt  l'exemple  de  leurs  voifins  ido- 
lâtres ,  ou  h'adoptaflènt  toutes  ces  erreurs  du 
paganifme  dont  quelques-uns  de  leurs  vain- 
queurs furent  infeâés.   Avant  la  tranfmigra- 
tion  forcée  des  Juifs  par  là  vidoire  de  Nabu- 
chodonofor  ,  &  même  depuis  cette  époque , 
l'abandon  volontaire^  de  faj)atriç  fut  un  grand 
crime  pour  un  Ifraélite.  Ce  mépris  de  ta  Terre 
fainte  faifoit  encourir  une  forte  d'infamie  qui 
fe  tranfmettoit  à  la  poftérité  (  1 3  o  i  )•  La  famine , 

(1298)  Vide  Aiprà,  chap.  a,  pag.  2}  &  fuivantes. 

(1299)  Deutéronome ,  chap.  4,  v.  a.  Vide  fuprà  ; 
page  23. 

(i  300)  Vide  fuprà ,  ch.  3 ,  art.  l ,  p.  68 ,  &  ch.  6 ,  p.  464.' 

(1301)  Qui  peregrè  extra  terram  fanSam  degït ,  velut 

pdcrum  planaarumque  cultor  habtndus  efi^  difent  les  T^t 

li 


498       Moyfcj  ionfidéré  comme  Lcgiflateur 
la  ftérilité ,  font  pourtant ,  comme  la  captivité 
_     guerrière ,  des  caufes  majeures  qui  iSrent  to- 
lérer le  paflage  dans  une  région  étrangère, 
pourvu  que  ce  ne  fut  pas  l'Egypte. 
Comment     Pour  rendre  pins  inviolable  la  fbumiffion  à 
fo^  Mui!!^.''  ^^^^  défenfe  politique ,  Moyfe  voulut  donner 
aux  Juifs  des  mœurs  éloignées  de  celles  des 
autres  nations.  On  nous  permet  ce  qu'on  leur 
défend,  dit  Tacite  avec  raifon  (130Z),  &  ce 
qui  eft  facré  pour  nous  eft  profane  pour  eux. 
Toujours  dans  le  même  objet ,  on  profcrivit 
févérement ,  dans  leurs  maifons  comme  dans 
kur  temple,  les  fimulacres  qui  repréfentent 
Jéhova  fous  une  figure  humaine  (1305).  La 
populace  ignorante  auroit  pu  en  confondre  le 
culte  avec  Thommage  dû  à  l'Eternel.   Les 


mud ides. qui  donnent  ce  principe  comme  émané  de 
la  Divinité.  Ils  fe  fondent  principalement  fur  ce  dif- 
cours  de  David  à  Saiil ,  rapporté  par  Samuel  :  Sï  te 
homînes  incîtavenmt  contra  me,  makdi6lifint  coram  Jéhova: 
quïppk  expellum  me  hodiè  y  ne  pars  mihî  fit  in  eâ  ttrrâ 
quA  hcereditas  Jéhova  eft^  dicuntque;  abî,  cote  deos  aliénas. 
I  Regum,  chap.  26,  v.  19. 

(1302)  Hiftoire,  liv.  5 ,  §.4,  tom.  3 ,  pag.  196. 

(1303)  Voyez  Tacite ,  diâo  loco ,  §•  5  ,  page  301  ; 
pion,  liv.  37,  pag.  37;  Sn^bon,liv.  16,  &  fuprà, 
çhap.  5 ,  art.  3 ,  pag.  389  &  fuiv.  Voyez  aufli  le  chat* 
pitre  3  ,  art.  i ,  pag.  6%  &  fiiivantes. 


ftatues,  l^s  images ,  la  repréfentation  peinte  oij 
fculptée  de  tous  les  être^s  viyans  ne  font  p^ 
moins  fëvérement  défendues  (1304),  La  hain^  - 
des  Juifs  pour  ces  ouvrages  de  Tart,  qu'ils 
regardoient  conime  des  fignes  dldblatrie ,  (4% 
toujours  extrême.  Ils  ne  fouffrirenl:  j^piais 
qu'on  portât  dans  Jérufalem  les  aigles  ro- 
maines ^  non  parce  qu'elles  ëtoient  les  dra- 
peaux ennemis ,  mais  parce  qu'elles  écoiènt 
des  images.  Hérode  ayant  fait  placer  fur  |a 
principale  porte  du  temple  un  aigle  d'or  d'une 
grandeur  extraordinaire ,  deux  des  hommes, 
les  plus  recommandables  de  la  nation ,  Judas 
fils  de  Sariphée  &  Mathias  fils  de  Margalothe , 
exhortent  leurs  difciples  à  venger  Dieu  d'une 
pareille  injure.  Dociles  à  l'exhortation ,  ils 
osèrent ,  au  milieu  du  jour,  en  préfence  d'un 
peuple  innombrable ,  lier  des  cables  à  l'ojfeau 
confacré,  l'arracher  &  le  mettre  en  pièces  à 
coups  de  haches ,  aftion  que  le  roi  punit  bientôt 


(1304)  Vide  fuprà  ,  ch.  5  ,  art.  j  ,  p.  389  &  390. 
Ils  n'accordoient  pas  même  ,  dit  Tacite,  loco  citato, 
cette  marque  de  flatterie  à  leurs  rois  &  cet  hommage 
aux  empereurs.  Non  regïbus  hétc  adulath ,  non  cafarihus 
honor,  Maimonide  parle  de  Cette  défenfe  avec  beau- 
coup d'étendue,  chapitre  3  ,  de  fon  Traité  fur  l'Ido- 
lâtrie. 


joô      Moyfc  j  <onfidcrc  comme  Ugijlàteur 

par  une  moit  cruelle  (1305).  Aujourd'hàî  en*' 

core ,  les  Ifraélites  appellent  nos  temples  le 

féjour  de  Tidolatrie. 

liaironde     Dins  les  objets  même  où  leur  lé^flation 

ûgei'^i-""  fe  rapproche   de  celle  des  autres  peuples , 

futffa^fe-  comme  les  jeûnes  (1306) ,  les  libations  (i  507), 


nrenemcBS  ^ 

politiques»  ' 


(1305)  Josèphe»  Antiquités  Judaïques,  livre  17, 
chap. 8,  pag.  596  &  597;  &  de  Bello  Jadaico>  liv.  i, 
chap.  II ,  pag.  772. 

(1306)  Voyez  les  pages  fuivantes.  Nous  n'y  parlons 
tiue  des  jeûnes  publics.  Les  H^reux  en  eurent  auffi 

'  de  particuliers,  mais  qui  portent  à-peu-près  le  même 
^caraâère.  Moyië  devant  recevoir  la  loi ,  jeûne  qua- 
rante jours.  Exode,  chap.  34,  v.  28.  Elie  en  £ût 
autant,  fuyant  la  perfécution  de  Jézabel.  3  Regum, 
chap.  19,  v.  8.  David  ayant  appris  la  mon  d*Abner, 

'  jeûne  jufqu'au  coucher  du  foleil.  2  Regum  ,  chap.  3, 
V.  3 5. Sara ^  fille  de  Ragnel ,  jeûne  trois  jours  &  trois 
nuits  ^  parce  qu'on  lui  reproche  d'avoir  tué  fept 
maris.  Tobie»  chs^.  3,  v.  '10.  Daniel  obtînt  ,>ea 
jeûnant  >  qu'on  défolât  ipoins  le  temple  de  Jérufalenu 
Daniel,  chap.  9>  v.  13. 

(1307)  Chez  les  Grecs&  chez  les  Romains,  les  liba* 
tions  furent  prefque  toujours  de  liquides.  Liio^  chez  \ob 
derniers,  &  chez  les  premiers  \ufim  ou  ^^fv/»  n'exprime 
prefque  jamais  que  l'aâion  de  répandre,  fando.  Les 
Juifs  avoieat  cinq  lUfomina-,  l'encens  «  l'huile,  le  fel.le 
vin  &  la  farine.  On  ne  les  ofiroit  que  lorfqu'on  tuoit 
la  viéHrae  devant  l'autel ,  &  par  conféquent  on  ne  ks 
offroit  pa$  dans  le  facrifice  pour  le  péché. 


&  comme  Moràfijk.  fot 

lei  offrandes  (i  308) ,  elle  nous  paroît  conferver? 
un  caradère  particulier^  Les  jeûnes ,  par  exem- 


les  nbatîons  cThuac  Si  &  vm  étoîenr  coiinuer  avànr 
Môyfe.  Voyez' la  Genëfe,  chapitre  jç',  v.  14. 

(1308)  Noos  appelions  plus- particuK&'emcnt' of- 
frante,  l'oblation  des  cbofeS"  inanimées,  ce  qu'on  ,ap-^ 
pelle-  en  hébreu  nrua,  mmcHaj  domàà,  U  a*  cette  figni*-- 
fication  de  la  manière  la  phis*  générale-,  &  yàppHqiie* 
i  tous  les  préfens ,  même  à'ceux^  quHrn  Somme  fait  à' 
un  autre.  On  s'en  fert  néanmoins-  plus  particnHère— 
ment  pour  lès-  objets  inanimés  ofierts  à*  Jéhova,  cir 
quof  irdifiêre  de  Î3ljî>,  kortanr,  qui  eft  le  mor  géné^ 
rique  dès*  ablations  d'animaux,  foir oifbaux ,  foit  qua- 
drupèdes. Voyez  le  chapitre  2  du  Eévitîquc.  H  en' 
dîftihgue  de  troB'  ibrtés  :  de  clibano  ,  de  fartapne  ^ 
de  cradcuU.' CliBanus  e&'unfoMr  *,  fanago ,  une  poêle  ^' 
eranàilay  un  gril.  Far  là  première,  çn  ofiroit  des  pains^ 
fans  levain-  arrofés  d'huile  ou*  pétris  avec  die,  &  des* 
gâteaux  azymes  qui  n'en  étoient  pas  pétris,  mais  fur 
lefquels  on -en  ver/oirlégèrement.  11:  en  cft'.de.mêdieî 
dela'feconde  dontle  mot  hébreu- •flitsno;  machabàtk'^ 
le  mot  grec  rfyxvovy  &  dans  lequel  icependantt[uelquesr 
écrivains  voient  moin^  une  poêle,  qu'un  vafe  d'airain  è. 
couvercle  dont  otrie  fervent  pour  Êiireciùre  les  paifis- 
ou  les  gâteauxi  Des  lexicographes  traduifent  auffi  par 
poêle-»  fartago ,  le  mot  hébreu ,  J3B2RTU3!;  marckefitkf. 
que  la  Vuigaie  appelle  crtftiofZtf,  ou  bien  ils)e  tradui-f 
fent  par  patella ,  pedt.  vaf&  m  on  Êiifoit  hûuillii:  1» 
pâte  d^ins  lliuile:^  . 

Les  commentateurs  donnent  j^ufioirs^  railTons  dê^ 


yoî      Moyfc^  conjidérc  comme  Lëgljlateur 

f\è  (  1^6^ )  i'  furent  toujours .efleïitîeliementf 


fètatliflement  dii'/n/iîcf/,  i».  Pour  que  Jehova  eût' 
Toffrande  des  fruits  convne celle  des  animaux.  %°.  Pour- 
voir aux  befoiiis  qu!avoient  les  prêtres  de  bled  &  de 
pain.  3*^.  Fournir  aux  pauvres  qui  ne  pouvoient  offrir 
des  animaux  9  de  quoi  y  fupplèer.  Cette  dernière  raifon 
rappelle  un  mot  (Je  Lypirgue,  cité  par  PJutarque ,  vie 
de  ce  léginateur.  On  lui. dçmandoit  pourquoi. il  avoit 
étai^U:  des  facrifices  fi  mefquiiis?  Ceft,  répondit-il, 
afin  qu'on  ne  manqtïe  j^oiais  de  les  offrir  aux  dieux. 
Outre  les  facrifices  exigés ,  on  faifoit  des  offrandes 
volQet^ireS)  comm,e,  ^^.)^  pratiqua  pour,  la  confiruc- 
t:pa)&  rameubtement  du  temple,  Exode  »  chap.  3^, 
Y-.  5  ^  ou  elles  furent  fi  multipliées  qu'on  ,fe  vit  obligé, 
de  défendre  d'en  préfenter  davantage^  Chap.  36 ,  v.  4^ 
SoUvefit  aufli,  ceux  qui  approchaient  du  temple,  of^ 
froiçnt.  quelque  chofe  pour  fon  ornement»  celiij  des 
prêtres  &c.  &ç.  4  Regum ,  chap^  12  >  v.  9, 

*  (1509)  Moyfe  ne  parle  précifément  xjue  d'yn  jeûne, 
]A]bUc,  le^  10  Septembre^  pour  la  fête  d'expiation. 
Zkli^ie  cepetttofjea  ééfigne  quatre.  Chap.  8 ,  v.  19.) 
B§â:VoientUeii€0  Tkmmiisou  Mn,  en  Ab  ou  Juillet. 
cftTifri  ou  Septembre,  eti  Tebeth  ou  Déceitibre.  L'Ecrl-^ 
tute  parle  au^Bfouvent  de  jeûnes  . extrtfpi^dinaires*.. 
Jë^[ifi&t ,  roi  de  Juda  ,  en  ordonna  ua.univerfel  ». 
«[lïdnd  les  Moabîtes  &  les  Ammonitei  vinrent  le  com- 
biÎH^ë:  2'- Paralipomèâes y'cfaapitre  20;>  v»  ;^  Efdras 
]^iyi!t''de- là  captivité  de*-BabyJone  pour  Jérufalem ,: 
oïl  il  devoit  reconftruire  le  temple,  ordonne  un  jeûne 
pour  dematidelrll  }4^w  u»  yôyagg.heureux^  &  d'écre 


.  .  ^  &  comme  Moralijte^  - 1  joj 
liés  à  un  grand  événement,  foit  religieux^ 
foit  .politique.  Le  premier  fut  établi  le  dix- 
feptième  jour  du  quatrième  mois ,  en  mémoire 
de  ce  que  Moyfe  defcendit  à  cette  époque  du 
mont  Sinaï,  &  voyant  le  peuple  adorer  le 
veau  d'or,  brifa  les  tables  de  la  loi  (1310).  Le- 
prophète  avoit  obtenu  cette  faveuf^  par  un 
jeûne  de  quarante  jours.  La  même  époquç 
vit  naître  auffi  plufieurs  événemens  qui  con- 
tribuèrent à  la  douleur  publique.  L'oflfîrande 
journalière  ceflai  le  livre  de  la  loi  fut  brûlé  ^ 
une  idole  fut  placée  dans  le  temple;  on  affiégea 
pour  la  féconde  fois  Jérufalem ,  &  on  détruifit 
nne  partie  de  fes  murs.  Les  Juîft  ont  regardé 
comme  malheureux  les  jours  qui  s'écoulent 
depuis  le  dix-fept  Juin  jufqu*ad  neuf  Juillet  ^ 
|our  du  fécond  jeûne  public,,  qui  ^pour  ori- 


i  l'abri  de  fes  ennemis.  Efdras,  chap.  ?,  v»  11.  Eè9 
enfans  d'Kraël  hiis  en  fuite  par  ceux  de  Benjamin,  jéûJ 
fièrent  un  jour  entier.  Juges ,  chap.  20 ,  v.  26.  fis  fonr 
de  même  quand  les  Phîliftîns  les  puniffehr  de  letwrs 
péchés  ;  i  Regum ,  chap,  ^  ^  y^  (> -^  quand  Holophemc 
vient  contre  eux  avec  une  armée  puiiPante  ;  Judith  , 
«hapi  14 ,  V.  8  ;  pour  détourner  la  colère  de  Dieu 
au  temps  de  Joachim,  fils  de  Jofîas,  roi  de  Juda  ;' 
Jérémie  ,  chap.  3^ ,  v.  9  ;  quand  TEdit  d'Afluerus  eft 
promulgué  contre  eux.  Efther^chap.  4.,  v.  }^ 

C*^3io}  Exode,  chap,  23  ,  v/ij^ 


504  Moyfty  èonjidéré  comme  Légijlateuf 
gine  la  dëfenfe  faite  aux  Jîébreux  par  Moyfo 
de  monter  Ja  montagne  dldumée,  &  Tordre 
qu'il  leur  prefcrivit  de  retourtier  dans  la  foli-* 
tnde  &  d*y  errer  quarante  atis  ,  pour  les  punir 
d*avoir  murmuré  contre  Jéhova  (1311  ).  Le 
troifième  jeûne  public  eft  fixé  au  trois  Sep- 
tembre &  établi  parce  que  ce  jour  fut  Celui 
de  la  mort  de  Godolias  fils  d'Ahica,  qui  refté 
chef  des  Hébreux  qu'on  n'avoit  pas  tranfportés 
à  Babylone  &  feul  fourien  dlfraël ,  fut  tué 
njiféraWement  par  les  rufes  ennemies  (151^). 

(13 11)  Telte  eft  du  moins  la  raifon  qu'en  donnent 
Saint  Jérôme ,  Ribera  &  quelques  autres  ;  mais  celle 
de4.éon  de  Modèle,  Hiftoria  de  gli  riti  Hebraici, 
part.  3  ,  chap.  8,  §.  5 ,  pag.  76,  eft  bien  plus  vrai- 
femblable.  Alors ,  dit-il ,  le  temple  de  Jérufalem  fut 
renverfé  deux  fois ,  d'abord  par  Nabuchodonofbr , 
enitiite  par  Titus.  Bafnage  penfë  comme  lui ,  Hiftotre 
des  Juifs,  tom.  6,  liv.  6,  chap.  19,  §.  7,  pag.  403; 
&  il  ajoute  que  ce  )our-là  on  marche  pieds  nuds  & 
on  va  réciter ,  fur  des  tombeaux ,  des  làmeatations 
&  des  chants  funèbres.  Buxtorf  ^  Synagogue  Judaïque  « 
chap.  30,  pag.  566^  rapporte  ces  deux  motifi»,  & 
il  y  en  joint  un  troifième..  Ceft  qu'à  pareil  jour  on 
ravagea  &  dévafta  une  de  leurs  plus  grandes  villes 
&  des  plus  peuplées.  Toutes  les  formalités  »  toutes 
les  cérémonies  dont  ce  jeûne  eft  accompagné ,  font 
développées,  pag.  567-» 572. 

(1312)  4  Regum,  ch.  25  ,  v.  22  &  îj.  Jérémid^ 
chap.  40,  V.  5  &  fiiivansâ  chap.  41,  v.  i*tt>« 


&  comme  Moralijle.  jof 

•Le quatrième  eft  an  mois  de  Décembre,  parce 

'  qu'Ezi^hiel  &  tous  ceux  qui  étoient  avec  lui 

captifs  apprirent  alors  la  prife  de  Jérufalem , 

la  profanation  &  Tincendie  du  temple  (1313).  ' 

Pour  enchaîner  l'attention  des  Hébreux  &  ufagci  ex-i 
fixer  leur  caraâère  inconftant ,  Moyfe  leur  avoit  rcs  qu'il  leur 
donné  des  obligations  de  tous  les  jours  (1314)  >  ^^^ 

(13 13)  Les  Hébreux  ,  outre  les  difierens  jeûnes 
mentionnés  dans  l'Ecriture  &  dont  quelques-uns  font 
commandés,  en  ont  beaucoup  d'autres  rappelles  dans ■ 
la  traduâion  latine  du  calendrier  hébraïque  par  Ge-* 
nebrard;  par  Ribéra^  de  Temple,  liv.  5  ,  chap.  21  ; 
par  Ménochius  ,  de  Republicâ  Hebrœorum ,  liv.  3  , 

•  chap.  12,  §.  4  )  pagw  299  &  300.  Voyez  Léon  de  Mo- 
déne ,  Hiftoria  de  gli  riti  Hebraici,  part.  $  ,  chap.  8,  . 
pag.  75  &  fuivantes;  Bà&age,  Hiftoire  des  Juifs  ^ 
tom.  6,  liv. 6,  chap.  19,  §.  8  &  fuivans,  pag.  403 
&  fuivantes;  Buxtorf^  Synagogue  Judaïque ,,  ch.  jo, 
pag.  573  &  fuivantes. 
Lô  jeûne  cofl|||ençoit  toujours  le  foir  &  duroit 

jufqu'au  foir  di|PL}emain. 

(1314)  -Entr'autres  celle  du  Sacrifice  journalier,  ap- 
pelle ,  dans  l'Ecriture  ^juge  facrîficîwrui  Lliébreu  dit  ; 
•*T>0nn*7P,  hoLuh  thamid.Woyez  Daniel^  chap.  ii, 
r.  ?i,  &  chapitre,  jt,  V.  11.  Les  Septante  fe  fer- 
vent d'une  manière  abfolue  d'iViAfix^er^p^  S.  (ifiryfof-, 
tome,  dans  fa  troifième  Homélie,  le  êiit  venir I  avec" 
raifon  ,  d'Iy/gAcxç/  exprimant  ce  quî.efl  fréquent  & 
continuel.  Par  la  même  i^ifon ,  PhilonV,  tom^.  2,  de. 
animalibus  facrificio  Uc^is  ,  pag.  139 .,  appelle  ce 
facrifice  îfJ^?itx*ian  ^ 


'fo6  Moyfe,  confidéré  comme  Lggîjtatcur 
il  les  avoit  furchargés  de  prières ,  de  cérémcH 
nies  &  de  facrifices  (iJiyV  P^^^  I^s  iioler,  it 
joignit  aux  préceptes  que  nous  venons  de  rap- 
peller ,  des  ufages  extraordinaires  auxquels  it 
les  fournit.  Celui  du  fabbat  eft  de  ce  nombre. 
Il  ne  fe  retrouvé  même ,  quoi  qu'on  en  ait  pu 
dire,  chez  aucune  autre  natiofi.  Je  fais  que 
plufieurs  écrivains,  parmi -lesquels  font  Arif" 
tobule  &  fiûnt  Clément  d'Alexandrie  (1316), 
adoptent  Topinion  contraire  &  ie  fondent; 
pour  l'appuyer ,  fur  des  paflages  mal  expliqués 
dUéfîode ,  d^Homère ,  dé  Linus  &:  de  CaUi- 
maque  (13 17)  :  maïs  ce  fyftême  nous  paroît  ifl- 


(13 15)  Vide  fup.rà  ,  chëp...  3  ,  art.  2,  pag.  105^  & 
fui  vantes ,  &  art.  4 ,  'pag.  1 36'  &  fuivantés. 

(13 16)  ArîftQbVile  apud  Eufebicnn  ,  chapitre  12  dir 
liv.  13  de  la  Préparation  éVahgélîcjue ,  pag.  66j  & 
fuivaotes.  S.  Clément  d'Alexandrïé JStrôaiates ,Iir.  5, 
pag.  6bô  &  fuiv'antês.  '^^      mÈ 

(13 17)  Voy ,  au®  Lvd€îd  ,  jn  Pfa^^  Aùlu^ 
geîle ,  nùîfe  ^itiquéis ,  îiv.  15  ',  ch^i  ^Suétone ,  Vie  de  Ti- 
bère, ch.  \i  ;' Ceit^Çôrin ,  4ç  ÛJe  natafi,  ch.  11  ;  Gui!-: 
Bûaie  Pottel  /tfè  Êtrvri»  origjnibus,  édition  de  FIo- 
ri^hîçe  ^^«  tj^'  piTg:  lio  ;  lÔvî^e!,  de'  i-wedîo  amôris, 
liv;'ï7'%  iiv.  I  ,.doht  oh  a  encore 
jèjjôerfierî^^intçr'prétéles  paflages ,  comme  Ta  prouvé^ 
avec  évidence^  Selden,  de  Jure  pîatW*  &Gentiuffly 
juitàiStc.  liv.  3  ,  chapitre  i7,jj)àg.  J90  &  fuîvante*. 
yoyeiliâfin'  Bolducius  ,  Së^Tcdefiâ   ante  fegem. 


^  ■  •  fr  comme  Moralijhc.  "  $of 
foutenablè.  Le$  auteurs  anciens  qui  parlent 
des  dfuifi  ont  tous  regardé  le  fabbat  commet 
une  chofe  particulière  à  ce  peuple.  Tacite  la 
croyoit  fans  doute  lorfqu'il  dit  que  les  Hé-, 
brétx  confacrèrent  ^u  repos  le  feptième  jour 
parce  qu'il  avoit  été  le  terme  de  leurs  travaux  ;; 
&  il  ajoute  que  fenfibles  aux  charmes  de  1-oifi- 
vpté,  ils  confacrèrent  epfuite  la  feptième  année 
àia  parefle  (iji8).- Juftin  donne  la  même  ori- 
gine à  cette  fokmnité.  Moyfe,  félon  lui  (1319)  %. 


liv.  r,  chap,  a;-  Jacques  Godefroi  ad  Tertuliianum  ad-- 
\:eifs:vs,  Nationesf ,  liv.  x ,  chap.  13  ;  Heraldus  ad  Ter- 
t}|}li?inuin,  Apolog.  chap.  16.  Ils  adoptent  le  fentiment* 
d'Àriftobule  &  de  Clément  d'Alexandrie  > 

(1318)  Hiftoire,  liv.  ç ,  §.  4,  tom.  3,  pag.  297. 

(13 19)  Livre  3e,  chap.  2  ,  pag.  349.  Voyez  Dion; 
1.  37.  Rutilius  dit,  dans  le  prem.  livré  de  ntinéraire  : 

Sepcima  quxque  dies  turpi  damnata  vetênio» 

Tamquam  laflati  mollis  imago  Dci,  ■  \    ■     • 

Ovide  avoit  dit  avtint  lui ,  de  Arte  amàndi,  liv.  1 5 

Ncc  te  prxtcreat  Vcneri  pUratus  Adonis ,  'I 

Culcaque  Judso  feptima  facra  viroi»     .  ?  •    " 

&  peu  après  :;. /.  ,.•...  v  » 

Cv^-    wviGultj  PaI«ftîno  i^ptkng  facra  viro. 
Plus  bas  il  exprime  bien  cette  particularité  juives        .^ 
Nec  pluvias  opu ,  nec  te  pecegrixia  morentur 
..    Sabbata.     ,       .^^  j  ^^l^..       *       .,„';^   .       .;     -       .: 

Septtma  quzqiie  fuit  içoL 
Tgnava ,  &  partem  vica;  non  atcigic  ullam  ,   . 

dit  Juvénal ,  Saf.  14 ,  V.  165*  &  \oè.  ïtiî  f ëilè  ;^^mùi 


jo8  Moyfe ,  ccnfîdéré  comme  Lègijlanur 
après  de  longues  fatiguas  dans  les  dëfertt  dt 
l'Arabie,  voit  enfin  naître  le  repos,  &  pour, 
conferver  le  fouvenir  de  cet  événement  or- 
donne que  dans  tous  les  fiècles ,  le  ieptième 
jour  foit  marqué  par  un  jeûne  folemneL  Ces 
derniers  mots  font  une  errmin  Les  Ifraéîites  ne 
jeûnoient  point  le  jour  du  fabbat  (13x0)  \  mais 
le  paflage  attefte  qu'on  regardoit  la  célébra- 
tion de  ce  jour  comme  leur  étant  partica-' 
lière.  L'Ecriture  ne  laifle  aucun  doute  à  cet 
égard  (ijii).  Elle  en  parle  toujours  comme 

Çalhat  fîgoîfîoit ,  pour  les  Romains ,  toutes  les  fStcs 
des  Juifs.  Horace,  liv.  i .  fat.  9,  v.  90.  Voyez  Jofepfr 
Scaliger ,  de  Emendatione  temporum ,  liv.  j  ,  p.  xt^ 
(1520)  Quoique  Martial  ait  dit,lîv.  4^épigr.  4: 

Qaod  fîccar  redblet' palus  lacunaei, 
Quod  jejunia  fabbacanorum  ,  &c« 

Perfe  fat.  5  : 

Recutlcai^ue  fabbata  pallcf»  , 

Pétrone  : 

£c  non  >ejun4  fabbara  lege  premec. 

Suétone,  Vie  d'Augufte ,  §.  76  :  Ne  JudAus  qmdem»  £ 
Tiberî ,  tam  Ubcnter  fahbatîs  jijujuum  fervat ,  ^uàm  ep 
hodie  fkpvà^i. 

(i3k2i)  Exode,  chap.  16,  v.  29  ;  châp.  3r,  v;  »)» 
14,  16  &  17.  Voyez  le  fécond  livre  d'Efdras,  ch. 9» 
V.  14,  &*EzêcTiVd,  chap.  20,  v,  11  &  ii.  Josèphe 
rappelle  toujours  t^f  'jrctxf «or  yf^9f,morempaù'ium,Aod 


&  comme  Moralifit.  fo^ 

tf une  inftiturion  de  Jéhova ,  inftitution  à  la- 
quelle il  attache  un  grand  prix ,  ^uifque  Tordre 
en  eft  fi  fréquemment  répété  dans  les  mêmes 
chapitres  de  TExode  (  1 5  iz).  Des  peines  légères 
frappent  fbuvent  les  violateurs  des  autres 
loix  >  le  violateur  du  fabbat  commet  un  crime 
énorme  ,  &  celui  qui  Tobferve  mérite  àe 
grandes  récompenfes  (1313).  La  circoncifion 
fiit  fans  doute  un  des  caradères  qui  diftin- 
guoient  le  plus  la  religion  mofaïque  du  paga- 
nifme  :  mais  les  Iduméens,  les  Egyptiens  la 
reçurent  commç  les  Hébreux,  tandis  que  le 
culte  du  feptième  jour  n'appartint  qu'aux  If- 
raélites,  Auffi  Julien  difoit-il ,  en  parlant  des 
préceptes  du  Décalogue  :  Ils  méritent  tous 
detre  obfervés,  excepté  celui  qui  ordonne  le 


tîquités  Judaïques,  livre  14»  chapitre  18,  pag.  488; 
&  de  Belle  Judaico,  liv.  2,  chapitre  j6  ,  pag.  808. 
Voyez  Spencer ,  de  Legibus  ritualibils  HebraBorum , 
liv.  i«  chap.  4,  feâ.  9,  pag.  65  &  fuivantes. 

(1321)  Exode,  çhap.  16,  v.  23,  25  ,  26,  276^29; 
chap.  31 ,  y.  13  ,  14,  15,  16  &  ij.  Voyez  Jérémie, 
chap.  17  ,  v.  21  ^  22 ,  24  &  17. 

(1323)  Voyez#ciïe,  chap.  58  >  v.  13  ,  8;,EzéchieI,' 
chap.  20 ,  v«  24  9  &  chap.  22 ,  v.  10.  Voyez  auffi  ce 
fi[ue  nous  avons  dit, de  rob&rvance  des  fêtes,  ch.  5 , 
-art.  3  ,  page  402  &  403. 


f  I  o      Moyfe  j  tùnjidiré  comme  Légiftateur 

fabbat  &  celui  qui  défend  d'adorer  les  divimtâ 
étrangères  (13^4). 
Réflcxiont     Le  fabbat  doit  être  compté  parmi  les  éta- 
rttéilubUcI  bliflemens  de  Moyfe  les  plus  propres  à  éloigner 
^aLn  dcide  l'idolâtrie  &  à  la  détruire  (13^5).  Les  im- 
Jilj"^^*' puretés  (1326),  la  diftindion  des  viandes  &  , 
mnx.       des  animaux  (132.7)  eurent  auflî  quelque  in- 
fluence. La  religion  des  Juifs  ne  fe  bornoit  pa!  / 
à  leur  prefcrire  des  devoirs  dans  le  temple  & 


(1324)  Voyez  Théodoret,  dans  fon  commentaire 
fur  le  chap.  20  d'Ezéchiel  ;  S.  Cyrille,  contre  Julien, 
liv.  5  ,  &  Spencer ,  diôc  loco  ,  pag.  70. 

(1325)  Spencer  le  prouve,  diâo  loco,  fèdioirii, 
pag.  88  &  fui  vantes.  Il  développe  auflî,  chap.  5, 
feâ.  5  ,  pag.  122  &  fuî vantes  5  les  obftacles  que  b 
diflinâion  des  viandes  &  celle  des  animaux  mirent 
àridolatfie.  •     - 

(1526)  Vide  fuprà,  chap.  3,  art.  5,  pag.  164  & 
fuivantes. 

(1327)  Ibidem,  pag.  173  &fiiivantes.  Cette  diôinc- 
tîon  n'exiftoit  pas  avant  Moyfe  y  cependant  l'origine 
de  la  défenfe  des  cuifles  d'animaux  lefquelles  font 
parmi  les  objets  prohibés ,  efi  rapportée  dans  la  Ge- 
nèfe,  chap.  22,  v.  32.  Jacob,  dans  un  combat  qu'il 
eut  avec  un  ange,  ayant  été  bleifé  à  la  cuifle,  il  ne 
•mangea  plus ,  dans  la  fuite ,  de  <Ate  partie  des  ani- 
maux ,  &  les  Jui6,  par  la  même  raifon  ,  n'en  man- 
gèrent pas  davantage,  dit  Josèphe,  Antiquités  Ju- 
daïques, liv..  I,  chap.  19,  page  33, 


&  comme  MoraVifiç.  ^        j  i  j 

aux  pieds  des  autels  -,  elle  les  fuivoit  dans  l'enr 
ceinte  de  leurs  foyers  &  dans  tontes  les  aâionç 
d'une  vie  domeftique.  Leur  zèle  pour  robfer^. 
-vation  de  ces  loix  particulières  ne  fut  pas 

''moins  ardent  que  pour  lobfervation  des  loix 
publiques.  Antiochus  menace  en  vain  les  Ma- 
chabées  \  en  vain  il  fait  mettre  fous  leurs  yeux 
les  tenailles ,  les  roues ,  les  chaudières ,  les 
ongles  de  fer ,  tous  les  inftrumens  du  fup- 
plice  affreux  qu'il  leur  orépare  :  ces  jeunes 

.  Ifraélites  fubiront  le  trépas  plutôt  que- de  (è 
nourrir  d'alimens  impurs  y  reftes  d'un  facrifice     • 
idolâtre  (1318). 

:  Oublirions  -  nous  la  défenfe  donnée  par  Réflexîoai 
Moyfe  d'immoler  à  Jéhova  des  viâ:imes  ou  de  ^"^  \^^^ 
lui  oflFrir  des  facrifices  dans  les  bois  &  fur  les  cc$&i'épo- 

r  r     \  .        ,      "  ,       que  ««  ^ 

montagnes ,  h  accoutumés  a  recevoir  alors  les  ces. 
vœux  &  les  honunages  des  mortels  ï  Oii 
reproche  fouvent  aux  rois  d'Ifraël  &  de  Juda 
de  l'avoir  violée  (132.9).  Loin  d'honorer  l'Etre 
fuprême  dans  des  lieux  profanes  qu'on  a  l'ha- 
bitude de  parcourir  ^  il  fera  hpnoré  dans  un 
féjour  qu'il  a  choifi  lui-même ,  dans  un  tempje 


(1328)  Voyez  le  chapitre  7  du  fécond  livre  des 
Machalé^s,  &  les  chap.  3  &  fui  vans  de  Josèphe»  ds 
Machabœis ,  pag.  1090  &  fui  vantes. 

(1319)  Vide  fuprà,  chap.  a ,  pag.  38  &  fuivant^s; 


f  1 1  Moyfcj  conjideré  comme  Légî/IatcuT 
dont  on  n'approche  qu'avec  un  réfpeâ:  rdî- 
gieux ,  dans  un  fanâuaire  où  on  ne  pénètre 
jamais  (1330).  D'un  autre  côté,  par  le  genre 
&  Taffemblage  de  fes  préceptes ,  la  légifla- 
tion  mofaïque  ne  s'adaptoit  qu'aux  Hébreux. 
L'époque  de  leurs  moifibns  &  de  leurs  ven- 
danges avoit  déterminé  la  plupart  de  leun 
fêtes  5  confacrées  à  la  reconnoiflance  enve» 
Dieu  pour  les  bienfaits  dont  il  les  avoit  com* 
blés,  foit  en  les  arrachant,  à  Tefclavage  des 
Egyptiens ,  foit  en  cbntraâant  avec  eux  une 
.  alliance  fblemnelle,  foit  dans  toute  autre  cir- 
confiance. 
KoinreUes  Rieu  de  plus  Contraire  à  l'idolâtrie  que  h 
oof  Iffcti  grande  &  fublime  penfée  de  Texiflence  de 
i^hS^T  ^^^^  ^  de.fon  unité.  Moyfe  ne  celTa  jamaû 
de  lavoir  préfente.  Un  feul  temple,  comme 
nous  l'avons  vu  (13  31) ,  un  feul  tabernacle  fut 
établi  5  &  pour  affermir  cette  idée  précieufe, 
pour  aflurer  la  durée  de  fon  gouvernement  & 
le  refped  dû  aux  interprètes  du  Seigneur, 
après  n'avoir  établi  qu'un  fanduaire,  il  ne 
voue  qu'une  tribu  au  fervice  des  autels  (per- 
fuadé  que  renfermée  ainfî  dans  elle-même, 


(1350)  Voyez  les  chapitres  12  &  16  du  Deutêro- 
nome ,  &  le  Lévitique ,  chap.  17 ,  v.  3  &*  4. 
(1331)  Vide  fiiprà,  chap.  3,  an,  i,  pag.  ^4, 

eUe 


et  tomme  Moràhfti:  'fHf 

tAle  fefa  plus  attachée  à  (es  droits  )  &  qu  und 
famille  de  la  tribu  à  TexerciCe  du  facerdoce, 
celle  de  Tilluftre  Aaron  choifi  par  Dieu  lui-^ 
même  (1332.).  Un  homme  du  peuplé  ae  fera 
plus  élevé  au  faint  miniftèrCé  En  naiffant ,  on 
infpire  déjà  la  vénération  qu'oh  tàéf itéra  uii 
jour.  Pour  mieux  confaciref  à  Jéhova  les  or* 
ganes  de  la  puiflanee  divine^  il  les  déhvre  des 
foins  temporels*  Uagricultùfe  leur  eft  inutile. 
Des  dîmes  &  des  prémices  fourniront  à  leur* 
befoins  (1333)1 

Plulîeurs  avantages  particuliers  font  d'ail- 
leurs exigés  des  defcendans  de  Lévi,  On  le* 
foumet  à  une  grande  pùfctc  (1334)*  Ils  la  per* 
dront,  même  par  l'afpeâ:  d- un  cadavre  otl' 
Taffiftance  à  des  funérailles  (13  3  5  )«  Ilsfemsu* 
rieront  ^  mais  j^vec  des  Viefges  {l})6)i  La  plui- 
l^gère  fouiliure  les  éloignera  ââr  temple  où 
perfonne  ne  viendra  avec  un  bâtoil  ^  ni  lei^ 


(1532)  Vide  fiiprà,  chapitré  3^  art  i*  pag.  86  St 
fuivantes» 

(1333)  Ibidem ,  {^ag.  iit  &  fuivantes. 

(1334)  Ibidem,  t)ag.  95 ,  &  jart*  5  ,  pag.  164* 

(1335)  Vide  fUprà ,  chap.  j ,  am  a j  pag.  96  &  fp 

(1336)  Ibidem  j  pag.  j6,  &  ehap*  4,  art.  5,  g^  4i 
jpag.  283  &  A85è 


5 1 4  Moyfc  j  conjidére  comme  Légijlateur 
pieds  couverts  d'une  ch^uflure  (1337).  Le  plus 
l^ger  défaut  corporel  les  rendra  incapables 
du  facerdoce  (1338).  Malheur  ^à  eux  s'ils 
boivent  d'une  liqueur  enivrante ,  en  entrant 
dans  le  tabernacle  (.1339).  Qu'ils  pouffent  le 
refpeâ:  envers  l'afyle  du  Seigneur  jufqu'à  n'y 
pénétrer  que  dans  le  moment  de  leurs  fonc- 
tions (1340).  Des  gardiens,  des  portiers  font 
établis  tout  autour  pour  en  conferver  la  pro- 
preté ,  pour  en  écarter  les  impurs  &c  les  pro- 
fanes (1341).  On  aura  même  les  avantages  qui. 
ne  font  que  pour  frapper  les  yeux  du  vulgaire^ 
des  vafes  d'or ,  de  riches  inftrumens ,  des  habits 
magnifiques ,  des  meubles  fomptueux  (1341). 

•  (1J37)  Voyez  Cuniiis,  de  Republicâ  HebraBortiiri; 
Uy>:2.,  chap.  M»  pag.  2^48  ^  &  Spencer,  de  Legibus 
rwalUnis  Hcbra?orumj(  liv.  i,  chapitre  7,  feâ.  4, 
p^ge  154.  :/   r  :    .     '  ■ 

(1338)  Vide  fuprà,  chap.  3 ,  art.  2,  pag.  ^5. 
-^(13139)  Vidé  fuprà,  chap.  6,  pag.  479. 
,  (1340)  Voyez  Spencer,  àlOio  loco,  &  M^îmonide; 
More  Nevochim ,  partie  3  ,  chap.  45  ,  pag.  478. 

(1341)  Vide  fuprà^  chap.  3,  art.  a,  pag.  107  & 
fuivantes,  &  Philon,  dé  Praemiis  facerdotum ,  tom.  i, 
page  236. 

-  (1341)  Vide  fuprà, ch.  3 ,  art.  4 , p.  147;  art.  5 ,  p.  164 
&  165  ;  &  les  notes  416  &  479.  Après  avoir'  ordonné 
d'employer  dans  les  facrificeç  des  vafes  d'or  &  d'argent,. 


Pour  fîgne  de  fon  pouvoir  &  de  fa  dignité , 
le  grand-prêtre  portera  un  vêtement  fuperbe , 
recouvert  fur  la  poitrine  d'un  tiflTu  très-riche 
large  d'une  demi-coudée  &  nommé  peftoral 
ou  rational.  EnchâflTées  dans  l'or  i&:  placées 
en  quatre  rangs ,  douze  pierres  précieufes  le 
décoreront,  &:  fur  chacune  d'elles  fera  gravé, 
fuivant  l'ordre  de  la  naiflance ,  le  nom  d'un 


l'Exode,  chapitre  ii ,  y.  2,  ajoute,  &  des  habits  par" 
fumés.  La  Vulgate  ne  rend  pas  ces  mots,  mais  les 
Septante  di&nt,  «^  i^ictriŒfMf  ^  &  veftes.  Nous  ajou- 
tons ,  parfumés  ,  parce  que  ceux  des  facrificateurt! 
l'étoient,  comme  Tattefte  la  Genèfe,  ch.  2j  ,  y.  27, 
paflage  que  le  paraphrafte  chaldéen  rehd  ainû  :  Sicut 
odor  încenji  ex  optîmis  aromatibus  qua  offeruntur  in  monte 
ubi  èrit  domus  JânSuarii ,  cui  benedixit  qia  vivit  in  atemiim, 

^ Quant  au  temple',  rien  n'égaloit  h  magnificence^' 
d'après  la defcription  qu'en  donne  Josèphe,  Antiquités- 
Judaïques,  liv.  8,  ehap.  2  ,  page  259  &  fuivantes*^ 
Voyez  auffi  le  chapitre  6  du  troifième  livre  des  rois*-. 
Théophylaôe   va  jufqu'à  dire  (commentaire  fur  ^e 
verfet  24  du  chap.  9  de  l'épîtrede  S,  Paul  aux  Hé- 
breux) qu'aucun  temple  ne  l'égala  ^cn  richeffe  &  ea^ 
beauté;  affertion   extrêmement   modérée,  fi  on  iV'^ 
compare  à  celle  de  Villalpandus  qui  prétend ,  en  jTe  • 
feryâht  d'une  comjparalfbn  peu  noble ,  que  le  fameut  ^ 
tépiple  d'Ephèfe  qui' ay oit* coûté  tant  d'années  &  de. 
tf^foirs',  n'étôft  auprès  de  celui  iô  Jéruialem  que  ce., 
qu'uû  rat  efl  auprès  d'u^i  éléphant  :  Diana,  templum^  ^ 


y  16  Moyfi,  conjidêri  comme  Ligijlaîeuf 
des  douze  enfàns  de  Jacob  (1343  )•  Il  n'eft  pas 
néceflaire  dobferver  combien  de  fouvetiirs 
utiles  rappelloient  ces  noms  joints  à  ces  deux 
mots  écrits  encore  fur  le  rational  :  doctrine  & 
vérité  {î}^).  Tout- cela,  dit  l'Exode  (1345), 
devoit  porter  le  grand -prêtre  à  fentir  que 
c'étoit  à  lui  d'expier  les  iniquités  dont  les  If- 
raélites  fë  rendroient  coupables  ,  dans  les 
préfens  offerts  à  l'arbitre  des  cieux  &  de  la 
terre. 
Ayaataget  II  eft  vrai  qu*au  premier  afpeft  les  pratiques 
S^  'chriSa-  religieufes  des  Juifs  font  peu  dignes  de  la  ma- 
î^ta^.^^  jefté  de  l'Etre  fuprême.  Rien  de  grand ,  rien 
de  pompeux ,  rien  d'augufte  dans  leurs  facri- 
fices.  Ce  font  toujours  quelques  mefures  d*huile 
ou  de  farine ,  des  grailles  brûlées ,  des  portions 
de  corps  confumées ,  un  veau,  un  bouc  ou  lih 


ehm  Sahmofdco  collatum  y  mus  videtur  coram  elephante. 
Tome  2,  pag.  558  &  559. 

(1343)  Exode ,  chap.  19,  v.  6. 

(1344)  Exode,  chap.  28,  v.  19  &  30.  Et  ceux-ci- 
gravés  dans  une  lame  d'or  qui  tomboic  fur  le  front  : 
lafaînteté  eft  au  Seigneur,  Exode  ,  chapitre  28  ,  v.  36« 
Les  Septante  traduifent  les  deux  mots  écrits  fuf  \é^ 
râitional    par  ^ixmwn   %   clA«66tW  ^    évidence  &  vérité, 
Urim  &  thummim  peuvent   auffi  fignifier  liimiire  &. 
ferfe&on, 

(1345)  Chapitre  289  V.  38. 


&  comme  Moralîfte'.  sty 

bélier  dont  on  verfe  le  fang  autour  de  Tautel , 
après  en  avoir  fait  de  légères  afperfions  (1346). 
Et  voilà  néanmoins  pourquoi  les  prêtres  font 
chargés  de  veiller  fans  cefle  à  la  porte  du  taber- 
nacle !  La  religion  de  Jéfus-Chrift  eut  en  cela 
de  grands  avantages  fur  la  religion  mofaïque. 
Baiîniflant  les  cérémonies  nombreufes  qui  la 
rendoient  fatigante  &c  les  obligations  indif* 
penfables  qui  la  rendoient  locale ,  le  légiflateur 
des  Chrétiens  prépara  fon  culte  à  devenir  plus 
univerfeL  S'il  n'eût  écouté  que  l'ambition  de 
dominer  fur  les  hommes ,  il  eût  confervé  la. 
théocratie  &  l'ufage  de  confaerer  mie  feule 
tribu  au  facerdoce  :  loin  de  féparer  la  puiflance 
fpirituelle  de  la  puiffance  temporelle ,  il  auroit 
cherché  à  les  unir.  Animé  au  contraire  par  une 
fagefle  divine ,  elle  infpira  ks  avions  poli- 
tiques comme  elle  infpira  ces  difcours  tôu- 

chans  où  la  morale  eft  revêtue  de  toutes  les 

« 

grâces  du  fentiment  &c  de  la  bonté.  Moyfe ,  en 
ordonnant  de  venir  trois  foîs  par  an  à  Jérula-r 
lem  (1347)5,  mettoît  dts  obftacles  à  la  propa- 
gation du  culte  donné  aux  Hébreux  (1348).^ 

(1^46)  Vide  fuprà,  chap.  j,  art  4^  pag,  ij6  &  fuivw 
(j  547)  Éxode,  chap.  23  ,  v.  19,  &  ch*  J4,  v.  1.3, 

yide  luprà,  chap.  3,  art.  3.,  pag.  13a 

'  (1348)  S'il  eft  permis  de  comparer  à  Moyfe  &  am 


•jr  I S  Moyje  j  Confidéré  comme  ÎJglJlateur 
Jefus-Chrift  laifle  élever  par-tout  des  temples 
&  des  temples  égaux  où  nous  pouvons ,  dans 
tou^  les  temps ,  adorer  également  l'Etre  fu- 
prême.  Ainfi  fa  religion  n'a  point  de  caràdère 
ifolé.  Qn  peut  en  pratiquer  les  devoirs  depuis 
Jes  bords  du  Danube  jufqu'à  ceux  de  la  rivière 
des  Amazones ,  &  depuis  les  champs  du  Ca- 
nada jufqu'aux  murs  de  cette  ville  célèbre  qui 
. 1 ■  , 

fondateur  divin  de  la  religion  chrétienne,  le  fonda- 
teur de  celle  des  mufulmans  (toujours  fous  le  point 
de  vue  politique  ) ,  nous  observerons  que  Mahomet 
ne  fixa  pas,  comme  le  premier  ,  un  lieu  où  on  viGti" 
droit ,  trois  fois  chaque  année  ,  rendre  hommage  à 
l'Etre  fuprême ,  mais  qu'il  voulut  qu'une  fois  dans  fa 
vie  on  vînt  rendre  cet  hommage  dans  le  temple  de 
la  Mecque.  Coran,  tom.  i,  chap.  3  ,  v.  90,  pag.  64» 
&  65.  Une  pareille  obligation ,  quoique  infiniment 
moins  pénible  que  celle  impofée  par  le  légiflateur 
des  Hébreux ,  puifqu'elle  étoit  infiniment  moins  fré- 
quente, tendoit  cependant  à  refferrer  l'iflamifme,  au 
moins  dans  le  cercle  de  l'Afie  ou  des  extrémités  de 
l'Europe  &  de  l'Afrique.  Au  refte ,  elle  n'eft  pas  fi  ab- 
folue  qu'on  ne  puifle  s'en  difpenfer  dans  certains  cas, 
&  en  remplacer  l'exécution  par  des  préfens.  (  Voyez 
^on  parallèle  de  Zoroaftre ,  Confucius  &  Mahomet, 
comme  fondateurs  de  religion  ,  légiflateurs  &  mora- 
lises ,  part.  3 ,  art.  2 ,  pag.  574  de  la  féconde  édition, 
^j6  &  177  de  la  première  ,  &  la  note  551)  &  cette 
tolérance  a  pu  favorifer  encore  la  propagation  du 
tnahométifme. 


avantagea 


&  comme  MoraFiJlei  .  jfj 

déshéritée  de  Tempire  du  monde ,  commande 
*  encore  à  ung  portion  de  l'univers  par  fon  culte 
&  par  fes  loix.  . ,  , 

Les  autres  légiflateurs ,  &  principalement  Nouveaux 
Moyfe ,  ont  voulu  accommoder  au  cFimat  Içs  "^ 
préceptes  qu'ils  donnoient  à  leufs  .peuples*. 
Cette  idée  ofFre  fans  doute  quelques  avantagea. 
Elle  femble  faite  pour  donner  aux  loix  plus'cîe 
confiftance  &  de  durée  :  mais  elle  force  à  fe  ref- 
ferrer  dans  des  bornes  étroites  ;  ou ,  en  ceflant 
d'être  circonfcrite ,  elle  peut  ceflTer  d^être  coq- 
forme  à  la  raifon  &  à  la  nature ,  tandis  que 
rien  ne  l'empêchera  de  s'étendre  &  de  fe  for* 
tifier  en 'd'autres  lieux ,  fi  elle  n'y  eft  pas  aflu- 
;étie.  Les  bains  froids  ,  par  exemple  ,  I(^ 
ablutions  journaUères  ordonnées  aux  Ifraé- 
lites  (1349)  étoient  d'un  ufage  excellent  fur  le& 
rivages  du  Jourdain  ,  &:  ne  le  fèroieht  pas 
dans  les  glaces  de  Tlflande  ou  de  la  Nont  ëge- 
On  en  peut  dire  autant  des  facrifiees.  particu- 


(1349)  Vide  fuprà,  chap..  3 ,  art.  5 ,,  p.  167  &  fuîv. 
Mahomet  &  Zoroaftre  avoient  auffi  ordonnjè  dje.s^ 
ablutions  journalières.  Voyez  le  parallèle  cité  , 
part.  I  y  art.  2,  pag.  46 ,  &  part.  3 ,  art.  2 ,  pag.  28F 
&  282.  Ceft  une  des  caufcs  qui  rendent  leurs  reli- 
gions impraticables  dans  les  pays  froids.  De  tous  les^ 
cultes  le  plus  favorable  aux  babitans  du  Nord  ^  c'eâl 
le  chriûianii'me.. 

Kk4  ' 


2fiO  '  Moyfe  ^  conjidéré  comme  Ugijtatmr 
liers  dont  la  vîdime  ou  l'ofitande  font  défi- 
gnées  (1350).  Jefus-Chrift  n'en  fixa  jamais  la 
matière  ou  l'objet  \  il  n'en  exigea  fhême  aucun; 
il  n'avoit  point  exige  de  purifications  ;  &  par* 
là  fon  culte  a  dû  encore ,  fous  le  point  de  vue 
politique ,  le  feul  que  nous  nous  permettions 
d'examiner  ici ,  ^  fe  répandre  dans  tous  ks 
lieux.  Les  deux  légiflations  forent  confolantes 
pour  le  malheur  ^  l'indigence  :  mais  celle  des 
Chrétiens  ne  s'eft  pas  contentée  de  nous  atten- 
drir fur  l'infortune.  En  répétant  toujours  que 
les  hommes  font  frères ,  qu'ils  font  tous  égaux 
aux  yeux  de  l'Eternel ,  elle  a  du  moins  con- 
fervé  quelques  traces  de  cette  égalité  primitive 
que  combattent  fans  cefle  nos  inftitutions  focia- 
les.  Moyfe  éleva  une  grande  barrière  entre  fon 
peuple  &  les  étrangers  (1351);   Jefus-Chrift 
invite  à  les  chérir ,  8c  5?'il  exhorte  à  les  ramener 


(1350)  Vide  fuprà,  çhap.  5,  art.  4  ,  pag.  i}6  & 
{ui  vantas.  Quoique  Ie$  animaux  &  les  produâions  de 
la  terre ,  dont  Moyfe  a  irtipérieufement  exigé  l'offrande, 
foient  communs,  cependant,  comme  il  eft  des  pays 
où  plufieurs  d'entr'eux  nç  fe  trouvent  pas  ,  il  faut 
avouer  qu'en  ne  fixant  riçn  à  cçt  égard ,  le  chriflia- 
nifme  acquit  encore  quelque  avantage.  Nous  con- 
viendrons néanmoins  que  ce  fut  le  moins  important 
4e  fes  titres  à  la  prééminence  &  à  runiverfalité. 

(1351)  Vide  fuprà,  chap.  3,  art.  i,  p.  68&fuiv, 
çh.4,  art,  i^p, 2o8&^09,&chap.  6)p.464&46j« 


Bf  comme  Moralijle.  '511 

au  culte  qu'il  établit,  ce  n'eft  que  par  la  dou- 
ceur ,  la  perfuafion  &  Thumanité.  Le  fécond 
ne  met  aucune  difierence  entre  les  nouveaux 
fedateurs  de  fa  loi  &:  ceux  qui  l'ont  reçue  de 
leurs  ancêtres  (  1 3  y  i)  ;  le  premier ,  en  accordant 
des  privilèges  aux  profélytes ,  ne  leur  donne 
pourtant  dans  la  république  qu'une  exiC- 
tence  fubalterne  &  les  flétrit  dans  leur  pofté- 
rite  (1553),  puifqu'elle  ne  pourra  jouir  qu'à 

(1352)  Mahomet  imita  encore  cette  fagefle  de  la 
religion  chrétienne.  Les  nouveaux  convertis  ont  tous 
les  droits  des  mufulmans.  Parallèle  de  Zoroaftre , 
Confucius  &  Mahomet ,  comme  fondateurs  de  reli- 
gion, légiflateuif  &  moraliftes  &c.  part,  3  ,  pag.  %i^  , 
&  part.  4 ,  art,  6,  pag.  411. 

(1355)  Vide  fuprà,  chap.  4,  art.  i ,  p.  «3  &  fuiv. 
Nous  ne  parlons  ici  que  des  préceptes  affirmatifs.  Les 
préceptes  négatifs ,  tels  que  ceux  de  ne  pas  toucher 
tel  ou  tel  objet,  de  ne  pas  manger  tel  ou  tel  aliment, 
de  ne  pas  boire  telle  ou  telle  liqueur ,  ne  font  pas 
Inoii^s  fréquensdansie  judaïfme  &  dans  les  cultes  établis 
par  Zoroaftre  &  par  Mahomet;  (Vide  fuprà ,  chap.  3  » 
art.  4 ,  p.  1 58 ,  art.  5 ,  p.  170  &  fuiv.  &  le  parallèle  cité; 
part  î ,  art,  2 ,  p.  45  Çt  fuiv.  &  part.  3 ,  art,  2 ,  p.  276 , 
182  &  283  ,  &  art.  5  ,  pag.  320)  mais  ils  ne  préfen- 
tent  guère  dHnconvéniens  politique!».  Une  prohibition 
peut  s'adapter  à  toils  les  temps  &  à  tous  les  climats. 
{ille  tombe  d'elle-même ,  fi  le  pays  qu'on  habite,  nç 
|N:oduit  pas  ce  cjue  le  iég;iflatei9r  a  défendu. 


§11      Moyfcy  conjidéré  comme  Ugijlatcur 

la  dixième  génération  du  droit  d'entrer  dans 
raflfemblée  du  Seigneur, 
caufc  àM  Une  autre  caufe  principale  ,  moins  de  la 
S^cntdcfduï'^^  &  de  l'immutabilité  du  juc^aïfme  que 
îeiîf  iHifla-^^  rattachement  inébranlable  de  Tes  {ëélateurs 
"<«•  pour  le  code  de  Moyfe,  naît  de  Tédu  cation 
qu'ils  reçurent  dans  tous  les  temps  &r  qu'ils 
reçoivent  encore.  L'art  des  vers ,  celui  de 
charmer  l'oreille  par  des  fons  ou  les  yeux  par 
des  couleurs  ,  l'éloquence ,  la  philofbphie , 
l'étude  des  aftres  &  de  leurs  mouvemens,  la 
géométrie ,  la  phyfique ,  n'occupèrent  jamais 
leur  enfance.  On  l'occupa  toujours  à  la  con- 
noiflance  plus  utile  de  la  religion  &:  des  loix; 
connoiflance  fi  négligée  dans  notre  éduca- 
tion nationale ,  comme  s'il  n'étoit  pas  honteux 
d'ignorer  les  premiers  principes  du  régime 
fous  lequel  on  pi^e  fa  vie  &:  les  devoirs  que 
lelégiflateur  nous  impofe  envers  un  père,  une 
époufe ,  des  enfans ,  envers  tous  les  citoyens 
&  tous  les  hommes.  La  maîfon  des  prêtres  né 
ceflbit  pas  d'être  ouverte  à  l'inftradiion  pu- 
blique ;  &  comme  l'ignorance  excluoit  du 
facerdoce  (1354),  ils  étoient  vraifemblable- 
ment  dignes  de   cette  fonâion  importantes 


(1354)  Voyez  Ofée,  chap.  4  j  v.  6 ;  Malachie ,  ch.  %f 
verfet  7. 


&  comme  Moralise      ^  '         51  j 

Une  fois,  chaque  femaine  (13^^),  on  alloic 
dans  le  temple ,  pour  entendre  expliquer  la 
loi  par  les  miniftres  de  Jéhova(i3y6).  On  en 
lifoit  une  partie  le  jour  de  Texpiation  folem- 
nelle  (1357) ,  &  de  fept  en  fept  ans ,  on  la 
lifoit  en  entier  à  la  nation  aflemblée  (13^8). 
Llfraélite  devoit  d'ailleurs  s*en  nourrir  chez 
lui ,  en  faire  une  étude  journalière,  la  méditer 
fans  cefle ,  en  marchant  comme  affis ,  dit  le 
Deutéronome  (13^9),   pendant  le  fommeil 


(1JÇ5)  La  femaine  des  Juifs  fut  de  fept  jours, 
comme  la  nôtre.  Ils  avoient ,  outre  cela  ,  des  femaines 
d'années  ordinaires»  &  des  femaines  d'années  fabba- 
tiques.  Les  premières  comprennent  fept  ans  ;  les  fé- 
condes en  comprennent  quarante-neuf. 

(1356)  Voyez  Josèphe  contre  Appion  ,  lîv.  j, 
pag.  1072. 

(1357)  Deutéronome,  chap.  31,  v.  10  &  11. 

(1358)  Ibidem,  v.  10-13. 

(1359)  Chapitre  6  ,  v.  7  ,  8  &  9  ;  chap.  11 ,  v.  18, 
19  &  10.  Voyez  Jofué ,  chap.  i ,  v.  7  &  8.  Ceft  ce 
qui  fait  dire  à  Fagius  »  un  des  commentateurs  de  la 
Mifna  ,  tom.  4,  capita  patrum  ,  pag.,  418^  que  toutes 
les  études  doivent  être  fubordonnées  à  celle  de  la 
loi  comme  une  fervante  l'çft  à  fon  maître.  Léon  de 
Modène  attefte  qu'il  n'eft  pas  de  chambre,  de  maifon, 
de  lieu  habité  à  la  porte  duquel  on  n'attache»  vers  le 
battant,  du  côté  droit  en  entrant,  un  parchemin  ren- 
fermé dans  un  rofeau  fur  lequel  font  écries  Scladdai^ 


^ji4  Moyfe  y  confideté  comme  Légijlateur 
&  après  le  rëveil ,  récrire  fur  les  montans  de 
fa  porte  &  l'avoir  fur  fes  poignets  &c  fur  fon 
front.  L'obferyation  lui  en  eft  recommandëe 
à  chaque  inftant  dans  l'Ecriture  (i  360).  Et  on 
Difiioaion  ne  lui  recommande  pas  feulement  celle  de  \z 
B  Je  de  la  loi  écrite ,  mais  encore  celle  de  la  loi  orale  :  car 


loi  orale,  y  ^^  j^  tradition  conftante  parmi  les  rabbins 
qu'outre  les  préceptes  confervés  dans  le  Pen- 
tateuque  ,  Moyfe  ,  lorfqu'il  pafla  quarante 
jours  fur  le  mont  Sinaï ,  en  reçut  de  la  bouche 
de  Dieu  même,  qu'il  ne  tranfcrivit  pas  (1361), 

■ I  ■  ■  M  ■    ■■ — 1.— »Mi^— — i 

un  des  noms  que  les  Juifs  donnent  à  Dieu  »  &  plu- 
fieurs  paffages  du  Deutéronome.  Hiftoria  de  gli  nû 
Hebraici ,  part,  i ,  chap.  2  ,  pag.  9  &  10. 

(1360)  Praecipuè  Lévitique ,  chap.  18,  v.  4&5; 
&  Deutéronome ,  chap.  ^6 ,  v.  16. 

(1361)  Mifnà,  di6^o  loco ,  page  409  &  410.  Cfe 
traité  eft  intitulé,  capita  patrum  ,  parce  qu'il  renferma 
les  décifions  de  plufieurs  favans  rabbins.  Leufden, 
autre  commentateur ,  obferve ,  fur  ce  Traité ,  que 
les  Juifs  ont  coutume  de  tirer  du  Pentateuque  fa 
cents  treize  préceptes  dont  deux  cents  quarante-huit 
affirmatife  &  trois  cents  foixante-cinq  négatifs,  teaf 
développement  eft  l'objet  de  l'ouvrage  que  nous 
avons  fouvent  cité  du  rabbin  Mikotfi.  Voyez  auffi 
Leidekker,  deRepublicâ  Hebrasorum,  tom.i,  p.  293 
&  iuivantes  ;  Buxtorf ,  'Synagogue  Judaïque ,  chap.  j , 
pag.  39  &  fiiivantes  i  Voifin ,  de  Lege  dîvinâ,  ck  i},^ 

'     pag-  333  &  Ali  vantes,  &c.  &c.  &c. 


&  comme  MoraEfte:  $1$ 

mais  qui  confiés  à  Eléazar ,  à  Phînëès,  à 
Jofué ,  pafsèreot  d'eux  aux  juges  d'Ifrael  & 
au  fanhédrin  qui  k  gouvernoit  ;  de  ces  juges, 
toujours  avec  le  fanhédrin ,  aux  premiers  pro- 
phètes; des  premiers  prophètes  aux  féconds, 
&  de  ceux-ci  aux  membres  du  grand  confeil 
formé  par  Efdras,  après  la  captivité  de  Baby- 
Içne  ,  pour  rendre  fon  ancien  éclat  à  la  légis- 
lation mofaïque  &  rétablir  le  culte  &  le 
gouvernement  des  Hébreux. 

Cette  tradition  pourtant  n*eft  pas  adiàife  par    p«  ««>< 
tous  les  defcendans  de  Jacob.  Ceux  qu'on  ap-  ULoionOc 
pelle  comtnunément  Caraïtes,  très-répandus  à 
Conftantinople ,  au  Caire,  en  plufieurs  en- 
droits du  Levant,  en  Ruffie,  rejetten» toute  '      " 

IqI  orale  ;  ce  qui  les  rend  en  horreur  aux  Juifs  ' 
dJAllemagne  ,  dltalie  ,  de  Franoe ,  qui  les  . 
regardent  conime  des  apoftats  dignes  de  Ia_ 
mort  (1361).   Lejir  nom  ,  formé  de  Caraï, 
fàvant  dans  ^Ecriture  ,  fut  cependant  long- 
temps honorable.  Il  n*a  ceflTé  de  l'être  qu*à 
caufe  de  la  haioe  &  du  mépris  que  la  tra(^on 
leur  infpire. 

'  Les  défécïetfts  de  cette  tradition  en  voient    comment 


>        V 


,(1562}  Buxlprf,  Synigogue  JuAnque»  chap.  li 
pag.1»  z  fi&i|^Miiha,  diâo  loco,  pag,  409.  -^ 


J2<      Moyfci  conjidcré  comme  Ugij^Uitt 

une  ftiiette  de  pain,  &c.  &c*  &c.  (13^^' 

Cela  me  rappelle  une  diflertatioi\foft  longue, 

que  j'ai  lue  autrefois  dans  le  premier  volume 

de  la  grande  Bibliothèque  des  Pères,  oùMoyfe 

Barcepha  examine -gravement  pourquoi  Eve 

fiit  formée  d'une  côte  d'Adam  r  pourquoi  cette 

côte  fut  prife  à  gauche  plutôt  qu'à  droite  : 

pourquoi  Dieu  la  prit  à  Adam  pendant  qu'il 

dormoit  plutôt  que  pendant  qu'il  veïUoit,  &c* 

piufîeurs     Un  des  traits  qui  diftinguênt  le  plus  Mpyfe 

tt«ts  qui    comme  légiflateur ,  un  des  plus  itnitës  pat 

la  légiaa-   ceux  qui ,  après  lui ,  donnèrent  des  loix  à 

ijfo^fc/     l'orient  du  monde  (1367),  c'eft  une  attention 

conftante  pour  la  faiité  des  citoyehs.  L'ufage 

du  porc,  du  lièvre  &c.,  des  poiflbns  fan$ 

(1366)  Ce  livre  n^eft  pas  moins  fécond  en  abfur* 
dites  pieufes.  On  y  dit ,  par  exemple,  que  EHeU  paffe 
neuf  heures  tous  les  jours  à  étudier  le  Talmud;  quil 
a  falé  Leviathan  pour  le  conferver  jufqu*â  Tépoque 
de  la  venue  du  Meffie  ;  qu*un  œuf  étant  tombé  du  nid 
d'un  oifeau  fur  la  terre ,  renverfa  ,  par  fon  poids 
énorme ,  trois  cents  cèdres  très^ros,  &  que ,  s*étaiit 
enfin  brifé ,  foixante  villages  furent  inonda  de  li 
liqueur  fortîe  de  fa  coque. 

(1367)  Entr^autres,  par  Zoroaftre&par  Mahomet  ; 
Voyez  mon  ouvrage  fur  ces  deux  Légiflateurs  j  part,  i» 
ai-t.  5,  pag.  96  &  91;  part.  5 ,  art.  x,  pag.  ^76  & 

.    a77,&  part.  4,  art.  7,  pag,  41J  &  406. 

^caillel 


&  c&mme  Moraii/le.  jif 

iScaiUes  dont  U  chair  eft  grafle  6c  huileufe , 
de  tontes  les  viandes  pefantes  (i  3^8) ,  celui  des 
graifles  de  boeuf,  de  chèvre,  d'agneau  (1369), 
fw  interdit ,  &  l-interdiâion  étoit  infiniment 
fagé  dans  un  pays  ou  la  chaleur  excefl&vb 
détendant  les  fibres  de  Teftomach ,  rendoit  la 
digeftion  plus  difficile  &  plus  lente.  On  prohibe 
encore  de  manger  du  fang  (i  370) ,  &  jamais  oA 
ne  fert  d'un  animal  aux  Hébreux  dont  on  ne 
l'ait  fidt  écouler  av^le  dernier  fcrupule.  Auffi 
les  bouchers  juifs  font-ils  fbumis  à  des  études 
fuivies  &  particulières.  Il  y  a  fur  leur  profeffion 
plufieurs  livres  qu'il  leur  eft  eflentiel  de  con- 
noître  &  ordonné  d'étudier  &  de  relire  (  1 371  j. 

(1368)  Lévirique,chap.  11,  v.  2  &  fui  vans.  Vide 
fuprà ,  chap.  5  ^  art.  ç  ,  pag.  173  &  174. 

(1)69)  Lévidque,  chapitre  3  ,  y.  17.  Vide  fùprà; 
chap.  5 ,  art.  4,  pag.  15R  &  159, 

(1370)  Vide  fuprà,  ibidem. 

(1371)  Voyez,  dans  le. tome  9  de  la  Bible  d'Avi- 
gnon ^  une  diflertation  fur  le  manger  des  Hébreux , 
pag.  693 ,  &  le  chap.  36  de  la  Synagogue  Judaïqi^  de 
Juxtorf ,  pag.  611 ,  612  &  fuivantes.  Buxtorf  doilne, 
pag.  615 ,  la  forme  de  leur  brevet  :  Hod:è  explorait 
&  examin^vi  prajLmtem  &  egregmm  N,  filmm  N  ^  & 
illum ,  in  arte  maSlandî  ,  perîtum  &  îftdtiflrînm^  thài  orè  ^ 
tian  manu  ^Jft  camperi.  Ideà  j  UH  peau  màSare'&irf^aî" 
rtrc  ptmàuQ  y  £•  lAtrï.  çQnuàk  pottrit  qurdqatd  ma&àvtfU 

Ll 


j3«  Moyfci  conjidéré  comme  Lcgijlateuf 
On  craint  que  la  faute  la  plus  légëfe  de  leui 
part  ne  rende  un  Ifraélite  coupable  ,  en  lui 
faifant  contrader  par  fa  nourriture  une  impu- 
reté religieufe.  Moyfe ,  d'un  autre  côté ,  n'ou- 
blia rien  pour  inlpirer  au  peuple  une  forte  de 
xefped;  envers  cet  aliment  utile,  devenu  pirmi 
tant  de  nations  de  néceflîté  première  &  pour 
lequel  un  pareil  fentiment  eft  d'autant  mieux 
fondé  qu'il  rejaillit  fur  l'agriculture  dont  k 
•pain  eft  la  produdipn  ll^plus  efleniieUe.  Là 
rabbins  ont  conferyë  ce  refped.  Ils  annoncent 
\x\\t  punition  célefte  à  ceux  qui  le  jettent  ou  le 
laiflent  tomber  par  négligence  (1372.).  Moyfe 
Favoit  confacré  d'uiî^;^^^"i^re  particulière  en 
ordonnant  d'offrir  chaque  femaine  à  Jëhova 
douze  pains  (  1 373  ) ,  un  pour  chacune  (les 


i>  infuî/tveiit,  Hactamcn  Uge  ,  ut  adhuc  ptr  întegrum  an- 
num  ,  fînguUs  hebdomaidibui  ftmel  ^  ritus  maâlatioâis  &  in- 
qUifitîonis  dUigentcr  perle  fat  ;  anno  verb  [ecundo  ,  fingalis 
men/îbus  femd  ;  tandem  relîquo  vlta  fiia  fpatio  ,  Jîngulîs 
"tfimépribùs  femel  tantiim,  Jiite fiante  rabbîno  N,. 

\    (1372)  Bible  d'Avignon,  dido  loco.. 

(t'373)  Léyitique,  chap.  ^4 ,  v.  ç.  L'hébreu  les  2^ 
;  pelle  c^aû  f  panim  ^  que  Lyranus  &  Abulenfis  ont 

pris  pour  un  pluriel/ Ce  mot,  en  effet,  en  a  la  forme; 

mais,  dans  le  feqs  qî.i'il  offre,  il  eft  fmgulier.  1!  revient 
*à  rWx/oy  des  Grecs,  qui  ti^nifiQ y  in  confpe(hi ,  coram^ 
^P^r  .^llufion  à  rufagç.  de  laiffer.  toujours  ces  pairs  à 


&  côHùtie  Moratija.     '            /j  i^ 
tribus.  Ces  pains  dont  les  prêtres  fèuls  avôîent 
le  droit  de  fe  nourrir  (1374) ,  dévoient' être  dé 
pure  fleur  de  fkriile  &  fins  levain  (137^).  Lé 
levain  étoit  profcrit ,  il  Tétoit  de  toutes  les  of-^ 
frandes  divines ,  bu  en  mëfnoii'e  de  ce  que  les 
Hébreux  fortin  d'Egypte  célébrèrent  la  fête 
avec  du  pain  aiyrfie ,  ou  plutôt  paf  un  nouvel 
cflfet  de  la  telidre  folïicîtude  de  Moyfe  pour  la 
fiinté  des  citoyens  &  parce  qUe  le  pain  eft. 
plus  pur  &  d*unè  digeftioh  plus  facile  quand 
il  n'eft  pas  mêlé  à  un  levain  acide.  Cette  caufé^ 
fimple  &  naturelle  nous  paroît  bien  préférable 
aux  caufes  myftiques  cherchées  par  quelques 
écrivains  dont  les  uns  voient  dans  cette  dé-* 
fenfe,  fous  un  fens  bien  caché,  la  profcriptioa^ 
de  Taftuce  &  de  la  colère,  &  les  autres  la 
profcription  de  tout  ce  qui  éft  vieux ,  mauvais  ' 
• — i — -il—: — ^ — ■' — ^, 

découvert  fur  la  table  en  préfence  de  Jéhova.  Les, 
Septante  emploient  cette  expreffion.  Us  nomment  ces 

^d\ns  tmiclùis  ^  faciales*  \ 

(i  574)  Voyez  S.  Matthieu  /  cbap.  li  ,  v.  4  ,  &  x 
Paralipomènes ,  chap.  9,  v.  31,  &  chap.  23 ,  v,  X9:. 
Ceft  le  jour  du  fabbat  qu'on  ôtpit  les  vieux  que 
les  prêtres  oiangeoient.  Lévitique  »  jchap,  24 ,  v.  8. 

(1375)  Voyez  le  Lévitique,  chapitre  24,  v,  5,  &* 
Josèphe,  Antiquités  Judaïques,'  livré  3  ,  chapitre  7, 
page  83.  * 

LU 


ffX,  Moyfè ,  wfffddri  comme  Légijlatcur 
Qu  çprcompu  (X^6).  Ceû  ainfi  que  pour  It 
OÛel  dont  \^  prohibition  eft  égaiement  coi^ir 
giée  dUiu  TEcritufe  (  1 377) ,.  on  ^  cherché  h^xt» 
çpup  .de  raifons  étnnghres.  Les  uns,  5c  Pbiloa 
^  de  ce  nombre  (i  37S) ,  eyoi  trouvent  la  caufe 
dam  œ  que  les  abeilles;  qui  en  font  les  ou^ 
vrières  Çont  engendrées,  par  la  putréi^^ioa. 
jy autres  penfent  qu'il  eft,  défendu  parce  quç  lei 
payens  Toffroient  à  Bacchu^  i^579)  %  op'mQJ^ 
qui  n'«ft  pasj  plf^s  admiiBWe  pqifque  Jélu)v^ 
pQfmit  à  Iqn  pqi^ple  d'autres  objets  cpmununsi 


*.f*A\      i.»  ■'  I    l'.Ul'J    JlUijJ» 


\ty^}  Cé«  (Jemlerfr  fe  fondent  ftir  un  pafiàge  de 
S  Paul ,  liaos  la  preiniàrd  éfkto  aux  Coi^sAioas, 
cj^p.  5,  v.-S,  ^  /,;•  ^    ,; 

{i|77)  Voy*  fe.L^iliqvt^  ^  ch^pîtce  z,  v*  11,  & 
f4pxa,  chap.  3 ,  ?rt.;4 ,  pîig.  16%. 

(157^)  De  Sacrificantibus,  tom.  2 ,  p^ig.  25c.  Cette 
iJée  fabuleufe  eft  commune  à  beaucoup  d'anciens 
écrivains.  Voyez  M\îett ,  dans  le  dernier  chapitre  du 
féeènd  livre  ëe  WKftoire  des  Animaux;  Clément 
d'Alexandrie ,  recognît.  liv.  8  ,  chap.  25  ;  Grigèn^ 
con^e  Çelfe,  ikv.  4,  pag.  203 ,  &  Hefychius ,  verb© 

•  (?^379)  I-»ï>*  »co  fidnf ,  fuccii  quia  duWbus  flic 

Cau^t  9  A  il  Bacek)  bmIU  refinta  ftrunc. 
Qridç ,.  liv.  3  ^  4e«.  F^ftes»  v.  73S  &7}6,  Oft  f^pi- 
nion  de  Boch^t , .  de  JUnsialibui^  fac<îf^  ^  part.  2 1^ 
col.  5  50,  &  de  Maimonide,  More  Nevochim ,  jf^n, }  ,^ 
chap.  46. 


é  ààinmt  MâràK/k.  53"^ 

îtù*  féaâèôttft  du  pagânifitiè  &  dé  ndôlattfe^, 
coitimé  YMiït  ^  4è  Tel  &  rehcens.  Ceux  iqtli 
veulent  tcmt  âllëgbrifer*  fuppofetit  que  Didi 
pfpfcrivitpaMàïes  douceurs  jperfides  de  U  vti- 
lupté  (îj8o)i  Spencer  eti  donne  plufieui^s 
naîfoiîs  (ijSi)-  Jéhôva,  fefon  lui,  re;ettâ  b 
«ftiel ,  d'ibôfd  pour  qu'on  ne  cfût  pas  qtill 
<tôît  fenfible ,  Comme  tant  de  divîilfeés  pâyeti- 
nes  (tjS^),  Itî  goût  dëlldeux-dei  bttratrdés 
qu'on  liU  préféfttoit.  t^.  Pour  f àppèlter  à  leur 
limpUcité  primitive  les  oblatiohs  qtife  lei  ^a- 
«riarchéi  Te  CcMitefjtoient  de  former  d*huilè  & 
de  fariné.  3®.  Piirce  que  le  miel  êtoit  priiitî- 
palement  oflfert ,  dièz  plufieurs  nations ,  aux 
dieux  infernauît  &  aux  grands  hommes  expî- 
tës  (1385}.  4*^.  Pour  que  les  p'rôduÛiotis  de  k 
.  -j     .  ,  -.    ^ 

(1380)  Voyez  Th^odoret  ftir  ce  vcrfet  du  Lévî- 
tîque;  S.  Jérôme,  épître  9  ad  Èuftochîum;  fiochart, 
di6lo  locoj  pag.  518;  Hottînger ,  de  Jure  Webraed- 
rum,  pag.  ï66  &  167,  &  8{)em:tr  ,  de  L^ibus  a- 
tualibus  Hebrftorum,  Kvi  a>xhap.  $  j  feft.  i ,  p.  3<i9 
&  310. 

(1381)  Diâo  loco,  feft.  2,  pag.  310,  311  &_3i2^ 

(1382)  L'auteur  de  l'Hymne  à  Mercure  appelle  le 
miel  9  Bêut  i^ûdv  îJ'mJ^f  ^  deorum  fudi^tm  dburk» 

(i  583)  Voyez  ^fchyle  dans  là  tfàgédie  A^  PèJ-fes^ 
V.  610,  &  les  notes  de  Stanley,  fur  ce  pt^fêtè, 
pag.  77Q.  Vayëz  shiffi  BoChart ,  ilâè  lôW>,  pâfg:  530. 

LI5 


>34  Moyfe ,  confidéré  comme  Légijlateur 
terre  &  les  vidimes  fuflent  apportées  dans  leur 
ét^t  naturel,  &  fans  recevoir  des  alimens 
qu'on  y  mêloit  une  empreinte  étrangère.  Plu- 
tarque  s'éloigne  moins  de  la  vérité  lorfqu'il 
dit  (1^84)  :  Les  Juifs  ne  font  pas  ufage  du  miel 
dans  leurs  facrifices ,  parce  que,  mêlé  avec  le 
•  vin,  il  le  corrompt.  Nous  penfons  qu'il  fat 
profcrit  par  la  même  raifon  que  le  levain.  Cuit, 
il  contrade  d'abord  une  âcreté  dangereufe,  8f 
faitenfuite  fermenter  leç  alimens  avec  lef quels 
on  le  confond. 

.  En  général ,  il  n'eft  pas  de  détail ,  dans 
quelque  genre  que  ce  foit ,  qui  échappe  aux 
regards  attentifs  &  pénétrans  du  légiflateur  des 
Hébreux.  Elevé  ordinairement  à  la  hauteur  des 
plus  grands  objets  politiques^  il  en  defcend 
quelquefois  pour  veiller  d'une  autre  manière 
à  la  propriété ,  à  la  tranquillité  &r*à  la  sûreté 
publiques.  Tantôt  il  défend  de  lever ,  de  chan* 
ger,  de  tranfporter  les  bornes  des  hérita- 
ges (1385)  :  tantôt  il  défend,  fi  on  trouve  un 
nid  d'oifeaux ,  d'en  ravir  la  mère  à  fa  fa- 
mille (1586).  Tantôt  il  ordonne,  lorfqu'on 


(1384)  Sympofia  ,  liv,  4 ,  queft.  5 ,  in  fine ,  p.  672. 

(1385)  Peutçronome,  cbap.  19,  y.  14,  &  ch.  2*, 
vçrf(?t  17. 

(ïjSé)  Deutéronomc,  çhap,  %%^  v,  6  i&  7, 


&  comme  Mdralîjlâ.  f^f. 

aura  bâti  unemaifon,  de  faire  autour  du  toit 
un  mur  d'appui ,  de  peur  qu'on  ne  tombe  &c 
que  le  fang  ne  foit  répandu  (i  387).  Ici ,  jaloux 
de  prévenir  par  des  confeils  paternels  des  fautes 
dont  il  auroit  été  obligé  de  punir  les  fuites 
comme  légiflateur ,  il  défend  à  chacun  des 
deux  fexes  de  fe  revêtir  des  habits  de  l'au- 
tre (1388)  ;  à  une  .femme  de  refter  feule  avec 
deux  hommes  ,  ou  à  un  homme»  de  refter  feul 
avec  deux  femmes ,  excepté  qu'elles  foient  fes 
époufes  ou  belles  -  fœurs  entre  elles  ,  ou  qut 
l'une  foit  la  fille  du  mari  dont  l'autre  eft  la 
femme,  ou  que  celle  qui  eft  avec  la  femme  qui 


(i  387)  Ibidem ,  verfet  8. 

(1388)  Deutéronome,  chap.  22  ,  v.  5.  D'«ù  on  a 
défendu  à  chaque  fexe  les  ufages  de  Tautrç  qui  tien* 
nent  à  la  parure ,  comme  4e  colorier  ioa  vifage  pour 
les  hommes  &  de  fe  livrer  à  toutes  les  aâions  efFé-j 
minées  qu'on  pardonne  aux  femmes  &c.  &c.  Buxtprf, 
Synagogue  Judaïque,  chap.  31,  pag.  591.  Léon  dq 
Modùne,  Hiftoria  de  gli  riti  Hebraici,  part,  i ,  ch.  5  ^ 
§.  2  ,  pag.  13.  Josèphe  donne  un  fens  bizarre  au  paf- 
fage  cité  du  Deutéronome.  Il  prétend  que  la  défenfe 
de  revêtir  les  habits  du  fexe  dont  on  n'étoit  pas ,  ôe 
regarde  que  les  momens  de  la  guerre  &  par  con- 
féquent  que  les  habits  guerriers.  Antiquités  Judaïques^ 
Hv.  4 ,  chap.  8 ,  pag.  130.  H  rfy  a  pas  un  mot  de  cetto 
reflriûiqn  dans  l'Ecriture. 

.  LU 


jjé  Moyfiy  confidéré  comme  Liffflauur 
pourroit  devenir  coupable  foit  une  enfant 
aflèz  avancée  en  âge  pour  favoir  ce  qu'eft 
l'union  phyfique  des  deux  êtres,  fans  pourtant 
être  encore  en  état  de  s*y  livrer  ;  parce  que 
dans  tous  ces  cas  on  fuppofe  que  les  deuit 
femmes  ont  intérêt  à  fe  furveiller  mutuelle- 
ment &  que  l'une  d'elles  n'oferoit  pas  être 
criminelle  en  préfencede  l'autre  (1389).  Là, 
regardant  Comme  un  grand  malheur  la  nécèf- 
fité  de  combattre,  il  en  dilpenfe  au  moins  ceux 
pour  qui  elle  feroit  plus  pénible  (i  390) ,  &  ne 
veut  pas  qu'on  la  fubiffe  avant  d'avoir'  oflfert  la 


(1389)  Mifna,  t.  3,  de  Sport&Kbus,  ch.  4,  §.12; 
pag.  383.  Mais  il  eft  très-permis,  difent  Maimomde 
&  Bartenora  ,  de  demeurer  feul  avec  un  homme  ou 
avec  un  quadrupède,  parce  qu'un  Ifraélite  ne  peut  être 
foupçonné  de  fe  livrer  à  ce  genre  de  brutalité.  Ce- 
pendant ,  ajoute  Maimonide ,  les  gens  véritablement 
«"cligieux  s'abftîennent  de  fe  trouver  ainfifolîtairement, 
ou  tête  à  tête  avec  un  feul  être ,  fur-tout  avec  un  qua- 
drupède. Mifna ,  dido  loco. 

(1390)  Le  Deutéronomé ,  chap.  20  ,  y.  5-8,  in- 
dique les  cas  où  quelqu'un  a  bâti  une  maifon  neuve 
dans  laquelle  il  n'a  pas  encore  logé^  a  planté  une 
yîgne  dont  le  fruit  n'eft  point  encore  en  état 'd'être 
mangé ,  eft  fiancé  à  une  fiiie  qu'il  n'a  point  en« 
cpre  époufée  ,  &  le  cas  où  l'on  eft  frappé  de 
frayeur. 


&  comme  Moftuifte.  ^^y 

paix  (1391).  Il  ordonne,  fi  une  ville  aflîégée 
l'accepte,  d'en  fauver  le  peuple  &  de  raflujétii» 
feulement  à  un  tribut  (1391)  i  &  fi  elle  la  re- 
fufe,  de  la  punir  par  le  fer,  de  ne  guères 
épargner  que  les  femmes ,  les  lenfkns  &  les 
animaux  (1393).  C^t  ordre ,  dont  la  dernière 
partie  eft  fi  févère,  regarde  uniquement  tes 
villes  que  les  Hébreux  ne  dévoient  pas  pof- 
féder.  Il  eft  plus  rigoureux  encore  pour  celles 
que  Dieu  a  deftinées  aux  Ifiliélites.  La  mort  en 
attend  tous  les  habitans,  de  peur,  dit  TEcri- 
ture ,  qu'ils  n'apprennent  aux  Juife  les  abomi-^ 
nations  du  culte  de  leurs  dieux  (  1394),  Ils  y 

(1391)  Deatéronome,  chap.  10;  v.  la 

(1392)  Maimonîde ,  de  regîbus  &  bellis  eorum; 
part.  4,  chap.  6,  &  Mikotfi^  Prscept.  affirmât.  iiS, 
prétendent  même  qu'on  ne  pouvôit  affiégcr  une  viHe 
que  de  trois  côtés  &  qu'on  devoit  en  lai^r  un  de 
libre  afin  que  les  affiégés  puffent  en  profiter  pour 
prendre  la  fuite. 

(1393)  Deutéronôme,  chap.  20,  v.  11-14.  Voycr 
Alb.  Gentilis,  de  Jure  Beîli,  liv.  2,  chapitre  16; 
Grotius ,  de  Jure  Belli  &  Pacis,  Jiv.  3  ,  chap.  7  & 
1 1  ;  Maimonide ,  de  regibus  &  bellis  «orum ,  part.  4 , 
chapitre  6. 

(1394)  Ibidem,  15-18.  Combien  on  eft  affligé  de 
lire  de  pareils  ordres  dans  nos  livres  faints  !  Les  Jui&, 
âu  refte ,  fufetxt  toujours  très-cruels  dans  leurs  corn-* 


/  5  8      Moyfe  y  conjidéré  comme  Légijlateur 
iéchappoiènt  néanmoins ,  s'ils  confèntoîent  à 
-devenir  profélytes ,  ne  fut-ce  que  profélytesdé 
domicile  (iî9y).  L'Ecriture  ajouta,  &r  on  lira 
cette  loi  avec  autant  dé  plaifîr  que  l'autre  aura    ] 
excité  de  terreur  :  N'employez  Jamais ,  dans 
vosfièges,  les  arbres  qui|portent  des  fruits  à 
vous  faire  des  remparts  ou  des  machines  guer- 
rières -,  n'y  confacrez  que  des  arbres  fauva- 
ges(i396). 
Moyierc-     Plufîeurs  des  lôix  de  Moyfe  ont  quelques 
Grecs  Tes    triits  de  reflembknce  avec  celles  des  Grecs  & 
fa!ou?     de  beaucoup  d'autres  peuples.  Rien  fans  doute 
n'eft  plus  facile  à  concevoir  &  à  expliquer.  Les 
mêmes  penfées  ont  dû  fe  préfenter  quelque- 
fois aux  perfonnages  illuftres  que  leur  génie 
appelloit  à  éclairer  les  hommes  &  à  les  con- 
duire. Il  faut  donc  ,  pour  accufer  de  plagiat 
tant  de  légiflateurs  célèbres  ,  qite  l'accufation 
foit  évidente   &  pçrte  fur  des-  objets    qui 


bats.  Voyez,  Jofué*  chap.  8,  v.  i  &  fui  vans;  & 
chapitre  lo,  v.  24,  25  &  26;  le  livre  des  Juges, 
chap.  1 ,  V.  ç  &  fuivai)s  &c.  6:c.  &c. 

(1395)  Sepher  Siphri,  col.  187.  Salompn  Jàrchi  fur 
îe Deutéron. chap.  20.  v,  18.  Selden,de  Jure  Natura 
&  Gentium,  Hv.  6 ,  chap.  16  ,  pag.  781  &  782. 

(i^cyô)  Deutéronome,  chapitre  '20,  v.  19  &  20,- 
Josèphe,  Antiquités  Judaïques,. livre  4,^  cliapUrç  Ç  » 
page  129, 


.  &  comme  Moralijle.        -         J39 

pourroient  difficilement  fe  préfenter  à  la  fois 
^ans  Tefprit  de  deux  êtres  ifolés.  Croiroit-on, 
d'après  cela,  qu'on  ait  ofé  foutenir  (1397)  que 
les  Hébreux  reçurent  des  Grecs  une  partie  de 
leurs  coutumes  &  de  leurs  loix  ?  Moyfe  pour- 
tant eft  beaucoup  plus  ancien ,  comme  le  re- 
marque faint  Clément  d'Alexandrie  (1398), 
non  -  feulement  que  les  philofopbes  &  les 
poètes  de  la  Grèce,  mais  encore  que  la  plu- 
part de  fes  dieux.  Les  marbres  d'Arondell  le 
font  contemporain  de  Cadmus  qui  fonda  le 
royaume  de  Thèbes  &  apporta,  dit -on,  la 
connoiflance  des  lettres  dans  cette  contrée 
heureufe  (1399)  >  &  cette  époque  fe  rapporte 
aux  calculs  des*  meilleurs  chronologiftes.  Les 
Juifs  étoient  au  plus  haut  point  de  leur  puif- 


(1397)  Celfe  entr'autres.  Voyez  le  fixième  livre 
d'Origène  contre  lui.  La  marche  des  fciences  &  des 
-arts  a  été   contraire  ;   ils  font   venus  d'Egypte  en 

Grèce. 

(1398)  Strotnata  ,  liv.  i  ,  pag.  313.  Voyez  Théo- 
dorct,  de  curand.  graec.  afFeâ.  ferm.  2,  &  Eusèbe", 
Préparât,  évangeliq.  livre  10,  chap.  4,  pag.  469  & 
fuivantes ,  &  chap.  9 ,  pag.  483  &  fuivamés. 

(1399)  Voyez  Josèphe  contre  Appîoa  ,  livre  i, 
page  1034.  Ce  n'eft  même  que  vers  la  guerre  de 
Troye  qu'on  commence  à  appeller  %KKvim  les  Jiabi* 
tans  de  la  Grèce. 


J4Ô      Mayfty  tùnjidirt  cùtnmé  Ugijlatem 

fance  que  les  Grecs  n*avôient-pas  cefle  d'éttè 

barbares ,  &:  Salomon  eft  antérieur  de  plitt 

d'un  fiècle  à  Homère  &  à  Héfiodc. 

Les  Grecs     Mais  fi  cet!te  communication  fut  impoffibk, 

î«  "cure  de  il  eft  pareillement  invraifemblable  ,   malgré 

Moyfe?      l'opinion  de^lufieurs  écrivaifts  diftingtiës ,  qiî* 

les  habitans  de  TAttique,  de  la  Béotie  &  du 

Pëloponèfe  ,   aient  reçu  des  Ifraéiites   leur! 

tifages  5  leurs  arts ,  leurs  loix  &  leur  {)hilofô* 

phie  (1400).  Selon  ces  écrivains,  les  fages  de 

la  Grèce  ,  fes  légiflateurs  avdent  trouvé  dans 

TEgypte  où  ils  voyagèrent ,  la  tradition  de 

la  morale,  de  la  jurifprudence  &  des  cou- 


(1400)  Clément  d'Alexandrie,  Admonitio  ad  Gentes 
J>ag/  46  &  fuivantes  ;  Stromata  ,  liv.  i  ,  pag.  :599  & 
Suivantes j  34^  &  fuivantes  ;  liv.  5,  p.  ÇÇ9  &  fulv. 
&  pag.  592  &  fuivantes;  liv.  6,  pag.  618,  629  & 
fuivantes.  Huet ,  Démonftration*  évangélique  ,  propo- 
fition  4  ,  chapitre  11 ,  §.  1 ,  page  156  &  fuivantes. 
S.  Jurtiri ,  Cohortatio  ad  Grsecos,  pag.  15 ,  18  &  fuiv. 
Eusèbe ,  Préparation  évangélique ,  liv.  13  ,  chap.  u 
^fuivans,  pag.  663  &fuiv.  S.  Cyrille  d'Aletandrie, 
liv.  I ,  contre  Julien ,  &  S.  Ambroîfe ,  de  Fugâ  fa2cu5, 
chap.  8 ,  §.  7;  De  Bono  mortis,  chap.  10,  §.  4Ç<  & 
chap.  11,  |.  41;  de  Noé  &  Arcâ,  chap.  8,  &  fur  le 
pfeaume  n8 ,  ferm.  2 ,  §.  5  &  13.  Origène,  livre  3, 
contre  Celfe.  S.  Auguftin ,  de  doftrinâ  chrîftîanâ^ 
liv.  2,  chap.  i8 ,  §.  41  »  tom.  3 ,  part.  I ,  pag.  36, 
le  regarde  auffi  comme  une  chofe  tr^prôbable. 


,  &  commt  Moraïïfi^l  ^  *^\X 

.tumçs  hébraïques ,  tradition  qui  leur  danni 
l'idée  d'unç  vie  future  &  de  l-immortaUté  d^ 
Tame  (1401)^  Pythagore  alla  à  Babylone  fouç 
le  règne  de  Cambyfe.  Il  avoit  vu  Eiéçhiel  ea 
Chaldée  &  Jérémie  en  Egypte  (i4oz)5  il  apprit 
d'eux  k  culte ,  les  loîx  &*les  principes  donnés 
aux  defcendans  de  Jacob  (1405).  On  a  même 
prétendu  que  Numa,  dont  on  a  fait  un  pytha- 
goricien ,  fans  s'embarraflfer  beaucoup  de^la 
çjtironologie ,  avoit  tout  pris  de  fon  maître  ;^ 
&  par-là ,  indiredement  des  Hébreux  (1404). 


(1401)  Voyex,  outre  les  auteurs  ekés,  S.  Juftin, 
Apologie  féconde ,  pâg.  Si  âe  82. 

(1402)  S.  Augùftin,  diâo  loco.  Clément  d'Alexan- 
drie, p.  302.  S.  Juftin,  Cohortatio  ^à  Graecos,  p.  15. 
Théodoret ,  Sermo  i  ad  Grascos,  page  466,  471 

il  47^' 

(1403)  ArîAobuIe ,  apud  Çletnent.  Alexand^  diâo 
Ipco ,  &  apud  Eufebium ,  Praep.  Èyang.  liv.  9 ,  civ  6, 
pag.  411.  S.  AuibroiCe^  liv.  3  ,  épitre  ao.  Ariftobale 
rie  dit  pas  même  clairement  que  ce  foit  des  Juifs: 
car,  quoique  Juif,  il  babitoit  rEgypte.où  il  étoit 
inftltuteur  de  Piolémée  Philadelphe.  ?.  lV|achab.  ch^  i,^ 
V.  10.  Il  pourrqît  donc  vouloir  .parler  des  Egyptiens. 
Nous  avouons  pourtant  qu'il  eft  beaucoup  plus  vrai* 
femblable  que  *^0  foit  des  Ifraélites.  Voyez  ce  qu'en 
At  Josèphe  contre  Appion,  Jiv.  î.,.p2^g. ^^046. 

(1404)  Voyez  Oé^ent  d'Alex4n?rie.,,diâo  loco._ 
On  dit  que  les  Pày«a$  ipto^  ^c  i^v^^loi  plagiats 


j44      ^oyfi  y  confidiri  tomme  Icgijlateur 

de  deux  fièèle^  (140^)-  Nabuchodonofbr  af- 

fiégea  pour  la  première  fois  la  capitale  dei 

Juift ,  vers  l*aa  606  avant  1  ère  chrétienne. 

Jérémie  avoit  déjà  comniencé  fes  prédirions, 

depuif  quelques  ani>ées.   I!  eft  vrai  qu'il  les 

continua  jufqu'à  Tincendie  de  Jérufajlem  &  du 

temple  (  1410  ).   Cyrus  monta  fiir  le  trône 

vers  jy9,  Platon  naquit  èri  450  &  ne  voyagea 

guère«  par  conféq»ent  que  vers  la  fin  de  ce 

fiècle.  Si  le  plagiat  des  Hébreux. par  les.  Grecs 

n'étoit  pas  au  moins  une  chimère ,  il  fâudroit 

plutôt  rapporter  ces  prétendues  inftruâions 

données  par  Jérémie/  à  Solon  né  6^t  ans 

•,vant  iefus-Chrift. 

pupatipté-     Ce  qu'ils  affurent  dé  Platon  ,  ils  l*a(furenl 

^;^'j^;,  également  d'Ariftote  &  de  totis'les  péripatétiî- 

âutrcs^phUo- j^iej^s  (1411).  On  a  naêm#  dit  qu'Alexanèt 

devenu  pofleffeur,  à  Jérufalen>,  des  livras  de 

Salomon  ,   les  avoit  confiés   à    fbn   ancien 

maître  qui  s  etoit  empase  de  ce  qulls  renfer- 

\      .   "1 .  .■   '  ' 
(1409}  S.  Aiisufiin  ne  commet  ranacbronîfme  qu^à 
moitié.  A  temporfi  quo  prophetapît  Jirimias  ^  dit -il, 
centum  fermé  '  annos  Plato  natif^  tfi.   i)e  çivitate  Dei, 
liv.  8 ,  çhap.  ix ,  tom.  7 ,  pag,.  199. 

(  1410)  L'acf  587  avant  l'^fe  çheétîenne. 

.  (141 1)  AriâoMe,  dîâio;}(^a^^^  Qémeot  d'A- 
lexandrie >  Stromat.  liy,  5  ,  pag.  595. 

,  moientj 


&  comme  MoraCiftt.  jj^f 

jnoient,,  &  l'avoit  donné  comme  fbn  propre 
ouvrage  (1412.).  Abarbenel  poufle  plus  loin 
rabfurdité  (141 3).  Ariftote,  à  Ten  croire ,  fut 
inftruit  par  Simëon  le  jufte  dont  il  admira  les 
connoiflances  prodigieuses  dans  les  fciences  di- 
vines &  naturelles.  Le  rabbin  Azarias  va  plus 
loin  encore.  Il  parle  d'un  livre  trouvé  ea 
Egypte  où  on  difoit  que  le  difciple  de  Platon 
avoit  embrafle  avec  tant  d'enthoufiafme  les 
préceptes  de  Moyfe,  qu'il  étoit  dçyenu.profé- 
lyte  de  juftic^(i4i4).  Saint  Clément  d'Alexan- 
drie appelle  en  général  les  philofbphes  de  If 
Grèce ,  des  voleurs  ingrats  qui  dépouillèrent 
les  Hébreux  fans  avoir  jamais  eu  la  franchifè 
de  l'avouer  &  de  le  reconnaître  (141  y).  U  n'en 
cft  pas  un  feul,  félon  Tesftullien  (141^) ,  qui  lie 
fe  (bit  abreuvé  à  t^  Iburcç  des  prophètes  ;  &  & 
les  idées  religieufes  des  Grecs  reflèmblent  quel- 
quefois à  celles  des  Juift,  c'eft,  continue-t-il , 
qu'en  mêlant  ainii  des-  fables  &:  des  menfongels 

(1412)  Voyez  Leidekker,  de  Republicâ  Hebrseo- 
rum,  liv.  it,  chap.  6^.pag.  673/ 

(1413)  Dans  le   premier    cHapître  de  fon  comr 
Hientaire. 

(141 4)  Voyez  Leidekker,  diôo  loco. 

(141 5)  Stromata,  liv.  5,  pag.  550. 

(14 16) .Apologétique,  §.  47*  pag*  3^  &  57* 

Mm 


54^      Moyfcy  confédéré  comme  Ugijlateur 
àunedoûrinefalutaire,  ils  ont  efpéré  que  tout 
obtiendroit  foi  également  ou  que  rien  ne  Tob- 
tiendrait,  -&  qu'ils  a£R)iblirqient  ainfi  adroite- 
ment la  «CFoyance  que  pourrait   mériter  le 
culte  des  chrétiens. 
txamcn  île      Ces  Tapprochemens  &  ces  préfomptions  me 
t«  lî^c""'  paroiflent  fans  force ,  je  Tavoue.  Il  me  paroît 
tioiis.         j^  moins  impoffible  de  les  balancer  avec  les 
raifons  contraires  expofées  par  Calmet  (I4I7)- 
Si  ce  favant  bénédidin  n'a  pas  en  fa  faveur  le 
^  plus  grand  nombre  des  autorités^  il  a  les  plus 

folides ,  &  il  y  joint  la  force  du  raifonnement 
&   de   la  vraifemblance.  Nous  retracerons 
bientôt  d'après  lui  le  fentiment  &  les  preuves 
d'Ariftée,  de  Philon,  d'Origène,  de  Josèphe, 
de  Saint  Auguftin  &c  de  Laâance  :  mais  aupa^ 
vant  préfentons  quelques  obfervations  im- 
^    portantes. 
Les  Juifs      Sans  dire ,  comme  Josèphe ,  que  les  Grecs 
long-  temps  ç^^^  ^^  pèuple  nouveau  relativement  aux  Hé- 

mconaus  •»■       * 

aux  Grecs,    breux;  fans  faire,  comme  lui,  remonter  ces 
derniers  au^  pafteurs  captifs  des  Egyptiens ,  il 

(i4i7),éible  d'Avignon,  tom.  3  ,  pag.  92  &  fuiv. 
Voyez,  fur  cette  qu^ipn,  les  obfervations  critiques 
de  Pri^eaux,  part,  i ,  liv.  i ,  tom.  3 ,  pag.  43  &  fuîv, 
&  tout  ce  qu'a  raffemblé  Voifin ,  de  Lege  divinâ  ^ 
diap.  39,  pag.  îi6  &  fuivantes.  ' 


'&  comme  Moralifld  .     .  .       j47j 

eft.  çertaîn  que  conformément  à  Tufage  fuivî 
en  Egypte  &:  en  Chaldée  ^  où  on  faifoit  écrire 
rhiftoire  par  les  prêtres^  les  Juifs  avoient  dans 
leurs^prophètes  des  hîftoriens  publics  chargés 
de  conferver  les  événemens  de  la  nation  (141 8)  : 
mais  il  eft  certain  auflî  qu'ils  furent  long-temps^ 
inconnus  aux  habitans  de  la  Grèce.  Josèphe, 
lui-même  (141^)  reproche  leur  ignorance  à  cet 
égard  à  fes  premiers  hiftoricns  connus ,  .à  Hé- 
rodote &  à  Thucydide.  Les  philpfophes  ne 
connoiflbient  pas  mieux  les  Ifraélites.  Un  dif- 
çiplé  de  Pythagore ,  Numénius ,  les  unit  expref^ 
rément  avec  lés  brachmanes  &  avec  leV mages, 
pour  défigner  les  plus  fameufes  fedes  qùî 
fuirent  dans  rOrient(i42o).  Ariftoté  les  con-j  \ 
foiid  aujte  avec  les  brachmançs^  &  conune 


(1418)  Q>ntre  Applon,  liv.  i;:pag.  ioj4,  ^^3ïî 
jtojé,;  1040  &^iç4u 

(1419)  Ibidem ,  pag.  1038.  Cependant  >   quelques 
f>apé'^ûrbàs7il  croît  qu*HerodSte  a  voulu  défigner 
^es  Juifs ,  qua^id  il  a  parlé  des  Syriens  de  la  Palefiinea 
Page  1047......  ...    .,  ;.  .-.     .         -.    •-   :.';  ■  .  .r   «. 

;  (1420)  Ybyea;  la  Pxéparation  évaogélique  d'Eu- 
^b0>rliv.  9  ,-^chap.  7  3  pag.  4«  >  Porphyre  dans 
TWodoret ,  Tbécapçuiiq.  liv^  i;  Cunejus  de  Repu-r 
blicâ  HebraBorum ,  liv.  i ,  chap.  4 ,  pag.  27  &  a8  j 
^Idea,  <te  Jurft^jiwmîfic  Gemiiw^Kf, »!;,.  cb.  a, 
jag^iaj.  &-^$io::::-.~  /  ix  ,   '  1  • .'■■:■■     '  /:       .    't 


148  Moyfty\onfidtrt  comme Légijlattur 
Cléarque  de  Soles  en  Cilicie  &  péripatéticien 
célèbre  ^  les  fait  defcendre  des  Calanes  de 
rinde  (142.1).  Mégafthène  qui  avoit  fait  Thif- 
toire  de  cette  contrée  ,  &  ne  vivoit  même 
qu'après  Alexandre,  fous  1^  règne  de Séleucus- 
Nicanor/dit  que  les  anciens-n'ont  rien  écrit 
"fur  la  nature  que  n'euflent  écrit  des  philofophes 
étrangers  à  la  Grèce  ,  comme  les  brachmanes 
dans  riiide  &.les  Juifs  en  Syrie  (142.1). 

En  quel  temps  les  Grecs  auroient-ils  donc 
puîfé  lès  connoifTances  des  Hébreux  ï  Depuis 
leur  étatliflemènt  danS  la  Terre  promifè  juf^ 
^u*à  la  captivité  de  Babylone  ,  les  enfans 
clliraël  vécurent  ifolés,  renfermés  en  eux- 
mêmes,  éloignés  des  étrangers  parla  nature, 
les  mœurs  &  là  religion.  Echappés  à  Tefcla- 
vage ,  ils  reurrèfent  dâiîs  lëîiT  patrie  pour  y 
vivre  plus  oiifcurs  eiicoré  qù'ik  ne  raVoièiit 
été ,  &  leur  averfîon  pour  le^  autres  peuplés  liè 


(1421)  Voyez  Èusèbe,  àiôd  ?4ôca-i  chapitre  %  , 
pag.  409^  &  Josèphe  contre  Appion,  liv.  i ,  |>.  1048L 
Il  y  a  qiiel<|^  àifFérettc»  ikfts  là  mafitére  doot  ces 
écrivains  hitpportettt  le  paff^  è^  Oéarque;  maîs'É* 
deux  m^ièred'diTeât  égalel^idmicd^que  nous^ivaiH 
çonsici.v  -•  .:^-*:'i     ♦•  •    *i     ,  i  .v'I  .  .  i     .1  i  '  \ 

{i42a.y  Cfement  d'Alexariaiite'j' tSt^omafà  , .  lîv;  *^ 
pag.  305  ,  in  fine.  Eusèbe,  Préparatioiî  évangâlicQiffV 
liv.  9 ,  ^hap.  6 ,  pag.  410. 


&  comme  Mùfàlifte.  ,  .  .  f^f 
fut  point  aflfoiblie.  Il  eft  vrai  que  les  exils  Sf 
les  tranfmigrations  répandirent  fucceffîvement 
un  grand  nombre  de  Juifs  dans  tout  TOrienr, 
en  Afrique ,  en  Grèce  &  en  Italie  :  mais  ce  fîit 
infenfiblement  ;  &  la  fingularité  deleyrs  ufages 
infpirant  peu-à^eu  le  défir  de  connoitre  leur 
origine ,  on  traduifit  enfin  le.  livre  qui  conte- 
noit  leurs  principes ,  leurs  loix  &  leur  hif- 
toire(i4i5). 

L'époque  à  laquelle  il  commença  de  ç'éta-    Quan^îo» 
blir  une  communication  de  penfées  &  de  lan-  bTwc'  «»* 
gage  entre  les  Grecs  &  les  Hébreux,  eft  effen-  ^^^ 
tielle  &  facile  à  détjsrminer.  Il  feroit  certain 
que  les  premiers  ne  pénétrèrent  pas  en  Judée 
avant  Alexandre,  quand  même  il  faudroit 
adopter  tout  ce  que  Josèphe  raconte  de  ce 
héros  (1414),  Ils  ne  purent  donc  paç  profiter 
des  connoiflances  répandues  parmi  les  defcen- 
•  dans  de  Jacob  ,  puifque  le  fîèclef)rillant  de  fa 
Grèce  pour  la  poéfie ,  pour  Téloquence,  pour 
la  philofpphie  &  pour  tous  les  arts,  expiroit 
quand  le  plu*  illuftre  des  Macédoniens  fufr- 
;ugua  les  Perfes  &  foumît  TAfie.  Ifs  le  purent 
d'autant  moins  que  l'ouvrage  de  Moyfe  &  de 


(1425)  Voyer  Calmer,  &Sto  loco»  pag.  85. 
(1424)  Antiquités  Judaî<^es,  Kv»  ri ,  ehapi»^  Z% 
pag.  3S}  Sa  ftttvaatesi, 


j  ;o  Moyfcy  jconjidcré  comme  LégiJUwtf 
fes  fuccefleurs  ne  flit  même  connu  que  fous 
Ptolémée  Philadelphe  qui ,  le  premier,  or- 
donna de  le  traduire  dans  la  langue  d'Ho- 
mère, de  Sophocle  &  de  Platon  (142. ji).  On 
fait  qu'il  y  avoit  alors  beaucoup  de  Juifs  en 
Egypte ,  &  que  ce  prince  raflfembla  dans  une 
immenfè  bibliothèque  non-feulement  tout  ce 
qu'il  trouva  dans  fon  iroyaume ,  mais  encore 
beaucoup  de  livres  trouvés  à  Rhodes  &  à 
Athènes  (1426).  Il  acheta  auffi  à  grands  frais 
&  par  beaucoup  de  préfens  envoyés  à  Jérufa- 
lem ,  le  plaifir  de  faire  traduire  les  livres  fàcrés 
des  Ifraélites  (1427).  Josèphe  décrit  une  table 
d'or  &  deux  grands  vafes  du  même  métal  qui 
furent  parmi  ces  préfens  (1418).  Ptolémée  Phi- 
ladelphe accorda  de  plus  la  liberté  aux  Juifs 
qu'un  de  fes  prédéceflTeurs  avoit  tranfportés 
en  Egypte  {^^1-9)*  L'idée  de  cette  tradudion 

(1425)  Joséphe,  ibidem,  liv.  12  ,  chap  2,  p.  589 
&  fuivantes.  Philon,  Vie  de  Moyfe,  liv.  i  »  tom.  2» 
page  139- 

(1416)  Josèphe,  diao  loeo. 

(1427)  Josèphe,  ibidem,  pag.  391  &  fuivantes, 

(1428)  Ibidem ,  pag*  403  &'  404. 

-(1429)  Josèphe,  Antiquités  Judaïques,  livre' 12; 
chap.  2 ,  pag.  389  &  390.  Il  y  en  avoit  puis  de  cent 
mille,  ftlon  Josèphe ,  &  le  prince  paya ,  pour  chacun 


&  comme  MoraûJFe.  5 j^t 

fut  regardée ,  fuivant  Philon  (1430),  comme    cequeiiMf 
un»-  infpiration  de  la  divinité,  &  ceux  qui  y  pcnflSdcri- 
travaillèrent  comme  des  prophètes  animés  de^adul^^? 
refprit  de  Dieu.    Cet  écrivain  ajoute  qu'on-  ' 
célèbre  à  ce  fujet,  chaque  année  ,  une  fête 
folemnelle  dans  l'île  de  Pharos  où  ne  viennent 
pas  feulement  les  Ifraélites  mais  où  accourent 
en  foule  une  multitude  de  Grecs  tous  «gaie- 
ment emprefles  de  rendre  hom^mage  àl'EterneL 
pour  un  bienÊiit  que  foa  ancienneté  ne  rend 
pas  moins  précieux*  Selden ,.  Jofeph  Scaliger,, 
Ribéra  (143 1),  &  plufîeurs  autres,  y  voient 


d'fettx ,  cent-vingt  drachmes  à  ceux  dont  ils  étoient  led 
efclaves  ^  ce  qui  lui  occafionna  une  dépenfe  de  qua-^ 
tre  cents  foixante  talens.  Pag.  136a,  391  &  392. 

(1430)  Tome  i.y  vie  de  MoyfcjL  lîv.  2,  pag.  140; 
Juftin ,  G^hortatio  ad  Grsecos ,  pag;  14  ;.  Clément 
d^AIexandriéy  Stromata,  liv.  i,  pag;  342;  Iréhée,  ad- 
versiis  haerefes^livi  j:^,  chap^  2Çî,  pag;  292  &  29j>j^ 
font  du  même  avis. 

(143 1)  Selden,  de  JureNatura  &  Gentîum ,  lîv.  3>. 
chap,  3 ,  pag.  284.  Ribera,  detcmpto,  Kv.  f,  ch.  zi» 
Jbfeph  Scaliger ,  de  Emendatione  temporum  ,  lîv.  7> 
pag:  651.  Voyez  fur  cette  traduôiôn,  Lighfoot,  Bî- 
blioth.  univerf.  tom.  r,  pag.  370,  &  tom^  r,  p.  2.36'J 
S.  Auguftrn,  livre  2',  dfe  là.  doÔrine  chrétienne^ 
chap.  15  ,  §.  22  ,  tôm.  3 ,  part,  i,  pag.  28,  &  liv.  i^i 
de  làr  cité  dô-  Dieu-,  chap.  43-,  tom.  7,  pag.  525  &. 


y^i  MoyfcyC(mfidéréconane  Lq^Jlateuri, 
au  contraire  une  profanadon.  Ils  afiurent  que 
la  terre ,  pendant  trois  jours ,  fe  couvrit  de 
ténèbres,  &  qu'on  jeûne  encore  le  huitième  de 
Tébeth(i432)  pour  demander  pardon  à  Jéhova 
du  facrilège  commis  en  traduifant  les  livres 
facrés  dans  une  langue  étrangère.  Quoiqbe  ces 
deux  propofitions  paroiflent  contradictoires , 
on  peut  néanmoins  les  concilier.  D  fuffit  de  dif- 
tinguer  les  époques.  Les  Juifs ,  pendant  aflèz 
long-temps  ,  eurent  pour  la  traduâion  des 
Septante  la  même  vénération  que  {)our  le  texte. 
Ds  fuppofoient  qu'elle  fut  didée  d'une  ma- 
nière miraculeufe  &  que  les  interprètes  choifis 
myant  chacun  travaillé  féparément ,  avoient 
tous ,  par  un  prodige  que  rinfpiration  feule 
pouvoit  exphquer ,  employé  les  mêmes  phraies 
&  les  mêmes  mots  dans  le  même  ordre  (143  3)* 


5:16;  S.  Jérôme,  tom.  4  ,  part.  2,  Apologie  contre 
Rufin  ,  liv.  2,  pag.  411  &  fuivantes,  &  dans  la  Pré- 
£ice  des  Paralipomènes. 

(1432)  Décembre.  Genebrard  ,  dans  Ton  calendrier 
judaïque  ,  &  diaprés  lui,  Guldinus  in  reflitatione 
Elenchi  calendarii  gregoriaTii ,  liv.  ç ,  chap«  12  ,  fe 
font  trompés  en  le  plaçant  au  fécond  jour  de  ce  nioi& 

(1435)  Voyez  Irénée-,  diôo  loco  ,  pag.  2^3  ;  Eu- 
sèbe,  Hiftoire,  liv.  5 ,  chap.  &;  Juftin,  Cohortatîo 
ad  Grascos ,  pag.  14  ;  Tertullien  &  S.  Augufiia  » 
diâis  locis  &c.  &c.  &c 


&  Comme  Marali/t.  5  5  j 

Nous  rapporterions  le  changement  d'opinion  orîgîBepré- 
à  cet  égard  aux  diflenfions  élevées  entre  ravcrfioa 
Hircan  &  Ariftobule,  s'il  falloit  croire  toutp"u/"i« 
ce  qu'en  difent  les  rabbins  (1434).  Tous  deux^^j^^^"  ^* 
ëtoient  fils  du  roi  Alexandre  ^  &  tous  deux 
jaloux  de  pofleder  fon  trône.  Ariftobule  étoit 
dans  Jérufalem  &  Hircan  Taffiégeoit.  Les  Juife 
enfermés  avec  le  premier  dan^  cette  ville  cé- 
lèbre envoyoient  tous  les  jours  quelque  argent 
aux  agreffeurs  pour  qu'ils  leur  fourniflent 
deux  agneaux  que  le  facrifice  journalier  ren- 
doit  néceflaires  ,  quand  un  vieux  Ifraélite 
mêlé  aux  Grecs  &  aux  foldats  de  Pompée,  qui 
défeiïdoient  Hircan  ,  voulut  leur  perfuader 
qu'accorder  une  pareille  faveur ,  rc'étoit  em^ 
pêcher  que  les  affiégés  ne  fe  rendiflènt.  On  pro* 
fita  de  ce  confeil  3  &  le  lendemain ,  on  envoya 
un  porc  au  lieu  des  agneaux  demandés.  On  dit 
que  la  Judée  entière  &  les  terres  qui  l'avoir 
finent  en  frémirent  de  terreur.  L'Ifraélite  s'étoit 
fervi  de  la  langue  grecque  pour  donner  ce 
confeil  impie.  Dès  ce  moment ,  on  rendit  uji 
décret  (  1435  )  P^^^  défendre  d'inftruire  fes 


V    (1434)  Voyez  la  Mifna,  de  Uxore  adulterii  fuf- 
peôâ ,  tom.  3  ,  pag.  304. 

fi435)  Execrahilis  cJIq  qmfquîs  filïum  Juum  fapïentïam 
gracanicarâ  cdocet. 


j  j4      Moyfc  y  conjiderc  cpmme  Légijlateuf 

enfans  dans  la  langue  &:  les  connoiflances  des 
Grecs.  Malheureufement ,  au  fiège  près,  la 
aarration  eft  entièrement  fabuleufe.  Josèphe 
qui  raconte  Thiftoire  des  divifions  entre  Hyrcaa 
&  Ariftobule  &  du  fiège  formé  par  Pompé© 
proteâ^ur  d'Hyrcan,  ne  Je  contente  pas  de 
'  garder  un  profond  fileneeXur  la  fubftitution  du  ' 
porc  à  l'agneau  &  le  prétendu  tremblemenr 
déterre  ;  il  affure  que  le  facrifice  journalier  ne 
cefla  point  d'être  oflfert ,  pas  même  le  jour  que 
le  temple fiit  pris ,  en  la  ij9^  olympiade,  fous 
k  confular  d'Antoine  &  de  Cicéron  (143^). 
foo^içfie  La  narration  feroit  vraie  que  l'époque  de 
itt^ud^/lâ'  défenfe  n'en  feroit  pas  moins,  incertaine. 
Nous  croyons  plutôt  qu'il  faut  la  rapporter  au 
.  temps  de  la  guerre  contre  Titus  (  1457  )  î  & 
encore  voyoris-n6us  Josèphe  de  la  race  des 
facrificateuns  &  un  des  homaaes  les  plus  diA 
tingués  de  fa  nation ,  écrire  en  grec  k%  Anrih 
quités  Judaïques  qui  ne  furent  achevées  que 
k  troifième  année  du  règne  de  Dômitien.,. 


(1436)  Antiquités  Judaïques  ,  liv.  14  ,  c6ap#  S^J 
pag.  474. 

(  i437>  Voyez  h  Mifna^  Si&xy  loco ,  &  la  Gc-^ 
inare.4  de  Muneribus ,  chap.  9 ,  pag.  64  ;  de  Uxore 
adulterii  fufpeââ,  chap.  9,  pag.  49  >  &  de  DamniSj^ 
liv.  I,  chap.  7,  pag.  Sj- 


&  comme  Moralîjte.  j// 

Tân  93  de  Tère  chrétienne  (1458).  Les  Hé- 
breux ,  accablés  depuis  quelque  temps  de 
toutes  fortes  de  malheurs,  ^enoient  enfin  de 
iè  perfuader  qu'ils  les  dévoient  à  Tétude  d'une 
langue  étrangère,  &  ils  vouèrent  à  l'ana- 
thême  celui  qui  oferoit  inftruire  fon  fils  dans 
les  connoiflances  des  Grecs  (1439).  Ce  qui 
nous  femble  propver  qu'auparavant  la  défenfe 
n'exiftoit  pas ,  c'eft  que  les  Juife  produifirent 
dans  difierens  genres  plufieurs  hommes  aflez 
diftingués  ,  comme  Ariftobule  le  péripatéti- 
cien  (1440)  &  quelques  autres,  foit  poëtes ,  foît 
philofophes ,  dont  il  eft  parlé  danf  Martial , 
dans  Clément  d'Alexandrie ,  dans  Photius  & 

dans  Eusèbe  (1441).  Nous  voyons  d'ailleurs 

--  ■ 

(1438)  IlAious  rapprend  luî-même,  à  la  fin  de  cet 
ouvrage ,  pag.  703.  Josèphe  étoit  né  la  première 
année  du  règne  de  Calîgula,  fan  37  de  Jefus-ChrifL 
La  prife  de  Jèrufalem  par  Titus  eft  de  l'an  70.  A  l'âge 
queThiftorîen  avoit  alors,  il  pouvoir  déjà  pofféde» 
une  langue  qu'il  fe  vantoit  de  bien  favoir. 

(1439)  Mifna  &  Gemare,  diôîs  locîs. 

(1440)  Eusèbe,  Préparation  évangélique,  livre  7; 
chap.  14,  pag.  324  ;  liv.  8  ,  chapitre  10,  pag.  376  & 
fuivantes;  liv.  13,  chap.  12  ,  pag.  663  &  fuivantes. 
Clément  d'Alexandrie ,  Stromat.  liv.  i  ^  pag.  305  & 
342;  liv.  5,  pag.  595,  &  liv.  6,  pag.  626. 

(1441)  Clément  d'Alexandrie,  Stromata  3  liv.  i» 
P^g*  344*  Eusèbe,  diâo  loco  »  liv.  9,  (chapitre  28 > 


ff6      Moyfe ,  conjidéré  comme  higiJLcLteur 
trois  Evangëliftes  ëcrire  dans  la  langue  des 
Grecs,  &,Ies  Apôtres  inftruks  de  leur  philo- 


pages  436  &  fuivanres.  Martial ,  livre  n ,  épîgr.  94. 
Photlus,  cod.  ^3  de  fa  bibliothèque.  Noxis  ne  par- 
lons ici  que  des  écrivains  juifs  qui  édifièrent  avant 
€ia  vers  le  temps  du  décret  donné  après  la  conquête 
de  Jéruiàlem*  Il  y  a  en  aufli,' parmi  les  Juifs  pkrs 
Kodemes  »  des  écrivains  diftingués  dans  plus  .d'au 
ignxre  :  pour  la  théologie,  par  exemple ,  la  juriiprfr- 
dknce  &  la  critique  ;  Moyfe  ,  ffls  de  Mainoo ,  pins 
connu  fous  le  nom  de  Maimonide  ,  auteur  Sm 
abrégé  du  Talmud ,  intitulé  :  Jad  ha^aka  ou  main  fntt , 
de  ptufienrt  commentaires  fur  la  Mifna  &  de  More 
Nirodiim^  ouvrage  qui ,  ainfî  que  l'abrégé  du  Talmud  , 
fitt  accufé  de  philofophie  &  livré  aux  flammes  y  & 
pour  lequel  on  a  cependant  aujourd'hui  une  graade 
vénération;  Mikotiî,  Juif  efpagnol,  auteur  de  5i;pA<r 
Jdîtftvoth  Gadely  ou  h  Grand  livre  des  pil^teptesi  Abe- 
nezra  qui  vivolt  comme  Maiménide  dans  le  doo* 
aîême  fiècle  &  a  fait  ^  outre  un  commentaife  fur 
le  Pentateuque  ,  Jefiid  mora  ou  Us  Fondtmeju  de  U 
€nun^;  Jttda  Lévite  qui  vîvoit  auiS  dans  le  douzième 
fiècle  &  a  écrit  le  Sepher  Co^ri ,  un  des  ouvrages  que 
les  Juifs  eflîment  le  plus  ;  Lévi  ben  Gerfbm  quà  corn- 
po6i  encore  plufieurs  commentaires  &  le  livre  imî- 
talé  :  Sepher  Milhamot  Hafchem ,  le  livre  des  guerres 
dm  Seigneur  ;  Moyfe  Bar  Nahman  qui  commenta 
le  Pentateuque  fous  ce  titre  :  Hidufchè  H.attora  ,  moU' 
veJks  méditations  fur  la  Lot  ,  &  qui  ètoit  conteoi' 
porain  de  Maimonide  &  d'Abenezra  ,  ainfi  que  Salo- 
mon  Jarid  o\x  plutôt  Kaaki ,  Juif  firançois   i  qui 


&  comme  MoraR/te.  y  j  jr 

fophie  (  1441  ).  Le  nouveau  Teftament  cite 
plufîeurs  fois  leurs  poëtes,  Aratu*  eft  cité  dans 
les  Ades  des  Apôtres  (1443)  >  Epiniënide  dans 
faint  Paul  à  Titus  (1444)  *,  Ménandre  dans  k 
ptemièse  -Epître  aux  Corinthiens  (I44y).  Dan* 
la  fuite ,  nous  voyons  fans  doute  de«  Juifs  fana- 
tiques obferver  religieufement  cette  défeûlè. 
On  rapporte  fur-tout  la  réponfe  du  dodeur 
ïfmaël  à  qui  an  de  fes  neveux  dffoit  :  «  J*ai 
étudié  la  loi  avec  Ip  plus  grand  foin  &  dalas 
toute  fon  étendue  :  ne  pourrofis-je  à-pré(ent 
étudier  la  littérature  grecque  ^^ï  Nos  livrei 
facrés,  répondit  Toncle,  exigent  que  cehiioù 
la  loi  eft  renfermée  ne  s'éloigne  jfwnais  de  votre 
bouche ,  &  que  vous  le  méditiez  nuit  &  jour. 
Hl-il  une  heure  qui  n'appartienne  ni  au  pni^ 


nous  devons^  commentaire  fiir  la  Bible  &  fur  le 
Talmud&cj&a&c.  :.pour  la  logique,  le  rabbin  Si- 
méon  ;  Abea'  Tybbon ,  pour  la  ptïyiîque  :  pour  la 
.grammaire  ^  Jdfeph  Aben  Cafpi  &  Jéfus  Lévite 
auteur  de  Touvrage  qui  a  pour  titre  :  Halîcot  Olam  : 
|}Qtir  THiftoire ,  Abraham  Zftcuthi,  Benjamin  ben 
Jona,  Gedalîas  ben  Jechai ,  Azarias  &c.  &c.  &c« 
'::  (1441)  Voye»:?.  Pad*  ad.ÇpIo&nfcs ,  chap.  2, 
vcrfet  8. 

.,  (1443)  Chapitre  17 ,  v.  28. 
r.   (1444)  GJiaffitre  1,  v.  12. 
.^'('4*5)C^wpitreJ5,  V.33. 


5  ;  8      Moyfc ,  conjidéré  comme  Ugtjlatcur 
ni  à  la  nuit  ?  Vous  pouvez  l'y  confkcrer  (1446)»» 
On  voit  néanmoins  des  rabbins  célèbres ,  aflei 
omis  de  la  raifon  &  de  la  vérité  pour  ne  pas 
croire  outrager  Dieu  en  étudiant  la  littéra- 
ture des  Grecs  ^  leur  hiftoire  &:  leur  philofo- 
phie  (1447). 
Opinion  de      Ces  obfervations  pofées  &  ces  faits  établis, 
pî'/rcndu'^*  nous  pourrions  nous  difpenfer  de  rapporter  les 
^agiat  des  opinions  que  nous  avons  annoncées.  Faifons-le 
cependant,  mais  en  peu  de  mots.  Pour  prouver 
rimpoflîbilité  où  furent  les  Grecs  de  profiter 
des  connoiflances  des  Juifs ,  Philon  afliire  (1448) 
que  le  Pentateuque  fut  ignoré  des  premiers 


(1446)  Voyez ,  dans  le  tome  3  de  la  Mifna ,  de 
yxore  adulterii  fufpeââ,  les  détails  donnés  à  ce  fujet 
par  'Wagenfeilius.  Il  cire  une  réponfe  femblable  d*uo 
autre  rabbin  à  des  perfonnes  qui  lui  âîrofent  la  même 
queftion  ,  &  il  eâ  d'autant  plus  étonné  de  cette  aver- 
fion  pieufe ,  qu'un  profélyte  nommé.  Aquilas  ayant 
traduit  en  grec  les  livres  faims,  fa;  vtràduâion  fut  gé- 
néralement approuvée  &  on  prétendit^  pour  la  juf- 
iifîer ,  trouver  une  allufîon  bien  claire  dans  le  pfeaume 
(35 ,  verfet  3  )  où  il  eft  parlé  de  Japhetxfui  fut,  dit^^ 
la  fouche  des  Grecs.  >        *  '. 

<  •(1447)  Voyez  encore  Wagenfeilius  fur  rendrbit 
cité  de  la  Mifna.  / 

(1448)  Tome  2,  Vie  de  Môyft,  I|v.  a,  ^.  1.58. 
Cela  réfulte  aufC  afTez  clairement'  dO'JPe^bnd  chapitre 
de  Josèphe,  Antiquités  judaïque^,  imi-id^*  P%^  ^7* 


&  comme  Moralifie.  559 

pifqu*au  moment  où  on  le  traduifît  par  ordre 
de  Ptolémée  Philadelphe,  Il  défend  enfuite 
avec  chaleur  de  toute  accufation  de  plagiat , 
même  d'imitation ,  ce  philofophe  Platon  dont 
il  étudia  les  ouvrages  avec  tant  de  fruit  qu'on 
,  le  nommoit  communément  Philon  platonifé, 
ou  Platon  philonifé  (1449).  Selon  lui  (14^0)^ 
le  difciple  de  Socrate  fut  feulement  accufé 
d'avoir  pris  une  partie  de  fon  fyftême  dans 
Héfîode  5  &  certainement  on  ne  dira  pas  que 
ce  poëte  l'eût  pris  de  Moyfe. 

Ariftée  avoit  eu  la  même  opinion  (145:1),      opinion 
&  cependant  il  rappelle,  la  tradudion  àes^^^^ll^*^ 
livres  faints  qui  exiftoit  avant  Ptolémée  Phila-  ^«Josèphe 

^  lien. 

^  (1449)  Saint  Jérôme ,  Catalogue  des  auteurs  ecdé- 
fiaftiques,  tom.  4,  part.  2,  pag.  106.  Sur  cette  note 
&  (ur  les  fui  vantes,  voyez  Calmet  >  Bible  d'Avignon  « 
tom.  3 ,  pag.  92  &  fuivantes. 

i^  (1450)  De  Incomiptibilitate  mundi ,  p.  490  &  fuir; 
(1451)  Le  livre  d' Ariftée  eft  fufped  de  feuffeté, 
comme  l'ont  prouvé  plufieurs  écrivains  6;  entr'autres 
Prideaux,  Hiftoire  des  Juifs ,  part.  2 ,  liv.  i ,  tom.  3 , 
pag.  56  &  fuivantes  ;  le  doâeur  Hody ,  de  Bibliorum 
texiibus  originalibus ,  verfionibus  gnecis ,  &  latinâ 
Vulgatâ  ;  Simon,  Hiftoire  Critiqu^du  Vieux  Tefta- 
inent,  liv.  2,  ch.  2,  p.  186  6c  fui  v.;  mais  fon  opinion 
n'en  eft  pas  moins  certaine.  Elle  eft  atteftée  par  Philon, 
Josèphe,  Eusèbe,  S.  Qénjent  d'Alexandrie  &  d'autres 
écrivains  qui  certainement  ne  font  pas  apocryphes. 


yôo  Moyfe ,  confldéré  comme  Ugijlateur 
delphe.  Sa  piété  le  porte  à  penfer  ainfi,  H 
n'imagine  pas  que  Dieu  eût  laiffê  impunie 
Taudace  d'un  écrivain  qui  eût  ofé  fondre  des 
richefles  facrées  dans  un  ouvrage  profane ,  & 
rappelle  que ,  pour  l'avoir  tenté  ,  plufieurs 
avoient  été  punis  par  la  perte  du  bon  fens  & 
de  la  vue  (14J2,).  Origène  foutienc  qu'avant 
J.  C. ,  1«  nom  même  du  légiflateur  des  Hébreux 
n'étoit  pas  fortî  de  l'enceinte  de  la  Judée ,  & 
qu'il  n'eft  aucun  livre  des  Gentils ,  aucune  de 
leurs  hiftoires ,  dans  lefquels  on  en  fàflè  men- 
tion avant  cette  époque  (  14J5  ).  Josèphe  ne 
s'éloigne  pas  de  ce  fentiment  (1454).  Tertullien 
que  nous  avons  vu  plus  haut  s'exprimer  affir- 
■       -     "^^ — ^ — -_^ 

(1452)  Théodeâe,  poëte  tragique  ^  devint  aveugle, 
dit-il,  pour  avoir  inféré,  dans  un  de  ies  ouvrages, 
quelque  chofe  de  la  loi  de  Moyfe.  Théopompe 
ayant  voulu  en  inférer  une  partie  dans  fon  Hîfloîre^ 
devint  fou  fur -le -champ,  &  Dieu  lui  apparut  en 
fonge  pour  lui  annoncer  que  cette  folie  étoit  la  pu- 
nition de  l'audace  qui  l'avoit  porté  à  dévoiler  ce  qui 
doit  delnetirer  dans  une  obfcurité  religieufe.  Il  fe  re. 
penttt  &  fut  pardonné.  Ces  fables  font  auffi  dans  ks 
Antiquités  Judaïques  de  Josèphe ,  livre  12,  chap.  2, 

page  397. 

(1*453)  '"  Canttco  Camicorum  apudHieronimum, 
chap.  2  9  pag.  82. 

(1454)  Livre  i,  contre  Af^îon ,  pag.  1048 ,  1049  i 
&  lafo. 

mativemcnt, 


&  comme  Moralifle»  j6i 

jnativement  ,  convient  dans  fon  Traité  de' 
Tame  (145J),  que  quoique  les  phiiofophes 
payens  fe  foient  rencontrés  avec  Moyfe,  oa 
peut  d'autant  moins  en  conclure  qu'ils  aient 
connu  le'Pentateuque  &  les  livres  qui  Tont 
fuivi ,  qu'on  remarque  entre  eux  beaucoup 
plus  de  diverfité  que  de  reflemblance.  Lors 
même  qu'ils  femblent  fe  rapprocher  ,  ils 
font  encore  très-éloignés  les  uns  des  autres , 
(bit  par  l'application  des  principes ,  foit 
par  les  conféquences  qu'ils  en  tirent ,  foit 
par  les  fignifîcations  différentes  qu'ils  leur 
donnent ,  foit  en  les  confacrant  à  foutenir  & 
à  prouver  des  çhofes  fauifes  &c  abfurdes^ 

Saint  Auguftin  reconnoît  que  l'ancien  TeC-  opinion  dt 
tament  fut  ignoré  des  Grecs  dans  le  fiècle^*^"^* 
brillant  de  leurs  arts ,  de  leur  légiflation  &c  de 
leur  philofophie  (1456).  Il  aime  mieux  voir 
l'origine  de  leurs  préceptes  &  de  leurs  loix 
dans  les  écrits  des  fages  qui  les  précédèrent,  ou 
dans  les  coutumes  des  royaumes  que  ces  fages 
avoient  parcourus  (1457).  Platon  &  Euripide 

(1455)  ^^  Anima,  §.  2,  pag.  265. 

(1456)  S.  Auguftin, Sermo  141,  de  VerbisEvangclil 
Joanni»,  chap,  ï,  §.  i,  tom.  5  ,  part,  i,  pag.  68*  &> 
683  ;  &  dç  çivitate  Dei ,  liv.  8 ,  ch.  11  »  t.  7,  p.  200, 

(1457)  De  civitateDei,  1.8,  c.  u,  t.7,  p.  %99  &  JQQ. 

Nn 


j^i      Moyfc  j  conJûUré  comme  léffflatéur 
forent  difciples  de  Socrate  qui  voyagea  en 
Egypte ,  en  confulta  les  prêtres ,  s*inftruifit  à 
leur  école  \  &  avant  Socrate,  Anaxagore  avoit  j 
cnfeigné  les  mêmes  chofes  que  les  Egyptiens  fur 
la  création  de  Tunivers.  Il  eft  d'ailleurs ,  fur 
l'origine  &  les  premiers  événemens  du  monde, 
des  traditions  qui,  plus  oa  moins  altérées,  fe 
font  confervées  chez  tous  les  peuples  ;  & 
comme  Tobferve  faint  Auguftin  (  1458  ) ,  les 
Barbares  les  confervèrent  encore  mieux  que 
les  Grecs* 
49pîmonac     Quelques  traits  de  refîemblance  ne  fuffifent 
^'*^^^**    pas  pour  accufer  les  payens  d'avoir  été  pla- 
giaires de  l'Ecriture ,  (uivant  Laâance  (1459). 
Il   eft   tm  peu  furpris  que  les   philofophes 
Grecs ,  fi  jaloux  de  vifîter  la  Perfe ,  la  Baby- 
lonie  &  l'Egypte  ,  aient  négligé  la  Paleftine 
où  ils  cuflent  trouvé  tant  de  lumières.  La 
vérité  ,    dit -il,    étant   une  *dans    tous  les 
cœurs  &  fous  tous  les  climats  ,  il  n"eft  pas 
étonnant  que  tous  les  hommes  aient  apperçu 
quelques    lueurs  de  fon  flambeau  ,   &  les 
variations  des  Gentils,  les  erreurs   dont  ils 


(1458)  Voyez  Auguftin  ,  de  civitate  Dei,  lîv.  18, 
diap.  37  ,  tom.  7 ,  pag.  520 ,  &  toujours  Calmet , 
diâo  loco,  pag.  95  &  96. 

(ï459)  I>«  verâ  fapientiâ,  liv.  4,  §.  a,  p.  551. 


&  comme  Moratîjle.  j^j 

ont  infefté  leur  légiflation,  leurs  dogmes  & 
leur  morale,  n'exifteroient  pas  slls  avoientpuifé 
dans  une  fource  auffi  pure  que  les  livres  faints 
des  Hébreux  (  1460  ).  Il  y  auroit  plus  d'une 
réponfe  à  faire  à  cette  dermère  partie  de  fon 
opinion ,  mais  je  me  contente  de  la  rapporter 
ici ,  fans  me  permettre  de  l'apprécier. 

L'imitation  des  Juifs  par  les  Grecs  feroit     Aqueiio 
pourtant  démontrée  ,  s'il  étoit  vrai ,  comme  l^tn^ 
le  prétendent  Ariftée  &  Ariftobule,  que  l^^l^^ 
tradudion  faite  par  ceux-ci  de  l'ouvrage  de  ^*«"» 
Moyfe  &  de  fes  fuccefleurs  ,  fous  le  règne  de 
Ptolémée  Phiiadelphe    &  à  la  demande  de 
Démétrius  de  Phalère/avbit  été  précédée  par 
une  autre  qui   fut  antérieure  à  Alexandre , 
même  à  Cyrus  &  à  la  monarchie  des  Per- 
fes  (14^1)  :  mais ,  dit  Calmet  (1462,),  «s'il  y 
avoit  eu  une  verfîon  grecque  connue  des  phi- 
lofophes ,  pourquoi  Démétrius  exagère-t^il  fî 
fort  la  néceffité  &  la  difficulté  d'en  faire  une? 
Pourquoi  engager  le  roi  d'Egypte  à  des  frais 


(1460)  Laâance»  livre  7  ,  de  vitâ  beatâ,  §.7» 
pag.*669  &  670. 

(1461)  Voyez  Eusèbe  ,  Préparation  évangélique, 
liv.  I) ,  chap.  rz,  p.  664,  &  Qémont  d'Alexandrie  j 
Stromata ,  liv.  i ,  pag.  341  &  54a. 

(1462}  Diâo  loco,  page  98, 

Nn  2» 


^^4  ^^fir  confiiérc  comme  UgiJUteur 
immenfes  pour  procurer  une  autre  traduâion 
-de  ces  livres  ?  Car  à  ramafler  tout  ce  qu' Ariftée 
dit  qui  fut  dëpenfé  à  cette  occafion ,  cela  va 
à  plus  de  douze  cents  talens ,  ce  qui  fait  trois 
millions  deux  cents  vingt-cinq  mille  (ix  cents 
livres ,  à  prendre  le  talent  égyptien  fur  le  pied 
de  deux  mille  fîx  cents  quatre-vingt-huit  livres, 
ce  qui  étoit  pour  ce  temps -là  une  grande 
fomme,  même  pour  un  roi  d'Egypte.  De  plus, 
à  quoi  bon  cette  verCon  en  langue  grecque, 
avant  le  règne  de  Cyrus  &  des  Perfes  ï  Etoit  ce 
pour  les  Juifs  de  de4à  TEuphrate,  ou  pour 
ceux  d'Egypte  ?  Mais  ni  les  uns,  ni  les  autres 
n'entendoient  la  langue  grecque.  Cette  langue 
n*eft  devenue  familière  dans  ce  pays  que  depuis 
le  règne  d'Alexandre,  &  après  la  ruine  de  la 
monarchie  des  Perfes.  Etoit-ce  pour  Içs  Grecs 
fournis  à  Cyrus  dans  TAfie  mineure  !  Mais 
quelle  preuve  a-t-on  de  ce  fait  ?  Et  s'ils 
avoient  eu  ces  divins  écrits  en  leur  langue, 
dans  leur  pays,  pourquoi  aller  les  chercher 
dans  l'Egypte  ;  &:  pourquoi  la  loi  des  Juifs 
&  leur  hiftoire  leur  ont-elles  été  fi  inconnues, 
qu'ils  n'en  ont  fait  aucune  mention  dans  leurs 
ouvrages  »  \ 
VêseKààei  L'antiquité  cependant  paroit  avoir  regardé 
^^^Tu  1^  J^f«  conune  origiaaires  des  Cretois.  Tacite 


&  comme  HforaHJle^  jgf 

en  rapporte  la  tradition  (14^5),  &  d'âpres  ïur,  aw  let Ur 
Huet  la  ^ropofe  &  la  croit  appuyée  fur  des  ^  "^ 
probabilités  nombreufes  (1464).  La  liaifon  eft 
mieux  protrvée  «itre  les  Laeédémoniens  &  Ics^ 
Hébreux*  Leurs  loix  &  leurs  nfages  ne  font 
pas  fans  reflemblance.  Néanmoins ,  îa  plupart 
des  traits  par  lefquels  ces  deux  peuples  fe  ref- 
femblent  ne  leur  font  point  aflez  particufier^ 
pour  êtte  caraéïériftiques.  S'ils  n'exigeoient 
point  de  dot  dans  les  mariages  ,  s'ils  négM- 
geoient  le  commerce ,  slls  étoient  inviolable— 
ment  attachés  à  leurs  loix ,  s'ils  avoienr  des- 
ablutions  fréquentes  ,  s*ils  honoroient  îes^ 
vieillards,  s^ls  menoient  une  vie  frugale,  ces^ 
traits  leur  furent  communs  avec  trop  de  na- 
tions ,  pour  em  rien  conclure  en  leur  faveur^ 
Leurs  principes  fur  le  partage  des  terres  &  fur 
Fefclavage  ont  plus  de  conformité}  &,  malgré 
cela,  ils  étoient  encore  aflez  diflemblablesd'ani^ 
les  détails  &  dans  Texécution  pour  qu'on  n'è» 


(i46f)  ffiffoire,  Rvre  5 ,  §.  1,  tom.  j,  pag.  ^94^ 
VoyexConon,  Narrât  $6  &  47. 

(1464)  Huet,  Démonffrarion  évangéRquev propos 
fition4y  chapitre  8  ^  art.  9  ,  pag.  11  f>  &  AiîvanfeSr 
Ceff  aufli  ropînion  de  Piireda,  de  Rébus  Sar6monis, 
Ev,  2,  chapitre  4y%.6y&:de  MenocKîus,  de  Re*- 
pirbricâ  Hebraaosum  ^  Ilv.  t^  chap.  la^  g.  s ,  pag»  0t 
à.  Cf. 


j66  Moyfcjconjidérc  comme  U^Jlauur 
tire  aucune  conféquence  certaine  fur  Tancien- 
neté  de  leur  union  (  146  j  )•  Ils  furent  unis  pour- 
tant ;  ks  livres  faints  nous  l'apprennent  ;  mais 
ce  n*eft  point  avant  les  Machabées.  Les  Hé- 
breux ayant  alors  écrit  aux  Lacédémoniens, 
pour  en  folliciter  Tamitié  (1466),  ceux-ci  qui 
regardoient ,  dit -on  ,  Abraham  comme  leur 
père  commun  (1467),  envoyèrent  une  réponfe 
favorable.  Cette  réponfe  qui  fut  Touvrage  du 
roi  de  Sparte  Arius  &  adreflee  àOnias  chef  & 
pontife  fuprême  des  Ifraélites  eft  confignée  dans 
l'Ecriture  (1468). 

Arius ,  roi  des  Lacédémoniens ,  au  grand- 
prêtre  Onias ,  falut. 

(1465)  Comme  Tont  &it  Calmet  »  tome  12  de  la 
Bible  d'Avignon ,  diâertation  fur  la  parenté  des  Juifs 
&  des  Lacédémoniens,  pag.  520  ^  511  &  522,  & 
plusieurs  autres  dont  l'opinion  ne  me  paroit  pas  ad- 
iniffible. 

(1466)  La  Vulgate  annonce  que  les  Juifs  écrivirent 
les  premiers.  Selon  le  Grec ,  au  contraire  ,  les  Spar- 
tiates commencèrent. 

(14(57)  1  Machabées,  chap.  12,  v.  21.  Voyeà,  fur 
cette  defcendance  &,  en  général,  fur  TalHance  des 
deux  peuples,  Lyranus,  Serrarius,  Grotîus,  fur  ce 
ch.  12  ;  TornieL  Alinal.  années  du  monde  1931 ,  §.  ^5  ; 
&)868,§.  5. 

(1468)  I  Machabées  >  chap.  ti,  y.  20  &  fuivans. 
yeyez  Joséphc  ,  Antiquités  judaïques  ,  livre  12  , 


&  comme  Mûraliflé,  f&f 

«Nous  lifons  en  efifet  dans  un  ancien  écrit  qui 
concerne  les  Spartiates  &  les  Hébreux  que  ces 
deux  peuples  font  frères  &  de  la  race  d'Abra-^ 
ham.  loftrûits  de  cette  parenté,  nous  vous  re- 
mercions de  nous  avoir  appris  1  état  paifible 
dans  lequel  vous  vivez  ,  &  nous  nous  em/- 
preflbns  de  vous  dire  que  vous  pouvez  difpofer 
de  nos  poflëilîons  &  de  nos  troupeaux*  Tout 
ce  qui  nous- appartient  vous  appartient  auffi. 
Nous  ordonnons  qu'on  vous  l'annonce  de  notre 
part,  j» 

Les  écrivains  religieux,  tirent  cette  parenté 
d'Abraham ,  comme  nous  l'avons  dit  ;  mais 
les  uns  veulent  que  les  Lacédémoniens  doivent 
leur  origine  à  un  j51s  de  Cétura,  &  les  autres 
qu'ayant  Ifaac  pour  tige  commune  ^  tes  deux 


chap.  % ,  pag.  40S.  On  trouve  ,  dans  le  même  cha- 
pitre des  Machabées  ^  v,  5  5f  fuivans  »  une  lettre 
écrite  ,  quelques  annés  après ,  aux  Lacédémoniens 
par  le  pontife  Jonathas,  &  au  nom  de  tous  les  prêtres^ 
des  anciens  d'Ifraël  &  d^  peuple  entier^  dans  la  quelle- 
cette  amitié  eft  folemnellement  confirmée.  Voyer 
encore  Josèphe ^Antiquités  Judaïques, Jiv.  13 ,  chap.  9^ 
p3g.  441  &  442.  Le  traître  Jafon  y  ufurpateur  du  pon- 
tificat &  rebelFe  envers  Ton  roi,  ayant  inutilement 
cherché  un  afyle  en  Arabie  &  en  Egypte ,  ne  troirva 
de  reffource  contre  la  mort  que  de- fuir  à  Lacédéfr 
mooe  X  Machabées  j  chap.  ç^  v,  5  &  fuivans^ 


ÎSU-4- 


jyo  Meyft ,  eonfiieré  comme  Legijlateur  &c: 
qui  feraiem  pocir  les  Juifs  on  plus  grand  titré 
d'hoonewr ,  û  on  pouvoit  ajouter  foi  à!  des 
oracles*  Nous  allons  ks  rapporter,  &  c'dl 
par-là  que  nous  finirons  cet  ouvrage.  Dans 
VxLTi ,  après  avoir  expofé  combien  il  eft  difficile 
de  s'élever  jufqu'aux  Dieux  ,  il  attribue  aux 
Egyptiens  la  gloire  d'en  avoir  les  premiers 
approfondi  les  myftères ,  &  rend  enfuite  le 
témoignage  de  les  avoir  connus  aux  Phéni- 
ciens »  aux  Chaldéens,  aux  Lydiens  &:  aux 
Hébreux  : 

Primiioeuerentpotes 
'  NHuÊCo  unddtUts  potane  qui  gurpte  lymphas; 
-^ùtrima  qmn  étiam  ad  fupenu^via  copùtAftdu 
TAtthkif  Affyrio^  Lydoy  Heàra^qui  colonu. 

L'autre  orade  n'eft  pas  moiœ  favorable  ata 
Ifraélites:  / 

Ckaldmq,  Hehr^toque  unis  fapUmîa  eej^ 
Qui  câfio  mtermmvinerantùr  numcn  lionare^ 

VI  N. 


TABLE 


D  'E  s 

PRINCIPAUX  OUVRAGES  CITÉS, 

Avec  le  formait  tannée  &  le  lieu  de  l'imprejfion. 
A 

xV.  M  B  R  o  S 1 1  opéra ,  ftudio  &  labore  monacborum  fanai 

Bencdiâij  in-fol.  Pans,  i6Z6. 
Ariflotelis  opéra,  grxcè  &  kttinè,  b-fol.  Lyon»  i$90* 
Auguftini   Hipponeiûs   epifcopi    opéra ,    ex  ;  editione 

monacborum  ordinis  faidi  Benediâi,  in-foL  Paris  >  x^7P' 

B 

Bartenoras  (rabbîni  Obidiae)  commentarii  in  Mifnam» 
Voyez  ce  titre-  . 

fiartolocci  Bibliotheca  nbbinica,  in-fol.  Rome,  i^yy. 

Bafnage.  Hiftoire  des  Jiifs,  depuis  Jefus-Cbrid  jafqu'à 
préfent,  pour  fervir  de  catinuation  à  THifloire  de  Jo- 
sèphe,  in-ii.  La  Haye,  i-jié, 

Biblia  facra  polyglotta,  bmpkâentia  teztos  originales  ; 
bebraicum,  cbaidaicum  &  fxcums  Pentatenchum  fama- 
ritanum  &  verfiones  antiquà'f  cum  apparatu,  appendici- 
bus ,  tabulis ,  variis  leétionihs  &c.  Edidit  Brîanns  Val- 
tonus'^  îh-fol.  Londres ,  i6y,     ' 

Biblîa  facra  vulgatas  editiois,  Sixti  V  juffii  recognita 
atque  édita,  în-ïi.  Lyon  ,  i^o. 

Bible  (la  fainte)  en  latin  &en  françois,  avec  des  notes 
littéraires^  critiques  &  biftoriqes,  des  préfaces  &  des  dif- 
fertations  tirées  du  commentii'e  de  Calmet ,  de  Tabbé 


^%  TABLÉ. 

Je  Vcnee  tct.  tic,  ,  Ctconât  édition  iû*4«  à  Ayignoa  ; 

J'ai  auflt  eonfulté  d'amres  Bibles  &  les  différent  ifttcN 
]^es  ou  tofnroeneateurs  »  (bic  }aifs  »  foit  chrétiens  f  n(v 
Umment  Abarbenely  Abene&rV'Abbfenfis  ,  Bêchai,  £lie« 
ter  »  Eogubinns ,  Fagius  j  Houbigaoc ,  Kimchi ,  Lévi  bcn 
CetCom,  Lormos,  Maldonacus  »  JMofes  Bar  Machmao, 
FagninuSf  Serrarius  &  quelques  autres  qui  feront  dcés 
d-apris. 

Bocbarei  (Samuelis)  opefa  omnia^  tenta  editîo  ^  ciui$ 
Yoannis  teufdcn  8c  Perri  de  yiUeiit«ni7»lîn^foI.  Leyde«  t6$u 

BonfreriiClacobi)  commetitafii  in  fo(ue ,  indices  Sl  Rucb, 
cém  onômàftico  fanâae  Scriptotaf ,  ii'^fb!.  Paris ,  r&$t, 

Buxtôrfii  patris  ^ynagogtla  Judacsi ,  de  Tùdxoràm  fide  , 
ritibus»  creremoniis^  tant  poblicvSc  dctis  quàmprmm» 
in  dooiefticâ  vivendi  ratione  ^teriâ  edictone ,  de  uoto  tcC* 
taurati  &C.  à  Joanne  Buxtorâot  ilio  ;  quartâ  hic  à  Joanne 
Jacobo  Buxtorfîo  nepate ,  in-ir  Bâle  «.  i^go. 

Btiktorfîî  fiiîi  Iciîcon  hebraium  8c  chaldatcom»  în-ffr 

c    .  -^        ..,'.- 

Catmet.  Voyez  la  Bible  Mvîgnon* 

Cappellî  Cl'OdoWci)  Crîtic«'^ac|:a>  in-fol.  Parisi,  léfô* 

t^hrottologia major  Hebnecnaiy.qiias  SederOIam  Rabbt 
infirribicor  »  latini ,  ei  xaterBe^a^one-  (Galbcrti  Genebrardi  f 
in-lV  P«ri*>  1/7** 

démentis  Alexandrînî  çcra,  graecé  8c  latiijc  ,..qpf 
extanr.  Receofutc  Heii>fius  »&  diveriâs  Icdiones  ^  cmenda* 
tionejfqae  coHezit  Friderios  Sjlbur^uis  »,  k  -  fol.  Paris, 
k64i. 

Côccdiis  (ûr.la  Mirna./oye£  ce  titre.  , 

Colbo  oa  Kolbo,  (eaomnia  ia  eo»  uv&V.VeAi&y 
«i7»* 


TABLE.  y73 

Comelii  à  lapide  commcntarii  in  Pentaceachum ,  idfoL 
Paris,  i6i6» 

Cofiî,  (ïvc  difputatio  de  wligionc,  prxfcrtiin  judaicâ, 
autore  rabbi  Ifaac  Sangari  ,  defcriptorc  rabbi  Juda  leviâ 
qui  librum  arabicè  compofuic ,  in  iinguam  hebraicam  cz 
arabica  converfus  à  rabbino  Juda  ben  Tybbon^  ia-4* 
Veoife  -y   traduit  en  latin  par  Buxtorf  le  fils. 

Cansei  (Pétri)  de  Republicâ  Hebraeorum  «  libri  crcs» 
în-ii.  Lcydc,  1617. 

Cyrilli  Âlexandriae  arcbiepifcopi  opéra ,  gixcè  &  latine, 
ex  édition^  Joannis  Auberti,  in-foL  Paris  ^  1^3  g. 

D 

Diodori  Si<m!i  Bibliothecae  Hiftoricac  libri  qui  fuperfunt , 
graccè  &  latine  ;  'ad  fidcm  MA*,  recenfiti  à  Pctro  VciTc- 
lingio,  &c.  in-fol.  Amftcrdam,  174^. 

Dionis  CafTii  Hiftorise  Romanac«  quas  fuperfunt,  graecé 
êc  latine,  com  notis  Reimari,  în-fbl.  Hambourg,  lyyo. 

Drufii  (Joannis)  Commentarius  in  loca  difficiliora  Peu* 
uteuchi,  in-4.  Franâer,  1^17. 

Ejufdcm  Annotaûones  in  novum  teftameotnnu  Ibidem , 
1(^11^  înr4», 

E 

Epiphanii  opéra,  grxci  &  latine,  ex  editione  Dionyfii 
Petavii ,  in-fol.  Paris ,  i6it. . 

Eufebii  Pamphili ,  Oefares  Pala^ftins  Epifcopi  ,^Praepa» 
ratio  Evangclica ,  graecè  &  latine.  Latini  yertit  &  notis 
îlluftravit  Yigerus.  in-fol.  Paris,  i6z9. 

G 

Galarini  (Pétri)  libri  duodecim ,  de  Arcanis  eatholicaf 
veritatii,  in-fol.  Francfort,  i^ti. 
Gcmare  dç  Sabylone ,  in-fol.  Amfterdam«  17x4  It  fuir. 


y74  TABLE. 

Gcmarcîdc  Jérufalcm,  îa-fol.  Cracovic,  1^09. 
Grocii  (Hugonis)  Commenurii  in  facram  Scripturam; 
in-fol.  Aniftcrdam,  1679- 
Guifios  fur  la  Mi£ha.  Voyez  ce  dtre. 

H 

Hicronymi  Stridonenfis  presbyteti  dWina  Bibliotheca* 
în-fol.  Paris.  169^. 

Houtingius  fiir  la  Mifna.  Voyez  ce  titre. 

Huetiî  (Pctrî  Danielis)  Abrinccnfis  epîTcopi^  DemonC- 
tratio  EvaDgelica,  in-fol.  Paris  i^j^o. 


Janfenii  (Comelii)  Commentarius  in  quinque  libres 
Moyfis,  in-4.  Paris,  1^73. 

Jarchi  (rabbi  Salomonis)  in  Bibliam  facram  rommen« 
carii  ,  dans  iine  édition  qu'il  a  donnée  lui-même  de  la 
Bible. 

Joannis  Chryfoftomi  opéra  omnia  ,  gràecè  6c  latine ,  ex 
cditione  Bernardi  de  Montfaucon ,  in-fol.  Pads ,  1718  de 
fuivantes. 

Joma ,  Codez  talmudicus  in  quo  agimr  de  facrifîciis 
cxteriCque  minifteriis  diei  expiationis;  lacinè  »  ex  verfîone 
8c  cum  commentariis  Rob.  SKeringamii ,  in-4.  Londres  « 
1^4$. 

Jofephi  (  Flavii  )  Hierofolymitani  faccrdotis  opéra  qux 
cxtant  omnia,  graecè  Se  latine,  in-fol.  Genève,  i^ii. 

Irenaci ,  Logdunenfis  epifcopi  Se  martyris  ,  adversus  Va« 
lentiDi  Se  flmilium  Gnofticonim  haerefes  libri  quinqae9 
cum  fcboliis  Se  annotationibus ,  in-fol.  Paris ,  1^75. 

Ifidori  Hifpalenfis  Enarraciones  in  vêtus  ccftamentum, 
in-8.  Cologne,  1539. 


TABLE.  ^75 

7altinî  Miftoriaram  ex  Trogo  Pompeio,  libri  xlit» 
in-ii»  Paris,  1770. 

Juftini  philofoplii  8c  martyiis  opéra  »  gnecâ  &  latîné, 
tn-fol.  Paris  9  16 j€. 


LaâantîiFirmîaniCLadi  Coelii)  opéra  quas  extantcum 
ièieâis  variorum  commentariis ,  operâ  &  ftudio  Seryadi 
Gallasi ,  in-8.  Leyde  ,  1660. 

Leidekkerii  (  Melchioris  )  de  Republîcâ  Hebraconim 
fibri  duodccim  ,  quibus  de  facerrimà  gentis  origine  Bc 
ftatu  ia  Egypto  «  de  miraculis  divine  providencix  in  rci« 
publics  cooftitutione  &c.  Sec.  difTcritur,  in-fbl.  Amfter^ 
dam,  1704. 

Lempereur  (Conftantin),  De  legibus  Hebraeoiram  fo- 
fcnfibuSj  liber  fingularis  ex  Hebraeorum  pandedis  yerfus 
&  commentariis  illoftratas.  10-4.  Leyde,  Jé^y. 

Léon  de  Modène.  Hiftoria  de  gii  rici  Hebraicî ,  dove 
fi  ha  brève  e  total  relatione  di  tutta  la  vita ,  Coftumi  » 
riti  &  ofTervanze  degl'Hebrei  di  quefti  tempi ,  in-ii. 
Paris ,  1^57. 

Lettres  de  quelques  Juifs  Portugais  8c  Allemands ,  avec 
des  réflexions  critiques ,  &c.  par  M.  l'Abbé  Guénée ,  fe-* 
conde  édirion.  in-ii.  Paris,  17^9. 

Luciani  opéra  oronia  ,  grsecd  8c  ladnd ,  cum  notis 
Joannis  Bourdelctii ,  Theodori  iS^rcilil,  8c  Gilb.  Cognati^ 
in-fol.  Paris,  161  s» 

M 

Maimonidis  (R.  Mofis)  More  Nevochim ,  feu  Doâot 
perplexorum ,  ex  editione  Joannis  Buxtorfii  filii ,  in-4. 
Baie ,  1619. 

Eiufdem  liber  de  idololatriâ ,  liebraicé  &  latine,  ex  in« 
tert>retatione  8c  cam  notis  Dionyfil  YqiSi ,  lxi-4«  Amftcr« 
4am»  i^4x. 


57^  TABLE. 

Ejafdem  crsiâatiis  de  Jejunio,  de  Solemmtâte  expiation 
nam  fie  de  folemnitace  Pafchatis  }  lacinè ,  ex  verfione 
ludovici  de  Compîegiie  de  Veil,  in-ix.  Paris  ,  1667. 

Ejufdem  Hcbraeorum  Jus  civile  &  pondfîcium  de  coa« 
nabiiSy  feu  traûatus  de  re  Uxoriâ  ;  latine,  ex  interpréta* 
donc  Ludovici  de  Compicgrie,  in-8.  Paris,  1^75. 

Ejufdem  liber  de  Jure  pauperis  8c  pcrcgrini  apad  Ju« 
dffos ,  hcbraicè  &  latine ,  ex  editione  Se  cum  notb  Hom- 
fredi  Prideaux.  in-4.  Oxford,  1^7^. 

Ejufdcn^  libri   de  Cuitu  divine,  latine»   ex  interpréta- 
done  &  cum  notis  Ludovici  de  Compic^e  de  Veil^ ,  in-4. 
Paris,  1^78. 
Ejufdem  in  Mifnam  Commentarîi.  Voyez  ce  ritre. 
Mémoires  de  TAcadémie  royale  des  Infcriptions  &  Belles- 
Lettres  ,  in-4.  Paris V  175^  &  fuivantes. 

Menaffeh bea Ifraël  ProblcmatadcCrcatiQnc,  libri trcsi 
latine,  in-8,  Amfterdam  ,16^6. 

Ejufdem  thefouro  dos  dinim  ,  ultima  parte  naqoat  fe 
cotem  todos  es  preceitos^ritos  e  cerimonias,  iii-8.  Am* 
fterdam,  5407. 

Menochii  (Joannis  Stephani)de  Republicâ  HébrseoruŒi 
libri  o<^o ,  in-fol.  Paris ,  1648* 

Mikotû  (R.  Mofes)  Sepher  Mitfevoch  Gadol,  ou  le 
grand  livre  des  Préceptes,  in^fol.  Venifc  j  1547, 

Mifchna  >  five  tonus  Hebrxorum  Juris ,  rituiun ,  and- 
quitatum ,  ac  legum  oralium  fyftema,  cum  dariflîmorum 
rabbinorum  Maimonidis  8c  Bartenora?  commentariis  ince* 
gris  i  quibus  accedunt  variorum  autorum  notas  ac  verfio- 
nés  in  eos  quos  ediderunt  codices;  ladnitate  dpnavit  ac 
nods  iiluftravitGuiilelmQsSurenliufius»  in-fol.  Amfterdam» 
169Z  8c  fuivantes.  j 

Origeniscommentari\in  facras  Scripmras ,  grsecé  6c  latine, 
ex  edidone  Pétri  Danielts4iaetii ,  in^foL  RJbeims»  i^^8. 

P 


TABLE.  J77 


PhiloDÎs  Jodan  opéra  qax  rcperiri  pocuerunt  omniâ« 
Textum ,  injcerprccacioneinqae  emendavit  ^  nocifque  &  oh* 
fervatiooibus  illuftravit  Thomas  Mangey  »  in-fol.  Londres  » 
1741. 

Pineda  (Joahnes),  Salomon  przvius  ,  £ve  libri  oâp  de 
rébus  Salomonis  ,  in-fol.  Lyon,  160^. 

Fliaii  fecuncl  nacuralis  Hiftoria ,  cum  commencariis  8c 
adnocacionibus  J^ermolai  Barbari ,  Pintiani ,  Gelenii ,  Da- 
lechampii ,  Scalseri  «  Salmafîi  »  Gronovii ,  if.  Voflii  &  va« 
rîorum,  in-8.  Léydc,  i66i, 

Ptideaux.  Hifcbire  des  Juifs  &  des  peuples  voifins^  de« 
puis  la  décadence  ^es  royaumes  d'Ifraël  &  de  Juda  jufqu'à 
la  m«rc  de  Jefus^dhrift,  in-ii.  Âmfterdam,  1711.  , 


Kibera( rrancifcus).  De  cempio,  &de lis  quae  ad templusot 
pertinent  libri  quinqUe.  in-ii.  Auvets,  i^oi. 
Ruperti  opéra  omnia,  in>fol.  Paris  >  x^j8. 


Sanchei,  de  Matrimônio»  în-fbl.  Lyon,  1^37. 

Scaligcrî  (Jofcphi,  Julii  C«faris  filii)  opus  de  cmcn- 
datione  temporum,  in-fol.  Genève,  161^4 

Ejurdem  Elenchus  Trihaercfii  Nlcelai  Scrrariî,  in*8« 
Frauder,  i<Jôjf. 

Schickardi  (Wilhelmi)  Jus  Regium  Hebr^onim  é  tc- 
nebris  rabbinicis  crutum  &  luci  donatum ,  in-4.  Strasbourg, 

Seldeni  (Joannis)  de  Succcfljonibiis  ad  Legcs  Hcbr«a«, 
rum  in  bona  dcfunilorum  liber  fîngùhiris  5  in  ponriffca* 
mm,  libri  duo,  in-i^.  Lcydc  ,  i^^jS. 

Oo 


j7»  TABLE.' 

Scldeni  (  Joannis  )  Uxor  hebraîca  »  feu  de  Nuptiis  & 
Divortiis  ex  jure  civili ,  id  eft  diviiio  &  talmudîco  ,  vctc- 
lutn  HebrxoriUD  libri  crcs ,  in-4.  Londres  «  16^6. 

JLjaCdctn  »  de  Jure  Naturali  &  Gentkm  juxtà?  difci- 
plioam  Hebrasorum,  libri  fepcem ,  in-4.  Strasbourg  ,  166  j, 

Ejufdcm ,  de  Synedriis  Se  Prsfcâuris  Juridicis  yetermn 
Hebr^orum ,  libri  très  y  in«4.  Amfterdam ,  1^79. 

Shcringamius  in  Mifnana.  Voyez  fcc  titre. 

Sigonii  (  Caroli  )  de  antique  Jure  Civium  Rômano- 
rum,  &c.  &c.  quibus  adjedi  nunc  func  ejufdem  de  Rc- 
publica  Hebrxorum  libri  fcptem  &c.   in-foL  Francfort , 

Simon.  Hiftoire  critique  du  vieux  Teftamcnt,  nouvelle 
édition  augmentée  d'une  apolÀgie  générale  &  de  plu£curs 
remarques  critiques ,  in*4.  Rotterdam,  i^S/. 

Spcnceri  (Joannis)  de  Lcgibus  Hcbracorum  rîtualibus 
^  Se  earum  rationibus ,  libri  très ,  in-fol.  Cantorbery,  16S5. 
'  Strabonis  Rerum  Geographicarum  libri  xvii ,  graec6& 
fctinc,  cum  nôtis  Guillclmi  Xylandri,  Ifaaci  Cafauboni 
&  aliorum  &c.  &c.  in-fol.  Amfterdàm,  1707. 

Suetonius  Tranquillus ,  ex  recenfione  Joannis  Georgii 
Grasvii,  cum  ejufdem  animadverfionibus ,  ut  &  commen- 
tario  integro  Laevini  Torrentii ,  Ifaaci  Cafauboni  &c.  &c. 
cditio  tcrtia,  in-4.  Utrecht^  1703  • 

Suidae  Lexicon ,  grarcè  &   latine,  ex  vcrfîone  .fimilii 
Porti,   recognitâ   &   notis  perpctuis  illuftratâ,   ftudio  & 
labore  Ludoîphi  Kaftcri,  in-fol.  Cantorbery  ,  1705. 
'  Surcnhufii  (  Guillclmi  )  in  Mifnam  commentarii.  Voyez 
la  Mifna. 

T 

Tacîti  (C,  Cornelii ) opéra ,  cum  notis,  emendationibus, 
diflertsftionibus  &  fupplementis  Gabrielis  Broticr,  in-4. 
P^ris,  1771.         • 

Tertulliani  (  Quinti  Scpûmii  Florencis  )  opéra  ^  ad  ye- 


TABLE.  j7-^ 

tuftiftimorum  ezemplarium  fidem  emendâta ,  dilîgenciâ 
Nicolai  Rigaltii,  cum  ejurdçm  annocationibus  iotegris  Se 
varîorum  commcnrariis ,  in- fol.  Paris  ,1^75. 

Thcodoreti  epifcopi  Cyri  opcra'ohinia ,  graecc  &  latine, 
ex  editione  Jacobi  Sirmondi ,  in- fol.  Paris,  1^41. 

Tlieophylaéli  Commcntarii  in  Evangelia ,  grxcè  &  la- 
tine ^  cum  nocis  Se  variis  leâionibuis»  in-foL  Paris,  1^31. 

y 

Villalpandi  <  Joannis-Baptiftae  ).  ExplanationcsînEzcchiç- 
lem ,  in-fol.  Rome,  155^^. 

Ulmaiini  (  Joannis  )  Trgdatus  Taliuudici  fcx  ,  id  cft  , 
de  Sacrifîciis,  de  Bcncdidionibus ,  de  Votis ,  de  Nazirseis, 
de  Juramentis  ;  de  Ezcifionibas ,  latinirate  donati ,  in-4. 
Strasbourg,  166^. 

Yoifîn  (  Jofeph  ).  De  Ltgt  divinâ  ,  feçundika  ftatum 
pmnium  tempprum,  &c.  in-xt,  Paris,  1650. 

Voyage  de  la  Terre- Sainte ,  p^  Poubdan,  ip-4.  Paris^ 


Ooz 


TABLE 

DES    CHAPITRES, 
DES    ARTICLES 

ET      DES      SOMMAIRE    S<r 

ChAPITHE  premier.  Page  i 

Etat  du  monde  à  la  naiflànce  de  Moyfc.  ibid. 
Ce  qu'étoient  alors  les  Hébreux.  i 

Dangers  qu'il  court  dès  fa  naiflànce.  Comment  il 

y  échappe.  .  ibid. 

Origine  de  Moyfe.  Erreurs  fur  ceHe  des  Juifs.  4 
Erreurs  au  fujet  de  Moyfe.  7 

Opinion  bizarre  de  M.  Huet.  10 

Moyfe  xléfènfeur  des  Ifraélites  dans  la  terre  de 

Geflcn.  12 

Il  effaie  en  vain  d'adouci^  Te  roi  d'Egypte.  ij 

Ce  que  les  Hébreux  étoient  avant  lui.  14 

Dieu  fe  révèle  i  Moyfe.  ibid. 

Préceptes  qu'il  lui  donne.  15 

Du  Pentatcuque.  16 

Moyfe  à  la  fois  juge  &  prophète.  18 

Il  fe  donne  un  fuccelTeur.  Partage  de  la   terre 

promife-  ibid. 

Derniers  difcours  de  Moyfe.  Sa  mort.  19 

De  fa  fépulture.  2.1 


TABLE, 


j8r 


CHAPITRE  IL  De  tadinmïfimthn  civile  5- 
poliûqm  des  Hébrmx  Jous  Moyji  &  depuis  fcc 
mort*  2j 

Le  premier  gouvernement  des  Hébreux  fut  théo 

cratiquc-  ibiii 

Juges  érablîs  dans  cHaquc  ville,  t  f 

On  ne  coiiiioiiroit  pas  les  tr^bunaur  d'atttibw- 

dam.  27 

Adminiiïtation    publique   fous  les  Juges.  Leur 

pouvoir  Se  leurs  fondions*  ibid^ 

Les  chefe  da  tiibus  ayoicnt  part  à  radnniiiftra* 

tion-  publique.,  ji? 

Officiers  principaux,  de  k  coor  its  rois;.  5  j 

Défordre  dans  le  gouivetnement.,  34 

Gouvernement  de  Jéroboam  &  de  fes   fuccef- 

fcurs.  3  f 

Des  impotfr  mU  fur  les  Hébreux.  37 

Sacrifices  infâmes.  3S- 

Tribunaux  établis  par  Jofapliar..  39 

Influence  des  prcnes^  dans  radminiftratioti  pu— 

blique*  ibid. 

Loi  de  Joas  fur  les  réparations  dlj  temple,  40 
De  la  Judée  fous  ce  roi  &  fous  fes  fijcceC- 

feurs,.  4ir 

On  retrouve  le  Bvrc  de  Ta  Im,  43 

Gouvernemetîi  des  Juifs  lorsqu'ils  furent  tribu* 

taires  Jcs  rois  dïgypte*  44^ 

Les  rois  juifs  tributaires  de  Babj'Ionei.  45. 

.005 


j82  TABLE. 

Variations    ôc  incertitudes  dans  le    gouverne-^ 

ment.  47 

Arifto^ratie  facerdotale.  49 

Rois  afmonéens.  50 

Notivdies  révolutions.  52 

CHAPITRE  III.  Loïx  rdigUufis.  55 

Divifion  du  troifième  chapitre.  .  ibicL 

Article  I.  Des  loix  juives  relatives  à  tido- 
latrie.  ibid. 

Abandon  fréquent  des  Juifs  à  Pidolactie*     ibicL 
Vains  efforts  pour  les  en  empêcher.  58 

Obftacles  mis  à  Tidolatrie  par  Moyfe  6c  Tes  dif- 
ciples.  ^j 

ï^ouvelles  défen£es  faites  aux  Juifi  relativement 
à  Tidolatrie.  ^4 

Haine  infpirée  pour  les  étrangers.  68 

Circoncifion.  70 

Nouveaux  efforts  pour  profcrirc  Tidolattie,       74 
Du  culte  prétendu  des  Jiiifs  pour  le  porc  ,  I  ane, 
le  ciel  matériel,  Saturne  Ôc  Bacchus.         76 
A  ft:  T.    II.  Des  prêtres  j    des  lévites  ^    de  leur 
confécration  ,  de  leurs  devoirs  &  de  leurs  privi- 
lèges» '  S6 

fartage  du  mâniftcre  des  autels*  îbid. 

Cbmment  fut  réglé  Iprdre  du  fervice.  87 

A  quel  âge  commençoient  &  finiflbient  leurs 
fondions.  8  S 

De  la  confécration  des  prêtres  &  des  lévites.  Sy 


TABLE.  5^j 

De  la  confécràtion  du  grand-prctrc.  92 

Défauts  qui  excluoient  du  facerdoce^  9^ 

Pureté  exigée  des  prêtres.  9| 

Prérogatives  attachées  aur  facerdbce.-  98 

Part  du  butin  accordée  aux  prêtres  de  aux  géné- 
raux» 95^ 
De  quelques  droits  des  prêtres-  ici 
Nouvelles  prérogatives  du  facerdocc.-  101 
Prières  publiques  &  particulières..  103 
Privilèges  accordes  aux  lévites.  106 
De  leurs  différentes  fondions-r  1.07 
Des  dîmes  &  des  prémices.-  ii-l 
Objets  fur  lefquels  on  exigeoit  les  prémices^  1 1  j 
Cas  où  on  les  devoir  doubles.  1 14 
Des  pcrfonnes  indignes  de  les  oflfîrir.  117 
Quelques  autres  loix  fur  les  prémices.  118 
Objets  qui  devoienr  la  dîme.  Comment  on  s'en 
rachetoit.  ibid. 
De  quelques  autres  loix  fur  la  dîme.           iii 

Art.  III.  Loix  fur  Us  fêus^  i.iz 

Des  rrois  fêtes  principales  des  Hébreux.  ibid.- 

Célébration  des  fêtes  de  la  Pâqire  ,  de  la  Pente- 
cote  &  des  tabernacles.  iij 
Point  d'occupations   ferviles   pendant  les  fëres. 
On  les  célébroit  d*un  foir  à  l'autre.  ix6 
Célébration  de  la  fête  d«  trompettes  &  de  celle 
des  expiations^           ^                                 12  J 
De  ceux  qus  érotent  difpenfês  de  li»  célébration 

de&  crois  fêtes  principales».  i  jo 

O04 


584  TABLE. 

Défcnfc  de  paroître  les  mains  vuides.  i  j  î 

Ni  mariages  »   ni  jugemens  pendant  les   fêtes  ^ 

mais  quelques  ades  civils  dans  les  jours  inter* 

médiaires.  i}i 

Art.  IV.  Loi»  fur  les  facrifices.  13e 

Ancienneté  des  offrandes  &  des  facrîfices  parmi 
les  Juifs.  ibid. 

Jchova  exigea- t-il  qu'on  lui  en  offrît  >  i  }8 

Les  Juifs  eurent-ils  des  facrifices  humains  ?  i } 9 
Grand  nombre  de  facrifices  établis  par  Moy  fc.  1 44 
Du  facrifice  de  tous  les  jours.  ibid. 

Du  facrifice  hebdomadaire  &  de  celui  des  néomc- 
nîes.  14/ 

Sacrifice  du  commencement  des  (kcs.  146 

De  quelques  autres  facrifices.  ibid. 

Divers  objets  des  facrifices.  148 

De  rholocaufte.  ibid. 

Du  facrifice  d'expiation.  ijo 

Quelles  furent  les  victimes  expiatoires?  1J3 

Plufieurs  cas  dans  lefqùels  on  doit  les  offrir.  155 
Cérémonies  prefcrites  à  ce  fujet.  ij6 

Du  facrifice  pacifique.  Son  objet.  157 

Défenfe  de  fc  nourrir  de  la  graifTe  Se  du  fang 
des  animaux.  15S 

Comment  fe  partage  Toblation.  ifo 

Le  levain  &  le  miel  éfctroient-îls  dans  les  facri- 
fices? '•  léi 
Par  qui  dévoient  être  fournies  les  chofès  néccf- 
faires  au  facrifice  >                                      1 6  x 


TABLE.  ySy 

A  R  T.  V.  Loix  fur  les  impuretés  ^  les  vœiix  &e.  i  (34 
Pureté  recommandée  aux  facrificateurs.  Leur  habit 

dans  le  temple.  ibid. 

Pureté  exigée  des  vidlimes.  1 66 

Pureté  exigée  des  aflîftans  aux  facrifices.  167 
Des  différentes  impuretés. ^  Comment  on  les  con- 

tradoir.  170 

Des  animaux  impurs.  17} 

Toucher  un  cadavre  ou  Teau  expiatoire.  Défaut 

de  circoncifion.  Guerre.  175 

De  quelques  ablutions  ordonnées.  177 

Des  vœux.  Coipment  on  s'en  déchargeoii.  178 
Du  vœu  appelle  Cherem.  181 

Combien  l'exécution  d'un  vœu  étoît  facrée.  18 j 
Vœux  des  filles  >  des  époufes  Se  des  fiancées.  184 
Vœux  de  prohibition.  Des  Naziréens.'  18  j 

Des  obligations  que  contradoicnt  les  Naziréens. 

187 

De  leur  confécration.   .  i88 

CHAPITRE    IV.   Io/a:  civi/(r^.  190 

A  R  t.  I.  Loix  relatives  aux  perfonnes.  ibid, 

Loix  fur  les  pères  &  les  enfans.    .  ibid. 

Les  pères  eurent ,  avant  Moyfe ,  le  droit  de  vie 

&  de  mort.  ibid, 

Moyfe  met  des  bornes  à  Tautorité  paternelle.  191 
Les  pères  confervèrent  le  droit  de  vendre  leurs 

enfans.  ibid. 

Rcftrictions  mifes  à  ce  droit»  \^x 


fSé  TABLE. 

Il  ne  s  étendit  pas  jufqu'à  la  mère  ,  ni  fur  les 

enfans  âgés  de  plus  de  12  ans.  i^^ 

Majorité  àcs  filles.  i^^ 

Majorité  des  garçons.  Ses  effets.  .  196 

L*efclavage  très-ancien  chez  les  Hébreux,  ibid. 
Différentes  manières  de  devenir  efclavTe.  197 
Le  devenoit-on  pour  dettes  î  19g 

Manières  dont  finiffoit  l'cfclavage.  20a 

*  Durée  de  Tefclavage  d'un  Ifraélite.  ibid. 

Que  devoit  faire  le  Maître,  Tefclavage  expiré?  201 
/    Durée  de  l'efclavage  des  étrangers.  202 

Quid>  fi  on  refufoit  de  fortir  d'efclavagei  20 j 
Prédile<£lion  de  Dieu  pour  les  Juifs  au  fu/er  de 

l'efclavage.  20J 

Douceur  recommandée  envers  les  efclavcs.  ibid. 
Vertus  prefcrites  aux  efclaves.  207 

Différences  manières  d'affranchir.  ibid. 

Les  efclaves  avoient-ils  le  droit  de  cité  >  208 
Les  étrangers  pouvoient-ils  en  jouir  >  Diffèrence 

entre  eux.  209 

Du  droit  de  cite  acquis  par  un  décret  public. 

Sçs  effets.  '        *  '^  ibid. 

Des  eunuqifes.  Jfooiilbient-ils  du  droit  de  cité? 

210 
Les  bâtards  en  jouiflbient-ils  i  21 1 

Des  bâtards  douteux.  212 

L'accorda-t-on  aux  profélytes  1  Des  profélytes  de 

juftice  &  des  profélytes  de  domicile^  215: 
De  l'initiation  du  gentil  dan^  le  judaiTme»    214 


TABLE.  587 

Art.  II.  Loix  fur  les  ventes  y  les  contrats  y  les 
retraits ,  le  prêt  y  le  cautionnement  j  l'hypo- 
thèque ^  &c.  119 

Contrats.  Monnoic.  ibid. 

Formalités  des  paâes  &  des  contrats.  m 

N'en,  faifoit  on  pas  plufieurs  copies  ?  111 

Date  des  contrats.  21^ 

Différentes    manières   d'acquérir.  Chofes  publi- 
ques Se  communes.  21  y 
Du  droit  d'occupation.  Des  effets  trouves,   ibid. 
Formalités  eflentielles  pour  les  acquifîtions.  116 
De  l'adion  redhibiroire.  Léfion  dans  l'objet  vendu 
ou  échangé.                                              ^    i2j 
Rachat.   Retrait   lignager.   Réintégrande.  Année 
jubilaire.  228 
Année  fabbatiquc.                                           231 
Dettes.  Emprunt.                                             234 
Cautionnement   judiciaire.   Gages.   Hypothèque. 

Art.  III.  Loix  fur. le  ^mariage  ,  la  dot  &  le 
divorce.  i^j 

§.  I.  Loix  générales  fur  le  mariage.  ibidr 

Le  mariage  recommandé  aux  Hébreux.  ibid» 
A  quel  âge  on  l'a  fixé.  Honte  attachée  au  cé- 
libat. 239 
polygamie.  Elle  exiftoit  avant  Moyfe.  240 
Ancien  ufagc  quand  répoufe  ctoit  ftérilc.      2^\ 


ygg  TABLE. 

Les  différentes  cpoufcs  ctoicnt  également  Ic^ 
times.  '  241 

De  celles  qu'on  regarde  comme  concubines.  241 
Opinion  des  rabbins  fur  la  polygamie.  24} 

A-t-elle  lieu  aujourd'hui  parmi  les  Juifs  ?  244 
Du  mariage  de  deux  efclaves  entre  eux.  24^ 
Quid  y  Cl  on  marioit  fon  fils  à  une  efclave  ?  1^6 
Du  confentemenc  des  maîtres  Se  de  celui  des 
parens.  247 

On  ne  pouvoit  refufer  un  époux  à  fa  fille  pu- 
bère. 248 
L'erreur  fur  la  perfonne  annulloit-cllc  le  ma- 
riage ?  ibid. 
Difpenfes  accordées  aux  nouveaux  époux.  249 
§.  II.  Loix  fur  les  fiançailles.                         250 

Les  filles  des   Juifs  ne  fortoient  pas  de  leur 

maifon.  ibid. 

Epoque  ordinaire  des  fiançailles.  ibid. 

Trois  manières  de  fiancer.  251 

De  lade  des  fiançailles.  252 

Des  fiançailles  par  une  pièce  d'argent.  2yj 

Des  fiançailles  per  concubitum.  1^4 

Droits  que  donnoient  les  fiançailles.  2jx 

A  qui  appartint  le  droit  de  fiancer  >  256 

Appartint  il  exclufivement  au  père  \  ibid. 

Pouvoit-on  répudier  fa  fiancée  J  259 

Fiancées  des  prêtres.  ibid. 

§.  III.  Loïx  fur  la  célébration  du  Maiiage..  160 

Le  mariage  n  etoit  qu'un  aâe  civiL  ibid. 


TABLE.  J89 

BénédiâioU  paternelle.  a6i 

Formule  des  contrats  de  mariage*  i5z 

Réflexions  qu'elle  fait  naître.  1^ 

Point  de  douaire  pour  les  veuves  &  les  réput 

diées.  16s 

Formule  de  Tafte  de  léviration.  ibid. 

Jours  deflinés  à  la  célébration  du  mariage.  166 
Les  fiancés  pou  voient-ils  retarder  la  célébration 

du  mariage?  269 

De  quelques   cérémonies  relatives  au   mariage. 

270 

§.  IV.  JDes  mariages  prohibés  par  la  loi       ij^ 

Prohibitions  fondées  fur  la  confanguinité.  '  ibîd« 
Prohibitions  fondées  fur  l'affinité.  274 

Des  mariages  avec  les  étrangères.  17$ 

La  prohibition  ne  fc  borne-t-elle  pas  aux  Cha- 

nanéennes  >  277 

Des  mariages  avec  les  captives.  279 

Les  Juifs  n'étoient  pas  teinus  de  fe  marier  dans 

leurs  tribus.  280 

Mariage  avec  une   femme  ftérilc.  Signes  de  la 

ftérilité.  282 

Des  mariages  défendus  plus  particulièrement  aux 

prêtres.  283 

Des  mariages  avec  les  bâtards.  Quels  (ont  ceux 

qu*on  leur  permet  ?  28^ 

Des  mariages  avec  les  eunuques»  ibid. 

§^  V,  Des  mariages  ordonnés  par  la  loi.      287 

La  léviration  ordonnée  par  la  loi.  ibki. 


rpo  TABLE. 

L'ufagc  en  cft  antérieur  à  Moyfc.    *  ^S! 

Avoit-on  le  droit  de  s'y  refufcr  >   <  189 

Obfcrvations  fur  cette  loi.  ibid. 

Quand  devoit  fe  foire  la  Icviration?  291 

Formalités  liées  au  refus  de  la  léviration.     191 
Que  penfer  de  la  léviration  ?  295 

§.  VI.  LoLX  fur  la  répudiation  &  le.  divorce,   ibid. 
Loi  qui  permet  le  divorce.  ibid. 

Qu'enrend-on  par  le  dégoût  qui  Tautorife  ?  29^ 
De  Taûe  de  divorce.  ijS 

Obfcrvations  à  ce  fujer.  joi 

Les  femmes  eurent-elles  le  droit  de   répudier? 

502 
De  la  répudiation  pour  caufe  d'adultère.  30 j 
Cas  où  l'on  permet  à  la  femme  de  fc  féparer 

de  fpu  mari.  304 

Cas  où  le  mari  n'a  pas  le  droit  de  répudier.   30 j 
Invitation  à  ufer  rarement  de  ce  droit.  30^ 

Quid ,  fi  le  mari  étoit  captif  ji  ou  les  deux  époux 

ftériles?  ibid. 

§.  VII.  Loix  fur  la  dot  &  fur  les  tiens  (  dotaux 

ou  non  )  furvenus  pendant  le  mariage.  308 

Le  mari  dotoit  fa  femme.  De  cette  dot.  ^bid. 

Ce  que  donjioicht  les  parens  de  l'époufe.      .  309 
Nedunia,  ou  biens  paraphernaux.  jio 

JBona  depilationis.  ^n 

Cetàba^  ou  biens  dgtauxl  Valeur  uniforme  de  la 

dot.  ihid. 


TABLE.  591 

De  quelques  cas  particuliers.  315 

Quand  &  comment  la  dot  étoit-elle  exigible?  3 14 
Quid  y  fi  les  biens  écoient  améliorés  ?  3 1  j 

Cas  où  la  jouiflànce  de  la  dut  n'appartcnoit  pas 
^  la  femme.  31e 

Art.  IV.  Loix  fur  les  fuccejjions.  317 

Loi  générale  fur  les  fucceffions.  ibid. 

Comment  on  les  régloit  avant  Moyfc.  ,  ibid. 
Du  droit  daîneflc.  ji8 

Loix  des  fucceffions  en  faveur  des  defccndans.  3 19 
Loix  des  fucceffions  en  faveur  des  afcendans  & 

des  collatéraux.  3^z 

Effets  de  la  léviration.  Sorte  d'adoptionl  323 

Loix  fur  les  fucceffions  conjugales.  324 

Loix  des  fucceffions  en  faveur  du  fifu  527 

Des    biens   laifles    par  le   profélyte.   Comment 

fuccédoit-il  ?  328 

Les  bâtards  &  les  efclaves  fuccédoient-ils  ?  3  29 
De  rcxhcrédation.  350 

Des  donations  à  caufe  de  mort.  331 

De  la  fucceffion  au  trône.  Y  avoit-il  pour  elle 

un  droit  d  aîneflc?  ibrd. 

CHAPITRE  V.  Loix  criminelles.  338 

Art.  I.   De  rinjlruclion  criminelle.  ibid. 

Biens  promis  aux  obfervateurs  de  la  loi.     ibid. 
Maux  annoncés  à  ceux  qui  la  violeront^       339 
Il  y  eut  auffi  un  châtiment  légal.  Pouvoit-on  cu- 
muler les  peines  }  341 . 


5^2.  T  A  B  L  E. 

L*avcu  du  coupable  infuffifant.  341 

Jamais  un  citoyen  n*ctoit  garant  de  la  faute  d'un 
autre.  34a 

De  i'cmprifonncmcnt  de  Taçcufé.  ibid. 

Infbrtnation*  Des  perfonnes  incapables  de  témoi- 
gner. 34J 

Moti&  de  l'exclufion  des  femifies>  des  efclaves 
&  des  étrangers.  344 

Motifs  de  Tcxclufion  du  vendeur  des  fruits  de  la 
feptième  année.  34 j 

Plufieurs  loix  fur  les  témoins.  ibid. 

De  l'interrogatoire.  Humanité  qui  y    préfidoir. 

348 

Jugement  des  procès  criminels.  Condamnation  à 
la  mort.  349 

Nouvelles  preuves  d'humanité  avant  le  fupplicc. 

Réflexions  fur  cette  partie  de  la  juri{prudence  cri- 
minelle des  Hébreux.  551 

Que  pcnfer  à  cet  égard  de  l'opinion  de  quelques 
écrivains  modernes?  354 

Art.  II.  Des  peines  en  ufage  cke:[  les  Hébreux. 

Du  fupplice  de  la  fcie.  5/7 

Du  fupplice  du  feu.  *  358 

Du  fupplice  de  h,  croix  ou  de  la  potence.  360 
Les  deux  fexes  y  furent-ils  fournis?  361 

Çn  ne  pouvoir  pendre  à  un  arbre  vivant.  362 

L'inftrumenr 


TABLE,  ^9) 

L'inftrumcnt  du   fupplice  enfcrinc  avec  le  ça» 

davrc  du  ftipplicié*  j$i 

Souvent  on  cgavroit  de  pierres  çc  cadavrç,  }6j 
Pu  fuppliçe  de  renanglcuienTf  ^6^ 

Pc  la  lapidation.  j^j 

Supplice  du  glaive  ou  de  la  tête  tranché^.  ^66 
Lçs  fupplices  égaux  pour  tous  les  citoyens,  }<?7 
Pc  quelques  autres  fuppliccs  capiraux,  ^6Z 

Ecrafer  le  coupable  fous  des  ronci?s,  ibid, 

Sous  des  chariots  armes  de  fer*  jiîy 

Spu$  les  pieds  des  animauxt  ibidt 

précipiter  d'une  tour  ou  d'un  rocher  ,  engloutir 

dans  la  cendrç  ou  fous  les  eaux,  J70 

pu  fouet,  ^yi 

Pc  remprifunnement»  Ses  divers  objets,  374 
Emporioitil  infamie?  j^j 

Plufiçurs  fortes  de  prifons,  37^ 

Pes  chaînes  &  des  autres  liens  en  ufa^e  pour  Içs 

coupables,  37$ 

De  la  peine  du  rctrancheçncnr,  377 

Pc  rcxcommnnication.  379 

Infamie  attachée  à  la  privation  de  la  fépukurc, 

380 
pans  quel  fcns  ççtcç  privation  eue  lieu  pP^^  les 

Juifs,  381 

Pes   fépultures   particulières   à   chaque   famille, 

î8. 
Oïl  ne  pouyoîc  cntcrrçr  que  hpFS  des  villes,    38^ 


Pp 


f  94  TABLE. 

Art.  IIL  Loix  fur  les  crimes  qui  ùfftnfent  U 
Divinité.  388 

O&nfo  envers  Jéhova.  ibid. 

Ne  pas  adorer  des  divinités  étrangères»  38 j 

Baifon  de  cette  loi.  35^# 

Elle  eft  renouveliéc  dans  le  Deutéronome.  n^i 
Peiiie  de  ceux  qui  adoptent  les  ofages  de  l'ido- 
lâtrie. ^  391. 
Menfonge.  Apoftafie.  Hypocrîfîe.  Sacrilège.  Blaf- 
phéme.  394 
Peine  du  parjure.  Des  diffèrens  fermens  des  Juifs. 

39^ 
Examen  d'un  paffage  de  Martial  à  ce  fujet.  397 
Peine  de  celui  qui  viole  robfcrvancc  des  fêtes. 

401 
.Violoit-on  fans  crime  le  fabbat  pendant  la  guerre  ^ 

403 
Négliger  le  tem^ie  ou  les  prêtres.  Peine.     404 

Art-   IV.    Loix  fur   tes   crimes    corrùnis  par 

thomme  envers  Ces  femblables.  40/ 

%.  I.  Des  crimes  du  fils  envers  fpn  père.       ibid. 

Moyfe  ne  prononça  aucune  peine  contre  le  par« 
ricide.  ,  ibid.- 

Peine  contre  celui  qui  frappe  Ton  père  ou  le 
maudit.  ibid. 

§•  II.   De  rhomicide  &  des  crimes  qui  y  ont 

rapport*  1     407 

Peine  anci^ne  de  rhomicide,  ibid. 


T  A  B  L  E.  ypf 

Comment  on  le  punk  aujeurd'hair  40S' 

Les  parens  du  mort  pouv oient  le  venger^  4a5r 
Des  villes  d'afyle,  4x1. 

Ce  que  devoit  faire  le  meurtrier  involontaire.  4^, 
Différentes  fortes  d'homicides  iavobntaires*  4 1  f 
Quid,  fi  on  ignoroit  lauteut  de  Fadàflînac }  j^\6 
Homicide  ^  ouvrage  de  pliifieurs  pcrfcmnes.  Iiv- 
fanticide,    Avorremenr.    Supprcffion  de  pan, 

417 

Lois  fur  les  querelles  ,  les  coups  donnés  &  les 

maux  qui  en  font  la  fiiîce-  418 

Les  animausf  fournis  à  la  peine  de  riiomicidc^. 

Crimes  commis  par  les  animaux^  ou  envers  eux. 

4x1 
$.  riL  De  t adultère.  411^ 

A  qui  âppartenoit  laûjon  en  adultère  ?  415^ 

Au  défaut  de  lepoux ^  le  magiftrat  le  fuppléoir-. 

Confifcation  de  la  dot.  Boîilbn  des  eaux  amères. 

ibid. 
Des  témoins  en  matière  d  adultèrer^  41Ô 

Quid  ^  s*il  y  avoir  contradidion  entre  eux  ?  417 
Femmes  dilpenfées  Je  boire  les  eaux  amères,  42  ji 
Dans  quels  cas  elles  étoîent  fans  eifet,.  4JI- 

Aujourdliui  on  n*y  a  plus  recours*  43  j 

§^  I V.  De  la  fornicanon  ,    du  rapt  &  de  .quel- 
ques autres  crimes  contraires  à  la  pudeur,    ibirf^, 

^  fornication^  ibid^ 


f$S  T  A  s  L  Ë. 

Séduâioh*  VîoL  Râph  ^j^ 

tAcede.  440 

De  quelques  âufrcs  ctimés  ëôt)tfâire$  ï  là  pudèun 

441 

|i  V.  Du  Vd/j  de  l^ufufe  Ô  des  crimes  qhi  y  ont 
rapport.  44  j 

6ii  vol»  Là  peiné  çti  fiit  pécunkiré^  ibidi 

Quîd,   (î  on  ctoit  trop  pauvfé  pour  là  payer  I 

Res  Volcuts  no<îii1fi1cs.  44^' 

t)c' quelques  e{pcce$  pâtticiilîèrescic  VoL  448 

Violation  d'un  dépôt*  ibid« 

Fâufferé  dans  les  poids  &t  le$  mefures*  449 

JDc  l'ufare*  4ji 

§.  Vî»  Des  faujfes  dCca/atiofis  ^  du  fausi  témôb^ 
gnagey  de  la  calomnie  ,  &Cé  ÙCé  4jf 

Faufle  âccufation  du  mari  fur  la  virginité  de  fa 
femme»  ibidi 

Du  faux  témoignage.  4j(^ 

CHAPITRÉ  VL  lôi^  môfâiéù  458 

Ëtàt  des  moeurs  avant  Moy(e<  ibid# 

Dans  quel  honneur  étoient  ragriculturé  &c  Id  vie 

pâftoralei  ibid* 

PromefTcs   &   metiace$    de    Jéhova    telatiVcïi    k 

l'iîgiiculture  &  Mt  troupeaux»  45d 

J^receptei  de  Mdyffi  fui*  les  chânipS  &  les  ftôU- 

peâUîîi  '4^4 


Lfes  mœurs  deU  Juifs  \ts  cloignoicnt  des  nations 

voifincSk  4^4 

Moyfe  porta-til  dés  lolx  fomptùâifcs  î  466 

Vices  profci  its.  Vertus  recommandées*  467 

Loix  en  faveur  des  pauvres^  dès  orphelins,  des 
étrangers,  &c*  ôcck  47O 

Ptéceptes  touchans  fur  râumone*  47J 

Que  penfer  du  reproche  de  cruauté  fait  à  Moyfe? 

476 
De  pUifieûfs  excès  qu'il  profcrivît*  479 

Comment  il  cherche  à  afliiter  le  bonheur  des 

mariages*  48 1 

Mœurs  domeftiquès  des  éponfcsi  481 

On   préparoit  les  femmes  de  bonne  heure  aux 

foins  domeftiquesk  48} 

^  Honneurs  attachés  à  la  fécondité  du  niariagd.  484 
Toutes  ces  obligations  fabfiftcnt  encore*  48  j 
Soins  pour  Tenfance.  48Ï 

Autres  loix  morales  relatives  au  mariage*         4^;ô 
Loix  morales  relatives  à  la  pudeur.  491 

Idée  morale  fur  les  fdutès  cachées.  493 

CHAPITRE  Vil  &  dernier;  Objetvàtîons  gé^. 

'nérâles  fut  la  légijlatlôn  de  Moy/e*  495 

Durée  étonnante  de  la  législation  de  Mayfe«  ibid* 

Caufes  de  fon  immutabilité*  ^96 

Comment  Moyfe  ifola  fon  ptuple*  498 

Liaifon  de  quelques  ufages  religieux  des  Juifs 

aux  cvénômeUi^  politiquest  joo 


i^^9  T  A  BLE* 

Ufages  extraordinaires  qu'il  leur  donnée         fof 
Réflexion  fur  les  impuretés  établies  &  fur  les  di(^ 

tinâions  des  viandes  de  ics  animaux.         jio 
Réflexion  fur  le  lieu  des  facrifices  Se  Tépoquc 

des  fétes#  51  r 

Nouvelles  caufes  qui  ont  affermi  la  légiflatîon  de 

Moyfc.  jir 

Avantages  politiques  du  chriftianirme  fiir  le  ju- 

daïfme#       ,  fi(f 

Nouveaux  avantages.  fi^ 

Caufe  du  grand  attachement  des  hiik  pour  leur 

légidation.  fit 

Diftinâion  de  la  loi  écrite  &  de  la  loi  orale 

De  ceux  qui  rejettent  la  loi  orale..  521 

Comment  elle  s  cft  confervée.  ibid. 

Mifna  &  Gemare.  52^ 

Pluûeurs  traits  qui  diftinguent  la  legiilation  de 
Moyfe.  jiS 

Moyfe  reçut-il  des  Grecs  fcs  dogmes  &  fcs  loix?- 

tes  Grecs  reçurent-ils  les  leurs  de  Moyfe  ?  540^ 
Platon  accufé  d'être  plagiaire  de  Moyfe.  j4r 
Plagiats  prétendus  d'Ariftote  &  des  autres  pHi- 

lofophes.  J44 

Examen  de  ces  différentes  aflcrtions;  ^^6 

les  Juifs  long-temps  inconnus  aux  Grecs,  ibid.. 
Quand  on  traduifit  la  Bible  en  Grec.  54<r 

Ce  que  les  Juifs  ont  penié  de  l'idée  de  cette  rra- 

duétioiu  ^fjk 


TABLE,  599i 

Origine  prétendue  de  Tavcrfion  des  Juifs  pour  les 

fciences  des  Grecs.  55 j 

Epoque  de  la  défenfe  de  les  étudier.  /f4 

Opinion  de  Philon  fur  le  prétendu  plagiat  des 

Grecs.  55^ 

Opinion  d'Âriftée  >  d'Origène^  de  Josèphe  &  de 

Tertulliea,  jj9 

Opinion  de  S.  Auguftin.  561 

Opinion  de  Laâance.  j6x 

A  quelle  époque  on  commença  à  traduire  en 

Grec  TEcriture*  j6j 

Parenté  des  Grecs'  avec  les  Cretois  &  avec  les 

Lacédémoniens.  564 

Les  Grecs  ont-ils  dû  leur  poéfie  aiff  Hébreux  ? 

Fin  de  la  Tailc