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Full text of "Notes sur les villes et tribus du Maroc en 1890"

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NOTES 



SUR LES 5 3 



VILLES ET TRIBUS DU MAROC 



BN 1 8dO 



PAR 



A. LE G H ATELIER 



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Haoïxs lUeluaès. — IDJebala. 



ANGERS 

IMPRIMERIE A. BURDIN ET Vj' 

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NOTES 



SUR LES 



VILLES ET TRIBUS DU MAROC 



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ANGKR6, IIP. ORIBNTALK A. BUHDIN KT C'*, KI'K G^HNIER: 4. 






NOTES 



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SUR LES 



VILLES ET TRIBUS DU MAROC 



EN 1 890 



PAR 



A. LE CHATELIER 



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s. — i_iLiej3aja. 



ANGERS 

IMPRIMERIE A. BURDIN ET C" 

K, RUE GARNIER, 4 

1902 



6 4 



33 



AVANT-PROPOS 



Au cours d'un voyage au Maroc, en 1889-90, j'avais 
entrepris de réunir quelques renseignements sur son peu- 
plement. Un premier fragment en a été publié dans le 
Bulletin de l'École supérieure des lettres d'Alger, Les tribus 
du Sud-Ouest marocain. Beaucoup d'autres notes m'avaient 
paru incomplètes et insuffisantes. Je me décide à en faire 
paraître quelques-unes, dans la pensée que les matériaux 
d'études, si frustes qu'ils soient, peuvent être utilisés à un 
moment donné. Le cas s'est présenté déjà pour une partie 
des renseignements qui suivent. Ils ont été largement mis à 
contribution dans le premier volume des Documents sur le 
Nord-Ouest africain ( 1 ) . 

Le fascicule qui suit est la reproduction textuelle de mon 
travail original, tel que je l'avais rédigé à Fès. Je lui con- 
serve intentionnellement sa forme de premier jet, celle du 
manuscrit que j avcds envoyé de Fès à Paris. 

Il en résultera nécessairement bien des inexactitudes 
d'actualité, et je prie le lecteur de ne pas perdre de vue que 
les notes qui lui sont soumises remontent à 1890. 

(t) On s*ea rendra compte en vérifiant les renvois, notamment pour le cha- 
pitre des Djebala. 

2 



/' 



6 AVANT-PROPOS 

Dans mon enquête sur les populations marocaines, j'ai 
eu constamment sous les yeux Tadmirable ouvrage de 
de Foucauld, qui est et restera la base fondamentale des 
études sur le Maroc moderne. A Tanger, Tétouan, Ksar el- 
Kébir, Rabat, Casablanca, Mogador, Marokesch, partout où 
j'ai pu interroger à loisir les nombreux indigènes dont les 
« interwiews » m'ont fourni les renseignements qui com- 
posent presque toutes ces notes, j'avais sur ma table la 
Reconnaissance au Maroc. Le cadre de mes recherches ne 
m'a pas permis d'y puiser autant que je Teusse désiré. Mais 
je m'en suis servi comme point de départ et contrôle, toutes 
les fois que je l'ai pu. Ma petite bibliothèque de voyage 
comprenait en outre le bon livre du Commandant Erckman, 
Le Maroc moderne ; l'ouvrage un peu vieux mais substantiel 
de L. Godart, Le Maroc , et quelques autres volumes, no- 
tamment Marabouts et Khouan de Rinn. Ces travaux 
antérieurs m'ont servi pour les villes, pour les données 
historiques, et le dernier pour les confréries musulmanes. 
Mais presque tout ce qui concerne les tribus, leur fraction- 
nement, leurs effectifs, leur organisation politique et so* 
ciale, la répartition des influences religieuses et politiques, 
provient de a renseignements indigènes » . La valeur n'en 
est ainsi que relative et c'est pour ce motif que j*avais 
considéré primitivement mes notes comme un simple 
canevas provisoire. 

Un second fascicule du même cararactère que le premier 
et concernant les tribus du Sud, paraîtra prochainement. 

On remarquera que dans ces deux résumés, j'ai attribué 
une importance générale au rôle des congrégations musul- 
manes, sous rinfluence des idées alors dominantes en Algé- 



AVANT-PROPOS 7 

rie. Mais ce sont précisément mes observations sur le rôle 
des congrégations musulmanes au Maroc, qui m'ont par la 
suite montré qu'on commettrait une lourde erreur en exagé- 
rant l'action de ces associations religieuses. Elle n'a qu'ex- 
ceptionnellement un caractère général. Le rôle des tra- 
ditions chérifiennes dépasse de cent coudées au Maroc 
celui des traditions soufiques. Je n'ai rien à ajouter, à cet 
égard, à ce que j^ai déjà précisé dans la préface de \ Islam 
dans r Afrique occidentale. 



■K^''-^^ 



I 

SAHEL 

(TANGER) 



Le Sahel de Tanger ne comprend à proprement parler 
que la zone côtière, aux abords de la ville. Par extension, ce 
terme s'applique à la région littorale, jusqu'à Arzîla, au 
nord des plaines du Gharb. Le Sahel englobe ainsi les bas- 
sins inférieurs de l'Oued bou Ghaddou, Oued el-Akouas, 
etc., à Texclusion de la zone montueuse, occupée par les 
Djebala, et d'où sortent ces cours d'eau. 



i 

TRIBUS VILLES 1 


■ 

i Tanflrer ,...-.--- 


FUSILS 


CHEVAUX 


2.5oo 


200 

200 
200 
100 

100 


El Fasia, . . 




i.Soo 


• 

Amar . . . 




i.85o 


El Gharbia. . . 




600 

5oo 

2.000 


Mezoura 




Sahal .... 






TANGER 





Territoire. — Port de mer, à l'entrée d'une baie semi- 
circulaire peu profonde, mais abritée des vents de l'Ouest 



10 NOTES SUK LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

et de l'Est et offrant un bon mouillage, à quelque distance 
de terre. Situation importante à l'entrée du détroit de Gi- 
braltar et en face de la côte d'Espagne. Principal port de 
communication avec TEurope. 

Origines. — Capitale de la Maurétanie Tingitane sous 
la domination romaine, Tanger, après avoir été occupée 
pendant plusieurs siècles par les Musulmans, tomba au pou- 
voir des Portugais en 1471. Elle fut ensuite prise par les 
Espagnols, puis parles Anglais qui s'y maintinrent jusqu'en 
1684, époque où les Marocains s'y réinstallèrent. 

La population indigène se compose surtout d'Andalouces 
et d'anciens émigrés du Rif , non compris les éléments hété- 
rogènes, très nombreux. 

Etat social. — Ville demi européenne, résidence du 
Corps diplomatique. C'est la seule ville du Maroc où les Eu- 
ropéens soient librement propriétaires. Outre un grand 
nombre de maisons dans la ville, ils ont d'importantes pro- 
priétés dans les environs. La colonie espagnole surtout est 
très nombreuse. Elle comprend environ 3.000 membres, 
hommes surtout, pour la plupart sans moyens d'existence 
définis, et qui passent parmi les indigènes pour une sorte de 
colonie militaire. Les Européens, juifs et musulmans sont 
mélangés dans tous les quartiers. 

Situation politique. — Résidence du Corps diploma- 
tique, Tanger est aussi celle d'un représentant du Sultan au- 
près des légations. Le gouvernement marocain a voulu en 
faire une sorte de place de guerre. La ville est entourée 
d'une enceinte continue sur la campagne et la mer, avec 
Kasbah la dominant. Du côté de la mer, deux batteries, 
l'une de pièces à âme lisse, Tautre de trois pièces Arms- 
trong de 20 tonnes, la défendent. La Kasbah est de même 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 11 

armée partie de pièces à âme lisse, partie de canons euro- 
péens de modèles récents. Mais la plupart de ces pièces sont 
avariées ou même hors de service. La valeur défensive de la 
place est très faible. Une escadre cuirassée, en rade, n'au- 
rait rien à craindre. Garnison permanente d'environ 50 
mokhazni. 200 askar. 100 artilleurs. 
Population : 

16.000 Musulmans, 
4.000 Européens. 

Situation administrative. — Tanger est gouvernée 
par un Pacha qui avait autrefois sous ses ordres tous les 
Djebala et le Rif. Son autorité s'étend encore sur dix tri- 
bus, jusqu'à Tétouan et El-Araïch : 

El-Fasia, Andjera, Bdaoua, 

El-Gharbia, Béni Ouedress, Béni Ider. 

Amar. Béni Mesouer, 

Mezoura, Djebel Habib, 

Influences politiques , etc. — A citer la famille du Pa- 
cha actuel, les OuladAbdessadoq, qui descendent du premier 
gouverneur de la ville, après l'occupation anglaise, Ahmed 
Pacha Rifi. Les Abdessadoq paraissent, indépendamment 
des charges qu'ils détiennent, avoir un certain ascendant 
héréditaire sur l'élément Rifain. 

Influences religieuses. — La plus importante est 
celle du Chérif d'Ouezzan, El-Hadj Abdesselem ben el-Hadj 
el-Arbi, qui habite à Tanger la plus grande partie de l'année. 
Dans les basses classes de la population, surtout chez les 
semi urbains, les travailleurs de la campagne, son ascen- 
dant pourrait s'exercer avec une grande autorité. Aucune 
influence religieuse n'est comparable à la sienne. 



.,, ■••-^. 



12 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Après Dar Ouezzan, le premier rang appartient aux Ais- 
saoua. 
Très nombreuses zaouiya : 
Zaouiya Sidi Hassein Oulad Mouley Idriss, à Aine el-Assel ; 

— des Aissaoua, dite : M ouleit en-Nachla, à Bab Souk 

el-Dakhel ; 

— des Derkaoua, à Dar el-Baroud. Relève de celle 

de Sidi Ahmed el-Hadjiba, des Andjera; 

— des Naceriyn, à Skaia ; 

— Touhamiya d'Ouezzan, à Ahl Tekkil ; 

— Dar Ouezzan (Béni Ider) ; 

— Mouley bou Chetta, Sid sans confrérie ; 

— Sidi Mohammed ben el-Hadj, patron de la ville, 

qui a pour chef un descendant de Mouley bou 
Chetta, Sid el-Hadj Hachem; 

— Sidi Gacem ben el-Hadj, frère du précédent. 



EL-FASIA 

Territoire. — Sahel de Tanger, autour de la ville, 
depuis la baie de l'Est, jusqu'à TAltantique. 

Origines ; état social. — Tribu formée d'émigrés du 
Bif, des diverses fractions Sanhadja, qui suivirent Mouley 
Idriss el-Kebir comme Makhzen. Ils furent établis, au même 
titre, dans le Sahel de Tanger par Ahmed Pacha Bifi, lorsque 
la ville eut été reconquise sur les Anglais et placée sous 
son autorité. A ce premier noyau, se sont joints depuis de 
nouveaux émigrés de même provenance. 

Les Fasia sont Djebala par la langue, la coutume et 
l'habitat. 

Situation politique et administrative . — Tribu 




NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 



13 



dévouée au gouvernement régulier. Outre un contingent 
d'askar, elle fournit la plus grande partie des mokhazni de 
Tanger, sans être tribu Mokhazniya. *^ 

El-Fasîa relève directement du Pacha de Tanger, repré- 
senté à la tête de chaque Dchar par des Moqaddem. 

Fractionnement. — Deux subdivisions administra- 
tives : Fas Dachlani et Fas Berrani. 
Pas de fractionnement constitutif. 
Sans fractionnement par Dchour (1). 

Influences politiques et religieuses. — ^ Oulad 
Abdessadoq^ famille du Pacha actuel, issue de Ahmed Pa- 
cha Rifi, très influente. 

Quelques autres familles dont les chefs ont occupé des 
fonctions administratives, ont aussi quelqu'influence. 

Oulad el-Kheched, Oulad Sid el-Arbi, Oulad Saidi, Oulad 
Mohammed, Oulad Caid Kaddour el-Hammadi, Oulad Abd 
«1-Khaleq. 

Pçis d'influence religieuse générale, ou s 'étendant au do- 
maine politique. 

Très nombreux Aissaoua. 

Zaouiya de Hamadcha, relevant de celle du Djebel Zer- 
houn à Oued Doukar. Quelques Azib de Dar Ouezzan. Rhe- 
dem de toutes les zaouiya de Tanger. 



1. 



Béni Makada, 


Mghoura, 


Djebila, 


Béni Dîban, 


Misnâna, 


Bou Amar, 


Béni Oughiagel, 


Ez-Ziéten) 


Chouikreuch, 


B'hareïn, 


Amniar, 


Hadjcriin, 


Ech-Cherf, 


Mghaïrar, 


Dchar Riûn. 


Tandja el-Balia, 


Mediouna, 






s 



14 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 



AMAR 

Territoire. — A la limite du Sahel de Tanger, entre 
les Andjera, Fasia et Bdaoua. 



Origines ; état social. — Tribu arabe se rattachant 
au groupe des Séfian, Béni Malek, etc., et comme eux pri- 
mitivement djich des Idrissiin. Les Amar habitent en 
dchour, tous petits, avec quelques tentes formant douar. 



Situation politique et administrative • — Tribu 
très en main, relevant du commandant de Tanger. Naiba, 
elle fournit seulement le djich de harka. 

Fractionnement. — Les Amar se divisent en deux 
fractions : Amar Touirsa et Amar Fasia. 

Les Amar Touirsa, sans être nomades, comptent quelques 
douar mélangés avec les Khlout et Bdaoua. 

Trois fractions : Oulad Moussa, Oulad Aissa, Oulad 
Hammou. 1.500 fusils. 

Les Amar Fasia situés au nord des précédents, forment 
le djich régulier de Tanger. Ils ne comptent que quatre 
dchour : El-Mediar, Segdela, Hadjert en-Nahal, Aine 
Dahlia. 350 fusils. 

Influences politiques et religieuses . — Les Amar 
Touirsa sont surtout Aissaoua ou Hamadcha, sans prédo- 
minance politique de ces influences religieuses. 

Les Amar Fasia, au contraire, sont presque tous inféodés 
au chérif d'Ouezzan, dont le dchar de Segdala forme un 
azib. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 15 



EL-GHARBIA 

Territoire. — Sur le littoral Atlantique, au sud de 
El-Fasia, entre Aine Dahlia, Akbat el-Hamra, et Ghorf el- 
Akeb . Confine au territoire d' Azîla et au Sahel. 

Origines; état social. — Tribu arabe, établie sur 
son territoire par la dynastie actuelle. Quelques dchour- 
Douar fixes, avec maisons entourées de tentes et enclos 
d'épines. Quelques tentes se déplacent avec les troupeaux 
et vont jusqu'au Djebel Habib, chez les Bdaoua, les Khlout. 



politique et administrative. — Tribu 
dévouée à la dynastie régnante. Sans être tribu Makhzen 
au sens absolu du mot, elle fournit outre un contingent 
d'askar, un contingent de djich et les cavaliers nécessaires 
pour le service du commandement de Tanger dont elle re- 
lève directement. 

Fractionnement. — Trois fractions avec Cheikh : 
Oulad Khallouf ; 
Oulad Sbeita ; 
Oulad Aiécha. 

Douar : 

Oulad Antar, Oulad Feres, 

Oulad ben Reian, Oulad Aroun, 

Bou Roussaïn, Ël*Hahouina, 

Oulad bou Draa, Oulad Sidi Ahmed el-Mouddoun^ 

Ben Zouina, Oulad Gaid Gacem, 

Aamar, Oulad Rahan, 

Oulad Riaina, Khékfa, 

El-Haiéchi, Aine el-Henna. 



16 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU M\ROG EN 1890 

Influences politiques et religieuses. — Deux 
familles influentes : 
Oulad ben Reian, 
Cheikh Thami el-Zouina. 

Pas d'influences religieuses s'étendant au domaine poli- 
tique. 

Beaucoup d'Aissaoua, Rhedem de la Zaouiya de Tanger. 

Nombreux Rhedem de Dar Ouezzan, qui y possède 
quelques Azib . 

Les autres confréries n'ont qu'un rang très secondaire. 



MEZOURA 

Territoire. — Sahel de Tanger, entre les Fasia et les 
Sahal . 

Origines ; état social. — Fraction des tribus arabes 
du Gharb fortement mélangée d'éléments Djebala. 

Situation politique et administrative. — Tribu 
très en main relevant de Tanger et à la dévotion du Pacha 
de la ville. 

Fractionnement. — Une seule fraction. 
Deux dchour : 

El-Outed, 

El-Adoua. 

Influences politiques et religieuses. — Influence 
dominante de Ouezzan . 



NOTES SUR LES VILLE S ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 17 



SAHAL 

Territoire, —Tribu voisine des Khloût àVEst, et située 
le long du littoral entre Azila et El-Araïch. 

Origines; état social. — Tribu semi arabe, se rat- 
tachant au groupe des Djebala par Thabitat. 

Situation politique et administrative. —Tribu 
relevant d*El-Araïch. Très en main. 

Fractionnement. — Les Sahal forment quatre frac- 
tions divisées en dchour, dont les principaux sont : 
Tendafelt, Âlia, 

Rekkada, Djedid, 

El-Khamès, Aine Guettâa. 

Er-Roha, Dchar Salem. 

Influences politiques et religieuses. — Nombreux 
Aissaoua et Hamadcha. 

Rhedem de Dar Ouezzan en minorité. 
Quelques Kadriya. 



2 



II 



GHARB 



Cette désignation s'applique à toute la région située au 
nord du parallèle de Fès, à l'ouest de la zone montueuse qui 
s'étend de Tétouan à Ouezzan. Elle vise plus particulière- 
ment le territoire des tribus arabes qui sont fixées dans les 
parages d'El-Araïch, Ksar el-Kebir et Ouezzan, au nord de 
rOued Ouerra, ou dans son bassin inférieur. Celles-ci seu- 
lement sont groupées sous ce titre collectif. Celles qui se 
trouvent au sud de Ksar el-Kebir, forment un commande- 
ment distinct, dit du Gharb, mais relèvent de trois grands 
Caïdats : un d'El-Araich et deux du Gharb. 



C/3 






Arzila . . 
El-Araïch . 
Ksar el-Kebir 
Ouezzan . 



Bdaoua . . 
Khloût . . 
Tlig . . . 
Séfian . . 
Béni Malek. 
Oulad Zéian 



FUSILS 



1.800 

i.ooo 

i.ooO 

800 



i.ooo 
2.5oo 
400 
i.5oo 
2.000 
2.5oo 



CHEVAUX 



200 
3oo 
5o 
25o 
600 
i5o 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 



19 



H 



Bhara . 
Mnassera 
Ghléat . 



Amamra . . . 

El-Ferakcha . . 

£l-Chkakfa. . . 

OuladKhelifa. . 

.El-Barakta . . . 

El Neghamcha . 

Doukkala . . . 
Sidi Omar el-Hadi 



Hidjaoua . 
Oulad Aissa 
Aouf . . . 



FUSILS 

700 

1.400 

3oo 



2.5oo 
i.ooo 

800 
2.000 

400 

35o 
i.ooo 

600 



i.4oo 
i.5oo 
i.5oo 



CHEVAUX 



5o 
100 



i5o 
200 
100 
200 



i5o 

100 

5o 



AZILA 

Petite ville au sud de Fembouchure de l'Oued el-Akouas, 
sur le bord de la mer. Port mauvais, sans relations avec 
Tanger, sauf par cabotage. 

La population est surtout composée des gens du Sahel, 
notamment des Sahal, dont elle dépend politiquement. 

Zaouiya d'Aissaoua et de Taibiya sans influence. 



EL-ARAICH 



Territoire. — Porta l'embouchure de TOued el-Goûts. 



Origines. — Après avoir été une simple bourgade ma- 



20 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN i890 

rocaine, El-Araïch devint sous les dominations portugaise 
et espagnole, le port le plus actif de la côte et un centre très 
important. Elle est aujourd'hui déchue de son ancien rang. 
Son port, obstrué par une barre, n'est praticable qu'aux 
bâtiments de moins de 200 tonneaux. 



État social. — Centre demi européen. L'élément chré- 
tien y est représenté par les agents de quelques maisons de 
commerce, et vit mélangé dans la ville à l'élément musul- 
man. En tout 4.000 habitants. 

Situation politique et administrative. — El- 
Araïch est le siège d'un des trois grands commandements du 
Gharb . Du Sahel de Tanger, le territoire qui relève du Pa- 
cha de la ville s'étend jusqu'au sud de Ouezzan, et vers l'Est 
jusqu'au massif du Djebel Alem. 

Les tribus qui relèvent d'El-Araïch sont d'ailleurs mélan- 
gées avec celles du Gharb proprement dit. 

Outre une mia (compagnie) d'askar de la ville, la force 
armée est représentée par un détachement de 500 fusils des 
Meknessa (Oudaïa de Meknès), qui, à titre de Makhzen, 
viennent camper près du Ksar et sont périodiquement rele- 
vés. 

Influences politiques et religieuses. — La frac- 
tion des Oulad bon Ilaoui, des Khloût, forme la principale 
famille. Le reste de la population est composé d'éléments 
divers. 
Zaouiya : 

Touhamiya (Dar Ouezzan), Aissaoua. 

Kadriya, Hamadcha. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 21 

KSAR EL-KEBIR 

Territoire. — Près de l'Oued El-Goûts, au nord-ouest 
du Djebel Sarsar. 

Origines ; état social. — Ancien centre portugais 
qui, SOUS la domination chrétienne, avait une importance 
aujourd'hui déchue. Commerce local assez actif cependant 
avec les tribus voisines. Nombreux jardins. La population 
est mélangée de Khloût, Sahal, etc., avec quelques mar- 
chands de Fès. 



politique et administrative. — Ksar 
el-Kebir relève d'un Caïd local et forme un commandement 
indépendant. Pas de rôle politique. Cependant en ces der- 
niers temps, l'agent consulaire de France, en étendant 
beaucoup le nombre de ses protégés, en avait fait le foyer 
d'un mouvement administrativement hostile au Makhzen . 

Influences politiques et religieuses. — Les in- 
fluences religieuses dominantes sont celles de Dar Ouezzan 
et des Chorfa Kadriya de Salé. En outre, Zaouiya d'Aissaoua, 
Hamadcha et Derkaoua. 



OUEZZAN 

Territoire. — A mi hauteur des collines qui forment le 
prolongement du Djebel Masmouda et continuent la chaîne 
du Sersar vers l'Oued Rdat. La ville est entourée par les 
Masmouda au Nord, les Hidjaoua et les Béni Mesteraau Sud 
et à l'Est. 

Origines ; état social. — Ouezzan fondée par Mouley 
Abdallah Chérif, chef de la famille des Chorfa d'Ouezzan, 



22 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

était primitivement un simple dchar des Béni Mestera. C'est 
malgré eux que Mouley Abdallah en fit sa Zaouiya, et de- 
puis, cette tribu est toujours restée hostile à sa descen- 
dance. 

« 

Situation politique et administrative (1). — 

Ouezzan constitue une exception politique au Maroc. Rési- 
dence des Chorfa d'Ouezzan elle avait toujours été considé- 
rée comme un fief indépendant des Sultans, jusqu'au règne 
actuel. Meharrin, exemptés de toute redevance, de toute 
obédience, les Chorfa n'avaient avec la famille régnante que 
des relations de quasi égalité dans le domaine religieux. 
Politiquement, ils représentent d'ailleurs la lignée la plus 
illustre. A leurs privilèges naturels, s'en est ajouté un autre. 
Sous Mouley Taieb, Ouezzan tout entière est devenue lieu 
d'asile, au même titre que la mosquée de Sidi Idriss à Fès, 
d*oii le nom de Dar el-Damanna (maison de l'asile) donné à 
la maison d'Ouezzan (Dar Ouezzan) sous lequel est en géné- 
ral désignée la famille. 

Mouley Hassen, lorsque le chef actuel de Dar Ouezzan, 
Sid el-Hadj el-Arbi, est entré en relations avec nous, a voulu 
établir son autorité sur la ville. Il y a mis un Caïd, el-Hadj 
Abd el-Djebar, chef d*une branche cadette de la maison, 
hostile au Chérif. Le Ministre de France a alors exigé sa 
révocation. Au mois de janvier 1890, le même invidu a été 
replacé dans sa charge. 

Vis-à-vis du Sultan, Ouezzan jouissait ainsi d'une entière 
indépendance ; il n'en était pas de même vis-à-vis des tri- 
bus voisines, des Béni Mestera siu'tout. Quoique Rhedem de 
la Zaouîya, ceux-ci ont souvent pillé la ville. En 1885 notam- 
ment, ils l'ont pendant plusieurs mois coupée de toute com- 
munication avec l'extérieur, venant piller jusqu'aux tom- 

1 . V. Documents sur le Nord-Ouest africain^ I, p. 373-74. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 23 

beaux des Chorfa, et enlevant des jeunes filles, des petits 
garçons pour les vendre dans l'intérieur. 11 a fallu deux ex- 
péditions pour les réduire. Encore leur soumission n'a-t-elle 
été que momentanée. Ils sont actuellement (janvier 1890) 
de nouveau en insurrection. 

Fractionneinent. — Ouezzan ne forme qu'une seule 
ville. Mais dans sa banlieue, à 1.500 mètres, se trouve un 
village, Gcheriin, qui en dépend ainsi que trois ou quatre 
dchour avoisinants. L'ensemble du fief de Dar Ouezzan, du 
territoire patrimonial des Chorfa, s*étend ainsi sur trois ki- 
lomètres de rayon environ, autour de la ville. La population 
est formée en majorité des Chorfa et de leur clientèle, avec 
un appoint d'étrangers venus en asile. Il s'y trouvait ces 
dernières années, un certain nombre de renégats, attirés 
par le Chérif et qui lui servaient de garde personnelle. Pres- 
que tous ont quitté la ville. 

Influences politiques et religieuses. — Ouezzan 
est le siège de la Zaouiya des Chorfa de ce nom, Zaouiya 
qui est en même temps celle de la confrérie de Mouley 
Taieb, ou Mouley Thami, dont la direction appartient au chef 
de la famille.. 

L'influence de Dar Ouezzan est la plus grande du Maroc 
au point de vue religieux. Au point de vue politique, elle 
prend rang après celle du Sultan. 

Elle est prédominante chez les Djebala du Nord, dans le 
Rif, très étendue dans le Touatj dans l'Atlas, dans les mon- 
tagnes du Sous, fort importante partout, sauf chez les tribus 
purement arabes. 

C'est la seule qui puisse, à un moment donnée provoquer 
au Maroc un mouvement politique général contre la dynastie 
actuelle. Dar Ouezzan représente en effet la lignée des Idris- 
siin, de la souveraineté la plus populaire, en opposition à 



24 . NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

celles des Alaouim^des Sultans actuels. Le chef de la famille, 
Lid Abdesselem ben el-Hadj el-Arbi, protégé français, a mis 
tout son ascendant au service de notre cause. 11 est sinon 
mourant, du moins assez gravement atteint pour que ses 
jours doivent paraître comptés. Son successeur, qui est son 
fils aîné, Sid el-Hadj el-Arbi, s'est jusqu'ici cantonné dans le 
domaine religieux. Il nous est hostile et entretient des 
bonnes relations avec le Sultan . 



BDAOUA 

Territoire. — A l'ouest du Djebel Alem , au nord-ouest 
de rOued el-Goûts et de Ksar el-Kebir, du Djebel Habib à 
Arzila, en longeant le Sahel; voisin à l'Est des Benî Arouss 
et Béni Gourfot ; commun au Sud avec celui des Khloût. 

Origines; état social. — Tribu arabe, originaire du 
Hedjaz et considérée comme d'extraction noble. 

Les Bdaoua campent sous la tente et ont quelques mai- 
sons au milieu des douar. Ils sont en partie nomades, mais 
se déplacent peu. 



et administrative. — En raison 
de leur origine et comme ayant rendu des services signalés 
aux Sultans, les Bdaoua sont traditionnellement Meharrin, 
affranchis de toutes redevances. Ils étaient seulement as- 
treints en principe, avenir aux trois Aïd faire le Lab el-Kheil, 
la fantasia, devant le Sultan. Aujourd'hui ils sont soumis à 
l'impôt, mais naiba, ne fournissent ni askar ni djich. 

La tribu s'est fort appauvrie numériquement par suite de 
la tradition qu'ont conservée les Bdaoua, de ne se marier 
qu'entre eux. 



NOTES SUK LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 25 

Les Bdaoua relèvent de Tanger et ont quatre Cheikh à 
taba (le Cheikh investi). 

Tribus tranquille et bien en main. 

Fractionnement. — Fractions : 

El-Hamamat, Oulad el-Hadj Amar, 

Haouz Larbaa, Oulad Bel Embareck, 

Délia Zera, Dererga. 

Oulad el-Hadj Ali ben Hamied. 

Influences politiques et religieuses. — Les 

Bdaoua sont presque tous Rhedem de Bou Abid Cherki. 

Quelques Chorfa Béni Arouss, et Azib de ceux-ci dans la 
tribu. 

Pas d'influences politiques. 



KHLOUT 

Territoire. — Territoire commun avec les Tlîg, Séfian 
et Béni Malek qui comptent avec les Khloût, et vers le Nord 
avec les Bdaoua, vers TEstavec les Ehl-Serif etBeniGourfot. 
Il s'étend dans la vallée de TOued Mgarouel au Nord, de 
rOued Ouarrour au centre, du massif du Djebel Alem à 
TAtlantique, entre El-Araïch et Arzila. Il descend au Sud 
jusqu'à Ksar el-Kebir. 



Origine ; état social. — Les Khloût sont en partie 
Djebala, en partie Arabes d'extraction, mais complètement 
arabisés comme état social. L'élément Djebala est originaire 
des Ghomara et l'élément arabe Hilalien. Autrefois tribu 
Makhzen^des Béni Merin^ils ont encore une fraction dans le 
Haouz de Meknès qu'ils occupaient primitivement. 

Ils campent tous sous la tente quoique ayant quelques 



26 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

maisons pour l'emmagasinage des grains au milieu des 
douars. Ceux-ci sont entourés de haies d'épines et rarement 
déplacés. Tribu semi sédentaire. 

Situation politique et administrative. — Les 

Khloût formaient anciennement une unité administrative 
avec les Tlîg, Séfian et Béni Malek, chacune de ces tribus 
payant un quart de Timpôt total. Actuellement, les Tlîg 
comptent avec eux. Ils sont complètement soumis et tran- 
quilles, mais Naiba, ils ne fournissent pas d*askar, et coo- 
pèrent seulement aux harka. 

Les Khloût et Tlîg relèvent d'El-Araïch. 

Fractionnement. — Deux grandes fractions : 
Oulad Hamed, 
Oulad Zahra. 

Subdivisées en : 

El-Bdour, Oulad Amran, 

Oulad Zitoun, Dreissa, 

Souahla, Outleg. 

Ougdjem, 

Influences politiques et religieuses. — Pas d'in- 
fluences politiques . 

Rhedem Dar Ouezzan (Sid el-Hadj Abdesselem) dont l'in- 
fluence peut s'exercer dans le domaine politique. 

Rhedem Sidi Abdesselem Béni Mechich. 

Nombreux Derkaoua relevant de la Zaouiya de Tezrada 
(Béni Zéroual) et inféodés à son chef, Sidi el-Arbi ben Zé- 
roual,qui est lui-même Mokaddem de la Zaouiya El-Harraq, 
de Fez, 

Ouali local : Sidi Embareck ben Omran, Sîd, sans Zaouiya. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 27 



TLIG 



Territoire. — Au milieu des Khloûl. 

Origines ; état social. — Fraction des Haméyan de 
Fez, envoyée chez les Khloùt, par Mouley Sliman, pour 
mettre fin à leur brigandage. 

Comptent administrativement avec les Khloût et n'en dif- 
fèrent plus guère. 

Fractionnement. — Fractions : 

Oulad Sidi Ali bon Ghouis (Chorfa Idrissiin), 
Oulad Ahmed el-Harti, 
Oulad Sidi Ali bou Djemaa. 



Influences politiques et religieuses. — Les Oulad 
Sidi bou Ghouis, dont les autres Tlîg sont serviteurs religieux, 
ont à ce titre quelque influence. 



SÉFIAN 

— Territoire commun avec les Khloût et 
Béni Malek. 



Origines; état social. — Tribu arabe, de race pure, 
primitivement installée dans le Saïs de Fès et de Meknès, 
avec les Haméyan. Servait de Makhzen aux sultans Méri- 
nides. Envoyée dans son territoire actuel par les Alaouiin 
(dynastie régnante). 

Les Séfian habitent exclusivement la tente avec quelques 
maisons pour l'emmagasinage des grains, autour desquelles 
sont établis les douar. Ils sont partiellement nomades. 






28 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 



politique et administrative. — Tribu 
soumise, qui fournit comme les Khloût des contingents de 
harka, mais pas d'askar. Elle rçlève du Gharb, Gaîdat de Er- 
Remouch. 

Fractionnement. — Outre les Séfiau proprement dits, 
comptent avec eux les : 
Oulad Rebeia, 

Oulad Mousebaa, Chorfa Idrissiin, de la famille de 
Lallah MimounaTaguenaout. 

Influences politiques et religieuses. — Outre les 
Cborfa Oulad Mousebaa, les Séfian sont Rhedem de Mouley 
Ali bou Ghâlem, Chérif Idrissi, et Sîd sans Zaoïiiya. 

Un certain nombre d'Hamadcha. 



RENI MALEK 

Territoire. — Commun avec les Khloût et Séfian. 

Origines; état social. — Même origine, même état 
social que les Séfian. 



Situation politique et administrative Comme 

les Séfian , mais relèvent du second Caïd du Gharb, El- Abbassi . 

Fractionnement. — Fractions : 
Drerna, 

Chahrana, fraction autrefois très importante, à la- 
quelle appartenait l'Imam Chahrani. 



Influences politique et religieuses. — Les Reni 
Malek sont surtout Aissaoua. 
Pas d'influence politiques. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 29 



OULÂD ZÉIAN 

Territoire. — Sur le littoral, au sud d^El-Araïch. 

Origines ; état social. — Tribu arabe du même 
groupe que les Oulad Zéiaû de Tlemcen et ceux des Chaouïa. 
Vivant sous la tente, en douar, établis souvent autour de 
maisons destinées à l'emmagasinage des grains. Une partie 
des tentes se déplacent au printemps avec les troupeaux. 

Situation politique et administrative — Tribu 
soumise qui fournit des nezala, douar de garde, sur la route 
d*El-Araïch à Rabat. Outre l'impôt, et les redevances du 
même genre, elle donne des contingents de hegi'ka. Pas d'as- 
kar. Une partie de la tribu relève du commandement d'El- 
Araïcb, l'autre du Gharb (el-Abbassi). 

Fractionnement^ — Deux grandes fractions : 
Oulad Zérouan, 
Oulad Sbéah. 

Influences politiqpies et religieuses . — Quelques 
Rhedem de Dar Ouezzan. Quelques Kadriya relevant de la 
Zaouiya de Mouley el-Mekki, de Salé. 

Mais les Oulad Zéian sont surtout Rhedem de Mouley bou 
Sellam (Abou Maarouf el-Kharki) patron du Gharb et dont 
la Koubba, sans Zaouiya est un but de pèlerinage très fré- 
quenté. 



EL-BAHRA 

Territoire. — Sur la route d'El-Araïch à Rabat, au 
sud des Oulad Zéian. 



j 



30 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 



fines ; état social. — Les El-Bahra eomprennent 
un noyau de Chorfa (60 tentes) et un nombre plus considé- 
rable d'étrangers de diverses provenances (200 tentes de 
Doukkala, Béni Ahsen, etc.) groupés autour d'eux. La tribu 
est arabe de langue et de coutumes, quoique comprenant des 
éléments berbères. Elle est en partie nomade, mais ses douar 
ne se déplacent que dans une zone restreinte. 



Situation politique et administrative. — Les 

El-Bahra, meharrin en tant que Chorfa, servent de bergers 
au Sultan pour ses troupeaux de bœufs. Ils ne sont assujettis 
à aucun autre service, et ne dépendent du gouvernement 
d'El-Araïch qu'au point de vue de la police locale. Ils ont 
des nezala sur la route de Rabat. 

Fractionnement. — Deux fractions de Chorfa Idris- 
siin : 

Oulad Sidi Ahmed ben Âii, 
Oulad Sidi el-Ayéchi. 

Influences politiques et religieuses. — Les Chorfa 
ont pour Rhedem tous les éléments étrangers de la tribu. 

De nombreuses Koubba de leurs ancêtres, dont sept réunies 
sur un même point, près de la frontière des Menassera, et de 
Mouley bou Sellam, sont le but de pèlerinages importants. 

Toute cette région a été autrefois un centre d'enseigne- 
ment religieux très fréquenté. 

EL-MENASSERA 

Territoire. — Sur la route d'El-Araïch à Rabat, au sud 
des Rahra, qu'il entoure à l'Est 



Origines ; état social. — Les Menassera sont Chorfa 
Idrissiin. Quelques étrangers, fixés parmi eux^ comptent dans 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 31 

la tribu. Celle-ci appartient au groupe arabe. Les indigènes 
vivent sous la tente, mais sont semi sédentaires, leurs douar 
ne se déplaçant que rarement et dans un rayon restreint. 
Quelques tentes seules s'éloignent avec les troupeaux au 
printemps. 

Situation politique et administrative. — En tant 
que tribu Chérifienne, les Menassera sont meharrin en prin- 
cipe. Dans la pratique, quoique ne fournissant pas d'askar, 
ni de contingents aux harka, ils sont exploités par les agents 
du commandement sous prétexte d'impôt, comme les tribus 
voisines. 

La tribu relève administrativement d'El-Araïch. 

Fractionnement. — Quatre grandes familles de Chorfa. 
Oulad Sidi Mohammed ben Abd el-Ouahab, 
Oulad Sidi Ahmed ben Khelifa, 
Oulad Sidi el-Ayéchi, 
Oulad Sidi Ahmed ben Abdelhaq. 



Influences politiques et religieuses. — Les Me- 
nassera ne subissent aucune influence religieuse extérieure. 
Ils ont eux-mêmes des serviteurs religieux dans les tribus 
voisines. 

Grande Zaouiya de Sidi Mohammed Mansour, sur un îlot 
au milieu d'un marais, où tout le Gharb vient en Mousem 
annuel. Les Caïd eux-mêmes s'y rendent. 

Nombreuses Koubba de Chorfa, entre autres Sidi Abdes- 
selem ben lemba, des Oulad Sidi Mechich. 



CHLÉAT 

. — Sur la rive droite du Sébou en face de 
Méhédiya. 



32 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

■ 

Situation politique et administrative. — Ces 

Chléat, originaires du Sous (Chleuh), forment trois douar 
comptant en tout 150 à 200 tentes, établies sur la rive droite 
du Sébou, en face de Méhédiva, comme Makhzen etnezala 
de la route de Rabat. 

Ils dépendent du gouvernement militaire de Méhédiya et 
ne sont astreints en principe qu'à leur service de garde et de 
police locale. 



AMAMRA 

Territoire. — Sur le Sébou (rive droite) entre les 
Menassera et les Ferakcha. 

Origines; état social. — Tribu arabe, semi nomade, 
vivant sous la tente, en douar, dont une partie ne quitte pas 
les cultures du Sébou, l'autre suivant les troupeaux. 

Les Amamra sont originaires des Béni Ahseu, tribu des 
Ameur; une autre partie dp leur propre fraction, fixée sur 
la rive gauche du Sébou, compte avec les Béni Ahsen. Ceux 
du Gharb se sont séparés de leurs frères à la suite de luttes 
locales. 



Situation politique et administrative. — Les 

Amamra sont comme les Béni Ahsen, pillards, batailleurs, 
très peu en main. 

Ils relèvent du Gharb (commandement de Er-Remouch), 

Influences politiques. — Les Amamra sont surtout 
Rhedem de Bon Abid Cherki. Quelques Chorfa Cherkaoua ; 
les Oulad Sidi el-Malki vivant parmi eux. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 33 



EL-FERAKCHA. CHKAKFA 

Territoire. — Sur la rive droite du Sébou, à Test des 
Amamra. Les Chkakfa occupent le confluent du Ouerra. 



Origines ; état social. — Les Ferakcha et Chkakfa 
appartiennent au groupe des Arabes Ahl el-Gharb et ne for- 
maient primitivement qu'une seule tribu semi sédentaire. 
Les douar ne quittent guère la région des cultures dans la 
vallée, quelques tentes seules suivant les troupeaux. 

Situation politique et administrative. -^ TribjLLd 
soumises à l'impôt, mais naïba, ne fournissent pas d'askar. 
Elles son|; batailleuses et leurs fractions se trouvent souvent 
aux prises. Les Ferakcha surtout sont réputés très voleurs. 
Mais ils ne pillent pas les caravanes, volant seulement de 
nuit. C'est chez eux une tradition de ne pas jurer. Le voleur 
déféré au jugement, rend ce qu'il a dérobé. 

Les Ferakcha dépendent du commandement de El-Ab- 
bassi et les Chkakfa de celui de Er-Remouch. 

Fractionnement. — El-Ferakcha : deux fractions î 
Zaitrat, 
Oulad Selama. 



Influences politiques et religieuses. — Rhedem 
de Dar Ouezzan (Touhamiya). Les Chorfa d'Ouezzan ont un 
certain nombre d'Azib sur le Sébou. 



OULAD KHELIFA 
Territoire. — Entre les Amamra et Ksar el-Kebir, 

3 



34 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

dont ils sont séparés par les Harakta et les Neghamcha, à 
l'ouest du Sersar. 



fines; état social. — Tribu arabe des Ahl el- 
Gharb, vivant sous la tente, en douar à peu près fixes, avec 
gourbis et maisons pour les grains. 

Les Oulad Khelifa sont Chorfa avec nombreux étrangers. 

Situation politique et administrative. — Les 

Oulad Khelifa sont meharrin, exempts d'impôts et de ser- 
vice militaire, en tant que Chorfa. Mais ils payent des Hédia 
qui équivalent à un lourd impôt. Ils dépendent du Ghcu^b, 
commandement d'El-Abbassi. 

Fractionnement. — Deux grandes familles : 
Oulad Sidi Mohammed el-Ahmar, 
Oulad Sidi Mohammed-ben-Idriss, 
autour desquelles se groupe l'élément étranger. 



Influences politiques et religieuses. — Nom- 
breuses Koubba des Chorfa de la tribu. Ceux-ci ont pour 
Rhedem les étrangers comptant avec eux. Mais ils subissent 
eux-mêmes et ces derniers également, l'ascendant religieux 
des Chorfa Kadriya de Rabat et Salé. 



EL-HARAKTA. — EL-NEGHAMCHA 

Territoire. — Au sud de Ksar el-Kebir et à Touest du 
Sersar. 

Origines ; état social. — Tribus arabes de même ori- 
gine, comptant parmi les Ahl el-Gharb. Semi sédentaires. 
Les douar sont entourés de haies d'épines et comprennent 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 35 

parfois des gourbis, des maisons en pisé. Quelques tentes se 
déplacent avec les troupeaux. 



poliiiq[ue et administrative. — Tribus 
soumises et tranquilles. Elles sont naïba, ne fournissent pas 
d askar. Les Harakta relèvent de Er-Remouch, les Negham- 
cha d'El-Abbassi. 

Influences politiques et religieuses. Pas d'in- 
fluences prédominantes. Les tribus comptent des Rhedem 
de toutes les confréries de la région : 

Dar Ouezzan , Raziin , 

Aissaoua, Hamadcha, etc. 



DOUKKALA 

Territoire. — Autour de Lallah Mimouna Taguenaout, 
à l'ouest de Ksar el-Kebir. 

Origines ; état social. — Groupe de douar qui se sont 
sauvés du pays de Doukkala pour fuir les exactions du 
Makhzen et se sont successivement réfugiés aux abords de 
Lallah Mimouna. 

Fraction arabe, vivant sous la tente, mais en douar res- 
serrés et fixés aulour de la Koubba. 

Situation politique et administrative. — Les 

Doukkala de Lallah Mimouna sont considérés et traités comme 
en lieu d'asile. Ih payent l'impôt, mais ne fournissent au- 
cun service militaire et ne sont pas exploités. Ils ont im 
Cheikh qui relève du Gharb, commandement d'El-Abbassi. 

Influences religieuses. — Les Doukkala sont exclu- 
sivement Rhedem de Lallah Mimouna, fille du sultan Mouley 



A. ^ < ^ . 






3G NOTES SUR LES VFLLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Yakoub ben Mansour, mort en Syrie. Elle n'a pas eu d'en- 
fants et n'est révérée que comme jiatronne, sainte. 
Pas de Zaouiya, Mousem annuel. 



OULAD SIDI OMAR EL-HADI 

Territoire. '• — Entre le Sébouet Ouezzan, à trois heures 
de cette ville. 



Origines ; état social. — Sidi Omar el-Hadi^ n'est à 
proprement parler qu'une Zaouiya autour de la Koubba du 
Sid. La Zaouiya est occupée par les Chorfa Oulad Sidi 
Omar, autour desquels sont venus se grouper des Chorfa de 
toute provenance. Cette population comprend 300 à 350 
feux et vit partie sous la tente, partie dans des gourbis et 
quelques petites maisons, en douar ou mecheta très resser- 
rés. 

Éléments arabes et berbères mélangés. Tout le monde 
est armé comme chez les Djebala. 

Situation politique et administrative. — Les 

Oulad Sidi Omar el-Hadi sont meharrin, ainsi que leurs 
serviteurs religieux, et tout ce qui dépend de la Zaouiya. Ils 
relèvent nominalement du commandement de Ouezzan, et 
depuis sa suppression, d'El-Araïch. 

Influences politiques et religieuses. — Aucune 
influence étrangère. 

Les Oulad Sidi Omar el-Hadi sont issus des Chorfa 
d'Ouezzan, mais indépendants de Dar Ouezzan. 

Les tribus voisines viennent en Mousem à la Zaouiya. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 37 



AOUF 

Territoire. — Dans le bassin de l'oued Ouerra, entre 
le Gharb, les Setta, Beni-Malek et Beni-Mestera. Ils sont en 
partie mélangés avec les Beni-Malek. 

Origines; état social. — Tribu arabe qui habite 
partie des dchour, partie des douar. Presque complètement 
sédentaire. 

Situation politique et administrative. — Tri- 
bu Makhzen, fournissant un thabor d'askar et quelques 
chevaux de djich. Elle est commandée par un Caïd pris 
parmi ses membres (Caïd ould el-Afia). 

Fractionnement. — Un grand dchar : Oulad Ketir. 
Pas de fractions constitutives ; fractionnement par douar 
et dchour. 



Influences politiques et religieuses — Pas d'in- 
fluences prédominantes. 

Rhedem de Dar Ouezzan et Abdesselem-ben-Mechich. 
Quelques Derkaoua et Aissaoua. 



HEDJAOUA 

Territoire. Entre les vallées du Sébou et du Ouerra, 

sur la route de Fès à Ouezzan. 

Origines ; état social. — Tribu arabe venue du 
Hedjaz à la suite de Mouley Idriss. Une partie de la tribu 
est établie près des Riata, entre eux et Taza. Elle était au- 



"»-.- 



^ / 



38 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

trefois toute entière fixée près de Fès. Les Hédjaoua sont 
sédentaires et habitent partie en dchour, partie en douar. 



Situation politique et administrative. — Tribu 
naïba, payant Timpôt et fournissant un contingent d'askar 
peu nombreux. Elle est en main et tranquille. Les Hédjaoua 
font partie du commandement d'El Araïch. 

Fractionnement. — Principaux dchour : 
Klaba, 
Thalba, 
Hadjer el-Ouaqaf. 

Influences politiques. — Quelques Aissaoua. Mais 
l'influence prédominante est celle de Ouezzan. Le Chérif 
d'Ouezzan y possède de nombreux Azib, notamment Azib 
el-Mazeria, sur le Sébou, un desphis importants. 



OULAD AISSA 

Territoire. — Entre les Chéraga, Hédjaoua et Oudaïa, 
bassin du Ouerra. 

Origines ; état social. — Tribu arabe, du même 
groupe que les Beni-Malek et venue du Hedjaz à la suite de 
Mouley Idriss. Elle était primitivement campée dans le 
Haouz de Fès. Les Oulad Aissa sont devenus sédentaires 
dans leur territoire actuel et habitent pour la plupart des 
dchour. 

Situation politique et administrative. — Tri- 
bu soumise et bien en main, naïba, fournit un contingent 
d'askar. Dépend du Gharb, commandement du Caïd el- 
Abbassi, des Beni-Malek. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 39 

Fractionnement. — Fraction principale : 
Béni Bou Rezala 

* 

Influences politiques et religieuses. — Influence 
dominante : Dar Ouezzan. Quelques Âissaoua et Hamadcha. 
Tous les Oulad Aissa sont en m^me temps Rhedem de 
Mouley bou Chetta, 



•-. i»^ 



III 



HAOUZ FÊS. SAIS. 
HAOUZ MEKNÊS. 



Le Haonz (environs) de Fès comprend, sinon géographie 
quement, du moins au point de vue administratif, toutes les 
tribus soumises qui avoisinent la ville, à l'exclusion des tribus 
berbères semi indépendantes, qui à l'Est sont très rappro- 
chées. — Le Sais est la plaine intermédiaire entre Fès et 
Meknès. Cette dernière ville n'a pas de Haouz à proprement 
parler, ou du moins les tribus soumises qui Tavoisinent 
comptent dans le Saïs. A ce groupe de tribus on peut ratta- 
cher la petite ville de Sfrou et le Ksour du Djebel Zerhoun, 






Fès . 

Mekoès 

Sfrou. 



FUSILS 



JO.OOO 

3.5oo 
5oo 



CHEVAUX 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 



41 



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es 

H 



ÇA 
CA 




Doai Ménia. . . 
Oulad Sidi Cheikh 
Ahmour. . . . 

Sédja 

Ghéraga. . . . 
Oulad Djema . . 
Oulad Mtaa. . . 
Oudaïa .... 
Oulad el-Hadj . . 
Ait-Aïech . . . 
Ei-Behalil . . . 



El-Maïa 

Oulad En-Nser .... 

Tkhissa 

Séflan, Beni-Malek, Khloût 

Oudaïa 

Ghérarda 

Djebel* Zerhoun . . . . 
Haméyan 



5oo 

lOO 
200 

65o 
3.O0O 
i.5oo 

8oo 
3.000 
i.ooo 
i.ôoo 

2.000 

6oo 

8oo 

700 

700 

y» 

4.5oo 

5.000 

1.700 



600 

20 
5o 
5o 

I.OOO 

i.5oo 
100 

2.000 
200 
i5o 



200 
5oo 
400 
25o 
» 
2.000 
3.00 



Territoire. — Fès située près du Sébou, sur la dernière 
pentes des montagnes des Chérarda, couvre trois collines 
séparées par deux ravins. Elle se divise en deux villes : Fès 
el-Bâli, la plus grande, et Fès Djedid qui renferme la Kasbah 
et le Mellah. Entre les deux s'étendent des terrains vagues, 



(1) En partie d'après Erokmann (Le Maroc modeme)^ p. 23-28 et 135-136. 



42 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

le palais et le jardin de Boiijloud, résidence du sultan, et la 
Kasbah des Chérarda. 

Les rues, très étroites, en pente rapide, forment un réseau 
confus, sans artères principales. Chaque ville est elle-même 
divisée en quartiers (Hôma), — 18 à Fès el-Bâli, — séparés 
par des portes de rues, et divisés par d'autres portes en nom- 
breux îlots. 

Une enceinte avec tours carrées formant bastions, entoure 
chacune des deux villes et l'espace intermédiaire. 

Fès el-Bâli est alimentée en eau par l'oued Fès, qui tra- 
verse la ville en deux bras, et Fès Djedid par un aqueduc. 
Un système très complet d'écluses et d'égouts permet 
d*inonder les rues pour les laver et de recevoir les eaux 
ménagères, etc.. 

Origines. — Fès el-Bâli a été fondée en 793, par Mou- 
ley Idriss Seghir. Elle fut longtemps divisée en deux quar- 
tiers, séparés par une enceinte, Adoua el-Andalouces et 
Adoua el-Karaouïn du nom d*émigrés d'Espagne et de Kai- 
rouan. 

Fès Djedid a été construite en 1276 par les Beni-Merin, 

État social. — Fès est la principale capitale du Maroc, 
son premier centre politique. En vertu d'une tradition con- 
stante, l'investiture, l'option de ses Euléma sont nécessaires 
pour valider l'élection des sultans. 

Cependant, comme centre religieux, elle est fort déchue 
de son ancienne importance, et n'est plus le rendez-vous 
unique des Tholba, bien que ses écoles soient encore fré- 
quentées. 

Elle doit smiout son rang actuel, au chiffre de sa popula- 
tion d'abord, à son rôle de capitale préférée des sultans et 
de principale résidence des agents du gouvernement, can- 
didats, titulaires en fonctions, ou anciens employés de tout 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 43 

rang^ puis à son mouvement commercial qui est considé- 
rable. Sauf les Chorfa, les Tholba et Euléma, les agents du 
Makhzen, il n'est pour ainsi dire aucun habitant qui ne soit 
commerçant ou ouvrier de quelque industrie. 

Situation politique. — Bien que capitale du Maroc 
septentrional, et principale résidence du Makhzen, Fès a 
une existence politique autonome. Ses habitants se sont 
toujours montrés jaloux de cette situation. Ils n'ont cessé 
de jouer un rôle actif dans les élections des sultans. Mouley 
Hassen, lui-même, les a eus pour adversaires et n'a pu en- 
trer dans la ville qu'après en avoir fait le siège. 

La masse de la population reste cependant étrangère aux 
fluctuations de la politique gouvernementale, à l'exclusion 
des Euléma, qui ont une influence marquée sur le sultan, et 
dont les conseils, les requêtes, toujours empreints d'un 
esprit très étroit, hostile aux Européens, sont souvent écou- 
tés. C'est surtout comme parti, comme çof que les gens de 
Fès, ont part aux affaires intérieures : ils sont ainsi ralliés 
actuellement en majorité à la cause de Mouley Smaïn, frère 
du sultan, et peu s'en est fallu, pendant une grave maladie 
de ce dernier, en 1887, qu'ils ne le lui donnent pour succes- 
seur de son vivant même. 

D'une manière générale, on peut considérer la population 
de la ville comme systématiquement hostile au gouverne- 
ment établi, quoique évitant de donner aucune prise par son 
attitude, une fois la période des troubles qui marquent 
chaque changement de règne, terminée. 



administrative. — Fès est divisée en trois 
commandements, un pour Fès Djedid, deux pour Fès el- 
Bâli. Chacun des Pacha de la ville a en outre sous son au- 
torité un certain nombre de tribus du voisinage. La police 
locale est assurée par des chefs de quartiers, Moqaddem el- 



"1. f v^ 



44 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Hôma, qui en sont à proprement parler les Caïd, et indé- 
pendamment de ceux-ci par les Moulinn-Dâr, agents de 
police secrète, qui dépendent d'un chef spécial relevant 
lui-même directement du Makhzen. 

Les Moqaddem el-Hôma sont chargés de tous les détails 
de l'administration courante de leurs quartiers. 

La surveillance des marchés, la perception des droits de 
vente, sont confiées au Metasseb et aux Moulinn-Nkas. 

Enfin la juridiction des afi*aires litigieuses entre particu- 
liers appartient aux Cadi, et l'établissement des actes nota- 
riés de tout genre aux Adoul. 

Les Chorfa ainsi que les Ëuléma, forment deux castes 
distinctes, deux fractions, non comprises au point de vue 
administratif parmi le reste de la population. 

A la tête des premiers, se trouve un Amin ech-Chorfa, 
dont ils relèvent I uniquement pour toutes les aflTaires délic- 
tueuses, pour toutes les questions de commandement et d'ad- 
ministration. 

Quant aux Ëuléma, on peut les considérer comme for- 
mant, administrativement, une corporation libre d'attaches 
gouvernementales, sauf en ce qui concerne la perception et 
l'emploi des revenus des mosquées et zaouiya, les Habbous, 
qui sont gérés par des fonctionnaires nommés par le Makh- 
zen, les Nader. 

Situation militaire. — Fès est dominée par deux pe- 
tits forts isolés, sans portes apparentes et qui n'ont aucune 
valeur, ce sont de simples blockhaus. Sa principale force 
défensive consiste dans la nature des voies de communica- 
tions intérieures : les rues forment un labyrinthe inextricable, 
où il serait très difficile à des assaillants, de s'aventurer, 
même en nombre, si la population poursuivait la lutte, après 
la prise des remparts. 

Ceux-ci constituent aussi un obstacle assez sérieux, moins 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 45 

par leur hauteur (8 à 10 m.) et par leur épaisseur (2 à 3 m.) 
à leur base, que par la nature de leur construction. Ils sont 
tout entiers en pisé et les projectiles ordinaires de campagne 
en auraient difficilement raison. Une armée assiégeante ne 
pourrait les détruire qu'à la mine où à la sape, procédé 
exclusivement employé dans les guerres intestines. 

Mais la ville est dominée à très faible distance par les 
hauteurs voisines et ne pourrait, en raison du groupement 
même de ses maisons, tenir contre un bombardement de 
quelques heures. 

Il est d'ailleurs hors de doute, étant données les habitudes 
commerciales de la population, qu'elle ne résisterait pas à 
une démonstration faite par des forces de quelque impor- 
tance . 

Outre quelques thabor (bataillons) d'askar, recrutés dans 
la ville même, Fès compte comme garnison permanente, 
indépendamment des troupes qui accompagnent le sultan, 
deux mia (compagnies) d'artillerie, chargées du service des 
pièces de la Kasbah des Ghérarda et de la Kasbah de Fès 
Djedid. 

Mais les principales forces de la place sont les contin- 
gents des tribus Makhzen du voisinage. Le chiffre total de 
la population de Fès est de 70.000 habitants, pouvant four- 
nir 10.000 fusils. 

Fractionnement. — Principales familles ou fractions: 

Oulad-ben-Djelloul : Andalouces, marchands, mais con- 
sidérés comme d'extraction noble. 

El-Fésiin : Fraction de Tholba, C'est parmi eux qu'est 
choisi le Khatib du sultan, pour les prières du ven- 
dredi. 

Oulad-ben-Nîs : Fraction de marchands très considé- 
rée. Elle a fourni un des derniers ambassadeurs en 
France. 



K ïï 



46 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Gheghatsa : Fraction arabe originaire du Hedjaz. 
Sferiin : Fraction originaire du Khorassan. Subissent 

l'influence des Ouiad el-Moulleb benouAbi Sefra. 
Oulad-ben-Souda : Originaires des Ândalouces. Fraction 

de Tholba. Fournissent les Cadi. 

Influences religieuses. — Nombreux Chorfa : Idris- 
siin et Alaouiin; puis Sakaliin, Tahariin (Andalouces), 
Yamaniin (venus du Yémen) , Kitaniin, El-Harakiin (venus 
de l'Irak). 

Les Alaouiin représentent surtout le parti Makhzen. Ce 
sont pour la plupart des membres de la famille du sultan, 
frères, oncles et cousins. 

Les Idrissiin, descendants de Mouley Idriss Seghir, pa- 
tron et fondateur de la ville, forment la véritable noblesse 
religieuse de la ville. Outre les Chorfa de la Zaouiya, qui 
représentent la lignée la plus directe du Sîd, ils comptent 
quelques membres de branches collatérales, tels que Sidi 
Idriss el-Ouezzani, chef d'une fraction de Chorfa d'Ouezzan. 
Très nombreux, mais pauvres, les Idrissiin proprement dits 
n'ont quepeu d'influence personnelle, encore qu'ils jouissent 
d'une réelle considération. 

Après eux, les seuls qui méritent une mention spéciale 
sont les Harakiin, qui ont acquis une illustration récente, 
due à la situation de l'un d'eux, Sidi Mohammed el-Harrâq 
comme chef d'une branche de Derkaoua. 

Mosquées. — Fès compte un grand nombre de mos* 
quées, dont quelques-unes ont une importance spéciale. 

Les principales sont : 

Djemaa Qaraouin, Djemaa Andalouces, les deux plus an- 
ciennes de la ville. Ce sont elles qui formaient les 
écoles de l'ancienne Fès. Elles comprennent encore des 
Medersa, déchues de leur rang primitif. Cependant 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 47 

leurs Tholba ceux de Djemaa Qaraouin surtout, jouis- 
sent d'une réelle autorité dans le monde religieux. 

Djemaa Si Ahmed Ghaoui, bâtie sur l'emplacement de la 
maison du saint, qui autrefois très révéré est un peu 
oublié. 

Djemaa Abd el-Kader el Fassi, mosquée des El-Fas- 
siin; très importante comme centre d'enseignement 
pour les Tholba. La Zaouiya Sidi Hamza des Ait Seri de 
l'Atlas, où se forment la plupart des Tholba de la ré- 
gion, et qui à ce titre est très importante, est une suc- 
cursale de Técole des Fassiin. 

Djemaa Boudjloud. — Où le sultan doit recevoir l'in- 
vestiture. 

Djemaa el-Kebir. — Où le s^iltan assiste à la prière le 
vendredi. 

Presque tous les ordres religieux du Maroc sont repré- 
sentés à Fès par des Zaouiya (1). 

Parmi les principales on peut citer les suivantes : 

Derkaoua : Zaouiya Sidi Ahmed el-Badaoui Zouitten et 
Zaouiya Sidi Mohammed el-Harraq, qui sont les 
Zaouiya mères des deux branches les plus répandues 
dans le Gharb. 

Djazouliin : Zaouiya de Bab en-Nekba. 

Kadriya : Zaouiya de Ras Tialin, qui a pour chef un 
Ghérif Kadri très révéré, Sidi Mohammed el-Kaderi. 

Tidjaniya. — Zaouiya mère des Tidjaniya du Maroc, con- 
nue sous le nom de Zaouiya Sidi Ahmed Tedjini. Pres- 
que tous les Tidjaniyn du Maroc reconnaissent l'auto- 
rité de son chef, Sidi el-Ghâli-ben-Azouz. Petite Za- 
ouiya à Fès Djedid. 

Zaouiya Sidi el Razi. 

— El Gacemiin de Sidi Gacem, des Cherarda Azrar. 

(1) Vi Documents... p. 363, note. 



-^-r 



48 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Zaouiya Sefianiin, des Aissaoua, branche indépendante 

comme rituel. 

— Aissaoua. 

— Touhamiya (Dar Ouezzan) • 

— Hamadcha. 

— Dghoughiyn,de Sidi Ahmed el-Dghoughî , branche 
I des Hamadcha. 

|S Au-dessus de toutes ces Zaouiya, comme importance, se 

^' place celle de Mouley Idriss, vaste sanctuaire élevé sur le 

^ tombeau de ce patron de Fès. Il sert de lieu d asile et avec 

: > ses dépendances forme presque un quartier de la ville. Ses 

abords sont Harr, nobles interdits aux Juifs. Les Chorfa 
Oulad Idriss de Fès conservent la direction de la Zaouiya et 
bénéficient de ses revenus^ sauf un mois de chaque année, 
durant lequel ils sont remplacés par les Chorfa Beni-Arouss. 



MEKNÈS 

Territoire. — Située sur l'oued-bou-Felcran affluent de 
l'oued Rdem qui appartient au bassin de Sébou, Meknès 
marque la limite méridionale dn Saïs. Encore en pays de 
plaine elle est peu distante (20 kilomètres environ) des con- 
treforts de l'Atlas, chez les Benir-Mtir. 

Origines. — Fondée par les Meknaça, ancienne tribu 
berbère, dont elle était le principal centre, Meknès ne devint 
une ville que sous les Beni-Merin. L'une des résidences des 
sultans de la dynastie actuelle, elle fut encore agrandie par 
Mouley Ismail, qui la dota d'une grande citadelle, com- 
mencée en 1674 et la plus forte alors du Maroc. En même 
temps, ce sultan y introduisit un nouvel élément de popu- 
lation, les Abid Sidi Bokhari, milice nègre, qu'il avait créée 
peu après son avènement. 



NOTES éufe LEé VJLLES Et fRÎBÙS DU MAROC EN 1890 49 

Outre une enceinte fortifiée, qui entoure les murailles de 
la ville musulmane, et le Mellah, ainsi que la Kasbah, Mek- 
nès comprend une troisième enceinte extérieure non créne- 
lée, construite par Mouley Ismaël, qiii voulait en faire le 
point d'appui d'une muraille continue, prolongée jusqu'au 
Tadla, mais qu'il put à peine commencer. 

Sans compter le terrain enclavé dans celle-ci, la surface 
habitée de Meknès est de 2 kilomètres carrés. Mais elle ren- 
ferme, outre le palais abandonné de Mouley Ismael, et ce- 
lui du sultan actuel, de nombreux jardins. 

État social. — Comme Fès, Meknès est une des trois 
résidences de la dynastie régnante. Elle compte à ce titre 
parmi les capitales du Maroc. Mais comme Fès aussi, elle 
constitue un centre autonome, une sorte de province indé- 
pendante des tribus voisines, beaucoup plus qu'une capitale 
au sens propre du mot. 

Situation politique. — Malgré cette situation, Mek- 
nès, à l'inverse de Fès, peut être considérée comme dé- 
vouée aux intérêt de la dynastie. La majeure partie de sa 
population est en eflFet issue des Abid Sidi Bokhari, milice 
noire dont les origines remontent à l'établissement des 
Alouiin. Elle fut créée par Mouley Ismaël à la fin du 
xvii"* siècle, et reçut des privilèges qui l'attachèrent rapide- 
ment au parti du Makhzen. Cependant, il s'en faut de beau- 
coup que les Bokhari (Boûakher) soient toujours restés les 
serviteurs dévoués du sultan. Fort nombreux, batailleurs, 
bien armés, ils ne tardèrent pas à constituer une sorte d'aris- 
tocratie, de caste militaire, avec laquelle ses maîtres durent 
compter. De son vivant même, Mouley Ismaël eut à répri- 
mer plusieurs révoltes de cette milice et dut en diverses cir- 
constances composer avec elle. Sous ses successeurs, elle 
prit une part prépondérante à l'avènement des sultans, se 
rangeant tantôt du côté des héritiers légitimes du trône, 

4 



à 



50 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU BUROC EN 1890 

tantôt du parti de leurs compétiteurs. A maintes reprises, les 
sultans durent se plier ainsi aux volontés des Bokhari, leur 
distribuer une partie du trésor amassé par eux-mêmes et 
conservé, dit-on, à Meknès. Après plusieurs tentatives in- 
fructueuses pour se débarrasser de ces dangereux servi- 
teurs, en préparant des guerres contre les tribus insoumises, 
des surprises où beaucoup périrent, les derniers sultans ont 
réussi à annihiler en partie leur esprit turbulent, en licen- 
ciant la milice noire tout entière. Prise au commencement 
du siècle par Mouley Sliman, cette mesure devint définitive 
sous son successeur, Mouley Abderrahman. Antérieure- 
ment, les Bokhari étaient groupés en partie à Meknès, en 
partie dans trois grands camps. Ceux de Meknès y restèrent 
mais cessèrent de former une caste Makhzen. Les autres 
furent dispersés et se fondirent dans les tribus qui les reçu- 
rent. Il en existait ainsi à Taza un grand nombre, qui ne 
comptent plus aujourd'hui que comme fractions des Beni- 
Ahmed et des Beni-Zéroual. 

De même ceux des deux autres camps. Les Bokhari de 
Meknès, à T encontre de ces derniers, ont recouvré sous 
Mouley Hassen, un rôle miUtaire de quelque importance. 
Ils ne sont pas tous considérés comme tribu Makhzen, mais 
fournissent trois thabor, trois bataillons, à forts effectifs et 
solidement organisés. Ces bataillons sont eux-mêmes répar- 
tis en un assez grand nombre de détachements. 

L'ensemble des Bokhari de Meknès n'en représentent pas 
moins encore une caste militaire, d'existence traditionnelle 
sinon reconnue, et qui, quoique dévouée en principe au parti 
Makhzen, n'en est pas moins turbulente, indisciplinée, fort 
disposée à régler son attitude politique au mieux de ses in- 
térêts. 

Ce sont eux qui au point de vue purement politique con- 
stituent le parti dominant à Meknès. 

Mais il faut en outre mentionner l'existence dans cette 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 4890 51 

ville d'un groupe religieux très puissant, celui des Aissaoua, 
qui y ont leur principale Zaouiya, résidence du chef de la 
confrérie. Celle-ci est l'une des plus répandue du Maroc, et 
à Meknès, il n'est guère dliabitants qui n'y soient affiliés. 
Étant données les pratiques des Aissaoua et leur exaltation, 
c'est là un fait important, plus cependant par ses consé- 
quences possibles que par les antécédents historiques. Les 
Aissaoua, paraissent en efi'et, être restés jusqu'ici en dehors 
des agitations politiques. 

Situation administrative. — L'organisation admi- 
nistrative de Meknès est de tout point analogue à celle de 
Fès, sous cette réserve que la ville n'a qu'un seul Caïd. 

La garnison normale compte, par fractions, l'équivalent 
de deux thabor de Bokhari, 2.000 hommes théoriquement, 
6 à 800 en réalité, et une mia d'artillerie, chargée du service 
des pièces de la Kasbah. 

Comme à Fès, les défenses sont illusoires, mais la résis- 
tance de la population y serait sans aucun doute, beaucoup 
plus énergique. 

Fractionnement. — Principales familles ou fractions : 

Oulad-ben-Nani (Meknessiya). Tholba et marchands. 

Oulad-ben-Thaleb (Meknessiya). Tholba, marchands et 
propriétaires. 

Oulad-ben- Amar (Meknessiya) . Tholba, marchands et pro- 
priétaires. 

Oulad Baddou. Anciens chefs de la ville. Très riches. 
Tholba (Meknessiya). 

Oulad Si Abdallah ben Ahmed (Bokhari). 

Oulad-ben-Aïch ( Bokhari) . 

Oulad Si Idris-ben-el-Mekki (Bokhari). 

Oulad Si Moussa (Bokhari). 

Oulad-bel-Hadjel (Bokhari). 

Oulad-bel-Baadj (Meknessiya). Biches. 



52 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Oulad-bou-Acherin (Meknessiya). Tholba. 
Oulad Haimich (Meknessiya), 
Oulad-ben-Allem (Bokhari), 
Oulad el-Ghoût (Meknessiya). Très riches. 

Influences religieuses. — Parmi la population de 
Meknès, comptent un certain nombre de Chorfa du Tafilelt 
(Alaouiin) qui, dispersés dans Télément indigène, jouissent 
d'un certain ascendant. Mais ils forment en outre trois frac- 
tions des Bokhari, les Oulad Sidi Moussa, les Oulad Sidi 
Idriss-ben-el-Mekki et les Oulad Sidi Abdallah-ben-Ahmed. 

C'est de la première qu'est issu Mouley Ali-ben-Ham- 
douch, fondateur de la confrérie des Hamadcha. Ils sont à 
ce titre particulièrement révérés. Une de leurs branches 
s'est établie au Djebel -Zerhoun, à Ksar Sidi Moussa. 

Les Oulad Sidi Idriss-ben-el-Mekki, sans appartenir à un 
groupe spécial, tirent aussi une certaine illustration de leurs 
ancêtres, qui ont un saint populaire. 

Mais les principales influences appartiennent aux Hama- 
dcha et surtout aux Aissaoua. Ceux-ci ont comme il a été dit, 
leur principale Zaouiya à Meknès, au tombeau de Sidi 
Mohammed-ben-Aissa. Ils relèvent de deux chefs, le grand 
maître de la confrérie, héritier direct de son fondateur, Sidi 
el-Hadj Mohammed Ould el-Hadj Eddi, qui se réserve la 
•direction des affaires spirituelles, et un Khalifat, El-Hadj el- 
Aissaoui Sekkat, ancien marchand fort riche, qui est chargé 
des affaires temporelles. 

Il existe en outre à Meknès un certain nombre de Chorfa 
descendants de Sidi-ben-Aissa, qui ont tous parmi les tribus 
où les Aissaoua sont en nombre, une clientèle particulière, 

A l'Aïd, anniversaire de Sidi-ben-Aissa, Meknès devient 
le rendez-vous des Aissaoua de tout le Maroc qui s'y rendent 
en Rekeb de tous les points du pays et deviennent pendant 
la durée de la fête — une semaine — les véritables maîtres 
de la ville. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 53 

Outre les Zaouiya d'Aissaoua, au nombre de trois et 
celles des Hamadcha, il reste à citer les suivantes : 
Zaouiya Derkaoua, 
Zaouiya Kadriya, 
Zaouiiya Tidjaniya. 

SFROU ^*> 

Territoire. — Sur un petit affluent du Sébou, à 50 ki-- 
lomèlres sud-ouest de Fès. Tribu des Ait loussi. 

Origines; état social. — Sfrou est un ancien ksar 
des Ait loussi, où la richesse du sol et la situation ont attiré 
de nombreux indigènes de Fès, qui s'y livrent à la culture. 
La ville est célèbre par ses jardins, les plus beaux et les plus 
grands du Maroc. Elle est d'ailleurs bien bâtie. 

Environ 3.000 habitants. 

Situation politique et administrative: — Rési- 
dence habituelle d'un des Caïd des Ait loussi, Sfrou relève du 
commandement de Fès. Quoique comptant beaucoup d'Ait 
loussi, Béni Ouarain et autres éléments turbulents, la ville 
est fort paisible et bien en main. La proportion des Israélites 
y est d'ailleurs considérable : 1/3. 

Influencesreligieuses.— Les Derkaouade Medghara, 
qui y ont une Zaouiya, sont nombreux parmi les habitants 
d'origine arabe. Mais la majorité des indigènes sont Nasse- 
riya, comme Rhedem du patron du ksar, Sidi el-Hassen el- 
loussi, disciple de Sidi Mohammed-ben-Nasser. 

DOUI MÉNIA 
Territoire. — Dans la vallée de l'oued Fès, sur la 

(1) D'après de Foucauld, p. 38. 



"ï.^» 



Si NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

route de Rabat, des portes de la ville aux abords du djebel 
Zerhoun. 

Origines; état social. — Fraction de la tribu du 
même nom, du Touat, annexée avec le Tafilelt par la dynastie 
actuelle. Les Doui Ménia, Arabes de race pure, sont nomades, 
quoique ne disposant que d'un territoire peu étendu, et 
vivent sous la tente. 



Situation politique et administrative. — Les 

Doui Ménia de Fès forment une tribu Makhzen. Ils sont 
organisés en djich permanent comme leurs voisins les 
Oudaïa et fournissent les forces supplémentaires utiles au 
commandement local. Ils relèvent d'un des Caïd de Fès, 
Ould Bâ Mohammed, pour un thabor, et pour un second 
thabor, d'un Caïd er-Raha pris dans la tribu, El-Hadj el- 
Haoussin. 

Fraotionnement. — Les Doui Ménia sont répartis, 
au point de vue du commandement, en deux groupes terri- 
toriaux, mais forment un mélange des différentes fractions 
de la tribu primitive. 

Influences politiques et religieuses. — Ils sont 
surtout Rhedem des Oulad Sidi Cheikh, sans avoir avec 
ceux de l'Algérie des relations suivies, et aussi de Bou-Abid- 
Cherki. 

OULAD SIDI CHEIKH. AHMOUR 

Territorie. — Dans la vallée de l'oued Fès, sur la 
route de Rabat, au milieu des Doui Ménia. 

Origines; état social. — Les Oulad Sidi Cheikh 
qui forment un seul douar de 80 tentes, étaient l'entourage 
de Si Sliman, Ils ont été établis dans leur territoire actuel 
après la mort de celui-ci en 1 884. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU M\ROC EN 1890 55 

Les Ahmonr, fraction de la tribu du Sud-Oranais du 
même nom, se sont enfuis de notre territoire en 1887 et ont 
alors été installés près de Fès par Mouley Hassen. Us 
forment trois douar de 50 à 75 tentes. 

Situation politique et administrative. — Les 

Oulad Sidi Cheikh et les Ahmour, Meharrin en principe, 
n'en sont pas moins employés comme Makhzen, les derniers 
surtout, par Ould Bâ Mohammed, Caïd de Fès, dont ils 
dépendent. 



Influenoes politiques et religieuses. — Même 
groupe : Oulad Sidi Cheikh Gheraba, et leurs serviteurs re- 
ligieux. 

* 

SÉDJA 

Territoire. — Haouz de Fès, entre la ville, les Aït- 
Aiech, Oulad el-Hadj^ Oudaia et Tkhissa du Sais. 

Origines; état social. — Tribu arabe, issue des 
Haméyan et venue au Maroc par le Tafilelt, lors de la fon- 
dation de la dynastie actuelle. Ils sont semi sédentaires et 
habitent partie des douar avec tentes et gourbis, partie des 
dchour de djebala. Fixés autbiu? des cultures, ils se dé- 
placent en petit nombre avec les troupeaux. 



politique et administrative. — Tribu 
Makhzen, relevant d'un des Caïd de Fès, Ould Bâ Moham- 
med. Elle fournit askar et djich, avec service permanent 
pour quelques cavaliers. 

Fraotionnement. — Fractions originaires : 
Oulad Mahalla, Beni-Khelifa, 

Oulad-Bou-Khalifa, Kherabcha. 

Guenana, 



56 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Influences religieuses. — Les Sedjâ comptent un 
assez grand nombre d'Aissaoua, et sont Rhedem de Mouley 
Idriss, de Fès. 

CHÉRAGA 

Territoire. — Au nord de Fès, qu'Us entourent avec 
les Oulad Djema, et isolent des Hahiéhina, Fechtala, Sélès 
et Oulad-Aissa. Ils s'étendent jusqu'au Sébou qui les sépare 
de ces derniers. 

Origines; état social. —Tribu arabe, issue des Sedja 
et par eux des Haméyan Oranais. Comme les Sedja, ils 
sont venus avec la dynastie actuelle du Tafilelt. 

Quoique arabes, les Chéraga sont djebala par Thabitat. 
Ils ont quelques tentes, mais sont surtout fixés par dchour. 

Situation politique et administrative. — Les 

Chéraga sont tribu Makhzen, fournissent djich et askar, 
mais sans service permanent pour le djich. 

La tribu relève du commandement de Fès (Ould Bâ 
Mohammed), sous les ordres duquel se trouvent trois Cheikh 
pris dans leurs fractions respectives. Une cinquième frac- 
tion, formant un thabor d'askar, est placée sous les ordres 
d'un frère du Caïd. 

Fractionnement. — Quatre fractions administratives : 
Oulad Djema, Beni-Amer, 

Sedja, Beni-Snouss. 

Nombreuses sous-fractions correspondant aux douar de 
guerre, et qui représentent de grandes familles : 

El-Omran, Oulad Khelifa, El-Mahalla, 

Ghezaba, Oulad-bou-Chebil, El-Rozelan. 
Comme l'indiquent ces noms, les Chéraga forment sur- 
tout une agglomération d'éléments hétérogènes, plus qu'une 
véritable tribu. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 57 

Influences politiques et religieuses. — Nombreux 
Aissaoua et Hamadcha. Influence de Dar Ouezzan assez 
répandue. Mais les Chéraga sont surtout Rhedem de Mouley- 
bou-Chetta, dont la Koubba est à la limite de leur territoire. 
Mouley-bou-Chetta qui n'a pas laissé de postérité, n'est 
pour eux qu'un patron révéré, un saint. 



OU LAD DJEMA 

Territoire. — Sur la route de Taza à deux heures de 
Fès. Voisins des Chéraga. 

Origines ; état social. — Arabes du Hedjaz, venus 
au Maroc à la suite des Idrissiin. Appartiennent comme les 
Chéraga, dont ils se disent frères, au groupe des Haméyan. 
Les Oulad Djema sont semi sédentaires, mais habitent sous 
la tente. 



Situation politique et administrative. — Les 
Oulad Djema forment une tribu Makhzen. Ils fournissent 
deux Raha de djich, sans compter les askar. 

La tribu est particulièrement dévouée à Mouley Hassen 
dont la mère était originaire des Oulad Djema. 

Influences politiques et religieuses. — Tribu sur- 
tout attachée au parti Makhzen. 

On y compte un certain nombre d' Aissaoua, de Hamadcha, 
et une forte minorité de Rhedem de Dar Ouezzan. 



OULAD MTÂA 

Territoire. — Aux portes de Fès, entre la ville et les 
Oulad Djema. 



58 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Origines; état social. — Tribu arabe, vivant sous la 
tente, mais semi sédentaire. 



Situation politique et administrative. — Les 

Oulad Mtâa sont naïba. Ils ne fournissent niaskar, ni djich. 
Tribu turbulente, dont les indigènes ont une réputation éta- 
blie de voleurs et pillards. Mouley Hassen en a déplacé la 
plus grande partie qu'il a envoyée dans le Haouz de Ma- 
rokesch. 

Fractionnement. — Deux fractions : 
Oulad Hassen, 
Béni Satet. 



Influences politiques et religieuses. — Rhedem 
Mouley Idriss. 



OUDAIA 



Territoire, — Une fraction dans les parages de Mouley 
Yakoub, entre Fès et le Djebel-Zerhou. Une fraction dans 
le Sais, près de Meknès. 



Origines; état social. — Tribu arabe, autrefois très 
puissante et qui formait une grande confédération dans la 
région de Meknès, fondée par une de ses fractions, ou plutôt 
par la tribu, souche des Oudaîa actuels, les Meknaça. Sous 
ce nom, elle a eu une existence historique très brillante, sous 
les Idrissiin, jusqu'à l'avènement des dynasties berbères qui 
Font en partie détruite. L'élément Meknaça proprement dit 
est resté fixé à Meknès, après avoir quitté les parages de 
Taza, où la tribu entière s'était tout d'abord établie. Aujour- 
d'hui les Meknaça ne sont plus représentés à Taza que par 
une Raha plus ou moins nombreuse, périodiquement relevée 
et fournie par les Oudaîa, mais conservant ce nom, de même 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 59 

qu'une autre Raha de 500 fusils (théoriquement) qui forme 
la garnison d'El-Araïch. 

Les Oudaïa proprement dits, fraction des anciens Mek- 
naça auxquels se sont joints des éléments étrangers, sont 
divisés en trois groupes ; un dans le Haouz de Fès et Meknès, 
celui dont il est question ici ; un autre dans le Haouz Rabat, 
et le troisième près de Marokesch. 

Ceux de Fès et de Meknès habitent en douar, mais sont 
semi sédentaires. 

Situation politicfue et administrative. — Les 

Oudaïa ont formé sous les Alaouiyn, de Mouley Sliman à 
Mouley Abderrahmau, le Makhzen proprement dit des sul- 
tans (Mokhazniya des sultans). Très turbulents, faisant çof, 
tantôt avec, tantôt contre les gens de Fès, ils jouaient un 
rôle actif dans les changements de règnes et imposaient 
souvent leurs volontés aux sultans. N'en pouvant venir à 
bout autrement, Mouley Abderrahmau les dispersa par frac- 
tions, par douar isolés dans le Gharb, où ils se sont fondus 
dans les tribus de la province. C'est lui également qui sépara 
les Oudaïa, connus encore sous ce nom, en trois tribus (Fès 
et Meknès, Rabat, Marokesch). 

La tribu a son Caïd particulier. 

Les Oudaïa de Fès et de Meknès (une seule tribu divisée 
en deux groupes) sont tribu Makhzen, organisés en Raha de 
djich (deux) et thabor d'askar (un). Ils touchent une solde 
proportionnelle à l'effectif de ces corps qui ne comprennent 
qu'une partie des contingents de la tribu. Leur djich sert 
aussi comme Makhzen (cavaliers du sultan). 

Fractionnement. — Deux grandes fractions : 
Oulad-Rou-Ris, 
Oulad Zaïm, 
comprenant de nombreuses sous-fractions ou douar : El- 
Karia (fraction du Caïd); Temra; Oulad Djedjem, etc. 



60 NOTES SUR LES VILLES ET 'TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Influences politiques et religieuses. — Les Ou- 

daïa sont surtout Aissaoua et Hamadcha. Ils comptent quel- 
ques Rhedem de Bou Abid Gherki. 



OULAD EL-HADJ 
Territoire. — Entre Fès et les Hahiéhina, sur la route 

« 

de Taza. 



Origines ; état social. — Les Oulad el-Hadj du Haouz 
Fès sont une fraction de la grande tribu arabe du même 
nom fixée dans la vallée de la Moulouia moyenne (Outad 
Oulad el-Hadj). Ils ont été amenés à Fès par la dynastie ac- 
tuelle, sauf quelques douar, chassés de leur pays, et qui sont 
venus rejoindre les premiers. 

Les Oulad el-Hadj habitent sous la tente, en douar, mais 
ne sont que semi nomades. 

Race de chevaux réputée. 

Situation politique et administrative. — Bien 
que leurs frères de l'Ouest soient insoumis, les Oulad el- 
Hadj du Haouz Fès sont assez en main. Naïba, ils ne four- 
nissent aucun contingent régulier. Ils relèvent d'un des Caïd 
de Fès. 

Fractionnement. — Trois fractions : 
Oulad Saïd, 
Oulad el-Hadj. 
? 

Influences politiques et religieuses. — Tribu fer- 
vente. Pas d'influence dominante, mais beaucoup d' Ais- 
saoua, Tidjaniya. Rhedem de DarOuezzan, Abdesselem-ben- 
Mechich et Bou Abid Cherki. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 61 

AIT AIECH 

Territoire. — A cheval sur les routes de Meknès et 
Sfrou, près d'Aine-Bou-Rekaiz. Voisins des Ait Itsgrouchen, 
Behi-Mtir et Sedja. 

Origines ; état social. — Tribu berbère, dont deux 
autres fractions sont fixées chez les Beni-Mguild et au pied 
du Djebel-Aiech, dans la vallée de la haute Moulouia, où 
les Ait Aiech étaient primitivement réunis. Ceux du Haouz 
Fès y ont été amenés par mesure coercitive, pour prévenir 
leurs brigandages sur la route du Tafilelt. Ils campent en 
douar et sont nomades. Leurs parcours s'étendent chez les 
Ait Itsgrouchen. 

Situation politique et administrative. —Tribu 
peu soumise, souvent en hostilités plus ou moins ouvertes 
avec le Makhzen. Les Ait Aiech de Fès ont un Caïd pris 
parmi eux. En novembre 1 889, quelques mois après sa no- 
mination, le titulaire a été arrêté avec ses Kébar, à propos 
de déprédations commises sur les routes, et en même temps 
que ceux des deux autres tribus. A la suite de cet incident, 
les Ait Aiech ont, pendant plusieurs jours, coupé la route 
de Fès à Meknès. 

Influences politiques et religieuses. — Les Ait 

Aiech de Fès sont surtout Rhedem de Dar Ouezzan ou Nas- 
seriyn, sans influence dominante. 



EL-BEHALIL 

Territoire. — Entre Fès et Sfrou au nord-est de la 
route, dans un pâté montagneux qui la domine. 

Origines ; état social. •— Les Behalil passent pour 



62 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

descendre d'une tribu chrétienne convertie par Mouley Idriss. 
Ils habitent plusieurs grands dchour très resserrés, et où, 
avec des maisons, se trouvent de nombreuses grottes ser- 
vant de demeures. A la partie supérieure des montagnes 
quelques petits villages sont formés uniquement de ces ha- 
bitations qui consistent soit en grottes proprement dites, 
soit en caves creusées dans le roc et recouvertes de toitures 
basses. Leurs vallées, très arrosées, sont fort riches. Ils 
sont presque uniquement cultivateurs. 

Situation politique et administrative. — Tribu 
complètement soumise et qui sans être Makhzen, fournit un 
contingent régulier d'askar très élevé (500 hommes, à la 
colonne de 1889); 

Elle relève du commandement de Ould Bâ Mohammed, 
un des Caïd de Fès. 

Influences politiques et religieuses. — Quelques 
Derkaoua et Rhedem de Dar Ouezzan. 

Influence prédominante des Er-Rema, qui relèvent d'une 
Zaouiya locale de Sidi Ali-ben-Nacer, très importante. 

EL-MAIA 

Territoire. — Dans le Saïs, côté de Fès. 

Origines ; état social. — Tribu arabe du même 
groupe que les Sedja (Haméyan). Semi nomade, vivant en 
douar. 

Situation politique et administrative. — Tribu 
Makhzen qui fournit une Raha, partie d'askar, partie de 
djich, mais de moins de 1 .000 fusils en tout. Elle relève 
d'Ould Bâ Mohammed (Fès). 

Influences politiques et religieuses. — Rhedem 
Mouley Idriss. Hamadcha et Aissaoua. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 63 

OULAD-EN-NSER. TKHISSA 

Territoire. — Dans le Sais, les Tkhissa, entre Meknès 
et les Beni-Mtir; les OuIad-en-Nser, entre le Djebel-Zerhou 
et Meknès. 

Origines; état social. — Tribus arabes, semi noma- 
des, du groupe des Sedja. Très turbulentes autrefois elles 
ont été expulsées du Saïs et établies chez les Chérarda du 
Djebel-Azrar, puis ramenées dans leur ancien habitat par 
Mouley Hassen. 

Situation politique et administrative . — Tribus 
aujourd'hui tranquilles. Chacune a son Caïd particulier. 
Elles sont naiba^ et fournissent quelques askar. 

Influences politiques et religieuses. — Rhedem 
Mouley Idriss Zerhou (el-Kebir). Dar Ouezzan. Hamadcha. 



SÉFIAN. BENI-MALEK. KHLOUT 

Douar de ces tribus, campés dans les environs de Meknès 
et compris dans le Makhzen de la ville, ou placés en Nezala 
sur les routes. 

(Voir les tribus du Gharb.) 



CHÉRARDA 

Territoire. — Sur la route de Fès à Rabat, au nord et 
à Touest du Djebel-Zerhou. 

Origines ; état social. — Tribu formée d'éléments 
divers, appartenant aux diverses tribus arabes du Sahara, 
dans la région du Tafilelt et du Drâa. Les Chérarda ont été 



64 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

amenés au Maroc par la dynastie actuelle, à laquelle ils 
sont complètement inféodés. Ils sont sédentaires pour la 
plupart et habitent des douar avec gourbis, quelques mai- 
sons, et des jardins entourés de haies. 

Situation politique et administrative. — - Les 

Chérarda sont divisés en trois tribus. L'une d'elles, celle des 
Bou-Rézouan, la plus rapprochée de Fès, est Makhzen, di- 
visée en mia ; les deux autres, outre un certain nombre de 
Mokhazniya, fournissent djich et askar, sans être organisées 
de même militairement. C'est parmi eux que se recrutent 
la plupart des cavaUers dits « du sultan », 

Fractionnement. — 1*" Chérarda de l'Aïne Bou-Ré- 
zouan : 

Ils sont des Ida ou Belal, de l'oued Drâa : 600 fusils 
400 chevaux de Makhzen (1.000 fusils et 500 chevaux au 
total) . 

2® Chérarda du Djebel-Selfat, qui comprennent des : 
Oulad Delim : 1 .000 fusils, 500 chevaux ; 
Tekna : 900 fusils, 300 chevaux ; 

Oulad Ameur : 200 fusils, 100 chevaux. 

3° Chérarda d'Azrar divisés en : 
Chebbanet, et Zirara 
(du Sous) : 400 fusils, 600 chevaux. 

Influences politiques et religieuses. — Pas 

d'influence dominante. Cherkaoua, Aîssaoua, Hamadcha. 
Rhedem de Dar Ouezzan. 

DJEBEL^ZERHOUN 

Territoire. — Pâté montagneux formant une seule crête, 
situé entre les routes de Fès et Meknès à Rabat. 

Origines; état social. — Les habitants du Djebel- 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 65 

Zerhoun sont de provenances diverses, arabes et berbères, 
attirés par la présence de nombreux Sîd et Zaouiya, ou par 
la richesse du sol, arrosé de nombreuses sources. Ils 
occupent des ksour, perchés sur le flanc de la montagne à 
une certaine hauteur, et entourés de jardins, de plantations 
d'oliviers. 

Situation politique et administrative. — Le Dje- 
bel-Zerhoun est une montagne sainte, Horr presque toute 
entière, et dont les habitants sont pour la plupart Mehar- 
rin. Les deux grandes Zaouiya, celles de Mouley Idriss el- 
Kebir et de Mouley Ali-ben-Hamdouch sont très fréquentées 
comme centre d'enseignement, buts de pèlerinage. La po- 
pulation est essentiellement pieuse. Elle compte de nombreux 
Tholba, beaucoup de Chorfa, etc., et échappe ainsi en partie 
à l'action administrative. Le Djebel-Zerhoun est cependant 
rattaché par moitié au commandement du Caïd Ould Bâ 
Mohammed de Fès, et par moitié à celui du Caïd de Meknès. 

Fraotionnement. — Ksour : 

Versant sud {côté de Meknès) : 

Sidi-Ali-ben Hamdouch. — Zaouiya principale desHama 
dcha et tombeau de Mouley Hamdouch. Le ksar est ha- 
bité par ses descendants et leurs serviteurs religieux. 

Beni-Djennad, 

Ël-Meghasiin , 

Sidi Ahmed Dghoûghi. — Zaouiya et tombeau du princi- 
pal Khelifa de Mouley Hamdouch, chef lui-même d'une 
branche de la confrérie. 

Sidi Lamine. — Zaouiya de Hamadcha. 

Sidi Moussa-ben-Ali ) Zaouiya de Hamadcha formant 

Sidi Harrak-el-Hari S un seul ksar. 



■1 



\ 



• . . T _ 


66 NOTES SUF 


El-Aiiiina, 


El-Gâlaa, 


Taireza, 


Oulad Youcef , 


Beni-Aiiimar, 


Sghîrat; 
El-Khenadik, 




NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Versant nord {côté de Fès) : 

Mouley Idriss Zerhoun, 

El Felloussi, ksar de gens du Rif, per- 
chés sur un plateau, au sommet de 
la montagne, 

Ahl Tadla, réfugiés au Djebel-Zerhoun 
formant un douar en bas des Fel- 
loussi. 

Influences politiques et religieuses. — Mouley 
Idriss el-Kebir est surtout révéré comme Sîd. Sa Zaouiya 
n'a pas d'influence. Tout le Djebel-Zerhoum est au con- 
traire inféodé aux Chorfa Hamadcha. 



HAMÉYAN 

Territoire. — Entre le Djebel-Zerhoun et Meknès, le 
Djebel-Zerhoun et Fès, puis entre Meknès et les Guérouan 
à la limite des Zemmour. 

Origines ; état social. — Tribu arabe encore semi no^ 
made, issue des Haméyan Oranais et venue du Tafilelt avec 
la dynastie régnante . 

politique et administrative. — Tri- 
bu Makhzen, contribuant à la formation du Makhzen (djich 
et askar) de Fès et de Meknès. Elle relève des deux villes et 
est divisée en trois fractions, formant, pour ainsi dire, Ne- 
zala sur les limites de leur Haouz. 

Influences politiques et religieuses. — Les Ha- 
méyan comptent surtout des Aissaoua et Hamadcha. 



IV 



DJEBALA 



(<) 



On désigne sous le nom de Djebala les tribus berbères 
arabisées qui occupent la région montueuse du littoral mé- 
diterranéen, entre le Rif et Tanger, et ses ramifications jus-^ 
qu'à Ouezzan d'une part, jusqu'à la vallée du haut Sébou de 
l'autre (2). Les Djebala se caractérisent par l'emploi exclusif 
de la langue arabe, le port de la djebala (3) au lieu du burnous, 
l'habitat ; en dchour, formant parfois des villages considé- 
rables et diverses coutumes spéciales, notamment Thabitude 
d'enlever dans les tribus voisines des jeunes garçons ou 
filles (chettah) pour en faire des danseurs et danseuses, lu- 
sage du Samt, ou vin frais, etc.. 

On peut diviser le territoire qu'ils occupent, en Haouz et 
Djebel-Alem au nord du bassin de Sébou ; puis bassin de 
Sébou. 



i» Haouz {au nord de Tétouan), 




Andjera. 
Haouz . 



FUSILS 



7.000 
2.000 



CHEVAUX 



I 



(1) V. Documents sur le Nord-Ouest africain, 1. 1, p. 407. 
(2)J6Mi.,p. 408. 
(3) Djellaba. 



à 



68 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 




VILLE 



VILLE 






CQ 
OS 









< 



/ 



I 



Tétouan. 



Djebel Alem. 



Ghéchaouen . 
Beni-Ouedress 
Beni-Mesaouer 
Beni-Aouzmer. 
Beni-Saîd . . 
Beni-Has8en . 
Beni-Ider . . 
Djebel-Habib . 
Beni-Leit . • 
Beni-Arou8 . 
Beni-Gourfot . 
Beni-Is8ef . . 
Ehl-Serif . . 
Khamès . . . 
Beni-Ahmed . 



a** Bassin du Sébou. 



Ëhl-Sersar. . 
Masmouda. 
Er-Rhouna. . 
Beni-Mestera . 
Beni-MesgaiLda 
Fechiala. . . 
Setla. . . . 
Beni-Zekkat . 
Rzaoua . . . 
Beni-Zeroual . 



3.5oo 



700 
3.000 
3.5oo 
2.000 
i.ooo 
5.000 
a.5oo 
2.5oo 
800 
4.5oo 
4.5oo 
2.5oo 
4.000 
10.000 
3.000 



I.OOO 

800 
a.5oo 
4<ooo 
3.000 
2.000 
2.000 

5oo 

3.000 

25.000 



CHEVAUX 



(0 



1. V. Documents sur le Nord-Ouest africain^ I, p. 409. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 



69 



S 

H 



CHEVAUX 



/ 






OuIad-bou-Rima 
Oolad Bekkar 
Ei-Djaia. . . . 
Beni-Oaghiagel . 

Sélës 

Mazziat . . . . 
Mtioua . . . 
Sanhadja . . 
Fennassa . . . 
Beni-Ouandjen . 
Oulad-bou-Slama 
Beni-Oalid . . . 
Maghnissa . . . 

Tsoul 

Branès . . 
Rioua. . . . 



2.000 
I.OOO 
I.OOO 

i.5oo 
3.000 

4-000 

3oo 

I.OOO 

1 .000 

I.OOO 

4.5oo 

2.5oo 

5* 000 

5oo 




(0 



ANDJERA w 

Territoire. — Sur la côte entre Tanger et Ceuta. 

Origines ; état social. — Djebala, issus des anciens 
Ghomara. Vivent en dchour peu importants, 25 à 30 mai- 
sons en général. 

Situation politique et administrative: — Tribu 
soumise, mais dont Tattitude est hostile au Pacha de Tanger 
dont elle relève. En 1884, il s'y était dessiné en faveur 
du Chérif d'Ouezzan, un mouvement qui fut durement ré- 



1. V. Documents sur le Nord'Ouest africain^ p. 410. 

2. Ibid., p. 411. 



10 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 4890 

primé. Actuellement encore, beaucoup dlndigènes n'osent 
pas se rendre à Tanger et ne quittent pas la tribu, trop nom- 
breuse et batailleuse pour que le Makhzen s'y risque à des 
arrestations isolées. 

Elle relevait autrefois du Pacha de Tanger. Ould Abdes- 
sadoq, puis a été placée sous les ordres d'un Caïd indépen- 
dant, Mohammed el-Kandja. Replacée sous l'autorité [du 
Pacha de Tanger à la mort du précédent, elle a eu trois 
Cheikh à Taba, qui ont été révoqués récemment, et relève 
aujourd'hui directement d'Ould Abdessadoq, malgré de 
nombreuses protestations, à Tépoque du voyage du Sultan à 
Tanger. A la suite de cette mesure, les Andjera ont crevé les 
yeux, suivant un usage répandu chez les Djebala, à un émîs- 
* saire du Pacha. 

La tribu a de bonnes relations avec les Européens de 
Tanger, à Texclusion des Espagnols de Ceuta. 

La Légation d'Allemagne a cherché en 1887 à s'y 'faire 
donner des concessions de terrains sur la côte. 

Fractionnement. — Deux subdivisions administra- 
tives : 

Haouz el-Ghâba, 
Haouz el-Khamis. 

Principaux dchour : 

Aine el-Hamra, Zaouiya el-Bekkal, 

El-Hassan, Aine er-Remel. 

Influences politiques et religieuses. — Influence 
politique prédominante du Chérif d'Ouezzan. 

Quelques familles influentes: Oulad-ben-Yamoun . Sidi 
Abdesselem el-Chotti. Oulad Mohammed el-Kandja (ancien 
Caïd). Mohammed el-Breil (ancien Cheikh, représentant 
de l'influence allemande). 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 71 

Influence religieuse prédominante, fort étendue chez 
toutes les tribus Djebala du voisinage : Derkaoua de Sidi 
Ahmed el-Hadjiba, chef d'une branche issue de Sidi Mo- 
hammed el-Harraq. La Zaouiya principale, où est enterré 
Sidi Ahmed et ojii réside son fils et successeur Sid el-Hadj 
Abdel Kader, est à Zemmey, en bas du Djebel-Rouman, 
près de Souk el-Tnin. 

Assez nombreux Aissaoua, avec Zaouiya importante çi El- 
Hassana. 

Deux fractions de Chorfa : les Oulad-bel-Aïch et les Oulad 
el-Bekkal qui ont une Zaouiya assez fréquentée (Zaouiya 
Oulad el-Bekkal). 

Zaouiya Sidi Ali-ben-Harrazen, Sid local révéré à Aine 
Hamra, chez les Hammouiin. 



HAOUZ (*> 

Territoire. — Sur la côte entre Ceuta et Tétouan. Sé- 
paré des Andjera par le Djebel-Dougréich,et Bahar el-Had- 
jer. 

Origines; état social. — Djebala, Petits dchour. Cul- 
tivateurs. En relations fréquentes avec les Espagnols de 
Ceuta. 

Situation politique et administrative. — Tribu 
soumise et tranquille. Elle relève du pacha de Tétouan. 

Fractionnement. — Deux subdivisions territoriales : 
Haouz el-Bahar, 
Haouz el-Djebel. 



(1) V. Documents sur le Nord-Ouest africain^ t. I, p. 413. 



72 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Fractions : Haouz el-Bahar : 

El-Kebdana (du Rif), Oulad Dellil, 

Oulad Zerdjoum, Seroum. 

Beiin, 

Haouz el-Djebel : 
Seddina, 
Beni-Saden. 

Influences politiques et religieuses. — Deux fa- 
milles influentes. Oulad-Djenninou à Bou Zeghlal et Ali 
Souissi à Ël-Gallalin. 

Influence religieuse prédominante : Derkaoua de Sidi 
Ahmed-ben-Hadjiba, avec, Zaouiya chez les Beni-Saden. 
Moqaddem Sidi Mohammed el-Harraq qui relève de la 
Zaouiya des Andjera. 

Les indigènes du Haouz el-Djebel sont tous Derkaoua, 
hommes et femmes. L'ascendant de la famille de Sidi Ahmed 
el-Padjiba est absolu sur eux. 



TÉTOUAiN <*) 

Territoire. — Au pied du Djebel-Dersa, et au-dessus 
de rOued-bou-Sféah, ou Oued-Martil, à 6 kilomètres de la 
mer. 

Origines ; état social. — Ancienne cité, fondée peu 
après la conquête du Maroc par les Musulmans, mais qui 
n'a pris son importance actuelle qu'après l'expulsion des 
Maures d'Espagne et des Juifs du Portugal, qui forment la 
masse de sa population. Du xiv® au xvi** siècle, Tétouan fut 
un centre de piraterie très important. Elle avait été prise une 

(1) V. Documents sur le Nord'Ouest africain, 1. 1, p. 414. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 73 

première fois, par les Espagnols de Ceuta, an xv® siècle, et 
son port fut détruit par Philippe V en 1564. C'est par sa 
prise que s'est terminée la guerre contre l'Espagne en 1860. 
Tétouan est une des plus riches cités du Maroc. C'est là 
que se retirent de préférenc : les négociants du Maroc ouïes 
agents du Makhzen qui renoncent aux affaires après fortune 
faite. 

Situation politique et administrative. —Ville 
paisible, où l'on s'occupe peu de politique. Elle est gouvernée 
par un pacha dont relèvent quatre tribus voisines : El-Haoïiz, 
Beni-Ouedress, BeniAouzmar, Beni-Saïd. 

Tétouan est entourée d'une enceinte fortifiée et dominée 
par une kasbah peu importante. Le sultan y fait construire 
des batteries par un ingénieur allemand, 

22.000 habitants. 

Fractionnement. — Principales familles : 

Oulad el-Ghezini, Oulad-ben-Oumiin, 

Oulad el-Khfi, Oulad Skiridj, 

Oulad el-Badi, Oulad Otlob, 

Oulad el-Brichiin, Gharsiin. 



Influences politiques et religieuses. — Quelques 
familles de Chorfa : Oulad Sidi Abdesselem-ben-Mechich, 
Oulad; el-Bekkal, Alaouiin, Bagdadiin (Oulad Sidi Abdel- 
kader el-Djilali). 

Zaouiya Derkaoua (branche de Sidi Mohammed el-Har- 
raq), Zaouiya Kadriya, Zaouiya Aissaoua, Zaouiya Hama- 
dcha ; Tidjaniya. 

La principale influence religieuse est celle de la Zaouiya 
de Sidi Ali-ben-Besoul, des Chorfa Oulad-ben-Mechich, qui 
est le patron de la ville. Cette Zaouiya est très fréquentée^ 



74 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

mais la famille du Sîd est éteinte, au moins dans la lignée 
directe . 



DJEBEL-ALEM 

Le Djebel- Alem est une montagne, située au centre du 
massif montagneux qui s'étend entre Tétouan et le bassin 
du Sébou. C'est là que vivait au commencement du vu® siè- 
cle de THégire, un Ouali, le plus révéré du Maroc, Sidi 
Abdesselem-ben-Mechich. Issu de la famille régnante des 
Chorfa Idrissiin dont quelques membres s'étaient réfugiés 
dans ces parages lors de la chute de leur dynastie, sous la 
conquête fathimite, il représentait à ce titre la tradition de 
la souveraineté nationale. D'autre part, Alem réputé et pieux 
Ouali, il personnifiait, en présence des empiétements des 
schismatiques qui s'étaient succédés depuis les Fathimites, 
les principes de la foi orthodoxe. Enfin, élève d'Abou Mé- 
dian Choaib el-Andalousi, et maître lui-même d'Abou el- 
Hassen Chadeli, il fut le premier à répandre, à professer au 
Maroc, les doctrines du Soufisme, dont sont issus tous les 
ordres religieux musulmans (1). 

Jouissant de son vivant d'un prestige étendu, il devint 
après sa mort en 625 de l'Hégire, un des patrons du Maroc, 
lorsqu'il fut tombé sous les coups d'un imposteur, Abou 
Touadjin, qu'il avait dévoilé. 

Son sanctuaire, la Koubba où il est enterré, est ainsi un 
lieu de pèlerinage où se rendent toutes les tribus voisines, 
et le culte qui lui est rendu, constitue entre elles un lieu 
assez puissant pour qu'on puisse à quelque égard les con- 
sidérer comme formant une sorte de confédération reli- 



(1) V. Documents mr le nord-ouest africain^ T. I., p. 368 et 369. 



V 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 75 

gieuse. Toutes, le cas échéant, marcheraient groupées sous 
Tétendard de leur Sîd. Mais Sidi Abdesselem ayant transmis 
à Abouel-HassenChadeli, le Serr et l'héritage de sa Baraka, 
sa descendance ne constitue qu'une aristocratie religieuse 
sans influence héréditaire. 



CHÉCHAOUEN (*> 

Territoire. Ksar du massif du Djebel-Alem ne dé- 
pendant pas des tribus voisines. 

Origines ; état social. — Fondé par les Andalouces 
après l'expulsion des Maures d'Espagne. Deux fractions 
principales : Garnata et el-Hadara. 

Situation politique et administrative . — Ksar 
à peu près indépendant, quoique ayant un Caïd. Il est surtout 
sous rinfluence d'une famille de Chorfa Oulad Mechich, les 
Oulad el-Mahdjich. 

Influences religieuses. ~ Groupe du Djebel-Alem, 
tous les habitants, Andalouces ou autres, sont Rhedero 
dévoués de Sidi Abdesselem. 



BENI-OUEDRESS ^*> 

Territoire. A cheval sur la route de Tanger à Té- 

touan, entre les Beni-Aouzmer, les Andjera, le Fondoq et 
les Beni-Mesaouer. 



Origines ; état social. — Djebala, petits dchour. 

Situation politique et administrative. — Tri- 
Ci) V. Documents sur le NoréUOuest africain, 1. 1, p. 353. 
(2) J6îd.,p. 415. 



1 



76 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1 890 

bu soumise, assez tranquille, relevant de Tanger. Elle ne 
fournit pas d'askar. Un Cheikh à Taba. 

Fractionnement. — Quatre fractions : 

Bou Mettach. Dans la montagne (côté sud) fraction plus 

remuante que le reste de la tribu. En 1887, ils ont 

tué leur Cheikh, el-Baroudi. 
Outaouiin. Dans la plaine de Bou Sféah, au nord de la 

route de Tétouan. 
Souk el-Khamis. Voisins des Andjera. 
Dar el-Fondoq. Sur la route de Tétouan, autour du 

Fondoq construit à mi-chemin. Nombreux voleurs. 

Influences politiques et religieuses. — La tribu 
se partage, comme influence politico-religieuse, entre Dar 
Ouezzan, qui y a des Azib, et le Djebel-Alem. Les Bou 
Mettach sont exclusivement Rhedem de Bou Mechich. Chez 
les Outaouiin et à Souk el-Khamis, majorité de Derkaoua^ 
Rhedem de Sidi Ahmed-ben-Hadjiba, des Andjera. Quelques 
Aissaoua. 

Petite confrérie locale de El-Feki-ben-Thaoul. 



BENI-MESAOUER ^'^ 

Territoire. — Au sud de la roule de Tanger à Tétouan, 

dans la région voisine du Fondoq. Territoire assez monta- 
gneux. 

Origines ; état social. — Djebala, petits dchour. 

Situation politique et administrative. — Tribu 
soumise assez en main. Relève de Tanger. Elle a un Cheikh 
à Taba à Dar Chaoui. 

(1) V. Documents sur le Nord-Ouest africain, 1. 1, p. 416. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 4890 77 

Fractionnement. — Trois fractions : 
Beni-Harcbem. 
El-Alleg. 

. .^ ^ „. C Rbâa Dar Chaoui, 
^* ^"^ \ Rbâa d'Rouif. 

Influences politiques et religieuses. — Quelques 
familles influentes : Chorfa Oulad Afilel, Oulad-ben-Assab, 
Oulad el-Merrouch, Oulad Cheikh Mohammed el-Tobi. 
Chorfa Oulad-ben-Ressoul et de Dar Ouezzan. 
Tous les Beni-Mesaouer sont Rhedem de Sidi-ben- 

Mechich. 
Zaouiya Derkaoua de Sidi Abdallah Haddou ; influente 
dans la tribu. 



BENI-AOUZMER (*> 

Territoire. — Sur les flancs des montagnes qui domi- 
nent Tétouan au Sud, et dans la vallée, entre les Beni-Oue- 
dress au Nord, les Beni-Saïd à l'Est, les Beni-Hassen au 
Sud et les Beni-Mesaouer à l'Ouest. 

Origines ; état social. — Djebala, Les dchour assez 
resserrés forment parfois presque des petits ksour.Les Beni- 
Aouzmer sont spécialement adonnés à la fabrication du 
plâtre. 

Situation politique et administrative. — Tribu 
soumise et bien en main. Une partie de ses impôts est rem- 
placée par lobligation de fournir du plâtre au Makhzen pour 
la construction de Tétouan. Elle relève de Tétouan et a un 
Cheikh nommé par le Pacha de la ville. 



(1) V. Documents sur le Nord-Ouest afrûsairit t.I, p. 417. 



78 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Fractionnement. — Fractions et dchoup : 
Benî Mâden, Derraï, 

Beni-Retel, Beni-Kirem, 

Ahl Lela, Zinets, 

Kermeks, Amtil. 

Mekdesem^ 

Influences politiques et religieuses. — Familles 
influentes : Cheikh Mohammed el-Guemari, Cheikh-ben-el- 
Hadj. 

Une famille de Chorfa Idrissiin, les Oulad Sidi Ahl el- 
Rifi. 

Tous les Béni Aouzmer sont Rhedem de Sidi Abdesselem 
et plus particulièrement de la Zaouiya de Sidi Ber Resoul 
deTétouan. 

Petite Zaouiya Derkaoua de Sîdi AUel-ben-el-Hadj. 

Quelques Aissaoua. 

Rhedem de Dar Ouezzan qui n'est pas sans influence. 



BENI-SAÏD (*) 

Territoire. — Sur le littoral entre le Rif et Tétouan. 

Origines ; état social. — Petite tribu de Djebala en 
partie Rifains. Dans la montagne des Beni-Hassen, dont ils 
occupent le versant est, les Beni-Saïd habitent des dchour 
assez resserrés et se livrent à la culture de lolivier, arbres 
fruitiers, etc. Dans la plaine ils fondent des labours. Quel- 
ques pêcheurs des anciens Bahariya de Tétouan. 

Situation politique et administrative. — Le$ 

Beni-Saïd relèvent du pacha de Tétouan qui nomme leurs 
Cheikh. Ceux de la montagne sont peu en main. 

(1) V. Documents sur le Nord-Ouest africain, U, p. 351. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 19 

Fractionnement. — Trois fractions ayant chacune son 
Cheikh: 

Beni-M ezreg^ dans la montagne, 



Chérouta el-Outa, K 

> dans la plaine. 



El-Msa, 

Influences politiques et religieuses . — Influence 
locale très importante du Feki Ould Alouen, chef d'une fa- 
mille nombreuse, riche, très hospitalier et qui a complète- 
ment à sa dévotion les gens de la montagne. 

Quelques familles de Chorfa : 

Chorfa Oulad-ber-Resoul chez les Chérouta el-Outa et el- 
Msa. 

Chorfa Oulad el-Bekkal chez les Beni-Mezreg. 

Quelques Kadriya relevant de la Zaouiya el-Bagdadi de 
Tétouan. 

Grande Zaouiya Derkaoua, à Anaseh relevant de celle 
des Andjera. C'est la plus importante et la plus influente. 

Nombreux Rhedem de Dar Ouezzan. 

Les Beni-Saïd quoique voisins du Djebel-Alem, y vont 
peu. C'est de leur tribu qu'était le meurtrier de Sidi Abdes- 
selem-ben-Mechich, et ses descendants, les Beni-Touadjin, 
ne peuvent, à en croire une tradition répandue, monter à 
la Koubba du Sid; les jambes leur manquent en route. 



BENI-HASSEN ^*> 

Territoire. — Dans le massif montagneux dit djebel 
Beni-Hassen, qui s*étend de Chéchaouan à Tétouan, et la 
vallée de l'oued Chéchaouan, entre les Ghomara el-Khamis 
au Sud, les Beni-Saïd à l'Est, les Beni-Aouzmer au Nord, 
les Beni-Ider à TOuest. 

(1) V. Documents sur le Ifcrd'Ouest africain, p. 426. 



80 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Origines; état social. — Djebala du çof des Gho- 
mara. Ils habitent en petits dchour disséminés au pied des 
hauteurs, avec quelques groupes dans la montagne, sur des 
points escarpés • 

Situation politique et administrative. — Les 

Beni-Hassen dépendent de Tétouan et ont deux Cheikh : un 
pour les Sçfeliin, gens de la plaine ; un pour les Foukaniin, 
gens de la montagne. Ils sont batailleurs, fréquemment en 
lutte avec leurs voisins les Khamis et peu en main. 

Fractionnement. — Quatre fractions, Khamis, cor- 
respondant à quatre marchés et à une subdivision territo- 
riale par marché . 

El-Khoums, 

Chérouta, dans la montagne à l'Est, 

Beni-Ilits, au Sud-Ouest, 

Beni-Moussa. 

Influences politiques et religieuses. — Les Beni- 
Hassen sont surtout Rhedem de Sidi Abdesselem-ben-Me- 
chich et de Sidi Mohammed-ben-el-Hadj, un de ses descen- 
dants, dont la Zaouiya est chez eux. 

Quelques Rhedem de Dar Ouezzan ; 

Aissaoua en petit nombre. 

Zaouiya Sîd el-Râzi (Raziin du Tafilelt) et Zaouiya Sidi 
Youcef el-Miliani (Youcefiin de la région de Taza) toutes 
deux assez importantes. 

BENI-IDER^*^ 

Territoire. — Dans la partie septentrionale du massif 
du Djebel-Alem, entre les Beni-Arous au Sud, le Djebel- 
Habib et les Beni-Mesaouer au Nord, le Djebel-Habib et les 

(1) V. Documents sur le ^ord-Oueet africain^ p. 418. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 81 

Beni-Gourfot à l'Est, les Beni-Hassen à FOuest. Territoire 
boisé, montueux, en partie inhabité. 

Origines ; état social. — Djebala, vivant en dchour 
dont quelques-uns sont importants mais dont la plupart sont 
très divisés et disséminés. Tous se trouvent sur les som- 
mets. La tribu relève du Pacha de Tanger qui nomme son 
Cheikh. Tribu remuante, soumise, mais peu en main. 

Fractionnement. — Quatre fractions, Khamis, cor- 
respondant à quatre marchés, qui représentent chacun une 
subdivision territoriale : 

Ez-Zitouna (près du Djebel-Habib), 
Zaouiya el-Ansar, ou el-Foukia, des Oulad-bou-Rech, 
Tleta d Beni-Ider (près des Beni-Aouzmer), 
Menkel, ou Ait Selfi (du côté de Tétouan). 

Influences politiques et religieuses. — Les Ait 

Selfi sont à la dévotion d'une de leurs familles, les Oulad 
Charef. 

Chorfa Oulad el-Bekkal à Djannoun. 

Nombreux Aissaoua relevant de la Zaouiya de Mezoura. 

Mais rinfluence dominante est celle du Djebel-Alem, dont 
la tribu est toute entière Rhedem. 



DJEBEL-HABIB <*> 

Territoire. — A l'extrémité nord-ouest du massif du 
Djebel-Alem. La tribu tire son nom d'une haute montagne 
couronnée par la koubba de Sidi el-Habib, et qui domine la 
route de Tétouan à Fès, à son débouché dans la plaine. 

Les tribus voisines sont dans la plaine à TOuest, les Bdoua; 
au Nord, les Beni-Ouedress ; à TEst, les Beni-Mesaouer et les 
Beni-Ider ; au Sud, les Beni-Gourfot et les Beni-Ider. 

(i) V. Documents sur le Nord-Ouest africain^ 1. 1, p. 419. 



82 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU M.\ROC EN 189a 

Origines; état social. — Djebala. Dchour peu im- 
portants sur les points élevés. 

Situation politique et administrative. — Le 

Djebel-Habib relève de Tanger. Un Cheikh. Tribu de Tholba, 
paisible, mais subissant peu l'action du Makhzen dans les 
affaires intérieures. 

Fractionnement. — Quatre fractions, Khamis. 
Dchar Ahrigh, El-Kharroub, 

Merdj Akmar, Habata. 

Influences politiques et religieuses . — Quelques 
familles de Chorfa, Oulad el-Bekkal et Beni-Arouss. 

Nombreux Sid locaux ) . , ,",!,' 

( Sid el-Fadil 

Grande Zaouiya de Derkaoua, près du débouché de la 
route de Tétouan : Moqaddem Sid el-Hadj Foddal. 

Quelques Rhedem de Dar Ouezzan. 

Mais la tribu est surtout Rhedem de Sidi Abdesselem-ben- 
Mechich. 



BENI-AROUSS ^'^ 

Territoire. — Les Beni-Arouss occupent la partie cen- 
trale du Djebel-Alem, le Djebel- Alem proprement dit, et 
s'étendent à TOuest jusqu'au Djebel Sidi Eddi, qui domine 
la plaine du Gharb. 

Ils ont pour voisins : à l'Est, les Benî-Hassen, Beni-Leit, 
Khamès ; au Sud, les Khamès et Beni-Ahmed; à TOuest, les 
Beni-Issef, Ehl Serif et Beni-Gourfot; au Nord les Beni-Ider. 
Sur leur territoire, se trouvent les sources chaudes d'El- 
Mkhazen, à Sidi Eddi. 

(1) V. Documents sur le Nord Ouest africain^ 1. 1, p. 430 et suivantes, passim. 



NOTES SIR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 83 



Origines ; état social. — Djebala. Les Beni-Arouss 
ont un certain nombre de dchour importants. 

La tribu comprend trois éléments constitutifs, les Chorfa 
Beni-Arouss, qui représentent plus ou moins directement la 
lignée de Sidi Abdesselem-ben-Mechich; les Soumata, 
clients religieux et politiques, non Chorfa, des Beni-Arouss, 
et les Ommiin, clients aussi, presque serfs à l'origine, qui 
cultivent les Azib des Chorfa. 

Ceux-ci vivent du produit des offrandes apportées à la 
koubba de Sidi Abdesselem-ben-Mechich et de ziara qui leur 
sont données à eux-mêmes. Quelques-uns vont s'établir dans 
les tribus voisines : ils sont en général fort riches. Peu ba- 
tailleurs en raison de leur extraction et des usages tradition- 
nels qu'elle leur impose, ne se livrant à aucune occupation, 
ils se trouvent à quelques égards dans la dépendance de 
leurs serfs, les Ommiin, qui détiennent toutes leurs cultures et 
auxquels ils cèdent presque toujours dans les discussions 
d'intérêt assez fréquentes. 



. Situation politique et administrative. — Les 

Beni-Arouss sont meharrin, exempts de toute redevance et 
prestation en tant que Chorfa. Cette réserve admise, ils ne 
se montrent pas particulièrement hostiles au sultan, qui du 
reste, pendant la campagne de 1889, est venu en ziara à la 
koubba de Sidi Abdesselem-ben-Mechich et à la Zaouiya de 
Sidi Ali-ber-Resoul à Tétouan, et dans ces deux occasions, leur 
a distribué de larges hédia. 

A proprement parler les Beni-Arouss n'ont pas d'influence 
personnelle dans les tribus du voisinage, d'autant que le fait 
de savoir si Sidi Abdesselem-ben-Mechich a, ou non, laissé 
des héritiers directs est souvent controversé. Beaucoup de 
gens prétendent qu'il avait des frères, mais point d'enfants. 
En tout cas, Sidi Abdesselem ayant désigné pour son héri- 
tier spirituel, Abou cl-Hassen Chadeli, la Baraka ne s est pas 



81 NOTESSm LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

perpétuée dans sa famille, qui ne forme même pas une aris- 
tocratie religieuse, différant de la caste chérifienne. 

Les Ommiin sont également meharrin, comme Rhedem 
des Beni-Arouss. Quand aux Soumata, ils forment depuis 
1 849 une tribu indépendante soumise à l'impôt. 

Les Beni-Arouss en tant que Chorfa sont en paix avec 
les tribus du voisinage, sauf les Khamès. Ceux-ci, qui sont 
dits Tholba de Sidi Abdesselem, possèdent le privilège tradi- 
tionnel donné par le saint, de venir en ziara à sa koubba, 
sans intermédiaire et d'en chasser les Chorfa. Ils s'y rendent 
chaque année en Moussera fort nombreux. Aucun Ghénf ne 
doit s'y trouver et ceux qui s'y rendent par hasard sont im- 
pitoyablement chassés, sinon tués. De là entre les Bem- 
Arouss et les Khamès une hostilité implacable, des luttes 
fréquentes, des rixes où les Chorfa ont toujours le dessous 
et qui débutent d'ailleurs par des attaques des Khamès. 

Les Beni-Arouss nomment dans leur tribu, pour le règle- 
ment des affaires intérieures, un Cheikh, suivant la mode 
berbère. Le titulaire actuel, Mohammed el-Tobal n'a aucune 
influence. En réaUté chacun agit à sa guise. 

En 1889, le sultan a nommé pour la forme un Caïd qui a 
moins encore d'autorité. 

Fractionnement. —Soumata (1.500 fusils) constitués 
en tribu distincte en 1889. Les Soumata comprennent en 
outre une fraction de ce nom, une autre fraction, les Ahl el- 

Djir. 

Beni-Arouss : trois fractions : 

El-Khekharza, la plus influente, 

Oulad Abd-el-Ouahab, 

Téidiin. 
Les Chorfa et les Ommiin sont également répartis dans ces 
trois fractions. Les derniers moins nombreux que les pre- 
miers. 



^^WTi 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBCS DU MAROC EN 1890 85 

Principaux dchour : 

El-Harcha (Soiimata), Marchammed, 

Bou Amsid, Aine el-Hadid, 

Ou Altaid, Boudjaria, 

Ou Akersou , Tardan . 

Influences politiques et religieuses. — La tribu 
représente l'influence religieuse de Sidi Abdesselem-ben- 
Mechich, sans la détenir, mais elle bénéficie des privilèges 
qui s'y attachent. C'est ainsi que les offrandes du sultan ont 
été partagées entre les Chorfa. De même, tous les ans, les 
Beni-Arouss ont pendant un mois la libre disposition de la 
Zaouiya, de la mosquée de Mouley Idriss à Fès, pour en 
percevoir les ziara. Ils recueillent de même celles qu'appor- 
tent à la koubba, les tribus du voisinage, dont quelques- 
unes payent Tâchour sous forme d'offrande de quelques 
bœufs à Sidi Abdesselem. C'est du moins ce qui se faisait 
encore ces dernières années chez les Beni-Zeroual, er- 
Bhouna, Bzaoua, etc. (1). 

Toutes les tribus des Djebala sont Bhedem de Sidi Abdes- 
selem-ben-M echich. Cependant celles du groupe du Dje- 
bel-Alem sont seules inféodées à ce parti politique. 

Suivant les uns, Sidi Abdesselem-ben-Mechich aurait eu 
quatre frères : lemlah. Moussa, Sidi Chakor et Sidi Amar, 
mais pas d'enfants; suivant les autres il aurait laissé une 
postérité, cinq fils et une fille : Sidi Aïssa, Sellem, Bouker, 
Moussa, Ali et Lallah Bessoula. 

De Sidi Semlah, descendant les Chorfa d'Ouezzan, qui 
envoient des ziara à la koubba du Sid. De Lallah Bessoula 
sont issus les Chorfa Oulad-ben-Bessoul, auxquels se ratta- 
chent les Chorfa Oulad el-Bekkal, dont le plus illustre est 
Sidi Allel-ben-el-Hadj. 

(1) Bommenis sur le Nord-Ouest africain, t. I, p. 370. — Dans les Documents 
etc., on a fait une confusion en attribuant tout cela aux Soumata, parce qu'ils 
sont en tôte du fractionnement. Il s'agit ici des Beni-Arouss collectivement. 




86 ^NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Ces branches ne comptent plus parmi les Chorfa Beni- 
Arouss. 

Dans la tribu même, quelques personnages marquants : 

Sidi Mohammed Kebir des Oulad el-Khegharza, à Sour- 
rak. 

El-Feki el-Mekki et Sidi Hamdou el-Khegharzi, qui 
sont oukil de la koubba et chargés du partage des ziara(l/3 
pour les Tholba et 2/3 pour les Chorfa). 

Mais rindigène le plus influent est un nommé Sidi el- 
Hassen de Thaghezert, qui doit à une foUe peut-être réelle, 
plutôt simulée, une grande réputation comme devin, pro- 
phète. Sa maison tenue par son fils, Sidi Abdesselem, est 
devenue un véritable but de pèlerinage où les Djebala se 
rendent en foule. 

On considère la moindre de ses paroles comme un oracle, 
et à en croire quelques racontars, la tranquillité des Djebala 
sur le passage du sultan en 1 889, serait due en partie à ce 
qu'un jour avant la nouvelle de l'arrivée de celui-ci, Sidi el- 
Hassen s'était brusquement fait couper les cheveux, témoi- 
gnage de soumission qu'on a reporte au sultan. 



Territoire. — Dans le massif du Djebel-Alem entre les 
Beni-Hassen, Khamis et Beni-Arouss. 

Origines; état social. — Les Beni-Leit sont une 
fraction des Beni-Aouzmer, séparée d'eux comme territoire 
et inféodée aux Beni-Arouss, dont ils ont beaucoup d azib. 

Situation politique et administrative. — Tribu 
paisible — meharrin comme Rhedem des Chorfa Beni- 
Arouss ne payent pas d'impôt. 

(1) V. Documents sur le yord-Ouest africain^ p. 420. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 87 

■ 

BENI-GOURFOT (*> 

Territoire. — Sur la bordure ouest du massif du Dje- 
bel-Alem, à la limite de la plaine du Gharb où ils débordent. 

Origines; état social. — Djebaba, où l'élément 
arabe paraît prédominant comme origine. Ils ont quelques 
grands dchour, c'est-à-dire des groupes de petits hameaux 
presque contigus. Leur territoire n'a pas ainsi une étendue 
proportionnée à leur importance numérique. Habitent en 
dchour. Quelques tentes dans la plaine. 

Situation politique et administrative. — Tribu 
soumise^ mais remuante, les Beni-Gourfot de la montagne 
surtout, chez lesquels l'action du Caïd est nulle dans les 
affaires intérieures. Souvent en lutte avec leurs voisins de 
la montagne. En meilleurs termes avec ceux de la plaine, 
les Khlout, auxquels ils se mélangent. Ils sont divisés en 
deux tribus qui relèvent Tune d'El-Araïch (Beni-Gourfot el- 
Djebel), l'autre du Gharb — commandement d'El-Abbassi 
(Beni-Gourfot el-Outa). 

Fractionnement. — Deux divisions administratives: 
Ehl el-Djebel, 
Ehl el-Outa. 

Principales fractions : 

El-Khtout, qui forme un grand dchar long de 15 à 

20 kilomètres (1 . 500 fusils), 
Saf, 
Rbaa el-Tnin. 

Influences politiques et religieuses. — Zaouiya 
Derkaoua assez réputée à El-Ahra. 

(1) V. Documents sur le Nord-Ouest africain, 1. 1, p. 421, 



•"■r 



88 NOTES SIR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Zaouiya Sidi Amar Ghîlan. Sid local avec Zaouiya- et 
Onerd . 

Quelques Aissaoua. 

Assez nombreux Rhedem de Dar Ouezzan. Mais surtout 
Rhedem de Sidi Abdesselem-ben-Mechich. 



BENMSSEF ^*> 

Territoire. — Dans la vallée de l'oued el-Gouts, entre 
les Ehl Serif, Beni-Arouss, Er-Rhouna et Beni-Zekkat. 

Origines ; état social. — Djebala, habitant en dchour 
assez resserrés. 

Situation politique et administrative. — Les 

Beni-Issef dépendent d'El-Araich mais ils sont très séibin, 
presque indépendants, au moins quant aux affaires inté- 
rieures. En 1889, leur arriéré d'impôts était de 7 années. 

Fractionnement. — Principaux dchour : 

Amgadi, El-Auber, 

Douar el-Arab, El-Harcha, 

Bou-Berkek , EI-Hamma . 

bifluences politiques et religieuses — Les Beni- 
Issef sont exclusivement Rhedem de Sidi Abdesselem-ben- 
Mechich et inféodés au groupe du Djebel-Alem. — Quelques 
familles de Chorfa : Oulad Sidi Moussa-ben-Mechich et 
Oulad Sidi Bou Theni, dans les tribus. 



EHL SERIF ^■> 
Territoire. — A la lisière ouest du massif du Djebel- 

(1) V. Documents sur le Nord^Ouest africain, t. I, p. 422. 

(2) Ibid., p. 423. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EX 1890 89 

Alem^ au sud deis Beni-Gourfat, et dans la plaine du Gharb, 
jusqu'aux abords du Sersar, où les Ehl Serif el-Outa sont 
mélangés avec les Khlout, Bdaoua, etc. 

Origines ; état social. — Semî Djebala^ semi arabe. 
Dchour dans la montagne. Douar sédentaires, c'est-à-dire 
avec enceinte d'épines, haies de figuiers de Barbarie et 
huttes. 

Situation politique et administrative. — Les 

Ehl Serif dépendent d'El-Araïch. Ceux de la montagne sont 
peu en main, séibin. Ceux de la plaine^ au contraire, sont 
tranquilles et en main. 

Fractionnement. — Deux divisions administratives : 
Ehl Serif el-Djebel, 
Ehl Serif el-Oula. 

Principaux dchour : 
Amguadir, 
Âïne Mansour, 
Djedjouka. 

Influences politiques et religieuses Les Ehl 

Serif el-Djebel sont Rhedem du Djebel-Alem et les Ehl Serif 
el-Outa, Rhedem de Dar Ouezzan en majorité. 

Quelques Aissaoua. 

Zaouiya Derkaoua de la branche de Sidi Mohammed el- 
Harraq à Aine Mansour. 

Zaouiya Hamadcha à Sidi Ali-bou-Loufa. 



KHAMÉS ^'^ 

Territoire. — Partie sud-est du massif du Djebel-Alem, 
Ils touchent aux Ghomara du Rif et aux Beni-Hassen vers 

(1) V. Documents sur le Nord-Ouest africain^ p. 427. 



,T' 



90 NOTES SUK LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

l'Est; aux BeniTAhmedet Ghomara au Sud; aux Beni-Arouss 
et Beni-Leit à l'Ouest; aux Beni-Ider et Beni-Hassen au Nord. 

Origines; état social. — Djebala, parmi lesquels 
malgré une instruction arabe très prononcée, l'élément 
berbère domine et a gardé une partie de ses caractères 
propres. 

On trouve encore chez les Khamès des traces et le souve- 
nir fort récent de l'ancienne organisation berbère : la djemaa 
des Ait Arbein, le Cheikh el-Rbeia, l'Izref, droit pénal ber- 
bère, n'ont disparu que depuis peu. Le régime des clans, 
des mezrag est encore en vigueur et les pénalités appliquées 
par les djemaa sont celles de l'Izref. 

Situation politique et administrative. — Ils ont 

actuellement deux Caïd, mais dont le rôle n'est que nomi- 
nal. En fait, les Khamès sont complètement seibin et d'ailleurs 
traditionnellement Meharrin comme Tholba de Sidi Abdes- 
selem-ben-Mechich . 

Ce titre de Tholba, justifié par une instruction répandue, 
un grand nombre de Sid locaux et d'Euléma célèbres aux 
anciens temps, n'empêche pas les Khamès d'être une des 
tribus les plus remuantes et batailleuses de la région. Ils 
§ont en hostilité avec tous leurs voisins notamment les Gho- 
mara et les Beni-Ahmed et actuellement en lutte avec les 
Bzaoua et les Beni-Issef, à la suite d'un différend où les pre- 
miers ont pris parti pour ceux-ci. C'est en même temps une 
des tribus Djebala où l'usage du Samt, du vin frais est le 
plus répandu. 

En 4889, les Khamès ont refusé de laisser traverser leur 
territoire par l'ambassadeur d'Italie qui avait demandé à 
aller porter ses lettres de créance au Sultan pendant la 
colonne. 

Fraotionnement. Deux fractions administratives : 

Khamès Foukaniyn, Khamès Sefeliyn . 



NOTES SUR LES VILLES BT TRIBUS DU MAROC EN i890 91 

Cinq fractions coDstitutives. Khamès, connues sous le nom 
de leur Alem de guerre : 

Sid el-Hadj Akhîtran, Sid Ahmed el-Alem, 

Sidi Youcef Tlidi, Alem Sebaa Kebaïl. 

Beni-Djbora, 

Principaux dchour : 

Tisoufa, long de 15 kilomètres 

Amouken, célèbre par sa mosquée 

Beni-Derkoul, en montagne 

Sidi Youcef Tlidi, en plaine près des Ghomara. 

Influences politiques et religieuses. — Les Kha- 
mès sont exclusivement Rhedem de Sidi Abdesselem-ben- 
Mechich, mais indépendants du groupe du Djebel-Alem (voir 
Beni-Arouss). 

BENI-AHMED ^*> 

Territoire. — Au sud du massif du Djebel-Alem, dans 
les bassins de l'Oued-Oulai et de l'Oued-Maoudour, affluents 
de droite de TOued-Ouerra. Territoire peu accidenté, tout 
en cultures et jardins. Tribus voisines : Beni-Mestera et 
Rzaouaà rOuest; Beni*Zeroual au Sud; Ghomara etKhamès 
au Nord et à l'Est. 

Origines; état social. — Tribu de Djebala, mais où 
prédomine l'élément arabe. Plusieurs dchour sont issus 
d'Abid Bokhari. Dchour en général étendus. 



politique et administrative. — Tribu 
très belliqueuse et pillarde. Les Beni-Ahmed coupent sou- 
vent les chemins qui traversent leur territoire et font de fré- 
quentes incursions chez leurs voisins. Ils sont en hostilité 
avec presque tous. Entre eux également, luttes continuelles. 

(1) V. Documents sur le Nord-Ouest africain, p. 432. 



92 NOTES SUK LES VILLES ET TÇIBUS DU MAROC EN 1890 

Ils relèvent du Gharb, commandement d'Ould el-Abbassi, 
ils ont deux Cheikh nommés par lui, mais ils sont très sei- 
bin. La seule autorité qu'ils reconnaissent un peu est celle 
des Kebar el-Djemaa des dchour. 

Fractionnement. — Deux divisions administratives : 
Béni Ahmed el-Fouki, Béni Ahmed el-Sefli. 

Influences politiques et religieuses. — Les Beni- 
Ahmed sont pour la plupart Rhedem de Sidi Abdesselem- 
ben-Mechich, mais sans être du groupe politique du Djebel- 
AJem. 

Beaucoup aussi sont serviteurs religieux de Dar Ouezzan. 

Assez grand nombre de Derkaoua, relevant de laZaouiya 
de Bon Berih des Beni-Zeroual. 



EHL SERSAR^*> 

Territoire. — Dans le massif du Djebel-Sersar, surtout 
sur le versant Nord. 

Origine ; état social. — Les Ehl Sersar sont Djebala 
et habitent des dchour. Ils descendent d'une fraction de ber- 
bères, serviteurs religieux de Mouley Abdallah Chérif, an- 
cêtre des Chorfa d'Ouezzan. Ce sont eux qui l'ont amené à 
Ouezzan, l'ont aidé à s'y établir. 

Situation politique et administrative. — Tribu 
naïba, paye l'impôt sans fournir d askar. Elle est relative- 
ment peu pressurée en raison de son origine et relève d'El- 
Araïch. 

Influences politiques et religieuses. — Les Ehl 

Sersar sans être précisément Rhedem des Chorfa actuels 
d'Ouezzan, en raison de leur origine, n'en appartient pas 

(1) V, Documents sur le Nord-Ouest africain, p. 433. 



i * * 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 



93 



moins aux groupes religieux et politiques que dirige Dar 
Ouezzan. 



MASMOUDA (^^ 



Territoire. — Au sud-est du Djebel-Sersar, dans les 
hauteurs qui forment, aux abords de ce massif, la plaine 
sud de la vallée de Toued el-Goûts. Tribus voisines : Sersar, 
Gharb, Er-Rhouna, Beni-Mestera. 

Origines; état social. — Djebala vivant en dchour. 
Descendent de l'ancienne tribu berbère de ce nom. 



politique et administrative. — Tribu 
tranquille depuis quelque temps. Naïba, dépend du Gharb, 
Caïdat de Er-Remouch, des Sefîan. 

Fractionnement. — Principaux dchour : 
Dchar el-Alia, Châab, 

Afersi, Ksiba, 

Dchour Sidi-bou-Beker, Zrahma, 

Chezera, Sidi Amar el-Hadi. 

Oulad el-Medjdoub. 

Influences politiques et religieuses. — Quel- 
ques Aissaoua. Influence dominante de Dar Ouezzan. 

Au Djebel-Sedjen, tombeau juif, où les Israélites du Ma- 
roc se rendent en pèlerinage. Ils y entretiennent une garde 
de Masmouda. 



ER-RHOUNA ^'^ 

Territoire. — Entre Toued Goûts et l'oued Ouerra, au 
sud des Ehl-Serif . 

(1) V. Documents sur le Nord'Ouest africain^ p. 434. 

(2) Ibid.y p. 436. 



94 NOTES SUR LES ViLLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Origines ; état social. — Djebala, vivant en dchour. 

Situation politique et administrative. — Petite 
tribu très belliqueuse et brave. Très peu soumise. Elle 
relève du commandement de Fès, mais sauf lors du passage 
des colonnes, comme en 1889, est à peu près complètement 
seiba. 

Fractionnement. Trois fractions. 
Beni-Sedjel, 
Beni-Sméah, 
Beni-Grir. 

Dchour : 

Zerradoun, El-Alia, 

El-Bellouta, Bzima, 

Beni-Mohammed, Afarnou . 

Influences politiques et religieuses. — Grande 
Zaouiya de Sidi Aissa Ould Sidi Selloum , des Chorfa Oulad 
Sidi-ben-Mechich, patron de la tribu et dont TAlem sort le 
premier, en cas de guerre. Zaouiya de Sidi Ahmed Mouse- 
bâa. Grande Zaouiya d'Aissaoua, dont le Moqaddem actuel 
Sidi Thami, paraît assez influent. Zaouiya de Hamadcha à 
Bou Midar. 



BENI-MESTEBA ^*> 

Territoire. — Dans le bassin de l'oued Ouerra, entre 
les Beni-Mesguilda, Beni-Zeroual, Er-Rhouna,» Masmouda, 
Aouf et Rzaoua. 

Origines; état social. — Djebala. Vivent en dchour. 

Situation politique et administrative . — Les Beni- 
Mestera sont la tribu la plus pillarde et la plus remuante de 
tous les Djebala. Les routes de leur territoire sont con- 

(1) V. Documents sur k Nord^Ouest africain, p. 437» 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 95 

stammeDt coupées. Ils volent sans cesse leurs voisins et ve- 
naient même piller des maisons, enlever des garçons ou des 
filles dans l'intérieur d'Ouezzan. En 1882, ils Font presque 
assiégée, arrêtant tous les voyageurs entre la ville et 
Gcheriin, ou sur la route de Fès. Grands buveurs de Samt 
et très adonnés pour leur propre compte aux Chettah des 
deux sexes, ils vendent aussi de côté et d'autre, les enfants 
qu'ils volent. 

Complètement séibin , ils n'ont pu être maîtrisés en 1 882-83 
qu'après Tenvoi de deux petites colonnes, dont la première 
avait été battue. En octobre 1889, le Sultan leur a donné 
un Caïd de chez eux, avec le concours duquel, une partie 
des brigands attitrés de la tribu ont pu être arrêtés. Deux 
mois après le frère du Caïd a été tué dans une émeute, et il 
a fallu envoyer de nouvelles troupes pour rétablir l'ordre. 

Deux divisions administratives : 

Outaouiin : Djahra (voisins de Ouezzan), 

Beni-Mestera Oulad el-Outa, 

Djebala : Beni-Ghîz, 

Oulad-ben-Talha, 
Dchour : 

El-Kitoumi, Mouley Amran Chérif , 

Zouaghi, Tichkran, 

El-Ansar, Er-Remel, 

Hadjert-ben-iViech, El-Azib, 

El-Khorfou, Mazoura (gisement de salpê- 

Oulad Abdallah, tre, fabrique de poudre), 

Oulad-ben-Talha, Diab . 

Influences politiques et religieuses. — Les 

Beni-Mestera sont, au point de vue religieux, Rhedem de 
Dar Ouezzan, mais ils lui sont politiquement très hostiles. 
Ils avaient voulu empêcher Mouley Abdallah Chérif de s e- 
tablir à uezzan et depuis, tout en allant en Ziara à son 



f — . 



96 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

tombeau, volent à Toccasion jusqu'aux draperies de son cer- 
cueil. D'autre part, dans leurs incursions à main armée dans 
le ksar, ils ne ménagent pas plus les filles des Chorfa que 
les autres. 

BENI-MESGUILDA (*> 

Territoire. — Sur TOued-Aoudour, affluent de rOuerra, 
entre les Beni-Mestera, Setla, Chéraga, Fechtala et Beni-Ze- 
roual. 

Origines ; état sociale — Djebala vivant en dcliour. 
Les Beni-Mesguilda sont très Tholba. Presque tous savent 
écrire. Mais ils n'en sont pas moins fort adonnés au Samt, 
pillards, coupeurs de routes, en lutte avec tous leurs voi- 
sins. 



Situation politique et administrative. — Tribu 
peu en main, presque complètement séïba. Elle dépend no- 
minalement du Gharb (Ould el-Abbassi) mais a eu à payer, 
lors du passage de la colonne en 1889, sept années d'ar- 
riéré d'impôts. 

Fractionnement. — Trois fractions : 

Dar el-Oued, 
Dchour : 

Oumana, 

El-Argoub, 

Bab-Djebel Zerka, Koudia, 

Beni-Rbeïa, Sidi Allai el-Zerari, 

Mouley-bou Chetta ez-Zrira Dar el-Oued, 
(Mouley bon Chhetta est El-Argoub, 
bou Gobréin), Oumana, 

Oulad Abdallah, Sidi Zitoun. 

Djemaa el-Oued, 

(1) V. Documents sur le Nord^Ouest africain^ p, 441. 



Notes sur les villes et tribus du mâiioc en i890 91 

Influences politiques et religieuses. — Pas d'in- 
fluence extérieure, en rÉiison du caractère Tholba de la 
tribu. 

Nombreux Sid locaux. 



FECHTALA 



(1) 



Territoire. — Bassin de TOuerra, autour du Djebel- 
Mouley-bou-Chetta et du Djebel-Amergoub, entre les Beni- 
Mesguilda, Beni-Oughiagcl, Chéraga et Oulad Aïssa. 

Origines; état social. — Tribu renfermant en majo- 
rité des éléments arabes, mais Djebala de mœurs, d'habitat. 

Situation politique et administrative. — Tribu 
dépendant du commandement de Fès (Ould Bâ Mohammed). 
Soumise et assez bien en main. 

Influences politiques et religieuses. — Quelques 
Rhedem de Dar Ouezzan. Mais l'ensemble de la tribu recon- 
naît surtout pour Sid Mouley-bou-Chetta, le patron du Gbarb 
de TEst, dont la koubba est sur son territoire. Les Fechtala 
sont très jaloux de leur saint. Entr'autres coutumes, ils s'op- 
posent par la force à toute tentative faite pour blanchir sa 
koubba, Mouley-bou-Chetta n'ayant jamais voulu habiter 
que dans des constructions en pisé. 



SETTA ^'^ 

— Bassin de TOued-Ouerra, entre les Ou- 
lad Aïssa, le Gharb, les Chéraga, Beni-Mesguilda^ Beni-Mes- 
tera, et Aouf . 



(i) V. Documents sur le Nord-Ouest africain, 1. 1, p. 443. 
(2) Ibid., p. 443. 

1 



d8 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Origines; état social. — Djebala très arabisés, vi- 
vant en dchour. 

Situation politique et administrative. — Les 

Setta dépendent du Gharb, commandement d'Ei-Abbassi. 
Ils sont assez tranquilles et en main. 

Fractionnement. — Dchour : 

Medjemoula, Kherb en-Naim, 

El-Khazzen, Maalil, 

Dar Hadden, Aine el-Oued, 

Aine el-Raha, Dchar Sidi Mimoun. 

Influences politiques. — Les Setta sont surtout 
Rhedem de Dar Ouezzan, et Derkaoua. 



BENI-ZEKKAT ^'^ 

« 

Petite tribu de Djebala située entre les Er-Rhouna, Beni- 
Issef, Khamès et Rzaoua dont ils dépendaient primitive- 
ment. Les Beni-Zekkat sont séibin comme ces derniers, 
quoique relevant du Gharb, Caïdat de Sefian (Er-Remouch). 

Ils sont surtout Rhedem de Sidi AUel-ben-el-Hadj, des 
Chorfa Oulad el-Bekkal. 

Rhedem Sidi Abdesselem-ben-Mechich. 



RZAOUA ^*^ 

Territoire. — Dans le bassin de TOuerra, entre les 
Beni-Mestera, Er-Rhouna, Beni-Zekkat, Beni-Ahmed et 
Khamès. 



(1) V* Documents sur le Nord'-Ouest africain^ 1. 1, p. 444. 

(2) V. Ibid., p. 444 et 447. 



:i?': 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 99 



Origines; état social. — Tribu Djebala vivant en 
dchour, où les Tholba sont fort nombreux. 



Situation politique et administrative. — Les 
Rzaoua dépendent du Gharb, Gaïdat de Sefian (Er-Re- 
mouch). Mais ils sont assez indépendants, peu en main. 
Jusqu'en 1889, ils se contentaient, comme Achour, d'envoyer 
14 bœufs à lakoubba du Djebel- Alem et ne payaient rien 
au Makhzen. Mouley el-Hassen a réussi à leur faire donner 
une partie de leurs impôts arriérés. Ils sont actuellement 
en hostilité avec les Kbamès, à cause des Beni-Issef, de 
leur Lef et dont ils ont embrassé le parti. 

Fractionnement. — Fraction isolée formant presque 
une tribu à part : El-Harraïq, dans le Djebel de ce nom qui 
se continue chez les Khamès sous celui de Djebel-Haoulen. 

Dchour : 

Beni-Itna, El-Glâa, 

Beni-bou-Their, El-Oglea, 

Gallad es-Sobani, Toukkala, 

Teria , El-Harraïq . 

Influences politiques et religieuses. — Nom- 
breux Ghorfa Oulad el-Bekkal, de la famille de Sidi Allel- 
ben-el-Hadj, dont les descendants vivent à El-Harraïq qui 
est tout entière à leur dévotion. 

Nombreux Khouan Derkaoua, relevant de deux Zaouiya : 
Zaouiya Sidi Chérif chez les Beni-Naïm, qui dépend de celle 
de Bou-Berih chez les Beni-Zeroual, et Zaouiya Sid el-Hadj 
er-Radi, de la branche de Sidi Mohammed el-Harraq. 

Rhedem de Sidi Ahmed Mousebâa, Ouali local. 

En outre, les Rzaoua sont tous Rhedem de Sidi-ben- 
Mechich. 



'^-'^- 



!D0 NOTES SUh VL^ VILLES Et TRIBl'S DU MAROC EN 1890 

BENI-ZEROUAL <•) 

Territoire. — Bassin de TOued-Mezaz, affluent de 
rOuerra, à sa sortie des Ktama, et bassin de rOued-Ouiail, 
autre affluent de TOuerra. Entre ces deux oued, massif 
montagneux assez élevé, le Djebel-Outka, et quelques 
autres plus petits, le Djebel-Aine Berda notamment. 

Origines ; état social. — Les Beni-Zeroual sont d'o- 
rigine berbère, mais très arabisés. Ils comptent en outre 
d'assez nombreux descendants des Abid Bokhari . 

Ils vivent en dchour, très resserrés et compacts; entou- 
rés de jardins de tous côtés. Un seul de ces dchour, Aine el- 
Berda, couvre tout un versant de la montagne de ce nom. 
On y compte six mosquées et il peut mettre en ligne 1 .200 
fusils. 

Situation politique et administrative. — Les 

Beni-Zeroual forment la plus grosse tribu de tous les Dje- 
bala. S'ils étaient moins divisés, aucune de celles qui les 
avoisinent ne .pourrait leur tenir tête. Mais ils sont constam- 
ment en lutte entre eux de même qu'avec leurs voisins. 
C'est ainsi que Mouley Hassen a pu les rapprocher un peu 
du Makhzen, camper chez eux en 1889 avec sa colonne, et 
leur faire accepter quatre Caïd. Ceux-ci n'ont d'ailleurs guère 
d'autorité, et il paraît peu probable que les Beni-Zeroual 
continuent à payer l'impôt. 

Leur ancienne organisation intérieure qui parait avoir été 
très forte a à peu près disparu. Les affaires de la tribu, des 
dchour, sont traitées en M éad, où tout le monde a rang égal^ 
et où les plus turbulents l'emportent souvent. Il reste cepen- 
dant quelques traces des vieilles institutions locales. Ainsi, 
dans chaque dchar, se trouve une pierre dressée devant la 

(1) V. DocufMntsmt le Îford'-Ouest africain^ t. I, p. 448. 



NOTES SUR LES VILLES ET THÏBUS DU M.\ROC EN 189Ô 



m 



mosquée principale. Les indigènes qui ont à se plaindre de 
quelque vol, ou de tout autre tort fait à leurs droits, sacri- 
fient une poule, une chèvre sur cette pierre. Le Cheikh el- 
Djemaa doit s'y rendre aussitôt et ouvrir en faisant compa- 
raître témoins et défenseur, une sorte d'assises populaires, 
un méad, ou se règle le litige. 

Fractionnement. — Les quatre Caïd sont placés à : 
1"* Chahrira, avec commandement des Beni-Mka et Beni- 
Medjerou; Bou Maam et Oulad Kacem. 
2*^ Azaïs, fraction des Beni-Iadmi. 
3^ Oulad Salah, fraction des Beni-Èrahim, 
4** Aine el-Berda, 

Outre Aine el-Berda, les principaux dchour sont : 

Tazerdra, 

Bab el-Bir, 

Aghafsil, 
formant une djemaa qui relève du Caïd d'Aine el-Berda, 
mais est hostile à cette fraction. 

Béni Brahim : 
El-Oglaia, 
Afouzal, 
Sentia, 
Afiguel, 
Tidoufa 
El-Mchaa 

Beni-Mka : 
Taenza, 
Beni-Medjera. 

On compte en outre avec les Beni-Zeroual, deux petites 
tribus : 

Oulad-bou-Réma (200 fusils), 

Oulad-Bekkar (100 fusils), 
issues de tribus importantes autrefois, détruites aujourd'hui 



dans le Djebel- 
Outka. 



Oulad Salah, 
Oulad Attia, 
Ouarghout, 
Bou-Thaam (Chorfa 

Smainiin), 
Nokia. 



402 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS I>L' MAHOG EN 4890 

et absorbées par peux-ci. Les^Oulad Bekkar ont une petite 
kasbah sur l'Oued-Meknoun. 



IiifliiJe(Bpe& politiques et religieuses ^^K — L'in- 
fluence dominante est celle des Derkoua, dont la Zaouiya 
principale, le tombeau de Sidi el-Arbi Derkaoui, est dans la 
tribu à Bou-Berih. Elle a pour chef actuel un petit-fils de 
Sidi el-Arbi, Sidi Abderrahman Ould Sidi Taïeb. Sans mé- 
connaître d'une façon absolue son autorité, tous les Derkaoua 
du Maroc même ceux de Medghara, admettent au moins la 
suprématie morale de la Zaouiya de Bou Berih et les chefs 
de difiFérentes branches y envoient des Rekeb annuels. 

Autre Zaouiya Derkaoua très importante à Medjour. 

L-ensemble de la tribu est, au point de vue religieux et 
peut-être politique, presque complètement dans la main du 
chef de la Zaouiya de Bou Berih, et il en est de même de 
quelques tribus voisines. Cette influence est plutôt hostile au 
parti du Makhzen. 

Elle a comme adversaire, celle de la Zaouiva de Sidi-\1- 
lel el-Hamouni, Sid local très révéré, dont les Rhedem sont 
en général favorables au gouvernement. Le sultan s'y est 
rendu en ziara pendant la colonne de 1889. 

Quelques Rhedem de Dar Ouezzan, représentés par 
quelques familles de Chorfa. 

Quelques Aissaoua. 

Les Beni-Zeroual sont en outre Rhedem de Sidi Abdesse- 
lem-ben-Mechich . 



EL-DJAÏA ^*^ 

Territoire. — Entre les Sélès, Hahiéhina, Béni 
Oughiagel, Beni-Zeroual. 

(1) V. Documents sur le Nord-Ouest africain, t. I, p. 386. 

(2) V. Ihid., p. 452. 



NOTES SUR LES ViLLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 103 

Origines ; état social. — Djebala avec prédominance 
de Télément arabe. Dchour. 

Situation politique et administrative. — Les 

El-Djaia sont commandés par un Caïd de leur tribu, mais 
dont l'influence est nulle en dehors de son propre parti. 
L'ensemble de la tribu doit être considéré comme sèibin. 
Ils sont du reste coupeurs de routes déterminés. 
Fractionnement. — Trois fractions : 

Oulad-bou-Zoulat et Oulad Ghoroum (près des 

Hahiéhina) 
Beni-Mohammed, 
Senouber. 

Principaux dchour : 

Beni-bou-Zoulat, Djeber-Mchit, 

Oulad Ghoroum, Zirarda. 

Senouber, 

Influences politiques et religieuses. — Les El- 
Djaia sont surtout Rhedem du Djebel-Alem. Ils ont chez eux 
quelques Chorfa Beni-Arouss et une Zaouiya leur apparte- 
nant. Azib et Rhedem de Dar Ouezzan. 

Quelques Raziyn. 

BENI-OUGHIAGEL (*> 

Territoire. — Presque complètement entourés par les 
Beni-Zeroual. Voisins sur leur frontière libre, des Ghéraga 
et Fechtala. 

Origines ; état social. — Djebala vivant en dchour. 

Situation politique et administrative. —Tribu 
relevant de Fès (Caïd Ould Bà Mohamed), à peu près indé- 
pendante comme ses voisins les Beni-Zeroual. 

(1) V. Documents sur le Kori-Ouest a/Hcatrii t. l, p. 451^ 



104 NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Fractionnement. Divisions administratives : 

Beni-Oughiagel Sefeliin. 

Beni-Ougiagel Foukaniin. 

Principaux dchour : 

Ardour Tingiran, 

Beni-Guisal, Derdour. 

El-Guitoun, 

Influences politiques et religieuses. — Rhedem 
de Dar Ouezzan et de Mouley-bou-Chetta. 



SÉLÈS ^*) 

Territoire, — Entre les oued Ouerra et Sébou, vers 
leur partie supérieure, dans un pâté montagneux, très ro- 
cheux et arrosé. Voisins : El-Djaia, Beni-Oughiagel, Chéraga, 
Hahiéhina. 

Origines ; état social. — Les Sélès sont les derniers- 
descendants des Beni-Mrim et Beni-Outass, qui habitaient la 
région de Fès avant les Idrissiin. Ils sont Djebala et vivent 
en dchour. 

Situation politique et administrative. — Tribu 
tranquille, considérée d'ailleurs comme d'extraction noble 
et relativement peu exploitée. Elle a un Caïd pris parmi ses 
Kebar. 

Fractionnement. — Dchour : 

El-Amser, Sidi Mohammed Senni, 

Aine Denma, Iberran. 

Oulad-bou-Chérik, 

Influences politiques et religieuses. — Rhedem 
Dar Ouezzan et Sidi Abdesselem-ben-Mechich. 

(1) V. Documents sur le Nord-Ouest africain, t. ï, p. 452. 






NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 105 

MEZZIAT (*) 

Territoire. — Bassin de TOued-Ouerra, entre les Hahié- 
hina, Mtioua, Beni-Zeroual et Sanhadja. 

Origines ; état social. — Djebala vivant en dchour. 

Situation politique et administrative. — Re- 
lèvent du Caïd de Fès Djedid, El-Ferradji. Sont tranquilles, 
mais doivent à leur position au milieu de tribus séibin, une 
semi indépendance. 

Fractionnement. — Deux fractions : 
Oulad-bou-Sultan , 
Mezziat, 
Grand dcbar à El-Achaïch. 

Influences politiques et religieuses. — Rhedem 
de Dar Ouezzan. Derkaoua. Quelques Aissaoua. 



MTIOUA (DJEBALA) (*> 

Territoire. — SurTOued-Imezzaz, affluent de l'Ouerra, 
entre les Beni-Zeroual, Beni-Ahraed, Sanhadja et Mezziat. 

Origines; état social. — Originaires du Rif, mais 
sortis de son territoire et arabisés comme langue; Djebala 
de Lef, quoique ayant conservé les Dchour rifains, par 
maisons isolées. Ils sont de même souche que les Mtioua 
el-Bahar du Rif. 

Situation politique et administrative. — Les 

Mtioua étaient complètement séibin avant la campagne 
de 1889. Ils ont accepté lors de la colonne de l'été de 1889, 

(i) V. Documents sur le Nord-Ouest africain^ p. 453. 
(2) Ibid., t. I, p. 454. 



106 NOTES SUR LES VILLES ET TRiBUS DU MAROC EN 1890 

d'être placés sous le commai^dement d'un des Caïd résidant 
à Fès, Ould el-Daoudi, mais ils n'en sont pas moins restés 
fort indépendants. Ils sont pillards et très batailleurs. Ainsi, 
peu de temps avant l'arrivée du sultan, qui a réglé ce diflFé- 
rend, il y avait eu une lutte acharnée entre les deux frac- 
tions : En-Nader et Oulad-bou-Slama. Les premiers avaient 
eu 80 hommes tués ou blessés et les seconds un peu moins 
seulement. 

Fractionnement. — Deux fractions : 

Ich, 
Mtioua Djebala l En-Nader, 

El-Glâa d Beni-Oumeress 

Mechkour. 
Mtioua el-Outa ^ El-Oglâa, 

Taghia. 

Influences politiques et religieuses. — Les Mtioua 
Djebala sont surtout Rhedem des Derkaoua Oulad Akhem- 
lich, au nombre des clients desquels ils comptent comme 
les Sanhadja. 

Rhedem Dar Ouezzan. 



SANHADJA <*^ 

Territoire. — Dans le bassin du haut Ouerra, entre le 
Rif, les Mtioua, Beni-Oulid, Hahiéhina et Mezziat. 

Origines ; état social. — Les Sanhadja, issus de la 
grande tribu de ce nom, forment une importante confédéra- 
tion, qui compte en partie dans le Rif, en partie chez les 
Djebala, 

Elle se divise en trois tribus de Sanhadja : 
Sanhadja d Srir, qui sont du Rif. 

(1) V. Documents sur le NordrOueet africain^ t, I, p. 339, 



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NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 107 

Sanhadja d Reddou ? r\- u i 
Sanhadja d Mousebaa ) 
Une autre tribu de Djebala, les Ktania, compte politi- 
quement et géographiquement avec les Sanhadja d Srir, 

Situation politique et administrative. — Les 

Sanhadja Djebala, aussi bien que ceux duRif sont soumis à 
l'ascendant exclusif d'une grande famille de Chorfa Oulad 
Sidi Ahmed-ben-Nasser qui est établie chez eux. Ils en for- 
ment la clientèle, lui obéissent en tout, et ne reconnaissent 
pas d'autres maîtres. 

Chez les Sanhadja du Rif, c'est le chef de la famille qui 
exerce l'autorité au nom du sultan. Lors de la campagne 
de 1889, Mouley el-Hassen qui a traversé le territoire de la 
confédération et s'est arrêté trois semaines chez les San- 
hadja d Srir, pour attendre le payement d'une amende de 
300 mulets, sans oser s'aventurer chez les Sanhadja d 
Mousebaa et d Reddou, a cependant essayé de détacher 
ceux-ci du parti de leurs maîtres. Il a nommé deux Caïd 
dans la première tribu, un dans la seconde, mais les a em- 
prisonnés quelques mois plus tard parce qu'ils n'avaient 
réussi àrecueiUir aucune hédia. 

En fait, sous réserve de l'autorité d'origine religieuse 
exercée par les Oulad Akhemlich, les Sanhadja Djebala sont 
complètement indépendants, les Mousebaa surtout qui ha- 
bitent dans le Djebel-Medioima des villages inaccessibles, 
où les mulets ne peuvent pas monter. 

Les Sanhadja ont des djemaa pour chaque dchar. Il se 
battent souvent entre-eux. 

Fractionnement. — Sanhadja d Reddou : 
Dchour : Reni-Krama, 

Djala, 

Bou Redda. 



I 



!08 NOTES SUR LES VÏLLKS KT TRIBUS DU MAROC EN 1890 

Sanhadja d Mousebaa : 

Dchour : Aine Médiouna, Fennassa, 

Gzennaya, Beni-Gorra, 

Bou Knana, Bou Adel, 

El-Menaa, Oulad Azam. 

Tizeroual, Tazouta, 
Beni-Salman. 



Influences politiques et religieuses. — Influence 
exclusive des Oulad Akhemlich. 

FARNASSA (^> 

Petite tribu située dans le bassin de TOued-Ouerra, entre 
les Sanhadja et les Mtioua, dont elle dépend comme com- 
mandement. 

Ainsi que les Mtioua, elle est en fait séiba, sauf au pas- 
sage des colonnes. 

BENI-OUANDJEN <'> 

Territoire. — Dans le bassin supérieur de l'Ouerra, 
entre les Sanhadja et les Maghnissa. 

Origines ; état social. — Tribu composée par moitié 
de Ghomara et de Sanhadja, réunis au cours de luttes lo- 
cales. Malgré leur origine rifaine, ils sont Djebala. 

Situation politique et administrative. — Les Beni- 
Ouandjen dépendent du Caïd Daoudi des Mtioua et comme 
eux sont presque séibin. 

Influences politiques et religieuses. — Dar Ouez- 
zan en première ligne. 

Quelques Derkaoua, Aissaoua, etc. 

Sidi Ali-ben-Daoud, Ouali de Maghnissa, Sid local. 

(i) V. Documents sur le Nord-Ouest africain, t. ï, p. 455. 
(2) Ibid., p. 455. 



V 



NOTEii SUÎl LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 109 

BENI-BOU-SLAMA (*> 

— Dans le bassin du Sébou, entre les Beni- 
Ahmed, Mtioua, Berii-Oughiagel et Fennassa. 

Origines ; état social. — Djebala vivant en dchour. 
Situation politique et administrative. — Les 

Oulad-bou-Slama dépendent des Mtioua, Caïd Daoudi. Mais 
ils sont presque complètement indépendants. Leur territoire 
inaccessible les met à l'abri de toute tentative contre leur 
autonomie. 

Influences politiques et religieuses. — Ils sont 
serviteurs religieux des Oulad Akhemlich (Derkaoua), de 
Dar Ouezzan et de Sidi Abdesselem-ben-Mechich. 

BENI-OULID ^^-> 

Territoire. — Petite tribu enclavée entre les Sanhadja 
d Reddou et les Sanhadja d Srir, dans le bassin de 
rOuerra. 

Origines ; état social. -^ Djebala vivant en dchour, 

Situation politique et administrative . — Les Béni- 
Oulid sont rattachés au commandement de Ould Bâ Moham- 
med de Fès,roais à peu près indépendants en temps normal. 

Fractionneiùent. — Dchour : 
El-Ghorfa, 
Oued el-Ounen, 
Aine Abdoul. 

Influences politiques et religieuses- — Les Beni« 
Oulid, comme les Sanhadja, sont inféodés aux Oulad 
Akhemlich. 

Rhedem des Nasseriin. 

(1) V. Documents sur le Nord-^uest africain^ 1. 1, p. 456. 
(2)]6id., t. I, p. 456. 



*•• .' 



• V 



110 JHOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

MAGHNISSA (*) 

Territoire. — Bassmde TOued-Ouerra, entre les Beni- 
Ammart et les Guezennaya du Rif, les Sanhadja d Reddou 
et les Targuist, des Sanhadja d Srir. 

Origines ; état social. — Les Maghnissa se rattachent 
à l'élément rifain. Leurs dchour sont comme ceux du Rif, 
formés de maisons isolées, mais ils sont Djebala de langue^ 
et leur territoire ne compte pas dans le Rif. 

Situation politiciue et administrative; — Les 

Maghnissa dépendent du Caïd Daoudi des Mtioua, mais en 
fait ils sont à peu près indépendants. Ils sont très rhedd ara, 
coupeurs de route et pillards. Le Mezrag n*a aucune valeur 
chez eux. 

Influences politiques et religieuses. — Ils sont 
exclusivement Rhedem de Sidi Ali-ben-Daoùd, des Oulad 
Sidi Ahmed-ben-Nasser, sans postérité, mais à la koubba 
duquel se trouve une Zaouiya importante oui on vient cher- 
cher les ziara de Tamezrout. 



DSOUL ^*^ 

Territoire. — Dans le bassin du hautSébou, surTOued- 
Inaoun, afQuent de TOued-Ouerra. Voisins des Riata, Magh- 
nissa, Branès, Hahiéhina. 

Origines ; état social. — Tribu formée d'éléments 
berbères (Djebala) et arabes. Ils habitent pour la plupart en 
dchour, mais ont aussi quelques tentes. Mezrag, Cheikh el- 
Djemaa et Méad. 

Situation politique et administrative. — Tribu, 

(1) V. Documents sur le Nord-Ouest africain^ t. I, p. 457. 

(2) Ibid., p. 461. 



NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 111 

séiba qui dépendait primitivement de Taza et a depuis 1889, 
trois Caïd pris dans son sein . 

Influences politiques et religieuses. — Beaucoup 
de Rhedem de Dar Ouezzan. Quelques Derkaoua, Ais- 
saoua. Nasserivn. 



BRANÉS (*> 

Territoire Sur l'Oued el-Fodda, affluent de TOuerra, 

entre les Dsoul, Maghnissa, Guezennaiya (Rif) et Sauhadja. 

Origines ; état social. — Djebala de langue et de 
territoire, mais se rattachant à Télément rifain par la na- 
ture de leurs dchour. 

Situation politique et administrative. — Dé- 
pendent de Taza, mais à peu près indépendants. Ils ont con- 
servé les coutumes de Tlzref, quoique ayant seulement des 
Cheikh el-Djemaa, et règlent leurs affaires intérieures ou 
extérieures par Méad. Ils sont très pillards, batailleurs, sou- 
vent en lutte avec leurs voisins. 

Fractionnement. — Fractions : 

El-Taïfa ) 

Béni Fekkous \ ^"^^^' "^^^^"^' 

Ouerba, 

Tainest, 

Influences politiques et religieuses. — Rhedem 
de Dar Ouezzan. 

Sidi Mohammed Zerrouk, Sid local. 

Zaouiya Tidjaniya. 

Quelques Bou Abid Cherki, Nasseriyn, Raziyn, Aissaoua. 

(1) V. hoGwmnU sur le Nord-Ouest africain, 1. 1, p. 462. 



m NOTES SUR LES VILLES ET TRIBUS DU MAROC EN 1890 

RIOUA <*> 

Territoire. — Dans la vallée supérieure de TOued- 
Ouerra, entre les Mezziat, Mtioua, Hahiéhina et Sanhadja 
d Mousebaa. 

Origines; état social. — Djebala vivant en dchour. 

Situation politique et administrative. — Les 

Rioua dépendent de Fès, Caïd el-Feradji. Récemment en- 
core séibin, très remuants malgré leur petit nombre, ils 
paraissent maintenant mieux en main. 

Influences politiques et religieuses. — Rhedem 
Moulev-bou-Chetta et surtout Sidi-ben-Nasser, branche des 
Oulad Akhemlich, dont ils sont clients. 

(1) V. Documents sur le, Nord-Ouest africain^ 1. 1, p. 457. 






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