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Full text of "Le Semeur"

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PREMIÈRE  ANNEE— No  s 


âk       Pie  X 

et  notre  Association.. .  .Antonio  Perrault 

Le  Christianisme  et  la  Démocratie . .L.  Leroy 

La  meilleure  logique J.-B.  Bousquet 

lia  rie  île  l'Association. 

Chronique A.  Dugas 

Notes.  A  ris. 


Montréal,  324,   rue  Ste-Catherine. 


AVRIL   1905 


LE  SEMEUR 


Bulletin  de  l'A.  C.  J. 
PARAIT  AU  COMMENCEMENT  DE  CHAQUE  MOIS. 


Abonnements  :   .Montréal 

Canada  et  Etats-Uni? 

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N.  B. — Les  abonnements  partent  de  septembre  et  février. 

Nos  collaborateurs  .doivent  adresser  leurs  articles  et  toutes  leurs  commu- 
nications—notes  et  nouvelles— à  la  Rédaction  du  Semé™  478,  rue  St-Denis, 
Montréal. 

Toutes  les  lettres  concernant  l'administration  du  bulletin,  abonnements, 
annonces,  changements  d'adresse,  doivent  être  adressées  à  M.  l'Administrateur 
du  Semeur,  G. -H.  Baril,  324,  rue   Ste-Catheiine.     Tel.  Bell  Est  720. 

Pour  les  renseignements  touchant  l'Association,   l'organisation  et   l'affilia- 
tion des  groupes  et  pour  les  commandes  de  brochures  de    l'A-  C.    J.    écrire  au 
Uirutt  </<   VA.  C.  ./.,  -17:!,  rue  St-Denis,  Montréal. 


Comité  de  l'Association  Catholique  de  la  Jeunesse 
canadienne-française. 


Antonio  Perrault,,  président, 
Adi'i.aui)  Ledit,  vice-président, 
Jos.   Versailles,  vice-président, 
Eugène  Angers,  secrétaire, 
Edmond  Hurtubise,  trésorier, 


1  74,  rue  Berri, 
24(5,  rue  Ste-Elisabeth. 
127,  rue  Ontario, 
-47:;,  rue  St-Denis, 
79,  rue  Souvenir, 


Montréal 


L.-Renaub  LaVergne,  secr. -correspondant,      444,  rue  St-Denis, 
Armand  Dugas,  secr. -correspondant,  105,  rue  St-Hubert, 

l:    1'.  Charles  Chaput,  S.,).,  aumônier-directeur,  142,  rue  Bleury 


TTP.    BT     [MP.    A     ChÉN  vlili,     80,  RUE    [bkrville. 


lire  année.  No  8.  Avril  1905. 


Le    Semeur 


PIE  X  ET   NOTRE  ASSOCIATION 


Une  coutume  veut  qu'à  son  retour  le  voyageur  remette  aux 
amis  un  souvenir  des  villes  qu'il  a  visitées.  C'est  une  œuvre  d'art  ou 
un  objet  de  fantaisie,  un  saphir  ou  un  fichu — la  valeur  intrinsèque  du 
cadeau  comptant  peu,  puisqu'il  porte  toujours  le  prix  inestimable  de 
l'amitié.  Ceux  qui  reviennent  prouvant  ainsi  à  ceux  qui  sont  restés 
que,  sur  les  rives  les  plus  lointaines,  l'absent  se  souvient  encore  de 
son  pays  et  qu'en  son  âme  demeure  l'image  des  êtres  aimés. 

De  ceci,  les  membres  de  l'Association  ont  aujourd'hui  la  preuve. 
C'est  Monseigneur  Bruchési  qui  s'est  chargé  de  la  leur  fournir.  Vous 
allez  voir  avec  quelle  amabilité  et  quel  succès  il  y  a  réussi. 

Durant  son  récent  séjour  à  Rome,  Monseigneur  l'Archevêque 
de  Montréal  fit  parvenir  au  Souverain  Pontife  la  supplique  que  voici  ; 


-158— 


Très  Saint  Père, 

Humblement  'prosterné  aux  pieds  de  votre  Sainteté,  f  implore 
pour  V Association  catholique  de  la  jeunesse  canadienne-française 
la  Bénédiction  Apostolique. 

Cette  Association  a  V approbation  et  la  sympathie  de  tout 
Vépiscopat.  Fondée  à  Montréal,  elle  a  eu  Van  dernier  son  premier 
congrès. 

La  prière,  V  étude,  V  action  voilà  le  programme  qu'elle  trace  à 
ses  membres,  en  qui  elle  se  propose  de  former,  pour  V avenir,  des 
catholiques  convaincus  et  militants,  des  hommes  de  courage  et  de 
dévouement 

Ces  jeunes  gens,  Très  Saint  Père,  se  sont  solennellement 
consacrés  au  Sacré  Cœur  de  Jésus.  Ils  veulent  de  toute  leur  âme 
servir  V Église  sous  la  direction  de  leurs  évêques.  Ils  seront  tou- 
jours vos  fils  aimants  et  soumis. 

Je  vous  les  présente,  Très  Saint  Père,  ainsi  que  leurs  dévoués 
directeurs,  et  encore  une  fois,  je  demande  à  Votre  Sainteté  de  dai- 
gner les  encourager  et  les  bénir. 

Borne,  le  30  décembre  1904. 
t  Paul,  Arch.  de  Montréal. 

A  cette  demande,  Sa  Sainteté  Pie  X  fit  la  plus  sympathique 
des  réponses.  Nous  reproduisons  ici  un  fac-similé  du  billet  qu'il 
écrivit  lui-même  en  langue  italienne  et  que  nous  faisons  suivre  d'une 
traduction. 


—159— 


Si 


—160— 

C'est  bien,  n'est-ce  pas,  le  plus  précieux  des  souvenirs  que 
Monseigneur  Bruchési  pouvait  apporter  de  Rome  à  V  Association  catho- 
lique de  la  jeunesse  canadienne- française.  Le  cœur  qui  donne  apparait 
tout  entier  et  —  disons-le  aussi  —  il  est  évident  que  les  goûts  de  ceux 
qui  reçoivent  lui  étaient  bien  connus. 

A  l'heure  où  certaines  personnes,  et  non  des  moindre»,  mettent 
en  doute  l'utilité  de  nos  efforts,  il  est  bon  que  la  voix  la  plus  autorisée 
du  monde  catholique  nous  crie  :  "  Bravo  !"  A  l'heure  où  il  ne 
manque  point  de  Cassandres — déjà  ! — pour  nous  prédire  la  banqueroute 
et  la  mort,  il  est  précieux  que  le  premier  chef  nous  dise  :  '  '  Courage, 
jeunes  hommes.  Si  petits  qu'ils  soient,  vos  labeurs,  l'Eglise,  dont  j'ai 
la  garde,  compte  sur  eux  et  les  bénit." 

Il  conviendrait  de  répondre  à  cette  preuve  de  bonté  par  une 
promesse  de  dévouement  et  de  fidélité.  Mais  puisque  Monseigneur 
Bruchési  s'est  donné  la  peine  de  dire  lui-même  à  Pie  X  les  sentiments 
qu'entretiennent  à  l'égard  du  Saint-Siège  les  membres  de  l'Associa- 
tion, nous  n'y  ajouterons  rien.  Qu'il  nous  soit  seulement  permis 
d'enregistrer  dans  les  pages  du  Semeur  un  merci  très  sincère  au  Père 
qui  nous  donne  si  réelle  preuve  d'affection. 

Nous  tenons  aussi  à  marquer  notre  reconnaissance  à  l'archevê- 
que distingué  par  l'entremise  duquel  nous  parvient  cette  faveur. 
Monseigneur  Bruchési  a  depuis  longtemps  montré  l'intérêt  qu'il  porte 
à  notre  Association.  Il  vient  de  dire  clairement  à  ses  membres  que, 
pour  eux,  sa  sollicitude  est  toujours  entière.  Comment  les  obligés 
pourraient-ils  ne  pas  être  sensibles  à  la  générosité  de  cet  attachement? 

Du  reste,  c'est  par  des  actes  que  notre  reconnaissance  se  doit 
manifester  aux  yeux  de  nos  bienfaiteurs.  Nous  osons  croire  qu'ils 
seront  suffisamment  remboursés  des  largesses  dont  ils  npus  gratifient, 


:.  461— 

si  notre  œuvre  produit  des  résultats,  si  elle  réalise  ce  pour  quoi  elle 
a  été  fondée. 

Les  quelques  lignes  tracées  à  notre  adresse  par  Pie  X  sont  un 
encouragement,  le  meilleur  d'entre  les  bons  qui  ont  été  donnés  à  notre 
Association.  Il  doit  être  efficace,  cet  encouragement.  Redoubler 
d'ardeur  au  devoir,  voilà  la  résolution  que  doit  nous  suggérer  la 
bonne  nouvelle  venue  du  Vatican.  Et,  puisque  votre  président, 
mes  chers  amis,  a  le  devoir  de  profiter  de  toutes  les  occasions  pour 
souffler  sur  les  cendres  et  attiser  le  feu,  il  doit  saisir  celle-ci  pour  crier 
à  tous  :  '  '  Debout  !   Au  travail  !  '  ' 

Pour  accomplir  avec  profit  notre  tâche,  disons-nous  bien  que 
l'Association  est  utile,  voire  même  nécessaire.  Les  rassurés  qui,  il  y 
a  quelques  mois,  ne  voyaient  nul  besoin  de  promouvoir  un  tel 
mouvement,  paraissent  maintenant  émus  dans  leur  sécurité.  Les 
dernières  semaines  leur  ont  fourni  un  enseignement.  Il  est  clair  que 
la  race  dont  nous  sommes  a  toujours  besoin  de  défenseurs  désintéres- 
sés, d'hommes  remarquables  surtout  par  leur  foi  religieuse  et  natio- 
nale. D'ici  à  très  longtemps  encore,  sur  cette  terre  canadienne,  à  nos 
côtés,  se  tiendront  des  adversaires,  des  ennemis  dont  le  vouloir  est 
d'enrouler  étroitement  autour  du  peuple  canadien-français  les  bande- 
lettes de  l'abaissement  religieux,  de  l'infériorité  politique  pour  le  con- 
duire ensuite  au  tombeau. 

Nous  prétendons  avoir  le  droit  de  vivre  sous  un  ciel  libre  et 
juste.  Les  soldats  qui  nous  défendent  aujourd'hui  tomberont.  De- 
main, il  en  faudra  d'autres.     Préparons-nous  donc. 

Être  plus  tard  des  hommes  de  foi  éclairée  et  féconde,  des  hom- 
mes de  science,  capables  d'agir  efficacement  et  sans  peur,  voilà  ce  que 
veulent  les  membres  de  l'Association.     Pour  devenir  des  citoyens  de 


—162— 

cette  valeur,  étudions  ferme  chaque  jour,  conservons  intacte  notre 
dignité  personnelle  par  l'acquisition  d'habitudes  saines  et  fortes. 
Que  chacun  d'entre  nous  y  mette  beaucoup  du  sien,  se  répétant  sans 
cesse  à  lui-même  le  conseil  que  Pétrarque  donnait  à  son  fils  :  "Efforce- 
toi  et  élève-toi." 

Antonio  Perkault. 


LE  CHRISTIANISME  ET  LA  DEMOCRATIE 


D'où  vient  qu'en  certains  pays,  en  France  et  en  Italie  notam- 
ment, il  y  ait  une  opposition  si  marquée,  un  antagonisme  irréducti- 
ble, pourrait-on  dire,  entre  la  religion  chrétienne  et  le  mouvement 
démocratique,  au  point  que  l'on  ne  peut  se  dire  démocrate  sans  être 
soupçonné  d'une  pointe  d'hétérodoxie?  C'est  ce  que  s'est  demandé 
M.  A.  Leroy-Beaulieu  dans  les  Conférences  qu'il  a  données  l'année 
dernière  à  l'université  Harvard  de  Boston.  L'étonnement  est  bien  per- 
mis devant  ce  fait  lorsqu'on  réfléchit  que  les  idées  dont  la  démocratie 
se  prétend  la  propagatrice,  non  seulement  n'ont  aucune  opposition 
avec  le  christianisme,  mais  font  partie  de  son  patrimoine  moral  le 
plus  intime.  L'égalité  n'est-elle  pas  un  principe  évangélique  ?  Qui 
donc  est  venu  apprendre  aux  hommes  qu'ils  avaient  tous  le  même 
Père  au  ciel  ?  Qui  donc  a  affranchi  le  monde  de  la  plaie  hideuse  de 
l'esclavage  ?  Et  la  fraternité,  qui  donc  l'a  prêchée  ?  Qui  donc  l'a  établie 
dans  la  mesure  compatible  avec  les  misères  subsistantes  de  l'égoïsme? 
Qui,  sinon  les  apôtres  de  Celui  qui  avait  dit  sur  la  Montagne  de 
Galilée  :  "Aimez- vous  les  uns  les  autres."  La  démocratie  moderne  se 
vante  d'améliorer  le  sort  des  masses   populaires.     Mais   qui   donc 


I--163-." 

jusqu'ici  a  travaillé  à  cette  amélioration  autrement  que  par  des  paroles  ? 
Qui,  sinon  ces  innombrables  fils  et  filles  de  l'Eglise  qui  ont  consacré 
leur  existence  à  consoler  ceux  qui  pleurent,  à  secourir  les  misérables, 
à  panser  les  plaies  morales  et  matérielles  de  l'humanité  ?  Il  faut 
reconnaître  avec  M.  Leroy-Beaulieu,  que  cet  antagonisme  entre  le 
christianisme,  et  la  démocratie  n'est  pas  un  fait  fatal,  qu'il  n'est  ni  de 
tous  les  temps,  ni  de  tous  les  lieux.  Les  petits  cantons  de  Suisse, 
autour  du  lac  de  Lucerne,  sont  à  la  fois  les  cantons  les  plus  catholiques 
et  les  plus  démocratiques.  On  pourrait,  me  semble-t-il,  dire  de  même 
de  notre  Province  de  Québec. 

Aussi  ne  faut-il  chercher  les  causes  du  conflit  européen  entre 
le  christianisme  et  la  démocratie  que  dans  certaines  circonstances 
historiques.  La  démocratie  européenne  est  fille  de  la  Révolution 
française,  qui  procède  elle-même  de  la  philosophie  du  XVIIIe  siècle,  or 
les  idées  directrices  de  cette  philosophie  étaient  essentiellement  ratio- 
nalistes et  antitraditionalistes.  Les  philosophes  du  XVIIIe  siècle,  dit 
avec  justesse  M.  A.  Leroy-Beaulieu,  ne  virent  dans  le  christianisme  et 
dans  les  religions  positives  en  général  que  des  adversaires,  des  obstacles 
sur  la  voie  où  ils  voulaient  engager  la  France  et  l'humanité... Ils  ne 
comprirent  ni  le  christianisme,  ni  la  foi  religieuse  ;  ils  en  méconnurent 
presque  tous  la  râleur  morale  et  la  portée  sociale.  Pour  eux  la  religion, 
à  commencer  par  le  christianisme,  était  avant  tout  une  œuvre  politi- 
que, l'œuvre  des  rois  et  des  prêtres.  Les  dogmes  imposés  aux  peuples 
avaient  pour  but  de  les  maintenir  dans  l'obéissance  et  dans  la  servi- 
tude, et  prêtres  ou  rois,  ceux  qui  enseignaient  ces  dogmes  asservissants, 
ceux  du  moins  qui  les  avaient  inventés  ou  formulés  n'étaient  que 
des  imposteurs.  Telle  était  la  doctrine  de  Voltaire  qui  entendait 
désigner  cet  instrument  d'asservissement  et  d'imposture,  lorsqu'il 


—164— 

parlait  d'écraser  V infante. 

Ce  point  de  vue  de  la  religion  n'était  pas  seulement  impie,  il 
était  enfantin,  et  il  ne  compte  presque  plus  de  partisans  dans  les 
milieux  éclairés.  Malheureusement  il  a  pénétré  dans  les  couches 
populaires  ;  il  fait  le  fond  du  bagage  religieux  d'un  bon  nombre  de 
demi-savants  ;  voilà  pourquoi  des  démagogues  peu  scrupuleux  vont 
encore  répétant  que  les  prêtres  sont  les  ennemis  du  peuple,  parcequ'ils 
n'ont  point  d'autre  mission  que  de  le  tromper  afin  de  l'asservir. 
Hélas  !  ils  ne  trouvent  que  trop  de  créance.  C'est  ainsi  que  pour  le 
gros  des  armées  démocratiques  les  religions  ne  sont  que  des  chaînes 
intellectuelles,  chaînes  forgées  à  dessein  pour  assujettir  le  peuple. 

Une  seconde  cause  de  l'antagonisme  entre  l'esprit  religieux  et 
l' esprit  démocratique  c'est  la  façon  dont  la  religion  s'est  présentée  aux 
hommes  qui  ont  fait  la  Révolution  et  à  leurs  héritiers.  Elle  leur  est 
apparue  comme  une  institution  d'Etat,  liée  à  toutes  les  institutions 
des  temps  monarchiques  et  aristocratiques,  en  étant  même  la  base  ou 
le  rempart,  jouissant  en  retour  de  privilèges  séculaires.  S' attaquant 
à  tout  l'ordre  ancien  et  à  tous  les  privilèges,  la  Révolution  devait 
s' attaquer  à  l' Eglise.  De  son  côté,  le  clergé  ne  pouvait  rester  indifférent 
au  renversement  de  l'ancienne  constitution,  d'autant  qu'on  vou- 
lait lui  imposer  une  constitution  civile  et  schismatique.  La  lutte 
s'est  ainsi  trouvée  engagée  des  deux  côtés  à  la  fois,  et  elle  s'est  pro- 
longée au-delà  de  la  période  révolutionnaire,  pendant  tout  le  XIXe 
siècle.  Sous  la  Restauration,  l'Église  s' est  de  nouveau  liée  aux  puissan- 
ces anciennes  ;  elle  a  cru  que,  à  l'abri  du  trône  relevé,  elle  pourrait 
recouvrer  ses  anciens  droits  et  prérogatives.  De  nouveau  les  révolu- 
tionnaires l'ont  confondue,  dans  leur  haine  et  leurs  assauts,  avec  la 
monarchie.     La  religion  a  été  de  nouveau  entraînée  dans  les  conflits 


—165— 

politiques  :  elle  a  reçu  le  contre-coup  des  luttes  de  parti,  elle  en  a  été 
la  victime. 

La  papauté  a  eu  d'autant  plus  de  peine  à  se  dégager  de  ce  qu'on 
pourrait  appeler  le  parti  conservateur  qu'elle  avait  elle-même  à 
défendre  son  pouvoir  temporel  furieusement  assailli  par  la  Révolution. 
Pie  IX,  qui  avait  tenté  une  évolution  démocratique  en  1848,  dut  y 
renoncer  à  cause  de  l'abus  que  la  Révolution  faisait  de  sa  condescen- 
dance pour  le  renversement  de  son  propre  trône.  Mais  ce  trône  ayant 
été  abattu,  Léon  XIII  a  sans  doute  continué  à  protester  contre  l'usur- 
pation ;  toutefois  il  s'est  trouvé  les  mains  libres  vis  à  vis  la  démo- 
cratie ;  il  a  pu  lui  faire  des  avances  et  s'attacher  à  la  convaincre  que 
l'entente  n'était  nullement  impossible  entre  elle  et  l'Eglise  catholique, 
qu'il  pouvait  exister  une  démocratie  chrétienne,  tout  aussi  bien  qu'il 
existait  jadis  une  monarchie  très  chrétienne,  même  mieux  puisque 
l'Eglise  s'est  toujours  inspirée  de  sentiments  démocratiques.  En  cela 
Léon  XIII  ne  faisait  que  renouer  la  tradition  des  vieux  âges,  alors 
que  plus  d'un  de  ses  prédécesseurs  avait  lié  sa  cause  à  celle  du  peuple 
contre  les  abus  des  princes  temporels.  Mais  il  était  bien  à  prévoir 
qu'une  bulle  du  pape  n'allait  pas  suffire  à  désarmer  les  combattants. 
Aussi  la  lutte  continue-t-elle  acharnée,  acharnée  de  la  part  des  tribuns 
socialistes  qui  se  donnent  pour  les  chefs  du  nouvel  ordre  de  choses,  lui 
apportent  un  évangile  nouveau,  et  se  distinguent  surtout  par  leur 
fureur  à  excommunier  l'Eglise  catholique,  affirmant  avec  hauteur  que 
toute  conciliation  est  chimérique  entre  la  démocratie  et  la  tradition 
chrétienne.  Cette  vieille  chanson  a  pu  bercer  l'enfance  des  peuples, 
disent-ils,  mais  il  faut  un  aliment  intellectuel  à  leur  maturité.  De  la 
part  des  catholiques,  grâce  aux  directions  ponticales,  la  lutte  a  perdu 
toute  aprêté.    Des  représentants  autorisés  de  la  pensée  chrétienne,  de 


—166— 

prêtres,    des  écrivains   ont  compris  qu'il  ne  servait  de  rien   de  se 
lamenter  sur  le   progrès  de  la  démocratie,  que  ce  progrès  était  fatal, 
qu'il  fallait  en  prendre  la  tête,  lui  donner  une  direction  chrétienne  si 
l'on  ne  voulait  pas  voir  l'Eglise  réduite  à  ne  compter  pour  partisans 
que  quelques  aristocrates  mécontents.  Ils  n'ont  pas  craint  de  s'appeler 
démocrates  chrétiens.     Par  cette   dénomination   ils    ont   simplement 
voulu  prouver  qu'ils  allaient  franchement  au  peuple  et  prenaient  en 
main  ses  véritables  intérêts  ;  ils  n'ont   aucunement  pactisé  avec   les 
chefs   du   mouvement   socialiste,   dont  les  principes   n'ont   rien  de 
chrétien.    Entre  eux  et  les  démocrates  extrêmes,  la  discordance  sub- 
siste complète.    Il  n'ont  ni  le  même  point  de  départ,  ni  les  mêmes 
aspirations,  ni   les  mêmes  principes.     Les   démocrates   extrêmes   se 
réclament  de  la  Révolution  et  des  doctrines  de  Jean- Jacques  Rousseau  ; 
ils  proclament  la  bonté  native  de  la  nature  supprimant  à  l'homme 
tout  frein  ;  rendant  la  société  responsables  de  tout  le  mal  qui  peut 
exister  ici-bas.  Il  transfèrent  l'absolutisme  de  la  monarchie  au  peuple, 
ils  mettent  la  source  du  droit  dans  la  volonté  de  majorités  éphémères, 
ce  qui  est  la  pire  des  tyrannies  ;   ils  détournent  nos  aspirations  de 
l'au-delà  pour  les  diriger  vers  les  biens  de  la  terre.... Certes,  rien  n'est 
moins  conforme  à  l'Evangile  et  rien  n'est  plus  éloigné  des  tendances 
des  Démocrates  chrétiens. 

Pour  nous,  Canadiens  français,  la  démocratie  ne  nous  effraie  pas. 
Tous,  riches  comme  pauvres,  industriels  comme  ouvriers,  issus  de 
cette  poignée  de  Français  abandonnés  en  1760,  nous  ne  sommes  pas, 
et  nous  ne  serons  pas,  espérons- le,  divisés  en  castes.  Le  riche  voit 
encore  un  frère  dans  l'ouvrier,  et  l'ouvrier  un  ami  dans  le  riche,  il 
n'y  a  pas  encore  de  lutte  entre  l'esprit  démocratique  et  l'esprit  catho- 
lique.    Mais  prenons  garde  !     Le  socialisme  et  l'irréligion  tendent  à 


—167— 

"briser  ces  relations  d'harmonie  et  de  charité.  Défions-nous  des  ten- 
dances anti-religieuses  et  anarchistes  de  la  démocratie  européenne  ; 
éloignons  de  notre  peuple  cette  démocratie  non  moins  socialiste  qui 
nous  vient  de  l'autre  côté  de  la  ligne  45e.  Elle  ferait  de  notre  popu- 
lation ouvrière  un  foyer  de  haine  et  de  matérialisme  ;  elle  aiguiserait 
les  appétits  charnels  et  sèmerait  la  discorde  et  la  ruine  parmi  nos 
concitoyens. 

Léopold  Leroy. 


LA  MEILLEURE  LOGIQUE 


"Parler  comme  on  croit  et  agir  comme 
on  parle:  voilà  la  meilleure  logique  du 
monde,  et  celle  qui  produit  toujours 
grand  effet." 

Quel  est  l'inconnu  qui  a  écrit  cette  sentence  si  pleine  de  sagesse 
•et  de  vérité  ?  Cet  homme  a  tracé  tout  un  programme. 

Je  crois  être  utile  aux  lecteurs  du  "  Semeur  "  en  leur  soumet- 
tant les  quelques  réflexions  qui  me  sont  venues  à  l'esprit  en  méditant 
ces  deux  phrases.  Il  me  semble  qu'elles  pourraient  servir  de  motto 
à  la  jeunesse  intelligente  qui  apprécie  son  devoir  d'hommes  cultivés, 
et  qui  désire  prendre  le  rang  qui  lui  convient  dans  la  société. 

C'est  à  vous,  membres  de  l'Association  catholique  de  la  Jeunesse 
canadienne-française,  qu'il  est  fait  allusion  dans  la  parabole  des  trois 
serviteurs  auxquels  une  somme  inégale  de  deniers  a  été  confiée  ;  c'est 
vous  qui  avez  reçu  cinq  talents.  Comment  vous  disposez- vous  à  rendre 
dix  fois  autant  ? 


—168— 

Lorsque  vos  parents  vous  ont  conduit  chez  vos  percepteurs, 
dépositaires  du  savoir,  des  principes  de  la  vertu,  pour  vous  initier  aux 
richesses  de  la  culture  de  l'âme  et  du  cœur,  vous  avez  commencé  à 
remplir  la  première  partie  du  programme  plus  haut  cité  ;  vous  avez 
affermi  votre  foi,  vous  avez  accumulé  des  connaissances,  votre  raison, 
s'est  développée. 

Toute  cette  série  d'exercices  intellectuels,  qu'on  nomme  V ins- 
truction, éclairés  par  les  principes  lumineux  de  la  morale  chrétienne 
se  sont  classiflés  chez  vous,  ont  pris  de  la  cohésion  et  de  la  forme  et 
ont  constitué  V  éducation.  Entré  au  collège,  faible,  ignorant  et  indiffé- 
rent, vous  en  êtes  sorti  au  bout  de  huit  ou  dix  ans,  un  fort,  un  croyant, 
un  homme  soucieux  de  la  grandeur  de  ses  responsabilités. 

En  tout  ceci,  votre  tâche  a  été  plutôt  passive  ;  elle  ne  consistait 
qu'à  vous  laisser  imprimer  docilement  le  travail  de  formation. 

Aujourd'hui  vous  êtes  invité  â  jouer  dans  la  société  un  rôle 
autrement  actif. 

Vous  devez  parler  et  agir  ;  c'est  la  seconde  partie  de  votre 
destinée  qui  se  présente  à  vous.  A  l'œuvre  donc  ;  efforcez-vous  de 
tirer  profit,  sans  délai,  des  cinq  talents  que  le  Maître  a  déposés  chez 
vous,  et  dont  il  vous  demandera  compte. 

Vous  serez  demain — peut-être  l'êtes- vous,  déjà — médecin,  avo- 
cat, fonctionnaire  important  dans  une  maison  d'affaires,  etc.  ;  traiter 
vos  patients  suivant  les  règles  les  plus  modernes  de  l'art,  plaider 
habilement,  tenir  les  opérations  de  votre  magasin  avec  précision  et 
fidélité,  est-ce  vous  acquitter  complètement  de  votre  devoir  envers  la 
société  ?  Non  assurément,  ce  n'est  qu'une  partie  de  la  dette  contractée 
envers  elle.  Vous  devez  encore  au  public  le  bon  exemple,  les  sages 
conseils,  vous  lui  devez  la  parole  et  V  action. 


-  -169— 

Ah!  la  parole  !...  c'est  elle  qui  avertit,  qui  persuade,  qui 
encourage,  qui  soutient  le  combat,  qui  flétrit  le  vice,  qui  reflète  dans 
l'esprit  de  l'ignorant  la  lumière  et  entretient  dans  le  cœur  le  dévoue- 
ment et  la  charité. 

La  parole  !... elle  édifie  et  elle  détruit,  elle  élève  et  abaisse  ! 
à  quoi  la  faites- vous  servir?  vous  qui  avez  pour  mission  d'instruire 
vos  frères,  de  len  conseiller,  de  leur  dire  :  ceci  est  bon,  prenez-le  ! 
cela  est  vilain,  rejetez-le  ! 

Tous  les  jours,  vous  entendez  des  plaintes  et  des  gémissements 
au  sujet  de  la  pauvreté  intellectuelle  de  la  plèbe  ;  que  faites-vous  pour 
y  remédier  ?  La  nullité,  la  trivialité  de  certaine  presse  humilie  votre 
fierté  de  Canadiens  français  ;  exercez-vous  de  la  propagande  auprès 
de  vos  parents,  de  vos  connaissances,  pour  les  induire  à  encourager  un 
journal  sérieux  ?  Ou  encore,  employez- vous  vos  loisirs  à  écrire  quelque 
article  pour  alimenter  ce  journal,  pour  augmenter  sa  circulation  afin 
de  réparer  dans  la  population  les  ravages  causés  par  les  lectures  indé- 
centes ou  anti-sociales  ? 

Lorsque  des  gens  sans  principes  viennent  jeter  le  cri  de  révolte 
dans  notre  ville,  semer  la  discorde  au  sein  de  la  population  ouvrière, 
et  vanter  les  beautés  du  socialisme  ou  autre  pareille  absurdité,  êtes- 
vous  là,  vous,  l'homme* instruit,  pour  détourner  du  péril  cet  ouvrier 
paisible,  qui  a  toujours  pratiqué  le  respect  de  la  justice?  êtes- vous  là 
pour  lui  expliquer  la  vanité  des  chimères  qu'un  démagogue  salarié 
lui  a  inspirées. 

Vous  n'ignorez  pas  qu'on  cherche  à  répandre  de  mauvaises 
doctrines  dans  nos  populations  ouvrières, on  veut  les  exciter  contre  l'or- 
dre social  afin  de  les  faire  servir  de  piédestal  à  l'ambition  de  réforma- 
teurs égoistes  et  vantards,  vous  placez- vous  en  tête  du  mouvement 


— 170 — 

ouvrier  pour  lui  éviter  cette  erreur  ?  Aidez- vous  le  travailleur  dans  ses 
efforts  pour  obtenir  de  justes  revendications?  Vous  rapprochez-vous  de 
lui  pour  causer  de  ses  besoins,  de  ses  aspirations  ?  de  ses  souffrances  ? 

Voilà  un  champ  bien  vaste  au  milieu  duquel  votre  voix  doit  se 
faire  entendre  !  Resterez-vous  muets  ? 

Et  si,  de  ce  domaine  social,  nous  passons  à  celui  du  patriotisme, 
là  encore  la  parole  a  de  l'influence  !  Elle  peut  contribuer  à  resserrer 
les  rangs  parmi  nos  concitoyens,  à  inspirer  le  véritable  amour  de  la 
patrie,  à  faire  naître  ces  grandes  vertus  de  désintéressement,  d'oubli 
de  soi,  de  dévouement,  de  zèle  pour  les  intérêts  publics. 

Plutôt  que  de  perdre  un  temps  précienx  à  flâner,  à  végéter  d'un 
théâtre  à  l'autre,  pourquoi  ne  pas  organiser  quelque  conférence  sur 
l'histoire  du  Canada,  ne  pas  écrire  dans  les  journaux  et  revues  du  pays  ! 
Ravivons  le  souvenir  des  pionniers,  des  missionnaires,  des  fondateurs 
de  notre  belle  patrie  !  Renseignons  le  peuple  sur  ces  gloires  trop 
incomprises  et  mêmeinconnnes  ;  suggérons-lui  ces  modèles  afin  qu'il 
reprenne  sa  fierté  et  conserve  ses  libertés. 

Dans  nos  discours,  nos  conversations,  étudions-nous  à  rappeler 
les  exploits  des  héros  canadiens,  formons  le  sentiment  national, 
maintenons  les  bons  principes,  défendons  l'Eglise,  voilà  quelques-uns 
des  services  que  l'on  peut  rendre  par  la  parole.  *En  comptez- vous  beau- 
coup à  votre  actif  ? 

J.-B.  Bousquet,  L.L.  B. 


—171— 

LA  VIE  DE  L'ASSOCIATION 

Chronique. 


Les  journaux  du  11  mars  dernier  publiaient  l'entrefilet  suivant  : 
"LA  JEUNESSE  ET  LES  ÉCOLES.  " 

"Le  comité  général  de  l'Association  catholique  de  la  Jeunesse 
canadienne-française  s'est  réuni  jeudi  soir,  en  assemblée  régulière. 
Il  a  été  décidé  de  faire  circuler  des  listes  pour  être  signées  par  les 
membres  de  l'A.  C.  J.,  approuvant  les  dispositions  de  la  loi  qui 
garantissent  aux  nouvelles  provinces  du  Nord-Ouest  leurs  écoles  sépa- 
rées et  assurent  à  ces  écoles  une  part  proportionnée  dans  les  subsides. 
Les  listes  aussitôt  que  signées  et  retournées  au  secrétaire,  M.  Eugène 
Angers,  473,  rue  S t- Denis,  Montréal,  seront  envoyées  à  Ottawa." 

En  effet,  le  comité  général  de  l'Association  avait  cru  que  la 
Jeunesse  catholique  et  canadienne-française  ne  pouvait  rester  impas- 
sible en  présence  du  fanatisme  anti-catholique.  Les  protestants  et  les 
Orangistes  pétitionnent  contre  les  Ecoles  séparées  que  le  nouveau  bill 
assure  au  Nord-Ouest  :  pétitionnons  en  faveur  de  ces  écoles. 

Voici  la  requête  qui  fut  rédigée  et  envoyée  à  tous  nos  amis. 

"Nous,  soussignés,  membres  de  l'Association  catholique  de  la 
jeunesse  canadienne-française,  profitons  de  la  discussion  sur  l'article  du 
bill  de  la  constitution  en  provinces  des  Territoires  du  Nord-Ouest  qui 
traite  de  l'éducation, pour  protester  de  nouveau  contre  le  régime  ac- 
tuel des  écoles  au  Manitoba  et  nous  déclarer  publiquement  en  faveur  du 
système  proposé  pour  les  territoires.  Basant  notre  attitude  sur  l'acte  de 
l'Amérique  Britannique  du  Nord,  nous  considérons  que  ce  sera  con- 
courir au  maintien  de  la  Confédération,  si  le  gouvernement  fédéral 


T— 172— 

fait  accorder  aux  minorités  des  nouvelles  provinces  les  droits  dont 
jouit  dans  Québec  la  minorité  protestante.  " 

Le  nombre  des  signatures  recueillies  a  dépassé  6000.  Le 
camarade  Dugas  est  allé  lui-même  à  Ottawa  présenter  une  partie  de 
ces  requêtes  avec  celles  que  les  Etudiants  de  Laval  à  Montréal  ont 
fait  signer  séparément. 

Cette  vie,  cette  activité  du  comité  général,  nous  sommes  heureux 
de  le  constater,  elle  existe  partout  dans  tous  les  groupes  de  l'A.  C.  J. 

A  Joliette — on  me  pardonnera  de  parler  en  premier  lieu  du 
collège  où  j'ai  passé  de  si  heureuses  années — le  cercle  St-Michel  fait 
toujours  bonne  besogne.  Au  premier  semestre  il  a  tenu  six  séances 
régulières,  voici  la  liste  des  travaux  qui  ont  été  lus.  Définition  et  But 
de  l'A.  C.  J.  par  le  président,  A.  Manseau.  La  St-Barthelémy  par 
le  vice-président,  A.  Lavallée.  Le  Patriotisme  par  le  sec. -cor.  V. 
Cardin.  L'Agriculture  par  le  trésorier,  J.  Geoffroy.  L'Inquisition 
par  A.  Hamelin  (à  qui  est  due  en  grande  partie  la  fondation  du  cercle.  ) 
L'Insurrrction  de  1837-1838  par  A.  Dufresne. 

Les  élections  du  2èrae  semestre  ont  eu  lieu  dernièrement.  Ont 
été  élus  président  :  C.  Rondeau,  vice-prés.  :  J.-L.  Martin,  secr. -cor.  : 
A.  Dufresne,  trésorier  :  H.  Ferland. 

De  Ste-Thérèse  les  nouvelles  sont  encore  géantes,  le  camarade 
Lambert  avantageusement  connu  par  les  lecteurs  du  Semeur,  ne 
désespère  pas  de  former  un  cercle. 

A  Ottawa,  toujours  la  même  ardenr,  la  même  exactitude.  Deux 
séances  régulières,  les  12  et  26  février.  A  la  Ire,  le  camarade  Lapointe 
traita  de  Sir  G.-E.  Cartier  puis  on  y  discuta  la  supériorité  de  l'homme 
sur  la  femme.  Les  camarades  Patry  et  Boutet  firent  les  frais  de  la 
controverse.     Le  26,  0.  Dion  continua  à  traiter  des  Héroïnes  de  la 


— 173— 

N.-F.     Il  parla  de  Mde  de  la  Peltrie  et  de  la  Rév.  Mère  Marie  de 
l'Incarnation. 

Nos  amis  de  la  capitale  travaillent  femie  et  donnent  un  exemple 
superbe.  Grâce  à  leur  initiative,  ils  ont  l'intention  de  jouer,  vers  le  temps 
de  Pâques,  une  comédie  dont  le  but  sera  de  recueillir  des  fonds  pour 
l'A.  C.  J. 

Et  celui  de  Varennes  donc  ?  En  janvier,  quatre  séances  régu- 
lières. Le  12  février,  élection  des  nouveaux  officiers  :  Prés.  R.  Pigeon, 
v.-p.  :  Hilaire  Roch,  Sec.  :  Cyp.  Prévost,  bibliothéc.  :  Arist.  Bussières, 
conseillers  :  0.  Langevin  et  D.  Paquin. 

Marieville  a  toujours  le  même  entrain,  le  même  enthousiasme. 
Parmi  les  travaux  lus  au  cercle,  citons  celui  du  camarade  Huot  sur  les 
Écoles.  A  la  voix  de  l'orateur,  tous  décident  de  se  lancer  à  la  propa- 
gande et  de  recueillir  le  plus  de  signatures  possibles  à  la  requête  que 
le  comité  de  l'A.  C.  J.  leur  a  envoyée.  Celui  du  camarade  Coderre 
sur  "  Le  Concordat,"  très  instructif  ;  celui  du  camarade  E.  Ostiguysur 
"  Le  dénigrement,  "  défaut  auquel  nous  sommes  portés,  très  pratique  ; 
l'improvisation  de  M.  le  Directeur,  "Exhortation  au  travail,"  très  élo- 
quente. 

De  St-Hyacinthe,  les  bonnes  nouvelles  affluent.  On  y  déploie 
une  grande  activité  et  un  travail  fructueux  s'y  accomplit.  Qu'il  nous 
suffise  de  dire  cela  pour  le  moment  et  d'affirmer  que  nos  renseigne- 
ments, s'ils  ne  peuvent  être  rendus  immédiatement  publics,  n'en  sont 
pas  moins  certains  et  encourageants. 

A  Québec,  le  cercle  de  St-Sauveur  bat  son  plein.  Celui  de  la  Haute 
Ville  a  été  reçu  en  audience  privée  par  Mgr  Bégin.  Sa  Grandeur  a 
bien  voulu  exhorter,  encourager  et  bénir  nos  amis. 

A  Montréal  le  cercle  de  diction  Laval  a  ses  séances  régulière- 


—174— 

ment.  Le  cercle  Léon  XTII  travaille  hardiment.  Ce  dernier  espère 
pouvoir  devenir  avant  longtemps  l'un  des  plus  beaux  cercles  de  l'A.C. 
J.  Comptant  vingtquatre  membres,  il  eut  ses  élections  dernièrement. 
Le  camarade  J.B.  Alarie  réélu  prés.,  le  sec.  est  J.  Alarie,  le  trésorier, 
J.  Gauthier,  le  contrôleur,  G.  Déry,  P.  Pitre,  P.  S.  S.  aumônier  et 
A.  Marquis,  prés. -bon. 

Le  zèle  de  ce  groupe  s'est  fait  remarquer  tout  particulièrement 
lorsqu'il  s'est  agi  de  recueillir  des  signatures.  Le  Nationaliste,  dès 
le  dimanche  12  mars,  publiait  : 

LA  JEUNESSE  S'AGITE.— Le  groupe  Léon  XIII  de  l'Asso- 
ciation catholique  de  la  Jeunesse  canadienne-française  a  institué  hier 
un  comité  au  No  1279  rue  Berri,  pour  la  défense  des  écoles  séparées. 
Tous  les  Canadiens  sent  invités  à  passer  à  cet  endroit  pour  signer  la 
requête  à  M.  Laurier.  Lundi,  13  mars,  grande  assemblée  publique 
où  plusieurs  orateurs  influents  prendront  la  parole." 

Quelques-uns  peut-être  ont  pu  ne  pas  approuver  tout  ce  que 
ces  jeunes  gens  avaient  fait  ;  tous  ont  du  moins  applaudi  à  leurs  efforts 
et  à  leur  succès.  L'A.  C,  J.  trouve  en  eux  de  braves  cœurs  et  de 
hardis  travailleurs. 

Lévis  vient  de  nous  apporter  de  grands  encouragements.  Sous 
la  direction  du  Rév.  Monsieur  Auguste  Marcoux,  ptre,  le  cercle  St- 
Augustin,  fort  de  trente-six  membres,  vient  d'élire  ses  officiers  et  de  se 
joindre  à  l'A.  C.  J. 

Le  président  est  Léon  Paradis,  le  vice-président  Oscar  Proulx, 
le  sec,  Joseph  Larue,  l'assistant-secrétaire,  Henri  Bernier. 

C'est  pour  l'A.  C.  J.  une  acquisition  que  tous  nos  amis  sauront 
apprécier  hautement. 


-175— 

Voici  les  belles  paroles  que  nous  adressait  le  fondateur  de  ce 
nouveau  cercle  :  "  Je  vous  remercie  des  éloges  que  vous  m'avez 
adressés,  je  crois  n'avoir  fait  que  mon  devoir  en  répondant  à  votre 
appel  ;  quand  des  jeunes  gens  lancés  dans  la  vie  publique  adoptent 
un  programme  aussi  noble  que  le  vôtre  et  poursuivent  avec  ardeur  un 
but  aussi  cher  à  la  religion  et  à  notre  nationalité,  je  considère  aveugle 
ou  criminel  celui  qui  ne  leur  tend  pas  loyalement  la  main,  c'est  là 
chez  moi  une  conviction  profonde  et  je  ne  regrette  qu'une  chose  c'est 
de  n'avoir  ni  les  talents  ni  les  ressources  pécuniaires  pour  faire  davan- 
tage— je  donne  ce  que  j'ai  :   le  cœur  !   " — Bravo  et  merci. — " 

J'allais  oublier  de  parler  du  cercle  St-Louis.  Le  travail  et  la 
vie  n'y  font  pas  défaut.  Le  camarade  Prud'homme  a  lu  dernièrement 
un  beau  travail  sur  la  Confédération.  Le  camarade  Dassylva  a  traité 
de  main  de  maître  la  question  ouvrière.  A  ce  sujet  le  camarade 
Benoit  ex-président  de  l'A.  C.  J.  a  dit  des  choses  très  intéressantes  et 
très  instructives.  Il  suit  fidèlement  les  conférences  données  aux 
ouvriers  par  MM.  Rodier  et  St-Martin,  et  il  a  pu  se  convaincre  per- 
sonnellement de  la  propagande  socialiste  exercée  par  ces  prétendus 
amis  du  peuple.  Il  a  exhorté  les  membres  du  cercle  de  se  mêler  au 
mouvement  et  de  tâcher  d'en  prendre  la  tête  afin  de  le  diriger  dans  la 
bonne  voie. 

Avant  de  finir  cette  chronique  je  me  permettrai  de  prier  une 
fois  de  plus  les  secrétaires  des  cercles  et  des  groupes  de  l'A.  C.  J. 
d'envoyer  fidèlement  leur  rapport  mensuel  dans  la  première  semaine 
du  mois.  Us  nous  épargneront  ainsi  beaucoup  d'ennui  et  d'anxiété. 
L'Association  catholique  de  la  Jeunesse  canadienne-française  après 
avoir  eu  la  haute  approbation  et  l'appui  efficace  de  son  Excellence 
Mgr  Sbarrettlest  heureuse  d'avoir  à  inscrire  sur  la  liste  de  ses  généreux 


—176— 

pouscripteurs  le  nom  de  Mgr  Duhamel,  archevêque  d'Ottawa.  Sa 
Grandeur  a  daigné  offrir  à  l'A.  C.  J.  le  don  gracieux  de  $25.00.  Nous 
lui  présentons  nos  plus  sincères  remerciements. 

Un  mot  encore  et  je  finis.  Un  arbre  qui  produit  des  fruits  si 
beaux  et  si  abondants  est  plein  de  sève  et  de  vie.  '"A  bon  entendeur 
salut." 

Armand  Dugas,  sec. -cor. 


NOTES 

Nos  remerciements  sincères  aux  deux  bienfaiteurs  insignes  qui 
ont  souscrit  chacun  $10.00. 

*** 

Nous  avons  eu,  il  y  a  quelques  jours,  la  visite  du  camarade  R. 
Lapointe,  Président  du  cercle  Duhamel  formé  à  Ottewa.  Il  nous  a 
apporté  d'excellentes  nouvelles  de  nos  amis  de  la  capitale. 

*** 
Les  membres  de  l'A.  C.  J.  ont  montré,  il  y  a  quelques  jours, 
leur  valeur  dans  l'action.  Répondant  à  l'appel  qui  leur  était  fait  par 
le  comité,  relativement  au  bill  créant,  dans  l'Ouest,  deux  nouvelles 
provinces,  ils  ont  retourné  au  camarade  Angers  les  blancs  de  requê- 
tes couverts  de  plus  de  6000  signatures.  C'est  un  succès  :  Bravo  et 
merci,  camarades  ! 


AVIS 

Prière  aux  journaux  d'adresser  les  échanges  à  "  Le 
Semeur"  324  Ste  Catherine,  au  lieu  de  473  St-Denis, 
Montréal   (ancienne  adresse). 

*** 

On  voudra  bien  ne  pas  nous  envoyer  de  timbres 

étrangers  comme  paiement  d'abonnement. 

,  -x- 
*  -x- 

Tontes  les  lettres  concernant  l'administration  du 
Semeur,  abonnements,  annonces,  changements  d'a- 
dresse, doivent  être  adressées  à  M.  l'Administrateur 
du  Semeur,  G. -H.  Baril,  324,  rue  Ste-Catherine. 
Tél.  Bell  Est  720.