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Full text of "Notices et extraits de quelques manuscrits latins de la Bibliothèque nationale"

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NOTICES ET EXTRAITS 

tu: 

QUELOUES MANUSCRITS LATINS 

DE lA BIBblOTIIÈQDE NATIONALE 
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TYPOGRAPHIE 

EDMOND MONNOYBR 




LE HANS (Sastob) 



NOTICES ET EXTRAITS 



DE 



QUELQUES MANUSCRITS LATINS 



DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 



PAR 



B. HAURÉAD 



MEMBRK DE L'INSTITUT 



TOMK SIXIÈME 



PARIS 
LIBRAIRIE C. KLINCKSIEGK 

11, RUE DE LILLE, 11 ' 
1893 



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NOTICES ET EXTRAITS 

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QUELQUES MANUSCRITS LATINS 

DE 

LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 

SUITE Dl LA SIIllHI PARIII 
(Fonds divors) 

18081 

Nous avons d'abord ici, sous le nom de saint Au- 
gustin, Topuscule De spiritu et anima publié comme 
apocryphe dans le tome VI de ses Œuvres. Il est, en 
effet, bien certain que cet écrit n'est pas de saint Au- 
gustin ; on Ta reconnu dès le xiii* siècle, et il était 
facile de le reconnaître. Les copistes et les éditeurs 
qui l'ont mis au compte de Hugues de Saint- Victor 
ne se sont pas moins trompés. Saint Thomas Tattri- 
buait à « certain moine cistercien. » C'est la plus 
vague et la plus vraisemblable des conjectures que 
Ton ait faites sur l'auteur, qui ne pouvait se nommer 
sans encourir le reproche d'avoir commis de nom- 
breux larcins (1). 

(1) Les Œuvres de Hug. de Saint- Victor, p. 177 et suiv. 
VI 1 



2 MANUSCRITS LATINS 

Au fol. 8, sans nom d'auteur, un traité sur la cha- 
rité qui commence par Vulnerata cantate ego sum. 
Nous Tavons rencontré déjà sous le n® 15082 et nous 
avons dit qu'il est de Richard de Saint-Victor (1). 

Au revers du feuillet 13, un fragment dont tels 
sont les premiers mots : Cum per se ipsum dignatur 
Deus inviser e animam queritantem. Ce fragment suit 
aussi, dans le n° 14924 (fol. 7), le traité sur la cha- 
rité, et nous ne doutons pas qu'il soit du même au- 
teur. Cependant nous l'avons en vain recherché dans 
ses Œuvres. 

Au même feuillet, l'opuscule do Richard De gradibus 
caritatis, publié dans le tome GXGVI de la Patrologie, 
col. 1195. 

Au fol. 17, Tractatus super missain, sive Spéculum 
Ecclesiœ, quem composuit Hugo de Roma. Ce Spéculum 
très souvent copié l'a quelquefois été sous le nom 
de Hugues de Saint- Victor ; notamment dans les 
n»» 3473 (fol. 105), 14558 (fol. 184) de notre biblio- 
thèque, 150 de Metz, 473 de Tours et 212 de Tou- 
louse. Mais il est incontestablement du cardinal 
Hugues de Saint-Gher. 

Au fol. 22, Expositio sacri canonis^ sans nom d'au- 
teur. Nous répétons ce que nous avons dit sous 
les n«» 3417, 15952, 16499 (2) : cette Exposition 
du canon de la messe, publiée dans les Œuvres de 
Hugues de Saint- Victor et attribuée à bien d'autres, 
est de Richard de Wedinghausen, religieux de Pré- 
monlré. Notre copie dififère beaucoup de Tédition ; 

(1) Tome IV, p. 256. 

(2) Tome I, p. 210; t. V, p. 49,145. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 3 

elle est bien plus considérable. L'édition parait n'en 
être qu'un abrégé. 

Suivent deux autres expositions de l'oraison domi- 
nicale, dont la première commence par ces mots : 
Qui benignitate sua sacri canonis arcanum aliqua^ 
ienus reserare nobis dignatus est. Nous n'en connais- 
sons pas l'auteur. Et non plus celui de la seconde, 
dont tel est le début : Hoc quotiescumque feceritis in 
mei memoriam... — Frater, Christus in cena^ sacerdos 
pro nobis... Ce sont là sans doute des fragments, si 
ce ne sont des sermons. Les deux expositions ont, en 
effet, le ton parénélique. 

Au fol. 34, une courte instruction pour les con- 
fesseurs, commençant par : Accedenti ad confession 
nem primo dicat sacerdos quia vere pœnitenti tria 
unt necessaria. Nous n'en avons pas à citer une 
autre copie. Il y a beaucoup de ces manuels, qui 
qui sont presque tous anorfymes. 

Du fol. 37 au fol 180, un ample recueil de sermons 
anonymes. Ils sont de Nicolas de Biard. Quand nous 
avons décrit le n® 13579, nous avons dit qu'il ne con- 
tient pas tous les sermons de ce prédicateur décem- 
ment familier (1). Or, on en lit ici, non seulement 
plusieurs, mais un assez grand nombre, qui ne sont 
pas dans ce n'^ 13579. Ayant donné des extraits de 
ceux qui s'y trouvent, nous allons transcrire de même 
quelques passages de ceux qui ne s*y trouvent pas. 

Contre les femmes, au fol. 50: 

Vidistis quod homines, volentes ire in exercitu, faciunt 
limare gladios suos ut splendeant et exacui ut scindant. Sic 

(1) Tome II, p. 292. 



4 MANUSCRITS LATINS 

diabolus, volens ire in exercitu ad capiendas animas, parât 
gladios, limât et exacuit. Unde accipit mulierem quse polit 
se et fardât, et ita parât se ornando caput, pedes et alla 
membra quod iste gladius est ita acutus quod vix invenerit 
cor quod non perforet. 

Maintenant, au fol. 80, contre les clers trop avides 
d'opulentes prébeudes : 

Cum avarus desiderat aliquid habere, ut domum vel 
vineam, dicit quod sufficeret ei si illam posset habere ; sed 
non facit nisi accendere ignem. Sic ut patet in clericis nos- 
tris qui de praebenda volant ad prsebendam et de praebendis 
sitiunt dignitatem; quod non est ignem extinguere, sed 
potius ligna lignis addere et ignem augmentare. 

Gela n'est pas trop dur. Ce qui suit Test un peu 
plus : 

Non est ita vilis, vel clauda, vel monocula in hac villa, si 
crederetur habere tria régna quale est regnum Franciae, 
quoB libenter non duceretur in uxorem, etiam a magno et 
potente... Qui tenet mulierem non propter fructum et bo- 
num matrimonii, sed propter lucrum, cessante lucro eam 
abjicit; sic multi, qui creduntur boni et pœnitentiam agunt 
de peccatis, lucrantur quandoque aliquid temporale vel bo- 
num nomen; quibus cessantibus^ abjiciunt pœnitentiam. 
Item aliqui, qui propter lucrum tenent uxores vel mulieres, 
habito lucro dimittunt eas ; sic aliqui hypocritae, cum per 
pœnitentiam suam adepti sunt aliquod beneficium vel hono- 
rem, statim dimittunt pœnitentiam. Dicunt se prius vigilias 
fecisse, et tune festum sequitur. Nota etiam quod quidam 
tenent mulierem sicut garciam suam; cum non obtinent 
per eam quod cupiunt, dimittere eam volunt et turpius eam 
tractant et verberant enormius quam faceret aliquis alius ; 
sic qui habent (1) pœnitentiam, ut dictum est, postquam 
eam dimiserunt magis ea persequuntur, sicut monachi 
apostatse. 

(1) Au lieu de habent, lisons agunt. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 5 

Nicolas de Biard était, avons-nous dit, un modéré ; 
mais il ne pouvait, étant religieux, ne pas mal penser, 
et quelquefois mal parler des clercs séculiers. La 
raison d'être des ordres nouveaux n'était-elle pas 
l'opulence et la vie dissipée de ces mondains? Il 
n'hésite pas d'ailleurs à reconnaître qu'il y a plus 
de bons clercs que de bons juges : 

Multos artifices bon os invenimus, utpote bonos latomos, 
bonos fabros, bonos clericos, sed paucos bonos justitiarios ; 
pauci enim sunt qui sequuntur justitiam. 

Beaucoup de bons clercs; pas de bons juges. Cela 
veut dire que ces frères ennemis, les deux clergés, 
étaient encore animés de sentiments plus hostiles à 
regard de leur ennemi commun, la puissance civile. 
Contre elle les deux factions étaient une armée. 

Nous lisons, au fol. 123, cette anecdote : 

Nota exemplum de rege qui in sylva erat ad venandum 
sylvestria, et vidit multos mercatores euntes ad nundinas. 
Qui, miratus de hoc, interrogavit quo irenfc. lUis autem res- 
pondentibus quod ad nundinas, ubi quidquid vellet homo 
vénale inveniret, quibus associatus venit ad nundinas. Qui 
cum nuUas merces emeret cum multse ei offerrerentur, quia 
de* talibus multum habebat in regno suo, quidam sapiens 
dixit ei ad quid emendum venisset. Oui rex dixit quod non 
ad aliud nisi ad sensum et sapientiam emendum. Qui dixit 
ei quod bene venerat, quia ipse ei sensum venderet. Con- 
ventione facta, propter centum marchas docuit ei sensum 
qui in hoc versu continetur : 

Quidquid agas sapienter agas et respice finem (1). 

Qui, reversus in propria, hune versum in parietibus do- 

(1) Ce vers était, au moyen âge, dans toutes les mémoires. Nous 
le trouvons très peu modifié dans une des fables de VjEsopus 
metrificatus.U&TyievLJif Les Fabulistes lat,, t. II, p. 395, 



6 MANUSCRITS LATINS 

mus suae et camerae fecit describi. Tandem cum ejus inimici 
cum barbitonsore suo convenissent pro pecunia quod regem 
cum rasorîo suo interficeret, et jam ad hoc pervenerat quod 
ille regem radere incœperat, cogitavit quod ipse et heredes 
sui de pecunia sibi promissa ditarentur. Accipiens rasorium 
ad acuendum super corrigiam suam respexit ad parietem et 
vidit prsBdictum versum ; qui, cogitans finem sui propositi, 
in tantum stupefactus fuit quod nec regem amplius radere 
volebat. Cujus causam rex inquirens, totum factum reco- 
gnovit. Ex quo rex sensum quem emerat recognovit et ap- 
probavit, quia per illum a morte liberatus fuit (1). 

Un texte quelque peu différent de cette narration 
se trouve dans le curieux manuel qui a pour titre : 
Tractaius de abundantia exemplorumin sermonibus; 
n9 3706 des manuscrits latins de la Bibliothèque 
nationale, fol. 157 v®. 

On sait que Todeur de Tail inspirait une vive répu- 
gnance au roi Louis IX. Cela nous est attesté de nou- 
veau par notre sermonnaire, fol. 125 : 

Aliquis abstinet se ab alliîs quia quibusdam fœtent. 
Video quia rex odit allia et sibi fœtent ita quod aliquis de 
familia sua non auderet comedere, vel, si comederet, non 
auderet ad eum accedere. 

Au fol. 134, un sermon en l'honneur de saint 
Etienne, où Téloge de ce martyr tient la moindre 
place. Il semble que l'orateur n'ait pas eu d'autre 
dessein, en venant occuper la chaire, que de raconter 
cette histoire tragique : 

Quidam rex in infirmitate vovit ire ultra mare si eva- 
deret. Postea comvalescens de licentia uxoris arripuit iter, 

(1) Une copie du sermon auquel nous empruntons cette anecdote 
est dans le n* 13579 (fol. 180); mais Tanecdote manque dans cette 
copie. 



DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 7 

ita disponens terram suam quod primo uxori su» homines 
sui obedirent, et secundario et post ipsam fratri suo post 
nato. Accidit quod frater, ssepe loquens dominae reginsa et 
frequentans cum ipsa, sicut oportebat, propter regîmen 
terrse quod eis traditum fuerat, accensus est malo amore et 
finxit se infirmari quasi usque ad mortem. Domina regina 
venit coram eo, quserens quid haberet. Ipse respondit quod 
quasi moriebatur. Hegina dixit : « Frater carissime, si ali- 
quo modo possem apponere consilium, libenter apponerem. » 
Tune : a Certes, domina, bene potestis et nemo potest 
prœter vos. • Tune domina: t Et ego libenter apponam. » 
Tune ipse exposuit malum amorem suum. Tune domina 
regina dixit : « Frater carissime, si essem ita misera quod 
ego consentirem, nuUo modo talem proditionem deberetis 
etiam in alio extraneo permittere. » Et dimisit eum. Ille 
vero ssBpe et ssepius solicitabat eam. Tune domina eogitavit 
intra se : • Ille homo maie est accensus; poterit mihi dari 
malam potionem vel per fraudem me opprimere; » et 
praecepit quod incarceraretur in quodam castello ; quod sic 
factum est. Postmodum, tempore procedente, audivit quod 
rex veniebat. Tune fratem suum fecit extra carcerem poni, 
et prseparavit ei equos et alia vestimenta ad eundum obviam 
fratri suo. Cum autem ipse invenisset regem et rex qusBre- 
ret de uxore sua, qualiter se habuerat, respondit : « Melius 
volo quod audiatis ab aliis quam a me . » Tune, ad magnam 
instantiam régis ut ei diceret, dixit quod mala rlbalda erat 
et quod fere omnes homines de curia eam cognoverant et 
quod ipsa soUicitaverat eum de cognoscendo eam, et, quia 
noluit consentire, incarcéra verat eum. Tune rex qusesivit 
ab assistentibus utrum hoc esset verum. Ipsi responderunt 
quod sciebant quod incarceratus fuerat, sed quare hoc fuerat 
nesciebant. Tum rex vocavit ad se de miiitibus suis et 
injunxit eis quod eam in mare ducerent et ibi submergèrent. 
lUi recesserunt. Cum autem domina veniret obviam eis, 
quserens de domino suo, ipsi acceperunt eam et duxerunt 
ut implerent quod régi juraverant. Cum autem navigarent 
per mare, per inspirationem divinam cogitaverunt quod in 
quadam insula eam ponerent et eam non submergèrent, 
et de transgresso juramento pœnitentiam acciperent; quod 
et fecerunt. Cum autem ibi esset regina cum leonibus et 



8 MANUSCRITS LATINS 

aliis feris, yalde timuit. Cum fatigata dormiret et antea 
orasset Virginem gloriosam, quam multum servierat, ut 
eam adjuvaret, Virgo gloriosa apparaît ei in somnis et dixit 
ei quod ipsa inveniret ad caput suum herbam per quam 
sanaret omnes leprosos, dum tamen vere et intègre prius 
conflterentur peccata sua. Ipsa evigilans herbam invenit, et, 
sicut Deus voluit, intravit quamdam navem qusa juxta insu- 
lam applicuit, et, veniens ad quamdam civitatem, hospitata 
est in domo cujusdam bonse viduae. Dominus autem terrse 
leprosus erat, nec consilio medicorum sanari poterat. Quid 
plus? Ipsa eum et quam plurimos leprosos sanavit. Accidit 
quod proditor frater mariti sui leprosus factus fuerat, et 
quod domina ista, cujus fama tam late diffusa fuerat, quse- 
sita fuit et venit in curiam mariti sui, cognoscens omnes et 
tamen ab eis incognita. Tune dixit proditori quod intègre 
confiteretur peccata sua et sanitatem reciperet. 111e confi- 
tens omnia prseter id quod est de proditione quam fecerat, 
accepit herbam et non est curatus. Tune domina dixit : 
c Sciatis, domine rex, quod iste non est vere confessus. » 
Cum autem instanter incitaretur a rege de confitendo, dixit 
quod pro toto mundo unum peccatum non confiteretur; et 
cum rex plus et plus instaret, dixit régi : « Scio quod si 
conûteor faciès me suspendi. > Promisit rex quod non face- 
ret. Tune ipse proditionem régi exposuit et, accepta herba, 
sanatus est. Et tune rex cœpit lamentari et conqueri pro 
bona uxore sua quam fecerat occidi, et ea cœpit eum conso- 
lari, dicens quod dives homo erat et quod se in altero loco 
maritaret. Ipse vero dicebat quod nusquam talem inveniret. 
Tune illa : < Si sciretis quod esset viva, faceritis eam liben- 
ter quaeri ubicumque esset ? » Dixit quod sic, quantumcum- 
que deberet constare. Tune illa aperuit régi quod uxor sua 
erat et se manifestavit. Tune factum est magnum gaudium 
in curia, et bannitus est extra regnum proditor ille pes- 
simus. 

De ce long récit Torateur tire quatre leçons de 
morale, qu'il énonce très brièvement. On voit que 
Taffaire principale était pour lui de conter son roman, 
un vrai roman de chevalerie. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 9 

N'omettons pas de signaler, aux fol. 129 et 130, 
sept colonnes de digressions morales qui viennent 
interrompre la série des sermons. Nicolas de Biard 
en est aussi l'auteur; elles sont extraites de son 
livre bien connu sous le titre de Distinciiones. 

Du fol. 180 au fol. 196, des fragments ou des thè- 
mes de sermons dont quelques-uns sont très courts. 
Il n^y a rien là ni pour notre instruction, ni pour 
notre agrément. Tout est banal. 

Au fol. 196, avec le nom de Tauteur, le traité 
d'Àdélard de Bath habituellement intitulé Quxstiones 
naiurales. On sait combien grand en est l'intérêt. Il 
a été publié (1). 

Au fol. 227, le poème sur les pierres précieuses : 

Evax, rex Arabum, legitur scripsisse Neroni.. . 

Ce poème est, comme on le sait, de Marbode. Les 
copies en sont nombreuses, et Beaugendre en aurait 
pu donner, d'après toutes ces copies, un meilleur texte« 

A la suite, quatre courtes pièces, dont la première 
a pour titre Divisio librœ. Elle est ici sans le nom de 
l'auteur, et nous en pouvons citer d'autres exem- 
plaires anonymes dans les n^* 2872 (fol. 126) et 8069 
(fol. 7); mais il s'en trouve deux copies dans le 
n° 14167 (fol. 38 et 63) avec le nom de Fulbert, 
évéque de Chartres. Elle est, en effet, de Fulbert, 
et, comme elle est inédite, nous la publions d'après 
nos manuscrits : 

Libra vel as ex unciolis constat duodenis, 
Uncia de libra liquit subtracta deuncem ; 

(1) Hain, Repert. bihl, n- 85. 



10 MANUSCRITS LATINS 

At sextans, hoc est eadem geminata, deiincem ; 
Hine qnadrans, haee scilicit ipsa ter acta, dodrantem ; 
Inde triensipsias qaadruplicatio bissem; 
Quintus septussem, qaae sat sua pondéra produnt ; 
Semis semissem, médium dum dividit assem. 
Nec vacat unciolae mediam sexcuntia jungens. 

La pièce suivante, inlitulée Divicio uncisSy a été 
publiée sous le nom de Fulbert [Pairologie^ t. CXLI, 
col. 353), mais incomplète et très fautive. La voici 
plus correcte : 

Uncia viginti scrupules et quattuor ambit; 
Dimidium stater ac semuncia dicitur ejus. 
Tema duae sesclsB pars est eademque duella; 
Quarta siclus vel sicilicus vel denique cisel. 
Sextula sexta modo solet et modo sescha vocari; 
Octavam appellant dragmam, vel rarius olcem. 
Et duodenariam mediam sesclam vocitarunt. 
Vicenam quartam scrupulus seu gramma retentat. 

La troisième a de même été publiée dans les 
Œuvres de Fulbert, mais avec de telles fautes qu'on 
n'en peut rien comprendre. Le juste renom de l'au- 
teur nous fait un devoir d*en donner un meilleur 
texte. Il s*agit de la division du scrupule : 

Unus item scrupulus calcis componitur octo. 
Dimidium scrupuli est obolus, pars quarta cerates (1). 
Hinc sextam placuitfingi siliquamque vocari. 
Ultimus est chalcus, ciceris duo granula pensans. 

Enfin la quatrième pièce, intitulée Proha propositum 
de supradictis divisionibus, est certainement aussi de 



(1) Fulberl ignorait que Va (ùi bref dans cerates^ 



DE LA BIBUOTHÈQUB NATIONALE 11 

Fulbert, et, puisqu'elle manque dans Tédition de ses 
Œuvres, nous n'hésitons pas à la transcrire : 

Die igitar plene quota sit pars uncia librae, 

Dragma, obolus, scrupulus, quota chalcus siye cerates, 

Quot siliquse plenam, quot adaequant granula libram. 

Au fol. 233 : Incipit Sysaralacus^ liber scilicet quem 
composuU mag. Zacharias de passionibii^ oculorum. 
Quel est ce médecin ? Nous ne le connaissons pas. 
Son traité n'occupe guère que trois colonnes. A la 
suite, d'autres prescriptions médicales^ une digres- 
sion sur la saignée et des gloses sur un texte inti- 
tulé : Conferentia memorix loquela avis sacratœ 
habens quinque colores. Ce titre n'est-il pas inintel- 
ligible pour tout le monde ? Il Test, du moins, pour 
nous. 

Un fragment des Géorgiques termine le volume. Ce 
fragment appartient au livre premier et commence 
par: 

Atque hsec ut certis possemus discere signis, 
^stus et pluvias et agentes frigora ventos... 

Il nous plaît de remarquer que le second de ces 
vers est correct, et qu'on le lit ainsi, dans la dernière 
édition de Virgile : 

iEstusque pluviasque et agentes frigora ventos. 

Virgile ne s'est peut-être pas toujours interdit cette 
licence ; mais, pourquoi l'aurait- il prise en cette 
rencontre ? On accuse un peu légèrement le P. Larue 
d'avoir altéré le texte de Virgile pour le conformer 
aux règles de ce qu'on appelle dédaigneusement 



12 MANUSCRITS LATINS 

la prosodie classique. Les boDs manuscrits, qui ne 
sont pas toujours les plus anciens, offrent beaucoup 
de leçons judicieusement admises par le P. Larue 
et qu'on aurait mieux fait, croyons-nous, de con- 
server. 

18082 

La première page de ce volume est occupée par un 
fragment anonyme sur le néant des choses humaines. 
En voici le début : Status omnis humanus ruinosus 
est. L'auteur pouvait s'arrêter là, cette maxime étant 
d'une incontestable vérité. Mais il a cru devoir la 
conQrmer par divers témoignages d'Ovide et de 
Sénèque . 

A la suite, quelques vers, dont plus d'un est vicié. 
Les premiers sont sur les âges du monde : 

Incipiens ab Adam, quam formavit Deus, 8etas« . . 

Nous ne les avons pas ailleurs rencontrés. D'autres 
ont pour objet de rappeler que cinq mille cent qua- 
tre-vingt-dix-neuf ans se sont écoulés entre, la nais- 
sance d'Adam et celle de Jésus. Quelques autres, d'un 
égal intérêt, sont si peu corrects, qu'on hésite à les 
transcrire. Nous avons déjà fait connaître ceux-ci : 

Virgo Joannes avis, vitulus Lucas, leo Marcus.. . (1) 

Les suivants : 

Est ratio cur pars altaris dextera missse..., 

ont été publiés par Beaugendre sous le nom d'Hil- 

(1) Tome I, p. 224. 



DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 13 

debert et sont peut-être de lui (1). Nous avons ici de 
nouveau les huit vers sur les heures canoniales. 

In matutino damnatur tempore Christus... 

que nous avons déjà cités sous les n®* 3417 (2), 
3705 (3) et 16699 (4). La dernière de ces épigrammes, 
incorrecte et inintelligible, commence par : 

Credo, Petrus ait. . . 

C'est là tout ce que nous en pouvons citer. La 
suite est évidemment altérée. 

Au fol. 4 : Augv^tinm de dignitate sacerdotum. 
Voilà bien la plus bizarre des attributions! Saint 
Augustin donnant en vers rythmiques des leçons 
de conduite aux curés du xii® ou du xiii* siècle! 
Cette pièce a deux parties, dont la première, en 
prose, manque dans presque toutes les copies. Nous 
l'avons néanmoins plusieurs fois rencontrée et nous 
la retrouvons ici. Les vers ont été, comme nous 
Tavons dit, souvent publiés (5). Cependant on ne les 
connaît pas bien, les éditions étant toutes plus ou 
moins défectueuses. La dernière, celle de M. Du Mé- 
ril, est particulièrement répréhensible. Nous allons 
nous efforcer d'en donner une meilleure (6) : 

Viri venerabiles, sacerdotes Dei, 
Prsecones altissimi, lacemsB diei, 
Caritatis radio fulgentes et spei, 
Auribus percipite verba oris mei. 

(1) Mélang, poét. d*Hild,,ip. 151 . (5) Tome IV, p. 306. 

(2) Tome I, p. 211. (6) Nous avons établi notre 

(3) Ibid,, p. 237. texte sur le présent manuscrit 

(4) Tome V, p. 203. et sur les n-' 1093, 3473, 3480. 



14 MANUSCRITS LATINS 

Vos in sanetuario Deo deservitis, 
Qaos vocavit palmites Christus ver» vitis; 
Cavete ne stériles aut inanes sitis. 
Si cum yero stipite vivere velitis. 

Vos estis catholicae legis protectores, 
Sal terrae, lux hominom, ovium pastores, 
Mari domus Israël, monim correctores, 
Jadices Ecclesiae, gentiom doctores. 

Sidesit protectio legis lex labetor; 
Si sal evannerit in que salietur? 
Nisi lux appareat via nescietur; 
Nec, si pastor vigilet, ovile frangetur. 

Vos coepistis vineam Dei procurare, 
Quam doctrinœ rivulis debecis rigare, 
Spinas atque tribulos prorsus extirpare, 
Ut radiées fidei possint germinare. 

Vos estis in area boves triturantes, 
Prudenter a paleis granum séparantes; 
Vos habent pro speculo legem ignorantes 
Laici, qui fragiles sunt et inconstantes. 

Quidquid vident laici vobis displicere 
Dicunt proculdubio sibi non licere; 
Sed quidquid vos opère vident adimplere 
Credunt esse licitum et culpa carere. 

Cum pastores ovium sitis constituti, 
Non estote desides sicut canes muti I 
Vobis non deûciant latratus acuti ! 
Lupus rapax invidet ovium saluti. 

Grex fidelis triplici cibo sustentetur, 
Corpore dominico quo ûdes augetur, 
Sermonis compendio, quod discrète detur, 
Mundano cibario ne periclitetur. 



DE LA BIBLIOTHâQUE NATIONALE 15 

Ovibus tenemini vestrisprsedicare; 

Sed quid, quibus, qualiter, ubi, quando, qaare, 

Debetis sollicite praeconsiderare, 

Ne quis in ofûcio dicat vos errare. 

Spectat ad ofûciam vestrœ dignitatis 
Gratise petentibus dona dare gratis; 
Sed si cuiquam ôdei munera yendatis, 
Incursuros Giesi lepram vos sciatis. 

Gratis eucharistiam plebi ministrate, 
Gratis confitemini, gratis baptizate, 
Secundum apostolum cunctis gratis date, 
Solum id quod fuerit yestrum conservate. 

Yestra conversatio sit religiosa, 
Munda conscientia, vita virtuosa^ 
Regularis habitas, fama speciosa, 
Nulla vos coinquinet labes criminosa. 

NuUus fastus déprimât signam vestrae vestis; 
Puritatis mentium habitas sit testis; 
Nihil vos iUaqaeet caris inhonestis, 
Quibus claves traditse sunt regni cœlestis. 

Estote breviloqui, ne vos ad reatam 
Protrahat loquacitas, nutrix vanitatam. 
Verbum qaod proponitis sit abreviatum, 
Nam in multiloquio non deest peccatum. 

Estote benevoli, sobrii^ pradentes, 
Justi, casti, simplices, pii, patientes,^ 
Hospitales, humiles, subditos décentes. 
Consolantes miseros, pravos corrigentes. 

Utinam sic gerere caram pastoralem 
Possitis, et ducere vitam spiritalem 
Ut, cum exueritis clamydem carnalem, 
Induat vos Dominas stolam seternalem ! 



16 MAimSCBITS LATBVS 

Qui fedet in solio somouB nuyestotis 
Vos parget a vitio, mondei a peocatU; 
Yobifl sit aaxilio vestrae pietatis 
Ut Abrahse gremio fine sedeatis? 
Amen! 

Au revers du feuillet 5 sont quelques autres vers 
encore plus maltraités par le copiste. Les premiers le 
sont à ce point qu*on n'y peut rien entendre. 

Les suivants, attribués à Pythagore, sont d'Ovide. 
Voici le premier vers de la troisième pièce : 

Qaid certam manet hic, nisi mors vel mortis imago ?... 

et, tout entière, la quatrième et dernière : 

Vestis pulchra, jocus, cibas, otia, pocula, sonmos 
Enervant animam luxuriamqae lovent. 

Panper mensa, labor, somnas brevis, aspera vestis 
Camem castigant laxoriamqae domant. 

Tous ces vers, faisons le remarquer, sont moraux, 
et il y en a, dans nos manuscrits, beaucoup d'autres 
qui ne le sont pas. 

Au fol. 6, Spéculum peccatoris, editum a beato 
Augustino, commençant par : Quo modo^ carissimi, 
in via hujus vilœ fugientis sumus... II faut lire : 
Quoniam^ carissimi. Nous avons précédemment cité 
ce Spéculum peccatoris sous le n® 13602 (1). Divers 
manuscrits rattribuent à saint Augustin, à saint Gré- 
goire, à saint Bernard, à Gérard Groot; mais les 
copies anonymes sont les plus nombreuses. En fait, 
on ne sait pas quel est Fauteur de cet écrit mystique. 
Les Bénédictins l'ont inséré dans les œuvres apocry-* 
phes de saint Augustin. 

(1) Tome II, p. 346. 



DE LA iiaéù&nàkQim Iyâtionalb 17 

Au fol. 12, Liber de officio sacerdottmi, editus a 
beato Thofna de Aquino. Ce manuel sacerdotal a été 
déjà cité sous le n'' 3417, et il a été dit qu'il n'est pas 
de saint Thomas (1). Un bibliographe dominicain pro* 
pose de Tattribuer à quelque curé de campagne, et le 
prudent Échard parait souscrire à celte attributioQ. Il 
nous prouve ainsi que ce petit livre, utile peut-être, 
lui semblait néanmoins peu louable. 

Au fol. 29, De modo discendi; commençant par : 
Sapiens quidam, cum de modo et forma discendi 
interrogaretur, inquit : Mens humilis^ studium quœ^ 
rendi, . . Suivent trois hexamètres publiés par Denis, 
d'après un manuscrit de Vienne (2), qui se trouvent 
aussi dans le n® 593 de la Mazarine, fol. 25. Cet écrit 
n'occupe que trois petites colonnes. C'est, croyons- 
nous, un fragment. 

Au même feuillet, De libero arbitrio; commençant 
par : Nabuchodonosor pœniteniiam meruit fructuosam. 
Ce ne sont qu'extraits de saint Augustin et de saint 
Grégoire. 

Du fol. 31 au fol. 209, avec le nom de l'auteur, 
les trois premiers livrés de la somme de Raymond De 
casïbus. Au fol. 209, la quatrième, avec un titre par- 
ticulier, De matrimoniq. 

Au fol. 236, un pénitentiel anonyme, commençant 
par : Res grandis^ imo permaxima. Mais lauteur de 
ce pénitentiel nous ôst connu ; c'est Robert de Fia- 
mesburg, chanoine de Saint-Victor. Un autre exem- 
plaire a été mentionné sous le n® 16506 (3) et nous 

(1) Tome I. p. 209. (3) Tome V, p. 164. 

{2)Cod. theol. Vindob., t, I, c. 685. 

VI 2 



18 MANUSCRITS LATINS 

en devons citer un autre plus loin. C'était un livre 
très eslimé. Dans la bibliothèque du collège des 
Cholets, qui pourtant n'était pas riche, il y en avait 
encore, au xvn* siècle, deux copies (1). 
A la fin du volume, le poème 

Pœnlteas cito peccator, cum sit miserator 
Judex 

qui, plus d'une fois copié sous le nom de Jean de 
Garlande, est d'un auteur qui sera toujours peut-être 
ignoré. C'est, du reste, une œuvre médiocre (2). 

18094 

Ce volume contient, sous le nom de Boèce, les 
trois célèbres traités De Trinitate, De Hebdomadibris, 
De Duahus naiuris et una persona in Chrisùo, avec un 
commentaire anonyme. Les trois traités avaient tou- 
jours été considérés comme appartenant au grand 
Boèce, l'interprète éclairé d'Aristote, l'auteur de la 
Consolation, Mais d'habiles critiques se sont déclarés, 
de nos jours, contre cette opinion, n'admettant pas 
que le philosophe eût été chrétien (3). C'est là pour- 
tant ce qu'atteste, dit-on, son ami Cassiodore, dans un 
fragment récemment découvert, ajoutant qu'il est 
bien Tauteur des écrits dogmatiques qui lui sont 
attribués par tous les copistes (4). Ce témoignage est 

(1) E. Châtelain, Note sur les man. du collège des Cholets, p. 11. 

(2) _Not. sur les œuvres de J, de Garlande, p. 10 ; dans le t. XXVH» 
2» part., des Notic. et extr, des man, 

(3) Gh. Jourdain, Excursions à travers le moyen âge, p. 3. 

(4) Boissier, Journal des Savants; 1889, p. 449. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 19 

certainement d'un grand poids. Mais quelque interpo- 
lateur n'a-t-il pas fait dire à Cassiodore un peu plus 
qu'il n*a dit? Ce qui, du moins, ne semble plus dou- 
teux, c'est que Boèce, gendre d'un chrétien et mari 
d'une chrétienne,, était aussi chrétien. 

On ne trouve pas dans notre manuscrit, nous en 
faisons la remarque, la Confessio fidei publiée pour la 
première fois en 1656, sous le nom de Boèce, par 
René Vallin. 

Le commentaire est de l'évêque de Poitiers, Gilbert 
de La Porrée, le plus docte et le plus ingénieux de 
tous les sectateurs du platonisme au xii* siècle. Les 
théologiens n'ont pas approuvé les raisons qu'il a 
données pour expliquer le mystère de la Trinité. Ce 
sont des raisons qui diffèrent beaucoup des argu- 
ments dont Abélard fait usage; mais toute expli- 
cation d'un mystère offre les mêmes dangers. 

Nous avons plusieurs éditions de ce commentaire, 
la dernière dans le tome LXIV de la Patrologie. Mais, 
dans ces éditions, la préface est incomplète, et ce 
qu'on en a retranché nous parait être ce qu'il y a de 
plus intéressant. C'est pourquoi nous allons combler 
la lacune. Après avoir dit qu'il s'est efforcé d'exposer 
fidèlement l'opinion de Boèce, Gilbert assure qu'il n'a 
rien avancé de contraire à la doctrine des théologiens 
authentiques, quoiqu'on Tait accusé d'avoir commis 
ce délit. Mais quel crédit peuvent avoir ces gens qui 
l'accusent ? Citons : 

Multa pro qualitate operis... explanamus, sollicite cir- 
cumspicientes ne aliquo sensu ab authenticis sanctarum 
divinationum scriptoribus recedamus, quamvis nos ab eis 



20 MANUSCRITS LATINS 

dissentire gardant quidam temporum nostrorum Ennii 
atque Pacomii (1), qui, cum nihil didicerunt, opinione sua 
nesciunt nihil, homines sine ratione philosophi, sine visione 
prophetse, prseceptores impossibilium, judices occùltorum, 
quorum mores plurimis notos describere niinostra Interest. 
Ipsi vero, tanquam excussi propriis^ aliéna negotia curant, 
et, obliti suorum facinorum, satiras de ceteris animi ingenio 
et vitae honestate praeclaris etmultarum personarum fingunt 
comœdias. Qui etiam in Deum blasphemi illorum de ipso 
proûtentur errores quorum nomina diffîtentur, nam, ut ita 
dicantur hsereticorum catholici, in Sabellii, Donati, Pelagii 
et aliorum hujusmodi pestilentium verba jurati, eorum 
nomina, eo quod edictis publicis damnata noscuntur, cum 
catholicis detestantur, ut, cum blasphemiarum causis slnt 
juste damnabiles, blasphemorum detestatione putentur 
indemnes; sed, quia non tam res nominibus quam nomina 
rébus accommodât impositio, quibuscumque res conveniunt 
nomina non convenire non possunt. Quoniam ergo vere 
sunt, recte vocentur Sabelliani, Donatistse, Pelagiani et 
hujusmodi ; et bene, quod novi haeretici nihil afferunt novi 
ut ad improbandum adinventiones novas novis sit laboran- 
dum inventis. Antiqua sunt dogmata olim praeclaris et 
exercitati ingenii virorum evidentissimis atque necessariis 
rationibus improbata, quibus eadem novissimis his redivlva 
temporibus possunt refellere quicumque recte intelligentes 
virorum illorum scriptis lectitandis in vigilant; sed qui 
neque legunt neque lecturiunt ideoque scientlarum ele- 
menta, si qua prioribus annis attendere consueverant, post, 
longa desuetudine, desciverunt, aut etiam corruptis artibus 
a via veritatis exorbitaverunt, bas omaino rationes igno- 
rant. Quorum si forte aliqui humano errore aut potestate 
aliqua prœsunt aut prseeminent dignitate, prsecipiunt ut 
verum falsum et falsum verum, itemque bonum malum et 
malum bonum esse credatur, et, quod impudentissimum ' 
est, ad sui magnificentiam quoslibet infâmes magnificant et 
magniûcos infamant. Sed quia non tam cognitores quam 
cogniti résident, saepe contingit ut, rerum consequentibus 

(i) 11 faut lire peut-être Pacuvii, Gilbert disant plus loin que ses 
étracteurs étaient des auteurs de satires et de comédies. 



DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 21 

cancellatis, cujuspiam bon» famaB aliquid illorum favor 
detrabat et vituperatio addat. Quod nimirum attendentes 
illorum maledicta de nostris moribus et praecepta de rébus 
contemnimus (1). 

 cette préface succède un prologue d'un ton bien 
diffèrent, qui tout entier a pour objet de justifier la 
doctrine de Boèce sur la Trinité. Or, dans un grand 
nombre de manuscrits, le commentaire débute par ce 
prologue ; la préface manque. Gela nous fait supposer 
que cette préface superbement injurieuse fut écrite 
par Gilbert après ce concile de Paris, où, dénoncé par 
ses archidiacres Galon et Arnaud, sommé par saint 
Bernard de rétracter quelques téméraires assertions 
de son commentaire, il fut du moins invité par le 
concile à ne plus discourir sur un mystère en des 
termes qui, mal compris, pouvaient sembler con- 
damnables. Ainsi les ignorants qui Tout calomnié, et 
qui, Sabelliens sans savoir Têtre, lui ont fait un crime 
d'avoir exposé la saine doclrine dans un langage 
auquel ils n'entendaient rien, ces auteurs mal notés 
de satires, de comédies, contre les plus honnêtes gens, 
seraient les deux archidiacres et leur complice, Tabbé 
do Glairvaux. On sait que/ peu de temps après le 
concile de Paris, saint Bernard fit prier Gilbert de 
vouloir bien conférer amicalement avec lui sur les 
graves questions traitées dans ce concile, mais que 
Gilbert refusa d'avoir cet entretien inutile avec un 
homme si peu versé, dit-il, dans les matières théolo- 
giques (2). Il est vrai que saint Bernard n*avait pas 

(i) Nous avons corrigé quelques mots sur deux copies conser- 
vées dans les n^ 16341 et 16342. 
(?) tiist, de la pfiil. scolast.^ prem. période, p. 476. 



22 MANUSCRITS LATINS 

appris à philosopher sur le dogme, et qu'il s'inquiélait 
peu de savoir s'il était plus facile de démontrer l'es- 
sence unique des trois personnes suivant la doctrine 
de Platon que suivant celle d'Aristote. Nous croyons 
qu'à lui se rapporte ce passage de la préface : Si forte 
aliqui humano errore aut potestate aligna prœs uni aut 
prœeminent dignitate, prœcipiunt ut verum falsum et 
falsum verum. . . esse credatur, et, quod impudentissi' 
mum esty ad sui magnificentiam quoslihet infâmes 
magnificant et magnificos infamant. Ce mot prœci" 
piunt met bien en scène l'impérieux abbé de Clair- 
vaux, qui ne parlait à personne, même au pape, sans 
prendre le ton du commandement. 

18096 

Dans ce manuscrit du xii« siècle, longtemps con- 
servé dans Tabbaye de Saint-Corneille, à Cômpiègne, 
tout, ou, du moins, presque tout est anonyme. 

La première pièce, intitulée Liber honestœ vitœ, est 
de grande notoriété, mais l'auteur en sera toujours 
inconnu. On l'a souvent, à la vérité, copiée et même 
imprimée sous les noms de Sénèque et de Martin, 
évêque de Braga; mais elle n'est pas plus de l'un que 
l'autre; elle est d'un faussaire lettré, qui vivait, croit- 
on, vers le milieu du iv* siècle. C'est ce que nous 
pensons avoir prouvé sous le n° 13468 (1). 

Suivent quelques extraits anonymes, tirés de saint 
Augustin, de saint Bernard, de Hugues de Saint- 
Victor. Il n*est besoin de signaler que ceux-ci : 

(1) Tome II, p. 195 et suiv. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 23 

Au fol. 10, un fragment, commençant par : Fercu" 
lumfecit sibi rex Salomon. — Duo vehiculorum gênera 
commémorât Scriptura. L'auteur est Hugues deSaiat- 
Victor: M iscelL, livre I, titre 61 .Notons que la dernière 
phrase n'a pas de sens dans le texte imprimé ; il faut 
ainsi la lire, d'après notre manuscrit : Per currum 
Pharaonis cor in cupiditate camalium voluptatum dis- 
currens.Duîol. 11 au fol. 115, sans titre, un plus long 
fragment, dont l'auteur est encore Hugues de Saint- 
Victor. On trouvera cette dissertation subtile et pro- 
lixe sur la volonté de Dieu dans son grand traité De 
Sacramentis, livre I, partie iv, ch. i-xxv. 

Les extraits qui commencent au fol. 15 sont tous 
de saint Bernard. Le premier, qui débute par : Havr- 
rietis aquas in gaudio. — Pro paradiso, quem perdi- 
dimus..., est le sermon 96 De diversis dans les 
dernières éditions de saint Bernard. Il ne peut être 
utile d*en indiquer les copies nombreuses ; nous 
croyons toutefois devoir en signaler trois, pareillement 
anonymes, dans les n°* 6674, fol. 58, 12261, fol. 145 
et 18219, fol. 68. Au fol. 16, sans titre, une courte 
définition de l'amour^ commençant par Duo sunt amo- 
res. Est-ce bien un sermon? C'en est un, à la vérité, 
sous len® 101, parmi les Sermones de diversis, dans 
rédition de Mabillon ; mais on a fait depuis longtemps 
remarquer que beaucoup des pièces assemblées sous 
ce titre sont tout simplement des lieux communs 
paraphrasés. De même le morceau qui vient après et 
commence par Veniens ad nos de via noster arnicus 
n'est qu'un exorde de sermon. Il figure, dans l'édition 
de Mabillon, sous le n° 59 des Sermones de diversis. 



24 MANUSCRITS LATINS 

Mais nous avons à la suite un vrai sermon sur ce 
thème : Erant ibi positœ lapideœ sex hydria^. . . Il esl 
encore de sainl Bernard, et a été publié par Mabillon 
sous les n°' 55 et 56 des Sermones de diversis; ce qui 
veut dire que l'éditeur a, transcrivant une mauvaise 
copie, fait deux sermons d'un seul. Notons en pas- 
sant qu'il est anonyme, comme dans notre manus- 
crit, dans les n" 2944 (fol. 1.11), 6674 (fol. 137), 10695 
(fol. 45), 14517 (fol. 129). 14804 (fol. 31) de notre 
bibliothèque et dans les n*' 615, 974 et 1074 de la 
Mazarine. 

Du fol. 18 au verso du fol. 22, autres emprunts. aux 
Sermones de diversis du même saint Bernard. Le pre- 
mier, commençant par Beatus v/r, est sous le n° 72 de 
rédilion; le second, commençant par Corrapfi s wn^, 
sous le n^ 74. Les extraits suivants ne sont que des 
phrases, dont la dernière, commençant par Emissio- 
nés tuée paradisus, est un fragment du sermon 91. 
Au fol. 19, un sermon complet, commençant par 
Quatuor gradibtis dislinguitur omnis eleciorum pro- 
fectus; c'est le n° 103 du même recueil; et le suivant, 
au fol. 20, qui commence par Viri sanguinum et 
dolosi, en est le n° 3. 

Au verso du fol. 22, ainsi qu'au recto du fol. 23, 
sont entremêlés des fragments empruntés à des 
auteurs divers. Le premier, commençant par Tria 
sunt loca, cœlum, terra, infernus, est de Hugues de 
Saint- Viclor : MiscelL, lib. V, lit. 24. Le plus long, 
qui débute par Duo sunt loca animas rationalisa est de 
saint Bernard : sermon 84 De diversis. Quant au sui- 
vant, commençant par Très sunt status animœj 



DE lA BOUOTHftQUff NATIONALE 25 

Hugues; el Bernard le réclament à la fois. Dans les^ 
œuvres de Bernard, c'est le n^ 106 des Sermones de 
diversis; dans celles de Hugues, le titre 76 du livre v 
des Miscellanea. Gomme il y a des manuscrits qui 
témoignent pour l'un el pour l'autre, nous ne savons 
à qui nous devons assigner ce fragment. Il est, du 
reste, sans intérêt. Hugues et Bernard ont habituel*- 
lemenl plus d'inveotion et s'expriment dans un- 
meilleur style. 

Du fol. 23, verso, au verso dii fol. 26, un traité sur 
les sacrements dont nous avons un autre exemplaire 
anonyme dans le n* 14869, fol. 57. Mais l'auteur, 
indiqué dans le n° 3876, est Bruno d'Âsti, évoque de 
Segni, et cette attribution n'a jamais été, croyons- 
nous, contestée. Il n'est besoin de mentionner quela 
dernière édition de ce traité, au tome GLXV de la 
Pai/rologiey col. 1090. Elle a pour titre : De sacramen- 
fis Ecclesiœ^ mysieiiis atque ecclesiasUcis ritibiùs^ et 
offre un prologue qui manque dans notre manuscrit 
ainsi que dans plusieurs autres. Ce prologue est à 
l'adresse de Gautier, évéque de Maguelone. Les au- 
teurs de V Histoire littéraire paraissent ne l'avoir pas 
connu, car ils n'en font pas mention dans leur notice 
sur Gautier. 

Nous avons ensuite une autre série de fragments. 
Le premier, au foL 26, verso, commence par : Dum 
médium silentium tenerent omnia. . . — Tria sunt 
silentia. Ici, point d'embarras ; l'auteur est Hugues de 
Sai^t- Victor. G'est la première de ses Conférences sur 
le Verbe incarné : Patrologie, t. GLXXVII, coL 315. 
Sur ce qui vient immédiatement à la suite nous • 



26 manuscritsTlatins 

n'avons rien à dire de certain ; nous ne pouvons que 
proposer deux conjectures. C'est encore un court 
fragment, qui commence par ces mots : Videndum est 
quod quatuor sunt timorés. Or, sur ces quatre sortes 
de. crainte, qui sont ainsi qualifiées timor servilis, 
timor mundaniùs, timor gehennœ, timor filialis, Hu- 
gues de Saint- Victor a disserté cinq fois au moins, 
sans beaucoup varier les formes de son langage : dans 
son commentaire In canticum B. Mariœ, Patrologie, 
tome GLXXV, col. 427, 428 ; dans ses Allégories sur 
le Nouveau Testament, ibid. ^col. 890; dans son grand 
traité des Sacrements, tome GLXXVI, col. 528; enfin, 
dans les Mélanges publiés sous son nom, tome 
GLXXyiI, col. 585 et 830. Eh bien! aucune de ces 
cinq dissertations n'est celle que nous avons dans 
notre volume. Si pourtant Hugues de Saint- Victor 
n'est pas encore Fauteur de celle-ci, elle est certai- 
nement d*un plagiaire. Nous y trouvons, en efi'et, 
reproduites, non seulement toutes les distinctions, 
mais encore toutes les définitions du dogmatique 
prieur. Le troisième fragment, au verso du fol. 27, 
commence par : Quatuor sunt judicia, secundum prœ- 
sentiam, secundurn causam, secundum operationem, 
secundum r e tribu tionem. Il faut lire, au lieu de prœ^ 
sentiam y praescientiam. Ce fragment appartient plus 
sûrement à l'illustre Victorin ; il est tiré du Dialogus 
de sacrameniis legis naturalis et scriptx, au tome 
GLXXVI de la Patrologie, col. 31. Les contemporains 
de l'auteur doivent avoir fait grand cas de ce morceau, 
car nous le trouvons transcrit à part, comme il l'est 
ici, dans plusieurs recueils, notamment dans les 



DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 27 

n^» 13578 (fol. 3), 18108 (fol. .48) de la Bibliothèque 
nationale, 277 et 344 des Cod. Laud. miscelL. à la 
Bodléienne, et dans un manuscrit de Florence décrit 
parBandini : Bibl. Laurent,, t. IV, col. 611. Le qua- 
trième fragment, qui commence par : Mors animœ 
oblivio, se compose tout entier de trois courtes phra- 
ses. L'auteur en est encore Hugues de Saint- Victor : 
MiscelLy livre V, titre 78. Quant aux extraits qui sui- 
vent, occupant la fin de la page, ils sont peut-être du 
même auteur et peut-être imprimés sous son nom; 
mais nous les avons recherchés vainement dans le 
fouillis de ses Mélanges. Si, du moins, tous les cha- 
pitres de ces Mélanges avaient été rangés par les 
éditeurs dans un ordre quelconque! Mais ils sont au 
nombre de neuf cent neuf, juxtaposés à tout hasard, 
n'ayant les uns avec les autres aucun rapport, aucun 
lien. C'est le chaos ! 

A ces fragments succède, fol. 28, un sermon com- 
plet, qui commence par : Ibo mihi ad montem myr'» 
rhcB. . . — Sponsus hic quidam loquitur. Hugues en est 
certainement Fauteur. Nous avons déjà parlé de ce 
sermon sous les n°» 3833, 12029, 13442, 13577,13586 
et 17251 (1). 

Au fol. 31, une dissertation sur quelques noms 
propres de TAncien Testament. Elle a été déjà citée 
sous les n°» 13586 et 14984 (2). On n'en connaît pas 
l'auteur, qui n'a rien dit, qui ne pouvait, en cette 
matière, rien dire de lui-même. 

Du fol. 31 au fol. 36, plusieurs sermons que nous 

(1) Tomes I, p. 70 ; II, p. 56, 187, 256, 314 ; V, p. 256. 

(2) Tomes II, p. 313 et IV, p. 188. 



28 MANUSCRITS LATINS 

n'aVoDS pas tous ailleurs rencontrés. Il nous faut 
mentionner particulièrement chacun de ces ser- 
mons. 

l* Dédit Eîisœus consilium Naaman. . . — Sunt enim 
septem lavationes, id est examinationes animas, G^est 
la seule copie de ce sermon qui nous soit connue. 

2* Dixit inimicus. . . — Iste vere Dei inimicus est 
qui populum Dei persequitur. Un autre exemplaire 
anonyme de ce sermon est dans le n° 854 de TÂrse- 
nal, fol. 1. 

Z^ Nuptis factœ sunt in Cana... — Hase qualiter 
adsacramenta Ecclesias a sanctis Patribv^ relata sunt 
novimui. Pas d'autre copie. 

à 

4® Jntravit Jésus in quoddam castellum. . . — Quod 
Dominus ac Salvator noster semel et in unoloco vm- 
hiliter. . . Nous avons dit, sous le n^ 13577 (1), que ce 
sermon, attribué par divers manuscrits à saint Ber- 
nard; n'est peut-être pas de lui selon Mabillon, qui Ta 
néanmoins publié. 

Nous avons ensuite quelques autres fragments. Le 
premier, au fol. 36, est tbéologique. Il commence par 
ces mots : Mediator Dei et hominum Jésus Christus, 
qua convenientia et necessitate in reconciliationem 
humani generis septem Spiritus sancti uti donis volue- 
rit... — A la suite, fol. 37 et 38, deux extraits litur- 
giques sur l'office des morts. Le premier commence 
par : Notandum est quod officium pro mortuis ad 
imitationem officiorum agitur qux in morte Domini 
aguntur; le second par : Solet vulgus requirere si pro 

0) Tome II, p. 262. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 29 

omnibTis christianis licitum sjp missam c^lcprare. 
Nous ne connaissons pas Fauteur ou les auteurs de ces 
fragments. Le dernier n'est pas sans intérêt. 

Fol. 28, verso, un court traité dont le titre varie 
selon les manuscrits. Le plus usuel, De essentia divi^ 
nitatis, est peut-être le moins exact. Nous avons dit, 
sous le n^ 12420, que ce traité, publié sous les noms 
de saint Jérôme, de saint Augustin, de saint Eucher, 
enfin de saint Bonaventure, parait être de saint 
Eucher(i). 

Fol. 40, fragment commençant par ; Maximam 
hanc in Scripturis difpcultatem invenio quod ubi 
magna quœdam et sublimia nonnunquam requirere 
nos causa circumstans cogit. . . C'est le début de VEœ^ 
planatio in canticum B. Mariée dont Fauteur est 
Hugues de Saint- Victor : Patrologie, tome CLXXV, 
col. 413. Nous avons ici la préface tout entière ; mais 
il manque environ la moitié de la paraphrase qui la 
suit. 

Du fol. 45 au fol. 49, traité sur Touvrage des six 
jours, commençant par : De septem diebm et sex 
operum distinctionibi^ primam Geneseos partem secun* 
dum physicam et ad liUeram ego expositv/rus . . . C'est 
le traité de Thierry de Chartres, dont nous avons 
donné, sous Je n^' 647, la partie principale (2). Aux 
copies par nous indiquées ajoutons-en une doutTexis- 
tence vient de nous être signalée par M. Molinier, 
dans son catalogue des manuscrits de Cambrai (3}; 

(l)TpmeU,p. 111 

(2) Tome I, p. 49 et suiv. 

(3) Calai, gén. des man.fi. XVII, p. 125. 



30 MANUSCRITS LATINS 

Du fol. 49 au fol. 74, une série de sermons ano- 
nymes, au nombre de dix-neuf, en tète desquels une 
main du xvi* siècle a écrit : Videndum num sint parvi 
Sermones de Diversis D. Bemardi. Cette vérification, 
qui nous est recommandée, nous l'avons faite, et 
nous allons en dire le résultat. Pas un seul de ces 
dix-neuf sermons n'est de saint Bernard. En voici le 
détail : 

1® Qui$ ex vobis est qui, justa interpretatione nomir 
nis Jacob, supplantée diabolum de corde sua? Le 
copiste parait avoir omis le thème de ce sermon. 

2® Initium sapientiœ timor Domini. — Timor est 
initium et porta per quam intratur ad Dominum. 
Un autre exemplaire, pareillement anonyme, est dans 
len« 13572(1). 

3* Si filius vos liberaverit. . . — Triplex invenitur 
libertas, Beaugendre a publié ce sermon sous le nom 
d*Hildebert. Mais nous avons dit, sous le n® 13572, 
que rien ne motive cette attribution (2). 

4<> Sacerdotes, nescientes Dominum neque of/icium 
adpopulumj abstrahebant populum a sacrificio Dei. . . 
— Cum quilibet christianus scire debeat Dominum, 

mûkrime 5acerdo/e«... Pareillement anonyme dans le 
n» 14804 (fol. 66). 

5" Dominus eduxit filios Israël de jEgypio ... — Res 
hœc gesta^ fratres carissimi^ magnum nostri profectus 
insinuât sacramentum. Ce sermon se lit aussi dans 
les ÛFt^vre^ d'Hildebert, col. 871. Il l'en faut retran- 
cher. NousTavons déjà rencontré dans len<» 13572 (3). 

(1) Tome II, p. 225. (3) Tome II, p. 223. 

(2) Ibid. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 31 

6** Ait Samuel : Congr égaie universum Israël. . . — 
Samuel bonos significat prœlatos, nec hoc riomen alie^ 
num est ab omnibus prœlatis. Nous n^avonà pas à citer 
une autre copie. 

7® Intravit Jésus quoddam castellum. . . — Mundus, 
fratres carissimi, leges sibi a Deo positas custodit. 
Déjà cité sous le n« 13572 (1). 

8* Aiel de Bethel aedificavit Jéricho, . . — Aiel bonos 
significat, in hac vita Deo servieniès. Sous le numéro 
13572 (2). 

9"* Egredimini^ filim Jérusalem. ., — Adhuc infir- 
mis' et delicatis ista exhortatio proponitur. Pareille- 
ment anonyme dans les n^» 3730 (foL 221), 13588 (3) 
et 13586 (4). 

10® Cantate Domino canticum... — Vestrum est 
novum cantare canticum et non vetu^. Est enim vêtus 
oanticum, est et novum. Autres exemplaires anony- 
mes : n»» 3730 (fol. 227), 17400 (5). 

ii^ ' Arbor si ceciderit ad aquilonem... — Grave 
dictum, vera tamen et immutabilis sententia. Arbor 
nos sumus. Anonyme, comme il l'est ici, dans le 
n« 3730 (fol. 224). 

12® En lectulum Salomonis. . . — Salomon, qui 
pacificus interpretatur, Christus est, qui terrena paci' 
ficavit. Sous le n° 13572 (6). 

13® Hodie^ fratres dilectissimi, si vocem Domini 
audiveritiSf nolite obdurare corda vestra^ sed aperite 
aures vestras interiores, ut, cum habueritis aures 

(1) Tome II, p. 223. (4) Ibid., p. 322. 

(2) Ibid., p. 225. (5) Tome V, p. 266. 

(3) Tome II, p. 271. (6) Tome II, p. 224. 



32 IUKU8GRIT8 LAISNS 

audiendi, possUis dicere cum Samitele : Laquer e^ 
Domine. Sous le n<» 13572 (1). 

140 Deum lime et mandata efus. • • — Hœà duo $uni 
ligna quibus erectis infigimus gradue... Sous le 
n* 13572 (2). 

15® Magnum quidem et difficile est nostrum proposi» 
tum, sed utile attendentibue et salubre. Oetendere enirh 
volùmus manna absconditum... Sous le n? 13572(3). 

16® Heri, fratres carissimij de bono consoientùB vo- 
biscum sermonem habuimus^ quod nos manna abscon- 
ditum, preliosam margaritam... Ce sermon rappelle, 
en l'abrégeant, le Ihème du précédent* Ils sont du 
même auteur. Sous le n<* 13572 (4). 

17** Discipuli cum Domino appropinquantes. . . — ^ 
Pax illa quâB Jérusalem, quas visio pacie interpretatur. 
Anonyme, n* 3730 (fol. 218). 

18® Dicit Dominus : Ecce ego demetam... — Ad litte- 
ram, non mirum si iniqui iniquitatem Detis punivit. 
D'autres copies anonymes du même sermon, com- 
mencent par Ait^ non par Dicit. Sous les n®' 13572 (5) 
et 17400(6). 

19® Quatuor reges adversus quinque... — Hujuspro* 
phetix mysterium exposituri altiits ordiendum censuû- 
mus. Sous le n° 13572 (7). 

Ces dix-neuf sermons sont peut-être du même 
auteur. Si les copistes savaient son nom, ils n'ont 
pas voulu nous le faire connaître. 



(1) Tome II, p. 224. (5) Ibid., p. 226. 

(2) Ibid. (6) Tome V, p.265 

(3) Ibid., p. 226. (7) Tome II, p. 223. 

(4) Ibid., p. 223. 



DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 33 

AU fol 74, le traité de saint Bernard De laude novx 
militiœ ad milites Templi. Le texte de notre manus- 
crit diffère très peu de Timprimé. 

Du fol. 82, verso, au fol. 86, divers extraits. Le pre- 
mier, commençant par Invisibilia Dei a creatura munr 
di per ea qu3s facta sunt, appartient au Liber de tribits 
diebtis de Hugues de Saint- Victor, ch. i. Ce Liber de 
tribtis diebtts est, dans les éditions, le septième livre 
du Didascalicon. Le second extrait, commençant par 
Summum bonum Deus est, est tiré du môme livre, 
ch. xxiii-xxvii. Si nous n*osons pas réclamer pour 
Hugues de Saint- Victor tous les extraits suivants, 
c'est que nous avons recherché vainement dans ses 
Œuvres imprimées quelques-unes des phrases tran- 
scrites par le copiste. 

Du fol. 86 au fol. 93, gloses diverses sur TExode, 
tirées de saint Augustin, d'Origène, de saint Grégoire, 
d'Isidore. A la suite, quatre colonnes d'étymologies 
empruntées au même Isidore. 

Fol. 94, autre glose sur l'Exode, commençant par : 
Hœc sunt nomina filiorum Israël qui ingressi sunt in 
jEgyptum... — Rabanus : In Pentateucho excellit 
Exodus, A la marge supérieure nous lisons : Forsan est 
glossa ordinaria . Gela peut, en effet, paraître la glose 
dite ordinaire, celle de Walafrid Slrabon ; cependant 
cette glose ordinaire n'est pas toujours conforme à la 
nôtre. Dans celle-ci manquent des textes qui se trou- 
vent dans celle-là ; dans celle-là sont écourtés des 
textes qui sont, dans celle-ci, beaucoup plus étendus. 

Du fol. 159 à la fin du volume, le texte du Gantique 
des cantiques, avec des scolies marginales et interli- 
VI 3 



34 MANUSCRITS LATINS 

néaires. Voici les premiers mots de la première scolie 
Salomon, spiriiu scient i3d pie nus ^ composait hune libel- 
lum de nuptiis Christi et Ecclesix ipsius, scilicet epi- 
thalamium quoddam componens, id est canticum super 
thalamos. Gela fait assez prévoir ce qu'on doit lire 
dans les scolies suivantes. 

18097 

Sous le nom du pape saint Grégoire, un commen- 
taire sur le Gantique des cantiques, commençant par: 
Quia si cœcOy si longe a Deo posito cordi sermo divinus 
propria voce divina loqueretur,.. Nous avons dit, sous 
les n°' 14802 (1) et 15612 (2), que ce commentaire 
est, non du pape Grégoire, mais de Robert de Tombe- 
laine, abbé de Saint-Yigor. Il est aussi donné au pape 
Grégoire dans les volumes qui suivent, sous les 
n°* 18098 et 18099. 

18099 

La première pièce de ce volume est donc le commen- 
taire sur le Gantique des cantiques attribué fausse- 
ment, ici comme souvent ailleurs, à saint Grégoire. 
Mais ici Tattribution est plus moderne que la copie. 

A la suite, la lettre de saint Bernard à Guillaume, 
abbé de Saint-Thierry, qui, dans les éditions a pour 
titre Apologia. La préface manque. 

Le traité de saint Bernard qui vient après, le Trac* 

(1) Tome III, p. 14. (2) Tome V, p. 16 et suiv. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 35 

tatus de gradibus humilitatis et superbix^ commence 
dans notre manuscrit, ainsi que dans beaucoup d'au- 
tres, par un prologue qu'on lit à la suite dans l'édi- 
tion bénédictine. Il faut noter cette différence, sans 
toutefois blâmer la mise en pages que les éditeurs 
ont préférée. L'objet de ce prologue est, en effet, de 
corriger un passage du traité. C'est d'ailleurs une cor- 
rection qui n*a pas beaucoup d'importance. Par le 
soin qu'il prend de prévenir les critiques, saint Ber- 
nard montre qu'il y était sensible. Quand on ne Test 
pas c'est quand on n'a pas eu le souci de bien faire. 

Le traité qui finit le volume est intitulé : Expositio 
B. Bernardi super evangelium : Missus est Gabriel. Ce 
sont les quatres homélies De laudibus Virginis matris. 
Il y a des lacunes dans notre manuscrit, quoiqu'il 
semble presque contemporain de Fauteur. On suppose 
que saint Bernard a plus tard ajouté ce qui manque 
ici. Mais on ne croit pas qu'il ait divisé lui-même son 
écrit comme il l'est dans l'imprimé ; il lui donne, en 
effet, en terminant, le titre d'opuscule, non celui 
d'homélies. 

18108 

Ce volume est un assemblage confus d'extraits 
théologiques, historiques, poétiques, etc., etc., parmi 
lesquels sont intercalés des opuscules pour la plupart 
mutilés. D'abord on ne voit rien dans ce chaos-, 
mais un grand et persistant effort d'attention y fait 
enfin découvrir un certain nombre de pièces plus ou 
moins intéressantes. Nous allons indiquer celles dont 



36 MANUSCRITS LATINS 

nous avons constaté la présence et sur lesquelles 
nous avons quelque chose à dire. Les autres peu- 
vent être ainsi décrites toutes ensemble : c'est un 
inextricable fatras. 

La première pièce est le traité d'Alcuin sur les 
vertus et les vices, par lui dédié au comte Guy. Mais 
là fin manque ; nous n'avons ici que les vingt-six 
premiers chapitres. 

Aussitôt après ce traité commencent les extraits, 
les phrases détachées qu'un moine a transcrites au 
cours de ses lectures et les opuscules acéphales dont 
on a fait un bloc pour en sauver les débris. Voici ce 
que nous avons distingué particulièrement parmi ces 
pièces, presque toutes anonymes. 

Au fol. 12, une dissertation, qui n'est pas toujours 
claire, sur cette proposition, qui parait un incontes- 
table axiome : Omne universale bonum majus est quam 
id quod in parte constat. Mais l'auteur de cette dis- 
sertation est un théologien dont l'esprit méditatif 
cherche volontiers la raison des choses. Il ne se per- 
suade pas toujours, à la vérité, qu'il Ta trouvée. Telle 
est, en effet, sa conclusion : Hœc de voluntate Dei 
diœimus quantum ipsa est prima causa rerum om- 
nium... Et sunt alia multa fortassis quae comprehendi 
non possunt et fugiunt ab intelligentia et sermone 
nostro. Voilà le dire d'un vrai sage ; notre in- 
telligence s'élève jusqu'à l'affirmation nécessaire 
de la cause première; mais elle ne s'explique 
pas pourquoi cette cause mystérieuse a déterminé 
ceci plutôt que cela. Des philosophes qu'on appelle 
sceptiques, mais qui prétendent ne pas l'être, appose- 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 37 

raient leur signature à cette conclusion, n'en retran- 
chant que le mot fortassis. Gela prouve que notre 
théologien est lui-même philosophe. Il Test en effet. 
Le copiste ne l'a pas nommé ; mais nous le connais- 
sons bien ; c'est Hugues de Saint- Victor. Ce fragment 
appartient au premier livre de son traité De sacra- 
mentis; chap. xx-xxv de la quatrième partie. 

Au fol. 13, sur une question certainement obscure, 
une dissertation qui ne l'est pas. Voici les termes de 
la question : Quœritur quale corpus in cena suis de- 
derit disoipulis. Certains docteurs disaient que Jésus 
avait donné son corps mortel à ses disciples ; d'autres 
assuraient qu'il avait entre eux partagé son corps 
immortel. Les évangélisles n'ayant pas cru devoir 
s'expliquer sur ce point, l'incertitude était permise. 
Eh bien, après avoir exposé les raisons des uns et 
des autres, l'auteur déclare qu'il s'en tient au doute. 
Nous ne pouvons que l'approuver. 

Du fol. 14 au fol. 23, les chapitres iv-xlv d'un traité 
de théologie dont le commencement fait défaut. 

Du fol. 23 au fol. 34, un opuscule sur les sacre- 
ments, que précède une longue digression sur la 
chute d'Adam, commençant par : De sententiis divinœ 
paginas aliqua^ Deo volente, dicturi^ ab ipsa divina, 
qua nihil altius esse potest, incipiamus essentla. D'au- 
tres copies anonymes, qui ne sont pas toutes com- 
plètes, se trouvent dans notre n° 15172 (fol. 114) 
ainsi que dans les n"** 680, 940 de la Mazarine et 231 
de Marseille. L'auteur, qui cite saint Bernard, nous 
parait avoir vécu dans les premières années du 
xiu® siècle. Mais quel est son nom ? 



38 MANUSCRITS LATINS 

Du fol. 34 au fol. 38, de courtes digressions, des 
pensées brièvement, quoique subtilement, énoncées, 
justifiées par un théologien expérimenté. Ce théolo- 
gien est encore Hugues de Saint-Victor. Ses confrères 
ont inséré ces fragments dans ses Mélanges. On peut 
les lire dans la Patrologie, t. GLXXXVII, de la co- 
lonne 482 à la col. 491. 

Au fol. 38, une dissertation sur les heures cano- 
niales que nous avons déjà citée sous les n^ 1 4869 (1), 
17251 (2), et qu'on lit aussi vers la fin du n« 17990. 
Nous avons dit, en décrivant len® 17231, qu'elle est 
peut-être d'Eudes de Soissons. 

Au fol. 45, un traité dont la fin manque, commen- 
çant par : Epistola grœcum nomen est compositum ; 
epi enim grœce, latine supra... Un autre exemplaire 
anonyme de cet opuscule est, dans le n° 2507 de 
la bibliothèque impériale de Vienne, sous ce titre : 
Libei' formularum. 

Fol. 48, sans nom d'auteur, la première conférence 
de Hugues de Saint- Victor De verbo incamato; sur ce 
thème : Dum médium silentium lenerent omnia. Cette 
conférence est imprimée dans le tome GLXXVII de 
IdL Patrologie, col. 315. Il en existe de nombreuses 
copies. Nous venons d'en indiquer une dans le 
n* 18096 (3). Ce qui suit, De quatuor judiciis, est aussi 
de l'illustre Victorin et se rencontre pareillement 
dans le n^ 18096 (4). 

Du fol. 50 au fol. 58, le traité, souvent imprimé, de 
saint Bernard, sur la grâce et le libre arbitre. Les 

(1) Tome III, p. 184. (3) Ci-dessus, p. 25. 

(2) Tome V, p. 252, (4) Ci-de3sus, p. 26. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 39 

bénédictins estiment que saint Bernard a pleinement 
démontré Taccord de ces deux principes, en disant 
que si l'homme veut par lui-même, il ne veut le bien 
que par la grâce. A ce compte, la grâce détermine la 
volonté, c'est-à-dire l'agent divin la puissance hu- 
maine, et la liberté n'est plus qu'un mot vide. Saint 
Bernard nous parait moins rigoureusement conclure. 
Sa doctrine est bien, en effet, celle de saint Augustin ; 
mais en l'exposant il s'embarrasse et paraît quelque- 
fois, après l'avoir exposée, l'abandonner. Qu'on ne 
s'en étonne pas trop. Il y a des problèmes inso- 
lubles. Tels, du moins, qu'ils sont posés. Mais 
changez-en les termes, la solution en devient facile. 

A la suite, un traité sur les sacrements, auquel 
paraissent manquer le commencement et la fin. 

Au fol. 66, la longue lettre de Pierre Damien au 
pape Alexandre, qu'on peut lire dans la Patrologie à 
la col. 219 du tome GXLIV. Mais elle n'est pas ici 
complète; le copiste s'est arrêté vers le milieu, n'ache- 
vant pas même une phrase commencée. 

Au fo!. 75, la narration suivante : 

Ego peccator, nomine Osbertus, si vellem tegere peccatum 
meum^ indicio esset mearum inquietudo venarum et motus 
membrorum. Quod ut quisque cognoscat ob quam culpam 
accident et ut mihi eleemosynam pro Deo impendat, légère 
volentibus per ordinem pandam. Eraraus 15 viri et très 
mulieres in villa Coleuze regionis Saxonicœ, ubi sanctus 
Magnus consummavit martyrium. Qui in sanctissima Nati- 
vitate, dum expletis matutinis missarumsolemniis interesse 
deberemus,choros in cœmeterio duximus, suadente diabolo. 
Presbyter vero, nomine Robertus, jam primam missam 
inchoaverat; sed heu ! ita nostra cantilena impediebatur ut 
id ipsum in ter sacra verba personaret. Commotus hac 



40 MANUSCRITS LATINS 

importunitate nos adiit, monens ut, quiescentes a tali opère, 
ecclesiam intraremus. Spretus ergo a nobis, hac imprecatus 
est voce : « Utinam potentia Dei et merito sancti Magni 
martyris sic inquieti cantando annum ducatis. > Nos, ejus 
verba subsannantes, persistimus cantantes. Ërat vero una 
mulierum trium, ûlia prœdicti presbyteri, nomine Mersent, 
quam jussu patris frater ipsius mulieris, Joannes vocatus, 
brachio apprehendens conabatur a choro retrahere ; sed mox 
brachium a corpore abstraxit, attamen una gutta sanguinis 
non manavit) quodque est mirabile dictu sine brachio nobis- 
cum cantando et tremendo pedibus secundum impreca- 
tionem presbyteri annum peregit. Ergo, sex mensibus 
evolutis, usque ad genua terrœ immersi sumus. Post 
annum, redeunte eadem sanctissima Nativitate Domini, 
usque ad latera demersi sumus, in circuitu choros duximus, 
et per Dominum et sanctum Heribertum, Coloniae civitatis 
episcopum, ita liberati sumus. Idem ad nos eadem die Nati- 
vitatis veniens, et orationem complens super nos, a ligatura 
qua invicem manu ad manum tenebamur solvit nos et ante 
altare sancti Magni, pretiosi martyris, reconciliavit. Sic 
demum gravissimus sopor invasit nos atque ante altare 
obdormivimus, et tribus diebus cum tribus noctibus, Deum 
testamur, continue dormivimus. Unus ergo ex nobis, 
nomine Joannes, cum supradicta (filia) presbyteri et cum 
aliis duabus feminis ante ipsum altare prostrati terras statim 
spiritum emiserunt. Post excitationem nostram ad propria 
reversi cibum accepimus, et ita hactenus tremor membro- 
rum in signo recordationis, vol potius approbationis, non 
nos deserit. Sic in toto illo anno nec manducavimus nec 
bibimus, nec somnum cepimus, nec pluvia irrigati sumus; 
nihil sensimus, nihil egimus quam cantantes ; sine sensu 
fuimus; fréquenter super nos fabrica tecti ob arcendas 
pluvias erigebatur, sed hsec nutu Dei dissipabatur ; vesti- 
menta atque calciamenta nostranon sunt attrita,nec unguli 
capillive in modico crevere, sed ita ut cepimus insensati 
per totum annum mansimus. Aliqui jam ex nobis obierunt 
et miraculis coruscant, aliqui liberati Deo laudes décantant. 
Acta sunt hsec anno Incarnationis dominicse millesimo 
vicesimo primo» 



DE LÀ BIBLIOTHÈQUB NATIONALE 41 

C'est une historiette racontée par William de Wad- 
dington dans son Manuel : le lieu de la scène est le 
même et les détails du récit sont en parfait accord (1). 
ÂYons-nous ici le texte original de cette fable lugu- 
bre ? Le narrateur nous dit avoir lui-même commis le 
délit et subi la cruelle pénitence. Mais ce qu'il conte 
est si peu digne de foi qu'il est certes permis de ne 
le pas croire sur parole. Une autre narration de la 
même aventure a été publiée par M. Du Méril, comme 
étant de Brunon, évêque de Toul, qui fut pape sous 
le nom de Léon IX (2). Or, celle-ci, plus détaillée, 
nomme les vauriens, au nombre de douze, qui trou- 
blèrent si follement l'office divin, et nous y lisons 
qu'un des douze s'appelait Osbert. On peut donc sup- 
poser qu'un moraliste quelconque, trouvant là ce 
nom d'Osbert, s'en est emparé pour refaire à sa guise, 
sous ce nom authentique, un conte édifiant. Mais, 
d'autre part, on ne peut admettre que Brunon ait 
immédiatement rédigé, sur place, comme il est dit, 
étant évêque de Toul, le procès-verbal d'un miracle 
advenu, dit-on, en l'année 1021. Il ne fut pas, en effet, 
évêque de Toul avant l'année 1027. Ce procès- verbal 
est donc un faux, et ce faux peut être une amplifica- 
tion tout aussi bien que le récit d'Osbert un abrégé. À 
la fin d'une relation plus courte, faite sur celle d'Os- 
bert, que contient notre n** 18600 (fol. 1), on lit : Boc 
lia scriptum reliquit Otbertius, qui fuit unus est eis ; in 
cujus scripti fine scriptum est : Datas sunt nobis litterœ 
a domino Peregrino, beati Heriberti successore, anno 

(1) HUt. lut. de la Fr,, t. XXVIII, p. 203. 

(2) Etudes sur quelques points d'archéologie^ p. 498. 



42 MANUSCRITS LATINS 

Dom. MXIIL On ne sait pas bien si la mort d'Héribert 
eut lieu le 16 mars 1021 ou le 16 mars 1022 (nouveau 
style). S'il mourut en 1022, le miracle peut être daté 
de Tannée 1021. Mais certainement Péregrin n'était 
pas, dès Tannée 1013, le successeur d'Héribert. 

Au fol. 79, les premiers chapitres du traité De 
Summo bono, par Isidore de Séville. Nous en avons 
déjà cité, sous le n® 3141, un manuscrit complet (1). 

Au fol. 80, le traité Des quatre vertus^ sous le nom 
de Tévêque Martin. On croit avoir prouvé que Tévêque 
Martin s'est attribué par fraude cet opuscule dont 
Tauteur véritable sera sans doute toujours ignoré (2). 

Au fol. 107, la lettre de R. Frétel au comte Ray- 
mond sur Jérusalem et les lieux saints. C'est une 
lettre dont les auteurs de V Histoire littéraire n'ont 
parlé que sur le rapport d'autrui (3). Dominique 
Mansi Ta plus tard imprimée, et son édition a été 
reproduite dans le tome CLV de la Patrologie, 
col. 1039. Mais cette édition n'est pas toujours 
bonne, et souvent notre texte vaut beaucoup mieux. 
Nous allons en fournir la preuve en citant quelques 
phrases du prologue qui sont, dans Tédition, telle- 
ment corrompues qu'on n^y peut rien comprendre. 
Frétel dit au comte Raymond : 

Cum ad orientalem ecclesiam causa tuorum peccaminum 
confugisti, et in terra promissionis, patria scilicet Salva- 
toris Domini nostri Jesu Christi, peregrinares, ex qua secun- 
dus Israël Parthos ejecit et Arabes, solerter considéra sanc- 
tam Jérusalem, contemplare et ipse Syon, quae caelestem 

(1) Tome I, p. 164. 

(2) Tome II, p. 202 et suiv. 

(3) Hisl. lia. de la France, t. X, p. 270. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 43 

paradisum allegorice désignât, et in qua materiata for- 
tiores ex Israël, novi Maehabaei, veri Salomonis lectulum 
excubantes, inde Philistinum et Amalech expugnarunt. 

Au fol. 112, la lettre d'Anselme de Laon à Tabbé de 
Saint-Laurent; Patrologie, t. GLXIl, col. 1587. Notre 
copie n'est pas complète. 

Au fol. 114, un sermon anonyme, commençant 
par : In divinœ miserationis magnitudinem libet mentis 
aciem intendere. Ce sermon est d'Ives de Chartres, et 
on le peut lire dans le même tome de la Patrologie^ 
col. 568. Notre texte n'est pas non plus complet. 

Au fol. 115, un autre sermon d'Ives de Chartres, 
qui, dans le même tome de la Patrologie, est à la 
col. 589. Nous avons ici tout le sermon. 

Au fol. 116, une série de questions bizarres, avec 
des réponses qui ne le sont pas moins. Voici la pre- 
mière : 

Unde factum est ûrmamentum ? Ex aquis quibus aer iste 
plenus erat formatum est. Nec mirum si Deus» qui omnia 
potest, de aquis istud fecit cselum, cum videamus nos ex 
aqua crystallum factum durissimum. 

Quand on faisait de telles questions, on devait se 
contenter de telles réponses. Il est sage, en ces 
matières, de se résigner à ne pas savoir. Mais les 
théologiens du moyen âge ont rarement eu cette 
résignation. 

Au fol. 126, après de nombreux extraits des Pères, 
la lettre de saint Augustin à son ami Dardanus. Elle 
est imprimée sous le n^ 187 dans le recueil de ses 
lettres. 

Au fol. 130, un traité sur le comput^ commençant 



44 MANUSCRITS LATINS 

par : In hac sicut in qualïbet disciplina considerandum 
est quid in ea doceatur. Nous n'en connaissons pas 
Tauleur. Il vécut après Gerland, qu'il cite et dit obscur. 

Du fol. 138 au fol. 151, le traité de Paschase 
Ratbert De cor pore et sanguine Domini, Les premiers 
mots sont ici, comme dans quelques autres manus- 
crits indiqués par Marlène, Diiectissimo filio et vice 
Christi prxaidenti; et nous avons les vingt-deux 
chapitres qui composent le traité dans le tome CXX 
de la Patrologie, col. 1261 ; mais nous les avons, pour 
la plupart, incomplets. 

Au fol. 151, la lettre d'Ives de Chartres à Haimeric 
qui, dans le tome GLXIl de la Patrologie^ est à la 
col. 285. 

Au fol. 152, sans le nom de l'auteur, le petit 
poème d'Hildebert : De novo sacramento vêtus abro» 
gante. D'autres copies sont dans les n°* 459 (fol. 216), 
564, 2595 (fol. 107), 3088 (fol. 79), 3652 (fol. 25), 
3696 B (fol. 17), 7596 A (fol. 165), 13343 (fol. 40), 
14867 (fol. 167), 15149 (fol. 10). Il y a quelques diffé- 
rences entre ces copies et les éditions données par 
Hommey, Supplément. Patrum, et par Beaugendre, 
col. 1151. 

Au fol. 153, pareillement anonyme, le grand poème 
du même sur l'Eucharistie, celui qui, commençant 
par : 

Scribere proposui quid mystica sacra priorum. . ., 

ne lui peut être contesté. Nous n'en citons pas les 
copies; elles sont innombrables. Ici manquent les 
derniers vers. 



DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 45 

Au fol. 160, sans nom d'auteur, un traité sur le 
mariage dont tels sont les premiers mots : In primis 
hominibus fuit conjugium ibique cœpit, quod spiritua- 
Hier Deus operatus est. Nous nous étonnons de ne pas 
ravoir ailleurs rencontré. 

Au fol. 183, un commentaire anonyme sur la 
Genèse, commençant par : Inprincipio fecit Deus. . . 
Principium Christus^ sicut ipse dixit : Ego prind- 
pium. . . Nous avons une autre copie de commentaire 
dans le n® 14989 (fol. 457). Le nom de l'auteur y 
* manque aussi. 

Le volume finit par un exemplaire imparfait des 
Consultations de Zacchée, qu'ont tour à tour publiées 
d'Achery et Martène. Elles sont au tome XX de la 
Patrologie. 

18134 

Ce recueil de pièces assez diverses commence par 
un Libellus de laudibics heatae Virginis, dont tels sont 
les premiers mots : Quoniam de gestis beatissimœ 
Virginis, Dei genitricis, admodum pauca in evangelica 
reperiuntur historia . . . L'ouvrage est anonyme , 
comme il l'est ici, dans notre n° 16056, fol. 69, et dans 
les n^* 755, 756, 758, 946 de l'Arsenal ; mais d'autres 
manuscrits l'attribuent à trois auteurs différents : 
Jean Damascène, Pierre Le Mangeur et Vincent de 
Beauvais. On connaît deux Jean Damascène, qui 
doivent être l'un et l'autre immédiatement écartés : 
l'ancien, parce qu'il ne peut être l'auteur d'un livre 
où sont fréquemment cités saint Bernard et Hugues 
de Saint- Victor ; le moderne, parce qu'on a des copies 



ôi at Itt* îijj£5. srcrzie il ser± Jt- insS sa naissance. 
P^ierr^ Lt îtLi-r«cr -r^s ir^.rx rar 1^ n* 86 de Bruges; 
TlziKc: fc 5#ia:rr£:5- litr i'iiiire* ranoscrits, notam- 
SL-Tii; z*r le? z;* c*:*;- -K iéZ Î-* loua:. Cest la dernière 
fe -xr? i:ir-ic : iz^ zpr zics rwe-z^zrazident les biblio- 
graçc-ES ôjcii:L>SL:zî tî les a::;icr5 de l'Histoire lini- 
rziri, ;. XTIZ. p. 4t5. X:^5 la tenons aussi pour la 
plus a^sewCiîl-?- T:c; licmzeest une compilation, 
e; Vi2ce=.; de 3e:L;mis n'i ;a:i:aîs hîi métier que de 
comzîlrr. L a iaiLlecrs ê;ê publie soas le nom de 
V:u.>ruî p.^ Jeau î' Aiuerîa-h. à Bàle, en 1481. 

An f jL &1 . le peu; pcëme de Pierre Le Mangeur qui 
commence par : 

Si ±rri p-:«s*ri ^u>i ir^r* polTîs et andx. . . 

Nous l'avons déjà cité sous les n*» 15161 (1) et 
16699 i\ C'est probablement le nom de Fauteur 
qui Ta fait souvent copier. Il est, en effet, bien 
médiocre. 

Ensuite quelques phrases intitulées Super : Missus 
est, dont Fauteur est nommé Nicolas de Tournai. Nico- 
las de Tournai doit-il être confondu, comme on Fa 
dit, avec Nicolas de Gorram (3^? Un commentaire 
sur Judith et les Proverbes de Salomon est, dans les 
n*** 1118 de Troyes et 28, 29 de Bruges, sous le nom 
de Nicolas de Tournai, et la bibliothèque de Douai 
nous offre sous le même nom, dans les n** 48, 49, 
50, 434, des moralités sur la Genèse et FËxode, un 

(1) Tome IV, p. 318. 

(2) Tome V, p. 203. 

(3) Hiit liti. de la France, t. XX, p. 324. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 47 

commenlaire sur Tévangile de saint Luc, ainsi qu'une 
somme théologique de quelque étendue. Ajoutons 
que les moralités sur l'Exode sont encore attribuées 
par notre n® 17268 au même Nicolas de Tournai. 
M. l'abbé Deshaisnes s'est cru suffisamment autorisé 
par les manuscrits de Douai et de Bruges à distinguer 
Nicolas de Tournai de Nicolas de Gorram (1). Cette 
distinction nous semble d'autant plus nécessaire que 
nous venons de la corroborer par d'autres témoigna- 
ges. A ces deux théologiens du même nom, du même 
temps, on a quelquefois attribué les mêmes écrits (2). 
Gela ne peut surprendre. Il faudra maintenant resti- 
tuer à chacun d'eux ce qui réellement lui appartient. 
Au fol. 91, Tractatus de sancto Joanne evangelista. 
On lit en tête de ce traité : 

Complète diligenter ex dlctis sanctorum Patrum, pro 
module virium nestrarum, auxiliante Démine, tractatu 
diffusiori de beatissima Yirgine, Dei génitrice, plaçait etiam 
de sancte Joanne evangelista tractatum brevem, sub eadem 
forma contextum, adjicere. 

Ce traité sur l'apôtre saint Jean est donc évidem- 
ment du même auteur que le Libellus de laudibus 
heatae Mariœ par lequel commence notre volume. Aussi 
les deux traités sont-ils encore unis dans notre 
n® 16056, dans le n* 86 de Bruges et dans le volume 
publié par Jean d'Amerbach. 

Au fol. 106, Miracula beatœ Marix, commençant 
par : Ad omnipotentis Dei laudem cum sœpe recitentur 
sanctorum miracula qux pereos egU divina potentia... 

(1) Catal des man. de Douai, p. 29 et 30. 

(2) Hist. litL de la Fr.,i. XX, p. 350. 



50 MANUSCRITS LATINS 

célébrité que la somme De Viriutibus, et n'a pas été 
moins souvent imprimé. 

18172 

Ce recueil de sermons a pour titre : Capitula sexor- 
ginta sex de verbis prophetarum et apostolorum, a 
mag. Alano Anglico mirabiliter exposita. Cet Alain 
l'Anglais ne peut être quMZant^ Albreius^ moine 
bénédictin de Cantorbéry, plus tard abbé de Théokes- 
bury, à qui Pits attribue des sermons. Eb bien, nous 
avons presque la certitude qu'il n'y a pas un seul ser- 
mon de lui dans tout ce volume; non, répétons-le, pas 
un seul. Il nous sera facile, en effet, d'indiquer les 
auteurs du plus grand nombre, et nous montrerons, 
en outre, qu'il ne peut avoir fait la plupart de ceux 
dont les auteurs nous sont inconnus. Nous en négli- 
gerons, à la vérité, quelques-uns, n'ayant rien à en 
dire, mais quelques-uns seulement. 

Fol. 1. Induite vos arma turam.. . — Militia est, 
fratreSy vita hominis super terram. Quandiu hic vivi- 
mus bellum est. Ce sermon est de Geoffroy de Troyes. 
JNous l'avons cité sous ce nom dans notre notice sur 
le n^ 13586 (1). 

Fol. 4. Quandiu hic sumits peregrinamur . . . — Ecce 
quid dicit. . . Aussi de Geoffroy de Troyes (2). 

Fol. 8. Cum dilexisset Jesiùs suos... — Ambigi 
potest quos vocat. . . Ce sermon est de Pierre le Man- 
geur, Voir sous le n** 2951 (3). 



(1) Tome II, p. 300. (3) Tome I, p. 153. 

(2) Ibid. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 51 

Fol. 15. Oleum effusum nomen . . . — Os nostrum 
patet ad vos. De Geoffroy de Troyes (1). 

Fol. 16. Pastoralis officii crédita nobis dispensatio.^. 
De Geoffroy de Troyes (2). 

Fol. 23. Qui descendit ipse est qui ascendit... — 
Hodie elevatus est sol^ in ortu suo incaluit et invaluit. 
Ce sermon est pareillement anonyme dans le n^ 3348 
(fol. 158), et, si nous n'en connaissons pas Tauteur, nous 
tenons pour au moins probable qu'il est d'un Français. 
Fol. 34. Cum inlinxisset Dominus Jésus panem .. . 
De Geoffroy Babion (3). 

Fol. 37. Converliînini et agite pœnitentiam. De 
Geoffroy Babion (4). 

Fol. 39. AvCy maris Stella. . . — Praesens sœculum^ 
fraires carissimi. Attribué, comme nous Tavons dit, 
à Hugues et à Richard de Saint-Victor, ce sermon, 
avons-nous ajouté, n'est ni de Tun ni de l'autre. Il 
n'est pas non plus d'Alain l'Anglais. Cet Alain était 
moine, et nous croyons avoir prouvé que les cent 
sermons publiés sous le nom de Hugues sont d'un 
chanoine régulier qui vécut assez longtemps après lui. 
"Voilà ce que nous avons dit sous le n** 585 (5) et ail- 
leurs. N'oublions pas de faire remarquer que, dans 
notre n® 18172, le sermon finit, comme dans l'im- 
primé, par sept strophes d'Adam de Saint- Victor. Cet 
argument décisif contre Hugues, contre Richard, et, 
pensons-nous, contre Alain, ne nous était pas offert 
par le n** 585 ; ces strophes y manquaient. 

(\) Tome II, p. 306. (4) Tome I, p. 247. 

(2) Ibid. (5) Itnd., p. 32. 

(3) Tome I, p. 362. 



52 MANUSCRITS LATINS 

Fol. 41. Absterget Dominus omnem lacrymam. . . — 
Dum sanctorum considéra gaudia^ dum damnatorum 
pensa supplicia. Anonyme dans le n? 3818 (fol. 45), 
ce sermon est, dans le n** 14859 (fol. 287), sous le 
nom du chancelier Prévostin, et nous avons à protes- 
ter, pour son honneur, contre toute autre attribution. 
C'est, en effet, une œuvre littéraire, dont le style vif 
a quelquefois le ton de l'éloquence. 

Fol. 45. Beati mortui... — Licet mea imbecillitas... 
Nous avons cité ce sermon, sous le n® 14925 (1), d'après 
un exemplaire anonyme. Il est d'un clerc séculier. 

Fol. 51. Congregate illisanctos ejus... Ah! ah! ah! 
Domine Deus.,. — Unde tam superba prœsumptio ut 
juvenis inier senes, filius inter patres, diaconus inter 
sacerdotes... Anonyme : n^* 3733 (fol. 114), 14937 
(fol. 76) ; Nouv. acquis., 223 (fol. 106); Évreux, 46 
(fol. 84). Sous le nom de Pierre Le Mangeur : n^ 2950 
(fol. 127). Si ce sermon n'est pas de Pierre Le Man- 
geur, il n'est pas non plus du moine Alain, l'orateur 

se disant un jeune diacre. 

Fol. 52. Messis quidem multa... — Christitë hac 
querela conqueritur de prœlatis qui vident regiones 
jam albas ad messem... Anonyme : n*» 3733 (fol. 111). 
Tout ce sermon est une remontrance à l'adresse des 
prélats qui remplissent mal les devoirs de leur charge. 
Et cette remontrance est faite par un séculier, qui 
n'a pas eu, pensons-nous, à se louer de son évêque. 

Fol. 34. Bucoinate in neomenia... — Vos qui spiri- 
tuale votum... Anonyme : n^» 3733 (fol. 110), 12415 

(1) Tome III, p. 312. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 53 

(fol. 99). Nous avons dit, sous le n® 12415, que ce 
sermon est d'un régulier (1). On peut même tenir 
pour certain qu'il est d'un moine. Mais il reste dou- 
teux que ce moine soit Alain l'Anglais. 

Fol. 56. Omnis gloria ejus... — Cœlestis curix 
citharedus, introductus ad nuptias cœlestes... Ano- 
nyme: n«- 3733 (fol. 116), 14937 (fol. 77); Oxford, 
collège Merton, n** 242. Le titre de notre manuscrit 
est ad monachas ; mais ce titre doit être inexact. Vos 
estis viri^ dit l'orateur à son auditoire. Et plus loin on 
voit que ses auditeurs habitaient une maison fondée 
sous l'invocation de sainte Geneviève : Si confiditis 
in religiosa veste,,. ^ in exteriori honore vos exhibetis 
beatas Genovefx... Quia montes sunt in circuitu Domini, 
honorem exhibite beatœ Genovefœ virgini et diem 
translaiionis ejus digno honore prosequamini, quam 
digne celebrabitis si vos ipsos de vitiis ad virtutes 
transferatis. Ce sermon fut prononcé, comme il sem- 
He, à Paris, devant les chanoines de Sainte-Gene- 
viève. Il n'est donc pas d'un Anglais, qui n'a jamais 
quitté son île, où la patronne légendaire de Paris 
n'était pas et ne pouvait pas être en honneur. 

Fol. 58. Viam trium dierum. . . — Tempus domini-- 
ca?j9a55/om5... Nous avons reconnu, sous le n*» 12415, 
que ce sermon est d'un religieux parlant à des reli- 
gieux (2). Une autre remarque à faire est que ces 
religieux vivaient au fond d'un bois, dans un désert 
plein d'horreui* : Vos solitudinem nemoris elegistis, 
qui in loco horroris et vastm solitudinis habitatiSy ut 

(1) Tome II, p. 82. (2) Tome II, p. 81. 



54 MANUSCRITS LATINS 

hic liberiiùs solitudinem pectoris inveniatis. Gela ne 
paraît pas se rapporter à l'abbaye de Théokesbury. 
■^ Fol. 70. Emitte agnum, Domine... — Verbum hoc. 
De GeoËfroy de Troyes (1). 

Fol. 72. Circa rerum cardinem versamur et magni- 
ficentiam operum Domini stylo prosequimur. Ce 
sermon est de Pierre Datnien ; il est publié sous son 
nom dans la Patrologie ; t. CXLIV, col. 794. 

Fol. 76. Post crucem, pont virginem, post angelos, 
quid est majus in terris ? Aussi de Pierre Damien ; 
Patrologie^ tome cité, col. 897. 

Fol. 80. Hic ille magnus providentix oculus dulciori 
verbere carnem carnaliter ambulantem afflixit. De 
Pierre Damien ; ibid., col. 732. 

Fol. 82. Hodie dies serenior arrisit nobis et solito 
lucidior terris illuxit. De Pierre Damien ; ibid.^ 
col. 811. 

Fol. 84. Nobilis ille conf essor, sacerdotum gemma, 
gloria pontificum. De Pierre Damien ; ibid.^ col. 815. 

Fol. 91. ff/ quietum studium et attentum silentium 
et tanti viri festivitas... De Pierre Damien; ibid., 
col. 828. 

Fol. 95. Nicolaus iste meus et vester^ eleotus ab utero. 
De Pierre Damien ; ibid., col. 837. 

Fol. ^%,Factus est repente de cxlosonus.,. — Conve- 
nistis, fratres^ ut arbitror,ex ore meo magnum aliquid 
audituri. Ce long sermon est, sans le nom de l'au- 
teur, dans le n® 18171 (fol. 71); mais, si long qu'il soit, 
il n'y a pas été prononcé devant des religieux. 

(l) Tome II, p. 308. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 55 

Fol. 103. Vagit infans inter arda conditus. . . — 
Pia sollicitudine vigilavit hac nocte fidelis anima. 
Anonyme : n" 3733 (fol. 83). L'orateur s'adresse à des 
chanoines réguliers. Cet orateur n'est donc pas Tabbé 
de Théokesbury. C'est, croyons- nous, Etienne, abbé 
de Sainte-Geneviève, plus tard évêque de Tournai, de 
qui sont les sermons qui suivent. 

Fol. 105. Maria Madgdalene et Maria Jacobi. . . — 

Proxime transacta hebdomada sicut gravis suppliciis... 

Anonyme : ii«- 3733 (fol. 79), 16463 (fol. 6). Avec le 

nom de l'auteur, Etienne de Tournai, dans le 

no 14935 (fol. 43). 

Fol. 108. Sapientia vincit malitiam... — Commune 
ffaudium civiiatis singulare facit nobis hodie confes* 
^cris nostri prœsentia. Anonyme : n®» 3733 (fol. 62), 
16462 (fol. 4). D'Etienne de Tournai, n* 14935 
Cfol. 41). 

Nous avons dit, sous le n<> 14935, que ces sermons 
d'Etienne sont inédits. On en a publié beaucoup 
qui sont moins estimables. 

Fol. 115, sous ce titre In Natali Domini sermo, le 
poème rythmique, qui commence par 

Viri venerabiles, viri litterati, 
Hostes injustitiae, legibus armati. . . 

Comment le copiste a-t-il pu prendre ce poème pour 
un sermon ? Et un poème si connu ! Nous l'avons 
cité sous les n^» 3705 et 13586 (1). 

Fol. 117. Sint lumbi vestri prœcincti. — Succin^ 

(1) Tome l, p. 232 et tome II, p. ^12, 



56 MANUSCRITS LATINS 

^amur ituri, accingamùr prœliaturi. Ce sermon est 
de Hugues de Saint- Victor. Il est imprimé dans ses 
Mélanges, livre v, titre 57. 

Les dernières pages du volume sont occupées par 
de courtes digressions sur quelques vices : la gour- 
mandise, la paresse, l'envie, la colère, etc. Le co- 
piste ne parait pas les avoir attribuées à son Alain. 

18175 

Tel est le titre du volume : EœposiUones evangelio- 
rum dominicorum bonœ memoriœ Philippin cancellarii 
Parisiensis ; et un autre exemplaire de ces Expositions 
Qst, dans notre n"* 3281, sous le nom du même auteur, 
le chancelier Philippe de Grève. Le titre que nous 
venons de citer parait donc exact ; mais il veut être 
expliqué, car il n'a pas toujours été compris. Comme 
ces expositions des évangiles dominicaux ressemblent 
beaucoup à des sermons, on ne s'étonne pas qu'elles 
aient été confondues avec les sermons de Philippe 
dont il a été parlésous le n<> 15933 (1). Cependant les 
bibliographes qui ont fait cette confusion ont commis 
une erreur; les sermons libres et véhéments de 
Philippe ne sont pas ses expositions gravement 
dogmatiques sur le texte des évangiles. Distinguons 
d'abord ce qui doit être distingué. 

Disons ensuite quelques mots sur ces Expositions 
peu connues. C'est là, croyons-nous, l'œuvre d'un 
jeune théologien, très jaloux de faire voir tout ce qu'il 
sait. Il est vrai que sa méthode n'a rien d'original ; 

(1) Tome V, p.21, • •.. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 57 

pour lui, comme pour la plupart de ses contempo- 
rains, la somme entière des préceptes moraux est allé- 
goriquemenl contenue dans les textes bibliques, et 
tout Tart consiste à les en dégager. C'était une fausse 
opinion, d*où ne pouvait procéder qu'un genre faux. 
Mais dans le genre le plus faux on peut faire preuve 
de savoir et d'esprit. Or Philippe ne se montre pas ici 
moins ingénieux que savant. Si nous avons lu ses 
sermons avec plus d'intérêt, on nous persuaderait 
facilement que ses subtiles Expositions ont été, de 
son vivant, encore plus estimées. Mais il y a pour nous 
trop peu d'informations historiques. 

Il y en a pourtant quelques-unes. Voici, par 
exemple, un témoignage précis touchant les pra- 
tiques simoniaques de quelques évêques : 

Cum quis in abbatem eUgitur pseudo-episcopi et officiales 
non attendunt meritum personae; utrnm dignus sit velindi- 
gnus ; et minus dignum, dummodo ab eo secundum volun- 
tatem suam sibi in pecunia serviatur, quasi dignum absque 
difôcultate recipiunt ; illum autem qui dignus est, si nil ab 
60 acceperint et sui Gyezitse, quantum possunt^Ucet injuste, 
impediunt (1). 

Gela s'est dit, à la vérité, plus d'une fois, mais rare- 
ment avec cette précision. Philippe dénonce non 
moins vivement le grave abus des nominations pré- 
maturées. De jeunes clercs sont nommés curés ou 
chanoines, sans avoir la science et la gravité que 
réclament les fonctions qui leur sont attribuées, et, 
jusqu'à ce qu'ils aient pris de l'âge et quitté les écoles, 
ces fonctions sont exercées en leurs noms par des 

(I) Fol. 149. 



58 MANUSCRITS LATINS 

mercenaires sans autorité dont la tolérance provoque 
des dérèglements de toute sorte : 

His diebus inolevit hsec perniciosa corruptela in ecclesia 
Del quod multis committuntur ecclesiaB dignitates et paro« 
chiae qnos nec setas exhibet maturos nec scientia discretos, 
nec vita reddit commendatos; et intérim qui SBtatem non 
habet expectat dum perveniat ad aetatem, et qui sensum 
non habet dilationem impetrat donec per studium in scolis 
effîciatur magis idoneus; et sic intérim ecclesia mercenariis 
committitur, fornicationes et adulteria perpetrantur, f urtivae 
nuptiae et illicita matrimonia contrahuntur, contracta dissi- 
mulantur, fiunt flagitia, sacrilegia committuntur, et per 
defectum pastoris parocbia quasi vidua reputatur (i). 

Ces phrases sont les plus vives que nous ayons 
rencontrées dans cet écrit. Le langage de Philippe y 
est habituellement très mesuré ; c'est, pensons-nous, 
celui d'un homme qui faisant, comme on dit, son 
entrée dans le monde, prend soin de ne s'y pas pré- 
senter sous les traits d*un désagréable censeur. 

Il ne se défendra pourtant pas, ayant la sincérité 
de la jeunesse, de se prononcer, sans nécessité, même 
sans à-propos, entre les deux partis qui, de son temps, 
divisaient et troublaient l'Eglise, celui des évoques 
et celui des ordres mendiants, et de témoigner qu'il 
est plus sympathique aux bruyants novateurs qu'aux 
séniles représentants de l'autorité traditionnelle : 

Fuit Joannes in deserto baptizans et praedicans baptis- 
mum pœnitentise in remissionem peccatorum. Taies sunt 
fratres Prœdicatores et fratres Minores, qui prsedicationibus 
et confessionibus vigilanter intendant ; sed a praedictis qui 
eis invident utrumque officium, quia potius intendunt ad pro- 
priam gloriam quam ad animarum salutem^ impeditur (2) . 

(I) Fol. 154. (2) Fol. 26. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 59 

Pour eux se déclarent aussi d'opulents seigneurs 
ou citadins, qui leur font bâtir des couvents, des 
églises. Témoin de ces largesses, Philippe en félicite 
les auteurs : 

Nonne videntur hi vere centuriones esse Mêles qui nos- 
tris temporibus bonis suis novis religionibus, ut Prœdicato- 
rum et fratrum Minorum, sedi&cant domos in quibus 
habitent et ecclesias in quibus orent et Deo serviant (1). 

On ne se douterait guère en lisant cela que Philippe 
sera plus tard un des plus violents ennemis qu'aient 
jamais eus les Prêcheurs, les Mineurs. Mais on voit 
autrement les mêmes choses quand on les considère 
d'un point de vue diflférent. Étant encore, pensons- 
nous, simple clerc, Philippe prend volontiers parti 
contre les évêques. Leur juridiction est oppressive, 
puisqu'ils sont des supérieurs. Liguez-vous, Prêcheurs 
et Mineurs ; entrez vaillamment en lutte contre ces 
despotes. De grand cœur nous applaudissons à qui 
conteste leurs droits prétendus. Mais quand Philippe 
sera chancelier de l'église et de l'université de Paris, 
et quand, après avoir réclamé le droit de confesser, 
de prêcher librement, les mêmes religieux oseront 
ouvrir les portes de leurs écoles conventuelles et con- 
vier la jeunesse à venir entendre leurs maîtres non 
licenciés, Philippe, révolté par cet excès d'audace, 
s'armera pour le réprimer. 

Faisons d'ailleurs remarquer que, présentement, 
il ne se montre pas aussi favorable aux ordres anciens 
qu'aux nouveaux. Les ordres anciens ont eu, dit-il, 

(l) FoL 56. 



L'LL.lt* > 



60 MANUSCRITS LATINS 

un juste renom quand ils étaient pauvres ; mais ils 
sont devenus riches, et la richesse les a corrom- 
pus : 

Quanto vinea fimo impinguatur tanto magis fructus 
ei multiplicatur; sed vinum non est ita pretiosum. Quando 
autem non ita fimo impinguatur, rarius est vinum, sed ma- 
gis sincerum. Fimus est temporales divitiae, quse quanto 
magis in religione multiplicantur tanto plus potest habere 
fratres; sed ipsae divitiae religionis impediunt puritatem. 
Et quia nimis hodie fimatur sive stercoratur religio, vere 
dici potest istud Thren. 4, e : Qui nutriébantur in croceis 
ampleœati sunt stercora (1), 

Telle était la richesse de certains ordres que Tabbé 
de Gluny passait alors pour le plus riche prélat, 
après le pape, de toute la chrétienté. Le plus riche, 
disait-on, le plus somptueux et le plus déréglé. Il ne 
ressemblait certes pas à Pierre le Vénérable. L'aban- 
don de l'ancienne discipline était presque général. 
C'est pourquoi, de graves abus ayant été signalés 
dans quelques monastères bénédictins, on ne put 
trouver parmi les religieux de cet ordre des gens à 
qui donner commission de les visiter ; il fallut 
(grande honte!) leur imposer des visiteurs domini- 
cains : 

Per defectum visitatorum monachis nigri ordinis nuper 
dati sunt visitatores de ordine alio, sdlicet Prsedicatorum . 
Sanctius autem esset et honorabilius quod de proprio ordine 
instituerentur ab ipsis visitatores (2) . 

Ce renseignement était à recueillir. N'est-il pas 
instructif ? 



(l)Fol. 64. (l)FoL8. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 61 

18184 

La plus grande partie de ce volume est occupée 
par des serinons anonymes, intitulés : Summa de 
omnibus dominicalibus per annum; et la lecture de ce 
titre fait dès l'abord supposer qu'ils sont du même 
auteur. Mais c'est une supposition à laquelle l'examen 
des pièces ne permet pas de s'arrêter. La somme 
est l'œuvre d'un copiste, qui Ta formée en tirant 
de recueils divers les sermons qu'il a préférés. 

Il en a pris surtout au Dominicain Pierre de Reims, 
qui mourut évêque d'Agen. A ce religieux appar- 
tiennent les sermons que voici : fol. 3, 4, 9, 10, 12, 
25, 27, 43, 77, 85, 87, 89, 90, 97, 99, 101, 103, 107, 
108, 110, 112, 118, 120, 121, 123, 125, 126, 128, 
130, 132, 133. Plus ou moins des mêmes sermons 
sont dans nos volumes cotés 3578, 12417, 14957, 
18174, et dans le n' 543 de l'Arsenal. 

Nous avons au fol. 48 un sermon de Guillaume de 
Mailly. 

De qui sont les autres ? Nous ne le saurions dire. 
Ce n'est pas que les copies en soient rares ; elles sont, 
au contraire, nombreuses. Il n'y a pas un seul de ces 
sermons qui ne se trouve dans les n^* 16960, 16473, 
16503; et les catalogues nous en indiquent d'autres 
exemplaires dans le n® 116 de Soissons ainsi que 
dans le n® 504 des Cod. Laud. mise, à la Bodléienne. 
Mais partout ils sont anonymes. 

Pierre de Reims a, dans VHistoire littéraire une 
courte notice où l'on ne parle pas de ses sermons. Les 



62 MANUSCRITS LATINS 

bibliographes de son ordre en avaient pourtant si- 
gnalé plusieurs manuscrits. Ils ne sont guère, à vrai 
dire, dignes de remarque et nous doutons même 
quMls aient été prononcés. La chaire réclame autre 
chose qu'une série continue de citations tronquées; 
elles les veut expliquées, développées. Ce que nous 
avons ici, ce sont plutôt des matières de sermons que 
des sermons. 

Au fol. 143, Proverbia vulgalia et laiina; ce qui 
veut dire : proverbes français, mis en regard de textes 
sacrés. Voici le début du recueil : 

A bon demandeur sage escondiseur. Jac, : Petitis et non 
accipitis. Matth,^ 20 : Nescitis quid petatis. — A bon jor 
bone euvre. EccL 7 : In die bona fruere bonis. Ps. : Hœc 
est dies quam fecit Dominus ; exultemus et cet, — A chat 
lecheur bat Fen sovant la guele. Cor, 9:Castigo corpus 
meum ; et Rom, 6 : Sicut exhibuistis membra vestra ser- 
vire iniquitati, — A chacun oisel ses nis li estbiaux. Job, 
29 : In nidulo meo moriar. . . 

Il y a onze pages de proverbes ainsi justifiés par 
l'Ecriture sainte et conséquemment tout prêts à figu- 
rer dans un sermon. Nous avons montré l'usage que 
Nicolas de Biard a fait d'un recueil semblable ou peut- 
être même de celui-ci (1). 

Au fol. 156, un extrait auquel manque le commen- 
cement. 

Au fol. 157, des pensées, des notes, des remarques 
diverses, comme celle-ci : 

Claustralem aggrediuntur morbi inusitati et fréquentes : 
dolor oculorum ex vigiliis, tussis ex frigore, tumor tibiarum 

(l) Tome II, p. 279etsuiv. 



DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 63 

ex longa statione, tubera genuum ex crebra inflexione, 
coarctatio arteriarum ex ciborum ariditate, et, quod gravius 
est et omnibus difûcllius, detractio fratrum, qui, cuin vide- 
runt eum prolixius orantem, aridius et rarius edentem, 
aiunt : c Frater hic noster somniavit mortem abbatis et 
ideo faciem suam demolitur ut oculos intuentium éludât ; > 
et, cum transit coram eis, insultant dicentes : « Ecce som- 
niator venit. » 

Les autres noies offrent encore moins d'intérêt. 
Celle-ci, du nioins, parait être assez fidèlement des- 
criptive. Il y avait encore des abbayes où l'on avait 
pu maintenir l'ancienne discipline, si dure qu'elle 
fût. 

Au bas de la page, cette épigramme peu claire, 
que nous avons aussi rencontrée dans le n® 15025 
(fol. 213) : 

Sum reus, est judex ratio, meditatio vitam 
Accuset, testis sit mens mala conscia, tortor 
Sit dolor, erumpat lacrymarum sanguis ab omni 
Crimine ; judicium fugio si judico sic me. 

Le volume finit par une autre et longue série de 
pensées, tirées, pour la plupart, des livres saints. Le 
but qu'on s'est proposé en formant ce recueil est 
encore de venir en aide aux prédicateurs. 

18186 

Ce volume est une somme de sermons attribués 

d'abord, sur la feuille de garde, à certain Armand, 

plus tard à certain Durand. N'allez demander aux 

bibliographes aucune information ni sur l'un ni sur 

Vautre. Ces sermons ne sont, en effet, ni d'aucun 



64 MANUSCRITS LATINS 

Armand ni d'aucun Durand ; ils sont de Jean Halgria 
d'Abbeville. Ils ont eu beaucoup de succès et nous en 
avons conservé de nombreux manuscrits. 

18188 

Ce volume commence par deux longs sermons, 
l'un sur les peines de Tenfer, l'autre sur les joies du 
paradis, que nous avons déjà mentionnés, sous le 
n** 15852 (1). N'en ayant rencontré que des copies 
anonymes, nous n'en pouvons indiquer Fauteur; 
mais comme il cite saint Bernard et mêle quelquefois 
du français à son latin, et comme, d'ailleurs, le ma- 
nuscrit paraît être de la première moitié du xin** siècle, 
de ]à nous concluons que l'auteur était contemporain 
de son copiste. Le premier de ces sermons est, en 
fait, la paraphrase des versets 20, 21 et 22 du 
dixième chapitre de Job. Il y a dans le second quel- 
ques traits d'esprit. Aux heureux de ce monde, dit 
l'orateur, les joies du paradis ne sourient pas ; vai- 
nement on leur en parle ; ils n'écoutent pas ce qu'on 
leur en dit. Ils ressemblent à ce paysan, qui, dînant 
à la table du roi, mangea, dès le premier service, 
tant de pois au lard qu'il eut l'estomac fermé quand 
on présenta le chapon rôti. 

A la suite, quelques pieuses sentences, des thèmes 
proposés pour les sermons à faire en l'honneur des 
saints et plusieurs tables intitulées Concordantix. 
Ces tables étaient aussi dressées à l'usage des pré- 

(1) Tome V, p. 30. 



DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 65 

dicateurs et pouvaient leur être, en efiFet, très 
utiles. 

Du fol. 17 âu fol. 134, des sennons anonymes. 
Hais nous en connaissons l'auteur ; c'est Jean de 
La Rochelle. Nous avons déjà plus d'une fois ren- 
centré ces sermons, jadis très estimés, surtout par 
les confrères de l'auteur. Il y a, notons-le, de fré- 
quentes différences entre les diverses copies. 

Du fol. 134 à la fin du volume, des matières de 
sermons généralement peu développées. 

18192 

Tous les sermons anonymes que nous avons ici 
sont de Pierre le Lombard et ont été publiés par 
Béaugendre dans les Œuvres d'Hildebert. 

A la fin du volume, quelques extraits de saint Gré- 
goire, de saint Augustin et d'autres Pères. 

18193 

Trois recueils de sermons composent ce volume . 
Le premier commence par ces mots : Nimis honorati 
amici... — Vulgariier dicitur quod Deus nunquam 
habuit amicum quem ewponereù confusioni; et finit, 
au fol. 54, par Explicit Summula de communi sancto- 
rum. Ce recueil n'est donc pas formé de sermons 
mêlés, pris par un copiste à des auteurs divers ; c'est 
l'œuvre d'un seul auteur, par lui-même modeste- 
nïerit nommée petite somme, sans doute parce que 
les sermons qui la composent sont très courts. 
VI 5 



66 MANUSCRITS LATINS 

N0113 avons le, même recueil dans le n*" 1839 et 
peut-être aussi dans le n** 1996 de Troyes, venus 
Tun et l'autre de Glairvaux ; nous le retrouvons 
presque entier dans les n®* 3565 et 12421 de la 
Bibliothèque nationale; enfin un plus ou moins grand 
nombre de ces sermons, détachés de l'ensemble, 
nous sont offerts par les n«' 3556, 12419, 14951, 
14954, 14961, 18081 de la même bibliothèque. 
Tant de copies prouvent que l'œuvre eut du 
succès. 

Mais quel en est l'auteur ? Suivant le Catalogue de 
la bibliothèque de Troyes, le copiste du n*" 1839 Ta 
nommé frère Pierre. Ce nom de Pierre étant, au 
moyen âge, très commun, l'information n'a pas été 
jugée suffisante ; aussi quelque moine de Glairvaux 
a-t-il essayé de la compléter par cette addition : de 
ordine frati^m Minorum. Quelques-uns des manu- 
scrits cités sont du xiii® siècle; il s'agit donc de trouver 
au XIII® siècle un frère Mineur, nommé Pierre, à qui 
les sermons puissent être attribués. On a déjà fait 
cette recherche, mais vainement. Assurément il y 
eut, au xm® siècle, dans l'ordre des Mineurs, plusieurs 
écrivains nommés Pierre ; mais aucun de ceux 
que l'on connaît n'a laissé des sermons tels que 
ceux-ci, nous voulons dire composés suivant la 
même méthode et rédigés dans la même langue. 
Si donc l'attribution reproduite dans le Catalogue de 
Troyes est exacte, l'auteur est un Mineur dont, jus- 
qu'à ce jour, nous n'avons encore rien lu. 

Une autre attribution nous est recommandée par 
deux manuscrits de la Bibliothèque nationale. Le ser- 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 67 

mon qui commence, au recto du fol. 5, par Tollite 
jugum, est, au fol. 189 du n** 13579, dans un recueil de 
sennons anonymes dont Fauteur certain est, comme 
BOUS l'avons dit, Nicolas de Biard. De plus, deux 
autres sermons, qu'ici Ton voit aux fol. 47 et 51, sont 
sous ce même nom de Nicolas de Biard aux fol. 202 
et 203 du n° 15954. Ce Nicolas de Biard est un écri- 
vain vraiment original dont tous les sermons ont le 
même ton. Personne avant Sancho Pança n'est connu 
comme ayant cité tant de proverbes ; personne, dans 
son temps, n'a dit autant de choses en des sermons 
aussi courts ; personne n'a censuré tous les vices en 
des termes aussi familiers et pourtant aussi peu durs. 
Eh bien, nous trouvons une assez grande analogie, 
sous ces rapports divers, entre les sermons que nous 
avons lus dans le n"" 13579 et ceux que nous venons 
de lire dans le n^ 18193. Les uns et les autres pa- 
raissent donc être du même auteur. Cependant cette 
opinion n'est que vraisemblable, et nous allons main- 
tenant produire un document qui semble bien la con- 
tredire. 

Dans les deux catalogues extraits du Liber rectoris 
que M. Ch. Jourdain a publiés sous l'année 1303, il n'y 
a que deux recueils de sermons attribués à Nicolas de 
Biard, le premier De dominicis, le second De festis (1), 
ces deux recueils que nous avons trouvés réunis, mais 
incomplets, sous le n" 13579. Les libraires n'en ont-ils 
pas fait taxer uu troisième, ne l'ayant pas? On pourrait 
hasarder cette conjecture ; mais elle serait fausse. 

(1) Ch. Jourdain, Index, chari., p. 76, 77. 



68 ICANUSGRITS LATINS 

Notre somme sur le commun des saints commence, 
avons-nous dit, par ces mots Nimis honoratù Or nous 
la trouvons ainsi mentionnée dans l'un des catalo- 
gues; après les sermons De dominicis et De festis de 
Pierre de Saint-Benoit : Item, Commune sanctorum; 
sdlicei : « Amis honorati sunt (1) ». A la vérité, le 
catalogue ne dit pas expressément que ce Commune 
sanctorum soit de Pierre de Saint-Benoît, comme les 
sermons précédemment taxés ; il manque un ejiùsdem 
pour que le témoignage soit formel. Mais il faut 
reconnaître que cette mention de notre Commune 
sanctorum après les sermons de Pierre, non pas 
après ceux de Nicolas, infirme, d'une part, Tattribu- 
tion des n"* 13579 et 15954 et, d'autre part, confirme 
celle du manuscrit de Glairvaux. Nous hésitons néan- 
moins à conclure. 

Ayant extrait du n" 13579 tous les proverbes fran- 
çais que nous y avons rencontrés, nous allons recueil- 
lir pareillement tous ceux que nous ofl're ce n*" 18193. 
Si Pierre de Saint-Benoît frère Mineur est l'auteur 
véritable de ces sermons, il faisait le même emploi des 
proverbes français que son confrère en religion Nico- 
las de Biard. 

Fol. 1, col. 4 : « L'une bonté, l'autre requiert (2) ». 
— « Encontre vezie recuit. » 

Fol. 2, col. 3 : <c Qui s'eslonge de cort et cort de 
lui. » Qui elongant se a te peribunt. 

Col. 4 : « Ne te fie mie à estrangé. » 

(l) Ibid.y p. 76. 

2) Le texte du n* 18193 est généralement défectueux. Nous le 
corrigerons plus d*une fois par le n^ 12421. 



DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 69 

FqI. 3, c. 2 : « A besoigne voit li. bon qui^ amis li 
est » — « Mors bon n'a nul ami. » 

Col. 3 : « Âmor? l'eneres sunt plus fora. » 

Fol. 4, c. 1 : a Jaques aicis n^aura bone escucle qui 
ne Pespande. » Voir le même proverbe, fol. 48, 
c. 3. Il commence au fol. 48 par : « Ja chartre 
n'aura .1. » 

Col. 4 : Aliqiàando çmitur t chat en sach. >» 

vFol. 6, c. 2 : ce Mes na greie bêle cbere et bêle 
chère vaut sept me. » — «A seignor totes. honors. » 

Col. 3 : Qui mane non surgit dietam dimittit : ce En 
malntleVer est la jornée ». — « Vies hart ne puet 
tortre, ne vies chiens est mais à mètre en lien. » — 
« Suef trait mal qui apris la. » — « Tous jors sent le 
pot l'encre. » — Meliora sunt poma juvenis arboris 
quam veteris^ primi temporis quant posterioris : « En 
corde seson nessent recordele. » Offerenda sunt pira 
deJoharineta 

Col. 4 : « Ne le doit être contredite Parole puis que 
rois Ta dite. » 

Fol. 8, c. 2 : Ssspe canitur illud : a Tote joie, vient 
de bien amer. » — Bonœ cogitationes sunt « li allu- 
mailles ou le saint s'esprend. 

Fol. 10, c. 3 : « Nus feu n'est sans fumée, ne fumée 
sans feu. » 

Fol. 11, c. 2 : « Celui est li. très fort d'où hon ne 
se donne garde. » 

Fol. 14, c. 1 : Nemo bene pugnat nisi expertu^, se- 
cvmdum illud vulgare : t Nus ne seil de esches s*il 
va estre mestre. » — « Ventre saol s'esjoit. » 

Fol. 16^ c. 2.: « Qui na cuer 3i le prenge. » 



70 MANUSCRITS LATINS 

Fôl. 20,. c. 3 :- « L'en parole volontiers de- ce que 
Ten aime. » ^ - 

Fol. 22, c. 4 : « Quant plus i a du bien plus 
vaut. » 

Fol. 23, c. 4 : ce Bone compaignie Dex la fist et 
deable la deffil. » 

Fol. 24, c. 2 : Qui vuh venire vulnerare diaholum 
oportet pritis vulnerare scutum, secundum illud viU- 
gare : « Je ferrai le buison qui regarde le larron. » 

Col. 4 : « Coart marcheant ne changeur n'aura ja 
grant chose. » 

Fol. 25, c. 3 : « Aise boit qui son lict voiet. » Ideo 
Dominus bibentibus calicem passionis ostendit requiem 
œternœ relributionis ut securius bibant. 

Fol. 26, c, 2 : ce Mot li grève qui atent. » — « Qui 
bien atent ne sor atent. » 

Col. 4 : a A la bone fin va tôt. » 

Fol. 27, c. 3 : ce Qui a honte de gaignier si a honte 
de vivre. » — ce Qui fet son profit ne orde ses 
mains. » . . 

Fdl. 28, c. 3 : Esto socius ementium dando paupe- 
ribus eleemosynas pro emenda societaiey quia vulgaritér 
dicitur : « Une malle part aura cent mars. » 

Fol. 29, c. 2 : ce Chaude voie fet cape moillie » ; 
quia quandoque fervor delectionis inducit aquam devoir 
tiords , kn loi, 42, col. 2, on lit : ce Chaude medie 
fait. . . » 

Fol. 32, c. 1 : ce Grant chevaliers ne va.miesous » ; 
quia re vera non decet magnum dominum ire so- 
lum. - - - 

Fol. 33, c. 4 : (c Félon' seigneur meino a sa-"dietë. » 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 71 

Fol. 34, c. 4 : <c L'une bonté l'autre requiert et 
colée sa per. » 

Fol. 35, c. 1 : « Miex vaut meis tirer que rom- 
-pre. » 

Fol. 36, c. 3 : Rota uncta faciliter volvitur^ sed 
multi volvuntur sicut rota nunc uncta,.. « Cousdis 
brait la père roie du char (1). » 

Fol. 37, c. 2 : « Biau services trait argent de borse 
et moreel de boche. » 

Fol. 39, c. 2 : Ce n'est pas feste de boere à hanap 
de erieur » ; quia ibi haurit immundus sicut mun- 
dus. 

Fol. 43, c. 1 : « Qui bon morsel met en sa boche 
bone novelle envoie à son cuer. » 

Fol. 44, c. 4 : « Pensée de prudome si est sens et 
sa parole est jugement. » — « Tôt passe fors que 
bien fet. » 

Fol. 45, cl: « Li mort au mort et li vif au 
vif. » 

Col. 3 : « A cel présent cel grae. » 

Col. 4 : « Qui moi aime et mon chien. ^) 

Fol. 46, col. 1 : « Qui est garniz si n*est sour- 
pris. » 

C. 4 : (C Qui a hore veut mangier ains bore doit 
apparailler. » — « Quand les dames sont parées, en 
sont ja les trois alées. » — « Buen aient qui part 
aient » ; et ideo Dominus, qui non vult electos suos 



(l) Dans une chanson citée par M. Godefroy {Dictionn., t. I, 

.p. 720): . . . ., . . .. . 

La pire roe dou .ch?ir 
C'cst-celcqurphiîfbreira. 



72 MANUSCRITS LATINS 

expectationis dilatione deficere^ hortatur constanter 
eos in bonis operibus vigilare. 
Fol. 47, c, 4 : « Ja ne maignera qui dort. » 
Fol. 48, c. 3 : « Tôt est perdu ten qu'en met en 
sac percié. » 
Fol. 50, c. 2 : « Que l'on sue boit le vent. » 
Fol. 23, c. 2 : « Il n'est demis qui ne s'atorne. » 
Fol. 53, c, 1 : « Bêle de face, bêle d'ator, De bien 
port et bêle parole. » 
G. 2 : « Meus vaut vataille que la mort. » 
G. 3 : « Qui est biaus ne n'est bons refuser le doit 
l'en. » 

Tels sont les proverbes ou dictons français dont 
nous avons constaté la présence dans cette somore 
de sermons pour le commun des saints. Or il n'im- 
porte guère d'en citer autre chose. Signalons pour- 
tant quelques propos attribués par Fauteur à des con- 
temporains, qu'il prend soin de nommer. Ainsi nous 
lisons, fol. 4, c. 2 : Nota rationem fratris Gaufridi 
quod Deus odiret Ecclesiam quia justitia habitavit in 
ea, nunc autem homicidœ. Mais quel est ce frère Geof- 
froi, qui s'exprimait avec une si grande liberté ? Plus 
loin, fol. 34, col. 1, nous trouvons une sinistre pro- 
phétie mise dans la bouche de Guillaume, évèque de 
Paris. Quant à ces historiettes qu'on réputait Tome- 
ment nécessaire des sermons, elles sont toujours ici 
sommairement indiquées; jamais elles ne sont racon- 
tées. Nota, dit l'orateur, exemplum de milite infirmato et 
clerico qui portabat aquam benedictam (fol. 14, col. 1) ; 
et fol. 4, col. 2 : Exemplum de Gobardo de quo dictum 
est : « A tart bea Gobaut » . Toutes ses indications sont 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 73 

aussi brèves. Mais elles se rapportent toutes à des 
anecdotes connues. Ainsi Thistoiredu chevalierma- 
lade et de l'écolier porteur d'eau bénite est tout au 
long dans un sermon de Jacques de Vitry (n® 17509, 
fol. 82 v^) et celle de Gobaud, fils de Gharlemagiie, 
qui fut déshérité par son père pour avoir crié trop 
tard, est dans un autre sermon du mème(n® 17509, 
f. 97). Elle est encore ailleurs. Nous l'avons citée 
souslenM6499(l). 

Entre le premier et le second des recueils qui com- 
posent, ainsi que nous l'avons dit, ce volume, se suc- 
cèdent quatre sermons anonymes dont chacun ré- 
clame une mention particulière. 
' 1® Dilectus métis candidnis... — In verbo iste beatus 
' Bartholomxus a quatuor specialUer commendatur. 
Primo a divina dilectione. D'autres exemplaires ano- 
-nymes dece sermon sont dans les n*» 15958 (fol. 278) 
et 16510 (fol. 192). 

2® Egredietur virgade radice.., — In verbo propo- 
sito quatuor principaliter possunt attendu Primum 
heatx Virginis ortus. Pareillement anonyme dans les 
n*>» 15958 (fol. 280) et 16510 (fol. 196). 

3® Exaltavi lignum humile... — Duo tanguntur. 
Primum est exaltatio sanctœ crucis. Dans les n^^ 15958 
(fol. 281) et 16510 (fol. 198). 

4® Dico vobis quod angeli eorum... — In verbis 
istis attendit Salvator angelorum specialiter offieium. 
Dans les n~ 15958 (fol. 281) et 16510 (fol. 200). 

Ces quatre sermons font partie, comme nous 

(1) Tome V, p. 446. 



iirr«L» en. f izL TcoDoI âiosiâsBsâile intitulé Col- 
.^saifma ^'vsrmu i . L§ r'^ârsal. d'aul^us, rien 



Le ;^3R es àqrvirfBriP rwarfi!. qn'oi lit an bas da 
faL S7^ esC iirrp^Pïei ir J^kmjl-v frairis Xieholai 
de AqmtwiLa, Xxcbs dlSac;i»Ti]^. de Tordre des 
MifiecTi. lEsscm. c^-^n. tses ranoée 1317, Qt 
les sermjcs ûgir'Vraax. tr^s s3CTent copiés au 
XTT* sâècLe. g-i.: èwê i-C":^âpcTs f>i5 imprimés, au xv*, 

-ao m* et miêcse as mf. Mais dans les dernières 

> éditions, qui sont des anné» lôll et 1630, Tanteur 

.eft nommé, par errecr. Jean Onintin. 

La troisième séhe de sermons comnmoe au revers 
do feoiUet 158. Ils sont pour des fêtes diverses, et, 
noos paraissent appartenir i des aotenrs différents. 
En voici le détail : 

l* Ingredieiur Dominus JEgyptum.,. ~ Quamvis 
therna secundum tempus accipi soleat... 

Quoique ce sermon ne soit pas banal, nous n'en 
connaissons pas une autre copie. L^histoire rapporte, 
dit Torateur, quau moment où naquit Jésus, les 
statues des faux dieux s'écroulèrent dans tous \e^ 
temples. Ces statues étaient celles du Soleil, de la 
Lune, de Mars, de Mercure, de Jupiter, de Vénus çt 
de Saturne. Mais la déchéance de ces faux 4i^ux 
n'a pas été sans quelque profit pour les mœurs ; 

. il est manifeste, par exemple, que le nombre des 
gens chastes a beaucoup augmenté depuis que 

iVéjius . n'est plu? adorée. Cependant, poursuit 

(l)Tome V, p. 64. .'.l . ./ . j:. j 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 75 

rorateur, il y a encore plus d'un débauché parmi 
les clercs et parmi les moines : Christi prmsentid 
luxuriad dmccavit foecès et hurnida^ prmierquam in 
quibusdam clericis et falsis reliffiosis, deterioribus 
quibuslibet infidelibus in conversatione et vita. Notons 
que Ton se disait, ces choses-là face à face. 

1® Benediction^m dabit legislator, . . — Legislator 
est Christtis, Jac. S : Unm.est legislator... Pas d'autre 
copie. Très court sermon, dont il n'y a rien à ci^ 
ter. 

3® Domintis legifer nosier... — In verbo proposito 
notantv/r dw. Primo prœnuntiatur Salvatoris adven^ 
tus. Pas d'autre copie. 

4® Apertis thesauris suis... — In hoc verbo quatuor 
notantur. Modvs offerendi ibi : Apertis thesauris. 

Ce sermon est du Franciscain Jean de La Rochelle. 
Nous en avons d'autres copies dans les n**» 13583 
(fol. 157 et 159), 15939 (fol. 172), 16477 (fol, 176), 
. 5"* Consurgensque diluculo rex... — Adlaudem Sal" 
vat0)Hs quatuor notantur. Primum passio, resurrectio 
matutina. Ce sermon, aussi tiré des Collectiones fra- 
trum, est au fol. 273 du n° 15958. 

6® Sicut in Adam omnes moriuntur. . . .— In his 
verbis duo principaliter considerari possunt. Primum 
est humani generis corruplio. Deux autres exem- 
plaires anonymes sont dans les n*** 15958 (fol. 284) et 
1651Ô (fol. 207). C'est dire que ce sermon appartient, 
comme le précédent et le suivant, slux Collectiones 
fratrum. 

T'Vidi in medio septem candetabrorum . \ : ^ In 
hujus visionis mysterio beatissimus pater Franoiscus. 



76 MANUSCRITS LATINS 

Autres copies : a*f 15958 (fol. 282), 16510 (loi. 
Ce sermon noua apprend que Ton chantait alors en 
l'honneur de saint François, le jour de safète^ une 
hymne dont ces trois vers sont cités : 

Franciscus Evangelii 
Nec apicem vel uDicum 
Transgreditur, vel iota. . . 

Telle était l'opinion de tout Franciscain sur le 
tondateur de son ordre. C'était un autre Christ. Il 
n'avait jamais péché. 

8*^ Simile est regnum cœlorum thesauro ... — Ista 
verba exponi possunt de cœlesti patria primo^ et po^tea 
de virginibus. Sermon en l'honneur de sainte Cathe- 
rine. Nous n'en connaissons pas une autre copie. 

9^ Erunt signa in sole,,. — In fine istius evangelii : 
Cœlum et terra... Verba Domihi sunt gratiosa ad 
trahendum... Pour le deuxième dimanche de l'Avent. 

10® Erunt signa in sole. . . — Ista verba intelHgun^ 
tur de adventu Christi ad judicium. Intelligimtttr 
etiam ... Un passage de ce sermon montre qu'il est 
postérieur à Tannée 1316 : 

Legitur in gestis regum quod, régnante Ludovico rege, 
appartiit ei cometa 25 diebus ante mortem suam quotidie ; 
cumque primus vidisset stellam, vocavit quemdam sapien- 
tem, dicens : t Vides tu steUam istam? Die quid significat 
Stella ista. » lUe noluit aperire cor suum et respondit : 
a Scriptum est in Jeremia : A signis cœli nolite timere quœ 
pavent gentes{l). 

Il s'agit de la comète dont l'apparition précéda la 
mort de Louis X. Le continuateur de Guillaume de 

(1) Jérémie, X, 2.. ^ ' 



DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 77 

Nangis en parle ainsi : Circa festum sancti Thoms 
visa fuit cornet a in cœlo quas mortem régis prœnun" 
tiare videbatur^ et patuit postmodum in effectu (1). 

La série des sermons est ici momentanément inter-^^ 
rompue par une dissertation morale dont le titre ab- 
sent doit être De quatuor abusionibus : un prédicateur 
négligeant de pratiquer ce qu'il enseigne; un vieil- 
lard irréligieux; un jeune homme indocile; un riche 
avare. Cette dissertation sur une matière banale oc- 
cupe quatre colonnes. Ensuite, d'autres sermons : 

11® Estote parati. . . — Hœc verba soripta simt in 
Eœodo, ubi dicitur quod filii Israël^ cum egressi fu'- 
erunt de ^gypto ... La matière de ce sermon est la 
naissance du Christ. Pas d'autre copie à citer. 

12° Ecce vox clamantis in deserto. . . — Carissimi^ 
prœdicator veritatis débet esse vox clamantis quantum 
ad perfectionem doctrinœ. 

La partie principale de ce sermon est une vive re- 
montrance à l'adresse des clercs qui, dans leur jeu- 
nesse, emploient tout leur temps à l'étude des lois ci- 
viles ou canoniques et n'abordent la théologie que 
dans leur vieillesse, lorsqu'ils ne sont plus capables 

« 

de rien apprendre. L'orateur compare ces vieillards 
impuissants à David refroidi. 

13^ Vade, quoniam ad nationes ... — Hxc verba 
^^fribuntur in Actibus apostolorum et sunt verba Do' 
mni dicta de Paulo. 

Ce sermon paraît du même auteur que le précé- 
dent. Les clercs qui "^négligent la théologie pour les 

• ' • • 

(l) Recueil des hist. de Fr. t. XX, p. 615. 



78 MANUSCRITS LATINS 

lettres et les lois n'y sont pas moins maltraités. L'au- 
teur est, comme on va l'apprendre, un Franciscain 
très zélé pour sa religion et très dur pour tous les 
ministres de T Église séculière : 

Quando aliquis religiosus compellit aliquem intrare reli- 
gionem, dicit : i Qui est iste? Vellet quod omnes essent 
sicut ipse est ; quia captus est, veUet quod alii similiter 
essent. § Sed, miser, numquid non habet f rater Minor 
naturam sicut et tu? Gratia enim perficit naturam et gloria 
gfatiam. Quia elegi paupertatem, dicunt quod sum càptus, 
quia qusBsivi quee Dei sunt et ipsi quœrunt quae sua sunt... 
Non jam quœritur salus animarum, sed luxus divitiaru|n ; 
propter hoc ingrediuntur clerici ecclesias, fréquenter missas 
cantant; jam pro archiepiscopatibus et episcopatibus hodie 
litigatur ut redditus ecclesise in superfluitatibus et yariîs 
usibus dissipentur. . . 

Ces deux derniers sermons nous semblent être des 
premières années du xiv® siècle. Ils sont l'un et 
l'autre d'un très mauvais style. 



18201 

' La feuille de garde offre un calendrier, auquel suc- 
cèdent le Liber viarum Dei et autres opuscules d'Éli- 
sabej;h, abbesse de Scbonau, notamment celui qui 
concerne le martyre de onze mille vierges. Ce sont là, 
comme on le sait, des récits de visions. Us sont bien 
connuSj^ayant été plusieurs fois publiés. On les at- 
^bue communément * au frère d'Elisabeth^ l'abbé 
Ecbert. 
Au fol. 59, un poème intitulé Dialogus ParacHH. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 79 

Cei poème est, en effet, un dialogue en vers élé- 
giaques léonins entre un pécheur pénitent et la gr&ûê 
divine. Le pécheur, parlant le premier, s'exprime 

ainsi : 

Vir celebris quondam qua me sub rupe recondam f 

Ut mea fœda tegam quae latebrosa petam? / 

Aspicio cunctos sacre baptismate functos 

mte loquenda loqui, rite sequenda seqai. 
Nil in me specto quod sit de pneumate recto 

Et quod agat quisquam qui repetit patriam. 
Rex caeli, verum numen, qui vincula rerum 

In te cuncta ligas mundaque corda rigas, 
Ut quid me natum servasti tu sceleratum, 

Sordibus impUcitum, sub vitiis positum ? 
Bis me quid nasci voluisti paneque pasci 

Angelico, pellem cum teneam veterem? 
Spes mihi nuUa boni, sensus ita sunt mihi pravi. 

In quodyis facinus lubricus est animus. 
Lugeo quod, salvo partu genitricis ab alvo, 

In mundum veni spemere jussa Dei. 
Eheu ! cur vivo vitio tabens recidivo, 

Namque fio pejor tempore, non melior ? 
Spondeo sœpe bonum, Christum mihi posco patemum ; 

In dando spatio non valet hsec ratio ; 
Sordida quippe colo deflendaqne linquere nolo, 

Me miserum ! repetens quse vetat omnipotens. 
Et srophse (1) ritu quae putrida sunt repetitu, 

Facta miser recolo sœpeqne me violo. 
Ërgo solamen quod erit mihi quodque juvamen ? 

Conscia mens noxae se cruciat misère . 
Judicio clemens et culpas Gratia démens, 
Tu fer opem, quseso, consiliumque reo ! 

Quoique ce poème ait peu de mérite, il avait au 
moyen &ge plus ou moins de lecteurs. G*est pourquoi 

(1) En note : Id est suis. 



80 MAHUSGRITS LATINS 

rAllemand Eberhard le cite ainsi dans son Laborin- 
thiLS : ■ 

Hortator propria per scripta Paraclitus omnes 
Peccantes. Veniam Gratia donat eis (1). 

Et, dans ses notes savantes sur le Laborinthus, 
M. Thurot n'a pas omis d'en indiquer la copie que 
nous avons présentement sous les yeux (2) ; mais il 
n'en a pas soupçonné Tauteur. Cet auteur est nonamé 
par Hugues de Trimberg : 

Basiliensis clericus, Wamerius vocatus, 

Catholicis auctoribus sit hic annumeratus, 

Qui duos egregie libros compilavit 

Unumque Sidonium ex his prœtitulavity 

Alterum Paraclitum; quod a multis scitur. 

Warnerius in frontibus horum invenitur, 

Sicut in Sidonio duo protestantur 

Versiculi, lectoribus qui per ipsum dantur : 

Ut nomen foris laudetur compositoriSy 

Sensim primarum seriem conjunge notarum (3) . 

Assemblez, en effet, les premières lettres des pre- 
miers vers du Paraclitus^ vous avez : Warnerius 
Basiliensis me fecit. L'auteur est donc certain. Mais 
on ne connaît que son nom et sa patrie. En quel 
temps a-t-il vécu? Notre manuscrit parait être du 
XII® siècle. On suppose que Warnier et son copiste vi- 
vaient dans le même temps. Un autre exemplaire du 
Paraclitus nous est signalé par M. Endlicher dans un 
manuscrit de Vienne (4). 

(1) Fabricius, Bibl. med. etinf. xtat.^ t. II, p. 75. 

(2) Comptes rendus de l'Acad. des inscript,; 1870, p, 264. 

(3) Dos Registrum multor. auclorum des Hugo von Trimberg, p. 33, 
Nous corrigeons le dernier de ces vers sur un autre texte cité plus loin. 

(4) Catalog, cod. philol bibl. Vind., p. 159. 



DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 81 

Gomme ce poème classique est inédit, nous allons 
en citer un fragment qui fera juger ce qu'il vaut. 
Si d'autres valent plus, d'autres valent moins. La 
Grâce dit au pénitent : 

Nosti de lime quod plasmato pâtre primo, 

Hic pater arbitrio perditus est proprio, 
Arbitrioque dato per transgressum vitiato, 

Vir, cultor vitii, fit reus exitii. 
Libérât electos nunc quos vult gratia rectos, 

Sic justos miser ans sicque malos moderans, 
Ut nec salvandus cogatur, nec reprobandus, 

Sponteque per variam currat uterque viam. 
Eligit ille bonum, latebras amat ille draconum, 

Ambo tamen fragiles et mérite similes. 
Sunt etenim cuncti sentes et egent epe cuncti, 

Quam quœrunt alii despiciunt alii ; 
Verum quserentes bena sunt seterna merentes 

Sponteque deâciunt qui bona despiciunt ; 
Sed sine supremo bonus esse potest quia nemo, 

Adjuvat arbitrium conditor ipse pium; 
Quique malum nescit, nec vult, ibi non requiescit 

Quo malus est clamor, fraus, inhonestus amor; 
Cordaque discernens hominum rex, omnia cernens, 

Res ita diffinit : dat bona, prava sinit. 
Dat bona quserenti, nec pbstat prava gerenti, 

Et sanctum faciens et reprobum patiens . 
Ergo rectorum non sunt bona prorsus eorum, 

Nam bona quœ faciunt cum Domino faciunt ; 
Jureque salvantur qui sponte bono sociantur 

Utunturque boni jure quiète boni. 
Sic mala pravorum Satanse mala sunt et eorum, 

Nam mala quœ faciunt cum Satana faciunt ; 
Jureque damnantur qui sponte malo sociantur 

Torquenturque mali jure dolore mali. 
Sed quia sic factus non est homo sicque subactus 

Ut contra fatum vergat inane lutum, 
Heu ! quid desperat quisquam ne caelica quserat ? 
Damnatis etiam dat pietas veniam; 

VI 6 



d2 MANUSCRITS LATINS 

Ni convertatar reas, auctor dora minatar, 

Perpes suppliciom tristeque judiciam ; 
Sed si damnatus properet deflere reatus, 

Atque Deo propiet, quod petit accipiet; 
Parcit enim gratis conversis fons bonitatis, 

Vitam dans humili quam petit, ex facili 
De sicco stagnum faciens et quod erat lapas agnam, 

Mortua yiviûcans, sordida puriûcans. 
Qaid faceres nisi te solarentur Ninivitse ? 

His mors incubait, nec Deus erubuit 
. Se mutare minas, non perficiendo rainas 

Urbis, quas famulo dixerat is populo, 
O bonitas grandis, quam pro lapsis reparandis, 

Dum bona ferre studet, nec dare verba pudet ! 
Blanditur, terret, ne quis quasi nescius erret, 

Ut qui stat timeat, spe miser indoleat. 
Cerne Deus mitis quid fecerit in Sodomitis, 

Quorum stultitiam commiserans nimiam, 
Dixit : c Delebo Sodomam, tamen ante videbo 

Si tantum clamant quod reprobant quod amant. > 
Cum sic est fatus fuit indulgere paratus ; 

Sed gens non voluit linquere quse coluit ; 
Quin imo mire studuit damnata perire, 

Consumpsitque ream sulphur et ignis eam. 
Ergo plorandus ploret commissa nefandus, 

Nec se per fatum credat habere statum. 
Si fato credis jaculo te duplice Isedis, 

Dum tu quod nutas esse necesse putas. 
Erravit mundum Ûngens hune esse secundam. 

Et fieri, fato cuncta régente, Plato. 
De Tagato (1) rerum pâtre matreque dicere verum 

Creditur a fatuis atque fide vacuis. 
Sic animam mundo qui dat recolitque profundo 

Sensu TimsBum, non amat ille Deura; 
Quique putat discens quod sit rerum reminiscens 

Visarum pridem, polluit ille fidem. 
Tu serva Christi quœ per servos didicisti, 

Nec sis socraticus, sed vir apostolicus . . . 

(1) C'est-à-dire Ttj) âyaOa). 



DE LA BIBLIOTHÂQUE NATIONALE 83 

Formida rectas homo causas, sed tibi tectas ; 

Non tuus bas penitus prospicit intuitus. 
>^ulla perenne bonum confundet vis rationum ; 

Recte cuncta gerit qui fuit, est et erit. 
^on argumentum curât Deus arte loquentum ; 

Mentis amat requiem, non genus et speciem. 
Cum Yult infringit tua quod vigilantia fingit; 

Quo duce non sequitur te duce quod sequitur. 
Pervigilans boras noctis ûngendo laboras ; 

Mira probare studes, decipiendo rudes ; 
Tu caBlum, terras, pontum numerando pererras, 

Assignans graviter facta Deo leviter; 
De lunsB gyris et soiis ssepe requiris, 

Et scis stellarum de statione parum ; 
Membris infusus det quomodo spiritus usus, 

Quamque bene notes, non bene scire potes. 
Yim proprise vitœ nequeas cum pandere rite, 

Summis de certis conscius esse petis; 
Brutis praeponis homines merito rationis ; 

Hespectu Domini sunt bomines asini . 
Quapropter stultum depone, stulte, tumultum 

Simpliciterque bene cuncta statuta tene ; 
De Domino senti quod sentis corde trementi, 

Et credens spera cum pietate mera. 

Nous ne disons pas que ces vers soient tous 
louables. Mais il faut tenir compte des difficultés 
qu'offre la recherche de la consonnance léonine. Le 
mot propre, qui se présente le premier, ne rimant 
pas, on essaie d'abord d'y substituer un synonyme, 
et, si le synonyme trouvé ne rime pas non plus, on 
est obligé de s'en tenir au mot qui s'éloigne le 
moins, pour le sens, du mot propre, et pourtant s'en 
éloigne. De là des vers pénibles, obscurs, dépourvus 
de toute grâce. Il y en a beaucoup de tels dans le 
fragment que nous venons de citer ; mais il faut re- 
connaître qu'un certain nombre sont, comme on dit 



84 MANUSCIUTS LATDCS 

vulgairement, réussis; quelques-uns même auraient 
pu devenir et sont peut-être devenus proverbiaux. Ce 
poète a trop voulu faire preuve d'esprit. On est en 
droit de le lui reprocher ainsi qu'à beaucoup d'autres 
de ses contemporains. C'est en prose qu'ils expri- 
maient leurs sentiments, leurs pensées; pour eux 
écrire en vers n'était qu'un passe-temps, un jeu. 

Ce Warnier, ou Gamier, n'ayant été cité^ jusqu'à ce 
jour, par aucun bibliographe, ne le quittons pas sans 
avoir dit quelques mots sur un autre de ses poèmes, 
le SinodiuSj mentionné, comme on vient de le voir, 
par Hugues de Trimberg. Eberhard l'Allemand ne Ta 
pas non plus oublié : 

Per très personas duo testamenta figurât 
Sidonius. Judex Philosophia sedet. 

Ce qu'interprète de cette façon un glossateur 
cité par Fabriclus : Sidonius poeta, de duobus Testa- 
mentis^ novo scilicet et veteri^ per duos personas, Ju^ 
dsdum et Christianum scripsit. Mais il se trompait 
bien; l'œuvre n'est pas d'un poète nommé Sidonius. 
Avec plus de prudence, M. Thurot dit : « J'ignore 
quel est l'auteur et l'ouvrage. » Nous connaissons 
Tun et l'autre. Deux manuscrits du poème nous sont 
indiqués dans les n^* 1147 de Vienne et 610 de Yalen- 
ciennes, et celui de Yalenciennes commence ainsi 
que nous l'atteste M. Mangeart, par ces hexamètres 
léonins : 

Versibus emensis hic auctor, Basiliensis 
Vif quidam, clerum paritates quserere rerum 
Admonuit primus. Domino quas judice scimus, 



DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 85 

Rerom priscarum brevis editor atque novarum, 
Nec veteri more, sed eas scribendo canore ; 
Et quia certantes ponendo duos modulantes 
Res istinc junctsB titulantur in ordine cunctse, 
Judice matrona dare qu» solet optima donà, 
Ut nomen foris laudetur compositoris, 
Sensim primarum seriem conjunge notarom (1). 

Voilà encore des vers qui ne manquent pas moins 
de clarté que d'élégance ; mais les premières lettres 
de chacun de ces vers indiquent aussi Fauteur : War- 
nerius. 

Au fol. 65, Radulpus super Leviticum. Ce Radulfus 
est Raoul de Flaix et son commentaire sur le Léviti- 
que est, parmi ses nombreux écrits, un de ceux que 
ses contemporains ont le plus goûtés. Notre exem- 
plaire est incomplet. 

Du fol. 93 au fol. JOO, sans titre, un recueil des 
miracles de la Vierge. Ces historiettes, empruntées à 
divers autres recueils, offrent presque toutes des 
traits de mœurs. Nous en citerons une : 

Extra Castrum Radulphi est qusedam abbatia quse Tolis 
vocatur. Supra quadam columna ecclesise illius est imago 
lapidea ad honorem beatse Marias Virginis sculpta, ad quam 
cum qusedam paupercula mulier veniret orandi gratia ade- 
rant ibi in atrio duo Brabantiones, qui improperantes 
mulieri blasphemabant imaginem. Unus etiam, lapides in 
imaginem projiciens, uno lapide percussit et confregit bra- 
chium pueri Jesu. Et cum manus illa lapidea cecidisset, 
exierunt guttse sanguinis a brachio ac si esset hominis 
viventis, statimque in eodem loco qui lapides projecerat 
expiravit. Alter vero, cum vellet morientem inter brachia 
sua colligere ut ei aliquod praeberet auxilium, statim 
arreptus est a dœmonio et in sequenti die defunctus est. 

(\) Mangeart, CakU, des man. de Valenc^ p. 601. 



86 MANUSCRITS LATINS 

Eadem etiam sequenti die, cum multa turba conveniret ut 
imaginem et sanguinem fluxum de lapide videret, ipsis 
videntibus praedicta imago scidit vestimenta sua, scilicet 
ornatum, qui circa eam erat, lapideum, et coUum suum quod 
ûrmatum erat monili lapideo et pectus denudavit usque ad 
mamillas propter ignominiam et injuriam quae illata fuerat 
8ibi et parvulo suo. Hoc contigit anno Domini MCLXXXVII, 
tempore quo guerra erat inter Philippum, regem Francise, 
et Henricum, regem Angliae, altero constituto apud castrum 
Dol., altero cum exercitibus suis. Ego qui scripsi sangui- 
nem iilum in oculis meis et imaginem nudatam et vesti- 
mentum revulsum apposui. Qui autem eam viderant ante 
perpetratum miraculumtestanturquod eratprius rubicunda 
et bene colorata. Modo stat exsanguis et pallida. Ibi pro 
certo cseci iiluminantur, claudi curantur et fiunt mira- 
cula (1). 

Il va sans dire que toutes les narrations sont aussi 
dignes de confiance que celle-ci, quoiqu'elles n'aient 
pas toutes été rédigées par un témoin oculaire. - 

Au fol. 100, un opuscule sur Tantéchrist qui com- 
mence par ces mots : Heriberto, Cohniensi episcopoy 
Alquiminus^ suorum servorum ultimus, pacem et gra^ 
tiam sempiternam. Les auteurs de V Histoire littéraire 
ont commis une erreur, qu'ils nous ont fait com- 
mettre après eux (2), lorsqu'ils ont confondu le traité 
de l'antéchrist publié sous le nom d'Alcuin avec celui 
dont nous venons de transcrire les premiers mots (3). 
Nous devons ici corriger cette erreur. Il est vrai qu'il 
existe entre ces deux traités de grandes ressem- 
blances. D'abord ils sont l'un et Tautre, dans quel- 
ques manuscrits, sous le nom d'Alcuin plus ou moins 

(1) Fol. 96. 

(2) Tome I, p. 370. 

(3) But, m, de la Fr., t. VI, p. 555. 



DE LA BIBUOTHÂQUE NATIONALE 87 

altéré. Oa constate ensuite que la plus grande par*» 
tie de l'un est, sans notables changements, passée 
dans l'autre. Cependant, après avoir aussi constaté 
que dans ces deux écrits, dédiés à des personnes dif- 
férentes, il y a des choses tout à fait dissemblables, 
et que les mêmes choses, exprimées dans les mêmes 
termes, ne se succèdent pas dans le même ordre, on 
ne peut hésiter à reconnaître que ce sont là deux 
traités à tort confondus. 

Sur celui qu'on a publié dans les Œuvres d'Âlcuin 
nous n'avons à donner aucune explication nouvelle. 
Il est depuis longtemps reconnu qu'il est d'Âdson, 
moine de Moutier-en-Der. Son nom se lit dans sa 
dédicace à la reine Gerberge, femme de Louis d'Ou- 
tremer. 

Quant à celui que nous avons ici sous le nom ù^Al- 
quiminusj évidemment il n'est pas d'Âlcuin, Alcuin 
ayant vécu près d'un siècle avant Héribert, évéque de 
Cologne. En d'autres manuscrits le nom est écrit 
AlboinuSf Albuinus, et nous savons qu'Alboin, moine 
de Gorze, plus d'une fois consulté par l'évêque Héri- 
bert, a, pour le satisfaire, composé d'autres opuscules 
dont le mérite n'est pas grand. Fions-nous donc à ces 
manuscrits, et lisons Albuinus au lieu ôH Alquiminus . 
Ainsi voilà pour les deux écrits, deux auteurs d'ail- 
leurs connus : Adson et Alboin. Or, puisque Tun de 
ces écritsest manifestement, en de nombreux passages, 
la copie de l'autre, il y a plagiat. Quel est donc le pla- 
giaire? Il n'est pas difficile de le deviner. Adson 
étant mort sept ou huit ans avant qu'Héribert fût 
évéque de Cologne, n'a pu lui donner ce titre. On 



90 MANUSCRITS LATINS 

déjà rencontré dans les n*« 3417 (1), 12312 (2), 
17400 (3), et Ton a dit que l'auteur ayant voulu, 
comme il le déclare expressément, demeurer inconnu, 
la prudence conseille de ne pas lie chercher. 

Au fol. 33, sans nom d'auteur, une Summa pomi- 
ttntUB commençant par : Sine gratta gratum faciente 
nulltis est Deo gratus. Ce sont des instructions pour 
les pénitents et pour les confesseurs. Saint Bernard 
étant cité dans cette Somme^ nous la croyons du 
XIII® siècle. Un autre exemplaire anonyme est dans le 
n* 149 de Toulouse. 

Au fol. 54, une vive apostrophe à Tadressedes Juifs, 
commençant par : Vos^ inquam, conveniOj o Judxi, 
qui usque in hodiemum diem negatis filium Dei; et 
finissant par les vers de la sibille : 

Judicii signum tellus sudore madescet... 

Les premiers mots de cette apostrophe indiquent 
assez que c'est un fragment. C'est, en efifet, un frag- 
ment du sermon de saint Augustin Contra Judœos de 
symbolo, qui se lit au tome YIII de ses Œuvres dans la 
Patrologie, col. 1117. 

Au fol. 56, quelques notes sur les trois MariCi finis- 
sant par ces vers : 

Anna tribus nupsit, Joachim, Cleophse Salomeque ; 
Très parit; bas ducunt Josepb, Alpbseus, Zebedseus. 
Prima Jesum; Josepb, Jacobum, cum Simone, Judam 
Altéra ; quœ sequitur Jacobum parit atque Joannem . 

Ces quatre vers ont été plus d'une fois cités. Ils 

(2) Tome I, p. 209. 

(2) Tome II, p. 61. 

(3) Tome V, p. 266. 



DE Là BIBUOTHÈQUE NATIONALE 91 

l'ont été notamment par Eudes de Gériton dans un 
sermon que contient notre n^ 16506, fol. 162. Ils 
eurent le succès de tous les vers mnémoniques. 

Au fol. 57, Summa de baptismo] et ejus effectu et de 
aliis sacramentis et casibits baptismi; commençant 
par : Notandum est quod baptismus potest considerari 
miUtiplicUer, Comme il ne s'agit pas plus ici du bap- 
tême que des autres sacremienls, le titre exact serait 
Summa de sacramentis. Un autre exemplaire, pareille- 
ment anonyme, de cette Somme, est dans le n* 91 de 
Metz. Nous n'en connaissons pas l'auteur. 

Au fol. 67, un traité sur les cérémonies de l'Église» 
à la fin duquel on lit : Expliàt summa domini Hugonis 
cardinalis qax dicitur Spéculum Ecclesiœ. Ce cardinal 
est Hugues de Saint-Cher. Son traité, souvent copié, 
a été donné quelquefois à Hugues de Saint- Victor. 
Nous l'avons déjà cité sous le n® 18081 (1) et nous de- 
vons le rencontrer encore. 

Au fol. 75, Sermo sancti Augustinij commençant 
par : FratreSy estote fidèles in omnibus. Ce sermon est 
une sobre exposition de l'oraison dominicale, qui ne 
paraît pas indigne de saint Augustin. Cependant nous 
l'avons en vain recherchée dans Tédition de ses 
Œuvres. 

Au fol. 76, quelques mots de plus sur l'oraison 

dominicale, attribués au même Père, et, au fol. 77, 

une autre exposition, qui n'est guère plus étendue, 

sous le nom de saint Ambroise. 

Au fol. 78, le Liber Quare, commençant par : Quare 

(l) Gi-dessus, p. 2. 



92 MANUSCfUTS LATINS 

Septuagesima celébratur. Sur ce traité, dont les copies 
sont si nombreuses, il ne nous reste plus rien à dire, 
après ce que nous en avons ditsous le n<^ 13576 (1). 
Presque toutes ces copies sont anonymes, et Ton ne 
peut se fier aux indications de celles qui ne le sont 
pas. 

Au fol. 94, sans titre, la relation d'un procès plaidé 
devant la cour céleste. Un procureur envoyé par Satan 
vient, en son nom, demander justice. Depuis la chute 
d'Adam il a, durant une longue série de siècles, pai- 
siblement régné sur ce monde ; ce monde était son 
domaine incontesté. Mais un usurpateur est venu, 
qui l'en a dépouillé. Il proteste et s'engage à prouver, 
même devant le coupable auteur de cette usurpation, 
que le genre humain est sa propriété légale. Telle est 
la matière du procès, et en voici le compte rendu (2) : 

Nostis, fratres, litteram qualiter (dsemon), subintrans vis- 
cera Judse, procuravit quod ipse Judas magistrum suorn 
prophetam, qui filium Dei se dicebat, morti tradi faceret. 
Nostis etiam qualiter genus humanum ab exordio mundi 
fuit damnatum per inobedientiam Evse et postea fuit salva- 
tum per Mariam virginem ; nam mulier damnavit, mulier 
salvavit... Cogitavit nequitia infernalis, longo et mali- 
tioso ponderato consilio, quod procuratorem mitteret ad 
prsesentiam Christi bene instructum, ad petendum quod 
genus humanum in eorum redigeret pristinam servitu- 
tem. •• 

Procurator igitur nequitiae infernalis légitime constitutus, 
astutus et versutus, ad prsesentiam Christi accedens dixit : 
« Creator caeli et terrse, ego sum quidam damnatus, procu- 
rator totius nequitiae infernalis coram vobis, ad agendum 

(1) Tome II, p. 252. 

(2) Nous retranchons, dans le préambule, quelques phrases 
étrangères au sujet. 



DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 93 

contra genus humanum constitutus. Placeat vobis ad infor- 
mationem vestram aliquantulum me audire. » 

Dixit Dominus : t Habes-ne diem? > 

Respondit dsBinon : t Nondum; sed ad informationem 
vestram vobis aliqua explanabo, si placeat. » 

Respondit Dominus : t Cum scitis quod mérita causarum 
partium assertione panduntur, non volumus a te informari. 
Recolimus enim, dum mundum perambulabamus, qnaliter 
nos informare volebas quando dixisti nobis : t Die ut lapi- 
c des isti panes fiant. > Dixisti quoque quod mirabilia nobis 
dares si te adoraremus. » 

Quo audito, dixit dsBmon : c Tu es justitia et Justitiam 
postulo. Peto genus liumanum vocari coram te ad certam 
diem, responsurum mihi procuratori nequitise infernalis, et 
ecce procuratorium meum. » 

Quo inspecto per Dominum, cum careret omni calumnia, 
dixit Dominus : « De die agatur. > 

Dixit dsemon : « Ad diem crastinam. » 

Dixit Dominus : « Tu nosti experientia facti quia via 
longa est ; et quia de die simus discordes, judicis est diem 
assignare. Quare nos tibi et generi humano assignamus 
certam diem, scilicet diem Veneris sanctam qua in crucis 
patibolo mortem subivimns temporalem. > 

Respondit dsemon : c Ah, Domine, hsec dies ubicumque 
locorum est insignis et celebris, sicut etiam jura divinitus 
per ora principum promulgata testantur. Quare citatio et 
quidquid ex ea sequeretur nullius esset momenti . » 

Respondit Dominus : t Nos jura condidimus et auctorita- 
tem damus juribus, non jura nobis. Quare volumus citatio- 
nem valere et processum, non obstante quod talis dies sit 
nbilibet feriata. » Et dixit Dominus Gabrieli archangelo : 

t Vociféra cum tuba tua sonifera ad dictam diem genus 

humanum coram nobis procuratori nequitise infernalis res- 
ponsurum. » 

Quibus actis, recessit daemon ad inferos, cum novis tali- 

bus qualia superius audivistis. 
Quibus omnibus gestis sociis suis infernalibus per procu- 

ratorem relatis, viderunt dsemones quod nullam gratiam 

vel misericordiam a Domino invenirent. Habito consilio 

eoram, justitise, ut dicebant, inhœrentes, statuerunt eumdem 



94 MANUSCRITS LATINS 

procuratorem ad dictam diem mitiere ut vidèrent justitiam 
judicantis. Qua die sancta adveniente, cogitans dœmon quod 
major erat contumacia actoris quam rei, quodque nuUos in 
regno caelorum habebat amicos, comparait tempestive (ut 
loquamur more humano) in loco scilicet in quo Dominas pro 
tribunali sedere consueverat; quia in domo Domini man- 
siones multsB sunt. 

Adveniente igitur die statuta, comparuit dœmon, dicens : 
c Domine, ego sum ille deputatus procurator qui habeo 
hodie diem coram vobis contra genus humanum. » 

Dixit Dominus : « Yade, exspecta ; tu scis quod tota dies 
cedit generi humano. > 

Exspectavit dsemon usque ad horam nonam, et, vidons (ut 
loquamur more humano) litigantes intrantes et recedentes, 
tune ipse, assumpta audacia, iterato dixit : a Pater, qui es 
ubique summa justitia, ego iterum me prœsento contra genus 
humanum. i 

Gui Dominus ait : t Importune, nonne tibi dixi quod tota 
dies cedit ? » 

Et sic exspectavit dœmon usque quasi ad noctis tenebras. 
Tune cœpit vociferare dœmon : t Ubi est justitia quam in 
cœlis (non) invenio? » 

Tune dixit Dominus : < Veni, maledictl, quia jam est hora 
ut te audiamus. » 

Et statim exhibuit dœmon citatorium. Quo exhibito, excla- 
matum extitit si esset ibi aliquis pro génère humano. 
Verumtaraen quilibet obmutuit. Tune dixit dœmon : c Non 
credat aliquis quod intendam procedere nisi curiali modo. 
Quo posito, constat de contumacia generis humani. Quid 
super hœc dicant jura; qualiter agant judices Parisienses, 
qui statim excommunicationis sententiam fulminant, vos 
nostis. Ego non peto hoc; sed tantum peto litteras quod 
suffîcienter comparu!, nemine pro génère humano compa- 
rente. Nescio quid minus possum petere, quia sicutdixi eu- 
riaUter agere propono. » 

Verumtamen non quœrebat dœmon aliud nisi quod 
nos capere posset et redigere in pristinam inobedientiam, 
propter quam, ut nostis, fueramus damnati per factum Evœ. 

Tune respondit Dominus, qui novit abscondita tenebrarum : 
t Tu scis quod judices secundum jura quandoque utuntur 



DE LA BIBLfOTHÂQUE NATIONALE 95 

mera justitia, quandoque rigore, quandoqueœquitate, secun- 
dumpersonas, causas, loca et tempora, et bene nostiquod 
œquitas quandoque prsefertur rigori. Volumus igitur ad pr«- 
sens et ex causa œquitate uti, ut hac die, et, sequitate sua* 
dente, diem istam assignamus, continuamus, prorogamus, 
proutmelius potest valere, in diem crastinam. > 

Exclama vit dsBmon : c Ah, Domine, ubi est justitia ? » 

DixitDominus : a Ejiciatiseum foras. Nonne tibi diximus 
quod sequitate uti volebamus ? » 

Et ejectus dsBmon de regno cselorum ad inferos rediit, qui 
si prius satis dura retulerat, tune retulit duriora. Vemmta- 
men dixerunt dœmones quod si judex, a^quitate pensata, ea 
quandoque utatur, nemini facit injuriam, licet parti prse- 
senti non faciat gratiam. Sero autem fuit magnus rumor in 
regno cselorum, qualiter genus humanum in contumacia 
erat positum, nisi fuisset clementia Salvatoris qui, sequitate 
pensata, diem prorograverat in diem sequentem, et in 
tantum quod rumor pervenit usque ad aures beatse Virginia 
Marias, matris Domini nostri Jesu Christi, quse, audita re 
gesta, amarissime fuit turbata, inquirens totam veritatem. 
Et, audito quod nihil erat innovatum, nec innovari poterat 
pendente dilatione, dixit publiée : c Ne timeat humanum 
genus, quia die crastina ego ero advocata generis humani. > 
Quo audito, omnis chorus cselestis militise gaudio repletus 
est magno. 

Mane autem facto, rediit proeurator infernalis nequitiœ, 
tempestive subintrans coiisistorium, et cum cordis amaritu- 
dine yidit Ghristum, in magnitudine inaudita venientem ad 
sedendum pro tribunali. Postea autem illico advocata nos- 
tra yeniebat, comitata comitiva angelorum, archangelorum, 
yirginum, continentium et conjugatorum. Et omnis chorus 
militise cselestis alta voce concinebat : « Ave, regina cselorum I 
Âve, domina angelorum, regina imperatrix, sanctitatum 
sanctitas! > Et, ad ipsam pro nobis magis animandum, 
cantabant : 

Nec abhorre peccatores, 
Sine quibus nunquam fores 
Tantodigna filio. 
Processit igitur advocata nostra et sedit ad dexteram filii 

8ui omnipotentis, et turbata est, ut faciès ejus indicabat. et 



96 MAXCSCRTIS LATINS 



allocuto est filimn ranm dieens : c Bénédicte fui mi, andSD 
qnod genos hnmunnin yocatnm est ad pfaesentum toam- 
Quare, si est aliqnis qui contra genos hnmannni caïuam 
habere se dicat, yeniat. » 

Et diiit angelns : « Vide, Domina, illmn Tersatnm, dani- 
natam, reprobatum accnsatorem nostmm, dam internes 
erat. lUe est qoi non cessât infestare jadicem contra genns 
humanom. > 

Statim ille vocatus comparait demissa fade ; qoi qnidea 
beatam Virginem levatis ocalis non andebat resfMoere. 
Qa» qaidem ipsam tam horribili inspiciebat ocalo qood do- 
lorem cordis sai ocali et faciès indieabant. 

Dixit ergo Dominas daemoni : c Modo dicas qnid habes 
agere contra genos homanom. » 

Respondit daemon : c Pater sancte, non moyeat te caro et 
sangois ; sed facias mihi jostitiam, qoia to es jostitia, yen- 
tas et aeqoitas obicomqoe locorom. Vos dicitis qood ego 
dicam caosam meam ; sed non yideo com qoo loqoar, qoia 
jodiciom, sicot scitis, constat ex tribos personis ; personam 
aotem rei non yideo. 

Respondit beata Virgo : • Qoia, sicot dicit daemon, jodi- 
ciom constat ex tribus personis, ego non yideo personam 
actoris qose primitos est fondanda. > 

Respondit dœmon : c Fundata est persona actoris, proot 
constat ex procuratorio meo per jadicem admisso et dtatione 
obtenta. » 

Dixit advocata nostra, qoae more moliebri de leyi offendi- 
tor : t Non stet ad diem in yanom. Peto copiam procora- 
tionis et citationis mihi fieri. » 

Dixit daemon : t Oui fiet copia? Partem enim hic non yideo. > 

Respondit advocata : « Ecce me advocatam generis ho- 
mani. » 

Respondit dsemon : c Âadi, pater, et respice yeritatem, 
qoia mater tua ab omni advocationis officie exduditor. 
Adverte primo quia mulier pro alio postulare prohibetur, 
quia virile ofûcium est. Prseterea ipsa est mater tua, et sic 
esset mihi valde suspecta si ad hujusmodi officium admitte- 
retur, quia de levi te, filium suum, judicem in partem 
suam trahere posset. Ex quibus dico ipsam minime admit- 
tendam. » 



DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 97 

Dixlt autem advoeata filio : « Cave, fili, ne fraus istios 
versiiti te circumveniat. Âsserit enim me ad advocationis 
officium non admittendam. Mentitur, et contra veritatem 
loquitur quia in ore ejus nunqaam fuit inventa veritas. Fili 
mi benedicte, tu qui jura condidisti, nosti quod licet gene- 
raliter mulieres non admittantur ad postulandum pro ali- 
qno, cum sit virile offîcium, pro personis tamen miserabili- 
bus, conjunctis, orphanis et viduis et pupillis bene admit- 
tnntur mulieres. Ubi sunt enim miserabiliores person» 
jaam mundus quem ipse nititur redigere in pristinam ser- 
vitutem?Pr8eterea dixit ipse quod sum mater judicis. Ego 
fflulier; unde tanquam mulier et vocata ad judicium causam 
defendere volo, quia mea interest tanquam vocata. Unde, 
si essem hseretica, vel j^udsea, aut excommunicata, defensio- 
nes mese mihi essent salvse, et audiri deberem me defen- 
dendo, Prseterea nosti, ûli, très ordines fore in mundo, con- 
jugatorum, virginum et continentium. Ego vero fui de omni 
ordine isto : conjugata cum Joseph et virgo ante partum et 
post ; te enim ineffabiliter concepi et genui, sine alterius 
contactu, sicut granum sine alterius grani contactu germi- 
nat, et sicut virga Aaron frondes, flores et fructus protulit 
absque semine et radice. Sum quoque et fui continens. 
Hoc dico ad denotandum omnem ordinem, et quod istorum 
ordinum humani generis nuncupari debeo advoeata. Quare 
me in advocatam admitti postule. » 
Dixit autem daemon ; c Super haec peto interloqui. > 
Interlocutus est Dominus Mariam in advocatam admitti 
et eam admisit, ac procuratorii et citationis copiam advocatœ 
reddi debere. Quibus advocatse redditis, cum in nuUo possent 
redargui, dixit advoeata : t Si vult deinceps aliquid dicere 
procurator, dicat. > 

Proposuit igitur procurator nequitiaB infernalis in hune 
modum : « Moris est et discretio cautelsa cujuslibet sapien- 
tis volentis contra alium experiri, intentare primo intro. 
ductorium restitutionis, si sibi de jure competat ; quia, sicut 
scitis, melior est conditio possidentis. Quare ego procura- 
tor, procuratorio nomine, peto primo et principiôiter me 
restitui ad omnem possessionem cujuscumque generis 
humani tormentandi et vexandi ut prius ; in quorum pos- 
sessione paratus sum iprobare me fuisse paciûce et quiète 
VI 7 



98 MANUSCRITS LATINS 

nomine quo supra et fuisse spoliatum. Quare reintegnnàa 
sunt omnia spoliata anteqaam procedatur ulterios i& 
causa; restitutione auiem mihi facisi, paratus &um euilîbei 
respondere. » 

Advocata autem sic respondit : « Audi, fili benedicte, 
iniquitatem fiiii diaboli, ûiii iniquitatis, qui, cum gérai 
partes actoris, falso modo, ut sui moris est, imponit juribns 
actores restitui primitus debere. Quse jura loquuntur in i^ 
spoliatis restituendis qusrere restitui nequaquam débet 
Quin imo restitutio danda est eis qui posséderont non li 
non clam, non precario, sed bona fide et justo Utiolo; 
dsemones autem nunquam possederunt liominem, sed velnt 
custodes carceris infemi januas, sicut bedelli et cardones, 
custodierunt. Is etenim, fili mi, tantum possidet cujus 
nomine possidetur. £rgo tu solus hominem possedisti et 
possides, quia tu hominem creasti, quia in re aliéna, id est 
in homine quem creasti, nunquam potuit habere dsemon 
bonam fidem quantocumque tempore possèdent, quia nuUa 
dierum prœscriptio juvat malsB fidei possessorem, nisi resi- 
puerit postquam se noverit aliéna possedisse; unde et bona 
fide et justo titulo carult et caret. Fuit enim dœmon non 
bonse fidei possessor, sed solummodo hominis detentor, 
sicut asinus qui portât paieam. Igitur ubi nulla fuit pos- 
sessio nulla competit restitutio, et ubi non est bona fides, 
imo dolus, non titulus, sed prsesumptio, non habet locnm 
restitutio. Die mibi, damnate, reprobate, nonne Filius 
meus, qui hic est, Pater et Spiritus sanctus hominem créa- 
verunt? Quomodo ergo rem alienam potuisti bona Me 
possidere ? • 

Respondit dsemon : c Interlocutoriam judicis super hoc 
postulo, cum in possessione hujusmodi ab olim fuerim. » 

Interlocutus est Filius dsemonem non esse restituendum. 

Tune dsemon, strictis dentibus, missa manu ad marsapium, 
extraxit Bibliam, csepit légère in Grenesi ubi dicit Dominus 
Adse et Evse : c De omni ligne paradisi comedetis» excepto 
isto >. Hsec sunt verba tua ? • 

Respondit Dominus : t Utique. > 

Ait illi dsemon : « Cum tu sis veritas, peto ista yerba 
stare in finibus suis et finibus veritatis: aut tu non es Veri- 
tas. Adam et Ëva, qui duo soli erant in mundo, siye in 



DE LA BiBLtÔTHiQUË NATIONALE 99 

paradifio voluptatis, contra mandatum tutun voluntatie 
Tenlentes, inobedientisB filii, imo privignl, pomtim vetitom 
comederunt ; ex qno infecti et leprosi cum omnibas eoram 
seqaentibus merito sant effecti; quia patres comederunt 
uvam acerbam et dentés filiorum obstupuerunt. Quare peto 
ipsos cum suis posteris in perpetuum damnari; aut tu non 
es Yeritas. > 

Respondit advocata mundi : c Attende, benedicte fili mi, 
ad verba mea et parabolas istius dolosi ne considères. Aile, 
gavit enim caput et caudam fraudulenter subticuit. Sequitur 
enim in Qenesi, post verba per Ipsum dsemonem allegata, 
et ab ipso pro se et suis complicibus affirmata : t Si come^ 
ditis de hoc ligno, eritis sicut dii. » Ergo sic dsemones Ad» 
et ETSB*cau8am peccandi dederunt. Sunt igitur audiendi 
Adam et Eva in facto hujusmodi accusati; nam quia fraus 
et dolus alicui patrocinari non débet, nec ex dolo commisse 
gaudium, unde débet dispendium, id est incommodum, 
reportare. Repellatur igitur dœmon a limine judiciorum. > 

Inflammatus autem dsemon in responsione hujusmodi, ait 
ad judicem : « Audi, pater justitiœ, quse in hujusmodi 
casibus jura sequuntur. Posito sine prœjudicio, sicut asserit 
adTOcata mundi, quod ab agendo repellar, imploro tamen 
tuum nobile officium, quod etiam parte tacente, ex mero 
judicantis ofûcio, seu arbitrio, ne crimina remaneant impu. 
nita, ex bono et aequo datur »; asserens dâemon quod ex 
necessitate justitiae ad hœc teneatur quilibet justus judex. 

Quod audiens advocata mundi, timens ex hoc humani 
generls subjectionem, mutavit faciem, et lacrymis, singul- 
tibus dedita et animata adeo quod nemo tam ferrese mentis 
existens qui cum tanta Virgine lacrymari tardesceret, flexis 
genibus, scissis ad ubera vestibus, allocuta est filium suum 
madidis oculis in hune modum : « Fili mi, benedicte a Deo, 
ecee dsemon qui te sprevit, lapidavit, ad columnam ligavît 
et in statera crucis tanquam latronem conûxit, et amaris' 
simse morti te tradidit; tuum nobile offîcium implorât. 
Ego vero mater tua dulcissima, quse te novem mensibus in 
hoc utero portavi, te pie nutrivi et te his uberibus lactari, 
his manibus fascinavi (aperiens sibi pectus et ubera); con^ 
trariom ei quod petit dsemon pie postule, quodque, si 
magis hosti foveas quam matri, deleas me de libro vitse. » 



943594A 



1 00 MANUSCRITS LATINS 

. Intuens,autem. filius intensum matris dolorem, pietati^ 
immensitate commotus, ait dsemoni : « Yade rétro, Satanas^ 
quia petitum tibi offîcium merito denegamus. • 

Dixit autem daemon ad Patrem et Spiritum sanctum: 
€ Dico vobis quod caro et sanguis et non cselestis justifia 
hoc ûlio revelavit; et ideo bene prsBdixeram quia non erat 
mihi tutum matrem judicis contra me postulare >. His 
dictis, dixit daemon : a Jam audietis talia quae noUetis » ; et, 
ostenso evangelio, legit ubi dicitur : « Venit princeps 
c mundi hujus, et in me non habet quicquam • ; quare 
qusero, pater sancte, ut observes mihi verba tua et quas 
processerunt de labiis tuis non facias irrita. Tu scis quod 
ego sum princeps mundi hujus et de me loquitur Scriptura 
tua et est sensus verborum sive litterse quod ego sum prin- 
ceps malorum et peccatorum, tu vero bonorum. Modo scitis 
quod volunt jura; cum timetur partes ob comminationem 
aliquam posse venire ad rixas^ boni judicis est decidere 
rem litigiosam et dare cuilibet partem suam. Ego .enim, 
ut vos scitis, sum princeps mundi hujus et intelÛgo quod 
sum princeps realis, non verbalis tantum, quia verba tua 
intelligenda sunt cum etfectu. Tu vides et potes scire.quod 
quotidie est discordia inter me et te, et tu dicis quaadoque 
esse tuum illud quod est meum, et forte quandoque dico 
esse meum quod est tuum ; postulo igitur quod omnis cesset 
discordia et quod facias sicut bonus judex. Ponderentur in 
prsesenti sequaliter bona et mala mundi et tu ,sis dominator 
bonorum, ego vero malorum et peccatorum, et videbis quod 
regnum tuum non erit majus quam sit granum milii respectu 
regni mei. » 

Dixit ûlius matri : uÂdvocata mundi, respondeas. » 
Ait illa ; « Absit, ûli mi ; etenim quod petit daemon aliter 
se habere débet. Tu scis et sciunt omnes quod tali die sicut 
fuit heri, scilicet die Yeneris sancta, bona et mala mundi, 
quae iste versutus petit modo ponderari, ponderata fuerunt 
ad petitionem ipsius in statera crucis ubi tu, pretium et 
bonitas mundi, in statera crucis pependisti et latro pecca- 
tor in parte alia pependit ; et tu, ûli, mundi bonitas, in 
recta statera tantum ponderasti quod descendisti ad inferos 
et extraxisti captivos. Quare cum semel pondeiratum sit, 
dsemone et suis petentibus, me vidente et.plorante et 



1^ 



DE LA BIBLlOTHèQUE NATIONALE 101 

dolenrte, et hsBC ponderatio transierit in rem adjudicatam a 
quaiïon fuit appellatum, nolo amplius ponderari, ne pueris 
similes ûamus quibus, cum non placet in ludo ponderatio, 
dicunt : Pondèremus iterum ». Et, respiciens dsemonem 
facie turbata, dixit : « Loquere, si scias. » 

Attonitus denique dsemon de tanta responsione, dixit : 

( Advocata mundi, dimitte me, quia deinceps est hora ut 

loquar mirabilia. Dico hominem tribus rationibus sine 

remédie damnari debere. Primo secundum duplicem justi- 

tiam, scilicet secundum justitiam exempli et justitiam prse- 

cepti. Secundum justitiam exempli sic : Quia angélus, cum 

peccavit, sine remedio fuit damnatus ; igitur, cum Deus non 

sit acceptor personarum, oportet similiter hominem sine 

remedio damnari; aut est acceptor personarum, et sic injus- 

tus judex; de qua justitiâ nos damnati juste possumus con- 

queri. Ad justitiam autem prsecepti sic : Quia homini prae- 

cepistl ne comederet de pomo et quandocumque comederet 

Diorte moriretur. Angelo autem prseceptum non dedisti ; si 

^^go angelum damnasti sine ptsecepto, multo fortius cum 

P^cepto hominem secundum justitiam damnare debes, quia 

^ulto gravius est contra prseceptum quam prseter praecep- 

^Um facere ; et peto quod respondeat advocata mundi, si 

^espondere sciât, antequam ultra procedam. » 

Respondit advocata mundi : « Miser et infelix, non est 
^îmile quod tu dicis simile, scilicet ad justitiam exempli, 
^uod angélus qui peccavit ideo sine remedio est punitus, 
9uia nihil infirmum in se habebat quod eum induceret ad 
peccatum, quia non infirmitate, séd malignitate deliberataj 
peccavit; sicut scitis, nullo prsecepto indigebat angélus; 
ad sethereum totus se conferebat; homo autem si peccavit 
habuit in se quod ad peccatum eum adduxit, scilicet corpus 
fragile, grave et luteum. Ad justitiam praecepti sic respon- 
deo : angelo prseceptum non fuit datum tanquam scientî 
quid agere deberet sine prsecepto ; in natura enim sua habe^ 
bat sapientiam et scientiam eorum quia cognoscebat certi- 
tudinem boni et mali propter perfectionem suse naturse, et 
veniendo contra talem certitudinem sine comparatione gra- 
vius peccavit quam homo. Homo enim talem certitudinem 
non habebat propter corpus quod apimam aggravabat etiam 
ante peccatum. Hinc est quod serpenti non respondit 



102 MANUSCRITS LATINS 

certitudinaliter; sed dixit : c Ne forte moriamur >. Sil^ 
igitur, damnate et reprobate, quia satisfactum est tibi ultr^ 
velle, » 

Dixit autem dœmon : c Non tacebo, sed aperi aoreSy o ta 
advocata mundi, ad ea quœ dicam. » 

Dixit advocata : « Derri (1) sine. Quare non petis interlo- 
cutoriam ûeri super propositis, sicut callide incœpisti? » 

Hespondit dœmon his : < Tu scis quare : quia tu etiam 
fraenum deitati imponis. Sed attende. Dico quod homo peo 
cavit. » 

Dixit advocata mundi : c Tace, fili mi^ judex vivorum et 
mortuorum. Ego scio quid vult dsBinon dicere. Vult enim 
arguere ex multis clausulis pro majori parte falsis et postes 
vult concludere quasi ex omnibus veris. Sed tu nosti quod 
si propositio copulativa pro parte sit falsa et pro parte vera, 
in totum est falsa et in totum potest negari. Praeterea tôt 
falsitates arguit hodie in curia veritatis quod periculum est 
ne aliquos inficiat; ego enim, quse non consuevi audire 
mendacia, ex ejus mendaciis sum adeo fastidiata quod 
nescio in quam partem me volvere possim. Quare supplice 
quod ipse dicat tractim et per se omnem clausulam ; ego 
punctabo et glosabo secundum veritatem. » 

Dixit dœmon : « Ego audio mirabile, quia advocata mundi 
vult esse advocata mea, me invito, et tutrix et nutrix; 
sicut pueris qui nesciunt punctuare nec légère. Asserit enim 
quod vult punctuare, glosare. Ego postule me audiri, quia 
mos ingerendus est, et postea ipsa punctuet et gloset et 
répétât, si sciât et possit, consona veritati, ut dicit, et ego 
postea replicabo. » 

Dixit advocata mundi, non modicum turbata : • Nolo 
quod alleget falsitatem in regno meo. > 

Dixit daemon : « Si non vultis me audire ego nunc rece- 
dam, et hsec videbit justitia judicantis. » 

Dixit Pater omnipotens : > Maria, regina cselorum, justi- 
tiam requirit, et permittas eum dicere, et postea respon- 
deas. » 

Dixit Maria : « Ubi est justitia qusa permittet mendacia 
dici in regno meo ? » 

(1) On ne peut lire que Derri. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 103 

Dixit Omnipotens : « Non cures ; nam si bene respondeas» 

into tibi et filiotuo erit majus gaudium. » 

Dixit advocata mundi : c Modo dicat » 

Dixit dsemon : c Homo peecavit. » 

Dixit advocata : « Facias ibi punctum. » 

Dixit Omnipotens : c Maria, permittas ipsam dicere. » 

Dixit daBmon : « Homo peecavit in bonitatem infinitam, 
appetens deitatem. Cum ergo secundum jura pœna debeat 
respondere culpœ, et culpa fuit inûnita, quia peecavit in 
Deum qui est bonitas infinita, débet eodem modo esse 
pœna infinita; alias non respondebit pœna culpae. Quare 
peto hominem, qui commisit crimen laesaB majestatis, cum 
suis heredibus in quibus bereditas criminis ex persona 
trahitur, perpetuo damnari et puniri. » 

Advocata autem respexit ûlium pio oculo ûliusque ma- 
trem, et responsiones insufflavit in eam. 

Ait autem dsemon hsec advertens : c Ego semper dixi 
quod durum mibi erat matrem judicis contra me advoca- 
tambabere. » 

Dixit advocata inspirata : t Fili mi, qui es sepaper bene- 
dictus super omnem creaturam angelicam et bumanam, in 
cujus nomine flectitur omne genu cselestium, terrestrium et 
infernorum, precor te audire verba mea. Dixit dsemon, 
hœc fera pessima, plenus invidia, quod bomo peecavit in 
bonitatem infinitam et ideo est infinité puniendus. Ad quod 
respondeo. Fili mi, dico quod tu es Deus et bomo et bonitas 
inf^ta; et tu, qui es infinitus et bonitas infinita, pepen- 
disti in cruce, morte crudeli condemnatus fuisti; et sic 
psna respondet culpse, quia si culpa fuit infinita, sicut 
asserit Satan, ecce et tu ille, qui es infinitus, punitus; ergo 
bene respondet pœna culpse. 

Respondit Pater et Spiritus sanctus : c Regina cselorum, 
non sufficit nobis responsio ista. Nonne tu vis quod bomo 
puniatur de peccato secundum peccatum ? > 

Dixit regina cœlorum : • Imo volo. > 

€ Igitur, dixit Pater et Spiritus sanctus, quia fuit culpa 
infinita, ideo dicit dsemon quod bomo in infinitum punia- 
tur. » 

Respondit Filius pro matre : « Nonne, Pater, omne judi- 
cium mihi tradidisti ? Si culpa fuit infinita et bomo non 



104 MANUSCRITS LATINS 

possit infinité satisfacere, cnm non sit infinitos, ego, qm B^ ^ 
sum Deus'et homo et infinitus, volui pro ipso satisfacere et wSc 
mori. 9 

Dixit autem dœmon : « Tu^ Filius Dei, vivis et es rex \S^ 
fleternum duraturas et Deus et homo ; ergo homo non est 
punitus in inûnitum. • 

Respondit advocata : < Dixit dœmon : homo peccavit ^ 
homo, scilicet vêtus Adam, peccavit. Respondeo glosando ^ 
homo, scilicet ûlius meus, Deus et novus homo, salvavit. > 

Sequitur in themate diaboli : c Homo peccavit in bonita 
tem infinitam •. Respondit advocata glosando: c Peccato 
cum ingemuerit, dixit Dominus : Amplius non recordabor 
quia non débet in eo reincipi quod fuit cum jam incipia 
esse quod non fuit Non enim judicat bis Deus in id ipsum. 

c Sequitur », ut dixit advocata, c conclusio diaboli : erg( 
pœna débet esse infinita quia culpa fuit infinita. Mentitui 
dœmon^ dixit advocata, et ex falsis concludit; imo debel 
esse finita; cum adnuUata sit culpa per misericordiam, 
adnuUata est pœna per gratiam, sicut dicitur, ut vitium vir- 
tus operiret, gratia culpam. » 

Dixit dœition : « Tu cum probris et opprobriis, cum lacry-^ 
mis, suspiriis et singultibus, scissis vestibus, utero nato, i(£^ 
est filio, denudato, cum uberibus muliebriter minis (1), trahiss. 
ad te judicem quocumque vis. » 

Respondit advocata : c Nonne nosti quod ubi justa subest 
defensionis causa, non solum lacrymis, sed etiam insidiis 
hosti resistere licet. Sifalleris, tibi imputa. » 

Ait dsemon : « Âdvocatum mihi dari peto, ut jura volunt. > 

Respondit advocata : • Ex secretariis caeles^ curiae non 
potes petere quemcumque; ex secretariis autem nequitiae 
infernalis recipere potes quot et quos vis ». Addidit autem 
advocata : < Audite me, quia omnem qusestionem ego 
solvam. Non est dubium quod Pater et Filius et Spiritus 
sanctus creavit in sapientia hominem ut esset hères vitse 
œternae, quam olim Abrahae promisit et semini ejus. Igitur 
si homo, ut petit dsemon, in totum deleatur, non in sapien- 
tia sed in vanum constituisti omnes ûlios hominum ; quod 
esse non débet, aut sequetur quod non in sapientia, sed in 

(1) Il faudrait, comme il est dit plus haut, apertis^ ou nudis. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 105 

vanum creasti hominem. Oportet igitur hominem esse hère- 
dem vitsB aeternœ. Discede ergo, miser, malorum inveterare 
sententiam quam ignoras. » 

Dixit dsemon : « Dixit advocata mundi quod si deleatur 
genus humanum, sequetur quod non in sapieutia sed in 
vanum constituisti ûlios hominum. Ex hoc sic arguo. Quid- 
quid olim fecistis et facitis in sapientia facitis et fecistis. 
Vos creastis angelos et postea damnastis; ergo apparet 
quod non in sapientia facta sunt omnia, aut injuste nos 
damnastis in perpetuum. » 

Respondit advocata : a Mentiris, fili iniquitatis. Si enim 
damnatus fuit unus chorus angelorum, cum essent decem 
chori, adhuc tamen rémanent novem chori angelorum. 
Secus vero est in homine; quia si genus humanum in totum 
deleatur, ergo in vanum constituti fuerunt homines et non 
in sapientia. Responde mihi et noli obmutescere. » 

Dixit autem Pater et Spiritus sanctus : < Si Deus Filius 
et mater pro homine, qais contra hominem? » 

Et sic decisa est omnis quaestio. 

Tune concinerunt angeli illum hymnum : Salve, regina 
misericordise ) Eia ergo, advocata nostra) Et ejectus est 
dsemon cum jurgiis ; et remansit cselestis curia cum gaudio. 
Deogratias! 

Ce procès verbal n'est certes pas recommandable 
au point de vue littéraire ; le notaire qui l'a rédigé 
n'a pas dû fidèlement reproduire les dires des plai- 
deurs, qui se sont exprimés sans doute Tun et Tautre 
dans une langue plus correcte. Nous avons néanmoins 
cm devoir reproduire cette pièce presque entière. 
C'est, en effet, le texte primitif d'une fiction assez 
ingénieuse qu'on a plusieurs imprimée au xv® siècle, 
à la suite du Tractatus judiciorum de Bariole, mais 
avec des retranchements et des additions, et d'une 
façon d'ailleurs tellement défectueuse qu'il est vrai- 
ment impossible d'apprécier ce ,qu'elle vaut. C'est 



106 

pourquoi noos aToos piis le parti de la bire mieux 
eonnaibe. Notre nuuinarrit n*étaiit pas lui-même sans 
dé&nts, nous en avoDS corrigé plusieurs mots avec le 
secours des éditions ; les pins manTaises offrent quel- 
quefois des leçons préférables a celles des manuscrits 
les plus recommandables. Quel copiste a toujours bien 
lu ce qu'il avait à transcrire ! 

Quoique, dans ces éditions du xv* siècle, notre 
procès-verbal vienne après un traité de Bartole, ce 
n'est pas à Bartole qu'il en faut attribuer, comme 
on Ta Eût plus d'une fois, le texte plus ou moins 
corrompu. Nous avons de Bartole un autre compte 
rendu du même procès, dans lequel les deux plai- 
deurs, savants juristes, ne produisent pas un argu- 
ment sans invoquer à l'appui quelque loi romaine. 
Gela est très plaisant. On ne peut entendre sans 
sourire la Vierge et Satan, Jésus lui-même, citer à 
tout propos le Gode et le Digeste. Gette fsu^étie de 
Bartole, qu'on peut lire au tome X de ses Œuvres, 
édition de 1596, p. 127, finit ainsi : 

Lata, data, in his scriptis pronuntiata et promulgata fait 
suprascripta sententia, in omnibus et per omnia sicut sape- 
rius continetar et scriptam est, per sapradictam Dominum 
nostram Jesam Christam pro Ixibanali sedentem in supra- 
dicto loco, praesentibus suprascriptis partibus, lecta et 
vulgarisata per me Joannem evangelistam, notarium Domini 
nostri Jesu Christi et dictas curiœ scribam publicum, praesen- 
tibus Jeanne Baptista, Francisco et Dominico confessoribus, 
Petro et Paulo principibus apostolorum et Michaele archan- 
gelo et multis aliis sanctis in multitudine copiosa, testibus 
ad haBC vocatis et habitis et rogatis. Anno Dom. 1311, ind. II, 
die 6 mensis aprilis. 

Si Bartole a reproduit souvent notre texte, il s^en est 



DE Là BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 107 

souvent beaucoup éloigné. Pourquoi ne se 8erait*il 
pas substitué quelquefois à Satan, même à la Yiei^, 
pour mieux faire valoir leurs thèses opposées f Assu« 
rément c'était son droit. 

Nous avons une autre relation du même procès, qui 
s'écarte plus encore de l'original. Elle a été publiée 
en 1475, in-4, par Guldibeck de Sultk, sous ce titre : 
Tractatus procuratoris, editus svb nomine diabolij qui 
petit justitiam coram Deo , et beata Maria se opposuit 
contra ipsum. C'est aussi l'ouvrage d'un jurisconsulte 
en gaité. 

Beaucoup plus fidèle est une tradition française, en 
vers de huit syllabes, intitulée VAdvocade Notre- 
Dame^ qu'a publiée M. Alph. Chassant d'après un 
manuscrit d*Évreux. Bartole et l'auteur quel qu'il soit, 
de cette Advocacie, paraissent avoir vécu dans le 
même temps, et M. Chassant n'est pas, dit-il, loin de 
croire qu'ils ont Tun et l'autre travaillé sur un texte 
plus ancien. Il est bien certain que Bartole n'a fait 
aucun usage de YAdvocacie^ qu'il n'a probablement 
pas connue; il ne l'est pas moins que Tauteur de 
V Advocacie n'a rien pris à Bartole. Ils ont donc eu 
sous les yeux, l'un et l'autre, un ancien texte . Eh 
bien, c'est celui que nous venons de publier. La 
conjecture de M. Chassant était bien fondée. 

Au fol. 99, une longue relation, faite par la Vierge, 
du jugement et du supplice de Jésus. On l'interroge, 
elle répond et ses réponses sont ensuite prolixement 
commentées. Nous ne connaissons pas l'auteur de 
cette relation très pieuse, mais dont le style préten- 
tieux est celui des mauvais rhéteurs. Si le manuscrit 



108 MANUSCRITS LATINS 

ne paraissait pas être du xiv* siècle, nous croirions 
que Tauteura vécu dans le siècle suivant. 

Au fol. 102, le Jubilus souvent copié, quoique lit- 
térairement très peu louable, qui commence par 

Dulcis, Jesu, memoria... 

Nous avons dit qu'il a plusieurs fois été publié sous 
le nom de saint Bernard, mais que l'auteur en est 
ignoré (1). 

Enfin, sur la dernière feuille de garde, nous lisons 
ces vers prophétiques : 

Annis millenis trecentis et quadragenis, 
Bis dénis junctis, consurgens aquila grandis 
GaUos succurret, aquilse victricia signa 
Mundus adorabit, erit urbs \ix prsesule digna. 
Papa cito moritur, Caesar regnabit ubique, 
Sub quo tune vana cessabit gloria cleri. 

Ainsi Tannée 1360 devait voir finir la lutte de 
l'Empereur et du pape, et c'était le pape qui devait 
succomber. Fiez-vous donc aux prophètes ! 

18219 

Ici nous avons d'abord un assemblage confus de 
textes canoniques : lettres de papes, d'évêques, dé- 
crets de conciles, capitulaires, etc., etc. La première 
pièce est une lettre d'Ives de Chartres à Richer, ar- 
chevêque de Sens. Suivent des lettres apocryphes de 
saint Pierre, de saint Clément et d'autres. Les auteurs 
vrais ou faux de ces lettres sont presque toujours în- 

(1) Tome V, p. 66 et ci-dessus, p.- 49. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 109 

diqués; mais quaad ils Font été seulement à la 
marge, le ciseau du relieur a tranché les noms. Nous 
rétablissons celui du pape Simpiicius au fol. 27 et ce- 
lui du pape Gélase au fol. 28. La dernière lettre est 
du légat Hugues de Die à Ives de Chartres. 

Au.fol. 53, le prologue du livre d'Ives de Chartres 
intitulé Decretum dans la Patrologie^ tome CLXI, 
col. 47. Il n*est pas complet dans noire manuscrit. 
Ensuite plusieurs lettres du pape Urbain II à Ives 
et d'Ives à l'archevêque Richer, à Guillaume, roi 
d'Angleterre, à Hugues de Die, à Gautier, évêque de 
Meaux, etc., etc. Toutes ces lettres ont été publiées. 
Du fol. 63 au fol. 71, sans le nom des auteurs, 
après une paraphrase sur quelques versets du Can- 
tique des cantiques, des pensées diverses, plus ou 
moins développées. Les auteurs sont Hugues de Saint- 
Tic tor et saint Bernard. 

Nous avons déjà plusieurs fois rencontré la para- 
phrase, qui commence par Ibo mihi ad moniem myr- 
rhaB. Elle est du Victorin, et a été précédemment ci- 
tée sous les n«» 3833, 12029, 13577, 13586, 17251, 
18096. Ce qui suit est du même auteur et a été inséré 
par ses confrères dans ce qu'ils ont appelé ses Mé^ 
langes. Mélanges \eut dire un fouillis de sermons, de 
gloses mystiques, de pensées philosophiques ou mo- 
rales, qui n'ont ensemble aucun rapport. Il était 
pourtant facile d'ordonner tout cela. Mais ce désordre 
n'est pas. ce que nous avons à blâmer le plus dans 
l'édition victorine. L'altération, l'incorrection des 
textes publiés est chose bien plus grave. La copie que 
nous avons sous les yeux est du xu® siècle; elle est 



110 MANUSCRITS LàTINS 

donc (l*im contemporain de Tantear. Or nous y lisons 
an fol. 70 : 

Vise qiue dacont ad mortem ratione trifaria dividontor : 
alia est seramnosa, alia laboriosa, alia delidosa. iEnimnosa 
est in panperibas, qui in paapertate sua regio spirita et di- 
vite animo intomescentes, ab inopîa temporali ad setemam 
miseriam transferuntor. Laboriosa est in avaris et eapidis, 
qui, dum diversamm anxietate curarom miserabiliter dis- 
tendantor, obliviscuntor ea qaœrere quœ Dei sunt, et ava- 
ritisB sestibus anhelantes usqne ad vit» terminum ab in* 
qoietudine temporali ad œtemi laboris angustias transfe* 
runtur. Delidosa in divitibns delicatis, qui, in deliciis et 
Yoluptatibus enutrientes corpora et corda sua, post dulce- 
dines momentaneas et horarias suavitates ad sempitemas 
amaritudines deferuntur. 

Via quœ ducit ad vitam simili ratione distinguitur. Est 
enim alia sanguinea, alia purpurea, alia lactea. Sanguinea 
in martyribus,qui in sanguine agni suorum corporum indu- 
menta laverunt et per iter martyrii triumphalis altitudinem 
solis attigerunt. Purpurea est in confessoribus, qui in sua 
carne vestigia dominicae passionis per abstinentiam exprès- 
serunt et in suis corporibus vulnerum Christi stigmata por- 
taverunt. Lactea in virginibus, quse in seipsis puritatis an- 
gelicœ candidatum et virtutem sanctimonias consecraverunt 
et per viam munditiœ ad amplexus et thalamos veri sponsi 
virtutum pennis féliciter evolaverunt. 

Ce style n'est pas simple ; on peut même le quali- 
fier de prétentieux. Mais c'est un style. Les subtilités 
en sont littéraires ; tout y dénote un écrivain curieux 
de plaire à son lecteur. Eh bien, que Ton compare ce 
que nous venons de transcrire à l'édition qu'en ont 
donnée les chanoines de Saint- Victor, au livre vi 
des Miscellanea de leur confrère, titres 43 et 44. Est- 
il permis de mutiler ainsi le texte d'un auteur et de 
le rendre à ce point inintelligible ? Nous ne nous dé- 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 111 

fendons pas de témoigner vivement le vif déplaisir 
que nous causent tant d'outrages commis envers un 
écrivain que, malgré ses défauts, nous aimons. 

Les extraits de saint Bernard, mêlés à ceux de Hu- 
gues, sont, au fol. 65, un fragment sur la confession, 
commençant par : Quatuor sunt quas impediunt cùn* 
fessionem. Nous l'avons déjà cité sous les n®» 13577, 
13586, 14925. — Fol. 66 : Veni in hortum, soror mea. 
Voir sous le n®. 13577. — Quatuor sunt gênera homi* 
num; sermon xcix De diversis. — Fol. 67 : Quantum 
distat inter pastorem et regem; sermon c De divertis. 

— Sicut œger ad medicvm. Voir sous le n* 14925 (1). 

— Foetus est in pace locus ejus; sermon xcviii De 
diversis. Fol. 68 : — Paratum cor meum, Deus. Voir 
sous le n* 13578 (2). — Haurietis aquas in gaudio. Voir 
sous le n"" 18096 (3). Nous n'avons ici qu'un fragment 
d'un assez long sermon. — Sive ad austrum sive ad 
aquilonem; sermon lxxxv De diversis. — Omnia /fe- 
dsti in pondère; sermon lxxxvi De diversis. — Sic 
nos eœistimet homo; sermon xxxii De diversis. — 
FoL 69 : Sicut portavimus imaginem; sermon lxix 
De diversis. 

Nous lisons enfin, au fol. 69, une assez longue dis- 
sertation sur les grâces divines que nous avons en 
vain cherchée dans les Œuvres de Hugues de Saint- 
Yictor et dans celles de saint Bernard. Elle com- 
mence par : Prima gratia est timor Domini. Nous en 
avons d'autres copies anonymes dans les n^ 12261, 
12422 (fol. 166), 14517 (fol. 181). 

(1) Tome m, p. 330. (3) Ci-dessus, p. 23. 

(2) Tome II, p. 269. 



112 MANUSCRITS LATINS 

Du fol. 71 au fol. 83, une liasse de sermons ano- 
nymes qui sont tous de saint Bernard. D'abord tous 
ceux qu'il a faits, au nombre de sept, pour les fêtes 
de l'Àyent. Ensuite, aux fol. 83, 84, 86 et 88, le pre- 
mier, le deuxième, le cinquième et le sixième de ses 
sermons pour la veille de Noël, dans Tédition de Ma- 
billon; aux fol. 92 et 95, le troisième et le quatrième; 
aux fol. 98 et 100, ses deux premiers sermons pour le 
jour de Noël. 

Du fol. 102 à la fin du volume, de la même main, 
des extraits confusément assemblés. Les premiers, 
jusqu'au fol. 112, nous offrent des explications mo- 
rales sur divers passages de TAncien testament. 
Elles sont toutes peut-être du même auteur; mais cet 
auteur nous est inconnu. 

Du fol. 112 au fol. 121 , c'est-à-dire depuis les mots 
Noli timere jusqu'à ceux-ci Potestis bibere, un mono- 
logue anonyme, du genre mystique, deux fois im- 
primé dans la Patrologie, au tome CLXXXIV, col. 741, 
et au tome CLXXXIX, col. 1736. Il a, dit-on au 
tome CLXXXIV, été publié pour la première fois sous 
le nom de saint Bernard ; cependant on ne l'admet pas 
parmi ses œuvres authentiques, car on n'y reconnaît 
pas son style particulier. Il avait été, dit-on au 
tome CLXXIX, jadis imprimé sous le nom de saint 
Cyprien, après d'autres écrits qu'on sait maintenant 
être d'Ernaud, abbé de Bonneval. N'est-il pas de cet 
Ernaud, comme les autres? On reconnaît toutefois 
qu'aucun des anciens bibliographes ne l'a mentionné 
sous son nom. C'est pourquoi Ton s'en tient au 
doute. 



DE LA BIBUOTHâQUE NATIONALE 113 

Et nous aussi nous doutons. Le seul manuscrit où 
nous ayons rencontré cet opuscule sous le nom d'Er- 
naud, notre n® 12326, est très moderne et par consé- 
quent sans autorité; et il est intitulé Dicta domini 
Bemardi dans un manuscrit du xii® siècle, notre 
m^ 14517 (fol. 115), et dans un autre du xiii% le n^ 307 
de la Mazarine. Ainsi Bernard a pour lui, non seule- 
ment la majorité, mais encore, ce qui, dans la ba- 
lance, pèse le plus, la priorité des témoignages. Ce- 
pendant nous n'osons pas conclure en sa faveur. 
L^ opuscule est d'un écrivain qui, visant trop à Télo- 
Qfuence, parle beaucoup pour dire peu. C'est là quel- 
quefois, à la vérité, le tort de saint Bernard; mais il 
13. eus semble qu'il a rarement à ce point manqué de 
xxuesure. Telle doit avoir été, pensons-nous, Topinion 
dcMabillon. 

Au fol. 121, une paraphrase morale de ces mots : 
I^otestis bibere calicem. Au fol. 122, un discours du 
Tnême genre, plus étendu, sur les plaies d'Egypte, 
commençant par : Anima, dum in hoc mundo in er» 
roribm vivit et ignorantia veritatis... Nous n'en 
avons pas découvert les auteurs. Un extrait qui suit, 
fol 123, sur le sacrement de Tautel, est pareillement 
anonyme dans notre n° 6674 (fol. 70). Enfin nous li- 
sons, au fol. 124, quelques phrases tirées des Sentences 
attribuées à saint Bernard. Ces phrases commencent 
par : Sancta anima carnem suam a putredine vitio- 
^um mortificat, et elles sont imprimées dans le 
tome CLXXXIII de la Patrologie, col. 756. 



VI 



8 



114 MANUSGRÎTS LATINS 



18240 



Ce volume contient une somme juridique intitulée: 
Summa composita per nicardum Anglicuin. On coa* 
naît plus d'un Richard l'Anglais : celui-ci nous a 
laissé des livres de médecine, celui-là des chroni- 
ques, tel autre des commentaires sur FÉcriture, tel 
autre encore des traités de logique, de morale ; mais, 
parmi tous ces insulaires du nom de Richard, nous 
ne voyons pas un juriste. Il faut, en effet, corriger 
le titre de notre somme, qui n'est d'aucun Richard. 
C'est le célèbre Ordo judiciarius de l'italien Tancrède. 
On ne s'explique pas une si grosse erreur. 



:>^*:*: 



Tout ce volume est occupé par un écrit anonyme, 
De regia potestate et papali, dont tels sont les pre- 
miers mots : Interdum contingit quod, vitare volens 
aliquem errorem, dilabitur in errorem contrarium. 
Une note moderne, à la marge du premier feuillet, 
nous avertit qu'Oudin attribue cet écrit à Jean de 
Jandun, EUies-Dupin à Jean de Paris. Cette note n'est 
pas tout à fait exacte. Il est vrai qu'à la col. 885 de 
ses Commentaires Oudin nomme l'auteur Jean de 
Jandun ; mais il le nomme Jean de Paris à la col. 640. 
Nous l'excusons : à quel bibliographe n'est pas adve- 
nue pareille mésaventure? Quoi qu'il en soit, l'auteur 
véritable est le Dominicain Jean de Paris, nommé 



DE IJi BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 115 

tantôt Jean Quidort, tantôt Jean Le Sourd (1). S'étant 
proposé de concilier les royalistes et les papistes, si 
fort animés de son temps les uns contre les autres, il 
a tantôt approuvé, tantôt condamné ceux-ci, ceux-là. 
Mais on ne termine pas ainsi les procès entre des 
plaideurs trop échauffés pour entendre raison. En 
fait, il a soulevé contre lui les papistes, et, quant aux 
royalistes, il ne les a pas pleinement satisfaits. Son 
livre, plusieurs fois imprimé, l'a d'abord été pour 
Jean Petit en 1506, dans un recueil in-4®. On en a 
conservé d'assez nombreux manuscrits, dont quel- 
ques-uns sont anonymes. Le nom de l'auteur man- 
que, par exemple, dans notre n® 4364, ainsi que dans 
les n«- 389 de Toulouse, et 146 (a) du collège Balliol, 
à Oxford. 

18522 

Les deux premiers feuillets sont occupés par un 
fragment de commentaire. A la suite, quelques vers 
léonins sous ce titre : Hi sunt versus quos fecit ma^ 
gister Nicolaus de Bisuniino : 

Sancta Dei lacryma, quaeso, mea lumina lima 
Obscurumque zyma frontis rimare per ima, 
Clara quod a,zymsL mea visio sit quasi prima, 
Nuper enim visi tua templa, sacer Dionysi... 

Plusieurs incorrections rendent les vers suivants 
tout à fait incompréhensibles. C'est pourquoi nous ne 
les transcrivons pas. Mais connaît-on d'ailleurs ce 
maître Nicolas de Besançon ? Quant à nous, c'est la 

(1) ffùt. un. de la Fr., t. XXV, p. 259. 



116 MANUSCRITS LATINS 

première fois que nous le rencontrons. Il a donc fait 
des vers ; mais sans doute par accident, n'ayant pas 
l'habitude du métier. Cependant ne Tavait-il pas, 
étant maître, enseigné? Quoi qu'il en soit, nous ne 
sommes pas surpris qu'un tel poète soit resté jusqu'à 
ce jour inconnu. 

On lit ensuite Tépitaphe du légiste Jean de Blanot, 
publiée, d'après ce manuscrit, dans le tome XXVIII de 
V Histoire littéraire^ p. 494. C'est un document histo- 
rique d'un intérêt apprécié. Enfin voici des vers sur 
un débordement de la Seine : 

Parisius fluvii furor excitus a pluviali 

Invaluit, nimii nuper origo maU. 
Dum pluit et repluit structuras diluit amnis; 

Prseteritis annis non aqua tanta fuit. 
Alveus imbre tumens stagnât, procul unda vagatur 

Per plateas labens, sequoris instar habens. 
Per vicos regitur ratis, amne solum superatur, 

Et, si summa patent, inferiora latent. 
Tecta basesque labant, nec stant modo qui modo stabant; 

Pontis nequaquam sustinet arcus aquam. 

Il n'y a pas à rechercher, croyons-nous, la date de 
cette pièce ; les rues basses de Paris étaient alors fré- 
quemment inondées. 

Suit le texte du Grécisme d'Evrard, avec une glose 
interlinéaire et marginale dont tels sont les premiers 
mots : Qiiemadmodiùm legitur in Genesi, Deics formor 
vit hominem ad imaginera et similitudinem sitam. 
M. Thurot ne l'a pas mentionnée et nous n'en con- 
naissons pas un exemplaire autre que celui-ci. Il est 
est donc probable qu'on ne l'a pas estimée. L'auteur 
en est pourtant, non seulement un lettré, mais encore 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 117 

un philosophe. Les citations d'Ovide, de Virgile, de 
Lucain, d'Horace, de Juvénal abondent dans ses 
courtes notes, et dans quelques autres, plus éten- 
dues, il traite en logicien diverses questions de grain* 
maire que la logique peut seule résoudre. Ce que, 
pour notre part, nous y trouvons de plus intéressant 
ce sont les sentences, les jeux de mots, les jeux d'es- 
prit anonymes dont elles nous offrent une copieuse 
provision. Ce sont des vers de professeurs ou d'éco- 
iiers badins. Nous en avons tiré d'une autre glose, 
sous le n® 15133 (1), un certain nombre qui se ren- 
contrent ici. Nous n'avons pas eu l'occasion de citer 
ceux-ci : 

^uglia, Flandria flent quia Francia, nescia fraudis, 
^ontinet hsectria : praemia, prsedia, prselia laudis (2). 

Ces vers obscurs sont bien certainement d'un Fran- 
-ais, et c'est un Français qui les cite. Notre glossa- 
ôur nous indique ailleurs encore sa patrie, lorsqu'il 
Induit encœnia par ^ estreines (3), » falcastrum par 
fauchon (4), » incubatio par « cover (8) » et catillare 
B,T <c gatoillier (6) ». 
Au fol. 23, col. 1, nous lisons : 

Vir notât sBtatem, sexum, sponsum, probitatem; 
Annis, conjugio, sexu, probitate vir esto (7); 

C-1) Tome IV, p. 280. 
C^) Fol. 9, col. 3. 
C3) Fol. 17, col. 1. 
C4) Fol. 29, col. 3. 
C5) Fol. 51, col. 3. 
CC) Fol. 52, col. 4. 

{^) Tel est le premier de ces vers dans le n» 553 des Nouvelles 
oquisitions, fol. 97 ; 

Vir notât etatem, vir sexam, vir probitatem. 



118 XANXSCaiTS LATINS 

et, à la col. 4 du même feuillet, ainsi (qu'à la pre- 
mière da feoiUet 39, cette épigramme que nous avon^ 
déjà citée (1) mais avec une assez notable difiërence ^ 

Com non sit rectum vicini frangere lectum, 
Plos reor esse reum zelotypare Deam. 

Uxorem violare viri grave crimen habetar; 
Est gravios sponsam zelotypare Dei. 

Autres extraits, d'un intérêt inégal : 

A majore statu nomen traxere magistri; 
Si doceat, doctor qoilibet esse potest (2). 

— Non invitandas tantom, sed veste trahendas 

Hospes, nam melios attrahit ore manus (3). 

— Mus salit in stratum dum scit abesse catum (4). 

— Flos in pictura non est flos, imo figura; 

Qui pingit florem non pingit floris odorem (5). 

— Si potare potes vinum, cur flumina potes? 

Flumina si potes, febricitare potes (6). 

— Fundus fundit opes, diffundit funda lapiUos; 

Fundum cum tenui murmure fundit aquas (7). 

(1) Tome IV, p. 285. 

(2) Fol. 24, col. 4. 

(3) Fol. 25, col. 3. Nous rencontrons aussi ces deux vers au- 
fol. 30, V*, du n* 8427. Dans une glose sur le Doctrinal que renferme 
le n« 14747, on lit, fol. 28, col. 2 : 

Non est rogaDdos tantom, sed Teste trabendos 
Hospes, nam melios loqoitor ore manos. 
Ces deux vers sont faux. Avons-nous besoin de le faire remarquer? 
Peut-être. N*est-on pas aujourd'hui tenu pour suffisant latiniste, 
même sans avoir appris la quantité des mots rogandus et loquilur ? 

(4) Fol. 25, col. 4. 

(5) Fol. 26, col. 3. 

(6) Fol. 32, col. t. Nous avons autrement donné le second de ces 
vers ; t. IV, p. 287. 

(7) Fol. 35, col. 1. Ce mot fundum, qui n'appartient pas à la 
langue classique, se lit aussi dans le Grécisme, et le glossateur 
rinterprôte ainsi : Fundum est profunditas maris. Mais le poète 
qu'il cite parait Tavoir autrement entendu. Nous avons ces deux 
vers, avec une légère différence, dans le n* 8427, fol. 46 v*. 



DE LÀ BIBLIOTHEQUE NATIONALE 119 

— Est homo res fragUis et durans tempore parvo 
Et merito similis flori qui crescit in arvo (1). 

— Jçjunus venter recipit quaBCumque libenter (2). 

— Nec meretrix munda, nec cornix alba fit unda (3). 

— Non placeo scorto si non aliquid sibi porto (4). 

— Qui non est dives et nescit vivere pauper 

Mensuram vit» nescit habere su» (5). 

— Spernitur in bello vir inermis, et absque libello 
Clericus est mutus, licet ingenio sit acutus (6). 

— Futile vas illud quod nulla receptio claudit; 

Sic homo futiliter divulgans omne quod audit (7). 

— Consortes facit unus amor, socios labor idem, 
Communis comités reddit via, mensa sodales (8). 

' — Crede Deo, vel Crede Deum, plus credere dico 
Si credas in eum quam vel ei vel eum (9). 

(1) Fol. 38, col 3. Les mômes vers dans le n» 8427, fol. 47, 
®t le n- 14747, fol. 14, col. 2. 

(2) Fol. 38, col. 4. 

(3) Fol. 40, col. 3. Dans la glose de Jean de Vignai, sur le 
^^ctrinaU ce vers est précédé par celui-ci (n® 1038 de l'Arsenal. 
^^1- 51, coll.): 

Balnea cornici non prosunt, nec meretrici. 

Oqs deux vers sont encore cités par M. Delisle d*après une autre 
S^Ose sur le Doctrinal que renferme un manuscrit d'Erfurt, {Hist. 
^*<^. de la Fr., t. XXXI, p. 15.) 

Le premier vers se lit ainsi dans le n» 8247, fol. 123 : 
Balnea comici non profait ae meretrici. 

Mais c'est une leçon mauvaise. Balnea n'est pas un nominatif 
singulier. 

(4) Ibid, Ce vers se lit aussi dans le n^ 8427, fol. 49. 

(5) Ibid. 

(6) Fol. 44, col. 3. 

(7) Fol. 46, col. 2. 

\i) Ibid, Tel est le premier de ces vers dans le n* 8427, fol. 55 v«: 
Consortes conjungit amor, socios labor anus... 

(9) Nous lisons ainsi cette épigramme dans un sermon d'Eudes 
Cériton (n« 16586, fol. 169) : 

Crede Deum eredasqne Deo ; mage credo salabre 
Qaod credas in eam quam vel ei vel eum. 

Dans le n^ 8427, fol. 87, elle est telle que nous venons de la trans- 
crire d'après notre n^ 18522. 



120 MANUSCRITS LATINS 

— Onmis mascalas a! naseens, e! femina profert, |f ''^ 

Et dieunt e! vel a! qaotquot nascnntnr ab Eva. 
A/ dat Adam genitor, e! dédit Eva parens (1). 
Accipe, stune, cape, sont verba placentia papse (2). 

U y a même des énigmes. Celle-ci par exemple : 

Arbor inest sylvis, qasB scribitar octo figaris ; 
Fine tribus demptis, vix unam in mille videbis (3). 

Traduisez figuris par lettres. Le mot est casta, étant 
retraiichées les trois dernières lettres de castanea. 
Et le glossateur s^écrle : Mulierem castam quis inve^ 
niet ? U aurait pu citer ensuite ces vers d'un autre 
plaisant, que nous lisons dans le n"" 8247, fol. 127 : 

Femina casta, securis acuta cliensque ûdelis, 
HsBC tria Parisius nunquam vel raro videbis. 

Ce sont là, sans aucune doute, des calonmies. Mais 
on permet à Tépigramme de ne pas s'en tenir à la 
simple vérité. 

On soupçonne bien qu'on doit rencontrer dans ces 
gloses beaucoup d'étymologies proposées. Elles sont 
presque toutes à rejeter. Nous n'en transcrivons 
qu'une : Theodolus dicitur a theos, quod est Deus^ et 
dolus, li, quod est fraus^ quia liber componitur de 

(1) Fol. 71, col. 3. C'est ce que repète, ea des termes peu diffé- 
rents, André, tils de Sunon, au livre III, vers 1795, de son Hexa' 
meron : 

Post calpam dicta fait Eva, qaod e Tel a Toee 
Promant lagobri qaotquot nascantur ab Eva : 
E ! qoaevis mulier, et A 1 quivis mascalas, istam 
IngredieDs lucem flendo proclamât, amaras 
^ramnas s«cli trlsti mœrore prophetans. 

(2) Fol. 72, col. 1. Ces vers se lisent aussi au fol. 125 v* du 
n« 15133. 

(3) Fol. 26, col. 4. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 121 

v&ritate et fraude. Cela suffit; on voit assez quelle 
était rinexpérience du glossateur en matière de 
linguistique. Mais quand Fauteur du Grécisme n'avait 
pas lui-même su le grec, faut-il s'étonner qu'on Fait 
glosé sans le savoir davantage ? 
Citons enfin ce fragment : 

Sciendum est quod creator creaturarum, post mundi crea- 
tionem, volens esse eum (1), formavit (de lime terrse). Quo 
facto, volens ei nomen imponere, misit quatuor archange- 
los, scilicet Michaelem, Gabrielem, Raphaelem et Urielem, 
in quatuor partes mundi. Primum scilicet in orientem, ut 
unam litteram afferret ad nomen primi hominis; qui vidit 
stellam quse dicitur Anastole. Qui rediens secum attulit a. 
Secundum vero, scilicet Gabrielem, misit in occidentem; 
qui vidit steUam quse dicitur Disis, et secum attulit d. Ter- 
tium, scilicet Raphaelem, misit ad septentrionem et vidit 
Archon et attulit a, Quartum, scilicet Urielem, misit ad me- 
ridionalem partem, et vidit stellam nomine Mesebrios, et 
inde attulit m. Et sic coUectum est hoc nomen Adam; et 
per hoc signiûcatum est quod genus Adse impleturum erat 
quatuon partes mundi. Et inde dicuntur quidam versus : 
Anastole, disis, Archos, Mesebrios; orbis 
Quattuor has partes coUige, ûet Adam (2). 

Où notre glossateur avait-il lu cela ? Probablement 
dans le commentaire de Bède sur l'évangile de saint 
Jean (3). Mais, avant Bède, saint Augustin, avant 
saint Augustin^ saint Cyprien avaient conté le même 
conte, tiré des Oracles sybillins : 

AuTOç ^7) 6eoç 606* o icXaaaç TeTpaYpàfjLfxaTOv 'ASàjx, 
Tou irpcoTOv irXaaOévra, xal ouvofxa icXvjpcoŒavra 
AvToXi7)v Te, Aumv te, Me7vi(x6p(av xe, xat Apxxov (4). 

(1) Eum, c'est-à-dire rhomme. 

(2) Fol. 22, col. 3. 

(3) Expos, in étang, Joannis, cap. ii. 

(4) Vers 24 et suiv. du livre III, dans Tédition de M. Alexandre. 



122 MANUSCRITS LATINS 

M. Alexandre dit que ce conte est ingénieusement 
absurde, 5t, toutefois, ita dicere fa$est,(l). Nous ne 
pouvons le trouver ingénieux. Quel qu'il soit, au 
moyen âge on l'a pris sans doute au sérieux, car 
on Ta plus d'une fois reproduit. Nous Tavons déjà 
rencontré dans le n° 15133, fol. 45 v®. Il y en a 
même une version française, citée dans Le Livre des 
secrets aux philosophes (2). 

Du fol. 86 à la fin du volume, une glose sur 
V Aleœandréide de Gautier de Châtillon, autre livre 
classique, beaucoup plus estimable, un vrai poème, 
dont on a, de nos jours, reconnu le mérite et qu'on 
a pris le soin de faire imprimer. Nous croyons que 
le glossateur de V Aleœandréide est celui du Grécisme. 
Non pas sans doute parce que les deux gloses sont ici 
de la même main. Ce n'est là qu'un faible argument; 
rien ne prouve, en efifet, que le manuscrit soit auto- 
graphe. Une conformité beaucoup plus significative 
est celle de la méthode, ou, pour mieux dire, celle 
des procédés, de la manière et du style. Bien que les 
scoliastes se pillent sans aucun scrupule, avec quelque 
attention on les distingue assez facilement les uns des 
autres. Dans un genre qui parait le moins libre des 
genres, chacun se montre aussitôt lui-même, indi- 
quant les études qu'il a préférées, les auteurs qu'il a 
lus avec le plus de constance et de fruit, et par le ton 
de ses remarques, pieuses, philosophiques, satiriques, 
faisant voir sur le champ quelles sont ses opinions, 
ses passions, quel est le tour particulier de son esprit. 

(1) Ibid. p. 250. 

(2) Hist, liiU delaFr., t. XXX, p. 577. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 123 

Tout scoliaste a la brusquerie, le sans-&çon et consé- 
quemment la franchise d'un maîlre qui parle à des 
écoliers, à des auditeurs muets. 

Les traits communs que nous rencontrons dans les 
deux gloses nous font donc supposer qu'elles ont le 
^éme auteur. Celles qui se rapportent à VAlexaiv- 
dréide sont plus souvent historiques que grammati- 
^les. Mais notre scoliaste, ayant la mémoire pleine 
de dictons moraux, en cite à propos d'histoire comme 
^ propos de grammaire. Il ne se défend pas, d'ail- 
ieurs^ de citer plusieurs fois les mêmes. Nous trans- 
crivons ceux-ci : 

X*Tox et amor vinumque carent moderamine, semper 
nia pudore caret, Liber Amorque meta (1). 
^ Inquinat egregios adjuncta pecunia mores (2). 

— Infans, inde puer, adolescens, post juvenis fit, 

Inde vir, inde senex, postea decrepitus (3). 

— Pontificis vestis auro, byssoque, jacinthe, 

Groco subtincto murice facta fuit. 
Vult aurum quod sit sapiens, byssus quod honestus. 

Purpura quod justus juraque régis agat, 
Quod maneat cœlebs infixa mente jacinthus. 

Crocus quod duplici fiât amore calens (4). 

Barbato crede magistro (5). 

Plura petens meritis privatur jure petitis (6). 



<1) Fol. 88, col. 1. M. Mangeart a lu cette épigramme sur la 
e du n» 396 de Valencieunes. Les deux textes différent. Tel est 
lui de Yaleaciennes : 

Nox et amor TinauUpie nihil moderabile saadeot ; 
lUa padore Tacat, Liber Amorque meta. 

(2) Ibid. col. 2. 

(3) Fol. 89, col. 6. 

(4) Fol. 94, col. 4. 

(5) Fol. 112, col. 4. 

(6) Fol. 136, col. 2. 



124 

— Est miseio pQns àtnsâo qamm dolor ejos (1). 

— Gaadeu» gaadeati, flens flentL p^aper egentU 
Pmdens pradencL stolidos pUeet insipienti 2). 

— Francis scire. sitis Anglis. nescire Britannis, 
Fastos Xormazmis cresât creseentibiis aunis (3). 

— Obsequiom domat tigres ssTosqne leones (4). 

— Motos foitunae variatar imagine luns : 
Crescit, decrescit, in eodem sistere nescit (5). 

— Corn foex, cam limas, cnm res vilissima simos, 
Unde saperbimns? Ad terram terra redimos (6). 

— Gratia magnatom non sdt habere statom (7). 

— Fama boni lente volât, invidia retinente (8|. 

— Fama repleta malis Teloeibos evolat alis; 

Fama mali praeco praepete corrit eqno (9). 

Aacune des gloses historiques n*est à citer, si ca 
n'est pourtant celle-ci, qui se rapporte à Thistoire, 
non de la Grèce ou de la Perse, mais de notre uni- 
versité parisienne : 

Fol. 89, col. 1. Qoando qnis largitor suas opes, licet fu- 
erit vitiosus, tamen facit qnod sua vitia palliantor; sicut so- 
ient facere magistri, non re sed nomine, qui bedellis dant 
plurima ut eos magnificent et snam ignorantiam non révè- 
lent. 

Les bedeaux étaient alors de gros personnages. On 
nous dit ici que des maîtres, gens sans tenue et d'un 

(1) Fol. 137, col. 3. 

(2) Ibid. On lit aussi ces vers dans le n* 8247, fol. 121. 

(3) Fol. 149. col. 2. 

(4) Fol. 150, col. 2. 

(5) Fol. 156, col. 1. 

(6) Fol. 156, col. 2. Ces vers ont été publiés par M. Omont» 
diaprés un manuscrit de Rouen : Catal. gén. des tfum. Département. 
t. I, p. 375. On les trouve encore dans le n* 593 delà Mazarine, 
fol. 23. 

(7) Fol. 157, col. 1. 

(8) Fol. 166, col. 4. 

(9) Ibid. 






t DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 125 

faible poids, sollicitaient humblement et payaient 

leurs faveurs. Us puisaient aussi dans la bourse des 

écoliers, quand elle était bien garnie. Gomme il leur 

appartenait d'assigner à chacun d'eux sa place dans 

ies classes, plus ou moins loin de la chaire magistrale, 

ils plaçaient en meilleur lieu ceux qui leur faisaient 

ies plus beaux présents. Nous lisons dans un sermon 

de Jacques de Lausanne : 

Utinam non servetur ordo in ecclesia sicut in scola, ubi 
bedellus ssepe situât scolares non secundum mérita, sed se- 
caadum dona; unde nobiles, dantes bedeUis vestes et pecu- 
Qi&s, ante alios situantur (1). 

Ces dons volontaires s'ajoutant à leurs revenus 
statutaires^ les bedeaux étaient riches et Ton ne 
s'étonne pas que plus d'un se soit fait taxer d'arro- 
gance. Il n'en manquait certainement pas ce bedeau 
de la nation picarde, qui, saint Thomas préchant, osa 
porter le trouble dans l'auditoire en distribuant un 
libelle plein d'outrages contre lui, contre ses con- 
frères, un libelle déjà condamné par Tévêque, et 
<^tisa par cet excès d'audace un tel scandale que le 
P^pe lui-même s'en émut et l'excommunia (2) . 

18531 

La première pièce a pour titre : Arengm mag. GuU 
<Wi^. Ce sont des modèles d'allocutions solennelles 
Ou familières, proposés par Guy Faba. Nous les avons 
déjà rencontrés dans le n^ 8650 (3). On en a conservé 

(1) Lat. 18181, fol. 165, col. 4. 

(2) ChariuL univ. Paris, t. I, p. 391, 402. 

(3) Tome I, p. 391. 



126 MANUSCRITS LATINS 

de nombreux exemplaires ; il n'y en a pas moins de 
cinq dans notre ancien fonds. Puisqu'on a tant de fois 
copié ces harangues, il y a lieu de croire que plos 
d'une fois on en a fait usage. Elles nous semblent 
aujourd'hui d'une emphase intolérable. 

Au fol. 17, l'opuscule, encore plus souvent copié, 
du diacre Lothaire (c'est-à-dire Innocent III] De mise- 
ria humanx conditionis ou De contemptu mundi. Les 
feuillets 39 et 40, rejetés par le relieur à la fin du 
volume, doivent être placés entre les feuillets 36 
et 37. 

Au revers du fol. 37, avec les notes musicales, 
mais sans le nom de l'auteur, la prose 

Ave gloriosa 
Virginum regina, 
Vitis generosa... 

L'auteur est le chancelier Philippe de Grève (1). 
M. l'abbé Chevalier indique d'autres manuscrits de 
cette prose et plusieurs éditions (2). Ce n'est pas la 
meilleure que le chancelier nous ait laissée. On sait 
d'ailleurs que ses vers liturgiques ne valent pas ses 
vers libres, latins ou français. 

18569 

Autrefois conservé chez les Célestins de Paris, ce 
petit volume, écrit avec soin dans les premières 
années du xv* siècle, nous offre d'abord un poème 

(1) Archiv. des missions; 1866, p. 280. 

(2) Repert, hymnol,, p. 108. 



\ 



DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 127 

anonyme, intitulé, par une main du xvm* siècle : 
Spéculum ecclesiœ de professione monachorum , Ce 

F titre n'est pas exact, car il ne s'agit pas ici des moines ; 

! il s'agit des clercs séculiers, et divers copistes ont 

mieux indiqué le contenu de ce poème en l'intitulant : 

Spéculum sacerdotum ou Spéculum presbyterorum . 

C'est le poème nullement poétique d'Aimar Robert, 

archevêque de Sens. Nous en avons parlé sous le 

ûM 5165(1). 

Nous lisons ensuite cette épigramme : 

Si sapiens fore vis sex serva quse tibi mande : 
Quid dicas, vel ubi, de que, cur, quomodo, quando. 

Puis un fragment du poème sur la messe qui com- 
nience par 

Illud pellicium quod presbyter induit ante . . . 

Des exemplaires, plus ou moins complets, de ce 

poème existent dans les n°» 14758 (fol. 89), 15135 

Itol. 86) de la Bibliothèque nationale, 593 (fol. 27) de 

la Mazarine, 1 28 de Bourges, 7 de Ghâlons-sur-Marne 

et 898 de la Bibliothèque impériale de Vienne. Tous 

ces exemplaires sont anonymes, hormis le dernier, 

qui porte le nom d'Hildebert. Mais cette attribution 

ne paraît pas acceptable (1). Notons qu'une de ces 

copies, celle du n° 15135, commence par Ecce super- 

licium, et une autre, celle de Vienne, par Illud sup- 

pliciv/m. 



(4) Tome IV, p. 315. 

(2) Mélang. poét. d'Hildeb,, p. 214. 



128 MANUSCRITS LATINS 

18570 

M. Gh. Thurot a très fidèlement décrit la première 
partie de ce volume, où nous avons le Laborinthui 
d'Eberhard PAUemand, avec une glose du xvi* siècle 
qui n*aide pas beaucoup à l'intelligence de ce poème 
didactique (1). On a cru longtemps que le poème 
avait pour auteur Evrard de Béthune ; M. Gh. Thurot 
a bien prouvé qu'il n'est pas de lui, d'accord sur ce 
point avec notre glossateur. Ainsi s'exprime celui-ci : 
Causa efjiciens dicitur fuisse expertissimus clerim 
magister Everardus Alemannus, dictus Everardus 
quasi Egregius Versificator et Excellens Rithmista, 
Arduus Rhetor, Dictator Valde Solemnis (2). Une 
ancienne édition du Laborinthits a été donnée par 
Leyser, et Fabricius en a reproduit les vers qu'il a 
jugés à bon droit les plus intéressants. 

Au fol. 22, sans le prologue et sans l'épilogue, le 
poème de Marbode, édité par Beaugendre, De orna- 
mentis verborum. A la suite, la complainte du bouffon 
Hugues Primat sur sa disgrâce, dit-il, imméritée, 
complainte que M. Wright a publiée, sous le nom 
de Golias, à la page 64 de ses Poèmes attribués à 
Walter Mapes. Mais l'édition de M. Wright n'est pas 
toujours bonne, et comme cette pièce a longtemps 
joui d'un grand renom, on nous saura peut-être gré 
d'en donner une nouvelle. Nous l'établirons sur trois 

(1) Compt. rend, de VAcad, des Inscr,^ 1870, p. 259. 

(2) Assemblez les premières lettres des mots egregiits versifica' 
tOTf etc., etc., et vous avez Everardtis, 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 129 

textes : le texte imprimé et deux copies, celle que 
nous avons dans ce volume et une autre qui se trouve 
dans notre n° 16208 (fol. 135) : 



Diyes eram et dilectus, 
Inter pares prseelectus; 
Modo curvat me senectus 
Et setate sum confectus, 
Unde, vilis et neglectus, 
À dejectis sum dejectus 
Quorum rauce sonat pectus, 
Pansa gravis, olens lectus, 
Quibus amor nec affectus, 
Sed horrendus est aspectus. 

Homo mendax atque vanus, 
InMelis et profanus, 
Plus Avarus quam Roma- 

[nus. 
Me dejecit capellanus, 
Veteranum veteranus. 
Et injecit in me manus, 
Dignus dici Daciscanus. 

Prius quidem me dilexit 
Fraudulenter et illexit; 
Postquam meas res trans- 

[vexit, 
Fraudem suam tune detexit. 
Primas sibi non prospexit, 
Neque dolos intellexit, 
Donec domo pulsus exit. 

Satis eram bonus ante^ 
Bursa mea sonum dante, 
Et dicebat mihi : t Sancte 
Frater,multum diligam [te. » 

VI 



Hoc deceptus blandimento, 
Ut emunctus sum argento, 
Cum dolore, cum tormento, 
Sum depulsus in momento, 

Rori datus atque vento; 

• 

Vento datus atque rori, 
Vitœ prima turpiori 
Redonandus et errori; 
Pœna dignus ampliori, 
£t ut Judas dignus mori, 
Qui me tradens traditori, 
Dignitatem vestri chori, 
Tam honesti, tam decori, 
Permutabam viliori. 

Traditori dum me trado, 
Qui de nocte non est spado, 
Me de libro vitse rado, 
Et, dum sponte ruens cado, 
Est dolendum quod evado. 

Inconsulte nimis egi, 
In hoc malum me impegi, 
Ipse mihi collum fregi 
Qui, vos linquens, prœelegi 
Ut servirem segro gregi, 
Vili volens veste régi, 
Quam servire summo régi 
Ubi lustra tôt peregi. 

Aberravi, sed, pro Deo, 
Indulgete mihi reo, 
Incessanter enim fleo, 
Pro peccato gemens meo. 

9 



130 



MANUSCRITS LATINS 



Fleo gemens pro peccatis. 
Juste tamen et non gratis, 
Nec lugere possum satis, 
Memor vestrae sanctitatis 
Et fraternae caritatis. 

O quam dora sors Primatis! 
Qaam adversis feror fatis, 
Segregatus a beatis, 
Sociatus segregatis! 
Yestris tamen fidens datis, 
Fero pondus paupertatis. 

Paupertatis fero pondus. 
Meus ager, meus f undus, 
Domus mea totus mundus 
Quem percurro vagabundus; 
Quondam felix et fœcundus, 
Et facetus et facundus, 
Movens jocos et jocundus, 
Quondam primus^ nunc se- 

[cundus, 
Victum quaero verecundus. 

Verecundus victum quaBro. 
Sum mendicus; ubi vero 
Victum quœram nisi clero, 
Enutritus in Piero, 
Eruditus sub Homero? 
Sed dum mane victum quaero, 
Et reverti cogor sero, 
Jam in brevi, quod despero, 
Onerosus vobis ero. 

Onerosus et quo ibo? 
Ad laicos non transibo; 
Parum edo, parum bibo. 
Venter meus sine gibbo, 



Et contentas brevi dbo, 
Plenus erit parvo libo, 
Et, si famé deperibo, 
Vobis culpam hanc adscribo. 

Vultis modo causam scire 
Quaecoegit nos exire? 
Brevi possum expedire, 
Si non toedet vos audire. 

Quidam firater, claudo pede. 
Est eadem pulsus sede, 
Violenter atque fœde, 
Ut captivus et pars prsBdœ, 
Alligatus loris rhedae 
A Guillelmo Palamede (1), 
Vel per noctem Ganymede. 

Frater membris dissolutas, 
Qui deberet esse tutus 
Nam pes erat prseacutus, 
Nihil mali praelocutus, 
Sed mandatum non secutas^ 
Calciatus et indutus 
Est in luto provolutus. 

Provolutus est in luto 
Frater pede prseacuto; 
Quem clamantem dum ad- 

[juto 
Ut putabam satis tuto. 
Fui comes involuto 
Et pollutus cum polluto. 

Involuto comes fui 
Et in luto pulsus ruî, 
Dum pro bono pœnas lui. 
Nullus meus^ omnes sui. 



(l) Aulre leçon non moins obscure : A ministro Ganymede 
Il y a sans doute, dans ces vers, des allusions qu'on ne peu 
aujourd'hui comprendre. 



DE LA BIBLIOTHèQtJE NATIONALE 



131 



Adjuvabant omnes eum, 
Jebusei Jebuseum, 
Ghanansei Ghananseum, 
PharisaBi Pharisaeum, 
Et me nemo, praeter Denm, 
Dam adjuto fratrem meum, 
Nil merentem neque reum. 

Solus ego motus flevi, 
Fletu genus adimplevi 
Ob magistri scelus saevi 
Et tormentum jam grandae- 

[vi (1). 

Quis haberet lumen siccum 
Cernens scelus tam iniquum, 
Sacerdotem impudicum, 
Corruptorem meretricum, 
Matronarum et altricum, 
Saevientem in mendicum, 
Claudum, senem et anti- 

[quum, 
Dum5distractusperposticum, 
Appellaret replens vlcum 
Adjutorem et amicum. 

Nec adjutor est repertus, 
Nec sacerdos est misertus; 
Ita solus est desertus, 
Totus luto coopertus, 
Nec quo pedem ferret certus. 



Accusabam turpem actum 
Propter fratrem sic confrac- 

[tum, 
Claudum, senem et contrac- 

[tum; 
Et dum dico maie factum, 
Judicatus dedi saltum. 

Judicatus saltum dedi, 
Post haec intus non resedi, 
Neque bibi nec comedi, 
Capellani jussu fœdi 
Qui quod sacras datur sedi 
Aut impertit Palamedi 
Aut fraterno dat heredi, 
Aut asportant citharœdi 
Ut adquirat bonus credi. 

Modo, fratres, judicate, 
Neque vestro pro Primate 
Aberrantes declinate 
A sincera veritate, 
An sit dignus dignitate, 
Vel privandus potestate, 
Senex carens castitate 
Et sacerdos honestate, 
Plenus omni fœditate 
Qui, exclusa caritate, 
Nos in tanta vilitate 
Quorum fama patet late 
Sic tractavit? Judicate. 



Ayant rencontré ces vers sous le nom de Golias, 
employé par antonomase comme un nom commun, 
M. Wright n'a pas compris que les mots Primas^ Pri- 
'fnatis^ qu'on lit dans la pièce, en désignent l'auteur. 



W Cette strophe, que nous empruntons à M. Wright, n'est pas 
dans nos manuscrits. Elle est peu claire. 



13% MANUSCRITS LATINS 

Cet auteur est, d'ailleurs, indiqué par le titre de la 
pièce dans un manuscrit de la bibliothèque Léopol- 
dine qu'a décrit Bandini : Opus Hugonls, Aurélia- 
nensis primatis^ de exclttsione propria (1). Plusieurs 
poètes burlesques ont pris ce nom de Primat ; c'est 
pourquoi Ton ne sait pas toujours auquel d'entre eux 
tels t^u tels vers doivent être attribués. Mais ou ne 
peut avoir ici la moindre incertitude ; il s'agit très 
sûrement du premier en date, Hugues, primicier ou 
primai des écoles d'Orléans, qui vivait dans le second 
quart du xii* siècle, et qui, rendu célèbre par ses 
Milgaires facéties, est devenu, plus tard, après sa 
mort, le prototype de tous les farceurs. 

Il uVst pas facile de comprendre le poétique récit 
do sa disgrâce. Hugues le primat était, au rapport de 
Frani^>is Pippino, chanoine d'Orléans (2), et, en des 
vers qui lui sont attribués par un manuscrit de 
Tours v3), il raconte lui-même qu'il fut, un jour, privé 
de son cauonicat ; mais il ne dit pas pour quelle cause. 
Cette cause est ici longuement exposée, mais peu 
clairement. Ses anciens collègues, dont il sollicite le 
pan1on« ont dû sans peine le comprendre, sachant 
bien de quel délit ils lavaient jugé coupable ; mais 
cela nous est moins &cile. Il était vieux, dit-il, et 
s*étail fait préposer,' par les conseUs d'un traitre, à la 
surveillance des infirmes, des malades. Or, ayant pris, 
en certaine occasion, la défense d*un de ces infirmes 
cruellement maltraité, il fiit pour cela traduit devant 

(1) Bandim, BibL Leopold.^ t. Il» col. 423L 

^) L. DelUld, Les écoles tfOriéanSy p. 15. 

(3) L. Delisle, .Voi^^ sw quelque hum. dâ T<mrSy p. 14. 



DE LA. BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 133 

le chapitre, condamné, chassé de sa maison canoniale 
et réduit, sans prébende ni gîte, à mendier son pain, 
Yoilà, du moins, ce que nous croyons lire dans cette 
supplique, siacère ou non. Admettons qu'elle n'est 
pas sincère, qu*elle dissimule une grande partie de 
la vérité ; toujours est-il qu'elle nous offre, sur la vie 
si mal connue du célèbre Primat, quelques rensei- 
gnements dont on pourra faire un utile emploi. 

Nous avons ensuite, du feuillet 23 au feuillet 45, un 
commentaire sur les satires de Perse, à la fin duquel 
nous lisons : Explicit expositio Persil satirici, compU- 
lata a magistro Joanne de LevedalCy bonœ memoriœ, 
submonitore quondam scolarv/m Lovaniensium. Pinita 
Wno iSSi, invigilia beati Thomae apostoli. Ce Jean 
de Levedale n'a été cité ni par Fabricius, ni par Fop- 
pens, ni par Paquet ; son nom parait manquer dans 
'o\is les répertoires. Il ne faut pas s'étonner de ce 
îiae Valère André n'a pas même parlé de lui dans 
Sont traité particulier sur l'histoire de l'université de 
L*CDuvain. Cette histoire ne commence, en effet, qu'en 
^^année 1435, et Vexplicit qu'on vient de lire montre 
*l\ae le sous-moniteur Jean de Levedale était mort 
^•"vant Tannée 1334. Son commentaire, dont les pre- 
liers mots sont Materia hujus libri est sermo satiricus 
commendatione virtutum, accompagne un texte 
ocmplet des œuvres de Perse. Il a pour unique objet 
V interprétation de ce texte ; les digressions y sont 
t»Tès courtes et, pour la plupart, historiques. Ce n'est 
pas à dire que Jean de Levedale soit, en ce qui 
touche l'histoire, un critique savant. Mais il est en- 
core moins un délicat humaniste. 



134 MANUSCRITS LATINS 



SEPTIÈME PARTIE 

( N ou velle s AoQiaisitioxis ) 

202 

Dans ce volume ont été réunis trois traités mysti- 
ques dont les auteurs ne sont pas nommés. Nous 
indiquerons sans peine ceux des deux premiers. Il 
s'agit, en effet, d'écrits souvent copiés, et les théolo- 
giens méditatifs, auxquels on les doit, ont eu dans 
leur temps, l'un et l'autre, un grand renom. 

Le premier, intitulé De oculo morali, est de Pierre 
de La Sepieyra, communément nommé Pierre de 
Limoges, chanoine d'Evreux. On l'a donné quelque- 
fois à Jean Peckham, ou Peacham, à Raymond 
Jordan et à Jean de Galles. Mais ces attributions sont 
certainement fausses. Ajoutons qu'il y a eu plusieurs 
éditions de l'ouvrage. On le lisait encore au xvi® siè- 
cle (1). 

Le deuxième de nos traités, dont le titre est De 
doctrina cordis, a été cité sous le n® 15958, où il est, 
comme ici, sans nom d'auteur. Mais on a dit qu'il est 
de Gérard de Liège (3). Le succès de ce livre, qui n'a 
pas duré jusqu'à nous, n'a peut-être pas été moindre, 
au XV® siècle, que celui de Y Imitation. 

Mais pour ce qui regarde le troisième traité, l'auteur 
est plus incertain. Le P. Bonelli l'a publié pour la 

(1) Hist, litL de la Fr., t. XXVI, p. 404. 

(2) Tome V, p. 64. 



DE LÀ BIBUOTHÈQUE NATIONALE 135 

première fois dans son supplément des Œuvres de 
saint Bonaventure, sous ce titre : Sermones de laude 
melliflui nominis Domini nostri Jesu Christi. C'est 
de même à saint Bonaventure que Tattribnent notre 
n<^ 458 (fol. 249) ainsi que le n» 4210 de la Biblio- 
thèque impériale de Vienne, et nous ne le trouvons 
pas ailleurs sous un autre nom. Cependant on se dit 
que les contemporains et les confrères de saint Bona- 
venture auraient plus souvent copié ce pieux opus- 
cule s'ils avaient cru qu'il en fût le véritable auteur. 
Pour nous du moins l'attribution reste douteuse. 



217 



Ce volume commence par un long catalogue de 

tous les miracles opérés par les reliques conservées 

dans Tabbaye de Savigny. La plus grande partie de ce 

^^ talogue a été publiée, d'après ce manuscrit, dans 

^Q tome XXIII des Historiens de la France^ p. 587- 

&05. 

Au fol. 79, le Purgatorium sancU Patricii, com- 

cnçant par ces mots : Dicitur magnus sanctus 

€7,tricius, qui a primo est secv>ndus, quody dum in 

f^ihernia verbum Dei prœdicaret... C'est le début, la 

â^édicace absente, de la relation faite par Henri de 

Saltrey. Et c'est le vrai début. L'édition donnée par 

Ciolgan {Trias Thaumaturga^ t. II, p. 274) commence 

iriexactement par Igitur magnus. On corrigerait avec 

xiotre manuscrit beaucoup d'autres fautes de cette 

édition. Qu'on se fie moins encore au texte des 

extraits donnés par Thomas Messingbam. Nous avons 



136 XANUSCRITS LATINS 

déjà rencontre dUns le n^ 16499 ce très pieux et 
bizarre opuscule (r. 

Au fol. 8S, un très court pénitentiel, comme 
par : Sace^dos débet esse dUcretus, ut sciât disce 
inter lepram et lepram. Ce sont des conseils d( 
aux confesseurs. Nous ne pensons pas en ave 
texte complet. 

Au fol. 91 1 une prose que nous croyons in 
La voici : 

Arce siderea Phœbe ref alserat 
Et lacis aareïB globes effaderaty 
Cum nocte média temporis aderat 

Jam pleninido ; 
Maltis e fratrîbus anns eligitor. 
Toi cteli civibus anos dirigitur. 
Régis obtutibus praesens qui quaeritar. 

Stai fortitnio ^2). 

Snccinctus Gabriel obedientia, 

Summus arobangelus* promptas ad omnia, 

Stat régis nuntius, régis imperia 

Ferre paratus. 
€ Angele Gabriel, inquit, egredere, 
Fer cito nuntium. cito regredere, 
Sed brevi, jubeo, brevi caractère 

Sis oneratus. 

Ibis ad virginem stirpis davidîcîB, 
Vultus siderei. mentis angelicse. 
Cum vocis exprimes verba propheticaB 

Mvstica. cave 
Virgo ne timeat ; sed prolis regiae, 
Sed vultus placidi. sed pulchra facie, 
Saluta virginem, sed tali série 

Die prior: Are. 

(l)Tome V, p. 146. 

(2) Gela nous parait inintelligible. 



DE lA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 137 

Virgo dum trépidât, et unde veneris 
Nesciens, cogitât quis, qualis fueris, 
Vel cajus nuntios, ne dto dixeris; 

Sed voce pia, 
Stans vultu placido, demisso lamine, 
Pudicis ocnlis fixis in virgine. 
Propriam proprio designans nomine, 

Junge : Maria, 

Dum timens refagit virilem facient, 
Yultus angelici dénuda speciem; 
Dum modum discutit et rerum seriem 

Virgo serena, 
Sume parabolam vocis interea, 
Sed, quidquid dixeris prius yel postea, 
De quibus dixero, die tamen antea : 

Gratia plena. 

Garnis virginesB sub domicilio 
Die domum praBparet, sed Dei filio. 
Stabit et conferet, sed sub silentio, 

Singula secum ; 
Pudoris titulum primo discutiet. 
Da fidem virgini quod virgo pariet, 
Die cujus spiritu per quem concipiet : 

BominiAS tecum f 

Felicem prsedica quae Dei filio 
Mater eligitur, vernante lilio 
Pudoris integri, sed et angelico 

Digna relatu ; 
Quse pacis osculo terrena superis 
Amoris glutino jungis et inseris. 
In mulieribus primis et posteris 

Benedicta tu, 

Dulce cura virgine misce colloquium. 
Quaeret et quomodo ; die : t Dei filium. » 
Quaeret et quomodo ; die tu : t Per Spiritum. » 
Quserere plura 



138 MANUSCRITS LATINS 

Yirgo si cœperit, libens exsequere. 
Die tetragrammaton, quali caractère 
Possit dissvllabam sensu concludere 
Laude futura. > 

Régis imperio regalis nuntius 
Sécréta virgini, secreti conscias, 
Divina reserat. Formidat primitus 

Virgo pudica. 
Incipit angelas modis disserere, 
Felicem praedicans, vota puerperse 
Jam capit efûci; sed tali fœdere, 

Régis arnica, 

Jam sacri pneumatis perfasa lamine, 
Crédit et concipit di^'ino semine ; 
Floret et puUnlat mater in virgine. 

Nosque solemni 
Lauderaus Dominum vocis obsequio ; 
Cum pâtre filium« matrem cnm filio, 
Laudet et pranlieet nostra devotio 

Laude perenni ! 

Ne connaissant pas une autre copie de cette prose, 
nous n'en donnons peut-être pas un texte toujours 
bon. Plus d'un mot nous est suspect. Nous la pu- 
blions d'ailleurs sans la recommander, uniquement 
parce que nous la supposons inédite. Certes elle 
n'est pas littérairement recommandable ; mais on 
en imprime tant d'autres qui ne le sont pas davan- 
tage ! 

Suivent des introductions aux évangiles de saint 
Matthieu, de saint Marc, de saint Luc, à l'Apocalypse, 
à l'évangile de saint Jean, aux épitres canoniques et 
aux Actes des apôtres. Le tout occupe huit feuillets. 

Du fol. 109 au fol. 123, des fragments, des extraits 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 139 

6 saint Jérôme, de saint Grégoire, de saint Bernard, 
3tc., etc., entre lesquels un sermon dont Fauteur ne 
nous est pas connu, et six vers sur les trois mariages 
de la mère de Marie, vers qui se lisent aussi dans le 
n*» 749 de Douai. 

Au fol. 123, des proverbes. Au fol. 123, une pièce 
de vers contre la cour romaine depuis longtemps 
signalée par Bandini dans un manuscrit de la Lau- 
renlienne, et dont M. Mono a publié quatre strophes 
dans la première série de VAnzeiger fur Kunde der 
teMtsoh. Vorzeit, t. VII, col. 110. Mais elles ne donnent 
pas une exacte idée de cette violente satire. On doit 
être curieux d'en avoir un texte complet. Eh bien, 
o'est une curiosité que nous ne pouvons satisfaire, 
copie qu'on lit ici n'est pas non plus complète, et, 
nous en avons une seconde, qui parait fêtre, dans 
le n» 1544 (fol. 86) des Nouvelles acquisitions, elle 
^st tellement fautive qull est à peine possible d'en 
tirer quelque chose. Un autre texte de la même pièce 
^ous étant signalé dans un manuscrit de la 
Bodléienne {Add. A 44, fol. 64), nous avons un ins- 
tant espéré qu'il nous serait permis de corriger avec 
ce texte les vices des nôtres. Mais il n'y a que cinq 
strophes dans le manuscrit de la Bodléienne, comme 
ûous l'apprend M. Madan à qui nous en devons une 
obligeante transcription. Voici du moins ces cinq 
strophes, coUationnées sur trois manuscrits : 

Frigescente caritatis Brevi sub articulo, 

In terris igniculo, Audietur vastitatis 

XJniversaB vanitatis Gemitus in populo. 
Fons inundat saeculo. 



140 HANUSCRnS LATINS 

Ecce florent Tenditores Martha foiis ocenpatar, 

Spiritalis gratiae, Qasrens lacri gratiam: 

Anticbristi pneearsores ; SororMarthâecontemplatur 

Pastores EccIesÛB, Nammos et pecaniam; 

Fores eaehaiistiaB, Itor ad perfidiam. 

NoTi JadaB saecessores, Aamm Chris ticonculcator; 

Christam Tendant hodie. Con versom in scoriam. 

Silent leges, jura tacent HocsancivitmosRomaims, 

Nallo folta stipite ; Hoc decretnm legitor: 

Luxas et rapinae placent Non sit praesal vel decanos 

In hoc mnndi tramite Is a qao nil dabitor. 

Errât plebs cnm milite, Ergo recte dicitnr 

Lapidesqne sancti jacent Roma quasi rodens manus, 

In viarum capite. Per quam mundus rodi- 

[tor... 

Les mots Roma quasi rodens manus sont une allu- 
sion à une épigramme dont nous avons plusieurs 
formes. En voici une : 

Roma manus rodit ; si rodere non valet, odit. 
Dantes exaudit, nil dantibus ostia claudit (1). 

Ensoite de nouveaux extraits de saint Augustin, de 
saint Grégoire, de Bède, de saint Bernard, des philo- 
sophes profanes, et d'autres vers, qui, les uns, sont 
moraux et les autres ne le sont pas. M. Delisle a 
publié la plus louable de ces pièces, sous le nom de 
l'auteur, Serlon de Wilton (2). Nous en avons donné 
quelques autres sous le n^ 16699 (3). En voici 
deux qui sont peut-être inédites : 

Vita brevis, divinus amor terrorque gehennsB 
Sunt tria qusB recolens labe carebit homo. 

(1) Neues archiv, t. II, p. 401. 

(2) Mélang, de paléogr.^ p. 485. 

(3) Tome V, p. 202. 203. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 141 

— Quidquid habes meriti prasventrix gratia donat ; 
Nil Deus in nobis prsBter sua dona coronat (1) . 

Au feuillet 141, après quelques autres extraits, le 
traité d'Ailred, abbé de RievdLUXjDelecHone evangelica, 
que Mabillon a publié dans ses annexes aux Œu- 
vres de saint Bernard, t. II, p. 577. Le nom de l'au- 
teur, qui se lit dans notre manuscrit, manque dans 
d'autres, notamment dans le n^ 392 de Douai, et Ton 
eu cite des copies sous le faux nom de saint Bernard. 
Fol. 150 : Magnificat anima mea Dominum,,. — 
Magnificat voce^ magnificat opere^ magnificat affectu. 
Cette paraphrase du Magnificat est intitulée, dans le 
û* 500 de l'Arsenal, Expositio venerabilis Bernardi, 
^batis Clarœvallis, super Canticum beatœ Marias, Mais 
c'est une attribution que les critiques modernes n'ont 
pas acceptée. Si cet écrit a été par leurs soins tiré des 
ténèbres, ils ne l'ont fait flgurer que parmi les œuvres 
apocryphes de saint Bernard. Nous en avons un 
autre exemplaire dans le n** 529 (fol. 71); un autre 
^J^core nous est indiqué dans le n** 402 des Cod. 
^ctv,d. mise, à la Bodléienne. Ils sont Tun et l'autre 
^xi on y mes. 

Au fol. 153, la vie de sainte Barbe. A la suite, du 

feuillet 157 au feuillet 189, un recueil de maximes 

Uxorales auquel manquent le commencement et la 

fin, et dont tous les chapitres débutent par Dominus 

dicit in Evangelio. C'est le Liber scintillarum de 

liefensor, moine de Ligugé. Mais nous ne l'avons pas 

(1) Ces vers se lisent aussi dans le n» 593 (fol. 24) de la Mazarine 
et à la page 16 des Carmina Burana. 



142 MANUSCRITS LATINS 

constaté sans quelque peine. Et d'abord le premier 
de nos fragments manque dans Fédition de ce livre 
qu'on lit au tome LXXXVIII de la Patrologie. De plus, 
par la faute d'un relieur maladroit, les autres frag- 
ments ne se succèdent pas, dans notre manuscrit, en 
même ordre que dans Tédition. Ainsi nous avons en 
premier lieu, du fol. 159 au fol. 173, les chapitres 
xxxii-xLvii de l'édition, avec une partie du chapi- 
tre xLviii ; ensuite, du fol. 173 au fol. 189, les 
chapitres x-xxi. 

Au fol. 189, un traité De prxparatione cordis qui 
commence par : Prœparate corda vestra... — Quam 
sit utilis cordis prxparatio sequens déclarât promissio. 
Une autre copie de ce traité, qui n'offre pas non plus 
le nom de l'auteur, est dans le n® 65 d'Évreux. 

Le volume Suit par des sermons que nous n'avons 
pas ailleurs rencontrés. Ce sont des sermons qui, 
pour la plupart, ont été prononcés, comme il semble, 
devant des moines, peut-être les moines de Savigny. 
Il y a peu de traits originaux : les citations de l'Ecri- 
ture y surabondent. On ne les croit pourtant pas tous 
du même auteur. Ainsi débute le premier: Cum 
amhularent animalia... — Igitur vos, prœlati, ambur 
laie dum lucem... Il est à l'adresse des évéques et a 
le ton d'une remontrance. 



219 



Traité de logique, sans nom d'auteur, commençant 
par : Dialeclica est ars artium, scientia scientiarum^ 
ad omnium methodorum principia viam habens. C'est 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 143 

la logique célèbre de Pierre d'Espagne, dont le titre 
le plus fréquent est Summulœ» Elle a été souvent 
imprimée. 



Ce volume est composé tout entier de pièces ano- 
nymes dont chacune veut être particulièrement 
décrite. 

La première, qui commence par Quid fuit prius- 

jwom mundus fieret, est un dialogue le plus souvent 

intitulé, dans les manuscrits, De créations rerum^ ou 

fnundi. L'auteur est Hugues de Saint- Victor, et, dans 

J'édition de ses Œuvres^ ce dialogue a pour titre : De 

sacramentis legis naturalis et scriptœ. Nous avons cru 

devoir y signaler plusieurs opinions que TÉglise n'a 

pas admises (i), du moins littéralement. 

XjCS pièces suivantes ont aussi pour auteur Hugues 

de Saint- Victor ; ce sont des fragments détachés de 

ses œuvres. Et d'abord, au fol. 17, nous avons les 

premiers chapitres de son grand traité De Sacra* 

tneniis. Le début est ici : Arduum profecto et laborio^ 

s'umopiùs... Ce sont les seize premiers chapitres de 

V édition. — Au fol. 25 : Desiderius proprium nomen 

esJ. C'est ici le premier chapitre des Adnotationes 

elmdatoriœ in Pentateuchum. — Au fol. 26 : Lectorem 

divinarum Scripturarum primo instruere oportet. . . 

Ce sont les seize premiers chapitres (le seizième 

incomplet) du traité De scripturis et scriptoribm 

sacris, 

(^) Us Œuvres de Hugues de Saint-Victor^ p. 63 et suiv. 



144 MANUSCRITS LATINS 

Au fol. 33, des gloses sur la Genèse, gui sont 
toutes des explications d'allégories supposées. Les 
premiers mots du court prologue sont : CreavH Deus 
cxlum et terram. Ceux des gloses sont : Principium 
Christus, caelum et terra Ecclesia in Christo fundata, 
cœlum injustis^ terra in peccatoribus. Nous ne con- 
naissons pas Tauteur de ces gloses. Ce ne sont pas les 
Allégories d'Isidore, ni celles de Raban-Maur, ni celles 
de Hugues de Saint- Victor. 

Au fol. 45, un commentaire sur la vision d'Ezéchiel, 
dont tel est le début : Et factum est in anno trice- 
simo... — Ezechiel interpretatur fortitudo Dei, Buri 
despectus. Ce n*est pas le commentaire de Richard 
sur la même vision. 

Du feuillet 55 au feuillet 59, deux pièces dont nous 
ignorons aussi Tauteur ou les auteurs. La première 
commence par : Gratia vobis. . . — Graiia Dei gratis 
data^ sed non merces reddita. La seconde par : Dentés 
tui sicut grèges... — Pastor bonus, qui animam suam 
ponitpro ovibussuis,.. Cette seconde pièce est pareil- 
lement anonyme dans les n*^ 3733 (fol. 104) et 13852 
(fol. 184). C'est un sermon prononcé dans une assem- 
blée d'évêques. 

Du fol. 59 au fol. 77, le traité bien connu de Richard 
de Saint- Victor De exterminatione mali et pron^otione 
boni^ 

A la suite, des sermons anonymes, que nous avons, 
presque tous, ailleurs rencontrés. 

Fol. 77. Ego sum pastor bonus... — In hujus lectione 
evangelii ostendit nobis Dominus in seipso formam 
boni pa^toris. Autre copie anonyme : n° 3824 (fol. 50). 



DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 145 

Fol. 79. Legimus^ apostolo dicente, quod Domin/as 
superbis resistit ethumilïbus dat gratiam. Autre copie 
anonyme : n« 3824 (fol. 31). 

Fol. 81. Egredimini et videte, filw Sion... — Frcp- 
tres^ vox EcclesÙB invitât animas vestras ad intuendum. 
Nous n'avons pas à citer une autre copie de sermon. 

Fol. 85. Ferrum de terra tollitur... — Ferrv/m istud 
intelligitur cor ferreum^ cor scilicet durum et frigir- 
dum. Autre copie anonyme : n** 3824 (fol. 49). 

Fol. 86. Omni custodia serva cor... — Fideli homini 
dicitur ut servet cor suum quasi domv/m Dei. Pas 
d'autre copie. 

Fol. 88. Postquam completisunt dies purgationis... 

— Ecce in tam sublimi Virgine admiranda humilitas . 
Autres copies anonymes : n°* 3824 (fol. 17), 15962 
(fol. 59). Dans le n** 15962, ce sermon fait partie d'un 
recueil dont l'auteur est certainement Jean de La 
Rochelle. 

Fol. 90. Legimus in Zacharia propheta angelvm 
locutum fuisse ad eumdem prophetam, et dixisse : 
<( Leva oculos... » Pas d'autre copie. 

Fol. 92. Domum tuam^ Domine j decet sanctitudo... 

— Celebramus hodie, fratres carissimi, solemnitatem 
dedicationis ecclesiœ. Autres copies anonymes : 3570 
(fol. 139), 3824 (fol. 83). 

Fol. 94. De laude beatae etgloriosœ Dei genitricis et 
virginis Mariœ vobis in prxsenti sermone locuturus, plor 
cet de castello... kutve copie anonyme: n° 3824 (fol. 19). 

Quelques notes théologiques, de courts fragments, 
interrompent ici la série des sermons. Mais elle 
reprend au fol. 101. 

VI 10 



146 IfANUSGRITS LATINS 

Fol. iOl, Dei omnipotentis sermo inpersona prophetx 
speculatoris sic loquitur^ dicens : « Fili hominis.,. » 
Autre copie anonyme : n** 437 (fol. 3) . 

Fol. 102. Montes Gelboe nec ros... '— Aliter, sicut 
dicit beatus Gi^egorius, profertur maledidmvn, amore 
justitiâB. Autre copie anonyme : Mazarine, 963 
(fol. 108). 

Fol. 104, Tria sunt quœ in misericordix opère 
optanda sunt. Pas d'autre copie. 

Fol. 106. Congregate illi sanctos ejus... Ah! ah! 
ah 1 Domine Deu$^ eœenescio... — Unde ergo tam prae^ 
sump ta super bia. ,. Nous avons indiqué diverses copies 
de ce sermon sous le n*^ 18172 (1), et dit qu'on Ta 
donné tantôt à Pierre Le Mangeur, tantôt au moine 
bénédictin Alain l'Anglais. Il n'est probablement 
ni de l'un ni de l'autre. 

Fol. 109. Bevertere, revertere, Sunamitis... — Suna^ 
mitis hxc amantissimum ac legitimum virumcontemp- 
serai. Autre copie anonyme : n** 14934 (fol. 27). 

Fol, 111. Moyses et Aaron insacerdotibus... — Unus 
est sermo quem audistis. Nous avons cité ce sermon 
sous le n^' 14925 et nous avons dit qu'attribué par 
divers copistes à Gébouin et à Pierre Le Mangeur, il 
nou3 semble plutôt du chancelier que de Varchidia- 
cre (2). 

Aux fol. 115 et 116, deux fragments. Le premier, 
commençant par Scriptura sacra tria loca solet distin- 
guère, est, dans les Mélanges de Hugues de Saint- 
Victor, le titre 95 du premier livre. Le second, qui 

(1) Gi-dessus, p. 52. (2) Tome III, p. 32$. 



DE LÀ BIfiUOTHÈQUE NATIONALE 147 

commence par Tria sv>n^ qux nos trahunt ad mortem^ 
parait être da même auteur : mais nous Tavons en 
vain recherché dans Tédition de ses Œuvres. 

Fol. 117. Evangelistis evangelisare , prxdicatoribus 
prœdicare. C'est le prologue des sermons de Maurice 
de Sully. Nous l'avons cité sous le n** 14925 (1). 

Fol. 130. UHnam appenderentur peccata... — Melius 
est ire ad domum luctus quam ad domv/m laeiitiœ. Ce 
sermon est aussi de Maurice, comme nous Tavons 
dit sous le n^ 14925 (3) ; mais il n'appartient pas à son 
œuvre littéraire dont nous venons de mentionner le 
prologue ; c'est un sermon qui parait avoir été pro- 
noncé. 

Fol. 133. Duo sunt qux fidelis quisqueattendere débet. 
Autre copie anonyme : n* 3824 (fol. 45). De ce très 
grave sermon, qui a pour objet les misères de la vie 
humaine, nous citerons les phrases suivantes, où 
l'on remarquera la locution morts gaudii ; en français 
c mont-joie » : 

In hoc discrimine atque in hoc conflictu dum peregrinus 
noster laborat cunctis fere diebus peregrinationis suse, fré- 
quenter tamen respirât in protectione Dei sui... Tandem, 
post diuturnos conflictus^ post multa pericula, post diversos 
virtutum profectus, aspicit quasi de longe montem gaudii 
per gratiam subitsB contemplationis. 

Fol. 136. Gaudentin cœlisanimx... — Ecce, fra- 
très, tribulationes et angicstiw vitœ pressentis. Ce ser- 
mon, dont nous ne pouvons pas indiquer une autre 
copie, est suivi d'une collation. 

(1) Tome III, p. 310. (2) /M., p 322. 



.48 MANUSCRITS LATINS 

Fol. i41. Diœit Simon Pe^rus ad Jesum : Ecce nos,.. 
— Verba prindpis apostolorum quam proprie coapos^ 
tolo suOj cui hodie militamus. . . La matière de ce ser- 
mon est la conversion de saint Paul. Nous n'en con- 
naissons pas d'autres copies. 

Fol. 143. Vobis datum est nosse mysterium. . . — 
Haec vox dominica, fratres, ad vos specialiter attinet. 
Pas d'autre copie. 

Fol. 144. Confidite, quia ergo vici mundvbin, dicit 
DominibS. Fratres^ pensanda sunt verba Salvatoris 
nostri. Pas d'autre copie. 

Fol. 147. Hodie, fratres carissimi, beata Maria pue- 
rum Jesum prxsentavit in templum. Pas d'autre 
copie. 

Ces cinq derniers sermons, dont le ton est d*une 
gravité constante, paraissent du même auteur, et l'on 
a lieu de croire qu'ils ont été prononcés par un moine 
devant des moines. 

Le volume finit par un court fragment sur les deux 
sortes de richesses, la richesse temporelle et la spi- 
rituelle : paraphrase banale sur un lieu commun. 

226 

La première pièce a pour titre : Tractatvlus adver-^ 
Sfos hœresim novam de necessitate communionis laico* 
rum sub uiraque specie, raptim editics Constantin, an* 
no Dom. 1417, die 20 Augustin aJoanne Yarson, can- 
cellario Parisiensi. Ce titre indique donc à la fois la 
matière du tractatulus et le nom de l'auteur, Jean de 
Gerson. Après le petit traité, sont deux fragments, 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 149 

Tun d'Alexandre de Halès, l'autre de saint Thomas, 
produits par le chancelier en faveur de sa thèse. Ce 
qui voulait dire : Dominicains et les Franciscains, vo- 
tez avec moi. 

A la suite un recueil de maximes, de distinctions, 
rangées suivant l'ordre alphabétique, et commençant 
par Abjicit mimdus pauperes et hor^orai divites. Nota : 
Augustinus super Genesim (dicit) quod corvius est illiiùS 
naturx,,. Nous en pouvons citer d'autres copies ano* 
nymes, notamment dans les n^' 888 de la Mazarine, 
826 et 1272 de Troyes, 8181 de Munich, 1288 et 3609 
de Vienne; mais dans le récent catalogue des manu- 
scrits de Vienne, sous le n** 4872, cette compilation a 
pour titre : Jacobus de Lausanna. Compendium mora^ 
litatum^ ex ejiis postillis excerptum. Ce titre est peut- 
être exact ; les postilles de Jacques de Lausanne ont 
été plus d'une fois compilées ; on en a fait, à l'usage 
des prédicateurs, d'autres extraits. Gela donne lieu 
de supposer qu'elles ne sont pas toujours graves. On 
y rencontre, en effet, plus d'une historiette plaisante 
et plus d'un vif propos sur le compte des dignitaires 
laïques ou clercs. 

Plus loin, sans titre : Sunt quidam vitia qux fre^ 
quenter speciem virtutum assumunt. C'est le Paradis 
siis animx qu'on a souvent imprime sous le nom 
d'Albert le Grand (1). Ce n'est pourtant pas une de 
ses œuvres les plus recommaiidables. L.e théologien 
ne vaut pas chez lui le philosophe. 

A ce traité succède un fragment d'une seule page, 

(1) Quétif et Échard, Script, ord. Prad, t. I,p. 178. 



150 MANUSCRITS LATINS 

commençant par : Quid faciam, quia Dominus. . . r— 
Cvmnihil ceriius morte... Nous ne savons à' qai ce 
fragment appartient. 

La dernière pièce du volume est la copie du premier 
livre de V Imitation. Nous remarquons et nous signa- 
lons des différences entre cette copie et les éditions. 



L'écrit que nous offre ce volume est sans titre. 
D'autres copies l'intitulent : De abundantia exemplo- 
rum in sermonibus. On a remarqué que l'auteur, 
annonce, au début de son livre, qu'il aura sept par- 
ties; mais, a-t-on ajouté, la première seule parait 
avoir été conservée (1). Ici nous avons, outre la pre- 
mière, sur le don de crainte, la seconde, incomplète, 
sur le don de piété. La première est plus intéressante, 
parce qu'elle contient plus d'exemples. Quant à la 
méthode, c'est la même dans les deux parties. L'au- 
teur pille Etienne de Bourbon, mais énonce les 
mêmes choses plus simplement, plus clairement. 
G*est un meilleur écrivain. Nous avons dit qu*on 
ignore son nom, aucun des noms indiqués par les 
copistes et tour à tour admis par les bibliographes ne 
paraissant devoir être accepté (2). 

246 

Le Spéculum disciplina que contient ce volume 
avait été plusieurs fois publié sous le nom de saint 

(t) HùL litt. de la Fr., l. XXIX, p. 549. 
(2) Tome II, p. 72 et suiv. 



DE LA BIBUOTHÈQUE NATION AIJC 151 

fiôaaventure» quand cette attribution fut mise en 
doute comme insuffisamment justifiée. Il conyien«- 
drait mieux, dit Luc Wadding, de le rapporter h 
son secrétaire Bernard de Besse. Cependant, ajoute 
Wadding, puisque cet ouvrage est généralement 
jugé très estimable, pourquoi ne supposerait-on pas 
que saint Bonaventure en a dicté les meilleurs cha- 
pitres, et que son secrétaire, après avoir rangé ces 
chapitres en bon ordre, y a fait simplement, de son 
chef, plus ou moins d'additions? Mais rien, suivant 
Casimir Oudin, rien de cet ouvrage n'est de saint 
Bonaventure ni de son secrétaire ; tout est d'un autre 
Franciscain, leur contemporain, David d'Augsbourg. 
Sbaraglia s'inscrit enSn contre toutes ces attributions, 
quMl dit également fausses, et revendique notre 
Spéculum disciplina pour Jean Peckham. Où nous 
semble être la vérité î 

Yoici comment Oudin argumente en faveur de 
David. L'auteur d'un traité De profectu religiosorum 
cite, dit-il, dans son prologue et s'attribue formelld- 
ment un autre traité. De exterioris hominis composi- 
tione, qui n'est certainement et ne peut être que notre 
Spéculum disciplina. Or, ce De profectu religiosorum, 
donné quelquefois à saint Bonaventure, est, on Ta 
reconnu, de David d'Augsbourg. Donc il faut recon- 
naître qu'il est pareillement l'auteur du Spéculum 
disciplinse (1). 

Mais, répond Sbaraglia, la mineure de cette argu- 
mentation n*est pas recevable. Ce prétendu traité De 

(1) Comm. de Script, eccUsim, t. Ill^ goI. 433t 



152 MANUSCRITS LATINS 

exterioris hominis compositione n'est aucunement^ 
le Spéculum disciplina publié dans les Œuvres d€^ 
saint Bonaventure ; c'est la première partie d'un livre 
intitulé De institutions novitiorum que s'est à bon 
droit attribué l'auteur du De profectu religiosorum; 
ces deux écrits, dont l'un complète l'autre, sont, en 
effet, de la même plume, et tout le monde accorde 
qu^ils appartiennent l'un et l'autre à David d'Augs- 
bourg. Or puisqu'il ne s'agit aucunement du Spécu- 
lum disciplinx dans le prologue du De profectu reli" 
giosorumij Oudin s'est à tort félicité d'avoir résolu la 
question avant lui plus d'une fois discutée ; l'auteur 
du Spéculum disciplina reste à trouver. Est-ce donc, 
comme on l'a cru longtemps, saint Bonaventure ? Non 
pas, ajoute Sbaraglia; mais un de ses disciples, que 
nous désigne clairement l'ancien Mémorial de Vordre 
des Mineurs, disant que c'est un savant maître à qui 
l'on doit aussi le traité De la perfection évangélique 
et la Vie de saint Antoine de Padoue; c'est donc 
Jean Peckham (1). 

Cela parait clair à Sbaraglia. Cela pourtant ne l'est 
pas. Il est vrai que les anciens bibliographes mettent 
au compte de Jean Peckham un traité De la perfection 
évangélique ; mais pas un ne mentionne parmi ses 
œuvres soit la Yie de saint Antoine soit le Spéculum 
disciplina. 

Nous nous demandons si l'auteur du Mémorial n^a 
pas commis une erreur facile. Deux autres miroirs 
sont donnés à Jean Peckham par son compatriote Le- 

(i) Sbaralea, SuppL Wadd., p. 162. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 153 

land, un Spéculum animœ et un Spéculum ecclesiœ. 
L'auteur du Mémorial n'a-t-il pas confondu l'un de 
ces deux livres ayec le Spéculum' disciplinœ ? Quoi 
qu'il en soit, Sbaraglia n'allègue au profit de Jean 
Peckham qu'un assez vague témoignage, et ce vague 
témoignage n'est confirmé ni par quelque bibliographe 
ni par quelque manuscrit. 

Pas un manuscrit n'est donc cité qui porte le nom 
de Peckham ; pas un non plus qui porte celui de 
David. En fait on n'en cite aucun, avec ou sans un 
nom quelconque. Pour notre part, nous n'en avons 
jusqu'à présent rencontré qu'un seul, celui dont la 
description est l'objet de cette notice, et il est intitulé: 
Spéculum disciplinœ, compositum a fratre Bemardo de 
Bessa^ ordinis sancti Francisci. Ainsi l'attribution de 
^uc Wadding est confirmée par le seul manuscrit 
lont on ait encore invoqué le témoignage dans ce 
procès qui dure depuis si longtemps, et c'est un ma- 
luscrit de bonne date, dont l'autorité ne semble pas 
contestable. Nous croyons donc qu'il faut tenir pour 
vrai ce qu'il atteste, en écartant toutefois la supposi- 
tion de Wadding quaat à la collaboration de saint 
Bonaventure. Saint Bonaventure a pu conseiller, or- 
donner même à son secrétaire de composer cet utile 
Spéculum ; mais rien n'indique qu'il en ait dicté lui- 
même la meilleure part. L'ouvrage est tout entier du 
même style, et ce style sec, pédagogique, sans aban- 
don, n'est pas celui de saint Bonaventure. 

A la fin de notre volume est une épitre Ad quem* 
dam novitium insolentem et instabilem, dont l'au- 
teur est aussi Bernard de Besse : Ejusdem cujus 



154 MANUSCRITS LATINS 

et Spéculum disciplina. Tel est le début de cette 
pièce : 

Yidi, carissime, faciem tuam apud Montiniacum castrom, 
yenerabili pâtre ministro proYinciali pressente. Tune te mihi 
prsBsentia corporalis exhibuit, nuno memoria repraesentat, 
et quem prtesentem allocutus sum et hortatus ad bonum, 
absentem nunc duxi per litteras alloquendum. 

C'est une allocution amicale, où sont compendieu- 
sement exposées les règles principales de la vie reli- 
gieuse. 

257 

Cette Brevis introductio ad dictamen commence piSiT' 
trois vers dont quelques mots sont illisibles. Les 
voici d'après un autre manuscrit qui se trouve à Flo-- 
rence (i) : 

Bononia natus, natali dum studet urbe, 
Hune est laetatus breviter juvenum dare turbœ 
Traetatum, noseat que sie quid epistola poscat. 

Ces méchants vers ne nous apprennent rien et nous 
avons recherché vainement quel en est Tauteur. Le3 
professeurs de grammaire que mentionne Sarti sont 
en très petit nombre et pas un n'est Bolonais. Les mo- 
dèles de lettres qui suivent les vers nous donnent 
simplement lieu de supposer que ce Bolonais, con- 
temporain de l'empereur Albert V% de Philippe, roi 
de France et du pape Benoit XI, vivait dans les pre- 
mières années du xiv® siècle. 

Son traité, très court, n'est guère instructif. On y 

(1) Bandini, CataL bibU Laur., t. III, col. 748. 



i.f 



DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 155 

remarque, toutefois, fol. 10, d'autres vers où sont 
exposées sommairement toutes les règles du cursus 
romain : 

Ut cursus formare scias hanc accipe legem. 
Ad membri finem geminas concurrere yoces 
Ârs jubet, utrasque triplicem quartumye notarum 
Implentes numerum ; penultima sed nota quarti 
Altéra submissam, longam petit altéra vocem... 

Ces règles sont ensuite expliquées en prose. On lit 
â la fin du volume : Explicit liber Bononix nati. 



258 

Le traité de logique incomplet par lequel commence 
^^ volume est celui de Pierre d'Espagne, intitulé 
S'tcmmulm^ que nous avons cité sous le n* 219 du 
même fonds. Nous n'avons pas ici les chapitres qui 
ti^aitentdes premières catégories; il s'agit d'abord de 
1>^ relation [Ad aliquid)^ puis de la qualité. 

Au fol. 72 le Physiologibs^ ou Tractatus de naturis 

^^^"^limaliimi, poème que Beaugendre a publié dans les 

CèBuvres d'Hildebert (col. 1173). Ce qu'il a fait en 

oommettant une inconvenable étourderie. Le poème 

finit en effet, dans l'édition même de Beaugendre, par 

oesvers : 

Carminé finito, sit Laus et gloria Christo ; 
Coi, si non alii, placeant hœc ïnetra Tibaldi. 

Ainsi Thibaud s'est dit expressément l'auteur de ces 
vers, et quand Beaugendre les publiait comme étant 

(1) Gi-dessus, p. 142. 



156 MANUSCRITS LATINS 

d'Hildebert et, disait-il, nondum editi, ils avaient été, 
neuf fois au moins imprimés, dès le xv* siècle^ sous 
le nom de Thibaud (I). On ne sait rien d'ailleurs suf 
ce poète, que Ton place par conjecture au xii* siècle; i\ 
est appelé, dans notre n® 8321, Theobaldus de Plesertr 
Ha. La copie de ses vers que contient notre volume 
est incomplète et détestable. Mais il est facile de la 
corriger, car on en a conservé beaucoup d'autres qui 
sont d'une meilleure date. 

Au fol. 77, un autre traité de logique, qui com- 
mence par : Ut ait Philosophus, in primo Posteriorum, 
ad hoc quod habeamus scientiam de aligna re, tria 
requiruntur. Cette logique anonyme est un com- 
mentaire assez étendu sur les premiers chapitres des 
Summulœ de Pierre d'Espagne. Tout le début se 
retrouve, presque sans changements, en tête d'uae 
autre glose qui contient notre n** 6433 (fol. 153). Mais 
quel est le plagiaire ? 

Au fol. 129, un troisième commentaire sur quel- 
ques paragraphes de la logique de Pierre d'Espagao . 

Au fol. 143, diverses questions de logique, soas 
ces titres. De consequentiis, de disjunctiviSy de régula^ 
causati, de eœceptivis. 



280 



Tout est anonyme dans ce volume, dont les plus 
anciens possesseurs paraissent avoir été les moines 
bénédictins de Golombs. 



(1) Hain, ReperU bibl, n« 15467-15475. 



^ e 



re< 



1 



ï DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 157 

LTsV II commence par un opuscule intitulé pompeuse- 
?. 1 ment : Ars prœdicandi. Ce n'est pas l'écrit d'Alain 
u^\ que Ton conùaît sous ce titre. L'auteur s'est unique- 
è^ ment proposé d'enseigner aux prédicateurs comment 
Pîl ils doivent paraphraser les thèmes de leurs sermons. 
C'est donc la matière traitée par le moine Richard 
dans le n** 249 du collège Merton et par Olivier de 
Went dans le n? 317 de Saint-Omer. Voici le début 
de notre Ars prasdicandi : Octo modis potest aliquis 
abundare in themate. Primo per qualescumque terrai" 
l'y\\ ni notificationes. Ces huit modes sommairement dé- 
finis, l'auteur offre aux prédicateurs quelques ma- 
tières à développer, leur enseignant même où ils 
doivent placer, dans leurs sermons, quelques propos 
injurieux sur le compte de leurs contemporains, 
séculiers ou réguliers. Il n'a pas besoin d'ajouter que 
^e prédicateur régulier fera cette injure aux séculiers 
ôt le séculier aux réguliers. 

A la suite, une série de vingt-deux sermons dont 
*^ous avons déjà rencontré le plus grand nombre en 
^ * autres recueils. Une note moderne, qu'on lit entête 
^11 volume, semble les attribuer à Tauteur de VArs 
Z^rœdicandi qui précède. Si c'est bien là ce que dit 
-■-Q note, elle est, selon nous, erronée. Voici le détail 
^ies vingt-deux sermons : 

Fol. 16. Ero quasi ros et Israël germinabit . . . — 

^oquitur propheta in persona filii Dei adventum 

^^-wwm in carnem promittentis. Un autre exemplaire 

anonyme de ce sermon est dans le n'* 3574 

^iol. 1). 

Fol, 20. Susceptum Noemi puerv/m posuit... — 



158 MANUSCRITS LATINS 

Iste puerjuxta litteram vocabaêur Obethj qui nahaat 
ex Booz. Autre copie : n® 3574 (fol, 4), 

Fol. 23. Inebriabuntur ab ubertate domus. . . «^ 
Hic noiatur triplex festum hodiemum ; sciliceê epiphth 
nia^ theophania^ beihphania. Autre copie : n^ 3574 
(fol. 5). 

Fol. 26. Sint lumbi vestri prmcincti . . . — Hodie G9- 
lebrat Ecclesia triplicem fesHvitatem, triplici vocabulo 
appellatam. Autre copie : n° 3574 (fol. 8). L'orateur 
cite Adam de Perseigne, fol. 29, col. 2. 

Fol. 31. Convertimini ad me in toto corde... — 
Quat^Mr gênera hominum indigène conversione ad 
Deum. Nous n'avons pas rencontré ce long sermon 
dans le n<> 3574. 

Fol. ii. DtÂCtiis est Jésus in desertum... ^^Jmta 
litteram^ secundum glosam, post baptismum, sine m(h 
ra, ducius est a Spiritu. Autre copie : n** 3574 (fol. 11). 
Est ici cité Pierre le Mangeur (fol. 43, col. 2). 

Fol. 45. Borate cseli desuper... -^His verbispro- 
pheta petit adventum Filii in carnem sub metaphora. 
Autre copie : n^ 3574 (fol. 15). 

Fol. 48. Hiems transiity imber abiit. — Hœc verba 
bene competunt diei qux vulgariter Pascha Floridum 
appellatur. Autre copie : n** 3574 (fol. 17). 

Fol. 51. Terra, ne operias sanguinem meum... 
— Verba sv/nt Job, qui interpretatur dolens; et signi' 
ficat illum de quo Isaias.. Pas d'autre copie. 

Fol. 54. Bœc dies quam fecit Dominus. . . — * Specu^ 
lator illucescente die inoipit tuba canere. Autre copie : 
no 3574 (fol. 19). 

Fol, 57. Ascendit Jonathas manibw.^^ — Hia pas- 



DE LÀ. BIBLIOTHÂQUE NATIONALE 159 

sumtùs tangere septem circa dominioam ascensionem . 
Autre copie : n« 3574 (fol. 22). 

Fol. 62. Pater vester de cœlo dabit spiritum... -^ 
In hoc evangelio^ sicut dicit AitgiLsUnm^ audimus eum- 
dsTYi Dominum. Pas d'autre copie. 

Fol. 66. Sancius, sanctits, sanottts. . . — Hoc est 
canHcy>m séraphin, id esè angelorum, sec%mdvm\ 
Isaiam et sanctorum animaliuni jibxta Joannem, 

Est ici cité (fol. 68, c. 3) le traité De sacramentis de 
Hugues de Saint- Victor. Un peu plus loin (fpl. 69, 
col. 1 et fol. 70, col. 2) le livre De tribits diebus du 
même docteur, annexé sans raison au Didascalicon 
par plusieurs éditeurs de ses Œuvres (1). Ce long 
sermon n'est guère qu'un assemblage de phrases 
empruntées à saint Augustin, saint Bernard, Hugues 
de Saint- Victor. 

Fol. 73. Exstvdiis suis intelligetv/r puer. . . — Le^ 
gitur in Evangelio quod^ nato Joanne^ Deoque nativi- 
tatem ejus miraculis illustrante.,. Pas d'autre copie. 
Au fol. 74, col. 2, une citation de saint Odilon, abbé 
de Gluny. 

Fol. 78. Fecit Deus duo luminaria. . . — Firmamen'^ 
tum diâtur Ecclesia militans^ quia tanquam média 
dividit aquas. Pas d'autre copie. Il y a, vers la fin de 
ce sermon, quelques remontrances à l'adresse des re- 
ligieux qui, toujours absents du cloître, font au de- 
Ixors le métier de gens d'affaires et ne savent plus 
ce que c'est que contempler et prier. 

Fol 86. Ingressa Esther cuncta per ordinem. .. — 

(1) Lei Œuvres de Hugues de Saint-^Victorf p. 98. 



160 MANUSCRITS LATINS 

Esther congruentissime désignât beatam Virginemytum 
propter nominis interpretationem. Pas d'autres co- 
pies. Tout ce sermon est un assemblage de phrases 
empruntées à saint Bernard. 

Fol. 91 . Oii>3B est ista qux progreditur. . . — Hic Sa- 
lomon, spiritu prophetico prœvidens futura, vel chorus 
angelorv/m in spécula cemens. Pas d'autre copie. Salât 
Bernard est encore ici fréquemment cité. 

Fol. 96. Species cxli gloria stellarum. . . — Nomine 
stellary/m intelliguntur omnes sancti quorum hodie 
communis solemnitas. Sermon pour la Toussaint. Pas 
d'autre copie. 

Fol. 101. Salutate Mariant, giùds multum. .. -- 
Hoc scribit apostolus Romanis de quadam matrom 
romana. Pas d'autre copie. 

Fol. 103. Beatus venter qui te portavit. .. — Ven' 
ter beatx Virginis recte beatus dicitur, quia bonum 
fructum tulit. Pas d'autre copie. 

Tous les sermons qui précèdent paraissent avoir été 
prononcés devant des moines, et, saint Bernard y 
étant souvent nommé, nous les croyons d'un moine 
cistercien. Nous tenons d'ailleurs pour certain que 
ces sermons ne sont pas antérieurs au xiii® siècle; 
on y cite, en effet, des livres d'Aristote que le xii' siè- 
cle n'a pas connus. 

Fol. 105. Eligite mellorem et eum. . . — Hxc verba 
misit Jehu ad optimales Samariœ, qux satis competunt 
prœsenti negotio. Pas d'autre copie. 

Cette affaire présente est Télection d'un évêque. Le 
sermon dont nous venons de citer le début fut pro- 
noncé par un chanoine, dans un chapitre cathédral. 



t^ 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 161 

avant l'ouverture d'un scrutin. Il n'est donc pas sur- 
prenant que le style de ce sermon soit beaucoup plus 
libre que celui des sermons précédents. Redoutant» 
comme il semble, le résultat du vote, le chanoine 
commence par mettre en doute l'honnêteté des élec- 
teurs. Eligite meliorerriy écrit Jéhu aux optimate& 
Samarix ; mais aussitôt, s'écrie l'orateur, ces opti-» 
mates où sont-ils? Je les cherche et ne les vois 
pas. Sed heu I hodie plurimiy qui debererU esse op- 
timateSf, facti sunt^ ut ita dicam, pessimates. Il est 
probable que ce jeu de mots fut accueilli par quel- 
ques murmures. Plus loin : 

Nunc in quibusdam ecclesiis accidisse videtur quod in 

Isaia, I, dicitur : Lerelinquetur filia Sion sicut umbracu- 

ium in vinea, et cet. Hujusmodi enim habitacula nunquam 

a custodibus frequentantur nisi quando sunt fructus in 

vinea vel in horto ; sic et plurimi clericorum raro vel nun- 

Q^viam fréquentant ecclesias nisi propter fructus temporales^ 

vadunt ad matutinas vel anniversaria nisi quanda 

stribuenda est ibi pecunia, quam statim ut acceperunt 

rga vertentes recedunt. 

Le reste est sur le même ton : 

Si requirentur porci quam arborem eligi vellent in regem 

cl prœlatum, libenter eligerent ilicem vel quercum. Sic 

erici gulosi et luxuriosi nolunt praelatum eligere nisi qui 

«ne pascat eos, et de tali fabricant idolum suum^ scilicet 

qui epulatur quotidie cum sociis suis splendide. 

Il n'y a que de bons conseils dans ce très long 
sermon; mais ils sont donnés avec une grande ru- 
desse. Quand on entend l'orateur qualifier avec si peu 
de charité les candidats qu'il tient pour suspects 

d'ambition, d'intrigue, d'hypocrisie, qu est enclin à 
VI ' 11 



162 ftANUSCRH^ Lkrû^i 

supposer t|tie lô Men àvàit tontes leS tèlitis. ilûi 
i)^6St-it fmS habituel aux hommes dé parti de ctoi^ 
ou de dife pal^its les prétendants qui se sont off6ïtt 
potit tes teprésëîiter et les ôétvii' î 

Fôl. 115. Viiitabis fratres tuoè, . . -^ Haèc ver^ad\r 
CÔ îkài David ^ filfô sïto. Da\)id gerit typkim Bt figuTàm 
r){stèàtorls. Alitfe exetïiptaire âùoûyme : n* 1Î5953 
(fôl. 56). 

€e sêttnbfi, Ihtitulè, dans leè deu* tnaïiuscrfts, In 
iHHtâàioHihiJtèy {mrait être aussi d'un clerc sécuUet. 

Là fin du Volume est occupée par un fnanuel de 
théologie morale, mal intitulé liber de pœnitentiàf 
que nous avons dans le n® 3124 (2057 de C!olbert) 
sous le nom d'un frère Viaoent. Ge frère Vinceat 
est, «^Vaftl Échaté et M. D«ânôu (1), Yint^nt de 
BeaûVàiâ. On tf eîà peut guère douter, le livre entier 
n'étant qu'un recueil d'extraits bien ordonnés^ C'est 
ainsi que Viav^eat de Seaovais ^m^sait tous ses 
livrtS. 



i»14 



Ce vv^luffie nous offire d'abord, sous ce titre com^' 
mUb, Db m>fe illtmribù^^ tes trôiè ïïotttenclatùres bien 
connues de saint Jérôme, de Gennadius et de Sige- 
bert. A la suite, un Liber cujusdam^ sous le même 
titte, sut lequel nous avottà pluà à dil*é. 

Cn îaboHeuX phîlôlôgùô, d'une érudition variée, 
Suiftide Pètiri, publiait 6e ïîvrè,'pôùt la première fois, 



(1) iifcft. littir. de ta Ft.y\. XVffi, p. <te* 



DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 163 

• - - 

en Tannée 1580, sous le nom de'Henri de pand. Cette 
attribution aurait dû paraître au moins singulière. Ce- 
pendant on ne s'avisa pas de la suspecter, et quand 
çUe eut été confirmée par deux publications nouvelles 
du même opuscule, celle d^Aubert Lemire en 1639 
et celle de Jacques-Albert Fabricius en 1718, elle 
eut dès lors acquis l'autorité de ces traditions dont 
on ne songe plus à rechercher ni l'origine ni le vrai 
sens. Un seul Henri de Gand était alors connu : c'é- 
tait ce libre philosophe qui avait fait si grande figure, 
au xm® siècle, même à côté d'Albert le Grand, de 
saint Thomas et Duns Scot. Nul autre que lui n'avait 
donc pu composer le petit manuel d'histoire litté- 
raire qui portait son nom. Tel fut le sentiment de 
tous les bibliographes; ou du moins, dès que l'un 
d'eux eut porté cet écrit au catalogue des œuvres 
laissées par le philosophe, tous ceux qui vinrent en- 
suite firent de même. C'est pourquoi M. François 
Huet. disait à bon droit, en l'année 1838, que pas un 
critique n'avait encore exprimé le moindre doute ni 
sur le nom ni sur la personne de Pauteur; que c'était 
pour tout le monde le célèbre et très justement célè- 
bre Henri de Gand (1). 

Mais de quoi ne doute-t-on pas aujourd'hui? 
Après avoir reconnu que plusieurs des notices insé- 
rées dans l'opuscule se rapportent à des écrivains 
morts après Henri, nous avons d'abord, en signalant 
ce fait, timidement troublé l'accord général qu'avait 
constaté M. Huet. L'attribution, si longtemps admise 

(1) Recherches hist. et criU sur la vie et lei ouvrages de Uenfi 
de Gandf p. 75. 



164 MANUSCRITS LATINS 

sans aucune méfiance, devait être, disions-nous, dis- 
cutée (i). Ayant donc ainsi posé la question, nous 
avons ensuite formé le dessein de la résoudre. 

Le premier éditeur du Liber de viris illv^tribus ne 
s'est pas expliqué sur les raisons qui Tout conduit à 
nommer l'auteur de Henri de Gand. Ce nom peu vrai- 
semblable, Ta-t-il trouvé quelque part ou Ta-t-il sup- 
posé? Voilà ce qu'il nous laisse ignorer; il n'y a pas 
d'avertissement en tête de son volume. Mais, pour 
Aubert Lemire et Fabricius, il s'agit indubitablement 
du philosophe. Il est donc permis de les prendre à 
partie et de leur demander s'ils ont quelque argument 
à produire en faveur de leur opinion. Aubert Lemire 
allègue le témoignage de Sanders, mais, comme San- 
ders n'en allègue pas un autre que celui de Suffride 
PetrijCes deux témoignages se confondent en un seul, 
dont rinsuffisance est reconnue. Ainsi nous avons à 
faire Tenquête que Lemire et Sanders n'ont pas 
faite. 

Jean Gapgrave mentionne Henri de (jand (il n'y 
pouvait manquer) dans son Liber de illustribus Henri- 
cù; mais, s'il le signale comme un philosophe de 
grande renommée, il laisse clairement voir qu'il ne le 
connaît pas du tout comme historien (2). Après Jean 
Gapgrave , Philippe de Bergame parait être le plus 
ancien des chroniqueurs qui nous ont transmis quel- 
ques informations sur le même personnage, et celles 
que nous tenons de lui sont particulièrement dignes 
de confiance. Admirateur de son mérite et, comme il 

(1) ffist. lut. de la Fr.,U XXVII, p. 105. 

(2) Liber de illustrib, Henricis, cap. xi. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 165 

semble, partisan de sa doctrine, il cite et cite exacte- 
ment presque tous ses ouvrages, sa Somme de théolo* 
gie, ses Quodlibeta, ses commentaires sur les Sentences^ 
sur la Physique et la Métaphysique d'Aristote, etc. ; 
mais, quant au traité diversement intitulé : Liber de 
viris illtLstribus ou de scriptoribics ecclesiasHcis, il n'en 
dit rien (1). C'est en Tannée 1483 que Philippe de 
Bergame publiait sa Chronique. Dix ans après, Jean 
de Trittenheim mettait la dernière main à son Cata* 
logue des écrivains ecclésiastiques, manuel spécial et 
précieux d'histoire littéraire, où nous trouvons au- 
jourd'hui, soigneusement enregistrées, toutes les 
notions alors acquises ou conservées sur les écrivains 
des siècles précédents. Eh bien, quand ce biblio- 
graphe scrupuleux a successivement mentionné tous 
les ouvrages à lui connus du célèbre Gantois, il a de 
même gardé le silence sur le Liber de viris illustribibs ; 
ce titre manque dans sa notice comme dans celles de 
Philippe de Bergame et de Jean Capgrave. Devons- 
nous supposer, avec M. Lajard, que, si Jean de Trit- 
tenheim n'a pas cité ce livre, c'est qu'il en ignorait 
Texistence (2) ? Nous avons, au contraire, à montrer 
que la supposition de M. Lajard n'est aucunement 
acceptable; en effet, quatre petits articles de ce 
livre, ceux qui concernent Odon de Cambrai, Aelred, 
Gauthier de Lille, évèque de Maguelone, et le frère 
Prêcheur Gérard de Liège (3), se retrouvent littéra- 



(1) Pbilipp. Bergam. «Supp^m. chronic, ; adannum 1301. 

(2) Hist. litt.de la Fr.., t, XX, p. 201. 

X3) Ces quatre articles sont sous les numéros 4, 13, 19 et 53 du 
Lièer de viris illustribus. 



166 MANUSCRITS LATINS 

(■ . . ; .. . . ' " • 

lement reproduits dans les articles plus étendus 

^ue Jeaa de Trittenheim a consacrés aux mêmes 
écrivains. Ainsi, Ton n'en peut douter, il a connu 
le Liber de viris illustribus; mais il ne Ta pas 
connu sous le nom du philosophe Henri de Gand. 
Nous avons enSn, parmi les anciens bibliographes,^ 
Jean van der Meulen {Joannes Molanv^), qui compo- 
sait, vers Tannée 1575, une Bibliothèque sacrée 
dont Aubert Lemire nous a communiqué, sans y 
prendre assez garde, un fragment relatif aux écrits de 
ce philosophe. Or \e Liber de viris illustribus n'est pas 
non plus cité dans ce fragment. Ainsi, notre enquête' 
achevée chez les anciens bibliographes, nous en pou- 
vons sûrement conclure qu'avant Tannée 1580, c'est- 
à-dire avant la première édition du livre, aucun 
d'eux n'en avait nommé Tauteur Henri de Gand. 
^ Le premier éditeur avait-il rencontré par hasard 
quelque manuscrit où se lisait le nom qu'il a simple- 
ment et naïvement transcrit? Gela n'est certes pas 
impossible ; on sait, en effet, avec quelle liberté les 
copistes du moyen âge assignaient un livre anonyme 
à tel ou tel écrivain en renom. Cependant nous avons 
vainement recherché ce manuscrit ou un semblable. 
L'ouvrage a-t-il été souvent copié? Nous n'avons pas 
lieu de le croire. En tout cas, les copies en sont rares 
aujourd'hui; nous n'en avons pu découvrir qu'une 
seule, à la Bibliothèque nationale, dans ce n^ 314 
des Nouvelles acquisitions. Ce volume parait être 
des premières années du xiv* siècle. Mais le nom 
de Tauteur ne s'y trouve pas. Il y a plus : le copiste 
sincère à qui nous devons ce volume déclare exprès- 



DE LÀ BlBLIOTHàQUS NATIONALE 16T 

sèment que cet auteur est incooni;, puisqu'il 
intitule son livre, au feuillet 74 : Lib^r ovém4<^m 
de viris illustribit^. À CQ n^iot o^j^ufdqtift, eiA joi^tei il 
est vrai| l'annotation suivc^nte : Kst ff^nrici G(vn4(h^ 
vensis; quod atte^tor $go AubenVf^ Mirm^s, ^ Qoiohriji 
1639. Mais cette attestation est mt^s a.M^^ne valear. 
En Tannée 1639, yi^ant de {Hibl^r sqq édition, 
Aubert Leiiiire voit notre manuscrit, ; tfQuve le livfç 
attribué sans contestation, depuifi pliW 4'un 4ami<^ 
siècle, à maître Henri de Gand, et, 4'uQO B^ain sûre, 
il atteste aussitôt la col^for^ité diji m^^uacrit ^. de 
l'édition donnée par Suffride Pétri i par lui-mâme 
reproduite» Voilà tout ce que la Qoti@ «ignifie et ri@Q 
fiei plus. 

4insi nous n'avons obtenu d'aucun éftiteiK^i d'aueuQ 
bibliographe et d*aucuu maouscrit un commencement 
de preuve relativement à Taut^u? de cet opuscule 
quelquefois iustructif, le plus souvent banal et sans 
intérêt. Voyous maintenaut si Topuscule lui-même ne 
nous offre pas çertaiu^ iudices qui pourraient sup?^ 
pléer aux témoignages absents. 

Dans la potice sur Albert le Grand, on lit que ce 
docteur» ayant déjà fait beaucoup de livres, eu fait 
encore. G'e^t pourquoi, suivant Échard, on doit tenir 
pour certain que le Liber de viris illu&tribu^ fut com^* 
posé vers l'aunéç 1274, Albert n'ayant rien écrit de 
notable après ce temps-ià (1). Cette conclusion est 
peut-être trop rigoureuse. L*auteurnous semble avoir 
voulu dire, avec moins de précision, que, lorsqu'il 

(i) Quétifet Échard, Script, ord. Pr^4,^X, I,p, 218^ 



168 MANUSCRITS LATINS 

faisait son livre, Albert le Grand était encore m 
nombre des vivants ; or on sait qu'il mourut le 5 no- 
vembre 1280. Quoi qu'il en soit, antérieur soit à Tan- 
née 1274, soit à Tannée 1281, le Liber de viris fite- 
tribus contient certainement trois notices interpolées^ 
celles qui, sous les n** 56, 57 et 58, se rapportent aux 
trois moines d^Âfflighem , Simon , Guillaume de 
Malines et Henri de Bruxelles. Sixte de Sienne nous 
ussure, en effet, que Simon survécut à Tannée 1300, 
et nous savons que Guillaume de Malines mourut en 
Tannée 1297 (1), Henri de Bruxelles en Tannée 
1313 (2). Ces trois notices étant donc retranchées, 
interrogeons le reste. 

Henri de Gand, à tort appelé, pendant longtemps, 
Henri de Goethals, fils d'un artisan, non d'un noble 
Gantois, s'étant pris de passion, dès sa plus tendre 
jeunesse, autant pour les lettres profanes que pour 
les lettres sacrées, fut, d'abord, dit-on, à Cologne, 
puis, plus sûrement, à Paris, un des auditeurs d'Albert 
le Grand. Il n'adhéra pas, ce qu'on lui reproche, à sa 
doctrine ; il se fit même un devoir, dès qu'il eut le 
droit d'enseigner^ de la combattre ; mais il la com- 
battit après Tavoir beaucoup étudiée, s'éloignant 
d'Albert pour s'éloigner d'Aristote et se rapprocher de 
Platon. Or voici comment s'exprime sur Albert le 
Grand l'auteur du Liber de viris illustribus^ au n^ 43: 
« Albert, de Tordre des frères Prêcheurs, lecteur du 
« couvent de cet ordre à Cologne, homme très 
« savant, a, dit-on, beaucoup écrit et écrit encore, 

(1) Hist, îittér. de la Fr,, t. XXI, p. 56. 
\2)/ôîd., t. XXVII, p. 106. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 169 

t multa et scripsisse fertur et scribere; maïs je n'ai lu 
w de lui, je l'avoue, que la première partie de ses 
V postilles sur saint Luc; et qu^il me soit permis de 
a répéter sans Foffenser qu'au rapport de certaines 
« personnes il obscurcit quelque peu le pur éclat de 
i€ la théologie quand il vise trop à la subtilité de la 
« philosophie profane. » Voilà donc comment Henri 
de Gand aurait parlé de son propre maître ! « Il a, 
dit-on, beaucoup écrit : » Henri ne sait cela que par 
ouï dire ; il n'a « lu que la première partie de ses 
postilles sur saint Luc. » Quoi ! pas un de ses com- 
mentaires sur la logique, la physique et la métaphy- 
sique d'Aristote ! Ces commentaires fameux que, sans 
doute à regret, toujours, du moins, avec respect, 
Henri de Gand a fréquemment censurés et quMl a 
même quelquefois cités, contre l'usage, sous le nom 
de l'auteur encore vivant (1), il ne les a jamais lus, et 
il l'avoue. Enfin il demande la permission de répéter, 
sur le a rapport de certaines personnes, » qu'il y a 
dans ces écrits trop de subtilités, trop de vieilleries 
profanes. Et c'est là ce que répète, c'est là tout ce 
que nous apprend sur le théologien le plus cir- 
conspect, le plus réservé, qui pratiqua le moins Tart 
des sophistes, un philosophe qui fut peut-être le plus 
profane de son temps, qui fut certainement le plus 
subtil avant Duns Scot ! 

Mais poursuivons. A l'école d'Albert, Henri de 
Gand connut saint Thomas, et, saint Thomas étant 
resté constamment fidèle à la doctrine d'Albert, Henri 

(1) Le commentaire d'Albert le Grand sur le Traité de rame est 
cité dans les Quodlibeta de Henri (quodlib. I, qusBsl. xii). 



170 MANUSCRITS LATINS 

$^est déclaré contre le disciple aussi résolum^Qt^ mi 
franchement que contre le maître. Il y a plus : après 
avoir siégé dans cette assemblée de Tannée 1277 où 
furent condamnées plusieurs propositions attribuées 
à saint Thomas (1), il a verbeus^ment commenté les 
termes de la sentence, et le soin qu'il a pris de la 
justifier fait soupçonner qu'il l'a dictée (2). Nul ne 
connaît mieux que lui saint Thomas, comme théolo- 
gien et comme philosophe. Or quelle mention fait de 
saint Thomas l'auteur du Liber de viris illu$trilfy^1 
C'est incidemment qu'il parle de cet éminent docteur, 
à propos d'un autre, et voici tout ce qu'il dit de lui ; 
<c Thomas, de l'ordre des frères Prêcheursi, appelé 
« Thomas d'Aquin, écrivit contre le violent libelle de 
k Guillaume de Saint-Amour un écrit très subtil, où 
« sont démontrées et réfutées les erreurs dudit Guil- 
f laume (3). » Oui, c'est là tout. On a plusieurs foisf 
remarqué l'étrange brièveté de cette notice, et Ton a 
Joint à cette remarque des explications diverses, nous 
pouvons même dire tout à fait discordantes. Suivant 
les uns, Henri n'a pu traiter saint Thomas de cette 
façon que par envie; suivant d'autres, ayant à parler 
d'un tel adversaire au moment où sa mort venait de 
mettre en deuil un ordre tout entier, il s'est en quel- 
que sorte contenté de le nommer, par convenancQ, 



(1) Sa présence dans cette assemblée nous est connue par sa 
propre déclaration : «... In hoc concordabant omnes magistri theo- 
a logisB congregati super hoc, quorum eram unus. » QvtodlibeUi, 
quodl. II, quaest. ix.) 

(2) Quodlibeta; quodlib. II, qusest. viii. ~ HisL littér. de la 
Fr.y t, XX, p. 147. 

(3) NO 45. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 171 

)ar charité, en bon chrétien (!)• Entre une vertu rare 
et un vice vulgaire Toption est assurément embar- 
rassante ; mais, après tout, c'est pour le vice qu'il faut 
opter, puisque l'auteur supposé du petit livre a traité 
de même Albert et saint Thomas, le vivant elle mort. 
On doit donc, en définitive^ le tenir pour un histo- 
rien infidèle, qui, n'ayant pas voulu faire connaître à 
la postérité les écrits de ses glorieux rivaux, a feint de 
ne pas les avoir connus lui-même. 
\ Mais s'est-il montré, du moins, plus favorable aux 
théologiens, aux philosophes du parti contraire; nous 
voulons dire aux théologiens, aux philosophes de 
son propre parti 1 Henri de Gand invoque aouventi 
dans ses Qitodlibeta, le témoignage de Guillaume 
d'Auxerre (2); c'est un des maîtres contemporains 
qu'il paraît avoir le plus estimés, et à bon droit. Eh 
bien, ce théologien de grand mérite n'est pas même 
nommé dans le Liber de viris illustribus. Il était, sui- 
vant le philosophe, une des lumières du siècle; mais, 
pour rhistorien, il n'a pas vécu. Et le célèbre dicta- 
teur de l'école franciscaine, Alexandre de Halès^ à qui 
tout réaliste platonisant devait en ce lemps-là son 
premier hommage, quelle opinion notre historien 
professe-t-il sur ses écrits ? « Que la lecteur , dit-il, 
<c me pardonne si je ne lui fais pas connaître ce que 
« contiennent les livres de ce docteur, car je n*en 
« parle que pour en avoir entendu parler ; moi-même 
« je ne les ai pas lus. » 
Enfin le philosophe Henri de Gand était en 1278 

JiiYHUU mu de la Fr., t. XX, p. 202. 

*{2) Notaniment dans le Qùodlib, IX, quœst. viii et ix. 



172 BIANUSCRITS LATINS 

archidiacre de Tournai et mourut dans cette chargeeo 
1293. Or comment l'historien parle-t-il de Guiberl, 
lui-même archidiacre de celte église en 1270, qui fut 
un des écrivains les plus féconds et les plus estimés 
de son temps? Voici toute sa notice: Wiberttts Torm- 
censis' dicitur scripsisse Hodœporicon primm profectionis 
piœ memorim domini LudovicA^ régis Francorum, ad 
transmarinas partes. 

Il nous semble que la démonstration est faite. 
Évidemment ce contemporain d'Alexandre de Halès, 
de Guillaume d'Auxerre, d'Albert le Grand, de saint 
Thomas, de Guibert de Tournai, est demeuré tout à fait 
étranger aux études, aux débats de l'école. Il est venu 
jusqu'à lui que certains maîtres, appartenant aux ordres 
nouveaux, se sont distingués ou compromis en usant de 
méthodes dont l'abus peut avoir des suites fâcheuses ; 
mais il n'a de cela qu'une vague notion, et le peu 
qu'il en sait ne l'intéresse guère. Si donc il s'appelait 
Henri et s'il était de Gand, ce que nous ne refusons 
pas d'admettre (1), ce devait être quelque moine 
cloîtré, noir ou blanc, ou quelque chanoine soumis à 
la règle sévère de saint Augustin ; mais que désor- 
mais on ne le confonde plus avec son homonyme, 
le théologien abondant, le philosophe savant, ingé- 
nieux et profond, quoique, selon nous, dévoyé, 
que l'Université de Paris a surnommé le Docteur 
Solennel. 

Notre volume contient aussi l'appendice imprimé 

(1) Voir Dernières découvertes sur Henri de Gand, par M. de 
Pauw; Compte 7'endu des séances de la Commission d'hist. (Bruxel« 
les); 1889, p. 46. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 173 

psip Auberl Lemire sous ce titre : Appendix Henrico 
dandavensi subnecti solita. Il a peu d'intérêt. 

Au fol. 67, la traduction de quelques homélies de 
saint Jean Chrysostome par le diacre Anien, avec 
Tépitre à l'évéque Evangelus. Anien expose très clai- 
rement dans cette épitre pour quel motif il a traduit 
ces homélies. On Taccuse d*être pélagien; il entend 
prouver que, s'il Test, saint Jean Chrysostome Test 
comme lui. Uépitre et la traduction ont été publiées 
dans le sixième tome des Œuvres de Bède, p. 823 
et suiv. 

Au fol. 104, Hugo de S. Victore, Demedicina animas. 

Une note du xv* siècle nous invite à nous défier de 

<3e titre. In quibusdam antiquis libris, dit la note, 

^cribitur auctor hujus operis mag. Hugo, prior S. 

Laureniii. L'attribution de ces anciens copistes est la 

I)onne ; Tauteur est en effet Hugues de Fouilloi , 

prieur de Saint-Laurent. Nous Tavons dit sous les 

n~3218, 12321, 14512(1). 



Ce recueil a, croit-on, été formé par un religieux 
cluniste du xv* siècle. C'est une conjecture de M. De- 
lisle à laquelle nous adhérons. Le temps où vécut ce 
religieux est attesté par son goût pour les écrits mys- 
tiques et par son ignorance en fait d'histoire litté- 
raire. Ses attributions sont, en effet, le plus souvent 
erronées, et l'objet principal de cette notice sera de 
les rectifier. 

(2) Tome I, p- 205: t. II, p. 67; t. UI, p. 15. 



174 MANUSCRITS LATINS 

La feuille de garde nous offre d*abord quelqu65 
prières : à la vierge Marie, à sainte Apolline, etc., etc. 
Elles ne paraissent pas avoir d'intérêt. 

Nous avons ensuite, sous le nom de Hugues dft 
Rome, le traité du cardinal Hugues de Saint-Cher, in- 
titulé Spéculum ecclesiœ^ que d'assez nombreux ma- 
nuscrits donnent faussement à Hugues de Saint-Yic- 
tor. Nous l'avons déjà plusieurs fois rencontré (1). 

Au fol. 17, De duodecirn fribctibus sancti sacramenù 
aUarïs commençant par : Primus fructus est sanatio 
et mundatio animarum. Le style de cette pièce 
f)rouve assez qu'elle est du xv" siècle- C'est le 
style que nous appelons macaronique. Domine, 
s'écrie le pieux auteur, omnia bona gratix tux sx- 
plus perdidi ad hasardum peccati. Tel était alors 
le latin des plus graves docteurs, même celui du 
chancelier Jehan de Gerson. Du Gange ne cite pas le 
mot hasardum] mais il cite, sous le nom du chance*- 
lier, le mot sentimentum, qui n'est pas moins barbare. 
Quel besoin avaient -ils de fabriquer ces affreux 
mots-là ? 

Au fol. 21, Versus de Jesu glorioso nomine. C'est le 
Jubilus attribué souvent à saint Bernard. Nous som- 
mes las de répéter que c'est une attribution calom- 
nieuse (2). La pièce n'est pas ici complète. 

Au fol. 22, Contemplatio passionis Jesu Christiquam 
composuit beatus AugustiniùSy commençant par : Sep- 
ties in die laudem. . . — Rogasti me ut aliquem. . • 
C'est ici que, pour la première fois, nous voyons cet 

(1) Gi-dessus» p. 2 et .p. 91. 

(3) Des poèmes lat attrib. à S. Bernard, p. 63. Voir tome V« p. 66. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 175 

opnscdô mystique sous le nom de saint Augustin. Il 
est anonyme dans les n<^» 251, 259 de Cambrai, 3726 
de Vienne, et dans deux volumes de Saint-Marc dé- 
crits par M. Valentinelli (1); mais l'habitude des co- 
pistes est de Tattribuer à saint Bernard. Il est sous 
Soûùom dans les n®" 2499 (fol. 131) de notre ancien 
ADnds, 1168 de la Mazarine, 974 de Grenoble, 201, 
^51 de Cambrai, 493 des Cod. Laud. miscell., à la 
^odléienne et dans un autre volume de Saint-Marc 
indiqué par M. Valentinelli (2). Mabillon ne l'a pour- 
vût pas admis dans les Œuvres de l'illustre abbé. Il 
a jugé sans doute que cette emphatique déclamation 
ne pouvait lui faire honneur. Il ne convient pas mieux 
assurément de l'attribuer à saint Augustin, qui n^a 
jamais si longtemps parlé pour ne rien dire. On l'a 
publiée sous le nom de Bède ; Patrologie^ t. XCXIV, 
col, 561. Sans plus déraison à notre avis. La dévotion 
était, du temps de Bède^ plus calme et moins bavarde. 
Les anciens n'ont pas connu cette sorte de rhéto- 
rique; elle est moderne. 

Au fol. 44, Planctus beati Augustini de beata et 
gloriosa semper Virgine Maria super passione Domini 
nostri Jesu Christi; commençant par: Quis dabit capi- 
timeo aquam?,.. — vos, filiœ Jérusalem... C'est 
là encore une attribution purement imaginaire. Nous 
avons dit, sous le n® 16499 (3), que cette pièce sou- 
vent copiée, quoique, selon notre goût, assez peu di- 
gne d'estime^ a le plus souvent été donnée parles 

(1) Cod. Man. S. Marci^ t. II, p. 56, 187. 

(2) /6td., U II, p. 59. 

(3) Tome V, p 14S. 



176 MANUSCRITS LATINS 

copistes à saint Anselme et à saint Bernard. Elle est 
peut-être encore ailleurs sous quelque autre nom. On 
ne sait, en fait, quel en est Tauteur, et saint Augus* 
tin est le moins vraisemblable. 

Aux feuillets 52, 54, 64, sous le nom de saint An- 
selme, trois oraisons qui ne lui peuvent être, croyons- 
nous, contestées. La première, commençant par Ter- 
rei me vita mea, a été citée sous le n"* 13576 (1). 
La deuxième, Anima mea, anima œrumnosa, parait 
avoir été moins goûtée, car les copies en sont moins 
nombreuses. Quant à la troisième, Anima christiana^ 
on n'a pas encore eu non plus Toccasion de la men- 
tionner. Ces trois pièces figurent dans les Œuvres de 
saint Anselme, au tome GLVIII de la Patrologiey 
col. 722, 725, 762. Nous n'avons pas ici la fin de la 
troisième. 

Au fol. 65, la dernière partie d'un traité dont le titre 
est, au fol. 68, Spéculum peccatoris beati Gregorii. Ce 
traité n'est pas de saint Grégoire et n'a jamais été pu- 
blié sous son nom. 

Au fol. 68, sous le nom de saint Bernard, un autre 
Spéculum, le Spéculum monachoi^m qui commence 
par Si quis emendatioris vitx desiderio tactils. Nous 
l'avons précédemment cité sous le n® 3218 et nous 
avons dit que, si plus d'un autre copiste le donne à 
saint Bernard, il semble être plutôt, comme le pré- 
tend dom lissier, d'Arnoul, religieux de Bohé- 
ries (2). 

Au foL 70, sans nom d^auteur, un assez long frag- 

(l) Tome II, p. 248. (2) Tome I, p. 205. " 



DE LA BIBLIOTHàQUE NATIONALE 177 

^ml sur les devoirs des clercs officiants, intitulé Ad 
hoc quod sacerdos digne celebret, et dont voici les pre- 
miers mots : Primo j ex parte conficientiSy ad hoc 
quod aliquis digne- conficiat. Nous ignorons où le co- 
piste a pris ce fragment. Les conseils qu'on y donne 
sont précis ; il n'y a pas là de paraphrases littéraires. 
Cependant quelques vers y sont cités; ceux-ci par 
exemple : 

Tangere qui gaudes meretricem qualiter audes 
Palmis pollutis regem tractare salutis ? 

Ce sont là des vers que nous ne lisons pas ici 
pour la première fois; Jean de Yignai les a connus et 
transcrits dans sSiMargarita philosophiarum; u? 1038 
de l'Arsenal, fol. 40, col. 2. 

Après une page de plus courts extraits, les uns en 
prose, les autres en vers, des vers du xn« siècle, nous 
avons, au fol. 76 : Tractatits de honestate vitx a beato 
Bemardo editus. C'est l'écrit donné tantôt à saint 
Bernard, tantôt à Bernard Silvestris, dont il a été 
parlé sous le n° 13602 (1). On n'en a jamais connu 
Tauleur, qui n'est certainement ni l'un ni l'autre de 
ces Bernard. 

Au fol. 85, une courte prière, que suivent d'autres 
extraits, des dits moraux, cités sous les noms des 
anciens Pères, de saint Bernard, de Sénèque. 

Au fol. 88, des vers rythmiques à l'adresse des 
jeunes moines : 

Tu qui juste, 
Vel injuste, 
Hic fueris proclamatus. . . 

(1) Tome II, p. 344. 

VI 12 



178 MANUSCRITS LATINS 

Ces vers se lisent sous le nom de saint Bernaid 
dans les n^" 641 de Munich et 933 de Saint-Gall. Ils 
sont anonymes, comme ils le sont ici, dans notre 
nM5163 (1) et dans le n° 741 de Cambrai. Nous les 
croyons postérieurs de plus d'un siècle à saint Be^ 
nard(2). 

Après une oraison et un extrait de saint Augustin, 
d'autres vers anonymes : 

Amor sponte cor afûcit 
Et spontaneum efûcit ; 

Nulla cupit praemia. 
Amori non est angulus, 
Amori simples oculus, 

Nulla habet propria. . . 

D'autres copies anonymes de ce petit poème nous 
sont signalées dans les n®' 77 de Charleville et 417 
de la Palatine. Les deux premières strophes ont été 
publiées dans le catalogue de Charleville. Ce sont des 
vers pieux: Dieu seul est l'objet de l'amour ici chanté. 
Quant à l'auteur ignoré, c'est, à n'en pas douter, un 
contemporain de notre copiste. 

Du fol. 91 au fol. 94, un extrait et des prières qui 
sont toutes modernes. Au fol. 94, sous le nom de 
saint Augustin, une longue oraison, qui commence 
par : Dominator Domine, omnipotens rex cxli et terrXf 
du mihi peccatori confessionem quae tibi sU placita. 
C'est un moine qui fait cette prière; ce n'est donc 
pas saint Augustin. Ajoutons que ce moine s'accuse 
d'être ivrogne, gourmand et de venir tardivement 

(1) Tome IV, p.326. 

(2) Des poèm. lai. altr. à S, Bern. p. 52. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 179 

aux offices. Cela semble prouver qu'il vivait dans un 
temps où les anciennes règles étaient, comme on 
dit, tombées en désuétude. 
Au fol. 79, l'hymne à la Vierge, commençant par : 

Ecce ad te confugio, 
Virgo, nostra salvatio. . . 

Nous l'avons aussi dans les n"* 3639 (fol. 126) et 
16295 (fol. 6). Elle encore dans les no».410 de l'Ar- 
senal, 348 de Tours, 30 de la Palatine et 11325 de 
Munich. Elle n'est pas d'ailleurs inédite; M. Mono 
Ta publiée dans ses Hymni latini, t. II, p. 361. 
Le manuscrit de Munich est, dit-on, du xn® siècle. 
Qu'on nous permette d'en douter. 

Du fol. 100 au fol. 169, une longue série, rarement 
interrompue, d'oraisons en prose et en vers, que 
nous n'avons pas toutes ailleurs rencontrées. La plu- 
part réclament une mention particulière. 

Voici d'abord, sous le nom du pape Innocent, une 
prière à la Vierge, commençant par : Obsecro te, do- 
mina sancta Maria^ mater Dei, pietate plenissima. Ce 
pape est- il le troisième ou le quatrième du nom ? 
Nous ne sommes pas, à la vérité, très curieux de sa- 
voir auquel des deux le copiste attribue cette pièce 
indigne de l'un de l'autre. 

Au fol. 103 : 

O sancta Virgo virginum, 
QuïB genuisti Dominum. . . 

Cette prose est pareillement anonyme dans notre 
n*» 3639 (fol. 125). Pourquoi Beaugendre l'a-t-il publiée 



180 MANUSCRITS LATINS 

SOUS le nom de Marbode (1)? C'est là ce qu'il a né- 
gligé de nous apprendre. Peut-être n'avait-il pour le 
faire aucune raison, bonne ou mauvaise. Plus d'une 
attribution de Beaugendre est, nous l'avons cons- 
taté, de pure fantaisie. 

Au fol. 104 et au fol. 106, encore sous le nom de 
saint Augustin, deux prières, qui, ni Tune ni l'autre, 
ne sont de lui. A la fin de la première, le pécheur 
contrit supplie saint Martin d'intercéder en sa faveur 
et d'obtenir son pardon. Or, on peut douter que saint 
Augustin ait jamais entendu parler de saint Martin. 

Au fol. 106 : 

Summe summi tu patris unice^ 
Mundi faber et reetor fabricae. . . 

Sur cette pièce, plus d'une fois imprimée sous le 
nom de saint Bernard, nous avons donné, sous le 
n® 15163, de courtes, mais suffisantes explications (2). 
Assurément elle n'est ni de saint Bernard ni de son 
temps. 

Fol. 108, Oratio ardentis desiderii ad Deum quam 
beatus Anselmus composuit; commençant par : Domiîie 
Jesu Chrisie^ redemptio mea. Cette prière est, en effet, 
imprimée sous le nom de saint Anselme dans le tome 
CL VII de la Patrologie, col. 902. Mais elle l'est aussi 
dans les Œuvres de saint Augustin ; c'est le cha- 
pitre XLI des Méditations qui lui ont été, pendant 
longtemps, attribuées. Il est aujourd'hui générale- 
ment admis que saint Augustin n'a pas tant médité, et 

(1) Hildeb, etMarb. Opéra, col. 1559. 

(2) Tome IV. p. 322. 



DE LÀ BIBLIOTHEQUE NATIONALE 181 

lus OU moins de manuscrits rapportent à saint An- 
selme la plupart des pièces que les anciens éditeurs 
de saint Augustin ont assez mal ordonnées sous ce 
titre commun de Médilatiom. Il nous semble que les 
derniers éditeurs de saint Anselme ont commis la 
même faute, associant à leur tour, sous le nom de 
saint Anselme, un nombre considérable de Médita- 
talions et (ï Oraisons qui ne sont pas toutes de la 
même plume. Nous lui laissons toutefois celle dont il 
s'agit ici, mais sans prendre rengagement de ne pas 
la réclamer un jour pour quelque autre. 

Au fol. 110, deux épigrammes anonymes. La pre- 
mière, 

Est certum quod quinque modis gula damnât edacem. . . , 

a déjà été citée sous le n*» 17293 (1). Beaugendre, 
avons-nous dit, Va crue d'Hildebert. La seconde, 

Largus, amans, hilaris, constans (2) rubeique coloris . . . , 

a été publiée sous le n® 14923 (3), comme étant encore 
inédite. 

A la suite, sans indication d'auteur, la prose, 

Salve, mater Salvatoris, 
Vas electum, vas honoris, 

qui, souvent imprimée, Ta toujours été sous le nom 
d'Adam de Saint-Victor (4). Aux copies indiquées par 



(1) TomeV, p. 259. 

(2) On lit ailleurs, au lieu de constans^ ridens. 

(3) Tome II, p. 307. 

(4) L. Gaulier, Œuvres poétiques d'Adam de Saint- Victor ^ 
p. 167. 



182 MANUSCRITS LATINS 

le dernier éditeur ajoutons celles qui se trouvent 
dans les n** 3573 (fol. 218), 3639 (fol, 76) de noire 
bibliothèque, 776 de TArsenal, 735 de Grenoble, 190 
de Charieville, 150 des Cod. Laud. mise, à laBod- 
léienne. 

Au fol. 111, sans nom d'auteur, Toraison Maria, 
tu illa magna Maria, tu illa major beatarum Mariarum. 
Elle est encore anonyme dans notre n* 15694 (fol. 
167); mais le n^ 103 de la Hazarine la donne à saiat 
Anselme, et elle a été publiée sous son nom dans le 
tome CLVIII de la Patrologie, col. 952. 

Au fol. 118, Hor3B de passione Christi. Sbaraglia 
prétend que ces heures ont été composées par saint 
Bonaventure, et telle est aussi Topiniondu P. Bonelli. 
Ajoutons qu'elles sont imprimées dans le recueil de 
ses œuvres. Mais Oudin et d'autres critiques se dé- 
clarent contre cette attribution, qui ne paraît pas, en 
effet, bien justifiée. 

Au fol. 121, Oratio quam composuit beatus Ambro- 
sius; commençant par : Summe sacerdos et vere ponti- 
fex. Cette prière est-elle de saint Ambroise? Les Bé- 
nédictins ne l'ont publiée que dans l'appendice de ses 
Œuvres, p. 489. Elle est, suivant Gerberon, de saint 
Anselme, et sous son nom elle figure dans le tome 
cité de la Patrologie, col. 921. Nous la voyons ano- 
nyme dans les n°* 172 de Laon, 1748 de Troyes et 
dans un manuscrit de la Laurentienne décrit par 
Bandini(l). 

Au fol. 124, sans nom d'auteur, Toraison Cons- 

(1) Bandini, t. IV, col. 525. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 183 

ientia culpdbilis, vUœ (lisez vita) trepidus et anœiiùs. 
illle parait être aussi de saint Anselme et a été publiée 
lans ses Œuvres^ au tome cité de la Patrologie^ 
col. 926. 

Au fol. 125, Oraiio quam composait beatus Thomas 
de AquinOy commençant par : pius et misericors 
Deus^ ecce accedo. On ajoute : Et dtcitur ante missam 
a sacerdote. Saint Thomas avait dès le xv* siècle, on 
ne s'en étonne pas, sa légende. On disait donc quUl 
avait coutume de réciter cette prière avant de revê- 
tir les habits sacerdotaux, et Ton croyait en consé- 
quence qu'il Tavait lui-même composée. C'est là, 
du moins, ce que raconte Jean de Valladolid. Mais 
Echard répète cela sans trop y croire. Il ne connaît 
pas, dit-il, de copies anciennes de cette prière ni des 
autres qu'on s'est cru le droit d'imprimer sous le nom 
de saint Thomas (1). Il ajoute qu'elles sont pieuses 
sans doute, mais qu'elles manquent d'élégance. Il 
aurait pu faire remarquer que celle-ci débute par un 
grossier solécisme. Comme il nous serait pénible de 
Tattribuer à saint Thomas, nous tenons pour une 
simple fable la légende recueillie par Jean de Valla- 
dolid. 

Au même feuillet, sans nom d'auteur, deux autres 
prières. La première, commençant par Si tantum^ 
Domine, reatum delinquentix... a été publiée sous 
le nom de saint Anselme, au tome cité de la Patro- 
logie, col. 926. La seconde, Conscientia quldem trépida , 
est sous le même nom dans le même lome, col. 923. 

(1) Qaélif et Échard, ScHpt, ord. Prxd., t. I, p. 344, 



184 MANUSCRITS LATINS 

AU fol. 129, pareillement anonyme, Thymne doai 
tels sont les premiers vers : 

Ave, mundi spes, Maria, 

Ave mitis, ave pia; 

Ave Yirgo, mater Christi* . . 

C'est une hymne célèbre, qu'on a donnée tantôt à 
Célestin V, tantôt à Innocent III. On la peut lire dans 
les Œuvres d'Innocent, Patrologie, t. CCXVII, col. 917- 
Elle a été aussi publiée par M. Mone, Hymni, t. Il, 
p. 303, par M, Milchsack, Bymnij p. 211, et par 
d'autres. 
Au même feuillet : 

Ave, tu es paradisus in quo Deus graditur. . . 

M. l'abbé Chevalier n'a rencontré qu'une copie de 
cette oraison. C'est celle que nous avons ici (t). Nous 
croyons donc que cette pièce, d'ailleurs peu louable, 
est inédite. 
Au fol. 131 : 

Ave, Dei genitrix, pia consolatrix, 
Desolatum refove, gemma confortatrix. . . 

Cette copie est aussi la seule que mentionne 
M. l'abbé Chevalier (2). 
Au même feuillet : 

Ave, lumen gratias, 
Fons misericordisB, 

Yirgo fœcundata, 
Hadix jnnocentise. . . 



(1) Chevalier, Repertor. hymn,, p. 127. 

(2) Jbid., p. 105. 



DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 185 

Un autre exemplaire de celle prose esl dans le 
n*» 805 de Grenoble. 

Au fol. 132, sous le nom de Joseph d^Ârimalhie : 

Salve, mater misericordiae, 
Mater Dei et mater gratisB. . . 

Le bon moine à qui Ton avait dit que Fauteur de 

cette prose était Joseph d'Arimathie, et qui le croyait, 

pouvait tout croire. Mais, quoique venue, dit-on, de si 

^^în et sous un tel patronage, la prière ne parait pas 

âvoir eu beaucoup de succès. On ne nous en indique 

P^s, en effet, une autre copie. Cela doit surprendre. 

Au fol. 136, Oratio quam composuit heatusAnselmus; 

Commençant par: beatissima et sanctissima semper 

^ir-go Maria. Cette oraison est, en effet, sous le nom 

^o saint Anselme dans le tome CLVIII de la Patrologie, 

^ol. 942. Mais on a douté qu'elle soit de lui (1). C*est 

Un doute dont nous louons la prudence. 

Au fol. 138, sans nom d'auteur, Sancta et inter 
^anctos post Deum singulariter sancta Maria. Nous 
avons d'autres copies anonymes de cette oraison dans 
les n^ 2476 (fol. 100) et 15694 (fol. 166). Mais elle 
parait être de saint Anselme, et a été publiée sous 
son nom au même tome de la Patrologie, col. 948. 
Est encore, dit-on, de saint Anselme la prière sui- 
vante, fol. 141, qui débute par Virgomundo venerabi- 
lis; elle est imprimée dans le même tome, col. 950. 
Au fol. 148, une prose anonyme : 

Salve, sancta faciès 
Nostri redemptoris... 

(1) Hist. lit. de la Fr.,U IX, p. 430. 



186 MANUSCRITS LATINS 

Cette prose, dont les copies abondent, quoiqu'elle 
soit sans mérite, a été publiée par M. Mono, Hymni, 
1. 1, p. 155. 

Au fol. 149, Recordatio verborum B. Anselmi, Can- 
tuariensis archiepiscopi ; commençant par : Licentia 
multos decipit. Ce fragment est, sous le même titre, 
dans le n^ 1037 de la Mazarine, fol. 9. Il est tiré de la 
Vie de saint Anselme par Eadmer, livre II, ch. xv. 

Au fol. 150 : EpistolaB. Anselmi de orationibics ad 
sanctam Mariam, C'est la lettre d'Anselme à Gundulf, 
qu'on peut lire dans le tome CLVIII de la Patrologie, 
col. 1086. 

Voici, du fol. 150 au fol. 157, d'autres oraisons ou 
méditations attribuées à saint Anselme, et que pré- 
cède le prologue imprimé dans la Patrologie, col. 709. 
Mais les pièces qui suivent ce prologue ne se succè- 
dent pas en même ordre dans notre manuscrit et dans 
l'édition. Il nous faudrait donc désigner particulière- 
ment chacune de ces pièces, quand nous n'aurions 
pas à faire d'autres remarques sur les unes et les 
autres. 

La première, Omnipotens et pie Domine, est dans 
le volume cité de la Patrologie, col. 908. — La 
deuxième. Domine, Deus omnipotens, da cordi meo.,., 
est à la col. 877. Mais cette oraison est bien plus lon- 
gue dans notre manuscrit que dans l'édition ; elle est 
dans l'édition, divisée, et notre seconde partie, com- 
mençant çdivlnvoco te, Deus meus, est, dans l'édition, 
la première de l'oraison II, col. 858. On se dit cor- 
tain que ces deux parties, unies ou séparées, appar- 
tiennent à saint Anselme. Elles ont été néanmoins 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 187 

publiées dans les Œuvres de saint Augustin : ce sont 
les six premiers chapitres de ses prétendues Médita- 
tions et une partie du septième. — La troisième des 
prières que nous avons ici sous le nom de saint 
Anselme commençant par Quo^ nate Dei^ est, dans 
l'édition, la suite de l'oraison II, col. 861, 862. Dans 
les Méditations de saint Augustin, c'est la ffn du cha- 
pitre VII. 

A la suite^ plusieurs autres prières, que notre 
manuscrit semble attribuer à saint Anselme, mais 
que nous ne trouvons pas dans l'édition de ses Œuvres. 
Les deux premières sont adressées à Marie Madeleine, 
et l'une d'elles, la seconde, est une prose rimée, qui 
commence par : 

O piissima peccatrix, 
Pedum Christi lavatrix. . . 

Nous n'apprenons pas qu'elle ail été publiée. Mais 
elle ne nous parait pas mériter de Têtre. Il est vrai 
qu'aujourd'hui l'on publie toutes celles qu'on ren- 
contre, leur trouvant sans doute des beautés qui nous 
échappent. 

L'oraison suivante est au Saint-Esprit : Adsis mihi 
Christe, sancte Spiritus. Oro, supplice^ genua cordis 
et corporis fleclo. Cette langue ne nous semble pas 
être celle de saint Anselme. 

Fol. t59, à Dieu le Père : Domine, Deus omnipotens , 
qui sedes super chérubin: Nous ne connaissons pas une 
autre copie de cette prière. Ni de cette autre qui est au 
même feuillet : Domine, Deus omnipotais, magne et 
metuende. Ni de la suivante : Domine^ Deus omnipo' 



188 MANUSCRITS LATINS 

tens, trinibs et unus Deus... Mais nous coQStatons 
que celle-ci commence par plusieurs phrases presque 
littéralement empruntées à une pièce publiée sous 
les noms de saint Augustin et de saint Anselme. 

Au fol. 161, Oratio super septem psalmos pœnitettr 
tiales, commençant par : Suscipe, Domine sancîe, 
pater omnipoiens œteme, per unigeniium filiiMfn... 
Nous n*en connaissons pas l'auteur. Ni celui de la 
pièce suivante, qu^un moine quelconque a plus tard 
barrée, et dont tels sont les premiers mots : Domine 
sancte, œterne DeuSy in illa sancta custodia in qua 
commendasti spiritum... 

Ensuite, deux autres oraisons de saint Anselme,' 
sous son nom. La première, adressée à saint Jean- 
Baptiste, est imprimée dans le volume souvent cité de 
la Patrologie, col. 969. La seconde, à la croix, se lit à 
la col. 935 du même volume. 

Au fol. 165, sous'le nom du pape Grégoire, l'hymne 
Stabat mater dolor osa, si souvent publiée. L'opinion 
des nouveaux critiques est que cette oraison célèbre 
est du Mineur italien Jacopone de Todi, qui mourut 
en 1306. Il est, du moins, certain qu'on n'en connaît 
pas de copies antérieures au xiii® siècle. 

Au fol. 166, une prose en l'honneur de saint Jean- 
fiaptiste : 

O Joannes gloriose, 
O Baptista generose, 
O martyr beatissime . . . 

Nous n'avons pas rencontré d'autres copies de cette 
prose 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 189 

Au même feuillet une oraison anonyme^ commen- 
çant par : Ad te^ Domine^ lacrymabiliter ingemisco. 
Au feuillet suivant, une autre, commençant par : 
Domine, Jesu Christe^ inœstimabilis misericordiœ. Le 
début de celle-ci est la reproduction presque sans 
changements deToraison huitième de saint Anselme 
(Pa^ro/. col. 876). Au fol. 168, sans nom d'auteur, 
son oraison neuvième {PatroL, ibid.) dont nous 
croyons devoir signaler une autre copie anonyme 
dans le n" 863 de Grenoble. 

Au fol. 168, sous le nom d'un pape Boniface, une 
courte prière qui commence par : Deus, qui voluisti 
pro redemptione mundi a Judxis reprobari... Nous ne 
savons quel est ce pape Boniface, et Tattribution nous 
est très suspecte. 

Au fol. 169, sous le nom de saint Thomas d'Aquin, 
une autre oraison dont voici les premiers mots : Con- 
cède mihiy misericors Deus^ qux tibi placita sunt 
ardenter concupiscere. Elle se trouve, dit Échard, 
dans quelques missels, et communément, sur la foi 
d'une vague tradition, on la donne à saint Thomas ; 
mais il n*est pas du tout certain qu'il en soit Tau- 
leur (1). 

Au même feuillet. Tabula fidei christianœ. C'est une 
simple nomenclature des vertus cardinales, des 
péchés mortels, des préceptes de la loi, des joies du 
paradis, des supplices de l'enfer, des articles de la 
foi, etc, etc. 

Au fol. 172 : Liber Supputationum seu Supplica^ 

(t) Script, ord. Prxd, t. I, p. 344. 



190 MANUSCRITS LATINS 

iionum beaii Ai^v^tini, de divinis scripturis collecius. 
Ce livre est composé de six parties que nous devons 
successivement décrire. La preoiière, commeoçânt 
par Te Deumpatrem ingeniturriy nous offre les chapi- 
tres xi-xvii des Méditations publiées sous le nom de 
saint Augustin. Ces chapitres n'ont *pas été réclamés 
par les éditeurs de saint Anselme. Ils lui sont pour* 
tant attribués par plusieurs manuscrits, notamment 
parles n^ 839 de Grenoble et 245 de Metz, et, si cette 
attribution n'est pas bien fondée, celle de notre 
volume ne parait pas Tètre mieux. — La seconde 
partie, que composent les chapitres xviii-xxv des 
Méditations de saint Augustin, est aussi, dans le n° 839 
de Grenoble, sous le nom de saint Anselme. Mais le 
rédacteur du catalogue des manuscrits de Grenoble 
suppose à tort que cette méditation est celle qui, 
dans les Œuvres imprimées de saint Anselme, figure 
sous le n® xviii. Si la dix-huitième méditation de 
saint Anselme commence, en effet, comme la dix* 
huitième de saint Augustin, elle ne continue pas 
de même. Il y a un plagiaire ; mais nous ne sau- 
rions le nommer. Ce n'est pas certainement saint 
Augustin : mais ce n'est peut-être pas non plus saint 
Anselme. — La troisième partie contient les chapi- 
tres xxvii-xxxui des Méditations de saint Augustin. 
Nous n'en connaissons pas de copie sous le nom de 
saint Anselme. — Au contraire, la quatrième partie, 
qui est le chapitre xxxv des Méditations de saint 
Augustin, se lit tout entière parmi les Oraisons de saint 
Anselme ; c'est la dix-septième ; PatroL^ col. 894. — 
De même la cinquième partie, qui répond au chapi- 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 191 

tre XXXVI de saint Augustin, est Toraison seizième de 
saint Anselme. — Enfin la sixième partie est, chez 
saint Augustin, le chapitre xxxvii des Méditations, et, 
chez saint Anselme, ce chapitre divisé se retrouve, 
mais avec de notables différences, dans les Oraisons 
xviii et XIX. Ces différences sont quelques phrases en 
moins et beaucoup en plus. 

Du fol. 194 au fol. 198, des extraits de saint Isidore. 
Ce sont des préceptes, des conseils, des maximes. 
L'auteur est indiqué. 

Au fol. 198, Liber Soliloquiorum animx ad Deum, 
doctoris eximii beatissimi Augustini. Il est depuis 
longtemps reconnu que ces Soliloques ne sont pas 
de saint Augustin. Après avoir admis les Méditations 
parmi ses œuvres authentiques, les éditeurs de Lou- 
vain, ont expressément déclaré qu'ils ne pouvaient 
faire le même honneur aux Soliloques. 

Au fol. 226, encore sous le nom de saint Augustin 
et sous ce titre. Liber de sainte afiimœ, le Manuale que 
divers manuscrits attribuent à saint Augustin, à saint 
Bernard, à saint Anselme et qu'on a maintes fois 
publié sous les noms de saint Augustin, de saint 
Anselme, de Hugues de Saint- Victor (1). Mais il n'est 
ni des uns ni des autres : c'est un pot-pourri, com- 
posé de phrases empruntées aux divers auteurs à qui 
les copistes Tout tour à tour attribué. Il est intitulé, 
dans le n° 63 de Charleville, Elegantiora dicta sano 
torum. De tous les titres c'est le plus exact. 

A la suite, du fol. 234 au fol. 238, plusieurs orai- 

(\) Les Œuvres de Hugues de Saint- Victor, p. 183. 



192 MANUSCRITS LATINS 

sons, pour la plupart en vers rythmiques. De 
celles-ci la première commence par : 

Jesu, summa benignitas, 
Mira cordis jocunditas. . . 

Ce début appartient au poème Jesu^ didcis memoria, 
souvent publié sous le nom de saint Bernard. Le 
reste est peut-être pris ailleurs. La seconde, 

Jesu, decus angelicum, 
In ore dulce canticum. . ., 

est dans un grand nombre de bréviaires, soit inédits, 
soit imprimés. On en cite, en outre, plusieurs éditions 
séparées (2). 
La troisième, 

Jesu, cum digne nesciam 
Loqui de te, non sileam. . ., 

et la quatrième, 

Jesu, lucis in solio, 
Solis amictus radio, 

nous étaient jusqu'à ce jour inconnues. Elles appar- 
tiennent, pensons-nous, à quelque rimeur du xv* siè- 
cle. Mais nous connaissions la quatrième, 

Ave, Jesu conditor, veritas et vita. 
Via, virtus, gratia, salus inûnita. . . ; 

et, rayant rencontrée sous le nom de saint Bernard, 
nous avons protesté contre cette attribution inconve- 

(2) Chevalier, Thés, hymn,, p. 573. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 193 

nante (1). M. Mone l'a publiée d'après un manuscrit 
anonyme : Bymni, t. I, p. 337. 

Au fol. 233, Liber beati Bernardi de Conscientia; 
commençant par : Domus haec in qua hdbitamus. C'est, 
en effet, à saint Bernard que la plupart des manuscrits 
rapportent cet écrit. Mais d'au 1res le donnent à saint 
Anselme, à Hugues et à Richard de Saint-Victor. On 
ne saura probablement jamais quel en est l'auteur 
véritable (2). 

335 

Ce volume, venu de Cluny, commence par VArs 
prœdicandi d'Alain de Lille. Les copies conservées de 
cet ouvrage célèbre sont très nombreuses ; mais elles 
sont loin d'être toutes bonnes. Ne négligeons donc 
pas de signaler celle-ci, qui paraît avoir été faite par 
un scribe lettré. 

Cependant elle n'est pas, il s'en faut bien, ce que 
nous avons ici de plus intéressant. La seconde partie 
du volume, du fol. 78 au fol. 119, nous offre en effet, 
vingt-quatre sermons d'Alain de Lille, qui tous, à 
Texception d'un seul, sont partiellement ou totale- 
ment inédits. Le sermon qui seul est imprimé Ta été 
par nos soins dans un Mémoire sur la vie et quelques 
œuvres d'Alain de Lille (3). Ajoutons que nous avons 
donné dans ce Mémoire, sur chacun des vingt-quatre 
sermons ici réunis, des explications qu'on nous dis- 
pense sans doute de reproduire. 

(1) Des poèmes lai. attr, à Saint Bernard^ p. 77. 

(2) Les Œuvres de Hugues de Saint-Victor, p. 181. 

(3) Mém. de VAcad, des Inscriptions^ t. XXXII, l^* partie. 

VI 13 



194 MANUSCRITS LATINS 

Certainement on nous saura meilleur gré de tifer 
des ténèbres un autre sermon de ce théologien disert^ 
qui fut en même temps un poète inventif et un 
orateur de très noble tenue. Voici ce sermon : 

Cum natus esset Jésus, Hierosolymis, in dîebus Herodis 
régis, ecce magi ab oriente vénérant, dicentes : « Ubi est 
qui natus est rex Judaeorum (1) ? > In civitate Judese minima, 
inter omnes civitates magis dejecta, nascitur Ohristus, ut 
ex loci humilitate significaret inûrmitatem humilitatis pro- 
prisB ; et qui in mundi diversorium venerat nascitur in di- 
versorio, et qui nos pascere venerat nascitur in praesepio, et 
sic frumentum angelorum factum est fœnum hominum. 
Fœno involvitur, nascitur in diebus Herodis alienigenaB, 
tempore proselyti, quodam modo factus proselytus, quia 
de lege poli transiit in legem soli. In diebus crudelitatis 
nascitur pietas, in tempore tyranni nascitur caritas. Dum 
rex superbit terrestiis in sericis,. rex cselestis humiliatur in 
vilibus pannis ; rex terrestris sedet in palatio, rex cœlestis 
humiliatur in diversorîo. O res stupenda, o res prse omni- 
bus admiranda ! Filius Herodis jacet in purpura, fîlius Dei 
in sola terra; a regibus contemnitur. . . (2) ; filius pauperis 
virginis jacens in penula a regibus honoratur. Unde sequi- 
tur : Venerunt très magi ab oriente Hierosolymam, dicentes : 
<c Ubi est qui natus est et cet. ? » Isti dicti sunt magi non a 
magica arte, sed a magnitudine scientise, natura philoso- 
phiam edocti, divina inspiratione muniti; Stella duce, quse- 
runt solem justitise. Ecce Lucifer nuntians solis ortum ; ecce 
novus Lucifer prsedicat novum diem ; ecce, recedente noeie 
ignorantise, apparet Lucifer nuntius cselestis auroras ; ecce 
prseco novse lucis excitât dormientes a somno corporis. 
Reges ab oriente veniunt ut verum orientem inveniant ; a 
natalibus locis peregrinant ut illum qui de cselis peregrinavit 
accipiant; reges regem, peregrini peregrinum, terrestres 
magi caelestem magum, orientales orientem postulant. De 
hoc ordine dicitur : « Visitavit nos oriens ex alto (3) » ; et 

(1) Evang, Matthaei, II, 1. 

(2) Nous supposons qu'il manque ici quelque chose. 

(3) Evang, Lucœ, I, 78. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 195 

alibi : tOriens nomen illi (I) ». Erubescat ergo Judœa; an- 
gélus prsBdicat Christum , stella praedicat solis ortum , 
gentilis adorât, propheta prœconatur et clamât. Très 
illi rages tria munera offerentes significant très anima) 
potentiales vires, qusB eleganter dicuntur reges quia ani- 
mam regunt et ad viam regalem dirigunt : hsB sunt ratio et 
intellectus et intelligentia ; hae ab oriente peregrinant, quia 
a caelesti oriente, id est a Deo, in animsB dotes transmigrant. 
Per myrrham, quas cadaveribus mortuorum apponitur , 
bistoria figuratur, quia ipsa circa res caducas et transi torias 
vertitur ; et sicut myrrba in se nullam babet dulcedinem, 
sic bistoria animas nullam affert delectationem; banc offert 
ratio, quia circa bistorialia ejus versatur consideratio. Per 
tbus, quod miram parit fragrantiam, figuratur tropologia, 
sive moralitas, quse circa mores et bominum informationes 
vertitur. Hsbc mirabilem animse offert suavitatis odorem. 
Hanc offert intellectus, quia circa formas ejus versatur 
intuitus. Per aurum signiiicatur anagoge, id est cœlestium 
consideratio, quse, sicut aurum inter metalla prsBrogati- 
vam retinet, sic anagoge inter intelligentias monarcbiam 
retinet. Unde anagoge quasi sursum doctrina. Hanc offert 
superior animse potentia, id est intelligentia, quse sola con- 
templatur divina. Haec munera Cbristo offerunt, stella duce, 
quia mediante divina inspiratione praedictse animas potentiae 
très prsedictas intelligentias offerunt Cbristo, id est ipsius 
intelligentise, ut de ipso babeatur cognitio. Nec vacat a 
mysterii ratione quod supra domum apparuit stella, quia 
mentem bumanam in qua nascitur Cbristus per gratiam 
illuminât propitiatio divina. Unde quantum ad mysterium 
eleganter in Betbleem nascitur, qusB domus panis interpre- 
tatur, per quam mens bumana figuratur, quse domus panis 
effîcitur cum panis qui de cselo descendit in ea per gratiam 
oritur ; ille, inquam, qui cum esset panis angelorum, factus 
est lac parvulorum; cum esset solidus cibus in patria, 
factus est liquidus in via. Dies autem iste solemnitate dona- 
tur quia tali die stella magos adduxit ad Christum, Cbristus 
venit ad baptismum, aquam commuta vit in vinum. Hac die 
gentilis adorât, Pater Filium prsedicat, Cbristus nuptias 

(1) Zachar. VI, 12. 



196 MANUSCRITS LATINS 

miraculo honorât. Unde et primum miraculum epiphania 
dicitur, quia stella de sursum supra domum apparuit. Se- 
cundum, theophania quasi Dei apparitio, quia Deus Pater 
voce intonuit, Spiritus sanctus in specie columbse apparuit, 
Christus a Joanne baptismum suscepit. Per quod figuratur 
quod ille qui baptismo pœnitentias baptizatur filius Dei effi- 
citur ; hune Pater filium suum profitetur ; in hune descendit 
Spiritus sanctus, in columbae specie, quia ei confert virtu- 
tem simplicitatis et innocentise. Tertium vero miraculum 
bethphania, quasi apparitio in domo, quando in domo mu- 
tata est aqua in vinum. Per hoc autem quod in nuptiis mu- 
tavit aquam in vinum ûguratur quod in illis nuptiis quas 
celebravit Christus in thalamo uteri virginalis, uniendo 
humanam naturam diyinœ. mutavit insipiditatem antiquae 
in saporem legis novae. In hac domo virginalis uteri quasi 
triclinium erat ordo trium virtutum, humilitatis, virgini- 
tatis et caritatis. Architriclinus Christus, quasi princeps 
triclinii. Ibi triplex aqua in triplex vinum mutata : pœna 
in pœnitentiam , austeritas in gratiam, miseria in miseri- 
cordiam (Fol. 93) . 

Ce n'est pas là certainement un sermon banal. On 
peut même dire qu'il est très original, car il y a, sans 
contredit, un étrange abus de Tesprit. Mais on n'abuse 
que de ce qu'on a. Rien ne nous prouve, d'ailleurs, 
que ce sermon ait été prononcé ; c'est peut-être une 
œuvre littéraire. Quoi qu'il en soit, nous l'avons mis 
en lumière pour montrer, ce dont nous avons beau- 
coup d'autres preuves, qu'Alain de Lille fut un des 
écrivains les plus ingénieux de son temps. 

338 

Un recueil de sermons occupe tout ce volume, 
venu de Cluny. Ce recueil a-t-il été formé par un 
moine ? On peut le croire, car, parmi tous les ser- 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 197 

mons qui le composent, il n'y en a pas un peut-être 
où ne se trouve quelque censure plus ou moins vive 
du clergé séculier. Ce sont, d'ailleurs, des sermons 
graves, sans mélange de latin et de français, presque 
sans indécentes facéties, où ne se trouve rien qui 
puisse choquer un moine du xiii° siècle. 

C'est à Paris, croyons-nous, que furent prononcés 
tous ces sermons et, comme on le verra, vers l'an- 
née 1230. 

N'ayant rencontré d'autres copies que du plus petit 
nombre, nous regrettons beaucoup que le texte de no- 
tre manuscrit soit si défectueux. Le copiste avait une 
belle main ; mais il n'était pas assez lettré pour bien 
comprendre ce qu'il avait été chargé d'écrire. C'est pour- 
quoi nous avons à lui reprocher tant d'incorrections. 

Ainsi que nous l'avons fait en décrivant d'autres 
recueils semblables, nous rapprocherons sous les 
noms des auteurs leurs sermons dispersés dans le 
volume. Nous finirons par la mention des sermons 
dont les auteurs nous sont restés inconnus. 

Etienne, archidiacre. Il s'agit, croyons - nous , 
d'Etienne, archidiacre de Paris, de l'année 1224 à 
l'année 1238. Il est souvent cité dans le Cartulaire 
de cette église ; mais il ne paraît pas l'être dans 
VHistoire littéraire. Nous n'avons de lui, dans ce 
recueil, qu'un seul sermon : 

Fol. 16. Sermo archidiaconi Stephani, dominica 
ante festum beau Dionysii, apud S. Jacobum, — 
Magister, quod est maximum mandatum?.., — 
In Proverbiis : « Cor sapientis erudit os ejus.,. » In 
verbo isto confidentes . . . 



198 MANUSCRITS LATINS 

Les religieux dominicains, nouvellement établis 
fue Saint- Jacques, ont prié Tarchidiacre de Paris de 
vouloir bien venir prêcher devant eux. C'est un désir 
auquel celui-ci n'a pu, dit-il, refuser de satisfaire. Il 
se considère pourtant, puisqu'il est séculier, comme 
peu digne de parler à des réguliers. Tel est son 
exorde. Le reste est banal. 

Etienne Bérout. — Etienne Bérout, chanoine ré- 
gulier dé Sainte-Geneviève, qui fut plus tard doyen 
de Laon, n'est mentionné dans V Histoire litté- 
raire (1) que comme auteur d'un fragment de sermon 
conservé dans le n*» 16502 (fol. 38). De lui nous 
avons deux sermons entiers dans notre volume. 

Fol. 130. Sermo mag. Berordi^ dominica qua can- 
tatur Reminiscere. — Hxc est voluntas Dei sanctiftca- 
tio... Isaias : <l Populus meus lex, .. » — Per populum 
Domini minores , scilicet laici, designantur . 

Voici tout entière la première phrase de ce dis- 
cours : 

Per populum Domini minores, scilicet laici, designantur, 
qui legem Domini scriptam in corde habent ; clerici autem 
legem habent scriptam in quaternis et ob hoc gratiam bene 
operandi amiserunt. 

Ainsi la vie des clercs (il s'agit, bien entendu, des 
clercs séculiers) est moins conforme à la loi de Dieu 
que celle des laïques. Les savants ne valent pas, 
quant aux mœurs, les ignorants. Mais cela n'empêche 
pas l'orateur de tenir à paraître très savant. En effet, 
combien de textes il cite, et sacrés et profanes ! Mais 

(J) Tome XXVI, p. 401. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 199 

il les cite sans doute d'après les manuels. Il a donc 
pu vouloir paraître ce qu'il n'était pas. 

Fol. 188. Sermo mag. Stephani Berordi^ in festo 
beati Marci, evangelistx. — Zeo, fortissimus bestia^ 
rum. . . — Si verbum istud diligenter aUendimus^ re- 
periemus qum continent felicitatem nostram et quas 
miseriam. 

Ces deux sermons d'Etienne Bérout sont l'un et 
l'autre dépourvus de tout intérêt. Puisqu'on nqus 
les a transmis, oh a dû les trouver ingénieux. Mais 
pourquoi ? Sans doute parce qu'il n'y a rien de 
simple, rien de clair, et qu'on prise volontiers les 
énigmes qu'on se félicite d'avoir laborieusement de- 
vinées. 

Eudes de Ghalons. — L'auteur est nommé dans 
le manuscrit Od. Cathal. Nous lisons, avec M. Delisle, 
Odonis Cathalaunensis ; mais nous confessons ne pas 
connaître d'ailleurs cet Eudes de Ghâlons. Il n'est ici 
représenté que par un sermon : 

Fol. 126. Sermo mag. Od. Cathal. y prima dominica 
Quadragesimœ^ factus apud sanctum Jacobum. — Do- 
minum Dev/rn tuum adorabis... Amos IV : « Ecce ego 
prohibui a vobis imbrem,.. » — Mensis dicitur amené. 

Appelé a maître » et non a frère », Eudes de Châlons 
était donc un clerc séculier. Encore un séculier prê- 
chant devant les religieux de la maison de Saint-Jac- 
ques. Son sermon dépasse un peu la mesure ordi- 
naire ; mais il n'offre rien qui soit à remarquer, si ce 
n'est une phrase contre les curés qui mettent leurs 
blés en réserve pour les vendre plus cher quand le 
marché sera moins fourni, et une autre contre les 



200 MANUSCRITS LATINS 

cupides possesseurs de doubles bénéfices. Ces deux 
phrases Tout sans doute fait copier. 

Eudes dk Chateauroux. L'œuvre parénétique de 
cet illustre cardinal est très considérable; ayant 
formé lui-même plusieurs collections de ses sermons, 
il en a fait faire sous ses yeux des copies très soi- 
gnées, qu'il a données à des amis ou léguées par 
testament à divers établissements religieux. 

Ceux que contient notre volume ont un caractère 
particulier. Au nom de l'auteur n'est joint aucun titre. 
Cela semble prouver qu'il les a prononcés avant Tan- 
née 1238, n'étant pas encore chancelier de l'église et 
de l'université de Paris. On pourra remarquer que plu- 
sieurs de ces sermons ressemblent beaucoup à cer- 
tains autres, composés sur les mêmes thèmes, qu'on 
lit dans les collections qu'il a plus tard lui-même 
ordonnées, habitant alors Pérouse, Viterbe, Orvieto. 
Il nous parait évident que le cardinal a dans sa vieil- 
lesse, par souci de la postérité, mis une dernière 
main à d'anciens écrits par lui conservés, dogit il 
n'était pas mécontent, mais qu'il croyait pouvoir 
améliorer encore par quelques changements. 

Fol. I. Sermo mag. Odonis de Castro Radulfi, in na^ 
tivitate beatw Marix Virginis. — Dominus in cselo pa- 
ravit sedem suam.,. — Verba ista duobibs modis consi- 
deranda sunt. Nous n'avons pas à citer une autre rédac- 
tion de ce sermon. 

Fol. 6. Sermo mag, Odonis de Castro Radulfi^ in 
octabis Nativitatis beatx Mariœ. — Fac tibi archarn de 
lignis... — Verba sunt Domini ad Noe, quando debuit 
venire diluvium. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 201 

L'orateur a, dit-il, en spectacle un nouveau déluge : 
diluvium peccati. L'inondation a tout envahi : 

Clerici, qui religiose deberent vivere (et propter hoc licet 
eis appropinquare altari, et non laicis), jam vitam corrupe- 
runt, saecularibus negotiis cohaerentes. Item milites^ qui ad 
defendendam Ecclesiam constituti sunt, jam ûunt Ëcclesi» 
destructores. Item burgenses, qui ex redditibus suis aut legi- 
timis negotiationibus deberent vivere, jam fîunt usurarii et 
raptores. Item mulieres, quae in castitate vivere aut in 
legitimo matrimonio perseverare deberent, unicum thorum 
spernunt, contactus illicitos appe tentes. Item minutus po- 
pulus inûdelitate plenus est. Omnis caro corrompit viam 
suam. 

Les prédicateurs ont été, dans tous les temps, pes- 
simistes. Mais, s'il est invraisemblable que les mœurs 
aient été pires au xiii'' siècle qu'au siècle précédent, il 
est constant queTautorité de l'Eglise s'était, dans l'es- 
pace d'un siècle, comme l'atteste l'orateur, beaucoup 
amoindrie. Pas d'autre copie de ce sermon. 

Fol. 11 . Sermo mag. Odonis de Castro Radulfi, in 
festo beati Michaelis , —Angélus autem Domini descen- 
débat. . . — In verbo isto duo consideranda sunt. Pas 
d'autre copie. 

Fol. 18. Sermo mag. Odonis de Castro Radulfi, apud 
S. Antonium, in festo B, Dionysii, 

Nous avons plusieurs textes de ce sermon, assez 
différents les uns des autres, dans les n*^' 15951 (fol. 
307), 16507 (fol. 184) de la Bibliothèque nationale et 
356 (fol. 99) de la Mazarine. Nous allons citer deux 
textes de l'exorde. Ainsi nous ferons apprécier com- 
ment Eudes s'est châtié lui-même, dans l'intérêt de 
sa gloire littéraire : 



202 



MANUSCRITS LATINS 



Lat. 338 des Nouv. acq. 

Irruperunt très fortes 
castra Philistinorum et 
hauserunt aqtuim de cw- 
tema Bethléem (l)...Verbum 
istud tribus modis conside- 
randum est : primo litterali- 
ter, secundo quomodo perti- 
neat ad festum hodiernum^ 
tertio moraliter. Litteraliter 
sic. Dixerat ibidem David : 
Si quis mihi daret potum 
decisterna (2); et tune irru- 
perunt. Inlittera ista Spiritus 
sanctus tria nobis ostendit. 
Primum est fidelitas si ve obe- 
dientia. Sicut enim très viri 
prsedicti se pro domino suo 
morti exposuerunt, sic et nos 
pro dominis nostris nos de- 
bemus morti exponere. Hoc 
idem etiam ostendit nobis 
corpus nostrum, quia omnia 
membra nostra ad defenden- 
dum caput periculo se expo- 
nunt, sic et serpens solum- 
modo caput suum nititur cus- 
todire. Propter boc clerici 
maxime et religiosi deberent 
capita sua, scilicet prselatos 
suos custodire, eis in omni- 
bus quae ad fidem pertinent 
obediendo et etiam in omni- 
bus illis quae non sunt fidei 
contraria; et propter hoc dicit 
in fine prsedicta historia : Hoc 
fecerunt ires robustissimi, 
Maxima enim probitas est, 



licet contrarium sit voluntati 
hominum, dominis obedire. 

Lat. 15951, f. 307 

Irruperunt très fortes.., 
Haec verba tribus modis con- 
siderari possunt : ad litte- 
ram, allegorice et moraliter. 
Secundum litteram in his 
verbis instruimur in tribus : 
primo in fidelitate subdito- 
rum. Proponitur enim ibi : 
Desideravit David aquam 
de lacu; et ait : Si quis 
mihi daret potum aquœ de 
cisterna quœ est in Bethléem 
juœta portam ; et tune irru- 
perunt isti très et exposue- 
runt se periculo pro eo. In hoc 
datur forma subditis ut se 
exponant pro domino suo; 
sicut manus pro capite se 
exponit, sicut serpqiis totum 
corpus pro tuitione capitis. 
Unde perversio naturae est 
quod manus vel cetera mem- 
bra caput impugnent Hajc 
fidelitas non tantum débet 
esse inter laicos, imo et inter 
clericos et religiosos, ut prœ- 
latos suos non impugnent, 
sed pro eis se exponant, 
dummodo hoc non sit contra 
Deum. Unde hi très fortis- 
simi dicuntur. Unde ibi sub- 
jungitur : Hoc fecerunt très 
robustissimi. 



(1) Paralip. xi, 18, 



(2) Ibid. 17v 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 203 

Eudes ne pouvait manquer d'introduire quelques 
mots sur Tuniversité de Paris dans un sermon en 
Phonneur de saint Denys : 

Titubante ex aliqua parte Ecclesia, semper soient vocari 
Gallici in ejus auxilium et semper ad resBdiûcationem Eccle- 
sisB laborant. Unde Isaias : c Yocaberis sadiûcator sepium. > 
Kecte itaque per Bethel gallica régie. . . designatur. Bethel 
est Parisius, et, sicut in cisterna purgantur aquas et refrige- 
rantur, sic debent clerici purgari Parisius et refrigescere a 
fervore peccatorum. 

Debent; mais Eudes vient de nous dire que ces 
clercs étaient loin de faire ce quMls devaient. Et nous 
Tentendrons tout à l'heure leur adresser encore le 
même reproche . 

Fol. 23. Sermo mag. Odonis de Castro Radulfï^ die 
mercurii factus, in synodo, ante festum heati Lucx, — 
Isti sunt filii Sadoch. . . — In his verbis nobis Spirilus 
sanctus insinuât quales esse. . . 

Comme nous avons eu plus d'une fois l'occasion 
de le faire remarquer, les sermons prononcés en 
synode ont habituellement pour matière les devoirs 
des clercs, et, pour la plupart, ils contiennent de 
plus ou moins vives réprimandes. Eudes se montre, 
dans celui-ciy un assez dur censeur : 

Olim oves Domini ad aspectum virgarum concipiebant 
varios fétus et uniformes; in Gen. xxx; sed hodie non 
tantum virga magorum, id est laicorum^ dégénérât in abu- 
sum, sed etiam virga Moysi, id est sacerdotum, convertitur 
in serpentem. Hodie virga Aaron, quae solebat frondere et 
florere et parire amygdala , f acta est sterilis et arida . . . 
Debent sacerdotes justitiam diligere et justos fovere et 
honorare; sed hodie non considérant mérita subditorum, 
sed solum munera, , . Justitia*., incipere débet a domo Deî, 



204 MANUSCRITS LATINS 

id est a propria familia clericorum et sacerdotam ; sed hodie 
Levi, id est sacerdotes, non facta de se justitia, nec de sois, 
nolunt gladium justitise in alios exercere. . . Quis est hodie 
Eleazarus qui gladio audeat transverberare moechantes, id 
est fornicatores et adiilteros arguere et excommunicare ? 
Quis est hodie Nathan qui de adulterio, homicidio, dolo vel 
proditione audeat David, id est aliquem magnum et poten- 
tem, increpare ... Et quid dicam ? Hodie Christus venditur, 
nec repudiatur pretium sanguinis, sed a praelatis gratis— 
sime accipitur... Non est hodie qui vendentes et ementes^ 
detemplo ejiciat; sed domus negotiationis facta est ecclesia, 
et, quod pejus est, spelunca latronum. 

Voilà donc comment les clercs se traitaient en c^ 
temps là. Évidemment sans indulgence ; mais l'indul- 
gence est fade, et plus vives sont les remontrances» 
plus elles motivent d'effets oratoires. On vient d^ 
voir qu'Eudes de Ghâteauroux ne dédaignait pas d^ 
rechercher ces effets. Il déclame sur le haut ton • 
c'est un rhéteur grave, et, si Ton peut ainsi parler, 
de bonne compagnie ; mais c'est un rhéteur. 

Il faut, toutefois, reconnaître qu'il ne s'indîgnaifc 
pas à tort contre la vente des dignités ecclésiastiques. 
Hodie Christus venditur. Oui, à la lettre. Et où se 
tenait le marché principal ? A Rome. Pourquoi ne pas 
le dire, quand tout le monde le sait ? Eudes supplie 
donc le pape de le fermer. Citons les termes de cette 
supplique vraiment éloquente : 

O Domine Jesu, quomodo permittis émeutes et vendentes 
residere] in templo tuo, et nummularios qui non mutuant 
pecuniam ad'emendum quae necessaria sunt divinis sacrifî- 
ciis, sed ad emendum bénéficia ecclesiastica, dignitates et 
episcopatus ? Hodie non videntur habere locum in templo 
tuo nisi sint vendentes et émeutes. vicarie Jesu Christi, 
exsurge et os tende quod zelum Christi habes, quod zelus 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 205 

domus ejus te eommendat, et, facto flagello de funiculis, id 

est diversis sententiis quas promulgasti contra taies con- 

solidatis et coUectis in unum ut non rumpantur favore, seu 

prece, seu pretio, ejice prîedictos et maxime vendentes de 

ecclesia tibi commissa, et mensas nummulariorum et mer- 

catorum curiœ tuse, imo verius fœneratorum, everte et des- 

true, eis litteras apostolicas denegando, vel alias punien- 

do (1) ! 

Mais, si vive qu'elle soit, celle prière sera vaine ; 
le commerce des banquiers lombards sera longtemps 
ôxicore autorisé, protégé. La réforme qu'Eudes sol- 
licitait en aurait rendu tant d'autres nécessaires ! 

Fol. 33. Sermo mag. Odonis de Castro Radulfi in 
/Gsto Omnium sanctorum . — Clamavit voce magna... 

In verbo isto insinuât nobis duo Spiritua sanctus. 

Eudes s'élève fréquemment contre le népotisme, 
e passage suivant est à citer : 

Lesena rapit ut det leuncuUs suis; sic et praelati nostri 
Xit dent nepotibus et cognatis. Unde in quadam fabula 
ciicit leo, dum cervum captum vellent animaUa inter se 
^videre : 

Jure sodaUcii pars prima datur mihi cervi; 

Ut régi dabitur altéra jure mihi. 
Et quia plus valeo pars est mihi tertia cervi, 
Quartam qui tanget hic meus hostis erit. 
Sic rapiunt modo praelati nostri bona Ecclesise ut paren- 
tibus suis ea largiantur. Simili ter est in religione, ubi ma- 
jores omnia rapiunt et expendunt. 

Les vers qu'on vient de lire appartiennent au Novtts 
Msopus d'Alexandre Neckam (2). Plus lettré qu'on ne 

(1) Man. lat. 16507, fol. 330, col. 1. 

(2) Hervieux, Les fabulistes lopins, t. II, p. 792. 



204 MANUSCRITS LATINS 

id est a propria familia clericoram et sacerdotam ; sed hodie 
Levi, id est sacerdotes, non facta de se justitia, nec de suis, 
nolunt gladium justiti» in alios exercere. . . Quis est hodie 
Eleazarus qui gladio audeat transverberare moechantes, id 
est fornicatores et adiilteros arguere et excommunicare? 
Quis est hodie Nathan qui de adulterio, homicidio, dolo vel 
proditione audeat David, id est aliquem magnum et poten- 
tem, increpare ... Et quid dicam ? Hodie Christus venditur, 
nec repudiatur pretium sanguinis, sed a praslatis gratis- 
sime accipitur. , . Non est hodie qui vendentes et ementes 
de templo ejiciat; sed domus negotiationis facta est ecclesia, 
et, quod pejus est, spelunca latronum. 

Voilà donc comment les clercs se traitaient en ce 
temps là. Évidemment sans indulgence; maîsTindul- 
gence est fade, et plus vives sont les remontrances 
plus elles motivent d'effets oratoires. On vient de 
voir qu'Eudes de Ghâteauroux ne dédaignait pas de 
rechercher ces effets. Il déclame sur le haut ton; 
c'est un rhéteur grave, et, si Ton peut ainsi parler, 
de bonne compagnie ; mais c'est un rhéteur. 

Il faut, toutefois, reconnaître qu'il ne s'indignait 
pas à tort contre la vente des dignités ecclésiastiques. 
Hodie Christus venditur. Oui, à la lettre. Et où se 
tenait le marché principal ? A Rome. Pourquoi ne pas 
le dire, quand tout le monde le sait ? Eudes supplie 
donc le pape de le fermer. Citons les termes de cette 
supplique vraiment éloquente : 

O Domine Jesu, quomodo permittis ementes et vendentes 
residere] in templo tuo, et nummularios qui non mutuant 
pecuniam ad'emendum quae necessaria sunt divinis sacrifi- 
ciis, sed ad emendum bénéficia ecclesiastica, dignitates et 
episcopatus ? Hodie non videntur habere locum in templo 
tuo nisi sint vendentes et ementes. vicarie Jesu Christi, 
exsurge et ostende quod zelum Christi habes, quod zelus 



lu 

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DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 205 

domus ejus te commendat, et, facto flagello de funiculis, id 
est diversis sententiis quas promulgasti contra taies con- 
solidatis et coUectis in unum ut non rumpantur favore, seu 
prece, seu pretio, ejice prîedictos et maxime vendentes de 
ecclesia tibi commissa, et mensas nummulariorum et mer- 
catorum curiœ tuse, imo verius fœneratorum, everte et des- 
true, eis litteras apostolicas denegando, vel alias punien- 
do (1) ! 

Mais, si vive qu'elle soit, celle prière sera vaine ; 
le commerce des banquiers lombards sera longtemps 
encore autorisé, protégé. La réforme qu'Eudes sol- 
licitait en aurait rendu tant d'autres nécessaires ! 

Fol. 33. Sermo mag. Odonis de Castro Radulfi in 
festo Omnium sanctorum, — Clamavit voce magna... 
— In verbo isto insinuât nobis duo Spiritus sanctus. 

Eudes s'élève fréquemment contre le népotisme. 
Le passage suivant est à citer : 

Leaena rapit ut det leunculis sais; sic et praelati nostri 
ut dent nepotibus et cognatis. Unde in quadam fabula 
dicit leo, dum cervum captum vellent animalia inter se 
dividere : 

Jure sodalicii pars prima datur mihi cervi; 

Ut régi dabitur altéra jure mihi. 
Et quia plus valeo pars est mihi tertia cervi, 
Quartam qui tanget hic meus hostis erit. 
Sic rapiunt modo praelati nostri bona Ëcclesise ut paren- 
tlbus suis ea largiantur. Similiter est in religione, ubi ma- 
jores omnia rapiunt et expendant. 

Les vers qu'on vient de lire appartiennent au Novus 
^sopus d'Alexandre Neckam (2). Plus lettré qu'on ne 

(i) Man. lat. 16507, fol. 330, col. 1. 

(2) Hervieux, Les fabulistes latins, t. II, p. 792. 



206 MANUSCRITS LATINS 

Tétait en général de son temps, Eudes de Châteaa— 
roux citait avec la môme aisance les poètes ancie 
et les modernes. Cependant on ne peut lui reproche 
d'avoir abusé des citations. Il était plus jaloux de s 
montrer éloquent que savant. 

Fol. 40. Sermo mag. Odonis de Castro Radulfi, 
festo beati Martini. — In veste poderis quam habebat,. 
— Verbum illud ad litteram dictum fuit de Aaron 
Pas d'autre copie. 

Fol. 49. Sermo mag. Odonis de Castro Radulfi, 
minicapost festum beati Andreœ. — Ecce dies veniunt 
dicit Dominus... — In verbo isto quatuor considerandi 
sunt. Pas d'autre copie. 

Fol. 49. Sermo mag. Guiardi de Castro Radulfi^ 
dominica post festum beati Nicolai... — Sicut enim ir^ 
monte divisionum... — In prima parte hujus verbï 
notatur primas adventus Domini. 

C'est Odonis qu'il faut lire, au lieu de Guiardi. Ce 
sermon paraît être, sous le n* il, dans le premier 
volume des sermons d'Eudes de Cbâteauroux^ chez 
les Dominicains de Rome : Pitra^ Analecta noviss. ; 
t. II, p. 194. Il est, du reste, tout à fait de son style, 
et Ton ne connaît aucun Guiard de Châteauroux. 

Fol. 62. Sermo mag. Odonis, dominica post festum 
beatx Lucix, — Ecce ego mitto angelum meum... -«: 
Verbu/m illud sumptum est de Malachia. 

Il n'est pas non plus douteux que cet Ùdo soit Eudes 
de Châteauroux. On croit, en lisant ce sermon, lire la 
suite de celui qui précède. 

Fol. 67. Sermo Odonis de Castro Radulfi^ dominica 
ante Nativitaiem Domini. — Numquid rhinocéros volet 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 307 

servire tibi? — Hoc animal idem est quod unicomis; 
quod talis est naturœ quod non potest domesticari. 

Une aulre rédaction du même sermon se trouve 
dans notre n"" 16471 (fol. 412). On peut se rendre 
compte, en comparant les deux textes, des correc- 
tions qu'Eudes a cru devoir faire plus tard à l'œuvre 
primitive. 

Vous ne devinez certainement pas dans quelle 
intention Eudes a choisi pour son thème, le dimanche 
avant la fête de NoëU cette phrase du livre de Job : 
finmquid rhinocéros^ etc. Aucun des fidèles assem- 
blés pour l'entendre ne l'a sans doute deviné mieux 
que vous. Et, ne devinant pas, ils ont prêté l'oreille. 
C'est donc un ingénieux artifice que de commencer 
un sermon en proposant le plus obscur des thèmes , 
pour en tirer ensuite les choses les plus inattendues. 
JSumquid rhinocéros. . . Que vient faire ici cet intrai- 
table rhinocéros ? Eh bien, écoutez, et vous l'allez 
apprendre. C'est... Jésus-Christ : 

Numquid rhinocéros et cet; id est unicornis, per quem 
<lesignatur Ghristus. Unde Psalmus : Et dilectics, id est 
Christus, quemadmodum fiUus unicornium (1) ; et in Nu- 
méris dicit Balaam : Fortitudo ejus, id est ûUus Dei, similis 
unicorni (2). Item in Psalmo: Exaltàbitur sicut unicomis 
cornu meum (3). Item, unicornis diverssâ naturse est; habet 
enim, sicut dicitur, corpus equi, caput cervi, pedeselephan- 
tis et caudam porci ; ita et Ghristus diversarum fuit natu- 
rarum, divinse scilicet et humanœ. Item, unicornis buxeum 

(!) Psalm. XXVIII, 6. 

(2) La citation n'est pas tout à fait exacte. On lit dans les 
Nombres : xxui , 22 et xxiv, 8 : Gujtis fortitudo simîHs est rhi' 
nocerotis, 

(3) Psalm. xcxi, 11. 



208 MANUSCRITS LATINS 

habet colorem; buxus arbor est qusd crescit in deserto et 
non fructiûcat et semper tenet virorem suum; per hoc 
Christus, qui in hoc deserto plantatus est, et, licet non pec- 
caverit, tamen missus est in similitudinem carnis peccati... 
Item, unicornis non potest capi violenter, sed virgo ad 
csipiendum mittitur, quam cum videt unicornis vadit ad 
eam et cubât in gremio ejus et sic capitur; sic et tota na* 
tura humana Christum capere non potuit; unde inCan- 
tico : Quœsivi eum: et non inveni (1) ; sed beata Virgo cœpit 
eum in utero suo. Unde dicitur : Quem totus non capU 
orbis (2), et cet.; et tune fuit domesticus et mansuetus. 
Jer. : Ego quasi agnus mansuetus (3), et cet... Item, 
unicornis naturaliter odit elephantem; per quem desi* 
gnatur diabolus, quem naturaliter odit Christus. Elephas 
iste, id est diabolus, homines devorabat, quia omnes 
descendebant in infernum. Unde Jer. li : Comedit me, de 
voravit me Nàbuchodonosor , rex Babylonis... Item, 
quando elephas, pugnans cum unicorni, cadit, non potest 
surgere, quia juncturas non habet, et propter hoc clamât, 
et tune unicornis, qui nobilis est, levât eum; sic illos qui 
cadunt in peccatum allevat Dominus quando clamant ad 
eum... 

Nous ne voulons pas prolonger cette citation. Ne 
serait-ce pas inutile ? N'avons-nous pas suffisamment 
prouvé combien la recherche de l'esprit peut faire 
commettre d'inconvenances même au plus grave des 
prédicateurs ? Gresset a bien dit que 

L*esprit qu'on veut avoir gâte celui qu'on a. 

Les dernières phrases de ce sermon sont encore ^ 
citer. Nous y voyons qu'en plein moyen âge certain e^ 



(1) Cantic, m, 1. 

(2) Gela ne paraît pas une citation de l'Écriture. 

(3) Jérém. xi, 19. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 209 

gens fêtaient la veille de Noël ainsi que beaucoup 
d'autres la fêtent de nos jours : 

Sicut Judsei de morte Domini tota nocte tractaverunt, sic 
et quidam in vigilia Nativitatis Domini tota nocte de morte 
ejus tractant; ludunt enim tota nocte ad talos et hujus- 
modi, et comedunt et bibunt, et, quod pejus est, Deum mem- 
bratim jurando dilacerant. . . 

Fol. 101. Sermo mag. Odonis, dominica ante festum 
beatx Agnetis. — Convertam solemnitates vestras in 
luctum... — El loquitur de luctu quem incipit hodie 
Ecclesia. Pas d'autre copie. 

Fol. 106. Sermo mag. Od. in festo beati Vincentii. — 
^phraim quasi scopulus durissimus . — In verbo isto duo 
tobis notabilia occwTunt, Primum est quomodo conve- 
'^zat verbum istud beato Vincentio. 

Eudes condamne très fermement la pluralité des 
éoéflces. Il déclare aussi ne pas admettre les 
Yeuses des clercs pourvus de prébendes qui font 
ciministrer leurs églises par des vicaires, résidant 
ux-mêmes à Paris, où, disent-ils, ils s'appliquent, 
• n continuant leurs études, à devenir meilleurs théo- 
cgiens. 

Robert de Sorbon et Gautier de Château-Thierry 
Q'ont pas mieux accueilli leurs excuses. Mais ils les 
ont rejetées, les uns et les autres, sur un ton bien 
différent, suivant la diversité de leurs caractères. 
Eudes, toujours grave et sententieux, feint de croire 
sincères les raisons alléguées par ces tardifs écoliers, 
les discute et démontre qu'elles sont peu valables. 
Robert écoute ces raisons en souriant et les écarte 
ensuite en se moquant, pour bien faire voir que, s'il 
VI 14 



210 MANUSCRITS LATINS 

est indulgent, il n'est pas crédule. Quant au fougueux 
Gautier, entendons-le : 

Clericis commorantibus Parisius, qui nec addiscunt nec 
in ecclesiis Deo serviunt potest dici : Quid hic, id est Pari- 
sius, maxime statis tota die otiosi ? Saltem in parte diei 
possent addiscere et in alia ludis honestis ad recreationem 
se transferre, vel quiescere. £t competenter dicitur c Statis» 
quia statuas sunt inutiles ; gallice gaste bien. Nec possunt 
respondere : Quia nemo nos conduxit ; quia multi ex dena* 
rio Parisius convenerunt, et hoc vel ex denario parentum 
vel ex denario ecclesiarum. Et quare ? Ut laborent in vinea 
Domini, id est sacra Scriptura, et reportent in patriam suam, 
ad ecclesias suas, vinum doctrinîe; quod si non faciunt) 
fures sunt et latrones et defraudatores parentum et ecclesia- 
rum... 

Nota : multi convenerunt non ex denario, sed ex denariis, 
imo ex marchis auri et argenti quas secum afferunt et secum 
perdunt, id est se et pecuniam. Item, non ex denario diurno, 
id est recte acquisito, multi conveniunt..., sed ex denario 
nocturno^ id est per peccatum acquisito, sicut ûlii usurario* 
rum raptorum, qui comedunt et bibunt lacrymas et sangai- 
nem viduarum, et nepotali prselatorum qui de bonis eccle- 
siae, qu8B sunt bona pauperum et pretium sanguinis et 
patrimonium erucifixi... Item, ex denario nocturno ad lit- 
teram, id est de nocte turpiter per luxuriam acquisito, sicut 
illi qui accipiunt bursas suas a mulieribus quas tenent, et 
illi quibus data sunt bénéficia ecclesiastica a prselatis qui- 
bus sorores vel cognatas suas exposuerunt, vel alias procu- 
raverunt, vel aliter, quod abominabile est dicere, qui seipsos 
eisdem turpiter subjecerunt. . . (1) 

Trop de témoins attestent que les mœurs étaient, 
en ce temps-là, très mauvaises pour qu'on puisse en 
douter. Cependant nous n'admettons pas volontiers 
que tout ce qu'on vient de lire doive être pris, comme 
dit l'orateur, à la lettre, et que la corruption fût si 

(1) Man. lat. no 15959, fol. 434 v». 



Ni 



:i: 



DE LA BIBUOTHÈQUE NATIONALE 211 

générale et si profonde. Quand les mœurs sont mau- 
vaises, le langage est vulgaire; et vulgaire équivaut 
à violent, violent à calomnieux. Nous pensons donc 
qu'en accusant ainsi tout le monde, Gautier a man- 
qué de mesure. A la vérité, c'est un reproche qu'on 
peut faire à bien d'autres. Mais n'a-t-on pas lieu 
d'être étonné que de telles choses aient été dites 
dans une chaire, en un jour solennel, devant tout 
un peuple de clercs plus ou moins gradués ? 

Fol. 116. Sermo mag. Odonis de Castro Radulfij 
foetus in vigilia Purificationls beaix Mariœ, aptid 
Sanctum Victorem. — Et ipse accepit eum in ulnas 
sms... — Dominus ad litieram acceptus est a 
Simone. 

Eudes se plaint ici de ce que l'orgueil gagne et 
pervertit tous les parvenus : 

Claustrales, quandiu sunt in claustro, bene et honeste 

custodiunt et servant observantiam regularum; sed, facti 

priores vel aliquam ministrationem habentes, statim inci- 

Piuut advolare et sic mutantur quod etiam nuUum vesti- 

BiuTsx suae prioris conversationis honestas potest in eis 

^eperiri. 

Sequitur de scolaribus. Quandiu pauperes sunt et in scolis 
^orantur, tune honeste se habent; quam cite autem promo- 
^^Utur, ita mutantur quod nuUum pristinae conversationis 
suaa vestigium potest in eis reperiri. 

ïit ita maxime est de nobis theologis, qui sumus sicut 
^ï^^ca quae folia, quandiu tenerrima sunt, libenter comedit ; 
^^ando autem indurantur, tune involvit se in illis etnutrit, 
®t sic mutatur in papelionem, et advolat, et ita quod de ea 
^^ cetero cognosei non potest quod fuerit eruca. Similiter 
^st de nobis theologis, ut dietum est, quia quandiu folia, 
ici est verba sacrœ Seripturae, nobis tenerrima sunt, tune 
libenter comedimus ea; hoc autem est quando recenterveni- 



212 MANUSCRITS LATINS 

mus ad theologiam; sed quando audîendo theologiam inda- 
rantur nobis folia, tune involvimur in eis, volentes nos per 
auctoritates sacrœ Scripturse defendere : quando autem pro- 
movemur, tune incipimus advolare et ita mutamur quodde 
cetero cognosci non possumus. 

Ici, du moins, il est dit du bien des jeunes éco- 
liers : honeste se habent; mais c'est pour rendre plus 
vif le contraste entre les jeunes et les vieux. Combien; 
en efifet, les parvenus diffèrent des aspirants ! Si 
pourtant Torateur constate partout les funestes effets 
de Torgueil, on remarque qu'il le fait en des termes 
modérés, on peut même dire en des termes presque 
aimables pour les maîtres en théologie, ses collègues, 
changés de chenilles en papillons. Peut-être crainUl 
de ne pas un jour résister mieux qu'un autre à Ten- 
vahissement de la contagion. 

Fol. 122. Sermomag. Od.y infesto beati VincentiL 
— Ephraim quasi scopulus durissimus... — Per 
Ephraim, qui interpretatur crescens, significatur... 

Ce sermon est tout entier à l'adresse des religieux 
qui ne sont pas assez respectueusement dociles aux 
ordres de leurs supérieurs. 

Fol. 166. Sermo mag. Odonis de Castro Rad., in 
octabis Paschx. — Hxc est Victoria quâB viiicit muTi" 
du/m,.» — Mundu^ per tria solet homines vincere, 
scilicet per astu^iam, per blanda, per aspera. 

L'objet de ce sermon est de réfuter plusieurs pro- 
positions hérétiques. Eudes argumente ainsi contre 
les manichéens : 

Astutia nmndi dicit quod Deus contrarîa nunquam pone- 
ret in eodem, et sic non fecit corpus et animam, ut videtur 
haereticis, quod contraria sunt, quia caro concupiscit adver- 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 213 

sasspiritum ; et propter hoc diount haeretici quod Deus fecit 
animam^ diabolus autem corpus. Sed, si hsec est causa, 
ignis et aqua cum simul stare non possunt, videtur quod 
Deos ignem et aquam non fecerat. Unde astutia mundi non 
animadvertit quod idem carpentarius unam rotam fecit 
inferius et aliam superius trahere. Item non animadvertit 
quod Deus in principio corpus et animam contraria non 
fecit, sed, post peccatum, sibi ad invicem contrariantur. 

L'opinion ici condamnée, mais assez mal réfutée, 
iie paraît pas avoir eu de partisans au xiii® siècle. Elle 
ne figure pas, du moins, parmi les 205 erreurs 
dénoncées en 1277 au concile de Paris. 

Fol. 176. Sermo mag. Odonis de Castro Rad., qvurta 
feria post quindenam Paschœ. — Cum Moyses Aaron 
^poliasset... — In istis paucisverbis quasi sub velamine 
et figura ostendit Dominus. . . 

Une note marginale nous apprend que ce sermon 
^lat prononcé, non pas dans une chaire paroissiale, 
■^mais en synode. Il n'y est, en effet, question que des 
rètres, de leurs devoirs, qu'ils remplissent mal, et 
e leurs mœurs qui font scandale, surtout à Paris, 
^::dù affluent, délaissant leurs cures, les curés liber- 
'%:ins : Quid erit, dit leur véhément censeur, de illis 
^-^acerdotibus qui cursistant Parisius per vicos etplateas, 
^t, qv^d deterius est, per prostibula, per quorum 
cbsentiam multi perioUtantur ? Presque tout le sermon 
est sur ce ton. Et les prélats ne sont pas plus 
ménagés que les simples prêtres. Ce qu'Eudes repro- 
che particulièrement aux prélats, c'est de courtiser 
les grands du siècle, quand ils devraient n'avoir à 
cœur que de protéger les pauvres gens contre leurs 
exactions, leur3 violences. Nullos principes^ aut 



t^XA 



1 






5 éc 



214 MANUSCRITS LATINS 

nobiles, aut aliquos timere deberent; et la terreur, W^ ^^ 
quand ils devraient parler, étouffe leur voix. Sage J^^^^^^ 
remontrance, mais vaine en Tétat des choses. Oui 
certes les prélats d'autrefois parlaient plus, faisaient 
plus dans Tinlérêt des pauvres gens : mais en cher- 
chant à les imiter leurs successeurs perdraient leur 
peine. On répondrait à ces opulents seigneurs : pour 
suffire à l'entretien de vos palais, de vos familles, de 
vos somptueux équipages, vos archidiacres ne pres- 
surent pas moins vos sujets que nos baillis les nôtres. 
Évidemment leurs remontrances auraient été sans l""^^ 
autorité. Ce n'est plus maintenant à l'Église, c'est à ""^^^ 
la justice du roi qu'il appartient de réprimer la brular 
lité féodale. J'-^^Lt^ 

Fol. 180. 5armo mag, Odonis, dominica qua can- 
tatur : Jubilate Deo, — Plorabitis et flebitis vos. ..— 
Duobus modis potest verbum istud intelligi. 

Ce sermon est aussi contre le relâchement des V\^ 
mœurs. La religion est, dit l'orateur, communément 
méprisée. Elle l'est à ce point qu'on se cache, par 
respect humain, en allant remplir les devoirs qu'elle 
impose, tant on redoute d'être compris dans la caté- 
gorie des '< papelards. » 

De nouveau Eudes s'élève contre la pluralité des 
bénéfices et les vicariats, et de nouveau signale Paris 
comme Tasile choisi par les prébendes insoucieux 
d'administrer leurs églises. 

Fol. 184. Sermo mag, Odonis de Castro Rad., domi- 
nica ante festum beati Bariholomsei. — Voluntarie enim 
genuit nos, . . — In hoc verbo tria consideranda sunt. Pri- 
mo cujus sumus filii. Anonyme, lat. 15955 (fol. 375). 



l-itT 






DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 215 

Ce sermon doit avoir été prononcé dans une église 
de Paris, car on y lit : 

Cum homines Parisius semper audiant verbum Dei, etiam 
ab infantia, magis quam ceteri hoinines damnabuntur nisi 
bona opéra fecerint... Mirum est hodie quod terra seminata, 
scilicet Parisius, non fructiûcat. 

D'autres prédicateurs du même temps nous attes- 
tent ce dédain sceptique des Parisiens à l'égard de 
renseignement religieux et de tout autre. Ils tiraient 
des écoles un profit pécuniaire, mais ils ne les fréquen- 
taient pas. Nous avons cité, sous le n® 12420 une très 
vive apostrophe à l'adresse de ces logeurs, de ces 
taverniers illettrés (1). Nous en pourrions citer 
d'autres. Elevé à l'école du blasphème et du vice, 
l'enfant de Paris n'avait pas, dit un prédicateur ano- 
nyme, d'autre souci que d'apprendre le jargon eroti- 
que ; et ce sont les pères qui l'enseignaient à leurs 
fils, à leurs filles (2). 

Les écoliers eux-mêmes ne donnent pas, à Paris, 
l'exemple de la dévotion. Pourquoi ? Parce qu'ils n'y 
ont d'oreilles que pour les enseignements d'une 
philosophie vaine et menteuse : 

Ad hoc sunt scolares Parisius ut ibi veritate nutriantur. 
Econtra autem, fiUi daemonum, falsitate et verbe vanitatis 
nutriuntur. 

Eudes de Ghâteauroux s'est montré plus d'une fois 
hostile aux théologiens philosophes. Nous lisons dans 
un autre de ses sermons : 

Reprehensibile est quod facultas theologise, quae est et 
vocatur civitas solis veritatis et inteUigentise, nititur loqui 

(1) Tome II, p. 105. (2) Ibid., p. 107. 



216 MANUSCRITS LATINS 

lingua philosophorum, id est illi qui in facultate theologise 
student et docent conantur ei prsebere auctoritatem e dictis 
philosophorum, ac si non fuerit tradita a summa sapientia, 
a qua est omnis alia sapientia. . . 

Multi, verba theologica et verba sanctorum quasi nihil 
habentes, verba philosophica, verba ethnicorum optima 
arbitrantur, et seipsos vendunt filiis Grsecorum, id est phi- 
losophis (1). 

Si les théologiens ennemis des philosophes étaient 
encore nombreux, ils étaient de jour en jour moins 
écoutés; Tattrait puissant de la nouveauté faisait 
croire qu'ils s'exagéraient le péril de la science pro- 
fane. 

Fol. 198. Sermomag. Odonis, dominica post Ascen- 
sionem Domini. — Cum venerit paraclitus... — In 
hoc verbo duo nobis insinuât Dominus, Primura e^t, 
quare ascenderit. 

L'exorde annonce un sermon purement théologi- 
que ; mais à la théologie Eudes mêle toujours la 
morale : 

Sicut mos est hominum duas vestes habere, scilicet quo- 
tidianam et solemnem, quotidiana vestis nostra est pecca- 
tum veniale, solemnis est mortale peccatum, ut homicidia 
et hujusmodi, quae non quotidie, sed aliquando perpetran- 
tur, et, sicut fila vestis numerari non possunt, sic nec pec- 
cata nostra. 

Est-ce dit sérieusement ? C'est bien dur. Plaisam- 
ment! C'est, dans un sermon, peu convenable. 
Encore un mot, vers la fin, sur le cumul des bénéfices: 

Irascimur quando nobis ostenditur via; maxime clerici, 
quando fit mentio contra pluralitatem praebendarum . 

(l) Man. de la Mazarine, n" 356, fol. 214, f et v. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 217 

Fol. 212. Sermo mag. Odonis de Castro Rad., domi- 
nica septima post Pentecosten, in fesio Pétri et Pauli. 
— Misit Josue, filius Nun de Setim... — Verba ista 
tribus modis possunt intelligi, scilicet ad litteram, et 
allegorice secundum quod congruunt festo hodierno, 
et moraliter. Pas d'autre copie. 

Fol. 2^1 . Sermo mag . Odonis de Castro Rad., do- 
minica ante festum beatx Marix Magdalenx. — Nisi 
granum frumenti cadens in terra... — Hœc de Christo 
exponuntv/r. 

La matière de ce sermon est Téloge de saint Victor. 
L'auteur en a reproduit plusieurs phrases dans un 
autre sermon sur le même saint dont un fragment a 
été publié par M. le cardinal Pitra: Anal, noviss.y 
t. II, p. 340. 

Eudes constate, avec regret, qu'il existe, dans les 
monastères, des privilèges aristocratiques, et que 
moines, prieurs, abbés ne sont pas, quand ils man- 
quent à la discipline, traités de la même façon : 

Hodie minores religiosi optime verberantur; majores au" 
tem, scilicet priores et hujusmodi, licet multa commiserint, 
relinquuntur impuniti. 

Ainsi les simples moines, même pour une légère 
faute, étaient encore battus bel et bien. Eudes 
n'approuve pas non plus les abbés, les prieurs, à 
qui ne suffît pas la nourriture frugale des simples 
religieux et qui, pour s'en excuser, allèguent des 
raisons dérisoires : Communia deberent habere cibaria 
claustrales et prxlati. Il en était ainsi dans le vieux 
temps, quand les monastères étaient pauvres. Mais 
se pouvait-il faire que la richesse ne changeât pas les 



218 MANUSCRITS LATINS 

mœurs ? Et le relâchement des mœurs ne devait-il 
pas avoir ensuite pour effet d^appauvrir, de ruiner 
les monastères ? C'est là ce qu'atteste, avec bien 
d'autres, Philippe de Grève : 

Nonne videtis quomodo dissipatae sunt apothecae nigro- 
rum monachorum? Domus in qua solebant esse octoginta 
vel centum non sumit nisi viginti, vel decem, quia con- 
sumpta est domus substantia vivendo prodige et luxu- 
riose (1). 

Fol. 224. Sermo mag! Odonis de Castro Rad,, 
in festo beatae Maria, Magdalenœ, apud S. Antonium. 
— Attulit alabastrum ungenti.» . — In isto verbo qua- 
tuor nobis consideranda occurrunt. Primum est quBd 
sit hase mulier. 

Dans un sermon sur le même thème, que contient 
notre n** 15947 (fol. 252), nous retrouvons aussi 
beaucoup de phrases qu'on lit de celui-ci. 

Fol. 244. Sermo mag. Odonis de Castro Rad.^ 
Assumptionis in vigilia, apud Sanctam Genovefam. — 
Eo tempore mortua estDebora... — Verba ista duobus 
modis possunt considerari, scilicet allegorice secundum 
quod festo Assumptionis beatae Virginis conveniunt. 

On suit quelquefois l'exemple de ceux qu'on blâme. 
C'est là ce qu'Eudes ne parait pas avoir fait. Ayant 
réprimandé les clercs timides qui n'osaient pas dire 
aux grands de dures vérités, il ose, lui, dans une 
chaire monastique, à Sainte-Geneviève, s'exprimer 
ainsi sur le compte des abbés oisifs et luxueux : ' 

Apis quae otiosa est statim ab illis (2) ejicitur; sic debent 
facere religiosi. Dicit enim apostolus : Qui non làborat 

(l) Man. lat. 3544, fol. 2$. (2) Lisez aliis. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 219 

non manducet... (1) Apium qusedam est discolor qaœ 
param operatur; item qusBdc^m est velut adasta, et hsec 
multum operatur et melliûcat. Sic est in religione, quod illi 
qui sibi mutatoriam faciunt et qui magnos habent palefre- 
dos parum operantur et parum prosunt in religione ; sed 
illi qui sunt velut adusti, scilicet claustrales minores, mul- 
tum laborant et fi'uctum plurimum faciunt, et propter hoc 
Dominus magnos noluit eligere, sed minores, scilicet apos- 
tolos. 

La première des phrases que nous venons de citer 
est manifestement une excitation à la révolte. Et les 
révoltes étaient alors fréquentes dans les monastères; 
plus souvent, à la vérité, contre des abbés rigides, 
que contre des abbés oisifs et dissipateurs. 

Fol. 253. Sermo mag. Odonis de Castro Rad., domi* 
nicapost Assumptionem beatœ Virginis. — Erat enim 
formosa valde ... — Verba ista magno plena sunt 
mysterio. 

Et l'orateur s'efforce d'expliquer ce grand mystère. 
De ce long sermon nous n'avons à citer que cette 
courte phrase : 

Palma solebant coronari victores. Unde adhuc victorisB 
palmas afferunt peregrini de transmarinis partibus. 

Ici finissent, dans notre volume, les sermons 
d'Eudes de Ghâteauroux. S'ils sont nombreux, c'est 
qu'il eut comme prédicateur, dès sa jeunesse, un 
renom grand et mérité. 

Gr. ministre des Mineurs. Ce prédicateur est ainsi 
deux fois désigné dans ce volume. Mais nous no 
savons pas comment nous expliquer cette désigna- 

(I) L'apôtre a dit : « Si quis nou vult opcrari nec manducet. » 
Epist. Il ad Thes^al, m, 10, 



220 MANUSCRITS LATINS 

tion. Tordre des Mineurs n'ayant eu, durant tout le 
XIII® siècle, aucun ministre général, minister ordink^ 
dont le nom commence par ces deux lettres Gr. Encore 
ici le copiste a commis quelque eiTCur. Quel qu'il soit, 
ministre ou non, ce Mineur n'avait pas le ton doux 
quand il faisait des réprimandes, et il ne ménageait 
pas plus les réguliers que les séculiers. 

Fol. 148. Sermo mag, Gr.^ de ordine Minorum^ 
ministri ordinis, factus in die Cenœ. — Vade lavare 
septies in Jordane. — In hoc verbo tria consideranda 
sunt, Primum est quo eundum est. 

Beaucoup de mots durs et plus d'une comparaison 
d'une grossièreté choquante ; mais pas un renseigne- 
ment instructif. Nous comprenons bien que l'orateur 
s'est proposé de porter en chaire, au lieu du sermon 
attendu, un véhément réquisitoire contre toute la 
famille chrétienne ; mais il ne convient pas, dans 
un réquisitoire, de remplacer les faits par des invec- 
tives. 

Fol. 159. Sermo fr. Or,, ministri Minorum, factus 
in vigilia Paschw. — Apprehendet messium tritura... 
— Ista verba pertinent ad Christum secundum prxsens 

tempus. 

La modération du langage est ici recommandée, 
dans une courte phrase, à tous les prédicateurs. Il 
faut croire que celui-ci ne s'est pas entendu prêcher le 
jour de la Cène, ou qu'il regrette d'avoir prêché 
comme il Ta fait ce jour-là. 

GuiARD DE Laon. Guiard de Laon fut, dans son 
temps, un prédicateur très applaudi. C'est pourquoi 
beaucoup de ses sermons nous ont été conservés. On 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 221 

S'étonne de voir M. Daunou n'en citer qu'un petit 
xiombre sur la foi de Golveneret de Casimir Oudin (1). 
î^otre volume en contient sept. 11 faut aussi remar- 
quer que son nom seul figure en tête de ces sept ser- 
mons ; ce qui fait supposer qu'il les a prononcés 
n'étant encore pourvu d'aucune dignité. 

Il était, dit Albéric de Trois-Fontaines, chancelier 
de l'église de Paris quand, en Tannée 1238, il fut 
appelé sur le siège épiscopal de Cambrai. Les auteurs 
de la nouvelle Gaule chrétienne ont douté qu'il eût 
été chancelier, Philippe de Grève étant mort dans 
cette charge le jour de Noël de Tannée 1236. Pour 
notre part, nous avons ensuite plus fermement con- 
testé Tassertion d' Albéric, et donné pour successeur 
à Philippe de Grève le futur cardinal Eudes de Châ- 
teauroux (2). Albéric avait pourtant dit la vérité; 
Terreur, c'est nous qui Tavons commise. Cela vient 
de nous être prouvé par la découverte d'un chant 
funèbre que nous allons ici donner d'après le n° 11337 
(fol. 71) de la Bibliothèque nationale. Guiard vient de 
mourir ; on célèbre ses vertus, ses services, on rap- 
pelle ses titres et très expressément on dit qu'il fut 
chancelier de Paris. Voici la pièce : 

Cleri florem a morte comperi. 
Lamententur senes et pueri; 
Guide praesul dum datur funeri 
Renovatur Rachel tristitia. 
Taiatum vii*um décent suspiria. 



(1) HisL un. de la Fr., t. XVIII, p. 355. 

(2) Not. etextr. des mon,, l. XXIV, deusième partie, p. 20C 



222 MANUSCRITS LATINS 

Dies illa dies miseriae, 
In qua verus doctor justitiae 
Atque doctor totius gratias 
Est egressus a Sion filia, 
Taatum virum décent suspiria. 

Urbs nobilis Parisiensium, 
Tuum vere fidelem filium 
Fie doctorem et cancellarium 
Quem oppressit mortis angustia. 
Tantum virum décent suspiria. 

Corde magnus et parvus corpore, 
Suo phœnix reluxit tempore, 
Gemebundo detestans pectore 
Viventium perverse vitia. 
Tantum virum décent suspiria. 

Umbrse mortis oppressus tenebris 
Diu vixit in mundo celebris. 
De Scripturis et legis latebris 
Ënucleans invisibilia. 
Tantum virum décent suspii*ia. 

Vir eloquens est Esdras ^lius, 
Prsedicator nemini tertius, 
Fide novus erat Heraclius, 
Deum timens de pueritia. 
Tantum virum décent suspiria. 

Adhérentes tanto pontiûci, 
Verbo Déi prolis famelici, 
Cupiebant nutantes refici 
Prsedicantis a sapientia. 
Tantum virum décent suspiria. 

La pièce a cinq strophes encore; naais elles ne 
contiennent que des redites et le style n'en est pas 
meilleur que celui des premières. Tout ce que nous 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 223 

avons à tirer de celte pièce, c'est que Guiard fut, en 
ôffet, chancelier de Paris. Gela, d'ailleurs, vient de 
lions être confirmé par les savants éditeurs du Cariai' 
laire de l'Université. Nommé chancelier en 1237 , 
Gruiard, disent-ils, occupait encore celle charge dans 
les premiers mois de Tannée 1238 (1). 

Du chancelier Philippe de Grève nous avons, tracés 
par ses contemporains, des portraits peu flatteurs. Ils 
ne contestent pas son savoir, son mérite ; c'était un 
théologien instruit, un prédicateur chaleureux, et, 
mémo en français, un poète galant; mais il avait, dit- 
on, comme chancelier, trop de passion pour ses droits 
et les faisait valoir avec trop de violence; on lui re- 
prochait aussi de donner aux jeunes clercs un très 
mauvais exemple, en jouissant de plusieurs bénéfices 
dont les fruits accumulés lui permettaient de mener 
un grand train. 

On a heu de croire que Guiard lui fut désigné 
comme successeur par la voix publique, ayant un 
esprit plus calme, des mœurs meilleures et n'étant 
pas moins bon théologien. Les papes^ qui nommaient 
les chanceliers de Paris, pouvaient librement les 
choisir ; personne n'avait qualité pour leur demander 
de justifier leurs préférences. Cependant on les vit 
plus d'une fois, par égard pour l'opinion manifestée 
par le plus grand nombre des maîtres, appeler à la 
chancellerie même des hommes de parti, des radi- 
caux de ce temps-là, dont le programme était de tout 
réformer. Grégoire IX fit un choix plus heureux en 

(1) Chartul. Univ. PariSy t. I, p. 162. 



224 MANUSCRITS LATINS 

nommant tiuiard de Laon. Il le nomma pourtant 
comme s^étant signalé, si modéré quMI fût, parmi les 
censeurs des mœurs ecclésiastiques. C'est là ce que 
nous apprennent plusieurs des sermons que nous 
avons ici. 

Fol. 3. Sermomag, Guiardi de Laud,, in Exaltatione 
sanctœ crucis. — Ego exaltavi lignum humile. — Ver- 
bum istud pertinet ad octobas festi beatœ Mariœ. 

Il y a, dans ce sermon, plusieurs allusions aux 
usages liturgiques des abbayes cisterciennes. On y 
célébrait, parait-il, autrement qu'ailleurs la fête de 
l'Exaltation de la Croix. 

Fol. 14. Sermo mag. Guiardi, in fesio sancti Fran- 
cisci. — Pro Chrisio légations fungimwr,.. — Ibi dicU 
Gregorius: « Nos intérêt Dominum... » 

C'est l'éloge de saint François et des Franciscains, 
qui déjà, dit Guiard, formaient une populeuse confrai- 
rie. Il les loue surtout de leur pauvreté. Ces mots du 
titre, Sancti Francisci, font voir que le sermon est 
postérieur à l'année 1229, date de la canonisation de 
saint François d'Assise. 

Fol. 45. Sermo mag. Emardi de Lauduno^ domi- 
nica ante festum beati Atidreœ. — Qui posuit fines tuos 
pacem»., — Duo naturaliter appetuntur ab' hoc quod 
secimd'um statum suum. . . 

On ne doute pas qn'Emardi soit pour Guiardi. 
Le copiste a commis plus d'une faute semblable. 
S'étant fait un devoir déparier librement sur le compte 
des uns et des autres, Guiard méprise les flatteurs et 
c'est contre eux qu'il a composé tout ce sermon, où 
plus d'une fois il les compare à des boulangers qui 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 225 

trompent les chalands sur la qualité du pain qu'ils 
leur vendent. Ce sont les boulangers du diable : 

Diabolus suos habet pistores qui habent panem paratum ; 
et, sicut fieri solet quando est caristia, quod mali pistores 
panem faciunt de siligine et spargunt illum triticea farina ut 
triticeus videatur, sic faciunt pistores diaboli, scilicet adula- 
tores, qui habent verba polita quae vera videntur et sunt 
plena omnimoda deceptione. 

Ce que Guiard reproche surtout à ces flatteurs, c'est 
^1 6 conseiller, en les excusant, toutes les infractions à 
1* ancienne discipline ; de dire, par exemple, aux clercs 
éculiers qu'ils peuvent innocemment convoiter plu- 
ieurs bénéfices, aux réguliers qu'ils ont le droit de 
aire le commerce. 

Fol. 87. Sermo mag. Guiardi, in octabis NativUatis 
Domini, apud Sanctum Antonium. — Benedices 
coronx anni... — Verbum istud pertinet ad annum 
nooum. 

Ce sermon est tout entier une série de paraphrases 
morales sur les travaux ou les divertissements qui 
sont propres à chacun des douze mois de l'année. 
Mais nous n'eu citons rien, car il y manque ce que 
Tauteur s'est efforcé d'y mettre, le condiment de telles 
paraphrases, Tesprit. 

Fol. 97. Sermo mag. Guiardi, in vigilia Epiphanie. 
— Videntes stellam magi gavisi sunt,.. — In hoc 
verbo tria consideranda sunt. Primum est qui sunt illi. 
Autre exemplaire, avec le nom de l'auteur : lat. 12418 
(fol. 107). 

Mais plusieurs passages de ce sermon sont à citer. 
En voici d'abord un assez dur contre les décrétistes, 
VI 15 



228 MANUSCRITS LATINS 

meus... — In {hoc) verbo tria noiantur qux habuU 
beatus Georgius. 

On rencontre encore dans ce sermon quelques 
mots contre les décrétistes. Ce sont, dit l'orateur, 
d'inutiles bavards. Il a certainement tort de les dire 
inutiles ; ils ne Tétaient pas aux prélats gui les em- 
ployaient. 

Fol. 260. Sermo mag. Guiardlj factus in festo Decol- 
lalionis beati Joannis. — Accedentes discipuli ejus 
tulerunt corpibs... — Simile habetur in evangelio 
hodiemo. 

Ce sermon, le dernier de notre manuscrit, est 
incomplet. 

Guillaume d'Auvergne, évéque de Paris. L'évéque 
de Paris étant, en 1230, Guillaume d'Auvergne, il 
n'est guère douteux qu'il soit auteur de ce sermon : 

Fol. 30. Sermo episcopi Parisiensis, factus in vigilia 
Omnium sanctorum. — Numquid ordinem caeli nosti... 
— Ita loquitur Dominus ad Job. Ordo cœli est ordina- 
tissima curia cœlestis Jérusalem. 

Après avoir fait le dénombrement de tous les 
dignitaires qui composent la hiérarchie céleste, Tévê- 
que met en regard ceux de l'Eglise terrestre : 

Sed hodie e contrario ordinata sunt omnia. Nam, loco 
séraphin, sunt antiseraphin, qui ardent ira vel odio. Item 
anticherubin, qui animos infatuant. Item antithroni, scilicet 
falsi judices vel detractores... Item, loco apostolorum, qui 
fuerunt missi sicutagni in medio luporum, habemus in Eccle- 
sia lupos rapaceS; missos in medio ovium, scilicet prselatos. 
Hodie non habet Ëcclesia apostolos qui dicant : Ecce nos 
reliquimus omnia et secuti sumus te (1) ; sed potius pos- 

(1) MoXihBdi EvangeL, xix, 27. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 229 

suTit dicere : < Ecce non assumpsimus omnia et reliquimus 

te. 9 Non habet Ecclesia hodie apostolos portantes pacem et 

illuminantes patriam, sed potius portantes bella et insidias 

et malo exemplo suo altos obtenebrantes. Unde non sunt 

ignei veligniti^ sed sunt carbones exustiigne vitiorum. Item, 

loco martyrum, hodie habemus delicatissimos in Ecclesia» 

<luorum tota vita in luxuriaet ceteris vitiis consistit.., Item 

loco confessorum, qui armaria ecclesiarum impleverunt, 

habemus detractores qui ponunt laqueos et pedicas ad ca- 

piendum viros..., Christum negant et seipsos confitentur... 

It;em, loco virginum, babemus lecatores et impudicos, et, 

^xim multi virgines casti in una parochia invenirentur, uti- 

^*>am in uno cœnobio unus virgo et castus inveniatur. Item, 

Xcco monachorum et claustralium, habemus irregulares et 

i nobedientes etc . , etc. 

Il est admis qu'un prédicateur peut, en accusant, 
:)nanquer de mesure. Nous aimons à penser que cet 
^vêque en a manqué lorsqu'il a représenté les clercs 
de sa dépendance sous des traits si peu flatteurs. A 
l'en croire, quelle cohue de vauriens ! Mais, nous le 
répétons, si mal réglées que fussent alors, comme 
tout nous l'atteste, les mœurs des clercs parisiens, 
on est persuadé qu'ils étaient moins pervers que ne 
le dit ici leur évèque. 

Guillaume d'Auvergne nous a laissé beaucoup d'au- 
tres sermons; mais ce ne sont pas ceux qu'on a 
publiés sous son nom. 

Jean, de Tordre des Prêcheurs. Ce Jean n'est-il pas 
Jean de Saint-Gilles, de qui nous aurons à mentionner 
tout à l'heure plusieurs sermons ? On peut le suppo- 
ser ; mais on peut en douter, le nom de Jean étant 
alors très commun. Sous ce simple nom nous avons 
le sermon suivant': 

Fol. 207. Sermo mag. Joannis, de ordine Pr^dica- 



230 MANUSCRITS LATINS 

torurriy dominica quinta post Pentecosten. — Estote 
miséricordes sicutet pater,.. — Post tangit Dominus 
quatuor contraria misericordiœ. Rien n'est à citer. 

Jean de Blois. Ce Jean de Blois, de l'ordre des 
Mineurs, n'est connu que par le sermon ici con- 
servé : 

Fol. 109. Sermo cujusdam fratris Minoris^ fr. Joavr 
nis BlesensiSy in conversione sancti Pauli. — Vas admi- 
rabile, opus excelsi. — Quod minus complète de beato 
Paulo in vcrbo isto dicitur. 

A le juger par ce sermon, le Mineur Jean de Blois 
ne se défendait pas d'être libre en ses propos sur le 
compte d'autruî. Nous Ty voyous, en effet, qualifier 
tour à tour, en des termes non moins méprisants, les 
décrétistes, les régents de philosophie, les prébendes 
qui font gérer leurs prébendes pour vivre à Paris en 
écoliers et les prédicateurs superbes qui ne consen- 
tent à prêcher que devant des lettrés, devant des 
clercs, dédaignant un auditoire laïque. 

Jean de Saint-Gilles. H Histoire littéraire a con- 
fondu Jean de Saint-Gilles et Jean de Barastre, doven 
de Saint-Quentin. Nous avons distingué l'un de 
l'autre et donné sur Jean de Barastre quelques ren- 
seignements nouveaux (1). Jean de Saint-Gilles, 
Anglais de naissance, était médecin du roi Philippe- 
Auguste quand, renonçant à la médecine, il s'appliqua 
tout entier à Tétude de la théologie, et, reçu docteur 
en cette faculté (2), devint bientôt un des bons théo- 

(1) Not. et extr, des man,, t. XXI, deuxième partie, p. 17 et 
suivantes. 

(2) H. Denifle, Quellen zur Gelehrleng. des Predig., p. 40. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 231 

logions de Paris, ainsi qu'un des prédicateurs les 
plus goûtés. Échard raconte qu'ayant été prié, dans 
une circonstance solennelle, de venir prêcher devant 
les Dominicains du couvent de Saint- Jacques, il s'in- 
terrompit au milieu de son'sermon, descendit de la 
^taire, demanda l'habit de Tordre, le reçut, puis 
Reparut en chaire et finit son sermon (1). Cette mise 
^ n scène ne paraît pas improvisée ; il est donc possible 
^ue Jean de Saint-Gilles ait été quelque peu charlatan. 
Ç^uoi qu'il en soit, le nouveau frère fut aussitôt chargé 
c3'enseigner la théologie au couvent de Paris, plus 
"tard au couvent de Toulouse. 11 quitta la France 
^n 1235, retournant en Angleterre. Les lettres, nou- 
vellement publiées, de Robert Grossetête, évêque de 
Lincoln, nous montrent en quelle estime l'avait ce 
savant évêque. Ne pouvant, disait-il, remplir, à cause 
de son grand âge, tous ses devoirs épiscopaux, il 
priait, il suppliait frère Alard, prieur de la province 
d'Angleterre, d'envoyer près de lui, pour l'aider, le 
suppléer, cet érudit, cet éloquent docteur Jean de 
Saint-Gilles. Mais il paraît qu'on avait ailleurs besoin 
de lui, car nous voyons que Robert le demanda long- 
temps sans l'obtenir (2). 

Eh bien, si grande qu'ait été la renommée de ce 
prédicateur, tous ses sermons paraissent perdus, 
hormis ceux que renferme notre volume. Quelques 
autres sont conservés peut-être en Angleterre ; mais 
les catalogues ne nous apprennent pas où ils se trou- 
vent. Échard n'en a fait mention que d'après Pits ; et 

(1) Script, ord, Prxd., 1. 1, p. 100. 

(2) Robert! Grossetôto Epistolsd ; edid. Luard ; p. 60, 62, 131. 



2«32 MANUSCRITS LATINS 

Pits n'est pas toujours, on lésait, digne foi. Voiciles 
nôtres . 

Fol. 9^. Sermo mag. Joannis de Sancto jEgidiOy fra- 
tris sancti Jacobi^ dominica in feslo beati Mauricii et 
sociorum ejus. — Numquid est numerusmilitum ejus,.. 

— Unde Dominiùs discipulis suis in Evangelio : « PoniU 
vos... » 

Jean de Saint-Gilles voudrait voir tous les clercs 
suivre son exemple, quitter le siècle et prendre 
rhabit d'un ordre religieux. A la vérité, beaucoup se 
demandent s'ils ne doivent pas le faire ; mais le diable 
les en dissuade. Il s'agit donc, pour les entrainer, de 
réfuter les arguments du diable. C'est à cela que s'ap- 
plique l'orateur. 

F9I. 43. Sermo fr. Jord. de S. jEgidio, dominica 
post festum beati Martini. — Vita operarii sufficientis,., 

— Ad Coloss. : « Non cessamus orantes et postulantes. » - 
Nous ne doutons pas que le copiste ait écrit Jord. 

pour Johan. Aucun prédicateur de ce temps là ne 
s'est appelé Jourdan de Saint-Gilles. Ce sermon 
répond, du reste, au précédent : raconter la vie édi- 
fiante do saint Martin, c'est exhorter les clercs 
mondains à se faire, comme lui, religieux. 

Fol. 84. Sermo fr. Joannis de Sancto jEgidio^ in festo 
beati Thomœ. — Si occiditur in sanctuario Dei sacer- 
dos. . . Esdras : « Misit verbiim suum et sanavit eos. » 

Ce bienheureux Thomas est Thomas Becket ; mais 
il ne s'agit guère de lui dans le sermon. Des para- 
phrases banales y tiennent la place des allusions 
historiques qu'on y voudrait trouver. 

Fol. 98. Sermo mag. Joannis de Sancto jEgidio, 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 233 

inica post Epiphaniam . — Et factum est post tri^ 

m, invenerunt eum intemplo... — Jerem, : « Foc- 

est verbum tuum in gaudium. » 

s sermon est plus intéressant que ceux dont nous 

ions de rendre un compte sommaire. L'orateur 

t d*abord la leçon aux curés qui, prolongeant leur 

jour aux écoles, ne s'acquittent pas de leurs devoirs 

ivers leurs églises : 

Christus scolaris fuit, matrem suam dimittens propter 

)olas; et non uxorem, id est Ecclesiam, pro scolis dimittere 

oluit; imo in tantum eam dilexit quod, licet lacrymas ma~ 

ris suae et Joannis videret, tamen propter sponsam passus 

isty in hoc dans exemplum illis qui habent curam animarum 

|uod ecclesiam non debent dimittere propter scolas. Sed 

taies objiciunt quod in hoc licentiati sunt a suis prsBlatls. Sic 

et multi Ucentiam habent eundi in infernum. 

Yoici maintenant un passage sur le cumul des 
bénéfices où Jean de Saint-Gilles paraît prendre à 
partie le chancelier Philippe de Grève : 

Libenter audiunt non esse peccatum mortale fornicari 
aut habere piures prsebendas. Sed hoc est erigere altare 
contra altare, quia est aliud evangelium. Nostrum enim 
evangelium prsedicat contemptum mundi; multiplicatio 
autem praBbendarum praBdicat contrarium. Sed dicet quis : 
« Ego bene praedico contemptum mundi. » Contra quod potes t 
dici : a Amice, tu prsedicas verbo, sed non facto, cum piures 
habeas praebendas. < 

. . . Beneûcium ecclesise statutum fuit a principio ad ser- 
viendum in ecelesia, et tamen... di versas volunt habere praB- 
bendas ut sic possint tenere magnam familiam et multos 
equos et canes et talia.. Contra quos apostolus : c Nolite 
conformari saeculo (1) i. Item ad Philemonem : « Imitatores 
mei estote sicut et ego Christiet observate eos qui ita ambu- 

(1) Paul us Ad Romanos, XII, 2. 



234 MANUSCRITS lATINS 

lant (1) ; • et constat qnod apostolas multos non habebftt 
equos aut canes aut bujusmodi. 

L'orateur revient, avant de terminer à cette ques- 
tion des écoles qui paraît Tavoir beaucoup préoccupé, 
et c'est encore Texemple de Jésus qu'il allègue pour 
dissuader les clercs de vouloir être trop savants : 

Notandum est quod mater Domini non permisit eum in 
scolis nisi per très dies, et non fuit magister nisi per très 
annos et dimidium ; et in hoc reprehenduntur illi qui semper 
morantur in scolis et nullum fructum faciunt... Oportet 
facere brevia studia, quia brevis est vita. 

Enfin, après avoir gourmande les jeunes clercs qui 
se vouent aux sciences lucratives, oubliant qu'il était 
naguère médecin, ou contrit de Tavoir été, il s'en 
prend aux écoliers à qui plait trop l'étude des livres 
philosophiques : 

Quando taies veniunt ad tbeologiam, vix possunt separari 
a scientia sua, sicut patet in quibusdam qui ab Aristotele 
non possunt in theologia separari, ponentes ibi auricalcum 
pro auro, scilicet pbilosophicas qusestiones et opiniones. 

Notons bien que cela fut dit longtemps avant la 
venue de saint Thomas dans la maison de Saint- 
Jacques. Ce n'est donc pas à lui que le reproche 
s'adresse. Mais n'est-on pas étonné d'entendre si mal 
parler d'Aristote dans le lieu même où, plus tard, il 
doit être en si grand honneur? Si Jean de Saint-Gilles 
avait prévu cela ! 

Ces courts extraits feront, pensons-nous, regretter 
les sermons perdus de Jean de Saint-Gilles. Il avait, 

(i) L*orateur se trompe. Saint Paul n'écrit pas cela à Philémon, 
mais aux Corinthiens : lipist. primay iv, 16. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 235 

comme on le voit, la parole libre et claire : double 
mérite, dont le second n'était pas commun de son 
temps. 

Martin, Lombard, frère Mineur. Encore un prédi- 
cateur dont l'existence nous est révélée par notre 
précieux volume. 

Fol. 74. Sermo fr. Martini Lombardi, de ordine 
/^atrum Minorum^ infesto beati Stephani, — Certamen 
fQrte dédit illi,,. — Verba isla ad litteram dicuti" 
*i^r de Jacob, quœ congrue festivitati hodiemx adap- 
^cintur. 

Ce sermon est d'une longueur inusitée ; mais on 
l'y rencontre que des citations banales, glosées sans 
jsprit. Il était facile de faire de tels sermons avec le 
^manuel de frère Maurice. 

Philippe, prieur de Saint-Jacques. Matthieu, prieur 
de Saint-Jacques, étant mort en Tannée 1227, soa 
successeur fut, dit Échard, Pierre de Reims, que rem- 
plaça, vers Tannée 1230, Hugues de Saint-Gher (1). 
Les assertions d'Échard étant habituellement exactes, 
on est enclin à supposer que le copiste a nommé 
Philippe ce Pierre de Reims qui fut dans la suite évo- 
que d'Agen, dont nous avons précédemment cité 
d'autres sermons conservés en divers manuscrits de 
Paris, de Troyes, de Douai (2). Cependant il ne faut 
peut-être pas s'arrêter à cette conjecture. On peut en 
effet remarquer que, dans la maison de Saint-Jacques, 
on n'exerçait pas longtemps la fonction enviée de 

(1) Script, ord Prxd,, t. I, p. 194. -^Htst. Utt. de /a /'V., t. XIX, 
p. 39. 

(2) Gi-dessus, p. 61. 



236 MANUSCRITS LATINS 

prieur. Mais, qu'il s'agisse d'ua Philippe ou d'an 
Pierre, voici les sermons : 

Fol. 65. Sermo prioris Sancti Jacobi, dominica mit 
Nativitatem Domini. — Ego vox clamantisin deserto.u 
— Secundum litteram ita fuit quod^ cumpriuspro- 
phetatumesset... 

Le prieur n'est pas ici noinmé ; mais il Test plus 
loin. Quelques phrases de ce sermon doivent être 
citées. Nous venons de voir Jean de Blois reprocher à 
certains clercs de ne vouloir pas s'abaisser jusqu'à 
prêcher devant les laïques. Gela n'était pas, comme il 
parait, un cas particulier. Le français était la seule 
langue qu'entendaient les laïques, et les grands 
clercs, soucieux avant tout de leur dignité, jugeaieul 
convenable de ne parler que leur propre langue, le 
latin. Notre prieur blâme ce dédain aristocratique à 
l'égard d'une si nombreuse classe de fidèles : 

In voce tria consideranda sunt. Primum est quod est corn- 
munis omnibus. Sic deberentesse clerici et ministri Ecclesiae, 
scilicet ut communiter prsedicarent minoribus et majoribus, 
et non, sicut quidam magni clerici, qui solummodo clericis 
volunt praedicare et de laicis non curant. 

L'orateur , ayant ensuite comparé les clercs par- 
venus à des vipères, explique ainsi cette comparaison, 
qui veut être, en effet, expliquée. 

Non pungit in hieme, sed pungit in sestate. Per hoc 
pauperes clerici signifîcantur, qui quandiu sunt in hieme, 
scilicet in paupertate, abstinent se a peccatis et non pun- 
gunt, sed adveniente aestate, id est quando dantur eis hono- 
res, tune peccatorum sordibus maculantur. 

Fol. 112. Sermo fr. Philippin prioris S. Jacobi^ do- 



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DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 237 

linicapost Conversionem sancti PauU. — Exiit qui 
'minai seminare, . . — Circa verbum istud tria notanda 
mt; scilicet qualis débeat esse vita clericorum. 

Nous avons ici le nom douteux du prieur, et le 
ermon, dont le ton est celui du précédent, n'offre 
as moins d'allusions aux mœurs du temps. 

On nomme des évêques indignes. Il ne faut pas 
en étonner. Jérémie dit : « Ta plaie est inguérissa- 
le. » Mais pourquoi T est-elle ? Parce qu'elle estcircu- 
lire: 

Insanabilis plaga quia est circularis. Pessimus enim pras- 
tus pessimum vocat canonicum, et mali canonici malum 
Igunt episcopum; et sic est plaga circularis. 

Le trait est assez plaisant. En voici maintenant un 
itre à l'adresse des clercs prébendes qui vivent loin 
3 leurs églises : 

Dicit Habaeuc : « Super custodiam meam stabo (1). » Non 
cit « custodias; » et dicit t stabo. » Non dicit: Ibo Parisius 
l scolas. Quod est contra sacerdotes qui curam habent 
limarum, qui deberent morari in ecclesia sua, spéculantes 
Lventum hostium et soUiciti esse de subditis ut possint eos 
> hostium insidiis liberare, sed ipsi, omnem sollicitudinem 
)jicientes, malunt morari in scolis, dicentes illud Amos, iv : 
Afferte et bibemust » 

Qu'on ne s'étonne pas d'entendre si souvent répri- 
lander les curés qui dépensaient à Paris les revenus 
3 leurs cures, sous prétexte d'achever aux écoles 
urs études imparfaites. II leur était prescrit de 
ïsider là où ils avaient charge d'âmes, et c'est une 
description qu'on leur a souvent rappelée. Mais un 

(1) Habaeuc II, !. 



238 MANUSCRITS LATINS 

très grand nombre n'en tenait pas compte, les évè- 
gues permettant ce qu'ils auraient difficilement em- 
pêché. Paris avait tant d'attrait pour de jeunes clercs^ 
le Paris des écoles et du reste ! 

Fol. 210. Sermo fr. Philippiy de ordine PrœdicO' 
torum, dominica sexta post Pentecostertj — Subduciis ad 
ierram manïbus . , . — Ad litteram, propter tria; au- 
dierant enim doctrinam ejus in prœdicatione. 

Quoique le titre de prieur ne soit pas ici joint au 
nom de Philippe, on n'hésite pas à considérer ce 
sermon comme appartenant à Fauteur de ceux que 
Ton vient de citer. Il y a d'ailleurs la même cri- 
tique des mêmes abus. 

Fol. 242. Sermo fr. Philippi, prioris Sancti Jacobin 
dominica in festo sancti Laurentii. — Tanquam aurum 
infornace.,. — Verba istade martyribus eœpommtur, 
sed tamen beato Laurentio quodam modo conveniunU 

Le passage suivant est une satire assez gaie de 
certaines communautés monastiques : 

Diabolus quamdam religionem invenit, videlîcet quosdam 
papalardos, qui, quando volant converti ad religionem et 
bonam vitam aggredi, abundant delioiis, epulantur splendide 
et duplicibus induuntur. Haec est religio mûris, qu» socie- 
tatem murium carnes ad suum libitum edentium pro reli- 
gione elegit. 

Gomme on le yoit, ce prieur avait de l'esprit. D'au- 
tres ont dit les mêmes choses sur un autre ton, avec 
de gros mots. Le ton dépend du caractère. Notre 
prieur devait être jovial, comme son contemporain 
Robert de Sorbon. Il y a plus d'un trait semblable 
dans les sermons de l'un et de Tautre. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 239 

Philippe de Grève. Notre manuscrit renferme 
deux sermons d'un chancelier de Paris qui n'est pas 
nommé. Mais il est certain que c'est Philippe de 
Grève, associé par le copiste à ses contemporains, 
Guiard de Laon, Eudes de Châteauroux, Guillaume 
d'Auvergne. Le chancelier ayant souvent prêché, nous 
avons de copieux recueils de ses sermons. Le style 
en est vif, les apostrophes y sont fréquentes; on 
y reconnaît un supérieur qui tance des subalternes, et 
qui, de plus, use de son droit sans indulgence, n'ayant 
pas, lui, l'humeur commode. Les deux sermons que 
nous avons ici ne sont pas les meilleurs qu'il nous 
ait laissés ; nous en citerons néanmoins plusieurs 
fragments que les historiens ne jugeront pas dépour- 
vus d'intérêt. 

Fol. 152. Sermo cancellarii, die Cenm post pran^ 
dium. — Surgit a cena et ponit vestimenta . . . — 
Dominus nosier Jésus Christus^ de hoc mundo transi-- 
turus. .. Pas d'autre copie. 

C'est pourtant une pièce très curieuse. L'ayant ici 
rencontrée pour la première fois, nous avons mis 
quelque empressement à la signaler, et nous allons 
reproduire une partie de ce que nous en avons dit. 
a Ce sermon ayant été fait pour le jour de la Cène, 
l'orateur a choisi le pain comme matière de sa para- 
phrase théologique et morale. Il y a, dit-il, trois 
fours où se fabriquent diverses sortes de bon pain, 
et dont les fourniers sont les Pères de l'Église, les 
confesseurs, enfin les prêtres dont le noble mandat 
est d'offrir aux fidèles le pain vivant, l'hostie consa- 
crée. Mais à l'opposite sont, en nombre égal, les fours 



240 MANUSCRITS LATINS 

du diable d*où sortent les pains corrupteurs des 
âmes (1). D Voici la description des uns et des autres: 

Primi panis furnus est studium sive gymnasium sacrae 
Scripturœ; hujus furni furnarii sunt doctores sacrsB Scrip- 
turae. Secundi panis est furnus pœnitentise; hujus furni fur- 
narii sunt confessores. Tertii panis furnus est sacrosanctam 
altare; hujus furni furnarii sunt sacerdotes. 

Sed vaB nobis hodie, quia contra hos furnos sedificavit 
diabolus suos furnos in Albigensi, in Romanis, in Medulanis 
et in partibus istis. Primus furnus diaboli est latibulum 
suspectas doctrinse; hujus furni furnarii sunt pseudo-praedi- 
catores; panis hujus furni est falsa doctrina abscondita; 
Prov. : t Aquae furtivae dulces sunt, panis absconditus sua- 
vior (2) » De istis furnariis erat Hyechardus furnarius, in 
Remensi synodo condemnatus. Hujus imitatores sunt illi qui 
in abscondito praedicant, sicut praedixerat Dominus in 
Matth., 2i : a Multi pseudo-prophetae surgent ; > et sedacent 
multos; et cet. : « 'Si quis vobis dixerit : t Ecce hic est Chris- 
tus aut illic, i nolite credere; » et cet. usque ibi : i Si ergo 
dixerit vobis : t Ecce in deserto est, » nolite exire; « Ecce in 
penetralibus, nolite credere; sicut enim fulgur », et cet... 
Suspecti sunt qui quaerunt solitudines; et propter hoc dicit 
Dominus in Evangelio : « Attendite vos a fermento phariseo- 
rum (3),quod est hypocrisis. » Hos docet reprehendere beatus 
Bernardus, dicens : * Rusticales homines sunt idiotae; non 
tamen negligendi sunt, neque cum eis negligenter agendum 
est; sermo enim eorum serpit ut cancer; » et cet. Propter hoc 
praeceptum est in Remensi concilio ne transferantur sicut 
hactenus libri sacrae Scripturae in gallicum idioma... 

Secundus furnus est furnus confessionis seductoriae. Hujus 
furni sunt furnarii clavium Ecclesiae contemptores, quorum 
quidam ex toto confessionem destruunt... Item alii sunt qui 
confessionis virtutem diminuunt, dicentes quod nihil valent 
indulgentiae crucesignatis... Item alii sunt qui confessionem 
non diminuunt, sed confessionis potestatem extendunt, di* 

(1) Journal des Savants t 1889, p. 506. 

(2) Prov. IX, 17. 

(3) Evang. Lucœ, xii, i . 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 241 

centes quod licet unicuique cuilibet conûteri... Horum imi- 
tatores sant quidam sacerdotes qui nimis potestatem suam 
extendunt, mittentes falcem in messem alienam. Taies sunt 
illi qui mulierum quse sunt de parochia aliéna audiunt con- 
fessiones; qui potius quserunt corruptionem earum quam 
correptionem... In hoe ergo maximum est periculum illis 
qui se ingerunt confessionibus, quod mulieres, proprios sa- 
cerdotes relinquentes, quaerunt alienos, quia sic proprii sa- 
cerdotes non possunt suas mulieres cognoscere, cum tamen 
eis dicatur : « Diligenter inquire vultum pecoris tui (1). » 

Ter tins fur nus diaboli est congregatio unitatis perniciosa;. 
Hujus fur ni sunt furnarii schismatum seminatores. Talis 
erat Hyecbardus, Kemensis furnarius, et ejus imitatores 
taies. Hsec est congregatio de qua dicitur in Psalmo: t Odivi 
ecclesiam malignantium (2). » Iste furnarius Remensis 
de triplici furno, scilicet doctrinse corruptœ, confessionis 
seductorisB et congregationis unitatis perniciosse^ translatus 
est ad furnum temporalis pœnse et deinde ad furnum 
gehennse. 

Voilà, nous n'hésitons pas à le dire, un précieux 
document. Un hérétique, nommé Wichard ou Gui- 
chard, agite, dans les premières années du xiii* 
siècle la ville de Reims, s' efforçant, comme il paraît, 
d'attirer les laïques hors de l'Église. Un concile, 
assemblé dans cette ville, le condamne et condamne 
en même temps les versions des livres saints en lan- 
gue vulgaire. Enfin, livré par le concile au bras sécu- 
lier, Guichard est brûlé. Quel autre témoignage a-t-on 
sur ce Guichard, sur ce concile ? Nous n'en connais- 
sons aucun. Il est bien extraordinaire que pas un 
chroniqueur n'ait fait mention d'un fait aussi grave. 

a Cette hérésie de Reims semble avoir eu beaucoup 
de ressemblance avec celle que Bertrand, évêque de 

(1) Prov. XXVII, 23. (2) Psalm. XXV, 5. 

VI 16 



244 MANUSCRITS LATINS 

nitates et permutant socios suos choreas ducere per vicos et 
plateas, eis compatiendum est quia, qui scire debebant (sic) 
et alios docere.., ipso die incœptionis susb insaniunt. 

Il y a dans ce sermon, comme dans le précédent, 
plus d'une trivialité. Qu'on s'en étonne, mais voilà 
sur quel ton un clerc séculier prêchait, vers le milieu 
du XIII® siècle, dans cette chaire de Saint-Victor 
qu'avaient tour à tour occupée, dans le siècle précé- 
dent, ces orateurs si curieux de Télégance littéraire, 
Hugues, Achard, Absalon ! 

Fol. 95. Sermo mag. Pétri de Barro, in Epiphania 
Domini, — Ecce descripsi eam tibi tripliciter . . . — 
Disponens Dominus hujus diei solemnitatem eam 
descripsit tripliciter. 

L'orateur se plaint de voir les théologiens prêcher 
dans la chaire de l'école et philosopher dans celle de 
l'église. Cette dernière inconvenance ne lui sera cer- 
tainement pas reprochée : la passion de philosopher 
ne Tobsède pas. Il préfère raconter des anecdotes, 
comme celle-ci : 

Accidit quod quidam pbilosopbus spuit in faciem cujus- 
dam divitis, et, interrogatus cur boc fecisset, respondit quod 
non inveniebat locum viliorem; et boc erat quia dives ille 
ordinem suum non servabat. 

Mais il sait mal cette anecdote et la raconte si mal 
qu'on ne comprend pas ce qu'il veut dire. La voici 
bien mieux narrée par Eudes de Gériton : 

Quidam rex, gloriam mundi diligens, fecit pavimentum 
aulse suse, sedilia et parietes cortinis pretiosis cooperiri, 
mensam mappa et aureis vasis et argenteis fecit ornari; et 
cum sapiens quidam inter convivas esset invitatus, sedens 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 245 

âd mensam régis circumpexit undique ubi posset spuere, et 
cum vidisset omnia loca ornamentis cooperta, conspuit in 
barbam régis. In quem statim servientes régis manus injece- 
runt. Rex autem, non sine ratione sapientem hoc fecisse 
autumans, saBvitiam servientium repressit et qusesivit cur 
philosophas sic fecisset. Qui respondit : « Quod cortinas et 
vasa pretiosa intuens, non vidi locum viliorem quam barbam 
régis, pinguedine ciborum perunctam (1) ». 

Eudes de Cériton ne fait pas supposer que son phi- 
losophe avait trop bu lorsqu'il agissait de la sorte ; 
mais un lecteur de son sermon Ta soupçonné, et sur 
la marge du manuscrit auquel nous venons de faire 
cet emprunt il a mis ces vers léonins : 

Qui bibis argento ditis Lazarique mémento, 
Utque bibas parce Loth te monet et patriarchsB. 

Mais revenons au sermon de Pierre de Bar pour en 
citer encore cette phrase : 

Scoti novos sotulares suos portant et non audent eos cal- 
ciare, dicentes quod in pedibus suis bene potest redire nova 
pellis, in sotulaiîbus nequaquam. 

Fol. 141. Sermo mag. Pétri de Barro, dominica 
qua cantatur : Lœtare Jérusalem, — Lxtare Jérusalem 
et conventum facite... — Consuetudo est, sicut dicit 
apostolus^ quod magister de profectu discipulorum... 

11 n*y a rien à tirer de ce sermon. 

Fol. 145. Sermo mag. Pétri de Baro, dominica qua 
cantatur : Judica me, Deus. — Levabit Dominus 
signum ... — Magis per diem istum Pascha, per solem 
Christus, per lunam Ecclesia designatur. 

Ce sermon est, comme le précédent, sans intérêt. 

(1) Bibl. nat., man. lat. 16506, f. 180, c. 2, 



246 MANUSCRITS LATINS 

Prévostin. Quelques bibliographes font mourir le 
chancelier Prévostin en Tannée 1209 ; d'autres pro- 
longent sa vie jusqu'en Tannée 1218 (1). La présence 
d'un de ses sermons dans notre volume peut fiiire 
supposer qu'il a vécu plus longtemps encore. 

Fol. 227. Sermo de beato Germano mag. Prxpositi, 
factus apud Sanctum Germanum. — Venit germanus 
tuus frudulenter, . — Non memini me legisse aliqusm 
in iextu sacrx Scripturœ vocatum Germanum. 

Prononcé dans Téglise de Saint-Germain TAuxerrois, 
ce sermon contient quelques assertions peu claires 
sur Torigine de cette église, où furent, est-il dit, 
eiisevelis saint Etienne, saint Vincent, puis saint 
Germain. 

Richard, de Tordre des Mineurs. De ce prédicateur 
obscur nous n'avons encore rencontré que le sermon 
suivant : 

Fol. 51. Sermo fratris Richardi, de ordine fratrum 
Minorum, in festo beati Nicolai. — Qu(zsi oliva pullu- 
lans,.. — In hoc verbo ccmmendatur vita beati Nicolai. 

Saint Nicolas étant le patron des écoles, ce frère 
Richard ne pouvait négliger, en cette occasion, d'a- 
dresser quelques remontrances tant aux écoliers de 
son temps qu'à leurs maîtres. Ce sont les maîtres 
qu'il traite le plus mal : 

Magister ex maie acquisito vivit, quoniam illud non est 
lucratus, et sic parentes puerorum decipiuntur; et adhuc, 
quod deterius est, peccatis puerorum consentiunt et sic in 
turpitudinem illorum offendunt. Unde melius possint vocari 
RichaudsB quam magistri, gallice Richouz. 

(1) Ilist, un, de la Fr.y t. XVI, p. 584. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 247 

Notons que La Richaude est, dans les sermoas, le 
nom commun des entremetteuses, comme Bucéphale 
est, dans les livres de logique, le nom commun des 

chevaux et Bruneau celui des ânes. Nous lisons dans 

un autre sermon anonyme : 

Zelotypus omnes jovellos uxorissuse», ab adultère receptos, 
dilaniat; Richaudam, si potest, yerberat(l); 

et dans un sermon d'Eudes de Cériton : 

Diabolus aperit septem tabernas inferni : scilicet luxurise, 
gulae, tristitise, irsB, vanae glorise. Taberna luxuriœ est 
prostibulum meretricis et adultéras. Clamatrixhujus tabernae 
est Rigolda, stupri concUiatrix, qu83 clamât dicens : • Qui- 
cumque dederit duos denarios aureos, scilicet decem solides 
dominœ mese. . . (2) » 

Anonymes de l'ordre des Prêcheurs. Il nous reste 
à faire coanaitre un assez grand nombre de sermons 
anonymes, et dont nous n'avons pas découvert les 
auteurs. En premier lieu ceux qui sont attribués à des 
religieux dominicains. 

Fol. 21. Sermo cujusdam fratris de S. Jacobo, 
dominica post festum beati Dionysii. — Renovamini 
spiritu mentis vestrx. — Ad hanc renovationemneces- 
saria est nobis m via duplex stola. 

Nous avons dans ce sermonaire anonyme un Domi- 
nicain qui s'accuse d'avoir eu trop de commerce avec 
Aristote et les autres philosophes. De cela nous nous 
empressons de l'absoudre. 

Fol. 27. Sermo cujiosdam fratris S. Jacobi, dominica 
ante festum Omnium Sanctorum, — Erat quidam 

(l)Man. lat. n* 15951, fol. 316, col. 1. 
(2) Maa. lat. n* 1C506, fol. 178, col. 2. 



248 MANUSCRITS LATINS 

regulus cujios, filius. . . — Regulus iste primum Itomi- 
nem significat. 

Rien n'6st à citer. 

Fol. 38. Sermo cujusdam fratris de S. Jacobo^ domi- 
nica ante festum beati Martini. — Imitatores mei 
estote... — In Mattlixo XXII^ dixit Jésus illis qui 
tentabant eum : a Ostendite mihi numisma. . . » 

Ici non plus nous ne rencontrons rien qu'il nous 
semble utile de signaler. 

Fol. 120. Sermo cujusdam fratris de Sancto Jacobo^ 
factus in Templo, i?i festo Purificationis beatss Virginis. 
— Tulerunt Jesum in Jérusalem. . . — Similiter 
oportet ut et Dominics per processionem, id est totam 
vitam nostram. . . 

Les nobles doivent être modestes et les riches 
charitables. Telle est la matière de ce sermon pro- 
noncé devant les Templiers, qui, comme on le sait, 
étaient à la fois riches et nobles. L'orateur a donc osé 
leur donner une leçon. Mais il y en a si peu dont on 
profite ! 

Fol. 136. Sermo cujusdam fratris de Sancto Jacobo^ 
dominicaqua cantatur : Oculi mei. — Ambulate in 
dilectione... Luc. IX : « Beati qui audiunt... » — 
Dicit enim alibi Dominus : « Si in sermone meo. . . » 

Ce sermon a pour objet principal de recommander 
la confession. On y lit l'anecdote suivantes 

Cuidam mulieri qu83 puerum suum interfecerat appawiit 
diabolus, volens eam coram praelato suo accusare de homi- 
cidio suo; quse, audiens crimen sibi a diabolo impositum, et 
verum esse cognoscens, timuit, et, contrita veniens ad 
sacerdotem, confessa est puerum suum occidisse. Ule autem 
injunxit pœnitentiam pro peccato, et tune mulier, die 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 249 

sibi assignata, coram praslato suo comparuit, et, ex alia 
parte, dîabolus volens eam accusare ; sed dum contra illam 
Yellet allegare, confessus est se mulierem illam non novisse 
seu nosse. 

Fol. 173. Sermo cujusdam fratris de Sancto Jacobo, 
foetus in quindena Paschœ, de introitu missx, — Mi- 
sericordia Domini plena est terra. In Ecclesiaste : « Fvr- 
niculus triplex. . . » — Duo sunt funiculi quorum 
quilibet triplex débet esse. 

Il n'y a pas beaucoup de propos libres dans les 
sermons que nous avons jusqu'ici rencontrés. D'où 
nous avons pu conclure que l'auteur de la collection 
ne goûtait pas les facéties et les trivialités dont beau- 
coup de ses contemporains paraissent avoir fait grand 
cas. Les inconvenances littéraires ne manquent pour- 
tant pas dans celui que nous avons maintenant sous 
les yeux. Celle-ci, par exemple, sera certainement 
jugée repréhensible, même par les plus indulgents 
critiques : 

Habet Dominas consuetudinem militum qui de die nolunt 
esse cum sponsis suis, dommodo illas de nocte secum ha- 
beant ; sic et Dominus in die prosperltatis de sponsa, id est 
de anima, non curât, sed in nocte adversitatis et tribula- 
tionis vult esse cum illa. 

Plus d'une fois notre prédicateur condamne les 
mœurs des clercs séculiers. Il leur reproche d'abord 
de prendre une part quelconque aux expéditions 
militaires. 

Quidam clerici, quotidie audientes verbum Dei, insistant 
guerris et litigiis; quod est contra regulam vitse clericalis. 
Insistere enim guerris vita militaris est, aut, ut verius 
fateatur, vita est diabolica. 



350 MANUSCRITS LATINS 

Il y a plus; les clercs séculiers se battent quelque- 
fois entre eux. Et pourquoi? Pour des chiens, pour 
des femmes. Voici bien évidemment une allusion à 
quelque grosse rixe entre les écoliers de Paris : 

Pugnant clerici invicem etiam propter unum canem et, ut 
verius dicam, propter mnlierculas, ut sic ad suum libitam 
fornicentur. Multum siquidem mihi videtur mirabile quod 
unus Btultus, quia compatriota est eôrum, tôt potest secum 
sapientes attrahere ad bellandum. Sciunt enim sapientes 
quod modicum fermenti totam massam corrumpit, et ideo 
stultos deberent a se repellere. Pro Deo igitur expurgate 
vêtus fermentum î Ut sic libère addicentes Parisius stultis 
invitantibus vos ad bella dicatis illud Psalmi : a Declinate 
a me maligni et scrutabor mandata Dei mei ! » 

La possession contestée d'un chien ou d'une femme 
avait donc mis aux prises, non seulement deux 
écoliers, mais encore deux nations. Ces batailles 
entre nations étaient fréquentes, et s'engageaient 
pour la moindre cause. La date de celle-ci nous est 
vaguement indiquée. Elle avait eu lieu, nous dit-on, 
dans le temps où les coups d'état du chancelier 
Philippe de Grève avaient éloigné de Paris beaucoup 
de maîtres et d'écoliers : 

Removeatis ergo taies bellatores a vobis..., quia, cum 
jam studium Parlsiense in parte dissipetur, sic volunt illud 
omnino dissipare, et sic per consequens volunt Mem peri- 
mere; nisi enimesset studium, nuUus bsereticis resisteret, 
et sic destruendo fidem possent publiée prœdicare. 

Voici maintenant une anecdote concernant les 
clercs batailleurs : 

De hujusmodi clericis dixit Philippus, bonae mémorise, 
rex Francorum, quod audaciores erant militibus; milites 
enim armati invicem pugnare formidant, clerici autem iner- 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 251 

mes, non galeati, sed rasis coronis et bene tonsarati, se cnm 
cultellis invadunt» quod est maxima stultitia et maximum 
damnum. 

Ce roi Philippe est certainemeut Philippe-Auguste. 

Ainsi Ton voit que, sous son règne, les clercs tonsurés 

avaient déjà pris Thabitude de jouer aux couteaux. 

Fol. 200. Sermo cujusdam fratris de ordine Prœ* 

- dicatorum, dominica tertia post Pentecosten . — Nolite 

mirari si odit vos mimdus. — Multœ sunt rationes 

quare mundus servos Dei, id est sanctos, odit. 

Ce prédicateur blâme aussi, quoique Dominicain, 
le mélange de la théologie et de la philosophie : 

Sunt aliqui qui bene linguaiQ spiritualem didicerunt, id 
est theologiam, sed tamen in ea barbarizant, eam per philo- 
sophiam corrumpentes ; qui enim metaphysicam didicit 
semper vult in sacra Scriptura metaphysice procedere. 
SimUiter qui geometriam didicit semper loquitur de punctis 
et lineis in theologia. Taies induunt regem vestibus sordidis 
etlaeeratis; item spargunt pulverem in lucem et inde nas- 
cuntur cyniphes; Exod. VIII. 

Mais ces Dominicains de Paris, qui traitent si mal 
laphilosophie, n'ont pas encore entendu saint Thomas. 
Ceux qui l'auront eu pour maître en parleront avec plus 
de respect, et la gloire de la maison de Saint-Jacques 
r sera d'avoir particulièrement honoré l'étude qu'elle 
méprise aujourd'hui. Ajoutons que ce prédicateur est 
un des plus animés contre les possesseurs de multi- 
ples prébendes. Il connaît sans doute toutes les raisons 
qu'ils allèguent pour s'excuser ; mais il n'en accepte 
aucune. 

Fol. 203. Sermo cujusdam fratris de ordine Prœdi- 
catorum, dominica quarta post Pentecosten, — Erant 



252 MANUSCRITS LATINS 

appropinquantes publicani , . . Unde Dominus dicit: 
« Ego in hoc natits sum... » — AUenditej fratres, 
quanta sit virtiis dominici sermonis. 

L'orateur invite les jeunes clercs à prendre l'habit 
religieux. Ils espèrent, ils attendent les faveurs du 
siècle; mais hélas! qu'ils le sachent bien, pour 
gagner ces faveurs ils compromettent leur salut. 

Fol. 216. Sermo cujusdam fratris de S. Jacobo^ 
dominica octava post Peniecosten^ de Petro et Paulo. 
— Viri misericordiœ colliguntur. . . In Ecclesiastico, 
XLIV : a Laudemus viras gloriosos. . . » — Videlicet 
Petrum et Paulum, de quibus dicitur. . . 

Rien n*est à citer. 

Fol. 219. Sermo cujusdam fratris Prœdicatoris, 
dominica nona post Pentecosten, — Qui facit vokn- 
tatem patris mei... — Fratres, proposita est nobis 
introitiùs cœlestis invisibilis conditio. 

L'orateur qualifie d'histrions les prédicateurs qui ne 
font pas ce qu'ils enseignent. Il dit des légistes qu'ils 
troublent et souillent l'Eglise : pungunt^ inquiétant 
inficiunt, immaculant ecclesiam. Le tort, le crime des 
légistes était de trop souvent rappeler qu'il y avait 
des lois à des gens qui préféraient Tignorer, Les 
religieux particulièrement ne connaissaient pas 
d'autre code que leur règle. 

Fol. 257. Sermo cujusdam fratris deSancto Jacobo, 

factus dominica in festo beati Bartholomœi. — Non 

vos me elegistis. . . — In his verbisduo nobis conside- 

randa occurrunt, Primum est abundantia gratix Dei, 

Tout est banal dans ce pieux sermon. 

Anonymes de l'ordre des Mineurs. Faisons remar- 



DE LÀ BIBUOTHÈQUE NATIONALE 253 

quer qu'en ce temps-là les religieux des deux ordres 

nouveaux parlaient efi chaire à peu près la même 

langue, n'étant encore divisés par aucun intérêt, par 

aucune opinion. C'est dans la seconde moitié du siècle 

que doivent éclater leurs dissentiments. Ils sont 

présentement dominés par une passion commune : 

la haine (oui, l'on peut dire la haine) des clercs 

séculiers, qui ne leur sont pas, de leur côté, moins 

hostiles. 

Fol. 80. Sermo cicjusdam fratris MinoriSj in festo 
beati Joannis. — Amico fideli nulla est comparatio... 

— In verbo isto commendatur heatus Joannes a tribus. 
Notons pourtant que l'éloge de la charité, de l'amitié, 

de la bienveillance réciproque, est Tunique objet de 
ce court sermon. 

Fol' 82. Sermo cujusdam fratris Minoris, in festo 
Imiocentium . — Innocentes et recti adhxserunt mihi... 

— Attendamus hic, dilectissimi, veritatem Salvatoris. 
Ce n'est certes pas ici que l'on trouvera la bien- 
veillance plus haut recommandée. Voluptas luxuriœ^ 
dit l'orateur, hodie maxime régnât in clericis; et 
lesdits clercs assurent que la luxure n'est pas péché 
mortel, allant jusqu'à prétendre que, pour avoir l'es- 
prit plus net, plus sain, il faut offrir à la nature les 
satisfactions qu'elle réclame : Quidam sunt qui for-- 
nicantur ut limpidiorem habeant intellectum; quel- 
ques-uns même s'abandonnent, sous ce prétexte, à 
des vices que la nature condamne. Le religieux pro- 
teste vivement contre cette doctrine hygiénique. 

Fol. 103. Sermo cujusdam fratris Minoris^ in festo 
beatae Agnetis, — Tu laetitia Israël.,. — In verbo isto 



254 MANUSCRITS LATINS 

quoique tioianda surU quw beaix Agneti congruenter 
competunt. 

Après avoir brièvemeat parlé de sainte Agnès, le 
prédicateur change de propos et brusquement, sans 
transition, commence à déclamer contre tous les 
représentants de la puissance civile. Que senties 
seigneurs terriens ? Ils sont la vermine qui suce 
le sang du peuple asservi. Et les rois ? Ils ont été 
supérieurs aux prêtres, mais il y a bien longtemps, 
et ils leur sont aujourd'hui notoirement inférieurs. 
Nous citons : 

Omnibus debent clërici dominari, licet sic non fuerit ante 
tempus gratisB, in quo reges digniores erant sacerdotlbns. 
Et propter hoc dixit Moyses : c Vos eritis mihi gens sancta, 
regnum sacerdotale. (1)» Perhoc patet quod reges digniores 
erant sacerdotibus;substantiyum enim dignius est adjectivo. 
In tempore autem gratiae e contrario est, et propter hoc 
dixit Petrus in canonica sua : c Regale sacerdotium, gens 
sancta, populus acquisitionis. (2) • Et ecce patet quod sacer- 
dotes digniores sunt regibus et principibus, quia sacerdo- 
tium subanteponitur regali, aut adjectivo; substantivum 
autem, ut dictum est^ est dignius adjectivo. 

Voilà certes, au profit des prétentions romaines, 
un argument nouveau, qui vaut bien celui des deux 
luminaires. La syntaxe intervenant pour mettre 
l'État dansTÉglise ! Il est vraiment inconcevable que 
son intervention ait eu si peu d'effet. Un autre passage 
du même sermon est à remarquer. Les ordres men- 
diants n'eurent pas tout d'abord le succès que devait 
promptement leur faire obtenir l'éclatant mérite 
d'Alexandre de Halès, de Jean de La Rochelle, d'Albert 

(n Exod. XIX, 6. (2) EpisL Pétri prima, II, 9. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 255 

le Grand, de saint Thomas. S'ils avaient des partisans 
dans la jeunesse, ils y avaient aussi des adversaires ; 
sMls parlaient mal et très mal, comme nous en avons 
fourni plus d'une prouve, du clergé séculier, celui-ci 
ne les épargnait guère. Le passage qu'il nous reste à 
citer contient une allusion aux propos qu'on tenait 
sur leur compte pour détourner les jeunes clercs de 
revêtir leur habit : 

Sunt aUqui qui, non solum nolunt fieri pauperes, sed 
etiam prohibent aliis ne et ipsi pauperes sint et ne intrent 
daustrum; et propterhoc qui vultintrare religionem caveat 
sibi ne consiUum accipiat a talibus, quia de mundo sunt et 
de mundo loquuntur. 

Chacun des deux ordres tirait de son côté la jeu-, 
nesse indécise. C'est la matière du poème de Guy de 
La Marche : Disputaiio mundi et religionis. 

Fol. 133. Sermo cujusdam fratris MinoriSy in Ca- 
thedra sancti Pétri. — Exaltent eum in ecclesia pie- 
bis. .. — Quasi Christum qui dixit : « Cu,m exaltatus 
fusro. » 

Recueillons encore un témoignage relatif aux obsta- 
cles opposés par les séculiers aux progrès des nou- 
veaux réguliers : 

Cum a natura sit paritas, liquidum est eos qui in nobilitate 
sua, aut scientiis, aut divitiis superbiunt agere contra 
naturœ et divinae justitise veritatem. Taies siquidem non 
solum paritatem naturae, quse in reUgione est, habere 
renuunt, sed etiam socios suos et alios provocant, prohi- 
bendo eis ne ad istam accédant paritatem. 

Ainsi Ton disait aux jeunes clercs pour les attirer 
à soi : la nature a fait les hommes égaux ; la nature 



256 MANUSCRITS LATINS 

réprouve donc toutes les distinctions qui les rendent 
inégaux dans Téglise séculière. Et Ton ajoutait : Ubi 
paritas ibi caritaSy in religione vera libertas. Egalité, 
fraternité, liberté ! Comme on le voit, la devise est 
ancienne, et l'invention en appartient à quelque pro- 
pagandiste Prêcheur ou Mineur. 

Fol. 155. Sermo cujusdam fratris Minoris^ sexa- 
gesima sexta in Passione Domini. — Fratres, hoc sert- 
tite in vobi^ quod est in Chrisio Jesu. Quinque sunt 
sensusper quos sentimus. 

Fuyez le siècle ; entrez, entrez en religion ; aux 
seuls religieux est garanti le salut. Ainsi nous pouvons 
résumer tout ce sermon. 

Fol. 162. Sermo cujusdam fratris Minoris^ factus 
in crastino Paschœ. — Duo ex discipulis ibant ipsa 
die... — In isto verbo quatuor consideranda occuT' 
runt, scilicet quid per castellumj quidper Jérusalem.., 

Les clercs séculiers sont encore ici durement gour* 
mandés, mais en de courtes phrases d'où l'historien 
n'a rien à tirer. 

Fol. 170. Sermo cujusdam fratris Minoris in octor 
bis Annuntiationis dominicae. — Audita tibi feci 
nova... — In verbo isto duo nobis consideranda occW' 
runt. Primo quomodo Annuntiationi dominicae et in- 
carnationi conveniat. 

Les clercs, bien entendu les clercs séculiers, sont 
encore très mal traités par ce religieux, qui, prenant 
pour texte une phrase de saint Luc sur l'enfant pro- 
digue, la commente ainsi : 

Similiter faciunt clerici^ bona naturaUa et gratuita etiam 
in meretricibus consumentes, et, quod pejus est, in meretri- 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 257 

cibus expendunt patrimonium crucifix! ; et non solum in 
nieretricibus suam volunt exercere luxuriam, sed, quod abo- 
minabile est, masculi in masculos turpitudinem operantur. 

Nous avons déjà lu dans un autre sermon le der- 
nier de ces chefs d'accusation. Il fallait que les inimi- 
tiés fussent alors bien vives entre les séculiers et les 
réguliers pour que ceux-ci fissent du haut de la 
chaire, devant un nombreux auditoire, un tel por- 
trait de ceux-là. 

Fol. 192. Sermo cujusdam fratris Minoris, inAscen- 
sione Domini. — Adduxit David arcam... In 
Prov. XVIII : « Cum obsecratione effabitur pauper... » — 
Ille dives est qui habet thesaurum sapientiœ. 

Rien à citer. 

Fol. 195. Sermo cujusdam fratris Minoris de festo 
Philippi et Jacobiy factus in crastino Ascensionis. — 
Ascendens Moyses in montem... — In verbo isto tria 
nobis consideranda occurrunt. Primum est quomodo 
Moyses ascensionem Domini représentât. 

On dispute trop, dit Torateur, dans les écoles, et 
devant un auditoire trop bruyant : In quœstionibus 
tantus clamor auditur quod vix aut nunquam potest 
respondens intelligere opponentem. Or à quoi tendent 
ces frivoles disputes ? A rechercher une vaine gloire. 
Après avoir vivement censuré les écoliers et les ré- 
gents de l'université de Paris, le religieux ne traite 
pas mieux les chanoines de la cathédrale : 

Dicunt quod bene possunt appetere honores, inducentes 
pro se illud apostoli : t Qui episcopatum desiderat bonum 
opus desiderat (1) . » Verum est ; sed non dicit bonum hono- 

(1) Pauli ad Timoth. epist, prima, m, 1. 

VI 17 



258 MANUSCRITS LATINS 

rem; sed hoc non desiderant ex zelo animarum, sedpotiaseï 
ambitione. Quod patet in ecclesiis ; quando enim emolnmen^ 
tum temporale aliquod credunt habere in ecclesia sua, tane 
surgunt ad matutinas^ dicentes cum Isaia : c £cce ergo 
mitto me (1) », etc. ; sed quando nlhil putant habere, tune ad 
ecclesiam suos mittunt vicarios, dicentes cum Jeremia: 
f Ah ! ah ! Domine, nescio loqui, quia puer ego sum (2). i 

On voit que ce frère Mineur ne manquait pas d'es- 
prit. Il y a d'aulres traits plaisants dans son sermon. 
Il y a même un calembour. Saint Paul avait dit : 
Modico utere vino. Il dit à son tour, parlant, comme 
il semble, des régents de Técole : Non solum modico 
vino, sed etiam modio vint utuntur. 

Fol. 205. Sermo cujusdam fratris MinoriSj in festo 
beati Barnabx. — Neptalim quasi cervus... — NeflOr 
lim interpretatur dilatans eos^ vel dilatatio eorum. 

Encore un censeur des mœurs séculières; mais 
toutes ses accusations sont banales. 

Fol. 249. Sermo cujusdam fratris Minoris, in As^ 
sumptione beat<B Virginis. — Regina Saba ingressor 
est. . . Psalmus : « ûignare me laudare,.. » — Peri-^ 
culum enim est eam indigne laudantibus. 

Il n'y a rien ici touchant les mœurs des clercs sé- 
culiers ; mais ils sont taxés d'une insatiable ambition. 
Tous ils aspirent à devenir papes. 

Anonyme, doyen d'Avranches. Le copiste désigne 
Téglise de ce doyen par le mot Abrivacensis. Nous 
supposons qu'il îautlire Abrincensis oiiAbrincatensis; 
mais peut-être notre supposition est-elle mal fondée. 
Ce doyen était en même temps, dit le copiste, frère 

(l) Isaïe, VI. 8. (2) Jérémie i, 6. 



DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 259 

Prêcheur. Or nous ne connaissons, au xiii® siècle, 
aucun doyen d'Avranches vêtu de l'habit d'un ordre 
quelconque. 

Fol. 232. Sertno decani Abrivacensis, fratris de 

ordine Prxdicatorum^ dominica post festum beati 

Jacobi. — Cum appropinquasset Jésus Jérusalem... — 

Si annuntiaveris impio et ille non fuerit conversus. . . 

Ce personnage amphibie ne pouvait, comme doyen, 

mal parler de l'Eglise séculière, ni, comme religieux, 

taxer d'orgueil les apôtres des ordres nouveaux. Il 

ne s'en prend donc qu'aux laïques. Ce sont, dit-il, 

des usurpateurs. Suivant la loi de Dieu, les clercs 

sont au-dessus dea princes, des rois. Mais la loi de 

Dieu n'est pas observée dans ce monde : Modo regnum 

sacerdotium prxcedit. C'est pour cela sans doute que 

tout y va de mal en pis. A Paris surtout. Il est dit : 

Videns Jésus civitatem, fleviù super eam. Cette ville, 

û'est Paris, in qua est fons scientix, mais où domine 

^^ sottise, la folie. C'est pourquoi Jésus pleure sur 

^ile : Flevit propter nostram stultitiam. L'orateur , 

^ Viant à lui, ne pleure pas ; il ne parait pas avoir eu le 

^on des larmes. Mais il tance rudement ses crimi- 

els auditeurs. Voici quelques mots de son exorde : 

Cum vobis quotidie annuntietur verbum Dei, nec per 
rœdicationem aliqui corrigantar, timere debetis. Pejores 
nim lupis estis aut leone qui ad clamorem continuum prae- 
am, licet sibi neeessariam, derelinquunt ; vos autem 

^arcinam peecatorum vestrorum per clamores verbi Dei 

'Holitis relinquere. 

Il est vrai que les auditeurs laïques ne compre- 
naient pas cet injurieux latin. 



262 MANUSCRITS LATINS 

$anctis, et divers autres écrits connus de son temps, 



M -r 



i^a 



ignorés aujourd'hui. Mais, si notre conjecture 
fondée, Fabricius s'est gravement trompé lorsqu'il a 
fait vivre ce moine lettré dans les dernières années 
du XIV® siècle ; Page de notre manuscrit prouve qu'il a 
vécu beaucoup plus tôt. 

373 



« s 



^•ij'-' 



La première partie de ce volume nous ofiFre, suivant 
la description qu'en a faite M. Delisle, les coutumes 
de l'abbaye de Saint-Jacques, en la ville de Liège (1). 
La seconde est occupée tout entière par des sermons 
anonymes. Ils ont pour auteur le Franciscain, déjà 
souvent cité, Nicolas de Biard, et c'est un des recueils 
les plus considérables de ses sermons très goûtés - 
Pas un seul de ces recueils n'est complet; celui-ci 
même ne l'est pas. Cependant il contient plusieurs 
sermons que nous n'avons pas encore rencontrés, e * 
que nous allons en conséquence indiquer particu- — 
lièrement : 

Fol. 61. Traiiseamus usque ad Bethléem.., — Nullu.^ 
enim débet verecundari discere ab alio quamtumcumqu^ 
simplici. 

Fol. 75. Libenter gloriabor in infirmitatibus . . . 

Soient homines infirmi de amicitia et familiarltat^ 
magnatum gloriari. 

Fol. 107. Bcnedicat nos Dominus Deus. . . — Dici- 
tur : « Quant fol voit cuir il demande coroies. » Sio 
accidit diebus . . . 

(1) Man. latins et fr, ajoutés au fonds des Nouv, acq,^ p. 378. 



:i •■' 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 263 

Nous avons fait remarquer plus d'une fois que les 
proverbes français abondent et même surabondent 
dans les sermons de ce prédicateur. 

Fol. 158. In diebus suis placuit Deo. — Circa quod 
nota quod signanter dicit Deo, Sunt enim qui nitun-- 
tur, . . 

Ce long sermon est en Thonneur de saint Martin. 
Nous V trouvons cette maxime : « Munditia cordis est 
«la monnoie de paradis. » 

Fol. 198. Quivult ventre post me... -^ Consvstum 
est quod quilibet vult habere familiam secundum se. . . 
Nous avons ici ce proverbe français : « Bêle chère 
waut un mes. » Et cette anecdote : 

Quidam peritus in physica, cum urinam et statum cujus- 
dam monachi respexisset, dixit : t Infirmitatem ejus in 
Physica non memini me legisse, sedin theologia reperi eam.» 
^t; cum qusereretur ab eo (quse) ejus esset infir mitas, dixit 
Itiod agripitia vocabatur, id est infirmitas composita ex 
<icidia et pigritia. 

Gomme on le voit, les médecins, au moyen âge, 
- talent prompts à fabriquer bien ou mal des mots 
Nouveaux pour désigner magistralement des maladies 
ious d'autres noms bien connues. Combien cela leur 
aurait été plus facile s'ils avaient su le grec ! 

Fol. 199. Oritur sol et occidit... — Ardua et famosa 
facta antiquorum soient in scriptis redigi. Ce sermon 
est pour le jour de TAscension. Les premiers mots de 
Texorde se rapportent, ajoute l'orateur, aux fada Ro- 
landi et Caroli, célébrés en des poèmes qu'on écri- 
vait pour ceux qui savaient lire et qu'on récitait à 
ceux qui ne le savaient pas. 



264 MANUSCRITS LATINS 

420 W^^ 

Nous avons déjà rencontré, dans le n* 3239 k (l), 
la somme anonyme que contient ce volume, et nous 
avons dit qu'elle est du religieux dont nous venons 
de parler, Nicolas de Biard. Indiquons ici quelques- 
unes des innombrables copies de cette somme renom- 
mée. Elle est encore, à la Bibliothèque nationale, sous 
les n^' 2499, 3239 A, 3732, 3747, 15256 des fonds 
anciens et 1474 des Nouvelles acquisitions. D'autres 
copies sont, en outre, à la Mazarîne, n®» 951,1062,1073; 
à Tours, n«' 460, 469 ; à Troyes. n°» 827, 1370, 1600, 
1775; à Grenoble, n« 312; à Évreux, n« 3; à Tou- y^ 
louse, n^ 312 ; à Metz, n° 567 ; à Munich, n» 2720 ; à 
Vienne, n** 3697 ; à Oxford, n<»* 144 du collège Merton, 
97 du collège Lincoln ; enfin à la Bodléienne sous 1® 
n® 530 des Miscell. Canoniciana. On voit quel fut l^ 
succès de cette œuvre utile, véritable manuel ^ 
l'usage des prédicateurs. On a fait, au xiii® siècl 
beaucoup de ces manuels ; la prédication étant, poi 
les clercs, obligatoire, il était bon de les aider à renc^ 
plir ce devoir, pénible à plus d'un. Tous ces manue 
ne se ressemblent pas, quoique composés sur t-^ 
même plan ; il nous semble aujourd'hui que ceux-C^*- 
ne sont pas assez graves et que ceux-là le sont trop^ ^ 
Nous trouvons trop grave, par exemple, celui de frèr^^ 
Maurice, le confrère et l'ami de Salimbene, où To 
ne trouve rangés, suivant l'ordre alphabétique, qu 

(1) Tome l, p. 206. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 265 

des phrases empruntées aux deux Testaments. Cela 
n'inspirait pas un trait d'esprit. Mais chacun faisait 
emploi, selon son humeur, de tel manuel ou de tel 
autre. Celui de maître Nicolas doit avoir eu beaucoup 
de succès parce qu'il n'était, lui, ni trop gourmé ni 
trop libre. 

A la fin de notre manuscrit, avant Tindex des cha- 
pilres qui se succèdent alphabétiquement dans la 
somme de Nicolas, est une table de sermons que ne 
contient plus le volume. 

431 

Ce petit volume ne renferme que deux pièces. Tune 
311 vers rythmiques, l'autre en vers métriques. La 
Première , intitulée Quinquaginta hona proverbialia 
Iccumenta philosophorum et sapientum, commence 
>ar 

Juvenis stans in timoré 
Et parentum in honore. . . 

La strophe entière a été publiée par M. Delisle (1). En 
^oici trois autres : 

fforatius. Amicum tuum ne tentes 

De re de qua non indiges; 

Non diligit legaliter 

Amans pecunialiter. 

Plato. Qui vult ne ira se laedat 

Omne quod audit non credat ; 

Cujus auris est sagena 

Malis Ht mens ssepe plena. 

(1) Catalogue des man. deM.J. desnoyers , p. 50. 



266 MANUSCRITS LATINS 

Aristoteles. Non reputo sapientem 
Cujus ira ligat mentem; 
Ira sic cor sensu privât 
Quod hic ad opus non juvat. 

Goninie on le voit, ces philosophes, ces grands 
sages parlaient les uns et les autres une très mau* 
vaise Jangue. Il y a deux copies de cette pièce à 
Saint-Gai], dans les n^ 630 et 936, qui sont du xrv® 
et du XV® siècle. Nous la croyons plutôt d'un clera 
germain que d^un français. 

Au feuillet 6, le petit poème sur l'influence chaque 
jour croissante de la richesse, aussi bien dans l'Eglise 
que dans TEtat : 

In terris summus rex est hoc tempore nummus. . . 

Nous avons dit, sous le n® 13576 (1), qu'il a plu — 
sieurs fois été publié. 

1433 

A la marge supérieure de la première page on lit> 
encore ces mots épargnés par le couteau du relieur : 
. . , lerniensis super evangelia per annum. Le tiLr& 
aujourd'hui mutilé, devait être : Postill<B Bertrandi de^ 
Turre, archiepiscopi Salerniensis super evangelia per 
annum. L'auteur de ces postilles ou homélies est, 
en efTet; Bertrand de La Tour, archevêque de Salerne 
en 1319, plus tard cardinal évêque de Frascati. Elles 
sont intitulées dans le n° 326 de Toulouse : Postillœ 
super evangelia dominicalia et ferialia totius anni, 

(1) Tome II, p. 251. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 267 

compilala per fr. Bertrandum de Turre, ordinis fra- 
trum Minorum, sanctx theologix doctorem. Et d'au- 
tres manuscrits en nomment aussi l'auteur (1). Il y a 
dans ces postilles beaucoup trop de verbiage. C'est 
de la théologie littéraire^ et la littérature en est sans 
agrément. 

Sur le fol. 337 de ce volume, provenant de Gluni, 
a été transcrite une lettre d'Innocent VI, du 3 octo- 
bre 1356, qui recommande Tabbé de cette maison, 
envoyé par le pape en ambassade vers l'empereur 
Charles IV. L'intérêt de cette lettre est facilement 
appréciable. On est au lendemain du désastre de 
Poitiers, et le pape invite l'empereur à reconcilier, s'il 
est possible, les rois de France et d'Angleterre. 



1453 

Ce commentaire sur l'Apocalypse est intitulé Liber 

^fDmni jEmonis super Apocalypsin^ et il a été plusieurs 

"^^s publié sous le nom d'Haimon, évêque d'Halber- 

^t;adt; en dernier lieu dans le tome GXVII de la 

-f^atrologie. Cependant quelques manuscrits, notam- 

^^E^aent le n^ 301 de Grenoble, l'attribuent à Rémi 

O'Auxerre, et les auteurs de Y Histoire littéraire se sont 

'Ç^rononcés en faveur de cette attribution, qu'ils 

ïi'avaient pas d'abord admise. Il reste douteux qu'ils 

Bient eu raison de se rétracter (2). 



[\) Journal des Savants; 1888, p. 612. 
(2) Hist. im. de la Fr., t. VI, p. 113. 



268 MANUSCRITS LATINS 



1472 _.,, 

La première et la plus considérable des pièces qui f "* 
composent ce volume a pour titre Insiructio pie vir 
vendi et superna medikzndi^ et elle commence par: 
Hoc optisculum in pluribus capitulis distinxi ut ha^ 
qux in diversis locis sunt... Tels sont du moins les 
premiers mots d'un court prologue. La préface, qui 
suit, a pour début : Quoniam in felici captione Dommi 
sum reclusus; et le livre : Audi^ filia, et vide^ incliM 
aurem tuam... — Ad quodforsitan respondes etdicis..' 
Le nom de Fauteur mangue, et on ne Ta pas ailleurs 
trouvé. Mais on a lieu de supposer qu'il vivait daas 
les premières années du xv® siècle. C'est un pur mys- 
tique, qui ne cite, parmi les docteurs modernes, qix« 
saint Bernard, méprisant trop les théologiens ph-V 
losophes pour leur faire cet honneur. 

Au fol. 43, des vers rythmiques et d'autres mélr^î- 
ques. Les rythmiques sont le Tomeamentum mon^:^'' 
chorum, attribué, par le n° 902 de la Mazarine, à saix^t 
Bernard. C'est une attribution qu'on peut qualifioi' 
d'injurieuse (1). Nous retrouverons ce poème dan^î 
le n** 1544 du même fonds. Aux copies que nous en 
avons déjà citées ajoutons celle qui vient de nous 
être signalée dans le n° 250 de Cambrai. 

Les vers métriques sont des inscriptions proposées 
pour diverses parties d'un cloître. Ces vers sont dé- 
testables ; les fautes de toute sorte y abondent. M. De- 
lisle a cité les premiers (2). 

(1) Despoèm. laU attr, à S. Bernard^ p. 52. 

(2) Catal, des man. de Cluni, p. 133. 



'. -• I 



k- 



tv. 



1>E LA. BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 269 

Au fol. 44, Libellus Bernardin abbatis Clarœvallis^ 
de laude eremi^ commençant par : Quam décora, quam 
dulcora sit eremicolarum conversatio,.. Ce n'est pas 
non plus à saint Bernard qu'appartient cette apologie 
de Ja vie érémitiquo. Ainsi dulcora n'est pas un néo- 
logisme de sa fabrique. Nous l'en félicitons. Cette 
pièce doit être du même temps que la première du 
volume et que le Torneamentum . Le style est celui 
du XV" siècle, le siècle des faussaires, qui se trahis- 
sent tous en parlant la langue macaronique à laquelle 
appartient l'adjectif dulcora. 

Au fol. 57, Tractatusdetribulatione, sans nom d'au- 
teur. Les premiers mots sont : Da nobis, Domine^ 
auxilium de tribulatione, Tibi animx tribulatx, tibi 
^entatx... Nous avons parlé de ce traité dans notre 
Notice sur le n** 14955 (1). Goussainville en a donné, 
^Ouslenomde Pierre deBlois, un texte très librement 
"■Codifié; mais l'original n'est pas lui-même, répétons- 
-l-^, de Pierre de Blois, dont le style est beaucoup 
t^Ius ferme et moins tourmenté. 

Au fol. 71, De septem gradibics contemplationis. 
^et écrit, plusieurs fois imprimé sous le nom de saint 
^onaventure, parait aussi d'un écrivain plus moderne, 
^ous l'avons dit, après Sbaraglia, sous le n** 15163 (2). 
Au fol. 73, Soliloquium Hugonis de Sancto Victore. 
Ce titre est exact. Comparez cet écrit à ceux qui pré- 
cèdent : en tout il en diffère. Ce sont pourtant les 
uns et les autres des écrits mystiques. Mais autant le 
mysticisme du xii® siècle a de séduction, autant celui 

(l) Tome IV, p. 135. (2) Tome IV, p. 325. 



270 MANUSCRITS LATINS 

du xv* inspire de répulsion. Dans celui-ci, les pro- 
lixes déclamations d'une tristesse haineuse; danscelu 
là, les sincères accents d'une âme tendre. Transporté 
dans la région du mystère, Hugues de Saint-Yictot 
est bien loin de ce monde, et, ne le voyant plus* 
il ne fatigue pas ses poumons à le maudire. 

Au fol. 84, LÂber qui Stimulus amoris vocatur. On 
a quelquefois attribué ce livre à saint Bonaventure, et 
il est sous son nom dans le n9 235 de Metz. Cependant 
Casimir Oudin, Sbaraglia et le P. Bonelli, qui soat 
rarement d'accord, n'ont qu'une seule voix pour re- 
jeter cette attribution. Elle n'est pas, en effet, accep- 
table et elle ne parait, d'ailleurs, devoir être mise à 
la charge d'aucun copiste; c'est le fait d'un libraire . 
L'auteur que désignent les n^'^ 55 d'Evreux et 13^ 1 
de Troyes est un Franciscain du xv® siècle, Henri A-^ 
Baume; mais Sbaraglia prétend que Henri de BauDoi^^ 
n'a été que le verbeux compilateur d'un de ses conm- 
frères. Nous l'avons déjà dit sous le n® 16518 (1). 

1474 

Encore une copie des ûistincHones du Franciscai 
Nicolas de Biard. Nous en avons parlé sous 1^ 
n°« 3239 A de l'ancien fonds (2) et 420 des Nouvelle ^ 
acquisitions (3), et nous avons dit combien on gt,, 
pendant longtemps, estimé cet utile manuel. 



(1) Tome V,p. 174. 

(2) Tome I, p. 206. 

(3) Ci-dessus, p. 



DK IJV BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 271 



1544 

Ce volume, incomplet, de provenance inconnue, 
est entré récemment à la Bibliothèque nationale. 
Ecrit tout entier par la même main, il nous offre un 
recueil de pièces, les unes en vers, les autres en prose, 
formé dans le xv® siècle par un moraliste que ne révol- 
taient pas les libres badinages. Il ressemblait sous ce 
rapport à beaucoup de ses contemporains, qui n'en 
furent pas moins, peut-être, honnêtes gens. On est 
excusable d'enfreindre les lois qu'on ignore, et celles 
delà décence n'étaient pas alors généralementconnues. 
1 est même notable que l'usage de ce mot décence 
•^t assez moderne ; on l'a cherché sans le trouver 
lans la langue du xv® siècle. 

Les premières pages de notre volume sont occupées 
::5ar des sentences empruntées aux livres de Salomon. 
\ la suite, du feuillet 14 au feuillet 19, le Liber de 
formula honestœ vitae, sans le prologue. G'est^ on 
Ta dit, l'écrit que s'est frauduleusement attribué 
Martin, évêque de Braga, et qu'on a plusieurs fois a 
tort publié sous le nom de Sénèque, avec un titre 
différent (1). Après vient une longue suite de maximes 
tirées de divers écrits et rangées dans l'ordre alphabé- 
tique, puis un fragment de saint Augustin, et, sous ce 
titre : Notabilia Decretalium, un recueil des décisions 
canoniques que tout clerc doit connaître puisqu'elles 
sont les règles de sa conduite. Au verso du feuillet 54 

(1) Tome II, p. 205. 



272 MANUSCRITS LATINS 

d*autres sentences, intitulées Proverbia dictaminum ; 
ce qui veut dire qu'elles peuvent être, suivant Tocca- 
sion, introduites dans les lettres missives, pour justi- 
fier, pour confirmer dogmatiquement les avis, les 
remontrances, les requêtes, les refus que ces lettres 
contiennent. Enfin, du feuillet 56 au feuillet 68, une 
dernière série d'extraits moraux, en tête desquels sont 
cités les philosophes et les Pères qui les ont fournis. 

Toute cette partie du volume est banale. Mais au 
feuillet 68 finit la prose et commencent les vers, 
métriques ou rythmiques, pieux ou profanes, qui, les 
uns et les autres, ont plus ou moins d'intérêt. Il est 
vrai qu'ils ont été, pour la plupart, publiés: mais ils 
Pont été d'après des copies souvent fautives. Aussi 
tout nouveau texte de ces vers a-t-il du prix pour les 
curieux. 

La première pièce, sans titre, au verso du feuillet 68, 
est, croyons-nous, inédite et nous n'en connaissons 
pas un autre manuscrit. C'est pourquoi nous la trans- 
crivons, quoiqu'il s'y rencontre plus d'une faute 
imputable au copiste : 

Quid in hac miseria Mundi sapientia, 

Miseri moramini? Sicut bene memini, 

A mundana gloria Juxta verbum Domini, 

Quare delectamini ? Qusedam est stultitia. 

Vos qui moriemini, Illud intuemini; 

Relinquentes omnia, Relinquentes vitia, 

Mors quae parcit (nemini) Virtutes sequemini. 
Vestra toUet gaudia . 

Sic egrediemini. Vsb vobis mortaUbus 

Qui putatis vivere, 

Opum affluentia Cuin mors sit in forîbus, 

Parum prodest homini; Quae solet occidere, 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 273 

De cunctorum génère, Justis tamen precibus 

Filios cum patribus! Sic debemus credere. 
Ilomo, reminiscere, 

Cum abundas opibus, Q^ge te vincit rabies, 

Eas te demittere. Nam tua res agitur 

„ .. ., Dum vicini paries 

Dnum prosit omnibus : Proximus comburitur ? 

Dommum metuere . gi, ^j^it, hic moritur. 

Non ipsum timentibus dj^, homo, quid faciès ! 

Verum (1) est acquirere. Quidquid orbe clauditttr, 

Si non solet affluere (2) ^t genus et species, 

Deum diligentibus , t j.* 

rk «j -j 1 i. X lû momento perditur. 
Quidquid volunt petere, ^ 

Du folio 69 au folio 72, s'étend le poème bien connu 
de Philomena : 

Philomena, prsevia temporis amœni. . . 

On l'a cru de saint Bonaventure, et il a été publié 
plus d'une fois dans les recueils de ses Œuvres. 
C'est pourquoi M. Clément nous Ta donné de nou- 
veau sous son nom dans ses Extraits des poètes chré- 
tiens^ page 530. Cette attribution n'est pourtant pas 
acceptable, et tous les bons critiques l'ont, sans 
exception, rejetée. Saint Bonaventure ayant été ce 
que Ton appelle un mystique, on a pour cela mis à 
son compte tout un fatras de puérilités anonymes. 
Ainsi l'on a fait tort à sa vénérable mémoire. Le même 
poème a été imprimé sous le nom de Louis de Gre- 
nade, et, d'autre part, les bibliographes anglais le 
réclament, les uns pour Jean Hoveden (3), les autres 

(1) Lisez Vanum. 

(2) Nous faisons ce vers pour remplir une lacune. 

(3) Fabricius, Bibl. med.et inf. xtal.^ t. IV, p. 85. 

VI 18 



274 MANUSCRITS LATINS 

pour Jean Peckham (1). Louis de Grenade doit être 
certainement écarté, comme ayant vécu longtemps 
après les scribes à qui nous devons les copies même 
les plus récentes de cette œuvre trop admirée; mais 
il est difficile de se prononcer entre Jean Hoveden et 
Jean Peckham. En fait^ le nom de Fauteur est encore 
inconnu. 

Quel qu'il soit, nous croyons devoir faire remarquer 
qu'il n'a pas commis toutes les fautes qui déparent les 
éditions de son poème. En voici les premières stro- 
phes d'après notre manuscrit et quelques autres : 

Philomena, praevia temporis amœni 
Qu8B recessum nuntias imbris atque cœni, 
Dum demulces animos tuo cantu leni, 
Avis prâedulcissima, ad me, quaeso, veni. 

* Veni, veni, mittam te que non possam ire, 
Ut amicuiu valeas cantu delinire, 
ToUens ejus tœdia vice dulcis lyrse, 
Quem heu I modo nequeo verbis convenire. 

Ergo, precor, suppléas meum imperfectum, 
Salutando dulciter unicum dilectum, 
Eique denunties qualiter affectum 
Sit cor meum jugiter ad ejus profectum. 

Quod si quserat aliquis quare te elegi 
Meum esse nuntium, sciât quia legi 
De te qusedam propria, quae, divinae legi 
Coaptata mystice, placent summo régi. . . 

Si l'on compare ces quatre strophes à celles qu'on 
lit dans l'édition dernière, dès Tabord on soupçon- 
nera qu'il doit exister de notables dififérences entre 

(1) Denis, Cod. iheoL Vindob., t. I,col. 2321. — Coxe, Cod, Laud. 
misceU,, n" 368. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 275 

toutes les autres. En effet les doux textes diffèrent 
complètement. Ajoutons que Pimprimé n'est pas 
complet; il y manque les quatre strophes finales, que 
voici : 

Jam quiescant oculi, cessent aquse ductus, 
Nam ex parte recipis spei tu8B fructus, 
Quia per quem sseculi evasisti fluctus 
Tues inter oscula consolatur luctus. 

Die, die, dulcis anima, ad quid ultra fleres ? 
Habes caeli gaudium tecum et lugeres t 
Et, si velles, amplius certe non langueres, 
Quia salus omnium est oui adhaeres. 

Sed jam metrum finio, ne sim tîBdiosus, 
Nam, si vellem scribere quam deliciosus 
Sit hic status animœ quamque gratiosus, 
A malignis dicerer fallax et mendosus. 

Quidquid tamen alii dicant, frater care, 
Istam novam martyrem libens imitare, 
Dumque talis fueris Christum deprecare 
Ut nos cantus martyrum doceat cantare. 

Amen! 

Il paraîtra sans doute bien extraordinaire qu'une 
pièce de si grand renom (ce qui ne veut pas dire 
qu'elle soit d'un grand mérite) ait été tant de fois si 
mal publiée. Mais les anciens éditeurs s'inquiétaient 
peu de rechercher les meilleurs textes, et, parmi les 
nouveaux, beaucoup se bornent à transcrire ceux 
qu^ils ont reçus des anciens. 

Au folio 72, verso : Excitatio ad psallendum in 
choro. C'est le petit poème, ailleurs intitulé : Tornea- 
mentum B. Bernardi, qui commence par 

Dum in nocte video in choro conventum, 



276 MANUSCRITS LATINS 

et dont il existe une édition peu correcte dans le 
Serapeum : t. XVII, page 285. Cette pièce sans esprit 
et sans stvle n'est aucunement de saint Bernard. 
Nous croyons l'avoir prouvé (1). Le texte de noire 
manuscrit n'est pas d'ailleurs plus recommandable que 
celui de Tédition. Mais il serait facile d'en constituer 
un moins défectueux, si Toeuvre en valait la peine. 
On en possède en elfetde très nombreuses copies. 

Au folio 78, verso : Salutatio B. Mariœ. Cette pièce, 
qui commence par 

Ave, Del genitrix et immaculata, 

n'est pas non plus inédite. M. Mone l'a publiée 
d'après cinq manuscrits d'Allemagne dont ilarecueilli 
les variantes : Hymni latini, tome II, page 100. C'est 
une paraphrase de VAve Maria. Un des manuscrits 
indiqués par M. Mone nomme l'auteur Robert, évo- 
que de Lincoln. Mais c'est un volume du xv* siècle, 
qui n'a pas d'aulorité. Casimir Oudin a reproduit tous 
les renseignements fournis par les bibliographes 
anglais sur les nombreux écrits de Robert (2), et nous 
n'y trouvons aucune mention de ce poème. On n'en 
signale pas d'ailleurs d'anciennes copies dans les 
bibliothèques de France ou d'Angleterre ; ce qui nous 
porte à croire qu'il est d'un Allemand. 

Au verso du feuillet 74, sans titre, la pièce dont 
voici le début : 

Exceptivam actionem 
Verbum Patris excipit; 

(1) Journal des Savants^ 1882, p. 290. — Des Poèmes lat. attrib. 
à S. Bernard, p. 52. 

(2) Comm. de script, eccles., t. III, col. 136 et seq. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 277 

qui, publiée par Buzelin sous le nom d'Alain de Lille, 
se lit aussi parmi les œuvres de cet illustre docteur 
dans la Pàtrologie de M. Tabbé Migne, tome GGX, 
colonne 579. Mais ces deux éditions sont très fautives. 
C'est ce que nous avons pu montrer en les comparant 
au texte fourni par le manuscrit que nous décrivons 
en ce moment (1). Dans ce manuscrit la pièce est ano- 
nyme; elle l'est aussi dans un manuscrit d'Oxford (2) 
et dans un volume de la Laurentienne que nous a 
fait connaître notre confrère M. Delisle(3). Cependant 
on a lieu de croire qu'elle est, en efifet, du docte et 
subtil Lillois. Ce que Ton sait de lui ne s'oppose pas 
à ce qu'il ait^ dans les loisirs du cloître, composé ce 
poème bizarre dont on ne saurait tout comprendre 
sans être à la fois, au même degré, théologien, gram- 
mairien et logicien. Ainsi nous nous excusons de 
n'avoir pas atteint le sens de tous les jeux de mots 
qui s'y trouvent. 

Une note, en prose, sur les trois Marie suit le 
poème d'Alain et à cette note succède une pièce 
rythmique intitulée Salutationes B. Virginis. 

Voici les premiers vers : 

Vale sole clarior 
Atque luna pulchrior; 
Vale plusquam lilium 
Candida convallium . . . 

Celte oraison, que ne paraissent avoir connue ni 

(1) Mémoires deVAcad, des Inscr,, XXXII, !'• part., p. 24. 

(2) BibL de l*Éc. de Chartes, 1885, p. 583. 

(3) Dolisle (L.), Discours à rassemblée générale de la Société de 
XmsL de Fr. 1885, p. 58. 



278 MANUSCRITS LATINS 

M. Mone ni M. Daniel, est courte et sans intérêt. Ces 
peut-être un fragment. 

Au folio 75, verso : Phillidis et Florœ Altercation 
Cette pièce est, au contraire, longue, plaisante et s 
été plusieurs fois publiée ; d'abord dans le tome VII^ 
page 302, du journal de J. Gh. Freyherrn d'Aretin. 
Beytrâge zur Geschichte und Literatur, depuis, pai 
M. 'Wvighl^ Poems attributed to TFa/^^r if ape$, page 258- 
et par M. Schmeller, page 155 des Carmina burana. 
Mais de ces éditions la première est incomplète, 1e 
seconde et la troisième sont loin d'être correctes. Nous 
avons essayé d'améliorer le texte de ce dialogue vrai- 
ment curieux en faisant un choix parmi les variantes 
de notre exemplaire, celles des trois éditions et celles 
d'une copie contenue dans notre n" 16208, copie de 
bonne date, mais malheureusement incomplète 
comme la première des éditions : 

Anni parte florida, caelo puriore, 
Picto terrae gremio vario colore, 
Cum fugaret sidéra nuntius Aurorse, 
Liquit somnus oculos Phillidis et Florœ. 

Plaeuit virginibus ire spatiatum, 
Nam soporem rejicit pectus sauciatum; 
iEquis ergo passibus exeunt in pratum, 
Ut et loeus faciat ludum esse gratum. 

Erant ambse virgines et ambae reginse : 
Philis coma libéra, Flora compto crine. 
Non sunt formae virginum, sed form» divin», 
Ëtrespondent faciès luci matutinaB. 

Nec stirpe, nec facie, nec ornatu viles, 
Et annos etanimos habent juvéniles; 
Sed sunt parum impares et parum hostiles, 
Nam huic placet clericus, illi placet miles. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 279 

Non est differentia corporis aut oris, 
Omnia communia sunt intus et foris; 
Sunt unius habitas et unius moris; 
Sola differentia modus est amoris. 

Susurrabat modicum ventus tempestivus, 
Locus erat viridi gramme festivus. 
Et in ipso gramine deflucbat rivus, 
Vivus atque garrulo murmure lascivus. 

Ad augmentum decoris et caloris minus, 
Fuit juxta rivulum spatiosa pinus, 
Venustata foliis, late pandens sinus; 
Nec intrare poteratcalor peregrinus. 

Consedere virgines; herba sedem dédit. 
Phillis prope rivulum, Flora longe sedit; 
Et, dum sedet utraque ac in sese redit, 
Amor corda vulnerat et utramque Isedit. 

^mor est interius latens et occultus 
Et corde certissimos elicit singultus ; 
Pallor gênas inûcit, alterantur vultus, 
Sedin verecundia furorest sepultus. 

Phillis in suspirio Floram deprehendit, 
Ethanc de consimili Flora reprehendit; 
Altéra sic alteri mutuo rependit, 
Tandem morbum detegit et vulnus ostendit. 

Ille sermo mutuus multum habet morœ, 
Et est quidem séries tota de amore; 
Amor est in animis, amor est in ore. 
Tandem Phillis incipit et arridet Florae. 

c Miles, inquit, inclyte, mea cura, Paris, 
XJbi modo militas et ubi moraris? 
O vita militiae, vita singularis, 
Sola digna gaudio Dionsei laris ! » 



280 MANUSCRITS LATINS 

Dam puella militem recolit amicum, 

Flora ridens oculos jacit in obliquum, 

Et in risu loquitur verbum inimicum : 

c — Amas, inquit, poteras dicere mendicum ; 

c Sed quld Alcibiades facit, mea cura, 
Res creata dignior omni creatura, 
Quem beavit omnibus gratiis natura ? 
sola felicia clericorum jura ! » 

Floram Phillis arguit de sermone duro, 
Et sermone loquitur Floram commoturo ; 
Nam : « — Ecce virguncula satis corde pure 
Cujus pectus nobile servit Epicuro ! 

c Surge, surge, misera, de furore foedo ! 
Nihil elegantisB clerico concedo; 
Solum esse clericum Epicurum credo, 
Cujus implent latera moles et pinguedo. 

c A castris Cupidinis cor habet remotum. 
Qui somnum desiderat et cibum et potum. 
O puella nobilis, omnibus est notum 
Quod sit longe militis ab hoc voto votum. 

« Solis necessariis miles est contentus, 
Somno, cibo, potui non vivit intentus; 
Amor illi prohibet ne sit somnolentus; 
Gibus, potus militis amor et juventus. 

c Quis amicos copulet nostros loro pari ? 
Lex naturse prohibet illos copulari; 
Meus novit ludere, tuus epulari; 
Meo semper proprium dare, tuo dari. » 

Haurit Flora sanguinem vultu verecundo, 
Et apparet pulchrior in risu jocundo ; 
Et tandem eloquio reserat facundo 
Quod corde conceperat artibus fœcundo. 



DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 281 

^ — Satis, inquit, libère, Phillis, es locuta; 
Ikfultum es eloquio velox et acuta ; 
Sed non effîcaciter verum prosecuta, 
Ut per te prœvaleat lilio cicuta. 

« Dixisti de clerico quod indulget sibi, 
Servum somni nominas et potas et cibi; 
Sic solet ab invido probitas describi. 
Ëcce, parum patere, respondebo tibi. 

c Tôt et tanta, f ateor, sunt amici mei 
Quod non unquam indiget aliense rei. 
Vasa mellis, olei, Cereris, Lyaei, 
Aurum, gemmse, pocula famulantur ei. 

« In tam dulci copia vitse clericalis 
Quod non potest aliqua voce pingi talis, 
Volât et duplicibus amor plaudit alis, 
Amor indeûciens, amor immortalis. 

« Sentit tela Veneris et Amoris ictus, 
Non tamen est clericus macer aut afflictus, 
Quippe nulla gaudii parte derelictus, 
Oui respondet animas dominas non ûctus. 

« Macer est et pallidus tuus prseelectus, 
Pauper et vix pallio sine pelle tectus; 
Nec sunt artus validi, noc robustum pectus, 
Nam cum causa déficit deest et eflectus. 



«Turpisest pauperies imminens amanti. 
Quid prsestare poterit miles postulanti ? 
Sed dat multa clericus et ex abundanti, 
Tantse sunt divitisB redditusque tanti. » 

FloraB Phillis objicit : t — Multum es perita. 
In utrisque studiis et utraque vita; 
Satis probabiliter es pulchre mentita ; 
Sed hsec altercatio non quiescet ita. 



282 MANUSCRITS LATINS 

« Orbem eum lœtiôcat hora lucis festœ» 
Tune apparet clericiui satis inhoneste. 
In tonsura capitis et in atra veste, 
Portans testimonium Yoluntatis mœst». 

c Non est uUus adeo fataos aat caecns 
Cui non appareat militare decus. 
Tuus est in otio quasi brutum pecas; 
Meum tegit galea, meum portât equus. 

c Meus armis dissipât inimicas sedes^ 
Et, si forte prœlium inierit pedes, 
Dum tenet Bucephalum suus Ganymedes, 
Ipse me commémorât inter ipsas cœdes. 

c Redit fùsis hostibus et pugna confecta, 
Et me ssepe respicit, galea rejecta. 
Ex his et ex aliis, ratione recta. 
Est vita militisB mihi praeelecta. » 

Movit iram Phillidis et pectus anhelum, 

Dum remittit multiplex iili Flora telum. 

« — Frustra, dicit, loqueris. os ponens in cdelum, 

Et per acum niteris figere camelum. 

c Mel pro felledeseris et pro falso verum, 
Quse probas militiam reprobando clerum . 
Facit amor militem strenuum et ferum ? 
Non; imo pauperies et defectus rerum. 

f Pulchra Phillis, utinam sapienter âmes, 
Nec meis sententiis amplius reclames ! 
Tuum domat militem sitis atque famés, 
Quibus mortis petitur et inferni trames. 

c Multum est calamitas militis attrita ; 
Sors illius dura est et in arcto sita, 
Cujus est in pendulo dubioque vita 
Ut habere valeat vitae requisita. 



DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 283 

^ 'Non dicas opprobrium, si cogaoscas morem, 
^«stem nigram clerici, comam breviorem; 

abet ista clericus ad summum honorem, 

1; sese signiûcet omnibus majorem. 

^ Universa clerico constat esse prona, 
^^am signum imperii portât in corona. 
Imperat militibus et largitur dona ; 
f'amulante major est imperans persona. 

« Otiosum clericum semper esse juras. 
Viles spernit opéras, fateor, et duras ; 
Sed cum ejus animus evolat ad curas, 
Cœli vias dividit et rerum naturas. 

c Meus est in purpura, tuus in lorica ; 
Tuus est in prœlio, meus in lectica, 
Ubi gesta principum recolit antiqua, 
Scribit^ quserit, cogitât totum de amica. 

< Quid DyonsB valeat et Amoris deus 

Primus novit clericus et instruxit meus. 
Factus est per clericum miles cythereus. 
His est et ex aliis tuUs sermo reus. » 

Liquit Flora pariter vocem et certamen, 
Et sibi Gupidinis exigit examen. 
Phillis primum obstrepit, acquiescit tamen ; 
Et, probato judice, redeunt per gramen. 

Totum in Cupidine certamen est situm. 
Suum dicunt judicem verum et peritum, 
Quia juris noverit utriusque ritum ; 
Et jam sese praeparant ut eant auditum. 

Pari forma virgines et pari colore, 
Pari voto militant et pari pudore; 
Phillis veste candida, Flora bicolore. 
Mulus vector Phillidis erat, equus Flor». 



284 MANUSCRITS LATINS 

Mulus quidem Phillidis mulus fait unus 
Quem creavit, aluit, domuit Neptunus. 
HuDC post apri rabiem, post Adonis fanus, 
Misit pro solatio Cythereas munus. 

PulchrsB matri Phillidis et probse regiasB, 
Illum tandem prsebuit Venus Hibennse, 
Eo quod indulserat operœ divinse. 
Ecce Phillis possidet istum Iseto fine. 

Oongruebat nimium virginis personsB. 
Pulcher erat, habilis et statursB bonse ; 
Qualem esse decuit quem a regione 
Tam longinqua miserat Neptunus Dyonœ. 

Si qui de suppositis et de frseno quserunt, 
Quod totum argenteum dentés muli terunt, 
Sciant quod hsec omnia talia fuerunt 
Qualia Neptunium munus decuerunt. 

Non décore caruit illa Phillis hora, 
Sed multum apparuit dives et décora, 
Et non minus habuit utriusque Flora, 
Nam equi praedivitis frseno domat ora. 

Equus ille, domitus pegasasis loris, 
Multum pulchritudinis habet et valoris, 
Pictus artificio varii coloris, 
Nam nuptus nigredini candor est oloris. 

FormsB quidem humilis, setatis primsBvse, 
Et respexit paululum timide, non saBve. 
Cervix fuit ardua, coma sparsa Iseve, 
Auris parva, prseminens pectus, caput brève. 

Dorso pando jacuit virgini sessurse 
Spina, quœ non senserat aliquid Isesurse. 
Pede cavo, tibia recta, longo crure, 
Totus fuit sonipes studium naturœ. 



DE LA BIBLIOTHÂQUE NATIONALE 285 

•cj^iio superposita respondebat sella; 
*y>ur enim médium claudit auri cella ; 
^t^, cum essent quatuor sellse capitella, 
^^nustavit cingulum gemma quasi steUa. 

^Aulta de praeteritis rébus et ignotis 
S^rant mirabilibus ibi sculpta notis. 
^^uptiae Mercurii, superis admotis, 
^œdus matrimonii, plenitudo dotis. 

^uUus ibi locus est vacuus aut planus ; 
Sabet plus quam capiat animus bumanus; 
Solus illa sculpserat aurifex Vulcanus ; 
Yix hœc suas credidit potuisse manus. 

Prsetermisso clypeo Mulciber Achillis, 
Laboravit pbaleras et induxit illis 
Ferraturam pedibus et fraenum maxillis, 
Et habenas addidit de sponsaB capillis. 

Sellam tegit purpura, subinsuta bisso, 
Quam Minerva, relique studio dimisso, 
Acantbo texuerat et flore narcisso 
Et per pennas margine ûmbriavit scisso. 

Equitabant pariter duse domicellœ. 
Yultus verecundi sunt genaeque tenellse. 
Sic emergunt lilia, sic rosœ novellse, 
Sic discurrunt pariter cseli duse stellse. 

Ad Amoris destinant ire paradisum. 
Dulcis ira commovet utriusque visimi ; 
Phillis Florœ, Phillidi Flora movet risum. 
Fert Phillis ancipitrem manu, Flora nisum. 

Parvo tractu temporis nemus est inventum. 
Ad ingressum nemoris murmurât fluentum ; 
Ventus inde redolet myrrham et pigmentum; 
Audiuntur tympana cytharseque centum. 



286 MANUSCRITS LATINS 

Qaidqnid potest hominum eomprehendi mente, 
Totum ibi virgines audiunt repente. 
Vocum differenti» sunc illic inventas ; 
Sonat diatessaron, sonat diapente. 

Sonat et mirabili plaudit harmonia 
Tympanum, psalterium, lyra, symphonia ; 
Sonant ibi phialœ voce valde pia, 
Et buxus multiplici sonum edit via. 

Sonant omnes avium linguœ, voce plena : 
Yox auditur merulsB dnlcis et amœna, 
CorydaluSy graculug, turtur, pliilomena, 
QusB non cessât conqueri de transacta pœna. 

Instrumento mtisico, vocibus canoris, 
Tum diversi specie contemplatse floris, 
Tum odoris gratia redundante foris, 
Conjectatur teneri thalamus Amoris. 

Virgines introeunt modico timoré 
Et eundo propius crescunt in amore. 
Sonant quaeque volucrum proprio rumore ; 
Accendantur animi vario clamore. 

Immortalis fieret ibi manens homo. 
Arbor ibi quœlibet gaudet sao porno; 
VisB myrrha, cynnamo fragrant et amomo. 
Conjectari poterat dominas ex domo. 

Vident choros juvenum et domicellarum, 
Splendentesque virgines ut ordo stellarum. 
Capiuntur subito corda puellarom 
In tanto miraculo rerum novellarum. 

Sistunt equos pariter et descendunt, pêne 
Oblitse propositi sono cantilenœ. 
Sed auditur iterum cantus philomenœ. 
Et statim virginese recalescunt vense. 



DE LA BIBLIOTHÈQUB NATIONALE 287 

OxTca sylvse médium locas est occoltus. 

lie semper ab omnibus est Cupido cultus. 

'auni, nymphsd, satyri, comitatus multus, 
rFympanizant, concinunt, ante dei vultas. 

Portant thyma manibus et coronas florum. 
Cacchus Nymphas instruit et choros faunorum. 

Servant pedum ordinem et instrumentorum ; 

Sed Silenus titubât nec psallit in chorum. 

Omnes urget senior, asino provectus. 
Et in risus copiam solvit dei pectus. 
Clamât « loi » Remanet clamor imperfectus; 
Viam Yocis impedit vinum et senectus. 

Inter hsec aspicitur Cythere» natus. 
Vultus est sidereus, vertex est pennatus, 
Arcum Iseva possidet et sagittas latus. 
Satis potest conjici potens et elatus. 

Seeptro puer nititur floribus perplexo ; 
Stillat odor nectaris de capillo pexo; 
Très assistunt Gratise, digito connexo, 
Et Amoris calicem tenent genu flexo. 

Appropinquant virgines et adorant tutae 
X)eum venerabili cinctum juventute, 
Oloriantur numinis in tanta virtute ; 
Quas deus considerans, prasvenit salute. 

Oausam vise postulat ; aperitur causa, 
Et laudatur utraque tantum pondus ausa. 
A.d utramque loquitur : c Modo parum pausa, 
Donec res judicio reseretur clausa. » 

Deuserat; virgines norunt deum esse. 
Retractandi singula non fuit necesse. 
Equos suos deserunt et quiescunt fessse/ 
Amor suis imperat judicent expresse. 



288 MANUSCRITS LATINS 

Amor habet jadices, Amor habet Jura. 
Sunt Amoris judices Usas et Natura; 
mis tota data est ciirisB censura, 
Quoniam prseterita sciunt et futura. 

Eunt et justitisB ventilant vigorem, 
Ventilatum retrahunt curiae rigorem. 
Secundum scientiam et secundum morem, 
Ad amorem clericum dicunt aptiorem. 

Comprobavit curia dictionem juris, 
Et teneri voluit etiam futuris. 
Parum ergo prœcavent rébus nocituris 
Qu88 sequuntur militem et fatentur plurîs. 

Cette pièce, bien faite pour charmer les clercs^ eut 
sans doute beaucoup de succès. Il y a, d'ailleurs, plus 
d'un trait ingénieux et vraiment poétique. Cependant 
on n'en signale pas un très grand nombre de copies. 
Elle a été traduite en anglais (1). Nous avons dit aussi 
que Ritson l'attribue sans aucune raison à Walter 
Mapes. Elle est d'un clerc inconnu, qui fait, du moins, 
soupçonner sa patrie. Il était, pensons-nous, italien. 

Le ton de ce poème est assurément très profane; 
celui du poème suivant, au folio 80, est tout autre. 
C'est encore un dialogue, mais entre un pécheur et la 
Vierge Marie : De peccatore et B. Maria. Cependant 
les deux pièces, dont le rythme est identique, se res- 
semblent beaucoup par le style; on les supposerait 
volontiers du même auteur. 

Nous étions tout à l'heure en été; maintenant nous 
sommes en automne : 

Sol intraverat Virginem culturaeque ritus, 
(1) Notices et extraits des manuscrits, t. XXIX, 2* partie, p. 409. 



OE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 389 

et nous assistans au lever, non plus de deux jeunes 
reines, mais d'un jeune homme, qui va, comme elles, 
en se levant, respirer dans un pré Tair pur du matin: 

Cujus prati medio arbor radicata, 
Condensata frondibus, ramis dilatata, 
Ubi turba volucrum simul glomerata 
Erat in invidi» necem conspirata. 

Fons vivus et frigidus subter emanabat 

Qui fœcundum cespitem magis fœcundabat... 

Serviebant auribus aves concinentes 
Et liquide murmure rivi decurrentes... 

Or, se dit le jeune homme, ce beau spectacle de la 
nature ne peut avoir pour unique objet de me charmer. 
Dieu Ta fait certainement pour m'instruire. Et, cette 
réflexion l'amenant à se rappeler ses péchés, il ne 
^'oit plus rien, n'entend plus rien du dehors, se re- 
cueille et verse des larmes : 

Tune de fonte memorans fontem pietatis, 
Attendons in arbore ramos caritatis, 
Intuens in floribus florem castitatis, 
Flevi fletu maximo pro meis peccatis. 

Humectatis oculis, facie rigata, 
Licet flos candesceret, herbam darent prata, 
Mens, amaris planctibus in se conturbata, 
Nulla videt penitus quae sint ei grata. 

Le jeune pécheur était donc en ce pré fleuri, pleu- 
^^nt, gémissant, quand tout à coup une femme d'une 
t^^auté merveilleuse se présente à lui : 

Pulchra, pulchris pulchrior, nullam pulchriorem 
Meus vidit oculus, sed nec dulciorem. 

VI 19 



290 MANUSCUITS LATINS 

Nihil auro differens, imo magis cara, 
Coma sui capitis, coma tam prseclara ; 
In aptandis crinibus ipsa non ignara, 
Egit ne csesaries videretur rara... 

.Taspis et carbunculus, gemmse valde bonae, 
Discolores radios tribuunt coronae. 
Ad laudandam gloriam nobilis personse 
Ego mutus; opus est Marco Cicérone... 

Cette belle femme, parée de tant de joyaux, sans 
une seule pierre fausse, dont les cheveux d'or, c'est- 
à-dire les cheveux roux, sont arrangés avec tant d'art 
qu'on n'y peut soupçonner une lacune, n'est-ce pas 
une de ces Vénitiennes si coquettes et si charmantes 
dont nous avons les portraits peints par le Giorgion 
ou Paul Veronèse ? Non, c'est la Vierge Marie. Le 
jeune homme, qui Ta sur-le-champ reconnue, ne 
s'étonne pas de sa beauté; mais il s'étonne beaucoup 
de la voir s'avancer vers lui les yeux fermés, et, tom- 
bant à ses genoux, il lui en demande la raison. C'est 
ici que le dialogue commence. À sa question la Vierge 
répond : 

Quid luci ad tenebras, mundis ad immunda? 
Fios a spinis discrepat, a pigmentis unda, 
Ab impuris différant quseque verecunda. 

— Ainsi, réplique le jeune homme, tu refuses de 
me voir parce que tu me méprises, et tu me méprises 
parce que j'ai péché. Mais ton flls ne s'est-il pas 
montré plein de miséricorde pour le pécheur ? — Oui 
sans doute, réplique la Vierge à son tour; cependant 
il no faut pas, en parlant de miséricorde, oublier la 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 291 

uslice. La justice a ses droits qui ne sauraient être 
DQécoanus. Sans les contester, le pécheur s'efforce 
d'attendrir la Vierge en lui faisant toutes sortes de 
compliments : 

Fons hortorum, puteus prsestans ubertatem, 
Aqua fluens, impctu pellens siccitatem, 
NuUus calor noxius vincit tempestatem, 
His aquis si fervidam temperas sestatem. 

Nautse portas requies, fulgens inargarita. 
Via nullis gressibus hominum attrita, 
Ut nobis non noceant mortis aconita, 
Tu mea refectio, tu mea sis vita ! 

Virgo, sidus aureum, stella mater solis, 
Florem servans integrum cum honore prolis... 

Virgo, super superos verbi Dei cella, 
Ne percellat timidum sseculi procella, 
Caritatis balsamum, pietatis mella, 
Dona mater filio, puero puella. 

Tu fons indeficiens, tu fœcunda vitis, 
Fomes pœnitentiae, peceatorum sitis, 
Vena fundens veniam cordibus contritis, 
Pia magis omnibus, inter omnes miiis ; 

Orientis janua, nesciens patere, 
De qua Christus exiit sine damno serse, 
Miserere miseri, mei miserere ; 
Miserere citius, ne me cogas flere... 

Si flatteurs que soient les termes de cette suppli- 
116, ils ne séduisent pas la Vierge, et durement elle 
éclare au pécheur que toute son éloquence n'est 
u'une vaine rhétorique : 

O latrator optime, coaequande cani, 
Gratiani clerice, vel Justiniani, 



292 MANUSCRITS LATINS 

Nosce quod nullo modo distat ab inani 
Cujus vox angelica, digiti profani. 

Le pécheur change alors de langage. On ne peut ; 
lui pardonner, il en convient, ses fautes passées, s^il 
n'est résolu très fermement à se comporter mieux. Il 
en fait donc la promesse en des termes plus simples, < 
avec de moindres éclats de voix, et la Vierge, alors \ 
touchée, lui donne une robe sans tache, l'assurant 
qu'il sera sauvé, si, durant les jours qu'il doit vivre 
encore, il ne la souille pas. 

M. Fierville nous indique une autre copie de ce 
poème dans le n** 115 de Saint-Omer, où, dit-il, il se 
compose de soixante-six strophes (1). Dans la nôtre il 
n'en a que soixante-cinq. Elle n'est donc pas com- 
plète ; de plus le texte en est souvent défectueux. 

Au folio 84, De schismate duorum paparum. Nous 
allons voir ici combien, en temps de schisme, l'élec- 
tion simultanée de deux papes, leurs prétentions et 
leurs entreprises rivales devaient troubler, inquiéter, 
désoler les clercs d'humble condition, restés en dehors, 
des partis, uniquement dévoués à la cause de l'Église. 
On a déjà deux éditions de cette pièce vraiment inté- 
ressante. Elle a tour à tour été publiée par M. Wright, 
d'après divers manuscrits d'Angleterre, dans son 
recueil intitulé; Poems attributed to Walter Mapes, 
p. 159, et par M. Miildener, d'après le n** 3245 de 
notre Bibliothèque nationale, Die zehn Gedichte des 
Walther von Lille, p. 37. Mais voici trois copies dont 
il n'a pas encore été fait usage. Elles se trouvent dans 

(1) Not, et estr, desman,^ t. XXKI, !'« partie, p. 144. 



DE LA BIBLIOTHBUUE NATIOXALE 993 

les n'^ 1 1412, 1 1867 de la même bibliothèque et dans 
le volume dont nous rédigeons maintenant la notice. 
Or, si ces trois copies ne sont pas irréprochables, elles 
offrent néanmoins un assez grand nombre de leçons 
qui semblent devoir être préférées à celles de Tune 
ou de l'autre édition . Gela constaté, nous n^hésilons 
pas à donner de cette pièce un troisième texte ainsi 
réformé : 

Heliconis rivulo modice lespersns, 
Vereor ne pondère sim verborom mersos: 
Sed quia jam labitur mondas aniversos, 
Indpe Msenalios mecum, mea tibia, versiis (1;. 

Rythmis dam lascmo, versas dam propino. 
Rodit forsan aliqais me dente canine. 
Quia non afflatas sam spiritu divino, 
Nec fonte labra prolai Caballino (2|. 

Accusator cnminam judexque sedebo 
Omnium quae videro fieri sub Phœbo; 
Vitiosus siquidem vitia delebo; 
Munus et oC&cium, nil scribens ipse, docebo. 

Dicta fait aurea vita proavorum, 
Quando nec simonia vendicabat (3) chorum, 
Nec regnabant scbismata. Sed vi modemorum 
Effodiontur opes, irritamenta malorum (4). 

Ecce papas geminos elegere reges; 

Sed cui adhaereas nescis, aut quem neges. 

(1) VirgUe, Églogue VIII, 21. 

(2) Perse, prologue. 

(3) Ou lit, dans un de nos manuscrits, au lieu de vendicabat, qui 
n'est pas clair, dUatabat, qui ne Test pas davantage. 

(4) Ovide, Meiam., I, 140. 



294 MANUSCRITS LATINS 

Utrobique pullulât vitiorum seges, 
Amissae pereunt nullo discrimine leges (1) . 

Sed a Christo forsitan neuter est electus. 
Neuter mihi sufûcit, uterque suspectus ; 
Nescio quis horum sit obliquus vel rectus ; 
In diversa trahunt unum duo nomina pectus. 

Suam Christus amodo vineam non fodit ; 
Illam Yorat ambitus, illam schisma rodit. 
Sponsa Christi conjugis jussa non custodit ; 
S'jepe etenim mulier qusB conjux diligit odit (2). 

Sponsa dicit apud se : « Heu ! quam diu teror ! 
Quo me rapit impetus schismatis ? Quo feror ? 
Sponsum, per quem meus hic lenietur mseror, 
Ultra promissum tempus abesse queror (3). 

t Hinc me Rhenus opprimit, hinc Francorum chori ; 
Dubito cui debeam cedere favori. 
Veniat mors, veniat terminus mœrori I 
Impia quid dubitas, Deïanira, mori? (4) 

ft Si verum subtilius libet intueri, 
Jam defecit dignitas et libertas cleri ; 
Roma prorsus cecidit in eclypsim veri, 
Et, si non cecidit, potuit cecidisse videri. 

« Non erat a Csesare papa statuendus, 
Sed secundum canones erat eligendus, 
Nam qui sic eligitur hic est reverendus ; 
Hic tibi prsecipue sit pura mente colendus. 

(1) A la suite de cette strophe on en lit une que nous ometl 
Nous Tomettons parce qu'elle est superflue et n'est pas du m 
rythme que les autres. 

(2) Juvénal, Sal. VI, v. 510. 

(3) Ovide, Heroid., II, 2. 

(4) Cette strophe ne se trouve que dans le n*» 11867, fol. 101 v 
le dernier vers offre une lacune. Nous en restituons le texte i 
hésitation, ce dernier vers étant d'Ovide : Heroid., IX, v. 146. 



Î)E LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 295 

^ Illi per quos haereses schîsmataque vici 
C^uondam, mihi facti sunt nuper inimici. 
C^uae cecidi, stabilis non debebam dici. 
C^uid me felicem toties jactastis, amici? 

« Nemo juste vivere novit, nemo pie ; 
Pastores Ëcclesiae facti sunt harpise, 
Et jam completum est illud Jeremiao : 
Jacent sancti lapides in capite vise. 

c Mea gens antiquitus dici Nazaraea, 
Id est sancta, potuit ; sed nunc Pharisaea. 
Unam duas faciunt, et, cum non sim rea, 
Prselati partiti sunt vestimenta mea. 

« Jam casura videor, quia tota nuto ; 
Mei propugnacula mûri carent scuto ; 
Aurum meum scoria, vilius est luto ; 
Est princeps provinciae factus sub tributo. 

« Sed, ne vos detineam turbine sermonum, 
Caput mundi corruit, non habens patronum. 
TJbinam est hodie virtus Scipionum, 
Marcellusque loquax et nomina vana Catgnum ? (1). 

« Veni, conjux optime, jam hinc turba Rbeni, 
Illinc me, cum Gallicis, lacérant Rhuteni; 
Veni, ne tardaveris et lagentem leni. 
Nil mihi rescribas, attamen ipse veni (2). 

« Me desertam creditis forsitan ex toto ; 
Sed sponsum ad nuptias, hoste jam remoto, 
Aspiciens a longe venientem noto. » 
Sic ait, longo consumit gaudia voto (3). 

Quel est l'auteur de cette pièce ? Le n° 3245 la 
^onne, jointe à neuf autres, à Gautier de Lille, 
►'^est-à-dire, selon MM. Du Méril et Miildener, à Gau- 

(1) Lucain, P/iars., ï, 313. (3) Stace, Tlieb., I, 323. 

(2) Ovide, IJeroid.y I, 2. 



296 MANUSCRITS LATINS 

lier de Châlillon. Nous croyons que ces dix pièces 
ont été mal à propos réunies; qu'elles ne sont 
pas toutes du même auteur. Il est néanmoins très 
probable que, dans le nombre, plusieurs appartien- 
nent à Gautier de Lille ou de Cbâtillon. Ses contem- 
porains nous assurent, en effet, qu'il a composé des 
vers rythmiques. Or ceux qu'on vient de lire se rap- 
portent à des événements dont il fut le témoin, et, 
comme il nous l'atteste ailleurs, le témoin attristé (1). 
Ces deux papes, appuyés Tun par la France, l'autre 
par l'Allemagne, sont bien évidemment Alexandre III 
et l'un de ses trois compétiteurs ; la date incertaine 
de la pièce doit donc être recherchée entre l'année 
1159, la première du schisme, et l'année 1177, où le 
schisme prit fin. Eh bien, c'est précisément en ce 
temps-là que Gautier de Châlillon faisait preuve de 
ses talents littéraires; c'est vers l'année 1170 qu'il 
écrivit son grand poème, VAleœandréide. Delà, comme 
il semble, on peut conclure que toutes les attributions 
du n° 3245 ne sont pas fausses. 

Au folio 85, Quinque gaudia B. Mariœ. Cette pièce, 
commençant par 

Gaude Yirgo, mater Christi, 
Quse per aurem concepisti. . ., 

a été publiée par M. Mone (Hymni lat., t. II, p. 172), 
par Daniel [Thés,, V, 136), et par M. Et. Garnier (Ca- 
tal. des man. d'Amiens, p. 180). Nous la trouvons 
deux fois dans le n** 363^ de la Bibliothèque nationale, 
fol. 86 et 104. Elle est, en outre, dans le n° 5988 de 

(1) Âlexandreis, lib VII, v. 324. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 297 

Munich, el Bandini Ta signalée dans un volume de la 

Laurentienne, au tome IV de son Catalogue^ col. 526. 

Celte prose souvent imitée eut certainement plus de 

succès qu'elle n'a de mérite. 

On parait avoir moins goûté ce que nous lisons à 
la suite, une longue paraphrase de la salutation an- 
gélique, Salutatio angeli ad Mariant, où des vers mé- 
triques sont aussi mêlés, sans aucun agrément, à des 
rythmiques de huit syllabes : 

Ave plena gratia, virgo vas honoris, 
Audi verba nuntia jocundi rumoris ; 
Pro tua munditîa me venisse noris, 
In mundi superis assumptus missus ab oris. 
Qui cselum terramque simul formavit et sequor 
Ad te me misit; jussa paterna sequor. 

N'ayant pas rencontré d'autres copies de cette pa- 
raphrase, et M. l'abbé Chevalier ne nous en signalant 
aucune, nous ne pouvons corriger les parties défec- 
tueuses de notre texte. Mais le regret que cela nous 
inspire n'est pas grand. 

Au verso du feuillet 86, une acerbe complainte 
sous ce titre : Contra curiam romanam. Nous en 
avons publié quelques strophes sous le n® 217 (1). 

La pièce suivante, fol. 87, est la satire contre les 
simoniaques qu'a publiée M. Du Méril {Poésies popuL, 
p. 177), l'attribuant à Thomas Becket. Elle se trouve 
aussi dans les Carmina Burana, p. 43. En voici les 
deux premiers vers : 

Ecce sonat in aperto 
Vox clamantis in deserto ; 

(1) Ci-dessus, page 139. 



?98 MANUSCRITS LATINS 

et c'est là tout ce que nous jugeons utile d'en citer, 
notre texte offrant peu de leçons nouvelles. Celui que 
M. Du Méril a reproduit est dans noire n° 4880. Oq 
nous signale encore un autre exemplaire de la même 
pièce dans un manuscrit d'Oxford {Bibl. de VÉc. (tes 
chartes, 1885, p. 583). Il est bien entendu que rattri- 
bution de ce poème à Thomas Becket mérite très peu 
de confiance. 

Au verso du feuillet 87, Ad papam causa aliquid 
obtinendi. On croit connaître cette pièce, car elle a été 
quatre fois imprimée : par Francowitz, Varia doctorum 
virorumpoem., p. 9; par Leyser, Hist. poetar. med. 
œvi, p. 779; par M. MUldener, Die zehn Gedichte des 
Walther von Lille, p. 45 ; par M. Wright, The latin 
poems attrib. to Walier Mapes, p. 57. On ne la con- 
naît cerlainement pas entière. En effet, dans toutes 
les éditions et dans la plupart des manuscrits, no- 
tamment dans celui que nous avons en main, ainsi 
que dans les n**» 3?45 et 11412 de la Bibliothèque 
nationale, il manque huit strophes qui ne sont pas les 
moins remarquables du poème. D'autre part, chacune 
des éditions reproduit simplement le texte d'un seul 
manuscrit, c'est-à-dire un texte plus ou moins fautif; 
de telle sorte que, malgré le nombre de ces éditions, 
l'inlérèL et le mérite d'un poème si curieux n'ont 
pas encore été justement appréciés. Nous n'aurons 
donc pas, croyons-nous, perdu notre peine si, tous les 
textes rapprochés, comparés, nous en avons pu con- 
stituer un meilleur. 

Le titre de notre manuscrit n'est pas tout à fait 
exact ; la pièce est moins une suppUque qu'une satire, 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 299 

une satire 1res libre et très vive, à l'adresse du pape. 
La voici : 



Tante viro locuturi, 
Studeamus esse puri, 

Sed et loqui sobrie, 
Carum care venerari, 
Et, ut simus caro cari, 

Careamus carie. 

Decet enim, et hoc unum 
Est imprimis opportunum, 

Ut me ipsum judicem ; 
Homo vêtus exuatur, 
Homo novus induatur, 

Ante tantum judicem. 

Commendarem bonos mores ; 
Sed virtutis amatores 

Paucos esse doleo. 
Quod si pravos reprehendam, 
Et eis non condescendam, 

Bella mihi video. 

Sed, judex aequitatis, 
Propagator veritatis, 

Lenis aura sseculi, 
Esto mihi in asylum ! 
Te rectore sumpsi stylum, 

Te duce signa tuli. 

Sed quis sum qui ausim loqui 
Coram papa ? Quis ego, qui, 

Sano fretus capite, 
Rodo pravos in aperto ? 
Vox clamantis in deserto : 

Rectas vias facite. 

Quid desertum mihi? Mun- 

[dus: 
Mundus quidem , sed im- 

[mundus, 



Quia munda polluit. 
Se desertum esse dolet 
Quia, qui vernare solet, 

Ecce prorsus aruit. 

• 

Quod solebat in prsslatis 
Germinare veritatis 

Et pudoris flosculos, 
Tali partu destitutum 
Germenprœfert nonvirtutum 

Sed spinas et tribulos. 



Qui sunt spinœ tribulique ? 
Qui ? Pastores praelatique, 

Amatores muneris. 
Cum non pascant, sed pas- 

[cantur, 
Non a pasco derîvantur, 

Sed a pascor^ pasceris. 

Blandos amant et bilingues 
Canes muti, tauri pingues, 

Gigantum fraterculi ; 
Qui thesauros coacervant. 
Non dispergunt, sed obser- 

[vant 

Ut pupillam oculi. 

Omnis habens muneratur, 
Nil habenti supplantatur 

Id quod prius habuit ; 
In deserto mundi hujus 
Nemo floret, nisi cujus 

Bursa nundum vomuit. 



300 



MANUSCRITS LATINS 



Borsa prœgnans principatur 
Sapiensque conculcatur, 

Si manus sere vacet ; 
Nam, si pauper sit sophia, 
Vilis erit. Quare ? Quia 

Pauper ubique jacet. 

Pauper jacet, sed palpones, 
Quorum blandi sunt sermo- 

[nes, 

Et ipsi sunt jacula, 
Isti sunt quos mundus amat 
Et dequibus psalmus clamât : 

Beat! in macula ! 

In macula sunt beati, 
Sed non sunt immaculati, 

Teste conscientia. 
Vive, palpo, more suis, 
Quia in labiis tuis 

Diffusa est gratia ! 

Quid dant artes nisi luctum 
Et laborem^ vel quem fruc- 

[tum 

Dant genus et species ! 
Olim plures, non est mirum, 
Provehebant A rma virum 

Et Fraternas actes. 

Antiquorum nam studere 
Fructus erat et habere 

Disputantes (1) socios ; 
Nunc in arca sepelire 
Nummos majus est quam 

[scire 

Bellaper jEmathios. 



Informavit (2) Cato mores, 
Et perdùxit ad honores 

Naso suos bomines ; 
Legem dédit dignitatis 
Et regnavit in prselatis 

Summus Aristoteles. 

Artes diu floruerunt, 
At, ut loges regnaverunt, 

Artes sunt inutiles ; 
Loges sedent super thronu 
Et éructant verbum bonum 

Omni die septies. 

Et magister appellatur 

Hic qui nunquam conabatur* 

Ad Fraternas acies, 
Perierunt in aeternum 
Et descendunt in infemum 

Gênera et species. 

Soli régnant nunc legistae, 
Quibus mundus servit iste 

Totus citra saecula. 
Assessores sunt pastoris, 
Intus lupi, sed sunt foris 

Agni sine macula. 

Hi, qui vultu dealbato 
Et sermone delutato (3) 

Tegunt mentis scoriam, 
In prselatis adulando, 
Verbum falsum paleando, 

Veniunt ad gloriam. 



(1) Dans 3245 et dans Tédition de Leyser, Déclamantes; dans 
11867, Déclinantes, 

(2) Ici commencent huit strophes que nous tirons du n9 11867. 

(3) Lat. 11867, denudato^ qui ne nous parait avoir aucun sens. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 



301 



iredes Gratiani 
it fieri decani, 
aies, pontiûces ; 
Irantur ut electi, 
manumsunt provecti 
pastoris apices. 



Solet Christus appellari 
Lapis scissus (2) ab altari, 

Non manu, sed forcipe. 
Hoc est notum sapienti ; 
Sed prsebendam requirent! 

Nemo dicit : Accipe. 



t ut falsi pastores 
aestras, non per fores, 
ut fures civium, 
iquirunt colles unde, 
iscendunt aliunde, 
intrant per ostium (1). 

. student in decretis, 
eduUis inexpletis, 
mt legis ubera, 
[antum fiant canes, 
m gulsB sunt inanes 
gustanda munera. 

)si soient esse 
ptabant virgam Jesse 
bui virgineo, 
ubum visionis, 
^ellus Gedeonis, 
rsum rore niveo. 

' aquas Rubri maris 
natur salutaris 
acri lavatio, 
hoc sit quod lucrum 

[fert, 
hoc scire mihi confert, 
iciens esurio ? 



Scio crucem figurari 
Quando lego dulcorari 

Flumen apud Ëxodum, 
Manibusque cancellatis 
Jacob nostrse libertatis 

Prsesignare commodum. 

In hebraea lege legis 
Quod serpentem lator legis 

Ërexit in patulo, 
Ut cessaret mors et tabès. 
Quia nostras lavit labes 

Christus in patibulo^ 

Duo ligna Sareptanse 
Spiritalis escam censé 

Coquunt in Ecclesia, 
Abrahamque tulit ligna 
Per quad digne Deo digna 

Cremaretur hostia. 

Fudit aquam ter Helias, 
Et ter sanctus Isaias 

Trinitatem innuit ; 
Vidit Abramtrinum chorum; 
Ruth in agro Judaeorum 

Trinitatem messuit. 



lela n'est pas clair. Mais nous n'avons ici qu'un texte et il 
3 altéré. 
/Wright, sumplus. 



302 



MANUSCRITS LATINS 



Sic involvit rota rotam, 
Sic deponit leprse notam 

Lux in Buperûcie ; 
Sic amictum parvi pendit 
Joseph, quando non attendit 

Vocem fornicariœ. 

Dumque per desertum itur, 
A gentili reperitur 

Calens unda penitus, 
Quia legis in deserto 
Reperitur a diserto 

Calor Sancti Spiritus. 

Hœc scrutari quidam soient, 
Post, afflicti famé, dolent 

Se vacasse studio ; 
Unde multi perierunt 
Et labore defecerunt, 

Scrutantes scrutinio. 

Ergo quia tôt oppressis 
In studendo parva messis 
Redditur post aspera, 



Ad Romani sedem patris 

Et ad sacrosanctœ matris, 

Sum reversus ubera. 

Turpe tibi, pastor bond, 
Si, divina lectione 

Spreta, ûam laicus. 
Vel absolve clericatu, 
Yel fac ut in cleri statu 

Perseverem clericus. 

Dulcis erit mihi status 
Si prsBbenda muneratus, 

Redditu vel alio, 
Vivam, licet non abunde. 
Saltem mihi detur unde 

Studeam de proprio. 

Pallet vêtus candor scolas, 

Et, sub gravi fracta mole, 
Jacet sine semine ; 

Cujus in conquestione, 

Et ûnita lectione, 
Fit : Tu autem Domine, 



Tous les manuscrits de cette satire sont anonymes, 
si ce n'est notre n® 3245, qui nomme l'auteur Galterus 
de Insula ; d'où Ton a conclu que c'est Gautier de 
Châtillon. Nous doutons pourtant de souscrire à 
cette conclusion. Gautier de Châtillon vivait, ainsi 
que nous l'avons dit, à la fin du xii* siècle, et de son 
temps, toutes les sciences, outre les lettres, n'étaient 
pas encore, comme on le voit ici, négligées au profit 
de l'un et de l'autre droit. C'est plus tard que les 
décrétistes et les légistes prirent le pas, dans l'église 
séculière, sur les humanistes et les théologiens. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 303 

Est-il, d'ailleurs, vraisemblable que Gautier de Ghâ- 
tillon ait avec tant d'âpreté censuré l'étude du droit 
romain, lui qui, dit-on, traversa les Alpe» pour l'aller 
a.pprendre à Bologne ? Enfin ce qu'on sait de la vie de 
Gautier fait supposer qu'il ne fut jamais sans jouir de 
quelque bénéfice. 

Deux éditeurs, Leyser et M. Wright, ont mis cette 
"pièce au compte de Walter Mapes, le libre et plaisant 
archidiacre d'Oxford. Cette attribution paraît, à divers 
3)oints de vue, préférable. Mapes survécut, pense-t- 
on, à Gautier de Ghâtillon^ et, d'autre part, son style, 
habituellement familier et moqueur, n*est pas sans 
quelque rapport avec celui de notre satire. Cependant 
il n'existe pas un ancien témoignage en faveur de 
cette attribution, et nous la tenons pour simplement 
conjecturale. 

Au folio 89, encore une satire, non moins vive, 
contre les frères convers de Tordre de Grandmont : 
Contra Grandis Montis conversas. Un autre exemplaire 
de cette pièce nous est indiqué dans un manuscrit de 
Home (1) ; mais nous n'apprenons pas qu'on Tait 
jamais imprimée. Elle mérite pourtant d'être connue, 
car elle se rapporte à l'histoire. La voici : 

Bespiciat Emmanuel, Sicut Pharao prsBcipit. 

Qui solus cuncta prospicit. Qui non audistis, audite 

Quomodo patitur Abel Quid volant tenere rite 

Et adhuc Caïn desipit. Grandis Montis eremitaei 

Ridet Lia, plorat Rachel, Respuentes viam vitse, 

Formosam lippa decipit, Sub pedibus quorum Terr» 

Captivus servit Israël, Sanetse jacent margaritae. 

(1) Monum, German., Scriptores, t. XX, p. 106. 



304 



MANUSCRITS LATINS 



CoDversi tenent clericos 
Sub pedibus et manibus ; 
Sic dominari laicos 
Est sanctum dare canibus. 
Priori nolunt subjici, 
Sed eos foras jaciunt. 
Si, conversi, sint clerici, 
Qui eis non obediunt, 
Pastores sunt et non oves; 
Plaustrum vadit ante boves, 
Plus est corpus quam anima 
Et ancilla quam domina, 
Et sacerdos est cum gente 
Sicut laico pressente. 

Balaam pascit gramina, 
Et tune loquitur asina. 

Manus impura 

Sine mensura 

Tollit secura 

Clericis jura, 

Oculos caecis ; 

Gens nimis dura, 

Gui non est cura 

Lex vel Scriptura, 

Immemor necis ! 

clerici, gens honesta, 
Tôt ingerunt vobis mœsta ! 
Nulla dies vobis festa I 
Sed tu, Deus, tuis prsesta 
Vires patienti» 

Gontra cor superbiae I 
Superba gens et infesta. 
Non caelestis, sed scelesta, 
Si tu potes, manifesta 
In quorum gesta 

Tibi datur hodie 

Potestas ecclesisB. 



Thalamus flet lectom. 
Et lectus electum 
Ab eis projectum. 
Scelus est detectum, 
Quod soient celare. 
Hominem perfectum, 
Humilem et rectum, 
Habent in despectum 
Priorem vocare. 

Armaria fracta, 
Vestimenta tracta, 
lUicita tacta, 
Monstrant maie facta. 
Jesu Ghriste, tracta 
Ne verba sint acta, 
Sed sint sua pacta 
Ad nihil redacta. 

Quod nimis suavis 
Dominus sit pravis 
Monstrat contraclavis 
In Domini domo. 
Sed nobis ignavis 
Videtur plus gravis 
Qui, confixus clavis, 

Per nos fuit homo. 

te 

Gonjurati 
Sunt barbati. 
Et nos pati 
Prœparati, 
Quos maie tractant et pre- 

[munt. 

Non sunt grati 
Veritati 
Qui peccati 
Perpetrati 
Correctioni se demunt. 



D£ LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 305 

Verberati Conteranitur csBlorum rex ; 

Sunt beati ; Ante vinum bibitur fax. 
Sed prselati Proh dolor I 

Timorati Desolor. 

^bi non est timor tremunt. Mutatur optimus color; 



Non est lex, 
Périt grex, 



Nil emendandum prœstolor. 



La rivalité des clercs el des convers fut constante 
dans Tordre de Grandmont. Elle était très vive dès le 
Tnîlieu du xn® siècle, et, dans la suite des temps, elle 
causa tant de troubles, tant de scandales, qu^elle fit 
perdre à Tordre tout son crédit, et fut une des causes 
principales de sa ruine. Le fondateur de Tordre, 
saint Etienne, avait cru devoir affranchir ses religieux 
de tout souci de leurs affaires temporelles, en attri- 
buant la gestion de ces affaires, qu'un tel ascète tenait 
pour méprisables, aux frères convers ou frères lais. Il 
avait en cela manqué de prévoyance. Quand Tordre 
fut devenu riche, et même très riche, ces affaires tem- 
porelles primèrent les spirituelles ; c'est pourquoi les 
gens chargés de les administrer en vinrent facilement 
à se considérer comme étant les plus nécessaires, les 
plus importants. Alors commencèrent des dissensions 
qui bientôt amenèrent des violences. Il y eut des 
prieurs emprisonnés, expulsés, par le parti des con- 
vers, qu'on appelait aussi le parti des « barbus » : 
Conjuratisumt barbati. 

Nous croyons que Tévénement auquel se rappor- 
tent les vers cités est Texpulsion d'un prieur, qui fut 
mis en fuite, avec quarante clercs, en Tannée 1219. 

Quelques passages d'une pièce semblable ont été 
VI 20 



306 MANUSCRITS LATINS 

publiés par M. Guibert d'après notre n^ 15009 {Des- 
truction de V ordre de Grandm.^ p. 104). 

Au folio 89, verso : Causa pav/peris scolaris et di- 
vitîs. Il s'agit de deux écoliers, doot l'un plaide pour 
l'étude désintéressée, tandis que l'autre, déjà pourvu 
dans l'Église d'un opulent bénéfice, raille la misère 
de son compagnon, et prétend que, s'il est bon de 
venir aux écoles, ce n'est pas pour en sortir plus ou 
moins savant, c'est pour y gagner un titre à de 
hautes et fructueuses dignités. Le procès a lieu devant 
le sage des sages, le roi Salomon : 

In sublimi solio Salomon sedebat. 
Uli juris ratio cornes assistebat, 
Cum vultu propitio lites audiebat, 
Prudens consilio, fulgens diadema gerebat. 

Intus habet regia speciem crystalli; 
Ejus sunt fastigia nivei metalli, 
Mira sunt insignia, pinguntur caballi ; 
Hsec domus et vario defenditur obice valli. 

Seciun duo clerici versant qusestionem ; 
Unus sectam clerici probat et Catonem, 
Alter bursam reûci probat et salmonem. 
Inde ferunt apici régis Salomonis agonem. 

c Ave tibi dicimus, judex prseelecte ; 
Tu es judex optimus, tu judicas recte. 
Nos duo contendimus, nos amore necte. 
Judicium petimus ; te nummis nec prece flecte. 

« — Fac justum judicium, o princeps terramm. 
Mibi placet nimium doctrina scolarum, 
Qu8B dat magnum pretium, quae dat nomen clarum. 
Fastidit studium clerici fatuum cor avarum. 



DE LA BXBLIOTaÈQUE NATIONALE 307 

< — Famem et augustiam fert agmen scolare ; 

Affecto pecuniam magnam congregare 

Ut possim miseriam pauperis levare ; 
Quamvis multa sciam me non potero satiare. 

« — Quisque débet discere flore juventutis 
Et legendo légère semitam virtutis. 
Quidam volunt vivere ut similes brutis, 
Et peragunt tenere curam super omnia cutis. 

< — Si qui magnis litteris dantur boni mores, 
Sunt simplices ceteris ssepe meliores ; 
Scolaribus miseris prompti sunt dolores, 
Magnis presbyteris magni donantur honores. 

€ — Cur scolares negligis, quamvis sint egeni ? 
Cur avaros diligis, quamvis ûant pleni ? 
Et cur te non corrigis ? Turpe tibi seni, 
Nam dulces abigis potus infantis amœni. 

« — Quœritur scientia cum labore gravi ; 
Vina placent fortia cum gustu suavi. 
Multum amo pinguia mella dulcis favi ; 
Corporis invidia nam sic mea multiplicavi. 

a — Sensus censum superat ; ingenti dolore 
Dives aurum gloraerat, servat cum timoré, 
Scientia imperat, manet in honore. 
Haec dubium reserat, virtutum fervet amore. 

€ — Sunt clerici divites vestibus ornati, 
Edunt pisces, alites, sunt quasi prselati ; 
Illi vadunt équités, multis comitati ; 
Sed vadunt pedites scolares incomitati. 

t — Est scolaris humilis simplex, justus, castus, 
Pallidus et gracilis ; labor premit vastus. 
Dives est horribilis, plenus magni fastus, 
LuxurisB facilis, plenus vino, bene pastus. 



} 



308 MANUSCRITS LATINS 

a — Cur fréquentas studium nisi ut lucreris? 
Acuis iugenium ad hoc ut lauderis ; 
Amicorum omnium discens opem quaeris. 
Prsebet subsidium mihi copia quod manet seris. 

< — Nescis quid in ecclesia debes prsedicare, 
Occupas sedilia, nescis decantare ; 
Scimus beneûda quse deberes dare. 
Plenus avaritia deservire nescis (et) arœ. 

« — Dives non invideo misero scolari, 
Quia nullum video decus illi dari ; 
Jam prsebendas habeo, serviens altari. 
Primus ego sedeo; volo cunctis dominari... » 

Ce débat pouvait être intéressant; mais il ne resfc^ 
pas. Les deux interlocuteurs ne sont guère plus riche 
d'arguments l'un que l'autre, et nous comprenons 
aisément que Salomon sMmpatiente de les entendre 
discourir si longtemps sans rien dire de nouveau. 
Les ayant néanmoins écoutés quelques instants encore, 
il met fin au débat et se prononce pour l'écolier 
pauvre : 

Ars sublimât quaelibet suum possessorem ; 
Exercens studium sine lite repoHet honorem. 

La sentence elle-même n'est pas suffisamment 
claire. En somme, celte pièce, dont le style est très 
tourmenté, manque d'esprit et ne mérite pas d'être 
connue tout entière. 

Fol. 91 : Cama Ads et Polyphemi pro Galathea ha- 
benda. Le débat a lieu devant l'Amour, et Tun des 
prétendants débute en ces termes : 

Puer ferens pharetras, judex juris scutum, 
Qui cuni telo pénétras etiam astutum, 
Solum solus impetras omnia per nutum ; 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 309 

Quidqnid Amor jussit non est contemnere tutum. 

Nate Cupido dea, cujus mater CythersBa^ 
Me rege, meque bea, vota fovendo mea. 
Pro te, fili Veneris, gravor igné gravi, 
Tu es auctor vulneris ; tibi semper favi, 
Nam ab annis teneris sub te militavi. 

Saepe tepent alii juvenes, ego semper amavi. 

Digne Cupido coli, cui semper servio soli. . . 

Les vers métrique? et rythmiques sont ainsi mé- 
langés jusqu'à la fin de la pièce, ne valant guère 
mieux les uns que les autres. Avons-nous même la 
fin de cette pièce? Cela parait douteux» car, les plai- 
doiries achevées, la sentence de TAmour est attendue, 
et elle manque. 

Au folio 92, verso : Causa viri emeniulati et ejus 
uxoris petentis divortium. Il nous répugne aujour- 
d'hui de transcrire ce titre; mais, répétons-le, cette 
répugnance nos aïeux ne l'éprouvaient pas, la langue 
de Martial leur étant très familière. Une femme traîne 
donc son mari devant le pape, l'accusant d'impuis- 
sance et demandant le divorce. Le mari se défend 
le mieux qu'il peut, et la femme, très prompte à la 
réplique, retourne contre lui tous ses arguments. 
Les deux discours sont, on le soupçonne, très libres; 
mais ce qui Test bien davantage, ce sont les termes 
de la convention que font, pour conclure, les deux 
parties. Les discours ont-ils même été composés 
pour autre chose que pour amener ce cynique dénoue- 
ment? Mais n'insistons pas. Ce dialogue commence par 

A ve, pater gentium, ave pax et veritas, 

Quem nulium mendacium sordet nec iniquitas...; * 



310 MANUSCRITS LATINS 

et nous n'en citons pas davantage. Il y a, du reste, 
peu d'esprit; le ton en est à la fois trivial et banal. 
On est, d'ailleurs, certain qu'il fut composé plus ou 
moins de temps après Texcommunication de Fré- 
déric II, c'est-à-dire après le mois de septembre 1227, 
la femme disant au pape : 

Mihi te prsestes amicum. 

Tu qui schismaticum condemnasti Fredericum. 

Fol. 94 : Causa pauperis scolaris cum presbytero. 
Ailleurs la même pièce est plus simplement et plus 
exactement intitulée : De presbytero et logico. Elle 
n'est pas inédite; M. Thomas Wright l'a déjà publiée, 
d'après le manuscrit harléien 978, dans son recueil 
intitulé : The latin poems attributed to Walter Mapes, 
page 251. Mais cette édition est très défectueuse ; 
le texte en est même quelquefois tout à fait inintelli- 
gible. Nous l'avons donc beaucoup amendé, faisant 
concourir à cet amendement deux copies qui ne sont, 
d'ailleurs, ni l'une ni l'autre, irréprochables, celle 
que nous offre le présent manuscrit et une autre par 
nous rencontrée dans le n® 11867 de notre Biblio- 
thèque, fol. 98 : 

Hora nona sabbati, tempore florenti, 
Plebs vacans convenerat iriter septa templi. 
Sedit ibi presbyter iiLherba virenti, 
Pandens vitœ dogmata plebi consedenti. 

Ecce quidam logicus, rediens de scolis, 
Venit, quaedam ruminans de logicae dolis, 
Nudus pedes ; sed in hoc hune ridere nolis, 
Tulit forsan caligas, pressus sestu solis. 



DK LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 311 

Induebat logicum cappa radiata ; 
Lsevo stat Rub latere tunica curvata ; 
Extra cappam pendula dextra manicata 
Sese cœpit jactare sparsim agitata. 

Quidam ejus bajulus, cui nomen Gnato, 
Prsecedebat logicum gressu fatigato, 
Dorso ferens sarcinam ventre tensam lato. 
Est hic Aristoteles, Socrates et Plate. 

Hesidebat obvius presbyter sophistsB. 
Libro suum gremium onerabat iste; 
Inerant apostoli et evangelistap. 
Et ritus quos expetunt tua sacra, Christe. 

Sedit legens populo te, Paule béate ; 
Epistola quam legit erat Eœpurgate (1). 
Explicata littera grata brevitate, 
Sermonem contexuit de sinceritate. 

Scolis olim modice, ut reor, intentus, 
Sola superficie litterse contentus, 
Pervertit cum casibus personam et tempus, 
Estque mox a logico taliter conventus : 

t Fallis, fallis, presbyter, cœtum rusticanum ; 
Abusive loqueris, laedis Priscianum ; 
Te probo falsidicum, te probo vesanum ; » 
Et probare nititur protendendo manum. 

« — Tace, tace, logice ; tace, vir fallator ; 
Tace, dux insanisB, legis vanse lator. 
Non est factor omnium casuum creator. 
Servit ci placide simplex prsedicator. 

« — Peccasti, sed gravius adjicis peccare, 
Legem hanc adjiciens vanam nominare. 
Sanum est disserere vel grammatizare. 
Si insanum reputas, velim dicas quare. 

(1) ^QXjMEpist. ad Corinlh.y I, cap. v. 



312 MANUSCRITS LATINS 

« — Deo est odibile vestrum argumentum ; 
Ibi nulla veritas, totum est figmentum ; 
Sed, ut verisimile sit quod est inventum, 
Juratis mendaciter omne juramentum. 

• — Levé est perjurium ita perjurare ; 
NuUi malum nititur, nulli damnum dare ; 
Crimen sine crimine potes id vocare ; 
Pro tam venialibus noli nos damnare. 

« — Sermo vester canis est, asinus et leo ; 
Semper est de Socrate, homine tam reo; 
In sermone mentio nulla fit de Deo . 
Sermo vester talis est; quis fructus in eo? 

c — Fructus ibi maximus est utilitatis; 
Ex bis multa discimus qusB vos ignoratis ; 
Multis rerum clausulis inde propalatis, 
Callemus scientias per quas et vos statis. > 

Stans fecit logicus hanc redargutionem. 
Invitatus postmodum est ad sessionem. 
Placuit protrahere de his rationem. 
Prior cœpit presbyter, texens hune sermonem : 

t — Quo vos ducit vanitas ? Qui trans fretum itis, 
Aère, non animo, mutato reditis. 
Durus fuit, durus est ; si quid tamen scitis, 
Istud care venditis, pares Giezitis. 

t Vse I vae vobis, miseri I vse, simoniales ! 
Nolit Deus talibus nos esse sodales I 
O quam gravis maeror est quem merentur taies ! 
Quidnam his obicibus respondere vales ? 

t — Si sic esse fateor, juste reprehendis; 
Vendo Dei gratiam ; sed ut vendo vendis ; 
Vendis humum mortuis, veniam solvendis. 
Te non esse Simonem quomodo défendis ? 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 313 

a Sumus ergo socii, sumus coaequales ; 
Tu proponis venias, nos artes vénales ; 
Cum sis plenus crimine, culpas criminales. 
Parce, parce morbidis, qui sic morbo squales. 

€ — Oremus per omnia plus valet quam ergo, 
Pergis nudis pedibus, calciatus pergo. 
Quam sumus dissimiles vultibus et tergo t 
Totus signas inopem quocumque me vergo. 

« Die, cum morbum pateris ventris inimicum, 
Cum prsebendam postulas per viam, per vicum, 
Cum Lyciscam refugis et latrantem Lycum, 
Quid tune inter logicum distat et mendicum ? 

€ — Cultam habes faciem, dorsum habes cultum, 
Sed rapina totum est, et minus et multum ; 
Te sustentans exuis vivum et sepultum, 
Quod Deus in ultimo non sinet inultum. 

« Paupertas quam increpas felix est ruina. 
O beati pauperes I clamât vox divin a. 
Pauper vivo sobrie, dives tu rapina. 
Die, quaeso, quse magis est res Deo vicina ? 

« — Cum eques progredior aureis in loris, 
Et tu pedes graderis in viis, in foris, 
O quam sumus dispares, quam diversi moris ! 
Mihi summus honor est, tibi nil honoris. 

« Adest dies placidus, stando jubilemus , 
Spatiando per agrum, vel pratum, vel nemus ; 
Talis est que duceris et quo ducor remus. 
lUud ergo tibi det Deus ! Hoc oremus. 

« — Cum conscendas splendidus vel equam vel equum, 
Cum obsistam frigori, cum sit frigus mœchum, 
Parum tamen sapiens pectiis habes tecum. 
Et, me doctum faciens, Pallas manet mecum. 



314 MANUSCRITS LATINS 

« Stulto rerum copiam nil prodest habere; 
Sapit solis artibus et non sapit aère. 
Quod ergo prœstantius prsestant artes vere ; 
PrsBstat ergo sapere plus quam res habere. 

— Cum psallo Per omnia sœcîa sœculorum, 
Me princeps, me milites, me grex populorum 
Honorât et recolit, numen sum eorum ; 
Tu, nil horum persequens, nil habes honorum. 

a Adest festum, celebro Dominus vobiscum ; 
Numisma suscipio modernum et priscum. 
Quidquid ditat pauperem summi Ditis fiscum 
Nostris cedit usibus, remanet nobiscum. 

t — Si bene prospicias ea qusB dixisti 

Ad tuum opprobrium sunt sermones isti ; 

Nam sacris altaribus non es dignus sisti 

Qui quseris quse tua sunt, non quse Jesu Ghristi. 

« Scrutatorem cordium, voce licet clara, 
Non plaças, sed provocas mente subavara. 

Hujus est diploidis sanctitas ignara (1). 

« — Siste, siste, garrule, contra nos garriro . 
Nihil boni prospicis, nihil agis mire ; 
In cenis, in prandiis nobis sonant lyrse, 
Famé, siti, frigore dum soles perire. 

« Tota die plaudimus, nec in die tantum ; 
Fatigamur ? cyathis usque galli cantum ; 
Sonat inter fialas vox philosophantum ; 
Sic nos plausum ducimus, te ducente planctum. 

« — Ludis inter fialas et philosopharis. 
FoUus, non philosophus, hinc esse probaris ; 
Cum sacris post crapulam nauseas in aris. 
Parte tua caream quam ibi lucraris ! 

(l) Nous n'avons ici que trois vers do celle strophe. Elle manque 
tout entière dans le n» 11867 et dans rôilition de M. Wright. 



DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 315 

* Epicure lubrice, dux ingluviei, 
^>ijus Deus venter est, dum sic servis ei, 
^^p stas mens8B servions, in conspectu Dei, 
I^um te ipsum sentias reum talis rei ? 

* — Vilior vilissimo, semper egens pane, 
^unquam Dei memor es, fallax christiane. 
Quibus instas precibus vel sero vel mane? 
Quse si bene videas non distas a cane. 

« Si qaid ago noxium, si quid indecorum, 
A^ectu, vel actibus, vel textu verborum, 
^e profundis abluit et Beati quorum, 
£^t qu8B semper ramino cantica Psalmorum. 

« — Psallis^ dixit Dominus, psalîis donec ponam... 
Sed nunquam assequeris psallendo coronam ; 
I^erdis quidquid psallitur per vitam non bonam, 
iDum tenes illicite secandam personam. 

Tœtes noctis fœcibus plus porcorum aris. 
Et sic mane petitur ara salutaris. 
Dum sacra sic inquinas, dum sic inquinaris, 
Quid prodest Beatus vir, vel quid Gloriaris ? 

« — Sto indignus, fateor, sacrum ad al tare; 
Oui si omnes prohibes indignos adstare, 
Cum nemo dignus sit, fac sacra cessare ; 
Et, si cessent^ ubi tune nostrum salutare? 

« Quis tractare dignus est hsec sacra sacrorum ? 
Non est dignus quispiam in cœtu justorum. 
Vel haec tractent igitur manus indignorum, 
Vel lex cesset penitus sacrificiorum. 

« — Absit ut hoc videar velle vel dixisse 
Quod cessare debeant sacramenta missae ! 
Cessent tua crimina, cesses deliquisse ! 
Sacra ne dimiseris; noxsd sint dimissse ! 



316 MANUSCRITS LATINS 

• Scio, scio neminem dignum actus talis. 
Minus tamen dignus es quo plus es carnalis, 
Et, prse tôt innumeris quœ fréquentas malis. 
Est tibi presbytera plus exitiaUs. 

t — Malo cum presbytera pulchra fornicari, 
De qua possum Domino filios lucrari, 
Quamvagas satellites per antra sectari; 
Est inhonestissimum sic dehonestari. 

c Bubulci satellitem factam paulo ante, 
Emptam a sutoribus asse vel quadrante, 
Hanc amas, banc sequeris, bursa votum dante. 
quam ludus vilis est tali cum amante ! 

« — Inclamas nos solitos fœda sequi jura, 
Tanquam tua probitas digna sit vel pura; 
Qu8B committis scelera sunt arenis plura ; 
Vices carent numéro, gravitas censura. 

Non parcis, cum veniunt Veneris scintillse, 
Sponsse vel deicolae, nepti vel ancillae, 
VidusB vel virgini, magnaB vel pusillae; 
Uno nos abutimur, sed tu modis mille. » 

Horrens tanta crimina, presbyter rubescit; 
Haeret mente devins et quid dicat nescit ; 
Sed pulsans ad vesperas signum opem gessit. 
Surgunt, templum ineunt; logicus successit. 

Lsesus valde presbyter parât talionem. 
Offert coram populo disputationem, 
Statuens qui suberit per conclusionem 
Damnetur a populo post talem sermonem. 

Cedit plebs, o presbyter, pacto quod imponis; 
Spondet dare copiam de pugnorum donis. 
Hi tibi, hi logico, crebris precum sonis, 
Optant vel opprobrium, vel palmam agonis. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 317 

Exultabat logici menshsBC audientis. 
Fidit Aristoteli, ûdit et commentis ; 
Sed sophisma fallit hune subdole loquentis^ 
Nec est quibus credidit fultus (1) argumentis. 

Ut patraret libère quod patrare tentât, 
Incœpturus vesperas clericos absentât ; 
Solum secum logicum presbyter retentat. 
Accenduntur cerei,codices présentât. 

Inchoavit vesperas; adjuvit prsedictus. 
Psaimus quem imposuit erat Benedictus (2). 
Mox, ut versus logici ultimus est dictus, 
Infert • Ergo » clamitans presbyter a es victus i 

Ergo dictus logicus, tentus a juventa, 
QusB nequibant fallere sumpsit argumenta. 
Instaurare verbera non est plebs contenta, 
Donec totus marcuit, vita pêne dempta. 

Adeste, presbyteri; logici, audite; 
Ut vos recte moneam usus sum hac lite. 
De tôt morum deviis ad viam redite. 
Nos et vos ad pervia ducat auctor vitae ! 

C'est très sagement conclure. Théologiens et logi- 
ens^ vous n'avez jamais su, vous ne saurez jamais 
ous mettre d'accord. Décela soyez bien convaincus, 
t prenez en conséquence la ferme résolution de 
A^ivre côte à côte, sans vous provoquer réciproque- 
ment à des contestations vaines, qui trop souvent 
finissent par un échange de gros mots. Gomme on le 
voit, ce bon conseil est depuis longtemps donné. Ne 

(1) On lit dans le texte de M. Wright laesus, ce qui est contraire 
au sens. Nous avons ici sepus^ ce qui n'est pas latin. Nous pro- 
posons fuUus ou fretus. 

(2) Le psaume Benedictus se chante le samedi, à vêpres, en deux 
parties, et la première partie a pour un, conclusiOt le verset 
suivant : a Quorum os locutum est vauitatem et dextera eorum 
dextera iniquitatis. » 



318 MANUSCRITS LATINS 

pouvons-nous espérer qu'un jour, avant la fin des 
siècles, on le voudra suivre ? 

Les deux pièces suivantes sont plus faciles, plus 
franchement gaies, et nous les croyons l'une et l'autre 
inédites. La première, intitulée Dicium Goliardi, 
aurait été certainement publiée par M. Wright s'il 
l'avait connue. Mais, s'il ne Ta pas rencontrée dans 
les manuscrits d'Angleterre, c'est que probablement 
elle est d'un Français. La voici : 



Ecce homo 

Sine domo, 
Sine rerum pondère; 

Hue accedit 

Quia crédit 
Aliquid accipere. 

Bone pater, 

Cujus mater 
Sancta est Ecclesia, 

Vide natum 

Spoliatum 
Talorum discordia. 

Est cum talus 

Mihi malus 
Perdo meam gratiam; 

Quando bonus, 

Sum patronus 
Vocatus ad gloriam. 

Tune est hospes 

Mihi sospes, 
Tune me jubet bibere; 

Non obaudit, 

Sed exaudit 
Quidquid volo dicere ; 

Tune unitus 
Est amicus 



Mihi pro pecnnia ; 

Tune rivalis 

Est sodalis 
Mihi data gratia. 

Sed cum nudnm 
Me per ludum 

Mei vident socii^ 
Vado plorans 
Et laborans, 

Vacuus consilii. 

Pauper ergo 

Multa lego, 
Quœrens necessaria; 

Omne carum, 

Sumo parum; 
Tanta est malitia ! 

persona, 

Mihi dona, 
Mihi fer solatium, 

Solo nummo, 

Deo summo 
Reparante pretium t 

Camisia 
Detur ! Fia 
Virgo solvat pretium ! 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 319 

La ualionalité de la seconde pièce est plus cer- 
taine. Il s'agit encore d'un joueur malheureux : 

Seignor, volez oir de pâtre decio, 
Commeut mat atornez suo judicio ; 
Plus mat assez costei vini potatio 
Quam Aristotolis œquivocatio. 

Monté sumus en hault, in quodam solio, 
Pour mangier a escot de grandi pretio. 
Entre nous descendit de vino quaestio. 
Qui nous y amena ? Frequens potatio. 

Dixerunt socii : c Bel hoste, aportez vin; 
Jam superveniet qui bien en fera un. 
Vel de pelliciis ou de bon draps de lin, 
Quidquid expendemus nous rendrons le matin. > 

Tune dixit dominus, sans point de demorée, 
c Vultis de rubeo ? Il est bons par gelée ; 
Sive dinoctaret a devoir la denrée. » 
Omnes respondemus : « Itels plais nous agrée. > 

A hasart lusimus omnes post prandium. 
De bien changer les dez fuit tune studium. 
Sur la mine perdi meum peUicium, 
Quia non noveram mutare decium. 

Cil qui joua a moy ma robbe gaigna; 
Jel cuiday engigner, mais il my engigna. 
Nul plus loyal chose en tout le monde n'a. 
Quam necis artiûees arte perire sua. 

Jay commence en S, si ôniray en A. 
Je vos commant a tous in pœnitentia 
Ains que vous aprochiez tabernsB ostia, 
Mectez main à la bourse, regardez qu'il y a; 

Et se vous la trouvez sine pecunia, 
Saichez pour vérité sest grant discordia. 
Mais ains que ne buvez ponite pallia, 
Ghappe, cote ou surcot ou femoralia. 



320 MANUSCRITS LATINS 

On a conservé beaucoup de ces petits poèmes où 
sont entremêlés des mots de deux langues. Mais la 
langue vulgaire n^est pas toujours le français; c'est 
parfois Tanglais, plus souvent l'allemand. La création 
de ce genre littéraire parait néanmoins appartenir à 
Técole de Paris, où nous le voyons cultivé dès la 
première moitié du xu« siècle. Gela n'est pas dit pour 
faire grand honneur à cette école. 

Au folio 78 : Causa divitis et Lazari. M. Paul Meyer 
a publié les premiers vers de ce dialogue d'après le 
n° 274 du fonds Egerton (Archiv. des missions, 1866, 
p. 295). Il en existe une autre copie dans le n^ 547 de 
Bruges; une autre, incomplète, dans notre n® 11867 
(fol. 99). On peut être curieux de connaître cette 
pièce, où certainement il y a beaucoup de verbiage, 
mais où l'on verra l'auteur exécuter assez prestement 
une grande variété d'exercices très difficiles. 

Nous en établissons le texte sur nos deux manus- 
crits : 

DIYBS. 

Audi, sancte senior, audi me loquentem ; 
Dives ego morior, audi morientem ; 
In inferno crucior, audi patientem; 
Respice quod patior et consolare dolentem. 

LAZARUS. 

Noli, pater, credere viro qui sic orat, 
Quia fallax fallere verbis te laborat; 
Pro patrato scelere veniam implorât, 
Et struit insidias lacrymis dum verba colorât (1). 

(1) Co vers est imité de celui-ci, dans les distiques de Caton : 
Nam lacrymis struit insidias dum femina plorat. 



DE LA BIBLIOTHÈQUfi NATIONALE 321 



DIVBS. 



Nuper eram plenus, dives, felix et amœnus, 

Et mihi grande genus; modo sum miser, exul, egenus. 



LAZABUS. 



Multum dives heri, miser es modo ; car misereri 
Nolueris miseris, cumulando subditus sBri ? 



DIYES. 



Cum sit cseli solium locus gloriosus, 
Non intrabis ostium cseli, tu leprosus ; 
Generares odium cunctis odiosus. 
Non recipit vitium paradisus deliciosus. 



LAZABUS. 



Ascendam palatium judicis superni. 
Miser ad incendium pervenis inferni, 
Ubi stridor dentium et planctus œterni. 
Heu ( quam plus miser es quem torquet carcer Averni ! 



DIVES. 



Gur bona nostra métis? Locus hic locus est locupletis. 
Quse mea sunt repetis; mea, non tua, porta quietis. 



LAZABUS. 



Iste locus modicos ûdei dites et iniquos 

Non recipit, nisi quos Christ us sibi fecit amicos 



DIVES. 



Paupertate melior est^argenti marca, 
Homo cunctis ditior rex est et monarcha ; 
Tune est honoratior, tune est patriarcha, 
Quanto plus aliquis nummorum servat in archa . 

VI 21 



«322 MANUSCRITS LATINS 



LAZARUS. 



Tuum cor pecunia cur sic excaecavit ? 
Rapiet mors omnia quse vita donavit ; 
Nec censam nec alla caro deportavit, 
Infantem nudum cum te natura creavit. 



DIVBS. 



Per genns elatum, per censum multiplicatum, 
Perque potentatum me glorior esse beatum. 



LAZARUS. 



Jure potentatus nunquam potes esse beatus, 
Si non purgatus totius labe reatus. 



DIYES. 



Non est grande vitium, neque contra mores, 
Habere dominium vel res ampliores ; 
Census parit gaudium, census dat amores; 
In pretio pretium nunc est : dat census honores . 



LAZARUS. 



Ultra modum cupere census non est sensus, 
Cum Deus in opère tali sit offensus. 
Cum res solet crescere, magis et accensus ; 
Accensus générât magni custodia census. 



DIVES. 



Egregie ceno, IsBte vultuque sereno, 

Meque satis pleno do quidquid restât egeno. 



LAZARUS. 



Verum non dicis, quia quando clamito vicis, 
Quserens de micis, me puisas et maledicis. 



DE LA filfiLtOTHÈQUE NATIONALE 3^^3 



DIVBâ. 



Praecepi multotiens quod fragmentum detur, 
Ut tu, vel esuriens quis sit satietur; 
Sed non facit serviens omne quod jubetur. 
Si fuit insipiens, dominum car pœna sequetur? 



LAZARUS. 



Canes quando veniunt ad limen portarum 
Nihil mihi faciunt triste nec amarum, 
Sed lingendo liniunt ulcéra plagarum ; 
itius inveni quam te genus omne ferarum (1). 



DIVES. 



quam vilis faciès î Quam vilis aspectus I 
Quanta cutis scabies et quam raucum pectus ! 
In cœlo quid faciès a mundo dejectus ? 
anos inûcies ad proxima claustra provectus. 



LAZARUS. 



Corporalis sanitas nihil operatur, 
Nisi mentis puritas corpori jungatur ; 
Plus valet infirmitas in qua vir salvatur 
Quam décora probitas per quam maie mortiûcatur. 

DIVBS. 

Ego sum res stenua ; contra quis opponat ? 
Sed tu res mortua, non laus te coronat. 
Tua bursa vacua, mea bursa sonat. 
Et genus et formam regina pecunia donat. 

(1) Ce vers se lit aussi dans un dialogue que nous ^vons ci-dessus 
très sommairement analysé. C'est le mari qui dit cela de sa femme. 
Il se pourrait, en conséquence, que les deux pièces fussent du 
même auteur. 



324 MANUSCAITS LATINS 



LAZARUS. 



De statu miserisB multum me dérides, 
In me plénum scabie dentés tuos strides, 
Sed non conscientiœ puritatem vides 
Non caret hic specie quem probat aima ûdes. 



DIVES. 



Delicias vel divitias cur sic reprehendis? 

Sœpe valent hominesque calent pro rébus habendis 



LAZARUS. 



Deliciœ vel divitiae sunt causa malorum, 

Et minime prodest animse tôt summa bonorum. 



DIVES. 



Est mihi non carum quod copia divitiarum 
Scit prodesse parum, me torque t abusio quarum. 



LAZARUS. 



Deliciœ dominée mundi sunt, sed quasi spinse 
Promunt in fine, qusB post sunt causa ruinse. 



DIVES, 



Flores collegi de mundo, par ego régi; 
Tôt bona delegi, nisi velle meum nihil egi. 

LAZARUS. 

Sunt mundi flores fastus, census et honores. 
Sic violant mores et agunt in fine dolores. 

DIVES. 

Quare per divitias sum maie damnatus? 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 325 



LAZARUS. 



Quia nimis inhias, et est totus datus 
Ad mundi delicias tuus cogitatus. 
Quid dixerit audias Gato, vir sensatus : 
c Despice divitias si vis animo esse beatus. > 



DIVES. 



Quid quid mali fecerim pœnitet et fleo ; 
Culpa^ si gemuerim, remittatur reo. 
Volo, si peccaverim, reformari Dec. 
Pœnitet et facto torqueor ipse meo. 



LAZARUS. 



Stultus est qui venise spem post mortem quserit. 
Locus pœnitentisB post decessum périt. 
Lugeat quotidie qui peccata gerit ! 
Qui non est hodie, cras minus aptus erit. 



DIVES. 



Lazare sancte, veni ; miser ad pœnas ego veni 
Me mi sérum leni digito (1) miseramine leni. 



LAZARUS. 

Cur petis hue ire cum possis digne perire ? (2) 
Nec tibi fas ire, mihi nec licet inde redire. 
Ardeat hoc igné tua lingua locuta maligne ! 
Torquatur digne! Salve, pater, oro, bénigne! 

(1) Digito paraît un mot altéré. Il faut peut-être lire rogito, entre 
deux virgules. 

(2} A ce vers incompréheasible, nous proposons de substituer 
celui-ci : 

Cur petis hue ire ? Quid poscis, digne perire ? 



326 MANUSCRITS LATINS 



DIYES. 



Heu ! quid agam ? Morior miser ego reus. 
Non est dolor gravior quam sit dolor meus. 
In inferno crucior sicut Pharisseus. 
Parce mihi, senior ; tu mihi parce, Deus ! 

Encore une fois, nous ne nous exagérons pas le 
mérite de ce dialogue. Mais n'est-ce pas un des mo- 
numents les plus anciens de notre littérature drama- 
tique ? 

Fol. 100. Longue suite d'hexamètres léonins ou 
rimes, sous ce titre : Proverbia moralia. Ce titre n*est 
pas exact ; il ne s'agit pas de proverbes ; ce sont des 
déclamations poétiques sur des matières très diverses, 
dont quelques-unes n'ont même aucun rapport avec 
la morale. Le premier morceau, qui commence par 

Rusticitas hodie se miscet philosophiae, 

est une sorte de complainte sur la décadence des 
études classiques et la faveur toujours croissante des 
arts lucratifs. Il est ensuite parlé de l'abandon dans 
lequel les prélats et les laïques laissent les gens qui 
n'achètent pas leur protection. Vient après une lon- 
gue tirade sur les convenances qu'il faut observer 
dans les repas, etc. Tout ce qu'il y a de commun 
entre ces fragments, c'est qu'ils sont du même style, 
,qui n'est pas bon. Nous les croyons d'un seul auteur, 
poète médiocre et pauvre, envieux des succès, de la 
richesse des autres, et peu digne de l'intérêt qu'il 
s'efforce d'inspirer. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 327 

Nous lisons, sous le même titre, ces vers élégia- 
gaes qui valent beaucoup mieux que les hexamètres 
précédents : 

Hunera rhetoricos penitus novere colores ; 

Munus ubi loquitur TuUius ipse silet. 
Dulci gaza sono cytharisat in ore petentum, 

Tarn placidum nescit musica tota sonum . 
Dulcor abest precibus si desit dulce lucellum, 

Sola precum vires vis operatur opum. 
Sermo silet dulcis si desint dona roganti ; 

Non faciunt stériles munera blanda preces. 
Quisquis conciliât donis sibi numina surdos 

Non habet, imo levés in sua vota deos, 
Venalemque Jovis qui non conduxerit aurem 

In vacuum vacuus supplicat ante Jovem. 
Ante Jovem causas inhonestas nummus honestat, 

Absolvitque reos innocuosque ligat. 
Venditur ante Jovem sterilis pietatis imago, 

Ssepeque vestitur sub pietate dolus. 
Venditur introitus templi prohibetque sacerdos 

Ante Jovem vacuas munere ferre manus. 
Gratia scortatur prostans, turpique redacta 

Sub pretio emptores devovet ipsa suos. 

Il n'y a qu'une pensée dans tous ces vers, et, pour 
l'exprimer, un seul distique aurait suffi. La pièce 
entière n'est donc qu'une paraphrase ; mais c'est une 
paraphrase facilement écrite, par un lettré dont nous 
regrettons d'ignorer le nom. Il était certainement un 
des meilleurs poètes de son temps. 

Toujours sous le même titre, au verso du feuillet 102, 
une satire historique, très libre et très injurieux pro- 
cès-verbal d'un concile provincial présidé par l'arche- 
vêque de Reims. Une autre copie de cette pièce 
encore inédite se trouve dans le n"* 518 de l'ArsenaL 



328 MANUSCRITS LATINS 

Nous allons essayer d'en donner un texte à peu près 
correct en faisant usage des deux manuscrits : 



Gum ex rapto vivere 
Certent urbes opère, 
Os in caBlum ponere 
Remis conor celere ; 
Jugit enim fœdere 

Mori se profano, 
Tanquam hoc ab ubere 

Sorbeat Romano. 



a Discors et emptitia 
Ghristi sit Ecclesia. 
Sana matrimonia 
Destruant divortia. 
Quse nec lex nec gratia 

Debent tolerare 
lûdissolubilia 

Faciamus stare. 



Mater ergo civitas 
Vocat sibi subditas. 
Adsunt, et cupiditas 
Harum tenet semitas. 
Remensis auctoritas 

Surgit ut loquatur. 
Et inferni vastitas 

In spe dilatatur. 



c Omne cami placitum 
Sit subjectis vetitum, 
Nobis autem licitum 
Quidquid contra spiritum; 
Ne tyrannis divitum 

Privemur honore, 
Verbum legis irritum 

Habeamus ore. » 



« Ite, profert, filiœ, 
Cœpta mali série, 
Et plus cras quam hodie 
Crescat jus injurias. 
Nostrae praesit curiae 

Nequam Giezita, 
Nec vox querimonisB 
Gratis sit audita. 

« Emendemus impios 
Propter bursae filios. 
Logis adversarios; 
Admittamus socios 
Fures et nefarios, 

Legis oppressores 
Truces, et qui gladios 

Habent percussores. 



Surgens ab his solio, 
Loquitur Suessio : 
« Primas vocis studio 
Verba matris sancio. » 
Cathalanum : « Nescio, 

Dicit, dare gratis. 
Virtus ergo vitio 

Cedat in praelatis. » 

Se Laudanum exerit 
Et os in hoc aperit : 
« Non apud nos dépérit 
Quidquid mater asserit. » 
Noviomus ingerit : 

t Admittemus iilum 
Qui plus detorserit 

Viduam, pupillum. » 



DE LÀ BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 



329 



Cameracum, tenera 
Vitiorum caméra, 
« Propter, inquit, munera 
Faciamus scelera, 
Ferientes fœdera 

Populi cum morte. » 
Talis placet opéra, 

Nervia consorte. 

Ab his ut desinitur, 
Atrebatum loquitur : 
« Molle duro frangitur, 
Piscis piscô manditur; 
Sit apud nos igitur 

Pauperum rapina. » 
Cum favore sequitur 

Batio Morina. 

Ambianus ambitus, 
Malicapax spiritus, 
c Crescat, inquit, penitus 



Sacerdotum servitus 
Et nostrorum creditus. > 

Belvacensis monitus 
Gaudet urbs ob taies; 

Vendit dona Spiritus, 
Res ecclesiales. 



Silvanectis ultima, 
Licet ipsa minima, 
Giezitas praedicat 
Et simoniales. 



Tali modo deturpatae 
Sponsse sponso sunt ingratse, 
His depravatsB vitiis, 
Non admittentur nuptiis. 
Talis erit responsio : 
c Discedite; vos nescio. > 



Nous n'avons pu découvrir à quel synode cette 
pièce se rapporte. Les Actes conservés de la province 
ecclésiastique de Reims ont tous été publiés par M. le 
cardinal Gousset, et, dans le recueil formé par ce pré- 
lat, nous ne voyons aucun synode de Reims où Ton 
ait rien décrété contre les curés. Marlot ne parle pas 
non plus de ce synode. Il est probable que les actes 
en ont été perdus. Si Ton a quelque espoir de les 
retrouver, il n'en faudra pas faire la recherche parmi 
les pièces contemporaines de notre manuscrit. Le 
synode dont il s'agit doit avoir été beaucoup plus 
ancien, la copie de l'Arsenal paraissant être du 
xiii* siècle. 

Une demi-page est ensuite occupée par deux ta- 



330 MANUSCRITS LATINS 

bleaux où sont opposés les sept modes de la civilité, 
de rincivililé, et par quelques dits- moraux de plu- 
sieurs illustres Romains. Ces lignes de prose 
n'offrent aucun intérêt. Nous avons après une autre 
série de petits poèmes en vers rythmiques. 

Le premier est une exhortation à la péiiitence. Le 
croyant inédit, nous le donnons : 

Quasi leo rugiens hostis investigat, 
Variis contagiis animas fatigat, 
Quserit quos decipiat et deceptos ligat 
Ut seternis morsibus miseros afQigat. 

Garnis pestilentise restringamus lora ; 
Si qua bona facta sunt, fiant meliora ; 
Erigamus citius ad honestiora, 
Nam nos ad perîculum trahit ista mora. 

Graviter offendimus regem majestatis ; 
Sed in indulgentia summaB Trinitatis,. 
Suam nobis gratiam conferendo gratis. 
Sanet a languoribus, mundet a peccatis ! 

Tecum forte cogitas : « Vivam decem annis ; 
Tune me durioribus castîgabo pannis, 
Tune induar vestibus Pauli vel Joannis. » 
Sic expectat rusticus donec fiiuat amnis. 

Res infelicissima, cur non confiteris? 
Die tuas malitias ut justiûceris. 
Stériles inducias et inanes quseris, 
Expectas tu senium, forte eras non eris. 

Quisquis ergo pœnites, lacrymis abunda; 
Ore, corde, corpore tua facta munda. 
Istos David lapides habuit in funda. 
|ioc est post naufragium tabula seci^nd^^, 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 331 

Quid dicturi miseri sumus ante thronum, 
Ante summum judicem, ante summum bonum ? 
Tune genus nil proderit, amor neque donum, 
Cum nostrarum prsemîa reddet actionum. 

Cum parventum fuerit ad examen veri, 
Cum ad thronum stabimus judicis severi, 
Non erit distinctio laiei vel cleri, 
Nulla nos exceptio poterit tueri. 

Hic non erit licitum quiequam allegare, 
Neque fas excipere, neque replicare, 
Nec ad apostolicam sedem appellare. 
Reus condemnabitur, nec dicetur quare. 

Cogitate, praesules, qui vel quales estis. 
Et quid in judicio dicere potestis; 
Non utetur Codice, loco, nec Digestis. 
Idem erit Dominus actor, judex, testis. 

Judicabit judices judex generalis. 
Nihil ibi proderit dignitas papalis, 
Fœtoremque sentiet pœnse gehennalis 
Sive sit episcopus sive cardinalis. 

Nihil ibi dabitur bullsB vel scriptori, 
Nihil camerario sive janitori (1)... 
Quibus erit vivere sine fine mori. 

Apud nostros judices jura subvertuntur, 
Et qui leges faciunt lege non utuntur. 
Non attendunt miseri damna quae sequuntur, 
Nam qui damnant alios primi damnabuntur. 

Vobis ergo praecipit conditor cselorum 
Ut sitis vos quilibet soeii justorum, 
Ut columbœ sirapliccs ad exempla morum, 
Si consortes fieri vultis augelorum. 

(l) Il manque un vers dafts le manuscrit^ 



332 MANUSCRITS LATINS 

Vestros, ait Dominus, renés prœcingatis» 
Quod est procul dubio signum castitatis, 
Et lucernas etiam manibus feratis. 
Et exemplum populo bonum prsebeatis. 

Sacerdoti convenit legem sanctam scire, 
Plebem vitaB moribus, verbis erudire. 
Ut, cum tandem venerit illa dies irse, 
Pii vocem Domini possitis audire : 
c Benedicti filii, regnum possidete; 
Quod vobis paratum est sine meta mete. » 

Ces vers ont, en général, le mérite de la clarté, 
l'auteur ne s'étant pas proposé trop de difficultés à 
vaincre. Il y a dans ceux qu'on lit après plus de pré- 
tention littéraire, et ils paraissent avoir élé beaucoup 
plus estimés, car on en rencontre de nombreuses 
copies. C'est la pièce commençant par 

Quid ultra tibi facere, 
Vinea mea, potui. . . 

que nous trouvons encore dans les n*^" 14970 (fol. 69) 
de notre Bibliothèque et 413 (fol. 176) de l'Ar- 
senal, et qui nous est indiquée, au Vatican, dans le 
n*» 3081 du fonds Ottoboni (1); à Florence, dans l'An- 
tiphonaire de Pierre de Médicis (fol. 423) (2); à 
Vienne, dans le n° 883 (fol. 76); a Oxford, dans un 
volume de la Bodléienne dont la description vient de 
nous être fournie par M. Madan (3). Cependant, quel 
qu'ait été jadis le succès de cette pièce, elle n'a pas 



(1)L. Delisle, Manuscr. du Vatican, p. 83. 

(2) L. Delisle, Discours à Vass, génér, de la Soc. de VHist de Fr., 
1885, p. 51. 

(3) Biblioth, de V Ecole des Ch.j 1885, p. 584, 



DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE 333 

souvent obtenu, du moins à notre connaissance, les 
honneurs de Timpression. Nous ne la trouvons que 
dans le recueil intitulé Romanische Forschungm; 
t. VI, p. 54. C'est pourquoi nous croyons devoir la 
faire mieux connaître ici. La matière est Jésus repro- 
chant au monde ses vices, ses péchés : 



Quid ultra tibi facere, 
Yinea mea, potui? 
Quid potes mihi reddere, 
Qui pro te caedi, conspui. 
Et crucifigi volui ? 
At tu, pro tante munere, 
Baptismi rupto fœdere, 
Non cessas, vice mutui, 
Rursum me cruciûgere 
Et habere despectui. 

Existimasti temere 
Et me et mundo perfrui. 
Non possunt mihi vivere 
Qui non sunt mundo mortui. 
At tu, quas sperni docui. 
Non cessas opes quserere, 
Relicto Christi paupere; 
Et, quem signari volui 
Paupertatis charactere, 
Mundano vacas luxui. 

Verum a sanctuario 
Procedit hsec malitia, 
Et a cleri contagio 
Monstra creantur omnia, 
Qui defluit luxuria 
Turpique marcet otio, 
In apparatu regio, 
Facitque mutatoria 
De meo patrimonio. 
Qui sto nudus ad ostia. 



Quid quod ipsa religio 
Crucem fert in angaria, 
Et, cum datur occasio, 
Recurritcum IsBtitia 
Ad pepones et allia ! 
Simulato negotio, 
A plangentis ofïïcio 
Redit ad ssecularia 
Qui, dereclito pallio, 
Fugerat ab ^Egyptia. 

Quasi non minîsterium 
Creditum sit pastoribus, 
Sed regnum et imperium, 
Nondum prsecinctis renibus 
Vacuisque lampadibus, 
Usurpant sacerdotium 
Pensantque lanse pretium, 
Et non curant de ovibus, 
De quorum sanguis ovium 
Est requirendus manibus. 

Meum ire vicarium 
Meis deceret passibus, 
Meumque patrimonium 
Meis dare pauperibus, 
Non ignavis parentibus; 
At in ovile ovium 
Non ingressi per ostium, 
Sed vel vi, vel muneribus, 
Qusesitis per flagitium 
Abutuntur honoribus. 



334 MÂNUSGRiïâ LAtms 

Prope est dies Domini. Sed vos qui gloriamini 

Mei, qui me diligitis, In opibus illicitis, 

Tune, conformes imagini. Qui vobis mortem Domini 

Me sicut sum videbitis. Prodesse non permittitis, 

Beati qui nunc plangitis, Qui Lazari et divitis 

Quia consolabimini ; Ëxemplo non terremini, 
Nam, vos qui me sequimini, Cum ipso puniemini. 

Super sedes sedebitis, Quidquid tamen egeritis, 

Et qui nunc judicamini Dum licet, convertimini 

Tune mecum judicabitis. Ad me, et salvi eritis. 

CertaiueiileQt tout n^est pas banal dans cette pièce. 
Elle est d'un rimeur habile qui disait aisément ce 
quMI voulait dire, et ne manquait pas d'esprit. 

Le moraliste à qui nous devons notre manuscrit 
avait évidemment beaucoup de goût pour les satires. 
Nous ne nous en plaignons pas. Les satires ne méri- 
tent pas sans doute une entière confiance ; mais il y 
a toujours plus ou moins de vérités. Si vous les prenez 
à la lettre, elles vous trompent ; si vous en dégagez 
ce que la passion y a mis de trop, elles vous instruis 
sent. 

La pièce qui succède immédiatement à celle que 
nous venons de reproduire n'a pas ce caractère sati- 
rique. C'est le Débat du ccewr et de Vœil^ que noUS 
avons publié sous le n° 8433 (1). L'auteur de ces vers 

■ 

est connu. C'est le chancelier de Paris Philippe de 
Grève. 

Suivent une courte prière, en vers hexamètres 
léonins, et Une asseî longue série de préceptes, eli 
prose, dont l'objet est de former un bon jugement ; 
puis, du feuillet 107 au feuillet 114, des vers mèlésj 

(1) Tome I, p. 365. 



DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 335 

SOUS ce titre : Versus proverbiales et alii, collecti ex 
pluribus. Il est impossible de décomposer cette col- 
lection et de mentionner à part chacun des fragments 
dont elle nous offre l'assemblage. Il y a des sentences 
morales, des prescriptions hygiéniques, des satires, 
des épitaphes, des bouffonneries, etc.^ etc., et nous 
y reconnaissons des vers de Pierre Riga, de Lucain, 
d'Hildebert, d'Ovide, de Primat, etc., etc. ; c*est un 
inextricable fatras. Enfin, après une page de prose 
sur les vertus de Tâme, d'autres Flores poétiques, 
d'autres Proverbia, tirés, pour la plupart, d'Ovide, 
N'est-ce pas lui qui, parmi tous les anciens poètes, 
était le préféré de notre moraliste? Ces extraits 
d'Ovide sont interrompus au milieu du troisième livre 
des Métamorphoses. La perte du reste ne peut nous 
inspirer un vif regret. 



PIN DU TOME VI ET DERNIER 



NUMÉROS DES VOLUMES DÉCRITS 



Numéros. Pages. 

18081 1 

18082 12 

18094 18 

18096 22 

18097 34 

18099 » 

18108 35 

18134 45 

18!39 49 

i8i4i » 

i8172 50 

18175 56 

18184 61 

18186 63 

1.8188 64 

1.8192 65 

-18193 » 

-18201 78 

18216 89 

18219 108 

18240 114 

18288 » 

18522 115 

18531 125 

18569 126 

18570 128 



NOUVELLES ACQUISITIONS 

Numéros. Pages. 

202 134 

217 135 

219 142 

223 143 

226 148 

228 150 

246 » 

257 154 

258 155 

280 156 

314 162 

333 173 

335 193 

338 196 

340 260 

366 261 

373 262 

420 264 

431 265 

1433 0, 266 

1453 267 

1472 268 

1474 270 

1544.... 271 



VI 



22 



TABLE DES AUTEURS CITÉS 



Adam db Saint-Victor. Prose, 

p. 181. 
Adélard de Bath. QusBstiones 

naturales, p. 9. 
Adson. moine de Moutier-en-Der. 

Son traité de l'antéchrist, p. 87. 
Aelred. Son traité De lectione 

evangelica, p. 141. 
AniAR RoBKRT. Son Spéculum 

sacerdolum^ p. 127. 
Alain de Lille. Son Ars prxdi- 

candi, p. 193. — Sermons, 

p. 193 et suiv. — Vers, p. 277. 
Alain l'anglais. Auteur supposé 

de quelques sermons, p. 50 et 

suiv., 146. 
Albert le Grand. Son Paradi- 

sus animsej p. 149. 
Alboin, moine de Gorze. Son 

traité de l'antéchrist, p. 87. 
Alcuin. De virtutibus et vitiis^ 

p. 36. —Traité de l'antéchrist, 

p. 86. 
Alexandre Neckam. Cité, p. 205. 
Ambroisb (S.). Extraits, p. 89. 

— Exposition de l'oraison do- 
minicale, p. 91. — Prière à lui 

attribuée, p. 182. 
Anien. Sa traduction des homé- 
lies de S.-Jean Chrysoslome, 

p. J73. 
Anselme (S.). Auteur supposé du 

Planctus de bçata Maria, 



p. 176. — Ses OraisonSf p. 178, 
180, 182, 183, 185-191. — Au- 
teur supposé du Manuale, 
p. 191. > Du Liber de con- 
scienHOy p. 193. 

Anselme de Laon. Lettre à l'abbé 
de St-Laurent, p. 43. 

Arnoul de Boheries. Le Spécu- 
lum monachorum, p. 176. 

Augustin (S.), auteur supposé 
du De spiritu et anima, p. 1. 

— Vers qui lui sont faussement 
attribués, p. 13. — Le Spéculum 
peccatoris à lui attribué, p. 16. 

— Auteur supposé du traité 
De essentia divinitatis, p. 29. 

— Fragments, p. 33, 65, 90, 140, 
178, 271.— Lettre à Dardanus, 
p. 43. — Exposition de l'orai- 
son dominicale, p. 91. — Auteur 
supposé d'une Contemplatio 
passionis Jesu Christi, p. 174, 

— N'est pas l'auteur du Planc- 
tus de beata Maria, p. 175. — 
N'est pas l'auteur d'une oraison 
qui lui est attribuée, p. 178. 

— Autres oraisons ou médita- 
tions, p. 180, 190, 191. — N'est 
pas l'auteur du Manuale, 
p. 191. 

Bartole. Satan et la Vierge plai- 
dant pour et contre le genre 
humain, p. 106. 



340 



TABLE DES AUTEURS CITÉS 



BEDE. Extraits, p. 140. — Auteur 
supposé d'une Contemplatio 
passionis Jesu Christi, p. 175. 

Bernard (S.). Le Spéculum pec- 
catoris à lui attribué, p. 16. — 
Ses débats avec Gilbert de La 
Porrée, p. 21. — Fragments 
de ses œuvres, p. 23-25, 109, 
111, 113, 139, 140. — Sermons, 
p. 28, 30, 112. — Le traité De 
laude novx militix^ p. 33. — 
Son Âpologia, p. 34. — Soh 
traité De gradibus humilitatis 
etsuperbix, p. 34. — Ses homé- 
lies De laudibus Virginis ma- 
tris, p. 35. —De gratia et 
libero arbitrio, p. 38. — Jubi- 
lus, p. 49, 108, 174, 192. — 
Sur Noli timere, p. 112. — Dic- 
ta domini Burnardi, p. 113. 

— Paraphrase du Magnificat 
qui lui est attribuée, p. 141. 

— Auteur supposé d'une Con- 
templatio passionis Jesu Chris- 
ti, p. 175. — Et du Planctus 
de beata Maria, p. 176. — Et 
du Spéculum monachorum, 
p. 176. — Et du Traciatus de 
konestate vitœ, p. 177. — Et 
des vers Tu qui juste, p. 178. 

— Et du poème Summe summi 
tu patris unice, p. 180. — Au- 
teur supposé du Manuale, 
p. 191. -- N'est pas l'auteur 
de la prose Ave, Jesu conditor, 
p. 192. — Le Liber de Con- 
scientia, p. 193. — Le Tornea- 
mentum monachorum, p. 268, 
275. — Le Libellus de laude 
eremi, p. 269. 

Bernard de Besse. Son Spéculum 
disciplina, p. 151 et suiv. — 
Lettre, p. 153. 

Bernard Silvestris. Auteur sup- 



posé du Tractatus de honestatg 
vitx, p. 177. 
Bertrand de la Toub. Sermons, 

p. 266. 
Boêce. Ses traités De Trinitate, 
De hebdomadibusy etc., p. 18. 
— Son commentaire sur les 
Topiques de Cicéron, p. 261. 

Bonaventure (S.). Auteur suppo- 
sé du traité De essentia divini- 
tatiSy p. 29. — Sermones de 
laude nominis Jesu à lui attri- 
bués, p. 135. — Auteur sup- 
posé du Spéculum disciplinée, 
p. 151. — Des Ho7'jB de pas- 
sione Christi, p. 182. — Le 
Stimulus amoriSf p. 270. — 
N'est pas l'auteur de PhHome- 
na, p. 273. 

BoNiFACE, pape. Prière à lui attri- 
buée, p. 189. 

Bruno d'Asti. Son traité De 
sacramenlis Ecclesix, p. 25. 

Brunon, év. de Toul. Voir 
Uon IX, 

CélestinV, pape. L'hymne Ave 
mundi spes, Maria, p. 184. 

Cicéron. Commentaire sur son 
traité De aruspicum responsis, 
p. 261. — Sur ses Topiques, 
par Boèce, p. 261. 

Clément (S.). Fausse lettre, 
p. 108. 

David d'Augsbourg. Qu'il n'est 
pas Tauteur du Spéculum dis- 
ciplinée, p. 151 et suiv. 

Defensor. Son Liber scintillarum, 
p. 141. 

Cyprien. Sur Noli timere, p. 112. 

Eberhard l'Allemand. Cité, 
p. 80, 84. — Son Laborinthus, 
p. 128. 

Ecbert, frère d'Elisabeth de 
Schonau. Considéré comme 



TABLE DES AUTEURS CITES 



341 



auteur du Liber viarum Dei, 

p. 78. 
Eadmer. Fragment de sa Vie de 

S. Anselme, p. 186. 
Elisabeth de Schonau. Le Liber 

viarum Deiy p. 78. 
Émard de Laon. Auteur supposé, 

p. 224. 
Ernaud, abbé de Bonneval. Sur 

Noli limer e. p. 112. 
Etienne, archidiacre. Sermon, 

p. 197. 

Etienne, év. de Tournai. Ser- 
mons, p. 55. 

Etienne Bérout. Sermons, 

p. 198. 
EucHER (S.). Son traité De essen- 

tiadivinitatis, p. 29. 
Eudes de Cériton. Cité, p. 244, 

247. 
Eudes de ChalOxNs. Sermons, 

p. 199. 
Eddes de Chateauroux. Sermons, 

p. 200 et suiv. 
Eudes de Soissons. Paraît auteur 

d'un traité sur les heures cano- 
niales, p. 38. 
Evrard de Béthune. Son Grécis- 

mCf p. 116. 
Gautier de Château-Thierry. 

Cité, p. 210, 226. 
Gautier de Chatillon. Son Aie- 

xandréidey p. 122. —Le poème 

De schismate duorum paparum, 

p. 292-296. — Le poème Ad 

papamy causa aliquid oblinen- 

di,\i. 302. 
Gebouin. Sermon, p. 146. 
Geoffroy Babion. Sermons, p. 51. 
Geoffroy de Troyes. Sermons, 

p. 50, 51,54. 
Gérard de Liège. Son traité De 

doctrina cor dis ^ p. 134» 
Gérard Groot. Le Spéculum ;>r- 

catoris à lui attribué, p. 16. 



Gilbert de laPorrée. Son com- 
mentaire sur les écrits théolo- 
giques attribués à Boèce^ 
p. 19. 

Gr., général des Mineurs. Auteur 
supposé, p. 219, 220. 

Grégoire (S.). Le Spéculum pec- 
calons à lui attribué, p. 16. 
176. — Fragments, p. 33, 65, 
139. — Commentaire sur le 
Cantique des cantiques à lui 
faussement attribué, p. 34. — 
L'hymne Slabal mater dolorosa 
à lui attribuée, p. 188. 

GuiARD de Chateauroux. Auteur 
supposé, p. 206. 

GuiARD de Laon. Sermons, 
p. 220-228. 

Guillaume d'Auvergne. Sermon, 
p. 228. 

Guillaume db Mailly. Sermon, 
p. 61. 

Guillaume Péraud. Sa somme 
De virtutibus, p. 49. — Trac' 
talus de vitiiSj p. 49. 

Guy Faba. Ses Harangues^ p. 125. 

Haimon. Sur l'Apocalypse, p., 267. 

Henri de Baume. Le Stimulus 
amoris, p. 270. 

Henri de Gand. Sur le Liber de 
viris illustribus qui lui est 
faussement attribué, p. 162 et 
suiv. 

Henry de Saltrey. Son Purga- 
toire de saint Patrice, p. 135. 

HÉR1MAN. Narratio Restauratio- 
nis S. Martini, p. 48. 

Hildebert de Lavardin. Vers, 
p. 12,44, 127, 181. — Sermons, 
p. 30. — Son grand poème 
sur l'Eucharistie, p. 44. — 
Le Physiologus lui a été faus- 
.'•cment attribué, p. 155. 

Hugues de Die. Lettre, p. 109. 



342 



TABLE DES AUTEURS GITES 



Hugues oe Fouilloi. Son traité 
De madicina aninutf p. 173. 

Hugues de Saint-Grer. Soq Spé- 
culum Ecclesùe^ p. 2, 91, 174. 

Hugues de Saint- Victor, auteur 
supposé du De spiritu et ani- 
may p. 1 . — N'est pas l'auteur 
du Spéculum Ecclesise, p. 2, 
91, 174. — Ni de VExposHio 
sacf'i canoniSy p. 2. — Frag- 
ments de ses œuvres, p. 23-27, 
29, 37, 38, 109, 143, 146. — Le 
Liber de tribus diebus, p. 33. 

— De verbo incamato^ p. 38. 

— De quatuor judiciiSfP, 38. 

— Sermons, p. 51, 56. — Li- 
bellus sponsi ad sponsam, 
p. 109. •— Auteur supposé du 
traité De medicina aninue^ 
p. 173. — Auteur supposé du 
Manuale, p. 191. — Du liber 
de conscientia, ^ . 193. — Son 
Soliloque, p. 269. 

Hugues de Trimberg . Cité , 

p. 80. 
Hugues Primat. Complainte sur 

sa disgrâce, p. 128 et suiv. 
ILDKFONSE. Extraits, p. 89. 
Innocent, pape. Prière, p. 179. 
Innocent III, pape. L'hymne 

Ave mundi spes, Maria, p. 184. 
Isidore de Séville. Fragments, 

p. 33,42, 191. 
IvÈs de Chartres. Sermons, 

p. 43. — Lettres, p. 44, 108, 

109. - Prologue de son De- 

cretum, p. 109. 

Jacopone de Todi. L'hymne Sta- 

bai mater dolorosa, p. 188. 
Jacques de Lausanne. Cité, 

p, 125. — Moralités extraites 

de ses postilles, p. 149. 
Jacques de Vitri. Recueil de 

ses Exempta, p. 48» 



Jean, frère Prêcheur, Sermon, 

p. 229. 
Jean Castellensis. Sermons, 

p. 261. 
Jean Chrysostome (S.). Traduc- 
tion de ses homélies par Anien, 

p. 173. 
Jean Damascène. Auteur supposé 

du Libellus de laudibus beatx 

Virginis^ p. 45. 
Jean de Blanot. Son épitaphe, 

p. 116. 
Jean de Blois, frère Mineur. 

Sermon, p. 230. 
Jean de Galles. A tort dit auteur 

du De oculo morali^ p. 134. 
Jean de Gerson. Tractatulus 

adversus haresim novam,p. 148. 
Jean de Jandun. A tort supposé 

auteur d'un traité De regia 

potestate et papalij p. 114. 
Jean de La Rochelle. Sermons» 

p. 63, 75, 143. 
Jean de Levedale. Commentateur 

de Perse, p. 133. 
Jean de Paris, eu Qui-dort, ou 

Le Sourd. Son traité De regia 

potestate etpapali, p. 114. 

Jean de Saint-Gilles. Sermons, 

p. 230-235. 
Jean Halgrin, Sermons, p. 64. 

Jean Hoveden. Auteur supposé 
de Philomena, p. 273. 

Jean Peckham. A tort dit auteur 
du De oculo morali, p. 134. — 
Qu'il n'est pas l'auteur du Spé- 
culum disciplinée, p. 151 et 
suiv. — Auteur supposé de 
Philomena, p. 274. 

Jérôme (S.). Traité à lui attribué 
De essentia divinitatis, p. 29. 
— Extraits, p. 89, 139. 

Jordan de Saint-Gilles. Auteur 
supposé, p. 23^ 



TABLE DES AUTEURS CITES 



343 



Joseph d'Arimathib. Prose à lai 

attribuée, p. 185. 
LÉON IX, pape. Narration d'un 

miracle, p, 41. 
LoTBAiRE (le diacre). Son traité 
De miseria humanx conditionis, 
p. 126. 
Louis DE Grenade. Auteur sup- 
posé de Philomena, p. 273. 
Marbode. Son poème sur les 
pierres précieuses, p. 9. — 
Son poème De omamentis ver- 
borumyip. 128.— Prose Osancta 
Virgo, p. 180. 
Martianus Capella. Commen- 
taire de Rémi sur son traité De 
nupiiis, p. 260. 
Martin, Lombard, frère Mineur. 

Sermon, p. 232. 
Martin, évêque de Braga. Le Li- 
ber honestâs rite, ou De quatuor 
virtuiibus, p. 22, 42, 271. 
Maurice de Sully. Sermons, 

p. 147. 
NicoDÈME. Son évangile, p. 89. 
Nicolas de Besançon. Vers, p. 115. 
Nicolas de Biard. Sermons, 
p. 4, 67, 262. — Ses Distinc- 
Hones, p. 9, 264, 270. 
Nicolas de Tournai. Sur Missus 

est, p. 46. 
Nicolas d'Hacqueville. Sermons, 

p. 74. 
Origène. Fragments, p. 33. 
Osbert. Récit d'un miracle sous 
son nom, p. 39. 

Ovide. Extraits, p. 335. 
Paschase Ratbert. De corpore et 
sanguine Domini, p. 44. 

Perse. Ses Satires commentées, 
p. 133. 

Philippe, prieur de Saint-Jacques. 

Sermons, p. 235-238. 
Philippe de Grève. Ses Exposi- 



tionès evangeliorunif p. 56. — 
Prose, p. 126. — Sermon, 
p. 239-242. — Débat du Cœur 
et de rœil, 334. 
Pierre (S.). Fausse lettre, p. 108. 
Pierre Damien. Lettre au pape 
Alexandre, p. 38. — Sermons, 
p. 54. 
Pierre db Bar-sur-Aube. Ser- 
mons, p. 243-245. 
Pierre de Blois. Le Tractatus de 

tribulationey p. 269. 
Pierre dr La Sepieyra. Son traité 

De oculo morali, p. 134. 
Pierre de Limoges. Voir Pierre 

de La Sepieyra, 
Pierre de Reims, év. d'Agen. 
Sermons, p. 61. — Peut-être 
auteur des sermons attribués 
à un certain Philippe, p. 235. 
Pierre de Saint-Benoit. Ser- 
mons, p. 68. 
Pierre d'Espagne. Ses Summulx, 

p. 143, 155, 156. 

Pierre le Lombard. Sermons, 

Pierre le Mangeur. Auteur 

supposé du Libellus de laudi- 

bus beatx Virginis, p. 45. — 

Son petit poème sur la Vierge, 

p. 46. — Sermons, p. 50,52, 

146. — Extraits, p. 89. 

Prévostin, chancelier. Sermons, 

p. 52, 246. 
Quintin (Jean). N'est pas l'auteur 

des sermons publiés sous son 
nom, p. 74. 

Raoul de Flaix. Sur le Léviti- 

que, p. 85. 
Raoul Frétel. Lettre au comte 

Raymond, p. 42. 
Raymond de Penafort. Sa somme 

De casibuSy p. 17. 
Raymond Jordan. A tort supposé 

auteur du De oculo morali, 

p. 134. 



344 



TABLE DES AUTEURS CITES 



Remi d'Auxerrb. Commentaire 
sur Martianus Capella, p. 260- 

— Sur l'Apocalypse, p. 267. 
Richard, frère Mineur. Sermon, 

p. 246. 
Richard de Saint-Victor. Traité 
sur la charité, commençant 
par Vulnerata, p. i. — Frajç- 
ment qui parait de lui, p. 2. 

— Traité De gradibus caritatis, 
p. 2. — Sermon, p. 51. — 
Traité De exlerminatione malif 
p. 144. — Auteur supposé du 
Liber de conscientia, p, 193. 

Richard de Wedinghausen. Son 
Expositio sacri canonis, p. 2. 

Richard l'Anglais. Somme juri- 
dique qui lui est à tort attribuée, 
p. 114. 

Robert, evêque de Lincoln. Au- 
teur supposé de la Salutaiio B. 
Marix, p. 276. 

Robert de Flamesburg. Son Pé- 
nitentiel, p. 17, 89. 

Robert de Tombelaine. Son Com- 
mentaire sur le Cantique des 
cantiques, p. 34. 

SÉNÈQUB. Auteur supposé de Li- 
ber honesÙB viiXy p. 22. 

Serlon de WiLTON. Vcrs, p. 140, 
141. 

Tancrède. Son Ordo judiciariusj 
p. 114. 

Thibaud. Son Physiologus, p. 155. 



Thierry de Chartri 
De septem diebus, 

Thomas Beckbt. Vei 
bues, p. 298. 

Thomas d'Aquin. Au 
d'un Liber de ofi 
tum, p. 17. — 
attribuée, p. 183. 
prière, p. 189. 

Urbain II, pape. Le 

Vincent de Beauvai 
bellus de laudibus 
nw, p. 45. -— Trac 
Joannet p. 47. — 
pœnilentia, p. 162. 

Virgile. Fragment 
quesyp. 11. 

Walafrid Strabon. 
p, 33. 

Walter Map es. AuI 
de ÏAliercatio 
Flora, p. 238. - 
Ad papam, causa < 
nendi, p. 303. — I 
presbytei'O et logia 

Warnier, de Bâle, S 
Paracliti, p. 78 et s 
SinodiuSy p. 84. 

William de Waddii 
Manuel, p. 41 . 

Zagchée. Ses Cl 
p. 45. 

Zacharias. De passio 
rurriy p. 11, 



FIN DE LA TABLE 



Le Majis. — Typographie Edmond Monnoyer. 



Iill MËMIS AUTBUK 



IIISTOIIIK DE LA l'IlILOSOI'lllE SCOtï?* 



I.KS JICUNUItS TOÈflOl'ËS nmiBEBEm DE I.AVAllDIN 

hirh. HMnnc-Uuriet, 0^2. iii-K". ^^ 



LES ŒIJVKES IIE HUGUES lli: S.VI.M-VICTOIi 



IIKS POÉSIES LATINS ATTIUBUÉS A SAINT DËR 

l»op;3. Kilockfllpcfc. \m. tn-K«. 



llISTuIltl'; LllTKllAlKE DU MAINJ 



JUN 2 8 1938