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Full text of "Nature et faune : revue internationale pour la conservation de la nature en Afrique = Wildlife and nature : international journal on nature conservation in Africa"

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REVUE INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE EN AFRIQUE | 


Gestion de la Faune, Aménagement d’aires protégées, Conservation des ressources naturelles. 


INTERNATIONAL JOURNAL ON NATURE CONSERVATION IN AFRICA | 
Wildlife and Protected Areas Management and Natural Resources Conservation. 





Volume 7, n°4, Octobre-Décembre 1991. 
October-December 1991. 





Organisation des Nations Unies fan Programme des Nations Unies pour 
pour l’Alimentation et l’Agriculture Mm, l'Environnement 
Food and Agriculture Organization 09, TP V4 United Nations Environment 

of the United Nations Y Programme | 








FAO Regional Office for Africa : 
Bureau Régional de Ja F.A.O. pour PAfrique - Accra (Ghana) 





Nature et Faune 


Volume 7, n°4 Octobre-Décembre 1991 
Octobre-December 199 











La revue Nature et Faune est une publication internationale 
trimestrielle destinée à permettre un échange d'informations 
et de connassainces scientifiques concernant la gestion de 
la faune, l'aménagement des aires protégées et la conserva- 
tion des ressources naturelles sur le continent africain. 


"Nature et Faune" is a quarterly international publication de- 
dicated to the exchange of information and scientific data on 
Wildlife and protected areas management and conservation 
of natural resources on the African continent. 


Editeur - Editor : J.D. Keita a.i. 
Ass. Editeur - Ass. Editor : J. Thompson 
Conseillers - Advisers : J.D. Keita - G.S. Child 


Nature et Faune dépend de vos contributions bénévoles et 
volontaires sous la forme d’articles ou d’annonces dans le 
domaine de la conservation de la nature et de la faune sau- 
vage dans la Région. Pour la publication d’articles ou tout 
renseignement complémentaire, écrire à l'adresse suivante: 


"Nature et Faune" is dependent upon your free and voluntary 
contributions in the form of articles and announcements in 
the field of wildlife and nature conservation in the Region. 
For publication of articles or any further information, please 
contact: 








Revue NATURE ET FAUNE 
F.A.O. Regional Office for Africa 
P.O. BOX 1628 
ACCRA (Ghana) 
mmaire - n 

ae TP PT ER RR ew eles een nn 3 
La Conservation des Foréts Tropicales: présentation générale du probléme ............... .§ 
Deuxième rapport intérimaire sur l’état des forêts tropicales ............................. 10 
Conservation and protection of tropical rain forests: the perspective of the World 
SAWMIVERION URI à 44 cscs leoueoausat dus et ae bess 13 
BA CTOD. un vus dune den ea ved SAR IN CN US 20 
Climate change and agriculture, forestry and fisheries .................................. 27 
THAQUCTIONS - TRANSLATIONS ide cases ll AR ANS 31 








ou limites. 





Le contenu des articles de cette revue exprime les opinions de leurs auteurs et ne reflète pas nécessairement celles de la FAO, du 
PNUE ou de la rédaction. Il n'exprime donc pas une prise de position officielle, ni de l'Organisation des Nations Unies pour l'Ali- 
mentation et l'Agriculture, ni du Programme des Nations Unies pour l'Environnement. En particulier les appellations employées 
dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n'impliquent de la part de ces Organisations aucune prise de 
position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant aux tracés de leurs frontières 





Printed by The Advent Press — Accra 











EDITORIAL 





The Tropical Forest: the magic word ofthe 
moment, no longer invokes the horrors of the 
Green Inferno, or Kipling’s jungle of adventure, 
but that of Hope: an inexhaustible source of 
varied resources, a reservoir of genes for our 
future salvation, a tank for carbon dioxyde, 
which is blamed for being one of the causes 
for global warming of the earth, etc... 


It is thus very normal for everyone to be 
concerned about the accelerated rate of its 
destruction and propose solutions for its 
conservation. It is also normal that this should 
be the occasion for passionate expression of 
views. 


Three groups are involved in this debate: 
first of all the foresters, defending their sacro- 
sanct forest management on a sustained yield 
basis. Their talk is punctuated with words like 
inventory, management plan, exploitation, 
protection and regeneration. 


The conservationists, on the contrary, be- 
lieve that this "forestry management" means 
the destruction of forests, for they claim that 
once the tropical forest is logged, it can never 
recover its original state. The foresters, they 
add, do not yet know how to effect this rege- 
neration. 


A third group is of the opinion that sustai- 
ned management is certainly good, but it 
should not only concern wood and its by-pro- 
ducts. To them, the management must be glo- 
bal, involving all forest "products", giving prio- 
rity to those affecting the populations living wi- 
thin and around the forest. They are thus more 


La Forét Tropicale, c’est le mot magique 
d'aujourd'hui; elle n’évoque plus l’épouvantail 
de l'Enfer Vert, ou la jungle d'aventures de Ki- 
pling; mais bien l'Espoir: une source inépuisa- 
ble de ressources de toutes sortes, un réser- 
voir de gènes pour notre salut futur, un réser- 
voir où stocker le gaz carbonique, accusé d’é- 
tre un des responsables du réchauffement gé- 
néral de la terre, etc... 


ll est donc normal que tout le monde se pré- 
occupe du rythme accéléré de sa destruction 
et propose des solutions pour y remedier. Il 
est également normal que cela soit l'occasion 
d’empoignades passionnées. 


Trois groupes s'affrontent dans le débat: 
d’abord les forestiers, mettant en avant leur sa- 
cro-saint aménagement des foréts sur la base 
du rendement soutenu. Leur bréviaire est : 
émaillé de mots comme inventaire, plan d'amé- 
nagement, exploitation, protection et régéné- 
ration. 


Les conservationistes au contraire pensent 
que cet "aménagement forestier’ signifie la 
destruction des forêts, car disent-ils, une fois 
exploitée, la forêt tropicale ne reprend jamais 
plus son état originel. Les forestiers, ils ajou- 
tent, ne savent pas encore comment provo- 
quer cette régénération. 


Untroisième groupe est de l'avis que l’amé- 
nagement soutenu est certainement bon, mais 
pas seulement sur la base du bois'et de ses dé- 
rivées. Pour eux, l'aménagement doit être glo- 
bal, concerner toutes les "productions" de la 
forêt, en priorité celles interessant le plus les 














concerned with the problems posed by the 


participation of the populations in the systems 
of conservation particularly those systems in 
which human activities are almost completely 
banned, or very minimal. In effect, how do we 
get the population to participate in the protec- 
tion of a national park when these people have 
been driven out of the park, and their children 
can only be turned into waiters and stewards 
in tourist centres, when their real needs 
concern farm and pasture lands? 


Passion - always a bad fellow - is at the ori- 
gin of ferocious criticisms of others’ initiatives. 
But these criticisms are good and even inevi- 
table as the problems are so complex and the 
interests very varied. Nature et Faune plans to 
publish in the next 3 to 4 issues, articles writ- 
ten by persons, with their passion, engaged in 
various aspects of the problem. We thus wish 
to give our readership original information and 
also to enable them participate in the debate. 
Opinions expressed must not be considered 
as the position of either FAO or UNEP. 


populations vivant dans et autour des foréts. 
Ils sont donc préoccupés par les problèmes 
que pose la participation des populations dans 
les systèmes de conservation, en particulier 
comment faire participer les populations dans 
les systèmes de conservation où les activités 
humaines sont sinon totalement interdites, tout 
au moins très réduites. En effet comment ob- 
tenir la participation à la conservation d'un Parc 
national, de populations chassées de ce Parc 
et à qui on ne propose que de transformer leurs 
enfants en garçons de café dans les établisse- 
ments touristiques, quand leurs besoins réels 
concernent des terres de culture et des pâtu- 
rages ? 


La passion - toujours mauvaise conseillère 
- est à l’origine des critiques féroces des initia- 
tives des uns et des autres. Mais ces critiques 
sont salutaires et même inévitables tant les pro- 
blèmes sont complexes et les intérêts diver- 
gents. Aussi Nature et Faune se propose, de 
publier dans les 3 à 4 numéros à'venir, des ar- 
ticles écrits par des personnes engagées - 
donc avec leurs passions - sur les différents as- 
pects du problème. Nous voulons par là don- 
ner à nos lecteurs une information d'origine et 
aussi leur permettre de participer au débat. 
Les opinions exprimées ne doivent pas être 
considérées comme prises de position ni de la 
FAO, ni du PNUE. 








La Conservation des Forêts Tropicales 


Présentation Générale du problème 


par J.D. Keita* 


Introduction 





Le poète français Chateaubriand écrivait au 
début du 19e siècle que "les forêts précèdent 
les peuples, les déserts les suivent". Mais bien 
avant, d’autres écrivains et penseurs s'étaient 
lamentés de la disparition des forêts, prélude 
à la décadence des sociétés humaines. Le 
grand philosophe grec Platon avait décrit avec 
un relief saisissant le cas de la Grèce. 


"Ainsi qu'on peut s’en rendre compte, la 
Grèce est demeurée par rapport à celle d’au- 
trefois comme le squelette d’un corps déchar- 
né par la maladie. Les parties grasses et 
molles de la terre ont coulé tout autour, et il ne 
reste que la carcasse nue de la région. En ce 
temps là, la Grèce avait pour montagnes de 
hautes ondulations de la terre, les plaines 
qu'on appelle aujourd’hui champs de Phellus 
étaient couvertes d’une glèbe grasse; il y avait 
sur les montagnes de vastes forêts dont il reste 
maintenant des traces visibles, car parmi ces 
montagnes, qui ne peuvent plus nourrir que 
des abeilles, il y en avait sur lesquels on cou- 
pait encore, il n’y a pas de très longtemps, de 
grands arbres propres a batir Jes plus grandes 
constructions. 

ll y avait beaucoup de hauts arbres cultivés- 
et la terre donnait aux troupeaux une pature 
inépuisable. L'eau fécondante de Zeus qui s’y 


écoulait chaque année ne ruisselait pas en vain 
pour aller se perdre dans la mer. La terre en 
avait dans son sein et elle en recevait du ciel 
une quantité qu'elle mettait en réserve dans 
celles de ses couches que l'argile rendait im- 
perméable; l'eau qui tombait des endroits éle- 
vés s'écoulait aussi dans les anfractuosités du 
sol. Aussi, en tout lieu coulaient les flots géné- 
reux des sources et des fleuves." 


ll n'y a probablement pas de spécialiste en 
matière d’érosion et de conservation qui 
puisse aujourd’hui mieux décrire les relations 
d’équilibre entre le couvert forestier, les sols et 
les eaux, qui conditionnent l’existence stable 
d’une communauté humaine, dans un espace 
donné. 


Cen’est donc pas aujourd’hui que l'homme 
a commencé à détruire la forêt, ni non plus qu'il 
a commencé à en reconnaître les effets. Ce 
qui est cependant nouveau aujourd'hui, c'est 
d’abord que depuis environ un siècle, l'homme 
à travers sa révolution industrielle, s'est doté 
de moyens de destruction jamais égalés; et 
qu'en conséquence, la destruction se produit 
à un rythme plus accéléré. Un autre élément 
nouveau est qu'aujourd'hui la prise de 
conscience n'est plus seulement au niveau 
des penseurs et des philosophes, mais d'un 
plus large public; la gamme des solutions et 


MT os g à PR 


initiatives proposées pour la conservation des 
forêts est de ce fait très étendue. 


Quels sont les enjeux 7 





Essayons de rappeler encore une fois brié- 
vement les véritables enjeux de la conserva- 
tion, avant de passer en revue les diverses ini- 
tiatives prises ou suggérées récemment en fa- 
veur de la conservation des foréts tropicales. 


Le premier enjeu de la conservation 
concerne les ressources. Les foréts consti- 
tuent un immense réservoir de ressources 
dont l’exploitation est indispensable a 
l'homme; elles fournissent bois, fourrages, 
produits alimentaires, plantes médicinales 
etc... L'importance de ces ressources pour les 
communautés humaines peut paraître très va- 
riable, des déserts aux forêts de pluie, mais en 
réalité, ces ressources jouent les mêmes fonc- 





tions essentielles dans la sta- 
bilité des différentes socié- 
tés. Ceci est à présent assez 
bien documenté. Les Pyg- 
mées de Centrafrique récol- 
tent tout leur ravitaillement 
alimentaire dans la forêt, 
mais les pasteurs du désert 
Ferlo au Sénégal, se procu- 
rent aussi l’essentiel de leur 
ration de vitamines et de sels 
minéraux indispensables, a 
partir des formations li- 
gneuses pérennes. 


Le deuxième enjeu 
concerne le rôle joué par les 
formations forestières dans 
la genèse et le maintien du 
potentiel de production des 
sols ainsi que les rôles de réservoir pour l'eau 
et de manteau protecteur contre l'érosion. Ce- 
la aussi est à présent bien documenté. La des- 
truction des forêts a pour conséquences im- 
médiates au niveau du fermier et de la commu- 
nauté rurale, la disparition des ressources fo- 
restières, la démolition de la base du système 
dela production rurale, et la désolation de l’en- 
vironnement causées par l'érosion. C’est l’en- 
grenage de la pauvreté. 

Le troisième enjeu concerne la survie des 
populations dites primitives, ou aborigènes ou 
encore appellées minorités vivant dans les fo- 
rêts (forest communities). Pour ces commu- 
nautés, la forêt est le milieu de vie leur garan- 
tissant un mode de vie particulier, dépendant 
entièrement d'elle. La disparition de la forêt si- 
gnifie évidemment disparition de ce mode de 
vie et donc des communautés elles-mêines. 
Ce problème concerne des centaines de mil- 
lions de personnes en Amérique du sud, en 


Asie tropicale et aussi en Afrique (Cameroun, 
Centrafrique, Congo et Zaïre pour l'essentiel). 


A ces trois enjeux, que l’on pourrait quali- 
fier de traditionnels et qui concernent directe- 
ment les communautés rurales des pays en 
voie de développement, s'ajoutent depuis 
quelques décennies, deux autres, non moins 
importants cependant. Le premier concerne 
la diversité biologique qui doit être maintenue 
sur terre afin que l'homme puisse disposer de 
tous les gènes et des formes de vie dont la 
petite planète a été dotée. Il est évident que 
les progrès que l’homme pourrait et doit faire 
pour améliorer ses conditions de vie, dépen- 
dent de ce réservoir dont le contenu doit être 
sauvegardé. 


Le second concerne le rôle de réservoir 
pour l'excès de CO2 que les forêts pourraient 
stocker pour diminuer la concentration de l’at- 
mosphère en gaz contribuant à l'effet de serre 
et donc au réchauffement de la planète. Cela 
est moins bien documenté, mais un réchauffe- 
ment éventuel de la planète est une préoccu- 
pation réelle et s’il se produisait, cela aurait de 
grandes répercussion sur l’agriculture mon- 
diale et en cunséquence, sur la vie sur terre. 
Les scientifiques n’ont pas encore cerné avec 
précision quelle est exactement la part de la 
destruction des forêts dans les changements 
de climats qui sont prédits et dont certains 
signes avant-coureurs ont commencé à se 
manifester (sécheresses un peu trop fré- 
quentes, trou dans la couche d'ozone, etc...). 
ll est cependant estimé que la contribution 
nette des émissions de bioxyde de carbone 
provenant du déboisement permanent attein- 
drait peut-être 25% de l'augmentation totale 
annuelle nette des émission de bioxyde de car- 
bone. De toutes les façons, il n'est pas possi- 
ble de déclarer cela négligeable, car les fac- 


teurs agissant dans le phénomène de change- 
ment de climat, ne s'ajoutent pas mécanique- 
ment, mais interfèrent de manière dynamique 
les uns sur les autres. Il ne faut donc pas re- 
garder aux seuls pourcentages de CO: fournis 
par la destruction des forêts par rapport aux 
pourcentages des autres activités concer- 
nées. 


Problèmes de priorités ? 





ll y a un large consensus sur ces enjeux; 
certes la hiérarchisation des priorités est diffé- 
rente. Les pays pourvus d’importantes res- 
sources forestières estiment que l'exploitation 
de ces ressources doit leur permettre d’assu- 
rer leur développement économique. Après 
tout, disent-ils, ces forêts constituent la source 
de richesse dont Dieu a doté leurs pays tout 
comme certains pays arides et désertiques 
sont dotés de gisements de pétrole ! Pour eux 
donc l'aménagement forestier qui consiste à 
gérer ces ressources en bon père de famille, 
est la priorité des priorités et toute l’action doit 
tendre à alder leurs gouvernements à mieux 
exploiter, aménager et conserver les forêts. 


Dans les pays du Nord développés et 
riches, les ressources forestières ne sont plus 
regardées en priorité comme des ressources 
marchandes et les préoccupations sont plus 
tournées vers la conservation de la diversité 
biologique et les changements de climat. 


Apparemment, les intérêts sont donc diver- 
gents, mais stratégies et programmes d'action 
doivent se compléter pour que tous les objec- 
tifs soient atteints. La grande diversité des ins- 
titutions impliquées dans la conservation doit 
aussi garantir qu'aucun aspect n’est oublié. 


Les initiatives et leur limites 





Des institutions nationales aux grandes or- 
ganisations internationales, en passant par les 
organisations non-gouvernementales et 
même les initiatives privées, il y a une gamme 
fort étendue de stratégies élaborées et une pa- 
noplie nombreuse de programmes d'action 
mis en oeuvre. La FAO, l'UNESCO à travers 
son programme MAB (l'homme et la Bio- 
sphère), IUFRO (International Union of Forest 
Research Organizations), ITTO (International 
Timber Trade Organization), ainsi que l'Institut 
pour les ressources Mondiales, l'UICN (AI- 
liance Mondiale pour la Nature), le Fonds Mon- 
dial pour la Nature (WWF), Friends of the 
Earth, Greenpeace, etc., sont les principales 
organisations intergouvernementales et non 
gouvernementales qui, a travers leurs pro- 
grammes de recherches et de développe- 
ment, aident le plus les pays tropicaux a éla- 
borer et mettre en oeuvre des stratégies et pro- 
grammes d’action visant a protéger, aména- 
ger et conserver les écosystémes forestiers 
tropicaux. Ces organisations sont aidées en 
cela par le PNUD, la Banque Mondiale, les 
Banques Régionales de Développement, les 
aides bilatérales, etc., qui financent les pro- 
grammes formulés. 


La matérialisation de ces efforts de protec- 
tion et de conservation des foréts est consti- 
tuée par l'existence des Réserves forestières 
plus ou moins bien aménagées, des Parcs Na- 
tionaux et réserves de Faune plus ou moins 
bien protégées, des Réserves de la Biosphère, 
des réserves naturelles, patrimoines de l’Hu- 
manité, etc... Tout le monde, tant s'en faut, 
n'est pas satisfait de ces résultats et depuis 
une dizaine d'années, la communauté interna- 
tionale est très agitée par de nouvelles idées 


sur la conservation des Forêts Tropicales. Les 
stratégies et programmes se succèdent et la 
cadence à laquelle ils sont fabriqués et aussi 
vite critiqués et abandonnés, traduit sans nul 
doute un certain désarroi. 


Foresterie communautaire et Participation 
des Populations, systèmes de Boycott des 
Bois Tropicaux, Echange Dette contre protec- 
tion de la Nature, Convention sur les change- 
ments de climat, Plan d’Action Forestier Tro- 
pical, Plan d’Action Environnemental de la 
Banque Mondiale,...etc, sont à l'heure actuelle 
les principales initiatives de la communauté in- 
ternationale en faveur de la conservation des 
écosystémes forestiers tropicaux. 


Le concept de participation des popula- 
tions est probablement un des plus promet- 
teur, bien que les programmes mis en oeuvre 
jusqu'à présent n'ont pas toujours eu les suc- 
cés escomptés. On se rend compte que leur 
mise en oeuvre fructueuse nécessite bien sou- 
vent de profondes réformes économiques, so- 
ciales et politiques. Ces programmes ne por- 
tent des fruits acceptables que lorsqu'ils sont 
implantés dans des systèmes politiques de dé- 
mocratie participative. C'est pourquoi le 
concept de participation est de plus en plus lié 
aux problèmes des droits de l'homme. 


D'autres initiatives commes les proposi- 
tions de boycott des bois tropicaux, les sys- 
tèmes de remise de dettes contre protection 
de la nature, les conventions internationales 
touchant à la conservation des forêts, ne sont 
généralement pas vues d’un bon oeil. Ils sont 
même quelquefois violemment combattus par 
les pays tropicaux, qui y voient des tentatives 
du Nord développé de les priver d'une source 
de revenus nécessaire à leur développement 
et aussi de leur faire supporter tout le poids des 


mesures de prévention des changements de 
climat planétaire. Cela est jugé d'autant plus 
injuste que le Nord est en fait le premier re- 
sponsable de la situation. C'est le Nord qui a, 
jusqu'à présent, accumulé et consommé les 
ressources et les richesses de la planète. Il est 
donc normal due le Nord paie pour sa réhabi- 
litation. Comme on le voit, le débat devient vite 
passionné, mais à notre avis, proposer un boy- 
cott dans le contexte mondial actuel, révèle un 
désarroi et traduit une philosophie du pessi- 
misme. Le problème est d'aider des commu- 
nautés à mieux gérer leurs ressources pour 
leur bien et celui du reste des hommes, tout en 
sauvegardant le capital. 


Les Tribulations du PAFT ou la 
Nécessité d’une Harmonisation 
des différentes Initiatives 





Le Plan d'Action Forestier Tropical, la der- 
nière née des initiatives de la communauté in- 
ternationale n'échappe pas au cycle Eupho- 
ries - critiques qui a été le lot des initiatives an- 
térieures. Le PAFT se veut un exercice de pro- 
grammation et de planification, destiné à pré- 
parer des programmes et projets de conserva- 
tion et d'aménagement dans un cadre de 
concertation entre la communauté des Dona- 
teurs et les différents pays tropicaux. L’exer- 
cice doit être coordonné par les pays et les 


projets et programmes identifiés et formulés 
doivent réfléter leurs priorités et s'intégrer har- 
monieusement dans leurs politiques et plans 
de développement. 


Les premiers dossiers sortis ont été très di- 
versement appréciés. Certains furent même 
l'objet de violentes critiques de la part de cer- 
tains parrains mêmes du PAFT comme l'Insti- 
tut Mondial des Ressources basé à Washing- 
ton. Pourtant la grande majorité des pays tro- 
picaux se sont déjà engagés dans l'exercice 
du PAFT, en particulier ceux d'Afrique. C’est 
par la concertation tant à l'intérieur des pays 
qu'avec la communauté internationale que 
chaque pays pourra se doter d'une stratégie 
et d'un Plan de développement des res- 
sources forestières qui puissent concilier les 
impératifs d’un aménagement forestier pro- 
ductif à court terme et ceux d’une conserva- 
tion plus restrictive et productrice seulement à 
long terme. 


Le PAFT pourrait et devrait constituer le fo- 
rum de concertation permettant de concilier 
les divers intérêts de tous ceux qui sont 
concernés, par la conservation des Forêts Tro- 
picales. 


* Fonctionnaire forestier régional au Bu- 
reau régionaf de la FAO pour l'Afrique à Accra 
(Ghana) 


DEUXIEME RAPPORT INTERIMAIRE SUR L’ETAT 
DES FORETS TROPICALES 


par 


Le Projet d’Evaluation des Ressources Forestières 1990 (FAO) 
(10éme Congrés Forestier Mondial, Paris, France, Septembre 1991) 


L’estimation des ressources forestiéres 
glohales fait partie du mandat de la FAO. La 
dernière estimation à l'échelon mondial a été 
conduite en prennant 1980 comme année de 
référence. L’estimation actuelle qui prend 
1990 comme référence a été lancée en mars 
1989. Son but est de produire une information 
fiable et globalement cohérente sur l’état ac- 
tuel de la couverture forestière tropicale, sur 
les récentes tendances en matière de défore- 
station et de dégradation des forêts. Les 
scientifiques et les décideurs ont besoin de 
cette information qui soutiendra le Plan d’Ac- 
tion Forestier Tropical. 











Lee 





Le Projet réalise, l'estimation en deux 
phases complémentaires, (I) compilation des 
données fiables existantes ramenées à l’année 
de référence 1990 grâce à une fonction d’ajus- 
tement; et (Il) suivi de la couverture forestière 
et de ses changements en utilisant des techni- 
ques de télédétection par échantillonnage. 
Pour l'étude des causes et des impacts de la 
déforestation et de la dégradation des foréts, 
le Projet a mis au point un Système d’Informa- 
tion Géographique (SIG) complet. Ce sys- 


téme comprend plusieurs niveaux importants 
d’information comme les types de végétation, 
les zones éco-floristiques et la répartition de la 
population au niveau sous-national. 








Pays tropicaux en cours d’évaluation par sous-region (numerotées comme sur le tableau 1) 


10 














Tableau 1: Estimation préliminaire de la surface forestière et du taux de 
déforestation pour 87 pays des régions tropicales (mis à jour au 15 
octobre 1991) 
NOMBRE SURFACE SURFACE SURFACE DEFOREST. TAUX DE 
SOUS-REGION DE PAYS TOTALE DES FOREST. FOREST. ANNUELLE VARIATION 
ETUDIES TERRES * 1980 * 1990 * 1981-90 * 1981-90 
(---------- milliers d’hectares ------------ ) % PAR AN 
AMERIQUE LATINE 32 1 675 700 923 000 839 900 8 300 - 0.9 
1 AMERIQUE CENTR. ET MEXIQUE 7 245 300 77 000 63 500 1 400 - 1.8 
2 SOUS-REGION CARIBEENNE 18 69 500 48 800 47 100 200 - 0.4 
3 AMERIQUE DU SUD TROPICALE 7 1 360 800 797 100 729 300 6 800 - 0.8 
ASIE 15 896 600 310 800 274 900 3 600 ae 
4 ASIE DU SUD 6 445 600 70 600 66 200 400 - 0.6 
5 ASIE DU SUD-EST CONT. 5 192 900 83 200 69 700 1 300 - 1.6 
6 ASIE DU SUD-EST INSULAIRE 4 258 100 157 000 138 900 1 800 aoe ty 4 
AFRIQUE 40 2 243 400 650 300 600 100 5 000 - 0.8 
7 AFRIQUE DE L'OUEST SAHEL. 8 528 000 41 900 38 000 400 - 0.9 
8 AFRIQUE DE L'EST SAHEL. 6 489 600 92 300 85 300 700 - 0.8 
9 AFRIQUE DE L'OUEST 8 203 200 55 200 43 400 1 200 = 2.2 
10 AFRIQUE CENTRALE 7 406 400 230 100 215 400 1 500 - 0.6 
11 AFRIQUE DU SUD TROPICALE 10 557 900 217 700 206 300 1 100 - 0.5 
12 AFRIQUE INSULAIRE 1 58 200 13 200 11 700 200 =~ 41,2 
TOTAL 87 4 815 700 1 884-100 1 714 800 16 900 - 0.9 





* Les totaux peuvent ne pas correspondre entre eux dû aux valeurs arrondies 


Pendant la phase |, le Projet a constaté que 
l'information disponible n'était pas suffisam- 
ment précise ou complète pour estimer les 
changements de la superficie du couvert fo- 
restier dans le temps. Dans presque tous les 
cas les enquêtes avaient été conçues pour 
estimer la couverture forestière à une date 
donnée et non pour fournir une base cohé- 
rente et fiable au suivi continu des ressources 
forestières, que ce soit au niveau national ou 
au niveau global. Pendant la phase Il, le Pro- 
jet a donc développé une méthodologie et ini- 
tié une première expérience de suivi de l’en- 
semble de la zone tropicale. La méthodologie 
utilise l'interprétation d'images satellitaires 
dans un dispositif d’échantillonnage aléatoire 
stratifié. Les résultats sont attendus pour mi- 
1992; ils comprendront: (i) estimations de la 


11 


surface de la couverture forestière, du taux de 
changement aux niveaux global, régional et 
sous-régional et détermination de la précision 
de ces estimations; et (ii) une matrice d’infor- 
mation sur le changement afin de cornprendre 
comment l’utilisation des terres est en train d’é- 
voluer. 

Le premier rapport intérimaire du Projet 
d’Evaluation des Ressources Forestiéres 1990 
basé sur les études de la phase | a été présen- 
té en septembre 1990 à la dixième session du 
Comité des Forêts (COFO) à Rome. Il conte- 
nait des estimations préliminaires de surface 
au niveau régional pour des pays situés prin- 
cipalement dans la zone tropicale humide. 
Depuis, d'autres pays ont été traités et des in- 
formations existantes ont été mises à jour. 
Des estimations révisées de la surface de cou- 


verture forestière et des taux de déforestation 
au niveau sous-régional sont données au ta- 
bleau 1. Ces chiffres sont fondés sur les cou- 
vertures existantes et doivent être considérés 
comme provisoires. Des informations supplé- 
mentaires sont attendues pour certains pays, 
et en particulier pour la région africaine. 

Les estimations et les définitions du tableau 
1 sont conformes à celles qui ont été présen- 
tées au Comité des Forêts (COFO) en septem- 
bre 1990. Les forêts sont définies comme des 
formations végétales dont le sol est couvert au 
minimum à 10 % par les houppiers des arbres 
(hauteur minimum 5 m) et/ou des bambous. 


visée à cause de l’utilisation de nouvelles don- 
nées pour plusieurs pays. Les estimations ac- 
tuelles concernant les taux de déforestation de 
la zone tropicale humide sont inférieures. La 
plus grande attention est portée à la mise au 
point d’une base de données adéquate et à 
jour. 


Les différences observées entre l’estima- 
tion actuelle (1990) et celle qui a été faite par 
la FAO/PNUE (1980) sont illustrées par le ta- 
bleau suivart fondé sur 76 pays communs aux 
deux estimations: 








Projet 


FAO/PNUE (1980) 


Projet d’Evaluation des Ressources Forestières 1990 


Estimations pour l'année de référence (1980) 
Surface forestière Taux de déforestation 


millions ha. millions ha. % paran 
1 935 11.3 0.6 (1976-80) 
1 882 16.9 0.9 (1981-90) 








Elles sont en général associées à la flore et 
à la faune sauvage ainsi qu’à des conditions 
de sol naturelles. Elle ne sont pas sujettes aux 
pratiques agricoles. La déforestation est défi- 
nie ou bien par un changement d'utilisation du 
sol ou bien par une baisse de la couverture des 
houppiers en dessous de 10 %. 

Cependant, on peut remarquer les change- 
ments suivants selon les régions. En Asie la 
surface de la couverture forestière et le taux de 
déforestation sont tous deux inférieurs à cause 
de la disponibilité en 1991 de nouvelles don- 
nées pour l'Inde et Myanmar. En Amérique la- 
tine, ces estimations sont supérieures à cause 
de la prise en compte de l'intégralité du Brésil 
(les précédentes estimations se limitaient aux 
zones tropicales humides, soit le Nord-Brésil). 
En Afrique, l'estimation a été complétement ré- 


12 


En plus des études sur la déforestation, le 
travail en cours porte sur l'évaluation de la dé- 
gradation des forêts. Il existe des indices ten- 
dant à montrer que ia perte de biomasse dans 
les forêts tropicales intervient à un taux signi- 
ficativement supérieur à celui de la perte de 
surface forestière due à la déforestation. 


Conservation and protection of tropical 
rain forests: the perspective of the World 
Conservation Union 


by J. Sayer 


The urgericy of conserving the remaining 
tropical moist forests has attracted enormous 
attention in the media and in political enivron- 
ments in recent years. But among foresters, 
naturalists and natural resource managers this 
concern is not new. In 1948, at the meeting in 
Briinnen, Switzerland, where the decision was 
taken to establish the International Union for 
the Conservation of Nature and Nautral Re- 
sources (IUCN) - now the World Conservation 
Union - tropical rain forests were identified as 
an important target for attention. Even much 
longer ago, concern was already being ex- 
pressed. For example, in 1850 the British As- 
sociation for the Advancement of Science ap- 
pointed a committee to consider "the probable 
effects, from an economical and physical point 
of view, of the Gestruction of tropical forests". 
A report by the committee mentioned the eco- 
nomic value of teak for export although consi- 
derable attention was also given to the ill- 
effects of felling trees on steep slopes. 

Early concern centred upon the environ- 
mental values of tropical forests. Recognizing 
that the removal of forests disrupted hyarolo- 
gical functions and microclimates, the objec- 
tive of foresters and land managers was to en- 
sure the maintenance of some form of forest 
cover. However, it was thought that any type 
of forest could protect soils and watersheds 


13 


and it was not considered particularly impor- 
tant to maintain the forest in a natural state. 

In the late nineteenth and early twentieth 
centuries, ae resource management legisla- 
tion and forest departments were gradually set 
up throughout the tropics, the main emphasis 
was on defining and protecting a "permanent 
forest estate". At this point, the objective was 
to maintain forest cover on environmentally 
sensitive areas and to ensure supplies of forest 
products. In most tropical countries, "forest 
reserves" were established in which the extrac- 
tion of timber and non-wood products was al- 
lowed on condition that a permanent forest co- 
ver was maintained. 

The biological richness of rain forests, at 
least in terms of the more conspicuous plants 
and animals, was recognized by nineteenth- 
century botanists and zoologists who visited 
the tropics. Charles Darwin commented that: 
"Delight... is a weak term to express feelings of 
d naturalist who for the first time has wandered 
by himself in a Brazilian forest." Alfred Russel 
Wallace collected 700 species of butterflies 
and moths within an hour’s walk of his house 
in eastern Amazonia, one in 30 of all the world’s 
known species. However, very little was 
known of the distribution of even these species 
within the forests, and even less of their ecolo- 
gy or habitat requirements. The amazing di- 
versity of less conspicuous arthropods and the 


soil fauna and flora were almost completely 
unknown. 

Thus, in the first half of the twentieth centu- 
ry, while many tropical countries were estab- 
lishing national parks and reserves to protect 
outstanding landscapes or conspicuous spe- 
cies of large mammals and birds (tigers in Asia, 
game in the plains of Africa, etc.), very little at- 
tention was given to the protection of the rain 
forests and their flora and fauna. 

With hindsight this is easy to understand. 
Until the 1950s there were vast areas of tropi- 
cal rain forest which had suffered very little dis- 
turbance. Clearance had occurred on the 
fringe of the true rainforest zones in Madagas- 
car and mainland South and Southeast Africa, 
and in areas where alluvial or volcanic depo- 
sits provided especially rich soils suited to agri- 
culture. But the major forest blocks of Amazo- 
nia, central Africa and insular Southeast Asia 
were largely intact. 

The situation then began to change radical- 
ly. Technological advances occurring around 
the time of the Second World War resulted in 
heavy tracked vehicles becoming widely avai- 
lable. It was suddenly feasible to build access 
roads into remote forest areas. The wide avai- 
lability of mobile power handsaws greatly faci- 
litated clearing and logging in remote forest 
areas, and the transport of large-size timber 
became much easier. Stable, strong and aes- 
thetically attractive tropical timbers were in- 
creasing demand in distant industrial markets 
as a result of industrial growth. Equivalent tim- 
bers from temperate sources were in short 
supply and were also expensive investments 
in forest management in the North created a 
significant price differential. 

The sudden availability of modern medi- 
cines, health care and food in tropical coun- 
tries triggered a doubling of human popula- 
tions between 1950 and 1990. Most of this 


14 


growth occurred in the tropics or subtropics. 
Population growth generated greatly increa- 
sed demand for resources and also a vast re- 
servoir of poor people eagerly seeking new 
lands on which to eke out a living. The new ac- 
cess roads into the forests were an irresistible 
magnet to these people. 

Forest departments and nature conserva- 
tion bodies found themselves unprepared for 
the dramatic increase in pressure on tropical 
forest resources. Lesgislation, enacted in 
days when pressures were fewer, proved ina- 
dequate, inappropriate and unenforceable in 
the changed circumstances. Powerful indus- 
trial logging interests found it easy to circum- 
vent or ignore forest management plans, and 
burgeoning rural populations living at the brink 
of subsistence could not be denied access to 
the only unoccupied lands available. The pe- 
riod from 1950 to 1990 saw unprecedented de- 
gradation, clearance and fragmentation of the 
world’s rain forests. 


THE BIOLOGICAL VALUE OF 
RAINFORESTS 





The period from 1950 to 1990 also saw an 
unprecedented increase in the level of scienti- 
fic interest in tropical forest ecosystems. New 
universities and research institutes sprang up 
in tropical countries and affordable air travel al- 
lowed researchers from the industrialized 
world to conduct field work in the tropics. The 
communication of research findings through 
initiatives such as the Unesco International 
Biological Programme in the 1960s and, later, 
the Man and the Biosphere Programme, led to 
greatly increased awareness of the enormous 
wealth of species in tropical forests. 

In the light of classic studies by Erwin 
(1988) on the insect fauna of the canopies of 





trees in Central America, scientists upwardly 
revised their estimates of total species diversi- 
ty by several orders of magnitude. Some 1.4 
million species of organisms have been des- 
cribed by science to date, but extrapolation of 
the work of Erwin and others suggests that the 
total number of species in the world may be as 
many as 20 to 80 million (Stork, 1988). The 
vast majority of these are inhabitants of the tro- 
pical forest canopy. 

Although the higher plants and vertebrates 
of tropical forests are now reasonably well-ca- 
talogued, new species in these groups are still 
being described with surprising frequency. 
Evenamong the primates, several new species 
were described in the 1980s, and all plant col- 
lections from the humid tropics contain a signi- 
ficant proportion of undescribed species. 

Parallel to this emerging realization of the 
amazing diversity of tropical forests is an in-- 


15 


creasing awareness of the complex interde- 
pendence of many species. Terborgh, wor- 
king in the Peruvian Amazon, coined the term 
"keystone species" for those trees whose se- 
lective elimination could provoke the domino- 
like extinction of many animal species that de- 
pended on them for their food and habitat. 
Other studies have shown that there are ani- 
mal species which play a similarly vital role in 
completing the life cycles of rain forest plants 
of considerable economic importance. The 
euglossine bees, essential for the pollination of 
Brazil nuts in the Amazon, are an often-cited 
example (Goodland and Ledec, 1988). 
Studies on the genetics of small popula- 
tions of organisms have also changed pers- 
pectives regarding the problems encountered 
in the conservation of tropical forest species. 
Many predictions of species extinction in tro- 
pical forests have been based upon a formula, 


derived from observations onislands, that a 90 
percent reduction in habitat size will result in a 
50 percent loss of species. However, it is now 
clear that the distribution, size, location and in- 
terconnectedness of forest areas are all impor- 
tant factors in determining species survival. It 
appears that the fragmentation of forests into 
small, isolated reserves may reduce popula- 
tions of widely dispersed species to levels that 
are not viable in the long term. Thus, although 
some publications may have exaggerated the 
number of endangered species, we may have 
underestimated the number that have been re- 
duced to levels where they are already 
condemned to eventual extinction. The majo- 
rity of the higher plants, birds and mammals of 
tropical forests are present in national parks 
and reserves, but many constitute such small 
populations that they may already be condem- 
ned to extinction as a consequence of genetic 
deterioration or random climatic or human-in- 
duced events. 


THE CHALLENGE OF 
FOREST CONSERVATION 





There is broad consensus among conser- 
vationists that forest management, beyond en- 
suring wood supplies and protecting waters- 
heds, should also maintain the maximum num- 
ber possible of plant and animal species 
(Poore and Sayer, 1987). This is based on the 
realization that many species have actual or 
potential values for human beings. Some hi- 
ghly improbable species have produced me- 
dicinal drugs or have proved to be vital in the 
genetic improvements of crops, in pest 
control, or in ecological functions. There is no 
doubt that many more will prove to have great 
value for humans, either directly or indirectly. 
There is also wide acceptance that even those 


16 


species that make no apparent contribution to 
the material well-being of people should be 
conserved. This recognition is embodied in 
the World Conservation Strategy and has been 
recognized by the United Nations General As- 
sembly through the adoption of the World 
Charter for Nature and the endorsement of the 
report of the World Commission on Environ- 
ment and Development (WCED, 1987). Given 
the imperative of conserving all species, FAO, 
UNEP and IUCN are now collaborating in the 
preparation of an international convention for 
the conservation of biological diversity. 

The safest way of ensuring the maximum 
protection of these species is to allocate signi- 
ficant forest areas to national parks and re- 
serves where human interference is minimi- 
zed. Protected areas covering tropical savan- 
nah, mountains and wetlands were largely in 
place by the 1960s, but it was only from 1970 
onward that priority was given to according 
tropical moist forest habitats protection, a 
consequence of our greater appreciation of 
the value of their biological diversity and of the 
threats of deforestation. 

There was a major move to gazette protec- 
ted areas in the 1970s and 1980s (see Figure 
1), and the latest United Nations list of protec- 
ted areas (IUCN, 1980) includes 669 sites in the 
lowland tropical moist forest biome, covering 
some 66 million ha (see Table). They are areas 
lying within the limits of this biome, as determi- 
ned by Udvardy (1984), and falling within IUCN 
categories I-IV of protected areas of which no 
significant human use is permitted. Not all of 
these protected areas are entirely forested and 
probably only about 5 percent of the biome is 
under this form of total protection. 

A legal gazette alone does not guarantee 
protection. As long as poverty exists in the tro- 
pics, people with limited resources will turn to 
the forests to supplement their food supplies 





FIGURE 1 
Cumulative growth of the world cove 





rage of protected areas in tropical 

























































































forest regions. 


parks and reserves are urgently 
needed but, as is evident from FI- 
gure 2, fewer are being estab- | 




















lished now than in the past. Pre- 








700 
600 

7 
500 / 
Al 
400 y 
A 
2 
300 121 
4 
121 
IAI 
100 Cons A | 
eu 25 Y 

0 1 TnlalalziA41A Z IMAL 


pre-1870 75 80 85 90 95 1900 05 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 
Number of sites designated 





YF Area designated ( x 1 000 km?” ) 


sent trends suggest that acieving 
even the modest target of 10 per- 
cent total protection of all the tro- 
pical moist forest remaining in 





1990 will be very difficult. This is 
a reflection of the fact that pres- 





sures on land are increasing and 
fewer options for new protected 





areas are available. A major prio- 




























































































rity for the conservation commu- 
nity, therefore, must be to identify 
additional sites that are of special 














250 
an D 
150 
50 
Pa 
pre-1870 75 80 85 90 95190005 10 15 20 25 30 3540 45 50 55 60 85 70 75 80 85 

5 2/ ) designated Number of sites designated during 

Sr at be each five-year period 
FIGURE 2 


Growth of the world coverage of protected areas in 
tropical forest regions over five-year periods. 


and incomes. Human greed is also a factor. 
There will always be individuals who strive to 
enrich themselves even at the expense of so- 
ciety at large. Valuable stands of timber in na- 
tional parks can be threatened by urban elites, 
who dominate the timber industry and have the 
power to influence legislation, as much as by 
poor rural people. 

Even if the conservation status of these 669 
areas could be assured, our knowledge of fo- 
rest ecology and biogeography tells us that 
they would be inadequate to prevent the ex- 
tinction of large numbers of animal and plant 
species. Therefore, more totally protected 


17 


significance for biological diversi- 
ty, and bring them under manage- 
ment for conservation. 

However, protection of even 
large areas of the tropical rain fo- 
rests would not in itself guarantee maximum 
biodiversity. In completely undisturbed areas, 
natural evolution continues; although most 
species remain, many are naturally replaced 
by others. Therefore, the conservation of des- 
irable species requires deliberate manage- 
ment. 

Furthermore, many forest species are re- 
markably resistant to the periodic disturbance 
of their habitat (Johns, 1985). Indeed, the pe- 
riodic fragmentation of forests during periods 
of climatic change and the diversification cau- 
sed by storm damage, and even by traditional 
cycles of shifting cultivation, have all contribu- 
ted to the rich diversity of today’s forests. Ma- 
ny species have adapted to the regeneration 
of forest areas after disturbances and would be 


less abundant if all human interferences were 
to cease. The four species of wild cattle in sou- 
theast Asia are a notable example (Wharton, 
1968). Another is the natural emergence of vi- 
gorous pioneering tree species which form a 
new, dense forest stand after clear-felling. 

Therefore, the challenge for the conserva- 
tion community is not only to protect larger 
areas of tropical rain forest, but to ensure land 
uses outside protected areas that will enhance 
and complement the conservation value of 
parks and reserves, while providing sustaina- 
ble socio-economic benefits. 


CONSERVING BIOLOGICAL 
DIVERSITY IN MANAGED 
FORESTS 





With the knowledge that human needs for 
land and raw materials will result in the modifi- 
cation of most of the forest outside protected 
areas, as well as the permanent conversion of 
a significant portion to other uses, we need to 
assess the various options that exist forthe use 
of these forests and the land on which they 
grow, and also determine which will yield the 
greatest benefits for the conservation of biolo- 
gical diversity. Empirically, diverse forest sys- 
tems composed of native species in an arran- 


Ecological coverage of protected areas 
of moist tropical forests 








Realm No. of areas Total area (ha) 
Afrotropical 62 9,448,837 
Indomalayan 386 18,314,029 
Australian 72 8,150,053 
Neotropical 149 30,130,486 
Total 669 66,043,405 





18 


gement similar to the natural forest of the site 
would seem the most likely to support the 
maximum number of original plant and animal 
species. 

The best land uses will therefore be the har- 
vesting of non-wood products from the natu- 
ral forest, and selective logging systems where 
a small number of high-value timber trees are 
extracted without gross disruption to the re- 
maining vegetation. 

Many of the challenges related to the achie- 
vement of adequate management standards 
for ensuring sustainability and preventing the 
loss of biological values are economic or poli- 
tical, rather than technical. Much of the biodi- 
versity of tropical forests is retained even in fo- 
rests which are heavily exploited, and impro- 
ved forestry practices can further enhance the 
contribution of production forests to conserva- 
tion (IUCN, in press). The optimum scenario 
that we might look forward to in the twenty-first 
century is a totally protected forest estate of 
about 100 million ha, buffered by a permanent- 
ly managed forest estate of a further 200 to 300 
million ha. 

One of the most intriguing problems for 
conservationists is to reconcile the needs of 
conservation with those of local people who 
live in the forests around protected areas. 
When conservation programmes are based on 
dialogue with, and the participation of, forest- 
dwelling people, it is often possible to find a 
large measure of local understanding and sup- 
port for forest protection. Considerable work 
has now been undertaken in developing eco- 
logically sound ways of managing “buffer 
zones" so that wildlife and people can coexist 
in carefully managed, near-natural forests. If 
these buffer zones are judiciously distributed 
so as to surround the protected areas and 
also provide corridors between them, their va- 
lue will be enhanced considerably. 


CONCLUSIONS 





In the past three decades, increased pres- 
sure on the tropical forests and a better under- 
Standing of the ecology and value of tropical 
forest species have led to the establishment of 
a network of national parks and reserves cove- 
ring some 5 percent of the moist tropical fo- 
rests. This is clearly not sufficient to meet spe- 
cies conservation objectives, and a major ef- 
fort is needed to extend the protected area net- 
work to include adequate samples of all forest 
types as well as their full range of biological di- 
versity. Rich industrialized countries must be 
prepared to help poorer tropical countries 
meet the costs of such expanded conservation 
programmes. The proposed convention on 
biological diversity and legal instrument for fo- 
rest conservation and management could pro- 
vide mechanisms for the equitable sharing of 
costs involved in greatly expanding protected 
area networks in tropical forests. 

However, protected areas alone will not be 
enough to meet the objective of conserving as 
many tropical forest species as possible. To 
achieve this, it is essential that appropriate fo- 
rest uses are found for additional extensive 
areas of land in the tropics. These will include 
forests managed for timber and others for non- 
wood products. The future of many forest spe- 
cies depends on successful sustainable mana- 
gement. 


Bibliography 





Erwin, T.L. 1988. The tropical forest canopy: 
the heart of biotic diversity. In E.O. 
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D.C., National Academy Press. 


19 


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D.C., The World Bank. 


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living resource conservation for sustai- 
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Stork, N.E. 1988. Insect diversity: facts, fic- 
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Massachussettes, Sinaure Associates. 

Udvardy, M.D. 1984. A biogeographical clas- 
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eds. National parks, conservation and 
development: the role of protected 
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ton, D.C., IUCN/Smithsonian Institu- 
tion Press. 

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ceedings of the Tall Timbers Fire Eco- 
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velopment. 1987. Our common fu- 
ture. Oxford, Oxford University Press. 


Wildlife as a crop 


by Dick Pitman* 


In the East African context it was almost a 
radical statement, a break with both the as- 
sumptions of many environmentalists and the 
near-universal opinion of small farmers in the 
region’s rural districts: 

"It is proposed to make wildlife an agricul- 
tural option to complement crop production 
and cattle raising", Zimbabwe's President Ro- 
bert Mugabe announced. "Wildlife manage- 
ment will be rationalized to bring economic be- 
nefits to the rural communities that engage in 
it. Game meat will be processed in order to 
supplement our beef supply in the local mar- 
ket". 

The key word in Mugabe’s remarks, delive- 
red at the opening of Zimbabwe's Parliament, 
was "resource". Few conservationists or plan- 
ners, particularly those who approach Africa 
from bases in affluent Europe of North Ameri- 
ca, can bring themselves to regard wildlife as 
aresource. They share the exclusively aesthe- 
tic view of animals imposed on the continent 
by successive generations of colonists, and 
react to other positions with distaste. 

Meanwhile, still smarting from the colonial 
experience, post-independence Zimbab- 
weans from policy-makers to farmers tend to 
agree with a villager in the Simchembu ward of 
Gokwe Communal Land, who says: "Wildlife is 
nothing but a nuisance. Elephants destroy our 
crops every night. They (the government) can 
kill everything bigger than a hare as far as we 
are concerned". 


20 


The president’s speech thus represented a 
landmark in the long evolution - often broken 
by radical shifts in attitudes, perceptions and 
legislation - of a new social and economic ap- 
proach to Africa’s unique animal heritage. 
Surprisingly, the impetus behind it stems part- 
ly from the work of several non-governmental 
organizations (NGOs) whose original man- 
dates had little to do with game. 

Wildlife - which in East Africa tends to mean 
large mammals - formed an integral part of the 
lives of the indigenous peoples prior to colo- 
nial settlement, and the relationship wasn't al- 
ways the harmonious one beloved of some ro- 
mantic writers. People and big animals have 
always come into conflict, and crop damage is 
one of the less severe results. Even today, ele- 
phant, lion, buffalo, hippo and crocodile still 
cause many injuries and deaths in rural com- 
munities. Before colonial settlement, howe- 
ver, the disadvantages were at least partially 
offset by the "goods and services" game pro- 
vided - meat, clothing and medicinal com- 
pounds. 


Fundamentally aesthetic 





This trade-off was disrupted by colonial go- 
vernments, whose approach was fundamen- 
tally aesthetic and preservationist and admit- 
ted of few "utilitarian" inroads other than the cc- 
casional (and largely European) recreational 


safari. Many indigenous communities were 
evicted from planned wildlife areas, and them- 
selves prohibited from any form of hunting. 

The Shangaan people of the Mahenye 
ward, in southeastern Zimbabwe, are a classic 
example. They originated in South Africa’s 
Northern Transvaal, but migrated into what is 
now Zimbabwe during the latter part of the 
19th century. In the early 1960s their lands 
were selected for inclusion in Gonarezhou Na- 
tional Park. 

The community was evicted and resettled 
on the edge of the new park. 

From then on, the Shangaan came increa- 
singly into conflict with wildlife authorities. 
They hunted elephant within the park and for- 
med a strong bond with a notorious group of 
ivory poachers. After independence, believing 
ownership of wildlife had somehow changed 





21 


hands, they went ona killing spree, using dogs 
to chase ante'ope into wires strung between 
trees and laying planks studded with six-inch 
nails on paths used by hippos. More than 100 
elephants were killed by ivory poachers. The 
relationship between the people and park au- 
thorities deteriorated into virtual open conflict. 

Eventually, faced with such examples, even 
preservation-oriented conservationists began 
to realize that classic law enforcement could 
not counter a situation that had its roots in a 
deep social injustice. The rapidly-growing ru- 
ral population would continue to bring pres- 
sure on the country’s spectacular fauna. 

The legal key to change was a controver- 
sial piece of legislation, Zimbabwe’s 1975 
Parks and Wildlife Act. Under the act, wildlife 
remained state property, as it had been under 
colonial rule. But landholders were given re- 


sponsibility for the wild animals on their lands 
and - Within limits designed to prevent overuse 
and local extinctions - permitted to use them 
for economic purposes. 

However uncomfortable it might have been 
for those who believe wild game should remain 
physically inviolable, the practical result was 
plain. As a direct consequence of the econo- 
mic gains made possible for landholders, the 
land area reserved for wildlife habitat, mostly 
on private farms and ranches, increased dra- 
matically. 

Most of the landholder returns accrued 
from sport hunting. Several experiments with 
the latter failed essentially because wild spe- 
cies were seen simply as replacements for 
cattle, providing a limited range of physical 
products, such as meat and hides. In compe- 
tition with the highly subsidized beef industry, 
the logistics of hunting wild populations and 
transporting their products, combined with 
irregularity of supply and a lack of appropriate 
marketing institutions, made hunting for mar- 
ket unprofitable. Experiments with domestica- 
ted wild species, such as eland, fared little bet- 
ter. 


Recreational values 





The true economic spur was the realization 
that wildlife had a range of marketable values 
above and beyond those of meat and other 
products, and these values were mainly re- 
creational. Sport hunting trophy fees can ge- 
nerate substantial incomes at relatively low, 
sustainable levels of offtake. For example, the 
return from an impala killed for its meat is less 
than US$50, while a safari operator can sell the 
same animal to a client for US$200 or more. 
Utilization based on tourism can also generate 
large returns - without any offtake at all. 


22 


Conventional cattle production on the Buf- 
falo Range ranch in southern Zimbabwe wit- 
nessed a dramatic decline in productivity du- 
ring drought years. A wildlife section on the 
ranch showed little advantage when used so- 
lely for meat cropping. But when the rancher 
began to market the recreational values of 
wildlife on the section - mostly to sport hunters 
- he generated returns per hectare three times 
as high as those of his cattle sections. 

In this sector, composed mainly of private, 
largely European ranchers, the major institu- 
tional development has been creation of a 
Widlife Producers Assocation (WPA), which 
froms part of the Commercial Farmers Union 
and now has the power to raise levies from its 
members to apply to such matters as game 
translocation. 

However, this sector faces at least two ma- 
jor problems. The first has to do with land te- 
nure and planned resettlement schemes, un- 
der which government has expressed its inten- 
tion to acquire underutilized land for resettle- 
ment purposes. 

Many powerful policy-makers are still un- 
convinced of the economic benefits that can 
flow from wildlife. Even if convinced, they may 
still prefer to see private wildlife land redistribu- 
ted for a range of political and perceptual rea- 
sons. This attitude is at least partly reflected in 
a recent speech by Jock Kay, Deputy Minister 
of Lands, Agriculture and Rural Resettlement: 
"Game ranching is expected to expand in the 
1990s, although it will be necessary for govern- 
ments to ensure that this expansion is rational 
and does not adversely affect the livestock in- 
dustry". 

Kay’s statement illustrates a second pro- 
blem: the bias toward cattle still prevalent in 
Zimbabwean legislation. Game capture, 
translocation and the movement of products 
such as meat are severely hamstrung by vete- 


rinary restrictions imposed to facilitate exports 
of beef tothe EEC under the Lomé convention. 
Millions of dollars have been devoted to cattle 
research, but little or nothing to the wildlife in- 
dustry. Also, while beef is highly subsidized 
and marketed through the parastatal Cold Sto- 
rage Commission, wildlife enjoys no subsidies 
and has no formalized marketing structure. 

Thus, though most returns from wildlife are 
generated from recreation, a small but impor- 
tant economic potential - the sale of meat - is 
still denied the wildlife industry. 

The situation with regard to rural communi- 
ties - the people on whom the survival of 
wildlife ultimately depends - is womewhat dif- 
ferent, and has resulted in a slower adoption 
of wildlife as a land-use option. Most rural 
communities occupy what are now descend- 
ents of the Native Reserves established by ear- 
ly colonial governments. These governments 
often reserved the best agricultural land for 
commercial settler-farmers, so communal 
lands are generally located on poor soils, of- 
ten with low or erratic rainfalls. 

Many communal lands are thus unsuited to 
intensive agriculture, but do have significant 
wildlife populations. However, ufder the 1975 
Act, rural communities do not enjoy the same 
rights as private landholders over their wildlife. 

Even before the Act was passed, the in- 
come from sport hunting concessions in some 
rural areas was, at least in theory, being pas- 
sed from government back to local communi- 
ties. But the system suffered from several fun- 
damental flaws. Central Treasury often retai- 
ned funds for lengthy periods, or did not return 
them at all. Funds were often spent in areas 
far removed from those in which the hunts took 
place, thus omitting the vital link between tole- 
rating wildlife and benefiting from its economic 
potentials; and communities had no involv- 
meent in planning or decision-making. 


23 


The Sichembu villagers, today so hostile to- 
ward wildlife, in fact benefited from the pro- 
ceeds of an elephant culling exercise in a 
neighboring National Park in 1981. But they 
took no part in management decisions concer- 
ning the exercise or the distribution of benefits 
and the project was never followed up. Vague 
promises of future benefits do nothing to out- 
weigh present problems of crop damage and 
potential injury or death. 


Campfire philosophy 





There is, however, a clause in the 1975 Act 
that enables District Councils - a unit of local 
government created after independence - to 
become what is known as the "appropriate au- 
thority for wildlife management". Councils with 
this status have the same rights as private 
landholders and can manage, use and benefit 
from wildlife management in the communal 
lands under their jurisdisction. This status is 
currently awarded to councils that make a 
clear statement of their intention to manage 
wildlife by what is rapidly becoming known as 
the "Camfire" philosophy. 

Campfire - Communal Areas Managment 
Programme for Indigenous Resources - was 
evolved by the Zimbabwean Department of 
National Parks. Its most fundamental principle 
is that the rural communities that tolerate 
wildlife on their lands - and hence act as "wil- 
dlife producers" - should be able to take re- 
sponsibility for, and benefit directly from, the 
wildlife resource in cash and kind. 

This apparently simple statement conceals 
several knotty problems. Rural communities, 
many with a traditional bias toward cropping 
and cattle that is allied to their legacy or hosti- 
lity toward wildlife, have to be made aware of 





the financial and other benefits that flow from 
wildlife management. 

The question of wildlife "ownership" also 
poses problems. Not only is it still technically 
state property: it is a fugitive resource, and tra- 
ditionally regarded as a common resource as 
well. These factors create an inherent tenden- 
cy toward opportunistic overuse. 

For some time, the promotion of wildlife as 
a form of communal land-use hinged on the 
likely - but unproven - proposition that it is the 
most appropriate form of use for marginal 
lands in ecological and economic terms. On- 
ly now is one agency - the Worldwide Fund for 
Nature, in the shape of its Harare-based Multi- 
Species Animal Production Systems Project - 
examining these and other related hypo- 
theses. 

Some external aid agencies and govern- 
ment departments are still biased toward 
conventional cropping and cattle production 


24 


systems on marginal communcal lands - 
sometimes even when land-use studies re- 
commend wildlife management as the most 
viable option in specific areas. 

This in turn raises a couple of further points. 
One, not fully grasped by these agencies and 
departments, is that even the most enthusia- 
stic professional proponents of wildlife 
schemes see them as mere adjuncts to cattle 
and cropping, both of which are and will still 
be necessary for economic (including subsis- 
tence) and cultural reasons. The key lies in 
sound land-use planning in close consultation 
with rural communities themselves. 

A second crucial point lies in the nature of 
the agencies involved. The Department of Na- 
tional Parks still plays a central role in commu- 
nal land wildlife projects. But a major impetus 
has come through the involvement of NGOs 
and agencies engaged in rural development - 
as opposed to wildlife conservation - with no 





real or imagined "axes to grind" beyond a real 
desire to facilitate genuine improvement in the 
quality of rural life. 

One of these agencies is the University of 
Zimbabwe’s Centre for Applied Social 
Sciences (CASS). In 1984 the Department of 
National Parks asked CASS to provide facili- 
ties for research, monitoring and evaluation of 
the socio-economic implications of the Camp- 
fire approach. As a result a research unit, fun- 
ded by the Ford Foundation, was set in 1985. 

CASS had already identified wildlife as a po- 
tential catalyst for social, cultural and political 
change, and sincethe establishment of its spe- 
cialized research unit it has focused on issues 
involving natural resource management and 
common property. After potential Campfire 
areas have been identified by the Department 
of National Parks, CASS may undertake initial 
socio-economic research, and may also be- 
come involved in discussions with district 
councils and local communities. 


Nyaminyami scheme 





Another agency, the Zimbabwe Trust, has 
become invcived in institution-building at local 
levels. The trust had already recognized that 
wildlife was often the only resource that stood 
between many rural communities and perma- 
nent dependency on food aid. It formally es- 
tablished a Wildlife Community Development 
Programme in 1988. This programme helps 
rural communities to develop their institutional 
capacity to manage natural resources, and 
can also assist with project identification and 
appraisal, planning, monitoring and evalua- 
tion, as well as in locating initial funding. 

So far, the philosophies held by such 
NGOs, rather than government policy, have 
been responsible for integrating wildlife pro- 


25 


jects into rural development. Their roles evol- 
ved during the establishment of what is regar- 
ded - not enitrely accurately - as the archtypi- 
cal Campfire-style scheme in the Nyaminyami 
district on the southern shore of Lake Kariba. 

This region, one of the poorest in Zim- 
babwe, suffered the country’s highest rate of 
malnutrition and protein deficiency in spite of 
abundant natural resources in the shape of 
wildlife and potential fisheries. After four years 
of debate, the Nyaminyami District Council be- 
came the appropriate authority for wildlife ma- 
nagement in 1989 and generated a cash sur- 
plus of US$260,000 during its first year of ope- 
rations, mainly from sport hunting. Of this sur- 
plus, US$6,000 was placed in an operating re- 
serve, US$26,000 was retained by the District 
Council, and US$194,000 was made available 
for participating communities. 

Unfortunately, at this stage Nyaminyami 
ran into a bureaucratic quagmire common to 
several Campfire projects: having itself acqui- 
red the right to manage wildlife, the District 
Council became reluctant to devolve decision- 
making to the communities. It decided that the 
income should be divided equally between the 
12 wards within its area - with no recognition 
of the principle that income should be biased 
toward the communities that bear the highest 
social and other costs of the wildlife scheme. 

Unless blockages of this kind are resolved, 
Nyaminyami and several other Campfire 
schemes may run into severe problems. Inthe 
Dande communal land, several hundred kilo- 
metres east of Nyaminyami close to the Zam- 
besi River, a similar project generated a sur- 
plus of US$101,621 for distribution to partici- 
pants. There were jubilant scenes in the Ma- 
soka village when a US$200 dividend was dis- 
tributed to each household - more cash than 
most residents often saw in a year. But in this 
case, other areas with an equal claim to bene- 


fits have so far received nothing at all. And the 
Shangaans of Mahenye, who were evicted 
from the newly-created Gonarezhou National 
Park, laboured under this burden for several 
years. 

There is also little doubt that the Simchem- 
bu people, now hostilé to wildlife, would see 
matters in a different light if their district coun- 
cil had spent the US$100,000 they recently re- 
ceived from wildlife management within the 
area - instead of erecting a beerhall in a den- 
sely-populated, semi-urban area 100 km away. 
But it will probably need an NGO such as the 
Zimbabwe Trust, to spend the time and effort 
needed to sit down with the community and 
discuss their problems and aspirations. 

The effective integration of wildlife manage- 
ment into Zimbabwe's agricultural policy may 
or may not resolve problems of this kind. As 
yet, there are no proposals on paper to back 
President Mugabe’s speech, except for an in- 
cipient five-year agricultural sector plan span- 
ning the years from 1991 to 1995. The Minis- 
try of Lands, Agriculture and Resettlement has 
apparently suggested that a number of wor- 
king groups should be formed. One of the 


26 


groups will be concerned specifically with live- 
stock and wildlife production. 

This group is likely to be tasked with analy- 
sing the economic and social implications of 
livestock and wildlife production, and with 
reassessing the current animal health legisla- 
tion to help promote development in the 
wildlife sector. If the plan deals effectively with 
questions such as wildlife ownership, marke- 
ting structures, land-use and - above all, in the 
case of communal lands - creates a legal struc- 
ture that devolves decision-making down to in- 
dividual communities, then the wildlife option 
is likely to have a bright future. 

But if development simply becomes en- 
meshed in one more layer of governmental de- 
cision-making, this fledging industry may find 
it was better off with a less formalized network 
of NGOs and individuals fighting and often win- 
ning battles "on the ground" instead of dealing 
with a centralized bureaucracy. 


* Dick Pitman is an environmental consult- 
ant in Harare, Zimbabwe. 


Climate change and agriculture, forestry 
and fisheries 


FAO Position Paper* presented at the Second World Climate Confe- 
rence in Geneva from 29 October to 7 November 1990 


Introduction 





Following many years of research, there is 
now broad agreement among scientists that 
the earth is undergoing a process of climate 
change - primarily global warming - induced 
by human activities, although there are still ma- 
jor gaps in our understanding of the processes 
involved. The increased gaseous emissions 
(largely carbon dioxide, but also methane, ni- 
trous oxide, ozone and certain chlorofluoro- 
carbons) which are forcing the climate change 
are largely the result of the combustion of fos- 
sil fuels and industrial activities in developed 
countries. To a lesser extent they come from 
agriculture and the burning of tropical forests. 

Global warming is expected to lead to rising 
sea levels and changes in climate regimes. 
The precise rate, nature and spatial dimen- 
sions of the climate change are as yet unk- 
nown. The changes will probably have posi- 
tive and negative effects on agriculture as ear- 
ly as the first or second decade of the 21st Cen- 
tury. Few countries will remain unaffected: 
many food-deficit countries seem likely to suf- 
fer most, but food-surplus countries may also 
be affected. 


This position paper therefore examines 
some of the possible climate changes, as- 
sesses their implications for agriculture, fores- 
try and fisheries, and considers present and 
possible future FAO activities in support of na- 
tional and international action in these areas. 


Nature and magnitude of 
climate change 





"Greenhouse gasses" are important regula- 
tors of the earth’s temperature. Without them, 
the earth’s mean surface temperature would 
be around minus 30°C and agriculture as cur- 
rently practised could not exist. The actual 
mean temperature is + 15°C. The greenhouse 
effect, whereby CO2 and other gases trap heat 
that would otherwise escape from the earth’s 
atmosphere, is a normal and scientifically well 
established process that is essential for life as 
we know it. 

An increase in CO2 and other greenhouse 
gases would therefore result in a progressive 
warming of the atmosphere and changes in 
global climate. There is now strong but not yet 
conclusive evidence that this is taking place. 





* The views expressed herein do not commit individual member governments of FAO 


27 





CO is by far the most abundant of the 
greenhouse gases and is considered to bethe 
most important and easiest to control. Current 
estimates are that human activities are contri- 
buting approximately 7 billion tons of carbon 
as CO2 and other greenhouse gases to the at- 
mosphere every year. Most of the past and 
present emissions originate from the combus- 
tion of fossil fuels in the developed countries 
and such fuels, of necessity, will play a critical 
role in the economic and industrial progress of 
developing countries. Agriculture and fores- 
try, however, make a significant contribution to 
the emissions - namely some 14 and 9 percent 
respectively of all emissions involved in the 
greenhouse effect. 


28 


Although agriculture plays only a seconda- 
ry role in terms of its contribution to the green- 
house effect, it is an area of major concern in 
terms of the potential impact of climate 
change, which could limit future food produc- 
tion in some regions. Forests play a more im- 
portant role regarding global climate. Under 
normal conditions they are an important 
source of water vapour, which plays a very im- 
portant role in climatic processes and is a ma- 
jor greenhouse gas. Under climate change 
conditions they are a major carbon storing 
ecosystem and contribute CO2 and other 
gases to the atmosphere when burned or 
otherwise converted. Furthermore, forest 
ecosystems are relatively inflexible to "fast" 





changes in average temperatures and, thus, 
could be seriously affected in the futre. 

From the point of view of human history, it 
is clear that more than any other human acti- 
vity, agriculture is dependent upon and vulne- 
rable to climatic conditions. In a chnaging glo- 
bal climate, the role of agriculture takes on an 
added importance particularly in providing for 
food security, and the careful management of 
natural-resources. The following sections of 
this paper consider in greater detail the contri- 
bution of agriculture and forestry to green- 
house gas emissions, and analyzes some of 
the possible impacts of climate change on 
agriculture, forestry and fisheries. 

The analysis is based on the following main 
assumptions regarding climate change, which 
are drawn largely from the work of the IPCC: 


(i) Global average temperature, relative to 
1980, would rise by about 0.5 - 1°C by 2010; 
by about 0.5 - 2.0°C by 2030; and up to 4.0°C 
by 2050. 

(ii) The temperature increase would not be 
uniform; changes towards the Arctic could be 
more than twice as great and occur faster than 
the increase in global average values and in 
tropical region values. 

(iii) Precipitation patterns would change, 
possibly with greater winter rainfall in the 
higher latitudes, more intense rain in the hu- 
mid tropics, and a decline in summer rainfall in 
the middle latitudes. This would be accompa- 
nied by deteriorating soil/water balances in the 
major temperate cereal-growing zones of both 
hemispheres (i.e. the difference between pre- 
cipitation and evapo-transpiration). 

(iv) The shift from long-term averages will 
lead to a greater frequency and severity of ex- 
treme weather events, and the probability of 
longer and more intense dry periods and wet 
periods. 


29 


(v) Uncertain changes in the duration and 
intensity of cloud cover with impacts on radia- 
tion balances and photosynthesis. 

(vi) A rise in sea level of about 30-50 cm 
by 2050, and up to 1 m by 2100. These esti- 
mates of sea level rise reflect recent downward 
revisions by the IPCC Working Group |. Ho- 
wever, since the turn of the century, there has 
been a sea level rise of about 20 cm; the rea- 
sons are not fully understood. A number of 
countries, in particular certain low-lying deve- 
loping countries with islands and deltas, 
would be vulnerable to saltwater intrusion into 
ground-water, disruption of aquaculture 
schemes, marginalization of certain irrigated 
rainfed crop production systems and flooding 
of wetlands, many of which play an important 
role in the life cycle of aquatic species. 


Contribution of agriculture and 
forestry to greenhouse gas emis- 
sions 





Agriculture and forestry’s main contribu- 
tion to the greenhouse effect is through emis- 
sions of carbon dioxide, methane and nitrous 
oxide. Minor contributions are made to emis- 
sions of nitric oxide and carbon monoxide. 

Most of the net carbon dioxide contribution 
comes from permanent deforestation - possi- 
bly as much as 25 percent of the total net an- 
nual carbon dioxide increment. Large quanti- 
ties are released through shifting agriculture 
but when this involves tree fallows, the net 
contribution is small. Similarly, even greater 
emissions arise from the burning of rough pas- 
tures and arable land in fallow, but the net ef- 
fect is small. The plant residues on such land 
would have decomposed anyway, and for the 
carbon cycle it is not important whether they 


are burnt immediately or left to decompose 
over a year or So. 

Of the other greenhouse gases, significant 
emissions of methane are known to arise from 
the agricultural and forestry sectors through 
the anaerobic decay of organic matter such as 
in the digestive tract of livestock (25 percent), 
paddy rice fields (35 fields) and animal waste 
(12 percent). The sources of nitrous oxide 
emissions have not yet been well identified, but 
some arise from human activities such as land 
clearing, of which tropical deforestation is a 
part from fuelwood burning, and from the use 
of mineral nitrogen fertilizers. Thus agriculture 
makes a greater contribution to the emissions 
of these gases than it does to CO2. Moreover 
they are likely to increase in the future given 


population growth and rising demand for food 
following per capita income growth, which will 
inevitably result in greater intensification. But 
even with this intensification agriculture’s 
contribution to the greenhouse effect in 2025 
will only be about 14 percent. As itis, there are 
numerous agricultural development options 
that are economically and socially justifiable in 
their own right which could reduce future emis- 
sions, at least in relative terms. These include 
the wider use of rice straw in diets, other forms 
of feed supplementation, and animal waste 
treatment through bio-gas digesters. 
(to be continued) 


OUR PLANET 


OVERHEATING THE EARTH 


THE GREENHOUSE EFFECT 
FEEDS ON ITSELF 





Conservation of 
Tropical Forests 





An Overview 


by J.D. Keita* 


Introduction 


The French poet Chateau- 
briand wrote, at the beginning of 
the 19th century that "forests 
precede people and deserts fol- 
low them". But long before, 
other writers and philosophers 
had deplored the disappearance 
of forests which is a prelude to 
decay in human societies. Plato, 
the great Greek philosopher, had 
vividly decribed the case of 
Greece: 

"As can be seen, Greece, 
compared with what it was be- 
fore, has remained the skeleton 
of a body that has been emacia- 
ted by disease. The fatty and soft 
parts of the land have completely 
worn away, leaving only the bare 
carcass. At that time, Greece, 
had, for mountains, high folds in 
the ground and the plains that 
are today called the fields of 
Phellus were covered with rich 
soil; on the mountains were vast 
forests, traces of ‘which are still 
visible today, for, among these 
mountains, which can only feed 
bees today, there were some on 
which, not very long ago, huge 
trees suitable for constructing 
the biggest buildings were being 
felled. Many tall trees were cul- 


tivated and the land offered inex- 
haustible pasture to herds. The 
fecundating waters of Zeus 
which ran each year through it 
did not flow into the sea in vain. 
It seeped into the land which re- 
ceived a huge quantity of water 
from the heavens and kept it in 
its reservoirs made impermeable 
by clay; rain from high mountains 
also meandered along the land. 
Water therefore flowed freely 
everywhere from springs and ri- 
vers." 

There is probably no erosion 
and conservation experts who 
can describe better the balanced 
relation between the forest, land 
and rivers which condition the 
stable existence of a human so- 
ciety in a given space. 

It is therefore not today that 
man started destroying the forest 
and realizing the effect. What is 
however new today is, first of all, 
that for about a century, man 
through his industrial revolution, 
has acquired unparalleled means 
of destruction; consequently, the 
destruction is carried out at a 
faster pace. Another new ele- 
ment is that today the awareness 
is not only at writers’ and philo- 
sophers’ level, but at the level of 
the general public as well. The- 
refore the range of solutions and 
initiatives for forest conservation 
is very wide. 


What is at stake ? 


Let us try once again to recall 
briefly what is really at stake in 


31 


conservation, before reviewing 
the diverse initiatives taken or 
proposed recently in favour of 
the tropical forest conservation. 

What is first and foremost at 
stake in conservation are re- 
sources. Forests constitute an 
immense reservoir of resources, 
the use of which is indispensable 
to man; it provides wood, fodder, 
food, medicinal plants, etc... The 
importance of these resources 
for human communities may ap- 
pear very varied, from deserts to 
rain forests, but in reality these 
resources play the same essential 
role in the stability of the diffe- 
rent societies. These are quite 
well documented these days. 
The Pygmies of Central Africa 
get all their food supply from the 
forest, but Ferlo desert herds- 
men in Senegal also get their ba- 
sic vitamin requirements and in- 
dispensable mineral salts from 
the perennial shrubs. 

What is also at stake is the 
role played by forests in the ge- 
nesis and maintenance of the 
production potential of soils and 
the roles of water reservoirs and 
protective cover against erosion. 
That is also well documented 
these days. The 
consequences of the destruction 
of forests for the farmer and the 
rural community is the disappea- 
rance of forest resources, the 
destruction of the base of the ru- 


immediate 


ral production system and deva- 
station of the environment 
caused by erosion. It spreads 


poverty. 


Also at stake is the survival of 
so-called primitive populations 
or aborigines, sometimes called 
minorities living in the forest (fo- 
rest communities). For these 
communities, the forest is the mi- 
lieu which guarantees their pecu- 
liar way of life and on which they 
wholly depend. The disappea- 
rance of the forest obviously 
means the disappearance of this 
way of life and the communities 
themselves. This concerns hun- 
dreds of millions of people in 
South America, in tropical Asia 
and also Africa (mainly Came- 
roon, Central African Republic, 
Congo and Zaire). 

To these three concerns that 
could be said as traditional and 
which have direct impact on ru- 
ral communities in developing 
countries, have been added for 
several decades now, two others, 
that are equally important. The 
first concern is the biological di- 
versity, which should be main- 
taines on earth for man to retain 
all the genes and forms of life op 
the little planet. It is obvious that 
the progress that man could and 
must make so as to improve his 
living conditions depends on this 
reservoir, the contents of which 
must be safeguarded. 

The second concern is the 
role of tank for excess CO2 that 
forests could stock in order to di- 
minish the concentration in the 
atmosphere of gases contributing 
to the Greenhouse effect leading 
to overheating of the planet. 
This is less well documented but 


possible overheating of the pla- 
net is a source of anxiety and if it 
happened, would have great re- 
percussions on world agriculture 
and consequently on life on 
earth. 

Scientists have not yet identi- 
fied precisely what part the des- 
truction of forests plays in the 
changing climatic conditions pre- 
dicted and the warning signs of 
which have begun to show (too 
frequent droughts, a hole in the 
ozone layer, etc...). It is however 
estimated that the overall contri- 
bution of carbon dioxide emis- 
sions coming from permanent 
deforestation would perhaps 
reach 25% of the total net in- 
crease of carbon dioxide emis- 
sions. 

It is impossible to say that this 
is negligible, for the factors at 
work in the phenomenon of 
changing climatic conditions do 
not occur mechanically but react 
in a dynamic way on one another. 
One should not therefore look 
only at percentages of CO2 from 
the destruction of forests compa- 
red with percentages of other ac- 
tivities concerned. 


Problem of Priorities ? 


There is a wide consensus on 
these concerns; undoubtedly the 
hierarchy of priorities is diffe- 
rent. Countries with vast forest 
resources think that the tapping 
of these resources should pro- 
mote their economic develop- 
ment. After all, they argue, these 


32 


forests constitute a source of 
wealth bestowed upon their 
country by God, just as some arid 
and desert countries are gifted 
with oil deposits! For them the- 
refore, forest management which 
consists of managing these re- 
sources on a sustained basis is 
the priority of priorities and 
everything should be done to 
help their governments to better 
tap, manage and Conserve these 
forests. 

In the developed and rich 
countries of the North, forest re- 
sources are no longer of prime 
importance as commercial re- 
sources, and attention is rather 
geared to the conservation of 
biological diversity and changes 
in climatic conditions. 

Apparently, these are diver- 
gent interests but strategies and 
programmes of action should 
complement one another for all 
the objectives to be attained. 
The wide diversity of institutions 
involved in conservation should 
also ensure that no aspect is 
overlooked. 


Initiatives and their 
limitations 


From national institutions 
through NGOs and private pro- 
jects to the big international or- 
ganizations, there is a wide range 
of strategies and programmes of 
action that are being carried out. 
The FAO, UNESCO through its 
Man and the Biosphere (MAB) 


Programme, the International 


Union of Forest Research Orga- 
nizations (IUFRO), Internatio- 
nal Timber Trade Organization 
(ITTO), as well as the World Re- 
sources Institute, the Internatio- 
nal Unions for the Conservation 
of Nature and Natural Resoucres 
(IUCN), the World Wildlife 
Fund (WWF), Friends of the 
Earth, Greenpeace, etc., are the 
main intergovernmental and 
non-governmental organizations 
which help most tropical coun- 
tries through their research and 
development programmes with 
the preparation of strategies and 
programmes of action geared to- 
wards protecting, managing and 
conserving tropical forest ecosys- 
tems. These organizations are 
assisted by the UNDP, World 
Bank, regional development 
banks and through bilateral aid 
in funding programmes. 

The result of these attempts 
at protecting and conserving fo- 
rests can be seen through forest 
reserves which are more or less 
well managed, National Parks 
and game reserves which are 
more or less well protected, Bio- 
sphere Reserves, natural re- 
serves, etc. Many people are not 
satisfied with these results and 
for a decade now, the internatio- 
nal community is agog with new 
ideas on the conservation of tro- 
pical forests. Strategies and pro- 
grammes follow one another and 
the rate at which these ideas are 
hatched and equally criticized 
and abandoned is an indication 
of disarray. 


Community Forestry and 
People’s Participation, boycott of 
tropical timber, debt swap for 
nature conservation , Convention 
on Changes in Climatic Condi- 
tions, Tropical Forestry Action 
Plan, Environmental Protection 
Plan,... etc., are the main initia- 
tives the international community 
is now taking to conserve tropical 
forest ecosystems. 

The people’s participation 
concept is probably the most 
promising although to date, these 
programmes have not been as 
It is 
clear that far-reaching economic, 


successful as envisaged. 


social and political reforms 
should be made if these projects 
are to be of any benefit. These 
programmes are only beneficial 
when implemented in political 
systems practising participatory 
democracy. This is why the peo- 
ple’s participation concept is 
more linked with human rights 
problems. 

Other initiatives such as the 
proposed boycott of tropical tim- 
ber, debt swap for nature conser- 
vation, international conventions 
on forest conservation are gene- 
rally frowned upon. They are so- 
metimes even violently opposed 
by tropical countries which see in 
them attempts by the developed 
North to deprive them of a 
source of revenues needed for 
development and to make them 
bear the brunt of measures being 
taken to prevent changes in cli- 
matic conditions on the planet. 
It is considered unfair, more so 


33 


as the North is the first offepder 
in the matter. To date, it is the 
North which has accumulated 
and consumed the planet’s re- 
sources and wealth. It is only fair 
that the North bear the cost of 
rehabilitation. 

As can be seen, the debate 
quickly becomes heated, but in 
our opinion, proposing a boycott 
at this time is an indication of di- 
sarray and pessimism: It is a 
question of helping communities 
to better manage their resources 
for their own benefit and for the 
rest of mankind, while preserving 
the resource itself. 


TFAP Promises and 
Troubles : Need for 
harmonizing the World 
Initiatives 


The Tropical Forestry Action 
Plan (TFAP), the latest initiative 
of the international community 
has had its fair share of the eu- 
phoria - criticism cycle which has 
been the lot of previous initia- 
The TFAP sees itself as 
programming and planning 
conservation and management 
projects in collaboration with do- 
nors and the various tropical 
countries. The exercise should 
be coordinated by the countries 
involved and projects and pro- 
grammes identified and formula- 
ted should reflect their priorities 
and fit smoothly into their deve- 
lopment policies and plans. 

The first write-ups that came 
out had a mixed response. Some 


tives. 


of them were even violently criti- 
cized by even some sponsors of 
TFAP such as the World Re- 
sources Institute based in Was- 
hington. However, the majority 
of tropical countries, especially 
those in Africa, are in the pro- 
cess of implementing it. It is 
through consultation at the na- 
tional and international levels 
that each country can work out a 
strategy and a development plan 
for forest resources to reconcile 
the short-term beneficial forestry 
management and the 
needs of a more restrictive 


needs 


conservation only productive in 
the long run. 

The TFAP should be the fo- 
rum for consultation to reconcile 
the diverse interests of all those 
with a concern in Tropical Forest 
conservation. 


* Regional Forestry Officer, 
FAO Regional Office for Africa, 
Accra, Ghana. 


SECOND INTERIM 
REPORT ON THE 
STATE OF 
TROPICAL 

FORESTS 





by 
Forest Resources 


Assessment 1990 
Project (FAO) 


(10th World Forestry Congress, 
Paris, France, September 1991) 


Forest resource appraisals on 
a global basis are a part of 
FAO’s mandate. The last world- 
wide assessment was carried out 
with 1980 as the reference year. 
The present assessment for the 
reference year 1990 was laun- 
ched in March 1989 to provide 
reliable and globally consistent 
information on the current state 
of the tropical forest cover and 


recent trends of deforestation 











and forest degradation. This in- 
formation is needed by policy 
makers and scientists, and will 
support the Tropical Forestry 
Action Plan. 

The Project is carrying out 
the assessment in two comple- 
mentary phases, (I) compilation 
of existing survey data brought to 
the reference year 1990 through 
an adjustment function; and (II) 
monitoring of tropical forest co- 
ver and its changes using remote 
sensing. For studies of the 
causes and impacts of deforesta- 
tion and forest degradation, the 
Project has established a com- 
prehensive geographic informa- 
tion system (GIS). The System 
includes several important layers 
of information such as vegetation 
types, eco-floristic zones and po- 
pulation distribution at sub-na- 
tional level. 

During phase I, the Project 
found that the existing informa- 
tion was not sufficiently accurate 
or complete to estimate the 








Tropical countries under assessment by sub-regions (numbered as in Table 1) 


34 




















Table 1: Preliminary estimates of forest area and rate of deforestation for 
87 countries in the tropical regions (revised 15 October 1991) 
NUMBER TOTAL FOREST FOREST RATE OF 
SUB-REGION COUNTRIES LAND AREA AREA DEFORESTED 
STUDIED AREA * 1980 * 1990 * ANNUALLY 1981-90 
1981-90 * 
percent 
( th ds of ha ) per annum 
LATIN AMERICA 32 1 675 700 923 000 839 900 8 300 - 0.9 
1 CENTRAL AMERICA & MEXICO # 245 300 77 000 63 500 1 400 - 1.8 
2 CARIBBEAN SUB-REGION 18 69 500 48 800 47 100 200 - 0.4 
3 TROPICAL SOUTH AMERICA 7 1 360 800 797 100 729 300 6 800 - 0.8 
ASIA 15 896 600 310 800 274 900 3 600 = 1,2 
4 SOUTH ASIA 6 445 600 70 600 66 200 400 - 0.6 
5 CONTINENTAL SOUTH EAST ASIA 5 192 900 83 200 69 700 1 300 - 1.6 
6 INSULAR SOUTH EAST ASIA 4 258 100 157 000 138 900 1 800 - 1.2 
AFRICA 40 2 243 400 650 300 600 100 5 000 - 0.8 
7 WEST SAHELIAN AFRICA 8 528 000 41 900 38 000 400 - 0.9 
8 EAST SAHELIAN AFRICA > 489 600 92 300 85 300 700 - 0.8 
9 WEST AFRICA 8 203 200 55 200 43 400 1 200 - 2.1 
10 CENTRAL AFRICA 7 406 400 230 100 215 400 1 500 - 0.6 
11 TROPICAL SOUTHERN AFRICA 10 557 900 217 700 206 300 1 100 - 0.5 
12 INSULAR AFRICA 1 58 200 13 200 11 700 200 - 1.2 
TOTAL 87 4 815 700 1 884 100 1 714 800 16 900 - 0.9 





* Figures may not tally due to rounding 


changes in forest cover area over 
time. In almost all cases the sur- 
veys were designed to assess fo- 
rest cover for a given date and do 
not provide a consistent and re- 
liable basis for monitoring forest 
resources on a continuous basis 
at either the national or global 
level. Therefore, during phase 
II, the Project developed a me- 
thodology and initiated a first 
round of monitoring of the entire 
tropical zone. The methodology 
uses interpretation of remote 
sensing imagery in a stratified 
random sampling design. The 
results are expected to be availa- 
ble by mid 1992 and will include: 
(i) estimates of forest cover area 
and the rate of deforestation at 
global, regional and sub-regional 
levels; and the precision of these 


estimates; and (ii) a matrix of 
change information for under- 
standing how the land use is 
changing. 

The first interim report on 
the Forest Resources Assess- 
ment 1990 Project based on the 
phase I studies was presented in 
September 1990 at the tenth ses- 
sion of the Committee on Fores- 
try (COFO) in Rome. It contai- 
ned preliminary area estimates at 
the regional level for countries 
lying predominantly in the moist 
tropical zone. In the meantime, 
more countries have been cove- 
red and some existing informa- 
tion updated. Table 1 gives revi- 
sed estimates of forest cover area 
and rates of deforestation at a 
sub-regional level. The figures 
are based on existing survey data 


35 


and have to be considered provi- 
sional as more information is ex- 
pected for some of the countries, 
in particular for the African re- 
gion. 

Estimates and definitions for 
Table 1 are consistent with those 
presented at the COFO meeting, 
September 1990. Forests are de- 
fined as vegetal formations with a 
minimum of 10% crown cover of 
trees (minimum height 5 m) 
and/or bamboos, generally asso- 
ciated with wild flora, fauna and 
natural soil conditions, and not 
subject to agricultural practices. 
Deforestation refers to the 
change of land use or depletion 
of crown cover to less than 10%. 

However, the following 
changes may be noted region- 
wise. In Asia forest cover area 


and rate of deforestation are 
both lower due to the use of new 
data available for India and 
Myanmar in 1991. In Latin 
America the estimates are higher 
due to the inclusion of the whole 
of Brazil (previous estimates 
were limited to tropical moist 
zones, viz. Northern Brazil). In 
Africa, the assessment was com- 
pletely reviewed using new data 
available for several countries. 
The present estimates for rate of 
deforestation are lower for the 
moist zone. Major efforts are 
being made to secure an up-to- 
date and adequate database. 

The differences between the 
present (1990) and FAO/UNEP 
(1980) assessments are indicated 
by the following summary stati- 
stics based on 76 countries in 
common in the two assessments: 


Conservation et 
protection des foréts 
tropicales humides : 
le point de vue de 
Alliance mondiale 
pour la nature 





par J. Sayer 


La nécessité urgente de 
conserver ce qui subsiste des fo- 
rêts ombrophiles tropicales re- 
tient depuis quelques années 
toute l'attention des médias et 
des milieux politiques, mais pour 
les forestiers, les naturalistes, 
cette préoccupation n’est pas 
nouvelle. Lors de la réunion de 
Brunnen (Suisse) en 1948, ou fut 
prise la décision de créer l'Union 
internationale pour la protection 








Project 


FAO/UNEP (1980) 
Forest Resources Assessment 1990 Project 


Estimated values for réference year (1980) 
annual ‘rate of deforestation 


Forest area 

million ha mill. ha percent 

1 935 11.3 0.6 (1976-80) 
1 882 16.9 0.9 (1981-90) 








In addition to studies on de- 
forestation, work is in progress 
on assessing forest degradation. 
Indications are that loss of bio- 
mass in the tropical forest is oc- 
curring at a significantly higher 
rate than the loss of area due to 
deforestation. 


de la nature et de ses ressources 
(UICN) (devenue Alliance mon- 
diale pour la nature), les foréts 
ombrophiles tropicales - ou fo- 
réts tropicales humides - ont été 
considérées comme point de 
mire important. Depuis déja 
longtemps, des préoccupations 
s'étaient exprimées. C’est ainsi 
qu’en 1850 l’Association britan- 
nique pour le progrès de la 
science (British Association for 
the Advancement of Science) a 


constitué un comité chargé d’étu- 
dier "les effets probables, d’un 
point de vue physique et écono- 
mique, de la destruction des fo- 
rêts tropicales". Dans un rap- 
port, ce comité mentionnait l’in- 
térêt économique du bois de teck 
pour l’exportation, mais il insis- 
tait aussi sur les effets nocifs de 
l'exploitation forestière sur des 
pentes raides. 

Ces préoccupations  an- 
ciennes portaient surtout sur le 
rôle écologique des forêts tropi- 
cales. Les forestiers, constatant 
que le déboisement perturbait le 
régime hydrologique et les 
micro-climats, se donnaient pour 
objectif de maintenir un couvert 
forestier. Mais on pensait alors 
que toute forêt était bonne pour 
protéger les sols et les bassins 
versants, et on ne considérait pas 
comme particulièrement impor- 
tant de maintenir la forêt dans 
son état naturel. 

A la fin du siècle dernier et 
au début du siècle présent, avec 
adoption progressive de législa- 
tions sur les ressources naturelles 
et la création de services fores- 
tiers, le mot d’ordre a été de dé- 
limiter et de protéger un "do- 
maine forestier permanent". 
L’objectif était dés lors de main- 
tenir un couvert forestier sur les 
zones écologiquement sensibles, 
et d’assurer la fourniture de pro- 
duits forestiers. Dans la plupart 
des pays tropicaux, on a établi 
des "réserves forestières" ou "fo- 
rêts classées", dans lesquelles 
l'extraction de bois et de pro- 


duits non ligneux était autorisée 
à condition qu’un couvert fores- 
tier permanent soit maintenu. 

La richesse biologique des fo- 
rêts denses tropicales, tout au 
moins en ce qui concerne les es- 
pèces végétales et animales les 
plus remarquables, fut reconnue 
au 19e siècle par les botanistes et 
les zoologistes qui visitaient les 
tropiques. Charles Darwin dé- 
clare: "Enchantement ... est un 
terme bien faible pour exprimer 
les sentiments qu’éprouve le, na- 
turaliste qui parcourt, pour la 
premiére fois, une forét brési- 
Alfred Russel Wallace 
récolta 700 espéces de papillons, 
soit le trentiéme de toutes les es- 
pèces connues du monde, à une 


lienne". 


heure de marche de sa demeure 
Ce- 
pendant, on connaissait trés mal 
la répartition de ces espéces 
dans les foréts, et encore moins 


dans lest de l’Amazonie. 


leur habitat ou leurs exigences 
écologiques. La diversité prodi- 
geuse des arthropodes moins vi- 
sibles et de la faune et de la flore 
du sol était quant à elle à peu 
prés complétement ignorée. 
Ainsi, dans la premiére moi- 
tié du 20e siècle, alors que de 
nombreux pays tropicaux 
créaient des paros nationaux et 
autres réserves pour protéger 
des sites spectaculaires ou des 
espèces remarquables de grands 
mammifères et d'oiseaux (tigres 
en Asie, grands mammifères de 
plaine en Afrique, etc), on n’ac- 
corda guère d’attention à la pro- 


tection des forêts denses, de leur 
flore et de leur faune. 

Rétrospectivement, cette atti- 
tude se comprend aisément. Jus- 
qu’aux années 50, il existait de 
vastes étendues de forêts denses 
tropicales restées quasi vierges. 
Des défrichements avaient eu 
lieu en bordure des massifs de 
forêt dense à Madagascar et 
dans le sud et le sud-est du conti- 
nent asiatique, et dans les ré- 
gions où l’on trouvait de riches 
sols alluviaux ou volcaniques par- 
ticulièrement aptes à l’agricul- 
ture, mais les grands massifs fo- 
restiers d’Amazonie, d’Afrique 
centrale et des îles de l'Asie du 
Sud-Est étaient en grande majo- 
rité intacts. 

La situation se mit alors à 
changer radicalement. Les pro- 
grès techniques coïncidant avec 
la Seconde Guerre mondiale 
permirent d’utiliser largement les 
engins lourds à chenilles. Il de- 
venait soudain possible d’ouvrir 
des routes d’accès à des zones 
boisées éloignées. La vulgarisa- 
tion des scies à moteur portatives 
facilita le défrichement et l’ex- 
ploitation forestière, et le trans- 
port de bois d’oeuvre de grandes 
dimensions devint bien plus aisé. 
Les bois tropicaux présentant de 
bonnes caractéristiques de stabi- 
lité et de résistance, et un attrait 
esthétique, furent de plus en plus 
demandés sur les marchés loin- 
tains par suite de la croissance 
de l’industrie, tandis que les bois 
tempérés équivalents se raré- 
fiaient et étaient pénalisés par le 


37 


coût des investissements dans l’a- 
ménagement des forêts dans 
l'hémisphère Nord. 

La disponibilité soudaine de 
médicaments modernes, de soins 
dé:santé et de nourriture abon- 
dante dans les pays tropicaux dé- 
clencha une explosion démogra- 
phique telle que les populations 
doublèrent entre 1950 et 1990. 
Cette croissance démographique 
dans les pays tropicaux et subtro- 
picaux suscita à son tour une de- 
mande de consommation crois- 
sante, et engendra aussi des 
masses de populations pauvres 
en quête de terres disponibles 
pour survivre. Les nouvelles 
routes d’accès aux forêts exerçait 
sur elles une attraction irrésisti- 
ble. 

Les services forestiers et les 
organismes de conservation de la 
nature se trouvèrent désarmés 
face à ce dramatique accroisse- 
ment de la pression sur les forêts 
tropicales. Les législations adop- 
tées à une époque où la pression 
était moindre s’avéraient inadap- 
tées et inapplicables dans ces cir- 
constances nouvelles. Des inté- 
rêts industriels puissants n’eu- 
rent aucun mal à tourner ou à 
ignorer les plans d'aménagement 
forestier, et il n’était pas possible 
d'empêcher à des populations 
rurales misérables et de plus en 
plus nombreuses d'accéder aux 
seules terres non occupées di- 
sponibles. La période 1950 - 
1990 a vu se produire une dégra- 
dation, un défrichement et une 


fragmentation sans précédent 
des forêts denses dans le monde. 


LA VALEUR 
BIOLOGIQUE DES 
FORETS TROPICALES 
HUMIDES 


On assista aussi, au cours de 
cette même période, à un ac- 
croissement sans précédent de 
l'intérêt scientifique porté aux 
écosystèmes forestiers tropicaux. 
Des universités et des institutions 
de recherche se créèrent dans les 
pays tropicaux, et les transports 
aériens peu coûteux permirent à 
des chercheurs de pays industria- 
lisés de travailler sur le terrain 
dans les tropiques. La diffusion 
des résultats de recherche grâce 
à des initiatives telles que le Pro- 
gramme biologique international 
de l'Unesco dans les années 60, 
et plus tard le Programme sur 
l’homme et la biosphère, a mis en 
lumière l’immense richesse spé- 
cifique des forêts tropicales. 

Les études classiques d’Erwih 
(1988) sur la faune entomologi- 
que des cimes dans les forêts 
d'Amérique centrale ont amené 
les scientifiques à réviser à la 
hausse leurs estimations du nom- 
bre total d’espèces, dans des pro- 
portions considérables. 

A lheure actuelle, quelque 
1,4 million d’espéces vivantes 
ont été décrites scientifiquement, 
mais les travaux d’Erwin et d’au- 
tres laissent supposer, par extra- 
polation, que le nombre total 
d'espèces dans le monde pour- 


rait atteindre entre 20 et 80 mil- 
lions (Stork, 1988), dont lim- 
mense majorité serait formée par 
les habitants des cimes des forêts 
tropicales. 

Les plantes et les vertébrés 
supérieurs des forêts tropicales 
sont maintenant assez bien ré- 
pertoriés, mais de nouvelles es- 
pèces sont encore découvertes 
avec une fréquence surprenante. 

Même parmi les primates, 
plusieurs nouvelles espèces ont 
été décrites dans les années 80, 
et toutes les collections de 
plantes des tropiques humides 
contiennent une proportion im- 
portante d’espèces non décrites. 

Parallèlement à cette décou- 
verte de la prodigieuse diversité 
des forêts tropicales, on s’est 
aperçu de linterdépendance 
complexe de nombreuses es- 
pèces. Terborgh, travaillant en 
Amazonie péruvienne, a créé le 
terme "espèce clef de voûte" 
pour désigner les arbres dont l’é- 
limination par suite de l’exploita- 
tion sélective pourrait, par "effet 
de dominos", entraîner l’extinc- 
tion de nombreuses espèces ani- 
males qui en sont tributaires 
pour leur nourriture et leur habi- 
tat. D’autres études ont montré 
que certaines espèces animales 
jouent un rôle capital analogue 
en complétant le cycle biologi- 
que d’espèces végétales de la fo- 
rêt dense d’importance économi- 
que considérable. Les euglosses, 
hyménoptères de la forêt amazo- 
nienne indispensables pour la 
pollinisation du noyer du Brésil, 


38 


en sont un exemple souvent cité 
(notamment par Goodland et 
Ledec, 1988). 

Les études sur la génétique 
des populations restreintes ont 
d'autre part modifié la perspec- 
tive sur les problèmes rencontrés 
dans la conservation des espèces 
forestières tropicales. De nom- 
breuses prédictions d’extinction 
d’espèces dans les forêts ont été 
émises en s'appuyant sur la for- 
mule, déduite d’observations 
faites dans des îles, selon la- 
quelle une réduction de 90 pour 
cent de la taille d’un habitat en- 
traîne la disparition de 50 pour 
cent des espèces qui y vivent. 

Cependant, il est maintenant 
évident que la répartition, la 
taille, l'emplacement et linter- 
connexion des zones boisées sont 
tous des facteurs importants 
pour déterminer la survie des es- 
pèces. Il apparaît que la frag- 
mentation des ferêts en flots sé- 
parés peut réduire les popula- 
tions d’espèces largement disper- 
sées à un niveau qui ne leur per- 
met plus de survivre à long 
terme. Par conséquent, bien que 
certains auteurs aient sans doute 
exagéré le nombre d’espèces dé- 
jà en voie d’extinction, nous 
avons peut-être sous-estimé le 
nombre de celles qui sont ré- 
duites à un niveau qui les 
condamne finalement à l’extinc- 
tion. La majorité des espèces de 
plantes, d’oiseaux et de mammi- 
féres de grande taille sont pré- 
sentes dans des parcs nationaux 
et autres réserves, mais beau- 


coup le sont en effectifs si réduits 
qu’elles pourraient être vouées à 
l'extinction par suite d’appauvris- 
sement génétique, d’accidents 
climatiques ou d’actions hu- 
maines. 


LA CONSERVATION 
DES FORETS : UN DEFI 
A RELEVER 


Les responsables de la 
conservation s’accordent pour 
affirmer que l’aménagement fo- 
restier, outre la production li- 
gneuse et la protection des bas- 
sins versants, doit aussi maintenir 
le plus grand nombre possible 
d’espèces végétales et animales 
(Poore et Sayer, 1987). Il s’est en 
effet avéré que de nombreuses 
espèces présentent un intérêt ac- 
tuel ou potentiel pour l’humani- 
té. (Certaines espèces, de ma- 
nière.tout à fait inattendue, four- 
nissent des substances médici- 
nales, ou sont d’importance capi- 
tale pour l’amélioration généti- 
que des plantes cultivées et la 
lutte contre les ravageurs, ou par 
leur rôle écologique. Sans aucun 
doute, de nombreuses autres es- 
pèces se révéleront d’un grand 
intérêt, direct ou indirect, pour 
Phumanité. En outre, il est lar- 
gement admis que même les es- 
pèces qui n’apportent aucune 
contribution apparente au bien- 
être humain doivent être conser- 
vées. Cette prise de conscience 
s'exprime dans la Stratégie mon- 
diale de la conservation, ainsi 
que dans la Charte mondiale 


pour la nature et le rapport de la 
Commission mondiale de l’envi- 
ronnement et développement 
(1987) adoptés par l’Assemblée 
générale des Nations Unies. Re- 
connaissant la nécessité impéra- 
tive de conserver toutes les es- 
pèces vivantes, la FAO, le PNUE 
et PUICN collaborent actuelle- 
ment à l'élaboration d’une 
convention internationale pour la 
conservation de la biodiversité. 

Le moyen le plus sûr pour 
protéger un maximum d’espèces 
est d’affecter des étendues suffi- 
santes de forêt à des parcs natio- 
naux et autres réserves où les in- 
terventions humaines sont ré- 
duites au minimum. Dès les an- 
nées 60, il existait des réseaux as- 
sez complets d’aires protégées 
couvrant les savanes, les mon- 
tagngs et les terres humides tro- 
picales, mais ce n’est qu’à partir 
des années 70 que l’on a donné la 
priorité à la protection des habi- 
tats de forêt tropicale humide, 
conséquence de notre prise de 
conscience de l'intérêt de la di- 
versité biologique et des me- 
naces de déboisement. 

On a assisté à un vaste mou- 
vement de classement d’aires 
protégées dans les années 70 et 
80 (voir figure 1), et la liste la 
plus récente des Nations Unies 
(UICN, 1980) comprend 669 
aires protégées dans le biome de 
forét tropicale humide de plaine, 
couvrant environ 66 millions d’ha 
(voir tableau ). Il s’agit de sur- 
faces comprises dans les limites 
de ce biome tel que défini par 


39 


Udvardy (1984) et entrant dans 
les catégories d’aires protégées 1 
à 4 de PUICN, dans lesquelles 
aucune utilisation humaine im- 
portante n’est autorisée. Toutes 
ces aires protégées ne sont pas 
entièrement boisées, et il est 
probable que 5 pour cent seule- 
ment du biome sont soumis à 
cette forme de protection totale. 

Le classement légal ne garan- 
tit pas à lui seul la protection. 
Tant que la pauvreté sévira dans 
les tropiques, les gens démunis 
de ressources auront recours aux 
forêts pour se procurer un com- 
plément de nourriture et de reve- 
nus. La cupidité humaine est un 
autre facteur: il y aura toujours 
des individus qui tenteront de 
s'enrichir, fût-ce aux dépens de 
la société. Un peuplement de 
bois précieux se trouvant dans un 
parc national pourra être tout 
aussi menacé par les puissances 
d’argent des villes qui dominent 
l'industrie et peuvent influer sur 
la législation que par les popula- 
tions rurales pauvres. 

Quand bien même la conser- 
vation de ces 669 aires protégées 
pourrait être assurée, notre 
connaissance de l’écologie fores- 
tière et de la biogéographie per- 
met de dire qu’elles seront insuf- 
fisantes pour prévenir l’extinc- 
tion de nombreuses espèces ani- 
males et végétales. C’est pour- 
quoi il faut d’urgence créer da- 
vantage de parcs et de réserves 
intégralement protégés, mais il 
ressort de la figure 2 que le mou- 
vement de création s’est ralenti. 


Les tendances actuelles font pen- 
ser qu’il sera très difficile de réa- 
liser ne serait-ce que l'objectif 
modeste de protection totale de 
10 pour cent des forêts tropicales 
humides subsistant en 1990. Ea 
effet, la pression sur les terres ne 
cesse de s’accroître, et les possi- 
bilités de créer de nouvelles aires 
protégées  s’amenuisent en 
conséquence. Il faut donc, en 
priorité, identifier les sites d’im- 
portance particulière pour la di- 
versité biologique et les soumet- 
tre à un régime de conservation. 

Toutefois, même la protec- 
tion de grandes étendues de fo- 
rêt dense tropicale ne garantira 
pas par elle-même une biodiver- 
sité maximale. Dans les zones 
totalement vierges, l’évolution 
naturelle se poursuit; bien que la 
plupart des espèces subsistent, 
beaucoup sont remplacées natu- 
rellement par d’autres. (est 
pourquoi la conservation des es- 
pèces désirables ne peut être as- 
surée que par un aménagement 
délibéré. 

D'autre part, de nombreuses 
espèces forestières sont remar- 
quablement résistantes à la per- 
turbation périodique de leur ha- 
bitat (Johns, 1985). En fait, la 
fragmentation périodique des fo- 
rêts au cours des périodes de 
changement climatique, et la di- 
versification entraînée par les dé- 
gâts de cyclones et même par les 
cycles traditionnels de culture iti- 
nérante, a contribué à la riche di- 
versité des forêts actuelles. De 
nombreuses espèces sont adap- 


tées aux forêts secondaires qui 
succèdent aux perturbations, et 
seraient moins abondantes si 
toutes les interventions humaines 
devaient cesser. Citons l’exem- 
ple remarquable des quatres es- 
pèces de bovins sauvages de l’A- 
sie du Sud-Est (Wharton, 1968).; 
rappelons aussi l'apparition na- 
turelle, après une coupe à blanc, 
d’essences pionnières  vigou- 
reuses qui reconstituent un nou- 
veau peuplement dense. 

Par conséquent, les responsa- 
bles de la conservation ont pour 
tâche non seulement de protéger 
de plus grandes surfaces de fo- 
rêts topicales hummides, mais 
aussi d’assurer en dehors des 
aires protégées une mise en va- 
leur complémentaire qui ac- 
croisse leur efficacité du point de 
vue de la conservation tout en 


procurant des avantages socio- 
économiques durables. 


CONSERVATION DE LA 
BIODIVERSITE DANS 
LES FORETS 
AMENAGEES 


Si Pon admet que les besoins 
humains de terres et de matières 
premières entraîneront une mo- 
dification de la plus grande par- 
tie des forêts en dehors des aires 
protégées, et qu’une part impor- 
tante de ces forêts sera définiti- 
vement convertie à d’autres utili- 
sations, on doit évaluer les di- 
verses options possibles d’utilisa- 
tion de ces forêts et des terres 
sur lesquelles elles poussent, et 
déterminer les options les plus 
favorables à la conservation de la 
biodiversité. Empiriquement, on 
































































































































700 
pene a 3 
500 
400 U 
300 
200 
100 «i 
0 AblalalalË 
Avant 1870 75 80 85 90 95 1900 05 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 
eka eee aaa 





FIGURE 1. Accroissement cumulatif des superficies d’aires protégées dans les 


régions forestiéres tropicales. 











FIGURE 2. Accroissement des superficies d’aires protégées dans les régions 
forestières tropicales durant des périodes de cinq ans. 





150 


100 























L 















































LL 


















































aS EE 


[A 








Avant 187075 80 85 90 95190005 10 15 2025 30 3540 45 50 55 60 65 70 75 80 85 


jes couvertes durant, chaque 


Superficies 
W période de cing ans (milliers de km 2 ) 


Nombre d'aires protégées classées 
durant chaque période de cing ans 








peut penser que ce sont les sys- 
témes forestiers divers, compo- 
sés d’espéces indigénes selon une 
structure analogue 4 celle de la 
forét spontanée locale, qui au- 
ront le plus de chances d’entrete- 
nir une proportion maximale des 
espéces végétales et animales 
originelles. 

Les meilleurs modes de mise 
en valeur seront donc des sys- 
tèmes consistant à récolter des 
produits non ligneux dans la fo- 
rêt naturelle et des systèmes 
d’exploitation sélective selon 
lesquels on extraira un petit 


cles sont bien souvent d'ordre 
économique et politique plutôt 
que technique. Une grande par- 
tie de la biodiversité des forêts 
tropicales est maintenue même 
dans des forêts exploitées inten- 
sivement, et de meilleures prati- 
ques sylvicoles peuvent accroître 
encore la valeur des forêts de 
production pour la conservation 
(UICN, sous presse). Le scéna- 
rio optimal que nous pourrions 
envisager pour le 21e siècle est 
un domaine forestier intégrale- 


Couverture écologique des forêts 





























nombre d’arbr : : j 
eS an 74 de valeur tropicales humides par des aires 
pour le bois d'oeuvre sans | protégées 
perturbation massive de la vé- bent Nr Gr 
gétation restante. biogéographique protégées (ha) 
Lorsqu'on cherche à réali- | "tropical 62 9 448 837 
ser un aménagement qui as- | "omalais 386 18 314 029 
sure le rendement soutenu et | alien 72 8150 053 
le maintien de toutes les va- | Véotropical 149 30130 486 
leurs biologiques, les obsta- | T° 669 66 043 405 





41 





ment protégé de quelques 100 
millions d’ha, entouré de zones 
tampons de forêts aménagées de 
façon permanente sur 200 à 300 
millions d’ha. L’un des pro- 
blèmes les plus ardus pour les re- 
sponsables de la conservation est 
de concilier les besoins de la 
conservation avec ceux des po- 
pulations vivant dans les forêts 
qui entourent les aires protégées. 
Lorsqu'un pfogramme de 
conservation se fonde sur le dia- 
logue et sur la participation des 
populations forestières, il est 
souvent possible d’obtenir leur 
compréhension et leur appui à la 
protection de la forêt. On tra- 
vaille activement à élaborer des 
méthodes écologiquement vala- 
bles d'aménagement des "zones 
tampons” qui assurent la coexis- 
tence des populations humaines 
et de la faune sauvage dans des 
forêts maintenues à l’état quasi 
naturel. Ces zones tampons se- 
ront beaucoup plus efficaces si 
ellles sont judicieusement répar- 
ties de façon à entourer les aires 
protégées et à offrir des couloirs 
de circulation entre elles. 


CONCLUSION 


La pression accrue sur les fo- 
rêts tropicales, ainsi qu’une meil- 
leure connaissance de l’écologie 
et de la valeur des espèces vi- 
vantes qui les peuplent, ont ame- 
né au cours des 30 dernières an- 
nées à la création d’un réseau de 
parcs nationaux et autres ré- 
serves couvrant environ 5 pour 


cent des forêts tropicales hu- 
mides. Ce n’est manifestement 
pas suffisant pour répondre aux 
objectifs de conservation des es- 
pèces, et un effort important est 
encore nécessaire pour étendre 
ce réseau d’aires protégées afin 
d'y inclure un échantillonnage 
adéquat de tous les types de 
forêts et la gamme complète de 
leur biodiversité. Les pays in- 
dustrialisés riches doivent être 
prêts à aider les pays tropicaux 
moins favorisés à financer de tels 
programmes élargis de conserva- 
tion. La convention sur la biodi- 
versité et l'instrument juridique 
sur la conservation et l’aménage- 
ment des forêts qui ont été pro- 
posés pourraient prévoir des mé- 
canismes permettant de répartir 
équitablement le coût d’un 
agrandissement considérable des 
réseaux d’aires protégées en fo- 
rêt tropicale. 

Toutefois, les aires protégées 
ne suffiront pas à conserver un 
nombre maximal d’espèces fores- 
tières tropicales. Il est indispen- 
sable pour cela de trouver des 
modes de mise en valeur appro- 
priés pour de vastes zones fores- 
tières supplémnetaires, qui pour- 
ront comprendre des forêts amé- 
nagées pour la production de 
bois et d’autres pour celle de 
produits non ligneux. L’avenir 
de nombreuses espèces fores- 
tières est conditionné par l’amé- 
nagement durable de leur habi- 
tat. 


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living 


* Jeffrey Sayer, coordinateur 
du Programme de l’UICN pour les 
forêts tropicales, est basé à Gland 
(Suisse) 


LA FAUNE COMME 
RESSOURCE 





par Dick Pitman* 


Dans le contexte de l'Afrique 
de l'Est, une telle annonce paraît 
presque choquante. Elle consti- 
tue une rupture avec les prin- 
cipes retenus par de nombreux 
spécialistes de l’environnement 
et va à contre-courant de l’opi- 
nion quasi-universelle des petits 
agriculteurs des districts ruraux 
de la région. 

"Il est proposé de faire de la 
faune sauvage une ressource 
agricole pour compléter l’agri- 
culture et l'élevage", a annoncé le 
président du Zimbabwe, Robert 
Mugabe. "La gestion de la faune 
sauvage sera rationalisée de fa- 
çon à apporter des avantages 
économiques aux communautés 
rurales qui participeront à ce 
type d’activités. La viande de gi- 
bier sera transformée pour com- 
pléter notre approvisionnement 
bovin sur le marché local". 

Le mot clé du discours pro- 
noncé par le président Mugabe à 
Pouverture d’une récente session 
parlementaire était "ressource". 
Peu de défenseurs de l’environ- 
nement ou de planificateurs, par- 
ticulièrement ceux qui appro- 
chent l’Afrique à partir des prin- 
cipes des pays prospères d’Eu- 
rope ou d'Amérique du Nord, 
peuvent se résoudre à envisager 
la faune sauvage comme une res- 


source. Ils partagent plutôt une 
vision purement esthétique des 
animaux, vision à sens unique im- 
posée par des générations suc- 
cessives de colons. 

Entre-temps, encore sous le 
coup de l'expérience coloniale, 
les Zimbabwéens de l’après-in- 
dépendance, qu’ils soient re- 
sponsables des politiques natio- 
nales ou agriculteurs, semblent 
approuver la déclaration d’un vil- 
lageois de la circonscription de 
Simchembu à propos des terres 
communales de Gokwe: "Les 
animaux sauvages sont tout sim- 
plement un fléau. Les éléphants 
détruisent nos récoltes chaque 
nuit. Nous ne voyons aucun in- 
convénient à ce que le gouverne- 
ment tue tout ce qui est plus gros 
qu’un lièvre". 

Le discours du président du 
Zimbabwe a marqué une étape 
décisive dans la lente évolution, 
souvent entrecoupée de revire- 
ments brutaux, de l’opinion et de 
la législation vers une nouvelle 
approche sociale et économique 
du patrimoine animal exception- 
nel de l’Afrique. Fait surpre- 
nant: l’impulsion a été en partie 
donnée par les travaux de plu- 
sieurs organisations non gouver- 
nementales dont le mandat initial 
avait peu à voir avec le gibier. 


Pas toujours 
romantique 


La faune sauvage - qui en 


Afrique de l'Est désigne princi- 
palement les grands mammifères 


43 


- faisait partie intégrante de la 
vie des indigènes avant la pré- 
sence coloniale. Il y a toujours 
eu des conflits entre la popula- 
tion et les gros animaux, et les 
dommages causés aux cultures 
n’en sont qu’une des illustrations. 
De nos jours encore, les commu- 
nautés rurales recensent de nom- 
breuses blessures et parfois 
même des décès dus aux élé- 
phants, lions, buffles, hippopo- 
tames et crocodiles. Avant la co- 
lonisation, les inconvénients 
étaient compensés, du moins 
partiellement, par les "biens et 
services" que procurait le gibier - 
viande, habillement et prépara- 
tions médicinales. 

Or, ce savant compromis a 
été bouleversé par les gouverne- 
ments coloniaux, dont l’approche 
fondamentalement esthétique et 
"protectionniste" ne tolérait au- 
cune transgression utilitaire, ex- 
ceptés quelques safaris (princi- 
palement européens) à but ré- 
créatif. De nombreuses commu- 
nautés indigènes furent d’ailleurs 
expulsées des zones protégées et 
toute forme de chasse leur fut in- 
terdite. 

Le cas des Shangaan de la 
circonscription de Mahenye, 
dans le sud-est du Zimbabwe, est 
un exemple typique. Les Shan- 
gaan sont originaires de la région 
du Transvaal septentrional (Afri- 
que du Sud), mais ils ont migré 
vers la fin du 19e siècle et se sont 
installés dans ce qui est mainte- 
nant le Zimbabwe. Au début des 
années 60, leurs terres ont été in- 


corporées au parc national de 
Gonarezhou. La communauté a 
donc été expulsée et réinstallée 
en bordure du nouveau parc. 
Depuis lors, les conflits entre 
les responsables du parc naturel 
et les Shangaan se sont multi- 
pliés. Ces derniers se sont mis à 
chasser l'éléphant à l’intérieur du 
parc et se sont associés à une 
bande de braconniers amateurs 
d'ivoire. Après l’indépendance, 
pensant que la propriété des ani- 
maux sauvages avait changé de 
main, les Shangaan ont déclen- 
ché un massacre systématique, 
utilisant même des chiens pour 
faire refluer les antilopes vers 
des pièges constitués de filets 
tendus entre les arbres. Des 
planches clouées disposées près 
berges étaient 
pièges pour les hippopotames. 
Les éléphants n’ont pas été épar- 
gnés: plus d’une centaine furent 


des autantde 


la proie des chasseurs d’ivoire. 

Confrontés à cette situation, 
les défenseurs de l’environne- 
ment et de la préservation des 
espèces ont fini par comprendre 
que la stricte application de la lé- 
gislation ne pouvait résoudre un 
problème posé par une injustice 
sociale flagrante. En outre, l’ac- 
croissement rapide de la popula- 
tion rurale exerçait des pressions 
continuelles sur la faune sauvage 
du pays. 

Un début de solution juridi- 
que est venu d’une réglementa- 
tion discutable, la loi de 1975 sur 
les parcs et la faune sauvage du 
Zimbabwe. Aux termes de cette 


loi, la faune restait propriété 
d'Etat, comme du temps de la lé- 
gislation coloniale, mais les ex- 
ploitants jouissaient de certaines 
prérogatives en ce qui concerne 
les animaux sauvages sur leurs 
terres. Ils étaient autorisés, dans 
des limites visant à empêcher la 
surexploitation et l'extinction lo- 
cale, à en faire usage à des fins 
économiques. 

Quelle qu’ait pu être la 
contrariété des défenseurs de 
l'intégrité physique de la faune 
sauvage, des résultats tangibles 
ont été obtenus. Conséquence 
directe des avantages économi- 
ques procurés aux exploitants, 
les zones réservées à l’habitat ont 
considérablement augmenté, no- 
tamment sur les terres agricoles 
privées. 

Les exploitants tiraient prin- 
cipalement bénéfice de la chasse 
pratiquée comme sport et non à 
des fins commerciales. Diverses 
expériences portant sur cette 
dernière ont échoué, principale- 
ment parce que les espèces sau- 
vages étaient considérées comme 
un parent pauvre du bétail, n’of- 
frant qu’une gamme limitée de 
produits tels que viande et peau. 
La concurrence de l'industrie 
bovine fortement subventionnée, 
les problèmes de logistique et de 
transport, l’irrégularité des ap- 
provisionnements et l’absence de 
structures commerciales appro- 
priées rendaient la chasse com- 
merciale peu profitable. Les ten- 
tatives menées avec des espèces 


sauvages domestiquées, eomme 
l'élan, n’ont guère mieux réussi. 
Tourisme et safaris 


La véritable percée économi- 
que a été réalisée en exploitant la 
faune sauvage non seulement 
pour la viande et autres produits, 
mais aussi à des fins récréatives. 
Les droits de chasse peuvent 
fournir des revenus substantiels 
contre des niveaux de prélève- 
ments relativement faibles. Ain- 
si, un impala tué pour sa viande 
rapportera moins de 50 dollars, 
alors qu’un organisateur de safa- 
ri vendra le même animal à 200 
dollars ou plus. L’exploitation 
touristique peut rapporter gros 
sans nuire à la faune. 

L'élevage traditionnel au 
ranch de Buffalo Range, dans le 
Zimbabwe méridional, a subi une 
crise due à une baisse de produc- 
tivité pendant les années de sé- 
cheresse. Une partie du do- 
maine a dû être consacrée aux 
animaux sauvages mais les activi- 
tés, qui étaient orientées exclusi- 
vement sur la production de 
viande, se sont avérées peu profi- 
tables. Ce n’est que lorsque le 
propriétaire du ranch a commen- 
cé à exploiter les possibilités tou- 
ristiques de la faune sauvage - 
principalement la chasse sportive 
- que ses bénéfices ont spectacu- 
lairement augmenté. 

Dans ce secteur, principale- 
ment composé de grands éle- 
veurs privés européens, la nou- 
veauté sur le plan institutionnel a 
été la création d’une association 


de producteurs de gros gibier, 
qui fait partie de l’Union des ex- 
ploitants industriels et est habili- 
tée à percevoir de ses membres 
des redevances sur le déplace- 
ment du gibier. 

Toutefois, deux problèmes se 
posent: le premier est lié au ré- 
gime foncier et le deuxième, aux 
programmes de réinstallation 
prévus dans le cadre de l’acquisi- 
tion par le gouvernement des 
terres sous-exploitées. 

Beaucoup de dirigeants ne 
sont toujours pas convaincus des 
avantages que peut procurer la 
faune sauvage. Et même s'ils l’é- 
taient, ils préfèreraient probla- 
blement voir les réserves privées 
redistribuées pour toutes sortes 
de raisons, tant politiques que 
subjectives. Cette attitude trans- 
paraît en partie dans un récent 
discours prononcé par Jock Kay, 
ministre adjoint des terres, de 
l’agriculture et de la réinstalla- 
tion rurale: "On prévoit, a-t-il 
déclaré, que l'élevage du gibier 
se développera pendant les an- 
nées 90, mais qu’il sera néces- 
saire que le gouvernement veille 
à ce que cetter expansion soit ra- 
tionnelle et n’ait pas d’effets né- 
gatifs sur l’industrie de bétail". 

Cette déclaration révèle un 
autre problème. La législation 
du Zimbabwe est nettement fa- 
vorable au bétail. Des restric- 
tions vétérinaires imposées pour 
les exportations de viande bovine 
vers la CEE, dans le cadre de la 
Convention de Lomé, limitent 
sévèrement la capture et le dé- 


placement du gibier, ainsi que le 
transport de la viande. Des mil- 
lions de dollars ont été consacrés 
à la recherche sur le bétail, mais 
très peu - sinon rien - à l’indus- 
trie de la faune sauvage. En ou- 
tre, ce dernier secteur ne reçoit 
aucune subventions et ne dispose 
d’aucune structure de commer- 
cialisation officielle, contraire- 
ment à la viande de boeuf forte- 
ment subventionnée et commer- 
cialisée dans le cadre d’une orga- 
nisation para-étatique. Aussi, 
l'industrie de la faune sauvage se 
trouve-t-elle dans l’impossibilité 
d’exploiter un potentiel économi- 
que important: la vente de la 
viande. 

En ce qui concerne les com- 
munautés rurales, dont dépend 
en fin de compte la survie de la 
faune sauvage, la situation est 
quelque peu différente du fait 
qu’elles ont été plus lentes à ado- 
pter la faune sauvage comme op- 
tion d’utilisation de leurs terres. 
La plupart des communautés ru- 
rales sont implantées sur ce 
qu'on appelle maintenant les 
terres communales, héritage di- 
rect des réserves indigènes éta- 
blies par les premiers gouverne- 
ments coloniaux. Ceux-ci réser- 
vaient souvent les meilleures 
terres agricoles aux grandes ex- 
Les 
terres communales sont donc gé- 


ploitations commerciales. 


néralement des sols médiocres 
où la pluviométrie est faible ou 
irrégulière. 

En grande partie impropres à 
l’agriculture intensive, ces terres 


45 


abritent d’importantes popula- 
tions d’animaux sauvages. Tou- 
tefois, dans le cadre de la loi de 
1975, les communautés rurales 
n’ont pas les mêmes droits sur la 
faupe sauvage que les exploitants 
privés. 

Même avant l'adoption de la 
loi, les revenus des concessions 
de chasse sportive dans certaines 
zones rurales étaient, du moins 
en théorie, reversés par le gou- 
vernement aux communautés lo- 
cales. Mais le système était loin 
d’être parfait. La trésorerie cen- 
trale conservait souvent les fonds 
pendant de longues périodes. 
Les fonds étaient parfois dépen- 
sés dans des zones très éloignées 
de celles où était pratiquée la 
chasse. Cela avait pour effet de 
supprimer le lien fondamental 
entre le fait de tolérer la faune 
sauvage et celui d’en tirer des 
Les 
communautés ne participaient ni 


avantages Économiques. 


à la planification ni à la prise. de 
décision. 

Les villageois Simchembu, 
aujourd’hui si hostiles à la faune 
sauvage, ont en fait bénéficié en 
1981 des recettes de l’élimination 
d’éléphants en surplus dans un 
parc national de la région. Mais 
ils n’ont pas pris part aux déci- 
sions relatives à l’exercice ou à la 
répartition des bénéfices et le 
projet n’à jamais eu de suite. De 
vagues promesses d’avantages fu- 
turs ne compensent en rien les 
problèmes actuels de cultures 
endommagées et de blessures 
éventuelles ou même de mort. 


L'approche "Campfire" 


Toutefois, un aspect de la loi 
de 1975 permet au conseil de di- 
strict - une unité de l’administra- 
tion locale créée après l’indépen- 
dance - de devenir ce que l’on 
appelle "lorganisme compétent 
en matière de gestion de la faune 
sauvage”. Les conseils dotés de 
ce statut ont les mêmes droits 
que les exploitants privés et peu- 
vent gérer, utiliser et tirer parti 
de la faune sauvage sur les terres 
communales de leur juridiction. 
Ce statut est actuellement accor- 
dé aux conseils qui affirment leur 
intention de gérer la faune sau- 
vage selon une formule directe- 
ment inspirée de ce que l’on ap- 
pelle de plus en plus la philoso- 
phie "Campfire". 

"Campfire" désigne un pro- 
gramme de gestion des zones 
communales pour les ressources 
indigènes (Communal Areas 
Management Programme for In- 
digenous Resources) conçu par 
le Département des parcs natio- 
naux du Zimbabwe. Il repose es- 
sentiellement sur le principe que 
les communautés rurales qui to- 
lèrent la faune sauvage sur leurs 
terres, devenant ainsi produc- 
trices de gibier sauvage, de- 
vraient être chargées de la ges- 
tion de ces ressources et en bé- 
néficier directement tant en es- 
pèces qu’en nature. 

Cette position cache ply- 
Les 
doivent 
être informées des avantages fi- 


sieurs problèmes délicats. 


communautés rurales 


nanciers et autres découlant de 
la gestion de la faune sauvage. 
La question de la propriété des 
animaux sauvages pose aussi pro- 
blème. Non seulement la faune 
sauvage est encore technique- 
ment propriété d’Etat, mais elle 
est aussi une ressource mouvante 
et traditionnellement considérée 
comme collective. Ces facteurs 
créent une tendance à la surex- 
ploitation. 

Depuis quelque temps, la 
promotion de la faune sauvage 
en tant que forme d’utilisation 
des terres collectives s’articulait 
sur l’hypothèse qu’elle constitue 
la forme la plus appropriée d’uti- 
lisation des terres marginales en 
termes économiques et écologi- 
ques. Actuellement, le Fonds 


mondial pour la nature se 
penche sur cette question. 

Certains organismes d’aide 
extérieure et divers services gou- 
vernementaux continuent à privi- 
légier les systèmes traditionnels 
de culture et d'élevage sur les 
terres communales, cependant 
que les études d’utilisation des 
terres recommandent l'option 
faune sauvage dans certaines ré- 
gions. 

Cela appelle deux observa- 
tions. En premier lieu, ce qui 
n’est pas pleinement compris par 
ces agences et services, c’est que 
même les spécialistes les plus en- 
thousiastes prônant des pro- 
grammes pour la faune sauvage 
ne les considèrent que comme de 
simples adjonctions à l’agricul- 
ture et à l’élevage, qui sont et re- 


steront indispensables pour des 
raisons économiques et cultu- 
relles. La solution réside dans 
une planification rationnelle de 
l'utilisation des terres en concer- 
tation avec les communautés ru- 
rales. 

Le deuxiéme point crucial re- 
léve de la nature des agences im- 
pliquées. Le Département des 
parcs nationaux joue encore ua 
rôle central dans les projets rela- 
tifs à la faune sauvage sur les 
terres communales. Mais la par- 
ticipations d'ONG et d’orga- 
nismes de développement rural 
(par opposition à la conservation 
de la faune sauvage) animés du 
désir réel de faciliter une vérita- 
ble amélioration de la qualité de 
vie des ruraux a donné une im- 
pulsion nouvelle. 

L’un de ces organismes est le 
Centre pour les sciences sociales 
appliquées de lUniversité du 
Zimbabwe (CASS). En 1984, le 
Département des parcs natio- 
naux a demandé au CASS de 
fournir les moyens d’assurer la 
recherche, le suivi et ’évaluation 
des applications socio-économi- 
ques de l’approche "Campfire". 
C’est ainsi qu’une unité de re- 
cherche financée par la Fonda- 
tion Ford a été créée en 1985. 

Le CASS a déja identifié la 
faune sauvage qui servira de ca- 
talyseur potentiel du changement 
socio-économique. Dès la créa- 
tion de son unité de recherche 
spécialisée, il s’est concentré sur 
les questions portant sur la ges- 
tion des ressources naturelles et 


1a propriété collective. Une fois 
que le Département des parcs 
nationaux aura identifié les zones 
"Campfire" potentielles, le CASS 
pourra entreprendre une pre- 
mière enquête socio-économique 
et éventuellement prendre part 
aux discussions avec les conseils 
de districts et les communautés 
locales. 

Un autre organisme, le Zim- 
babwe Trust, a participé à la 
création d'institutions au niveau 
local. Le Trust estime que la 
faune sauvage est souvent ‘la 
seule ressource susceptible d’évi- 
ter 4 de nombreuses communau- 
tés rurales une dépendance per- 
manente à l’égard de l’aide ali- 
mentaire. Il a officiellement mis 
en place en 1988 un programme 
de développement communau- 
taire de la faune sauvage. Ce 
programme aide les communau- 
tés rurales 4 développer leurs ca- 
pacités institutionnelles pour gé- 
rer les ressources naturelles et 
peut aussi faciliter l’identification 
et Pévaluation des projets ainsi 
que la planification, le suivi et la 
recherche d’un financement ini- 
tial. 

Jusqu’a présent, lintégration 
des projets de faune sauvage au 
développement rural doit davan- 
tage aux doctrines de ces ONG 
qu’a la politique du gouverne- 
ment. Leur rôle a évolué pen- 
dant la mise en place de ce qui 
est considéré - pas tout à fait à 
juste titre - comme le projet ar- 
chéiype de style "Campfire" dans 


le district de Nyaminyami sur la 
rive sud du lac Kariba. 


Le projet Nyaminyami 


Cette région, Pune des plus 
pauvres du Zimbabwe, posséde 
le taux le plus élevé de malnutri- 
tion et de carences protéiniques 
malgré d’abondantes ressources 
naturelles en faune sauvage et en 
poisson. Aprés quatre années de 
débats, le conseil du district de 
Nyaminyami a été habilité en 
1989 a gérer la faune sauvage et a 
réalisé au cours de sa premiére 
année d’activité un excédent de 
260.000 dollars provenant princi- 
palement des safaris de chasse. 
De ce montant, 6.000 dollars ont 
été placés dans un fonds de ré- 
serve d’exploitation, 26.000 dol- 
lars ont été conservés par le 
conseil de district et 194.000 dol- 
lars ont été alloués aux commu- 
nautés participantes. 


Malheureusement, 
Nyaminyanii... 


Le projet s’est enlisé dans des 
difficultés 
Ayant acquis le droit de gérer la 


bureaucratiques. 


faune sauvage, le conseil de di- 
strict était peu disposé à concé- 
der la prise de décisions aux 
communautés. Il a décidé que 
les revenus devraient être distri- 
bués à égalité aux douze circon- 
scriptions de la région, ignorant 
ainsi le principe selon lequel le 


partage devrait favoriser les 


47 


communautés qui supportent les 
coûts sociaux des plus élevés. 

A moins d'éliminer les blo- 
cages de ce genre, Nyaminyami 
projets 
"Campfire" risquent de connaître 
de graves difficultés. 
terres 


et plusieurs autres 
Sur les 
communautaires de 
Dange, a plusieurs centaines de 
kilomètres à l’est de Nyaminya- 
mi, près du Zambèse, un projet 
similaire a réalisé un excédent de 
101.621 dollars à répartir entre 
les participants. Il y a eu des 
scènes de joie intense au village 
de Masoka quand des dividendes 
de 200 dollars ont été distribués 
à chaque ménage, une somme 
supérieure à ce que la majorité 
des résidents gagnent en une an- 
née. Mais d’autres zones qui 
avaient autant de droits sur les 
bénéfices n’ont toujours rien re- 
gu. Et les Shangaan de Mahe- 
nye, qui avaient été expulsés du 
parc national de Gonareshou, 
ont supporté ce fardeau pendant 
des années. 

Il ne fait guère de doute que 
les habitants de Simchembu, 
maintenant si hostiles à la faune 
sauvage, verraient les choses 
sous un angle différent si leur 
conseil de district leur avait dis- 
tribué les 100.000 dollars obtenus 
de la gestion de la faune sauvage 
plutôt que de construire une 
brasserie dans une région semi- 
urbaine densement peuplée, à 
100 kilomètres de là. 
soudre ces problèmes, il faut 


Pour ré- 


consulter davantage les commu- 


nautés locales. Le Zimbabwe 


Trust peut jouer un rôle à cet 
égard. 

L'intégration effective de la 
gestion de la faune sauvage dans 
les politiques agricoles du Zim- 
babwe résoudra peut-étre ces 
problèmes. A l’heure actuelle, il 
n’y a aucune proposition écrite 
allant dans le sens du discours du 
président Mugabe, à part une 
ébauche de plan quinquennal 
1991-1995 pour le secteur agri- 
cole. Le ministère des terres, de 
l'agriculture et de la réinstalla- 
tion rurale a suggéré la constitu- 
tion de plusieurs groupes de tra- 
vail dont l’un s’occupera spécifi- 
quement de la faune sauvage. 

Il est probable que ce groupe 
sera chargé de l’analyse des im- 
plications économiques et so- 
ciales de l'élevage et de la faune 
sauvage ainsi que de l’examen de 
l'actuelle législation sur la santé 
animale, et cela en vue de facili- 
ter la promotion du_ secteur 
"faune sauvage". Si l’on s’attaque 
effectivement 4 des quéstions 
telles que la propriété de la 
faune sauvage, les structures de 
commercialisation, [utilisation 
des terres et surtout, dans le cas 
des terres communales, au pro- 
bléme de la délégation des prises 
de décisions aux communautés, 
alors l’option faune sauvage pré- 
sentera des perspectives promet- 
teuses. 

Mais si le développement 
s’embourbe dans un niveau sup- 
plémentaire de décisions gouver- 
nementales, cette industrie en 
herbe risque de constater que ses 


perspectives étaignt meilleures 
avec un réseau plus souple 
d'ONG se battant et gagnant 
souvent sur le terrain, plutôt 
qu'avec une bureaucratie centra- 
lisée. 


* Dick Pitman est un spécia- 
liste de l’environnement à Harare 
(Zimbabwe). 


LLLLLLLLLLLLLLLELLLLLLEL 


Changement du 
Climat : incidences 
sur l’agriculture, les 
forêts et les pêches 





(Position de la FAO* présentée 
au Deuxième Conférence mon- 
diale sur le climat à Genève, du 
29 octobre au 7 novembre 1990) 


Introduction 


Après de nombreuses années 
de recherches, les scientifiques 
sont maintenant à peu près tous 
d'accord pour dire que le climat 
de la terre est en train de chan- 
ger - il s’agit essentiellement d’un 
réchauffement - en raison des ac- 
tivités de l’homme, bien que nous 
ne connaissions pas encore très 
bien les mécanismes de ce pro- 
cessus. L’augmentation des re- 
jets de gaz dans l’atmosphère 
(essentiellement bioxyde de car- 
bone, mais aussi méthane, oxyde 
nitreux, ozone et certains chloro- 


fluorocarbures) qui provoquent 
ce changement du climat est en 
partie imputable à la combustion 
de carburants fossiles et aux acti- 
vités industrielles des pays déve- 
loppés. Ces gaz proviennent 
dans une moindre mesure de I’a- 
griculture et de la combustion 
des forêts tropicales. 

Le réchauffement du globe 
devrait provoquer une élévation 
du niveau des mers et modifier 
les climats. On ne connaît pas 
encore le rythme exact, la nature 
et l’ampleur du changement de 
climat, mais il aura prob- 
ablement des avantages et des in- 
convénients pour lagriculture 
dès la première ou la deuxième 
décennie du XXIème siècle. 
Quelques pays n’en ressentiront 
pas les effets: il semble que beau- 
coup de pays a déficit vivrier 
soient particulièrement exposés, 
mais des pays à exédent vivrier 
peuvent aussi être touchés. 

C’est pourquoi le présent do- 
cument examine certains des 
changements de climat possibles, 
évalue leurs incidences sur l’agri- 
culture, les forêts et les pêches et 
expose les activités actuelles de 
la FAO et les mesures qu’elle 
pourrait prendre à l'appui de 
l’action nationale et internatio- 
nale dans ces domaines. 


Nature et ampleur du 
changement de climat 


Les "gaz de serre" sont d’im- 
portants régulateurs de la tempé- 
rature de la terre. Sans eux, la 





* Les vues exprimées dans le présent document n’engagent pas 


les divers Etats Membres de la FAO. 


48 





température moyenne en surface 
serait de l’ordre de -30°C et 
l'agriculture, telle qu’elle est pra- 
tiquée actuellement, serait im- 
possible. La température 
moyenne est aujourd'hui de 
+15°C. L'effet de serre, par le- 
quel le CO et d’autres gaz re- 
tiennent la chaleur qui, sans eux, 
s’échapperait de l’atmosphère 
terrestre, est un mécanisme nor- 
mal et scientifiquement bien éta- 
bli, indispensable à la vie telle 
que nous la connaissons. 

Une augmentation de COz et 
d’autres gaz à effet de serre pro- 
voquerait donc un réchauffement 
progressif de l’atmosphère et des 
modifications du climat terrestre. 
On a de bonnes raisons de pen- 
ser, sans en être encore toutefois 
certains, que c’est ce qui se passe 
en ce moment. 

Le CO? est de loin le gaz à ef- 
fet de serre le plus abondant et il 
est considéré comme le plus im- 
portant et celui sur lequel il est le 
plus facile d’agir. D’après les 
estimations actuelles, le rejet 
dans l'atmosphère d’environ 7 
milliards de tonnes de carbone 
sous forme de CO2 et d’autres 
gaz à effet de serre chaque année 
est imputable aux activités hu- 
maines. La plupart des émis- 
sions passées et actuelles pro- 
viennent de la combustion de 
carburants fossiles dans les pays 
développés et ces combustibles 
joueront nécessairement un rôle 
essentiel dans l'essor économi- 
que et industriel des pays en dé- 


veloppement. Toutefois, l’agri- 


culture et les forêts jouent un 
rôle non négligeable - quelque 14 
et 9 pour cent respectivement de 
l’ensemble des émissions respon- 
sables de l'effet de serre. 

Bien que lagriculture ne 
contribue pas beaucoup à l'effet 
de serre, elle suscite une vive 
préoccupation car le changement 
du climat pourrait limiter la pro- 
duction vivrière dans certaines 
régions. Les forêts jouent un 
rôle plus important dans le cli- 
mat du globe. En temps normal, 
elles sont une source importante 
de vapeur d’eau, qui joue un rôle 
essentiel dans les mécanismes 
climatiques et est un des princi- 
paux gaz à effet de serre, En si- 
tuation de climat modifié, elles 
sont un important écosystème de 
stockage du carbone et rejettent 
du COz et d’autres gaz dans l’at- 
mosphère lorsqu'elles sont bri- 
lées ou transformées d’une autre 
manière. En outre, les écosys- 
tèmes forestiers supportent assez 
mal des modifications "rapides" 
des températures moyennes et 
pourraient donc être gravement 
touchés. 

Au point de vue de l’histoire 
humaine, il est certain que l’agri- 
culture, plus que toute autre acti- 
vité humaine, est tributaire du 
climat et vulnérable à celui-ci. 
Dans le contexte d’un climat ter- 
restre qui évolue, lagriculture 
joue une rôle accru, en particu- 
lier pour assurer la sécurité ali- 
mentaire et une gestion judi- 
cieuse des ressources naturelles. 
Les sections suivantes du présent 


49 


document examinent en détai! : 

rôle que l’agriculture et les forêts 
jouent dans les émissions de gaz 
à effet de serre et certains des ef- 
fets que ce changement pourrait 
avoir pour l’agriculture, les forêts 
et les pêches. L’analyse est fon- 
dée sur les grandes hypothèses 
suivantes de changements clima- 
tiques, inspirées essentiellement 
des travaux du Groupe d’experts 
intergouvernemental: 

(i) La température moyenne 
du globe, par rapport à 1980, 
augmenterait d'environ 0,5 à 1°C 
d’ici Pan 2010, de quelque 0,5 à 
2°C d'ici Pan 2030 et de 4°C au 
maximum d’ici l’an 2050. 

(ii) Le réchauffement ne se- 
rait pas uniforme; dans lArcti- 
que, il serait deux fois plus in- 
tense et plus rapide que l’aug- 
mentation des valeurs moyennes 
mondiales et des valeurs des ré- 
gions tropicales. 

(iii) Le régime des pluies se 
modifierait: il y aurait peut-être 
un accroissement des pluies d’hi- 
ver aux latitudes les plus hautes, 
des pluies plus intenses dans les 
tropiques humides et des pluies 
d’été moins abondantes dans les 
latitudes moyennes. A cela s’a- 
jouterait une détérioration des 
équilibres  pédologiques/hydri- 
ques (c’est-à-dire la différence 
entre les précipitations et l’éva- 
potranspiration) dans les princi- 
pales zones céréalières tempé- 
rées des deux hémisphères. 

(iv) Les écarts par rapport 
aux moyennes à long terme ren- 


dront plus fréquentes et plus 


violentes les intempéries ex- 
trêmes et provoqueront prob- 
ablement des périodes de séche- 
resse et de précipitations plus 
longues et plus intenses. 

(v) Des changements incer- 
tains de la durée et de la densité 
de la couverture nuageuse avec 
des répercussions sur les équili- 
bres des rayonnements et la pho- 
tosynthèse. 

(vi) Une élévation du niveau 
des mers d’environ 30 à 50 cm 
d’ici l'an 2050, et jusqu’à un mè- 
tre d’ici l’an 2100. Ces chiffres 
tiennent compte des récentes ré- 
visions à la baisse des estimations 
du Groupe de travail I du 
Groupe d’experts intergouverne- 
mental. Quoi qu’il en soit, le ni- 
veau des mers s’est élevé d’une 
vingtaine de centimétres depuis 
le début du siècle, sans que l’on 
sache très bien pourquoi. Plu- 
rieurs pays, en particulier cer- 
tains pays en développement de 
basses terres ayant des îles et des 
deltas, seraient exposés à l’intru- 
sion d’eau salée dans les nappes 
phréatiques, à la désorganisation 
des installations d’aquaculture, à 
la marginalisation de certains 
systèmes de production agricole 
irriguée ou pluviale et à l’inonda- 
tion des marécages, dont beau- 
coup jouent un rôle important 
dans le cycle biologique des es- 
pèces aquatiques. 


Rôle de l’agriculture et 
des forêts dans les 
émissions de gaz à 
effet de serre 


C’est par des émissions de 
dioxyde de carbone, de méthane 
et d’oxyde nitreux que l’agricul- 
ture et les forêts contribuent le 
plus à l'effet de serre. En re- 
vanche, elles rejettent peu 
d’oxyde nitrique et de monoxyde 
de carbone. 

La contribution nette aux 
émissions de dioxyde de carbone 
provient essentiellement du dé- 
boisement permanent - attei- 
gnant peut-être 25 pour cent de 
laugmentation totale annuelle 
nette des émissions de dioxyde 
de carbone. De grandes quanti- 
tés proviennent de l’agriculture 
itinérante, mais lorsque des ja- 
chères arborées sont pratiquées, 
la contribution nette est faible. 
De même, des émissions encore 
plus importantes proviennent des 
brilis de pâturages non aména- 
gés et de terres arables en ja- 
chère, mais l'effet net est faible. 
Les résidus végétaux de ces 
terres se seraient décomposés de 
toute façon, et peu importe, pour 
le cycle du carbone, qu’ils soient 
brûlés immédiatement ou laissés 
se décomposer pendant une an- 
née. 

En ce qui concerne les autres 
gaz à effet de serre, on sait que 
les secteurs de lagriculture et 
des forêts sont à l’origine d’émis- 
sions importantes de méthane 
par la décomposition anaérobie 


50 


des matières organiques, par 
exemple dans le tube digestif du 
bétail (25 pour cent), dans les ri- 
zières (35 pour cent) et les déjec- 
tions animales (12 pour cent). 
Les sources d'émissions d’oxyde 
nitreux n’ont pas encore été bien 
identifiées, mais elles provien- 
nent en partie d’activités hu- 
maines telles que le défrichage, 
dont le déboisement tropical fait 
partie, de la combustion du bois 
et de l’utilisation d’engrais miné- 
raux azotés. L’agriculture joue 
un plus grand rôle dans les émis- 
sions de ces gaz que dans les 
émissions de CO2. En outre, 
elles vont probablement augmen- 
ter sous l'effet de la croissance 
démographique et de la de- 
mande croissante d’aliments qui 
découle de l’augmentation du re- 
venu par habitant, qui vont inévi- 
tablement provoquer une intensi- 
Mais même alors, la 
contribution de lagriculture à 
l'effet de serre ne sera que de 
quelque 14 pour cent en 2025. 
Dans l’état actuel des choses, il y 
a de nombreuses options de dé- 
agricole  justifia- 


fication. 


veloppement 
bles, ayant une utilité économi- 
que et sociale, qui pourraient ré- 
duire les émissions futures, du 
moins dans une certaine mesure. 
Il s’agit notamment d’une utilisa- 
tion accrue des pailles de riz 
dans l'alimentation et autres 
formes de supplémentation, et 
du traitement des déjections ani- 
males par des digesteurs à bio- 
gaz. (à suivre) 





me 


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