REVUE INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE EN AFRIQUE |
Gestion de la Faune, Aménagement d’aires protégées, Conservation des ressources naturelles.
INTERNATIONAL JOURNAL ON NATURE CONSERVATION IN AFRICA |
Wildlife and Protected Areas Management and Natural Resources Conservation.
Volume 7, n°4, Octobre-Décembre 1991.
October-December 1991.
Organisation des Nations Unies fan Programme des Nations Unies pour
pour l’Alimentation et l’Agriculture Mm, l'Environnement
Food and Agriculture Organization 09, TP V4 United Nations Environment
of the United Nations Y Programme |
FAO Regional Office for Africa :
Bureau Régional de Ja F.A.O. pour PAfrique - Accra (Ghana)
Nature et Faune
Volume 7, n°4 Octobre-Décembre 1991
Octobre-December 199
La revue Nature et Faune est une publication internationale
trimestrielle destinée à permettre un échange d'informations
et de connassainces scientifiques concernant la gestion de
la faune, l'aménagement des aires protégées et la conserva-
tion des ressources naturelles sur le continent africain.
"Nature et Faune" is a quarterly international publication de-
dicated to the exchange of information and scientific data on
Wildlife and protected areas management and conservation
of natural resources on the African continent.
Editeur - Editor : J.D. Keita a.i.
Ass. Editeur - Ass. Editor : J. Thompson
Conseillers - Advisers : J.D. Keita - G.S. Child
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vage dans la Région. Pour la publication d’articles ou tout
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Revue NATURE ET FAUNE
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P.O. BOX 1628
ACCRA (Ghana)
mmaire - n
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La Conservation des Foréts Tropicales: présentation générale du probléme ............... .§
Deuxième rapport intérimaire sur l’état des forêts tropicales ............................. 10
Conservation and protection of tropical rain forests: the perspective of the World
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Climate change and agriculture, forestry and fisheries .................................. 27
THAQUCTIONS - TRANSLATIONS ide cases ll AR ANS 31
ou limites.
Le contenu des articles de cette revue exprime les opinions de leurs auteurs et ne reflète pas nécessairement celles de la FAO, du
PNUE ou de la rédaction. Il n'exprime donc pas une prise de position officielle, ni de l'Organisation des Nations Unies pour l'Ali-
mentation et l'Agriculture, ni du Programme des Nations Unies pour l'Environnement. En particulier les appellations employées
dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n'impliquent de la part de ces Organisations aucune prise de
position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant aux tracés de leurs frontières
Printed by The Advent Press — Accra
EDITORIAL
The Tropical Forest: the magic word ofthe
moment, no longer invokes the horrors of the
Green Inferno, or Kipling’s jungle of adventure,
but that of Hope: an inexhaustible source of
varied resources, a reservoir of genes for our
future salvation, a tank for carbon dioxyde,
which is blamed for being one of the causes
for global warming of the earth, etc...
It is thus very normal for everyone to be
concerned about the accelerated rate of its
destruction and propose solutions for its
conservation. It is also normal that this should
be the occasion for passionate expression of
views.
Three groups are involved in this debate:
first of all the foresters, defending their sacro-
sanct forest management on a sustained yield
basis. Their talk is punctuated with words like
inventory, management plan, exploitation,
protection and regeneration.
The conservationists, on the contrary, be-
lieve that this "forestry management" means
the destruction of forests, for they claim that
once the tropical forest is logged, it can never
recover its original state. The foresters, they
add, do not yet know how to effect this rege-
neration.
A third group is of the opinion that sustai-
ned management is certainly good, but it
should not only concern wood and its by-pro-
ducts. To them, the management must be glo-
bal, involving all forest "products", giving prio-
rity to those affecting the populations living wi-
thin and around the forest. They are thus more
La Forét Tropicale, c’est le mot magique
d'aujourd'hui; elle n’évoque plus l’épouvantail
de l'Enfer Vert, ou la jungle d'aventures de Ki-
pling; mais bien l'Espoir: une source inépuisa-
ble de ressources de toutes sortes, un réser-
voir de gènes pour notre salut futur, un réser-
voir où stocker le gaz carbonique, accusé d’é-
tre un des responsables du réchauffement gé-
néral de la terre, etc...
ll est donc normal que tout le monde se pré-
occupe du rythme accéléré de sa destruction
et propose des solutions pour y remedier. Il
est également normal que cela soit l'occasion
d’empoignades passionnées.
Trois groupes s'affrontent dans le débat:
d’abord les forestiers, mettant en avant leur sa-
cro-saint aménagement des foréts sur la base
du rendement soutenu. Leur bréviaire est :
émaillé de mots comme inventaire, plan d'amé-
nagement, exploitation, protection et régéné-
ration.
Les conservationistes au contraire pensent
que cet "aménagement forestier’ signifie la
destruction des forêts, car disent-ils, une fois
exploitée, la forêt tropicale ne reprend jamais
plus son état originel. Les forestiers, ils ajou-
tent, ne savent pas encore comment provo-
quer cette régénération.
Untroisième groupe est de l'avis que l’amé-
nagement soutenu est certainement bon, mais
pas seulement sur la base du bois'et de ses dé-
rivées. Pour eux, l'aménagement doit être glo-
bal, concerner toutes les "productions" de la
forêt, en priorité celles interessant le plus les
concerned with the problems posed by the
participation of the populations in the systems
of conservation particularly those systems in
which human activities are almost completely
banned, or very minimal. In effect, how do we
get the population to participate in the protec-
tion of a national park when these people have
been driven out of the park, and their children
can only be turned into waiters and stewards
in tourist centres, when their real needs
concern farm and pasture lands?
Passion - always a bad fellow - is at the ori-
gin of ferocious criticisms of others’ initiatives.
But these criticisms are good and even inevi-
table as the problems are so complex and the
interests very varied. Nature et Faune plans to
publish in the next 3 to 4 issues, articles writ-
ten by persons, with their passion, engaged in
various aspects of the problem. We thus wish
to give our readership original information and
also to enable them participate in the debate.
Opinions expressed must not be considered
as the position of either FAO or UNEP.
populations vivant dans et autour des foréts.
Ils sont donc préoccupés par les problèmes
que pose la participation des populations dans
les systèmes de conservation, en particulier
comment faire participer les populations dans
les systèmes de conservation où les activités
humaines sont sinon totalement interdites, tout
au moins très réduites. En effet comment ob-
tenir la participation à la conservation d'un Parc
national, de populations chassées de ce Parc
et à qui on ne propose que de transformer leurs
enfants en garçons de café dans les établisse-
ments touristiques, quand leurs besoins réels
concernent des terres de culture et des pâtu-
rages ?
La passion - toujours mauvaise conseillère
- est à l’origine des critiques féroces des initia-
tives des uns et des autres. Mais ces critiques
sont salutaires et même inévitables tant les pro-
blèmes sont complexes et les intérêts diver-
gents. Aussi Nature et Faune se propose, de
publier dans les 3 à 4 numéros à'venir, des ar-
ticles écrits par des personnes engagées -
donc avec leurs passions - sur les différents as-
pects du problème. Nous voulons par là don-
ner à nos lecteurs une information d'origine et
aussi leur permettre de participer au débat.
Les opinions exprimées ne doivent pas être
considérées comme prises de position ni de la
FAO, ni du PNUE.
La Conservation des Forêts Tropicales
Présentation Générale du problème
par J.D. Keita*
Introduction
Le poète français Chateaubriand écrivait au
début du 19e siècle que "les forêts précèdent
les peuples, les déserts les suivent". Mais bien
avant, d’autres écrivains et penseurs s'étaient
lamentés de la disparition des forêts, prélude
à la décadence des sociétés humaines. Le
grand philosophe grec Platon avait décrit avec
un relief saisissant le cas de la Grèce.
"Ainsi qu'on peut s’en rendre compte, la
Grèce est demeurée par rapport à celle d’au-
trefois comme le squelette d’un corps déchar-
né par la maladie. Les parties grasses et
molles de la terre ont coulé tout autour, et il ne
reste que la carcasse nue de la région. En ce
temps là, la Grèce avait pour montagnes de
hautes ondulations de la terre, les plaines
qu'on appelle aujourd’hui champs de Phellus
étaient couvertes d’une glèbe grasse; il y avait
sur les montagnes de vastes forêts dont il reste
maintenant des traces visibles, car parmi ces
montagnes, qui ne peuvent plus nourrir que
des abeilles, il y en avait sur lesquels on cou-
pait encore, il n’y a pas de très longtemps, de
grands arbres propres a batir Jes plus grandes
constructions.
ll y avait beaucoup de hauts arbres cultivés-
et la terre donnait aux troupeaux une pature
inépuisable. L'eau fécondante de Zeus qui s’y
écoulait chaque année ne ruisselait pas en vain
pour aller se perdre dans la mer. La terre en
avait dans son sein et elle en recevait du ciel
une quantité qu'elle mettait en réserve dans
celles de ses couches que l'argile rendait im-
perméable; l'eau qui tombait des endroits éle-
vés s'écoulait aussi dans les anfractuosités du
sol. Aussi, en tout lieu coulaient les flots géné-
reux des sources et des fleuves."
ll n'y a probablement pas de spécialiste en
matière d’érosion et de conservation qui
puisse aujourd’hui mieux décrire les relations
d’équilibre entre le couvert forestier, les sols et
les eaux, qui conditionnent l’existence stable
d’une communauté humaine, dans un espace
donné.
Cen’est donc pas aujourd’hui que l'homme
a commencé à détruire la forêt, ni non plus qu'il
a commencé à en reconnaître les effets. Ce
qui est cependant nouveau aujourd'hui, c'est
d’abord que depuis environ un siècle, l'homme
à travers sa révolution industrielle, s'est doté
de moyens de destruction jamais égalés; et
qu'en conséquence, la destruction se produit
à un rythme plus accéléré. Un autre élément
nouveau est qu'aujourd'hui la prise de
conscience n'est plus seulement au niveau
des penseurs et des philosophes, mais d'un
plus large public; la gamme des solutions et
MT os g à PR
initiatives proposées pour la conservation des
forêts est de ce fait très étendue.
Quels sont les enjeux 7
Essayons de rappeler encore une fois brié-
vement les véritables enjeux de la conserva-
tion, avant de passer en revue les diverses ini-
tiatives prises ou suggérées récemment en fa-
veur de la conservation des foréts tropicales.
Le premier enjeu de la conservation
concerne les ressources. Les foréts consti-
tuent un immense réservoir de ressources
dont l’exploitation est indispensable a
l'homme; elles fournissent bois, fourrages,
produits alimentaires, plantes médicinales
etc... L'importance de ces ressources pour les
communautés humaines peut paraître très va-
riable, des déserts aux forêts de pluie, mais en
réalité, ces ressources jouent les mêmes fonc-
tions essentielles dans la sta-
bilité des différentes socié-
tés. Ceci est à présent assez
bien documenté. Les Pyg-
mées de Centrafrique récol-
tent tout leur ravitaillement
alimentaire dans la forêt,
mais les pasteurs du désert
Ferlo au Sénégal, se procu-
rent aussi l’essentiel de leur
ration de vitamines et de sels
minéraux indispensables, a
partir des formations li-
gneuses pérennes.
Le deuxième enjeu
concerne le rôle joué par les
formations forestières dans
la genèse et le maintien du
potentiel de production des
sols ainsi que les rôles de réservoir pour l'eau
et de manteau protecteur contre l'érosion. Ce-
la aussi est à présent bien documenté. La des-
truction des forêts a pour conséquences im-
médiates au niveau du fermier et de la commu-
nauté rurale, la disparition des ressources fo-
restières, la démolition de la base du système
dela production rurale, et la désolation de l’en-
vironnement causées par l'érosion. C’est l’en-
grenage de la pauvreté.
Le troisième enjeu concerne la survie des
populations dites primitives, ou aborigènes ou
encore appellées minorités vivant dans les fo-
rêts (forest communities). Pour ces commu-
nautés, la forêt est le milieu de vie leur garan-
tissant un mode de vie particulier, dépendant
entièrement d'elle. La disparition de la forêt si-
gnifie évidemment disparition de ce mode de
vie et donc des communautés elles-mêines.
Ce problème concerne des centaines de mil-
lions de personnes en Amérique du sud, en
Asie tropicale et aussi en Afrique (Cameroun,
Centrafrique, Congo et Zaïre pour l'essentiel).
A ces trois enjeux, que l’on pourrait quali-
fier de traditionnels et qui concernent directe-
ment les communautés rurales des pays en
voie de développement, s'ajoutent depuis
quelques décennies, deux autres, non moins
importants cependant. Le premier concerne
la diversité biologique qui doit être maintenue
sur terre afin que l'homme puisse disposer de
tous les gènes et des formes de vie dont la
petite planète a été dotée. Il est évident que
les progrès que l’homme pourrait et doit faire
pour améliorer ses conditions de vie, dépen-
dent de ce réservoir dont le contenu doit être
sauvegardé.
Le second concerne le rôle de réservoir
pour l'excès de CO2 que les forêts pourraient
stocker pour diminuer la concentration de l’at-
mosphère en gaz contribuant à l'effet de serre
et donc au réchauffement de la planète. Cela
est moins bien documenté, mais un réchauffe-
ment éventuel de la planète est une préoccu-
pation réelle et s’il se produisait, cela aurait de
grandes répercussion sur l’agriculture mon-
diale et en cunséquence, sur la vie sur terre.
Les scientifiques n’ont pas encore cerné avec
précision quelle est exactement la part de la
destruction des forêts dans les changements
de climats qui sont prédits et dont certains
signes avant-coureurs ont commencé à se
manifester (sécheresses un peu trop fré-
quentes, trou dans la couche d'ozone, etc...).
ll est cependant estimé que la contribution
nette des émissions de bioxyde de carbone
provenant du déboisement permanent attein-
drait peut-être 25% de l'augmentation totale
annuelle nette des émission de bioxyde de car-
bone. De toutes les façons, il n'est pas possi-
ble de déclarer cela négligeable, car les fac-
teurs agissant dans le phénomène de change-
ment de climat, ne s'ajoutent pas mécanique-
ment, mais interfèrent de manière dynamique
les uns sur les autres. Il ne faut donc pas re-
garder aux seuls pourcentages de CO: fournis
par la destruction des forêts par rapport aux
pourcentages des autres activités concer-
nées.
Problèmes de priorités ?
ll y a un large consensus sur ces enjeux;
certes la hiérarchisation des priorités est diffé-
rente. Les pays pourvus d’importantes res-
sources forestières estiment que l'exploitation
de ces ressources doit leur permettre d’assu-
rer leur développement économique. Après
tout, disent-ils, ces forêts constituent la source
de richesse dont Dieu a doté leurs pays tout
comme certains pays arides et désertiques
sont dotés de gisements de pétrole ! Pour eux
donc l'aménagement forestier qui consiste à
gérer ces ressources en bon père de famille,
est la priorité des priorités et toute l’action doit
tendre à alder leurs gouvernements à mieux
exploiter, aménager et conserver les forêts.
Dans les pays du Nord développés et
riches, les ressources forestières ne sont plus
regardées en priorité comme des ressources
marchandes et les préoccupations sont plus
tournées vers la conservation de la diversité
biologique et les changements de climat.
Apparemment, les intérêts sont donc diver-
gents, mais stratégies et programmes d'action
doivent se compléter pour que tous les objec-
tifs soient atteints. La grande diversité des ins-
titutions impliquées dans la conservation doit
aussi garantir qu'aucun aspect n’est oublié.
Les initiatives et leur limites
Des institutions nationales aux grandes or-
ganisations internationales, en passant par les
organisations non-gouvernementales et
même les initiatives privées, il y a une gamme
fort étendue de stratégies élaborées et une pa-
noplie nombreuse de programmes d'action
mis en oeuvre. La FAO, l'UNESCO à travers
son programme MAB (l'homme et la Bio-
sphère), IUFRO (International Union of Forest
Research Organizations), ITTO (International
Timber Trade Organization), ainsi que l'Institut
pour les ressources Mondiales, l'UICN (AI-
liance Mondiale pour la Nature), le Fonds Mon-
dial pour la Nature (WWF), Friends of the
Earth, Greenpeace, etc., sont les principales
organisations intergouvernementales et non
gouvernementales qui, a travers leurs pro-
grammes de recherches et de développe-
ment, aident le plus les pays tropicaux a éla-
borer et mettre en oeuvre des stratégies et pro-
grammes d’action visant a protéger, aména-
ger et conserver les écosystémes forestiers
tropicaux. Ces organisations sont aidées en
cela par le PNUD, la Banque Mondiale, les
Banques Régionales de Développement, les
aides bilatérales, etc., qui financent les pro-
grammes formulés.
La matérialisation de ces efforts de protec-
tion et de conservation des foréts est consti-
tuée par l'existence des Réserves forestières
plus ou moins bien aménagées, des Parcs Na-
tionaux et réserves de Faune plus ou moins
bien protégées, des Réserves de la Biosphère,
des réserves naturelles, patrimoines de l’Hu-
manité, etc... Tout le monde, tant s'en faut,
n'est pas satisfait de ces résultats et depuis
une dizaine d'années, la communauté interna-
tionale est très agitée par de nouvelles idées
sur la conservation des Forêts Tropicales. Les
stratégies et programmes se succèdent et la
cadence à laquelle ils sont fabriqués et aussi
vite critiqués et abandonnés, traduit sans nul
doute un certain désarroi.
Foresterie communautaire et Participation
des Populations, systèmes de Boycott des
Bois Tropicaux, Echange Dette contre protec-
tion de la Nature, Convention sur les change-
ments de climat, Plan d’Action Forestier Tro-
pical, Plan d’Action Environnemental de la
Banque Mondiale,...etc, sont à l'heure actuelle
les principales initiatives de la communauté in-
ternationale en faveur de la conservation des
écosystémes forestiers tropicaux.
Le concept de participation des popula-
tions est probablement un des plus promet-
teur, bien que les programmes mis en oeuvre
jusqu'à présent n'ont pas toujours eu les suc-
cés escomptés. On se rend compte que leur
mise en oeuvre fructueuse nécessite bien sou-
vent de profondes réformes économiques, so-
ciales et politiques. Ces programmes ne por-
tent des fruits acceptables que lorsqu'ils sont
implantés dans des systèmes politiques de dé-
mocratie participative. C'est pourquoi le
concept de participation est de plus en plus lié
aux problèmes des droits de l'homme.
D'autres initiatives commes les proposi-
tions de boycott des bois tropicaux, les sys-
tèmes de remise de dettes contre protection
de la nature, les conventions internationales
touchant à la conservation des forêts, ne sont
généralement pas vues d’un bon oeil. Ils sont
même quelquefois violemment combattus par
les pays tropicaux, qui y voient des tentatives
du Nord développé de les priver d'une source
de revenus nécessaire à leur développement
et aussi de leur faire supporter tout le poids des
mesures de prévention des changements de
climat planétaire. Cela est jugé d'autant plus
injuste que le Nord est en fait le premier re-
sponsable de la situation. C'est le Nord qui a,
jusqu'à présent, accumulé et consommé les
ressources et les richesses de la planète. Il est
donc normal due le Nord paie pour sa réhabi-
litation. Comme on le voit, le débat devient vite
passionné, mais à notre avis, proposer un boy-
cott dans le contexte mondial actuel, révèle un
désarroi et traduit une philosophie du pessi-
misme. Le problème est d'aider des commu-
nautés à mieux gérer leurs ressources pour
leur bien et celui du reste des hommes, tout en
sauvegardant le capital.
Les Tribulations du PAFT ou la
Nécessité d’une Harmonisation
des différentes Initiatives
Le Plan d'Action Forestier Tropical, la der-
nière née des initiatives de la communauté in-
ternationale n'échappe pas au cycle Eupho-
ries - critiques qui a été le lot des initiatives an-
térieures. Le PAFT se veut un exercice de pro-
grammation et de planification, destiné à pré-
parer des programmes et projets de conserva-
tion et d'aménagement dans un cadre de
concertation entre la communauté des Dona-
teurs et les différents pays tropicaux. L’exer-
cice doit être coordonné par les pays et les
projets et programmes identifiés et formulés
doivent réfléter leurs priorités et s'intégrer har-
monieusement dans leurs politiques et plans
de développement.
Les premiers dossiers sortis ont été très di-
versement appréciés. Certains furent même
l'objet de violentes critiques de la part de cer-
tains parrains mêmes du PAFT comme l'Insti-
tut Mondial des Ressources basé à Washing-
ton. Pourtant la grande majorité des pays tro-
picaux se sont déjà engagés dans l'exercice
du PAFT, en particulier ceux d'Afrique. C’est
par la concertation tant à l'intérieur des pays
qu'avec la communauté internationale que
chaque pays pourra se doter d'une stratégie
et d'un Plan de développement des res-
sources forestières qui puissent concilier les
impératifs d’un aménagement forestier pro-
ductif à court terme et ceux d’une conserva-
tion plus restrictive et productrice seulement à
long terme.
Le PAFT pourrait et devrait constituer le fo-
rum de concertation permettant de concilier
les divers intérêts de tous ceux qui sont
concernés, par la conservation des Forêts Tro-
picales.
* Fonctionnaire forestier régional au Bu-
reau régionaf de la FAO pour l'Afrique à Accra
(Ghana)
DEUXIEME RAPPORT INTERIMAIRE SUR L’ETAT
DES FORETS TROPICALES
par
Le Projet d’Evaluation des Ressources Forestières 1990 (FAO)
(10éme Congrés Forestier Mondial, Paris, France, Septembre 1991)
L’estimation des ressources forestiéres
glohales fait partie du mandat de la FAO. La
dernière estimation à l'échelon mondial a été
conduite en prennant 1980 comme année de
référence. L’estimation actuelle qui prend
1990 comme référence a été lancée en mars
1989. Son but est de produire une information
fiable et globalement cohérente sur l’état ac-
tuel de la couverture forestière tropicale, sur
les récentes tendances en matière de défore-
station et de dégradation des forêts. Les
scientifiques et les décideurs ont besoin de
cette information qui soutiendra le Plan d’Ac-
tion Forestier Tropical.
Lee
Le Projet réalise, l'estimation en deux
phases complémentaires, (I) compilation des
données fiables existantes ramenées à l’année
de référence 1990 grâce à une fonction d’ajus-
tement; et (Il) suivi de la couverture forestière
et de ses changements en utilisant des techni-
ques de télédétection par échantillonnage.
Pour l'étude des causes et des impacts de la
déforestation et de la dégradation des foréts,
le Projet a mis au point un Système d’Informa-
tion Géographique (SIG) complet. Ce sys-
téme comprend plusieurs niveaux importants
d’information comme les types de végétation,
les zones éco-floristiques et la répartition de la
population au niveau sous-national.
Pays tropicaux en cours d’évaluation par sous-region (numerotées comme sur le tableau 1)
10
Tableau 1: Estimation préliminaire de la surface forestière et du taux de
déforestation pour 87 pays des régions tropicales (mis à jour au 15
octobre 1991)
NOMBRE SURFACE SURFACE SURFACE DEFOREST. TAUX DE
SOUS-REGION DE PAYS TOTALE DES FOREST. FOREST. ANNUELLE VARIATION
ETUDIES TERRES * 1980 * 1990 * 1981-90 * 1981-90
(---------- milliers d’hectares ------------ ) % PAR AN
AMERIQUE LATINE 32 1 675 700 923 000 839 900 8 300 - 0.9
1 AMERIQUE CENTR. ET MEXIQUE 7 245 300 77 000 63 500 1 400 - 1.8
2 SOUS-REGION CARIBEENNE 18 69 500 48 800 47 100 200 - 0.4
3 AMERIQUE DU SUD TROPICALE 7 1 360 800 797 100 729 300 6 800 - 0.8
ASIE 15 896 600 310 800 274 900 3 600 ae
4 ASIE DU SUD 6 445 600 70 600 66 200 400 - 0.6
5 ASIE DU SUD-EST CONT. 5 192 900 83 200 69 700 1 300 - 1.6
6 ASIE DU SUD-EST INSULAIRE 4 258 100 157 000 138 900 1 800 aoe ty 4
AFRIQUE 40 2 243 400 650 300 600 100 5 000 - 0.8
7 AFRIQUE DE L'OUEST SAHEL. 8 528 000 41 900 38 000 400 - 0.9
8 AFRIQUE DE L'EST SAHEL. 6 489 600 92 300 85 300 700 - 0.8
9 AFRIQUE DE L'OUEST 8 203 200 55 200 43 400 1 200 = 2.2
10 AFRIQUE CENTRALE 7 406 400 230 100 215 400 1 500 - 0.6
11 AFRIQUE DU SUD TROPICALE 10 557 900 217 700 206 300 1 100 - 0.5
12 AFRIQUE INSULAIRE 1 58 200 13 200 11 700 200 =~ 41,2
TOTAL 87 4 815 700 1 884-100 1 714 800 16 900 - 0.9
* Les totaux peuvent ne pas correspondre entre eux dû aux valeurs arrondies
Pendant la phase |, le Projet a constaté que
l'information disponible n'était pas suffisam-
ment précise ou complète pour estimer les
changements de la superficie du couvert fo-
restier dans le temps. Dans presque tous les
cas les enquêtes avaient été conçues pour
estimer la couverture forestière à une date
donnée et non pour fournir une base cohé-
rente et fiable au suivi continu des ressources
forestières, que ce soit au niveau national ou
au niveau global. Pendant la phase Il, le Pro-
jet a donc développé une méthodologie et ini-
tié une première expérience de suivi de l’en-
semble de la zone tropicale. La méthodologie
utilise l'interprétation d'images satellitaires
dans un dispositif d’échantillonnage aléatoire
stratifié. Les résultats sont attendus pour mi-
1992; ils comprendront: (i) estimations de la
11
surface de la couverture forestière, du taux de
changement aux niveaux global, régional et
sous-régional et détermination de la précision
de ces estimations; et (ii) une matrice d’infor-
mation sur le changement afin de cornprendre
comment l’utilisation des terres est en train d’é-
voluer.
Le premier rapport intérimaire du Projet
d’Evaluation des Ressources Forestiéres 1990
basé sur les études de la phase | a été présen-
té en septembre 1990 à la dixième session du
Comité des Forêts (COFO) à Rome. Il conte-
nait des estimations préliminaires de surface
au niveau régional pour des pays situés prin-
cipalement dans la zone tropicale humide.
Depuis, d'autres pays ont été traités et des in-
formations existantes ont été mises à jour.
Des estimations révisées de la surface de cou-
verture forestière et des taux de déforestation
au niveau sous-régional sont données au ta-
bleau 1. Ces chiffres sont fondés sur les cou-
vertures existantes et doivent être considérés
comme provisoires. Des informations supplé-
mentaires sont attendues pour certains pays,
et en particulier pour la région africaine.
Les estimations et les définitions du tableau
1 sont conformes à celles qui ont été présen-
tées au Comité des Forêts (COFO) en septem-
bre 1990. Les forêts sont définies comme des
formations végétales dont le sol est couvert au
minimum à 10 % par les houppiers des arbres
(hauteur minimum 5 m) et/ou des bambous.
visée à cause de l’utilisation de nouvelles don-
nées pour plusieurs pays. Les estimations ac-
tuelles concernant les taux de déforestation de
la zone tropicale humide sont inférieures. La
plus grande attention est portée à la mise au
point d’une base de données adéquate et à
jour.
Les différences observées entre l’estima-
tion actuelle (1990) et celle qui a été faite par
la FAO/PNUE (1980) sont illustrées par le ta-
bleau suivart fondé sur 76 pays communs aux
deux estimations:
Projet
FAO/PNUE (1980)
Projet d’Evaluation des Ressources Forestières 1990
Estimations pour l'année de référence (1980)
Surface forestière Taux de déforestation
millions ha. millions ha. % paran
1 935 11.3 0.6 (1976-80)
1 882 16.9 0.9 (1981-90)
Elles sont en général associées à la flore et
à la faune sauvage ainsi qu’à des conditions
de sol naturelles. Elle ne sont pas sujettes aux
pratiques agricoles. La déforestation est défi-
nie ou bien par un changement d'utilisation du
sol ou bien par une baisse de la couverture des
houppiers en dessous de 10 %.
Cependant, on peut remarquer les change-
ments suivants selon les régions. En Asie la
surface de la couverture forestière et le taux de
déforestation sont tous deux inférieurs à cause
de la disponibilité en 1991 de nouvelles don-
nées pour l'Inde et Myanmar. En Amérique la-
tine, ces estimations sont supérieures à cause
de la prise en compte de l'intégralité du Brésil
(les précédentes estimations se limitaient aux
zones tropicales humides, soit le Nord-Brésil).
En Afrique, l'estimation a été complétement ré-
12
En plus des études sur la déforestation, le
travail en cours porte sur l'évaluation de la dé-
gradation des forêts. Il existe des indices ten-
dant à montrer que ia perte de biomasse dans
les forêts tropicales intervient à un taux signi-
ficativement supérieur à celui de la perte de
surface forestière due à la déforestation.
Conservation and protection of tropical
rain forests: the perspective of the World
Conservation Union
by J. Sayer
The urgericy of conserving the remaining
tropical moist forests has attracted enormous
attention in the media and in political enivron-
ments in recent years. But among foresters,
naturalists and natural resource managers this
concern is not new. In 1948, at the meeting in
Briinnen, Switzerland, where the decision was
taken to establish the International Union for
the Conservation of Nature and Nautral Re-
sources (IUCN) - now the World Conservation
Union - tropical rain forests were identified as
an important target for attention. Even much
longer ago, concern was already being ex-
pressed. For example, in 1850 the British As-
sociation for the Advancement of Science ap-
pointed a committee to consider "the probable
effects, from an economical and physical point
of view, of the Gestruction of tropical forests".
A report by the committee mentioned the eco-
nomic value of teak for export although consi-
derable attention was also given to the ill-
effects of felling trees on steep slopes.
Early concern centred upon the environ-
mental values of tropical forests. Recognizing
that the removal of forests disrupted hyarolo-
gical functions and microclimates, the objec-
tive of foresters and land managers was to en-
sure the maintenance of some form of forest
cover. However, it was thought that any type
of forest could protect soils and watersheds
13
and it was not considered particularly impor-
tant to maintain the forest in a natural state.
In the late nineteenth and early twentieth
centuries, ae resource management legisla-
tion and forest departments were gradually set
up throughout the tropics, the main emphasis
was on defining and protecting a "permanent
forest estate". At this point, the objective was
to maintain forest cover on environmentally
sensitive areas and to ensure supplies of forest
products. In most tropical countries, "forest
reserves" were established in which the extrac-
tion of timber and non-wood products was al-
lowed on condition that a permanent forest co-
ver was maintained.
The biological richness of rain forests, at
least in terms of the more conspicuous plants
and animals, was recognized by nineteenth-
century botanists and zoologists who visited
the tropics. Charles Darwin commented that:
"Delight... is a weak term to express feelings of
d naturalist who for the first time has wandered
by himself in a Brazilian forest." Alfred Russel
Wallace collected 700 species of butterflies
and moths within an hour’s walk of his house
in eastern Amazonia, one in 30 of all the world’s
known species. However, very little was
known of the distribution of even these species
within the forests, and even less of their ecolo-
gy or habitat requirements. The amazing di-
versity of less conspicuous arthropods and the
soil fauna and flora were almost completely
unknown.
Thus, in the first half of the twentieth centu-
ry, while many tropical countries were estab-
lishing national parks and reserves to protect
outstanding landscapes or conspicuous spe-
cies of large mammals and birds (tigers in Asia,
game in the plains of Africa, etc.), very little at-
tention was given to the protection of the rain
forests and their flora and fauna.
With hindsight this is easy to understand.
Until the 1950s there were vast areas of tropi-
cal rain forest which had suffered very little dis-
turbance. Clearance had occurred on the
fringe of the true rainforest zones in Madagas-
car and mainland South and Southeast Africa,
and in areas where alluvial or volcanic depo-
sits provided especially rich soils suited to agri-
culture. But the major forest blocks of Amazo-
nia, central Africa and insular Southeast Asia
were largely intact.
The situation then began to change radical-
ly. Technological advances occurring around
the time of the Second World War resulted in
heavy tracked vehicles becoming widely avai-
lable. It was suddenly feasible to build access
roads into remote forest areas. The wide avai-
lability of mobile power handsaws greatly faci-
litated clearing and logging in remote forest
areas, and the transport of large-size timber
became much easier. Stable, strong and aes-
thetically attractive tropical timbers were in-
creasing demand in distant industrial markets
as a result of industrial growth. Equivalent tim-
bers from temperate sources were in short
supply and were also expensive investments
in forest management in the North created a
significant price differential.
The sudden availability of modern medi-
cines, health care and food in tropical coun-
tries triggered a doubling of human popula-
tions between 1950 and 1990. Most of this
14
growth occurred in the tropics or subtropics.
Population growth generated greatly increa-
sed demand for resources and also a vast re-
servoir of poor people eagerly seeking new
lands on which to eke out a living. The new ac-
cess roads into the forests were an irresistible
magnet to these people.
Forest departments and nature conserva-
tion bodies found themselves unprepared for
the dramatic increase in pressure on tropical
forest resources. Lesgislation, enacted in
days when pressures were fewer, proved ina-
dequate, inappropriate and unenforceable in
the changed circumstances. Powerful indus-
trial logging interests found it easy to circum-
vent or ignore forest management plans, and
burgeoning rural populations living at the brink
of subsistence could not be denied access to
the only unoccupied lands available. The pe-
riod from 1950 to 1990 saw unprecedented de-
gradation, clearance and fragmentation of the
world’s rain forests.
THE BIOLOGICAL VALUE OF
RAINFORESTS
The period from 1950 to 1990 also saw an
unprecedented increase in the level of scienti-
fic interest in tropical forest ecosystems. New
universities and research institutes sprang up
in tropical countries and affordable air travel al-
lowed researchers from the industrialized
world to conduct field work in the tropics. The
communication of research findings through
initiatives such as the Unesco International
Biological Programme in the 1960s and, later,
the Man and the Biosphere Programme, led to
greatly increased awareness of the enormous
wealth of species in tropical forests.
In the light of classic studies by Erwin
(1988) on the insect fauna of the canopies of
trees in Central America, scientists upwardly
revised their estimates of total species diversi-
ty by several orders of magnitude. Some 1.4
million species of organisms have been des-
cribed by science to date, but extrapolation of
the work of Erwin and others suggests that the
total number of species in the world may be as
many as 20 to 80 million (Stork, 1988). The
vast majority of these are inhabitants of the tro-
pical forest canopy.
Although the higher plants and vertebrates
of tropical forests are now reasonably well-ca-
talogued, new species in these groups are still
being described with surprising frequency.
Evenamong the primates, several new species
were described in the 1980s, and all plant col-
lections from the humid tropics contain a signi-
ficant proportion of undescribed species.
Parallel to this emerging realization of the
amazing diversity of tropical forests is an in--
15
creasing awareness of the complex interde-
pendence of many species. Terborgh, wor-
king in the Peruvian Amazon, coined the term
"keystone species" for those trees whose se-
lective elimination could provoke the domino-
like extinction of many animal species that de-
pended on them for their food and habitat.
Other studies have shown that there are ani-
mal species which play a similarly vital role in
completing the life cycles of rain forest plants
of considerable economic importance. The
euglossine bees, essential for the pollination of
Brazil nuts in the Amazon, are an often-cited
example (Goodland and Ledec, 1988).
Studies on the genetics of small popula-
tions of organisms have also changed pers-
pectives regarding the problems encountered
in the conservation of tropical forest species.
Many predictions of species extinction in tro-
pical forests have been based upon a formula,
derived from observations onislands, that a 90
percent reduction in habitat size will result in a
50 percent loss of species. However, it is now
clear that the distribution, size, location and in-
terconnectedness of forest areas are all impor-
tant factors in determining species survival. It
appears that the fragmentation of forests into
small, isolated reserves may reduce popula-
tions of widely dispersed species to levels that
are not viable in the long term. Thus, although
some publications may have exaggerated the
number of endangered species, we may have
underestimated the number that have been re-
duced to levels where they are already
condemned to eventual extinction. The majo-
rity of the higher plants, birds and mammals of
tropical forests are present in national parks
and reserves, but many constitute such small
populations that they may already be condem-
ned to extinction as a consequence of genetic
deterioration or random climatic or human-in-
duced events.
THE CHALLENGE OF
FOREST CONSERVATION
There is broad consensus among conser-
vationists that forest management, beyond en-
suring wood supplies and protecting waters-
heds, should also maintain the maximum num-
ber possible of plant and animal species
(Poore and Sayer, 1987). This is based on the
realization that many species have actual or
potential values for human beings. Some hi-
ghly improbable species have produced me-
dicinal drugs or have proved to be vital in the
genetic improvements of crops, in pest
control, or in ecological functions. There is no
doubt that many more will prove to have great
value for humans, either directly or indirectly.
There is also wide acceptance that even those
16
species that make no apparent contribution to
the material well-being of people should be
conserved. This recognition is embodied in
the World Conservation Strategy and has been
recognized by the United Nations General As-
sembly through the adoption of the World
Charter for Nature and the endorsement of the
report of the World Commission on Environ-
ment and Development (WCED, 1987). Given
the imperative of conserving all species, FAO,
UNEP and IUCN are now collaborating in the
preparation of an international convention for
the conservation of biological diversity.
The safest way of ensuring the maximum
protection of these species is to allocate signi-
ficant forest areas to national parks and re-
serves where human interference is minimi-
zed. Protected areas covering tropical savan-
nah, mountains and wetlands were largely in
place by the 1960s, but it was only from 1970
onward that priority was given to according
tropical moist forest habitats protection, a
consequence of our greater appreciation of
the value of their biological diversity and of the
threats of deforestation.
There was a major move to gazette protec-
ted areas in the 1970s and 1980s (see Figure
1), and the latest United Nations list of protec-
ted areas (IUCN, 1980) includes 669 sites in the
lowland tropical moist forest biome, covering
some 66 million ha (see Table). They are areas
lying within the limits of this biome, as determi-
ned by Udvardy (1984), and falling within IUCN
categories I-IV of protected areas of which no
significant human use is permitted. Not all of
these protected areas are entirely forested and
probably only about 5 percent of the biome is
under this form of total protection.
A legal gazette alone does not guarantee
protection. As long as poverty exists in the tro-
pics, people with limited resources will turn to
the forests to supplement their food supplies
FIGURE 1
Cumulative growth of the world cove
rage of protected areas in tropical
forest regions.
parks and reserves are urgently
needed but, as is evident from FI-
gure 2, fewer are being estab- |
lished now than in the past. Pre-
700
600
7
500 /
Al
400 y
A
2
300 121
4
121
IAI
100 Cons A |
eu 25 Y
0 1 TnlalalziA41A Z IMAL
pre-1870 75 80 85 90 95 1900 05 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85
Number of sites designated
YF Area designated ( x 1 000 km?” )
sent trends suggest that acieving
even the modest target of 10 per-
cent total protection of all the tro-
pical moist forest remaining in
1990 will be very difficult. This is
a reflection of the fact that pres-
sures on land are increasing and
fewer options for new protected
areas are available. A major prio-
rity for the conservation commu-
nity, therefore, must be to identify
additional sites that are of special
250
an D
150
50
Pa
pre-1870 75 80 85 90 95190005 10 15 20 25 30 3540 45 50 55 60 85 70 75 80 85
5 2/ ) designated Number of sites designated during
Sr at be each five-year period
FIGURE 2
Growth of the world coverage of protected areas in
tropical forest regions over five-year periods.
and incomes. Human greed is also a factor.
There will always be individuals who strive to
enrich themselves even at the expense of so-
ciety at large. Valuable stands of timber in na-
tional parks can be threatened by urban elites,
who dominate the timber industry and have the
power to influence legislation, as much as by
poor rural people.
Even if the conservation status of these 669
areas could be assured, our knowledge of fo-
rest ecology and biogeography tells us that
they would be inadequate to prevent the ex-
tinction of large numbers of animal and plant
species. Therefore, more totally protected
17
significance for biological diversi-
ty, and bring them under manage-
ment for conservation.
However, protection of even
large areas of the tropical rain fo-
rests would not in itself guarantee maximum
biodiversity. In completely undisturbed areas,
natural evolution continues; although most
species remain, many are naturally replaced
by others. Therefore, the conservation of des-
irable species requires deliberate manage-
ment.
Furthermore, many forest species are re-
markably resistant to the periodic disturbance
of their habitat (Johns, 1985). Indeed, the pe-
riodic fragmentation of forests during periods
of climatic change and the diversification cau-
sed by storm damage, and even by traditional
cycles of shifting cultivation, have all contribu-
ted to the rich diversity of today’s forests. Ma-
ny species have adapted to the regeneration
of forest areas after disturbances and would be
less abundant if all human interferences were
to cease. The four species of wild cattle in sou-
theast Asia are a notable example (Wharton,
1968). Another is the natural emergence of vi-
gorous pioneering tree species which form a
new, dense forest stand after clear-felling.
Therefore, the challenge for the conserva-
tion community is not only to protect larger
areas of tropical rain forest, but to ensure land
uses outside protected areas that will enhance
and complement the conservation value of
parks and reserves, while providing sustaina-
ble socio-economic benefits.
CONSERVING BIOLOGICAL
DIVERSITY IN MANAGED
FORESTS
With the knowledge that human needs for
land and raw materials will result in the modifi-
cation of most of the forest outside protected
areas, as well as the permanent conversion of
a significant portion to other uses, we need to
assess the various options that exist forthe use
of these forests and the land on which they
grow, and also determine which will yield the
greatest benefits for the conservation of biolo-
gical diversity. Empirically, diverse forest sys-
tems composed of native species in an arran-
Ecological coverage of protected areas
of moist tropical forests
Realm No. of areas Total area (ha)
Afrotropical 62 9,448,837
Indomalayan 386 18,314,029
Australian 72 8,150,053
Neotropical 149 30,130,486
Total 669 66,043,405
18
gement similar to the natural forest of the site
would seem the most likely to support the
maximum number of original plant and animal
species.
The best land uses will therefore be the har-
vesting of non-wood products from the natu-
ral forest, and selective logging systems where
a small number of high-value timber trees are
extracted without gross disruption to the re-
maining vegetation.
Many of the challenges related to the achie-
vement of adequate management standards
for ensuring sustainability and preventing the
loss of biological values are economic or poli-
tical, rather than technical. Much of the biodi-
versity of tropical forests is retained even in fo-
rests which are heavily exploited, and impro-
ved forestry practices can further enhance the
contribution of production forests to conserva-
tion (IUCN, in press). The optimum scenario
that we might look forward to in the twenty-first
century is a totally protected forest estate of
about 100 million ha, buffered by a permanent-
ly managed forest estate of a further 200 to 300
million ha.
One of the most intriguing problems for
conservationists is to reconcile the needs of
conservation with those of local people who
live in the forests around protected areas.
When conservation programmes are based on
dialogue with, and the participation of, forest-
dwelling people, it is often possible to find a
large measure of local understanding and sup-
port for forest protection. Considerable work
has now been undertaken in developing eco-
logically sound ways of managing “buffer
zones" so that wildlife and people can coexist
in carefully managed, near-natural forests. If
these buffer zones are judiciously distributed
so as to surround the protected areas and
also provide corridors between them, their va-
lue will be enhanced considerably.
CONCLUSIONS
In the past three decades, increased pres-
sure on the tropical forests and a better under-
Standing of the ecology and value of tropical
forest species have led to the establishment of
a network of national parks and reserves cove-
ring some 5 percent of the moist tropical fo-
rests. This is clearly not sufficient to meet spe-
cies conservation objectives, and a major ef-
fort is needed to extend the protected area net-
work to include adequate samples of all forest
types as well as their full range of biological di-
versity. Rich industrialized countries must be
prepared to help poorer tropical countries
meet the costs of such expanded conservation
programmes. The proposed convention on
biological diversity and legal instrument for fo-
rest conservation and management could pro-
vide mechanisms for the equitable sharing of
costs involved in greatly expanding protected
area networks in tropical forests.
However, protected areas alone will not be
enough to meet the objective of conserving as
many tropical forest species as possible. To
achieve this, it is essential that appropriate fo-
rest uses are found for additional extensive
areas of land in the tropics. These will include
forests managed for timber and others for non-
wood products. The future of many forest spe-
cies depends on successful sustainable mana-
gement.
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19
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ceedings of the Tall Timbers Fire Eco-
logy Conference, 8: 107-67.
World Commission on Environment and De-
velopment. 1987. Our common fu-
ture. Oxford, Oxford University Press.
Wildlife as a crop
by Dick Pitman*
In the East African context it was almost a
radical statement, a break with both the as-
sumptions of many environmentalists and the
near-universal opinion of small farmers in the
region’s rural districts:
"It is proposed to make wildlife an agricul-
tural option to complement crop production
and cattle raising", Zimbabwe's President Ro-
bert Mugabe announced. "Wildlife manage-
ment will be rationalized to bring economic be-
nefits to the rural communities that engage in
it. Game meat will be processed in order to
supplement our beef supply in the local mar-
ket".
The key word in Mugabe’s remarks, delive-
red at the opening of Zimbabwe's Parliament,
was "resource". Few conservationists or plan-
ners, particularly those who approach Africa
from bases in affluent Europe of North Ameri-
ca, can bring themselves to regard wildlife as
aresource. They share the exclusively aesthe-
tic view of animals imposed on the continent
by successive generations of colonists, and
react to other positions with distaste.
Meanwhile, still smarting from the colonial
experience, post-independence Zimbab-
weans from policy-makers to farmers tend to
agree with a villager in the Simchembu ward of
Gokwe Communal Land, who says: "Wildlife is
nothing but a nuisance. Elephants destroy our
crops every night. They (the government) can
kill everything bigger than a hare as far as we
are concerned".
20
The president’s speech thus represented a
landmark in the long evolution - often broken
by radical shifts in attitudes, perceptions and
legislation - of a new social and economic ap-
proach to Africa’s unique animal heritage.
Surprisingly, the impetus behind it stems part-
ly from the work of several non-governmental
organizations (NGOs) whose original man-
dates had little to do with game.
Wildlife - which in East Africa tends to mean
large mammals - formed an integral part of the
lives of the indigenous peoples prior to colo-
nial settlement, and the relationship wasn't al-
ways the harmonious one beloved of some ro-
mantic writers. People and big animals have
always come into conflict, and crop damage is
one of the less severe results. Even today, ele-
phant, lion, buffalo, hippo and crocodile still
cause many injuries and deaths in rural com-
munities. Before colonial settlement, howe-
ver, the disadvantages were at least partially
offset by the "goods and services" game pro-
vided - meat, clothing and medicinal com-
pounds.
Fundamentally aesthetic
This trade-off was disrupted by colonial go-
vernments, whose approach was fundamen-
tally aesthetic and preservationist and admit-
ted of few "utilitarian" inroads other than the cc-
casional (and largely European) recreational
safari. Many indigenous communities were
evicted from planned wildlife areas, and them-
selves prohibited from any form of hunting.
The Shangaan people of the Mahenye
ward, in southeastern Zimbabwe, are a classic
example. They originated in South Africa’s
Northern Transvaal, but migrated into what is
now Zimbabwe during the latter part of the
19th century. In the early 1960s their lands
were selected for inclusion in Gonarezhou Na-
tional Park.
The community was evicted and resettled
on the edge of the new park.
From then on, the Shangaan came increa-
singly into conflict with wildlife authorities.
They hunted elephant within the park and for-
med a strong bond with a notorious group of
ivory poachers. After independence, believing
ownership of wildlife had somehow changed
21
hands, they went ona killing spree, using dogs
to chase ante'ope into wires strung between
trees and laying planks studded with six-inch
nails on paths used by hippos. More than 100
elephants were killed by ivory poachers. The
relationship between the people and park au-
thorities deteriorated into virtual open conflict.
Eventually, faced with such examples, even
preservation-oriented conservationists began
to realize that classic law enforcement could
not counter a situation that had its roots in a
deep social injustice. The rapidly-growing ru-
ral population would continue to bring pres-
sure on the country’s spectacular fauna.
The legal key to change was a controver-
sial piece of legislation, Zimbabwe’s 1975
Parks and Wildlife Act. Under the act, wildlife
remained state property, as it had been under
colonial rule. But landholders were given re-
sponsibility for the wild animals on their lands
and - Within limits designed to prevent overuse
and local extinctions - permitted to use them
for economic purposes.
However uncomfortable it might have been
for those who believe wild game should remain
physically inviolable, the practical result was
plain. As a direct consequence of the econo-
mic gains made possible for landholders, the
land area reserved for wildlife habitat, mostly
on private farms and ranches, increased dra-
matically.
Most of the landholder returns accrued
from sport hunting. Several experiments with
the latter failed essentially because wild spe-
cies were seen simply as replacements for
cattle, providing a limited range of physical
products, such as meat and hides. In compe-
tition with the highly subsidized beef industry,
the logistics of hunting wild populations and
transporting their products, combined with
irregularity of supply and a lack of appropriate
marketing institutions, made hunting for mar-
ket unprofitable. Experiments with domestica-
ted wild species, such as eland, fared little bet-
ter.
Recreational values
The true economic spur was the realization
that wildlife had a range of marketable values
above and beyond those of meat and other
products, and these values were mainly re-
creational. Sport hunting trophy fees can ge-
nerate substantial incomes at relatively low,
sustainable levels of offtake. For example, the
return from an impala killed for its meat is less
than US$50, while a safari operator can sell the
same animal to a client for US$200 or more.
Utilization based on tourism can also generate
large returns - without any offtake at all.
22
Conventional cattle production on the Buf-
falo Range ranch in southern Zimbabwe wit-
nessed a dramatic decline in productivity du-
ring drought years. A wildlife section on the
ranch showed little advantage when used so-
lely for meat cropping. But when the rancher
began to market the recreational values of
wildlife on the section - mostly to sport hunters
- he generated returns per hectare three times
as high as those of his cattle sections.
In this sector, composed mainly of private,
largely European ranchers, the major institu-
tional development has been creation of a
Widlife Producers Assocation (WPA), which
froms part of the Commercial Farmers Union
and now has the power to raise levies from its
members to apply to such matters as game
translocation.
However, this sector faces at least two ma-
jor problems. The first has to do with land te-
nure and planned resettlement schemes, un-
der which government has expressed its inten-
tion to acquire underutilized land for resettle-
ment purposes.
Many powerful policy-makers are still un-
convinced of the economic benefits that can
flow from wildlife. Even if convinced, they may
still prefer to see private wildlife land redistribu-
ted for a range of political and perceptual rea-
sons. This attitude is at least partly reflected in
a recent speech by Jock Kay, Deputy Minister
of Lands, Agriculture and Rural Resettlement:
"Game ranching is expected to expand in the
1990s, although it will be necessary for govern-
ments to ensure that this expansion is rational
and does not adversely affect the livestock in-
dustry".
Kay’s statement illustrates a second pro-
blem: the bias toward cattle still prevalent in
Zimbabwean legislation. Game capture,
translocation and the movement of products
such as meat are severely hamstrung by vete-
rinary restrictions imposed to facilitate exports
of beef tothe EEC under the Lomé convention.
Millions of dollars have been devoted to cattle
research, but little or nothing to the wildlife in-
dustry. Also, while beef is highly subsidized
and marketed through the parastatal Cold Sto-
rage Commission, wildlife enjoys no subsidies
and has no formalized marketing structure.
Thus, though most returns from wildlife are
generated from recreation, a small but impor-
tant economic potential - the sale of meat - is
still denied the wildlife industry.
The situation with regard to rural communi-
ties - the people on whom the survival of
wildlife ultimately depends - is womewhat dif-
ferent, and has resulted in a slower adoption
of wildlife as a land-use option. Most rural
communities occupy what are now descend-
ents of the Native Reserves established by ear-
ly colonial governments. These governments
often reserved the best agricultural land for
commercial settler-farmers, so communal
lands are generally located on poor soils, of-
ten with low or erratic rainfalls.
Many communal lands are thus unsuited to
intensive agriculture, but do have significant
wildlife populations. However, ufder the 1975
Act, rural communities do not enjoy the same
rights as private landholders over their wildlife.
Even before the Act was passed, the in-
come from sport hunting concessions in some
rural areas was, at least in theory, being pas-
sed from government back to local communi-
ties. But the system suffered from several fun-
damental flaws. Central Treasury often retai-
ned funds for lengthy periods, or did not return
them at all. Funds were often spent in areas
far removed from those in which the hunts took
place, thus omitting the vital link between tole-
rating wildlife and benefiting from its economic
potentials; and communities had no involv-
meent in planning or decision-making.
23
The Sichembu villagers, today so hostile to-
ward wildlife, in fact benefited from the pro-
ceeds of an elephant culling exercise in a
neighboring National Park in 1981. But they
took no part in management decisions concer-
ning the exercise or the distribution of benefits
and the project was never followed up. Vague
promises of future benefits do nothing to out-
weigh present problems of crop damage and
potential injury or death.
Campfire philosophy
There is, however, a clause in the 1975 Act
that enables District Councils - a unit of local
government created after independence - to
become what is known as the "appropriate au-
thority for wildlife management". Councils with
this status have the same rights as private
landholders and can manage, use and benefit
from wildlife management in the communal
lands under their jurisdisction. This status is
currently awarded to councils that make a
clear statement of their intention to manage
wildlife by what is rapidly becoming known as
the "Camfire" philosophy.
Campfire - Communal Areas Managment
Programme for Indigenous Resources - was
evolved by the Zimbabwean Department of
National Parks. Its most fundamental principle
is that the rural communities that tolerate
wildlife on their lands - and hence act as "wil-
dlife producers" - should be able to take re-
sponsibility for, and benefit directly from, the
wildlife resource in cash and kind.
This apparently simple statement conceals
several knotty problems. Rural communities,
many with a traditional bias toward cropping
and cattle that is allied to their legacy or hosti-
lity toward wildlife, have to be made aware of
the financial and other benefits that flow from
wildlife management.
The question of wildlife "ownership" also
poses problems. Not only is it still technically
state property: it is a fugitive resource, and tra-
ditionally regarded as a common resource as
well. These factors create an inherent tenden-
cy toward opportunistic overuse.
For some time, the promotion of wildlife as
a form of communal land-use hinged on the
likely - but unproven - proposition that it is the
most appropriate form of use for marginal
lands in ecological and economic terms. On-
ly now is one agency - the Worldwide Fund for
Nature, in the shape of its Harare-based Multi-
Species Animal Production Systems Project -
examining these and other related hypo-
theses.
Some external aid agencies and govern-
ment departments are still biased toward
conventional cropping and cattle production
24
systems on marginal communcal lands -
sometimes even when land-use studies re-
commend wildlife management as the most
viable option in specific areas.
This in turn raises a couple of further points.
One, not fully grasped by these agencies and
departments, is that even the most enthusia-
stic professional proponents of wildlife
schemes see them as mere adjuncts to cattle
and cropping, both of which are and will still
be necessary for economic (including subsis-
tence) and cultural reasons. The key lies in
sound land-use planning in close consultation
with rural communities themselves.
A second crucial point lies in the nature of
the agencies involved. The Department of Na-
tional Parks still plays a central role in commu-
nal land wildlife projects. But a major impetus
has come through the involvement of NGOs
and agencies engaged in rural development -
as opposed to wildlife conservation - with no
real or imagined "axes to grind" beyond a real
desire to facilitate genuine improvement in the
quality of rural life.
One of these agencies is the University of
Zimbabwe’s Centre for Applied Social
Sciences (CASS). In 1984 the Department of
National Parks asked CASS to provide facili-
ties for research, monitoring and evaluation of
the socio-economic implications of the Camp-
fire approach. As a result a research unit, fun-
ded by the Ford Foundation, was set in 1985.
CASS had already identified wildlife as a po-
tential catalyst for social, cultural and political
change, and sincethe establishment of its spe-
cialized research unit it has focused on issues
involving natural resource management and
common property. After potential Campfire
areas have been identified by the Department
of National Parks, CASS may undertake initial
socio-economic research, and may also be-
come involved in discussions with district
councils and local communities.
Nyaminyami scheme
Another agency, the Zimbabwe Trust, has
become invcived in institution-building at local
levels. The trust had already recognized that
wildlife was often the only resource that stood
between many rural communities and perma-
nent dependency on food aid. It formally es-
tablished a Wildlife Community Development
Programme in 1988. This programme helps
rural communities to develop their institutional
capacity to manage natural resources, and
can also assist with project identification and
appraisal, planning, monitoring and evalua-
tion, as well as in locating initial funding.
So far, the philosophies held by such
NGOs, rather than government policy, have
been responsible for integrating wildlife pro-
25
jects into rural development. Their roles evol-
ved during the establishment of what is regar-
ded - not enitrely accurately - as the archtypi-
cal Campfire-style scheme in the Nyaminyami
district on the southern shore of Lake Kariba.
This region, one of the poorest in Zim-
babwe, suffered the country’s highest rate of
malnutrition and protein deficiency in spite of
abundant natural resources in the shape of
wildlife and potential fisheries. After four years
of debate, the Nyaminyami District Council be-
came the appropriate authority for wildlife ma-
nagement in 1989 and generated a cash sur-
plus of US$260,000 during its first year of ope-
rations, mainly from sport hunting. Of this sur-
plus, US$6,000 was placed in an operating re-
serve, US$26,000 was retained by the District
Council, and US$194,000 was made available
for participating communities.
Unfortunately, at this stage Nyaminyami
ran into a bureaucratic quagmire common to
several Campfire projects: having itself acqui-
red the right to manage wildlife, the District
Council became reluctant to devolve decision-
making to the communities. It decided that the
income should be divided equally between the
12 wards within its area - with no recognition
of the principle that income should be biased
toward the communities that bear the highest
social and other costs of the wildlife scheme.
Unless blockages of this kind are resolved,
Nyaminyami and several other Campfire
schemes may run into severe problems. Inthe
Dande communal land, several hundred kilo-
metres east of Nyaminyami close to the Zam-
besi River, a similar project generated a sur-
plus of US$101,621 for distribution to partici-
pants. There were jubilant scenes in the Ma-
soka village when a US$200 dividend was dis-
tributed to each household - more cash than
most residents often saw in a year. But in this
case, other areas with an equal claim to bene-
fits have so far received nothing at all. And the
Shangaans of Mahenye, who were evicted
from the newly-created Gonarezhou National
Park, laboured under this burden for several
years.
There is also little doubt that the Simchem-
bu people, now hostilé to wildlife, would see
matters in a different light if their district coun-
cil had spent the US$100,000 they recently re-
ceived from wildlife management within the
area - instead of erecting a beerhall in a den-
sely-populated, semi-urban area 100 km away.
But it will probably need an NGO such as the
Zimbabwe Trust, to spend the time and effort
needed to sit down with the community and
discuss their problems and aspirations.
The effective integration of wildlife manage-
ment into Zimbabwe's agricultural policy may
or may not resolve problems of this kind. As
yet, there are no proposals on paper to back
President Mugabe’s speech, except for an in-
cipient five-year agricultural sector plan span-
ning the years from 1991 to 1995. The Minis-
try of Lands, Agriculture and Resettlement has
apparently suggested that a number of wor-
king groups should be formed. One of the
26
groups will be concerned specifically with live-
stock and wildlife production.
This group is likely to be tasked with analy-
sing the economic and social implications of
livestock and wildlife production, and with
reassessing the current animal health legisla-
tion to help promote development in the
wildlife sector. If the plan deals effectively with
questions such as wildlife ownership, marke-
ting structures, land-use and - above all, in the
case of communal lands - creates a legal struc-
ture that devolves decision-making down to in-
dividual communities, then the wildlife option
is likely to have a bright future.
But if development simply becomes en-
meshed in one more layer of governmental de-
cision-making, this fledging industry may find
it was better off with a less formalized network
of NGOs and individuals fighting and often win-
ning battles "on the ground" instead of dealing
with a centralized bureaucracy.
* Dick Pitman is an environmental consult-
ant in Harare, Zimbabwe.
Climate change and agriculture, forestry
and fisheries
FAO Position Paper* presented at the Second World Climate Confe-
rence in Geneva from 29 October to 7 November 1990
Introduction
Following many years of research, there is
now broad agreement among scientists that
the earth is undergoing a process of climate
change - primarily global warming - induced
by human activities, although there are still ma-
jor gaps in our understanding of the processes
involved. The increased gaseous emissions
(largely carbon dioxide, but also methane, ni-
trous oxide, ozone and certain chlorofluoro-
carbons) which are forcing the climate change
are largely the result of the combustion of fos-
sil fuels and industrial activities in developed
countries. To a lesser extent they come from
agriculture and the burning of tropical forests.
Global warming is expected to lead to rising
sea levels and changes in climate regimes.
The precise rate, nature and spatial dimen-
sions of the climate change are as yet unk-
nown. The changes will probably have posi-
tive and negative effects on agriculture as ear-
ly as the first or second decade of the 21st Cen-
tury. Few countries will remain unaffected:
many food-deficit countries seem likely to suf-
fer most, but food-surplus countries may also
be affected.
This position paper therefore examines
some of the possible climate changes, as-
sesses their implications for agriculture, fores-
try and fisheries, and considers present and
possible future FAO activities in support of na-
tional and international action in these areas.
Nature and magnitude of
climate change
"Greenhouse gasses" are important regula-
tors of the earth’s temperature. Without them,
the earth’s mean surface temperature would
be around minus 30°C and agriculture as cur-
rently practised could not exist. The actual
mean temperature is + 15°C. The greenhouse
effect, whereby CO2 and other gases trap heat
that would otherwise escape from the earth’s
atmosphere, is a normal and scientifically well
established process that is essential for life as
we know it.
An increase in CO2 and other greenhouse
gases would therefore result in a progressive
warming of the atmosphere and changes in
global climate. There is now strong but not yet
conclusive evidence that this is taking place.
* The views expressed herein do not commit individual member governments of FAO
27
CO is by far the most abundant of the
greenhouse gases and is considered to bethe
most important and easiest to control. Current
estimates are that human activities are contri-
buting approximately 7 billion tons of carbon
as CO2 and other greenhouse gases to the at-
mosphere every year. Most of the past and
present emissions originate from the combus-
tion of fossil fuels in the developed countries
and such fuels, of necessity, will play a critical
role in the economic and industrial progress of
developing countries. Agriculture and fores-
try, however, make a significant contribution to
the emissions - namely some 14 and 9 percent
respectively of all emissions involved in the
greenhouse effect.
28
Although agriculture plays only a seconda-
ry role in terms of its contribution to the green-
house effect, it is an area of major concern in
terms of the potential impact of climate
change, which could limit future food produc-
tion in some regions. Forests play a more im-
portant role regarding global climate. Under
normal conditions they are an important
source of water vapour, which plays a very im-
portant role in climatic processes and is a ma-
jor greenhouse gas. Under climate change
conditions they are a major carbon storing
ecosystem and contribute CO2 and other
gases to the atmosphere when burned or
otherwise converted. Furthermore, forest
ecosystems are relatively inflexible to "fast"
changes in average temperatures and, thus,
could be seriously affected in the futre.
From the point of view of human history, it
is clear that more than any other human acti-
vity, agriculture is dependent upon and vulne-
rable to climatic conditions. In a chnaging glo-
bal climate, the role of agriculture takes on an
added importance particularly in providing for
food security, and the careful management of
natural-resources. The following sections of
this paper consider in greater detail the contri-
bution of agriculture and forestry to green-
house gas emissions, and analyzes some of
the possible impacts of climate change on
agriculture, forestry and fisheries.
The analysis is based on the following main
assumptions regarding climate change, which
are drawn largely from the work of the IPCC:
(i) Global average temperature, relative to
1980, would rise by about 0.5 - 1°C by 2010;
by about 0.5 - 2.0°C by 2030; and up to 4.0°C
by 2050.
(ii) The temperature increase would not be
uniform; changes towards the Arctic could be
more than twice as great and occur faster than
the increase in global average values and in
tropical region values.
(iii) Precipitation patterns would change,
possibly with greater winter rainfall in the
higher latitudes, more intense rain in the hu-
mid tropics, and a decline in summer rainfall in
the middle latitudes. This would be accompa-
nied by deteriorating soil/water balances in the
major temperate cereal-growing zones of both
hemispheres (i.e. the difference between pre-
cipitation and evapo-transpiration).
(iv) The shift from long-term averages will
lead to a greater frequency and severity of ex-
treme weather events, and the probability of
longer and more intense dry periods and wet
periods.
29
(v) Uncertain changes in the duration and
intensity of cloud cover with impacts on radia-
tion balances and photosynthesis.
(vi) A rise in sea level of about 30-50 cm
by 2050, and up to 1 m by 2100. These esti-
mates of sea level rise reflect recent downward
revisions by the IPCC Working Group |. Ho-
wever, since the turn of the century, there has
been a sea level rise of about 20 cm; the rea-
sons are not fully understood. A number of
countries, in particular certain low-lying deve-
loping countries with islands and deltas,
would be vulnerable to saltwater intrusion into
ground-water, disruption of aquaculture
schemes, marginalization of certain irrigated
rainfed crop production systems and flooding
of wetlands, many of which play an important
role in the life cycle of aquatic species.
Contribution of agriculture and
forestry to greenhouse gas emis-
sions
Agriculture and forestry’s main contribu-
tion to the greenhouse effect is through emis-
sions of carbon dioxide, methane and nitrous
oxide. Minor contributions are made to emis-
sions of nitric oxide and carbon monoxide.
Most of the net carbon dioxide contribution
comes from permanent deforestation - possi-
bly as much as 25 percent of the total net an-
nual carbon dioxide increment. Large quanti-
ties are released through shifting agriculture
but when this involves tree fallows, the net
contribution is small. Similarly, even greater
emissions arise from the burning of rough pas-
tures and arable land in fallow, but the net ef-
fect is small. The plant residues on such land
would have decomposed anyway, and for the
carbon cycle it is not important whether they
are burnt immediately or left to decompose
over a year or So.
Of the other greenhouse gases, significant
emissions of methane are known to arise from
the agricultural and forestry sectors through
the anaerobic decay of organic matter such as
in the digestive tract of livestock (25 percent),
paddy rice fields (35 fields) and animal waste
(12 percent). The sources of nitrous oxide
emissions have not yet been well identified, but
some arise from human activities such as land
clearing, of which tropical deforestation is a
part from fuelwood burning, and from the use
of mineral nitrogen fertilizers. Thus agriculture
makes a greater contribution to the emissions
of these gases than it does to CO2. Moreover
they are likely to increase in the future given
population growth and rising demand for food
following per capita income growth, which will
inevitably result in greater intensification. But
even with this intensification agriculture’s
contribution to the greenhouse effect in 2025
will only be about 14 percent. As itis, there are
numerous agricultural development options
that are economically and socially justifiable in
their own right which could reduce future emis-
sions, at least in relative terms. These include
the wider use of rice straw in diets, other forms
of feed supplementation, and animal waste
treatment through bio-gas digesters.
(to be continued)
OUR PLANET
OVERHEATING THE EARTH
THE GREENHOUSE EFFECT
FEEDS ON ITSELF
Conservation of
Tropical Forests
An Overview
by J.D. Keita*
Introduction
The French poet Chateau-
briand wrote, at the beginning of
the 19th century that "forests
precede people and deserts fol-
low them". But long before,
other writers and philosophers
had deplored the disappearance
of forests which is a prelude to
decay in human societies. Plato,
the great Greek philosopher, had
vividly decribed the case of
Greece:
"As can be seen, Greece,
compared with what it was be-
fore, has remained the skeleton
of a body that has been emacia-
ted by disease. The fatty and soft
parts of the land have completely
worn away, leaving only the bare
carcass. At that time, Greece,
had, for mountains, high folds in
the ground and the plains that
are today called the fields of
Phellus were covered with rich
soil; on the mountains were vast
forests, traces of ‘which are still
visible today, for, among these
mountains, which can only feed
bees today, there were some on
which, not very long ago, huge
trees suitable for constructing
the biggest buildings were being
felled. Many tall trees were cul-
tivated and the land offered inex-
haustible pasture to herds. The
fecundating waters of Zeus
which ran each year through it
did not flow into the sea in vain.
It seeped into the land which re-
ceived a huge quantity of water
from the heavens and kept it in
its reservoirs made impermeable
by clay; rain from high mountains
also meandered along the land.
Water therefore flowed freely
everywhere from springs and ri-
vers."
There is probably no erosion
and conservation experts who
can describe better the balanced
relation between the forest, land
and rivers which condition the
stable existence of a human so-
ciety in a given space.
It is therefore not today that
man started destroying the forest
and realizing the effect. What is
however new today is, first of all,
that for about a century, man
through his industrial revolution,
has acquired unparalleled means
of destruction; consequently, the
destruction is carried out at a
faster pace. Another new ele-
ment is that today the awareness
is not only at writers’ and philo-
sophers’ level, but at the level of
the general public as well. The-
refore the range of solutions and
initiatives for forest conservation
is very wide.
What is at stake ?
Let us try once again to recall
briefly what is really at stake in
31
conservation, before reviewing
the diverse initiatives taken or
proposed recently in favour of
the tropical forest conservation.
What is first and foremost at
stake in conservation are re-
sources. Forests constitute an
immense reservoir of resources,
the use of which is indispensable
to man; it provides wood, fodder,
food, medicinal plants, etc... The
importance of these resources
for human communities may ap-
pear very varied, from deserts to
rain forests, but in reality these
resources play the same essential
role in the stability of the diffe-
rent societies. These are quite
well documented these days.
The Pygmies of Central Africa
get all their food supply from the
forest, but Ferlo desert herds-
men in Senegal also get their ba-
sic vitamin requirements and in-
dispensable mineral salts from
the perennial shrubs.
What is also at stake is the
role played by forests in the ge-
nesis and maintenance of the
production potential of soils and
the roles of water reservoirs and
protective cover against erosion.
That is also well documented
these days. The
consequences of the destruction
of forests for the farmer and the
rural community is the disappea-
rance of forest resources, the
destruction of the base of the ru-
immediate
ral production system and deva-
station of the environment
caused by erosion. It spreads
poverty.
Also at stake is the survival of
so-called primitive populations
or aborigines, sometimes called
minorities living in the forest (fo-
rest communities). For these
communities, the forest is the mi-
lieu which guarantees their pecu-
liar way of life and on which they
wholly depend. The disappea-
rance of the forest obviously
means the disappearance of this
way of life and the communities
themselves. This concerns hun-
dreds of millions of people in
South America, in tropical Asia
and also Africa (mainly Came-
roon, Central African Republic,
Congo and Zaire).
To these three concerns that
could be said as traditional and
which have direct impact on ru-
ral communities in developing
countries, have been added for
several decades now, two others,
that are equally important. The
first concern is the biological di-
versity, which should be main-
taines on earth for man to retain
all the genes and forms of life op
the little planet. It is obvious that
the progress that man could and
must make so as to improve his
living conditions depends on this
reservoir, the contents of which
must be safeguarded.
The second concern is the
role of tank for excess CO2 that
forests could stock in order to di-
minish the concentration in the
atmosphere of gases contributing
to the Greenhouse effect leading
to overheating of the planet.
This is less well documented but
possible overheating of the pla-
net is a source of anxiety and if it
happened, would have great re-
percussions on world agriculture
and consequently on life on
earth.
Scientists have not yet identi-
fied precisely what part the des-
truction of forests plays in the
changing climatic conditions pre-
dicted and the warning signs of
which have begun to show (too
frequent droughts, a hole in the
ozone layer, etc...). It is however
estimated that the overall contri-
bution of carbon dioxide emis-
sions coming from permanent
deforestation would perhaps
reach 25% of the total net in-
crease of carbon dioxide emis-
sions.
It is impossible to say that this
is negligible, for the factors at
work in the phenomenon of
changing climatic conditions do
not occur mechanically but react
in a dynamic way on one another.
One should not therefore look
only at percentages of CO2 from
the destruction of forests compa-
red with percentages of other ac-
tivities concerned.
Problem of Priorities ?
There is a wide consensus on
these concerns; undoubtedly the
hierarchy of priorities is diffe-
rent. Countries with vast forest
resources think that the tapping
of these resources should pro-
mote their economic develop-
ment. After all, they argue, these
32
forests constitute a source of
wealth bestowed upon their
country by God, just as some arid
and desert countries are gifted
with oil deposits! For them the-
refore, forest management which
consists of managing these re-
sources on a sustained basis is
the priority of priorities and
everything should be done to
help their governments to better
tap, manage and Conserve these
forests.
In the developed and rich
countries of the North, forest re-
sources are no longer of prime
importance as commercial re-
sources, and attention is rather
geared to the conservation of
biological diversity and changes
in climatic conditions.
Apparently, these are diver-
gent interests but strategies and
programmes of action should
complement one another for all
the objectives to be attained.
The wide diversity of institutions
involved in conservation should
also ensure that no aspect is
overlooked.
Initiatives and their
limitations
From national institutions
through NGOs and private pro-
jects to the big international or-
ganizations, there is a wide range
of strategies and programmes of
action that are being carried out.
The FAO, UNESCO through its
Man and the Biosphere (MAB)
Programme, the International
Union of Forest Research Orga-
nizations (IUFRO), Internatio-
nal Timber Trade Organization
(ITTO), as well as the World Re-
sources Institute, the Internatio-
nal Unions for the Conservation
of Nature and Natural Resoucres
(IUCN), the World Wildlife
Fund (WWF), Friends of the
Earth, Greenpeace, etc., are the
main intergovernmental and
non-governmental organizations
which help most tropical coun-
tries through their research and
development programmes with
the preparation of strategies and
programmes of action geared to-
wards protecting, managing and
conserving tropical forest ecosys-
tems. These organizations are
assisted by the UNDP, World
Bank, regional development
banks and through bilateral aid
in funding programmes.
The result of these attempts
at protecting and conserving fo-
rests can be seen through forest
reserves which are more or less
well managed, National Parks
and game reserves which are
more or less well protected, Bio-
sphere Reserves, natural re-
serves, etc. Many people are not
satisfied with these results and
for a decade now, the internatio-
nal community is agog with new
ideas on the conservation of tro-
pical forests. Strategies and pro-
grammes follow one another and
the rate at which these ideas are
hatched and equally criticized
and abandoned is an indication
of disarray.
Community Forestry and
People’s Participation, boycott of
tropical timber, debt swap for
nature conservation , Convention
on Changes in Climatic Condi-
tions, Tropical Forestry Action
Plan, Environmental Protection
Plan,... etc., are the main initia-
tives the international community
is now taking to conserve tropical
forest ecosystems.
The people’s participation
concept is probably the most
promising although to date, these
programmes have not been as
It is
clear that far-reaching economic,
successful as envisaged.
social and political reforms
should be made if these projects
are to be of any benefit. These
programmes are only beneficial
when implemented in political
systems practising participatory
democracy. This is why the peo-
ple’s participation concept is
more linked with human rights
problems.
Other initiatives such as the
proposed boycott of tropical tim-
ber, debt swap for nature conser-
vation, international conventions
on forest conservation are gene-
rally frowned upon. They are so-
metimes even violently opposed
by tropical countries which see in
them attempts by the developed
North to deprive them of a
source of revenues needed for
development and to make them
bear the brunt of measures being
taken to prevent changes in cli-
matic conditions on the planet.
It is considered unfair, more so
33
as the North is the first offepder
in the matter. To date, it is the
North which has accumulated
and consumed the planet’s re-
sources and wealth. It is only fair
that the North bear the cost of
rehabilitation.
As can be seen, the debate
quickly becomes heated, but in
our opinion, proposing a boycott
at this time is an indication of di-
sarray and pessimism: It is a
question of helping communities
to better manage their resources
for their own benefit and for the
rest of mankind, while preserving
the resource itself.
TFAP Promises and
Troubles : Need for
harmonizing the World
Initiatives
The Tropical Forestry Action
Plan (TFAP), the latest initiative
of the international community
has had its fair share of the eu-
phoria - criticism cycle which has
been the lot of previous initia-
The TFAP sees itself as
programming and planning
conservation and management
projects in collaboration with do-
nors and the various tropical
countries. The exercise should
be coordinated by the countries
involved and projects and pro-
grammes identified and formula-
ted should reflect their priorities
and fit smoothly into their deve-
lopment policies and plans.
The first write-ups that came
out had a mixed response. Some
tives.
of them were even violently criti-
cized by even some sponsors of
TFAP such as the World Re-
sources Institute based in Was-
hington. However, the majority
of tropical countries, especially
those in Africa, are in the pro-
cess of implementing it. It is
through consultation at the na-
tional and international levels
that each country can work out a
strategy and a development plan
for forest resources to reconcile
the short-term beneficial forestry
management and the
needs of a more restrictive
needs
conservation only productive in
the long run.
The TFAP should be the fo-
rum for consultation to reconcile
the diverse interests of all those
with a concern in Tropical Forest
conservation.
* Regional Forestry Officer,
FAO Regional Office for Africa,
Accra, Ghana.
SECOND INTERIM
REPORT ON THE
STATE OF
TROPICAL
FORESTS
by
Forest Resources
Assessment 1990
Project (FAO)
(10th World Forestry Congress,
Paris, France, September 1991)
Forest resource appraisals on
a global basis are a part of
FAO’s mandate. The last world-
wide assessment was carried out
with 1980 as the reference year.
The present assessment for the
reference year 1990 was laun-
ched in March 1989 to provide
reliable and globally consistent
information on the current state
of the tropical forest cover and
recent trends of deforestation
and forest degradation. This in-
formation is needed by policy
makers and scientists, and will
support the Tropical Forestry
Action Plan.
The Project is carrying out
the assessment in two comple-
mentary phases, (I) compilation
of existing survey data brought to
the reference year 1990 through
an adjustment function; and (II)
monitoring of tropical forest co-
ver and its changes using remote
sensing. For studies of the
causes and impacts of deforesta-
tion and forest degradation, the
Project has established a com-
prehensive geographic informa-
tion system (GIS). The System
includes several important layers
of information such as vegetation
types, eco-floristic zones and po-
pulation distribution at sub-na-
tional level.
During phase I, the Project
found that the existing informa-
tion was not sufficiently accurate
or complete to estimate the
Tropical countries under assessment by sub-regions (numbered as in Table 1)
34
Table 1: Preliminary estimates of forest area and rate of deforestation for
87 countries in the tropical regions (revised 15 October 1991)
NUMBER TOTAL FOREST FOREST RATE OF
SUB-REGION COUNTRIES LAND AREA AREA DEFORESTED
STUDIED AREA * 1980 * 1990 * ANNUALLY 1981-90
1981-90 *
percent
( th ds of ha ) per annum
LATIN AMERICA 32 1 675 700 923 000 839 900 8 300 - 0.9
1 CENTRAL AMERICA & MEXICO # 245 300 77 000 63 500 1 400 - 1.8
2 CARIBBEAN SUB-REGION 18 69 500 48 800 47 100 200 - 0.4
3 TROPICAL SOUTH AMERICA 7 1 360 800 797 100 729 300 6 800 - 0.8
ASIA 15 896 600 310 800 274 900 3 600 = 1,2
4 SOUTH ASIA 6 445 600 70 600 66 200 400 - 0.6
5 CONTINENTAL SOUTH EAST ASIA 5 192 900 83 200 69 700 1 300 - 1.6
6 INSULAR SOUTH EAST ASIA 4 258 100 157 000 138 900 1 800 - 1.2
AFRICA 40 2 243 400 650 300 600 100 5 000 - 0.8
7 WEST SAHELIAN AFRICA 8 528 000 41 900 38 000 400 - 0.9
8 EAST SAHELIAN AFRICA > 489 600 92 300 85 300 700 - 0.8
9 WEST AFRICA 8 203 200 55 200 43 400 1 200 - 2.1
10 CENTRAL AFRICA 7 406 400 230 100 215 400 1 500 - 0.6
11 TROPICAL SOUTHERN AFRICA 10 557 900 217 700 206 300 1 100 - 0.5
12 INSULAR AFRICA 1 58 200 13 200 11 700 200 - 1.2
TOTAL 87 4 815 700 1 884 100 1 714 800 16 900 - 0.9
* Figures may not tally due to rounding
changes in forest cover area over
time. In almost all cases the sur-
veys were designed to assess fo-
rest cover for a given date and do
not provide a consistent and re-
liable basis for monitoring forest
resources on a continuous basis
at either the national or global
level. Therefore, during phase
II, the Project developed a me-
thodology and initiated a first
round of monitoring of the entire
tropical zone. The methodology
uses interpretation of remote
sensing imagery in a stratified
random sampling design. The
results are expected to be availa-
ble by mid 1992 and will include:
(i) estimates of forest cover area
and the rate of deforestation at
global, regional and sub-regional
levels; and the precision of these
estimates; and (ii) a matrix of
change information for under-
standing how the land use is
changing.
The first interim report on
the Forest Resources Assess-
ment 1990 Project based on the
phase I studies was presented in
September 1990 at the tenth ses-
sion of the Committee on Fores-
try (COFO) in Rome. It contai-
ned preliminary area estimates at
the regional level for countries
lying predominantly in the moist
tropical zone. In the meantime,
more countries have been cove-
red and some existing informa-
tion updated. Table 1 gives revi-
sed estimates of forest cover area
and rates of deforestation at a
sub-regional level. The figures
are based on existing survey data
35
and have to be considered provi-
sional as more information is ex-
pected for some of the countries,
in particular for the African re-
gion.
Estimates and definitions for
Table 1 are consistent with those
presented at the COFO meeting,
September 1990. Forests are de-
fined as vegetal formations with a
minimum of 10% crown cover of
trees (minimum height 5 m)
and/or bamboos, generally asso-
ciated with wild flora, fauna and
natural soil conditions, and not
subject to agricultural practices.
Deforestation refers to the
change of land use or depletion
of crown cover to less than 10%.
However, the following
changes may be noted region-
wise. In Asia forest cover area
and rate of deforestation are
both lower due to the use of new
data available for India and
Myanmar in 1991. In Latin
America the estimates are higher
due to the inclusion of the whole
of Brazil (previous estimates
were limited to tropical moist
zones, viz. Northern Brazil). In
Africa, the assessment was com-
pletely reviewed using new data
available for several countries.
The present estimates for rate of
deforestation are lower for the
moist zone. Major efforts are
being made to secure an up-to-
date and adequate database.
The differences between the
present (1990) and FAO/UNEP
(1980) assessments are indicated
by the following summary stati-
stics based on 76 countries in
common in the two assessments:
Conservation et
protection des foréts
tropicales humides :
le point de vue de
Alliance mondiale
pour la nature
par J. Sayer
La nécessité urgente de
conserver ce qui subsiste des fo-
rêts ombrophiles tropicales re-
tient depuis quelques années
toute l'attention des médias et
des milieux politiques, mais pour
les forestiers, les naturalistes,
cette préoccupation n’est pas
nouvelle. Lors de la réunion de
Brunnen (Suisse) en 1948, ou fut
prise la décision de créer l'Union
internationale pour la protection
Project
FAO/UNEP (1980)
Forest Resources Assessment 1990 Project
Estimated values for réference year (1980)
annual ‘rate of deforestation
Forest area
million ha mill. ha percent
1 935 11.3 0.6 (1976-80)
1 882 16.9 0.9 (1981-90)
In addition to studies on de-
forestation, work is in progress
on assessing forest degradation.
Indications are that loss of bio-
mass in the tropical forest is oc-
curring at a significantly higher
rate than the loss of area due to
deforestation.
de la nature et de ses ressources
(UICN) (devenue Alliance mon-
diale pour la nature), les foréts
ombrophiles tropicales - ou fo-
réts tropicales humides - ont été
considérées comme point de
mire important. Depuis déja
longtemps, des préoccupations
s'étaient exprimées. C’est ainsi
qu’en 1850 l’Association britan-
nique pour le progrès de la
science (British Association for
the Advancement of Science) a
constitué un comité chargé d’étu-
dier "les effets probables, d’un
point de vue physique et écono-
mique, de la destruction des fo-
rêts tropicales". Dans un rap-
port, ce comité mentionnait l’in-
térêt économique du bois de teck
pour l’exportation, mais il insis-
tait aussi sur les effets nocifs de
l'exploitation forestière sur des
pentes raides.
Ces préoccupations an-
ciennes portaient surtout sur le
rôle écologique des forêts tropi-
cales. Les forestiers, constatant
que le déboisement perturbait le
régime hydrologique et les
micro-climats, se donnaient pour
objectif de maintenir un couvert
forestier. Mais on pensait alors
que toute forêt était bonne pour
protéger les sols et les bassins
versants, et on ne considérait pas
comme particulièrement impor-
tant de maintenir la forêt dans
son état naturel.
A la fin du siècle dernier et
au début du siècle présent, avec
adoption progressive de législa-
tions sur les ressources naturelles
et la création de services fores-
tiers, le mot d’ordre a été de dé-
limiter et de protéger un "do-
maine forestier permanent".
L’objectif était dés lors de main-
tenir un couvert forestier sur les
zones écologiquement sensibles,
et d’assurer la fourniture de pro-
duits forestiers. Dans la plupart
des pays tropicaux, on a établi
des "réserves forestières" ou "fo-
rêts classées", dans lesquelles
l'extraction de bois et de pro-
duits non ligneux était autorisée
à condition qu’un couvert fores-
tier permanent soit maintenu.
La richesse biologique des fo-
rêts denses tropicales, tout au
moins en ce qui concerne les es-
pèces végétales et animales les
plus remarquables, fut reconnue
au 19e siècle par les botanistes et
les zoologistes qui visitaient les
tropiques. Charles Darwin dé-
clare: "Enchantement ... est un
terme bien faible pour exprimer
les sentiments qu’éprouve le, na-
turaliste qui parcourt, pour la
premiére fois, une forét brési-
Alfred Russel Wallace
récolta 700 espéces de papillons,
soit le trentiéme de toutes les es-
pèces connues du monde, à une
lienne".
heure de marche de sa demeure
Ce-
pendant, on connaissait trés mal
la répartition de ces espéces
dans les foréts, et encore moins
dans lest de l’Amazonie.
leur habitat ou leurs exigences
écologiques. La diversité prodi-
geuse des arthropodes moins vi-
sibles et de la faune et de la flore
du sol était quant à elle à peu
prés complétement ignorée.
Ainsi, dans la premiére moi-
tié du 20e siècle, alors que de
nombreux pays tropicaux
créaient des paros nationaux et
autres réserves pour protéger
des sites spectaculaires ou des
espèces remarquables de grands
mammifères et d'oiseaux (tigres
en Asie, grands mammifères de
plaine en Afrique, etc), on n’ac-
corda guère d’attention à la pro-
tection des forêts denses, de leur
flore et de leur faune.
Rétrospectivement, cette atti-
tude se comprend aisément. Jus-
qu’aux années 50, il existait de
vastes étendues de forêts denses
tropicales restées quasi vierges.
Des défrichements avaient eu
lieu en bordure des massifs de
forêt dense à Madagascar et
dans le sud et le sud-est du conti-
nent asiatique, et dans les ré-
gions où l’on trouvait de riches
sols alluviaux ou volcaniques par-
ticulièrement aptes à l’agricul-
ture, mais les grands massifs fo-
restiers d’Amazonie, d’Afrique
centrale et des îles de l'Asie du
Sud-Est étaient en grande majo-
rité intacts.
La situation se mit alors à
changer radicalement. Les pro-
grès techniques coïncidant avec
la Seconde Guerre mondiale
permirent d’utiliser largement les
engins lourds à chenilles. Il de-
venait soudain possible d’ouvrir
des routes d’accès à des zones
boisées éloignées. La vulgarisa-
tion des scies à moteur portatives
facilita le défrichement et l’ex-
ploitation forestière, et le trans-
port de bois d’oeuvre de grandes
dimensions devint bien plus aisé.
Les bois tropicaux présentant de
bonnes caractéristiques de stabi-
lité et de résistance, et un attrait
esthétique, furent de plus en plus
demandés sur les marchés loin-
tains par suite de la croissance
de l’industrie, tandis que les bois
tempérés équivalents se raré-
fiaient et étaient pénalisés par le
37
coût des investissements dans l’a-
ménagement des forêts dans
l'hémisphère Nord.
La disponibilité soudaine de
médicaments modernes, de soins
dé:santé et de nourriture abon-
dante dans les pays tropicaux dé-
clencha une explosion démogra-
phique telle que les populations
doublèrent entre 1950 et 1990.
Cette croissance démographique
dans les pays tropicaux et subtro-
picaux suscita à son tour une de-
mande de consommation crois-
sante, et engendra aussi des
masses de populations pauvres
en quête de terres disponibles
pour survivre. Les nouvelles
routes d’accès aux forêts exerçait
sur elles une attraction irrésisti-
ble.
Les services forestiers et les
organismes de conservation de la
nature se trouvèrent désarmés
face à ce dramatique accroisse-
ment de la pression sur les forêts
tropicales. Les législations adop-
tées à une époque où la pression
était moindre s’avéraient inadap-
tées et inapplicables dans ces cir-
constances nouvelles. Des inté-
rêts industriels puissants n’eu-
rent aucun mal à tourner ou à
ignorer les plans d'aménagement
forestier, et il n’était pas possible
d'empêcher à des populations
rurales misérables et de plus en
plus nombreuses d'accéder aux
seules terres non occupées di-
sponibles. La période 1950 -
1990 a vu se produire une dégra-
dation, un défrichement et une
fragmentation sans précédent
des forêts denses dans le monde.
LA VALEUR
BIOLOGIQUE DES
FORETS TROPICALES
HUMIDES
On assista aussi, au cours de
cette même période, à un ac-
croissement sans précédent de
l'intérêt scientifique porté aux
écosystèmes forestiers tropicaux.
Des universités et des institutions
de recherche se créèrent dans les
pays tropicaux, et les transports
aériens peu coûteux permirent à
des chercheurs de pays industria-
lisés de travailler sur le terrain
dans les tropiques. La diffusion
des résultats de recherche grâce
à des initiatives telles que le Pro-
gramme biologique international
de l'Unesco dans les années 60,
et plus tard le Programme sur
l’homme et la biosphère, a mis en
lumière l’immense richesse spé-
cifique des forêts tropicales.
Les études classiques d’Erwih
(1988) sur la faune entomologi-
que des cimes dans les forêts
d'Amérique centrale ont amené
les scientifiques à réviser à la
hausse leurs estimations du nom-
bre total d’espèces, dans des pro-
portions considérables.
A lheure actuelle, quelque
1,4 million d’espéces vivantes
ont été décrites scientifiquement,
mais les travaux d’Erwin et d’au-
tres laissent supposer, par extra-
polation, que le nombre total
d'espèces dans le monde pour-
rait atteindre entre 20 et 80 mil-
lions (Stork, 1988), dont lim-
mense majorité serait formée par
les habitants des cimes des forêts
tropicales.
Les plantes et les vertébrés
supérieurs des forêts tropicales
sont maintenant assez bien ré-
pertoriés, mais de nouvelles es-
pèces sont encore découvertes
avec une fréquence surprenante.
Même parmi les primates,
plusieurs nouvelles espèces ont
été décrites dans les années 80,
et toutes les collections de
plantes des tropiques humides
contiennent une proportion im-
portante d’espèces non décrites.
Parallèlement à cette décou-
verte de la prodigieuse diversité
des forêts tropicales, on s’est
aperçu de linterdépendance
complexe de nombreuses es-
pèces. Terborgh, travaillant en
Amazonie péruvienne, a créé le
terme "espèce clef de voûte"
pour désigner les arbres dont l’é-
limination par suite de l’exploita-
tion sélective pourrait, par "effet
de dominos", entraîner l’extinc-
tion de nombreuses espèces ani-
males qui en sont tributaires
pour leur nourriture et leur habi-
tat. D’autres études ont montré
que certaines espèces animales
jouent un rôle capital analogue
en complétant le cycle biologi-
que d’espèces végétales de la fo-
rêt dense d’importance économi-
que considérable. Les euglosses,
hyménoptères de la forêt amazo-
nienne indispensables pour la
pollinisation du noyer du Brésil,
38
en sont un exemple souvent cité
(notamment par Goodland et
Ledec, 1988).
Les études sur la génétique
des populations restreintes ont
d'autre part modifié la perspec-
tive sur les problèmes rencontrés
dans la conservation des espèces
forestières tropicales. De nom-
breuses prédictions d’extinction
d’espèces dans les forêts ont été
émises en s'appuyant sur la for-
mule, déduite d’observations
faites dans des îles, selon la-
quelle une réduction de 90 pour
cent de la taille d’un habitat en-
traîne la disparition de 50 pour
cent des espèces qui y vivent.
Cependant, il est maintenant
évident que la répartition, la
taille, l'emplacement et linter-
connexion des zones boisées sont
tous des facteurs importants
pour déterminer la survie des es-
pèces. Il apparaît que la frag-
mentation des ferêts en flots sé-
parés peut réduire les popula-
tions d’espèces largement disper-
sées à un niveau qui ne leur per-
met plus de survivre à long
terme. Par conséquent, bien que
certains auteurs aient sans doute
exagéré le nombre d’espèces dé-
jà en voie d’extinction, nous
avons peut-être sous-estimé le
nombre de celles qui sont ré-
duites à un niveau qui les
condamne finalement à l’extinc-
tion. La majorité des espèces de
plantes, d’oiseaux et de mammi-
féres de grande taille sont pré-
sentes dans des parcs nationaux
et autres réserves, mais beau-
coup le sont en effectifs si réduits
qu’elles pourraient être vouées à
l'extinction par suite d’appauvris-
sement génétique, d’accidents
climatiques ou d’actions hu-
maines.
LA CONSERVATION
DES FORETS : UN DEFI
A RELEVER
Les responsables de la
conservation s’accordent pour
affirmer que l’aménagement fo-
restier, outre la production li-
gneuse et la protection des bas-
sins versants, doit aussi maintenir
le plus grand nombre possible
d’espèces végétales et animales
(Poore et Sayer, 1987). Il s’est en
effet avéré que de nombreuses
espèces présentent un intérêt ac-
tuel ou potentiel pour l’humani-
té. (Certaines espèces, de ma-
nière.tout à fait inattendue, four-
nissent des substances médici-
nales, ou sont d’importance capi-
tale pour l’amélioration généti-
que des plantes cultivées et la
lutte contre les ravageurs, ou par
leur rôle écologique. Sans aucun
doute, de nombreuses autres es-
pèces se révéleront d’un grand
intérêt, direct ou indirect, pour
Phumanité. En outre, il est lar-
gement admis que même les es-
pèces qui n’apportent aucune
contribution apparente au bien-
être humain doivent être conser-
vées. Cette prise de conscience
s'exprime dans la Stratégie mon-
diale de la conservation, ainsi
que dans la Charte mondiale
pour la nature et le rapport de la
Commission mondiale de l’envi-
ronnement et développement
(1987) adoptés par l’Assemblée
générale des Nations Unies. Re-
connaissant la nécessité impéra-
tive de conserver toutes les es-
pèces vivantes, la FAO, le PNUE
et PUICN collaborent actuelle-
ment à l'élaboration d’une
convention internationale pour la
conservation de la biodiversité.
Le moyen le plus sûr pour
protéger un maximum d’espèces
est d’affecter des étendues suffi-
santes de forêt à des parcs natio-
naux et autres réserves où les in-
terventions humaines sont ré-
duites au minimum. Dès les an-
nées 60, il existait des réseaux as-
sez complets d’aires protégées
couvrant les savanes, les mon-
tagngs et les terres humides tro-
picales, mais ce n’est qu’à partir
des années 70 que l’on a donné la
priorité à la protection des habi-
tats de forêt tropicale humide,
conséquence de notre prise de
conscience de l'intérêt de la di-
versité biologique et des me-
naces de déboisement.
On a assisté à un vaste mou-
vement de classement d’aires
protégées dans les années 70 et
80 (voir figure 1), et la liste la
plus récente des Nations Unies
(UICN, 1980) comprend 669
aires protégées dans le biome de
forét tropicale humide de plaine,
couvrant environ 66 millions d’ha
(voir tableau ). Il s’agit de sur-
faces comprises dans les limites
de ce biome tel que défini par
39
Udvardy (1984) et entrant dans
les catégories d’aires protégées 1
à 4 de PUICN, dans lesquelles
aucune utilisation humaine im-
portante n’est autorisée. Toutes
ces aires protégées ne sont pas
entièrement boisées, et il est
probable que 5 pour cent seule-
ment du biome sont soumis à
cette forme de protection totale.
Le classement légal ne garan-
tit pas à lui seul la protection.
Tant que la pauvreté sévira dans
les tropiques, les gens démunis
de ressources auront recours aux
forêts pour se procurer un com-
plément de nourriture et de reve-
nus. La cupidité humaine est un
autre facteur: il y aura toujours
des individus qui tenteront de
s'enrichir, fût-ce aux dépens de
la société. Un peuplement de
bois précieux se trouvant dans un
parc national pourra être tout
aussi menacé par les puissances
d’argent des villes qui dominent
l'industrie et peuvent influer sur
la législation que par les popula-
tions rurales pauvres.
Quand bien même la conser-
vation de ces 669 aires protégées
pourrait être assurée, notre
connaissance de l’écologie fores-
tière et de la biogéographie per-
met de dire qu’elles seront insuf-
fisantes pour prévenir l’extinc-
tion de nombreuses espèces ani-
males et végétales. C’est pour-
quoi il faut d’urgence créer da-
vantage de parcs et de réserves
intégralement protégés, mais il
ressort de la figure 2 que le mou-
vement de création s’est ralenti.
Les tendances actuelles font pen-
ser qu’il sera très difficile de réa-
liser ne serait-ce que l'objectif
modeste de protection totale de
10 pour cent des forêts tropicales
humides subsistant en 1990. Ea
effet, la pression sur les terres ne
cesse de s’accroître, et les possi-
bilités de créer de nouvelles aires
protégées s’amenuisent en
conséquence. Il faut donc, en
priorité, identifier les sites d’im-
portance particulière pour la di-
versité biologique et les soumet-
tre à un régime de conservation.
Toutefois, même la protec-
tion de grandes étendues de fo-
rêt dense tropicale ne garantira
pas par elle-même une biodiver-
sité maximale. Dans les zones
totalement vierges, l’évolution
naturelle se poursuit; bien que la
plupart des espèces subsistent,
beaucoup sont remplacées natu-
rellement par d’autres. (est
pourquoi la conservation des es-
pèces désirables ne peut être as-
surée que par un aménagement
délibéré.
D'autre part, de nombreuses
espèces forestières sont remar-
quablement résistantes à la per-
turbation périodique de leur ha-
bitat (Johns, 1985). En fait, la
fragmentation périodique des fo-
rêts au cours des périodes de
changement climatique, et la di-
versification entraînée par les dé-
gâts de cyclones et même par les
cycles traditionnels de culture iti-
nérante, a contribué à la riche di-
versité des forêts actuelles. De
nombreuses espèces sont adap-
tées aux forêts secondaires qui
succèdent aux perturbations, et
seraient moins abondantes si
toutes les interventions humaines
devaient cesser. Citons l’exem-
ple remarquable des quatres es-
pèces de bovins sauvages de l’A-
sie du Sud-Est (Wharton, 1968).;
rappelons aussi l'apparition na-
turelle, après une coupe à blanc,
d’essences pionnières vigou-
reuses qui reconstituent un nou-
veau peuplement dense.
Par conséquent, les responsa-
bles de la conservation ont pour
tâche non seulement de protéger
de plus grandes surfaces de fo-
rêts topicales hummides, mais
aussi d’assurer en dehors des
aires protégées une mise en va-
leur complémentaire qui ac-
croisse leur efficacité du point de
vue de la conservation tout en
procurant des avantages socio-
économiques durables.
CONSERVATION DE LA
BIODIVERSITE DANS
LES FORETS
AMENAGEES
Si Pon admet que les besoins
humains de terres et de matières
premières entraîneront une mo-
dification de la plus grande par-
tie des forêts en dehors des aires
protégées, et qu’une part impor-
tante de ces forêts sera définiti-
vement convertie à d’autres utili-
sations, on doit évaluer les di-
verses options possibles d’utilisa-
tion de ces forêts et des terres
sur lesquelles elles poussent, et
déterminer les options les plus
favorables à la conservation de la
biodiversité. Empiriquement, on
700
pene a 3
500
400 U
300
200
100 «i
0 AblalalalË
Avant 1870 75 80 85 90 95 1900 05 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90
eka eee aaa
FIGURE 1. Accroissement cumulatif des superficies d’aires protégées dans les
régions forestiéres tropicales.
FIGURE 2. Accroissement des superficies d’aires protégées dans les régions
forestières tropicales durant des périodes de cinq ans.
150
100
L
LL
aS EE
[A
Avant 187075 80 85 90 95190005 10 15 2025 30 3540 45 50 55 60 65 70 75 80 85
jes couvertes durant, chaque
Superficies
W période de cing ans (milliers de km 2 )
Nombre d'aires protégées classées
durant chaque période de cing ans
peut penser que ce sont les sys-
témes forestiers divers, compo-
sés d’espéces indigénes selon une
structure analogue 4 celle de la
forét spontanée locale, qui au-
ront le plus de chances d’entrete-
nir une proportion maximale des
espéces végétales et animales
originelles.
Les meilleurs modes de mise
en valeur seront donc des sys-
tèmes consistant à récolter des
produits non ligneux dans la fo-
rêt naturelle et des systèmes
d’exploitation sélective selon
lesquels on extraira un petit
cles sont bien souvent d'ordre
économique et politique plutôt
que technique. Une grande par-
tie de la biodiversité des forêts
tropicales est maintenue même
dans des forêts exploitées inten-
sivement, et de meilleures prati-
ques sylvicoles peuvent accroître
encore la valeur des forêts de
production pour la conservation
(UICN, sous presse). Le scéna-
rio optimal que nous pourrions
envisager pour le 21e siècle est
un domaine forestier intégrale-
Couverture écologique des forêts
nombre d’arbr : : j
eS an 74 de valeur tropicales humides par des aires
pour le bois d'oeuvre sans | protégées
perturbation massive de la vé- bent Nr Gr
gétation restante. biogéographique protégées (ha)
Lorsqu'on cherche à réali- | "tropical 62 9 448 837
ser un aménagement qui as- | "omalais 386 18 314 029
sure le rendement soutenu et | alien 72 8150 053
le maintien de toutes les va- | Véotropical 149 30130 486
leurs biologiques, les obsta- | T° 669 66 043 405
41
ment protégé de quelques 100
millions d’ha, entouré de zones
tampons de forêts aménagées de
façon permanente sur 200 à 300
millions d’ha. L’un des pro-
blèmes les plus ardus pour les re-
sponsables de la conservation est
de concilier les besoins de la
conservation avec ceux des po-
pulations vivant dans les forêts
qui entourent les aires protégées.
Lorsqu'un pfogramme de
conservation se fonde sur le dia-
logue et sur la participation des
populations forestières, il est
souvent possible d’obtenir leur
compréhension et leur appui à la
protection de la forêt. On tra-
vaille activement à élaborer des
méthodes écologiquement vala-
bles d'aménagement des "zones
tampons” qui assurent la coexis-
tence des populations humaines
et de la faune sauvage dans des
forêts maintenues à l’état quasi
naturel. Ces zones tampons se-
ront beaucoup plus efficaces si
ellles sont judicieusement répar-
ties de façon à entourer les aires
protégées et à offrir des couloirs
de circulation entre elles.
CONCLUSION
La pression accrue sur les fo-
rêts tropicales, ainsi qu’une meil-
leure connaissance de l’écologie
et de la valeur des espèces vi-
vantes qui les peuplent, ont ame-
né au cours des 30 dernières an-
nées à la création d’un réseau de
parcs nationaux et autres ré-
serves couvrant environ 5 pour
cent des forêts tropicales hu-
mides. Ce n’est manifestement
pas suffisant pour répondre aux
objectifs de conservation des es-
pèces, et un effort important est
encore nécessaire pour étendre
ce réseau d’aires protégées afin
d'y inclure un échantillonnage
adéquat de tous les types de
forêts et la gamme complète de
leur biodiversité. Les pays in-
dustrialisés riches doivent être
prêts à aider les pays tropicaux
moins favorisés à financer de tels
programmes élargis de conserva-
tion. La convention sur la biodi-
versité et l'instrument juridique
sur la conservation et l’aménage-
ment des forêts qui ont été pro-
posés pourraient prévoir des mé-
canismes permettant de répartir
équitablement le coût d’un
agrandissement considérable des
réseaux d’aires protégées en fo-
rêt tropicale.
Toutefois, les aires protégées
ne suffiront pas à conserver un
nombre maximal d’espèces fores-
tières tropicales. Il est indispen-
sable pour cela de trouver des
modes de mise en valeur appro-
priés pour de vastes zones fores-
tières supplémnetaires, qui pour-
ront comprendre des forêts amé-
nagées pour la production de
bois et d’autres pour celle de
produits non ligneux. L’avenir
de nombreuses espèces fores-
tières est conditionné par l’amé-
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living
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du Programme de l’UICN pour les
forêts tropicales, est basé à Gland
(Suisse)
LA FAUNE COMME
RESSOURCE
par Dick Pitman*
Dans le contexte de l'Afrique
de l'Est, une telle annonce paraît
presque choquante. Elle consti-
tue une rupture avec les prin-
cipes retenus par de nombreux
spécialistes de l’environnement
et va à contre-courant de l’opi-
nion quasi-universelle des petits
agriculteurs des districts ruraux
de la région.
"Il est proposé de faire de la
faune sauvage une ressource
agricole pour compléter l’agri-
culture et l'élevage", a annoncé le
président du Zimbabwe, Robert
Mugabe. "La gestion de la faune
sauvage sera rationalisée de fa-
çon à apporter des avantages
économiques aux communautés
rurales qui participeront à ce
type d’activités. La viande de gi-
bier sera transformée pour com-
pléter notre approvisionnement
bovin sur le marché local".
Le mot clé du discours pro-
noncé par le président Mugabe à
Pouverture d’une récente session
parlementaire était "ressource".
Peu de défenseurs de l’environ-
nement ou de planificateurs, par-
ticulièrement ceux qui appro-
chent l’Afrique à partir des prin-
cipes des pays prospères d’Eu-
rope ou d'Amérique du Nord,
peuvent se résoudre à envisager
la faune sauvage comme une res-
source. Ils partagent plutôt une
vision purement esthétique des
animaux, vision à sens unique im-
posée par des générations suc-
cessives de colons.
Entre-temps, encore sous le
coup de l'expérience coloniale,
les Zimbabwéens de l’après-in-
dépendance, qu’ils soient re-
sponsables des politiques natio-
nales ou agriculteurs, semblent
approuver la déclaration d’un vil-
lageois de la circonscription de
Simchembu à propos des terres
communales de Gokwe: "Les
animaux sauvages sont tout sim-
plement un fléau. Les éléphants
détruisent nos récoltes chaque
nuit. Nous ne voyons aucun in-
convénient à ce que le gouverne-
ment tue tout ce qui est plus gros
qu’un lièvre".
Le discours du président du
Zimbabwe a marqué une étape
décisive dans la lente évolution,
souvent entrecoupée de revire-
ments brutaux, de l’opinion et de
la législation vers une nouvelle
approche sociale et économique
du patrimoine animal exception-
nel de l’Afrique. Fait surpre-
nant: l’impulsion a été en partie
donnée par les travaux de plu-
sieurs organisations non gouver-
nementales dont le mandat initial
avait peu à voir avec le gibier.
Pas toujours
romantique
La faune sauvage - qui en
Afrique de l'Est désigne princi-
palement les grands mammifères
43
- faisait partie intégrante de la
vie des indigènes avant la pré-
sence coloniale. Il y a toujours
eu des conflits entre la popula-
tion et les gros animaux, et les
dommages causés aux cultures
n’en sont qu’une des illustrations.
De nos jours encore, les commu-
nautés rurales recensent de nom-
breuses blessures et parfois
même des décès dus aux élé-
phants, lions, buffles, hippopo-
tames et crocodiles. Avant la co-
lonisation, les inconvénients
étaient compensés, du moins
partiellement, par les "biens et
services" que procurait le gibier -
viande, habillement et prépara-
tions médicinales.
Or, ce savant compromis a
été bouleversé par les gouverne-
ments coloniaux, dont l’approche
fondamentalement esthétique et
"protectionniste" ne tolérait au-
cune transgression utilitaire, ex-
ceptés quelques safaris (princi-
palement européens) à but ré-
créatif. De nombreuses commu-
nautés indigènes furent d’ailleurs
expulsées des zones protégées et
toute forme de chasse leur fut in-
terdite.
Le cas des Shangaan de la
circonscription de Mahenye,
dans le sud-est du Zimbabwe, est
un exemple typique. Les Shan-
gaan sont originaires de la région
du Transvaal septentrional (Afri-
que du Sud), mais ils ont migré
vers la fin du 19e siècle et se sont
installés dans ce qui est mainte-
nant le Zimbabwe. Au début des
années 60, leurs terres ont été in-
corporées au parc national de
Gonarezhou. La communauté a
donc été expulsée et réinstallée
en bordure du nouveau parc.
Depuis lors, les conflits entre
les responsables du parc naturel
et les Shangaan se sont multi-
pliés. Ces derniers se sont mis à
chasser l'éléphant à l’intérieur du
parc et se sont associés à une
bande de braconniers amateurs
d'ivoire. Après l’indépendance,
pensant que la propriété des ani-
maux sauvages avait changé de
main, les Shangaan ont déclen-
ché un massacre systématique,
utilisant même des chiens pour
faire refluer les antilopes vers
des pièges constitués de filets
tendus entre les arbres. Des
planches clouées disposées près
berges étaient
pièges pour les hippopotames.
Les éléphants n’ont pas été épar-
gnés: plus d’une centaine furent
des autantde
la proie des chasseurs d’ivoire.
Confrontés à cette situation,
les défenseurs de l’environne-
ment et de la préservation des
espèces ont fini par comprendre
que la stricte application de la lé-
gislation ne pouvait résoudre un
problème posé par une injustice
sociale flagrante. En outre, l’ac-
croissement rapide de la popula-
tion rurale exerçait des pressions
continuelles sur la faune sauvage
du pays.
Un début de solution juridi-
que est venu d’une réglementa-
tion discutable, la loi de 1975 sur
les parcs et la faune sauvage du
Zimbabwe. Aux termes de cette
loi, la faune restait propriété
d'Etat, comme du temps de la lé-
gislation coloniale, mais les ex-
ploitants jouissaient de certaines
prérogatives en ce qui concerne
les animaux sauvages sur leurs
terres. Ils étaient autorisés, dans
des limites visant à empêcher la
surexploitation et l'extinction lo-
cale, à en faire usage à des fins
économiques.
Quelle qu’ait pu être la
contrariété des défenseurs de
l'intégrité physique de la faune
sauvage, des résultats tangibles
ont été obtenus. Conséquence
directe des avantages économi-
ques procurés aux exploitants,
les zones réservées à l’habitat ont
considérablement augmenté, no-
tamment sur les terres agricoles
privées.
Les exploitants tiraient prin-
cipalement bénéfice de la chasse
pratiquée comme sport et non à
des fins commerciales. Diverses
expériences portant sur cette
dernière ont échoué, principale-
ment parce que les espèces sau-
vages étaient considérées comme
un parent pauvre du bétail, n’of-
frant qu’une gamme limitée de
produits tels que viande et peau.
La concurrence de l'industrie
bovine fortement subventionnée,
les problèmes de logistique et de
transport, l’irrégularité des ap-
provisionnements et l’absence de
structures commerciales appro-
priées rendaient la chasse com-
merciale peu profitable. Les ten-
tatives menées avec des espèces
sauvages domestiquées, eomme
l'élan, n’ont guère mieux réussi.
Tourisme et safaris
La véritable percée économi-
que a été réalisée en exploitant la
faune sauvage non seulement
pour la viande et autres produits,
mais aussi à des fins récréatives.
Les droits de chasse peuvent
fournir des revenus substantiels
contre des niveaux de prélève-
ments relativement faibles. Ain-
si, un impala tué pour sa viande
rapportera moins de 50 dollars,
alors qu’un organisateur de safa-
ri vendra le même animal à 200
dollars ou plus. L’exploitation
touristique peut rapporter gros
sans nuire à la faune.
L'élevage traditionnel au
ranch de Buffalo Range, dans le
Zimbabwe méridional, a subi une
crise due à une baisse de produc-
tivité pendant les années de sé-
cheresse. Une partie du do-
maine a dû être consacrée aux
animaux sauvages mais les activi-
tés, qui étaient orientées exclusi-
vement sur la production de
viande, se sont avérées peu profi-
tables. Ce n’est que lorsque le
propriétaire du ranch a commen-
cé à exploiter les possibilités tou-
ristiques de la faune sauvage -
principalement la chasse sportive
- que ses bénéfices ont spectacu-
lairement augmenté.
Dans ce secteur, principale-
ment composé de grands éle-
veurs privés européens, la nou-
veauté sur le plan institutionnel a
été la création d’une association
de producteurs de gros gibier,
qui fait partie de l’Union des ex-
ploitants industriels et est habili-
tée à percevoir de ses membres
des redevances sur le déplace-
ment du gibier.
Toutefois, deux problèmes se
posent: le premier est lié au ré-
gime foncier et le deuxième, aux
programmes de réinstallation
prévus dans le cadre de l’acquisi-
tion par le gouvernement des
terres sous-exploitées.
Beaucoup de dirigeants ne
sont toujours pas convaincus des
avantages que peut procurer la
faune sauvage. Et même s'ils l’é-
taient, ils préfèreraient probla-
blement voir les réserves privées
redistribuées pour toutes sortes
de raisons, tant politiques que
subjectives. Cette attitude trans-
paraît en partie dans un récent
discours prononcé par Jock Kay,
ministre adjoint des terres, de
l’agriculture et de la réinstalla-
tion rurale: "On prévoit, a-t-il
déclaré, que l'élevage du gibier
se développera pendant les an-
nées 90, mais qu’il sera néces-
saire que le gouvernement veille
à ce que cetter expansion soit ra-
tionnelle et n’ait pas d’effets né-
gatifs sur l’industrie de bétail".
Cette déclaration révèle un
autre problème. La législation
du Zimbabwe est nettement fa-
vorable au bétail. Des restric-
tions vétérinaires imposées pour
les exportations de viande bovine
vers la CEE, dans le cadre de la
Convention de Lomé, limitent
sévèrement la capture et le dé-
placement du gibier, ainsi que le
transport de la viande. Des mil-
lions de dollars ont été consacrés
à la recherche sur le bétail, mais
très peu - sinon rien - à l’indus-
trie de la faune sauvage. En ou-
tre, ce dernier secteur ne reçoit
aucune subventions et ne dispose
d’aucune structure de commer-
cialisation officielle, contraire-
ment à la viande de boeuf forte-
ment subventionnée et commer-
cialisée dans le cadre d’une orga-
nisation para-étatique. Aussi,
l'industrie de la faune sauvage se
trouve-t-elle dans l’impossibilité
d’exploiter un potentiel économi-
que important: la vente de la
viande.
En ce qui concerne les com-
munautés rurales, dont dépend
en fin de compte la survie de la
faune sauvage, la situation est
quelque peu différente du fait
qu’elles ont été plus lentes à ado-
pter la faune sauvage comme op-
tion d’utilisation de leurs terres.
La plupart des communautés ru-
rales sont implantées sur ce
qu'on appelle maintenant les
terres communales, héritage di-
rect des réserves indigènes éta-
blies par les premiers gouverne-
ments coloniaux. Ceux-ci réser-
vaient souvent les meilleures
terres agricoles aux grandes ex-
Les
terres communales sont donc gé-
ploitations commerciales.
néralement des sols médiocres
où la pluviométrie est faible ou
irrégulière.
En grande partie impropres à
l’agriculture intensive, ces terres
45
abritent d’importantes popula-
tions d’animaux sauvages. Tou-
tefois, dans le cadre de la loi de
1975, les communautés rurales
n’ont pas les mêmes droits sur la
faupe sauvage que les exploitants
privés.
Même avant l'adoption de la
loi, les revenus des concessions
de chasse sportive dans certaines
zones rurales étaient, du moins
en théorie, reversés par le gou-
vernement aux communautés lo-
cales. Mais le système était loin
d’être parfait. La trésorerie cen-
trale conservait souvent les fonds
pendant de longues périodes.
Les fonds étaient parfois dépen-
sés dans des zones très éloignées
de celles où était pratiquée la
chasse. Cela avait pour effet de
supprimer le lien fondamental
entre le fait de tolérer la faune
sauvage et celui d’en tirer des
Les
communautés ne participaient ni
avantages Économiques.
à la planification ni à la prise. de
décision.
Les villageois Simchembu,
aujourd’hui si hostiles à la faune
sauvage, ont en fait bénéficié en
1981 des recettes de l’élimination
d’éléphants en surplus dans un
parc national de la région. Mais
ils n’ont pas pris part aux déci-
sions relatives à l’exercice ou à la
répartition des bénéfices et le
projet n’à jamais eu de suite. De
vagues promesses d’avantages fu-
turs ne compensent en rien les
problèmes actuels de cultures
endommagées et de blessures
éventuelles ou même de mort.
L'approche "Campfire"
Toutefois, un aspect de la loi
de 1975 permet au conseil de di-
strict - une unité de l’administra-
tion locale créée après l’indépen-
dance - de devenir ce que l’on
appelle "lorganisme compétent
en matière de gestion de la faune
sauvage”. Les conseils dotés de
ce statut ont les mêmes droits
que les exploitants privés et peu-
vent gérer, utiliser et tirer parti
de la faune sauvage sur les terres
communales de leur juridiction.
Ce statut est actuellement accor-
dé aux conseils qui affirment leur
intention de gérer la faune sau-
vage selon une formule directe-
ment inspirée de ce que l’on ap-
pelle de plus en plus la philoso-
phie "Campfire".
"Campfire" désigne un pro-
gramme de gestion des zones
communales pour les ressources
indigènes (Communal Areas
Management Programme for In-
digenous Resources) conçu par
le Département des parcs natio-
naux du Zimbabwe. Il repose es-
sentiellement sur le principe que
les communautés rurales qui to-
lèrent la faune sauvage sur leurs
terres, devenant ainsi produc-
trices de gibier sauvage, de-
vraient être chargées de la ges-
tion de ces ressources et en bé-
néficier directement tant en es-
pèces qu’en nature.
Cette position cache ply-
Les
doivent
être informées des avantages fi-
sieurs problèmes délicats.
communautés rurales
nanciers et autres découlant de
la gestion de la faune sauvage.
La question de la propriété des
animaux sauvages pose aussi pro-
blème. Non seulement la faune
sauvage est encore technique-
ment propriété d’Etat, mais elle
est aussi une ressource mouvante
et traditionnellement considérée
comme collective. Ces facteurs
créent une tendance à la surex-
ploitation.
Depuis quelque temps, la
promotion de la faune sauvage
en tant que forme d’utilisation
des terres collectives s’articulait
sur l’hypothèse qu’elle constitue
la forme la plus appropriée d’uti-
lisation des terres marginales en
termes économiques et écologi-
ques. Actuellement, le Fonds
mondial pour la nature se
penche sur cette question.
Certains organismes d’aide
extérieure et divers services gou-
vernementaux continuent à privi-
légier les systèmes traditionnels
de culture et d'élevage sur les
terres communales, cependant
que les études d’utilisation des
terres recommandent l'option
faune sauvage dans certaines ré-
gions.
Cela appelle deux observa-
tions. En premier lieu, ce qui
n’est pas pleinement compris par
ces agences et services, c’est que
même les spécialistes les plus en-
thousiastes prônant des pro-
grammes pour la faune sauvage
ne les considèrent que comme de
simples adjonctions à l’agricul-
ture et à l’élevage, qui sont et re-
steront indispensables pour des
raisons économiques et cultu-
relles. La solution réside dans
une planification rationnelle de
l'utilisation des terres en concer-
tation avec les communautés ru-
rales.
Le deuxiéme point crucial re-
léve de la nature des agences im-
pliquées. Le Département des
parcs nationaux joue encore ua
rôle central dans les projets rela-
tifs à la faune sauvage sur les
terres communales. Mais la par-
ticipations d'ONG et d’orga-
nismes de développement rural
(par opposition à la conservation
de la faune sauvage) animés du
désir réel de faciliter une vérita-
ble amélioration de la qualité de
vie des ruraux a donné une im-
pulsion nouvelle.
L’un de ces organismes est le
Centre pour les sciences sociales
appliquées de lUniversité du
Zimbabwe (CASS). En 1984, le
Département des parcs natio-
naux a demandé au CASS de
fournir les moyens d’assurer la
recherche, le suivi et ’évaluation
des applications socio-économi-
ques de l’approche "Campfire".
C’est ainsi qu’une unité de re-
cherche financée par la Fonda-
tion Ford a été créée en 1985.
Le CASS a déja identifié la
faune sauvage qui servira de ca-
talyseur potentiel du changement
socio-économique. Dès la créa-
tion de son unité de recherche
spécialisée, il s’est concentré sur
les questions portant sur la ges-
tion des ressources naturelles et
1a propriété collective. Une fois
que le Département des parcs
nationaux aura identifié les zones
"Campfire" potentielles, le CASS
pourra entreprendre une pre-
mière enquête socio-économique
et éventuellement prendre part
aux discussions avec les conseils
de districts et les communautés
locales.
Un autre organisme, le Zim-
babwe Trust, a participé à la
création d'institutions au niveau
local. Le Trust estime que la
faune sauvage est souvent ‘la
seule ressource susceptible d’évi-
ter 4 de nombreuses communau-
tés rurales une dépendance per-
manente à l’égard de l’aide ali-
mentaire. Il a officiellement mis
en place en 1988 un programme
de développement communau-
taire de la faune sauvage. Ce
programme aide les communau-
tés rurales 4 développer leurs ca-
pacités institutionnelles pour gé-
rer les ressources naturelles et
peut aussi faciliter l’identification
et Pévaluation des projets ainsi
que la planification, le suivi et la
recherche d’un financement ini-
tial.
Jusqu’a présent, lintégration
des projets de faune sauvage au
développement rural doit davan-
tage aux doctrines de ces ONG
qu’a la politique du gouverne-
ment. Leur rôle a évolué pen-
dant la mise en place de ce qui
est considéré - pas tout à fait à
juste titre - comme le projet ar-
chéiype de style "Campfire" dans
le district de Nyaminyami sur la
rive sud du lac Kariba.
Le projet Nyaminyami
Cette région, Pune des plus
pauvres du Zimbabwe, posséde
le taux le plus élevé de malnutri-
tion et de carences protéiniques
malgré d’abondantes ressources
naturelles en faune sauvage et en
poisson. Aprés quatre années de
débats, le conseil du district de
Nyaminyami a été habilité en
1989 a gérer la faune sauvage et a
réalisé au cours de sa premiére
année d’activité un excédent de
260.000 dollars provenant princi-
palement des safaris de chasse.
De ce montant, 6.000 dollars ont
été placés dans un fonds de ré-
serve d’exploitation, 26.000 dol-
lars ont été conservés par le
conseil de district et 194.000 dol-
lars ont été alloués aux commu-
nautés participantes.
Malheureusement,
Nyaminyanii...
Le projet s’est enlisé dans des
difficultés
Ayant acquis le droit de gérer la
bureaucratiques.
faune sauvage, le conseil de di-
strict était peu disposé à concé-
der la prise de décisions aux
communautés. Il a décidé que
les revenus devraient être distri-
bués à égalité aux douze circon-
scriptions de la région, ignorant
ainsi le principe selon lequel le
partage devrait favoriser les
47
communautés qui supportent les
coûts sociaux des plus élevés.
A moins d'éliminer les blo-
cages de ce genre, Nyaminyami
projets
"Campfire" risquent de connaître
de graves difficultés.
terres
et plusieurs autres
Sur les
communautaires de
Dange, a plusieurs centaines de
kilomètres à l’est de Nyaminya-
mi, près du Zambèse, un projet
similaire a réalisé un excédent de
101.621 dollars à répartir entre
les participants. Il y a eu des
scènes de joie intense au village
de Masoka quand des dividendes
de 200 dollars ont été distribués
à chaque ménage, une somme
supérieure à ce que la majorité
des résidents gagnent en une an-
née. Mais d’autres zones qui
avaient autant de droits sur les
bénéfices n’ont toujours rien re-
gu. Et les Shangaan de Mahe-
nye, qui avaient été expulsés du
parc national de Gonareshou,
ont supporté ce fardeau pendant
des années.
Il ne fait guère de doute que
les habitants de Simchembu,
maintenant si hostiles à la faune
sauvage, verraient les choses
sous un angle différent si leur
conseil de district leur avait dis-
tribué les 100.000 dollars obtenus
de la gestion de la faune sauvage
plutôt que de construire une
brasserie dans une région semi-
urbaine densement peuplée, à
100 kilomètres de là.
soudre ces problèmes, il faut
Pour ré-
consulter davantage les commu-
nautés locales. Le Zimbabwe
Trust peut jouer un rôle à cet
égard.
L'intégration effective de la
gestion de la faune sauvage dans
les politiques agricoles du Zim-
babwe résoudra peut-étre ces
problèmes. A l’heure actuelle, il
n’y a aucune proposition écrite
allant dans le sens du discours du
président Mugabe, à part une
ébauche de plan quinquennal
1991-1995 pour le secteur agri-
cole. Le ministère des terres, de
l'agriculture et de la réinstalla-
tion rurale a suggéré la constitu-
tion de plusieurs groupes de tra-
vail dont l’un s’occupera spécifi-
quement de la faune sauvage.
Il est probable que ce groupe
sera chargé de l’analyse des im-
plications économiques et so-
ciales de l'élevage et de la faune
sauvage ainsi que de l’examen de
l'actuelle législation sur la santé
animale, et cela en vue de facili-
ter la promotion du_ secteur
"faune sauvage". Si l’on s’attaque
effectivement 4 des quéstions
telles que la propriété de la
faune sauvage, les structures de
commercialisation, [utilisation
des terres et surtout, dans le cas
des terres communales, au pro-
bléme de la délégation des prises
de décisions aux communautés,
alors l’option faune sauvage pré-
sentera des perspectives promet-
teuses.
Mais si le développement
s’embourbe dans un niveau sup-
plémentaire de décisions gouver-
nementales, cette industrie en
herbe risque de constater que ses
perspectives étaignt meilleures
avec un réseau plus souple
d'ONG se battant et gagnant
souvent sur le terrain, plutôt
qu'avec une bureaucratie centra-
lisée.
* Dick Pitman est un spécia-
liste de l’environnement à Harare
(Zimbabwe).
LLLLLLLLLLLLLLLELLLLLLEL
Changement du
Climat : incidences
sur l’agriculture, les
forêts et les pêches
(Position de la FAO* présentée
au Deuxième Conférence mon-
diale sur le climat à Genève, du
29 octobre au 7 novembre 1990)
Introduction
Après de nombreuses années
de recherches, les scientifiques
sont maintenant à peu près tous
d'accord pour dire que le climat
de la terre est en train de chan-
ger - il s’agit essentiellement d’un
réchauffement - en raison des ac-
tivités de l’homme, bien que nous
ne connaissions pas encore très
bien les mécanismes de ce pro-
cessus. L’augmentation des re-
jets de gaz dans l’atmosphère
(essentiellement bioxyde de car-
bone, mais aussi méthane, oxyde
nitreux, ozone et certains chloro-
fluorocarbures) qui provoquent
ce changement du climat est en
partie imputable à la combustion
de carburants fossiles et aux acti-
vités industrielles des pays déve-
loppés. Ces gaz proviennent
dans une moindre mesure de I’a-
griculture et de la combustion
des forêts tropicales.
Le réchauffement du globe
devrait provoquer une élévation
du niveau des mers et modifier
les climats. On ne connaît pas
encore le rythme exact, la nature
et l’ampleur du changement de
climat, mais il aura prob-
ablement des avantages et des in-
convénients pour lagriculture
dès la première ou la deuxième
décennie du XXIème siècle.
Quelques pays n’en ressentiront
pas les effets: il semble que beau-
coup de pays a déficit vivrier
soient particulièrement exposés,
mais des pays à exédent vivrier
peuvent aussi être touchés.
C’est pourquoi le présent do-
cument examine certains des
changements de climat possibles,
évalue leurs incidences sur l’agri-
culture, les forêts et les pêches et
expose les activités actuelles de
la FAO et les mesures qu’elle
pourrait prendre à l'appui de
l’action nationale et internatio-
nale dans ces domaines.
Nature et ampleur du
changement de climat
Les "gaz de serre" sont d’im-
portants régulateurs de la tempé-
rature de la terre. Sans eux, la
* Les vues exprimées dans le présent document n’engagent pas
les divers Etats Membres de la FAO.
48
température moyenne en surface
serait de l’ordre de -30°C et
l'agriculture, telle qu’elle est pra-
tiquée actuellement, serait im-
possible. La température
moyenne est aujourd'hui de
+15°C. L'effet de serre, par le-
quel le CO et d’autres gaz re-
tiennent la chaleur qui, sans eux,
s’échapperait de l’atmosphère
terrestre, est un mécanisme nor-
mal et scientifiquement bien éta-
bli, indispensable à la vie telle
que nous la connaissons.
Une augmentation de COz et
d’autres gaz à effet de serre pro-
voquerait donc un réchauffement
progressif de l’atmosphère et des
modifications du climat terrestre.
On a de bonnes raisons de pen-
ser, sans en être encore toutefois
certains, que c’est ce qui se passe
en ce moment.
Le CO? est de loin le gaz à ef-
fet de serre le plus abondant et il
est considéré comme le plus im-
portant et celui sur lequel il est le
plus facile d’agir. D’après les
estimations actuelles, le rejet
dans l'atmosphère d’environ 7
milliards de tonnes de carbone
sous forme de CO2 et d’autres
gaz à effet de serre chaque année
est imputable aux activités hu-
maines. La plupart des émis-
sions passées et actuelles pro-
viennent de la combustion de
carburants fossiles dans les pays
développés et ces combustibles
joueront nécessairement un rôle
essentiel dans l'essor économi-
que et industriel des pays en dé-
veloppement. Toutefois, l’agri-
culture et les forêts jouent un
rôle non négligeable - quelque 14
et 9 pour cent respectivement de
l’ensemble des émissions respon-
sables de l'effet de serre.
Bien que lagriculture ne
contribue pas beaucoup à l'effet
de serre, elle suscite une vive
préoccupation car le changement
du climat pourrait limiter la pro-
duction vivrière dans certaines
régions. Les forêts jouent un
rôle plus important dans le cli-
mat du globe. En temps normal,
elles sont une source importante
de vapeur d’eau, qui joue un rôle
essentiel dans les mécanismes
climatiques et est un des princi-
paux gaz à effet de serre, En si-
tuation de climat modifié, elles
sont un important écosystème de
stockage du carbone et rejettent
du COz et d’autres gaz dans l’at-
mosphère lorsqu'elles sont bri-
lées ou transformées d’une autre
manière. En outre, les écosys-
tèmes forestiers supportent assez
mal des modifications "rapides"
des températures moyennes et
pourraient donc être gravement
touchés.
Au point de vue de l’histoire
humaine, il est certain que l’agri-
culture, plus que toute autre acti-
vité humaine, est tributaire du
climat et vulnérable à celui-ci.
Dans le contexte d’un climat ter-
restre qui évolue, lagriculture
joue une rôle accru, en particu-
lier pour assurer la sécurité ali-
mentaire et une gestion judi-
cieuse des ressources naturelles.
Les sections suivantes du présent
49
document examinent en détai! :
rôle que l’agriculture et les forêts
jouent dans les émissions de gaz
à effet de serre et certains des ef-
fets que ce changement pourrait
avoir pour l’agriculture, les forêts
et les pêches. L’analyse est fon-
dée sur les grandes hypothèses
suivantes de changements clima-
tiques, inspirées essentiellement
des travaux du Groupe d’experts
intergouvernemental:
(i) La température moyenne
du globe, par rapport à 1980,
augmenterait d'environ 0,5 à 1°C
d’ici Pan 2010, de quelque 0,5 à
2°C d'ici Pan 2030 et de 4°C au
maximum d’ici l’an 2050.
(ii) Le réchauffement ne se-
rait pas uniforme; dans lArcti-
que, il serait deux fois plus in-
tense et plus rapide que l’aug-
mentation des valeurs moyennes
mondiales et des valeurs des ré-
gions tropicales.
(iii) Le régime des pluies se
modifierait: il y aurait peut-être
un accroissement des pluies d’hi-
ver aux latitudes les plus hautes,
des pluies plus intenses dans les
tropiques humides et des pluies
d’été moins abondantes dans les
latitudes moyennes. A cela s’a-
jouterait une détérioration des
équilibres pédologiques/hydri-
ques (c’est-à-dire la différence
entre les précipitations et l’éva-
potranspiration) dans les princi-
pales zones céréalières tempé-
rées des deux hémisphères.
(iv) Les écarts par rapport
aux moyennes à long terme ren-
dront plus fréquentes et plus
violentes les intempéries ex-
trêmes et provoqueront prob-
ablement des périodes de séche-
resse et de précipitations plus
longues et plus intenses.
(v) Des changements incer-
tains de la durée et de la densité
de la couverture nuageuse avec
des répercussions sur les équili-
bres des rayonnements et la pho-
tosynthèse.
(vi) Une élévation du niveau
des mers d’environ 30 à 50 cm
d’ici l'an 2050, et jusqu’à un mè-
tre d’ici l’an 2100. Ces chiffres
tiennent compte des récentes ré-
visions à la baisse des estimations
du Groupe de travail I du
Groupe d’experts intergouverne-
mental. Quoi qu’il en soit, le ni-
veau des mers s’est élevé d’une
vingtaine de centimétres depuis
le début du siècle, sans que l’on
sache très bien pourquoi. Plu-
rieurs pays, en particulier cer-
tains pays en développement de
basses terres ayant des îles et des
deltas, seraient exposés à l’intru-
sion d’eau salée dans les nappes
phréatiques, à la désorganisation
des installations d’aquaculture, à
la marginalisation de certains
systèmes de production agricole
irriguée ou pluviale et à l’inonda-
tion des marécages, dont beau-
coup jouent un rôle important
dans le cycle biologique des es-
pèces aquatiques.
Rôle de l’agriculture et
des forêts dans les
émissions de gaz à
effet de serre
C’est par des émissions de
dioxyde de carbone, de méthane
et d’oxyde nitreux que l’agricul-
ture et les forêts contribuent le
plus à l'effet de serre. En re-
vanche, elles rejettent peu
d’oxyde nitrique et de monoxyde
de carbone.
La contribution nette aux
émissions de dioxyde de carbone
provient essentiellement du dé-
boisement permanent - attei-
gnant peut-être 25 pour cent de
laugmentation totale annuelle
nette des émissions de dioxyde
de carbone. De grandes quanti-
tés proviennent de l’agriculture
itinérante, mais lorsque des ja-
chères arborées sont pratiquées,
la contribution nette est faible.
De même, des émissions encore
plus importantes proviennent des
brilis de pâturages non aména-
gés et de terres arables en ja-
chère, mais l'effet net est faible.
Les résidus végétaux de ces
terres se seraient décomposés de
toute façon, et peu importe, pour
le cycle du carbone, qu’ils soient
brûlés immédiatement ou laissés
se décomposer pendant une an-
née.
En ce qui concerne les autres
gaz à effet de serre, on sait que
les secteurs de lagriculture et
des forêts sont à l’origine d’émis-
sions importantes de méthane
par la décomposition anaérobie
50
des matières organiques, par
exemple dans le tube digestif du
bétail (25 pour cent), dans les ri-
zières (35 pour cent) et les déjec-
tions animales (12 pour cent).
Les sources d'émissions d’oxyde
nitreux n’ont pas encore été bien
identifiées, mais elles provien-
nent en partie d’activités hu-
maines telles que le défrichage,
dont le déboisement tropical fait
partie, de la combustion du bois
et de l’utilisation d’engrais miné-
raux azotés. L’agriculture joue
un plus grand rôle dans les émis-
sions de ces gaz que dans les
émissions de CO2. En outre,
elles vont probablement augmen-
ter sous l'effet de la croissance
démographique et de la de-
mande croissante d’aliments qui
découle de l’augmentation du re-
venu par habitant, qui vont inévi-
tablement provoquer une intensi-
Mais même alors, la
contribution de lagriculture à
l'effet de serre ne sera que de
quelque 14 pour cent en 2025.
Dans l’état actuel des choses, il y
a de nombreuses options de dé-
agricole justifia-
fication.
veloppement
bles, ayant une utilité économi-
que et sociale, qui pourraient ré-
duire les émissions futures, du
moins dans une certaine mesure.
Il s’agit notamment d’une utilisa-
tion accrue des pailles de riz
dans l'alimentation et autres
formes de supplémentation, et
du traitement des déjections ani-
males par des digesteurs à bio-
gaz. (à suivre)
me
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